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PATHOLOGIE BOYINE
or
TRMTE C0J1PLET DES MALADIES
DU BOStJF.
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Timloiisf. [mpriinered',Aug1 IIkvaluraquo;
BIBUOTHEEK UN1VERSITEIT UTRECHT
II|I|I|PI||III...........
2855 719 1
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A
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PATHOLOGIE BoflNE
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OU TRAUE COMPLET
PAR P.-S. GELLS ,
J^vMjeur !/, f'Ocolö-?-oitalc Qcte'/i'naf'ycc/o ^ou/öude,
IIEIIEKE DE LA SOCIETE HOVALE d'agRICCLTL-RE DE CETTE VILLE , ET DE CEIXK DE KlüliT.
Qae clincini disc c #9632; ([ti'II sail, lout er. qa'il #9632;.m , 11 ricn (jae c: qu'il F:iil.
MnNTAir.vr.
J TOME SECOND.
TrinnnrTrTTnnrinnrirTTr
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PartM. —v.Lihi-airie' veidriiirifi-e de w^d^ard-Hozaed,
f Inipiimcut-, ruamp;de l'EperoH'. 7. Eiyon. f1-quot; Chez Awe, Librnire; rue SC^pminique.
TouSouSCt^-.Chez rAuleur, -i l'Ecole royale Velerinairy.
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1840.
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PATHOLOGIE BOYINE
ou
TRAITE COUPLET DES MALADIES
LIVßE DEUXIEME.
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MALADIES DE l'APPAREIL CIRCCLAT01RE.
-40-E
Considerations generales sur VAnalomie, la Physiologie et la Pathologie de cel appareil.
La circulation qui consiste dans un mouvement de translation des fluides nutrilifs dans une direction cons-tante et rd'guliere , präsente , dans les animaux vertebres, plusieurs liquides circulans dans des organes varies et nombreux , mais se rendant tous ä un organe central qui les distribue a son tour dans toute l'^conomie ani-malc ; ce viscere , c'est-ä-dire le coeur et les divers organes de la circulation , 6tant une espece de centre pour les fonctions vegetatives , comme le cerveau et 1c tronc du Systeme nerveux le sent pour les fonctions ani-males. Cependaot, les humeurs circulantes ou le chyle, la lymphe et le sang , presenlent en outre dans leur mardie deux et mOme troi;' circulations differentes, sus-
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6nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PATHOLOGIE BOVINE.
ceptibles encore elles-memes de divisions secondaires e parliculieres, comme la pulmonairc, rhepatique , la capil-laire , etc., etc. , qui sont neanmoins liecs a la circula­tion gcnörule.
Toutefois , ce mouvement assez complique dans son ensemble , se mluit en derniere analyse a deux pheno-menes principaux, savoir : 1deg; le passage des fluides circu-latoires liomatoses propres ä la nutrition , aux secretions et ä rexcitation generale, des capillaires des poumons aux capillaires generaux; 2;) le retour de ces meines fluides des capillaires generaux aux capillaires des poumons, pour leur renovation par la respiration. C'est de cello conti-nuelle action des solides sur les fluides quo rcsuUe un flux et reflux qui a ele nomnuj torrent cireulatoire.
Ayant signale ce quo la circulation sanguine offre de special dans le boenf *, je crois devoir mainlenaut eludier les nombrcux organes qui composent I'appareil cireula­toire , ainsi que les fluides circulans dans l'üconomic vivanle , sous le rapport pathologiqae et tberapeulique: j'aurai done a faire connaitre des maladies locales et des maladies gen6rales; des etats morbides des solides et des fluides.
L'etude de l'etiologie des affections patbologiques des organes qui composent I'appareil dont il s'agit, presente encore plus de difficultös ä vaincre que celle des orgares de la digestion, de la respiration, etc., etc.; en effet, les premiers ne sont pas , cornmo les seconds , expos is ä l'aclion des causes exterieures ; les liquides qui les parcoureut, sang, cbylc , lymplie les touebent seuls im-medialemcnt; lour action normale se borne ä une simple excitation vitale; ils nepeuvent, ces fluides, determiner un (Hat patbologique quo lorsqu'ils sont dans un etat d'alteration qui n'est plus raaintenant uudoute. 3Iais une
' Tonic, I , page 40.
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des causes puissantes de l'action des causes morbides stir les organes circulatoires, se Irouve dans son union in-time avec le Systeme nerveux dont les rameaux pönetrcnt dans les organes avec les troncs vasculaires , s'y ramiflent, s'y capiliarisent comme eux et avec eux. ArnHons-nous done un instant sur l'examen des sympathies qui existent entre le coeur et les vaisseaux sanguins et tous les autres appareils des fonctions : cette union, ce consensus trouve sa source dans les rameaux nerveux qui portent dans les organes le sentiment et la vie, en meme temps que les vaisseaux y charrientles materiaux d'entretien, de nutri­tion , etc. , etc.
Les rapports liabituels que la circulation sanguine en-tretient avec toutes les fonctions out done leur origine dans la Sympathie que nous venons de signaler ; il est ä pen pies demontre qu'elle est plus marquee des organes vers le cccur , que de ce viscere vers les organes : on concoit elTectivement que dans les alterations que le coeur est susceptible d'eprouver. il n'a nullement besoin du concours des autres organes, pas plus que dans ses fonctions physiologiques ; tandis que tous les visceres out besoin , dans l'e'iat de sante comme dans celui tie maladie, de la reaction du cccur; e'est lui qui dans i'etat physio-logique est le mobile commun qui porte dans tout I'orga-nisme l'excitation et la vie , et qui , dans les desordres pathologiques, devient le foyer central des secours dis-tribues aux diverses parties de recouomie vivanle. Aussi, I'observatiou medicale prouve-t-elle que les mouvemens qui se font alors de la circonference vers ce meme centre, deviennent presque toujours i'unestes ; tandis quo ceux qui s'effectuent du centre ä la circonföreuce ofl'rent ordi-nairement des crises plus ou moins salutaires.
Si Tun des tissus des organes de l'economie sc trouve soumis ä rinfluence d'un agent d'irritalion , si la cause morbifique präsente un certain devcloppement et que la
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partie leseo jouisse d'une grande vitality, un avertisse-ment sympathique cst transmis au coeur , et, que Ton me passe l'expression , lui fait connaitre le danger qui menace Tun des points de l'organisme ; il röagit avec force ; le sang est pousse avec plus d't'nergie dans tons les syslemes ; l'insurrection devient generale et propor-tionnee ä la doulciir que cette irritation determine ; la chalenr s'eleve , prend un caractere morbifiqne, les mou-vemens du coeur s'acctilerent et s'aecroissent avec plus ou moins d'anomalie relatives; le pouls est plus largo , plus dnr , plus frequent et moins rögulicr : il exisfc alors un ensemble de phenomenes reaclionnaires que Ton a designes par le terme de fievre , dont quelques patlio-logisles ont voulu faire une maladie essentielle , en con-fondant. sans deute ä tort, l'effet avec la cause et le Symptome avec l'alteration.
D'apres cette formule de mon opinion sur le phenomene morbide, connu sous le nom de fievre, cette derniere n'est, seien moi , qu'une action de la vie , une reaction mani-festee par l'acc^löration de la circulation , une aug­mentation insolite de la cbaleur animale , se devcloppant ordinairement ä la suite de l'aclion d'une cause morbide, plus on moins appreciable sur un des apparcils ou l'un des organes de l'economie vivante : ces desordres fonc-lionnels se montrent avec une intensite proporlionnee A l'imporfance pbysiologiqne de l'organe affecte, ä lY-nergie, i\ la sensibility vitale , au temperament de l'individu. Mais la fievre peut-elle , dans le plus grand nombre de cas , ötre considüree comme une maladie essentielle? Les opi­nions des medecins , d'ailleurs si bien deduiles , mais si divergentes , doivent etre pour nous , veterinaires , des motifs de doutc; et pnis , e\iste-t-il dans les ouvrages publies sur les maladies des bestianx , des fails , des obser­vations bien positifs, bien ötabüs, desqueis on paisse liier des inductions precises sur cette essenliahle ? Non
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saus deute; et sans yculoir ici düprecicr cc (ine dos volerinaires ont public sur des cas de fievres essentielles dans respecc cheval , je crois qu'il faut attendre de uou-veaux fails. Girard fds avait presquc fait jus lice des fievres primitives dans les brutes ; Hurtrel d'Arboval a claye Topiiiion du professeur d'Alfortderaisonnemeus plausibles; et sans me donner ici pour une aulorile , j'affirme n'avoir ja^nais observe de fievres essentielles sur les animanx do-mestiques, durant ma longue pratique. Dans les maladies charbonneuses et typboides oü la fievre est le Symptome dominant, oü ellcparait presquetoujours continue, remil-lenle , eile n'est roellement alors qu'un epiphenomene , une reaction vitale centre la cause morbide , reaclion dont Texces et le tumulle general fait tout le danger. Je traiterai bientöt et plus amplement de ce groupe de maladies.
Le centre circulatoire entretient, ai-je dit, des rap­ports avec tous les appareils, mais ii sympathise bien plus direclement et plus spcicialemcnt encore avec le cerveau , les poumons , I'estomac, car la dopendance muluelle et inlime qui exisle enlre la circulation , l'in-nervation , la respiration el memo la digestion , est teile que I'une d'elles no pent etre gravement alleree sans que les autres n'en eprouvent une influence immediate et souvent incompatible avec l'enlretien de la vie.
Les mouvemens du cceur s'arretent-ils, I'encöphale n'elant plus excite par le sang arleriel, cesse d'agir sur les poumons, l'innervalion et la respiration se Irouveut suspendues; 11 y a syncope et la prolongation de cot elat peut causer la morl.
L'innervalion csl-elle delruite, la respiration cesse, la circulation cardiaque s'aneantit el la vie ne larde pas a s'eteindre.
ä la suite d'une suspension assez longue de la respira-
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lion, le sang passe nolr dans les cavites gaudies du coeur,
lt;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;I'aspliy.vie fait'place A la mort.
EnOn . I'estomae devient-il subitenaent le siöge d'une violcnle irritation nerveusc , inflammatoire ou corrosive, cornmc on le voit dans certaines passions , dans I'inges-lion d'une boisson tres-chande ou venencuse, le coeur cst frappö do stupeur. I:a syncope et souveut rancanlisse-
1nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ment de la vie sont le resultat de ces rapports sympa-
tliiqiios.
Ayant eu de frequenlcs occasions de verifier la verity de ces observations de physiologic päthologique, que j'cm-prunte en partie ä M. Lepelletier de la Sarthe , j'ai du les rappeler parce qu'elles aideront le praticien ä se ren-dre compte des phenomenes morbides qui se presenteront
Inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; a son investigation. Cependant, je i'erai remarquer com-
bien la medecine velörinaire cst pen avancce sur la con-naissance des maladies de l'appareil circulaloire ; aussi, pour eviter des erreurs , je baserai, autanl que possible , mes descriptions sur l'observation et j'en lirerai des induc­tions plus ou moins concluantes; car le praticien mellio-di((ue parvient ä la connaissance des causes par 1'obser­vation des faits ; de cetle manierc , les prlncipes sont ipductifs ou l'expression de ces memes faits ; I'imagi-nation ne joue aucun role et rhypolhese fait place a
Inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;robscrvation,
CHAPITRE PREMIER.
MALADIES !)ES ORGANES 'raquo;E LA CIRCULATION SANGUINE.
sect; Ier. — Be la Pcricardile.
Cette maladie sur laquelle on ne possede encore que quelques fait concernant le cbeval, publies par M. Favre de Geneve, Raynal et Dubuisson , veterinaires francais, Inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;ainsi qu'une observation sur une piaie du pericarde dans
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üb einen, döcrile par M. Dclafond , est pour ainsi dirc inconnue dans l'cspece b(Baf. Je crois done rendre im service A la scienee en publiant des falls inedits, que je dois en grandc partie ä robligeance de mes confreres ; un seu! m'appartient.
Ccpendant avant tont rendons ä Cesar ce qui appar-tient ä Cesar : on lit dans le comple rendu des travaux de l'ecole d'AH'ort pour 1821 , page 24. laquo; M. Dupoy a fait l'ouverture de 5 vaches mortes des suites de p4ri-eardite, tnaladie non-indiquee dans les ouvrages veteri-naires et ccpendant tres-eommune raquo;.
laquo; Le pcricardo renfermait un liquide lactescent dans lequel nageait une grande quantity de floeons albumineux ; unc fausse membrane assez epaissc rccouvrait la surface lilire de la poebe perica.dieime, qui avait contracts une adherence intime avec le tissu musculaire du cceur ; les parois externes de cet organe etaient transformees en tissu blanc homogene , analogue aux tissus fibreux albugines; enfin les cavites vcntriculaires etaient sensiblcment dimi-nuees de capacite raquo;.
laquo; Les memes dösordres se sent rencontres dans ces trois aiiimaux qui avaient, avant lenr mort , la res­piration semblable ä ceile des cbevaux poussifs, avec un trouble tres-remarlt;piable dans la circulation raquo;.
laquo; Est-il permis d'avancer que les maladies de ce vis-cere sont plus communes qu'on ne le pense ordinaire-ment ? II est vrai (jue les memes causes qui tcudent ä produire ailleurs les lesions organiques occasioueut aussi cellcs du cceur, mais elles out bien plus d'energic dans cette partie que dans les autres. Oü trouver, ea eliet, un organe qui oflre une duree ct une continuity d'ac-tion comparable ä celle du cceur, puisque depuis la nais-sance de l'animal jusqu'ä sa mort cc viscere, conthuielle-ment en mouvement, peutä peine reparer les pertes qu'il eprouve par une foule de causes qui tendent ä deranger
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ses fonclions ? En ötudiant avec soin les changemens quV'pruuvc la circulation , 1'on parviendra incontestable-ment ä distingaer les maladies du coeur de celles des poumons laquo;.
M. Dapuy est done le premier qui ait fait pressentir l'existence de la p(5iicardite dans le beeuf et ce qu'il dit de la nature et du diagnostic de ccttc maladie est tres-juste et lumineux.
lro Observation. — Dans le mois d'octobrc 1825, un fermier des environs de Bourbon-Vendee amena ä ma visile un veau di) deux ans, malade depuis environ six semaines; cot animal n'avait etc emascule qu'ä Tage de ili mois, ayaot 6tö conserve pour la propagation. 11 etait d'une belle et forte conformation, mais mecliaut et querelleur : dans le mois d'aout il s'etait battu a ou-trance avec un boeuf qui le laissasur place baletant, con­vert de sueur ct expose a une pluie d'orage. Le lende-niain matin ce veau fut trouve meurtri , pouvant a peine marcher et ne mangeant pas ; le proprietaire le mit a ratable , appcla un emplrique qui lui fit prendre du vin cliaud et une noix mnscade, ce qui parut le ranimcr. Blais depuis , cet animal resta debile , mangeant pen et ruminant par bontades ; il se manifesta quelques jours apres une toux secbe , quinteuse, se monlrant par acces et accompagnee d'une anlielation du respire et de palpi­tations qui disparaissaient promptement, mais auxquelles on ne fit pas attention. Plus tard , la dyspnee devint ties-grave et se montra par acces durant lesquels la respiration etait tumultueuse , la toux fatigante et les palpitations telies que les battcmens pivcipites des caro-tides soulevaient les jugulaires ; une sueur partielle se manifestait aux regions parotidiennes, sur les cotes du thorax et anx flancs; pois, an bout de (i a 7 minutes , tout renlrait dans I'ordre normal. Un oedöme chaud s'etait manifesto depuis quelques jours sous le sternum; ü etait
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PATUOLOGIE BOVINE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;I.quot;)
dur, un peu sensible, avail envahi ie fanon ct acquis rapidement le volume d'un pain dc 2 kilogrammes. Ce Symptome avait delerrnine la demarche du fetmier :nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;. ;
d'apres son narnS, j'cxaminai attentivement Ie malade ; les muqueuses conjonctivcs , nasale et buccale me pain-rent pales et iiifiltrees, le pouls ölait large , mou ct un peu accelere, il se manifestaifc une vlve scnsibilile lorsque Ton pin^ait la colonnc vertebrale en arriere du garrot. Les mouvcmcns du occur s'apercevaient facilement; ils me semblcrent accclercs et je crus entendre un pea de gargouillement dans la poitrine ou le pcricarde.
J'avouequcjc fusembarrasse dans mon diagnostic ;aussi, priai-je le fermier de me laisser ce veau jusqu'au lenile-main pour qu'il me fut possible de l'examiuer avec soin et surtout durant les acces qu'il me signaiait; il y con-nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; . ',
sentit. Je n'eus pas long-temps ä attendre ; un acces se manifesta ä midi : le malade etait dans un ctat d'anxiele tres-vive , il portait la tele haute et etendue , la bouchenbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; .''
etait beanie , les narines tres-dilalces, la respiration ac-celcree, grande , sonore, le coeur batlait avec force , la main el I'oreille en perccvaicnl tous les mouvemens ; qucl-ques soubresauls s'observaient dans les muscles de l'enco-lure;une chaleur insolile existait a la peau, qui etait moile ä la tele, ä la poitrine el aux llancs ; des eructations eurcnt lieu sans vumisscmens, ni bailonncment du rumen; mais il y eut des dejections liquides el des emissions d'une urine odorante , colorecethuileuse ; apres 7 ä 8 minutes, tous cessymptomes disparurent et I'animal chercha quelques brins de fourrages.
J'avais bien present a la mojmoire la note de JVI. Dupuy, et j'avais hi, un an avant, la description d'une hydro-pericardite observec sur un cheval, par M. Fahre dc
Geneve; ces deux observations furent pour moi un trail de lumiere et je diagnostiquai unc maladie du pcricarde ou du coeur.
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; Inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;14nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PATnOLOGlE BOVINE.
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Le lendcmain le propriötaire revint, je lui fis part tie ce quo j'avais observe ct ne lui cachai pas le peu d'cspoir que j'avais tie guerir son veau; je Tciigagcai ä le vendrc pour la basse boucherie; il tcnait ä cet
;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; animal qui promeltait beaucoup et me pria tie tenter
qiieiqnes medications.
Tisane de decoction de racines de chiendent et tigcs seches de digitale pourpree, nitree et miellee ; eau blan-chie , bon foin, frictions secbes, usage tie la couverle, stabulation. Je scariflai I'tcdeme du poitrail , il en de-coula beaucoup de serosites jaunatres melees d'un peu de sang, on devait le lotionner avec unc decoction de fieurs de sureau. 20 jours de cc traitement suivi avec
Lnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;soin , durant lesquels je revis deux fois le malade, n'amö-
liorerent pas son etat. Je delermiiiai le propriölaire a le vendre a un boucber de campagne et me reservai d'etre present ä I'ouverture, mais je ne pus explorer que I'ab-
fnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; dornen et Ic tborax : les visceres contenus dans le ventre
ne m'offrirent rien de particulier; ä I'ouverture de la poi-trine je trouvai un peu de serosilö dans les sacs ties plevrcs, mais le pöricarde etait enormement distend u , par environ trois litres de s6rosit(3 citrine; sa face in-
1nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;lerne et libre etait recouverte d'une fausse membrane ,
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peu consistante , mince et tomenteuse ; quelques ver-getures de coulcur rouge-pourpre existaient sur la por­tion de cette sereuse qui recouvrait le coeur ; 1c ventricule, Toreillette droite, ainsi que les deux veines caves titaient byperlropbiees et dilatees; les poumons etaient engouös inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;de sang noir quoique le vcau eut 6te egorge. Le tissu
cellulaire sous-cutane de la region sous-sternale etait in-fdtre d'une serosite citrine gelatiniforme et melee de nombrcux linL-amens sanguins.
Pendant mon sejour ii Tecoie d'Alfort en J828, divers memoires presentes au concours dc la societö royale et centrale d'agriculture , me furent communiques. Je pcis
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nulc de plusieors et particuliercment des observatioris suivantes, apparlcnant üi M. Tissot, vöterinaire ü Poli-gny (Jura ).
2e Observation. — Vachc, quc M. Tissot soup^onnc atteinted'une peripaeumonie : symptdmes communs, fie-vr-e gönerale, chaleur augmentee, pouls tres-grand et tres-accelere , poil brillant et sec , etc. etc. Symptdmes pneumom'ques, gene de la respiration , toux sonore , seclie et quinleuse. Symplömes qui me parurent exlraor-dinaires et dont je ne pus deviner la cause : ren-vois frequens. Du reste traits pliysionomiques reguliers sans crispations spasmodiques, comme dans la peripncu-monie conlagieuse , ni clialeur mordicante au tact, poils brillans.
Trailement : Saignee ä la jugulaire , diete absoluc , boissons blanches, tiedes et nitröes, bechiques mucilagi-ncux mielles, lavcmens emoliiens, fumigations adoucis-sanles ; micux sensible du lor au 0e jour du Irailemont: üi benies apres augmentation des accidcns jnsqu'au 16c jour : engorgement sereux au poitrail ; plaiutes de l'ani-mal augmentecs; pouls clesordonn6 , ondulant et comme convulsif, avec palpitations reelles; l'orcille placee sur les cotes du thorax faisait öistinguer un gargouillcment re-pondant aus systoles du coeur , ce qui nie fit soupcomier un anevrisme du coeur ou de l'aorte. Pronoslic funeste ; mort le 2Ie jour de la maladie. Comme ce cas remar-quable faisait craindre aux habitans l'apparilioii de la pe-ripneumonie conlagieuse, l'autopsie de ceüe vache fut faite en presence de l'autorite locale et de plusieurs ha­bitans. La poilrine ouverte presenta , dit M. Tissot, les preuves de l'existence d'un hydrothorax et non l'epizoolie, comme je l'avais prövu, me fondant sur ['absence de la chaleur mordicante, de l'expression physionomique et de l'etat du poil propres ä la peripneumonie contagicuse ; la collection d'humeurs söreuses contenue dans le thorax
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IGnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; PATHOLOGIE BOVINE.
rlait ä peine rougeätre ; lo pörlcardo paraissait 6norme, remplid'un pus gris-verdutrcd'unc odeurtres-felide ; C(;tlc
poche söreuse avail ses parois öpaissies , la substance du ooeiir elait ulceree , corrodee , verdatre ä sa face externe; ies parois du ventriculc droit ölaient amincies , granu-
Icuscs ä la face interne et comme cartilagineuses; les poumons , ä unc legere phlogose pres , 6taient sains. Je
|nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; rassurai done les assislans , mais je soupconnai qu'un corps
etranger avail penetrö de l'extericur dans la poilrinc ; la nuance verddtre des ulcerations et du pus me le fit soup-ronncr : en eilet, apres avoir explore aUentiveinent le pericarde, je m'apergus qu'il adherait avee le mediasliu par un engorgement assez voiumineux que j'ouvris et au
Inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; milieu duquel je rencontrai une petite fistule formant un
canal d'une consislancc assez dure, granuleuse , verdatre qui penetrait jusqu'au diaphragme; lä , je trouvai une
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I
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grosse epingle en cuivre qui penetrait ce muscle respira-teur et dont la pointe etait prete d'atlcindre la pause. Enfin la portion de l'oesophage avoisinant la base du cccur, presenlait les vestiges d'une perforation accidenlellc, dure , cartilaglneuse avec retraction des parois de cct organe.
De cette necropsie M. Tissot tire les conclusions sui-vantcs : l'oeddme de la region sous-sternale est le sisno palhognomonique de I'liydrotliorax , le gargouillement avec palpitations est celui de I'liydro-pericardite.
5e Observation-— Ba3uf malade depuis 15 ä 20 jours , soupronne d'etre atteint de la pöripneumonie conlagveuse. M. Tissot observe cequi suit : symplumes communs , fle-vre , chalenr animale augmentee, absence dc la sensibi-lite dorsale et de ['alteration do la face propre ä la oeri-pneumonie epizoolique; plaintes de l'animal, tele basse et portcc en avant. Symptamp;mes pneumoniqucs : respira­tion genöe, toux frequente , seche ct quinteuse , batte-mens des flancs et mouvemens des narines en rapport avec l'elal des poumons. Synvptömes de I'hjdro-lhorax.
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engorgement sereux au poitrail. Symptömes de l'hydro-pericardüe. avec lösion organique du coeur. Gargouille-ment ou bruissement lors du passage du sang dans le cceur , specialement dans la systole , mouvemens tumul-tueux de cet Organe avec des palpitations. Symplömes de lesion de fiTsophaye, venvois frequens,
L'elat de ce boeuf flt encore crolre ä la prochaine apparition de Ja peripneumonic gangreneuse, quoique M. Tissot assurait !e contraire et pronostiquait la presence d'uti corps stranger dans le thorax. Ce vtHörinairetua lui-meme cet animal, en fit l'autopsie; outre un öpanchement se­reux dans la poitrinc. il trouva le pericarde d'une grosseur Enorme , il elai!; rempli de pus grisatre, sangninolent et verdütre ; la parois du ventricule droit du cceur 6tait cor-rodee, granuleuse , dure et verdatre ; il trouva au fond du pöricarde une grosse öpingle cn cuivre jaune , mais , corame il ötait nuit, il ne put pousser plus loin son investigation. .
4deg; Observation. — Une vache de G ans, en bon etal, forte et vigoureusc , tomba malade , M. Tissot la traita pendant 8 ä 10 jours et crut avoir ä combatfre une inflammation de la poitrine ; seulement il remarqua comme un signe extraordinaire que le pouls etait grand et tumultueux, la bete parut raieux , le lait lui revint assez abondamment pendant un mois. parfois cependant la sant6 paraissait incertaine , puis eile retomba dans son premier dtat ; la tonx C'tait forte et la respiration tres-genee ; les renvois ölaient frequens et sonores ; jes palpitations et le gargouillement reparurent; l'oedamp;ne du poitrail se forma asscz promptement, car tons ces phenomenes se manifesterent dans les lo jours qui sui-virent la rechüle. Du reste, absence de la sensibility de l'epine dorsale et de l'espression de la face caracteristiqi;e de la pöripneumonic epizootique. La malade ayanf öfc doclarce incurable et la maladie produite par des corps
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strangers dans la poitrine , le proprietaircsuivit le con-scil do M. Tissot et fit abattre cette vache- Le pöricarde etait trcs-vo!umineux, il contenait une quanlitö conside­rable de pus de couleur noirätre et tres-fetide : ayant continue l'incision du pericarde en arriere et snivi le m6-diastin, M. Tissot y trouva un morceau de fil de fer long de 9 ti 10 centimetres, qu'il jugea avec raison etre la cause de la maludie, ainsi que de toutes les lt5sions trou-vees ä l'autopsie,
5e Observalion. — M. Miane, velörinairc ü Limeuil ( Dordogne), m'a communlquö le fait suivant: ( Ier no-vembrc 1854). Boeuf ago de 7 ä 8 ans , confie dcpuis cinq jours aux soins d'un vetörinaire des environs, qui le croyait atteint d'une gastro-entörile.
Cot animal, achetö le 4 aoüt, avait toujours 6te non­chalant , triste , ses yeux ötaient enfonces dans les orbi-tes; une soif inextinguible le tourmentait, il prelerait surtout l'eau froide et crue. Depuis quelques jours il s'isolait du troupeau dans les pAturagcs ct cherchait les lieux frais et sombres; du reste il travaillait comme son compagnon , mangeait et ruminait bien.
Etat actuel : Appetit capricieux, rumination irrögu-liere, avec contraction violente et doulourouse des mus­cles abdominaux lors du retour du bol alimentaire dans la bouche; l'animal öprouvait aussi de temps en temps de fortes vomiturations; digestion lenle , difficile , sans möteorisation de la panse, crotins petits durs et coiffes d'un enduit muqueux ; urines rares et hautesen couleur, lan-gue lerne et plombee, rouge a ses bords, bouche chaude et aride, muffle sec. La respiration etait haute, courte et entrecoupöe par de violentes palpitations , avec dou-leur de la region pr^cordiale , lors de la pression de cette partie avec le poing; le pools etait petit, dur et irnügulier. Les yeux se raontraient caves , la face grippee , le poll herissö , la pcau sßche et collee aux os, les flancs
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retrousses; uu malaise gönöial tourmentait le malade , le d^'cubitus tHait difficile et de peu de dur6e.
Au traitement antlphlogiste dejä employe , M. Miane et son confrere ajouterent les diur6tiqiies fels que I'oxi-mel scillitique ct le nitrate de potasse ; les lavemens emoliiens; des fomentations calmantes sous la region 6pi-gastrique, le boiiclionnement frecpient et I'eau blanche nilree pour toute iiourriturc, dont I'animal buvait pres de 7 a 8 seaux par jour , qui apaisaient ä peine la soif qui le dövorait.
2 Novembre : mieux apparent, respiration moins.ge­ilte, pouls moins irregulier, malieres fecales plus abon-dantes et plus molles ; urines rares et foncecs en cou-leur; moileur generale plus marquöc aux flaues et ä la face interne des cuisses.
5 Novembre : les symptomes precites ont augmente de gravile ; le pouls est petit, irregulier , la respjration est plus difficile ct glus gent'e. De larges synapismes sent appliques sous le thorax et an plat des cuisses ; ccs rövulsifs determlnerent des engorgemens considerables, qui furent scarifies le 4 et donnerent 4 a 3 litres de sang et de serosiles. Mais cette evacuation sanguine et ceüe revulsion, loin de produire un mieux, augmen-lerent encore la gravile des symptomes ; les baltemens du cceur devinrent plus acceleres ettumaltiieux , la res­piration de plus en plus genee ; enfin , dans la nuit du 4 nu 5 novembre le pouls se concentra , il devint tres-petit, intermittent, les forces s'efeigmrent et I'ani­mal mourut comme aspliyxie, le o ä 8 beures du matin.
Autopsie : abdomen. —#9632; Le rumen contenait une assez grande quantitö d'alimens; la muqucuse de cet estomac depouillde de son epithelium, qui s'enlevait facilement, etait de coulenr brune et semblait öpaisse ; il en 6tait ainsi de celle du rescau et du feuillet; les alimens conte-nus dans cc troisiemc estomac laquo;''talent noirs ?ecs et pulvä-
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miens. La caillclte contenait pcu d'alimens, sa muqueuse etait coulonr rouge lie de vin; une masse squirrheuse , encephaloide assez Toliimineuse existait a son ouverture pylorique. Le fole etait nypertrophtä et pesait 14 kilog.et demi; la rate se trouvaicnt dans le m6me 6tat, sa longueur avalt presd'un metre , sa largeur un demi-metre, et eile pesait !5 kilog. Thorax. Les poumons (5taient hepatises dans divers points de leur (5tendue. Mais le pöricarde tres-volumincux et plein de sörosites troubles ötait re-couvert ü l'exterieur et a l'intörieur de fausses mem­branes tres-epaisses , anciennes, organises ; il etait adhe­rent., confondu avec la plevrc mediastine et diaphragma-lique. Le sang contenu dans le coeur et surtout dans le veatricule droit, avail form^ des concretions fibreuses, resultantes d'un obstacle h la circulation deja ancien , car la portion sup(5ricure de cette concr6tion voisine de l'ou-vcrture auriculo-ventrlculaire , 6tait ferme , de couleur blanche-jaune et composöe de fibrine presquc pure qui sc colorait graduellcment en rouge vers le fond du ven-tricule.
Gmo Observation commaniqude par M. Rigal , alors elevc : Vache de 7 ö 8 ans, de race bretonne, bleu logee dans une tfeurie vaste. aiirfe , nourrie de trefle nouvel-lement repolte et de son. — Getto bete parut un jour subitement indisposee sans cause connue : la temperature du corps etait (Mevee; il etait survenu, sans fievre pröalable, sur diverses regions de la peau de petites tumeurs ressem-blant ü celle que Ton remarque dans l'echauboulure; l'ap-petit avait ccss6 , la rumination etait suspendue , les yeux larmoyans , la bete portait la tete basse et paraissait beau-coup souffrir.
ün marechal, appelö par 1c propriötaire, lui fit une for'e saign^e a la jugulaire : la bete en parut soulagec et des le lendemain eile mnngoa comme auparavant, mais son lait eMail moins abondant et plus sltcux qu'a l'ordi-
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naire. 8 jours apres, les symptomes prccKös reparuront avec plus d'intensitö , ils se compliqucreiit d'une toux fälble et d'une self vive.,Le maröchal, appele de nouveau, fit une seconde saignde dont le rösultat fut moins heu-reux : Tappölit devlut irr^gulier , le venüe se Lallona, In söcnHion du lait cessa , la marche devint Ires-pönible et difficile.
Cet 6tat persistait depuis 8 jours quand je vis Ic ma­lade ( ü aoüt I85GJ. J'observai les symptomes suivans: plaintes continuelles; la bete pouvant ä peine sc soutenir sur ses membres abdominaux lt;5tait tonjours couclice sur le sternum. La tempörature du corps etait de beaueoup diminuöe , le poil terne , piquö , la peau colltie aux tissus sous-jacens , l'öpin.e dorso-lombaire insensible, les extrö-mit6s froides ainsi que le muffle, d'oü suintait un liquide clair. filant; les yeux ötaient fernes , enfonces dans les orbites; les conjonclives laquo;Haient päles, ainsi que la pitui-taire ; la bouche (Hait tres-ebaude et sa muqueuse refle-tait une teinte blanc-jaunätrc ; l'abdomen etait peu sen­sible ä la pression , la pause dure; les malieres sterco-rales plus cousistantos qu'd I'ordinaire , etaient övacuöes rarement; les urines moins abondantes etaient tres-fon-C(5es; le pouls etait petit, faible ; une toux rare, faible et avortee se faisait entendre a des intervalles asscz rap-prochC's; la respiration ölait penible et difficile; par la percussion de la poitrine on distingiiait I'etat do matitä de la region inforienre; 1'oreille appliqute snr ce point distingiiait aisemont un gargöuillement instaniane et in­termittent.
Diagnostic, D'apres ces symptomes , je ne ponvais douter qu'il existät unc lesion grave des organcs con-tenus dans la cavitö thoracique.
Trailement. Administration de douze decagrammes (4 onces) sei d'Epsom , dans une infusion de fleurs do surcau; frictions de vinaigrc chaud sur les membres et:
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]cs reins ; lavomens d'eau savonneusc , bouchonnemeDt, usage de la couverte.
Le 7 , les cxlrömites sont toujours froides; la respira­tion est plus difficile. Merae medication que la veille, un selon tres-anime est place au fanon.
Le 8 , meme etat : möme traitcment, 1c siton n'ayant produit auciin engorgement, il est excite par I'essence do teröbenthinc.
Le 9, la respiration est plus difficile, le venire un pen hallone , la bete est ötendue ct sans mouvement. La mort a lieu pendant la unit.
Autopsie. Au lever de la peau tons les muscles ^talent decolores *. Ahdomen. Le sac peritoneal contennit environ six litres deserosites jaunutres. Caviti thoracique. Les sacs des pleyres contenaicnt aussi environ 4 litres de sero-!.ites dans lesquelles nageaient des debris de fausses mem­branes blanches, 6paisses [ct assez consistantes ; le peri-cardc adherait aux parties environnantes par plusieurs brides anormales et par de fausses membranes tres-epaisses; ce sac fibro-sereux etait d'unc couleur brunätre ä l'exte-rieur , il contenait environ trois litres -d'un liquide pu­rulent; grisatre , öpais, grumeleux, felide ; sa surface fibre etait mnmclonnöe , tubcreuse , de Couleur gris-verdutre, aspect du ä la presence d'une membrane puo-genique que I'inflammation chronique avait 6paissie et iait passer d I'etat lardace ; ellc avait acquis pres de onze millimetres d'opaissour, laquelle , ajoul6ea celledes mem­branes pericardiennes qui ttaient aussi üpaisses, avait
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* Cplle vacbe avail rrcn , un mols nvant sa morl, v.ii coup tie conie dans Icpanle gauche, snr laquelle existait deptiis lors ime tumeur large ct. applatie qni genait ]!cu la malade :1a corue n'avait divisd quo la pcau , mais eile avail rliVIiirc les fibres du muscle scapulo-ol^cranien; il selait lornu! dans rclle solulioii une Iiimeiu- cn-kyslde remplie de matiSre jaunatre aibumioeuse, fonnantla base de la lumeur prc'ciice el lt;;nc Vvu dcce.iivi'il au lever de la peau.
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donne ä ce sac une forme insolite mais squiirheuse. Un foyer de ramollisement s'dlait foim^ sur le venlricule gaucbe ; il s'ouvrait sur le pöricarde öpaissi et lardac/i, par une ouverture infundibuliforme, parcourait un Irajct fistuleux jusque dans la substance du coeur et 6tait rempli de lamßmematierepurulente que renfermait le pericardc. Crune.hes rnöninges pramp;entaient quelques pointillations ; leur sac söreux contenait une assez grande quantite de liquide ; un semblable öpanchement stüreux existait encore dans les ventricules du cerveau, dont la substance Otait un peu ramollie.
Si nous analysons ces six observations nous verrons quc la premiere offre l'exemple d'une pöricardite survenue ä la suite d'une lutte violente durant laquclie l'animal a fait des efforts continuels et immodörös , qu'une sueur abondante a (5t6 röpercutße par une pluie d'orage et le froid de la nuit; cette suppression subile de la transpira­tion cutanöe est une des causes les plus fröquentes des phiegmasies des organes contenus dans le thorax ; et sans doute que dans ce cas une disposition particuliere , ou peut-etre la colere , les efforts violens qui ralentissent la circulation ont döterminö son action sur le cceur.
La maladie a suivi une marche chronique et ne s'es manifestee d'abord que par des symptomes genC'raux qu ont augmentö graduellemcnt de gravity. Je ne fus con­sults qu'cnviron 40 jours apres l'invasion de la pericardile; alors eile ötait incurable : le trouble de la respiration et de la circulation manifesto par la dyspn^e , les palpi­tations , l'irregularite du pouls, la chaleur sudorale mais partielle de la peau et je le röpetc la connaissancc des observations de MM. Dupuy et Fabre, qui, me revenant a la pensee , bascrcnt mon diagnostic ; le traitcment in-diqu6 n'ctait que palliatif ordonnö dans I'intcntion do satisfairc le propriölaire. L'autopsie , toute incomplete qu'elle fut , jastiSa mes previsions: lY'panchcmcnt p^ri-
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cardien, la presence des fausses membranes allcstaient I'existence de l'inllammation chronique de la sereuse ; de
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meme que l'hypertrophie des cavites droites et veineuses
du cceur ainsi que rengouement sanguin du poumon e(aient im effet des obstacles ä la circulation , je veux dire les lesions du cceur. .
Les trois observations de M. Tissot retracent I'histoire de pericardites prodnites par des corps strangers qui ont penetre et traversö, les tissus de I'exterieur a I'interieur elles ont eu , comme la premiere , une marche lente et chronique , que j'attribue au temperament lympha-tique du becuf. Los lesions ddcrites oßrent les caracteres auatomiqnes de I'mflammation suppurative et ulcörativc anbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;d'uno origine si ancienne, qu'il y avait, dans certains
cas, transformation de tissus et meme compression du cceur en raison de l'öpaisseur des fausses membranes. Ifnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;La cinquieme observation prösente une maladie tres-
|r;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;complexe dont la cause etait ancienne, inappröciable ,
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sur laquclle on n'avait pu obtenir de renseignemens , Ic proprietaire du bosuf l'ayant achete malade. Le diagnos­
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tic fut incertain , pour ne pas dire errone ; car, malgre le trouble de la respiration , les palpitations , la douleur qu'accusait la region pröcordiale lors du toucher, I'irre-gularitö du pouls, on crut avoir affaire a un epanche-ment pleurd'tique. L'autopsic dömontra que le pericarde etait le point de depart de la maladie : I'liypertrophie do cette enveloppe du cceur, I'dpanchement qu'il contenait , les fausses membranes organisöes et anciennes qui Is re-couvraient et lui faisaient contractor des adherences , en etaient des preuves Evidentes. L'hypertrophie du foiö et de la rate doit etre considöree , selon moi , commc un d'piphenomene consöcutif ä l'obstacle de la circula­tion rösultante des lesions que je viens de citcr et surtout des concretions fibrineuses organisecs que contenait le cocur; enfln le squirrhe de la caillbttc pouvait etre la
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consöquence d'une inflammation ancienne de cet estomac passcie il l'ßtat chronique et que deuotaient les vomitu-rations.
La sixieme observation de M. Rigal, rödigöe avec assez de m6thode , suscite la reflexion suivante : est-ce le coup de corne refa un mois avant la raort, qui a döter-miuö cette maladie ? D'autres causes, telies qu'une re­percussion de la transpiration cutan(5e , ont-elles agi en möme temps ? L'(Hat maladif de toutes les söreuses pour-rait le faire soupconner, aticnn renseignement ne vient en aide. Les symptomes etaient assez caracUiristiques : troubles de la circulation , de la respiration , matile de la partie inferieure du thorax , gargouillement instan-tan6. L'autopsie est concluanle : traces d!une inflam­mation lente des sereuscs cncöphaiiques et abdominales , terminaison par suppuration decelle du pöricarde, et cette coincidence de la phlegmasie du pöricarde , avec celle de Tarachnoide et du p^ritoiue prouve la puissance des rapports sympatliiqucs du ccour.
De tout ce qui precede nous dovons conclure que la pöricardite consiste dans Tinflammation de la membrane sereuse qui revet la surface externe 'du cocur et tapisse sans discontinuite le sac fibreux qui Tisole et le protege. Lente , insidieuse dans son priucipe , pen connue en pa­thologic bovine, ce que nous savons de la pöricardite des ruminans semble faire pressentirqu'elle suit presque tou-jours une marche chfonique , ou que tout au moins sa pöriode d'acuite passe inapergue , marche habituelle de certaines maladies dans ces animaux et particulierement de rinllammation des sereuses. Tont ce que les recber-ches de MM. Laennec , Bayle , Louis ont de savant et de lumineux , nous servira pen pour l'^tude de cette maladie dans le boeuf; nous ne devons tirer nos induc­tions que de robservation.
L'analomie pathologiqae, d'acctrd avec robservation
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cliiiiquo, demonlre que la pöricardite prend commuue-ment lo carucicre d'une inflammation lente et chronique , que les epanchemens söreux qui en sont la consequence tendent ä s'organiser en fausses membranes ( note de M. D'upuy, 'lroet o0 observations ); d'autrefois c'est un corps etranger , penetrant lentement dans le thorax en traver-sant leraquo; tissus de l'extörieur h l'intörieur qui a causd I'in-flammation suppurative du pöricarde(2e, 3deg; et ^obser­vations ). Cette raeme phlegmasie chronique et suppura­
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tive s'est döveloppöe spontanement dans la sixieme obser-
vation sans le concours d'un corps etranger.
Causes. Elles sont les memes que celles qui peuvent
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produire la pleurite , la pöritonite, rarachnoidite : les observations precitcies ont prouvö que l'inflammation du
pericarde etait compliquäe de celle des aulres söreuscs. Ainsi des coups ( 6deg; observation ) , des plaies pönetrantes ( 2deg;, 5deg;, 4s obsorvalions) qui interessent , blessent ou contusent la region precordiale et la pericarde determinent cette maladie. Le refoulement de la transpiration cuta-
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ii6e insolitemeat developpee ct sabitement rcpercutec
par un courant d'air i'roid , une pluie battante en sont les causes les plus frequenles (lre, De observations). Les au­topsies cilees et celle d'animauxmorts d'affections patholo-
giques graves dömontrent au praticleu que la pöricardite aigue complique presque toujours les pleurites et les pneu-
monies intenses et tres-aigues. La premiere observation
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semble prouver aussi que la colerc, les efforts violens peu­vent contribuer au developpement des maladies du coeur et de ses enveloppes.
Signes diagnostiques. Douleur assez vive ä la region precordiale, lors d'une pression exercöe sur eile ('6'' ob­servation ) ; essouflleraent, anhälation instanlanee du res­pire , trouble de la circulation , se manifestant par acces durant lesquels lepouls s'accclöre, s'^Ieve mais reste mou ; les battemens du cceur appröciables par la main et I'oreille,
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PATHOLOGIE laquo;OVIHE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 27nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ' ./
sont plus forts , plus fröquens, quelquefois irröguliers , tumultueux , inögaux , accompagriüs de palpitations , et (Tun gargouillement instantant' isochrone ä !a diastole dunbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;'} .,
coeur qui est special h la pöricardite et la distingue de la cardite.Apres sept ä huit minutes de duree deTacc^s , tout rentre peu-a-peu dans Tordre , mais la percussion et l'auscultation font distinguer continuellement le gargouil­lement et la matite de la rögion inferieure du thorax ; il existe frequemment un a;deme au fanon qui confirme l'dpanchement du pöricarde et meine cclui des plevres. La chaleur suderale de la peau accompagne les acces d'op-pression et de palpitations momentanöes. Ces accidens nenbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;. .
sont qu'une consequence de l'engouement et des obsia-nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ;
des ä la circulation. Ce sont, au surplus , les palpitationsnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;:'. 'quot;
et le trouble de la circulation qui distinguent les maladies du cccur et du pericarde ; de repanchcmentpleurelique, car le gargouillement quel'on enlenddans Tun etl'autrenbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;.]
cas n'est pas facile a distinguer et a determiner , enfiu la douleur pericordiale n'est pas constante. M. Dupuy indique la possibilite de cette distinction.
Simpiömes yencraux. Langueur genörale durant l'ori-gine de la maladie , sueurs purlielles , essoufflcmcnt au moindre travail, qui cessent avcc le repos ;|deco!oratiou des muqueuses , appetit inconstant, dejections variables , apres ces prodomes pcu significatifs survient la toux , la dyspnee plus haut signalcs, qui constituent Telat.
Les regurgltations, les vomiturations , le boqnet coin­cident avec des lesions chroniques de l'ccsophage de la caillette(2e et 5e observations). La toux, la dyspnee, l'oppression ne sont aussi que des symplömes accessoircs , que cause rengoucment des poumons ( lre observation ) et surtout les obstacles ä la circulation existans dans le cceur, je veux dire son hypertrophie et les concretions fibrineuses qu'il contient. Cette oppression est bien plus marquee quand le malade est couchä et cause alors unenbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; .• .
anxielt' feile (ju'il est force de se relevcr souvent.
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28nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PATHOLOGIE BOYWE.
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Pronoslic. II ne peut 6tre favorable dans une maladie quc l'importance de la fonction alterte rend toujours tres-grave et dont Tincurabilito cst constante dans nos animaux domestiques. L'inaptilude au travail , lessoins, le regime qu'ils exigeraient döpasseraient de beaucoup
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leur va^ur. Des l'instant oü les palpitations et le trouble de la circulation sont imminens la maladie est Incurable ; le proprielaire probe doit engager le propriütaire ä ven-dre le malade pour la basse boucherie ; et comme nous ne sommes souvent consults que tres-tardivemcnt , c'est souvent la seule cliose a prescrire.
Traitemenü J'ai dejü exprimö le peu de confiance qu'il m'inspire , cependant on petit dans le principe essayer de peliles saignees, de l'emploi des rövulsife ä la peau (sinapismes, vösicatoires) et administrer inWrieu-rement les decoctions de digitale pourpree , lögerement nitree , edulcoröcs par le miel. IN'ourrir avec de bons fourragcs, donnes ü rations fractionnees, les rations cuites, la carotte crue , I'eau blancbie , le repos peuvent pro-duire de bons effets. Mais si, comme dans la 'lro obser­vation , ils ne procurent; aucun soulagemcnt apres un certain temps , on doit faire une tin du malade.
sect; II. — De la Cardile.
L'Etude des maladies du coeur si avancöe dans l'ospece humainc depuis les recherches de Corvisart, de Laennec. de Franck , de M. Bouillaud , etc. , etc., a fait comme celle des affections morbides du pericarde beaucoup moins de progres cn medccine vetörinaire. II est vrai de dire quc ccs maladies sont moins fröquentes dans les animaux domestiques que dans l'homme ; dans la brute les causes morales sont nulles , tout est pour ainsi dire physiologique. Une chose a peut etre rctarde l'avance-mcnt des investigations des veterinaires, c'est la maniere
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dont s'exerce la medccine des bestiaux , et surtout la determination souvent tardive des propricHaires a con-sulter les homines de l'art, ainsl que I'incurie, la crainte des depenscs et la valeur bornec des animaux , le mode d'explorer y est aussi pour quelque chose , car parmi les faits observös et que nous allons d'abord citer nous avons remarquö que personne n'a term compte de certaines causes prcdisposanles tres-imporlanles, tolles que Tage et le developpement du cocur dont le volume est variable, individual et dependant principalement du temperament. Eu effet, chezI'animal commechez I'hommequi est sanguin, le cocurest plus volumineux, le foyer d'h6niatose plus vaste et l'excilabilitö des organes plus grande. Cette considera­tion doit done cnlrer en ligue de compte pour aprn5cier les causes de l'acuitö ou de la chronicite de in maladie ; aussi verrons-nousque dans le bceuf la cardite suit presque toujours une marche lente et insidieuse, quelle que soit la cause dd'terminante qui I'a produite. Nous reviendrons sur ces considerations en traitunt des causes et de la marche de cette maladie.
#9632;ire observation ; eile appartient a feu Barrier pere , alors vd-terinaire ä Chartres , * io decembre 1776. Vache malade depuis sept heures; la maladie debuta par le frisson , la böte se couchait , se relevait et paraissait tourmentee par des coiiques , appetit nul. A Tarrivöe de Barrier le frisson conlinuait encore , la löte (Hait basse, les oreiiles et les cornes froides , des larmes coulaient abondamment; I'air respire etait froidj; la böte deböut ou couchee , alongeait la tote comme pour respirer plus ftici-lement; eile souffrait beaucoup plus dans cette derniere position , qui avait toujours lieu du cotö droit; debout clle levait sans cesse r^paule et la jambe gaudies , comme
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* Correspondence sur les animaux dotnestiques par Fromage dc Fcugrc, loine' I , page 4-5.
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oOnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; PATHOLOGIE BOVINE.
si eile y eiit scnti de la douleur , et tournait sa vue de ce cold. Lupine dorsale etalt fort sensible , car la b6tc se courbait au moindrc attouchement de cette partle. La peaa ötait dure et seche , mödiocrement chaude ; le pouls petit et prcsque inexplorable ; la constipation etait opi-niutre et les urines rares, liautes en couleur , paraissaient
lt;Hre expulslt;5es avee douleur. Ces symptömes pcrsisterent pendant la nuit et la journöc du id. Le 17 , la tefe devint plus pesante; la bete la tenait tres-souvent ap-puyte contre lemur; les yen x s'enflammerent, le trem-blement redoubla par intervalies; et eile se concha plus raremcnt. Le 18 , nul changement ; cependant vers les cinq heurcs du soir, dit Barrier, l'ayant fouillöe , je scntis une grande chaleur; je retirai ma main et mou bras convert de sang, dont la presence ötait sans doute due ä une hemorrhagie interne ; j'annoncai une mort pro-chaine.
Tratlement. Saignöes repüt^es; boissons dölayantes , adoucissantes, nitröes et campliröes ; lavemens de petit-lait et d'huile; de döcoction de graine de Jin , de miel , inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;de son, de senö, rien ne produisit d'cvacuations sensi-
bles , ni aucun changement, seit en bien , soit en mal. La mort survint du 18 au 19 ; eile fut aecompognöo de mouvemens convulsifs; le cadavre se ballona consi-Snbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;dörablement apres la mort. Autopsie : La membrane in-
;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; terne du feuillet etait de couleur violet-foncte et les ali-
mens qu'il contenait ötaient sees; les petits intestins re-fletaient ä l'exterieur une couleur rouge-brune , leur :#9632; •nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; membrane interne lt;5tait sphacelee; ces intestins etaient
j.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;excessivement retrecis , ils ne contenaient qu'une bile
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noire et epaisse ; le gros intestin ötait aussi dans une grande constriction ; le rectum contenait du sang coagulö entre les replis de sa tunique muquense. La graisse con-tenue dans l'abdomen ötait dans un ölat de fönte ; eile avait une odeur fetide et redetait une couleur safranöe;
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Ja vesicule du fiel (ütait, gorg(5e d'unc bile (ipalsse et noire : les poumons ötaient marbres et dans un löger (5tat de phlogose. Le pöricarde et le coeur etaient onliercment raaceres ; et , de la propre substance du second de ces? visceres, je söparai avec les doigts une sorle d'envcloppc d'cnviron^deux lignes d'epaisseur. Le pericarde contcnait uu liquide söreux et fetide , de couleur grise. Dans les lambeaux graisseux du cocur , je trouvai une öpingle ä friscr d'environ trois pouces de long , tortillee dans son milieu ; la place qu'occupait ce corps efranger n'ötait nullement endommagee ; il y avait dans la propre subs­tance du viscere , plusicurs petits abces de grandeur ine­gale gangreneux , dont le foyer etait vide ct sec : totite la graisse de la poitrine etait comme celle de l'abdomen. Les vaisseaux du 'cerveau etaient tres-gorgd's.
Barrier ajoute : J'avais pratique au fanon un cautere fait avec la racine d'ellebore, roulöe dans les canlharides en poudre , dans le dessein d'ötablir un exutoire ; mais il nc s'en forma point; au contraire , les liqueurs atti-rces dans cet endroit determinercnt a la verite une tu­mour tres-grosse , mais qui se durcit en s'etendant, do fa^on qu'apres la mort eile ötait veritablement cbarbon-neuse.
2deg; Ohservalton. — Appartenant ä M. Dupuy, alors professeur ä l'ecole d'Alfort, 29 avril 1820. Un taureau age de 3 ans , mourut apres 14 jours de maladie, le pra-ticien qui I'avait soigne dit que cet animal avait present-; le soubresaut et la respiration entrecoupee qu'on observe chez les chevaux affectes de la pousse.
En examinant avec attention les visceres renfermamp;s dans l'abdomen, on rencontra dans le deuxieme estomac, ou bonnet, une alteration qu'il est important de döerire avec soin.
Le bonnet avait contracts une adherence avec le dia-phragme au raoyen d'une fausso membrane. Les tuni-
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32nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; rATHOLOGIE BOYINE.
ques de oe viscere se trouvaient perc6es d'oulrc on outre. Dans 1'ouvcrturc qui en resultait, on observa I'extremite d'un fil do fcr qui traversait le diaphragme. Dans Vm[6-rieur do la poilrinc exislail une pochequi aurait pu ren-fermer un litre d'oau. Elle contenait du sang coagule et une liqueur verdätre , analogue b. celle qui se trouvait dans 1c deuxiöme estomac ; ceUepoche6laittravers(5e dans toutesa largueur par le fil do fer, dout I'autre extrtSmitc '-nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;avait perco le pericardo , le tissu du cccur , et penötrö
dans le ventricule droit, ä quelque distance de sa termi-naison, Les ouvertures faitesaux parois du coeur et du bonnet n'ötaient pas cxaclement bouchoes par le corps laquo;Hranger, ce dont on pout se rendre raison par les mou-vemens du coeur et du diaphragme. Cette circonstance ex-plique comment la poche interoiödiaire onlre le deuxieme estomac et le coeur , renfermait du sauget du liquide con-tenu dans Ic bonnet, et comment ce liquide du deuxieme
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estomac avait peuetrö jusques dans le ventricule droit du coeur.
Comme on s'en est assurö , le corps stranger servaiten quelque sorte de fil conducteur,etablissant une communi­cation entre le bonnet, la poche inlerm(jdiaire et la ca-vite droite du coeur. On congoit quels dtJsordres a du oc-casioner une substance aussi difförente du sang quo cellc qui, du bonnet, arrivait dans le coeur. Aussi le tissu du ventricule ötait-il devenu blanchätre et cartilagineux dans toute son t-paisseur ; du moius, on avait-il la consistancc et l'aspect. Getto transformation est remarquable et digne de fixer notre attention ; eile doit etre regardte comme la lerminaison la moins fächeuse peut-ßlre , puisque ce tissu est le moins vivant, le moins sensible ; les nerfs n'cxistant plus, nile tissu musculaire. La face inlerne du ventricule droit ötait tapisste de sang coagulö , dispose en couches supcrposoes. Les 'premieres qui adhoiaient fortcment au lissü du cceur, etaicnt dojä transformees
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en tissu semhlablc au cartilage qui remplissait le fond du ventricule. II s'cst trouvö du sang m6l6 avec le liquide du bonnet, pics des valvulesauriculo-ventriculaires. Le sang conteuu dans I'aulie ventricule ötait söreux , liquide,, decolorö , et ne semblait pas flbrineux.
Le p6ricarde avait contracte adherence avec te viscere : on aurail dit qu'il avait disparu ; il n'existait plus de cavite, Le lissu des poumons 6tait emphysemateux ; on y a remarquö aussi de nombreux tubercules enkystös. Les systemcs cellulaire et musculaire 6taient päles, d6-colores , comma si ranimal ötait mort par effusion de sang. Cbabert appelait cet ötat anemose.
On pent prösumer que l'animal est mort peu de temps apres l'introduction du corps stranger dans le ventricule Jroit du cceur , et ä l'arrivöe dans cet organc du liquide conlenu dans la poche intermödiaire.
5deg; Ohservation. Appartenant ä M. Dandrieu, v6t(5ri-naire ä Lavcrdac (13 juillet 1826). quot;Vache Agöe de 7 ä tS ans, de taille moyenne , assez bien constituC-e , mal-gre , allaitant une petite g6nisse depuis un mois ; pouls petit, dur et accelerö : la conjonetive et la nasale rouges ; la bouche chaude, la langue recouverle d'un enduit blan-chatre mais rouge ä ses bords; cessation de la rumina­tion , mötöorisation instantanöe du ventre, exerömons rares, durs et coiffös; urines rouges et abondantes; tem-pt'ratiire du corps un peu ölevd'C , orcllles et cornes alter-nativement chaudes et froides; plainles continuelles sur-tout quand la malade est couchee. On diagnostique une gaslro-enterite. Saiguec , breuvages et laveraens muci-lagineux , cau blanchie. Mieux le 4deg; jour de ce traite-ment; l'appetit est revenu, la melöorisation disparue, la bete a üente et urine. Suppression des breuvages, con­tinuation des lavemens , alimentation modöröe , eau blanche.
Le 24 la böte est plus malade; eile offre des symptömes
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54nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; PATHOLOiilE BÜYINE.
(liilcicns: pouls un peu [raquo;loin et accölere, respiration gamp;ioc, nariues dilatöes , (Eil un peu vif; die mange peu et fort leutement, un leger o(ideme se montre au fanon el sous la poilriue ; les veines jugulaires paraissent vo-lumineuses. L'oreille appliquee contre les parois de la poilrino disünguait un leger bruisscment occasione par un epauchement dans le thorax ou dans le ptricarde. M. Dandrieux diagnostiqua une hydropisie de poitrine et declara la vache perdue; cependant le propriötaire desi-jiflnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;rant que Ton tentät quelques remedes, il fut present
des breuvages diuretiques.
Le 27 la malade parut un peu mieux ; eile avait #9632; #9632;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; rumin6, fientö et urinö; möme prescription. Le 28, on
ajouta les purgatifs drastiques dans le but d'obtenir une revulsion favorable sur I'intestin (Aloes et Jalap). Lo 29, mome (Hat, meme traitement. Leo0,anxi6te , res­
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piration gönee, pouls faible et acc61er6; peau seche ,
I:- , 1. quot;#9632; H #9632;,'.
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adherente; polls ternes et piques ; augmentation de vo­lume de l'oödeme, membrcs thoraciques tenus ^cartes. Cessation de toute medication. 1er aoüt, faiblesse ex­treme, pouls faible, deprini(3 et accelt5r6; jugulaires ex-cessivement grosses , thorax distendlaquo;, arrondi par I'a-bondance de l'^panchement, metnbres thorachiques trcs-ecartes , respiration gend-e et penible ; l'auscultation fait
apprecier un bruissement tres-marquö, qui nuit ä l'ap-pr6cialion des mouvemens du coeur. Pronostic funeste. Mort dans la nuit suivante.
Aulopsie. Thorax: ßpanchement sereux dc 6 ü 7 li­tres, assez limpide, mais jaunätre, dans lequel nageaient de fausses membranes albumino-fibrineuses; adherence de la plövre costale gauche ä la pulmooaire. Les deux mem­branes formant le pericarde etaieut cpaissies ; elles adh6-raient ü la base du coeur jusqu'ä la partie moyenne, le reste de la cavitö de cet Organe cantenait un liquide sereux jaunätre. Le cceur elait hypertrophit', leventri-1|
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PATHOLOOIE BOVINE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; .quot;gt;quot;)
cnle gauche conlenait un caillot sanguin noir qui se con : tinuait jusque dans Taorte; le ventricnle droit ne oon-tenait qu'un pen de sang noir ^galcment coagiiltgt;; sa face interne redetait une teinto gris ardoislaquo;3; it cxistait sur la face externe de ce ventricnle une tumeur fon-gueuse, traversee par une aiguille ä coudre de -i centi­metres (18 lignes) do longueur , se portant d'arriere en avant, ayant sesdeux cxtramp;nites libres, la pointedirigeo du cöt6 de la pointe du coeur. Le lobe du poumon adhe-rant a la plevre costale etait hepatise ä cet endroit; sa substance y etait de couleur violacöe et des taclics noi-rätres existaient autour do la portion adherente. Le lobe ou poumori droit offrait aussi une partie hepatis^e ä sa pointe et refletait en gamp;id'ral une leinte forlemcnt vio-lacee. Abdomen. Le feuillet et la caillette ötaient phio-gosö , ainsi que I'intestin greie.
4deg; Observation communiquöe par M. Larroque , vöte-rinaire h Naussanne ( Dordogne) le 17 avrll 1831. ün bceuf äg6 de. quatre ans et demi cessa subitcment de manger, toute l'habitude de son corps Halt agilöe de mouvemens convulsifs et vagues; le proprielaire crut y remC'dier en faisant prendre une bouteilie de vin an malade; mais dans la nuit suivante les mouvemens con­vulsifs parurcnt de nouveau et se manifesterent plus particulierement ä toute ravant-main ; ils soulevaient brusquemeut la tete; la peau ct les extremites (Haient froides , le pools acc61ere, la respiration nasillarde et Tanimal n'avait pas ßentö depuis le matin. Appell le IS au malin je fus t^moin d'un nouvcl acces durant. lequel j'observai des palpitations assez longues , que le proprietaire avait confondues avcc les mouvemens con­vulsifs : saignee , medication delayante et mucilagineuse-I'acces s'etant renouvele dans la journte, je rep^fai la saignee le 18 au soir. Le 19, je plarai un seton au fauon qui produisit drs le 20 uu engorgement assez
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i|'..nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;56nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; PATHOLOGIE BOVINE.
considerable ; les mucilagineux ct les anti-phlogistiques lurcnt continues. Quelques instans apres men operation je fus t6moin d'un acces tres-grave durant lequcl, outre les palpitations et les mouvemens convulsifs, etc. etc. , !e malade eut de fröquentes eructations sans möleorisation de la panse , avec persistance de la constipation ; du reste il se tenalt constamment debout, la tete ötendue et elev6e; il existait aussi par Intervalle un abattement remarquabie. Le 20 , letissu jlii.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; sous-cutane de la face fut envahi par une infiltration assez
considerable; ce bceuf 6tait tourraente par des frequens tremoussemens de la pcau , tantöt partiels , tantot gene-
! raux , qui duraient de 2 ii 5 heures et qu'interrompaient de fortes palpitations. Le 21 la peau 6tait alternativement chaude et froide; en appliquant I'oreille sur les parois du thorax on entendait un gargouillement Lien marque; la dyspnöe avait augments et s'ötait compliqud'e de quintes de toux intenses et framp;juentes. Enfin, la maladie i ;.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; augmenta toujours de gravite avec cependant quelques
|-:quot;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; alternatives de micux, d'exasperation durant lesquels le
|l:-nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; bceuf mangea , rumina quelquefois, rendit meme une
petite quantite d'excremens a la suite dc I'administratiou d'un laxatif et mourut le 6 mai sans convulsions.
AiUopsie faite 11 heures apres la mort : Yenceplialc ötait un peu infdtrö, les eslomacs etaient dans un elat de vacuitc remarquabie, le thorax contenait environ 8 Ij-'inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; litres de sörositö jaunätre qui reraplissaienl les sacs des
plevres; trois tubercules raraollis a leur centre exisUiient ii la partie inferieure du lobe gauche du poumon. Le pericarde 6tait (inormement dilat6 par environ 3 litres
de sörositö contenant un sediment grisatre semblable a de la lie de vin blanc, une fausse membrane floconeuse re-
I couvrait toute la surface interne et libre de ce sac fibro-
s^reux , une aiguille ä coudre tronquee ä sa pointe pla­cke profondamp;nent et en travers faisait saillic ä la partie
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PATUOLCGIE BOriME.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 57
sup^'rieure du cceur, dont eile traversait la substance musculaire qui, dans le trajet et autour de ce corps stranger, (itait sqnirrheiise et dösorganisdc dans ane 6paisseur de plus de 2 ä 5 centimetres.
5deg; Observation publiee par M. Huvelier , mMecin vö-terinaire. Une vache ägee de cinq ans, dans un (Hat moyen d'embonpoint, achetöe depuis peu, elait morte dans le delai de la garantie. Ce vetorinaire fut nomme expert le 29 aoüt 1851 ct charge d'en faire Tonverture. A peine revenue de la foire, cette vache parut atteinte d'une toux frequente , espece de dy^nnöc qui lui rendait la respiration si battante , qu'elle elait obligee de s'arreter; ello vecut trois jours presquc sans manger; et, apres un violent acces de toux, eile tomba morle subitement.
Autopsie : Les deux poumons (Haicnt sains, le coeur. d'un volume enorme, 6tait entourö de membranes epais-ses adhörcntes au pßricarde; en les incisant pour arriver a I'organe, on ne trouvait qu'une grosse masse informc, aliaissee , a pointe 6mouss(5e, tres-molle , oflrant au tou­cher , dans sa partie la plus renflee, quelques durillons de la grosseurd'un ceuf, qui paraissaient contourner la par-tie qui tenait au poumon ; la scissure coronaire elait in­visible et recouvcrte de productions squirrheuses, au mi­lieu desquelles on reirouvait les oreilletles, tres-dilulees , irregulierement bosselecs et de coulcur rouge-brunc; quelques-iiiies de ces bossclurcs anormales criaient sous letranchantdu bistouri, A'autres famolliespr^sentaient des foyers enkysles, conlenant une matiere purulente; les unes d'laient jauncs , d'aulres d'un noir-vcrdAde ; M. Huvelier les compare ä des vomiques. L'oreilletie droilo surlout presenlait plus de lesions de cc genre ; un kyste plus grand elait ouvert ct conlenait encore un pen de pus et de sang; ce qui s'en ötait öchappe se retrenva dans le ventricule droit , et M. Huvelier presume avec raison qu'un aerös de toux ayant fail rapturer cc Foyer enkyste ,
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ifquot;'nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;lt;rgt;8nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PATHOLOGiE COVINE-
1c passage du pus qu'il conlenait dans 1c venlriculc aura tletormiirt Ja sußocalion immödiate; l'oreillette gauche , egalcmcnt dilatöc offre ä sa base , de pareilles lu-nieurs, mais en general moins ramollies; le ventricule droil, Tariere et les veines pulmonaires raquo;ilaient gorgees d'un sang tres-uoir. Dans plusieurs points, la plevre mediastine etail epaissle ct criant sous rinstrument comme
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le squirrhe; le ventricule droit, dont la pointe ötait tres-mousse, la parois mince comftie une feuille de papier, paraissait susceptible de se ruptnrer au moindre efFort.
M. Iluvelier exprime le regret de n'avoir pu conservcr ectte piece d'analomie patbologique; il ne put oblenir de renseignemens sur les causes de ccttc lamp;ion organique lt;iu'il qualilie de veritable cancer du eomr.
lt;gt;e Observation, quo JI. Castes, medecin vet(5rinaire ä Toulouse, eut robligeance de me remettre en 18.jo. Vache lailiere qui depuis qfielqae temps maigrissait, innngeait peu , se couchait rarcment et ne se relcvait qu'avec de grandes diHicidles. 8 jours avant l'arrivee de |;2nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;M. Caslcx tin engorgement phlegmoneux avait envabi le
f-nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; jarret gauche , le proprietaire qui croyait que sa vache
avait regu un coup de fourche , lolionna cette tumefac­tion avec une decoction emollicnte; deux jours apres une
:
tumefaction chaude ct douloureuse, comme la premiere, envahrt le jarret droit; trois jours apres une semblable survint au genou gauche. La bete eprouvait de temps ä autre des batlemens de flancs, accompagnes d'une expres­sion de trislesse ; durant ces acces il eiait tres-difficilc de la faire changer de place; tels furent les renseignemens fournis par le nourrisseur. Etat achtel : la bete a mis has il y a 8 mois, elie est agee d'environ 10 ans, d'une tailie moyenne, de race de Lourdes ( canton des' ; ;;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;Pyröiiees) , eile donne peu de lait; cette söcretion a di-
miaue graduellemenl. Symplumes : abattement, trist esse, pui! pique , peaxi seche, diire, öpäisse; respiration labo-
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PATHOLOGIE BOVINE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 39
rieuse et accC'lerfe ; port horisontal do la töte; toux spontan^e , rare , forte, poitrinc sonore; cornes et oreil-les chaudes, pouls fort, dur et vite ; rumination cessöe depuis la veille; la malade ne se couche pas, eile eprouve une grande difficulte a se tourner sur place , et si on veut la forcer ä le faire , eile fait enteiidre des mugissemens plaintifs. Prescription : saignee de G livres ä unejugulaire (le sang estnoir et tipais ) , administration d'une decoction de guimauve nilröe; lavemens ömolliens; fumigations aromatiques sous le ventre, frictions d'cau-devie et de savon sur tontes les parties supericures du corps, dans le but d'assonplir la peau et activer la trans­piration cutanöe; diete sövere ; radministration des brcu-Tagc8 est tres-difficile en rnison de la presque impossi-bilitö de lui faire lever la tele et de la maintonir dans cette position.
Le lendemain , amölioration dans l'elat gönöral de la malade , l'expression de la tele est moins sombre ; la trans­piration cutanöe a 6te porleo jusqu'a la sueur; la peau semble un peu plus souple. Le pouls est moins fort et moins dur, la s6cr6tion du lait a cesse. Meme prescrip­tion , mais la diete n'est pas rigoureusement suivie. Le oe et le 4e jour, mieux marque , meme prescription. Le 5e jour , ä neufheures du matin, la vache est dans un 6tat inquictant et beaucoup plus malade ; l'engorge-ment des jarrets et des genoux a disparu , eile est fortc-ment metöoris6e, la respiration est laborieuse et accöleröe; la tete est tendue en avant, la bouche ouverte, rempüe de bave ecumeuse , il semble qu'il lui manque d'air pour respirer, l'anxiötö est extreme; la molade veut toujoiirs se porter en avant et il est impossible de lui faire baisscr la töte ou de l'elever pour lui administrer les breuvages; dc temps en temps, eile lousse, mais une seule fois, apres quoi on entend un mouvementde deglulitinn forcce , ac-compognöe de borborigmcs. Le pouls est petit et vile , la
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tjj'vnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;40nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PATHOLOGIE BOVINE.
peau froide , seche et dure , le muffle est sec et froid, ainsl que les comes et les oreilles; les yeux sont enfonces ct caves. Administration d'un kilogramme d'huile de noix, plusieurs lavemens 6mollieris, du reste, meme tisane et prescription que ci-devant. A deux heures, un peu de calme , la möföorisation a disparu , la bouche n'est plus bamp;mte, cependant, la respiration est plus difficile quoiquc
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nioins accelert'e. Le pouls est toujours petit, vite, qucl-quefois intermittent. A 9 heures du soir, recrudescence des symptomes, pouls presque inappreciable ; respiration de plus en plus acc(Mör6e , penible et difficile, les yeux sont hagards; les cornes, les oreilles, le muffle et les membres sont froids. Un engorgement exanthemateux s'est manifeste tout-ä-coup sur les regions des reins et des bandies , principalement du cotd droit , il cr6pite sous lesdoigts et ressemble a ceux qui se manifestent dans les maladies charbonneuses. Toutes les veincs sous-cutanees sont excessivement apparentes, grosses, principalement les abdominales et les jugulaires. Les regions de la gorge et de la partie inferieure du con sont engorg6es, mais sans crepitation.
Le proprietaire croyant que l'abondance du sang etouf-fait sa vache , voulut la saigner ä la queue, mais il ne put obtenir qu'un peu du sang. Yoyant moi-meme la vnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;suffocation imminente , j'ouvris nne jugulaire, il en sortit
un jet de sang tres-noir ct avec une force aussi grande que si j'eusse ouvert une grosse arterc; h peine eut-il
)-;..;
I
coule 2 kilogrammes et demi de sang que la bete tomba et mourut.
Aulopsie. Tissu cellulaire sous-cutan6 infiltrö de sang noir, aux rt'gions oü existaient les tumefactions; les mus­cles des lombes et des handles sont ramollis et baignes de sang noir. Toutes les veines sont extremement grosses.
ill
La caiilette est Idg^rcment epflammee, le ventricule gau­che da coeur est rempli d'un sang tres-noir.
p
la-II
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PATHOLOGIE BOVINE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 41nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ' '
A ce narrö, M. Castex avalt eu la complaisance de joindre le coeur de cette vachc que j'explorai avec soin ; considere sous le rapport du volume, le coeur n'offraitnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;; ; ;
rieu de remarquable , les cavites gauches ne f)r(5sentaient aussi rien d'anormal; mais dans le ventricule droit i! exislait une production lardacöe squirrheuse , criant sous le scalpel, ne presentant cependaut aucune gnniulation , refletant une teinte blanc-rose pule , situee dans le lissunbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; #9632; . ' .i;
cellulairesous-sercux , occupant les deux tiers superieursnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;'; r
de cette cavite et entourant I'orifice de Tariere pulmonaire, eile avail environ 10 centimetres (3 pouces) de hauteurnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; .'
sur 2 centimetres dans sa plus grande epaisseur . se ter-minait en bas par un talus et presentait dans son milieu une sailüe ou (ipaulement de 2 centimetres d'eievation. Cette production occupait pres des deux tiers dc la parlic superieure du \entricule, gagnait les valvules sigmoides,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;v '•
qui etaient elles-memes squirrheuses a leur base. La mem­brane interne du coeur ou sereuse qui recouvrait cette production anormale etait clle-mome epaissie , fibreuse , adherente ä ce tissu lardaeö et tomenleuse a sa surface libre. Une concretion fibrineuse, blanche, spongieuse, peu rcsistante , longue de 9 centimetres , occupait toute la region supörieure du ventricule , gagnait l'origine de Tar­iere pulmonaire en franchissant les valvules et devant embarrasser leurs mouvemens. Cette concretion se termi-nait en bas vers le fond du ventricule par une concretion fibrineuse , rouge , applatie qui entourait la colonne charnue qui unit le septum median du coeur avec la parois venlriculaire externe. Ces deux substances reunies occupaient les deux tiers du ventricule ; la portion blanche et suporicure ^galant en grosseur un ocuf d'oic , avait 5 centimelres dY'paisseur, sur 9 centimetres de longueur, de scrte qu'elle oblit6rait presque Touverturc de Tarlere pulmonaire. L'ouvertureauriculo-vcntriculaire Olait librc, mais le sang pour circuler dans cctle cavilraquo;} öprouvait un
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v
42nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PATHOLOGIE BOVIHE.
grand obstacle, et cherninait entre la concrc'tion et le bord inlerne de la parois externe du venlricule droit, car la concretion fibrinense blanche dlait yjlimement lite an septum median. Les oreillettes ne pr^scntaientrien d'anor-mal. Le tissu musculeiix du coeur 6tait un pen döcolore pres de la tumour squirrheuse et sous-S(5reuse avee la-queiie il se confondait graduellement et intimement.
La lre observation nous offre Texempie d'une cardite due a la presence d'une öpingle dans la substance du coour : aucune trace de la marche de ce corps ötranger n'a £'te roconnue , ce qui prouve , ä mon avis , I'an-ciennetede son introduction. Je parlerai tout-A-riieure de cette especa de corps elrangers. Ce que je viens d'avancer relativement ä rinflnence du temperament de l'animal sur le caractere et la marche des maladies , se trouve prouve par les observations qui font le sujet do cet arti­cle ; puisque dans le cas actuel , une maladie incurable qüi aproduit des dösordres graves, tels que rinllammalion chronique du pöricarde atlestöe par l'epanchement sero-purulent , la formation d'une fausse membrane et de divers abces dans la substance du coeur , n'ont produit un trouble general et des symptömes inquietans que lors-que leur importance ct leur gravitc pouvaient enraycr toutes les functions ; e'est-a-dire , lorsque la maladie 6tait incurable. A l'epoque de Barrier, la science 6tait pen avancöe, dans I'elat actuel dc nos connaissances medicales, les prodomes et les symptomes essentiels seraicnt tnieux apprdcies ct le diagnostic plus certain. Les abces gangre-neux que Signale ce veterinaire sont trop incorrectcment decrits pour quo Ton puisse posiiivement dire que le sphacele du coeur existait; et ce mode de terminaison da ]a cardite est presque un doute de nos jours , rinflam-mation suraiguü du coeur devant tuer le malade avant que la gangrene ait le temps de s'opörer. En medecine bumaiae inems, il n'existe aucun fait bicn constate do
#9632; t
:- #9632;#9632;
%#9632;
• #9632;
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#9632; ;#9632;
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pi1 #9632;—
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PATnOLOGlK BOVIJfE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 43
la gangrene du coeur. Barrier aura pris le ramollissemcnt iuflammatoire, observe par d'autres praticiens, pour la gangröne. C'est ainsi que M. Fauvct , veterinaire, a fourni, en 18^o, ä la sociöte royale et cenlrale d'agri-culture, un memoire sur Une perieardile dans un bfcuf, qui s'etait terminee par un depot purulent.
Les epinghs , les aiguilles qui figurent parmi les causes des cardiles el des pöricardücs , penetrent dans les lissus de reconomie nnimalo ou avec les alimens deglulis npres la premiere mastication, et c'est 1c cas le plus ordinaire ou percent la peau et penetrent de Texterieur ä l'inlerieur ä travers les tissus. Dans le premier cas , il se manifeste des symptömes d'inflammation des estomacs ä Tinstant oü ils percent les membranes ou parois dc ces visceres, ctant pousses par la deglution de nouveaux alimens, par les mouvemens d'expirations et par le fait d'une inflam­mation d'liminatoire ; ils percent le diaphragme, penetrent dans le thorax , y cbeminent dans le sens de la directionnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;';
de leur pointe et arrivent au pöricarde et au coeur. Ceux
qui s'inlroduisent en pergant la peau , le font quand I'ani-
...
mal est couche, que la pointe de Taiguilleoii de l'epinglc se trouve en haut et du dUe du derme: une fois le tamp;ru-ment percö , le corps etrangcr ayant p6ii6lre dans le tissu cellulaire et les organes sous-jacens, c'est encore ä l'ac-tion de cette suppuration eliminaloire , ainsi qu'ä I'aide de la contraction musculaire et la direction du motivc-ment des organes , qu'est du le trajet qu'ils font dans les tissus. La meilecine des betes bovines fourmille de ces fails dpnt la frequence est due , comme je l'ai dit, au mode de la premiere deglutition des alimens qu'ils avalent a grandes bouchees , et ä ce que les femmes, dont les ve-temens sont fixes par des öpingles ou dans lesqucls sont piquees des aiguilles, soignent, affouragent les vaches , en tirent communement le lait. Pour se former une idee dc la singularite cfc ces fails , il suffil dc se rappclcr cdui
.
H
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44nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; PATHOLOGIE BOVINE.
cM par Flandrin , d'une vaclie qui avala une paire de ciseaux , qui s'arreterent dans roesophagc , parviurent
1:
dans le thorax et sortirent entre deux cötes ; et de celui
cite par Barruel, d'une autrc vache qui avala aussi une paire de ciseaux, l'une des lames perga le rumen et se monlra au deliors, on coupa le clou qui reunissait les deux lames et on fit ensuite l'extraction des deux parties
'-nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;de l'iustrument.
La i2mc observation fournit une preuve materielle de !a marclie des corps etrangers aigus, introduils d'abord dans la pause et qui , par leur position, peuvent ensuite at_ teiudre le cccur : les fausses membranes , les adliererices produites par rinflammalion eliminatoirc ; de meine que les couches fibrineuses qui lapissent la membrane interne du ventricule droit, les transformations de tissus qui ne sont que les effets de rinflammalion de la membrane in­terne du coeur , sont autant de jalons que le corps stran­ger a plantes dans son trajet.
Dans la 3me observation , on suit presque la marchc
Si-nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; du corps etranger des estomacs dans le thorax et de celui-
|vnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ci an coeur, non seulement par les symptomes de la raa-
ladie, mais encore par les lesions trouvees h I'autopsie.
t-nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; Ellcs attestent rinflammalion du cccur et, chose reninr-
quablc , le ventricule gauche rcste plein do sang
JTV;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;a l'instant de la mort; done il ne s'est pas contracts le
dernier, comme il arrive ordinairement ä ce moment,
'; .vnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; phiinomenc qui expliquc aussi Tengouement des organcs
:nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;de la circulation a sang noir.
|'--nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; La 4e observation presente ä pcu prcs les memes con-
1 -nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; siderations qne la precedente, quant aux lesions. Mais un
Symptome remarqaable et particulier a la carditc , e'est la bouffissure oedemateuse do la face qui, jointe a i'abat-tement, aux palpitations, an trouble des mouvemens du pouls, sont les signes diagnostiques dc cetle mniadio. La .V observation sc borne ä la description d'unc au-
- If. '
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rl '#9632;
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PATHOLOGIE BOVINE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;4quot;gt;
topsie qni offre tous les caracteres anatomiqucs de I'in-flammatiou chroniqne du coeur, inflammation qui paratt essentielle puisque aueun corps etranger n'exislait dans !a substance de cetorgane. La vache sansdoute languissante et valetudinaire quand eile a etc vendue, n'a presente de symptömes morlels quo lorsque les lösions organiques du cceur etaient tellcment graves qu'ellcs deiruisaient riiarmonie des fonetions , car il est presumable que la toui, la dyspnee etaient unc consequence des obstacles ä la circulation pulmonaire.
La 6deg; observation decrit la marclie graduelle de la cardite qui, d'abord lente , insidieuse, ne donne de signes alarmans que lorsque les lesions organiques qui envahis-sent le centre circulatoire , nuisent ä l'execution de ses fonetions. Aux symptömes generaux succedent desengor-gemens aux membres, la gene du respire, la tous, la raideur tötanique de l'encolure, enfin une tendance ver-tigineuse ä pousser en avant. Le trouble de la circulation augmente, les veines sous-cutanees s'engorgent insolite-raent; un engorgement exanthemaleux, crepitant, temoi-gne le dernier effort reactif de la nature ; le pouls devient inexplorable, la suffocation iraminente par suite de l'en-gouement circulatoire qui est tel que d'une veine ouverte jaillit un sang noir imparlaitement hömatose, avec une force superieure ä celui lance par lasyslote d'une artere. Mais tont est enraye, le sang no pent plus et n'a plus la proprißte de stimuler et de donner le branle ä tous les organes, la bete tombe et meurt. A l'autopsie les lesions prösentent tous les caracteres anatomiques de l'inllammation chronique essentielle du coeur ; produc­tions squirrheuses sous-sereuses , avec öpaississement de cette sereuse attestant la plilegmasie lente; concretion fibrineuse enorme, suite necessaire du ralentissement de la circulation veineuse et devenant ensuite par son vo­lume un nouvel obstacle ä cette circulation , obstacle qui
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Adnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; PATHOLOÜIE BOVINE.
csplique I'opprcssion , la dyspnco, I'engouement veinetu et rneme les symptömes nerveux; car on peut supposer
•l' .nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;qu'ils rcsullent d'une congestion .cerebrale qu'on a. ne-
glige dc conslater. De cc qui precede, je crois pouvoir
,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;tirer les inductions suivantcs : La cardite consiste dans
rinflammation des divers tissus qui concourent ä com­poser le cceur ; il est rnöme difficile dans i'6.tat actuel
:, .nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;de la science, et d'apres les lesions que j'ai citees. d'isoler
; • ..nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;rinflammation de la söreuse ou membrane interne de
celle du tissu musculaire dn coeur. Cette inflammation
IKnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;peut etre aiguß ou chronique ; mais si je dois baser
gt;..nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;mes inductions sur les fails, si je dois avoir (5gard ä
rinfluence du temperament sur la marche des maladies,
#9632; Kf
je suis autorisö ä penser que dans l'espece bceuf eile prend plus specialemcnt le caractere chronique. Toutes les lesions cadaveriqnes que j'ai decriles attestaient une
fenbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;existence döjä ancienne , et traduite ä Texterieur par
ih,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; Vilat valetudinairc du malade , auquel succede une
I;'-nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;reaction tumultueuse , quand l'obstacle ä l'exöcution des
ft;:fnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;fonctions detruit l'harmonie physiologique et met la vie
lil;;;'nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;en danger.
I..;-nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; Ainsi, les caracteres anatomiques de la cardite chro-
nique . seul etat dans lequel on I'ait encore observöc dans l'espece boeuf, consistent, quand eile est essentielle,
li
dans I'hypertrophie du cceur, l'epaississement de sa mem-
brane interne, sa coloration insolite en rouge-brun , et plus communement en rose pale; dans la presence de ,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;productions sous-sereuses lardacees, squirrheuses, occu-
I'.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;pant de preference la circonference des ouverturcs artt1-
f
rielles et envahissant les.valvules qui sont elles-memes indurees, epaissies et deformees. D'autres fois, la söreuse
if
externe du cceur est doublöe. par une fausse membrane
de nature fibro-albumincuse , scmblable ä celle observee dans la pericardite. Ces pseudo-membranes qui sont le
; vnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; produit de rinflammation lento de cette membraBc et dc
Pnbsp; nbsp;quot;
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PATHOLOGIE BOVINE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; At
la force plaslique qui les organise , acquierent quelque-fois la densite du cartilage , compriment le cceur et dimi-nuent la force contractile ct Faction de sa systole. La a0 observation offre des e\emplcs de ces fausses membranes cnveloppant le cceur, ainsi que d'unc desorganisatibn du tissu musculeux dc cet organe , qui contenait des aglo-merations squinheuses, des kystes ramollis , produils par une inflammation lenle , espece de diathese parliculiere h l'etat cachetique de certains bceufs appauvris par des causes que j'ai signalees en traitant du cancer de la cail-lette. Je crois devoir faire remarquer ici que I'^paississe-ment de la membrane interne du cceur coincide souvent avec I'liypertrophie et l'ötat squirrheux de sa substance musculaire , comme rinflammation cbronique de la mu-queuse de la cailielte est une compagne assez constante du squirrbe du pylore; toutes cos lesions elant une con­sequence des pbjegmasies chroniqucs de ces visceres, d'ou resultent des alterations de nutrition et de secretion qui modifient alors la composition des tissus. Les conerötions fibrineuses trouvees dans les cavites du coeur ct plus fre-quemment dans sou ventriculc droit, proviennent sans doute du ralentisseraent graduel de la circulation ,s'orga-niseut lentement comme le prouve la composition de celle citöe dans la 6e observation , dont la texture variait de density et de coloration , depuis Touvcrture arterielle ,' son point d'origine, jusqu'a la pointe du cceur *.
(') Ces concretions fibrineuses polypiforines soni des lesions iron graves pour qua je les laisse jiasser inapercues ; J'ai renconlre eis concretions dans le venlricule droit de divers animaux inorls'de maladies leutes et orgai]iqi\es; elles se sonl forruees lentement et peuvent par consequent exisler pendant la vie de l'animal malade sous riiifiucnce de vieiUes maladies de poilrine , du squirrhe de 1'eslomac on de la cailielte. J'en ai tronve une dans le venlricule d'on vieux clieval morvenx sacrifiepour les trav/iiix anatomiqucs en bon.etat, ä celle maladie pies, ct qui par consequent paraissait sctre fonnee spontaneinent; je laUribuai ä l'dlat deplelhore cons-
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tliv
48nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; PATHOLOGIE BOVIHE.
L'autopsic des auimaux qui ont succombö ä des car-dites ayant pour cause rintroduction de quelques corps ölrangers dans les tissus de reconomic , a monlre la
tltntionnelle de lanimal dont le snug elait riclie en fihrine, eile Stait pen volumineuse, mais de couleur blanche, rdsistante et d'an-
clcnne origine.
.': i
Ces concretions sont le rdsnltat de toules les causes qui peuvent ralenlir lecoursdu sang, coinrne le pronveut les anevrjsmes aileriels ,:.,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;et la ligature (le ses vaisseauxjcirconslances ou se forment ces con-
cretions. Un sang trop richc en fihrine predispose aussi a ces con-;|.;i.-rnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; cretions par le contact trop rapproclie de ses elemens cohcrescibles.
gt;£.$#9632;'nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; I-e defaut de sang pent aussi en elre la cause; e'esl ainsi qu'ä la
fr-J;;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; suite d'une grandc hdmorrbagie le coeur, pour ainsi dire vide de
..: :nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;sang, u'agit plus avec assez de force sur ce fluide; les rapports du
v .''nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;COeur avec le sang ne sont plus aussi aclifs , la contractility, lenergiu
;j:nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;des systoles est de beaucoup diminuee par raffaiblisseineut liemor-
rhagique , et ret etat pent devenirune cause de stagnation du saug et de formation de ces concretions. Gelles (jui sont anclennes et qui produisent le trouble de la circulation observe pendant la vie, sont de couleur blanche, sans aucunes raoldcnles colorantes ; ellcs sont ßfynbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; composecs de couches superposees plus on moins deiislt;;s et consis-
tantes, resislantcs ä la pression; elles out quelquefois une appa-giijanbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; rence charnue due ä la couche de sang qui lesrecouvre, mais qu'un
*:2;.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;simple lavage enleve facilement. Leur densite , lour organisation est
en raison egale de leur auciennele ; elles adherent plus ou moins
it
ibrtement aux parois du ventricule on aux colonnes charnues et tendineuses qui unissent ces parois au septurn inrdian ; on ne doit pas les conf'ondre avec celles qui se fonnent dans les derniers ins-,quot; 'nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;tans d'une maladie aigue et rapide, lorsque les contractions de
ca'ur expirent et que le sang s'accuirmle dans les cavites droitesde cet organe; les eoncrelions furmees dans ce cas sont jaunätres, ge-latiniforroes; elles ressembent ä de la graisse cuite; elles sontlibres
ii
et flollantes dans les cavilt:s du creur.
Le volume des concre'iions polypifonnesfibrineuses est en raison ' i. 'nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; de leur anciennete el de la richesse fibrineuse du sang; leur volume
#9632;;.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; forme aussi tout le danger de laffeclion; car plus elles sont consi-
derables, moins la circulation sera facile et les desordres qu'elles occasioneront auront de gravite. Ces concretions sont toujours mor-*,'nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;telles ; celles qui se forment dans les orcilles causent une mort moins
prompte que celles qui occupent les ventricules; les parois des oreil-letles elant plus minces et moins resislantes, se prelent inicux a i'al'flux du saug qui y abonde. Ja! deja dit qu'elles se forment de ?!laquo;.#9632;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; preference dans les cayites droites; ellcs produiscnl les pbdnomenes
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11
{#9632;#9632;fr-
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#9632;1..
PATHOLOGIE BOVINE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;49
marche de ces corps , la trace des lesions qu'ils ont pro-duitcs dans les tissus et les d6soidres mortcls qu'ils ont occasionös : je renvoie d la lecture des drc, 2e, oc et 4e observations. A cette occasion , je ferai rcmarqucr que l'infdtration de l'encephale expliquait les mouvemcns convulsifs dont etait atleint le boeuf qui fait ie sujet de cette lro observation ; peut-utre aurai-je tiro quelques lumieres des lesions qu'on eiit pu rencontrer sur I'ap-pareil nervcux, s'il eüt 6t(3 examine avec soin dans la Ge observation par exemplc, cas oü on a observö des symptomes tötaniques et verligincux, qui Font iit6 aussi dans d'autres circonstances ; car on lit dans le coinpte rendu des travaux de l'ccole v6t(5rinaire de Lyon pour 1815, page 23 : laquo; M. Bouin , v6terinairc a Limonet ( Rhone ) , nous a envoye le cosur d'unc g6nisse de 15 mois dans la pointc duquel ötait profondement implantee , depuis long-temps ä ce qu'il nous a paru, une grosse aiguille ä coudre dont le chas etait cassö; ü cette piece pathologique elait jointe une rote des symptomes ob­serves pendant les 15 jours de la maladic qui s'annon^a
pathologiques siiivans : palpitations sc inanlfest.int a la moindre cause, devenant persistantes quand la coucitHion est andemie et volumiiieuse; dans ccs acces le pouls est inegnlicr, inegal et petit. 11 exite une anxiete, une d^'spnee extreme; dans le principeles acces de palpitations ue sout qii'iustanlanes; mais ijiiand la lesion est grave, voliiniinense et quelle geue heauroup la circulation,aus pal­pitations, devenues presque continuelles, sucoede la syncope et la moit. üii symplomc assez conslant des polypes des cavitcs droites consiste dans on reflux sanguiu sensible a la vue dans les jugulaires (pouls veineux ); dans ce cas encore le bruit de contraction du coeur est sourd el lointain; elles disposent el finisscnt par produire I'hydro-ihorax, des hvdro-pericardites, des cedemes par suite de l'engorge-ment du Systeme veineux general , qui einpeche aux vaisseaux lympliatiqnes de verser dans les veines le Abide qu'ils contieunent el le fait refiner dans les cavites sereuses. La mort, avons nous dit, pent, dans ce cas, avoir lieu par syncope; mais eile pent aussi etre la suite d'nnc suffocation en raison de l'engorgement du parenrlivme piilmüiiairc dii an ralenlissement lonjonrs croissant de la circulation,
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d'abord par une fiuvre assez forte et se termina par des acces 6pileptiques raquo;. Ces phönomenes nerveux ne me sur-preiuicnt pas; j'ai dit dans mes considerations genörales que la predominance ou I'exallation nerveuse s'unit fr6-quemment avec la lymphatique et constitue ce qu'on a qualifiö du nom de temperament lymphatique nerveux.
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Plus loin je signalerai un fait d observation, c'est que le typhus charbouneux , fievre maligne de Chabert, en-leve plus subitement et plus fröquemment les jeunes aui-maux a grosses cornes, surtout les genisses et les vaches dans lesquellcs ce temperament predomine.
Symplomes : Je ne decrirai ici que ceux de la cardite
chronique , bien persuade que je suis que Taiguö n'existe
pas dans le bceuf, ou tout au moins que sa duree est fort courte et que les signes qui pourraient la traduire et la faire juger sont pour ainsi dire inappröciables. Les symplomes geniraux tels que la faiblesse, la langueur de tonte l'economie , qui rend le moindre travail penible et durant lequel il existe un essoufllement qui va lou-jours croissant, doivent bien faire craindre une maladie organique, mais qui peut utre facilemenl confondue avec une affection chronique des organes respirateurs ou di­gestifs ; avec d'autant plus de facility que l'appötH , la rumination , la deföcation eprouvent aussi des d6range-mens vagues et frequens. Get etat insidieux doit rendrc le vötörinaire discret et attentif dans l'exploration de semblables cas.
Sympiomes essenliels : Apres un temps plus ou moins long de la duree de l'etat precurseur que je viens d'in-diquer, on voit les symplomes prendre de l'intensite; I'abattement augmente , I'animal est dans un etat de mösaise marque, la respiration est plus laborieuse; la tete est portöe haute et alongee; une toux rare bornöe souvent k une seule expiration violente et sonore se fait
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entendre , surtout apres le moindre exercice et toujours
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PATHOLOGIE BOVIIHC.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;51
quand la respiration est accöleree; dös-lors le trouble de la circulation est appreciable par l'ötat variable du pouls, qui est accelere , fort, mais qui, dans l'uugmcnt, se concentre , devient irr^guiier , mou et pen appreciable., Mais les symptömes les plus essentiels sont les palpita­tions qui, quelquefois , se manifestent d'une myniere plus ou moins pröcoce et sont accompagnöes de mouvemens convulsifs , de raideur tetanique de l'encolure , de symp­tömes de vertige et d'öpilepsie. La boufflssure de la face { 4deg; observation), roedeme de la region sous-sternale dönotent lY'pancbement pericardien et l'obstacle apportö ü la circulation par les lesions du coeur et des gros vaisseaux. Les eructations, les mötöorisations doiventetre attributes ä l'action des corps strangers avales qui per­cent les membranes des estomacs avant de parvenir dans le thorax et d'attgindre le coeur. Les lesions de la se­cretion du lait et de l'urine ne sont que des 6piph6no-menes communs ä d'autres maladies et qui aident peu amp; etablir le diagnostic. Au surplus le narrö des observa­tions pr^citöes a cl6moiitr6 que des symptömes gastriques graves precamp;laient ceux de la pöricardite et de la cardite quand cette maladic etait due A la presence de coq)s etrangcrs avab's avec les alimens grossierement raäcliös avant la premiere deglutition.
Causes : Elles sont ies metnes qne ceües que j'ai as­signees A la pericardite , et la cardite n'est squvent qne l'effet de rexlcnsion de l'action des causes qui ont agi d'abord sur le pericarde, pnis sur le cccur. line forte inflammation d'un organe important, capable d'exciter une violenle fievre peut determiner une pericardite et line cardite concommitante, mais secondaire, ce que j'ai eu occasion d'observer dans certaines peripneumonies intenses et mortelles. Dans ces cas de cardite secon­daire ou concommittante, j'ai vu h l'autopsie avancer des propositions erconees , aussi ne crois-je pas bors de
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; 11
52nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PATHOLOGIE BOVINE.
propos de faire remarquer que dans ces cas il ne faut inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; pas confondre la coloration de la membrane interne du
cccur et des gros vaisseaux qui existe presque toujours dans les maladies typhoides ou encore dans les cas ou I'asphyxie a precede ou produit la mort, par I'enraie-ment de l'innervation , comme il arrive dans les ma­ladies vertigineuses et ceröbralcs, avcc la coloration qui est le cachet et la lesion principale produite par I'in-flammation de la membrane sereuse ou interne du cceur
^•vnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;et des vaisseaux sanguins ; dans ce dernier cas la colo-
ration ou plutöt l'injection est penicellee ou arborisee
, i.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;sur un fond blanchätre ou rose pale , tandis que la co-
loration resultante de ['alteration du sang presente une teinte rouge ou rouge-ponceau , ou rouge-noir , uni­forme, due a une imbibition totale. Ce hors d'oeuvre aurait peut-etre mieux trouve sa place ä l'autopsie; ce-pendant il m'a semblö utile ici, pour faire ressortir la difference des caracteres anatomiques de la cardite et de l'arterite, d'avec ceux de l'aifection typhoidc ou de tout cas d'altöration du sang.
Diagnostic : Les signes propres ä la cardite sont le trouble extreme et frequent de la respiration , avcc tons sechs et de courte duröe, palpitations reconnaissables par la main placd'e sur le thorax , ou mieux encore par
f '#9632;'..nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;I'auscultation, et enfin a la vue , en raison du soulevc-
ment fröquent des jugulaires et des carotides, isochro-cones aux violens batlemens du cceur.
Ainsi I'essoufflement, les palpitations, le trouble , l'irregularite et la vitesse des mouvemens du pouls , se
12;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;montrant par acces, doivent faire craindre ou presumer
une maladie organique du cceur ; eile n'est plus un doute quand h ces symptömes se joint un bruit sourd de frois-sement semblable a celui du cuir neuf que I'auscultation fait distinguer mais qui semble lointaln ; bruit indepen-dant des battemens du cceur qui, durant les acces, sont
lit u4
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PATHOLOGIE BOVINE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; o3
forts frc^quens et irröguliers ; enfln lorsqu'il se forme assez promptement des infiltrations , des engorgemeüs ü la face , au poitrail , aux membres.
Le 15 septembre 182G , un mötayer de la commune de Chailiö-ies-Ormeaux ( Yend(5e), m'amena deux bccufs aclietös depuis 4 ä 5 jours, dont un 6tait soupgonnö, par lui, attcint d'un vice redhibitoire ; ie vendeur l'ac-compagnait, ils d'taient convenus de s'en rapporter ä ma decision. Pendant que j'examinais ces deux animaux le bceuf allein ä gauche est tout-ä-coup vivement agitö , sa respiration s'accölere graduellement, les (lanes ont un mouvcment rapide, les cotes s't'ievent excessivement, le dos se vousse, l'expiration est sonore et nasiilarde ; les carotides battent avec force et soulevent les jugulaires; je porle la main sur le coeur , 11 bat tumultueusement et fortcment; j'öcoute, l'oreille appuyöe sur le thorax, Ics mouvemens de cet organe se distinguent facilement, ils sonl irröguliers, ils frappent violemment la parois du thorax et je distingue un bruissement lointain; le pouis elait irrögniier , Tariere fremissait sous le doigt, pcu ä peu les symptömes diminuerent de violence , l'acces se calma , de sorte qu'au bout d'environ 8 minutes l'equi-libre des fonctions fut retabli. Le vendeur avoua que ce beruf (Mait sujet ä ces acces et dit qu'il croyait devoir les attribuer aux travaux fatigans dont il avait exc6d6 ses bestiaux; il ajouta que le boeuf malade ötait öpre ä l'ouvrage quoique moins fort que sou camarade. Du reste cet unimal n'avait que o ans , (Halt en assez lion etat, raangeait bien , je iThesitai done pas A diagnostiqner une lösion organique du cceur ancieune et incurable et d re-garder le cas comme redhibitoire. D'apres mon avis le vendeur fit une remise de 72 francs ä Tacqutireur qui. lit un peu engraisser ce keuf et le vendit asscz bon prix a un boucher (Moigmi de clicz moi.
Le j)ronos(tc de la cardite ne pent qu'elre funesle et
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Sinbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; PATHOLOGIE BOTINE.
d'apres les motifs que j'ai signaläs en traitant de la pöri-
cardite, cetle affection grave ne laisse aucun espoir de guörison.
La mort, dans cette maladie, peut 6tre un effet de la violence de rinflammalion des organes , ou produit par la rupture des abces formes dans la substance du coeur, ou encore par une asphyxie due a I'engoue-ment sanguin du poumon que produit les obstacles ä la circulation ou plutot les lesions organiques que j'ai dit exister dans le coeur.
Trailement: Les moyens thörapeutiques sent d'un fai-ble secours conlre la cardite du boeuf, dans lequel on ne I'a encore observäe qu'ä I'^tat chronique; les lesions organiques du coeur et de ses annexes , qui ferment les caracleres anatomiques de cette maladie, etant absolument au-dessus de toute medication. Un traitement palliatif ou plutöt un regime bien entendu peut prolonger I'exis-
l ..nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;tence du malade et donncr le temps d'augmenter un peu
son embonpoint; la seule ressource, dans ce cas, etant de le vendre pour la basse boucherie. J'ai indiqu6 ce re-
fe*:nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;gime en parlant de la pericardite.
:i..nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;A l'etat aigu et essentiel, c'est-ä-dire n'etant pas pro-
duite par des corps elrangers , la cardite , si jamais eile est observee , pourrait etre combattue par des sai^nees generales, rapplication de larges sinapismes sous le thorax, que Ton scarifierait pour obtenir une evacuation sanguine
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locale, que les palpitations, la petitesse et la concentra-
tion du pouls sont loin de proscrire; les decoctions de digitale pourpr6e, nitree, ou les sommites de cette plante seche, rednite en poudre delayee dans uu vehicule approprie ; les lavemens emolliens , quelqucs laxatifs , I'eau blanche , des alimens de facile digestion et nour-rissans sous un petit volume , sont les indications ä rem-plir dans cetle maladie qui, malgr6 le manque de faits
f||raquo;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;publics, peut avoir exist6 ou exister sur des taureaux
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PATHOLOGIE DOYIHE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 55
jeunes et ardeus; enfin ces moyens mödicaux pourront encore 6tre employes pour diminuer, calmer les reac­tions febriles qui se manifestent quelquefois dans la car-dite chronique ; proloriger la vie du malade , le r6ta* blir m6me momenlanöment et faciliter au propriätaire les moyens d'en lirer quelque parti.
J'ai signaK';, en traitantde la pöritonite tuberculeuse, un exemple de l'alrophie du cmir (*) consecutive ä l'af-fection tuberculeuse ; j'y renvoie le lecteur.
sect; III. — De VArterile.
L'artörite ou inflammation des artöres, est une ma-ladie peu connue en mödecine vdtörinaire. et sur laquelle nous ne possedons pour ainsi dire aucune observation ; je me vois done dans l'obligation de n'en parier que d'une maniere generale.
La phlegmasie des divers tissus qui composent la subs­tance des arteres peut les envalur tous ä la fois , ou se bonier ä quelques-uns d'eux seulement, parmi lesquels la membrane interne söreuse ou commune et le lissu cellulaire qui l'unit ä la fibreusc jaune d'lastique , sont les plus fr^quemment atteinls. L'inflammation qui cons-titue cette maladie peut elre g6nlt;5rale ou partielle , de mamp;ae qa'elle pent avoir une marcheaiguö ou ebronique; et si, comme le pensent lo plus grand nombre des patho-logistes, l'inflammation existe dans les systemes capillaires , ces dcniieres ramifications vasculaires recevant commu-ndment les premieres l'aclion de la cause , seraient sup-posees par consequent en elre le plus souvent le siöge-Telle est du moins l'opinion la plus g6neralemenl admise ; eile est fond6e sur ce fait d'obscrvation physiologique, que e'est dans les capillaires que se passent les fonclions
(*) Tom. Iquot; ipsg. 517, 5* obseiv.
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Ö6nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PATHOLOGIE bovine.
les plus imporlantes de l'6conomie (absorption , secre­tions , nutrition , etc., etc.), oil se terminent les diver­ses ramifications nerveuses, siöge de la sensibilitö vitale
;1^nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;et organique. D'apres cette maniere d'envisager I'inflam-
malion , on pent se rendre compte des alterations qu'elle produit, alterations qui varient nöcessairement suivant la nature et faction de la cause maladive, la sensibility et les fonctions du tissu affects, la plus ou moins grande
'.;;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;inteiisitö de la phlegmasie.
jiMnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; L'anatornie pathologique a beaucoup avancö l'ötude ct
, -'-'nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;la connaissance des maladies de l'appareil circulatoire ;
car , malgr^ que les donnöes mödicales n'existcnt pas entierement dans les lesions organiques , il n'en est pas moins vrai qu'il est de la plus haute importance d'ötu-dier les diverses alterations des divers systemes de l'öco-nomie pour les comparer, les coordonner ensuite avec lesphenomenes pathologiqucs vitaux (symptomes, signes), pour en tirer des inductions pathologiques et thörapeu-tiques plus certaines : j'ai dit ailleurs que c'^tait se placer dans le domaine des faits.
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La coloration de la membrane interne du cocur , des
#9632;}.
arteres et des veines qui a 6te l'objet des recherches cu-rieuses et savantes faites par MM. Trousseau et Rigot, coloration quo j'ai moi-meme (Hudiee avec beaucoup de soin , doit un instant fixer notre attention, Cette mem­brane söreuse ou interne du Systeme circulatoire rougit avec beaucoup de facilitö apres la mort, comme tous les lissus oü la circulation capillaire est tres-abondante; ainsi, il ne faut done pas prendre pour uue rougeur in-flammatoire ( hypöremie d'Andral), cette vive coloration qui survient dans tous les tissus apres leur exposition
l'.r:nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;ä l'air. Elle n'est, cette rougeur , qu'une espöec d'ht-ma-
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tose du sang en raison de son contact avec fair atmos-
pli6ilqiie. En general, ce n'est que la rougeur survenue pendant la vie qui est le fait de rinflammatiou , de meme
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PATUOLOGIK DOVINE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;57
que la rougeur dont se colore la face interne des vais-seaux apres la mort , n'est qu'une especc d'imbibition produite par un commencement de putrefaction ou un 6tat d'alt^ration du sang. En faisant I'ouverture d'une jument morte d'une mötrite typhoide, je trouvai , vers la terminaison de l'aorte posterieure, un caillot fibrineux, gros comme un ceuf de pigeon , de forme ovolde , aplati, adherant aux parois de l'aorte; je remarquai que cette arterc qui reflötait dans foute son 6tendue une couleur ponceau vif, n'etait pas colonte dans la petite surface, sur laquelle 61:ait appliquöe la masse fibrineuse que je viens de citer ; eile avait, au contraire, sa blancheur normale ; d'oü je tirai cetto conclusion que si la coloration de la screuse arterielle eüt 6te inllammatoire , eile cut exists aussi sur la portion recouverte par la masse fibri­neuse.
La rougeur, I'^paississement , I'injection capillaire peniccllce et souvent le ramollissement, ou encore la lriabilil6 sont les caracleres anatomiques essentiels de Tarterite. Tonte coloration insolite des vaisseaux ct meme du coeur qui ne presente pas ces signes caracteristiques, n'est, comme je viens de le dire , que la suite d'une putr^fraction plus ou moins avancöc , ou d'un etat d'al-t^ration du sang qui produit la dissociation de ses prin-cipes.
Cependant cette coloration en rouge de la membrane interne des arteres, n'est qu'un signe probable et non certain de l'inflammation de ces vaisseaux ; mnis si ä cette lesion s'ajoute la fragilile de ces organes circulatoires, leur 6paississement, leur fletrissure , les rides ondulees de la membrane sckeuse , qui alors se dd'tache facilement de la moyenne , si quelques cailiots sanguins adherent ä la membrane interne et que les capillaires sous-si'reux ( vasa msorum ) soient injeites, on ne pent plus douter que rinllammation n'alt exisle.
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58nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;pathologIb bovine.
L'artörite aiguö peut determiner une exsudation plus
. jnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ou moins abondante de matieres plastiques coagulables,
librineuses , organisables dans les tissus et ä la surface
'nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; interne des arteres. Cette mati6re coagulable et plastique,
secrete par la membrane interne ou sereuse , reste
adberento ä cette tunique sous forme membraneuse dans
le cos de son inflammation ; et si cette phlegmasie per-
siste ou devient chronique , cette matiere exsud^e peut
passer successivement a I'etat flbreux, fibro-cartilagineux
-,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;et meme osseux.
Un boeuf ayant un 6norme sarcocele , tres-ancien, fut T.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; achet6 pour les operations chirurgicales h l'Ecole de Tou-
louse , en 1855 ; me trouvant alors charge des hopitaux, je fis l'extraction de ce sarcocele , comme objet d'exp6-rience ; fexplorai aussi avec soin l'organe malade , apres la mort; je trouvai entr'autres lesions la membrane in­terne de Tariere grande testiculaire tres-epaissie, jene pouvais la detacher de la fibreuse jaune 6lastlque que •j,/nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; par portions ailongees et 6troites.
äff.;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;L'an6vrisme de l'aorte et surtout de l'artere grande
jrvnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;m6sent6rique , si fröquens dans les vieux chevaux , n'a
point encore et6 observe dans le boeuf. On s'expliquc assez l'absence de la dilation variqueuse de la grande mesenlörique des betes ä grosses cornes, si Ton considere le developpement moiudre de ce vaisseau dans ces ani-i i£nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;maux.
M. Olivier , vctörinaire ä Saint-Maximin , obscrva , en
1828 , le fait suivant sur une chevre : quelques jours
•.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; avant de mourir , cette hole fut atteinte de nau-
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sees suivies de vomissemenl d'un liquide blanchDtre et freciuemment rL'p6t6. Parmi les lesions trouvees ä l'au-topsie , ce v^terinaire rapporte que l'aorte antörieure pre-sentait, ä environ 11 centimetres de son origine, une dilatation spheroide Ires-voluniiiieuse ; la paroi de ce vaisseau, quoiquc Ires-amincie en cet endroit, avail
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PATHOLOGIE BOVINE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;59
conserve presque son organisation primitive. II retira de cet anevrysme un caillot de sang noirätre et verdAtre dans certains points, ayant la grosseur du poing , sem-blable ä de la bouillie ef d'une odeur tres-repoussante. Au milieü de cette masse existait une aiguille ä coudre intacte , d'une couleur noire et verdätre qui ne put ötre enlevee par le lavage. D'apres les renseignemens obtenus, il paraitrait que ce corps stranger avait 6t6 degluti en mangeant du son pötri, donnö quclques jours avant h la chevre. Nul doute que cette aiguille n'a pu parvenir dans le coeur et l'aorte en parcourant les organcs cir-culatoires ; mais il cst presumable qu'elle a traverse les tissus comme les corps strangers que nous avons citös en traitant de la pericardile et de la cardite. L'analogie qui existe dans 1'organisation , le temperament de la cbevre comparäe ä la vache , m'autorise ä rapporter ce fait, en parlant des maladies des betes aumailles.
La rupture dos arteres pent avoir lieu lors d'efforts violens , de fortes tensions, dc cbutes , etc., etc. Dans un chevai chatr6 , ä titre d'experience , par torsions et arrachemcnt des organcs, qui fut ensuite abandonnö ä la nature , gudrit et fut sacrifie plus tard comme mor-veux ; on trouva qu'il s'ötait formö ä l'endroit oil I'artere grande lesticuiairc s'etait rupturöe , un anneaii exterieur fibreux qui embrassait le bout de ce vaisseau et avait sans doute arrete I'liomorragie.
L'ossification de ces vaisseaux est rare dans les ani-maux domestiques , surtout dans ceux que Ton eleve pour la subsistance de I'liommc, comme le bceuf qui cst tou-jours abattu dans nn Age pen avancö. Cependnnt , M. Piasse , vöterinaire ii INiort, en a parle sous le nom d'os du cceur. Je possede une portion de l'origine de l'aorte ossifiee, que j'ai trouvoe ü l'autopsie d'un vieux bcBuf, mort des suites d'une gaslro-cntorile chronique. Ce phi-uomeiie n'esl qu'une transformation de tissu dans
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00nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; PATHOLOGIE raquo;OVINE.
läquelle la membrane moyenne de Tartere, la fibreuse jaune d'lasticiue est devenue osseuse.
Les plaies des arteres ou plutöt leur piqure , dans le boeuf, ont did d6crites par MM. Dleuzaide et Montier, vöterinaires:
.quot;•
L'obscrvation de M. Dieuzaide fait partie d'un Memoire
adresse , en 1819 , ä la soeiöte centrale d'agriculture : Un veau de deux ans, ii qui Ton venait de faire une
'.;';nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; saignce de precaution , fut conduit quelques heures apres
dans un pAturage, ii fut se frotter I'encolure contre un
f-[$nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;arbrc ; ct par une de ces circonstances aussi malheureuses
que fortuites , un chicot do bois sec et aigu s'introduisit par 1'ouverture faite a la pcau par la flamme , pen6tra si profondement dans les chairs , qu'il ouvrit les vaisseaux et detcrmina immamp;liatemcnt un 6coulement continuel de sang. Corame la sortie de ce liquide 6tait gen6e par rL'pinglc et les moyens contentifs qu'on lui opposait, il s'6pancha entre les muscles ct la peau et produisit une jf:^nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;Enorme tumefaction.
|-*nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; M. Dieuzaide ne put voir ce veau que quatre jours
l^.1^nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;apres I'^venement; on avait, en I'attendant , mis un
bandage autour de l'encolure qui n'arrota qu'imparfaile-ment I'liemorragie ; l'accumulation et la coagulation suc-
' #9632; !nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ecssive du sang avaient tellcment agrandi la T)laie , qu'elie
avait alors huit pouces de circonference. Le malade etait
! -raquo;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; si affaibii qu'il ne pouvait plus se sontenir ; la respiration
[lt;..;.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;ot la deglutition etaient tres-genöes par lapression qu'excr-
^ait rengorgement sanguin sur la Irachee et Tcesophage. Quoique l'extreme faiblesse de ranimal m'inspirat les plus vives craintes sur les suites de l'operation dc la liga­
ture de la jugulaire , je la proposal, dit ce veterinaire , comme l'unique moyen de le saüver. Elle fut acccplue.
Le veau clanl, solidemeut (ixe , j'incisai sur la goullierc jugulaire en prolongeant en liaut el en bas la plaie exis-taale; j'enlevai plusieurs couches epaisses de sang coa-
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Ii
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PATHOLOGIE BOVINE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 61
gulö avant de pouvoir parvenir ü atteindrc et metlre a de-couvert la jugulaire, sur laquelle je pus ensuite faire une ligature au-dessus et au-dessous de la plaie de la flamme, au moyen d'une aiguilie courbe. armee d'un fil double et un peu gros. Je devais m'attendre des-lors a voir cesser l'hömorragie , mais je vis encore le sang coulcr avec force et par jets saccadös, ce qui me fit penser que la carotide ötait aussi ouverte ; saus perdre de temps , j'incisai plus profondement et au-dessus de la veine, et guidö par le jet sanguin , je parvins ä atteindre l'artere , sur laquelle je fis aussi deux ligatures comme sur la jugulaire et l'ef-fusion du sang cessa sur le champ.
Je fus ensuite dans robligation de dissöquer , inciscr une assez grandc parlie des tegumens qui entouraient la biessure , pour pouvoir cxtraire , enlever autant quo pos­sible tout le sang epanchö et coagulö entre les tegumens et les muscles circonvoisins, dans I'intention de prevenir une suppuration qui pouvait, en raison de la faiblesse du malade , prendre un mauvais caractere. Je pansai ensuite ccttc vaste plaie avec quelques plumasseaux charges d'un digestif animö par l'eau de vie camphree; l'appareil fut mainlenu par quatre points de suture de chaque cote de la plaie.
Toules cos operations avaient beaueoup affaibli le ma­lade ; je lui administrai un peu de vin aromatique qui ranima ses forces. Mais ii resta deux jours saus pouvoir se lever , il fut raeme qnelque temps dans un etat d'abat-tement comaleux, refusant tous les alimens, ne rumi­nant plus , ce qui me donnait peu d'espoir de succes. Cependant, je n'en continual pas moins de panser la plaie soir et matin , de lui donner tous les jours un breuvage cordial et amer ; je le (is nourrir le mieux possible et j'eus la satisfaction de voir les forces de mon malade revenir peu ä peu , l'ulcere prendre un bon aspect, l'ap-petit etla rumination se retablir , la circulation et la res-
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62nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; PATllOI.OfilE BOTIKE.
piration revcnir ä I'C'tat normal, de sorle qu'il fut parfai-temeiit guöri en 43 jours.
M. Monitor a publiö l'observation suivante : ieT avril 4852, une vache difficile a maltriser fit un mouvement brusque au moment oü Ton donnait le coup de Mtonnet sur la flamme pour la saignöe ; et au lieu de percer la peau nl'pondant a la jugulaire , on l'ouvrit quatre ä cinq centimetres plus bas ; le sang jaillit aussitöt, mais d'une couleur vermeille et par un jet saccade ; Tariere caro-tide 6tait ouverte , 11 se forma un thrumbus qui crois-sait ä vue d'oeil, et qui devint bientot önorme. L'Ope­rateur , embarrasse , envoya chercher M. Montier ; il mit, en attendant , une epingle h I'ouverture de la peau ct comprima fortement la tumeur avec une lt;5ponge imbibee d'eau froide. Un certain temps s'ücoula durant que le vö-törinaire arrivait aupres de la vache , il y avait un quart d'heure qu'on avait cesse la compression, la tumeur n'augmentait plus tant la peau etait tendue. La vache 6tait haletante et se plaignalt beaucoup. La ligature de Tariere fut dteid^e, comme le seul moyen dont on dut espörer quelque succes. La bete Dx6e A un arbre , la tele tenue dans une extension convenable, je fis, dit M. Mon­tier , d'un seul coup de bistouri, une incision , de quatre a cinq centimetres d la peau , dans la direction du coup de flamme; je dissöquai le tissu cellulairc sous-cutaniS, je coupai le muscle sous-scapulo-hyoi'dien , et ä travers Tenorme infiltration qui döformait la partie , je cherchai et trouvai enfin Tariere que j'isolai avec quelques diffi-cultös, deux ligatures furent postes, Tune au-dessous, Tautre au-dessus la plaie du vaisseau , avec Tattention de faire sortir les fils en dehors. Le sang epanchö fut i'ponge et la plaie debarrasstte de tous les caillots qui s'y laquo;ilaient formes ; je pansai avec des plumasseaux mollets que je fixai au moyen de plusieurs points de suture. Diele tres-severe, lolions d'eau froide tres-fröquentes sur
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PATimoGilaquo; botcve.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;6S
I'encolure. La böte 6tait souffrante et marchait avec assez de difflcultö.
Le lendemain ä huit heures la malade ost plus tran-quille , ellese plaint moins , ne s'est pas couchöe et n'a pas voulu boire. Une serosite , fortement teinte de sang, tombe de la plaiea gouttes tres-rappioch6es. Nou-veau pansement, les plumasseaux sont imbibös de vinai-gre dans lequel on avait infuse de la cynoglosse pilee. On devra adrainistrer toutcs les heures un litre de decoc­tion d'oseille et de son, edulcoröe avec le miel, lave-inens , lotions 6mollicntes sur I'encolure.
Le 4, mieux; l'engorgement de I'encolure diminue , la b6te a plus de gait6 ; eile cherche ä manger ; on donne nn pen d'herbe; la plaie est pansöe comme le 2. Le 8 , la plaie etaitblafarde , les chairs surmontaient, la suppura­tion ötait abondante et un peu sereuse ; le mieux progres-sait, la bete avait de l'appötit, la locomotion etait facile. Les chairs baveuses sont coupees , memo pansement.
Le 12 , I'encolure 6tait tout-ä-fait dösenflee, la sup­puration louable , I'appetit etait normal, la nourriture fat augmentee; on supprima les breuvages et les lotions sur la partie.
Du 12 au 24, les ligatures et les points de suture tom-berent; la plaie 6tait presque cicalrisöe , eile' fut panste avec de l'etoupe hachäe et l'infusion de cynoglosse. Au l(r mai tout 6tait gu6ri.
M. Montier croit ce fait nouveau dans I'espece, mais on voit que l'observation de M. Dieuzaide lui est ant6-rieure de treize annöes.
Malgre ces quelques faits , les maladies des arteres sont done peu counues en pathologic bovine surtout; en effet, nulle observation n'a etö publtäe sur l'artörite ; on pour-rait primmer cependant qu'elle a pu 6tre möconnue, ou que peut-etre quelques vetörinaires ont nöglige de pu-blier de faits qui seraient intöressans pour I'avancement
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G4nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; PATHOLOGIE BOVINE.
de la science. Au surplus, cette maladie peut succamp;ler A la cardile ou lui 6tre concomittantc et alors tUrc con-fondue avec eile. Des battemens artöriels plus forts et plus vifs indiquent l'irritation de ces vaisseaux; soil qu'elle soit locale ou gen6rale, la fievre est aussi d6ve-loppöe en raison de son intensilö. L'artörite chronique est presque inappreciable , a moins qu'elle ne produise un anevrysme dont la situation en permette I'explora-tion. On doit consid6rer comme causes de cette maladie les violences exterieures , les piaies, une chaleur exces­sive et prolongce , des travaux forces et prolonges et une temperature elevee , etc., etc. La mölhode antiphlogis-tique est la seule indication a remplir dans rarlerito ge-nerale et partielle. On remödie aux accidens causes par les piaies des arleres par la ligature et des soins ulte-rieurs qui se trouvent indiques dans les deux observa­tions precitees.
.Tai formule mon opinion sur le phenomene fonclion-nel connu sous le nom de fievre, je crois devoir maintenant dire un mot des diverses modillcations que prösenlcnt les mouvemensdes arteresdansl'elatde maladie ; lepoulsn'i-tant que l'expression de la rapidite , de la force et de la rdigularitö des mouvemens circulatoires , ne doit pas elre considere , par le veterinaire experimenle, comme un moyen inl'aiilible de juger une maladie , car souvent ces modifications ne sont que seeondaires ä des affections pa-tbologiqucs tres-etrangeres ä celles du coeur, ainsi (pie des arteres ct peuvent alors etre produitcs par des ma­ladies differentes et meme opposes; enfin , les memes etats morbides determinent dans les mouvemens circula­toires des altörations differentes selon I'especc , le sexe , l'äge et le temperament de l'animal malade. Aussi , je le röpete , le pouls n'est-il pas un moyen infaillible ; e'est au praticien ä comparer , 6ludier les circnnstanccs mala-dives, a n'cxiger de ce moyen d'exploration que les ren-
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PAFHOlOfllE laquo;OVINE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; G3
seignemens qu'il peut donner, mais qui sont toujours precieux quand ils sont sagement appreciüs ; quo! qu'il en soil , cornme les diffürentes modifications de ce signe diagnostique et pronostiquc aideat beaucoup ä recon-naitre la nature, le siege des maladies, ainsi que leur mode de terrninaison. J'entrerai dans quelques details sur ce moyen d'exploration : Le pouls developpe , c'est-a-dire frequent, vite, fort, grand et dur, est un signe d'inflammation intense dans quelques-uns des organes. Le pouls concentre ou frequent, vite , petit et dur , accommpagne la douleur; il succede au pouls döveloppe quand rinfiaramation s'accrott et devient alors un signe funeste ; si, au contraire , au pouls concentre succede le pouls de\ elopp'j, c'est qu'il s'etablit une amelioration dans l'amp;tat du malade. Le pouls frequent, petit et mou , est un signe d'irritation intense, surtout chez les sujets excitables et nerveux; il existe souvent dans les inflamma­tions aigucs du poumon , ainsi qu'apres d'abondantes Eva­cuations sanguines ; le praticisn doit s'assurer de ces diverses conditions et ne pas s'arreter a un seul signe pour jugcr dans ce cas la raaladie. Si le pouls est fre­quent, limairc, vibrant, il y a danger , car le coeur alors s'efforce en vain pour surmontcr l'obstacle ä la circulation , ou pour snl'fire ü un foyer d'irritation. Le pouls frequent, Uneaire, mou et vermiculaire est un signe de mort, qui est imminente s'il devient intermit-tant. Le pouls rare , lent, faihle, pelil et mou, est le signe d'un etat opposd- a celui de l'inflammation , mais il Caut que la rarete et la pelilesse se trouvent r6unics ä la faiblesse, ä la lenteur et a la molesse pour porter cc jugc-ment avec s6curite. Le pouls rare et grand (engoue), accompagne communement I'afQux du sang vers I'ence-phalc ; cependant dans l'inflammation des organes cere-braux, meninges et pulpe nerveuse, le pouls est quelque-fois rare ct dur. Enfin, Le pouls invgal, irreyulier est
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60nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PATHOLOGIE BOVINE.
d'un mauvais prösage quand il survient dans le cours et surtoüt au plus haut degr6 d'une raaladie , apres que tous les moycns rationuels ont 6t6 mis sans succes en usage.
J'ajoulerai ä ces considerations la reflexion suivante: comme il est des animaux jeunes, vigoureux, sanguins, d'autres lympliatiques, faibies, 6puises qui offrent ha-bituellement un pouis qui, chez d'autres , serait un signe de maladie, je crois devoir recommander aux jeunes v6-terinaires surtout, de ne jamais jnger une maladie sur un seul signe et de ne pas croire que l'etat du pouls suffise toujours pour decider s'il y a force ou faiblesse.
sect; IV. — De la Phleiite.
Expression consacrtie ä l'inflammation des veines; l'ötude de la phlebite a fait faire de grands progres ä la pathologic humoralc; eile l'a röduite ä sa juste valeur et determinö, pour ainsi dire , ce qui constitue l'etat d'alleratiou du sang et des fluides de l'öconomie; c'cst surtout aux travaux d'IIunlcr , d'llolgson , de Brechet, de Dance, de Cruveilhier, etc. etc., que la rnödecine humaine doit ces precieuses connaissances. Les vöteri-naires profitant de ces rechcrches les ont appliquöes h la connaissance de la nature et des causes d'une classe nombreuse de maladies des animaux domestiques.
La phlebite pcut etre traumatique ou chirurgicale, c'est le cas le plus frequent de son existence dans les bestiaux; eile pent aussi etre spontanee; d'oü Ton a pu constater des phlöbites qui ont leur siege dans les veines sous-cutan6es et libres, d'autres dans celles qui traver-sent et rapportent le sang des organes. Cette seconde varictö est constamment la plus grave; eile complique fr6quemment la melrite et la rösorplion purulente qui a lieu dans ce cas dötermine une complication typhoide
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funeste et mortclle. Je reviendrai plus amplement sur cet objet en traitant de la mötrite (*). J'ai eu aussi Toccasion d'observer dans l'espece d-quine rinflamma-tion des veines apres des operalions graves , des plaies contuses ou de mauvaise nature, surtout sur des sujets faibles et cachentiques : l'absorption du pus ou de i'ichor gangröneux döposes par les lymphati-ques dans les veines voisines delermine des compli­cations adyuainiqaes morlelles , ou des abces dans le tissu cellnlaire intermusculaire voisin , dont les conse­quences sent toujours funestes. Des vC'törinaires dignes de foi, m'ont dit avoir rencontr6, dans le cas de farcin, les veines sous-cutanees contenant du veritable pus. On a vu encore presque toutes les veines contenir du pus h la suite de larges et monslrueuses morsures, arrivees h rlt;5tat de suppuration dans une bourrique. Des praticiens assurent en outre que cette absorption peut determiner des collections purulentes dans les visceres, ce que je n'ai jamais eu occasion d'observer.
Le ihrumbus precede presque toujours la phl6bite traumatique ou chirurgicale; l'une et l'autre de ces maladies n'ont point 6te döerites dans l'espece bovine; j'ai souvenance de quplques thrumbus survenus a des bes-tiaux apres la saignee, mais ils ont etö si pen impor-tans et si promptement gueris , que je n'ai pas cru de­voir en garder note , peut~6tre que les memes motifs sont la cause du silence des veterinaires sur ce mode d'in-flammation des veines.
Quoi qu'il en soit, A repancbement sanguin dans le tissu cellulaire sous-cutane qui constitue le thrumbus. succede souvent l'inflammation des parties environnantes et celle de la veins elle-meme, de lä vient la confusion
(*) Jc rapporterai aussi, clans un prochain fcuillelon, Fhisloire dune metrife typhoide dims une jument.
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fignbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; PATHOLOGIE BOVINE.
des mots thrumbus etpliUbite, La plilöbotomie ä la jugu-lairc est parl'ois suivie de l'exlravasion sanguine qui, dans \q plus grand nombre de circonstances, peut etre la suite de cas fortuits indöpendans du procede operatoire. La saignee pratiqute a la sous-cutan6e thoracique est sou-vent aussi suivie d'un thrumbus , non-seulement dans 1c cheval, mais encore dans le boeuf, sans quo cet accident dopende comme je viens de le dire du veterinairc, ct sans qu'il en resulte de suites fikheuses ; il en est ainsi de celle pratiquee aus veines abdominales ou mamraaires de la vache.
3'ai vu des thrumbus survenir dans quelques bceufs
qu'on abandonnait sans pröcautions dans les paturages,
apres avoir 6te saignes ct qui allaient se frotter contrc
quelques arbres; je le repete, ces petits accidens gucris-
sent toujours d'eux-memes et sans soins ultörieurs. Ce-
pcndant dans des cas plus graves on doit employer d'a-
bord des lotions d'eau froidc , acidulte , ou alcoolis^e ,
tenant en dissolution du sei de cuisine , que Ton conti-
nuera avec persövörance et qui suffiront dans le plus
grand nombre de ces accidens. .T'ai obtenu quelques
succes de l'application d'une forte lessive de cendres,
employee tiede, quand les moyens precMens n'avaient
pas rt'ussi ; celte solution alcaline ayant la propriete
de dissoudre la fibrine 6pancli6e, la dispose a olre ab-
sorbee. Enfin les lotions emollientes , suivies , apres
quelques jours de leur emploi , d'onctions et do legeres
fnclions de pommadc d'hydriodale de potasse , d'onguent
mercuriel indure et dans les cas graves les boutons dc
feu pönölrans , sont les moyens tliörapeutiques indiques.
3e rappellerai aux vetorinaires avec quelle discretion ils
doivent user des preparations mercurielles sur le bceuf,
en raisoa des accidens qu'elles dt'terminent dans cot
animal.
Le premier pM'nomene que produit rinllammalion
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PATHOLOGIE BOVINEnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;69
d'une veine , c'est la coagulation du sang et son adhe­rence aux parois du vaisseau d'oü Tinterruption de la cir­culation dans la veine malade et le plus communement la Stagnation du sang veineux et de la serosit6 dans les par­ties correspondanies ; stagnation qui donne souvent Heu , savoir : la plcbite de la jugulaire ä des affections c6r6-brales comateuses , vertigineuses graves et mortelles ; cellos des vtines des regions du thorax et des membres, ä des cedemes chauds et douloureux.L'obstruction de la veine a toujours lieu , dans les animaux quadrupedes, de la plaie de la veine a l'origine de ce vaisseau ; il se forme un cordon dur et douloureux, et ä cette coagulation , cette adherence du sang succede la suppuration , qui remonte aussi de la plaie h la naissance de la veine , c'est-ä-dire dans la jugulaire, de l'encolure ä la region parotidienne et jusque sous le cerveau, en gagnant les veines gutturo-maxillaire et cerebrale antörieure. On voit quelquefois, comme dans l'iiomme et toujours quand la maladie a fait d'inquietans progres , l'engorgement et l'induration de la veine se prolonger du cöt6 du coeur, ce qui rend le pronoslic beaucoup plus grave. La for­mation du pus a lieu au centre du caillot; ce pus d'abord sanieux, devient phlegmoneux si l'on a le sein d'empecher l'animal malade de so frotter centre des corps dnrs en l'attachant avec precaution ; la suppuration fait des pro­gres en raison de la fönte du coagulum adhamp;if qui l'en-toure , la veine se distend, eile est d'autant plus bos-selee que les foyers de fönte suppurative se multiplient, les parois du vaisseau s'öpaississent; on les prendrait pour ceux d'une arlcre; ils deviennent fragiles et cassans par le fait de leur ötat d'inflammalion ; et si la rupture partielle a lieu, ce qui est rare dans les animaux domes-tiques, le pus s'epanche dans les iissus environnans, il determine la formation d'abces consöcutifs oü le pus epan-che est absorbe , et la maladie se complique d'un (Hat
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70nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PATHOLOGIE BOVINE.
d'alteration du sang, toujoursfächeux et mortel; cc der­nier cas est a la verite rare dans la phlebite traumatiquc qui atteint quelquefois les veines sous-cutanöes ; le plus communement tout se borne h des phenomenes locaux plus ou moins graves ; ce n'est reellement que lorsque les veines cerebralcs sont obliterees que surviennent les ac-cidens comateux et vertigineux, par suite d'un öpan-chemcnt de sörositö dans les venlricules du cerveau , que j'ai observe dans 1c cheval et jamais dans le bceuf.
CIIAP1TRE II.
DE L'liTAT d'aLTEKATION DU SANG ET DES MALADIES QUI EN SONT INE CONSEQUENCE OU raquo;ANS LESQIELLES IL EX1STE.
Considerations generahs sur ces divers modes dalle-ration.
Les lois qui regissent Teconomie animale ne subissent aucune alteration dans les maladies; mais si des elemens hötörogenes viennent lt;\ penelrcr dans le sein de l'orga-nisme, röconomie est necessairement alterte, troublee par cette importation, d'ou resulte une modification materielle qui determine des phenomenes vitaux qui la traduisent a rextericur en produisant im etat anormal qui constitue la malndie, ou une reaclion provoquöepar les conditious differcntes et accidentelles ou scftrouve la matiere ; mais je le repete , cette reaction n'est nulle-rncnt due ä des alterations dans les forces qui regissent la vie.
II n'est plus maintciiant difficile de prouver qu'il oxiste dans certaines maladies une alteration des humeurs na­turelles; les progres qu'a fait la pathologic humorale ont 6te trop rapides , ses resultafs trop concluans pour que
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tous les yfitörmaires observateurs ne soient pas , depuis quelques annöes, dans le cas de reconnaitre ['existence de cette alleration et n'aicut ete ä möme de se con-vaincre que le sang et les autres liquides de l'economie avaient acquis ou pröseutaient, dans ces circonstances , des qualitös differentes de celles qu'ils possedent dans l'ötat normal.
Pour exposer ces divers modes d'altöraüon, je me bor-nerai ä rapporter ici le rt5sum6 des lecons d'anatomie pa­th ologique que j'ai faites ä l'EcoIe vötörinaire de Tou­louse, de 1850 a 1837, et de celles de pathologic faites en 1855. Je rappelerai encore ce que j'ai dit de l'altö-ration du sang, page 18 de l'instruction sur la pourri-riture des moutons publiee en 1853, et que j'ai encore signalöe pages 19 et suivantes du feuilieton joint ä cetlo pathologic ( Recherches sur 1c mal de tctc de contagion. Janvier 1859 ). En notant la date de ces faits je n'ai point le projet de röclamer une anteriorite dont je suis peu jaloux ; ces questions d'amour-proprc sont fort au-dessous de mon caractere. J'ecris pour la science vd'töri-naire et dans le seul but de jeter les fondemens d'un (üdifice que le temps seul amenera ä sa fin.
L'observation a souvent mis en delaut la sagacitö des praticiens ; souvent' il a lt;?te presque impossible de relrou-ver la cause de la depravation des humeurs dans les alterations des solides , ils out et6 naturellemcnt portfe d penser qu'elle etait primitive et devenait la source des phönomenes vilaux que presentait I'animal malade. Mais , commc aussi dans beaueoup de cas il leur a 6t(5 facile de se convaincre que cette alteration des humeurs 6tait con­secutive ä l'etat palhologique des organes et souvent encore la suite de l'absorption des produits de secretions älteres par l'etat de maladie des visceres , c'cst-ä-dire le fait de l'absorption de ces produils, tels que le pus, l'ichor gangreneux, etc., etc. , ils ont du se convaincre
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que, dans ces cas, cette alteration des liquides n'etait pas la cause premiere de ces maladies.
Je vais done essayer de determiner, s'il m'est pos­sible , ces differences avant d'etablir les divers modes d'alteration et de faire connailre les maladies oü cette alteration existe.
line premiere question se presente ;• les solides sont-ils toujours malades avant les fluides? II regne encore beau-coup de vague ct d'incerlitude dans la science sur cette question ; la solution exclusive dans un sens ou dans un autre serait, je crois, ögalement inexacte en partie. En effet s'il est bien 6tabli quo, dans quelques circonstances, dans certaincs phld'bites par exemple, une lesion organi-que locale est le principe moibide duquel decoulent , comme une consequence, l'alteration du sang et l'etat adynamique , il est dans d'autres cas bien souvent im­possible de proceder de la meme maniere et d'expliquer les lösions que Ton observe. Supposons un boeuf expose pendant quelque temps ä Faction des effluves des pfttu-rages maröcageux dessechöspar la chaleur atmospherique, ou ä celie de miasmes produits par des matieres anima-les en putrefaction, ou dögages de la surface du corps d'un grand nombre de bestiaux malades, comme cela exitse dans les pares d'approvisionnement dös armees oü se trouvent souvent reunis des'bceufs atteints de maladies typhoides. L'animal dont il s'agit eprouvera quelquefois dans ce cas une faiblesse et une langucur generale, un leger etat febrile qui ne seront que les prodomes d'une maladie plus grave, qui se dedarera indubitablement si l'action de ces causes est plus ou moins active cu seu-lement prolongee , et que l'animal expose ä la contagion se trouve dans une predisposition indispensable et toutc speciaiedans cecas; tandis que si ce bocuf n'y est qu'ins-tantaneraent expose, que l'action de ces causes soit pen intense et qu'il y ait dans cet animal une liarmonicdes
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forces, une resistance vitale capable de repousser I'agent morbide, il n'eprouvera qu'une indisposition legere qui se terminera par des sueurs fetides ou plus communement par des Evacuations alvines diarrlieiqucs d'une odeur repous-santc , mais toujoursprecödces d'un leger mouvement le-brile. Ce soutde ces casque j'ai cte ü meme d'obr-erverquel-quefois dans les epizootics et enzoolics charbonneuses et typholdes que j'ai eu ä combattrc dans le temps ou j'exer-rai la medccine veterinaire. Peut-on dire alors qu'il y a eu alteration premiere des solides? iVest-il pas plus probable an contraire que les molecules nuisibles repandues dans Tatmosphere ont lite absorbees dans les poumons et qu'im-mediatement portees dans le torrent circulatoire, elles ont affects le sang d'une maniere directe et par lui les autres organes ? JN'est-il pas evident que les sueurs feti­des , les evacuations alvines infectes que je viens de si­gnaler dans I'cspece bovine, doivent etre considerees dans cette circonstance comme des crises et qu'elles doivent leur odeur speciale aux gaz absorbes meles avec lesang , et que la nature a heureusement expulsd's au-dehors. Vai-nement dira-t-on que les miasmcs ont d'abord agi sur le poumon et que ce viscerc a du d'abord s'alterer organi-quement, I'observation ne demonlre positivcment ricn de semblable ; et s'il en etait ainsi ne serait-il pas bicn sur-prenant que cette affection premiere de l'organe , ne se-rait d'abord traduite ä rexterieur que par an 6tat de mösaise de tons les organes ? On pourrait arguer centre l'opinion que je viens d'emettre quo les effets de ces ef-fluves et de ces miasmes repandns dans I'atmosphere sont souvenl inappreciables par nos sens, dont la nature nous est alors inconnue , comme on I'observc dans ccrtaines constitutions öpizootiques et memo öpidemiques (*), peu-vent comme celles provcnant des foyers d'infection , quo
'(*) Yoycz loin. Iquot; , iin;;. 20.
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je viens d'iiidiquer, agir primilivemcnt et direclement sur le sysleme nerveux et n'atteindre que secondairement l'apparcil de rhamp;natose et le sang mis en contact avec l'air dans cette fonction vitale. Cette objection parait fondee au premier abord, d'autant plus que dans certaines enzooties de typhus charbonneux , 11 est quelquefois im­possible d'assigner une cause amp; la maladie qui frappe souvent les animaux d'une maniere foudroyaute. Nous reviendrons sur ce sujet en traitant plus spöcialement de ces maladies.
En rösume , dans les maladies tantöt les fluides et tan-löt les solides sont primitivement lesös; mais toujours, et necessairement au bout d'un certain temps, variable ä la verite, ceux qui d'abord avaient ete epargnes, solides ou fluides, tendent ä subir le sort des premiers, Les so­lides s'alterent consecutivement aux fluides parce que arrosös continuellement par ceux-ci, desquels ils ne peu-vent recevoir que des matöriaux vieles comme eux , ils doivent bientöt se vieler eux-memes; les fluides s'alte­rent consecutivement aux solides, par la raison qu'ils sont produils par ceux-ci, et que d'une source impure il ne saurait sortir autre chose qu'un produit egale-ment impur.
Toutefois il ne faudrait pas conclure de ce qui precede que toutes les lesions d'organes que l'on trouve sur le cadavre des animaux qui jneurent dans les circonstances indiquees plus haut, ont (5t6 primitivement ou consecu­tivement produites; on tomberait dans une grande erreur. II existe en effet dans l'etat morbide comme dans I'etat pathologique , une reaction continuelle des fluides sur les solides , et reeiproquement; reaction teile , qu'(Hant don-n6e l'alteration definitive des solides ou des fluides dans un point du corps, on volt souvent en r6sulter bientöt comme premiere consöquence une alteration des fluides circulatoires, et enfin plus tard, une vkiation des hu-
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meurs et des solides primilivement menagös; et comme il est reconnn qvie le sangest tin excitant du Systeme ner-veux , de cet appareil d'organes qui portent dans toute rcconomie le sentiment, le mouvement, la vie, on convoit la rapidite avec laquelle les reaclions ont lieu et rinlensilö des phenomenes vilaux qni annoncent et pre­cedent unc prompte morl, quaiid le sang est allere par l'introducliou, le melange d'nn poison ousimplcmcnt de miasmes döieteres ou putrides , soit par la respiration ou par voie d'absorption.
II me reste maintenant ä etudier avec quelque me-thode cette alteration des humeurs , non seulement dans le sang , dans le chyle et la lymphe; mais encore je dois cbercber ä savoir si dans le cas ou les autres humeurs viennent ä etre modifiees dans leur quantite et dans leurs qualiles , ces modifications n'entrainent pas des altera­tions du sang, puisque les älamp;nens qui les torment vien­nent du sang?
Si le sang nourrit les parties et que sans sa presence il n'est plus de vie pour les organes , comment les solides ne scraient-ils pas influences par l'etat du sang ?Mais, en (itudiant les rapports des solides avec le sang , on reconnait que deux classes d'organes agissent snr lui. i0 Ceux qui font le sang : action ou organe d'absorption, de diges­tion , de circulation arlcrielle et de respiration ; 2deg; ceux qui agissent pour le defairc , circulation veineuse, de secretion et de nutrition. Un solide quelconque ne pent done pas subir la moindre modification, sans qu'il y ait derangement dans la nature ou dans la quantitö des ma-toriaux destines ä former le sang ou ä s'en separer. Ces veriles physiologiqnes nous conduisent a admeltre qu'ä la suite de toute alteration des solides il doit y avoir alte­ration du sang ; de meme qu'ä la suite de toute modifi­cation du sang il doit y avoir modification des solides. Place dans ce point de vuc , reconomie ne paratt plus
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otre qu'un grand tout, indivisible dans l'etat de sanle comme dans l'ötat de maladie; la distinction [des parties du corps en solides et en liquides ne semble plus qu'une distinction pen reelle dans la trame organique, lä oü s'accomplissent tons lesgrands phenomenes vitaux, lä ou se passent tous les changemcnsqui constituent Tetat morbide.
11 ne me resle done plus qu'A interroger I'observation , a lui demanderdes faits pour en tirerde legitimes induc­tions ; a m'occuper enfin des alterations diverses que le sang est susceptible d'^prouver dans ses qualites et de rinlluence que peuvent exercer ces alterations sur la pro­duction des maladies.
Dois-je, avant tout, rappelcr I'analyse chimique du sang compost de flbrine , d'albumine . d'une matiere ani-male parliculiere ä laquelle il doit sa couleur; de soude libre, d'oxide de fer et de calcium. Parlerai-je del'acidc carbonique qu'a decouvert Vogel; de la matiere grasse azot^e, identiqne ä celle dn cerveau et des nerfs qu'ont demonlrce Yauquelin et Chevreul , etc. , etc., analyses qui prouvent toutes que Ton a retrouve dans le sang les elemens do la plupart des organes et d'un certain nom-bre de liquides secretes.
Kepeterai-je ce qui a ete dit tant de fois , que le sang tire des atteres ou des veines d'un animal sain se separe en deux parties , l'une solide ou le caillot, formö de fi-brine et de matiere colorante; l'autre , liquide speciale-ment formee d'eau et d'albumine ; dirai-je qu'un etat semblable existe sur le cadavre ? Mais comme dans un grand nombre de cas morbides le sang se präsente , soit durant la vie, soit apres la mort, sous des aspects difförens, qui ne sont que des ctats pathologiques, passons en revue ces differentes alterations.
Apres avoir considere d'une maniere gönerale les di­vers etats d'alteration du sang , je dois maintenant les examiner avee möthode et plus de details ; ainsi , l0 le
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sang peut (Hre altörö par le defaut do proporlions res-peclives entre les prodults immediats qui le composent, c'est-ä-dire la fibrine , riiematosine et le sernm. 2deg; Ces prodults immedials, ces clcmens organiqucs peuvent cix-niemes etre altöres dans leur composition , commo on le voit dans les maladies cliarbonneuses , typholques et aulrcs. 3deg; L'alteration du sang pent elre due a l'intro-duction , dans ce fluide , par absorption , ou par inocu­lation d'un virus , d'un venin , de matieres purulentes , d'ichor gangreneux , elc. , etc.
II me semble tres-difficile , dans l'etat actuel de la science veterinaire, de bien preciscr lescaracferes positifs des divers modes d'alteration du sang et meme de les classer exaotement : aussi suis-jc tres-eloigm'; de vouloir critiquer les opinions de quelques-uns de mes honorables confreres , aux talens, aux efforts desquels j'applaudis de bon coeur. Je me bornerai done ä dire ce que j'ai ob­serve et ä faire connaitre l'opinion que je me suis faite sur ces alterations ; declarant d'avance que je n'ai rien d'absolu dans ma mauiere! de voir et suis tres-dispose ä me rendre aux idöes medicales des autres , quand elles me paraissent fontlees et rationnellcs.
sect; Ier. —Alleraliofis produiles par lecUfaut des propor­tions respeclives entre les produils immediats ou ele-mens organiques qui cowposeiH le sang, (eis que la fibrine, l'hemaiosine el lesdrum.
A.. Abondance, Sang rlclie. — Cet etat pletlio-rique est le propre des aniinaux jeunes , vigoureiix , eleves dans les pays plantureux ou abondamment nour-ris , dans lesquels la digestion cbylifie promptement
et completement les alimens. Ces animaux ont ordi-nairement le thorax vaslement developpe , une beu-reusc constitution annonce une sanle parfaite. Chez ces
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besliaux les muqueuses apparentes sont coloröes, les yeux vifs et animes; la circulation viteet lepouls grand , dc*veiopp6 ; la respiration etendue et reguliere ; la loco­motion iibre , facile et önergique. Le sang tire des veines sort en jet rapide, il est rouge (*) et chaud , se coagule promptement; comme la fihrine y abonde. qu'elleyest en plus grande proportion relativement ä l'eau et ä l'al-bumiue ; le caillot contient peu ou point de scrositö. II y a cependant une distinction importanle ä faire ; la fibrine formant le caillot peut elre mcMee ä une assez grande quantity de serum qu'on en sd-pare par la pression , et le coagulum prösente alors peu de densitö. Mais le caillot peut au contraire ßtre tres-dcnse et la pression n'en se~ parerque quelque peu d'albuminc liquide. L'augmenta-tiou relative de fibrine n'est qu'apparente dans le premier cas, tandis qu'elleest reelle dans le second. Ces deux cas qui appartiennent i des (itats diderens de I't'conomie ne doivent pas etre confondus , le sang Ires-fibrineux est nomme sang riche . il est, comme je viens de le dire , lie a une constitution vigoureuse , mais il peut aussi ap-partenir ä certains etats morbides; ce liquide alors, et dans cette derniere circonstance surtout , est plus 6pais et circule plus lentement; le pouls est plein , large et
(') Tons les praticiens ont reconnu qa'une couleur trop vermeille du sang veineux claitun signede maladle ; volci pourquoi : On salt tjiie dans le plein exercice dß la sante le sang du sysleme capil-laire devient noir en vertu de la nutrition. Or, toutes les i'ois qne le sang reveuaut de ce Systeme n'off're point cette couleur foncee, cest une preuve qne la conversion du sang aiteriel cn sang veineux ne s'est pas conipletemenl operce. Ce plienonit'ne peut deiiendre soit d'une circulation extrememeut rapide , teile qu'on Tohserve dans les fievres aigues el dans les maladies inflamniatoires , soit d'une inner-valiou vicieuse ou af'faiblie. Cest sans doute anssi a cette alteration d'imiervatinn qu'esl du , dans qnelques ras , ce changement de cou­leur du sang apres de fortes hemorragies , apres des maladies de 'onguc duree, une alimentation vicieuse et de mauvaise nature.
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comme engouö. La fibrine peut done elre augmentöe ou diminuee dans ce liquide reparaleur et stimulant. Get (Hat du sang qui peut se verifier par les caracleres qua je viens d'indiquer predispose aux maladies inflamma-toires, aigues et sur-aiguüs , determine meme des conges­tions sanguines , des stases sur les divers visceres qui sont 6videmment la consequence de cet exces , de ce trop plein de sang.
B. coult;gt;nitlaquo; inflainmatoirc — Le sang öprouve des changemens notables dans l'acte de rintlamraation; les uns sont visibles, les autres ne peuvent etre de-montr6s que par le raisonnement. Le plus commun est la couenne inflammaloire qui se monlre ä la surface du cdiilol du sang qu'on a laisse tiger; visqueuse , molle et tilante dans le prineipe , eile devient dense , adbere au cruorquand la coDcretion du caillot est achevee ; eile est composee de fibrine et d'albumine ou de Obrine et de serum tres-albumineux.
Son dcveloppement est modifie par le temps , I'epoque de la saign^e, le procede operatoire, la forme du vase qui re^oit le sang , etc. , etc., qui retardentou favorisent la formation de la couenne ; je renvoie le lecleur ä ce qu'ontdit, ä ce sujet, les auleurs de pathologic generale. J'ai observö que la syncope survenue durant la saignee empechait l'apparition de la couenne inilammatoire ; que le caillot dtait moins dur et que la matiere coloranle se preeipitait au fond du vase ; je ferai remarquer que ces phenomenes ont bcaucoupd'identitöavec ce qu'on observe sur le sang dans les maladies ou l'aslhemie et l'adynamie sont evidentes.
La couenne inflammatoire n'est pas la seule alteration que presente le sang dans les maladies aiguiis : le caillot estaussi plus dense, d'un plus petit volume, par conse­quent plus retractile et plus contractile , comme je viens dc le dire, raais il est aussi plus rouge ä sa surface; le
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Serum est encore plus visqueux , moins colore et plus albumineux. Tons ces phenomencs, au surplus , sont en rapports avec les difierentes pöriodes et rintensite de rinflammation.
Quelle quc soit la cause qui augmente la quantite de firbine et d'alimminc dans le sang dans le cas de maladie inflammatoire , et qiiel que soit le mecanisme par lequel raogmeutation de plasticite de la fibrine opere le depart de la mallere colorante dans une partie du caillot, il n'est pas moins vrai que cos changemens ont lieu sous la puis-sante influence de la force vitale. Car , les huraeurs com-me les solides possedent, je crois, la propriete de reslster aux causes qui tendent a les detruire ; ces propriötes m'ont cependaut paru bien plus marquees dans les ma­ladies oü toutes les forces organiques sont portees ä un plus haut degni d'exaltation , de meme que sous l'in-fluence de causes debilitantes et dans des circonstances opposees le sang presente un etat et des phenomenes dia-mötralement opposes.
C. Innervatiosraquo; du sang. — J'ai döjä parl6de l'ex-lension de rinfluence nerveuse sur le sang , je ne pr6-sente cette idee que comme une opinion , que com-me une probability qui re?oit un grand appui de l'examen des phenomenes qu'offrent les diverses sortes d'hemorragies ; les (ievres continues qui produisent dans le sang un mouvement intrinseque beaueoup plus rapide qu'ä l'etat normal , le font aussi soupronner. l-^st-ce , en effet , ä Taclioii lente des mouvemens de composition et de decomposition qui constituent la nu­trition que serait du ce mouvement et cette action inso-lite ? N'est-il pas probable qu'ils sont le resultat d'une influence plus prompte , plus instantanöe et plus vitale? ne dirait-on pas quc dans ces cas d'hemorragies , de lievres generale et tumulluouse leprineipe nerveux , melö avec le sang , entratne avec lui la vie de l'anitnal? Cer-
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taines hemorragies sont devenues mortelles sans 6tre abondantes, et les plus petites hemoplysies sans altera­tion du poumon ont etö pernicieuses , tandis que, dans d'autres circonstances , comme des plaies , par exemple , les malades peuvent supporter des pertes önormes. Je ne puis croire que dans certaines maladies aigut-s le sang se decompose et devienne plus Iluide , comme dans les ma­ladies par infection ; j'ai tonjours observö au contraire qu'il conservait sa erase , inais que sa chäleur ^tait aug-mentec et qu'une fois hors du vaisseau il se 'coagulait avec promptitude en un caillot dur et consistant.
J'ai ete ä meme d'observer cet exces de vie et j'ai vu de jeunes beeufs sanguins , gros, vigoureux etre pris subilement d'un ölat plethorique general qui se mon-trait ä la suite de travaux ou d'exercices violens, durant une chaleur atmosph6rique 61evee. Cet 6tat se manifestait par un tumulle general de r6conomie , une violente reaclion febrile continue qui tuait le malade en 2, 5 öu 4 heures , d'une maniere apoplectique. A l'au-, topsie , il existait des congestions au cerveau , au pou­mon , dans le parenehyme de la rate. Dans d'autres ani-maux c'etait une hemorragie tres-active , mais peu abon-danle qui avait rapidement fait perir l'animal. Le sang avail, dans ces deux cas , sa consislance normale ; il s'^chappait abondamment par les ouvertures naturelles , il etait rouge rutilant 6cumeux; toute l'habitude du corps etait promptement ballonnäe; ce sang se coagulait asscz promptement , il formait un caillot dense et riche en fibrine. Je le demande ; n'est-ce pas le cas d'une veritable innervation du sang, d'une vitalitö exaltee par une addition exträ-normale du principc nerveux ?
Slais dans ces cas si graves , si cet exces du principe vivifiant , qui cause tout le tumulte , ne s'Miappe que partiellement , il en resulte dans reconomie un bien-6lre tres-marque , parce qu'alors le ton du Systeme ner-
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voux ('Und ramcnti i'i son rythme normal, les mouvemens vitaux qui ^taient en dösliarmonie se mettent en d'qui-libre. Tel est co quo je propose d'appeler ime crise par Wmorragie. Dans ce cas , unc saignee peilt aneanlir les effets funestes de la plelliore generale ; c'est ainsi que la saignee aux arteres et aux vclnes sous-couygiennos calme , arrete et guerit meine !c verlige ; c'est moins sans doute par la quanti'tö du sang perdu que la sanl(i se retablit, car eile est quelquefois peu considerable , que parce qu'il y a cu evacuation d'une certaine porlion du principe nerveilaquo; qui tenait le Systeme aniinateur dans un 6lat d'cxallalion contre nature.
Toutefois ce principe nerveux semblerait n'elre pas toujours susceptible d'etre övacue , et, soit qu'il se renou-velle sans cesse , ou qu'il adhere inlimement au sang, il exerce quelquefois sur celui-ci une action soutenue et finit meme par anamp;intir les forces du centre nerveux. Is'a-t-on pas vu des maladies dans lesqueües la congestion des poumons elait evidente, rösister ä des saignöcs rö-petöes et se terminer d'uno maniere apoplcctique? c'est un cas que j'ai eu l'occasion d'observer en 1855 , sur un cbeval de trait , ü la clinique de l'öcole vetörinaire de Toulouse.
D. AncmSe. — Je viensdecarac(6riserun etal de lY-co-nomie dans lequel lo sang abondeen quantity , dans lequel il est riebe en fibrine et en zoohömatine ; j'ai meme täcliö de prouver qu'il pouvait lt;Hre sursature de fluide nerveux et doue d'une propriete surexeitante. Par oppo­sition , le sang peut etre en quautite moindre et consti-tuer ranlaquo;me; dans ce cas la fibrine y est rare, le zoohd'-matine moindre; ce liquide, extrait des veines, se coa-gule lenlement, 1c caillot est peu fibrinenx, d'une päleur apparenle et d'un pelit volume , car outre que le sang a perdu de sa force d'ogregation , il a aussi diminue en quantite , et les animaux tues par exsanguification ne
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founiissent qu'unc pelite quanlite de sang. Cet etat qui differe essentiellement de ce que quelques auteurs ont nommö polyhenie nc constitue pas une raaladie essen­tielle , mais il ost le plus comuiunöment le rösultal d'un 6tat d'appauvrissement de l'organisme qui esl la con­sequence d'une alimentation insuftisanle ou pen alibile long-temps continu6e ; ou encore le resultat d'un travail au-dessus des forces de l'animal ; ou la suite d'une ma-ladie organique et chronique teile que le sqairrhe des organes digestifs, l'affection tuberculeuse , etc., etc. , durant laquelle l'assimilation est imparfaite ; ou enfin d'une affection morbide plus aigue, mais qui auraexigö de frequentes Evacuations sanguines et une diete assez s6verc. Dars les animaux tombes dans cct 6tat fächeux l'amaigrissement est notable , le boeuf a la peau collöe aux os, le poil brülö ; les muqueuses sont pales sans infiltration , nul öpanchement, nul oedeme n'existe , les tissus sont au contraire' assez fermes, mais atrophies; c'est le contraire de l'ötat cachectique. Tous les muscles sont dessines sous la peau , les angles osseux apparens; le pouls est petit, plutötacc616r(5 que lent, le coeurbatavec une certaine force , et l'animal se rötablit avec le temps, par un regime appropriö , pourvu qu'il n'existe aucune lesion organique profondc , comme le squirrhe.
E. claquo;cjäexie. — Un ötat plus fächeux encore est celui qu'on a quaiifiö du nom de cachexie aqueuse ou pour-riture qui affecte de preference le moulon et quelquefois aussi les boeufs eminemraent lymphatiques eievüs dans des contrös humides et marecageuses. Cet etat cachectique pcut succeder ä l'etat d'anemie. Le sang, dans ce cas, est päle; le caillot tres-lentement forme , est mou , de couleur rose et noye dans une quantite tres-predorainante d'un serum aqueux. II y existe une dose minime de fi-brine et de zooh6maline et mtSme d'albumine; ce sang n'a plus qu'une faible propriete stimulante et repara-
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84nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PATHOLOGIE BOVINE.
trice. Toules les nmqueuses sont pales el infiltrees ; des epanchemens, des (Edernes se sont formös dans toutes les parlies declivcs , car les fluides semblent piutot obeir aux lois de la pesanleur qu'ä la force circulatoire. Aussi remarquc-t-on unc faiblesse, une döbililö frappantes; les vaisseaux sont deprimes , le pouls est lent el faible , la respiration ralentie, l'air expirö froid. Cel elat facheux el toujours grave , est le resullal d'une alimentalion in-suffisanlc, de l'usage de fourrages peu alibiles , rebelles ä raction des eslomacs. 11 pentetre du aussi ä des travaux exlönuans, ainsi qu'ä l'action couünuellc de la pluie et des Lrouillards qui refoulent la transpiration culanee sur les söreuses des cavites splanchniques; ä rhabitation dans des 6tablcs froides et humides ; la döpaissance dans des putu-turages inoudes ou aquatiques et brumeux , celle de I'herbe couverte de rosee. A ces causes , on doit ajouter la predisposition due au temperament lymphalique propre a certaines races bovines el ovines. A cet etat d'anömie et de cachexie se joint quelquefois le developpement d'une quantile insolite d'entozooaires de divers genres , qui constilue une dialhcse vermineuse que je signalerai en traitant de la pourriture.
sect; II. —Allcraiions du sang dues a celle de ses elemens organiques.
La force qui maintieid , pendant la vie , les globules de fibrine A une certaine distance , peut elre modifiee par des causes plus ou moins appröciables : j'ai domontrö , en traitant de la cardite ct do rarteritc , que celle force d'agregalion etail augmenlee par rirritation iidlamma-toire des vaisseaux , et que dans cello circonstancc les globules Qbrineüses du sang se reunissent pendant la vie ctdonnaienllieu a la formation de concretions fibrineuses plus ou moins considerables. Dans ce cas, une Ibis soli-
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PATHOLOGIE COTIXE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 8fgt;
difi6 , le sang manifeste des phenomenes vilaux , puisque ces concrötions polypiformcs vivent et s'organisent h la maniere de la vie commune des autres organes de Vico-nomie et d'une vie propre qu'elles ont clles-memes cröees, quoique dans le plus grand nombrc de cas dies ne sem-blent que toucher les tissus qui les entoureut.
