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DES
P RIN C IP E S
D E
L ARCHITECTURE,
DE LA SCULPTURE,
DE LA PEINTURE,
ET DES AUTRES ARTS QUI EN DE'PENDENT.
AVEC UN DICTIONNAIRE
• des Termes propres à chacun de ces Arts.
"Par M. FELIBIEN, Secrétaire de l'Académie des Sciences > &
*"" TEBfîôïffîgraphe des Bajiimens du Roj»
TROISIEME EDITION.
a paris,
Chez la Vcuvejc Jean Baptis teCoignard, fil&
AVEC TRI FI LEGS <DE SA MAJESTE'.
K4ii*âTHiSTORlXH INSTJ7UUT I
OERm JKSUN IVEî?SfrE!T UTR6Ç
-ocr page 4-
A MESSIRE
JULE ARMAND
COLBERT
SEIGNEUR DORMOY;
RECEU EN SURVIVANCE
à la Charge de Sur-Intendant des Bat
timens 6c Jardins de Sa Majefté, Arts
& Manufactures de France.
ONSIEVR,
Je necroy pas en Vous prefentdnt ce Livre
interrompre le cours de vos autres Bfiudes , ny
a z~                         Fous
-ocr page 5-
E P I S T R E.
'Fous offrir quelque chofe qui leur fpit opfoféy puif.
que, les'Arts ri'ontrien qui foit contraire a la Philo-.
âèfowverain Architeâede l'Univers s Çf auand il
a: ihfpiré aux hommes la connoiffsnce des Arts* il
&od.ch. les a en mefine temps remplis defageffe s d'inûllihn-
ce3 & de doctrine. Ileflvray auffquilriyarien
qui fm plus utile pour £ accroiffement des Eftats,
qui rende lès^Royaumes] plus floriffans ? m qui
ferme davantage a éternifer la mémoire des
grands perfonnages. Ceft ce que nom pas imo-
ré ceux qui ont travaillé a faire paffer leur nom
dans les fiecles avenir* puifquilsont cherché avec
un fi grand foin a lai/fer des monumens dont U
durée & ïexcellence les fiffent connoifire de ceux
qui viendraient après eux. Ce noble defir de
gloire a de tout temps fait eflimer les plus ex-
cellens Ouvriers 9 dont plufieurs ont rendu leur
nom immortel 3 par t ouvrage mefme au ils
ont fait pour immortalifer les autres. Comme
cette eftime nefi point fujette au changement ,
nous voyons encore aujourd'huy que dans le plus
puiffant Royaume de la terre ; le plus Grand de
tous les Rois fait gloire de favorifer les Arts &
lès Sciences 3 ■& de les eflever au plus haut point
mils ayentjamais eft}. Quoyque les nombreufes
Ar-
-ocr page 6-
E P I S T R E.
Armées de tant d ennemis jaloux de fa Gloire &f
de l'éclat de fa Réputation, occupent Jes foins & fes
Armes 3 ce Prince Incomparable ne détourne point
pour cela fespenfées du foin qutl veut hen en pren-
dre , on les voitjlorir dans le milieu de l'EJlatparmy
la douceur du repos & fans aucun trouble
>• Et pen-
dant que fes Armes triomphantes remportent des
Victoires, les plus fçavans Hommes
, & les Ou-
vriers les plus habiles s* occupent a faire en différentes
manières CHijtoire defon Règne glorieux, Çf à ejle°>
ver toutes fortes de monumens qui confirment par
des car ad ère s éternels s ce que ton dira un jour de
fes grandes Actions.
Ces illujlres travaux font 3 JMLO NSIEUR,
iobjet des Joins de jMonfeigneurVqftre Père, qui
au milieu des plus grands Employs du Royaume
>
fait fon plaifir leflre comme le Promoteur des
Sciences & des Arts, Il ne Je contente pas de
fatisfaire aux devoirs de tant de Charges qui
ï occupent pour le bien prefent de ÏEftatt Sesdefirs
vont plus loin i il a des veues plm étendues 3 Çf
dans P ardeur du zjle qui P attache fi puiffam-
ment A la Perfonne de ce grand Monarque 5 &
au bien public s il veut porter fes Services jufques
à la dernière pofterité » pour y marquer la gloi-
re du Roj
3 Çf êfire encore utile à ceux qui vien-
a \                   droni
-ocr page 7-
E F I S T K E.
dront après nous. Ceft dans ce de(fein cmauffim
tojl quilfut appelle dans le Miniftere,- Çf quilfut
choify par Sa Majefté pour faire la Charge de Sur-
Intendant des Baftimens
> /'/ s'y appliqua de telle
forte quon vit toutes les Maifons Roy ailes 3 non
feulement reprendre leur premier luftre 3 mais s en-
richir par la nouvelle forme qu'il leur fit prendre^
(f les embeUiffemens qu'il leur donna. On vit s'efle~
ver des Palais x des Arcs de triomphe ^ des Lieux
ou les perfonnes fçavantes peuffent s'aJfemblerÇf
conférer enfemble. La gloire que Mènfeigneur
Voftre Père s acquiert dans une Charge fi impor-
tante, vous doit faire confiderer , AdO N~
SI EUR y combien il Vous eft avantageux d'en
tftre reveftu par la Survivance que le Roy Vous
en a accordée. Cette grâce que JSdonfeigneur voftre
Père vous a procurée à l'âge ou vous eftes} ejl fans
doute une marque des nobles inclinations qu il re-
connoift en vous. Il voit que vous luy ferez* un di-
gne Succeffeun &'que vous inflruifiant de bonne
heure fous Luy, vous aurez, le temps de profiter de
fes Exemples^ Çtf d'apprendre par fies Lumières, &
fes Avis 3 tout ce qui regarde les devoirs de voftre
Employ.
Si ce Livre que fofie vous prefenter contenait
des préceptes qui peujfent eftre fournis a l'efbrit
par
-ocr page 8-
r
E P I S T R E.
par le feul bon fens s & par le feul génie ? faurois
cru peu neceffaire de Vous l'offri r y eflant certain
que ces heureufes difpofitions qui jont en Vous,
cette pénétration £efj)rit fi naturelle À ceux de
vofre Maifon, & dont vous donnez^ déjà de fi
fortes ma rques , jointes a F attention que vous de-
vez, avoir fur la conduite que tient Jidonfeigneur
-vofre Père dans ce qui regarde les Arts, Qf les
Sciences, Vous les infpirer ontfujfijamment. Mais
comme ce Traité ne parle quafi que des termes des
Arts^ des noms de plufieurs machines r & des ou-
tils necefjaires pour l'exécution & pour lapratique,
chofes qui dépendent entièrement de Finjîitution
des hommes
3 qui nefe peuvent deviner par quelque
efprit que cefoit^ Çf qui cependant font les Elemens
de toutes les connoijfances ,je najpas hefité de Vous
le prejenter
,- Et f avoue mefme , JldON-
SIEUR , que je nay pu mempefcher de ma-
plaudir quand j ay penjé que cet excellent Sur-
Intendant, qui je forme en Vous tous les jours,
& qui doit je faire admirer par foutes les quali-
tés que demande la fonBion de cette Charge ,
en aura pris dans mes Ejcrits, les premières fe-
menées , & les premiers enfeignemens. Je vous
prie donc , MONSIEUR , de les honorer
de vofre Proteclwn 3 (f de les agréer comme une
e                    mu-
-ocr page 9-
E P I S T R E.
nouvelle marque de la reconnoiffance que je dois
aux faveurs & aux grâces particulières que je re-
çois tous les jours de Aîonjeigneur vofire Père, &
comme un tefmaignage du refpeffi avec lequel je fitis*
MONSIEUR
%
Voûte tres-humbïe, &
ïr es-obeïflànc ferviteur.
FELIBIEN.
TRE*
-ocr page 10-
PREFACE.
L'Obligation où je me fais trouvé d'em-
ployer les termes propres des Arts , lorfque
j'ay efcrit des Baftimens du Roy, ou que j'ay fait
quelques Relations de feftes , & de rejouifïances ,
a donné lieu à ce prêtent traité. Car m'eftant apcr-
ceu que plufieurs perfonnes n'entendoient pas cer-
tains mots dont j'avois efté obligé de me fèrvir,
ne pouvant bien s'expliquer par d'autres ; j'ay penfé
que ce ne fèroit pas une choie inutile de faire un
recueil de ceux qui ne font ufltez que dans ces for-
tes de rencontres. Mais lorfque je me fuis mis en
eftat d'exécuter ce deflèin 3 j'ay veu que pour s'en
bien acquiter, c'eftoit un travail qui devoit s'eflen-
<lre plus loin que je ne me l'eftois imaginé ; parce
que fi dans une occafîon particulière , on n'avoit be-
foin que de l'explication de peu de mots, il peut arri-
ver d'autres rencontres, où ce peu de mots ne fùffi-
roient pas. J'ay donc cru qu'il valoit mieux trai-
ter la chofè plus amplement , puifque mefme ayant
a. compofèr une Hiftoire générale des Maifbns
Royalles &c de tout ce qui regarde les Baftimerrs.,
il y a une infinité de noms qui ne font pas d'or-
dinaire en ufàge , dont je ne pourray pas me difpen-
fêr de me fèrvir , &c qu'il eft bon que tout le monde
fçache.
Pour cela j'ay efté confèillé de faire un Di&ion-
e %                      naire^
-ocr page 11-
T R E F A C E.
naire l qui contienne tous ceux qui regardent l'Ar-
chitecture , la Sculpture , la Peinture , & les autres
Arts qui en dépendent, & qui font comme fubordon-
nez à ces trois premiers. On a niefme jugé que cet
Ouvrage embraflànt une grande partie des plus beaux
Arts, il pourra donner fujet de pourfuivre un jour ce
qui regarde ceux dont je n'ay point parlé , & dont
il eft mal-aifé de le bien inftruire fans en appren-
dre d'abord les principes , ôc en fçavoir les termes
propres.
En effet fi les paroles font comme autant de coups
de pinceau , qui forment dans Pefprit les images des
choies, & fans quoy il eft impoffible de les faire con-
noiftre , il n'y a rien dans les Arts de fi important
pour en bien parler , &; de fi neceflàire pour juger
de toutes fortes d'ouvrages , comme de fçavoir ce
que chaque mot fignifie. Car ce qui fait que les Ou-
vriers n'exécutent pas toujours les chofès comme
on fè les eft imaginées , & qu'ils font le contraire
de ce que l'on fbuhaite , c'eft qu'ils parlent un lan-
gage que l'on n'entend pas bien , & que faute de
leur exprimer dans ce mèfme langage ce que l'on dé-
lire , ils ne conçoivent qu'imparfaitement l'intention
de ceux qui les employent, qui de leur part ne peu-
vent fbuvent juger de ce qu'on doit faire que quand
l'Ouvrage eft achevé.
Outre ces raifons qui peuvent donner lieu a ex-
pliquer les termes des Arts , il y en a une autre qui a
beaucoup contribué a faire entreprendre ce travail 5
c'a efté de laiflèr aux fiecles avenir , non feulement
l'intelligence de ces termes 3 mais auffi de plufieurs
cho«
-ocr page 12-
"PREFACE.
choies qui concernent ces mefmes Arts, comme font
les machines , les inftrumens , & les outils qui font
aujpurd'huy en ufoge , & dont l'on peut dire qu'il y a
une plus grande diverfité en France qu'en aucun au-
tre pays. L'ignorance dans laquelle nous fommes de
ceux dont les Anciens fe font fervis , au moins d'une
grande partie ; la difficulté de connoiftre parfaite-
ment la forme & la véritable conftruction de ceux
dont il nous ont laiffé quelque mémoire ; & la joye
qu'on reffent , lorlqu'on en peut avoir quelque lu-
mière , nous font juger de la fatisfa&ion & des avanta-
ges , que ceux qui viendront après nous , pourront
recevoir de ce que nous leur laiiîèrons. C'eft par
ce noble defir d'eftre utile à la pofterité que Moniieur
Colbert, pour fàtisfaire aux intentions de Sa Majefté*
qui veut rendre Son Règne éclattant dans toutes les
Sciences , êc dans tous les Arts , aufli bien que dans
les Armes s'eft appliqué avec un fî grand foin 3
depuis qu'il eft Sur-Intendant des Baftimens , a
faire travailler à tant de découvertes , & a faire part
au public de ce qu'on a trouvé de plus caché & de
plus rare dans la nature, èc de ce que Ton a fait de plus
difficile , &c de plus excellent dans les Arts.
Pour ce qui regarde cet Ouvrage 5 il m'a fèmblé
que ce n'eftoit pas anez de faire un fimple Di&ion*-
naire , mais qu'il eftoit à propos de traiter d'abord
des Principes de chaque Art en particulier , pour en
donner une notion générale à ceux mefme > qui ne
veulent pas s'y appliquer entièrement. Car bien que
ce Traité ne foit qu'un abrégé de chaque art, il pour-
ra fuffire pour en avoir une légère connoiffance,. &
c 3                   ai-
1
-ocr page 13-
PREFACE,
aider beaucoup à l'intelligence des mots contenus
dans le Dictionnaire qui fait la féconde partie de ce
livre ; parce que, comme il y a des noms qu'il eft; mal-
aifé de bien définir-, on les entendra mieux, quand ils
feront enchaînez dans la fuite d'un difcours.
C'eftparlamefmeraifbnque l'on a gravé à la fin de
chaque chapitre , qui traite d'un Art particulier -, beau-
coup de chofes qui fe comprennent encore plus facile-
ment par des Figures , que par des paroles , comme
font plufieurs parties qui entrent dans la compofition
des Baitimens , & la plufpart des Outils &c des Ma-
chines , dont on fê fêrt ordinairement dans l'Archi-
tecture & dans les autres Arts , compris dans ce Trai-
té. Il y a mefme plufieurs Outils , que l'on à reprefèn-
tez diverfès fois , quand ils ont rapport à difîerens Arts.
On obfèrvera cependant qu'on n'a pas voulu appor-
ter la dernière exactitude , pour en marquer les gran-
deurs proportionnellement les uns aux autres, parce
que les Figures ne font mifès là, que pour en faire con-
noiftre la forme , & non pas pour enfèigner à en faire
de jfêmblables.
Comme le premier Traité qui parle des Principes
des Arts , comprend aulfi l'explication de plufieurs
matières &c de plufieurs noms , j'ay cru pouvoir fou-
vent me difpenfèr de les repeter dans le Dictionnaire,
mais feulement y marquer les pages , où il en eft déjà
parlé avec la Planche, où il y a quelque Figure. Ainfi
le Lecteur trouvera dans la première partie , ce qui
ne fera pas amplement expliqué dans le Diction-
naire ; &c rencontrera auffi dans le Dictionnaire l'ex-
plication de plufieurs mots employez ou obmis dans
-ocr page 14-
<P R E F A C E.
la première partie. Car comme ce Dictionnaire eft
fait pour inftruire , on a cru qu'on ne fèroit point fâ-
ché d'y apprendre ce qui ne fè trouve pas dans la pre-
mière partie.
Outre l'utilité que le public pourra recevoir de ce
travail par l'ufàge que plusieurs perfbnnes en pour-
ront faire , il peut eftre encore confideré par les dif-
ficultez qui s'y font rencontrées, & qu'il a falu fur-
monter. La plus grande n'a pas efté de lire tous les
livres, qui traitent de tous ces Arts. A l'égard de PAr-
chitecture tant civile que militaire , j'en ay parlé le
plus brièvement que j'ay pu , parce qu'il y a une infi-
nité d'Auteurs qui en ont amplement écrit. Je me
fuis contenté d'en citer quelques-uns 3 particulière-
ment Vitruve , qui eftant le plus ancien de tous, Se
de la plus grande autorité 5 ne peut eftre trop eftimé
ny trop fuwi. Les Notes que M. Perrault y a faites*
en expliquent fî bien tous les pafïàges , 8c les endroits
les plus dbfours , &c font fî necelTaires à ceux qui
veulent avoir une parfaite intelligence de la doctri-
ne & des maximes de cet Auteur, que je n'ay pas fait
difficulté d'y renvoyer fouvent le Le&eur. Il fèroit à
ibuhaiter que parmy les Auteurs anciens & moder-
nes , il s'en trouvait qui euffent aufïî fçavamment écrit
des autres Arts ; mais comme il n'y en aprefque point
qui ayent entrepris d'en traiter à fond , & mefme fort
peu des modernes , fî ce n'eft parmy les François,
Philb. de Lorme, le P. Derrand , le iïeur Defârgues
qui ont écrit de la coupe des pierresj Jouftêde la
Flèche qui a fait trois traitez , l'un de la coupe des
pierres, l'autre de la Charpenterie} & l'autre de la Ser-
rurerie»
-ocr page 15-
PREFACE.
rarerie. Le fieur Boffe qui a auffi écrit de la Graveure,
& quelques autres ; je n'ay pas cru leur faire tort d'en
prendre ce que j'ay jugé pouvoir fervir à ce Traité qui
n'eftant plein que de faits &: d'expériences, fera d'au-
tant plus eftimable qu'il fera conforme à ce qu'en ont
écrit les meilleurs Maiftres. Cependant avec toute la
le&ure des Auteurs , & ce que je puis connoiflre de
chacun de ces Arts ,-je confeiTe que quand il a fallu en
écrire , & entrer dans le détail & dans l'explication
de tous les termes, & des noms differens de plulîeurs
çhofes en particulier , j'ay efté obligé d'avoir encore
recours aux Ouvriers : Il a fallu entrer dans leurs bou-
tiques , vifiter leurs atteliers, eonfiderer leurs machi-
nes , & leurs outils, & les confulter fur leurs divers
ufages , & fouvent s'éclaircir avec eux fur des noms
différents qu'ils donnent à une mefme choie ; & c'eft
ce qui a fait le plus de peine.
Car Ç\ dans les Arts , dont il eft parlé icy , il y a
pluileurs mots qui tirent leur origine du grec , du la-
tin , ou de quelques autres langues eftrangeres} il y
en a bien davantage qui font tout à fait françois , Ôe
qui mefme font formez par les Ouvriers, & apportez
de differens pays $ les uns tels qu'ils ont efté trou-
vez dans leur commencement , les autres corrom-
pus. Ainfi il fe rencontre que dans Paris un melhie
mot fe prononce en pludeurs manières x & qu'un
mefme outil a differens noms ; parce que ceux qui
s'en fervent font nez dans différentes Provinces.
C'eft pourquoy bien que l'Archite&ure 3 foit de tous
les Arts s celuy dont on a le plus eferit , & auquel
les perfonnes
les plus do&es fe font davantage ap*»
piiquéesi
-ocr page 16-
PREFACE,
plaquées ; nous voyons cependant que plufieurs Au-
teurs & les Archite&es mefme 3 aufïi bien que les
Ouvriers , ont donné difFerens noms à un mefine
membre d'Architecture , pour s'accommoder à l'u-
{âge de chaque pays , 8c mefme les confondent fou-
vent i appellant improprement une partie d'un nom
qui ne luy convient pas , comme par exemple lors-
qu'ils fè fervent du mot de Cavet au lieu de Scotie qui
font deux chofès différentes , en ce que le Cœvet n'eft
qu'une demie Scotie3 & ainfi de plufieurs autres.
Je me fuis particulièrement attaché à Pufâge de
ceux qui travaillent , jugeant qu'il doit prévaloir fur
toutes fortes de règles , & fur la raifon mefme. Lorf
qu'ils donnent divers noms à une mefme chofè s
j'ay cru devoir les mettre tous , afin que ceux qui
entendent parler de l'un de ces noms, quoyque non
ufité en tous lieux , oc par tous les Artifans, puif
fènt néanmoins le connoiftre , & en fçavoir la ligni-
fication. J'ay mefme cru qu'il eftoit à propos d'e£
crire plufieurs mots comme ils les prononcent, 8c d'en
mettre quantité d'eftrangers, Ôz qui ne font en ufàge
que dans quelques Auteurs , ou parmy peu de gens 3
qui font valoir par là leur lecture 8c leur érudition;
afin que l'on trouve dans ce livre autant qu'il fè
pourra , tous les difFerens noms , 8c les diverfès ap-
pellations de ce qui regarde en gênerai &c en par-
ticulier les Arts dont il traite , fans entrer dans le
rapport qu'ils peuvent avoir avec d'autres 3 Se fans
meîme examiner par les règles de la Grammaire , fi
les mots font bons ou mauvais 3 à caufe comme j'ay
dit que le fèul ufage de ceux qui s'en fervent , leur
                                   i                         don-
-ocr page 17-
T R E F A C E.
donne toute autorité. Il eft mefme (î neceflâire pour
{è faire entendre des Ouvriers , de les nommer , èc
de les prononcer comme ils font , qu'il s'en eft trou-
vé qui ne fçavoient ce qu'on leur demandoit , parce
qu'on ne prononçoit pas les mots tout a fait comme
ils les prononcent j & puis cet ouvrage n'eft pas fait
pour apprendre aux artifàns a parler proprement ,
mais pluftoft pour les entendre, & pour parler com-
me eux , quand il eft queilion de s'entretenir de leur
meftier.
On trouvera encore plufieurs mots que l'on a em-
ployez, qui ne font point dans l'ufàge ordinaire, com-
me par exemple le mot de tendrejfe, dont l'on ne fè
ièrt que moralement pour exprimer les ièntimens du
cœur : Cependant parmy les Peintres & les Scul-
pteurs, ce mot eft oppofé à fècherefTe, &: l'on ait qu un
tableau efl peint avec beaucoup de tendrejfe ; 8c
qu'une
jlatue de marbre, efl travaillée avec beaucoup de tendreffe.
On dit me(me la duretédu marbre ou d'une pierre, ou
[a tendreffe ; parce qu'on ne peut point oppofèr en cet
endroit le mot de mol à celuy de dur ; & je ne crois
pas meime qu'on puiflè blafmer cette manière de
parler , quoy qu'extraordinaire , puifqu'elle n'a rien
de barbare , ôc qui ne fignifie afTez bien ce que l'on
veut dire.
Mais ce qui dans ce travail auroit pu embaraffer
davantage des perfonnes qui n'auroient eu nulle
connoiffance de ces Arts , ny les facilitez que j'ay
eues de pouvoir aifément confulter les plus habiles
hommes qui font aujourd'huy dans chaque profef-
fion , c'eïl la difficulté de trouver beaucoup de ces
-ocr page 18-
T R E F A C E.
habiles hommes dans tous les Arts dont l'on par-
le , avec lefquels on puifTe aifément s'entretenir. Car
bien Couvent penfànt en confulter quelques-uns pour
connoiftre leurs outils , ou apprendre quelque cho-
ie de leur Art , on trouve des gens ignorans ou bi-
zarres , qui au lieu de refpondre aux demandes qu'on
leur fait , & parler flncérement du meftier dont ils
fe méfient , difènt des choies toutes contraires à ce
qu'on defîre fçavoir , ôc fouvent par malice déguifenc
la vérité qu'on recherche. Dans quelques rencon»
très 3 j'ay trouvé de ces derniers , dont les uns pour
faire un grand myftere de quelque manière particu-
lière de travailler , faifôient des contes ridicules ; &
d'autres qui cachoient des outils &c des machines
communes & ordinaires qu'ils ne vouloient pas lail-
fcr voir. Il eft vray que ce ne font pas les meilleurs
Ouvriers qui fè conduifènt de la forte , mais les
plus ignorans, qui ne produifant rien de leur pro-
pre efprit , confervent chèrement quelques inftru-
mens , ôc quelques fècrets dont ils tirent tout leur
avantage.
Mais afin de rectifier encore plus toutes les chofës
qui font contenues dans ce Traité , je n'ay pas vou-
lu les publier fans les avoir auparavant communiquées
dans l'afTemblée des Architectes du Roy } qui font
toutes Perfonnes fçavantes dans les Sciences &c dans les
Arts , que fa Majeftéa choifîes , & dont Monfîeur
Colbert forma une Académie d'Architecture a la fin
de l'année 1^71.
Cette Académie fut d'abord compofée de fîx Archi-
tectes , qui font Mefïieurs le Vau , Gitart> le Pautre^
i z                  Bruand3
-ocr page 19-
T R E F A C E.
Bruand , Dorbay Se Mignard ; depuis peu Monfieur
Manfàrd y a efté joint par un brevet femblable à ceux
dont fa Majefté a honoré cette Compagnie dans fon
eftablifïement. Là {e trouvent aufïi M. Bîondel Maif
tre des Mathématiques de Monfèigneur. le Dauphin ,■
&z M. Perrault qui a traduit Vitruve 5 & donné les def-
feins du Louvre , de l'Arc de Triomphe , & de l'Ob-
fervatoire , par lefquels on peut affez juger quelle eft
là connoiffance dans l'Architecture & dans les autres
Arts, M. Blondel, comme Profeflèur Royal, y donne
deux fois la {emaine des leçons publiques. Comme
j'ay cet avantage d'afïifter aufli dans cette Affemblée,
ôc de tenir le Regiftre des délibérations quj s'y font,
en qualité d'Hiftoriographe des Baftimens du Roy $
j'ay leu avec utilité tout cet Ouvrage devant ces fça-
vans Hommes, qu'une profonde érudition , & une
iongue expérience a rendus capables de juger parfai-
tement de toutes les chofès qui en dépendent.
De forte que n'ambitionnant point de me faire un
honneur tout particulier de ce travail , je fuis bien
aifè qu'on ne le confîdere pas feulement comme l'ou-
vrage d'un homme feu! qui a mis par eferit ce qu'il
a acquis de connoiflànce dans les Arts $ mais encore
comme l'ouvrage des Auteurs qui en ont eferit ; des
meilleurs Ouvriers qui les pratiquent, &c des hommes
les plus capables d'en juger.
J'avois eu quelque penfée de joindre les mots la-
tins dans le Di&ionnaire , pour fatisfaire à quelques
perfonnes qui fèmbloient le defîrer ; mais comme
d'autres m'ont fait voir que ce travail eftoient particu-
lièrement fait pour l'intelligence des mots françois ,
-ocr page 20-
PREFACE.
& que la plurpart des termes qui font employez dans
cet Ouvrage ne fê pourraient réduire en latin que par
des periphraiès, j'ay volontiers abandonné ce deflèin.
}e me fuis contenté de lailler quelques noms grecs &
latins tirez des bons Auteurs ; encore ne l'ay-je fait
que dans certains endroits où j'ay cru qu'ils pourraient
fèrvir à faire connoiftre l'origine du nom , ou à faire
quelque diftin&ion d'une chofe à une autre j ce que
peut-eftre quelques-uns n'approuveront pas 3 mais il eft
mai-aifé de fatisfaire tout le monde-
On ne s'excule point fur les fautes qui ont pu fè
gliffer dans l'imprelïion , fbic à l'égard de l'orthogra-
phe , (bit meime pour ce qui regarde la jufteiTe de
la langue : Ceux,qui fçavent ce quex'eft que d'efcrire
fur ces fortes de matières, où l'eiprit ne fonge qu'aux
choies principales de fon fujet , n'ignorent pas qu'il
eft difficile qu'il n'en efchappe quelques-unes -y
Et que comme durant l'impreffion mefme il arri-
ve toujours quelques changemens , il eft mal-aifé
d'y apporter une entière exactitude. Les corrections
qui font à la fin feront voir que l'on s'en eft bien
aperçeu. îl y a quelques figures dans les Planches
marquées d'une * qui n'ont rapport qu'au Dic-
tionnaire , & dont l'on n'avoit pas penfé de parler
dans la première partie. Du refte le Le&eur luppléera
aux autres défauts, &: l'on fera content 3 pourveu
qu'il foit fatisfait.
Vitruve parle d'un certain Berger de Grèce nom-
mé Philoxene 3 qui ayant par hazard découvert du
marbre , fur une montagne où l'on n'avoit jamais
fceu qu'il y en euft , en porta des morceaux à Ephefè
i 5                      qui
-ocr page 21-
PREFACE,
qui donnèrent occafion de fouiller la montagne &
d'en tirer des pièces dont l'on fit plusieurs travaux :
Ainfî peut-eftre qu'après avoir comme déterré plufîeurs
mots ôc diverfes manières de parler inconnues à quan-
tité de perionnes % cela pourra {èrvir comme d'un et
chantillon pour donner lieu à d'autres d'en faire quel-
ques Ouvrages considérables.
Mi fat erit fp&ënm clan monflrajfe lahovis.
TA»
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TABLE
DES CHAPITRES.
LIVRE PREMIER.
DE V ARCHITECTURE.
Chap.I. 1 ^%E l'Architecture en gênerai.                     i
II.        VjDes cinq Ordres d'Architecture.             6
III.      "De l'Ordre Tofcan.                                      ibid
IV.       "De l'Ordre "Dorique.                                     10
V.         De l'Ordre Ionique,                                      i?
VI.       De l'Ordre Corinthien.                                  î6
VIL De l'Ordre Compqfite.
                                   19
VIII.   Des Tilaftres & des Colonnes torfes.                2 2
IX.       "De l'Ordre des Caryatides, & de l'Ordre Terfc
que.                                                        l4
X.         'Des Omemens de l'Architecture.                     28.
XL Des diverfesfortes des Baftimens.
                    31,
XII.     'Des chofes necejfaires à baftir.                        $$•
XIII.   Del'Architecture militaire.                            66.
XIV.   De la Charpenterie.                                      82.
X V. Des Couvertures.
                                        106.
XVI.    DelaTlomberie.                                        1.14.
XVII.  Du »?avê & Carrelage.                               123.
XVIII.  De la Menuiferie.                                       126.
XIX.    De la Menuiferie de Tlac âge.                       140.
X X. De la Serrurerie.
                                         1.4 * •
XXI. DelaVitrerie.
                                           280.
X XII. De la manière de dorer à cotte & à huile. 206.
DE
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(>
TABLE
DELA SCULPTURE.
L I VRE SECOND.
Chap.I."T\ E la Sculpture en gênerai,                     220.
II.            ^3 ^e la maniere de modeler & de faire les Fi-
gures de Terre & de Cire.                           222.
III.      De la Sculpture en buis.                               225-,
IV.        De la Sculpture en Marbre & autres Tierres.    226.
V.          De la manière de jetter les Figures en Bronze.  233.
VI.       Des Figures de 'Plomb, de Tlaftrey à1 de Stuc.    245-.
VII.     De lamaniere de graver deRelief&enCreux.    24,9.
VIII.   De la Graveurefur les Tierres precieufes, & fur les
Criftaux.                                                    260.
IX.       DuTour & des Ouvrages qu'on j fait.              272.
X.          DelaGraveureenBotSi&enCuivre.               280
DE LAPEINTURE.
LIVRE TROISIEME.
CHAP.I.TpV E l'Origine &Trogrês de la Teinture.     286.
I !•        jL~r Delà Teintureengeneral.                      288
III»      De ce que l'on appelle Deffein.                        290
IV.       De la Teinture à Fraifque,                            2 en
V.         De la Teinture à Détrempe.                           294
VI.        De la Teinture à huile.                                  295
VII.     Des différentes manières de Colorier.                303
VIII.   De la Miniature.                                       3 04
IX.       De la Teinture fur le Verre.                           305-
X.          De la Teinture en Efmail.                             3 o ?
XI.       De la Mofaïque.                                            312
XII.     Autre manière de travailler de Tierres de Rapport. 31 f
XIII.   Des Ouvrages de Rocailks.                            315?
XIV.    Delà Marqueterie.                                      320
XV.     De la Damafquinure, &des Ouvrages de Rapport
fur les Métaux.                                         328.
DES
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I
DES PRINCIPES
LARCHITECTURE
DE LA SCULPTURE,
DELA PEINTURE,
Et des autres Arts qui en dépendent,
LIVRE PREMIER,
V E V A R C H 1 TE C TU'R E.
CHAPITRE PREMIER.
'Del' Architecture en gênerai.
IEN que les Baftimens foient confiderez entre les
premiers ouvrages des hommes, l'Architeéture néan-
moins n'eft pas un des Arts les plus anciens. Elle a
eu comme tous les autres de foibles commencemens,
& ne s'efl perfe&ionnée qu'après un long ufage.
D'abord on a fait des maifons pour la neceiîitéj &
comme les premiers hommes changeoient fouvent de demeures ». ils
A                              ne
-ocr page 25-
a             DE L'ARCHITECTURE,
ne fè mettoient pas en peine de la durée, ny de la beauté de leurs
habitations. Mais parce que dans la fuite chacun chercha à s'éta-
blir dans un païs particulier , on penfà à baftir auffi des logemens
plus folides pour refifter aux injures du temps. Enfin le luxe s'étant
répandu parmy les Nations les plus puiflàntes & les plus riches, l'on
voulut de la beauté & de la magnificence dans les édifices ; & en ob-
fervant ce qui peut contribuer le plus à la folidité , à la commodité
Se à la beauté , l'on fit des règles , & l'on forma un Art pour bien
baftir, qu'on appelle Architecture, & Architecles ceux qui le pofîè-
dent parfaitement.
Le nom d'Architecture fe donne quelquefois à l'ouvrage mefme,
auffi bien qu'à la feience de baftir. Ainfi l'on dit qu'un homme a fait
un beau morceau d'Architecture, de mefme que l'on dit qu'il eftfça-
vant dans l'Art d'Architecture.
L'Architecte félon l'idée que Vitruve en donne , doit avoir une
notion générale de toutes les chofes necefïàires à la perfection d'un
édifice. C'eft à dire qu'il doit pofleder éminemment la Théorie de
tous les autres Arts qui ont rapport avec l'Architecture , non feule-
ment pour former les deflèins des chofes que l'on veut exécuter,
mais pour juger encore de la bonté des matériaux, en faire le choix,
.& enfin prefider fur tous les autres Ouvriers comme lemaiftre abfolu
de tout l'ouvrage, ce que lignifie auffi le nom d'Architecte.
Les Anciens avoient comme nous deux fortes d'Architecture; l'u-
ne qu'on appelle Civile & l'autre Militaire. La première qu'ils ont
pratiquée, eftla mefme dont l'on fuit encore à prefentles règles dans
tous les édifices publics & particuliers ,• & l'autre qui regarde la for-
tification des places de guerre, a changé « à caufè de la manière dif-
férente dont on les attaque , & dont on les défend aujourd'huy.
Dans l'une & dans l'autre l'on y doit confiderer les chofes necefïài-
res à la folidité de l'ouvrage : mais à l'égard des règles qui concer-
nent la fymmetrie, &la forme extérieure, elles font différentes l'une
de l'autre, comme le font la paix & la guerre, aufquelles ces deux ma-
nières de baftir ont rapport.
La première chofe que l'on obfèrve dans les baftimens, eft la fi-
tuation du lieu, c'eft à dire, qu'il faut choifir un endroit dans une
belle expofition, fàin & commode pour les eaux, & pour tout ce quieft
necefîaire à la vie : Ce qu'Alexandre fit bien remarquer à Dinocrate,
qui propofoit à ce Prince de faire de tout le mont Athos, la figure
d'un homme, qui de la main gauche tiendrait une grande Ville, & de
la droite une coupe qui recevroit l'eau de tous les fleuves qui décou-
-ocr page 26-
LIVRE PREMIER.                3
lent de cette montagne pour la verfèr dans la mer. Car Alexandre
après avoir pris plaifir à la nouveauté de cette invention , luy de-
manda s'il y avoit des campagnes aux environs de cette Ville qui
pufîènt fournir de quoy la faire fubfifter , & ayant fçeu qu'il auroit
fallu faire venir les vivres par mer, loua feulement la beauté du def-
fein, mais défaprouvale choixque l'Architecte avoit faitdu lieu où
il pretendoit l'exécuter.
Enfuite l'on fait amas des matériaux qui fe rencontrent dans îe païs,
ou que l'on peut avoir d'ailleurs j car il y a des lieux, où les pierres, le
fable, & le bois font meilleurs & plus propres à baftir qu'en d'autres.
Il y a apparence que les premiers hommes ne faifant leurs maifons
que pour la neceffité , elles n'étoient proprement que des cabanes -,
mais enfin l'Art de Charperiterie, qui a efté pluftoft en ufagejque
çeluy de tailler les pierres, commença à leur donner quelque forme.
Car l'on voit que tous les membres d'Archite&ure ne font que la
reprefèntation des pièces de boisneceflàires à la ftru£ture d'un bafti-
ment -, Et ce que les plus fçavans Archite&es ont fait pour eftablir une
manière certaine de bien baftir , a efté principalement de propor-
tionner toutes les parties d'une maifon, de leur donner de la force
& de la folidité, félon leur grandeur j de les difpofer dedans & de-
hors, avec une telle convenance & une telle fymmetrie, qu'il y euft
un rapport & une jufte proportion des unes aux autres, tant pour
la commodité des logemens particuliers, que pour la beauté & la grâ-
ce extérieure de tout l'édifice. Que fi pour enrichir leurs ouvrages,
ils employentles mefmes faillies, les mefmes moulures, & quantité
d'autres membres, dont la plufpart font necefïaires dans les ouvra-
ges de Charpenterie,'neanmoins ils ne fervent bien fouventqued'em-
bellifïèment à ceux que l'on fait de pierre.
Le befoin qu'on a eu de faire diverfes fortes de baftimens a fait
que les Ouvriers ont auflï eftabli différentes proportions, afin d'en
avoir qui convinfïènt à toutes fortes d'édifices, félon leur grandeur,
la force, la delicateflè & la beauté, qu'on vouloit y faire paroik
tre$ Et de ces différentes proportions, ils ont compofédifferens Or-
dres.
Les Ordres que les anciens ont eftabîis en divers temps & par
différentes rencontres font le Tofcan , le Dorique , l'Ionique, le
Corinthien & le Compofite. Ce qui forme chacun de ces differens
Ordres , eft la Colonne avec fa bafe & fon chapiteau, & l'entable-
ment i c'eft à dire l'Architrave, la Frife & la Corniche. Deforte que
ce font feulement ces parties qui conftituent dans les baftimens ce
A %                     qu'on
-ocr page 27-
4                  DE L'ARCHITECTURE,
qu'on nomme un Ordre -, Et tous les Ordres ne font differens les
uns des autres que dans la proportion de ces parties, & dans la
figure des chapiteaux des Colonnes.
Lorfqu'on fe fert de plufieursOrdres dans un édifice, ils doivent
eftre difpofez de telle manière que le plus délicat foit toujours pofé fur
le plus fort & le plus folide. Ainfi fur le Dorique l'on met l'Ionique -,
fur l'Ionique le Corinthien, &fur le Corinthien le Compofite : On
peut auffi mettre le Corinthien ou le Compofite fur le Dorique; car
l'importance eft, démettre toujours le moins pefant defîus. Dansles
beaux baftimens anciens, on voit néanmoins que les Architectes ont
obfervé de mettre l'Ionique entre le Dorique Scie Corinthien, & le
Corinthien fur l'Ionique.
Chaque Ordre a fes mefures particulières. Vitruve eft îe plus an-
cien de tous les Architectes dont nous avons les écrits. Il vivoit du
temps d'Augufte & a veu les fuperbes Edifices qui eftoient alors en
Grèce & en Italie. Ceux qui ont travaillé dans les derniers fiecles,
c'eftàdire, lorfque cet Art s'eft reftabli avec les autres Arts, après
avoir efté comme abatu par les guerres & par les invafions de tant
de peuples qui ont defolé la Grèce &c l'Italie , ceux-là, dis-je ,
ont fuivi les enfeignemens, & les exemples qu'ils ont rencontrez
dans les reftes antiques. Mais parce qu'ils ont trouvé beaucoup
de différence entre les mefures que cet ancien Autheur donne aux
divers membres de tous les Ordres, & celles des baftimens qu'ils
voyoient, parmy lefquels mefme il fe rencontre de grandes diffé-
rences -, ces Modernes ont efté auflî fort differens entr'eux, & n'ont
point gardé une mefme mefure. Il y a apparence qu'ils ne fe
font ainfi éloignez les uns des autres , que pour n'avoir peut-
eftre pas bien compris, que Vitruve eftablit dans chaque Ordre
une feule mefure , qui doit engendrer cette unique Beauté , que
chacun recherche, mais qui ne fe donne aux ouvrages que quand
les Ouvriers fçavent par la force de leur efprit, & la lumière de
leur jugement , conduire toutes les parties d'un édifice félon fa
grandeur, fa fituation& le lieu, ou la diftance d'où on le peut voir.
Car tous ceux qui ont écrit de l'Architecture ont fait des règles tou-
tes particulières que chacun a données félon fon gouft & fa connoif-
fance, s'apuïant fur les exemples des baftimens antiques qu'ils ont
vus, & donticependant nous remarquons que bien fouventils n'ont
pas bien pris les mefures, &en ont écrit tres-difteremment. C'eftce
que M- de Chambray a remarqué en parlant de l'Ordre Compofi-
te que Phil. de Lorme & Serlio difent eftre au Colifée, & dont ils
ont
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LIVK F, PREMIER.                         y
ont rapporté les de/Teins : Cependant Sçamozzi & tous ceux qui.
ont examiné les reftes de ce grand ouvrage , ont reconnu que ce
font deux Ordres Corinthiens l'un fur l'au rre. Palladio , qui tient
le premier rang entre les Modernes , s'eft fi fort trompé dans ce
qu'il nous adonné du Temple de Diane qui eft en Languedoc,
«Se non pas en Provence comme il dit, que s'il n'étoit pas plus ridel-
le dans les autres chofes que nous avons dé luy , il n'y auroit pas
lieu d'ajoufter beaucoup de foy à ce qu'il rapporte des Ouvrages an-
tiques. Ce qui m'oblige à dire cela font les mefures ju.ff.es de" ce
Temple que M. Mignard Architecte du Roy a foigneuièment pri-
ks depuis peu par l'ordre exprés de Monfieur Colberc Sur-lnten-
'dant des Baftimens, mais qu'il a defîèignées avec une il grande ex-
actitude, qu'on ne doit aucunement douter de fa fidélité , qui fait
voir quePailadio n'y avoit pas apporté le mefme foin, & qu'il s'en
eftoit remis à quelqu'un qui ne s'en acquita pas bien , comme il ar-
rive fouvent en ces fortes de chofes 5 car dans ce qu'il a mefuré luy-
mefme à Rome il n'en eft peut-eftre pas de mefme. C'eft pourquoy
je ne croy pas qu'on doive toujours fe fier au rapport de ceux qui
nous citent des chofes antiques , principalement lorfque l'on fçait
qu'ils n'ont pas employé afîèz de temps pour les bien mefurer, ny
pu faire une depenfe auftï confiderable qu'il eft neceflàire; puif-
que l'on voit fouvent dans leurs écrits des exemples contraires à
la raifbn «5c aux principes les plus eflêntjeîs que Vitruve a fi bien
eftablis.
Il eft vray que cet Autheur paroift obfcur en pîufîeurs endroits
de fon livre , & qu'il femble mefme contraire en certaines chofes ,
à beaucoup d'excellens reftes de baftimens que nous voyons ; Mais
peut-eftre que quand onl'étudiera bien, & que l'on examinera foi-
gneufementfles pi us beaux reftes antiques & les raifbns qu'ont pu avoir
ceux qui en ont efté les Autheurs, on n'y trouvera pas de fi grandes
différences y Joint que les Architectes qui ont travaillé depuis ont
beaucoup changé dans ce qui s'obfèrvoit avant eux ; Vitruve con-
damnant déjà luy-mefme ce que faifoient plusieurs Ouvriers dans le
temps qu'il a compofé fbn livre.
La Traduction que M. Perrault en vient de donner eft fi exacte'
& fi fçavante ; les Notes en font fi recherchées & fi pleines d'érudi-
tion, qu'il y a lieu d'efperer que le public en tirera un très-grand fe»
cours; «Se qu'après un travail fi confiderable, l'on n'aura plus rien à;
defirer pour l'intelligence de cet Autheur que tant de fçavans hommes
avoient tâché d'expliquer,. mais que M. Perrault feul a rendu clair
A3                             &
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4                  DE L'ARCHITECTURE,
& facile dans tous les endroits où jufques à prefentl'onnevoyoit que
des difficukez, &une obfcurité impénétrable.
CHAPITRE IL
^Des cinq Ordres #Architecture.
JE ne pretens pas faire icy un Traité d'Architecture, mais feule-
ment rapporter fuccindement quelque chofe des divers Ordres, de
leurs membres, & de leurs mefures ; & mefme fans examiner cel-
les qui font les plus juftes , dire en gênerai de quelle forte on les
pratique aujourd'huy fur les exemples antiques , & fur ce que Vi-
truve & les autres Architectes en ont enfeigné » & particulièrement
Palladio qui eft un des plus célèbres de tous les modernes.
CHAPITRE I IX
%>e l'Ordre Tofcan.
L'OrdreTofcan, félon l'opimon commune , a prisfori bfigirre
dans laTofcane, l'une des plus considérables parties de l'Italie,
dont il garde encore le nom. De tous les Ordres il eft le plus Am-
ple & le plus dépourveu d'ornemens : Il eft mefme fi greffier qu'on
le met rarement en ufage, fixe n'eft pour quelque Baftiment rufti-
que où il n'eft befoin que d'un fèul Ordre, ou bien pour quelque
grand Edifice , comme un Amphiteatre , ou autres ouvrages fem-
blables.
Monfieur de Chambray dans fon excellent livre du Parallèle de
î'Architecture ancienne avec la moderne, fepare des autres Ordresle
Tofcan & le Compofite, qu'il dit eftrë originaires d'Italie. Il eftime
que la Colonne Tofcanefans aucune Architrave , eft là feule pièce
qui mérite d'eftremife en œuvré & qui peut rendre cet Ordre recom-
mandable. C'eft pour cela qu'il fait la defeription de la Colonne Traja-
ne, dont il remarque l'excellence, '& qu'il dit avoir fervi de règle à
la Colonne Antonine, Scàune autre qui fut élevée dans Gonftanti-
nople, à l'honneur de l'Empereur Theodôfe, après fa vi&oire contre
les Scythes. Cependant il y ^appàreaee que la Colonne Trajane n'a
pas
-ocr page 30-
LIVRE PREMIER.                  f
pas efté h première que l'on ait dreflee à l'honneur des grands hom-
mes; Il n'y a pas long-temps que l'on voyoitdans un endroit de Ro-
me, une petite Colonne Tofcane, contre laquelle eftoit la figure d'un
Corbeau, avec ce mot au deffûs, C o r v i n : qui marquoit vray-fëm-
bîabîement que cette Colonne fut élevée à Valerius Maximus, après
î'acTrion qu'il fit à la veuë de l'armée des Gaulois £e de celle des Ro-
mains. Car eftant Tribun militaire; fous le Çonfulat de Furius & d'A-
pius, l'an 40 f. de la fondation de Rome, &lorfque les Gaulois en-
trèrent en Italie, l'on vit avant que les deux armées fe fuflènt join-
tes, fortir du Camp des Gaulois, un homme d'une taille gïgantefque,
qui armé, avantageufement, deffioiten combat fingulier, le plus bra-
ve d'entre les Romains. Valerius accepta fon deffi après en avoir de-
mandé la permiflion aux Confuls. Et quoy que la force & la gran-
deur extraordinaire de cet homme, donnaft de la crainte & de la ter-
reur à tout le monde il le combatif à la veuë des deux armées. Mais
les Hiftoriens remarquent comme une chofe miracuîeufè, qu'un cor- .
beau vint inopinément fondre fur le Géant v & tantoft l'aveuglant de Gdû.*.
fès ailes -, tantoft le bequetant, & luy égratignant le vifàge & les mains *c-11-
& tantoft fe repofant fur le Cafque de Valerius , aida à celuy-cy à
remporter la victoire fur fon ennemy qu'il tua fur la place : Et ce fut
à cette occafion qu'il prit le furnom deCorvinus, & qu'il fut depuis
fi confideré, qu'Augufte luy fit drefïèr une Statue dans le marché de
Rome. Or foit que la Statue fuft pofée fur la Colonne dont j'ay parlé,
foit que la Colonne fuft érigée dés le vivant de Valerius Corvinus,
l'on voit par-là que celle de Trajan n'a pas efté la première que les
Romains ayent élevée pour marquer quelque belle aétion -y & que fi
l'on s'eft fervi de l'Ordre Tofcan, c'efl: apparemment à caufe de fà
fblidité.
Les Colonnes Tofcanes avec leur Bafe 3c leur Chapiteau ont d'or-
dinaire de hauteur fèpt diamètres de leur ^roffèur prifè par en bas 5
Le haut doit eftre diminué d'un quart de fon diamètre -, Le Picdef-
tail eft fort fimple, &n'a qu'un module ou diamètre de hauteur 5 La
Bafe qui eft d'un demy diamètre de haut, fedivife en deux parties
égales, dontl'une fe donne au Plinthe, l'autre fe partage en quatre. Il y
en a trois qui font pour le Tore ou Baguette, & la quatrième pour le
Liftel ou Lifteau autrement nommé Ceinture , qui dans cet Ordre
feulement fait partie de la Bafe* car dans les autres Ordres, el-
le fait partie du Fuft de la Colonne. Le Chapiteau eft auiîîd'un
demy diamètre de la grofïèur de la Colonne prifè par en bas, &
fe divife en trois parties, l'une pour l'Abaque autrement Tailloir, l'au-
tre
-ocr page 31-
g                  DE L'ARCHITECTURE;
tre pour l'Ove, & la troifiéme fe partage en fept, dont l'une fait le
Liftel & les fix autres le Colarin. L/Aflxagale qui eil au defïbus, a de
hauteur le double du Liftel, qui eft (bus l'Ove.
Vitruve ne met point de différence entre le Chapiteau Tofcan &
le Dorique pour ce qui regarde les mefures, mais feulement pour ce
qui concerne les ornemens. Plufieurs Architectes font fort difFerens
ch de luy fur ce Chapiteau. Il faut lire les Notes de M. Perrault fur
' Vitruve.
EXPLICATION DE LA PLANCHE I.
I. Figure.
A Tiedejlal, ou Zocle.
B Bafe de la Colonne.
C Fuji, Tronc, ou Vif de la Co-
lonne.
D Chapiteau de la Colonne.
E Architrave.
F Frife.
G Corniche.
II."'. Figure,
A Tiedeftal ou Zocle.
B Tlinthe, Or le , ou Qurelet de
la Bafe.
C Tore, Bâton, ou Baguette.
D Congé , Efcape , Naijfance ,
Ceinture avec le Reglet, Lif-
Colonne.
E Fuji, ou Vif de la Colonne dont
le haut ejl diminué.
F Congé avec le Liflel ou Filet.
G Aftragale.
H Gorge, Gorgerin, Collier, Co-
larin, ouFrtfe du chapiteau.
I Echine ou Qart de rond, Ovet
ou Oeuf avecfon Filet.
K Abaque , Tailloir, Tlinthe^
Lifleau ou Quarré,
L Architrave.
M Frife.
N Cavet ou Cymaife Dorique,
O Gueule droite.
P Larmier ou Couronne.
QSimaize, ^Douane ou Gueule
droite.
tel ou Ltijleau du bas de la
Plan-
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"i aiiDJt^xT
4
h a i h a n d S'hait
-ocr page 33-
DE L'ARCHITECTURE,
CHAPITRE IV,
<De ÏOrdre '"Derique.
L'Ordre Dorique fut inventé par les Doriens, peuple de Gre*
ce. Quand les Colonnes font Ifolées & fervent de porti-
que , Palladio leur donne de haut lèpt Diamètres de leur grof-
feur} mais fi elles font engagées dans les murs , il leur donne juf-
ques à huit Diamètres, & quelquefois plus, y compris la Bafè & le
Chapiteau.; -;;
                                     ,
Le Chapiteau Dorique a de hauteur un demi diamètre de la Co-
lonne. Ses parties font l'Abaque, l'Ove, les Annelcts, le Colarin.
L'Aftragale & la Ceinture qui font au deflbus du Chapiteau, font
partie du Fuft de la Colonne.
: L'Entablement j c'eft à dire l'Architrave, Frifè & Corniche, eft
iplus maffif&a plus de hauteur que dans les autres Ordres> car d'of-
j dinaire il a une quatrième partie de la hauteur de la Colonne de met
I me que le Tofcan j &dans les autres il n'a bien fouvent que la ciâ-
; quiéme partie.
L'Architrave a de haut un demi diamètre de la Colonne. II eft:
eompofé d'une foule Fafce ou Fafcie& d'une Tenie ou Bande qui la
couronne ; & a pour ornemens particuliers , certaines Goûtes qui
font au defibus des Triglyphes. Il y a des Architectes modernes qui
mettent deux Fafoes à l'Architrave Dorique, à l'imitation de quel-
ques reftes de baftimens qui ne font pas des plus anciens ny du meil-
leur gouft.
La Frife avec fon Liftel , qui eft la platte bande qui la fopare
d'avec la Corniche, a trois quarts du diamètre, & a pourornemens
les Triglyphes & les Métopes y majs il y a beaucoup de fujetion aies
.4.c.j. bien difpofor: Il faut lire Vitruve.
La Corniche a la mefme hauteur que la Frifè. Quand les Co-
lonnes ont plus de (èpt diamètres de haut, la Frife & l'Architrave
ont toujours leur mefure réglée, l'une d'undemy diamètre, & l'au-
tre de trois quarts d'un diamètre : & le furplus qui fait ht-quatriéme
partie de la Colonne, iè rejette fur la Corniche.
Si les Colonnes font cannelées elles font pour l'ordinaire à vive-
âseftè j c'eft à dire qu'il n'y a point de Liftel ou efpace plein entre
efaa-
-ocr page 34-
LIVRE PREMIER,                     n
chaque Cannelure comme à celles des autres Ordres» & les Can-
nelures font auiïi moins enfoncées. Il doit y en avoir vingt en
nombre.
Pour le Piedeflail, Palladio luy donne de hauteur deux diamè-
tres & un tiers de la Colonne prife par en bas y & le fèrt de la Ba-
fe Attiq ae. Il paroift par ce qui nous refte des anciens baftimens,
qu'il n'y avoit point de Bafe dans l'Ordre Dorique.
EXPLICATION DE LA PLANCHE II.
I. Figure.               O Annelets, Filets ou Lift eaux.
A Fuji de la Colonne fans Bafe   P Echine ou Ove.
& fans Cannelures.                   Q. Abaque ou Tailloir.
IL Figure.             R Symaife du Tailloir. .
A Colonne cannelée avec fa Bafe   S Seconde Fa/ce ou Fafciedel'Ar-
Attiquefans Piedejlal.                 chitrave.
111. F i g v r e .              T'Première Fafce de VArchitrave.
A Zocle, Plinthe ou Bafe du   V Gouttes ou Clochettes qui font
Piedejlal.                                    fous le Triglyphe.
B Dé, jguarré ou Tympan du Tie-   X Tente, Bande ou Bandelette.
défiai.                                      Y Triglyphe.
Ç Corniche ou Cymaife du Tie-   Z Métope qu'on remplit d?une tefte
défiai.                                          de bœuf, ou defeftons.
D Plinthe ou'Zocle de la Bafe   a fDemy métope.
Attique.                                   b Chapiteau du Triglyphe.
E Thore inférieur, Bâton ou Bo-   c Cavet.
fel.                                           d Ove ou §luart de rond.
F Scotie ou Nacelle avec les deux   e Couronne ou Larmier.
Lifteaux.                                 f Gouttes qui font dans le plat-
G Thore ouBâtonfuperieur.             fond ou Soffit de la Corniche
H Ceinture-, Reglet avec l'Efcape.       au droit des Triglyphe s.
I Cannelures des Colonnes qui   %Tefte de Lyon quifert de Gar-
font à vive-arefte.                        gouille pour l'Egout des eaux ,
L Reglet3 Ceinture avec l'Efcape.       & qui eflpofée dans la Corniche
M Aftragale.                                   au droit des Colonnes.
N Gorge, Collier 9 &c. duChapi-   h Gueule renverfee.
te au.                                        i Gueule droite ou Douane»
B 2                            Ras-
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DE L'ARCHITECTURE,
f-3
TL.ASCHE XX.
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LIVRE PREMIER,
CHAPITRE V.
*De POrdre Ionique.
L'Ordre Ionique tire fon nom de l'Ionie Province d'Aile*.
les Colonnes avec le Chapiteau & la Bafe ont neuf diamètres
de la Colonne prifè en bas j. Ce qui n'étoit pas ainfi lorfque
cet Ordre fut inventé , car elles n'avoient que huit modules ,
ou diamètres de haut. Mais les Anciens voulant rendre cet Ordre
plus agréable que le Dorique , augmentèrent la hauteur des Q>
lonnes , en y ajoutant une Bafe , qui n'eftoit point en ulâge
dans l'Ordre Dorique.
L'Entablement a une cinquième partie de la hauteur de la Co-
lonne dont la Bafe a un demy diamètre, & le Chapiteau un peu
plus du tiers. LeChapiteau eft principalement eompofé de Volutes
qui le rendent différent de tous les autres Ordres. Il y a plu-
sieurs manières de faire les Volutes , que l'on peut voir dans
les Notes de M. Perrault fur Vitruve. Phil. de Lorme dit avoir Liv- s-
découvert le premier celles qui fè pratiquent aujourd'huy le plus Ci7*
communément) &femble fe plaindre de ce que quelques-uns s'at-
tribuoient l'honneur de fa découverte , à caufe peut - élire que
Palladio & Serlio en ont parlé avant luy. Michel Ange a aufli
inventé une manière particulière de Volute. Les Colonnes Io-
niques font ordinairement cannelées de vingt-quatre cannelures.
Il y en a qui ne font creufès & concaves que jufques à la rroifiéme
partie du bas de la Colonne, & cette troiiiéme partie a fes Can-
nelures remplies de Baguetes ou Bâtons ronds à ia différence
du furplusdu haut, qui demeure ftrié & cannelé en creux & etv
tierement vuide » Celles qui font ainfî s'appellent rudentées ouiifautdt-
redentées. Il efl: vray que dans les anciens baftimens prelque tou-r^ruden:
tes les grandes Colonnes qui font cannelées le font du haut juf- TeuVdw
ques en bas, ce que les Architectes avoient inventé pour marquer remplies
comme les plis des robbes des femmes dont ils prétendoient que cet ^X.
Ordre avoit les proportions.
B 3                       Soe
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j4                  DE L'ARCHITECTURE,
Son Piedeftaî a de haut deux diamètres & deux tiers ou en-
viron.
                                                     .
11 y a beaucoup de chofes qu'il faut obferver dans toutes les par-
ties de cet Ordre , pour luy donner cette beauté & cette élégance
qu'il demande i ce que l'on pourra apprendre dans les meilleurs Au-
theurs & principalement dans Vitruve.
EXPLICATION DE LAPLANCHEIII.
N Cannelures de la Colonne.
O Striure ou Liftel.
P Ove ou Echine avec l'Aftraga-
le j Tondin ou Fufarolle au def
fous de l'Ove.
QjCanaloû creux de la Volute.
R Volute.
S Oeil de la Volute.
T Ligne appellée Cathetef
Abaque ou Taillok.
X 'Première■, féconde, ô'traifié-
me Fafce ou Bande de l'Archi-
trave.
Cymaife de £'Architrave.
Z Frife.
a Scotie.
b Ove.
c Modillons.
d Cymaife des Modillons.
e Couronne, Larmie^ÊL ou Gôu-
tiere.           I
f Cymaife, ou Gueule tënVérfée.
g Grande Cymaife % ou Gueuk
droite.
I. F I G U R. E.
A Bafe de la Colonne,
B Fuji de la Colonne Jîriée &
cannelé?.
C Chapiteau de la Colonne.
D Entablement qui comprend
l'Architrave^Frife & Corniche.
IL Figure.
A Zocle du Piedeftal.
B Bafe duTiedeftal.
C ©<? » Abacque ou Tympan du
Tiedejlal.
D Corniche ou Cymaife du Tie-
deftal.
E Plinthe, Orle ou Oureletde la
Bafe de la Colonne , félon Vi-
truve.
F Seconde Scotie.
G Rondeaux y Annelets, AJlra-
gales, ou Tondins.
H 'Première Scotie,
I Thote ou Bâton.
L- Ceinture ou Reglet.
M Vif de la Colonne.