A.nbsp; Dyiicrasfe — Mais, par oppositioni'ceüe forced'a-gr^gation que je viens de signaler, on rencontre quelque-fois une diminution de cette force , de sorte que le sang se reunit imparfaitementencaillot, que lecaillot n'existepas/ ou ne se forme pas du tout. Dans le premier cas , lecaillot est mou et la moindre agitation le reduit en un fluide rougeätrc et incoherent ; dans le second, le coagulum n'a pas lieu, la fibrine est dissöminee en parcelles qui restent suspendues dans la serosite ; rii^matosine ou. partie colorante est de beaucoup diminuee de quantity et semble alterte. Le sang (litre a travers les vaisseaux et les tissus ; 11 forme dos petechies et des stases frappantes. J'ai observö cet ötat dans des beles ä curnes affaiblies par une nourriliire peu alibile et malsaine; il existe surtout dans certaines hamp;riaturies chroniques des vaches , que je ferai connaitre en traitant des maladies des organes uri-naires, ainsi que dans quelques maladies des moutons.
B.nbsp; Aitöra(ilaquo;n typünüic. — Mais detous les cas dans lesquels il existe un defaut de force d'agregation du sang et de dissociation de ses prineipes , le plus grave est l'altö-ration que Ton a constateraquo; dans les maladies charbon-neuses et typhoides. Lesangressemblc a une boue liquide ; il est epais, sirupeux et d'une coulour noire foncee ; outre que le coagulum n'a pas lieu , comme dans le cas pre­cedent , la fibrine et riiemalosine sont comme suspendus dans le serum. Le sang , dans ces maladies , se putrefie tres-rapidement , soit qu'on le tire des veines pendant la vie , ou qu'on le recueille apres la mort ; il exhale promp-tement une odeur fötidc ; reni dans des vases , i! forme
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86nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;i'atiiologie nuviNi:.
un sediment noirälre et pulverulent qui se S(5pare 6ga-lement du s^rum et du cruor. On a constate que le sang ainsi altert colorait en rouge, plus ou moins fonc6 , la membrane s^reuse ou interne des vaisseaux et celle du coeur ; que cette coloration envahissait non-seulement le tissu cellulahe sous-s6reux, mais encore une couche assez 6paisse de la membrane mitoyenne , et que meme toutes les substances animales qu'on y piongeait, 6taient colorees en rouge apres un court s6jour. Cependant , en soumet-tant ce liquide , aiusi malade, ä l'analyse chimique on y retrouve bien la fibrine , mais on l'y trouve alter6e dans sa nature. II possede aussi alors des proprietes virulentes, funestes, tellement actives qu'eiles determinent sur un animal sain des maladies gönerales et typholdes , seit qu'il soit transfusö dans les veincs , absorbe par des parties d6nud6es, ou inocul6 dans les tissus ; il suffit meme de son seul contact sur la peau et les muqueuses pour determiner des bubons charbonneux et dos pustules ma­lignes.
L'exlstence d'un sang noir et incapable de coagulation a €16 constat^e dans toutes les maladies typhoides: ce mode d'alteration prouve que le prineipe morbifique qui attaque alors les forces vitales a exerc(5 son influence delötere sur les solides et les fluides. Si en effet la concreseiibilite du sang dopend de la vie , sa liquefaction doit reconnaitre une cause opposöe ; l'observation s'aecorde avec cette opinion. Est-il une maladie marquöe au coin de l'as-thönie, ou de la longueur des forces vitales, dans la-quellc lesangne soit pas appauvri, döcomposö, ou frappe d'unc dyscrasie Evidente ? Je citerai pour excmple la cachexie aqueuse ou pourriture du mouton. Sans doutc dans ces cas le sang est affectö consikutivement. Mais dans toutes maladies charbonneuses et typhoides , ainsi que toutes celles qui s'attaquent immödiatement au prin­eipe mt^me de la vie , il est probable que son alteration ,
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si eile n'ist pas .primitive, a du moius lieu simuHanö-meiit avec les solides.
Gelte alloiadoraquo; du sang dans les maladies cliai'boiii;eu-ses et typhoides, est evidemment uue des causes puissantes de l'ötat gangrüneux des tissus ,si frequent du ns ces graves affections generales. La mort qui commence ou qui parait commencer par les humcurs , se cpinmunique eusuile aux solides avec lesquels elles sont en contact. Aussi la gangrene se declare-t-elle de preference dans les parties douees d'un tissu lache et spongieux , qui facilite ies stases si frequeutes dans les inflammations adynamiques; ou lorsque le sang est stagnant dans les capillaires ou le tissu cellulaire de la partie ; ou encore quand la texture de certains organes a etö preablcment rarefiee , p£n6tr£e de sang et d'humeurs. Ainsi dans toutes les maladies ou l'ariimal est eu proic ä une affection grave , de nature charbonneusc et lyphüide , ses tissus vivans perdent leur consistance par suite do la profonde alteration qu'a subie la nutrition, ainsi que les fluides de reconomie ; aussi voit-on les surfaces du corps sur lesquciles existc le d6cu-bitus etre denudees par de larges escarres gangreneuses , les regions sur lesquelles on a appliquö des vösicatoires , les parties oü Ton a passö des setons frappees dc gan­grene. 11 en arrive autant aux incisions pratiqu^es- sur les parlies engorgöes, infillrees et surtout si elles ont lieu sur les mombres. II est ä remarquer que cellc desor-ganisalion loin de se borner et de so circonscrire est toujours disposee ä s'elendre, tant la coliesion des vais-seaux capillaires est diminuee , les tissus sans r6sistance vitale , surtout si l'action de la cause necesse d'agirqu'ü la mort, comme dans rempoisonnement produit par les miasmes , les effluves , d'oü proviennent les maladies typhoTdes.
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88nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PATHOLOGIE BOVINE.
sect; III. Alterations du sang prodmtespar Vinlfoduc-tion , au moyen de l'absorption ou de Vinnomlation . de matures purulentes, d'ichor gatigreneux.
Alieraiiou par ak^orittlosi. — Le sang pent en­core etre alterö par son melange avecdes substances qu'on n'y rencontre pas ordinairement : e'est ainsi qu'on y a trouve du pus , des entozooaires, des concretions albu-mineuses , richer gangröneux des ulceres sphac616s , pari venu dans le sang , au moyen de l'absorption lympha-tique. Ce liquide a dans ce cas un aspect insolite ; il se putrefie facilement , ne se coagule pas, ayant perdu sa force d'agregation et sa vie propre; il forme un depot dans le fond du vase dans lequel il a etc regu ; exhale une odeur putride et gangreneuse. Les experiences de MM. Dupuy , Hamont et Leuret sur l'injection da sang d'un animal malade dans le vaisseau d'un ani­mal sain ; rinoculation de tissus gangrenös , etc., etc. ont fait connaitre ce genre d'alteration ct fait penser que dans beaucoup de circonstances le sang etait le ve-hicule par lequel ötaient porttes aux solides les matieres qui les enflamment. De m6me que si le sang aliere par­venu dans les tissus d'un animal sain , determine pour ainsi dire spontanöment une maladie adynamique et mortellc , que son contact avec les tissue viva ns fasse naitre une gangrene seplique et que la mort dans tous ces cas ait lieu avec une promptitude effrayante , on est porte h croire que la putrefaction du sang commence pendant la vie.
Tout semble done pronvcr que les maladies que Ton voit se developper dans les animaux affecles dc gangrene memo spontanöe et qui paraissent rösülter de l'absorp-lion de matieres putrides et gangi-encuses , peuvent etre consid6r6escommedes effets immediats de Faltöratioa des
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PATHOLOGIE BOVmE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 89
liquides. Lcs faits sent ici les memes quo dans les ma­ladies miasmiatiques ; car, que la maticre putride seit inoculee ou injeetöe dans les vaisseaux , ou absorbee par los voies pulmonaires , gastriques et cutanees , ou puisöe au sein d'un foyer delötcre developpö spontan^ment daas une partie de l'individu , le resultat est semblable; c'es!; toujours une maladie par alteration des liquides qui est produite. Les aeeidens qui sont arrives ä quelques vete-rinaires durant les epizootics, ceux qu'on a observös sur des bouchers , ainsi que sur des öcarisscurs viennent corroborcr tout ce que nous avons dejä dit h cc sujet. de­pendant je crois devoir encore ajouter un fait ä co qui precede. En juillet 1831 , je fus consulte pour un beeuf atteint de paraplegic par suite d'une commotion cere­brate : des contusions, des plaies ulcerees so manifeste-rent ä la poiute des fesses et degenererent en pen de jours en des ulceres graves. Tout-ä-coup ces ulceres exha-lerent une odeur cadavöreuse ,, une infiltration froide se manifesla ä 1'enlour , un ichor abundant sanieux en decoulait et tous les symptomes de la gangrene s'y ma-nifesterent ; des-lors raffaissement glt;5n(5ralde I'animal fut extreme, toute la superiicie du corps devint froide ; le pouls de faible et filiformc devint inappreciable ; la respi­ration ötait acceler^e , suspireuse , rälante ; I'animal s'(5-tendit sur 1c cöte ct mourut six heures aprcs I'apparition de ces symptomes. Cependant la veiile et meme le matin , ä la paralysie pres, toutes les fonctions s'executaient bien , le malade avail meme de l'appetit et ruminait. A. I'autopsie, qui fut faite 14 heures apres la mort , je trouvai le cocur ramolii , hypcrtrophie , ses venlricules contenaient chacua un caillot tres-noir et beaucoup de sang liquide , noir-ternc , streux, meles de bulles d'air et d'une odeur fetide ; il en existait aussi, dans le memo raquo;'tat, dans les principaux troncs vcincux ; la membrane interne du coeuret des principaux vaisseaux reflelait une
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90.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PATHOLOGIE llOVINE.
tcinle rouge-noir. Je trouvai un öpanchemeiit sereux et Ironble dans le_ sac'arachnoidien du cräne. renclt;sect;phale
etait decolorö.
sect; IV. — Des causes des alleralions du Sang.
II cst de vörite positive qu'il regne sur les causes de i'alteiation du sauget des humeurs naturelles des ani-maux une obscurite tres-profonde qui ne les rend pas toujours appreciables. Cependant j'ai dejA demontr6 que le sang peut etre allere par les effluves des marais, par les miasmes ömanes du corps des animaux atteints de ma­ladies typholdes et cbarbonneuses entasses dans des sta­bles et des pares , ou par ceux, qui se degagent des ca-davres d'animaux morts de ces maladies et de toutes autres matieres animales eu putreiaclion , suspendues ou (Hendues dans l'air ambiant et pouvant se combiner avec le sang dans l'acte de la respiration. Je crois pouvoir ajouter : 1deg; une alimentation mal saine et de mauvaise nature , comme les fourrages avaries, les grains echaufKs, corrompus; le son termenle , vieux ; les eaux des mares , des ölangs devenucs stagnantes , corrompues par les cha-leurs eslivales , tenant en dissolution les produits de la decomposition et de la putrefaction des substances vege-tales et animales qui y croissaient ou y vivaient; les mar­ches lorcees pendant ton (es les intemperies des saisons , rentassement des bestiaux dans des pares humides , des etables mal propres; un regime irrögulier , mal sain, peu alibile, comme il arrive pour les bestiaux formaut les troupoaux d'approvisionnement des armees; on encore les effluves miasmaliques des marais teuus en suspension par !a rosee deposee sur les plantes.; 2deg; par le gaz hydrogenc sulfure, l'azole, l'acide carbonique, etc. etc., combines dans l'air et dont le sang se sature eu exces pendant riitümatosc ; 5deg; certaines causes mecaniques qui
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iiitcrverlissent ou subpendenl la respiralion , comme dans r^toufleraent, la strangulation , rimmersion dans I'eau , etc. otc. , qui privcnt le sang de son contact avec un air sulfisammentsalure d'oxigeneet produisent l'asphyxie. Ges deux dernieres causes agissent promptement etleurseflbts etant etrangersaacasacluel nous en parlerons plus loin. Mais les causes des maladies charbonneuses et du typhus ne sont pas toujours aussi faciles ä determiner que dans les cas precites : si les miasmes, les cffluves que l'on croit 6tre la cause des epidemies, ainsi que des Epizootics et des enzooties sont etendus, conlenus dans l'air ambiant qui leur sert de vehicule, les changemens rapides et brusques imprimes a ratmospherc par les coups de vent, les tempetes devraient en debarrasser les contrees ou regnent ces maladies ou en porter le germe ailleurs : mais on observe tout le contraire; non-seulement apres de grands orages la maladie persiste; mais eile se repand en tout sens ; il est vrai que sa contagion par virus fixe ou volatil doit entrer pour beaucoup dans les causes de sa propa­gation. Ces causes inappreciables. ces agens impondera­bles out done souvent une autre source , l'air n'en est que le vehicule, mais elles n'emanent pas de lui. elles ne tiennent pas ä son alteration. Ces causes ignorees d6-terminent ce que Ton a nomm6, laute d'un mot plus explicite , des constilulions epidemiques , epizootiques , enzooliques; comme on le voit pour le cholera , les maladies charbonneuses, le typhus, la variole , le claveau et meme les maladies aphtbeuses , maladies dont on pent seulement constater la propagation par la proprtete con-tagieuse du plus grand nombre , mais dont la cause virtuelle est ignoröe. Aussi dans ces circonstances fächeu-ses est-on souvent reduit ä constater l'existence de ces maladies, et les fails plus ou moins interessans qu'elles presentent, pour ne pas se Ihrer a des hypotheses qui tombent devant robservation. J'ai constate que dans dos
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epizoolies et des enzooties de typhus charbonneux , ccs maladies enlevaient plusieurs animaux au milieu de trou-peaux nombreux , attaquaient ?ii et lii les bestiaux de quelques fermes, epargnaient beaucoup d'individus au milieu du bercail ou des metairics entiercs parmi cellos dc la contröe oü regnait la maiadie. 3'ai vu encore des enzooties revenir pendant 2,3 et meaie 4 annees ä des Saisons ii-peii-pres fi\cs et entin dispaTaitre; j'avouerai de bonne foi (pie, dans le plus grand nombre de cas , il m'a ete impossible d'en döterminer les causes ; ni ef-fluves, ni miasmes appreciables ne pouvaient s'etrc d6-veloppes , les alimens etaient bons , les paturages frais et sains, leseaux pures et courantes. Ce sont ces cas si diisesperans pour lo v^terinaire, qni pretent tant anx pr6-juges, au\ idees populaires et au merveilleux dont le cormnun du peuple des campagnes est toujours avide. II y a necessairement alors quelques principes delcteres repandus dans I'atmosphere, inconnus mais agissant d'une maniere septique sur le sang et l'encephale, frappant souvent comme la foiulre les animaux, et d'autant plus apoplectiquemeat qu'ils sont plus jeunes, irritables et vigoureux. En efiet , pour corroborer tant de causes at d'cxemples qui prouvent l'alteration du sang par des substances deleteres , on est obligö d'admettre que I'air que nous respirons est le vöhicule qui Iransporte et contient ces miasmes , ces effluves contagieux ou non contagieux , ces miasmes ne peuvent-ils pas , comme les substances imponderables pemMrer dans le sang, comme je l'ai dejä dit, augmenter ou diminuer sa temperature, favoriser ou affaiblir sa coagubilitö, exalter ou diminuer ses qualites stimulantes, Clever ou abaisser sa vitalite? Ces changemens une fois admis le dösordre s'arretera-t-il la ? N'y a-t-il pas un rapport intime entre le systcmc ncrvcux et le Systeme vasculairc ? Et si le sang exerce une action sur la pulpc norveuse , cellc-ci ne reagit-elle
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pas sur 1c sang? Teile est du moins ropinion que jc me suis formee sur le pouvoir dc I'innonalion , que jc ne la crois pas, comme je Tai prccedcmment dit, bornec aux vaisseaux mais elendue au llulde ([ui les rempiit; et je pense meme que la force nervcuse exer^ant un empire supreme sur toute reconomle , les humeurs, loin d'etre soustraites a son influence, me paraissent en raison de la faible collusion de leurs molecules, lui obeir plus facilement que les solides eux-memes. Ccci s'applique sur lout a cc que j'ai dejä dit sur I'mnervalipn du sang ; e'est ainsi que dans les maladies tres-intlamuiatoires il distend les vaisseaux , gonlle les organes , deyient plus chaud et plus concrescible ; landis que dans les maladies adynami-([ues et typholdes , la force d'agregalion de ses molecu­les est perverlie en raison de i'etat d'alteration de ce liquide qui caraclerise ces maladies. Faul-il d'autres preuves? Ne sail-on pas que la suppression de l'action nerveusc sur le sang { ligature des nerl's pneumogastri-ques ) , occasione dans ce fluide des cliangemens nota­bles, qui forcent A rcconnaiire qu'il exisle un rapport inlime entre ce fluide et le Systeme ncrveux ?
En termiiiant ces consideralions g6nerales sur les causes des divers modes dc raiteralion du sang, je crois devoir insisler aussi sur Kinfliience de la predisposition indivi­duelle ; car j'ai vu durant le regne de certaines epizootics el enzoolies , et dans le meme domaine , des besliaux inourir en meme-temps les uns du charbon symptoma-tique de Chabert, avec ses enormes tumeurs ; d'autres de la fieyre charbonneuse ou typhus charbonneux et cola d'une manieie plus ou moins rapide ; enfin , et sans vouloir ici faire de l'opposition ä dos opinions quo je respecte , d'autres boeufs et vaches presenter des symptomes tres-analogues et si identiques avec ceux du typhus quo j'ai cru le rcconnaitre. Aussi, par tout ce qui precede, suis-je porte a penser que les alterations des
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humeurs naturelles sent modifiees dans leurs effets par le tempLTammeiit, Tage, le sexe, le genre de travail, de nourriture , le dimat, la saison , etc. etc , et pfodüi-sent, suivant les individus clans lesquelles elles existent, des maladies dans lesquelles on remarque une exalta­tion, comme une anomalie des forces de la vie, cir-constanccs qu'il est nöcessaire que le v^terinaire etudie avant tout.
Teiles sont mes idöes medicales sur la pathologie hu-rnorale , teile je la couQois ; cependant je röpete que, sans avoir la pretenlion d'etre le premier qni en ait parlö en rnedecinc veterinaire, j'ai depuis long-temps, comme quelques-uns de mes confreres , profile des publications faites en mddecine humaine pour guider mes recherches sur ce point de l'art de guörir les bestiaux. Ce retonr vers un humorisme raisonne est, au surplus, un des traits qui caracterise notre epoque. Le cholera qui change pour ainsi dire d vue d'ceil le sang d'un individu , anöan-tit ses propriötes vitales en meme-temps qu'il para­lyse le Systeme nerveux ; le cholera a fait voir que ce fluide obeit ä d'autres influences qu'ä celles qui naissent de I'action accoutumee de l'atmosphere , ou du travail paisible de la nutrition , et qu'il existe en lui quelqne chose qu'on ne saurait attaquer sans le denaturer et le rendre impropre ä l'entretien de la vie. II est facile au veterinaire observateur de se convaincre qu'il existe aussi quelquc chose d'analogue et d'identique dans les mala­dies typhoides qui atlaquent les bestiaux. C'est apres avoir lu, il y a environ 12 ä 15 ans, une relation de la fievre jaunc et du cholera de l'Inde , par un medecin an­glais , que je fus frappe de la coincidence de ces ma­ladies avec les maladies typhoides des bestiaux. C'est do cette öpoque que je fus convaincu qu'il existait une al­teration du sang dans ces maladies. Ce medecin anglais le dßraontrait d'urie manieve ^L Incide, il citait des expo-
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liences si concluanles que jc fns cntrairiL1. J'cus occa­sion en 1827 de repöter en Vendee les experiences de cet anglais , sur le sang des bestiaux alteinls de mala­dies charbonneuses. J'ai pu les renouvelcr ici en 1850, el ces recherches, ces meditations faiies dans 1c silence de relude (ixerent mon opinion.
j\'e trouve-t-on pas, d'apres tout ce qui precede, un sens profond dans ces paroles rcmarquables de la plus haute antiquile : laquo; l'äme de la chair est clans le sung raquo;. Ainsi que dans ces aiitres paroles d'un celebre md-decin : Ie sang esl de la chair coulante?
sect; V. — Des Maladies qui sont une consequence de Valte­ration du Sang, ou dans lesquellcs eile exists.
Parmi les differenles alterations du sang que j'ai si-gnalees, il en est qui ne peuvent constituer an etat maladif, mais seulement une predisposition h contracier teile ou teile affection morbide, ou encore la rendre plus grave , plus funeste ct la modifier en un mot; lan-dis que certaines maladies, comme la pourriture, les affections typboidcs et charbonneuses sont, dans le plus grand nombre dc cas , un effet, une consequence des alti'iations du sang signalees dans les paragraphed C et B.
De la Congestion sanguine.
.le suis loin encore de vouloir faire une maladie sp6-ciale de l'amp;at signale paragraphe A, dans lequel le sang sürabonde pour ainsi dire de toutes parts, dans lequel il est riche en flbrine , en h(5matosine et de plus rendu (res-excitant par une addition extra-normalc du fluide ncrveux, ainsi que je crois I'avoir d6monlre. Ce ne sera plus meme un doule si I'obscrvation clinique vient ap-puyer ceitc opinion et prouver la reality de ce cas mor­bide : ne pourrais-je pas. malgr6 le petit nombre de cas connus, le considcrer comme une maladie c6p.6rale, ä
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9Gnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; PATHOLOGIE liOVINK.
Inquellc pourtanl il me serait ditlicile d'assignci- une place dans un cadre nosologique c| mcme de lui trouver une denomination precise , aulant par le fait de l'imperfec-tion de nos classifications et de nos nomenclatures, ipic par la varielö et la generalile des syraptomes quelle präsente?
3'ai done cru devoir nommer cet etat morbide colaquo;-geslion sanguine et le placer parmi les maladies de l'ap-pareil circulatoirc, parce qu'il consiste dans un afflux in-solite de sang vers un Organe, une region quelconque de reconomie aaimale, produit par cet elat d'exagöration vitale , de force d'impulsion que je crois avoir decrite paragraphe A , veritable etat maladif dans lequel le sang est tres-abondant, et de plus riebe cn fibrine , en mauere colornnte et sur-sature d'influx nerveux, tend ä produirc des reactions dösordonnees, iumultueuses par le fait de cet exces do vie qui le caracterise en cette circonstance, etat que j'ai fait connailreeu trailant de l'entörorrhagie et de la spienite-aigue.
II pent, a mon avis , etre cause on effet d'une exci­tation generale qui, outre qu'elle dispose ä I'liemorragie , aux transudations, aux exlialalions sanguines, pent cau­ser meme la mort par exces de forces vitales ; ou seule-ment determiner des maladies dont j'ajouterai la descrip­tion ü celles que je viensde citer; maladies dont rexamen, l'elude m'ont decide a preferer ä tonte autre Texpression de congestion sanguine.
Plus habituelle chez les sujels jeunes et sanguins, assez frequentc dans Tespecc beeuf, la congestion sanguine s'observe ordinairement sur les organes les plus abondans cn capillaires tels que le poumon , la rate , le foie , le cerveau, les intestins et le tissu cellulaire sous-cutane ; eile ne doit pas etre confonduc avec l'inflammation , cn ce sens quelle ne change nullement les conditions d'organisa-tion et de vitality des parlies qui en sonl le siöge et ne
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üou, ä I'oxhalalion prüs, la formation d'aucuns produits morbides. Elle n'a anssi aucune analogie avec la fluxion qui exige une cause locale , dirccte, qui la determine ; tandis quo que la congestion n'est quo le simple resullat (rune impulsion insolite du sang du cceur vers un organo sain. Elle ne pout encore etre confondue avec 1'engorge-ment qui suppose un obstacle au cours du sang veineux ct n'est, le plus souvent , que le resullat de causes ne­gatives , landis que la congestion cst evidemment pro-duite par des causes actives ou positives , malgre qu'elles soient eloignees du lieu oü se manifestent leurs effets.
M. Mullon pere, veterinaire i\ la Rochelle, a public le fait suivant: (') 20 fevrier 1855 , bceaf de i atis , subi-tement tombemalade , et qui presenla, dans un instant, les symptomes que je vais decrirc.
La maladie debuta par une toux quinteuse, tres-fre-quente, parfois suflocante, qui fut promplement accom-pagnee d'une agitation des flaues. Prosqu'en meme temps , les epaules, I'encolure , la löte, nötamment les paupicrcs et les levres se tumellerent considörablemcnt. Le bceuf refusait toute nourriture et il ne voyait pas a se conduire par suite du gonflement des paupieres.
Le boeuf, inalgre I'aviS du veterinaire , fist enlierement abandonne aux soins do la nature.
Le 22 , la toux persiste et parait etre accompagnee de beaucoup dc doulcur. Les regions indiquees, plus haut , sont toujours fortement congestionnees; une multitude de petites tumeurs. demi-spheriques , du volume d'une pomme rcinetto , s'elaient developpees sur cos inemes regions. Le boeuf no pouvait plus supporter sa tele , il I'appuyait dans le fond de la mangeoirc.
Les 24 et 2G , a peu-pres, meme etat ; cet animal ,
(*) Jourual lt;le Mddecine veterinaire Uicori'jnr- el praliqiie, iquot;;m-nee ISIm, i);igiquot;' 558.
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qui ae s'etaitpas couchedepuis I'invasion do sa maladie , pouvail ä peine sc soulcnir; il clait tout chancclant quand on voulait 1c fairo d^placer.
Lc Ier mars, Ic ba'ulquot; toussait, la loux de rauque etait deveaue grasse ; leü fiutics etaient moins agites el I'cxpi-ration n'etait phis plaiutive. Les petite!; tumeurs precedem-mcnt signaleos ötaient deiuidöos de puils , il en suintait im liquide ichorcux , limpide mais rougeätre qui depilait toutes les parties sur lesquelles il coulait. Un liquide tout-ä-fait analogue decoulait des narines et en avait corrode Ten tree. Les levres et les paupiercs avaient un peu di-minu6 de volume, mais le malade n'y voyait pas encore; la cornd'e lucide ötait devenue entiörement opaque et de couleur blanc jaunalre ; la conjonctive elait epaissic ct infiltree; lc malade mangeait un peu de foin et buvait quelques gorgees d'eau blanche ; cet animal traina ainsi jusqu'au 28 avril , epoque oü je le rcvis ; il etait entie-rement aveugle depuis quinze jours. Les cornees etaient opaques, les conjonctives Opaissies et les globes oculaircs tres-saillans. Toules les petitcs tumeurs etaient affaissees et recouvertcs de croüles öcailleuses qui se detachaient facilement. Le malade toussait encore un pen , il decou­lait memo encorü des narines un flux epais et de mau-vaise odeur ; quoiqu'il m'angeat depuis plusieurs jours en; viron unc demi-ration de fourrage, il etait devenu exces-sivement maigre. Le proprietaire nc complanl plus sur nne guerison spontanc-e se decida ä le confier aux soins du velerinaire : saignec de trois kilogrammes ; deux se-tons animus par la poudre de raoutarde furent passes ä l'encolure et unc corne ampuioc ;\ 4 ponces dc sa base , ce qui occasiona unc iiemoiragic d'environ un demi-kilo-gramme de sang. Un sachet rcnipli dc mauves bouillies fut ensuite appliquö soir ct matin sur le front , cntre les deux comes. Le 50 avril, les setons avaient produit un engorgement enonno , mais i!s suppuraient peu.
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La plaie do la corne , pansee avec l'onguoiit digestif , iblirnit un pus aboudant pendant un mois; et commeelle tendait alors A se cicatriser , olle fut sanpoudree de sul-fate de cuivre pulverise , ce qui produisit une escare , qui tomba promptement et procura le moyen d'y entre-teüir une suppuration assez copicusc en la pansant encore pendant 20 jours avec l'onguent digestif. Gelte plaie sup-purante eut un effet revulsif, l'oeil gauche s'eclaircit et le malade put y voir assez pour aller a l'abreuvoir, car 11 refusait l'eau blanche et vivait d'herbe fraiche et d'orge en grains. Six semaines apres la cicatrisation de la corne ce boeuf elait gueri, il avait recouvre la vue, ä une lögere opacite de la cornee lucide gauche pres.
M. Mullon ajoute que si cet animal cut €t6 soigne de suite, d'une maniere active et rationnelle , il eut etö gueri bien plus promptement de celte maladie quin'est, sui • vant ce veterinaire , qu'une rapide et violente fluxion sanguine sur les organes designes plus haut , fluxion qui a ele aecompagnee d'une modification dans la secretion de la peau et des muqueuses oculaires et nasales.
M. U. Leblanc , medecin velerinairc a Paris , a ajoule lt;1 cette observation quelques remarques sur les fluxions sanguines des betes a grosses cornes, dontjevaisextraire les articles les plus saillans. (*.)
laquo; llien n'est plus ordinaire, chez I'espece bovine, que de voir se rompre , d'un instant a un autre et d'une maniere tres-marquee , la reguiarite qni existe , soil dans la reparlUion du sang lui-meme , soil dans la repartition des divers Siemens de ce liquide. raquo;
Au moment ou Ton croit qu'un bocuf cst dans le meil-leur etat do sante , il arrive souvent qu'il tombc , frappe comme d'un coup de foudre , et mcurt presque sans convul-
(¥) Jouroal de Mddecine v^tdriaaire, liiüon'fjnc e! pratique , iquot; an-nee, pnge 55^.
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10Unbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; PATHOLOGIE UOVINE.
i-ions; c'cst lorsque 1c saiig s'accumule subitemeut on Ircs-grande quantite aulour de l'oncöplialo , et dans la subs-lance memo du cerveau. 11 n'y a pas pour cela apo-plcsie , il n'y a pas d'epanchement sanguin , comnie je m'en suis convaincu souveut on ouvrant des bceufs morls do cello manieie ; on Irouve meme dans los organes cerö-Lraux uno pelile quanlilö de sang surabondanle.
Co n'est pas ä dire pour cola qu'il n'y en ail pas cu une tres-grande masse lt;\ I'inslant do la mort; il est meme extremement probable quo la mort n'a pas eu d'autrc cause dans cctte circonstance , a moins de supposer quo les fonclions ccrcbrales aient die aneanties par une in­fluence dlectrique , on une influence nerveuse morbide. On oxplique d'aiileurs lies-bicn cette absence du sang surabondant au moment do I'autopsie , surtout lorsque I'ouverture n'csl faile quo quelque temps apres la mort. On l'explique, dis-je, trös-biea par analogic, en etudiant ce qui so passe apres la mort dans les tissus superficiels qui out ete le siöge de fluxions sanguines Ires-manifesles pendant la vie. JNe voil-on pas disparaitfe en quelques instans les tumeurs les plus volumineuses , causees par des fluxions inslantanöes ? laquo;
J'interromps ici cello citation pour fairo remarquer (juc les cfiractercs quo M. Leblanc donnea ce qu'il appelle des fluxions sanguines, soul ceux propres et speciaux ä la congestion , ainsi quo jo I'ai dit, pages OG el 97.
laquo; Cos fails , continue M. Leblanc, que Ton neglige trop souvent de so metlro en mömoire peuvent faire com-mcllrc do graves erreurs lorsque Ton vout so rendre compto de la cause de la moil des animaux , cl cola no-tamment quand les animaux succumbent ä dos maladies de courte dnrec. raquo;
laquo; D'aulrefois , dit encore ce Yelerinaire , le sang au lieu do so porter a la letc , ou au lieu d'etre attire ä la UMe ( les deux cas soul admissibles ) selon les circons-
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taticcs, afflac tumultucasement, ou dans le poumon , ou daus lo coeur, ou dans les visceres parenchymateux de I'abdomen , ou vors le tube digesüf, ou enfin vers toute autre region du corps , car pen d'organessont exempts de ccllc ospece d'irniplion sanguine dont la gvavile depend surtoot du siege. Tantot eile tue en suspendant mcca-niqucment les fouctions, comme cela arrive dans l'ör-riere-bouclie , par exemple ; d'autrefois e'est en anöan-tissant, de manieres diverses, les ibnetions des organcs . qui sont inveslis par le sang. raquo;
laquo; Le premier degre de la maladie consiste dans la surabondance pure et simple du sang dans les vaisseaux qui sont destines h le contenir dans lY'lat de sante. Get C'tat a une duree plus ou moins longue, selon les organcs malades ; 11 parait (pie e'est t'encephale qui est un des organcs le plus refractaire ä repanchement ( qui est lo second degre) , seit du sang lui-meme, soit des ölemens isoles de ce liquide. Ou rcmarque en general que e'est daus les parties oü il y a le plus de tissu cellulairc que l'extravasion du sang ou de quelques-unes de ses parties est la plus ordinaire et la plus prompte surtout. Je cite-rai, alaquo; nombre des regions les plus sujettes ä ce genre de lesion , le tissu sous-muqueux des gros intestins , dans le boeuf , et sartoat le tissu sous-cntan6 et intermus-culaire. raquo;
On lit dans le compte remln des travaux de l'ecole d'AIfort, annee 18^3', page 50 : Du 4 au 9 mai der­nier, nn proprielaire de cette commune, voit pörir, au bout da quelqucs lieures de maladie, deux vaches, de luiit dont son etablissemcnt se composait. Le carac-tere (iminemment aigu de la maladie , et la nature des lesions cadaveriques ne permcttant pas de meconnaitrc Taffection dont cos deux betes venaient d'etre victimes, on sentit la nßcessitö de soustraire les six autres au danger qui les menacail ; pour cct effct , la ration
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102nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PATHOLOGIE UOV1NE.
journaliere fut diminuec, on saigna , on plara un scton ; les boissons furcnt acidulöcs, on passa quelques lavc-mcns et les six vacbes furent sauvecs , bleu quc l'une d'clles prüsentat des symptömcs maladifs tres-alarmans lo surlsndemain du jour od la dcrnicre ötait morte. raquo;
laquo; Mais ce qui rend surtout les resuHats de cette obser­vation concluans , c'est qu'une genisse de cinq mois que l'on avait nöglige de soumeltre ä l'usage des preservalils pröcitös, fut trouvee morte de ia memo affeclion le 50 juin suivant. raquo;
laquo; Meme fait a eu lieu dans l'etö de 1828 , chez M. Dodon , mairc d'Alfort. raquo;
J'ai dit, page 81 , que j'ai (ite a meme d'observer cet exces de vie , qui produitee que j'appelle l'etat de congestion sanguine sur de jeunes beeufs gras et vi-goureux ; cn cela je suis parfaitement en barmonie d'opi-nion mödicale avec M.Leblanc ;noiis uifföronsuniquement sur l'expression. Je vais seulement citer deux fails tires de ma pratique , un dante lequel la congestion etait gene-rale, l'autre oü l'afflux sanguin fut local.
iTa Observation. Le 2i mai 1814 , un veau de 18 mois fut tout-ü-coup atteint d'une congestion sanguine tres-inqutetante : appele de suite par le proprietairo , voi-sin de la ville que j'habitais , j'observai les symplömes suivans : intumescence de toute l'habitude genörale du corps ; les yeux sont saillans et enflammös, la bouche est rouge et brülante , il en dtücoule une salive abondante , la langue est enflöe et un peu sortie; la panse lögerement ballonöe et resonnante; le malede estconstipe depuis l'ap-parition des symptomes maladifs ; les urines sont. rares et coloröes. La temperature du corps est de beaueoup aug-mentäe, la respiration accelörde et bruyante , le pouls est dur et plein. Le malade est dans un (5tat d'agitation vertigineuse et tont fait craindre une apoplexle. Cc veau gras, sanguin et d'une forte stature , oubliö dans lo
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pälurage , incommode de la chaleur et tourmente par les mouches, franchit les hales de l'enclos , s'enfuitdans la campagne , d'oü il fut ramenö ä letable apres une course d'une demi-beure au plus. Diaijnoslic. Conges­tion sanguine gt'u.c'ralc , iiiaquello predisposaient l'embon-point et le temperament de l'animal et qu'avait deier-minöe la course falte par une chaleur orageuse. Le manque du gonfloment et du d(5placcment de la rate, et l'absencc de la tumefaction de l'anus, empöchaient de la confondro avec la splenile aigue ou sang de rate. Pronostic assez favorable. Trailcment, saignöe de 2 kilogr. de sang ä une jugulaire , qui calma les prineipaux symptömes d'exal-tation; le malade est mis dans une grange bien a^rte ; place sur de la litierc fraiche, on lui präsente de l'eau blanche , legerement acidulee , dont il boit deuxou trois gorgees; tisanne de decoction d'orge monde et d'oseille miell^e , a laquelie je fais ajouter une dose tres-minime de nitrate de potassc , lavemens de dc'coctiou de son ä peine tiedes; diete.
Le 25, ce veau etait plus tranquille, mais il ne man-geait, ni ne ruminait, la constipation persistait et il exislait un ötat de stupeur comateuse . le pouls etait plein, engoii{5 mais legerement accelere ; la respiration courte et agitöe ; la peau chaude. Sccondc saignec d'un litre et demi , nierae tisanne et lavemens ; des linges doubles cn quatre et trempesdans l'eau froide acidulee ; sont places sur le front et fröqueaiment arroses ; diete, eau blanche dont le malade boit un peu. Tous les acci-dens sout disparus le 2G a midi.
2e Observation. Clinique de l'Ecole. — Le 12 avrli 1853 , un magistrat de la ville de Toulouse vint recla-mer des secours pour un beeuf de labour , age de 7 ans , tres-dangereusement muiadc ; je ine rendis ä sa campa­gne aecompagne de deux eleves.
Anlicedms, Cc boeuf, achele depuis pen dans un e(at
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104nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; PATHOLOGIE BOVINE.
d'embonpoint tres-marquö, a (H6 atteint siibitement, le 9 du courant, d'un engorgement considerable envahissant toute I'arliculation scapulo-humörale gauche, complique d'un (Hal d'agitation, de souffrance, de boiterie et de degoüt. ün mareclial des environs est appele, il coupe , tranche , incise en tout sens celte tumefaction et introduit dans les plaies des etoupes imbibües d'un melange d'essence de terebenlhinc, d'eau-de-vie , de vinaigrc , de poivre ct d'ail.
Etat acluel. Claudication asscz forte ; il existe une tumeur (inorme s'etendant dopuis les deux tiers iiiförieurs de l'cpaule jusque sur le bras, Tavanl-bras ct meme le genou. Get engorgement a 6tt5 profondement ouvert sui-vant la direction du bord posterieur du muscle scapulo-olöcranien ; il est chaud , tres-donloureux et sans crepi­tation ; sonele , examine avec soin , il ne conlient que du sang noir et coagule. Le pouls est un peu concentre; 1'appetit diminu6 , la rumination suspendue , les ma-tieres ftkales dares et rares; ['expression de la tete n'a rien d'inquietant, toutes les autres fonctions s'execulent assez bien.
Causes inappreciables. Seulement I'animal sans doute engraissö rapidement pour la vente, a 6{6 depuis un peu forcö de travail et abondammcnt nourri.
Diagnostic. Congestion sanguine locale , occupant le tissu cellulaire sous-cutane et intermusculaire.
Pronoslic. Malgre le dölabrement considerable produit par les incisions , les applications medicamenleuses in-tempestives du maröchal , la duret6, la sensibilite des parties, la couleur un peu livide des plaies et rodeiirspeciale exhal(5c,qui pourraient faire craindre une prompte gan­grene ;jc jugcai le mal promptement gucrissablc.
Trattement. Je scarifiai profondement et en divers sens toute cettc tumefaction, j'en sortis plusienrs caillots dc sang noir et dejä fetides , je detergcai avec I'eau vineuse
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PATHOLOGIE BOVIKE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;lÖc'J
liede , pansai avec des plumasseaux imbibes d'eau-de-vie camphreo , quelques points de suture , faits ä Ja pre­miere incision pratiquee par 1c marechal, maiutinrent l'appareil. Je prescrivis de fr^quentes lotions ömollientes sur tont l'engorgemcnt , des breuvages difuisibles, d'infu-sion de petite sauge animöe par l'acetate d'ammoniaquc 6 decagrammes, (2 onces ) et le quinquina rouge en poudre, 2 decagrammes f6 gros ), donnös soir et matin. Lavcmens emoiliens acidules, diete , eau blanche.
Le 15, il existc un peu de reaction febrile , le pouls cst fort , developpe, la Uimeiir dure, chaude et doulou-reuse ; les plaies exhalent une odear un pen fetide , sans suppuration , une espece d'ichor rougeutre les humectc. Elles sont detergöes , puis pansöes avec l'oxide de chlorure de sodium etendu d'eau. Saignöe de 4 kilogrammes ä une jugulaire; du reste memo prescription qoela veille, il ne sera donne qu'un breuvage diffusible chaque jour.
L'eloignemcnt de la propriele oii se trouvc cebocuf, m'engage ä confier la suite du traitement au marechal, pour eviter des courses penibles aux eleves. Le io, la suppuration est bleu etablic , le pus est louable ; je fais supprimer les breuvages diffusibles et pariser les plaies avec l'eau vineuse ; l'animal mange , rumine et boit bien l'eau blanche. Le'malade efait parfaitcment guöri le 23.
A ces caracteres generaux do la congestion sanguine, aux laits particuliers que j'ai cites, j'ajouterai qn'elle a beaucoup d'analogie avec le groupe de symptömesqu'on a nomme splenile aigue , ainsi que le prouve la lraobser-vation citee dans cet article et meme cclle appartenant a M. Renault directeur , transcrite , page 571, tome 1er de cet onvrage. VEnlerorrhagie n'est aussi , sans doutc , comme toutes les hemorragies spontanees , qu'un effet de cet 6tat pathologique general ; ce que nous examinc-rons plus loin.
J'ai fait connaitre les proddmes iiui font presager la
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10Gnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PATHOLOGIE BOVINE.
congestion sur lo cervcau, j'ai döcrit colle qui affecle gcnd'ialement ou localemcnt le tissu cellulairo sous-cu-lanii ; celle qui a son si6gc sur I'intestin a 616 caractö-risöe en trailant de renterorrhagic; celle du ponmon cst pr6ced(5c d'oppression , de gene , d'anhelation du respire , de toux avortee, de la plenitude et de rengouement du pouls ; et ce qui la distingue surtout de rindammation du poumon , e'est le soulagemcnt subit que produit une evacuation sanguine.
Dans tous les cas la saignöe est le remede heroique : eile est d'autant plus indispensable , plus salulaire sur­tout , qu'elle a ete promptement faite , e'est-a-dire peu de temps apres I'irruption sanguine. La crainte d'un pro-chain (Hat adynamique ou des effets d'une constitution epizoolique charbonneuse , ne doit pas arreter le praticien si le pouls a de la force , de l'acceleration et meme s'il est concenlre , surtout quand le malade est jeune , en bon ötat et sanguin , car alors ou eile preservera le ma-liide ou diminuera tout au moins le tumulte general , la force , la gravite do la reaction et la rendra par cons6-quent moins funeste. J'ai toujours employe avec succes les 6vacuatioos sanguines quand l'extravasion du sang avail eu lieu dans le tissu cellulaire et meme lorsque cet element generateur d-lait infUtre de sörosites ; elles favo-risent alors I'absorplion des liquides öpanches. Inutile de dire que tonic saignee generale ou locale sera indubita-blemcnt mortelle si los engorgemens ont pris un carac-tere charbonneux , comme on le voit survenir dans certains bocufs precedemment affaiblis par des travaux extremes , une mauvaise alimentation , et que Ton a rapi-dement engraisscs pour les vendre. M. Leblanc fait judi-cieusement remarquer , dans la note dont j'ai extrait qnelques passages , que le bourrelet qui limite souvent ces sortes d'engorgement a 616 mal A propos pris , par quelques vcterinaircs , comme un des caracteres speciaux
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PATU0L0G1E BOVINE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 107
des lumeurs chaiiionnenses; c'est une erreur scion lui, el il a raison ; outre qu'il n'cst quo le rösultat de l'etran-glement des capillaires par 1'engorgcmont rapidement par­venu c\ un volume considerable , il oedoit faire proscrire la saignco qu'aatant que le froid dc !a partie , la couleur livide ou noire des plaies resultant des incisiccs qu'on y pratique , d'oii s'ccoule , an lieu de sang , un ichor spe­cial , no prouvent revidencc de la gangrene locale ; dia­gnostic que corrobore l'etat d'alVaissement gönöral du malade et les signes generaux d'adynamie.
Les setons nc me paraissent pas etre d'un effet aussi salutaire que Tout cm certains praticiens ; je coneois que la revulsion qu'ils produisent peut debarrasser quelques organes essentiels envahis, mais pour peu qu'il y alt uue tendance a i'adynamie en raison de Tage ou de raffaiblissement du malade , ils doivent etre proscrits, parce que les engorgemens qu'ils produisent passent rapi­dement ä l'etat gangreneux , qu'ils exigent alors des dö-labremens considerables qui peavent avoir des suites graves et mC'Contentent les proprietaires.
Les scarifications ne doivent etre pratiquöesdans les con­gestions des tissus cellulaires, qu'autant que la saignee, les applications locales n'ont pu operer la resolution et dans le but d'övifer une suppuration presque toujours lente et de mauvaise nature qui necessite , commc les setons des dclabremens facheux.
Les delayans , les mucilagineux acidules , les bechiques mielles sont les remedes göneraux ä opposer a cet C'tat maladif, la diete est aussi un puissant auxiliaire ; ce-pendant je ferai remarquer ici en passant, et d'une ma-niere generale , que le sang du beeuf 6tant moins riclic en fibrine que celui du cheval , il y aurait dans toutes les maladies de ce ruminant, un danger manifeste a prolonger trop la diete ; et quo Ton doit employer apres quelques jours dc maladie, lealaquo; blanche farineusc, les
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108nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; PATHOLOGIE BOV1SE.
panades dont j'ai pramp;^demment parl6 ; car il csl d'obser-vation pratique quo los belcs d cornes guörics de maladies inflammatoires au nioyen de la diele prolongee et d'öva-cualions sanguines trop copieuses et trop repetfe , sout suscepliblcs de tomber consecutivement dans im ötat ca-chectique ,. d'aulant pjus certain que le malade a öle (Sieve dans des pMurages aquatiques et nourri d'alimcns peu alibiles et de mediocre qualile.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; #9632;
Les applications refrigercntcs coinme l'eau froide aci-dulüe sont d'iincffetsalulaire dans le principe detoulesces congestions, surtoutsi ellesont Icur siege sur l'encöphale.
Les toniques , les Stimulans diffusibles ne sont indi-ques qu'apres rineficacite des saigntes , des topiques et lorsque le sang epanche tend a une decomposition gan-greneuse , corame dans robservation, n #9632; 2, de ce sect;.
Les hemorragies actives, sponlanecs ouidiopathiqaes, qui m'ont semble elrc dans presque tous les cas une consequence de l'etat de congestion que je viens de d6-crire, devraient terminer cet article. Mais ayant parle de rentörorrhagie en traitant de rioflammation de l'in-teslin , je dois, pour suivre im ordre melliodiquc , ren-voyer les'descriptions de l'epistaxis, de Themoptysie et de riiumalurie ä cellesdes maladies des organes de la res­piration et de la secretion urinairc. C'est de preference sur les membranes muqueuses qu'on observe ce genre d'hemorragies, qui se montrent surtout durant la jeu-nesse ou rageadulte,sous l'infiuence desgrandes cliileurs, on sous cellc d'un froid sec et vif; ä la suite d'une course rapide ou d'un effort violent, et sous l'empire de l'une de ces conditions inexpliquöes de i'organismo , que Ton a nommee predisposition , condition qui est le propre d'un temperament sanguin , la consequence de l'existence d'un Systeme arleriel vaste , developpe et susceptible d'etre vioiemment impressionne par une excitation nerveuse.
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PATHOLOGIE BOVINE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 109
Alois on pout so rcndre compte de ces curieuses cxha-laisons sanguines, d'aulant plus ötonnanles qu'clles no laissent aucune trace d'cirosion , ni d'aucune alteration quelconque,
L'existencc plus frequento de ce phenomene morbide sur les membranes muqueuses , tient sans doule ä la vita­lity si developpee de ces organes , au pen de densile de icurs tissus , Ala facilite avec laquelle le sang les penelre, an grand uorabre do vaisscaux sanguins qui les parcou-rent, a la disposition do ces memes vaisseaux qui ram-pent presque a leur surface , on y exhalent un liquide vapcreux et special ä cliacune d'elles. Ainsi pourrait s'expliquer la facilite de ces liemorragies ; mais je pense qu'll faut, en outre, qu'il existe un (Hat d'excilalion du sang , d'innervation exlrä-normalc , et de plus encore , dans nombre de cas, un elat d'ir.flainmalion sur-aignC,
(omme dans i'enlerorrliagie.
La congestion et riiemorragic peuvent encore cxislcr sur le Systeme nervcux , ct constltuer rapoplcxie cere-brale ct racbidienne.
Souvenl, clans ces cas, un frisson general on parliel , le Ooid des extrcmiles precedent I'invasion ; cos pheno-mi'iies sont bientöt suivisdu dweloppcment dc la chaleur generale ; do la frequence, de la plenitude et de la du-rele du pouls, qui quclquefois memo est dicrote. Enlin riiemorragie a lieu ; ct si, commc je I'ai dit, olle est niüderee , si I'exces d'influx nerveux s'e\acue sufllsam-ment , on volt tous les accidens ccsser ; mais il n'en est pas toujours ainsi et souvent les suites sont plus funcstes ; e'est piTcisementce qui differenciece genre d'liemorragies, suite de la congestion , dans lesquelles il exisle un etat d'eretismo, d'irrilalion des \aisseaux capiilaires, jointe ä la forte impulsion communiquöe par le cccur , des lie­morragies passives, ainsi quo des accidentelles dans les­quelles il y a relaclicmcnl , faiblessc , atonic , ct, a ce que
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HOnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;P.miOI.OGiE BOVINE.
je crois, dyscrasie ilu sang (page 85), ou enfin plaie et rupture.
^ VI. — De la Cachexie aqueuse ou Pourrilure dans l'espece Bamf.
J'ai fait connattre ( page 85 ) mon opinion sur I'elat particulier de rüconoraiequi-constitue la cachexie aqueuse; je me dispenserai d'enlrer dans de plus grands dciaiis ä ce sujet et passerai de suite a la descripüon de la maladie qui en est la consequence.
La pourrilure est tres-fröquente dans Tespecc mouton; je la decrirai dans uu prochain feuillelon ; mais cellc maladie a el6 aussi observöe sur l'espece boeuf par plu-sieurs vötörinaires quant ä moi , n'ayant jamais cu l'occasion de l'etudicr dans les pays oü j'ai exerce la me-decine vöterinaire , je dois me borner ä analyser les ccrits fde mcs laborieux. confreres pour en tircr ensuite de lögiümes consequences qui me mettront a meme d'indiquer la nature et le trailement de cette maladie.
M. Didry , velerinaire ä Monlraedy ( Meusc ) , est le premier qui ait traite de la cachexie aqueuse des helcs ä grosses comes, dans un memoire adressö ä la societe loyale et centrale d'agriculture de Paris.
Gelte maladie est presque toujours epizootique , dit ce Velerinaire; diese developpe sous l'influencede causes generalos lelles quo rimmidile permanente de l'atmos-pliere el la deterioralioii des fourrages. Elle fut epizoo­tique , de ISSO ä 1850 , dans le deparlement de la Meuse et enleva pres de 5090 totes de gros bötail, sur environ 25,000 quo possedait cc departement.
Sijmplönies. La pourrilure s'annonce d'abord par une diminulion notable do rembonpoint. une nonchalance rcmarquable ; car, quand on conduit le troupeau aux päturages , les animaux qui commencent ä (Mre atlaques
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patuologh; bovine.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 111.
restent en arriere; biealol i'oeil devient chassieux , ct la bete etant conchee CDrouve beaucoup de difficulte a se lever seule ; le Iroin de derriere surlout est i)lus gene que celui de deva:it ; il apparait sous la ganache , des le däbut de la maladie el sur presque tous les sujets , une tumeur molle , indolente , plus ou moins volumineuse. Celle tu­meur est formee par une collection d'un liquide limpide epanche dans ;e tissu cellulaire ; eile occupe toutTcspace iüter-maxiiiaire , est du rcste plus ou moins saillante ; le poil est b^risse , la marche chancelante ; le pouls est lent, raou et faible. Cependant les fonctions digestives et celles de la respiration ne paraisacnt pas notablement allc-recs ; ct pourtant on est, des le principe, oblige d'aidcr les animanx ä se lever.
La maladie faisant des progres, la maigreur aug-mente avec une rapidite effrayante ; le rumen se metco-rise presijue ü cbaque repas , mais communement la meleorisaHon se dissipe spontanement; la bete mange encore avec asscz d'avidihi, ce qu'elie foil toujours jus-qu'ii la fin de la maladie. La locomoli on devient plus chan­celante , au point que les malades se laissenl tomber en marcbant. La tumeur de la ganache fait des progres , disparait quelquefpis pour plusieurs jours , et se remontre ensuile plus volumineuse qu'avant sa disparition. Le pouls devient ondoyant. Tariere presque elTucee. En explorant I'abdomen , on cntend dislinctemcnt le bruit de ragitation d'un liquide contenudanssa cavite; le ventre est lombant , les (lanes se creusent, la respiration pcrd de sa liberte. Les animaux sont souvent couches et ne peuvent se lever, lls raangent toujours avec appelit, boivent peu ; la diar-riiee se declare, si toutefois eile n'a pas eu lieu des le debut, les alimens sont rendus ä dcmi-elabores , les uri­nes sont claires, peu abondantes. Les membranes mu-queuses apparentes sont päles, decoloröes; la chassic desyeux est tres-abondanle, les larmes fluent sur ic
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.112nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PATHOLOGIE BOVINE.
chaafrein , los ycux sont caves, retires, ctsi on palpe la peau , surtout le long de l'öpine dorsale et sur lestipaules, on distingue la presence d'un liquide öpanch^ dans le tissu cellulaire . sans gonflenicnt bien apparent ; des incisions pratiquöes lt;\ ces endroits laissent finer quelques gouttes d'un liquide sereux tres-limpide {*). Enfin les animaux reslent conlinucllcmcnt couches , mangent encore jus-qu'au moment de la mort, qui a lien dans l'etat de ma-rasme le plus complct, deux ou trois mois apres l'inva-sion de cette hydropisie. On remarque quelquefois aux l'esses des excoriations qui degönerent en ulcercs dont la cicatrisation est cxtremcment difficile , meme apres que jes autres symptömes maladifs sont entierement dissipes.
Causes. M. Didry pense que la constitution esscnliellc-ment humide de l'atmosphere , dans les annees 1828 et 1829 et les fourrages avaries par les inondations surve-nuos frequcmment ä röpoque des recoltes , pcuvent etrc considerees comme des causes essenlielleraent determi-nanles de la cachexie. II fait remarquer que cc tut dans les contrecs humides , dans les localites oü le sol essen-tiellement argileux est impenetrable ä l'ean , et oü des rivieres considerables et de haules montagnes entretien-nentvdes brouillards continuels, que cette maladic a sevi avcc le plus d'intensite.
Autopsie. Les cavites thoraclques et abdominales con-tenaient une grande quantity de liquide söreux transpa­rent et de couleur legeroraent citrine; les organes conte-nus dans ces cavites etaient flasques, decolorös et parais-saient comme maceres.vOn remarquait quelques hydatides ä leur surface on (lotianle dans le liquide epanebe. Los conduits biliaires contonaient une grande, quantite de
(quot;} Colle infillration du tissu cellulaire sous-ciUain; lt;1ü In region lombaire, cxlsle anssi rlnns le mouloii ; les marchauds tlisenl alors que Vanimal n le doji.r. Ct.
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fascioles hepatiques, le tissu du foie considörablemenl ramolli contenait unc grande quantite de vers globuteux uommes cyslicerques, echinoques. On rencontra dans les bronchcs une foule innombrables de crinons enveloppös de mucus ccumeux. Le tissu cellulaire sous-culane et in-termusculaire etait infiltre de sörosite limpide, les muscles etaient päles et döcolorös.
7Vai(emen(;Cette maladieayant, d'apres M. Didry, pour caractcrc essentiol la döbilite genörale, doit 6tic com-batlue par une möthode tonique et excitantequi produira des effets d'autant plus avantageux quo la maladie sera moins avanece. Soumettre les animaux encore sains, ainsi que les malades, au meme traitement, ayant sohl seulemcnt de le rendre plus actif chez ces derniers ; choi-sir les alimens les moins altöres , et les asperger avec I'eau salee, ajoutcr aux boissonsun peu de sei de cuisine et de sulfalc de fer ; n'envoyer les animaux dans les pü-lurages qu'apres l'humiditödu matin dissipöe, choisir les terrains elevös et leur donner une ration de fourrage sec avant de les envoyer paitre, administrer soir et matin un breuvage compose d'un litre d'une döcoction concentrec decorce de chune ou de saule, ä laquelle on ajoutera un decagramme et demi d'essehce de therebentine; ouvrir la boulcüle ou tumeur de la ganache avec deux ou trois pointes de feu tres-profondes; la recouvrir ensuite d'un melange de deux tiers d'onguent basilicum et d'un tiers d'onguent mercuriel double. M. Didry assure que cetlc medication produit de bons effets , que l'animal ne tarde pas a se lever plus facilement, et qu'en la continuant pen­dant 15 jours ou un mois on obtient une cure complete ; le bouchonnement frequent, la proprete des etables et une litiere souvent renouvelOe, secoudent puissamment ce traitement peu dispendieux.
Ce veterinaire fait remarquer que les causes qui ont occasione la pourrilure ont rendu, chez les vaches res-
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löes saincs et los miciix nourries, lo viMagc exlmncmonl dil'Gcilc; plusienrs soul mortes en travail, faule de sccouis enteudus. Long-temps avant l'opoqnedu part, 1c vagitiel le rectum laisaient audehors une sailiie öuorme , quand les vaches etaient coudiöcs, qui disparaissalt quand ellcs etaienl debout , parce qu'elle iHait, cette saillie, une suite du renversement de cesorganes. Dans un grand nom-bre de cas, il atrouve au moment du part, le col de la matrice telicment resserre qu'il ne pouvait penetrer dans la matrice , qu'apres une manoeuvre lente et difficile , pour aider la sortie du veau. 11 a ete plusieurs fois oblige tie dilater le col de la matrice, au moyen d'un coup do bistourl; la frequence des cas oil il a ele oblige de recou-rir ä cette operation Ini a pronve le pen de danger qu'elle presente ; eile epargne dit-il de grandes douleurs ä la mere, donne le moyen d'extraire le veau vivant; olle ne reclame aucuns secours exlraordinaires subsequens , si cc n'est quelques injections d'eau tiede acidulee dans le va-gin, et quelques breuvages de decoction tonique.
Les bestiaux atteints de la pourriture etaienl, dit M. Didry, couvcrls de poux , mais j'ai remarque que les breuvages adminislres aux malades et dans lesquels on mcttail de l'essence de terebentbine les en debarrassaient promptement. Enchante de celte decouverte , cc veteri-naire a fait perir les poux qui incommodaient des bes­tiaux non malades de la pourriture, en leur faisant pren-drc pendant S ou (gt; matins, 5 decagrammes d'essence de lerebenthine etendus dans un litre d'eau tiede.
M. Mangin , velerinaire ä Verdun { Meusc), a aussi public un memoire sur la cacliexie aqueuse ( pourriture) des betes ä grosses cornes (*).
Apres avoir dit quo cette maladie a dans le bonif, les memes caradcres qua dans le mouton et qu'elle fut epizoo-
(*) Rccueil de MedecineT^terinaire,cahierd'aout i85quot;.gt;,p. 420_
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PATlIOLOCiE BOVINE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;liö
tique clans le departement de la Meusc , dcpuis le mois dc decembre 1829 jusqu'en avril 1830 , il dOcrit Ics symp-tomes qu'elle pmcntc : ä ceux que j'ai pröcedemment decrit il ajoute que les animaux ötaient couverts de poux; que la peau ctait dure, adhercntc, la temperature du corps moins elevee qu'a I'etat normal, la circulation languis-sante et l'epine du dos raide. 11 fait remarquer aussi que quelques animaux etaicnt atlaques d'une toux plus ou moins forte, pen frcquente d'abord et qui exislait pres-que loujours long-temps avant qu'on eut pu presumcr l'existence de la pourriture.
II remarqua aussi que les raamclles des vaches iaitieres etaieht moins grosses, plus molasses; que le lait d'abord peu abondant, diminuait chaquc jour et se supprimai!; enfin totalement.
L'avortement avait souvent lieu dans les vaches pleines, le 7e ou le 8e mois de la gestation ; il (5tait souvent com-pli(|ue du renversement de la matrice , renversement dont la reduction ctait difficile a operer, mais encore ä main-tenir , en raison du rclacbement des ligamens suspcnseurs de l'uterus et de la debilite genörale de la vache qui, ne pouvant se tenir long temps debout, se laissait tomber sur la litiere et provoquait de nouveau la sortie de la matrice. Cette complication etait souvent mortelle. Quel­ques veaux venus ä terme mouraient aussi peu de jours apres leur uaissancc.
L'existence des poux, dejä signalee, etait si constante et si generale, qu'une graude quantitedc betes saines en furent aussi couverles et rongocs , c'ctait memo ic pre­mier syraplöme de la maladie ; 11 y eut aussi des boeufs debiles , non aficctes de la pourriture. qui succomberenl ä Telut d'appauvrissement organique qui precedait et ac-compagnait l'apparition dc ces parasites.
La marche de la maladie a £16 d'autant plus rapide sur cliaque animal , qu'il avait ete abandonneplus long-tcms
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dans les pditurages linmides d'automnc , sans fourragte sees ä l'ötable , et qu'il avail 6t6 nourri avec des alimens nioins substantiels pendant les grands froids de l'hiver.
L'autopsie prosenta les memes lesions que la prece-dentc , dans quci(iucs boeufs on trouva les ganglions lym-phatiques engorges, les poumons contenant quelques tu-Ijercnles ct quelques foyers puruleus. Un fait tres-impor-lant et dont n'a pas parle M. Didry, e'est que 1c cccur et les gros vaisscaux conlenaient ä peinc 2 kilogrammes ( 2 ä 5 livres ) de sang et quelqucfois moins; il semble que les animaux ne mouraient que lorsqu'ils n'avaicnt plus assez de sang, resultat evident de rinsuffisance ct de la mauvaise qualite dc lour alimentation.
Les causes de cette maladie , dit M. Mangin , par-ais-sent avoir agi lenlcmcnt, ce sont l'action de la plnie qui tomba fröqncmment durant rautomne do reite annee, la depaissance dans les paturages linmides; la rarete el la mauvaise qualite des fourrages , qui furent donnös avec parcimonie. A l'action de ces causes , sc joignirent un hiver froid et rigoureux, durant lequel les boeufs ne man-gerent qu'un peu de mauvaise paille et de foin avarie. Aussi la mortalitö fut-elle plus grande dans les fermes champetres ovi les animaux sont toujonrs abandonnes dans les prairies sans pätre pour les rentrer ä ratable durant le mauvais temps. On a remarque encore que dans les com­munes ou les besliaux n'ont pas (He mis dans les prairies durant rautomne , on a perdu peu de bestiaux ; qu'enfin la maladie a (He moins frequente dans les fermes situees sur les terrains hauts et pierreux ou les prairies natu­relles sont en petite quantity. La maladie a aussi mois-sonnd plus de vaches, puis un peu moins de veaux de deux ans et au-dessous et encore moins de grands boeufs , preuve evidente quo la debilitö constitutionnelley joue un grand role.
Le traitment curatifs prcsque loujours 6t6 infruc-
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tueux, parcc qu'il n'a etö le plus souvent mis en usage que lorsque la maladie avail deja fait de grands progres, et que les animaux etaient tellement affaiblis que Jes medicamens les plus puissans ötaient sans influence. Les selons, les vesicatoires, le vin, les poudres amercs onfc quelquefois retard^ la mort, mais out raremenl gu^n les animaux. Neanmoins, chez lessujets qui n'elaient pas trop affaiblis, et chez lesquels la maladie existait depuis peu , ce traitement combine avec un bon regime , a pro-duit assez souvent de bons resultats , etc., etc.
Le traitement preservatif 6tait done cclui qui conve-nait le mieux , puisque le traitement curalif etait si in-certain et presque toujours inefficaee. 11 consistait dans un bon regime, dans Tattention de ne pas abandonner pen­dant l'automne les bestiaux durant toule la journee, ex­poses lt;\ la pluie, dans les puturages humides et iuoiules, surtout dans ceux des prairies naturelles ; enßn , ä rem-placer la nourriture aqueuse qu'ils y auraient Irouvec, par des fourrages sees, etc., etc.M. Mangin faisait aussiabreu-ver les bestiaux avec l'eau blanche et recommandait de leur faire manger un peud'avoine, d'asperger les four­rages avariös avec de l'eau salee, de donncr quelques rations de bon foin, ainsi que des racines; les breuvages toniques, vineux et meine ferrugineux secondaient les bons effets du regime.
M. Taiche , medecin-veterinaire, a aussi observe cettc maladie en 1830 et 1831 dans le döpartement de la Nievre ; je ne rapporterai point ici textuellement les ob­servations qu'il cite (*) , lessymptömcs, les causes, I'au-topsie n'ajoutcraient rien ä ce que je viens de dire; seu-lement dans la premiere observation il a ete frappö de l'ötat du sang qu'il a trouve aqueux et ne rougissant que faiblement les corps avec lesquels on le met en contact.
ORccucil deMddeeiaeTetamp;inairc, caliierd'aout 1838, p. 457*
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Dans la scconde, faile sur un animal tu6 par la section de la moelle öpiniere, il dit que le sang qui s'ecoula de la plaie elait d'un rouge faible, exccssivement sercux et que 1c ventricule droit du cceur contenait un mediocre oaiilol de sang pen colore.
Los veleiiiiaires Italiens , et M. Lessona en particulier, ont parle de la cachexie aqueuse, ou hydropisie vermi-neuse du bccuf, caraclerisee par la diminution progres­sive de renergie gt;ilale et de l'activite du Systeme vascu-laire sanguio , pendant la duree de laquelle le sang , mal elahorc-, perd successivement sa consistance , sa plasticite, sa conlcur et Unit par se reduire presquc entierement en une sörosilö que produit une veritable bydropisie generalc. La pourriture, d'apres le sentiment de M. Lessona , est dcvcloppee par l'aclion continuöe des püturages humides et fangeux , les locnlites basses ou maröcageuscs, des val-lecs et des prairies trop aquatiques, ainsi que par des alimens peu alibiles et aqueux, et semble inferer que la disposition en quoi consistc la cachexie aqueuse est une des causes des üevres nerveuses adynamiques et perni-cieuses qu'il dit avoir observecs sur les animaux ruminans de l'Italie et particulierement sur ceux vivant dans les pälurnges maröengeux de ces contrees. La maniere d'en-visager cette maladie formulee par ce veterinaire , d'ail-leurs (iMebre et savant, est peu en rapport avec nos con-naissances actuelics.
Hurtrel d'Arboval n'a fait qu'enregistrer des l'ails et n'en a tirö aueune induction rationnelle , de sorte que tous les vclerinaires precitös ont parfaitement decrit les symptömes , fait connaitre les causes et traeö le tableau des lesions cadaveriques de la pourriture ou cachexie aqueuse du bccuf, mais ont meconnu sa nature.
J'ai formule d'imc maniere generale (page 85), mon opinion sur cclle maladie ; les observations que j'ai trans-crites, ont, comme je viens de le dire, fait connaitre
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ses causes, ses symptömes, aiusi quo les lesions qu'elle luisse sur le cadavre ; tout prouve done quo la pourriture ou cachexie aqueuse du boeuf, comme celle qni allaque 1c mouton , est surtout remarquable par la lentenr de sa marclic, la longueur de sa dnree et le peu d'acuile de ses symptomes. Que les causes qui la produisent et qui sont le resultat de raclion lente, continue , d'une tom-pöralure atmospheri([ue froide, des pluiesautomnalcs, de la depaissance dans des paturages aqualiques et mart'ca-geux ; enliu de celle d'alimens peu alibilcs, refraetaires a la digestion ou insuflisans , ou bien mal ramp;oltes et al­leres , etc. , etc. ; a faction desquellcs predispose noa seulement le temperameut plus ou moins lymphalique du boeuf, mais encore la maniere dont sont lenues les habitations i;isalubres et mal aerees de ces animaux. Ton­los causes qni doivent nöcossairement appauvrir le sang, diminuer la proportion de (ibrinc et d'hömatosine , aug­menter la proportion du serum.
La pourriture consiste done dans un etat d'alteratiou que j'ai pröcedemment signalee , mais quo paraissent avoir möconnu les öcrivains dont j'ai rapporte les observations. M. Mangln a reconnu un etat general d'anömie et re-marque le peu de sang que contonaient le coeur et les gros vaisseaux; Lessona est aussi frappö de cot ötat in-solite du saug , signalö d'ailleurs dopuis peu par MM. les prolbsseurs Dolafond et Rainard , mais dont rexistence n'avait pas ocliappö ü l'esprit d'observation dos anciens, qui regardaient la pourriture comme le resultat d'nne de­terioration des bumeurs qui amenait, selon cux , la dis­solution du sang, d'oü lui est venu le nom do cachexie aqueuse.
Tous les veterinaires ont constate non seulement la diminution des forces musculaires, la decoloration des tissus et des organes , les epanchemens söreux , mais en­core ['alteration do la söcretion cutanOe qui existent dans
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la pourriture; tous ont signal^ le döveloppement rapide et considerable des entozoaires de toutes espeees que Ton ren­contre dans les bronches, dansleparenchyme des poumons, 1'intcricur des organes digestifs et de la s6cr6tion billaiie; cclui des epizooaires que contiennent les sinus de la tete; vers ct lanes dont la multiplicity a fait considerer cette maladie , par quelques auteurs , comme une dialhese vermineuse developpoe sous rinfluence des memes causes que la maladie principale. Et ce qui caracterise encore, dans cctle facheusc circonstance, I'etat d'appauvrlssement du sang et de toute I'^conomie, c'est I'apparition subite des myriades de poux qui devorent le malade. Un fait prouve encore l'exactitude de cette assertion : c'est que Ton voit (5clore en tres-grande quantite ces apteres pa­rasites sur le derme de quelques bocufs, quoiqu'ils ne soient point atteints de la cachexie, mais seulement af-faiblis par la misere , par une nourriture de mauvaise qualite ou avarice par Tintempörie des saisons ou seule­ment insufflsante , et que les bestiaux perissent d'öpuise-ment et de marasme s'ils ne sont secourus ä temps. La meteorisation dc la panse , les divers troubles de la diges­tion , la paraplegic, que Ton observe dans la pourriture, ne sont aussi que des effets de cette döbilitö g6nerale.
Quelques ecrivains pr^tendent qu'il existe dans le prin-cipe de la maladie un 6tat d'acuite, une phlegmasie pyretique des sereuses, de peu de dürfe ä la v6ritt5, mais que presque tous les ferivains que j'ai cit6 ne signalent pas et que je n'ai pu moi-m6me reconnaitre dans la ca­chexie qui attaque les moutons.
La pourriture ne se montrc au surplus que dans les contrces humides et marfeageuscs , dans les vallfes bru-meuses, entourees de montagnes ct dans lesquelles cou-lent des rivieres et des fleuves considerables et sujets ii dc vastcs dd'bordemens ; eile regne encore quand un clat insolile d'humiditöfroide, des pluies abondanlcs cliangont
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totalement la temperature de l'atmosphere, ou quand les fourrages sont, comme je l'ai dit, rares ou älteres; aussi regne-t-elle alors en meme temps sur les raoutons et se montre-t-elle alors constamment sous la forme t-pizooti-que.
L'indication ä remplir dans cette occurrence , decoule necessairement de la connaissance de l'^tat d'alt^ration du sang, de la nature de cette alteration ; de celle de l'im-portance de ce fluide central. du role primitif et essentiel qu'il remplit dans reconomie, comme agent excitateur de tous les organes , comme moteur primitif de toutes les fonctions , en raison des mat(5riaux qu'il fournit ä la nutrition et aux secretions. Elle consiste cette indication a retablir reqniiibre entre les principes constitutifs du sang, de lui rendre la fibrine , ainsi qui I'hematosine qui lui manquent ; diminuer le serum qui affaiblit ses pro-prietes excitantes et nutritives, par l'emploi des substan­ces toniques, des carbonates et d'une alimentation subs­tantielle , d'une facile assimilation qui remonte prompte-ment les forces et le ton de la macbine, remedie ä la tendance que les humeurs naturelles out a se decomposer.
C'est d'apres ces principes que je vais proposer des moyens curatifs : je les indiquerai avec d'autant plus dc confiaoce que j'en ai constate l'efncacite sur des troupeaux de moutons atteints de la cachexie, et que des succes aussi constans ont ete obtenus par des veterinaires ä qui je les avals indiques.
Moyens preservatifs. Ceux que j'indiquerai ne diffe-reront guere de ceux proposes par MM. Didry , Man-gin , etc., etc.
Dans toute epizootic et enzootie la premiere indication cst de changer, le plus promptement et le plus comple-tcment possible , toutes les conditions dans lesqnelles se trouvent les bestianx atteints ou menaces de retro ; I'emi-gration serait sans doute le mcilleur raoycn , mais comme
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il n'est pas toujours pralicable, on sc bornera ä soustraire
autant que possible, les animaux a rinfluence des causes
connues. Ainsi on retirera les boeüfs et vaches des prairies
humides et marecagcuses, on les tlendra a I'etabie durant
les pluics continuelles de i'automne et du printcmps; on
ne les conduira dans les paturages qu'ä une licure asscz
avancee dc la jonrnee, apres que 1'humidite du sol et do
['atmosphere sera en grande partie dissipce, ce sera sur-
tout et de preference sur des terrains 61ev6s. Les etables
seront tenus propres , aerecs; le sol en sera dispose de
maniere quo Tcau et l'urine y trouvent un libre ecou-
lement. Si les fourrages destines ä la nourriture des bes-
liaux ont ele avariös ou älteres durant la recoltc, on dc-
vra absolument en sortir chaque matin de la grange la
quanlite necessaire a la consommalion dc la jonrnee ,
pour les ballre , secouer et en faire sortir la poussiere
acre et infecte qu'ils conliennent; on les aspergera en-
suile d'eau saturee de sei dc cuisine, avant dc ies donncr
aux bcEufs ct vaches. La pcinc nc doit ctre complee pour
rien dans ces cas; il est meme utile qua le propriötaire ou 1c
lermier s'assure que la chose a etc faitc. Si, par des cir-
conslanccs au-dessus de la volonte du mailre , il n'a etc
recoltö que des mauvais fourrages , il faudra ä tout prix
qa'il s'en procure de bonne qualitc et en asscz grande
quanlite, pour que chaque bete aumaiile dc la metairie
fasse tons les jours , durant l'exjstence de l'epizoo'.ie , un
repas avee des alimens dc bonne qualitc. La depense oc-
casionee par l'acliat de quelquc quintaux dc foin , pcut-
clle ctre raise en parallele avec la perte d'nn seul bocuf ?
Ces epizootics ne se montrenl (Tailleurs qu'ä la fin des
hivers rigoureux, de sorte qu'avec de l'ordre, de l'eco-
nomic dans la distribution des fourrages , ou arrive au
printemps, epoque oü les fourrages hatifs et Therbe des
champs vienuent alimenter les bestiaux et remedier a la
disette dc I'liivcr.
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II sera indispensable de donner tons Ics jours ä chaque animal du Iroupeau une ration de 5 ü G litres d'avoine ou d'orge , ou de rnais ou do fcves, scion les ressourees du pays, que Ton melera avec aulant de son et ä laquclic on ajoutera une cuillerec de sei de cuisine pile tres-lin. Je dirai pour cette provende ce quc j'ai tlit pour lo fourragc , un seul animal perdu , par suite de rinexecu-tion de ces prescriptions, cquivaut vingt fois, trcnte fois aux petites döpenses qu'elles occasionent.
Les bestiaux seront abrcuves avec de l'cau blanclue par le son de froment ou im peu de farinc d'une cenialc quelconque, ou tout au moins avec de l'eau pure , si 1'on ne pent faire mieux , ou s'ils refusent l'eau farineuse.
Le pansement dc la main , un travail modere, sont les moyens hygieniques qui devront completer le traitement prophylactique , traitement qui offre 1c plus de chances de succes.
Si la tliathese vermineuse complique la maladie, on devra noccssairement presume! que ces holes facheux cxistaient dans I'economie, malgre ct long-temps avant qu'aucun prodome eut pu les y faire soupconner ct sur-tout qu'ils eussent produitun trouble marquö des fonc-lions. Alors on devra faire prendre pendant 4 a o jours, aux animaux les plus affaiblis, les plus maigres , a ceux qui toussent, qui out un peu de diarrhee et qui pouiiant conservent leur appetit, des breuvages amers et toniques, composes de gentiane en poudre ä la dose de six deca­grammes et de sulfale de (er ä celle de deux decagrammes, ctendus dans un litre d'eau, pour chaque bocuf. On sus-pendra pendant quatre jours l'usage dc ces breuvages pour les adminislrer encore pendant quclqucs jours. Ces remedes etant peucouleux, n'occasionerontqn'unc faible depense.
On a vu , dans les observations piccitces, que les poux disparaissaient par i'emplol de i'essence de terebcntliine.
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on en ajoutera done une demi-cuilleree a bouche dans chaque breuvage amer et tonique , si ces parasites degoü-tans rongent les bestiaux.
Traitement curatif. — II est loin d'etre constamment efficace, car lorsque la cachexie aqueuse est ä son apogee, tout Torganisme est alors dans un 6tat de döbilite ex-tröme; il existe en outre une dissociation des principes constitulifs du sang a laquelle il est souvent tres-difQ-cile de remedier, aussi est-il presque impossible de ramener les forces de la vie ä leur rythme normal. Quoi qu'il en soit, et pour remedier avant tout ä l'etat d'alt(5ration du sang , il sera donne soir et matin , a chaque boeuf ou vache maiade , un breuvage compose de six decagrammes (2 onces) de poudre de gentiane, sulfate de fer deux decagrammes (six gros ) et autant de carbonate de soude ou soude du commerce, pulverises, etendus, delayes dans un litre et demi de decoction d'absynthe ou de petite centauree , que Ton pourra donner froid , mais qu'il fau-dra \ erser doucement dans la bouche pour qu'il parvienne dans la caillette. Je crois devoir recommander de ne Ja­mals donner aux ruminans des mödicarnens en bols ; sous celle forme , ils sont deglutis rapidement et surmontent la contracliiite des levres de la gouttiere cesophagienne et lombent dans la pause. Mel6s alors a la masse considera­ble d'alimcns que contient toujours cot estomac , ils se confondent avec eux , ne sont qu'incomplötemeni, et len-tement absorbös ; leur action est nöcessairemenf, moins active et efficace (pag. G9, torn. Ier).
Des qu'il y aura un mieux marque dans I'^tat general du malade , que Tappölit aura un pen reparu , on ne donnera qu'un seul breuvage par jour; enfin, quand l'amä-lioration aura encore fait plus de progres et que tout annoncera une convalescence prochaine , il suffira de melcr la genlianc et le sulfate de fer au son et a I'avoinc doiinee chaque jour , et de faire dissoudre Ic carbonate
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fie soude dans l'eau blanche dont on abreuvera ces ani-maux, cc qui övitera Tembarras quo cause toujours l'admi-nistration des breuvagcs; mais comme on rencontre quel-quefois des animaux qui refusent obstinöment l'eau blan­che , 11 faudra faire dissoudre alors le carbonate de soudo dans de l'eau dont on aspergera la ration de fourrage de bonne quality que j'ai rccommande de donner chaque jour; olle remplacera l'eau salee que l'on devra proscrire durant l'emploi de la soude.
La gcntiane , le sulfatc de fcr et le carbonate de soude , etant des medicamcns alterans qui agisscnt d'une manieie lenle et insensible, qui changent l'etat de l'organisme sans produirc d'effels tres-marquös , il faudra , comme je l'ai deju dit, suspendre lour administration tons les 5 ä (gt; jours, et apres 5 ou -i jours d'intervalle, en reprendro l'usagc pour que les organes ne s'y habituent pas. l)u-rant les jours oü la medication sera suspendue, on re-viendra a l'usage du sei de cuisine dissout dans l'eau pour on asperger les fourrages.
II rösulte du melange du sulfatc de fer et du carbonate de soude , une decomposition räciproque : il se forme du carbonate de fer qui devient facilement absorbable et plus actif; la combinaison produit encore du Sulfate de soude qui favorise l'absorplion du carbonate de fer, en sollicitant l'action pöristaltique du tube intestinal et celle des vaisseaux absorbans, absorption qu'augmente encore la propriöte tonique de la genlianc.
J'ai dit que la pourriture se compliquait dans quelqucs cas d'epanchemens dans les cavites sereuses, manifestos par un certain volume du ventre , qui, quelquefois, est tombant avec excavation des flancs et fluctuation du li­quide. Cette complication , d'ailleurs föcheuse , exige l'emploi alternatif des diuretiques , avec la medication touifiante dej;gt; indiquee. En consequence , il sera donne ä chaque bete, qui sc trouveradans cecas, trois decagram-
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mes ( I once ) de nitrate de potasse par jour, dissoul dans I'ean blanchie, aux epoqucs durant lesquclles on suspend l'administration de la gentiane, du sulfate de fer et de la soudo ; la scille en poudrc est aussi un excellent auxiliairc, que Ton pourrait ajouter au nitre apres quelqucs jours de son emploi; alors encorb on supprimcra 1c sei de cui­sine, qui nuirait ä Taclion du sc! do nitre.
Les setons indiques par les auteurs quo j'ai cites, ne peuvent etre employes que pour traverser la tumeur ou bouteille de la ganache, malgrc qu'ils ne produisent qu'unc suppuration tres-minime , mais qui n'affaiblit pas le malade.
Enfin le regime indique dans 1c traitement prescrvalil' sera employe pour les animaux malades et secondera puis-samment les moyens curatils.
sect; VII. — Maladies Tiphohles el Charbonneuses.
Ce que j'ai dit pages 83 ct 90, en traitant de l'elat d'alteration du sang qui existe dans ces maladies et de ses causes, me dispense d'entrer dans de nouvelles conside­rations genörales sur cctfe matiere. II me reste maiutenant ji decrire d'une manicre parliculiere , succinte et aussi cxplicite que possible , cliacune des maladies qui compo-scnt ce groupc d'affections morbides si graves et si lu-nestes.
Mais je crois , avanl tout, devoir me llvrer u quelques reflexions sur la contagion qui est un des caracleres par-iiculier et special dc toules les maladies typlicules et charbonneuses.
Consid6r6e sous le rapport de la medecinc vetcriuaire , ja eotttaamp;lon, de conttngere , toueher. est la propriete qu'ont certaines maladies de se communiquer par con­tact mediat ou immediat d'un intlividu malade, h un individu sain, d'espece ä espece, d'un animal d'une es-
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pöcc ü une aulre d'unc especo dilTcrente, et enfiii de ranimal ä rhommc. Pour concevoir la contagion il nc faul qu'admettre un fait incontestable , e'est qu'il existe dans reconomie deux mouvemens opposes, un d'absorption et un autre d'exhaiation. En el'fet, si nous absorbons par la surface libre des muqueuses et par cello de la peau , nous cxbalons aussi par la transpiration cutande et par la pul-monaire. 11 rayonne de toutes les parlies du corps une chaleur qui lend a s'epanouir et se mettre en equilibre avec celle des corps ambians. De ces faits il resulle, 1deg; que la plus grandc partie des maladies des tegumeus et sur-tout cellos quisont de nature eruptive et exbantematcuse, jouissent de la propriöte de se propnger non-seulemoiit par l'icbor et le pus secrete par les pustules et les niedres quellcs produisent, mais encore par rexhalalion d'un lluidc imponderable qui , dans le plus grand nombre , forme autour du corps de l'animal malade un atmosphere de contagion que l'air peut transporter a une distance plus on moins eloiguee; 2deg; que dans toutes les maladies gene-rales dans lesquelles il existe unc viciation, une altera­tion manifeste et morbide des prineipes constitulifs des humeurs , il existe necessairement aussi par toutes les surfaces membraneuses, internes et externes , une exha­lation s6cr6tüire et depuralive qui tend ä debarasser reco­nomie du prineipe morbide qui viele le sang , et cettc exhalation sera consecutive A la reaction des forces con-servalriccs de la nature, reaction qui constitue dans ces cas une fievre continue plus ou moins aigue , souvent grave et dangercuse. Aussi a-t-on constate qu'en general, les maladies conlagieuses se presentaient prcsque toujours avec le type aigu et sous la forme epizootique.
Or, de cette reaction depuralive et critique, il resulle ce qu'on a nomm6 des virus, dont I'exislence est une des proprietes generales et communes t\ toutes les mala­dies conlagieuses. Ces virus parlicuüers et speciaux soit
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fixes. soit volatifs, sont tellement actifs qu'une fraction tres-minime possede souvent toutes les quality neccs-saires au dcvoloppement d'une maladie toujours sembla-ble ä colle qui les a produits, des qu'ils ont penelre ou ont et6 introduils dans les tissns d'un animal sain.
L'observation ne damp;nontre-t-elle pas d'une maniere Evidente que la gale est contagieusc par contact; la cla-velce par contact et par miasmes, que les maladies aphtheu-scs se propagent aussi par contact, non seulement d'ani-mal A animal, mais desanimaux ä l'homme : je possede deux fails bicn averes qui le prouvent. Les experiences de M. Favre, de Geneve, n'ont-eiles pasdemontröla con­tagion du pietin? La morve que les anciens avaient dit etre eminemment conlagieuse et qu'on avait depuis pres-que desherite de cette propriete, n'est-elle pas mainte-nant, et d'apres de nouvclles observations qui ontprouve sa contagion, reconnue comme teile ; n'a-t-on pas des faits qui prouvent qu'elle peut se transmettre du cheval au cavalier qui le soigne ? Les maladies charbonneuses du gros bötail se propagent aussi facilement par contagion et se transmettent möme ä d'autres animaux et ä l'homme par suites d'inoculations accidentelles, car leur virus est fixe. Le typhus se communique aveeune rapidite effrayantc cn raison de la volatility du virus qui lui est propre et qui s'exhale de toutes les parlies du corps de l'animal qui en est atteint; et, sans etre un contagioniste absolu , je mc vois forcö de reconnaitre l'existencc de cette faculte si füchouse dans beaueoup de maladies des animaux que l'homme a conquis sur la nature.
Mais si la contagion est un puissant moyen de propaga­tion des maladies epizootiques, il faut aussi compter pour beaueoup Tinfluence des Saisons, l'action d'une chaleur excessive, colic de la pluie, des brouillards; cette verite d'observation n'avait point echappö u Hippocrate qui dit (Aphorisme-Iquot; section 5). laquo; Los maladies arrivent surtout
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raquo; par le changement des saisons; mais particulierement si raquo; i'prdre du Iroid et de la chaleur est beancoup change. raquo; Elles arrivent aussi ü proportion des autres irregularites raquo; des temperatures. raquo; La mauvaise qualite des alimens , l'eau corrompue ct stagnante prise en boissons , la priva­tion ou rinsuffisance de ce liquide , l'entassement des bcsliaux dans les pares des armees, les marches forc6es au.xqueiies iis sont assujetlis, sont autanl de causes qui agissent d'une maniere continue et qui doivent puissam-ment aider a l'aclion de la contagion. Aussi voit-on le typhus perdre de son activite, diminucr scs ravages , a mesure que Ton fait disparaitre faction de ces causes et surtout que Ton söpare et isole les animaux sains des malades. Cette observation me determine a signaler aussi les foyers d'infection ; tels que le voisinage et plus encore la depaissance sur des marais fangeux, desseclies par la chaleur , d'oü s'exhalent continuellement des effluves d6-leteres , ainsi que les miasmes qui emanent des animaux: alteints de I'epizootie , toujours reunis en grand nombre dans les pares d'approvisionnement. II en est de memo de ceux qui se degngent du corps des animaux morts dc la malaüie, quand ils sont abandonnös, mal enfouis et de-terres par les chiens et les loups.
L'air n'est quo le vehicule des virus volalils soil typhi-ques, soit claveleux , etc., etc. ; ils pönetrent avec lui dans les poumons, ils sont en outre absorbes par les 16-gumens ; et dans cc cas , il y a plus qu'un contact, c'esl; une veritable penetration, une saturation du sang, qui a lieu surtout durant l'acle de la respiration.
Le virus special a chaque maladic epizootique difföre cssenticllement des causes genörales qui peuvent faire de-velopper certaines maladies contagieuses : un virus, ai-je dit, produira toujours la meme maladie , de sorte quo si Ton inocule du virus typhique , e'est le typhus qui surgira; il en est ainsi do laclavelee , etc. , etc. Mais les
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causes gönerales capables de determiner des maladies char-bonneuses et autres sont souvent modifi6es d'abord , et Ic plus puissamment, par la disposition individuelle et parliculiere de chaque animal , ainsi que par le tempe­rament et par I'espece. C'est ainsi que j'ai tout recem-ment observe que la maladie aphtheuse qui vient de parcourir successivement presqne toute la France, etait b6nigne pour les boeuf'set ies vaches adultes, landisqu'elle tuait plusieurs veaux et g^uisses a la mamelle et qu'elle faisait p6rir un grand nombre de eochons; qu'enfin dans le meme canton , sous rinflnence des memes conditions hygicniques , il succombait un assez grand nombre do besliaux sous le typhus cbarbonneux. J'ajouterai, a I'appui de mon opinion sur l'action des dispositions individuelles , que les causes decette epizootic aphtheuse ont ete, comme celles de beaucoup d'affections charbonueuses , inapprö-ciables et sont restöes inconnues; aussi sommes-nous sou-vent ramp;iuils ä constater les faits observes.
Sans vouloir critiquer , ni desapprouver l'opinion de qui que ce soil, jc ne puis admeltre que le virus typhi-que soit absolument etranger a noire pays et qu'il y seit toujours importe par le fait de sa contagion. Quoique jedoive avouer qu'il en est ainsi dans le plus grand nom­bre dc cas, j'ai , si je ne me trompe , observe des faits de typhus sporgt;tane ; j'ai vu le typhus des pares d'appro-visionnement des armces ; j'ai vu aussi ces cas de typhus indigene qui me font tenir ä mon opinion ; d'ailleurs d'autres d'crivains veterinaires pensent comme moi; mais pour cela, je n'ai pas la pretention d'imposer mon opinion ill personne , ni l'orgueil de la croire la meilleure. D'apres ces motifs , je me crois autoris6 ä dire que dans certains cas le typhus pent surgir spontanement, par suite de l'action des causes actives que je viens de signaler et que j'ai aussi detailiöes , page 90. Cette maladie se propage alors antant par la göneralile de ses causes qui agissent
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continuellemcnt, que par la contagion qui agit aussi avec beaucoupde puissance. Car, unc maladie typhique, une fois declaröe , se propagc avec d'autant plus de rapiditö qu'tHant essenliellcment contagicuse , la cause qui I'a produite et son effet ou action contagieuse se multipliant Tune par I'autre , augmentent rapidement sa propagation. Mais le virus typhique et le virus charbonneux, moins actif que le premier, s'affaiblissent ensuite sans doute par la diminution de l'aclion de ses causes gönerales et par l'extension du virus qui s'affaibiit sans doute en se pro-pageant ; aussi ces maladies ont-elles leurs periodes d'aug-ment, d'etat et de decroissance.
11 cxiste des öpizooties produites par la contagion et d'autres par I'iufection; dislinguons les deux cas : dans la contagion , la communication morbide a lieu entre deux animaux , dont Tun est malade et I'autre sain , soit qu'ils soient de meme espece ou d'espece difförente. Dans la propagation par infection , la maladie est produite par des ömanations des miasmes provenant des debris d'ani-maux morts de l'epizootie ou d'animaux malades entass^s dans des stables, des pares, ou encore des effluves des marais , etc., etc.: e'est ce que Ton a nomme des foyers d'infection. J'ai observe , el je ne suis pas le premier qui ait fait cettc remarque , qu'il existe des typhus char­bonneux particuliers k ccrlaincs contrees ; e'est ainsi quo dans les marais du liUcral vendecn , il regiwj, toutes les fois que Veto est excessivement chaud et que les pluies sont rares, des maladies charbonneuses enzootiques qui attaquent une grande quantity de boeufg et meme de chevaux , que Ton attribue aux influences miasmaliques et toules locales , provenant du dessechement des marais.
Je n'entreprendrai pas d'expliquer la tlieoiie de la con­tagion , il me faudrait connaitre la nature des principes ou (Siemens contagieux ; il faudrait que je puisse determiner les elemens organiqnes liquides ou solides sur lesquels les
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virus contagicux exercent leur fatale influence : que ne faudrajt-il pas savoir ? Encore pourrais-je meme avec quclqucs notions en ce genre mVgarer dans le champ des hypotheses; car, ä mon avis, la connaissance des phönomenes intimes de la contagion est pour ainsi dire un mystere impenetrable. Aussi me bornerai-je a exposer ce qui a (He observö en parlant de chaque maladie , ä indiquer les moyens preventifs qui out eu le plus de succes ct dont I'ex^cution est la plus simple et la plus facile.
Du Typhus conlagieujc du gros helail.
Le trjplms , de-jyoj, stupeur est, en mcdecine vöte-rinaire, une maladie gdnörale tres-aiguci, toule particu-liere ä l'espcce bccuf, de nature febrile ('), cminemment conlagieuse ct ^pizootique, que Ton doit assimiler aux empoisormemens miasmatiques.
Le typhus a plusieurs fois devastö nos campagnes et ruine les agriculteurs ; cependant, quoique son origine remoute aux temps les plus recules, il n'a etc dccrit avec assez d'exactitude que par la Chromquc Saxomie , qui rapporte qu'en 820 de grandes iuondatious produisirent, en France , une mortalite effrayante sur les bestiaux ; et que de semblables malheurs existereut en 829 en Lorraine.
(*) Fromage c^e Fengrd, clans Ic Conrs complet d'Agi-lcnltnrc pra-iiqne, torn. 6, pag. 408, place aussi le tjp/ms, qu'il aotnmejiivre maligne, parmi les maladies gcncrales el febriles. Erdl , velerinaire prtissieu, laquo;lit, avec raison, avoir loujours observe des mouveineus febriles, dans le ty[iliiis, avant que d'aiilres sympliimes fussenlap-preriables. II s'elablil, scion cet aulewr, dans le boeuf frappe par le virus typbiquc , une reaction consecutive a son action sur les sys-temes sangnin el nerveux, 11 a conslammenl observe que les pul­sations arterielles s'accelerenl, doviennenl irregulieres, intermit lenles, lanlot plus faibles, lantot plus Cortes, vides on pleincs; 2'l- h 48 heures avant que la maladie soit bien rccomiaissable pour chacun.
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Pour parvenir A une connaissance , autant cxacte que possible, de cette redoutable maladie, je crois devoir exposer d abord ses symptomes, les lesions qu'elle iaisse sur le cadavre , les causes auxquelles on l'attribne, pour pouvoir ensuile justifier la definition que je viens de formuler et en deduire des consequences qui nie permet-tent d'emettre une opinion s.ur sa nature , ainsi que sur la prophylactique et les rnoyens therapeuliques que l'on pourrait lui opposer.
Je m'ccarlerai , pour cclte fois, du plan que j'ai suivi jusqu'ä present, c'est-a-dire, que je ne rapporterai point de descriptionsd'epizootiesdu typhus, tireessoit des nom-breux auteurs qui ont ^crit sur cette maladie, soit de ma pratique. Quelqu'utile que füt ce travail, il exigerait seul un volume, et c'est ce que je veux laquo;hiter.
3'ai lu , compulse tout ce que mes prC'deccsseurs et mes contemporaius ont ecrit sur le typhus, j'ai vu cette maladie etant eleve (') , je l'ai observee aux deux öpoques de rinvasion etrangere (1814, 1813), ä l'etat epizooti-que ; je l'ai examinee avec attention , sans idlaquo;5e pr6-congue et mu par le seul desir de m'instruire. Aussi. ayant compare ce que je voyais avec ce qu'avaient ecrit les medecins et les veterinaires , j'ai cru pouvoir non pas fixer positivement mon opinion , mais au moins me former une ideeassezexaetede la maladie. Enfinayanteuäcombat-tre un typhus indigene , je dirai ce que j'ai vu , pour ap-puyer , Justifier meme ce que j'ai dejü avauce, que le typhus n'est pas toujours exotique et qu'il esl des cir-constances oü une maladie analogue , idenlique meme ,
(*) C'elall daus Ics premiers mois de l'an 6; je fus , ainsi que plusieurs eleves de l'Ecole d'Alfort, euvoye dans les departemens environnaus Paris, pour la comballre. Je possede une instruction jnamiscrite, redigee par Cliabert et distribute alurs aux eleves. li'inlcret (ju'elle prescnle me decide a la transcrire daus un procliain fenilletoo.
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peut se developper sur l'espece bovine, sans qu'clle soit importee par des bestiaux (Grangers.
Cette maladie , qui parait avoir beaucoup d'analogie avec le phrcnetis d'Hippocrate , la fiivre typho'ide des medccins , qui, selon moi, n'est que la fievre ma­ligne de Chabert et qu'on a nommee aussi pesle du gros h£tai\, fiivrepesiillcnlielledcihosukäcllongTie, etc., etc., a ete decrite par tous les mödecins et les veterinaires qui lui ont reconnu Irois pcriodes bien marquees, ie clehul, Väat et le diidin.
'1er Temps ou debut. — La maladie se manifeste d'une^ maniere soudaine et inattcndue par des cepbalalgies, des acces d'iiiquietudes vagues , de fureur ou meme de gaite qui vont jusqu'u la sauvagerie; d'autres malades sont dans im elat d'abattement tacilurne et de stupeur. Outre les symplömes communs , lels que l'inappetence, la tristesse, la fatigue au moindre exercice, la sensibilite cxlrume du racbis , on en observe de spöciaux ; la tete est ngitec pur des mouvemens d'elevalion et d'abaissement ; le ma­lade flairc l'air, regards scs flaues et parait eprouver quel-ques douleurs intestinales. On observe de suite un pbö-nomeue constant, essentiel, c'est une fievre qu'on ne peut rattacher h aueune phlegmasie apparente, existanle sur quciques-uns des organes de l'economie. Cette reaction febrile se manifeste par des horripilations legumentaires, des frissons vagues et generaux , avec mouvemens con-vuisifs au grasset, au coude, au cou ; la peau ei-t altcr-nalivement froide et chaude, surtout ä la base des cor-nes et des oreilles; les poils sont börissös, piques et comme hrulc-s. Malgrö que le derme soit göneralemenl adherent, ou sent, sur beaucoup de malades, un em-physeme crepitant A la region des lombes. Le pouls est accelere, rebondissnnt (48 a HO puls. ), les mouvemens du ccenr ont aussi, par consequent , une vitesse inac-eoutumee et sont facilement appreciables. La respiration
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cst ou penible , ou convulsive et acceleree ; quelques malades font entendre une toux quinteuse , avec oppres­sion. Le Loeuf alteint du typhus prend nne attitude ca-racteristiquequi se dessine des le debut, mais qui est pour-tant plus marquee dans l'elat; les membres thoraciquos sont ecartös, les abdominaux rapproches sous le centre de gravile; le dos est plus ou moins voussö, l'encolure souvent tordue et la queue relevöe comme si le malade voulait fienter; si on abaissc cette partie, eile se releve des que la main cesse de la comprimer. L'etat d'irritation generaie diminue et suspend meme toules les secretions; les mamelles se fletrissent et le lait diminue sensiblement de quantite ; la muqueuse bucale est seche , sans cha-leurs, ainsi que le mufle qui cst apre et rude au toucher ; la pituitaire est bleuätre. L'animal fait froisser scs dents , agiteconvulsivomcnt la mikhoire, beaucoup refuseut tonte espece d'alimens et ne ruminont plus, d'autres mangent nonchalammcnt et par boutades; il cn est qui gardent quelques instans le fourrage entre les dents avant de le mächer ; la rumination presenle de semblables anomalies; beaucoup sont devores par une soif ardente et preferent l'eau froide ; les yeux sont larmoyans , les paupieres en-gorgees, les conjonctives sont de couleur rouge bleuätre (cyanose) ; le regard est tanlöt anime et alors les yeux sont brillans et les paupieres tres-sensibles , ou il est abattu , sinislre , alors aussi los humeurs aqueuse , cris-talline et vitree sont troubles ; il döcoule dans cc cas de rorbitc une bumeur Acre , corrodante, et tin flux peu abondant d'abord , mais semblable, s'echappe des narines. Les defecations sont difliciles et doulourcuses, les exerö-mens durs, monies , noiralres, felides et peu abondans; les urines rares, claires et quelquefois colorees en rose. Cet etat precurseur et febrile dure de deux ä qualre jours, sans produire sur le malade une maigreur sensible; il a une marche successive et progressive.
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2me Temps ou ctat. — Les syroptomos ont acquis unc gravid funeste et la fievrc de l'intensitö : I'liabitude ge-nerale du corps est plus cliaude , la peau plus seche et plus aride , cependant, on observe toujours des allcrna-lives de froid et de chaud aux cornes , aux oreilles et nieme aux membres. Les horripilations ont dögenore en moüvemens convulsifs du panicule charnu aux regions des epaules et des coles. J'ai remarque alors, dans quelques boeufs, qu'en passant la main sous le thorax et le ventre, en pressant sur le cartilage xiphoide et sur la region om-bilicale, je faisais eprouver une vive douleur au malade. L'humeur qui decoulc des orbites et des naseaux est plus abondante , ^paisse , sanguinolente meme dans quelques cas , mais toujours acre , fetide , adhercnle a la peau qu'elle depile et corrode. La coloration rouge violnce ou bleuätre (cyanose) des muqueuses nasale , oculairo et bucale, persisle toujours, ainsi que cello dc la vulve et du vagin dans les vaches. L'emphyseme , dejA signale a la region des lombes, continue et s'il s'(5tend sur la croupe, il estd'un mauvais augure. Le pouls s'accelere , il dcvicnt petit, dur, quelquefois inlermitlent; j'ai compte jusqu'a 70 pulsations par minute ; j'ai remarque que son aug­mentation progressive etait un signe funesle et qn'il n'en est pas ainsi s'il se ralenlissait successivement. Les mou-vemens du cceur et de la respiration presenlent les memes phenomenes: il est des instans durant lesquels Ics mou-vemens respiratoires sont lents et insensibles, et d'autres oü ils sont tres-laborieux ; la toux , quoique moins fre (luente et moins qninleuse, est plus penible ; j'ai vu I'ex-piration gemissante , d'autres fois accompagnee d'un ho-quet fatiguant. La fievrc, quoique continue , presentc des remillences et des periodes d'exacerbation , accompagnees d'un etat somnolent, interrompu par des moüvemens con­vulsifs et des soubre-sauts dans les tendons et memo de spasmes dans les membres. L'adynamie se manifeste par
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un grand abaUemcnt et une prostration trcs-marquee des forces musculaires : si le malade est debout, il porte Ja tele basse et semble ne pouvoir la soutenir ; s'il se cou-che ou torabe sur la litiere , il ne se relevc que rarement et avec peine, sa respiration est gemissanlc , tout an-r.ünce done une debilite generale et profonde ; beaueonp de vacbes pleines avorleut et les marnelles daus toutes sont crispöes et fletries. La seif est iDextinguible , l'cau froide, quoique deglutie avec peine , est toujours reeber-ciiee avec avidile, et celle qu'on a acidulce est bue avec plaisir par beaueoup de malades. Des tenesmes douloureux, de violentes elreinles precedent ou aecompagnent les de­jections alvincs qui sont d'abord ramollies , enlourees , melees de mucus intestinal epaissi , colore par quelques stries sanguines; mais ces Evacuations degenereut bicnlöt en une diarrhee felide, composee de matieres tres-liqui-des, sanguiuoleiiles , comme pulrefiees et melees de mucosiles epaissies ayant une forme merabraneose. J'ai vu du sang, presque pur, sorlir avec ces dejections et produire un mienx sensible.
5mo Temps ou dvdin. — 11 commence du cinquieme au septieme jour : La fievre n'a pas discontinue , la peau est cbaude , moiteuse; on observe meine des sueurs par­tielles , quoique toutes les extremit(3s soient froides. La tete est penchee, les yeux sont mornes , enfonces ; daiu d'aulres animaux , au contraire, le regard est lixe et fa­rouche^ La debililö geuerale ,.deja sigtialee, est toujours croissanle , eile est presque portee jnsqu'ä l'aneantisse-ment. Les muqueuses apparentes sont d'une couleur rouge-lividc et plombee , les mucosiles purulentes qui en de-coulent sont horriblement lelides el melees de stries san­guines , leur ecoulemenl diminno dans quelques animaux et a tolalerncnt ccsse dans d'aulres ; alors le mufle , les levres , la peau des larmiers est rude , seebe et gereee. L'air expire est froid, d'une icüdile insupportable et la
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languo csl fuligincuse. La vulve, le vagin des vaches sont lumöfies, leur muqueuse noire et violacee ; enfln l'anus est Leant et comme gangren^ ; alors les exeremens , qni sont loujours liquides , ont une fetidit6 intolerable et sont lancös par jets ou coulent continiiellement de l'aiuis par suite de l'etat d'inertie du rectum. La respiration est courte, incomplete, ranimal tient la bouclie beante pour respirer par cette ouverture , comme si les narines etaient insuffisantes ; un rule gemissnnt aunonce la mort ; le malade est dans un etat soporenx et d'insensibilitö, le pouls est tres-accelere , petit, inegal, faible , presque inappreciable, ainsi que les bnltcmcns du cxßv.r qui sont entrecoupes de longues intermittences. Tout annonce la fiu de l'existence : les dejections alvines sont de plus en plus liquides, heterogenes, saiiguiuolentes et d'une odeur cadavereuse ; les urines sont troubles, felides et melees de sang. Les boeufs arrives a cette piiriode funeste tom-bent sur la liliere, poussent des gemissemens et meu-rent apres cinq ä six jours de sonliraiices, si la maladie a une marclie violente et tumultueuse ; ou eile se pro-longe du septieme au dixieme jour quand eile a ele plus lente , comme on l'observe dans les animaux vieux et
Le typhus n'a pas toujours une terminaison aussi fu­neste , surtout sur la fin des epizootics. C'esl principale-ment dans le second temps ou etat que la maladie se juge; ainsi Ton a remarque que si, ä cette epoque , le pouls se ralentissait graduellement, que les mouvemens du cocur devinssent appreciables, il y avait e.-poir de guerison ; cet espoir est presque une certitude, si dnrant tout le cours de la maladie les contractions du couir peu-vent toujours elre peifues. ün signe favorable est le re-tablissement de la secretion sero-muqueuse qu'exhale ie mulle , secretion qui se presenle alors sous la forme de jietits globules gluants. Quoique les vaches qui metteHt
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bas durant la maladie ne soieiit pas tonjours cxcmptes de perir , on a cependant reniarquu que la parturition (Hait d'autant plus favorable a la malade , qu'elle avait lieu ä une (ipoque plus rapprochcc du debut du typluis. Tons ceux qui ont (icrit sur cctte maladie s'aocordent done ä dire que lorsque Ics epizoolies out eu une cer-taine duroe , elles diminuent de malignile ; que dans les premiers jours de la seconde periode on observe plus de moderation dans les symplomes , qu'ils decroissent suc-cessiyement de gravite , que la mardie de la maladie est par consequent moins rapide , la fievre moins intense , le pools de moins en moins accelere , la reaction moins tumiiltucuse, la respiration plus facile et la toux moins frequcnte. L'appetit semble reparaltre, les malades re-chercbent les alimcus, ils en prennent quclques brins qu'ils machent lenlcment. J'ai deja dit qu'u eelte seconde ipoque des evacuations sanguines assez abondanlts, d'un liquide presque pur et rutilant avaient lieu par I'anus; que je les considerais comme des crises salutaires, puis-qu'elles etaient, le plus souvent, suivies d'un retablis-sement assez prompt. L'apparilion de quelques aphtbes sur la levre superieurc est aussi d'un bon augure. L'(Erup­tion , sur la surface du corps et sur les mamelies des va-ches , d'une multitude de petits boatons , signales par quelques auteurs, et que je n'ai vue que sur un seul boeuf, est aussi un moyen de depuration , une crise salutaire qui fut suivie d'un relablissement assez lent dans le cas que j'ai observe. Gelte eruption qui n'csl point un ca-ractere essentiel dc typhus , mais un piienoinene favorable, consiste dans l'apparilion de pelilcs pustules renfermant nne lympbe d'abord limpide , puis purulcnle qui se des-seebe ct loinbe en croute. On a remarque (jue la partu­rition produisait quelquefois un cbangement favorable ; il en est ainsi dc ravortement, dont certaines vacbes ont eprouv6 de bons effets, surtout s'il y avait hemorrbagie.
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Au detneurant, si la maladie n'cmpire pas du troisieme au ciiHiuieme jour de son apparition , on pcut esperer une fin heureuse, et quand le malade passe le seplieme jour sans accidons, il est tres-rare qu'ii perisse ; enfin la guerison esl assuree quand l'animal alteint a franchi le neuvieme jour. Jlais dans tons ces cas de terminaison beurense , la convalescence est constaminont lente et pe­nible , laut celte terrible maladie a frappe grayement les deux foyers principaux de la vie , lessyslemes nerveux et
Est-cc aux efforts conservalcnrs de la nature on aux bons effets d'un traitement rationnel que sont dues les gnerisons peu nombrcuses que l'on peut eiler? Je sais que quelques animanx ont ete gueris sans secours thera-peutiques ; mais, outre lt;iue ces cas sont rares , il est constant qnc los soins des veterinaircs ont ete de la plus grande utilile dans les epizooties, aulant sous 1c rapport de rindicalion des moyens mi'dicaux que sous ceux de l'applicaliün des mesures de police sanitaire. Aussi, quelle que soit ma conßance dans la reaction des forces vitales , je crois sincerement que les secours de l'art bien diriges peiivent souvent prevenir la maladie , mais encore en faciliier, accelercr et determiner la eure, quand eile est possible.
11 est des cas ou le typhus est foiulroyant; on a cite, et j'ai vu des boeufs jeunes, vigoureux , sur lesquels le virus typhique agissait si violemment qu'il produisait une veritable apoplexie nerveuse. C'est surtout au debut des epizooties que la maladie est si destructive , si rapide et qu'elle enleve les animaux des !e deuxieme ou troisieme jours. La fievre esl alors d'unc intensity extreme , la reac­tion tumultueuse , le desordre general , la nature snc-cotnbe opprimec , aneantie sous la puissance sedative du virus qui frappe les deux centres nerveux de stupeur; enrale toutes les fonetions vitales et organiques. Aussi,
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comme je l'ai pröcödemment dit, tout le dangerde la ma-ladie esisle principalement dans le tnrmiito general qui porte le desordre dans l'barmonie de i'^coDomie.
Ans signes favorables que j'ai indi(iijes plus haut, je dois maintenant opposcr ceux qui sont plus ou moins funestes.
Si les malades sont sonvent couclies et ne peuvent so lever qu'avec difficulte, que la respiration soit g^missante, que les exeremens sorlent avec peine , ou qu'il y ait diarrliee ou öpreintes, le danger est imminent. L'appa-rilion , sous le derme de lumeurs cmpliysemaleuses, cre-pitantes est d'un mauvais augure ; ii en est ainsi de la disposition qu'ont les plaies, les incisions , les contusions et mome les egra'ügnurcs a passer ä l'etal gangrenoux ; cette tendance au sphacele est merae un des caracleres saillans de toutes les maladies typlioTques. Si vers le milieu de la secor.de epoque du typhus, le malade n'eprouve aueun soulagcmont des moyens therapeuliqucs et dos ef­forts de la nature , il est rare de 1c sauver. L'enfon-cement des yeux dans les orbites est aussi un signe funeste , ainsi que l'elat purulent et la fetidite des ma-tieres qui fluent des muqueusos conjonetives, nasale et bucale. Si la respiration est excessivement genee , memc quand Tanimal est debout , et s'il ne peut roster couchö sans danger de suffocation, il meurt promptement. Si l'animal eprouve des mouvemens convulsifs , suivis de saisissemeut, d'elfroi subit, ä la suite dosquels il so couche ou meme tombe et temoigne alors une anxi6te extreme, ii est perdu. 11 en est ainsi ä la suite d'un etat de torpeur , d'aneantissement, durant lequel le ma­lade conlourne convulsivement l'encolure. Le froid glacial des membres , du muflc , des levres , de la bouciie et de l'air expire , sont des indices funestes qui indiquent Textinction des forces , la cessation de la circulation et l'approche de la mort.
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Le virus lyphique cst special, invariable dans ses ef-fcts et parliculier i l'espcce bocuf; toules les fois qu'il cst intioduit, soit par contact, soit par inoculation , soit par miasme dans un boeuf sain, rempoisonnement qui en rösulte produit toujours 1c typhus : Tage , le sexe , la race, la Saison, leclimat, n'y apportent aucune mo­dification. Gelle maladie , une fois declaree , se transmet ainsi par voie de contagion , gagne en elendue , parcourt et devaste des provinces, des royaumes; sa conlngion se multipliant par los causes qui peuvent la faire develop-per, aecroit son intensity et ses ravages qui ne cessent que lorsque le nombre de ses victimes a de beaucoup de­passe celni des besliaux qu'il n'a i)as alteint.
J'ai dit que ie lypluis etait beaucoup plus aclif, plus violent et plus meurlrier ä son debut, qu'il n'öpargnait presque aucun des boeufs qui cn etaient atteints , et que la gravite de ses symplömes, comme la rapidite de sa marchc etaient tclles, que celle maladie etait alors au-dessus de tout secours humain ; mais qu'en se propageant et s'elüignant de son foyer primitif, eile diminnait de mali-gnite ; que des lors le typhus , individuellenient consi-dere , avail plus de durec, et que quelques bestiaux guö-rissaient soit par les secours de l'art, soit par les efforts de la nature; de sorle que la fin d'une öpizootie etait annoncee par une diminution toujours croissante de la mortality. Qaelquefois Dependant l'd'Iement contagieux qui paraissait eteint, n'elait qu'assoupi, de sorte qu'apres qnelque temps et sous l'influence de causes et de circons-tances opporlunes , on voyait la maladie sövir de nou-veau avec aulant d'intensite qu'avant la treve trompeuse qu'elle semblait avoir aecordöc.
Q;ioi qu'il en soit, on a remarque que la maladie se propageait avec plus de rapidile en biver qu'en etö : c'est I'opiiuon d'Abilgurd et de Waldinger ; Erdt attribue avec raison ce phenomenc a ia faciiilL' avec laquelle se trans-
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met la contagion sur des animanx renfermös dans une stable. Enlin les memes auteurs disent, et j'ai remarquö le fait, que les 6pizooties de typhus se propageut plus lentement et sont plus benignes durant l'ete, et que Jes convalescences sont bien plus frequenles dans cetle Sai­son , quoiquc les bestiaux rcstent au milieu des pätura-ges. Je pense , avcc beaucoup de veterinaires , que clans cette derniere saison , la rarcfaclion de Fair ctendait le virus typhique, le rendait moins aclif; que sans doute encore la temperature atmosph^rique ölait plus favorable aux malades , tandis que les conditions elaient toutcs op-posees pendant I'liivcr.
Quelques auteurs out observö que le glossanlbrax , la (ievre aphtheuse, I'angine el la peripneumonie dile gan-groueuse complique quelquefois le typhus , dans tous les animaux atteints ou sculement dans quelques individus; quoique je n'aie rien observe do semblable , j'en congois la possibility , parce que j'ai observe de semblable com­plication dans le typhus charbonneux ; c'cst ce qui a rendu si diffuses les descriptions de quelques epizoolies de typhus. Mais pour le velerinaire observateur , pour le praticien, ces complications n'ont rien d'embarrassant sous le rapport du diagnostic ct memo sous celui de l'eliologie; il salt que ces maladies concomilanles peu-vent dependre de causes soit locales, soit almosphcri-ques; ou bien encore d'une disposition individuelle. Dans ces circonstances , tonjours fächeiises, on a remarque que la maladie principalc, c'est-a-dire le typhus, suivait son cours accoutumö.
Diagnosiic : Le typhus, si facile ä reconnaitre par celui qui I'a vu seuleraent une fois , pent 6tre confondu , de prime abord , avec certaines öpizootles de typhus char­bonneux par im velörinaire pen experimenle , les mala­dies de cetle espece ayant des symptomes communs et, comme on I'a (lit , un air de famillc. Ainsi , la tievrc
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gcinöralc, raballcment, la prostration des forces, la ten­dance i\ line adynamie profonde et rapide , le tumnlte general , sont des signes communs a toutes ces graves af-fections. Mais , ai-je dil , !c typhus produit tonjours le typhus, et il n'en est pas ainsi du virus charbonnenx qui cst un veritable prolhee qui devicnt la source de diverses maladies, commc le charbon symptomatique , le glossan-thrax, I'esquinancie, la peripneumoniegangreneuse, etc., etc. Le typhus n'affecte que le bocuf; les maladies char-bonneuses attaqaent aussi le cheval, le mouton , le co-chon ; il cst presquc tonjours d'origine exotique et les fievrcs cbarbonneuses out parfois unc eliologic toute lo­cale et sont souvent enzooliques. La marche du typhus conlagicux cst rapide; sa propagation effrayante, la vo-latilite de son virus et sa contagion par miasmes lui cst parliculiere ; fixe ä toutes les parties do I'animal, ainsi qu'aux produits des excretions depuraloires, il est encore expire, exhale avec les vapcurs pulmonaires et culanees, se mele ä l'air ambiant et pent etre transports par ce vehicule ä des distances plus ou moins considerables , mais relatives ä son intensite. Le virus charljonneux etant, au contraire, de nature fixe, exigc, pour se communi-quer, un contact immediat d'animal ä animal, ou se communique par des corps satures par lui et mis en contact avec un bocuf sain , etc., etc. Les maladies char-bonneuses qui se propagent , le plus souvent , par la ge-neralüö de leurs causes , sont caracterisees par I'appari-tion de tumours gangreneuses, emphysemateuses enor­mes , qui envahissent, plus ou moins rapidement, toute la surface du corps ; dans le typhus, rien de semblable ; le virus a , comme on le dit vulgairement, frappe an camr ; toute son action s'esl port^e sur le centre anima-teur , d'oü resultc une concenlralion des forces de la vie, dont l'explosion rapide est souvent si funeste, II existe encore prcsque tonjours , dans la maladie que je täche
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de caracteriser, unc irritation de la mviqucuse digestive manifestiie par les eprcinles , le tenesme, les flnx diar-rheifques et sanguinoiens, qui out fait croire ä l'existence d'une ga^tro-ciiterite. Enfm, la torpeur, los symptomes nerveux , le posö de Tanimal malade, l'expression lii-dense et cadaverique de la face, sent speciaux et particu-liers au typhus.
La description que je viens de faire de cetle maladie doit la faire reconnaitre ; fai cru devoir insister sur divers points de details, parce qu'une erreur de diagnostic peut devenir funeste et avoir les plus graves consequences dans le prineipe de la maladie, surtout sous le rapport de la police sanitaire. Les veterinaircs sont, par devoir et par etat, destines a provoquer rapplication des mesures propres A circouscrire les ravages de l'epizootic, en signa-lant a Tautorile lY'tat röel de la maladie , les dangers qu'elle prcsente en raison de sa gravite. J'indiqucrai ici, comme d'cxcellens guides ä suivre , le savant ouvrage de M. Bernard , direcleur de I'Ecole de Toulouse (*), ainsi que I'litile ct laborieux travail de 31. Delafond, profes-seur ä I'Ecoic d'Alfort {'*), auxqucls je renvoie le lecteur, ne devant ici onvisager le typhus que sous le rapport medical et nullcment sous celui de police sanitaire , qui est du ressort de l'autorite administrative.
Autopsie : Dans Ic plus grand nombrc desanimaux perls du typhus, le cadavre est dans un (Hat dc marasme re-marquable ; les yeux sont enfonces dans les orbites il decoule des ouvertures naturelles des matieres muqueuses
C) Du Typhus contagieux des hefes ä comes ci des mesares ad-minislnilivcs qn'il convicnt dc mettre en usage pendaut le rögue de celte maladie. Ouvrage couronnu par la Socield royale d'agriculture de Lyon. Iu-8quot; do 58 pases, ä Toulouse, ehez I'Auteur.
(**) Tratte sur la Police Sanitaire des An'unaax domestiques #9632; m-8quot; dc 813 pages, ä Paris, chev; Bocliet. jeiine, libraire, place de llxole de Me'decine, 4.
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piivulenles, sanguinolentcs, meit-cs de bulles d'air cl Ires-feMides. L'intörieur de la bouolie et la surface do la langue sent d'iine couleur ronge-noir, la membrane muqueuse se depouillc de son Epithelium , les papules sont rouges , erigees et couverlosd'nne bave fctide. Quel-ques portions du tissu cellulaire sous-cutane , sont dila-tecs par des gaz emphystfmateux ct Ics vaisseaux qni le parcourent sent, dans toule son iHcndne , gorges de sang fliiide. L'anus est saillant, renverse , sa muqueuse est violac6e; la vulve präsente les mumes lesions dans les vaches.
Un fait constant, dans cctie terrible maladie , e'est la prompte putrefaction des cadavres qni exlialent alors une odcur d'une felidile intolerable.
La muqueuse de la pause et du rescau est souvent co-loröeetenflammce, ccs estomacs ne contienncnt qu'un pen d'alimens liquides , dans le plus grand nombre des cas. Dans d'autres, la gangrene de ces visceres est Evidente et leur odeur infecte, surtout quand la maladie a eu quelques jours dc durcc. Le feuiilet est dans le meme ötat, et les alimens contenus entre ses lames sont sees, durs. pulvjralens ; ils adherent et enlrainent constam-ment röpilbelium. Lo vilieuse de la caillette reflele, une couleur rouge tres-foncee , son tissu e?l ramolli, desor-ganise ; certains disent y avoir renccn-re des ulceralions que je n'ai point cu occasion de voir , enfin cet esto-mac contient des matieres liquides , noires et fetides. Quelques points dc la surface interne de IMntestin grele, le duodenum surlout, prfeentent les memes lesions. Les gros inteslins conlicr.nent souvent des matieres liquides, dcliees, par fois sanguinolentes et mt-iöes a des gaz ex-tremement feliaes ; lour muqueuse est jaunätre et par-pcm6e d'ecchymoses assez elendues, de couleur rouge-violet , dans I'elenduc desquclles la substance de la vil­ieuse est ramollie. Los gros troncs vasculaires, veines et
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arteres , contiennent, ainsi quc ceux des mesenlöres, im sang noir, liquide et dissout. La rale est commandment ü l'elat normal et tres-rarement engouce de sang noir • le foie iis präsente souvent aiicune alteration , cependant, dans quelques animaux , il est ramolli, decolore , la vösicule du fiel est toujours gorgee de bile. La vessie contient un peu d'urine coloröe , felide; ses membranes sont 6paissies et rouges.
Les organes de la respiration sont toujours plus ou moins phlogoses; j'ai renconlrö, dans quelques sujets, la muqueuse trachöale et bronchique enflammd-e , parsemöe de plaques rouge vif ou miimc noiratres avec ratnollis-sement.
Le coeur et ses enveloppes sont couverts de ptHechies, de plaques d'occliymoscs noires, surtout autour des vais-seaux coronnaires ; les cavites de cet organe central de la circulation ,, ainsi que la face inlerne des gros vaisseaux sont de couleur rouge-noire dans le Systeme veineux, et ponceau-fonce dans l'artöriel. Ces organes contiennent un sang liquide, noir, sans consislance, mele de cail-lots grumeleux et de concretions albuminorfibrineuses; l'alteration de ce liquide est manifete ; il se puträfie plutot que de se coagn.Ier et se rencontre tel dans toutes les parties du corps.
Les meninges sont parsemees d'une multitude de pe[(gt; chies rouge-bleu ou noires; elles Font injeelöcs et leurs vaisseaux contiennent un sang noir et liquide , mele de bullesd'air tres-apparentes, surtout sur la pie-mere; les ventricules encephaliques contiennent une serosite abon-dantö et coloree , les vaisseaux qui forment le plexus choroide presentent les memes lesions que ceux de la pie-mere, La substance du cerveau est parsemee de poin-tillations rouges; souvent cet organe est ramolli , et d'autrefois, il a sa densite normale; la moelle epiniere presenlc des lesions analogues, dans !c plus grand nona-
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bre des animaux , surtout ä l'originc des plexus bra-chiaux ct sacres.
.I'ai constamment rcmarquö que les lesions ölaicnt d'aatant moins considerables que la marche de la maladie avail ele plus rapide. Dans les boeiii's lues d'une manierc apoplectique par le typhus, le sang esl liquide, le cer-veau , le cocur parscsnes de quelques pülecliics noircs ct les vaisseaux un pen gorges ; les chairs out presque un aspect sain, seulemciil clles sont plus molles, le sang en deconle liquide; clles par.aissenl baignees de serosites, d'une abondance insolite qui domic h la viande une odeur Sp6ciale. Une Ibis la pulrei'aclion cadaveriquc commcnccc, elle esl plus ramolliecl i)his fetide. Une chose m'a frappe, a l'autopsie des besliaux ainsi rapidement detruils par le lyphus , ce sont des slases, des infiltrations d'un sang noir dans le lissu cellulaire inlcr-musculaire sous les mu-queuscs gaslrites et quelqaes sereuses.
Dans les besliaux deja atteints et que Ton tue pour la consommalion , tonics ces lesions sont peu marquees, mais la viande esl loujours molle et baignee de serosites.
Tout porto done I'empreinte d'une adynamie profonde et de raneanlisscment des forces conservalrices de la vie.
J'ai deja parle d'une maniere generalc des causes du typhus, pages 90, 150 et suivantes de ce volume : ce-pendant, devanl cxprimer loule ma pensec sur ce sujet, je reconnailrai, avec beaucoup d'auleurs , que le plus grand nombre des epizoolies dc typhus ccutagieux ne s'etant manifesfees , en Italic el en France , qu'apres Pin-vasion d'armecs elrangercs, venant du nord dc rEurope, trainant ä leur suite des pares d'approvisionnoment con­siderables , composes, en grande parlie . de bncufs hon-grois presque loujours atteints de cede maladie , on a cru devoir en tirer celte consequence , que le typhus etail originaire de la Hongrie et qne la race bovine que fournit cede conlree (iiait plus specialemeut et loujours
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plus fröquemmeiitalteirito du typhus, d'ou est venu a celte maladie 1c nom de peste des bamfs deHongrie. Cent celte ctiolosie pi'etencluc unique, mais peuprouvee ä mes yeux, que je conteste au typhus: admise par beaucoup d'hom-mes recommandables et par de savans veterinaires , il y a presque de la lemeritc ü eiiüiicer une opinion contraire; mais comrae j'aborde la question avee bonne foi et sans esprit de critique, je peuseque si je me trompo, on me pardonnera en favour de mes bonnes intentions.
On convient generalcment que des marches forcöes, une alimentation insuffisante , des fourrages de mauvaise qualile , l'entassement des bestiaux dans des etables ou trop cxignes ou mal saines, l'exposilion des animaux a toutes bs inlcmperies de l'air , apres des routes !on-gues et fatiguantes, l'obligation de ies parquer qnelque-fois dans des prairies mareengeuses , ou iis ne trouvent qu'une chetive et mediocre nourriture; et sent exposes aux effets de I'liumidile, sent aiitant de causes qui vicieut Je saug et determinent le typhus. Je n'expllquerai point ici l'action de ces causes dont j'ai dejä parl6 , je nie bor-nerai ä regarder seulement los voyages et les marches fureees comme une des principales, en raison de l'cfret atonisant de ces courses qui, outre qu'elies privent lo sang d'unc grande quanlUe de lymphc ou de serum vaporises par la transpiration , occasionent une depensc insolite d'inllux nerveux. Conslalons aussi un fait: ie typhus con-tagieux n'attaque que Ie boeuf, e'est une maladie qui lui est speciale, dont Ie virus si volalil et si funeste ne pro-duit quo le typhus, qui, cependant, s'affaiblit et sem-bic s'eleindre en s'elcudant. Celte predisposition du beruf pour le typhus, est done innee chez lui; eile est, sans doulc , une consequence dc sen organisation , de son tem­perament lympiialique sanguiu , auquel est unie une pro-disposition nerveuse qui lui est aussi toute particuliere, ct devient le type d'nnc faiblcssc et d'unc susceptibility
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nerveuse propre ä son espece. J'ai meme dit (torn. iei, pag. 43), qu'elle aidaitä expliquer pourquoi defr^quens symplomes nerveux compliquaient si souvetit les maladies de cet animal, pourquoi les caracteres d'une inflamma­tion franche y ötaient plus rares que dans celles du clie-val, et pourquoi enfin toutes les maladies typholdes ou charbonneuses etaient si frequentes et si souvent mortel-les dans ces animaux. A cctte occasion meine et par suite de cettc particularity d'organisation , j'ai aussi dit que les alTeclions lyplioides etaient ou plus rapides ou plus constamment funcstes sur les vaches et les jeunes. ani­maux , cliez lesqaels le temperament lymphatique ner­veux d'lait plus prononcö que dans les boeufs adultes. J'ajoulerai que la frequence des stases sanguines dans nombre des maladies du boeuf n'a pas une autre origine.
Cette predisposition , toutc speciale ä l'espece bovine, ä contracter le typhus, offre cependant de nombreuses exceptions individuelles, puisque au milieu des epizoo­tics , on voit des animaux assez heureusement contormes pour echapper ä cos maladies, repousser et resistor ä l'action du virus typhique ou cliarbonneux.
Or, cette disposition constitutionnelle du becuf pour le typhus etant recounu , il pourra done se manifester spontanöment partout ou existera un concours funeste d'agens et de circonstanccs propres i\ faire naitre et de-vcloppcr les causes genörales precedemment indiquöes, et que des animaux de cette espece s'y trouveront ex­poses. Ces causes agiront avec d'autaut plus d'activite et de force que I'animal sera lui-meme fucheusement modi-He et predispose pour en rcsscntir leur action.
C'est ainsi que M. Lafore, professeur , a vu le typhus se declarer sur un boeuf au retour d'une foire öloignee d'environ quatre myriametres; il fit perir le malade en sept jours. Le compagnon d'attelage en fut quitte pour une violente fourbnre. Ce fait prouvc encore la puissance des prödisposilions individuelles.
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J'ai observö le typhus indigene duns une melairie de la Vendee , sur les besliaux de laqueiie avait regnö quel-ques mois avant une gaslro-entörile grave ( V. pag. 262. tom. 1er). II y fut apporte par un boeaf achetö dans une tbire eloign6e de trois myrihmelres , provenant d'un can­ton oü rögnait une enzootie de typhus cbarbotmeux. Est-ce la fatigue do la route faite pour aller ä la foire et ceile pour se rendre chez son nouveau maitre qui lit dövelop-per le typhus dans cet animal, on la maiadie qu'il ap-porta fut-elie modiiitie par une disposition spöciale exis-tante dans les boeul's do cette ferme , e'est co que je ne puis decider ? 11 pörit de suite qualre grands Lceufs ou vaches, et je n'arrelai cette maiadie qu'avcc beaucoup de peines et de soins. L'liistoire fort interessante de cette enzootie serait un episode deplace dans la monographie du typhus. Je la rapporterai page 138 du i'euilleton.
Est-il bien prouve que le typhus qui regna en 1795 dans le departement du Bas-Iüiin, sur les besliaux des pares d'approvisionnement des armces et sur ceux des agricui-teurs des environs , iut imporle par des bocufs allemands que tratnait a sa suite le corps d'armee du genöral Jourdan, se repliant do Mayence sur le Rhin , apres la defection de Picliegru. Mais, Jourdan n'aurait pu cnlever que quelques boeufs des environs du Ilhin , et non des beeufs de la Hongrie qui est ä plus de 200 lieues de Mayence. A celte epoque assez malheureuse, nous nous approvisionnions par rintermedinire de four-nisscurs qui achetaient en France do mauvais bceufs ve-nant de conlrces eloignees, amenes ä grandes journees et assez mal soignes en route,
Cette meme Epizootic reparut en -1707 , dans les d(5-partemensda Hautet du Bas-Rhin. Beaumont, inspecleur veterinaire , la meconnut dans une instruction qu'il pu-blia alors. Elle no put aussi etre attribute a I'importation de boenfs hongrois ; h cette epoque , nous rcstions station-
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naires sur les bords du Rhin et n'amp;ions gucre en mesurc d'allcr fourrager et nous approvisionner aux depens des AUemands. JN'est-cc point plutot au parcage des boeufs de nos pares d'approvisionnement sur les bords fangeux du Rhin , de la Menrtbe et de la i'IIl; ä la mauvaise quaüte des fourrages dont on alimentait ces animaux , qu'il faut attribuer cette (jpizoolie? L'inslrucliou publife par Huzard et Desplas, qui furent envoyes sur les lieux , n'assigne pas d'autres causes et n'aecuse nullement la fraude et l'introduction de bestiaux bongrois, allemands, ayant apporle ceüe maladie. Ces deux savans praticiens reconnurent la nature adynamique et gangreneuse de cette epizootic; ils signaierent memo l'etat d'alicralion du sang qui etait, discnl-ils, epais, noir et fetide.
Mayeur, qui observa la meme maladie en 1799, dans 1c deparlement de la Meurthe , signalc comme causes pre­mieres, la miserc, la fatigue, ralimcniation avec des fourrages älteres et corrompus. II parle aussi de sa pro­pagation par des bestiaux achetes frauduleusement dans les pays frontiercs , oecupes par nos armecs , dont les pares etaient aussi infeetös de l'epizoolie ; il cite beau-coup de fails ä l'appui et ue parle nullement de boeufs venant des possessions de l'enipereur d'Autriclie. Les de­tails circoustancies dans lesquels il entre , font presumer qu'il en cut instruit ses lecteurs si le fait out existe.
Enfin , le typhus qr:i sc declara en 1810, dans les approvisionnemens de rarmees franvaise en Espagne, n'y avait pas etc Importe par des bestiaux venant de l'Allc-magne et de la Hongrie ? Non , sans doute, les achats se firent dans le midi de la France, Mais cette terrible maladie surgit sur les boeufs de nos pares ä la suite des marebes foreees , faites sous rinfluence d'unc forte cha-leur , dont les effets furent aecrus par le manque d'ali-mens , leur mauvaise qualite , quelquefois le manque d'eau ; enfin , rentassement des bestiaux et sous l'empire
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de toutes les causes de clubilit6 qui peuvent delerminer ou prodaire une intoxication par miasmes, Lien manifeste dans ce cas.
J'ai consultö des vetörinaires militaircs instruits et digncs de foi , qui avaient parcoum la Buliemc, la lion-grie et qui m'ont affirme que ie typhus conlagiens du bffiufetait inconnu dans ces provinces. Quzard perc , a recucilli de sembläbles renseignemens. M. Kodet, pro-fesscur ä Alfort, dit avoir fait, sur les lieux , la meme remarque.
De ces fails, de ees considerations et des motifs sur lesquels j'ai base mes opinions d(}jä ernises sur le typlius contagieux , je me crois en droit de dire que cette ma-ladic peut nailrc spontanement dans im ou plusieurs boeufs, sous l'empirc de circonstances lout-ü-fait favora-bles ä son devcloppemcnt, marclies foreees et fatiguantes, intemperies atmosplieriqnes, entasFcmcnt des animaux , alimens de mauvaise qualite, manque d'eau, elc. , etc., et se propager ensuile par ic fait de sa propriete conta-gieuse , qui , corame je l'ai dit, elant secondee par l'ac-tion des causes generales et speciales , auxqaelles le plus grand nombre des bestiqux reslcnt sonvent exposes, snr-tout dans les pares d'approvisionnement, le fait s'eten-dre , se multiplier, deduire les troupeaox avec la rapi-dite d'un torrent devastateur. Aussi, les effets de cette contagion sont-ils relatifs aux nombre des bcsüaux at-teints et rassembles dans le foyer primitif de la maladie, au rapprochement des fermes et ä la facilile des commu­nications. D'ou Timportance de bien le reconnailre ä son debut, pour pouvoir des-lors proposer des moyens pre-ventils , capables d'en arreter les progres.
Gelte opinion sur l'ätiologie du typhus, elait celie de Huzard pere ; eile est appuyee par MM. Raynard, De-lafond et Rodet d'Ali'ort , professeurs , ainsi que par llurtrel d'Arboval; c'cst aussi celie de beaueoup de vete-
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Io4nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; PATHOLOGIE BOVINE*
rinaires recoinmandables, avec lesquels j'en ai confere. lST'ost-il pas, en effet, plus raisonnable de penser que si les btrufs de Hongrie ont apporte , ä differentes fois, le typhus dans 1c midi de l'Earope , l'apparilion de cette maladie parmi eux , etait une consöquence de la pre­disposition organique quo j'ai dit elre speciaie ä l'es-pece boeuf et des faliguos , ainsi que des privations que ces animaux öprouvent durant le long et pönibie voyage qu'ils font ä la suite des armees , pendant lequel toulos ces circonstances et cos causes concourent pour faire de­clarer ia maladie? Aussi ne crains-je pas d'avancer quo, malgre que ces bestiaux fussent partis sains et bien por-tans de leur pays natal , ils devaient contracter le typhus en route ; car, il faut ici comptcr pour quelque diose le changement de climat. 11 en a (He ainsi dans les pares d'approvisionuement des armees franrnises, quand le ty­phus s'y est manifesto. J'ai ete employe jeune dans I'ad-minislration militaire; j'ai vu le pen de soin qu'on a des bestiaux , les dilapidations de fourrages qui se font dasis les pares. 11s ne venaient ni de la Hongrie ni de la Boheme les becufs qui en (Haient les premiers alteinls, mais ils s'etaient trouves par le fait des inconveniens at­taches aux grands rassemblemens d'hommes et d'auimaux et de la guerre, dans des conditions egales ä celles qui modifient si funestetnent l'elat de sante des bceufs d'lran-gers traines ä la suite dos armees qui out, a differentes fois, envahi I'ltalie. la Suisse et la France. Ce sont de ces verites reconnues depuis si long-temps que je me crois dispense de donner plus de developpement a mes idees.
Quelle que soil enfm l'origine des maladies typhol'des, toujours est-il constate que dans les epizootics de ce genre, la force nerveuse est languissanle et memo stup^fiee et quo Ton y remarque des changemens notables dans la composition du sang, qui denotent Je genre et la Dtttnre
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de ces maladies. Au surplus , plus fluide , plus dissous dans ccs cas , ce liquide se prele mieux ä la formation de ces s'.ases typhoiques , de ces ecchymoscs et memo de ces vastes öpanchemens formes de lymphe , de sang noir et corrompu , qui s'observcnt plus souvent et plus parliculierement dans les maladies charbonneuses, quo dans le typhus proprement dit, oü ces lesions ont moins d'dtendue.
Le prineipe morbide ou plulöt les causes ( virus spe­cial, miasmes, effluves, agens imponderables, ayant l'air pour vehicule) semblent, dans ces affections funestes, agir sur le sang ä la manierc du (luide ölectriquc , ou plulot de certains poisons qui le dissolvent et le privent entieremenf; de la faculte de se coaguler. Ilien nc pronvc mieux l'iiitime connexion qui existe entre le sang et Ic Systeme nerveux , que les effets du virus typliique ; car ces agens qui detrnisent la sensibilite et l'irritabilile, denaturent au'meme instant le sang et en alterent les proprietes physiques , si le Systeme nerveux est le pre­mier frappe; ou ils alterent lesang et detruisent la force nerveuse pour ainsi dire simultanement, si c'est le sang qui a lt;5te le premier saturö de ces elemens destrueteurs, comme il y a lieu de penser qu'il arrive dans le typhus.
Cette opinion sera done le point de depart de ma con­viction sur la nature du typhus contagieux du gros betail.
J'ai dit que cette maladie devait elre assimilee aux empoisonnemens miasmatiques; qu'elle elait contagieuse, comme presquc toutes les maladies qui ont one sembla-ble origine ; qu'elle avail toujours un caractere febrile contiuu , mais remittent et se manifestait communement sous la forme epizooliquc ou enzoolique.
Le typhus se declare , dans Ic plus grand nombre de cas, au milieu des rasscmblemcns nombreux d'animaux, comme dans les pares d'approvisionnement des armees , oil ils sent le plus souvent exlcnucs par la fatigue quo
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K)(gt;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PATliOLOGlE BOVINE.
leur occasionent les mouvemcns slrategiqiics ; logos dans des etables mal propres, trop pelites, on mis au bivouac dans des prairies souvent marecageuses ; nourris de four-rages avarics on de mauvaise qualile , et abreuves d'eau mal saiue on renduc trouble par le pielinement des bes-tiaux. Cetle maladie serable quelquefois nattre sponta-üement et resullcr de raileration des exhalaisons qui se degagent par toutes les surfaces du corps des animaux sains et de ceux malades. Elle se propage et se commu-nique aussi au moyen de ces miasmes, dbnt l'air ämbiant devient le vehicnle et les transporte ä des distances plus ou moins grandes. Enfin , e!le cst eminemment conta-giense par miasmes ct par contact, le virus typhique etant excessivemcut volatil.
Le principe de cette maladie reside dans le sang ; il pent y etre developpe, au sein des organes , sous I'em-pire de tonics les causes cjni pcuvent porter une pertur­bation fuueslo dans Tcconomie et quo j'ai plusieurs fois indiquees, telles qu'une alimentation mal sainc , insuffi-sanlc ; les logemens insalubres, les intemperies atmosphe-riques , etc., etc. , ou le typbus se contracte et penelre dans Porganisme par vole d'absorption , puise sa source dans les effluves, les miasmes qui s'elevent des foyers d'in-fection quo j'ai precedemmcnl iudiques.
Plus de doutc sur sa nature , e'est une veritable in­toxication miasmatique qui ngit sur toute reconomie , coname agirait un poison , c'est-ä-dire , qu'il y exerce une action nuisible et peut causer la raort ; rnais, ä cetle difference pros, que le virus typhique est toujours special, toujours le meme , parliculier ä i'espece bovine, el pour contester ce que j'avancc , il faudrait nier l'existence des miasmes.
Que la cause palliogenique du typhus se soit develop-pee spoutanement dans I'economie , comme cela est pre­sumable quelquefois , surloutdans le principe des epizoo-
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(ics ; ou qnc 1c virus sc soil introduit par voic d'absorption, ce qui est plus frequent; toujours cst-il quo Ics phcnome-ncs qu'il produit ont la plus grande analogic avcc I'action des poisons.
En effet, qu'observe-t-on d'abord snr !c boouf frappc par le virus typhique? ün ctat dc malaise q'ii indique I'instant oil 11 penclre dans l'öcononiie, puls des frissons vogues, frequeos, violens; lerefroidissement des exlrö-miles et d'autres symptömes nerveux plus marques, tcls que des mouvemensvertigineux , unc gaiie inaccontumee, laquo;u des acces dc fureur , des mouvemciis convulsifs , ou unc stupeur frappante. Deja l'agent morbide , transports par le torrent circulatoire , a porle sur Ic syflemc ner­veux son allcinle funeste , d'ou est resulleou I'excitation vertigineuse, ou la stupeur , suivant la violence du virus et l'encrgie vitale de l'animal atteint. Aussi , la reaction vitale , modifiee par 1c temperament, ?e manifeste plus ou moins promptement, par l'acceleration du pouls, la cbaleur de la peau, unc soif ardente, des soubresauts dans Ics tendons , ranxiele , etc., etc. , consequences ue-cessaires de Taction du virus , mis eu contact avec les organes. Gelte action est prdinairemeut rapide, lumul-tueuse et funeste an debut des Epizootics, alors que le virus jouit de toule son Energie et dc sa malignile , sur-tout s'il exerce son action sur des animaux jeunes et \i-goureux. La iievre est d'uue intensile effrayante, des inflammations gangreneuses frappent de raort les organes principaux ; mais au second temps des epizootics et sur-toul vcrs lour declin , lorsque 1c virus est affaibli par son extension , on remarque que la iievre est plus mo-derec et les symptömes moins alarmans; ii survient des sueurs partielles mais abondanles, les defecations sont moins douloureuses, les excremens reprennent pen ä pen leur aspect normal; des hcmonliagics ont lien par celte voic ; ii sc manifesto aussi sur quelques malades des erup-
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tioiis piislulenses (]ui font pmagcr unc heureuse termi-naisoD et sont les ovant-conreurs de la convalescence (quot;).
Tout d^monlre done un effet öliminatoire, au moyen duquel la nature cherche a se dehnrrasser du virus in-{roduit en dirigeant le principe morbifique vers les grands (I'moncloires de l'öconomie , lels que la peau, les voics gastriques ct les voles urinaires. Comme cette maladie produit toujours line cortaine congcslion sur les organes digestifs, qui., dans quelques sujets sanguins, donne quelqaefois lieu ä unc bömorragie intesiinale, quelques anteurs out cru voir dans ce phenomene secondaire, le caraclcre essenliel de la gastro-enterile, eu confondant I'effet el la cause.
S'il fiillait d'autres preuves pour ötablir la similitude qui existe enlre les effets que produit le virus typhique et ceux causes par un empoisonnement , il ne faudrait quo lire les experiences failes par plusieurs savans me-decins ct velerinnires sur rinjcclion , rintroduction ct rinoculation du sang ou d'autres substances animales, provenant d'animaux atteints de maladies charbonneuses ct typhoiqucs, pour se convaincre quo les effets sont parfaitcment analogues ä ceux que produirait un poison de nature sedative, mais bleu plus semblables encore aux plienomencs que presenle le lyplms.
La contagion par contact mediat ou immamp;liat entre un animal malade et un animal sain, n'estplus un doute, pnisqoe tout prouve que par les effets de la fievrc reac­tive , les besliaux aleinls apres avoir puise la maladie au milieu des foyers d'infeciion , I'exhalent eux-memes
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(*) ßoiuol , mixleclu ü Agon , qui observe unc epizootic do lyplms eu 1789, ciledes observations qui prouveut quo dix animaax fureut saiives yav des eruptions cnlanees, qualre par des däpöts critiques; il dit, i ii outre , que dims trois vacbes pleines, il se forma des de-jiots sur rembrion qui causercnt ravoilemenl et prociirereut ä la maladie unc cure beureose.
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on nature , par line consequence des efforts conservateurs tic la nature.
II ressort aussi de loutes ces considerations une vcrite d'observation , e'est quo le sang cst le premier sature du virus typhiqae, soit que !a tnaladie se seit developpcc spontaiiüment aü sein de Tecoiiomie , soit quo !cs mias-mes on le virus typhiqae , repandus dons ralmospliöre , aient piinetre avee I'air respire ot salurö le song de lenr principe Funeste , lors de I'liomatose. Los cenlrcs nerveux ne sont que secondaircment atlaqnes et ne le sent que lorsque le sang est mis en contact avee eux par la cir­culation. Cost ce contact qui produit cette reaction, cctto lievre qui presente des degres d'iiitcnsile et des effets divers, suivaut que I'intoxicalion a m intense et com­plete , ou passagere et faible. Elle sera encore , cet'e fievre, modiiide par le temperament el la predisposition individuelle.
Si Ic contact do I'animal sain avee le malade n'a did que passager ct insuffisant, si le virus a perdu de sa force et de sa malignite , i'empoisonnement pent n'eire pas morlel ; mais si la communication a etc prolongde, quo fair que respire I'animal sain soit sufflsamment sa­ture de virus typhique, I'intoxication aura nöcessaire-ment des effets funcslcs , et , corame je l'ai dojä dit, la maladie sera encore modifide par la force rdpulsivc et conservatrice individuelle. Ainsi , ealre I'empoisonnement typlioi'que d'une malignite trös-intense et celui qui, plus benin, n'a lieu que lorsque I'epizoolie tend vers sa fin, il existera des nuances que le velerinaire doit savoir apprecier, dont il tirera un pronostic plus ou moins favo­rable et des indications diverses.
Do ce quo j'ai precedemment dit, il decoule !cs con­sequences theraneutiques suivantes : les experiences fnitcs sur les animaux pour conslater les effets de i'introdnction par absorption du virus typhoique, ou chnrbonneux ou
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giingroneux , dans reconomic vivante , ont prouvü que la saigncc donnant issue au virus en memc temps que le sang qui en cst le vehicnile est extrait des vaisscaux, on doit en tirer la consequence que la saignec cst le premier moyen ä employer dans les empoisounemens miasmati-ques, comme 1c typhus , sauf des modifications que je ferai ullerieurement connaiire. Onseconvainc, en outre, par une observation judicieuse et melhodique des pheno-menes palliologiques que produit le virus inlroduit, quo la nature fait effort pour s'en dobarrasser par tons les emonctoircs depurateurs de l'economie. Or , le veterinairc doit seconder cette reaction favorable par tons les moyeus que I'art lui suggerc; il tentera de la regulariser si ellc est trop tumuliueuse , par les evacuations sanguines ou tout au moins les delayans acidules , et dans une occu-rence contraire, il pourra obtenir d'heureux resullats des sudorifiques, des Stimulans diffusibles, etc., clc. 11 devra aussi chercher a combattre les effets de cet empoisonne-meut, ä prevenir , a rcinedier a I'adynamie funesle qui en est la consequence , par l'emploi des anti-sepliques , des toniques specifiques reconnus les plus favorubles dans ce cas. Le velerinaire noubliera pas non plus (pie I'ex-perience ayant prouvö que Tune et l'autre de ces indica­tions misc sculc en pratique, n'aurait pas un resullat avantageux et qu'il faut souvent les faire marcher dc front. Enfin , comme les maladies typboldes et charbon-neuses presenlent diflerenles phases, ainsi que des modi­fications individuelles , le trailement ne saurait elre 1c meine dans toules ; dc sorte qu'il n'y pas de remede specifique conlre ie typhus , mais des indications medi-calcs. Aussi les moyens preservalifs sonl-ils les seuls qui offrent une cspecc de garantie et meritent le plus de confiancc : ils consistent principalement ä deiruivc ct neu-iraliser , autant que possible, l'action des causes connues ou pr6sum6es , eloisner les animaux sains des foyers d'in-
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iection et sequcstrcr Ics bcstiaux malades dans chaque ferme envahie par l'öpizootie. Je rcviendrai sur ce sujet.
L'altöration du sang dans les maladies typlioiques et charbonneuses des bcstiaux n'est plus un doute , mais quelle est la nature de cette altöration ? quels sont les Clemens constitutifs qui manquent alors au sang , ou qui sont seulement älteres ? Voil'i ce qu'il faudrait connaitre pour arriver a des indications plus ou moins positives. Je ne protends pas y parvenir , mais, pour identifier le lecteur ä ma pensee, je vais rapporter un resume des opinions du docteur Prater , sur les alterations que prä­sente le sang des choleriques, ainsi que des experiences qu'il a faitfs; parce qu'elles ont puissamment influence ma maniere de voir, dejä, pour ainsi dire, formöe d'avance par la lecture de l'ouvrage d'un autre medecin anglais, ainsi que je l'ai dejtk dit; car, l'analogie que le typhus des bcstiaux prfeente avee le cholera , est, selon moi, si evidente , que je pense que I'etude de Tätiologie et des alterations de Tun öclaire et facilite la connaissancenbsp; nbsp; nbsp; nbsp; %
de l'autre , et qu'elle conduit necessairement ä des in­ductions tres-precieuses pour le veterinaire.
Des nombreuses experiences qui lui sont propres , M. Prater conclut que, les agens qui font passer le sang ä l'etat de coagulum , ou le maintiennent ü l'etat liquide, n'ont pas une action chimique simple, et que dans ce cas, le sang se comporte comme une matiere organisee et par consequent soumise aux lois de l'organisme.
Ainsi, il considere dans le passage du sang a l'etat solide deux manieres d'etre : la coagulation et la conso-lidulion , pour lui , le coagulum constituerait clans le sang l'etat de raideur ou se trouvent les muscles un cer­tain temps apramp;s la mort, tandis que la consolidation scrait un changement chimique beaucoup plus complet.
Cette idee de l'existence de la contractility dans la fi-brine du sang commc dans la fibre musculaire , a conduit
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II. Prater A comparer les cffets des differens agens chi-iniques laut sur !a contraction draquo; coagulum , quc sur edle des muscles, apres la mort. Voici ces conclu­sions : la conlraclililö est inhärente au caillot sanguin , comme aux muscles, mais ellc n'a pas, dans ces deux substances, la meme intensilö ; la contraction du muscle est a celle du caillot , environ :: 1/2 : 1/5. Le coagulum se contracte dans toules les directions , le muscle dans une seule ; M. Prater altribue cetle dilTercnce ä la dispo­sition speciale de la fibrine dans le lissu ceilulaire.
M. Prater distribue en trois classes les agens qu'il a experimentd-s, suivant qu'ils suspendent la coagulation , qu'ils rempechent ou qu'ils determinenl la consolidation.
Parmi ceux qui nc font que suspendre la formation du coagulum , se trouve en premiere ligne I'hydrochlorate de soude , puis les scls ncutres qui out de l'analogie avec cesel; les extraits d'opium , de gcnliane, de quinquina, d'aconit, de jalap. Dans les cas ou la coagulation est ar-rcHee par l'cmploi de ces substances, il suffit d'ajouter de Teau pour qu'elle ait lieu. Les extraits de salsepa-reillc, de cigue, de belladone , les poudres dc gentiane, d'euphorbe , de poivre, le gingembre , la moutardc sont egnlement considörös par M. Prater comme nc faisantque suspendre la coagulation ; mais ici , e'est sur Tanalogie scale qu'il s'appuie ; car , comme il faut employer une gründe quantity de ces substances pour empeclier la for­mation du coagulum, il arrive, lorsqu'on ajoute de Teau, que la dilution est trop (ütendue pour que la coagulation puisse se fairc.
Les agens qui detruisent la faculte de coagulation sont: Tammoniaque et les sous-carbonate de soude et de po-tassc , les poudres de rhubarbc et dc myrrhe ; ces agens tout en empccliant totalemcnl la formation du coagulum, cbangent ;gt; peine la conlenr ct la consistance du sang ; il faut aussi ranger parmi eux le froid et la chaleur ä cer-
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lains (legres, une course tres-rapide, le coma a la suite d'un coup sur la tete, un coup sur la region stoma-calc , les passions, etc.
Les acides citrique , tartarique , le bichlorure de mer-cure et Ig sulfate de potasse cmpechent egalcment la coagulation; mais par leur action le saug est noirci.
Le sang est consolide par une chaleur subite de 100deg; a 170deg; , par les Sulfates de zinc et de cuivre , la t6re-benlliine, I'aicool , lather sulfurique , I'alun , I'acide oxalique , les acides mineraux , le vinaigre , la chaux, le galvanisme; il y a alors un changement chimiquc evident.
II est ä remarquer que tons ces agens , pour pro-duire les cffets que nous venous d'indiquer , doivent etre employes ä dose assez forte. Ainsi, le muriate de soude, I'euphorbe , le gingembre , I'ammoniaque , employes ä petites doses, au lieu de suspendre ou d'empecher la coagulation, servent, au contraire, ä la hater. .
A la suite de ces expöriences sur le sang, M. Prater en rapporte quelqiios autres sur les fluides söreux qui presentent egaiemont un certain interet , mais qui sont beaucoupmoins dtendues ; puis il vient a s'occuper de la nature du cholera-, qu'il considere comme une maladie du sang, nne incapacite pour ainsi dire de ce fluide a rougir par l'exposilion ü Fair. Cette hypothese, selon M. Prater, pent rendre compte de la force avec laquelle la maladie aflecte toute I'öconomie , et en particulier , le Systeme nervcux. Les experiences de Bicliat, de Bro-die, de Kay et de nombre d'autres auteurs, ayant de-.inontre que les fonclions du cerveau son troublees memo plus promplement que cclles du coeur , par l'abord du sang noir dans cet organe.
L'altöration du sang est d'aiiieurs evidente, et diffe-rens chiraistes ont 'reconnu I'absence dans le sang des choieriques des matieres salines, ainsi que la diminution
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du serum ; on a egalcment rcmarquii que le sang nc rougissait pas toujours au contact de l'air. M. Prater, dc son cöt6 , a observe que , meme lorsque ce pheno-mene existait , le sang rougissait constamraent s'il elait plonge dans Ics solutions salines.
Selon M. Prater, e'est, dans le cholera , ralteration du sang qu'il laut combattre , et les medicamens qu'il considere comme des plus avantagenx sout les seis neu-tres deju employes par plusieurs medeeins. 11 cite ü ce sujet MM. Yseubach et Brailow , qui, sur trente malades traites d'abord par la saignee, puis par I'administration de deux cuillih'ees de sei commun dans 18G grammes d'eau cliaude pour premiere dose, et d'heure eu heure, par I'usage d'une solution froide dans laquelie il n'y avait qu'une scule cuilleree de sei, ne perdirent aueun malade; le docteur Ewertz , qui sur 745 cas n'en perdit que 75; ce praticien faisait prendre 5 decigrammes de bicarbonate de potasse ou de soude d'heure en bcure et pratiquer des frictions chaudes. Le docteur Okel , par un traitement semblable ä celui des docteurs Ysembach et Brailow , n'en perdit que 1 sur 50. II employait, ä l'extericur, les bains chauds.
M. Prater rapporte encore les resultats de la pratique de plusieurs medeeins anglais i\ l'appui de I'administra­tion des substances salines : ce sont Mil. Tyme , Wake-field , Wuitmore et Stevens.
D'apres ces auteurs , I'injection dans les veines de substances salines n'a amene la gmh'ison que d'un tiers environ des malades; M. Prater n'en regarde pas moins cette pratique comme tres-avantageuse , puisque ce moyen -n'a 6te employe que dans des cas tout ä fait desesperes; il est raalheureux que M. Prater n'ait pas rapports les fails sur lesqucls est basee cette assertion.
laquo; Quand M. Prater combat les opinions de ceux qui )) ne voient dans la formation du coagulum qu'un de-
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raquo; part chimique simple, ou rinfluence seule de la clm-raquo; leur et du froid , il prouve qu'il compmid cclle chimie )gt; vivanlo oü tant de forces sont combinees, laut d'ac-raquo; lions en rapport les unes avec les autres. raquo; A quoi j'ajoulera! qu'il exislc de plus lä un phönomcne , une action toule d6peiidante de l'absence de la force vitale, je veux dire de l'innervation du sang qui s'exhale pen A peu et successivement quand ce liquide est sorli de l'ap-pareil circulatoire.
J'ai dit que j'avais eu occasion de faire , il y a long-temps, des experiences analogues qui me frappcrent vive-ment; aussi , si je ne suis convaincu, je crois du raoins sincerement que e'est dans la privation ou tout au moins dans une diminution tres-sensible des matiercs salines du sang , ainsi qu'a l'abscnce du sörum que consiste prin-cipalcraent raltcration de ce liquide dans les affections typhoi'des et charbonneuses. J'ajoute , qu'il me semble Evident, que e'est ä la propriete septique des virus ty-phiqueetcarbonculaire, introduitsdansl'economie, qu'est due cette dissolution du liquide sanguin. Aussi, le trai-tement que j'ai opposö depuis cette conviction , a ce genre de maladies , a-t-il consiste principalement dans l'emploi de l'acetale d'ammoniaque , des sous-carbonale et dans celui du quinquina , que j'ai cru ctrcs propres ä remamp;lier ä l'absence de ses principes salins et ä remonter le ton de l'organisme.
Waldinger a reconnu , des 1810 , l'alteration du sang ct prevu cetle absence des principes salins dans le typhus, qu'il nomine pesle des hues ä comes; aussi assure-t-il avoir obtenu les plus lieureux succes de l'emploi de l'acide du sei marin ou aeide hydrocblorique, qu'il a pprte h la dose de 3d grammes etendus dans deux litres d'eau , quantite qu'il röpete quelquefois jusqu'a trois fois par jour, et ä laquelle il ajoule , selon les cas, des pre­parations ferrugineuses. II indiquc aussi la saignec avant
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tout, quand le boeuf est jeune , sanguin , le pouls acce-ler6 , la fievre tres-intense et que nul Symptome d'ady-namie ne s'est manifeste. II appuie cette mßthode curative des opinions et de l'experience de Pessina, du docteur Franck et d'Abildgard. II veut meme que Ton lave et dötergc toutes les piaies, les ulceres qui pourraient com-pliquer la maladie , avec cet aoide. Les faits , les expe­riences que Waidinger cite ä l'appui de refücacite de cette medication, qu'il generalise pcut etre un peu trop , lui donnent le plus grand poids.
Doit-on opposer un traitement aux progres du typhus? Teile est la question qui se presente.
Quelques v^terinaires la resoudraient par la negative et ne pröconiseraient que les moyens de police sanitaire. Mais les döcourageans argumens du scepticisme medical doivent tomber devant I'observation pratique, invoquons des faits:
Je passerai sous silence tout ce qui est antörieur ä 1796. On Gt, commc le dit Paulet, trop d'honneur ayx bestiaux ; des medecins cölebres 6tudierent les öpizooties, ils proposercnt divers moyens pour guerir le typhus , ainsi que des mesures de police qu'ils jugerent capables d'en borner et arreter les progres contagieux ; mais le talent pratique leur manquait et le succes ne couronna pas le zele. En I79G, le typhus fut meconnu par les vöterinaires charges de le combattre , il depeupla de bes­tiaux les d^partemens du Haut et du Bas-Rhin ; .'e Irai-tement qne proposercnt Beaumont et autres (itant base sur un diagnostic faux , n'eut que des resullals flcheux. II n'en fut pas ainsi cn d814 et 1815 , l'Ecole de Lyon ou plutut Grognier, perdit les 9/I0C5 des bestiaux qu'il traila. Los 5/4 de cenx attaques moururent, dans le Pas de-Caluis , au rapport de Ilurlrel d'Arboval; il n'en raou-rut quo 1/4 dans les environs de Paris et l/üe dans les autres döpartemcns. De Sorte que la mortalile ayant, dans
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ces tleniiers fcmps, variö du quart ä la moitie, on pent cn conclure qu'il est ratiounel et avaulageux d'opposer im traitement methocliquo aux progres du lyplius; quoique la medecine ne doive pas s'altiibuei' ä eile seiile (out 1c succes, puisque sur le dedin de la maladic, öpoque oü le typhus est plus benin, quelques animaux guOrissent prcsque seuls. Si j'ajoute ä ces rösullats si avanlageux que Hurtrel d'x\rboval a gueri 107 animaux sur 143 , tandis que sur 557 bestiaux malades , abandonnös a la nature , 49 seulement se sont sau\6s, n'aurai-je pas reudu toute objection impossible, puisque je prouve que les 5/4 des animaux traltös melhodiquement s'laquo;5chappent et qu'il ne s'en sauve pas l/10e quand on s'en rapporte aux efforts conservateurs de l'öconomie.
Dans le typhus que j'observai dans les environs de Paris en 1797 , lorsque j'etais 61eve, je remarquai que le trai­tement preservatif seul eut quelques succes. En 1814 et 1815 , je ne vis le typhus que comme observaleur, des affaires d'intöret m'ayant appele plusieurs fois au-delä de la Loire , dans les contrt'es oü regnait l'öpizootie. Mais, en 1827 , j'observai'le typhus dans les environs de Bour­bon-Vendee , j'operai ä la verity sur une petite Schelle , ccpendant j'ose affirmer que si la maladie eüt d'tö aban-donnöe ä elle-meme, eile se füt rapidemcnt ätendue et que c'est aux mesures que je pris, aux moyens mamp;licaux que j'employai, que je dus attribuer son extinction subite.
J'ai dejil fait remarquer, page 157 , quo les öpizoolies typhoides presentent trois 6poqnes : 1deg; le debut; 2deg; I'clal de violence durant lequel on guerit ä peine ic vingticme des malades; 5deg; le declin , oü il no- peril que le 8me ou le 10me des boeufs atlcints. Ces trois epoques presen­tent done des chances de succes differenles et modifient aussl le traitement de la madic.
II est aussi des öpizooties de typhus plus bönignes les unes que les autres; en I77G , par cxemple , beaucoup
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d'animaux guörirent spontauöment ä la suite d'eruptions critiques salntaires ; j'ai dit qu'il en fut ainsi en 1789, dans les environs d'Agcn. En 1816 , la maladie fut moins meurtriere qu'en 181S.
Je lermine en disant, que maintcnant les vöterinaires etant plus nombrenx et plus instruits qu'ä l'öpoquc de la fondatiou des öcoles, ils rendront d'eminens services dans le cas d'(5pizooties. Ne dois-je pas leur faire la justice de declarer, que c'est par le zele et les talens dont ils firent preuve en 1814 et 1815 , que furent bornös les ravages du typhus; leur influence morale, la conGance qui les entourait , les excellens conseils qu'ils donnerent furcnf puissans dans ce moment critique oü radministration avait si peu de moyens ä sa disposition.
La question de l'opportunitö d'un traitement rationnel est maiutenant r6solue par I'affirmative, pour tout vete-rinaire instruit qui parle sincerement, sans esprit d'op-position ou de Systeme.
J'ajouterai seulement, qu'au döbut des epizootics, l'hom-me de l'art doit, avant tout, provßquer de la part dc I'autorite les moyens pröservatifs administralifs el de po­lice sanitaire ; ils sont les plus importans et dpivent etre mis en pratique avec discernement et promptitude ; je ne dirai rien de plus que ce qu'a dit si bien et si judi-cicusement M. Bernard , dans son memoire sur le typhus; commc lui, je prefere la separation et la sequestration isolees , le sacrifice des premiers besliaux atteinls, etc., etc. Ces moyens n'excluent point ensuile un traitement prescrvalif et meme curalif pour les animaux qui pre-sentcnt encore quelques chances de succes, surtout dans les second et troisieme temps de la maladie, öpoque oü des indications sages et rationnclles peuvent sauver beau-coup do bestiaux et epargner de grandes perles ä l'agri-culture.
N'envisageant lei 1c typhus que sous le point dc vuc
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medical, je laissc de cote tout ce qui est du ressort de la police administrative ou sanitairc.
Desque le typhus s'est manifeste sur les boeufs d'une contr^e, d'un canton, d'une commune, d'une ferme , le vötörinaire appele pour constater I'existence de la ma-ladie et s'opposer ä ses progres , devra d'abord s'assurer si eile s'est declaree spontanement sur un ou plusieurs boeufs, ou si eile a 6te importtJe par dos animaux 6tran-gers acbetes depuis pen , ou si des animaux apparlenant aux fermes infectees, ont communique avec des betes malades.
Aux moyons de contagion signales pages 126 et 144 , je dois ajouter que le typhus so propage encore par I'inat-tention de mettre des boeufs bien portans dans des eta-blos ou ont söjourne des bestiaux atteints : les miasmes qui se degagent du corps de ces animaux et de leurs excremens , saturent l'air de ces habitations du virus typhique qui se fixe au sol, aux murs , aux separations, aux creches , et aux rateliers. L'empoisonnement est bien plus rapide si on a l'incurie de laisser manger aux ani­maux sains des restes d'alimens laissös par les malades. Des hommes de l'art qui ont observö des epizootics de typhus assurent encore que le passage d'animaux non atteints dans un chemin parcouru , pen de temps avant, par des boeufs empestes , a communique le typhus aux premiers, autant par les excremens qu'une troupe d'ani­maux evacue toujours assez abondamment et que les bes­tiaux sains flairent, que par les miasmes dont I'air rcste quelque temps sature, siirtont qnand ratmosphcre est calmc. Le memo effct a lieu dans les paturages oü ont söjournö des beles malades et dans les abreuvoirs oü elles se sont dösalterees ; s'ils sont IVequentes pen de temps apres par des animaux sains. On a meme observe qu'il suffisait du passage d'une bände atteintedu typhus sur le vent et ä uno cortaine distance d'un troupeau intact,
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pour lui commuuiquer ccttc terrible maladie. On regarde aussi comme des moyens de propagation les chiens des patres , des conducteurs, et les hommes qui soignent et approcheut sans precaution les bestiaux malades et les sains.
Le typhus a-t-il tie spontane, toutes les rccherches doivent se diriger vcrs la connaissance , souvent si diffi-liciie ä döcouvrir , des causes deterrr.inantes de la ma­ladie , dans le but de soustraire les autres animaux h Icur influence funeste. A-t-elle 6te impor4:ee par des boeufs achetes, il est urgent d'en faire d'abord le denombre-ment et de les sequestrer , ainsi que ceux qui out com­munique avec eux. De semblables mesures seront prises dans le cas oü des bestiaux appartenant aux localites en-vahies par I'epizootie, auraient et6 chcrcher ailleurs la contagion. Je suppose le v(Ht'rinairc bien fix6 sur la na­ture , le caractere de la maladie et son diagnostic bas6 sur des faits posilifs , il devra d'abord instruire I'autorite administrative de l'etat des clioses et des moyens prtiven-tifs qu'il croit utiles dans la circonstance. Je le suppose mande par tons ou seulement quelques-uns des proprie-taires , et par consequent entoure d'unc cerlaine con-fiance , il devra user de toule son influence pour reme-dier aux dangers que courcnt les bestiaux de la contree, il no laira pas la gravite de la maladie , la facilite de sa propagation , le peu de ressources et de moyens que la medecine veterinaire possede pour en aneter les proges.
Cependant, sa couduite devra etre rcflechie , il devra autant craindre de jeter l'alarme dans la contree que d'y entretenir une securite funeste. II visilera de suite toutes les formes atteintes , dont les proprietaires rd'clameront ses secours. 11 divisera dans chacune tons les animaux en deux classes: la premiere comprendra tous les bostiaux sains ou no presentant aueun des symptomes do la ma-
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ladic. La deuxieme se composera des besliaux malades.
Apres avoir de suite , et dans chaqae forme , isole ces deux classes de bestiaux, en (Moignant les sains des mala­des, il subdivisera chacune d'elles en deux categories ct de la maniere suivante : lre Classc , l1quot; categoric. — Aniraaux sains n'ayant en mil contact avec des animaux malades, ni et6 exposes a rinfluence des causes connues ou supposees du typhus. — 2e Categorie. — Animaux non malades, mais ayant communiquö avec des boeufs alteints ou ayant etc exposes ii rinfluence des miasmes, des foyers d'infection ou de toute autre causes do la maladie. — 2mc Classe , lra categorie. — Bestiaux prösentant des symptömes prücurseurs du typhus. — 2me Categorie. — Bceiifs atteints plus ou moins gravement.
Au moyen de celtc classiOcation , les moyens a em­ployer, et les medications a prescrire seront d'une facile execution. L'essentiel pour le vöterinaire est d'obtenir 1c maintien exact de l'isolement des classes et mbme des categories, ainsi que je vais le prescrire et que les per-sonnes chargees du soin des bestiaux sains ne communi-quent pas avec ceux qui sont malades et vice versa.
Traitement preservatif. — lrc Classe , ire categorie. — Tout est hygiönique et consiste ä tenir ces bestiaux sains parfaitement isoles des malades , dans des etables bien a6n5es, ou de les parquer, si le temps est beau , dans des paturages sieves; ä diminuer un pen la ration de fourrages pendant quelques jours , de ne leur donner que des alimens de bonne quality et de les abreuver avec l'eau bianchio par le son de froment ou la farine d'orge et animee par le sei marin , ä la dose d'une cuilleree ä bon-chepar seau d'eau ; si les bestiaux refusentde la boire, ainsi saturee de sei, on le fera dissoudredans unc petite quan-tite d'eau ct on en aspergera la ration de fourrage du malin.
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Des praticiens prelendent qu'une saignee de trols ä qualre kilogrammes, terme moyen , ne peut qu'elre fa­vorable ; je n'en vois pas la nöcessite, eile dispose h I'ab-sorption des miasmes qui pourraient etre suspendus dans I'air ambiant. Dans tous les cas . si j'en toleraisTemploi, j'exigerais que la fonction de la digestion s'execulAt bien , que les estomacs fussent libres et los animaux jeunes et sangnins. Inutile de recommander le pansement de la main el la plus grandc proprete.
2me Categorie. — Dans ces animaux, le contact a eu lieu et les causes de contagion ont agi sur cux; le virus typhique a ete introduit dans I'economie, c'est le temps de son Incubation : l'indication est d'en döbarrasser I'eco­nomie , d'en neutraliser l'action et surtout d'employcr tous les raoyens propres ii faire avorter la fievre , la reaction et le tumulte general, souvent si funeste, qui est pres d'eclater. La saignee est ici eminemment indi-quee , clle sera de trois ä quatre kilogrammes, terme moyen , diminute, augmentde , röpetee suivant Tage, le sexe , le temperament du malade, et surtout la vio­lence , la rapidite des symptomes, le temps ou p6riodc de röpizootic. Ce sont de ces considerations qui sont du rcssort du veterinaire et dans le detail desquellcs je ne puis entrer. II est important surtout, avant d'em­ploycr la saignee , de constater l'elat des estomacs , de s'assurer quo la pause n'est ni pleine , ni surchargee d'alimens , car la saigiiiie dans ce cas devra etre ou sus-pendue, ou moins copiense, sauf ä la repeter au besoin. Mais il faudra se bäter de debarrasser les estomacs par radminislralion d'une tisane de decoction d'orge ou de racincs de mauves , de guimauve , animöe par le vinai-gre , a la quantite d'un demi-verre pour deux litres d'eau. ou plulot jusqu'a agrcable acidite ; cette lisanne sera donnce tiedc, trois fois par jour, ä la quantite de deux
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litres pour cliaque breuvage (*). La diote, ou da mains une forte diminution de la ration de fourragcs; des lavemens de decoctions ömollicnles de feuiües de mauvcs, de sou , de graine de lin acidulös aussi par le vinaigre. L'emploi du sei de cuisine ajoute ä l'eau blanche, ou en saumurc pour aspcrger les alimens, rempliront ces me­dications. La souplcsse du flanc gauche et la liberte du ventre qui surviennent coramunernent apres deux jours en sont la preuve ; alors , la saignee peut etre mise cn usage ou reiterte si on n'a d'abord tire qu'une petite quan-tite de sang.
L'execulion de cette premiere indication ne sufflt pas : il faut debarrasser l'economie du virus typhique, et, je le repetc, neutraliser son action par tous les moyensqui portent aus emoncloires depuratcurs de l'economie, dans le but de rendre au sang sa purete primitive. J'ai em-ployö dans cette maladie et encore dans le typhus char-boimeux , les infusions de fleurs de sureau , de feuilles de mentbe , de polite sauge avec l'absynllie , dans laquelle j'ajoulai Tacelale d'ammoniaque, ä la dose de GO ä 120 grammes , et le carbonate de soude ä celle de 20 ä 50 grammes (quot;). Cos breuvages etaient repetfe deux et meme trois fois par jour, suivant l'exigcncc du cas et la rapi-dile avec laquelle la maladie se declarait apres le contact, c'est-ä-dire, ia brievelö de son Incubation. 11 est des cir-constances meme oü je faisais marcher de front les sai-
(*)L'acideliydrochlorique ätendu, commc le vinaigre, jusqu'a agrea-ble acldile , pourrait le remplacer avanlageusemcnt dans les licenfs adultes; mais, j'ai observe que dans les jeiines ruininans les aeides mineraux avaieut une aclion funeste surla miujueusc de la ciillelle, qui, ä cet age, est peu epaisse, peu consislante et Ires-sensiblc.
(quot;quot;') Cette medlcalion est peu coiileusc, quand le velcrinaite pre­pare lui-menieracelated'animoniaque; je pouvais, dans ma pratique, le donner ä im franc le litre, qui pese pres d'un kilogramme. Le carbonate de soude ou soude de coimnerce , est aussi d'un prix tres-iniuiiue el s'emploie d'ailleurs a i'aible dose.
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gnecs repelees, mais moins copieuscs, avec radministra-lion dos breuvages delayans; oeux d'acdtate d'ammoniaquc et de carbonate de soude , en raison de la rapidile, de la violence et de la malignitö de la maladie. Je faisais conti-nuer ce traitemcnt pendant trois, quatre et cinq jours , jnsqu'ä ce quo ramclioration de l'ftat göneral du malade m'eüt affrancbi de toule crainte. Si, an contraire, la maladie faisait dos progres, je reiteraisla saignöe, suivant ropportunile et l'indication , ou plutöt, si le pouls etait concentre, dur et accötere ; enfin, je mettaisen usage le Irailement curalif que je vais indiquer plus loin.
Une alimentation de facile assimilation , les racines, Porge cuite, les farineux donnes en petite quantite , un pen de bon foin asperge de sei marin , l'eau blanchie et acidulee , les lavemens , le pansement de la main secon-daient reffet de mes prescriptions.
La saignee a eu ses detracteurs, les uns ont basö leurs opinions sur des fails , le plus grand nombre sur des theo­ries. J'ose trancher la question , parce que tous les pra-ticiens , c'est-a-dire, les vcHerinaires observateurs et vrai-ment savans , ont vanle ce moyen ; avec cette restriction pourtant, qu'elle doit elre bannie dans le traitement des animaux faibles ct lymphaliques, des que le flax nasal existe, ainsi que la diarrhee et surtout lorsque l'adynäniie, la prostration des forces sent evidentes, car alors eile scrnit mortelic.
lei nne question se presente, e'est l'opportunite des setons : l'emploi de ce moyen a 616 base sur ce fait d'ob-servation, que toutes les fois qu'il s'est manifeste des eruptions critiques, la guerison etait presque certaine. J'ai moi-meme souvent fait usage de ce moyen puissant, surtout dans le typhus charbonneux ; mais, j'avoue que s'il m'a quelque fois öle utile, souvent ce pröservatif m'a trompe et n'empechait pas la maladie de se manifester et de marcher quelquefois vcrs sa fin funeste. Toujours el
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prosque toujours, il survenait autour de ccs exutoiros des lumeurs Enormes, qui segangrenaientavec rapidite; elles m'obligeaient alors j\ des delabremens önormes, qui ta-raient les animaux pour toute la vie. Cependant, il laut faire la part des dieses, le seton est utile , on peut, on doit meme remployer apres que Ton a saigne les animaux, rendu le ventre libre s'il ne Test pas, et diniimi6 I'irrita-lion generale. Les setons sent meme uliles et doivent ctrc emploj'es sans crainte quand il n'y a pas une ten­dance bien marquee a la gangrene. Seulement, ce remede ne doit pas etrc trop generalise . mais employe avec dis-cerncment. Des que ccs exutoires ont produit une forte revulsion , il faut se hater de scarifier la tumeur qui les enlourc , ces incisions produisent une saign^e locale avan-tageuse , ainsi que le degorgement de la parlie. On devra ensuite faciliter la suppuration, toujours lenle a s'etablir, au moyen de lotions emollienlcs et des onctions adoucis-sanles. Si la gangrene envahit ces engorgemens , on en-levera par couches les portions sphacelees ct Ton lo-tionnera les plaies qui en resuileront avec l'oxide de chlorure de sodium. J'ai toujours prefere animer ces setons par un Iroschique de racine d'elleborc noir, fixe au ruban de fil, plutot que par le deuto-chlorure de mercure (sublime corrosif), duiit la resorption est quel-(iue Ibis funeste.
Traitemcnt curalif. — Si un traiiement prcscrvalif, uni ä des mesures de police sanitaire dirigees avec sagesse et discernement, ont et6 opposes avec succes aux rava­ges des lt;5pizooties, la medication curative n'a pas tou­jours ete aussi heureuse ; ce n'est guere que dans le second et le troisieme temps de la maladie, lorsque sa marchc s'est ralentie , que ses symptomes sont moins effrayans , que le veterinaire peut se promettre d'obtenir quelques succes de l'emploi des moyens thörapeuliques dont i'in-
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dicalion decoulc des recherches auxquclles il s'est livro , de rexperience des ancieus , de ceile des veterinaires ac-tuels et de la sienne. Comme j'ai dejä prouve I'opporlu-nite d'un traitement ralionnel mais pratique, non seule-ment par des fails, mais encore par un calcul mathdnna-tique , je me crois dispense d'argumenter encore contre la dialectique speculative de ses detracteurs.
La medication curative doit etre mise en usage des que la fievre est döclaree et quo le trouble general de l'eco-iiomie decelent les effets funestes du virus typhique sur le Systeme ncrveux.
La saignec peut encore etre employee avec succes, mais avec cetle condition , que le pouls devra avoir de la du-ret6 , de la force et de la concentration. Ces evacuations sanguines doivent etre peu copicuses, sauf ä les röpeter jusqu'ä souplesse du pouls; dans la crainte qu'une saignee Irop large et trop abondante, n'augmcnte la prostration des forces , et no determine l'adynamie et la gangrene. Ici , comme dans le traitement preservatif, l'etat des es-tomacs doit etre constate ; car , s'ils ötaient embarrasses etsurebargös, on devraitsc hater d'y remamp;lier par l'empioi des delayans, unis aux anti-septiques. La saignee, si eile est jugee utile , ne sera employee qu'avec la plus grande circonspection. On devra meme la bannir si le pouls accuse la faiblesse du malade , car alors , eile produirait infailliblement la gangrene. A cette epoque et dans cette oecurence , les breuvages anti-septiques, composes d'aee-tate d'ammoniaque, h la dose de GO ä 120 grammes, de carbonate de soude ü celle de 25 a 50 grammes , et de quinquina en poudre , i la quantite de GO grammes, öten-dus delayes dans une infusion de menthe et de -mölisse, repetös soir et matin, sont impörieusement indiquös. Leur effet sera seconds par l'eau blanche acidulee par le vinai-gre ou saturee de sei marin, dont les animaux useront ä satiate, car la soif est presque toujours inexiinguible
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dans ie typhus. Cependant, s'il n'en 6tait pas ainsi el que les boissons fusscnt rebulees , on fera prendre un scan d'eau blanche par jour d cbaque malade; eile sera aiors adminislräe avec la boateille., comrae les breuvages. Los lavemens emollicns soront d'autant pins uliles et re-petes qu'il y aura epreinlcs, tenesmes el coliqucs. Enfin,. les bains de vapeurs i'aits avec les bales do genievrc, suivis do frictions seches, de l'usage dc couvertures enveloppant parfaitement le malade , pourront r^tablir les fonctions de la peau et remedier h la concentration des forces vers les organes intörleufs ; concentration denotee par le froid des exlremites.
J'insiste beaacoup sur I'emploi des acides et du sei marin, coinmc d'excellens auxiliaires des carbonates et du quinquina.
On confoit quo le plus ou le moins d'aeuile de la ma-ladic , l'etal d'exaltation des forces , comme la döbilite et la tendance ä la gangrene modifient le traitement ä op-poscr. L'etal du pouls, je veux dire sa duretö, son acce­leration , sa concentration d'une pari , comme la fal-blesse , l'effacement des pulsations et la petitesse du calibre du Tariere de l'autre , sont la boussole du veleri-naire , eile lui indique ou I'emploi des evacuations san­guines, petites , reitcreos, des acides (#9632;lendus el combines avec les anti-septiques , ou celuides toniques, dessalins seuls delayes dans des infusions de plantes stimulantes et diffusibles.
Le quinquina est d'une efficacite reelle centre loutes les maladies typholdes et charbonneuses, c'esl un fait constate par rexperience ; Grognler lui-memc en convienl et la Soclele des Sciences et Arts dc Tournay a public que le quinquina en poudre, i\ la dose de 30 grammes, delaye dans line decoction dc gralne de lin , ou lout autre veliicule, r^pöle loutes les qoatre heures, pendant le jour, avail guerl , dans los envisons dc Denay, en
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1813 et 1816 , beaucoup de vachcs alleintes du typlrus.
On s'est r6crie sur la cliertö de ce medicament, cette consideration ne m'a jamais arröte ; un quart de kilo­gramme on 500 grammes de quinquina , m'ont toujours suffi, terme moyeii, pour chaque bosuf ; je poilvais dün­ner cette quantitö pour 9 ä 10 francs, et jamais je n'ai eu de reproches de cette döpense , dont je prövenai d'abord le propriötaire. Certains ont dit aussi que le nombre des malades exigerait tout le quinquina du Pcrou , coutes que tout cela. Dans une epizootic , le plus grand nombre des animaux n'exige que le traitemcnt pröservalif; dans d'autres, la maiadie en est rendue ä un point de gravity tel qu'il y aurait de la folie ä entreprendre un traitement, #9632;et qu'il est plus rationnel de les abandonner a la nature ou plutot de les faire assommer, pour 6viter qu'ils ne pro-pagent le typhus; de sorte que c'est tout au plus quatre ä cinq animaux sur cent, qui se trouvent dans la classc de ceux sur lesquels on doit employer le traitement cu-ratif. 3'ai observö au moins trente 6pizooties ou cnzooties de typhus charbonneux ou de typhus confagieux, et je suis Ires-fixe sur ce point. Tons les sopbismes et les dd--clamations des deprdciateurs de la medecme active , ne pourront changer mon opinion, ni celle des vöterinaires exp6riment6s.
Les engorgemens cmpliysömateux du tissu cellulaire sous-cutan6 qui se forment quelquefois dans le typhus, *eront scarifies et la plaie pansöe avec l'oxide de chlorure de sodium d'abord pur, puis ensuite ötendu d'eau. Les Eruptions de pustules ou de petites tumeurs critiques se-ront favorisees par les bains de vapeurs, Tusage des cou-vertures de laineet i'administration d'une infusion defleurs de sureau et de fcuilles de meiisse , ä laquelle on ajoute une ou deux fois par jour le quinquina , le carbonate de sonde et l'acetate d'ammoniaque.
FiXiste-l-il une congestion et mörne une phlegmasie
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concomittante des organes de la respiration , qu'indique la gone du respire et la toux , un large sinapisme place sous la region sou-sternale et scariGö apres l'engorge-ment survenu , procure une Evacuation sanguine locale et une prompte derivation bien preferable ä celle qu'on obtiendrait par des setons. Est-ce dans les organes di­gestifs qu'existe cette inflammation toute secondaire et dont on a voulu faire la maladie essentielle ? dans ce cas encore un sinapisme plac6 sous le ventre , scarifiö comme le pröeödent, produit souvent une aussi heureuse rävul-sion. Je ferai remarquer que l'emploi de l'eau tiede pour delayer la poudre de raoutarde est preferable au vinaigre dont on usait autrefois, eile n'altere en rien ses proprieies irrilantes comme le fait le vinaigre. Les epreintes , les coliques , les efforts defecatifs sont souvent diminues et calmes par des lavemens composes de decoction de feuilles de mauves, de lailues et de tetes de pavots, donnes ä peine tiedes , ä demi-dose, injeetes doucement et souvent
repetes.
Apres trois on qualre jours de l'emploi de cette medi­cation , la maladie se juge par des signes pronostiques favorables ou funestes; dans le premier cas, on observe presque toujours une evacuation critique sur un des grands ömonetoires de l'economio, dont on favorisera l'action par des moyens appropries.
Les malades refusant obslinement, dans cette mala­die, toule sorte d'alimens, jusqu'ä la convalescence, il est prudent de ne pas les laisser trop affaiblir par la diete • on les soutiendra done au moyen de l'eau blanche fari-neuse a laquelle on melera une forte infusion de bon foin, et avec quelques panades qu'on rendra medicamenteuses en y ajoutant des amers, comme la poudre de gentiane, ou des sudorifiques, comme celle de racine d'aunee ou enula campana ; des diuretiques tels que le nitrate de po-tasse , etc., etc., suivant l'organeou l'appareil sur lequel se declare la crise.
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La convalescence des nnimaux qui öchappent au typhus est toujpurs longue et penible, tant les forces de la vie out (';((i affaiblies et frappöes de stupeur par le virus ty-pbiqne : leur regime devra done 6lre uourrissant sous un petit volume, compose d'alimens de bonne qualitö et de facile digestion : tels sont les farineux animes par le sei, les racines cuites , le bon foin. Enfin les bestiaux con-valeseens seront soustraits avec soin ä l'action de toutes Ics causes debilitantes conuues et ne seront remis au tra­vail qu'apres un retablissement complet.
La desinfection des etables , des harnais et ustensiles a l'usage des animaux qui ont 6t6 malades et des hommes qui les ont soignös , doit ensuite elre l'objet de la solli-ciludc du vetörinaire. Les lavages abondans avec l'eau bouiliante, pratiques avec l'aide de balais et de brosses tres-rudes ; l'action de lessiver ce qui est eu toile ou etoffes , de passer au feu tout ce qui est mötal, et enfia les fumigations de chlore , sont les agens au moyen des-(juels on parvient ä operer cette desinfection. Ces pro-ctkl6s etant connus de tous les veterinaires , je me dis-penserai de les detailler ici ; seulement, je dirai qu'au milieu des epizooties ou enzooties j'ai souvent employ.6 les fumigations de chlore. Par un beau jour , je faisais sortir les malades dansvun pare , une cour bornee et d'oü ils ne pnssent s'echapper , on nd'toyait ä fond l'etable et on y pratiquait une fumigation d'apres le proci5d6 de Guyton-Morvau qui olait la mauvaise odeur et semblait meltre les animaux plus ä leur aise. Inutile ici de recommander d'en-fouir au loin le fumier que Ton sort des ^tables et de ne par employer pour le charroyer des bestiaux sains, ils con-tracteraient la maladie; cette operation doitse faire ä bras, ou avec un cheval.
Du Bceuf Lezat.
On trouve dans les Annales de I'Agriculture, torn. 18,
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pag. 175 , un Memoire du docteür Cabiran , ayant pour objet uric affection palhologique qu'on observe quel-quefois sur les boeufs de salaisons pour la marine et sur ceux abaltus pour la boucherie. J'en rapporterai ici un extrait qui offrira d'autant plus d'interet, que cette ma-ladie peu connuc , me semble avoir une grande analogic avec les affections typhoides.
Ce medecin la considere comme une alteration des portions charnues du train de derriere, cn raison de ce qu'il n'a trouve que les muscles dorsaux et lombaires verts et corrompus , tandis que les sous-cufan6s avaient un as­pect sain. 11 s'ötonne que les os ne soient pas caries; ce-pendant, il a remarque qu'en les conpant, il suintait de leurs cellules , un sue de. couleur brune , tandis que cette coupure est blanche et vermeille dans l'^tat sain. 11 dit que quelquefois les tuniques de la moelle 6pioiere sont dans un etat maladif, mais que les viseßres sont commu-nöment sains. Si, apres l'abatlage et le döpouillement du cadavre, on veut couper le col pour en separer la töte, comme le font toujours les bouchers, il ne s'6coule pas de sang du canal vertebral, on est assure que l'animal portait en lui le prineipe de la maladie, et que la viande , malgrö son aspect sain, se corrompra promptement; aussi, alors, le boucher en presse-t-il le debit.
Le cadavre d'un beeuf dont les chairs paraissent belles, mais qui a le germe de cette maladie , se corrompt entit­lement dans les vingt-quatre heures qui suivent son abat-tage , sa putrefaction commence d'abord dans la region lombaire , se continue sur les parties posterieures et enfin dans tont le reste du cadavre.
Dans le Midi, le beeuf atteint de ce mal est dit hmtf lezat, lauzerat ou col pudent. On assure que les bes-tiaux eleves et nourris sur les bords de la Garonne, de la Save , de la Gimone y sont les plus sujels, (pic la ma-
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ladie est inconnue dans le Quercy et surtout dans le Pörigord.
Chabert et Huzard Crent un rapport sur le m^moire de Cabiran , ä la Sociöte d'Agriculture de Paris. dans lequel ils disent que la maladie dont il s'agit, regoit com-munement le nom de moelle fondue et ils placent son siege dans la moelle öpiniere ; ils pretendent que l'altöration des muscles n'est que secondaire ä la paralysie dont est frappö tout le train posterieur. Selon eux, l'animal at-teint porte la tete basse, l'epine du dos est d'abord tres-sensible, puis eile devient raide, insensible ; le poil est härissö , piqu6 et comme mal teint, tout le long de l'epine dorsale et dans les flaues. Le malade marche avec lenteur, nonchalance et en berrant la croupe.
Tant qu'aux causes, ces deux vöWrinaires disent que les muscles des lombes ötant ceux qui öprouvent le plus de fatigue durant les mouvemens ä op6rer pour soulever le col, la poitrine, les membres antörieurs et tout le devant doivent etre les premiers loses. Que les animaux longs de corps, hauts sur jambes , bas du devant y sont plus disposes. Que les travaux forces , les marches fati-gantes la döterminent, ainsi que les efforts que font les animaux vivant dans les morals pour relirer leurs mem­bres enfoncös dans la fange !... L'action de se chevaucher entre eux, comme il arrive dans les beeufs marchant en troupes , produit aussi cette maladie ; car le bistournage , disent ces Messieurs , laisse encore de l'ardeur ä ces animaux.
Mais M. Tessier pretend avec raison que cette maladie s'observe ailleurs qu'ä Toulouse. II est loin de penser que les püturages maröcageux dans lesquels les animaux sont obliges de faire des efforts pour retirer leurs membres de la boue , ce qui ne pourrait ötre qu'accidentel, en soient la cause. 11 n'admet pas non plus la quality des päturages, car , dit-il, comment l'essence des prairies pourrait-elle
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meUre les muscles dorsaux seuls dans l'elat de pulröfac-tioii dans iesquels on les trouve? II ne pense pas aussi quc l'aclion de se chevaucher determine une gangrene des muscles. J'ai vu des beeufs de bandes prendre ainsi des efCorts de reins incurables ; cet accident ne cons-tituaiL pas la maladie du lezat, mais une distension deraquo; lombes.
Depuis que j'habite Toulouse, j'ai eu quelques occa­sions d'observer cette maladie sur des boeufs tuös pour la boucherie; e'est done ici que j'ai puisö quelques notions sur eile, car je n'en ai jamais entendu parier ni en Poitou, ni ä Paris.
Le lezal n'affecte que les beeufs gras, on protend que ceux qui ont le nez camard et les cornes vertes y sont les plus exposes. Le beeuf qnien est atteint a l'haleine ftHide, il marche comme s'il ötait fourbu, en öcartant les mem-bres anterieurs, les epaules elles-memes semblent dicar-tees du thorax. Peu de teraps apres que l'animal a 6t6 assomme, la chair des regions des öpaules, du thorax , des cotes et des lombes est de couleur verte, d'une odeur fetide et gangreneuse.
Un inspecteur de police , eraployö depuis plusieurs an-n6es a l'abattoir de Toulouse , rn'a donne les renseigne-mens suivans : Panimal dispose ä cetle maladie a le col gros et court, le muffle enfonce et camard. L'haleine de l'animal qui en porle le prineipe repand une odeur infecte. Cette affection est beaueoup plus commune et plus in­tense durant les forfes chaleurs de l'etö , et j'ai toujours remarque que dans les boeufs lezat abattus en hiver , les chairs n'avaient qu'une lögere odeur dösagreable et sp6-ciale , qu'eües n'elaient point decolorees ; tandis qu'en öte elles sont bieuätres et fötides. Les principales lesions existent au cou, aux epaules, sur le (rain de derrierc, nolamment sur la vessie et les parties environnantes.
Tons les boeufs, u'importc la race, sont susceptibleraquo;
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d'en titre atteints; eile est cependant moins frequente dans les bceufs Agenais, Saintongeois, Bordelais et du Quercy, quo dans ceux de la Haute-Garonne, do I'Artege et d'une parlie du Gers.
Je vuls ajouter i ces renseignemens 1'autopsie d'un bosuf lezat, faite ä l'Ecole royale veterinaire de Toulouse.
Le dimanclie 18 fevrier 18öS , le directeur fut invite par la police a envoyer aux abattoirs de la ville , un membre du corps enseignant pour visitor le cadavre d'un bocuf do race du Quercy, tu6 pour la consommation et soupgonne atteint d'une maladie qui en rendalt la viande insalubre. Ce fut M. Lafore, alors chef de service, qui fut dösignö.
Le cadavre fut amene ä l'Ecole ; cet animal avait 6tö achete le IG courant, au marche de Toulouse, et venait, d'apres la declaration du conducteur, de Moissac, dont il avait parcouru lechemin (6 myriamelres) dans une nuit. II avait 616 abattu et ögorgö par le bouciier, le samedi soir ä o heures.
L'autopsie cut lieu 18 heures apres la mort: la decom­position cadavtrique etait commencöc. Boeuf gras, ago de ncuf ä dix ans. Lever de la peau , slase et injeclion du tissu cellulaire sous-cutane, ecchymoscs assez larges for-mant des plaques pointillöes dans diverses parties du tissu cellulaire, beaucoup plus nombreuses sons l'epaule et le bras , entrc les muscles grand deutele de l'epaule et le sou-scapulaire ; elles elaient encore nombreuses ä la re­gion de l'encoluro autour des gros vaisseaux (carotides et jugulaires) ; des pelecliies nombreuses existaient sur le nevrileme du cordon trachelien du pneumo-gaslrique ( 10e paire encöphalique), la substance memo du nerf en etait alteree et prescnlait une couleur jaunütre mölee de stries sanguines. Tout le tissu cellulaire de la region traciuMienne ötait gorge de sang noir et liquide. On re-marquait dans le tissu cellulaire sous-cutane de l'hy-
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pocondre droit une large tumeur noiralrc, gangreneuse et de nature charbonneuse.
Abdomen. La pause ölait remplie d'aümens grossiere-ment tritures, sou Epithelium totalement dötachö , lais-sait ä nu la muqueuse qui presentait une injection , des pötöchies et des ecchymoses nombreuses de couleur rouge-viueux ; !e feuillet ot'frait une injection et des traces sem-blables de l'inflämmalion adynamique, qui ne reflete pas le rouge-vif de la plilegmnsio fränche ; la muqueuse de la cailielte presentait les memes lesions; ce quatrietne esto-mac contenait, ainsi que l'intestin grele, un liquide epais, rougeätre, semblable d une forte decoction de quinquina. Tout le tube intestinal rcfletait une couleur rouge-vineux on violet, etsa muqueuse uniformement coloree, par suite de la stase et de rengorgement adynamique , offrait le vrai type de cette inllammalion sp6ciale aus maladies ty-pbo'ides , dans lesquelles le sang alt6r6 , dissout, semble s'arröter, cngorger les tissus par suite d'un defaut d'in-nervation, d'un epuisement des forces de la vie. Le foie semblait cuit, il etait engoue de sang noir et liquide, le volume de ce viscere ötait sensiblement augmcntö et son parenchyma ramolli ; la vösicule du fiel ölait distendue par la bile. La rate etait ramollie et remplie d'un sang noir , epais , non coagule. La substance des reins etait flasque , eile s'ecrasait facilemeut sous les doigts et reflö-tait une couleur rouge-noire. La vessie ötait entouröe d'une maliere gölatiuiforme rouge-orange , ce röservoir contenait un liquide colore, sa muqueuse 6lait tres-in-jectee, surtout au col, clle presentait aussi une teintc rouge-vineux fonce. Le peritoine, les mesenteres , I'epi-ploon 6taient tres-injectes par im sang noir et parsemes de pötecliies et d'eccliymoses violacöes.
Thorax. Les poumons gorges et engoues par un sang noir, liquide, dissout, refletaient une teinte verte vio-lacee , les plevres elaient colorees comme le peritoine et
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leurs sacs contenaient un liquide sanguin , noirätre et dissout. Le coeur semblait cuit, quoique asscz dense , il 6tait de couleur rouge-noir; le sac pericardien 4tait de la meme couleur et contenait un liquide noirültre , sangui-ncient; les venlricules , les oreiliettes contenaient du sang noir, liquide , dissout , oü nageaient quelques cailiots noirs, sans consislance ; les gros troncs veineux avaient, comme les cavitös du coeur , une couleur rouge cramoisi, uniforme , sans arborisations ; cette coloration existait aussi dans les arteres avec cette uniformity de couleur , comme si on les eüt trempös dans un liquide colorant. Cette couclie envahissait la membrane interne de ces vais-seaux , le tissu cellulaire sous-sereux et ne colorait que la face interne de leur membrane moyenne. Cette colora­tion du Systeme vasculaire s'ötendait fort loin du coeur dans les arteres , ainsi que dans les veines, et le sang que renfermaient les gros troncs veineux etait noir, liquide et dissout.
Tele. Les sinus frontaux contenaient un liquide san­guin noir et la muqueuse qui les tapisse (Hait rouge-noir. Le crane etant ouvert, nous avons trouve les m6-ningesinjectces, ainsi quele plexus choroide.Les capiilaires do la pie-mere etaient remplis , engoues , d'un sang noir et liquide qui formait des petechies , dos tacbes noirälres; la substance cerebrale avail i\ peu pres conservö sa den-site , mais e'le etait plus injeetöe qu'A l'ordinaire , par unsang noir qui en sorlait par gouttelettes. Les ventricules contenaient une assez grande quantite de liquide jaunalre ou citrin.
Ces colorations , cos injections des membranes , des parenchymes n'ont point dans ce cas , ainsi que dans les maladies lyphoidcs et charbonneuses , la teinte rouge de rinflammation franche. Le sang toujours noir et tres-sou-vent liquide , dissout ou tout an moins imparfaitement coagule, est phitöt dans un etat de stase que de conges-
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lion; il setnblerait que, manquaat d'influx vital, il resto dans les lissus ä cet (Hat de stase parce que sans doulo alors la force circulatoire a diminue et perdu meiüe son Energie. En effet. dans les maladies lyphoi'des , on observe d'abord une reaction , une ßevro , un lumulte gen4ral qui, dans le plus grand nombre dq cas , est promptement suivi de la prostration , de radynamie , de l'abattement general et de la mort. 11 sembierait que ie sang pousso d'abord avec rapidity et violence dans tons les organes par l'effet de la flevre , de la reaction des forces de la vie , qui surgit et se declare des que ie virus typbiquc ou charbonneux a cte mis en contact avec Ie Systeme nerveux, s'arrete tout-ä-coup quand I'epuisement, le manque d'innervation produit la mort; les sources de l'exislence ayant et6 stup6G6es par le germe destrucleur et funeste de la maladie.
Les vt't^rinaires sauront faire, dans cette autopsie, la part de ce qui appartient r^ellement ä la maladie et Ie differencier de ce qui est l'effet de la putrefaction com-mencöe depuis plusieurs heures , puisque il est bieu note plus haut que le corps d'un animal qui n'a que le germe de la maladie se putn5fie en 24 heures.
Ce cas pathologique, fort interessant, nc peut etre autrement considere que comme une affection lyphoide, sporadique , survenu sans doute spontanement sous I'in-fluence d'une marche forcöe , d'un exces de fatigue pro­duit par une route de plus de G myriametres, rapide-ment parcourue durant une nuit toujours froide au mois de fevrier, dont l'effet a 6t6 d'autant plus funeste que I'animal se trouvait affaibli par l'etat d'embonpoint , de graisse et que depuis long-temps il etait dans un etat de repos, tenu ä l'etable et abondamment nourri pour I'en-graisser.
Cette observation, ainsi que celles que j'ai citees, en traitanl du typhus et de ses causes, corroborait donr
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I'opinion que j'ai d'mise et que j'ai motiv6e , que le ty­phus ne se developpe pas toujours sous l'influence de la contagion et qu'il pent naitre spontanement, d'une ma-niere sporadique, sous l'influence de causes dont j'ai chercliü ä expliquer l'action et de quelques-unes quo Ton ne pout pas toujours appretier. De sorte que le typhus ne serait pas absolument stranger ä la France, ni seulement introdiiit par Ics animaux composant les pares d'appro-visionnement des armies envahissantes.
Los renseignemens que j'ai pris et ce que j'ai observe ne prouvent-ils pas que la maladie qui fait le sujet de cet article, affecte de pröförence les animaux sanguins, qu'elle est plus fröquente en 6t6 qu'en hiver , ce qui coincide avec ce que j'ai dit des effets de la chaleur et de la fa­tigue excessive , comme causes du typhus et des maladies charbonneuses.
La connaissance de cette affection typhoide , dont ne parie aueun ouvrage de medecine v6t6rinaire, est aussi imporlante sous le rapport de la police sanitaire que sous celui de la pathologie ; eile deviendra tres-utile ü l'homme de l'art lorsqu'il sera appele par l'autoritö, pour visitor la viande d'animaux suspects, abattus dans les bouche-ries. II est evident , que la consommation de celle des animaux qui sent dans ce cas , meme iü un degre bieu moins avance , nepeutetre toleree, puisqu'elle se cor-rompt tres-promptement, et que devant etre assimilee ü celle des animaux atteints de maladies charbonneuses, eile est mal saine et doit 6tre proscrite. Je ne crois devoir ni pouvoir prescrire ici aucun traitement pour le boeuf lezat, puisque I'animal parait sain au moment dc la vente ; que s'il en a le germe , e'est presqae toujours une marche forcee qui fait developper la maladie, qui, meme souvent, n'est pas reconnaissable ä l'arrivee de I'animal chez le boucher. On concoit ensuite que si celui-ci se doule de l'existence de cette affection , il est plus
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avantageux pour lui d'ögorger de suite i'animal, de vendre promptement sa chair, que de tenter un traüement encore inconnu et partant incerlain. 1! n'a qu'iine at­tention , qu'un but , c'est de tromper la vigilance de la police.
Dm Typhus charbonneux.
Le typhus charbonneux est une maladie gönörale et ftibrile qui consiste, comme le typhus, dans mi etat d'al-teration des prineipes constitutifs du sang, produit par un ernpoisonnement venu de l'exterieur, soit par contact, soit par inoculation , ou dont le virus s'est developpe dans rurganisme par I'aclion continue de causes atonisantes et deleteres qui alterent les produits de la secretion cbyli-fere, ou de tout autre fonetion, produits qui parviennent dans le torrent circulatoire au moyen de l'-absorption et et n'en constituent pas moins une veritable intoxication.
Cette maladie differc essentieliement du typhus conta-gieux des betes ä grosses comes par la nature moins vo­latile de son virus , par I'apparition, dans le plus grand nombre de cas, de bubons et de tumeurs gangreneuses , nommtes charbons , parce qu'elle se propage du bceuf a des animaux d'especes differentes, et möme des animaux ä I'liomme ; qu'enfin eile se manifeste sous trois formes ou (Hats differens, qu'il importe de signaler.
iTe VarhHe, dösignee par Chabert et autres sous Ic nom defievre charbonneuse , charbon interieur, typhus char­bonneux , etc., etc, s'observe de preference dansl'espece bovine sur les animaux jeunes , douös d'une suscepti­bility assez prononcee , comme les genisses, les veaux , ou encore sur les bestiaux plus ou moins sanguins, vifs, gras et ayant a peine atteint l'äge adulte. Elle est aussj plus fröquente sur les animaux dits de nature , que sur ceux de haut cru , c'est-ü-dire ä charpente osseuse tres-prononc^e, dans lesqncls prcdominc le Systeme lympha-
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(ique. Elle attaque raremenl les Lceufs äg6s et usös par le travail, dans lesquels , sous l'empire des mömes cau­ses , c'est le charbon essentiel qui se declare. Enfin la fievre charbonneuse se prösente presque toujours sous la forme enzootique ou epizootique.
Ce qui frappe ie plus et tout d'abord dans cette ma-ladie, c'est, commc dans le typhus contagieux , la gamp;iö-ralite de sa cause, dont les effets s'etendent a la fois sur toutes les fonctions soit organiques , soit vitales ; cepen-dant le centre nerveux de la vie animale est celui sur lequel le virus a agi d'une maniere plus manifeste, c'est un des caracteres palhognomoniques de cette affection, qui lui donne une analogic frappante avec le typhus. L'abat-tement des forces muscuiaircs , des facultös inslinclives et de relation jettent l'animal atteint dans un etat de tor-peur qui donne a sa pose et ä sa tete une expression toute speciale , et dötermine dans plusieurs malades ou un d6lire taciturne, ou des vertiges ; I'oeif est fixe , tousles sens semblent älteres et le moindre bruit effraie le malade.
Sa marche est rapide, apoplectique et foudroyante dans nombre de cas ; le Systeme nerveux frappö de stu-peur par le virus typhique ou charbonneux , reagit vive-ment; une fievre intense, uu tumulte general qu'accom-pagne I'abattement, la prostration subite des forces, et suivi d'une prompte mort sont ses caracteres spöeiaux.
Prodrome. — Raideur du tronc , spasme general, in-sensibiüte de l'epine dorsale, peau aride, toux seche et rare dans quelques cas ; dans d'autres , trouble de la digestion manifesto par la plenitude et l'embarras de la pause.
Elal maladif. — L'ätat precurseur que je viens de signaler dure environ 24 ä 5G heures, et d'autres fois il est inappreciable : l'animal refuse tout-ä-coup les ali-mens, cesse de rumincr ; il porle la töte basse, tout son
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PATHOLOGIE BOVINE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 191
(the exprime une attaque profonde des forces de la vie ; le trouble des fonclions est gönd-ral et subit, avec exas­peration anxieuse, ou stupeur et prostration des forces. Une fievre intense se döclare , le pools est petit, con­centre, dur et accel(5r6 (GO ä 75 puls.), dans le plus grand norhbre des bestiaux atteints ; mais il presente quel-quefois des anomalies frappantes qui ne s'observent dans auciine maladie quelle qu'aigue qu'clle soit: je l'ai trouve oscillant, trembiant dans certains animaux, dans d'autres, deprim6, lent, et, chose plus etonnante , ayant conservö son rhythme normal. C'est precisement ü cette irregula-rite, cette expression insidieuse du pouls qu'ötait du le nom de fievre maligne que lui avaient donne les anciens vöterinaires. La respiration n'eprouve pas molns de trou­bles et de desordres: eile est gen6e, precipitd'e , suspireuse ou rülante. Les battemens du cocur sont tumultueux et irreguliers; I'animal tombe comme frappe d'une apoplexie fondroyante, il est aneanti et semblerait totalement pa­ralyse, si quelques mouvemens convulsifs ne precedaient In mort qui survient souvent en 6, i2 ou 2-i heures. La maladie se prolonge cependant quelquefois deux ou trois jours, alors les symptomes sont moins rapides , la bouche est brülante , I'haleine est fetide*, les excremens rares , les muqueuses sont plus ou moins injecttes et parsemees de taches violettes et pourprees; j'ai observe quelquefois des emphysemes du tissu cellulaire sous-cutanä, aux regions de l'encolure et des lombcs. L'etat de paralysie est presque constant alors , du moins le ma-lade se levc avec difficulte, est insensible aux coups , aux piqures d'aiguillon , les objets exterieurs ne font aucun effetsur ses sens; le pouls devicnt petit, irregulier, inap­preciable , la fievre offre- des remittences et des acces spasmodiques; le corps est froid , il survient une diarrhöe fötide , le malade se plaint , s'agile, il exhale la vie par une expiration plaintive.
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192nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PATHOLOGIE BOVINE.
Dans cette maladie et las variötes suivantes, il existe, comme dans le typhus , unc disposition des tegumens ä Tiilceralion gangrenense ä la suite de la moindre egrati-gnure et des blessurcs les plus legeres ; eile s'ötend rapi-Jement, crease , ronge et forme des clapiers enormes et sphaceles.
C'est, je le repcte , les animaux qui paraissaient les mieux portans, qui bondissaient la veille et annongp.ient une gaite inaccoutumec , que Ton trouve morts dans les raquo;Mables et les päturages ou que Ton volt si subitement alteints.
Le cadavre se ballonne promptement apres la mort, un sang rulilant, melö de bulles d'air coule des naseaux, de la bouche et de l'anus qui est presque toujours sail-lant et renversö. Comme dans le typhus contagienx et toutes les maladies de ce genre , la decomposition est prompte et rapide. On soupconne lout d'abord qu'un principe, miasmes ou virus scptique a atlaquö cn pcu d'instans la constitution eiitierc, qu'il fait concourir le mouvcmcnt vital lui-meme au travail de la putrefaction, car eile serait beaucoup plus lente sous l'empire des lois purement physico-chimique de la decomposition. Ce phö-nomene de dissociation organique, s'observant aussl avec la mßme rapidite dans les animaux morts des £iutres Varie­tes du typhus charbonneux , je le Signale une fois pour toutes.
Cependant, dans quelques cas , si l'autopsie a lieu im-mödiatement apres la mort des animaux subitement tuös par la raaladie , les chairs ont presque l'aspect de celles d'un animal sain , ü une injection capillaire tres-vive pres , qui les colore en rouge vif; mais si on tarde seu-lement de G heures ä ouvrir le cadavre, il decoule des capillaires sous-cutanes un sang noir, liquide et abondant. Une odeur d'aulant plus fetide que la putrefaction est avancöe s'exhale de toutes les parlies, tons les tissus sont
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ramoliis, des epanchcmens sanguins et gazeux existent dans le tissu cellulaire general; les ganglions lympbatiques des ars, des aines, etc., etc., sont rouges, entourös d'öpanchemens sanguins et gelatiniformes m61es de points noirs et comme sphaceles. Les estomacs sont surcharges d'alimens, la muqueuse de la caiilette et celle de l'intestin grele sont couvertes d'ecchymoscs , de stases sanguines , violettes ou pourprees; la rate, le foie sont souvent gor­ges de sang noir et ramoliis. Les poumons sont engoues; le sang qui en dteoule est dissout et souvent mele de bulles d'air ; les plevres sont parsemöes de petechies et d'ecchymoses nombreuses et noirätres; la muqueuse bron-chique est inject6e , epaissie , ramollie , tachee d'ecchy­moses , couverte de mueosites spumeuses et sanguino-lentes; traces evidentes de l'enraiement de l'innervation respiratoire et de l'aspliyxie secondaire qui en est la suite. La s^reuse pericardienne est parsem^e de nombreuses piHC-chies de couleur violacee ou noire, plus rapprochöes et fr6quenles autour des vaisseaux coronaires; le coeur est rouge-noir, ramolli, sa substance musculaire presente plusieurs points noirs formes par la stase sanguine , ses cavites sont coloröes en pourpre-noir, surtout les droites • le sang qu'elles conliennent ainsi quo les gros troncs vei-neux sont dissous, noirs, liquides, mtiles de bulles d'air et de concretions albumino-fibreuses de couleur jaunälre et noire. Les meninges sont inject(5es , la pie-mere surtout est parsemee d'une multitude de petechies de couleur bleu-violet ou noires , le sac arachnoidien cercbro-spinal contienl un peu de scrosite citrine; la substance du cer-veau conserve presque toujours sa densite normale, mais eile est parsemee de goulleleltes nombreuses de sang noir et liquide, qui lui donnent une certaine coloration inso-lite ; les veutricules conliennent une assez grandequantite de serosite citrine, le plexus choroide est gorgö de sanquot;-. La moelle epiniöre presente des lesions analogues, eile
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est souvent ramollie ä roriginc des plexus bracchiaux el lombaires. Ou ne pent an milieu de la decomposition gc-nörale du sang dissout qui inonde tons les organes , etu-dler le Systeme trisplanchnique ; cependant, quelques ganglions de ce centre nervlaquo;iix , recneillis aux regions gutturales et tracheliennes avaiont leur ncvrileme injecte, ainsi que leur substance qui elait rouge melee de points noirs. J'ai rencontre dans quelques cadavres toute rarrierc. bouche , le pharynx , le larynx et les giandes salivaires envahies par une stase , un epaiichcmeiit de sang noir et dissout, qui faisait supposer qu'une angine gangrencuse concomittante avait compliquö la maladie.
Au milieu du tumulte et du desordre general quc je vicns de d^crire, et quc je signalerai encore dans les varietes suivantes du typhus charbonneux , le vetürinaire doit re. connattre que Taction premiere de la cause a du frapper, atteindre d'abord un fluide general ou un lissu genera-leur, et que cette action limitee , apercevable peut-elro dans les premiers instans de la maladie, est masquee pen d'instans apres par la reaction generale , rapide et sur-aiguö qui survient tout-ä-coup. II n'ecbappe pas ä celui lt;iui sait voir, observer, comparer el deduire que cc sont I'appareil circulatoire ct le Systeme nervcux qui ont etc les plus evidemment alteints. Car, il est intiubitable quo duns ces maladies , la mort commence par le cerveau et le Systeme nerveux, en raison de Taction slupefianle et deielere du sang sur Tencephale el les nerfs , puisque cette atleinte profonde porlee au foyer de la vie , se ma­nifeste, durant le cours de la maladie , par la prostration des forces, le spasme, le delire et l'imperfcclioii des sens; quelquefois aussi par des symplömes de paralysie generale el partielle dont je citerai des exemples.
Dans une maladie generale el typhoide, la cause mor­bide est partout, si Ton observe des signes de gastro-entörite , de pneumonie , d'esquinancie , cc ne sont,
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PATHOLOGIE BOVINE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;!lt;)#9632;gt;
comme je l'ai dit en traitant du typhus , que des aeci-dens de la maladie et mn la maladie elle-meme.
J'ai fait connaitre en grande partie les causes des ma­ladies typhoKdes et charbouneuses , cu parlant d'unc maniere generale de celles des alterations du sang et encore du typhus contagieux propre ä l'espece boeuf, en parti-culier. J'ajoulerai que les maladies charbonneuses appa-raissent assez constamment et de preference apres les grandes innondations, qui ont couvert les päturages d'un limon fötide, laissö des llaques d'eau qui se corrompent autant par le döfaut de circulation. que par la döcompo-sition des substances vitales et animales qu'elles con-tiennent. Ces maladies sont aussi tres-fröquentes en automne dans les pays maröcageux, ä la fin des laquo;5tös arides, epoque oü les pelites rivieres taries par la chaleur et la secheresse. laissent ä decouvert une grande portion de leur lit habituel, d'oü resulte que l'eau söjourne dans les portions basses et creuses. A Faction des effluves dö-leteres qui s'en dögagent et se mölent ä l'air respir^ par les animaux, se joint encore celle de l'eau plus ou moins corrompue qu'iis sont obliges de boire, et celle des plantes * recouvertes de limon dont ils se repaissent avec une sorte d'aviditö, sans doute ä cause de la saveur salöe qu'elles ont alors. J'ai vu aussi les boeufs manger avec le meme empressement la gaze, espece de substance vögötale de couleur verte , d'aspect membraniforme, que Ton ren­contre sur les bords des flaques d'eau croupissante et qui parait etre le resultat de la decomposition des substances vegelaics et animales dessechees par la chaleur. II y a done alors dans ces circonstances empoisonnement mias-matique par l'air sature des effluves, mis en contact avec le sang dans la respiration , et encore par absorption di­gestive , en raison de l'eau corrompue et des plantes char-gees de limon , hue et mangees par les bestiaux. J'ai dit ailleurs, qu'en raison de l'existence de ces circonstances
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19(inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PATHOLOGIE BOVINE.
les maladies clmrbonneuses elaient frequentes dans le littoral vendiien.
Les caux corrompucs doivent avoir un effet beaucoup plus prompt que toute autre cause , absorböes prcsque immcdiatement apres leur deglutition et promptement portöes dans le torrent circulatoire , elles doivent, apres quelques jours de leur usage , produire une alteration manifeste du sang. Les effets de rinlroduction dans les veines , de l'eau chargöe de principes putrefies et les r6-sultats des experiences de MM. üupuy et Hamond sur rinjection des matieres pulnüfices dans ces vaisseaux, cor-roborent cette proposilion en memc temps qu'elles expli-quent l'action de ce mode d'empoisonnement.
MM. Polvert, veterinaire ä Ancenis, et Sauvageot, aussi v^terinaire, a Cand6, ont observe des maladies cbarbonncu-ses sur les bestiaux, apres les inondations des vallees qui bordent la Loire , soit immddialement apres le rclrait des eanx, soit un peu plus tard. A la meme epoque, M. Leduc, mt'decin ü Varades , avait ii combattre des fievTCs inter-miltentes pernicieuses sur les liabitans de ces contrees. M. Fougnot, mödecin ä Clisson , qui les observait ä la m6me 6poque , se plaignait des effets du rouissage du lin et du cbanvre dans les rivieres, dans les ruisseaux et dans les abreuvoirs, qu'il regarde comma une des causes de ces maladies (*).
S'il y a identite dans les causes des fievves intermil-tcntes pernicieuses de l'homme et les maladies typhoides des animaux , n'y a-t-il pas aussi idcnlile d'effets et de caractere de la maladie ? Les animaux atlcinls d'afl'ections cliarbonneuses qui se prescntent, comme je l'ai dit , avee le caractere febrile continu, ont aussi des redoublemens, des exacerbations bien marquees le soir. Enfin , pour completer I'analogie , le quinquina qui cst le remede speci-
(') Rapport general sur les trav.nux lt;lu couseil snnilairc de Nantes pour 1827, pag. 99.
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fique des fievrcs pernicieuses, Test aussi des maladies charbonneuses et typhoides des bestiaux.
Le rouissage du chanvre et du lin dans les ruisseaux coupes et en partie taris durant les clialeurs estivales,, ainsi que dans les mares et les abreuvoirs des bestiaux , cst une des causes la plus fr^quente des enzooties et des 6pizooties cbarbonneuses qui regnent sur les bestiaux des mötairies situees sur le plateau de la quot;VendoJe; cette contröe n't^tunt airosee que par des torrens d'hiver qui tarissent ou sont tout au moins coupes en plusieurs endroits durant les rnois d'aoüt et de septembre. On y cultive beaucoup de ces plantes textiles et on les met rouir partout sans pre­caution , aussi l'air en est empeste, les eaux corrompues et les bestiaux ramp;luits ä les boire faute d'autres; les bocufs et vaches les recberchent avec une certaine avidite qui trompe le paysan et justifie ä ses yeux une möthode que je blamais souvent en vain.
Les fourrages vas6s, couverts de limon , mal räcoltds, donnas comme unique nourriture pendant un certain temps , produisent indubitablement cette maladie. Un pro-priötaire de la Vendee possedait une forme dont la plus grande partie des prairies 6tait situöe sur les bords du grand Lay , riviere assez considörable de ce pays et sujette ä des inundations constantes; il perdait tous les ans beau­coup de bestiaux des suites d'une maladie cbarbonneuse. Je fus appele, je reconnus que la maladie ne se mani-festait que dans l'hiver, aprös que les animaux rentrös ä l'etable n'y vivaient que du fourrage recolt6 dans le ma-rais; jamais on ne perdait de bestiaux durant le printemps et l'ete , epoques oü ils vivaient presque exclusivement de l'hcrbe qu'ils päturaient dans les champs. Je visitai ces funestcs prairies, elles etaient recouvertes d'une cou-clie de limon et de detritus de vegetaux , formee depui-long-temps, ayant une couleur noirätre , une odeur ma-röcageusc, öpaisse de plusieurs centimetres, formant un
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^98nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; PATHOLOGIE BOVINE.
second sol ou plutot une espece de plancher qui n'adh^-rait point ä la surface de la prairie et semblait flottant sur I'eau qui sourdait en plusieurs endroits, onle sentait flechir sous les pieds en marchant; I'herbe le pergait pour croitre. Ce phenomene me frappa, il n'6tait pas aussi marquö dans les lieux environnans, car ces prairies (Haient les plus basses de tout le marais. II eut fallu un million pour recurer le grand Lay qui allait se jeter dans I'Ocean, ä peu de distance , car j'6tait lä aux environs de Port-la-Claye. J'cxaminai ensuite le fourrage engrangö et avec lequel on nourrissait les bestiaux de la forme , celui ve-nant des marais etait separ6 de celui produit par quel-ques pres hauts. Ce foin 6tait noir , tlcre au gout, il exhalait une odeur fetide et il s'en degageait une poussiere qui affectait dösagreablement la pituitaire; son cmploime parut etre une des causes principales de cette cnzootie qui existait depuis trois ann(5es, ä laquclie la mauvaise tenue des etables , situöes autour de la grange au foin , dans lesquelles on n'avait fait aucune fumigation dfeinfectante, ne me parut point etrangere ä la maladie ; je pensai mcme que la contagion s'y ötait pour ainsi dire enracinöe. Apres quelques mesures sanitaires, I'emploi d'un traitement pr6-servatif et rarrivöe du printemps , la maladie s'arr^ta ; mais le proprietaire jugeant la cause irremediable et ayant dejä perdu pour 10,000 francs de bestiaux, se d(5termina A vendre le domaine; je quittai pen de temps apres Bour­bon-Vendee et n'ai plus entendu parier de l'enzootie.
M. Moussy J vamp;erinaire trös-distinguö et ancien dircc-teur d'un haras royal, a remarquö que dans le Limou­sin , ou Ton röserve les meilleurs fourrages pour les bceufs mis a I'engrais, les vaches qui n'ont que le rebut de ces animaux, ainsi quo les foins rouilies, vases, mal rtJcoltes et la depaissancc de paturagcs aquatiques oü croissent les iaiches , ies juncago , les pediculaires, les renoncules, les preles, etc., etc., sont toujours maigrcs et debiles.
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PATÜOLOGIE BOVINE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;199
F^condees a l'Age de deux ans, nourrisseut ä trois le veau qu'elles ont mis bas et celui qu'elles portent dans leur sein, partageant par dessus tout, la fatigue des tra-vaux agricoles. Ces vaches doivent, sous l'influence d'un regime si blamable et si conlraire aux lois d'une sainc hygiene, elre bicn plus sujeltcs aux maladies charbon-neuses que les autrcs betes a comes; aussi en sont-elles toujours les premieres victimes , et la mortalitö est chez elles des deux tiers plus forte que celle des boeufs. laquo; En raquo; 1802 , dit M. Moussy , le charbon ä la longue com-raquo; pliquö d'anllyax et de la fievre charbonneuse, apres raquo; avoir fait quelques ravages dans le Quercy et le Peri-raquo; gord, passa dans le döpartement de la Correze, s'eten-raquo; dit dans la partie möridionale de ce döpartement. Peu raquo; de boeufs en perirent, un nombre considerable de va-laquo; dies fut affede du glossanthrax , beaucoup furent at-raquo; teinles de tumeurs cbarbonneuses, quelques-unes p6ri-raquo; rent de la fievre pulride gangreneuse ( fievre ou typhus raquo; charbonneux) si subitement, que la foudre n'eüt pas raquo; rompu les liens de leur existence avec plus de ra-raquo; pidite. raquo;
J'ai eu h combattre , pendant quatre annöes (de 1806 ä 1810) , une enzootie de charbon symptomatique qui regnait sur les besliaux de deux metairies composant un hameau voisin du bourg de Moncoulant ( Deux-Sevres). Cette maladie ne se raauifeslait jamais qu'ä la fin de l'automne ou au commencement de l'hiver, eile n'affec-talt que le troupeau nombreux des vaches et des sieves qui, dans tout le Poilou , ont toujours des ^tables, des puluragcs söpares et distincts de ceux des grands bceufs. A force de recherches, je reconnus qu'elle trouvait sa cause dans la d^paissance , durant l'automne , de deux etangs taris depuis long-temps, fournissant un regain aboudant, mais formant dans le milieu ou 1c fond un veritable marais, qui reccvait Unites les eaux et les ögouts
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()u bourg voisin ; l'eau y stagnait et se decomposait durant les chaleurs eslivales et automnales. De -tout temps it mourait a l'entröe de l'hiver et au sortir de ces pätura-ges, quelques bestiaux qui succombaient promptement du cbarbon. On n'avait oppose aucun remede ä cette cala-mite , pas plus qu'on n'avait employö de moyens de disinfection pour les etables; loin de la on y avait eu-tene, les jambes en haut, les premieres victimes pour conjurer le sort; car, c'6tait un sorcier bien connu qui donnait la maladie amp; tous ces bestiaux, d'apres l'ordrc du diable ; onosaitmedireavoir vu cedernier tenir conseil avec lui. L'histoire de cette enzoolie serait un narrö piquant et curicux des erreurs et des prejuges de l'espece humaine. Etant parvenu a obtenir la confiance du proprietaire, je nSussis ä faire cesser les ravages de cette enzootie en assainissant le päturage au moyen de canaux creusös suivant la pente du terrain , et en dötruisant les restes des digues des deux ötangs ; ce qui donna un ecoulcment aux eaux et dessöcha le raarais; en faisant en outre abandonner les stables des vaches et veaux dans lesquelles le virus charbonncux avait pris droit de cite, impregnö, penetre le sol, les murailles, les creches, les separations, etc., etc. Le succes fut coraplet et le diable se trouva sans doute bien attrape , ear il ne perit plus de bestiaux pendant plus de dix-sept annlaquo;5es que j'habitai le pays.
J'ai vu des maladies charbonneuses apparaltre encore dans plusieurs localites, et je remarqual que les vallees, les coteaux , les plaines n'y apporlaient aucune modifica­tion. L'automne, le printemps ^taient les saisois oü elles se manifestaient de preference ; toutes les recherches aux-quelles j'ai pu me livrer ne m'ont point mis ä möme de leur assigner une cause positive. J'ai observe ces maladies, non seulement en Poitou, mais encore dans les environs de Toulouse et dans les vallees situees au pieds des mon-Jagnes secondaircs des Pyrenees. Est-cc des efttuves ema-
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nant du sol? On a bien cit6 des brouillards fetides qui ont pröeöde une öpizoolie de typhus charbonneux, que j'ai observe en 185G , dans les vallons arrosös par la Gi-mone, la Gesse , la Bernesse , la Segouadc , la Save et l'Ösoue; piusieurs vetörtnaires du pays ne lui attribuaieüt pas d'autres causes. Mais une maladie charbonnense a ele tout recemment concomiltante de Tepizoolie aphtheuse, qui a rögne dans ces memes conlrees , et Ton n'a vu aueun brouillard fetlde , 6pais , s'elever du sol avant l'epizootie. 11 est, je l'ai dejä dit, des conslilulions dpi-zooliques dont les causes cachees, inappreciablcs echappent ä nos moyens d'investigalion , comme celles de piusieurs C'pidemies.
J'ai observö aussi des enzooties de typhus charbonneus qui, dans piusieurs circonstances, se bornaient ä une seule raamp;airie , quoiqu'elle füt placlt;5e au milieu de can­tons assez populeux, et dont je n'ai pu connaitre l'origine; olles cessaient lorsque j'avais employe toutes les mesures d'isolement , de police sanitaire, de preservation et de curation, indiquees dans ces cas. 3'ai du penser quo la maladie s'(Hait spontanement declaree dans im seal et premier animal, sous Tempire de causes et d'mie pre­disposition toutes individuelles et qu'ellc s'etait ensuite propagee aux autres beeufs et vaches de la forme atteinte-, au moyen de sa propriete contagieuse.
Pour bien faire eoncevoir la possibility du peu d'ox-tension de ces enzooties, je dois dire que dans !e bocage vendeen , il n'existe ni droit de pamnirs, ni päturages communs; cliaque metairie ou ferine a des champs sepa-r6s. et bien clos, les uns destines au troupeau do,-; grands beeufs et d'autres aux vaches et gönisses, ii en est de meniö des etables ; tant qu'aux bestiaux des exploitations voisi-nes , on s'entend parfaitement bien pour tie pas meltre les boeufs d'une ferme dans nn paturage voisin de celui oü vont, pour le moment, ceux d'une autre explot-
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202nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; PATHOLOGIE laquo;OVINE.
lalion ; ils rompraient les liaies et les clolures el se livre-raient des combats ä outrance.
Les details dans lesquels je viens d'entrer etant appli-eables ü toutes les vari^tes des maladies charbonneuses, je no parlerai plus des causes dans celles qui me restent ä decrire.
Quoique j'aie deja traite d'une maniere gönörale de la
contagion des maladies typholdes, page 126, je me crois
cependant encore oblige de parier de la specialite de celle
des affections charbonneuses: elles s'6tendent avec moins
de rapidity que le typhus contagieux des betes A cornes,
et se bornent A certaines localites, aussi les ravages qu'elles
produisent sont-ils plus circonscrits et les pertes qu'elles
occasionent beaucoup moins considerables. Les causes les
plus fröquentes ötant, comme je viens de le dire , des
dt'bordemens , des inondations qui couvrent les päturages
do limon ou alterent los fourrages ä röcolter , elles n'af-
feclent que les bestiaux des fermes riveraines. Mais d'au-
tres fois , elles se montrent gi et lä dans plusieurs me-
tairics d'un canton , en epargnant d'autres voisines de
celles atteintes , les causes qui les produisent alors sent
souvent inappröciables. Certains ont prötendu qu'il s'exha-
lait du sol des effluves delcteres qui avaient I'air pour
vöhicule , ce qui n'est point prouve ; toujours est-il que
les vents ne les portent alors qu'ä une distance peu eloi-
guee de leur foyer primilif, ce qui denote le peu d'acli-
vite du virus contagieux. J'ai cito un exemple dans lequel
le typhus churbonneux , bornant ses effets dosastreux a
(iiic seulc fcrme, ne devait son existence qu'c\ la persis-
laace do la cause qui en prolongeait la duree, puisqu'elle
cessa des rinstant oü je parvins a la decouvrir. Sans nier
les effets malfaisans des elables et des bergeries insalubres,
mal teuues, oü sont cnlassös les bestiaux et oü sejourne
le furnier, je ne puis les considercr quo comme des causes
pmlisposantes, en raison de leur action negative dans
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le plus grand nombre de cas; aussi, suis-jc porle a penser qu'il faut prcsque toujours qu'unc cause determinantc viennc agir d'une maniere subite et finiesfe pour faire declarer le charbon sur un ou plusieurs animaux , la contagion fait ensuite le reste , mais alors souvent aussi la predisposition individuelle en est la cause efficiente.
Le virus cliarhonneux est fixe , il a pour vehicule le sang et la serosite ; or le pus , la maticre ou l'ichor dos tumeurs , celui des emphysemes, la cliair, la peau est tout ce qui est impr6gn6 des liquides provenant d'un ani­mal malade , peut communiquer la maladie a un animal sain. Mais il faut qu'il y ait contact, puis absorption du virus par le boouf non atteint. Cependant , comme il s'exhale continueliement de toutcs les parlies du corps des animaux , et pour la depuration de reconomie, un fluide vaporeux nomme transpiration insensible, tout porte a croire que dans les maladies gönerales et char-bonneuses, cette transpiration est saturöc du principe morbide dont la force reactive de la nature cherche a se döbarrasser par cette secretion. Les excremens des ani­maux , la mauere des bubons, des ulceres exhalent aussi abondamment ce principe funeste; or, il existe done n6-cessairement une atmosphere de contagion qui entoure le malade , peut se communiquer par absorption ou par I'air respire aux sains, mais voisins de lui, mis en contact avec ce malade; car il n'est pas d'excmples bien pronvö du transport öloignö du virus par I'air ambiant. Un paysan m'amena un jour un boouf pris da charbon et pour le faire plus commodement, il I'attela inconsideremont avec un autre qui etait sain , qui n'avait pas meme nullcrncnt communique avec les malades, ni le;; suspects, puisque j'avais visite la ferme, separc depuis six ä sept jours les bestiaux intacts de ceux qui etaient atteints.Gesdeuxboeufs firent ainsi , mis au memo joug , inie route d'un myria-metre, par une chaleur d'automne asscz inlcusc ; aussi,
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204nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PATHOLOGIE BOVINE.
celui qui etait sain tomba-t-il malade treulc-six on lt;|(ia-ranic lieures apres. J'ai unc observation semblabie falte ä Buurbon-Vendee dans une enzoolie de typhus indigene. Cos fails ne sont pas absolument concluans , car on pent faire vaioir faction des causes qui ont agi d'uue maniere generale sur tout le troupeau. La d6paissance dans le memc paturage, la salive, 1c flux nasal que les animaux malades peuvent repandre sur I'herbe, les fouirages restes datis les creches ; les gaz exhales des excreraens que les bestiaux sains flairent avec une espöce d'instinct funeste, sont encore autant de causes do propagalion dont on ne peut nier la puissance. La negligence que Ton met dans renfouissement des cadavres fait souvent do chaque trou ou sont enterres les animaux morts de maladies char-bonneuses , autant de foyers de contagion ; il en est ainsi despcaux de boeufs peris des effets de ces maladies. M. Ca-bantous pere , vcterinaire a Scbasac , pres Rhodez (Avey-ron ), m'a communique des faits tres-interessans sur la contagion du charbon, que je crois devoir rapportcr. 11 fut appelä en 4789 , par un cullivateur de sa commune, qui avait vu perir subitemeut au milieu de son troupeau trente-un moutons ou brebis dans I'espace d'un jour et tlemi; apres quelqucs recherches, M. Cabantous decou-vrit que ce m6tayer avait perdu aussi , pen de jours avant, un boeuf du charbon , qu'il en avait etondu la peau sur des balles de cereales pour la faire secher , et qu'on avait cu l'imprudence de meltre ensuitc ces balles en lilicre pour les moutons qui furent presqne immediate-ment atteints de la maladie qui les avait si promptemenl decimes et que ce vcterinaire rcconnut etre un typhus charbonneux dont il put arreter les progres. En 1809 , un boeuf mourut dune maladie charbonneuse , il ne fut pas enfoui assez profondement, trcizc mois apres, quatre oies furent pattre I'herbe qui croissait sur ce trou , elles y moururent. En 1815, il fut mande dans la commune
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de Donet-la-Plaine , pour donncr dos soins A un troupeau alleint d'une cnzooüe clavclcuse , tl'iin caraclerc si malin que quinze brebis ctaicnt perics dans lo pare durant la nuit; cet enclos ambulant se trouvait, dans le moment, place dans un champ oil Ton avail enfoui , quinze mois auparavant, un boeuiquot; mort du cliarbou; !a terre qui 1c recouvrait etait gercee , M. Cabantous ct le berger se convainquirenl , en flairant le sol, qu'il s'en exhalait en­core des miasmes d'une odeur infecte ; le pare fut cbange de suite et la maladie s'arrela avec l'aidc de qaelques moyens therapeuliques et prophylacliques. Ed 1850 , un proprietairc de la commune de Salles , pcrdit trois bcxnifs du charboo , M. Cabantous lui recommanda d'entonrer la fosse d'une palissade pour eviter qu'aucun animal nc fiit patlre l'berbe qui croitrait sur eile , ce qui fut exe­cute. Mais le proprietaire voulant verifier si les crainles de son vöterinaires elaient fondles, y mit, un an apres, paitre qualre brebis qui furent trouvecs moiies le len-demain. En 1817 , un cullivatcur de la commune dc Flavin perdit un boeuf du charbon , il fut enfoui sans pre­caution ; les autres bestiaux de la ferme furent pendant la nuit flairer la fosse qui le renfermait, six perirenl dans les vingt-quatrc heures. En 1820, M. Cabantous cut a combattre une fievre charbonncuse qui decimait les bes­tiaux de plusicurs communes et nolammcnt celle d'Anzin ; 'es animaux ätaient foudroy6s par la maladie , ils tom-baicnt morts tout-a-coup en ruminant ou altelös ä la voiture. Un chien lecha le sang d'un becuf qui venait de perir , quelqucs instans apres , il aboya d'une manierc insolite et mourut; une poule qui böqueta du sang du meme animal, mourut aussi subitement.
,1e pourrais tirer de ma pratique beaucoup de fails scm-blables qui prouveraient que si le virus charbonneux est plus fixe que celui du typhus conlagieux des betes ä cprnes, ques'il est aussi moins actif el nc peutse transporter si loin
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20()nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PATHOLOGIE BOVINE.
par rintenricdiairc de l'air, la quantitö de fails nögatifs de contagion, citös par quelques aulcurs, ont fait n'aitrc lino söcuritö souvent funcste.
Le charbon symptömatique rögnait ciizooliquement sur line fcrme trös-populeuse en bestiaux , c'etait la scule
,:nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; atteinlc dans toute la conlree ; la dame du logis , tres-
superstiliciise , voulut faire bönir lous les bestiaux mal-gre mes avis ct mcs craintes sur les effets dangereux de
$,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;la contagion. Tous les boeufs et vaches furent röunis dans
une grande cour , par une matinee assez chaude ; ils at-tendirent le pretrc pendant six beures , durant ce temps, ces ahimaus luttereiiL ensemble et se melerent. Une seule vache etait vraiment atteinte , trois animaux etaient sus­pects , tous avaient ete saignes et setonnes ; quatre jours apres la cereraonie , presque tout le troupcau fut malade et je perdis en trcnte-six a quarante-huit heures la vache malade et un veau de deux ans qui m'avait jusques lä paru intact.
Le charbon symptömatique cnzooliquc avait atteint les bestiaux d'unc ferme , ceux qui jusqu'alors n'avaient pas
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paru malades et qui d'ailleurs avaient 6t6 soigneusement separes de ceux en qui la maladie s'etait declaree, rom-pirent un jour les hales du champ oil ils (Haient par-ques et furent attaquer et se battre avec les bceufs d'une ferme voisine ; ils les empoisonnerent : une vache et un veau du troupeau douteux tomberent malades deux jours apres le combat, et le lendemain , c'est-ä-dire trois jours apres le contact, deux veaux de la mötairie non atteinte manifeslerent des symplomes precurseurs de la maladie. J'en sauvai un , I'autre peril, un trailement prophylac-lactique preserva le reste.
Enfin , Grognier I'a dit depuis long-temps, je l'ai ob­serve aussi, la contagion se cantonne, se fixe dans les ('#9632;tables 011 les maladies charbonneuses ont exisle quelques annecs, j'en ai cite un exemple ; elles reparaissent sur les
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bestiaux diirant riiivernage. Lclavage, les fumigations de chlore sont souvent impuissantes, dcux fois j'ai öte oblige d'en changer la destination ; il est vrai qu'on y avait enfoui les premiers bocufs morts du pretenda sort et dans la croyance superstitieuse de le conjurer,
Le fait suivant n'ayant pas ele publie par aucun velö-rinaire , je crois devoir le rapportcr icidans TintcMet de la science.
Observations de Pustules malignes Iransuuses ä Tllomme pur le contact d'Änimaux malades , faites cn Saj-c pur le doctetir Wagner.
Ayant appris quo dans le village de Sainte-Slriesa, cn Saxc, deux hommes avaient suecombe cn peu de temps; que plusisurs ötaient malades et ([ue sept betes ä comes elaient mortes dans line fermc , je me rendis a ce village pour avoir des details circonstancies sur cet evenement.
Voici comme les eboses s'etaient passees : Le 15 juillet 18öi , im troupeau revenait du patnragc , uu Lccuf tomba saus pouvoir se rclcvcr ; convaineu que rauimal creverait bientot, an chasseur le tua d'un coup do fusil dans la tete. Deux hommes d'une forte constitution, ages, Tun de -10 ans et l'autre de 50 , depöeerent ranimal ; la viaude fut partagee parmi les habitans du village. Peu de jours apres , plusieurs pieces de betail creverent aussi dans la ferme. Les memes indlvidus enleverent la peau , mais la viaude ne fut pas mangee, car toutes les person-nes qui avaient fait leur nourriture de celle du premier animal avaient eu des douleurs abdominales , de l'an-xiöte , etc. Mais les deux individus qui avaient abattu les animaux eprouverent un affeissement extraordinaire avec etourdissement et faiblesse extreme.
On proceda ä l'antopsie des animaux et on trouva que tous avaient la rate gangrenee et reduite ä VOM d'une
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Imuillio noirAlrc, qui sY'coulait a I'incision dcsenveloppes. Dc plus, on Irouva sous la peau , principalemcnt dans la region du cou, des kystes remplis d'hydatides. Bra-vant le malaise qu'il eprouvait, un des hommes qui avaient lud le premier boeuf, voulnt aller ä pied a un village dis­tant de trois Heues. Le lliermometre etait ä 24 degrös au-dessus de zero ; il (it ueaumois las trois lieues, mais lorsqu'il voulut revenir, il fut prisde colifiucs, de vomis-setnens ; il toniba et apres qiielqucs heures, lorsqu'on viiit le chcrclicr avec une voiture, on le trouva en proie aux plus vives douleurs en rendant par l'anus du sang noir. Les extremites elaient froides ; bienlot, il y eut des crampes dans les memhres; tout le corps dcvint glace; les yeux s'excaverent et le mulade raourut en vomissant et rcndant par les selles du sang noiralre, en proie a unc horrible anxiete. Une veuve de 50 ans qui avail mange bcaucoup de viande mal saine , mournt aussi avec une pustule maligne ä la partie superieure de la cuisse. D'au-tres personnes qui en avaient fait usage, presenlerent des pustules sur differens points du corps et cprouverent dc I'anxiete precordiale, de la faiblesse sans tension de ven­ire. Un hommc avait un anthrax malin de la grosseur d'une piece de 5 francs a la cuisse; il eprouvait dans tout le membre un sentiment de stupeur sans douleur. Tons ces malades elaient exlremement pauvres , il fallut se borner ä des moyens peu couteux ; on prescrivit i'in-fusion de roseau aiguisee de vinaigre , le scjour au lit, l'abstinence de tout aliment. Quant aux pustules , elles ftirent profondement incisees et caulerisöes avec la po-lasse , puis pansees avec de la poudre de quinquina et 1c bäume d'Arcöus. La separation du sphacele eut lieu an bout de quatorze jours et la guerison ne se fit pas altendre.
Le 6 aoüt, j'appris qu'il y avait deux nouveaux malades a Sainte-Striesa, c'elaient deux femmes, I'tine agec dc
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2G ans, l'autre de 30; j'en fus ötonne , car depuis huit jours, aucun animal n'avait Ü6 affectede gangrene de la rate et les deux malades n'avaient point mangö de viande malsaine.
Cependant toutes les deux pnisentaient des pustules bien caractcris^es et tous les symptomes generaux qui existaieut chez les autres. L'une assura qu'une mouche l'avait piquöe precisöraent au point de l'avant-bras oü existait la pustule, et qu'ä la suite de cette piqure, eile avait vu paraitre un bouton ; en examinant le grenier sombre oü la malade ötait couchee, j'apercus bioiitot une peau de bo^uf pendue le long de la muraille ; des infor­mations precises m'apprirent quo cette peau avait appar-tenu ä un animal malade; eelte decouverte ötait tout le doute , et quoique cette domestique n'eüt point touchö cette peau , on con^oit tres-bien quo des mouches atti-r^es par l'odeur aient transportö le virus sur la peau. Ces malades furent traitees par l'incision et la cauteri­sation des pustules, la decoction de quinquina ä l'interieur, et elles guörirent comme les autres au bout d'un temps qui fut en rapport avec leurs forces respectives.
(Journal de Huffeland, octobre 1834. j
Je recommande done a mes confreres les vöterinaires d'ßlre plutot prodigues de precautions en tout genre, que negligens dans l'usage des moyens prevenlifs et de police sanitaire ; mais d'employer surtout la persua­sion , la douceur et un raisonnement logique, plutot que les moyens administratifs qui lesent toujours plus ou moins les interns des cultivateurs.
Cette maladie a 6t6 observee sur les betes a cornes sous la forme epizootique en 1756, 1763, 1774 et 1780.
Au mois de scptembrc 1800 , un fermier tres-voisin dc la vilicdePartlienay, oü je venaisde m'ötablir depuis quel-ques mois, pcrdit en peu de jours six boeufs ou vaches de la
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fievre charbonneuse que je viens de decrire; je fus ap-pele peu d'instans avant la mort du septieme animal, j'arrivai pouren faire l'autopsie; vingt-cinqbötes aumailies existaient encore dans la ferme , une vache avait prösentö des le matin des symptöraes precurseurs de cette maladie; quandje la vis, eile avait cesse de manger et de ruminer, la prostration 6tait tres-marquöe , la fievre intense , le pouls petit, dur, accölerö, concentrö , avec dölire taci-turne, etc., etc. , causes inapröciables; seulement, je parvins ä savoir que la maladie avait commencö sur un boeuf qui avait fait un charrois eloignö, fatigant, qu'il en ßtait revenu courbatu , abattu , qu'il etait tombö malade le surlendemain et etait mort en vingt-qualre heures, que la maladies'6tait communiquteensuitesuccessivementaux autres bestiaux de l'ötable. Cette ferrae 6tait agreablement situöe sur un terrain 6lev6 , ses pros et ses päturages tHaient sains, le fourrage de premiere qualite , les eta-blesassez bien tenues. Seulement le mötayer faisait la nuit de fröquens charrois clandestins , dans lesquels les bes­tiaux (Haient nöcessairement forcös et excedte de travail, quoique en bon 6tat. La maladie commentja en effet sur trois boeufs adulles, puis sur un veau de deux ans , une vache et le boeuf qui mourut ä mon arrivee. Je pensai que cette enzootie de charbon Interieur , s'etait declarce d'abord spontanömcnt sur le premier bceuf par l'effet d'une predisposition toute parliculiere dont on rencontre de frßquens exemples dans la pratique et qu'elie s'etait propagee par le fail de la contagion sur les autres bes­tiaux de la metairic. Tous furent saignes des le lendemain, mis ü la diete, ü l'eau blanche acidulee; je fis donncr A quelques-uns de la tisane d'orge et de chiendent nitrec. Deux jours apres, je passai h tous un selon au fanon que j'animai avec un troschique d'ellöbore noir; les eta-bles furent n6toy6es , j'y fis des fumigations, suivanl le procC-de de Guyton-Morveau. Tons les bestiaux qui cou-
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chaient encore dans les päturages furent rentramp;j la nuit, on continua h les abreuver avecde 1'eau blanche acidulöe et on aspergea las alimens avec de l'eau satnräe de sei marin. Je saignai la vache malade, je lui fls prendre la tisane d'orge nitree, des lavemens emolliens; on fit des bains de vapeurs, des frictions seches et on tint la bete cou-verte; le lendemain le pouls etait plus developpe , la ma­lade avait abondamment fientö et le ventre etait souple: söton avec troschique d'elldbore au fanon , breuvages de decoction d'orge dans laquelle j'ajoutai ä chaque fois huit grammes de camphre dissout dans un peu d'eau de rabel et trente grammes de quinquina piton en poudre. Ces breuvages furent r^pötössoir et matin pendant deux jours, on ne les donna que le matin des troisieme et quatrieme jours ; le cinquieme la vache etait en pleine convalescence. Dans les intervalles des breuvages, on faisait prendre quelques litres de tisane d'orge niträe. L'enzootie s'ar-reta apres quinze jours de soins.
En septembre 1809, cette möme liövre charbonneuse se declara sur les bestiaux de la metairie de Mourö , com­mune de Latilie , döpartement de la Vienne, h quatre myriametres de mon domicile; je fus prie de m'y rendre. Deux boeufs avaiönt peri, la maiadic durait de quarante-huit d soixante-douze heures. Vingt-sept animaux exis-taient encore dans la metairie ; trois bceufs 6taient ou furent atteiuts pendant le traitement qui dura quinze a dix-huit jours. Cetle ferme 6lait la seuie attaquee dans tout le pays ct Ton ne se rappeiait pas d'y avoir vu rien de semblabie ; les päturages ötaient un peu aquati-ques, c'ötait des brandes ou landes humides; les pros et le foin ötait de seconde qualite et mele de quelques joncs et rcnoncules; les stables assez mal tenues. Les boeufs peris on atteints avaient modönJment travaillö , le plus grand nombrc dta'd maigre. Toutes les recherches que jc pus faire no me mirent point ä meme d'en reconnaitre
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la cause. Je ne saignai que les besliaux les phis jeunos el les plus vigoureux ; des trois malades , deux seulement l'urcnt saignös et tous guörirent par les moyens plus haut indiqu^s.
A la fin d'aoüt 1810, le fermier de la metairie de la Motte , commune d'Allonne ( Dcux-Sevres ), perdit subi-lement deux grands boeufs de la flevre charbonneuse ; un troisieme 6tait alteint ü peu pres au m6me degrö que la vache cit^e dans la lre observation ; il avait 6tö aban-donnö par un empyrique trcs-fam6 dans le pays; trente-deux autres betes ä comes existaient encore dans le do-maine. Ilicn ne put me faire decouvrir la cause de cette enzootie et, comme dans les cas pröcedens , c'ölait 1c seul troupeau malade dans tout le pays; le metayer soi-gnait bien son bötail, qui etait rölite du canton ; les lourrages röcoltes sur la fermc ötaient excellens ct les pa-turages n'avaient quo le defaut d'etre trop gras, trop plantureux et abondans ; les besliaux y poussaicnt d'or-gueil, pour me servir de l'expression du pays. .Veus carle blanche : j'employai les menaes moyens curatifs et preven-tifs que dans la premiere enzoolie deja citeo; le boeuf malade gu6rit, mais sa maladie se prolongea durant six jours. La saign^e röpugnait et effrayait le fermier , il i'allut les conseils du proprielaire, homme d'une haute capaciW, pour vaincre cet obstacle.
La fievre charbonneuse a quclquefois un caraclere in-sidieux qui pent tromperle vöterinaire peu allenlif, sur-tout dans les enzooties Isoldes et quand la morl de ([uel-ques besliaux n'a pas 6veille son attention : le 15 mars 182S, le nomme G**quot;*, metayer, commune de Dampiere, pros Bourbon-Vendee , vint me chercher en grande Mle pour donner de soins ä un boeuf tres-malade , e'etait le soir; j'y fus promptement rendu : beeuf de qualre ans, beau el en bon etat, alteint subitement depuis environ trois heurcs; pouls accelere , concentre, arlere tenduc ;
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respiration trcs-irequente, sonore et plaintive , froisse-mensde dents , pansedure , pleine et un pen tympanisöe ; le malade n'a pas fientö depuis le matin ; il refuse toute espece d'alimens et ne rumine pas , la bouche est brü-lante, rouge et pleine de salive ; toutes les muquenses apparentes sont injectees, les yeux sent rouges et lar-moyans; il coule des narines un liquide un peu trouble, muqueux et assez abondant, un abattement general et subit avait frappö le malade qui avait l'epine du dos excessivement sensible, les comes et les oreilles froides. Le paysan me dit que son boeuf qui 6tait jeune et vigou-reux, avait 6t6 anöanti des les premiers symptömes de la maladie , comme s'il eüt H6 frappö de la foudre. Je ne fis pas aisez d'atlenlion a la rapiditö de la marche de la maladic , ni ü la prostration subile des forces et crus devoir attribuer cet abattement ä l'inlensite de la fievre; je ne vis lä qu'une gastro-enlerite sur-aigue, dontla cause me parut etre l'abondance des choux verts donnös presque cxclusivcment comme aliment. Saignöc de trois kilogram­mes ü une jugulaire, tisane d'orge miell(5e, lavemens 6mol-licns, diele , eau blanche. Mais dans la nuit la fievre angmenta, eile fat compliquöe d'un etat adynamique et d'anamp;intissement extreme , le malade tomba sur la litiere, toutes les extremitös ötaient froides et glacees; quelques mouvemens convulsifs prec^derent la mort qui eut lieu sept ä huit heur.es apres l'invasion de la maladie. Le fermier arriva cliez moi de grand matin , le 14, et me raconta son malheur , je vis ma möprise, le bocuf serait sans doute mort, mais je n'en avals pas moins fait unc grosse faute de diagnostic et de pronostic. Deux autres bocufs ötaient encore tristes et ne mangeaient pas , je dus done me rendre en hate sur les lieux ; je saignai ces deux animaux, je leur fis administrer des breuvages de decoc­tion d'orge dans lesqncls je mis la gentiane en poudre et l'acctale d'amuniaquc , on leur donna des lavemens cmol-
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liens acidules, on les frictionna et les couvrit; ils bu-rent d'eux-m^mes un peu d'eau blanche nitr^e ; le len-demain, je mis ä chacnn d'eux un seton au fanon; Je fis continuer les breuyages , j'y ajoutai mßme ä deux fois le quinquina et je fus assez heureux pour tirer mes ma-lades d'affaire. Neuf autres bceufs et vaches furent soi-gnös et soumis ä un traitement preservatif; le succes röpara ma premiere faute. Je ne pus faire l'ouverture de ce bceuf, mes occupations ne me le permirent pas; ie cadavre etait extrfimement ballonnö et la decomposition d6j;l commencde , quoiqu'ii n'y eut que sept heures que l'animal füt mort. Je ne crains pas d'avouer cette faute, cependant, j'avais alors vingt-six ann6es de pratique et j'avais observö pros de quarante enzooties et Epizootics typho'ides.
Traitement. — L'exp6rience comme rintelligence d'un seul homme est bien pen de chose pour rösoudre une question aussi grave que celle des moyens thörapeutiques a opposer aux maladies typhoides , le praticien conscien-cieux doit s'aider de l'expöricnce des autres; car, comme l'a dit Zimmermann , le mödecin qui ne lit pas , ne voit que lui-meme dans le monde. et s'expose par consöquent ä n'y pas voir grand chose aussi; si j'ai rapports les quatre circonstances dans lesquelles je me suis tronve dans la necessity de mettre en usage une medication, je n'ai point eu la pr^tention de vouloir m'en attribuer toute la gloire et le m6rite, si toutefois il y avait lieu de s'en Enorgueillir. J'ai dit plus haut comment j'etais parvenu h former mon opinion sur la nature du typhus , sur celle de raIt6ration des fluides qui en est le principal caractere et sur les remedes ä opposer; il n'y a dans cela de moi que I'application. J'ai proc6dlt;5 ainsi pour le typhus char-bonneux et ses varl6t(5s (charbon symptomatique , char-bon essentiel, glossanthrax ). Toutes ces maladies sont une , h mes yeux , aux exceptions, aux differences pres
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que produisent d'abord les diverses causes prödisposantes et determinantcs , l'espöce de l'animal, son temperament et surtout les dispositions si variables et si obscures des organisations individuelles. Les maladies typhoides sont un protze qui revet des formes variees sous l'empire des influences que je viens de citer ; elles apporlent aussi, ces influences, des differences sous le rapport de l'acti-vite, de la specialite du virus et de la contagionabi!it6 de la maladie. Toutes sont des affections g6nerales dans lesquelles les appareils circulatoires et nerveux sont pri-mitivement et essentiellement atteints, et dans lesquelles; les remedes h opposer sont, h peu de chose pres, les memes. J'ai marchö progressivement dans l'emploi de ces moyens , on en jugera si Ton compare les medications que j'ai employees en 1800 , 1809 , 1810 et 1823, pour la fievre charbonneuse , a celle mise en usage contre le typhus coatagieux en 1827 et ce que je rapporterai de plus posterieur en traitant du charbon symptömatique et du charbon essentiel.
C'est en raison de l'analogie, pour ne pas dire de l'identite, que j'ai cru reconnaitre entre toutes ces ma­ladies , quo le traitement que je leur ai oppose ä tant denbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; *. , ressemblance ; aussi, tout ce que j'ai indiquö comme trai­tement preservatif ct curalif a I'article tijphus contagieux, pages 171 et 173 , je l'appliquerai maintenant ä la fievre charbonneuse ou charbon intörieur, sauf les indications particulieres que pourraient presenter les complications, les maladies concoraittantes et les crises qui peuvent sur-venir dans ces affections pathologiques ; circonstances que j'ai signalöes dans le typhus contagieux des b6tes ä cornes. J'y renvoie le lecteur pour eviter de me r6p6ter et ne pas me voir oblig6 de dire avec Mme de S6vign6: laquo; Pardon d'avoir öcrit tant de pages, je n'ai pas eu I'es-raquo; pril d'en ecrire moins. raquo;
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PATHOLOGIE BOVINE.
Dm Charbon symptomatique.
Cette seconde variötö des maladies charbonneuses a pour caractere essentiel de se manifester subitement, comme les precamp;lentes , par un 6tat febrile gönöral, continu et qui est assez promptement suivi de rapparition de tu-meurs sanguines, cedemateuses ä leur circonf^rence on entouröes d'inßltrations, d'empliysemes qui passent ra-pidement ä la gangrene. Ces tumeurs connues sous le nom de charbon , bubons, sont nöcessairement une suite , un effet de l'effort conservateur et reactif des forces de la vie.
Dans le plus grand nombre de cas, le charbon sym-tdmatique se montre subitement et sans prodrome : cepen-dant dans quelques 6pizooties la maladie s'annonce par le hörissement et la secheresse des polls, I'adMrence de la peau qui craque sous les doigts lorsque Ton veut la de­tacher ; par une toux seche et rare, et la diminution de la secretion du lait dans les vaches. Get 6tat dure de quatrc a six ou sept jours.
Commnn6ment on observe tout-ä-coup un abattement marque, des frissons vagues ; le muffle, les oreilles , les cornes sont allernativement froides el cbandes , la peau est aride, les polls h6riss6s , l'epine du dos tres-sensible; l'appötit et la rumination suspendus, les excremens durs et enveIopp6s de raucositfe dans quelques animaux ; 11 y a constipation dans d'autres , et farement les dejections sont ä I'etat normal ; souvent les urines sont crues. La söcrtHion du lait sc tarit rapidement dans les vaches ct les mamelles se fletrisscnt. Une fievre g(5n(5rale et continue se manifeste, le malade est dans nn 6tat de prostration subite des forces, avec stupeur taciturne dans certains unimaux ou agitation anxieuse dans d'autres. On observe dans quelques becufs un tremblemeiit general, un abais-
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sement de la lempörature du corps qui est en raison ögale de rintensitödelaflevrequibrülectdövore interieurement le malade. Lc pouls est presque toujours petit, accelerd', concentre ; les battemens du cceur sont tumultueux et plus ou moins porcevables. Apres vingt-quatre ou qua-rante-huit heurcs de cet 6tat de reaction generale , on voit paraitre des tumeurs charbonneuses qui se mani-festent aux aines, aux ars , sur lc thorax, lc garot, l'abdomen , s'ötcndent rapidcment sur les parties envi-ronnantes , augmentent de volume et envahissent les gan­glions lymphatiques voisins, ou prennent quelquefois leur origine ä ces ganglions; dies sont entourees d'un engor­gement oedematenx, sanguin, emphysemateux , crepitant sur ses bcrds ; souvent douloureux et d'une chaleur acre, d'autres fois insensible , froid et passant rapidement ä la gangrene. La bouche disliile souvent une salive abon-dante et parfois fetide, avec froissement des dents ; la muqueuse qui tapisse cette cavitö est, ainsi que la nasale et les conjonctives, rouge, un peu öpaissie , dans cer­tains cas grave , de couleur violaciie et meme ulceröe. Dans quelques bestiaux, les tumeurs charbonneuses se manifestent d'abord ä un beulet anterieur ou posterieur, causent une claudication donloureuse , ellcs remonlent ensuite avec promptitude tout le long du membre, en­vahissent soit le thorax ou rencolure , soit la cuisse , la croupe , l'abdomen et le dos, suivant rextremitö sur laquelle dies se manifestent. Ces engürgemens, ces tu­meurs qui se gangrenent avec rapidile, presentcnt quel­quefois ä leur sommet une petite ampoule qui se rompt, s'ulcere , d'oü docoule un liquide sereux , jaunatre , sanguinolent, fetide , qui corrode la peau et devicnt le point de depart de la gangrene. Un trouble inexprimabie de la circulation , dc la respiration et de l'innervation , accompagne d'un affaissement , d'une prostration qui va jusqu'ä raneantissement, annonce la mort qui survient
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ordinairement du Iroisieme au sixiemo jour et quelque-fois cu vingt-quatre heures , surtout dans le principe des öpizooties.
Si la maladie tend vers une terminaison funeste, le pouls est excessivement petit, concentrö, intermittant, presque efface ; dans ce cas I'air expire est souvent felidc et la transpiration cutanöe exhale une odour cadav6reuse; on volt en outre disparaitre et reparaitre alternativement les tumeurs charbonneuses. Si la mort est procliaine , une have öcumeuse, sanguinolente, infecte, un flux nasal de meme nature coulent de la bouche et des narines dont la muqueuse est ulcöree et de couleur rouge-noire. Ces signes de decomposition genörale sont sulvis. apres la mort, du prompt ballonnement du cadavre, dont la putrefaction est presque subite.
Autopsie. Le cadavre est, comme je viens de le dire , presque toujours ballonne ; 11 döcoule des narines, de la bouche , de l'anus , des mucositös infectes , sanguinolcn-tes, melees de bulles d'air; la decomposition est rapide et le cadavre exhale une odeur infecte et souvent intole­rable. II existe dans le tissu cellulaire sous-cutane et sur­tout autour des tumeurs charbonneuses , des slases sanguines noires, gangrenöes, entour6es d'epanchemens screus , jaunatres , sanguinolens, meles de stries noires et de gaz fetides. Les ganglions lymphatiques sont tume­fies , rouges, injecles , entoures d'6panchemens sembla-bles ä ceux que je viens de citer. Les capillaires de la peau sont injectös , il en d^coule un sang noir , dissout, liquide et abondant, tant le raouvement excentrique ä ete violent.
L'ahdomen ballonne laisse degager des gaz fetides , le p(5riloine , l'epiploon sont couverts de pettehies , d'ec chymoses pourprees et noires; les trois premiers esto-macs contiennent des alimens dess^ches , la muqueuse do la caillclte et celle de I'lntestin grelc prescntent des (races
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d'inflammation ; il existe meme qnelquefois des epanclic-mens sanguins sur ces muqueuses. La rate est souvent engou^je d'un sang noir et liquide , elie est presqiie tou-jours mollc et diffluente; le foie semble cuit, il est döco-Iot6, rarement gorgö de sang, sa vesicule reraplie de bile. La muqueuse de la vessie est souvent coloröe et in-jectöe, l'urine öpaisse et odorantc.
Thorax. Les sacs des plevres contiennent quelquefois une sörositö coloröe en jaune ou en rose pale , mais plus abondante et plus sanguinolente dans le pericarde; les pou-mons sont engouös par le sang , la muqueuse des bronches phlogosöe , couverte de mucositös spumeuses et sangui­nolenteraquo; , traces övidentcs de l'asphyxie consecutive ä la congestion cörebrale. Le coeur est ramolli, döcolorö, par-seme d'eccbymoses lividcs, nombreuses, sa substance presente des taches noires, des stases sanguines ; ses cavit6s sont tres-color6es, surtout les droites qui rtfletent une leinte rouge-cramoisi et sont remplies de sang liquide , decompose , au milieu duquel existe des concretions fi-brineuses jaune-orange, dont la forme se moule sur ces cavites et celles des gros vaisseaux ; la coloration est or-dinairement rouge-ponceau dans le ventricule et roreillettcnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ^ j
gauche , eile s'6tend fort loin dans l'aorle.
La muqueuse des cavitös nasales et des sinus de la töte est presque toujours tres-coloree, souvent noire, gan-grenöe, ulceree; ces sinus contiennent alors an liquide ftitide et colorö. Dans le cräne , les meninges sont injec-töes, la pie-mere surtout est parsemee de nombreuses p(5techies de couleur noire et pourpree ; la substance du cerveau conserve souvent sa densile normale, je l'ai trouvöe parfois ramollie, souvent parsemee de poinlil-lations rouges d'oü suintait d'abondanlcs goulteleltes de sang; les ventricules contiennent un epancbement plus ou moins considerable de serosite citrine ; le plexus cho-roide est, comme la pic-merc , tres-injecte, engoue
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et paisemö d'ecchymoses noires. Des lesions analogues existent sur la moellc tipinlerc , surtout aux renflemens Uorsatix et lombaires.
Dans unc epizootie que j'ai en amp; combattre en 1812, je trouvai le sac araclinoidien du cräne tcllement plein de scrositös. ainsi que les vetitricules du cerveau, quo la pulpe encephalique, tres-ramollie, semblait flotter au milieu de ce liquide. Aussi dans cette maladie les symp-tömes domiuans ötaient-ils la stupeur, un delire taciturne, line mort rapide sons lutte et la prompte döcomposilion du cadavre.
J'ajouterai ä cet exposö des symptömes et des lesions que presente le charbon symptömatique , quelques obser­vations que j'ai recueillies dans les nombreuses epizooties que j'ai eu d combattre et que je cite dans l'intcntion de mieux faire connaitre cette redoutable maladie.
lre Observation. Dans les dernicrs jours d'aoüt 1800 , 1c charbon se manifesta sur les bceuls et vaches du ha-meau du Pressou, commune de Viennay ( Deux-Sevrcs), je fus appele par le proprietaire , c'est la premiere en-zoolie que j'ai observee ä ma sortie des ecoles : un elat de secheresse et de herissement des poils, l'adherence de la peau, la sensibiiite de l'epine dorsale , la disparution de la serosilö qui rccouvre le muffle preccdaicnt l'appa-rition de la maladie, qui se manifestait par des frissons vagues , suivls d'une fievre fort intense, durant laquelle le pouls etait accelere , concentre , avec prostration subite des forces et Eruption de tumeurs qui se montraient d'abord ä im beulet anterieur ou postcrieur , causaient une forte claudication , envahissaient promptement tout le membre et les parties environnanles. 11 survenait de suite des bubons charbonneux enormes aux aines , aux ars qui avaient pour centre les ganglions lymphatiques; un vaste empliyseme existait sur le dos , etc. , etc. Toutes ces tumefactions passaient rapidement ä l'ötat gaBgteneux;
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ijne (lianböe fötide et collitiiialivc prectvlail la mort. L'clat prccurscur durait si\ ä sept jours, mais lorsque la.fievre etait dcclajee , le raaladc perissait en vingt-quatre ou quarante-huit heures.
3e ne fis point d'aulopsie ; deux boculs elaient morts avant mon arrivec; trois älaient malades, ils avaienl dejä les membres envahis par la tumölaction cbarbonncusc pr(5citee ; sept bccufs et vacbes pröscnlaient des signcs pröcurseurs.
Je divisai tons les bestiaux des deux melairies cornpo-sant le bameau , en trois classes : les sains, les suspecls et les malades, et les separai soigncusement.
Traitement, — Animaux sains : saigncc aux plus jeunes et aux plus vigoureux, tisane delayantc d'orge et chien-dent, avec addition de sauge misc infuser apres la cuis-son ; lavcmens emollicns acidules , eau blanebe dont les bestiaux burcnt pen , diminution do la nourriture, four-rages asperges d'eau trös-saturöe de sei de cuisine. Apres deux jours de ces soins , les estomacs elaient debarrasses; le ventre ötait libre ; je passai un söton au fanon quo j'animai avec un Iroscbique d'eilebore noir; on continua l'emploi du sei et dcTeau blanche pendant quelqaes jours.
Animaux suspects : je ne cms pas devoir saigner , le pouls dans tons me parut petit et faible , meme regime, söton au fanon ; brcuvages d'infusion de sauge et d'ab-synthe animes par la gentiane en poudre et le camphrn dissout dans l'eau de Rebel. Quatre ä cinq jours de ces soins suffirent pour faire disparaitre tous ces signcs facbeux.
Animaux malades: je fus plus iieurcux que je ne I'avais annoncö au proprietairc; jc scarifiai les engorgemens cbarbonneux des membres, j'en cxprimai I'icbor gangrc-neux et les gaz felidcs; jo les cautcrisai avec I'acidc sulfuriquc et les pansai subsidiairement avec l'cssence de
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tcrebenthine et l'eau-de-vie camphrc-e. Je passai un s(5ton avec un troscliique d'elleborc au fanon , que je scariGai profondöment des qu'il eut produit une forte tumeur. J'ajoutai le quinquina en poiidre ä la dose de soixante grammes, aux breuvages prec6demment indiquiis, je les faisais repelcr soir et matin pendant deux jours et seule-ment le matin pendant deux ou trois aulres jours ; ce traitcmcnt amena ia convalescence. Une suppuration assez louable s'etablit aux scarifications des le second jour ; l'etat göneral des malades tut des-lors meilleur , enfin apres douze jours de soins, l'enzbotie ütait disparue. Cc succes inespere me valut quelque reputation et rae pro-cura l'occasion de trailer Tenzootie de fievre charbon-neuse dont j'ai parle page 169.
2e Observation. Du mois de septembre 1802, au mois de fevrier suivant, une epizootie de meme nature que i'enzootie pröcitee, exerfa ses ravages sur les bestiaux de quatorze communes des arrondissemens de Bressuirc et de Parthenay ( Üeux-Sevres). Elle fut conslatöe par feu Francois Taxier pere , veterinaire ä Saint-Maiseut et par moi; mais nous nümes point d'oecasion de voir d'ani-maux malades. Un martehal de Bressuire nous assura avoir employö avec succes le quinquina sur plusieurs bestiaux.
5C Observation. Au mois de juillet 1810, une enzootie de cette variamp;6 du typhus charbonneux se manifesta sur les bestiaux d'une ferme tres-populeuse , voisine de la ville de Parlhenay que j'habitais alors.
Les deux premiers ariimaüx atteints perirant presque subitement de la lievre charbonneuse, la maladie prit une marche moins rapide dans les autres bestiaux et presenta tous les symptömes du cliarbon symptomatique ; mais 1c caraetöre en ötait si insidieux qu'aucun signe pröcurseur nc la faisait prösagcr. A l'autopsie des deux premieres viclimos , je trouvai entre autres lesions , un pen de
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phlogose dans les visceres digestifs avec des laches noires sur la muqueuse de la cailletle, qui avaient plutot los caracteres de la stase typhoide que de l'inflammation fran-che. La rate surtout 6tait Enorme, engonäe de sang noir liquide , ramollie et couverte de taches noires sur ses faces. Le coeur laquo;Hait aussi ramolli , couvert de nom-breuses ecehymoses violacöes et pourpröes ; les cavücs tres-Polor6es contenaient du sang noir, liquide et melö de bulles d'air. Les poumons etaient dans un 6tat d'eu-gouement qui annonfait la mort par une asphyxie pro-venant de l'enraiemeiit de l'innervation pulmonaire : le cerveau avait ses meninges injectees et couvertes de taches ou ecehymoses livides ; une d'elles, large comme une piece de 50 centimes, existait sur le plexus chorolde. Les vaisseaux de la pie-mere etaient cngoues par du sang noir, liquide et m61e de bulles d'air; la substance du cerveau et du cervelet etait ramollie et leurs ventricules remplis d'un liquide citrin : une turaeur charbonneuse envahissait l'ars d'un boeuf; les ganglions lymphatiques etaient infdtres , rouges , noirs et entoures d'epanchemens de matieres st'reuses, ichoreases, jaqnätres , melees de sang, de stries noires et d'une odeur gangreneuse.
Parmi les besliaux atteints , il se manifesta subitement une tumeur critique sur une cuisse d'un veau d'un an; olle etait grosse comme un pain de deux Ihres, doulou-reuse , eile s'ebcamp;la au bout de trois jours; je l'ouvris et la cauterisai avec le fer incandescent; I'animal guerit de l'enzootie. Un autre fut alteint du glossantbrax ; ii guerit aussi.
line genisse fut frappöc d'unc espece d'apoplexie subitc qui fut suivie d'une paralysie generale et d'un affais?c-ment extreme, avec sueurs froides. Le moindre bruit lui causait une frayeur extreme, I'expression de son regard etait anime et avait quelqnc chose d'insolite qui annonraii une vivo excitation nervensc: tontes los secretions sem-
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blaient suspenducs, l'air expire ötait brülant, le pouls pelit et conecuträ donnait soixanle-seize pulsations ; la flövre prit des le second jour un caraclerc remittent, avec redoublemenl u midi, puis diminua peu ü peu d'intensitö. 1! survint un mieux sensible , l'appelit et la rumination feparurent, mais la paralysie persista long-temps; un seien au fanon avec un troschique , les infusions de me-li?se , de sauge , auxquelies j'ajontai la poudre de^en-tiane et relher furent donnees en breuyages; les lavemens aeiduies, i'eau blanche nitree; quelques panades renducs plus loniques par la poudre d'Aunee , furent administrecs avec la corne pour la soutenir et la nourrir ; enfin des frictions, faites sur le racliis , ä la face interne des mem-bres, et composees d'cssence de terebenlhine et d'ammo-niaque elenduc dans l'huile d'olive rötablirent peu ii peu i'aclion nerveuse , lo mouvement et la force. La compli­cation que presenta cette affection charbonneuse dans celte genisse , me parul due d'abord ä son temperament nerveux-lymphatique excite encore par la gestation, car eile elait pieine ct vela ä vingt mois ; aussi employai-je pour la ccmbaltre les anti-spasmodiqnes diffusibles , uni aux loniques et aux revulsifs. Gelte petite bete eut une rcchute qui n'eut pas do suite; eile fut malade pendant pros d'un mois.
Cette enzootie dans laquellcj'eus a lutter centre I'igno-rance d'un charlatan, le fanatisme entete d'une femme, me mit ä memo d'observer 1c typhus charbonncux sous toutes les faces , car il se prescnta sous diverses formes : llevres charborineuses , charbon symptomalique , charbon esscnliel, glossanlhrax , tumours critiques, aeddens ner-veux on paralysie , etc., etc., et je ne parvins a I'arreter qu'avcc les plus grandes peines ct en surmontant toutes sortes d'obstacles.
EIlc se manifesta d'abord sponlanemcnt sur un vcau ct une vache sans causes connues; jc pense que la contagion
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i'ul pour beaucoup dans sa propagation. La chaleur almos-pli(5rjque 6tait extröme, aussi employai-je avec avantage les bains de riviere comme preservatifs.
4e Observation. Dans une epizootie de charbon symp-tomatique que j'eus d combattre sur les bestiaux des com­munes de la Peyrale, Gourg6 et Viennai (Deux-Sevres), pendant les mois de mai, juin, juillet et aoüt 1812. 11 se forma spontanement au fanon et sous ia rögion ster-nale de deux veaux äg6s d'un an , des tumeurs critiques Enormes qui abcederent apres quelques jours et sauverent ces animaux.
A l'autopsie d'un bceuf, morten moinsde vingt-quatre heures, je trouvai tout le tissu cellulalre sous-cutan6 de la tete ei de l'encolure infiltrö d'un sang noir et dissout, avec un ötat gangreneux, de tous les organes environ-nans, gangrene qui etait survenue durant la vie, car je fls l'autopsie deux heures apres que l'aniroal eut expird.
Le theatre de cette Epizootic avait ä peu pres deux myriametres carr6s, il (Halt situ6 le long des rives du Thoue, dans un pays plat, convert de landes et de Bruye-rcs. Elle se manifesta aussi dans son principe avec tous les symptömes de la fievre charbonneuse; eile tuait subite-ment les animaux ; sa marche se ralentit ensuite , l'ap-parition de tumeurs charbonneuses succ6da ä la fievre gönörale, et des-lors cette epizootie devint plus curable. Dans quelques veaux, l'aibugo epizootique compliqua la maladie ; ils en guörirent facilement par l'empioi de col-lyres oü entraient le sulfate de zinc , le camphre et l'iris de Florence. Ces quatre animaux avaient 6t6 soumis au traitement pröservatif, par consequent el6 setonnes. Le charbon les atleint en meme temps que I'inflammatlon de la cornöe lucide, mais d'une maniere benigne, et ce fait me fournit une nouvelle preuve que les sötons n'ötaient un pröservatif assurö ni des maladies charbonneuses, qu'ils modifient cependant d'une maniere avantageuse, ni m^me
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de Talbugo opizootique. Vingt-neufanimaux etaient morls avant mon arrivöe , deux pamp;irent durant ie traitement quo j'cmployai , trois malades gu6rirent ct plus de deux cents animaux furent pröservös.
Les fourrages recoltes l'annße precödente (I8H), figt; rcnt vas6s , rouillfe par les d^bordemcns des rivieres , ils furent en outre altörfo durant leur recolte , qui se fit par un temps pluvieux , de Sorte que l'emploi de ces foins dc mauvaise qualitö pendant I'hiver suivant, fut une des causes prödisposantes de l'öpizootie ; les causes determi-nantes trouverent leur source dans l'irrögularitö de la saison pendant les mois de mars , avril, mai et juin 1812 , durant lesquels rögnerent des vents impötueux d'ouest et nord-ouest, la temperature fut froide et pln-\ ieusc , les ruisseaux deborderent, ils couvrirent les prai­ries et les piUurages de limon. A cet 6tat si fächeux de l'almospliere , suca'ida tout-ä-coup un 6t6 chaud , sec , aride , l'eau manqua et se corrompit dans les ruisseaux et les mares ; de sorte que I'air, les alimens et l'eau cons-pirerent ä la fois contre la santö des animaux. Leur action successive fut d'autant plus efficacement funeste . que les bestiaux sont, dans ces contrfe , conslamment dans les piiturages pendant le printemps, l'elö et l'au-tomne. On remarqua aussi que les feuiiics de fröne et d'ormeau que Ton donne abondamment anx jeunes betes a cornes, (Haient, cet lt;He, couvertes d'une espece de gluten blanc ct mieileux , qui fut funeste i\ tous ceux qui en mangercnt. 3'eus d'ailleurs plusieurs animaux affects de maladies charbonneuses dans d'autres m^lairies öparses et plus ou moins öloign^es du canton oü rögnait I'epizoolie. Elle n'attaqua que de jeunes bestiaux , veaux et g^nisses, ägüs de trois ans au plus, dont la fibre plus molle et la sensibility plus vive est plus facilement impressionöe par de semblables causes.
Le fait suivant prouve la contagion de cette maladie :
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le m6tayer de la Renousiere perdit un boeuf de trois ans, il I'enfouit mal et superficiellement; dans la nait, les chiens le deterrerent, ils en tratnerent les lambeaux sur les päturages de celle de la Lambertiere, dont aucun animal n'avait 6te malade depuis trois mois que durait l'epizootie; des le lendemain , deux veaux sont atteints et pörissent subitement.
sect;e Observation. Dans l'automne de 1814, il se manifesfa dans la commune d'Amaiüou (Deux-Sevres), une öpizootie de charbon symptomatique qui enleva assez prompte-ment vingt vaches et veaux de deux ans, la portion en-vahie avait k peu pres un ftyriametre carrö; c'tHait un terrain plat convert de landes et de bruyeres, dont les parties les plus ferliles 6taient cultivöes en cörea-les ou formaient des päturages et des prairies natu­relles ; ce canton 6tait döpourvu de ruisseaux, on n'y rencontrait que quelques 6tangs, oü s'abreuvent les bes-tiaux. La maladie se manifesta dans les premiers jours d'aout, d'une raaniere tres-subite ; la söcheresse , le hörissement des poils, le tarissement du lait dans les vaches, le dögoüt, l'abattemeut, des frissons vagues, une fievre intense , ayec prostration des forces, l'appa-rition d'un engorgement gangröneux et emphysömateux ä un membre, s'ölendaut ensuite rapidement aux ars, aux aines, sur le thorax , l'abdomen , etc., etc., et tuait l'animal en vingt-quatre heures ; teile futsa marche rapide. La maladie diminua ensuite de violence , eile se prolongeait jusqu'ä quatre ou six jours, mais n'en con-tinuait pas moins d'6tre constamment mortelle. Je trouvai ä mon arrivöe deux animaux malades, ils moururent dans la soiree ; je trouvai, ä l'autopsie , les visceres de l'abdomen et du thorax gorgös d'un sang noir et dissout, melö de bulles d'air; des infiltrations charbonneuses et gangrenöes entouraient les tumeurs et les ganglions lym-phatiques envahis; il existait de larges ecchymoses noi-
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res et livideraquo; sur les poumons , le mm et le f,erve,au. Quatre-Yingts bötes A cornes appartenant ü liuit m6tairios ou borderies environnantes , me parurent avoir des signes pr^curseurs de la maladie. Je .n'employai qn'un traile-ment pröservalif; tous ces animaux eurenl des siHons, quelques-uns furent saignös ; je fis admiuistrer des tisa­nes dölayantes acidulöes et nitröes, des laveraens acidu-les; je fis diminuer la nourriture, abreuver avec I'eau blanche aiguisee par le sei de cuisine ; la maladie parut s'arröter , mais environ vingt jours apres, une jeunc vache qui avait 6t6 saignöe, sötonuee, etc., elc, eut des symptömes de fievre, av(?fe agitation des flaues, diffi-culte de respirer, gonflement de la panse, salivation abon-dante, exeremens durs , urines rares, söcheresse de la peau , degoüt, cessation de la rumination, etc., etc. Cet 6tat d'embarras et de phlegmasie des organes digestifs ef-fraya beaueoup le paysan ; une tisane d'orge miellöe et nitric, un synapisme sous la poitrinc, des lavemens , firent cesser ces aeeidens; il survint enfin apres dix jours de soins une Eruption de nombreux boutons sur toule la surface du corps , d'oü suinta un liquide s6ro-sanguino-lent, ils se dess^cherent quelques jours apres, tomberent par desquamation; cette crise lermina heureusement la maladie. Dans le müme temps, environ vingt \eaux qui avaient aussi 6t6 soumis au fraitement prtservatif furent malades; on observait un amaigrissement subit, du dö-gout, de la difficult^ ä avaler, une salivation abondanle avec fievre, mais le ventre 6tait libre. Tisane de racine de patience [Rumex palientia, L. ) et d'orge , animee par la genlianc et im peu de camphre dissent dans l'eau de rabel ou dans de Tetlicr , suivant l'i'tat d'excilabilite du malade. des lavemens ömolliens , l'eaii blanche, un peu de diete Grent declarer une crise que j'avais prevue; de sorte qu'apres quatre ä cinq jours de ce traitement, il survint h lous une Eruption de boutons tres-confluens,
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qui se montrerent sur le fanon, le dessous de la poitrine, du ventre et la face interne des membres. Ces petites pustules, grosses comme des avelines, s'abcederent promp-tement ct fournirent une suppuration jaunätre , sereuse , un pen sanguinoiente et surtout tres-fötide ; je fis lotion-ner avec la decoction de fleurs de sureau et de feuilles de ronces ., ces boutons se dessöcherent apres dix ä douzc jours dc soins, tomberent en croütes et tous ces animaux guörirent parfaitement. Je ferai remarquer que cette erup­tion n'eut lieu que sur des auimaux qui m'avaient prä­sente des signes pröcurseurs de la maladie, de sorte que je la considerai comme une crise et une anomalie de l'affection charbonneuse, heureusement modiGee par le fraitement preservatif.
Une vache qui, aussi traitöe prßservativement le 14 septembre , fut neanmoins atteinte le 17 d'un engorge­ment charbonneux Enorme qui envahit toute une öpaule; je n'en fus pr6venu que le 24, j'extirpai , je cautörisai tout ce qui 6tail gangrene ; n'ayant sur moi que de la gentiane et du camphre, je lui en fis prendre avec du vin ; mais cette böte , anamp;intie par la maladie et n'ayant d'ailleurs temoignö aucune sensibility durant mon opera­tion , mourut le lendemain matin.
6e Observation. Au mois de juillet 1827, je fus ap-pel6 par M. de Lezardiere pour donner des soins aux besliaux de sa m6tairie du Pain (Vendee). II s'y etait d6clar6 une enzootie de charbon symptomatique qui avait fait perir deux boeufs en trois jours ; j'en trouvai trois autres atteints et le reste des bestiaux prösentait des signes precurseurs alarmans. Le trailement preservatif fut ä peu pres semblable d celui dejä cite; mais j'employai avec un succes marque I'acetate d'ammoniaque uni au quinquina, comme moyen curatif. Les tumeurs charbonneuses, aprös avoir 6te scarifiees et enlevees en partie , furent caute-risces par le fer incandescent dans certaines parties , et
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par l'acide sulfurique dans d'autres , suivant que je pou-vais pönctrer plus ou moins profond^ment; ces ulcöres furent ensuite pansys avec l'oxide de chlorure de sodium. Cette medication tres-6nergique ranima les forces, chan-gea promptement en mieux l'ötat g6n6ral des malades; les eschares des parties caut6ris6es tomberent ä la suite d'une suppuration assez louable et assez abondante; je ne perdis aucun malade et l'enzootie fut arramp;öe en vingl jours. L'ac6tate d'ammoniaque fut aussi employ^ comme moyen pr^servatif pour les animaux suspects. Les ^tables damp;infectees, etc., etc.
En tra^ant l'histoire tres-concise de six Epizootics ou cnzooties prises sur plus de trente que j'ai eu ä combat-tre , je n'ai eu en vue que de prouver que les affections charbonneuses et typhoides 6taient une et protamp;formes, qu'elles Etaient plus intenses et leur virus plus actif dans les premiers momens de leur apparition ; ce qui en modi-fiait la forme et la marche , comme dans les ome et 4mc observations, ou ces enzooties se sont d'abord presentees avec tons les symptömes foudroyans de la fievre charbon-neuse et dont la marche s'est ensuite ralentie pour revetir les caracteres du charbon symptomatique. Toutefois, je crois et je le r^pete , que la predisposition individuelle, le temperament, l'excitabilite nerveuse modifient et in­fluent puissamment l'action de la cause, soit pour I'inten-site et le caractere different de la maladie, soit pour les anomalies que j'ai signaiees.
Si Ton pouvait douter de la puissance des forces vitales et conservatrices de la nature , qui font lant pour les ani­maux sauvages et h l'etat de nature , il ne faudrait que ces apparitions de turaeurs, ces eruptions pustuleuses, que j'ai citees ä dessein, pour s'en convaincreet convenir que toute reaction vitale a pour rösultat presque constant des crises salutaires que le veterinaire doit seconder ct lAcher möme do produire arlificicllemenl. M. Lami, vetSrinaire
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h Chalamont ( Ain ), a fait pressentir qu'il partageait cettc maniere de voir, dans rhistoire d'une 6pizootie charbou-neuse qu'il eut ä trailer eu 1820.
La 4me observation confirrae aussi cette \6nl6 toulc pratique des effets des influences atmospheriques, commo causes determinantes des äpidömies et des Epizootics. Sydenham rend compte d'une peste qui . en 1663 , fit p6rir 68,000 habitans de la ville de Londres. II p^rit aussi ä cette öpoque une quantity prodigieuse d'animaux de toute espece, parliculierement de boeufs et de brebis. On observa qu'ä la meme öpoque, c'est-ü-dire en 1664 , 6o et 66, ii parut trois cometes et que le volcan du Mont-Etna demeura dans un 6tat non interrompu d'acti-tivitö et d'explosion , pendant ces trois ann^es. En 1581 et 1382 , la peste fit perir dans Paris 40,000 personnes; eile dösola plusieurs villas environnantes et parliculie­rement Laon. Cette mfime annöe , la peste ravagea l'Egypte. Toute l'Europe fut dösolee par un catarrhe epi-demique. Cette mßme annöe, une comete fut visible pendant deux mois et plusieurs comtös d'Angleterre fu-rent afflig^s par une 6pizootie qui produisit beaucoup de mal.
Tout prouve done que le caractere des maladies epizoo-tiques, puissamment modifiö par les predispositions indi­viduelles , Test aussi par la nature des causes, mais encore par l'etat de l'atmosphere, l'action des meteores et la quality des alimens, ainsi que des boissons.
La lrc et la 2me observation confirment ce que j'ai dit de la puissance du quinquina ^comme moyen curatif de ces maladies. A l'epoque oü je faisais la 6me observation, j'Etais ä peu pres fixe sur l'etat d'alteralion du sang dans ces fuuesles maladies , l'emploi de l'acetate d'ammonia-que, du quinquina ä rint^rieur et des chlorures ä l'ex-terieur n'etait qu'une consequence de ces convictions.
Tour se convaincre de la puissance ncutralisaulo des
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252nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PATHOLOGIE BOVINE.
chlorures sur le virus charbonneux, il ne faut que lire le detail des experiences de M. Maucourt, docteur-m6-decin ä Bordeaux, au moyen desquelles il a constate que le chlorure d'oxide de sodium m616 avec le virus char­bonneux et ensuite inoculö en neutralise les effets. Dans une autre experience, il injecta vingt-un grammes de sang provenant d'un cheval atteint de charbon dans la jugulaire d'un veau sain. Aussitot, trouble de la circula­tion , dejections alvines frequentes; deux heures apres , I'animal parait tres-abattu, on ouvre de nouveau la veine, on laisse couler environ quarante-cinq grammes de sang et Ton y injecta ensuite vingt-un grammes de chlorure de sodium , le veau parait accabl6, on sent des soubre-sauts dans les tendons , il se declare dans la nuit une diarrhöe fätide ; le lendemain , le mieux est sensible , le troisieme jour, I'animal commence ä manger, buit jours apres, il ne restait que de la faiblesse et une extreme maigreur.
Le diagnostic et le pronostic de cette maladie se tirent de l'appreciation des symptömes et des signes qu'elle prä­sente , le vöterinaire ne pent s'y tromper : j'ai döjä dit que l'^ruption des tumeurs. apr6s le mouvement föbrile, caractörisait le charbon symptomatique. Que l'abattement, la prostration extrtSme des forces etaient des signes funes-tes, ainsi que la concentration du pouls, son ötat d'in-termittence et d'effacement. Que la renträe des tumeurs 6tait un signe mortel, ainsi que l'odeur cadavöreuse de la transpiration, accompagnöe du froid glacial de toute l'habitude g^nerale du corps , avec flux nasal et 6coule-ment fiHide et sanguinolent de la salive qui annon^aient une decomposition g6n6rale. Tandis que le ralentissement de la marche de la maladie , la persistance des tumeurs charbonneuses, l'öruption de pustules et de tumeurs cri­tiques , le developpement du pouls, l'ameiioration de l'etat de la circulation et de la respiration , le retour des
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forces, une expression moins sinistre de la tamp;e sont des signes favorables.
Traitement. Je crols avoir d peu pres prouv6 que les maladies charbonneuses et typholdes ölaient une et que par consequent le traitement göneral etait le mfime pour toutes. La connaissance de la cause est la premiere re­cherche dont le v6t6rinaire doit s'occuper , et s'il y par-vient, il doit tächer de soustraire les animaux ä son action ou tout au moins de la neutraliser autant que possible. Mais, comme dans certaines enzooties surtout, elie est souvent inappreciable , I'indicalion , dans cette fächeuse et embarrassante circonslance, est de changer autant que possible toutes les conditions dans lesquelles se trouvent les bestiaux , de faire memo ^migrer ceux qui sont sains , si le propri6taire en a la facililö, car le meilleur moyen d'6viter la contagion , c'est de la fuir.
Ce que j'ai dit de la saignee dans les cas pr^cedens, comme moyen preservatif, je le röpete ici , j'en ai fait usage , comme on le voit, dans la lre et ome observations, et dans d'autres cas que je n'ai pas cite. J'eus ä regretter de ne pas I'avoir employee dans la 5mc observation. J'ai fait connaitre ailleurs ses contre-indications. Je me suis prononcö sur l'emploi des selons, ils sont souvent uliles; mais la moindre disposition a la gangrene doit les faire bannir, dans le traitement curatif surtout, il vaut mieux alors leur substituer les sinapismes, que Ton pent sca­rifier au besoin ; ce moyen therapeulique peut, aussi bien que le seton , produire une revulsion salutaire et n'a pas ses inconvöniens.
Dans l'etat acluel de nos connaissances sur la nature des maladies typhoides, l'emploi de l'aceiate d'ammonia-que ou des sous-carbonates de soudc et de potasse unis ä la poudre de genliane, comme moyens preservatifs, sont impörieusement indiqute. On elend ces medicamens dans les breuvages dc decoction d'orge , d'oseille; on y ajoutc
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la mölisse, la sauge en infusion pour les animaux debiles. L empld du sei marin est aussi indispensable pour animer les bo.ssons , asperger les fourrages. II serait superflu de rappeler 1 utilitö de la propretö des tables, de lern aera­tion , des fumigations de chlore et de l'emploi d'alimens sains.
Tant qu'au traitement curatif, il git tout entier dans deux mdications: lraquo; rem6dier k ralt^ration du sang ra-mmer les forces de la vie et porter ä la circonference par 1 administration du carbonate d'ammoniaque ( alcali volatil concret) ou de l'ac^tate d'ammoniaque , unis au quinquina et au c^mphre , delays. (Stendus dans la de­coction d'orge, ou les infusions de melisse, de sauge su.vant l'ätat particulier du malade. La dose du camphre ne doit pas d(5passer huit grammes par breuvages; 2quot; fixer ä la surface du corps le venin typhique qui forme les tumeurs gangräneuses et charbonneuses; ainsi done il faudra , comme dans la fievre charbonneuse et comme J en ai ciW des exemples, ouvrir les emphysemes, sca-nfier . empörter , cautöriser les tumeurs avec le feu ou les caustiques; les panser ultörieurement avec l'oxide de chlorure de sodium , comme dans la 6™ observation On peut, je le röpete , solliciter les forces de la vie et pro-duire d'heureuses revulsions par l'application d'uti sina-pisme, lorsque les tumeurs charbonneuses sont disparues ou qu'elles tendent h rentrer. Alors, on seconde ou pro-voque meme le mouvement excentrique, la reaction des lorces vitales par les breuvages toniques et diffusibles d acetate d'ammoniaque. de camphre et de quinquina ; ,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;par des frictions seches, des bains de vapeurs de baies
de gemevre et l'usage de couvertures en laine.
II est des indications accidentelles qui ne peuvent etre prevues et qui sont du rcssort de l'intelligence du veieri--nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nailquot;e gt; comme dans la önie observation.
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Pathologie hovine.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 23;;
Charbon essentiel.
Geile maladie qul est, comme la fiövre charbonneuse et le charboQ symptomatique, commune h tous les ani-maux domestiques, differe de ce dernier en ce que l'ap-parition des tumeurs charbonneuses, des bubons , des pustules malignes qui la caractörisent, precede de quel-ques instans la manifestation de la reaction gönörale ou fievre. Sa marche n'est pas moins rapide que celle des deux maladies pröcamp;ientes. car souvent eile tue l'animal qui en est atteint, en dix-huit ou vingt-quatre heures.
Elle regne quelquefois simultaii(5ment avec les autres varies de typhus charbonneux, comme j'en ai cM des exemples; car ces maladies sent frequentes dans les val-löes humides, les cantons boisös et brumeux du ci-devant Poitou. Les historiens des öpizooties qui ont existö dans la Brie en 1757 ; en Finlande en 1758 ; A Saint-Domin-gue de 1773 ä 1776; en 1786. dans le Quercy et en 1793 dans diverses parties de la France, ont aussi rap-portö des faits semblables. Elle rev6t presque toujours la forme epizootique; je l'ai cependant rencontröe quel-quefois ä l'etat sporadique dans l'espece boeuf.
Symptömes precurseurs. Ainsi que dans le plus grand nombre des autres affections typhoides , la maladie s'an-nonce communöment quelques jours d'avance par la si­cheresse du peil, son hörissement et l'adhörence de la peau , qui fait entendre un espece de craquement lors-qu'on veut la detacher. Apres quelques jours de l'existence de ces premiers symptömes, on reraarque que tous les mouvemens de l'animal s'executent avec une certaine raideur, que l'epine dorsale est d'une sensibility extreme, que la pause est surchargee d'alimens, les exeremens sees et durs ; qu'enfln le facies de l'animal exprime une souf-franco profonde et que Ic regard a quelque chose d'insolite et de sinislro.
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236nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; PATUOLOGIE BOVINE.
Cet etat pr^curseur, que certains 6crivains n'ont pas signal^, est cependant assez constant; il est si rod que dans quelques 6pizooties et enzooties , j'ai pu signaler do prime abord, au milieu des päturages et parmi le troupeau, des boeufs atteints ou seulement douteux.
Signes de Vetat. Tout-a-coup une tumour ou meme unc simple infiltration, un engorgement so manifeste sur le garot, le dos , les lombes ou ä une jambe ; les regions atteintes sont promptement tumöfiöes , le tissu cellulaire sous-jaoent est infillrö, emphyseraateux ; la peau est cr(5-pitante , froide, insensible et promptement gangrenöe. La prostration des forces est subite, l'animal frappe de stupeur : les yeux sont mornes , enlbncös ; le muffle est sec , les muqueuses apparentes rouges et injecWes, la bouche brülante, le ventre presque toujours un peu tendu et dur, les exerömens coiffes ; il est des animanx qui mangent encore durant les premiers momens do la ma-ladic, le plus grand nombre refuse toute espece d'alimens. Les cornes et les oreilles sont froides ; la peau alternati-vement froide et chaude ; la fievre se declare par un fris­son general; le pouls est aceöfere, dur, concentrö ( 50 a 70 puls.), le coeur bat avec force ; la respiration est aussi agitee et augmenlöe de vitesse. Les tumours char-bonnouses ont aussi augments d'6tendue et do volume avoc une rapidite extreme, le tumulte est general, l'anäan-tissement complet , le pouls se concentre, s'efface ; le malade tombe, mugit d'une maniere effrayante et meurt apres vingl-qualre ou quarante-huit heures do maladie. 11 est des bostiaux qui meurent peu d'instans apres que les tumours sont sorties, comme il en est dans lesquels la maladie so prolonge de deux ä quatre jours ; dans coux-ci, il arrive souvent qu'une diarrhöe colliquative se manifesto et devance la mort de douze ä vingt-quatre heures. - 'nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; Quand 1'engorgement charbonneux se declare sur unc
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PATIIOLOCIE BOVINE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;237
jambe posterieure , il envahit rapidement la cuisse, les lombes, le dos et deviont considerable: ce pht'nomene est accompagnö d'un frisson , d'un tremblement dans les mus­cles et de soubresauts dans les tendons qui precedent la gangrene des regions envahies. J'ai remarquö aussi, dans quelques cas , que des l'instant que la region louiüaire ötait tumöfiöe par l'engorgement charbonneux, toute l'aniere main 6tait frapp6e de paralysie. Si les tumeurs charbonneuses se declarent sur un membre auterieur , elles envahissent rapidement la region pectorale , des-lors, il existe unc agitation anxieuse ; un trouble, une gene de la respiration et de la circulation qui precede de quel-ques instans la rr.ort, car la maladie dure vingt-qualre heures au plus.
La nature si delötere du virus carboRCulaire porte une alteinle si funeste aux forces de la vie, que souvent l'ani-mal ne peut supporter l'el'fort de la fievre de reaction ; dans ce cas oü les tumeurs s'affaissent et disparaissent, alors cette m(Hastase est suivie d'une prompte mort; ou ces tumeurs se gangrenent de suite et l'organisme est encore trappe de mort, le pouls devient petit, irregulier, inappreciable , la surface du corps est glacee, l'air expire (Void et fetide , je malade tombe et perit.
J'ai vu se declarer ä la base des oreilles ou bien sur les machoires une tumeur charbonneuse grosslaquo; comme le poing , qui grossissait tl vued'coil, envahissait la region du gosier, gönait tellement la respiration , qu'elle pro-duisait un räle suffocant qui asphixiait l'animal en six ä huit beures. Ces charbons, bien difförens des inGltralions et des emphysemes du lissu cellulaire , forment une Va­riete bien distincte , que Chabert a signalöe avec soin.
II survient quelquefois, apres la sortie des tumeurs, un calme trompeur qui en impose au vulgaire , et si l'on n6glige alors d'agir et d'employer un traitement rationncl, on voit le pouls se ralenlir, se concentror ; un nouveau
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^38nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; , PATIIOLOGIK BOV1NF..
(rouble gönöral survient tout-ü-coup, il tue le malade comme uu coup de raassue et sans lutte ; d'autrefois , an contiaire, on observe, dans ces derniers instans de la vie , une agitation, des convulsions et des mugissemens horribles.
1 - turneurs des lombes, du garot, des parotides, etc., sont oi-flinairement dures, r(5mittentes et presque toujours entourees d'un bourrelet dur et saillant, tandis que le centre, tres-adh6rent au tissu cellulaire environnant, sem-bie deprime, strangle et est percö d'une petite ouverture fistuleuse röpondant A un bourbiilon qui se gangrene promptement, d'oii suinte presque toujours un ichor acre et caustique. Ces tumeurs, d'abord douloureuses , bru-lantes , se sphacelent rapidement et deviennent froides ; leur bourbiilon forme une eschare de couleur violette ou noire, d'oü est venu le nom de charhon donne ä ces tumeurs. Lorsqu'on incise ces engorgemens gangreneux, ces inliltralions crepitantes , il en decoule un ichor S(5ro-gelatineux , acre , f6tide , sanguinolent qui depile , cor­rode , gangrene tout ce qu'il touche; il se dögage en meme temps des gaz infects et d616tcres qu'il est fort dangereux de respirer (*).
Ces tumeurs ont, dans certains cas, une forme aplatie, elles s'etendent avec rapidite, la peau qui les recouvre est promptement envahie par une multitude de pelites phlyc-tenes, qui se gangrenent pour ainsi dire simultanöment et d'oü suinte un liquide ichoreux et fötide.
Le charbon essentiel se manifeste done sous deux for-
(') Je scarifiai et debridal un emphyscme charbonneux, situe sat le dos d'un hreuf, dans lenzootie cilee page 222 , le proprictaire se pencha impruderament sur le Iiceuf pour voir les incisions, dont lelendue lecontrariait, des gaz penelrcrent dans sa poitrine avec Fair respire et il lomba tout-a-coup corame asphyxia. Jeus beaucoup de peine ä le faire revenir de son evanouissement; il ressentil pendant buit jours un malaise general, avec cephalalgie et degoiit.
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nies: ou ce sont des engorgemens, des infiltralions gan-gröneuses , meines de gaz , ou des tumeurs . des bubons qui augmentent rapidement de volume, sont, comme je Tai dit, circonscrits par un bourrelet et affaissös dans leur centre qui conlient un bourbillon gangröneux,
Enßn j'ai remarque que le sang que je tirai ä cer­tains bceufs qui ne prösentaient que des symptömes pr6-ourseurs, (5tait parfois noir, terne et ne se coagulait pas. La suite me prouvait que cot 6tat du sang ölait un signc dangereux et meme quelquefois funeste.
Autopsie. Les lösions sont, ä pcu de choses pres, les menies que dans le charbon symptomatique : les regions oü ce sont developpöes les tumeurs charbonneuses sont gangrenöes, infiltröes de sörositös jaunütres, noires, sanguinolentes, melees de gaz infect. Ou Irouve au cou, sur les öpaules, les coles, les fesses et les cuisses, de vastes eccbymoses ayant ä leur centre un caillot sanguin , noir , gangren6 , entourö de malieres gölaliniformes et melees de stries sanguines. La rate est souvent gorgöe de sang noir et dissout, ramolli, difflucnte ; cet engor­gement sanguin qui fail acqucrir ii ce viscere un volume insolite , a öle pris quelquefois pour la lesion principale et fait confondre cerlaines maladies charbonneuses avec la splenile ou sang de rate. Lc foie est quelquefois aussi dans un ötat d'engouemenl sanguin. Toujours les pou-mons sont fengoues, pleins de sang liquide et portent les traces de l'asphyxie par cessation d'influx nerveux, que j'ai deja signalee. Les symplömes circulaloires et nerveux prösentent les memes anomalies que dans les autres ma­ladies typhoides , ainsi que l'elat d'altöralion et de disso­lution du sang et des autres liquides, tout denote une alteinte profonde portee aux sources de la vie et le ca-davre presque toujours ballonnö immödiatemenl apres la mort, se decompose avec rapidilt-.
La marche de cette maladie est ä pcu pres la meme
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que celle du charbon symptomalique, seulement je I'ai observöe souvent ü l'ötat sporadique dans des boeufs et vaches, sans que d'autres bestiaux de la ferme en fussent alteints quoique on n'eüt pris aucune precaution sanitaire avant mon arriv(5e. Le virus de cette variöt6 des maladies typhoides est sans doute le moins volatil et le plus fixe de tous; 11 exige au moins le contact, car, dans cer-taines 6pizoolies , outre que j'ai vu que la maladie , loin d'etre aussi g6n6rale que le typhus , n'envahissait que quelques fermes plus ou moins 61oign6es les unes des autres, et que mßme dans un domaine dont les bestiaux 6taient atteints , beaucoup d'animaux privil6gies ou dou(5s d'une force repulsive et vitale toute spöciale , 6taient exempts de la maladie, quoique les mesures propres ä empecher la contagion eussent 6t6 tr^s-nögligöes. Ces cas particuliers que j'ai souvent observes dans les maladies charbonneuses , sont, comme je I'ai dit, sans doute dus a la predisposition particuliere, ou ä l'instantanamp;tö de la cause. Cependant cette maladie se communique facilement cntre les animaux d'especes differentes et mdme ä i'liomme, avcc une frequence qui doit reudre les v6t6rinaires fort jarndens quand ils operent sur des animaux atteints ou qu'ils procedent ä leur autopsie; la moindre ögratignure, la plus legere Erosion a la peau peuvent faciliter I'absorp-tion du virus charbonneux, qui est inherent ä toutes les parties du corps des animaux molades ou morts. Aussi l'usage de la viande du boeuf atteint, est on ne peut plus dangereuse pour les autresanimaux et meme pour I'hornme, malgr6 qu'elle subisse des preparations culinaires qui doi-vent modifier le virus.
J'en ai dit assez sur les causes de ces maladies, elles sont souvent genörales , souvent encore inappr^ciables, comme la plupart de ceiles des maladies typhoides ; par-fois m6me elles sont locales, comme dans certaines enzoo-tics, puisque I'emigration suffit souvent pour en pröser-
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ver le resle du troupeau. Enfin, dans les oas sporadiques, c'est, comme je !'ai dit, la predisposition individuelle qui devient cause d6terminante.
Je ne citerai point encore des faits ni d'observalions, dans Ja crainte de devenir prolixe; cependant, je dois dire qu'ayant eu roccasion d'observer, en aoüt 4850 , une enzootie de charbon essentiel dans la commune de Belberaud (Haute-Garonne), j'en profitai pour röpeter une grande parlie des experiences faites par les mödecins sur le sang des chol^riques et des pestiförös. La , je v6ri-flai l'action des sels sous-alcalins sur le sang des animaux sains, celle des chlorures sur celui des animaux malades; lä, j'employai avec succes sur deux animaux alteints du charbon le traitement int6rieur et curatif, dans lequel entra le sous-carbonate d'ammoniaque ou , ä son döfaut, l'acetate d'ammoniaque, le quinquina et le camphre. Lä, j'obtins aussi les plus heureux resultats de Tadmlnistra-tion de l'acetate d'ammoniaque , dans le traitement prö-servatif appliquö A cinq bceufs et vaches; je pratiquai aussi sur eux la saignamp;i, comme moyen preservatif, parce que j'avais remarquö qu'il existait dans tous une disposition ä la congestion c^rebrale, et que je savais que les animaux,morts avant mon arrivee, avaient tous et6 apoplectiquement frapp^s par la maladie.
Ces sept bestiaux avaient ete setonnamp;i par un empy-rique, ce qui ne m'empöcha pas de saigncr les cinq non atteints et me procura i'occasion de remarquer que dans un ce ces bceufs qui avail une tumeur assez considerable amp; l'endroit du seton et que je dus extirper plus tard ä cause de sa tendance ä la gangrene, me donnait du sang noir, qui ne se coagula pas; qu'enfin cet animal fut plus malade et exigea plus de soins que les autres. Je pris un peu de ce sang , je le m^lai avec du chlorure d'oxide de sodium etendu d'eau , il devint par l'agitation rouge et vermeil, presque comme du sang arteriel.
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Traitemenl. 11 fest, giüieralement paiiant , le m^mc qite celui des var16tes pröcödentes du typhus diarbouneux et surlont du charbon symptomatique ; j'y renvoie le lecteur.
M. Bernard, v6terinaire a Parthenay ( Deux-Sevres), m'a communique des fails circonstanci6s qui prouvent les bons effets du quinquina dans le traitement de cette ma-ladie ; faits dont je suis certain et que je ne rapp61e que pour ctayer ce que j'ai dit de l'efficacite de ce medicament.
Je ne m'altacherai done ici qu'au traitement local : il consiste ä inciser, scarifier les engorgemens, les inlil-trations cliarbonneuses pour en faire sortir I'ichor gan-gröneux , le sang dissout et les gaz qu'ils renferment , ä les bruler cnsuile avee des cauteres chauffes a blanc, ou encore avec I'acide sulfurique. Mais I'ammoniaque con­centre a produit aussi d'excellens effets et Ton a vu apres deux applications les plaies avoir un bon aspect et guerir par des pansemens ulterieurs faits avec le chlorure d'oxide de sodium eiendu d'eau. M. Lafore , professeur, m'a as­sure avoir eu ä se louer de ce moyen , il m'en a möme fait voir tin exemplc sur une vache atteinle du charbon esscntiel , deposee dans les hopitaux de l'Ecole.
Les tumeurs seront incisees , extirpees le plus compie-lemcnt possible et aulant que le permettra leur situation , sur des organes plus ou moins fournis de vaisseaux et do ncrfs. Les plaies qui en resulteront seront aussi brü-lees , cauterisees, soit avec le fer incandescent, soitavec les acides min6raux, soit avec I'ammoniaque et pansees ensuite avec les chlorures affaiblis.
J'ai dit que souvenl apres l'apparition des tumeurs on les voyait s'affaisser, disparaitre meme ; leur rentree cau-sant toujours une m6tastase funeste, c'est alors que le veterinaire doit se hater d'agir en scarifiant, incisant, emporlant ces tumefactions cliarbonneuses, en les cante-risant et les couvrant ensuite d'onguent vesicatoire, qu'il
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few penötrer au moyen d'une pelle rougie, tenae a une certaine distance. et tout cela dans l'intention de fixer la turaeur critique au lieu choisi par la nature.
Dans cette derniere circonstance surtout, ainsi que dans les cas d'extirpations, d'incisions de tunaeurs et d'engor-gemens , on devra soutenir, provoquer in^rne le mouve-ment excentrique et critique, par Tadministration de breuvages diffusibles, composes d'infusions de m61isse , de sauge, auxquelles on ajoutera I'ac^tate d'aramoniaque, le camphre et le quinquina , aux doses ci-devant indi-qu6es. Ces. breuvages seront r6p6t6s deux et mörae trois fois par jour, suivant l'exigence de l'indication.
Du reste , je le repete, le traitement pröservatif et curatif est absolument le meme que dans la fievre char-bonneuse et le charbon symptomatique.
Du Glossanlhrax.
Cette maladie n'est qu'une vari^te du charbon essen-tiel, une veritable pustule maligne ou charbon de la langue.
Quoique le glossanlhrax attaque tous les animaux do-
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mestiques, le boeiif en est cependant le plus souvent at-
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teint, et presque tons les ^crivains s'accordent ä dire qu'elle pent se transmettre des animaux ä l'homme, quand ceux qui pansent les bestiaux malades ne prennent aucune precaution contre sa contagion.
11 y a pres de trois cents ans que cette maladie a ete d^crite et observte pour la premiere fois, a I'etat epizoo-nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;.
tique; depuis cette 6poque , on cite pres de douze mala­dies generales de ce genre qui ont causö de grands ra­vages ; eile est cependant moins fr^quente et moins meur-tridre de nos jours, sans doute a cause des progres qu'ont fait l'hygiene et la medecine vet6rinaire. Les M^moires des v6t6rinaires Gastellier qui I'observa en 1801, et de
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Ä •nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 444nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; I'ATHOLOGIE BOVINE.
Knmi qni out ä la combattre en 1821 , prouvent I'exao tilude do cos assertion. Cette derniere epizootie qui rögna dans les environs de Chalamont (Ain), fut allribuöe ä l'influencc des brouillards fetides et h l'usage des pailles rouiilees; co glossanthrax paraissait contagieux et 6tait souvent accompagne de metöorisations qui faisaient perir les animaux avec rapidite. Plus de trois cents bestiaux atteints furent gu6ris par la cauterisation de l'ampoulc
||gt;4:-1nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;charbonneuse, au moyen de la pierre infernale , de la
potasse caustique on de l'acide sulfurique concentre.
Le glossanthrax fut encore 6pizootique en aoüt et sep-tembre 1802 , dans le d^partement de la Dordogne et celui de Lot-et-Garonne , il attaqua toutes les especes d'animaux ; dans les landes de Lot-et-Garonne, les co-chons qui en furent atteints avaient non seulement des
JM-nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; pustules charbonneuses au frein de la langue , mais des
ulceres de meme nature avaient carie le maxillaire inf6-riour et les dents. Les chevaux vivant dans les päturages
;:nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; furent les seuls qui contracterent l'öpizootie ; ceux tenus
üi I't-curie n'en eprouverent aucune atteinte. Le professeur d'histoire naturelle du departement de Lot-et-Garonne
#9632;'}'nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;trouva. dans sa garenne , cinq lapins qui en etaient
morts et qui avaient tous la langue rong6e par I'ulcere charbonneux. Dans une autre commune , on trouva un lapin et un lievre qui avaient aussi peri de la mamp;me ma-
gt; !.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ladie. Une vache appartenant a un cultivateur de la Dor-
(loquot;ne , qui ne fut pas traitee ä temps , eut la langue totaiement ulceröe et gangronee ; pour sauver ranimai , on fut force de couper entieremenl cet organe a sa racine;
}.:Jinbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;au moyen de cette operation , on parvint tl conserver cette
, ,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; b^te qui , peu de jours apres , se trouva nHablie. Cet
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exemple semblerait prouver que la tumeur charbonneuse
cntraine avec eile la presque totality du virus typhoi'de ct que le roste de l'öconomie est pour ainsi dire sain au moment de l'eruption du glossanthrax; ce serait done
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l'absorption du virus charbonneux secrete par l'ulcerc de la langue qui porterait ensuite dans tout Torganisme une perversion mortelie. Enfin, on trouve dans celte epizootie une preuve de rinfluence atmosphörique dans les mala­dies charbonneuses.
Je n'ai point eu l'occasion d'observer le glossanthrax ä l'ötat 6pizootique , je Taivu quelquefois compliquer quelques maladies charbonneuses , comme j'en ai cite un exemple; j'ai eu aussi ä traiter un boeuf qui en fut spontanöment alteint dans une metairie tres-populeuse en bestiaux , ou j'avais 6t6 appelö pour une jument. Une salivation abondante et f6tide , un peu de dögoüt et de l'abatteraent me firent remarquer cet animal au milieu de l'herbage; l'ayant solidement fixe ä un arbre, j'explorai tout d'abord la bouche , j'y trouvai aux environs du frein de la langue , deux a trois ulcöres gangröneux, confluens et assez vastes pour pouvoir loger un oeuf de pigeon ; cet Organe ölait violacö, la bouche exhalait une odeur fötide et l'ichor de l'ulcöre avait excoriö , dönudö d'öpithelium les parties environnantes; j'enlevai ce que je pus des pa-rois de l'ulcere , je cauterisai avec le fer incandescent, n'ayant rien autre chose h ma disposition. Je fis lotionncr, trois fois par jour, toute la bouche avec de l'eau onimöe par le sei et le vinaigre , on donna des breuvages d'infu-sion d'absinthe et de sauge , ä laquelle on ajoutait la gen-tiane en poudre et un peu de camphre dissout dans l'eau de rabel. Le boeuf gu6rit en sept ä huit jours et pas un seul autre animal ne fut atteint dans la ferme, ni dans les environs , ceci se passait dans rautomnc de 1807.
Le glossanthrax se montre de preference durant le priu-temps et l'automne , surtout si la temperature est tres-humide durant ces Saisons ; cette maladie regne aussi plus communöment dans les localitös humides et froides, comme les vallees brumouses et couvertes ; l'influence de I'humidile ayant toujours etö regardee comme nnc ciitise
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prcdisposante des maladies typhoides {*). L'intemperie des saisons, les päturages marecageux , l'alt^ration des four-rages, leur mauvaise qualite, les eaux corrompues, etc., etc., en sont done les causes les plus efficientes, comme elles le sont des autres maladies charbonneuses. Aussi tous les öcrivains vöterinaires sont-ils d'accord sur la nature typhoide de cette maladie : Waldinger, döjä cite, dit que le glossanthrax qu'il nomme chancre de la langue, n'est qu'une maladie gangreneuse et putride, diffferant sen le­nient par sa position, de rinflammalion putride de la rate (fievre charbonneuse). Gonzalez qui le nomme le-vosa , le considere aussi comme une pustule maligne qui a son siöge sous la langue et m6me dans le palais.
Une chaleur, une rougeur assez considerables, prece­dent rapparition du glossanthrax ; mais on ne fait atten­tion A ses symptömes pr6curseurs qu'apres que la perle de quelques animaux en a fait sentir la valeur pour le diag­nostic. Cette maladie se manifeste, 1deg; sous la forme de phlyctönes nombreuses qui apparaissent sur difförentes par­ties de la langue , mais plus communöment pres de son frein , elles consistent dans des vessies blanchätres, bla-fardes, d'autres fois livides et noires qui se rupturent promptement, forment des ulceres rongeans d'oü s'ecoule un liquide ichoreux , acre, qui irrite, corrode toutes les surfaces qu'il touche ; aussi voit-on la langue endolorie par l'inßammation locale se tumefier avec promptitude et acquerir un volume considerable , principalement a I'ori-gine de sa portion libre. L'organe est en partie rong6 par
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O Dans le typlms contagieux qui regna en 1814 el 1815, beau-coup de cnltivateurs voulant eviter la rapaclte des soldatsetrangers, cacherent leiirs vaches dans les forets; elles y furent exposees a I'ac-tion de l'humidite du sol, aussi ces betes contracterent presque tou-les la maladie en rentrant dans les etables; tandis que celles qui ttaient resides isoldes et cachdes dans les fermes, n'en fureat pas alleintes.
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les ulceres quand l'abattement de l'animal, la fievic , l'öcoulement d'uno salive abondante et fötide decolenl l'exislence de la maladie; 2deg; d'autres fois, le glossanlliax consisle dans l'^ruplion de grosses pustules situees sur le sommet de tumeurs ou plulot de bubons pestilenllels durs, compacles, entoures d'une aureole d'abord rouge , puis livide. Ces pustules malignes creusent, rongent la subs­tance de la langue avaut que les phlyctenes se rompeut; les ulceres qui rösulteut de cette rupture presentent des bords 6pais, calleux, noirs ; il en d6coule aussi un iciior sanguinolent, fötide et corrosif. Dans l'une et l'aulre de ces deux vari6t6s, la region de la langue oü s'ouvreut ces pustules est frappöe de mort, eile est froide , livide et noire, on pent couper, inciser les bords des ulceres , suns que l'animal en lümoigne la moindre douleur et sans qu'il en decoule de sang. Cette ulcöration gangreneuse Unit par perforer, ronger la langue et la faire tomber eu lambeaux ; eile gagne le larynx , le palais , le pharynx, roesophage , etc., etc.; alors toute la tete est envahie , la muqueuse nasale est rouge-noir, 6paissie et mßme ulcöröe.
Ce n'est done, dans le plus grand nombre des animaux , que lorsque les pustules sont rupturöes, qu'il se manifeste des symptomes gönöraux graves et propres ä la maladie , car jusqu'alors la plupart des malades boivent, mangent et travaillent comme de coutume. Mais apres l'ulcöration gangreneuse, l'absorption et le charroi de l'ichor du virus gangr(5neux et typhoique dans le torrent circulatoire , la scene change de face , les malades sont tristes , abattus, ils ne mangent plus , ne ruminent pas ; les yeux sont larmoyans , enfles, ainsi que le muffle; la secretion du lait, d'abord diminu6 dans les vaches, cesse tout-ä-coup; la fievre se manifeste par une anxi6t6 extreme, l'affaiblis-sement et la prostration des forces; le pouls , d'abord fuible , mou , petit, irregulier , devient, ä Tapproclie de
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la mort, intermittent et inexplorable. La respiration esf accede, les flancs agitös ; l'alteinte portee au syst^mo nerveux se manifeste par des hoquets , des syncopes, le le chaneellernent et la chute de l'animal qui meurt apres quelques convulsions verfigineuses. Cette maladie qui toe quelques animaux en vingt-quatre heures et n'a quelque-fois que douze heures de dur(5e, d6passe rarement trois jours ; il est vrai de dire que la plupart ne sont connus malades que lorsque les phlyctenes charbonneuses sorit rupturees, ee qui donne au glossanthrax pros de vingt-quatre heures de plus de dur^e. Au surplus, plus la ma­ladie se prolonge, moins eile est funeste.
Comme toutes les maladies charbonneuses, le glossan­thrax est excessivement grave et souvent mortel, surtout si les animaux ne sont pas secourus des que les pustules se formenl; plus tard, quand l'ulceration et la gangrene ont envahi les parties environnantes et portö dans le sang un virus funeste. il est beaucoup plus difficile de sau-ver les malades. J'ai toujours pensö et l'autopsie le prouve, que l'ichor gangröneux qui suinte des ulceres est absorbc par les lymphatiques environnans et par ceux des voics
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digestives . puisque une certaine quantity de cet ichor est d6gluti ; qu'il porte, comme je viens de le dire, dans le sang un principe septique, d616tere qui trappe de mort le systeme nerveux. comme dans les autres maladies ty-phoides. Tandis qu'avant la rupture des vesicules char­bonneuses le mal est presque tout local, la reaction cri­tique ayant tout portö sur l'organe malade, puisque I'extirpation, la cauterisation pröcoce des phlyctenes fait quot;'.\nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; disparattre tous les accidens.
L'autopsie , que je n'ai point eu occasion de faire , presente , au rapport des ecrivains, la corrodation gan-
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gröneuse de la langue, la phlegmasie, le sphacele mamp;ne
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de quelques organe de rappareil digestif ct notamment tie l'uesuphagc , des trois premiers cstomacs t.t qföelqtfeföfs
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möme de la cailieüe et de l'intestin grelc. Le poumon est gangr6n6, gorgö de sang , le cerveau injecte, ses meninges parsemees de p6t6chies. Gonzalez dit que dans une vache dont le palais (Halt ulctirö, la gangrene avail envahl Ja membrane nasale.
Gelle maladie t^lant övidemment contagiense, on devra scparer les animaux sains des malades , soil dans les 6ta-bles , soil dans les päturages ; car je pense que la depais-sance dans les champs est un moyen puissant de contagion, la salive que deposent les malades sur les plantes pou-vant 6tre d^glulie par les animaux sains; il en est ainsl des debris de fourrages pour les animaux qui mangent aa möme ratelier. J'ai signals l'influence de l'atraospbere, celle des divers m6t6ores , la puissance d'action des pä­turages humides , c'est tacitement dire qu'il faul, au taut que possible , tenir les animaux ä l'elable, tant que duro l'epizootie, ä moins qu'on ail des terrains sees, salubres et separös pour y mettre les bestiaux. II est prudent aussi de visiter souvent la bouche des animaux pour pouvoir etre ä meme de secourir ä temps le malade.
Le trailemenl local est le plus efficace : on devra ou-vrlr les phlyctenes, les scarifier , ainsi que la tumefaction qui les entonre , les racier , en absorber l'ichor et les cauteriser ensuite avec les acides mineraux, l'ammonia-que, la pierre infernale el meme le cauterc incandescent. Waldinger conseille de laver les ulceres avec l'acide hy-dro-chlorique concentr6, que Ton y porte au moyen d'un pinceau, que Ton aura Tattention de bien laver ä chaquc fois qu'il aura servi pour un malade. La potasse causti-que qui est peu couteuse, l'acide sulfurique qui est en­core moins eher, remplissent parfaitemenl ces medica­tions. Si J'ulcere est formö et la langue plus ou moins desorganisöe , gangrenee . il faul enlever les parties spha-cölees, soil cn les raclant avec une spatule, soil en les fxcisant avec les ciscaux courbcö et Ics cauteriser ensuite
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avec uu des caustiques jjrecites et mdme le caulere acluel. II est quelquefois indispensable de brüler une seconde lois, dix ä douze heures apres la premiere, si Ton volt que I'ulcere s'6tend encore ; mais avant d'appliqucr de nouveau le feu ou les caustiques, il faut mellre les pa-rois de I'ulcere ä nu , en le raclant avec une spalulc ou la lame peu tranchante d'un instrument quelcouque.