Plan-
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LIVRE PREMIER,
if
TLASCHM TJJ.
CHA*
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fâg .          PE L'ARCHITECTURRE,
CHAPI TR E V I.
<De l'Ordre Corinthien.                       ; > \
i Et Ordre fut inventé à Corinthe. Il garde les irieïnès mèfit-
_ ires que l'Ionique } la plus grande différence qui fe trouve en-
tre eux eft dans leurs Chapiteaux. ]
Les Colonnes Corinthiennes avec jaBafe & le Chapiteau ont ordi- \
nairement dix diamètres j il eft vra^jque Palladio & quelques autres
ne leur en donnent que rrèuf&demi^fëinelles font cannelées elles, doi- \
vent avoir du moins vingt-quï
         irïnelures dont la profondeur fe-
ra de la moitié de leur lar           Le Liftel ou efpace pi          i lepa-
re chaque Cannelure dbii              large un tiers de l'ouverture des
Cannelures.'On en peut t               ues à vingt-huit, du trente-deux j
félon la grofïeur des ColoritiësSë $S lieu où elles (ont placées ; pal-ce que ;
s^il eft befoin de les faire paroiftre plusgrofïès ilne faut que multiplier |
le nombre des Cannelures.
La plufpart des Autei              ms ne donnent à l'Entablement,
c'eftà dire à l'Architrave, Frife & Corniches, qu'un cinquième de
la: hauteur des Colonnes entières , compris la Bafe & le Chapi-
teau ; Mais fi l'on veut p
         ï pour exemple ce qui fëfte de
plus beau dans Rome, particulièrement le Portique delà Rotonde,
l'Entablement aura plus de hauteur -, il eft vray qu'il faut avoir égard
à la grandeur des, édifices dont les parties d'en haut doivent eftre
plus puiflàntes.
Le Chapiteau aura de haut un diamètre , & l'Abaque une fixié-
me ou fepriéme partie du diamètre de la Colonne pris par en bas*
le refte fe divife en trois parties , l'une pour le premier rang des
Feuilles, & l'autre pour le fécond. Quant à la troifiéme elle fe par-
tage encore en deux* de celle qui joint l'Abaque on forme les Vo-
lutes, & de l'autre les Çaulicoles. Il faut que la Campane ou vif du
Chapiteau qui eft fous les Feuilles , tombe à plomb avec le fond
des Cannelures de la Colonne. La Rofe doit avoir de large un quart
du diametrede la Colonne pris en bas.
LePiedeftal aura la quatrième partie de la Colonne, & fera divife
en huit parties, dont l'une doit eftre pour la Cymaifè, deux pour la
Bafe, & les au très pour le Dé.
EX-
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LIVRE PREMIER.                       l?
EXPLICATION DE LA PLANCHE IV.
I; Figure.              G Scotie ou Cavet avec deux Af
tragales ou Tondins au dejfus.
A Tiedeflai de la Colonne Corin-   H Tore ou Bâton fuperieur.
thienne.                                 J Aftragale avec la çeinture\ou
B Bafe Attique.
                            Reglet au dejfus.
C Fuji de la Colonne,                  L Vif ou Fuji de la Colonne.
D Chapiteau.                             M Aftragale.
E Entablement.                         M Feuilles.
II. Figure.             £ Caulicoles,
P Tympan* ou Vtfdu Chap?tea%>
A ILocle, Or le ou Ourelet de la   Q^Abaque.
Bafe duTiedeJlal.                   KRofe.
B Bafe du Tiedefial.                  S Fafce de P Architrave.
C 'Dé, Abaque, ou Tympan,          T Frife.
D Corniche du Tiedeftal.             V (Denticule,
E Tlinthe, Orle ou Ourelet delà.   X Gaffes des Rofes mtre chaque
Bafe de la Colonne*                        Modillon.
F Thore ou Bâton inférieur*         Y Modillom,
Plan-
-ocr page 41-
PE L'ARCHITECTURE,
i8
-ocr page 42-
LIVRE PREMIER.
19
tm 1 ■■«■iiiiiiinii ii mi       'm ij 1 —■<—iiTOMiM^—■—m.———1........1 ——™—wia—m———w» ,1 iinwim
CHAPITRE VIL
2)ê> l'Ordre Comporte.
L'Ordre Compofite a efté adjoufté aux autres Ordres par les Ro-
mains, qui l'ont placé au defîus du Corinthien, pour faire voir,
à ce que difent quelques Autheiirs , qu'ils eftoient les Maiftres de
tous les autres peuples; & qu'il ne fut inventé qu'après qu'Augufte
eut donné la paix atout l'Univers.
Il participe de l'Ionique & du Corinthien, mais il eft encore plus
orné que le Corinthien, auquel on le fait femblable dans toutes les me-
fures & les membres, hormis que le Chapiteau n'a que quatre Volu-
tes qui occupent tout l'efpace qui eft remply dans le Corinthien par
les Volutes & les Caulicoles. Il a outre cela , l'Ove & le Fufarole
qui font des parties propres à l'Ordre Ionique. L'on voit encore dans
les Edifices anciens & modernes plufieurs autres fortes de Chapiteaux
qui ne conviennent qu'à cet Ordre.
Les Colonnes Compofites ont d'ordinaire dix diamètres de haut,
comme le Corinthien. Phil. de Lorme qui a creu que celles qui font Liv
le dernier Ordre du Colifée eftoient Compofites, écrit qu'elles font c û
aufîi grofles auprès du Chapiteau qu'en bas, ce qui n'eft pas néan-
moins obfervé dans les anciens Edifices où l'Entablement eft aulîi
de la quatrième partie de la Colonne. Mais Palladio ne îuy donne
qu'une cinquième partie de mefme qu'à l'Ordre Corinthien } il
donne aufîi aux Colonnes une Bafe Attique ou bien compofée de
l'Attique Se de l'Ionique comme aux Corinthiennes : Pour le
Piedeftal il doit avoir de haut la troifiéme partie de la Colon-
ne.
Or toutes ces mefures ne font pas tellement arreftées, qu'elles ne
changent félon la grandeur des baftimens. Vitruve enfeigne com-
ment on doit faire les membres d'un Ordre félon fa hauteur : car
plus on regarde en haut & plus on a de peine à reconnoiftre la lar-
geur & la hauteur des parties d'un Edifice. C'eft pourquoy il dépend
du jugement de l'Architecte d'augmenter ou de diminuerfes mefures,
pour donner plus de beauté & de grâce à fes Ouvrages. Ce qui eft tel-
lement vrayque parmy les Antiquitez qui font en Provence, il y a un
Tombeau que M.Mignard l'Architecte a defleigné depuis peu avec
un foin tout particulier, dont les Colonnes n'ont aucune mefure ar-
C z                        reftée.
-ocr page 43-
2o                  DE L'ARCHITECTURE,
reftée. Il y en a dix d'Ordre Compofite aflèz élevées, qui portent
un petit Domej & parce qu'elles font toutes ifblées, & que le jour
paflè à côté , elles font fi groflês qu'elles n'ont de hauteur qu'envi-
ron huit modules, & cependant font un effet admirable.
Il faut auffi avoir égard à la quantité des Colonnes, & mettre de
la différence entre celles qui ne font qu'au nombre de quatre, cel-
les qui font fix ou huit de fuite. Confiderer celles qui font appuyées
contre quelque corps, & celles qui font ifblées , ou qui font les ex-
tremitez , ou les angles d'un Baftiment, qui doivent toujours eftre
plus grofîès à caufe que l'air qui les environne, en diminue une par-
tie & les fait paroiftre plus menues.
Pour les Colonnes qui ne font pas entières, mais dont la deux ou
troifiéme partie de leur groflèur eft perdue dans l'épaiflèur de la
muraille, il faut y obferver d'autres mefures qu'à celles qui ont tou-
te leur rondeur. Celles-là non feulement ont efté inventées pour la
décoration des murailles, mais pour les rendre encore plus fortes &
pour fervir d'Antes, & de Contre-pilliers pour la poufîée, afin de
mieux fbuftenir les Voûtes des édifices j & mefme pour rendre en-
core l'ouvrage plus excellent. Ces fortes de Colonnes, lors qu'elles
font faites de quartiers de pierres fe pofènt par aflifes , de mefme
hauteur que les pierres dont les pans des murs font conftruits. On
peut en certaines rencontres faire des ornemens aux Colonnes & aux
Pilaftres, pour en cacher les joints, comme Ph. deLorme a fait au
Palais des Tuilleries,
EXPLICATION DE LA PLANCHE V.
I. Figure»
A Tiedefial.
B Bafe de la Colonne.
C Fu(l.
D Chapiteau Compofite.
E Entablement.
II. Figure.
B Bafe.
C Chapiteau orné de feuilles.
D OveavecleFufarolleaudefous.
E Volute.
F Tailloir ou Abaque.
G Architrave.
H Frife.
I Corniche.
A Tïedejlal.
Plan.
-ocr page 44-
LIVRE PRE MIER»
- ;-'■■•- u-'jotzx "V
-ocr page 45-
ESBB^HHB^H^HHH:. '1
DE L'ARCHITECTURE,
CHAPITRE VIII
;                          'Des Tilajires & des Colonnes torfes.
IL y a des Colonnes quarrées que nous appelions Pilaftres , &
que l'on croit eftre ce que les anciens Auteurs nommoient Co-
lonnes AtticurgeS) elles font propres à tous les ordres & reçoivent
les mefmes ornemens. On en voit aux encoigneures du Portique de
l'Eglife des quatre Nations.
Les Colonnes Torfes, telles qu'on les fait prefèntement font d'u-
ne invention moderne -, & les Anciens qui fur toute chofè re-
gardoient à la folidité de leurs Baftimens , n'en auroient jamais
employé de femblables > quand mefme elles n'eufîènt fervi que
d'ornement -, Parce qu'ils vouloient que la nature &lavray-fem-
blance paruflènt dans tous leurs Ouvrages j ce qui ne fe trou-
ve pas dans ces fortes de Colonnes , qui n'ont ny la force , ny
une figure propre à porter un grand fardeau. Aufîî n'ont -elles
efté beaucoup en ufage que depuis qu'on a fait les grandes Co-
| lonnes de bronze, qui font dans l'Eglife de faint Pierre de Ro-
! me. Car il ne faut aux Ouvriers qu'un feul exemple de nou-
veauté pour les autorifèr , & leur faire prendre toute forte de li-
cence fouvent mal à propos & contre la raifon , comme plu-
fieurs ont fait à l'égard des Cartouches, dont l'on peut dire qu'ils
ont défiguré l'Architeclure , depuis qu'ils virent que Michel An-
ge s'en eftoit fervi. Ce qui fait voir que ceux qui n'eftudient pas
le fond de l'Art , & qui ne font à proprement parler que des
copiftes , & comme les finges des autres , ne les imitent prefque
jamais que dans ce qu'ils ont fait de plus mal ; car ce n'eft pas en
cela que Michel Ange a paru un excellent Architecte ; il avoit
d'autres parties que l'on peut imiter ; Mais pour ces fortes d'orne-
mens pefans & tout à fait ridicules, on ne les trouvera point dans
                   *
les anciens Edifices , non plus que les Colonnes Torfes. Palladio
c.15. dit feulement avoir obfervé un petit Temple prés deTrevi,dontles
Co-
-ocr page 46-
f
LIVRE PREMIER.                   23
Colonnes d'Ordre ftCorinthien ont des cannelures qui tournent
autour du Fuft , mais la tige de la Colonne n'eft pas torfè com-
me celles qu'on fait aujourd'huy, dont Vignole a décrit la véritable
figure, & donné la manière de les faire.
EXPLICATION DE LA PLANCHE VI.
A Tilaftres.                               C Colonne Torfe Moderne.
B Colonne Torfe Antique,
P&Aîï-
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DE L'ARCHITECTURE,
24
CHA-
-ocr page 48-
LIVRE PREMIER.
if
CHAPITRE IX.
T>e l'Ordre des Caryatides, & de l'Ordre Terfîque*
OUtre les cinq Ordres que je viens de rapporter, il y en a qui
en mettent encore deux, fçavoir l'Ordre des Caryatides & l'Or-
dre Perfiqué. Le premier n'eft autre que l'Ordre Ionique , & il n'j
a nul changement, excepté qu'au lieu deCoîonnes, on-met des Fi-
gures de femmes qui fouftiennent l'entablement. Vitruve attribue
l'origine de cet Ordre à la ruine des habitans de Carye, Ville du Pe-
îoponefe. Il dit que s'eftant unis avec les Perfes pour faire la guerre
à leur propre Nation , les Grecs après avoir mis les Perfes en dérou-
te 6e remporté fur eux une entière victoire, affiegerent ceux de Ca-
rye } & qu'ayant pris leur ville par la force des armes, ils la reduifîrent
en cendre, & pafïèrent tous les hommes au fildel'épée. Quantaux
femmes Se aux filles ils les emmenèrent captives $ Mais pour laifîèr
des marques de leur vengeance à lapofterité, ils reprefenterent dans
les Edifices publics qu'ils battirent enfuite, l'Image de ces miferables
Captives, où en les faifant fervir de Colonnes, elles paroifïoient char-
gées d'un pefant fardeau , qui eftoiî comme la punition qu'elles
avoient méritée pour le crime de leurs maris.
L'Ordre Perfique a eu fon commencement par une rencontre fèm-
blable j car Paufanias ayant défait les Perfes, ceux de Lacedemone pour
marque de leur victoire, élevèrent des Trophées des armes de leurs
ennemis, qu'ils reprefenterent enfuite fous la figure d'Efclaves portant
les entablemens de leurs maifons. Et parce qu'on avoitchoifî l'Ordre
Ionique pour les Caryatides, comme le plus convenable aux Figures
de femmes , les Architectes le fèrvirent auffi de l'Ordre Dorique
pour y reprefènter les Perfes.
Oeft fur ces deux exemples qu'on a depuis employé diverfes fortes
de Figures dans l'Architecture, pour porter des Corniches & pour
fouftenir des Confoles Scdes Mutules. On voit dans les Edifices Gotti-
ques de ces fortes de Figures avec autant d'excez qu'avec peu d'ordre
& de raifon. Il y a mefme apparence que les Grecs ont fait aufîi de ces
fortes de Figures en différentes manières -, puifqu'on voit encore de
vieux veftiges auprès d'Athènes où il y a des Figures de femmes qui
portent des panniers fur leur tefte & qui tiennent lieu de Caryatides.
D                          Ils
-ocr page 49-
%6           DE L'ARC H I T E C T U R E,
p» Es mettoient encore des Figures humaines fous les Mutuîes ou
Corbeaux.j & les appelloient Atlas félon Vitruve ; les Romains les
nommoient Telamones : il y avoit quelque raifon aux Grecs de les
appeller du nom d'Atlas que les Poètes ontfeint fouftenir le Ciel fur
{es efpaules -, mais on ne voit pas pourquoy les Latins leur don-
noient le nom de Telamon y auffi Vitruve luy-mefmen'en rend point
de raifon. Bàldus dans fon Diftionaire fur Vitruve fèmble avoir af-
fez bien rencontré , quand il dit qu'il y a apparence que ceïuy qui
le premier s'eft fervi de ce mot pour exprimer des Figures qui por-
tent quelque fardeau, n'a point écrit Telamonas, mais tà^ow, Ce
mot grec fignifiant des miferables & des gens qui endurent le tra-
vail j ce quiconvient parfaitement a ces Fortes de Figures qui por-
tent des Corniches ou des Confoles, & que nous voyons fi ordinai-
rement aux pilliers de nos anciennes EgUfes, fous les Images de quel?
ques Saints ou de quelques grands perfonnages.
EX F LIC AT ION DE LA PL A N C HE VIL
A Ordre des Caryatides,                z Bandeau.
WOrdreTerfïque,                        3 Clefdetarf,
ïf lmfiofte.
El a nv
-ocr page 50-
1I V R E FREMI E R:
%7
D %
CHA.^
-ocr page 51-
DE L'ARCHITECTURE,
28
CHAPITRE X.
T)es Ornemens de l'Ârchiîelîitre,
Uant aux Ornemens d'un édifice, on peut dire qu'ils ne fer-
vent que pour en embellir les parties par les differens ouvra-
g.e7"ue Sculpture qu'on y met.
Vitruve donne le nom d'Ornemens aux entablemens de chaque
Ordre, c'eft-à-dire A l'Architrave, Frife&Corniche, à caufe peut-
eftre que c'ell la partie qui en reçoit davantage, ou qu'elle eft à tout
l'Ordre, ce que chaque petit Ornement eft à l'égard d'une de ces au-
tres parties-là. Les Métopes, lesTriglyphes, les Gouttes & toutes les
autres chofès qu'on voit dans!'Architecture, ont efté trouvées fuccefïî-
vement pour imiter îesPoutres, les Solives, les Chevrons, les Cimens
& les Maftics qu'on appliquoit au bout des pièces de bois pour les con-
ferver davantage. Car les Anciens n'a voient pas comme nous l'ufage
de peindre avec de l'huile, qui confèrve beaucoup le bois & le défend
contre la pluyeSc les autres injures de l'air > Etcommelefoleilvenoit
à fondre les matières dont ils fe fèrvoient, il en diftilîoit des goû-
tes ou larmes qu'on a reprefentées enfuitte au de flous des Trigîy-
phes ; Si ce n'eft qu'on aime mieux fuivre lefentiment de M. Perrault
fur Vitruve qui croit que c'eftoit les gouttes de l'eau mefme qui cou-
loientfur les maftics, qu'ils ont voulu figurer. Quoy qu'il en foit, les
Architectes imitant non feulement ce que la nature leur monftroit,
maiss'aydantaufîl de l'artifice & des inventions des autres Ouvriers,
ont fait diverfes fortes de fculptures aux Corniches & aux Chapiteaux
des Colonnes. On peut lire fur cela Vitruve & de Lorme.
Les Ornemens qu'on taille d'ordinaire fur les moulures & fur tous
les autres membres de l'Architecture, font des feuilles refendues ,
feuilles d'eau , canaux, rais de cœur, rubans tortillez avec baguet-
tes dedans, & fans baguettesi oves, chapelets de plufieurs fortes*
godrons , guilloehis, poftes, entre-las, trèfles, efcaiîles, feftons,
rinceaux, rofes, fleurons & plufieurs autres chofes qu'on y méfie,
fuivant les lieux & les places que l'on veut orner, il y a certaines parties
qu'on peut enrichir de Bas reliefs, comme font les Frifes, les Piedef-
taux, & quelques autres endroits plats, ainfi qu'on peut voir dans des
reftes antiques.
Le
9
-ocr page 52-
LIVRE PREMIER.                  %9
Les Anciens avoient grand foin dans les petits Baftimens d'ache-
ver tous les Ornemens dont ils les embelifîoient; Mais dans les grands
Edifices, comme Amphiteatres & autres grands Ouvrages ils le con-
tentaient d'en travailler quelques morceaux , laifîànt le refte feule-
ment degroffi pour gagner le temps, & ménager la dépenfe.
Dans les membres d'Architecture, il y en a où la Sculpture eft ef-
fenîielle, comme on remarque fur le 3. Chapitre du quatrième Livre
de Vitruve ; tels que font les Chapiteaux Corinthiens & les Ioniques,
lesModillons, les Triglyphes &c. Il y en a d'autres où elle n'eft point
abfolument neceffaire, comme au Quart de rond des grandes Corni-
ches, où l'on n'eft point obligé de tailler des Oves; auDenticulede
la Corniche Corinthienne qu'on peut faire fans découpures -, aux Fri-
fes Corinthiennes &c Ioniques qu'on peut faire fans ornemens , aux
Métopes de l'Ordre Dorique qu'on peut laiflèr fans telles de Bœuf
ny trophées.
EXPLICATION DE L A PL A NC H E VIII.
A Tofles.
B Feuilles refendues.
C Feuilles d'eau,
D Rais de cœur.
E Canaux.
F Ove.
G Fufarole.
H Rofe.
I Rubans tortillez fans baguettes.
L Rubans tortillez avec baguet-
tes.
M Chapelets de plujîeurs fortes.
N Fejlons.
O Godrons.
P Rinceaux & Fleurons.
(XFeùilles dechefnes remuées*
R Efcailles.
S Gu illochis*
D J
Flan-
-ocr page 53-
! *
30        DE L'ARCHITECTURE,
-ocr page 54-
LIVRE PREMIE R.
CHAPITRE X I.
'Des diverfes fortes de Baftimens.
LOn peut confiderer dans l'Architecture trois fortes de Baftï»
mens : i. Les Edifices fàcrez, comme les Temples des Anciens2-
&nos Eglifes & Chapellesd'aujourd'huy : 2. Les Edifices publics, com-
me les Bafiliques ouïes lieux où l'on rendoit laJuftice, les Tombeaux»
les Théâtres , les Amphithéâtres & les autres baftimens qui fervent:
pour des Jeux & autres Speéïacîes; les Arcs de Triomphe, les Ports,
les Ponts, les Aqueducs, les Portes de Villes, les Prifons : 3. Les Palais-
& les maifons particulières*
Pour ce qui eft des-Tempîes, les Anciens en avoient dé deux et
peces; fçavoir à la manière des Grecs, &à la manière des Tofcans^
comme l'on peut voir dans Vitruve.
Ils vouleieht que leurs Temples euftént une convenance parti-
culière à chacun de leurs Dieux , non feulement à l'égard de la iî-
tuation ; mais encore dans la forme de leur■■ftruéfcure. Ils don-
noient une figure ronde à ceux qui eftoient dédiez au Soleil, à la
4 Lune & à Vefta , comme eft celuy qu'on voit encore à Tivoli que
Numa fit baftir. Ceux dédiez à Jupiter eftoient ouverts par le mi-
lieu; ceux de Minerve, de Mars , d'Hercule eftoient d'Ordre Do^-
rique; ceux de Venus, de Flore , des Mufes , & des Nymphes,
d'Ordre Corinthien; ceuxde Junon,de Diane, deBacchus■ôc-autres»
fèmblables Divinitezj d'Ordre Ionique; Et tous ces Temples eftoient
enrichis d'ornemens convenables à chaque Divinité.
Ils eftoient pour la pîufpart de pierre ou de marbre blanc : & Iorf-
qu'ils eftoient de brique ou d'autre matière, ils eftoient blanchis par
dedans : parce qu'entre toutes les couleurs, la blancheur eft ce qui*
convient le mieux à un Temple, à caufe qu'elle reprefente la pureté
qu'on doit avoir pour eftre agréable à la Divinité qu'on y yaj»
adorer.
Pour ce qui eft dès Edifices publics, (bit pour rendre la Juftice,
foit pour;les jeux & les exercices, fait pour l'utilité & la décorations
des Villes ; il eft certain que les Grecs & les Romains ont furpaiîe
tous les autres peuples dans la grandeur & dans la magnificence de
ces Ouvrages. Nous ne voyons que bien peu de- choies- de ce que les*
Grecs
-ocr page 55-
32           D EL» ARCHITECTURE,
Grecs ont bafti; mais ce qui refte en plufieurs endroits d'Italie, fait
encore afïèz connoiftre quels eftoient les Baftimens des anciens Ro-
mains.
Ils avoient de trois fortes de Prifons , l'une pour reprimer les in-
folens & les débauchez -, l'autre pour les banqueroutiers & débiteurs
infol vables j & la troiiléme pour les criminels qui eftoient ou dévoient
eftre condamnez à quelque fupplice.
Entre les Edifices publics, les Ponts de pierre font confiderables
àcaufede la difficulté de bien maçonner dans l'eau. Il y a dans leur
fabrique cinq chofes à remarquer, i. Les Buttes ou Culées des ri-
ves, 2. Les Piles qui ont leur fondement dans l'eau. 3. Les Arches
ou Cintres. 4. L'Appuy. f. Le Pavement. Les Buttes doivent eftre
maçonnées foîidement.
Les Piles de toute l'eftenduë du Pont, doivent d'ordinaire eftre
en nombre pair. Leur grofleur ne doit pas avoir moins d'un fixiéme
du vuidede l'Arche ny aufli ne doit-elle pas avoir plus d'une quatriè-
me partie. Leur front fo fait ordinairement angulaire & quelquefois
auiîî on luy donne la forme d'un demy-cercle -, mais dans les anciens
Fonts, les Angles de défenfo ou éperons oppofez au courant de l'eau
fe trouvent quafi toujours droits, ces fortes d'Angles eftant plus forts
que ceux qui font aigus, ôcainfi moins fujets à fe ruiner.
Les plus fortes Arches font celles dont le Cintre eft d'un demy-
cercle entier.
Pour les Appuis , la hauteur & les ornemens s'en font àdifcre-
tion.
Et quant au Pavement, il doit eftre de bonne pierre pour la com-
modité des lieux, & félon quelesPonts font pluspafîàns.
Les Palais fe font félon la grandeur & la magnificence du Prince &
des grands Seigneurs} Et lesMaifons des particuliers aufii félon leurs
emplois & leurs moyens.
Il faut toujours en baftiflant fepropofer la Solidité, la Commodi-
té & la Beauté ; & pour ce qui regarde les Ornemens on s'en fort com-
me on le juge à propos, fuivant la difpofition des lieux & iadepen=
fe qu'on veut faire.
CHA
-ocr page 56-
L IVRE PREMÎE R.
13
CHAPITRE XII.
1)es chofes necejfaires à baftir.
LEs principales matières neceflaires pour baftir , font le Bois , le
Sable, les Pierres & la Terre j Car de la terre on fait les briques
& les tuilles j & de la pierre on fait la chaux.
La meilleure Chaux eft faite de marbre ou de pierre la plus dure* Diu
plus la pierre eft dure, & plus la Chaux eft grafle & glutineufe. Vi- f HA*X'
truvedit que la Chaux faite avec les pierres les plus dures eft la meil- ch. \. '
leure pour la maçonnerie , & que celle qui eft faite de pierre fpon-
gieufè eft plus propre pour les enduits.
Quant aux ouvrages qui fe font dans l'eau , il faut employer la
Chaux toute chaude & fortant du fourneau , avec cailloux & fable
de rivière ou ciment fait de tuilleau cafle qui eft encore meilleur :
Car avec le temps , ce mortier fe conglutine de telle forte que
toute la maçonnerie ne fait qu'une maflè. L'on connoift félon Phil.
deLormé, que la Chaux eft bonne lors qu'elle eft fort pefan te, qu'el-
le fonne comme un pot de terre cuit quand on le frappe : qu'eftant
mouillée, fa vapeur & fa fumée eft fort épaiflè & s'élève incontinent
en haut-, Et qu'en la détrempant, elle fe lie au rabot.
Selon cet Architecte , la meilleure manière de la bien détremper L.i.ch;
pour faire d'excellent mortier, c'eft d'en amaflèr, lors qu'elle fort du *7'
fourneau , telle quantité qu'on veut dans une place fort unie, & la
mettre de deux ou trois pieds de haut.
Enfuite il faut la couvrir également par tout de bon fable , envi-
ron un pied ou deux d'épaiflèur, & jettant de l'eau par deflus , en
verfer par tout une aflèz grande quantité, pour faire que le fable en
foit fi bien abreuvé que la Chaux qui eft deflous fe puiflè infufer & dit
foudre fans februfler. Si l'on apperçoit que le fable fè fende en quel-
que endroit 8f faflè paflàge à la fumée , il faut auffi-toft recou-
vrir les crevaces avec d'autre fable , afin que la vapeur ne forte pas.
Carie fable eftant mouillé de la forte Scia Chaux bien couvertet
elle fe convertira en une maflè de graiflè , laquelle lors qu'on
l'entamera au bout de deux , trois ou dix ans reflèmblera à un fro-
mage de crème. Cette matière fera fi grafle & fi glutineufe qu'on
n'en pourra retirer le rabot qu'avec peine : & mangeant quantité de
E                         fà-
-ocr page 57-
34.              DE L'ARCHITECTURE,
fable, fera un mortier d'un très excellent ufàge pour les incruftations
& enduits des murailles , pour les ouvrages de ftuc , & pour les
peintures à fraifque -, car les couleurs fè confervent bien mieux fur
un mortier fait de cette forte , que fur celuy dont la chaux eft fraif-
chement efteinte , qui fait fendre & crevafler les enduits , changer
& altérer la beauté des couleurs.
ï)v Sa- A l'égard du Sable il y en a de diverfes natures & de différentes
**"*' bontez >• Les uns font plus de profit &fe lient mieux avec la chaux que
lesautres. Ily ena qui font fi gras &fiexcellens qu'on en met cinq par-
ties , & mefme jufques à fept, contre une partie de chaux. Et d'autres
fi fecs & fi mauvais qu'il faut prefque autant de chaux que de fable. Les
mis font propres pour les murailles hors de terre, les autres pour les fon-
demens, d'autres pour les end uits, & d'autres encore pour fervir de ci-
ment de tuille-ou de pouzzolane, qui eft un fable fort-brunqu'on em-
ployé à Rome, & qui eft d'un merveilleux ufage. H s'appelle pouzzo-
lane à caufe des puits dont il fe tire. Il s'endurcit de «elle forte quand
il eft en œuvre , prend un corps fi foiidc , & fe foutient dans une
liaifon fi admirable , qu'il <Êl capable feul de former des voûtes.
En beaucoup d'endroits de la France le meilleur Sable eft le terrain,
qu'on appelle fable de cave , c'eft à dire celuy que l'on fouit &: que
l'on prend«n terre, qui a de gros grains comme de petits cailloux, &
qui fait du bruit quand on le manie. Celuy qui porte de la terre avec
foy n'eft pas d'un € bon îsfage. Il y a-des fables de diverfes couleurs,
les uns blancs , les autres jaunes , les autres rouges, & les autres
noirs. On en connoift la bonté lors qu'en les mettant fur de l'étof-
fe ils nelafaliftent point & n'y demeurent pas attachez comme fait la
terre -, ce que font ordinairement les mauvais fables. L'on peut fur
cela lire Vitruve & de Lorme pour s'en inftruireplus amplement.
D e s           II faut fçavoir aufli que toutes fortes d'eaux ne font pas bonnes à dé-
E a o x. tremper la Chaux & à faire du mortier , celuy qui eft détrempé avec
Peau de la mer ne vaut rien. Eftant en œuvre , il feiche très-difficile-
ment , ne s'aglutine & ne fè lie qu'avec peine avec les pierres. Les
eaux des palus & des marets ne valent encore rien , eftant trop
grofïiercs & pleines d'immondices. Il faut fe fervir des eaux de rivières,
&c de fontaines , de puits , ou de celles qui tombent du Ciel.
©es Fon- Lors qu'on maçonne dans 1-eau , l'on employé du ciment fait de
démens, brique ou tuilleaucafré, comme j'ay dit, avec delà Chaux fortant du
d e s p i- fourneau & frailchement efteinte. L'on met d'abord des P r lotis,
i. o t i s. qUi fonc (jes pieux de bon bois de chefne rond dont l'on ©fie l'écor-
ce, ou d'aulneoud'orme, qu'on enfonce le plus avant que l'on peut,
au-
-ocr page 58-
LIVRE PREMIER.                  37
autant plein que vuide j afin qu'ils ayent de la nourriture, c'eft à dire
que s'enflans par l'humidité, ils ayent afTez d'efpace. On remplit
tout le vuide avec du charbon -, & par defTus les pieux , d'efpa-
ce en efpace , on met des Racinaux qui font des poutres de 8.
à p. pouces que l'on cloue fur la telle des pieux coupez d'égale hau-
teur i & fur les poutres on attache de grofïès planches ou ais de f.
pouces d'épaiflèur, dont l'on fait la plat te forme qui eft comme un plan-
cher. Il y a des païs où entre les pieux & par deflbus les planches on met
delalaine. Pline dit que les fondemens du Temple de Diane à Ephefe, Liv- »'*«.
eftoient ainû* faits de bons Pilotis avec du charhon& de l'a laine. C'eft I4'
fur cette platte-forme que l'on maçonne avec de la pierre dure
félon la qualité de l'ouvrage.
Pour les murs des baftimens ils fe font en différentes maniè-
res i les uns de grofïès pierres de taille , les autres de mouè'Uon,
les autres de cailloux , les autres de brique difpofée en efchi-
quier , par angles & autres diverfes manières.
Les Anciens faifoient des murs de remplage qu'ils rçomraoient
aufïï à coffres , le fervant de certains ais mis de champ & dif-
pofèz fuivant l'épaifïeur qu'ils vouloient donner à leurs murailles,
lefquels ils rempîiflbient de mortier & de toutes fortes de pierres.
Cette manière de confrruire eft propre pour faire des digues »
& pour travailler dans l'eau.
Les petites pierres trop dures & trop égales ne font paspropres à bien d e %
prendre & afpirer le mortier. Quelques-uns tiennent que la plus j"**ES'
mauvaife eft le Grez, & qu'il eft défendu aux maçons de s'en fervir,
c'eft-à-dire en cailloutage & façon de mouëllon : car pour les gros
carreaux & quartiers de Grez, nous voyons quantité de Baftknens faits
de graiflèrie , qui font fort beaux & bons. Mais il faut que le
Grez foit piqué & ruftiqué car autrement il gîifïè.
Dans les grands Edifices l'on doit fè fervir des plus grandes pierres
& des plus dures pour les rendre plus beaux & plus folides. Les
Grecs & les Romains qui travaillaient autant pour la durée que pour
la beauté & la magnificence , employoiçnt dans leurs Ouvrages pu-,
blicsles pierres les plus dures & en grandes pieees , comme il fe voit
encore en Grèce ôeen Italie des reftes de baftimens qui eftoient de
Marbres ou d'autres pierres auffi fondes & auffi preçieuiès.
D-etoutesles pierres, te Porphyre que les Grecs appellent- Vorphyn-Do PoR-
tes eft la plus dure. Elle eft d'un rouge brun & pieine-de petites tachesPHY**'
blanches. On l'amenoit autrefois d'Egypte à Rome. L*on croit comme
il y a biende l*apparence qu'elle eft plus teadre dans les Carrières» &
E z                             qu'el-
-ocr page 59-
16 ■ DE L'ARCHITECTURE,
qu'elle s'endurcit à l'air , au Soleil & à la gelée y car lors qu'el-
le a efté expofée aux injures du temps ,, elle eft beaucoup plus
difficile à tailler.
L'on voit à Rome plu fieu-rs morceaux de Porphyre qui ont efté
travaillez les uns avec le cizeau , les autres avec la fcie , d'au-
tres avec des roues , & d'autres qui ont efté ufez peu à peu avec
l'emeril. Une des pièces les plus confîderables eft le Tombeau, qu'on
dit eftre de Confiance Fille de l'Empereur Conftanrin > qui eft dans
î'Eglife de fainte Agnes hors les murs de Rome, & qui eftoit autrefois
le Temple de Bacchus : Aufii l'on nomme ordinairement ce Tombeau,
le Tombeau de Bacchus, à caufe peut-eftre qu'il eft orné de pkifieurs
petits Enfans méfiez parmi des pampres & des grapes de raifin , le
tout de bafîe-taille & travaillé avec beaucoup de peine fur une pierre
û dure. L'on voit auffi dans I'Eglife de faint Denis en France, la Cu-
ve que le Roy Dagobert fit apporter de Poitiers , & qu'on dit avoir
(ervy au baptefme de faint Martin : Il y a dans le Palais des
Tuilleries parmy les antiques du Roy , une Pallas & les Buftes
des douze Empereurs Romains tous de Porphyre.
Il y a long-temps que l'on ne travaille plus le Porphyre avec la mef-
me perfection & facilité que faifoient les Anciens , parce que les Ou-
vriers ont perdu le fecret de tremper leurs outils , &ne fçavent point
quels eftoient ceuxdonton fefervoitdans un travail fi difficile. Lors
que les Sculpteurs d'Italie veulent employer quelques vieux morceaux
de Colonnes qu'on y trouve encore aujourd'huy , ils ont feulement
une fcie de cuivre qui n'a point de dents , & avec de l'emeril
réduit en poudre & de l'eau qu'ils verfènt defïus, les ufent & les cou-
pent enfin avec une grande patience. Ce n'eft pas que de temps à autre
il n'y ait eu d'excellens hommes, qui ont taché de découvrir la manière
dont fe fervoient les Anciens ,• mais ça efté prefque inutilement.
Léon Baptifte Albert a efté un de ceux qui a fait davantage d'épreuves,
& qui a recherché plus foigneufement une bonne trempe pour les
outils } Et quoyqu'ileuft reconnu , à ce qu'il difoit, que le fang de
Bouc euft quelque propriété, & fuft la meilleure chofè de toutes cel-
les qu'il avoit expérimentées , cette trempe néanmoins n'eftoit pas
de longue durée : car bien qu'en travaillant , on enlevaft: quelque
chofè de cette pierre, fa duretérefiftoit tellement au eifèau, qu'il en
fortoit toujours pluftoft des étincelles de feu que des éclats. Ce qui
a fait que d'autres Ouvriers ont eflayé difFerens moyens de travail-
fer, les uns avec des roues & l'emeril -, d'autres avec de gros marr
teaux en pointe de diamant 3 & forgez de bon ancier trempé dans
-ocr page 60-
LIVRE PREMIER.                  37
îe fâng de Bouc, avec le/quels frapant à petits coups fur le Porphyre,
& le diminuant peu à peu, ils luydonnoient enfin, avec beaucoupde
temps & de peine, une forme ronde ou plate, mais fans pouvoir parve-
nir à faire aucune Figure.
En l'an 1 f ff. le Duc Cofme de Médias ayant trouvé parmy ph>
iieurs morceaux de vieux marbres quelques pierres de Porphyre , vou-
lut en faire faire un Badin de fontaine -, & pour en. faciliter le travail à
eeluy qu'il avoit choifi pour cela* ildiftilla certaines herbes , & en tira
une eau qui avoit tant de vertu , qu'en y trempant les outils tout
rouges , elle leur ëonnoit une dureté extraordinaire. Par ce
moyen un nommé Francefco Tadda fit un Baffinde fontaine de deux
brafles & demie de diamètre , & tailla auilï un pied à ce baffin. Et
comme il vit que le fecret que le Grand Duc luy avoit donné , eftoit
une chofe rare j il l'éprouva fur d'autres ouvrages, &yreufîïtfibien
qu'il fit trois Ovales y où dans l'une il reprefenta en demy-relief une
teftedeChrift , Scdans les deux autres le Duc Cofme de MedicisSc la
Duchefîè fa femme. Il les travailla de forte que les cheveux & la barbe,
qui font très-difficiles à bien faire, font néanmoins conduits de telle ma-
nière qu'on ne voit rien de mieux dans les ouvrages des Anciens. ; Ce
Tadda fit enfuite plufieurs autres pièces , mais je ne fçay pas fî fon
fecret a efté perdu , car nous ne voyons aujourd'huy guère deper-
fonnes qui travaillent fur le Porphyre. L'on a trouvé depuis peu en
France le fecret de le couper avec une fcie de fer fans dents, & du grais
mouillé , de mefme que pour fcier le marbre , & avec la mefme fcie
former facilement des mouieures %. Et mefme ceux qui ont trouvé cette
invention, prétendent en arondiffant, couper tout le tour d'une Co-
lonne de Porphyre. Il eft vray que maintenant on ne peut pas faire
beaucoup d'efîàis fur cette forte de pierre> dont les Carrières eftant
perdues , il ne refte plus que des morceaux antiques qu'on trouve
dans les ruines. Il eft mefme bon de remarquer que celuyqui a fbuf-
fert le feu , fecafîè&s'éclatte aifément, lorfqu'on vient à le travail-
ler $ &quoy qu'il n'ait pas perdu toute fà couleur naturelle, elle eft
néanmoins beaucoup diminuée , n'ayant point cette vivacité , ny
un poly aufîî luifànt & aufïï beau , que lorfqu'il n'a pas efté au
feu. Ce n'eft pas que le feu le rende plus tendre ; car fi l'on
en met quelque morceau dans un fourneau , non feulement il ne
fe cuit pas , mais encore il a une telle propriété qu'il s'endurcit da-
vantage , & ne fouftre pas que les autres pierres , qui font au
tour de luy reçoivent une parfaite cuiflbn.
Apre's ie Porphyre fuit le Serpenïin * que les Italiens nom*- j
E 3                        ment
-ocr page 61-
!•»
3-8            D E L'A R C H I T E C T U R E,
ment Serpentino, & les Grecs Ophis. Sa couleur eft d'un vert un peu
obfcur avec certains filets de couleur jaune , qui fe croifent&vont
tout le long de la pierre. Quoyqu'il ne Ibit guère moins dur que le
Porphyre , il fe cafTe plus aifement, & n'eft pas fi difficile à mettre
en œuvre. Il vient d'Egypte & de Grèce, mais il ne s'en trouve pas de
grandes pièces, car l'on n'a point veu d'ouvrages qui euflent plus de
trois brafles de longueur : Il s'eft rencontré quelques colonnes de
moyenne grandeur ; des tables & des morceaux de pavé -, quelques
mafques , mais nulle figure entière -, il fe travaille de mefme que le
Liv.i. Porphyre. Boot prétend que les Anciens donnoient le nom d'Ophis
ch.nj.
^. tQus jes jyjar5reSj &ài'Albaftremefme, de quelque couleur qu'ils
fuflent , lorsqu'ils avoient des taches & des lignes difpofées &c mar-
quées comme la peau des Serpens. Que ce n'eftoit point la couleur
particulière de la pierre qui luy faifbit donner le nom d'Ophis, mais
bien cette difpofition de lignes & de taches que l'on y remarque.
dT?.56' M dit que Diofcoride tient aufîi bien que Pline , qu'il y a plufieurs
fortes de Pierres Ophites,
Il y a une efpece de Serpentin en Allemagne que Boot ap-
pelle Zeblicius Ophites , & dont il dit beaucoup de merveilles.
On en fait des vaies , mais cette pierrç n'a pas plus de dureté
que i'Albaftre commun , qui n'eftant de nul ufage dans la ftru&ure
des Baftimens , ne doit point avoir rang parmi les autres marbres
dont je veux parler.
Il y a une autre forte de pierre j dont la couleur approche de celle
du Serpentin, mais qui eft d'un vert plus vif, Sç.un peu jaune avec
des taches noires & quarrées de différentes grandeurs, & d'autres un
Cip©ia- peu blanches. Les Italiens nomment cette forte de pierre Çipollacio,
*10' peut-eftre à caufè de ià couleur verte qui tire fur le vert de ciboule.
Elle n'eft pas fi dure que le Serpentin , & fe trouve en plufieurs
lieux. Il s'en voit de grandes Colonnes êc plufieurs fortes d'Ouvra*-
ges , mais nulles Statues. Cette pierre fe feie & fe travaille comme
le Porphyre & le Serpentin, & fe polit de mefme. L'on voit à Rome
dans le Jardin du Vatican , une Niche du deffein de Michel-Ange,
ornée de cette forte de pierrç. Il y a apparence que c'eftoit de ces
pierres , qui ayant eftë trouvées en Egypte du temps d'AuguftfS?
de Tibère, furent à caufè de cela , différemment appeîlées dtt PQÏ9
de ces deux Empereurs Augujium & Tièerww marmor.
L*qn trouve encore une autre pierre dure dams les montagnes de Ve-
_ rone, de Carrare, & en plufieurs endroits de l'Etat du grand Çju.ç.
chio. Les Italiens l'appellent Mifihh, à eaufe du mélange des cfivtrfes
pier»
-ocr page 62-
LIVREPREMIER.                 59
pierres qui font comme congelées enfemble, & dont le temps & les
eaux extrêmement crues & froides n'en ont fait qu'une feule. Cet-
te pierre prend un beau luftre , & il s'en trouve de grandes pièces.
Sa couleur tire un peu fur le pourpre avec des vaines blanches
& jaunaftres , & mefme il s'en rencontre d'une infinité de cou-
leurs s car il femble que la nature prenne plaifir à varier cette
efpece de pierre en différentes manières dans tous les lieux où
l'on en trouve , & mefme dans une mefme carrière. Celles qui vien-
nent d'Egypte , font encore plus dures , & de couleurs plus vi-
ves que celles qui fe trouvent en Italie. Ce fut de ces fortes
de pierres , dont ceux de l'Ifle de Chio firent les murailles de leur
ville y dont ils faifoient admirer l'éclat & la beauté à tout le monde -,
ce qui fit dire à Ciceron qu'elles eufïènt efté bien plus dignes d'ad-
miration , fi elles eufïènt efté faites de pierre de Travertin, n'eftant
pas une grande merveille qu'ils baftiffent des pierres de leur pais.
Il y a une pierre très-dure, rude & mal- polie, tachetée de noir & de
blanc, & quelquefois de rouge comme celle que l'on nommoit Syeni-
tes
, à caufe de Syenis de Thebaïde , ou bien comme d'autres lifent
dans Pline Stignites >, à caufe des petits points noirs dont elle eft jhIvjf*"
tachée. Les Italiens l'appellent Granito. Il s'en trouve en Egypte dû gra*
d'une grandeur prodigieufè. C'eft de cette pierre que font les Obe- N1X-
lifques, les Aiguilles Ôc une infinité de colonnesôc d'autres Ouvrages
qu'on voit encore à Rome , dont la dureté a refifté au feu & aux in-
jures du temps. Et c'eft pour cela que les Egyptiens fè fervoient de
ces fortes de pierres, pour éterniferla mémoire des grands hommes*
marquant leurs actions par des caradleres qu'ils gravoient fur les Ai-
guillas ou fur les Pyramides , dont ils ornoient leurs Tombeaux.
Plufieurs ont cru que ces grandes maflès avoient eité faites par
un artifice admirable de plufieurs éclats de marbre fondus & méfiez
enfemble ; ne pouvant comprendre comment, n'ayantpointefté tail-
lées dans les montagnes d'Italie , où il ne s'en trouve pas de cette
nature, on avoit pu les amener par mer des Provinces éloignées »
mais il ne faut que voir ce que Pline en écrit.
                                  ^v 37'
Il venoit encore d'Egypte une autre forte de Granit grifâftre Acni
tirant un peu fur le vert, & tacheté de petites marques noires & blan- Gr we.
ches & fort dur. De cette efpece de Granit il s-'en trouve aufît en plu-
fieurs lieux d'Itaiie ; maisles plus grandes pièces qui fe voyent, ont efté
prifès dans l'Ifle d'Elbe, où les Romains avoient continuellement un
grand nombre de gens à travailler dans les Carrières. C'eft de là
qu'on a tiré les Colonnes du Portique de la Rotonde , qui font
très»
-ocr page 63-
m
40.           DE L'ARCHITECTURE,
très-belles & d'une grandeur extraordinaire. Quand on travaille
cette pierre dans la Carrière , elle eft beaucoup plus tendre &
plus aifée à tailler que lorfqu'elle en eft dehors j quoyqu'il foit pres-
que toujours neceflaire de fe fervir de la Marteline , dont la poin-
te foit de mefme que pour travailler le Porphyre , & de \zGradine%
dont les dents foient bien taillantes.
C'est encore de l'Egypte & de la Grèce qu'on apporte une forte de
do pa- pierre fort noire qu'onappelleaujourd'huy Parangon. Lesanciens
UiT?^. *a nommoient Baffalles félon Pline. Et encore Bafanus à B<w<*v/£a>,
ç.y. c'eft à dire, diligenter examina , à caufe que l'on éprouve l'or & l'ar-
gent avec cette pierre en les frottant defïus.
Il y en a d'autres efpeces dont le grain eft différent , & dont le
noir eft moins enfoncé. Ce font peut-eftre celles-là qu'on nommoic
lapis Lydius & lapis Obfidianus. Lesanciens en ont fait des Statues,
des Sphinx & d'autres animaux, comme il s'en voit quelques-uns à Ro-
me. Ces fortes de pierres font très- dures à tailler,mais en ceuvre,elles ont
Boot de une grande beauté, & prennentun luftre merveilleux. Il s'en rencontre
La mii^. auf**a Carrare fur l'Eftat du grand Duc, & du cofté de Flandre.
z.À. 17. En Grèce & prefque par tout l'Orient on trouve une forte de M ar-
Dw bre blanc un peu jaunaftre , & qui eft beaucoup tranfparant > au-
BRAER* trefois l'on s'en fervoitau lieu de verre pour mettre aux feneftresdes
blaNc. Bains, des Eftuves & des autres lieux , où l'on ne vouloit pas que le
vent& la pluye puflent entrer. Vafari écrit que de fon temps , il y
avoit uneEglife à Florence dont les feneftres en eftoient remplies, au
lieu de vitre , & qui rendoient beaucoup de clarté \ c'eftoit par ce
moyen là que les Anciens fe garantiflbient du froid , & donnoient
de la lumière à leurs chambres. Il fe trouve encore d'autres fortes de
piin. 1. pierres tranfparantes , & de toutes les couleurs qu'on nomme Lapi-
3 6 c %%. cies fpeculares, Se Selenites.
c .,1*1,5.
Dans les mefmes Carrières , où fe trouvent ces Marbres blancs, il
y en a d'une autre" efpece qui n'a aucune veine , mais bien la mefme
couleur , & dont le fil & le grain eft très-fin. C'eft de celuy-là
dont l'on faifoit autrefois les plus belles Statues , & tous lesOr-
nemens des Edifices. On en droit de grands morceaux parfaite-
ment beaux , comme l'on peut voir dans les grandes Statues &
les Chevaux qui font encore à Montecavallo , & dans plufieurs
autres Figures que l'on connoift eftre Grecques , tant par le grain
du marbre , qu'à la manière du travail.
Le plus beau Marbre blanc fe nommoit Tarium marmer , foit
qu'il fe trouvaft dans l'Ifle dePâros, foit à caufc du Sculpteur Agora-
critos^
-ocr page 64-
,:
LIVRE PRE MI E R.                 41
critos , qui eftoit originaire de cette Ifle , & qui le premier taïlia
de marbre blanc la Statue de Venus. Les Anciens nommoient auf-
11 les beaux marbres blancs» Lichnitis, à caufè, félon Varron, qu'on
les tailloit dans les Carrières à la lumière des lampes. Ces Marbres Boot 1.%,
le taillent avec les outils ordinaires.
                                                ^V67*:
Il fe rencontre encore dans les montagnes de Carrare diverfesde ap <
fortes de Marbres , les uns noirs , les autres qui tirent fur le gris , Gemm.
d'autres méfiez de rouge, d'autres qui ont des veines grifes, &ain- f0°RTTRK8
fi de diverfes efpeces. Il y en a que les Italiens appellent CipoUini
Saligni
, Campanini , & Mifchiati j mais encore en plus grande BRES-
quantité d'un marbre tres-blanc, & de couleur de lait qui eft excel-
lent pour faire des Figures. Il y a mefme un certain endroit que les Lesita-
Italiens nomment la cava delTolvacio , où le marbre a moins delie"saî?"
taches , & de ce qu'on appelle Emeril j & encore de ces nœuds coToa
que les Italiens nomment noccioli, qui fe trouvent d'ordinaire dans Pkurax-
les grandes pièces , & qui outre qu'ils donnent bien de la peine '^*'u"que
à ceux qui travaillent , caufènt beaucoup de difformité aux Statues, nom-
lorfqu'elies font finies. Mais celuy que l'on tire de Tietrafanëla , ™ons
où eftoit le bois de laDeêflê Feronie, félonPtolomée , ou félon Luc'uT"
d'autres le Temple d'Hercule , a plus de fermeté , eft plus paf- Feront
teux fous le cizeau , ayant ce que les Italiens nomment morbi-
dezza
, reçoit encore mieux que tous les autres marbres un beau
poliment. 11 eft vray qu'il y en a où l'on rencontre de ces grains d'E-
meril , qui rompent quelquefois les outils.
Les Marbres que les Italiens nomment CipoUini ont une autre for- Civet-
te
de grain j leur couleur tire fur le vert par grandes veines plus & UNI"
moins fortes. Ils ne font pas propres pour des Statues j mais ils
fervent pour faire des Pilaftres, de grandes Tables & d'autres Ou-
vrages , comme il s'en voit dans la Sale des Antiques du Louvre. Il
s'en trouve en d'autres lieux qu'à Carrare.
Ceux que les Ouvriers nomment Saligni , refïèmblent à des con- Saugni»
gelations , car ils font un peu tranfparants & ont un certain bril-
lant , de mefme que celuy qui paroift dans le fel. Il eft affèz mal-
aifë d'en faire des Figures , parce qu'ils ont le grain fort gros & ru-
de i & dans les temps humides , il en dégoûte de l'eau , comme
une efpece de fueur.
Quant à ceux qu'ils appellent Campanini, c'eft à caufe qu'ils refon- campa-
nent en les travaillants & qu'ils ont un Con fort aigu } Ils font natu- mm°
rdlement durs } & s'éclattent plus facilement que les autres : ils
fe tirent à Tietra fan fia,
F                               II
-ocr page 65-
4*            DE L'ARCHITECTURE,
Il y a encore un Marbre noir avec de grandes veines jaunes »
î»orto- qu'ils appellent Tortoro-, à caufe que fès veines femblent d'or. Ain-
fi dans les Apennins l'on tire de plufieurs endroits différentes fortes
de Marbre.
L'on trouve aufïl en Efpagne un Marbre , dont le fond eft jau-
iRock- ne , on l'appelle icy Brocatelle j Il eft facile à travailler t.
TELiB. gg prend un beau poly.
Depuis que Monfieur Colbert eft Surintendant des Baftimens, l'on
**rVs" a Par ^es *°*ns ^ *°us ^es ordres , découvert en France , principa-
» e lementdu cofté des Pyrénées, des Marbres de différentes couleurs. Il
ïrancs. ya apparence qu'autrefois les Romains en ont tiré de ces quartiers-là,
parce qu'on voit dans les Carrières, qu'il en eft forti beaucoup qui ne
le trouvent point en France , ainfi ils doivent avoir efté tranfportez
ailleurs. Il y a mefme un endroit proche faint Beat, fur les confins
des Pyrénées , à une lieuë de Catalogne , d'où l'on a tiré une
. pièce de marbre de quatre-vingt dix pieds -, ce que l'on juge par la
manière dont la montagne eft taillée. Cependant l'on ne s'eftoit
point encore avifé de chercher du Marbre en ces quartiers-là. Cer-
tains particuliers en avoient apporté quelques petits morceaux de
différentes fortes ; mais le fieur de Formont a efté le premier qui
a fait venir les pièces les plus confîderables. Ayant découvert les
meilleures Carrières dés l'année 1664,. Il en a fait tirer par l'ordre
de Monfieur Colbert des Colonnes de vingt pieds de haut d'une du?
reté& d'une couleur admirable, outre une infinité d'autres morceaux,
dont l'on a fait déjà des Ouvrages au Louvre , aux Tuilleries , &
à Verfailles , lefquels font d'autant plus à eftimer que les couleurs
en font vives & extraordinaires.
Evefché Les principaux endroits d'où l'on tire ces Marbres font proche
ae s- faint Beat. Il y a une carrière appellée feint Martin, où l'on prend
"ran ' les plus grandes pièces , qui font de couleur de chair avec des veines
rouges & des taches blanches. Ce Marbre eft facile à travailler, &
l'on peut en tirer aifément des morceaux de telle grandeur qu'on vou*
dra. Des autres Carrières qui font au mefme lieu l'on en tire du Mar-
bre blanc qui approche de celuy de Gènes % Et n'eftoit que fon délit
eft trop fort , ce que les Ouvriers appellent Tmf , & qu'il eft mal
aifé d'en faire des figures , celles qu'on en feroit feroient d'une plus
grande beauté que du marbre qui vient de Gènes.
Evefché Dans la vallée & proche le bourg de Campan , eft une autre Car-
ie Tarbe. riered'où l'on tire de fort grandes pièces de Marbre vert, blanc, rou-
ge & couleur de chair. C'eft de ce Marbre dont l'on a fait une partie
des
-ocr page 66-
LIVRE PREMIER.                 43
des Ouvrages que je viens de dire qui font au Louvre & aux Tuil-
leries , & des Colonnes de 20. pieds qui font au Magafin du Roy;
Les Ouvriers l'appellent marbre de Campan. Il y a plufieurs autres
Carrières dans la mefme vallée , mais comme les Marbres n'y font
pas fi beaux , que ceux dont je viens de parler , on ne prend pas
la peine de les tirer.
Dans la vallée d'Or proche Serancolin > il y a une Carrière dont le Evefché^
Marbre eft ifàbel Se rouge , & couleur d'agathe, ce Marbre s'appelle t^0^a
Serancolin.
L'on en tire des pièces de 9. à 10. pieds de long d'une beau-
té & d'un luftre extraordinaire , comme il eft aifé de juger par celuy
qui eft aux cheminées des Tuilleries. On pourroit en avoir de plus
grands morceaux, fi l'accezde la montagne n'eftoit pas fi difficile, &
qu'on puft y aborder pour tailler le marbre dans fon centre.
A une lieue de cette Carrière proche le village d'Echet qui eft Evefché
plus avant dans la France , il y a une autre Carrière dont le Mar- deS-Bet-
bre eft blanc & noir, &qui ne cède gueres aux plus beaux Marbres marbrs
antiques. Le Roy en fait venir des pièces de 20. pieds de long D'E-
pour faire des Colonnes.
                                                                CHEr*
A trois lieues de S. Beat proche le village de Barbafan, eft une Car- MeÇmhe,
riere d'un Marbre de différentes couleurs s le fond eft noir avec des ve '
taches & veines blanches , méfié aufli de veines jaunes, & qui ref-
fèmble à difterens cailloux congelez & joints enfemble. Lés Ouvriers
la nomment Brèche & Sawueterre à caufè qu'elle fe tire proche du vil- brechb.
lage deSauveterre. On en a tiré des pièces de plus de 20. pieds de
long, qu'on a apportées icy pour en faire des Colonnes. Ce Marbre
a une grande dureté , & prend un poly merveilleux.
Il fe trouve encore en Languedoc proche la ville de Cofhe un Mar-
bre incarnat & blanc dont l'on a fait auffi venir des pièces de 20.
pieds de long pour faire des Colonnes. Et aux environs de la Car-
rière d'où on le tire } il y a plufieurs autres carrières de différentes
fortes de marbre.
Auprès de Roquebrue à fix lieues de Beziers, il y a une autre Car-
rière d'un Marbre rouge & blanc qui a une grande dureté & un b eau luf-
tre : l'on en peut tirer des pièces de plus de 30. pieds de long.
Aune lieuë de Roquebrue l'on trouve parmydes rochers un Mar-
bre d'une beauté égale à l'Agathe , dont l'on fait des tables qu'on
appelle d'Agathe -, mais il eft difficile à rencontrer , & ne fè trouve
que par certaines veines entre les rochers.
Le fieur de Formont dont on vient de parler , ayant par Tordre
de M. Golbert renvoyé en Tannée 1675*. le Sr. Miffon pour faire quel-
F 2                                que
-ocr page 67-
44           tyR L'ARCHITECTURE,
que recherche de nouveaux marbres dans les monts Pyrénées & en
Languedoc , il en découvrit à 4. lieues de Narbonne dont le fond
eft violet avec de grandes taches jaunes méfiées d'autres petites ta-
ches blanches qui eft d'une très grande dureté & d'un beau poly.
Ces Marbres font mefmes variez ,■ car il y en a dont les trois cou-
leurs fe trouvent différemment méfiées les unes des autres &d@ cou-
leurs plus fortes & plus foibles.
Il y a encore en Provence proche de la fainte Baume , de^ Mar-
bres qui approchent du i?mvz/<?/d'Efpagne. Et prés de Moulins en
Bourbonnais l'on en trouve qui eft jaune , rouge & bleu & dont
L'on peut avoir de grandes pièces : Il efl facile à travailler & prend
un beau poly.
Les Marbres qui viennent du cofté de Flandre fe prennent ou h
Namur ou à Dinant j celuy-cy eft le meilleur. Il efl fort noir &
plus beau que ceux d'Italie. A trois lieues de Dinant prés Char-
lemont , û y a auffi des Carrières de Marbre blanc tk rouge , ôe
blanc Se noir. Proche Avennes à un village nommé Rance , l'on
tire du Marbre blanc & rouge j Et aflèz prés de là au village de
Barbançon , un autre Marbre blanc & noir.
On appelle un Marbre fier qui a le grain très fin & qui s'éclate fa-
cilement i fà tendrefïè marque qu'il eft d'une bonne qualité , &
qu'il doit prendre un beau luftre : ce n'efl pas qu'il n'y en ait de
fort durs qui prennent bien le poly , mais il y en a auffi qui ne fe
polifïènt pas fi bien.
La manière dont on s'efl toujours fërvy en Italie pour tirer les Mar-
bres de la Carrière Scies détacher de la montagne , a efté de tracer les
pièces tout à l'éntour avec des outils d'acier faits eapointe & à force de
coups de maflè $ mais aujourd'huyon a trouvé en France l'invention
de les faire feier dans la Carrière & fur le rocher,de lamefmegrandeur
dont l'on veut avoir les morceaux : ce qui fe fait avec des fcies de fer
fins dents. Il y a de ces fcies quiont jufques à 2 3. pieds de long, C'eft
parce moyen queleSr. Miflbn quille fècret de fèier ces marbres dansle
Roc avec de grandesfcies qui tournent comme l'on veut, a auffi trouvé
l'induftriedé tirer les marbres deSerancolin par grandes pièces telles
qu'on veut, au lieu qu'auparavant on ne pou voit en avoir que par mor-
ceaux à caufe de ladeheateflède ce Marbre , & qu'il efl difficile de le
tirer des montagnes.
Il fe trouve dans le marbre blanc certaines duretez qui viennent
d'unmeflangede cuivre où d'autre métail qui s'y rencontre, c'eft ce
qu'on appelle de l'Emeril, & ce qui fait de petites taches noires en
quel-
-ocr page 68-
LIVRE PREMIER,                47
quelques endroits. Il s'y rencontre encore r aufti-bien que dans les au-
tres fortes de Marbres j d'autres duretez fèrnblables aux nœuds qui fe
trouvent dans le bois : ces nœuds ne font pas moins difficiles à tailler
que le Porphyre , & ne fe peuvent façonner qu'avec la Marceline :
nos Ouvriers les appellent des Clouds.
Tous les Marbres font prefque d'égale pefànteurqui eft d'environ
yoo. livres pour pied cube. Maisilfautobferverquele Marbreleplus
fier & dont le grain, comme j'ay dit 3 eft le plus fin , eft plus léger que
l'autre , & qu'il y aura plus de 10. livres de différence fur chaque pied,
quoy qu'il paroifle le plus plain & le plus ferré , & que les autres Mar^
bres ayent mefme des vuides & des ouvertures.
Ces Marbres fiers lorfqu'ils font en œuvre font fort fujets à s'écla-
ter , fi lorfqu'on les charge l'on ne metdefTus une matière moins du-
re comme de la pierre tendre. Mais qui voudroit y mettre une au*-
tre Marbre , fans mettre entre-deux une lame de plomb ou du mor-
tier , il y auroit danger que la colonne de Marbre qui porteroit ne
s'éclataft. Car le Marbre a cela qu'il faut qu'il cafte , ou que ce
qui le touche deffùs ou deflbus éclatte 3 fi l'on ne met quelque cho-
ie entre-deux.
Les pierresordïnaires dont on fefert pour Baftîr, font différentes fc- dis
Ion lesdifferens païs. En Italie , particulièrement à Rome , ils em- pIERRSS
ployent beaucoup de Trevertin. Le meilleur fe prend fur les bords du nairÎs.
Tcveron & vers Tivoli. Il eft d'une nature très-dure. C'eft de cette trevb»-
pierre dont les anciens Romains faifoient leurs plus grands Edifices , TINi
comme le Colifée , & plufieurs autres baftimens dont l'on voit encore
aujourd'huy les reftes.
Ils ont encore une autre forte de pierre noiraftre qu'ils nomment Ti- Pipsr^
pemo ou Treperigno qui le trouve aux environs de Rome
                    N0*
Il y a une Pierre blanche dont ils fè fervent beaucoup à Ve-
rnie qui eft fort aifée à tailler. Celle qu'ils nomment Serena Serenaj
eft d'un grand ufage & fort commune à Florence, mais elle n'èft
pas bonne à l'eau j il faut l'employer dans des endroits où elle foit
à couvert. Ils en ont une autre qu'ils appellent del Fojfato qui eft del fos*
plus dure & qui refifte à toutes les injures du temps , de mefme queSATO-
celle qu'ils nomment Tietraforte qui eft très difficile à tailler à
CaU- PiETRAi
fe de fa grande dureté. H y a auffi une pierre noiraftre qui fe tire ï°*"*-
d'un lieu nommé Lavagna aux coftes de Gènes , cette pierre n'eft
propre qu'à faire du pavé , & à couvrir les maifons comme nous
iaifons avec de l'ardoifè.
Sx nous n'avons pas icy tant de Marbre qu'en Italie pour or-
F 5                          ner
-ocr page 69-
46           D E L'ARCHITECTUR E,
ner nos Edifices, nous avons en recompenfe une infinité de différen-
tes pierres beaucoup plus belles & plus commodes à baftir que cel-
les dont je viens de parler. Il n'y a point de Province en France,
où l'on en tire de Fort excellente , principalement aux environs de
Paris. Car il femble que la Nature mefine ait de tout temps voulu
pourvoir aux befoins de cette grande Ville * puifque toutes les cho-
fes neceflaires pour les Edifices qu'on y fait, fe trouve fur le Iieu-
mefme , où y font amenées fi commodément qu'il n'y a pas d'en-
droit au monde où l'on rencontre plus facilement toutes fortes de
matériaux, pour bien baftir. En faifant les fondemens du Lou-
vre , l'on en tire le fable •, 8c toutes les plus grandes pierres
qu'on y employé ne viennent que de S. Cloud 8c de Meudon , à
deux lieues de Paris.
bïs          II y a trois fortes de Carrières autour de Paris -, «fçavoir celles de
¥"iY** Cliquart » de Bonbanc &c de Liais. On tire de celle de Cliquart le
mû aux Cliquart, le Bonbanc 8c le Souchet.
environs Dans celle de Bonbanc, le bas Cliquart 8cle Souchet.
e Park. Dans ceue e|e Liais fe trouve le Liais ou franc-Liais, & deflbus le
Liais Ferault Se le Souchet ; de forte que le Souchet fe trouve en
toutes les trois.
La Pierre de Liais eft la meilleure 8c la plus dure de toutes : elle refif-
te aux inj ures du temps, 8c eft plus propre à employer au dehors, com-
me fait aufli le Cliquart, pourveu qu'il foit chargé ou à couvert -, car
autrement il fè deîite -, le Bonbanc eft encore fort dur, 8c doiteftre
à couvert autant que faire fe peut.
Le Liais Ferault ne brûle point au feu, c'eft pourquoyonen fait les
âtres , les jambages des cheminées , ^ les fourneaux.
Ces bonnes Carrières de Pierre de taille font depuis le derrière des
Chartreux jufques àVaugirard. La Pierre de Liais qui fe tire auprès
de Vaugirar d n'eft pas de fi bon appareil que celle de derrière les Char-
treux * mais le Mouèllon y eft meilleur.
Le Liais des Chartreux fe tire par un trou defix pieds de diamètre ,
8c de quatorze toifes de profondeur. Le Ciel de la Carrière a fix
pieds de haut. Il n'y a que ce feul banc de Liais qui fert pour les
ouvrages qu'on fait aujourd'huy au Louvre \ Il eft immédiatement
pofé fur l'aire de la Carrière , il n'a que le Souchet au deflbus pour
faire la tranchée.
Le Liais eft une Pierre très-dure , blanche Se approchant du Mar-
bre blanc , c'eft pour cela qu'elle reçoit une efpece de poly avec le
Grez , particulièrement celuy de Seniis qui ne fe gafte ny a la gelée,
-ocr page 70-
LIVRE PR E M 1ER.                  47
ny aux autres injures du temps. On dit, tailler , traverfer & po-
lir au Grez.
Outre ces Carrières qui fourniflent une grande partie de la Pier-
re qu'on employé à Paris , il y a celle d'Arcùeil, d'Ivry , de la val-
lée de Fecan, de S. Maur , de Pafly, deCharenton, de S.Cloud,
de Montefïbn , de S. Leu , de Seran , de Trofiy , de S. Maximin ,
du Camp de Cefar, & de Senîis.
La Pierre de taille ordinaire iè vend à Paris à la voye : A chaque
voye il y a cinq carreaux, c'eft à dire quinze pieds de pierre ou en-
viron. Elle s'achette auflî au pied, félon l'appareil, & que les quar-
tiers font de grand ou petit appareil. Anciennement elle fe vendoit
au chariot qui contenoit deux voyes.
On appelle pierre de libage, lors qu'il y en a fix ou fept à la voye.
Quartier de voye c'eft une ou deux pierres.
On fe fert de ces fortes de Pierres pour les fondemens des grands ou-
vrages y car pour les petits on fe contente de mouèllon , qui fe me-
fure à la toifè cube, qui contient 216. pieds.
La Pierre de S. Leu & de Vergelé fe vend au tonneau, qui contient
14.. pieds de pierre cube. Le tonneau eftoit autrefois de deux muids?
& chaque muid contient fèpt pieds cubes.
Celle de S. Leu eft tendre à tailler, mais elle durcit à l'air. Celle
de Vergelé eft plus dure , mais elle eft auflî plus rude & moins po-
lie. Ce qu'on appelle Pierre de Vergelé eft la pierre que l'on tire
du haut des Ciels des Carrières de faint Leu & des environs , que
l'on fait quelquefois tomber par abatis , ce qui arrive mefme fou-
vent par accident } elle fert ordinairement à faire les reveftemens
des Quais le long des rivières , les- voûtes des ponts & des caves *
& autres lieux ibuterrains.
Celle de Senlis dont l'on fe fert au Louvre , vient d'une Carrière
aflez extraordinaire', qui eft à 5-00. toifes de la ville. Il n'y a qu'un
feul banc , qui porte feize ou dix-huit pouces de haut. La Carrière
eft fort profonde , & n'a de hauteur depuis l'aire jufques au haut
( ce qu'on appelle d'ordinaire le Ciel de la Carrière) que deux pieds
fix pouces : ainfi il eft très difficile d'y entrer à caufè du peu de hau-
teur. Et comme la nature de la Pierre eft très-dure & difficile à tail-
ler, & qu'il faut que les Carriers foient toujours couchez en travaillant»
cette pierre eft aflez malaifée à avoir.
De la Pierre de faint Cloud il s'en tire des quartiers d*une gran-
deur extraordinaire : l'on en employé au Louvre qui pefe plus de
vingt-milliers. On les prend à une Carrière nommée la Carrière
des
-ocr page 71-
48           DE L'ARCHITECTURE,
des Grez, qui eft à gauche en fbrtant de Saint Cloud pour aller à
Verfailles. Son Ciel à fix , fept , dix & douze piez de haut. Il
n'y a que ce fèul banc qui fert pour les grands Ouvrages , on l'ap-
pelle le Banc Manc. Il s'en tire des pierres de dix-huit pieds de long
& de trois pieds de large , & plus fi l'on veut j elle porte jufques à
trois pieds de haut.
En Sep- Les deux grandes pierres dont Ton couvrit Tannée dernière le Fron-
ï«74.re ton ^u Louvre, ont efté tirées au deflbus de Meudon, & dans la Car-
rière elles ne faifoient qu'une feule pierre que Ton a coupée en deux, les-
quelles ont chacune cinquante-deux pieds de long , fur huit pieds de
large , & dix-huit pouces d'épaiflèur mife en œuvre. Ces pierres font
très-dures, & approchent de la nature du Liais.
La pierre de Montefîbn eft d'une Carrière découverte depuis
peu au village de Montefîbn à trois lieues de Paris j elle eft d'u-
ne dureté , & d'une blancheur admirable , & qui approche de la
beauté du Marbre : les Balufttes de TEfcalier des Tuilleries en font
faits.
Il y a encore la Pierre dePlaftre qui n'eft pas de bon ufâge à baf-
tir i on en remplit les fondemens des maifbns ordinaires, à quoy el-
le eft très-bonne s car dans les grands Edifices , Ton ne s'en fert
point. Elle amolit pluftoft que de s'endurcir j mais d'ailleurs Ton
fçait afîèz de quelle utilité elle eft dans tous les ouvrages , lorfqu'el-
le eft cuite.
Ces fortes de pierres qu'on employé à Paris, ont des lits , ce qui
ne fe rencontre pas dans tous les autres lieux , ny en toutes fortes
de pierres. C'eft à quoy il faut prendre garde pour ne les pas met-
tre en parement ny de lit en joint , fi ce n'eft aux Entablemens qui
ne font pas à découvert. Car dans tous les endroits découverts , il
ne faut les mettre ny de lit en joint, ny de lit en parement -, ces pier-
res eftantde telle nature qu'elles femblent composées de plufieurs ta-
blettes ou feuillets d'un livre -, ainfî elles n'ont de force que lorfqu'elîes
pofènt Tune fur l'autre , & que ces feuillets font à plat & couchez j
car eftant debout elles ne pourraient fi bien refifter , & feraient fu-
jettes à fe déliter. Il faut pourtant excepter le Liais deSenlis & de Pa-
ris qui ne fè délite pas.
Il faut donc remarquer que û la plufpârt des Pierres dont j'ay riar-
ié, ne font mifes & maçonnées fur leur lit Se de plat, ainfî qu'elles
croifïènt Se fe trouvent dans les Carrières, elles font fujettes à fe rendre.
Il n'en faut qu'une ainfî mal-pofée , pour endommager un Bafti-
ment. Ceft pourquoy toutes les pierres ordinaires, mefme les plus du-
res,
-ocr page 72-
L I V R E PR EMIER.                49
res , ne peuvent refifter aux injures du temps, comme le Marbre
qui n'a point de lit , principalement quand elles font à découvert,
& mues de plat , comme û l'on en vouloit former des Pyrami-
des , car les pluyes & les mauvais temps les gafteroient bien-
toft. Elles fubfiftent dans les baftimens , lorfqu'elles font à cou-
vert des Corniches.
Ce n'eft pas comme j'ay dit qu'il n'y ait certains endroits où les
pierres n'ont pas de lit,." & qui foiit d'une dureté prefque égale au
Marbre. L'Eglife de Chartres qui eft une des plus grandes & des
plus anciennes que nous ayons , eft baftie de ces fortes de pierres
dures qui ne ie taillent qu'à coups de cizeau , & de marteau , & où
la fcie ne peut rien faire. Elles ont efté tirées pour la plus part d'une
Carrière qui eft à deux lieues de la ville , proche un village nommé
Berchere-l'Evêque. Il y avoit aufli d'autres Carrières à Ver& àPraf-
ville » qui ne font éloignées de la mefme ville , fçavoîr celle de Ver,
que d'une lieuë, & celle de Prafville de quatre , & qui font d'une
dureté pareille à celles de Berchere , mais plus pleines , d'un grain
plus uny , & d'une couleur un peu plus brune.
Nous avons encore la pierre de Caën , qui reçoit un grand poli-
ment. Celle de Vernondont leChafteau deGailloneft bafty, qui eft
d'une grande dureté, & d'un beau grain ; fon feul deffaut eft qu'il s'y
rencontre des cailloux , & des fils. Celle de Tonnerre qui eft d'une
blancheur, & d'une beauté admirable , & facile à tailler. En Picardie,
cclledont l'Eglifè d'Amiens eft baftie $ & ainfî dans toutes les Provinces
de France il y a d'excellens matériaux pour la coriftru&ion des bafti-
mens plus qu'en aucun Royaume du monde.
Les Ouvriers qui travaillent fous la conduite de l'Architecte pour Des Ocf
cequi regarde la Maçonnerie, font les Maçons ,dont le principal employ y
RIER!°
eft de bien faire le Mortier , conftruire les Murailles , les eflever
depuis le fondementjufquesauhaut, avec les retraites, & les aplombs
neceflaires -, former les voûtes, & employer les pierres félon qu'elles
leur font livrées par ceux qui font baftir. Quand ce font de gran-
des pierres de taille, c'eft aux Tailleurs de pierres que les Appareil-
leurs
les donnent à tailler , fur leurs paneaux , & fur leurs defîèins.
Les ornemens de Sculpture , fe font parles Sculpteurs va pierre, fous
la conduite des Archite&es.
Dans les grands Atteliers , comme au Louvre , outre les Maçons, x
les Tailleurs de pierre, &les Appareilleurs. Il y a lesTo/èurs qui po-
fent les pierres. Les Halbardiers qui portent des Leviers pour aider à
décharger les pierres de deflus les Binars , & à les mettre en chantier
G                               pour
-ocr page 73-
fo           DE L'ARCHITECTURE,
pour les tailler. Les Bardeurs qui trainent les Pierres fur les petits
chariots. Les Manœuvres fervent les Maçons & portent les gravois, Les
Goujats portent le mortier fur l'Oyfèau. Les 'Tiqueurs ont foin de faire
travailler les Ouvriers, en tenir les roolles , & marquer ceux qui man-
quent à venir aux heures. Les Ckajfe-avant conduifent Se font marcher
les Ouvriers & les Chariots. Les Louveurs font ceux qui font les trous,
dans les pierres, & y placent lés Louves.
Des Ou- Les O util s necefiairespour les Maçons , Tailleurs de pierre, &
ts' Apareilleurs, font l'Auge ou l'Auget, la Truelle, une Règle, un Com-
pas , une Sauterelle, un Bu veau, des Niveaux de différentes fortes,
des Cizeaux, des Mafîès, des Maillets, des Scies, des Marteaux tail-
lants^ au très.
Pour les Sculpteurs en pierre, ils fe fervent des mefmes Outils que
les Sculpteurs en Marbre, & que ceux qui travaillent en bois, dont je
parîeray cy-aprés.
-Outre les Outils & les Inftrumens de main qui fervent pour
barrir , il en faut encore d'autres pour l'élévation des fardeaux , &
pour la conduite des grandes pièces -, ce font des Machines fans
îefqueiles il feroit impofîîble de venir à bout des grandes entrepri-
iés.
Dans les Mechaniques il y a cinq fortes d'Inftrumensprincipaux*
qu'on peut dire réguliers, & dont les forces fontconnuè's : fçavoir le Le-
vier
, h Balance, h Roue avec (cm eiîieu -, lesT oulies ou les Moufles^
& le Tlan incliné fous lequel font compris le Coin & la Vis.
Outre ces Machines l'Architefture employé encore les Puifïànces
mouvantes pour frapper, enlever, pouffer & tirer, qui font de quatre:
efpeces, fçavoir les animaux ; foit hommes, ou chevaux ; la violence du
vent & de l'eau s celle des poids, & celles des refïbrts fous lefquelson
peut comprendre tout ce qui agit par pereuffion, comme font les Mar-
teaux
, les Hies, les Moutons, ou Béliers & autres pareils Engins.
Le Levier eft un inftrument fi ordinaire, & d'une fï grande
utilité , que tout le monde fçait afïèz ce que c'eft. Sous le mot de
Levier on entend auffi les 'Pinces , les cPieds~de-Chevres ou autres
barres de fer qui fervent à mouvoir un corps. II faut confïderer le
Levier comme une ligne droite qui a trois points principaux. Celuy
où eft pofé le fardeau qu'on veut mouvoir, celuy de l'appuy, & enfin
celuy de la main ou de la puifîànce qui meut le Levier. La différente
difpofition de ces trois points eft ce qui donne la force au Levier, & qui
fait que l'on remue un fardeau plus ou moins pefant , avec plus ou
moins de facilité.
Par
-ocr page 74-
LIVRE PREMIER.                  «p
Par exemple fi ladiftancequi fè trouve entre l'endroit de la main qui
pefe fur le Levier, & l'endroit de l'appuy du mefme Levier, eft dix fois
aufîi grande que la diftance qu'il y a de cet appuy jufques au poids
qu'on veut lever ; dix livres de force ou de puifîance foufliendront
cent livres de poids : Et pour peu que la puifîance augmente ou que
le poids diminue , on peut mouvoir le fardeau i car le Levier ré-
prefente une Balance dont le centre eft dans le fléau. Ainfî l'inéga-
lité des diftances eft ce qui donne plus ou moins de force à la puifîance,
& qui fait qu'on remue plus ou moins aifément un fardeau.
La mefîne raifon qui donne de la force au Levier donne le raouve- Des Bo-
rnent & le poids aux Balances, au Tefon ou Romaine, & aux Bafcules\tANCES-
dont la fabrique fè fait différemment félon les differens ufages qu'on
en veut faire j Et quoyquefouventon leur donne d'autres noms , ce
font toujours efpeces deBafcules, quand elles balancent fur un effieu,
ou fur un pivot qui demeure ferme.
Il y a diverfes fortes de Balances, celle que les Latins nom-
ment Sîateran'z qu'un Baflinj & celle qu'ils appellent Libraen a deux.
Elle eft compofée del'Ancepar où on la tient, du Traverfin ou Fléau,
aux bouts duquel les Bafîins font attachez Scfufpendus, de la Languet-
te, & des deux Plats ou Bafîins.
Souslegenrede Roue s on comprend tout ce qui tourne dans un Des
Effieu, foit dans une parfaite rondeur ou autrement ; mefmes les inf- RooïS-
trumens à Manivelles, les Roués à dents, à efchelons ou à rayons, dont
le corps principal ou centre eft l'Efïïeu, qui quelquefois le nomme
aufîi Pivot.
L'on attache fouvent à un mefîne Efîieu plufîeurs Roues, de mefme
ou de différentes grandeurs & figures ; comme pignons ou autres qui
agifîènt & donnent mouvement à d'autres Roues & à d'autres Effieux,
qui font l'effet qu'on defire pour lever quelque poids, félon la fabrique
des Roués & des Effieux, leurs grandeurs & grofîèurs, leur nombre
& leur difpofition.
Sousce mefme genre l'on peut comprendre les Rouleaux, quiRo»-
font des pièces de bois arondies & en forme de cylindre ; elles font d'un t * A ° *•
grand ufàge dans les baftimens pour la conduite des fardeaux.
Tout le monde fçait qu'une Poulie n'eft autre chofe qu'un corps des Pou-
rond en forme de Difque ou d'Affiete, avec un creux ou canal au tour "E*E*
pour entortiller une corde : Et dans le centre il y a un trou pourpafïer ^ou-
un Effieu , à l'entour duquel tourne la Poulie , qui eft emboiftée îles,
dans ce qu'on appelle Echarpe ou Moufle.
Les Poulies font faites pour tirer plus commodément , & éviter
G 2                            la
-ocr page 75-
52           DE L'ARCHITECTURE,
la refîftancequi arrive quand deux corps fe frottent l'un l'autre $
comme quand on tire fimplement une corde le long d'une pièce de bois
ou autre chofe : Car l'inégalité des parties rend le mouvement plus dif-
fkile} ce qui arrive mefme lors qu'une Poulien'eft pas parfaitement ron-
de. Quand il y a plulîeurs Pouliesdans une mefme Efc harpe , on ap-
pelle le tout enfemble une Moufle. Mais lorfqu'il n'y a qu'une feule
Poulie j la Moufle s'appelle fimplement Efc harpe que d'autres difènt
Chapes , comme font ordinairement les Poulies des Puits & autres pa-
reilles , qui ne fervent que pour la commodité du mouvement & le
rendre plus facile.
Lors qu'on veut multiplier les forces, l'on fè fèrt de plufieurs Pou-
lies -, foit qu'elles (oient chacune à part dans leur Moufle , ou bien
qu'une Moufle ait plufieurs Poulies. Mais fi par ce moyen l'on ga-
gne des forces, l'on pert du temps j car la nature ne donne rien d'un
cofté , qu'elle ne fè recompenfè d'ailleurs*
Sous le genre d'Inftrument qu'on appelle Tlan incliné on doiten-
»" tendre tout ce qui fend 5 qui coupe ou qui tranche. Le Coi isr
Coin. cq. comp0fé de deux Plans inclinez , & pour bien fendre , il faut
que l'angle en foit neceflàirement aigu.
Vu.
         La Vis n'efl:autre chofe qu'un Coin qui environne un Cylindre
en forme d'une ligne fpirale. La diftance qu'il y a entre les filets ou
arreftes de la Vis 9 s'appelle un Tas de Vis. C'eft un inftrument
de grande utilité & fort necefïàire dans les machines.
DesMar- L'ufage des Marteaux, des Hies ou Moutons , eft fort ordinaire
£*"*' & connu par ceux qui baftinent. Mais à l'égard des Refforts , l'on
ne s'en fert gueres , fi ce n'eft en quelque rencontre , comme lors
qu'on veut arracher des Piloris y Et pour cela on prend une longue
pièce de bois que l'on attache par le milieu aux Pilotis , & dont l'on
pofè les deux bouts fur deux batteaux remplis d'eau ou d'autre cho-
fe , afin que lorfqu'on vuide les batteaux , & qu'ils viennent à s'é-
lever par la force de l'eau , fur laquelle ils nagent , en faifant plier
la pièce de bois , ils luy donnent aufîi par le moyen de fon refïôrt »
la force de tirer les Pilotis.
Les Machines ordinaires pour fraper& pour paver font les tDamoi-
felles
, les Sonnettes , les Hies.
Les Moutons fervent à enfoncer des pieux lorfqu'on fait des Pilotis.
Pour tirer & élever des fardeaux, on employé les Roues , les Chè-
vres,
les Engins, les Efcoperges, les Grues, les Gruaux, les Vindas,
les Singes, & les Vérins , dont il fera parlé au Chapitre de la Charpen-
terie.
EXPLI-
-ocr page 76-
LIVRE PREMIER.                  f $
EXPLICATION DE LA PLANCHEIX.
Outils neceffaires four la Maçonnerie.
O Niveau.
P Efpece de Rabot qu'on nomme
en Lorraine une Houe.
Q Compas à faujfe Equaire.
R Autre petit Compas.
S Cizeau à Louver. Il a d'ordi-
naire
18. pouces de long.
T Truelle à Tlaftre.
Truelle à Chaux & Sable.
X Truelle bretée.
Y Rabot pour faire le Mortier,
A Grande règle à Mouchette.
B Tlomb à Règle.
C Tlomb à Chats.
Y) Equaire.
E Buveau,
F Sauterelle.
G Faujfe Equaire.
H Louve.
I Louveteaux.
L Oeil de la Louve.
M S. de la Louve.
N Ojfeau,
G3
Plan-
-ocr page 77-
E li' ARCHITECTUREi
n
EXPLÏ-
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LIVRE PREMIER.
57
EXPLICATION DE LA PLANCHE X.
A Te/lu à démolir.
B Majfe de fer pour abatte & fen-
dre-la pierre.
C Coin de fer.
D Teftu à arrefte.
E Oeil du Teftu.
F Manche du Teftu.
G Langue de Bœuf
H Marteau bretelé pour la pierre
tendre:
I Marteau bretelé pour là pierre
dure.
L Grelet ou Teftu à Limo/m.
M cDefcintroir.
N Oeil du'Defcintroifc
O Une Tioche:
P Cifeau à cifeler la pierre. Il
y en a de différentes grandeurs
quoyque de mefme forme.
QJFer quarré. Il y en a aujft qui
font bretelez.
R Maillets de bois.
S Gouge. Il y en a de diverfes lon-
gueurs.
T Riflard bretelé. Il y en a de de-
verfes largeurs.
Crochet.
X Rondelle.
Rippe.
Plan-
-ocr page 79-
M
DE L'ARCHITECTURE,
EXPLI-
-ocr page 80-
LIVRE PREMIER,               j7
EXPLICATION DE LA PLANCHEXI.
A Un Tic.                                 E Un Bar.
BUne Telle de bois.                   F Un Bouriquet.
C Une Auge ou Auget.               G Broyer du Bouriquet avec fin
D Un Baquet à Mortier,                S.
Plan*
H
-ocr page 81-
US         D E', MA R C H I T E C T U
JJ^AKCHE XX. ....."" ~"
EXPLL
-ocr page 82-
LIVRE
EXPLICATION Dl
A Une Civière.
B UnBrancart a monter des <Pier~
res.
C Une fcie dentelée pour la Tier*
te tendre.
PREMIER.               
LA PLANCHE XII.
D Une Scie fans dents,
E T>es Couteaux à Scie.
F line Fiche à ficher le Mor-
tier.
Plan-
-ocr page 83-
-rïa-xa
a >i n x d a x i h o'a
-ocr page 84-
LIVRE PREMIER,
Si
EXPLICATION DE LA PLANCHE XIIL
Des Machines.
I Poulie.
K Efcharpe ou Chape de la Pou-
lie.
L<Moufle■, qui fontpluJieursPou*
lies dans une mefme Chape\
M Coin.
N ??/»
A Le Levier.
B La 'Pince.
C Le Pied de Chèvre.
D La Balance appettée Libra.
E La Balance nomméedatera.
F La Romaine,
G Roué
H Rouleau,
H?
Plak-
-ocr page 85-
$ E V ARCHITECTURE*
6%
-ocr page 86-
LIVRE PREMIER,
ôj
CHAPITRE XIII.
*De l'Architecture Militaire,
LA fin principale de l'Architecture en gênerai eftant de régler &
de bien conduire, comme nous avons dit d'abord , tout ce qui
appartient à la Structure des Edifices publics, tels que font les Tem-
ples, les Palais deftinez pour les Souverains , ceux où Ton rend la
Juftice 3 les Maifons particulières , les Rues , les Places publiques &
tous les autres lieux , dont nous avons parlé ; On ne fçauroit douter
que la Fortification ne foit une partie, non feulement très-utile, mais
des plus importantes dans cet Art, puifqu'elle a pour objet la confer-
vation d'unEflat, enrefidant, avec un petit nombre d'hommes, aux
efforts d'une grande armée & d'un puifïànt ennemy.
Quand on confidere la Fortification comme une partie de F Archi-
tecture en gênerai , on la nomme Architecture Militaire j
Et elle diffère principalement de l'Architecture Civile , en ce que
celle -cy a pour dernier but d'enrichir d'Ornemens les Baftimens
qu'elle conduits au lieu que la Militaire fans penfer prefque aux Or-
nemens , employé tous fes foins à rendre les murailles fortes Se ca-
pables de refifter aux injures du temps , aux coups de canon , &de
les difpofer avec une telle industrie , les unes à l'égard des autres *
qu'il n'y ait aucun endroit au tour d'une place , qui ne foit veu »
bien flanqué & bien défendu.
Quoyqu'ilyaitunfemps immémorial qu'on s'eft avifé d'environner
les Villes de Murailles accompagnées de bonnes Tours, le mot de For-
tification
n*eft pourtant gueres vieux , non plus que l'Art qui eft com-
pris fous la lignification de ce nom. Il n'a commencé d'avoir cours
que depuis l'ufage des Canons , dont les effets terribles ont obligé
îes hommes de changer &d'adjoufter tant dechofes à l'ancienne flruc-
ture des Murailles des Villes, que ces changemensontefté jugez fuffi-
fans pour former un Art tout nouveau, qu'on a nommé Fortificatior^
àcaufedes grandes forces qu'il fournit à ceux qui font dans les Villes^
pour fè défendre contre leurs ennemis.
Les Architectes qui s'appîiquentparticulierement à cette forte d'Ar-
chitecture , on efté appeliez Ingénieurs à la différence des autres -, peu t-
gftre à caufe des ingenieufès inventions qu'ils font obligez démet-
tre
-ocr page 87-
C$4            DE L'ARCHITECTURE,
tre en ufage dans les befoins qui fè prefentent fou vent , tant
dans la Fortification , que dans l'attaque & la défenfe des Pla*
ces.
Les premiers Ingénieurs qui ont écrit de la Fortification confédérée
comme un art particulier, ont efté Rameli & Cataneo Italiens. Après
ceux là Jean Erard Ingénieur de Henri le Grand & de Loiiis XIII. Si-
mon Stevin Ingénieur du Prince d'Orange, Marolois, le Chevalier de
Ville 3 Lorini, le Comte dePagan, &plufieurs autres plus modernes
ont beaucoup contribué à augmenter & à réduire cet Art dans la
perfection où il eft aujourd'huy.
De tous ces Auteurs leComtedePagan eft celuy qui a fait les plus
belles découvertes , & qui nous a preicrit les plus folides maximes -,
je les toucheray légèrement, mon intention n'eftant que de donner
une teinture des Arts dont je traite.
Toutes les Fortifications fe règlent par des Lignes & par des An-
gles , qui ont des noms differens félon leur ufage, auquel je m'atta-
cheray, ôrnon pas aux étymologies.
Les Places fortifiées à la Moderne ne fe compofent gueres que de
Baftions & de Courtines , & quelquefois de demy-Baftions , félon
le terrain ; de Cavaliers, Faufle-brayes , Foflez , Contrefcarpes,
Chemin couvert , Demy- Lunes , Raveîins , Ouvrages-à-Corne,
Ouvrages à Couronnes, Efplanades, Redents , Conferves ouCon»
trégardes & Tenailles.
11 y a d'autres parties âccefloires & mobiles, que j'ajoufteraydans
les définitions fuivantes -, de mefrne que les fubdivifions des parties,
dont je viens de parler.
Un Baftion fe compofe de Pans ou Faces , de Flancs Amples à
la Erançoife & à la HoUandoife , ou de Flancs couverts & retire?
à l'Italienne & à la Paganne ; de Cafemattes, d'Orillons, d'Angle
Hanqué , Centre du Baftion, Angle de l'Epaule , Ligne capitale ,
Gorge, Sec.
Les principaux Angles font l'Angle de la Figure, l'Angle du Cen-
tre, l'Angle flanquant, l'Angle flanqué , l'Angle de l'Epaule , l'Angle
du Flanc & l'Angle diminué. Tous les Angles font faillans ou rentrans,
vifiblesouinvifibles. Les faillans font ceux qui s'avancent vers la cam-
pagne, & les rentrans ceux qui fe retirent en dedans.
Les Angles flanquez, ceux de l'Epaule, & ceux du Baftion font vi-
sibles, de mefmeq'ue ceux des Demi-Lunes & autres dehors. Les An-
gles de la Figure du Centre , flanquants & diminuez , font invifibles,
Se ne fervent que pour la conftrudion,
-ocr page 88-
LIVRE PREMIER.                   6?
'Définitions de toutes les 'Parties d'une T'lace fortifiée, & première'
ment des Lignes qui la compofent.
'Place fortifiée, eftunlieu bien flanqué & bien couvert.
Citadelle y eft une petite forterefïè , qui commande une grande
ville, & qui n'a point d'autres habitans que la garnifbn des foldats.
Fortins ou Forts de campagne, font ceux que l'on fait en rafe cam-
pagne, & qui font détachez des Places -, on ne s'en fèrt que pour un
temps, & comme ordinairement ils font petits , les cotez extérieurs
du Polygone ont moins de cent toifèsj c'eft à dire moins que la dis-
tance d'un Baftion à l'autre.
Cha(leau> eft un lieu fortifié à l'antique, entouré de fimples mu-
railles & fofïèz , & de tours fans aucun rempart.
'Donjon y eft le nom d'une forterefïè antique à quoy nos citadel-
les ont fuccedé : ordinairement c'eft une grande Tour ou réduit d'un
Chafleau pour y faire la dernière retraite.
Réduit, eft tout lieu avantageux & retranché dans une Place con-
tre les feditions du peuple, ou contre les ennemis d'un Eftat.
Ville clofe, eft Amplement une ville environnée de murailles.
'Place régulière, eft celle qui a les cotez & les Angles égaux.
'Place irreguliere, eft celle qui a les cotez inégaux , ou en tout i
ou en partie.
Toute Figure prend fbn nom du nombre des Angles qui la com-
pofent} d'où viennent les noms grecs de Trigone, Tetragoney Pen*
tagone
, Exagone> Eptagone , Oâlogone , Enneagone , 'Décagone■,■
Endecagone, 'Dodécagone , 'Polygone, qui eft la mêfme chofe que
de dire à 3.4. f. 6.7.8.5). 1 o. 11. 12. ou plufieurs Angles ou Baftions*
Bafiions, font de grands Corps de terre élevez, fbuftenus de mu-
railles, de gazon ou de terre battue, difoofez en pointe & avancez
fur les Angles faillans du corps de la Place, & dont les parties font deux
faces & deux flancs.
Courtine eft la ligne ou muraille qui eft entre les Baftions.
Faces ou pans] d'un Baftion font les deux lignes qui forment
l'Angle faiîlant , ou flanqué depuis ledit Angle jufques à celuy de
l'Epaule.
Les Flancs fimples, font les lignes qui vont de l'Angle de l'Epau-
le à la Courtine, & qui ont la principale fonftion de la défenfe du
Fofle&delaPlace.
Flanc retiré ou fane ouvert, eft celuy qui eft pratiqué dans l'en-
I                              fon-
-ocr page 89-
66            DE L'ARCHITECTURE,
foncement de l'autre moitié qui aboutit à la Courtine. Les flancs
retirez font fouvent compofez d'OnlIon & de places hautes & places
baffes, pratiquées dans la demi-gorge du Baflion, pour n'eftreveuës
que de la contrefcarpe oppofée , & non de la campagne, comme
ie font les flancs fimples.
Orillon ou Epaulement d'un Baftion, efl félon M. Pagan une par-
tie du flanc qui aboutit du flanc retiré à l'Angle de l'Epaule.
Cafemattes, font des places ou batteries voûtées l'une fur l'au-
tre , qu'on faifoit dans les flancs pour y loger le canon *, On ne
s'en fort plus gueres à caufe que les batteries des affaillans enter-
roient l'artillerie de ces cafemattes dans la ruine des voûtes , outre
que la fumée en efl: incommode.
T laces hautes, moyennes & baffes font des flancs retirez & prati-
quez en forme de degrez, & l'un derrière l'autre.
Flanc rafant, efl: ceîuy dont les coups tirez ne font que rafor la
face du Baftion.
Flanc fichant efl: celuy dont les coups fc fichent dans la face diï
Baftion oppofé.
Il y a Flanc droit rafant; Flanc droit fichant, fécond Flanc, Flanc
oblique, & Flanc en Courtine. Le fécond Flanc
ou feu de la courti-
ne
ne fo trouve qu'aux Places à flancs fichants ; & c'eft la portion de
la Courtine qui découvre la face du Baftion oppofé.
Ligne de défenfe y c'eft la ligne tirée depuis l'Angle de défenfo
jufques à la pointe du baftion , & proprement le chemin que font
les baies tirées de l'Angle, que fait le flanc avec la Courtine jufques
à la pointe du Baftion oppofé. Elle eft rafante , fi partant dudït
Angle, elle rafe parallèlement la face du Baftion oppofé -, & elle eft
fichante, û la ligne de la face du Baftion prolongée, coupe la courtine.
Rayons font les Lignes qui partent du centre de la Figure, & B-
niflènt à l'Angle de la Figure, foit externe, foitinterne. On les ap-
pelle auffi T>emidiametres.
Ligne capitale, efl: celle qui eft tirée depuis l'Angle du Baftion
jufques à l'Angle de la Figure intérieure , qui efl le centre du
Baftion.
Centre du Baftion efl: le point où fè rencontrent les deux demy-
gorges.
Gorges du Baftion, ce n'efl: que la prolongation des Courtines
depuis leur Angle avec le flanc, jufqu'au centre du Baftion où elles
fc rencontrent.
Cafté extérieur de la Figure ou du Toljgoney ou félon quelques- uns la
Bafe
-ocr page 90-
LIVRE PREMIER.                     6j
Bafe, eft la ligne imaginaire qui part de l'Angle flanqué d'un Baftion à
celuy qui luy eft oppofé.
Coflé intérieur de la figure •> eft la ligne qui va du centre d'un Bas-
tion à l'autre, & qui eft compofëe de deux demy-gorges & de la Cour-
tine, dont la Courtine fait la plus grande partie.
Rempart^ eft une levée de terre tirée du folle, laquelle couvre &
environne la place. Ordinairement un Rempart a fon'Parapet, Ter-
replain
, Talus intérieur & extérieur» une Muraille de maçonnerie
qu'on appelle Chemife , lorfqu'il eft reveftu -, & de plus une Berme
lorfqu'il ne l'eft pas.
Terreplain, eft la partie fuperieure du Rempart, horifontée & appla-
nie avec un peu de pente du cofté de dehors, pour le recul du canon.
Talus eft une pente qu'on donne à la terre ou muraille, afin qu'elle
ait plus de pied & de force, pour fouftenir la pefanteur du Rempart.
Berme ou Relais c'eft un efpace ou retraite de trois, quatre ou
cinq pieds, félon la hauteur qu'on laifle en dehors, entre le pied du
Rempart & l'Êfcarpe du fofle , pour recevoir la terre qui s'éboule.
Elle ne fe fait qu'aux Ouvrages de terre.
Chemife, eft la folidité de la muraille dont le Rempart eft revef-
tu & fouftenu : elle eft à plomb en dedans, & elle a en dehors la 4. f, ou
6. partie de fa hauteur de Talus, félon la bonté des matériaux.
Contreforts ou E/perons, font des portions de murailles perpendi-
culairement jointes à la principale, & en diftance de vingt ou trente
pieds les unes des autres^ elles entrent fi avant qu'on veut dans le Ter-
replain : On ne s'en fert plus gueres qu'en de grandes élévations.
'Parapet eft une élévation de terre ou de pierre par defïus le Rem-
part, de f. à 6. pieds de hauteur, compris la Banquette, pour cou-
vrir le canon & les hommes qui combattent. S'il ne doit eftre que
pour fe défendre du moufquet, quelque efpaifîèur que ce foit, fuf-
fitj mais contre le canon un Parapet doit avoir dix-huit à vingt pieds
dé large pour eftre à l'épreuve, s'il eft de terre, ou 6. à 8. pieds s'il
eft de pierre.
Tout Parapet a fes Embrazures & Merlans , Banquettes & Gla-
cis.
Les Embrazures & les Merlons ne s'y trouvent qu'aux endroits
où il y a du canon, Les Embrazures ont des ouvertures , dans les-
quelles on le pointe pour le tirer à la campagne , ou dans le fofle :
& les Merlons font les monceaux de terre ou de pierre qui font entre
es Embrazures, c'eft ce que nos Anciens appelloient Cameaux ScMer-
ans
, & par où l'on tiroit les flèches à couvert, avant l'ufàge du m ou f-
uet. Etparcequelehaut du Parapet n'eft pas de niveau, mais qu'il
I 2                              a
-ocr page 91-
68            DE L'ARCHITECTURE,
a de la pente vers la campagne, on appelle Glacis cette pente.
Banquette eft une marche ou degré d'un pied& demy de hauteur
derrière & au bas du Parapet, fur laquelle montent les Moufquetaires
pour découvrir la contrefcarpe, & tirer fur les ennemis : ils en dépen-
dent pour charger leur moufquet. On n'en fait qu'une furie Rempart
de la Place, parce qu'on eft afïèz à couvert à caufe de l'élévation •> mais
au chemin couvert on en fait deux ou trois.
Chemin des Rondes tft. un efpace qu'on îaifîoitpourle pafîàgedes ron-
des entre le Parapet &la Muraille, afind'en pouvoir découvrir le piedj
mais parce qu'il n'avoit qu'un Parapet d'un pied d'épaiflèur, & que
dans les fieges il étoit d'abord renverfé par le canon des Aflaillans, on
ne s'en fertprefquepîus.
Cordon eft une bande depierre arondie en dehors qui fe met entre la
muraille qui eft en Talus, & le Parapet qui eft aplomb, afin que cette
différence ne choque point la vûë. On n'en fait qu'aux Ouvrages de ma-
çonnerie , & ne fervent que d'ornemens y ils régnent tout au tour de la
place. Aux ouvrages de terre on met des fraifes au lieu.
Gueritte eft une petite retraite ou logement à couvert des injures
du temps, pour y loger de nuit les Sentinelles,' qui gardent la place;
on en met ordinairement trois à chaque Baftion ; à l'Angle flanqué
& aux deux Angles de l'Epaule ; fur les portes, & au milieu des Cour-
tines, lorfqu'elles font longues.
Cavalier eft une élévation de terre fur le Terreplain du Rempart,
vers les Angles des Courtines, & des flancs ; ou fur les Battions pour
découvrir la campagne de loin avec le canon.
Corps de garde eft le logement d'une bonne Compagnie d'Infan-
terie en quelque pofte; & c'eftde là qu'on envoyé en faction ou fèn-
tinelle les Soldats , les changeant deux ou trois fois la nuit. Il y a
des Corps de garde aux portes & aux gorges des Baftions & au bas
du Rempart.
FauJJe-braye, eft un efpace qu'on laiffè au pied du Rempart ou
de la muraille, qui eft faite pour défendre l'approche de la Contref-
carpe en rafant la campagne fi elle eft plus haute. Elle aaulîï un au-
tre ufage, qui eft pour empêcher que les ruines des batteries ne tom-
bent dans le fofïë. On luy donne environ 30. pieds de largeur pour le
recul du canon tout au tour de la place. Elle a un Parapet à l'épreuve
du canon, & ne fert qu'à défendre le pafîàge du foflé. On ne s'en
fert plus, depuis que l'expérience a fait voir que ceux qui la défen-
dent ne s'y fçauroient tenir depuis que l'ennemy eft logé fur la Con-
trefcarpe vis-à-vis de l'Angle flanqué, d'où il enfile & découvre tou-
te
-ocr page 92-
LIVRE PREMIER.                     69
te la portion qui eft au bas des faces du Baftion : elle feroit bonne aux
flancs & à la courtine.
Foffé eft l'efpace creufé entre la place & la campagne d'où
l'on tire la terre pour l'élévation du Rempart & pour l'efplana-
de du chemin couvert.
Cunette eft un petit foffé au milieu du grand, qu'on tient rem-
ply d'eau, ou de bourbe fi l'on peut , avec de hayes vives &
buifîbns tout au long, pour fè garantir des furprifes. ,
Reveftement, eft le mur qu'il y a du côté de la Place , foit
qu'il fouftienne la Faufle-braye, foit qu'il fouftienne fimplement
le Rempart.
Toterne, c'eft toute faufle Porte qu'on fait plus commode*
ment dans l'Angle du flanc & de la courtine, pour faire des for-
ties fècrettes par le fofle.
Caponnieres , font des logemens couverts qu'on fait dans le
fond d'un fofle foc pour loger des foldats.
Batterie ■> eft un lieu où l'Artillerie eft à couvert & en état de tirer,
pofée fur une Platte-forme de groflès planches fur des folivesj & der-
rière un bon Parapet à l'épreuve, percé d'autant d'embrafures qu'il
y a de Canons. Les Batteries de campagne font entourées de foflèz,
quand elles peuvent eftre infultées des ennemis.
Mine, eft une Chambre fouterraine qu'on fait fous le Rempart ou
fous la Face d'un Baftion, à laquelle on va par un chemin oblique Se
par des détours j qu'on charge de la poudre qu'on juge eftre necef-
faire félon la hauteur & pefanteur des corps qu'on veut enlever
& renverfer pour aller à l'aflâut.
Contremine, eft proprement une Gallerie intérieure voûtée de trois
pieds de largeur & fix de hauteur , qu'on pratique dans l'épaiflèur
de la muraille tout au tour d'une place.
On appelle auflï Contremines, ou Cafemattes les Puits & les Ra-
meaux qu'on fait dans le Rempart du Baftion jufques à ce qu'on en-,
tende travailler le Mineur, & qu'on évente la Mine* on y jette en
mefme temps quantité d'eau, pour la rendre encore plus inutile.
Fougade ou Fourneau , eft une Mine légère qu'on fait feulement
dans l'épaifîèur d'un mur ou de quelque petit travail.
Sape , eft un travail qui fe peut entendre de plufieurs façons ;
comme, lorfqu'on s'attache avec le pic & la pelle au pied de quel-
que corps de terre pour le renverfer fans poudre à canon î ou bien
à uneEfplanade pour la percer , & mefme lorfqu'on poufîe une
tranchée droite & enfilées mais enfoncée en terre & couverte avant
I 3                             que
-ocr page 93-
7o            DE L'ARCHITECTURE,
que d'arriver à faire un logement fur un chemin couvert.
'Définitions des ^Dehors.
^Dehors font tous les Ouvrages qui font détachez du Corps de
la place. Il y en a de plufieurs façons & de*plufieurs figures fé-
lon le terrain & la fîtuation des lieux, dont voicy les noms.
Contrefearpe , eft proprement la ligne qui termine le fofTë du
cofté de la campagne, ou le Talus qui fouftient la terre du che-
min couvert : Sous le nom de Contrefcarpe on comprend auffi quel-
quefois le Chemin couvert, que l'on nomme auffi Coridor.
iDemj- unes , font des Angles iàillans & flanquez , qui font
ordinairement formez furies Angles rentrans de la Contrefcarpe,
vis-à-vis du milieu des Courtines. On en met auffi devant les
pointes des Bâfrions félon le terrain , & pour couvrir les Ouvrages
à Corne. Elles n'ont que deux faces, & font de toutes parts entou-
rées de fofièz. Elles peuvent eftre avec des Flancs , auffi bien
que fans Flancs, de mefine que les Ravelins, dont il y en a qui
font attachez aux Courtines dans les Fortifications anciennes, &
d'autres détachez. Autrefois & dans l'origine, les Demy-Lunes ef-
toient proprement celles qui eftoient à la pointe des Baftions , à
caufè qu'elles font arondies en croiflànt par derrière. Et l'on nom-
moit Ravelins celles qui eftoient dans les Courtines. Mais prefèn-
tement on fè fort du mot de Demy-Lune pour tous les Ouvrages
Triangulaires.
Chemin couvert ou Coridor, eft un efpace de quatre ou cinq
toiles de large , qui règne tout au tour de la place & des Demy-
Lunes. On les fait prefèntement de fept à huit toifes. Il a fon Pa-
rapet élevé fur le niveau de la campagne avec les Banquettes , &
fon Glacis, qui depuis la hauteur du Parapet doit fuivre le Parapet
de la place julques à fe perdre infenfiblement dans la campa-
§nc-
Efplanade ou Glacis de la Contrefcarpe , n'eft autre choie
que le Parapet du chemin couvert f & tout le terrain qui fo perd
dans la campagne.
Ouvrages Couronnez ou à Couronnes font des pièces avancées
vers la campagne pour gagner quelque commandement ou éminen-
ce. Ils font compofcz de deux grands coftez ou aifles , qui tom-
bent fur la Contrefcarpe , à l'endroit des faces d'un Baftioni en
forte qu'ils en font défendus â & prefentent du cofté de la cam-
pagne
-ocr page 94-
LIVRE PREMIER.                   71
pagne tin Baftion entier entre deux demy-Baftions , dont les faces
fè regardent. Ces Ouvrages ont auffi leurs Demy-Lunes.
Les Ouvrages à Corne ne différent des Couronnez, qu'en ce qu'ils
ne prefentent à la campagne que deux demy-Baftions terminez par
de pareilles aifles. On met aufïï ceux-cy vis à-vis des Courtines, fé-
lon que la necefîîté le requiert.
Tenaille eft proprement un Ouvrage pareil à ceux à Corne ; i! en
diffère ordinairement en ce qu'au lieu de deux demy-Baftions, il ne
porte en tefte qu'un Angle rentrant entre les mefmes aifles fans Flancs -,
quelquefois elles en ont comme les autres.
Contregardes ou Conferves font des pièces triangulaires parallèles
ou Baftions qu'elles couvrent entre le Fofîe & la Contrefèarpe. El-
les ont leur Rempart, leur Parapet, leur Foffé&leur Chemin cou-
vert j & ne font défendues que des Demy-Lunes ou Ravélins, qui
couvrent les Courtines. Et ne font différentes des Demy-Lunes que
par ce qu'elles ne font pas fî larges & font plus longues.
Redents font des Angles faillans en forme de dents de fcie qu'on
met ordinairement aux Parapets d'un Chemin couvert , ou autre
ouvrage enfilé par quelque émincnce , qui le voit obliquement, ce
qui fe fait pour couvrir les foldats.
Logement eft lorfqu'ayant gagné fur les ennemis la Contrefcar-
pe ou un autre pofte, l'on s'y loge & l'on s'y retranche pour empê-
cher les ennemis de le regagner.
Tranchée d'approche eft un chemin oblique , par lequel on va à
une place, fans en eftre vu -, ou des Lignes obliques qui n'aboutif-
fent jamais aux ouvrages de la place qu'on attaque. Elles ont leur
Parapet par tout du cofté de la place , avec deux Banquettes , &
quelquefois des Redoutes à leurs Angles faillans , pour fouftenir
l'effort des forties.
Boyaux font des tranchées qui vont en ferpentant & fans Angles,
comme les font les Turcs. Ces Lignes courbées font les unes devant
les autres, & toutes parallèles à la face que prefente la place qu'on
attaque, comme on a vu au fiege de Candie où ce terme s'eft mis
en vogue.
Lignes de Chcowvallation fout des retranchemens qu'on fait au
tour d'une place , quand on veut l'attaquer , afin qu'il n'y entre
point de fecours. Ce font des Lignes flanquées de la longueur de la
portée du moufquetj ou par des Redents & d'autres petits travaux,
ou par des forts de campagne qu'on fait aux poftes les plus confide-
rables ou éminens.
Lignes
-ocr page 95-
7%            DE L'ARCHITEC T U R E,
Lignes de Contrevallation fe font au rebours de celles de Circon»
vxllation
, &avec le fofle du côté de la place, lorfque lagarnifon y
efl: forte, qu'on la veut affamer, ou mettre les quartiers de l'armée à
couvert de l'infulte des forties.
Trofil efl la coupe ou feclrion imaginaire d'un plan ou d'une pla-
ce à Angles droits, pour marquer & reprefènter exactement toutes
les hauteurs & largeurs des Remparts, Parapets, Murailles, Talus,
Fofïez, Chemin couvert & Efplanade, ce que ne fait pas l'Ichnogra-
phie, qui ne marque que les longueurs & les largeurs.
^Définitions des Angles d'une Fortification.
Angle du Centre eft celuy qui fe fait au centre de la Place par îe
concours de deux prochains rayons tirez des Angles de la Figure.
Angle de la figure intérieure eft celuy qui fo fait au centre du Baf-
tion par la rencontre des cotez intérieurs delà Figure.
Angle du Tolygone ou de la Figure extérieure eft celuy qui fè fait à la
pointe du Baftion par la rencontre des deux cotez extérieurs ou Bafes
duTolygone.
Angle flanqué eft la pointe du Baftion comprife entre les deux fa-
ces 3 on peut auffi dire V'Angle flanqué d'une demy-Lune.
Angle flanquant eft celuy qui fe fait par la rencontre des deux li-
gnes de défenfê razantes. C'eft-à-dire des deux faces du Baftion
prolongé.
Angle de l'épaule eft celuy que font les lignes de la face Se
du Flanc.
Angle diminué eft celuy qui fe fait par la rencontre du côté exté-
rieur du Tolygonei & de la face du Baftion.
Angle faillant eft celuy qui prefente la pointe vers la campagne.
Angle rentrant eft celuy qui la prefente vers la Place.
Explication & 'Définitions de plufieurs pièces détachées & mobiles
concernant les Fortifications & l'attaque des T laces.
Les Tonts des Places font Dormans ou Tents-levis qui font les
meilleurs, il yen a à Bacules & à Flèches,
Les Tonts à Bacules fe lèvent d'un côté, & baifïènt de l'autre en
forme de trebuchet. Ce font auffi des Portes qui fe lèvent en forme
detrebuchet par le moyen d'un contrepoids.....
Lies Tonts à Flèches fe lèvent Se fe baifïènt tous entiers ayant leurs
mouvemens
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LIVRE PREMIER.                    73
mouvemens du côté de la porte , & l'autre bout fufpendu par des
chaînes de fer , fbuftenuës par des flèches dont le mouvement les
fait haufïèr & bailler.
Après le Pont-leVis & la Porte, il y a d'ordinaire une autre Con-
treporte fufpenduë & faite de pièces de bois croifées quarrément avec
despointesdeferparlebas. On appelle ces Contreportes des Herfes
ou Sarrajïnes qu'on laifïe tomber lorfque la première Porte a été en-
foncée par le Pétard : l'on s'en fèrt auiîi contre les furprifès de jour
ou autrement.
Orgues font de grofles pièces de bois ferrées par le bout, & fu [pen-
dues de mefme que les Herfès, defquelles elles différent en ce que les
pièces des Herfès font liées enfèmble -, Se les Orgues font des pièces dé-
tachées qui ne peuvent eftre toutes arreftées ny rompues à la fois com-
me les Herfes.
Barrières font de gros pieux plantez' à huit ou dix pieds l'un de l'au-
tre, hauts d'environ quatre pieds, & percez par les bouts pour pouvoir
faire courir par ces trous une grofîe traverfe qui arrefte ceux qui vou-
draient entrer avec promptitude. Elles fè mettent aux premières ave-
nuësd'une Place, à l'Efplanade, aux Demy-Lunes,&c. aux pafTages des
charettes & gens de cheval. Il y en a auffi qui tournent fur un pivot.
Moulinets font des croix de bois qui tournent de niveau fur
un pieu de bois,& fè mettent à côté des Barrières par où paflent les gens
de pied.
Cheval de frife eft une poutre ou grofïè folive quarrée d'environ
dix ou douze pieds de long, traverfée par trois rangs de pieux de
bois d'environ dix à douze pieds de long qui fe croifent, &font
armez de pointes de fer par les bouts. Il peut fervir de Barrière à
une avenue , balancé horizontalement fur un pieu qui le fupporte
fous le milieu, en forte qu'on le puiflè fermer & ouvrir. Mais fon
principal ufàge eft pour en mettre bon nombre attachez les uns aux au-
tres aux poftes où l'on appréhende quelque furprifè de Cavalerie,
tant en campagne qu'aux plus faciles avenuësd'une place affiegée; &
fous ia portée du piftolet au de là du chemin couvert, pour recevoir &
couvrir ceux qui font les forties, & pour arrefter la Cavalerie & l'Infan-
terie des ennemis.
Chauffetrapesfont des Fers quiont quatre pointes de deux pouces de
long en forme d'eftoile j & faits de forte qu'ils ont toujours une jointe
en haut de quelque façon qu'on les jette. On les fème ordinairement fur
les avenues où l'on craint la Cavalerie : aux brèches, aux foflez & autres
lieux.
K                                  / Gai-
-ocr page 97-
74               DE L'ARCHITECTURE,
GallerieeSt un pafîàge couvert de tous cotez de bonnes planches s
l'épreuve du moulquet, fous laquelle on paflè le fofle de la face du
Baftion, lorfque rartiîîerie du Flanc oppoféeft démontée. Elle abou-
tit à l'endroit de la mine, & on y defcend infenfiblement du bas du
Glacis de l'Efplanade, après l'avoir percé : Nos François ne s'amu-
fent plus gueres à toutes ces cérémonies, &; ne s'en fervent point il
y a long-temps.
Mantelet eft une couverture de Madriers ou grofles planches,
qu'on incline contre une muraille , quand on la veut faper ou mi-
ner. Il doit eftre à l'épreuve du moufquet par les cotez , mais plus
fort au deflus, a caufe des groflês pierres qu'on peut jetter. On le
couvre aufîi de peaux de bœuf tendues , afin que les feux d'artifi-
ce ne lepuiflènt bruflerj on s'en fert auflien d'autres occafions. Il
s'en fait de plufieurs façons , & il y en a que les Mineurs qui font
deflbus à couvert, font rouler devant eux durant le jour pour s'ap-
procher des murs, ou tours d'un Chafteau ou autrement.
Les Blindes fe font de deux ou de plufieurs pieux, qu'on met dç-
bout, & fur une mefme ligne en diftance de fix ou de huit pieds,
avec des tra verres de la telle de l'un à celle de l'autre. II en faut deux
rangs parallèles fur les deux collez de la Tranchée, pour pouvoir
appuyer les Fafcines dont on les couvre.On s'en fert aux lieux enfilez
parneceflitéoupar mégarde de l'Ingénieur, & lors qu'attaquant une
place qui eft éminente, ilfautpIuftofttrav€rferunfond&ydefcen-
dre. Car en ce cas on eft toujours vëu de la placé , fi l'on ne fç
couvre avec des Blindes ou avec des Chandeliers qui le font avec
deux Pieux debout pour fouftenir des planches traverfées de l'un à
l'autre , ou des fafcines par le moyen de chevilles paflees dans les
Pieux. Ils font difFerens des Blindes en ce qu'ils fervent pour le,
couvrir par le devant, & les Blindes pour fo couvrir par ledeflùs.