II convient ensuite de deterger la bouclie cliaque jour, soir et matin , avec une decoction d'orge , de feuilles dc ronces , anim^es par l'alcool camphrö, ä la quantite de deux ou trois cuille*rees ä bouche , et l'liydro-clilorale d'ammoniaque ou sei ammoniac du commerce , ä la dose de quinze grammes pour un litre de decoction. Ces injec­tions seront faites avec une seringue, poussees par sacca-des, par jets diriges vers les ulceres.
Le trailemenl general consiste dans l'emploi des moyens propres ä remontor le ton , porter du centre h la cir-conference et favoriser la crise döpurative, surtout si le malade est dans un 6tat d'atonie et de prostration des forces, si le pouls est concentr6 et faible. Dans ce cas, les Stimulans diffusibles, unis aux toniques sont impe-rieusement indiques; tels sont les infusions de petite sauge , de meiisse, a laquelle on ajoute la poudre de gentiane, I'acetate d'ammoniaque et le camphre , ainsi que le quinquina , si le malade a une certaine valeur. J'ai fait connaitre la dose de ces mödicamens. M. Panon Des-bassyns, colon ä l'Ile-Bourbon , a obtenu de bons effets du chlorure d'oxide de sodium , administre ä la dose d'une cuilleröe ä cale dans un litre d'eau , röpötee trois fois par jour et employe sur les mulcts de son habitation. Je crois que ce moyen pourrait etre avantageusement em -ployö pour le bceuf, mais ayant experiments les loniques et les diffusibles, j'y ai plus de confiance.
Le regime consistera dans une alimentation legere , teile que l'eau blanclie tres-farineuse dans laquelle on
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fera dissoudre tantöt du sei de cuisine , lantot du nitrate de potasse. On soutieudra aussi les malades avec des pa-nades animöes par le sei, le vin, la gentiane seien le besoin. Un peu d'herbe fraiche, de bonne quality et ä demi-seche pourra 6tre donnee aux besliaux , jusqu'ä la cicatrisation des ulceres.
Les animaux sains seront retires des päturages humi­des , rentrös h l'etable , nounis avec de bons fourrages que Ton aspergera d'eau satee; abreuves avec de l'eau legereraent acidulöe et blanchie s'il veulent en boire; dans le cas contraire , on ne leur presentera que de l'eau pure ou on ne les möuera boire que lü oü eile est saine et courante. II est, je le röpete , important de visiter sou-vent la bouche de ces bestiaux pour pouvoir les soigner d'une maniere efficace en cas d'altaque.
Dans la description ou plutöt l'ötude que je viens de faire des maladies typholdes et charbonneuses , que j'ai tächö de reduire ä la plus simple expression possible , j'ai d'abord consulte les faits rapportös par les auteurs an-ciens et contemporains , j'ai interrogö mes souvenirs pour pouvoir parvenir ä la connaissance de quelques-unes des causes de ces maladies. J'ai ensuite scrut6 les lösions anatomiques, je les ai raises en regard et comparees avec les syraptömes, les signes, les crises recueiliies au-pres des malades , pour en tirer des inductions sur la na­ture de ces graves affections pathologiques. De ces com-paraisons sont döcoulöes les indications thörapeutiques que j'ai appuyees de faits et que l'expörience a en partie confirmees. Ayant aussi examin6 ces maladies sous le point de vue comparatif, j'ai cru pouvoir en tirer cette con­clusion que le typhus contagieux du gros betail est au cholöra de l'homme cc que le typhus charbonneux est ä la peste de l'espece humainc, et qu'il y a enlrc toules ces maladies une analogic sinon parfailc , mais du moins tres-frappante.
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Dans ces recherches, dont les r6sultats n'ont pas lou-jours 6te aussi concluans que je I'aurais d6sir6 , jai du tenir un terme moyen entre le doule methodique et la lepre du scepticisme pour arriver ä une description ra-lionnelle et toute d'observation. Ma tUche 6tait difficile , je n'ai point recule devant eile , si je l'ai incompletemeut remplie , ma loyautö et mes bonnes intentions me don-nent au moins quelques titres a l'indulgence de mes lec-teurs.
CIIAP1TRE HI.
Dl'S MALADIES DES ORGANES DE LA CIRCULATION LYM-PHATIQL'E.
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Expose Analomique et Physiologique de eel Apparent.
Le Systeme ou l'appareil de la circulalion lymphatique est composö d'une multitude de vaisscaux excessivement tenus, minces et valvuleux , sur le trajet desquels se ren-contrent beaucoup de ganglions d'une forme plus ou moins ovoide , d'un volume variable , d'une consistance assez ferme, penetres d'une quantite assez considerable de vais-seaux et de nerfs provenant du trisplanchnique.
Les vaisscaux lymphatiques prennent leur origine par des radicules capillaires, soit dans la substance ou le pa-renchyme des organes , soit ä la surface des membranes s^reuses , muqueuses , ou du tegument 'externe, etsont en raison de ces orignes distingues en profonds ct en su-perficiels. Ils se renconlrent dans toutes les parties du corps , except^ I'encephale , la moelle öpiniere , l'oeil , l'oreille inlerne et le placenta. On les distingue encore en chyliferes et en lymphatiques; de mßme que Ton nomme afferens.ceux qui arrivent aux ganglions lymphatiques et efferens ceux qui en sortent. La plupart de ces vaisscaux traversent plusieurs ganglions, evitent quelques-uns de
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ceux qui se trouvent sur leur trajet pour aller ensuilc pönelrer dans d'autres ; enfln ils donnent de fröquens rameaux aux veines voisines et nc paraissent pas commu-niqueraveclesarteres. Leur disposilion generale cst plutöt reticulaire qu'arborisee ; ils resscmblent A des tubes tou-pös , etranglös par de nombreuses nodosites, prodHites par les valvules multipliees que präsente leur face in­terne et onl par consequent un aspect moniliforme. Leur calibre d'ailleurs tres-pelit est assez regulier, quelques efierens cependant ont un volume assez consideirable sur-tout aux environs du rc'servoir sous-lombaire. La capacifö generale du Systeme lymphatique 6gale ä peu pres celui de l'arbre veineux , malgre le döveloppement beaucoup moindre de chacun de ces vaisseaux , parce que Ton ren­contre environ dix lymphatiques pour chacune des veines que les lymphatiques accompagnent constamment.
On pense generalctr.cnt aujourd'hui qne les lymphati­ques prennent naissance dans le parenchymedes organes, ä la surface des membranes sereuses et t^gumentaires in­terne ou externe par des petits sucoirs que quelques anatomistes ont compare a ceux des snngsues; mais on ne connait rien de bien positif sur cette origine. Les fails physiologiques que Ton a invoques dans ce cas , trom-pent souvent lorsqu'ou veut en deduire la disposition des organes ; de ce que l'absorption se fait ä la surface des membranes, en est-on autorise a conclure ä priori que ces absorbans commencent par des ouvertures beantes ? On sait positiverr.ent que ces vaisseaux , qui forment cn-tr'eux de frequentes anastomoses, communiquent aussi avec les veines dans un grand nombre de points du corps autres que ceux qu'etablissent la terminaison du canal thoracique et celle du canal trachöal droit. Meckel et Albernetty ont fait passer du mercure , injecte par les vaisseaux aff6reus , dans les ganglions lymphatiques et dans les veines qui en sortent; Brogos a fait passer de
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rinjeclion des lymphatiques dans les veines; Fohmann publia en 18i2 un travail tres-remarquable, dans lequel il d(sect;monlre , par des injections r6pet6es sur des animaux de diverses classes, la communication des lymphatiques avec les capillaires veineux, dans tous les ganglions lym­phatiques ; M. Lauth de Strasbourg a conflrm6 ces obser­vations par maintes experiences qui lui sont propres ; enfin les travaux de M. Lippi, de Florence, ne laissent aucun doute ä cet d'gard.
En resume , il est done pour ainsi dire reconnu que les vaisseaux lymphatiques ou absorbans naissent, 1deg; des surfaces libres ; 2deg; des parenchymes et sont en raison de ces origines diverses superficiels ou profonds, que les uns sont parliculierement deslinös ä l'importation dans le Systeme veineux gönöral, soit des matMaux extörieurs, soit des fluides exeretös et qu'ils prösentent par la peau, par les muqueuses pulmonaire et gastrique la voie ou s'introduisent en common les ölömens röparateurs, les agens morbides el les moyens therapeuliques. Que les seconds apparliennent plus spöcialement ä la decomposi­tion nutritive , ä l'exporlation des matöriaux intörieurs; qu'ils sont les instrumens de la renovation des tissus et de la resolution pathologique , si favorable dans les con­gestions et les engorgemens locaux. Je pense aussi avec Bichat, Hunter, Cruikshank, Treviranus et möme M. Magendie que l'origine des lymphatiques est formte de pelites ampoules, de mamelons conoides et de villositös exlremement tenues, formanl des bouches absorbantes. Leur terrainaison a lieu, 1deg; dans les veines voisines apres un court trajet et sans perdre le caractere de vaisseaux capillaires; 2deg; d'autres traversent un ou plusieurs gan­glions et vont, apres avoir acquis un volume plus con­siderable , se degorger dans des troncs veineux voisins; 3deg; enfin, le plus grand nombre se rend dans le canal thoraciqne, le tronr lymphalique trachamp;il droit et par
1' ,'#9632;
p.- #9632;
#9632;M
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PATHOLOGIE BOVINE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 23,'i
rinlcrmödiairq de ces deux canaux , dans le Systeme vei-nenx de la grande circulation.
Ce que je viens de dire snr cet ordre de vaisseaax fait pressentir mon opinion sur Tabsorption et sans vouloir döpouiiler entierement les veines d'une fonction qulaquo; des hommes d'un grand savoir leur ont assignee, il me pa-rait pourtaut bien diflcile d'adopler l'opinion que la na­ture , si simple dans ses moyens et si positive dans ses rd'sullats, ait cr6e deux appareils pour une seule fonction ; aussi, il m'a semble probable que les partisans de l'ab-sorplion veineuse ont (ite induits en erreur par l'effet que doit produire le premier genre de communication capil-laire des vaisscaux blancs avec ceux ä sang noir. Je suis loin de nier, je reconnais meme la propriöte d'imbibition si facile et si prouvee dans les veines , je crois ä la possi­bility d'une absorption de la part de leurs parois , en raison de cette faculte de s'imbiber , surlout quand elles traversent des foyers, des döpots d'un liquide ou d'une matiere quelconque ; mais il parait bien peu admissible qu'elles soient pourvues de villosittüs , de bouches , de pores libres, destines ä recevoir, absorber directement un fluide quelconque, chyle, lymphe, boissons, etc. , etc., car dans ce cas, il existerait dans le cas d'inflammation violente des ecdulemens en nappes de saug noir, tandis que l'exudation inflammatoire a lieu par les villosites ar­terielles et donne issue ä du sang rouge rutilant et qui tend souvent ä s'organiser en membranes. Je pense done et je le dis encore , que les communications si promptes, si fr6quentes et si multiplies des capillaires lymphatiques avec les capillaires veineux, surtout dans le canal diges­tif, a pu preter ä l'erreur , si s'en est une et expliquer beaueoup de ph6nomenes que Ton a altribud's a l'absorp. tion.
Toutefois et sans vouloir ici entreprendre une disser-tetion physiologique sur l'absorplion , il n'en demeure
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2o6nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PATilOUKilE BOVJNE.
pas moins oonslaut, memo en admeltanl le parlago do telte fonctiüii avec les veines, que c'est par les vaisseaux lymphaliqucs que la plus grande partie des substances , soit gazeuses, soil fluides , arrivent et penetrant de l'exlörieur , dans recouomie , et que ces lymphatiques doivent par cons^quenteii etre fWquemment impressionuös et etre necessairement susceptibles d'affections patholo-giques plus ou moins intenses, mais nombreuses et di­verses.
:;;#9632;:'nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;Si, dans le chapitre precedent, j'ai decrit un groups
de maladies , souvent funestes, qui trouvent leur source
inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;dans un principe deletere et septique, m6I6 au sang qu'il
altere , agissant directement sur I'appareil nerveux, an-
nihilant frequemment et completement les forces de la
. ;_'nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;vie, ou tout au moins les affaiblissant de maniere a di-
minuer , enrayer la reaction vitale et faire avorter la crise salulaire qui devait en etre le resullat, j'aurais main-tenant ä faire connaitre des affections pathologiques qui, sans etre aussi promptement funestes, parce que le Sys­teme circuiatoire qui en est le siege, jouit d'une exci-tabilite moindre et ne regoil qu'une influence peu mar­quee de l'agenl nerveux , n'en presente pas moins certains oas dont la marche est ienle a la vörite, mais qui sont souvent incurables et dans lesqnels tout fait prösumer aussi une alteration da liquide circulant dans ses vais­seaux.
.Vaborde done un sujet, presque neuf et sur lequel il n'existe guere do precedens , en medeclne vet^rinaire; quelques observations eparses , quelques fails que j'ai re-cueillis sont les seuls materiaux que je possede et que je dois coordonner pour meltre de l'ordre dans la des­cription des maladies de ce Systeme. Les causes de ces affections sont souvent obscures et peu appröciables ; les vaisseaux absorbans ne recevant a I'^tat normal que le chile et la lymphe , ne peuvent guöre etre influences par ces
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PATHOLOGIK BOVINE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;257
Huides et presenter un 6tat morbide qu'autant que ces humeurs sont elies-mömes plus ou moins altöröes , et que le chyle , par exemple, soit le produitde la digestion de founages ou de tout autre aliment avarie, ou de la deglutition d'une eau corrompue, etc., etc., toules cau-ses^ui agissent lentement; I'autre, ou la iymphe aura 6te absorbs dans une region du corps ou existe un foyer de ramollissement, de suppuration, de gangrene, etc., etc. Une autre cause assez frequente de rinflamraation de ces organes et que je dois signaler, trouve sa source dans une lesion permanente ou bien souvent r^pötöe, ou en­core tres-vlve du tegument externe ou interne, peau et muqueuses ; c'est surtout sur les ganglions lymphatiques que cette irritation se manifeste alors consöcutivement, comme on I'observe dans la gourme du cheval, par exem­ple.
Comme cet ordre de vaisseaux est essentieliement la voie commune destinöe ä l'introduction des elamp;nens de reparation , ainsi que des agens morbides et des moyens medicamenteux, ils peuventdonc, dans certaines circons-lances, en recevoir une impression plus ou moins funeste qui pent dC'terminer un etat maladif qu'il serait difficile et trop long dc specifier. Rappelons enfin que la predomi­nance de ce systeme constitue le temperament lymphati-que, que cette idiosyncrasie modilie elle-meme I'economie toute entiere et devient une cause pramp;lisposanle que le v6t6rinaire doit savoir apprecier en therapeutique comme en hygiene.
sect; 1. — Maladies produites par I'Alteration de la Cir­culation Lymphatique.
Je viens de dire que l'appareil de cette circulation ne jouit que d'une vitalite obscure, peu döveloppöe et que uecessairement la plus grande partie des maladies qui I'af-
17
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2,')Snbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PATHOLOGIE BOVINE.
|t.'nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; fectent ne pioduiscnt souvent que des lelaquo;ions latentes et
i,?;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;pen appr^ciables durant la \ie , quoique susceptibles do
se terminer d'une maniere funeste. L'observation ayant demontre que plusieurs maladies du Systeme lymphaliqne (itaient le resultat d'une altöralion de ses functions, telles o .':nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; que Taiigmentation, la diminution, l'aUöration , etc. ,
etc., je vais tächer de faire connaitre quelqucs-uns de ces cas. C|Jnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; Le premier ou Vangmenlalion se rencontre quelquefois
.'•nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;sur Tcspöce boeuf et constitue des engorgemens cedema-
';.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; teux , donl le caractere special cst d'ötre chauds el dou-
. -,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; lonreux ; ccs infiltrations ne sont parfois £1 la verity qu'uu
nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; effet consöcutif de rinflammation d'une söreuse, comme
dans la cardite ( pag. 15 et suiv.), et comme il arrive ;#9632;-;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; dans la pleurite. Ces oedemes peuvent encore etre la con-
sequence d'un obstacle quelconque h la circulation vei-neuse et ä la pulmonaire. Mais raquo;Is peuvent dependre aussi d'une hypertropliie lymphalique toute locale et rcntrer 1;:;-nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; dans la categoric que je signale.
Xquot;:nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; De l'OEdeme chaud ou Spasmodique.
kamp;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;I™ Observalion. 13 däcembre 1824. Le mötayer do
• laquo;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; la Brossardierc , pres Bourbon-Vendee , me pria d'aller
donner des soins ä un boeuf äge de cinq ans, qu'il avait
connu maladedepuisquelques jours..1'observai ce qui suit:
un cedeme existait au fanon; cette tumefaction 6galait un
decalitre en grosseur; survenue presque subitemcnt, eile
-..nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;etait douioureuse, dure ct un peu chauda ; nul deran-
Inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; gement dans les fonclions n'accompagnait cette maladie
touto locale , qui seulement geinait beaucop la marche du
v.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;boeuf. Saignee de quatre Hvres ä une jugulaire , deux sca-
-nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; rificalions profondes furent pratiquees, une de chaque
cdte , ii en decoula beaucoup de sang et de serosites, la
tumeur fut ensuite lotionnee trois fois par jour avec de
irr-
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PATHOLOGIE UOVINK.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; Sol)
l'eau de mauvcs tiede, et le le boeuf abreuve avec de l'eaü blanclie , tout disparut en quatre ä cinq jours.
Le 2a decembre 1825, ce möme boeuf, que Ton nour-rissait uq peu plus amplement pour le vendre, fut encore atteint d'un engorgement du tissu cellutaire de la region de la ganache. Le malade 6tait presque gras et alors age de six ans, l'infiltration s'etendait depuis le menton, jus-qu'ä la partie införieurc et anförieure de I'encolure, eile egalait presque la grosseur de la tamp;e du boeuf; 6tait dure, un peu chaude et endolorie; du reste encore nul deran­gement bien notable des fonetions. Les muqueuses appa-rentes etaient seulement un peu rouges , le pouls I6gere-ment accelere et dur. J'attribuai cette nouvelle apparition de l'oedemedun exces d'excilation genörale, produite par une nourriture plus abondante, donn6e ä l'ötable oü le boeuf 6tait retenu pour l'engrais. Saignee de trois kilo­grammes et demi faite ä une jugulaire, scarifications pro-fondes, d'ou il s'ecoula beaueoup de sörositös mäöes de sang; fomentations ^mollientes de döcoction de mauvcs et de bouillon blanc , nourriture un peu moins abondante , eau blanche nitr^e. La tumefaction diminua assez promp-lement, car le 29 le boeuf lt;5tait totalement gu^ri. II fut quelque temps apres vendu pour la boueberie.
2e Observation. 8 juin 1823. Un proprtetaire de la commune d'Aubigny ( Vend6e), me fit amener un boeuf ayant, au fanon, une tumefaction grosse comme un pain de trois kilogrammes, dure, un peu chaude et doulou-reuse. Je praliquai surret oedeme chaud , deux fortes in­cisions qui donnerent issue ä une s6rosil6 abondante et sanguinolente; je prescrivis des lotions emollientes de decoction de raauves, l'eau blanche nitröe et une nour­riture moins abondante. Je dus m'abstenir de tonte Evacua­tion sanguine, le boeuf ätant maigre et seulement ägä de Irois ans. Get animal me fut ramenö le 12 juin, l'en-gorgement ötait diminuö de moilie; je fis h la partie de-
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260nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PATHOLOfilF. BOVINE.
dive une nouvelle incision profonde et large d'ou s'6cou!laquo; encore une grande quantity de sörositö et de sang. Lo­tions 6molllenles, tisane diurötique de pariötaire et ra-cine de guimauve nitröe, qui fit abondamment uriner le malade. Mais n'ayant pas 6t6 saignö d'abord, il me fallut dix autres jours de traitement pour le guörir radicale-ment.
3e Observation. Le 21 mais i82o , je fus appelö par un proprietaire de la commune d'Aizenay (Vendee ), pour voir un bceuf qui 6tait malade depuis cinq ä six jours. Cet animal me prösenta un engorgement considerable qui s'tHendait depuis le menton jusques sous le thorax, en-vahissait toute la region trachölienne de l'encolure et la sous-sternale, 6galaiten grosseur la partie sup^rieure de l'encolure, pesait au moins quinze ä dix-huit kilogram­mes , 6tait chaud et douloureux ; l'infiltration s'laquo;5tait for­mte en cinq ü six jours. Lc boeuf ne mangeait, ni ne ru-minait, il avait la bouche brulante et baveuse, ses excrö-mens (Haient ramollis ; la chaleur extdirieure plus 61ev6e qu'ä l'ötat ordinaire, l'oeil 6lait vif, rouge et le cceur battaitavec force et vialence. Diagnostic, cedeme chaudraquo;, dont je ne pus connaitre la cause.
Je saignai imparfaitement ce bceuf aux thoraciques , ccs veines ne me donnerent qu'un peu de sang , l'en-gorgement du col ne permettait pas de reconnaitre les jugulaires; jedus done me borner ä scarifier profondement cette vasle infiltration . le sang ruisselait m616 avec une sörositö roussätre. 3e prescrivis une tisane compos^e d'une decoction de parietaire et de racines de guimauve nitröe et mieilöe, ainsi que des lavemens ömollicns, diele mo-dörec, eau bianchie par la farine de froment.
Le 24, je revis ce bceuf, il mangeait un peu d'herbc fraiche, mais l'oedeme 6tait dans le möme (Hat et ne pus encore le saigner; je pratiquai de nouvelles scarifications, mais le malade 6tait devenu si mächant qu'il fallut que
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PATHOLOGIE BOYWE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 261
je le lie moi-mßme. tant les paysans en avaient peur; du
reste, mömes prescriptions qui furent assez mal suivies.
Le 28, je visitai encore mon malade , il ne mangeait plus,
ne buvait guere et (Halt vraiment furieux ; les mötayers
n'y avaient pas louche depuis deux jours; plus habituö
et plus hardi qu'eux , je ie fixai encore solidement, je
rouyris les incisions d'oü il s'ecoula beaucoup de sörositös
sanguinoleiites. Du reste la tumefaction (Halt diminu^e ,
froide et la suppuration commencait ä s'6tablir dans !es
premieres incisions ; mais I'astMnie locale 6{ait devenue
imminente , par suite de l'öcoulemcnt du sang , des s^ro-
sitös et huit ä dix jours de jeüne. Je crus devoir stimuler
le ton des parties par des frictions d'eau-de-vie camphrte,
me promettant d'y mettre plus tard des boutons de feu.
Lotions J'infusions de plantes aromatiques, möme tisane,
panades anim^es par la poudre de gentiane. Le malheur
voulut qu'un des paysans füt culbntö et bless6 le lende-
main matin ; la peur, le döcouragement furent tels qu'au-
cun des gens de la ferme nevoulurent plus l'aborder; on
ne vint point m'en parier et je ne sus que long-temps apres
qu'on avait laissö pörir le malade , malgrö les sollicita-
tions, les ordres du proprietaire qui ne put surmonter
l'obstination, la peur et le degoüt des paysans.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; I
II me serait difficile d'indiquer positivement les causes de ces sortes d'oedömes chauds , dont je pourrais citer trois autres exemples , et notamment un tres-analogue d la 5me observation ; l'animal devenu inabordable fut aussi abandonne par le formier ; il ne fut pas en mon pouvoir de faire l'autopsie de ces deux boeufs.
Le traitement de ces cedemes chauds consiste dans une et rarement denx saignees gönörales proportionnöes ä la force , la taille , Tage et surtout l'etat du pouls , des scarifications profondes que l'on röpete au besoin et des lotions ömollientes ainsi que l'attention de soutenir la lumeur par un bandage quand eile est considerable. L'ad-
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2Ü2nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; PATHOLOGIE BOVINE.
ministralion de breuvages diuretiques, d61ayans, compo­ses de dteoction de graine de lin ou de racines de gui-mauve, avee la pari6taire, le nitre et le miel; une nour-riture de facile digestion , Teau blanche, le pansement de la main et un pen d'exercice sont des moyens qui m'ont reussi dans sept cas difförens. Mais comma ces engorge-mens tiennent souvent ä des causes graves et latentes, que Ton peut d'autant moins combattre qu'on ne les con-nait pas, 11 est consciencieux d'engagcr les proprietaires ä mettre les animaux en chairs pour les vendre pour la boucherie; c'est le moycn d'eviter que I'oederae ue repa-raisse comrae dans le premier cas.
Le fait suivant, dont j'ai seulement el6 tömoin , offre un double intäröt, tant sous le rapport de Tetiologie que sous celui de la therapeutique.
4e Observation. 50 aoüt 1850. Un boeuf do labour , de taillc ordinaire, plulöt maigre que gras , avait au fanon une tunieur enorme de nature ced(5mateuse , mais dure, un peu sensible et chaude; eile s'etendait ä gauche et envahissait tont l'avant-bras de ce cöt6, jusqu'au ge-nou ; l'animal mangeait et ruminait, il etait seulement un peu constip6; le pouls etait legerement acc^lerd , la respiration n'offrait rien d'anormal ; l'ceil 6tait triste et un peu enfonc6 dans I'orbile. On fit des le lendemain ma­tin une saignee de trois kilogrammes a une jugulaire et plusieurs scarifications au fanon, ainsi qu'ct Tavant-bras, qui donnerent issue i beaucoup de sörosites mölees de sang; le soir de ce meme jour une seconde saigii6e do deux kilogrammes et demi, eau blanche, diete, lavemens emolliens dont I'emploi a lt;5t6 continue durant toute la maladie. Le lendemain, troisieme saignee de trois kilo­grammes et demi, lotions ^mollientes de decoction de mauves qui ont lt;5t6 faites jusqu'ä ce que la suppuration ait ete etablie; eau blanche , un peu de luzerne (pie le malade mangea assez bien. Le quatrieme jour, autrc sai-
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PATHOLOGIE BOYINE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;263
gn6e de deux kilogrammes et demi; on renouvela les sca­rifications , ii s'en öcoula de la sörositö jaunälre mölöe d'un peu de sang , möme regime et lotions; maiä comme la constipation persislait, on ajouta ä l'eau blanche seize grammes de sei de Glaubert, pour la rendre laxative!.. Ce qui fnt continue pendant qnatre ü cinq jours. A cette 6poquo , lu nourriture fut augmentee, l'animal mangeait bien la luzcrne, la paille, ainsi que le son que Ton ajou-lait ä l'eau blanchie. Le cinquieme jour, autre saignamp;j de deux kilogrammes et demie , meme soins. Enfin , le le septieme jour , on fit encore une sixieme saignöe de quatre kilogrammes environ. On tira done h ce malheu-reux animal dix-huit kilogrammes environ de sang, sans compler celui qui s'ecoula par les scarifications , et notez que des les deux premieres saign^es , le sang ötait peu riebe en caillots et fort sereux. 11 est ä remarquer encore que le patient n'etait pas abondamment nourri et surtout mal soignö. Enfin , apres huit amp; neuf jours de ce traile-ment, que Ton qualifiait de physiologique, une suppu­ration de mauvaise nature s'tütablit dans Tengorgement pröcitö , ii se forma de nombreux clapiers que Ton debrida et d'oü il s'ecoula un pus fetide et ichoreux ; pansemens avec la teinture d'albes qui produisit une irritation teile que l'on fut obligö d'en cesser l'emploi.
Vers le 6 septembre , le boeuf tomba sur la litiere ayant les membres rötrades et le rumen un peu tendu ; cet ötatnerveux et astMnique fut pris pour une indiges­tion ; saignöe de trois kilogrammes qui abattit tout h fait le malade et dont il ne se releva plus, maigrö qu'on lui fit prendre pendant trois jours sept ä huit litres de bouillon gras !... Quatre jours apres (le 10 septembre), Tengorgement du poitrail et de l'avant-bras disparut en-tierement, les plaies ulcer6es donnaient toujours un pus de mauvaise qualite. L'etat de marasmo et d'anöantisso-menl dans lequel tomba etisulte ce miserable animal, qui
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264nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PATHOLOGIE BOVINE.
n'offrait aucun espoir de guörison etait tel, qu'on le fit egorger par l'öquarrisseur, le 14 septembre; il ne s'(5couIa qu'uno faible qtiantitö d'un sang sereux et d6oolor6.
Autopsie faite de suite :Tous les tissus 6taient blafards; il existait un öpanchement gclatineux dans le lissu celiulaire sous-cutanö du cote droit, sur lequel ötait tombö l'ani-mal. Cette infiltration pönötrait jusqu'aux plexus brac-chiaux et sacres ; le liquide jaunätre qui la coraposait etait mele de stries noires et sanguines , il prösentait fii et de pelits foyers de suppuration , surtout aus 6pau-les et aux handles. Les clapiers qui s'titaient formes ü I'avant-bras et au genou contenaient du pus grümeleux , grisAtre, fetide ; un autre clapier a parois closes existait dans Tars gauche; tons (Haient tapissds par une pseudo-membrane 6paisse, d'aspect muqueux ; ils presenfaient des brides vasculaires , recouverles par la fausse mem­brane. Les visceres abdominaux offraient quelqucs poin-tiilations rouges existantes sur la muqueuse de la cail-lette ; quelqucs ecchymoses violettes se remarqnaient sur I'epiploon; la vessie contcnait beaucoup de pelits calculs urinaires. Thorax. Les poumons etaient emphysernateux, leurs vaisseaux 6taienlengou6s ; on trouva dans le paren-chyme de ces orgnnes des masses hepatisees rouges en dehors, grises en dedans, metes de granulations formöes de la matiere noire de laencch.
Get cedeme qui , an premier abord , semblait ßfre lo­cal, pouvait ccpendant elre une consequence de Temphy-serae pulmonaire et de l'etat d'höpatisation existant dans plusieurs points du parenchyme de cet organe, car ces lesions devaient 6tre un obstacle ä la circulation qui lui est propre. La medication mise en usage, dans cette cir-constancc , est une deplorable consequence de 1'esprit de Systeme et la preuve du manque de connaissances pra­tiques , car la maigreur , raffaiblissernent et la decolora­tion du sang proscrivaient des Evacuations sanguines aussi abondantes.
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PATIIOLOGIli: BOVINE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;26S
II est enfin des engorgemens du Systeme lymphatique qui sont conslitulionnels, comme dans le cas suivant:
Anasarque congeniale dans tin Veau.
Une vachc, pleine depuis huit mois environ, fut tu6e en raison d'une maladie grave dont eile etait atleinle. A l'ouverture du cadavre, on trouva un veau dont toute la surface du corps etait blanche et privee de poils , ä 1'ex-ception de quelques points Ires-circonscrits. Un fluide sereus, assez epais, analogue ä l'eau de l'amnios de la vache, remplissait le tissu cellulaire sous-culane, et transsudait par les ouvertures du corps et par la surface de la peau, sans qu'aucune section y eut (He pratiqiilt;5e. Sa quantite fut evaluee ä cinquante livrcs, c'est-ä-diie ä la moitie environ du poids de l'animal. La charpeate osscuse paraissait regulierement conformee; le sternum et les co­tes offraient seuis un developpement moins parfait que les autres pieces , et ce defaut de düveloppement se faisait ögalement remarquer dans le plus grand nombre des or-ganes contenus dans le thorax et I'abdomen. Les poumons, tres-pelits et tres-compacles, presentaient par finsuffla-iion de I'air , dans le lobe supericur , l'apparence de pro-longemens saiilans , semblables ä ceux que Ton retrouve dans l'organe pulmonaire du cameleon , et dans le lobe in-fericur, cclle d'une vessie membraneuse , translucide, re-vetue de substance pulmonaire d'une couleur rougeätre : en general , les poumons de cet animal avaient la plus grande analogic avec ceux des reptiles. Une serosite san-guinolente baignait les parois des caviles thoraciqucs et abdominales ; les organes secreteurs abdominaux ötaient assez developpös ; le gros intestin etait, au contraire , fort court: I'appareil genital ötait conform^ d'une maniere normale.
{Archiv: yen. de Milder., fevrier 1S!28, p. 69.)
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Le second mode d'alt^ration ou la diminution de la circulation lymphatique 6tant le propre d'une predomi­nance de ce Systeme qui constitue le temperament lym­phatique , räsulte 6videmment de la faiblesse constitu-tionnelie qui s'observe chez les animaux vieux , affaiblis ou alteints de maladies chroniques et incurables. L'oedeme est presque toujours dans ces cas un Symptome de ralonic g6n6rale acquise et consecutive. Mais ces phönomenes pa-thologiques ne s'observent guere dans le boeuf, qu'on no laisse pas ordinairement vivre assez vieux pour quo de teis accidens se d6clarent, car il est habituellement en-graiss6 et livr6 au couteau du boucher vers neuf ä dix ans.
La description et les exemples du troisieme mode d'al-t^ration ou la perversion de la circulation lymphatique, trouveront leur place dans l'histoire des maladies chroni­ques dc cet appareil , tels que le scrophule, raffection tu-berculeuse , etc., etc.
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sect; 2. De I'Inflammation du Systeme Lymphatique.
L'inflammatiob du Systeme lymphatique dans I'espece cheval a 6te decrite par M. Leblanc, vel^rinaire ; il a re-connu qu'elle etait souvent une consequence de la phlö-bite ou que tout au moins eile accompagnait commun(5-ment la phlegmasie des veines, soit que les causes eussent agl en meme temps sur ces deux espßces de vaisseaux , ou que ce fut le ri'sultat de la Sympathie qui les unit e'roitement. Lorsque cette inflammation des lymphatiques so manifeste sur un des membres, ce qui est son siege le pins ordinaire , cette partie est promptement infiltröe, tumefiee , la peau est tendue , chaude et cndolorie , les ganglions lymphatiques de l'ars, des aines, se gonflent ct se tumelient conseculivement; la boilerie est extröme et Tanimal se cotiche raremenf. L'exaltation de sensibilite
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PATHOLOGIE BOVINE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 267
qui en rösulte reagit sur les autres ionclions, determine la fievre, le degoiat, etc.. etc.
J'ai eu occasion d'observer de semblables engorgemcns sur de jcunes boeufs ; s'iis se montrcnt sur un membre antörieur , l'ars , le fanon et la region sous-sternale, sont bienlöt envahis; si c'est sur im membre postörieur, I'aine et le llanc sont de suite engorges ; les paysuns re-gardent cetle tumefaction comme un mouvement d'hu-meurs , une gourmeet la nomment crit,
Lorsque ces engorgemens sont peu considerables , ils ccdent ä des lotions de decoction de mauves et d'infusions
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de plantes aromatiques ; les veterinaires ne sont done ap-pelös que dans des cas graves. Une saigne g(5n6rale , quel-ques mouchetures, qui repugnent souvent aux eultivateurs, des lotions emollientes calment ces aeeidens et en deter-minent la resolution. J'ai rarement (He oblige d'employer les diurötiques , aussi n'ai-je pas garde aueune note de ces cas pen importans. Nous verrons plus loin que dans cer­tains beeufs cette inflammation des ganglions lymphatiques se termine assez communement par l'induration squir-rheuse et scrophulcuse ; tandis que dans le cheval ces tumeurs se resolvent lentement ou viennent ä suppura-nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;h
tion. Le diagnostic de ces maladies n'est point douteux; elles different des engorgemens charbonneux avec lesquels on pourrait les confondre , parce qu'elles n'ont aueune tendance ä la gangrene et que Ton n'observe pas la pros­tration des forces et les signes d'adynamie qui caracteri-sent les maladies lyphoides.
Ces infiltrations, ces engorgemens vraiment inflamma-toires , se manifestent quelquefois avec des symptomesnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;V
beaueoup plus aigus , ils prennent mäme un caraclere gangröneux qui les rend promptement mortels, ainsi que le fait penser une observation faite en 1828 , dans la com­mune de Jaure et autres circonvoisines (Dordogne), par M. Pourterou, veterinaire. Cetle mäladie , qu'il a quft-
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lifiöe de rhumalisme musculaire, präsente les phönome-nes suivans ; eile attaque plusieurs animaux ä la fois , sa marche est rapide et sa terminaison souvent fdcheuse:
laquo; D'abord I'animal refuse les alimens qu'on lui präsente et cesse de ruminer , son pouls est accelere , son flanc s'agite ; il est moins sensible ü l'action de raiguillon.
raquo; Puis ii se met ä boiter d'une extremity anlerienre , et quelquefois, en möme temps , d'un membrede dorriere. Bienldt, un engorgement plus ou moins considerable sur-vient au poitrail el la parlie inferieure du fation , ainsi que l'avanl-bras du membre qui est le siege de la claudi-cation, s'infillrent; les matieres alvines sont molles ou legerement maronnees et recouvertes de mucosites.
raquo; Mais bientöt ces symplomes acquierent une inlensite plus grande : l'engorgement du poitrail s'etend, remonte le long de la rt'gion inferieure do I'encolnre, efface les goutlieres jugulaires , se prolongc sur les joues; alors le mufle devient monstrueux , la face interne des levres et de leur commissure est d'un noir violace, la region des ars , tres-sensible tl la pression, reflechit une teinle brune, la respiration devient laborieuse, le pouls s'efface, le ma­lade sc cöuche , se releve , pousse des soupirs et menrt cnfin clans une grande agitation. Et tout cela se passe quelquefois dans l'espace de vingl-quatre heures.
raquo; Autopsie, Les mailies du tissu cellulaire sous-cutane sont rcmplies d'un sang noir et d'une sörositö rouge vio-hcte ; la face interne du derme qui revet ces parties re­flechit les memes nuances. En gönöral, Jes muscles qui entourent le thorax , ceux qui attachent les membres ä cetle cavite . ceux qui sont situös ä la base de l'encolure et ceux enfin qui s'etendent le long du bord inferieur de cclte region sont noirs et peu consistans. Ces modifica­tions se montrent ausssi dans les muscles fessiers , lors-que , pendant sa maladie, I'animal a boit6 d'une extr6-mitö postt'iieure. Mais les lesions les plus prononct^es
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s'observent dans les muscles qui couvrent le sternum. Ces muscles sont bleualres on verdiUres, prives d'huraiditd et persilles comme un epongc. Le sternum lui-meme est noir dans sa substance.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;gt;
raquo; On remarquc sur les plevres et sur les visceres de la poitrine , une multitude de taches gangreneuses qui sont d'autant plus larges et plus rapprocliöes , qu'elles ?e trbu-vent pres du sternum , le pericarde en est couvert et contient un pen de sörositö coloröe. Le coeur est Basque, la petite quantity de sang qu'il renferme est aussi noiie que du charbon. Les visceres abdominaux ne m'ont rien offert de particulier, et, n'ayant pas ouvert la cavilö du cräne , je ne puis rien dire sur l'etat du cerveau.
II est tres ä regretter que ce veterinaire ait negligö de constater l'etat du Systeme nerveux. celui du Systeme circulaloire ainsi que du sang, et qu'il n'ait pas dit un mot des ganglions lymphatiques.
b Pronostic. Si , des le debut dc la maladie ou seule-ment quelques heures apres, les anlnoaux sont soumis ä un trailement convenable, ils peuvent 6tre sauvös ; raais si Ton attend , pour leur douner des soins , que la clau-dicalion se soit monlree et que Tengorgement du poitrail ait fait des progres notables, ils sont irrevocablement per-dus. La mort Fes frappe quelquefois si vile , qu'elle laisse ä peine le temps aux propritHaires de reconnaitre I'exis-tence de l'affection. Les veaux succombent plus prompte-ment que les bceufs. Aucun fait, jusqu'ä present, ne m'a portö ä croire a la contagion de cette maladie. Un 6qmv-risseur s'est bless6 impunement la main en fuisant I'ouver-ture d'un animal qui en etait mort.
raquo; Tmitement. On n'a pas un moment a perdre quand on est appel6 ä combaltre une semblable affection ; car quelques heures 6coul6es suffisent pour enlever tout es-poir de guörison. Les moyens que j'ai mis en usage sont fort simples, ce sont: une abondante saignee pratiquöe
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1c plutot possible et repetee en cas de hesoin ; un troclii-qno compose d'un morceau de sublim^ , place dans la re­gion la plus införienre du fanon (ce moyen est au moins fort imprudent avec line disposition aussi marquee a la gangrene ); des frictions d'eau-de-vie sur toute I'etendue du membre qni est le siege de la boiterie (mais avant tout, des moucheturessi I'inQltration est considerable) , des lavemens emoliiens et des boissons mucilagineuses acidulees ou nitrees. raquo; El pourquoi ne pas tenter de reme-dier i la gangrene par l'usage de l'acetate d'ammoniaque, du camphre et de la gentiane ?
laquo; La saign^e est le plus efficace de tous ces moyens, quand eile est employee des le principe et suffisamment n5petöe. Ordinairement, dans ce cas, en un ou deux jours la maladie s'amende d'une maniere sensible et la convalescence se fait peu attendre.
raquo; Dans quelques animaux chez lesqnels I'engorgement du poitrail nes'^tait pas manifeste, j'ai fait sur cette partie des scarifications larges et profondes, j'ai meme plong6 dans ces plaies le cautere actuel rouge de feu ; mais dans celte circonstance parliculiere , mes efforts sont toujours restes infructueux (*).raquo; Je le consols , ce moyen est aussi dangereux que le trochique ; si le vöt^rinaire croyait a l'opportunitö d'une revulsion, un sinapisme plac6 sous le thorax eütbeaucoupmieux rempli I'indication, et la deple­tion produite par des scarifications faites sur I'engorge­ment qu'il aurait produit, eüt 6te d'un effet tres-salu-taire.
L'engorgement rapide du Systeme lymphatique et du tissu cellulaire sous-cutane des regions des raembres, des ars , du fanon , de l'encolure, etc., etc. ; la sensibilitö extreme de ces infiltrations sont des symptömes analo-
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C) Journal des velei'inaircs du Midi, cafaier de fevrier 1840', ag. 47.
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guesä ceux des cedemes clwuds pr6citraquo;5s ; mais coinpliqnes d'une plus grande intensite et d'une tendance i\ la gan­grene qui prend , sans doute, sa source dans la nature nlonisante ou septique des causes de la malndie et que M. Pourterou a nöglige de rechercher. Alard , dan? son Tratte de Vinflammation des Vaisseaux ahsorbans lym-phaliques, Edition de 182-i, rapporte des esemples d'en-gorgemens du tissu ceilulaire et des ganglions lymphali-ques qui sont tombes en suppuration ct dans lesquels la gangrene s'est prompternent declaree. IVe pourrait-il pas aussi exisfcr, dans ce cas, une predisposition acqüise produite par le rögirae , les localites, etc., etc. Lcs le­sions que presente le tissu ceilulaire sous-culane aux regions engorgöes ; les traces de phlegmasie sur les sereu-ses de la poitrine , I'existence d'une collection de s6rosites dans Ic peficarde confirment l'opinion que je viens d'6met-tre sur l'analogie de la maladie döerile par 31. Porterou avec I'cedeme ciiaud; ces lösions ötant le propre de l'in-flammation du Systeme sereux si lie a I'appareil lympha-lique et parcouru par une multitude de vaisseaux ahsor­bans. L'efficacitlt;5 des saignöes, celles des boissons acidultes ou nitrees, si avantageuses dans I'cedeme chaud ne semble plus laisser de doutes. Je crois done pouvoir qualifier le cas que je viens'd'emprunter A'Inflammation gangrenense du Systeme lymphatiqne. J'avance au surplus cette opi­nion sans prötendre qu'elle devienne une conviction pour mes lecteurs ; l'observation de M. Porterou 6tant si incom­plete qu'elle pröte a plus d'une interpretation.
sect; 5. De I'Elephantiasis.
Cetle maladie, ainsi que toules celles qui romposent le genre que je vais d^crire en terminant ce chapiire, se manifeste communöment ä l'^tat chronique, ou du moins leur p6riode d'acuil6 est de courle dur^e. Lc temperament
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lymphaliquc , iiui praiomiiio souvent dans Fospecc boBuf, y predispose ces animaux. La nature toutc spöcifique de de ces affections pathologiqucs, leur gravite, la generaüle de leurscauses, l'intensitö des lesionsqu'elles produisent semblent faire presumcr qu'elles se compliqueot d'uii elat d'alteratioti do la lymphe. Quelques-une d'elles-rneme , coiusne l'affecüon tuberculeuse, accompagnent, conslam-ment certaines maladies organiques, corame le cancer de la caillelte, la phthysie pulmünaire, etc., etc. , et cons­tituent de veritablcs diatheses.
En effet, relephantiasis qui sc manifeste quelquefois dans son princlpe avec tons les sjmptomcs d'une violente ebulition , d'une espece d'apoplexie cutance, passe promp-tement ä l'ötat chrouique et präsente bientöt lous les caracleres de la lepre. Le scrophule succede souvent a rinflammation du Systeme lyraphatique. Le farcin et sur-l.out l'affectioa tnbcrcnleiise, se declarent tont d'abord par des symptomes qui denotent qu'ils sont la consequence d'une diathesc et d'un etat tout special de l'äconomie.
1! y a loin des quelques lignes que les veterinaires ont (icrites sur l'elephanliasis des betes ä cornes , aux des­criptions sorties du brillant pinceau d'Arclee ; aux ecrits savans de Rhazes d'Avicennes qui devoila l'anciennete de cette maladie sur l'cspece humaine; u ceux de Valicola , Valentin et , long-temps apres , de Lodere , d'Alard , d'Aliberl qui la firent ensuite mienx connailre. Ce der-mer, distingua la lepre leontinedela lepre elephantiasis; il signala les intumescences tuberculeuses qui existent nutour des ouvertures naturelles dans la premiere , ainsi que les engorgemens du tissu cellulaire sous-cutane des membres qui sont les caracteres distinetifs de la seconde. Ce savant medecin etudia ces engorgemens et vit qu'iis etaient composes d'une humeur gelatino-sereuse ; qu'ils etaient compacts comme le marbre , möles de tubercules et de granulations; que la peau etait rompue, dechiree ,
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couverte d'ulceres fangeux, incurables; des tubercules existent, dit-il, qh et lä sur le trajct des veineset au voi-sinage des ganglions lymphaliques. 11 fait judicieuscment remarquer que ces agglomerations tuberculeuses sovt aussi constantes que la nature lardacee des ulcörations. Par cet exposdlaquo; rapide mais fidele, M. Alibert met le vetörinaire ä mömede juger cette maladie dans la brute et de constater l'analogie qu'ellepräsente, considöröedansrhommeet dans lesbestiaux.
Pinel avait, quelques annöes auparavant, rangö l'elö-phantiasis dans les maladies du Systeme cellulaire ou plutöt du Systeme lymphatique et ne pensait pas qu'elle put etre considers comme une affection culanee.
M. Pierquin veut qu'elle soit la suite d'une diathese albumineuse ; il explique par ce moyen les effets de la fievre intermittente des elöphantisiaques ( fievre qui n'a point 6t6 observöe dans les animaux), son incurabilitö et les suites mortelles de^'enlövement des tumefactions qui ont tant d'analogie avec le cancer c6r6briforme et lardac6.
A cote de celte richesse d'observations qu'amp;ale la raö-decine humaine, je vais citer le peu de faits qu'ont re-cueilli les vötörinaires sur relephantiasis , qui du reste est beaucoup-moins frequent dans les animaux que dans l'homme ; ce qui tient sans doute ä ce que les propriötaires de bestiaux laissent raremenl parvenir cette maladie d son dernier degre. Ils pröferent, avec raison , vendre pour la basse boucherie ceux qui sont encore susceptibles d'6tre ronsommes , ou font abattre et enfouir les incurables, plutöt que de courir les risques d'un fraitement long] incertain et coüteux. Dans cet exposö rapide, il cst logique de commencer par les affections les plus simples et d'arriver par degrös ä la description des cas les plus graves.
J'ai remarque souvent des boeufs qui avaient le tögu-
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mentde la face interne descuisses, du p6rin6, du scrotum, du dessous du ventre, des aines et des ars, öpais et de couleur rouge jaunätre, au lieu du reflet blanc et de la souplesse que präsente ordinairement la peau de ces re­gions ; celle qui entoure les yeux , les narines et la bouche offre quelquefois alors de petltes granulations rouges et tuberculeuses , ainsi qu'un äpaississement insolite; enfln , dans quelques-uns de ces boeufs, je remarquai que les ganglions lyrnphatiques des aines et des ars ötaient apparens et tumefies. On nomme ces animaux (en Poitou) , bwufs chauffards; en general ils out 6te excamp;16s de travail et 6prouv6 des maladies dues ä des arrets de transpiration ; leur valeur commerciale est de beaucoup diminuöe, parce qu'ils engraissent difflcile-ment.
3'ai vu d'autres boeufs dont une plus ou moins grande partie de la surface du corps 61ait dd'pourvue de poils ; leur peau 6tait epaissie, adhörente, lögerement gercöe dans quelques points et de couleur d'ardoise. Le tissu cellulaire sous-cutanö paraissait engorgö, dur au maniement et möme lardace dans certaines parties; les ganglions lyrnphatiques raquo;Haient aussi, dans quelques-uns, apparens et tum6fiäs. Cet 6tat dessystemes lymphatique et cutane est accompagnö parfois d'une toux assez fröquente; il est, comnie le prö-cödent, consäcutif ä des maladies de poitrine qui ont eu une marche lente ; et lesbestiaux ainsi atteints sont gönöra-#9632; lement lyrnphatiques ou affaiblis par le travail et par une nourriture insuffisante sous le rapport de la qualitö et de la quantity. Ces animaux. d'un difficile engrais et d'une valeur peu 61ev6e , sont appelös, en Poitou, bceufs bleus.
MM. Fallieres, vötärinaire ä Mezin , et Dandrieux, vötörinaire ä Närac, ont döcrit une maladie que Tun d'eux a qualifiä de fievre angiotenique, mais que je crois 6lre une variötö de l'älöphantiasis. Elle affecta plusieurs
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animaux h la fois et presenta les symptomes suivans : peau chaude, seche , coltee aux es, qnelquefois erythematouse et d'une sensibilitö insolite; les comes et les oreiiies sont brillantes; la bouche chaude et coloree , l'appd'tit nul, la rumination suspendue, les exerömens durs et rares; lacolorme epiniere est tres-douloureuse, la marche chan-celante et le pouls plein. Cette periode febrile dure deax ä trois jours. La tempörature de la peau baisse; les quatre membres s'engorgeut, le malade les porte ecartes du centre de gravity , il ue se couche plus ; un oedeme se forme au fanon. Le mufle se desseche d'abord , puis s'engorge ; les narines sont infiitröes, 6paissies/Ieur membrane in­terne s'esfoiie; un mucus öpais , jaune , lenace en'dö-coule; la respiration est gßnöe. Qnelquefois l'engorgement du tissu cellulaire sous-cutane devient gönöral (anasar-que), le tegument est frappe de mort, il s'enleve par plaques dures et mortifiöes, principalement aux genoux et aux jarrets ; il en resulle des ulceres atoniques , fötides et d'un raauvais aspect; les poils et les crins tombent dans diverses regions du corps. La peau se couvre d'une poussiere grise, farineuse qui torabe par (5cailles; eile est äpaissie , dösorganisee meme dans quelques points et prä­sente de petiles ulcerations variant de la couleur grisatre ä une rougeur saignante, mais toujours fetides et de mauvais aspect. Le malade est hideux ä voir; sa faiblesse extreme ; une diarrhte fetide et colliquative precede la mort. Cette seconde periode a de quatre ä huit jours de dunSe ; cependant je l'ai vue se prolonger beaueoup plus. Ces symptomes prennent quelquefois un caraclere moins funeste, les ulceres se dessechent, se cicatrisent • l'animal reprend , ä la longue , un peu d'embonpoin't et peut etre vendu pour la basse boucherie.
Causes : L'immersion du corps dans l'eau apres le tra­vail, les arrets de transpiration souvent röpöt^s. la mau-vaise habitude de mettre de suite les animaux dans les pä-
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tnrages au retour des travaux. Les etables basses, chaudelaquo; et mal tenues {*).
Trailemenl. La saignöe dans la p6riode d'acuite, mais qu'on ne doit pas prodiguer , comme l'indique M. Dan-drieux; les tisanes deiayantes, mucilagineuses, laxati­ves ou diurötiques et des mouchetures sur les cedemes. M. Falliere indique des lotions faites avee I'acide sulfurique ötendu dans sept parties d'eau. J'ai employ^ avee succes les lotions saturnte et le sörat saturne, et, comme M. Dan-drieux, je ne crois pas ä I'efGcacite de i'acide sulfurique.
3'ai (5t6 consulte pour une maladie tres-analogue qui se manifesta successivement sur trois boeufs , dans un do-maine voisin de Toulouse ; la maladie avait eu une mar-che plus lente que dans le cas pröcedent: il existait une infdtration assez considerable dans le tissu cellulaire sous-cutaue des membres; les ulceres etaient blafards, atoniques, multiplies; la peau se montrait 6paisse, gercte, couverte d'6cailles farineuses et de croütes provenant des ulceres qui se dess(5chaient et reparaissaient aux membres, ainsi qu'autour du nez , des yeux et de la bouche ; les ganglions Jymphatiques des aines etaient tumefles; les malades tous-saient Mquemment et mangeaient peu ; leurs excr6mens etaient mous et diarrhäiques. Le pouls paraissait 16gere-ment acc616r6. Je ne vis deux de ces boeufs qu'une seule fois; un qui avait 6te malade avant ceux-ci 6tait comme guöri et travaillait; la maladie durait de quinze ä vingt jours. sansflevre bien apparente. Ces animaux, äges de sept d neuf ans, etaient de forte race agenaise, d'un temperament ^minemment lymphatique; ils croupissaientdans le fumier et n'6taient ni bien soignes, ni bien nourris. Un forgeron du village mamp;licamentait ces boeufs et les soignait lui-
(*) A celte occasion, M. Fallieres cite une metairie oii cetle ma­ladie elait euzoolique et se montrait chaque annee ; elie a cesse depuis ijue le proprietaire a suivi ses conseils. J'ai deux fois vwifie 1'exacli-laquo;iraquo; reite Biologie.
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meine pour remamp;Her ä la mauvaise volont6 du maitre-valet qui devait sortir de la ferme ; je dus proscrire la saignöe en raison de l'ötat de debilitti gön^rale : breuva-ges d'infusion de sauge et de melisse rendus toniques par la poudrede gentiane. Lotions sur les parties malades avec une decoction de feuilles de mauves et de fleurs de sureau, raises infuser et aniraöes par l'extrait de saturne, suivies d'onctions de cörat saturnö. Eau blanche nitree, fourra-ges de bonne quality. Les ^tables furent tenues propres, aöröes; le sol en fut exhaussö et la surveillance du pro-priötaire devint plus active.
Ces trois boeufs ont 6t6 imparfaitement guöris ; la cica­trisation des ulceres a 616 longue et difficile ; la toux a persists dans deux, ainsi que la tumefaction des ganglions lymphatiques; le proprielaire fit remettre ces bceufs en chair et les venditä un boucher. Troisautres boeufs existant dans le domaine ont 6ti mieux soignös et preserves,
Deux boeufs agös de six ans, de race agenaise, achetes le 29 juin 1857 , dans un parfait 6tat d'embonpoint, furent soumis subitement a des travaux fatigans durant une chaieur intense et nourris avec du trefle et de la luzerne nouvellement recoltes. Ces animaux surpris par un travail inaccoutume tomberent malades du 12 au 14 juillet suivant; un v6t6rinaire est appel6; il croit re-connaitre une entente aigue , qu'il attribue au tra­vail subit et au changement de regime. Saign6e co-pieuse, medication anti-phlogistique; les accidens pa-thologiques disparaissent assez promptement; I'appetit reparait et l'embonpoint revient en partie. Le 4 aout, un de ces boeufs a le muffle tum6fi6, les yeux sail-lans , la respiration difficile; le 5 , toute la peau est öpaissie et d'une sensibilite extreme. Le 8 , I'aulre bceuf tombe dans le m6me 6tat; un autre v6t6rinaire vit ceamp; deux enimaux.
Je vaisdecrire la maladie du bocuf atleinl le 4 : le t6gu-.
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ment avait, corame je viens de le dire, quadruple d'öpais-seur; il 6tait rouge et d'une sensibility extreme; ii prösentait en outre des plaques plus coloröes, violacöes, dures et seches; en ecartant les poils et grattant la peau, il sortait, de ces surfaces, des gouttelettes de sang. Sur les epaules, les cotes, la croupe , le sang avait soulev6 l'epiderme; il coulait en pelits jets et en nappe. Des ger-Cures se formerent aus plis des genoux et des jarrets; la peau s'en detachait et tombait en lambeaux; il en itait de meme aux pointes des fesses et aux hanches. Le mufle 6tait gonflö ; la muqueuse nasale genöralement rouge, presentait des plaques saillantes et violacees; il döcoulait des narines une matiere purulente et sanguinolenle qui s'öpaississait et se collait aux bords des naseaux. La res­piration 6tait haletante ; le malade dcbout, marchant avec difficulty, ouvrait la bouche et sortait la langue pour res-pirer plus librement. Les yeux 6taient saillans, les con-jonctives enflammöes, avec larmoiement continuel; ce boeuf refusait touteespcce d'alimens, ne ruminait pas; ses excre-mens elaient peu abondans et ses urines rares et chargöes.
On crut avoir a combatlre une inflammation genörale du derme , avec apoplexie sur le reseau vascuiaire de Malpighi; je m'abstiens de toute reflexion sur ce diagnosltc qui a une certaine justesse.
Traitement. Saignee de quatre kilogrammes , fumiga­tions emollientes dirigßes sur toute la surface du corps et dans les cavites nasales ; lotions d'eau de Goulard sur les ulcörations et les ger^ures, eau blanche acidulee , alimens verts. Le 12, l'ötat du malade parait ameliorö, la peau cst moins endolorie; il transsude encore un peu de sang et notamment ä la face inferieure de la queue oü il existe an ecehymose assez (Hendue. La peaa est partout ri-dee , la respiration difficile, la pituitaire (5paissie et les narines tres-retröcies par celte intumescence, rendent la respiration difficile; le jetage est suspendu , le nuifle et les
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tegumensde la face sont noirs, comme sphacölesetdivisöspar des crevasses (*). L'appölit et la rumination sont cependant ua peu revenus et les matieres stercorales plus abondantes.
Nouvelle saignöe de quatrc kilogrammes; le sang est rouge (quot;); eau blanche acidulöe, maus vert pour nour-riture; m6me lotions, fumigations, etc., etc., injec­tions d'eau de Goulard dans les caviles nasales.
15 aoüt. Un second v^terinaire accompagne le premier: la respiration est moins difßcilequandl'animal se trouve de-bout ; eile est au contraire laborieuse si le malade est couch4; meme 6tat de la peau, sa sensibilite est pourtant de beau-coup diminiu'e, on ne voit sortir de sang que de quelques points peu 6tendus. Mamp;nes prescriptions que la veille , cependant les lotions d'eau de Goulard sont remplac^es par celles de vin aromatique.
Le 19 , la peau est encore endolorie , mais eile parait moins öpaisse dans les parties non ulceröes ; la respira­tion est toujours fröquente et difficile ; il coule abondam-ment des narines une mucositö purulenle et 6paisse. On entend un räle muqueux bronchique et le malade est
(*) La peau recevant ses vaisseaux du tissu cellulaire sous-cutanä qui est place au-dessons d'elle , si line inflammation intense detruit ou desorganise ce tissu cellulaire, le tegument ne recevant plus les materiaux necessaires ä sa nutrilion , meurt ; dc la ces gangrenes quelquefois tres-elendues qui succedent aux erysipeles phlegmoneus et a des inflammations aigues sembiables ä celles qua je de'cris. Un autre accident qui suit encore cette destruction du tissu cellulaire, e'est nne hemorrhagie plus ou moins'subite et plus ou moins abon-dante , qui, du reste , pent se remarquer dans tous les points ou ont existe des inflammations phlegnioneuses suivies de la destruction d'une certaiue elendue de tissu cellulaire sous-cutane, eile resulte de ce que les vaisseaux artdriels assez volumineux qui sont imme-dialement places sous la peau , u'ont pas le temps de s'obliterer com-pletement, notant plus soutenus par le tissu cellulaire, de la vient aussi qu'ils s'enflaminent et finissent par s'ulcerer.
(*') Cette coloration insolite du sang pent etre altribue'e a une alteration de nutrition; il passe alors trop vivement dans les parea-chymes et ne so depouille pas de ses principes nutritifs.
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tourraenlö par une toux fröquente , faible et avortöe ; l'abatlement general est plus marque qu'a la visite du 13, meme prescription.
Le second boeuf, c'est-a-dire celui qui fat connu malade le 7 aoüt, prösenta des symptömes tres-analogues ä ceux que je viens de d(5crire. mais d'une intensite un peu moindre. 11 fut aussi saignö trois fois et subit le meme traitement que son compagnon ; il en parut soulagö, de sorte qu'ü la visite du 19, on avait quelque espoir de guerison.
Cependant deux ou trois jours apres, la maladie em-pira, dans les deux animaux; des-lors , le döcouragement s'empara des personnes chargöes de les soigner. On laissa ecouler quelques jours et le proprietaire , qui m'honore de son estime, vint me parier de cette maladie sur laqnelle j'avais d6ja des renseignemens assez positifs; il me pria ins-tamment d'aller voir ces deux boeufs, je cödai ä ses sol-licitations.
Le premier bceuf n'offrait plus aucun espoir; il etait totalement paralyse, gisant sur la liliere ou plutöt sur un furnier , les narines obstrutües par un flux pu­rulent , fiHide, noir , dessechö aux orifices, ce qui rehdait sa respiration rälante et plaintive ; la pituitaire etait couverte d'ulceres profonds et noirs ; les yeux atro­phies ätaient dans un etat de fönte suppurative. L'animal hideux et degoütant avait la peau et le tissu cellulaire sous-cutane 6paissis , lardaeös, gerc6s; des ulceres gan-greneux existaient sur toutes les saillies osseuses et aux plis articulaires ; les membres 6taient Enormes; jamais l'elöphantiasis ne fut plus horriblement caraetörisee. Je con-seillai de faire abattre cet animal, ce qui fut execute le lendemain ; je regrettai beaueoup que l'öloignement et mes occupations ne me permissent pas d'en faire l'au-topsie.
Le second boeuf 6tait considerablement amaigri et dans
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un lt;5tat qui ne me laissait guere d'espoir de guerison: la töte 6tait monstrueuse , la peau, Je tissu celliilaire pa-raissaient 6paissis, lardacös, gercöset ulceres; le tegument etait recouvert d'une pellicule ecailleuse et dans les gcr-fiires , on voyait le chorium rouge et injecte. Cet epais-sissement lardacö ötait, ainsi que rinfiltration celluiaire, plus marque autour des oreilles, des yeux, des narines et de la bouche; il döcoulait des naseaux un flux mucoso-purulent möle de sang et d'une grande fetiditö ; la pitni-taire ötait ulcöröe et couverte de croütes noires; ce qui rendaitencore dans ce boeuf la respiration rälante ; il exis-tait en outre une toux fräquente et prolongee. Lcs conjonc-tives ötaient jaunütres, infiltrees, chassieuses; mais le sens dela vue ötait intact. Sur toute la surface du corps le tegu­ment qui etait pliss6 , lardace , gerc6, fendille se trouvait convert d'efflorescences 6cailleuses et d'ulceres atoniques; enfin la sensibility de cet organe 6tait un peu exaltee. Les quatre membres ötaient volumineux, empätes , en­gorges , ulcörös, surtout aux plis articulaires, ä la cou-ronne et dans les espaces interdigites. Un engorgement froid squirrhcux existait au fanon ; il envahissait la peau et le tissu celluiaire sous-cutane de cette region. Toutes les saillies osseuses, garot, öpaules , coudes, genoux , handles, jarrets, etc., etc., ötaient rong^es par des ulceres ä bords epais , lardac^s , les uns saignans, les autres converts d'une croüte purulente et noire ; l'älö-phantiasis 6tait encore lä dessinöe avec toute sa laideur. Cependant l'animal mangeait, ruminait; les excnhnens et les urines 6laient ä l'etat normal ; la demarche assez facile , ainsi que le lever et le coucher.
Diagnostic. Elephantiasis aiguß. Pronoslic. Funeste.
Trailement. II röpugnait au propriötaire de faire en­core le sacrifice de ce boeuf. Je l'engageai done ä rendre les ^tables plus propres et indiquai un regime pour le malade. Je prescrivis de faire, soir et matin pendant deux
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jours , des lotions amp;nollientes de decoction de raauves et de fleurs de sureau sur toute la surface du corps, d'en-duire ensuite les parties ulcöröes avec du ctsect;rat cam-phr6 pour en diminuer la sensibilite. Je fis succeder a cctte medication les mömes lotions animöes par I'eau de Goulard et le cörat saturne. Cinq h six jours apres, on me rapporta que le malade paraissait mieux, mais que les ulcörations 6taient blafardes et päles; je cms en activer la dessication en faisant ajouter un peu de fleur de souffre au cörat saturnö. Je faisais seconder ce traitement exterieur par des breuyages toniques composes d'une infusion miellöe de sauge et de mölisse , animee par la poudre de gentiane et le sous-antimoine de po-tasse , ä la dose de quinze grammes. Malgr6 tous ces soins , le mieux ne se soutint pas et tout fut inutile ; comme je l'avais prevu, quinze ou vingt jours apres on abandonna le malade qui mourut ou fut abaltu.
Je suis loin de vouloir critiquer ce qu'ont prescrit ceux qui ont vu primitivement ces deux boeufs; mais j'ai tou-jours pensö que les saignöes trop copieuses et trop r6it6-röes, avaient dötruit toute energie vitale et produit l'etat d'inertie et d'anöantissement qui a dölerminö la dögönö-rescence du phlegmon de la peau en infiltration lardacöe et 616phantiasique qui a r6sist6 ä tous les remedes.
Quatre autre bceufs existant dans la ferme , avant les malades et habitant la meme 6table, n'ont nullement 6t6 atteints par la maladie.
M. Saintin, veterinaire ä Dourgne (Tarn) , a publiö en 1822 , un Memoire sur Rlöphantiasis; il reconnait trois päriodes dans cette maladie :
lre Periode. Nonchalance au travail , diminution de l'appötit, ventre efflanque ; chaleur insolite du corps plus marquee aux membres, aux oreilles et aux cornes. Peau adhörente, hörissement des poils; Eruption scabieuse sur les cötes, qui se desseche promptement, forme des
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croötes et une crasse farineuse. La marche est g^nöc, sur-toutdans lesmembresant^rieurs; l'öpine dorsale est doulou-reuselorsdelamoindre pression.Lesyeux sontlarmoyans, la bouche est chaude , l'haleine ftHide, la soif intense, et malgre un goüt plus marquö pour les alimens verts, il existe communöraent une constipation remarquablo. Le pouls est elev6, avec baltement des flaues; ces symptö-mes sont constans. Les cordons testiculaires sont relachös dans les taureaux et les bourses pendantes dans le beeuf; enfln les malades restent longt-temps couchös.
2me Periode. II survient des engorgemens aux coudes, au mufle, aux paupieres et quelquefois ä la levre infe-rieure ; il existe un flux nasal muqueux et öpais, les yeux sont larmoyans et troubles. II se forme un oedeme au fanon, avec engorgement des membres et surtout des an-terieurs; quelquefois la tete seule est 6norro6ment en-gorgöe, la respiration devient des-lors rälante, sifflante et l'animal somble menaeö de suffocation ; ce Symptome est grave. Un engorgement se manifeste sous le ventre des vaches ; il s'6tend en avant jusques dans Tauge et res-semble ä la bouteille des moutons cachectiques; ces vaches perdent alors leur lait et maigrissent rapidement. II en est dont la parturition est de beaueoap avancöe; aussi le veau nait-il mort ou peu viable et l'on est quelquefois obligö d'extraire l'arriere-faix. Le pouls est presque toujours 61ev6. On a observö gönöralement encore.un engorgement des ganglions lymphatiques de l'aine qui est un signe pa-thognomonique. Lorsque la maladie est arrivöeä cet 6tat, la prehension des alimens , leur mastication sont lentes et semblent douloureuses ; les animaux restent souvent couchös; ils tiennent les membres alongös et ne peuvent se lever qu'avec la plus grande difficulte. Des que l'en-gorgement des jambes existe, l'appötit est moindre ; les animaux sont pris de diarrhee , surtout si Ton satisfait complamp;ement leur goüt pour les alimens verts; ils s'affai-
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blissent, ne peuvent plus se relever, reslent jusqu'äquinze jours couchös; on est meme quelquefois obligö de les faire assommer sur le lieu. Parvenus i ce degrö de maladie, les animaux exhalent une odeur fötide; les engorgemens pröcitös passent ä l'etat de suppuration ; il se forme des clapiers dans les intervalles des muscles; le pus qu'ils con-liennent est de couleur lie de vin et extremement fetide.
M. Saintin fait remarquer que les engorgemens de la tete , du fanon , des membres, malgre leur aspect oedö-mateux, conservent peu l'impression du doigt, sont chauds et douloureux et qu'6tant incises, il en döcoule unesöro-sitö chaude, mßlöe de sang; aussi, ä l'exemple du pro-fesseur Henon, il les nomme mdimes chauds.
5me Periode. La peau qui recouvre les tumefactions et les engorgemens tombe en lambeaux qui se dessechent comme un morceau de cuir tann6 ou qu'on aurait brüle avec un fer rouge ; la chute de ces eschares laisse ä nu des ulceres phagedöniques , principalement aux coudes et aux genoux; ils envahissent quelquefois toute I'articulalion carpienne; il en est qui s'6tendent sur toute la jambe et sont tres-difficiies ä guörir. La queue , dans certains ani­maux, se desseche comme un morceau de bois et finit par tomber. Les ulceres qui se manifestent sur le corps, ail-leurs que sur les articulations des membres, guörissent assez facilement, mais iraparfaitement; leurs cicatrices so couvrent d'un poll tres-menu ; la peau se fendille et reste couverte d'une poussiere blanche; les cicatrices du genou conservent une couleur noire et sont deputes quelque legere qu'ait 6t6 la maladie. Souvent encore les membres restent toujours gros, empätös, noirätres, fendillös, tu-berculeux, les sabots longs et gros; la marche est alors difficile ; les articulations semblent ankilosöes par suite de l'epaississement de la peau. Get etat lardace du derme s'6tend sur toute la superficie du corps; les polls et les crius de la queue tombent; les oreilles s'epaississent; des
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rides profondes se forment sur le front; los yeux semblent s'ötre rapelissös ; les cils lombent; le mufle, le menlon , l'orifice des naseaux acquierent une epaisseur considerable; les narlnes sont retr6cies; il en d(5couIe un flux muqueux, jaunätre , felide , ce qui embarrasse la respiratiorj et la rend sifQante. Tons les animaux n'arrivent pas a celte pöriode de la maiadie , beaucoup perissent avant.
Autopsie. Peau des extremitösconsideraLlement 6paissie et infilträe de scrositös. presence du pus dans les bron-ches.
Causes. La rnaladie est plus fröquente au prinlemps et en automne , en raison des inlempöries atmosphöriques : La suppression de la transpiration, le passage du chaud au froid, des travaux forces, une saignee intempestive, le refroidissement qui suit les combats que se livrent en-tre eux les taureaux et les boeufs, enfin tout ce qui peut intervertir les fonctions de la peau.
Pronoslic. La maiadie est moins fächeuse dans un ani­mal jeune et vigourcux; eile esl plus grave s'il est vieux et maigre ; la perte de l'appetit, la cessation de la rumi­nation, la loux , la diarrhee sont des signes funestes.
Traitemenl. M. Saintin se prononce contre la saignee; 11 pretend qu'elle prolonge la maiadie et qu'elle est ra-rement utile; il vcut que Ton traverse la tumeur du fanolaquo; avec des sötons ; il indique encore des setons ä l'encolure lorsque I'engorgemcnt s'est formed ä la tete et dans le cas de leur inefficacitö , il conseille d'en placer encore un ül chaque fesse. Frictions de vinaigre aromatique, tisane de döcoction de bourrache et de parietaire nitrees, lavemens 6molliens, eau blanche. Des que I'inflammalion est un peu calmee, il indique nne tisane aperitive de raciues de petit houx et do bardane, auimöe par la fleur de souf-fre et l'antimoine, et pense que Ton peut donner des ali-raens nourrissans. Si le vinaigre aromatiqueestinsuffisant, ce vöt^rinaire indique l'eau-de-vie camphr^e et möme l'es-
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sence de t6r6benthine; si la resolution n'a pu s'op^rer, que la peau tombe en mortiGcation et qu'il se forme des ulce-res atoniques, on les dötergera avec le vin aromatique et l'eau-de-vie camphr^e. M. Saintin s'61eve aussi contra les mouchetures et pnHend que I'irritation qu'elles pro-duisent, ainsi que l'öcoulement de s(5rosit6s, causent un affaiblissement d'oü r^sulte la dissolution g6n6rale. II as­sure avoir obtenu de bons effets de la poudre de gen-tiane et des preparations marliales.
M. Cruzel , mödecin v6terinaire d Grenade , a public trois observations sur rlt;M6phantiasis du boeuf.
ire Observation. Boeuf de labour, extönue par les tra-vaux; il est raaigre ; sa peau est seche , rugueuse , adh6-rente ; quelques boutons tres-petits existent ä l'origine des polls qui sont hörisses; le ventre est affaisse, Tap-petit irregulier et ranimal tres-constipe.
Ce veterinaire, attribuant l'ensemblede ces symptömes ä une irritation de l'appareil intestinal, prescrivit une saignöe, des breuvages mucilagineux, la diete, etc., etc. Une opposition ou plutöt un entetement mal fonde du proprietaire determina M. Cruzel üi laisser lä le malade.
Rappele trois mois apres, il trouva ce boeuf dans I'etat suivant: toute la peau est soulevee, crepitante, dessechee; eile prösente des crevasses profondes et multipliöes qui la divisenten plusieurs sens et d'oü suinte un liquide s6reux dans quelques regions et söro-purulent dans d'aulres , mais partout fetide; le poll tombe par le plus leger frot-tement ou s'arrache par mailles; la peau parait insensible a sa supcrficie , mais si on pique, irrite le fond des cre­vasses avec la pointe d'un bistouri, le boeuf temoigne une vive douleur. La töte de ce boeuf a un aspect hideux , les yeux apparaissent comme deux grandes crevasses, cepen-dant le sens est intact ; le mufle a un volnme triple; les narines sont retrecies et la respiration penible et sifßante; aussi le malade porte-t-il la töte horizontalement pour
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rcspirer plus facilement. Les quatre raembres sont engor­ges et d'une grosseur extraordinaire; un bourrelet circu-laire entoure et recouvre les ongles presque en enlier; rempiUement des extremit^s posterieures est tel que les articulations sont inapparentes; aussi la mache 6tait de-venue si penible que ranimal restait couch6 tant qu'on ne le relevait pas , et lorsqu'il 6lait debout, il restait immobile jusqu'ä ce que la fatigue le format a se laisser tomber; les mugissemens qu'il faisait alors entendre et l'agitation de ses flancs temoignaient tout ce qu'avaient de penible ces mouvemens. La constipation (Hait extreme et ranimal n'expulsait quelques crottins petits et noirs qu'apres de grands efforts. II mangeait et buvait encore ; mais I'inutilitö de tout traitement 6tant Evidente, l'ani-mal fut de suite abattu.
Autopsie. Les portions mortes du cuir qui s'exfoliaient rcssembiaient ä du parchemin ou ä de la corne fortement chaufföe. Au-dessus de cette premiere couche et des crevasses, existait une substance lardacee, epaisse de deux ä quatre centimetres ; les muscles 6taient amaigris deco­lors, adhörens ä cette couche ou enveloppe squirrheuse; deux onglons se d^tacherent et la corne des talons pr6-sentait une alteration analogue ä celle qui existe dans le crapaud du clieval. La pituitaire etait couverte d'ulceres les uns grands, les autres petits; iis avaient corrode jusqu'a la cloison cartiiagineuse. Des tubercules de gros­seur variable , dont plusieurs etaient ramollis , existaient dans le parenchyme des poumons , dans celui des gan­glions bronchiques et sur le mediastin. Les ganglions mösenteriques etaient engorgös et parsemes de tiibercu-les nombreux , quelques litres de serosite existaient dans le sac peritoneal.
2e Observation. Une tumeur enorme se montra subi-tement au fanon d'un beeuf de forte taille et bien portant d'ailleurs, il mangeait, ruminait; mais le poil etait pique.
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Ie cuir sec, rugueux, adherent et la tnarche ötait gönte. Le pouls ötait fort et lent, la tumeur dure dans toute son (Hendue, except^ sur le bord inferieur.
Saignße de six kilogrammes, mouchetures sur le cen­tre d'ou sortit quelques gouttes de sang et un liquide jaunätre ; diete , eau blanche.
Sous rinfluence decette medication, la tumeur diminua; I'appd'tit et la rumination revinrent, mais la peau 6tait rugueuse et le poil hörissö. Autre saignöe de douze li-vres ; un quart de ration de fourrages, eau blanche.
Ce regime fut continuö pendant huit jours ; I'inGltra-tiön du poitrail diminua sensiblement, quant tout-i-coup la peau qui la recouvrait devint rouge , chaude et trös-douloureuse.
Lotions 6mollientes, diete severe; troisierae saignee de cinq kilogrammes. Le lendemain, le cuir quirecouvre I'en-gorgement du poitrail se souieve aux endroits ou existaient les plaques rouges; il se fendilla en tout sens; les bords de ces crevasses se renverserent et la peau se durcit comme du parchemin ; le poil s'arrachait par meches en le tou-chant ou tombait de lui-meme. II s'öchappait quelques gouttes d'un liquide söreux de ces crevasses qui, du reste, lt;5taierit assez profondes. Onction de sain-doux, breuvages de decoction de pariötaire ä laquelle on ajoutait le nitre A la dose de quarante-cinq grammes. Apres quatre jours de ces soins, I'animal urina abondamment, les ^cailies qui recouvraient la tumeur se detacherent et laisserent voir des chairs d'un bon aspect: Cependant I'engorgement envahit les deux membres anterieurs qui s'engorgent d'au-tant plus que l'etat de la region sous-slernale semblait s'ameliorer, toutes les fonctions s'executaient bien; mais le malade maigrit sensiblement. On revint aux breuvages diuretiques de decoction de parietaire et nitr6e ; tout sem­blait tendre ä la guörison, mais une semblable inflamma­tion du cuir se manifesta subitement aux regions des han-
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ches, dont le cuir se dess^'clia et se crevassa ; des phlt;5no-menes semblables se manifesterent au front et aux jarrets; on adminislra des breuvagcs diuretiques dont on suspendit radministration apres quelques jours, pour les donner encore de nouveau. Les piaies devinrent effrayantes par leur ctendne; on les pausa avec Je suif et le sain-doux frais, ce qui paraissait faire öprouver un sentiment de bien-dtre a I'animal en soustrnyant cos piaies a l'action de l'air. Ces ulcerations qui s'etaient un peu (Hendues sur les lom-bes prenaient cependant un assez bon aspect. Des lors , on abandonna le malade dans une prairie plantureuse pour le faire engraisser, mnigro qu'il fut dans un ötatpresque complet de marasmeet qu'environ un tiers de l'öteudue de sa peau füt tombüe, et que son etat se trouvat si miserable qu'il fut attaque tout vivant par les oiseaux deproie. Cepen­dant la bontö du päturage influa si avantageusement sur lui qu'il parvint promptement ä unötatd'embonpointassezsa-tisfaisant, les ulceresse cicatrisörent en partie.Ceboeuf fut vendu pour la basse boucberie ; sa viande paraissait de bonne qualite et tons ses visceres etaient sains.
2deg; Observation. Dcuxgünissesjumelles. agöesdedix-huit mois, fresentent simultanement une rougeur erysipela-teuse sur I'epaule gauche de l'une et sur les reins, sur la croupe et la queue de l'autre. I! y avait prurit et clialeur • l'appötit, d'abord diminue, devint bientot mil; la bouclic etaitcliaude, rouge, la base de la langnc engorgee , avec douleur de la region du larynx lors de la prcssion.
Diagnostic. Erysipele compliquö d'une glosso-pharyn-gitc secondaire.
Traitement. Saignee de cinq kilogrammes, gargarismes adoucissans, onctions graisseuses sur les parties endolories. Diete. Le lendemain, döglution plus facile; la peau des surfaces örysipilateuses est brune et semble se fendiller. Döcoction de bourrache en breuvages, onctions adoucis-santes. Le troisieme jour, la genisse dont la phlegmasie
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culanöeoccnpe la region lombaire, arecouvreson app6tit, la couche brunätre de la peau est rempiacde par des 6cail-les furfuracees; on la sdpara de sa compagne ; on continua les tipplicalions adonclssanles et l'emploi des breuvages adoucissans; les öcailies de la peau tomberent avec le poll; la peau devtnt souple ct la gu^rison fat prompte.
L'autre geuisse avait la dcglution plus facile , la sensi-bilitC'du pharynx etait moindrc; mais la peau de l'epaule se soulevait en partie , des crevasses commencaient ä s'y monlrer; tout le membre (Halt brulant et douloureux; on y remarquait des contractions partielles.
Traitevient. Saignöe de six kilogrammes , applications emollientes qui ne purent emperher la desorganisation complete de la peau. La douleur du larynx disparut, mais l'öpaule acquiert un volume triple; eile formait une masse raboleuse , fendiliöe , laissant suintcr un liquide incolore et felide. Un engorgement cedemateux circonscrivait la region malade du membre qui ne se mouvait qu'avec douleur et difficullö.
Onctions adoucissantes. On tenta une derivation au moyen des breuvages nitres et purgatifs; ils occasionerent une entöro-nephrite qui ne c6da qu'apres huit jours de soins. L'etat de l'epaule n'empirait cependant pas, mais ne s'ameliorait pas et la genisse maigrissait.
M. Cruzel, place dans Talternative de voir perir cette bete par ie marasme ou de la voir succomber par I'effet d'une mödication önergique , se d6cida pour ce dernier moycn. Considerant que la disorganisation de la peau qui causait une vive douleur, produisait sans doute I'amaigris-semcül et qu'ellc pouvnit reagir sur tout lorganisme, en viciant ia nutrition . prit le parti d'enlever pen ä pcu et par pürtions d'environ quatre cenlimelres en carre , tout le doraic desorganise. Les parties sous-jacentes etaient bla-fardes, elles furcnt lotionnöes avec du vin chaud. Quatre jours apres , une couche epidermoique recouvre ia plaio.
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la peau saine des environs (Halt ridöe ; tout annoncait la cicatrisation. Trois mois de soins, et l'atlcntion de respec­ter la peliicnle t^pidermoiquc amenerent une cicatrisation ä peu pres parfaite.
J'ai rapportö le fait suivant dans le Recueil, cahier de Janvier 1830. Au mois d'avril 1829. je tos consults par un propriötaire de Toulouse , pour un boouf de forte race gasconne. Age de huit ä neuf ans, atteint d'une maiadie chronique de ia peau.
Huit mois auparavant, ce boeuf dfait tombö dans un bourbier dont on eut beaueoup de peine ü le retirer. Par suite de cet accident, il fut atteint d'une paralysie lom-baire et confie ab* soins d'un vöterinaire qui parvint ä le guerir. Deux mois apres , il survinl ä la region dorso-lombaire. sur laquelle on avait fait des frictions stimu-lantes pour remödier ä la paraplegic, de petits boutons rouges, avec prurit qui s'etendirent rapidement sur toute la surface de Ia peau. Des lotions ämollientes diminuerent un peu les aeeidens , mais comme la maiadie du tegument augraentait, je fus prie de donner mon avis. Toute la peau 6tait rugueuse , epaissie , lardacamp;ä et tres-adherente ; des gercures profondes , de diverses grandeurs, Ia divisaient en formant des especes do losanges ; le fond des gercures ötait rouge et enflammö , une croüte ecailleuse le recou-vrait; cette pellicule furfuraeöe s't'tendait aussi sur le derme non fendüle qui presentait en outre de pe'ites ul-cörations rouges enflammees , chaudes et sensibles. La peau de toutes les saillies osseuses , telles que In poinle des fesses, I'angle de Filion , le coude , les öpaulos, etc. etc. , (Halt plus calleuse , plus öpaisse. La peau des pau-pieres 6tait epaissie, depilöe et presentait de petits tuber-cules rouges , d'aspect framboise et agglomeres , la con-jonetive etait rouge et infiltree, les yens ötaient chas-sieux, I'angle nasal depile. De pareilles intumescences sefaisaient remarquersur tonte Ih peau et d'antres tuber-
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cules occupaient toute son 6paisseur; leur volume variait de cclui d'un petit pois ä celui d'une noisette. La pitui-taire 6tait'rouge et iuGllree; il decoulait des narines des mucositös 6paisses et jaunätres; la marge de I'anus 6tait rouge et öpaissie. A partir des jarrets et des genoux jus-qu'ü la couronne, la peau des regions du pied prösentait, outre les genjures et l'ötat d'induration que j'ai signal^, des agglomerations tuberculeuses , ulceröes dans quelques points et d'autant plus rapprochees qu'elles avoisinaient les sabots; ces amas tuberculeus ötaient irröguliers , lar-ges comme des pieces de cinquante centimes et leur gra­nulations avaient le volume d'une lentille. Un prurit g6-nöral et assez vif for^ait l'animal ä se lecher souvent. Le pouls ötait legerement accelerö , l'epine dorsale un peu sensible , mais rien d'anormal n'existait dans les autres fonctions.
Diagnostic. Lepre ou (elephantiasis tubcrculeux. Traitcment. Deux saignees de trois kilogrammes cha-que, faites ä bait jours de distance. Lotions ömollientes, usage d'une couverture en teile , regime delayant rafrai-chissant. Sous Tinfluence de ces soins, l'ötat gend-ral de l'animal s'ameliora de beaucoup, il reprit un peu d'em-bonpoint et fut vendu un mois apres pour la bouchcrie. Au lever de la peau , on remarqua que le derme, ainsi que le tissu cellulaire sous-culane ötaient plus epais qu'ä rlaquo;Hat normal et que leurs vaisseaux capillaires etaient Ires-injectös ; il en 6tait ainsi des muscles peauciers.
L'el^phantiasis est done une maladie d\i Systeme lym-phatique : teile est du moins l'opinion de Rhazes, de Town, d'Alard , de Bouillaud, d'Andral, de Guide , etc.. etc.; ses caracleres essentiels consistent dans un laquo;Hat d'in-lumescence gönörale du derme , du tissu cellulaire sous-cutan6 et communöment des ganglions lymphaliques, in­tumescence qui se manifeste soit ä la tete et lumöfie les oreilles , les paupleres, les narines , les 'evres ; soit aux
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membres et aux regions inft'rieures du corps des ani-maux, telles que le fanon , le scrotum , etc., etc.; l'hy-pertrophie des tegumens et des parties sous-jacentes est, dans ce cas, tres-different du phlegmon , de l'oedeme et des tumeurs sanguines.
L'616phantiasis s'annonce assezordinairement d'unema-niere aiguö, comme une inflßmmation örylhömateuse de la peau, compliquöe de rinfiitration et de la tumöfaction du tissu celluiaire sous-cutanö, avec acceleration du pouls et fievre dans certains cas. Get 6tat d'aciiU6 est de peu de duröe , quoique la tumöfaclion precitöe augmente ; la peau se gerce, se fendille en divers sens et s'enleve par plaques qui se dessechent promplement et semblent avoir 6tö brülees. Des ulcöralions a bords öpais rösullent de ces ger^ures , elles sont plus graves ä l'endroit des arti­culations et sur les saillies osseuses. Toute la peau se couvre d'öcaiiles furfuracees , de petites pustnies d'oü. suinte , ainsi que des crevasses et des ulceres , un pus söreux et fetide. Les ganglions lymphatiques voisins s'en-gorgent dans beaucoup d'animaux et !a maladle se com-plique d'une affection tuborculeuse qui se manifeste non seulement par des granulations de cette nature autour des yeux , de la bouchö , des narines, ä la region digitize des pieds ; mais qui se forme dans le parenchyme des pon-mons, dans celui des ganglions lymphatiques et dans di­verses regions des cavitäs splaiichniques.
Le bceuf est, de tous les animaux domestiques, celui qui est le plus fröquemment atteint de l'ölephantiasis , et ce fait prouve övidemment l'influence predisposante du temperament lymphatique , dans cette maladie.
Pour suivre une marche m^thodique et progressive dans la description de cette maladie, j'ai d'abord expose les symptömes que prösentent les boeufs dits chauffards et bleus, phönomenes que je considere comme le prodome ou l'^tat le plus simple de l'eiepliantiasis.
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Les observalions sur VeUphanliasis , par M. Taiche ('), confirment cette opinion : Jai 6t6 consults, dit-il, par des herbagers pour une affection particuliere aux boeufs d'en-grais, qui consistc dans une rougeur de loute la peau , accompngnee de Iristesse , avec perte d'appelit, ce qui re-tarde toujonrs I'cngraissement et le rend memc souvent impossible. La maladic est quelquefois lögere el cede a une saignäe, dans d'aulres cas , ces animaux maigrissent con-siderablement, la peau devient adherente , pcrd sa leinte rouge, se fendille , augmenle d'epaisseur; les malades tombent dans le marasrae ct ineurent apres plusieurs inois de maladie. Ceux qui s'cn echappent ne peuvent parvenir h un engmissement mcme passable, il faut ou les vendre tels ou altendre une annee pour recomrrcncer I'engrais. Cette affection est appelöe le rouge dans le departemeut de la iNievre , qa'habitc M. Taiche. II fait remarquer que cette maladie. prise dans son principe, cede il la saignee et ä la migration , que la depaissance dans des prairies oü croissent la renoncule ou d'aulres plantes acres , la produit assez constamment; il a cm la considerer comme une affection consecutive ä Tirritation iuflammatoire de la muqueuse gaslro-intestinale causee par I'usage alimen-taire de ces planles aquatiques. 11 en rapporte trois cas assez concluans :
ieT Fail, Boeufs gras (deux) malades depuis deux jours et considers comme atteints du rouge. Symplomcs. Tris-tesse, töte basse, respiration frequenle, temperature ele-veede tout le corps, sensibilite marquee de la peau , pools plein et frequent, vaisseaux de la conjunctive injectes. Tumefaction et rougeur du tnuße , des quatre memhres el de l'orifice du fourreau, aspect crysipelaleux de la peau sur les faces de I'encolure, au defaul des coudes
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C) Journal pratique de Medcrine veteriuairc, rt'digc par M. Du-pny, cahier de.jaanerj 1831.
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et ä la face interne 'des nasses. Ces boeufs se leiiaient debout, immobiles et semblaienWelre assoupis ; le rumen contenait peu d'alimens. Large saignöe , diete , boissons adoucissantes nilrees , lavemens emolliens et bains de riviere. Mienx dej le lendcmaiii, on put meltre les ma­lades un instant ä la prairie ; memes boissons et soins. Seconde saignöe le surlendemain ; guörisoa prompte, l'en-graissement n'en fut que relardö.
2ms Fail. Les bourses et les coidons testiculaires d'un boeaf 6taient afteetös d'un engorgement inflammatoire tres-intense , rösultant de ramputation des lesticules le malade ayant 616 mal bistourn6. Tristesse , töte basse, pouls fort et frequent, conjunctive injeetöe, mufle rouge; rumination rare et incomplete. Large saignee, tisane de d6coclion d'orge, diele, eau blanche. Trois heures apres cette premiere visite , la rougeur de la peau est plus marquee au mufle et sur les faces de I'encolure. Hienx apparent des le second jour qui se maintient le troisieme, 6tat pire le quatrieme , mort le cinquieme. Le mieux apparent du second jour lit negliger d'avertir M. 'faiche de tons ces accidens.
3mc Fait. L'61epbantiasis est quelquefois produit par exces de travail, et ce dernier fait, dit ce vet6rinaire, en est un cxemp'e. Bceuf äge de six ans , empIoy6 au transport des bois et attel6 avec un ba?uf plus fort que lui. Le malade est triste, il mange peu et par boutades, la rumination est rare , le corps est generalcment cliaud, brülant meme vers la tete ; le pouls est embarrass6 , la marchechancelante et lesmembres antcrieurs I6gerement engorg6s. Get 6tat durait depuis trois jours, M. Taiche croit y voir une courbature : saign6e do quatre kilogram­mes , lotions d'eau vineuse tiede sur l'engorgement des membres. Le lendemain, abattement plus marqu6 , n6an-moins le pouls est plus developp6, les ddjections faciles, la rumination plus complete ; I'urine est un pen fonc#*;
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une tumeur oedömateuse önorme existe au fanon, eile göne los mouvemens du train anttirieur. Get engorgement est traverse par un selon, ii decoule des incisions de la s6rosit6 sanguinolentc , continuation des lotions. On ne­glige d'instruire M. Taiche des suites de ce traitement, plus d'un mois apres, on I'iuvite a revoir le malade : mai-greur gön^rale , engorgement des quatre membres, cuir gcn^ralement tres adherent, 6paissi, fendille, plusieursde ces crevxisses sont saignantes, principalement vers la tote, oü elles sont röunies et forraent de larges surfaces ulceröes et tres-douloureuses, qui genent la mastication. A part l'ötat de la bouche, ranimal parait peu soulTrir, il se lo­che ; ce vülörinairc indique le regime suivant : le malade ne sera mis ix la prairie que par le beau temps et seulement deux ou trois heures chaque jour; il sera nourri de bon foin et abreuvö d'eau blanchie par la farine d'orge et de seigle ; lotions d'eau tiede miellee sur les ulceres de la tote et d'eau tiede sur tout le corps , avec l'attention de couvrir ensuile le malade et le bouchonner quand il sera sec.
Ce regime fut suivi pendant huit jours, on se fatigua de ces soins et on Gt abattre Tanimal.
Apres ces faits qui sont tres-analogucs;, mais qui pr(5-sentent des symptomes plus intenses que ceux fournis par les boeufs chauffards du Poitou , jc placerai les observa­tions de MM. Fallieres et Dandrieux , qui sauf erreur de ma part, peignent aussi une variete de oette maladic , car il me scmble que l'oedeme du fanon , I'anasarque pres-que generale, la mortification du tegument, les ulcera-tions aloniques qui se manifestent d'abord aux articu­lations et s'ötendent ensuite sur diverses parties du corps JustiGent mon diagnostic. L'histoire de la maladie dc trois bceufs pour lesquels je fus consults (pag. 276), fournit des exemples de I't'lcphantiasis a I'etat chronique , com-plique de l'engorgement des ganglions lymphatiques et
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1'ATIIOLOGIE BOVINE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 297
d'une affection tuberculeuse du poumon , que fait soup-gotiner la persistance de la toiix. Dans les deux bccufs que je visitai en juin 1857 , la maladie se manifesta d'abord par une phlegmasie sur-aiguC de la peau , que la predis­position , le temperament lympbatique et pent ttre les saignees trop copieuses firent promptcment passer ä l'^tat chronjque. Jamals r6l6pliantiasis ne fut mieux dessin6 ; aussi Ic tableau frappant des symptomes que presenlerentecs deux animaux n'a pas besoin de commentaire. La publi­cation de M. Saintin quiaurait du etre premtee du tiarr6 de quelques fails, est sans döute le resum6 des observa­tions de cet habile praticien. Gelle de M. Cruxel, ecrite avec la luciditö qui lui est babituelle , confirme mes opi­nions sur la lepre elephantiasique et la caracterise parfai-tement. L'observation que je Gs en !829 prenait alors le troisieme rang de date dans les publications sur celte ma­ladie ; eile peignait, comme presque toutes les precöden-tes, la variete tuberculease ou elöplianliasis des Arabes. Le veterinaire peut done trouver dans la correlation de cos fails , une histoire varit'e de la maladie qui fait le sujet de cet article , ainsi que les bases de son diagnostic el do son pronostic. L'absence d'öcrits sur cetle maladie par les vcHerinaires du nord , ferait presuraer qu'elle est plus parliculiere aüx contrtes meridionalcs. La predominance ou plutot le temperament lymphatiqne, les travaux ex-cessifs, une nourriture peu alibile en sont les causes pre-disposanfes ; tandis que le logement des bestiaux dans des stables mal Icnues , oü sojourne le fumier , une irritation locale et insolite produile sur la peau , son inflammation venant de cause interne , un arret de transpiration peu-vent determiner reiepliantiasis. Les autopsies tres-incom-pleles que j'ai citees , dans lesquelles on a reeonnu I'clat d'epaississement lardace de la peau et du tissu cellulairc sous-cutane , qui laisse öcouler, par les incisions qu'on y pratique, une serosite consislanle , albumincuse; I'etat
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d'hypertrophie, la d(5g6nerescence squirrljeuse des gan­glions lymplialiques, la presence de collections d'infiltra-tions luberculeuses dans divers parendiymes, confnment que cello affection palhologique a son siege dans le Sys­teme lymphatiqne , ainsi que dans le tegument interne , et qne relöphantiasis qui altaquc l'espcce boeuf präsente la plus grande analogic avec l'öK'phanliasis des Arabes qui s6vit contre I'espece lunnaine.
L'affection tuberculeuse , qui coraplique cette maladie, la lie avec le farcin, le scrofule , le carreau on perito-nite tuberculeuse, ainsi qu'au squirrhe de la caillette et A la phthysie pulmonaire.
Traitement. Malgrö l'opinion de M. Saintin, la saign^e cst, ä men avis , indispensable, surtout dans le principe de l'elephantiasis , alors qu'elle presente des symplomes inflammatoires , que le pouls est 61eve, frequent ct sur­tout si le malade est jeune et en bon etat. Mais, je nc puis la tolcrer trop copieuse et trop frequenle , je crain-drai qu'elle delerrainjU un affaiblissement, une debilit6 funestes. Je crois aussi les scarifications bien pr^ferablcs aux setons proposes par M. Saintin ; il y a meme de l'imprudence ä solliciter une derivation aussi active dans des tissus inertes et lardaeös ; la suppuration que pro-duisent les exutoires, dans ces cas , etant toujours de tres-raauvaise nature. Les fomentationsömollientesd'abord, puis aromaliques et que Ton peut animer au besoin avec l'extrait de saturne , m'ont paru produire les meilleurs effets. Les onclions de cörat simple et saturnö sont pre-ferables a la graisse; elles sont plus dessicatives, plus toniques. J'ai enfin la plus grande confiance dans les breu-vages diurötiques et aperitifs qui produisent une revul­sion salutaire sur les emonctoires naturels de l'economie, II en est ainsi de l'oxide d'anlimoine blanc ou antimoine diaphoretique non Iav6 , uni ä la gentiane ; leur emploi est toujours suivi d'un changement salutaire , dans le
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cas d'atooie gönörale. Les pnrgalifs, au conlraire, defer-mineront presque toujours los accidens signaielaquo; dans la 5mi! observation de Bf. Cruzel; I'idenlite, la contimiite de tissu des dcux tögumens, rend la muqueuse guslrique tres-irapressionable quand la peau est clle-meme sous l'inlluence d'une phlegmasie plus ou moins aigut ; de meme que Ton voit la peau presenter souvent un etat inflammatoire consteutif ä la phlegmasie de la muqueuse gastro-iutestinale (pag. 277).
Le regime delayant mals subslanlicl, l'eau blanche , l'emploi de la couverture, le pansementde la main, la pro-prele , Taeration des (Mables . un leger exercice sont de puissans anxiliaires. II est suvtout tres-essentiel de tenir Tanimal convert et d'6\iter qu'il ne puisse se lecher quand on a mis en usage les lotions et les onctions sa-turnecs.
Lorsque la diathese luberculeuse est imminente, quc rel^phanliasis est ancien , etendn a plusiears surfaces dc la peau , I'anima! dejii ago et surtout qu'il tousse , on doit tacher d'ameliorer son etat, de le mettre en chair pour le vcndre pour la basse boucherie, domme j'en ai cito des excmples.
sect;4. — Du Farcin.
J'ai quelquefois (ite consults pour de jeunes bocufs af-fecles de nomeilles , c'est ainsi qu'on nomme le farcin de l'espece bovine, dans le nord des Deux-Sevres ; c'est sur cetle espece d'animaax une maludie fort rare et pen grave, ä laquelle les cultivateurs font peu d'attention. Elle con-siste dans l'eruption lente et successive de boutons cir-conscrits, durs, parvenant difticilement a suppuration, qui suivent, comme dans le cheval , le trajet des veines, forment une corde peu profonde qui existe le plus fre-quemment a la face interne des membres , quelquefois
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aussi sur le trajet de la jugulaire et rarement sur celui de la thoracique et des mamraaires. Les boutons sont de grosseur variable , ceux dans lesquels la fönte suppuralive s'etablit s'ouvrent rarement ä l'exterieur , Us forment plutot des infiltrations sous-cutanees qui suivent le trajet de ia corde en s'elargissant sur les cötös. Le peu d'impor-tance que j'attachai ä cette maladie , dont j'ai vu ä peine huit ä dix cxemples durant trente annöes de pratique, m'a empechö d'en conserver quelques descriptions; je suis done röduit ä mes souvenirs. Comme dans le plus grand nombre de cas , les boutons farcineux , dans le bceuf, sont peu volumineux et rares; les paysans les graissent de sain-doux pour en operer la fönte , ce qui röussit ra­rement ; quand j'etais appelö pour ces cas peu graves, je faisais frictionner toute la corde avec de la teinture de cantharides ou im onguent vösicatoire ; ces pansemens 6taient fails tons les deux jours jusqu'lt;\ ce qu'ils eussent produit des phlyctenes assez abondantes et une intumes­cence assez forte; la matiere transsudöe formait alors une espece de croüte qui tombait apres quelques jours , et si des boutons rösistaieut ä cette premiere application , je r(5petais la friction, ce qui faisait tout disparailre. Dans quelques cas plus graves et dans lesquels les boutons ötaient volumineux, profonds , ramollis, j'ouvrais avec le bistouri, faisais sorlir le pus blancliätre , 6pais, grume-leux qu'ils contenaient et les brülais avec le cautere ac-tuel , comme dans le farcin du chevaf. Les applications vösicatoires exigent que Ton fixe le malade de maniere ä ce qu'il ne puisse se IMier. Les tulth'ateurs rt'pugnent beaucoup ä l'application du feu , ils redoutent les traces qu'il laisse, et cela se conceit, dans un pays dVZeve oü tous les boeufs vendus ä l'äge de quatre ä cinq ans sont tout-a-fait depreciös par la raoindre tare.
M. Nöbout, vötörinaire , a public une Notice sur le farcin du bocuf, dans la correspondancc vöterinairc, il est
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connu sous le nom de nouasses. dans le departement de la Charentc , oü les boeufs employes aux travaux de la navigation en sont plus frequemment atteints..!! se mon-trc sous la forme de petites tumeurs dures, circonscrites, qui s'abcedent difücilement et donnent lieu, dans ce cas, ä des ulceres calleux, baveux , qui se cicatriseut rare-ment; il en cst meme qui restent ä l'ötat squirrheux et saus se rammollir pendant plusienrs annöes; enfin les bou-tons forment des cordes qui suivent le trajet des veines sous-cutanecs. La mödecine active , dit ce veterinaire , est d'un grand avantage envers le boeuf; Texperience m'ü montre que pour les tumeurs, les abces chauds ou froids, les plaies , les ulceres qui surviennent a cet animal , la cauterisation est un moyen etonnant de faire une eure rapide. Ainsi, cauteriser profondement avec des pointes de feu les petites tumeurs, extirper celles qui sont deve-nuessquirrheusesavantde les cautöriser, sont les moyens qu'indique M. Nebout, il frictionnait ensuite la partie avec du vinaigre de cantharides et quand les escarres Otaient tombees , il pansail les plaies avec de l'eau-dc-vie campliree, jusqu'ii parfaite guerison ; il assure que ce traitement lui a constamment reussi.
M. Nebout cite a l'appui, l'historique du traitement d'un boeuf qui avait une corde farcineuse sur tout le trajet de la cöphalique et comprenait dix-sept boutons , les uns squirrbeux , los autres ulc6rt5s, qui, par ce trai­tement, furent gueris en trois semaines. Celui d'un autre boeuf qui avait une corde farcineuse sur la saphene et d'un troisieme dont les boutons suivaient le trajet de la sous-cutance thoracique.
Fromage de Feugre ajoule qu'il a aussi observö le farcin sur des vaches ä Bercy, ainsi qu'ä Neubourg, (Eure).
M. Sorillon , v(H6rinaire tl Absac (Gironde), cite quel-ques observations sur celte maladie : irc. Vache de six ä
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sept ans, portant une corde farcineuse sur la face interne d'un membre anlC'rieur , les boutons placös au-dessus du genou avaient le volume d'une noisette et 6taient durs; cenx places sur la region du cation ötaient plus gros, uu seul Otait abced6 , la matiere qu'il coutenait 6tait pnru-lente, blanche et grumeleuse ; frictions d'onguent d'altheä pendant quinze jours qui ne produisirent aucun effet; tons ces boutons qui ötuient enveioppes d'nrie poche en-kystee furent ouverls par le bistouri et cauldrises avec le fer rouge , la guerison n'eut lieu qu'apres deux mois de soins , eile fut accompagnee et suivie de Unix ; mais deux mois apres , trois boutons farcineux ayant reparu la toux cessa aussitöt, M. Sorrillon perdit cet animal de vue.
2mc. Boeuf de cinq ans , presentant sept boutons farci­neux sur la face laterale externe du canon , les plus gros egalaient une noix , le boeuf toussait aussi momentane-ment. Kermes a Tinterieur , frictions d'onguent mercu-riel; apres quinze jours de ce traitement, la toux se calma. mais les boutons ayant rösistö , ils furent, cauterises et gueris en deux mois.
4me. Vache de qualre ans, qualre boutons farcineux sur la face externe de la region droile du conon , qui furent gudrispar la cauterisation. M. Sorrillon lermine en emet-tant I'opinion qu'il doute que le farcin du bceuf soit con-tagieux. J'ajoulerai que les frictions mercurielles presen-tent de grands dangers dans le boeuf et qu'il est prudent de s'en abstenir.
Maillet, ancien chef de service ü l'öcole d'Alfort, a aussi fourni un article sur le farcin du boeuf: cette ma-ladie est, dit-il , connue en Anjou sous le nom d'arbou-lels , et assez frequenle sur I'espece bovine; eile se mon-tre exclusivement sous la forme de turaeurs circonscrites et de preference sur les membres, oü eile constitue des cordes indolentes , insensibles, suivant le trajet des veines et aboutissant anx ganglions lymphatiqucs qui sont plus
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on moins engorgös, malgr6 que celle maladie se monlre toujours, dans ie boeuf, sous le type chronique. II est assez rare , dit-il , que sur Ie trajet de ces cordes il se forme des ubces circonscrits , on les trouvc plutot fluc-tuantes diins cerlaines parlies de letir etendue, sans que le pus so fasse jour , comme dans les abces farcineux du chevai. Si on incise ces points ramoliis on en fait sortir une matiero Manchatre , inodore , arethomateuse, quel-quefois sembiable ä du fromage mou. La suppuration qui suit cette operation est presque nulle , la plaie se ferrne au bout de cinq a six jours, de nouvelie matiere se forme, rengorgcment est mou , allonge, cette matiere finit par 6lre absorbee en parlie , ce qui determine l'induralion de l'engorgemcnt; de sorte qu'en incisant ces cordes farci-neuses on ne trouve qu'un lissu lardacö et adherent ä la peau.
Les tumeurs circonscrites beaucoup moins frequentes que les cordes existent aux genoux. aux avant-bras, aux jambes,' ä l'encolure, etc. , etc. ; elles se developpent lentement s'abcedent aussi rarement et sont formees d'un tissu lardace blanchalre ou grisatre.
La marche du farcin est excessivement lente, cette ma­ladie pent exister un an , dis-huit mois et meme plus sans altöratiohs manifestes de la sante. Les cordons far­cineux des membres ne causent point de claudications ; cepeadant on a remarquö que les bestiaux farcineux se fatiguaiont plus promptement que les autres. L'existence de ces boutons et de ces cordes ne diminuc point la secre­tion du lait dans les vaches , mais cette maladie rend l'engraissement du boeuf difficile, aussi les paysans sonl-ils reduits d les vendre pour la basse boucherie; car jamais eile ne cause la mort. J'ai constate beaucoup des assertions de Maillet dans le cas de farcin que j'ai eu ä trailer. Ce vetdirinaire a aussi remarqu6 que le farcin se monlre de preference dans les lieux bas et humifies; sa contagion est.
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selon lui, loin d'etre prouvöe , et je pense aussi qu'on n'a sur ce point que des fails n^gatifs.
II faut croire cependant que le farcin du boeuf cst plus grave dans l'Anjou qu'ailleurs, et que le voisinage de la Loire le rend moins Wnin , car Maiilet assure que le traitement de cette affection est suivie de peu de succes daus 1'espece bovine. Je conviendrai, avec lui, que tous les.auimaux n'en guerissent pas, mais qu'au moins les trois quarts des bestiaux traitös methodiquement revien-nent i la sante ; les observations de tous les aulres v6-terinaircs confirment ce fait; Maiilet a done 6te malheu-reux , mais il n'a jamais employe la cauterisation qui est le moyen heroique, de sorte que ses insucces ne doivent pas etonner.
Enfin M. Mousis , vötörinaire ä Oleron , a aussi publiö quelques observations sur cette maladie.
II ('-met tout d'abord une opinion assez vraie, e'est que le farcin est plus frequent dans le nord que dans le midi, non seulement sur le cheval , mais encore sur le becuf, dans lequel il est. toute chose cgale , d'ailleurs plus rare, moins grave que dans I'espece equine et son traitement plus simple. Mais je ne puisetre de son avis, quand il dit que cette maladie n'est point une affection du Systeme lymphalique et qu'il pretend que cet exantheme appar-tient au Systeme cellulaire et a la peau,
M. Monsis eut surtout I'occasion d'observer le farcin ä l'ötat öpizootique dans l'ete de 1826 , sur les bceufs em-ployesau transportdeslaines provenant d'Espagne. dcr Fait. Boeuf ago de six ans, dans un etat d'embonpoint remar-quable et d'un temperament sanguin. Depuis huit jours des boutons indolens, du volume d'une grose noisette , s'6taient montres sur la face laterale droite de l'encolure, sous la forme d'un chapelet, tandis que d'autres boutons etaient dissömines sur la peau.
2mc Fait. Wache Ag6c de cinq h six ans, dans le m6me
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ßtat d'cmbonpoint que le Loeuf pröcödent; il s'ötait form(:' depuisdix ä douze jours sur le front de celle vaclic une large tumeur , d'une öpaisseur assez considerable , sen­sible au toucher, couverle de petils boutbns qui degene-rerent promptement cn des ulceres d'oü suintalt un pus d'une feliditö insupportable.
5me Fait. Wache de cinq ans, d'un temperament !ym-phatique; il s'etalt developpe dans quatro ä cinq jours, sur le Cüt(5 droit du venire , plusieurs boutons farcineux tellement profonds , qu'on nc ics appreciait que par le toucher. La situation prüfende de ces tumeurs prouve, eontrairement d i'opinion de M. Mousis, que le farcin n'est p,)s une maladie de la peau.
Ame Fait. Deux bocnfs et une vache ages de six ä huit ans, d'un temperament lymphalique , mais bien consti-tues , furent atteints du farcin , les boutons so montre-rcnt plus parliculierement sur la tete ; quelques-uns dis-söminös sur le corps ötaient de grosseur variable , ces animaus paraissnient du resle jouir d'une sante parfaite.
Causes. Les frcquentes interceptions de transpiration, occasionees par l'intempörie des Saisons. Les boeufs qui furent plus particnlierernent atteints dans cette epizootie, faisaient un service penible au milieu des Pyrenöes, oü la temperature varie ä chaque instant et oü des orages freqnens surprennent les animaux tout couverts de sueur. Enfln l'aiimentalion avec des fourrages nouvellcmcnt re-coltös qui prodnisent souvent des inflammations de la-muqueuse gaslro-inteslinaie, qui peuvent se transmettre sympathiquement sur la peau.
Trattement. Saigneeau moment ou peu de temps apres l'öruption farcineuse , lotions et cataplasmes ömoliienssur les tumeurs qui presentaient un peu de cbaleur et de douleur ; des l'instant qu'ellcs ötaient ramoiiies, on les ouvrait et l'on pansait avec l'onguent egyptiac et des etoupes häcliöes. A chaque pansemen! , on dötergeait
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fl'abord les ulceres avec I'eau acidul^e. Lorsque I'abcamp;ia-tion des tumeurs se faisait lentement, on I'aclivait par des applications d'ouguent resolutif fondant. Quel que fut l'elat d'induration de ces tumeurs, M. Mousis a remar-qu6 qu'elles contenaienl toujours wn pen de pus dans leur centre. Une bonne nourriture, I'eau blanchie par la farine d'orge , un leger travail, le pansement de la main , furenl de puissans auxiliaires de cette medication. Ce v6tlt;5-rinaire l'avait d6jü employee avec succes sur deux boeufs en 1824 , et dans I'epizootie dont il est cas , six boeufs et quatre vaches ont 6te guöris en quinze jours. Deux autres vaches ont exige un traitement qui a du'rö deux mois. 11 est pr6sumable que si M. Mousis cut employe la cauterisation sur ces deux betes, la guörison en cut 616 plus prompte. 11 rapporte ensuite cinq experiences faites dans le but de constater la contagion de cette maladie, telles que l'application du virus farcineux sur la peau bien ras6e, son inoculation par piqüres et par incisions, mais qui ne lui ont donn6 que des resultats negatifs.
Une definition exacte du farcin est, comme celle de toutes les maladies , une chose assez difficile ; cependanl, i'ai cru devoir le considtirer comme une affection patho-logique du Systeme lymphatique et le placer immamp;liate-ment apres l'öiephantiasis, trouvant, comme M. Hamont, une certaine analogic entre la lepre tiibei culeuse de Thomme et le farcin des animaux. Je suis persuade meme que si des autopsies exactes eussent (He faites des boeufs atteints du farcin , on eüt trouve des tubercules dans certains pa-renchymes et particuliercment dans les poumons de ceux affect6s de toux , comme en cite M. Sorillon.
M. Bernard , vet6rinaire a Parthenay , a observe le fait suivant qui vient a l'appui de mon opinion : sur la fin d'aoüt 1817 , je fus appele pour un boeuf äge de six ans qui, depuis plus de deux mois, avail ü la tele des tu­meurs qui g(gt;naient la mastication. En effot , re boeuf
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lt;5tait maigre , triste , il mangeait peu , ruminait rare-ment, le ventre etait retracts; ia peau adherente. le poil piquö et lerne. 11 exislait ä la base des oreiJIes, au-pres des parotides , aulour des tubörositüs maxilluires, et sur le trajetdes veines jugnlaires, jusqu'ä rentiee de Ia poitrine, des tumeurs de diverses grosseurs, dures, iriquot;-sensibles, adherenles aux parties sous-jacentes. ainsi qu'u la peau dont la coloration n'etait nuliement changee. Quoique aucune de ces tumeurs ne parussent ramollies par la suppuration , j'en ouvris une avec !e bistouri, il en sortit un pus epais , jaunätre , grumeleux et Ktidc. Je crus reconnaitre uu etat scrophuleux des parotides, cotnplique de boutons farcineux ; persuade que j'etais de rincurabiiitede cette maladie ou tout au moins de rincer-titude et de la longueur de son traitement, j'engageai le metayer ä vendre son boeuf , ee qu'il fit des le lende-main , a un boucher de village.
Get animal avait beaucoup travaillö tonte l'annöe, il n'avail etc- nourri quo de paille et buvait, au retour des travaux , de l'eau de source tres-froide. Je suis persuade, dit M. Bernard, que si j'eusse ouvert cet animal, j'aurai trouve les ganglions lymphatiques engorgös, et que peut-etre la caillette etait malade.
M. Mousis semble avoir reconnu quelques signes d'acuile dans les premiers temps de l'apparition des bou­tons farcineux du boeuf, mais outre qu'il n'en cite pas d'exemples, il est le seul qui ait parle de cette circons-tance , et tout semble prouver que cette maladie se ma­nifeste lentement et avec les caracteres de la chronicite.
Quoi qu'il en soil, tout prouve que I'infiuence continue d'une atmosphere humide, de frequens arrets de transpi­ration sont les causes principales du farcin dans le bceuf auquel le predispose son temperament lymphatique , de mauvais alimens et des travaux au-dessus de ses forces.
Le traitement qui a eu le plus de succ^s consiste dans
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I'incision et la cauturisaliou des Loutons farcineux ; que si les traces du feu effraicnt les proprietaircs , on peut Ic remplacor par les pansemens fails avec I'onguent ^'gyp-tiac. L'emploi du sei, de la geiiliane moles ä l'avoine et au son , sont d'excellcns auxiliaires , ainsi que la pro-pre!6, l'a^ration des etables et le pansement de la main.
sect; 4. Du Scrofule.
Peu de fails encore et d'observatioos ont 6t6 publies sur cettc maladie dans nos animaux domestiques.
Columelle , dont on a beaucoup parle, ne fait que citer (livre 7me) le goitre ou grosse gorge des pourceaux; il n'en decrit pas meme les symplomes et sc borne ä indi-quer de les saigner sous la langue, de leur frotlcr la gorge et le grouin de sol battu avec la farine de froment, de leur faire avaler dujarum ; c'ölait unesaumure qui avait servi ä mariner un poisson, que Ton croit etre le ma-quereau , ou de leur pendre au cou des morceaux de lige de ferule , etc., elc.
Toggia pcre , que j'ai cite (peg. 127 , tom. Ier) est le premier qui ait ecrit sur cette maladie, il en fail con-nailre les principaux symplomes , indique un traitement que j'ai rapporte et pense avec raison que le regime est le meilleur moyen ä opposer au scrofule.
M. Leblanc , vötörinaire, que je n'ai fait qu'indiquer, a assez longuement disserte sur cettc maladie; les bceufs offrent frequemment, dit-il, autour de lu gorge et de Tange, des tumours de diversesgrosseurs qui nuisent beau-coup ä la vente de ces animaux ; elles ont leur siöge dans les ganglions lymphatiques environnans, sont chandes et doulo'are'.iscs dans le prineipe , mais deviennent promple-ment indolentes ou s'abcedent; cependant rinflnmrnalion chronique y est plus fröqnente que l'uicdration. Dans leur d'lal de chronicile , ces tumours nc s'aecroissent qu'avcc
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lenteur , ä moins quc quelques contusions on une medi­cation intempestive ne produise une irritation qui deter­mine une fönte suppuralive, qui est toujours de mauvaise nature. Quelquefois , dit encore M. Lcblanc , cette in­flammation chronique determine la destruction du ganglion malade , qui est remplace ou plutot transformö en une substance plus ou moins compacte , diversement coloree, sans traces d'organisation , mais epaisse , dense, lardacce. Si l'on cherche ä faire rösoudre la tumeur , eile augmente de volume , et par fois , il s'opere un ramollissement ex-törieur. qui produit autour de la tumeur un liquide pu­rulent, qui se fait jour au dehors.
La meme cause pouvant agir sur plusieurs ganglions h la fois , les vaisseaux lymphatiques qui elablissent la com­munication entre eux ( afförens et efKrens ), participant ä leur etat de maladie; leurs parois s'epaississent, de-viennent rouges ; ils contiennent meme du pus quand la suppuration est (Hablie dans les ganglions. En suivant fe trajet de ces vaisseaux malades et partant d'un ganglion superficiel, M. Leblanc est parvenu souvent ä des foyers profonds qu'il ne soupconnait pas.
Lorsque l'ulceres'est ouvcrt spontanement ou qu'il l'a et6 avec l'instrument tranchant et qu'il est abandonnö, il dcvient fistuleux , ou , s'il se ferme , c'est pour s'ouvrir de nouveau peu de temps apres, quelquefois cette Ou­vertüre präsente des fongosites au milieu desquelles exisle rorifice de la fislule. L'cmploi des medicamens fondans, accölere les progres du mal et multiplie les foyers pu-rulens. Une extirpation incomplete produit le meme effet et augmente rapidcment 1c volume de la tumeur.
M. Leblanc dit, avec raison , quo la position de ces tumeurs est tres-variable, que souvent meme elles sont inlörieures, inapparentes et toujours, dans ce cas, enve-lopp6es d'un tissu graisseux ; dies produisent des accidens qu'on nepcut constaferqu'ä l'ouverturc dans lesbouclieries.
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Ce vöterinaire dit peu de choses sur les causes du scro­fula ; il fait remarquer que ces tumeurs sent plus M-queiites chez les beeufs de travail, et croit que les coups d'aiguiiions , des contusions , l'aclion de se frotter centre des corps durs , sont des causes determinantes. Je pense, moi, que le prurit qui porte I'animal a se frotter centre les arbrej, la creche , etc. , etc., est determine par I'iu-flammation occulle qui existe dans les ganglions.
La saignöe , les lotions ömoliientes , les onctions de sain-doux, sont des moyens qui ont reussi ä M. Leblanc dans le principe de la maladie ; mais il prefere Tablation exacte de toutes les parties enflammöes. Oui, quand les tumeurs sont peu nombreuses , circonscrites, ä l'iMat chronique , que I'animal est jeune et qu'il n'exisle pas une dialhese scrofuleusc. 11 avoue lui-meme qu'il feut quelquefois recommencer plusieurs fois I'operation.
Je vais rnpporter deux,, observations de M. Leblanc: lre Observation. Bceuf d'une forte taille et tres-gras, ayant sous la gorge une fongosilö de la grosseur de la töte d'un homme , recouverte d'uncpellicuie noiralre , s'enlevant faciletnent et recouvrant une tumeur rouge , mamelonntie. presque insensible et pediculee. On avait dejü plusieurs fois coupe celte fongosite ct applique sur sa base dc I'orpiir.ent, ce qui no I'avait pas empechö de vögeler et d'augmenter de plus en plus. Apres un examen attentif, M. Leblanc se decida a exlirper : lanimal cou-che, il incisa la peau, decouvrit le pedicule et arriva a un foyer profond , il l'amputa avec l'attention de lier les vaisseaux abondans qui s'y rendaient; vers la partie su-perieure , il rencontra un nouveau foyer rempli de pus, il I'extirpa encore, et sondant tonte la profondeur de la fistule , il vit qu'elle se portait tout pres de la peau , sur le cote oppose sur lequel ötait couche le malade. II aban-donna cetle fistule , enleva trois ganglions lymphatiques malades , mais röunis par les vaisseaux afförens et effe-
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reas qui Jes font se communiquer; ces vaisseaux ötaient rouges et enflammös. II retourna le boeuf pour operer la tumeur du cötö opposö, incisa la peau, parvin!; dans un abces fluctueux , dont il fit sortir le pus, extirpa le kysle principal, ainsi que plusieurs autrcs pelits ; lotionna avec l'eau Iraiche et pansa avec des etoupes seches, qu'il main- ' tint avec une suture ä points continus. La fievre sarvint le lendemain ; quatre jours apres, le malade fut mieux et but; apres quatre autre jours, la plaie (itait belle et ver-meille ; enfin , dit M. Lebianc , le malade guörit radica-lement, il ne dit pas en combien de temps.
2e Observation. Vache laitiere , maigre , qui respirait avec difficulte et ne pouvait manger que du son bumeclö. Elle portait la tete 6tendue, la gorg6 etait gonflöe, M. Lebianc soupgonna I'existence d'un abges dans les gan­glions lymphatiques profonds de cette region. La face externe de la parotide gauche ötant un peu plus elevöe que I'autre , il se d^cida ä inciser la tum6faction de ce cotö. La vache est couchee et fixee , une incision est pra-tiquee vers le bord postörieur et inf6rieur de la parotide , cette glande est soulevöe et Ton sent une tumeur dure , le bistouri est plough dans sa substance , il n'en sort que quelques goutles d'un pus blanc. M. Lebianc agrandit I'incisision, il rcconnait une masse de matieres accumu-Ues, ayant remplace les ganglions lymphatiques ; les premieres parcelles furent enlevöes avec la pointe d'un ciseau courbe , le reste avec une cuillere en fer. Ne pou-vant detruire le kyste, l'opörateur le traversa avec un söton (dont il n'indique pas la direction ), il en entretinl la suppuration pendant quinze jours.
Trois jours apres I'operation, la vache put manger un peu de son et quelques brins d'herbes; six semaines apres, eile ralait encore, mais mangeait facilement. Un an apres, la vache existait et ötait en bon 6tat.
C'est sans doute a litre d'expörience que ce veterinaire
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fit ces doux hardies , tres-hardies operations. Jc ue con-seil.'erai jamais h un v6t6rinaire de les entreprendrc. Le bceufa du maigrir par le traitement, si la maladie n'a pas reparu plus tard , il a coüte pour (-tre engraissö de nouveau , mieux valait le vendre pour la basse boucherie, comme je 1'ai conseilie dans plusieurs cas. Tant qu'ä la vachc , elie aura depense deux fois sa valeur dans le trai­tement, et si, corame le dit M. Lcblanc, les conduits a6riens (Haicnt älteres , eile aura toujours eu la respiration genee ; il valait done mieux , dans l'intcret du proprie-taire , en faire une fin. Loin de moi de vouloir öter rien du meritede M. Leblanc, j'emels seulement une opinion.
Une observation de M. Dufour , que j'ai aussi pröcö-demment citöo (pag. öli, torn, Ier), fait presumer quo ces engorgemens scrofuleux sent compliqu^s d'un etat raaladif des ganglions lymphatiques des cavites splancbni-ques, car il a trouve ceux du m6scntere infiltres et ceux des bronches volumineux et contenant des lubercules.
On pent tirer les mßmes consequences de celle de M. Flarnmens (pag. 516 , torn. Ier), ce veterinaire ayant conslammcnt trouve a l'aulopsie des boeufs atteinlsde cette maladie, non seulemcnt rinfiltration des ganglions lym­phatiques des cavites splanchniques , mais encore des lu­bercules sur la surface des poumons.
Je n'ai parl6 que brievement de ces tumours scrofuleuscs (pag. 127, tom. Ier), ayant egare les notes que j'avais prises sur cinq observations de ce genre , mais dont je suis tres-memoratif.
De ce que je viens de dire et de ce qne j'ai observe , je pense quo , tres-comp'exe dans sa nature. le scrofule est une Inflammation chroniquedesvaisseaux et des ganglions lymphatiques, qui envahit les organes environnans, ainsi que la penu, les transforme en un tissu lardace, squir-rheux et gt;e complique d'une affection tuberculeuse qui generalise la maladie , scmble alors affeclcr tout a la fois
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les solides et les fluldes et devenir un elat morbide consti-tutionnel.
Le scrofule se manifeste par des tumours d'un volume variable, le plus ordinairement situcos autour de la gorge, vers le contour posterieur du jnaxillaire , ä la base de l'oreille, des parotides et dans Tange. Eilcs ont lenr siöge dans ies ganglions lymphatiques de cos regions ; on en renconlre anssi ä la base de l'encolurc , en avant de l'öpaule, au fanon , aux ars. i\ux aines, etc. , elc.
Ces tumeurs , d'abord plus ou moins douloureuses et chaudcs, mais dures, glcbuleuses, evasees, aiigraentent lentement de volume et ne causeut aueun trouble appa­rent dans los fonetions de l'economie, a un peu d'inappö-tence et de (ristesse pres. Rarernent uniques , eile se mul-tiplient ou plutot plusieurs ganglions sont successivement aüeints; 11 s'engorgent, se röunissent quelquefois et cons­tituent alors une masse considerable qui envahit un seul colö de la region parotidienne, s'efend et se propage dans Tauge , mais entoure rarernent et compiamp;cment toute la region de la'gorge. Ces tumeurs ne paraissent point adhe-renles dans leur prineipe , elles semblent meme 6lre iso-lees et par consequent faciles ä e.xlirper ; mais, soit effet de Tirritation et de la douleur qui existent dans leur In­terieur, on d'un prurit borne ä la peau , ou voit les boeufs qui en sont alleints chercher i\ se frolfer frtquemment et fortement conlre les corps durs voisins. Ces causes de contusion determinent de nouveaux phenemencs dans la tumeur, eile augmente de volume^ s'endolorit; un tra­vail intörieur determine une fonle supparalive de mau-vaise nature ; la peau s'amincit , devient rougeutre, violette . luisante, douloureuse; uneou plusieurs fislules s'ouvrent, elles communiquent avec des sinus profonds. Le pus qui en döcoule est ichoreux , felide , acre , depi-lant la peau et paraissant ßtre d'une nature albumineusc assez marquee , surlöut qaelque lemps apres l'ulceratiou.
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epoquc oü il est plus caseiforme et pnltacö que dans le principe. Lcs Lords de l'ulcere se gonflent se bour-soufllenletse renversent, ils presentent des fongosites lar-dacees, rougeätres , saignanles, qui se recouvrcnt d'une croute noire , s'enlevaul par plaques dölachees par I'ichor qui transude ct laissant i\ döcouvert une surface rouge ct grenue. Toute la masse ganglionnaire , ulceree , squir-rheuse augmente chaque jour de volume ; eile presente plu'ieurs agglomerations globuleuses an milieu desquelles on appergoit les issues violacöes , noirätres des fistules , d'oü suinte continuellement I'ichor purulent quo je viens de signaler. Le travail Interieur a tolalement change la nature des lissus, le parenchyme ganglionnaire a disparu, il est remplace par un tissu squirrheux , rnarbrö et d'une teinte variant du jaune au rouge et au uoir sanguin , en-trccoupe par le trajet des fistules. Le tissu cellulaire en-vironnant a subi la transformation Iardac6e, ainsi que la peau qui le recouvre. On Irouva qk et lä de pelites masses tuberculeuses , principalement dans le parenchyme gan­glionnaire , cette matiere tuberculeuse , parliculiere ä cette maladie , est rarement solide, eile est communement jaunätre, plus ou moins liquide et plus compacte ü sa circonference.
La tumefaction , la carnification et i'ulceralion font avec le temps des progres profonds , elles envahissent tons les ganglions voisins. La transformation squirrheuse s'etend , gagne lout le tissu cellulaire environnant les diverses organes de la region malade , ce qui forme une masse önorme de substance lardacee ; j'en ai rencontre qui egalaient une tete humaine. Les arlercs sont plus de-veloppees, les veines variqueuses et les lymphatiqucs rou­ges et hypertrophiös contiennent quelquefois du pus. Des foyers de ramollissement occupent le centre de ces tu-meurs, ils s'ouvrent communement ü I'exterieur par une ou deux fistules ; leursparois sont öpaisses, squirrhcuses.
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dures, crianl sous le scalpel ; leur face interne esl mame-ionnäe d'aspect rnuqueux , de couleur rougeätro, taclic-tees de stries noires et le pus qu'ils contiennent est hete­rogene , jaunätre, mele de filamens noirs et sanguins , quand ils sont ouverts; dans ceux encore dos , io pus est plus homogene , moins fclide, epais, jaunutre et sembla-ble a la mattere tubcrculcuse ramollie.
Le travail incomplet de suppuration que je viens de de-crire , n'existe pas ä la fois dans tons les points de la tumefaction scrofuleuse, il est des masses globuleuses qui restent ä l'etat squirrheux , quoique voisines et meme en-tourees de points ramollis, rarement uniques et s'ouvrant par plusieurs fistules.
Tous ces desordres sont souvent acceleres par l'emploi des topiques irritans , tels que l'liuile de laurier, les on-guens chauds qu'emploient les guerisseurs; les incisions et les extirpations incompleles produisent ou plulot deter-minent le meme travail de suppuration et de fönte par­tielle.
Un effet consöcutif assez constant de cette maiadie , est un 6tat de maigreur qui augmente avec les progres des tumeurs scrofuleuses et les souffrances qu'elles font (•prouver au malade. Car , si dans le prineipe , dies sont peu douloureuses et ne nuifent pas ä l'engraissement du boeuf atteint; il n'en est pas ainsi quand la foule sup-purative existe cts'etend ; la doulour qu'elle cause reagit sur tonte l'economie, il exislo uno veritable diathese scrofuleuse qui se complique d'un elat cacheclique et d'une (5lisie qui augmente avec les progres de la maiadie. Lo bceiif ou la vache atteints deviennent hideux ä voir ; car, des que la maiadie est devenue gönerale et constitution-nelle , eile conduit lentement l'animal h la mort.
On rencontre amp; l'autopsie , outre les desordres que je viens d'indiqucr dans le tissu des tumeurs , im engorge­ment plus ou moins considerable des ganglions lympha-
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Uques, du mosentere et des bronches , ils sont volumi-neux, jaunufres, lordaces , squirrheux memo et infiltres d'une matierc 6paisse qui a quelque ressemblanee avec le tubercule, mais qui n'en a pas la densite. M. Flamens est le scul qui ait rencontrö des tubercules sur la surface des poumons.
Le temperament öminemment lympbatiqne , innö ou acquis, est une des causes predisposantes la plus puissante da scrofulc; tout ce qu'on a dit de son h6ramp;Iit6 est loin d'etre prouve et si je ne le nie pas, j'en doute au moins. Ce qu'on a avance sur sa contagion est faux.
Les influences exterieures susceptibles de determiner cettc maladie dans les animaux domesliques, sont le S(5-jour dans les localites marecageuses, mais surtout dans les etables humides, froides, mal propres, remplies de fumiers, encombrees d'animaux , sombres et mal aöröes; toutes causes qui vicient l'air respire, qui enlravent, suspendent la transpiration culanöe et la refoulent sur les organes Interieurs. L'habilation des vaches des nour-risseurs des grandes villes , dans des elables sombres et mal tenues , d'oü elies ne sortent presque jamais, les etiole, pAlitles legumens, donne aux chairs une flaeeidite remarquable et a tons les tissus une boussifure toute scro-fuleuse. Les alimens grossiers , peu alibiles, röfractaires ä la digestion, qui ne fournissent qu'üne petite quantity de matcriaux ü l'assimilation nutritive , det^riorant la constitution des bestiaux en d^pouiilant les liquides de leurs elümens reparateurs et excitans, sont aussi des causes puissantes du scrofule.
Je ferai remarquer ici quo la predisposition individuelle agit puissamment sur le döveloppement de cette maladie: je fus consulte presque en memo temps pour un jeune taureau et une genisse, ägös d'environ un an , qui fu-rent laisses par oubli ou par imprudence, Tun dans une cour, l'autrc au piUurage dans une nuit d'öte, durant
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laquellc ils curcnt ä supporter une pluic (l'orage melce de grele et par consequent tres-froide. Le lendemain, ils furent atteints d'an engorgement douloureux des gan­glions de la gorge, dinsi que des ars , avec fievre , dcgout, secheresse de la peau, toux, etc. , etc. Je ne fus appelö que sept ä huit jours apres el lorAquo un empyriqae cut epuisö tout son laquo;avoir. L'etat d'acui'6 elait de bcaucoup diminu6 , mais la tumefaction des ganglions lymphati-qucs etait encore volumineuse, assez chaude et doulou-reusc. Breuvages d'infusion de fleurs de sureau, animee par i'hydro-chlorate d'ammoniaque , a la dose dc huit grammes, donnös chauds soir et matin ; eau blanche tiedc pour boissons , lavcmens (ümollicns ; ouctioo d'onguent populeum camphre sur les tumours ; frictions seches , usage de la.couverture de laine ; nourriture tres subs­tantielle. Ces soins firent disparaitre lous les accidens en sept jours dans Tun et neuf jours dans I'autre. Cortes, si ces besliaux , qu'on avail receinment achetes, cussent et(5 lymphaliques et cachecliques, je n'aurais pas oblenu un succes aussi facile ; mais ayant ete choisis pour ('ame­lioration de la race, il avaient une constitution forte et le thorax bien d^veloppe.
11 exisle dans les maladies scrofuleuses un (Hat d'appau-vrisscment du sang qui consisle dans la predominance de sa partie sereuse , au depens de la fiLrine et de la ma-tiere coiorante ; et on le rencontre dans lous les aniraau.v d'on temperament lymphstiquc tres-prononce. Comme ces iliiides blancs abondent en phosphate et en carbonate de chaux , ainsi qu'en chlorure de soucle qui constituent la maliere luberculeuse que i'on trouve dans le scrofule , on a cm pouvoir expliquer celle complication de la ma-ladie par l'abondance de ces principes salins, dont la pro-fence dans 1c parenchyme des ganglions coustitue le pre­mier Symptome do I'engorgement scrofuleux. Un caracleie plus special, que je viens seuicmenl d'indiqner, difftrepcie
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les tumeursscrofiileuses des agglomerations luberculeuses, c'cst que rinduration s'etablit dans le premier cas de la circonförenceau centre. Enfln, dans le scrol'ule, on rencon­tre souvent les cartilages, les os tum6fi6s, hypertrophies , ramollis , comme je l'ai observe dans des cochons atteints de cetle maladie. lesions qui n'existent pas dans I'affec-tion tuberculeuse , dans laquelle les os ont conserve toutes leurs proprieles physiques el chimiques, comme le prouve Tanalyse que j'ai transcrite page 520 du Ier vol. II n'y a done qu'analogie entre le scrofule et l'affection tuber­culeuse , mais nullement identite. Le lait lui-mCme des vaches scrofuleuses ne präsente aucune alteration chimi-que , tandis que d'apres les experiences de M. Labillar-diere, preparateur de chimie ä l'ecole d'Alfort , celui des vaches alteintes de phthysie pulmonaire tuberculeuse con-tient sept fois plus de phosphate de chaux que celui des vaches saincs. Enlin l'observation des medecins if prouvö que dans les contrees oü il existait le plus de personnes atteintesde scrofules, etaient celles oü Ton rencontrait le moins de phlhysies tuberculeuses.
Je sais que celte maniere tie voir est contraire ä celle de savans fort recommandables , mais j'as pour moi I'ob-servalion el ropinion de palhologistes egalement fam6s.
Pour dernier caractere , j'ajoulerai que les tubercules scrofuleux existent constamment dans le parenchyme des ganglions lymphatiques, mais qu'il n'en est pas ainsi dans Taffection tuberculeuse , puisqu'on a rencontre des tuber­cules dans le cerveau , la moelle epiniere, les os, lä oil Ton n'a pu decouvrir mil vestige de vaisseaux et de gan­glions lymphatiques.
Tons ces faits expliquent, autant que possible , non seulement la nature complexe du scrol'ule , mais ils font oonnaitre toutes les causes predisposantes et determinantes capables de produire cette maladie , dans laquelle il existe tout a la Ibis un etat de laxite et de predisposition des solides, ainsi qn'une alteration des fluides.
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C'est sur la ronnaissance dc ce conconrs de causes et d'effets que doit 6tre basee la thörapeutique du scrofule. Aussi les moyens les plus efficaces ä lui opposer trouve-ront-ils leur source dans rhygieoe. On diminuora done autant que possible les effets d'une almosphere humide , en övitant soigneuscment d'exposer les animaux malades amp; la pluie. Les elables seront lenues södics et aer6es ; le panscment de la main sera soigneusement fait et l'animal tenu convert durant tout le traitement ; uu leger travail on tout au moins un pen d'exercice concourra avantageu-sement a la cure , ainsi qu'nne alimentation alibile , for-tifiante et de facile digestion.
Aus toniques, aux amcrs, aux fondans que Ton em-ployail antrefois , on substituera raaintenant avec avan-tage la teinture d'iode, faite dans la proportion de vingt decigrammes pour trente-un grammes d'alcool ; cette teinture sera donnec ä la dose de huit a douze grammes 6tendue dans un litre d'eau, avec addition de trente i\ quaranle-cinq grammes de poudre de gentiane. Ce modi-cament devant etre employö comme alterant , sera d'abord continue pendant qnatre ä cinq jours , pnis sus-pendu pendant un temps 6gal pour etre repns ensuite, suspendu et donne encore de nouveau.
Tant qu'au traitement externe . il consistera dans des lotions emollientes faites avec une döcoclion de feuilles de mauves , dans laquelle on aura mis infuser de fleurs de sureau ; ces lotions seront repetees soir et matin , on devra en outre avoir raltention de tenir la partie chau-dement couverle avec un morceaa d'etofle de laine. Des que les symptomes inflammntoires seront diminuös , il faudra employer les frictions de pommade d'hydriodate de potasse , qui devront aussi etre alternativement sus-pendues et reprises. Mais je dois faire remarquer ici que l'emploi de l'iode ä l'exterieur , comme a rinterieur trop long-temps continue, agit d'une maniere fAcheuses sur
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320nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PATnOLOGIE LOVINE.
Jes organes gönüraleurs, lesliculcs et mamelles, et que son usage prolong^ sur des taurcaux 6talons ou sur des vaches laitieres , peut delruire I'aetion secretoire de ces glandes ; qu'en consequence , ou doit ne pas en continuer trop long-temps radministration et lui substituer de temps ä autre des mödicaraens ayant des proprietes ana­logues.
Si, apres un mois au plus de ce Iraitement, la reso­lution des engorgemens scrofuleux nc s'est pas operce. on devra les exlirper , surtout si les tumeurs sont pen vo-lumineuses , isolees ct les panser ulterieurenient, commc j'en ai ciiö des exemples. Mais lorsque ces tumeurs sont considerables , anciennes , fistuleuses et situües au voi-sinage ou sur des organes importans et oü se trouvent des vaisseaux et des nerfs considerables, surtout encore s'i! y a dösorgauisation , ulcöration grave et diathese scro-fuleuse , on doit les oonsiderer comme incurables. Pour peu que I'animal soit en chair , il est plus consciencieux de le faire vendrc pour la basse boucherie, que de ten­ter une operation hasardeuse el incertaine.
Mais si , comme il m'est arrive , le proprisHaire veut que Ton hasarde Toperation , le vtlerinaire n'a plus ä re-culer ; le precede chirurgiesl , les pansemens ultörieurs , le traitement dependent de la position , du volume , de l'etatde transformation et d'uIc6ration de la tumeurscro-fuleuse; e'est au vel6riiiaire ä savoir les apprecicr et ä agil­en consequence.
sect; G. De l'Affeclton tuberculcme.
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Les tubercules constituent un produit morbide sans analogues, qui peuvent se rencontrer dans tons les sys-temes organiqucs , mais qui paraissent affecler plus spö-clalement le syslfime iymphatique sans lui appartenir exclusivement.
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PATHOLOGIE BOVINE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;DÜJ1
Decouleurjaanätre, le tubercule affecte ordinairemenf une forme ronde , variant de volume depuis celui d'un grain de millet jusqu'ä la grosseur du poing et plus; dar, mais friable, se ramollissant et se transformant alors en une matiere uon hoinogönc , prescntant des grumeaux Manchälre.s qui s'ecrasent faeilement c! sont comme sns-pendus au milieu d'un li(iuide sero-piirulent.
Le tubercule est done liquide ou coiicrct, en masse ou infillre, enkyste ou libre ; son principal caractere est la concretion, puisque dans son origine il se montre sous la forme de points liquides. 11 est principalement com­pose de phosphate et do carbonate de chaux , ainsi que d'une petite quantite de chlorure de soude.
Getto affection morbide dont la decouverte remonte ä llippocrale, a ete etudiöe en medecine humaine et decrite avec soin et lucidilö ; quelques ecrivains veterinaires en out aussi fait l'objef de leurs investigations.
Souvent essentielle, inais lepluscommunement conco-rnittantc ou bien consecutive a diverses maladies chroni-ques graves des animaux , l'affection tuberculeuseconstitue nn elat palhologique general, une veritable diathese, dans laquelie l'alteration de certains liquides parait im-minente, et semble en elre le germe. Le temperament et la prödisposition individuelle ont aussi une influence puis-sante sur le developpcmcnt de cet etat maladif.
J'ai precödemmenl d6monfr6 que l'affection tubercu-leuse exislait avec le squirrhe de la caillette, la perito-nite chronique et le scrophule ; nous verrons plus loin quelle est la lesion predominante et essentielle de la phthysie pnlmonaire. En citanl mainlenant des faits oü celte maladie semble elre essentielle, je croirai I'avoir examinee sous toutes ses formes, dans le but de parvenir a connaitre, anlant quo possible , ses causes , hlt;i nature et les moyens qui pourraient la prevenir.
A, Infiltration luberculeuse des ganglions lymphati*
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3-22nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PATHOLOGIE BOVINE.
qUes, _ 12 ttecembre 1836. Un boeuf de race ag^noise, äg6 de douze ans , en bon 6tat, 6tait alteint depuis long-temps d'un engorgement considerable , mais dur et in­sensible des ganglions lymplialiqucs des regions des ars, de Tauge et des parolides; ses yeux , tres-pro6miiiens . semblaient sorlir des orbites. Aucun autres symptomes ma-ladifs ne compliquaient cette affection; I'animal mangeait, buvait comme de coulume; il travaillait meme chaque jour.
Un velerinaire fut consults pour savoir si ce cas (Hait curable, voulant s'assurer de la nature de ces tumeurs , il fixa le boeuf a un poleau et ponctua, avec le bistouri, im des ganglions gutturaux engorges et une des paroli­des tumöfites et n'obtint que du sang. La conlrainte et la douleur qu'en eprouva le malade , le firent se defen-drc avec force; durant ces mouvemens d(5sordonn6s, il glissa , lomba et ne put se relever qu'avec peine ; le membre abdominal gauche ötait vacillant et ne soutenait plus le boeuf. Apres l'examen de cette grave et subile boiterie , on diagnostique une luxation de rarticulalion coxo-f6morale gauche qui devait elre incurable.
Ce Boeuf fut proposö ä l'Ecole et achetö pour les tra-vaux anatomiques.
Autopsie. Tous les ganglions lymphaliques du mt-sen-lerc et des öpiploons d-taient plus ou moins tum6fi6s et dans un t'tat d'infiltration lardacee melöe de granulations tuberculeuses. Qiielques-uns ramollis ä leur centre con-tenaient une raatiere blanc-jaunätre, un peu öpaisse , mais sans odeur. Les plus considerables qui i'galaient le volume -des deux poings etaient cantonnamp;ä pres des gros intestins et autour de l'orifice pylorique de la caillette, les plus petits etaient fixamp;gt; ä rlt;5piploon , il existait aussi entre la söreuse et la charnue du rumen quelques gan­glions tumd-fiös contenant de la matiere tuberculcuse ra-mollie; j'en rencontrai encore quelques-uns sous la mu-
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PATIIUL0G1E BOVINE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;523
queuse duodonale , dans le meme laquo;Hat de ramoHissement, les plus gros avaient le volume et la forme d'unc amande. Cerfahis vaisseaux lympliatiques rampant sur le Ibie etaient hypertrophies et remplis d'un liquide epais qui me parut otre de la matiere tuberculcuse. 11 existait encore une multitude de ganglions lymphatiques ä l'etat d'infiltration tuberculeuse , accompagnant le canal thoracique.
Les ganglions bronchiques infiltrös de matiere t.'iber-culeuse etaient plus ou moins volumineux , il en existait quelques-uns de ramollis ; enfin des masses de tubereales agglomörös (itaient fixöes ä la face ant(5rieure du dia-phragme. Les poumons n'offraient rien de particulier.
Tous les ganglions lymphatiques de la region guttu­rale etaient plus ou moins inßltres et tumamp;ife par la matiere tuberculeuse, un d'eux occupant le cötö droit egalait le volume du poing. Les parotides etaient larda-cöes et cependant injectees par de nombreux capillaires sanguins; des tubercules ramollis existaient au centre de ces glandes qui avaient acquis le double de leur volume. Les cavites orbitaires (Haient remplies de ganglions lym­phatiques tumefiös, infiltres, parvenus au volume d'une noix, meles avec le coussinet graisseux; cet etat d'engoue-ment de ces organes repoussait les yeux hurs des cavitfe oculaires. J'avais observe des lösions semblables en 1826 sur un beeuf atteint du cancer de la caillette.
Les ganglions situös aux ars et aux aines avaient ac­quis le volume d'un pain d'un demi-kiiogramme ; ils 6taient dans un 6tat d'infiltration lardacee , me!6 de fla­gellations sanguines noiratres et de tubercules pysiformes en grande partie ramollis. Un semblable ganglion situe ü la region poplileedela jambeposterieure gauche, prö-senlait les memes lesions que les precedens.
II n'y avail point luxation de Varticulation coxo-femorale gauche, mat's rupture de plusieurs faisceaux charnus, apparlenanl aux muscles petit ilio-lrochan-
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Tt'i'inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PATIIOI.OC.IF. BOVINF..
inten | petit fussier) , ilto-femoral (jrHle (petit droil ) , supubio el soupubio-trochanlericn (obturateurs); ces di-lafi'rations elaieni entourees de caillots sanguins.
Ji. Affection tuberculense , compliquee d'nn elal squir-rheux et encephuloklc de divers organes , sans alleralion du pounion.
Bocuf agt* do six ans, vendu ii I'EcoIc le 7 mal 18öo et abattu 1c 12. Get animal avail, depuis plus dc cinq mois , perdu graduellement I'appetit el maigri jusqu'ä l'elisie; il sY'tait developpe lentemenl une tutneur froide , insensible et (lure au bord antericur el inferieur de chaqne epaule qui avail pour base les ganglions lyraphatiques silinis dans cetle rt-gion.
Durant les cimi jours qu'il resta ä i'ecole, on observa les symplomes suivans : appetil presque nul , dionhee snivie de conslipalion , urines rares. Muqueuses pAlcs , toux faible , expiration plaintive , air expire Croid. Pouls pelit, faible , mais frequent. Le qualrieme jour , je ma­lade tomba stir la lilierc el ne put se relever mnlgre les efforts qu'il fit pour y parvenir ; il allongeail sa tete sur la liliere el se plaignait continuellement. 11 ful, au bout de cinq jours , employe a l'^tude des operations cbirur-gicales el l'autoplaquo;ie en ful I'aite quatre lieurcs apres qu'on J'eut 6gorg6.
Abdomen. Le rumen, le reseau , le feuillct, la rale el le foie , ainsi que la vessie n'offrirent rien de parlicu-lier. La caillelle prescntail ä son ouvertare pylorique une lumeur squirrheuse grosse comme les deux poingsel d'une forme irrcguliere; eile etail enlouree de plusieurs gan­glions lymphatiques lumefiös par une infiltration tuber­culense , en parlie ramollie a leur centre. II existait sur la muqueuse de eel eslomac des plaques ulcerees com-muniquant par un trajel fistuleux avec le centre du squir-rhe oü se trouvait un foyer de ramollissemenl. La portion pylorique du duodenum (Mail öpaissie , des ganglions lym-
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PATHOLOGIE BUY IKE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 32ti
phaliques situes entre les lames du mösentere de celle region ötaient aussi lumefiös, luberculeux et entonres d'une inflltratioo encöplialoide blanche et laiteuse. Plu-siears autres ganglions du möscntere ölaient dan.i le möme 6lat. L'aorle , la vcine azigos, le canal thoracique , les reins, ainsi que toute la region sous-lombo-pelvionnc do I'abdomen , (Haient enloures et recouverts par une masse opaisse de matiere blanche cncöphaloi'de, melOe de gan­glions lymphatiques infillr(5s de la matiere tuberculcuse, pesant au moins vingt-cinq kilogrammes. Parmi ces di­vers ganglions envahis par la matiere tuberculeuse, phi-sieurs appartenant au m^sentere , (Haient enkystes et rs-mollis a leur centre ; ils pr^sentaient une cavitö irrö-guliere , tapissee par une pseudo-membrane d'aspect muqueux , sur laquelle on voyait de nombreuses rami-iications capillaires. La matiere tuberculeuse avait etö en partie absorböe , car ces cavitös etaient sans ouvertures , celle restante ötait do coulcur blanche-jaunätre mßlee de linöamens sanguins et de petils points noirs.
Thorax. Le pericardc formalt une masse enorme , 6galant en grosseur deux tetes humaines : ses parois lormant une fausse membrane tuberculeuse elaient epais-ses de huit ä dix centimetres , (erme moyen , envahies par une degönerescence squirrlieuse melüe de tubercules, ayant confondu ensemble le lissu cellulaire exterieur, la poche fibreuse , les deux lames du sac söreus, entourant, enveloppant et comprimant le coeur , les oreilleltes , les troncs arteriels aorliques et pulmonaires, ceux des veines caves ct pulmonaires , s'opposant ou plutot bornanl leurs mouvemcns do diastole et de systole. Une matiere blan­che cascifonne, encd'phaloide entourait toute cette masse, elic remontait superieurcment en suivant les troncs des gros vaisseaux jusqu'ä la region sous-dorsale ; die s'6ten-dait ^'galement en bas sur le sternum, en envahissant tout le lissu cellulaire environnant lt;]ui unit le pericardc
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au mamp;iiastin et ä la plevre. Les poumons comprimös par cette önorme agglomeration pathologique ^talent r6el-lement atrophies, mais ne presentaient nul vestige de tubercules.
Les ganglions bronchiques 6taient volumineux et en-valiis par une infiltration lardacöe. Ceux canlonnes aux ars , aux aines 6taient dans le meme 6tat, mais mel^s de tubercules miliaires et pisiformes, dont quelques-uns ^talent ramollis.
C. Affection tuberculeuse , avec paraplegie conse­cutive.
Un bcEuf äge de huit ans , fut achet6 en fevrier 1831, pour les travaux anatomiques de l'Ecole ; un amaigris-sementlent, successifetd'origine ancienne, n'avaitpoint 6veill6 l'attention du propri^taiie ; cependant une fai-blesse , un cbancellement de toute I'arriere-main ayant et6 suivis de la chute subile de l'animal sur la litiere, avec paralysie complete des membres post6rieurs, le de-termina h demander des conseils et du secours a I'Eta-blissement; l'etat avancö de la maladie la fit declarer incurable et l'animal fut achete pour mes cours. A son arrivöe , Je l'examinai altentivement, il etait d'une forte stature , une predominance lymphatique , une charpente osseuse tres-d6velopp6e dessinait son temperament; une maigreur assez marquee, la päleiir des membranes mu-queuses, la mollesse des tissus annongaient son 6tat de döbilite. La sensibility existait encore dans les parties privöes de mouvement, la chaleur animale 6tait peu di-minuee , mais moindre cependant dans toutes les parties posterieures du corps ; il est ä noter que la paraplögie ne dalait que de sept a huit jours. Le pouls etait petit, acc61ör6 , 1'artere lendue (70 puls.); la respiration etait irreguliere, g^nee , quoique un peu plus fröquente , on comptait dix-neuf inspirations par minute. Le boeuf eprou-vait de temps a autre des soubresauts convulsifs dans
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les muscles; il mangeait peu , par boulades, ruminait rarement et par instans. Une toux assez fröqaente et faible, ainsi que la tumefaction de quelques ganglions lymphatiques des aines et de Tauge qui ötaient durs, sans chaleur ni doulcur, furent pour moi des signes diagnos-tiques de l'afiection tuberculeuse.
Cet animal fut tue par exsanguification et Vautopsie en fut immddiatement faite.
Abdomen. Les estomacs contenaient peu d'alimens; le foie prösenta quelques tubercules pisiformes ä l'ötat cru; les ganglions mesentöriques ötaient gamp;ieralement en-vahis par rinfiltration tuberculeuse, gros , 6pais de quatre ä cinq centimetres; ils avaient l'aspect d'un chapelet ir-rögulier , quelques-uns seulement etaient ramollis.
Thorax. Les plevres costales et pulmonaires avaient contracts des deux cotös une adherence assez ^tendue, au moyen d'une fausse membrane 6paisse , ancienne et presque entierement d l'ötat celluleux. Les poumons etaient lourds, durs et resistans; ils contenaient une mul­titude de tubercules pisiformes ä l'ölat de cruditö, et de plus les lobcs post6rieurs ötaient envahis par une infll-tration tuberculeuse , occupant le lissu cellulaire interlo-bulaire et parenchymaleux , mßlee de tubercules de gros-seur variable; de sorte que ces portions d'organes ne pouvaient qu'6tre difficilement permeables ä l'air. Les ganglions bronchiques 6taient tres-gros et infillr^s de matiere tuberculeuse. Le pöricarde tres-volumineux adh6-rait ä la plevre mödiastine par une fausse membrane tuber­culeuse qui avait envahi toute sa cavitö sereuse , confondu et röuni le sac fibro-söreux, le mödiastin et une petite portion de la parlie inferieure de la plevre costale gauche. Le coeur etait emprisonnö et atrophiö au milieu de cette masse tuberculeuse qui I'entourait de toutes parts. Le pd'-ricarde avait une öpaisseur de six centimetres ä sa partic superieure et de deux ä trois vers la pointe du cocur : je
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parvius ä en isoler les couches et reconnus que le siege des tubercules existait dans le tissu celiulaire inter-membra-neux ; je pus meme detacher et söparer le feuillet visce­ral du coeur.
Encephale et Rachts. II existait entre les deux lames des arachno'uies de petits points blanchütres semblables ä des tubercules miliaires , r6unis par une fausse membrane blanchätre qui occupait le sac sereux. Ces lesions (ilaient plus apparenles sur le cervelet, le mesocephale et ä la region dorso-lombaire de la moelle 6piniere. Les vaisseaux de la pie-mere 6taient sensiblement injectös vers les lom-bes seulement. La substance blanche de l'encephale etait de couleur jaunälre , la grise etait lt;1 l'ötat normal. La substance blanche de la moelle vertöbrale röflötait aussi cette teinte jaunatre, la grise etait decolonte. Le canal rachidien etait en outre envahi par une infiltration göia-liniforme jaunälre , melee de quelques lineamens san-guins, surtout vers les lombes et le sacrum.
Igt;. Autre affection luherculeuse avec paraplcgie con­secutive.
L'imporlance de cette observation et la gravitö des le­sions qu'elle presente , m'ont determine a la rapportcr, malgr6 le desir que j'ai d'etre concis.
Le 19 juin 1830, il fut achete par l'Ecole une vache äg6e de six ans, malade depuis environ une annee et paralysöe depuis peu des membres posterieurs ; l'insensi-bilite des parties privöes de mouvement 6tait teile qu'on la piquait impunement avec des instrumens tres-aigus.
Commcmoralifs. Au mois de juin 1829 , cette bete fut indisposöe , eile toussa beaucoup pendant quelques jours , mais guörit sans medication. Sur la fin du mois de novembre suivant, eile eprouva im arret de transpira­tion dont les effets cesserent sans autres secours que les forces medicatrices de la nature ; cependar.t sa respiration resta plaintive. En mars 1850 eile parut malade, cet
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etat Cut encore attribuö ü une suspension des functions de la peau ; l'appetit s'etait cependant souteuu , -linsi que la rumination , les exeremens, les urines etaicnl a i'ötat normal; raais l'expiralion etait toujours plaintive, sur-tout durant la rumination ; le pouls 6tait faible. Vers le 15 de mai , on reconnut que l'öpine dorsale ötait tres-douloureuse lorsqu'on la pincait, que la marche etait difficile et chancelante, puisque la böte faisait de fre-quenles chutes et se relevait avec difficulle ; enfin quel-ques jours avant son arrivöe ä l'Ecole , eile ne pouvait plus se relever , la paralysie de toute l'arriere-main ötait complete , sans alteration dans l'appetit, la rumination et les defecations.
Autopsie. Cette vache fut tuee par exsanguificalion et ouverte immediatement apres la mort. 11 existait une in­filtration gölatiniforme jaunätre, envahissant le tissu cel-lulaire qui entoure le muscle grand-ilio-spinal et les muscles de la region sous-lombaire.
Abdomen. 11 existait sous la sereuse pöritonealo une quantile innombrable de tubercules ä l'etat cru , ils variaient de volume depuis la grosseur dime noisette , jusqu'u cello d'une noix; deux de ces productions mor­bides situees ä la face poslerieure du diaphragme , ega-laient le volume du poing ; elles pressaient le foie ä la hauteur de sa grande scissure et y avaient formö une cavitö assez profonde. Ces tubercules (Haient plus nom-breux a la face posterieure du diaphragme et ensuite a I'epiploon. Tous les ganglions lymphatiques du mesentere d'taient ä l'etat tuberculeux , il en existait aussi dc tres-petits dans la portion de la cavite pelvienne tapissöe par la peritoine; la ils elaient rapproches , ce qui donnait au peritoinc un aspect granule et raboteux. Les tubercules existaut sur la surface poslerieure du diaphragme y for-mait surtout quatre a cinq masses volumineuses, fixees ii son centre aponeyrotique par un prolongement pedon-
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culcux de la sereuse qui floltaient sur les visceres enviion-nans. Ceux de l'laquo;5piploon 6taient petits , isolös, mais plus notnbreux vers les scissures du rumen. Le foie adhörait au diapliragme au raoyen d'une fausse membrane orga-nisec, celluleuse et ancienne; ce viscere ölait rempli de tiibercules dont les uns exterieurs etaient ä l'etat de criiditö , tandis que ceux que Ton rencontrait dans son parcnciiyme etaient enkystös et ramollis. Un calcul biliaire de la grosseur et de la forme d'une amande, fut trouvö dans le canal cholödoque et beaucoup de douves höpati-ques remplissaient tont l'appareil biliaire. Les quatre estomacs ne prösenterent rien d'anormal, ä une öpingle pres que Ton trouva dans les cellules hexagones du r6-seau. La muqueuse de la portion flotlante de l'intestin grcle ötait injectöe, rougeätre, öpaissie dans toute son ötendue , on y rencontra quelques lubercules miliaires, sous muqueux et ä l'etat de cruditö.
Thorax. Les quatre cinquiemes des pouraons ötaient envahis par des tubercules nombreux et par consequent impermeables ä l'air , les faces posterieures de ccs orga-nes ätaient ßxees au diapliragme par des fausses membra­nes organisöes entre lesquelles se trouvaient une multitude de tubercules de diverses grosseurs, il en existait aussi sous les plevres puimonaire et diaphragmatique; toutes les parois laterales du thorax ainsi que le mediastin , presentaient une multitude de granulations tuberculcuses, sous-sereuses miliaires et pisiformes. Les ganglions bron-. chiques etaient entierement tuberculeux ; Tun d'eux , de forme allongee, egalait le volume des deux poings, un autre etait moitie moins gros. La surface externe du pe-ricarde etait recouverte de tubercules , il adhörait a une petite portion du poumon, ainsi qu'au mediastin par une fausse membrane luberculeusc assez epaisse et lardacee ; cet organe no pouvait plus ctre distingue etant entoure de ceüe membrane morbide qui avail reuni ses deux
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surfaces s^reuses litres et envahi la cavile perspirable qu'elles limitent dans I'^tat normal; d'autres tubercules pisiformes existaient aussi sous ces deux feuillets s^reux. Le coeur etait coraprimö, atrophiö et la capacity des ven-Iricules et des oreillettes de beaucoup diminu^e.