Gabions font de grands paniers d'ofier défoncez & ronds qu'on met
debout & qu'on remplit de terre, pour mettre entre-deux un canon
en batterie. Il s'en fait aùflï de petits qu'on met fur les Parapets,
aux tranchées, & dans les places, pour couvrir les Mousquetaires
On les approche fi prés les uns des autresqu^l n'y puiflè tenir qu'un
moulquet entre-deux.
Talifadeeû une rangée de Pieux pointus & plantez à demy-pied
l'un de l'autre, avec une rraverfe qui les lie à quatre ou cinq piedsj
hors de terre ; Onles met ordinairement fur l'Efplanade au dehors du
Glacis. On en met aufïï quelquefois prés des Baftions &des Courti*
îles, ouïe long de la Cunette.
Fraije
-ocr page 98-
UVRE PREMIER,                :7f
Fraife cft «ne rangée de Pieux pointus qu'on fiche aux travaux
de terre, au lieu qu'occupe le Cordon en ceux de maçonnerie, ç'eft-
à-dire entre le Parapet & le Rempart en dehors; l'on en incline un
peu la pointe vers le Fofle,! c'eft-à-dire à Angle droit fur le Talus pour
rendre la pente des grands Talus qu'ont les travaux de terre, moins ac-
ceffible, & pour empêcher les infultes.
Maximes à obferver dans la çonftruSiion d'une Fortification.
La Plufpart des Italiens, & le Chevalier de Ville veulent que les
Angles flanquez au defîùs de l'Exagone > (oient toujours de 90. de-
vrez, ôc parconfequent que les flanquants varient. Les Hollandais
au contraire ne font les Baftions à Angles droits qu'aux décagones & au
defïùs, faifant les Angles aigus à tous les poligones au deflbus. Ils
donnent par ce moyen beaucoup plus de flanc , particulièrement
en Courtine : mais comme ils font leurs foffèz parallèles aux Bat-
tions, il arrive de là que les Flancs qui font comme les yeux d'une
place, ne voyent pas entièrement le Fofîe à l'endroit de la face du Baf-
tion, par où on attaque les Places* parce que l'Angle rentrant de la
Contrefcarpe, dérobe la deffenfe aux Angles flanquez, qui doivent
eftre fujets aux flanquants. Car félon la doctrine de M. de Pa-
gan, les Angles flanquants doivent eftre invariables 5 êçpour les flan-
quez , comme ils fe trouvent obtus au defïûs de l'Exagone, & aigus au
defîbus , il n'eft de nulle importance qu'ils fbientde s>o. de 100. ou
de plus de degrez, pourveu qu'ils foient bien défendus & bien flan*
quez.
Comme on ne fçauroit avoir de fécond Flanc ou feu de la Courtine
qu'en diminuant le véritable Flanc : Une fîxiéme partie de diminution,
ou un quart tout au plusfuffit, parce qu'on n'y peut pas mettre du ca-
non , à caufè de l'obliquité des Parapets, & qu'il fèrok expofe aux bat-
teries de la campagne , & parce auffi qu'une planche de deux
pouces d'épaiflçur garantit du moufquetaupafîàgedu fo0e3 quieft
le temps où on peut avoir befoin du fécond Flanc.
Le cofré extérieur du Poligone ne doit pas eftre moindre de îoo. toi-
fes, ny plus grand que 2 00. à caufe que la ligne de cféfenfè ne doit pas
excéder 1 fo. toifès.
Il ne faut pas que les Angles flanquez foient moindres de 60, de»
grez, qui eft ce qu'on leur peut donner auxPlaces de quatre BafHonsj
& il n'importe pas qu'ils foient fort obtus. Les Italiens fuivent cette ma-
xime , & mettent des Cafemates aux Flancs,
K %                          les-
-ocr page 99-
76           DE L'ARCHITECTURE,
Les plus grands Flancs font les meilleurs ; ils doivent eftre de i % .toï-
fcs, lorfque le cofté extérieur ou la Bafen'eft que de ioo> & de 24. lorf-
qu'ileftde2oo.&ain(ià proportion. La moitié de cette diftance ferc
pour l'Orillon, & l'autre moitié pour le Flanc couvert ou retiré, qui
confifteenune, deux ou trois places pratiquées, derrière & au defîus
l'une de l'autre en forme* dedegrez, dans l'enfoncement de laDemy-
gorge. Si l'on en fait trois, l'on a 3 6. toifes de Flanc qui ne peut eftre
veu que de laContrefcarpe oppofée, & par la largeur du fofle, qui
n'eft que de if.ou 16. toifès, qui ne font que le tiers du Flanc que
l'on oppofè aux Batteries ennemies, lî l'on compte les 12. toifes de l'O-
rillon , dont il ne faut pas faire tant de casque des Places retirées, par-
ce qu'il eft plusexpofé,& qu'il peut eftre battu d'ailleurs que de la Con-
trefcarpe. Ne pouvant donc mettre fur la Contrefcarpe que la troifîé-
me partie du Canon qu'on loge dans les trois places & fur l'Orillon, il
fera malaifé de pafler un fofle large, profond & fi bien défendu. C'eft
la pièce la plus importante d'une Place, & dont le paflàge eft la plus
difficile aftion de l'attaque > Se cependant Ton voit que dés que les af-
faillans font maiftres des dehors, on capitule, 8c le corps delà Place ne
fe défend plus à caufe de l'imperfedrion des Flancs fimples qu'on rend
facilement inutiles par les Batteries.
Les matières les plus douces font à la vérité les plus propres pour les
Parapets ; mais non pas pour les Remparts -, parce que n'étant fbuf-
tenus que par des Chemnes de gazon, il leur faut donner un fi grand
talus que cela lés rend acceffibîes, & on les infulte facilement, comme
il arriva en 167 2. dans la plufpart des Places que le Roy prit fur le Rhin
&.fur l'Yflèl.
De ces Maximes particulières l'on en doit inférer une générale; c'eft
que dans une Place non feulement il ne doit y avoir aucun lieu qui ne
fort bien flanqué ; mais que toutes (es défenfes doivent eftre égales par
tout j &moinsilyauradechofes à défendre la Place en vaudra beau-
coup inieux.
Les parties d'une fortification qui font les plus proches de fôn Cen-
tre, doivent eftre plus hautes que les plus éloignées, & les doivent
fuçceflîvement commander.
De tous les dehors il n'y en a point de fi bons qu'une Demy- Lune -t
parce qu'étant défendue par les deux Battions qu'elle couvre, on peut,
comme on a veu en plufieurs rencontres, la regagner fur les ennemis,
à la faveur fciu feu de la Place, qui y rend les longemens très-difficiles
& tres-perilleux.
Les ouvrages à Couronne & à Corne» Tenailles, &c, ne fe repren-
nent
-ocr page 100-
LIVRE 'PREMIER.                77
nent jamais fifacilement, parce qu'ils ne fe défendent que d'eux-mef-
mes, &c que les ennemis s'en couvrent, & trou vent un grand logement
tout fait à leur tefte. C'efl pourquoy l'on ne s'en devrait fèrvir que lorf-
que la qualité du terrain y oblige.
Il y a une grande queftion parmy les Ingénieurs & les perfonnes les
plus intelligentes, pour fçavoir fi les Places qui font à Foiïe kcy font
meilleures que celles qui l'ont plein d'eau. Voicyles principales rai-
Ions qu'on donne de part & d'autre.
Les Places à FofTé fec ont l'avantage de fe pouvoir défendre de la
main, faifant des forties fècrettes par les Poternes, pour tuer les Mi-
neurs & ernpefcber la conftrucTrion des Galleries, ce qu'on ne peut pas
faire aux Foiïèz pleins d'eau. Les Soldats y défendent les Demy-Lu-
nes&leChemincouvertjufquesàl'extremité, parce qu'ils peuvent fe
jetter dans le Foffé,fe biffant glifïèr le long du talus de la Contrefearpej
&ils peuvent avec la mefme facilité apporter du fecours aux dehors,
fans eflre obligez à faire le tour de la Place par le Chemin couvert. Ces
raifbns font tres-fortes, & voicy celles qu'ont de leur côté les Places à
FofTé plein d'eau.
Les ennemis ne peuvent pafïèr les Fofïèz pleins d'eau que fur des Gal-
leries» & furdes levées longues à drefïèr, & dont la largeur & le front ne
font pas capables d'un grand nombre de perfonnes pour aller à l'afïaut.
Ils ne peuvent jamais pafïèr au defïbus de ces Foflèz par des Mines j
ce qu'on fait quand on ne peut pas démonter l'Artillerie des Flancs. Et
fi allant à l'afïàut, ils font repoufïèz, ils ne peuvent fè retirer à droit ny
à gauche > pour faire une nouvelle Mine à caufè de l'eau du FofTé.
Ces Places font encore plus fèures des furprifès & des efcalades, que
celles dont le foffé eft fèc -, mais en efchange on n'y peut pas comme en
celles-cy contreminer le Chemin couvert, pour faire fauter le logement
que les ennemis y font, enterrer l'Artillerie deftinée à battre les Flancs,
& empefeher la defeente dans le fofïë quand on perce l'Efplanade.
De forte qu'une Placeferoktres-forte, en matière de FofTé, fi l'on
pouvoit le remplir & le vuider félon l'occafion & la necefîîté, comme à
Rofès. Au deffaut de cet avantage qui eft très-rare, il y en a qui fè con-
tenteroient d'une bonne Cunette paliflàdée, profonde & pleine d'eau,
au milieu d'un fofïë fec.
Du refte Ton doit avoir recou rs aux Auteurs qui ont eferit à fond de
ctt Art, où l'on trouve tout ce qui regarde la Fortification, l'Attaque &
îa Défenfe des Places.
EX-
K?
-ocr page 101-
jTf            R E L* A R Ç H ]
EXPLICATION DE
TE CTUIIE,
LA PLANCHE 3ÇIY»
R Tenailles.
S Ouvrage à [Corne.
T Baftion à Grillon avec de$
Flancs bas.
Boulevart ou Baftion.
X Ouvrages à Redents.
"Profil de la Fortification*
a Rempart.
b "Parapet.
c Gabions.
d Chemin des Rondes.
e Tarapet bas.
f /^.
g Cuvette ou Canette.
h Chemin couvert de la Contre}-*
carpe.
% Glacis*
A "Place d'une FortereJJe, ou 0*
tadelle
Exagone, ou àjîx Bàf-
Ùons,
B Baftion.
C Courtine.
D Face du Baftion.
E Gorge du Baftion,
F Terreplain du Baftion.
G Rempart & "Parapet.
H i7^ de la "Place,
Bauffe-braye.
L "Demy-Lme,
M Ravelin.
N Chemin couvert.
O Claris de la Contre/carpe.
P Contre'[carpe.
Q ?%(? d?armes.
Plan»
-ocr page 102-
t I V R E FREMIE R
-ocr page 103-
T E C T U R E,
LA PLANCHE XV,
F Sac à terre.
GChauffetrape.
H Vieux des frai/es.
I Fortin quarré.
L Gabions.
M TlaUe-fwme pour le Canon,
go          D E L' A RC H
EXPLICATION DE
À Deffein pour tracer une Figure
en Exagone.
B Gallerie.
C Cheval de Frife ou Cavalier,
D Ouvrage à Couronne.
E Tetit Ouvrage à Corne]
Pt,ÀN«
-ocr page 104-
LIVRE PREMIER.1
fi
CHA.
-ocr page 105-
82           DE L'ARCHITECTURE,
CHAPITRE XIV.
'De la Charpenterie,
UNe des premières connoifïânces que le Charpentier doit avoir.»
eft celle des Arbres, qui font les meilleurs & les plus propres
pour baftir. Ceux qui croiflènt au Midy , valent mieux que ceux
qui viennent du cofté d'Occident. Ce n'eft pas que les premiers
ne puifïènt eftre fituez dans des endroits fi chauds que l'humeur en
fêroit par trop defTechée. tC'eft pourquoy ceux qui font expofèz du
côté de l'Orient & du Septentrion font les plus excellens, à caufe
que le froid conferve la nourriture des Bois , & que l'humeur y eft
mieux diftribuée , mieux cuite & mieux digérée. Cela eft aifé à
connoiftre* car en ces quartiers-là ils croiflènt plus haut, font plus
gros , & ont un fil plus droit , l'efcorce quafi vive & avec peu
d'Aubier owAubour. Si on les débite & qu'on les mette en pièces,
incontinent après eftre abbâtus, ils font fujets àfegerfer &fe fendre
à caufe de leur grande humidité. Quand ils fe fendent fi toft , les
Charpentiersdifent que c'eft la force du Bois Se fa bonté, ce qui eft
quelquefois vray.
Les Arbres pris du côté de l'Orient, font les meilleurs de tous 5
c'eft pourquoy il faut dans les Forefts choifir ceux qui font de ce
côté là, ou bien du côté du Septentrion.
Le temps le plus propre pour les abbatre , eft durant les mois de
Novembre , Décembre & janvier -, parce qu'en ces temps-là ils ont
moins de fève. On prend aufïi le lendemain de la pleine Lune, &
dans tout fbn decours , à caufe qu'alors tous les corps ont moins
d'humidité. Eftant abbatus , il faut les laitier du moins trois mois
dans la Foreft, avant que d'y toucher, afin qu'ils s'affermiflent& fc
confolîdent.
Le meilleur Bois pour baftir, eft le Chefne, foit qu'on l'employé
fur terre, foit qu'on le fafle fèrvir dans l'eau où il ne pourrit jamais.
L'Aulne eft aufïi fort bon à faire des Pilotis dans les lieux aquati-
ques. Le Chaftaigner eft excellent pour les Ouvrages de Charpen-
terie, quoyque les anciens Auteurs n'en ayent pas fait toute l'eftime
qu'il meritej mais il doit eftre à couvert & non pas expofé à la pluye&
aux injures du temps.
.................. ..... ......
                                                              En-
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LIVRE PR E M I E R.                   83
Entre toutes les fortes de Bois,il y en a qui font plus propres les uns que
les autres pour certains ufages particuliers -, On peut lire fur cela les Au-
teurs qui ont écrit de leurs différentes natures,& du choix qu'on en doit
faire. Vitruve eft un des premiers, & après luy,Leon Baptifte Albert,
Palladio, Phil.de Lorme, & plufieurs autres.
Il y a dans les efcorces des Arbres félon Pline, une humeur qui leur L ,
tient lieu de fàng, parce que les corps des Arbres, comme ceux de 38.
tous les Animaux, font compofèz de peau, de fang , de chair, de
nerfs, de veines, d'os Se de moùelle. L''Aubier eft comme la graillé
fous l'efeorce qui reprefente la peau des Animaux; le Bois où il s'en
rencontre beaucoup, eft le pire de tous, car il fe pourrit bien-toft&fe
met en poudre à caufe des vers qui s'y engendrent , & qui non feule-
ment gaftent la partie où ils s'attachent, mais auffi l'autre bois qui vien t
à le toucher. C'eft pourquoy en toutes fortes d'Ouvrages, il ne faut
pas fouffrir que les Ouvriers employent du Bois, où il y ait del'Aubier;
principalement en Menuifèrie; ÔcenCharpenterie, le moins qu'il fe
peut.
LeBoisquoyque bon fegafte quelquefois, & devient vicié, lorf-
qu'étant roulé, il a été pofé en œuvre : ce qui fe connoift par les rognes
ou mouffes, qu'il jette en dehors, comme fi c'étoient des champignons
ou mouflèrons.
Lorsqu'il eft échauffé, il eft encore fujet à une autre forte de vice, qui
le fait devenir tout plein de petites taches blanches, noires & roufles,
ainfi que pourritures il y a des païs où les Ouvriers l'appdlentpouiiïeux,
quand il eft ainfi.
Il fe corrompt auffi quand il eft afïèmblé contre d'autre Bois endom-
magé d'Aubier, comme j'ay dit -, & fouvent il arrive que le hâle excef-
fif le fait fendre tout au travers. Le meilleur remède à cela, fèroit de bien
choifîr le Bois, & de ne le prendre que bien conditionné ; mais comme '
il eft difficile à connoiftre, la précaution qu'on doit y apporter, eft de
laiflèr, autant qu'il fè peut & que lesouvrages le permettent, de la fe-
paration entre les Bois, afin que le vent y puifïè palier ; failànt en for-
te que les Plattes- formes, Poutres & Solives, ne touchent jamais le mor-
tier ny le plaftre, qui efchauffent &pourriiîènt le bois. C'eft pourquoy
il faut maçonner au tour avec de la terre ou de la brique, ou y mettre des
planches de bois ; Et mefme quelques-uns laiflènt toujours quelque
petittrou au bout despoutres par où lèvent puiffe le rafraichir.
Le Bois étant mis debout peut porter un grand fardeau , mais il
peut rompre ou ployer quand ii eft couché; à quoy il faut prendre
garde.
L î                          A
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84            I> E L*A RCHITECTU'RE,
A Paris le bois de Charpenterie fe vend au cent de pièces. La
pièce doit avoir douze pieds de long, &fix pouces en quarré: de
forte qu'elle contient trente fix pouces, fur douze pieds de long.
Tout le bois de Charpenterie pour faire un Corps de logis, confifte
dans les pièces qui fuivent
Sçavoir les Sablières, qui font les pièces de bois mifès d^longueur, &
couchées de/>/4tfj oufur leur haut, que les Ouvriers difent de champ, &
toujours furieux fort. Elles fervent à tous les Eftages -, & c'eft dansées
fortes de pièces que les autres qui font debout font emmortaifées.
Les çposPoteaux qui font les encoignures ou Tôt eaux corniers. Les
'Poteaux qui fe mettent du fond au pan de bois, c'eft-à-dire du
bas en haut, &qui portent les Poutres ou Sablières en cloifonnage.
Les "Poteaux de Croifées, d'HuiJferies & de Remplace qui font entre
les autres Poteaux.
Les Croix de S. André qui fervent auflî à remplir & entretenir les
Guettes qui font comme une demi - Croix de S. André, pofée en Con-
trefiche.
Les Guettrons, qui font de petites Guettes, & quife mettent
d'ordinaire fous les appuys des Croifées, auxexhaufîemens, fous les
Sablières d'entablement, fur les Linteaux des Portes dans lescloifons
de dedans, & aux joints des Lucarnes.
Les Linteaux qui font au deffus des portes & des feneftres;
Les petits 'Poteaux qui font au deflbus des appuys descroifées. Les
petits Potelets qui font tant au deflùs des Portes & des Feneftres,
qu'aux exhauilèmens des entablemens»
Les autres pièces qui fervent dans les logis, & que l'on em-
ployé pour les couvertures font les Poutres, les Lambourdes,\es
Solives y
&les Ais d'entrevoux qui portent l'aire du Plancher* ouïes
Lambourdes, fur lefquelles pofe le Parquet.
L'Entrait qui fouftient les Arbaleftiers Scies Solives des Planchers
en galetas.
Les Forces qui fe mettent fur les Tir ans, pour porter & fèrvir de
Jambes à l'Entrait? ce qui fait qu'on les nomme Jambes de Forces,
e'eft-à-dire Jambes de l'Entrait, avec les liens au deflbus qui joignent
ic attachent l'Entrait avec la Jambe par tenons & mortaifès. Elles s'af-
femblentpar en haut dans le boflàge du Poinçon.
Le Poinçon s'aflèmble &fèpofe fur le milieu de l'Entrait avec
les Jambettes fous les Arbaleftiers & les doubles Entraits aflèm-
blez de niveau ou en contrefahe dans les Arbaleftiers 3 ce qui fais
& forme la Ferme entière.
Sur les Arbaleftiers fe pofènt des Tajfeaux à Tenons & MortaL
fe
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LIVRE PREMIER.                 |*
fes , avec Chantignoles au deflbus pour fouftenir chaque cours de
Tanne.
Les Arbaleftiers ou petites Forces , font les deux pièces qui joi-
gnent au haut du Poinçon , Ôc qui, avec un feul Entrait , font la
petite Ferme.
Cours de Tanne , c'eft un , deux ou trois rangs de Pannes les
uns fur les autres. Il y a de chaque cofté d'une couverture autant
de cours de Pannes, que l'on juge eftre necefiaire pour la portée des
Chevrons.
Les Tannes qui font de longues pièces de bois, fervent à porter
' les Chevrons & paflent en travers fur les Fermes.
Les Taffeanx portent les Pannes -, Scies Chantignoles fouftiennent
les Tafïèaux. Il faut que les Chantignoles foient embrevées avec un
talon ou renfort fur l'Arbaleftier, & bien arreftées avec des Chevil-
les de bois.
Les Embrevemens fe font en oftant du bois de l'Arbaleftier , en-
viron un pouce quarrément par enbas, pour placer la Chantignole.
Brandir un Chevron fur la Tanne », c'eft mettre le Chevron fur
k Panne, le percer & la Panne auffi, & pafler au travers de tous les
deux une Cheville de bois quarrée & non pas ronde.
Chevron de croupe eft celuy qui va depuis le haut du poin*
çon jufques enbas fur la Platte-forme. Par en haut il fe met en
about dans le Toinçon-t c'eft à dire qu'il pofe dans un Embr éventent ^ qui
l'empefche de poufler. Et par le bas il eft mis à Tenons & Mortaifes
dans le Blochet ou dans les Tas, lorfqu'il n'y a point de Blochet s^ èz
qu'il n'y a qu'une Sablière en platte-forme.
Il y a des Fermes qui fe nomment à'Affemblages, lefquelles font fai-
tes toutes de bois d'efchantillon, c'eft- à-dire de mefme groflèurj dans
lefquelles font les Chevrons, les Entraits, doubles En traits qui font les
Enrayeuresj les Poinçons aux maiftrefles Fermes, les Efîeliers, lesjam-
bettes, qui font en haut fur les Enrayeures & aux pieds des Chevrons
fur les Blochet s.
Les Blochet s &la Ferme fe pofent & s'entaillent fur les Sablières,
qui font aflèmblées l'une à l'autre avec des Entretoifes, en forte qu'el-
les ne font que la largeur du mur, qui les porte.
Il y a de grands & petits EJfeliers, particulièrement, où il fe fait des
croupes que l'on nomme petit s EJfeliers dans les grands.
GouffetSiC'eûce qui fe met dans les Enrayeures d'un Entrait à l'autre.
Coyer> eft ce qui va d'un Poinçon ou d'un Gouffet à YArrefiier, &
dans lequel fe met au deflous ce qu'on appelle legrand EJfelier.
L 3                                  Em-
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S6           DE L'ARCHITECTURE,
Embranchement y c'eft ce qui liel'Empanon avec le Coyer.
Empanon eft un Chevron qui ne va pas jufques au haut du Faif-
te, mais qui doit s'affèmbler avec tenons & mortaifes àl'arreftier, du
côté des croupes & longs pans, & non pas avec clous, comme font
quelques Charpentiers.
ArrefiierSi ce font les pièces de bois qui vont des quatre encoignu-
res d'un Baftiment en croupe , s'attacher au haut des Poinçons, & par
en bas dans des "Pas ou Blochets.
Les Tas font e/peces d'embrevemens taillez dans la Sablière ou
Plate-forme, efpacezd'un pied l'un defautre, pour avoir quatre Che-
vrons à la latte.
Quant aux Faîtages , il y a les Faiftes qui portent les Chevrons
avec les Sousfai/les-, Croix de S. André , Liens & Entretoifes. Il y
a auiïï des Moifès pour entretenir les Fermes, lefquelles fe mettent le
long des Sousfaiftes, & qui enferment le Poinçon. Elles doivent eft-re
brandies avec des Chevilles de bois.
Les Liernes fervent pour les planchers en Gaîetas}& s'afîèraMent
fous les Faiftes d'un .poinçon à l'autre.
Les 'Contrevents fê mettent aux grands combles en Croix de S.
André, ou en Contrefiche, pour entretenir & contrcventer du haut
d'une Ferme au bas de l'autre , & pour empefcher le Fiiement des
Fermes & Chevrons, c'eft à dire que les grands vents ne les fafîènt al-
ler de part ou d'autre.
Contrefiche», eft une pièce dehois qui appuyé contre une autre, com-
me pour l'eftayer.
Linçoirsquarrez fèrvans pour les Tours & Pavillons ronds ; ce font
des pièces de bois qui fouftiennent les Chevrons au droit des Bées ou
pafîâges des cheminées & des Lucarnes.
Encheveftmre,£ontlesdemSolives qui terminent la longueur des
Cheminées. Le Cheveftre fèrt pour en terminer la largeur & pour fouf-
tenir les Soliveaux qui s'emmanchent dedans avec Tenons à mordant^
ou Renforts, qui font deux différentes façons de les tailler i &ceque
les Menuifiers appelleroient^&wr? ôcàonght.
Enlaceure, faite une Enkceure -, c'eft percer avec les Lacer et s, les
Mortaifes & les Tenons pour les cheviller enfèmble.
Faire tirer les Tenons', c'eft percer le trou de biais vers YEfpaukment
du Tenon, pour mieux faire joindre les bois.
On appelle Efpaulement les cotez du Tenon* ainfi cela veut dire, pan-
cher le Laceret d'un côté, pour percer obliquement vers l'autre.
Mettre mie pièce deboisfitr fenfort, c'eft quand elle bombe un peu,
■& que l'on mec le bombement en haut.
                                      Bois
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LIVRE PREMIER.                 87
Bois roulé r ç'eft quand l'Arbre a été battu des vents, pendantqu'il
étoit en fève. Ces fortes de bois nelbnt jamais bons à mettre en œuvre,
fi ce n'eft pour de petits ouvrages.
Quand on difpofe les Pièces de bois, qui doivent fèrvir à un baf-
timent, & qu'étant mifes en chantier,on met chaque morceau en là pla-
ce, on appelle cela les mettre en leur raifon.
Enligner le bois avec une règle ou cordeau, c'eft mettre les pièces fur
une mefme ligne.
Eflelon , ce font des ais que l'on met à terre pour tracer la maif-
trefte Ferme.
Enrayeure & doubles Enrayeures ce (ont tous les Entrai ts des Fer-
mes d'afîèmblages.
Tiquer les bois fuivant le devers qui s'y trouves cela fe fait avec îe
plomb percé en triangle.
On dit des Mortaifesfmples , piquées jufles en about -, ' & celles
où il y a des Embrevemens ou des faujfemens épique es autant juftes
en gorge qu'en about.
About des Liens, Tournices, Guettes &Efperons, c'eft le bout
du Tenon , qui eft tant fbit peu coupé à l'Equaire fuivant la pente
du joint ou efpaulement du Tenon.
Joints carrez i c'eft une manière d'afïembler les pièces de bois.
Les Tenons à tournices, ou Oulices font ceux qui font coupez tout
quarrément, & en about auprès les paremens du bois, pour reveftir
après coup, quand l'ouvrage eft fait.
Faire un aecolement à un Tenon, c'eft en couper du côté de l'e£
paulement, pour faire qu'on ne voye pas la Mortaifè.
On appelle des pièces de bois qui font bien équaries de tous les
cotez, refaites <& drejfées fur toutes les faces.
Et du bois bien équari} on dit qu'il eft refaite, mis à l'équaire.
Contrejauger les aftemblages de Charpenterie , c'eft les mefurer,
c'eft à dire transférer la largeur d'une Mortaifè fur l'endroit d'une
pièce de bois où doit eftre le Tenon, afin que le Tenon fbit égal à la
Mortaifè à prendre de l'about à la gorge.
Les Charpentiers fè fervent d'ordinaire de quatre fortes de Mar-
ques pour marquer les Pièces de bois qui doivent eftre employées à
la conftru&ion d'un logis, & pour connoiftre celles de chaque càté.
Ils nomment la première Marcfranc qui font de petites marques ou
traits qu'ils tracent avec la roinette ou traceret > & font autant de ces
traits qu'il y a dedifferens aftemblages à voir & examiner. La fécon-
de, ils la nomment Contre-marq. Latroifiérae, ils la font en forme
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83           DE L'ARCHITECTURE,
de Crochet. Et la quatrième, ils l'appellent Tatte-d'oye. Lorfqueîc
nombre des pièces eft trop grand, Ôcque les quatre ma'rques nefuf-
fifent pas pour les diftinguer, ils font des ronds & fe fervent de chiffre».
Ils ont auffi des contres ou fauflès marques dont l'on dit que quelques-
uns fe fervent à tromper le public.
Les Outils necefîàires pour la Charpenterie font:
La grande Règle, la petite Règle flatte, un Tied, une Toife, & une
Toife platte.
Les Compas grands & petits avec le Couteau à Chapiteau, pour
éguifer la pierre noire.
Le Niveau à plomp plain.
Le Niveau à plomb percé.
Le Calibre qui eft un morceau de bois, coupé en creux, à Angle
droit, pourrefaire le boisd'Equaire, c'eft-à-direle mettre d'Equairc.
UEquaire & Triangle.
La Saut en lie.
Le faux Equaire.
Les Scies de différentes grandeurs.
La Befaiguë.
La Jauge pour tracer les Mortaifes.
Le Tarière qui fert pour percer les Mortaifes.
Les Lacerets qui font petits Tarières.
Les Cifeaux pour ébaucher les Mortaifes, qui s'apellent Ebau*
choir s
en terme de Charpenterie j leur manche eft de bois avec vi-
rolles
par les deux bouts.
Autres petits Cifeaux.
Les Maillets gros & médiocres.
Les Marteaux de fer.
Les grandes Coignées pour équarrir & aflèmbler le bois.
Autres petites Coignées à grand manche, pour abbatre le bois fur
le pied, & ébaucher les pièces pour les équarrir.
Autres grandes Coignées que quelques-uns appellent Epaules de
Mouton.
La Hachette à marteau.
Les Chevilles de fer pour joindre les aflemblages.
Le Repoujfoir de fer, pour faire fortir les Chevilles.
Les Rabots ronds.
Les gros Rabots qu'on appelle Galleres Se T laines pour drefter &
planir les Poutres, Solives & autres grofles pièces.
La Roinette pour marquer le bois.
Les
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Ll V R E PREMIER.                S?
Les Tracer et s pour le piquer.
\JHer minette pour planir Scdoierles ais& autres choies.
Les Charpentiers fe fervent quelquefois , pour les menus ouvra-
ges 5 des outils de Menuiferie.
Les Choses qui leur font bien neceflaires, pour remuer le Bois
& tourner les Rouleaux, font: les Levier s, (esTinces &lescPieds-de-
Chevre.
Mais outre cela ils ont encore befbin des Machines, dont les
Maçons fë fervent auflî pour l'élévation des grands fardeaux, comme :
Les Chèvres qui font propres pour lever de greffes pièces à c h *-
plomb, avec Poulies 6c Efcharpes. Elles font premièrement çompo-VRES*
fées de deux pièces de bois qui fervent de bras pour appuyer contre les
murailles. Et lorfqu'il n'y a point de mur contre lequel on les puifle
.drefïêr, on y adjoute une troifiémepièce qu'on nomrasBicoq ou Tied-
de-Chevre
qui fert pour les fouftenir.
Les deux premières pièces qui font jointes par en haut avec une Clef
1k
une Clavette, s'écartent l'une de l'autre par en bas, & font aflemblées
en deux difterens endroits avec deux Entretoifes, entre lefqueHes eftle
Treuil avec deux Leviers qui fervent de Moulinet pour tourner le, dia-
ble» au bout duquel eft attachée la Poulie.
Les Engins font compofez d'un Fauconneau ou Eftoumeau avec la engins.
Sellette Sz les liens pofez au haut d'une longue pièce de bois qu'on nom-
me le Toinçon. Ce Poinçon eftafïèmblé par le bout d'en basa Tenon &
Mortaifet dans ce qu'on appelle la SoleaÎTemblée à la Fourchette. Il eft
appuyé par X'Efchelier ou Rancher, & par deux Bras ou Liens en Con-
trefiche.hes
Bras font pofez par en bas aux deux extremitez de la Sole,&
par en haut dans un Boffage qui eft un peu plus bas que la Sellette. L'Ef-
chelier ou Rancher eft affemblé par en bas dans une Mortaife au bout de
la Fourchette* & par en haut dans le mefme Boflage,où font arreftez les
Bras; il a un Tenon qui pafle tout au travers d'une Mortaife, & au de là
du Bofïàge du Poinçon, où il eft arrefté avec une Cheville.
Les Bras &c le Rancher font encore liez & arreftez aux Poinçons
^vec des Moifes aflemblées avec Tenons & Mortaifes, & des Che-
nilles Couliffes
qui fe mettent & s'oftent quand on veut. L'on met
plus ou moins de Moifes les unes fur les autres félon la hauteur de
l'Engin. Le Rancher eft garni de Chevilles de bois que l'on nomme
Ranches qui parlent au travers, & fervent d'efchelons pour monter
au haut de l'Engin, & pour y mettre la Sellete, le Fauconneau, les
Poulies & le Chable. 11 y a une Jambette emmortaifée par un bout
dans laFourchette Scpar l'autre bout dans le Rancher. Un des bouts
du Treuil ou Tour paffè dans la Jambette , & l'autre bout eft fouf-
M                      tenu
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9o            DE L'ARCHITECTURE,
tenu par le Poinçon. Les Leviers qui fervent à faire tourner le Treuil
s'appellent auûi Bras.
Quand on attache un Cîiabîe à une Pièce de bois pour l'eflever
on appelle cela chabler ou haler. Le Nœud que l'on fait à la pièce
avec le Chable fe nomme auffi Halement , & quand la pièce
de bois eft longue, on l'attache au Chabîe à deux ou trois toiles du
Halement avec un petit cordage pour empefcher le Hiement ou ébran-
lement de la pièce, & cela s'appelle parmy les Ouvriers Verboi^uet.
*rcss. Les Grues font conftruites de plufieurs pièces de bois, dont
la principale eft un gros Arbre fervant de 'Poinçon par en haut. Il
eft pofé fur le milieu de huit pièces de bois mifes en Croix, &afTem-
hléeszvecEntretoifes. Ces pièces fe nomment Embrajjures , Em-
patemens
ou Racina&x. Il y a huit Bras, ou Liens en Contrefiche
qui appuyent l'arbre, & qui font aflèmblezparle bas dans l'extrémi-
té des Racinaux, &par lehautcontrel'Arbreavec?V»<7»j&JM?r^/-
fes, avec Aboutz. UEfchelier ou Rancher qui eft la principale pie-
ce de bois qui porte & fert à lever les fardeaux, eft pofé fur un Tivot
de fer qui eft au bout du Poinçon. Il eft aflëmblé avec plufieurs Moi-
fes i
des Liens monîans. Il y a des pièces de bois que l'on nomme
Soupentes attachées à la grande Moifè d'en bas, &àl'Efchelier, qui
fervent à porter la Roué & le Treuil, au tour duquel fè dévide le Chable
qui pafîè dans des Toulies qui font au bout des Moifes, & à l'extrémité
de l'Ëfchelier qui eft garni de Ranches ou Chevilles pour y monter.
\JEfchelieri les Moifes■, les Liens, les Soupentes, la Roué & le Treuil
qui font le corps principal delà Grue, tournent fur le pivot au tour de
l'Arbre & de fbn pied.
Groao. Le Gruau n'eft différent de l'Engin qu'en ee que la Pièce de
bois qui fe nomme le Fauconneau, ou Eftourneau eft fort longue &
pofée de bas en haut, comme l'on peut voir dans la Figure cy-aprés.
Escoeea- L'E scoPERCHEeft comme un fécond Fauconneau avec la Sel-
chb. lette, & bout de Poinçon élevé fur un Engin -, ou bien c'eft une pièce
de bois adjouftée fur un Gruau au bout de laquelle il y a une Poulie.
Les son- Les Sonnettes font compoféesde deux Mont ans ou pièces
nstm. c}e bois debout, avec deux Couliffes en dedans & appuyées de deux
Z?mr, le tout pofé fur une i5W<?. Ily z.xmRancher aflëmblé par en haut
entre les deux Montans, & par en bas dans une Fourchette^i joint à la
Sole. Le Rancher eft encore fouftenu par xmejambette qui eft emmor-
taifée dans la Fourchette. Entre les deux Couîifîes des SonnettetJl y a
un gros billot debois que l'on nomme Mouton, leq uel eft attaché avec
des cordages , qui pafïè au haut des Sonnettes fur des Poulies, &
que
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LIVRE PREMIER.                     $>t
que l'on tire pour haufïèr le Mouton & le laifîèr retomber furlatefte
des pieux qu'on veut enfoncer. Ce Mouton a deux Tenons arreftez
avec des Clefs par derrière, &fert pour l'entretenir dans lesCoulifîès
en hauflant & baifïànt. 11 eft d'ordinaire ferré par en bas avec une Frète
ou grande Virolle de fer ^ pour empefeher qu'il ne fe fende en frapant les
pieux. Il y en a qui couvrent aùfîi lç bout d'en bas d'une Platine de
fer de Tôle, afin que le Mouton refifte plus long-temps. Et au bout
d'en haut, il y a deux petites Mains de fer ou Crampons, où font at-
tachez les deux cordages qui paflentfurles Poulies.
Il faut d'ordinaire feize hommes pour lever le Mouton des Sonnet-
tes: lefquelles frappent jufques à cinquante coups de fuite, plus ou
moins, avant que de fe repofer. Après quoy il y en a un d'entr'eux,
qui ayant pris garde au nombre des coups, crie tout haut au Renard^
qui eft le fignal pour faire cefTer tous les autres en mefme temps.
Lorfqu'au lieu de Sonnettes l'on fefert d'un Engin pour enfoncer
des Pieux ou 'Pilotis , on attache deux Codifies au bout du Fau-
conneau i & ce qu'on appelle Moutons aux Sonnettes, s'appelle///^
aux Engins.
Le Singe n'eft d'ordinaire compofé que d'un Treuil qui tourne SîNGi«
dans deux pièces de Bois mifes en Croix de faint André 5 à chacun
des bouts du Treuil il y a des Leviers, Bras ou Manivelles pour le fai-
re tourner au lieu de Roués.
Le Vindas eft compofé de deux tables de bois aflêmblées par y«das.
quatre pieds, avec un Treuil qui traverfànt celle de defïïis, pofe fur
celle d'en bas : il y a au bout d'en haut deux Leviers, ou Bras que l'on
fait tourner horizontalement.
Les Vérins grands & petits font des brins de bois longs de Y**"»*,
2. ou 3. pieds ou plus, façonnez en Vis par un des bouts, & à l'au-
tre bout il y a un Goujon ou Cheville qui eft percée aucoletdela/^,
pour y mettre des Leviers. Les Vis de ces brins de bois fe mettent
chacune dans un Efcrou percé à f. ou 6. pieds l'un de l'autre, pour
poufïèr oueftever. Cette Machine fertpour l'ordinaire à élever quelque
logis zvecunTointalpar le milieu, c'eft-à-dire une pièce de bois de-
bout. Elle levé un grand poids, pourveu que les pièces foientfortes.
Scies Filets des Vis prés à prés.
Les Chables fervent à lever les groflès pièces.                       ^*"
Les Trousses font des cordes moins groffes, qui fervent troos-
pour les petites pièces.
                                                                         SES*
Les Rouleaux. Les Rouleaux fans fin ou Tours terrier es Roo-
font aflèmblez avec entretoifes, & fervent à mener de groffes pièces. «*vx.
M 2                     Ton- ^
-ocr page 115-
9z            DE L'ARCHITECTURE,
Toutes ces Machines dont la pluipartfont compofées de plufieurs
pièces de bois y fe comprendront mieux dans les Figures qui fuivent
que par un plus grand difcours qu'on en pourrait faire.
EXPLICATION DE LA PLANCHE XVI»
Pièces de Chargenterie.
t Sablière'
2    Gros Poteaux Corniers.
3    Poteaux des Croifées.
4   Poteaux d'Huijferies.
$ Poteaux de Remplage.
6  Croix de S. André.
7    Guette.
8    Guettrons.
9   Linteaux.
io Petits 'Poteaux.
ii Petits Poulets.
12  Poutres.
13  Lambourdes,
14 Solives.
tf Entrait.
16 Arbaleftiers ou petites forces*
17 Jambes de force.
18 Tir an.
19  Poinçon*
20 Jambettes.
21  Goujfets.
22  Chevronr.
23  Bout des Pannes.
24 Ta(feaux.
zj Chantignoles..
Plan-
-ocr page 116-
LIVRE PREMIER.
-ocr page 117-
DE L'ARCHITECTURE,
H
EXPLICATION DE LA PLANCHE XVII.
Suite des Tieces de Charpenterie.
20 Tajfeaux.
21  Chantignoles.
22 "Faifte.
23  Sousfaifle,
24 Liernes.
2 f Linçoirs.
%6 Enchevefirure.
27 Chevejlre.
28 Enrayeure.
29  Joints quarress.'-
30 Ahout d'un Lien,
31  Mortaifç,
3 2 Tenon.
3 3 TVw# i îoumkes.
34 Tenons à mordant.
3 f Renfort i ou Talon.
36 Efpaulement du Tenon.
37  T)ecolement.
3 8 Embrevement.
i Gros mur.
z 'Plate-forme.
3    Entretoifes.
4   Bloc h et s,
f Solives.
6   Entrait.
7   'Petit Entrait.
8   Entretoifes.
Liens. Liens enContrefiche.
10 EJfelier.
il Jambette,
12  Coyau.
13  Gy<?.
14. Embranchemens.
if Chevron de Croupe.
%6 Empanons.
17  Coyaux.
18  Arrejliers.
ip Tannes.
Pl
-ocr page 118-
LIVRE PREMIER.
f)1
PLjOïCHE JXVIl.J
E^
-ocr page 119-
DE L'ARCHITECTURE,
EXPLICATION DE LA PLANCHE XVIII,
Outils de Charpenterie.
13   Sauterelle.
14  Scie à refendre.
15: «Sto> à débiter.
\6 Esbauchoir.
17  y^j-<? i tracer les Mortaifes.
18  Eefaïgu'è.
ig Cifeau à manche Ât? bois\, aves
Virolles.
20  .<dtor<? Cifeau.
21  Amorçoir.
2 2 Lacer et ou petit Tarière.
23 Gmw Tarière.
i Grande Regîe.
2    Tetite Règle plat te*
3    Grand Compas.
4   Tetit Compas.
f Couteau.
6   Niveau.
7   Niveau à plomb plein.
8   Niveau à plomb percé.
$ Calibre.
io Equaire.
11  Faujfe Equaire.
12  Equaire de bois à Epauk>
ment.
Pla n-
-ocr page 120-
TTHX
"^ 3 ï N 3 1 d H^Aïl
)
-ocr page 121-
S>8          D E L'A RCÏÎITECTOR E,
EXPLICATION DE  LA PLANCHE XIX.
Suite des Outils de Çharpenterie*
1 Maillets gros & médiocres.        7 Roinete.
% Marteau de fer.                         8 Cheville de fer pour ajfemhler,
TetiteCoignée à grand manche   9 Repouffoir.
pour abatre le fois, &ébau-   10 Rabot rond.
cher.                                    il Gallere.
4, Grande Coignée à équarir. Il   12 Herminette.
y en a encore d*autres de di-   13 Leviers..
verfes grandeurs.                   14 'Pinces.
5" Hachette à marteau.                  if Tied-de-Chevré.
6  Iraceret.
Pilait-
-ocr page 122-
LIVRE PREMIER.
99
Tlajïcsiî 3:i.t.
EXPLI*
■wr
-ocr page 123-
DE L'ARCHITECTURE,
; 00
EXPLICATION DE LA PLANCHE XX.
I. Figure.
A Che vre.
i Bras de la Chèvre.
2■ Bicoq.
3 Clef& Clavette.
$ Enttetoifes.
f Treuil ou Tour.
6  Leviers fer vaut de Moulinet.
Moufle.                          f
Chaule.
IL Figure.
B Engin.
11 Tlan de l'Engin.
%'.Sole.
3 Fourchette.
4, Toinfon. -
5 Jambette.
                 ,
:6 Moifes.
\y Treuil ou Tours
Bras du Treuil.
9    Rancher ou Ej'chelier.
10  Ranch es ou Chevilles.
11  Selette.
12  Liens.
13  Fauconneau ou EJloumeau.
14  Toulies.               ,
15  Chable.
16  *Piece'de boisprejle a monter
avec ce qu'on appelle
iy Halement.
18 Verboquet.
III. FlGUR E.
C Escoperge,^lamanie-
re qu'elle fe met au dejfus
des Engins.
IV. Figure.
D Autre Escoperge qui n'eft
qu'une pièce de bois
, qu'on
adjoufie au haut des Gruaux,
P L AN-
-ocr page 124-
LI VRE PREMIER.
101
ELAirCHE XX.
EXPLÏ-:
-ocr page 125-
DE L'ARCHITECTURE,
102
EXPLICATION DE
I. Figure.
A Grue.
i Empateme?it ou Racinaux.
2   Arbre. ...
3   Bras ou Liens en contrefiehe.
cPoinçon.
$ Rancher garni de Ranches ou
Chevilles.
6 Liens,
y Moifes.
% Grande Moife.
LA PLANCHE XXI.
Soiipmte.
10  Treuil.
11  Mammelondu Treuil.
12  Lumière,
13   Roué.
IL Figure.
B Plan de l'Empâtement de h
Grue.
III. Figure.
C Plan de la Roué.
Plan-
-ocr page 126-
LIVRE PREMIER.                ioj
Plak-
-ocr page 127-
ITECTURE,
LA PLANCHE XXII. ;
IV.    Figure.
D Vérins.
V.    Figure.
E Chable. -
VI.    Figure.
F Trousse s.
VII.    Figure.
G R O U I,EApX SANS FI N,
ou Tours Tanières.
VIII. Figure.
H Rouleaux.
io4          DE L'ARC!
EXPLICATION DE
I. Fi g u r e,
A Sonnettes./
i Sole.;
2  Fourchette.
Mont ans.
Mouton.
j Bras ou Liens,
6  Rancher.
Jambette.
'Poulies.
p Cordages.
.11. Figure.
B Singe.
III. Figure.
C VïNDAS.
Plan-
-ocr page 128-
livre premier;
%0f
-ocr page 129-
io6           DE L'ARCHITECTURE,
CHAPITRE XV.
T)es Couvertures.
SI dans l'élévation des baftimens , la Couverture efl: ordinaire-
ment la dernière dans l'exécution , on peut dire néanmoins
qu'elle eft la première dans l'intention de l'Architede } & que la
Nature mefme infpira aux hommes de fe mettre à couvert des pluyes
& du mauvais temps , avant qu'ils fongeaflent de fe clorre de mu-
railles & de portes. Ils commencèrent d'abord à faire des Toits 8e
des Hutes , qui n'eftoient que des Pieux drefTez debout , & ap-
puyez par en haut l'un contre l'autre , qui fouftenoient des bran-
ches d'arbres, des joncs, ou de la paille. Et lorfqu'avec le temps ils
eurent bafti des Cabanes, & enfuite des Maifons , & d'autres Edifi-
ces plus importans , ils s'appliquèrent à les couvrir d'une manière
convenable à leur forme &c à leur grandeur % & félon que les pays
leur fourniflbientdes matériaux propres pour cela. De forte que l'on
a toujours vu félon les difFerens climats & la richefle des peuples ,
les Baftimens couverts ou de chaume, ou de terre , ou de planches
de bois, ou de tuile, ou de plomb, ou de cuivre , ou d'ardoife, ou
d'autres fortes de pierres.
Mais fi dansîe commencement les hommes confidererent feulement
qu'il n'y avoit rien de plus utile que les Couvertures , à caufe qu'élu
les fervoient à les défendre du ferain pendant la nuit, Se des ardeurs
du Soleil, pendant le jour, aufïi bien que des pluyes & des mauvais
temps ; Ils ont aufïi reconnu dans la fuite qu'il n'y a rien de fi necef-
faire & de plus important dans la Structure d'un Baftiment, puifque
û on laifTe un Edifice fans le couvrir , & fans avoir foin de fa Cou-
verture , la Charpente fe pourrit bien-toft 5 les enduits des murail-
les tombent en morceaux , les murs mefmes s'entr'ouvrent, & enfin
tout le Baftiment fe ruine peu à peu.
Quand je parle des Couvertures , j'entens celles qui font expo-
fées au dehors , qui couvrent les maifons , 6c qui les défendent de
la pluye & des injures de l'air , & particulièrement celles qui font
fouftenuës de pièces de bois, dont j'ay parlé au Chapitre précèdent-,
Car à l'égard de celles qui fe font de grandes pierres ou de pièces de
Marbre , dont l'on couvre les terrafles j cela regarde pluftoft le Ma-
çon que le Couvreur.
. Les
-ocr page 130-
LIVRE PREMIER.               107
Les manières de couvrir aujourd'huy en France fe reduifent prin-
cipalement à celles-cy : ou de Chaume, ou de Bardeau, ou de Tui-
le , ou d'Ardoife, ou de Plomb.
L'on évite autant que l'on peut, les Couvertures de Chaume & de
Bardeau, à caufe du feu qui s'y peut mettre aifément -, & l'on fe fert
de Tuile pour les maifons ordinaires , & d'Ardoife pour les grands
Baftimens -, Quant au Plomb l'on n'en couvre entièrement que les
grandes Eglifes , les Dômes, les Clochers, & les terraflès ; car il eft
trop pefant pour de moindres Edifices.
Plus la matière dont l'on couvre eft pelante , & plus le toit doit
eftre furbaiiTé -, c'eft pourquoy on donnoit autrefois plus de hauteur aux
maifons qui eftoient couvertes d'Ardoife , qu'à celles qu'on ne cou-
vroitque de Tuile : Néanmoins depuis qu'on a trouvé l'invention des
toits coupez, &que l'on appelle communément en France Manfardes>
on donne bien moins de hauteur à toutes fortes de toits que l'on ne rai-
foit auparavant -, il y a diverfes raifons pour élever ou baifler les Cou-
vertures, qu'on peut voir dans l'Archite&ure deSavot, & dans le li-
vre de la manière de baftir du fieur le Muet.
Lorfque les Charpentiers ont difpofé les Chevrons le long des
Failles & qu'ils les ont pofez fur les Pannes , elpacez de deux pieds
en deux pieds , de milieu en milieu , quand ils font forts •> ou bien
de feize pouces en feize pouces , aufïi de milieu en milieu , quand
ils font plus foibles, le Couvreur met les Lates , qui pour la Tuile
ont ordinairement quatre pieds de long. Quand il y a quatre che-
vrons à la Late , on fait laContrelatede laLate mefme -, Et s'il n'y
a que trois Chevrons à la Late , il eft bon d'y mettre une Contre-
late de bois de fiage.
Il y a de deux fortes de Tuile en gênerai -, fçavoir les plattes& les
rondes, ou courbées. Les rondes font encore de deux fortes, fça-
voir celles qui font courbées Amplement en canal , & en demy cer-
cle , qui eft à la manière de Guienne ; & celles qui font courbées en
S, qu'on appelle à la manière de Flandre.
Les Tuiles rondes fe pofent fur des toits fort plats , parce qu'elles
n'y font point arreftées par des clouds ny par des crochets j on les
nomme auffi Tuiles faiflieres ou gouîieres.
Quant aux Tuiles plattes on en fait de trois différentes grandeurs.
La première eft celle qu'on appelle du grand Moule -, la féconde du
Moule baftard, & la troifiéme du petit Moule.
On donne à la première 4. pouces d'échantillon ou de pur eau.
Le Moulé baftard n'eft plus en ufage à Paris. Pour le petit Moule,
O 2                         on
-ocr page 131-
io8         DE L'ARCHITECTURE,
on luy donne 3.. pouces-ide pureau , ou 3. pouces 7 II y a encore
des Tuiles qu'on appelle gironnées qui fervent pour couvrir des Tours,
parce qu'elles font plus eflxoites en haut qu'en bas. D'autres encou-
re qu'on appelle Tuiles hachées qui fervent pour les noues.
Pour i'Ardoife , il faut que la Late fe touche prefque l'une contre
l'autre ; la Contrelatte doit eflre de fiage.
. Lorfque l'on couvre avec de l'Ardoiie > on fait les Enfaiftemens de
plomb , dont quelques-uns font avec Bourfeaux , Bavettes & Mem-
brons -,
Et au bas du toits l'on y met des Chameaux de Goutiere ou à
Godets
, pour jetter les eaux -, ou bien des Chaineaux avec des Cu-
vettes quarrées
ou à entonnoir , & des ^Defcentes , le tout de plomb.
Les Chaineaux font aufîi à /impie Bord, ou à Bavette , e'eft-à-dire
qu'il y a un rebord de plomb qui cache les crochet s de fer, Se qui defeend
jufques fur la platteforme ou entablement ; Les Enfaiftemens & les
Chaineaux font fouftenus &c arreftez par des crochets de fer * l'on met
autant de crochets qu'il y a de chevrons.
Pour les Cuvettes il y a des pièces de ferqu?on nomme Fers decu-
vettes ,
qui les fupportent&accollent. L'on en met une ou deux au
plus à chaque Cuvette : & aux Defcentes on met des Gâches de fer
qui fervent à les tenir fermes contre le mur y On en met d'ordinaire
une à chaque jointure de plomb. Ces Defcentes font quelquefois de
bronze , principalement dans les grands Palais.
Quand il y a des Lucarnes , il faut des Noulets & Chevalets pour
les couvrir «Se égouter l'eau , fi elles font couvertes de Tuile 5 ou des
Noquets de plomb , fi elles font couvertes d'Ardoife.
L'on nomme: Lucarnes toutes les ouverturesqui font dans les Baf-
timens au defïùs de l'Entablement, car celles qui font au deflbus r
fe nomment Croifées ou Feneftres. Il y a des Lucarnes de différen-
tes fortes 5 les unes font rondes ou en ovale 5. que l'on appelle en
O, les autres font quarrées avec Frontons au defïùs -, d'autres ron-
des ou cintrées par le haut } d'autres en triangle qu'on appelle Lu-
carnes 'Damoifelles
j d'autres couvertes quarrément qu'on nomme
Flamandes -T d'autres qu'on appelle à la Capucine.
L'on nomme Oeil de bœuf des ouvertures qui fe font dans les
toits. Il y en a aufîi qui font recouvertes d'une xxxAefaifiiere 3 qu'on
appelle Ouverture ou Lucarne faijliere.
Le plomb dans les Couvertures eft fujet à fe tourmenter 3 &d'or~
dinaire il fè cafTe aux endroits où il eft foudé. Le Dôme du Val-de-
Grace eft couvert de lames de plomb arrondies en forme d'Ardoife,
LeonBap Le Pape Honoré fit autrefois couvrir l'EgJifè de S. Pierre de Ro-
mes
-ocr page 132-
LIVRE P RE M I E .1.               iep
me , de Tuile de cuivre. II y a plufieurs lieux en Allemagne , où rifte AW
l'on couvre encore avec des Lames de cuivre.
                                 ^" hv-
Les Couvreurs ont pour Outils particuliers, uneAf-         '
Jîete , c'eft-à-dire Hachette pour drefler les Lattes.
i Contrelattair pour fouftenir les Lattes en clouant defïus.
Une Enclume pour couper l'Ardoife.
Un Marteau rond par un bout,, & pointu, par l'autre , & dont le
manche eft de fer plat avec bizeau des deux coftez, pour tailler l'Ar-
doife.
Un Martefet à l'ordinaire pour later & rompre le nez de la Tui-
le , quand ils en ont befoin.
Des Triquets ou Chevalets pour efchaffauder.
Des Efchelles avec Couffinets de paille au bout.
Des Cordages noués pour s'attacher &fe fuipendre, lorfqu'ils tra-
vaillent aux tours & clochers.
Des Auges & Truelles pour faire les Enfa'iftemens , Arreftiers ,
Ruillées & Tente des Efgouts.
Lorfque les Couvertures fe font de plomb , ce font les Plombiers
qui travaillent & qui foudent les tables de plomb avec foudure d'ef-
tain Si. de plomb meflez enièmble j Quelquefois on couvre fans
foudure & feulement avec des coutures ou chevauchures, c'eft- à- di-
re le plomb retourné l'un fur l'autre, & attaché avec de bons cloudsj
ce qui fe fait pour empefcher que le plomb ne fe cafîe. par le trop
grand chaud. & par le trop grand froid.
O 3                    EX PLI-
-ocr page 133-
DE L'ARCH
ITECTURE,
ÏIO
EXPLICATION DE
I. Figure.
AComble en Tignon ou Cou.
verture garnie de Lates pour la
tuile ordinaire.
i Tuile faijliere.
2    bureau.
3    Lucarne Tiamoifelle,
4   Tuiles flattes.
f Tuiles rondes à la manière de
Guienne.
6   Tuiles courbées en S à la ma-
nière de Flandre.
7   Tuiles gyronnées.
8    Tuiles hachées, ou arreflieres.
XX. Figure.
B Comble en Croupe couvert de
Tuiles Flamandes.
III. Figure.
C Comble ou toit couvert a^ar-
doife en pavillon.
LA PLANCHE XXIÎI.
i   Enfaijlement.
i    Toinçon garni d'un vafe,
$   Bouffe au.
4,   Membron.
f   Lanufure ou bafque.
6   Lucarne Flamande.
7    Lucarne ronde.
S
    Noquet.
9   Chaineaux à Godet.
10 Godet.
11  Chameaux à Bavette.
12 Crochets des Enfaiflemens éf
des Chaineaux.
13  Cuvette quarrée.
14, 'Defcente.
ï f Gafche.
16 Cuvette en Entonnoir.
17 Fer à Cuvette.
IV. Figure,
D Comble coupé ou Manfarde.
1 Brijts.
Plan-
-ocr page 134-
m
ai
>
-ocr page 135-
,i»           D E L*A RCHITECTURE,
EXPLICATION DE LA PLANCHE XXIV.
Outils de Couvreur.
A AJfiette ou Hachette.               H Cordages nouez pour travaille?
B Un Contrelattoir.                        aux Tours*
C Enclume 4 couper l'ardotfe.        I Auge,
D Marteau.                               h Truelle
E Martelet.                               * Tireclou pour l'ard&tfè. /
F Triquets au Chevalets.             ** Oifeau.
G Efçhelkavec çouffinets de pajl« *** Bmriaue,
Plan-
-ocr page 136-
LIVRE PREMIER.
113
TLAKCHE XXIV.
P
CHA-
-ocr page 137-
DE L'ARCHITECTURE,
CHAPITRE XVI.
T)e la Tlomberie.
SI dans les Maifons ordinaires & les petits Baftimens, l'on peut fê
paffer entièrement de Plomb , ou n'en employer que fort peu , il
n'en eft pas de mefme dans les grands Edifices -, L'on en a befoiâ
non feulement pour les Enfaiftemens des Combles } pour les Chai-
neaux & les Defcentes , mais auffi pour mettre quelquefois par Ta-
bles -, entre les joints des grandes pierres, au lieu de mortier , comme
l'on a fait au Louvre. Auffi ce métail eft-il d'un très-grand ufage,&â
cela d'avantageux qu'il s'employe avec facilité. La plus grande partie
de celuy que nous avons icy, vient d'Angleterre par gros lingots qu'on
appelle Saumons , qui peiènt d'ordinaire quatre cens livres ou envi-
ron. Il vient auffi d'Allemagne du petit Plomb , qui eft par lingots ou
Saumons quarrez , pefant environ fix-vingt livres , mais il eft lèc ,
& moins doux que celuy d'Angleterre.
Comme le Plomb fe fond facilement, il eftaifé d'en faire telles Fi-
gures qu'on veut , en le jettant dans des moules de cuivre} deplaftre,
ou autrement. Mais parce qu'il s'en employé une grande quantité
de celuy qui eft jette en Tables , principalement pour les chofès les
plusneceflàires dans les baftimens , voicy de quelle manière les Plom-
biers y procèdent.