Cerveau el moelle epmiere. II existalt sous le feuiilct visceral de rarachnoide c6r6brale beaucoup de bulks d'air que Ton d^plagalt facilement par la pression. Cette por­tion de la möningine etait, ainsi que la pie-mere, bai-gnee , infiltree d'un liquide visqueux de couleur blanc-jaunAtre, qui permettait de söparer facilement ces deux membranes Tune de l'autre . ainsi que des hömispheres c^rebraux. La substance blanche de tout Tencephale qui avait sa densite normale, ötait jaunätre et parsemöe de frequentes pointillations sanguines.
Le canal rachidien ötait rempli d'une infiltration g(Ma-tiniforme, m61ee ä la graisse qu'il contient; cet öpanche-ment se confondait dans les regions lorabaires et sacröes , avec celle que j'ai signalee dans les muscles grand-ilio-spinal et les sous-lombaires , eile accompagnait mötne les nerfs rachidiens jusqu'aux plexus cruraux et le növri-llaquo;me de ces nerfs ötait injecte.
L'emphyseme qüe j'ai signalö sous l'arachnoide cörö-brale existait aussi sous celle du prolongement rachidien. on remarquait en outre sous le meme feuiliet viscöral de cette söreuse des pointillations noires, fines et rap-prochees , plus nombreuses aux rt'gions lombaires et sacröes; il en ötait ainsi des ganglions nerveux spinaux de ces deux regions et des racines de nerfs qui les tra-versent. Le fluide que contient le sac säreux arachnoi-dien (Hait epaissi, gluant, de couleur jaune-brune, de-puis la region des lombes jusqu'ä la queue de cheval
La moelle (üpiniere qui avait sa consistance normale aux regionscervicale et dorsale 6tait ramollie aux lombes, au sacrum et surlout ä son rcnflement lombaire ; sa subs-
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tance exlerne eluit jaune dans tuule son 6lendue , la grise dt'coloröe , mais diluante ä la hauteur du plexus crural.
E. Dans un boeuf destine aux travaux anatomlques , j'ai trouve une affection tuberculcuse generale , traduite A I'exterieur par la maigreur parvenue graduellement jusqu'ä r^lisie ; la toux lente, trainee , avortee et seche, la tumefaction des ganglions lymphatiques des aines , etc. , etc.
Autopsie. Foic parsemö extärieurement de lubercules jaunätres, a l'ötat cru , du volume d'un petit pois a celui d'une balle de calibre; une agglomöration tubercu-leuse pönötrant dans le parenchyme de cet organe con-tenait un foyer ramolli ct clos, rempli d'une matiere blancbalre , öpaisse , onctueuse, inodore et ayant toutes les propriety physiques du pus. La caillctte presenta ä son pylore un cancer ramolli interieureraent, non ouvert et reconvert par la muqueuse , sur laquelle cxistait beau-coup de granulations .tuberculeuses. Prcsque tons les ganglions mescnteriques ötaient ä I'elat tuberculeux, enkysles et cms. La substance glanduleuse des reins pr6-sentait une multitude de tubercules ct la vessie conte-nait une quanlite considerable de petits calculs urinaires de forme miliaire et a surface doree. Le tiss j parenchymateux des poumons envahis par des tubercules de diverses gros-seurs, en presentait de plus volumineux dont le ramol-lissement semblait s'operer de la circonference au centre; des masses de granulations tuberculeuses existaient au au milieu d'un tissu lardace et celluleux, situ6 enlre les plevres costales et pulmonaires qui formaient des adherences assez etendues. D'autres agglomerations sem-blables , mais plus volumineuses, occupaicnt les deux faces du diaphragme. A Tangle sous epiglotique du larynx cxistait une masse de matiere tuberculeuse grisatre, un pen ramollie et diviseo en globules spliöriqiies; cnlin un
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tubercule enkysle dur et concret se trouvail place sur la muqueuse de Tun des sinus frontaux.
F. MM. Bruno-Carrere , medecin et Maffre, vele-rinaire, ont publiC' dans le Journal de Medecine Veföri-naire theorique et pratique, de janvief et fevrier 1850, une observation tres-interessante sur une affection encö-plialoide et tuberculeusc quc je vais analyser.
Le 19 aoüt 1827, un boeuf age de sept ä huit ans, ayant refusö loute espece d'alimens depuis vingt-qualre lieurcs , avait les cornes et les oreilles froides, le flaue gauche plein et un peu de fievre ; M. Maffre soupcorma une Indigestion : diete , eau blanchie, lavemens emolliens. Le 20 aoüt, colonne dorsale douloureuse , gene extreme et raideur dans les mouvemens du train poslerieur , l'ani-mal traine le membre abdominal droit; innapetence , Evacuations alvines frequentes ; pouls plein , battemens des flaues, cornes et oreilles froides ; memo traitement. 21 et 22, signes de coliques, lavemens adoucissans, laquo;au tiede blanchie avec de la farine; 25 , tete basse, cornes et oreilles tres-chaudes, temperature du corps brillante, rougeur de la conjonetive , larmoiement ; flaues vi-vement agiles, ponls plein et soif ardente. Saignee, tisane de decoction de seigle miellee. M , mieux. 25 , continuation du mieux , l'urinc coule en petit lilet, saus que le boeuf y paraisso sensible et pour-lant cet econlement se termine avec effort. On soupconne des lors quelques lesions organiques, l'animal est fouiilö et Ton constate l'exislence d'une tumeur volumiueuse qui pese sur la vessie. 20 , continuation de l'^coulemerit de l'urine , administration de breuvages astringens com­poses d'une decoction de racine de grande consoude , feuilles d'orties et d'aigremoine, nnimee par l'cau de Ra-bel; lavemens de decoction de tannin , lotions d'eau froidc sur les lombes. Mieux jusqu'au 7 septembre suivant , öpoquc ä laquelle 1c malade est trouvo couclu; dans un
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etat de faiblcsse exlröme , d'amaigrissement sensible et ne pouvant plus se relever , avee anorexic ., conslipalion et pouls petit et lent. Des le lendemain, tons les symp-tomes s'aggraverent; une diarrhea considerable pr^ceda la raort qui cut lieu quatrc jours apres.
Vaulopsie nc fut faite que vingt-quatre heures apres lamort, aussi passerai-je sous silence beancoup de It'sions dues ä la decomposition cadaverique et quelques autres de peu d'iraportance; j'arrive i\ ceiles qui sont essentielles: le rectum est contourn6 t^ gauche , une Enorme tumeur situee dans le cotö droit du bassin , en remplissait toute la cavit6 et s'elendait dans l'hypogastre du m^me c6t6, eile pressait fortement la vessie , empßchait sa dilatation, ce qui expliquait les envies plus frequentes d'uriner et enfin I'incontinence complete lorsque la tumeur a eu acquis tout son d^veloppement, aussi trouva-t-on le rein droit plus enflammö que le gauche et contenant une assez grande quantitö d'urine; les uretercs plus d^veloppes avaient leur muqueuse enflammöe, et la vessie rapetissee, racornie ä un tel point , qu'elle semblait n'^tre qu'un renfleraent des uretercs; sa muqueuse 6tait päle et avait acquis une certaine consistance. Get organe etait en outre entour6 de ganglions limphatiques engorges , durs et a I't'tal d'infiltration tuberculeuse.
La tumeur principale avait une forme oblongue, sa plus grosse partie etait situöe du cötö de l'abdomen, de sorte que rien ne genait son döveloppement. On evalua son poids de treize ä quinze kilogrammes; eile adh^rait fortement A la region sup(5rieure du bassin. M. Garere compare sa forme a celle d'une citrouiile oblongue, ayanl une petite depression dans le milieu. Gelte tumeur avail tous les caracteres du cancer encephalo'ide , eile ressem-blait ä un cervcau qu'on aurait long-tenaps laisse macerer dans I'cau, mais dont on ne pouvait plus distinguer les circonvolutions. J-lie contenait une grande quantile de
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corps glandiformes , de la grosseur du poucc, d'une consistance ferme et de couleur jaunälre (on reconnait lä des tubercules). Tout le cotö droit dc la cavite abdo­minale ötait rempli de ces pelites tumeurs dures, jaunes et glandiformes; il en existait seuleraent quelques-unes du c-5llt;5 gauche. ainsi que dans le thorax.
M. le docteur Carrere se livre ensuite u des considera­tions fort importantes sur la nature, ies causes et les effets de cette tumear et de celles d'un moindre volume, existantes au milieu de sa substance et dans le cote droit de l'abdoraen; il reconnait qu'elles ne sont que des tu­bercules incompleteraent ramollis. 11 combat avec une force de raisonnement et une lucidit6 remarquable la tli6orie de I'lrritation pour expliquer la formation de ces lissus morbides ; il parait plutöt porte ä les attribuer ä une prC'disposition que j'ai moi-meme signalee , et croit a I'existence d'une cause spticitique inhärente, h un dia-these en un mot. II pense en outre, comme je l'ai dit page 588 , tom. Ier, que toutes les affections de ce genre sont insidieuses, qu'elles s'accroissent dans le silence ct ne produiscnt d'accidens graves que lorsqu'elles ont acquis un developpement, une importance et une gravity telies qu'elles puissent intervertir et suspendre quelques-unes des forictions les plus importantes de l'economie.
Des faits que je viens de ciler, j'ai cru pouvoir deduire les consöquences suivantes : le premier, A , constitue une vari6t6 de l'etat maladif dont je traite , qui consiste dans une infiltration tuberculeuse du parenchyme des ganglions lymphatiques qui s'observe frequemment dans I'espece bceuf, ainsi quechez les enfans et qu'on a mal h propos confondue avec le scrophule. L'homme habitue ä voir, le vfH6rinaire observateur reconnait facilement cetd-tat, il sait que la p^riode a laquelle il etait parvenu n'empßchait pas l'engraissement du boeuf et sa vente pour la bouche-rie. La seconde, B, cst une preuve que I'nffection tuber-
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culouse, quelle que soil son intensite , est, dans nombre do cas, tres-distincle de la phthysie pulmonairc. II est presumable memo que le squirrhe de la caillette etait con-secutif ü la maladie gönörale. La toux , comme on le voit dans ce cas, n'est pas toujours la consequence de l'etat tuberculcux des organes respiratoires ; ici qu'elle etait due ä leur etat de compression, eile etait petite, faible et n'avait pas le son caverneux traine de cello qui traduit les vomi-ques. Le troisieme, C, offre I'exemple d'un ^lat tuber-culeux envahissant toute l'öconomie sous la forme miliaire el I'elat d'infdlration , aussi nul foyer de ramollissement, seulement la diathese a mine lentement les organes en-veloppös par les sereuses , la secretion tuberculeuse ayant rempli, bypertrophie le tissu cellulaire sous-jacent; corn-prime , emprisonnö tous les visceres les plus cssentiels, par le devcloppement de ces fausses membranes tubercu-lenses. Ce qui cxplique non seulement Tenraiement sue-cessif de la circulation , do la nutrition et de l'innerva-tion , d'oü l'amaigrissement graduel et la paralysie. L'elat dans lequel on troura les poumons ä l'autopsie de la vache qui fait le sujet de l'observation D, montre la cause de l'expiration plaintive et de la toux. Les trois acces maladifs que j'ai signales et que le plus leger refroidis-sement de la peau aura determine , en etaient sans doute aussi une consequence ; car pour produires des lesions aussi gra'.cs, il eut fallu que la sub-inflammation, si toulefois eile a existe , eüt eu plus de duröe , d'ötendue et d'intensite , que les symptomes qui l'ont traduite ne le faisaient snpposer. On ne peut done tirer de ce cas au-eune induction bien positive sur l'etiologie du tubercule par l'inflammation. Du reste, l'infiltration tuberculeuse des ganglions mösenteriques , cellc de la söreuse peri-cardienne et des möninges, a produit les memes effets quo dans les cas preciklens. La presence des fascioles 011 douves, rinfiltralion et l'emphysöme rachidien, celui des
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PATHOLOGIE IfOVliNK.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;3öT
Wuscles et des nerfs de la region lombaire attestent un etat cachötique et une debility generale qui coincide avec la diathese tuberciileuse. La cinquieme, E , constale quc le ramollissement de la matiere tuberculeusc est presquc toujours constant quand les concretions sont devenues tres-volumineuses, comme on les a trouvees dans le foie et les poumons de ce boeuf; [ajoutons qu'une tumeur cancereuse dn pylore etait aussi et en möme temps par-venue ä la periode de fonle puruiente. La sixieme, F, est, comme quelques-unes des precödenles , un exemple de la localisation de l'affection tuberculeuse sur quelques-unes des regions des cavites splancbniqucs , eile prouve sinon ane analogic, du moins une coincidence des causes et de l'eliologie de la matiere encephaloide et de la tu­berculeuse , ainsi que je le dirai plus loin.
De cc qui precede, il resulte que le tubercule est un produif, morbide inerte , inorganique, que j'ai döjä dit 6tre de couleur blanc-jauiiulre, arrondi , variant de vo­lume , dur ä spn origine, mais ccpendant friable et se ramollissant assez conslamment. Dans cet (5tat. il tend ordinairement ä se faire jour , changer de place , et laisser une cavitö ulcöreusc, tapissee par une pseudo-membranc, .d'aspect muqueux, qui prend le nom de vomique dans ie poumon. Cet ulcöre se cicatrise dans quelques cas, et d'autres fois, il s'ötend plus ou moins rapidement.
J'ai eu maintes occasions d'observer cette maladie dans les differentes especes d'animaux domestiques et de faire plusieurs autopsies; j'ai rencontrö des tubercules daus tous les systemes organiques, lels que l'encöphale , 1c rachis, sur toutes les muqueuses, dans ie tissu cellulaire et le parenchyme des poumons, du foie, des reins, dans les ganglions lymphatiques , dans le tissu cellulaire gene­ral , dans les os , etc. , etc. Le tissu cellulaire m'a paru en elre le siege le plus ordinaire et l'organe söcreteur • en
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rfft-l, la inatiei'R qui les constitue ne se forme pas a la surface des nmqueuses, mais bien dans la frame celluleuse qui unit ce tegument interne aux tissus sous-jacens , la oü les vaisseaux qui vent le p6n6trer se capillarisent ä l'infini. Ces productions morbides n'existent pas non plus ni dans les arteres ni dans les veines ; il est douteux m6me qu'elles se forment dans les vaisseaux lymphatiques, car on pourrait penser que Ton a pris la maliere tuber-culeuse qu'elles charrient quelquefois, pour des tubercules miliaires ; j'ai m6me dit ailleurs que 1'on rencontre de ces granulations morbides , lä oü il n'existe pas de vaisseaux lymphatiques.
quot; Quant aux 6poques de leur d6veloppement, I'observa-lion prouve que les tubercules m6sent6riques sent le propre des jeunes animaux et que ceux du parenchyme des poumonssont plus fröquens dans les animaux adultes. 11 m'a serabl^ encore que le ramollissement de cette matiere inerte peut avoir lieu de la circonförence au centre, pour les grosses agglomerations tubcrculeuses , comme dans I'obaervation E, et cela en vertu de faction (Miminatoire des parlies Vivantes qui les entourent, ils agissent alors comme l'epine de Yan-IIelmont; mais qu'il en est tout difföremment dans l'elat d'infiltration tuberculeuse et de I'existence de tubercules miliaires, ou le ramollissement scmble avoir lieu par le centre; exetnple , les ganglions lymphatiques malades.
Le tubercule est quelquefois enkyste, e'est-a-dire, revßtu d'une membrane stsio-fibreuse, produite par une transformation du tissu cellulaire au milieuduquel il sedlaquo;he-loppe et qui atteste toujours une origine ancienne ; d'aulres fois , les tubercules sonl rtiunis en masses, limitces par les mailies hypcrtrophiees du tissu cellulaire ambianl; dans d'aulres cas, cette production morbide n'est qu'une veritable infiltration de la matiere grumelcuse , d(5ve-loppee dans les mailles du parenchyme des organes et
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n'acqueranl quo rurement la densite des tuberculcs arronlaquo; dis. De sorte que tantdt la malicrc tuberculeuse est dr-posee dans une cellule Isolde du lissu cdlulairo, sans aiicun melange avec des substances ititcrmediairos el; cons-tituc un luberculo simple ; d'aulres ibis , ce sont plu-sieurs mailles celluleuscs qui sont envahies , qui forment des masses contenant des parties organisöcs dans leur texture, d'ou resulte des tubercules multiples, plus prompts ä se ramollir dans leur centre, en raison de la vitality des organes emprisonnes.
On pense gamp;ieralement que le tubercule commence par un petit globule d'une matiere blanche-jaunätre . analo­gue an pus par ses propri(H6s physiques , augmenlant do volume, s'agglomörant avec d'aulres , se concrtfant et se durcissant presque toujours par I'absorption. Aussi beaucoup de savans medecins tels que MM. Andral, Cru-veilhier, Bouillaud, etc., etc., pr6tendent-ilsqu'il n'existc pas de differences materielles entre le tubercule et le pus, que ces granulations ne sont pas d'abord solides et con­cretes , mais que la facultö de se solidifier est leur prin­cipal caractere.
Causes. 11 est presque unanimement admis mainte-nant qu'une predisposition, une modification de I'orga-nisme a laquelle on a donnö. Je nom de dialhcse, et que Ton n'a pu encore apprecier, tend a creer, developper et propager sans cesse dans les differens tissus de Toco-nomie animale, la matiere tuberculeuse. II y a done dans ce cas une germe qui s'accroit, se muitiplie, mais qui pent etre modifie a son tour par des causes predisposantes et accidentelles.
Dans les premieres , je rangerai I'lieredilo ou plutöt le temperament lymphatique transmis par les parens. Los etables et ecuries ou froides , ou humides, ou mal saines par d'autres causes, dans lesquelles sont encombres lei animanx. L'usage alimenlairc de fourrages de mödioeres
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quality , aqueux, de dil'Ocilc assimilation, ceux qui sont nmilles, vas6s, mal recoltes, etc.; toutes ccs causes pouvant influer sur la chymificatiou et l'hemalose , älte­rer , vieler le sang , deviennent geniales et peuvent agir sur un grand nombre de parlies ä la fois.
II est reconnu en effet que des animaux sauvages tels quo des lions et des singes renfermfe dans des menageries, ont piiri de l'affection tuberculeuse, quo 1'on a attribute, dans ccs cas, ä 1'action malfaisante d'une atmosphere mal saine chargee d'exhaiaisons humides provenant du lavage frequent de leur lege ; rendues plus malsair.es encore par les miasmes qui se degagent des viandes dont on ies nourrit, ainsi que de leurs excr6mens; aux effets des-quelles il faut ajouter la privation de 1'influence bienfai-sante de la chaleur ct do la lumiere du climat africam qui les a VU nattre : celui de l'exercice auquel ces ani­maux se livraient ä mat de liberty. N'observe-t-on pas quelques chose d'analogue sur les chevaux de cavalene röunisen trop grand nombre dans des ecuries humides, froides, dont le sol est impr^gne d'urine, d'excremens d'oü s'ölevent des miasmes qui alterent 1'air respire ct doterminent si souvent la morve tuberculeuse? 11 est vrai de dire que les fourrages de mediocre qualiW dont ils sont souvent nourris ; les transitions subites de manoeu­vres vites et fatigantes , S un repos trop prolong^, sont aussi des causes non moins actives do cette maladie.
Quelques (-crivains out range dans les secondes 1'inilam-malion chronique, surtout pour les tuberculcs du poumon ; mais on oppose ä cetlc assertion que beaucoup d'hommes et d'animaux meurent de pneumonies et de catarrhes chroniques , sans que 1'on rencontre un seul tuberculc ä leur autopsie. On a des excmples qui prouvent que, memo clans la phthysie tuberculeuse, le tissu pulmonaire est sain autour des lubemiles. J'ajoulerai que les deux ani-maax qui font le sujet des observations A et B , avaient
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les poumons intacts au milieu de masses tuberculeuses enormes qui envahissaient toufe röconomie. Cependant, comme il cxisle quelques faits qui font penser que cettc secretion morbide pent avoir lieu sous l'influence d'une phlegmasie quelconquc, ou est restö dans le doute ä cet lt;5gard. II est toutefois prösumable que l'etat d'acuitö est tres-rare dans raffection tuberculeuse, et que si l'irrita-tion et l'inflammation ont quelqu'influence sur son d6ve-loppement , eile est si non nulle , du moins bien faible. En vain invoquerait-on comme preuve l'observation D , car les trois acces maladifs dont la vache qui en fait le sujet a 6te atteintc dans le courant de l'annöe qui a pröccdci sa mort, pourraient aussi bien 6tre l'effet que la cause de cet laquo;Hat morbide.
Quoi qu'il en soit de toutes ces causes, il est toujours presumable qu'un grand role est joue par le sang et le systöme nerveux dans cette maladie ; ces deux centres genöraux (Haut les grands mobiles de tout travail do nu­trition et de söcrölion, l'^conomie doit alors etre modifiöo de teile sorte que la congestion, si olle existe, et le pro-duit qui doit en 6tre la suite, sont formiis presquc cn möme temps. Teile est aussi l'opinion de M. Andral.
L'affectipn tuberculeuse attaque tons les animaux do-mesliques et sauvages ; eile est frequente dans les chevaux lymphatiqucs ölevfe dans les pays humides, comme les marais du littoral vendöcn , dans-lesquels eile produit , si on ne les change jeuncs de climat, la p6ritonite tuber­culeuse ou carreau. Elle est, avons-nous dit, presque toujours concoraitante de la morve chronique, maladie si frequente et si funeste de l'espece Equine ; mais qui, je le repetc, trouve sa principale source dans le regime et les exercices violens auxquels sont sujets les chevaux de troupes, de postes , de diligences, etc., etc. Ou l'observc quelquefois dans le cochon qui est cepeu-dant plus sujet au scrofule. L'affection tuberculeuse
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n'öpargnc pas Ic moulon ; je l'ai observee dans Fa base laquo;u femellc du lievre , j'cn ai cite un exemplc dans le loup. Je possöde une masse tuberculeuse Ires-dure, cel-luleuse , du volume d'un grosoeuf, que j'ai trouvöe dans le foie d'une poule, j'en ai vu une enorme dans le foie d'un canard gras; je l'ai signalee dans le lion et le singe, etc., etc. Aussi le boeuf, animal originaire des palus et des püturages situös sur les bords des fleuves et des rivie­res ; le boeuf sonvent doue d'un temperament lymphatique, d'une texture molle, fröquemmeiU alimente de fourrages aqueux , peu nourrissans, sou vent älteres par la rouille, la vase, une recolte difficile; d'autres fois , entierement privö de fourrages verts et toujours cxcede de travaux qui lui font contracter un ctat cacliectique qui le predis­pose h I'affection tuberculeuse. Je ne rappellerai pas les causes que j'ai preclaquo;klemmcnt sigualttes, eiies s'appliquent tontes a ce pröcieu.v animal.
Tout ce qui precede me ramene done a cclle conclusion que I'affection tuberculeuse est le rösultat d'une secretion morbide , dont je crois avoir fait connaitre. aulant que possible , I'etiologie.
Los signes diagnostiques de l'gfrcclion tuberculeuse sont souvent insidieus el peu concluans, surtout dans le principe do cette maladie ; dans ce cas, la connaissance des causes pmiisposanles et occasionelles vient en aide an veterinaire. Ainsi, si dans un boeuf sur lequel il existc un engorgement des ganglions lyrnphaliques des regions parolido-gutlurale, des ars, des aines, sans etat d'acuitt1, ni degout , acompagne d'une predominance lymphatiquc qui dispose ü l'cngrais ; que les formes exterieures de cct animal soient arrondies, empitöes ; qu'il ait elö d'levö on qu'i! ait hnbite long-temps des contrecs humides et ma-recageuses, on devra reconnaltre I'affection tuberculeuse commen?ante. Mais si I'cngorgemcnlclironiquc, froid, dur et volumineux de ces memes ganglions cxisle depuis
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long-temps, comme dans les observations A et 11; il n'j-a plus de doule que le cas est d6jä ancien; surtout si , comme dans quelques autres, on a remarque un ainai-grissement d'abord peu remarquable, mais graduel; une toux söche , trainee, sonore, une gone du respire qui existent l'une et i'autre, meme quand les poumons sonl intacts. Ces deux symptomes 6tant dans ce cas prodilits comme je i'ai signal^ . par la presence de masses tuber-culeuses fixees sur l'une ou l'aulre des faces du dia-phragme.
Le pronostic en est toujours grave quei que soit I'amp;at de l'affection tuberculeuse, en raison de la presque in-curabilitö de cette maladie , seulement la juste apprecia­tion de son 6tat, guide le vät^rinaire pour I'iridication 8 suivre, surtout dans le principe. -
Le traitemenl, que je n'indique ici que comme com­plement de cette monographie , offre, genöralement par-lant, peu d'espoir de succes, malgrö les essais qu'on a fait des amers, des toniques, de l'iode, etc., etc.; on le divise en curalif et preservatif.
Le premier , qu'on oppose ordinairement aux cas gra­ves et quand la maladie est confirmee, est pour ainsi dire constamment sans succes et ne doit point (Hre teutö. Mais lorsque l'affection tuberculeuse est commenc-antc, le boeuf jeune et encore vigoureux , on devra le soustraire ä l'influence des causes connues ou suppos^es , telles que l'humidite et le froid des etables, desquelies on le sor-tira pour le mettre dans des logemens plus salubres. On devra aussi l'eloigner des päturages maröcageux, lui donner une nourriture substantielle et de bonne quality, des eaux saines ; lui faire prendre de la poudre de gen-tiane melöe au son et ä l'avoine ; enfin lui administrer quelques breuvages composes de racines de patience { rumex paiientia), et de grande scrofulaire {scrofularia nodosa), animte par l'iode , üi la dose de quatre a cinq
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oi4nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;I'ATHOLOGIE BOVINE.
decigrammes, dissout dans I'alcool, ajoutee a dcnx litres do tisane. Cetle medication pourrait peut-ßtre modifier avantageusement l'^conomie et produire la fönte des en-gorgemens tuberculeux encore recens , surtout si on en seconde les effets par une alimentation saine et fortifiante, par le pansement de la main, la promenade ou plutot un leger travail, I'animal (Hant tenu convert.
Toutefois, jepense qu'il est plus rationnel, plus cons-ciencieux meme , d'eloigner les causes connues , de nourrir I'aninial dans leqnel la maiadie n'est qu'a son principe, avec de bons fburrages pour le faire promplement cngraisser ou tout au moius le mettre en chaii et le vendre pour la consommation. Le boucher pent et sait facilement oter les ganglions malades sans nuire ä la venle de !a viande. Celle-ci peut etre mangle sans danger , ainsi que je l'ai vu dans cette circonstance et dans le cas du squirrhc dc la caillette. L'animal anciennementatteint, üdfi age et maigre, prend difficilement de l'embonpoint, surtout si les ganglions mösenteriques sont plus ou moins atteints de l'infiltration tuberculeuse qui s'oppose a la cir­culation du chyle. Beaucoup de cultivaleurs en font alors une fin et le vendent d vil prix.
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PATHOLOGIE DUVlNli:.
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LIVRE TROISIEME.
MALADIES DE L'APPAREIL RESPIBÄTOlRf.
Consklcraiionsgiinerales sur l'Anatomie, laPhysiologie et la Pathologie de cet appareil.
Etudiee d'une maniere philosophique et dans sa plus grande extension, la respiration est une fonction qui est commune ä tous les etres organises vivans, depuis la mousse jusqu'au Baobab et depuis 1c polype jusqu'ä l'homme. Elle consistc dans l'influence ou l'aclion d'un milieu liquide ou gazeux, suivant les especes, sur les flui-des de l'economie vivante , d'oü resulte le retafclissement des caraeteres essentials et vivifians que ces fluides ont perdu en fouruissant aux divers organes les matöriaux d'entretien , de nutrition et de söcretion.
La respiration est peut-6tre d'une imporiance qui sur­passe celle de la circulation , puisque sans inspiralion , il n'y a point de vie ; cependant ces deux fonclions ont entre elles un tel rapport, elles s'unissent, se confondeiit si intimement, surtout dans les animaux ä organisation cümplcxe , que quelques physiologistes ont cru devoir les decrire ensemble ; mais pour I'observateur rigoureux , elles scront toujours distinetes. Au surplus, cet enchai-nement n'est-il pas le propre de toutes les foncüons du corps vivant, la nutrition , les secriHions tie se trouvent-dies pas entre les circulations arterielles et veineuses'i
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546nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PATHOLOGIE OVIKE.
Si Ton considöre la structure, Tagencement des divers organes qui composent cat appareil, on voit qu'ils sont en harmonie avec la nature des milieux, celle du modi-ficateur particulier ä cbaque espece vivante et que dans rhomme , ainsi que dans les grands animaux ou la res­piration a atteint son dernier degrö de perfection , eile a pour but, comme je viens de le dire, de rendre aux fluides circulatoires de l'economie, les caracteres qu'ils ont perdu en fournissant aux frais de l'excitation g6-nßrale, de le nutrition et des secretions; d'accorder an chyle les qualites näcessaires ä ces trois objets pour effec-luer la reparation et Taccroissement de 1'organisme tout entier. Mais cette renovation qui est le rösultat d'une absorption d'oxigene et d'un dögagement de gaz acide carbonique, donne sans doute au sang quelques propriety plus animatrices, plus vitales (•*) ; car sans I'intervention de l'hämatose , le sang resterait non seulement sans action sur les appareiis, mais il y porterait meme la stupeur et la mort. Ce que j'ai dit de l'innervation des poumons (quot;), qu'animent a la fois les cordons principaux des pneumo-gastriques et plusieurs rameaux des trisplanchniques, prouve en effet que cette fonction n'est pas bornee a des phenomenes physiques et chimiqucs , mais qu'elle est es-senliellement vitale.
L'appareil respiratoire präsente deux divisions d'organes tres-distmctes , l'une qui apportc l'air au sang et qui comprend les cavites nasales , le larynx , la trachöe et les bronches, tapissee par la muqueuse respiratoire , membrane douee de beaucoup de vitality, essenticllement absorbante et secretante. La seconde se compose des pou­mons , organes essentiels de la respiration, comprenant divers (Mömens anatomiques, tels que les divisions, les
(') Page 80 , lomc 2. (•*) Page 55,' innic Iquot;,
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PATHOLOGIE BO VINE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;347
ramifications bronchiques tapisste par la miiqueuse que je viens de signaler; des arteres et des veines pulmonai-res chariant le sang pour I'liomatose; des arteres et des vcines bronchiques destinees ä la nutrition et a la secre­tion de ces organcs ; des vaisseaux lymphatiques, des nerfs nombreux et enfin un tissu ccliulaire parenchjmateux mairtenant rarrangement, la disposition de loutes ces parties, röunissant, delimitant, les lobules et se modi-fiant a l'exttrieür pour former la sercuse on les deux sacs des plevres, ü la surface libre desquels a lieu une söerötion perspiratoire qui en facilite tons les mouvemeas. De sorte que cet appareil presente une surface tres-öten-due , Equivalent ä celle de la superficie du corps, par-courue par une quantite innombrable de vaisseaux et de nerfs qui se trouvent en contact perpetuel avec I'air, ce qui constitue I'heraatose.
La disposition generate de tous ces organes est ä pen pres la meme dans tous les animaux domestiques , cepen-dant dans le boeuf il n'existe point de fausses narines. comme dans le cheval; les cavites nasales ont moins d'Etendue , leurs gouttieres sont plus etroites ; mais la brievetö du voile du palais, dans ce ruminant, lui donne la faculte de respirer par la bonche. Le larynx est plus court, plus large et la trachee-artere est aussi plus volu-mineuse et plus ample que dans I'especo equine. Le diametre antero-post6rieur du thorax a moins de longueur que dans les monodactyles , le boeuf n'ayant que treize coles , mais cette cavite splanchnique le regagnc en hau­teur et en largeur, surtout dans les belles races. Les poumons sont aussi moins denses et contiennent une plus grande quantite de tissu cellulaire parenchymateux et intcrlobulaire . cette disposition qui diminue l'etendue des divisions capillaires des bronches , rend aussi les lobules pulmonaires plus isolös et moins nombreux , rt-trecit la respiration et rend Diematose moins abondante of moins
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liehe ; explique la possibilitö ou plulot la facility des in­filtrations , de la s6cr6tion tuberculeuse et des emphy-semes.
Les maladies de l'appareil qui fait I'objet de ce livre ont du etre plutöt et plus facilement connues que celles des organes de la digestion, dans ce sens qu'elles sont plus aiguOis , plus douloureuses et que les moindres al­terations, le plus leger etat pathologique des visccres qui concourent ä raccomplissement de la respiration , se tra-duisent avec une promptitude et une expression pen Equi­voque dans les animaux domestiques, sur lesquels d'ail-leurs le vetörinaire pent facilement et ä chaque instant explorer les mouvcmens respiratoires des narines et des flaues. J'ajouterai que les excitans de ces organes sont directs et peu nombreux , presque tons ont I'air pour \6hicule et leurs effets salutaires ou nuisibles peuvent par consequent etre facilement apprecies. Les organes respi­ratoires se ressenlent tres-prompiement en outre de toutos les impressions que peut recevoir la peau, et trouvent dans les modifications qu'eprouve la transpiration culance une source abondante et variöo de causes de maladies , soit aigues, soit chroniques, dont le diagnostic n'est pas aussi facile pour les affectiüiis anciennes. Ce n'est, cu effet, que depuis les progres qu'a fait cette partie de la science an moyen do la percussion et de l'auscultation qu'on a pu apprecier avec une certaine exactitude, I'etat de ces maladies et rintensite des Ifeions qui en sout la consequence.
La circulation du sang dans les poumons qui regoivent simultanement autant de sang qne toutes les autres par­ties du corps , malgre leur etendue moindre , doit etre necessairement plus active que l'aortique , d'oü la fre­quence et la facilite des congestions sanguines, des in­flammations et meme des hemorragies pulmonaires , des qu'une cause quelconque enraie ov. diminue l'aclivitö de celte circulation.
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PATUOLOGIli BOVINElaquo;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 51!!
La conformalion du thorax, c'cst-u-dire son (itroilesse et son peu de döveloppement qui rapetisse le champ dc la respiration ; comme son amplitude qui en fait un vaste foyer d'hematose, sent autaht dc causes predispo-santes de maladies. Aussi robservalioii prouve-t-elle quc les animaux ä poitrine etroile sent frcquerament alteinls de phlegmasies des plevres et des poumons, qui passent facilement ä l'ßtat chronique ; de toux anciennes , de phthysie, etc., etc. Tandis que dans ceux oü cette cavite est vaste , l'hömalose riclie en pricipes d'excitalion e! de vitality, on voit apparaitre les inflammations vivas et franches, les engoueraens apoplectiques, les hömorrogies, etc., etc.
La loux C'tant un Symptome maladif frequent dans I'espece bovine , pour lequel le vöterinaire est si souvent consulte que je crois devoir m'en occuper d'une maniere spöcialc , avant de decrire les maladies de l'appareil res-piratoire. Elle consiste dans une expiration subite , vio-lente, forcee meme, delcrminee par une lesion qnelcon-que de cet appareil ou par toule autre cause d'irritation dirccte ou sympathique de la muqueuse qui tapisse le la­rynx , la trachee et les bronches.
Ne füt-cq que comme Symptome ; la connaissance du siege et dc la nature de la toux meritc d'etre reclicrchöo avec soin ; comme signe diagnostique , la toux offre des differences qui dependent du siege , dc la nature et de Tepoque de la maladie qu'ello traduit ; ainsi celle qui accompagne quelquefois la pharyngite est seche , la Lou­che d'abord aride et chaude, devient bientot humide et rempiic de salive, la deglulion est difficile, douloureuse meme et l'animal temoigne une sensibility assez vive lors-qu'on lui presse la gorge. La toux qui resulte de I'irrita-iion du larynx est plus frequenle que la preccdente, on la distingue u la gene de la respiration , ä i'expiration plus ou moins sifflanle , aux mucosites qui s'ecoulent des
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ririOnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PATriOLOGlF. BOVINE.
lunines et do la bouclie. La region de la gorge est aussi endolorie comme dans la pharyngite. La toux bronchique est la plus frequcnte, dans l'espece boeuf, eile se mani­feste communt'ment avec tons les symptomes de la bron-chite aigue ; mais souvent eile u'est accompagnte d'aucun symplome inflammatoire, le malade fait entendre une toux souvent repetee, rälante, grasse , rarement suivie d'ex-pectoration ; il mange, travaille, mais se fatigue et s'essouffle facilement. Celie qui accompagne 1'inflammation du poumon est plus profonde et plus douloureuse que la precamp;lente ; la pleurötique est douloureuse , seche, fr6-quentc et quinteuse.
La toux est toujonrs seche et dite d'irritation dans le principe des maladies inflammatoires de l'appareil respi-ratoire , ainsi que dans toutes les irritations sympathiques du pharynx, du larynx et des bronches. II en est ainsi de ceile qui s'observe durant le travail de la dentition du jeune bocuf, comme du poulain. La toux deviant grasse, humide , cxpectorante et dite do coction vers la fin des affections catarrhales.
Le cas pour lequel le veterinaire est frtquemment ap-pel6 est celui 011 la toux existe sans fievre et sans autres symptomes maladifs; I'animal mange, rumine , travaille comme do coutume, mais il tousse de temps h autre ; il est memo des bocufs qui sont dans un certain ötat d'em-bonpoint et quelques vacbes donnent un lait aussi abun­dant que de coutume. Le proprietaire craint cependant de possöder ou d'avoir achete un animal atteint de la phthysie pulmonaire, il desire prövenir une maladie grave ou faire resilier un marche desavantageux; ce cas embar-rassant s'est fröquemment presents dans ma longue pra­tique et surtout amp; l'Ecole , oü le corps enseignant est souvent consults et mßme nomm6 arbitre pour de scm-blables contestations; la toux que Ton supposait alors Mre un signe dc phlhysie , nous a paru rarement asscz
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PATHOLOGIE BOVINE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; Zöi
caractöristique, assez diagnoslit}ue pour y trouver im motif de rödhibition.
La toux qui caraclörise la phthysie commenfante ost petile , courte , seche , peu sonore , frequcnte , quelque-fois avortöe ; eile se fait entendre par momens ou acces et de preference le malin, ou encore apres le repas , ou plus communement enfin dnrant le travail, surtout s'i! est ua peu fatigant. Alors la respiration deviant penible, les flaues sont agitös, les narines se dilatent, il en decoule un mucus assez abondant ; mais une semblable correla­tion de symptomes devient concluante si le poil est teme et sec , la peau adh6renle sur les cotes ; si l'animal est raaigre , qu'il ait la poitrine etroite , sorree , i'encolure gröle , et qu'enGn quelques ganglions lymphaliques des regions gutturales, des ars, des aines, etc., etc., soient engorges.
Ne considörant ici la toux que d'nne maniere genörale, je ne m'oecuperai point des moyens thörapeutiques a lui opposer: cependant jeerois devoir direqu'ayant (ite souvent consulte pour des boeufs et vacbes atteints de toux ebro-niques et que je soupQonnai produite par une irritation , une phlegmasie peu intense de la muqueuse respiratoire , j'oblenais les meilleurs rösultats des tisanes emoliientes et beebiques composöes d'une decoction de racines de gui-mauve ou d'orge monde raiellöe , que je faisais donner tiede , ä la dose de deux litres soir et matin , avec l'atten-tion de la verser doucement dans la bouche pour que le liquide parvienne dans la caillette. J'ai quelquefois fait ajouter a cette tisane quelques navets coupös , des feuilles de laitues, ou des flours de coquelicot , ou deux totes de pavot lorsque la toux etait seche et quinteuse et que je soupconnais que la muqueuse ötait vivement irritöe ; de bons fourrages, l'eau blanchie, si les bestiaux la vov.-laient boire; le pansement de la main, le bouchonnement, l'usage d'une couverture et la proprelö de l'etable rötablis-saient promptement le malade.
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PATHOLOGIE BOVfNKt CHAP1TRE PREMIER.
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MALADIES DES CAV1TES NASALES.
Les narioes, les fosses nasales et leurs dependanccs tlonnent conlinucllement passage a l'air inspire et sont par consequent toujours en contact avec lui et les subs­tances auxquelles il sert de v^hiculc. La muqueuse pitui-taire qui revet ces cavitös est douee d'une sensibility si exquise chez les animaux , que Ruffon en a fait le sens universel du senliment, Iceilqui voit les objets non seu-lement oil iis sont, mais encore dans les lieux qu'ils ont occupes. Cette faculte d'etre vivement et faciiement im-pressionnee, eile le doit, 1deg; aux nombrcux filamens pul-peux du nerf elhmoidal; 2deg; aux rameaux nasal, palpebro-nasal et palatin fournis par la cinquierae paire encepha-lique ; 5deg; enfin aux Olcts trisplanchniques qu'elle revolt des ganglions uaso-palatin , sous occipital et spheno-palatin.
Siege d'une sensation tres dölicafe , la pituitaire se­crete et exhale en outre un liquide mucuso-albumineux qui I'humecte sans cesse, diminue ou plutöt modifie I'im-pression des fluides ambians ; eile est enfin douee d'une faculte absorbante assez active.
On conceit des lors que la chaleur et le froid , la s6 #9632; chercsse et l'luimiditö atmosph6rique doivent affecter sans cesse un organe aussi delicat; que la poussiere , les gaz , les miasmes , les effluyes doivent encore I'impres-sionner de diverses manieres, autant par absorption quo par contact. Et quoiquo la membrane nasale puisse elre malade des effets de cette impression directe, comme le ferait 1'air d'une etable ou d'une ecurie froide et hu­mide , par excmple; surtout lorsqu'un animal y renlre h In suite d'un travail aclif el tout en sueur; c'est ce-
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pendant lc plus souvent, comme je 1'ai (lit, la suppres­sion de la transpiration cutanöe et de celie qui s'exhale de la surface libre de la muqueuse. de la trachte et des bronches, qui delerminent le plus communöment sur la pituiiaire un etat maladif (*}. D'autres fois, la maladie est consecutive ä rinflammation de la muqueuse digestive, etc. , etc. Ce sont parfois des coups de pieds, d'aiguillons donnas par les bouviers ou des coups de cornes re^us en se battant avec d'autres animaux. II est enfin des circcns-tances ou r^tiologie des affections palhologiques de ces organes est inapreciable , comme il en est de geniales öpizootiques ou enzootiqucs et cons^quemment peu con-nues.
sect; in. Inflammation de la muqueuse nasale. Catarrhe nasal, coryza, rhinite, etc., etc.
Cette maladie, dont je vicns de faire pressenir la natare et les causes, consiste dans la phlegmasie de la membrane pituitaire qui tapisse les cavites nasales et dans celle des prolongemens de cette muqueuse qui revetent les sinus de la tete et ceux de la base des cornes du boeuf; eile se pramp;ente dans cet animal, comme dans le cheval, a Velat aigu, sous le tijpe chronique et compliquö d'un dial gangreneux.
(*) Si Ton reflcchit que la mallere de la Iranspiralion cutanee est le produit de la depuration de leconomie tonte entiere, on en tirera la consequence que la repercussion des molecnles perspiratoires prelequot; ä s'exhaler, et leur refoulement sur tel ou lei organe, ou encore ieur absorption et leur transport dans le torrent circulatoire, pro-duira necessairement, dans le premier cas , une phlegmasie qui va-riera de caracterc suivant la disposition individuelle; dans le second 11 alterera plus ou raoins les fluldes de celte memo economie et produira, parfois, les deux effcts en meine temps. Ainsi se conceit le catarrhe aigu , le chronique et le gangre'neux dans le boeuf; la morve aigue, la chronique et le mal de tele de contagion dans I'espamp;e equine.
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554nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PATHOtOGtE UOVINE.
Fironaage Jc Fcugre publiii en 1801) un article pen explicite sut lo catarrhe nasal; Ncboul lo il6crivit en 1812, sous le nom de gourme du boeul'; depuis lors , MM. Cru-zel , Berlholet , Gautier, Laborde el Hurtrel d'Arbova!, out fait connaitre des observations pratiques sur celte maladie , que Ton consulte toujours avec fruit.
Pour donner a cette monographie toute la precision et la clarte de description possible , je vais l'ötudier sous les trois elats que je viens d'indiquer , en faisant connaitre avec sein les complications qui en remlent par fois le diagnostic plus difficile.
Catarrhe aigu. Le bocuf atteint porte la töte basse , il est triste , son muffle cst sec , sa peau aride et ses polls lierisses; rappelil capricieux ou nul et la rumination rare. Mais la maladie augmente d'intensite , la respiration est sifflante en raison de l'inflammation de la piluitaire qui est injectec, (jpaissie, rouge et quelquefois meme violette; ce qui diminue la capacite des cavil6s, ainsi que des goulticres nasales , gene l'entree et la sortie de I'air respire. Aussi lo boeuf malade porle-l-il le nez au vent et ouvrc-t-il instinctivement la bouche pour respirer plus faci-lement. L'inflammation envahit succcssivement toute la tete , les cornes sont chaudes ä leur base , ou alternali-vement froides el brillantes ; la conjonctivc est vivement injectee, colorec et les yeux larmoyans. L'anorexie et la cessation de la rumination coincident avec la chaleur, la secheressc de la bouche , la plenitude de la panse el la constipation; le pouls est acccMere, Tariere tendue, quel­quefois pleine dans certains anirnaux. Le plus grand nom-bre des malades reste debout, les membres rapprödräs et ne bougent qu'ä force d'etre aiguillonnes ; d'autres sont eonstamment couches, malgrö la gone du respire aug-mentee par cette position. Des le Iroisieme jour, il coule des haseaüx un mucus blanchalre , d'abord peu epais, mais qui augmente de consistance el d'abondance ; une
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porlioo Jo cos maliöres esl löchöc par lo boenf, l'autre se lt;ülle et se dcsseche sur les Lords des narines; h bouche dislille aussi une salive abondante et visquense; Le nezest im peu tumöfie dans quelquos malades , il existe mCme souvent alors des ulceres sur le muffle, aux orifices des narines et sur la piluitaire, le fond en est rouge et ils sont converts de croiites mucoso-albumiueuses ; des-lors le flux nasal esl de couleur jaunätre, par fois mü\6 de strics sanguines; la respiration esl de plus en plus g6n6e et nasiilardc. Une conjonclivite consecutive envaliit par fois le globe de l'oeil, l'humeur aqueuse devient trouble et la cornöe lucide s'obscurcit; le mesaise est extröme , les (lancs sont tendus et retractös , l'öpine du dos insensi­ble et la marche chancelante. Ainsi parvenu au summutn de son intensite, le catarrhe nasal prend une terminaison quelconque : quoiqu'il se complique quelquefois de symp-tömes de laryngite , de bronchite el meme d'enl^rile, il est raremenl mortel, et ne präsente pas toujours la sörie ilc symptömes que je viens d'enumerer , ni une gravitö scmblable. II se forme souvent dans les sinus frontaux et ä la base des cornes une collection primitive ou secon-daire de matiere miicoso-purulente , la rögion de la löte qui correspond ä ce döpöt est plus chaude , en frappant sur le sinus, il y a matitö; le boeuf porte la tote penchde de ce c6t6, la corne repondant au sinus malade ne parait pas tenir ä sa base osseuse , eile est chaude et endolorie, I'aclion de la toucher fait horriblement souffrir le malade et la matiere sort par intcrvallcs, uiquement ou en plus grandc abondance par la narine qui y correspond. J'ai eu un cxemple de congestion sanguine consecutive sur le cerveaii dans un boeuf atteint du catarrhe nasal, d'autres vetörinaircs ont observe des fails semblables ; dans ce cas grave , les symptömes inflammatoires augmentent d'in-tcnsitö , le pouls est tendu, il semble plein , mais il est toujours accd'lerö; le malade porte la töte basse , on ob-
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serve uraquo; clat comateux peu intense el uu \eilige tran-quille , 1c malade appuie le front sur les corps environ-uans; la muqueuse nasale est de plus en plus coloröe, epaissie, il s'y forme quclques ulceres et le flux nasal ast plus purulent, plus consistant et plus abondant. Ces ac-cidcns maladifs rendent la respiration difficile, gend'c ä un tcl point qu'on a autant a redouler I'aspliyxic que la con­gestion cerebrale ; cependant ces terminaisons fuucstcs sont cxcessivement rares, 11 n'est, je crois , qu'un traite-ment incendiairc et irrationnel qui puisse faire prendrc au catarrhe nasal aigu un caractere funeste ou adynami-que, car souvcnt, malgre ces erreurs de therapeutiques, il se resout, gu^rit le plus fr^quemment ou passe quei-qucfois ä l'etat chronique , surtout dans les boeufs vieux, usös ou tres-lymphatiques et dans les vachcs surtout.
La resolution qui est sa terminaison la plus habituelle est annonc(5e par unc toux legere, la diminution des symp-lömes et plus de facility dans les mouvemens respiratoires ; la diminution du flux nasal, la cicalrisalion des ulceres. J'ai observe alors, dans quelques malades, une Eruption exanthemateuse de petits boutons qui se raontraicnt sur !a face, rencolurc , 1c thorax et la region interne des mem-brcs anterieurs ; ce plionomene favorable etaitsuivi d'une prompte convalescence.
Parmi les nombreuscs observations que j'ai recueillies sur cette maladie, je vais citer seulement les trois sui-vantes:
lre Observation. Calarrhe nasal aigu. Le 14 juin 1824 , un metayer des environs de Bourbon-Vendöe , vint rcquerir mes soins pour un boeuf qui 6tait indispose depuis quelque temps. La maladie 6lait au cinquieme jour de son existence; toutes les muqueuses apparenles (Haient rouges et enflammees, le bceuf porlait la tele basse, ses yeux ätaient rouges, larmoyans et chassieux ; des mucosites epaissos, inodores, abondantcs sorlaient
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des iiarines; la respiration etait fröquente et im peu rO,-lante, le pouls plcin et accölerö. La bouclie ölait cbaude et baveuse, la langue rouge , Ic malade refusait töulc espece d'alimens et ne ruminait plus depuis deux jours; les excrömens 6taient rares et durs, les urines peu abon-dantes, La peau ötait adhörentc , le poll pique et l'Gpine dorsale tres-sensible.
Diagnostic. Catarrhe nasal, survenu ä la suite d'uno repercussion de transpiration , produite par une pluio abondante durant le travail.
Pronosiic. Je rassurai le metayer qui regardait son beeuf comme perdu et qui lui avait d6jä fait plusieurs re-medes empiriques , au moins inutiles.
Traitcment. Saign6c de trois kilogrammes ä une jugu-laire , tisane de döcoction d'orgc mondö et racines de guimauve, miellee , donnee fr6quemment ; lavemens ömoliiens, frictions seches, usage d'une couverturc en laine; diöte , eau blanche. Le front est reconvert d'un cataplasme Emollient que l'on entretient tiede et que l'on renouvelle souverit. Le 13 , le catarrhe persiste, le flux est aussi abondant et cependant la respiration est moins rälante. Söton au fanon fortement nnimö par l'ongucnt vösicatoire, fumigations (''mollientcs dirigöes dans Ics nari-nes; du reste, memo traitemeut que la veille. Ce traite-ment fut continue les jours suivaus : le seton produisit, des le 16 , une revulsion puissante ; je le scarifiai et le fis bassincr avec une decoction de mauves. Le 18, le malade ötait en pleinc convalescence, il mangea un peu de foin , rumina et but de l'eau blanche, le 22, il ötait a meme de reprendre ses travaux aecoutumes.
2e Observation. Catarrhe nasal envahissanl Us sinus frontaux el la base des comes, complique de symptomes d'entcrile.
Un bceuf age de 7 ans , appartenant ä un propriötairc des environs de Toulouse , fut nmene ä la cliniquo de
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l'Ecole, doiit Je mc trouvai charge. Coiinu malade depuis sept {\ huit jours, on avail remarque que dans les pälu-rages ce bceuf ne mangeait pas , qu'il portait la töte bassc, lournait sur lui-meme et par inlervalles , sans faire at­tention aux objels environnans. Mis ä ratable, il gardail la meme position, cependant il avait mango r.n peu de foin et rumine meme , dans les premiers jours ; mais son efat cmpirant, on s'6tait decide a venir consuller l'Ecole. A cctte epoque, 26 juillet 1857, j'ubservai les symptomes dejä döcrits: lc muffle , en outre etait sec, ainsi quo les muqueuses buccale et nasale qui reflefaient une teintc rouge et pröscntaient quelques injections ; la conjunctive palpebrale et oculaire etait inllllröe et de couleur jauna-tre; les cornes etnient chaudes ainsi que le front; lc pouls petit et dur. On observait de lögers mouvemens convulsifs dans les muscles du thorax, qui se renouvelaient frequem-ment. L'inapetcnce etail complete , la rumination nulle, les excnümens dsirs et noirs, la söcrötion urinaire exces-sivement rare ; le ventre dur et relracte.
Causes. On se rappeia que lc maiade avait el6 mis dans un päturage par laquo;n temps pluvicux , apres un tra­vail asscz penible, ce qui avait pu occnsionor un refroi-dissement de la peau.
Diagnostic. Catarrhe nasal enyahissaut les sinus fron-laux jusqu'a la base des cornes et corr.piique d'enWrite.
Pronostic. Assez grave.
Traitement. Saignee de quatre kilpgranunes a une ju-gulaire , application d'un bandage matelasse imbibe d'cau froide vinaigröe , souvent arrosö reconvrant le front, le chignon et la base des cornes. Quelques heures apres i'evacuation sanguine le pouls se developpe , le bccuf pa-rait mieux , il rumine meme pendant un moment; mais lesoir, il rctombe dans le meme (Hat. Secondc saignee do trois kilogrammes , *!)reuvage laxalif , compose de rulfalc dc soi^de , melussc el dccoclion dc guitnauve ;
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lavemens ömolliens, fumigations de memc nature dirigccs dans les narines. Le 27 au matin, I'animal semble eiio mieux , rinfiltration des conjonctives a dispam en par-tie; le muffle et la pituitaire sont dans un mcilleur elat; il s'öcoule des naseaux une matiere mucoso-punilenle , les cornes ne sont chaudes qu'iü leur base ; cepeudant le pools est toujours concenlrö. J'indique une tisane laxative dans le but de produire une derivation sur l'intestiri, eile est composee de trois decagrammes d'aloes , de deux hec­togrammes de cröme de lartre et d'aulant de manne grasse, etendus dans huit litres de decoction de guimauvc, pour etre donii(5c en quatre doses, dans la journte. Du reste, on continue les applications sur le front, les fumigations; les lavemens ömolliens, etc., etc. Le 28, le malade pa-rait plus triste; l'ceil gauche est injectc , la conjonctive infiltree, l'anorexie et la cessation de la rumination per­sistent , il y a eu quelques Evacuations stercorales noires et fötides; le pouls est toujours concentr6. Saignt-e de deux kilogrammes et demie, tisane mucilagineuse miel-16e, memes soins. Le soir, on passe un seton au fanon, on l'anime avec l'onguent vfeicatoire. Le 29 , le bocuf est beaucoup plus triste que la veille ; le pouls est petit, concentre et dur, la corne gauche est beaucoup plus chaude que la droite , la surface du corps est presque froide ; le ventre est dur, r6tract6, la constipation per-siste. Frictions revulsives sur les membrcs , faites avec du vinaigre chaud , dans Icquel on a d6lay6 de la poudrc de moutarde; continuation des applications d'eau acidulee, des fumigations et des lavemens ömolliens-. Tisane laxative composee de sei de Glauber , manne grasse etendue dans une döcoction de guimauvc , administree toutes les deux ou trois heures. Le soir, le pouls se döveloppe un peu et la temperature du corps est revenue ä l'etat normal. Le 50, meme elat, mcme indication , cependant la corne gauche etant toujours beaucoup plus chaude, plus endo-
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lorie et le malade portant la tete tres-penchöe de cecole, je me decidai a I'amputer , il en d^coula beaucoup de raatiöremucoso-purulenleetdesang.je pansai ensuiteavec le digestif anim6. Le 31 , le mieux est sensible , le boeuf cherche ä manger, il a fieiile et rendu de l'urine coloree et odorante; corame il 6tait faible, je lui fis prendre deux panades, il mangea un peu de foin, but de l'eau blanche, prit quelques litres de tisane, etc., etc. Le 48r aoüt, le proprietaire le retira des hopitaux de l'Ecole, je prescrivis un regime et lui indiquai les soins a donner ä la corne , au seton et quelques jours apres , je sus que ce bceuf 6tait radicalement gu6ri.
oe Observation. — Le 7 octobre 1850, mon ami, M. Mquot;quot;*, vint me prier d'aller avec lui h sa campagne pour y voir un beeuf Ag6 de huit il neuf ans de race agenaise et de forte structure, malade depuis la veille.
Cet animal, ordinairement vif, möchant meine et ar­dent au travail, ötait couche, il fallut I'aiguillonner pour le faire lever, sa marche d-tait lento et penible, dans la station , il rassemblait ses quatre membres, le dos (5tait voussö, le malade portait avec cela le nez au vent, son ventre (Hait plat et relracte, tout indiquait un mesaise general; je pin^ai I'epine d'orsale a plusieurs reprises , il y fut insensible. Cet animal n'avait pas mango ni rumine depuis la veille , la pause etait dure, la bouche chaude et seche, les excr6mens sees, rares, rocouvorts de murosites et les urines colorees. La peau 6lait seclie , les polls hö-riss^s, les oreilles et les comes chaudes, le muffle sec, la membrane nasale rouge et seche ; la respiration un peu accöleröe , sonore et nasillarde; ie pouls vite , Tar­iere tendue. Les yeux etaient tumeDes, rouges , lar-moyans, la conjonctive injectee et le corps clignotant apparent et infiltre. L'animal etait dans un (Hat d'abat-tement qui conlraslait beaucoup avec sa vivacilö ordi­naire.
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Causes. On soupconnait que I'animal avail öprouve un refroidissement de la peau durant le travail.
Diagnostic. Catarrhe nasal aigu.
Pronostic. Favorable.
Traitement. Saignee de cinq kilogrammes ä tine jugu-laire, application d'un cataplasme maleiassö sur Je chi­gnon et le front, que Ton arrosait souvent d'eau vinai-gree ; lisane de decoction de guimauve miellöe, lavemens emolliens. fumigations , diete, eau bianche ; le malade sera frequemmeut frictionne et tenu couvert. Lc 8, I'etat general est le memo, mais la constipation est opiniatrj, les urines rares et colorees ; le pouls concenfrö et acce-lere ; on remarque un frisson genöral qui dure depuis quelques heures. Gependant le larmoiement est augmenle, le nez distille quelques mucosites et la bouche est plus humide ; mais la sonoröitö , le nasillement de la respira­tion indique que la phlegmasie des voies aeriennes persiste. Autre saignöe de quatre kilogrammes ct mcSrae prescrip­tion. Le 9 , le mieux est sensible , le flux nasal assez abondant, le muffle est couvert de rosee et les yeux chas-sieux ; le malade a rendn beaucoup d'excrömens muqueux et infects ; il cherche les brins de fourrages et a rumine pendant quelques minutes. Memo tisane et memes soins; je pcrmets un pen de fourrage et lul fais donner de l'cau blanche. Le 10, convalescence, le flux nasal est 6pais et homogene. Eau blancbe , nourrfture peu abondante, lavemens 6molliens ; le 15, I'animal est gu6ri.
Le 25 du merae mois, on me rapporte que le flux nasal a reparu par la narine droite : je dus revoir le malade , le catarrhe 6lait pass6 a 1'^tat clironiquc , mais n'offrait rien de dangereux : il existait un flux muqueux, blanc, inodore , coulant par la narine precilee, dont la piluilaire 6tait pale et inflltröe; la conjonctive de ce cote etait aussi infiltriie ; I'aniraal cprouvait un peu d'agitaliun dans la respiration apres I'exercice , il clait faible au trn-
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vail, et laisse libre, il portait la töte penchöe ü droilc , sans que la corne de ce clt;U6 parüt plus chaude; enfiu 1c pouls ötait a l'etat normal. Je fis appliquer tous les soirs sur Ic front un cataplasme matelassö , imbM de vinai-gre chaud , que Ion humeetait line ou deux fois ; je prescrivis des fumigation 6mollientes , je fis frietionner le boeuf, on le tint convert. Trois jours de soins suffirent pour faire disparaitre le flux et nHablir le malade.
Ce qui precede suffit pour caraetöriser le catarrhe nasal aigu. II n'est, dans quelques cas, qu'une phlegmasie inapergue qui se rösout avec facilite, surtout dans les animaux jeunes et dans lesquels la reaction vitale röta-blit promptement les functions de la peau ; mais dans 1c plus grand nombre de cas, il prend un caractere plus aigu, plus grave, qui exige un traitement ration-nel; d'autres fois et surtout dans les animaux lym-phatiques , peu önergiques on affaiblis, il passe facilement ä l'etat chronique. II se coirpüque quelquefois de la phleg­masie du larynx et des bronches; mais, comme dans ce cas , il n'offrc de difference avec la Zme observation , qu'un rAle muqueux plus ou moins intense, une gene du respire dont il est facile d'appW-cier la cause et les ef-fets, je me suis dispense d'en citer un exemple.
Le catarrhe aigu est rarement rnortel; aussi n'ai-je fait qu'une seule autopsie. Le boeuf atteint pörit d'une violcnte congestion cörebrale, trait^e par le vin rouge, la theriaque et la muscade, indiquös par un empirique. Je le repete, sa terminaison la plus f.kheuse esc l'ötat chronique, on doit la redouter duns les vaches epuisees par la gestation et dans les boeufs ug6s, maigres, debili-tös par une mauvaise alimentation et des travaux execs-sifs. Des excitans sudoriuques, diffusibles meme et une derivation sur le tegument externe doivent lui etre sage-ment opposes; je reviendrai plus loin sur ce cas patho-logiqnc.
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Aulopsie du boeuf que je vicns de citer.
La muqueuse nasale elail Ircs-rouge, rauiolüe, epais-sie et ulcör^e, surtout ä l'entröe des üarines; mais l'arach-noide elait fortement injectee, ainsi que la pie-mere et le plexus clioroide; il existait un öpanchement serenx dans les ventricules lalöraux du ccrvean. Leä organcs rospira-loires pramp;entaient l'etat de congestion qui rösulle de l'as-phyxie , les bronches 6taient remplies de mucosilcs spu-meuses et un peu sanguinolentes. N'ayant vu cot animal qu'apres sa mort qui survint le huitieme jour de la ma-ladie , je ne puls en donner I'liisloire , je sais seulement qu'elle devint grave et, funeste par l'emploi des r^mödes incendiaires quo l'oa mit en usage.
Le diagnostic du catarrhe est facile; quoiqu'il compli-que souvent la bronchite, il nc peut etrc confondu avcc olle, en raison de Tabscnce de la toux et du räle muqueux tres-appröciable par l'auscullation de la trachee, ainsi que du thorax; par une dyspnße moindre et le pouls moins engoud1.
Pronostic. II est tres-rarement funeste. La diminution graduelle des symplomes annonce la resolution de l'inllam-mation , tandis que la persistance du flux nasal, malgrü la diminution de la phlegmasie indique !e passage ä Tdtat chronique. Les mucosild-s distülecs par la muqueuse sont alors peu epaisses, semblablcs ä une dissolution de gommc melee de lineamens jaunes; la respiration est gence et le boeuf enchifrenö.
Causes. Gelte maladie se monire communement sous l'influencedes Saisons ou des tempöratures froides et lui-mides ; une transition subile et brusque du chaud an froid , les bestiaux ötant en sueur ; le refroidissement de la peau par une pluie battantequi les surprend durant le travail ; l'impression de la poussiere acre des grandes routes, inlroduiteavec l'air inspire ; celled'nn brouillard froid , epais , odorant , qui provoque la toux , comme
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PATHOLOGIE BOVINE.
il en existe durant le printemps et l'automne, surlout dans les vallöes profondes et maröcageuses, sont autant de causes qui refoulent la transpiration cutan(5e sur la muqueuse nasale , ou qui agissent directement sur cctte membrane et produisent son inflammation. II en est de möme des ^tables basses, humides, froides , dans les-quelles le mur de face portant le ratelier est plus has que le sol extärieur et sur lequel I'eau suinte en goutte-lettes; cctte cause agit aussi directement sur la pituitaire , quand on rentre les bestiaux en sueur et sans precautions a leur retour du labourage; l'inattention de les conduire dans les päturages bas, maröcageux ou humides. dans les memes circonstances , produit des effets d'galement funestes.
Toutefois, les causes du catarrhe ne sont pas toujours appr6ciables ; le refroidissement de la peau qui I'a pro­duit est souvent inappergu , et l'aptitude ä contracter la maladie peut tenir ä une disposition individuelle, a la laxite de l'organisme , d'ou resulte une propension h la sueur an raoindre travail. La cause agit souvent encore et tout ä la fois sur la muqueuse nasale et oculaire , d'ou la conjonctivite concomittante; de sorte que e'est au­tant amp; cctte simultaneity d'action qu'a la Sympathie et la continuite de tissu que sont dues les ophtalmies qui compliquent les catarrhes. An surplus, l'intensite de l'ac-tion de ces diverses causes est presque toujours relative et individuelle , commc je l'ai dej'i donnö ä entendre et le prouverai plus loin.
Marche. Quels qu'en soient les resultats, cette maladie marche communementiisa fin, et se termine ordinairement par la resolution quand eile est a I'etat aigu ; mais, comme elle peut avoir des suites plusou moins graves , il est aussi rationnel d'arreter ses progres, quand sa marche est trop rapide , commc de stimuler la reaction , quand elle a une tendance ä la chronicili. J'ai vu un epistaxis abon-
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dant, qui (lonnu issue ä environ deux kilogr, de sang , guerir comme par enchantement un boeuf altoint d'un catarrhe nasal sur-aigu.
Trailement. La saignec ost !e premier rernede dans un animal jeune et vigoureux ; j'ai loujours prefere et me suis bien trouve de la reiterer, plulot qtic de la faire trop copieuse, et celle pratiquee ä la jugulaire m'a tou-jours sufö. Unc övacuation sanguine trop considerable peut faire passer le catarrhe nasal ä l'etat chronique ; on doit surtout etre avare de sang chez les beeufs äg6s , lymphatiques , et les vaches qui out fait plusieurs veaux. Les applications ömollientes sur le front sont prescrites dans les inflammations franches ; celles d'eau vinaigröe sont preferables, quand la phlegmasie est ancienne, qu'elle tend ä l'etat chronique , ou que les animaux sont vieux ou debiles, Les revulsifs ä la peau, tels que les frictions siuapisecs sur les membres , comme dans la 5e observa­tion ; les sötons au fanon deplacent avaniageusement l'in-(lammation. Je me suis bien trouve encore des laxatifs dans le cas de constipation opiniulre ; j'ai reconnu que cette medication rend au venire sa libcrle, qu'elle opere une diversion favorable qui s'oppose a la congestion c6r6-brale, ainsi qu'aux depots purulens qui sc forment quei-quefois dans les sinus frontaux , ou tout au moins ä l'in-flammation ulceralive de la muquease nasale. Lorsque cette congestion ou ces depots dans les sinus frontaux sont imrninens et que tous les moyens indiques n'ont pu y rem6-dier, il est indispensable d'amputer une corne avec la scie, i quatre ou cinq doigls de la base; l'üemorragie qui en est la suite soulage promplement le malade. Dans les pays tfeleves cette operation oterait toute valeur a l'animal, on se contente de la terebralion faite a la base d'une corne avec une grosse vrille, une petite tarriere ou une cou-ronne de tröpan , l'on penetre ainsi dans un des sinus frontaux, ce qui csl avantageux , si l'on y soupfonne un
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d(i()nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; PATIIOI.OUIK BOVINElaquo;-
i'paiichomciit sanguiri on un döpöl. Cependant l'liömor-ngic alors cst de beaucoup moindre que dans I'aaipula-tion de la corne' qui sonlage plus efGcacement 1c malade. Queiques dcrivains ont bläm6 les fumigalions emollienles etpreleiidu qn'eliesdllataientles capillairesdela pituitaire, augmentaient sa plilegmasie, son intumescence et la gene de la respiration ; je ne puis partager line opiniun que I'experience a dementie , car les fumigations ont toujours de bons resullats, si Ton a l'attention de tenir le vase qai les conlient sous le nez du malade et a une distance teile que les vapeurs aqueuses soient ä une temperature modöree qui rcläche cette muqueuse et aide ä la rt'so-lulion de l'inflammation.
L'oplitalmie, qui compliquequelquefois le calarrhe aigu, sc dissipa avec la maladie , et s'il reste queiques taches sur lacornee, dies se resolvent facilement et souvent d'cllcs memes.
Calarrhe chronique. Le catarrhe aigu peul, commc je Tai dit, passer a l'ötat chronique; les symptomes d'in-ilammalion sont dans ce cas peu intenses, la membrane pituitaire esl infiltree el de couleur rose pale ; recoulement nasal est assez abondant; mais il est peu epais, muqueux, mele d'un liquide jaunätre plus consistant. Les yeux sont infiltres etchassieux; la bouche est remplie de glaires; l-expression de la töte triste , la respiration nasillarde, en-diifrcnee , genee plntötpar la presence des mucosites que par l'epaississement inflammatoire de la pituitaire, Le boeuf malade secoue continuellemcnt la teto, surtout s'il se forme queiques collections mucoso-purulentes dans les sinus frontaux ; alors il porte la töte basse et pencbee du cote oü se forme le depot; si celui-ci a son siege ä la base d'une corne, eile est un peu plus chaude. Des ulceres se for-mcnt sur la muqueuse des nascaux et sur celle des sinus ; on aper^oit des erosions blafardes aux orifices de ces ca-viles ; le pus qui flue alors des narines cst moins homogene
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et plus {quot;raquo;Hide ; 1c tour des yeux , !es paupieres, le nari-nes , le mufle sent oedematiös. L'appütit et la rumination sonl diniinuös , le pouls est lent. Les rlcerations des na-rines s'agrandissent; elles rongent les cornels et les vo­lutes ethmoidales ; cclles des laquo;inns gagnent aussi en eten-due ; ils carieut les lames du diploe et les parois osscuses des sinus. L'animal maigrit pen n pen ; i! passe de l'etisio au marasme et a la mort.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; \
Le catarrhe nasal clironique priraitif est assez rare : il attaque les bestiaux essentiellement lympliatiques, les bteufs et vaches miserables, affaiblis par les travaux, la gestation ou une nourriturc aqueuse , pen substantielle , et s'observe surtout dans les conlrees aqualiqucs, mar6ca-geuses et brumeuses. 11 est produit par les memes causes quo I'aigu ; mais les symptömes de reaction et d'inflam-mation sont faiblcs et do pen de dunie , en raison de la de-bilite constitutionnellc. La marche en est lente , les mu quoiises sont blafanles et infiltrees ; le flux nasal muqueux et pcu consistant; le malade s'essouffle au moindre exer-cicc ; IVjedematie dc la face, riiifiltration des conjonctives, des paupieres et la chassie abondanle qui decoule des yeux, atleslent de la faiblesse genörale et de rimpuissancc des forces röaetives dc la vie. La maladie parcourt les memes pliases quo dans le catarrhe clironique consecutif, le ma­rasme precede la mort et souvent des myriades de poux qui couvrent le tögumqnt, augmentenl la debilite gene-rale et accelercnt la mort.
A Vanlopsie d'un bceuf mort do celte maladie, je ren-contrai, outre l'etat de marasme general, la päleur de lous les lissus, un etal anemique tres-frappant; les sinus frontaux , ceux de la base des comes conlenaient des döpots purulens, des ulceres a bords epais el blafards , qui avaieut detruit, rongö en grande parlie la muqueuso qui les tapisse , cette membrane etait en general epaissc et diluaute. La pituitaire nasale etait aussi en parlie do-nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; '-
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5(i8nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; PATHOLOGIE BOVINE.
truite par do vastes ulcerations, dont le fond etait grisä-tre et les bords callcux ; ils avaient creusö la cloison car-tilagineuse, detruit les cornets et une grande partie des volutes ellimoldales. Le cerveau etait ramolli, döcolore et ses ventricules contenaient de la sörosite citrine assez abondante ; le plexus choroide ötait couleur de chairs lavöes.
lrc Observation, En septembre 1826, je fus appele dans une ferme voisine de Bourbon-Vendee : un boeuf äg6 de neuf ans et deslinö amp; l'engrais, avait et6 employe ä un charroi long et penible, cet animal se fatiguait plus quc son compagnon et suait assez abondarament, quand deux ou trois averses de pluie le surprirent durant la route ; comme il n'en parut pas immediatement incommodö, on le rentra le soir ä l'ötable avec ses compagnonsde voyage, et le lendemain malin il fut mis dans le päturage avec les autres bceufs. Ce ne fut que le lendemain que le fer-mler s'aper^ut quo cet animal ne mangeait pas, qu'il etait triste, rassemblösous lui, portait la lete basse, mais etenduc et avait la respiration genee. Le malade fut de suite mis d Tetable ; on consulta un empyrique voisin qui administra divers remödes ; de Sorte que je ne vis, ce boeuf, que sept jours apres son indisposition connue.
Aspect triste, respiration nasiilarde, tete6tendue, bou-che un peu beante ; l'animal se tient delout, les membres rassembles, dans un 6tat de taciturnitö frappant ; toute la face est oedcmatiC'e, il döcoule des narines des mucositC'S glaircuscs, melees de llocons jaunes etplusconsistans. Les narines paraissent en partie obstruöespar I'ötat depaissis-sement et d'infiltration de la pituitaire qui est de couleur rose pale, mais sans ulcörations; les conjonctives sont dans le mcme etat, les paupieres gonflöes, les yeux saillans et chassieux ; la bouche est aussi un peu humectöe et sa membrane de couleur rose pale. La peau est seche , les poils lierisses, les comes un peu chaudes, ainsi quc le
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fvont; il existe une raideur gönerale, repine dorsale est insensible et les moüvemens difflciles. Le potils est lent et peu döveloppö; l'appetit diminuect la rumination rare.
Diagnoslic. Catarrhe nasal ä l'elat chronique.
Pronosltc. Favorable, en raison du peu d'intensüö de la maladie.
Trmlemenl. Tisane sudoriOque composöe d'une infusion de fleurs de sureau et de feuilles de petite sauge mieüte; fumigations de baies de genievre faites sous le ventre, le malade Üant couvert; suivies de frictions seclies et de Tattention de l'envclopper d'une couverture de laine. On fait respirer ä ce baeuf les vapeurs tiedes d'une infusion de sauge et quelques jours apres on y substitue le cam-phre projete sur des charbons; enfin on applique sur le front un cataplasme matelassö imbibö frequemment avec de l'eau acidulee tiede, puis apres avec du vinaigre pur. Des le troisieme jour, je üs ajouter ä chaque litre de tisane soixante grammes de poudre d'aunde, je fis alimenter avec de bon foin aspergö avec de l'eau sal(5e ; le malade buvait assez bicn l'eau blanche. Huit jours de ce trailement assez simple et le soin de promener chaque jour cet animal, suf-flrent pour le relablir cntierement.
2e Observation , communiquöe par M. Deshoms , v6-töritiaire ä Etauliers (Gironde). Le 10 mars 1836, un formier de la commune de Bro me fit prier d'ailer voir un de ses bceufs qui tenait toujours la tete penchee du cötö droit et ne pouvait marcher sans tomber.
Cet animal, ögö de huit ans, ötait en assez bon etat, il portait la tete constamment pencböe et ne pouvait faire le moindre mouvement h droite sans culbuter, il ne se relevait ensuite qu'apres plusieurs efforts ; un flux mu-queux coulait des narincs et gcnait un peu la respiration. Du reste , il mangeait, ruminait; le pouls ötait petit et trcs-lent. ün empirique appelö avant moi lui avait scie la corne droite et y avait inlroduit un morceau d'ellebore
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qiii avail lu-oduil mi pen de suppuration. Je prescrivis des frictions seches, des boissons d'eau blanchie par le son et des laveraens emoiliens. Je revis le malade !e sur-lendemain 'et le trouvai dans le ni^me 6tat, la corne donnait toujours tres-peu de pus ct le flux nasal t-tait le meme. Fomentations et frictions failes sur I'epine dor-sale avec le vinaigrc chaud dans lequcl on avail fait bouillir de la sauge et du romarin , application d'un cata-plasme matelasse de meme nature sur le front; fumiga­tions Smollientes. Tisane laxative de creme de tartre et d'orge mondö , anhr.öe par l'aloes ä polite dose , donnöe ä la quantity d'un litre soir et malin pendant deux joiirs. Le 16 , le propriotaire vint mc dire que son boeuf 6tait beaucoup mieux , mais qu'il etait encore faible. Memes frictions et cataplasme ; la tisane ne sera donnöc que tons les deux jours , ä la dose d'un litre. Gelte prescrip­tion est continut'e pendant douze jours. Apres ce temps, je me bornai ä prescrire quelques frictions faites ä quel-qnes jours de disiance , sur toule l'ötendue du rachis, compose d'un liniment ammoniacal que Ton ötendait dans un melange d'huile de p6tro!e et d'cssence de tördben-thine. Des lors, lebceuf elait en pleine convalescence, le pouls ötail a l'etat normal ; il continua ä aller de mieux en mieux. Je dus pour laut terminer le traitement par l'application d'un seton au fanon. Durant toule cette me­dication le malade fut nourri de bon foin , de vert pr(5-coce et abreuve avec l'eau blanche ; il fut par la suite remis dans le marais , engraisse et vendu ä un boucher. Gelte observation est interessante sous le rapport de ratteinteport^e au Systeme nerveux locomoteur, par suite de rextention de l'inflammation de la pituitaire ä l'ence-phale et les symptömes de paralysie commencante qui en ütaient la suite. Je prouverai bienlöt qu'il en arrive ainsi et d'une maniere bien plus grave dans le catarrhe sur-aigu ou coryza gangreneux.
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j'ai deux fuis el6 appelö poiir des bceufs atteints do catarrhes chronlques döjä anciens et me suis trouvö dans l'obligation d'arnputer ime corue , la tör^bralion avec la vrille ou la larriere n'etant pas süffisante. Je falsais pöne-trer dans les sinus des injections detersives do decoctions d'orge, de feuilles de romes et d'aigremoine mielldes; je prescrivais en outre des tisanes ameres et touiques, des fumigations de vapeurs de camphre, dirigöes dans les narines; je recommandais de nourrir le plus substantiel-lement possible. Un de nies malades guerit et put etre engraissö pour la boucherie; l'autre abandonn6 de lassi­tude par les paysans, pörit miserablement; j'ai rapport plus haut son autopsie.
Calarrlie nasal gangrcneux. — On lit dans le compte-rendu des travaux de l'Ecole de Lyon , annte 1816, pag. 23 , que M. Morier , yelt-rinaire en Suisse , a adress6 un möraoire sur le mal de me de contagion dans le boeuf. II ne Je croit pas toujours conlagieux et pense que les effluves qui s'ölevent des päturages marecageux dans les-quels les basliaux vivc-nt, le font dt5vclopper; c'est, ditce vetC'rinaire, un \inta.h]e calarrhe gangrenenx.
Dans un mömoire adressö en 1819 k la Societe royale et centrale d'agriculture , par M. Rhodes, v6terinaire a Plaisance (Gers). 11 est, dil-il , une maladie tres-funeste au bölail, mais rare, que des vötörinaires ont nomm^e mal de t6te ou mal de contagion, et qu'on nomme ici goulte sereine. Je la considere comme un calarrhe gan­grcneux de la muquense nasale du boeuf.
Elle affecte les bceufs et vaches depuis leur naissance jusqu'A l'äge de neuf ä dix ans et les empörte en sept et liuit jours.
Symplamp;mes. Tristesse, perfe de l'appötit', la ItHe est basse et fixe , 1'animal uo pout changer de position ; le pour-tour des naseaux s'engorge, puis la tete et enfin les yeux; le mufle devient jaune , sec et chaud , la muquense na-
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372nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PATHOLOGIE BOVINE.
sallaquo; s'enflamme, une morve jaunälre , infecte et rare de-roule des narines. Quelques tumeurs se manifestent autour do la trachte arlere, la respiration est tellement gßnöe que ranimal court risque de suffoquer; le pouls est vite, petit et concentre; les yeux engorges , larmoyans se cou-vrent bientot d'un nuage blancMtre qui s'epaissit insen-siblement et des que le malade n'y voit plus, sa fin est ordinairement prochaine , rarement il passe plus de huit a neuf jours.
Cos symptomes indiquent une phlegmasie gangrd-neusc de la muqueuse du nez ; un erysipele plilegmoneux do toute la peau de la tele joinle a une grande inflammation des yeux. M. Rhodes ne croit pas ce catanhe contagieux, et je pensc comme lui.
Tmitemenl. Fumigations toniques dans les narines , cataplasmes toniques sur la tele ; exutoires au poitrail, opials purgatifs et toniques ; lavemens laxatifs. Ce trai-teraent a toujours ete infructueux.
Autopsie. Quelquefois mötdorisation, mais constam-ment la putrefaction du cadavre est prompte, il exhale une odeur infecte. La muqueuse qui tapisse les cavit6s nasales , les sinus frontaux , 1c larynx et la trachte arterc est d'un rouge noirälre et enduile d'une mucositö qui r6pand une odeur insupportable.
lre Ohservation. Le 16 novembre'1824 , je fus ap-pelö ä une mötairie du domaine des Gab; (Yendte ), pour un veau de deux ans, malade depuis la veille.
L'animal avait 6t6 violemment et subitement atteint le 15 au soir; ä mon arrivöe le 16 , la maladie (Hait dejä tres-grave : (Hat comateux, avec perle du sens de la vue; respiration acc6I6r6e , rälante ; pouls fort, plein et en-goue ; tonte la face est tum6fi(5e, mais plus parliculiere-ment les yeux , les narines et les levres ; les conjonclives sont rouge-noir , la pituitaire violette et öpaissie ; il fluc par les narines un liquide mucoso-purulent, melo de
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stries sanguines et dejä un peu fötide. La bouclio est brillante, sa membrane interne coioröe et humoctee par beaucoup de mucositös et de salive ; inutile de dire que l'animal n'a ni mange, ni rumin6 depuis vingt-quatrc lieures; Ics excremens sont rares, durs, et les urines peu abondantes, les forces sont opprimöes par l'exces de la reaction et par la congestion qui enraie t'innervation ; aussi le malade est-il dans im ötat de prostration extreme.
J'avaiseu, durant vingt-cinq annecs de pratique , plu-sieurs occasions d'observer cette funeste maladie: les ötables de cette ferme ötaient, comme partout ailleurs, assez mal tenues, ce n'etait done pas lä qu'il fallait chercher la cause virtuelle de la maladie; mais m'tHantinformödes päturages d'automne, je sus que le troupeau des vaches et des gönisses paissaitconstamment durant toute cette saison sur des ter­rains aqnatiques, autour de deux etangs, oü se trouvaient beaucoup d'herbes ; je les visitai et je fus frapp^ de l'odeur des effluves fötideset malfaisansqui s'öchappaient du sol, ainsi que dela mauvaise qualitö des planlos qui y croissaient. Le metayer m'avoua qu'il avait perdu quelques autres bes-tiaux de la meime maladie, ainsi que du charbon durant les automnes pröcödontes. Du reste, le veau 6tait en bon etat, ä formes artondies et d'un temperament lympliatique, comme presque tous les jeunes ruminans.
Diagnostic. Catarrhe nasal gangr(5ncux, compliqu6 d'une congestion cer^brale consecutive.
Pronostic. Funeste , car sur douze ou treize animaux atteints de cette maladie, dont j'avais conserve note, im seul etaitgueri ä la suite d'un öpistaxis critique (pag. 564).
Trailement. Jusqu'ä present la medication anti-phlo-gistique, saignee, tisanes dälayantes, lavemens, etc., etc., ne m'avait jamais reussi. Quelques autopsies m'avaient demontre qu'il existait un etat adynamique et gangreneux dans cette variety du catarrhe nasal; je mc deeidai dornt a essayer un traitemcnl plus actif. — Saign6e de deiix
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,gt;71nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; PATIIOI.OÜIE BOVINE.
kilogrammes ä ime jugulaire; breuvages loniques ct diffusibles dans iesquels enlrait soixante grammes d'aeö-tate d'ammoniaque etendus dans un litre d'infusion de mölissc , miellee. Lavemens ömolliens acidui^s; compres­ses imbiböes d'eau tiede et de vinaigre appliquees sur le chignon et le front; fumigations emollientes acidulees. Lc soir, au retour d'une course, je vis ce veau et lui passai deux selons au fanon, je les animai avec l'ellebore noir et l'on-guent vesicatoire; ce traitementfut continue le 17 et le 18. Le 19 , je revis mon malade , la respiration ölait plus reguliere , l'ötat comateux persistait, le pouls etait plus lent, mais il ötait faible et concentre; I'adynamie avait fait des progres, l'air expire avait une odeur cadav^reuse; les conjonctives ötaient rouge-noir et les yeux semblaient pleins de sang. La face etait tiim6fi6e , les levres et le mufle gerces, la pituitaire violette et ulcörde, lc flux qui decoulait des narines infect, grumeleux et m616 de sang. Les stHons n'avaient produit qu'une faible rövulsion, les plaies en (Haient noires et seches. Je scarifiai I'engorgement du fanon , il dut etre bassine avec une decoction acidu-Ue de mauves ; raemes breuvages, fumigations , etc., que la veille. Le 22 , etat comateux augments, chute du malade sur la litiere , toute son arriere-main est paralysee et insensible; il exhale une odeur cadavereuse insuppor­table. Je dus rabandonner, il mourut le 2i. On m'ap-porta la lete que j'ouvris avec soin , la pituitaire des ca­vils nasales et des sinus ötait ulcöree, ramollie , noire et gangrenöe ; les yeux (itaient dans un 6tat de putrilage gangröneux , les meninges ötaient tres-injectöes et cou-verles de nombreuses pötöchics noires ; le cerveau et le cervelet ramollis , parsemlt;5s de pointillations sanguines noires. les ventricules remplis de s6rosite citrine, le plexus choroide noir et injecle, les glandes pineales et pituitaires diluantes.
2deg; Olsevvaiion. 23 aoul 1827, lut-uf de labour, ftg^
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Je quatre ä cinq ans, en bon ötal et appartenant ä M. G... , propriötaire i Lande-Ronde (Vendee): cet animal fut pris subiteraent d'un catarrhe nasal si violent, qu'i! y eat presque de suite congestion au cerveau et perte du sens de la vue. Le mC'tayer appela im empirique qui sai-gna cet animal et assura que la maladie n'(Hait pas dan-gereuse. Le 23 , les symptömes devenant de plus en plus graves , je fus appele : congestion C(h-ebrale tradulto parl'ötat comateux, lechancelleircnt du inalade qui porte la töte basse et l'appuie au mur sans boüger de place, ni pousser avec violence. Les cornes sont chaudes, les yeux saillans, larmoyans, la conjonetive reflete une cou-leurrouge-noire, la cornöe lucide est opaque et blanche, im clignotement continuel agile les paupieres. La face est tum6fiöe, la membrane pituitaire est violette et (üpais-sie, il coule des narines des mueositfe assez abondantes, fötides et mßlöes de sang ; la respiration est rälaute , les flancs agitös ; le pouls accölöre , Tariere pleine et tendue ; la bouche est brülante et remplie de salive. Le boeuf a refuse les alimens, les boissons et n'a pas ruminö depuis deux jours, ses exerömens sont rares et durs , les urines colorees.
Diagnostic. Catarrhe nasal sur-aigu et gangreneux.
Pronostic. Funesle. Je prevoyai que la congestion c6-rebrale serait suivie de la paraplegic , que la gangrene et par consequent la mort 6taient positives.
Traitement. Saignee de trois kilogrammes faiteä une jugulaire , eile est suivie d'unc syncope. Applications de linges imbibös d'eau froide et de vinaigre sur le front. J'adminislro cent vingt giammes d'neetate d'ammoniaque dans un litre d'eau miellee , ce breuvage doit elre röpöte le soir. Je fais faire des frictions revulsives sur loute la colonne 6pinierc avec du vinaigre chaud , anime par la poudre de moutarde et un pen de cantharides ; clles pa-riüssetit ranimer le malade et rendre sa marche un pen
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376nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PATHOLOfilE BOVINE.
plus librc ; lavemens ^molliens acidulös. Le soir, avant de parlir, je passe un Solon au fanon que j'animc aves 1'onguent vesicatoire.
Le 26. le bceuf parait plus Iranquille, la fievre est moins inlense, la tote semble plus libra, on croirait meme qu'il apergoit de l'oeil gauche. Cependant la paraplegic est döclarce et le malade tomb6 sur la litiere fait de vains efforts pour so relever. La pituitaire est noire et ulceree, le flux nasal est jaune-verdatre , mele de sang et fetide ; le nez , les levres sont tumefiöes, gercöes et ulceröes; le pouls est pelit, moins accelere que la veille, mais Tariere est toujours tendue. Je fais une seconde saignee ä une jugulaire , le sang en sort avec pelne et en nappe, 11 est noir, alt6re , j'en arrete l'ecoulement; meines breuvages que la veille , meme friction sur le rachis que je rends plus active en y ajoulant l'essence de tt'röbenlbine, mais eile ne produit qu'un fälble effet. Je fais respirer au malade des vapeurs de vinaigre projetö sur une pelle rougie, 'clles provoquent la sortie de mucor sites felides et assez abondantes.
Le 27 , on viut me rapporter que ranima! 6tait plus affaibli encore , que la tete etait de plus en plus tum6-fiöe et ulcöree , que le flux nasal ötait ichoreux , sangui-nolent et excessivemcnt fölide, Le metayer decourage , paraissait d6cid6 amp; ne plus rien faire; je ne voulus pas l'engager dans de nouvelles depenses que je croyais inu-tiles; l'animal fut abandonne et mourut le 29. Soit ne­gligence ou autres motifs, on ne m'en prevint point , malgrc mes recomraandations et celles du propri(itaire, je manquai done l'occasion de faire une autopsie ä laquelle je tenais.
5e Observalim. En seplembre 1852 , un v6t6rinairc rae consulta sur les moyens ii employer contre un catar-rhe nasal gangramp;ieux Ires intense , dont 6tait atteint un boeuf de labour , de race agönaise , Ög6 de dix ans , un
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peu maigre et afTaibli par le travail. laquo; L'animal cst malade raquo; depuis hier, m'6crivait-il, la tete est enflee, les yeux
gt;nbsp; nbsp;larmoyans , le sens de la vue aboü ; la pituitairc est de raquo; couleur rouge-cramoisi et öpaissie par rinflammalion , raquo; il coule des narines un flux muqueux mele de sang et raquo; fetide ; la respiration est genee et sifflanle, i'animal w tient la Louche beante pour faciliter cette iünelion. raquo; La prostration est grande, la paralysie Lombaire pro-raquo; chaine et je crains un 6tat gangreneux ; j'ai saigne ce j boeuf d l'artere sacro-coccygienne , ce qui a paru le
gt;nbsp; nbsp;soulager, qi\c ferai-je maintenant ? lleponsc par le raquo; porteur. raquo; Considörant enfin cette maladie comme un coryza gangröneux avec alteration du sang, je conseillai des breuvages anti-putrides et diffusibles composes de quinquina rouge pulvörise, aeötate d'ammoniaque , de chaque soixante grammes et camphre dissout dans qucl-ques gouttes d'aleool dix grammes etendus dans un litre d'une infusion de camomille ou de feuilles de sauge ou de melisse. repet(5s soir et matin. Je prescrivis des lavemens emolliens animes par le vinaigre, de l'eau blanche aeidu-Me, ou une tisane d'orge miellee et nitree, si le malade
refusait l'eau blanche ; je recommandai de couvrir lenbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ' M
front de linges trempös dans le vinaigre chaud, qu'on
urroserait souvent; j'indiquai en outre de faire respirer
ä ce boeuf des vapeurs 6moHientes acidulees et de lui faire
chaque jour une friction avec le liniment ammoniacal sur
tout le rachis. Apres trois jours de ce fraitement, sur-
vint la convalescence et quatre jours de soins et de regime
ramenerent le malade ä la sant6. Ce vetörinaire a ebtenu
un rösultat semblable dans un autre cas de catarrhe,
moins grave a la verite.
4e Observation. En octobre 1854, M. B'****, propri6-taire h Toulouse, vint me consuller pour un boeuf do labour, de race agamp;iaise, ögö de huit a neuf ans , en bon 6tat, mais d'un temperament lyraphalique. Cot anima]
.•.,: tlaquo;
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etait atleinl du coryza gangröneux depuis dix-huit heures; qaatre jours avant, il avail et6 surpris par une forte averse d'eau en labourant ; des le soir mßme, ä la ren-trie ä I'etable, il trembla pendant quelques heures et toussa quatre ä cinq fois; on le bonchonna et le couvrit. Le lendemain il rnangea moins que de coutume et ne ru-mina qu'un instant, et le troisierae jour le catarrhe se döclara. Le veterinaire appelö 6tait present h cette con­sultation, ce qu'il me dit des symptömes observes ötait oxcessivement concluant, je lui fis part de ce que je pen-sais sur cette maladie, nous convinmes qu'il saignerait ä l'artere coccygienne, rnais avec moins de profusion que l'indiquait M. Cruzel; qu'il suivrait le m6me traitement que celui indiquö dans l'observation precödente , que je lui communiquai. Une seconde saignöe ä une jugulaire fut jugee nöcessaire , mais apres un traitement de quatre jours, I'animal entra en convalescence , eile dura trois jours et ce bceuf put reprendre ses travaux habituels peu de temps apres.
M. Cruzel, dont j'ai plusieurs fois cit(5 honorablement les Merits , a public' un article sur le catarrhe nasal du boeuf (*) que je ne puis analyser ä cause des details dans Icsquels il m'entrainerait. 11 y rapporte des exemples des bons effets de la saignee ä l'artere coccygienne , pour re-mtidier promptement et efficacement d la congestion cerö-brale : je la crois utile dans tous les cas graves , mais je ne conscillerai jamais des övaciiations sanguines aussi abondantes que celles qu'indique ce völerinaire , dans la crainte de faire lomber le malade dans le prolapsus et l'adynamie ou tont au moins dans un 6tat chronique toujours facheux. II cite I'exemple d'un catarrhe nasal nyant succedö ä une enl6ro-peritonite ; il combattit I'en-
(quot;) Journal pratique tic Medecine Vclcriimire, cahier de Janvier el mars 1830.
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PATIfOLOGIE BOVIISK.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 570
töritti par deux copieuscs saiguöes (dix kilogrammes de sang ), la medication anti-phlogistique et obtinl une con­valescence trompeusc , avec d^bilitö generale et nmaigris-sement considerable. Cinq jours aprös, il se declara un catarrlie nasal grave , avec flux fctide et symptömes de vertigo. Saignees locales aux veines de la face, ablutions cmoll.'entes sur la tete , fumigations adoucissantes; lave-mens purgatifs; frictions revulsives sur les membres, faites avec le vinaigrc bouillant. Le lendcmain; flux nasal verdittre extrßmement fetide, pituitaire ulceree, corrod6e et gangren^e; adynamie gönerale et profonde; mort qua-tre jours apres le catarrhe döclarö.
Autopsie, ülcörations noires et fetides dans la bouche; toutes les cavitös nasales corrodtes et gangrenöes ; cette ulceration adynamique s'6tend jusques dans le larynx et le pharynx, etc.. etc. Sans vouloir ici ni blämer, ni cri-tiquer la medication de M. Cruzel, il me semble que les antiphlogistiques et les purgatifs n'etaient pas indiquös dans cette occurence , qu'il fallait plutöt recourir aux toniques , aux anti-putrides diffusibles et surtout au quin­quina.
Ce vötörinaire rapporte aussi I'liistoire d'un catarrlie nasal gangröneux et exanthemateux dont tut attaquo un boeuf : mufle sec, engorg6, flux nasal st'ro-purulent, paupieres boursoufflöes, larmoiement, conjonciive injec-tee; un ulcere occupe la plus grande partie de la corn6e lucide de l'oeil gauche; flaues rctrouss(5s , respiration con­vulsive; boutons lenticulaires durs et rouges, recouvrant la plus grande partie du corps ; ganglions tympliatiques des environs de rarriere-bouche engorges; infiltration cedemateuse s'etendant depuis le menton jusqu'au fanon ; pouls imperceptible, insensibilUe de la colonne öpiniere, difficultö tres-grandö de se mouvoir, etc., etc. M. Cruzel presage une mort procliaine et pour ne pas , dit-il, dis-rrediter I'agent le plus liöroique de la medeciue dli boeuf
!.;#9632;.
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580nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PATHOLOGIE BOVINE.
(la saignöe), il a recours aux excitans, tels que le quinquina et la gentiane , dont la döcoction est employee en breuvage et en injection dans les narines; cauterisa­tion sur le front, fumigations aromatiques, etc., etc. Le boeuf mourut le troisieme jour de la maladie.
Autopsie. Infiltration du tissu cellulaire sous-cutan6 par une serosite jaunätre ; cavitös nasales noires et viola-cöes, la pituitaire est couverte d'une sanie fetide ; les comes sont vacillanles; la muqueuse de la bouche, du pharynx et du larynx est violette et ulcöree ; les poumons sont noirs, emphysömateux et se döchirent facilement, etc. , etc.; les möninges sont injectöes. M. Cruzel est frappö de la ressemblance de cette maladie avec le mal de tete de contagion de l'espece öquine ; e'est l'opinion de tous les vetörinaires bons observateurs. II ne voit que I'ir-ritation inflammatoire dans cette maladie, comme dans toutes ; la gangrene n'est pas, selon lui, un 6tat par-ticulier essentiel sui generi, eile n'est que le resultat de l'irritabilitö individuelle , ou tient ä ce que la cause sövit avec plus d'activiti. La phlegmasie, selon lui, se montre sous divers aspects et ä difförens degres, voilä tout; mais eile n'en est pas moins une inflammation , sous quelques points de vue qu'on I'envisage. C'est la theorie de Brous-sais toute pure ; le temps , rexpörience et le raisonne-ment en ont fait justice. M. Cruzel a trop de savoir, il est doue d'un jugement trop positif pour ne pas avoir suivi le progres. Dans Tobservation que nous venons de citer, le cas etait sans doute morlel; mais Teruption cxanthömateuse indiquait clairement la marche lt;li suivre , il fallait seconder l'effort de la nature par les diffusiblcs et les anti-pulrides , tels quo l'acötate d'ammoniaque , le camphre et le quinquina , 6tendus dans une infusion de plantes tirees de la famille des labiöes sans nögliger le traitement local.
M. Laborde a aussi public un ecrit sur le coryza gan-
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gramp;ieux des bamp;es h cornes (*), c'est I'ouvrage d'un obser-vateur exact. Apres avoir signalö la gravitö , l'incurabi-litö fröquenle de cette maladie; il dit qii'elle n'est jamais epizootique , qu'il ne la croit pas coolagieuse et decrit avec details tous les symptomes; les lesions quo Ton ren­contre apres la mort, il en signale les causes: selon M. Laborde le coryza gangröneux se montrc, sur le boeuf, plus fröquemment en (5t6 que dans les aulres saisons. Les causes de cette maladie trouvent leur source dans le pas­sage subit d'une temperature chaude ä une temperature froide, les averses qui peuvent surprendre les animaux au travail et dans les pätnrages , il pense que la cause la plus active consiste dans les odeurs ammoniacales que les animaux respirent plus parliculierement pendant l'etö dans des ^tables mal propres; vapeurs qui agissent directement sur la pituilaire. Aussi a-t-il remarqu6 que la maladie est moins fr6quente dans les m6tairies dont les etables sont bien tenues et agrees. II signale aussi l'insolation et dit avoir vu des animaux qu'on avait eu l'imprudence de faire travailler ou de laisser dans les ptiturages pendant les heures les plus chaudes de la journee , rentrer le soir avec les premiers symptomes de la maladie. Le traitement qu'il indique consiste dans les saignees rep6teef, les setons, les applications ömollientes sur la töte, les tisanes delayan-tes, les purgatifs ; puis enfin les toniques, le camphre, etc., etc. , qui ont presque toujours ete sans succes; car, si j'ai sect;u6ri, dit-il, quelques animaux, je le dois sans doute ä une disposition particuliere et ü ce qu'ils n'6taient pas tres-gravement atteints.
De ce qui precede, il semble rösulter que le catarrhe nasal gangröneux du boeuf est la meme maladie que le coryza gangröneux ou mal de tete de contagion du clieval, que dans Tune comme dans I'autre, il existe un ctat d'al-
(*) Rccucil de Mddecine Yelerinaire, caliier de fevricr 18gt;gt;.
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teratioii du sang , analogue ä celui que Ton a reconmi dans les maladies typhoides; avec cette difference dans los effets, que le catarrhe nasal gangr^neux du bceuf ne s'est jamais montr6 sous la forme 6pizootique et ne parait pas efre coutagieux. Aussi celte maladie a-t-elle toujours (H6 observc^e ü l'etat sporadique, mßme dans des fermes tres-peuplees en bestiaux et ou nulles prtcautions n'avaient et6 prises pour 6viler qu'elle ne se communique aux au-tres bceufs et vaches.
Des faits que j'ai citös on peut prösumer encore que la möme cause , un arrßt de transpiration , par excmple, qui dlt;5lermlne ordinairement un catarrhe nasal, produira un catarrhe aigu dans un premier boeuf, un catarrhe chro-nique dans un autre et un coryza gangreneux dans un troisieme, en raison , sans doute, d'une predisposition particuliere et d'un 6tat inappreciable de l'economie (note, page 555 ). Cependant cette maladie se complique le plus communement de l'ötat gangreneux dans lesboeufs öpulsös par les travaux, dans ceux mal nourris ou qui pacagent dans les lieux marecageux , dans ceux qui habilent des (Hables mal propres, encombi-öes de furnier, peu aöröes, raais il faut encore qu'il existe dans ces animaux une susceptibility nerveuse, compagnede lajeunesse et d'une certaine predominance sanguine. Tel est du moins le rcsultat de mes observations et ainsi l'ont observe les vetörinaires Morier et Laborde ; aussi ai-je vu des ani­maux tres-sanguins mourir presque subitement de cetle variety du catarrhe. II faut done, je le repete, qu'il y ait une predisposition individuelle ou qu'un etat inappreciable de l'atmosphere agisse comme les effluves des marais, l'air impur des etables. Tons les veterinaires s'aecordent encore A dire que le coryza gangreneux est plus frequent dans les etes chauds : n'est-il pas reconnu en effet que les de-perditions que le sang fait par la transpiration qu'excilent les travaux et l'intensite de la chaleur, affaiblissent ies
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bestiaux et allerent le sang dans ses principes consti-tutifs.
Qnoi qu'il en soit, le coryza gangröneux du boeuf prä­sente , 1deg; des symptömes commons tels que la tristesse , le chancellement de la marche , la soif extreme , la dimi­nution de l'appetit, la raretö de la rumination , la s(5che-resse de la peau , le hörissement du poil; la sensibilite de l'^pine dorsale et de la region slernale ; ä0 des symp­tömes speciaux , comme le gonflement des paupieres, le larmoiement, la rougeur de la conjonctive; la pituitnire est color(5e , öpaissie , le bout du nez et las levres tum6-Ms , le mufle sec. Le pouls est plein, vite et tendu ; la respiration gßn^e , les flaues retroussös, la bouche et la langue rouges et tres-chaudes ; les oreilles et les cornes brülantes. Tous ces symplomes augmentent rapidement d'intensite en moins de douze heures, le malade refuse les alimens et ne rumine plus; une congestion sanguine ehvahit successivement les cavitös nasales, I'etbmorde , le cerveau et se propage quelquefois plus tard jusqu'ä la moelle öpiniere. L'animal est dans un (Hat de stupeur, de prostration subite et rapide , la tete est basse et por(6e ä droite ou ä gauche; d'autres animaux appuient le front contre le mur sans pousser avec violence; les mouvemens sont lents, penibles et certains animaux ayant perdu le sens de la vue , ne marchent qu'avec crainte. On remar-quedes frissons graves, des soubressauts dans les tendons, et les muscles de la face sont agit6s de mouvemens con-vulsifs. Un flux nasal existedes lors, il estfd'tide, epais, visqueux , mucoso-purulent et verdätre ; son existence ainsi que l'intumescehce inflammatoire de la piluilaire obs­truent les gouttieres nasales et rendent la respiration dif­ficile et sifflante ; le boeuf atteint tient la bouche bdantc pour respirer par celte voie. Le pouls devient fröquent, dur dans le plus grand nombre des animaux ; je l'ai trouve quelquefois tres-concentre et m^me intermittent, cequi
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oMnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; PATHOLOGIE BOVINE.
etait un signe funeste. D6s Jors les humeurs des yeut, ainsi que la cornöe Iransparente sont troubles et la cöcitö cst promptement complete. Quelques animaux reslent de-bout , les memhres rassemblös, ne se meuvent qu'avec difficult^ ; d'aulres se couchent et ne se relevent qu'avec peine ; il en est enQn d'alteints , plus tard , de paraplögie consecutive a la congestion c^rebrale. Les excrömens sont durs, noirs et fetides; les urines ^paisses et peu copieu-ses. Le second jour signale g^neralement I'^tat le plus aigu de la maladie : le flux nasal augmente , il est mel6 de stries sanguinolentes ; la peau des levres, le mufle et la pituitaire presentent des ulceres rongeans et de mau-vaise nature; des lors l'adynamie et la prostration sont au comble ; le malade rapproche ses membres du centre de gravity, ou la colonne dorsale est tres-douloureuse, ou eile est d'une insensibility totale, ce dernier Symptome prfeage ordinairement la paralysie lombaire. Le pouls se concentre, devient petit, frequent, mais dur; les mou-vomens convulsifs, les frissons deviennent de plus en plus frequens; on entend strider les dents ; la temperature de la peau varie du froid au chaud , surtout aux oreilles et aux cornes; le flux nasal devient corrosif, c'est un ichor gangröneux et fetide, et des larmes plus abondantes ulce-rent la face. Le malade ne voit ni n'entend, il est dans un (Hat de stupeur et d'andiantissement, c'est ä cette 6po-que que, dans beauconp d'animaux, la congestion c6r6-brale ayant enraye toutes les fonctions , il survient une paralysie lombaire consd'culive dont j'ai cite des exemples. Le pouls s'effacede plus en plus vers le troisieme jour, le flux qui coule des narines et de la bouche a une odeur cadavereuse, I'air expire est froid et humide; des escarres ulc6reuscs se forment sur le mufle et les levres; la pi­tuitaire gangren6e, n'est plus qu'un vaste ulcere qui a rong6 , dötruil les cornets, les volutes et la cloison car-tilngineuse ; In bouche est egalement ulceröe et corrodee;
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PATHOLOGIE BOVINEraquo;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;585
hs yenx sont en pulrilage , un anöantissement toujours croissant, une insensibility de plus en plus complete et Uli räle suffocant annoiicent la mort qui survient du qua-trieme au huitierje jour, lerme tnoyen le sixieme,
M. Gruzel Signale, et j'ai observö comme lui une erup­tion exanthemateuse sur toute la surface du corps qui, est prticedöe de frissons violens : il y eut un oedeme des regions glossiales et du fanon , dans le boeuf dont parle M. Cruzel et cet öpiphönomene fut suivi de mort. Cet exantheme fut, au contraire, le signal d'une resolution salutaire dans celui que j'ai eu amp; trailer, il n'y eut point d'oedeme ; du troisieme au quatriöme jour les pustules formerent des croütes qui tomberent d'elles-mfemes.
Apres la mort, on trouve toutes les cavitfe nasales , les sinus ethmoidaux et frontaux remplis d'un ichor gan-gr^neux , la muqueuse qui tapisse ces parlies est ramollie, rouge-noir ou de couleur bronze; les cornes sont vacil-lantes. Les meninges sont tres-inject^es, leurs vaisseaux variqueux , elles sont parsem^es de petöchies noires; le cerveau est ramolli, pointille de goultelettes de sang noir et liquide , les ventricuies eucephaliqucs remplis de sero-sites, le plexus choroide injeclö, noir, les glandespinfe-le et pituilaire noires et ramollies ; la moelle 6piniere est aussi ramollie dans les animaux dans lesquels la maladie se complique de paraplegic, surtout aux regions du garot et des lombes. Les visceres conlenus dans l'abdomen prö-senlenl les traces d'une inflammalion secondaire. Ceux du thorax sont engoufe; le coeur est ramolli et contient du sang noir et liquide. Le sang que j'oblins dans la seconde saignöe que je fis au boeuf qui fait le sujet de la 2e ob­servation , ne se coagula pas, il pramp;entait un 6tat d'allö-ration manifeste que je n'appröciai pas alors, aussi bien que je l'aurai fait plus tard.
Le diagnoslic de cette vartelö du calarrhe nasal ne pent elre douteux , cependant quelques vcHerinaires ont me-
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58Gnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; PATHOLOGIE BOVINE.
ootinu l'tilat adynamique.et n'ont cru n'avoir ä combaltre qu'iine inflammation sur-aiguC , je n'ai pas moi-m6me 016 exempt de celte errenr, dans les premieres annöes de ma pratique. Beauconp de gens de l'art n'ont done pas reconnu l'ötat d'alteration du sang et la nature typhoide de ce coryza qui du reste est frequemment mortel, mais heureusement assez rare.
Pronoslic. Si, apres un traitement rationnel, le mienx ne se manifeste pas dans l'intervalie du deuxieme au troi-sieme jour, la maladie est mortelle. La persistance de l'abattement, de la prostration des forces, ainsi que du coma et de la cecitö sont du plus mauvais augure.
Traitement. J'ai dit le peu de succes que j'avais ob-tenu par l'emploi de la möthode anti-phlogistique; d'au-tres vöterinaires n'ayant pas 6t6 plus heureux , je devais nöcessairement chercher ä mieux determiner la nature de cette maladie , dont l'indicalion serait une consequence. Des iSM {i'eobservation), j'avais reconnu l'etat ady-namique et gangreneu.x , aussi administrai-je l'actHale d'ammoniaque. En 1827 (2e observation), mßmes phd-nomenes , meme prescription; mais Mat du sang tir6 dans la seconde saignee fixa mon attention , je fus con-vaineu des lors qu'il y avait entre le coryza gangr6neux et les maladies typhoides une analogie qui nöcessitait un traitement semblable. Plus tard , on connut Talt^ration du sang et des autres liquides de l't'conomie dans diverses maladies , j'en fis l'application ä la mtidecine v6terinaire. Je connus mieux aussi le mal de töte de contagion des solipedes, je le comparai avec le catarrhe gangr^neux des ruminans, l'identitö me parut Evidente.
Le traitement que je propose est fond6 sur ces recher-cherches , j'en ai fait un essai heureux dans la 5deg; et 4deg; observations et je crois pouvoir l'indiquer avec quelque conliance.
Dans le priheipe et taut que le pouls conserve de la
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force , de la duretö et de la vitesse , la saignöe est indi-quee. Je crois que celle propos^e a l'artere coccygienne, par M. Cruzel, est tres-avantageuse, quand la congestion c6r6-brale est imminente, que le malade est jeune , alhlötique et sanguin ; mais , je le röpete, je ne conseillerai jamais de la porter au point que M. Cruzel l'indique, je suis convaincu que trois kilogrammes de sang artörie} sont sufßsans , m6me pour les plus forts bceufs; celte quan­tity (kjuivaut ä 5 kilogrammes de sang veineux. Si cette premiere evacuation sanguine n'est pas sufßsante, que le pouls conserve encore de la durete , de la concentration et que i'artere soit tendue , on devra la r6p6ter ä une des jugulaires et la porter ä trois ou quatre kilogrammes pour les plus grands bceufs. Cette quantity sera diminuöe pour les bestiaux d'une moindre stature , pour les jeunes animaux et les vaches. La saignee ä une veine sera aussi pr^feree pour les animaux ägös ou affaiblis par le travail et une mauvaise nourriture. Toute Evacuation sanguine est contre indiquöe et m6me mortelle si le pouls est petit et irregulier et que I'adynamie soit positive.
Pour remedier ensuite a Talteralion du sang et s'oppo-ser aux progres de la gangrene, on administrera un breu-vage compose de quinquina en poudre, acetate d'ammo-niaquc , de chacun quatre-vingt-dix grammes; camphre, huit grammes Etendus dans un litre et demi d'une infu­sion d'une plante de la famiile des labiöes (mölisse, ca-momille, petite sauge, etc., etc.). Le camphre sera prealablement dissout dans une tres-pelite quantity d'al-cool; cette dose sera dirainuöe pour les bestiaux d'une moindre force ou plus jeunes, comme je l'ai indiquö pour la saignee. Ce breuvagc sera aussi donnö en deux doses si la g6ne de la respiration s'oppose a la deglution ; dans lous les cas , il faudra toujours le verser doucement et par gorgees pour ne pas asphyxier le malade et pour que ie rcmöde parvienne dans la caiilette. On pent , ä defaut
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388nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PATHOLOGIE BOVINE
d'acötate d'ammoniaque, employer le sous-carbonate d'am-moniaque a la dose de soixante grammes. Si les levres et les narines sont tres-tum6filt;5es, ce qui est rare, on devra les scarifier avec la pointe d'un bistouri, le peu de sang qui en d^coule diminue la congestion locale et rend la respi­ration plus facile. On appliquera sur le chignon et le front des compresses imbiböes d'eau et de vinaigre qne Ton hu-mectera souveat; les lavemens emoiiiens acidul(5s ne seront pas negliges et si le malade refuse I'eau blanche nitröe, on pourra lui faire prendre dans la journöe quelques litres de decoction d'orge monde , A iaquelle on ajoutera quinze grammes de nitrate de potasse. Des fumigations cmollien-tes acidulöes dirigöes duns les narines, out produit de bons rösultats , l'oxide de chlorure de sodium, projetö sur les planles qui servent ä la fumigation est indique dans le cas d'uicöration gangröneuse de la piluitaire, et des injections de meme nature faites a^ec precaution, rem-pliront bien mieux le but que Ton se propose. Les frictions seches, l'usagc de la couverture en laine peuvent exciter avantageusement les functions de la peau.
Les breuvages anti-putrides et diffusibles que je viens d'indiquer seront r6petes soir et matin le premier et le second jour seulement, un seul suffit jusqu'ä la conva­lescence , e'est-a-dire , les troisieme et quatrieme jours.
Lorsque le mieux est sensible , que I'animal cherche a manger et boit I'eau blanche, le nitre ou le vinaigre mel6 a sa boisson , quelques fumigations detersives, des lavemens acidul^s et des alimens de bonne quality , suf-fisent pour terminer la cure.
J'ai n6glig6 d'indiquer les s6tons et les troschiques comme rövulsifs, je les crois au moins inutiles s'il y a line disposition ä la gangrene et je crois que Ton doit en user avec la plus grande discretion.
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sect; 2lt;gt;. Polypes des caviMs nasales.
Les polypes sont des tumeurs flbro-vasculaires qui existent et font saillie sur la surface libre des diverses cavitös tapissees par une membrane muqueuse. Ils peu-vent resulter de la vegetation de la villeuse elle-meme , ou avoir leurs racines ou origine en dehors de ce tegu­ment, etrepar consequent sous-muqueux , refouler cette membrane, la depiacer en croissant, en 6tre recouverts et pour ainsi dire se l'approprier.
Quelle que soit l'analogie qui existe entre eux , les po­lypes prösentent de grandes differences; ainsi, quant au siege, il en est qui appartiennent essentieliement ä la muqueuse et sont dits muqueux ou vesiculatres ; d'au-tres naissent dans le tissu cellulaire sous-muqueux et sont dits fibreux; il est aussi des polypes anciens qui appartiennent plus communement anx premiers et qui passent quelquefois ä Tetat sqmrrheux.
Toutes les membranes muqueuses sont susceptibles de donner naissance aux polypes, cependant ils sont heu-reusement plus frequens dans les cavites superficielles. Ainsi on en a d6möntre l'existence dans les fosses nasales , dans le pharynx (*), dans le vagin , l'uterus; rarement au larynx , ä la trachee-artere, aux bronches , ä l'cesophage, ä l'estomac, aux inteslins, a la vcssie et a l'uretre. On a par erreur decrit des concretions fibrineuses conlenues dans les cavites du coeur pour des polypes.
Ces tumeurs acquierent quelquefois uu volume tel qu'elles envahissent toute la cavite muqueuse oü elles sont situees et sortent meme au dehors. 11 est des poly­pes sessiles, c'est-ä-dire, ä masses non pedicuiees qui soulevent la muqueuse; d'autres plus degages sont unis
(,*) Voyez tome lrr, page 150.
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a cette membrane par un collet ou pedicule. II en est qui sont vesiculeux , mous , faciles ä ^eraser ; d'autres sent plus denses, ils sont gönöralement fibro-vasculaires; il en est aussi de fihreux et de lardaces ou sqm'rrheux ,-ceux qui sont mous et charnus saignent an moindre at-touchement. Les polypes ne restent pas au surplus les memes durant toute la duröe de leur existence; les fibreux, .c'est-ä-dire , d'origine sous-muqueuse , se ramollissent et deviennent quelquefois cancöreux ; les charnus sont les plus vasculaires, leur extraction exige par consequent des precautions pour 6viter les effels de Thömorragie , surtout s'ils sont situös profondamp;nent.
Les causes des polypes sont encore pen connues: il en est qui sont ou paraissent etre le produit d'une excitation inflammatoire de la muqueuse (coups, dechirement, frois-semens, etc., etc.), et constituent les polypes charnus. D'autres semblent rösulter de l'hypertrophie de ce Sys­teme de membranes et dont l'etiologie est encore incon-nue, ils sont dits polypes muqueux. Enfin, et je l'ai d6jä dit, certains reconnaissent pour cause la formation d'une concretion flbrineuse sous-muqueuse et constituent les polypes fibreux.
Ces tumours naissent d'abord inaperf ues, sont laten­tes et croissent sans 6tre appröciöes; mais plus tard, leur volume et les accidens qa'elles occasionent les dö-celent.
Leur diagnostic dopend de leur position et Je pronostic se tire de leur volume, de l'amp;at de simplicitö ou de d^-g^nerescence dans lequel ils se trouvent, ainsi que des accidens qu'ils occasionent. La possibility de les gu^rir est done subordonnöe a leur siege , leur volume, leur forme et leur anciennetö.
Le iraitement des polypes est exclusivement du domaine de la Chirurgie v6t(5rinaire; on pout employer pour les gu6rir la dessication , la cauterisation , Texcision , le de-
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' chirement, rarrachement, la torsion, le broieraent et la ligature. La description de ces divers proc6d6s m'entraine-rait hors de raon sujet, je la passeral sous silence. Je ferai remarquer seulement que dans le traitement des polypes, on a ä craindre les h^morragies, rinflammation et la recidive, Les polypes charnus 6tant les plus vascu-laires , sont ceux dont l'extraction produit le plus com-munöment le premier accident. La phlegmasie peut etre une suite de la difficulte de Ifopöration , des delabremens qu'elle exige, de l'excitabilitö nerveuse et individuelle du malade. Les polypes muqueux , ceux des fosses nasales, sont les plus susceptibles de se reproduire et de repulluler, il faut s'attacher a les bien dötruire , car , en röapparais-sant sous l'influence de la cause entiere qui les a primi-livement produits , ils tendent ä prendre le caractere cancöreux. Les fibreux une fois bien extraits, ne pullu-lent plus, ils ne sont graves que lorsqu'ils sont tres-an-ciens, comme je l'ai döja dit.
Les faits et les observations sur les polypes manquent en medecine v^terinaire : quelques relations ont pourlant 6t6 publiöes sur ceux qui ont affecte les especes equine et canine; mais nous ne possedons presque aucune obser­vation sur le boeuf. Rien ne prouve done mieux la nögli-geuce et le peu de zele des vötörinaires pour l'avance-ment de la science. 11 est vrai que ce qui a le plus em-pech6 la publication des faits pratiques , c'est ce qui devait les faire surgir, je veux dire la creation des journaux vötörinaires; l'esprit de critique systömatique qui pr6do-mine ou a prMomine dans la redaction de queiques-uns , a effraye beaueoup d'hommes modestes, mais ihstrnits qui ont prefere garder leurs observations que de s'exposer aux sarcasmes de ces modernes Zolles.
Tous les points des fosses nasales peuvent dormer nais-sance h des polypes : Icart, Gohier , Chabert, Rigot, onl eu ä comballre ses productions morbides sur le cheval et
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le chien , mais personne n'a rien dit ä ce sujet qui con-eernftt le boeuf. Je n'ai qu'un seul fait.
Dans l'ete de 1808 , le nommö Partenay , ra^tayer ä la Fröne, comranne de la Peyrate ( Deux-Sevres), vint me prier d'aller chez lui pour opörer un boeuf qui avait une tumeur dans une narine, qui gönait la respiration. Rendu sur les lieux , j'examinai le malade qui 6tait ägö de qualre ans et en bon etat; il existait sur le bord in­terne de l'orißce de la narine droite un polype ßbreux, pedoncule, gros comme un ceuf de pigeon, placö ä enyiron trois centimetres de profondeur, oblitörant entierement la narine, se portant de haut en bas et de dedans en dehors. II ötait d'une consistance assez solide, reconvert par la muqueuse qui ölait de couleur rose pAle, sans ulcöration, ui suppuration; l'animal se döfendait lorsqu'on voulait toucher cette tumeur, plutöt par impatience que par l'effet de la douleur qu'il en eprouvait, car il n'existait ni rougeur , ni chaleur , ni sensibilitö insolite. J'en pro­posal l'abiation, eile fut acceptöc : j'abattis et flxai de suite le malade. et apres avoir nötoye la partie, je saisis le polype avec le pouce et l'index gauche, au moyen d'un petit linge fin pour le tenir plus sürement, d'un seul coup de bistouri dirigö de bas en haut et de dedans en dehors, j'amputai la base ou pödicule de cette tumeur qui etait lü un pen plus grosse que le pouce, mais assez dure, rösistante et fibreuse. J'avais fait d'avance chauffer un cautere üi bouton et apres avoir enlevö avec un ciseau courbe ce qui restait des racines , j'y appliquai un ins­tant le fer incandescent et chauffö ä blanc, mais avec assez de precaution pour ne pas atteindre la cloison car-tilagineuse sur laquelle il 6tait placö. 11 se forma une es-carre large comme une piece de deux francs , qui tomba environ quinze ou dix-huit jours aprös reparation, l'in-flammation consecutive fut peu intense et le bceuf guerit radicalement en peu de temps sans pansemens ultörieurs.
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En traifant des maladies de l'inlestin reclum , j'ai oublu'; de rapporter le fait suivant : M. Nögrin , vetörinaire ä Fr6jus (Var), a extrait un polype fibreux de l'inlestin rectum d'un boeuf. L'animal qui portait ce polype lt;5prou-vait depuis plus de six mois, une grande difficullö h ren-dre une petite quantity de matieres fecales sanguinolentes et fetides, le bordde I'anus avail acquis uueduretß pres-que cartilagineuse ; il ötait considörabiemeiit retröci. II incisa crucialement le sphincter de cette ouverture , alin de pouvoir y introduire la main et ce ne fut qu'alors qu'il put s'assurer de la presence d'un polype de la grosseur d'un maron d'Inde , la constriction circulaire en fut faiie et le boeuf fut, quatre jours apres, tout-ä-fait gu6ri.
sect; 5e. De l'hemorragie de la membrane muqueuse nasale. Epistaxis.
Cette maladie que Ton a quelquefois observee dans le cheval. est fort rare dans I'espece boeuf, car aucun v6-t6rinaire n'a parl6 de cet accident dans cet animal.
L'^pistaxis consiste dans un ecoulement de sang par les narines, qui est exhale ä la surface de la pituitaire. Je vais citer deux observations que j'ai eu occasion de recueillir ; je me livrerai ensuite ä des considerations sur les causes, la nature et le traitement de cette ma­ladie.
lre Observation. Dans la soiree du 6 join 1812 , M. Fquot;***, propri^taire aux Ouches , commune de Beaulieu (Deux-Sevres), vint requörir mes soins pour un boeuf ayant une Mmorragie nasale.
Trös-beau boeuf, äg6 de quatre ä cinq ans, de moyenne stature et en bon ötat; un sang rouge coulait assez abon-damment des deux narines, il sortait sans jets et en nappe depuis environ cinq heures; de temps i autrc quelques acces d'une toux grasse provoquaient la sortie d'unc petite
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quantity de sang rutilant et ocumeux. Les yeux etaient vifs et anim6s, la temperature du corps £lev6e; la bouche brülante et sa muqueuse colorte. Le pouls 6tait large et d6velopp6. La chaleur atmosph6rique avait 6t6 assez in­tense durant toute la journee et le vent etait sud. Le malade avait dejii perdu beaucoup de sang.
On avait Irouve cet animal couche dans le cbamp, tout convert de terre et de sang, il s'6tait long-temps baltu avec un boeuf plus robuste que lui, venant d'une ferme voisine et ayant franchi la haie du champ ; des Erosions indiquaient que le malade avait re^u plusieurs coups sur le front, le chanfrein et m^me sur les parties laterales du tborax.
Diagnostic. Hömorragie venant d'abord et essentlelle-mentdes cavitfe nasales, compliquöe de ruptures acciden-telles de quelques vaisseaux bronchiques , soit par les coups re^us sur le tborax , soit ä la suite des efforts vio-lens que I'animal avait fait durant le combat.
Pronoslic. Peu grave , en raison de la r^gularite, de la force du pouls et du peu d'alteration des mouvemens des flaues.
Traitement. Large saignöe de quatre kilogrammes et demi d une jugulaire , application sur le front de com­presses imbibd'es d'oxicrat froid ; repos parfait dans un lieu frais et obscur. Je ßs administrer deux litres d'eau acidul(5e par l'eau de Rabel que j'edulcorai avec un peu de miel; ce breuvage dut 6tre frequemment r6p6t6 ; lave-mens d'eau tiede acidul^e par le vinaigre. Ces moyens continues pendant six heures flrent cesser tous les acci-dens; le lendemain le beeuf 6tait bien portant et la tons avait cesse.
Je le fis nourrir pendant quelques jours ä ratable, on l'abreuva avec l'eau blanche vinaigrde; on le remit peu ii peu dans les päturages, il reprit prompteraent toute sa
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2eOlservalion. Le25juillet 1813, un veau d'un an, appartenant ä M. R*quot;quot; , fermier a Chour, commune de Ja Peyrate ( Deux-Sevres), se battil pendant Icng-temps dans le päturage avec un autre animal de son cspece. II fut trouvö tombö, meurtri, et, ramene ä l'etabie , une hömcrragie assez abondante avait lieu par les deux na-rines. On vint me chercher en grande bäte et je pus me rendre presque aussitot ä la ferme. Le malade avait le regard animö, les muqueuses apparentes etaient rouges, toute la surface du corps 6lait chaude et balilueuse ; le pouls ötait large et accöierö, la respiration un pen agitöe, d'tait entrecoupee par quelques I(5gers acces de toux ; il sortait des narines du sang rouge en assez grande quan­tity , coulant continuellement, doucement et en nappes, tandis qu'une autre tres-petite quantite de ce liquide, rutilant et öcumeux , sortait par intervalles öloignös et apres la toux. De sorte que la plus grande partie du sang, sans melange d'air, venait de la pituitaire ; tandis que l'autre , moins abondante , paraissait se meler avec Fair dans la trachee, car on y enlendait un leger rale-ment.
Diagnostic. Hemorragie essentiellement nasale , mais compliquee , comme la pröcödente , d'une legere hemop-tysie, produite par les efforts violens faits durant le combat livrö le matin , durant une chaleur intense et orageuse.
Pronostic. Favorable, en raison du peu de gravity des symptömes.
Trailement. Saignöe de deux kilogrammes faite a une jugulaire ; application de compresses imbiböes d'eau froide sur la tßte et le chanfrein , breuvages de decoction de racines de consoude, miellöe et acidulöe avec l'eau de Rabel, donnöe tiede , ä la dose d'un litre toutes les deux heures; lavemens ömolliens acidulös ; repos parfait dans un lieu sombre. Le 26 , on vint me dire que le malade
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(Halt beaucoup mieux, le sang ne sortait quc gouüe ä goutte depuis la veille au soir , le räle et la toux laquo;Haieut disparus, ainsi que le sang öcumeux; et le veau cher-chait ä manger. Diete, eau blanche farineuse acidulee, repos parfait. On devait donner deux breuvages dans le journee et continuer les applications refrigörantes sur le front. Gu^rison complete le 27 au soir, le lendemain, on le remit dans les prfe avec les grands bceufs pour lui eviter de nou\elles querelles.
L'Mmorragie nasale s'observe de preference durant les grandes chaleurs : eile est rarement spontanee , dans ce cas, eile apparait subitement, eile est quelquefois con-comilante ä la congestion c6r6brale , comme j'en ai cit6 un exemple en traitant du catarrhe nasal sur-aigu , page 564. La brute ne pent, dans ce cas, exprimer, comme l'homme, l'ötat de pesanteur de la töte, les vertiges, les battemens des arteres temporales qui precedent cette hömorragie. Eile s'observe encore h la suite de travaux acc616res ou seulement fatigans exäcutös durant des cha­leurs Ires-forles et surtout quand le temps est orageux. Enfin les causes les plus fr^quentes sont des coups violens que les bestiaux se donnent entre eux dans les combats qu'ils se livrent quelquefois dans les champs. On pretend encore que des coups de sabots et d'aiguillons donnes par les bouviers peuvent determiner une 6pitaxis ; mais dans ce cas , eile doit elre bien peu grave. Des larves d'insectes ecloses dans les cavites nasales donnent quelquefois lieu ä de Id'gers saigncmens de nez , mais ils n'ont 616 observes que dans le mouton.
La pituilaire est an surplus dans des conditions orga-niques qui predisposent singulierement ä ce genre d'he-morrhagie; pourvue de ramifications arterielles nombreuses provenant des arteres nasales et ethmoldales qui se rami-lient dans son tissu et y fournissent des capillaires nom-breux et terms , eile contient aussi de vastes sinus vei-
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neux qui vont se degorger dans les jugulaires et les sinus de la dure-mere, cette rauquense est en outre d'une finesse extreme, surtout sur les cornets et les volutes ethmoidales; de sorte que les parois des capillaires ötant d'une grande tenuit6, ils peuvent se rupturer avec beau-coup de facility des qu'il y a congestion ou engouement de celte muqueuse ou qu'ils sont froiss^s et contus par une cause extörieure quelconque.
La jeunesse, l'embonpoint, le lempörament sanguin^ sont autant de causes predisposantes, dont il ladt lenir compte, dans la recherche de I'diologie de l'öpistaxis.
L'animal atteint de cette h^morragie porte la tete basse, eile semble etre pesante; il est inquiet, ses yeux sont injects, rouges; le poulscst fort, frequent et large. Le sang s'öcoule avec plus ou moins d'abondauce par les narines, il est rouge , tombe par gouttes rapprochees , ou s'öcoule en nappe et n'est pas 6cumeux ; ce qui le distinguedel'hdmoptysie durant laquelle il y a toux grasse, embarras du respire et räle tres-appröciable. Cependant lorsque l'öcoulement est abondant, qu'il g6ne les gout-tieres nasales , assez ötroites dans le boeuf, l'animal s'öbroue , tousse möme quelquefois, ce qui donne souvent issue ä des caillots de sang noir.
L'öpistaxis peut (Hre passi\e, eile est alors le propre d'une constitution debile , d'un 6tat cachcdiqne ou d'une maladie organique; ce que je n'ai point eu occasion d'ob-server. Dans ce cas, l'höinorragie n'apporle aucun sou-lagement a la maladie. Celle qui est la suite d'une vio­lence exterieure se traduit et se juge par la gravite de la lesion qu'a 6prouv(5 la pituitaire , la perte du sang n'a aussi rien d'avantageux pour la curation de la maladie. L'hömorragie nasale active et critique est souvent con­secutive ä un (Hat maladif plus ou moins appreciable ; eile doit 6tre respectee et l'on ne doit chercher ä l'arreter qu'autant qu'elle produit un affaiblissemont marque , ce
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qui est fort rare , car r^coulemenl de sang s'arrfile pros-que toujours avant que de produire des accidens.
Je n'ai point fait d'autopsie de bceufs morts de celte maiadie , car eile est tres-rarement mortelie. Elle pour-rait cependant 6fre dangereuse si la perte de sang etait prolongee et abondante, surtout dans un animal jeune et faible ; eile est necessairement alors le rösultat de vio­lences exterieures dont le v6t6rinaire doit apprdcier la gravity pour arriver ä une indication rationnelle.
Le diagnostic en est assez facile, l'epistaxis ne pent etre confondue qu'avec rhömoptysie, mais dans celle-ci qui est presque toujours coneomitante ä une maiadie des poumons et surtout ä la phthysie. le sang sort rouge, rulilantet spumeux, une toux grasse et framp;piente l'ac-compagne , la respiration est gönöe, rälante, les flaues sont agites, etc., etc.
Le Pronostic est rarement funeste, il dopend de la na­ture de la cause : celui produit par des violences exte­rieures graves est le plus fächeux, l'hömorragie est alors abondante. Le pouls sautillant et dicrote est un signe fä-cheux dans cette maiadie.
Le tmüement dont j'ai fait connaitre en partie le pro-camp;te dans les cas simples, exige quelquefois des moyens plus actifs quaud l'ecoulement du sang, persiste et devient inquietant. La saignöe aux jugölaires est le premier et le principal remede , on doit m6me la röpamp;er au besoin, viennent ensuite les applications d'eau froide accidulöe et meme de la glace sur le chignon, le front et le chanfrein. On administre encore des boissons froides adduces avec l'eau de Rabel, le nitre, le vinaigre. On pent faire dans les uarines des injections d'eau de Rabel ^tenduc dans l'eau ou d'une döcoction de noix de galles employee a froid , ou bien encore d'une dissolution d'alun. Ces topiques peuvent produire le resserrement, la crispalion des vais-seaux dechirfe et faire cesser l'ecoulement sanguin, ils
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onl eu quelques succes dans le cheval et peuvent 6tre utilement employes pour le boeuf. Enfin des frictions re­vulsives sur les membres avec le vinaigre cbaud , rendu plus actif par la graine de moutarde en poudre et meme les cantharides peuvent detourner et faire cesser le moli-men hemoragicum.
L'6pistaxis produile par une violence externe n'exige de traitement local que lorsqu'elle affaiblit beaucoup l'ani-nial, il est le möme que celui que je viens d'indiquer, ä part les soins exigös par les dölabremens s'il eu existe et qui varient suivant la nature des lesions.
On a propose et pratiquö sur le cheval le tamponne-ment des fosses nasales, surlout dans les cas extremes, il serait assez difficile dans le bceuf, a cause de I'ötroi-tesse des gouttieres nasales. II consiste dans l'emploi d'un petit sac en Tinge fin, ayant la forme d'un doigt de gant et un volume proportionnö ä l'amplitude de la cn-vitä nasale, sac que Ton remplit d't'toupes molles et sou-plos, et que Ton introduit ensuite de la narine dans la-quelle existe I'hemorragie , jusques dans I'arriere-bouche au moyen d'un fil porte par une sondc courbe pourvue d'un
chas ; le fil est ensuite tir6 au dehors en l'amenant ä soi,
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par la bouche. Ce fil p^netre d'abord de l'orifice de la narine a son fond, franchit ensuite l'ouverture gutturale, le voiledu
palais e t revient de I'arriere-bouche en dehors de cette cavite. Un bandage qui passe sur l'orifice de la narine et va s'at-
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tacher aux compresses matelass6es plac^es sur le chan-frein maintient encore ce tampon , mais ce moyen ne peut ßtre employ^ que sur une seule narine ä la fois et devient par consequent d'un faible secours quand les deux fosses nasales sont le siege d'une hemorragie. L'impa-tience des animaux devient aussi un grand obstacle ä l'application de ce moyen therapeutique qui est rnremenl mis en usage en mamp;lecine vetörinaire , les animaux , mcme les ruminans, ne respirant point ou no respirant que ties-imparfaitcment par la bouche.
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iOOnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PATHOLOGIE BOVINE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 1
CHAP1TRE II.
MALADIES DU LAUYPSX.
Cet organe dans la structure duqel entre une multi­tude de nerfs d'origines difftirentes, est tapisse par une membrane muqueuse qui n'est qu'une continuitö de celle du voile du paiais, ainsi que de l'arriere-bouche et qui est douöe d'une sensibility extreme. L'air est pour eile uraquo; stimulant naturel et special dont I'impression peut 6tre modiD6e par les gaz, les vapeurs et les corpuscules aux-quels ii sert de vöhicule. Les variations almosphöriques, les 6tats insolites et inaccouturafe de la constitution de l'air, influent non moins puissamment sur le larynx et deviennent pour lui des causes de maladies, surtout si elle.= ont une cerlaine duröc et que Tanimal y soit long-temps expose ou mis en contact avec elles dans des cir-constances et des dispositions particulieres, comme le matin en sortant d'une stable chaude, ou apres une course rapide qui a accelerö la respiration et a mis I'animal en sueur, etc., etc. L'action de la pluie, d'un brouillard froid, d'un vent tres-frais qui agit en mome temps sur la peau dans ces circonstances, augmente encore les effets de leur impression direcle sur le larynx, soit par Sym­pathie . soir par identite ou continuity de tissus.
Les corps strangers liquides ou solides accidenlellement introduits dans le larynx, y produisent des accidens fort graves que je me dispenserai de döcrire en raison de ce qu'ils sont gen6ralement connus.
Cependant nous verrons que l'inflammation de la mu­queuse laryngtäe se presente aussi sous differentes formes: phlegmasie aiguC et chronique, inflammation membra-neuse ou croup , angine gangrcneuse , etc. etc. ; mode.; divers de son 6lat pallioiogiquc , lenanl autanl ä la variele
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de la nature et de l'action des causes, qu'ä une predis-posttion individuelle que j'ai maintes fois signaiamp;j.
sect; Ier. Inflammation de la membrane muqueusc du larynx. Laryngite aiguö , angine laryngee.
L'inflammation simple , mais aiguö, de la muqueuse du larynx qui constitue celte maiadie , s'etend souvent ä celle des cavites nasales et ä une portion de la membrane interne de la tracht5e-arlere. O'est Vangina des latins, de angere, Wrangler, sulfoquer. Une difficultö plus on moins grande de respirer est done son principal Symp­tome ; sa complication la plus ordinaire est la pharyngite.
Le io septembre 1824 , un cultivateur de la commune de Saint-Andr6-d'Ornay (Vend6e), vint requörir mes soins pour un boeuf qu'il avait connu malade des la veille au soir et au retour des travaux.
Animal jeune (quatre ans et demi), gras et tres-vif, presentant les symptömes suivans: il porte la töte allongöe el raquo;Hevee, sa respiration est tres-acc616ree, g6u6e, un rule suffoquant se fait entendre, l'animal est dans un ötat d'anxietö extreme ;, la region du larynx est lögerement tumöfiee, la moindre pression y provoque une toux quinteuse et suffocante, les flancssont agitös et r6tractamp;. Le pouls est plein et accölerö, la bouche est beante, la langue sortie, lumöftee et de couleur rouge-noire; il coule de la bouche une salive abondante et visqueuse, et il flue par les narines beaueoup de mueosites me­ines de flocons jaunätres. Les yeux sont tumeflös, routes et larmoyans, l'animal est debout, agite, il fait enten­dre des mugissemens sourds et plaintifs ; la chaleur du corps est intense et les poils hörisses. Il n'a ni mangö, ni ruminö, ni bu depuis la veille ; l'abdomen est un peu gonfl6, les defecations sont frßquentes, molles et mu-queuses.
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Diagnoslie. La gene du respire , 1c räle , la sensibilile et la lagere intumescence de la region du gosier , devien-nent pour moi les signes d'une laryngite aiguß.
Pronostic. Assez favorable. la maladie ne presentant que des symptömes d'une inflammation franche et suscep­tible d'etre avantageusement modiftee.
Causes. La boeuf malade a fait la veille , au matin , un charroi penible, il 6tait tout en sueur quand il a etö inonde par une forte averse d'eau , et le domestique a imprudemment mis cet animal avec ses compagnons dans le päturage malgrö que le temps füt un peu pluvieux.
Traitement. Saignöe de quatre kilogrammes ä une ju-gulaire, qui effraya tout d'abord le proprtelaire. mais il fut rassurö par le sonlagement qu'elle procura assez promp-tement au malade. Fumigations ömollientes et application d'un cataplasme de mamp;ne nature autour de la gorge ; lavemens mucilagineux. Comme je vis que ce beeuf pou-vait döglutir, j'ordonnai qu'on lui fit prendre une tisane adoucissante. composee d'une decoction d'orge mondö et de racines. de guimauves , 6dulcor6e avec la gomme de Senegal et le miel; on devait en donner un litre toutes les deux heures et la verser doucement. Biete, frictions s6-ches, usage de la couverture. Le soir , je passai voir ce boeuf, il 6tait beaueoup raieux , mais la respiration 6tait encore tres-g6n6e. Söton au fanon , que j'animai avec l'onguent vösicaloire , je fus obligö de preförer ce rövulsif ä une seconde saignee qui röpugnait au propriötaire.
Le 16 , l'animal etait beaueoup plus calme et la respi­ration plus aisöe , mais l'anorexie et l'inrumination per-sistaient; une constipation opiniätre avait succödö ä l'es-pece de dövoiement de la veille; enfih le malade toussait assez fröquemment, le söton avait produit une forte tu-möfaction , je la scarifiai assez profondement, ce qui me valut une petite saignöe; mömes prescriptions que la #9632;veille, j'ajoule deux hectogrammes de sei de Glaubert ä
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six lilies tie tisane pour la rendre laxative , on devait faire prendre cette quantilö en quatre doses, dans la journöe.
On continua ce traiteraent les 17 ct 18; !e 19, I'ani-mal ötait en pleine convalescence , I'eau farincuse que le boeuf buvait assez bien et de bons aümens le retablirent promptement.
Je crois devoir borner lä mes citations : ainsi la laryn-gite aigue simple präsente pour Symptome cssentiel une respiration difficile , gen(5e , courle , petite et frequente; le boeuf est de tons les animaux domestiques chez lequel cetle gone de la respiration est le plus marquee, en rai-son, comme je l'ai ddja dit, de l'ötroitesse des gouttieres nasales, eile est aecompagnöe d'une toux rauque et par-fois quinteuse, ainsi que d'un räle muqueux qui aug-mente avec la maladie. ün flux nasal muqueux se mani­feste de douze ä vingt-quatre heures apres l'apparition des premiers symptömes ; dans quelques cas, il decouie des le prineipe un peu de mucus des narines et de salive de la bouche. Le boeuf atfeint de l'esquinancie laryngfe porte l'encolure ötendue, la töte allongöe et ölevee; sa bouche est beante, sa langue est sorlie, parfois meme un peu tumefiee, rouge et livide; cette position facilitant le ma­lade pour respirer par la bouche. La membrane piluitaire est rouge, enflammöe , öpaissie ; la buccale est aussi rouge et chaude; le larynx toujours plus ou moins tume-fie au dehbrs , est d'une sensibilile teile que la moindre pression sur cette partie, provoque une toux quinteuse et suffocante. Les yeux sont animes, rouges, un peu saillans et larmoyans. L'animal refuse foute espece d'ali-mens et de boissons ; d'autrcs rejettent par les cavilös na­sales les liquides qu'ils ont deglutis; les exeremens sont durs et coiffes, les urines rares, d'aulres fois il y a diarrhöe. Le pouls est vif, frequent, souvent plein ct engoue. La chaleur de la peau est communöment aug-mentee. Ces symptömes sont d'autant plus alarmans que
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la phlegmasie cst plus intense ets'etend aux ca\ites nasales et Iracht-ales. L'anxit'16 , la gone du respire sent done subordonnees ä la gravitö de la maladie. On protend avoir vu la dyspnöe devenir extreme, les exlrömites froides et qu'alors un frisson gönd'ral pr6c6dait la mort qui avait lieu du troisieme au quatrieme jour. A ces symptömes d'exa-cerbatiou succede un flux nasal assez abondant, la bouche distillc beaucoup de salive et de mucosiles, surtout aprcs les quintes de toux. La chaleur de la peau devient hali-tueuse , les exerömens se ramollissent, la respiration est plus facile et tout annonce la resolution. J'ai eu occasion de voir quelques bßtes aumailles atteintes de la laryngite aiguC, mais jamais eile n'a 6t6 mortelle; le grand danger git dans l'oppression et la difficult^ de respirer , mais toute crainte de suffocation disparait apres une saignöe et quelques soins. La tcrminaison par gangrene est fort rare , ceux qui ont cm I'avoir observee , ont sans doule confondu cette maladie avec Tangine gangröneuse. J'ai vu , sur un veau , un engorgement du tissu cellulaire sous-cutanö de la region de la gorge, qui paraissait s'eten-dre assez profond(5ment; il persista apres les symptomes genöraux de rinflammation disparus et ne c6da qu'Ä l'application d'un large synapisme , dont je dus scarifier I'engorgement pour obtenir une Evacuation sanguine lo­cale.
Les signes diagnosliques sont la gene de la respiration qui est rälante , l'extrßme sensibilitö du larynx, le flux nasal et la sortie de la langue. Dans I'angine pharyngee, il y a difficulte d'avaler, mais la respiration est moins g6n6e et le flux nasal n'existe pas toujours.
Le fronoslic est d'autant plus grave que l'oppression est plus grande et la suffocation imminenle.
Causelaquo;. Le passage subit du chaud au froid, le refroi-dissement de la peau par une pluie abondante qui sur-prend les animaux travaillant et en sueur, des travaux
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faligans executes durant une grandc chaleur et pailicu-lierement si les animaux sont gras et sanguins; l'inat-tenlion de laisser boire de l'eau fraiche et crue a des bceufs ayant chaud. L'esquinancie s'observe aussi lorsqu'il regne desbrouillards froids, 6pais, et que les bestiaux sont abandonnes dans les values humides ä toutc l'influence funeste de leur action sur reconomie.
Traitement. L'agent thörapeutique le plus certain dans la laryngite est la saignöe , eile doit 6tre copicuse et r6-pötde au besoin suivaut l'äge, la force , le tempöraroent du boenf atteint et encore suivant l'intensite de la maladic. Les Evacuations sanguines devront ßtre continuöes jusqu'ä souplesse du pouls et diminution de l'oppression : aussi pour agir mölhodiquemerrt convient-il de faire d'abord une saignee copieuse, mais d'ßtre un peu plus avare de sang dans les suivantcs (*). L'imminence de l'aspliyxie du­rant la deglulion , ne permet l'emploi des breuvages adou-eissans qu'apres que ces symptomes graves sont tres-dimi-nu(5s d'intensilö , on est done d'abord oblige de se borncr ä des moyens exterieurs tels que des gargarismes adoucis-sans, des fumigations tJmollientes', des cataplasmes de meme nature.sur la region du gosier et des lavemens mucilagineux. Si tous ccs moyens sont sans succes , on aura recours aux rövulsifs , tels que les selons au fanon , animus par l'onguent vesicatoire ou un trosciiique d'cl-
(Y) La phlebolomie n'est pas toojours facile et sans dangers lors de l'existence d'une lar/ngite aigue; la dyspnee extreme, l'oppression sont lelles que j'ai vu des brenfs et vaclics tomber en syncope on etre sur le point d'asphyxier des Tinslant que Ton serrail un peu la corde deslineea faire gonflerla jugulaire. .lelais alors oblige d'ouvrir soit les cephaliques ou les tboraciques, les abdominales, les sapbenes ; comnie ces vaisseaux donnent peu de sang , j'en ouvrais deux ä la fois. Je pense que la siiigne'e ä Tariere coccygicnne reinplirait bien Inidication ; jen'en ai jamais essaye.
De semblables contrarieles m'onl Iracasse dans la broncbilc , In pleurile el la pneumonic. Le Ixeuf est beaueonp plus sujet ä ces arci-dens qnc 1c cbeval.
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lebore noir. Je me suis bien trouvö de l'application d'un synapisme sur la region du larynx , dont j'avais d'abord tondu le poil , il produisit au bout de cinq a six heures un engorgement considerable , que je scarifiai avee pro-caution , l'evacuation sanguine qui cn rösulta fut suivie d'une prompte resolution. Des que la deglution est pos­sible , on fait prendre des tisanes composes de decoction d'orge monde ou de racines de guimauve , ^dulcor^es par l'addition de la rdglisse et le miel ; on les verse dou-cement par gorgees et sans trop clever la tete. J'ai une fois rendu ces breuvages laxatifs cn y ajoutant deux hec­togrammes cinquante grammes de sei d'Epsom pour trois litres de liquide , qui furent donnes dans la journ^e , a un veau alteint de laryngite compliquee d'une constipa­tion opiniätre , qui ceda a cette medication des le second jour de son emploi.
Des fumigations faites sous le venire avec des bales de genievre, projetöes sur des charbons ardens, le raaladc etant couvert, ainsi que les frictions seches , l'usage de la couverlure en laine excitent la transpiration cutanee. Le regime consistera -dans l'emploi de quelques panades si le malade est affaibli; des pommes de terre cuites rae-löes avec du son; un peu de bon fourrage et de l'eau blan-chie par la farine d'orge.
On lit dans le compte-rendu des trevaux de l'Ecole de Lyon, annee 1818 , page 18 : M. Puyrenies, vetamp;rinaire ä Saint-Sulpice (Dordogne), a fourni une observation sur une esquinancie trachöo-laryngöe , fortement inflamma-toire, dans les betes ä cornes. Ce v6t6rinaire a ajout6 au traitement connu de cette maladie une sorte de lini­ment alcoolisö , etendu sur la region trachölienne et au-quel il croit devoir attribuer une partie des succes qu'il a obtenus.
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sect; 2. Laryngile chronique.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; (ll
Gelte maladie n'a (He d(sect;crile par aucun vtHerinaire ; je ue possede sur eile qu'une seule observation.
Dans l'automne de 1851, l'Ecole veterinaire de cette ville fut consultöe pour une vache qui öprouvait une gratide gone dans la respiration , quelques difficull^s dans la döglution et presentait a la region du larynx une tu-meur assez considerable : des sieves furent envoyös, ils saignerent la malade et ordonnerent des applications ^mol-lientes sur la tumeur. Ils furcnt quelques jours apres revoir celte vache et crurent devoir pratiquer une secondenbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; VI
saigrcie , rnais n'ayant pu ouvrir la jugulaire , il se bor-nerent k indiquer la continuation des applications (5moI-lientes. La tr.aladie augmentant chaque jour, cette vache futamenöe ü l'Ecole, ä la consultation de M. D...., c'ötait dans les premiers jours de novembre, eile portait alors une tumeur beaueoup plus grosse que le poing , situee sur le gosier ä la hauteur du larynx ; la respiration etait entrecoupöe comme dans la pousse, mais petite, fre-quente et ralante ; l'exercice augmentait ces aeeidens; la deglution se faisait avec quelques difficultes , et la betenbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; |
ägöe de six ans, 6tait d'ailleurs tres-grasse et belle. M. D.... prötendit que celte vache 6tait affectöede la phlysie luberculeuse ou pommeliere et pronostiqua une mort pro-chaine. Ce pronoslic deeida le proprißtaire ä vendre la malade pour les travaux anatomiques de l'Ecole, eile fut mise dans l'öcurie des animaux afiectamp;j ä ce service. C'est alors que je la vis et que je reconnus Texislence d'une laryngo-pharyngite chronique. Un 61eve intelligent,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;. .
present ä la consultation, diagnostiquamieux queM. D...., il lui fit remarquer que tous les signes indiquaient une af-nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; v
feclion chronique du larynx.
Je fus done examiner celtraquo;' vache qui devenait un snjet
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408nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PATHOLOGIE BOVINE.
lt;le discussions medicales, eile me prcsenla, ä cetlc visitc et ä d'autres ultörieureraent faites, les symptomes sui-vans : tristesse, la tete etait portee basse , les yeux ötaient cependant assez animös et la conjonctive un peu injectöe ; le mufle etait sec, la bouche päleuse ; on en-tcndait parfois un froissement aigu des dents; les cornes etaient alternativement froides et chaudes, il existait en outre des tremblemens ou frissons partiels assez frequens. La respiration etait difficile, rAIantc et les mouvemens des flancs irröguliers. La dilution etait un peu gönöe , la panse sc balonnait de temps a autre , l'appelit et la rumination ötaient diminuös, les exeremens durs et sees, les urines colonies et rares.
Chaque soir tous ces symptomes augmentaient de gra­vity, la dyspnöe (5tait plus inquiötante, la respiration bruyante et plus pönible , la toux ötait rauque. Les bor-borigmes se faisaient entendre et c'est alors surtout que la nuHeorisation se manifeslait; la temperature du corps augmentait, lespoilsetaient h^risses, lapeauseche, lY'pine du dos sensible et I'animal se tenait ordinairement debout, les membres rassembles sous le corps. Le pouls etait petit, vif, souvent concentr6 , il donnait de cinquante d cin-quante-cinq pulsations par minute. Durant le söjcur de cette vache h l'Ecole, je remarquai encore que cet 6tat febrile quotidien et remittent, ötait quelquefois interrompu par des acces de redoublemens qui duraient de trois ä cinq jours, durant lesquels la bamp;e refusait les alimens, ne ruminait plus et que tous les symptomes pröcitös aug­mentaient de gravite. Durant tous le cours de sa maladie le plus löger exercice augmentait la dyspnöe, la toux et les symptomes d'une prompte asphyxie. Cette malheureuse böte avait pour toute nourriture de la paille et de l'eau, malgrö cela, eile ne maigrissait pas. La tumeur de la rögion laryngienne augmenta beaueoup de volume et les symptomes de dyspnöe devinrent plus graves ; M. P.....,
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charge de la clinique , y ayant reconnu do la fluclualion , la ponctua sur Tun des cötös, il en sortit environ an verre de pus blenc et homogene, la plaie se ferma et la maladie fut abandonnöe h la nature. Enfln ä la suite d'un acces assez grave , celte vache me fut donnee pour les dissections. A cette ßpoquc, la tumeur du larynx ölait grosse comme un pain d'un kilogramme, eile faisait saillie des deux cötös, avait une forme allongtte et aplatie de dessus en dessous; on y distinguait une fluctuation pro-fonde et la moindre pression exercte sur eile provoquait une toux rauque et suffocante.
Je vis le vendeur et je sus de lui qu'il y avail pres d'un an que cette bete.ötait malade, cependant eile (Halt en­core en bon 6tat et grasse au point qu'on ne put parve-nir a dissamp;juer les nerfs pneumo-gastrique et trisplanch-nique, que je voulais faire connaitre aux sieves.
Autopsie faite le lendemain de la mort qui eut lieu par la section d'un carotide et d'une jugulaire.
Tous les visceres de l'abdomen et du thorax etaient sains, les poumons n'offraient aucune alteration et pas un atöme de tubercules. Je trouvai sous la base du crane et de l'atloide, dans le tissu cellulaire qui unit les nom-breux organres de cette region , une tumeur enkystöe 6norme, plac^e entre la partie sup^rieure des deux gran-des branches de l'hyoide, s'6tendant ant6rieurement sous la muqueuse de l'arritire-bouche jusqu'aux ouvertures gutturales, dont eile retrecissait la dimension, postörieu-rement jusqu'au-delü de l'origine de Toesophage et du larynx, qu'elle recouvrait et entourait ä droite ainsi qu'ä gauche , au moyen de deux prolongemens lateraux. Cette vaste poche contenait environ trois litres d'un pus blanc-jaunätre , mamp;6 de quelques stries sanguines, 6paisses et fetides; les parois ötaicnt lardacees , blanches-grisätres, irr^gulicrcment 6paisscs de dix ä quinze millimetres. Cc kyste |)rcsciilait encore des sinus asscz profonds el etait
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ilOnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PATHOLOGIE BOVINE.
traverse par des brides qui avaient pour base les vais-seaux supörieurs et lalöraux qui ölaient revetus d'une production squirrheuse; enfin sa surface libre et interne etail grenue, d'aspect muqueux et de couleur rouge-vif. La muqueuse de l'arriere-bouche, ceile de l'origine de l'cesophage , avaient une [teinte rouge-noire et etaient sensiblement 6paissies ; une plaque de xouleur gris ar-doisö existait sur la parois supörieure de l'arriere-bouche, eile attestait Tanciennele de la phlegmasie. La muqueuse laryngienne 6tait aussi öpaissie et ramoilie, eile etait de couleur gris de plomb dans toute son ötendue et mölöe d'injections vasculaircs. Le Systeme nerveux certbro-spinal et ganglionnaire n'offrait rien d'anormai et les nerfs la-rynges supörieurs et inferieurs n'etaient nulleraent com-primes par la tumeur.
L'aulopsie prouva la valeur du diagnostic de M. D.... La dyspnöe , la toux, les dangers de suffocation et la dif-liculte de la döglution s'expliquent facilement par la pre­sence de l'abces enkyste que je viens de decrire; il s'etait form6 lentement dans le lissu cellulaire et 6tait une consequence des engorgemcns^inflammatoires que j'ai si­gnals en decrivant la laryngite^aiguö. Enfin de cette observation on pent tirer cette consequence thörapeutique, que dans la laryngite clironique toute Evacuation sanguine est au moins inutile , que l'indication h remplir consiste dans Tapplication des rövulsifs sur la region du larynx ; savoir : d'abord un synapisme que l'on scarifierait apres Tengorgement survenu ce qui produirait, une saignte lo­cale fort avantageuse , ensuite , s'il est necessaire, un vesicatoire qui d6terminerait indubilablement une trans-sudation salutaire. Ces rövulsifs seralent secondes par l'action locale des gargarismes de decoction d'orgc et de feuiiles de ronces miellte, des fumigations aromati-ques, d'une nourriturc de facile digestion , des frictions sechcs et de l'usage de la couvcrlure de lainc. Je crois
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raclion des samp;ons trop lente et trop eloigiicc, amp; moins de les passer ä l'encolure et pres de la tete.
sect; 3. Du'Croup. Angine polypeuse, angine merabraneusc.
Cette maladie ainsi nommee par Home en 1733 , d'iin nom 6cossais qui signifie ötranglement, n'est connue en mödecine vöterinaire que depuis environ trente ann^es ; eile attaqne presque tous les animaux domestiques, mais plus frequemment le boeuf et devient par consequent l'ob-jet de cet article, uniquement consider^dans cet animal.
Le croup consiste dans une inflammation de la mem­brane muqueuse respiratoire , compliquäe d'une fievre catarrbale sp^ciale et particuliere , avec formation d'une fausse membrane, ou exsudation de fibrine et d'albumine concrete, sur les regions les plus vivement enflamm^es de cette villeuse et peut-etre m6me sur tous les tissus de l'6conomie devenus le siöge d'une vive irritation. II sem-blerait en effet exister dans cette affection pathologique un ötat particulier tres-analogue ä celui qui caractörise les maladies exanthemateuses; car je signalerai dans la 4e observation la laryngite croupale se compliquant d'une Eruption critique et salutaire de boutons sur la peau et les levres de la vulve; dans la 5e, un autre example de laryngite croupale avec Eruption d'aphthes nombreux et d'un prurit tres-intense de la region dorso-lombaire; enfin dans la6e. M. Barrere, v6t(5rinaire, a remarquö qu'il s'6tail promptement form6 sur la surface des plaies des sätons une pseudo-membrane parfaitement idenlique ä celle expulsee du canal trachamp;d.
Je vais d'abord citer quelques faits, en partie indidits et analyser rapidement ce qu'on a public sur cette maladie, dans le boeuf, pour en tirer des inductions pathologiques et th^rapculiques qui puissent guider le vöterinaire dans sa pratique.
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442nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; PATHOLOGIE BOVINE.
lte Observalion. Laryngo-bronchile croupah. 12 mars 1814, im mötayer des environs de Parthenay, vint, de grand matin , me prier de me rendre de suite chez lui pour secourir un jeune beeuf de trois ans , qui, disait-il, allait etouffer.
Arrivö pres du malade qui etait d'une forte et belle conformation, d'un temperament sanguin et en bon etal; j'observai les symplömes suivans : la respiration 6tait ex-cessivement genee et sifflante ; l'animal rassemblö sous lui, le dos voüte, la töte allongöe sur l'encolure , avait la bouche böante , la langue rouge, sortie et couverte de salive filante qui se melait ü des mueosites assez abon-danles , distillees par les narines. Tout-ä-coup une quinte de toux rauque , mais slrideuse, se manifesta , je crus le beeuf asphyxie ; il ötait dans un etat d'anxitH^ difficile ä depeindre, frappait des pieds , rejetait au loin des ex-cremens liquides et muqueux. Tout se calma cnfin, je pus explorer le pouls , il etait engouö, dur et l'artßre un peu tendue; les flaues agites, ('inspiration difficile, l'expira-tion bröve ; ayant approche l'oreillc de l'encolure , j'en-tendis un räle muqueux mais sifflant; je bornai lä ce mode d'exploration , l'auscultalion n'etait pas encore bien con-nue des vet^rinaires. La peau 6tait seche , le poil pique, lupine dorsale insensible ; les yeux gonfles, larmoyans et les vaisseaux de la conjonetive si injeetes, que cette mu-queuse etait de couleur rougc-violact'. La bete , malade de la veille , n'avait rien pris , ui ruminci depuis; les exeremens 6taient ramollis, muqueux, les urines crues. La region du larynx me parut tumeficc , je la touchai, eile 6tait empbysemateuse; cette legere pression fit repa-raitre un nouvel accesde toux qui fut aussi effrayant que le premier, mais de moindre duröe.
Ce boeuf avait 6te mis dans les champs le H au matin , avec les autres boeufs et etait sans doutc dejä indisposö; une giboulöe abondanlc melcc de neige gla(;a ce pauvrs
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animal, que Ion trouva Iremblanl et opprcsse. Un gue-risseur lui avait donnc une bouteüle de via avec de la Iherpaque pour lui d(5barrasser, disail-il, le cteur , car des lors I'oppression elait grande.
Je n'avais encore rieii vu de semblable, mais j'avais lu les observations de Gobier sur le croup et quelques articles de mudecine sur celle muladie ; je fus done do suite fixe. Je previns le proprietaire de la gravite de la maladie et du peu d'espoir que j'avais.
Saignöe de trois kilogrammes faile aux deux veines thoraciques a la fois, legeres scarifications sur les cotos de la langue qui donnerent ä peu pres cent vingt-cinq grammes de sang et d^gorgerent I'organe ; fumigations gönörales avec les baies de genevrier trcs-commuue dans les bois du pays , frictions seches, usage de la couverture de laine, Tencolure et la gorge sont aussi chaudement enveloppees. Ce boeuf ne pouvaut deglutir, j'indiquai I'em-ploi d'un opiat de poudre de reglisse et de guimauve ; des gargarismes adoucissans , des fumigations emollienles di-rigöes dans les ilarines et des lavemens mucilagineux.
Le soir, asphyvie imminente , etat desespere, je pro­posal la tracheotomie , eile fut refusee ; percer la gorge d'un boeuf!... Secoiide saignee de trois kilogrammes aux deux saphenes; car il etait impossible de serrer I'enco-lure pour la faire aux jugulaires. Deux sötons au fanon, quej'animai avec l'onguent vösicatoire et dont toute I'etendue fut frequemment frottee , lotionn^'e avec un synapisme; meme opiat, gargarismes d'oxicrat miellö ; lavemens emolliens , seconde fumigation genörale de baies de genievre.
Je nc pus revoir mon malade que le 15 ä midi, l'etat d'oppression allait croissant; le malade debout. les mem-bres lt;5cart6s, la tete allong(5e , la bouche beante, la res­piration sifflante, aiguö, strideuse, ötait on nepeut plus penible et le malade semblait pret ä tomber asphyxie.
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Cependant les setons ötaient entoures d'une tumefaction ^galant une töte humaine, je la scariflai et obtins environ un litre et demi de sang; je proposal de nouveau la trachöotomie, ä ce coup^ c'est la femme qui pleura et empticha le fermier d'y consentir. Le pouls etait dur. con-centr6 et Ires-accd-Iör^; saignte abondante sous la queue (deux litres); frictions revulsives sur tons les membres avec du vinaigre chaud , dans lequel j'avais mis de la poudre de moutarde et de cantharides; du reste mume prescription. Tout fut inutile , le malade toraba sur la litiere et expira dans la nuit.
Autopsie falte le 14 au matin : j'arrive de suite aux lesions importantes; le larynx, la trachee artere et les bronclies etaient remplis de mucosites spumenses; la muqueuse qui les tapisse ötait recouverte d'une pseudo-membrane, öpaisse de deux a trois millimetres, assez forte pour rösister ä une legere traction ; eile 6(ait separee de la muqueuse, döchiree et flotlante dans beaucoup dc points; eile oblilerait plusieurs des ramifications secon-daires des bronclies , reflötait une couleur rose pale a sa surface libre , etait plus coloree et floconneuse ä sa sur­face adherenle; cette production morbide me parnt de nature fibrino-albumineuse. La muqueuserespiratoire etait rouge et epaissie ; les poumons engoues de sang noir et liquide , etc., etc.
2deg; Observation. Laryngite croupale. 18 octobre 1826. Un proprietairc-cullivaleur des environs de Bour­bon-Vendee, m'd'erivit de me rendre de suite chez lui pour secourir un jeune boeuf dangereusement malade. Arrivö sur les lieux; j'appris et observai ce qui suit: boeuf de trois ans et demi , d'un temperament sanguin ct en bon etat; il s'etait echappö des puturages le 16', avait etc attaquer des bestiaux d'une ferme voisine, ful battu , culbnte et fut ensuite se concher lout en sueur dans un lion frais et humide, oü 11 ne fut 'rouve qu'ü nuit close.
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Rentre i l'ötable , il tremblalt de tout son corps , parais-sait accablö, avait les yeux rouges, larmoyans et toussait un pen ; on le frolta long-temps et !e couvrit. Le 17 , la respiration 6tait sonore et plaintive , la toux fröqueute et rauque, l'accablement plus marque ; un voisin saigna le malade sous la queue , il obtint environ un litre de sang; il fit quelques incisions sur le dos , ordonna un bouillon d'ail. le fit bouchonner et bicn envelopper d'une couverture de laine. Mais l'elat du malade devenant de plus en plus alarmant, je fus demande le IS au math;.
Symplomes. Le bceuf etait debout, le dos un peu voüte, l'encolure et la töte allongtes , la bouche beante, la langue sortie et noire, les yeux gonfles, proöminens; la conjonctive rouge-bleu-; le malade etait dans un etat d'an-xiete extreme, interrompue par des instaus d'accatlement et de prostration. La respiration etait excessivcment gCMiee et sifflante ; unc toux convulsive, mais ralante, ebranlait toute l'econoraie , eile se manifestait par quinles rappro-chöes, suivies d'un prolapsus inquietant. Les narines et la bouche distillaient des mucositös abondantes; j'ecoute, le rale muqueux n'est appreciable qu'au larynx et dans le
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trajet de la tracliee artere. Le pouls est plein , accelere ( 63 puls.), l'artere dure. Du reste, chaleur et secheresse de la peau, anorexic et inrumination depuis le 16; defe­cations liquides, urines^crues.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; -yl
Je dtagnostiquai une laryngite croupale grave et moanbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; f
pronoslic fut peu rassurant.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; dl
Causes. Repercussion de la transpiration cutanee.
Trailement. Saignöe de trois kilogrammes ä une jugu-laire , le sang 6lait noir, mais il se coagula promptement; je proposal la trachöotomie, eile fut accepl^e, parce quo le propriötaire me l'avait vu faire avec succes, quelque temps auparavant, sur une jument appartenant a un de ses voisins. Des lors la respiration se fit principalement par l'ouverture praliqu^e sur le cöte de la trochee et
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I'animal fut un peu plus calme. Opiat compost de poudrc de r6glisse et d'aunte, de chacun soixante grammes, sciile en poudre , trente grammes, miel un kilogramme; ce mddicament fut donnö en quatre doses dans le courant de la journfe; tisane de racines de guimauve miell^e, donnöe assez abondamment et comme boisson, le malade n'ayant rien bu depuis le 16; lavemens mucilagineux , frictions seches, couverture en laine; fumigations 6mol-lientes adduces par le vinaigre, dirigees dans les narines. Le 19, le rale est plus muqueux , la toux grasse et Ton croit avoir aper^u quelques lambeaux membraneux expec-tor6s , mais qui se sont perdus dans la litiere. Le pouls a encore de la duretö et de la plenitude; seconde saignte de quatre kilogrammes; opiat de- poudre d'aunöe cent vingt-cinq grammes, kermes mineral quarante-cinq gram­mes , qui fut donnö en trois doses dans la journte ; tisane de decoction d'orge monde, animee par I'oximel scillitique ; fumigations ömollientes adduces ; lavemens, etc., etc. Des lesoir, la toux est fröquente et grasse, eile provoque la sortie de beaucoup de lambeaux mem­braneux; le 20, on en avait recueilli plusieurs morceaux, ils 6taient de couleur rouge päle, fibrineux et roulßs sur eux m^mes. J'ötai le tube ä tracheotoraie, la respiration n'en fut que faiblement g^n^e , une toux grasse, mais un peu quinteuse donna encore issue a deux lambeaux de pseudo-membrane. Continuation de l'opiat avec le kermes, eau blanche farineuse mielläe, que le malade buvait assez abondamment; convalescence le 20, je fis un point de suture a la plaie de la tracheotoraie; gu6rison et cicatri­sation de la plaie le 25.
Le second cas de gu^rison que j'ai obtenu elait une laryngo-bronchite, prise d6s le lendemain de sa manifes­tation ; je fis avorter rinflammation par la saignee, la tracheotoraie, I'application , d'un sinapisme sur le trajet de la trachte, je scarifiai l'engorgement qu'il produisit; il
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ftit suivi de friclions revulsives faites avec la teinture de cantharides sur !a rögion trach61ienne de l'encolure. J'or-donnai des opiats becbiques, des tisanes adoucissantes , des fumigations et des lavemens 6moiliens.
5e Observation , faisant partie d'un Meraoire adresslt;5 ä la Society royale et centrale d'agricullure, par M. Mous-sis, v6t6rinaire ä Oleron (Basses-Pyramp;iöes), et qui obtint en 1826 une mödaiüe d'argent.
laquo; Le 22 janvier 1823, je fus appele par un propriöiaire raquo; de la commune d'Estos, pres d'Oleron, pour voir une
raquo; vacheag6edesixans,quietaitma!adedepuisquatrejours.
raquo; Je remarquai que la respiration etait laborieuse, la raquo; toux tres-forte, pönible et que dans les efforts, il sor-raquo; tait, par la bouche , beaucoup d'öcume et de petites raquo; portions membraniformes. On entendait un rälemcnt raquo; semblabie a celui d'un cheval corneur, beaucoup plus raquo; marqult;5 pendant l'action de manger; la bouche etait raquo; chaude, les membranes muqueuscs apparenles enflam-raquo; mees , le pouls fort et dur.
raquo; Je praliquai une saignöe ä une jugulaire ; je Cs raquo; prendre des opiats de miel et de poiulre de guimauve ; raquo; on fit des fumigations emoilientes dirigees dans les na-
raquo;
seaux, on donna des la vemens 6mo!Iiei!s et j'appliquäi im ygt; vösicatoire sous la poitrine. Eau tiede blauchic avec la raquo; farine d'orge et nifröe pour boissons.
raquo; Le 25 , les symptömes 6tant les memes, j'empioyai raquo; le meme traitemenl i\ l'cxceplion de la saignee.
raquo; Le 24 , les symptömes ötaient plus graves , une raquo; partie de la langue sortait liors de la bouche ; la toux b etait penible et l'animal semblait vouloir expulser quel-
raquo;
que chose de rarrierc-bouche. Une saignöe, deux breu-raquo; vages d'une decoction d'orge ä laquelle j'ajoutci du raquo; miel et du vinaigre , furent donnamp;s dans la journee ; raquo; du reste mtSme traitement.
raquo; Le 23 , les symptömes furent moins alarmans , ;e
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raquo; remplagai les fumigations ^mollientcs par des fumiga-raquo; tious aromatiques.
raquo; Lc 26 , ä men arrivlt;5e chez le propriditaire, il m'an-)gt; nonca quo sa vache (Hait guörie , qu'elle avait rejel6 raquo; dans la nuit une espece de membrane allongee. blan-raquo; chalre, inorganique, assez consistante , de la longueur raquo; de dix-huit centimetres sur six centimetres de largeur; tgt; il avait eu soin de la garder pour me la faire voir, et a dos ce moment la bete fut completement guörie. raquo;
4C Ohservalion. Compte-rcndu des travaux de l'Ecole vetörinaire de Lyon pour l'ann^e 1823 , page 22.
Laryngite croupale avec eruption exanthemaleuse. Une vache agee de 14 ans, appartenant a M. Söriziat, de Saint-Didier, au Mont-d'Or, fut amende dans nos infir-meries ie 12 juin , ayant tous les symptomes du croup.
Cette bete lt;Hait faible, sa respiration ötait räleuse, la gorge et l'origine do la trachee-artere douloureuse, la bouche entr'ouverle et la langue hors de cette cavile laissait couler une have cpaisse et verdatrc ; le cou etait tendu et le nez au vent. On remarquait en outre une Erup­tion de boulons sur la peau et priucipalement aux levres de la vulve; enGn le pouls 6tait petit, serrö , frequent et les urines fortement colorees.
L'extreme faiblesse de cette vache fit proscrire la sai-gnte , mais un cataplasme emollient anodin placö sous la gorge et souvent humeetö, un söton au poitrail, un tros-chique sur les deux faces supörieures de l'encolure, ainsi que I'eau d'orge pour boisson , des opiats caimans et adou-cissans ; enfln des fumigations anodines , produisirent assez promptcment un changeraent salutaire.
Le lendemain la respiration fut un peu plus libre, la toux neanmoins Etait encore quinteuse et suffocante ; ü chaque mouvement de toux, il sortait, taut par la bouche que par les naseaux, des debris ayant I'aspect membraneux ct sur lesquels on remarquait quelques traces de vaisseaux
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sanguins capillaires. Ces portions de membranes croupales d'taient roulees sur elles-memes ; nous en avons qui ont plus de dix centimetres de longueur; elies opposaient de la resistance aux efforts que Ton faisait pour les ttechircr et ressemblaient par leur consistance ä des membranes muqueuses qui auraient macörö pendant quelques jours dans l'eau. Deux bocaux de ia capacity d'un demi-lilre , en ont 6te remplis et font partie de la collection de cette Ecole.
Cette expectoration dura deux jours , apres lesquels les lambeaux raembraniformes devinrent rares. Le I5juin, la toux fut moins forte, moins frequente ; la bete ne rendit plus que du mucus blanchätre, eile commenga ä prendre nn peu de foin et se coucha pour ruminer; son lait revint, eile fut rendue le 21 au propriölaire parfai-tement guörie. Depuis lors, eile a continuö h jouir de la meilleure santö.
M. Seriziat nous a rapporte que cette vache avait re^u la pluie dans les pälurages deux jours avant les premiers symptömes de cette maladie.
5e Observation , faisant partie d'un Memoire adressö h la Societe royale d'agriculture de Paris. par M. Bernard, vetörinaire.,
Laryngite croupale avec symptömes d'adynamie. Le 1er mars 1815, je fus appel^ par un metayer de la com­mune de Chefois (Vendtie), pour un bceuf de moyenne taille , en bon (Hat, ägc de qualre ans , qui, depuis huit jours, mangeait moins qu'ä l'ordinaire, buvait peu , avait l'ccil gauche larmoyant et ä demi ferme. Un empirique avait altribue cette indisposition ä la chute de quelques dents molaires et avait fait frotter ia bouche avec du vinaigre , du sei, du cresson et du poireau pendant qua-tre ä cinq jours, sans que cette mödication eüt produit d'effet salutaire. J'observai les symptömes suivans: peau seche et adbörente , poils lerncs; toux grasse existant
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depuis long-temps; respiration acc616r6e , plaintive ; flux par les narines d'une matiöre puriforme , blanche et epaisse; pouls plein , battemens du coeur forts et pr6ci-pit6s ; bouche chaude , salivation considerable . appiHit tres-diininuö ; I'animal prenait quelques brins de foin qu'il raächait long-temps avant de les avaler, rumination rare et incomplete. La conjonctive de l'oeil qui 6tait lar-moyant et ä demi fermö , 6tait rouge et infiltröe; la pituitaire enflammöe, le mufle humide et I'animal n'avait pas perdu de sa vivacitö. Seton au poitrail que j'enduisis d'onguent v^sicatoire ; tisane pectorale de decoction de racines de guimauve, de röglisse et miel, donnöe a la dose de cinq a six litres par jour; lavemens (5molliens, fumigations de möme nature , eau blanche miell^e.
Le 4, I'engorgement produit par le s6ton est assez gros, une Eruption d'aphthes a eu lieu autour des gencives, la bouche est enflammde ; gargarismes fails avec une decoc­tion d'orge, de feuilles de ronces , ä laquelle on ajoute du miel et du vincigre.
Le 5, memo 6tat, la toux n'est cependant ni aussi forte, ni aussi fröquente ; m6me traitement jusqu'au 8. Du 9 au 13 , il se manifesta tous les matins jusqu'ä midi un acces de froid, durant lequel la respiration 6lait tres-precipitee. Ton observait des frissons g6n6raux et une diminution du flux nasal. Opiat compost de trente gram­mes d'antimoine, de soixanle grammes de fleur de soufre et d'autant de carbonate de fer. melees ä un demi kilo­gramme de miel, pour etre administr6 ü deux fois dans la journöe; lavemens, gargarismes, fumigations. Le 14, le paroxisme est pins long ; comes irrögulierement froides et chaudes , soubresauts dans les muscles ; diminution de l'appötit. Soixante grammes de quinquina , m6me quan­tity de carbonate d'ammoniaque dans un demi-kilogramme de miel. Le 15, acces de froid moins long, perte de l'appamp;it; bouche päleuse, langue jaune , Eruption aph-
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tfaeuse sur ces organcs; la toux et le flux par les narines persistent. Quinquina et carbonate d'ammoniaque dans le miel; durant la nuit, anxi6t6, le boeuf reste debout et gratte le solavec les piedsde devant. Le 16, tbattement plus marquö, agitation des flancs, mouvemens du coeur, percevables et pröcipites; pouls vite et plein. Le flux qui coide du nez et de la bouche est plus abondant et fötide; les aphthes se multiplient et le malade 6prouve un violent pruritsur ledos et la croupe. Saignöe, m6me traitement. Les -17, 18, 19 et 20, la prostration et rabattemeut augmentent, la respiration est de plus en plus embarras-see et bruyante, le pouls s'acc61ere et s'affaiblit; les yeux s'enfoneent dans les orbites , une diarrhee infecte precede la mort de quarante-huit heures. Le malade suc-cornbe enfin le 21, dans un (Hat d'oppression suffocante et d'adynamie profonde.
A Vautopsie on trouva les cavitös nasales et les sinus de la tamp;e remplis d'une maliere purulente, de couleur blanc-jaunätre, epaisse, felide et la pituitaire ulcöröe. Le la­rynx , la trachöe-arlere , les bronches, ainsi que le pha­rynx et l'oesophage ötaient recouverts, dans toute leur etendue, d'un mucus öpais et fölide, sous lequel existait tine pseudo-membrane, öpaisse d'environ un millimetre, que Ton pouvait facilement detacher, mais qui conservait la forme du canal qu'elle tapissait; la membrane muqueuse de ces organes etait rouge-noir, öpaissie et ulcöröe dans beaueoup d'endroits. La bouche et l'arriere-bouche ötaient couvertes d'aphthes et d'ulceres. Le poumon (Hait gorg6 de sang noir et liquide, ainsi que les cavitös droites du coeur ; celui-ci etait parsemö de pötöchies noires et mul-lipltees. La muqueuse digestive 6tait rouge et ramollie, surtout aux intestins grßles. Le cerveau 6tait ramolli et ses ventricules remplis de sörositös roussalres.
Gelte observation est plus intörcssaute sous le rapport palhologiquc que sous celui de la therapeutique: on y
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voit une maladie d'abord möconnue augmenter de gravity, parce qu'elle n'a pas 6t6 franchement attaqu^e. Les efforts conservateurs de la nature, manifestos par l'öruption exanthamp;nateuse et le prurit n'ayant pas 6te compris ni secondes. la prostration et l'adyuamie ont du terminer une lutte mortelle.
L'auteur ajoute a la On le paragraphe suivant: causes : ce fut le lendemain d'un charroi fatigant, fait par un temps froid et pluvieux que les premiers symptömes de la maladie so deciarerent.
Mi Barrerc, vötörinaire ä Laverdac vient de publier dans le Journal dos Yetörinaires du Midi, cahier de juiiiet 1840 , deux observations sur le croup , dont je rappor-terai seulcment la premiere.
Laryngo-pharyngile croupale. Le 27 mars dernier, une genisse de quinze mois, en bon 6tat d'engrais, d'un temperament irritable, est atteinte d'une toux fröquente , inutiiement corabattue., par le propriötaire, par les boissons blanches. Le 29 au matin , des symptömes alarmans se montrent, I'animal est triste, la toux est penible et quin-teuse, la respiration difficile, les naseaux dilates, la bou-che beante, la langue sort parfois de sa cavity, eile est recouverte d'anc öcunie blanchätre et douce au toucher, le cou et la tele prennent une direction horizontale , le rale croupal sc fait lögerement entendre; en appliquant I'oreille en avant du poitrail, on distingue un murmure muqueux , tandis qu'en explorant la partie post£rieiire de la poilrine . on reconnait une respiration sifflante , quoique peu distincte ; I'artere est tendue, le pouls petit, serre et tres accöierö : il 6lait neuf heures du matin. Sai-gnee de deux kilogrammes et demi, fumigations et lave-mens 6molliens, diete severe : leger soulagement. Le soir vers cinq heures, la suffocation parait imminente , le räle croupal, tres-prononcö, iraile assez bien le son d'un chalumeaa de roseau , les flancs sont agitös, la respiration
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difficile, la beuche et les cornes chaudes, les oreiiles froides , les parois laterales de la poltrine douloureuses , les yeux aniinös sont de couleur de feu a leur pourtour, les vaisseaux de la conjonetive injeetäs , l'artöre qui 6ta.it souple est devenuc tendue , il y a constipation. Nouvelle saignöe de deux kilogrammes , mbme traitement, seule-ment la böte ne peut plus supporter les fumigations, et bolt difficilement, ou du moins eile eprouve un grand malaise apres la döglution des liquides. Immödiatement apres la saignee , il y a un mieux marquö, quelques heures plus tard, le räle croupal diminue, la nuit est calme , sans acces suffocans. Le 30 au matin , on trouve dans la mangeoire une fausse membrane croupale de 12 centimetres de long sur 2 de circonförence; la bt'te est tranquille le reste de la journöe; cet 6tat se continue, on croit ä une convalescence procbalne, quand , vers le soir, tout-ä-coup, dessymptomesinflammatoircs, aecom-pagntis de suffocation, se reproduisent; nouvelle saiguöe, le sang coule jusqu'ä ce que l'animal chancelle; des plain-tes se mßlent au bruit respiratoire , la bete se couche et garde cette position quelques minutes seulement; la nuit se passe dans des alternatives de calme et d'agitation.
Le lendemain 31 , la pöriode inflamraatoire parait tou­cher ä sa fin, la toux persiste , mais le rale croupal di­minue , le bruit respiratoire dans le poumon est devenu sonore ; application de deux sötons au poitrail, eau blan-chie, nilröe, lavemens avec l'hydro-chlorate de soude. Le 1er avril, il y a affaissement, la respiration est dif­ficile , stertoreuse ; l'irritation produite par les sötons est peu döveloppee, des frictions d'huile volatile de töre-benthine sont pratiquöes sur les cötös du thorax, les fumi­gations ömollientes sont supporlöes; il y a quelques dejec­tions.
Le 2, la respiration est encore gen6e, namp;mmoins Tanimal veut prendre quelque aliment et boit Tcau qu'on lui presenle; la constipation a ccssö.
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Le 5 , le räle croupal a completement disparu , la ru­mination se rötablit, la 'gaitö se montre , le mieux con­tinue , et le 8 le r6tablissement est parfait.
M, Barrere ajoute en note qu'autour des m6ches des deux s^tons mis au poitrail de ce^boeuf, il avait remarqu6 de fausses membranes absolument identiques h celles ex-pulsöes du canal trachöal. Ne serait-il pas, ajoute-t-il, de l'essence de rinflammation croupale, de donner lieu h des s^crötions pseudo-membraneuses sur les tissus sur lesquels on provoquerait un point d'irritation?
L'analyse des savantes publications de M. Delafond, de celles si curieuses de Gohier et de l'article d'Hurtrel d'Arboval, serait ici parfaitement placöe, mais forc6 d'etre le moins prolixe possible, j'y renvoi mes lecteurs et me resume.
J'ai defini le croup une inflammation de la muqueuse du larynx, dont le caractere esscntiel est la formation des fausses raembraiies par exsudation de fibrineetd'albumine; j'ai signals son analogic avec les maladies exanthömateu-ses. Mais j'ai observe , comme tous les praliciens , des cas oii la rapidity et l'intensitö de l'inflammation ont tue le malade avant la formation de la couenne membraneuse et notamment dans un veau de dix-huit mois que je soi-gnai durant le prinlemps de 1816; il pörit en vingt-quatre lieures. II fat subitement pris, sans causes appreciates , d'une dyspnte extreme avec räle sii'flant, toux rauque et quintease, congestion au poumon et ä la t6te. Les lesions consistaient en une rougeur et un öpaississement inflam-matoire de la muqueuse des organcs respirateurs , I'en-gorgemeut sanguin des poumons, l'injeclion des möningos avec äpanchement söro-sanguinolent dans les ventricules de rencephale. Je cms d'abord ä une constriction spasmo-dique du larynx , comme le prötendent quelques mödecins et des veterinaires; mais j'ai eu , dans cette occasion ct dans quelques autres, lieu de me convaincre que ce pre-
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tendu resserrement n'avait rien de nerveux , qu'il 6tait une consequence de l'^troitesse du larynx, toujours plus marquee dans les jeunes sujets, de l'exiguUd' des goutlie-res nasales dans l'espece boeuf et cnfin de repai^sissement inflammatoire et de rinßltration de la muqueuse qui la-pisse tous ces organes.
Le croup affecte de preförence les jeunes animaux, mais il attaque aussi quelquefois les bestiaux adulles, alnsi que le prouve la 4e observation et le fait d'un croup larynge qui fit pörir une vache de cinq ans en moins de sept jours, malgre tous mes soins.
Causes. On doit mettre en premiere ligne une dispo­sition particuliere, plus marquee dans le jcune age, qui modilie sans deute l'action de ces causes. Mes observations particulieres, celles de divers vetörinaircs font consister les causes essentielles les plus frequentes du croup dans la suppression de la transpiration cutanee par une pluie froide et battante, qui glace subitement les animaux et agit d'une maniere plus active et plus fachcuse s'ils sont dans un 6tat insolite de transpiration et de sueur. J'ai deja signalö , comme causes de frequentes maladies, I'habitude vicieuse qu'ont le commun des cultivaleurs de conduire de suite et au retour des travaux , les bestiaux dans des päturages piantureux et des vallons humides oü iis viveut et restent jour et nuit.
Mais les causes de cette raaladie ne sont pas toujours appröciables ; eile peut dependre d'une constitution par-ticulieire , mais inconnue, de l'atmospliere et quoique le croup n'ait point encore etö observe a l'etat epizootique sur les bestiaux, comme on l'a vu 6pidemique dans l'espece humaine , toujours est-il que pendant que M. Bar-reyre , v6t6rinaire h Laverdac , avait ä combattre le croup sur deux genisses de quinze ii seize mois, plu-sieurs enfans perissaient de cette maiadie duns la conlree.
Des fails recueillis en mC'decine vetörinaire , il rcsullc
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que Ton peut distinguer, i0 une laryngite croupale ; 2deg; la laryngo-bronchite croupale dont je vais faire connaitre les symptomes.
Laryngite croupale. Des signes pröcurseurs s'observeut quclquefois dans cette maladie ; tels sont l'anxietö , une toux lagere , le dugout, la rumination incomplete, la tristesse, et la secheresse de la peau.
Mais il se manifeste tout-ä-coup une toux quinteuse et convulsive ; le larynx est d'une teile sensibility que la moindre pression exercöe sur lui determine une toux suf-focante; il existe rarement un engorgement autour de cet organe, cepcndant j'ai vu une fois, au second jour de #9632; ,inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; la maladie . un emphyseme epais de quatre ä cinq centi-
metres qui s'etendait depuis Tauge jusqu'au poitrail et envahissait tout le fanon , qui etait cröpitant. Une ficvrc intense se declare, l'artere est roulante mais tendue; le pouls petit, serrö et accelerö ; les veines superficielles sont gonflees, les paupieres infiltrees, les yeux rouges et humides. La respiration est laborieuse, eile produit une espece de strideur ou da vibration qui la rend sifflante ; les naseaux se dilatent, la bouche est bamp;inte. la langue
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sortie et recouverte d'une salive filante et ^cumeuse. On entend au larynx et ä l'origine de la trachte un gargouil-
lement, un espece de cornage qui constitue le räle crou-pal et indique l'existence de la fausse membrane. L'animal tömoigne la plus vive anxiötö manifestöe par le tröpigne-ment des membres antörleurs, l'agitation et la dyspnöe. On observe, au contraire, dans quelques animaux un etat comateux qui explique la g^ne de la respiration et de la circulation. 11 existe aussi, mais rarement, une difficult^, un chancellement de la marche qui se remarque plus spö-cialement sur le train postörieur; a cette öpoque avancte de la maladie l'anorexie et l'inrumination sont completes. Vers le troisieme jour , les acces de toux sont assez com-munamp;nent suivis de la sortie par la bouche et les naseaux ,
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de debris de la pseudo-membrane qui existe sur la mu-qucuse ; ces fragmens sont rouMs sur eux-momes, assez r6sistans et ressemblent ä des muqueuses qu'on aurait fait mac^rerdans I'eau. Souventefois cetteexpectorationsoulage le malade , les symptömes diminuent d'intensite, la res­piration devient plus facile, la resolution s'opere. Mais si le pouls devient petit et serr6, que la difficulle du res­pire augmente , que la toux devienne plus rauque et suffocante , le flux nasal et bucal Ktide, les narincs s'obli-terent; I'abattement augmente, I'adynamie est complete, l'animal meurt du septieme au nemieme jour de la ma-ladie.
Laryngo-bronchile croupale. Aus symptömes pr^cö-dens, qui deviennent promptement plus graves, s'ajoute un sifflement extreme de la respiration; I'oreille fix^e centre le larynx et la trachee, entend dans toute I'^ten-due de ces organes un gargouillement considerable ; ap-pliquee contre les parois de la poitrine, eile distingue le rale muqueux bronchique; la sonoritö de la poitrine est beaucoup moindre en raison de l'engouement cons^cutif des poumons. Tout annonce que l'existence des fausses membranes obstrue le larynx , la trachee et les bronches, et que des mijcosites abondantes ajoutent encore aux causes d'asphyxie ; la gene toujours croissante de la respiration denote l'engouement rapide du poumon, le malade tombe et p6rit asphyxie en moins de trente ä quarante-huit heures; assez rarement la maiadie a une marche plus lente, l'enraieraent de l'hematose altere graduellement le sang, I'abatteraent, la prostration sont progressifs et l'adynamie termine mortellement la maiadie. Mais, comme dans le cas precedent, il arrive que tous les symptömes diminuent peu a peu d'intensite, qu'une Rumination salu-taire s'etablit sur la muqueuse respiratoire et que les fausses membranes sont expectorees, comme nous en avons fourni des exemples, on a toujours lieu d'esperer
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cot heureux rösultat quand la maladie se prolonge sans manifestation de symptömes fächeux.
M. Delafond a eu occasion d'observer une laryngo-bronchile crotipale, compliqude de pneumonite , sur un veau ügö de cinq mois.
19 aoüt 1828. M. Jean Gueulet, fermier ä Argenou, commune de Saint-Amand.
Jeune veau , agö de cinq mois.
Renseignemens. Le 17 , le jeune animal rälait, tons-sait, ne cherchait pas ä manger. Un voisin est appel6 ; celui-ci dit que le veau a voulu avaler quelques corps qui lui sont restös dans la gorge, et, dans l'intention de les faire descendre dans la pause, ii introduisit dans le pharynx et l'oesophage une baguette portant un tampon huilö ä une extrömitö. Point de mieux : saignöe aux oreilles, onction de beurre frais autour de la gorge.
Le 18, (Hat plus alarmant ; on vint me chercher :je ne pus voir la böte ä men grand regret que le 19 au matin.
Etat de Vanimal. Tete allongöe sur l'encolure, bou-clie beante, salive ecumeuse autour des levres, sifflement au larynx , röle muqueux ü la trachee et aux bronches, respiration extrcmement difficile, larynx sensible , toux quinteuse et avortöe. Respiration pulmonaire sourde ä la partie infMeure du poumon , räle avec crepitation ä la superieure. Artere petite, roulante, pouls petit, tres-ac-c616r6. Je crois a l'existence d'urie pseudo-membrane dans le larynx et les bronches. L'absence de la respiration pul­monaire et le rale accompagn6 de crepitation me faisaient presumer un commencement de pneumonite. Pronostic grave; je regarde l'animal comme perdu. Trachöotomie. La portion du cerceau enlevöe ne präsente nulle trace de fausse membrane. Le doigt introduit dans l'ouveiture de la trachöe ne pent non plus d^cöler leur existence. L'ani­mal öprouve un mieux löger : saignöe de deux kilog. ä
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la jugulaire , respiration de vapeurs ömollientes, onction d'huile chaude autourde la gorge, gargarismes ömolliens, acidulös , lavemens irritans et diureliques , ccuverturcs chaudes sur tout le corps. Je fais veiiler I'anirnal.
Le 20 , vingt et quelques respirations par mii;ule , le rale muqueuxse fait toujours entendre dans les bronches, respiration pulmonaire, meme 6tat; air expir6 tres-chaud; artere petite, roulante; pouls petit et tres-vite , soixantc-cinq pulsations. Le sifflement au larynx se fait entendre quand on bouche le tube. Mon diagnostic est assurö, unc pneumonite complique la laryngo-bronchite.
Nouvelle saignöe de deux kilog. a la jugulaire , sang tres-noir , couenne inflammatoire tres-(5paisse.
21 au matin : I'animal ne s'est pas couche , exerömens tres-liquides et muqueux ; adynamie , air expirö froid , rale muqueux aux bronches, gargouillement particulier dans quelques points des lobes postericurs du pouraon , respiration entrecoupee , pouls petit, insensible.
Je propose au proprietaire l'application des sinapismes sous la poitrine, comme moyen d'essai. 11 s'y refuse. On sacrifie I'animal par effusion du sang.
Lesions cadaveriques. Organes digestifs : legeres rou-geurs dans la caillette et les intestins , ccchymoses entre les lames du mesentere, viscosites legerement noiresdans les dernieres portions de l'iutestin grele.
Coeur. Quelques ecchymoses au-dessous de la sereuse da ventricule gauche.
Organes respiraloires. Larynx: fausses n^embranes sur toute l'ötendue de la muqueuse qui le tapisse. Une portion de fausse membrane est dötachee et flotte dans sa cavitö; le reste de la membrane se separe facilement de la mu­queuse qui est rouge, injectee, pointillee et ties lügere-ment epaissie ; la fausse membrane est blanciiatre , se dechire facilement, son epaisscur varie de deux h quatre millimötres.
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Dans la Irachee , on remarque ä difförens endroits de larges plaques de fausses membranes. Les bronches ä leur origine sent remplies d'un mucus glaireux et de quelques portions de fausses membranes. La muqueuse est rouge et pointillöe.
Poumons. Ils sont gros et pesans, macules a I'exterieur de blaue, de rouge et de gris; par la section il s'en 6coule un liquide mousseux. Le parenchyrae pulmonaire dans quelques endroits est d'un rouge fence , se dd-chire faci-lement; dans d'autres 11 est blanc-jaunätre et entourö d'une infiltration söreuse du tissu cellulaire inter-lobu-laire. Ces alterations affectent presque toute l'etendue du poumon. Le lobe posterieur du gauche est seulement un pen plus altere. 11 laisse ecouler par la pression un li­quide trouble mousseux, ayant dejä l'odeur gangröneuse.
De cette description des symptömes du croup il rösulte que dans sa marche cette maladie präsente une premiere periode de fievre ou de signes precurseurs, que les vete-rinaires sont rarement ä meme d'observer entierement, par l'incurie des proprietaires qui reclament trop tard leurs soins. C'est ä cette öpoque que se manifestent les frissons repötfe , la chaleur de la peau ; la durete, la frequence du pouls; I'appetit variable, la tristesse; les symptömes de catarrhe , d'angine, la rougeur des yeux,
Une seconde periode d'inflammation. Alors se mani­festent la douieur du larynx, la respiration difficile, sif-flante, la toux seche, rauque et quinteuse. La fievre augmente , le pouls est large, mou; eile presente des instans de remissions , suivies de redoublemens durant lesquels existe uneanxiötö extreme; les yeux sont rouges et saillans, le pouls petit, frequent et dur, le räle tres-appreciable, etc., etc.
Une troisieme pmoie de collapsus. Dyspnöe de plus en plus forte, respiration tres-g6nee , sifflante , räle
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bruyant instanlanö , prostration des forces, yeux lar-moyans, pouls faible, petit, irrögulier ; froid des cxtrö-mitös, mort.
Ou une periode de re'so?utlaquo;on. Diminution graduelle des symptömes , toux devcnant grasse, expectoration par la bouche et les naseauxdes lambeaux de fausscs membranes ou exsudation croupale , souvent roules sur eux-memes, respiration de plus en plus libre; irröguiaritö et develop-pement du pouls. Un flux nasal fioconneux , de raaücres muqueuses , debarrasse la poitrine et amene la convales­cence du quatrieme au sixieme jour. Cette resolution pcut cepcndant avoir lieu avant la formation des pseudo-mem­branes.
La premiere et la seconde pöriode offrent quelques espörances de succcs, la troisieme ou de collapsus n'en laissc pas.
Vaulopsie des animaux morts de la lyryngite croupale et de la laryngo-bronchite croupale präsente les lesions suivantes:
Autopsie. Les membranes muqueuses laryngo-bronchi-ques sont rouges et pointillees; e'.les prösenlent aussi des plaques colorees et isolöes existant dans l'^paisseur de la membrane, la congestion sanguine des capillaires artö-riels ötant la cause de cette vive coloration. Cette mu-queuse presente en outre un epaississement tres-marque; eile est recouverte, soit au larynx, soit ä la trachec et aux bronches ou partout en meme temps, d'une fausse mem­brane epaisse de deux d quatre millimetres, ayant sa face libre lisse, tandis que l'autre est unie ä la muqueuse par le prolongement des capillaires sanguins exhalans. Dans le croup simple, cette fausse membrane existe seulement au larynx et ä l'origine de la trachte. Dans la laryngo-bronchite croupale, eile recouvre en outre la surface in­terne de la trachee et des bronches. Cette fausse mem­brane est rarement continue, eile constitue phis comma-
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uöment ties plaques isolees , des lambeaux detaches, que recouvrcnt ordinairement des mucositös spumeuses abon-dantes ct sanguinolentes.
Les poumons sent engoues , maculfe ; ils se dechirent facilement et laisscnt döcoulcrpar des incisions un sang liquide , noir , mele de bulles d'air. La surface extörieure de ces organes est maculae et violacte par de larges ecchy-
l
moses
;.
Le coeur est recouvert de pelöchies , il contient. ainsi que les veines caves , un sang en grande portie liquide et partie coagulö.
Los autres viseöres prösentent des lösions secondaires ü l'aspbyxie et ä rinflammation gön^rale.
Les fausses membranes exbalöes par les capillaires ar-tcriels de la muqueuse respiratoirc. sont formöes des ma-teriaux du sang tels que la fibrine et raibumine et se putrefient facilement.
Diagnostic. La dyspnee, le räle sifflant, l'imniinencede l'asphyxie par la formation des fausses membranes, carac-törisent le croup, et surtout le rejet de fractions de lam­beaux de ces fausses membranes, ä la suite des acces de toux. On nc pout confondre le croup avec le coryza , ni l'angine gangreneuse. Le premier est franchemerit inllam-matoire, surtout durant ses deux premieres pöriodes , le coryza et l'angine ont un caractere typhoide facile ä saisir; ii existe d'ailleurs une fetiditö de l'air expirö qu'on n'ob-serve pas dans le croup.
Pronostic. Le croup est toujours plus grave dans les jeunes animaux que dans les adultes et sa marche plus rapide. L'existence des fausses membranes sur la muqueuse des bronches constitue un cas rarement curable. La com­plication du croup avec la pneumonite est presque tou­jours morlelie. Les höraoptisies sont toujours un Symp­tome fäcbeux. La renovation des pseudo-membranes apres leur chute est presque toujours un Symptome morlel.
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L'öruption de boutons exaiillieraatcux sont ci'mi bon au-gure, comme les symptömes de rougeole le sont dans I'enfant.
Le croup simple ainsi quo la laryngo-broucbite crou-pale peuvent se terminer par la resoKilion , par I'expul-sion des ftmsses membranes.
La resolution a lieu quand l'une ou l'aulre variele du croup , ne s'annonce pas d'une maniere rapide et violente et qu'il n'existe pas une exasperation funeste de la reac­tion pathoiogique. L'angine croupale promet plus d'espoir de succes que la laryngo-bronchile croupale. Enfin cette heureuse terminaison peut elre le resultat d'une modi-cation rationnelle et habilement dirigce: eile a lieu du troisieme au quatrieme jour; j'en ai indiquö plus haut les signes en traitant de la p6riode de resolution.
L'aspbyxie est le resultat de la presque obliteration du larynx, de la trachöe ou des bronchespar la presence des membranes croupales qui s'opposent ä l'entrte de l'alr dans les poumons pour riieraatose , le sang ne penetrant quimparfaitemeut dans ces organes, ne se sature plus d'une assez grande quantity d'oxigenc et ne porte plus aux organes ce stimulant, cette vitalilä qui les excite. Toutes les fpnctions vitales et organiques s'anamp;uitissent graduellement, principalement I'innervation , la respira­tion et la circulation ; enfin la mort est armoncöe par un räle suffocant, ranöantisseraent general et rapide, ou des convulsions plus ou moins fortes, mais de pen de dur^e.
L'indication est de faire avorter rinilammation , chan­ger le mode d'irritation et la deplacer , faire detacher les fausses membranes, produire leur expulsion pour facililer I'hematose.
Les saignöes generales repätees toutes les quatre hen-res jusqu'ä döveloppement du pouis et plus de facllite dans la respiration , sont les moyens les plus puissans.
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454nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;l'ATHül.Ufili: BOVINE.
Les gargarisraes acitlules, ies fumigaliüus 6mollientes, elherües, dirigees dans los naseaux , ont quelquefois pro-duit le dötachement et I'e^pectoration des membranes croupales, quo facililenl des onetions adoucissantes, ano-dines ( huile camphree opiaeöe ) sur la region du larynx , pour diminuer I'lrritation locale. L'attentiön de recouvrir cette rögion d'une peau d'agneau augihente l'aclion des embrocations. Dans le cas d'insuffisance de ce moyen et apres quelques Evacuations sanguines , on pent appliquer les sinapismes sur le larynx pour le croup larynge et sur les parois de la poitrine pour le croup bronchique; 11 fant dans 1c boeuf, faire des scarifications sur ces diverses rö-gions avant l'application de la moutardc , si Ton veut produire une revulsion prompte et salutaire, ce qui n'em-peche pas de les scarifier de nouveau apres qu'ils ont produit une forte intumescence et pour procurer une Evacuation sanguine locale toujours salutaire dans le-inflammations membraneuses, apres laquelle on peut con-tinuer faction rEvulsive de ce ruböfiant en le pansant avec I'onguent vesicatoire, s'il y a nEcessitE et döplacement incomplet de l'inflammalion.
Des lavemens de decoction de tabac out produit souvent une beureuse revulsion.
Les boissons tempErantes quantl Tanimal peut les de-glutir lui-meme sont d'excellens auxiüaires.
Les opiats ou enlrent Toximel scillitique et meme le kermes mineral ont eu quelques succes , ils secondent leseffets des Evacuations sanguines et des rEvulsifs. Toule especc de breuvages sera proscrite, si la difficult^ de la dEglulion et de la respiration font craindre le passage de quelques portions da liquide dans les broncbes , ct par consequent I'aspbyxie.
La tracheotomie qui so fait sur le cole de la trachee, dons le boeuf, a cause de IV-paisseur du fanon , est un puissant moyen dans le croup larynge, clle procure Ten-
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tree de Pair dans la poilrine et s'oppose a I'asphyxie , eile facilite m6me l'expulsion des membranes , soit que Ton puisse parvenir ü les atfeindre, soit qu'en imectant par cetle oiiverture dans le larynx et la trachee, le mercuredoux puiverisö et surtout Toxide de chlorure de sodium etondu dans I'eau, dans la proportion de huit grammes d'otide pour quatre-vingt-dix grammes d'eau, on sollicite, on pro-voque par ce moyen une forte toux qui pent produire le dötadiement et l'expectoration des fausses membranes.
La tracheotomie laciiite I'emploi d'un moyen puissant, e'est I'instillation dans les bronches ct le larynx , au moyen d'une baguette en baleine flexible, ponrvue d'une ^pongee d'une dissolution de vingt centigrammes de nitrate d'argent dissout dansquatregrammes d'eau distillee, röpetöe toutcs les heures et alternde par des injections d'eau tiede ; le nitrate d'argent cauterise les fausses membranes et solli­cite leur expulsion. Ce moyen pent meme etre employö dans les deux varietes du croup , soit laryngö , soit bron-cliique.
II suffit quelquefois d'insuffler par la bouche et les narines au moyen d'un tube ou d'une seringue , le mcrcure doux en poudre et meme de l'alun pulverisö qui provoquent une sC-cretion expulsive, ledelacbement etlerejet des membra­nes. Mais ce moyen lent ne pent etre indique que lorsque la maladietraine en longueur et n'a pas de symptomes tres-aigus,commeonra vusurquelqucsammauxlynipbatiques, faibles , dont le pen d'excitabilitö vitale donne plus de temps pour combattre la maladie.
Dans ce cas encore et lorsque la dyspo6e n'est pas extreme, une legöre pression du larynx pent provoquer une toux qui expulse les lambeaux membraneux.
Mais , je le repete , la laryngo-bronchite croupale exige des saignees repölees jusqu'au developpement du poulS;, apres lesquelles on appliquera sur les parois du thorax et sur la region laryngte de larges sinapismes pour
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produice ime revulsion tres-promple et 6viter surtout la formation complete des membranes croupales ; car , une fois l'ormöes , l'asphyxie est imminente et leur expulsion rarement complete , malgrc* les fumigations stimulantes, les injections ct meme la tracli(5otomie, dont les effets sont souvent mils dans ce cas.
Ce qui rend sortout le croup tres-funeste, c'est la ten­dance qu'ont les membranes ii se renouveler apres leur expulsion , proprielö qui necessite I'emploi plus prolong6 des revulsifs pour changer plus cfficacement le mode d'ir-ritation et le deplacer.
Enfin dans la pöriode du prolapsus (troisieme), Ic quinquina pourrait peut-etre avoir un effet salulaire, si le pouls conserve un peu de force. On le donne en opiat a la dose de soixante grammes uni avec trente grammes de sous-carbonate d'ammoniaque. Je suis intimement con-vaincu que s'il cut etö rationnellement administrc ä l'ani-mal qui a fait le sujet de la 5e observation , on serait parvenu a sauver ce malade ; surtout si on eüt seconde la crise öruptive qui s'est manifestt'e par quelques boissons difl'nsibles.
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sect; 4. De l'esqinnancie ou angine gangreneuse.
Cette maladie ne differe de Varigine laryngee (page 401) que par les symptomes de gangrene qui la compli-quent; cen'est, ä proprement parier, qu'une varielö des maladies typhoides , avec alteration du sang et qui se montre comme elles sous la forme öpizootique.
La description qu'Ovide fait de cette maladie ; dans son 7rae livre des Metamorphoses, est la plus ancienne que Ton connaisse; eile depeupla de bestiaux I'ile d'Egine (an i293 avant J.-C). C'etait, dit ce poete, uneardeur interne que rien ne pouvaitappaiser. la langue 6tait aride, seche et enflammte ; il e.xistait une grande difficult^ de
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respirer, avec fievre tres-aiguß , inflammation au larynx et soif inextinguible. Cette esquinancie maligne et gangre-neuse fut produite, selon lui, par des chaleurs etouffanles et de longue duree qui corrompirent les eaux, disposerent. ä !a putridite , etc., etc. Elle attaqua aussi les autres animaux , ainsi que les hommes et depeupla presqu'en-tierement cette ile.
Je passcrai sous silence les epizootics d'angiae gangrt--neusequi furent observöesen Allemagne, en lo64., et en Dauphinö en 1762, pour citer celle qu'eut ä corabattre Bourgelat en d770, de laquelle il a laisse une descrip­tion tres-bien 6crite et qui indique un observateur attentif et profond. 11 en distingue parfaitement l'invasion , l'eiat et le döclin ; l'expose des symptömes est ciair et lucide, ainsi que l'autopsie; mais rindication prophylactique et curative n'est plus en barmonie avec nos connaissances actuelles. Cette meme öpizootie se manifesta en 1771, 1772 et 1775, en Flandre, en Artois et dans le Boulon-nais ; une autre attaqua les betes ä cornes des environs de Rosny en 1809 ; Hazard y fut envoyö et en arreta promp-tement les progresraquo;
Dans le mois d'aout 18lu , plusieurs bceufs furent at-taquös de l'esquinancie gangrenouse dans la commune de Chanteloii'p (Dcux-Sevres), j'y fus envoyö par M. le prefel; dix boeufs ötaient pöris avant mon arrivee, deux presen-terent des signes pröcurseurs et furent conserves au moyen d'un trailement preservatif qui consistait dans la saignee, un seton au fanon , des breuvages de decoction d'orge et d'oseiilp, ä laquelle j'ajoutai l'acetate d'ammoniaque; j'ordonnai en outre des lavemens emollicns aeidulös; des vapeurs adou'eissantes que Ton dir'geait dans les narines; la gorge fut couverte d'une peau d'agneau et Taiiimal bien chaudement enveloppe. Les autres besliaux des trois fei-mes atlaquees furent saignes, je leur mis des setons , iis furent soumis ä un bon regime , on (it usage du sol dans
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i3Snbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PATHOLOGIE BOV1NK.
les alimens, du vinaigre dans les boissons et renzootfe s'arrfita. Cette maladie se dcclarait par un abattemcnt subit, I'agitation des flancs , la respiration devenait labo-rieuse et rälante; la tetc 6tait portee basse , mais aliongöe, la bouche etait beante et la[ langue pendante, il coulait une salive abondante; ct fetide , melee de lineamens san-guins; 1c corps devenait froid , la prostration et l'ady-namic extremes ; des exerümens liquides et infects ötaient rejetes par ]quot;aiuis et le malade snecombait en luiit, douze ou vingt-quatre heures. Cette esquinancie typboide atta-quait de preference, mais ä des intervalles assez eloignes, les boenfs les plus gais et les mieux portans; ceux dont
iv
on adrairait la vigueur le matin etaient morts le soir. A I'autopsie , on trouvait la region de la gorge infiltröe de sang noir et dissout , tous les organes environnans etaient baignes de scrosites verdätres , noires , gangrenees et d'unc fetidile extröme ; on remarqua aussi une rougeur assez prononcöe sur la muqneuse de la caillette et des in-
testins.
Les formes dont les bestiaux furent atteints etaient as-!. --nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; sez eloignecs les unes des autres et sans communications;
ellcs etaient situees dans un des sites les plus agreables du bocage vendöen , sur un coteau expose au levant, au pied duquel se trouvaient d'excellens ptlturages et des eaux saines. Je ne pus done decouvrir la cause de cette maladie, mais l'öte fut excessivemenl: pluvieux et tel qu'on ne l'avait vu de mömoire d'homme. Deux des boeufs morts dans une fermc avaient beaucoup Iravaille , cir-constancc qui avait pu ajouter tl l'action debilitante de
#9632;:Xnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ratmosphere. La contagion , si eile existait, ne fut pas
trös-active, puisque depuis deux mois que durait I'enzoo-
- ;•nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; tie, chaque ferme , qui possedaient Tune dans I'autre
trente ä quarante betes a cornes, n'en avait perdu que Irois ou quatrc ä des intervalles assez eloigiKÜs^, et certes les precautions sanilaires avaient etc fort negligees. Mais
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I'ATIIOI-OGIE BO.VINE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 459
ii est des conslitulions atmosph6iiques inconnues dans leur essence , manifestes seulernent par leurs effets, qui irn-priment ü toutes les maladies de la saison ud caractere particulier, an point de simuler la contagion , que je ne puis raisonoablemeot quot;admettre danscette circonstancc.
Le 13 septerabre 1824 , je dus me reudre a ja metairit1 des Picoulieres , commune de Corbaon (Vendee), deux beenfs venaient de pörir presque subitement ; j'eu lis l'autopsie et reconnus tontes les lesions que laisse ordi-nairement I'esquinancie gangreneuse : nn boeuf elait mort depuis douze heures, I'autre depnis six et les cadavres ötaient dejä dans un 6tat de putrefaction assez avancte. J'exominai attentivement vingt-six autres betes aumailles existant dans cctte ferrae , un seul boeuf me parut sus­pect; un traiteraent preservatif, des soins hygieniques appliques a la plus grande partie de ces bestiaux firent cesser, sans autres perles , cctte enzoolic.
J'ai eu aussi I'Dccasion d'observer resquinancie gan­greneuse 6pizootique f,ur les mulcts et mules en I82G, dans les environs de Lu^on, oü je fus envoye par M. le prüfet.
Les marais, leslieux has, aqualiques, ceux d'ou s'ele-vent souvent des brouillards öpais et fetides , sont ceux oü cette maladie- s'obscrve le plus frequemment. Aussi ,
Leroi qui a 6crit sur cette maladie , dit-il qu'elie est fre-quente dans les päturages has et maröcageux des provin­
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ces de Ferrare , de Wodene , de Mantoue, de Verone , etc., etc. L'osquinancie gangreneuse se declare le plus communement dans les annees oü la r^colte des fourrages s'estfaite avec peine , qu'ils ont ele alleres par les pluies ct les debordemens ; eile se manifeste encore a la suite des etes brülans et sees, durant lesquels les eaux des abreuvoirs, des mares , des ötangs sont corrompues par la decomposition des plantes aquatiques , ainsi que d'une multitude d'insectes qu'elles contiennenl ct que ponrtant
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4i0nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PATHOLOGIE BOVINE.
les bestiaux sont contraints de boire faute d'aulre. Cette maladie est surtout plus frequente lorsque a une consti­tution estivale chaude et seche succede un automne plu-vieux , froid et brumeux. Mais outre ces causes apprecia-hles puisees dans l'etat de ratmosphere et qui peuvent determiner I'esquinancie simple ou inflammatoire, il faut, comme je l'ai dit en parlant des maladies typhoi'des, qne I'air serve de vehicule ä quelque principe cachö qni porte dans Teconomic le germe de l'alteralion typholde et de l't'tat gangreneux qui est imminent des l'instant que la maladie se declare. II faut de plus encore que dans la cause virtuelle qui determine cctte esquinancie , il y ait quelque chose qui agisse plus specialement sur le larynx que sur les autres organes, car j'ai vu des epizootics ty-phoidesoii toutes les variety des maladies charbonneuses se montraient, cxcepte I'esquinancie gangröneuse ; et j'ai remarque aussi que dans les laryngites typlioldes epizoo-tiques , on nc voit que peu ou point de complication , I'esquinancie regne seule, a queiqucs aphthes pres.
Symplumes. Abatteraent et prostration subite des for­ces, dögout, mouvemens febriles, legeresdiflicultes dans 1c respire. Pen d'instans apres , les muqueuscs laryn-gienne et pharyngienne sont enflammees et colorees; le pouls est plein et vite , la respiration est acceleree et gönee ; les flancs sont agiles; l'encolure est raide et allon-gee. la region du larynx douloureuse , tumeßöe ; la bou-che est beante , la langue sortie , il existe une certaine difficult^ d'avaler ; la töte est chaude , les yeux presque formes et larmoyans ; la phlegmasie des muqueuses de rarriere-bouche s'accroit rapidement, ces membranes de-viennent de couleur rouge-brune; l'epaississement des muqueuses nasale et laryngicnne augmente avec leur in­flammation, ce qui rend la respiration dc plus en plus strideuse et difficile. 11 decoule de la bouche et des nascaux un flux sanieux , purulent et infect; le pouls se conccntie.
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se resserre et s'affaiblit; les cornes, les oreilits et les mem-bres deviennent froids . l'air expire est (elide. A cette tspoque , les vaches pleines avorlent, ie lait dejä plus ou rnoins altere des le principe de la maladie , devient ou sanguin , ou noir et decompose. Durant te coiirs de cette esquinancie l'appetit est mil , la rumination suspendue, la pause se durcit, Ic flaue se retire ; il y a d'abord constipation , puis diarrhöe muqueuse et (elide ; les uri­nes sont rares, colorees et huileuses. Enfin la gangrene se manifeste par uue insensibilite trompeuse et que !'on prendrait pour im mieux subit, mais le (Void glacial des extremitös, la fttiditede l'air expire, le pouls laible, inappreciable , le regard sinistre , la puanteur cadav^-reusc des dejections, annoncent l'anöantissement adyua-mique et rextinclion des forces; la respiration devient rälante et suffocante, le malade tombe comme si on l'amp;üt assommö ou perit apres quelques mouvemens convulsifs.
Autopsie. 11 existe une decomposition rapide et gene-rale de tout l'organisme ; le cadavre se balonne et exliale
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une odeur sui generis. Des engorgemens , des infiltra­tions de serosites jaunätres-verdätres, melees de taclies noires, de stries sanguines putrefiees et d'uno odeur gan-gröneuse existent sous la peau , surtout ä l'encolure, ä la gorge et la tote ; le sang decoule noir , liquide et in­fect. Les muqueuses nasale et buccale sont noires, splia-cel(5es , elles se detachent en lambeaux gangreneux , sur­tout dans l'arriere-bouche et le larynx; ces lesions s'eten-deut dans la trachee-artere et les brouches. Le coeur est deeoiore, ramolli, couvert de petechies , ces cavites con-liennent un sang noir et liquide, ainsi que les veinesca-nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;'i
ves ; le poumon est engoue de sang noir et coulant; son parenehyme est ramolli et se dechire facileraent; on rencontre quelques traces d'inflammation sür la muqueuse des organes digestifs , etc. , etc.
Diagnostic, Cette maladie se juge par la difficult^ etnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; I
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442nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PATHOLOGIE BOVINE.
la gene de la respiration. La douleur et la tumefaction du larynx; le (lux nasal infect et la rapiditö de la gangrene. Eile ne pcut etre confondue avec le croup qui est franche-ment inflaramatoire, la respiration strideuse et rauque et dans lequel existent les membranes croupales. On peut encore moins la prendre pour le coryza gangröneux , dans lequel l'ulcöralion de la pituitaire, la perte du sens de la vuesont caractcrlstiques. Enfin Tesquinancie gangröneuse affecte la forme epizootique, ce qui n'a point encore et6 observe dans le croup et le coryza.
Pronoslic, II est presque toujours funesle quand la maladie est parvenue ä son (Hat et qu'il y a famp;iditö du tlux et de l'air expire. On ne doit concevoir d'espoir de guerison que lorsque la saignee et un medication ration-nelle employee au dlt;5but determine un mieux marquö.
Trailemeni freservaiif. Separer les animaux sains des malades , les soustraire tous ä rinfluence des causes con-nucs ou supposees, ou tout au moins en affaiblir la puis­sance et les effets ; nourrir avec les fourrages de la meil-leure qualilö que Ton trouvera dans chaque localitö, les asperger avec de l'eau tenant en dissolution du sei de cuisine, ctenfinavec quelques racincstellesque les pommes do tcrrc , les betteraves, les carrotes, les navels , etc., etc. Abreuvcr avec I'eau plus pure , assaioir celle que Ton tlonne ä l'etablc avec le nitrate de potasse , le vinaigre , le son, la farine d'orge ou de seigle. Nettoyer ä fond les ölables , les assainir, les aamp;rer et y faire des fumigations guytonnienncs; n'exiger des animaux sains qu'un travail modere.
Pratiquer une saignOe generale aux animaux jeunes , forts et sanguins ; passer des setons au fanon, si mil signe d'adynamie ou une debility conslitutiounelle ne contr'in-diquent ccs deux puissans moyens.
II est des animaux suspects, e'est-a-dire . pr6sentant quelques symptömes prd'curseurs, lels quo la toux , la
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raidenr du tronc, l'adhörence de la pear. , le lierissement du poll, etc., etc., auxquels on dovra adminislrer quel-ques breuvages de decoction d'orge monde et d'oseille, animespar l'acetate d'ammoniaque, ä la dose desoixante ä quatre-vingt-dix gramnies; tenir le venire librc avec des kvemens emolliens acidulees; l'eau blanciie nilree et diminuer la ration de fourrages.
Traitemenl curatif. II ne laisse d'espoir que dans le principe de la maladie et quand eile a une tnarche peu rapide, c'est-ä-dire, de quatre ä sept ou liuit jours de duree. Saignöe gönerale dans le debut, mais peu copieuse et pratiquee seuletnent sur les animaux jeunes ou pletho-riques , pour prdvenir les dangers de la reaction generale et la rendre moins tumultueuse. Application d'un sina-pisme autour de la gorge, que l'on scarifie apres qu'il a produit un engorgement considerable, ce moyen pro-duit une revulsion salutaire et une evacuation sanguine qui fatigue peu le malade ; on pent entretenir cette re­vulsion en y appliquant ensuite l'onguent vesicatoire. In­jector souvent dans la bouche des collutoires composes de döcoction d'orge aeidulöe et miellöe. Administrer des opiats oüentre le quinquina trente grammes , le sons-carbonate d'ammoniaque pulverise vingt-deux grammes, et Ic cam-nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; :|
phre aussi pulverise huit ä dix grammes, dans süffisante
quantilö de miel; cette dose de medicament sera donnee deux fois le jour. SI la deglution cst possible , on fera prendre quelques litres d'unc tisane de döcocSion d'orge et de racine de gentiane, animee par I'acelate d'ammo­niaque ; j'ai dit tout-ä-l'beure que cette medication avait produit de bonseffelssnr deux bceufs attaints dc la maladie. Ce traitement aidö des gargarismes precitös, des lavemens emolliens acidules, de l'eau blancbe nitrce, de la diele etnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; |i
l'attention de provoquer la transpiration cutanee par les fumigations sous le venire, les frictions seclies, I'lisage de la couvertnre de laine est rationnellc el pent etre salutaire.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;i
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444nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PATHOLOGIE BOVINE.
Je suis loin de conseiller alors l'emploi des setons et des troschiques; les turaeurs qu'ils produisent se gangrenant avec une rapiditö effrayante. La maladie parvenue au troisieme temps, c'est-ä-dire, celui dans lequel existe rabattement et le colapsus est incurable.
CHAP1TRE III.
MALADIES DE LA TUACHliE-ARTERE ET DES BRONCHES.
Toules les considerations physiologiques et pathologi-ques dans lesquelles je suis entr6 en parlant des organes respiratoires en general et du larynx en particulier, peu-vent s'appliquer ä la muqueuse qui tapisse la face interne et libra de la trach^e-artere , les meines modilicateurs agissant sur eile. Cependant, excepte le cas de submer­sion , les liquides et les solides qui s'y introduisent acci-dentellement ne depassent pas la glotte ; ils sont vivement repousses par les acces de toux qu'ils provoquent.
Toutefois cctte membrane 6tant douee d'une sensibilite bleu moindre que cellc du larynx , l'action des agens mor­bides ne donne Heu qu'ä des phenomenes palhologiques moins intenses et surtont moins violens que ceux qui se raanifestent lors de l'irritation inflaramatoire de la glotte. L'observation ciinique veU'rinaire ne fournit, h des acci-dens traumatiques et lt;\ des vices de conformation pres, aucun fait qui nous motte ä meme de distinguer d'une mäniere bien tranchee les maladies de la trachee-arterc de celles des bronches, aussi les confond rai-je dans ie meme article ; car, en effet, les maladies de ce canal aerien sont rarcment primitives et sont le plus souvent concomilantes amp;. celles du larynx ou des bronches. La muqueuse qui tapisse ces dernieres ramifications des canaux a6riens, n'a pas d'autre raodificateur que l'air inspirö ; mais eile res-sent sympathiquement les impressions que Tatmospherc
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I'ATUOLOCIE BOVINE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 4A6
exerce sur la peau et mßme sur la mnqucuse buccalc et pharyngienne. Aussi l'aclion du froid , du chaud et de la lumiere sur ces organes r6agit-elle vivement sur la vil-leuse bronchique. Cette membrane est encore intimement unie au moyen des relations sensitives et trisplanchniques avec la muqueuse des organes digestifs, et le Systeme nerveux a une influence directe et sympalhique tres-puis-sante sur toutes les divisions des organes respirateurs.
Enfin je ferai remarquer qu'en raison sans doule de l'origine commune des nerfs qui animent tous les organes de rii(5matose , les maladies du larynx et de la trachoe-arlere , celles des plevres et des poumons s'efendent frfc-quemment sur la muqueuse des brooches et que celles de cette membrane se commnniquent aussi et bien plus souvent encore au parenchyme pulmonaire et ä la sereuse qui I'enveloppe.
sect; Ier. Bronchile aiguii. Rhume, catarrhe pulmonaire, iausse peripneumonie, morfondurc, courbaturc, etc.
La bronchile consiste dans l'inflammation de la mem­brane muqueuse des bronches : cette maiadie assez frö-qucnte dans le clieval, en raison.des exercices et des tra-vaux celeres, violens et souvent forces auxquels on le sou-met , altaque aussi quelquefois le bceuf; c'est sans doute a son peu de frequence qu'est du le silence des veteri-naires sur cette maiadie consideree dans ce ruminant. Je n'ai conserve Thistoire que de trois faits de bronchite aiguö que je vais rapporter , et je decrirai ensuite cetfe maiadie a Tetat aigu et b I'etat chronique.
lre Observation. 10 decerabre 1812. Le nomme P'*. metayer , commune de Saint-Pardoux ( Deux-Sevres) , vint reclamer mes soins pour un boeuf. Get animal, ago de quatre ans et demi, en bon etat et d'un temperament sanguin , 6tait tombe subitement malade la veille ä la
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suite (i'uti arröt do transpiration. 11 Cut employe ä im charroi et pendant que Ton debarrassait la voiture , it fut surpris par une pluie froide , tandis qu'il avait un pen de moiteur a la peau. Rentr6 k I'etable , ce jeune boeuf trembla, refusa de manger, de boire et ne rumina pas, on le bouchonna et le couvrit; le mtHayer me dit en outre qu'il I'avait entendu tousser plusieurs fois durant la nuit.
A mon arrivee, le malade avait une Gevre assez in­tense , son pouls 6tait acc616r6 , fort et plein ; la respira­tion etait sonore, rälante et difficile ; des acces fröquens d'une toux quinteuse et grasse le mettaient dans un etat d'anxiötö inquiötant; il döcoulait quelques mucosites pen Opaisses de l'orifice des narines ; j'öcoute pres du larynx et je distingue dans cet organe et la trachee un gargouil-lement semblable fk celui queferait la döglution pr6cipitce d'un liquide abondant (rauscultation ölait peu connue alors). La chaleur du corps etait augmentce sintout aux oreilles et aux cornes; la peau secbe ; l'öpine dorsale etait tres-sensible ; les yeux ötaient rouges et larmoyans; la bouche chaude et humectöe par beaucoup de salive , les excremens ctaienl mous , les defecations fröqiientes et l'urine crue.
Diagnostic. Calarrhe bronchique.
Pronostic. Un peu douteux.
Trailemenl. Saignee de quatre kilogrammes ü une ju-gulairc , eile fait öprouver un prompt soulagement an malade. Frictions avec des briques chaudes , fumigations aromatiqucs (bales de genievre) sous Je venire, I'animal est ensuite enveloppe de drap chaud et d'une couverture en laine. Tisane de döcoction de racines de guimauve, dans laquelle jc mis infuser des fleurs de sureau et de coquclicot et que j'ödulcorai avec le miel ( quatre litres par jour) lavemens ömolliens nitres, diete , eau blanche.
Le soir au retour d'une tournöe, je revis ce boeuf, il ilait pins calme , mais la poitrine (Hait toujours embar-
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rassee et la toux persistait; stflon au ration , j'y fixai un troschique d'eüebore noir et ordonnai qu'on frotlirt chaque derni-heure tonte la surface du poitrail avcc de la pondre de moularde d(51ayee dans le vinaigre chaud ; du reste , continuation de k tisane , des lavemens et des frictions sur la peau.
Le lendemain , micux marquö , le stiton a produit une revulsion puissante , il est enlourö d'une tumcur grosse comme un pain de deux kilogrammes. Je damp;ache le tros­chique du seton et fais sur la tumefaction cinq scarifications profondes qui donnent issue a pres de deux litres de sang. Je roste lä deux heures, mon malade est mieux , la res­piration est plus libre et le pouls regulier, il cherdie qnelqües brins de foin. Tisane d'orgc et de guimauve miell^e et un peu de cristal mineral, lavemens, eau blan­che farineuse, une petite poignee de foin. Convalescence le 12, un rögime et des soins appropries relablissent 1c malade en quatrc jours.
2e Ohservalton. 8 octobre 1820 , le nommö Gquot;, me­tayer aux Ciouzeaux (Vendee), vint le soir me cherchcr en grande hate pour un beeuf qu'il disait tres-malade.
Get animal, age de cinq ans , de forte stature el en bon etat, n'elait indisposö que depuis huit ä dix heures; respiration genee, acc(Mer(5e, ralanle, toux lögerc, grasse, se manifestaut par acces, apres lesquels il decoulait des narioes et de la bouche un flux assez abondant, de mu-cositös peu epaisses et de salive. J'6coute a la trachee, rale muqueux , I'animal sembie degiutir un liquide , au thorax rale muqueux , bruit de glouglou ; la poilrinc frappee avec le dos de la main est assez sonore. L'anxiete est moderee, malgre une lagere exaltation febrile , pouls accökire, un peu plein sans durele. La peau est chande et söche , l'epine du dos sensible; les yeux sent rouges, tumöfies etlarmoyans; la bouche est chande, rouge et humide ; anorexie , incuration , exoremens liquides et muqueux.
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Diagnosiic. Calarrlie bronchique , dont la cause ne pcut ßlre determinec, I'animal 6tait dans les champs quand le md'tayer le trouva malade au milieu du Iroupeau des autres boeufs, il n'a'vait pas travaille depuis Irois ou qua-trc jours , le temps 6tait beau et chaud.
I ronoslic. Favorable.
Traitement. Saignee de quatre kilogrammes ä une ju-gulaire ; frictions seches, le malade est chaudement en-veloppö avec une couverture en laine ; tisane de decoc­tion d'orge mondö, de reglisse, de gomme du Senegal et de miel, donnce äla dose d'un litre et demi toutes les trois lieures ; lavemens emolliens, eau blanche.
Le 9 au matin , s6ton au fanon , le ruban de fil est trempe dans l'essence de töröbenthine et roulö dans la poudre de cantharides, meme prescription. Le soir , on vint me donner des nouvelles du malade, il est plus calme, il a ruminö et cherche h manger; mais la poitrine est en­core embarrassöe ; le seton qui a produit une forte tume­faction, fut bassine avec l'eau de mauves liede et panse avec la graisse. Continuation do la tisane precitee que je rcndis laxative en y ajoutant deux hectogrammes cinquante grammes de sei de Glaubert et huit grammes de tartre slibie, pour cinq litres de liquide qui seront donnös en trois doses durant la nuit; lavemens , diele, eau blanche dont le boeuf buvait quelques gorgees.
Le 10 ä midi, mieux sensible; la toux a cess(5, la respiration est facile , les defecations abondanles; conva­lescence , regime dölayant, eau farineuse , quelques lave­mens , guerison 1c 13.
oe Ohservalion. 3 oclobre 1827 , je fus appele par un propietaire du bourg de la Chaise-Ie-Yicomle ( Vendee), pour voir un boeuf malade depuis le 1er. Get animal avait cinq ans, d'une taille moyenne, fortement constitue et prcsque gras.
Symplömes observes, Respiration accamp;cree , gCnee,
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sonore et plaintive; toux grasse quoique forte et qnin-teuse; durant les acces 1'animal cst dans un 6[at d'an-
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xiötö inquiötant qui est suivi d'un froissement strideux dos dents. Les muqueuses apparentes sent rouges, il flue par les narines des mucosites peu öpaisses el fiiantes qui raöicnt avec de la salive qui coule assez abondamment de la bouche; le pouls est plein et accelerö; les ycux rouges et larmoyans. La bouche est chaude, la langue un peu rouge a ses bords et h la pointe ; le degout est ab-solu , la rumination cessßc , le rumen plein, les exerß-mens rares et durs; les urines peu copieuses et colorees. La pcau est chaude et seche , repine dorsale tres-sensible au garot et derriere les epaules, la plus legere pression sur le cartilage xipholde cause une vive douleur. Auscul­tation , rale muqucux, un peu sibilant. Percussion , soncreite ä la partie superieure de la poitrine, plus de matite en bas; le malade se tient constamment deboui.
Diagnostic. Gatarrhe pulmonaire avec leger engoue-ment des poumons.
Pronostic. Douteux.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ./
Traitemenl. Saignee de cinq kilogrammes ä une jugu-laire, fumigation generale sous le ventre , suivie de fric­
tions seches , le malade est enveioppe d'une couverture
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en laine. Tisane bechique de decoction d'orge et racines de guimauve avec la gomme du Senegal et le miel, ä la dose de deux litres toutes les deux heures; lavemensnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;•'
emolliens , diete , cau blanche dont ce becuf but quelquesnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;•!'
gorgd-es.Cette medication procura un peu de soalagementnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ;'l
des le 4 1c flux nasal et la salivation elaicnt moins abon-dans ; le 3 oppression, anxietä dirnitiuees , le malade clierchait quelques brins de foin. Je le rovis le 6 , le pouls ötait encore plein et frequent, la respiration un peu moinsnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; .•
accöleroe et embarrassöe, la toux un peu seche, mais il y avait une matite des poumons plus marquee que le 2 et le rile 6tait plus sibilant; les muqueuses etaient tou-
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4oOnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; PATHOLOGIE BOVINE.
jours rouges et injeclecs ; l'appölit n'elail presqae pas revenu , la rurninalion etait rare et Ics excremens durs. L'animal ne s'etait pas couchö depuis le 1er, il se lenait debout sans ^carter les membres anlerieurs ; une pneu-monite peu grave compliquait evidemmentcelle bronchite. Seconde saignee de quatre kilogrammes , deux setons au fanon que j'animai avec l'onguent vesicatoire; sinapismes sur les parties laterales du thorax; meme tisanc bechique gommee, lavemens emolliens , frictions seches , usage de la couverture, diete , eau blanche. Le 7 , le mieux 6tait sensible, los sd'tons et les sinapismes avaient produit une forte derivation ; l'animal mangea meme des le soir et rumina ; les excremens etaient ä l'etat normal. Le pro-prietaire regardant son beeuf coinmc gueri ne me fit den dire , il (it donner de la tisane d'orge et de guimauve miellöc , quelques lavemens; il nourrit le malade avec du foin et de l'eau blanche , les plaics des sinapismes furent lavees avec de l'eau de mauves et les setons pansös avec de la graisse. Sous l'inlluence de ces soins, ce boeuf reprit une certaine vigueur, son appelit revint et au boul de -quelques jours il fut mis dans les päturages avec les au-tres bestiaux.
J'eus occasion de passer ä la Chaise-Ic-Vicomtc vers la fin du mois, je fus revoir mon malade , il paraissait guöri, mais l'ayant attentivement observe, je remarquai une agitation insolilo des flaues , des quintes d'une toux seclic et faligante se manifesterent devant moi; je dus prevenir le proprietaire que son boeuf ne serait janr als en etat de travailler et quo sa negligence ä me faire savoir la Situation de cet animal apres l'application des r6vulsifs, etait la cause du passage de la maladie ä un etat chro-nique qui degencrerail en phthysic pulmonaire. Lc boeuf t-tait en assez bon etat, il mangeait bien , ruminait; je lui conseillai de l'engraisser le plus promptement possible et de le vendre eusuite ä quelque boucher. 11 suivit mon
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avis et s'en defit avantageusement deux mois apres; je n'eus point occasion d'assister ä I'abattage qui se fit ü un myriametre de moraquo; domicile, mais je sus du boucher qu'ii avait quelques tubercules a i'ötat de crudity dans les pouraons.
La broncliite se manifeste communeinent ä i'etal aigu, moins frequemmenl ä I'ötat chronique, c'est cepcndant toujours et dans tons les cas une maladie continue.
Causes. Un temperament lympliatique , une constitu­tion faible et moile dispose ä cette maladie; les bestiaux affaiblis par des maladies graves des organes de la res­
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piration ; ceux qui ont ete dejä atteints de la broncliite ,
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sont susceptibles de la contracter sous l'influence de la plus legere cause.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;'.
Parmi les causes determinantes, on distingue d'abordnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;#9632;#9632;'#9632;
celles qui agissent directement sur la muqueuse bronchi-que , comme 1'inspiration d'un air froid, d'un brouillard (5pais, capables de suspendre la transpiration pulmonaire; un air brülant, chargö de poussiere, la furmte, certains gaz, la presence d'un corps (Jtranger peuvent produire une irritation insolite sur cetle vilieuse et determiner son inflammation. Mais les bronchites produites par ces causes ont moins d'intensilö et de duree quo cellos qui sont la suite de la repercussion de la transpiration cutanöe ; comme il arrive quand les animaux sont soumis a I'im-pression d'un air froid ou do la pluie lorsqu'ils sont ennbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; /
sueur ; aussi est-ce aux epoques oii les variations de tem­perature sont plus fr^qucnles, comme le printemps et l'automne que la bronchile se montre le plus ordinaire-ment; je l'ai vue alors attaquer beaucoup de chevaux et avoir presque un caractere cpizootique. Les conlrees oü les bestiaux passcnt une grarule partie de rannec dans les päturages et les vallees en offrent de fräquens exem-nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; quot;%
pies. Enfin l'ingestiori d'une eau tres-froide surtout si le boeuf a chaud, qu'il sorte d'une stable bien close et qu'il
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4Ö2nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; PATHOLOGIE BOVINE.
boive abondamment, peut determiner sympalbiqucraent ;.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;une bronchite aiguß.
Cette maladie peut compliquer ou etre compliquöe du ealarrhe nasal, de la laryngite . de la pneumonite (5e ob­servation), et meme de la gastro-enterite (tome Ier, page prnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;310).
Symptomes. On observe lors de IVnm^ton un mösaise g6n6ral, des frissons vagues , le bceuf est enchifrenö , il s'ebroue ct ccs prodomes d'un rhume s'etendent rapide-ment au larynx, ä la trachiie-artere et aux bronches; les muqueuses apparentes sont seches, injectees, le pouls acc61er6, I'appelit ct la rumination diminuös. AYelat, les symptomes do la bronchite different suivant le degrö l -nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;d'intensite , son anciennetd', Page et le temperament du
Inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; boeuf malade.
II est des broncliiles peu graves qui se traduisent par un peu de toux et de rulemcnt, une anWlation du res­pire ; la rougeur et l'injection des muqueuses nasale et oculaire ; la peau est sechc , le pouls accd-iörö. Un leger
flux nasal succcde ä ce premier temps d'irritation, les ycux sont larmoyans, la bouche chaude et remplie de salive , le dögout ct I'inrumination persistent sans consti­pation ni durete du ventre ; le flux nasal devient plus consistant, les muqueuses respiratoires se döbarrassent, la transpiration se retablit et la resolution a lieu.
Mais souvent celle maladie se manifeste par des symp­tomes plus intenses, surtout dans les aüimaux qui ont un certain embonpoint et qui atteignent Tage adulte : on ob­serve alors des frissons vagues , avec horripilations et söcheresse de la peau ; perle de l'appötit, cessation de la rumination chaleur et rougeur de la bouche; il existe un dtat de lassitude generale et douloureusc, d'oü lui est sans doute venue la denomination de courbature. Le malade est triste, sa tete est pesante, ses cornes et ses oreilies froides; le pouls petit et concentrö. La toux se manifeste,
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eile est d'abord seche, devient de plus en plus forte, faliganle et qulnteuse; le pouls grandit, il devient plein, fort et acc6l6r6 ; les muqueuses nasale, conjonctive et buccale sont rouges, les yeux larmoyans, l'air expirti chaud; la respiration est genlt;5e, rälante. La peau devient ensuito chaude et halitucuse, l'air expirö vaporeux , la toux moins seche ; un löger flux nasal se döclare, il se mele avec la salive qui est aussi assez abondante. Cette expectoration , moins considerable dans le bocuf que dans le cheval, gßne pourtant quelquefois la respiration et donne ä la toux un caractere suffocant, qui est augments par l'intumescence inflammatoire de la muqueuse respira-toire. Enfln la resolution de la maladie arrive du troisieme au cinquieme jour , les symptöraes g6n6raux diminuent graduellement, Tappötit, la gait6 reviennent avec la sant6,
J'ai vu dans des animaux gras, sanguins et cxcitables, une oppression tres-considörable, une toux tres-fr6quente, quinteusc , accompagnee d'une laquo;nxiete inquiötante etnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; }|
d'une vive reaction febrile , alors les yeux sont saillans,
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les narines dilatöes et la bouche beante. Mais ces acci-dens cedent ä la saign6e , que Ton röpete au besoin ; le pouls devient alors plus souple , la peau halitueuse ,
Le räle muqueux est le symptöme caracterislique de la bronchite , il se reconnait en (ücoutant sur le trajet de la trachte et les parois du thorax: au d6but de cette maladie, il est sonore, gras et quelquefois sibilant, en raison de l'intensite du catarrhe et de la phlegmasie de la muqueuse. Ce rüle devient muqueux quand la secre­tion de la villeuse est abondante et doit ce caractere au passage des bulles d'air ä travers les mueosites qui recou-vrent la membrane respiratoire.
Quand la bronchite est peu intense ou heureusement eombattue, eile nc durc que qualrc a cinq jours, au plus
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sept; mais il en est de plus graves et de plus intenses qui se prolongent jusqu'ä quinze jours. Une cure plus longue annonce le passage ä l'ötat chronique, qui est plus fre­quent dans le boeuf que dans le cheval. Une bronchite compUquöe d'unc pieurile, d'une pneumonite est tou-jours grave. On assure qu'elie est aussi plus grave quand eile est 6plzootique , ce que je n'ai point eu occasion d'observer dans le boeuf.
Aulojisie. Les lesions observ^es consistent dans la rou-geur, rinllammation, l'epaississement et meme le ramol-lissement de la muqueuse respiraloire. On assure I'avoir rencontr^e rouge-noir, desorganis^e et möme de couleur vert bronze dans quelques points ; des mucosit^s abon-dantes et melees de bulles d'air la recouvrent. Le paren-chyme pulmonaire est gorg6 de sang, le tissu cellulaire interlobulaire infiltrc et souvent emphysemateux, tout annonce que la mort a eu lieu par asphyxie. Certains assurent avoir rencontre des epanchemens de serosit^s dans les plevres et le pöricarde. Les autres visceres of-frent des lesions qui indiquent leur inflammation secon-daire.
Le diagnostic de la bronchite aiguö est assez; facile , c'est 1c räle , la toux , roppressiou ct le flux nasal. Celui de la bronchite chronique csige un examen plus attentif, je l'ai indiqnö page 549.
Le pronoslic est rarement fAcheux, sa gravity est relative a l'intensite des symptomes.
Traitement. II consisle dans des evocations sanguines, faites a la jugulaire, il est poartant des vötörinaires qui pr6fereut ouvrir les sous-cutanccs thoraciqaes. On doit debuter par une assez forte saignee quo Ton renouvelle au besoin avec la precaution de la faire moins copieuse. Cependant si rinllammation est intense , le malade jeune et vigonreux , on pent saigner jusqu'a souplesse du pouls ct plus de facilite dc la respiration. Toutefois, i! convient
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pourtant de nc pas Irop affaiblir 1c malade , surtout chez les boeufs dans lesqucls il cxisle une predominance iym-phatique assez marquee dans certaines races. On fera en-suitc une fumigation g6nraquo;5rale sous le ventre avec des baies de genievre projettües sur des charbons ardens, le boeuf 6tant couvert, ensuite fortement frictionn6 et enveloppö d'une couverture de laine. Des breuvages composes d'une infusion de fleurs de sureau et de coquelicot miellee, peuvent porter ä la peau, exciter la transpiration et produire une derivation salutaire , une crise qui amene la ramp;olution ; j'y ajoutais des opiats böchiques, composes de poudre de reglisse et de guimauve dd'layöe dans le miel; on donnait quelques lavemens emolliens; je pla^ais le malade dans une etable maintenue ä une douce tempe­rature et ces moyens m'ont suffi dans les cas les plusnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; laquo;. fr6quens. Le regime consistait dans un peu de bon foin, des racines couples, möl6es au son et de l'eau blanche.
Si la toux est suffocante, l'anxietö grande, I'inflamma-tion assez intense, il faut apr^s la saignee, les fumiga­tions , etc., etc. , joindre aux opiats böchiques , un peunbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; .i d'opium dissout dans l'eau et ä la dose d'un gramme a un gramme et demi, dans l'inlention de calmer r^rttisme. Des breuvages composes d'une d(5coction d'orge mond6 , racines de guimauve, totes de pavots, avec la gomme ct le miel, seconderont parfaitcment les opiats caimans; ainsi que les vapeurs emollientes dirig6es dans les na-rincs, en tenant le vase a une cerlaine distance des na-seaux.
Mais si I'expectoration languit, que des mueositös abon-dantes genent la respiration , sans phlegmasie tres-mar-qu6e , on pourra faire prendre , en breuvages , une infu­sion de lierre lerrestre et de fleurs de coquelicot, 6dul-cor6e avec le miel et la gomme ; ainsi que des opiats de poudre de reglisse et d'auneo , animee par le kermes mineral, ä la dose de Irois grammes. To sais que quelques
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456nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PATHOLOGIE BOVINE.
praticiens repoussent remploi du kermes dans le boeuf, sans donner une raison plausible, je l'ai administrö avec succes; mais, je le dis, certains lui pr6fereut les sels laxatifs et surtout le tartre stibiö, je l'ai aussi employö ajoutö aux breuvages et ra'en suis bien trouvä, sa dose est de huit a douze grammes.
Des setons placös au fanon , apres que Ton a diminuö l'excitation gönüraie par la saignöe et les adoucissans, procurent une derivation salulaire, on las anime avec le troschique d'ellöbore noir , l'onguent vösicatoire ; mais 11 faut se döGer de ce moyen dans les animaux faibles et cacochymes, durantune constitution atmosphöriquechaude et humide, ils döterminent quelquefois, dans ces circons-tances, des engorgemens de mauvaise nature. Je pröfere alors les sinapismes sur les parties laterales de la poitrine ou sous le sternum pour ne pas tarer le malade , sinapis­mes que je scarifle apres qu'ils ont produit une forte tume­faction et que j'anime au besoin avec l'onguent vamp;icatoire.
sect; 2. Bronchite chronique.
La bronchite chronique cst fr^quente dans le bceuf, eile est rarement primitive et succcde presque toujours ä la bronchite aiguC. C'est surtout ä la suite des phlegmasies peu graves de la muqueuse respiratoire qu'elle se mani­feste ; la maladie primitive ötant peu grave, on la ne­glige , mais ensuite on voit survenir des symptömes que j'ai signales page 549 et suivantes et oü je renvoie le lecteur.
Lorsqu'unc bronchite assez intense passe ä l'etat chro­nique , comme il est arrivö dans la 5e observation, on voit disparaitre peu ä peu les symptomes de l'inflamma-lion ; mais la toux persiste , ainsi qu'une certaine genc de la respiration et une debility gcnerale , quoique l'ap-pcHit revienne et quo la rumination s'execute. La toux
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moins framp;juente revient par acces, surtout le matin ou le soir, ou apres l'exercice; il existe aussi presque tou-jours un räle muqueux assez appröciable, ainsi qu'un flux nasal plus apparent apres l'exercice; los membranes muqueuses et surtout la nasale sont päles et infiltrees; les • flancssont agites, leurs mouvemens irr(3guliers, mais d'une maniere bien plus appreciable durant l'exercice active ou durant un leger travail.
La bronchite chronique n'altere que faiblement l'ap-petit, la digestion et les autres functions, mais eile rend l'animal impropre ä tout travail pendant long-temps et raeme pour toujours, eile peut enfin d^genereren phthy-sie pulraonaire. Ce passage il I'^lat chronique est toujours une terminaison ftcheuse que Ton doit faire echouer par tous les moyens possibles.
Si la maladie est un peu ancienne , que le malade ait encore de l'energie, on peut employer dans ce cas les breuvages d'infusion de lierre terrestro, dans lesquels on d61ayera la poudre d'aunee ä la dose de 60 grammes, et que Ton animera avec l'oximel scillitique. Des opiats de poudre d'aunee et de röglisse animus par le kermes mi­neral , ä la dose de vingt-quatre a trente grammes, ou encore I'emetique ou tartre stibte, a la dose de huit ä seize grammes 6tendue dans I'eau blanche, si le malade veut en boire ; ou mieux dans une tisane de decoction d'orge dans laquelle on rnettra infuser du lierre terrestre et dissoudre le tartre stibie pour etre donn6 a la quantitö de six litres par jour , en trois doses.
Les fumigations de bales de genievrc, les frictions sc-ches , l'usage de la couverture seconderont puissamment ces moyens. Enfin un söton au fanon aninui par I'eliebore, I'onguent vesicatoire , peut produire une revulsion salu-taire et utile ; il en sera ainsi des sinapismes 16gers , ap­pliques sur les parois du thorax et sous 1c sternum ; mais dont i'action doit sc borner a la rub^faction.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; f
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438nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; PATU0L0G1E BOVINE.
Lorsquc clans la bronchite aiguß l'oppression est grande, la respiration gente et qu'i! y ait danger de suffocation, on ne devra pas donner de breuvages avant ces accidens dissipes, dans la crainte que la difflculte d'avaler et sur-tout de respirer, ne cause le passage de quelques por­tions de liquide dans le larynx et n'asphyxie le malade. On emploiera done d'abord la saign^e, les bains de vapours, les fumigations C'mollientes, les lavemens et les r6vulsifs.
sect; 3. De l'asphyxie.
L'introduction de gaz non respirables, celle de la fu-möe, ou encore de liquides dans les bronches, ainsi que la strangulation , etc. , peuvent produire la suspension de la respiration, d'oü rösulte celle de toutes les fonc-tions et la mort. Get accident funeste que Ton nomme asphyxie, s'observe quelquefois sur les animaux demes-tiques. Je vais examiner successivement cbacune de ses causes en particulier et indiquer les moyens ä employer.
Introduction de la fumee. Ce cas grave est la conse­quence ordinaire d'un incendie, quelques animaux pö-rissent, d'autres en 6prouvent des accidens plus ou moins inqui6tans ; j'ai öte appele une fois pour secourir des chevaux enfermes dans une grange oü le feu fut acci-denteliement mis, mais jamais je ne me suis trouv6 en pareille occasion pour le Lceuf. On doit alors so hater de sortir les animaux , de les bouchonner et couvrir promp-temcnt, parce qu'ils sont plus ou moin en sueur et que la röpercussion de la transpiration augmenterait encore la gravite du cas; on pratique de suite une saignee ä la ju-gulaire pour rcmedier ä l'engouement du poumon , cette evacuation sera repötöe au besoin si le pouls ne se damp;-veloppe pas et que l'asphyxie soit imminente; mais on devra tirer plus de sang ä la premiere operation qu'a la sccondc; quelques lavemens faits avec de I'eau saturte
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de sei seront admlniströs, dans l'intention de stimuler l'^conomie et produire une revulsion sur l'intestin. Les malades seront doucemcnt promenös, on leurfera respirer ensuite les vapeurs d'une döcoction emolliente n'ayant qu'une douce chaleur , ces fumigations pönötrant avec l'air inspire, calment l'irrilation de la muqueuse respi-nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; {.
ratoire et facilitent l'expectoration des mucositös qui obs­truent les bronches; enfin l'irritation etant un peu cal-nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; L möe , on peut dans le meme but faire respirer au malade un peu d'ammoniaque qui provoquera Tebrouement et la , toux. Lorsqu'il ne reste plus qn'une toux seche et quin-teuse, mais qua la respiration, quoique ralante et sif- [;*
flante, s'effectue, les opiats böchiques de poudre de gui-mauve et de röglisse , les fumigations emollicntes, l'eau
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Wanche font disparaitre ces symptömes d'inflammatlon ou plutot d'irritation. Les plaies, les brülures qui peuvent exister sur la peau seront rationnellement traitöes. Je dois prövenir les jeunes praliciens qu'il faut dans ces oc­casions beaucoup de zele et de persistance dans l'emploi de ces moyens.
Le chlore produit des accidens tres-analogues au croup; ce cas qui peut arriver si on a i'imprudencc de laisser des animaux dans des (Stables oü Ton pratique des fumigations dösinfectantes, exige des soins analogues ä la maladie qu'il simule; on doit d'abord se hater de les sortir au grand air, de les saigner., les bouchonner, las couvrir, leur jeter de l'eau ä la tete , les promener, leur faire respirer des vapeurs ömoilientes; ces soins ulterieurs sont, apres les premiers accidens caimes, les memes que pour le croup.
Les vapeurs du charbon ou plutot Yacide carbonique qui se degage produisent un genre d'accident si rare sur les bestiaux , que nul n'en a encore parle; c'est un genre d'aspbyxie qui cause une mort prompte. Sortir les ani­maux ä l'air , les frictionncr , les en\elopper , leur jeler
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460nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; PATHOLOGIE BOVINE.
de l'eau froide sur la töte, les gargariser avec de I'oxi-crat et leur en faire avaler quelques gouttes, sent les premiers soins ä donner, la saign^e sera aussi raise en pratique si le poumon est engouö.
Les ömanations, les miasmes, les effluves delöteres qui se dögagent du corps des animaux malades, ainsi que de learsexcremens , ou qui sont le produit de la decomposi­tion des cadavres, les effluves qui s'elevent des marais dessö-chös, des eaux corrompues, constituent un genre d'empoi-sonnement dit miasmatique, qui agit lentement, dont j'ai suffisammant parlö en traitant des maladies typholdes.
Vintroduction de quelques liquides dans la trachie-arlere est ordinaireraent la consequence de la submersion, ou pent encore arriver lorsque Ton verse trop pr6cipitam-ment et sans precautions un breuvage dans la bouche d'un animal, dans cette circonstance le maladc doit etre place dans un lieu modörement chaud et vivement fric-tionnö avec des bouchons dc paille , enveloppö de cou-vertures de laine bien chauffees ; on lui fera respirer de l'ammoniaque pour slimuler la contraction des organes expirateurs et debarrasser les bronches des mucosites spumeuses qui les obstruent. Ces moyens long-temps con­tinues peuvent rappeler l'aniraal ä la vie ; des lavemens de decoction de tabac stimulent aussi avantageusement et produisent une revulsion salutaire. La saignee est utile quand la circulation est enrayee par la congestion cerö-brale et Tengouement du poumon, le pouls embarrasse, les pulsations presque nulles, les veines apparentes gon-tiees , les muqueuses violacees; eile facilite , retablit la circulation , si I'asphyxie n'est pas complete. Le cas d'as-phyxie en donnant un breuvage est fort rare dans le boeuf, qui dcglutit facilement, il exige a peu pres les mßmes soins que la submersion ; mais la propriete plus ou moins irritantc des substances qui coraposaient le breuvage , en rend les effets plus ou moins funestes. C'est aussi
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le cas de diriger des vapeurs (Jmollientes et adoucissanles dans les naseaux.
CHAPITRE IV.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;|
DES MALADIES DC POLMON.
sect; 1er De la Pneumonile aigue.
C,
C'cst aux lumieres tir6es de ranalomie patbologiqüe qne nous devons la connaissance des signcs diagnosliques qui distingnent rinflammation du parenchyme du pouraon, de cclle de la plevre et qu'on a pu appliquer ä l'observa-tion clinique ces connaissanceraquo; si utiles a la mödecine pratique. Toulefois on ne doit pas oublier que la reunionnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ;,
de tous nos moycns d'investigation suffisent ä peine pour parvenir ä la certitude de l'existence de l'une ou de l'au-
tre de ces maladies, et que le velörinaire ne doit rien
m laquo;
ncgligcr dans im cxamcn aussi difficile.
La pneumonite consiste dans rinflaminalioa du paren­chyme pulmonaire et envahit par consequent lous les ele-niens anatomiques qui entrent dans sa composition, ra-muscules bronchiques , nerfs , vaisscaux sanguins et lym-phatiqucs qui s'entrelacent avec elles, lissu cellulaire qui sert de moyen d'union ä toutes ces parties en memo temps
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qu'il les isole. Mais cette phlcgmasie commence presque
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toujours par la membrane rauqueuse pulmonaire, laseule en contact avec l'air et la plus susceptible d'etre impres-sionntie par les causes disposantes et occasionelles, d'oii leur action s'ötend et se communique aux elemens orga-
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niques et aux lissus environnans , au moyen des nerfs nombrcux qui la p^netrent et ranimcnt. De mome que c'est par le sang , la moelle öpiniere et le Systeme ner-veux ganglionnaire, que se communiquent, se dövelop-pent les phönomencs sympathiques et de concomilaiicenbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; f
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402nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PATHOLOGIE BOVINE.
qu'on observe souvent dans ia pneumonite; qui pren-nent leur source dans certaines maladies du cceur , du cerveau, des voies digestives, ainsi que de divers autres organes; ce consensus vital, cet euchainement des fonc-tions ayant son origine dans l'innervation et la circulation.
Aussi le poumon s'euflamme-t-il dans certains cas, et chez certains sujets sous ['influence des memes causes qui determinent parfois chez d'autres animaux i'inflammation du larynx, de la Irachöeet des broaches; ainsi les causes qui produisent plus particulierement la bronchite sont aussi celles qui occasionent le plus frequemment la phleg-masie du poumon , lorsque par suite de ces causes ou de toute autre , ce viscere se livre immoderement ä l'action qui lui est propre. Je reviendrai plus loin sur les causes et vais d'abord exposer quelques faits pratiques qui servi-ront de base a cette monographie.
lro Observalion. Pneumonite aigue simple. Dans les premiers jours du mois de juin mil huit cent vingt-quatre , un boeuf äge de sept ans, est surpris amp;ant au labour par une forte pluie d'orage qu'il Supporte pendant plus d'une heure. Le soir du meme jour , cet animal mange pen , il n'execule point le mouvement de pandi-culalion; on remarque qu'il eprouve des frissons tres-apparens vers la region lombaire et thoracique ; il est campe sur ses membres ; la respiration est legerement oppressöe.
Je le vois le lendemain vers le milieu du jour ; la respiration est courte et pröcipitöe, la dilatation du tho­rax , pour ex(5cuter le mouvement d'inspiration, ne peut avoir lieu comme dans l'etat normal; ce mouvement restc comme suspendu. Des quintes d'une toux oppressive, quoique faible , se manifestent ä chaque instant; le boeuf no s'est presque point couchö dans la nuit , 11 a pu seu-lement prendre cette position pendant un quart d'heure environ , et ii paraissalt alors öprouver beaueoup d'anxtetö.
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La peau est seche , la colonne dorso-Iombaire est extrß-meraent sensible , et Ton provoque la toux ou de faibles mugissemens plainlifs en la comprimant forlement avec la main ; le mufie est rugueux et sec, les oreilles sont pendantes; les carotides battent avec force , mais lente-raent. Appetit nul: point de rumination.
Diagnostic. Pcripneumouie aiguö.
Pronostic. Guerison probable.
Trailement. Premier jour : saignee de douze livrcs ä la veine sous-cutanöe, abdominale gauche : ä dix litres de decoction miellce de graines de lin, administröe en Irois breuvages. — Point d'alimens solides. Le beeuf est recouvert d'une ample couverture de laine que l'on rti-chauffe souvent. Cette prescription a pour but, apres avoir combattu Tinflammation par la saiguee , d'obtenir le retablissement de la transpiration cutanee dont la sup­pression a donne lieu A la peripneumonie.
Troisiemc jour : la peau est legerement onctueuse; on aper^oit sur le mufle quelques gouttelettes de rosöe ; les pulsations de Tariere sont plus lentes, mais elles sont tres-fortes. La toux est sonore et moins fröquenle, la respiration est encore precipitee ; cependant I'ins-piration est plus developpee, parce que la dilatation du thorax s'execute mieux. — Le boeuf manifeste quelque envie de manger ; il a ruminö pendant cinq minutes. — Touies ces circonstances d^notent une ten­dance bien prononcec de la phlegmasie ti se terminer par une prompte rösolulion ; il est certain neanmoins qu'une nouvelle saignöe est n^cessaire pour obtcnir cet 6tat. — On la pratique de dix livres a la veine sous-cutanöe ab­dominale droite. — Du reste, meme prescription que les jours pr6c(jdens, sauf que Ton donne un quart de ration de fourrage. A compter de ce jour , tons les symptomes allerent en diminuant d'intensite , et vcrs le neuviemc jour , 1c bceuf 6tait entiercment rC'lahli.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;Cruzel.
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464nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; PATHOLOGIE BOVINE
2e Observation. Un boeuf de la mötairie de la Pim-pierc, commune d'Aizenay prös Bourbon-Vendöe, appar-tenarit a M. Constant Roy , propri^taire, fut pris d'une pöripneumonie. Je fus appelö le 18 novembre 1826, troisieme jour de la maladie, qui ötait survenue a la suite d'un arret de transpiration : anxietö, oppression , respira­tion accelerce , halelanle , l'inspiration est lente , respi­ration breve et plaintive , toux seche. Constance de l'ani-raal ä sc lenir debout; pouls plein, dar, accelüre, bouche brillante, muqueuse rouge , yeux larmoyans , mufle sec, chaleur extörieure, dd'goüt, cessation de la rumination, froisGcment des dents, constipation , urine rare. Loco­motion augmentant le gene du respire, senslbilite de l'öpine dorsale.
Saignee de quatre kilogrammes i la jugulaire , deux sd'tons au fanon fortement animes par l'onguent v6sica-toire. Je pröferai ce moycn aux sinapismcs et aux v6si-catoires , parce que ne pouvant rester sur les lieux , si les appareils se fussent deranges le paysan n'aurait pu les rcmettre. Tisane de decoction d'orge et röglisse miellee avec la gcmme et un peu de nitre. Lavemens (ütnol-liens , bains de vapeurs, frictions seches, I'animal sera enveloppe dans unc couverture de laine. Diete, eau blanche tiede.
Je revis le malade le 20 , la dyspnöe etait diminuee , la toux moins seche , le ventre plus libre, le pouls en­core un peu dur et acceiöre , les setons avaient produit une forte derivation et une tumeur ^galant une tete hu-maine. Secondo saignöede deux kilogrammes faite ä l'autre jugulaire , meme tisane , je fis dissoudre huit grammes d'opium qui furent ajoutes aux quatre premiers breuvages de tisane que Ton fit prendre le 20 novembre; jc couvris la tumeur produile par les setons d'ongucnt vösicatoire pour operer encore un döplaccment plus considerable du point d'irritation, ce qui reussit completement; du
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renle memcs soins quo ceux ordonnös prömlommcnt.
Le 22 , convalescence : appötit revenu , ventre llbre , respiration ä l'ctat normal, plus de loux ; les v^sicatoires et les sötons rendaient beaueoup de serositös , ils furent panses avec ia grailaquo;se douce ; lavemens emolliens, regime un peu severe, eau blanche; frictions , usage de la cou-verture. On mit l'aiiimal peu a peu ä son regime, on lotionna avec la decoction de mauves , rengorgement dunbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; #9632;•;-
fanon et les sötons furent tenus propres et pansös avec Ja graisse douce; guörison complete le 2o. Suppression des setons du 30 novembre au 5 decembre et l'un apres l'aulre. Gelle.
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5e Observation. Pneumonile sur-aigue. Terminai-son par la gangrene generale du parenehyme du pou-mon gauche. Mori de l'animal. — M. Gellais, proprie-taire ä Saint-Amand (Nievrc); vache agee de sept ü huit ans , de moyenne taille , dans un clat moyen d'em-bonpoint.
19 juillet 1828. Depuis qualre jours Ia bete est ma­lade ; des le commencemcnl, eile a eu les flaues agites,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;: et une loux quinteuse, repelec frequemraent, s'est fait entendre. Depuis vingt-quatre höures, eile jelte par les naseaux une maliere blaricliAtre et fotide. Inappötence ,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;gt;! meleorisation interne. On a fait prendre ü l'animal une infusion de noix muscades dans du vin blaue.
Examen de l'animal. Respiration , frenle par rninute ; inspiration et expiration courtes; cette derni.ere est quel-quefois pleine, l'animal allonge l'encolure en baissant lanbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ''
töte, fait entendre avec difficultö une (oux petite etgrasse, suivie de l'expectoratiou par la bouche et les naseaux de matieres d'unjaune grisälre extremement [elides ; Vair expire est itnpregne de celte odeur. Le murmure respira-toire est Ires-forl dans lepoumon droit. Dans le gauche:nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;)'
un räle caverneux non circonscril se fail entendre ä la parlie moyenne; ce rule est aecompagne du räle sibüarii
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46(3nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; PATHOLOGIE laquo;OVINE.
inm[itenx (kins XexlremiU du lobe poslMeur. Garyouil-lemenl dans les grosses divisions hronchiques. Pouls petit et mou , soixanlc-dix ä soixaiile-quinze pulsations par minute. Lc rumen cst legerement ballonne, les muqueu-ses sont pales, la pcau est seche , les polls sont horis:65 et ternes; adynamie.
Diagnostic. Pnenmonite gangreneuse du lohe posle-rieur du poumon gauche.
Pronoslic. Mort prochaine.
J'avcrtis le propriötaire que tout traileinent est inu­tile , et que lanimal va bientöt mourir. Legere saignöe ä Tariere coccygienne dans le but de satisfaire le pro-prietaire.
Le sang retire de Tariere est (Tun rouge fonce; il est inodore; mis en repos dans un vase pendant vingt-quatre heures, il ne s'est pas coagulö , il a seulement la consis-lance d'une bouillie epaisse mC'löe ü une grande quanlile de sörositö. Eiraquo; le decantant doucemcnt, on apergoit la matiere colorante qui se separe de la fibrine, et se mölange au s6rum , en prenant la forme de peliles particules noi-res. II a d6jä Todeur du sang putrefie.
Le 20 au mal in , laiblesse tres-grande ; ä peine si Tanimal pent se tcnir debout. La peau est froide , surtout aux extremitös ; Tariere glosso-fuciale est (lasque, le pouls est sensible. Le bruit respiratoire du poumon droit esl moins fort; le gauche fail entendre le räle caverneux uux memes endroits, malile et absence du vmrmure respiratoire dans tons les endroits oil le rale caverneux ne se fail pas entendre.
Les matiercs du jetagc par les naseaux sont grisätres el excessivemenl fclidcs. Sur !es quatre heures du soir, Tanimal se couche, ne peut se relever , et meurt ä cinq beures.
Ouvertüre . deux beures apres la mort; döcubitus sur Je cöti^ gauche , meleorisalion.
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Potlrine. Le soc pleural droit contieut ä püii pies un domi-litre de liquide seieux legeremenl roussAtre. Le poumon droit cst rouge ; son lissu est seulement engoue par lesang, son tissu cellulaire sous-serenx cst legeremciit emphysemateux.
Le sac pleural gauche renferme tres-peu de s^rositö. Le poumou gauche est gros et dur, de couleur rougeätre; 1c tissu cellulaire sous-serenx est infiltre de serosite rou-geatrc.
La substance pareuchymaleuse se dechire avec facilite , eile cst grisatre, et laisse ecouler im liquide rousseälre , spumeux , ayant l'odeur de la gangrene. Au centre de la partie moyenne du lobe posterieur se trouve une large cavite uon circonscrite, divisce elle-meme par d'autres petitcs cavites communiquant les unes avec les autres. Ces cavites renferment un putrilage fetide , d'un gris noir, au milieu duquel se rencontrent des lambeaux blanchätres , resultant evidemment de la gangrene du parenchyme. Au milieu de celte sanie, on apercoit des rameaux bronchiques et des divisions vasculaires. Ces ra-rneaux out leurs cerceaux defruits par la gangrene, 11s conliennent de la sanie putride ; leur muqueuse est lege­remenl bleuatre. On pourrait suivre dans le poumon al-Wro, les traces de riu'ilammation depuis son debut jns-qu'ä sa terminaison par la gangrene. Voici ce que nous avons remarque dans le lobe anterieur. Au milieu du pa­renchyme, on remarque un pointillement rouge; bientöt ce pointillement forme un veritable öpanchement sanguin on eccbymose , d'un rouge plus foncö ; plus loin et tou-jours en merchant au centre de l'altöration, on trouve le parenchyme d'un rouge fonce, dur et friable; plus loin , il est d'un rouge noir, et laisse dejä öcouler par la pression un liquide roussütre sans odeur. Enfin au centre de l'altöration , on trouve le tissu pulmonaire grisatre commencant ;quot;* se ramollir, et pouvantse rikluire
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par la pression, en un pulrilage qiii a doja l'odüur de la gangrene.
L'inlerieur du ccEuret des gros vaisseaux, surtout des veines caves et pulraonaires , est rempli d'un sang noir coagule, leur membrane inlerne est coloree en rouge.
Cavile abdominale. Ecchymoses entre les lames du me-sentere et au-dessous du peritoiue qui recouvre les gros inteslins. La muqueuse des estomacs et des iutestins n'of-frc rien de remarquable.
Les muscles sent pales, le tissu celluiaire sous-cutane et inlcr-musculaire des muscles pecloraux contient un pen dc seroslle.
Resume. La gangrene du poumon gauche a et6 diag-nostiquee par le rale caverncux non circonscrit; le jetage par les naseaux , de malleres grisälres, laissant öchapper l'odeur de la gangrene ; la petitesse , la mollesse et l'ac-celeration du pouls , le froid de la peau, celui des mem-bres surtout, enfin l'adynamie, et , si nous osions le dire, par une alteration du sang arWriel. L'absence du bruit respiratoircet l'existence du rule sibilant muqueux, indiquaient, la premiere, un engouement sanguin du poumon , la seconde , un epanchement de la sanie gan-greneuse dans les branches. Delafond.
4e Observation. Pneumonite avec tenninaison par induration rouge duparenchyme. — (H6palisatior; rouge). — Morlde Vanimal. —25 seplembre 1829. Jeune veau, age de trois mois, apparlenant a M. Boitrou , fermier a Dampierre ( Nievre).
Renseignemens. Depuis trois semaines l'animal est ma-lade ; une toux seche et avort^e , qui se renouvelle par quintes, se fait enlendre depuis quinze jours; depuis le diibut de la maladie, la digestion est iuterrompuc par des m(Httorisations intermittenles.
Examen de Vanimal. Marasrae , met6orisation ; yeux tcrnes, enfoncC-s clans I'orbite; toux petite, seche et avor-
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löe ; murmiire respiratoire du poutnon gauche considv-rablement augmenle dans tout son lobe posterieur, la resonnance est assez forte; absence du bruit respiratoire el malite dans lout le lobe du poumon droit; pouls polit et acc6I6r(6, artere flasque, päleur des muqueuses; les 7nembres anterieurs et le fanon ne sont pas inßltres.
Diagnostic. Uepalisalion entiire du poumon droit.
Traitement. Cuiller^e d'elher sulfurique dans line de­coction mucilagineuse froide. La möleorisation se dissipe un peu apres radministration de ce breuvage. Je recom-mandc de donner pour alimens des substances assez nu­tritives en petite quantity (pommes de terre cuites avec un peu de son). Les boissons sont rendues diurötiques avec le nitrate de potasse. Demi-lavemens 6molIiens , rendus anodins avec une decoction de teles de pavols. Le 26, la mäteorisation reparait et l'animal meurl as­phyxia.
Ouvertüre six heures apres la mort. Le poumon gau­che est parfaitement sain. Le droit est tres-pesant et tres-dur; sa surface est marbnüe de brun et de rouge; son tissu est dur, difficile ä dechirer par la pression ; la por­tion d6chir6e n'offre pas de granulations analogues ä celles du parenehyme du foie; elles est au contraire tout ä fait homogene et ressembie assez grossierement au tissu mus-culaire ; tons les lobules pulmonaires sont s6pares par des cloisons jaunatres d'une ligne environ d'epaisseur ; ces cloisons sont formlos par un tissu homogene et res-semblant aus cartilages permanens des jeunes animaux ; elles circonscrivent, comme nous avons deja eu occasion de le noter , tous les lobules pulmonaires et se r6unissent avec celles qui entonrent les lobules circonvoisins, de teile sorte qu'en coupant une portion du poumon et eu otaul le parenehyme altere de l'interieur de ces cellules , la coupe du poumon ressembie a celle d'un gateau de ruche tk abcilles. A l'cxtremite du lobe anlericur, le parenehyme
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pulmonuirc a disparu , par atrophie ou resorplion ; car il n'existe plus que les cloisons, dont nous avons parlö, et qni etaicnt devenues tres-6paisses.
Sur ce jeune animal, l'absence du bruit respiratoire et la matite de la cavity pectorale droite pouvaient otro tout a la fois, les signes d'une hepatisalion du parencliyme pnlmonaire ou les signes d'un hydro-thorax ancien. Voici comment nous avons raisonne pour etablir notre diag­nostic. En admettant i'existence d'un hydro-thorax , le bruit respiratoire devait se faire entendre ii la partie superieure des cotes; car , bien que le poumon cut etc refoule et comprime par le liquide h la partie superieure de la cavitö pectorale , il elait probable qu'il devait etre encore permeable ä l'air, puisque repanchement ne povi-vait exister que depuis vingt-un ä vingt-deux jours, temps trop court pour pouvoir faire acquerir au poumon un ütat de densile anormal tres-considerable ; et quand bien rneme cet etat aurait existe , d'autres symptomes devaient venir concourir avec ceux-ci d etablir le diagnostic. Ainsi, la päleur et rinfiitration sereuse des muqueuses apparen-tes. rinfiitration oedemateuse du tissu ccliulairedufanon, rengorgement des membres anterieurs devaient etre des symptomes concomitans a l'absence du bruit respiiratoirc et ä la malit6. Or , ces symptomes n'existant pas , l'ab­sence du bruit respiratoire et la matile entiere de la paroi pectorale droite devaient necessairement me faire regar-der comme probable I'existence de l'höpatisalion du pou­mon. Nous verrons d'ailleurs plus loin, quels sont les signes ä l'aidc desquels on peut distinguer les epanche-mens pleuraux de l'hepatisation complete ou incomplete des poumons. Delafond.
oe Observation. Le 18 mars 1850, I'equarrisseur amena a I'Ecole veterinaire dc Toulouse , une vache , Agee dc six ans, de petite race et tres-maigre ; cl!e etait malade depnis iong-lempset abandonnee, comme Inciira-
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ble, par le proprtetaire. Je sus de lui qu'il possedail cetlo
bete depuis deux mols et demi, il l'avait achette maigre
dans l'espoir de la remellre en chair et la vendre; raais
il s'appergut peu de jours apres que cette vaclie maigris-
sait de plus en plus, qu'eile mangeait peu, maigrö qu'il
lui donnät les meilleurs alimens et qu'il eüt soin de les
rhanger ä chaque repas. La rumination avail lieu par
boutades et incompletement; la faible quantite de lait
qu'eile donnait diminuait chaque jour et finit par se tarir;
jamais il ne l'avait enteudu tousser, mais il survint uue
dianhöe, un dcgoüt absolu, im affaiblissement et un
amaigrissement qui faisaient prevoir une mort prochaine,
ce qui le ddHermina h vendre cette böte ük l'equarrisseur.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; i
Arrivee ä l'Ecole, je remarquai que sa respiration res-
sembiait ä celle des chevaux extremement poussifs; ä Tins-nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;|.
piration qui 6tait frd'quente mais reguliere . succedait ua
affaissement brusque des flaues qui partageait en deux
temps l'expiration dont la fin ölait plus calme; mais cette
fonetion se faisait avec la plus grandc difficulte et la dys-
pn6e annon^ait une prochaine suffocation , eile asphyxia
en effet dans la malinöe du 1er aoüt.
Autopsie, faite environ vingt-qiialre heures apres la morl : etat de maigrenr et d'atrophie gencrale , le tissu cel'ulaire sous-cutan6 est infiltre d'une serosile jaune existant depuis la levre inferieure ou postericure jusques sous l'encolurc , le thorax , l'abdomen et les parlies la­terales environnantes.
Abdomen. Tons les visceres contenus dans cette cavite eteient dans un 6tat d'atrophie , le tissu cellulaire qui les unit et les separe etait infiltre de sörosite jaunätre. Le foie tres-atrophi6 et decolore contenait dans ses canaux biliaires et dans la vesicule du fiel une quantite conside­rable de douves hepaliqucs.
Thorax. II exislait une adherence ties forte entre lu partie inferieure de?, pteraieres coles (gt;! In sternum, avet
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Ics plevrcs, le pöricarde et le poumon , an moyen d'une t'aussc membrane et d'une transformation du tissu cellu-laire ä l'ctat fibro-carlilagineux, ce que nous detaillerons plus loin. Les sacs des pievres contenaient chaeun environ deux litres de serosites jaunAlres assez limpides. Ces se-reuses adhöraient, comrae nous venons de le dire , au moyen d'une fausse membrane , avec les premieres cotes et les portions anterieures et inferieures des poumons ; elles (Haient libres a leur partie postörieure et snpamp;ieure, mais lenrs faces mediaslines ötaient unies entre elles et au pericarde par une fausse membrane tres-organisee et epaisse qui comprimait les nerfs diaphragmatiques qui semblaicnt etranglös entre les mediastins et le pericarde. Les poumons etaient dans un elat d'höpatisation grise et blanche qui envahissait une grande partie de leur pa-renehyme, surtout aux regions anterieures et posterieu-res , le tissu cellulaire qui en unit les lobules etait infiltrö d'une substance gelatiniforme jaunätre ,' liquide aux re­gions supörieures, puis augmentant de densite et d'elen-dne en se porlant vers le sternum, passant ainsi de l'etat liquide et gelalineux, ä l'etat solide et enfin ä celui de (ibro-carlilage , dans les deux lobules antörieurs et autour du pöricarde. II y exislait encore des hydatides avec döpot entre la poche et le kyste d'une matiere jaunätre et de nature tuberculeuse. line alteration frappante ötait l'he-patisatioa grise et blanche du parenehyme de ces portions anterieures et inferieures du poumon , portöes ä u.n tel point qu'elles avaient un aspect marbröe et squirrheux; ces organes etaient impermeables ä l'air dans les deux tiers de l'etendue du poumon gauche et un tiers du droit. Une coupe de ces organes avait l'aspect d'un mar-
bre
graniteux ä fond rouge melee de veines jaunes et
blanches , 011 Ton voyait des portions gelatino-albumineu-ses, du res et jaunätres, ainsi que quelques kystelaquo; , les uns tiros comme un pois, les autres commc une fevc ,
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conlenant une raatiere tophacec cn partic ramollio. Dans la parlie ant6rieure et införieure du poumon droit, j'ai rencontrö deux foyers de ramollissement, enkystö , clos , ä parois fibro-muqueuses, d'une forme irreguliere et du volume d'une grosse noix, conlenant des matieres fihreu-ses , baignöes d'un putrilage sangninolent et melees de grumeaux fophaeös.
Pour bien se figurer rallöralion des poumons, il faut diviser chacun d'eux en deux parties , d'arrierc en avant, depuis la portion superieure et postörieure, permeable ä l'air, jusqn'aux regions antörieurcs et infericnres, par­venus ä l'ölat squirrheux ; procedant ainsi d'arriere en avant et de haut en bas, on voyait que le tissu cellulaire avait 6te le siege primitif de l'ölat pathologique , qui a commcncö par son infiltration , tandis que le parcncbyme pulmonaire n'a ele que successivement alteint. D'abord emphysemateux , ce tissu lamincux parait ensuite infiltre de serositö jaunätre et ümpide , cclle infiltration aug-mente de consistance, devient solide , blanche et passe enfin ä I'etat de fibro-carlilage. LY'tat maladif du paren-chyme pulmonaire s'accroit dans la meme proportion , depuis l'engouement, l'hepatisation rouge, grise et I'etat squirrheux. Desorte qu'une Ires-pelite partic des poumons est apte ä la fonetion de I'hömatose , encore ces regions supörieures, imparfaitemenl permeables ä l'air , ont-elles leur tissu cellulaire interlobulaire emphysömateux et la plevre qui les recouvre soulevöe par des bulles d'air.
Les canaux intörieurs des bronches oü l'air penetrait encore (car plusieurs de leurs rameaux 6taient oblil(5res) avaient leur membrane interne rouge , im peu injeetee et recouverte de mucosit6s spumeuses et rougeätres.
Le pöricarde contenait environ un quart de litre de sörositö jaunälre; il formait une poche en partie fibro-cartilagineuse , surtout ä sa base , adherentc 1deg; aux ple-\ros et aux deux lobules aulerieurs par la faussc raem-
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braue dont nous avons parte et par un tissu cellulaire transform^ en cartilage, etqui confondait dans une seule masse le p^ricarde, la plevre , la pseudo-membrane et les lobules anterieurs des poumons. Le tissu cellulaire qui unit cette poche fibro-söreuse au sternum avail subi la memc transformation , de sorte qu'elle etait epaisse d'un ä deux polices inferieurement et anterieurement, et qa'en en incisant les parois , on lui trouvait un aspect raarbrö et rouge. L'interieur de ce sac pöricardien 6tait lt;apiss6 par une fausse membrane floconneuse , rougeätre, assez fermc. öpaisse de deux ü cinq millimetres, adhe-rente ü la söreuse de ce sac qui, elle-meme, etait blanche et opaque, line semblable membrane tres-organisee re-cjuvrait la surface externe et supörieure du pöricarde en s'etendant supörieurement sur les ventricules et les oreil-lettes , tandis qu'införicurement eile se confondait dans les adhörences que nous avons signalees. Ces deux pseudo-raembranes pouvaient s'isoler du pöricarde , ä ses faces interne et superieure externe.
Le cceur (Halt atropbie non seulement de volume, mais encore de capacity, son tissu musculaire ramolli et deco-lore semblait cuit ; ses caviles contenaient des caillots d'un sang noir, monies sur elles , adherant aux volvules et entoures d'un sang liquide et noir.
Quelques ganglions bronchiques etaient rouges et liy-peremies.
Les deux nerfs pneumo-gastriques, les diapbragmali-ques , ceux provenant des plexus cardiaques et bronchi­ques, etaient comme emprisonnes , comprimes au milieu des productions morbides qui entouraient le pöricarde et envahissaient une grande partie des plevres et des pou-nions. Ces nerfs etaient dans un ötat de laxitö remar-quable , minces , aplatis et rubanös, leurs fllcts etaient cnlourös d'une infdtration söreuse. Les diaphragmatiques, aiusi que je l'ai döjä fait remarquer , ötaienl ötrangles
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par la lausse membrane du grand mödiaslin qui los cnvo-loppait dans une grande partie de leur elcndue. Gelle.
De l'expose de ces faits il rcsulte que la jmeumonile aigue , consideree d'une maniere generale , sc manifeste, par les symplömes suivans : des signcs de bronchite pre­cedent quelquefois cette maladic ; im räle plus ou molns sonore accompagne de frissons , de la gene de la respira­tion , d'une anxiete , assez vive, avec inlermiltencc de de froid et de chaud dans la temperature de la peau , existent an debut de cette maladie. Apres ces prodomes la circulation s'aecelere , le ponls devient large , plein et frequent, sans cependant etre dur ; on le trouve quel­quefois mou , deprime, inegal. La respiration devient genee et difficile , I'inspiration cst prolongec , I'expiration incomplete , courte et penible , les mouvemens des flaues accelt'res, irreguliers ct la dyspnee relative a l'etendue ct la gravite de rinflammation. L'animal etend quelquefois la tete, il la porte horisonlalement, dilate execssivement les narines , ouvre la bouchc pour respirer plus facilc-ment. Tons les mouvemens sent penibles, l'animal reste debout, les membres anterieurs ecartes , une toux fre-quente , penible se fait entendre , I'air expire est cliaud ; il döcoule des naseaux uh fluide visqucux , mele parfois de slrics sanguinolentes. L'action de comprimer la poi-trine cause une douleur assez vive au malade , unc pres-sion un pcu forte exercee sur la region du garot fait fle-chir l'epine dorsale et provoque la loux , il en cst ainsi si Ton comprime le sternum. Au debut de la pneumo-nite on entend un rale crepitant, mais au fur et mesure que I'engoueraent sanguin envahit les poumons, I'absence partielle du bruit respiratoirc augmenle; la matile de la poitrine est aussi en raison ögale de l'extcnsion de rin­flammation du parencbyme pulmonaire. Ainsi le mesaise general , la gene de la respiration , I'inspiration prolon­gec , I'expiration courte , le baltement des flaues, la
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toux , la lepugnance pour tout mouvement, la station droite , les membres thoraciques 6tant ecart^s ; la fre­quence , la plenitude du pouls sont done les symp-tömes dominans , essentiels de la pneumonie aiguö. Mais on observe en outre une chaleur extreme de la bouche, l'ariditö de la langue et de rarriere-bouche ; la rou-geur et rinjection de la conjonctive ; la froideur des oreiiles , des cornes et du mufle; la seclieresse bruiante de la peau. L'appölit est nul , la soif vive , la rumi­nation suspendue et la pause pleine dans quclques malades, ce qui ajoute alors ä la gene de la respi­ration ; les uns sont constipes , d'autres ont la diar-rhec , dans tons , les urines sont colorees et rares. A une agitation, une anxitMe assez vive, succede , dans beauconp de cas , un 6tat d'insensibilite stupide et d'abat-tement; quoique la marche de la maladie paraisse com-munöment plus lenle dans le boeuf que dans le cheval, les ravages inlcrieurs n'en sont pas moins funestes. La respiration est aussi plus sonore plus plaintive dans les ruminans que dans I'cspecc equine , eile est en outre ac-compagnt'e d'un froissement aigu des dents qui leur est tout parliculier. La secretion du lait est larie dans les vaches et souvent le vagin de celles qui sont pleines se renverse avant le terme de la parturition.
La gene de la respiration qui est, dans tons les ani-maux , le Symptome le plus constant de cetle maladie , et qui existe non seulement quand les animaux sont en rcpos, debout on quand ils marchent, Test bien plus en­core lorsqu'ils sont couches ( position qu'ils gardent peu de temps); aussi voit-on le malade employer instincti-vement tons les moyens qui peuvent faciliter cetle fonc-lion; il ne pent assez introduire d'air dans sa poitrine, il est halelant , essouflle et en danger de suffocation.
La marche de cette maladie est d'autant plus rapide que la phlegmasie et rengouemeut sanguin du pou-
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nion est plus intense et plus considerable. C'esl surtout lorsque los deux lobes du poumon sont envaliis,, que Ics symplomes sont plus alärmans ; de meme qu'ils sont d'au-taal inoins graves que rinflammalion est plus bornee et plus circonscrite. Si las deux lobes sont alTcctes , !e ma­lade ne se couchc jamais, si un seul est envahi , il sc couche qnelque fois sur le cote malade, mais ne tarde pas ä se relever.
M. Cruzel l'a observöe ä im etat sur-aigu tcl que le boeuf attcint succombe en douze ä quinze lieurcs ; les symplomes se succedent avec une rapidite effrayanle et se tcrminent proraptement par la mort. C'est, dit-il, une veritable apoplexie de tous les organes parenehyma-leux et surtout du poumon. Je n'ai vu la pneumonile aussi aigue que dans l'espece equine, mais je la crois pos-nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;:
sible dans les races bovines md-ridionales, surtout dans des animaux jeunes et sanguins.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ,
J'ai eile une observation de pneumonile qui s'est ler-minec par la gangrene. Je la decrirai plus loin ä l'etat (5pizootique, forme sous laquelle on la considere comme une varietö des maladies typliol'des , Lien plus frequenle
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dans le boeuf que dans l'espece cheval.
Celle maladic peul se terminer par resolution , c'est Ic cas Ic plus favorable ; par induration ou hepalisation, par suppuration et par gangrene; eile peut enfin passer ü Total chronique.
Si la resolution survient, on voit la respiration de-vcnir plus facile et plus libre , la toux dimiuuer , le flux nasal augmenlcr, le pouls se regularise, tous les symplomes diminuenl graduellement d'inleusite et la so-noreite devient de plus en plus grande.
Je Tai decrite ü l'ötat ^induration, page 4G8. La sup-puratton est une terminaison mortelle, la formation des abees purulens est annoncöe par une diminution trom-peusedans rintensite des symplomes , l'appelil et la ru-
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PATH01.0(1 IK liüVINK.
mination reparaissent par boatades irrc-gulieres, la respi­ration est entrecoupcü, le iniifle est sec et nigiieux ; la toux persiste , mais eile est faible et frequente, la pcau est seche et rigide, le poil herisse, mais un signe palho-gnomonique sont des frissons generaux et assez (Vequens durant lesquels les conies, les oreilles sont tres-froides, le pouls concentre et faiblo.
La terminalson par gangrene est relatec, page 465 , alors on voit la gene de la respiration persister sans acce­leration des mouvemens des flancs; la prostration simule quelquefois im calme trompeur et funeste, le pouls s'ai-laiblit et s'aneantit; toutes les extrömites sont froides , I'air expire est glacial et fetide , une diarrhtte infectc prt-cede la mort; le poil tombe ou s'arrache sans peine; le malade expire comme aneanti et sans convulsions. Le passage ä l'etat chronique fera I'objet d'un sect; prochain.
Autopsie. Je n'iiidiquerai quo les lesions essentielles : lorsqne le boeuf alteint succombe ä une violente inflam­mation , le poumon est engouö par le sang , e'est I'liype-remie lobaire de M. Andral, il a presque I'aspect d'un caiilot sanguin. La mort survient par asphyxie : la mu-(jueuse des bronches est rouge, epaissie, ramollie, cou-verte de mucosiles spumcuses et sanguinolentes; les ple-vres sont communement injectees et couvertes de putcchies brunälres. II existe toujours un peu d'epanchement de sörosite duns les plevres et le pöricarde; le cceur est rouge^et ramolli , scs vaisseaux coronnaires injectes , ses cavitd'S droitcs contiennent un sang noir incomplecemcnt coagulö et mele de concretions fibrineuses. Cependant, dans cette terminaison , il existe des portions de poumon encore permeables ä I'air , dont le tissu alveolaire est malgre cela crepitant; l'elöment cellulaire interlobulaire, trcs-developpe dans le boeuf, est souvent inllltre dc pero-sites sanguinolentes.
Si la mort a eu lieu par bepaüsaüoii ou induration
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rouge, la rropilalion de l'organe cst nnlle, Ic Üssu du poumon est, daris beaucoup de points, friable, greuu , dense et analogue a la texture du foie ; en incisanl cet organe , on trouve son tissu rouge, meiede tachesblan­ches qui repoudent aux vaisseaux et aux cellules pulmo-naires et il s'ecoule pen de liquide de ces incisions.
Je n'ai point eu d'occasion de faire d'autopsie de beenf rnort des suites de l'etat de suppuration, quoique j'aic perdu un malade dans ce cas; mais 1c tissu du poumon est d'tin aspect granuleux, un liquide purulent s'ecbappe des incisions qu'on y pratique , on rencontre encore de petils abces formes dans le parencliyme celluleux de l'organe. Ces foyers ne sont point entoures de fausses membranes, leur pourtpur est au contraire dans un elat de ramollis-sement purulent qui est d'autant plus prononce que le tissu est plus 61oign6 du centre de la collection puru-lenle.
A l'elat dc gangrene , les poumons exhalent une odeur sui generis et insupportable ; beaucoup de points soul tout a fait ramollis el tombent en deliquium; l'organe rellete des nuances de couleur rouge-brune , jaune, noire et verl-bronzc. La muqueuse bronchique est epaissie , ramollie el dc couleur bronze,. clle est rccouverlc d'ichor gangreneux mele de spumosiles de couleurs variees, mais melees de liuenmcns sanguins , le sang est liquide el noir , le cceur gangrene , les plevres veidalres, etc., etc.
Causes. J'ai indiqud' d'unc maniere gönerale les causes pramp;lisposanlcs des maladies du poumon , qui decoulenl de sa structure speciale , de la circulation parliculiere donl il esl le siege et de ses fonclions (page 548). J'ajou-lerai que la pneumonite s'observe plus frequemment cbez les sujets d'un temperament sanguin, ä thorax vaste et dont le pouls esl habituellement vile et plain ; mais eile se declare aussi sur les animaux ä poitrine etroite, qui out la respiration courte et pen etendue ; le pouls
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4iSÜnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; PATHOLOGIE BOVINE.
embarrasse , rare et peüt, et cetle fröquence de l'inflatnraquo; mation du pournoraquo; chez les anitnaux d'nne coiislilutioii difierenle est fort rcmarquablc. Elle ost aussi plus fre-quente dans les bestiaux qui alteignent Tage adulle. Eufiii des animaux qui ont öprouve dejä des maladies de poilrinc sont susceptibles de conlracter de nouvean la pneumouile sous riufluence de la plus legere cause. Elie regne encore quand la constilution atmospheriquo est froide, seclie ou tres-chaude , que des vents violens agilent ralmosphere ; eile a aussi plus de gravile et d'in-lensite quand la temperature est tres-froidc et quand en­core la chaleur est excessive et seche.
Les causes occasionelles de la phlegmasie du poumon sent un exercice violent de cet organe, aussi l'ai-je vue se declarer ä la suite de charrois fatigans et prolonges; apres les combats que sc livrent cnlr'eux les bestiaux de fermes voisincs lorsqu'ils se rencontrent par cas forluit. La repercussion de la transpiration cutanöe par un air froid , une pluie glaciale , ringeslion d'une eau tres-fraiche l'animal ayant chaud et 6tant en sueur etc. , etc.; causes que j'ai dejä signalees en traitant de la bron-chite.
Diagnostic, J'ai fait eonnailre les symplömes essen-tielsde la pneumonite ; j'ajouterai que l'abscnce du bruit respiratoire caracterisc le passage ä l'etat d'häpalisation, il est le resultat de la non penetration de l'air dans les vesicules pulmonaires ; cet etat est plus communement partiel. Dans le cas de gangrene, on entend encore un sale crepilant si eile est peu (Hendue et partielle , parce qu'elle s'entend encore autour du point gangrene ; mais si la gangrene est etendue, le räle est caverneux et l'air expire a toujours une fetidite speciale qui n'exisle que d'un cote s'il n'y a qu'un seul lobe du poumon d'a't-teint.
Dans la peripüeuinonic aigu6, le sang lire des veines
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sc coagule promptement et so couvre d'unc couche libri-raquo;euse öpaisse, si I'engoucnieat est extreme , il sort avec diffieulte , il est noir commc dans l'asphyxie.
On doit craindre la peripiieumonic toutes les foi.s que dans uno maladie ron dessinee, la respiration est genee, que les aiies des narines s'elevent et s'abaissent avec vilesse et que le boeuf tiert la bouebe beante.
11 s'agit maintenant de savoir distinguer les signes diag-nosliques de la pneumonite de ceux de la pleurite. Dans la premiere , i'inspiration est prolongee , l'expiration courte; dans la pleurile, Tinspiration est, au contraire, courte et l'expiralion iongue. L'expectoration muqueuse est plus abondanle dans la pneumonite et ia douleur pro-duile par la pression des coles moindre que dans la pleu­rile ; la toux plus grasse ; le pouls plus large et moins serre dans la phlegmasie du parenehyme pulmonaire que dans cello des sereuses.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;n
Pronostic, Il est toujours grave, car une inflammation intense n'envaliit Jamals !os poumons sans compromettre plus ou moins la vie de l'anima!. On congoit en effet qu'un organe que tout le sang traverse , qui (ilabore et vivific tout ce liquide et dont raclion ne peut etre einpe-chee sans que la morl survJenne , ne pent elre enflammö sans de graves inconveniens et que rimpossibililc de le priver de son liquide ou modificatear habituel, meme momentanement, en rend la eure difileile ; gucrison qui ne peut et ne doit s'oblenir , dans le plus grand nombre de cas, que par une soustraction la plus copieuse possible du sang qui le parcourt pour la fonetion de Fhematose.
Moins la maladie est intense et plus il y a d'espoir de guerison , eependant une inflammation generale du pou-mon, quoique pen intense, est plus grave et plus redou-table qu'une phlegmasie plus vive , mais moins etendue. L'oppression, la dyspnee extreine doivent inspirer de grandes crainles. Si le pouls petit se joint a l'oppression,
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482nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; PATHOLOGIE BOVINE.
il y a danger, de m6mc que quand 1c pouls ne se dcve-loppe pas apres la saigneo. Si la peau devient moite el que la Iranspiration calanee se r6tablisse peu ä pen , il taut favoriser cette crise qni esl d'un bon augure, par des delayans sudorifiques. 11 en esl ainsi de l'econlemenl abon-dant d'nne urine cpaisse et cliargee , et meine d'une eva­cuation abondante de matteres slcrcorales.
Quand la suppuration esl elablie la mort esl imminente , ou tout au moins le passage a l'etal chronique et tuber-
culeux.
Si la difficulte de respirer esl extreme , le Aus nasal suspendu ou que la mattere expectoröe seit jaune , striee , ecumense, le pronostic esl föcheux. Si les naseaux sont excessivement diiaies, la bouclie beante , la respiration frequcnle , profonde , entrecoupee , le rale considerable , il y a danger de mort. 11 en esl de meine quand le pouls s'efface, qu'il devient irregulier , avec eceablement cl froideur extreme de la peau, des cornes, des oreiücs, des membres.
Traüement. 11 doit etre tres-actif et base principalement sur l'emploi des evacuations sanguines, des revulsifs el sur la möthode pertubalrice. Aussi doit-on debater par vine saignec generate aussi copieuse que possible , comrae dans toutes les inflammations des parenehymes. Cette premiere saignee qui ne doit pas depasser cinq kilogrammes pour unboeuf de forte tailte, sera repeice jusqu'ä ce que le pouls soil assoupli et que la respiration soil moins gence et meme plus libre, les saignees qui succederont ä la pre­miere doivcnt etre de moins cn moins copieusos et de plus cn plus eloignecs; elles seront pratiqitees d'abord aux iugulaires, puis aux veines sous-cutanees llioraciques. L'administration des breuvages , dans cette maladie, exige beaueoup de prudence , lorsque la gene de la respiration est considerable , on devra les verser doucement dans la bouche . par gorgees et sans beaueoup elever la lelc ; iis
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seronl coraposös d'une döcoction do racino de guimauve üt do röglisse , avec addition dc gomme et de miel. On emploiera aussi, et de preference , si la suffocation est t\ craindre , los Opiats böchiqnes composes de poudre de röglisse, de guimauve et de gomme delnyecs dans le roiel; on prescrira des fumigations et des bains de vapeurs. apres iesquels on frictionncra vivement !e malade et 1c couvrira de couvertures de laine bien cliauffees; des lave-mens , la diete severe , l'eau blanche seront des accessoi-ros (ves-utücs. il sera aussi important de raeltre le ma­lade dans une etabio tenue a.une douce temperature.
Des que ces moyens duront calme l'inflammation et diminue la fievre , il faudra recourir aux medications re­vulsives et pertubatrices : on appliquera done un large sinapisme sous la poitrine, et des qu'i! aura produit un engorgement assez considerable , on dem le scarifier et laisscr couler le sang ; on pourra encore le saupoudrer de cantharides pulverisees et remettre une nouvelle ap­plication de moutarde pour rendre la rövulsion plus active. Gelte medication ne doit point cinpechcr l'admi-nistration de la tisane, des opiats, des lavemens, etc. , elc.
Lorsque la stimulation geniale produite par 'es re-vulsifs elait un neu calmee, c'est-ä-dire, vers le troi-sieme ou quatriönie jour de la maladie, je faisais admi-nistrer ie kermes mineral ineie ä i'opiat preeiio , a la dose de vingt-cinq a quarante-cinq grammes par jour, clonnes on deux ou troisdoses, ct lo continuaisjusqu'a un mieux marqiie; ie pansement des sinapismes etait regulieremenl fait avec de la graisse ou de I'onguent suppuratif; les breuvages de tisane ütaient aussi donnes entre les priseraquo; d'opiat. Le regime elait analogue ü celui prescrit pour la bronchite.
Le tartre stibie dissoul dans la tisane , a la dose de seize a vingt-quatre grammes elendu dans six lures de
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48inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PATIiOLOGIE KOVIXE.
liquide, donnö Irois doses dans une journee et continue jusqu'A la convalescence , a , depuis quelques annöes , remplac6 tres-avanlogensement le kcrmes. Des velcrinai-res ont admiuisträ Temeliqne dissoul dans une tisane Ijt'chique adoucissante, immedialcment aprös la saignec , alors meine qu'il y avait encore Gevre, inflammation , etc., etc. , et assurent avoir reussi. II en est möme qui n'ont pas saigne avant d'adminislrer ce rcmede. Quelque confiance que m'inspircnt ces Messieurs , je ne suivrai pas leur imithode curative, je crois qu'il est pins prudent d'etre mains nclif, surtout s'il s'agit d'un animal tres-jeune et plus ou moins sanguin ; jc dis plus, si apres une premiöre saignee la resolution ou quelques mouvc-mens critiques sc manifestent, il faut se borner ä Temploi de boissons adoucissantes, des lavemens, de la diete et l'cau blanche. Pourquoi empecher une crise salutaire? la nature fait souvent bien , cependant il faut par fois la guider. et l'aider, e'est ou git le talent du medecin , e'est I'occasion ou le moment urgent d'llipocrale. Je re­sume ici en un mot mon opinion sr.r le trailement do rinflammalion du ponmon :je crois les evacuations san­guines indispensables, memo le troisierae et quatrierae jour, pourvu quo le pouls conserve de la force ou de la tension, ou de la duretö, et qu'il n'y ait nulle moileur critique a la pean. Ces saiguees doivent etre moderc-incnt copieuses dans I'cspece becuf dnnt le temperament est moins sanguin que cclni du cheval. Elles doi­vent lt;Hre moins abondanlcs aussi dans les animaux tres-jeunes, dans les vacbes et dans les bestiaux Ages. Puis ensuile , j'ai une grande conliance duns le tartre stibiö , j'en ai obtenu de bons effels, mais je repugne de l'em-ployer sans saignccs prcalabies, j'ai quelques preuves qui ne militcnl pas en sa faveur , et beaucoup de medecins recommandables et savans pensent ainsi. Je rcviendrai sur ce point en trtiitant de la pleurite.
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Enfiii si des fails etaient encore necessaires pour appuyer mon opinion sur l'efficacitö des saignees dans la traile-raent de la pneumonite, je pourrais citer quatre obser­vations de pneumonites aigues gueries par les saignamp;gt;s et les tisanes bächiques adoucissantes, publi^es par M. Joua-naud , v6l6rinaire tres-recommandable, domiciliO tl Sainl-Cer(5, departcment du Lot (').
sect; 2. De la pneumonlle chronique.
Columelle et Vögece n'ont sans doute connu que la phthisie pulmonaire , qu'ils nommaient coriago, et se sont bornös ä indiquer des remedes contra cetle maladie. Le premier dit, liv. 6, chap. 14, traduction de Cothe-reau. laquo; C'est une griefve maladie quand le poumon est ulcürc; car ils en deviennent maigres ct cliques ( les bocufs ), allant tonjours en definant et ne font que tous-sir. Afin que cette maladie ne soit mortelle, il faudra mettre dans I'oreille percee , comme j'ay diet , de la ra-cine de condrier bruslee ; puis mesler du jus dc poireaux environ trois possons, avec autant d'buile et avec trois demi-sextiers de vin , lui faire avaller cela ä plusieurs Ibis. raquo; Vegece n'est pas plus explicite ; on lit, liv. 5, Mcdecine da hosuf, traduction de Bernad du Puy-Mou-clar : laquo; Antre mal du beeuf s'appelle catarre, et est lon-gue distillation sur les poumons, de laqueile iceulx etaut ulceres, la bete amaigrit grandement et avec toux fas-cheuse devient pbtisique et en cbartre, qui n'est maladie de petite importance , ä la quelle remede tu prendra ra-cine de consoude , avec jus de poreaux et d'huile, de chaeun demy-septier et luy en fera boire pendant plu-
(quot;) Journal de Mcdcciuc Vet^riaalre thdorique et pratiiiue, anude
1853, lüigc 571.
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486nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; PATHOLOGIE UOV1NE.
sieurs joars a tiede , le matin, avec tin posson de fort bon vin. raquo;
On est etonne ensuite du silence des agronomes an-ciens et meme de eclui d'Oiivier de Serres, sur une affec­tion aussi grave ; Rosier n'a connu aussi qua la phthi-sie pulmonaire, il dit, tom. 7 de son Diclionmiirc d'Agri­culture , que cettc maladie est une ulceration du pouinon avec ecoulemciit de pus par !es naseaux du boeuf, qu'ii attribue ä findammation des poumons et croit pen cura­ble ; cependant il iiidi(|uc les brenvages adoucissans, les infusions de lierre terrestre, 1c bäume de copahu , etc., etc. Je ne cite ni Robinet, ni Boutroic, ils ne nous ap-prendraient rien , mais il n'en pent elre ainsi de la pu­blication du savant Huzard, instTee dans les Instructions vetörinaircs, annee 1794 ; ni de celle de Fromage de Feugre, torn. 5, page 5:28 du Dictionmire d'Agricul­ture , qui renferment des documens precieux. Cepen­dant leur analyse pouvant m'entratner dans de trop longs details , j'en citcrai les passages los plus importans , cn traitant de la phthisie pulmonaire dont ils parlcnt plus speciaiement.
De mes reclicrches et do ce que j'ai observe, jo crois pouvoir deduire que la pneamonite chronique presente, dans 1c beeuf, divers modes de developpement assez dis-tinets : ainsi eile pent succedor ou etre consecutive ä une inflammation de l'apparcil respiratoire , c'est la piteunw-nile chronique proprement ditc. Elle peut aussi eire es­sentielle , primitive, sc developpcr pour ainsi dire d'em-blee, mais Iciitcmenl, dans l'ombre et progressivement sous l'influence d'une predisposition speciale, comme le fait toujours raffection tuberculeuse ; mais ne se mani­fester par des symptdmes graves que lorsque les lesions qui cn sent la consequence , enraient les fonetions essen-lieücs ä la vie de l'auimal qui en est atteint; c'est la phthisie tiiberculmse, Ces propositions 6tant elablies, il
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PATHOLOGIE raquo;OVINE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;487
me reste ä döciire ces tleux varietcs de la phlegmasic chrooique du poumoD, pour prouver leur existence.
La pneumonite deulcropathique ou chronique, n'ötalt pas mt'coiin'.iO de Hazard , ni de Fromage de Feugrö ; on trouve , dit l'ancien lnspecleur des Ecoles vöterinaires, deux etats bien diltercns de la poitrine a l'autopsie des bestiaux qui ont peri de la pommeliere ; dans certains cas, les poamons sont vohunineux , entiers, ils ont con-tracte des adhörences avec les plevres costales et diaphrag-matiques, on les trouve engorges, epais , durs , lonrds et formant pour ainsi dire des masses charnues, endur-cies, etc., etc.; c'est rh^patisalion. Cet etatest, selon Huzard , le propre des vaches qui meurent ä la premiere altaque de la maiadie. 11 a voulu sans doute parier d'ime pneumonite aigue passee ä un (itat chronique , mais qui n'en est pas moins promptement mortelle, ou exprimer certains acces d'une indammation aiguö entee sur l'etat maladif chronique deja existant, et que determinent les causes les plus legerem; maisees t'pip'iönomenes sont plus particuliers ä la phthisie tuljerculeuse; aussi les ferai-je connaitre en decrivant cellc maiadie : Fromage de Feu-gre signale aussi un etat de desseclicmcnt, de rapelissc-noent, de lletrissure et d'induration du poumon , qu'il dlstingtte de l'affection tuberculeuse avec ulccration des poumons.
En effet, si Ton röflöcliit ä la frequence des bronchiles, des pneumonites et des pieuriles dans le banif, laquo; la ten­dance que doivenl avoir ces maladies ä passer a l'etat chronique dans un animal d'un temperament bien moins sanguin que le cheval ; ä la predominance du tempe­rament lyinphatique si marquee dans beaueoup d'animaux de cettc espece, cette proposition ne sera plus l'objet d'un doute. Le silence des veterinaires sur cc cas tient ä la negligence que beaueoup mettent ä tenir note esacte des maladies qu'ils observent; mais si dans noire pauvrete
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488nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PATHOLOGIE OVINE.
nous recouronsaux ecrits lumineux dc certains medeeinrf, nous vcrrons que si M. Laennec et quelques autres au-leurs out doutö de rcxistence de la pöripneumonie chro-nique essentielle , il n'en a pas (516 ainsi de MM. Andral, Bayle , (quot;honiel , Broussais, Boisseau , Bouillaud, etc. , etc. Ces savans ont publie snr ce cas dei observations et des 6crits qui mettent 1c lecteur parraitcmont ü memc de distingucr la pneumonite chronique de la phlhisie tuber-culeuse.
Le passage de la pneumonite aigue a I'etat chronique est frequent dans les bestiaux lymphatiques, chez ccux qui ont la poitrine (itroile, I'encolure grele; ainsi que dans les vaclies qui out porle plusieux veaux ou qui ont etc epuisecs par la secretion du lait long-temps conti-nuee. L'habitation dans les lieux humides, les valld'es brumouscs, les elables basses et malsaines y predisposent les betes a grosses cornes ; il en est ainsi d'une alimen­tation aqueuse , pen substantielle, des travaux qui exce-dent les forces, tontcs causes qui diminuent peu a peu , mais continucllement l'önergie vitale et les forces conscr-vatrices de l'^conomie. Aussi dans les animaux soumis ä l'influence de ces causes, comme dans ccux oü il existe une predominance lymphatique tres-marquöe, n'observe-t-on presque jamais d'inflammations franches , la r6ac-lion presque toujours pen energique avorlc et lend ä passer ä l'ötat chronique , sans qu'il y ait toujours pour cela une diathese tuberculeuse , aussi ce genre de phlcg-masie produit-il I'li^patisalion , desadhercncescelluleuses, des infiltrations. etc., comme dans les deux observations rapportees pages 468 et 470.
Parmi les causes les plus efficaces dc cetlc variete de la pneumonite, je citcrai le froid humide agissant subi-tement sur reconomic ; un travail fatigant par un temps pluvieux ou brumeux , l'humiditö atmospherique refou-lant la transpiration cutanee , cxcit^e, augmentee par
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cet excrcice insolite. üne hömorrliagie accidentello des poumons est assez fröfji'.emment suivie tie I'inflammatiou chronique de ces organes; enliraquo; un traitcmerit anti-plilo-gistiqne timidcment pratiquö, fait anssi degenerer une inflammation aigae en une rnaladie chronique; ainsi ceüo variete de la pneumoiiite pout etre essentielle ou secon-daire.
J'ai cite plus haut une observation de pneumoiiite avec terminaison par induration rouge du parenchyme des or­ganes respiraloires, et une aulre observation qui con-tient l'expose de tons les caracteres anatomiques de la pneumonile chronique, j'y ajouterai le fait snivant : ces trois observations me paraissent süffisantes pour faire connaitre les symplomes et les signes diagnosliques de cetle variete de la pneumonite.
Le 9 mai 1825 , je fus appele par le metayer des Yio-liercs, commune dc Saint-Florent (Yendee) , pour visi-ter une vache malade dcpuis environ un mois. La bete ogee de cinq ans , etait dans un (Hat de maigreur assez avanc^c, une foux seche et faible se faisait frequemment entendre; les flaues etaient agilös , I'inspiratioD enlre-coupüe et l'expiralion un pen plaintive ; ces symplomes etaient plus marques apres un leger excrcice , je remar-quai en outre que la malade se tenait presque toujours debout. Le thorax percutö donnait un son un pen mat h sa partie inferieure, ä I'auscuUation le bruit respiratoire n'elait pas net , on disfinguait cependant un leger rale crepitant que j'attribuai ä un elat d'engouement du pou-mon. Le pouls 6tait faible quoique un pen accelerö , les muqneuses apparentes poles el infiltrees, la peau seche, les oreilles et les corncs froides, l'appetit etait de beau-coup diminue et la rumination rare , les excremens ra-mollis, les urines ä i'etat normal, le secrelion du lait presque taric, cependant ce liquide no presenlait aucune alteration physique.
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Le uiclayei' m'assura qnc la malade n'avait jamais tile jilus agilee (jiii! inaiiilcnant et que l'd'lat de langueur claiis lequel etait edle vache , avalt ete le memc depuis le tlebut de la maladie dont nous ne pümes decouvrir la cause, jusqu'au moment oü je la visitai.
Diagnostic. Pneumonile ebronique cssenlielle.
1 ronosik. Douteux.
Traitemenl. Je passai im seton au fanon , je l'animai en trempant le ruban de 111 dans de l'essence de tere-benthine et le roalant dans de la pondre de cant'iarides; i! produisit nne forte revulsion et Tut ullerieureinent lo-iionne avec la decoction de mauves et pansö avec de la graisse. J'ordonnai one tisane b^chique-toiiiqae, compo-see d'unc decoelion d'orgc mondö et de racine de reglisse dans laqaelle on mit infuser de l'absynllie ainsi que du lierre terrestre et que l'cn ödulcorait avec le miel ; on en donnait L-ix litres par jour en frcis doses. J'indiquai aussi dos fumigations do vapours ömollientcs que Ton di-riiicait dans les niuir.cs; on bonclicnnait ensuite forte-meat ct souvent la malade , puls on la tenait enveioppee dans nne couverture delaine; el!e fut abreuvd'e avec I'eau blancbie et nourrle avec l'licrbe des pros et le boa foin.
Sous l'influence de celte me'dicalion lo-as Ics symptomes maladifs se dissiperent en dix-liuit ä vingt jours , celte vache reprit son embonpoint et fut vendue dans le mois de juillet suivaut, öpoquc ou je la perdis de vue.
La pneamonite chronique cst done, corame je l'ai dit, essentielle ou consecutive ; dans le premier cas , eile se manifeste d'embiee avec tour, les caracteres d'nne iillam-mation pen intense , commedans I'observalion precedente. Dans le second , la pneumonile aiguc primitive n'a jnmais ic caraetöre apoplectiqoe, ni des symptomes aussi aig;;?, aussi alarmans quo ceux indiqa^s page 475, et iorsqu'elle passe A I'elat chronique , on voit la fievre et les signes de i'inflammation diminuer d'inlensile , tin raieus assez
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sensible sc manifeste , I'appiHit el la rumination revicn-nent par boulades et incompletemcnt, mais lu göne du respire et ia toux persistent; l'amaigrissement augnaente, i! devient h Ia fln squeletteliquo ;' la secretion du lait d'abord tres-dimiiuice , se tarit promptement; la peati est aride et collec aox parties sons-jacciiles, les muqueu-ses apparentes sont püles et infiltrees; iesextremites frol-des, l'air expire glacial. J'ai vn survenir dans quelques booufs nn engorgemerrt ffideinalcux qui s'ötendait depuis Tauge jnsqu'au fdnon et ressemblait parfaitement ä la bouteiüc du moulon cachectique. La digestion est plus ou moins alteree , une diarrliee d'abord muqueuse , puis colliquative annonce jne niort prochaine, et Ia clureo de la maladic varie d'un a quatre et six reois, car eile se prolönge beaueoup moins que la phlbisie taberculeuse.
On observe dans celle maiadie diverses lesions quo je crois devoir faire connaitre , cc sont : 1deg; Vengouemeni du poumon, plus frequent du reste dans la pneumonite ai-gue, il sc distingue a la toux petite, a I'oppression, au gene do la respiration , an pools embarrass^ , ct surtout ä la sonorile moindre du thorax et au rale crepitant; mais si la resolution de ce plienomene maladif s'opero, coramc cola a eu lieu dans I'observation precedemmont citee, lo rule crepitant devient do moins en moins sensi­ble , le bruit respiratoire plus appreciable et la toux op­pressive so dissipe ; 2deg; Vhepaiisalion , die cst la suite do I'engouement, 1c rale crepitant fait aiors place au bruit rQspiratoiro , la poitrine foarnit un son mat et la toux est avortee (page 408 ) ; 3deg; Vinduration , donoe a pen pros les memes signes diagnostiques quo i'hepatisation , mais on la suppose quand la maladic cst plus ancienne; i0 dans Vinfiltration sdretiseda poumon (page -i-TO ), les mouvemeus de la respiration sont analogues ä ceux des flaues des clicvaux poossifs et la toux est legere ; cet elat est le propre des animaus iympbatiqucs, cachccliques ,
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aussi los symplomes inflammatoires sont-ils presque nuls; 1c bruit respiratoire est faiblo, le rMo crepilunt humide, il semble quo de grosses bullcs d'air sont deplacöes ; enfiiraquo; la matilo csl moins marquee aux parties supericurcs du lliorax ; 5deg; los liydalides du poumon sont aussi quelque-ibis concomilantes ä cette maladie ; mais ces etitozoaires se rcuconlrent le plus souvent dans )es besliaus affaiblis , degrades par le travail, on par unc nourrilure iusuffi-sante, peu alibile et dans les vieilles vaches epuisd'es par la gestation et rallaitement; I'hydatide est racephalocystc de M. Cruvcilliier, qu'il a reconnu etre si frequent dans !es poumons et le foie des ruminans; le kyste qui I'enve-loppe u'est qu'une modification du tissu cellulaire ambiant, ou Lien encore de la sercuse viscerale ; i! a quelquefois la consistance du fibro-cartilage, certains auteurs ont pre-tendu qu'apres leur rupture les hydatides devenaient 1c foyer ties concretions lophacees que j'ai signaltes page -172 , ligne 25. Ce plieuomenc morbide est loin d'etre pour moi la preuve d'une identite entrc le kyste acepha-locysle ct 1'affectJon tuberculeuse; car le premier semble jouir d'une vie individuelle , et le second n'est qu'un corps 6tranger; Tun est rarement suivl d'un travail dö-sorganisateor dans les parties environnantes , I'aulre agit ;i la maniere d'un corps irritant qui entraine des desor-dres speciaux , je veux dire les cavites cavcrneuscs de la pliiliisio. II est supposabie que lorsque le tubercule suc-cede ä l'hydaticie , il pent exister en memo temps dans reconomie une diatliese tuberculeuse, et que le depot do la matiere topliacec se forme lä oü il existc unc irritation locale determinante ; de meme qne I'existence simuKance d'liyda tides et de tuberculesdanslc memo poumon pent avoir lieu sans rapport de causality entrc ces deux lesions morbi­des. Quoi qu'il en soil de l'origine e%l de la nature de I'ace-plialocystc, toujours est-il que les signesdiagnostiques en soul fort obscurs et qne la presence do cct entozoaire ne
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produit d'accidens que lorsque son duveloppemcnt cst tel (Hjquot;il gene niecaniquemcnt l'aclion de l'organe qu'il a cn-vahi et qu'alors encore dans le cas qui nous occupe , on pent le confondre avec rinfiltration du poumon.
Ayant fait connailre dans les 4m0 et ome observations, plus haut cift'os , ä peu de choses pres, tout ce que I'aulopsie fournit de lesions, je n'y reviendrai pas.
Le traüement otfre peu de chances de guörison et le succes inattendu et je dirai presque insolitc que j'ai ob-tenu dans robservalion du 9.mai 1825, prouve seule-meut qnc j'ai etö assez heurcux pour saisir la maladie ä son debut, alors que nulle lesion grave , nul desordre constitutionnel n'existait dans les poumons. Ce n'est done que duns le principe de la pneumouite cbronique , ou encore lors du passage de la peripueumonite de Tetat aigu a I'etat chronique que le velerinaire pourra compter sur refficacile du traileraent.
On voit que j'ai base mes moyens therapeuliques sur les rövulsifs actifs et profonds , comme les sötons quo Ton placera soit au fanon , soit sur les parties laterales de la poitrinc ; mais le fanon cst preferable , en ce sens qu'il ne tare pas I'animal , ne nult pas a sa vente , comme le feraicnt ceux que Ton passeräit sur les cotes et dont les cicatrices sent presque indclibiles. Les tisanes bec'ni-ques-toniques sont generalement recommanddes. On a vante le lichen d'Islande en medecine humaine, peut-etre quo le lichen indigene aurait les raemes succes sur les besliaux. Le lierre tcrrestre , I'absynlhe , les muciia-gineux , le miel , unis ä un regime nourrissant et d6-layant , mais surtoot l'eloignemcnt des causes preciispo-santes et occasionelles sont les reraedes ä opposer h la pneumonite chronique. Si on parvient il amelioror la iante du boeuf malatle , il est rationnel et conscieucieux de conseiller au proprietaire de le nourrir pour le remeltre en chair ct le vendre ensuile pour la boiicheric.
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Qaoique je n'aie jamais essaylaquo; de römötique en lavage daris cette circonstance , jo crois qu'cmployö au debut do la maladie , ii aurait le mime succes qua dans la pneu-monilc aiguö, el quo Ton devrait, apr6s les setons placi-s au fanon , I'unir ou 1'etendre dans la tisane böchiquc-tonique , parcc quo les boeufs buvant toujours 1'eau blan­che avec repugnance ou difficult^ , on ne pent espärer qu'iis 1c prendront d'eux-mömes; la dose de ce medica­ment est de linit grammes par jour.
sect; lt;quot;). De la phlhisie tuberculeuse.
Quels quo soient les doutes et rincertitude qui rcgnent encore sur la nature et !es causes de cette affection tics poumons, je nomrr.c phlhisie pulmonaire ou tubercu­leuse une maladie chroniqne dos organes respiratoires dont le principal caractere anatomique est la presence des tu-bercules dans le parencbyme des poumons. C'cst le tabes phtisis des Latins, le phiisis des Grecs, quo Ton nomme aussi pommclicre en veferinaire , dans une grande partie de la France ; eile est tramp;s-frequente dans i'espece bceuf et surtout dans les vaches des nourrisseurs ou marcbands de lait de Paris el de qnelques autres grandes villcs. Plu-sieurs anteurs vetcrinaires out public sur eile dos Merits plus ou moins lumineux dont je citerai les opinions et les passages uliles ä l'exactitude de cette monographie.
Symplömes. Cette maladie se declare le plus comma­ndment en automne, aprös les grandes chaleurs, ou en­core ä la fin de l'hiver et au commencement du prin-temps. Elle s'annonce par le herissernent des polls, la sechcresse de la pea;-, et une s6cr6tion moins abondante et parfois interrompue do la serosite qui humeclc le mufle ; quelque temps aprös, ii so manifeste qnelques legers acces d'une toux d'abord faible et rare , puls rau-que, penible, trainee, rälanle el sans expectoration.
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Si avec ccla 1c boeuf atteint a la poltrinc ötroilc, le ven­ire volumineux et qu'il soit liaut moiU6 sur jambes, la prösomplion qu'a fait nailre la toux deviendra la cerli-imle d'une phthisic commengante. Oetlc loux , qui ne präsente pas de suite tous les caraelörcs que je viens d'in-diquer , augmente de gravite avec les progres de la ma-ladie et devient de plus en plus caractäristlque; il semble, quand la maladie est mi pen avancöe, ([iie l'air contenu dans les pountons est expulse leniement et avec gone. Les acces se rapprochent de plus en plus, inais ils sont toujours plus fröquens le soir ; cetlo toux est toule par-ticuliere et speciale ä la phthisic; il Taut, tiü avec raison iiuzard, l'avoir entendue pour s'en faire unc juste idee. Ce symplöme est pendant long-temps 1c seul qui puisse faire soupgonner l'existeuce de la phthisie , commeje l'ai dit page 351 , car toutes les fonetions paraissent s'exe-cuter d'une maniere reguliere , ä ragitation , au trouble pies des mouvcmoiiS' des flaues, et l'on voit meine cer­tains auimaux preiidre de rembonpoint. Cet etat peu grave el seulement iuquielaiit dans le plus grand nombre de cas, dure quelquefois uue, deux, quatre annöcs et plus, si quelques causes uc viennent döterminer une phlegmasie accidentelle d6s poumons, c'est-ä-dire une pneumonite aiguä , entee sur une maladie chroniqne de ccs organes, dont je citerai plus loin des exemples. Mais ces ('-piplienomenes morbides n'ont jamais un caractere aussi aigu que l'inflammation essentielle et franche de ces visceres,. malgre qu'ils soient quelquefois mortels, car il en est beaueoup de curables, mais qui out uue marebe lenle et laissent le beeuf qui en a ete atteint un pen plus faible qu'avant, parce qu'ils augmentent la gravity des lesions qui envahissaient deja les visceres de la poi-Irii'.o. On a vu memo ccs peripneumonics se renouveler une, deux fois et plus , sous rinfluence de la plus le'gcre cause , en raison de la susceptibility acquise de l'organe;
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mais , comtne jc viensde le dire , los lesions quc laissent ces tittaques reilerd'cs amciioiit nocessuirenieiit le deporis-sement progressif de I'animal, la fievro heclique ct la moil. Aussi existe-t-il h la suite de ces acces une irregu-gularite de la respiration de plus en plus apparente ; j'ai vu parfois l'inspiration elre penible, s'executer en deux temps et respiration e!re courte, comme si les poumons s'affaissaient toul-ä-coup ; d'autres fois et M. Delafond ic siguaie aussi , I'inspiratiou est courte et reguliere, l'expiration grande et entrecorpee. 3'ai cru avoir cons­tate que Ic premier mode d'irregularite des mouvemens respiratoires tenait a I'existence d'une grande quanlitö de tubereales ä l'elat de erudite, envaiiissant le pareu-chyme pulmonaire et les deux faces du diapiiragmc , dont le poids, souvcnt considerable , est un obstacle a vain-cre par les puissances inspiralrices; que le second genie d'alteration s'observait lorsque les masses tuberculeuses etaient ramollies , uicerees, ä l'etat de vomique en un mot, parce que la pliicgmasie ct la sensibility que deter-minent quelquefüiscelte fönte tuberculeuse s'elend sur les plevres et les parois du thorax. Le pouls devient aussi de plus en plus lent , apres cos acces de pneumonite secon-daire , quoique le Coeur baltc avec force ; le mode de pulsation des artöres indiqoe parfois'un etat d'engouc-menl qui n'est que la consequence des obstacles que les lesions qui existent dans les poumons apportent ä la cir­culation et que j'ai vues si nombreuses et si graves que le malade etait menace d'asphyxie apres le moindre exer-cice.