On baftitavecdu grais &de la terre franche 3 une Fqffe en forme
de Chaudière bien maçonnée de plaftre tout au tour, au fond de laquel-
le il y a une petite marmite de fonte } qui fert à rece voir ce qui refte de
plomb fondu , lequel s'en tire plus facilement qu'il ne feroit pas de la
FoiTe , fi cette Marmite n'eftoit au fond. La Fofiè eft eflevée de ter-
re , en forte que le fond de la Marmite eft au niveau , & touche à l'ai-
re du plancher. Lorfqu'on veut fondre 3 on PéchaufFe d'abord avec
de bonne braifè , qu'on met dedans , afin que le plomb ne s'y attache
pas i & fonde plus facilement. Quand elle eft fuffifamment chaude
l'on y met du plomb avec du charbon pefle-mefle , pour le faire fon-
dre.
Proche de la FoiTe doit eftre un des bouts du Moule , afin d'y verfèr
Je plomb plus commodément quand il eft fondu. Ce Moule
eft une Table longue quelquefois de dix-huit pieds , plusoumoinsj
& de trois à quatre pieds de large auffi à difcretion. Il eft fait de
grof-
-ocr page 138-
L I V RI PREMIER.           Hf
grofles pièces de bois bien jointes & liées de barres de fer par les
bouts , & garni tout au tour d'un Chaffis de deux à trois pouces
d'épaifieur. Ce Chaffis excède d'un pouce ou deux & renferme le
fable qui eft fur la Table , que l'on prépare en le mouillant & le re-
muant avec un ballon , ce que l'on appelle labourer. Enfuite on
le plane avec une Tlane de cuivre pour le rendre uni & égal par touts
avantqued'yjetterle plomb.
Lorfque la matière eft fondue, l'on aune grande To'èle de fer de figu--
re triangulaire platte dans le fond, & bordée par les collez &par le der-
rière, mais en forte que les bords vont en diminuant du derrière de la
Poêle au devant. On la chauffe fur la Fofîè, puis en appuyant le devant
fur le bout du Moule, & le derrière fur un tréteau , qui eft moins haut
que le Moule, l'on prend le plomb fondu, & le charbon tout enfemble
avec une grande Cuiller àpuifer, &on le verfe dans la Poêle, qui doit
contenir tout ce que l'on veut jetter dans le Moule, qui va quelquefois
à quinze & feize cens livres pelant, Se plus.
L'on ode le charbon , & on le nettoyé bien avec une Cuiller
percée
j après quoy en levant la queue de la Poêle -, on verfe
tout le Plomb, & on le fait couler dans le Moule , le poufîant
avec une pièce de bois s qu'on appelle Rable , épais d'un pou-
ce ou environ , large de quatre , & dont la longueur eft égale à la
largeur du Moule.
Par les deux bouts il porte fur les Efponges, c'eft-à-dire les bords
du Chaffis j & dans ces deux extrémité? il eft entaillé j, afin que
le tenant de champ fur les Efponges le refte entre dans le Moule pour
donner aux Tables de plomb une épaiïlèur égale , êe telle qu'on la
veut.
Ces Tables eftant ainfi jettées, on les déborde , c'eft-à-dire qu'on
les coupe des deux codez avec des 'Planes pour les rendre unies &
drefîees.
Il y a encore une autre manière de jetter le Plomb lorfque l'on veut
qu'il foit par Tables fort minces s & fort égales. L'on a un Moule de
telle longueur qu'on veut qui n'eft bordé d'un Chaffis que par un
codé. Il eft auffi fait d'un afFemblage de grofles pièces de bois >
mais au lieu de fable , il eft couvert d'une étoffe ou drap de laine bien
tendu , & par deffus il y a une toile pu treillis fin : 4u lieu de le
pofer de niveau fur deux tréteaux $ on îuy donne beaucoup de
pente. L'on regarde quand le Plomb eft fondu dans un degré de
chaleur convenable pour bien couler , U apflï ne pas brufler la
toile ou treillis $ ce qui le connoift en_ y mettait un i&p?§§au de
P 2                           pa-
-ocr page 139-
n6           DE L'ARCHITECTURE,
papier ; Car fi le papier brûle & qu'il s'enfiame , c'eft figne qu'il
eft trop chaud > mais aufli s'il ne rouffit & ne jaunit un peu , c'eft
une marque qu'il n'a pas encore aflèz de chaleur : Eftant donc tel
qu'il doit eftre , l'on a un Rable , mais différent de celuy, dont j'ay
parlé -, car ce font trois morceaux de bois afîèmbîez quarrément &
d'égale hauteur : Ceux des deux coftez ont environ douze ou qua-
torze pouces de long , & venant à diminuer fur le devant, en forme
de deux angles aigus, ne conferventleur hauteur qu'à l'endroit où ils
font afîêmblez avec la pièce du milieu, qui a fépt ou huit pouces de
haut fur une longueur égale à la largeur que l'on veut donner à la
Table de plomb qu'on doit jetter. Après avoir pofé fur le haut du
Moule unecarte pour fervircommede fond au Rable, &empefcher que
la toile ne brûle pendant que l'on verfe le plomb dedans, pour faire la
table j l'on met le Rable fur la carte , en forte que la pièce de tra-
verfe fbit en bas , & les deux extremitez des coftez vers le haut du
Moule. Et lorfqu'avec la Cuiller on a mis dans le Rable la quanti-
té du plomb que l'on defire, il y a deux hommes des deux coftez du
Moule qui ne font que laiffèr aller le Rable en bas , ou qui le tirent
avec viteffè j Car ce qui fait que le plomb demeure plus ou moins
épais, c'eft lors qu'ils le laiflènt couler avec plus ou moins de prom-
ptitude.
C'eft de ces Tables minces & unies que l'on s'eft fèrvi pour met-
tre , comme j'ay dit, entre les joints de plufîeurs groffes Pierres
dans le baftiment du Louvre , & que l'on employé auflî à d'autres
ouvrages.
Outre cette manière de jetter le Plomb pour en faire des Tables,
il y a celle de faire des Tuyaux fans foudure , qui eft d'autant plus
difficile que les Tuyaux font d'une groffëur extraordinaire , comme
l'on en a fait à Verfailles , qui ont douze pouces de diamètre. Pour
cela on a une grande Poêle de fonte pofée fur un trépied de fer, pour
en fouftenir le fond. Tout le pourtour depuis le plancher jus-
qu'aux bords de la Poêle , eft maçonné de terre franche qui la ren-
ferme , en forte qu'il n'y a qu'un paflâge pour mettre du bois deffôus,
&c y allumer du feu •• On laiffè feulement une petite ouverture par
derrière pour fervir de Vent oufe , afin que le feu ne s'étouffe pas.
Quand la Poêle eft bien chaude, on y met le plomb avec de labrai-
fè , pour aider à le faire fondre.
Pendant ce temps-là l'on couche fur une Eftablie le Moule des
Tuyaux qui eftcreufé en rond s &fàit de cuivre de deux pièces avec
charnières & crochets » pour l'ouvrir & fermer. Son calibre eft
de
-ocr page 140-
LIVRE PREMIER,               Uy
de la grofleur qu'on veut les Tuyaux -, & fà longueur eft ordi*
mirement de deux pieds & demy. L'on a un Boulon , pour fervir
de noyau au Moule , c'eft une pièce de fer ou de cuivre ronde, un
peu plus longue que le Moule ? & de la grofleur que doit eftre le
diamètre du dedans du Tuyau.
L'on pafle le Boulon dans deux Rondelles de cuivre qui font
aux deux extremitez du Moule , & qui fervent à les fermer : A
ces Rondelles eft joint un petit Tuyau aufli de cuivre de deux pou-
ces de long , ou environ , que l'on nomme Tortée , lequel a l'é-
paifleur que l'on veut donner aux Tuyaux de plomb. Ces deux
Portées fervent à tenir le Boulon également diftant dans le creux du
moule : Il y en a une qui eft taillée en plume , parce qu'elle fert
plufieurs fois , & que l'autre ne fert que la première fois qu'on jet-
te le plomb.
Lorfque le Boulon eft dans le Moule avec les Rondelles aux
deux extremitez , & que le Plomb eft fondu dans Ja Chaudiè-
re , on le prend avec la Cuiller à puifer , & on le verfe dans le
Moule par un endroit qui eft à un des bouts , & fait en entonnoir,
qu'on nomme le Jet > Quand le Tuyau eft plein , il y a au bout de
l'£ftablie, fur laquelle le Moule eft attaché, vin Moulinet avec une fàn-
gle autour, au bout de laquelle eft un crochet que l'on pafle dans le
bout du Boulon, pour le faire forcir du Moule en tournant le Moulinet,
à force de bras. Lorfqu'il eft dehors on ouvre le Moule, l'on en ofte
le Tuyau, dont l'on met l'extrémité au bout d'enbas du Moule dans le-
quel remettant le Boulon, le bout du Tuyau luy fert de Rondelle & de
Portée en cet endroit ; en forte qu'on ne met plus que celle qui eft tail-
lée en plume à l'autre bout -, puis refermant le Moule , on rêver-
ie du plomb, & l'on recommence comme la première fois ; & ainfï
fucceflivement on fait des Tuyaux de telle longueur qu'on veut.
Pour ceux qui fe font de Tables de plomb foudées, on a des Ron-
dins
de bois , qui font de gros Rouleaux de la longueur & grofleur
qu'on defire , fur lefquels on arrondit les Tables de plomb , & que
l'on foude tout du long avec de la foudure. Apres avoir bien grat-
té le plomb avec un Grattoir , on frotc de poix raifine ce qu'on a
gratté , puis on verfe defïus de la foudure fondue dans une Cuiller,
ou bien on la fait fondre avec un fer chaud à fouder j & les en-
droits où l'on ne veut pas que la foudure s'attache , on les frotte ,
& on les falit avec la main ou avec de la craye.
Comme il eft quelquefois necefîàire de chauffer de gros Tuyaux
par dedans pour les fouder, on a pour cet effet certaines Poêles quar-
P 3                            rées
-ocr page 141-
ïi8           DE L'ARCHITECTURE,
fées de cuivre fort mince, de deux ou trois pieds de long fur quatre ou
cinq pouces de large 8c autant de haut, dans lefquelîes on met de la
braif e , & que l'on fait entrer dans les Tuyaux, on appelle ces poêles des
Tolajtres.
La Soudure dont les Plombiers fè fervent fe fait en meflant enfèmble
pour l'ordinaire deux livres de Plomb avec une livre d'Eftain. L'on
connoift qu'elle eft bonne , lorfque pour en faire effai, l'on en verfè
grand comme un efcu fur le plancher ou fur une table, &qu*il s'y forme
ce qu'on appelle des jeux de Terdrix qui font de petites taches claires
& brillantes.
L'Eftain vientaufh* d'Angleterre par gros lingots pefantjufques àqua»
tre cens livres. ïl y a celuy qu'on appelle à la Rofe^&c celuy qu'on nomme
à l'Anneau qui font des marques différentes. La Rofe eft la marque
d'Angleterre, l'Anneau eft la marque de Rouen, où on examine l'Ef-
tain en y arrivant. Car comme il y en a de plus doux & de plus épurés
qui eftcelu^que l'on prend le premier dans les Chaudières d'où on le
tire lorfqu'on le fait fdndre , ceux qui examinent les Saumons qui
arrivent à Rouen, marquent ces differens degrez de bonté, en mettant
Amplement l'Anneau à celuy qui eft le meilleur -, à celuy qui eft moin-
dre , ils y font un , deux pu trois crochets , qu'ils appellent Grif-
fes
-, Et moins il eft bon & plus ils fpnt de ces griffes 3 mais à celuy
qui eft extraordinairement aigre & mauvais , ils l'écornent par quel-
que endroit du Saumon. Il y a encore d'autres marques toutes dif*
ferentes , qui font celles des Marchands ou des Ouvriers* § Ceux
qui fe connoiflent bien en Eftain , ne s'arreftent pas à ces marques
pour juger de fa bonté.
Quand les Plombiers veulent eftamer des Tables de plomb, ils ont
un Fourneau à eftamer , plein de braifè , aux deux coftez duquel
deux hommes fe mettent pour tenir defîus , êc chauffer les Tables
de plomb , l'on met defîus des feuilles d'Eftain , «Se à mefure que
la Table s'échauffe, & que l'Eftain fond on eftame le Plomb en frottant»
& eftendant l'Eftain par defîus avec eftoupe & poix raifine.
Outre les Fofïès, Poêles, Moules, Cuillers > & autres chofes ne-
ceflaires aux Plombiers , dont il eft parlé çy-defTus.- Il y a encore
plufieurs Outils necefîaires à leur travail qui foniunNhem* un Com-
pas
, un Marteau , des Maillets plats par le collé , des Bourfeaux
ponds pour batre , des Serpes, des S'erpett'<?<$,des Ç&uUaux, des •?'la-
nes,
des Gouges, des Râpes $ un!Défardoirrondi\xnGmto$ri d-esFers
ronds à fonder $
autres petits Fers en trmngif à-Jouder, Lçs Mmfhes de
ces fers font de deux mor cftiuti? dp bojp mm. Ik f nîailk? en forme
-ocr page 142-
tl V RE P REM 1ER.               up
de canaux , fuivant la grofîèur du manche de fer s les Plombiers les^
nomment Atelles.
EXPLICATION DE LA PLANCHE XXV.
KFoJfe à fondre le plomb.            G Rable.
B Moule pour les tables de plomb.   H Rondins pour faire lesTuyaux.
C Tréteau pour porter la poêle.      I Tolaftre.
D Grande 'poêle de fer à verfer   K Moule couvert de toile pour les
le plomb.                                   petites Tables de plomb.
E Cuiller àpuifer.                       L Rable.
F Cuiller percée.
P h A Na
-ocr page 143-
«20 PE L'ARCHITECTURE»
ffialTCHE 3cx:v;
EX PLI-
-ocr page 144-
LIVRE PRE MIE R,
121
EXPLICATION DE LA PLANCHE XXVI.
A Tôèlede fonte pofêe furun Tré-
pied.
B Eftablie avec fon Moulinet au
bout
, garni d'une fangle à*
crochet.
C\ Moule des Tuyaux.
D Boulon de fer avec les Rondel-
les & portées pour mettre dans
le Moule.
E Le mefme Moule fermé avec
le Boulon dedans ■> & un Tuyau
qui en fort.
F"Jet du Moule.
G Fourneau à eflamer.
H Niveau.,
I Compas.
L Marteau.
M Maillets plats par le cofié.
N Bourfeaux ronds pour batrë.
O Serpes î
F[Serpettes.
Q Couteaux,
R Tlanes.
S Gouges.
T Râpes.
1>ébordoir rend.
X Gratoir.
Y Ffrj ra»^ àfouder.
% T et it s fers en triangle àfouder
& Atelles*
P&AK*
^
-ocr page 145-
iïï          D E LARCHITECTUREj
CHA-
-ocr page 146-
LIVRE PREMIER,
123
CHAPITRE XVII
1)u Tavê & Carrelage,
ON appelle Pavé toutes fortes de Carreaux de marbre , de
pierre, ou de terre cuite, qui fervent à paver-3 On nomme auf-
û pavé une eftenduë de place pavée de ceis fortes de: carreaux.
Quant à la manière de les employer , il faut confîderer les Ouvra-
ges qui fe font à découvert, & ceux qui font dans les lieux couverts,
& non expofez au Soleil & à la pluye.
Les Anciens couvroient fouvent le haut des Baftimens , & leurs
Terraflès d'un mortier qu'ils faifoient exprès » & qui devenoit extrê-
mement dur. C'eftainfi qu'on a fait toute la platte- forme de l'Obfer-
vatoire » au Faux-bourg faint Jacques , d'un ciment & d'une matière
qui reflfte à l'eau. Quelquefois on couvre les grands Baftimens en
platte-forme avec des pierres , comme l'on voit au Chafteau de faint
Germain en Laye. L'on dit que leTemple dejerufalem eftoit couvert Jreo»
de Tables de marbre blanc, ce qui le rendoit fi éclattant qu'il paroif- A^m'
fbit de loin comme une montagne couverte de neige.
                       Hv. 6.
Nos terraflès font ordinairement couvertes de Plomb, de Carreauxchap' ".'
de Marbre » de Pierre de Liais, ou d'autres pièces fort dures ; Se en
quelques endroits de grandes pierres d'Ardoife. Mais il faut mettre
un bon maftic deflbus, ainfi qu'on a fait à l'Egîife de faint Sulpice de Pa-
ris , afin que l'eau ne traverfe pas*
Pour ce qui regarde les Cours & les autres lieux l'on fe fert
ordinairement à Paris de Tavé de Pierre de Grais qu'on amené des en-
virons de Fontainebleau. Il y en a de dur , & de tendre ; il
y a aufli du Rabot qui eft une pierre ou efpece de Liais , que
l'on prend derrière les Chartreux. Et encore une autre forte de
pierre qui vient d'Herbelay qui eft plus dure que le Grais de
Samoreau qui vient du cofté de Fontainebleau , mais comme el-
le eft cabocheufè & ne fe taille pas fi bien que le Grais , elle
eft plus propre pour les grands Chemins que pour la Ville. De
ces différentes fortes de Pavé , il y en a de deux fortes , l'un
gros & l'autre menu. Le gros qui eft propre pour des paflages pu- .
blics i & s'aflled feulement avec du fable. Le menu eft encore de
deux façons, & n'eft bon qu'à paver des Cours. La première eft un Pavé
commun de tout EJchantiUon qui s'employe à Chaux & Sable. La fe-
v: .../'.
                                          ' 0^3                         conde
-ocr page 147-
124 DE L'ARCHITECTURE,
conde eft un Pavé quarré & taillé à?échantillon. Il s'aflîed à Chaux
& Ciment, n'ayant que quatre à cinq pouces en quarré. On s'en
fert ordinairement dans les belles Cours $ Et pour les rendre plus
agréables on y mefle quelquefois du Pavé noir parmi , comme l'on
a fait à Trianon.
Il y a aufîï trois fortes de Carreau de terre cuite , dont l'on fe fert
à paver. Le grand qui a fept pouces en quarré fert à paver des Jeux
de Paume , des Atres , des Cuifines & des Terraflès. Le moyen
eft ordinairement quarré , & a fix pans , ayant fix pouces de dia-
mètre. Le petit eft aufîï quarré , &: a fix pans, n'ayant que quatre
pouces de diamettre. Les Carreaux moyens fervent aux eftagesd'en
bas , & les petits aux eftages d'en haut parce qu'ils ne changent pas
tant, & que les plus petits font les plus beaux.
L'on fe fert quelquefois de Brique pour paver, il y en a de deux
fortes , fçavoir la brique entière & la demy-Brique, autrement ap-
pellée Brique de Chantignole ou à'Efchantillon, Elles ont toutes
deux huit pouces de long , & quatre de l'arge , mais la Brique en-
tière eft deux fois plus efpaiflè que Pautre.
Les Outils necefîàires aux Paveurs font , fçavoir pour ceux qui
employent le gros Pavé , une <Pele , une Tince, un Marteau à fen-
dre
, un EJpinfoir, un autre Marteau à paver, & à fouiller la terre,
une T>amoifelle , un Niveau.
Pour le petit Pavé, il n'y a pas d'Outils particuliers , l'on fè fert
éc ceux de Maçonnerie félon l'ouvrage que l'on fait.
EXPLICATION DE LA PLANCHE XXVIL
A Une Tele.                                   Marteau d'Affiette.
B Une Tince,                               F Une lDamoifelle*
G Un Marteau à fendre.                G Un Niveau.
D Un Efpinçoir.                           * Un petit Marteau appelle Ter*
E Un autre Marteau à paver à*       trait,
à fouiller la terre 3 nommé
Plan-
-ocr page 148-
livre premier;
Ilj"
■t'LATSlCgE XXVII
ÇHA»
-ocr page 149-
n6           DE L'ARCHITECTURE,
CHAPITRE XVIII.
'De la Menuiferie.
DAns le travail de Menuiferie, l'on commence par débiter le bois,
ce qui fe fait en deux manières. La première quand on mefu-,
re les Pièces avec la règle & le compas , & qu'on marque les grandeurs
neceflàires avec la pierre noire ou la pierre blanche.
La féconde» c'eft lors qu'après avoir refendu les Pièces avec une Scie
à refendre, on les coupe de longueur avec la Scie à débiter.
Après cela on les corroye avec la demy- Varlope & la grande Varlo-
fe.
Quelquefois on fe fert du Riflart ou de la Galère quand le bois
eft gauche -, Puis on le met bien à l'équaire de largeur & d'epaiflèur,
ce qui fe fait avec le Trufquin.
Eftant ainfi préparé pour afîembler , on efiablit les Pièces de bois
avec des marques de pierre noire ou craye blanche , pour eftre em-
ployées chacune à leur ufage, après quoy on les trace avec le Trian-
gle quarré
, ou à Onglet, & le Poinçon. Et l'on marque les Tenons
& Mortaifes
aux lieux où ils doivent eftre , ou avec le Toinfon, ou
avec un Trufquin d'ajfemblage.
Il y a trois fortes àAffémblage. i. Le quarré, qui eft le plus fim-
ple. 2. L'Aflemblage à Onglet, c'eft-à-dire quand les pièces font
coupées diagonalement ou en Triangle , & non quarrément. 3.
L'Aflemblage d1Aboument ,011 la moindre partie de la pièce eft à On-
glet
, & la plus grande partie quarrée.
Outre cela il y a lesFauJfes coupes, qui ne font ny à l'Equaire,ny
à Onglet * & qui le tracent avec la Sauterelle.
Les Afîèmblages pour les grandes Portes-cocheresfè font avec des
Panneaux appliquez en dehors , & attachez par des clouds retenus
par derrière , & des Croix de Saint André.
Il y a encore les Afîèmblages à queue d'Aronde , à queue percée, &
à queue perdue
, qui eft la meilleure , parce qu'elle eft à. Onglet.
Quant aux Panneaux qui entrent dans l'Aflèmblage delà Menui-
ferie, il y en a àT latte-Bande, qui font les plus fimplesj D'autres Ar-
rafez,
c'eft-à-dire quelePanneau eft égal en épaifîèur à l'Aflèmblage,
Les Panneaux recouverts font ceux qui excédent & recouvrent l'Af-
femblage. Ils font les plus forts, lorfqu'ils y font mis en Rainure,
:>
                         ;V                                                  c'eft-
-ocr page 150-
LIVRE PREMIER.                  u7
c'eft-à-dire que la pièce d'Affèmblage eft creufée avec un Bouvet
la profondeur d'un quart de mortaifè.
Lorsqu'on fait des Ornemens fur la Menuifèrie platte , on appelle
cela pouffer des moulures, comme Quarts de ronds, Douanes, Filets,
Creux, Talons
, Plattes - bandes, Baguettes , &c. 8c tout cela fe
poufïè avec des Guillaumes , des Mouchettes , & des Rabots ronds.
Les autres Ornemens qui fè taillent fur le bois regardent la Scul-
pture.
On appelle Battans ou Montans les maiftreflès pierres d'Afîêm-
blage des coftez des Portes , Feneftres , ou autres Corps : & l'on
nomme Traverfes celles du haut , du bas & du milieu ; Les autres
pièces qui fè trouvent au milieu & debout font encore des Mon-
tans.
On appelle 'Porte àplacart, celle qui eft pleine & emboîtée haut
& bas , avec Rainures, Languettes , Clefs , Chevilles & Colées.
Les autres Portes que l'on nomme Placarts d'afemblages le font
a 'Quadres Se à Panneaux. Les Panneaux font fîmples «Se de bois
commun , & les Quadres font de Relief & à Moulures.
Pour les Portes des Chambres on les accompagne de Chambranles
avec des Corniches defïùs : & on reveft les Tableaux de l'embrafe-
ment, avec des compartimens faits par petits Panneaux.
On appelle une Porte arrafée quand les Panneaux & l'A fîèmblage
affleurent & font d'égale épaiflèur.
Les Lambris fè font ordinairement à Pilaf res , à grands 'Pan-
neaux
, ou à Compartiment , c'eft-à-dire de plufîeurs Panneaux
de diverfès grandeurs & figures.
Quand les Menuifîers ne font que raboter les Ais de leurs longueurs,
foitdefàpin, foitdechefhe, ou autres bois, comme pour faire descloi-
fons, ou d'autres ouvrages, ils appellent cela les blanchir.
S'ily a quelque nœudou fente dans le bois, ils prennent de îa poudre
ou fieure de bois avec de la colle forte , dont ils remplifîènt les dé-
fauts , & nomment cela de la Futée. Il y en a qui font du Maftic
avec de la cire , de la refîne & de la brique pilqe ; ce Maftic eu
meilleur que la Futée, n'eftant pas fi fujet à fe gerfer.
Les Outils & autres chofès dont les Menuifîers fè fervent pour
travailler , font:
La Scie à refendre.
La Scie à débiter.
La Scie àTenon qui eft large , fort mince , & qui a de petites
dents auffi fort minces.
f- ■ '' ' •                                                                                                                                      La
-ocr page 151-
ï28           DE L'ARCHITECTURE,
La Scie à tourner qui efl eftroite avec virolles au bout des bris.
La Scie à enrafer.
La Scie à main ou Egohine qui a une poignée.
La Scie à Cheville qui a auffi une poignée.
UEftablie avec \ç Crochet as fer dans {-xBoete pour arrefter le bois.
Les Valets ou Varlets pour tenir le bois furTEftablie.
Les Maillets pour ferrer les Valets , & fraper fur les outils lors-
qu'on travaille.
Le Crochet qu'on appelle Sergent , & en quelques lieux David.
C'eft une barre de fer de quatre à cinq pieds de long , & d'un pou-
ce ou neuf lignes de grofïèur en quarré , ayant un Crochet en bas ,
& un autre qui monte & defcend le long de la barre qu'on appelle
main. Il fert pour joindre & tenir les pièces de bois lorfqu'on veut
les coler ou cheviller , 6c pour faire revenir la Befogne , c'eft-à-dire
preflèr le bois l'un contre l'autre.
Les Eflreignoirs font deux morceaux de bois joints avec des Che-
villes i Ils fervent à mefme ufage que le Sergent , & pour emboif-
ter des portes ou autres chofes.
Les Trejfes de bois qui fe ferrent avec des Vis.
Les Outils que l'on appelle à Fuji , & qui font compofez
de Fuft , de fer & d'un coin de bois qui tient le fer dans la lumiè-
re , font s
Le Rifiart qui fert à dégroflïr la grofle befogne, & dont le fer eft
en creux.
La Galère.
La grande Varlope.
La. petite Varlope.
La demi-Varlope.
La Varlope à Onglet ou anglée , elle eft fans poignée & 1« fer eft
plus eftroit.
Les Guillaumes à efbaucher.
Le Guillaume à Tlatte-bande pour les Panneaux.
Le Guillaume à recalez ou à reculez, il a moins de jour dans la.
lumière que les autres.
Le Guillaume debout, à caufe que le fer eft debout.
Le Rabot replané qui fert pour ragréer fur la fin de l'ouvrage.
Les Mouchettes dont le fer ôc le fuft font cavez pour faire ôepotif-
fer un quart de rond.
Les Mouchettes à grain d'orge qui fervent pour dégager une ba-
guejte ôc autres Moulures.
Pour
-ocr page 152-
LIVRE PREMIER,'                  12*
Pour, les Ouvrages cintrez, il y a auffi des; Guillaume*, des
Mouchettesy des Rabots ronds, ôcdes Rabots cintres > félon le cin-
tre de l'ouvrage.
Un Bouvement qui fert à pouffer une Doucine.
Un Bouvet > Il y en a de qiverfes façons , fçavoir à Rainures &
à Languettes j pour poufïèr des Rainures , & faire des Languettes
quand on veut emboifter / & aflèmbler des Ais. Il y en a auiÏÏ
qu'on nomme à Fourchement-, ce font ceux qui font enmefme temps
les deux Jouées & la Languette qui entrentdans la Rainure.
Un Bec de cane.
Les Feuillerets pour feuillet, &dontle fuft a une feuillure au bas
de la lumière, &le fer n'a que deux pouces de large.
On fe fert auffi d'un morceau de bois qui eft uni7»/? fans fer, qui fèrt
à conduire un rabot rond, les O uvriers le nomment un Guide.
LisOuiiLsi manche de bois, font:
Les Ci/èauX) dont il y en a qui ont deux Bifeaux.
Les Ci/eaux de lumière pour percer les bois des Guillaumes & Ra*
bots & pour y mettre les fers.
Les Fermoirs grands & petits.
Le Fermoir à nez ronds.
Le Bec dafne.
Des Gouges & autres Outils de toutes fortes de pas pour les ou-
vrages qui fe poufïènt à la main.
Autres fortes d Outils & Inflrumens.
Le Trufquin d'afïèmblage.
Le Trufquin à longue pointe. Les Trufquins fervent à mettre les
pièces d'épaifïèur.
Les Quilboquets.
Les Règlets plats.
Les Reglets à pieds.
Les Equaires.
lazfaujfe Equaire ou Sauterelle.
Le Triangle quarré.
Le Triangle angle.
Le Calibre.
Le Compas.
Le Marteau & les Tenailles.
Les Villebrequtns dont les Mèches font de plufieurs groffeurs fé-
lon les Ouvrages,
R                            Outre
-ocr page 153-
130          DE L'ARCHITECTURE,
Outre cela il y a les Râpes & les Limes pour limer les Scies s la
peau de chien de mer pour polir le bois dans les figures irreguîieres.
Un Tourne à gauche qui eft un morceau de fer fendu par le milieu
pour tourner les dents de cofté & d'autre.
LA PLANCHE XXVIII.
EXPLICATION DE
IV. Figure.
- D Tort6 que l'on nomme en Tfa-
c art d*Affemblage.
i Battons ou Montons, '
% Traverfes.
3    "Panneaux.
4   Cadres,
f Douane.
6    Quart de rond.
7   Filet.
5    Creux ou Cavet.
t> Talon.
io jP'latte-bande,
il Baguette.
I.     F i g tr r e.
A Différentes fortes d'affembla
ges.
i Affemblage quarré.
% Affemblage à Onglet.
3 Affemblage dxAbouëment.
II.    Figure.
B Autres affemblages.
i Faujfe coupe.
2    Affemblage à queue percée,
3    A queue d'Aronde.
4   A queueperdue:.
III.   Figure.
C Torteentafée.
WhAm
-ocr page 154-
LIVRE PREMIER,
13*
IBuchciie xxvxri -
Kt
ËX<
-ocr page 155-
ip          DE L'ARCHITECTURE,
EXPLICATION DE LA PLANCHE XXIX. ]
Outilsy & autres chofesnece(faires aux Menuifiers,pour
travailler.
A Scie à refendre.                       E Scie à enrafer.
B Scie à débiter.                         F Scie a main ou Egohine.
C Scie à Tenon.                         G Scie à Cheville.
D Scie à tourner.                        H Entaille pour limer les Scies»
fiùxi
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LIVRE PREMIER,
Kf
EXJ
-ocr page 157-
DE L'ARCHITECTURE,
i|4
EXPLICATION DE LA PLANCHE XXX.
Suite des Outils de Menutferie.
A Eflablïe.                               E Crochet ou Sergent.
B Crochet si                              F EJlraignoirs.
C Valet.                                   G Treffes de bois.
D Tetit Maillet.
Pï/AK-
-ocr page 158-
»xa
13IFi31ia 3 H A I 1
-ocr page 159-
DE L* ARCHITECTURE,.
136
EXPLICATION DE LA PLANCHE XXXI
Outils que l'on appelle à Fuji,
A Riflard,                                 H Rabot.
T$ Varlope t il y en a de differen- I Moue bettes
L Mouchettes à grain d'orge,
M Bouvet.
N Bec de Cane.
O Feuilleret.
P Guide.
tes grandeurs.
C Varlope à onglet ou anglée.
D Guillaume a esbaucher.
E Guillaume à Tlatte-bande.
F Guillaume à reculez.
G Guillaume debout.
F^AK.
^
-ocr page 160-
X, X V & E PREMIE
22.
TfjScîuT:
llttlllllllli
EX-
1
-ocr page 161-
13$          DE L'ARCHITECTURE»
EXPLICATION DE LA FLANCHE XXXII,
Ouiiisà mmehc d* km* è* entra,
A Cifeau^ly enakdeuxbijeaux. N Effare.
B Cifeau de lumière.                    O Fauffe Equaire.
C Fermoir.                                  P Triangle quarré.
D Fermoir à ne& rond.                 Q Triangle angle.
E Bec d*afne.                               R Compas.
F Gouge.                                     S Marteau.
G Trujquin d'afjfemblage.             T Zrâ^.
H Trujquin à longue pointe.          V &?/i.
I Quilboquet.                             X Tenailles.
L Reglet plat.                             Y Villebrequin.
M Reglet à pied.                         Z Tourne à gauche..
?fcAM»
-ocr page 162-
livre premier;
i$9
IJÛJCSCSX, .AAAiX
S |
EX-
-ocr page 163-
DE L'ARCHITECTURE,
140
CHAPITRE XIX
7)e la Menuiferie de Tlaçage.
LEs Menuifiers qui travaillent de T laçage , font les Ebeniftes*
& ceux qui font des Ouvrages de diverfes fortes de bois. Ils font
diftinguez des autres, par le nom de T laçage, parce qu'outre qu'ils
afîèmblentles gros bois, de la mefme façon que les autres, ilstravail-
lent encore d'une manière particulière 5 car leurs bois qui font de plu-
fieurs natures, & fciez par feuilles , ne font que plaquez fur des
fonds faits de moindres bois , & collez par compartiment avec de
bonne colie d'Angleterre, comme je diray en parlant des ouvrages de
raport.
Quand leurs feuilles de bois font plaquées , jointes & collées»
ils laiftènt leur befogne fur l'Eftablie , & la tiennent en prefîè avec
des Goberges, jufques à ce que la colie foit bien fèche. Les Gober-
ges
font des perches coupées de longueur, dont un bout eft pofé
fous le plancher, & l'autre eft fermement appuyé fur la befogne avec
une Cale en coin entre l'ouvrage & la Goberge, pour le faire mieux
tenir.
Dans cette forte de travail les Ouvriers fe fervent des mefmes Ou-
tils que les autres Menuifîers , mais comme ils employent des bois
durs & pleins de nœuds, comme font les racines d'Olivier, de Noyer
& autres qu'ils appellent bois ruftiques. Ils ont des Rabots autrement
difpofez que dans la Menuifèrie ordinaire qu'ils accommodent eux-
mefrnes , félon qu'ils en ont befoin. Ils en font dont le fer eft de-
rnicouché, d'autresoù il eft debout, &d'autres dont les Fers ont des
dents. Quand ils travaillent fur du bois qui eft rude, ils fe fervent de
ceux dont lefer eft à demi couché. Si le bois eft extraordinairement ru-
de & dur, ils employent ceux dont le fer eft debout ; Et lorfque la
dureté du bois eft fi excefîîve , qu'ils craignent de i'edatter , ils fe
fervent de ceux qui ont de petites dents comme des limes, ou truel-
les bretées, afin de ne faire quecomme limer le bois) ce qui fert auflî
à le redrefïèr.
'Lorfqu'ils ont travaillé avec ces fortes d'Outils, ils en ont d'autres
qu'ils nomment Racloirs qui s'affûtent fur une pierre à huile; ils fer-
vent à emporter les rayes ou bretures , que le Rabot debout Se
celuy
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LIVRE PREMIER.                  14T
celuy à dents ont îaifleesj Se à finir entièrement l'ouvrage.
On fe fert auffi pour pouffer des Moulures en onde fur PEbeine,
fur l'Olivier, ou autres bois durs , d'une machine qu'on appelle un
outil en ondes. 11 eft compofé d'une roue avec une efchelle au-defibus;
au demis derefchelle5 ilyadeuxreflbrts, &furlesreflbrts, une yis
qui fait appuyer fur le bois un Fer taillant qui le coupe & le façonne
en ondes j auffi avant qu'on veut. Il y a auffi des Scies d'une maniè-
re propre à ces fortes d'ouvrages. 11 fera parlé de ces Outils dans le
Chapitre de la Marqueterie.
C H A P I T R E X X.
1)e la Serrurerie.
DE toutes les choies neceflaires à la conftruftion des Baftimens,
il n'y en a pas dont l'on puifle moins fe paffer que du Fer -, car
quand Ton n'en employeroit point pour lier les murailles, & joindre
enfemble les pièces de bois, comme l'on fait fbuvent dans les grands
Edifices -, ny mefme pour la fermeture des portes & des feneftres,
l'on eft toujours obligé de s'en fèrvir -, puifque les outils des Ma-
çons & des autres Ouvriers ne peuvent eftre faits que de cette ma-
tière. De forte qu'il eft aifé de juger que l'art d'employer le Fer
eft un des plus anciens & des plus neceflaires. Auffi cette matière
eft-elle d'un prixconfiderable dans les Indes, &dans les lieux où elle
eft plus rare que l'Or.
Il y a du Fer de plufîeurs natures : car il s'en rencontre qui eft
ployant comme l'argent, d'autre qui eft caflànt, & d'autre qui eft aifé
à fe rouiller.
Ce que nous appelions Acier, n'eft autre chofe qu'un Fer
plus épuré ; les anciens le nommoient Chalybs, à caufe de la trempe
qu'ils îuy donnaient dans l'eau d'un fleuve qui eft en Efpagne dans
le Royaume de Galice, anciennement appelle Chalybs , ôcaujour-
d'huy Cabé , Ou bien à caufe des Ghalibes Peuples de Cappadoce, ,Ge0f£*
dont Virgile dit :
At Chalybes nudiferum,
ou à caufe de Çhaliboné ville de Syrie.
S 2                          Nous
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mm
14*          DE L'ARCHITECTURE,
©es Mi - Nous avons des Mines de Fer qui eftant bien conduites & travail-
nes a* lées, fourniflènt de bon Acier.
F«-
         L'on tire de celle de Senonches un Fer qui eft fort doux & pliant.
Celle de Vibray proche Montmiral au Mans eft encore de bonne
qualité, mais plus ferme.
Celle de S. Dizier fait un Fer plus caftant, & dont le grain eft plus
gros.
Celle de Nivernois eft d'un Fer doux & propre à faire des épées 3e
des canons de moufquets, elle tient beaucoup de l'Acier.
Le Fer qui vient de Bourgogne eft médiocrement doux.
Celuy de Champagne eft plus caftant.
Le Fer de Roche eft fort doux & fin.
Il vient encore plufieurs fortes de Fer de Normandie , dont k
plus part font fort caftans.
Le Fer qui vient de Suéde <k d'Allemagne eft meilleur & plus
ployant que celuy de France.
Celuy d'Efpagne eft de mefme, mais il eft ordinairement Rou-
vérin
, fe cafte à chaud , & a des grains d'Acier qui font fâcheux
quand on le lime.
C'eft à ceux qui travaillent aux Mines à bien choifir la matière,
la nettoyer, &la laifler quelque temps à l'air, puis après eftrefouil-
lée & bêchée -, la chauffer & la fondre avec du charbon fait déjeune
bois, tenu en lieu fec , un an ou deux avant que d'eftre employé,
parce que le charbon fait de frais & de vieux bois , ne dure gueres
au feu & rend le fer caftant.
DtEiR. Comme c'eft une chofe des plus importantes dans les ouvrages,
où il faut employer du Fer , de n'y en pas mettre qui ne (bit bon,
les Ouvriers doivent pour cela s'étudier à le bien connoiftre.
Pour cet effet j il faut premièrement fçavoir de quelle Forge il
vient, & fi la mine en eft douce ou caftante -, bien qu'il puifie ar-
river qu'en une mefme Forge il s'en trouvera de l'un & de l'autre %
& mefme dans une Gueufe , qui font de grandes pièces de Fer, en
forme triangulaire de 10. ou 12. pieds de long, & plus, fur 10. ou
12. pouces de large en chaque face , & pefant feize ou dix-huit
cens livres 6c davantage.
Les Affineurs jettent quelquefois de petits morceaux de Fer com-
me en poudre , qui n'eft encore du tout affiné , fur le Fer qui
fort de la Forge, lorfqu'il fe trouve par trop chaud & bouillant. Il
y a apparence que c'eft cela , ou le fable qui peut tomber dans le
Moule en coulant, ou de la mine qui n'eft pas fondue, qui engen-
dre
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LIVRE PREMIER.               14?
dre les grains qu'on y trouve, & qui font bien fouvent fi dursqu'oM
eft contraint de les emporter avec un Cizeau ou Burin.
Le Fer qu'on apporte à Paris , eft par pièces en barres de diffé-
rentes longueurs & groflêurs.
Le Fer plat a p. à 10. pieds de long, & quelquefois plus, fur deux
pouces &demy de large, & quatre lignes ou environ d'épaifïeur.
Le Fer qu'on nomme quatre eft en barres de diverfes longueurs,
& de deux pouces ou environ en quarré.
Le quarré bafiard a neuf pieds de long Se feize à dix huit lignes en
quarré.
Le Fer cornette a huit ou neuf pieds de long , trois pouces de
large, & quatre à cinq lignes d'épaifïeur.
Le Fer roîidz. fîx à fept pieds de long fur neuf lignes de diamètre.
Le Fer de Carillon eft un petit Fer qui n'a que huit à neuf lignes.
Celuy de Courçon eft par gros morceaux de deux, trois & quatre
pieds de long, & de deux pouces &demy en quarré.
La Tôle eft en feuilles & de plufieurs largeurs & hauteurs.
Il y a outre cela le petit Fer en botte qui fert pour faire les verges
des vitres, & autres ouvrages.
Quand on eft bien informé de quelle Mine eftleFer, on en peut
connoiftre la qualité : Ou bien l'on en juge fi en prenant une barre,
on voit qu'il y ait de petites veines noires qui aillent en long -, que
cette barre foit ployante fous le marteau , & fur tout qu'il n'y ait
point de Gerfures, c'eft-à-dire de petites fentes ou découpures
qui vont en travers, car c'eft fîgne que le Fer eft bon & pliant/mais
s'il y a des Gerfures , c'eft Une marque évidente que le Fer eft
Rouverin c'eft-à-dire cafïànt à chaud , 6c qui donne de la peine à
forger.
On connoiftra encore fi le Fer eft doux , à la couleur qu'il aura
en le cafïànt 5 Car s'il eft noir dans la cafïure, il eft bon, doux & ma-
niable à froid & à la lime , mais auftiil eft fujet à eftre cendreux,
c'eft-à-dire qu'il ne devient pas plus clair, après qu'il eft poly, prin-
cipalement s'il fe rencontre âes taches grifès deffus , comme s'il y
avoit des cendres méfiées avecj car c'eft ce qui le rend difficile à
polir & à mettre en bon luftre , ce qui n'arrive pas à toutes
les barres , mais à la plufpart. Audi cette forte de Fer eft
moins fujette à fe rouiller, parce qu'il tient un peu de la nature du
plomb.
Il y a d'autres barres, dont le Fer à la cafïe paroift gris , noir &
tirant fur le blanc j Ce Fer eft beaucoup plus dur & roide que le précè-
dent
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144          DE L'ARCHITECTURE,
dent lorfqu'on le ployé. Il eft tres-bon pour lesMarefchaux,îes Tail-
landiers, & ceux qui travaillent de grof lès œuvres noires * Mais pour la
hme, il eft mal-aifé) àcaufequ'il s'y rencontre des grains qu'on ne peut
emporter, & qui empefchent quelquefois qu'on ne puifle bien percer
& forer la tige d'une clef ou autre chofè.
h Celuy qui à la cafte, eft méfié, & dont une partie eft blanche, l'autre
grife, l'autre noire -, & qui a le grain an peu plus gros que celuy que j'ay
dit, eft fou vent le meilleur, foit pour la forge, foit pour la lime, foit pour
fe bien polir.
11 y a d'autres barres qui ont le grain petit comme de l'Acier, &dont
le fer eft ployant à froid. Il eft mal-aifé à limer, Scgrefille îorfqu'il com-
mence à eftre chaud pour fouder, de forte qu'il eft difficile à employer à
la forge & à la lime, attendu qu'il ne fefoude pas facilement, & qu'à la
lime il y a des grains. Il eft bon pour ceux qui font de gros ouvrages
pour travailler à la terre.
Il y en a encore d'autre dont le grain eft gros, & clair à la cafte comme
de l'Éftain de glace, ou comme du Talc. Ce fer ne vautgucres, car il eft
caftant à froid & tendre au feu, ne pouvant fouffrir une grande chaleur
fans fe bru fier, parce qu'il eft beaucoup poreux «kaifé à feroùiller&fe
manger facilement.
Le Fer qu'on appelle Rouver'm fè connoift, comme je viens de dire,
Iorfqu'il y a des Gerfures ou Découpures qui vont au travers des barres.il
eft d'ordinaire ployant & maniable à froid. Si en le forgeant il fent le fou-
fre; & qu'en frapant defTus,il en forte de petites étincelles,comme de pe-
tites fiâmes ou eftoiles de feu, c'eft une marque qu'il eft caftant à chaud.
Aufli Iorfqu'il vient en fa mauvaife couleur, qui eft d'ordinaire un peu
plus blanche que couleur de cerifè, il cafte quelquefoi&tout au travers de
la piece:& fi l'on frape defTu5,8?qu'on le ploye,il deviendra toutpailleux.
Celuy d'Efpagne eft fort fujet à eftre de cette qualité, & à avoir des
grains qu'on ne peut limer qu'avec peine.
Tout le vieux Fer qui a été long-temps à l'air ou au ferain eft ordi-
nairement Rouverin, ce que quelques-uns attribuent à une qualité cor~
rofive & mordicante qui eft dans la rofée.
Les Ouvriers & ceux qui ontaccouftumé de travailler, connoifîênt
bienla qualité du Fer, en le forgeant* car s'il eft doux fous le marteau, il
fera caftant à froid 5 & s'il eft ferme , c'eft figne qu'il fera ployant à.
froid.
Ds t'A> Or comme le feu feul ne fuffit pas pour faire tous les outils neceflài-
c
18 a. res auX Ouvriers, & pîufieurs différentes fortes d'ouvrages* mais qu'il
y en a qui doivent eftre de bon Acier > ou bien de Fer acéré, c'eft-
à-dire
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LIVRE PREMIER:                  14?
à-dire meflez de Fer & d'Acier. Il eft befoin que les Serruriers, & ceux
qui travaillent les Outils, fçachent bien choifir l'Acier.
Pour connoiftre le petit Acier commun, qu'on appelle Soret 9 le
Clamefy ou Limofm qui eft le moindre en prix , & qui le vend par
carreaux, ou billes de 4. pouces de long ou environ , il faut pren-
dre garde premièrement fi les carreaux font pailleux ou fur chauffez %
c'eft-à-dire quand l'Acier a eu trop chaud, ce qui le fait paroiftre com-
me grillé & par petits grumeaux, ou plein de veines noires ou de pail-
les que l'on voit en le caftant ; Car s'il eft ainfi, on peut eftre afluré
qu'il n'eft pas bon. Mais fi les carreaux font nets, fans pailles ny
furchauffures i & qu'en la cafte qu'on en fait par en haut , l'Acier
paroïfïe net Se d'un grain blanc & délié s c'eft un témoignage qu'il eft
bon.
L'Acier qui vient de Piémont eft par carreaux? un peu plus gros
que le Clamefy » Pour le bien choifir il faut regarder encore fi les car-
reaux font nets , fans pailles , furchauffures, grumuleux, ny décou-
pez i S'il n'y a point quelques taches tirant fur le jaune , ce qui té-
moigne qu'il eft difficile à fouderSc à allier avec le Fer ou avec d'autre
Acier. Parce que cette couleur jaune eft une marque qu'il y a beau-
coup de foufre dans la Mine , ce qui empefche le Fer de fonder.
Mais s'il eft clair & net 5 qu'il ait le graiu menu & blanc, fans veines
noires, & qu'il fe cafte facilement par le bout qui eft trempé, lorfqu'on
frappe contre quelque pièce de Fer, ou contre un autre carreau d'A-
cier, c'eft une marque certaine que l'Acier eft bon & propre à faire
des Outils pour couper du pain, de la chairs de la corne 5 du bois, du
papier & autres chofes femblables.
Il vient de Piémont deux fortes d'Acier , l'un artificiel & l'autre na-
turel , & de bonne mine. L'artificiel eft fait avec de menues pie-
ces de fer, que l'on met avec du charbon de bois pilé & fait exprés, lit
fur lit dans un grand creufet ou pot de terre capable d'endurer le feu*
avec un couvercle par deftus fi bien luté qu'il ne forte aucune fumée.
On met ce pot dans un fourneau qui ne fertqu'à cela.
Cet Acier eft bon, pourveu qu'il foit affiné deux fois, & que le
charbon avec lequel il eft affiné foit fraifehernent fait. Il faut remar-
quer que toute forte de charbon n'y eft pas propre, & que les creufets
ou pots doivent eftre au moins deux jours & deux nuits dans un feu
violent, & le plus de temps eft le meilleur , pourveu que le creu-
fet demeure toujours bien clos. Cet Acier eft bon à travailler à la terre*
& à acerer des marteaux, & autres outils dont Ton travaille avec force
& violence , & quelquefois aufîi à faire des outils taillans, pour»
T                        vm
-ocr page 169-
i46          DEl'ARCHÏTECTUR E,
veu qu'il {bit bien affiné & trempé comme i! faut.
L'Acier qui vient d'Allemagne eft par petites barres quarrées de
fept à huit pieds de long. Il eft très-propre à faire des refîbrts de
Serrures, des arcsd'arbaleftes, des épées, des refîbrtsd'Arquebufes,
& autres refîbrts; pour eftre bon il doit eftre fans pailles, furchauf-
fures, veines noires ny fourures de fer, ce qu'on pourra connoiftre en
le cafïàntr.
L'Acier de Carme ou à la Rofe, qu'on apporte encore d'Allema-
gne & de Hongrie eft auffi très- bon à faire des cizeaux à couper le Fer à
froid, & à faire des burins, descizelets, des faux, des outils a cou-
per la pierre, la corne, le papier, le bois, & autres ehofes; Ces deux
fortes d'Acier d'Allemagne font les meilleurs qu'on employé en Fran-
ce. L'on en connoift la bonté, lorfqu'iî eft fouple à la main , tout
le long des barres, fans pailles, nyfurchaufFures, lorfqu'à la cafîè on
y voit dans le milieu une tache prefque noire, tirant furie violet, ayant
le grain fort délié & fans pailles ny apparence de Fer, & que cette
tache traverfe prefque la barre de tous coftez. Si au contraire les
barres font pailleufes, furchaufFées , avec quelques veines entremef-
léesdansla cafîè, il n'eft pas bon.
On ameneicy de groflès barres d'Acier, de cinq à fîx ou fept pieds
de long, & de dix-huit ou vingt lignes en quarré, qui fè doit ehoifîr
comme le précèdent. Cet Acier eft propre à acerer les enclumes,les bi-
gornes, les gros marteaux, & d'autres groflès pièces.
L'on nous apporte encore d'Efpagne un Acier, qu'on appelle Acier
dét grain
, autrement Acier de motte ou de Montdragon. 11 eft par
groflès maflès en forme de grands pains plats, qui ont quelquefois
dix-huit pouces & davantage de diametre;Sc 2.3.4.0U 5. pouces d'épaif-
feur. Eftant bien choifi& bien affiné, il eft boni faire des cizeaux pour
couper leferà froid, & pour acerer des marteaux & d'autres outils qui
doivent eftre durs, & avec lefquels on travaille à des ouvrages pé-
nibles & difficiles; comme pour couper le marbre, la pierre & autres
chofesfemblables. Cet Acier pour eftre bon, doit avoir le grain délié
à la cafîè, & de couleur prefque jaune, fans veines noires ny appa-
rence de fer. Il faut choifir le milieu de la motte, & fe fervk le moins
que l'on pourra de la croufte. Si l'on voitque le grain foit gros, clair,
& avec des veines noires, fans tirer fur le jaune, c'eft une marque de
fon peu de bonté.
Pour l'employer & corroyer, il faut premièrement le mettre dans
le feu de charbon de bois ou de terre ; mais celuy de bois eft le
meilleur , pour travailler toute forte d'Acier; parce que le charbon
-                                                                                             da
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LIVRE PREMIER.                  147
de terre eft plus violent* ce qui fait qu'on ne peut pas bien con-
noiftre fi le fer & l'acier eft chaud, à caufe de laflame quipaf-
fe par deffus.
Le Charbon de terre chauffe beaucoup mieux que le Charbon de De
bois, & il en faut une bien moindre quantité- Le Charbon d'Angleter- Char
re que l'on nomme de Neuf-Chaftel eft bien meilleur, que celuy d'E-
cofïè, mais il eft plus léger, c'eft pourquoy on les méfie enfemble, afin de
faire corps -y car celuy d'Eeofîe fèul n'eft pas fi bon.
Le Charbon de France eft afïez bon , mais il en faut une plus
grande quantité, &ne tient pas tant au feu que les précédents. Ce-
luy qui vient de faintEftienne en Foreft& du cofté de Lion eft le meil-
leur : Celuy d'Auvergne eft fort bon, & il s'en trouve qui ne cède gue-
res à celuy d'Angleterre. Celuy qu'on amené de S. Dizier, eft le moin-
dre de tous.
Après avoir mis l'Acier dans le feu, & l'avoir chauffé quelque es-
pace de temps on le laifTe un peu repofèr & bouillir dans le mefme
feu, jettant du fable délié ou de la terre franche en poudre par defïùs
pour le refroidir , & l'empefcher de brufler : Enfuite on l'ofte du
feu, & l'on frappe deffus le plus promptement&le plus légèrement
que faire fè peut i puis on l'applatit, & efiire par petites barres plattes»
de l'épaifïèur de deux lignes ou davantage, qu'on fait rougir en cou-
leur de cerife, & qu'on met dans l'eau. On cafïè ces barres par pe-
tites pièces que l'on met l'une fur l'autre, fur une lame de fer, de
trois lignes d'épaifîèur. L'on couvre le tout de terre franche détrempée
avec de l'eau, & l'ayant fait chauffer doucement, on le tire du feu avec
promptitude, pour lefouder & eftirer de la grofïèur qu'on veut.
C'eft ainfî qu'on peut corroyer & affiner le petit Acier Soret^ Cla-
me fy
, de Piémont, & autres} mefme les méfier & corroyer les uns
avec les autres , comme font quelquefois les Couteliers & d'autres
Ouvriers qui fçavent le bien employer.
Pour celuy d'Efpagne & d'Allemagne en barres* Ceux de Carme
ou à la Rofe de Hongrie & autres qui font en barres, on ne les cor-
royé pas fi fouvent que celuy qui eft par carreaux , parce qu'ordi-
nairement on ne les employé pas àfairedestaillans.
E nc o re qu'un Ouvrier ait pris foin de choifîr un bon Acier,
il n'eft pas afïùre d'en faire de bonne befogne, s'il ne le fçait bien gou-
verner au feu -, prenant garde à ne le pas brufler ny furchauffer. Pour
cela il faut qu'il forge les Outils, ou toute autre chofè qu'il veut fai-
re, avec le plus de promptitude qu'il pourrai car plus l'Acier eft au
feu, & plus il fè gafte.
T %                              Ce
-ocr page 171-
14.8           DE L'ARCHITECTURE,
pES C e n?eft pas encore afîez qu'il fçache bien choifir & bien forger
Trem- le Fer & l'Acier , il doit avoir une connoifîance particulière des
p"' Trempes neceflàires pour chaque forte d'Acier -, confiderer quel
Acier & quelles Trempes conviennent le mieux aux choies qu'il en-
treprend de faire, n'eftant pas également propres pour toutes fortes
d'ouvrages.
Pour tremper le petit Acier Lêmofîn , Clamefy , & l'artificiel,
après que l'on a forgé, acéré, & dreflé les pièces on les fait rougir
dans le feu un peu plus que la couleur de cerilej après quoy on les
trempe dans de l'eau de fontaine ou de puits , la plus froide eft la
meilleure.
Quelques-uns mettent du verre dans la forge, avant que d'y chauf-
fer l'Acier » le faifànt fondre & attacher au tour de leur ouvragé pour le
tremper enfuittelorfqu'il eft bien chaud. Mais plufieurs croyent que
cela ne fert de gueres.
D'autres prennent du fel commun, le pilent, & en mettent fur l'A-
cier, lorfqu'il eft chaud & preft à tremper. Cela peut rendre l'Acier plus
dur, & faire qu'il n'éclatt-e pas iî-toft.
Après avoir chauffé l'Acier, & jette du fel deflus on le met incon-
tinent dans de l'eau froide, & on l'y tientjufquesàcequ'ilfoit froid*
après quoy on luy donne un peu de recuit, c'eft-à-dire qu'après avoir
trempé l'outil, on le met aufll-toft fur une pièce de fer chaud, jufques à
ce que la blancheur qu'il a contractée par la trempe, vienne à fe perdre
en devenant de couleur d'or ; & alors on le rejette promptement enco-
re dans l'eau, fans attendre qu'il devienne bleu , parce qu'il perdroit fa
force; à moins que ce ne fuft de ces fortes d'Aciers à \zRofey qui fons
forts, & qui fe fouftiennent afîèz.\
Pour tremper celuy de Piémont , fi c'eft pour des Outils traa-
chans comme pour couper du pain, de la chair, du bois, & au très cho-
fes femblables, il faut le tremper en couleur de cerife, & après luy
donner le recuit, qui fera bon, fi en paflant un morceau de bois fec par
deffus le carré ou taillant, on void que la raclure ou poufîîere qui en
fertira le brufle incontinent fur la pièce. Mais il faut remarquer que
toutAcier devient caftant, fi on le trempe trop chaud * &qu'ilnes'en-
durcit pas davantage, quoy que plufieurs fbient d'une opinion con-
traire. Si on le trempe trop chaud, & qu'on manque à le faire bon,
dés la première fois, il ne vaudra jamais rien. Mais fi on ne l'a pas trem-
péafîèzchaud, & que l'outil ne fe trouve pas bon, on peutletremper
une féconde fois & le faire meilleur.
Il y en a qui tiennent que pour tremper les reflbrts d'Acier d'Aï-
lemagnej
-ocr page 172-
LIVRE PREMIER.                  149
lemagne, la meilleure &la plus naturelle de toutes les eaux, eft la
roiée du mois de May, amafîee le matin au lever du Soleil en quel-
que lieu eflevé , fur le blé ou autres herbes -, car elle eft moins
terreftre, plus fubtile, & beaucoup plus active, à caufe que dans ce
temps-là toutes les Plantes ontplus de vigueur : & qu'elle fera encore
plus d'effet, fi lorfqu'on l'amafïè, le vent de Bize ou du Nord vient à
îbufler ; la froideur de ces vents la rendant plus pénétrante, ce qui
fait que l'Acier qu'on trempe dedans demeure plus roide, &c faitmieus
fon effet.
L'on prend decetteeau6. 7.8.OU9. fois autant pefant que d'Acier;
On la met dans un vaifïeau, où l'on trempe l'Acier, après l'avoir chauf-
fé doucement & mis en couleur de cerife ; & on !e trempe fi avant qu'il
ne puifïèprendre ny vent ny air, jufques à ce qu'il foit refroidi. En-
fuite on l'ofte&on le nettoyé avec du fable ou du frai fil , tant qu'il
foit blanc, & que toute l'efcaille foit oftée de deffus.
Lorfque lerefîbrt eft ainfi trempé & nettoyé, on le met far le feu,
&on luy laifîè prendre le recuit doucement jufques à ce qu'il vienne
en couleur jaune, fanguine violette , couleur d'eau, & gris noir.
Lorfque ces couleurs paroiflent , il faut l'ofter de defïùs le feu , 8c
paffer un bois fec comme j'ay dit , parlant de l'Acier de Piémont.
Quand ce bois ou fa raclure bruflera deffus, il faudra prendre une cor-
ne de mouton, ou de chèvre, ou de bœuf, ou d'autre animal, qui foit
grafïè,& la pafïèr par deffus lerefîbrt; ou bien une plume, de l'huile,
du fuif de chandelle ou d'autre graifïè , & le mettre un peu fur
le feu. Si l'on fe fert de l'huile, il la faut biffer flamber & brufler
fur le refîbrt, & voir derechef fi le bois dont on le frotera, brufle-
ra y car pour lors l'ouvrage fera achevé, & il n'y aura qu'à le laifîèc
refroidir.
On peut bien tremper les refîorts dans de l'eau de forgeou de rivierei
ou bien dans de l'eau de puits ou de fontaine. Mais fi on les trem-
pe dans de l'eau de fontaine ou de puits, qui foit trop froide, il faut
auparavant la mettre dans un vaifïeau, où l'on puifïè la batre avec un
bafton ou avec la main, afin de l'amolir ; car fi l'on ne faifoit cela, les
refîorts feraient fujets à fe cafîèr, en les pliant, & mefme quelquefois
en les trempant, fi l'Acier eft rude.
Pour l'Acier de Carme ou l'Acier à la Rofe , après l'avoir fait
chauffer en couleur de cerife feulement avec du Charbon de bois, il
faut le tremper dans de l'eau de fontaine ou-de puits, la plus froide
& la plus ferme fera la meilleure. Quand c'eft un cizeau, ou quel-
que autre chofe fort mince 3 cet Acier eft fùjet à fe fendre & a fe
T j                              s:a£-
-ocr page 173-
lyo ■         DE L'ARCHITECTURE,
caffer dans l'eau. Pour éviter cela , il faut mettre le gros bout ou le
moins chaud, dont on fe veut fervir le premier dans l'eau) l'enfonçant
jufques au fond du vaiffeau -, ou bien mettre du fuif ou de la grai£
fe fondue fur l'eau, afin de paner tout au travers de cette graille, qui
flotera fur l'eau, lapiecequ'on veut tremper, lorfqu'elle fera chaude,
& par ce moyen on empefchera l'Outil de cafïer. Après qu'il fera trem-
pé, il faut le recuire & nettoyer, comme j'ay dit, afin de voir mieux
le recuit qu'on veut luy donner.
Car fi l'Acier qu'on trempe , eft deftiné à faire des Outils pro-
pres pour couper du fer, comme burins, cizelets,cizeaux, ou autres
chofèsfèmblables, on leur donnera le recuit en couleur jaune, tirant
un peu furie rouge ; & puis on les laiflera refroidir. Que fi ces Ou-
tils viennent à s'éclater ou à fe rompre en travaillant, on les remettra
un peu fur le feu ou fur quelque gros fer chaud, qui leur donnera du
recuit davantage, jufques à ce que tirant un peu fur le violet, on juge
qu'ils foient tels qu'on les demande. C'eft ainfi qu'on les fait plus durs
ou plus mois, pourveu que l'Acier foit bon.
L'Acier de Carme & de Hongrie eft encore très- bon à faire des faux
& d'autres fortes d'Outils de cette nature.
Celuyd'Efpagnequi eft par grofTes barres fe doit tremper comme
leSoret, \GClamefy> ou Limofin. Si ce font de grofTes pièces, com-
me enclumes , bigornes, marteaux, & choies fèmblables , on ne
leur donne point de recuit ; On les trempe dans leur force dans l'eau
de fontaine ou de puits , la plus froide & la plus ferme eft la meil-
leure.
Pour l'autre Acier d'Efpagne qui eft en motte , il fè doit trem-
per & recuire, comme l'Acier de Carme-, Celuy à la Rofè a les mef-
mes qualitez.
La meilleure & la plus afïurée Trempe pour des Limes & autres
pièces que l'on fait de fer, eft celle qui fe fait d'ordinaire avec de la
fuie de cheminée la plus grofîê, la plus dure & la plus feche qui fe trou-
ve. Il faut la bien piler, & mettre en poudre pour la pafler avec un ta-
mis, puis la détremper avec de l'urine & du vinaigre, y adjouftant
un peu de fel commun ou de faumure, c'eft-à-dire du fel fondu -, dé-
tremper le tout, & n'y mettant pas trop d'urine & de vinaigre, la
rendre liquide comme de la moutarde.
Après que l'on a détrempé la fuie, on prend du vinaigre & du fel,
dont l'on frotte les Limes pour en ofter la graifle qu'on met defTus
lorfqu'on les taille. Eftant bien dégraifiees , on les couvre de la
fuie détrempée, comme j'ay dit} êcfaifàntun paquet de plufieursLi-
ra ess
-ocr page 174-
L I V R E PREMIER.                 i?t
mes > au milieu duquel il y a un canon de fer avec une verge de fer de-
dans qu'on nomme Efprouvette, on couvre tout ce paquet de ter-
re franche. On le met chauffer avec du charbon de bois, dans un four-
neanàvent, fait de briques ou autrement, jufques à ce que les Limes
foienten couleur de cerife, ou un peu plus rouge, ce que l'on con-
noift par le moyen de 1!'Efprouvette, ou verge de fer, que l'on tire dou-
cement hors du canon.
Les Limes neuves faites de fer, fe doivent chauffer davantage, &
tremper plus chaudes, que fi elles eftoient vieilles ou retaillées pour la
féconde ou troifiéme fois, ou qu'elles fufïènt d'Acier.
Lorsqu'on voit qu'elles font afïèz chaudes, on les jette dans quel-
que vaifleau plein d'eau de fontaine ou de puits -, la plus froide eft tou-
jours la meilleure.
Si les Limes fè courbent ou s'envoilent à la Trempe, on les pourra
redreffèr en les pliant doucement dans l'eau, avant qu'elles foient tout-
à-fait froides & avant que de les ofter.Car fi on attendoit qu'elles fufïènt
fcches, on les cafïèroit en les redrefïant.
Après qu'elles font froides, on les nettoyé avec du charbon de bois,
ou du linge, pour en ofter la crafïè ou la fuie qui demeure dans la taille.
On les met fecher devant le feu j & enfin on les enferme dans quelque
boëte avec du fon de froment pour les garder de la rouille.
Si ce font Limes douces, il faut les envelopper dans du papier huilé,
de crainte que la fleur qui eft dans le fon n'entre dans les tailles.
Si l'on veut tremper de petites Limes, desTaraux, des Filières,
ou autres chofes femblables , comme il n'eft pas necefïâire qu'elles
foient fi rudes & fi roides que les précédentes , il faut prendre de
vieilles favates ou cuir de fouliers , les bien laver pour en ofter la
terre-, puis les brufler & les piler promptement, autrement elles de-
viendroient en cendre. Eftant réduites en poudre que l'on paiïè par ;
un tamis, on adjoûfte un peu de fuie, & on détrempe le tout avec
de l'urine ou du vinaigre, ou des deuxenfemble. On met ces Limes
ou autre chofe en un paquet fait de forte qu'elles ne puiflènt pren-
dre vent j onles chauffe, & on les jette dans l'eau froide comme les
précédentes -, que fi les Limes fe gauchifïènt ou envoïlent à la Trempe,
on les redrefïè de mefme que j'ay dit.
Il eft à remarquer que fi on les bat bien à froid, avant que de les
tailler & tremper , elles fe redreflcront encore mieux principalement
les Limes à fendre.
On fait encore des Trempes de plufieurs & diverfes fortes que je
îi'ay voulu mettre icy, de crainte d'eftre trop ennuyeux.
Après
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lf%           D E V A R G H ITEC TURE,
Après avoir parlé de la connoiffance que les Ouvriers doivent
avoir des diverfes natures du Fer & de l'Acier &de la manière de les
chauffer, ôç de leur donner une bonne Trempe, l'on peut dire quel-
que chofe des divers ouvrages quife font pour les Baftimens, & des Ou-
tils neceffaires pour cela.
Des o- Outre les greffes pièces de fer qui s'employent foit à faire des An-
vuages cres, & des Tirans ; desCrampons & des Harpons, pour entretenir
et pie- les murailles ; foit à lier ou attacher des Poutres ou des Tirans de bois,
serro- comme font les Boulons & (es EJiriers-, foit à faire des barres ou des
kerie grilles poux les Feneftres, fbit pour des Balluftres d'Efcaliers ou de
saires Balcons, il y a encore plufieurs autres Ouvrages de Serrurerie necefïài-
bansles res dans les Maifons, dont les principaux regardent la fermeture des
t
MEHS.
' Porîes & ^es feneftres,
A l'égard des Portes , lorfqu'il efè queftion de les ferrer, l'on en
eoniîdere la forme & la grandeur. Car premièrement pour les Por-
tes cocheres, l'on y met deux ou trois (Panturesi qui font des bandes
ou barres de fer, plattes & percées tout du long, pour les attacher con-
tre laPorte avec des cîouds rivez en dedans, oubienavecunOvafl0/>0»
qui pafîè par deffus le collet de la bande , 8? qui traverfànt la Por-
te , eft rivé par l'autre collé fur le bois. Le bout de la bande eft re-
tourné en rond de la groffeur du Mamelon pM gond , & refbudé
fur la rnefme bande. Le Mamelon eft le bout du Gond , qui en-
tre dans la bande , lequel doit eftre foudé fur un gros morceau
de fer quarré qui excède le Mamelon d'un demy pouce , afin que
la Panture porte deffus pour rouler avec plus de facilité, & em-
pefcher que la pefanteur de la Porte ne coupe le Gond avec la Pan-
îure.
Il y a d'autres Bandes que l'on nomme Flamandes, qui font fai-
tes de deux barres de fer foudées l'une contre l'autre, & repliées en
rond pour faire paffer le Gond. A prés qu'elles font foudées, on les
ouvre & on les fepare l'une de l'autre, autant que la Porte ad'épaif-
ieur, puis on les courbe quarrément, pour les faire joindre des deux
coftez contre la Porte. On met quelquefois des feuillages fur ces for-
tes de bandes.
L'on met aulîi aflez fbuvent vn'Pivot, qui prend fous le bas de la
Porte, & dont la pointe entre dznsmie Crapaudine ^ Couette, ouGre->
nouille
de fer ou de cuivre, bien à plomb au droit des Mamelons des
gonds qui font deffus.
On ferre aufli les grandesPortes avec des Fiches à gond ^ qu'on ap-
pelle ainlî à caufe qu'elles s'entaillent dans le bois. Elles doivent eftre
for-
-ocr page 176-
LIVRE PREMIER.                  if.$
forgées à pans par deflus le Mamelon, & arreftées avec de bons clous
ou pointes. Si l'on attache la Porte contre de la pierre, il faut faire un
troupourleGondpluslargeaufond qu'àl'entrée, afin qu'il n'en puif-
fe fbrtir, quand il ferafellé en plaftre ou en plomb.
L'on met à ces Portes de grandes barres de bois ou de fer qu'on appel-
le Fleauxy qui fe tournent fur un Boulon de fer par le milieu, ôc qui fer-
vent pour les tenir fermées avec une Serrure quarrée , & un Ver-
roùil -,
ou bien avec un Moraillon par le bas. Quelques - uns y
mettent des barres de fer par derrière que l'on nomme 'Pied de bt~
cbes
ou Arcboutansy qui ne ferment qu'une moitié de la Porte. Mais
pour eftre mieux, l'on fait que ces barres font doubles par le bout y
pour fermer enmefme temps les deux coftezdelaPorte. L'on y met
auffi un Moraillon qui entre dans une petite Serrure quarrée , à
bofle , ou autrement. D'autres fe contentent de mettre des Verroùils
en haut & en bas avec de petits refTorts par defïous les Verroùils pour
lesempefcherde tomber. A ceux d'en haut on laifîèdes queues af-
fezlongues, pour y pouvoir atteindre , & aufqueîles on met auffi
quelquefois de petites Serrures.L'on attache encore aux Verroùils d'en-
bas un Reffbrt ou un Anneau au bout de la queue, pour l'acrocher à un
petit crochet qui eft à la Porte, afin qu'eftant ouverte, le Verroùil ne
puifTe tomber. S'il y a un guichet aux grandes Portes, on le ferre avec
Couplets ou Fiches à doubles nœuds ou charnières.
L'on met pour l'ordinaire des clous rivez fur les barres de bois &
afîèmblages des Portes avec des Contrevents ou Faujfes pièces de
fer^
par le derrière de la Porte. Et fi l'on ne fait de ces faufTes pièces 8c
contrevent s y l'on fait des clous à doubles pointes que l'on retourne à droit
& à gauche, après qu'ils font chafîèz au travers le bois. Ces clous fe
font de pîùfieurs façons par la tefte -, Car il y en a de quarrez, à
lozange
, en pointe de diamant , en tefte de potiron, a te/le ronde
cannelée i tefte ronde avec des rofes} tefte en façon de fleur de Lys & de
plu/leurs autres manières.
Quant aux petites Portes des maifons , fi elles font arrafées par
dedans, l'on y met des Bandes qui les traverfent -, ou des Bandes
Flamandes-, & on lesgarnit de Fiches avec leurs Gonds à repos 5 de Ver-
roùils ronds
, ou avec deux Vertevelles ou Verroùils plats, avec Cram-
pons i ou Verroùils montez fur platines garnies chacune de deux clous
pafTant au travers delà Porte, & rivez fur la Platine. Et pour les Cram-
pons quifervent de Gâches aux Verroùils, ils doivent eftre à double pata-
te
, attachez comme les Platines, avec deux clous rivez, ôc autres petits
clous/
'''■'•'■■                                                                                                         V                                                                        LorP
-ocr page 177-
xy4           DE L'ARCHITECTURE,
Lorfque la Porte n'eft pas arrazée , & qu'elle eft avec fim-
ples Panneaux , on y met des Taumelles de la largeur du bâ-
tant avec des clous rivez : Et dans les quatre Angles de la Porte»
quatre EquairesyZWm' & ployées fur leur champ avec des clous
à tefte ronde pour les attacher.
Outre la Serrure on y met quelquefois un Loquet à vielle, qui eft
ainfinomméàcaufèdui^/^, qui eft fait comme la manivelle d'une
Vielle > D'autres y mettent des Loquets qu'on appelle Cordelières. Les
Clefs enfont toutes plattes, au lieu de les tourner àl'ordinaire, on les
haufïe pour lever un Bouton, qui tient au battant, lequel fe ferme pat
derrière la Porte dans un Mantonnet.
Pour les Portes des Sales, des Chambres & autres lieux d'un logis,
elles doivent eftre ferrées avec des 'Paumelles quarrées, ou d'autre fa-
çon. Quand elles font d'aflemblage, &arrazées par derrière, ouem-
boiftéespar les bouts* on y met des Bandes au travers, ou bien des
Couplets doubles. Outre les Serrures, on y met auiîi quelquefois un
Loquet ou Clenche.
Si l'on veut que les Portes ferment d'elles-mefmes, on les garnit par
le bas d'un Tivot, ou Valet coudé, ou bien de bandes forgées 6g
tournées par le bout du Mamelon , en queue d'Aronde , & en
forme de volute pardeftusle gond qui eûchamfrain, pourrepouftèr
la Porte. D'autres font faire un reflort double qui bande contre la
feuillure de laPorte, lorfqu'elle s'ouvre. D'autres un reftort àfoudin
dans un petit tambour, oàil y a une queue avec une petite poulie au
bout qui repoufîe la Porte. La meilleure façon eft de faire un des
Gonds avis avec trois ou quatre filets & ion Efcrouë, de la mefme for-
te qu'à une Prefie d*Imprimerie.
L'on garnit auffi les Portes deHeurtoirs, de Boucles, de Boutons,
pour les tirer & fermer -, avec des T latines& Efcujfons, de mefme
qu'aux entrées des Serrures ou Loquets.
Mais ce qu'il y a de plus neceflaire pour la fermeture des Portes,
de plus délicat dans la Serrurie , & où l'on connoift davantage l'in-
duftrie de l'Ouvrier , confîfte principalement dans les différentes
fortes de Serrures. GeHes qu'on faifbit anciennement tant des Por-
tes, que des Coffres & des Cabinets s'attachoient en dehors , &
mefme il y a encore certains lieuxoù les Ouvriers en cet art font obli-
gez d'en faire de femblables pour leur Chef-d'œuvre , quand ils fe
font paflermaiftres.
De ces fortes de Serrures les unes (è font avec un Moraillon fim-
ple & un ePéne ou Péle -, D'autres avec un Moraillon, & une Gâchette-,,
D'au-
-ocr page 178-
LIVRE PREMIER.                   ijr?
D'autres avec un Moraillon & une Gâchette double avec un S.
Il y en a d'autres dont le Moraillon eft fourchu & porte deux Au-
hérons-,
l'on y met un Téne à S. pour les fermer tous deuxàlafoisî
Etoutrelesï,«ï«ilyadoublesGtf^««.
Il s'en fait encore d'autres à 2.3.4. f. ou pîufieurs Ténes, & de diver*
fes façons, dontles Clefs ont double forure, & pîufieurs fentes, danslef-
quelles paffent les Râteaux & Rouets, qui doivent eftre limez en pare-
ment
, pour entrer avec jufteffe & tout à la fois dans la clef.
Il faut que ces fortes de Clefs foient courtes, & bien proportionnées!
Que leur tige ait deux fois la hauteur du Taneton , qui doit eftré
quarré & prendre jufques au Mufeau > Car plus le Taneton fera haut»
& plus les Rouets & les Gardes pourront fe fendre plus profondément
& paffer davantage dans la Serrure. La groffeur de la tige doit eftre pro-
portionnée à la grandeur de la Clef.
Pour forger ces fortes de Clefs, il faut prendre une barre de fer doux
& ployant, qui ne foit pas dur à la lime, & où il n'y ait point de grain ;
onîacaffe, & on la coupe à chaud de deux ou trois pieds de long} l'on
refend les pièces en long aufli à chaud, en deux ou trois morceaux feloa
ia groffeur de la barre.
Enfuitte on prend une de ces parties ou tentons que 1 on met dans le ^
feu pour * fonder, & ^eftirer de groffeur fuffifante pour enlever la Clef, dke% *
& les autres pièces neceffaires pour la Serrure.
                                   **àn
Après que le Fenton eûfoudé & eftiréàe bonne groffeur onle remet J^
dans la forge , & on luy donne encore une ehaude-fuante, c'eft-à- feu.&
direlefairechaufferfichaudqu'ilcommenceàfondre&à dégoûter en — #■
le tirant du feu.                                    ;                          v . icefiie
Pour forger la Clef, on enlevé premièrement le bout ou doit el- bam,&
tre l'Anneau, ce qui fe fait fur l'arrefte ou bord de l'enekme. Après ««<££
que la Clef eft enlevée, fi on ne luy a pas fait le Taneton en renie- cime,
vant, on luy redonne derechef une ehaude-fuante , par le bout du
Taneton , ce que l'on fait auflî pour faire l'Anneau , le remettant
dans le feu pour le percer & bigorner fur la bigorne, &luy donner telle cCefl„àr
forme & figure que l'on veut. Et s'il y faut un Mufeau, ort le fait en gJJ-
trempant le derrière de la Clef dans l'eau, ou mefme fansle tremper fer fur k
ce qui fera meilleur, parce que cette Trempe endurcit le Fer, & le^«*
rend revefche au recuit.                      , rt v V ,                   j, 7f!cÈ
Si c'eft pour une Serrure treffiere , e'eft-a-dire n'ouvrant que d un i*ciefde
cofté, ouïbof/e, auïquellesilhillememeunecHa;veov des dents?J^
aux entrées, on les fait fur l'enclume avec le Cizeau, après avoirmis fm
dans
de hauteur Ôcfoudé le Taneton.                                                  , raJem"
Vvî                          Apres
-ocr page 179-
r?6            DE L'ARCHITECTURE,
Après avoir forgé la Clef, l'on forge le Pêne , & deux Cram-
ponets
pour le tenir} \q Reffort, un Eftoquiau , qui eft comme
une efpece de cheville qui retient le reflort , &qui femet devant le
'Pêne pour empefcher qu'on ne le repoufle avec un Cifeau ou autre cho-
fe. Deux Râteaux, l'un à droit, & l'autre à gauche : la Couverture
que l'on nomme quelquefois un Fond'fec ou F omet -, uneBroc.be, le
Fer à rouet, la Bouterolle & les Rouets-, le Palaftre ou pièce de fer qui
couvre toutes les garnitures, Stoùfontmontées toutes les pièces: lés
Crampons pour l'attacher, le Cachentrée, la Barre pour le tenir, le
Moraillon & le Couplet, qui s'ajufte au bout avec Charnièrej VAuberon
quieft le petit morceau de Fer rivé au Moraillon qui entre dans YAube-
ronniere
de la Serrure* & au travers duquel entre le Pêne pour la fermer
zrecleBoutonpomlevçrle Moraillon.
Pour les Serrures en bois, on fait d'ordinaire de grandes Clefs, avec
de grandes ouvertures dans les 'Panetons.
il y a d'autres Serrures qui font Befnardes, c'eft-à-direqui s'ouvrent
desdeux collez, & qui font garnies d'une, deux, ou trois planches
fendues qui paflênt dans la Clef. Et afin que la Clef fafTe arreft, & qu'el-
le ne pafle point outre, l'on fait dans la Tige une entaille qui eft plus
grofleau milieu & au derrière du Paneton que par le devant, lequel ar-
reft porte fur l'une des planches, & par ce moyen les Serrures s'ouvrent
librement des deux coftez.
Les Serrures qu'on appelle à Moufette fervent d'ordinaire pour des
Coffres fi mpîesj Elles fe ferment à lachutedu couvercle, & s'ouvrent
avec un demy tour à droit.
Il y en a d'autres que l'on nomme un Pêne en bord> parce que le Pêne
doit eftre ployé en équaire par le bout, & recourbé en demy rond
pour faire place au reffort. D'autres qu'on nomme à deux fermetures,
à eau fe qu'elles le ferment par deux endroits dans le bord du Palaftre.
Elles font composées d'un Pêne qui doit eftre fendu ou coudé Am-
plement pour pafïèr un pied du Cramponet, puis ployé à Péquaire
■nCepmt par les deux bouts comme le Pêne en bord: d'une Gâchette , 'des Co-
piée" s °tU€S
» du Reffort de la Gâchette, de la Feuille de Sauge èc de fon Ref-
de fer qui fort-, du Cramponet, des Râteaux, de laCloifon,des Eftoquiaux, des
^ondulek ^-°^ets & ^es Pt*
pour mettre dans les Eftoquiaux & Rateaux,& pour
■pêne, a- attacher la Serrure contre le bois. E lies ont auill un Couronnement & un
dans kf- Efcujjon ou Targette, pour l'entrée de la Serrure.
Ire/LZ- Non feulement on fait des Serrures à deux & trois fermetures,
knon. maisjufquesàneuf&dix. Et comme pour cet effet il faut multiplier les
reiferîs , elles font compofées de Pênes qu'on appelle à Pignon
avec
-ocr page 180-
L ï V R E P R F. M I E R.                    i?7
avec des Cramalieres à pîufieurs crans fouftenus deConfoles,Se rete-
nus avec des Coulijfes qui fervent à conduire les Ténes.
La plufpart de ces fortes de Serrures font plus propres pour des Cof-
fres que pour des Portes & Cabinets, où l'on n'en met qu'à refort, pu à
Ténè dormant, c'eft-à-dire qui ne va point fila Clef ne le fait ouvrir ou
fermer.
Celuy qu'on appelle à r effort-, à caufè qu'il eft repoufTë & fe ferme en
tirant la Porte, s'ouvre parle dehors avec un demy-tourdeCiefj&par
dedans avec un Bouton, qui fe tire avec la main. Il eft facile à ouvrir
avec le crochet, & n'eft pas des plus furs.
On fait de petites Serrures à reiïôrt qu'on appelle Bec de Canne.
A celles qu'on nomme à Téne dormant, il y a un refîbrt par le
eofté qui entre dans un cran ou. contre un arreft qui eft au cofté du
'Pêne
, lequel empefçhe qu'on ne le puifïè aifément ouvrir avec le
crochet, pourveu qu'il y ait des Rouets dans la Serrure, îefquelspaf-
fent l'un par defîùs l'autre, ou qu'il y ait quelque planche qui paiîe entre
le Téne Se le Refîbrt.
Les Serrures à Téne dormant, font compoféesduî3^^, d'un ou
de deux Cramponets, d'un Reffbrt double ou à pied, de deux Râteaux.
l'un à droit, & l'autre àgauche,</<? la Broche, fi la Serrure n'eft Befnarde^
pour ouvrir des deux coftez, de Fer à rouet, du Talaftre, *de la Cloifon, a c'eftre
des Efloquiauxou Eftoquiau, des Vis, des Rivets du*Canon,
s'il y en T>>fat k
fau t; de la Couverture, au Clou à Vis & de PEcujJon.
                           Zfmo"
Il faut donner à la Cloijon la hauteur du Tanetondeh Clef, & une de u $er-
ligne davantage pour l'épaifïèur du Foncet.
                                       ™*\-
L'on fait de ces Serrures de toutes fortes de grandeurs pour fèrvir à uaT*
des Portes. Les grandes fe font à deux tours avec Gâchettes ou Feuilles & " i«*
de Sauges
par deffbus les Ténes qui ont quelquefois deux teftesavec/*"'"i"f*
une petite ton foie. Toutes ces Serrures fe mettent en dedans, & il eft
necefîàire de les encloifonner.
Il fè fait en quelques endroits des Ténes dormants , où l'entrée eft
fur îe Talaftre que l'on met par le dehors , Se où il y a des
Crampons , en forme de Baluftres, de Moulures , ou d'autres
ornemens.
H fe fait d'autres Serrures qui fè nomment aulïi en quelques endroits
des Ténes dormants, ïlyzun Loquet ou Cado/e, qui eft une pièce
de fer de pareille longueur que le Téne, excepté qu'il n'y a point de
Barâe-, qu'il fe met fous l'entrée de la Clef, & qu'il eft piqué dans le
bord du Talaftre pour fe hauffer & baifier dans un Mantonnet qui eft
pofé à la feuillure de la Porte , lequel fe ferme en la tirant & s'ouvre
V j                              par
-ocr page 181-
if«            DE L'ARCHITECTURE,
par dehors avec \xnBouton,Coquiile, G fan, Olive, ou autre chôlè fem-
blable, & parle dedans avec la queue du bouton.
11 y a encore des Serrures à Clenche* qui fe mettent aux grandes
Portes des Maifons , & qui font d'ordinaire compofées d'un grand
Téne dormant à deux tours avec un Rejfort double par derrière} &
au deflus eft la Tlanche, qui eft une pièce de fer de la longueur du Té-
ne
avec urne terre qui fort par le dehors du Takjlre, Se qui eft arreftée
avec un Ejtoqmau, par l'autre bout au bas du Talaftre.
L'on fait encore des Serrures à Ténedormant, dont la Clef eft creufe,
& qui s'ouvrent des deux codez : Il faut à ces fortes de Serrures un Ref-
fort double de Fer ou d'Acier, i 1 doit y avoir auflï deux Gouges à tous
les Reflbrts de fer que l'on met aux Serrures pour les faire décocher des
a ce font crans du Téne, & qu'elles paflènt par deftus les "Barbes des Ténes, auf-
des hau- quels on donne telle cour Je que l'on veut, c'eft-à-dire les faire fortir hors
pZ'esZ- ^u bord ^e & Serrure de la longueur qu'on defire.
levées fur Quelquefois l'on met un Rejfort à boudin dans le Foliot qui fert
leupe> pour repouflèr le demy-tour du Téne, parce que ce reflort eft plus
cm, &' fouple & plus délicat que les autres qui le font avec la Jumelle. 11 y a
que la aufli d'autres fortes de Reflbrts qu'on appelle, Rejfort s de chien, & afin
p!«//T qu'ilsfoient moins fujets à fe caflèr, on les fait d'acier batu mince &
fmemxi.- trempé, mais ces fortes de ReJJorts ne font pas fi bons que les autres.
cheu
           L'on fait encore de ces fortes de Serrures à plufieurs Ténes, Se
suffi des Serrures appeliées Tafe-par-tout, pavée qu'ordinairement il
y a deux Clefs & deux entrées. Il faut pour cela quela Clef foitgran-
de Se Befnarde pour y pouvoir mettre plufieurs gardes, quand on
veut qu'elle ouvre plufieurs Portes par dehors & par dedans. Ces
Clefs le nomment Tajfe-par-tout. Le Talon qui eft au derrière du Té-
ne, Se
qui fait arreft contre le Cramponet peut fi l'on veut lervir de Bar-
be
pour le demy- tour.
L'on peut mettre des fecrets à toutes les Serrures dont j'ay parlé,
pour faire qu'il n'y ait que ceux qui les fçavent, qui puiflent les ou-
vrir -, comme des Barbes perdues qui s'ouvrent en pouflant ou tirant
les Clefs ; des Canons qui ne fe poufient ny ne fe retirent, & que
l'on met dans les Ténes, Gâchettes, fpalajlres Se Couvertures -, ou
bien des Bafeules au lieu de Gâchettes: ou Râteaux qui fe tournent
des Chajfes-pénes, Se d'une infinité de différentes manières félon l'in-
du ûrie des Ouvriers.
L'on donne aux Rouets Se aux autres Gardes que l'on met dans les
Tanetons des Clefs, des noms differens félon leurs différentes figu-
res. Je ne les mettray point icy, parce que le nombre en eft trop
grand,
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LIVRE PREMIER.                  if9
grand , & qu'il pourrait eftre ennuyeux au Le&eur, qui pourra les
apprendre ailleurs s'il en a la curiofité.
L'on fè fert aufîi pour certaines portes, coffres ou autre chofè, de
Cadenats qui fè font en rond, en cœur y en triangle, & en efcujfon. Il y en
a de quarrez, de plat s, en ovale , en forme deglan, en baluftre* &:
ainfi de plufieurs façons.
Pour faire les Cadenats ronds qui font les plus communs on bat
deux petites pièces de fer l'une fur l'autre, de telle grandeur qu'on
veut» & que l'on tourne fur un moule creux avec un marteau ayant la
tefte ronde, pour a emboutir facilement , ou bien avec un poinçon acv/î <*-
à emboutir.
                                                                                  frecreu-
Enfuitte on fait une Virolle de fer de la largeur qu'on veut que
foit Yanfe, après quoy l'on y adjoufte les Oreilles, pour mettre l'an-
fe, & l'on perce le fond de defibus pour mettre la Broche-, De l'autre
cofté l'on fait l'entrée de la Clef, ôcdeflus l'on y adjoufte la Barre, pour
tenir la Gâchette ou Téne, & le Rejfort : Cela fait, on Brafe de la *
manière qui fuit.
Il faut premièrement joindre le plus juftementqu'on peut, lespie- De ia
ces que l'on veut brafer, & faire qu'elles s'ajuftent fi bien l'une con- m*nie-
tre l'autre, qu'elles ne remuent en aucune manière -, ce qui s'obfèrve bL^r.
tant pour les Cadenats que pour toutes les autres pièces. Car fi elles
n'eftoient fermes l'une contre l'autre, elles s'ofteroient de leur place
&ne brafer oient pas aux endroits où elles ne joindraient point. Si ce
font quelques pièces délicates , on peut les lier enfemble avec un
petit fil de fer. Après eftre ajuftées l'on prend du laton, ou mitrail-
le ,
dont la plus jaune & la plus mince eft la meilleure -, on la cou-
pe par petits morceaux que l'on met dedans & au tour des pièces qu'on
veut brafer, & qu'on couvre avec du papier ou du linge attaché avec
un fil.
Enfuite il faut prendre de la terre-franche , car autrement toute
la matière fè fondrait ou coulerait au feu , lorfque le laton ferait
fondu. Si la terre eft trop grafïe, l'onyajoufte un peu de fable & d'ef-
caille
de fer avec un peu de fiente de cheval, & de bourre qu'on bat
avec un bafton -, Quand on a ofté les petites pierres ou gravois qui
font dans la terre , on détrempe le tout enfemble avec de l'èau
claire en confiftance de pafte , dont on couvre l'ouvrage de
l'épaifîèùr de 2. 3. 4. f. ou 6. lignes ou davantage félon fa grofleur.
Eftant couverte, il faut la mouiller, mettant de l'efcaille de fer par deftus
pour fecher un peu l'eau, & pour empeicher que la terre rie' fe fende au
fèu j pais Ja ehaaffaat un efpace de temps , on tourné la
be>
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i6o           DE L'ARCHITECTURE,
befogne par plufieurs fois , de peur qu'elle ne fe chauffe trop d'un
cofté , ce qui fe fait jufques à ce qu'on voye une flamme ou fumée
bleue & violette qui forte de la terre , & qui fera un ligne évident
que le laton eft fondu , & qu'il coule également par tous les en-
droits neceflàires Cela fait, oa ofte la befogne du feu , la tour-
nant doucement de tous les coftez jufques à ce qu'elle foit un peu
refroidie, & que le laton ne coule plus j Car autrement il s'entrou-
veroit plus en un endroit qu'en un autre. On la laifîè refroidir dans la
terrejufques à ce qu'on puifTe la manier aifément avec les mains. Tou-
tes les grofîes pièces fe brafent de la mefme manière.
Si c'efl quelque pièce délicate , on peut fans la couvrir de terre
prendre du laton, le mettre fur la pièce qu'on veut brafer , & la
mouillant avec de l'eau claire, y mettre du borax en poudre, & la fai-
re lécher doucement devant le feu. Car fi d'abord on l'en approchoit
trop, l'eau venant à s'échauffer & à bouillir, jetteroit le laton & le borax
hors de leur place. Mais après qu'il eft fec, on le met fur le feu, &c en
approchant le charbon de tous collez , l'on en met un par defîus,
fans pourtant qu'il touche la pièce, que l'on chauffe jufques à ceque
l'on voye fondre & couler le laton , ce qui arrive bien-toil par le
moyen du Borax.
Si les pièces font extraordinairement délicates, & qu'on ne veuille
pas que le laton y paroi/Te -, il faut prendre de la fbudure faite de la*
ton, avec la dixième partie d'eflain fin, comme fondes Chaudron-
niers. On la bat par petits T allions que l'on met fur la befogne
avecdel'eau, puisduborax&delar<37/9w Se l'on fait du refle comme je
viens de dire.
On brafe encore avec de la foudure compofée d'un tiers de laton,
& les deux autres tiers d'argent fin. Il faut prendre garde de ne pas fra-
per les pièces qu'on a brafées pendant qu'elles fontehaudes, car elles fe
fepareroient.
                                                      ,
On fait aufîi des Cadenats dont les clefs font un tour ou deux pour les
fermer & ouvrir. Quand on a forgé la Clef, lesTala/îres, les Râ-
teaux,
le Téne, les Cramponets, la Broche, la Cloifon, les EJloquiaux,
VAnce,
ou le Verrouil, YAuberon, le Fer à rouet, & les Rivets, il faut
recuire cette befogne, comme je vais dire.
On prend de la terre franche un peu fàblonneufe , & un peu
de fon : l'on détrempe le tout avec de l'eau claire en confiftance de
pafte aflezmolle, de laquelle on couvre toutes les pièces de l'épaif-
feurde3- ou 4. lignes, puis on les met dans la forge, & on les cou-
vre avec du charbon de bois, y mettant un peu de charbon allumé
pour
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LIVRE PREMIER.               161
pour faire allumer l'autre de foy-mefme fans foufler. On laiflè bruf-
ler & confommer tout le charbon avec les pièces dedans , jufques à
ce qu'elles foient froides.
L'Acier Ce recuit de la mefme forte.
Quelques-uns font un peu chauffer leur befogne » puis la cou-
vrent avec du fùif de chandelle -, d'autres avec de la cire & de ter-
re franche par deflus , puis les mettent dans le feu & les laiflènt re-
froidir doucement, comme j'ay dit.
Pour ce qui regarde les Feneftres & les Croifées , elles fè fer-
rent avec des Fiches , ou bien avec des Couplets qui portent leurs
'Paumelles recourbées en équaire. Ces Taumelles & Couplets font
ordinairement polis & cftamez , & l'on s'en fort lors que les Fenef-
tres font arrazées , & que les Guichets affleurent les Chaflis à verr©
par le dedans.
. On met à ces croifées des Targettes vuidées & entaillées de leur
épaifieur dans le bois. Il y en a quelques-unes dont les Verrouils
font par deflbus la Platine , retenus avec une petite couverture
ou deux cramponets aufli entaillez dans le bois. Cette façon eft
ancienne.
Lors que les croifées font avec un recouvrement par le dedans ,
on les ferre quelquefois avec des Fiches à gond ou avec des Fiches
à pitons
de deux ou trois manières , ou avec des Fiches à Jîmple
charnière
, ou Fichet à double charnière, qu'on appelle des Fiches
Françoifes
, &qui toutes font bonnes , pourveu qu'elles foient bien
fondées , ajujiées Privées avec riveures bien rondes &juftes dedans
les nœuds ; limées 9 dégauchies & bien ferrées dans le bois.
L'on fait de ccsTargettes les unes de relief, les autres enfoncées ,
d'autres découpées fur du plomb, avec des armes, chiffres ou feuillages.
Si l'on veut les Efiamer en poifle, comme aufli quelques autres pie- Pour es-
cesquinefoientpasde relief, il faut les limer & blanchir avec la lime, tamer-
en forte qu'il n'y demeure aucune tache noire ; puis les huiler aufc
fi-toft , ou bien les mettre chauffer fur un feu de charbon de bois ,
& fi chaud que hRaifne puifle aifément fondre deflus \ Mais pren-
dre garde aufli qu'elles ne chauffent trop % car fi elles prenoient
couleur fur le feu , on ne pourroit plus les eftamer qu'elles ne fuf-
fent reblanchies. Quand elles font chaudes, il faut les prendre avec
des tenailles , & paflèr par deflus de hRaifne qui foit bien claire &
bien nette , fans eftre fàblonneufè , & en mettre tant qu'elles foient
couvertes par tous les endroits cequi empefchera que la rouille ne les
gafte, & les confervera plus longtemps que l'huile.
X                          Pour
-ocr page 185-
yéi DE L'ARCHITECTURE,
Pou? les eftamer , on prendra donc 2 f. ou jq. livres â'eïkân fin
que l'on mec dans un vaiflèau de fer fur un feu de charbon ou de
bois. L'eftain eftant fondu , on met les Targettes dedans , juiques
à ce qu'elles prennent une belle couleur jaune , & lorfqu'en les re-
tirant ,, l'on voit qu'il y a quelque endroit où l'Eftain ne prend pas,
on paflè derechef de la Réfine: fur les taches jufques à ee qu'elles
foient eftamées comme il faut
Si les Targettes ou autres pièces font de relief, & que Ton ne puiffe
les blanchir avec la lime , après qu'elles font relevées & embouties, il
faut lès mettre tremper cinq; ou fix heures dans du vinaigre au lie:
de vin ; enfuite les y faire bouillir, les bien efeurer & nettoyer avec
du fàblon , puis eftant effuyèes , les fecher promptement fur le feu
de crainte de la rouille y Après quoy on les rmfine & oa les eftaœe
comme je viens de dire.
Les Ouvriers ont encore d'autres manières particulières d'eftamer*
comme auffî d'émailler des Targettes , & autres ouvrages de relief
avec cPoi^réfine , Sandarac, & Maftic que l'on pulverifè ,, &que
l'on fait fondre dans un vaiflèau de. terre, où l'on met telles couleurs
que l'on veut avec le pinceau.
ï» o o r Si l'on veut mettre le Fer ou i* Acier en couleur. Il faut premie-
*■ acier rement le limer & polir avec des Limes.douces, puis, le brunir avec
sn cou- un BmniJJbir , ou bien le polir avec de VEmeril en poudre > ôcenfuk
iïor. te avec j-g ja<patfée, Lorfque l'Ouvrage eft bien poli, l'onprenddes
cendres chaudes & paffées auparavant par le Sas, dans lefquelles onmec
la befogne, l'y laiflant chauffer jufques à ce qu'elle prenne telle eo»«
leur qu'on veut. Car premièrement elle paroiftra de couleur d'or ,
enfuite de couleur fanguine , puis violette, bleue, & après de cou-
leur d'eau. Lorfqu'elle eft de la couleur qu'on demande » il faut
l'ofter promptement avec de petites pincettes.
Quand l'on n'a point de cendres , on ne laifFe pas de donner les
mefmes couleurs, en faifaat chauffer un morceau de fec afljez gros,
& mettant defïùs la befogne bien polie : Mais aufîi- toû qu'elle eft
de la couleur qu'on la veut, il faut l'ofter; & la laiftèr refroidir fur quel-
que fer ou pierre froide , fans qu'elle touche à de la graifle ny à
du bois pendant qu'elle fera chaude , car cela gafteroit fà couleur.
Si l'on defire mettre des feuillages oueferitures blanches fur le Fen>
après qu'il eft mis en couleur, il faut prendre du vernis fait avec delà
mine de plomb , & de la cire jaune fondues enfemble , puis faire
un peu chauffer le fer, l'appliquer deffus , & eftant refroidi r defîèi--
ener ce que l'on y veut faire, comme quand Ifongrave àlfeau forte.
Cela
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LIVRE PREMIER.             163
Cela fait, on prend de bon vinaigre que l'on fait bouillir dans une ef-
cuelle fur un rechaud , Se avec un linge blanc > que l'on trempe
dedans , l'on en mouille le fer , en frapant doucement deflus , juf-
ques à ce que le vinaigre emporte h couleur aux endroits qu'on â
deflêignez fur le vernis, qu'il faut bien prendre garde de ne pas of-
ter. Lorfque l'on voit les traits devenir blancs, Se perdre leur ccm<-
leur , l'on jette la befogne dans de Peau claire, & enfùite la fai-
fant un peu chauffer, onï'effùye doucement pour en ofter le vernis:
Et ce qui a efté defleigné eftant blanc , le refte demeure violet ou
d'autre couleur.
Que fi l'on vouloit ofter toute la couleur violette ou autre , de
deflus du fer fans le limer , il ne faut que le faire chauffer comme
pour le mettre en couleur , & le jetter tout chaud dans du vinaigre
& le frotter avec du linge blanc.
Les principaux Outils qui fervent à la Serrurerie , font
Une Auge de pierre à mettre l'eau de la forge.
Un Archet ou Arfôn avec fa Corde pour tourner les Foretz.
Le Ballay ou Efcouvette , qui fert pour arrofer le feu Se pour ra-
maflèr le charbon.
Une grande Bigorne, qui fert à tourner les groflès pièces enrond,
& à bigorner les anneaux des clefs.
la. petite Bigorne, dont un bout eft quarré, & l'autre rond, pour
tourner les Rouets 8c autres petites pièces.
Les Broches rondes, pour faire les Couplets , les Fiches, 8c pour
tourner plufieurs pièces à chaud Se à froid.
Les Broches quarrées pour tourner des pièces deflus.
Les Burins plats pour fendre les Panetons des clefs , Se pour cou-
per 8c emporter le fer à froid , lorfqu'il s'y trouve des grains.
Les Burins coulans , quarrés 8c en lozanges > pour graver.
Les Burins à piquer les Râpes.
Les Bruniffoirs droits pour polir le fer.
Les Brunijjoirs croches pour polir les anneaux des clefs.
Les Brumjfoirs demy-ronds pour eftâmer.
Les Brequins ou Villebrequins en pierre pour percer la pierre ten-
dre.
Les Brequins fimples à percer Iê bois.
Les Bec-d'afnes croches pour ferrer les Fiches dafts le bois.
Les Bo'ètes à Foretz.
Les Clouvieres ou Cloutieres fondés , quâftées & hwlongttes, qui
fervent à rabatre les telles des Vis, 8c autres pièces.
X 2                            Les
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i<54         DE L'ARCHITECTURE,
LesChaJfes quarrées qui fervent à entailler les pièces quarrément
fur la qUarre de l'enclume.
Les Chaffes rondes & demy - rondes pour enlever & entailler ,
qui fervent à enlever & entailler les mefmes pièces.
Les^rar Carreaux » qui font des efpéces de limes taillées , rudes,
pour ébaucher & limer à froid.
Les gros demy-Carreaux fèrvant à mefme ufage.
Les Carreaux deux qui font des limes douces.
Les demy-Carreaux font auffi des limes douces.
Les grojfe's Carlettes pour limer & drefïèr les grofïês pièces j après
que le Carreau ou demy-Carreau y a pafle.
Les Carlettes font limes douces.
Le Coin à fendre.
Le Chevalet qui fert pour tenir les Foretz & Fraifes , lorfqu'on
fore & fraifè les pièces.
Le Chevalet à blanchir.
Le Calibre qui fert pour voir fi les Foretz vont droit , & pour
arrondir les clefs.
Les Calibres pour limer les verroùils des Targettes.
Les Crochets fèrvant à tenir les pièces.
Les Cizailles pour couper le fer, tenve & mince.
Les Cizelets fervent à relever les Efcuffons , les Targettes , &
autres pièces fur le plomb.
Les Cifeaux ou Tranches , pour fendre à chaud les barres de fer.
Les Cifeaux ou Tranches percées pour couper les Fiches ou Cou-
plets , & autres petites pièces de fer à chaud.
Les Cifeaux à froid pour couper de petites pièces de fer à froid.
Les Cifeaux en pierres.                      ■ ,- ;
Les Cifeaux, à tailler limes.
Les Cifeaux à lever.
Les Cifeaux à Fiches pour ferrer les Fiches dans le bois.
Les Cherches-fiches ou Chajfes-pointes qui font comme des poin-
çons pointus pour trouver le trou des fiches.
Les Compas pour prendre des mefures.
Les Enclumes qui fervent à batre le fer à chaud & à froid.
Une Equaire pour mettre à l'équaire toutes fortes de pièces.
Les Eftaux qui fervent à tenir l'ouvrage pour le limer ou pour le
ployer & bien polir.
Les Efchoppes fervent à efchopper, lorfqu'on grave en relief quel-
que chofe de groffier.
VEf-
-ocr page 188-
LIVRE PREMIER, '          i6f
UEjtablie pour attacher les eftaux & pofer la befogne & les ou-
tils dont on fè fert a&uellement.
Les Etampes ou EJiampes pour river les boutons.
La Fourchette de fer pour tourner les Brequins , Tarières 3 Ca-
nons > &c. que l'on tourne en rond , ou demy-rond à chaud.
Les Fers pour ployer les coques des Serrures de coffre, & pour
limer les fers qui fervent à faire les pieds des Rouets.
Un Fer ou petit Eftau pour faire les Panetons des Clefs , lorf-
qu'on les fend.
Les Foretz qui fervent à percer & à forer les pièces de fer.
Les Foretz quarrez pour drefïèr les trous des Clefs & forures.
Les Frai/es rondes & quarrées pour contrepercer les pièces.
Les Filières qui ferment à faire des Vis.
Les Griffes pour tracer les Panetons des Clefs.
LesGratoires rondes -> demy-ronde six. d'autres figures pour drefïèr
& arrondir les Anneaux des Clefs & autres pièces qu'on fait de relief.
Les Grains d'orge ou Fers quarrés pour percer la pierre dure j
lorfque les Cizeaux n'y peuvent entrer.
Le petit Guillaume pourofter du bois des croifées&des feneftresj
lorfque les guichets font trop juftes.
Les Limes quarrées , pour ouvrir des trous quarrez.
Les Limes a doffier fervant à fendre.
Les Limes triangulaires ou en tiers points pour faire des vis, des
taraux & autres pièces.
Les Limes rondes ou en queue' de Rat pour croiftre les trous.
Les Limes demy-rondes pour limer les pièces en demy-rond , les
Scies , &c.
Les Limes h bouter pour drefïèr les Panetons des Clefs , & les
Scies à fendre en long.
Les Limes à potence,
Les Limes carlettes.
Les Limes coutelles.
Les Limes en ovale.
Les Limes en cœur , & autres figures : ces petites limes fer-
vent à vuider les Anneaux des Clefs , les Efcuflbns, les Cou-
ronnemens , &c.
Les Limes fendues par le milieu pour limer des embaffes , &
pour efpargner un filet fur les moulures , les Vafes , les Ba-
luflres, &c.
Les Limes fendues d'un cofté feulement pour mefine ufage.
X. 3                      Les
-ocr page 189-
%66          DE L'ARCHITECTURE,
Los Limes faites en dos de carpe } pour fendre divers ouvrages
& particulièrement des Compas.
Les Limes qui ne font point taillées fur les collez , pour fendre
& pour dreflèr les râteaux des Clefs,
Les Limes douces font des limes qui fervent pour polir & pour
adoucir les ouvrages en plufieurs manières.
Les Limes coudées fervent à couper & dreflèr les clous à fiche.
Les Marteaux à panne droite pour forger le fer & l'élargir.
Les Marteaux à panne de travers pour forger & tirer le fer.
Les Marteaux à main, à Panne de travers , & Panne droite.
Les Marteaux à tefte platte pour dreflèr & pîanir le fer.
Les Marteaux à tefte ronde pour emboutir les pièces rondes &
deray-rondes.
Les petits Marteaux pour pofer & ferrer la befbgne.
Les petits Marteaux pour faire les Rouets & pleines croix des
Serrures.
Les Mandrins ronds , pour tourner des canons , des bandes &
d'autres pièces.
Les Mandrins quarrez pour accroiftre les trous faits avec le poin-
çon.
Les Mandrins m ovale fervant à mefine chofè.
Les Mandrins en lozanges pour faire les grilles.
Les Mandrins en triangles Se autres figures pour former les trous?
après qu'ils font commencez avec les poinçons.
Los Onglettes qui font efpecesdë burins.
Les Poinçons ronds , quarrez, plats & en ovale fervant à per-
cer les ouvrages chacun félon fa figure.
Les Poinçons èerlongs, pour percer les trous des pieds des reflbrts,
coques & autres pièces de cette façon.
Les 'Poinçons plats fervant à piquer les Rouets des Serrures &
autres pièces limées en demy-rond.
Les Poinçons à piquer pour faire la place des pieds des Rouets.
Les Poinçons à emboutir & relever les Rozettes, &c. fur le plomb
ou fur autre chofe. Il y a aufli des Contrepoisons ronds pour con-
trepercer les trous , 6c pour river les pièces j & des Contre^poinçons
berlongs & quarrez pour contre-percer les trous de cette façon.
Les Perçoires rondes , quarrées & plattes , ou berlongues pour
percer les pièces à froid & à chaud.
Les Pointes à tracer pour portraire fur le fer, & tracer les Rouets
Se autres pièces.
Le
-ocr page 190-
LIVRE PREMIER.                  7
Le 'Plajtrmer pour poufïèr la Brique , Ardoife ou Pierre avec
le plaftre dans les trous, lorfqu'on (celle quelque ouvrage.
La Valette de bois fur laquelle il y a une petite pièce d'Acier
trempée , & percée à demy , pour recevoir un des bouts du foret,
lorfqu'on fore quelque ouvrage.
La 'Valette de fer ou Tifomier pour couvrir le feu & pour fablon-
ner le fer.
Les Rifioirs qui font des limes taillées douces par le bout pour
drefler , atteindre , &netoyerles figures de relief 8c autres pie-
ces.
Les Règles de fer pour drefler les pièces , Iorfqu'elîes font chau-
des ou froides.
htsgroffes Rappes quarrées, plattes & demy-rondes pour drefler
les, pièces de bois.
Les petites Rappes rondes % & demy-rondes , pour faire les en-
trées des Clefs & autres ouvertures.
Un Rochoiier qui eft une boëte à mettre le borax.
Va Rabot pour planir le fer & pouffer des filets 8c des moulu-
res.
Un Repoujfoir pour faire fortir les chevilles , &e.
Les Soufflets firoples & doubles pour fouffler le feu.
Une Scie à guichet pour faire les entrées des Serrures.
Un Tranchet pour couper à chaud de petites pièces de fer.
La Tuyerre de la forge , ou conduit par où pafïe le vent des
foufflets.
Les Tenailles droites pour tenir les petites pièces dans le feu.
Les Tenailles croches pour tenir les grofles pièces.
Les Tenailles rondes , pour tenir des boutons.
Les Tenailles à vis pour tenir les pièces à l'a main.
Les Tenailles à vis & de bois pour tenir les pièces polies.
Les Tenailles ordinaires pour arracher les clous , & détacher l'ou-
vrage.
Les Tenailles de bois pour mettre dans l'Eftau , pour polir les
groflès pièces.
Les Tenailles à chanfraindre pour mettre dans l'Eau pour chara-
fraindre les pièces.
Le Tifonnier pour couvrir le feu , & pour fablonner le fer.
Les TaJJeaux , pour percer , couper , river & drefler le fer.
Les Tan aux pour des filières 8c des eferous à vis. Un Tourne*
à-gauche
, pour tourner lesTarrauxScpour faire les eferous des vis.
Les
-ocr page 191-
i68           D E L'AR C H I T E C T U R E,
Les Tranches ou Cifeaux pour fendre à chaud les barres de fer.
Les Valets ou Chevalets pour blanchir les Targettes.
Les Vilebrequins.
EXPLICATION DE LA PLANCHE XXVII.
Q Barre de fer ou fléaux pour les
grandes portes.
R Barre ouPied-de-biche.
S Verroùil à queue.
T Verroùil à Crochet.
Verroùil rond.
X Vertevelle.
Verroùil plat avec (es cram-
pons.
Z Verroùil monté fur fa platine
avec fon bouton.
a Crampon à double patte pour
fervir de Gafche.
b 'Paumelle.
c Equaire qui porte fa paumel-
le.
A Ancre.
B Tirant.
C Harpons.
D Tanture avec fon Gond &
Crampon pour la tenir.
E Autre Tanture Flamande.
F Gond à repos.
G Tlan du Gond à repos.
H Mamelon du Gond.
I Gond en Tlaftre ordinaire.
K Gond en bois ordinaire.
L Fiche à Gond.
M Aijles de la Fiche.
N Nœud de la Fiche.
O Fiches ou Couplets à double
nœud ou Charnière.
P Tivot dans la Crapaudine.
Plan-
-ocr page 192-
LIVRE PREMIER,
■169-
JPX^JTCHJS X^^III?
Y
EXPLi-
-ocr page 193-
\
DE L'ARCHITECTURE.
.J70
EXPLICATION DE LA PLANCHE XXXIV.
A Heurtoirs.
B Boucles.
C Boutons.
D T? latines• é Efcuffons.
E Serrure à ■■'Pêne-dormant ,
dont les pièces font
i LeTene.
2    Les Crkmponets ou Pkoletz.
3    Le ReJJbrt double.
4   -£<? Broche.
5" Z.^ ivr <à Rôuët.
$ LaCloifon.
7   Les Vis.
8    i>.r Rïvep.
9   Le Canon.
10  La Couverture.
il Le Clou à vis.
12  Le Foncet oufond-fec.
13  L<0 Coque.
14 i>j- Ejtoquiaux de la Cloifon.
if LePalajtre.
F DEcuffon.
G Clef de la Serrure.
1 Paneton de la Clef.
t Mufeau.
3   Tige- :
4   Anneau.
H Clenche.
I Mantonnet.
K Cadenats de différentes fortes.
1   Oreilles du Cadenat.
2   Anfe du Cadenat.
L Targettes pour lesfenejlres.
PiAN»
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LIVRE PREMIER,
\1X
JELATTOHE XXXIV.
Y I          EXPLI-
-ocr page 195-
DE L'ARCHITECTURE,
1J1
EXPLICATION DE LA PLANCHE XXXV.
A Auge de pierre fervant à met-
tre l'eau de la Forge.
B De (fous de la Forge & le lieu
à mettre le charbon.
C La Forge.
D Les Souflets.
E Talette ou Telle.
F Eftau.
G Eftablie.
H Enclume.
I Tranchoir à fendre, qui fe po-
fe fur l'enclume
, ou fur un
Tajfeau.
K Terçoùere ronde ou Virolle.
L Autre Terçoùere à mettre fur
l'Efiablie.
M Tranche à fendre à chaud avec
fon manche.
N Gros Marteau à rabatre,ô"à
Tanne de travers.
1   Tefie du Marteau.
2   Tanne du Marteau.
O Marteau à devant.
P Marteau à main : Ces trots
Marteaux fervent à battre
une groffe pièce de fer à
chaud fur l'Enclume
, les
deux premiers ont le manche
fort long
, parce qu'on les
tient à deux mains
, S- ce-
luy qui tient le troifiéme
dîune main
, tient aufft la
pièce de fer de l'autre main.
Q^Ratelier pour mettre plujieurs
Outils.
Plan-
-ocr page 196-
LIVRE PREMIER
. C IZ^SCJE IIXY.
Y 3
EXPO-
-ocr page 197-
tn DE l'AICHITECTURË,
EXPLICATION DE LA PLANCHE XXXVI.
A Bigorne.
B Billot pour tourner des
le aux.
C Grand EJlau à chaud.
i Mafchoir e de l'Eftau.
% Mors.
                   ,
3   Tiges.
4   Jumelle.
f 'Pied.
6   Vis.
7   Oeil de l'Eftau.
8   Boite.
p Manivelle.
Mou-
D Taffeau d'eftablie.
E Bigorneau d'eflablie.
F EJcouette ou Efcouvette.
G Tifonnier fermant aujji de Ta*
Jette.
H Tifonnier coudé.
I Grande Tenaille de Forge.
K Grandes Tenailles à crochet
& à chauffer.
L Autres Tenailles à faire hou*
tons.
PL4N-
-ocr page 198-
LIVRE PREMIER.
JPXAa CHE XXSVI
ÊXFLI-
-ocr page 199-
DE ^ARCHITECTURE,
tfé
EXPLICATION DE LA PLANCHE XXXVII.
H Marteau d'Eftablie.
I Compas.
K Chevalet avec fa boëte & Fo-
ret.
L Talette à forer.
M Foret avec fa boëte.
N Arfon a forer ou Archet.
O Fiïliere avec jon Tarot > &
fon tourne à gauche.
A Tenailles pour faire des vafes
à chaud.
B Tenailles pour emboutir les va-
fes.
C Tenailles a chamfraindre.
D Tenailles a liens.
E Tenailles à fer à rouets.
F Tenailles à vis ou Eftau à
G Tenailles ordinaires.
Plan-
ée
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LIVRE PRE MIE R.
1/7
EXPLt
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l78          DE L'ARCHITECTURE,
EXPLICATION DE LA PLANCHE XXXVIII.
K 'Poinçons de diverfes façons.
L Valets ou Chevalets pour blan-
chir les Targettes.
M Crochets à ouvrir les Serru-
res.
N *?«V à guichet,
O /?«• d'afne.
P Cherche pointe.
QJfille-brecjiùn.
A CifaiUe.
B Gros Carreau.
C T>emy-Carreau.
D Limes de diverfes fortes.
E Râpe.
F Mandrins.
G Cifeaux.
H Bruniffmrs.
I Frai/es rondes & quarrées.
Pi A N-
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LIVRE PRE MIE R.
i$$
ÎLAS'C WE IlIVIg,
CrfJtiA«
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xSo
DE L'ARCHITECTURE,
CHAPITRE XXI.
T>e la Vitrerie.
QUoyque l'invention du Verre foit très-ancienne , & qu'il y
ait long-temps qu'on en fait de très-beaux ouvrages , l'art
néanmoins de l'employer aux Vitres n'eft venu que long-temps
après , & on peut le confïderer comme une invention des derniers
Pline Hv. fiec]es. Il efl: vray que du temps de Pompée , Marcus Scaurus fit
i3[c ap' faire de Verre , une partie de la Scène de ce Théâtre fi magnifique}
qui fut eflevé dans Rome pour le divertiflèment du Peuple. Ce^
pendant il n'y avoit point alors de Vitres aux feneftres des baftimens.
Si les plus grands Seigneurs Scies perfonnes les plus riches vouloient
avoir des lieux bien clos , comme doivent eftre les Bains , les Ef-
tuves , & quelques autres endroits, dans lefquels fans eftre incom-
modez du froid & du vent , la lumière puft entrer -, l'on fermoit
les ouvertures avec des pierres tranfparentes , telles que font les
Agathes ,1'Albaftre , & d'autres marbres délicatement travaillez.
Mais enfuite ayant connu l'utilité du Verre pour un tel ufage, l'on
s'en eft fervi au lieu de ces fortes de pierres -, faifant d'abord de pe-
tites pièces rondes, comme celles qu'on appelle Cives qui fe voyent
encore en certains endroits , lefquelles on afîembloit avec des mor-
ceaux de plomb refendus des deux coflez , pour empefcher que le
vent ny l'eau ne pufîènt pafîèr s & voila de quelle manière les pre<-
mieres Vitres de Verre blanc ont efté faites.