Enfin apres une gu plusienrs pneumonites secondaires ou par le fait d'un etat de souffrance plus ou moins an-eien , et durant lequel Taüimal pent encore travailler, mais tousse contiouellcment, on voit l'enabonpoiut faire chäque jour place h la maigreur, celle-ci au marasme et ä une etisie squeleltetique , qai se manifeste progres-
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sivemont et au fur et mesure que la phthisic fait des progres. C'est alors et möme avant que les ganglions lym-phatiques des aines, des ars, des regions parolidiennes envahis par I'inGUration tuberculeuse , se monlrent vo-lumineux , durs , mais insensibles. Cependant malgrt; la debiiite toujonrs croissanlc du malade l'appetit persiste, mais la rumination s'execute lenlement et incomplele-ment; tous les mouvemens semblent ötre penibles, le travail , d'abord promptement fatigant, devient impossi­ble ; on remarque aussi que le malade resle constamment dobout et que s'il se couche, il ne s'dtend pas apres s'etre relevö, comme le font les besliaux bien porlans ; que le dos est raide et se courbe meme quelquefois en arc. J'ai vu, comme dans la pueumonile chronique, sur-venir , dans quelques boeufs, roedeme de Tauge ou la boutcille; toutes les rauqueuses apparentes sont alors päles et infiltrees; le malade est dans un etat cachcc-tique ; on trouve ä l'autopsie des hydatides dans les pou-mons , des 6panchemens söreux dans les plevres et le pöricarde qui compliquent l'affcction tuberculeuse. Dans tous les cas, on voit , ä cette periode de la maladie , la fievre hectique se declarer, on observe des frissons va-gucs, avec froissement aigu des dents, surtout le soir, et toutes les extrömites sont froides; il existe quelquefois des empbysemes crepilans sur le dos et les lombes, la peau se colle aux os , la secretion sebaeöe des ars et des aines est supprimöe ; les mamclles se flelrissent et le lait cesse de couler. La maigreur est hideuse, les yeux s'en-foncent dans les orbites, ils sont larmoyans et chassieux; il decoule de la bouche unesalive visqueuse, fötide, et des narines un flux ichoreux et infect; l'air expire est froid et d'une odeur cadavöreusc; la vie semble s'exhaler len-tement, Une diarrhee colliquative se declare et presage une mort prochaine , qui a lieu sans convulsions ni Iiiltcs.
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Eh traitant de la pneumonite chronique j'ui indiquo cc (ine l'auscultation et la percussion fournissaienl de signes pour faire connaitre la nature et l'etat des lesions de la poilrine. Dans la phthisie tubercuieuse , il y a niatitö de la poilrine et absence du bruit respiraloire lä oil exis­tent les masses tuberculeuses; la sonorite est, au con-traire , assez marquee quand les poumons renferment de vastes ulceres, des vomiques ouvertes; on dislinguc memo nlors un rale caverneux qui est d'autant plus appreciable qac I'mceration des poumons est plus considerable ct plus avancee.
On a indiquo comme signc diagnostique la doulcur qu'eprouve I'animal, lorsqa'on exerce une forte pression sur les parois de la poilrine , surtout a la region xipboi'de du sternum et en arriere du coude : quelques observations m'a.vaient fail croire ä la speciaiile de ce symplöme, mais dc nouvelles recherclics faitcs sur des boeufs plilhisiques an dernier degr6 el qui iraccusaient aucune doulcur dans ce cas, m'ont prouvö que cc signe est pen fidele. En effet, loutc douleur des parois de la poilrine doit se rapporler aux plevres, les poumons etant insensibles par eux-memes, ce symptome ne pent done exisler que lorsque une in­flammation des plevres plus ou moins aigue complique la phthisie tubercuieuse ou lout ou moins la fonle suppuralive des vomiques.
J'ai remarqiiö que celte maladie avail beaucoup plus de duree dans les vaches des nourrisseurs de Paris et des grandos villes , quo dans les bestiaux qui vivent partie dans les päturages sous rinflucnce d'un air vif ct excitant ct partie a la creche. 11 existe en effet dans cos animaux plus de reaction vitale que dans ceux continucllcment en-louresd'une atmosphere stupefiaule, saturee de gaz acide carbonique ; les premiers d'ailleurs sont exposes frequem-ment ä toutcs les inlemperies des Saisons et par conse­quent susceptibles d'6lre frequemment alteints dc ces
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pneumonitcs aiguös compliquant l'affection ancienne et parlant morlelles. Ces mumcs vaches de nourrisseurs rneurenl rarement de la phthisic avant l'äge de irois ans , eiles perissent plus ordinairement vers huit ä dix ans.
Los vaches phtbisiques sent aussi plus ('röqucmmeut cu clialeur que celles qui sent saines , il en est meme qui sent continueliemeat en rut [manic vemrienne) et 1'etat de gestation ne fait pas meme toujoms cesser Torgasmc genital; aussi avertcnt-elles fiequemment. Lc lait des vaches atteintes do cetle maladic est souvent altere et se tournc facilement; il u'a pas raromc de celui de la vache saine, vivant dans les paturages plantureux; il n'est ni aussi sain , ni aussi butireux et ne fournit memo qu'un fromage aqueux et de mauvaisc qualite. Ce lait devicnt bleu an printemps, ainsi qwe i'a observö M. Dutrosne, snrtout si le temps est pluvieux et variable.
3'ai dit qu'asssez souvent une inflammation plus ou moinsaiguC et quelqucfois morlclle, survenait, sous I'in-iluence de la plus legere cause , compliquer l'affection tuberculeuse : je vais en citer deux exemples mortels, la premiere observation seule m'appartieut; elles seront stif-fisantes pour fixer le lecteur sur la nature et la gravilö de ces epiphönomencs.
i™ Ohservalion. Pneumonite aifjue , cnlee sur une affection tuberculeuse.
Le 8 octobre 182-1-, le sieur G. , metayer ä la Jau-niere pres Bourbon-Vendtie , vint me parier d'un bocuf de labour, äge de sept ä huit ans, qui etait iomb'j ma-lade depuis qualre jours, ä la suite d'un charrois fait par un temps froid ct pluvieux et durant lequel cot animal avail eprouve un arretde transpiration. Un empirique du voisinage avail tellcment effraye cet homrbe en lui assu-rant que son boeuf etait attoint d'une peste qui I'avait frappe au cccur, qu'il avail construit a la hale une bar-raque centre une haie, oil il avail mis le malade pour
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cvitcr quo la contagion ne s'ölendit sur les autrcs bcstiaux. Je dus me rendre sur les lieux et apres avoir examinö cet anima! et reconnu l'errcur de l'empirique, je ne pus dis-suader G.; malgrö que le froid et la pluie fussent exces-sivement nuisibles ä son beeuf, 11 resta isolö et ne fut pas rentrö ä l'etable.
Symplomes. L'animal se tient constamment debout; la respiration est accölöröe , la dyspnöe considerable, la toux seche , rauque et frequente ; l'anxiötö extreme, l'expi-ration est plaintive , aecompagnöe d'un rüle sifflant avec froissement aigu des dents et le pouls est dur, plein et accd'lere. Le malade refuse toute espece d'alimens et n'a pas rumine depuis quatre jours , il est constipö , son ventre est r6tracte et les urines rares. La peau est adhtf-rente, les poils hörissös, le malade töraoigne une ex­treme sensibility quand on pince l'epine dorsale surtout en arriere du garot.
Diagnostic. Pneumonite tres-intense.
Pronoslic. Funeste.
Traitement. Saignee de quatre kilogrammes ä une ju-gulaire, tisanc de döcoction d'orge , röglisse et guimauve raiellee , lavcmens ömolliens, eau blanche que le beeuf refuse , litiere abondante et couverture de laine.
Le9au matin, le pouls est un peu plus souple; deux sötons au fanon , que j'animai avec l'onguent vösicatoire.
Le 10 mieux sensible; les setons ont produit une enorme tumefaction, et dans la journöe, il cherche les brins de foin qui sont autour de lui, il rumine et boit un peu d'eau blanche; le mötayer croyant son boeuf sauvö, ne vint pas m'en parier , mais le 19 , il me fit demander par un de ses enfans de l'onguent suppuratif pour panser les sötons, c'est de lui que je sus ce qui s'6tait passö depuis le 9 : il tousse cependant tres-souvent, me dit ce com-missionnaire. Le 23, G. arrive chez moi, laquo;mon boeuf est perdu , rae dit-il, il tousse toujours beaueoup et faillit
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chaque jour, vcnez done le voir encore. raquo; Lc malade avail considörablement maigri, la peau ötait aride, coiice aux os , les ars et les aines ötaient dessdJches, le poil hörissö, les yeux enfoncös dans les orbites, le mufle sec ; !a toux . frßquente , quinteuse , rauque, trainante , mais iaible, eile fatiguait excessivement le malade , dont les mouve-mens des flancs tflaient semblables ä ceux des chevaux poussifs ; les ganglions lymphatiques des aines ötaient en­gorges et durs ; j'teoute , absence totale du bruit res-piratoire, mouvemens du occur forts et tumultueux; je frappe le thorax, matit(5 presque g6nera!e. Le pouls cst embarrass^ et frequent; la bouclie est chaude et seche, les muqueuses apparenles infiltrees ct colonies ; i'appötit cst presque nul , la rumination tres-rare et de peu de duröe ; les exerömens durs et converts de mueositös.
Diagnostic. Phthisic tuberculeuse.
Pronoslic. La maladie est incurable et la mort pro-chaine.
Le mötayer donna encore quelques litres de tisane ä son boeuf pendant deux ou trois jours , puis il l'aban-donna et environ quinze jours apres, cet animal fut trouvö raort, j'en fus prövenu.
Vaulopsie fut faito le soir h la hate et au milieu d'un champ : döcubitus lateral gauche , maigreur hideuse et gcnc'rale ; le boeuf eät mort par asphyxie : quelques traces d'inflammation chronique existent sur la muqueuse de la caillctte et quelques portions de l'intestin grele. Les gan­glions lymphatiques du mösentere sont dans un ötat iar-daeö et infiltr(5s de matiere tuberculeuse, melöe ü quel­ques granulations melaniques. Lc lobe droit du poumon nc formait qu'uno masse de tubercules ramollis, mais Bon ouverts ct de difförentes grosseurs ; le lobe gauche ötalt envahi par une hiipatisation grise ä son centre et rouge h la circonference existant pres des racines du poumon, eile olait mOlue de quelques tubevcules , nn
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seul, gros comme im oeuf de pigeon, occnpait 1c centre de cette masse. Los ganglions bronchiqnes ötaient infiltrös de matieres tuberculeuse et meianique. Le sac peri-cardien contenait uno serosite citrine assez abondante , sa sereuse ötait injectöe , ainsi que ies vaisseaux coro-naires du cocur. La pluic, le froid et i'approche de la nuit rae firent abandonner la parlie.
2deg; Observation. Pneumonite aigm enleesurune affec-iion tuberculeuse ancienne, compliquee de synovltc ct suivie de mort dans un taurcau de seize mois.
ün taureau de quinze mois fut achete le 14. septembrc 1831, en foire, par un proprietaire du departement de la Dordogne ; cet animal fut amene avec un autre tau­reau die:: son nouveau mattre et fit un trajet do six myrinmetrcs. On lui pratiqaa le 19 une saignee de pre­caution , I'aiiimal paraissant jouir d'une bonne sante. Le 27, il fut rcconnu malade; dcgoüt, frissons, mufle sec , pouls plein, embarrasse; saignee, breuvages bechiques, lavenjens emolliens. Le 28, exasperation des symptomes, ?aignee ; 29 , rule , dyspn^e ; seton au fanon , vesica-loire sur les patois du thorax, memo medication;: 50, etat pirc , saignee. Le Ier ct 2 octobre , deux saignecs dc irois kilogrammes, up pen de calme, pouls plus souple, räle moins fort. Le 3 octobre , saignee ä l'artere coccy-gienne , suppuration au seton et aus Ycsicatoires; mieux marque , nn pen d'appetit, rumination reparaissant par intervalles ; mais toux frequcnte qui avail paru des le pi iiicipc de la maladie ct continuait a faliguer I'aniraal qui restait constamment deboui, la te'ebasse; la locomotion eiait en outre penible et difdcile. Cetlc apparence de mieux conlir.ua jusqu'aa 13 octobre , epoque oü ce tau­reau s'etant detache se prit la tete entre des pieces de bois et cut p(5ri si on ne l'eüt secouru. Cet accident ayant fait reparaitre tons les symptomes precedens, on lui pratiqua deux saignees en deux jours, mais comme
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ellcs no produisirent auciiii effot salutaire, lanimal fut ubandonnö aux soins du propriötaire qui lui donnait de l'oau blanche, olc., etc. Le 28 octobre , 1c marasme et la faiblesse ötaiont lols qu'il pouvait ä peine so tenir de-bout; 11 mourut enfin le 9 novembro, aprös quarante-trois jours de maladie.
Autopsie. Decubitus lateral gauche , apres avoir en-levö le membre thoracique droit, on döcouvrit un foyer contenant du pus blanc laileux communiquant par trcis sinus, savoir : un vers le milieu de la premiere cote., l'autre a la pointe du sternum et le troisieme ä l'articu-lation de la qualrieme vraie cote avec le sternum. Les surfaces osseuses etaient necrosees, noiratres et s'exfo-liaient. Le thorax etant ouvert, le lobe droit du poumon adhörait ä la plevre costale et diaphragmatique. Sa sur­face t'tait parsemöo d'une multitude de tubercules de diverses grosseurs. II recelait plusieurs clapiers ou foyers dcramollisscmcnt contenant une matiero grisAtre et assez coDsistante.
Le poumon gauche contcnait aussi beaucoup de foyers de ramollissement remplis de matiere grisatre plus con-sistante. La liuilieme vraie cötc presentait une exostose , necrosee.
L'animal etait des l'instant de su maladie atteint d'hy-dropisie de toutes les articulations des quatre membres qui le faisaient boiter tantot d'une jambe et tantot d'une autre.
Ri'llexions. Ce veau fut achetö avec un autre veau du memo age et soumis aux memes influences , ils furent saignös tous les deux le 19 septembre, sans nöccssitö et seulement parce qu'ils ötaiont tres-gras. L'un d'cux n'en fut nullement indisposö , mais celui qui fait l'objet de cette observation, ayant los poumons envahis par une affection luberculeuse et chez lequel l'hömatose 6tait nöcessairement raoins complete , en eprouva une reaction
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patliologique qui devint trös-intensc et detefmina des symptomes de pneumonitc par 1c fait des tuberculcs qui etaient lä des corps strangers et des irritans locaux ; d'oü s'cst suivi le ramollissement , les clapiers et ia mort. Le döpöt sous-scapulaire , les Iiydarlhres ne sont que des effets concomitans de raffection tuberculeuse , et quand on pense que cet animal a subi sept saignöes du 27 sep-tembre au 5 octobre , est-on ölonnö des progres du ra­mollissement et des symptomes de pneumonite. Un accident arrive le lo octobre , douze jours apres on pratique en­core deux saignees, alors survient le marasme qui amenc la mort par consumption vingt-quatre a vingt-cinq jours apres; ce rösullat doit-il surprendre , apres neuf saigntes qui enleverent an moins vingt kilogrammes de sang en quarante jours ä un animal de seize mois I
Lesions cadaveriqucs. J'ai fait connailre une grande partie des lösions quo laisse l'affeclion tuberculeuse, en traitant du squirrhc dc la caillette, de la p^ritonitc cliro-nique et specialement en decrivant celte affection (pag. 520.)
Commc dans la plithisie cc sont les organes respira-toires qui pr^senlent les desordres essentiels , je m'alla-cherai surtout a decrire ceux que Ton rencontre dans 1c thorax ; quoi qu'il en soit, ces lesions sont touiours rela­tives ä la periode lt;\ laquelle la maladie est paryenue, lors-quc le boeuf ou la vache sont abaltus pour la bassc bou-cherie ou pour d'autres motifs , ou sont moiis de la consomplion. Ainsi, dans les premiers temps d'une phtbi-sie d'ailleurs confirmee , mais qui n'enraie pas iellcment les functions que le becuf ne puisse encore un pen tra-vailler et la vacbe fournir du lait, 6poque en un irot oil il est prudent de faire une fin , les poumons sont denscs et volumineux , ils out ordinairement conlracte avec les plevrcs des fidberences dejä organisees, celluleuses , con-tenant souvent des tubercules miliaires de consislancc va~
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riablo. L'un des poumons et; quclquel'ois Ics deux sent lourds et presentent , surtout vers Icurs racincs ou parties superieures, des masses hepalisöcs, grises ä leur centre, rouges a leur eirconförence, entourtes , melees de liquides albnmineux et de tubercules plus ou moins nombreux , volumineux, plus ou moins concrets, qui sont ou dissemines ou agglomöres en masses , mals rare-ment encore enkystös. Si Ton glisse la main sur la surface des poumons, on reconnait l'existence de ces granulations tuberculeuses miliaires dans le tissu cellulaire sous-sereux; on en rencontre aussi sur les parois costales et le dia-phragme , ainsi quo dans les ganglions bronchiques et mesenteriques qui, dans ce cas, sont plus ou moins en­gorges et infiltrös.
L'existence de ces lesions explique des-lors, 1deg; l'anhC*-lation par rimpermeabilit6 ä l'air d'une plus ou moins grande partie du tissu pulmonaire et l'obstacle que la pesanteur insolite de ces organes , due ä la pre­sence des tubercules et des indurations , oppose a l'action des puissances inspiratrices; 2deg; la toux , effet evident de i'irritalion exercöe sur le tissu pulmonaire par la presence des tubercules , toais qui, pour produirc eet effet doivent elre assez nombreux et multiplies, puis-qu'on abat toujours dans les boueberies des beeufs et des moutons dout les poumons conliennent quclqucs tuber­cules , sans qu'on ait Jamals enterulu tousser ces animaux avaut leur mort ; d'oii Von peut införcr que lorsqne la toux est intense et persistanfe , il cxislc dans le plus grand nombre de cas des concretions tuberculeuses dans le paretvehyme pulmonaire. Je ferai remarquer encore ici que cetle toux , quoiqu'elle soit quintcuse et seche , est presque toujours sans expectoration dans le prineipe de la phthisie et que le fiux nasal n'existe eine lorsqne !a maladie est plus avancC'e , ou qu'il existe un catarrhe bronchique couseculif ä i'irritalion prodüite par les tu-
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öÜlinbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;l'Al'UOI.OüIl! BOVINE.
bereutes, on enfin lorsque ces masses tuberculeuses sosit ramollies , ouvertes dans les bronches et que la matiere ((u'elles contiennent se melc ü la suppuration qui esistc sur les parois pseudo-membraneuses dos vomiques ; c'cst alors encore que ce flux est I'elide et mel(i de lineatnens sanguins.
Mais quand ia maladie est plus avancee et que ranimal y suecombe ou est abattu comme incurable , les lesions que presente la poitrine sont beaueoup plus graves. Un et souvent les deux poumons sont remplis de masses tu­berculeuses ä diflerens etats; ils out en outre contraclö de vastes adherences avec les plevres costales, diaphrag-matiques , 1c mediastin et le pöricarde au moyen de fausses membranes tuberculeuses et memc lardaeees et squirrbeuses , que j'ai signalecs ailleurs. Les tubercules existant dans le parcncbyme pulmonaire sont ou infiltres dans le lissu cellulaire qui en unit les divers ölemens anatomiques, ou enkystes ; d'autres, et c'est le plus grand nomhre , sont agglomeres en masses entourees par le tissu cellulaire ambiant qui est plus ou moins (ipaissi et organisö en membrane. De ces tubercules les uns moins volumineux, sont a TcHat concret , d'autres commencant a se ramoliir, d'autres, en etat de fönte snppurative , sont rcnferm(5s dans des kystes encore clos, iormes de pseudo-membranes d'aspect muqueux, ou ou-verts et commaniquant avec les bronches. La maliere tnberculeuse se monlrc done sous divers aspects ; la , concrete et resistant au scalpel , lei ramollie, purilbrme, qaelquefois grumeleusc et caseiforme. composee d'albu-raine aitör6c , de phosphate et do carbonate de chaux , mais toujours sans odeur quand la vomique est encore close , tandis que cette maliere est fetide , heterogene, grise , vcrdutre, melee de grumcaux jaunes et durs , ninsi que do lineamens sanguins , quand elles sont ouver­tes ; clles prescnteut aussi alors des clapiers sinueux et
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nombreux , traverses par ties brides vasculaircs recouver-les par la pseudo-membraue qni forme les parois de la caverne. Ces anfraetuosites semblent atlcster que les vo-miques les plus vastcs sont, sans tloute, formecs pnr la reunion suppurative dc plusieurs cavernes voisines et dans lesquelies on trouve des ramifications broncbiques qui sem­blent avoir ete tranchees net. Lorsqu'il esiste de vasfes ulceralions, les poumons sont fietris et tres-diminues de volume. On tronve encore, mais tres-rarement, dans les bestiaux , quelques-unes de ces vomiques dessechees et ^cicatrisees, dans lesquelies existe au-dessous de la fansse membrane qui en recouvrc la face libre, des plaques fi-breuses et meme cartilagineuses, veritable transformation de tissu qui forme la base de cette cicatrice. Une vomiquc tres-remarquable est ceile decrite par M, Maillard, eile existait dans le poumon droit d'une vacbe qui fut abattue comme incurable; eile formait une vasle caverne de forme ovale , occupant la presque totalite de cet organe , ren-fermant une masse pulmonaire enlicrcment detacbee du poumon, egalant le volume da coeur, pesant deux kilo­grammes et demi , de coulcur rouge-brique , tres-dense, identique a rhcpalisalion du parenchyme pul­monaire, ayant la forme do deux pyramides unies par leur base , contenant dans son Interieur deux foyers de ramollissement qui renfermaicnt de peiils depots de ma-tiere tuberculeusc et s'ouvraient a I'exterieur par deux canaux fistulaires. M. Maillard per.se avec raison que ce sequestre etait le resultat d'un travail eliminatoire qui avait detache du vif une masse de maliere tubcrculeuse et de parenchyme hepatise. Car, outre les tubercules, on trouve encore, comme je l'aidejadit, des portions de pou­mon durcies par l'hepatisation grise et rouge , formant des masses impermeables a l'air et melees de granulations crelacees ; cntourees quclquefois , ainsi que les tubercu-les, d'infiUrations albumiucuses liquides, repandues dans
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les mailles ccllulcuscs du parenchyme pulmonaire. Avec cetlc \6iion se rencontrent assez constamment des hydati-dos ou ac6plialocystes plus ou moins nombreus , dont j'ai signalc la nature en parlant de la pneumonite chro-nique.
Des tubercules agglomörös enveloppös d'unc membrane söro-fibreuse , formant des masses granuleuses , pödon-culöes , nombreuses et souvent fort voiumineuses , sont on outre fixces sur les plevres viscörales , coslales et par-ticulierement sur le diaphragme. Les ganglions bronchi-ques sont enormes et inOltres de matiere lubcrculeusc concrete enkystcc ou non , formant d'aulres fois des foyers clos remplis de matiere casdiforme. Des lesions analogues existent sur le periloine , les mamp;enteres et la face postc-rieure du diaphragme ; le foie presente presque toujours des liydatides lixees sur sa capsule söreuse , quand il en e\iste sur les poumons. Enfin les ganglions lymphatiques des ars , des aines et de la gorge sont ordinairement in-filtres par la matiere tuberculeusc, quand ccux des bron­chos et du m(isenlere sont dans un semblabie etatpatho-logique.
J'ai eu occasion de faire l'ouverture d'une vache phthi-sique dont les poumons ötaient totalement envahis par une multitude de tubercules ä l'etat cru ou ramolli, mais saus vorniques ouvcrtes ; je pcsai ccs deux visceres isolcs de tout autrc organe , le poids efait de vingl-huit kilogrammes ; le diaphragme qui etnit convert de Ifeions scmblables pesait huit kilogrammes. J'ai aussi ouvert un jeune beeuf de trois ans, mort lentement de la phthisie dont il d-tait atteint depuis dix-huit mois; ses poumons (Haient tellement rong(5s, dölruils par i'ulcöration qu'ils 6taient presque reduils aux ramifications bronchiques et ne pesaient que deux kilogrammes et demi.
J'ai aussi rencontre des tubercules assez volumineus qui avaient acquis une densite egale ü celle des os et
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mömc de la pierre : ccttc modification ou transformation est plus frequonte dans les tubcrculcs du foic quo dans ceux des poumons.
J'ai prouve que la substance salino-tcrreuse des os n'etait pas diminuöe de quantile dans les animaux affectös de lubercules ; j'ai aussi fait connailre la composition chi-mique des ganglions infiltres de la matiere tuberculeuse ('); voici une analyse de cetle matiere ramollie, mais con-lenuc dans des kystesnon ouverts, provenant des poumons d'une vache morte de la phlhisie, faite en 1821, par M. Lassaigne ; cent grammes ont donnö :
Matiere albumineusc et matiere grasse. 71 6
Sous-phosphate de chaux.......17 5
Sous-carbonate de chaux....... 9 1
Sels alcalins solubles......... 16
99 8 Gelte analyse confirme ce que j'ai dit sur la composi­tion chimique de la matiere tuberculeuse et prouve en meme temps quelle contient moins de phosphate et de carbonate de chaux que les os.
Causes. Huzard et tous les vöterinaires attribuent la pommeliere des vaches des nourrisseurs de Paris et des environs au mauvais regime auquel elles sonl soumises , ä l'insalubrite des elables basses, chaudes , peu aöröes et remplies de fumier, dans lesquelles elles sont pour ainsi dire pour toujours ensevelies. On conceit en effet qu'arrivant dans les marches voisins de la capitale, apres un long voyage et se trouvant subitement soumises a an genre de vie tout opposö ä leurs habitudes, ces vaches doivent etre fächeusement influencees par cctte transition ; que, privöes d'un air pur , d'un exercicc salutaire , 6pui-s6es par une nourriture peu alibile et par une secretion insolile de lait, elles se trouvent n6cessairement dans
(') Tome Iquot;, page 520.
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510nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; PATHOLOGIE OVINE.
toutes les conditions capablcs de porter une perturbation funeste ä l'exöculion de toutes les fonetions, et, que la conlinuitö de l'action de ccs causes doit modifier , chan­ger Ic temperament de i'individu, produire une altera­tion dans la sanguification et la nutrition d'oü pent resulter la diathese tuberculeuse. Je rappellerai done ici ce quo j'ai dit page 539 , que la phthisie, comme I'affcction tu­berculeuse, rcconnait pous causes prcdisposanlcs 1c tem­perament lymphatique do I'animal , une conformation speciale du thorax , je veux dire une poitrine etroite et serree , une encolure ailoiig6eet pen foumie , des meni-brcs longs et greles, un venire levrele , type d'un elio-Icment qu'a produit un accroisscment rapide. Apres ces conditions predisposantcs de temperament et de structure, je regarde comme causes delcnninanles, 1deg; le froid hu­mide agissant constamment sur reconomie, comme on I'observe dans les bestiaux elev6s ou vivant dans les pays marecageux et brumeux, ou loges dans des ^tables froi-des ct malsaincs ; 2deg; l'air des etables corrompu par les emanations du fumicr; 5deg; la temperature trop chaude de ccs 6tables qui est aussi, scion M. Ropras , vetörinaire , une des causes principals do la phthisic dans les bocufs et vaches de la Suisse , qui passent !a belle saison dans les montagaes, logent sous des hangars salubres, mais qui sonl renfermes pendant l'au.tomne et l'hiver dans des etables extremement chaudes, parce qu'on y entasse le foin sur des perches , quo l'air n'y entre et ne s'y renou-velle que par la porte ou par une communication avec la grange; etables d'oii ces bestiaux sortent souvent presque en sueur pour aller se desallerer h des abreuvoirs eloignös, quoique la temperature soit fioide ct glaciate. Ce vetö-rinairc a remarque aussi quo la phthisie 6tait plus fre-quente ct plus rapide sur les vaches des habitanspeu aisfe qui n'ayanl pas dc paturc a leur donner , ne les sortent nresquc jamais et les nourrissent mal.
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II cst g6n6ralcment reconnu qu'unc mauvaiso alimen-tation cst uue des principales causes de la phthisic tubcr-culeuse : telssont les fourrages pcu substantiels, ceu.x qui sont rcfractaires a digestion ou mal rccoltös ; les cans chargecs de sulfatc dc chaux , ceiies qui provicnnent de la fönte des neiges. II y a bicn de Tinconvenient, dit Fromage de Fcugre, ä nourrir les bestiaux de grande laillc dans des paluragcs maigres, amp; nc leur donner en liivcr quo de la paiile , des balles de graminöes , de la dreche , du son d'amidonnier et ä nc les alimcnler que de t'C qu'il y a dc trop mauvais. II cstime que ces crreurs de regime et la mauvaiso tenue des etables font perir nn hui-licmc des bestiaux et surtout des vaches, clans la Brie , la Beauce , Ic pays de Caux , etc. , etc. , et que Ic nom-bre en cst plus considerable dans les vaches des marchands de lait des grandes villes. J'ai aussi constate que la phthi­sic pulmonairc et raifection tubcrculeuscsonttrcs-frequcn-lesdans les pays ou Ton ne nourrit les bestiaux que de paiile de cereales, de mats et d'une petite quantile de sainfoin ou dc hizerne scche, malgre qu'on les ccrase de travail; tandis que dans ccux oü Ton cleve les boeufs et vaches, partie dans les champs ct partie dans I'etable , bien qu'il y ait dans ces contnjes dix fois plus dc betes h cornes que dans les pre­mieres la phthisic cst pins rare. On ne pent done nicr la funeste infiuence d'une nourriture insnffisante et pcu substantielle sur la production dc la phthisie tuberculeuse; ce qui le pronve, e'est que les herbivores y sont pins su-jets que les carnivores, ct que, dans Tcspece humaine, les contrces ou les habitans ne vivent que de vegetaux aqueux , de farineux , do lailage , dc pain de mauvaise qualite, offrcnt plus d'exemples de cctte funeste maladic, que les pays plus riches et plus abondans.
L'action d'un air impur non renonvcle , charge dc miasmes fonanant dc la respiration , dc la transpiration , des cxcrcmeris des ar.imaux , jouc le principal role dans
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312nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PATIIOLOfilE BOVINE.
la production des tubcrculcs : cet air privö de son prin-cipe vivifiant n'a dans rhematose qu'une action funesle qui doit vicier le sang. En effet, en prenant Paris pour exempie, I'observation ne constate-t-elle pas que les chc-vaux qui s'excrcent, travailient au-dehors et au grand air, sont infiniment moins sujets ä la phthisie que les vaches des marchands de lait qui nc sortent jamais de leurs lt;5tablcs mal saines. La vache du pauvre, qu'il mene pailre par une corde dans les champs et les chemins, n'est jamais allaquöe de la phthisie, dit, avec raison, Hurtrel d'Arboval.
Aussi suis-je tres-portö ä conBid(5rer l'affection tuber-culeuse comme la consequence d'une alteration du sang et des liquides qui conslitue la diathese tuberculcuse, dont 1c produit est deposö ou secret6 dans le parenchyme pulmonaire si des causes locales, ou bieu une irri­tation les y attire. Cetle alteration semble prouvee par la nature meme des causes qui la produisent, qui agis-sent principalement, mais lentement sur io sang ; liquide essentiel ä toute nutrition. Elle est encore manifeste, cette alteration des liquides de l'öconomie , par Total: lympha-lique et meme. cachcctique acquis par l'action generate et continue de ces causes, par I'amaigrissement et la perte graduelle des forces des animaux atteints. Et, s'il faut encore d'autrcs preuves de la genöralisation de cetle al­teration , on les trouvera dans le döveloppement spontan^ des tubercules dans plusieurs tissus et dans ditferens or-ganes ä la fois, bien qu'iis n'aient aueune relation de Sympathie, de texture ni de fonetion. La nature de cette maladie, qui consiste dans une augmentation de la partie screuse du sang , la diminution de ses glo­bules rouges et de ses proprietes excitantes , ressort de la nature meme des causes qui la produisent. J'ai dejü fait pressentir mon opinion üi cet egard, en traitaiit de l'af­fection tuberculcuse ; il y a , ai-jc dit, saus doule un
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germe oxistant dans les liquides, une surahondancc de phosphate et de carbonate de chaux ajoulce et quantite moindre de fibrine et d'liematosine.
L'accrüissement des tubercules est encore un snjet de controverse : cependant si, comme je l'ai dit page 542 , 1c tubcrcule est le resnllat d'une secretion morbide , s'il n'cst ni organise , ni vivant, comme tout semble le prou-ver, il doit augmenter de volume par juxta-position ou aggregation ; aussi ä mcsure quo les causes agissent, on voit ces productions morbides se developper graduelle-ment, se multiplier, augmenter de volume, se presser les unes contre les autres, elouffer pour ainsi dire le parenchymc du poninon compris entre elles , detruire la permeabiiite ä l'air et annihiler ses fonctions. J'ai parle precedemment de leur ramollissement en traitantdu scro-fule, de la peritonite tuberculeuse, et d'une maniere plus explicite , page 538 , j'y renvoie le lectcur.
En reunissant le peu d'occasiüns ou j'ai 616 ä meme d'appliquer les connaissanccs que i'auscultalion et la per­cussion peuvenl fournir pour la connaissance du diag­nostic de la phlhisie, avec ce que mon honorable collegue M. Delafond a ecrit sur ce sujet, je dirai que les signes dimjnosliqiies de cctte maludie consistent, -1quot; dans la toux qui lui est speciale, que 1'on salt etre faible, rauque , rälante , trainee, penible et plus frequente le soir, ainsi que durant le travail ; dans cetle dcrniere circonstance, la toux est accompagnöe en outre d'un trouble , d'une agitation plus marquee des flaues et d'un flux nasal qui est ou muqueux ou purulent, sanguinolcnt ou (elide , suivant la periode de la maladic, ce que je tacherai d'ex-pliqucr tout ä I'lieurc; 2deg; dans la malite dc la poilrine et l'absence du murmurc respiraloire , au\ regions de cctte cavile repondant a cclles du poumon ou existent des masses luberculeuscs; 5deg; dans la sonoröite des parois du thorax plus grande aux endroits correspondans aux vomi-
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SiAnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PATHOLOGIE BOVINE.
ques ouvertes, avec rale caverneux et gargouillemeiit plus ou moins apprlt;5ciables lä oü existent des vomiques ramol-lies, des cavernes communiquantavec les broncbes ; 40dans rexpectoralion ou flux nasal que 1'on observe apres les acces de toux , flux qui est muqneux tant que les tuber-cules sont ä l'elat de cruclllö, et qui n'est jamais color6 , comme dans rinflammation des broncbes. Mais lorsque ces concretions se ramollissent et que leurs foyers com-muniqucnt avec les broncbes, on trouve d'abord au milieu du mucus rejete , des stries , des pelites granulations feti-des et jaiinalrcs. La matiere expectoree devient plus tard fetide, melee de lineamens saiiguins, purulente ct alors encore I'air expini est d'une puanteur repoussante.
La malil6 des parois du thorax et l'absence du mur-mure respiratoire s'observent lorsqu'il exisle une masse tuberculeuse un peu considerable dans tin ou dans les deux poumons, ou qu'une induration pulmonaire en-toure des tubercules ou des cavernes peu (Hendues, I'air ne penetrant plus le parenchyme pulmonaire lä oü exis­tent ces tubercules et ces indurations. Mais comme ces deux signes ( matit6 et absence du murmure respiratoire) exis­tent aussi dans la pneumonile chronique avec induration, et dans la pleurite avec epanchemens , ilspeuvent induire en erreur ; cependant si ces deux signes ne so font re-marquer qu'aux parties superieures des poumons et qu'il y ait sonority du thorax ;) ses regions inferieure;. , avec murmure respiratoire , tout diagnoslique la phthisie. La sonoröile exager^e des parois du thorax, le rale caver­neux et le gargouillemeiit sont des signes plus pathogno-moniques; ils signalent I'existence d'une masse d'air con-tenue dans les cavernes ou vomiques ; cependant la sono­rste seulc induirait en erreur, puisqu'elle exisle aussi dans l'emphyseme du poumon, il lui faut done le concours du rale caverneux el du gargouillemeiit. La confermation loute particuliere aux animaux predisposes ä la phthisie,
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angmente de beaucoup la valeur de ces signes, ainsi que I'ötat gönöral du malade , que le vOtennaire doit savoir appröcier.
Enfin la phthisic tuberculeuse peut elre dislinguöe de la pneumonie chtonique, que j'ai precedemment decrife, par le rule caverneux prodnit par les vomiques et i'en-gorgement tuberculeux de quciques-uns des ganglions lymphatiques des regions parotidiennes, ainsi que de oeux des ars et des aines.
1 ronostk. L'amaigrissement rapide , la frequence plus grande de la toux , ainsi que I'affaiblissement graduel du malade sont des signes funesles ; mais la diarrhte d'abord simple , puis colliquative , avec agitation febrile du pouls plus appreciable lesoir, et une certaine moi-teur de la peau sur le thorax et les flancs, sont des signes mortels, surtout si les. yeux s'enfoncent dans les orbites, si les miiqueuses sont decoloröes , blafardes, in­filtrees et si Fair expire est fetide et froid.
Trailemenl. Ce n'est absolument que dans le principe de la phthisle, avant que la diathese tuberculeuse soit confirmee que Ton peut esperer d'en arreter les progres : la premiere indication est de soustraire le malade ä I'in-iluence des causes predisposantes et occasionelles, ä le nourrir avec des fourrages de bonne qualite et suffisans. D'assainir les Stahles , de les aerer et de diminuer le tra­vail ; enfin de mettre les bestiaux dans des conditions hygieniques rationnelles. Le pansement de la main, c'est-ä-dire, l'attenlion de frictionner . bouchonner et etriller chaque jour les boenfs et les vaches , favorise la transpi­ration et opere sur la peau une rövulsion salutaire. L'emigration est aussi un rnoyen infaillible : c'est ainsi que les chevaux et les pouliches eleves dans les marais du Bas-Poilon sont preserves du carreau , des autres affec-lions tuberculeuses et m6me de la fluxion pöriodique en changeant de climat ä l'Dge de dix-huit mois ä deux ans,
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i'poques oü les eleveurs du Berry. de la Beauce et de la Normandie viennent les acheter.
Plusieurs pratlciens assurenl avoir obtenu de bons effels de la saignee dans le principe de la maladie. surtout quand I'animal est jcune et qu'il existe un peu de phlogose sur les poumons. Je n'ai jamais employe ce moyen que je reprouve et dont remploi n'est nullement ralionnel. Jc sais qu'en mödecine humalne quelques auteurs I'ont pres-crite, mais rile n'a 6t(sect; rtellement utile que dans le cas d'hömoplisie , ou d'une bronchite secondaire compllquant la phlhisie , ou encore dans le cas d'asphyxie imminente par engouement accidentel des poumons. La saignee peut produire un affaiblissement dangereux, surtout ä l'epo-que du ramollissement des tubercules. Mais les mucilagi-neux unis aux amers , comme la genliane , les feuilles d'absynthe et de lierre terrestre , dont les decoctions, les infusions ont lt;H6 ödulcorees par le miel , ont amöliorö l'ötat general de quelques malades, surtout quand I'action de ces breuvages 6tait seconds par l'emploi des revulsifs telsqueles sötons animes par I'onguent ^'sicatcire ou un trochisque d'ellebore noir. Cetle medication employee en mödecine humaine depuis la plus haute antiquitö , est aussi recommand^e par les plus anciens auteurs en vlt;H6-rinaire et en agriculture.
J'ai parle de l'emploi de l'iode en traitant de la pöri-tonite tuberculeuse, quelques experiences faites depuis sur des maladies analogues , ont un peu augments ma con-fiance dans ce remede ; je proposerai done des breuvages d'infusion de gentiane et de lierre terrestre d-dulcorös par le miel, auxquels on ajouterait dix ü douze grammes de teinture d'iode pour un litre et demi de tisane, quo Ton administrerait chaque matin aux bestiaux atteints de la phthisie tuberculeuse. Cette medication all(';rante de-vrait laquo;Hre employd-e pendant sept ä huit jours, suspendue ensuite pendant quatre a cinq , puis reprise encore et
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iflterrompue de nouvcau jusqu'a un mieux marque. On en secondera aussi I'effet par les setons; par une nour-riture confortable, compos^e de bons fourrages sees , al-terii(5s avec l'herbe des pr6s un pen essoree , les racines de carottes, de betteraves, la pomme de ferre; I'avoine , I'orge grossierement moulues ; I'eau blanchie par le son de menage ou la farine d'orge. Le bouchonnoment on pansement de la main ötoblit ä la peau une action deri­vative toujours salutaire. Une attention non moins im-porlante et que je ne saurais trop recommander . est de soustraire les malades ä rinfluence du froid humide et a celles des variations, des irrögularites atmosphöriques , qui sont des causes principales de l'affection tuberculeuse.
L'ensemble de tons ces moyens therapeuliques et hy-gieniques doit ndeessairement produire une amelioration , un mieux dans l'amp;at general de l'animal qui, s'il no pro­cure pas une guerisoraquo; radicale, meltra au moins le ma­lade dans le cas d'etre engraissci et vendu pour la bou-cherie.
Le lait des vaclies atleinles de la pommeliere n'est pas raallaisant, il est seulement plus aqueux, moins butireux que celui des betes saines, il n'a pas l'arome ni le goüt sucrü de celui que donnent les vaclies qui paissent dans des pr6s et des päturages un peu 61ev6s, mais plantu-reux.
La viande des bestiaux affect6s de cette maladie est fade, coriace, saus saveur et peu nourrissante , surtout si la plithisie est Ires-avancte ; mais quand eile n'est qu'ä sa premiere ptkiode , que la diathese tuberculeuse est ä peine confirmt'e et qu'il n'y a pas ramollissement des con­cretions , ni ulc(5ration des poumons , eile n'offre que des diflerences peu sensibles pour la quality et le goüt, com-paree i\ celie des besliairaquo;x sains.
Sans devoir ici consid6rer la plithisie pulmonaire sous le point de vue redhibiloire dans lequel l'a placec la loi
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du 20 mai 1838, je crois devoir ajouter ä ce que j'ai dit page 551 , en traitant de la toux , que le boeuf ou la vaelie doivent ötre considörös comme atteints de cette grave maladie quand il existe une toux seche, fröquente, sc manifestant par acces instantanös, que le poll est sec, lerne , la peau plus collee aux cotes qu'ailleurs ; que la respiration , apres un leger exercice , est penible et qu'a-lors les naseaux sont dilates , avec ecoulement d'un llux muqueux par les ouverturcs naturelles. La persistance de l'appetit et de la rumination , celle de la secretion du lait dans les yaches , ne sont pas des signes negatifs ; une cerlaine maigreur, une conformation toule particu-liere confirment surtout l'existence de la phthisie. Mais tons les symptömes que j'ai pröeßdemment indiques et ceux que je viens de citer ne se remarquent pas dans tous les animaux phthisiques, surtout s'ils sont jeunes et cn asscz bon ötat, e'est ce qui rend le jugement du veteri-naire si difficile ; en effet, lorsqu'il n'est qu'expert, il ne peut se peut se prononcer que d'apres des certitudes. Toutefois la nature de la toux. la s6cheresse et radherence de la peau , le flux par les narines d'un mucus grume-leux, le trouble de la respiration apres un exercice mutne pen prolong^, trouble que l'on appröcie mieux si l'on fait labourer le bteuf, enfin un ensemble dans la manicre d'etre de l'animal, dans son facies sont suffisans pour le veterinaire aecoutumö ä observer.
sect; IV. De la fleuresie ou pleurite.
Les plevres, comme toutes les sereuses, n'elant en rapport qu'avec elles-meincs par leur surface libre, ne pen vent etre impressionnees parlesagensexterieurs qu'au-lant qu'elles sont accidentelleraent ouvertes. Cependant, toutes les causes qui agissent sur la peau peuvent delcrmi-
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ner la pleurite , en resserrant le rßseau capillairc ramifi6 ä sa surface et en empechant 1c sang de le traverser avec laci-lite ; de mßme, rimpression subite d'un air froid refoule ce sangsurles visceresint(5rieurs,et,plusfrequemnieiit,surles poumons qui sent, de tous les organes, les plus perm6ables ä ce fluide, döterminent la pleurite. 11 en est de möme de l'hu-midite qui enraie, suspend la transpiration cutanöe et peut la faire refluersur les plevres, comme sur toute antre mem­brane viscerale. Le passage subitdu cbaud au froid interver-tissant aussi la transpiration, peut produire les memes ef-fets. Toules ces membranes surprises par l'abord inattendu deces nouveaux fluides s'irritentets'enflamment, d'oüpeut rfeuller la phlegmasie des plevres , si ce sont elles qui out (ite frappees par les causes que je vieas de signaler. Les maladies des bronches , cellesdu parencliyme pulmo-naire et des tissus du coeur peuvent aussi lt;5tendre leur influence funeste jusqu'aux söreuses qui tapissent et re-couvrent les organes respiratoires. Enfin les rapports d'ae-tion et d'identit6 de tissus qu'elles ont avec les autres se-renses de l'öconomie, deviennent aussi pour ces membra­nes une source fröquente de maladies ; l'observation d6-moutre en effet que toutes les fois qu'une sereuse assez importante est enflammee , toutes les autres le sont con-söcutivement d'une maniere plus ou moins grave.
J'ajoulerai a ces considerations gönörales sur les causes physiologiques de rinflammalion des plevres, que ces membranes etant le siege d'une sd-erötion perspiratoire vaporeuse continue et considerable , tout ce qui peut di-miuuer cette fonetion, la suspendre ou laquo;implement l'al-terer, determine des affections pathologiques d'une inlen-site relative aux effets de leur action.
La pleuresie consistedans Vinfiammalion de laplcvre, caracterisöe par la fievre, un trouble special de la res­piration ; la sensibilitö , la matite du thorax et l'absence plus ou moins complete du bruit respiratoire. Cette phleg-
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maski accompagne souvent celle du poumon , surtout quand cette derniere a un peu d'intensitö; de meme qu'une pleuresie un peu aiguö envahit assez ordinairement une portion plus ou moins considerable du parenehyme pulmonaire. Toutefois, comme la pleurite, existe dans beaucoup de cas, isolee et sans complication , je vais la decrire souraquo; les diverses formes qu'elle a presentees dans le boeuf, animal qui en est assez fröquemment atteint, surtout a l'öge adulte et lorsqu'il est sanguin.
Los anciens veterinaires avaient confondu cette maladie avec la pneumonite. Chabert meme n'etait pas fixe sur ses signes diagnostiques. Aussi pour rendre cette descrip­tion plus explicite, citerai-je quelques faits publies par mes confreres ou recueillis durant ma pratique.
La pleuresie pent (Hre aigue ou chronique; ce sont les deux grandes differences qu'elle presenle tout d'abord :
Symptumes de la pleurite aigue. Les völerinaires sont rarcmeiit a memo d'observer cette maladie des son debut, n'tülant ordinairement appeles que lorsqu'elle a acquis une certaine intensity, quand le boeuf atteint refuse tonte es-pece d'alimens et ne rumine plus , que la fievre existe et que la dyspnee devient inquietanle.
Quoi qu'il en soit. on observe d'abord une expression de lassitude , une inaptitude au travail dont le common des cultivateurs tiennent peu de compte. Des frissons g6-n6raux assez vifs precedent tout autres symptomes; it se manifeste ensuite un malaise, une anxi^fö marquee, une agitation que Ton prend pour des symptomes de co-liques et qui ne sont que l'expression de la douleur oc-casionee par l'inllammation des plcvres , que j'ai 6tö a meme d'observer dans les pleurites artificiellement produites par l'injection de l'acide oxalique. Outre ces prodromes , le boeuf ne mange plus ni ne rumine , il a meme quelquefois la pause surchargee. 11 est alors assez difficile de distinguer si c'cst les plcvres qui sont enflam-
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mees, on si c'est le parenchyme pulmonaire, car le fris­son , l'anxietö , la gene de la respiration , la clialeur de l'air expire, la secheresse de la bouche et de !a peau sont des symplömes commnns ü toutes les inflammations de la poitrine. Toulcfois , dans la pleuresie , apres le frisson precitö et le refus des alimens , on observe une agitation insolile des flaues, moins marquee pourtant dans le beruf que dans le cheval; le malade est triste , les yeux sont rouges, injeetös et larmoyans ; le poil est terne, la peau chaude et seche ; toutes les muqueuses apparentes sont rouges et injectees. II survient ensuite une toux petite et avortöe durant laquelle le boeuf a la bouche bamp;uite, la langue un peu sortie et la tete allon-gee sur I'encolure; d'autres fois cette toux est seche , quinteuse ; communement un löger flux muqueux d6-coule des narines et humecte le mufle qui est desseche. Des lors I'inspiration est courte, souvent entrecoupee; I'expiralion lenle , mais assez reguliere et l'air expire est chaud. 11 existe une sensibilite assez vive des parois de la poitrine , surtout en arriere des coudes , sous le car­tilage xiphoide et en bas du garrot; ce signe diagnostique qui est aussi , comme I'anxiete, une consequence de la phlegmasie des plevres , n'est pas constant, surtout si rinflammation a peu d'intensite. En auscultant le thorax au debut de la maladie , on distingue que le bruit respiratoire est augraente dans toute l'ötendue des pou-mons , avec rösonnance des parois ; mais lorsque rin­flammation est parvenue ä une certaine intensite , le murmure respiratoire n'est plus appreciable qu'aux re­gions superieures du thorax , il est accompagne d'un räle grave et de la matite des regions inferieures de cette cavite splanchnique. L'epanchement de serosites dans les sacs des plevres est traduit par le gripp6 de la face, le bril­lant des yeux , la dilatation des naseaux et la respiration ailee , l'inspiralion est penible et comme tiraillee • il
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existe aussi une matitö des parois du lliorax, l'auscalta-tiou fait dislinguer un bruit de glouglou aux regions inferieures de celte cavitö, le pouls est mou, les extrö-rnites froides ; et souvent, lorsque repanchement est im pcu coiisidetable , iise forme un engorgement oedemateux au fanon et aux membres.
Dans ie principe de la maladie, le pouls est petit, serre, vile (55 puls.) et Tariere tendue; on le sent s'amollir au fur ä et mesure que repanchement de soro-sile se forme dans la poitrine ; il finit par ctre impercep­tible aux approches de la mort.
J'ai dit que Tappetit elait nul, la rumination inter-rompue, la bouclie chaude et seche , ainsi que 1c mufle; quelques bacufs boivent l'eau blanche , surtout quand repanchement exisle ; le venire se rölracte, les excramp;nens sont sees, souvent meme il existe une constipation opi-niutre; les urines deviennent rares et colorees, des que la fievre a pris de l'intensite.
L'animal se tient assez constamment debout, eloignö de la creche , dans un elatde taciturnity, tout mouvement est difficile et semble douloureux ; les membres tboraci-ques sont öcartös et le sont d'autant plus que repanche­ment pleuretique est plus considerable. Si cet epanche-ment n'existe que d'un seid cöte , le malade pent se cou-cher pendant quelques instans et c'est de preference snr le cote oü la serosiW est accumul^e. II se forme ensuite et assez promplement un engorgement oedemateuv au fa­non , sous 1c sternum et aux membres; la respiration est oppressee et tonte diaphragmatique, l'attitude du malade qui allonge la tote, ouvre la bouche, exprime le besoin instinetif de respirer et le danger de l'asphyxie. Enlin la respiration est de plus en plus troublöc et difficile, les narines dilatfe; le malade pique sur ses membres, qu'tl tient ecartes du centre de gravite, n'ose faire aueun mou­vement clans la crainlc de tomber; 1c pouls se concentre,,
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devient irregulier et s'efface; j'ai vu alors les infiltrations du fanon et des membres disparaitre. La respiration de­vient irröguliere , tumultueuse, l'animal s'agite , trepigne et tombe , un räle suffocant precede la mort qui a lieu par asphyxie.
La pieur6sie aiguii a ordinaircment de huit ä douze jours de duröe ; si eile se prolonge plus long-temps, eile passe ordinaircment ä l'etat chronique , surtout dans les vaclies epuisees par la gestation et dans les boeufs mines par le travail.
La pleurite presente quelquefois des symptömes moins alarmans et la resolution de rinflainmation a lieu sous I'influence d'une medication rationnelle, comme dans le fait suivant:
3 novembre 1824. Boeuf de quatre a cinq ans, en bon etat et un pen sanguin , appartenant ä un metayer des environs de Bourbon-Vendee. Au retour d'un charroi pe­nible, fait le 1er du mois, on laissa imprudemment boire ä cet animal beaucoup d'eau froide ; des le lendemain matin on le connut un peu triste, il mangea moins, ne rumina qu'un instant et toussa ä deux ou trois reprises. Leo, on vint mechercher, je trouvai le malade dans na etat d'anxiiHe et de malaise general, une toux quinteuse, seche, rare se faisait entendre, la respiration (Hait ha-letante , I'inspiration courle, l'expiralion assez reguliere; le pouls accölere , serre et Tariere tendue. Le malade qui s'etait lenu deboutdepuis le 2 au maliu , ne se remuait qu'avec difiiculte, la peau elait secbe et agU6e par des frissons legers, mais frequens; les yeux etaient rouges et larmoyans. En exerrant nne pression assez forle sur les coles , au cartilage xiphoi'de ct en arriere du garrot l'animal temoignait une vive sensibilite, mais la poitrine resonnait encore , seulement faction de la frapper pa-raissail faire souffrir le malade. La boutiie elait seche et brülanle , rappctit et la rumination mils; les defecations
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peu fröquenles , les excremens sees et durs ; les urines coloreos et abondanles.
Diagnostic. Plcurile aiguü ä son debut.
Pronostic, Le peu d'intensite des symptömes me fait esperer une prompte guönson.
Traüement. Saignee de trois kilogrammes et demi ä une juguiaire , que le paysan me vit faire ä regret. Bains de vapeur emolliente sous le ventre , le boeuf etant convert; on le frictionna et on Tenveloppa d'une cou-verture de laine; il fut mis dans une petite d'lable mo-ddramp;nent chaude , sur une bonne litiere. J'indiquai l'em-ploi d'une tisane de decoction d'orge monde, de reglisse et fleurs de coquelicot, avec la gomme de Senegal et !e miel; on en donnait un litre et demi toutes les deux lieures et chaque breuvage 6tait suivi d'un lavement ömol-lient, les frictions seches (Haient souvent röpölees et le malade buvait quelques gorgees d'eau blanche. Le 4, le mieux ölait sensible , je fis continuer le mßme traite-ment jusqu'au G , epoque oü le malade 6tait en pleinc convalescence, mangeant, ruminant et buvant bien l'eau blanche ; it se rötablit en peu de jours.
D'autres fois, quoique plus grave , la pleurösie cede a un traitement rationnel, comme dans le cas suivant que j'emprunte ä mon savant confrere M. Delafond :
Pleurite aigue avec epanchement. Gudrison. M. Re­gne , d Saint-Amand , 25 aoüt 1828. Vache sous poil alezan clair , agee de six ans.
Renseignemens. Le 25 , au matin , la bete refuse les alimens, et le proprietaire s'aperfüit que les flaues sont accdleres. Administration d'un breuvage compose d'huile et de soufre. Point de mieux. Je fus appele.
Examen de l'animal. Tristesse ; yeux larmoyans ; cou-jonetives injeetees ; bouche chaude; peau seclie ; pouls petit, dur; arlere tendue ; inspiration courte ; expira­tion entrecoupee; vingt respirations par minute ; bruit
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respiraloirc faible dans loute l'elendue des poumons ; les parois ihoraciques resonnent bien ; l'animal temoigne de la douleur pendant la percussion.
Diagnostic douteux. Saigtiöe de huit livres ä la jugu-laire; (ilectuaire adoucissant composö de poudre de rö-glisse et de miel; furrigalions emollientes sous la poi-trine ; lavemens diur^tiques.
Le 26; respiration un peu plus accöleröe ; rinspiration est courte, plaintive ; l'expiration entrecoupöe ; le mur-mure respiratoire est toujours beaucoup plus fort; meme rösonnance ; möme etat du pouls; tristesse plus grande; la peau est chaude ; seton au fanon , anime avec de longuent vösicatoire. Du reste , meme traitement.
Diagnostic. Pleurile aigue.
Le 27 , le murmur e respiratoire est fort ä la par tie superieure des deux poumons ; il n existe plus äla par-tie inferieure; le räle crepitant ne se fait pas entendre ; leger frotlement dans la region moyenne; la matite esl marquee aux endroils oü le bruit respiratoire ne se fait plus entendre. Meme nombre de respirations. L'inspira-tion et l'expiration ont la meme grandeur , mais l'expira­tion est toujours entrecoupee.
Diagnostic. Pleurile aigue avec epanchement. Le sfton a produit peu d'engorgement; j'ajoule ä la meche un trocliisque composö avec de la racine d'ell^bore blanc infuse dans du vinaigre chaud. Saignte de six livres ä la jugulaire ; meme ölectuaire; nouvelles fumigations sous le ventre ; memes lavemens.
Le 28, rule grave, avec frotlement dans la region moyenne des deux poumons; aucun bruit ne se fait en­tendre , depuis la partie inferieure de la poitrine, jus-qu'ä la reunion des cotes avec leurs cartilages. Dans la region inferieure droite du cote gauche , un leger gar-gouillement se fait entendre de temps en temps pendant Vinspiration. Matite dans ces deux regions. L'inspira-
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tiou cst moins courte ; I'expiration est moins longiie ; ello reste toujours entrecoupee; le pouls est pelit et serrö; la peau est chaude.
Diagnostik. L'epanchement continue. Le trochisqtic a prodnit un engorgement assez considerable ; profondes scarifications qui düiuient ecoulement ä quatre ä cinq livres de sang. Je Inisse l'ellebore attache au sdton.
Le 30 , le bruit de glouglou ä la paroi inferieure gauche a remplace le gargouillemcnt. Le idle grave per-siste ; Vabsence du bruit respiratoire el la malite se rap-prochent de la region moyenne des cutes. Cependant la Lete est moins triste : eile a cherche ä manger. JN'ou-velles scarifications sur Tengorgv^ment; ecoulement de qua­tre ä cinq livres de sang. Merne traitement.
Le 51, ranimal cherche ä manger; il est plus gai; les flancs sont moins acceleres. Yingt-cinq ä vingt-six respi­rations par minute. L'inspiration est aussi grande que I'expiration, qui est, du reste, toujours entrecoupee; le meme rale se fait entendre ; la malite et l'absencc du bruit respiratoire ä la parlie inferieure de la poitrine sont les mimes ; le bruit de glouglou n'existeplus.
Diagnostic. La resolution et la resorption du liquide epanche oat lieu.
Je retire le trochisque. L'cngorgement est considerable: il s'etend le long de la trachee et entre les membres an-terieurs; le seton donne un pen de suppuration.
Le Ier septembre , la respiration est moins grave ; le froltement se fait toujours entendre; la malite est ä pen pres la meine; l'absence du bruit respiratoire persiste ; le bruit de glouglou se fail entendre du cote droit.
Les 2. 5 et 4 septembre , le mieux continue ; ins­piration se rapproche de l'etat normal; I'expiration est toujours entrecoupee ; la malite diminue, el l'absence du bruit respiratoire est remplace ä Varticulation des cfites avee les cartilages par I'expansion pulmonaire.
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Le seton suppure bien et l'engorgement qui fentoure cst moins considerable; I'appetit est reveuu , ainsi que la gailü.
Les o , 7 et 9 , le bruit respiraloire revienl ä lelal normal; la matite diminue ; le bruit de glouglou n'exisle
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plus; le bruit respiraloire se fail entendre du cole (jauche , au-dessus de Varticulation des coles avec leurs cartilages,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;|
Jusqu'au quinzieme jour oü je cessai de visiter rani-ma! , le murmure respiraloire avail remplace peu ä peu l'absence de cc bruit, et la riisonnance avail succede änbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; j H
la matite; le frollement avail disparu; le pouls etaitnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;'
plus plein et plus lort; enlin, la peau elail ])liis sou-p!c , et la rumination , qui avait ete suspendue , avait reparu.
Mais la pleuresie a quelquefois des caraclercs plus in-sidioux , est plus grave et se termine d'une maniere plus i'uneste ; lei est le cas suivant, que m'a communique M. Pascal, vlaquo;5lerinaire ü Yiliefranche de Belves (Dor-dogne.)
20 mai 1829. Boeuf de labour, malade de la veille.
Convnemoralifs. Le malade n'avait pas Iravaille depuis
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quelques jours , mais le 19 , il fut employe a un cliar-roi assez penible, au retour duquel on le delia et le mit pacager dans un pre avec les aulres bestiaux. Le soir ineme et assez avant dans la nu.it, on trouva ce boeuf malade et couclie , on eut meme quelque peine ä le faire lever. Mais ä Telable il se coucha, se releva sou vent et manifesto une anxiete inquiötante ; un empirique fut appele , il fit prendre a ce boeuf quatre litres de vin , avec de la theriaque.
Stjmpldmes observes par M. Pascal. Refus des ali-mens , rumination suspendue , bouche chaude , rumen un peu meteorisö, constipation , urines rares. Le mufle est sec, la pituitaire ct la conjonctive rouges; la respi-
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S28nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PATHOLOGIE BOVINE.
ration est acct^röe, plaintive, avec froissement des dents; l'öpine dorsale est Ires-sensible; le pouls est dur et ac-ceierö.
Diagnostic. Gastro-enterile aigue.
Traitement. Saignee de qualre kilogrammes ä une ju-gulaire , tisane mucilagineuse donnee tiede a la dose de deux litres toutes les deux heures et demie ; on ajouta un demi-verrc d'huile d'olive dans le premier breuvage; la-vemens ömolliens , fumigations sous I'abdomen , frictions seches; l'animal est tenu enveloppö avec une couverture de laine; eau blanche.
Le 21 , mieux ; le malade a ruminö, il tömoigne le dösir de manger; il est plus gai, mais la constipation persiste ; meme traitement, la saignfe exceptee.
Le 22 , le proprietaire prevint que le bocuf avail eu des defecations abondantes , qu'il etait beaucoup mieux ; il faisait demander au veterinaire s'il pouvait faire manger le malade ; on prescrit un peu de foin et l'eau blanche.
Le 23 , M. Pascal revit cet animal et fut facheusement surpris de l'existence des symptomes suivans : le bceuf est debout et rumine , il a le regard fixe , porte la lete 6\e-vöe et alongde , la respiration est acc6leroe , les flancs sontcreux, le pouls petit et concentre ; I'oreille appli-qute contre les parois du thorax reconnait la presence d'un liquide dans les sacs des plevres.
Diagnostic. Hydro-thorax.
M. Pascal prevint le proprietaire du danger dans lequel se trouvait son boeuf ; un traitement fut essaye sur I'in-vitation du maitre : un large vesicatoire fut applique sur chaque cöte de la poitrine et Ton administra des breu-vages diuretiques ; le rcvulsif produisit un engorgement assez considerable.
Le 27 , le malade parut an peu mieux , il avait ru-mine, fiente et urine assez abondamment; mömes breu-vages.
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Le 20, on administra un purgatif drastiqae äaps l'in-tcnlion d'oblenir une derivation favorable snr rintestin. Le 50 et le 51 , memo elat, meme prescription. Lc 2 juin, le propriehire vint rapportcr que le bceuf etait parfois beaucoup mienx et d'aulrcs fols bien plus ma. lade. Le 5, M. Pascal le visita , la respiration etait ex-tremoment genec , lc ponls laible et accelere , la peau sec'ne et aJiiercnle ; les membres anterieurs sont tenns (^cartes, le thorax semble distendu ; le gargouillement du liquide epanche est tres-appreciable. Toute medication est cessüe et l'animal nieurt lc 8. A Vaulopsie, on trouva pres de quinze litres de liquide sereux öpanche dans la poilrine , des adherences elendues existaient cntre les poumons et les parois du thorax ; le pcricarde etait t-paissi, il conleiiait im liquide sereux et jaunatre ; les poumons refletaient une couleur rouge-vlolacee , l'un d'eux etait a l'etat d'hepatisation grise au centre , rouge ä la circon-lerence. Les estomacs etaient dans un etat de vacuitö remarquable et rintestin grele un peu phlogose.
Une des complications ia plus Irequente de la plcuresic est celle de la piieumoiiie , eile prend alors le nom de pleuro-pneumonte, s'annonce par des symptömes com-rauns ä ces deux maladies et devient, dans ce cas , ex-cessivcmeut grave. Le pouls a de l'acceleration , de l'cn-gouement, avec tension de l'artere. La respiration est elie-meme plus cmbarrassee, stertoreusc et la matite de la poitrine plus prononcee. 11 existe souvent un (Hat co-mateux qui determine une faiblesse musculaire; j'ai ob­serve dans un boeuf alteint de cctte maladie , et qui en mourut, une raideur remarquable de tout le tronc qui avait quelque chose de letanique.
Je vais rapporter sur cette maladie une observation quo j'ai faite il y a bien long-temps:
7 juillet 1809. Vache ägee de six ä scpt ans, de rnoyennetaille, enassezbond'tat, malade depuis deux jours.
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Symptdmes. Constance de l'animal ä se tenir debout, la tete est portöe horizontalement, les veux sont saillans, rouges et larmoyans ; une toux un pen seche et quin-teuse se fait fröquemment entendre ; la respiration est courte, accöleröe, rälante; I'air expire chaud ; la fievre assez intense et le pouls plein , embarrassC*, mais acce-16r6. Les parois du thorax sont d'une scnsibilite marquee surtout au-dcssous du garrot et en arriere du coude. Le mufle est sec, les muqueuses apparentes rouges, la peau seche, adhörente et la locomotion penible. L'appelit est nul, la rumination suspendue, la bouche est brulante et seche, la panse dure, les excremcns rares et sees, l'urine crue. Cette vache refusait obstinement I'eau blan­che et buvait celle qui venait de l'abreuvoir; enfin la secretion du lait 6tait totalement supprimöe et les ma-melles (Haient fletries.
Diagnostic. Pleuro-pneumonite, dont je ne pus decou-vrir la cause.
Pronosttc. Douteux, en raison des craintes que m'inspi-rait l'engouement sanguin des poumons.
Trailement. Saignöe de trois kilogrammes et demi; bains de vapeurs sous le ventre suivis de frictions scches, apres lesquelles on enveloppa la bete d'une couverture de laine. Tisane de döcoction d'orge, de guimauve et de fleurs de coquelicot miellee , donnöe frequemment; lave-mens ömolliens.
Le 8, diminution de l'irritation g(5n6rale et de la fie­vre , respiration plus facile , la toux est plus rare, moins seche et stertoreuse, aussi l'animal s'est-il couche. La peau est un pen plus souple et la fievre diminnee. Je placai deux sötons au fanon , je les animai avec I'onguent v^sicatoire ; je prescrivis la meme tisane, h laquelle j'ajou-tai soixante grammes de nitrate de potasse fondu (cris-tal mineral) pour six litres de liquides; on conlinua d'ad-ministrer des lavemens ömolliens, de faire prendre les
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bains de vapeurs, de bouchonner freqiiemmcnt la malade et de la tenir couverte. Celto medication fut conliiuiec jusqu'au 10 ; ä cette epoqne, les setons avaienl produit un engorgement considerable an funon , je le scariliai et In fis lotionner avec de l'eau tiede , cc qui produisit une saignee locale asscz abondante ; des lors la malade fut en pleineconvalescence ; la locomotion otaitplns facile, eile se couchail, les defecations etaient abondantes et facilcs, et la vache clierchait les brinsde fourrages, mais n'avait pas rnmine. Diete , can blanche, meme tisane, lavernens ct bains de vapeurs ; les setons furent pansys avec la graisse douce. Lo 12 au matin l'appetit et la rumination etaient revenus , un regime approprie finit de guörir cette vache en trois jours.
En general la pleuresie a rarement dans Ic bceuf l'intensitä qu'elle presente dans le cheval, elleest moins aiguö et sa marchc moins rapide : aussi dans nombre de cas, a-l-elle une tendance ä passer jj I'efat chronique, surtout si le bocuf ou la vache sont un pen ages ou af-faiblis par une cause quelconque. Alors , et des le prin-cipe , on remarque du (logout, la rumination est rare , incomplete; il existe un etat de souffrance tolerable, I'anxiete est moindre , rinegularite des mouvemens des flancs et la dyspnöe ne sont pas extremes, la loux est petite , moins sechc , moins quinteuse et plus rare que dans I'etat franchement aigu ; le boenf malade peut meme rester couch6 pendant quelques instans. Le pouls n'a qu'une acceleration moderee (40 puls, au plus ) , mais I'artere est toujours un pen tetidue. Plus tard , le degout devient absolu , la rumination cesse , la dyspnee est do plus en plus croissante ; le pouls devient mou; il se forme des engorgemens oedemaleux au fanon ct sous le thorax qui remontent quclquefois jusqu'au menton ; un amai-grissement progressif et asscz rapide , denote le passage ä l'elat chronique et l'atteinte profondc portc-e aux fonc-
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lions ; lc raoindre exercicc provoquc un trouble exlrßme de la circulation et de la respiration , cette fonetion est alors enlrccoupöe , penible ; la dilatation du thorax exige une contraction presque convulsive des muscles inspira-teurs pour vaincre l'obstacle que repanchement pleuröti-que oppose a la dilatation des poumons.
Outre cctte tendance de la pleuresie ä passer ä un ctat moins aigu, si rcmarquable dans le boeuf, cette maladie pent se tcrminer par resolution ou par öpanchement de serosites , ou par formation de fausses membranes.
La premiere terminaison est possible quand la maladie a pen d'inteusite et que le veterinaire est appele des son principe : dans ce cas , une ou deux saignees faites ä pro-pos ; des excitans de la peau qui tendent ä retablir la transpiration; desbreuvages bechiques adoucissans, etc., etc., suffisent. Alors on voit tons les symptomes diminuer progressivement d'intensite ct les fonctions reprendre leur action et lour ensemble normal.
L'öpanchement n'est que le resultat d'une exhalation , c'est-ü-dire de la secretion perspiratoire de la sereusc du thorax, accrue par la phlegmasie locale ct plus active que I'absorption qui pent etre enrayec par la tur-gescence vasculaire et rengouement inllanimatoire des veines. Ou encore I'absorption pent etre diminuee d'acti-vite en raison de ia debilite et du collapsusqui succcdent si souventä rinflammation dans I'espece boeuf surtout. Dans ces animaux, repanchement se reconnait a l'elat du pouls qui se ralentit et devient mou ; ä la gene de la res­piration , a l'absence du murmure respiratoire et la ma-tit^ des regions inferieures du thorax ; enfin a I'infiltra-tion assez prompte de la region du fanon. Cette terminai­son est tres-bien decrite dans l'observation de M. Delafond, observation qui a aussi prouve la possibilite de remedier ü cc cas si grave.
La formation des fausses membranes se pronostique par
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la certitude de l'existcnce de repanchement et la connais-sance de la tendance qu'a la lymphe exsudiic ä raquo;'organiser.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; #9632; ;fj
Le bruit de glouglou n'a rien de positif, il est, au con-nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; , jfl
traire un Symptome tres-infideie.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;. n
On a cito les experiences de M. Dupuy, failes dans
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l'inteiition de constater le temps nik-essaire h la formationnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;J
de l'epanchoment pleurelique, ainsi quedes fausscs mem­branes. J'ai (Me tömoiii de ces vivisseclions; une cnlre au-tres fut faile sur un boenf maigre et däbile , achete pour les travaux anatomiques; apres avoir incis6 la peau et lesnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ;
muscles, on enleva avec la scie un fragment de cote,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; |
long de neuf ä dix centimetres et on injecta , dans le thorax, huit ä dix grammes d'acide oxalique etendus dans de i'cau distillee; pen d'heures aprös, tons les sympto-mes d'une pleuresie eigne se manifeslercnt, des le len-demain , repanchement cut lieu et fut assez abondant , mais ce qui m'etonna et prouve la tendance qu'a cette maladic a passer a I'etat chronique dans les bestiaux fai-bles, e'est quc tons les symptomes de phlcgmasie dimi-
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nuerent promptcment el considerablcment d'intensile ; Tanimal mangca et rumina des le troisieme jour, les symptomes dominans etaient la toux , la dyspnee aug-mentee encore par rcntrec de I'air dans le thorax , le gargouillement et la moilesse du pouls. Le bceuf fut abattu six ou hüit jours apres rinjeclion ; ä I'autopsie les ple-vrcs etaient an peu colortes et injectt-es , les poumons engoues, mnis repanchement elait considerable ct rem-plissait toute la moilie inferieure des sacs des plevres ; des fausses membranes de couleur jaune-citrinc , recou-vraient (oule la screuse ; elles me paiurcnt elrc a la seconde periode de leur formation, car elles n'avaicnt encore qu'unc epaisseur et une consistancc peu conside­rables, mais inegales; leur organisation etait peu avancee et Ton n'y dislinguait aucune injection ; ces pseudo-membranes me parurent formecs par des couches lamel-
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louses, supcrposees, outre lesquelles existaient des cellu-losites remplies d'un liquide sereux semblable ä celui de repanchomeut; quelqucs lambeaux de ces membranes en partie dötaches , (lollaient dans la serositö epanch6e , d'autres fragmens etaient totalement librcs. Le pericarde presenlait des lesions analogues , etc. , etc. ; on repeta ces experiences sur d'autres animaux . toutes prouverent la promptitude avec laquclle I'epanchement se forme , ainsi que les fausses membranes , qnand les plevrcs sont enflammees. Ccpendant peut-on , de bonne foi, tirer de ces vivissections des consequences bien positives et capa-bles de rüsoudre la question proposee? je ne le pense pas; car on ne doit pas comparer faction d'une cause qui agit direclcment et mecaniquement sur une membrane inac-coutumee an contact des objetsexterieurs , avec les effets que doit produire une cause determinante, mais indirecle, teile qn'un rcfroidisscment sublt de la peau qui refoule le sang ct la transpiration cutanee sur une membrane viscörale, comme les sercuses de l'appareil respiratoire.
On le voit, l'exsudation est une des lerminaisons la plus frequcnle de ('inflammation des membranes, je l'ai signalee dejä en traitant de la pericardite , de la pörito-nite et meme de la phlegmasie sur-aigue de la muqueuse intestinale ; dans celle-ci e'est du sang pur qui s'exhale ä sa surface libre. Dans les sereuses, le liquide est de couleur jaune-citriae et de nature albumino-fibrineuse, cependant e'est encore du sang, moins sa partie colorante-Aussi beaucoup de palliologistes onl-ils ciasse ces maladies parmi les licmorrliagies. La lymplie exsudee dans ces cir-conslances est tres-analogue au sue nourricier et son emission insolite semble etre une nutrition exaltee par un travail inflammatoire, puisque dans nombre de cas cctte lymplie , en se coagulant, est la source et Torigine des transformations organiques.
Bien que primitivemenl liquide, puisqu'elle n'est que
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le produit de la söcrötion perspiratoire des sereuses aug-mentöe par rinfiammatlon, on voit presque toujours une portion de cette exsudalion se fixer sur la surface libre de ces membranes et s'y organiser par addition successive de couches separees par un tissu cellulaire , aussi ces pseudo-membranes prösentent-elies une organisation re­lative a ranciennetc de leur existence.
La lymphc exsudee et le liquide que je viens de signa­ler sont formes en grande partie de fibrine et d'un peu d'albumine , ils presentent une couleur blanche-jaune ou grisAlre. Quand cette lymphe se depose sur les membranes viscerales, eile forme une couche molle, filanle, visqueuse etpulpeuse.variantd'epaisscurdepuisunmiilimetrejusqu'ä im centimetre et plus ; ainsi disposöe , eile präsente plu-sieurs couches enlre lesquelles il y a souvent un 6pan-chement dc serosites , ce qui la complique d'un etat general d'inflltration. Elleest souvent d'autant plus riebe en maliere plastique et organisable que I'inllammation fait des progres , parce qu'elle recoit alors une plus grande quantite d'albumine el de fibrine.
L'organisalion de la lymphe exsudöe präsente les phö-nomenes suivans : d'abord brute, amorphe et semblable a la croüte phlogisti(iue, elic devient ensuitc floeonneuse ou reticulaire ou poreuse ; plus tard , on y voit des stries sanguines qui ont l'apparence de ramifications vasculaires, ct enfin ces stries se transforment en vöritables canaux conlenant du sang et s'abouchant avec les anciens vais-seaux sanguins. La lymphe coagulöe unit entre elles dilTerentes parlies qui avaient (He enflammiies comme leamp; poumons et la plevre , les inteslins au peritoine ; il suf-fit et il faut meme alors qu'il y ait conliguilö et immo-bilite des parlies. Les membranes sereuses sont le plus frequemment le siege de l'exsudation.
Toutcs ces couches de lymphe constituent done ce qu'on appeile de fausses membranes, dont je pense qu'il im-
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porlc de signaler ici la nature, 1c caraclere, ainsi quo les phases qu'elles parcourent dans leur developpement, pour motlre les vöterinaires ä meme de jnger de l'ancien-netö de leur formation , dans laquelle on a admis quatre periodes :
ire Periode. Funnalion. Environ vingt-qualre licu-res apres le developpement normal ou arlificiel de l'in-flammation d'uue sereuse , on observe rinjection des vais-seaux et la presence d'une couche cxlrcmement mince et tendrede villosiles pulpcuses, d'un blancmat, formant, sur la membrane , une cspece de gaze que le moindre frot-tement enleve. Gelte pelliculc si mince a deux faces , une appliquee ä la membrane sereuse, I'autre libre, ve-louteo, quelquefois mamelonee.
2deg; Periode. Accroissement. Commencement de l'ex-sudation , apnarence raembraniforme , caracterisee par raugmenlalion d'epaisscur etdedensite de la faussc mem­brane , qui a des-lors quelques millimetres d'epaisseur; variant quelquefois de consislance, d'epaisscur , d'aspect ct d'organisalioii sur un meme organe ; d'autres fois, des portions de membranes encore pulpeuses se decollont, flottent suspendues ou se dctachent et nagent dans le liquide.
5e Periode. — Caracterisee par la densite qui est celle de la couenne ou tie la substance lardacec ct par la pre­sence dc vaisscaux sanguins. Ces fausses membranes peu-vent s'organiser en douze jours , ce qui prouve la dis­cretion quo Ton doit mettre dans les decisions de juris­prudence veterinaire. La concretion de l'.albumine dans la formation des fausses membranes est nu eifet vita! qu'il est plus aise d'obscrver que de comprendre. Ces produc­tions ne sont point fibreuses , I'apparence lineaire qu'elles offrent quand ou les coupe et qu'on les decbire, a lieu egalemeut dans tons les sens et quelle one soit la direction que Ton dönno h leur division.
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4quot; Periode. Mutation. La fausse membrane perd peu ä peu cclte apparcnco , comme lardacee , eile s'amin-cit, se rapproche chaqae jour du tissu cellulaire et ne tardc pas beaucoup ä offrir des lamcllcs diaplianes , ex-tremement minces, molles , disposecs comme du tissu cellulaire. II y a non sculcmcnt idenlile d'apparcnce avec le tissu cellulaire et les fausscs membranes altürees, mais aussi idcutile d'usagc et meine de maladie.
On volt quelquefois du tissu fibreux accidentel se de-velopper sous !a forme membraneuse , sous celle de fais-ceaux ou en masses arrondies. C'est im feutre de tissu cellulaire recevanl des vaisseaux capillaires et de la lym-phe plastique.
A Vaulopsie des bocufs morts de la pleurösie aigue qui pent se prolonger quinze ä seize jours, mais tue commu-nemcnt du septieme au neuvieinc , on trouve dans le thorax im epancliement considerable de serosite jaund-trc mele de quelques lineamens sanguins; les picvres sont iiijectecs et röflötent une couleur rougeAlre , elles sont reconvertes par des gramilalions floconneuses blan-cliatres, forrnant une couebe membraneuse , presque lou-jours inlerrompue et conamp;lituaut les pseudo-membranes n'efant encore qu'ä la premiere ou ü la seconde periode de rormalion. 11 existe quelquefois sons la plevre puimo-nairc des plaques formeos d'uue inSitration gelaliniforme de quelques millimetres d'äpaisseur qui souicnent celle membrane. Les vaisseaux capillaires nombreux et tenus qui existent dans le tissu cellulaire sous-sereux sont in-jectes, ce qui parait dormer aux plevrcs la coloration quo je viens dc signaler , car si on delai he et isole nnc por­tion do celle sereuse viscerale , eile semblc avoir toute sa diaphaneite. Näanmoins, eile m'a paru quelquefois Öpaissle, surtout dans les portions oü il existe un principe d'adberencc soil avee la coslale , soil avec la diaphrag-matiquc ; mais cet epaississement ne raquo;'observe que lors-
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que la pleurcsie s'est prolongee pendant douze ou quinze jours ; dans ce cas la plevre est, dans les portions adh6-renles, opaline, laileuse et faiblement augmenteed'epais-seur.
Les surfaces les plus evtöricurcs du tissu pulmonaire, en rapport avec les plevres plilogosees , sont toujours phis ou moins cngoiiees de sang. Le pericarde prösente des lesions analogues et conlient plus ou moins de serosilös toujours plus colorees que celles contenues dans le sac des plevres ; le coeur est eccliymosö, ses vaisseaux coron-naires injeclös; le sang contenu dans le coeur et les gros vaisseaux est en partie liquide, 11 entoure des caillots fi-brineux ; l'etat de ce fluide est un effet de la mort par asphyxie , qu'accusent encore les mucosites spumeu-ses qui rcmplisscnl les bronclies. Des traces d'inllammation existent en oulre dans les autres organes splanchniques ct souvent encore le foie et la rate sont gorgös de sang, en raison de rcmbarras et de l'imperfection de la circulation pulmonaire.
Causes. Elles peuvent etre pliysiologiques, determi-nantes , mccaiiiques ou pathologiques.
J'ai dejä fait connailre les premieres ou physiologi-qucs, an commencement de cctte monographie , et fait pressenlir que les plevres etant des organes d'une exha­lation et d'une absorption inccssantes, liees sympathique-ment d'action avec les transpiralions pulmonaire et cula-nec , otaient Ires-suscepliblcs d'attirer sur elles les effets de toutes les causes morbides qui tendaicnt ä se porter sur le tissu des poumons; cc qui explique la frequence plus grande de la pleuresie que dc la pneumonie.
Causes delcrminunles. J'ai encore dit que toute sup­pression subile dc la sueur ou seulement de l'insensible transpiration , par I'impression subife d'un air froid , d'une pluicabondanle, agissant brusquement sur la peau ou sur la muqueuse pulmonaire , lorsque i'animal est
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agite par un travail forc6, une marche trop accel^röe, ou seulement fatigante, devcnait une cause d^lcrminante de la pleuresie; qu'il en t'tait ainsi d'une cau crue et de source, bue dans les memes circonstances. L'cxpmonce prouve en effet qne c'est toujours ä des causes de ce genre qu'est dii le plus grand nombre des inflamma­tions des plevres, et que c'est les bestiaux affaiblis par une mauvaisc nourriture ou par un travail excessif qui sont le plus frequemment atteints de cette maladie, parce qu'ils n'ont pas assez de force de reaction pour neutra-liser les influences de ces causes et relablir I'equilibre dans les fonctions.
Causes mecaniques. De ce nombre sont les contusions, les plaies penetrantes , les fractures des cotes, etc. Je me rappelle parfaitement avoir eu ä Iraiter , au village de la Poussardiere , pres Parthenay, il y a au moins vingt-cinq ans, une vache qui re^ut un coup de corne de boeuf en arriere du coude gauche , la poilrine fut ouverte , la de­fense ayant pass(5 entre deux cotes; l'entree de l'air dans cette cavite , la contusion, le dechirement , produisireut une dyspnee , une toux , une acceleration du pouls , avec tension de Tariere qui denotaient une pleurite assez aigue. Cette maladie c6da cependant A deux saignees , aux ap­plications emollientes sur la plaie, aux tisanes adoucis-santcs, et enfin ä rapplication , sous le thorax , d'un sina-pisme que je dus scarifier.
Causes palholoyiques. La pleuresie pent succeder a la pneumonite ; eomme cllc pent etre compliquee par eile. La pleurite peut aussi se manifester au declin dc quel-qnes maladies Eruptives , ce dont je n'ai pas d'exemple dans le boeuf.
Le diagnoslic est quclquefois assez difficile surtout dans le principe de cette maladie. Quoi qu'il en laquo;oit, les signcs caracteristiques de la pleurite sont le frisson, l-'inspira-lion couile et parfoisentrccoupee, respiration plus grande
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et plus prolongöe; j'ai eu occasion de voir ce second temps de la respiration fort irrögulier dans une vache ; la toux petite, scclie, avortöe ; la respiration difficile, accelcree; la repugnance do I'animal pour tout mouve-ment et la sensibilite des parois du thorax. Le pools petit, serrö, vite , accelüre et Tariere tenduc ; enfin les signes fournis par l'auscultation et la percussion que j'ai docrits plus haut.
La rougeur des muqueuses apparentes , de meme que celle des muqueuses digestives , trouvöe ä l'autopsie , sont I'effet d'uiie stase due h la dif0cult6 que le coeur öprouve ä se dilater.
J'ai iH6 une fois consults pour un boeuf alteint drune pleuresic. oü il n'existait ni toux , ni difliculte de respi-rer ; niais les mouvemens des flaues etaient tres-bornes, pelils ct entrecoupes ; le malade pique , debout depuis deux jours , se refusait ä lout mouvement; le thorax ötait d'une sensibilitö exfrßme , surtout en arricre du coude , sous le sternum et au garrot; enfin le pools etait carac-teristique, et je sus que le malade avait 1M6 exposö aux effcts d'une pluie battante durant un travail penible. Aussi diagnostiquai-je une pleuresic peu intense et qu' se tormina par resolution le sixieme jour.
La pleuresie pent etre partielle : on assure que rinflam-raatiou se borne meme, quelqucfois ä la plevra diaphrag-matique, circonstance grave que je n'ai point etc ä meme d'observer et qui se juge par rinlensile des symptömes , la gene inquietaute et anxieuse de la respiration ; la vive douleur que determine une pression un peu forte sur le cartilage xipholde et l'cnvie de mordre.
Enfin la connaissance des causes qui out determine la pleuresie telairent singulierement le diagnostic.
Pronoslic. Si la respiration devient dc plus en plus libre , que la fievre diminue , que le pouls revienne peu ü peu ä l'titat naturel et quo I'expressiou do la face soit
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moins sinislre ; on doit espörer la resolution qui s'operc du cinquieme au sixieme jour de la raaladie.
Un mieux subit, mais momentanö , qui est suivi de la reapparition des symptomes, n'est qu'une delitescence fu-neste ct presque toujours mortelle.
La sortie subite d'une tumeur ou d'un depot cri­tique , sur une parfie quelconque du corps est un signe favorable. J'aivu unc-semblable tumeur se manifester en six heures, sous le sternum d'un veau tie deux ans; je couvris toulc la tumefaction d'une couclie d'onguent vesicatoire qui produisit une transsudalion abondanle et salutaire.
Une secretion copieuse d'urine est aussi I'effet d'une crise favorable , mais que je nquot;ai pas observee dans le boeuf.
Un abattement subit, avec petitesse et effacement du pouls ; paleur des muqueuses , succedant ä une vive in­flammation des plevres, doit faire craindre la gangrene, surtout si I'air expire est felide et les extremites froides. J'ai vu cette terminaison funeste dans l'espece cheval et non cliez le bceuf.
J'ai fait connaitre le passage ä I'etat chronique.
Trailemenl, L'indicalion a remplir dans le traitement de la pleuresie est la meme que dans toules les inflam­mations , mais eile varie suivant l'espece de l'animal malade, le temperament, rintensile de la phlegma-sie. la pöriode de la maladie , etc. Ainsi le boeuf exige des evacuations sanguines mains abondantes que le cheval; l'animal age, celui qui est maigre ou bien affuibli par le travail, ne pent supporter une saignee copieuse. Quoi qu'il en soit, il est prudent et ralionnel d'aborder le trai­tement de la pleuresie par une saignee gemirale qui ne depassera pas frois ou quatre kilogrammes ; il faudra, autant que possible , ne pas laisser couler le sang par une aussi large ouverture que dans la pneumonile.
Le boeuf sera place ensuite dans une etable propre ,
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oü regnera nne douce temperature, sur une litiöre frai-che ; on lui fera prendre un bain de vapeurs 6mollientes dirigees sous le ventre, le frictionnera et l'enveloppera d'une couverture en laine. 11 sera administrö au malade des breuvages de tisane böchique , composöe d'une decoc­tion de reglisse, fleurs de coquelicot, gomme de Senegal et miel, donnee chaude , dans le but de retablir la trans­piration cutanee ; chaque breuvage sera suivi d'un lave­ment Emollient et Ton prösentera de l'eau blanche tiöde au malade. Huit a dix heures apr^s et meme plus tot , si l'oppression, la pelitesse et la durete du pouls aug-mentent ou si les symptomes de pleurite ne sont pas diminues et que le malade soit jeune et sanguin, on pourra praliquer une secondc saignte , falle ä une des veines thoraciques ou ä l'une des abdominales, mais moiudre que la premiere ; les tisanes , les lavemens , les bains de vapeurs et les frictions seront continues. Je feral remarquer que la presence de la couenne inflamma-toire, dite pleurelique, que Ton observe sur le sang tirö des veines , dans celte moladle , et apres un löger repos, n'est pas toujours une indication positive du besoin de reiterer la saignee ; c'est de l'etat du pouls, de celui de la respiration et de la douleur des parois du thorax , qu'clle ressort. Enfin, si aprös un espace de trois h qua-tre heures, cette seconde evacuation de sang n'a pas de­termine un mleux sensible et tranquillisant, il sera ap­plique sous la poitrine un large sinapisme qui sera sca-rifio assez profondement, des qu'il aura pioduit une tumefaction considerable; cette saignee locale remplace avantageusement les sangsues qui prennent difficilement et produisent peu d'effet sur les grands animaux. Dans le cas encore oü la revulsion ne serait pas süffisante et complete, on animera Taclion des sinapismes par une couche d'onguent vesicatoire , que les scarifications n'empechent pas d'appliquer, et on en compieiera I'ef-
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fet par deux s6tons animös qui seront places au fanon.
II arrive cependant quelquefois que cette medication si aclive n'empeche pas] l'epanchement de serositö dans le thorax; dans ce cas, vers le troisieme ou quatrieme jour, le pouls s'amollit et devient moins appreciable, la respiration est plus embarrassee, les narines dilatees, le gargouillement, la matite du thorax , confirment le diagnostic. On devra alors tacher d'obtenir unc transsu-dation par la reapplication d'un large vösicatoire sur les parois du thorax, l'animation-des setons et provoquer une crise par les urines au moyen de brcuvagos diure-tiques de decoction de chiendent ä laquelle on ajoutera le nitrate de potasse et la scille en poudre : soixante
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grammes de scille et autant de nitre sufliront pour trois breuvages qui seront donnas cliaque jour. Les lavemens ni­tres, les frictions seches, l'usage de !a couverture secon-deront l'effet des remedes.
S'il existe un commencement d'epanchement quand le veterinaire est appelö , ii pourra , dans rintention d'ac-
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celörer et augmenter l'absorplion, faire de suite une petite saignöe (deux kilogrammes et demi) , surtout si la maladie n'est qu'a son troisieme jour, que le malade soit sanguin et que le pouls conserve encore de l'acce-leration et surtout de la duretö jointes ä la concentration ;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;,
mais immediatement apres, il se hatera d'cmployer denbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; a
suite les rövulsifs et les diuretiques indiques dans le precedent paragraphe. On pent encore alors oblenir de bons effets d'un purgalif compose de seize grammes d'6melique et cent vingt grammes de sei de Glaubert eten-dus dons un litre de decoction de senö, edulcoree par le miel.
En gt^nöral, la saignöe doit toujours , dans le traite-ment de la pleuresie, 6tre mise en pratique , ainsi que les breuvages adoucissans, avant l'emploi des revulsifs ; sans cette precaution, I'excilation que produiraient les
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vosicatüires, les sinapismes et les setons ne feraienl qu'ac-croilre rinflammation et la fievre.
Les moyens precites m'avaient assez röussi, mais j'ai depuis plusienrs annees obtenu des succeä plus certains en y ajoütant la melhode perturbalrice, et des vöterinaircs m'ont assure avoir eu aussi a se louer de son eraploi.
liasori a preconise l'usage du tartre stibie dans le trai-tement des pncumonies et des pleurisies aiguüs: le ma­lade , selon lui, supporle des doses d'autant plus fortes de ce remede que la maladie est plus intense , et si l'ag-gravation des symptomes a lieu ä la suite de l'adminis-traüon de ce medicament, c'est qu'il se developpe en meme lemps des alterations graves, de vöritables lesions organiques dans d'autrcs parlies.
Le succes de ce medicament dans les maladies infiam-maloires ne vient pas, dit Rasori, d'une action particu-liere sur le Systeme sanguin , mais bien d'une propriöte conlre-slimulante , qui s'etend a tonte l'economie.
Toutefois et bien que j'aie la plus grande confiance dans les lalens de Rasori, dont l'opinion est appuyee par de savans medecins et d'liabiles vöterinaires, je me crois pourtant autorise ä penscr que Ton doit modifier sa methode ; teile est aussi la maniere de voir de mädecihs ires-famös et Topiiiion de certains veterinaircs instruils et praticiens consommes; aussi, d'apres ces motifs et mon experience , snis-je Ires-eloigne de proscrire la saignee ; je dis plus , je crois trös-rationnel de debuter p:ir eile , coramc je l'ai dt'jä dit en indiquant le Iraitement de la pneumonie ; d'en seconder les effets par les breu-vages becbiques adoucissans , les bains de vapeurs emol-licnles. Lorsque rinflammation est diminuüe d'intcnsite , je pcnse que c'est alors seulement que Ton pout employer avec confiance les revulsifs ä la pcau (vesicaloircs, sina­pismes, setons ) , ainsi que le tartre stibie , a la dose de seize i\ trentc grammes par jour , vingt grammes, terrae
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moyen , donnös en Irois doses dans une decoction de guimauve et de fleurs de coquelicot edulcoree par le miel.
Si les IxEufs malades buvaient bien l'eau blanche, ce qni est fort rare, on pourrait faire prendre i'eraL'tique ä grand lavage, c'est-a-dire, dissous dans la boisson, sans negliger les breuvages bMiiques et l'emploi des re-vulsifs.
J'ai eu l'occasion de voir , ä deux diffürenles fois , l'emelique donne de prime abord , aggraver mortellement la maladie sur des bcBiifs dont rinllammation des organes respiratoires etait compliquee d'une simple phlogose de la rauqueuse gastro-intestinale.
Durant la maladie, on soutient les bestiaux avec l'eau blanche farineuse, et dans la convalescence on peut les nourrir avec des panades , du son frise , de l'orge cuit; mais on ne permettra l'usage du fourrage que lorsque la rumination sera retablie.
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De la pleuresie chronique. Cette maladie qui, sans elre frequenle , succede le plus communement a l'iuflam-mation aigue des plevres incompletement ou tardivement combattuc , est rarement primitive, Je l'ai observöe sans fievre , sans douleur locale et sans causes cannues, alors möme qu'elle etait parvenue d'une maniere insensible ä un etat de gravile morlel , sans qu'aucuns symplömes caraclcrisliques eussent pu faire soupgonner son exis­tence au plus grand nombre des proprielaires; si ce n'est im pen de mollesse et d'inaptitade au travail, quelques acces de loux et une certaine gene de la respiration.
Un boeuf de labour , age de six ä sept ans , de race auvergnale , d'une laille assez 61ev6e, mais decousu et ä thorax (Hroit, avait cte achete avec son compagnon par an fermier du Bocage , pour travailler pendant quelque temps et iHre ensuite engraisses. L'autre bamf eiail plus
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rassemblö , plus fort que cclui qui devint malade ; ils furent employes ä defoncer une friche, on s'apcrcut bien quo le dernier se fatiguait beaucoup , qu'il suait facilc-ment; mais il mangealt, ruminait, avail mime de l'ar-deur an travail ; c'elait assez pour ne pas faire attention ä une toux scche qui etait plus frraquo;5quenle durant le tra­vail , apres les repas et a une dyspnee d'abord pen consi­derable , mais qui devint oppressive. Ce no fut done que lorsquc la maigreur, radberencc do la peau, la toux, l'oppression et la diminution de l'appetit denolaient aux moins clairvoyans un elat maladif, que je fus appelci. A cctle epoque , la respiration etait dillicile et penible, i'inspiralion courte , cntrecoupec, respiration lento ; il existait une matitö des regions inferieures du thorax, et en ecoutant on distinguait parfailement la fluctuation du liquide epanche. Le pouls elait accelere , mais mou ct lögercmcnt concentni; une toux seche , avortee se faisait assez frequemment entendre ; I'animal se tenait presquc toujours dcbout, les membres llioraciqucs ccartes ; une infiltration egalant presquc un pain de deux kilogram­mes existait au fanon , les muqueuscs npparentes 6taient infiltrees, les yeux caves et enfoncös , la peau adhörcntc et seche , la maigreur considerable ; enfin une diarrhce tres-liquide existait depuis huit jours.
Diagnostic. Pleuresie chronique avcc hydro-thorax. Pronoslic. Cctte maladic, qui avait dejä pres de trois mois d'existence , me parut incurable. Le paysan , voyant que jc ne pouvais rien faire ä son bosuf, se d(5cida, quel-ques jours apres, A le vendre ä un boucher ce la cam-pagne ; je le sus , j'arrivai au moment oil on allait ouvrir le cadavrc ; le pen de sang qui s'elait (5coul6 en I'egor-geant elait pen colore el sereux; la maigreur etait consi­derable , les chairs päles et molles, une infiltration gela-tiniforme existait sous le sternum ; I'abdomen contcnait un pen de sörosile citrine ; 1c thorax en contenait plus
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de quinzc a seize litres ; une pseudo-membrane peu con-sistante, quoiquc asscz epaissic et iamelleuse, recouvrait ies plovrcs ; le pericarde contenait aussi environ un demi-iitre de serosite plus colorec. La se borna une investiga­tion que le boucher me laissait faire avee repugnance , dans la crainte que je no I'empSchasse de debiter cette viande.
L'observation suivante , publiee par M. LantoiT, vöte-rinaire ä Aigle (Orne), est une nouvelle preuve du ca-raclere patent et insidieux de cette maladie.
Pleuresic chromque , obscrvee sur une Vache.
laquo; Le 24 mars 18.quot;gt;0, JF. Boisardiere , fermier ä Saint-Santint (Orne) , me fait voir une genisse de deux ans, qui, depuis environ trois semaines maigrit considerable-ment, quoiqu'eile mange et rumiue comme Jcs autres.
raquo; Je la trouve dans un ötat voisin du marasme ; eile a la peau sale et colleo sur les os , les poils tombent ä divers endroits, sptkialement sur le dos, les muqueases apparentes sont pales , le mufle sec et froid ; la tempe­rature est ordinaire , la constipation est portee au plus haut dogrö d'inlensite , les llancs sont creux et resscrres Tun contre rautrc. On remarque une tumour allongoe et peu saillante, situee derrierc- ie coude gauche.
raquo; Barbottage an son et ä la farine pour toute nourri-turc , des breuvages delayaris legerement acidulus, des lavemens emolliens et le pansement de la main frequem-ment rcpele.
raquo; Le 28, le proprietaire m'apprend que la bete est plus gaie, que les exerömens sont moins durs , et quo la peau devient un peu plus souple.
jgt; Le 50 , je trouve la väche beaucoup plus malade que M. Boisardiere ne me I'avail annonce deux jours auparavant.
raquo; Le battement du flaue est accelere. J'entends un rft-lement pectoral qui m'engage ü tirer quatre livres de sang.
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raquo; Lcs övacuations stercorales sont A I'ctat naturcl ; mais I'animal maiadc ne mange presque pas, il est (risle, ct (icarle les mcrabres anterieurs.
raquo; Je prescris la promenade au soleil et des soupes A 1'oseille, que labile mange avec avidity.
raquo; I^e 7 avril, je revois la bete qui n'a ni pris d'alimens, ni ruminö depuis le 4 , eile n'a (ite soutenue que par ce qui lui a et6 administrö de force.
raquo; L'engorgement situ6 derriere le coude n'existe plus; mais un oedeme se manifeste au fanon que je scarifie, ce qui procure Tissue d'une grande quantity de serositö limpide.
raquo; L'animal est mort le 8, A quatre lieures du soir.
raquo; Ouvertüre le 9 , dix-sept beures aprcs la mort.
raquo; Les muscles sont päles et ramollis.
raquo; L'engorgement du poitrail ne fait voir autre chose que du tissu celluluire infiltre de s6rosile concr6tee.
laquo; Les cartilages des cötes sternales sont tumefies et transformes en une substance puriforme , Ires-friable et d'une couleur grisätre.
raquo; Le bord införieur de chaquc poumon adhere au sternum ; de cctte adherence röciproque resulte une po­che a parois 6paisses, fibreuses, d'une teinte verdätre , contenant environ six litres de liquide couleur de lie de de vin , et d'une odeur on ne pent plus infecle. Cctte cavite renferme encore une production palhologique sous forme arrondie , dont la description suit.
raquo; Celte production qui ne contractait nulle adhörence, est un peu plus grosse que le poing , de consistance tres-ferrae , d'une teinte legerement rosce ä sa surface ext6-rieure , et du poids d'une livre et demie ; eile se coupe comme du foie, et resulte de la superposition de soixante-deux couches raembraniformes; les douze premieres sont diaphanes , et lcs autres , sans (5lrc plus äpaisscs , de-viennent d'autant plus opaques, qu'elles sont trouvtics
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plus pros du centre qui cst formö par un caillot fibrineux do couleur noirütre et du volume d'une noisette.
raquo; Le foie est d'un jaune safran ; mais, au reste , il ne merite pas plus que les autres organes une attention particuliere.
raquo; Cette observation est inl6ressante sous plus d'un rapport, 1deg; par la raretö de la production morbide ; 2deg; en ce que cette vache avait paru jouir d'une bonne sante ; 5deg; ce fait concourt aussi il prouver l'ötroite Sym­pathie qui lie les organes digestifs au poumon , puisque on aurait pu, d'apres ces symptomes, I'animal n'ayant pas toussö, ayant cessö de ruminer et de manger , pla­cer le siege de cette affection dans le tube intestinal, ct Tenvisager comme une gaslro-enterite simple, tandis que la maladie 6tait dans la cavitö thoracique. Nouvelle preuve de la n6cessite d'etudier les phenomenes des maladies sur les animaux, plutöt que de s'en rapporter aux opinions ct aux distinctions des auteurs. raquo;
Voici un fait qui m'a elö communiquö par M. le pro-fesseur Rigot, en fevrier 1828. II 6tait un de ceux qui accompagnerent M. Dupuy, et c'est lui qui fit I'autopsie de la vache qui fait le sujet de cette observation.
Pleuresie chronique sur des vaches, observee a Sainl-Mandö , le 8 juillet 1827.
Commemoralifs. L'etable oü etaient renferm(5s ces ani­maux ne pouvait contenir que dix vaches au plus , et il y en avait seize; eile etait pen aeröe, le plancher tres-bas; on ne pouvait y rester dix minutes sans (iprouver une chaleur et un malaise sensibles. Sur ces seize betes, plu-sieurs ont ete malades cet hiver pendant les grands froids; quelques-unes d'elles se sont rötablies , mais imparfaite-ment; aujourd'hui, trois d'elles ont encore la respiration acceK'ree, la toux rauque et r6p6t6e , la conjonctive pale et infiltree , le poil piquö et la s^cnHion du lait moins abondante. 11 en est une surtout chcz laquellc clle est
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supprimec tout-ii-fait et ou un dtat de marasmeä succede ä l'embonpoint.
Nous avons observe sur celle faisant l'objet de cettc note, qui est ogee de sept ä huit ans et de race normandc, les symptomes suivans: etat do maigrcur rcmarqnable , la bete est couchec, eile a beaucoupdcpeine ö se relever et ä se tenir dcbout; les membranes apparenles sont pa­les , la conjonctive est infiltree, 11 dd'coule des narines un mucus glaireux , inodore ; la respiration est difficile, la tete allongec sur l'encolure; les mouvemens des flaues sont accelerös et font apercevoir le soubresaut; un gar-gouilicment se fait entendre dans la trachde ; enfiu la tonx ne pent s'effectuer. L'artere est fiasque , le pouls accelere et petit; unc diarrhöe muqucuse s'est fait re-marquer depuis quelqucs jours. M. Dupuy regarde celte vaclie commo perdue , il conscillc au proprietaire de la transporter a I'ecole , ce qui fut exöcutö , mais la bete mourut en arrivant.
Autopsie faite aussitot. Organes respiraloires. A I'ou-verture du thorax , il s'est ecoule une grando quantite de serosite jaunätre , qu'on a (jvaluöe i\ trente litres an moins; outre ce liquide , il cxistait des fausses membra­nes epaisses de plusieurs centimetres dans quelques en-droils; pen organisees, mollasses, offrant dans leur tex­ture des cavitös areolaires assez semblabies ä cclles de la face Interne du rescau des ruminans; clles renfer-maient de la serosite citrine et formaient des poche? con-tenant plusieurs litres de cc liquide. En general , ces pseudo-membranes se dölachaient facilcmcnt de la surface libre de la plevre ; cettc dcrniere semblait elre öpaissie, ou bien il s'etait ajoute do fausses membranes ancien-nes deja organisees h sa surface interne , qui elait ine­gale et grenue. Los pelites eminences composant ces gra­nulations uuiaient de grosseur, depuis la tete d'une epin-
glc jusqu'a cellc d'un petit pois; ellcs elaien1. dares ,
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formöes d'unc substance blanche, homogene et ne se separaient de la söreuse que par la section. On fut portü ä croire que ces granulations ainsi developpöes a la sur­face des plevres , d'taient de veritables vegetations ; elles d'taient du reste engrend'cs dans de petites caviles exi^-tiint dans l'epaisscur des fausses membranes ; leur mode d'union etait comparable ä celui de la face interne de l'uterus avec le placenta. Les poumons n'avaient que la moitie de leur volume ordinaire, ils etaient refoulös a la partie superieure et posterieure de la cavite pectorale, h laquelle ils adheraient au moyen de fausses membranes. Leurs lobes postörieurs 6taient sains , mais les anterieurs prösentaient unc alteration remarquable ; a l'exterienr , le tissu cellulaire interlobulaire etait infiltre d'une sero-site qui, plus profondement, etait devenue solide, ho­mogene et comme cartiiagineuse ; en coupant transver-salement cette portion alteree du poumon , on voyait cette substance former des sortes d'areolesqui entouraient jusqu'aux plus petils lobules du parenehyme pulmonaire. Ce meme parenehyme offrait une alteration dont il etait possible de suivro les periodes. Aux endroits oü le lissu cellulaire n'etait qu'infiltre, il etait ü l'etat normal ; lü oü ce lluidc etait solidifie, il etait d'un rouge pale, lourd, ferme, resistant et secassant avec facilite , comme la substance du foie ; un quart des poumons etait dans cet etat ; aux lobes anterieurs , principalement ä leurs extremites, ce parenehyme (itait devenu blanchatre, ferme , dur et d'une texture presque homogene ; enfin a quelques endroits , cette höpatisation grise commen^ait ä se ramollir; dans d'autres , e'etait une masse induree. Les vaisseaux et les ramifications des bronches qui pene-traient dans la substance rouge et ferme avaient moins de calibre que ceux qui parcouraient les portions saines des poumons ; ils etaient tout-ä-fait disparus dans les portions blanches et indurees. Les ganglions bronchiques
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etaient un peu plus gros qu'ä lY'tat normal et renfer-maient quelques petits tubercules miliaires. •
Organes respiraloires. Le pericarde contenait un pen de serosite jaunätre , le ca?ur etait päle, mais du reste il etait sain , ainsi que les gros vaisseaux; lesang extrait de la veine jugulaire s'est coagulö lentement, il a fourni beaucoup de serum et dix decigrammes de fibrine , par trente grammes de coagulum ; la couenne inllammatoire n'cxislait pas.
Organes digestifs. Le rumen , le röseau et le feuillct contenaient peu d'alimens , ceux du feuillet etaient tres-secs; toutes les muqueuses etaient pales, le foie, la rate n'offraient rien de particulier,
üne seconde vache malade pr6senta les memes symp-tomes et mourut; I'Ecole ne fut point ä meme d'en faire 1'autopsie.
La pleuresie est quclquefois consecutive ä l'affection tuberculeuse [et ü un etat cachectique general, que M. Bernard , veterinaire a Parthenay, a et6 a meme d'ob-scrver, ainsi qu'il le rapporte dans le fait que jc vais transcrire.
Vers le 13 novembre 1820 , le nommö Billeau , cul-tivateur A La Bie ,. coramune do Montigny, s'apenjut qu'un de ses boeiifs de charrue , age de huit ans, mai-grissait et perdait ses forces, quoiqu'il mangelt et ru-minüt comme ä l'ordinaire. II consulta un paysan-mede-cin , qui ordonna desbreuvages composös d'une decoction de capillairc et de fleurs de sureau ; deux jours apres, il se manifesla au poitrail une tumeur d'abord circons-crite, peu volumineuse , indolente et qui conservait I'em-preinte du doigt. Cette infiltration fut scarifiee; il s'en ecoula une grande quantite de serosites roussatres , mais olle devint malgre cela tres-considerable et envahit la presque totalite du fanon, s'etendait depuis la partie moyenne de l'cncolure , jusques sous le sternum , cc
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qui genait considerablement tous les raouvemens du ma­lade. Le medecin villageois avait ordonne de laver cet oedeme avec une decoction de plantes aromaliques et fit donner dans les derniers temps des breuvages de decoction nitröe de pariötaire.
Le 6 dücembre, !e propriötaire voyant la maladic de son bccuf faire des progres inquietans, la lumeur du fanon augmenter de volume, en möme temps que cet animal diminuait de force, mangeait moins et maigris-sait de plus en plus, se decida ä venir me chercher. A mon arrivee , je trouvai le malade dans l'etat suivant : rinöltration du fanon ötait si considerable que le bosuf qui tenait les membres thoraciques tres-(5carles, pouvait ä peine se remuer ; il existait sur le cote gauche de la poilrine et un peu au-dessus du coude une tumefaction cedemateuse considerable qui se liait ä l'infiltration du poitrail et ä im engorgement asscz marquö des gan­glions lymphatiques situes en avant de l'epaule du meine Cül6; ces organes (Haicnt dans un etat d'induration chro-nique et d'insensibilite. Les cornes et. les oreüles etaient cbaudes, le poil brillant, la peau moite , souple et meme un peu mouillöe , particulierement le matin ; le pouls ötait vif et accC'Iere , la respiration agitee , avec de legers battemens des flancs; Toreille appliqnee contre le c6t6 gauche du thorax distinguait une fluctuation , un bruis-sement et la poitrine percutee du meme cöfe, rendait un son mat. La conjönctive de l'oeil gauche etait päle et le corps clignotant infiltre. Cependant l'appötit etait en­core assez hon et la rumination reguliere , mais la soif 6tait considerable ; les excr6mens et les urines h l'etat uoimal; le ventre etait efflanque , les muscles emacies , les os saillans et le malade se couchait presque toujours sur le cote gauche. D'apres tous ces symplomes , je diag-nosliquai une pleurile chronique avec hydro-lhorax que je jugeai incurable, et nie relirai. Le paysan vendit son
III.
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Oü4nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PATHOLOGIE BOVINE.
bocuf ä un boucher qui m'a rapporle quc cet onimal avait dans rabdomen une quanlitö considerable de rats (tuber-cules) et qu'alentour du coeur il y avait beaucoup d'eau.
M. Bernard atlribuc celte maladie ä la mauvaise nour-riturc et au travail fatigant auquel ce boeuf avait öte souniis. J'ajouterai quc tout fait presumer qu'il cxislait aussi des tubercules dans le poumon , car raffection tii-borculcuse cst presque toujours compagnc de la pleuresic adhesive. L'inllammalion de la sereuse est souvent alors la suite de l'irritation que determine la presence des tuber­cules dans le tissu des poumons; et si ces tubercules sont superficiels, la pievre elle-meme parlicipe au tra­vail morbide, d'oü les adherences si frequenles dans ce cas. Le volume et la quanlite des tubercules ( rats) trou-ves dans l'abdomen indiquent l'anciennete de l'affcction tuberculeuse et portent ä penser que quelque refroidis-sement de la peau, survenu durant le travail, aura deter­mine la pleuresie.
Cctle maladie offre aussi im exemplc de la fievrc hec-tique ; car M. Bernard dit posilivcmenr que le matin le pouls 6tait vif, accelere, avec moiteur do la peau.
Enfin j'ai ete ä meme d'observer nne pleuresie chro-nique consecutive ä l'inßaminalion chronique de la cail-lelle.
Le 8 mai 1839, un boeuf de labour, dc race age-naise, Age de dix ä douzc ans, fut amene ä la consulta­tion , a I'Ecole.
Coinmemoratifs. Get animal avait (He connu malade depuis quatre jours ; des eleves avaient ete le voir le G et lui avaient fait une saignee d'un kilogramme ct demi ä deux kilogrammes. Le proprietaire declare que ses bes-tiaux ont (He nourris depuis quatre ä cinq mois avec de mauvais fourrages , mais que ce boeuf seul en a (He in­commode.
Sijmptömes. AbaUomcnt, tristessc , respiration diffi-
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cile, cntrccoupee; le 10 , j'eus occasion de voir cet ani­mal, il avail eu des rcgurgitations des la veille: le pouls titait petit, frequent et Tariere tendue ; ii existail un pennbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;'|{|,'
de fievre, el dans les mouvemens des flancs la meme alto-ration que le 8. Le 11 , memcs symptömes : !e murmurenbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; f: respiratoire est borne aux deux tiers superieurs de lanbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;,# poitrine; les excremens sonl maronnes. Je diägnostique uno pieurite pen aiguii, cntee sur une inflammation chro-niquc de la cailleltc. Le 12, meines symptömes, l'am-
mal fait entendre, une scule fois , une loux petite et fai-
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ble ; il s'est couchc sur le cote droit. Le 13, le mouve-ment des flancs est plus regulier, le malade semble un
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peu plus gai, il a mangC'plus qu'ä l'ordinaire; le 19, le pouls s'affaiblit et les flancs se rötraclent; le 2o , diar-rliöe ; le 51 , aggravation de l'etat general du malade , le pouls est petit, faible et Tariere esl tendue; memo alteration du mouvemcnl des flancs. Ier juin, le malade esl plus abattu; le 5, loux petite, faible el trainee qui se fait entendre ä trois fois difförentes; Tauscultation fait dis-linguer un espece de gargouilleraent vers la region moyenne de la poitrine, le pouls esl petit el faible; Tagitalion des flancs conslanle avee soubresaut durant Texpira-tion. La pleurisie est dvctdevient passee ä tin elat chro-nique incurable. Le 13 , la diarrhee cesse , du reste, meme C'tat; le 14, la diarrbee reparait, la bete ne mange plus, la respiration est tres-difficile et accorapagnee d'un rule grave ; les ycux sonl retires dans les orbites, el les paupiercs couverlcs de chassie ; il coule des naseaux une matierc letide, le pouls est toujours petit ct faible. Le 16 , elat pire , difficult^ de respirer plus grande ; le ma-lade n'a pas la force de se relcver. Le d7 , difficulte ex­treme de respirer, la bouche est'beanie pour facilitcr Tinspiration , le rule est plus suffocant, le bocuf esl cou-che sur le cole gauclic, et cette position parait le faire beaucoup souffrir , le pouls est presquc incxplorablc ; a cinq heures du soir il meurt.
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OüOnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PATHOLOGIE BOVINE.
Le 18 , aulopsie. Le nimcn , le reseau, le feuiliet n'offrent rien de remarquable; mais la muqueuse de la taillelte est 6paissie et ramollie ; le tissu sotis-rauqueux infillro; celle villeuse rellete une couleur gris de plömb ardüise sur laquelle exislcnt des plaques , des ecchymoses de couleur rouge-lie-de-\in et une quanlitö considerable d'ulceres de diverses grandeurs , de formes irregulieres , ä Lords tranches , rouges et greinis dans le fond, mais recouvcrts d'uu pus gris-noiratre et surtout tres-letide, dont la profondeur ne depassait pas l'epaisseur de la mu­queuse et communement large comme un petit pois. Des transsudations sanguines et quelques ulcörations moins elendues existaient sur la muqueuse du duodenum et celle de l'origine de la portion flottante de l'intestin grele. Le foie (sect;tait decolore et se dechirait facilement. Le thorax conlennit uno quantity considerable de serosite citrine ^panchee dans les sacs des plevres; des pseudo-membranes existaient sur toute l'ötendue des plevres , ces membranes etaicnt generalement ä l'etat lardace , elles avaient une texture feuillelee , 6taient formües de couches interrom-pues par des infiltrations celluleuses frequentes et nom-breuses ; ces fausses membranes formaient des adherences üorabreuses entre la plevre costale et la pulmonaire.
M. Marsan, v6törinaire, alorsddeve, chargö de soigner ce boeaf, rapporte : a J'ai remarquö sur la face inlerne raquo; d'une cöte trois couches membraneuses separees par b deux intervalles remplis de serositö citrine; ces couches )i (Haicnt blanches et opaques , je pris la plus superfi-raquo; cieüe; et, cn la grattant, eile se laissa dedoutler en cinq raquo; on six petites membranes blanches et transparentes , raquo; d'une texture uniforme ; la seconde couche se dedou-raquo; bla de la meme maniere; quant a la troisieme qui elait raquo; parfaitement scmblable aux aulres , je n'essayai pas raquo; d'en separer les feuillets. raquo; D'oü Ton peut conclure que ces membranes ötaient au troisieme degr6 de leur forma-
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PATHOLOGIE BOVINE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;Sh7
lion. 11 existait sous les söreuses pulmonaire et costale des concrülions fibrineuses , qui indiquaient le commencement de ia qualrieme pöriode ou mutation des fausses membra­nes. Le poumon etait genüralernent engoue et pr6sentait en outre quelques points parvenus a l'etat d'höpatisation rouge. Les ganglions bronchiques etaicnt tumefies et lar-daces. II existait aussi des pseudo-membranes tres-epais-ses sur la plevre diaphragmatique, etparticulierement au centre de cot organe , le coeur 6tait volumineux , flas-que et ses parois amincies.
On voit dans cette observation deux maladies, savoir: une primitive, I'intlammation chroniquc de la muqueuse gastro-intestinale avec ulceration , sans doute asscz an-nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; l.,
anciehne , mais latente, insidieuse , commc le sont prcs-
quc toujours ces maladies et dont on ne pent attribuer
#9632;.Id
la cause qu'ä la mauvaisc qualite des Iburrages dont I'ani-mal avait ete nourri. La pleuresie s'est ensuite presentöenbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ^
sous la forme et l'aspect d'une Inflammation intercurrente, qui est venue a la traverse de la gaslro-enterite ciiro-nique et a consomme pour ainsi dire la ruine du malade. Les causes determinantes de celle pleuresie n'ont pu etre bien delerminües; eile s'est manifestec par un etatnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; #9632;, i
d'acuite qui a (iveille l'attention du proprietaire et faitnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; W
ressortir les symptömes de la maladie en la rendant plus intense. Cepcndiint l'etat cachedique et d'atonie du ma-lade a imprime a la reaction vitale un caractere de fai-blesse et de cbronicitö que j'ai signale.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;;-•
Ces diverses observations suffisent sans nul doute pour caracteriser la pleuresie chronique dans le boeuf, sur la-quelle on a d'ailleurs recueilii moins de faits que sur le chcval; quoi qu'il en soit, le diagnostic de cette maladie se lire principalcment des signes fournis par la percussion et rauscultation ; la matitö du thorax qui commence , comme rC'panchement par les parties inferieures ; I'ab-sence du murmure respiratoire , la fluctuation du liquide
quot;#9632;#9632; #9632; -*#9632; #9632;
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epanchö , qüe Ton distingue assez facilement , jointe ä la moilesse du pouls, aux iiifillralions de la region sous-sternale, aux alterations speciales et caracteristiques des mouvemens des flancs, rendent de nos jours cette par-tie importanle de la veterinairc beaueoup plus positive qu'autrefois.
Le pronoslic de cette maladic est toujours grave dans le bcEiif surtout , qui a moins de resistance vitale et dont le tcmperamcnl est plus lymphatique que celui du cheval; aussi esl-elle frequomment mortelle : ce qui peut avoir lieu par deperissement progressif, comme dans la phthisie avec laquclie on l'a quelquefois confondue , bien qu'avec un peu d'altention on puisse facilement la distinguer ; la phthisie dure deux ans et plus, ramaigrissementest lent et le marasmc ne devient squeletlique qu'apres une longue maladie; la toux est trainanle, faible et rauque, etc. , etc. ; dans la pleurite , il y a dyspnee , l'inspiration est courte. entrecoupee et l'expiralion presente quelquefois lesoubresaut de la pousse ; la poitrine rend un son mat; les muqueuses sont infiltrees , rouges , la bouclie est hu-mectee et la maigreur n'est jarnais aussi extreme que dans la consomption pulmonaire ; enfin les animaux at-teints meurent presque toujours par suffocation , ä la maniere que j'ai signalöe cn trailant des maladies du cceur. Ce genre de terminaison est ordinairement an-noncöpar des acecs d'ur.e dyspnee extreme qui precedent l'aspliyxie.
La pleurcsie clironique pent se guc-rir par la resolution graduelle du liquide epanclie et meme de celledes fausses membranes; cette terminaison est toujours suivie d'adhe-rences cellnleuses ou filamenteuscs qui gönent plus ou moins les mouvemens de la respiration (quot;).
C) J'ai vu celic terminaison dans im cheval atteinl d'unepleurdsie laquo;jui ceda ä la saisnee, aux revulsifs cutaues , aux'ddiiiyans et aux
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Le Irmlemenl de cclte maladic offre pcu d'espoir de giierison et la faciliW de vendre pour la consommation les besliaux qui en sont atteints, est un motif qui 61oignc les proprielaires de toule medication inccrtaine. Les soins ä donner sont du reslc analogues ä ceux dejä indiquös pour la pleuresie aiguü avec epanchemcnt : on doit unir les amers et les toniques avec les diureliques ; quelqucs praticiens assurent quo des purgatifs rösineux donnes al-ternalivement avec les diuretiques favori^cnt singuliere-inent l'absorplion. D'aulrcs out preconisö remelique en lavage , aide des amers, comme la gentianc. J'avoue
dinrclkjiics; maisil lui rests une alteration dans les rnonvcnicns des
flaues qui fit croire :i rexislcnco de la ponssej de sorle qu'on iicput
1c vendre : l'iuspiration elall rourle et I'expiration entrecoupäe par 1cnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;',.'
soubresaut.Cet animal moorttt im an apres d'unecoliqne slercorale.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; .'.%
.Ven fis l'autopsie et verlfiai la juslcssc de mon diagnostic; il exislaitnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;#9632;-
des adhereuces delluleuses organisees des deux cutes de la poitrine ,
vers le tiers supdrieur de la i'aee costale des pounions.
M. Lavocat, chef de service , vient d'ohscrver un fait analogue :
laquo; 22 novemlire ISjJO. Clieval, six ans, sacrifie pour les travaux raquo; aiialoiniqiies, pour cause de inorve clironiquc.
igt; Par suite de L'inflammatiou de la sdreuse qui forme les enve-raquo; loppeseldu cordon et du lesliculc droits, les deux lames de cetle
)i membrane sont epaissies et adlierenles l'unc ä lautre dans loute
j|
raquo;leur t;lendiie ; mais, ä la parlie inierleurc du testieuie, persistc, raquo; entre les deux feuillets sereux , im petit canal allonge transversa-raquo; lenient el remontant im pen de chaqne cote sur les faces droite ct raquo; gauclie du testieuie.
raquo; Cetle cavite cst rcmplie par un cordon mollasse , non adlierent )gt; aux parois dpaissies, impregne ct entoure d'un liquide sero-puru-raquo;lent jaiinätre. Cclte production morbide, deforme allongee, prc-raquo; scutail un diametre de six a sept millimetres, sur une longueur dc raquo;deux centimetres el demi. Cetail une fausse membrane scVeusc, raquo; organiste, ä letal celluleux , enlre 1c feuillel parietal el le visce-ii ral des tuniques vaginales du lesliculc. Lc lissu tcsliculaire elait „ gain. „nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; Lavocat.
Je n'ai point ete ä meine d'observer cctte lerminaison dans le bcenf, ni In aucune observation de ce genre ; non qu'elle soil Impossible, raais parce que Ton vend pour la basse bouclicric lesbcs-tiaux alteiuts el juges incurables.
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SGOnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; PATHOLOGIE BOVINE.
n'avoir pas grande confiance dans tous ces remedes, efc que je ne me resouürais ü trailer im bccuf alteint de pleu-rite chronique qu'aulant que cetle maladic n'aurait que pen d'anciennele , trente jours par exemple. Je döbii-lerais par les vesicatoires et les setons , puis j'admi-nistrerais les amers , Ics toniqucs , unis aux diur^tiques et ä remetique , saus pourlant en garantir le succes, bien persuade que je snis qu'il vaut mieux tirer quel-qu'argcnt de l'animal malfide , en le vendant au boucher , que d'eu faire depcnser en traitement inutile. Je ne ces-serai de le dire, les veterinaires augmenteront loujours leur consideration en travaillant dans les interets des proprietaires.
sect; V. De la rleuro-Pneumonie vptzooltque.
•: •.
Bien que la description de cctte maladic presente beau-coup dc difficulttis ä vaincre, d'incertitudes et de doutes a öclaircir, je ne reculerai point devant cette täche , quel-que penible qu'elle soil, parce que je l'aborde degagö de tout esprit de Systeme et que je ne prendrai pour guide quo I'observation.
La pleuro-pneumonie, qui consiste dans {'inflammation du parenchyme du poumon el dc la sercuse respiratoire, csl une maladic prcsque toujours constilutiounelle , par-tant cpizoolique el quo plusieurs (5crivains ont considerce comme conlagicusc. Elle altaque frequemment I'espece bovine, plus rarement les autres animaux, et l'efpccc hu-maine n'en est point exemple.
Cetle maladic a etc observöe des la plus haute anti-quitc : Tile-Live rapportc que Tan 212 avant J.-C. , apres la prise d'Agrigcnte par Marcellus, il sc declara , en Si­dle, une maladic pcslilcntielle qui fit pcrir les bcstiaux et attaqua indistinctemeut les hommes et les animaux. D'apres la description qu'en donne le poete Silicus Italicus,
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PATHOLOGIE BOVINE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 361
c'etait une grave plenro-pneumonie qui dögen^rail (iiiel-
quefois en phihisie ; eile se montra apres d'excessives
chaleurs qui corrompirent les eaux dont s'abreuvaicnt lesnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;''^
animaux et les homraes. La langue des animaux alteints
etalt dessechee , dit cet auteur, une sueur froide coulaitnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; -
de leur corps agitöNpar des frissons; leur gosier dessöchesc
refusait ü dd'glulir les alimens. Une toiix rude et seclie agi-
tait leurs poumons et un souffle de feu se melait dans
I'air qui les environnait, lenrs yeux pouvaient ä peine
supporter les rayons de la lumiere; ils se couchaient en
tenant la tete 61evee et leurs narines dilatöes ; ils jelaient
par la bouche an sang mele de pus ; la peau qui couvre
leurs os ölait collöe ä leurs membres dessöchös. II dit,
I- :
plus loin , que cet (Hat de marasme se terminait par la
mort.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;i
La maladie qui attaqua les bestiaux pen de temps avant le regne d'Anguste , et qui fut observee sur les Alpes Ju­liennes , pres des bords du Timave , dans la Baviere, etc., etc. , decrite avec tant de talent par Virgile , 6tait, sans nul doute , dans Tespece boeuf, une peripneumonie ma­ligne qui avait une tendance a la suppuration , ä la dege-
nerescence tuberculeuse et ä la phihisie, puisque les
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animaux ne mouraient pas promptcment, mais (Hnient consumes par une fievre lente qui les conduisait ä la mort. 11 paraitqu'ilsetaient alteints de fröquentes hemoplysies. Voilü , dit Virgile, que le taurcau furnant en trainant la charrue , tombe et jelle par la bouche un sang mele d'ecume. Cependant tout sang ecumeux vient du poumon , suivant Ilippocrale, sect. 4, chap. 13; done il y a cr-reur, a dit Paulet. Cette maladie fut altribuöe, comme cellesqui se manifesterent alors dans les aulres animaux, aux chaleurs suffocanles de l'automne suivies de la frat-cheurextrßme des nuits , ainsi qu'ü l'infection des eaux et des paturages.
Ce fut encore une peripneumonie maligne qui , en
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!gt;02nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PATHOLOGIE laquo;OVINE.
1693 , enleva presque tous les boeufs de la Hesse ; un liiver trös-pluvieux et tres-froid prec^da un printemps anssi cbaud que 1'6W; aussi des troupeaux de bßtes ä comes furent dötruits presqu'inslantanömeut. On crut que cette maladie avail ete produile par une ros^e cor­rosive qui existait sur les plantes et porlait les animaux ä se gorger d'eau tres-froide durant la chaleur insolite de ratmospherc qui existait alors et que compliquaient des alternatives extraordinaires de froid et de chaud. On trouva les pqumons ulcöres , dit I'historien Valentini, ce qui indique que la maladie se terminait par suppuration.
15ucard-Mauchard observait, en 1745, la peripneu-monie compliquant une maladie pestilentielle sur les va-ches, dans les environs de Tubinge, en Souabe. Elle s'an-noncait par un froid gön(5ral, suivi d'une chaleur fe­brile , le froid revenait par intervalles , I'animal 6tait dt-goütö, ne ruminait plus , et aussitot que la rumination cessait, la pöripneumonie se döclarait; le cours de la maladie etait si rapide qu'elle se terminait ordinairement par la mort avant le septieme jour. La saign6e fut avan-tageuse meme jusqu'au quatrieme jour de la maladie; les s6tons , les v^sicatoires r6ussirent et Ton eut ä se louer de l'emploi de breuvages acidules auxquels on as-sociait les aromatiques, I'eau blanche, le pelit-lait, la crime de tartre et le nitre, qui furent tour-a-tour em­ployes {*).
II se manifesta, en 17G9 , dans le Hainault et la Cham­pagne , sur les chevaux et ensuite sur les bßtes ä cornes de plusieurs paroisses de l'election de Joinville, une ma­ladie epizootique , connue dans le pays sous le nom de murie. Elle se d^clarait par la toux , une fievre sensible et l'oppression : le dugout suivenait, la rumination ne s'examp;utait plus, I'haleine devenait fetide , la beuche amp;ait
#9632;:
B
#9632;
(') Paulet, tome Iquot;, pnge 257.
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seche et un flux nasal de nature mucoso-purulonte exis-
tait dans quelques bestiaux. L'abaltement, la faiblesse,
une grande difflculte de respirer, une toux conlinuelle ;
la rougeur des yeux , la söcheresse de la langue , le rt-
lement, la fetldite de l'air expire annoncaient une mort
prompte ; tandis que l'absence de ces symptomes funeslcs
et une respiration facile faisaient esperer la guürison. Anbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; i4'
I'autopsie, on trouva les poumons engorges , livides ,
ecchymoses, remplis de pustules ulcereuses, de laches
gangreneuses. on y rencontra aussi des abces, des infil-nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;i|jj.l
trations purulentes qui avaient delabrö l'interieur des
lobes , qui adheraient quelqüefois ä la plevre costale et
^ ^
enfin des epanchemens considerables d'une eau roussötre
ecumeuse , ainsi que de la sanie et du pus, etc., etc.
On attribua cetfe epizootie aux variet(5s de l'almospliere,
a des pluies froides, abondanles, auxqueiles les auimaux
furent exposes ; au passage subit des (Hables chaudes ä
unairfroid, etc. La saignöe ä la jugulaire , que Ton
repeta au besoia le second et le troisieme jour, surtout
si le sang etait couenneux et se coagulait promptement;
des infusions bechiques, des laveraens ömolliens röussi-
rent dans les cas ordinaires, mais on fut oblige de rc-
courir au quinquina , au tamplire (itendus dans Toximo
scillitique quand il y avail affaissement et symptömes de
putridile. Paulet ajoule que ccllc maladie annuelle et
familiere dans nos climats n'est point repulce contOquot;ieuse
mais que la prudence veut que Ton agisse commo si eile
l'ötait (voir Paulet, tome Ier, page 407, et le Memoire
de Barberet, page 144', oü se trouve une note de Bour-
gelat).
Vitet, tome 2, page 604 , de la Medecine Veterinairc, (1771), parait avoir copie Bourgelat; il dit que les symp­tomes de rinllammation öpizootique de poitrine different pen de ceux qui caracterisent l'inflammation essentielle on sporadique des poumons. Toux seche el frequcnte dans
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SG4nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PATHOLOGIE BOVINE.
lo principe , plus rcdoublee dans raccroissement et inter-rompue vers la fin; fievre violenle, oppression conside­rable ; appelit et rumination d'abord diminnes, puis sus-pendus; haleine fetide, naseaux , bouche et langue sees; ocouicment par les narines de malieres plus ou moins epaisses ,et blanchAlres. La peau adhere aux cötes et ä Töpine dorsale , oü eile est en outre eröpitante ; I'actioii de pincer le rachis fait eprouver une vive douleur au malade ; enfin la s6cr6tion du lait est bientot supprim^e dans les vaches. On croit cette maladie 6pid6mique, dit Vitet, parce qu'on a pretendu qu'elle se communiquait d'un boeuf malade a un boeuf sain ; je serais tres-porttS ä crone , ajoute-t-il, d'apres une multitude d'observalions faites par les personnes qui habitaient les campagnes oü eile a fait de tres-grands ravages les anntes dernieres, qu'elle provicnt plutot des mauvaises qualites de l'air, que du contact des malades , puisque des boeufs attaqu(5s de cette maladie, transports dans les cantons voisins, oü l'air jouissait d'une grande puret6 , n'infecterent au-cun bocuf.
11 a remarquö que la pleuro-pneumonie öpizootique est propre au beeuf ou du moins plus fr^quente chez lui que dans les autres animaux.
A I'autopsie, on trouve les poumons livides, engorges et converts d'ecchymoses; des pustules abcM^es existent dans les brooches , ainsi que des taches noiralres; le pa-renchyme de ces organes contient des abces, d'autrefois quelques lobules sont dess6ch6s; les poumons adherent aux plevres; des fluides purulens sont 6panches dans le thorax; quelquefois encore les poumons sont durs et sou-vent les visceres de l'abdomen presentent des traces d'in-flammation.
Le grand abattement, les plaintes continuelles, la tonx faible et souvent r6p6t6e , l'iuqutetude et l'agitation du malade , la samp;heresse de la langue, etc., etc. , annon-
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cent la mort, qui arrive du second au troisicrnc jour, et souvent le cinquieme.
La saign6e a la veinejugulaire, les boissons nitröes ou ai-guisöes avec la crörae de tartre ; !es parfums acidulös et spiritueux dans les etables, la separation des boeufs sains d'avec les malades, passent pour des moyens pröservatifs assez certains. Si les forces vitales sont opprimocs et les forces musculaires abattues , s'il n'y a pas pl^lhore , la saignfe est nuisible ; mais, dans quelque cas que ce soit, les parfums, les setons avecI'ellebore, les vesicaloires sur la poitrine et la separation des boeufs sains d'avec les ma-lades , doivent 6tre mis en pratique.
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11 indique lo saignee ä la jugulaire , comme premier moyen curatif, et conseille de la rd'ilerer quatre ä cinq fois dans l'espace de quaranle-huit heures; d'administrer beau-coup de lavemens mucilagineux , et de donner l'eau blan­che nitree et miellee pour boisson; de faire respirer de temps en temps des vapeurs d'eau chaude. Lorsque la chaleur, la difficiilt6 de respirer et l'oppression desnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; lt;#9632;
forces vitales accablent le malade, il conseille le camplnc et le nitre etcndus dans le miel et administres en bols. Lorsque Texpectoration commence ä s'elablir, il recom-mande d'administrer la fleur de soufre en opiat et blame l'empioi des purgalifs , comme pouvant troubier les effortsnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;Sij
de la nature.
Gervi, völ^rinaire, fnt appelö en 1788, dans lo village de Saint-Bonnet (Allier), pour combatfre une maladie äpizootique qui s'etait manifeslee depuis plusieurs jours sur les betes ä cornes. Quarante-sept bestiaux elaient al-teints , la maladie etaitinflammatoire , ä en jugerdu moins par la chaleur des cornes , des oreilles, de la bouche et de toute la superficie du corps, Tadh^rence du cuir sur les
cötes, les lotnbes et la sensibility que monlrail I'animal
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dans cette partie , ainsi que par l'accöleration des möu-vemens du pouls el une lagere interruption de la cuml-nation.
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Des charlatans avaient pratiquö sur les bötes attaqu^es une multitude d'incisions, söparö le tissu cellulaire scus-cutaiie et inlroduit sous le derme des cötes des feuilles de bettes. Malgre rerapressement que mit Gervi ä extraire ccs corps strangers , ils produisirent des tumeurs assez con­siderables qui reunirent les incisions, d'oürösulterent des engorgemens contenant une humenr si disposee ä la pu­trefaction , que la gangrene se manifestait sur-le-champ dans quelques sujets , malgrö les moyens que ce v^töri-naire mit en usage pour la prevenir. Dans ce cas grave, rappölit diminuait considerablement , la rumination de-venait plus rare, le pouls se concentrait, redoublait de vitesse et tout annon^ait la prostration des. forces.
Dans cet 6tat de choses , Gervi eut recours aux forli-fians, lels que la poudre de gentiane , l'infusion de fleurs de sureau. alliöes au vin. II scarifia profondöment les en­gorgemens, d'ou decoula une humeur putröflde, si äcre, qu'clle noircissait la lame de rinslrument; le tissu cel­lulaire sous-cutane elait noir et iufiltre de cette humeur. Cesscarifications, qui soulagerent beaucoup les malades, furent pansees avec l'huile essentielle de terd'benthine ; les plaics devinrent eu peu de jours seclies, brulantes ; la ficvreannongaitla chute des escharresque Ton acc6l6ra en remplissant les plaies de cataplasmes anodins et matu-ratifs. Apres deux ou trois pansemens , la suppuration s'elablisriait, la fievre disparaissait, l'appötit revenait et Tanimal (Hait hors de danger ; il ne mourut que qualre vaches, qu'une gangrene repandue sur toule la superficie du corps lit promptement suecomber.
A l'autopsie , Jon trouva les visceres du bas-ventre tres-sains; mais les plevres, le mediastin , la face antö-rieure du diaphragrae , ainsi que les poumons etaient fortement enflammes et parsemös de taches gangröneuses.
Les animaux sur lesquels le charlatan n'avait pratiquö que quelques legeres incisions , ainsi que ceux qui tom-
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berent malades fapres l'arrivfe de Gervi, se retablirent promplement. 11 employa la saignee , les temperans, c'est-ä-dire, l'eau blanchie par la farine d'orge , sur chaque seau de laquelle on mettait environ un verre de vinai-gre et Irente grammes de nitre. On administra en outre trois breuvages par jour , composes de dd'coclion de feuil-les de laitues, d'oseille et de Chicoree ou dent-de-lion ; on metlait seize grammes de cr6me de tartre dans le pre­mier breuvage, ce qui produisait ordinairement, des le second jour, une abondanle secretion d'urine qui sauvait I'animal.
Gervi altribue cette maladie ä l'excessive chaleur qui regna pendant plusieurs journees du printemps , sui-vies de nuits tres-froides; il pense aussi que le pas­sage subit d'une nourrilure seche et austere a des ali-mens verts et aqueux , ont indue fikheusement sur I'ero-nomie ; il apporte en prcuves, que dans les fermes oü ce cliangemcnt de regime n'eut pas subifement lieu, les bestiaux ne furent pas attaques de l'epizoolie.
Chabert publia , dans le volume de 1793 des Instruc­tions Veterinaires . une description de la peripneumom'e gangreneuse , qui regne au printemps sur les boles a cornes,
II dit que cette maladie est contagieuse et presque loujours öpizootique dans I'espece bceuf. II y reconnait trc:laquo; temps ou pöriodes.
Symplömes du premier de'gre : Töte lourde, mufle moins liumecte , yeux tristes ; pouls dur, irregulier, ac-celere; flaues un peu agites, bouche et airexpiröcliauds; toux s^che , sonvent forte et fröquente, degoüt , soif assez grande , fiente noire et compacte, urines rares , epaisses et odorantes; poil herisse et sec ; oreilles et cor­nes un peu cbaudes; diminution des forces , le malade semble faliguö sur ses membres et boite quelquefois.
Sympldmes du second degre : Augmentation de tons
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les symplömes, scnsibilitö extreme de repine dorsale, le malade se pleint lorsqu'on pincc ou comprime le rachis, Froisscment strident des dents ; diminution de la s6cr6-tion du lait, le malade porte la töteelevee , les yens sont etincelans et larmoyans; le pouls est tres-agitt; ; la soif grande, la bouche seche et tres-chaude, Pair expirö bru-lant; la membrane pituitaire enflammoe , le mufle sec et les naseaux spasmodiquement contraclös. La surface du corps est tres-chaude , cetle clialeur disparait et reparait alternativetneut; souvenl encore eile se montre partielle-ment sur les cotes, les faces de rencolurc, tundis que les cornes ct les oreilles sont froides; d'autres fois, le con-traire arrive , le rectum est brülant. Les fiancs sont agi-t6s, la toux est forle , souvent continue, opinifttre et convulsive ; dans les animaux oü elie n'existe pas , mats dans lesquels les autres symplömes sont manifestes, la maladie est tres-avancee et toucbe ä son dernier periode; Tanimai ne se couche point ou du moins ne pent rester long-temps dans cette position ; il y a expectoration par la bouche et par les naseaux d'une matiere roussAtre et sanguinolenle , enfin les mamelles so dessechent et se fle-trissent. II se montre quelquefois une tumeur superfi-cielle et Ires-mobile , soil au coude , soit au cou , ou encore aux extremites ; la rentree de cette tumeur est precedee d'un frisson morlel.
Symplömes du troisiime degre: Tons les sigr.es d'in-flammation precedemmcnt dd-crits disparaissent; le pouls est petit, faible et en quclque sorle effacö ; les humeurs ont perdu leur humidile nalurcllc , la pupille est dilalöe ct sans mouvement; les flaues sont retractes et leurs mouveraens tres-acceleres ; des myriades de moucbes cou-vrent le malade , qui est insensible ä leurs piqures ; la respiration est de plus en plus laborieuse, l'öpine dor-sale est voütee, les membres rapprochös , les naseaux dilalös; il en decoule un liquide divcrsemenl colure , in-
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feet, acre , qui ulc^re la pituifaire et la poan du nez ; ce liquide conlient parfois des debris de la substance pul-monaire. II y a quelquefois constipation , mais plus fre-quemment des dejections do malieres Glides , accompa-gueos d'epreintes cruelles; la faiblesse est considerable , rinscnsibilitö extreme ; on entend un gargouiliement dans la poilrine; le malade chanceüe, se plaint, lombe, se relcve pour tomber de nouveau et meurt.
Cliabert fail rcmarquer que ces symptömes marchent avec d'aulant plus de rapidite et qu'ils ont d'autant plus de gravile, qwe la caufe de la maladie a plus d'inlensile et quo i'epoque oil eile a commence ä agir est plus eloi-gnee de celle de l'invasion de la maladie ; et lorsque eclte intensitö est augmentee par la contagion, la maladie est plus rapide et fait perir les bestiaux en vingt-quatre ou quarante-buit heures, surtout les sujets jeunes, ceux qui sont gras et forts.
Autopsie. On trouve les poumons enflamm^s. decom-posös , sphactMes et suppurös , les plevres epaissies ct in-fiUr6es d'humeurs glaireuses ; des adhörences existent en-tre les poumons, le pericarde.et le diaphragme ; d'au-trefois il existe un ^pancbement considerable d'eau bour-beuse , söreuse, sanguinolente et loujours infecte. Le foie est volumineux, jaunalre , la vesicule biliaire pleine de ce liquide; le diaphragme cnflamme, souvent gangrene ct converts de taches noires. La pause et le feuillet sont remplis d'alimens desseches, la caiilelte et les inteslins plus ou moins cnflammös; la malrice dans le cas de ges­tation est trcs enflammce , ainsi que le foetus; on ob­serve plusieurs tacbes gangreneuses et les poumons du petit animal se ressentent plus ou moins de l'etat de ceux de la mere.
Causes. La pöripneumonie se declare durant les piin-temps qui succedent aux bivers doux ; eile se manifeste encore en antotnne , lorsque I'ete a eprouve de grandes
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et fröqiienles variations de clialeur et d'humidite. Les causes ordinaires do celle malndie sonl done les varia­tions de l'atmosphere , les longoes secheresses, I'ac-tion d'un soleil bruiant ; les brouiilards 6pais et fetides , la grele , les piuies froides que les.animaux öprouvent loFsqü'ils sont en sucur , la disetle d'eau , l'iisage de celle des marcs, les fourrages poudrcux et säbmergäs, lesplantes marecngeuses, surtout celies qui sont dessöchees apres la retraite des eaux , les exhaiaisons putrides des marais , etc. , etc. , et les ^tables chaudes. II ajoule la paille d'avoine javeiee , celle qni est moisie et poudreuse ; enfin il avance quo la contagion est d'ätitant plus active , que 1c nombre des animaux est plus considerable et qu'ils sont plus entassös , presses dans les stables.
Soins et regime. Le boeuf, dit Chabert, 6tant d'un temperament lympliatique et pituileux , est moins impres-sionnable {i l'aclion des causes maladives; elles font chez lui des progres sourds et sinislros avant que la reaction vitale soit appreciable, et pouvent, en raison de cecarac-tere insidieux, operer la destruction de la machine , si Ton n'apporte un prompt secours dös les premiers signes maladifs. 11 conseille done, dans les temps d'epizootie sur­tout , de visiter souvent les animaux sains , afin de s'as-surer de l'existence du plus leger signe maladif. II recom-mande d'6viter, avec 1c plus grand soin , toute commu­nication des animaux malades avec ceux qui sont sains ; ceux qui soignent les bestiaux malades ne doivent pas non plus approcher des etables et des troupeaux nou atteinls; on doit bruler le furnier sortant des etables conlenant les malades, enlerrer profondement les cadavres , tail-lader leurs peaux; tenir enfin les bestiaux dans des habi­tations seches, propres et aerees, les malades renferm^s dans des pares öloign^s des habitations.
On fera brosser, bouchomier et etriller sonvent les animaux , on liendra les malades converts; on parfumera
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les etables avec des baies de genidvre infusees dans le vinaigrc , jelees sur des charbons ardens; on en dirigera les vapeurs sous le ventre et dins les narines des malades et on enlretiendra dans leur beuche un billot compose d'assa fölida et d'oximel.
Los bestiaux malades seront tenus ä la diete la plus severe ; les sains ne recevront qu'une dcmi-ralion de bons fourrages.
TrailemeiH preservalif. Saignee a la jugolaire qui sera repd'lee le lendemain et le surlendemain , si le pouls con­serve encore un caractere de duretö , breuvages de de­coction d'oseille et chicoröe sauvage animöe par le sei de cuisine, a laquelle on ajoute le nilre et le camplire dissous dans un peu d'eau de Rabel; lavemens emolliens; le lendemain , trochisque de sublime corrosif an fanon, que Ton traversera par un s6lon , etc. , etc. Ces moyens, dit Chabert, ont suffi pour garantir les animaux sains des effets de la contagion.
Trattement curatif. ier degre. Saignee Ala jugulaire, si le pouls est dur, fort et plein et nou autrement. Des que le pouls est devenu souple , un vesicatoire sur cha-que cöte de la poitrine , que l'on pansera ulterieurement avec ronguentbasilicum , anime par les canlharides. Breu­vages alexitöres d'infusion de baies de genievre, d'ammonia-que et de quinquina, ramp;löres deux fois par jour ; gar-garisme de decoction d'orge mielle, lavemens temperans, eau blanche nilr6e; vapeurs de vlnaigre, dirigees dans les narines ; bouchonnement, usage de la couverture.
2 degre. Saignöe proscrile, vesicaloires Ires-aclifs sur la poitrine ; infusion de genievre en breuvages, lavemens Emolliens. boissons nitröes, gargarisrnes. Si l'animal est faible , on donnern le breuvage alexilere deja indiquii. Si le mieux succede ä cetlc medication , on nourrira le malade avec des panades animees par los jaunes d'oeufs et l'cxlrait de genievre.
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3e degre. On se Mtera d'appliquer les vesicaloires, d'adminislrer ties brcuvages alexitörcs et des infusions de 1nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;baies de gonievre dans lesquelies on ajoutera I'assa-fcelida
et la gomma arnmoniaque dissoutes dans le vinaigre ; les gargarismes, les lavemens aideront aux effets de celle medication qui cst presque loujours infructueuse.
Dans les premiers jours de mai -1802 , jc fns appel6 dans un village do la commune de Clesse (Deux-Sevres); trois bceufs etaient peris depuis une semaine, d'une ma-ladie que Ton croyait contagieuse et qui avait enlevt' les malades en trois on qualre jours, malgre les'sai-gnees repetce.s et les alexiteres qu'avait prodigu^s un raa-reclial. Un qualrieme boeuf, atteint depuis qualre jours,
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d'tait mourant.
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Commiimoralifs. Les fourrages avaient manque durant I'liiver , les besliaux avaient ete nourris de paiile de sei-
gle , d'une tres-modique ration de Coin et de l'herbe qu'ils trouvaient dans les champs , lorsque le temps permetlait de les y conduire. Des la mi-avril, on avait mis pacager les bceufs autour de deux etangs ou se trouvait une herbe de primeur, mais aqueuse; leprintemps futchaud et pluvieux, il regna des brouillards (ipais et fetides qui rendaient les matin6es froides, ce qui n'empechait pas d'exposer les animaux a I'action de ces m6t6ores , au sortir de leurs elables qui etaient chaudes et encombrees de fumier.
Symplömes. Je n'eus pas de peine a reconnaitre dans ce boeuf, pres d'expirer, la peripneumoiiie gangreneuse, ;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; de Chabert: maigreur rapide du malade , flancs r6lract6s.
loux faible, avortee, quinteuse; l'inspiration ötait pöni-ble et cour(e , Texpiration entrecoupee ; on distinguait la fluctuation des liquides t5pancli6s ; le pouls lt;5tait petit, faible ct filiforme , un flux fetide et diversement color6 decouiait des narines ; la bouche etait päle, froide, I'air expire fetide; une salivc assez abondanle se m6Iait au flux nasal. L'animal elait rassemble sous lui , ayant la
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PATHOLOGIE BOVINE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; Ö73
tele allongöe et la bouche böante ; une diarrhee fölide, interrompuc par des öpreinles douloureuses , ainsi qu'un accablement extröme , annoncaient une mort prochaine; en effet, le malade mourut dans la soiree. Je procedai moi-meme et de suite ä Vaulopsie et la fis im pen a la Mte, parce que la nult s'approchait; maigreur generalc, chairs decolorees et sc dechirant facilement ; un sang li­quide et terne döcoulait dos capillaires sangains ; je n'explorai que le thorax : un öpariclicment considerable reraplissait les deux sacs des plevres, les poumons elaient enflammes, de couleur rouge-vineux , converts de taches sous-sereuses et noirätres; les plevres etaient injecl^es et colort'es par de nombreuses petechies ; la muqueuse bron-cliique etait aussi rouge , epaissie , couverle de taches noires , mais \ä, eile n'etait pas ramollie comme dans la gangrene; des mueosites spumeuses remplissaient ces canaux aeriens. Le coeur etait decolore , ramolli, une multitude de pd'tikhies noires couvraient sa surface ex­terne ; les cavites droites contenaient du sang encore liquide et chaud , mais abondant en sörosite et d'une couleur terne.
Environ qualre-vingt-dix beles aumailles de (out age , existaient dans les trois melairies composant le hameau ; je les visifai toutes avec soin ; sept a huit beeufs ou vaches toussaient, avaient la peau collee aux os, les poils hö-risses et rüdes, les muqueuses rouges , surlout la pitui-taire et la conjonclive; je les considerai comme atteints de la maladie au premier degre. Deux furent saignes, je leur mis , ainsi qu'aux six aulres , un seton au lanon et ordonnai l'emploi d'une tisane de decoction d'orge et d'oseille raiellee , ä laquelle je fis ajoutcr seize grammes de nitrate de potasse par breuvages ; on donna quelques lavemens ^molliens, on abreuva avec l'eau blanchie par la farine de seigle. Je fis retenir tous les matins tous les besliaux dans les ^tables, et lorsque le temps C'tait beau,
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on Ics copduisatt dans les pulurages les plus sains et les plus eleves: les t'tables furent neltoyces, desinfectees par des fumigalions de chlore; enfin on y pratiqua des ou-vertures pour y ölabiir des courans d'air. La propriötaire, dame rlclie et charitable , fit le sacrifice de trente quin-laux de foin , pour nourrir les bestiaux pendant quelque temps.
Tout avait done ete selon mes dösirs et je me retirai salisfait, lorsque, trois jours apres, on revint me cher-cher a la hate ; deux jeunes boeufs , de quatre ans , que j'avais saignes et sölonnös , etaient plus malades : toux scche, quinteuse, gene de la respiration , flaues agites de mouvemens irreguliers, pituitaire rouge, yeux larmoyans. Louche secheetchaude; l'appetit et la rumination 6taient suspendus, le ventre 6tait un peu rötracte et dur , avec constipation. Le pouls ötait accelörö , petit, mais I'ar-törc ditait tendue ; la fievre plus intense le soir etait pr6-camp;ltie de frissons g^neraux ; les oreilles, les cornes , la pean etaient allernativement froides et chaudes. Saignee d'environ deux kilogrammes , tisane et lavemens; le len-demain malin , moins de durete dans le pouis ; applica­tion de larges v6sicatoires sur les parties laterales de la poitrine, qui produisirent une puissante röviilsion et un mieux marque vingt-quatre heures apres leur applica­tion. Cette maladie fixait toule mon attention ; mes deux malades me parurent abattus., je craignais la gangröne, car j'etais imbu des opinions de Chabert; en consequence, je fls ajouter dans chaque litre de tisane, donnös le matin et le soir , trente-deux grammes de quinquina en poudre qu'on delayait et huit grammes de camphre dissous dans un peu d'eau de Rabel ; I'eau blanche nitric, les lave­mens furent prodigues ; on frictionna ou bouchonna sou-vent les malades et on les enveloppa de convcrtures ; on pansa les setons, les v^sicatoires avec I'onguent suppu-ralif. L'un des boeufs fut hors de danger en trois jours,
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la rhaladie se prolongea jusqu'au sixieme jour dans le
second; de sorle que tous les deux guerirent.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;'., lt;
La cause de cette maladie gisait, selon moi , dans la transition subile de ralitnentation , comme i'avait observe Gervi; enfin les variations de la temperature de I'atnsos-phöre et surtout los brouiiiards avaient aussi puissammentnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; j -fä
agi dans cette circon^taiice.
Tant qu'ii la contagion , eile me parut douleuse ; deux ou trois betes ä comes furent atlaquees dans chaque mo-tame , sin trente ä trente-cinq qu'elles 6taienl; tou-tes furent soumises aux monies influences, et, malgre mesnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; j
instances, les precautions sanitaires furent tres-negiigees, je dus done considörer cette enzootie comme conslitu-tionnelle.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; !t, ;
Jeröme Waldinger, professeur ä l'Ecole *v6t(?rinairenbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 'iti
de Vienne, a observe , comme Baucard Mauchard , Tin-nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ..
flammation des poumons et des plevres compiiquer les maladies typholdes du boeuf; il en paric assez longuement dans son Traite des Maladies des Deles ä comes, pu­blic en 1810 , dont j'ai cit6 quelques passages. Get 6critnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;:; n'etant point connu de la plus grande partie des v(Hen-naires fran^ais. je crois devoir transcrire le passage qui a trait a cette complication:
Symptomes de la pesle , compliquee de I'in flammation des Poumons et de la Plevre.
Apliorismse 86 (*). Si ranimal cst soumis a I'action d'un froid humide, rinflammation des poumons se joint facilement ä la peste.
87. Mais, par un froid sec, la maladie est plus ra­pide ; e'est alors Tinflammution de la plevre qui compli-que communtonent la pesle.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;. lt;
(*) Get ouvragc est (toil en style aphorisllque, j'en ai conserve la forme en le traduisant.
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576nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; PATIIOLOÜIE BOVINE.
88.nbsp; nbsp;II n'y a que les animaux bien nourris et en bon elat, chez lesquels la pulmonie ou la pleuresie puisse se compliquer de la peste.
89.nbsp; nbsp;L'animal ainsi malade , mis en libertc et hors de ratable, a la respiration lialetante et plus courte ; il 16-moigne unegailequi va jusqu'ü Yasamysigerie^Äbildgard),
90.nbsp; nbsp;Les mouvemens des roles et des flancs sont plus acceleres quand rinflammation envahit les poumons ; symptume qui n'existe pas quand e'est la plevre qui est enflammee.
91.nbsp; nbsp;Les animaux dans cet (Hat portent la töte basse et le col tendu.
92.nbsp; nbsp;Les narines sont dilatees et laissenl apercevoir la pituitaire qui est rouge et enflammße.
93.nbsp; nbsp;La c'önjonctive est rouge , injeetöe; les yeux sont sees, le regard est hagnrd et farouche.
94.nbsp; nbsp;Le mullo est, des le commencement de la ma-ladie, plussee, et larosöe qu'il exhale perd de son gluant et devient limpide.
#9632; 93. L'animal grince des dents , bailie ; il se manifeste des tremblemens partiels.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; [Ahlkhjard.)
96.nbsp; nbsp;Un affaissement g6n6ral survient ; l'animal chan-celle et ne porle que sur la pince des pieds posterieurs.
97.nbsp; Les animaux atteints de cette inflammation des poumons oude la plevre , ne peuvent rosier couches, et, s'ils 1c font, ils so relevent brusquemcnl.
98.nbsp; Ceux qui baissent la tele , refusenl le boire et le manger, s'eloignentde la creche, cessentplus tot de ru-mincr.
99.nbsp; nbsp;Les battemens du coeur ne peuvent se sentir , le pouls est petit, dur et faible.
400. Dans la premiere pöriode de la maladie, le pouls donne de suite de soixante-dix ä quatre-vingts pulsations par minute.
101. Si l'animal n'est simplement attaquö que de la
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PATHOLOGIE BOVINE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; o77
pcsle . ce n'est que vcrs tu (in do la maladie que le corps angmcnle de chalcur. Mais si rinflammation des pounions ou de la plevre complique la pesle des lorigmc, l'inte-ripur de la bouche est chaud et sec , et la surface du corps d'une temperature tres-elevöe.
102.nbsp; L'emission de l'urine est plus rare et sort en petite quantite , eile est transparente, de couleur brun foncö et ne forme pas dY'cume sur le sol.
103.nbsp; Les excremens sont sees, ils ne forment point comme ö l'ordinaire des bouses larges et elendues, mais sortent en masses assez fermes, moulees, separees exte-rieurement par des lignes profondes et circulaires.
104.nbsp; Quand les narines dislillent unc liumeur mu-queusc meleedesang, c'est un signe funeste qui indi-que qu'on a nöglige l'emploi des moyens indiques.
105.nbsp; Un pareil etat exige, outre l'emploi de l'acido de sei [aeide hydrochlorique), que l'on saigne le plus lot possible , parce que la gangrene s'ötablit tres-promp-tement et tue.
100. De petites snignecs ne suffisent pas , car cc n'est qu'apres avoir lirö dix ä douze livres de sang (cinq kilog.), que les battemens du ccei'r se font sentir.
107.nbsp; Si la respiration est encore acceleree apres la premiere saignee et que les battemens du canir rede-viennent imperccpliblcs, unc secondc saignee est neecs-saire.
108.nbsp; Si ie sang'extrait des veines forme une couenne , il ne faut plus saigner l'animal {erreur); si laserositesc s^'pare bien du caillot, il y a espoir de guerison.
100. Si les animaux , apres otre gueris , conseryen.t line respiration courte et genee , ils ne sont bons (ju'a elretues et impropres s\ aueuns travaux , bien qu'ils aient bon appetit.
110. Si le temps est froid et humide, il faut ajoutcr ä l'acide de sei une once (trente-deux grammes ) de
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salpötre , avec quatre onces (cent-vingt grammes) de sei marin , donnös Irois fois par jour, pendant trois jours, une heure apres le repas. A d6faut de salpötre. la pou-dre ä fusll est excellente.
Hl. Sl, dnraiit im hiver froid et sec , la peste est röunie ä l'inflammation des pouraons et de la plevre, le sei marin ä ladose de quatre onces (cent-vingt grammes) et une once de gentiane, avec l'acide de sei, seront ad-minislrus trois fois par jour.
112.nbsp; Tant que les excrömens seront durs , sees et rares, il laut administrer des lavemens d'eau tiede satu-ree de trois onces (quatre-vingt-quinze grammes) de sei de cuisine et les reilörer trois ou quatre fois par jour.
113.nbsp; nbsp;Pendant la convalescence, il est bon et meme essentiel de faire prendre a l'animal une once (trente-deux grammes) de racine de gentiane , autant de cala­mus aromalicus, de charbon de bois bien pulv^risö, meles d'eau et de farine, donnes en trois fois, une heure avant de lui donner le fourrage.
114.nbsp; Un cautöre ou IMntrodaction de la racine d'ellö-bore au fanon , ne font du bien qu'autant qu'ils sont em­ployes H l'apparition de Tinflammation des ponmons et de la plevre, compliquant la peste , et ces moyens röunis ä la saignöe ne peuvent etre employes que lorsque la ma-ladie est grave.
115.nbsp; S'il fait bien chaud, l'inflammation des poumons reu nie ä la peste, marche rapidement ä la gangrene. Une saign^e prompte est urgente , ainsi que l'emploi de l'acide de sei ferrugineux , röuni au sei de nitre , ä la dose d'une once (trente-deux grammes) et un gros (huit grammes ) de carnphre pulverise pour chaque breuvage , que Ton reitere trois ou quatre fois par jour, pendant cinq jours.