Or comme l'on faifoit dans les Fourneaux des Verriers du Verre
de plufieurs couleurs , on s'avifa d'en prendre quelques morceaux
pour mettre aux feneftres ; les arrangeant par compartimens , com-
me de laMofaïque , ce qui fut l'origine de la Peinture qu'on a faite
enfuite furies Vitres. Car voyant que cela faifoit un afïez bel effet?
l'on ne fe contenta pas de cet afïemblage de diverfes pièces colo-
riées , mais on voulut reprefenter toutes fortes de Figures & des
hiftoires entières ; ce que l'on fit d'abord fur le Verre blanc , fe
fervant de couleurs détrempées avec la colle, comme pour peindre à dé-
trempe. Et pareeque l'on connut bien-toftqu'elles ne pouvoient pas
refifter long-temps à l'injure de l'air, l'on chercha d'autres couleurs,
qui après avoir efté couchées fur le Verre blanc &mefme fur celuy
. -
                                                                                             qui
-ocr page 204-
LIVRE PREMIER.             181
qui avoit efté déjà colorié dans les Verreries pu fient fe parfondre ,
& s'incorporer avec le mefine Verre , en le mettant au feu * en
quoy on reûflit fi heureufement, qu'on en voit des marques par la
beauté de nos anciennes Vitres.
Quand les Ouvriers vouloient faire des Vitres , dont les couleurs
fufîent très-belles, ils fe fervoient de ce Verre qui avoit efté colorié
dans les Verreries, pour faire les draperies des Figures, & en mar-
quoient feulement les ombres avec des traits & hacheures noires. Et
pour les Carnations, ils choififlbient du Verre dont la couleur fuft d'un
rouge clair , fur "lequel ils delfeignoient avec du noir les principaux
lineamens du vifage , Se les autres parties du corps.
Mais pour faire les carnations & les veftemens fur le verre blanc
ils œuehoient des couleurs claires ou brunes , fans demy-teintes *
ny fort ou foible , comme la peinture le demande. Aulïï ces pre-
mières fortes d'ouvrages tels que nous en voyons dans les plus an-
ciennes vitres de nos Eglifes , & qui font faits avant le dernier fic-
elé font d'une manière gothique, & n'ont rien que de barbare pour
ce qui regarde le deflèin, ôepour ce que les Ouvriers appellent ¥Af>-
preji
des couleurs.
Cette manière grofllere commença de changer, lorfqu'en France Se
en Flandre la peinture vint à fe perfectionner j & l'honneur des plus
belles chofes qu'on a faites fur le Verre, eft deu aux François & aux
Flamans. Ce fut un Peintre de Marfeille qui en donna la première con-
noifïànce aux Italiens, quand il alla travailler à Rome, fous le Pontifi-
cat de Jule II. Depuis luy, Albert Dure, & Lucas de Leyde furent des
premiers qui augmentèrent encore cet Art ; &enfuite l'on a fait une
infinité d'Ouvrages d'un travail fi exquis qu'on ne peut rien defirer
davantage pour la beauté du deflein & Pappreft des couleurs. Nous
voyons en plufieurs endroits des Vitres admirables , principalement
celles qui ont efté faites d'après les defîeins des excellens Maiftres ,
comme il y enaencoredansl'EglifedeS. Gervais à Paris d'après Jean
Cou-fin i à la fainte Chapelle du bois de Vincennes, dont Lucas Peni
Italien a fait les cartons au Chafteau d'Anet, dans celuy de Gaiîlon ,
dans l'Eglifè de S. Ouè'n de Roiien, & en divers autres lieux.
Demefme que l'Or eft regardé comme le Chef-d'œuvre de la Na-
ture, auffi le Verre a toujours efté confideré comme le Chef-d'œuvre
de l'Art, & ceux qui fe font appliquez dans cette forte de travail,
n'ont jamais dérogé àleur nobîefîè, commedans la plufpart des autres
Arts. C'eft pourquoy plufieurs de nos Roys accordèrent aux Pein-
tres qui en ce temps-là eftoient tout enfembîe Peintres & Vitriers,
Z 3                             les
-ocr page 205-
i8î            DE L'ARCHITECTURE,
les mefmes Privilèges dont joùifient les perfonnes Nobles , pour fai-
î?e voir S'etrimequ'iis avaient pour ceux qui fur une matière fi excel-
lente , faiibient encore paroiftre par l'artifice de leur pinceau des
ouvrages fi accomplis.
L'on ne parlera point icy de la manière de faire le Verre blanc ny
le Verre de couleur. C'èft un Art tout particulier , qui ne regar-
de point celuy de peindre dont il eft queftion prefentement.
Avant que de peindre fur le Verre, l'on deiïeigne & mefme l'on
colorie toutfonfujet furdupapier j Enfuite l'on choifit lesmorceaux
de Verre propres pour y peindre les Figures par parties, en forteque
les pièces puiflènt fe joindre dans les contours des parties du corps , &
dans les plis des draperies, afin que le plomb qui les doit afïèmbler , ne
gafte rien des carnations & des plus beaux endroits des veftemens.
Quand toutes les pièces font taillées fuivant le deflèin & félon la
grandeur de l'ouvrage , on les marque par chiffres ou par lettres, pour
les reconnoiftre : puis l'on travaille chaque morceau avec des cou-
leurs félon le deflèin qu'on a devant foy -, Se quelquefois l'on en fait
auflî qui ne font que de blanc & noir que l'on nomme Grifaille.
Nous voyons dans les anciennes Vitres des couleurs très-belles &
très-vives, que l'on n'a plus à prefent. Cen'eft pas que l'invention en
foit perdue, mais c'eft qu'on ne veut pas faire ladépenfè, ni fe donner
tous les foins neceffiires pour en faire de pareilles, parce qu'en effet ce
travail n'eft plus recherché , comme il eftoit autrefois.
Ces beaux Verres qui fe faifbient dans les Verreries, eftoient de
deux fortes. Car il y en a voit qui eftoient entièrement coloriez, c'eft-à*
dire où la couleur eftoit répandue dans toute la mafïè du Verre } mais il
yen avoit d'autres, dont l'on fè fervoit d'ordinaire & plus volontiers,
où la couleur n'eftoit que fur un des coftez des tables de Verrejne péné-
trant dedans qu'environ l'épaifïèur d'un tiers de ligne plus ou moins,
félon la nature des couleurs, car le jaune entre plus avant que les au-
tres. Quoyque ces derniers ne fuflènt pas de couleurs finettes & fi
vives que les premiers , ils eftoient néanmoins d'un ufàge plus com-
mode pour les Vitriers * parce que fur ces mefmes Verres, quoyque
déjà coloriez, ils ne laifîbient pas d'y faire paroiftre d'autres fortes de
couleurs , quand ils vouloient broder les draperies , les enrichir de
fleurons , ou reprefènter d'autres ornemens d'or , d'argent, & de
couleurs différentes. Pour cela ils fè fèrvoient dtEmeril avec lequel
ils ufoient la pièce du Verre du coftéqu'elle eftoit déjà chargéede cou-
leur jufques à ce qu'ils euflent découvert le Verre blanc, félon l'ou-
vrage qu'ils vouloient faire j Apres quoy ils couchoienc du jaune ou
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*                        LIVRE PREMIER.               183
telles autres couleurs qu'ils vouloient, de l'autre cofté du Verre, c'eft-
à-dire où il eftoit blanc , & où ils n'avoient pas gravé avec l'Ëme-
ril j Ce qu'ils obfervoient pour empefcher que les couleurs nouvel-
les ne fè broùillaftent avec les autres en mettant les pièces de Verre
au feu , comme il fera dit cy-aprés. Ainfï elles fe trouvoient diver-
lèment brodées & figurées. Quand ils vouloient que ces ornemens
panifient d'argent ou blancs, ils fe contentoient de découvrir la cou-
leur du Verre avecl' Emer'tl, fans y rien mettre davantage j Et c'efl
par ce moyen qu'ils donnoient des rehauts Se des éclats de lumiè-
res fur toutes fortes de couleurs.
Pour ce qui eft de la manière de peindre fur le Verre , le tra- manie-
vâil S'en fait avec la pointe du pinceau, principalement pour les car- RE DB
nations -, & pour les couleurs on les couche détrempées avec de sur le
l'eau & de la gomme , de la mefme forte qu'en miniature , comme Vbrri
on verra dans la fuite.
Quand on peint fur le Verre blanc , & que l'on veut donner
des rehauts , comme pour marquer les poils de la barbe , les che-
veux , & quelques autres éclats de jours , foit fur les draperies ,
foitaiïeurs , l'on fe fert d'une petite pointe de bois , ou du bout
de la Hampe ou manche du pinceau, ou encore d'une plume, pour
enlever dedêffiis le Verre la couleur que l'on a mife dans les endroits
où l'on ne veut pas qu'il en paroifïè.
Les matières necefîàires pour mettre les Vitres en couleur , font
les^Pailles au Êfcailles de fer qui tombent fous les enclumes des Ma-
refchauxlorfqu'ils forgent j le Sablon blanc, ou les petits cailloux de
rivière
les plus tranfparens , la Mine de plomb , le Salpe/ïre, la Ro-*C'ttt>m
caille
qui n'eft autre chofe que ces petits grains ronds , vertsSc jau- jfq'u-on'
nés que vendent les Merciers , & dont je diray cy-aprés la manière peut faire
de les faire s XArgent , le Harderic ou * Ferrette d'Efpagne , le\^à?,h
Perigueux ou Manganefe
, le Saphrè , l'Ocre rouge, le Gip ou Piaf- de fer, &
tre tranfparent comme le Talc , la Litarge d'argent.
                       du f°ufrc
L'on broyé toutes ces couleurs chacune à part, fur une platine J?J™
de cuivre un peu creufè , ou dans le fond d'un bafïîn avec de l'eau daus'ua
où l'on aura mis diflbudre de la Gomme arabique.
                           "™jet
Pour faire le Noir il faut prendre des Efeailles de fer , & les bien qu'il faut
broyer environ deux ou trois heures ou plus fur la platine de cuivre, ««verfer
avec un tiers de Rocaille > après quoy on le met dans quelque vaif- aufeu'de6
feau , pour le garder > Et d'autant qu'il fe rougit au feu , il eft bon roue Pen-
d'y mettre un peu de noir de fumée en le broyant, ou pluftoft du cuivre ^ "nq
feruflé avec la paille de fer, car le noir de fumée n'a pas de corps, heures.
Pour
-ocr page 207-
i8+ DE L'ARCHITECTURE,
Pour le blanc on fe fert de fàbîon blanc ou de petits cailloux ,
que l'on met rougir dans un creufet, puis efteindre dans de l'eau;
commune pour les calciner & mettre en poudre. Cela fait , on les
pile dans un mortier de marbre, avec le pilon de mefme, aprèsquoy <
on les broyé encore fur un marbre : enfuite prenant une quatriefme
partie de falpeftre, que l'on y mefle , on les fait encore calciner. On
les pile Se on les calcine encore une autre fois à feu vif, comme aupara-
vant. Cela fait on les tire du creufet, pour les garder. Quand on en
veut nier* il faut prendre autant de plaftre ou gip , qui fbit bien &
nettement cuit, autant de rocaille ,. & broyer le tout enfemble fur
la platine de cuivre.
Pour faire le Jaune, il faut prendre de l'argent, Scie mettre en peti-
tes pièces pour le bruflerdans le creufet, méfié avec du (bufre ou du
faîpefêre : Eflant tout chaud, Sefortant du feu, on le jette dans une
efcuelle, où il y a de l'eau. Enfuite on le pile dans un mortier de mar-
bre » jufques à ce qu'il foit en eftat de pouvoir eftre broyé fur le
porphyre -, ce que l'on fait durant un demy jour, le détrempant avec
l'eau où il aura efré efteint : Après qu'il eft broyé, on y mefle neuf
fois autant d'ocre rouge , Se on broyé encore le tout enfemble pen-
dant une heure.
Pour faire le Rouge , on fe fert de Litarge d'argent, d'Efcaille
de fer , de Gomme arabique , le poids d'un efeu de chaque forte $
de Harderic ouFerrette demy efeu, de Rocaille trois efcus&demy,
de Sanguine trois efeus : Il faut broyer la Rocaille, la Paille de fer, la
Litarge, & le Harderic ou Ferrette enfemble une bonne demie heure
fur la platine de cuivre. Après cela on prend la Sanguine que l'on
pile fort déliée dans un mortier de fer bien net , Se que l'on met à
part. Enfuite on broyé la Gomme arabique dans le mefme mortier,
afin qu'elle tire ce qui refte de Sanguine , car il faut que la Gomme
foit tellement feche , qu'elle fe mette facilement en poudre. La
Gomme & la Sanguine eflant ainfi pilées , on les mefle Se on les verfè
fur la platinede cuivre, oùfont déjà les autres drogues, 8c on broyé le
tout eafemble le plus promptement que l'on peut : car la Sanguine fè
gafte en la broyant trop cette fois-là. Il faut auflî prendre garde à tenir
k tout le moins mol que l'on pourra, mais que cela foit de la mefme
forte que les couleurs pour peindre , n'eftant ny fi mol qu'il coule,
ny fi dur qu'on ne le puifïè détremper avec le doigt : il vaut pourtant
mieux qu'il foit un peu dur que trop mol. Ayant levé cette compofi-
tion de defïus la platine , il faut la mettre dans un Verre pointu en
bas , car cela importe beaucoup, Se y verfer un peu d'eau claire $
-ocr page 208-
LIVRE PREMIER.                185-
puis détremper cette matière avec le bout du doigt le plus que l'on
peut , y adjouftant encore un peu d'eau , & faire en forte qu'elle
foit de la mefme confiftance, ou un peu plus claire qu'un jaune d'œuf
dilayé. Cela ainfi détrempé, l'on doit le couvrir d'un papier , pour le
garantir de la poudre, & le laifïèrrepofèr trois jours & trois nuits fans
le remuer* après, on verfe doucement le plus pur de la couleur qui fur-
nage deffus, dans un autre vaifleau de verre, prenant garde de ne rien
troubler. Cette couleur eftantoftée, on la laifîe encore repofer deux
jours , après lefquels on verfè comme la première fois.
Cela fait, on met cette dernière couleur fur une pièce de verre ,
un peu creufe & pofee fur du fable dans une terrine ordinaire mife
fur le feu , pour la faire fecher lentement, & la garder. Et quand
on veut s'en fèrvir, on verfè fur une pièce de verre une goûte d'eau
claire , avec laquelle on détrempe autant de couleur qu'on en a be-
soin. Cette couleur fërt pour les carnations j car pour celle qui eft
la plus efpaifTe & qui demeure au fond du verre , elle n'eft bonne
que pour faire quelques teintes de bois , ou des draperies.
Le Vert fe fait en prenant de l'tLsEf-UJfum ou cuivre bruflé une on-
ce, du Sable blanc quatre onces, de la Mine de plomb une once. On
broyé le tout enfemble dans un mortier de bronze , & on le met au
feu de charbon vif dans un creufet couvert , environ une heure ,
après quoy on le retire. Lorfqu'il eft refroidi , on le broyé à fec
dans le mefme mortier , puis y ajouftant une quatrième partie de
Salpeftre , on le remet au feu dans le mefme creufet pendant deux
heures. On le retire & on le broyé comme devant -, & y adjouftant
encore une fixiéme partie de Salpeftre, on le remet au feu pour la
troifïéme fois , & on l'y laifïè deux heures & demie ou environ.
Après cela il faut tirer la couleur toute chaude hors du creufet avec
tin outil de fer , car elle eft fort gluante & mal-aifée à avoir ; il eft
bon de luter les creufets , parce qu'il s'en trouve peu qui ayent la
force de refifter au grand feu qu'il faut pour ces calcinations.
L'Azur ou le Bleu , le Pourpre & le Violet fe font de mefme que le
Vert, en changeant feulement la Paille de cuivre en d'autres matières -,
fçavoir pour l'Azur on prend du Saphre , pour le Pourpre du Peri-
gueux , & pour le Violet du Saphre & du Perigueux autant de l'un
que de l'autre ; & du refte il faut faire comme au Vert.
Pour faire la Rocaille jaune, il faut prendre trois onces de Mine
de plomb , & une once de Sable, que l'on calcine comme il a efté
dit : Et pour faire la Rocaille verte, il ne faut qu'une once de Mine
de plomba & trois onces de Sable.
A a                           Les
-ocr page 209-
1S6           DE L'ARCHITECTURE,
Les teintes propres pour les Carnations , fe font avec du Har-
deric ou Ferrette , & autant de Rocaille s après les avoir pilez en-
femble , on les broyé fur le bafïïn.
Pour la couleur des cheveux, les troncs des arbres, & autres chofes
fèmblables > on prend du Harderic & de la paille de fer , autant de
l'un que de l'autre , & de la Rocaille autant que de tous les deux ,
on broyé le tout enfemble , cela fait un rouge jaunaftre.
Lorfqu'on veut peindre, l'onchoifît du Verre de Lorraine qui tire
fur le blanc jaune , d'autant qu'il fe porte mieux au feu , & prend
mieux les couleurs que les autres Verres. Quand la pièce qu'on veut
faire n'eft pas grande , on met le Verre fur le deffein qu'on veut
imiter , dont l'on prend le trait avec une plume ou un pinceau , &
de la couleur noire, dont j'ay parlé. Si elle eftfèche, il faut la broyer
une heure fur le cuivre avec de l'eau , & y méfier un peu de Gom-
me arabique fechée., comme j'ay dit, la méfier promptement , &
en mettre gros comme une noifette , s'il y a gros comme une noix
de couleur. Il faut aufïi que la Gomme foit fondue avant que
d'employer la couleur qui ne doit eftre ny trop claire ny trop épaif-
fe} Se quand les traits font marquez, il faut les laiffer fecher deux jours.
Rnfuke on donne un lavis , qui fe fait en prenant fixou fept grains
de Gomme arabique bien fechée , avec laquelle on méfie fîx ou
iept goûtes d'urine , tk du noir , autant qu'il fera befoin , pour
rendre la couleur fort claire. Pour bien faire , il faut que le noir
foit dans un petit badin de plomb couvert de ce lavis , afin qu'il ne
feche pas fi-toft , & quand les traits auront été deux jours à fecher,
l'on pafTe le lavis également par tout , & fort iegerement pour ne
pas effacer les traits j puis on le laifïè repoferdeux autres jours. Ce
lavis fert de première ombre , ou demy-teinte ; Et pour faire la fé-
conde teinte, il faut repafïèr encore une fois la couleur avec le pin-
ceau aux endroits necefïàires. Pour donner les jours & les rehauts
on prend une plume ou la hampe du pinceau , comme j'ay déjà dit,
& l'on ofte du premier lavis félon qu'il eft necefïàire. Cecy eft pour
les ouvrages de blanc & noir ou de Grifaille.
Pour les couleurs , lorfque le noir eft appliqué , comme deflus,
& fèchées pendant deux ou trois jours , on les met de la ma-
nière qui fuit.
Premièrement pour ce qui eft des Emaux, comme l'Azur , le Vert
& le Pourpre , il faut les coucher promptement fur la pièce de
Verre avec le pinceau , après avqir efté détrempez avec de l'eau de
Gomme. Et pour les autres couleurs il faut aufïi les employer diligem-
ment.
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LIVRE PREMIER.                187
ment félon le travail que l'on fait, & prendre garde à ne point effacer
les traits , ou bien appliquer les couleurs de l'autre cofté du Verre.
A l'égard du jaune,c'eft la couleur la plutoft faite au Fourneau, mais
en l'employant, il fe doit toujours mettre par derrière le Verre fort uni-
ment, plus où moins chargé, félon que l'on veut, & jamais auprès du
BSeu, parce qu'en fe fondant, ôcrecuifantau feu, ces deux couleurs
n'en feraient plus qu'une qui feroit verte. C'eft pourquoy il faut ,
comme je viens de dire , coucher le Jaune du cofté où il n'y a point
d'autres couleurs. Car il traverfe toute l'épaiiïèur du Verre , ce que
ne font pas les autres qui ayant plus de corps , ne pénètrent pas lî
avant, & dont mefme quelques-unes demeurent far îa iuperficie.
Qu and l'on veut cuire les couleurs, & mettre le Verre au feus
après eftre peint -, il faut premièrement faire un petit Fourneau quar-
ré de brique , qui n'ait en tous fens qu'environ dix-huit pouces, c'eft-
à-dire pourtant félon la quantité d'ouvrage qu'on a préparé. Dans
îe bas , & à fîx pouces du fond on fait une ouverture pour mettre
& entretenir le feu \ AudefTus de cette ouverture , l'on met deux ou
trois barres de fer quarré, qui traverfent le fourneau & le fèparent en
deux. On laifïè encore au defTus de ces barres, & au droit de la porte
d'en bas, une petite ouverture d'environ deux doigts de haut & de large
pour faire pafler les Effais quand on recuit la befogne.
Le Fourneau ainfi drefTé , l'on a une To'éle de terre , de la for-
me du Fourneau , & de telle grandeur qu'eftant pofée fur les barres
de fer , il s'en faille environ trois bons doigts ou plus , qu'elle ne
touche aux parois du fourneau -, C'eft pourquoy il faut qu'elle foit
quarrée , & de bonne terre bien cuitte , ayant fon fond efpais d'en-
viron deux doigts , Se haute par fes bords d'environ demy-pied.
Après cela il faut avoir de la poudre de plaftre bien fafîee , Sz cuit-
te par trois fois dans un Fourneau à Potier , ou Tuilier , ou bien
de la chaux vive bien tamifée ou faflee. Quelques-uns prennent des,
cendres bien cuittes, mais elles ne font pas fi bonnes pour agencer
les pièces qu'on veut cuire.
Ayant mis la Poêle fur les barreaux au milieu du Fourneau , il
faut y répandre de la poudre de plaftre , ou de la chaux environ un
demy- doigt, le plus également qu'il eft pofliblej &par defTus mettre
des pièces de vieux verre cafle , & puis de la poudre , & enfuite
du vieux verre & puis de la poudre , en forte qu'il y ait trois lits de
plaftre ou de chaux , ,&deux de vieux verre, ce qu'on appelle Stra-
tumfuper Stratum.
Sur le troifiéme lit de plaftre on commence à eften-
dre les Pièces que l'on a peintes. On les difpofe encore de lits en lits, en
A a 2                       for-
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188           DE L'ARCHITECTURE,
forte qu'il y air d'emy-doigc de poudre de plaftre ou de chaux tres-
uniment eftenduë entre chaque pièce de verre ; continuant à les ar-
ranger ainfi , jusqu'à ce que la Poêle (bit pleine , fi l'on a aflèz de
pièces à recuire pour la remplir $ Après quoy il faut couvrir la der-
nière avec de la poudre, &fè fouvenir que la Poêle ait un trou par-
devant, qui réponde à celuy du Fourneau , qui doit eftre au def-
fusde la porte, par où l'on met le feu j afin que les pièces du verre,
dont on fera les eflàis pafïànt droit de l'un à l'autre , entrent dans la
Poêle y & y cuifènt de mefme que tout le refte.
Toutes chofès ainfi difpofées on met quelques barres de fer, qui
portent fiir les parois du Fourneau , & l'on couvre la Poêle de quel-
que grande tuile faite exprés , fi l'on en peut avoir ; ou de plufieurs
autres. On les arrange & on les lu te le plus juftement que faire fè
peut avec de la terre grafie ou terre franche, en forte qu'il n'y ait
aucune ouverture, excepté aux quatre coins du Fourneau, où il en
faut laiflèr une d'environ deux pouces de diamettre.
Le Fourneau ainfi clos on commence à l'échauffer avec un peu
de charbon allumé à l'entrée de la porte feulement, & non pas dedans.
Après avoir efté ainfi une heure & demie, ou deux heures, il faut pouf-
fer le feu. un peu plus avant, & le laiflèr encore une bonne heure 5 enfui-
te dequoy on le fait entrer fous la poêle petit à petit. Quand il y a efté
environ deux heures, il faut l'augmenter peu à peu, jufques à ce que
les deux heures eftant paflees on le fait plus fort ; rempliflànt peu à
peu le Fourneau de bon charbon déjeune bois * enfortequelaflame
forte par les quatre trous des quatre coins, & de celuy qui doit eftre
aufli au milieu qu'on appelle Cheminée ; &doit eftre le feu très afpre
& ardent l'efpace de trois ou quatre heures. Pendant ce temps-là &
fur la fin , il faut tirer quelqu'une des Efpreuves ou EJfais qui font
dans la petite ouverture du Fourneau & de la Poêle , pour voir fi
les couleurs font fondues, & fi le Jaune eft fait.
Quand on voit que les couleurs ibntpreique faites, alors il faut
mettre dans le Fourneau du bois fort fec, & coupé par petits éclats,
afin qu'il y puiflè entrer entièrement : Car pour bien faire , la por-
te du Fourneau doit eftre fermée pendant toute la cuiflbn , excepté
au commencement, & îorfque le feu eft encore à l'entrée. Le feu
de bois que l'on allume fur la fin, doit couvrir toute la Poêle dans
laquelle eft l'ouvrage, jufques à ce qu'on voye que le tout foitcuitjce
qui arrive ordinairement après que le feu y a efté de la manière que j'ay
dit, & par les temps marquez cy-deflus , environ dix ou douze heu-
res , ou huit ou dix, fi on luy donne le feu plus afpre au commen-
cement,
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LIVRE PREMIER.             189
cernent ce qu'on appelle un feu d'atteinte. Mais cela n'eft pas fi
bon, parce que fouvent par ce moyen-là on perd tout en bruflant les
couleurs & caftant les pièces.
, On peut prendre garde quand les barreaux de fer deviennent de
couleur de cerife & eftinceians, car c'eft-à-dire que la recuite s'avan-
ce. Voila pour ce qui regarde la peinture fur le verre.
Pour ce qui eft des Panneaux des Vitres que l'on fait aujourd'huy Des
de verre blanc , fort pour les Eglifes i foit pour les maifons particu- Vhf-
lieres, on les rend différents par les différentes figures des Pièces, dont avr-
ils font compofez, qui donnent le nom aux ouvrages. Car les unes s'ap- trb*.
pellent des Tieces quarrées, les autres des Lozanges. Il y en a qu'on ap-
pelle de la double Borne -, de la Borne en pièces couchées 3 de la Borne en
pièces quarrées -, Bornes debout s Bornes couchées en tranchoir pointu}
Bornes doubles &/impies -, Bornes couchées doubles
;Bornes longues en-
tranchoir pointu. Tranchoirs en lozanges -, Tranchoir pointu à tringlette
double
\Tringlettes en tranchoirs ; Chefnons, Moulinet s en tranchoirs.
Moulinets doubles -, Moulinets à tranchoirs évidez -, Croix de Lorraine $
Molette d'efperon -, Feuilles de laurier jBafions rompus s du T>é-, Façon
delà Roine -,Croixde Malte-,
&ainfï de différentes manières, félon qu'il
plaift aux Ouvriers d'inventer de nouveaux compartimens.
Ces fortes d'ouvrages ont eu cours, depuis que l'on ne peint plus
fur le verre , comme l'on faifoit autrefois 5 quelques-uns les aiment
mieux ainfi , à caufe que les lieux font plus éclairez, quand le verre
eft tout blanc , que quand il eft chargé de couleurs. Ce qui en effel
eft avantageux aux maifons particulières, où l'on ne peut avoir trop
de jour. Mais à l'égard des Eglifes, où la trop grande lumière diflr-
pe la veuë , & où un jour foible & mefme un peu d'obfcurité tient
l'eiprit plus recueilly & moins diftrait, il eft certain que les Vitres
peintes , y conviennent parfaitement, & ont quelque choie de grand
& de beau tout enfèmble , comme nous le voyons dans nos plus
anciens Temples. Il eft vray que fi l'ouvrage n'eft d'un grand de£~
fèin, & d'un bel apprejl de couleurs , il n'eft pas eftimable.
Les Vitriers appellent le Verre Cajilleux , lorsqu'il fè caftè en pîu- Diiu-
fïeurs morceaux , en y appliquant le T>iamant pour le couper. Ce- qBNtes
la arrive, difent-ils, à caufe qu'il n'a pas eu aflèz de recuite au Four- xtz dh
ncau, c'eft-à-dire qu'on l'a retiré trop toft. Celuy qui eft bien recuit, Yïrr*.
fe coupe facilement, & eft tendre au diamant.
Le Verre blanc & le meilleur qu'on employé aujourd'huy , fè
fait dans la forcft de Gaftine par delà Montoire , il eft de pu-
re Fougère.
A a 3                        L'ait-
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ipo           DE L'ARCHITECTURE,
L'autre fe fait à Chambray prés de Conches en Normandie , &
n'eft pas fi blanc.
Il s'en fait encore de îa mefme forte , proche de Lyons prés de
Rouen.
Tout le Verre qui fe fait 3 eft par Tables ou par pièces rondes
ou longues.
Celuy qu'on appelle à prefent de Lorraine , fe fait à Nevers / il
eft par Tables & par pièces longues , & un peu eftroites en bas ,
c'eft-à-dire qu'il n'a point de nœud au milieu. Il le coule fur le fa-
ble, au lieu que les apures fe foufflent avec une verge de fer creufe,
ce qui fait qu'ils font ronds , & ont un nœud , qu'on appelle Oeil
de bœuf,
quand on l'employé.
Les Pièces de verre rond fe vendent à la Somme ou Tannier, il
y en a ving-quatre au Pannier ■> & cela s'appelle vingt-quatre Tlats
de verre.
Les Plats ont deux pieds , fix à fèpt pouces ou environ
de diamètre.
Les Tables fè vendent au Balot ouBalon, qui contient vingt-cinq
Liens 5 & le Lien contient fix Tables de* verre blanc j chaque Table
a deux pieds & demy de verre en quarré ou environ.
Quand le Verre eft de couleur, il n'y a que douze Liens & demy
au Balot, & trois Tables à chaque Lien.
Il ne fe fait du Verre de couleur qu'en Tables , & c'eft de ces
verres de couleur , dont on fe fèrvoit beaucoup anciennement , &
qu'on voit aux vitres des Eglifês , où l'on ombroit, comme il a efté
dit, les plis des veftemens avec des couleurs plus obfcures , qu'on
faifoit recuire.
Les Outils & autres chofes necefîàires aux Vitriers s font premiè-
rement.
Un Fourneau avec la Toële pour recuire les pièces.
Un Fléau pour porter l'Ouvrage en Ville.
Une grande Table de bois blanchie , qui fort de Patron » lorfque
les compartimens y font deflèignez.
Une grande Règle & une autre petite Règle à main.
T>eux Compas l'un grand & l'autre petit.
Un Moule à Liens qui font de petits morceaux de plomb qu'on
appelle uufli attaches pour lier les verges des Panneaux. Ce
Moule a deux branches comme un GaufFrier -, «Se l'on y fait plufieurs
liens à la fois.
Un Moule appelle Lingotiere , pour fondre le plomb en petits
lingots.
Un '
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LIVRE PREMIER.               191
Un Tire-plomb ou Rouet à filer le plomb. Cette machine eft or-
dinairement compofée de deux Jumelles, ou T laques de fer jointes
& aflèmblées avec deux Eftoquiaux qui fe démontent avec des Efcrous
& des Vis , ou avec des Clavettes.
De deux Efjieux ou .Arbres ,
à un bout defquels font deux "Pignons j Et de deux petites Roués
d'acier , au travers delquelles paflènt les arbres. Ces Roues n'ont
d'épaiflèur que celle qu'on veut donner à la fente des lingots de plomb>
& font auffi prés l'une de l'autre qu'on veut que le cœur ou entre-
deux du plomb ait d'épaiflèur. Elles font entre deux Bajoues ou Couf-
finets
d'acier. Il y a une Manivelle qui faifant tourner l'arbre dedef-
fous , fait auffi par le moyen de fon pignon tourner celuy de dd-
fus , & le plomb qui paflè entre les Bajoues , eftant prefle par les
Roues, s'applatit des deux collez , & forme les aijlerons au mef-
me temps que les mefmes Roues le fendent.
Il y a de ces machines qui ont quatre Efîîeux, & trois Roués pour
tirer deux plombs à la fois, il faut que les arbres & les Roues foient
tournées & arrondies fur le tour.
Anciennement l'on n'avoit pas l'intelligence de ces fortes de
Roiiets pour fendre le plomb , c'eft une invention nouvelle -, l'on
fe fervoit d'un rabot pour le creulèr, & l'on voit encore aux vieil-
les vitres du plomb fait de la forte » ce qui eftoit un long & pénible
travail.
Un T>iamant fin pour couper le Verre : Autrefois Ton né fe fer-
voit que d'Emeril, & comme il ne pouvoit pas couper les Plats ou
Tables de verre efpais, l'on fè fervoit d'une verge de fer rouge. On
la pofe contre le verre qu'on veut couper , & mouillant feulement
le bout du doit avec de la fàlive que l'on met fur l'endroit où la ver-
ge a touché j il s'y forme une Langue t c'eft-à-dire une fente que
l'on conduit avec la verge rouge où l'on veut -, c'eft: arnû" qu'on cou-
pe le verre de telle figure qu'on defire.
Un Grezoir pour grezer les pointes du verre y les Italiens le nom-
ment Grifatoio ou Topo, à caufe que cela mord & ronge : Cet inf-
iniment eft de fer.
Une 'Drague pour fkner^ c'eft-à-dire marquer le verre fur le car-
reau ou fur la table ; c'eft un poil de chèvre long d'un doigt, atta-
ché dans une plume , avec un manche comme un pinceau y on le
trempe dans le bîanc broyé pour marquer les pièces.
Un Tlaquefein , c'eft un morceau de plomb grand comme la
main , un peu creux ? & en ovale > où l'on détrempe le blanc
pour fîgner le verre,
Un
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ip*         DE L'ARCHITECTURE,
Un Fer àfouder avec les Mouflettes pour le tenir, qui font deux
morceaux de bois ayant chacun un demy canal.
Un Aïs feuille pour couler l'eftain pour fbuder.
Un EJlamoy , c'eft un ais fur lequel eft attaché une Plaque de fer,
où l'on fait fondre la fbudure & la poix-raifine.
Une Bo'ète pour mettre la poix-raifine en poudre , pour faire te-
nir la fbudure.
Une Tringle pour enfermer les Panneaux.
Une grande Equaire d'acier percée d'efpace en efpace , & à bi-
fèaux en dedans, pour mettre les Panneaux à l'Equaire.
Des Tenailles.
Un Marteau.
Une Befaiguè qui eft une efpece de Marteau don| la panne eft
pointue.
Des Broffes pour nettoyer les vitres.
Des Tringlettes pour ouvrir le plomb j c'eft un morceau d'y voi-
re , d'os ou de buis , de quatre ou cinq pouces de long, & un peu
pointu.
Un Couteau à mettre en plomb , il eft d'un pouce & demy de
taillant , & coupant par la pointe.
Un autre Couteau à racoutrer , c'eft-à-dire à rabatre le plomb.
Une Tointe d'acier qui fert pour percer des pièces de verre en
rond, ou mefme pour en découper par figures comme l'on fait quel-
quefois.
EXPLICATION DE LA PLANCHE XXXIX.
A Pièces quarrées.                       D Borne en pièces couchées.
B Lozanges.                               E Borne en pièces quarrées.
C 'Double Borne.                         F Borne debout.
Plan-
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LIVRE PREMIER.              ïp3
ÎIAyCHE XXJIX
EXPI '
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i<?4          DE L'ARCH
EXPLICATION DE
A Borne couchée en Tranchoir
pointu.
B Borne double &Jtmpk.
C Borne couchée double.
.TECTuREj
LA PLANCHE XL,
D Borne longue en Tranchoir
pointu
E Tranchoirs en lozanges.
F Tranchoirs pointus à Tringlet-
tes doubles.
Pla&«
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LIVRE PREMIER.
i9f
JX-AaTflE XL.
Bb 3         EXFU-
-ocr page 219-
i96          D E L'A RCHITECTURE,
EXPLICATION DE LA PLANCHE XLI.
A Tringlette en Tranchoirs.         E Moulinets en Tranchoirs évè~
B Chainons.                                  dez.
C Moulinets en Tranchoirs.         F Croix de Lorraine.
D Moulinets doubles.
Plan*
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LIVRE PREMIER.
-ftUAyCHE XII.
Bb.ï                  EXPLt
-ocr page 221-
ip8          DE L'ARCHITECTURE,
EXPLICATION DE LA PLANCHE XLIL
A Molette d*Efperon.                  D T>u "Dé.
B Feuilles de Laurier,                 E Façon de la Reine,
C Bâtons rompus.                       F Croix de Malte.
Plan
-ocr page 222-
LIVRE PREMIER,
199
ZCJJTCHE .XXII
EXPLt
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200          DE L'ARCHITECTUR Es
EXPLICATION DE LA PLANCHE XLIII,
A Fourneau pour recuire les Tie-   D Règle à main,
ces peintes.                               E Compas.
B Fléau pour porter l'ouvrage en   F Moule à liens.
\ 'ville.                                        G Moule appelle Lïngotiere,
C Table de bois tracée en compar-
timent.
Plan-
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LIVRE F R E M I E R.1              i&i
TLJJfCSS, "2X111
EXPLI-
-ocr page 225-
DE L'ARCHITECTURE,
302
EXPLICATION DE LA PLANCHE XLIV.
9 Efcroux.
B Autre machine pour tirer deux
plombs à la fois.
Petite Roué dentelée qui fait
tourner la grande.
2  Grande Roué dentelée qui fait
tourner l'arbre où efl le pignon
du milieu qui fait tourner les
deux autres.
A Tire-plomb ou Rouet à tirer le
plomb.
i Jumelles ou Tlaques.
% Arbres:
Pignons.
Roués à fendre le plomh
Bajoues ou Coufjînets.
6  Manivelle.
EJloquiaux,
Vis.
Pi AN-
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L I ¥ R R_P RËMIER,
203
!'j,wcHi; inv.
EXPLI-
Ce s
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îo4           DE L'ARCHITECTURE,
EXPLICATION DE  LA PLANCHE XLV.
A ^Diamant pour couper le Verre.  K Tringles pour enfermer les pan*
B Grefoir.                                    neaux.
C ^Drague,                                h Grande Equaire.
D Tlaquefein,                            M Tenailles.
E Fer à fonder.                           N Marteau.
F Mouflettes.                            O Befaiguè.
G Ais feuille pour couler Pef- P Brojfes.
tain.                                     Q Tringlettes.
H EJlamoy.                               R Couteau à mettre en plomb.
I Boéte pour mettre la poix-rai-   S Couteau à racoutrer.
fine.                                       T Tointe d?acier.
Pi. an-
-ocr page 228-
LITRE PREMIER.
2CK
ÏLATJCHÏ, XTJV:
I
CHA-
Ce %
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DE L'ARCHITECTURE,
20Ô
CHAPITRE XXII.
'De la manière de dorer à colle & à huile.
c
Omme il n'y a rien de fi précieux ny de fi éclatant que l'Or, il n'y
arienaufliqui embeliiîe davantage les Temples & les Palais que
cette riche matière, lorfqu'elle eft artiftement appliquée fur les lam-
bris , ou fur les autres ornemens dont ils font enrichis.
Liv.35. Pline rapporte que dans Rome , l'on ne commença à dorer les
xh,
planchers des maifons s qu'après la ruine de Carthage , lorfqueLu-
cius Mummius eïîoit Cenleur. Que les Lambris du Capitole furent
les premiers qui parurent enrichis d'or : mais que dans la fuite des
temps le luxe fe répandit tellement par tout que les moindres parti-
culiers faifoient dorer jufques aux voûtes & aux murailles de leurs
chambres. L'on ne doute pas qu'ils n'euflènt alors le mefme fecret
& la mefme induftrie que nous avons aujourd'huy de battre l'Or, &
de le réduire en feuilles : la facilité avec laquelle ce metail fè fepare
& s'eftend comme l'on veut , les âvoit rendus fçavans , &pratics à
le bien préparer. Peut-eftre néanmoins qu'ils ne l'étendoient pas en-
core par feuilles , auflî minces que nous faifons > s'il efl: vray, com-
me Pline le dit , que d'une once d'Or ils n'en faifoient que cinq ou
ièpt cens feuilles , qui avoient quatre doigts en quarré. Il eft vray
qu'il adjoufte qu'ils en pouvoient faire davantage : Que les plus
épaifles s'appelîoient BraEieœ Trœneftinœ, à cauïe que dans ce lieu
là il y avoit une Image de laDeeflè Fortune, qui eftoit dorée de ces
fortes de feuilles 4 Et que ceux qui eftoient de moindre épaifïèur ie
nommoient Braffea quajloriœ.
Nous nous fervons ainfi de diverfes grandeurs de feuilles d'or ,
& qui font auflî plus fortes les unes que les autres , car il s'en fait
dont le millier ne pefe que quatre &cinq gros. L'on prend du plus
fort & du plus pur pour dorer fur le fer & fur les autres métaux 5 le
moins fort & le moins fin fert aux Doreurs en bois qui l'employent
plus volontiers , parce qu'il ne coufte pas tant.
Mais on peut dire que nous avons l'avantage fur les Anciens de
fçavoir mieux appliquer l'Or , & en plus de manières qu'eux. Car
le fecret de peindre à huile que nous avons trouvé dans les derniers
lîecles j nous a auffi fourny un moyen très-propre pour appliquer
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LIVRE PR E M I E R.               207
l'Or d^une façon particulière , dont les Grecs & les Romains n'a-
voient nulle connoiflance. Ce fecret eft d'une telle importance, que
c'eft de cette forte qu'on dore des ouvrages qui refiftent aux injures
du temps , ce que ne pouvoient pas faire les Anciens. Car ils ne pj;D.j,y
fe fervoienc que de blancs d'œufs pour faire tenir l'Or fur le mar- îj-c. 5.
bre , & fur les autres corps qui ne pouvoient pas fouffrir le feu.
Et pour le bois ils faifoient une Compofition qui s'empîoyoit avec
de la colle. Or il eft certain que le blanc d'ceuf & la colle ne refif-
tent point à l'eau s ainfi ils ne pouvoient utilement dorer que les
chofes qui eftoient à couvert , comme leurs voûtes & leurs lambris,
qui eftoient dorez de cette manière. Les Grecs nommoient la com-
pofition dont ils fe fervoient pour dorer fur le bois Leucopheum ow-
Leucophorum t
quivray-femblablementfignifie rouffatreou rouge brun
& non point gris , comme le veulent Hermolaus & Philander. Elle
eftoit faite de terre glutineufe qui fervoit comme il y a apparen-
ce , à faire tenir l'Or , & fouffrir la poliflure , de mefme que fait
aujourd'huy le blanc à colle, ce que nos Doreurs appellent X'AJJîette.
Il eft bien mal-aifé de fçavoir au vray quelles eftoient ces terres, quoy-
que Pline les nomme. Car tous ceux qui ont écrit du Senopis ponti--
ca
, du SU y & du Melina qu'il fait entrer dans cette compofition,
ne conviennent ny de leur couleur , ny de leur véritable nature. Ce
que l'on en peut conjecturer eft que leSinopis eftoit une terre pareil-
le à la terre Lemnia ou Bol d'Arménie. Le SU eftoit une efpece
d'ocre , & pour le\ Melina qui eftoit une matière qui droit fon
nom de lïflede Melos , il eft mal-aifé de fçavoir fi elle eftoit ou
grafle ou feehe, ny quelle eftoit ïa couleur. Pline, Ifidore & Agricola
veulent qu'elle fuft blanche , & Dioicoricle au contraire en parlant
de cette couleur, dit, imitatur colore cineream Erythream^ c'eft-à dire
qu'elle avoitune couleur rougeaftre. Ce qu'il yadeplus aiTuré,eftque
toutes ces couleurs dévoient eftre d'une nature feche & glutineuîe ,
afin de s'attacher uniment au bois , & d'attirer à elles les feuilles
d'Or que l'on mettoit deflus. Comme il fèroit à fbuhaiter que nous
pufllons fçavoir de quelle manière les Anciens s'en (èrvoient, &que
tant de beaux fecrets qu'ils avoient pour les Arts, ne fuftènt pas perdus,
puifqu'on voit en Italie des reftes de voûtes très-anciennes , où l'Or
& les couleurs font encore très-vives & bien appliquées , peuteftre
que la pofterité fera bien aifè un jour de fçavoir la manière dont l'on >
s'en fert aujourd'huy. Car il peut arriver dans les fiecles fui vans ce
qui eft arrivé dans ceux qui font panez, c'eft-à-dire, que beaucoupdc
çhofesquifontàpreièntenufàgeeftantperduëschezlesaiïtresNationsj
nous
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2o8           DE L'ARCHITECTURE,
nous ferons les Reftaurateurs, & pour ainfî dire, les Maiftres qu'on
viendra confiilter , puifqu'il n'y a pas de lieu dans le monde où
les Sciences & les Arts foient en un auflî haut degré que celuy où ils
font maintenant en France.
Je diray donc icy le plus brièvement que je pourray , de quelle
forte l'on procède pour dorer fur le bois, ou fur quelque autre ma-
tière, dans les deux différentes manières dont l'on fefert aujourd'huy,
c'eft-à-dire à Colle ou Détrempe, & à Huile.
Pour la première qui eft à Détrempe , l'on commence par
la préparation de la colle qui fe fait avec des rognures de parchemin,
ou des rognures de gands. L'on en prend une livre que l'on met
dans un feau d'eau bien nette , & que l'on fait bouillir dans un chau-
dron, jufques à ce que le tout foit réduit à plus de la moitié. Lorf-
que l'on s'en veut fervir pour encoller feulement le bois fur lequel on
veut dorer , on la prend toute bouillante , parce qu'elle pénètre
mieux ; Si elle eft trop forte , on y met un peu d'eau pour l'aflfoi-
blir, & avec une Broffe de poil de fanglier, on couche la colle en
adoucijfant
, fi c'eft un ouvrage uny -, mais s'il y a de la Sculpture,
il faut mettre la colle en tapant avec la brofîè , & c'eft ce qu'on ap-
pelle encoller.
Quand le bois eft ainfi préparé avec de la colle feulement , l'on
prend de cette mefme colle toute chaude , que l'on pafïè dans un
linge, dans laquelle on met du Blanc écrafé en telle quantité qu'il pa-
roiflê remplir toute la colle , & l'on appelle cela infufer du blanc.
Ce Blanc fë fait avec du plaftre bien battu que l'on fafîè dans des
Eftamis bien fins ; En le noyant d'eau , on l'affine le plus qu'on peut
& l'on en forme des pains que l'on fait bien fecher -, ou bien on fe
fert du Blanc de Rouen ou d'Ëfpagne , qui font des pains préparez,
comme deffus , Se que l'on trouve tout faits chez les Efpiciers. Il
y a une Carrière à Sève proche Paris , dont la terre eft fort blanche
& qui eftant affinée , peut aufîi fervir.
- Lorfque le Blanc a efté infufé quelque temps , & qu'il eft bien
diffous, & mefme pafle par un linge afin qu'il foit plus fin, on prend
une brofîè de poil de fanglier; & pour commencer à blanchir l'ouvra-
ge, on donnefept ou huit couches, entapant, 6f les deux dernières en
adouciront, lorfqu'il y a de la Sculpture. Mais quand l'ouvrage eft tout
uni, il faut au moins dix ou douze couches; car le blanc eft la nourri-
ture de l'Or , & ce qui le maintient long-temps. Il faut obferverde
ne point donner de couche l'une fur l'autre que la précédente ne foit
fèche j car autrement l'ouvrage feroit en danger de s'écailler ; Et
mef-
-ocr page 232-
LIVREPREMÏER.                209
mefme il faut que chaque couche foit égale tant en ce qui regarde
la force de la colle, que la quantité ou épaifïèur du blanc, pour évi-
ter qu'il ne s'écaille.
Quand le nombre des couches eft achevé foit en tapant foit en
adouajjant » il faut îaifTerbien feçher l'ouvrage avant que d'entrepren-
dre de l'adoucir -, Etlorfqu'on voit qu'il eft parfaitement fec, l'on prend
de l'eau bien nette & avec de gros linge tout neuf, & le plus ferré qu'on
peut trouver dont l'on enveloppe de petits baftons de bois de lapin
coupez quarrément, ou en angles , ou en pointes , félon que l'Ou-
vrage & la Sculpture le demande , on frotte , & l'on adoucit tout le
blanc. Puis fefervant d'une broffede poildefanglier, qui ait fervidé-
jà à blanchir , parce qu'elle en eft plus douce, l'on mouille l'ouvrage ,
àmefurequ'onle frotte avec le linge qui eft autour des petits baftons,
cequifertà rendre le tout plus uny , & à ofter les bofles & lesondes
qu'on a pu faire en ne blanchiflant pas également, ou lors mefme que
le bois ne fe trouve pas bien uny j Car plus l'ouvrage eft adoucy & plus
on a de facilité à brunir l'Or qu'on met deflus.
Il faut aufli, à mefureque l'on frotte & que l'on adoucit» fe fèrvir.
de la brofle douce , prur mouiller & laver le blanc , afin d'ofter le
limon qui fe fait en adouciflànt, & retirer de mefme l'eau qui peut
demeurer dans les creux , en efpreignant la brofle , & la lavant , à
mefure que l'on ofte l'ordure qui s'y met.
Lorfque le Blanc eft bien fec , l'on prend de hprejle, avec laquelle
on frotte tout l'ouvrage , pour ofter encore mieux les grains , & les
inégalitez qui y peuvent eftre : ou bien on fe fert d'un morceau de
toile neuve, auquel cas il ne faut pas que le blanc foit tout-à-fait fec-,
mais hpre/Ie eft la plus commode , pourveu que l'on n'en frotte pas
trop l'ouvrage , car elle l'engraifleroit, & pourrait empêcher ¥Af~
Jtette
de prendre fur le Jaune.
Cela fait, on grave fur les filets , ou dans les fonds avec un petit
fer quarré qui eft plat. Et comme il eft impoffible qu'ayant donné
neuf ou dix couches de blanc, on n'ait bouché & remply la fculptu-
re , ceux qui veulent que leur ouvrage foit propre , prennent un
Fer à retirer , qui eft un fer croche , pour contourner tous les or-
nemens & les déboucher; Ou bien on prend un Fermoir ou des Gou-
ges,
ou unCV-sm/, Sd'on donne aux ornemens de Sculpture la mefme
forme que le Sculpteur a obfervé , quand il les a taillez j contournant
les petits coftez des feuilles félon le naturel > & l'on bretele tous
les ornemens , ce qui rend l'ouvrage encore plus propre & plus déli-
cat que le Sculpteur ne l'a fait. On fe fert auffi d'un petit Fermoir à
Dd                       nez
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2io           DE L'ARCHITECTURE,
nez rond ou d'un petit fer quarré j Et pour couper le blanc avec plus de
facilité & plus nettement, on le mouille un peu avec une brofle.
On fè peut exempter , fi Ton veut , de tout ce travail , lorfque
l'ouvrage eft délicatement taillé -, Car afin de ne boucher pas la Scul-
pture, on ne donne que deux ou trois couches de blanc bien clair.
Mais il eft vray que comme le blanc fait davantage fubfifter l'Or, ce
travail n'eft jamais fi beau , ne fe maintient pas tant, &la Sculptu*
re en paroift bien plus rude 6c bien moins unie, que lorfqu'elle a re-
ceu neuf ou dix couches de blanc , & qu'elle eft coupée , taillée, &
contournée , comme j'ay dit cy-deffùs.
Après que l'ouvrage a efté coupé , recherché , & bretelé , il
faut prendre une brofle pour le frotter avec de l'eau bien nette, par-
ce qu'il ne peut qu*il n'ait efté engraifle à force de le manier. En-
fuite & fur le champ , l'on peut prendre de bel Ocre jaune infufé
dans de l'eau , c'eft-à-dire qu'il faut le détremper , & faire fondre
dans l'eau , & après l'avoir laiflé raffeoir quelque temps le verfer
par inclination , afin que ce qui eft de groffier , & qui n'a pas efté
diflbus , demeure au fond , & foit feparé du refte. Ou bien on
le broyé fur une Efcaille de mer ou autrement , Se on le détrempe
avec un peu de colle , plus foible de la moitié que celle qui a fervy
à blanchir, on appelle cela de la détrempe. Après l'avoir fait chauf-
fer , l'on en couche tout l'ouvrage principalement dans les fonds ,
lorfqu'il y a de la Sculpture , afin que cette couleur puilie fupléer à
l'Or , qu'on ne peut pas mettre dans les creux.
Quand le jaune eft fec, fi c'eft une bordure de Tableau par exemple,
on la couche toute ètAffiette, excepté dans les creux. Il faut détrem-
per YAffiette avec cette mefme colle à détrempe , dont l'on s'eft fer-
vi pour l'ocre. L'on donne la première couche un peu claire , & lorf-
qu'elle eft feche l'on en donne deux autres , mais il faut que YAffîet-
te
ait plus^de corps & foit plus épaifle, ayant peine à couler de la
brofle, qui doit eftre douce , pour eftre bonne & plus commode. Et
quand VAJJiette eft bien lèche, on prend une autre brofle qui eft plus
rude, & telle que font celles dont l'on fe fert à nettoyer des peignes,
avec laquelle on frotte à fec tout l'ouvrage , afin d'ofter les grains de
VAffieîte , & donner plus de facilité à brunir l'Or.
Cette Affiette eft compofée de Bol dArménie, environ gros com-
me une noix, broyé à part, de Sanguine gros comme une petiteféve,
de 'Pierre de Mine de 'Plomb gros comme un pois broyez enfemblei
âufuif gros comme une lentille que l'on broyé enfuite avec les dro-
gues que j'ay marquées cy-deffus , & avec de l'eau , les reprenant
par
-ocr page 234-
LIVRE PREMIER.               20
par petits morceaux à plusieurs fois pour les mieux broyer. Quand
le tout eft bien broyé, on le met dans un petit godet -, on verfe def-
fus de la colle de parchemin toute chaude, la parlant au travers d'un
linge,en la verfàntôc la remuant bien avec les drogues julques à ce qu'el-
les foient bien détrempées. Il faut que cette colle ait la confidence de
la gelée à manger, lorfqu'elle eft froide ; & quand on a appliqué ces dro-
gues, qu'on appelle YAffiette , les faire toujours chauffer, tenant le
godet fur un rechaud avec un peu de cendres chaudes. Il y en a qui méf-
ient encore parmi, un peu de Savon ou d'Huile d'olive, &un peu de
moir de fumée calciné ; D'autres y mettent du Tain bru/lé, àuBifire,
delJ'Antimoine, de YEffain de glace-, du Retire ■> du Sucre-candy s cha-
cun felon la manière, & ces fortes de grailles fervent pour donner plus
de facilité à brunir l'or , & luy donner plus d'éclat ; & faifant couler
la pierre plus aifément, empêcher qu'il ne fe fafîe des taches de rou-
ge ou de noir fur l'or. Car fi YAffîette eft bien compofée , l'or en
demeure plus beau , principalement quand il y a du blanc deflous
fuffifarnment.
Lorfqu'on veut dorer, il faut premièrement avoir de l'eau bien nette
dans un pot avec des pinceaux à mouiller qui font faits de queues de
Gris.
On a auffi un Couffinet qui eft fait d'un morceau de bois bien
uny , fur lequel eft pofé un lit de crin ou de bourre ou de feutre -,
& par deflus une peau de mouton ou de veau bien tendue , & atta-
chée avec de petits clous. Ce Coufîînet eft entouré de deux coftez,
d'un morceau de parchemin de fix doigts de haut, pour empêcher
que le vent ne iette à terre l'or qu'on met deflus.
Pour appliquer l'or, l'on tient le Coufîînet delà main gauche avec les
^Pinceaux adorer qui (ont de différentes grofleurs. L'on vuide fur ce
mefme Couffinet telle quantité de Feuilles d'or que l'on veut , puis
en prenant une feuille avec le coufteau, on l'eftend fur le Couflinetj
Scpour en venir plus aifément à bout on fouffle doucement, ou plu-
toft on l'aiffe aller fon haleine en ouvrant la bouche , ce qui fait ef-
tendre la feuille. On la coupe avec le coufteau , ou bien s'il y a pla-
ce dans l'ouvrage pour la mettre toute entière , on la prend avec une
palette, qui eft faite de la queue' de Gris que l'on met dans un morceau
de bois large par le bout d'environ demy pouce , & qui eft fehdu, pour
mieux élargir la queue du Gris, Et afin de prendre l'or plus facile-
ment , il faut pofer la palette contre les lèvres Sthalkner, c*eft-à-dire
pouflèr fon haleine un peu deflus, fans pourtant la mouiller, ou bien
mouillant un peu le boutdesdoigts dans de l'huile d'olive les paflèrfur
la queue de Gris , qui en étant ainfi, légèrement frottée une fois ou
Dd 2                      deux
-ocr page 235-
2i2         DE L'ARCHITECTURE,
deux le jour, lèvera la feuille d'or plus aifément. On l'applique dou-
cement fur l'ouvrage qu'il faut auparavant avoir mouillé avec les pin-
ceaux qui font dans le pot plein d'eau, dont j'ay parlé, & la pofer tout
d'un coup fur l'endroit fraifchement mouillé , parce que l'or ne s'en
cafle pas tant. Néanmoins comme il eft difficile que cela n'arrive ,
particulièrement dans les ouvrages de Sculpture , l'on coupe de l'or
en petits morceaux que l'on prend avec des pinceaux , & qu'on met
aux endroits où il s'eft cafTéi on appelle cela ramender. Il eft à remarquer
qu'auffi-toft que la feuille d'or eft pofée, il faut prendre de l'eau avec un
des pinceaux à mouiller , & la faire pafler par defîous l'or tout le
plus qu'on pourra ; car fi l'eau couîoit deflus l'or , elle y feroit au-
tant de taches , & l'on ne peut mettre d'or par deflus l'or qui eft
mouillé i le plus fur eft de l'ofter , & d'y en remettre d'autre. Mais
quand on fait pafïèr l'eau par deflbus la feuille , cela fait qu'elle s'é-
tend & prend fortement à XaJJîette, & empefche que l'or ne s'ef-
corche& ne s'emporte quand on l'épouflètepourle brunir, ou quand
on le matte à la colle ; & qu'enfin l'ouvrage en eft bien plus propre.
Si on voyoit que l'eau ne fift que couler , & qu'elle ne moùillaft pas
la couche à'qffittte , ce feroit figne que la couche feroit trop graflè
ou la colle trop forte -, & en ce cas il faudroit y pafler deflus d'au-
tre eau dans laquelle on auroit efteint une croufte de pain bruflée >
& dont l'on prendrait le deflus , puis laiflèr fecher cette couche ,
pour remouiller enfuite , & y remettre de l'or.
On fe fert auffi au lieu de palette de Gris d'un petit morceau de
bois quarré , où l'on attache un petit morceau d'étoffe fine pour
prendre l'or, & le mettre dans les endroits les plus difficiles -, com-
me dans les filets quarrez, dans les gorges , & dans les autres lieux
creux : on frotte l'étoffe fur le Couffinet, ou contre la joue , pour
pouvoir mieux prendre l'or. Ce petit morceau d'étoffe ainfi attaché^
s'appelle Bilboquet.
Quand l'or eft bien fec , on le brunit dans les lieux , où l'on ju-
ge eftre le plus à propos pour mieux dégager , faire fortir , & faire
paroiftre toutes les parties de l'ouvrage. Pour cet effet, l'on fe fert
d'une Dent de loup ou de chien , ou bien d'un caillou qu'on appelle
'Pierre de Sanguine. Avant que de brunir il faut avec la pointe de
la dent , ou la pierre à brunir , enfoncer tout l'or dans les creux ,
où l'on a oublié de l'enfoncer avec le pinceau, & enfuite l'efpoufîe-
ter avec un gros pinceau.