Hü. Les symptömes de mort dans cettemaladie com-pliquee sont les mömes que ceux de la pesle.
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117. A I'autopsie du cadavre , 011 trouve toutes les Icstons de la peste , et de plus , les poumous couverls de taches gangrenenses, et quaud I'inflammalion de la ple-vre a complique la pesle , les poumons se trouvent lou-jours engoues par un sang rouge-noir et gangrene.
HS. Si l'animal est moit snr un cöte, rengouement sanguin du pjumon de ce cote n'est point la preuve evi­dente de son indammalion , mais un effet cadaverique . surtout si Taulre poumon est sain 011 seulement d'une couleur plus foncee, si toutefuis pourlant il est mou et souple.
H9. Aprös l'inflammalion des poumons et de la ple-vre, on trouve souvent, dans la substance des poumons, des nceuds ou endurcissemens isoles , et les parties gan-grenees sont ramollies.
120.nbsp; Apres Tinflammalion de la plevre, on trouve dans differens endroits des adherences assez 6lendues , et les sacs des plevres conliennent beaueoup de liquide epanche.
121.nbsp; nbsp;Le larynx est tachetö d'eccliymoses brun-ronge et plein de glaires ecumeuses, souvent rougies par du sang qui s'y est meI6.
Je passe sous silence dix apliorismes ayant pour objet des moyens de mesure sanilaire peu importans.
152. Les veaux et genisses de deux ä quatre ans sup-porlent mieux la raaladie que les vaches employees ä la reproduction de l'espece.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;( Abildgard.)
-155. Les vaches protest mettre bas, alteintes de la maladiö, sont dans le plus grand danger. [Abildgard.)
134. Si dies mettent bas ä lerme, dies peuvent e(re souvees.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; {Abildgard.)
iöli. Les boeufs supportent plus facilemeiit la maladie que les vaches.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;[Abildgard.)
15G. Les jeunes animaux supportent mieux la maladie queceuxqni ont alleinl Tage de six a huil ans. [Abildgard.)
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JiSOnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PATHOLOGIE BOVlWE.
•157. I.cs animaux grands et gras supportent moins t)ieri la maladie quo ccux qui sent pelits et maigres.
(Abildgard.)
158. Les bötes mal nourries , appauvries, resistent diffieilement a la maladie.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ( Abildgard.)
ioi). Les bestiaux qui proviennent de betes qui ont el(5 atteintes de la maladie , la supportent bien plus faci-lement.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;(Abildgard.)
Guersent. dans son traitö sur les Epizootics , 45deg; vo­lume du Diclionnaire des Sciences Medicales , a consa-cr6 un article A la description des pneumonies etpleuro-pneumonies epizooliques : U dit, comme Baucard-Mou-chard et Waldinger , qu'ellcs compliquent quelquefois ac-cidenlcllement le lyplms, mais qu'elles existent aussi t\ Tetat epizoolique , soit scules , soit r^unies avec d'autres inflammations ou accompagnees d'unc espece de fievrc pulride. C'est, dit-il, principalement ä cette derniere variete qu'on a donnö le nom de pcripneumonie maligne ou gangröneuse, parcc que tous les auleurs assurent que cette inflammation se termine par la suppuration du pou-mon et la gangrene. Ici, M. Guersent 6tabljt quelques doules sur rexactitude do ces dd-nominations , et pense qu'on a donnö le nom de gangrene ä une sorte d'höpa-tisation rembrunie ou ä de largos ecchymoses noires , que Ton observe quelquefois sous les sereuses , dans I'homme et dans les animaux. La veritable gangrene du poumon avec la couleur noire, la consistance et l'odeur propre qui caract6rise cette d6generescence est si rare dans I'homme , que beaucoup de mamp;lecins ne I'ont jamais vue, ce qui autorise M. Guersent ä croire qu'elle est aussi rare dans les bestiaux. Get auteur döcrit ensuite les sympto-mes de cette maladie , qu'il a copies sur Chabert; il en est ainsi des autopsies et du traitement, ce qui me dispense de les renter.
Tant qu'A la contagion , M. Guersent pense que la
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preuro-pneumonie se presente quelquefois sans aucun ca-
ractcre contagieux , et que dans d'autres cas , ellc se
propage par contagion. 11 cite en preuve t'epizoolie de
Montargis (Loiret), döcrite par Gasleilier , qni , ap-
portee par des bestiaux vendus 'par des marchamls , ne
futcependant pasmeurtriere. Abiidgard, de Copcnhnguc,
parle aussi d'une peripneumonie qui etait contagieuse;
landis que celle d^crite par Gervi nc I'elait pas , qiioi-
qu'elle ait offert les monies symptömcs qpe röpizooüe des
environs de Montargis , et fut combaltue avec succös parnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; gt;.
les memes moyens. Enfin, de ces luits, M. Gacrscnt
tire celte consequence , que la meme malndie pent se
representcr tantöt quot;avec un caractere contaglciix , taiitöl
sans celle proprietö , quoiqu'eile offrc d'allleurs cntiore-
ment le meme aspect. Celle verite , quoiquc contcslce par
quelques medecins, parait aussi importante ä M. Guer-
sent pour les epidemics que pour les epizootics ; aussi
cst-ii porte ä croire que les Epidemics de calarrhe pul-
monaire et de dyssenterie sonl dans le meme cas.
M. Cros , veterinairo h Lodi, a presente ä la Sociele royale et cenlrale d'Agriculture, pour le concours dc 1819, un memoire snr une pcnpneumonie contagieuse epizooliquc , sur les' bamfs. Gelte maladie se manifcsla en mai 1818, sur un tmupeau de bceufs employes ä de-fricher un bois dans i'lsolone. Lie formüe par le Po , enlre Lodi et Plaisance. Gelte ile , bordöe par le vieux canal du Po, est placee a la gauche du fleuve ; celui-ci s'elanl retire vers Plaisance , a laisse son ancien lit a sec , de sorle que dans les grandes chalcurs , on ne trouve dans toute celle i!e que des eaux croupissantes qui exhaleut des vapeurs malsaines ; cependant celle eau bourbeuse est la seule qu'ont les besliaux pour etancher leur soil'. Le proprielaire ayant done entrcpris cc defricltemcnt , y employa qualre-vingt-seize buculs, qui y Iravailleicnt sans dUconliuuile, quelque tenqis qu'il lit; ils nVilaienl .
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malfirö cela , que mödiocrcment nourris avec dc la pailfe de frorncnl, m61ee de luzerne on do Ircfle. La nuit , ils conchaieiit dehors ct mangeaient de la slrame, especc dc paille laissöe sur pied long-temps apres la moisson , et qui , cette annee, avail ete expostie pendant plus d'un mois ä nne plüie continuelie; de sorte que lorsque ces bestiaux 6taient h meme de la manger , eile n'etait plus qu'un chaume rouille, mele de quelqucs mauvalses her­bes , telles que fjes cyperoides , des eraudes-linaires , des prßles et quelqucs pieds de trefle. La maladie apparut d'abord en mars ; les bocufs foussaient ct mangeaient moins, le poil dcvint pi(iu6 ; mais, commc ils semblerent se nMabür, on nc fit point attention k ces signes precur-scurs.
A Tarrivce de M. Gros, sur ces quatrc-vingt-seize bocufs, trois (Haient morts , deux furent abaltus comme incura­bles , vingt-six ötaient malades ct furent traitamp;i curative-ment ; soixanle-cinq furent soumis ä un trailement pr6-servatif.
Symplumcs. Foils licriss^s , yenx enfoncd-s dans les or-bites, flaues rctroussd's, epine du dos voütee en contre-liaut; tete basse, cou allonge , extrcmites anlerieures c'tartces; respiration difficile, toux seche , rauque et frcquente, durant laquelle ils allongeaient 1c cou , sor-taient la langue comme pour expectorer. Qnelquefois, il coulail par les naseaux nne cspece de sanie purulcnte et l'oreille placee sur les cotes du thorax enlendait le gar-gouillement des liquides coutenus dans les sacs pleure-tiques. Le pouls etait petit, profond et intcrniKlent; jes urines rares et jaunülres, les excrcmens qnelquefois durs, quclqucfois mous ; les malades ne se couchaient presque jamais ; s'ils y ctaient forces par leür etat de fai-blesse , ils se relevaicnt de suite.
Autopsie. Thorax : les deux lobes du poumön etaient squirrheux (il a voulu indiquer riiepalisalion); tine petite
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efendue de leur parenchyrae et les appendices antürieurs 6taieut encore permeables ä l'air ; los plövres pulmonaires et costales parsemees de taches noires ; en indsant les portions squirrheuses, on penetrait dans des abces cou-tenant des matieres ecumeuses et roussütres, et bcaucoup de ramifications bronchiques s'ouvraient dans ces abces. Dans un boeuf, le pöricarde 6tait rempli de serositö; le lobe droit du poumon 6tait squirrheux (liöpalise, sans doute) , il adherait ä la plövre costale et le thorax con-tenait une grande quantite d'eau roussätre , nielee de filamens albumineux. Les visceres abdominaux (Haient pa­les et les estomacs presque vides.
Les vingt-six boeufs curables furont minis dans deux ^tables et soignes par des hommes qui ne toucherent point aux bestiaux sains.
Trailement. Saignees rep^tees deux ou trois fois , selon I'indication ; regime : un peu de pailie do fromcnt ct do bon foin ; eau blanche acidulöe par I'acide sulfnrique, trochisquc d'ellebore et de sublime corrosif sur les coles de la poitriue et au fanon ; brenvages de decoction d'al-thea, nilree et raiellöe, lavemens ömolliens , gargarismes d'eau vinaigree , dans laquelle on avait mis bouiilir de la racine de grand raifor't; promenades , fumigations d'en-cens ct do genievre dans les etables, pendant que les bes­tiaux (3laient dehors. Les Irochisqucs produisirentde fortes tumeurs qui furent scarifiees profondement le troisieme jour et d'oü s'ecoula beaucoup de sörosites ; elles furent lavees avec line decoction de mauves et pansees avec le basilicum animö avec la poudre d'cuphorbe, cc qui pro-voqua une abondante suppuration. Sept ä huit jours de ees soins proeurerent un mieux sensible , les bcEiifs etaicnt plus gais , mangeaient avec appelit , la loux etait dinii-nuce et le poil plus lisse. Au bout d'uu mois , seize •boeufs furent relablis , ils reprireut leur rögime ordinaire, mais rcslerent ccpendant uu mois sans travailkr , durant
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lequel on leur domiait tons les matins de la poudrc do gentiane et du sei mßlcs avec du son. Les dix autres ma­lades tomberent dans unc extreme dd'bilite, quoiqu'ils n'eussenl 6t6 saignes qu'une fois : toux faible et grasse, agitation des llancs , app^tit diminuö , excremens fetides, muqueuses p;Mes , ponls faible et profond ; les engorge-mens des trocbisques diminuaient, la suppuration des incisions ölait moins abondanle. Breuvages de decoction de gentiane et baies de genievre miellöe , avec addition de camphre dissous dans un jaune d'ocuf; parfums d'oli-ban et de terebenthine. Nouvelles scarifications aux en-gorgemens des trocbisques, frictions de teinlure de can-tbarides. Eau blanche, bon Coin , frictions et bouchon-nement.
Ce traitement ayant ele continue pendant douze ä dix-huit jours, retabiit buit animaux qui , durant leur con­valescence , furent mis ä un bon rögime et purent re-prendre leurs travaux ; les deux autres furent sacrifies long-temps apres. A l'autopsie , on trouva les lobes pul-monaires presque enlierement desorganises , une grande quantity de liquides etaient 6pancli6s dans la poilrine ; un d'eux avait le pericarde epaissi, squirrbeux et les pou-mons remplis delegations (vomiques) qui intercssaient les broncbes.
Un traitementpreservatif fut employö sur les soixantc-cinq autres bceufs; on les tint sous des porliques aeres; une et deux saignees furent pratiquöes ä la jugulaire, on leur mit un seton avec un trocbisque au fanon ; de la gentiane, des baies de genievre , du sei de cuisine bien pulverises, furent melös avec du son et donnes tous les matins aux bestiaux , ä qui Ton faisait en outre boire de l'eau blanche. On lava les elables avec de l'eau chaude et on les puriüa par les fumigations guytonniennes.
Les deux bceufs sacrifies furent desenterres par les pay-sans de Kile, sans qu'il en resuKat de muladic.
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lh la Maladie pulmonairc enzoutt'que des bomfs : tel cst !c lilre d'un Mt'moire presents a Ja Sociele royale et centrale d'Agriculture , en 1819, par M. Diotcredir, vötörinaire en Prusse.
Cette maladie , qui doit son origine ä une inflammation spt'eifique des poumons et dont la marclie est leute , peut exisler, dit ce veterinaire, dans toutes les cpizoolies et enzootics du gros betail , d'un caractere inflammatoire , le charbon execpte: eile e?t enzootique, ne dt'-genere point en typhus, bien qu'elie semble parfois le simuler deux ou trois jours avant la mort des malades. Elle tend principa-lement ä desorganiser le poumon d'une maniere speciale ; ce qui n'a pas lieu dans les inflammations violentes , mais ordinaires des poumons , taut aigufe que chroniqucs, dans aucune espece d'animaux. Cependant une inflam­mation aiguö peut se dövelopper durant son existence , car les causes violentes peuvent produire des effets sem-blables.
La cause de cette desorganisation semble fondle , sui-vant 31. Diefercchr, dans une inaction des vaisseaux ab-sorbans de la cavite thoracique , affectes specifiquement. Cette inaction se pout particuliercmentexpliquer par I'ins-piration d'un air atmospherique altere d'uue maniere speciale ; comme , par example, up. air humide et froid qui enraie la sanguification dans les poumons. II dit en outre que I'usage , comme aliment, de l'ourrages älteres peut contribuer a son developpement.
II pretend qu'elie n'est pas contagieuse; mais il pense que deux ou trois jours avant la mort , I'air expire, alors que la maladie est ä son plus haut degre d'inlensite , peut etre funeste. II croit aussi que I'entassemnnt d'une grande quantite d'animaux malades re-uiis dans une (Stable petite et mal aeree , serait dangereux pour un animal sain; qu'il pourrait y contractor des ma­ladies semblablcs ä la fievre des höpilaux ou d'auties
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586nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; TAT1I0L0ÜIE BOVINE.
analogues- Un cheval qui habilait nne (iciirie oü il y avait sept vachcs malades eut une gourme tres-lbrtc qui ne cessa que lorraquo;qu'on I'eut change d'ecurie.
Le mucus qui decoule des narines des animaux preis ä succomber, ayant 6te inocule dans le nez des animaux sains, des setons places au fanon , aux epaules. dont les meches avaient ete imbibees de ce mucus , ne produisirent que des effets ordinaires; et sur neuf animaux soumis a ces experiences , pas un sen! ne fut atteint de la maladie. Une vache saine fut mise, pendant deux jours, entre deux boeufs malades ; on lui inocula du mucus coulant du nez de ces boeufs sur la membrane pituitaire; une autre vache saine la remplaga et resta avec ces deux bceufs jus-qu'a leur mort; ni l'une ni l'aulre ne furent malades.
Les veaux issus de vaches malades sont affectes de cetle peripneumonie d6s leur naissance; on a trouv6 les pou-mons d'un veau de quatre ä cinq jours atteints ; il en a et6 de meme d'un veau de trois ä six mois. Les vaches d'oii provenaient ces petits animaux furent malades du-rant le temps de la gestation; elles se retablirent un peu avant la parturition, mais les veaux furent sans doute attaqu^s dans leur sein ; des veaux issns de vaches saines et allaitfe ensuite par des vaches malades, ne conlrac-terent point la maladie ; d'oü Ton pent conclure , dit M, Dielcrechr, que cette maladie singuliere peut elre Sp6ciriquement communiquöe au foetus , mais que le veau d'une vache saine n'est pas susceptible de prendre la maladie dont il s'agit par le lait d'une vache malade.
Causes. Gelte maladie rcgne d'une maniere enzooliquc aux environs des lacs, dans les pays has, marecageux el tourbeux , la oü les päturages el les pr6s out ete sub­merges , sur lesquels I'eau reste jusqu'au printemps , ceux ou eile sc corrompt et laisse sur les herbes un limon, une vase asscz epaisse. Les besliaux ne se Irouvent ex­poses aux effets de ces causes que par la cupidile des
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cullivn(eurs qui ont toujoiirs plus de hestiaux qu'ils n'eraquo; peuvcnliionrrir. II attribueaussiedle pöripneumonie aux constitutions almospheriques , humides et froides, ainsi qu'aux pluies contiuuelles de l'automne et du printemps, ainsi qu'aux foins vases, rouilles, aux pommes de terre gatc-es dont on nourrit les bestiaux. Ces causes, dit-il, ne montrent leurs effets que trois ou six mois apres que les animaux y ont 6te exposes; c'est-ä-dire , qu'agissant en automne , la maladie ne se declare qu'au printemps suivant et avec d'autant plus de promptitude , que, faule de fourrages, on met pülurer les bestiaux sur des pres submerges pendant l'hiver, oü l'herte est rare, couverte de limou , mais que les animaux di'vorent parce qu'ils soul presses par la (aim. Les variations almospheriques agissent toujours lentement et produisent des maladies astheniques. Aussi cette varieto de la pöripneumonie passc-telie le plus communöment ä l'ölat chronique. C'cst pourquoi , dit M. Dieterechr , eile affecle beaueoup d'animaux h la fois et est enzootique.
Diagnostic. Les bestiaux toussent de temps en temps, la toux est sifflahle , haletante ; car. il existe un elat d'inllammalion calarrhale dont les bronches el les cellules sont premieremenl alteintes. Les animaux mangent et ruminent encore. On observe de temps ä autre des fr(5-missemens febriles, rares a la verit6 dans quelques ani­maux et qui demandent, pour etre aperfus, un examen attcnlif. Les yeux sont plus vifs, la respiration aceöleree, ellc devient ensnile plus penible , genöe et accompagnee de gemissemens. Les frissons et les paroxismes se succe-dent alternativement: les premiers produisent le hcrisse-menl des polls sur toules les parlies du corps. Le pouls est mou et plein ; mais , au bout de qnelques jours , il devient plus accülere et augmente de quarante ä soixanle ct quatre-vingts pulsations par minutes.
Les animaux se tlennent debout, ils ont l'air triste ,
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les malades nc sc lecbent plus les naseaux ; ils ne se coa-chent presqoe pas, ou s'ils se couchent, ils se relevent de suite, ce qui est un signe certain que les deux pou-mous sont affectes ; dans cette position , ils ne se reposent pas sur ie cöte, mais s'appuicnt sur le sternum; lorsqu'uiv seul cAte est atteint, ils se couchent sur le cöte affect6. Debout, les malades portent en avant le membre thora-cique repondant au cötö atteint; ä l'ötable, ils s'eloignent de la mangcoire autant que leur attache ou corde le per-rnet; de sorte qu'on les distingue de suite au milieu des au-autres bestiaux de l'ätable. Le lait diminue sensiblement dans les vaches. Le diagnostic de cette öpoque de la ma-ladie est d'une grande importance , car alors on pout prevoir la terminaison de la maladie. J'ai dit que le plus souvent eile passait ä un etat chronique durant lequel se formait l'induration du poumon dont j'ai dejä parle , et dont il sera question plus loin.
La connaissance de ces diverses terminaisons etant d'unc grande importance, je vais en faire connaitre les signcs caracteristiques.
Les premiers symptömes que je viens de decrire aug-mentent d'intensite, le pouls est aceölere et donne de quatre-vingts ä quatre-vingt-dix pulsations par minute, mais il devient alternativement plein, puis dur et vite, selon les frissons et paroxismes. On aper^oit un fort bat-tement des flaues, lesyeux brillent, I'animal penchesou-vent la tele , par la souffrance sympathique du cerveau ; les secrölions et les excretions sonl altcrees , I'urine est rougeatre et rare , la rumination cessee , Tanimal ne se leche plus, il y a degoüt, tristcsse , une bave abondantc coulc de la bouche et des naseaux. L'animal ne yit pas long-temps dans cet etat et succombe ordinairement au bout de deux ou tn.is jours, soit que la maladie se ler-mitie par suppuration , par gangrene ou par hydro-thorax.
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La suppumlion des ponmons s'annonce par la dimi-nnlion de la violence des symplömes , le pouls esf, dur et vile ; les animaux mangent encore un peu , ils boivent I'eau blanche, mais par intervalles r^itörees, et Ja soif est pins grande que la faim.En buvant, ils s'interrorrjpent pour respirer souvent, car cette fonclion est gunee ; unenbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;|
toux rauque les attaque et les tourmenle , ils ne peuvcnt pas tousser librement et en 6prouvent nne douleur qui s'annonce par une grande anxiete, durant laquellc ils s'agitent tant que quelquefois la toux est suivie de la sortie de pus par les naseaux et la bouche ; la suppura­tion est alors evidente et le malade perit par asphyxie.
La gangrene a parliculierement lieu dans les animaux gras ; tous les symplömes semblent disparaitre ; I'animal esttranquille, parait mieux , cherche a rnanger, mais ne rumine pas, les poils se herissent fortement ; on apercoit des frissons, les oreilles et les extrömites sont alternati-vement froides et chaudes, mais Faeces de froid dure plus long-temps ; I'haleine est felide , des rejets d'une matiere fetide ont lieu par les naseaux et la bouche ; il survient une sueur abondante et souvent fetide , la mort est pr(5-mtee d'uue diarrhöc fort liquide, puante , lancee par jets et aecompagnöe d'horribles tourmens.
L'hydro-thorax presente des symptomes moins violens que les prtcedens : ou le manque de force vitale de l'ani-mal , ou le traitement timide du veterinaire, donnent lieu ä cette terminaison. La connaissance de cet 6tat de-mande une exacte connaissance des foncfions des organes de la poitrine; tristessc, degoüt, soif ardente avec in­terruption ; l'urine est aqueuse et trouble ; les excremens liquides et crus. Le pouls ä peine sensible et tres-vite ; la respiration gönee, penible et accel^ree ; une have 6cu-meuse sort de la bouche, les flaues sont accelerös , on y remarque un mouvement double , irrtigulier , de maniere que les fausses cotes sont fort agitees. Les mouvemensdu
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coeur sont peu appröciables et semblent avoir triple de vitesse. Ton croil entendre comme une vague d'eau enlre lui el le thorax. Gelte tenninaison est lres-fr(iquente sur-tout quand le veterinaire a 6t6 craintif.
Induration specifique. 11 est important de corgt;naitre celte tcrmiiiaison par induration complete d'une seule partie ou de la totalite des poumons , qui est difficile h diagnosliquer par ceux qui sont etrangers ä la medecine, et il arrive souvenl que des vetörinaires qui ne connais-sent pas les causes auxquelles les animaux ont ete expo­ses , doutent de la nature de cette maladie , jusqu'ä cc que l'autopsie vierine les äclairer. Lorsqu'on a eludie cetle terminaison , II est facile de se convaincre qu'une alteration aussi considerable ne pent avoir lieu en peu de temps , qu'il est indispensable que la raarche de cctte maladie soil lente pour que la fibrine du sang et le pa-renchyme pulmonaire se durcissent et produisent une production morbide aussi considerable. 11 semble quelque-fois que la maladie disparait peu h peu , surtout quand on lui oppose quelques agens th^rapeutiques , et quand la constitution almospht-rique devient plus salubre , que les paturages sont meiileurs , ou qu'il n'y a qti'un seul poumon affecte. Cependant, maigre ce mieux momen-tan6 , les animaux n'engraissent pas et restent toujours valetudinaires. Lorsque Ton mene le troupeau des bceufs dans les paturages, les plus malades restent en arriere, ils ont la respiration courle , les flaues soul agites, des qu'iis s'arretent, ils font entendre une loux rauque et allongent le cou ; enfin le pools est accelerö. N6anmoins ces boles mangent bien et ruminent, toutes les fonctions, la respiration exceptee, s'executent assez rogulierement. Mais si , deux ou trois mois apres, les memos causes pre-cilees reviennent , je veux dire les conditions almosphe-riques el le mauvais elat des paturages , ou nn chan-gement brusque de la nourrilure du vert au sec , ou du
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sec au vert, ou encore que i'alimenlation soil brusque-ment augmentee pour les engraisser, il survient une nouvelle inflammalion et la maladie prend un caractere plus grave. La respiration est constamment gönöe, tandis qu'auparavant eile ne I'etait que par inlervallcs; il existe une toux rauque et halelante avec perle de l'ap-pölit el cessation de la rumination ; la soif est capricieuse; le lait se tarit dans les vaches ; une mallere pituilo-ecu-meuse coule de la bouche et des naseaux ; eile est filante et devient felide par son sejour dans la mangeoire. Si Ton ne porte aucnn secours , les symptomes augmenlent de plus en plus d'inlensite et l'animal succombe a I'affai-blissement et peril par asphyxie ; ce dernier genre de mort a parliculierement lieu si les deux poumons sont complölement endurcis ( hepalhisamp;s) , ou si un seul Test el que I'autre soil enflamme ou rempli d'hydatides ; il arrive meme que lorsque un poumon est tres-endurci, il comprime l'aulre , gßne ses fonctions et celles du cceur , et l'animal succombe apres une violente lutle.
Autopsie. Communement, un poumon est tres-volu-mineux, indure et lourd (hepalise); c'est le plus sou-vent , le gauche ; rarement les deux poumons sont tola-lement et ^galement malades. La plevre pulmonaire est 6paissie , eile reflete une couleur jaune-päle , est quel-quefois couverte d'une matiere fibro-albumineuse ( fausses membranes), eile contractc aussi des adli6rences avecla ple\re costale. Le tissu pulmonaire indur6 rtisiste au Iran-chant du scalpel , il prescnle des lames carlilagineuses minces , grises ou jaunitres , mölees de masses molles , marbrees, de couleurs variees , d'aspect charnu , d'une teintebrune-rougeätre, une lympliejaunätres'ecoulequand on incise celte masse ; le volume de ces masses hepatisees 6tonne I'observateur , mais explique la morl par asphyxie. M. Dieterechr a trouvö des lobes du poumon ainsi trans-formös pcsant de dix a douze kilogrammes; il dit avoir
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rencontre , dans certains cas , beanconp d'hydatidcs con-tcnues dans ic tissu pulmonaire iudure, d'autres fixees aux jdevrcs. Les tnbercules el les vomiques sont fort rares, et s'il en existe , ils sont la suite de maladies anterieures. Enfin , on rencontre encore des öpanchemens de serosilö troubles et les vaisseaux rcmplis d'un sang coagulö.
Prophylaclique. Souslraire, autanl que possible , les animaux ä rinflnence des causes plus haut signalees ; ne pas les rneltre dans les päturages durant le mauvais temps, et, si la diselte de fourrages oblige les proprietaires de les meltre pailre dans des pres submerges , il faudra leur donner un peu a manger avant, pour exciter les fonc-tions de la peau et pour qu'ils päturent avec moins de voracite.
Traüement. Des le debut de la maladie , il faudra nourrir avec de bons fourrages, en diminuer la ration ; abreuver avec l'e'au blanche nitrec et tenir les animaux dans des etables bien propres et aerces.
Si la fievre se manifeste accompagnee des symptömes precites, on pratiquera une saignee proportionnee a Tage et la force du malade ; eile variera de deux a cinq kilogrammes; on administrera ensuite des breuvagcs anti-phlogistiques nitrös , ainsi que des lavemens de de­coction de mauves, jusqu'au ramollissement des matieres fecales. Si la fievre persiste malgrö ces premiers moyens, on röiterera la saignee une et deux fois, suivant I'in-tensile des symptömes pour öviter la gangrene et I'liydro-thorax.
Communfrnent , cette pleuro-pneumonie a une mar-che si lente , que le commun des proprietaires ne s'aper-goit pas de ses progres , mais parfois eile enleve assez promptement les malades. Souvent done , avec le temps, la maladie semble disparaitre , mais son genne existe toujours dans I'economie , la disorganisation du poumoa s'accroit dans le silence , jusqu'ä ce qu'imc nouvelle
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cause vienno exciter et nh-eiller Ic mnl cache. Comme cette nouvelle inflammation cst ordinairement peu aiguC, il est rare que la saignC'e soit nliie, ainsi que les anti-phlo-gisliqnes ; l'emploi des excitans volalils ct pcrmanens unis aux diuretiques , sont plus favorables (gentiane, (jcorce de saule , oampiire, essence de I6rebenlliine). Deux setons places au fanon , animes par les trochisques d'ellöbore, out aidö I'aclion des autrcs moyens Iherapeutiques. Si rengorgement que doivent produire ces exutoires tarde ä se manifester, on les frictionnera avec I'liuilc essentielle de Wirebenthine , et enfin , dans les cas les plus opiniä-tres, on parsemera les cotös du thorax de pointes de leu rapproch^es, qui procurent unc derivation puissanle et une suppuration abondanle qui font quelquefois dissiper successivement tons les symptomes d'infiammation chro-nique.
L'eau de goudron , ä laquelle on ajoulera environ huit grammes d'essencc de törebenthino , dont on continue l'emploi pendant quinze i\ vingt jours .. a eu un succes constant.
Bien que les animaux guerissent, on ne pent parvenir ü les faire engraisser, toutefois Icur viande n'esl nullement inalsaine.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;. .
On lit dans le Compte-Rendu de l'Ecole Velerinaire de Lyon, pour 1821 , page 25 , I'observation suivante :
Peripneumome charbonncuse cpizoolique. Une epizoo-tie peu grave s'est declaree sur les betes ä cornes dans les montagnes du Lyonnais. L'un do nous s'utant rendu sur les lieux , a observe les symptomes qui suiyent : he-rissement des polls sur le dos , sensibilite de la colbnne epiniere et des parois de la poitrinc, intcrmittenco de chajeur et de froid aux cornes et aux oreiiles , muffle sec , yeux larmoyans , petitesse , durcle, irrcgularite du pouls, gene de la respiration ; toux etouffee., doulou-reuse , convulsive ; frissons ; diarrhee mucoso-sanguino-
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S94nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; PATHOLOGIE laquo;OVIWE,
lente. On Irouva ä l'ouverture les poumons Ires-engorgäs, couvertsd'ecchjmoses, nageant dans la sörositö rougeätre, d'une odeur lelidc.
On attribuait cetle espece de p6ripneumonie maligne ä l'introduction d'animaux strangers et h la contagion. Eile ne se montra point au-dessous des forces de la nature et des ressources de l'art: un grand nombre d'animaux ont guöri et quelques-uns, malgre des traitenoens peu mö-thodiques. Celui qui a le mieux r^ussi consiste, des le d6but, dans de frequentes saignöes , l'abstinence de tout aliment solide et l'usage des boissons mucilagineuses abon-dantes.
Dans la seconde pöriode , on a mis en usage avec suc-ces des b^chiques Stimulans, tels que I'hysope, le cam-phre et l'assa-fötida. On s'est assurö que les sötons et autres exutoires, recommandös dans toutes les maladies conlagieuses ou regardöes comme telles , etoient funestes lorsqu'on les employait au commencement de cetle p6rip-neumonie : ils n'ont 6tti utiles que lorsqu'on les a appli­ques apres avoir d^sempli le Systeme vasculaire et lors-que l'inflammation avait döjä perdu de sa violence.
Dans une analyse du Traite de la peripneutnonie gangrd-neuse de Chabert, faite par 31. Fabre, veterinaire ä Ge­neve (.*). cet^crivain distingueditavec raison, que la deno­mination de pneumonic est preferable. II assure que cette maladie regne le plus souvent h la fin de Vamp;ib et en au-tomne. Parmi les symptömes, ii signale ie larmoiement que Chabert a onblie ; il dit que le degout n'existe que lorsque la maladie a fait beaucoup de progres , et qu'il a vu , en 1803 . des vaches que des causes particulieres le forcaient ä faire abattre , avoir encore du lait, manger et ruminer quoiqu'eiles fussent incurables; que plusieurs bondissaient en allant a la fosse , d'oü il pretend en outre
(') Recneil de MAlecine Vclerinairc, tome Iquot;, page 377.
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quo la claadicalion n'est point un symplömc de la pneu­monic.
I! (lit que les symptomes apparens du debut sont la diminution du lait ; la toux ressemblant a celle de la phthisie, quant au son , qui est moindre de moitie, quant ä la mesure, et ayant lieu comme par acces-
La plainte qui succede a la pression exercee sur le dos est un Symptome asscz certain. Le mnfle n'est pas sec , il präsente toujours quelques gouttelettes d'eau dans le principe de la maladie ; il est toujours mouiile quand eile a fait des progres. La toux n'est pas forte , le timbre en est creux, le ton bas et la mesure courle. Chabert Signale des tumeurs qu'il n'a pas vues , ni moi non plus ; mais il existe bien quelquefois un oedeme sous la poitrine , qui est consecutif ä l'hydro-tliorax. M. Fabre ajoute que les animaux alteints errent gä et lä dans les puturages, s'eloignent du troupeau ; portent la tute haute au debut, basse quand la maladie a fait des progres; et lorsqu'elle est arrivöe ä l'etat d'exasperalion , ils la por­tent un peu elevee , en tenant le museau en avant, comme pour faciliter la respiration. II regarde comme un signe de mauvais augure l'existencc d'une bände lisse , large do qualre doigfs, qui s'ötend perpendiculair^ment du garot en bas des epaules, est formee par les polls qui sont lisses et couches tout le long de cette bände, tan-dis qu'ils sont droits et herisses par toute la surface du corps. Toute osperance est perdue , scion lui, quand la contraction des muscles intorcoslaux est tres-apparente ; quand les jugulaires sont saillantes ct distendues, que les bras et le bhs des epaules sont terms ecartes du corps ; les oreilles, le mufle , le bas des jambes froids et qu'il y a meteorisation.
Trailcmenl. M. Fabre blame les saignees reiteröes , comme preservatrices ; je pense comme lui qu'une seule soffit; poutquoi aussi des trochisques de sublime oorrosif.
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59ßnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;rATiioi-or.iE lioviRE.
donlla lumour dcvra onsuitc lt;Hre Iravcrsce par un solon? Ccst, dit ce völtrinaire , tloux douleurs pour unc ; un simple s6ton suffit, on peut d'aiilciirs l'animer au besoin. 11 proscrit avec raisou les brcuvagcs alcxitaircs rocom-maneies par Chabert. Je dirai, comme M. Fahre , nc vous liez pas A rinfaillibilitö du traitement pramp;ervalif prescrit par l'ancien directeur d'Alfort; j'ai en , moi , deux c\em-ples de son insuffisaace. La saignöe parait Ires-ralionnolle h ce critique , dans le traitenicnt curalif; la premiere devra elre copieuse, les subseqnentes petites et reiterees au besoin. Lo purgalif indiqu6 ä la fin de la maladie osl au moins inutile , s'il n'est dangereus ; j'ai dejä signal^ celle erreur de thürapeutique. Tonte evacuation sanguine est prpscrile avec raison dans le second degrö de la me-ladie. Toute medication est inutile au troisiemc degrö.
M. Fabre ne s'explique pas posiüvemenl sur la conta­gion de la pneumonie epizootique , mais il scmble dire qu'elle peut se propager en raison de cette funeste pro-prietö , ainsi que par la cause gönerale et epizootique.
En mai 1823 , je fus mandcJ dans unc fermc assez considerable, situöc sur les bords marecagers du grand Lay ( Vendi5e); cinq bC'tes ä cornes (Haient raorles, depuis le 15 avril, d'une maladie qui avail resists au Iraitetnent mis en usage par deux empiriques; quelques aulres boeufs avaientaussi peri dans des mtitairiesenvironnantes. N'ayant pas mission de Tautorite , je dus ne m'oecuper que des bestiaux appartenant au propriötaire qui m'avait con-sulte.
Commemoralifs. Soixante-un boeufs , vaches , veaux et genisses existaient encore sur le domaine; les quatre boeufs et la vacbe morls avant mon arrivöe avaient öte pris de frissons , de toux, avec fievre , saus perte totale de l'appelit, excepte dans les derniers jours de !a maladie qui avail dure de Iiuit ä vingt jours. La maigrour , un (lux l'elide par les narines, unc diarrhee infecle et un
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grand abattcmonl avaiont prtmio la mort. On en avail
ouverl deux ; les pöunions elaient, au rapport du paysan,
endurcis (hepalises), ulcerüs, ct la poitrine coulcnail liri
liquide Irouble et fetide. Les bestiaux de la ferine avaicnt
ele nourris pendant l'hiver avec du foin de marais de
mauvaise qnaiite et de la paille ; on les avail mis . desnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;'
les premiers jours de mars , dans les pramp;s; des brouillards
epais avaienl exists vers la fin de cc mois el le commen-
nementdu printemps avail iti pluvieux, humide et chaud.
Les etables elaient, comme dans beaucoup d'aulres m6-
tairies , placees antour de la grange ä foin , remplies de
furnier, mal aerces, ciiaudes el peu vastes pour la quan-nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; \
1\16 de bestiaux qoi y logeaient.
Je visitai tout le troupeau ; l'ötat göneral en d'lait bon , I'embonpoint passable; mais tous avaient la peau adhc4-nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; l
rente el quelques-uns tonssaicnt. Deux boeufs adultes, un veau de deux ans et une vache fixercnt parliculieremcntnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; . !
mon attention ; avnnl tout , je feral remarquer que ces qualre autres animaux n'elaient pas placös les uns pres des autres dans I'elable , el n'avaient pas elö voisins des cinq dt4jä morts ; ces besliaux avaient rapidement maigri de-puis quelques jours, ils avaienl la peau collce aux parlies sous-jacenles, le poll herisse . une toux seclie , rauquc , se manifestail par acces , les flancs elaicnl un pen agiles; le pouls acceleni, Tariere lenduc ; les muqucuses appa-renlcs Elaient rouges , surlout les conjonclives ; Tappet it el la rumination diminues , les exerömens durs, les uri­nes rares; les mouvemens nonchalans ; en pin^ant Tepine dorsale, le malade tömoignait une vive sensibiiite. La secretion du lait (Halt diminuöe dans la vache. Parmi le resle du troupeau , vingt-deux me parurent douleux , le reste elait parfailement sain.
Le temps 6tait beau, les nuils peu froides, les trentc-cinq betes intactes fnrent raises dans un champ eleve , nourries d'herbc et de bon foin , (pic jc fis aspergcr d'ean
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508nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PATHOLOGIE BOVINE.
salce , un ruisseau leur servait d'abreuvoir; je ne m'en occupai plus et aucun accident ne vint Iroubler ma quie­tude. Je fis de suite nettoycr l'etable et la dösinfectai par le lavage et une fumigation guytonnienne.
Les vingt-six atiimaux malades ou suspects furent sai-gn6s; le sang tirö des quatre malades se coagula assez promptement, mais la separation du caillot et du serum fut tres-prompte ; ce liquide avait une mauvaise odeur, le s6rum 6tait abondant et le caillot noir. Le lendemain , je passai h tous un s6ton au fanon , les rubans de fil employes pour les quatre malades furent trempes dans l'essence de terebenthine, roules dans la poudre de can-tharides et j'y fixai un trochisque d'ellebore noir. Je fis mettre ces animaux d'un cöt6 de l'etable et les vingt-deux suspects de l'autre , de sorte que la grange les sö-parait; ces derniers furent abreuves avec l'eau blanche acidulee, ä laquelle ils s'habituerent difficilement; dn leur fit prendre pendant six ä sept jours de la poudre de gentiane et du sei marin piilv6ris6 dans du son et du seigle ; enfin je dus. scarifier les tumefactions produiles par les setons et les faire panser avec de la graisse. La nourriture fut diminuee, eile se composait de foin et de l'herbe des pres; le pansement de la main fut exaetement fait et aucun ne tomba malade.
Je ne fus pas aussi heureux avec les quatre bestiaux atteints : j'ai dit qu'ils avaient et6 saignes et que je leur avals mis des setons avec des trochisques; je prescrivis des tisanes de decoction d'orge , de racines de guimauves mielleeset nitrees; des lavemcnsemolliens, ladiete, l'eau blancho farlneuse, le bouchonnement, l'usagc de couver-tures de laine, et l'on devait faire respirer des vapeurs de decoction tiede de mauves.
Force de rentrer chez moi , je confiai le traitement ä un marechal qui fut oblige de reilercr la saignee sur les deux beeufs et la vaclie, d'aetiver l'action des selors par
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PATBOLOUIG BUVINE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;399
fe frictions d'essence de törcbenthine et la poudre de eantharldes.
Je revis ces bestiaux trois jours aprös , le taureau et la yache ötaient hors de danger , mais les deux bceufs elaicnt dans un ctat de prostration de forces inqui^tant, 1c pouls itait concentrö, accelere et la fi^vre plus intense le soir; la toux trainee, rauque , faible et augmeiilee de fre­quence ; les flaues 6taient agitös ; ces deux animaux por-taient la töte allongtie sur l'eneolure et avaient la bouche souvent ouverte, pour respirer plus librement, ainsi que durant la toux. La poitrine frappee avec le poing rendait tin son mat; cette percussion causalt une vive douleur aux malades, si Ton pressait sur le cartilagexiphoide; et si Ton pin^ait I'^pine dorsale , la sensibilite 6lait grande et ex-primöe par un g6missement plainlif. une flexion de la de la colonne epiniere ou un soulevement du sternum. Des frissons vagues se montraient fröquemment sur les cötes, les flaues et les membres; les oreilles et les cornes etaient alternalivement froides et chaudes. II fluait des marines un liquide purulent, ftHide , qui se melait i une salive abondante et filante; l'expression de la face (Hait sinistre et le regard fixe ; l'appetit et la rumination (Haient presque interrompus, les excr6mens durs, les urines peu abondantes, colord-es, fetides el les malades se couchaient rarement.
J'avais, des ma premiere visite, reconnu la pneumonic ^pizootique , ce que j'observais confirmait mon diagnostic; rien n'annoncait une intlammation franche , tout au con-traire semblait indiquer que la maladie laquo;Mail compliqu^e d'un (Hat adynamique.
Les sötons furent animus avec I'onguent suppuratif et la poudre de cantharides; deux larges vösicatoires furent mis sur les cötös du thorax. Tisane de decoction d'orge moiulö , racine de guimauve et miel; on ajoutait ä cha-que breuvage du matin et du soir seize grammes de quin-
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ÖOOnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PATHOLOGIE BOVTJJE.
qüina en poudrc et huit grammes de camphre dissous dans un jaune d'cenf, et h midi, on n'administrait que de la tisane simple. Lavemens ömolliens, eau blanche nitröe et miellöe, donnee avec la corne, vapeurs d'eau chaude acidulee sous ies narines; diete , etc. , etc. Je revis encore mes malades le surlendemain, un des bceufs venaitde mourir, maisrnutreC-tailenpIeineconvalescence. Autopsie. Maigreur generale , odeur ftitide et toute particuliere du cadavre , mais moins repoussante que celle des maladies charbonneuses; Ies chairs (Haient pAles, ter-nes et se dechiraicnt facilement ; le thorax contenait en­viron dix litres de sörositö citrine, albumino-fibrineuse ; une fausse membrane formant une couche molle , pul-peuse , recouvrait presque toutcs Ies plevres pulmonaires et costales; Ies poumons etaient engouös d'un sang noir, Ies bronches remplies de mucositös spumeuses. .Le pou-mon droit 6tait en grande partie höpalisö et renfermait une masse allongee, applatie d'un cöte ä l'autre, du vo­lume d'un pain de deux kilogrammes. En l'incisant, eile resistait au tranchant du scalpe? et pr(5sentait des couches on lames presque cartilagineuses, de couleur jaunJUre, se croisant en divers sens , entre lesquelles 6taient des infiltrations sßreuses jaunätres ; le tissu parenchymateux de I'organe ötait indurö , carnifiö, de couleur rouge-brun. Deux foyers de ramollissemcnt pouvant loger une noix , rempüs d'une matiere purulente melöc de filets san-guins, communiquaient avec Ies bronches. Le p6ri-cardo contenait de la sörosilö citrine , le coeur ötait dö-colorö, ramolfi, convert de p^techies noires , il renfer­mait , ainsi que Ies veines caves, nn sang noir en partie coagutö. Les visceres abdominaux etaient l^'gerementphlo-gosös, particulicrement la caillette et I'inlestin grele.
L'autre bccuf se rötablit lentemcnt et celte enzootie olnit cntiöremcntcessöe dans Ies premiers jours de juin. II iid'rit huit autres boeufs dans cinq mötairies environnantes.,
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Ici encore la contagion me parut douteusc ; la cause prcdisposante avail agi lentement, je veux dire les mau-vais fourrages, el la determinante ou occasionelle 61ait, selon moi, les brouiilards.. l'irrögularitö de la tempera­ture du printeraps el le changement subit de rögirne du sec ä l'iierbe aqueuse des pro's. Elie^dispanil pour ainsi dire d'elle-möme au fur et h mesure que la constitution at-mospherique devint plus salubre.
M. Tissol, v6terinairo il Poligny, departement du Jura, qu'une longue txpC'ricnce a mis ä meine d'observer la pneumonic öpizootique , dans nn pays oü eile est extre-mement frequento , pr^senta , en 1827, ä la Sociöl(5 loyale el centrale d'Agriculture , un M6moire sur cette maladie , mais trop long pour que je le rapporte en en-tier ; aussi me bornerai-je ä citer les principaux points de doctrine qu'ilpresente. Eminemment contagieuse, eile ne se transmet que par contact mC'diat ou iramamp;liat et nullement par voie d'infeclion : sa propagation par la communication immediate est la plus frequente el la plus ä craindre ; mais l'autre est 6galcment ä appröhcn-der el devienl un dangereux auxiliaire du contact im-md-diat. II dit, en outre, que I'atmosphere infects d'une etable, quel que soil le nombrc d'animaux qu'elle ren-ferme , ne suffit pas pour transmcttre la maladie, pour pen que les animaux soient söpares ou d-ioignd's les uns des autres, qu'il faul que Icraquo; habits des bouvicrs ou d'au-tres corps solides ayant 616 en contact avec des malades, ou bien le fumier, les urines , des mueositös, des poiis , etc., etc. , provenanl de ces animaux , louchent encore pendant quefque temps h des bestiaux sains mis dans ces (Hables , pourqu'ils contractcnt l'öpizootie , cequiest en contradiction avec I'opiiiion do M. Diotercchr , rapportöe page 583. Que la pneumonic gangr6neiise , due , selon lui, a un virus speciflque qui ne pent agir que sur le poumon, ne se developpcra pas sur nn animal sain , mal-
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grö riiilensitö de son vims, s'il n'existe dans le bomif expose ä son action une predisposition tonte spüciale qui tronve sa source dans l'usage de boissons ou d'alimens malsains quf ont dt'bilitö primitivement rteonomie et d6truit la force de resistance, la reaction vilaJe qui eut pu neulraliser ce principc on virus morbide.
II est, dit-iF plus kgt;in , des bestiaux trßs-dispos6s ä contracter l'epizootie, mais il en exisle aussi qui rösistent ä ses effets, on tout au moins restent long-lemps sous son influence avant d'ölreatteints. 1! a vu aussi des boeufs et vaches plusieurs fois atteints, et dans ce cas, les pre­mieres attaques sont toujours graves, et les secondes fa-ciles ü gu6rir.
11 convient des effets malfaisans des stables malsaines r mais il dit qu'elles n'ont pas sur le döveloppement de cette epizootie une influence aussi grande qu'on est g6n6-ralement porte ü le croire ; elles peuvent seulement aider ä sa propagation et la rendre plus grave et plus intense.
II a reconnu aussi que la pneumonie contagieuse est plus frequenle et plus dangereuse dans fes cent roes plates, humides, oü regnent de frequens brouiilnrds , oü les fourrages sont souvent mal recolles et oü les bestiaux n'ont souvent pour se desallerer que l'eau des mares , toujours malsaines , etsurtout en etc. Un travail qui ex-cede les forces, une nourriture insuflisanle , etc, etc- , sont aussi autant de causes prödisposantes, donl M. Tis-sot fait ressortir la puissance en comparant la frequence et la gravite de cette maladie dans les divers arrondisse-mens du Jura.
Les variations atmospheriques, telles que les transitions brusques du sec a l'humide, ont une influence puissante sur le döveloppement de l'epizootie ; c'est toujours en au-tomne et au printemps que M. Tissot l'a le plus souvent observte, frequence qui coincide , dans la premiere de ces Saisons, avec ralleralion des eaux des abreuvoirs.
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En traitant des precautions de police sanitaire, que ce vd'törinaire porte un peu loin , puisqu'il en recommande de semblables a celles qu'exigent les maladies charbon-netises ct le typhus , il raconte qu'un proprietaire, ayant eu rimprudence d'aller couper de l'lierbe sur la fosse oü t'taicnt enfouies peu profondement des b^les mortes do Tepizoolie , environ six mois auparavant, et de la faire manger ä im cheval et une vache, cette derniere contracta h pneumonie conlagieuse , aprös avoir v^cu pendant quel-ques jours de ce fourrage vert. Cette observation , tres-remarquable sous le rapport des precautions sanitaires, de la contagion de cette maladie et de la nature de son virus sp6ciflque , rappelle celui rapporte page 204, conceruant les maladies charbonneuses.
Selon M. Tissot, la pneumonie dpizootique se presente sous des formes variees : ainsi, quelquefois I'inllammalion allaque essentielleraent le tissu des poumons et constitue une pneumonie ; la respiration est alors genöe, acceier^e, concentröe et plaintive ; dans cet instant, le mouvemeut d'expiration des flaues est ralenti et interrompu , par une inspiration assez forte, mais saccad6e ; la toux est peu sonore , eile produit une secousse ou sursaut de tout le corps. Dans cette variety de Töpizootie la sen-sibilite de l'epine dorsale est, dit ce veterinaire, moins vive que dans les autres cas. II recommande la saignöe comme le moyen hamp;rolqae ä lui opposer, et dit de la re-peter jusqu'ä trois et quatre fois au besoin. Les sötons sontanssi de puissans auxiliaires de la phlebotomie.
Une des varietös la plus frcquente , e'est la pleuro-pneumonie. Ses signes essentiels sont l'extrßme sensibilitc de l'epine dorsale , Tecartement des coudes, de la poi-trine, la Constance du malade a se lenir debout , la gene de la respiration , I'auxieleet la toux sonore, rauqueet trai­nee; le pouls aceölere, engouö, mais dur. Si le diaphragme est altaque plus particuliercment, la respiration rcsscm-
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ble i\ cellc deraquo; chcvaux atteinls de la poussc convulsive; le fades a quclque chose d'analogue au rire sardonique de riiommc.
Quand la maladie consiste dans une pleuresie, ou du moins que l'inflammation des plevres est la maladie do­minante , l'öpine dorsale est excessivement sensible ainsi que las parois de la poilrinc, la toux est seclie, frequenle, les mouvemens des flaues aceölerös et la respiration sif-flante. II existe dans lous ces cas une söcheresse remar-quable et une chaleur mordicante de la peau , le poil est terne et rebroussö sur les cötös du thorax.
Les vaches epuisees par la lactation et atteintes d'une toux ancienne, contractent de preference la pneumonic; e'est aussi la maladie des beeufs gras et vigoureux , tan-dis que ceux qui sont maigres sont plus sujets ä la pleu-rdsie.
II a remarque que pendant l'etö la maladie se terminait par une Eruption cutanee et que dans les automnes plu-vieuses et humides , eile se corapliqualt d'une affection catarrhale.
Lorsque ['iuflammalion de la plevre est la lesion domi­nante , l'hydro-thorax est formö avant que le tissu pul-monaire soit tres-malade; d'autres fois, lorsque le poumon est d'abord cnflammö et engorgö, la mort survient avec repancliement söreux ; enfin si la maladie a une marchc chronique , le poumon augmentc considörablemcat do volume , il passe A lYtat d'höpatisation et son tissu ainsi transforntä est d'unc coulcur jaune-marbrte.
M. Tissot a pu souvent distinguer , dans la pneumonic epizootiqne , deux etals , Tun inflammatoire , I'autre pulride qüi se manifeste j)ar la faiblesse et la concentra­tion du pouls , la diminution dc la chaleur animale. Tine respiration courte , conccntree et plaintive, qu'il dit avoir combattue avec avantage par l'emploi de la poudrc de charboi) et le camphre. Cette maladie präsente encore des
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mloublemcns sensibles tous les solrs et quelquefois encore dp midi ä deux heures, et il dit que loute adminislration de remcde serajt nuisible dans ces momens d'exacerbation. Les vaches laitieres sont göneralemcnt plus exposöes ä la contagion quo les bceufs; elies rösislent moins ä ses effets , on raison de raffaiblissement produit par la lactation ; d'ou I'jndicalion d'etre alors discret sur Tcm-ploi do la saignee,. L'auteur de cc Memoire dit, commc Chabert et contradictoirement ä l'opinion de M. Fabre, qu'au moment de l'invasion de la maladie, quclques bcs-tiaus sont attaints de claudicalion d'une et meme de deux jambcs , une anlerieure , I'autre posterieure , qui sc dis-sipe apres quclques jours el avanl la guerison dc la ma­ladie.
Enfin , M. Tissot cite douze observations tres-d6taillees qui demontronl l'eiTicacilö de la poudre de charbon , unie au sei de cuisine , donnes soir et matin, comme un ex­cellent preservalif, surtout si on en seconde Taction par un selon placö au fanon. J'ai cit6, page 578 , un pas­sage de Waldinger qui corrobore cette opinion. Le cbar-bon est, selon lui, un stimulant anti-septique qui porle ä la peau , puisque, apres quelques jours de son emploi, le tögument est recouvert d'une poussiere noirälre ; quinze jours de son usage rendent le poil sojeux , fin et deter-minent un embonpoint remarquable.
Grognier observa , en fevrier 1826 , dans le d^parte-raent de la Loire , une maladie epizootique qui, depuis six ans , avait atlaquö plus de 900 boles tl cornes , dont la moitie 6tait pörie. Nulles intempöries atmospheri-ques exlraordinaires n'avaient pröcd'dö ses diverses appa­ritions ; les eaux , les fourrages , les piiturages t'taiont sains ; eile sövissait 6galemcnt sur les bestiaux des pays montueux, comme sur ceux de la plaine , et les (ilables , dans les cantons qu'elle attaquait, n'6taient pas plus mal tciiucs que dans d'aulrcs rcstes injtacts. D'aprcs les ten-
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600nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PATHOLOGIE BOYINE.
seignemens que se procura ce savant vötörinaire, il sut que la maladie s'ötait successivement manifestte depuis six ans, ä des saisons differentes , dans environ trenle commnries; qu'on la croyait presque partout contagieuse •et comme originaire de l'Auvergne, ou qu'elle s'ötait propagee par des miasmes ou levains laisses par des boeufs anciennement imporlös. Quelle que fut la certitude de cette contagion, que ce professeur ne niait ni n'affirmait, il pensa que dans le cas d'^pizoolie, le doute suffisait et indiqua par consequent ä l'autorite des mesures präven­tives dont le ramp;uiltat fut avantageux.
Trente ä quaranfe bötes de tout äge ^taient mortes peu de temps avant son arrivte, il vit ä peu pres un parcil nombre de malades; l'epizootie rögnait en meme temps dans quelques communes voisines des d^partemens du Rhone et du Puy-de-Dome. Elle offrait les symptomes generaux suivans : rougeur de la muqueuse et de la con-jonctive , larmoiement, chaleur de l'air expire, ainsi que de la bouche , de la base des comes et des oreillcs; h(5rissementdes polls, sensibility de l'epine dorsale. Dans quelques animaux, ces symptomes 6taient accompagues d'un pouls fort, dur , large et plein, de la difficulle de respirer, du baltement des flancs , d'une toux seche , peu fröquente, d'un feoulement muqueux paries nsseaux qui (Haient plus dilates qu'ä rorclinaire. L'aaimal limoi-gnait de la douleur quand on lui pressait les coles, et, d'apres ces signes, il elait difficile de meconnailre unc penpneumom'e. Dans d'aulres malades, oirtre les signes genöraux pr6-indiques, il existait un grand accablement, dpla fievre, le pouls d'tait petit, concentre, vile, irregu-lier ; la soif 6tait ardente, il y avait ou diarrhee ou constipation , avec horripilation et frissons culan6s ; ca-racWres pathognomoniques de la gaslro-cnlerile. Cetle demiere forme 6lait plus frequente dans les animaux les plus vigoureux , pendant la saison d'6tö et dans la mod-
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tagne; elledurait de neufädixjours, chezceux oü s'ötaient manifestes des symplomes de phlegmasie pulmonaire ; on trouvait äj'autopsie les poumons infillr^s, h6patis6s, caverneux dans quelques points , tubercuieux dans d'au-tres; le coeur volumineux et flasque; jamais de gangröne. Les lesions particulieres ü la phlegmasie gastro-intestinale lt;'laienl des plaques rougeütres , veritables ecchymoses röpandues sur la muqueuse de la panse , sur celle de la caillette, les lames du feuillet sans consistance et comme cuites; les intestins, particulieremenl les gröles, d'un rouge jaunätre, leur membrane muqueuse öpaisse offrait un aspect fortement veloutö : leur temperature 6tait triis-eiev6e , peu de temps aprös la mort.
Dans quelques bötes, les symptömes de gaslrite avaient pr6ced6 ceux de pneumonie, chez d'aulres, c'^tait tout le contraire. Uraquo;e vache morle ä la suite des symptömes de la gaslrite et apres vingt jours de maladie , qui, au dire du propri^taire, avail beaucoup touss6 pendant dix ä douze jours et ä laquelle on avail administnü du vin et des herbes fortes, ce qui avail fait cesser la toux, en depla^ant la fluxion et la dirigeanl des organes respira-toires sur les visceres de la digestion , pr^senta les le­sions suivanles: les poumons elaient ^mactes, pales; ils offraient quelques tubercules cr6tac6s et une vomique remplie d'un pus verdätre, traces 6videnles d'une ancienne inflammation dont la resolution avail 6te incomplete.
Le traitement indiquö par ce professeur et qui fut cou-ronn6 de succes, consislait dans les moyens suivans: des que Ton s'apercevail que , dans uu boeuf ou une vache, la bouche , les oreilles etaient pluschaudes que dans I'eiat naturel, que la conjonctive etait rouge , le pouls fort et vile , on le meltail n la diete , on lui faisait boire une grande quantitö de tisane adoucissanle el on lui donnait deux lavemens emolliens par jour. Si les symptömes ne diminuaient pas, on pratiquait une lagere saignee d'en-
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viron trois kilogrammes; on la reiterait deux, trois et meme quatre fois, dans le cas oü les symptömes inflam-matoires se d(5veloppaicnt. Si L'iDflammation se portait de pröft'rcncc sur les poumons , on ajoutait un demi-kilogramme de miel sur dix litres de tisane , on faisalt humer au malade des vapeurs ömollientes et on pratiquait des scarifications sur les parois de la poitrine. Lorsque la maladie se portait sur Tintestin , on donnait un plus grand nombrede lavemens. surtout s'ilyavait constipation, et la diete d'alimens solides etait plus rigoureuse. Apr^s la saignec, si les symptömes persistaient, mais avec moins de fievre, moins d'irritation , on plagait des exutoires , et lorsque la maladie avait franchi le neuvieme et le onzicmc jour , on donnait quelques toniques peu Miauffans, comme la gentiane, Tabsinthe, la centauröe qui favorisaient une resolution commen(*ante , abregeaient la convalescence et prövenaient des rechules; alors on commencait ä donner quelques alimens. II fait remarquer que la saignee g(5n6-rale etait funeste lorsque les congestions thoraciques ou abdominales elaient formöes, parce qu'en diminuant les forces, elles empechaient la resolution et quo les exu­toires actifs 6laicnt nuisibles lorsque la fievre etait vio-lenle, en augmentant Texaspd-ration. Les setons etaient d'exceilens prophjiactiques.
Lc professeur Grognier, accompagne de M. Rodet , alors chef de service ä l'Ecole de Lyon , observa encore, en 1823 , la pleuro-pneumonie avec hydro-thorax parmi les betes bovines, ä Saint-Laurent de Chamounet (Rhone). La commune oü eile regnait etait situee sur un lieu eleve et cependant abritö, les eaux elaient pures, les päturages de bonne quality , les intemperies rares , la stabulation assez bien lenue, et depuis longteraps nulle maladie ge-nerale n'avait atteint les besliaux de la contree. Tout portait ii cioire que cctle epizootic avait ete importee par ijuelques bOtes venant de l'Auvergne ou du Forest. Des
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fails cites dans cc M6moire font d'abord penser quo puisqne ce sont des bestiaux strangers qui ont et6 les premiers malades, leur contact a communique le mal ans indigenes. Cependant vingt animaux au plus furent at-teints durant un espace de trois mois, et les v6ritabl.es (üpizoolies, dit Grognier , ont une marclie plus rapide et plus desastreuse ; aussi 1c Memoire implique-t-il doufe. Toutefois, M. Rodet, maintenant men collegue ä Tou­louse , m'a communique des notes prises sur les lieux , qui \e porleraient ä croire qu'il y a eu contagion.
Sijmplömes. Membres peclofaux ecartös, mullc sec , naseaux tres-dilates et d'oü s'öcoulent des mueosites pu-rulenles melees de stries sanguinoienles; air expire froid et inodore; bouche lenuc ouverle pour faciliter la respira­tion, conjonclive inject(5e, noire; oreiiles, cornes, extrö-mites froides; pouls petit, faible , frequent, arlere ser-r6e ; gorge doulourcuse , expiration plaintive ; flaues agites, leurs mouvemens sont peu elendus et moins libres du cötc de la poitrine envahi par I'liydro-thorax ; cotes peu mobiles et glissant legerement sous la peau. La per­cussion donne un sou mat du cold envahi et le thorax est sonore du cöle oppose; le murmure respiratoire presente des phenomenes analogues, aihsi que la sensibilite de la poitrine ; rale muqueux appreciable ü l'ehtree de la poi­trine , frissons aux cuisses et aux öpaules. Inquietude vive , anxiöte; demarche chancelaute et danger de lombcr ä chaque pas, le plus leger exercice aggrave les symp-tömes. Quelquefois, toux sourde et elouff(5e; commune-ment les malades toussaient frequemment et avec bruit au commencement de la maiadie. Une vache a presente la tumour oedemateuse intermaxillaire, nommee la öonleille, sa toux etait comparable ä cellc des vaches phthisiqnes, et eile lenait la bouche ouverte.
Aulopsic. T^a poitrine contenait das s^rosifös citrines oü flottaient des concretions albumineuses ; il existait des
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pseudo-membraaes qui avaient produit des adhörcnces; llt;s poumons malades etaient volumineux, pesans , ils se prdicipitaient an fond de l'can ; leur lissu 6tait friable ; tranche, il prusenlait desespöces d'arbdrisalions blanches sur un fond noir , dues ä un elat d'induration , etc., etc. Dans les principanx Ironcs des bronches , on trouvait des caillots de sang , des mucosites spumeuses et sanguino-lentcs ; le coeur etait mou et fhsque et ses cavitesdroites etaient dilalees ; Tintestin offrait qnelqneS plaques de cou~ leur plombee sur sa muqueuse qui etait, dans divers points , opaissie , rougeatrc et couvMe do mucosites abondantes. II n'existait aucun caractere de gangrene ; aucune odeur fötide ni putride ne s'exbalait des cad.i-vrcs , möme de cclui d'un boeuf que Ton exhuma pour en faire Tautopsic.
Quanta la contagion, on pretendit que la pneumonie etait venue du bourg de Saint-Didicr-de-Rochefort (Loire), mais on ne put constater qu'une epizootie veritable rögnat dans cette localit6. D'un aulre cote , des vaches importees ayanl ötö vendues avant d'offrir des signes de maladic, et etant mortes quelquos temps npres avec quelques aulres de cellos apparteuant aux acquereurs, semblaient prouver son existence, tandis qu'une vache qui avait communique avec les etrangeres , ayant et6 vendue ä un formier , ji'a point portö la contagion dans son etable , et que d'un aulre cötö , nn nomme Loison eut deux vaches malades , quoique sou bercail n'eut recu aucune bete ötningere ; mais l'ötable etait voisine de cello d'un nomme Clavel qui eut des betes malades , bien qu'elles n'eussent point comrauniquö avec cello du premier et que les etables fus-sent s6par6es par un mur mitoyen ; mais des miasmes contagieux peuvent-ils franchir une teile barriere? Aussi ces deux professeurs restent-ils dans le doute ct pensent-ils qu'opres tout la memo influence pout avoir frappö tons ces divers animaux, puisqu'ils ont constate qu'un animal
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a ütö alleint de la maladie regnante sans avoir oommuni-raquo;jue iTieme indirectement avec ceux imporlös. Je bnrnerai Hi ceüe analyse. Cet excellent Mömoire prouve un fait (jui n'a pas (ichappö ä la sagacite de mes hoDörables collegues, c'est quo tout depend (!c la predisposition individueiie quaiul la cause virtuelle mais oculto d'unc opizoolio agit ou franpe les bestiaus , circonstance qui s'observe aussi dans les 6pid6mies.
Le profosseur Lessouna , directeur de l'Ecole royale votörinaire r'e Turin , a pubiie en 1S5G un Möinoire reniatquable par rOnidilion , ie savoir , un style (5puriJ et ayant pour litre : Do la non existence de la contagion de la Pleuro-Pneumonie des Biles bovines.
J'al traduit avec soin cet inlcressant et savant ouvrage: I'auteur apres avoir analyst tout ce qui avail ete ecrit avant lui par les vetörinaires frangais , cite loggia a qui I'observalion el rexperience onl. dit-il, enseigne que la peripneumonic n'est point essenlicllement gangröneuse , mais bien une infiammalion ordinaire qui lend ä la röso-lulion , ou i\ rhüpalisation , ou ü la suppuration , ou n la dt'genc'rescence tnberculeuse , comme l'indique !c nein dc polmenea ou polmonera que lui donne le vulgaire , cc que d6monlre la description qu'il en a faite. Tpggia la croit conlagieuse ä la manicre du typhus, ct dit qu'eile se rencontre rarement sporadiqoe , raais le plus souvent dissömince, (''pizootique et präseatant diverses periodes avant de se resoudre ou de tner le ir-alade ou dc sc chan­ger en uuo aptre maladie. Mais M. Lessonna fait observer que cette marclie est celic q::e presenlent toutes les in-flammalions du poumon , produites par des causes parti-culicros ou generales, indöpendantes de lout principe conlagieux. Si la peripneumonic qui so monlre ca et lä durflnt ic prinlemps el. I'aulomne Cfait eminemment con-tagieusc, comme 'loggia I'assure , elie no serail pas spo-radiqae et ne se terminerait pas facilement par la resolu-
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tion. Les maladies contagieuscs oigult; s, comme le typhus gt; qui est la scule maladie contagieuse a laquelle on puisse comparer la peripneumonie de Toggia , scut, dans le moment de leur invasion , rapides, devastatrlees et tuent presque tons les animaux dans lesquels eile se monlre ; e'est seulement progress!vement que la contagion, passant d'organismes en organismes , sc modifie et perd de sa force, de maniere que la maladie d'oü eile dorne , peut etre facilement combattue et tendre ä la rösolution. La contagion , pendant qn'ello s'etend en se commu-niquant d'un animal ä i?n autre , diminue progressi-vement d'aclivitö, perd son aptitude ä so propager et a la fin s'eteint. S'il n'en ötait ainsi , sulvant les lois im-muäbles de la nature , les maladies contagieuscs ne ces-seraient que lorsqu'elles ne trouveraient plus d'organismes nropres ä les propager, et olles occasioneraient l'extermi-nation des especes sur lesquelles elles se manifesteraient. Les maladies qui, comme rinflammation des poumons , s6-vissent !'r6quemment, soit ä Tclat sporadique , soit h l'ötat 6pizootique, par l'effet des causes ordinaircs, ne sont pas contanieuses. Les memes causes, les memes saisons, les me-mes vicissitudes de ratmosphöre, produisent rinflammation des poumons , soit dans les solipedes , soit dans les betes a corncs , soit dans les montons, et pourquoi serait-elle contagieuse seulement dans los beles bovines?
Je passerai sous silence la description qu'en fait Toggia et qui est tres-analogue ä cello qu'en a donnee Chabert; eile n'offre que le tableau d'unc inflammation du poumon qui, selon son degre d'intensile et ladisposition des ani­maux , se rfeout et sc termine par la guerison ou s'ag-laquo;rave el finit par la mort, qui peut arrivcr plus ou moins rapidement par un engorgement qui determine la suffo­cation ; par induration ou lic'patisalion, par suppuration, par öpanchement et quelquefois meme par degeneration gangreneuse ; ou encore, passe lentement ä I'etnt cbro-
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PATHOi-OGiK BOVINK.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; G15
nique, issues ordinaires , dit Lessonna, de loules les in­flammations pulmonaires ; ce qui n'indique pas du tout que celte maiadie soil conlagieuse.
Les autopsies preseutent des lesions analogues a ses diverses terminamp;isons, ct qui, toujours seion Lessonna , n'offrent rien qui puisse faire supposer a la maiadie uti caractere contagieux. Pour appuyer son opinion, il rap-porte celle de Brugnone qui trouve singulier que Toggia regarde commc oontagieuse la peripneumonie des betes bovines, sans produire un seul fait qui le demontre. II est vrai, dit-il, que dans le temps oil Toggia öcrivait, on ne distinguait pas bien les maladies contagieuses des constitutionnelies ; Ton ne pouvait pas supposer qu'une maiadie qui s'elendait sur un grand nombrc d'animaux et prenait un certain caractere de gravile ne put pas elre crue conlagieuse.
Lessonna fait connaitre ensuite l'opinion de Toggia sur les causes de cetle maiadie, qui sont, suivant ce dernier, prd'disposantes comme les fourrages älteres, les eaus cor-rompues, les elables malsaines , les voyages longs ct fati-gans , les pluies froides et les autres intemperies atmos-pheriques; mais Lessonna fait judicieusement remarquer quo ces causes ne sont pas seulement prßdisposautes , mais encore occasianelles de rinflammation des poumons. Toggia qui la voulait conlagieuse , considerait ces causes comme seulement predisposantes, et pretendait que la cause occasionclle de cette maiadie et la seule par laquelle eile soit engendree, est la contagion sui generis, qui, elabo-r6e dans I'economie vivante. altaque les animaux dej;\ predisposes par faction des causes precitees et se pro-page au moyen du contact medial, immediat et agit avec d'autant plus d'activite que le nombre des malades est plus considerable. Mais, dit Lessonna , de quelle espece est cette contagion , qui , pour exercer son influence , a besoin de l'action de causes nuisiblcs capables de pro-
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G14nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; PATHOLOGIE liOVINE.
iluire des dösordres morbifiq\ies analogues ä ceux desquete on los croit l'agent? II convient alors de penser que-cette contagion est d'un genro lout a (ait nouveau; le fait est que Toggia l'a admise sans en demontrer l'cxistence et sans aucun fondemciit. La contagion n'elant, suivantLessonna, que le pppdnit d'une dL'genörescence parliculiere des malleres organiques, arrivant durant le cours des ma­ladies qui sont susceptibles de prendre nn caraclere con-tagieux , caracterc qui n'exisle pas anlerieurement A leuT premier developpemcnt. G'est ainsi que la contagion du typhus des betes bovines se devcloppe dans le cours de cette maladic , qui se montre dans los Locufs qui sont exposes aux clfets des graves causes morbides , aiixqnels ils sont soumis ä la suite des armees. Le prineipe conta-gieux qui aecompagne les maladies dites charbonneuses se developpe aussi durant le cours de ces maladies; il est prirnitivement l'effet des causes ordinaires; les betes bo­vines no portent point cachö en elles , au sein de lour economie, ie virus d'une tolle maladie , comme Toggia le pensait. Enfin le typhus et les afieclions charbonnouses sont les seules maladies que, jusqu'ä prösent, l'obser-valion ait fait counaitre comme capables de prendre le caraclere contagious dans les bötes bovines et comme les seules maladies contagieuses aigues auxqnelles oes ani-maux sont sujets. Le iypiius est une maladic propre aux betes bovines; les affections charbohneuses peuvent se dovoloppersur louslesanimaux herbivores et omnivores, et sontlransmissiblesdans touteslesespecesdecosanimaux.La pöripneumonio est commune ä tous les animaux , et n'est pas contagieusodans aucun d'eux ; si olio retail dans les bö­tes bovines, eile leserait aussi dans les autros animaux, dans lesqueis eile est pfödnite par les memes causes; ellecst de la möirie nature, suit la memo marche, offre les memes tcr-minaisons et sc traile par les monies moyens , etc. , etc. Taut qu'au iraiiement, il sc rapproche beaucoup de
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•T I
1gt;AT110LÜÜIK BOVINEnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;613
celui iiuiiiiuü p.ir Cliabcrl, et la leiuhincii ä la gangrene que Toggia croit lui recoanatlre , le portc ä prcscrire des niodicamcns Stimulans lels que rammoniaquc , la tein-lurc anodi'ie , la myrrhe , l'assa-letida , 1c kcrmes mine­ral et mome la valerianc, le contrahyerva , la serpenlairc et la genliane dans le vin ; M. Lessonna a blüm6 l'emploi de ccs moyens. II s'etonne aussi de ne voir conseiller . dans aucun cas , la saignee, les setons, ni le söquestre rigoureux des animaux suspects ou malades.
Enfin , pour combaltre l'opinion de Toggia , Lessonna cite encore celle de Brugnone qui, bien qu'il croie cetle maladie une des plus frequenles qui attaquent les betes bovines, la considere comme tendant toujours ä la sup­puration et ä l'etat chronique , mais non pas a la gan­grene. II pense qirelle devient contagieuse par I'alteration et la d(!'generatiou di;s matieres purulentes et virulentes qui content par les narines des animaux qui en sont af-I'ectcs; enfin, dil-il, les maladies dont parlent Virgile, Titc-Live, cellcs observees en 1G95 dans la Hesse, en 1709, dans le llainaull el la Champagne , etaient, an rapport de Faulet, coiislitutionnelles, annuelles et non conta-gieuses.
Je lie suivrai point M. Lessonna dans sa critique de larti-cle de M. Lecocq 'sat la pleuro-pncumonie chronique des boeul's de I'arrondissemeDt d'Avesne , que ce professeur a consideree comme contagieuse. Le premier combat cetlc opinion avec uno force de raisonnement qui semble faire pencher la balance en sa favour; mais, comme je n'ai pas cru reconnaitre dans la maladie decrite par mon honorable collegue une affection idenlique ä la pleuro-pneumonie contagieuse epizootique qui fait l'objet de cet article , je ne I'ai point rapporlee.
Vient ensuile l'art|cle Pubnonie des betes bovines, par Layrip, docteur en medecine, professeur do police vete-rinairc et des epizootics ä l'universite de Pavie. Co
,#9632;;#9632;laquo;#9632;
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616nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PATHOLOGIE BOVINE.
suvant penso que cette maladie est une pneuntonile lentc avec adynamie du poumnn, un catarrhe muqueux avec omaciation lenle, haleinc fetide et une tendance particu-lißre ä I'liopatisation, qui sc developpe par des causes cons-titutionnelles ou enzootiqucs etsepropage en vertu d'unc contagion parficuliere qui la rend incurable, quand eile cst arrivee ä son dernier piriode. lei encore M. Lessonna cmploie tontes les ressources d'une logique serröe pour combaltre ropinion de l'auteur qni laisse ie lecteur dans le doute. II base ses argumens sur le manque de fails cou-cluans ^ car, dit-il , si , prodtiite primitivement par des influences constitutionnclies ou enzooliques , eile prend un caraclere contagieux , et que celui-ci seit demonlre par ^observation , il exprimerait un fait; mais fa faire de-pendre parfois de causes ordinaires et parfois de la con­tagion , cela n'est pas admissible : M. Lavrin dit plus loin que si les agriculteurs pouvaient connaitre les pre­miers symptomes de cette maladie, on pourrait des lors en prövenir le devcloppement. M. Lessonna en tire cette consequence , que si on peut en arreter le cours et pre-venir son entier developpcmcnt quand les prodromes se sont manifestes, eile n'est pas contagieuse ; parce que lorsque ces puissances morbides'ont exercö leur action sur les animaux , il n'est pas possible de les prevenir,, encore moins d'arreter le cours des affections morbides qu'elles sont aptes ä produire; l'art pent seulement modifier leur intensite et leurimprimer souvent une tendance favorable. II veut que la maladie decrite par M. Lavrin ne soit qu'une fiövre inflammatoire, une pneumonile plus pro-noncöe dsns certains animaux que dans d'autres , suivant leur temperament. Je ne puis tont rapporter ici; seule­ment , je n'admeltrai pas que la pneumonic epizootique ne soit jamais compliquee d'affection charbonneuse, quand tant d'excellens ecrivains Pont reconnu. M. Lessonna tran­che la question en disant que M. Lavrin a entendu dire
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PATHOLOGIE IIOVIXE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; GIT
par cela quc , quand l'ihflammation des poumons degöne-rait en gangrene, eile 6lait accompagnöe de la complica­tion cbarbonneuso, que ces aflections , dans les herbivores et surtout dans l'espcce bovine, ne sont autre ciiose que l'inflammalion degönöröe en gangrene , qui est tonjours suivie du developpement du virus ou prineipe cliarbon-neux; c'est, ä mon avis, torturer l'ideede l'auteur et ne pas en prouver la fausscle par des fails. Je reviendrai plus tard sur l'opinion de M. Lavrin quant ä la contagion de la maladie.
L'auteur cite ensuile l'opinion d'IIurtrel d'Arboval, ilont je parlerai plus loin. J'arrive ä celle de M. Sandry, qui definit cette maladie une inflammation contagieusc des poumons , en decrit les symplömos et dit avoir ob­serve qu'elle reconnait pour causes les alimens aqueux , couverts de terre et d'insectes vivans ou morts qui sont restes sur les prairies apres ieur submersion , et ausfei la paille rouillee et mal recoltee. C'est pour cela que cetle affreuse maladie est plus frequenle dans des printemps qui succedent ä des hivers tres-Iiumides et durant l'au-tomne, quand l'ete fut orageux , pluvieux et apres qu'il o existe des brouillards. 11 comprend aussi dans ces causes les eaux malsaines , les exhalaisons des marais, le rapide changement de climat, ou , selon moi , la difference de temperature joue un grand rö!e , mais encore la faligue du voyage et finalement la contagion.
31. Lessonna ne se met point en peine de refuter l'opi­nion de Sandry , il ne veut voir lä qu'une inflamraalion des poumons plus ou moins grave , et s'etonne que l'au­teur, vätörinaire Italien, ait adopts sans restriction l'opi-laquo;ion erronee de Ghabert.
Vient ensuite l'expose du traite de la Pulmonie des vaches, par le professeur Leroy, de Milan.
Cette maladie n'est, dit ce savant veterinaire, qu'uue veritable pöripricumonie , presque conslamment epizoati-
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618nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;FTquot; PATHOLOGIE BOVIXK.
([no ; ello est encore produite par des causes diverses ot öftre dans son cours et dans ses el'fels quelques diffe­rences symptömätiques et plusieors lesions viscerales qui pourraient la faire confondre avec d'autres maladies qui sont propres ä l'espece bovine , etc. , etc.; il ajoule que cettemaladie pent aussi se manifester d'une maniere epizoo-tique dans les solipedcs. Cetle verite quej'ai vörifiee , est maintenant reconnue par tons les vöterinaires bons obser-vateurs, et cette variete de l'intlammalion des poumons est surtout fröquente dans les clicvaux des troupes.
Quant aux causes, il 6numere les memes que celles dejA indiquöes : la pulmonie des vaches regne, dit-il , de preference durant l'automne et le printemps, les hivers pluvieux et peu froids, la depaissance de l'herbe aqueuse , prömaturee des prairies , sur laquelle il existe une affluence de divers insectes qui souillent les planfes prinlanuicres, de meme que les longues secheresses de l'ete , qui rendent les puturages peu abondans, torrö-fient les plantes, la chaleur insolite de l'almosphere , ä laquelle succedent des vicissitudes et des intempöries at-mospheriques , la mauvaise quality des päturages , des lourrages älteres, deseaux stagnantes, corrompues, etc., etc., et surtout les brouillards öpais et felides , etc., etc.
Lcroy reconnait trois periodes dans cette maladie : il cn decrit les enractercs avec une clarte remarquable et dit que les symplomes de la premiere sont quelquefois precedes et pnrfois suivis d'une espece d'ebullition cutanee tres-finc et superficielle , presentant des petits boutons torlueux et spheriques qui se manifestent plus babituel-lement sur le dos, aux parties laterales du thorax et restent apparens pendant un temps indetenninö , mais dont le dessechement successif, lent etonetueux est d'un bon augure , mais dont la disparition subite est le plus ordinairement aecompagnee de l'aggravement des symp-tömes et rend les consequences de la maladie tres-dange-
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PATHOLOCIE BOV11NE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; G19
reuseraquo;. Bien que celte efflorescence miliairc nc soil pas constante , quelqnes-uns elabüssent sur eile la propriete conlagieuse de la maladie. La pulinonie , dit-ii , enleve quelques malades du cinquieme au sixieme jour , commu-iiöment du huilieme au neuvieme et quelquefois le dix-liuilieme jour. II a cependant observe une variete de cctte maladie dout la marche , quoique aiguü, est plus lente et n'enleve les malades que du trcntieme au trcnle-cin-quieme jour. Le moment de la mort n'est pas annonc6 par le moindre indice de doulcur et d'agilation , et le malade meurt en tenant ä la bouclie le fourrage qu'il a prisquelque temps auparavant. L'aulopsie prouve qu'elle n'est qu'une simple modification de la pneumonic tres-aiguö; et, au lieu de ces fausses membranes , de ces adh6-rences nombreuses , d'un öpanchement considerable , de l'engouement et des traces de l'inflammation, on rencontre seulement une colleclion isolee d'unc serosil6 trouble et jaunätre assez abondante ; les poumons sont entierement disorganises , ils offrcnt une substance homogene sem-blable ä du lait caille, mais plus consistanle, dans la-quelle on ne distingue que de tres-petites traces do tissu animal et une petite quanlite du tissu des ponmons peu ou point offensö dans le voisinago des gros troncs arteriels et veineux , h peu de distance des cavitamp;j du coeur. Ces lesions semblent etre Teflet d'une inllammation lente et suppurative ou d'un etat d'induration et d'hepatisalion au milieu duquel on observe des slries tortueuses d'un rouge pale. J'ai decrit precedomment cctte variete et l'ai moi-meme obscrvd'e.
Quant ä la contagion de celte maladie, M. Leroyreslc danslcdoule; et, bien que cctte affection ait (He jusqu'ti präsent consideree comme contagicuse , j'avoue , dit-il ingenument , que je trouve beauconp d'obstaclcraquo; A me rendre une raison plausible d'une teile particularite , ä regard de laqueile I'analogie me prouve le conlralre. II
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620nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; PATHOLOGIE BOVINE.
a vu de vastes etables alteintes; les plus legöres pre­cautions, un isolement peu complet out suffi pour ne pas voir la maladie se propager. II dit, avec Ramazzini , qu'en maliere de contagion nunquam satis cavemus dum cavemus (*). D'autant plus qu'en rötlechissant sur la na­ture et les qualites des circonstances occasionelles de cetle espece de peripneumonie, je puis en dMuire qu'elle avail quelque analogic avec les produits morbides des af­fections charbonncuses ; et, par ces motifs, j'ai du pen­ser plnsieurs fois que la pulmonite des vaches pcut etre une modiflcation de ces maladies , mais encore peu con-nues ; aussi Lessonna fait-il beaucoup ressortir ce doute pour appuyer son opinion contre la contagion.
M. Lessonna rapporte ensuite l'histoirc de quatre en-zootics de pleuro-pneumonie qu'il a eu occasion d'obser-ver en 1827, 1851 et 1852. Je regrette beaucoup que les bornes d'une analyse ne me permettent pas de les transcrire : elles prouvent, car on ne pent douter de la bonne foi de cet honorable coilegue , quo la propriöte con-tagieuse de cette maladie est au moins tres-equivocpie et qu'elle est principalement due ä l'irrögularite des Saisons, ä la fatigue occasionee par un travail excödant , par les 6migrations , les alimens de mauvaise quality et le peu de soin qu'ont souvent les conducteurs do troupeaux ; qu'elle regne de preference au printemps et en automne, saisons oü les intemperies atmospheriques sont plus fre-queutes. Les symptomes que presente cette variöte de rinflammation des poumons, dit ce savant professeur, sa marchc , les causes qui provoquent son döveloppement, les moyens therapeutiques , simples et faciles qui convien-nent pour la guerir et en pröserver les bestiaux, les le­sions qu'elle laisse apres la mort, prouvent qu'elle est
(*) Jamals nous uc prunons trop garde, qnand nous devons prcndic garde.
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PATHOLOGIE BOVINE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;G21
constitutionnelle et consiste dans une inflammation ordi­naire des poumons , qui est parfois plus frequente en raison des irrögularitös atmospheriques, et qui n'est, point contagieuse , comme le prouve le petit nombre d'ani-maux qu'elle attaqiie. Uno etablc, entre autres , conte-nant vingt-cinq vaches ou bceufs , n'eut que qualre ani-manx atteints , deux dans !e mois d'aoüt, deux dans le
moisd'oelobre !... Chacun sait combien les maladies con-
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lagieuses sont rapides dans leur marche et funestes des leur invasion.
Lessonna, a I'appui de ces observations , en rapporte quinze autres qui loi ont iti communiquees par M. Jo­seph Luciano , veterinaire tres-distingue; je vais trans-crire la premiere : dans le mois de Janvier 1826, la perip-neumonie se manifesla dans le Iroupeau de vaches appar-tenant ans freres Bosso , fermiers ä Pollone , pres Turin. De vingt-liuit totes qui composaient ce troupeau , onze tomberont malades, cinq perirent, et le reste se conserva sain , bien que confondu avec les malades. Voici la deuxieme : dans le mois d'aoüt de la meme annee , la
plcuro-pncumonie se manifesta sur les vaches de Jean
t.
Filippa, habitant de la ferme de Ceppi , pros Turin ; retable elait de trenle vaches, neul' tomberent malades , trois pörircnt , les autres reslcrent saines , quoique me­lees avec les malades. Toutes les autres observations sont analogues et aussi concluanles.
Passant aux moyens preservatifs , M. Lessonna dit : laquo; Ayant demonlre par l'observation et l'analye des 6cri-vains veterinaires qui ont admis une opinion contraire, que la peripneumonie des betes bdviues , quand meme eile se manifeste sous la forme epizoolique , est constitution­nelle , c'est-ä-dire , produite par des causes genörales etnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;* communes , et non contagieuse , il en resulte que les mesures anli-epizooliques que Ton present contre los ma­ladies conlagienses nedoivent pas etre mises en pratique. raquo;
;.*!
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(JSSnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PATIlOLOfillv KOVINE.
Eii consequence, il proscrit 1c sequestre ; il sufiit, selon lui, de soigner les besliaux malades dans des endroits particuliers ou an nioins söparös des sains dans un coin de I'ölable. Les mernes personnes peuvent impun^ment soigner les sains et les malades , ce qui est contraire a l'opinion de M. Tissot, du Jura. laquo; Le seul cas , ajoute-t-il , dans lequel il paurtait etre urgent de met're un söquestre rigoureux sur les boles bovines affeclöcs de peripneumonie, serait colui dans lequel, par des dispo­sitions organiques accidentellos ou par I'action extraor­dinaire des causes morbides , circonstances dont nous avons dejä parle, rinflarnmation des poumons tcndrait ä une rapide desorganisation gangreneuse qui pourrail etre acconijiagnee d'un virus charbonneux. Mais comme dans ce cas le virus n'est ni volatil , ni diffusible et ne se com­munique que par contact immödiat, le söquestre sera moins rigoureux , I'isolement moins grand que dans le typhus. Les animaux sains , n'etant ni suspects, ni at-teints de maladies contngieuses, ne doivcnt pas etre sou-mis au söquestre, etc., etc. Passant ä la question de l'emploi des cbairs commo aliment, je ferai observer que les animaux qui sont affeclcs de peripnenmonies aiguüs, ne doivent pas etre vendus pour la boucherie , parce que ragilation febrile qui accompagne les grandes inflam­mations aiguös, allere morbidement la composition in­testine des organes qui sont par consequent plus ou moins nuisibles. Mais dans les cas de peripneumonies chroniques, sans etat febrile, sans llux nasal purulent, etc., etc., les animaux peuvent etre vendus pour la boucherie , bien que leurs chairs ne soient pas de la meilleure qua-lite, etc. , etc. raquo;
On lit dans le Recueil de Medecine Veterinaire d'oc-tobrc 1857 , I'liistoire d'une pleuro-pneuraonite epizoo-tiquc qui regna sur TespefO bovine en 1855 el 185(), dans les environs de Monbard f Cdte-d'Or). Elle allacua envi-
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ron cent soixantc animaux dont les deux cinquiemes pori-rcnt. Les causes agissuient Icntcmcnt, dit M. Drouani , veterinairc ; les symplomes etnient insidieux ct les pro-prietaires ne s'apercevaient pas de l'existcnce de la ma-ladie qne lorsqu'elle avail fait des prognis, sou vent iücii-rables; il est vrai de dire qne Tincuric etait pour beaacoup (Inns ce resullat funcste.
M. Drouard divise quot;sa duree en deux periodcs : 1c debut et Velat. Dans la premiere , il exislait d'abord tous les symptomes d'une indigestion , avcc une legere mcteori-sation, puis ensuite apparaissoient ceux do la phlegmasic des organcs respiratoires ; lemaladc conservait cependant an pen d'appelil. Dans la seconde ou etat, la rumination {'•fait suspendue et l'appetit nul ; la respiration acceleree ( 50 ä iO respirations ), pouls petit et tendu (70 pulsa­tions ), la toux qninleuse ct douloureusc, avec (lux nasal grisätre , blanchätre ct grumeleux ; infdtration sereuse an fanon , sous, la trachuc et aux membres , etc. , etc. L'air expire elait fetide et le malade perissait par aspliyxie. La maladie se terminait on par epanchemcnt on par he-palisalion , et sa duree 6tait alors plus longne. La röso-lulion avait quelqnefois lieu , surlout qnand un seu! pou-mon elait alleint et quo les secours medicaux elaient administres a temps ; eile s'annoncait par le retour de la gaite, de l'appetit , la souplesso dn pouls, I'agitalion moins grande des flaues, etc., etc. La lerminaison par suppuration etait plus rare , on la reconnnissait au jetage par les naseaux d'nnc matierc purulonlc , au rale cre-pilant, muqueux , a 1'existence d'nnc toux seche, opi-niatre qui augmentait apres le repas, surtout le soir. C'etait i'h^patisation ou Tinduration rouge ct grise qui etait la termitiaison la plus frequente; elles se traduisent par la matite du thorax , l'absence du bruit rcspiraioire ct un rale eröpitant humide, etc. , etc. Enfin , dit M. Drouard. repanrlicmont el la formation des fausses mem-
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G2'inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; PATHOLOGIE BOVINE.
branes ötaient aussi frequens que l'absorption du liquide ctait rare.
Les 16sions cadaveriques 6taient relatives ä la periode de la maladie, au mode de terminaison qu'elie prenait, H du reste semblables a celles que j'ai decriles ; seu-Icment M. Drouard a souvent renconlre des bydatides de diverses grosseurs. au milieu du parencbyme du pou-mon et ä la surface des sereuses.
Les causes assignees par ce v(Hd'rinaire sent predis-posantes (lieredite , mauvaise constitution du thorax , regime et soins mal entendus ) ; ou determinanles (in-tempöries atmosphöriques , brouillards, changement subit de regime , etc. )
Le trat(ment consistaft dans la saignee , les exutoires ou setons, les d61ayans , les beebiques, etc., etc. M. Drouard ne dit pas un raot de la contagion de cetle maladie , ni par consequent des moyens de police sani-taire ü employer.
Notice sur la Peripneumonie gangreneuse des Beles ä comes , par M. II. Mathien , medecin-veterinaire du de-partement des Yosges; tel est le titre d'un article publiö par le professeur Delafond , dans le Recueil de Medecine Yöterinaire , cahier de fevrier 1858.
Ce veterinaire , qui observa cette maladie en 1823 , la considere comme enzootique dans les montagnes des Yosges et essentiellement contagieuse ; il pretend qu'elie se manifesta dans la commune de Xaffivilliers , par i'im-portation d'une vache venant de la montagne ; et, sans s'arreler h cettc origine fort douteuse , il dit que le propre de cette variete de la pneumonie est de sevir sur les masses; aussi, dil-il, il est tres-rare qu'elie ne frappe qu'une seule böte dans une etabic qui en contient plu-sieurs; de celle-ci, olle gagne les vacheries voisines et bientöt tout une localite est infectee , si l'on n'y porte romedc.
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Mais il reconnut dans le pays assez de causes capables lt;le la produire : les unes, prcdisposantes, sont Ics ötables malsaiues et rentplies d'air mephitique qui rend Thöraa-tose incomplete, les fourrages ronilles, vases, moisis, etc., etc. Les autres , dtHorminantes , trouvent leur source dans les changemens subits et frequens de la tem­perature atmosplierique des montagnes ; les brouillards epais qui y regnent frequemment, l'eaii glaciale dont on abreuve les bestiaux , elc, etc.
Autopsie. Les desordres s'observent exclusivement dans la poitrine, celle-ci renferme ordinairement une vingtaine de litres d'une serositö trouble, jaunütre et contenant beaucoup de flocons albumineux ; toules les plevres sont tapissöes par de fausses membranes , d'un jaune verdü-tre, lt;5paisses et spongieuses. On rencontre en outre des kysles enveioppös d'une membrane transparente, conte­nant un liquide semblable t\ celui de l'hydropisie, fix(sect;s sur la pievre costale et sur 1c poumon. Ces derniers or-ganes sont enlierement decoraposös et se döchirent avec faciiile ; leur lissu , qui varie du rouge fonce au noir, est completement h(5patis6 , tres-pesant, et n'offre que tres-peu de portions vesiculeuscs et susceplibles de rece-voir de I'air; les bronches rcnferment un mucus blan-chatre et 6cumeiix. Les autres visceres du corps ne pre-scntent que peu ou point d'alteralion : aussi cet efat d'hcpatisation a-t-il determinelaquo; ce vet^rinaire i lui don-ner le nom de pneumo-sarcie. qui n'est point adopte.
Traitemeht des Mies malades. II consisle dans une diete severe , des, boif-sons l'röqucmment renouvelties, l'emploi d'un tres-large vösicatoire sur Tun des cöt^s de la poitrine, d'une poudre composöe oil entre la montarde, le soufre , la poudre cordiale , le fenugrec et le sei, poudre qu'il faut 6tendre sur du pain pour le donner anx bestiaux ; de l'administration par les narines d'une cuil-leree A cafe de vinaigre sterntitatoire , compose de sul-
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626nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PATHOLOGIE BOVINE.
fate d'alumine et de zinc, de poivre d'Espagne, d'essence de Wröbenthine , trente grammes de chaque; sept gram­mes de camphre, dans un litre de vinaigre de vin. II recom-mande en outre I'application d'un sachet de fleurs de foin chaudes sur les reins; de fournir les bestiaux de litiere abondante et fraiche; un exact pansement de la main , une propret6 severe , de renouveler I'air qui doit 6tre moderöment chaud et 6viter les courans d'air ; enfm il recommande de dösinfecter les (Hables par des fumigations guytonniennes , le lavage des bois et ustensiles a I'eau de potasse et le soin de blanchir a la chaux les murs des etables.
Trailement des animaux ä preserver, i0 boissons et soins hygieniques, comme pour les bestiaux malades; 2deg; faire prendre une fois par jour seulement la prise du vinaigre sternutaloire et de la poudre sur le pain ; 5deg; ne donner que la moitie des alimens; 4deg; enfin suspendre le travail.
Cette prescription sera suivie pendant douze jours et plus, s'il y a urgence.
La saignte , qui n'est point indiqu^e par M. Mathieu , n'est pas moins consider^ par lui comme un bon moyen pr6servatif.
II prescrit en outre l'isolement complet des bestiaux sains des malades et toutes les precautions indiquöes cen­tre une contagion dont il ne cite aucun exemple.
Dans les Memoires envoyes a la Soctete royale et cen-trale d'Agriculture pour le concours de 1827, on distin­gue le suivant : laquo; M. Gaullet, V(5t6rinaire ä Bar-sur-Aube , observa en septembre 1826, une maladie epizoo-tique sur les betes a cornes. C'etait une peripneumonie intense , qui n'amp;ait point contagieuse, comme plusieurs personnes le publiaient; un dixieme des bötes attaqu6es avait suecombö dans les vingt jours qui avaient pr6camp;16 I'arriv^e dc M. Gaullet, un autre dixieme 6tait malade;
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quelqiics bo(cs furent vendues furtivcmcnt mix bouchers, les autres gud'rirent par I'emploi des boissons aboudantes d'eau d'orge , d'infusions de Heurs de tilleul ou de sureau miellees, de lavemens mucilagineux , etc., etc. Le pou-mon des betes mortes ötait dans un etat de consomption putride, et il y avait epanchement söreux dans les eavites thoraciques. Les causes de cette maladie furent gönera-lement attributes ä la söcheresse de l'ete , au defaut de boissons et ä l'usage des eaux des routoirs; eile cessa avec le retour des pluics et le renouveiiement de l'eau des abreuvoirs oü l'on avait mis rouir le clianvre et le lin. Le troupeau communal fut ä peu pros le seul affecte, il 6tait aussi le seul exposö ä l'inHuence des causes ; tous les proprietaires qui abreuvaient habituellementleursbesliaux chez eux n'eurent point de maladies. Les vaches pleines qui furent affectees de la maladie avorterent. plüsieurs memes n'eurent d'autres symptomes que l'avorfement, qui n'eut do suite que celle de la perte des veaux. raquo;
Ce meme veterinaire observa encore une maladie ana­logue sur les bcsliaux de la commune d'Eclausc. Durant l'automne de 1857 (') : dix beeufsou vaclies avaient suc-combe avant son arrivee, deux se trouvaient malades. M. Gaullet donne ä cette enzoolie le nom de peripneu-monie pitrulenle et screuse, parce que la pleuro-pneu-mouie lui parut compliqnee d'un etat cacbectique primi-tif. Les symptomes qu'il observa dans les trois periodes de la maladie sont ceux d'une inflammation assez aiguö des organes respiratoires, se terminant par suppuration, avec öpanebement dans le thorax ; la maladie durait de neuf ä quinze ou seize jours. A Ifaatopsie , il trouva les pou-mons enflammes, conlenanl des depots purulens , fetides et les sacs des plevres remplis d'un liquide jaunätre et fi-tide; ces sereuses ötaient recouverlcs de rudimens de
(*) Recucil de Medecine Volerinalrc, iiimcc 1858, |ifi!,'u 117,
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1328nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PATHOLOGIE BOVINE.
fausses membranes, le coeur rempli de sang noir, coa-gule qui dilatait ses cavites; il cxistait en outre quelques traces d'inflammation sur les organes digestifs , ainsi que beaueoup d'hydatides dans le foie , la rate et sur les me-senteres, traces evidentes de la cacliexie primitive. M. Gaullet attribue cclte maladie ä la däpaissance de l'iierbe des päturages bourbeux, fangeux , remplis d'une eau crou-pissante et malsainc. 11 se ptononce francliement conlre la contagion , il cite möme une experience faite pröcedem-nient sur une vache jeune et saine qu'il mit dans une otable entre un boeuf et une vache malades qui suecom-berent en cinq jours ä l'epizootie, saus que cette vache , cn füt atteinle ; il fit plus, il prit des matieres purulen-Ics provenant des poumons, il les inocula profondement enlre deux cotes de la bete soumise ä l'experience , qui tut raise ä une diele severe pour faciliter l'absorptiou du \irus; cette operation ne produisit qu'un engorgement considerable qui suppura et gutrit eu quinze jours , sans nutre indisposition. M. Gaullet employa sur les bestiaux malades le quinquina , la gentiane et le nitrate de potasse qui produisirent des effets salutaires; il terminait la eure par des boutons de feu sem6s sur les cott-s du thorax et employa les tisanes bechiques miellees comme d'excellens nuxiliaires. La saignee nelui parut pas indiqute et les selons ne pouvaient avoir qu'un effet nuisible.
Le cahier d'avril 1858, du Recueil de Medecine vetolaquo; rinaire , contient im rapport de M. Potclle , vöterinaire ä Beauvais ( Seine-et-Oise), sur une maladie öpizootique qui a r6gn6 sur les vaches du pays de Bray. II la considere comme une pneumonie ou inflammation de poitrine, com-pliqu^e dd pleuresie, qui se termine coraraunöment par l'hepalisation des poumons. L'organe affecte a , dit-il, acquis un volume enorme , il forme une masse hetero­gene, impermöable ä l'air et complötement dösorgani. see; les plövres, le pC'ricarde sont egalement dötruits
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par la maladie. II cite ensoite divers faits qui prouvent que cette maladie est devenue plus frequente dans la con-tr6e depuis que Ton nourrit plus abondamment les vc-ches pour en obienir plus de lait et de beurre , ce qui coincide avec raraelioration des pälurages, l'augmenta-tion de la proprietö nutrilive des fourrages et remploi comme aliment de la pulpe de betteraves qui a servi a la fabrication du sucre indigene. Aussi fait-il remarquer mc la pneuraonie 6pizootique est presque toujours pröcedöe, d'un embonpoint et d'uu (Hat pletliorique tres-marqu6 qui semble prouver que la surabondance de nourriture est une cause predisposanle de cetle maladie; par suite de ce regime, le poumon est dans un 6tat de congestion sanguine qui produit long-temps d'avance une toux fre­quente , seul Symptome pröcurseur evident et que suit une gone de la respiration qui precede l'invasion dc la maladie. A cette action funeste et prödisposante d'un re­gime trop succulent suivi pendant la stabulation d'hiver , succede celle du froid humide des paturages , des vallöcs et des herbages dans lesquels sont mis nuit et jour les bestiaux des les premiers jours du printemps , et oü exis­tent souvent des brouillards tres-öpais, surtout durant la nuit. Ces metöores sont, suivant M. Potelle, les causes determinantes de la peripneumoiiie ; en effet, le froid humide agit tont ä la fois sur la peau et la muqueuse des bronches , il rcfoule la transpiration externe et interne sur les poumons qui (Haut döjä dans un (Hat de conges­tion sont tres-disposes ä l'irritalion inflammatoire. Ce vel^rinaire fuit aussi jouer'un röle pr6disposant au defaut de renouvellement de l'air des etables, ä leur tempera­ture trop 61evee , aux Emanations des exer^mens qu'elles contiennent et ä leur malproprete.
Pour se resumer , il dit que la maladie dont il s'agit est une inflammation de poilrine produite par les pre­miers froids du printemps, qu'il n'est pas besoin de lui
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supposer une propriötö contagieusc pour expliquer la grande mortality qu'elle a causöe , toutes les vaches ayant etö influcncöes de la miSiiie maniere , toutes ont du con­tractor la meme maladie ; ce qui n'est pas exact, car il laut tenir compte des predispositions individuelles ; que la durec de cette affection morbide^a lt;He relative ä la force et au tempörament de chaque malade. II fait remar-quer aussi que la constitution toute speciaie de l'espece bovine, plus molle que celle du clieval, fait que les ma­ladies des ruminans sont moins rapides et moins aiguCs que celles de l'espece öquine.
L'observation lui a aussi dömontre , assure-t-il, que cette variötö de Tinflammation des organes respiratoires n'est pas contagieuse ; il cite plnsieurs faits ä l'appui de cette assertion , notamment le suivant : deux vaches ap-partenant au gardien d'un troupeau dont vingt-cinq ä trente vaches pörirent de la maladie , tandis que ces deux n'en furent pas atteintes , bien qu'elles vecussent constam-ment avec celles du troupeau atteint, seulement le gar­dien avait le sein de les rentrer toutes les nuits ä l'elable. Ce cas milite en favour de la non contagion et justifie en meme temps l'opinion de M. Potelle sur l'action morbide du froid humide et des brouillards des nuits. Selon ce vetörinairc, la peripupuraonie öpizoolique n'est nullement putride, ni gangreneuse, mais seulement plöthorique et inflammatoire , puisque le traitement le plus efficace , celui qui a le plus constamment reussi quand il a etö employe simullancmcnt sur tous les bestiaux sains et ma­lades d'un troupeau atteint, consislait dansdes saignees co-pieuses et souventröpetees , suivant l'etat du pouls, dans la diete et la medication anü-phlogistique. Cette medi­cation utile pour le cas observe par M. Potelle , ne le serait sans doule pas loujours dans d'aulrescirconstances , car cetle maladie n'est pas une.
La saignöe est aussi , suivant ce vetcrinaire, un excel-
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lent remede preservatif, que Ton doit employer des qua raugmeutation insolite de l'embonpoint est accompagn^e de la toux; dans cette circonstance encore , on ne doit pas nögliger l'aamp;fttion et I'assainissement des etables; enOn I'attentlon deretirer les bestiaux des päturages quand les nuits sont froides et humides , la diminution de la nourriture sont des precautions inJispensabies.
Hurtrel d'Arboval a consacrö un article assez long h la description de cette maiadie, dans son Dictionnaire de Medecine V6l6rinaire; apres avoir reconnu que la lec­ture de tous les Memoires qu'on a publics sur eile jusqu'ä ce jour, loin d'en donner une idee exacte , laissent I'es-prit dans un etat d'incertitude et de doute sur sa nature, son siege et son diagnostic, il dit que l'epithete de gan-greneuse qu'on lui a donnöe , est loin d'ßtre justifiöe. II cite ou plutot il analyse ensuite une grande partie des pu­blications faites depuis Chabert et quo j'ai rapportees; mais il n'a point observö par lui-meme la p(5ripneumonie lt;5pizootique; il s'abstient d'emettre une opinion et reste surlout dans le doute sur sa propriety conlagieuse.
M. Taiche, veterinaireä Döcise (Nievre), a publiö un M^moire sur une pneumonic enzootique qu'il a observöe sur les boles bovines. Cette maiadie parait etre fr^quente et meurtriere dans ce döpartcment oü le commun des cullivateurs la regardant comme coiitagieulaquo;e, opinion qui lieureuscment n'esl pas fondec , dit ce vet6rinaire, I'ob-servation lui ayant prouvö le contraire.
Eile s'annoncc par la diminution de l'appelit , la tris-tesse, une apparence dc lassitude generale et la dimi­nution de la sd'eretion du lait dans les vaclies; ä ces signes precurseurs succedent les symptomes d'une affection de poilrine compliquee de meteorisation de la pause , puis une loux scclie et rare, la diminution du murmure res-piraloirc ct la matitöde la poilrine du cötö atteinl; des lors la rumination est nulle. La toux dcvicul plus frequente,
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('gt;öc2nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; PATMOLOUIE BOV1WE.
la respiration plus difficile et plaintive, l'animal se tient constamment debout , l'absence du murmure respiratoire est incomplete et la matite du thorax augmentee ; i! existe un flux nasal jaunütre , l'air expire est d'une odeur desa-grcable. La respiration devient de phis en plus laborieuse et plaintive, ia bouche est beante, l'expiration a lieu en deux temps, comme dans les chevaux poussifs , I'auscul-tation fait quelquefois distinguer un bruit semblable ä un son mötallique, d'autres fois , c'est celui du deplacement d'un liquide etrangerque Ton distingue. Enfin le flux nasal angmente , il se mele ä une salive abondante , la loux est avorlöe et produit une secousse de tout le corps; les yeux s'enfoncent dans les orbites; les forces s'epuisent ct l'animal s'eteint du septieme au vingt-cinquieme jour , duröe de la maladie qui est relative au temperament du malade , au traitement employe. Gelte enzootie attaquait de pröförence les animaux de l'äge de qualre ä six ans.
A l'autopsie , toutes les lesions existaient principale-ment dans le thorax, ä la möteorisalion de la panse pros; ainsi on rencontrait de freqtientes adhercnces des plevres visc6ralesavec lacostale et la diaphragmatique, qui avaient lieu au moyen de fausses membranes a-sez öpaisses . le thorax contenait beauconp de sörosife jaunatre ; les pou-mons etaient engoues , d'autres fois hepatisfe, durs et rouges; dans certains cadavres, cette alteration etait grise-verdütre et on y rencontrait des excavations contenant un pus cxccssivement f^tide. Ces Ifeions envahissaient sou-vent les deux tiers d'un lobe , rarement les deux cotes etaient attaqußs.
M. Taiche a combaltu cette maladie par les saignees repötöes jusqu'ä trois fois, qui ont quelquefois suffi pour obtenir la guerison. II recommande une diete severe , I'eau blanche et des breuvages mucilagincux , du lait, des bouillons de raves; il a aussi employe des sötons plaeös sur le cötö affecte, il les animait par Tongucnt
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vösicatoire. 11 ajoutait le sulfate de soucle aux tisanes mu-cilagineuses pour exciter le canal intestinal, quand il y avail meteorisation et constipation.
La saignee et les tisanes adoucissantes ont 6te aussi employees cotnmo preservatrices avec beaucoup de succes.
Quant aux causes. M. Taiche regarde la mauvaise te-nue des etables , rinsuflisance d'ouvertures qui en ren-dent I'air chaud , 6pais, malsain , comme la cause prin-cipale de la maladie ; et, quoiqu'elle n'ait pas toujours ete occasionelllaquo;, puisqu'clle a rögne ä des öpoques oü les bestiaux n'habitcnt plus los etables , leur action primitive n'a pas moins agi et produit une predisposition maladive que les variations otmosphöriques ont developpöe. II nie l'existence de ces causes speeifiques genöralement adraises dans les äpizooties, quoique inconnues et inappreciables dans leur nature.
Une instruction sur la plenro-pneumonie conlagieuse vient d'etre röcemmeut publiee par M. le professeur De-lafond , d'Alfort, qui a eu occasion d'observer celte ma­ladie dans la vallee de Bray, arrondissement de Neuf-ChAtel (Seine-lnferieure) , oü eile a regne , depuis 1850. dans soixante-seize communes, et attaint les vaches de cenl-un proprielairesi
A son debut, dans un troupeau , eile attaque d'abord un seul animal ; huit a quinze jours apres, eile sövit sur une ou deux bßtesj eile en affecte ensuite deux ä trois ou cinq ä six presque ä la fois, puis eile se ralentit, n'apparait que de loin en loin , comme tous les quinze jours , tous les mois, sur un ou deux aniraaux, et finit par disparaitre. En general , la quanlile de betes qu'elle affecte , de meme que la mortalite qu'elle occasione , de­pendent de la saison et de l'alimentalion donnee aux animaux. Toutes choses 6gales d'ailleurs, en hiver comme en 6te , ellc sevit sur un plus grand nombre de betes, et est d'autant plus vioiente quo ralimenlation est plus abon-
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dante et surlout plus nourrissanlc. La chalcur atmosphö-riquc , comme la temperature elev^e et I'air vici6 des dlables , exaltent sa gravite.
Sa dur6e dans une etable n'a rien de fixe : eile peut exister pendant trois, six , neuf mois, un an et nuhne plusieurs annöes ; toutefois , cettc duröe est subordonnöe aux moyens pröservatifs liygieniques et curatifs qui sent employes pour la prevenir et la combattre. La pleuro-pneumonie atlaque les animaux de tout age , mals sevit avee plus de force sur les bestiaux jeunes, sanguins et gras.
Apres avoir dit que la maladie est toujours guamp;rissablc dans son principe , qu'il est important d'isolcr la pre­miere bete qui en est atteinte , si Ton veut en preserver les autres , M. Delafond croit devoir faire connaitre les signes de la santö pour mettre les proprietaires a meme de mieux apprecier les symptomes raaladifs. 11 indique done I'etat normal de la respiration , celui du pouls. la manicre d'auscnlter la poitrine ct d'en apprecier la reson-nance. Vient ensuile la description des symptomes:
|re Periode. Malgreune apparence de sante. les yeux sont rouges et les conjonctives injectees; la respiration plus frequenle cl Ic pouls accelere ( vingt-cinq ii trenle respirations , cinquante ä soixantc pulsations ); I'auscul-talion fait reconnaitre un leger bruit de souflle ou de frotteraent; la percussion des parois du thorax cause un peu de douleur au malade et denote quelquefois un pen de matile. Toux frequente, polite, avorlee , qui se fait entendre soir et matin , surtoul durant les brouillards froids du printemps et de Tautomne. Les vaches ont de frequens desirs venöriens ; cet (Hat dura de trois , huit ä dix jours : puis laquo;laquo;urvicnt la 2mi; firmle , qui est la pre­miere pour le commun des cullivnteurs, l'appelit et la rumination sont suspendus, la bete malade se licnt pres-que toujours debout ; dans les paturages, eile cberclie
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Pabri d'une haie ; il existe communöment im ölat de me-t(5orisalion de Tabdomen; la toux est plus frequenle le soir que le malii;, dans l'herbage ainsi qu'ä ratable. La secretion du lait est de beaucoup diminuöe. En pincant l'^pine dorsale en arrierc du garrot , on fait öprouver ä Tanimal une douleur qu'il exprime par la flexion de cetle partie et une legere plainte. Les yeux sont rouges et quel-quefois jaunütres; la respiration est acceleree (trente-cinq ä quarante-cinq pulsations), l'expiration plaintive, l'air ex­pire est chaud , il existe an flux nasal blanchätre et gluaut. Le pouls donne de soixanle-dix ä cent pulsations; dans quelques malades, on n'en compte que cinquante lt;\ soixanle. Le munnure respiratoire est faible , crepitant aux porlions atteiiites des poumons et le bruit du souffle plus fort; tandis qu'aux regions encore saincs, on enlend un murmure bruyant; ces phenomenes ne s'observent que du colö du thorax röpondant au poumon phlegma-sie ; enlin la percussion est douloureusc et suivie de plain-les. A cetle epoque , quelques vaches avortent, leur dlt;5-livrance est difficile et la maladie en est aggravee. Cepen-dant, quoique la maladie ait acquis beaucoup de gravilö. eile est encore curable.
ömc Periode. Terminaisons. Parvenue ä l'elat pröcite, la maladie peut 1deg; se rcsoudre : alors tous los sympto-mes disparaissent successivement, la respiration , la cir­culation , la digestion et la secretion du lait reviennent peu h peu ä leur ctat normal ; la convalescence dure de dix ä quinze jours ; 2deg; ou il y a gangrene ; celte termi-naison extremement rare n'a lieu que dans les betes vi-goureuses , sanguines et durant Töte ; ou encore en hiver quand les bestiaux sont encombres dans des ötables mal-saines, infectes et qu'ils sont abondamment nourris. Lors de cetle terminaison , presque toujours funesle , la res­piration est exccssivement acctMeree et le pouls donne de quatre-vingts ä cent pulsations par minute; l'ausculta-
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lion fait distinguer un gargouillement , lo malade jelle par les naseaux an liquide brunätre et fötide plus abon-dant pendant la toux , et la mort est imminente ; 5deg; on survient Vhepatisalion rouge ; le pouls est vitc ( soixanle ä soixante-dix pulsations) , respiration accelörec (trente ä quarante) , expiration courte et plaintive ; absence du murmure respiratoire , malite du thorax. L'höpatisation pout augmenler , diminuer ou disparaitre ; clans le pre­mier cas, les signes pr6cit6s sont plus apparens et plus graves, la respiration est plus acceleree, les plaintes plus fröquentes. Si ello diminue , les symptornes s'ameliorent, I'appcHit revient; mais la moindre erreur de regime pout occasioner une indigestion. La guerison de l'hepatisalion exige quinze h trente jours de medication et de soins , eile est plus rapide dans les jeunes animaux. Uue re-chute dans cctte circonstance est un accident grave. Sou-vent I'hepatisation guerit incompl^tement, reste station-naire ou fait des progres lents et devient incurable; 4deg; Vepanchement; cette terminaisou frequente compli-que souvent l'höpatisation : eile se manifeste par l'absence du bruit respiratoire qui devient chaque jour moins ap­preciable en remontant de bas en haut ; par la sensibilite des parois de la poitrine lors de la percussion ; les mou-vemens des flancs sont courts, brusques et irreguliers; le pouls est petit, vite et serr6; les yeuxquot; brillans; la toux petite , rare et avortöe ; il existe des infiltratrions cedö-mateuses sous la poitrine , la gorge , etc., etc. Cette ter­minaisou amene ordinairement la mort, qui s'anuonce par la position allongöe de la tete, une salivation abon-dante , la Constance de l'animal h se tenir debout, les gemisfemens, une diarrhöe f6tide, sereuse, I'accablement et la mort; 5deg; si la maladie passe ä Vetat chronique, I'amaigrissement est gradual, les yeux s'enfoncent dans les orbites, la toux est petite , frequente , avortee, la peau devient seche et adhörente. Ccs symptornes qui an-
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noiicent l'iiiduration el l't^pancheraent persistent assez long-tcmps; ranimal mange , rumine , digere, mais il maigrit et peril dans lemarasme. Quelquefüis , certaines portions indureesdes poumons se ramollissent, la vomiquc s'ouvre dans los bronches et le malade rejelte , i la suite des ac-cesde toux , des malleres purulenlcs roussätres et fötides. On enlend alors un gargüuillement remarquabie dans la poitrine ; cet elat conslitue la phlhisie pulmonaire.
Gelte puripneumonie se presenle done sous trois for­mes ou types : Yaigu ; le sous-aigu et le chronique ; le premier est assez frequent, le second plus ordinaire et le troisieme ou le chronique est rare.
Autopsie. Les lüsions que Ton rencontre ä l'ouverturc des cadavres variant selon l'une des trois formes sous les-quelles la maladie s'est manifestöe.
A. Forme ou type aigu. Le ou les poumons af-teints , examines le qualrierae ou le cinquieme jour de la maladie , sont dans un 6tat d'engouement sanguin qni leur donnc une couleur rouge-brune , il en decoule un sang mousseux; 1c lissu cellulaire interlobulaire est infil-tr6 d'une serosilö jauniUre , les bronches contiennent des mueosites spumeuses. Au huitieme jour, les poumons envahis sont noirs, gros et pesans; la screuse viscuraleest recouverte d'une pseudo'-membrane peu organisöe, mais qui ölablit deji des adherences , soll avec la plevre cos-lale , soil avec la diaphragmatique ou bien avec la medias-tine ; les vaisseaux sous-sereux sont injeetiis et du liquide jaunülre est epanchü dans la poitrine. Sur l'animal mort de la maladie , toutes ces lösions sonl plus (Hendues et plus profondes; souvent certaines parties du ponmon sont röduites ä un liquide boueux , noirälre ou grisätre, ino-dore s'il est contenu dans une cavile close , el Ires-infect si ce foyer do ramollissement communique avec les bron­ches. Celte alteration quc Ton dösigne sous le nom de gangrene est tres-rare. Le sang conlenu dans les vais-
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Go8nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;Pathologie uovine:.
seaux pulmonaires est en caillot. Le p^ricarde conlicnt un liquide citrin , sa sereuse parietale et visct'rale est recouverte par une pseudo-membrane jaunatro.
ii. Forme ou type sous-aigu. C'est le plus commun: tes deux poumons sont rarement atteinls, le viscere al-l(5r6 est lourd { dix ä douze kilog.), la partie ou region malade est recouverte d'une fausse membrane jaunätre, peu rösistants , l'extörieur des poumons reflete une cou-leur roiige-bruiiütre ; coupö par tranches, le tissu pul-monaire est marqnetö de rose, de rouge, de brun et de rose tres-päle ; chacune de cos couleurs est söparöe par des cloisons blanchälres, formees par des couches indu-n'-es de tissu cellulaire inlcrlobulaire ; ces colorations di­verses dependent du degrö d'inflammalion h laquelle cha-que lobule est arrive. Les plevres sont recouvertes de fausses membranes jauniUres, peu organisees , qui pro-duisent des adherences ; ces sereuses sont rouges , injec-töes et couvertes d'ccchymoses. La poitrine conlient de quinze ä vingt litres de serosites öpancliees. Le poumon malade est refoulö dans la region dorsale de la poitrine; les ramifications des bronches sont rouges et remplies de mucus öpaissi ; les ganglions bronchiques sont gros , de couleur bfanchätre et gorges de sörosites,
C. Forme ou type chronique. Le poumon atteint est lourd , dur , compacte, resistant et de couleur blancliAtre ( induration blanche ) , surtout aux parties inft'rieures et posterieures de chaque lobe , il est souvent attache aux cotes par dc fausses membranes organisees; le pa-renchyme est atrophie , de couleur rose-päle et encadrö par des cloisons de tissu cellulaire tres-indur6 , au milieu desquelles se tronvent des tubercules cms. Le tissu cellulaire qui entoure ces lesions est brunötre et engouö de sang. II existe souvent des cavitös closes par ce tissu cellulaire indurö , contenanl une matiere epaisse , ino-dorc et purulente {tuberculesramollis); quelques-unesde
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ces cavitös communiquent avcc les bronchos. Uno quanlitö plus on moins grande de liquide existe dans la poitrine ; des fausses membranes organises recouvrent les sereuses et produisent les adh(5rences precitees. Les ganglions bron-chiques sont gros, durs et renferment quelquefois de la maliere ramollie.
Toules ces lesions se rencontrent reunies, sur-ajout6es dans le cas de recrudescences ou de rcücidives de la perip-neumonic ; souvent alors le poumon est ramp;iuit, dans quelques-unes des portions ou regions anciennement alte-rees , en un deliquium boueux , noirütre , associe ä des malieres ramollies ; les bronclies sont delruiles et renfer­ment de ce mßme liquide. La s^rositö öpanchte dans les plevres est souvent trouble , mousseuse et repand une odeur fade. La chair des animaux n'offre , ainsi que la graisse , aueune trace de lesions.
Moyens curaiifs. Ils consistent dans l'isolement des betes atteiutes , une diete severe, la saignt'e, les frictions seches et Tadniinistratioii de qualre grammes d'ömetique dans un demi-litre d'eau tiedc; les evacuations sanguines seront repötees jusqu'ä trois fois, si l'ötat de la circula­tion et de la respiration ne s'amöliore pas. Indöpendam-ment des saignöes et de l'adminislration du tartre stibiö, M. Delafond recommande'encore l'emploi d'une tisane de decoction d'orge , ü laquelie on ajouto un kilogramme de sulfate de'soudedans environ huit litres de liquide et que l'on fera prendre i\ la dose d'un litre toutes les trois heures; on devra dünner en outre, chaque jour , quatre lave-mens de decoctions de mauves ou de graine de lin et faire des fumigations 6mollientes sous les narines. Ces soins de-vront etre continues pendant toute la premiere pöriode de la maladie (trois ou quatre jours).
Les saign6es seront petites et ramp;t^röes si les animaux ont la conjonetive jaune et l'ceil gras; il en sera ainsi pöur les jeuncs animaux et ceux dejä äges.
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040nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; PATHOLOGiE UOV1NK.
Dans la secondc periode , lorsque I'apptHit est tres-(liminuö, qu'il so manifeste des metcorisationsdcla panse; quo le pouls est vite et petit (soixante ä soixantc-dix pul­sations ) , qua la puitrine est douloureuse au touclicr, Texpiration plaintive , qtie tout indique riiöpatisalion rouge et röpanchoment, il faut saigner tous les deux ou trois jours et ne tirer que deux kilogrammes de sang , no pas donncr remetique , mais administrer le sei de Glaubert et employer les autres moyens pre-indiqu6s. La diete sera moins severe et les alimens de facile di­gestion.
Quand |la maladie se termine par gangrene , I'animal peut etre considöre commc perdu. Le passage ä I'etat clironiquc offre aussi pen de ressources ; il est prudent de chercher ä faire remellre en chair les bestiaux ainsi atteints et de sen defaire pour la basse boucherie.
Causes. L'influence du sol du pays de Bray n'est pour rien , suivant M. Delafond, sur la production de la pleuro-pneumonie, puisqu'elle attaque d'galement les betes bo-vines du haut pays, comme celles de la vallOe. La maladie nait, dit-il, dans ce pays , y est apportee et s'y propagc.
Les causes principales sont au nombre de trois : 1deg; la slabulalion et la construction vicieuse des elahles, qui sont basses , mal agrees, tres-chaudes et oü les animaux sont entasses ; or , la respiration , pendant pres de six mois , de I'air impur qu'elles contiennent, air qui cons-titue uue atmosphere chargee d'emanations provcDantdc la respiration , de la transpiration et des excremens des bestiaux , devenu irritant et putride , doit (Hre la cause dfHerminante de rinflammation des poumons ou etre tout au moins predisposante h l'öpoque oü on lache les ani­maux dans les herbages.
2deg; Valmenlation pendant I'hkcr, saison ou 1'on nourrit abondamment les vaches pour obtcnir plus de lait, parlant, plus de benrre et de fromnge. Cetfe ali-
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nicntatioii qui se compose de foin, de li^fle, de Juzerne, de pois , d'avoine , etc., elc, et qui est rarement mo-difiee par quelqaes repas de caroltes, de botteraves. de pommes de terre, donne un sang abondant, epais , ri­ebe en principes fibrino-albumineux , qui circule diffici-lement dans les petits vaisseaux , s'y accumule, y sfagne et suscite necessairement des maladies. Les poumons ölant Torgane le plus vasculaire de toute Töconomie, celui ou passe Ic plus de sang, doit otre lo premier, dans cetfe occurrence, oü ce liquide stagnera ; et, si on ajoute que ses fonctions etant de metlre le sang en rapport avec I'air pour l'hömatose , il ne peut raccompiir qu'autant qu'un air pur y penetre lors de la respiration. Mais comme cette condition importante n'existc qu'incomplefement dans l'air impur des stables , I'animal est dans I'obligation d'accelereri'inspiration et l'expiralion pour que plus d'air y penetre dans un temps donnö et que l'liömatose s'ac-compiisse, ce qui doit fatiguer cet organe. Si deja le sang qui circule dans les vaisseaux pulmonaires est epais, visqueux et en quanlile surabondante, outre qu'il doit y avoir une disposition ä la stagnation dans les capillaires , le sang n'a pu entrerement acqu^rir loutes les qualites vivifiantes el nutritives qui lui sont indispen­sables. On trouve done necessairement dans toutes ces circonstances la raison de la congestion, de rinflammation du poumon et de la maladie dont il s'agit.
3quot; Refroidissement dc la peati. Respiration dun air froid. Dans le pays de Bray , on met les besliaux sans precautions preparaloires jdans les herbages , apres qu'ils ont passe les cinq ä six mois d'hivernage dans les 6tab!es malsaiues plus haut signalees ; ils son! ainsi subitement exposes jour et nuitä tonics los infempirics atmosphäri-qaes et les variaüons de temperature si frequentes au printemps. La peau habiluee a la chaleur de douze ä quinze degrös des t'lables, recoil subitement l'influence du
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froid , da. vent, dc la neige, des brouillards epais des vallöos, etc., etc. ; ajoulons a cela 1'action d'un sol hu­mide sur lequcl couchent les besliaux; circonslances ou causes qui diminuent, suspendent, suppriment m6me la transpiration cutante. D'un autre cötö , l'air froid et hu­mide qui s'introduit dans les bronches pour la respiration, produit le möme effet sur la transpiration pulmonaire ; de sorle que toutes ces causes agissent a la Ibis sur ces deux transpirations , troublent leur harmonic, et de ces effets nait necessairement la pleuro-pneumünie , qui est d'aulaut plus frequente que les bestiaux out söjournö plus long-temps dans des etables chaudes , malsaines et qu'ils ont 6t6 largement nourris avec des fourrages substantids. Cost ce que I'observation a demontre ä M. Delafond, e'est aussi l'opinion de M. Potelle sur ces trois causes , ainsi qu'il rexprimc dansle M6moire que j'ai analyse, page 628. Causes qui provagent el rcpandent la maladie. La peripneumonie qui provienl de l'nction des causes que je viens d'iucüquer, pent , pendant toute son existence , se transmettre a des animaux bleu portans ; eile est done contagieuse , dit M. Delafond, qui assure que des obser­vations bien aulhenliques ont prou\e l'existence de cette funeste propri(H6 dans les vacherics de plusiears propriö-(,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; taircs du pays de Bray qu'il nomme , mais sans en ciler
aucun exemple. Selon ce savant professeur , les d'lemens contagiferes. le virus ou le gerrne ont pour vehicui'e Pair expirö , la saüve et probablement les Emanations qui s'echappent des cadavres. La contagion s'operc 1deg; par la cohabitation , el toutes los fois que des animaux bien por­tans respirent l'air exhale par des betes malades; 2' par la frequenlation des abreuvoirs communs; 5deg; par le sdgour des animaux sains et malades dans le meme herbage ; 4deg; par la communication accidentelle des bestiaux a travers les haies et clötures qui söparent les herbages; Squot; enfin peut-6tre par les debris cadavöriques.
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Apres avoir dösigne \es endroits oü a regne la perip-neumonie , M. Delafond passe h l'indication des moyens preservaltfs. Hs consistent dans la diminution de la nour-riture, l'aeration des etables , IV'lablissernent de chemi-nucs ou veutouses, qu'on.ne saurait trop recommander • de laisser !e moins de temps possible les bestiaux exposes a i'air froid, quand on les möiie ä l'abreuvoir, durant I'lii-ver, ou qu'on les sort pour netloyer l'ötuble. 11 ajoute le sein de renlrer, durant la nuit, les vaclies ä l'etable. pendant le premier et le dernier mois de la saison de l'her-bage. J'ai rapporlö, page 650, que cette attention indis­pensable a sul'll seule, selon M. Potelle, pour preserver des vaclies de l'enzootie, bien qu'elles fussent au milieu d'un troupeau atteint, fait qui n'est pas en faveur de la contagion.
Moyens d'arräer les progres de la maladie. Ils con­sistent dans l'isolemeut des bestiaux atteints, la desinlec-tion des etables qu'ils ont habitees et I'aUention d'öter les böfes saines de I'lierbage ou de I'amp;able infectes, etc. etc. M. Delafond recommande encore de faire visiter fre-quemment, par un vöterinaire, les troupeaux sur lesquels regne l'epizootie, pour qu'il indique en temps utile les mesures capables de s'opposer ä la propagation de la ma­ladie. II passe ensuite a la desinfection des (Mables par des lavages abondans fails avec la lesshe bouillante de cendres, le chlorure de chaux , les fumigations guyton-niennes, etc. , etc.
J'ai cru devoir analyser avec soiu cet important Mo-moire : la reputation justement rneritee de l'auteur , ses connniseances elendues m'en faisaientun devoir.
La pleuro-pneumonie dite gangröneuse , regne aussi d'une maniere öpizootique sur I'espece equine : e'est prin-palement sur les chevaux de remonte nouvellement arri­ves dans les depots ou dans les regimens qu'elle s'observe ; plusieurs veterinaires pensent que ses causeraquo; predispo-
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sautes gisonl ilans los erreurs de regime, I'engraissernent rapide et faclice qui precede la venle, la fatigue des voya­ges ; its out remarquö aussi qu'elle est plus frequente panni les chevaux bretous , poitevins , saintongeols , iranocomtois, etc., etc., chez lesquels le temperament lympbatiqüe est tres-prononc6. Le changement de regime a leur arrivee aux corps de cavalerie , ragglomeration de ces animaux dans les (icuries des casernes , les mancon-vres, le pansement dehors , malgre la pluie et le froid , le changement do climat, deviennent les causes delermi-nantes do cetle grave affection. Tons ces bippiatres sont unaniihes sur la non contagion de eclte maiadie. Je ne citerai qu'un seul fait apparlenant ä M. Lafosse , chef dc service , ci-devant vd'td'rinairo au depot de remonle de Caslrcs.
Cette redoutable affection sevit sur les chevaux do retabllssement depuis la fin de seplembre jusqu'au com­mencement de novembre 1840. De nenf chevaux qu'elle attaqua , six gnerirent ; sa marclie fut rapide , les ani­maux succombaient du second au troisieme jour apres I'invasion ; ccux qui guörircnt furent hors de danger du rinquiemc au douzieme jour ; chez tous la convalescence fut longue et dura pros d'un mois.
Debut. Nonchalance generale , inappelence , accelt'ra-lion de la respiration. Get dal durait deux a trois jours; d'autrefois, eile so manii'estait subitement par les symp-lomes suivans:
Stupeur, affaissement, inappetence, refus obstinö des boissous ou bicn soif ardente ; frissons an grasset et au coude. Pouls petit , accelere , ou d'autrefois mou, ar-lere flasque , les mouvemens du coeur ötaient trös-forts, Jes conjonctives et la pituitaire pales, avec injection dc leurs capillaircs; dans certains animaux , ces muqueu-ses ötaient d'un rouge uniforme. Respiration grande , alaquo;eleröe , räle cr6pitant, humide ; absence du bruit
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respiratoire dans les parties inferiemcs du thorax.
Etat, Les symptömes pröcedens (itaient plus prononces et reunis ä ceux qui caractörisent r^panchement d'un liquide dans les sacs des plevres et le pericarde ; !a respi­ration semblait ne plus exister dans une elendue plus ou moins grande des regions inftirieures des poumons ou d'un poumon ; le pouls devenait quelquefois plein et fort, ä l'instaut que la respiration etait penible , difficile et que tous les autrcs symptömes s'aggravaient.
Declin. La prostration etait quelquefois teile que ies malades se laissaient tomber, mais se relevaient incon­tinent; d'autres se tenaient debout, la lete basse , lourde, appuytte sur la mangeoire , leur pupille etait dilatte , le sens de la vue atKiönli et des mouvemens convulsifs agi-taient les muscles de la region olecranicnne. La peau semblait coI16e aux os, eile 6lait couverte, par in-tervalles, d'une sueur froide. L'anorexie etait complete. Les muqueuses rödetaient une couleur rouge foncee, ou elles 6taient decolorees; dans le premier cas, la phlegma-sie affectait plus spöcialement le tissu des poumons, dans le second cas, c'elait les plevres. Le pouls devenait inex-plorable , bien que les mouvemens du coeur fussent tres-violens , mais ces mouvemens devenaient imperceptibles s'il existait un epanchement considörable dans le pöri-carde. La respiration devenait de plus cn plus acc6l6ree , profonde, l'air expire etait souvent felide et il decoulait des narines un mucus sanieux ; les urines etaient abon-danles et rougeatres ; enfin les malades se conchaient, se relevaient, poussaient des gömissemens et succombaient; quelques-uns chancelaient, tombaient et mouraieut tout-A-coup.
Autopsie. Les muscles etaient püles, decolores , ils so dödiiraient facilement et prösenlaient (jü et lä des taclies ou ecchymoses noiritres, formees par la partic coloranto du saug ; j'ai observe ces stases et cc ramoilisscmeiit mus-
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(546nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PATHOLOGIE BOVINE.
cnlaire dans le boeuf (pages 573 et 600). La muqueuse gastro-intestinale ölait päle et parfois ecchymos(5e; le foie , la rate , les reins gorges de sang noir. Les plevres contenaientun liquide trouble, rougeätre, assez abondant et fiHide , m6me lorsque l'autopsie n'6tait falte que sis ou huit lieures apr^s la mort. Les söreuses ötaient injec-töes ; le coeur semblait 'cuit, il etait pAIe , se dechirait facilement et etait [coavert de pelechies. Lorsque Ja ma-ladie avait dun} cinq on six jours, les regions införieures et anterieures des poumons etaisnt dures , carm'ßees , de couleur rouge foncöe , ou marbrtes de rouge-noirätre et de blanc ; ces organes ainsi älteres criaient sous le scal­pel et leur tranche montrait souvent une surface mar-bröe, de couleur rouge foncee , formee par un tissu com­pact, melee de taches blanches moins ötendues. que l'oii faisait disparaitre en les raclant et qui semblaient formees de fibrine. Si le malade avait succombö le deuxieme ou le troisieme jour, I'liepalisation etait moins caracterisee; en pressant et en incisant ces parties, on en faisait sorlir un sang noir et spumeux. Dans tous les cas, les organes malades exhalaient une odeur fetide.
Le sang extrait des veines des chevaux en traitement etait tres-visqueux, et huit ou dix minutes apres sa sortie de ces vaisseaux , apres la saignöe , la separation de la fibrine et du cruor etait complete.
Causes. 51. Lafosse fait remarquer que les chevaux de depot ont ele abreuvös avec de l'eau de puits , alteree par l'infiltration des matieres provenant des latrines du quar­tier; qu'ils ont mang6 pendant long-lemps du son de mauvaise quality; que , durant lout le mois de septem-bre , ils rcstaicnt attaches dans la cour de la caserne de-puis six jusqu'A huit heures du soir, exposes ä toutes les intemperies, surtout au froid et ä la pluie.
Trailemenl La medication anti-phlogistique fut em­ployee snr les trois premiers chevaux , qui moururent
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presque en mCme temps ; mais l'autopsie ayant fait mieux connaitre la nature de cette maladie , on eut recours au quinquina, au camphre , ä l'acetate d'ammoniaque et au nitrate de potasse qui furent administrös simullanöment pour agir tout ä la fois sur le sang et le Systeme nerveux ; des sötons animes par la poramade argt;enicale produisirent une revulsion salutaire. La saignee n'a paru utile qu'ä la periode d'etat., lorsqu'il su'rvenait une exacerbation trös-marquöe , que le pouls elait plein et fort; alors, il fallait ouvrir largement la veine , tirer trois ou quatre kilogrammes de sang et ne plus repeter la plilebolomie. Contagion. Je n'ai point eu , dit M. Lafosse . l'occa-sion d'observer que cette maladie füt contagieuse : dös qu'elle se manifesca , je crus devoir prendre les mesures usitöes en pareil cas : je proposal l'isolementdes malades, l'assainissement des äcuries. L'autoritö du commandant du depot intervint et je fus foret' de laisser les chevaux atteints meles avec ceux qui ölaient encore sains ; mais, malgrö ce manque de precautions , la maladie ne se transmit pas par contagion et tous les chevaux qui en
furent affectes provenaient indistinctement de toutes le
SS
ecuries et nullement de celles oil ötaient logos les pre miers malades.
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De l'expose de mes recherches et de mes observations sur la plcuro-pneumonie epizoolique, il me semblc re-sulter que ccite maladie constiluiionnelle et specißque, envisagöe d'une maniere gönerale, consiste dans rinflarn-mation des membranes söreuses qui tapissent le thorax, recouvrent les poumons et dans la phlegmasie du tissu parenchymateux de ces memes organcs respiratoires. Ce-pendant, bien que cette maladie envahissc le plus com-munamp;nent les plevres, les poumons et raöme le perl-carde, il est des exemples pu riiiflammation affecte plus particuüerement les plevres et constitae une pleuresie.
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648nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PATHOLOGIE BOVINE.
D'autres fois cc sont les poumons qui sent plus speciale-ment atteints, e'est alors une pneumonie. Elle se pre-sente aussi sous des formes ou types divers: ainsi eile est aigue, sous-aigue, chrom'que, et par fois concomilanle aux maladies charbonnettscs , ou se complique (Tun ca-ractere pulride. Enfin eile peul se terminer par mo-lution, par suppuration, par gangrene, par hepalisa-tion rouge et consiste alors dans un ötat de carnilication spöcifique ä cette maladie , par epanchement, ou enfin passer ä Vetat chrom'que. Ses causes se distinguent en pre-disposantes et occasionelles; eiles sont souvent consti-tutionnelles et inappröciableS ; sa contagion est plus que douteuse sous la plupart des formes qu'elle pent affecter, mais cette propri6t6 peut et doit m6me exister dans le cas de complication charbonneuse. Son trailement varie et differe nöcessairement dans ces diverses circonslances.
Je vais done examiner tres-snccinctement ces divers points et je croirai alors avoir rempli , autant que l-6tat actüel de la science le permet, l'obligation que je me suis imposee.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;'
Cost presque toujours sous la forme d'unepleuro-pneu-monie que se presehte cette maladie : lei est du moins le rcsultat du plus grand nombre des observations qu'on a publiees sur eile ; et, sans reproduire ici ce qu'en ont ditPaulet, Chabert, Cros, Grognier, Gaullet, Delafond, etc. , je ferai seulement remarquer que la reaction in-flammatoire qui la caraelörise , offre encore des symptö-mes d'acuitö d'une intensite assez variable. Cette diffe­rence varie en effet du type aigu au sous-aigu , et tient sans doute ä la force d'action et ä hi nature des causes qui I'ont produite , ainsi qu'au genre de nourriture , a l'influence du climat qui modifient le temperament des animaux. C'est ainsi que la pleuro-pneumonie döcrile par Cros , cilöe page 582 , est loin de rcssembler , pour la rapiditc de la marchc ct rinlcnsite des symptömes ,
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h celle qui a et6 obscrvee par M. Delafond , citee page 633.
Pneumonie. 31. Tissot a observö et decrit cette varietede la maladie dont je Iraitepage G03. M. Potelle, page G28, ne voit dans cette affection pathologiquc qu'une inflam­mation de poilrine qui se termiiie par Thöpatisation des poumons, qui acquierent alors un volume Enorme , fer­ment une masse heterogene , desorganisee et impermeable a l'air (*); mais je dois faire remarquer ici que cette ma­ladie ost la meme que celle observee dans les memes localites par M. Delafond et cit6e page G55. M. Taiche qui a vu cette maladie dans la Nievre , la considerc comme une pneumonie sous-aiguü qui dure de sept ä vingt-cinq jours, et se termine commandment par l'hö-patisation des poumons compliquee d'hydro-thorax.
M. Tissot a remarque que dans cerlaincs circonstances Tinflammation des plevres est la maladie dominante , et indique, page G04, les symptomes caracterisüques de cette pleuresie.
Quant aux divers types sous lesqnels sc manifeste la pleuro-pneumonie epizoolique, M. Delafond est, de tous, celui qui en a le mieux caraclerise les formes aigue, sous-aigue et chrom'qu'e qu'elle presente. Dieterechr, page 588. les a aussi fuit connaitre , ainsi que ses dif-ferentes terminaisons.
L'epizootiedecrite par Virgile 6lait una pen'pneumome maligne, mais qui se terminait quelquefois par un elat chronique , precurseur de la phthisie. Bucard-Maucbard dit que la peripneumome epizootique qui rögna cn Souabe l'an 1743 , compliquait une maladie charbonneuse. Gervi cit6, page 5ö3, ne put möconnaitre une teile
(*) En novembre 1810, on observa sur les agoeaiix, dans los en­virons de TEcole Vctcrinaiic de Toulouse, une pneumonie epizo(iti(]iiigt; lt;|ui se terminait par la caruificatioo des poumons et attaqua plusicurs bergeries.
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050nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PATHOLOGIE BOVINE.
complication, en raison'de la tendance gangreneuse qu'avaient les incisions failes sur les malales avant son arrivöe ; aussi dut-il avoir recours au vin , a la genliane et auties fortifians pour remedier ii cette disposition fA-cheuse. Waldinger fait, page 573 , une description tres-lucide de cette complication charbonneusc : son ecrit prouve un grand talent observateur , il diagnostique la pleurite, la pneumonic; indique la difference d'action des diverses causes et le traitement , en s'appuyant des opinions du celebre Abildgard. Aussi ai-je cru rendre un service a mes compalriotes en leur communiquant les opinions de ce savant professeur. Guersent ne fait qu'in-diquer la complication charbonneuse. Tissot lui-merne, page G04, a pu distinguec deux etats dans cette öpizootie: I'un inflammatoire 'I'autre pulride ; j'en ai rapporte les signes diagnostiques; c'est peut-etre ä cette complication , cet etat gangröneux , que sont dus les exemples de con­tagion dont parle ce pralicien. M. Tissot a employe avec succes, dans cellc occurrence, la poudre de cliarbon et le sei de cuisine , que Waldinger avait indiques avant lui. J'ai cru aussi reconnaitre cet elat adynamique dans les deux enzoolies que j'ai rapportees pages 372 et 39G ; aussi eus-je recours au quinquina, au camphre, au nitre, etc. Enfin la peripneumonie enzootique observ^e snr les clievaux du döpot de Castros , par M. Lafosse , page G14, n'avait-elle pas aussi un caractere putride , que Ion ne cotnbattit avec succes que par l'emploi simultanö du quin­quina , du camphre, de l'acamp;ate d'ammoniaque et du nitrate de potasse?
Les differens modes de terminaison ont ete trös-bien döcrits par MM. Dieterechr et Delafond , j'y renvoie le lecleur; je ne m'occuperai un instant que de Vhepatisa-lion ou carmßcaiion qui semble etre spöcifique ä cette maladie : eile m'a paru 6tre le rösultat ainsi que le cachet de la debilitöconstitutionnelle de l'espece boeuf, aiasi quo
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le fait presumer l'existence d'nne semblable lösion sur
de faibles agneaux. Gros , üielerechr, Tissot^ M. Dela-
fond, l'ont signalee, je Fai aiissi observöe et Waldinger
semble aussi i'avoir reconnuo, car, dit-il, apliorisme 119,
ii existe dans les poumons des nceuds ou endurcisse-
mens isoles. Gros a trouvlt;5 les poumons sqnirrheux et car-
nifies; Dicterechr donno les caracteres anatomiques de
cette lesion spöcialc et remarquablc; je I'ai decrite, pagequot;
GOO , et M. Delafond la fait connailre, page Go8.
Causes. Dielerechr dit (page 08G) que la pleuro-pneu-
monic regne d'une maniere enzootique aux environs des
lacs, dans les pays bas , marecageux et tourbeux , lä oü
les paturages et los pres ont ete submerges , etc. , etc.
Lessonna reconnait que cette maladie est conslitutionnelle,
produite par des ca;ises generalcs rt communes. M. Tis-
sot, page G02, dit avoir remarque qu'elle est plus fre-
quenlc dans les contrees humides, d'oü s'elevent de fre-#9632;
quens brouillards . od les fourrages sont souvent mal re-coltös. Virgilc raconte qu'elle rögna dans les Alpes , sur les bords du Timave. Tout semble indiquer qu'elle est enzootique dans les montagnes humides et brumenses du Jura , dans les Vosges, et qu'elle ost devenne Ires-fröquente dans eprtaines vallees de la Normandie. G'est done dans les localites humides et brumeuses qu'elle se montre plus frequemment ; eile est presque meconnue dans la plus grande partie de la France , je ne l'ai ob-servöe que deux fois, durant pres de trentc annees de pratique , sur le plateau montueuxde la Vendee , savoir: en mai 1802 , dans un village entoure d'elangs , et en mal 1823 sur les bords marecageux du Grand-Lay.
Tout concourt pour prouver que cette maladie epizoo-tique et enzootique est due, dans le plus grand nombre de cas, amp; des causes loutes locales , qu'il en est aussi de prodisposantes telies que les etabies malsaiaes oü sont entassös les bestiaux , on encore , les fourrages dont on les
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652nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PATHOLOGIE BOVINE.
alimente ; ceux-ci agissent de deux manieres , savoir : ceux qui sont vases , alterös , en debilitant reconomie , puisqu'ils ne fournissent au sang qu'un chyle peu repa-ratcur et en surcliargeant les estomacs dont la plenitude insolite rend la respiration difficile, incomplete, affaiblit les poumons , les dispose laquo;i un engonement tout parli-culier , traduit par la toux , produisant plus tard cette carnification qui lui est speciale et disposent en oufre les organcs ä ölre facheusement influences par les causes dö-terminanles. 3IM. Potelle etDelal'ond signalent encore des causes prd'disposantes difKrentes; outre , disent-ils , l'effet funestc des etables chaudes, mal agrees et raalsaincs qui fatiguent les organes respiratoires, il laut ajouter les ef-f'els d'ur.e nourriture abondante et tres-substantielle qui donnc un chyle riebe en prineipes nutritifs, determine un exces de vie et un engouement sanguin des capillaires du poumon. Aussi voyons-nous que les symptomes enu-inöres par ces deux observateurs offrent un caractere d'acuitä qui ne se trouve pas dans la description que les aulres veterinaires ont faile dc cette maladie.
Parmi les causes occasionelles, tons les veterinaires signalent le passage subit d'une nourriture austere et des fourrages sees aux alimens verts et aqueux du prin-teinps ou de I'automne qui fournissent au sang an vehi-culo abondant et inaecoutumö ; mais surtout les intem-peries , les variations subilcs de l'atmosphere ; l'air hu­mide , les pluies froides ; la transition d'un air chaud pendant le jour et subitemenl froid et humide durant la nuit; enfin l'action funeste des brouillards fd'tides; tous les 6crivains que j'ai cites plus haut s'accordent sur ce point. M. Potelle cohfirme l'effet funeste des brouillards; le gardien d'un tronpeau dont vingt-cinq ä trente vaches perirent de la maladie, pröserva , dit-il, les deux siennes par la seule attention de les rentrer toutcs les nuils A I'elable. La git done peut-etre toule la prophylactique de
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PATHOLOGIE BOVINEnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;Go.quot;
celle redoutable maladle , je veux diro l'amp;oignement des causes. Loin de moi roulrecuidance de pre(cndre mieux voir qne personns : jc n'ai observe eclte maladie que deux fois , e'est bien peu pour un cas si grave et si obscur ; mais j'ai fait beaucoup de recherches , jV.i lu , ötudie tout ce qn'on a t5crit sur eile ; j'ai reflechi , compare, et il me scmble que la cause virtuelle de la pleuro-pneumome epizootique est toute specifique , mais inappreciable dans sa nature , qn'elle agit specialement sur les poumons , comme celle du typhus agit sur les systemes sanguin et ncrveux , que l'air atmospli6rique parait en elre le v^lii-cule , puisque dans certains elals de ce fluide ambiant , commc ceux de l'existence de brouillards epais et (elides, cette cause agit avec plus d'activilö : I'observation do M. Potelle est tres-concluante ä cet egard.
L'analyse quo j'ai falle des diverses opinions emises sur la proprivlc conlagieuse on non conlagieuse de la pleu-ro-pneumonie 6plzootique est loin dc traucher la question , eile laissc plutot le lecleur dans le doute.
Cbabert, cite page 507 , marche a la tete des conla-gionisles . il ne cite aucun fait dans son Traile sur cette maladie, il a fait long-lemps autorile ; M. Fabre qui le critique ne s'expliquc pas sur ce point, mais on pressent qu'il est contagionisle ;'Tissot la proclame eminemmeitt conlagieuse; il dit qu'ellc tie se transmet point par infeclion ou miasmes, mais par contact mt'diat et im-mediat, qu'ellc exige meine un long contact avec les objets satures de son virus fixe , pour que les animaux sains la contraclent; qn'elle est due ä un virus specifique qui n'agit que sur le poumon et exige meme de la part de l'animal qui est expose ä l'adion de ses causes une predisposition toute speciale , une debilite de I'economie qui rende toute reaction vitale inutile. G'est accorder une faible puissance ü une propriete conlagieuse, conlre la-quelle ce veterinaire', d'ailleurs observaleur inslruit et
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Cüinbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PATHOLOGIE BOVINE.
experimenle , consoiile de dtiploycr des moyens de police sanitaire 6aergiques et toujours nuisibles aus interöfs de ragriculture, quaiid ils sont intempeslifs. M. Malhieu la rcgarde comme enzootique dans les moutagnes des Vosges: je crois, comme lui , qu'elle y est constitulionnelle et la consd-queiice d'im vice de localite ; il la dit de plus essentiellemcnt contagieuse; il doute pourtant que ce soit une' vnclie venue de la montagne qui I'imporla dans la commune de Xaffivilllers; rnuis que le propre de cette inaladie est de sevir sur les masses, de se propager sur tout une localite, et pourquoi pas, si eile est due ä une cause genöraie et commune! Mais a-t-elle (ranchi les limi-les des moutagnes des Vosges? s'est-elle rtpandue avec la rapidite des maladies typhoi'des et charbonneuses? Non sans doute. Enfin ce velerinaire reconnait meme plus loin qu'il existe dans le pays assez de causes capables pour la produire , et ce sont les mtMues que celies que j'ai indi-quees plus haut ; or, pouvait-il , devait-il conclure ä priori qu'elle etait contagieuse? Personne n'est plus que moi dispose a accorder une couliauce illimitee aux opinions de mon savant et honorable confrere Delafond ; je ne connais de lui que Tinstruction qu'il a publiee dans le Recueil de Md'decine Vöterinaire; lä il assure que des observations bien authenliques lui ont prouve l'existence de la contagion , mais il ne eile aueun fait ü l'appui. Sans doute que le Merroire qu'il a fourni d la Societe d'Agriculture du Jura est plus explicite. Cependant M. Potelle, qui avait combattu cette maladie dans les mömes localiles, (lit, page Göl), que l'observation lui a aussi de-monlre qu'elle n'est pas contagieuse ; il rapporte qnel-ques faits ä l'appui, entr'autres celui des deux vaches appartenant au gardien d'un Iroupeau dont il pörit vingt-cinq a trente bestiaux, qui furent exemptes de la maladie par la seule precaution de les renlrer chaque nuit, ce qui les mettait hors de l'inflaence des causes dölermhian-
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PATHOLOGIE UOV1NE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;G53
tes. Dieterechr, page 586 , iriocule le mucus coulant des narines, ä I'öpoque de la derniere periüde de la maladie, ä neuf nuimaux et ne peut leur communiquer i'epizoolie; il mit en contact deux vaclies saines avec des boeufs qui pärirent de la maladie, etellcs resterent saines. Lessonna cite plusieurs faits qui prouvent sa uon contagion , une ctuble enlr'aulres qui contenait vingt-cinq keufs esl en-vaiiie par la pleuro-pncumonie öpizootique , il u'y pörit que quatre animaux ä trois mois de distance ; cependant chacuu sait combieu la marche des maladies conlagieuses est rapide et funeste. Luciano rapporte quinze faits bien concluans sur la non contagion de celte maladie, page 621. Gaulet, cit6 page G28, se prononce franchement contre la contagion ; il a mis vaincment une vache en contact avec deux besliaux qui ont peri de la maladie; il fit plus , il inocula sans succes de la matiere purulente provenant des poumons sur les regions costales de cette vache.
Tite-Live et Yirgile ne parlent pas de contagion , Guer-sent reste dans le doule; Yitet, cite page 304, dit que cette maladie est duo aus mauvaises qualites de l'air et que dos boeufs altaques ayant ete transportes dans des conlrees voisines, oü l'air jouissait d'une grande puretö, n'y porlerent pas la contagion , et eependant Vitet avait une foi d'apötre dans les opinions de Bourgclat qui etait contagioniste. Grognier reste partout dans le doute et pense que la ienteur de sa marche est presque une preuve de sa non contagion, laiche nie anssi cette contagion ; dans les deux cas que j'ai observes en Poitou , tout a semble me prouver que les craintes que j'avais conQues ölaient vaines.
Je ne veux ici ni attaquer , ni contredire les opinions de M. Delafond , mais je lui ferai observer que cette ma­ladie semble toujours confinee dans certaines localitös,
comme la vallcc de Bray , oü la mauvaise tenue des öta-
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G5Gnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PATHOLOGIE BOVINE.
l)Ics et une nourriture trop substantielle y predisposcnt les nnimaux , que l'on fait passer au prinlemps , sans pre­caution, ä la nourriture aqueuse et verte du printemps; que l'on expose jour et nuit a faction des metäores et et des brouillards qui la determinent; causes qu'il a si-gnalees avec raison et dont il conseilie d'eviter l'influence. La pleuro-pneumonie est enzootique dans les raontagnes du Jura et des Vosges , oü des vetürinaires expörirnentös reconnaissent qu'il existe assez de causes locales pour la produire. Toutes ccs circonstauces n'indiquent-elles pas que la cause virtuelle est toute locale , que l'aclion des meteores , des brouillards epais et infects agit tout-a-la-fois dans les poumons , sur le sang , lors de rhematose, en y penötrant avec I'air inspire et sur la transpiration bronchiquc, ainsi que sur la transpiration cutanee , comme MM. Potelie et Delafond I'ont si bien exposö. Dans la vallee de Bray , disent-ils, la temperature souv.ent tres-tlevee, durant certains jours , est communement froide la nuit ; il arrive meme quelquefois, durant le jour, qu'il existe des courans d'air froids et subits qui glacent les animaux et refoulent la transpiration sur les poumons. Si ces causes locales n'etaient pas toutos-puissantes, pour-qv.oi une maladie crue contagieuse ne franchirait-elle pas les limites quo semble lui avoir tracees la nature ? Pour-quoi n'etendrait-eile pas ses ravages dans les contrees en-vironnantes ? Non ; eile parait appartenir ü certaines lo-caliles, comtne la pommeliere appartient aux 6tables malsaines des graodes villes; et certes, si Ton croyait autrefois ä sa contagion , on n'y croit plus maintanant. 11 serait possible, et je le pense meme , que la pleuro-pneumonie fut contagieuse quand eile est compliqüee d'un etat putride et gangreneux , ou qu'elle regne en meme temps qu'une affection charbonneuse; car eile n'est pas une , comme je l'ai dit page G50; mais alors sa pro­pagation pourrait avoir lieu par infection , c'cst-ä-dire,
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PATHOtOGIE BOVINE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; G57
provcnir des foyers d'infection qui ont d6lermin6 I'etat putride, on encore, I'affeclion charbonneuse. Dans ces cas, on pent invoquer la participation aux monies causes, raais la contagion ne pent avoir lieu que par contact. C'est, je le r6pete , a cette diversity de forme ou de type qu'est due sans doute l'incertitude des opinions sur sa propriete contagieuse.
Je dirai done avec Vitet, Faulet, Dieterechr, Tissot, que la pleuro-pneumonie dent il s'agit parait etre cons-titutionnelle, spöclfique, due a un principe inconnu, inap­preciable , et si je ne suis convaineu de sa non contagion, je resterai au moins dans le doute sur la propriete qu'elle a de se transmettre.
Tant qu'au trailement, il est parfaitement indiqult;5 dans I'etat aigu , sous-aigu et chionique par 31. Delafond ; mais ce traitement suffirait-il s'il y avait contagion , pro­priety qui admet nöcessairement un principe soil putride, soit charbonneux ? je ne le pense pas. Dans ce dernier cas qui se manifesto par I'abaltement, la prostration des forces, la faiblesse et la petitesse du pools , la feliditö de l'haleine et du flux nasal ; les stases sanguines que Ton rencontre i I'autopsie , ainsi que les ecchymoscs, les taclies gangröneuses et la prompte decomposition des ca-davres , on doit recourir au quinquina , an camplire , ä l'acetate d'ammoniaque et au nitre , comme jc I'ai indiqud.
L'assainissement des etables, comme le present M; De­lafond , dessoins hygiöniques mieuxentendus , une nour-riture plus saine dans le plus grand nombre de ens et moins abondante dans d'autres et que dans la vallee do Bray ; l'attention de souslraire les bestiaux ü rinfluence d'une humidity funeste, d'un froid glacial et sortout a l'action des bronillards öpais et fötides. Yoilii des prcser-vatifs sufüsans et pröferables k ces grandos mesures de police sanitaire qui effraient les agriculteurs et nnisent gravement au commerce. .
FIN DU SECOND VOLUME.
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CO-VTI-^UKS t*.%\H LE JSECOÜVD VOI.ti.1lli:.
vnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; Pages.
LIVRE II. — Maladies de i'appareil circülatoire. Con-sidcratious generales sur ranatomie, la physiologie et la pathologie de cet appareil.........nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 5
CHAPITRE I'r. — Maladies des obgaxes de la circlla-tion sangcine. ^ ier. — De la pe'ricardlte...... io
Ja. — De la cardite.............28
sect; 3. — De rartente.............58
CHAPITRE II. ---- COXSID^RATIOXS G6NERALES SDR LES DI­VERS MODES D'ALTERATION DU SANG........7O
sect; 1. — Abondance, sang riche.......... 77
J q. — Alterations du sang dues ä celle de ses clcmens
organiques...............84
sect; 3. — Alterations du sang produites par l'introdaction, au moyen de l'absorptiou ou de l'inoculation de
matieres purulentes , d'ichor gangreneux.....88
5 4- — Des causes des alterations du sang.....90
sect; 5- — Des maladies qui sont une consequence de l'alte-
ralion du sang..............p5
De la congestion sanguine............id.
sect; 6. — De la cachexie aqueuse ou pourriture dans l'es-
pece hocuf...............110
sect;7 —Maladies typhoides et charbonneuses.....126
Du typhus contagieux dn gros betail........102
Du bceuf lezat................180
Du typhus charbonneux.............189
Du charbon symtömatique............216
Du glossanthrax...............243
CHAPITRE III. — Des maladies des obganes de la circu­lation lymphatiqde. Expose anatoniique et physiologi-
que de cet appareil............aSa
sect; 1. — Maladies produites par l'altdration de la circulation
lymphatique...............257
mL
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TABLE DES MATlfiRES.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;659
Pages.
De Icedeme chaud ou spasmodique.........nbsp; nbsp; aSS
Anasarque congdniale dans un veau........nbsp; nbsp; 265
sect; 2. — De riraflamniation du Systeme lymphatique. . .nbsp; nbsp; nbsp;a6ö
sect; 5. — De l'elephantiasis...........nbsp; nbsp; 271
sect; 4- — Du farcin..............nbsp; nbsp; 299
sect; 5. — Du scrophule.............nbsp; nbsp; 3o8
jj 6. — De l'affection tuberculeuse.......nbsp; nbsp; 320
LIVRE III. — Maladies de l'appafeil eespiratoibe. Consi­derations generales sur ranatomie , la physiologic et
la patliologie de cet appareil.........nbsp; nbsp; 545
CHAPITRE Ier. — Maladies des cavites nasales. . .nbsp; nbsp; 352 sect; 1. — Indammation de la muqncuse nasale, catarrlie
nasal, coryza , etc............nbsp; nbsp; 353
sect; 2. — Polypes des cavites nasales........nbsp; nbsp; 58c)
sect; 3. — De l'hemorragie nasale , epistaxis......nbsp; nbsp; 393
CHAPITRE II. — Maladies du larynx.......nbsp; nbsp; nbsp;400
Laryngite aigue , angine larygee.........nbsp; nbsp; 4oi
sect; 2. — Laryngite cbronique..........nbsp; nbsp; ^07
sect; 3. — Du croup , angine polypeuse.......nbsp; nbsp; 4 h
sect; 4. — De l'esquinancie ou angine gangn?neuse. . . .nbsp; nbsp; 456 CHAPITRE III. — Maladie de la trach£e artere et
DES RRONCHES...............nbsp; nbsp; nbsp;444
sect; 1. — Bronchite aigue, rhume, catarrlie pulmonaire, etc.nbsp; nbsp; 445
sect; 2. — Bronchite cbronique..........nbsp; nbsp; 45g
sect;3. — De l'asphyxie.............nbsp; nbsp; 458
CHAPITRE IV. — Des maladies du toumon.
sect; 1. — De la pneumonite aigue.........'nbsp; nbsp;461
sect; 2. — De la pneumonite cbronique.......nbsp; nbsp; 485
sect; 3. — De la phthisie tuberculeuse........nbsp; nbsp; 494
sect; 4- — De la pleuresie ou pleurite........nbsp; nbsp; 5i8
De la pleuresie cbronique..........nbsp; nbsp; 545
sect; 5. — De la pleuro-pneumonie e'pizootique.....nbsp; nbsp; nbsp;56o
FIN DE LA TABLE.
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11
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