Après que l'ouvrage eft bruni, l'on motte & l'on repaflè avec un pin-
ceau bien doux & de la colle à détrempe, ce qui n'a pas efté bruni ou
bien
-ocr page 236-
LIVRE PREMIER.             213
bien l'on met un peu de vermillon pour donner plus de feu à l'or, ce qui
en effet lu y donne un coloris très-beau & avantageux, le conferve &
empefche qu'en Je maniant on ne l'emporte 5 ou pour parler dans les
termes de l'Art, qu'on ne Yefcorche -, Ce travail s'appelle matter ,
repaffer , & donner un coloris à l'or , pour le conferver.
Cela eftant fait , l'on couche du Vermeil dans tous les creux des
ornemens de Sculpture pour donner encore plus de Feu à l'or , &
pour imiter l'Orfèvrerie. Ce Vermeil eft compofé de Gomme guttey
de Vermillon , d'un peu de Brun rouge , pour attendrir le Vermil-
lon. On broyé le tout enfemble & on le méfie avec du Vernis de
Venife , & un peu 8Huile de Therebentine. Il y en a qui prennent
de la Lacque fine , d'autres du Sang de dragon , qui s'employe or-
dinairement à détrempe avec un peu de colle que l'on met dedans ,
ou avec de l'eau pure.
Comme il arrive quelquefois qu'après avoir bruni l'or, on y trou-
ve encore de petits défauts , on peut les ramender avec de l'or mou-
lu que l'on met dans une petite coquille avec un peu deGomme ara-
bique -,
C'eft le plus expédient pour faire quelque chofe de
bien propre, pourveu que l'endroit gafté ne foit pas grand. L'on
appelle cela boucher d'or moulu.
L'on peut encore fur une bordure unie , & qui n'a point de Scul-
pture donner vingt couches de blanc , fi l'on veut -, & le mettre de
telle épaifïèur, qu'on y puïfïè defîèigner des ornemens, les couper
graver , tailler & bretteler comme fî c'eftoit de la Sculpture en bois*
ce qui fe fait avec les mefmes outils que j'ay nommez -, cela eft
mefme plus beau , plus tendre & plus net que la Sculpture de bois:
Mais pour bien dorer de cette forte , il faut aufîi que le Doreur
foit bon Sculpteur.
Pour bien dorer une figure de relief, on le fait en trois manières,
car il y a des parties, où l'on brunit l'or j d'autres où on lelaifTe mat,
& à l'égard du vifage, des mains & des autres parties du corps qui peu-
vent eftre defcouvert.es , on brunit YaJJïette , avant que de pofer l'or
deiîus. Eftant pofé fur l'afliette, on le matte&repajfe avec une fimple
couche de colle à détrempe : cela fait que le vifage & les autres parties
dorées de la forte , ne font pas fi reluifàntes que l'or bruny , mais
qu'elles le font aufîi beaucoup plus que ce qui eft Amplement mattéj
ce qui fait dans une Figure des différences très-belles.
Quand on dore quelque grand ouvrage , dont ordinairement les
fonds font blancs, comme il eft mal-aifé qu'en couchant de jaune &
d'afïïette, cette couleur ne bavocke, &ne fe répande fur les fonds, &
Dd 3                    les
-ocr page 237-
214,           DE L'ARCHITECTURE,
les corps qui doivent demeurer blancs 5 afin de reparer cela , on
prend du blanc dtCerufe que Ton broyé avec de l'eau, & que l'on dé-
trempe enfuite dans d'autre eau, où l'on aura mis tremper de la colle de
poiffbn
coupée par petits morceaux , durant un jour , puis bouillir un
bouillon ou deux, & paflée au travers d'un linge \ De ce blanc ainfi infufé
& détrempé dans cette coîle,on couvre ce que le jaune ou l'afttette a gaf-
té ou bavoché, en y donnant deux ou trois couches -, cela s'appdle><?/^
champir-, &mefme l'on recouvre de ce blanc de Cerufe tous les autres
blancs des fonds, qui par ce moyen ne font pas il fujets à fe jaunir.
Lorfqu'on veut dorer à détrempe fur le Stuc , il faut le blanchir
pour le rendre uni, quand il ne i'eit pas ,, enfuite l'encoller deux fois
avec de la colle bouillante , afin qu'elle pénètre mieux ; mais il n'eft
pas necefTaire qu'elle foit fi forte , parce qu'elleglafferoit, & né pé-
nétrerait pas ii avant. Après cela on couche de l'Ocre avec de la col-
le à détrempe , & enfuite on donne trois couches d'afîiette avec la
imefme colle à détrempe.
On obferve la mefrae conduite pour coucher d'argent comme pour
coucher d'or , foit que l'on veuille faire des ouvrages tous blancs,,
{bit pour paiïèr par-deiïus l'argent un vernis qui donne une couleur
d'or à l'argent, mais qui à la vérité n'a jamais l'éclat du vray or, &
ne dure pas long temps. Ce vernis fe fait avec du Carabe , du Sang
de dragon
, de l'huile de Therebentine , & de la Gomme gutte.
Comme il fe rencontre des ouvrages où l'on veut que les orne-
mens d'or paroiffent fur un fond de Marbre ou de Jaipe de diverfes
couleurs , afin de donner à ces fonds ou à d'autres ouvrages qu'on
veut faire paroiftre de Marbre , l'éclat & le luifant qu'ils doivent
avoir , on y procède de la forte qui fuit.
Premièrement pour faire un Blanc poly , & qui reflembîe au mar-
bre , il faut prendre du Talc , c'eft-à-dire du Plaftre ou Gyp , que
l'on fait brufler. Eftant en poudre , on le broyé avec de l'eau de
Savon le plus fin que l'on peut -, puis l'ayant détrempé avec de la
colle à détrempe, on en donne deux ou trois couches fur les fonds
blancs qui n'ont point efté dorez , après quoy eftant bien fec , on
le brunit avec une dent ou pierre à brunir.
Si l'on veut faire du Noir poly en façon de Marbre, on prend du noir
de fumée calciné : on le broyé avec un peu de Tterre de Mine, de l'Huile
d'olive &
de l'eau de Savon, puis eftant détrempé avec de la colle à dé-
trempe, on en donne deux ou trois couches, & quand il eft fec on le bru-
nit. Quand on veut qu'il y paroiffe des veines de marbre blanc, on y fait
de petites veines blanches avec un pinceau., avant que de ie brunir.
-ocr page 238-
LIVRE PREMIER.                %if
Il y a un Blanc qu'on appelle le Blanc des Carmes qui fe fait
avec de la Chaux de Senlis de la plus blanche * l'ayant éteinte , on
fa pafïe dans de petits tamis bien fins. Qn l'employé claire comme
du lait , & l'on en donne cinq ou fix couches } mais il faut laiïîer
fecher chaque couche , avant que d'en mettre une autre -, & bien
manier toutes les couches , c'eft-à-dire les bien froter avec la brofîèj
Ce fi: ce qui le fait tenir plus ferme & mefme le fait reluire. Quand
ce Blanc eft employé fur de la Pierre ou du Plaftre bien fec , il ne
jaunit point. Si on veut le faire reluire , il faut le froter avec une
brofTe de poil de fanglier , ou bien quand il eft bien fec avec la pau-
me de la main.
Pour la seconde façon de dorer , qui eft à Huile on fe fert de De la
la Couleur qui tombe dans les Tinceliers où les Peintres nettoyent leurs MANIE-
pinceaux , & qui devient extraordinairement grade par la longueur r,0RER A
du temps. On la rebroye , & on la palîè par un linge ; & quand «"«>
on veut dorer , on l'applique délicatement fur l'ouvrage avec un °cve^OK
pinceau , de la mefme manière que pour peindre : faifant en forte ibor,
que cette couleur foit également eftenduë, afin qu'il n'y ait point de
durillons, de grumeaux, ou de rides. Pour rendre l'ouvrage plus uni,
quand c'eft du bois qu'on veut dorer , on l'encolle & on luy donne
quelques couches de blanc à colle que l'on rend unies , comme fi
c'eftoit pour dorer à détrempe. Enfuite l'on met deux couches de
couleur , & quand la dernière vient à eftre prefque feche , mais en
forte toutefois qu'il y ait un certain gras propre à afpirerl'or, on cou-
che les feuilles deftùs, fe fervant feulement pour l'ordinaire de coton,,
pour les prendre & les pofer fur la couleur , au lieu des palettes &
Bilboquets qui fervent à dorer à détrempe.
Cette manière de dorer ne reçoit pas toutes les beautez & les bril-
îansde celle qui fè fait fur le blanc à détrempe s mais auffi elle peut
eftre employée à l'air & à l'eau, où l'autre ne pourrait pas refifter. C'eft
de cette manière que l'on dore les Figures de plaftre & les Figures de
plomb , que l'on peut expofèr à toutes les injures du temps.
Comme il eft très mal-aifé d'employer l'or en feuilles , quand on
travaille à découvert, principalement au haut des Dômes & des Clo-
chers , à caufe que le vent l'emporte, & qu'il s'en perd beaucoup, en le
couchant, ilya un remède à cela dontquelques-uns fe fontfervisafîèz
utilement. C'eft de prendre des feuilles d'Eftain battu , les couvrir
d'or couleur, Se enfuite coucher l'or deffus. Cela fe peut faire à h
maifon , où l'on peut mefme , ayant les mefures juftes de ce qu'on
veut dorer , couper des feuilles d'eftain dorées de telles figures qu'or*
veut::
-ocr page 239-
ti6'         DE L'ARCHITECTURE,
veut : Et comme elles ont du corps, & de la pefanteur, lorfqu'on va pour
dorer l'ouvrage, elles ne peuvent pas eftre emportées par le vent, &
mefme l'on couche de plus grands morceaux à la fois. Ce qu'il faut ob-
ferver , c'eftde mettre les feuilles d'eftain fous un or-couleur plus fort
qu'on ne fait, pour appliquer les feuilles d'or.
11 eft bon de fçavoir que fi par hazard après avoir couché de cou-
leur à l'huile quelque quadre de Tableau , ou autre choie qu'on vou-
drait dorer d'or mat, on s'aiàfoit de le vouloir dorer d'or bruny , il
faudrait fur les couches déjà données à huile, en donner encore une,
fur laquelle eftant toute fraifche , on repandroit de la poudre , de la
cendre , ou de la fcieure de bois très-fine , & lorfque cette dernière
couche ferait bien feche , la blancbir avec du blanc à détrempe , de
la forte qu'il eft dit cy-defTus pour l'or bruny.
De la II ya encore une manière de dorer qui n'eft ny à détrempe ny à
mu" A hu^e » mais l'Or qu'on employé ne fe peut pas brunir comme à dé-
trempe , ny auftî eftre de durée comme à huile. Cela fe fait en méfiant
du Miel avec de l'eau de colle & un peu de vinaigre qui fert à faire cou-
ler le Miel. On détrempe le tout enfemble -, on en fait une couche,
qui demeure grafle&glutineufe à caufe du miel qui afpire l'or, &qui
s'attache fortement au corps , fur lequel on le met. Cette manière
de dorer n'eft bonne que pour donner des rehauts ou hachures fur des
tableaux à détrempe & à fraifque : & pour faire des filets fur du ftuc j
Car fi l'on en couchoit de grands fonds, l'or viendrait à fejerfer& à fe
fendre, parce que la colle venant à fecher , le miel fe retire -, Et les
feuilles d'or fe cafTant , il fe fait plufieurs petites fentes ou jerfures.
On appelle cette manière de dorer Colle à miel ou Bature.
Les Doreurs n'ont d'outils particuliers qu'un Couffinet pour mettre
leur or.
Une Talette qui eft faite de queues de Gris.
Un Bilboquet qui eft ce petit morceau de bois , où eft attaché un
morceau d'eftoffe.
Une ■'Dent de Loup ou de Chien, ou une?terre de Sanguine, pour
brunir.
. Un Couteau.
Des Brofjes.
Des Tinceaux.
Des Gouges.
Des Fermoirs.
Des Fers à retirer.
Un Cifeau,
EXPLI-
-ocr page 240-
LIVRE PREMIER.
%tj
EXPLICATION DE LA PLANCHE XLVL
si
A Couffînet.
B Valette.
C Bilboquet.
D 2>«tf <& loup pour brunit:.
E Couteau.
G Tinceaux.
H Gouges.
I fermoir.
K F«w «« retke£*
L Cifean*
Ee
Pi» au*
-ocr page 241-
ife^F, V A R, C H I T E C T O R E,
DE
-ocr page 242-
DE LA SCULPTURE
LIVRE SECOND.
CHAPITRE PREMIER.
*De la Sculpture m gênerai.
LA Sculpture eft un Art, par lequel, en oftant en adjouftant
de la matière, Ton forme toutes fortes de Figures j comme lors
qu'on travaille de terre ou de cire, ou bien fur le bois, fur lespier*
res, & fur les métaux. Ce travail fe fait aufïï, ou en creufant, dé
mefme que l'on fait fur des métaux, fur des Agathes, & fur d'autres
pierres: ou en travaillant de relief, comme font les Statues & les Bas-
reliefs. Les Statues font des Figures ifblées, qui fe voyent de tous cof-
tez i & les Figures des Bas-reliefs ne paroifïènt jamais entières j c'eft
ce qu'on appelle auffi BafTetailles , que les Anciens inventèrent
pou r reprefenier des Hiftoires, & fai re com me des Tableaux, d ont ils
puflènr orner les Theatres,les Arcs de triomphe,8c leurs autres Edifices.
Il y a de trois fortes de Bas-reliefs -, dans les uns les Figures qui font
fur le devant, paroiflent prefque de relief -, dans les autres, elles ne
font qu'en demy bofTe , & d'un relief beaucoup moindre j Et enfla
dans la dernière efpece, elles font encore beaucoup moins eflevées,
& ont peu de relief, à la manière des Vafes, desCamaïus, des Médailles
& des pièces de monnoye.
11 eft mal aifé dans l'obfcurité des fiecîes pafîêz, de reconnoiftre les
premiers Inventeurs de la Sculpture. Son antiquité nous paroift
dans l'Ecriture fainte par les Idoles de Laban que Rachel enleva, &
par le Veau d'or que les Ifraèlites drefTerentdansledefert. À l'égard
des Auteurs profanes qui en ont écrit, les uns veulent que ce fut
un Potier de Sycione nommé Dibutade qui fut le premier Sculpteur,
Eeî                      &
-ocr page 243-
32o               DE LA SCULPTURE,
& que fafi!le donna commencement à la Portraiture en traçant l'Ima-
ge de fon Amant fur l'ombre que la lumière d'une lampe marquoit con-
tre une muraille. D'autres fouftiennent que ce fut dans l'Ifle de Sa-
môs que cet Arc prit fon origine, où unIdeocus&un Théodore qui
en furent les Inventeurs, avoient fait des ouvrages long-temps avant
qu'on parlaft de Dibutade. Et que Demaratus père du premier Tar-
quin fut celuy qui le porta en Italie, lorfqu'il s'y retira. Car ayant
mené avec luy Eucirape & Eutigramme excellens Ouvriers en cet
Art, ils le communiquèrent particulièrement aux Toicans , qui s'y
appliquèrent, &y reùffirent parfaitement.
Ils adjouftent que Tarquin fît venir enfuite un nommé Taurianus,
l'un des plus célèbres d'entr'eux, pour faire de terre cuite la Statue de
Jupiter, & quatre Chevaux de mefme matière pour mettre au Fron-
tifpice du Temple de cette Divinité. L'on croit auflî que ce fut le
mefme Sculpteur qui fit une Figure d'Hercule , que l'on vit long-
temps dans Rome , & que l'on nommoit à caufe de fa matière
VHercule de terre cuite.
Il y avoit en ce temps-là , en Grèce & en Italie pîufîeurs Scul-
pteurs , qui travailloientde terre. L'on a parlé d'un Calcoftene Athé-
nien, qui rendit fon nom & fà maifon célèbres, à caufe du grand nom-
bre de Figures de terre, donc elleeftoit remplie -, D'un Demophile,
& d'un Gorfanus, qui eftoient aulîî Peintres , & qui embellirent
de Tableaux & d'Images de terre le Temple de la DeefTe Ceres.
Auflî les premières Images de toutes les Divinitez Payennes n'eltoient
au commencement que de terre ou de bois-, Et ce ne fut pas tant la
fragilité de la matière & fon peu de valeur, que le luxe & la richek
fe des peuples , qui les porta à en faire de marbre, & de metarx
les plus précieux. Cependant quelque riche que fuft la matière
que les Sculpteurs employoient, ils n'ont jamais quitté la terre, oui
fort toujours à former leurs Modèles 5 Et fbit qu'ils veuillent tailler
des Statues de marbre ou en fondre de metail, ils n'entreprennent
jamais ces pénibles ouvrages, qu'ils n'en ayent auparavant fait un mo-
dèle achevé avec de la terre. Ce qui fans doute donna occafion à Pra-r
xitelle de dire que l'Art de faire les Figures de terre, eftoit la Mère
qui avoit comme enfanté l'A rt de faire les Figures de marbre & de bron-
ze , lequel ne commença à paroiftre dans fa perfection, qu'environ trois
cens ans après la fondation de Rome.
Phidias d'Athènes qui vint alors , furpaflâ tous ceux qui avoient
paru avantluy, foitqu'il travaillait de marbre ou d'yvoire, foit qu'il
employait toutes fortes de métaux. Maisauffi-coft il s'éleva quantité
d'ex-
-ocr page 244-
LI V R E S E C O N D.                 221
d'exceîlens hommes qui mirent la Sculpture au plus haut point, où
elle ait efté. Car dans Sycione l'on vit Polyclette, dont les Figures
efîoient l'admiration de tout le monde, & le modèle de tous ceux qui
vouloîent eftudier. Enfuite parurent Myron qui eftoit inimitable dans
tout ce qu'il faifoit ; Lyfippe dont le nom vivra autant que celuy
d'Alexandre, & qui feul eut le crédit de jetter en bronze l'image
de ce Prince 5 Praxitelle 5c Scopas qui ont fait les admirables Figu-
res & les Chevaux que l'on voit encore à Rome devant le Palais du
Pape à Montecavallo. Ce Scopas eut pour concurrens, Briaxis, Ti-
mothée & Leocharés qui travaillèrent au fameux tombeau de Mau-
fole Roy de Carie. Cefifbdorus , Canachus , Dédale, Buthieus
difcipie de Myron, Nyceratus, Euphranor, Théodore,Xenocrate,
Phiromachus, Stratonicus, Antigone, qui avoit écrit un traité de fon
Art. Les excellens Hommes qui ont fait le Laocoon , Agefandre,
Polydore, ôc Athenodore , dignes tous les trois d'une louange ira*
mortelle pour un fi beau travail ; & une infinité d'autres dont les
noms de quelques-uns ont pafle à la pofterité, & les autres ont péri
avec leurs Ouvrages. Car quoyqu'il y eût un fi grand nombre de Sta-
tues en Afie, en Grèce & en Italie, que dans Rome feulement, il s'en
trouvaft davantage} à ce qu'on nous rapporte , que d'hommes vi-
vans -, il en refte néanmoins aujourd'huy une.très-petite.quantité,
particulièrement des plus belles.
Dans le temps que Marcus Scaurus eftoit Edile, comme fa char-
ge l'obligeoit d'ordonner de l'appareil des rejoùifïances publiques, il
orna de trois mille Statues de bronze le fuperbe Théâtre qu'il fit
faire 5 Et bien que L. Mummius ScLuculle en eufïent apporté une
grande quantité d'Afie Se de Grèce , toutefois il en eftoit encore
demeuré dans Rhodes plus de trois mille , autant dans Athènes , &
davantage à Delphes. Mais ce qui eft de plus furprenant, eft k gran-
deur des Figures que ces anciens Ouvriers avoient la hardieflê d'en-
treprendre : Parmy cdles que Luculle fît apporter à Rome , il y
avoit un Apollon de trente coudées de haut. Le Colofle que ceux
de Rhodes firent faire à l'honneur du Soleil parCaretés de Lyndos
difcipie de Lyfippe le furpaflbit de beaucoup; il avoit foixattte & dix
coudées. La Statue de Néron que Zenodore fit après avoir fait en Fran-
ce celle de Mercure, eftoit encore d'une grandeur extraordinaire, puis-
qu'elle avoit cent dix pieds de haut.
Cependant il eft à remarquer que depuis Phidias, la Sculpture ne
demeura dans fa grande perfection, que pendant cent cinquante ans*
& qu'infenfiblement elle commença à déchoir. Ce n'eft pas que
Ee 3.                     depuis-
-ocr page 245-
222                DE LA SCULPTURE,
depuis ce temps-là, il ne fe fift encore en Grèce & en Italie de fort
beaux Ouvrages, mais non pas d'un fi grand gouft, & d'une beau-
té fi exquife.
Outre que les Statues Gréques font les plus eftimées pour l'ex-
cellence du travail, il y a cette différence entr'elles Scies Statues Ro-
maines, que la plufpart des premières fontprefque tpûjoursnues, à la
manière deceuxquis'exerçoientàla lutte, ou aux autres exercices du
corps, en quoy la jeunefle d'alors faifoit confifter toute fà gloire i Et
que les autres font couvertes d'habillemens ou d'armes, & particuliè-
rement de la Togue, qui eftok la plus grande marque d'honneur chez les
Romains.
Pour travailler de Sculpture, l'on commence par desOuvrages de
terre, non feulement pour s'inftruire d'abord, maislors mefmc qu'on
entreprend quelque chofe de confiderable, l'on en fait, comme j'ay
dit, un modèle de terre, ou de cire.
CHAPITRE IL
T)e h manière de modeler & défaire les Figures de Terre
& de Cire.
POur modeler ou faire des Figures de terre, il n'eft pas befoin de
beaucoup d'Outils 5 on met la terre fur une Selle ou Chevalet, &
c'eft avec les mains que l'on commence à travailler, & qu'on avance
davantage la befognej les plus Praties fe fervant plus de leurs doigts
que d'aucun outil. L'on a feulement trois ou quatre morceaux de
bois, que les Ouvriers nomment Esbauchoirs, qui ont environ fèpt
ou huit pouces de long, Scqui vonten arrondiffant parundes bouts;
& par l'autre font plats & en onglets. De ces Esbauchoirs, il y en a
qui font unis par le bout qui eft en onglet, & ceux-là fervent à unir la
befogne. Les autres ont des Oches ou dents, & fervent à breter la ter-
re, c'eft-à-dire à l'ofter d'une manière qu'elle ne reftepas lij/e3 mais
comme égratignée, ce que les Ouvriers font d'abord, laiflant mefme
afFez fouvent quelques endroits de leurs ouvrages travaillez de la forte,
pour y faire paroiftre plus d'Art.
L'on modèle & l'on fait auflî des Figures de Cire. Pour cet effet
on met fur une livre de Ciré, demy livre à'/irçanfon pu Colophane:
Quelques-uns y méfient delà Therebentine, &l'on fait fondre le tout
en-
-ocr page 246-
LIVRE SECOND.                  Z23
enfèmble avecder^âfe Solives on en met plus ou moins félon qu'on
veut rendre la matière ou plus dure ou plus molle. On méfie un peu de
brun rouge ou de vermillon dans cette Cornpofition, pour luy donner
une couleur plus douce -, Et lorfqu'on s'en veut fervir, on la manie avec
les doigts, & avec des Esbauchoirs, comme on fait la terre. La prati-
que eft la principale maiftrefTe dans cette forte de travail, qui d'abord
a'eft pas fi facile qu'avec de la terre.
EXPLICATION DE LA PLANCHE XLVIL
Outils pour travailler de Terre & de Cire.
À Selle à Modeler, ou Cheva- B Esbauchoir bretelê,
let.
                 /                  C Autre Esbauchoir,
Plan-
-ocr page 247-
DE LA SCULPTURE,
>î*
KX-
-ocr page 248-
LIVRE SECOND.                 22?
CHAPITRE III
<De la Sculpture en Bois.
LA première chofe que doit faire un "Sculpteur qui veut travailler
entais, eft de choifir le meilleur bois, &celuy qui eft le plus
proprepour les ouvrages qu'il entreprend Si c'eft quelque chofc
SesranS, & qui demande delà force & de la fohdite , il doit pren-
dre le bois le plus dur & celuy qui fe conferve davantage , comme
le Cbefne & le Chaftaigniers mais pour desOuvrages de grandeurs
médiocres l'on prend du Toirier & du Cormier. Et parce que ces
bols font encore fort durs , lorfque l'on ne veut faire que de petits
Ouvrages d'Ornemensqui foient délicats, les Ouvriers fc:fervent plut
toft de bois tendres, mais pourtant*lainsy c eft-a-dire d un bois fer-
me &ferré, comme celuy duTilleuh qui eft excellent pour cela, par-
cequeleCifeau le coupe plus nettement & plus aifémenc quetoutau-
trennfnfanvqtatuës, nousvoyonsqueles Anciens en ont fait prefque
débuteSde b° s.Ily avoitàSicyone une Image d'Apollon qui Pau?,
cftok de But A Ephefe celle de Diane eftoit de Cèdre. Comme {£
ces deux fortes deboisfont très-durs ScincorruptiWes, &que leCe- l6,hap
dre prLcipaement eft d'une matière, qui félon Phnefemblcnede- g
volr^amalfinir, les Anciens enfaifoient volontiers les Simulacres de ^5';
^nsÏÏemp^^^
y avoit inelmage deceDieu, faite teGtronmer , de huit pieds de^
hT:î^ctt^Z^ arbrequi n'eftp-sfujctàfccom»!.
0renVàXeenrmm gédesvers, on elfaifoitauffi des Statues. De
P rVnllPalmier, d'Olivier, & d'Ebene , dont il y avoit une
?' Tnifnfà SheVel & ainfî de plu fieurs autres fortes debois, PIiB.BT<
SedéX^^fdontilyavoL.
"TlfaSoncent ansqu'ily avoitàFlorenceunSculpteurFrançois I4C49'
iiyaenviro              a^i COupoit fi parfaitement le bois, qu'il en fâi-
SX'^BnïïîStoq^de^ LeVafari parle d'un S.
loch^lltqu'onregardoitcommeune^
                           ^
-ocr page 249-
ijtf            DE LA SCULPTURE,
On appelle bien couper le bois quand une Figure ou un Ornement
eft bien travaillé. Et la beauté d'un Ouvrage confifte en ce qu'il (bit cou-
pé tendrement j qu'il n'y paroiflè ny fechereflé ny dureté.
Quand l'on veut faire de grands Ouvrages, comme feroit mefme
une feule Figure, il vaut mieux qu'elle foit de plufieurs pièces que
d'un feul morceau de bois qui dans des Figures , de mefme que
dans des ornemens, fè peut tourmenter & fejerfer ; Car une pie-
ce entière de gros bois peut n'eftre pas fèche dans le cœur, quoyqu'el-
le paroiflèfechepar dehors. 11 faut que le bois ait erré coupé plus de
dix ans avant que d'eftre propre à employer dans ces fortes
d'Ouvrages.
Les Sculpteurs en bois fe fervent des,mefmes outils que les Me-
nuifiers.
CHAPITRE IV.
2)<? la Sculpture en Marbre & autres Tterres»
LEs Sculpteurs qui travaillent en Marbre & autres fortes de Pier-
res, fe fervent d'outils de bon acier, trempez & forts félon la
dureté de la matière.
La première chofe que l'on fait eft de fier dans un grand Bloc de
Marbre un autre Bloc de la groflèur dont l'on a befoin. Ce qui fè
fait avec une Sie de fer unie, & fans dents. Et à mefure que l'on fie le
marbre l'on y jette de l'eau & àwgrais pilé ♦, Le grais fert à ufer le mar-
bre , & l'eau le fait fortir en boue lorfqu'il n'a plus de force, & em-
pefche le fer de s'efehaufrer.
Après cela l'on dégroffit le marbre que l'on veut travailler, on en
ofte le fuperflu à grands coups d'une forte Maffe & avec une Tointe
affûtée de court
, c'eft-à-direaiguiféej car parmy les Ouvriers affûter
lignifie aiguifèr.
Lorfqu'on a dégrofîile Bloc félon les mefures qu'on aprifes pour en
faire quelque Figure, on approche de plus prés avec une autre T ointe
plus déliée, c*eft-à-dire qu'on avance davantage l'ouvrage-, Et fi l'on
fe fert de la double T ointe, qu'on nomme 'Dent de chien,on appelle
cela approcher à la double pointe.
Enfuitel'on met en ufage la Gradine, qui eft un outil plat & tranchant,
ayant deux oches, ou trois dents, mais qui n'eft pas fifort que la pointe.
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XIVR E S E € 0 N D.                       227
C'eft avec cet outil que l'ouvrier travaille pour avancer fon ouvrage.
Après cela il prend un Cifeau tout uni pour ofter les rayes que la Gra-
dine
a laifTées fur le marbre, & fe fervant adroitement & avec delicateflè
de cet outils il donne de la douceur & de la tendrefle à fà Figure, juf-
ques à ce qu'enfin prenant une Râpe qui eft une efpece de Lime, il met
fon ouvrage en eftatd'eftre poly.
Il y a plufieurs fortes de Râpes, les unes font droites, les au-
tres courbées, & qui font auflï plus fortes & plus douces les unes que
les autres.
QuandleSculpteuraainfiachevéfaFigureavec des outils qui doi-
vent eftre tous de bon Acier de carme} comme il y a certains endroits,
& des ouvrages particuliers qui demandent à eftre polis, il ie fertpour
cela de pierre ponce & de potée pour rendre toutes les parties liflès&
unies. Enfuite il y paflè le tripoli, & lorfqu'il veut leur donner plus de
luftre il les frote avec de la peau & de la paille bruflée.
Outre les outils que j'ay nommez, les Sculpteurs fè fervent encore
de la Marteline, qui eft un petit marteau dont un bout eft en pointe, &
l'autre a des dents faites de bon acier de carme, & forgées quarrément»
pour avoir plus de force. Elle fert kgruger le marbre, & l'on s'en aide
dans les endroits où l'on ne peut fe fervir des deux mains pour travailler
#vec le cizeau & la maflè.
La Boucharde eft un morceau de fer, de bon acier par le bas, &fai£
en plufieurs pointes de diamant , fortes & pointues de court. On
s'en fertpour faire un trou d'égale groflèur, qui ne fe pourrait faim
avec des outils tranchans. On frappe fur la Boucharde avec la maflè,
& fës pointes meurtriffant le marbre, le mettent en poudre. L'on jette
de temps en temps de L'eau dans le trou à mefure qu'on lecreufe, pour
en faire forcir la poudre de marbre, & pour empefeher auffi que le
fer ne s'échauffe, ce qui détremperait l'outil. Car on ne mouil-
le le grais fur lequel on affûte les outils, que pour empefeher qu'ils
ne s'échauffent, & qu'en les frottant à fèe ils ne perdent leur trempe.
C'eftpourquoy l'on mouille auiîi les Trépans, qui s'échauffent en tré-
panant. Les Sculpteurs s'en fervent pour fouiller & percer dans les en-
droits de leurs Figures où ils ne peuvent s'aider du cizeau làns fe mettre
au hazard de gafter, ou d'éclatter quelque chofè.
Lorfqu'ils travaillent avech Boucharde ils la paffènt dans un mor-
ceau de cuir percé, qui couvre le trou,& empefche qu'en frappant, l'eau
ne rejaliflè au vifage de celuy qui travaille.
Les autres outils neceiîàires aux Sculpteurs en marbre , font la
Rondelle qui eft une elpece de cifeau arrondi. La Hongnette qui eft
F f 2                            un
-ocr page 251-
228            D E LA SCULP TU R È,
un cifeau pointu & quarré. Us ont outre cela differens Compas, qui fer-
vent à prendre toutes les mefures.
Or les Sculpteurs qui entreprennent quelque Ouvrage confiderabîe,
foit Statues, foit Baf-reliefs, font toujours comme j'ay déjà d\ un
Modèle de terre de la mefme grandeur que doit eftre ce qu'ils veu-
lent faire. Et parce que la terre en fe fechant s'amaigrit & peut fe rom-
pre, ellefèrt feulement à faire un moule de plaftredans lequel ils font
une Figure aufîï de plaftre qu'ils reparent, &qui leur fert enfuite de
Modèle fur lequel ils prennent toutes leurs mefures, & fe conduifent
en taillant le marbre. Car pour fe bien régler dans leur travail, ils met-
tent fur la tefte de ce Modèle un Cercle immobile, divifé par degrez,
avec une Règle mobile, arreftée au centre du cercle, &divifée aufïi
en parties. Du bout de la Règle pend un fil avec un plomb, qui fert à
prendre tous les points qui doivent eftre rapportez de la Figure fur le
Bloc, du haut duquel pend une mefme ligne que celle qui eft au Mo-
dèle. Cependant il y a d'excellens Sculpteurs qui n'approuvent pas
cette manière, difant que pour peu de mouvement que reçoive le Mo-
dèle, leurs mefures peuvent changer, & ainfi ils aiment mieux fe lèr-
vir du Compas pour mefurer toutes les parties.
Po ur les Figures qui fe font de pierres dures comme eft celle
de faintLeu, deTrofîioude Tonnerre, l'on y travaille avec la met
me conduite qu'à celle de marbre, excepté que comme la matière
n'en eft pas il dure, l'on fe fert d'outils moins forts, & dont quelques-
uns font de différentes figures, comme de Râpes, de Sie à main 3 de
Ripes, de Fermoirs à trois dents, de Rondelle, de Grattoir.
Les Sculpteurs en pierre ont aufli d'ordinaire une Sebille, Galle ou
Jatte de bois dans laquelle ils détrempent du Badigeon qui eft du
plaftre méfié avec de la mefme pierre dont la figure eft faite, & que
l'on met en poudre. De ce Badigeon ils remplifïènt les petits trous &
reparent les défauts qui fe rencontrent dans la pierre. Celle de Ton-
nerre eft fi pleine qu'elle n'en a pas befbin.
S'il fe rencontre que l'on fafle aufli des ouvrages de Grais, on a
des outils particuliers , car le grais fe pique , & ne fe travaille pas
comme la pierre & le marbre.
EX-
-ocr page 252-
LIVRE SECO N.-D.
2tp
EXPLICATION DE LA PLANCHE XLVIII.
Outils four travailler de Sculpture.
ASciefans dents pour fier le mar-   L Hongnette. .
bre.                                    M Rondelle.
B Sebille, Galle ou Jatte pour   N Boucharde.
mettre l'eau & le grais bat-   O Tlan des dents de la Bon-
tu,                                            char de.
C Cuiîlier à prendre l'eau & le   P Râpe.
grais pour le ver fer fur le   Q Outil crochu.
R Trépan.
i Tige oufufldu Trépan.
2   Traverfe.
3   Tlomb.
Virolle.
Mèche duTrepan.
S Trépan en Villebrequin.
T Trépan à Archet,
■marbre que l'on fie.
D Mafe.
E Marteline.
F Oeil de la Marteline.
G Tointe.
H Tointe double ou dent de
chien.
I Cifeau
K Gradine,
m
Plan-
-ocr page 253-
'M
a
c
-ocr page 254-
LIVRE SECOND,
m
EXPLICATION DE LA PLANCHE XLIX,
Suite des outils de Sculpture.
H Niveau.
I Toinçon.
K Grattoir.
L Grand Compas hrifê.
M Compas droit.
N Compas courbé.
A Scie à main.
B Rondelle.
C Fermoir.
D Maillet.
E Ripe.
F Fermoir à trois dents.
G Cifeau en marteline.
Plan-
-ocr page 255-
0E la sculpture;
%%% m
ÏLASCIŒ XLIX.
€T»
-ocr page 256-
LIVRE SECOND,              mT
CHAPITRE V.
*De la manière de jetter les Figures de Bronzse.
J
E ne pafleray point icy de quelle forte les Anciens fondoient leurs
métaux & en faifoientdes figures. L'on voit parce que Pline en a ef- LiT.57-
crit, qu'ils fè fèrvoient quelquefois de Moule de pierre. Vitruve en.
Liv.t.
parle d'une efpece de pierres qui fe trouvoient aux environs du lac
de Volfene, & en d'autres endroits d'Italie, îefquels refîftoient à la
violence du feu, & dont l'on faifoit des Moules pour jetter diverfes
fortes d'Ouvrages.
Depuis ces anciens Ouvriers, hs Modernes qui ont travaillé en
Italie & ailleurs, y ont procédé en différentes manières, le temps dé-
couvrant toujours des moyens plus ailèz* & nous pouvons dire que
l'on n'a jamais tenu une conduite fi facile, & qui perfectionne davan-
tage les ouvrages, que celle qu'on obfèrve aujourd'huy en France, où
l'on fçait fondre & reparer toutes fortes de Figures d'une manière aulîî
belle que tout ce qu'on voit d'antique.
Pour jetter en bronze une Statue ou quelqu'autre Ouvrage, l'on fait
d'abord un Modèle avec de la terre graflè, préparée par les Potiers}
qui méfient du fable parmy pour empefeher que le Modèle ne fe fende
& ne fe cafTe en fechant. La meilleure terre qu'on employé à Paris pour
cela le prend à Arcùeil, & le fable à Belleville.
Lorfque le Modèle eft fini & que le Sculpteur eft content de fon tra-
vail, on le moule avec du plaftre pendant qu'il eft frais, parce qu'en
fe fechant les parties fe retirent & s'amaigrirent. On commence
par le bas de la Figure qu'on reveftde plufieurs pièces, &par^Ç-
fes, comme depuis les pieds jufques aux genoux, félon néanmoins la
grandeur du Modèle > car quand les pièces font trop grandes le plaftre
fè tourmente. Après cette afîife l'on en fait une autre au defïùs, dont
les pièces font toujours proportionnées à la Figure-, & ainfi on conti-
nue jufques au haut des efpaules, furiefquelleson fait la dernière a£
fifè qui comprend la tefte.
Il eft à remarquer que fi c'eft une Figure nue , & dont les pie»
ces qui forment le Moule,. eftant allez grandes ,puifïèntfe dépouillée
aifément, elles n'ont pas befoind'eftre recouvertes d'une Chapei Mais
fi ce font des Figures drapées, ou accompagnées d'ornemens, qui
G g              .                   dori-
c. 7.
-ocr page 257-
|fî              DE LA SCULPTURE,
donnent de la fujettion , & qui obligent à faire quantité de petites
pièces pour eftre dépouillées avec plus de facilité; il faut alors faire
de grandes Chapes , c'eft-à-dire reveftir toutes ces petites pièces
avec d'autre plaftre par grands morceaux , qui renferment les au-
tres, & huiler tant les grandes , que les petites pièces , par défias-
& dans les joints, afin qu'elles ne s'attachent pas les unes aux autres.
On difpofe les grandes pièces ou Chapes de telle forte que chacu-
ne d'elles en renferme plufieurs petites, aufquelies on attache de pe-
tits annelets de fer pour fèrvir à les defpoiiiller plus facilement & à
les faire tenir dans les Chapes parle moyen des petites cordes, ou fi-
celles qu'on attache aux annelets & qu'on pafle dans les Chapes.
On marque auffi les grandes & les petites pièces par des chiffres, par
des lettres, & avec des entailles pour les reconnoiftre , &' pour les
mieux ralïembler.
Quand le Creux ou Moule de plaftre eft fait de la manière que je
viens de dire, on le îaifîè repofer ; Et lorfqu'ileft bienfec, & qu'on
veut s'en fervir, ceux qui font curieux de leurs ouvrages ne fe con-
tentent pas de le frotter d'huile , mais embûivent de cire toutes les
petites pièces de leur Moule, en les faifànt chauffer & mettant delà
cire dedans. On fait cela pour rendre l'ouvrage de cire qu'on y veut
jetter, plus beau & plus parfait. Car lorfqu'on les frotte fimplement
avec de l'huile, la Figure de cire devient ordinairement/Jz/ww/ï', par-
ce que la cire afoire toujours quelque partie de plaftre , ou bien le
plaftre afpire une partie de la cire ; ce qui caufe un défaut encore
plus notable dans la Figure, & fait que le Jet ne peut eftre jamais
û beau.
Le Moule eftant donc ainfî huilé, ou pluftoft embu de cire, lorf-
qu'on veut travaillera faire une Figure de bronze, l'on aflemble dans
chaque grand morceau de la Chape toutes les petites pièces qui y
entrent, lefquelles d'abord on frotte d'huile avec un pinceau; puis
avec un autre pinceau l'on prend de la cire fondue qui eft compofée,
c'eft-à dire que dans fix livres de cire l'on met demy livre de Sein-
dûux,
& une livre de Toixde Bourgogne, fuivant la faifon. Car en
Efté la cire fe peut prefque travailler feule , les autres drogues n'ef-
tant que pour la rendre plus maniable & facile à reparer. De cette forte
de cire fondue foitfimple, foit compofée, l'on en couche doucement
avec un pinceau dans toutes les pièces du moule, jufqu'à ce qu'il y en
, „ ait environ l'épailîèur d'un fol. Après quoy l'on prend de la mefme
dire des compofition dont l'on a fait des Gafteaux d'une égale épaifleur fe-
«uwceauxlon qu'on délire que la bronze vienne s qui eft pour l'ordinaire de
trois
-ocr page 258-
LIVRE SECOND,                     233
trois lignes. Lefqueîs Gafteaux l'on met dans les creux, ou moules* deeire
les incorporant avec les doigts contre la cire qui a efté couchée avec aplatis.
le pinceau, en forte qu'ils les remphfîènt également. Tous les creux
ainfi remplis, l'on a une Grille de fer qui doit eflre plus large que
le Plinthe ou Bafe de la Figure qu'on veut faire, d'environ trois ou
quatre pouces : fur le milieu de cette Grille on efleve une ou plu-
fîeurs barres de fer contournées félon l'attitude de la Figure, & per-
cées d'efpace en efpace, pour y parler des Verges de fer de telle lon-
gueur qu'on juge necefîàire, afin de maintenir YAme ou Noyau de ce
qu'on veut jetter.
Les Anciens faifoient tous les Noyaux ou Âmes de leurs Figures
de terre à Potier, compofée de Fiente de cheval & de Bourre bien bat-
tues enfemble, dont ils formoient une pareille Figure que celle du mo-
dèle. Lorfqu'ils a voient bien garny cette Âme de pièces de fer en long
& en travers félon fon attitude, 'AsVécorchoient* c'eft-à-dire qu'ils di-
minuoient&oftoient autant de fon épaifïèur qu'ils en vouloient-don-
ner à leur bronze. Après avoir laifîeiecîier cette ameils la reveftoientj
tout autour des pièces Se morceaux de cire qu'ils droient des creux, &
qu'ils difpofoient comme je diray cy-aprés.
Cette manière de conftruire les N oyaux fe pratique encore par quel-
ques Fondeurs, principalement pour les grandes Figures de bronze,
parce que la terre refifte mieux à la force & àla violence de la bronze,quc
ne faitle plaftre dont l'on fè fert ordinairementpour les moyennes Figu-
res j & pour celles qu'on veut jetter en or ou en argent.
Cependant comme on n'a pas lieu de faire fouvent des Statues d'u-
ne excefiïve grandeur , les Fondeurs fe fervent aufïï pour celles de
bronze, de plaftre bien battu, avec lequel ils méfient de la Brique
auffi bien battue & bien fafTée. Et pour travailler de cette maniere-là, ils
y procèdent ainfi.
On prend les premières affiles du Moule remplies des épaiiïèurs
de cire, comme il a efté dit, îefquelîes on afîèmble de bas en haut fur
la Grille autour de cette barre de fer qui doit fbuftenir le Noyau, les
ferrant fortement enfemble avec des cordes, de crainte que les pièces
ne fe détachent & ne s'éloignent les unes des autres lorfqu'on vient à fai-
re le Noyau.
Pour former ce Noyau, dés le moment que l'on a difpofé la premiè-
re affife des Creux , & qu'on les a eflevez les uns fur les autres, on
verfe du plaftre détrempé bien clair & meflé avec de la brique battue &■.
faffée comme j'ai dit : car la brique fait que le pîafi re refifte au feu, &
l'eiBpefche de poufîer ; Lorfqu'on a rempli la première affife du
Gg %                             Creux
-ocr page 259-
a3*"             DE LA SCULPTURE,
Creux, on efleve la féconde qu'on remplit de la mefme forte j ainfï
continuantd'affîfe enaflife à eflever toutes les pièces du moule, & à
former en mefme temps le Noyau avec du plaftre&de la brique ba-
tuë, Ton va jufques au haut de la Figure.
On efleve de la forte toutes les pièces du creux les unes fur les au-
tres d'aflife en affife, afin de pouvoir mieux conduire le Noyau. Et
pour le fouftenir on pafîè de temps en temps des verges de fer dans les
principales barres dont j'ay parlé.
Quand toutes les pièces du Moule font afîèrnblées,&que tout le creux
eft rempli, on défait les Chapes & toutes les parties du Moule, en com-
mençant par le haut, &finifîant.par le bas, de la mefme forte qu'on a
procédé pour les afFemblerj Et alors la Figure de cire paroift toute
entière qui couvre l'Ame qui eft dedans.
Il faut reparer la Figure & la rendre femblable au Modèle fur lequel
elle a efté faite, & mefme le Sculpteur peut encore en perfectionner
beaucoup toutes les parties, en y adjouftant ou diminuant, pour don-
ner plus de grâce & d'expreffion à certains traits -, car pour les attitudes
& ladifpofir.ion.des membres>iî ne peut plus les changer.
Eftant dans fa perfection on pofe les Jets\ 6c les Efvents. Ces Jets
font des tuyaux de cire qu'on fait de la grofleur environ d'un pouce de
diamètre pour les Figures grandes comme nature -, Car on les propor-
tionne à la grandeur de l'ouvrage, & mefme despartiesdu corpsoù on
les met. Les E vents font aufiî des tuyaux de cire, mais un peu moins
gros. On fait ces tuyaux dans des moules de plaftre, de telle grandeur
qu'on veut: puis on les coupe de la longueur de quatre ou cinq pouces
de long ou environ, On prend ceux qui doivent fervir pour les Jets, que
l'on arrange les uns au defTus des autres à fix pouces de diftance en droi-
te ligne le long de la Figure, & quelquefois plus prés quand il y a des
draperies, & qu'il eft befbin de beaucoup de matière.
Quand ces Tuyaux font appliquez & fondez avec de la cire contre
îa Figure en for te que le bout quin'eft pas foudé relevé en haut, on a
un grand tuyau d'égale groffeur qui s'attache contre les extremitez
de ces petits tuyaux, & qui prend depuis le bas delà Figure jufques au
haut. Tous ces tuyaux grands & petits fervent pour le jet de la matiè-
re , & l'on en fait ainfi trois ou quatre autour d'une Figure félon fa
grandeur & fa difpofîtion. Mais en mefme temps que l'on place ces
tuyaux pour fervir de Jets, il faut au fil appliquer vis-à-vis & à codé,
c'eft à-dire , fur la mefme ligne &à quatre pouces prés, les moin-
dres tuyaux qui doivent fervir d'Events, lefquels fe foudent contre la
Figure & contre un grand tuyau qui va du bas jufqu'en haut comme
ceux
-ocr page 260-
LIVRE SECOND.                    23.7
ceux des Jets. Et parce qu'il faut que toute la cire venant à fondre, for-
te du moule, comme il fera dit cy-aprés , l'on eft exadfc à bien gar-
nir de ces fortes de tuyaux, les extremitez de toutes les parties Tail-
lantes & éloignées du corps de la Figure , comme peuvent eftre les
bras, les doigts, les draperies, & autres chofes dont il faut que la
cire puiflè fortir, foit par des tuyaux particuliers , qui defcendent
jufques au bas du moule , foit par les grands tuyaux qui vont du
haut en bas de la Figure. On fait que tous ces tuyaux font
creux afin d'eftre plus légers, car ils pourraient aullî-toft eftre pleins
que vuides , mais ils iëroient trop pefans. On en met auffi une
quantité fuffifante autour de la Figure, tant pour les jetsy que pour
les Events, prenant garde à les placer autant que l'on peut dans les
parties où il faut davantage fournir de métal, & qui foient auffi les
plus aifées à reparer -, Et mefme l'on fait , comme j'ay déjà dit,
beaucoup plus petits ceux qui doivent fervir pour le vifage & pour
les mains.
Âpres avoir rangé tous ces differens tuyaux le long de la Figure 3
l'on fait que les grands tuyaux montans, deftinez pour les Jets, fe
terminent en haut & que fe rencontrant deux enfemble, ils fe joignent
à cinq ou fix pouces au defîùs de la Figure par le moyen d'une efpe-
ce de Godet ou Coupe de cire de quatrepouces de haut & autant de dia-
mètre , au fond de laquelle on les foude. Ce Godet fert d'entrée pour
le métal qui fè communique en mefme temps aux deux tuyaux; Ain-
fi s'il y a quatre tuyaux montans pour les Jets, on fait deux efpeces
de Coupes plus ou moins , félon qu'il plaift à l'Ouvrier, pour faire
couler le métal par toute la Figure.
Pour les tuyaux qui fervent d'fi vents, on les laifïê fortir au haut de
la Figure & furpaffèr les autres ; car ils n'ont pas befbin d'eftre joints en-
ièmble, ny d'avoir des Godets.
La Figure de cire ainfi bien reparée & garnie de Jets &d*Events y
l'on prend d'une Compofition faite avec de la Totée, & du Ciment de*
creufets bien pilez & broyez, laquelle compofition on détrempe dans
une terrine en confiftence d'une couleur à peindre affèz claire,puis avec
un pinceau l'on en couvre exactement toute la Figure, commeauflï
tous les tuyaux des Jets & des Events. Cela fe fait par plusieurs fois,
remplifîànt avec grand foin les petites fentes qui fe font à mefure
que cette compofition fè fèche. Quand toute la cire eft bien cou-
verte „ l'on met par defius, avec un pinceau, une autre forte de com-
pofition plus épaifTe & qui a plus de corps. Elle fe fait des mefmes ma-
tières que celle dont je viens de parler, mais on y méfie un peu de'Terre-
G g 3.                        franche-
-ocr page 261-
%$6           DE LA SCULPTURE,
franche êcdeîa Fiente de cheval préparée. Après en avoir mis Cm ou
'fept couches , l'on en remet encore avec le pinceau une plus
épaiffe, qui n'eft compofée que de terre franche & de fiente de
cheval -, Celle-là eftant feche on en met une autre, & ainfi on réi-
tère de mefme jufques à fept ou huit fois. Enfin on en met avec la
main de plus épaiffe, toujours compofée de fiente de cheval & déter-
re franche dont l'on fait deux couches ; mais il faut qu'elles fbient
toutes bienfeches avant que d'en mettre une autre; & prendre gar-
de de ne laiiïèr aucunes parties, fbitdunud, foit des draperies, qui
ne foient également couvertes de toutes les différentes couches dont
j'ay parlé.
Après cela on a plufieurs barres de fer plâtres de la hauteur de la
Figure , qui s'attachent par en bas à des crochets qui doivent eftre
aux collez de la grille fur laquelle toute la Figure eft pofée & qui mon-
tent jufques au haut des Jets. Il faut que ces barres foient éloignées
de fîx pouces les unes des autres, & contournées félon l'attitude de
îa Figure, en forte qu'elles joignent contre le moule, & viennent par
le haut à s'attacher enfemble à une efpece de cercle ou bandes defer
qui prend dans les crochets de chaque barre. Enfuite l'on ceint
& l'on environne la Figure avec d'autres bandes de fer d'efpa-
ce en efpace, & diftantes l'une de l'autre de fept à huit pouces. Ces
bandes doivent aufli eftre contournées fiiivant la difpofkion de la
Figure, & attachées avec du fil de fer aux barres qui montent en
haut. Lorfqu'eîks font toutes jointes enfemble , & en eftat de
fouftenir le Moule , on prend de grofîè terre franche détrempée &
méfiée avec de la fiente de cheval & de îa bourre, dont on couvre
tout le Moule & les Barres de fer, en forte qu'il ne paroift plus qu'u-
ne mafTe de terre, qui doit avoir en tout quatre ou cinq pouces d'é-
paifîèur.
Mais il eft à remarquer que lorfqu'on veut jetter une Figure nuë
qui eft pofée feulement fur fes deux jambes , il faut la garnir au
droit des jambes & des cuiflès , avec beaucoup plus de terre qu'au
droit du corps, parce que venant à cuire le moule , la partie d'en
bas eftant plus aifée à échauffer que le milieu du corps , il arrive-
rait qu'avant que le Noyau qui eft au droit du ventre & des épaules
euft fa cuifïbn necefïàire, les jambes & les euifTes qui ont bien moins
de grofïeur, feroient bruflées & confommées du feu > lorfque le milieu
du tronc de la Figure ne commenceroit qu'à s'échauffer. Et cecy eft
un avertifïèment qui doit fèrvir pour tous les differcns Ouvrages qu'on
peut faire, afin de s'y conduire avec jugement, & de remédier de
bon-
-ocr page 262-
L I y R E SECOND.                 237
bonne heure aux accidens qui peuvent arriver en pareilles rencon-
tres.
Lorfque le Moule eft donc achevé de la manière que je viens de
dire , l'on creufe une folle de figure quarrée , & de la grandeur
necefîàirepour le contenir 5 mais i! faut qu'il y ait au moins un pied, ou
un pied & demy de vuide tout autour, & qu'elle foit plus profonde
que le Moule n'a de hauteur ; car tout au bas il doit y avoir une ef pece
de Fourneau, qui aura fon ouverture en dehors pour y pouvoir mettre
le feu y & au deffus une forte grille de fer appuyée folidementfur les
arcades Se murailles du Fourneau, qui doivent efîre de grais, ou de
brique, de mefme que les quatre collez de la fofîe depuis 3e bas juf-
qu'en haut.
Après que îa Grille eft pofëe fur le Fourneau au bas de la foflè,
on y defeend le Moule avec les engins, &Ies précautions qu'on doit
prendre pour cela, & en fuite, fous les tuyaux qui fervent de Jets &
d'Ë vents, on met des terrines, ou autre chofe, pour recevoir la ci-
re qui doit fbrtir. Cela fait, l'on couvre la folle avec des ais, & al-
lumant un feu fort médiocre fous la Figure, on l'échauffé, Se tout
le lieu oùelleeft, d'une chaleur modérée, de telle forte que la cire
puifTe fondre & for tir du moule fans qu'il y en relie aucune partie, 6c
au Mi qu'elle ne s'échauffe pas fi fort qu'elle vienne à bouillonner,
parce qu'elle s'attacherait au moule s & ainfi faute de fortir entière-
ment, elle cauferoit de la difformité à la Figure quand on viendrait
àcoulerlemetail. Lorfqu'on juge que toute îa cire eft fondue, ce
qui fe connoift parla quantité qui enfort (car il faut auparavant pe-
fer la cire qu'on employé) on oûe les terrines , & l'on bouche avec
de la terre les trous par où la cire a coulé. On remplit tout le vuide de
la fofîe qui eft entre le moule & les murailles avec des morceaux de
briques qu'on y jette doucement, mais fans arrangement. Et lors-
qu'il y en a jufqu'au haut, on fait un bon feu de bois dans le four-
neau. Comme la fîame eft interrompue par ces morceaux de bri-
que, elle ne peut mon ter avec violence, ny endommager le moule,
mais feulement elle communique fà chaleur en traverfant tous ces mor-
ceaux de brique qu'elle échauffe dételle forte, qu'enfin ils deviennent
tout rouges, & le moule de mefme. Après que le feu a efté allumé en-
viron vingt quatre heures, & qu'on voit que les briques & le moule de
la Figure font allumez jufqu'au haut, on laifîè éteindre le feu & re-
froidir le moule, en oftant toutes les briques que l'on avoit mifèsau-
tour. Lorfqu'il n'a plus aucune chaleur on jette de la terre dans la foffe,
pour remplir le vuide qu'occupoit la brique: &àmefureque l'on verfe
cette
-ocr page 263-
a;8           DE LA SCULPTURE,
cette terre Ton marche deffus, ôson la prefTe contre le moule. Mais
il faut qu'elle foit un peu humide pour le prefïèr mieux, & faire un
corpsplus folidej &auffî qu'elle ne le foit pas affez pour hume&er
èc communiquer fon humidité au moule, qui ne doit plus eftre chaud»
par la raifon que s'il avoit encore quelque relie de chaleur , il afpi-
reroit cette humidité , ce qui cauferoit beaucoup d'accidens lorf-
qu'on viendrait àjenerîemetal.
Pour fondre le métal l'on a un fourneau à cofté de la fofle où eft le
moule» Ce fourneau doit avoir fon rez de chauffée ou aire deux ou
trois pouces plus haut que le deffus delà fofïê, afin d'avoir de la pente:
11 doit eftre conftruit en forme de four avec de bon tuilleau & delà terre
franche de la grandeur necefîàire pour l'Ouvrage, êcfouftenude bons
cercles de fer. On laifîe une hauteur au deffus du rez de chauffée, qui
rende tout le fond du Fourneau capable de contenir le métal} & au def-
fus de cette hauteur on fait deux ouvertures, l'une pour jetter le bois,
8c l'autre pour fervir d'Event & donner de l'air. Lorfque le fourneau efi
bien feç on y fait un grand feu de bon bois . parmy lequel on jette le mé-
tal dontl'on veut faire la Figure, il doit y avoir du cofté de la fofïè une
troifiéme ouverture qui aille jufqu'au rez de chauffée du fourneau. Cet-
te ouverture doit eftre bien bouchée avec de la terre pendant la fonte
du métal, mais en forte pourtant qu'on puiffe l'ouvrir quand on vou-
dra, &: que par un canal de terre elle fe communique à une forme de
grand bafîin de bonne terre franche que l'on fait au deflus du moule,
&dont le milieu répond à ces godets ou efpeces de coupes où abou-
tifTènt les Jets dont j'ay parlé. Ce bafîin fe nomme par les Ouvriers
Efchena. Il faut qu'il foit fondement fait de bonne terre bien battue,
& bien fec -, pour cela on y met de la braife de charbon ardent. Et afin
d'empefeher que le métal n'entre dans les godets , aufli-toft que le
Fourneau eft ouvert & pluftoft qu'on ne veut, il y a des hommes qui
bouchent ces godets avec un inftrumentappellé Quenoiiïllete: c'eft une
longue verge de fer, grofïe par le bas, & de la forme du godet II y a au-
tant d'hommes & de ^uenouilletes qu'il y a de Godets -, c'eft- à-dire un
ou deux, félon néanmoins la nature de l'ouvrage.
Lorfque le métal efi fondu on ouvre la porte de fer, ou pîuftoft on
déboucheîe trou qui eft au-droit du canal; ce qui fe fait avec un Terkr^
qui eft un morceau de fer emmanché au bout d'une perche -, Le métal
venant aufïï-toft à fortir , coule dans YEfcheno , où eftant entière-
ment arrivé, on levé la ^uenoùilktte^ &: alors il entre dans le mou-
le, & en un inftant forme la Figure.
Quand la matière a ainfi rempli le moule on le laiflè ainfi trois
ou
-ocr page 264-
LIVRE SECOND.                   239
ou quatre jours , puis à loifir on ofte la terre qu'on avoit jettée tout
autour , ce qui donne moyen au moule de fe refroidir entièrement.
Après quoy voyant qu'il n'y a plus aucune chaleur on le rompt, &
on découvre la Figure de métal, que l'on voit couverte des Jets & des
Events du mefme métal qui y tiennent. On les fie fur le lieu afin
d'en décharger la Figure, & de la retirer plus aifement. Enfuite on
la nettoyé & on i'efcure avec de l'eau & du grais : Et avec des morceaux
de fapin ou d'autre bois tendre & moilleux on fouille dans les en-
droits creux des draperies & autres lieux. Quand ce font de peti-
tes Figures on les lave avec de l'eau forte : & lorfque cette eau a fait
fbn effet, on les relave avec de l'eau commune. Eftant bien nettoyées
on repare celles qui font necefîaires à eftre reparées, car les grandes
Figures ne fe réparent pas toujours.
Les outils dont l'on fe fèrt pour cela font des Burins, des Efchoppess
des Cifelets-) des Toinçons-, des Rifioirs qui font des efpeces de limes.
Après qu'elles fon t bien nettoyées Se reparées, on leur donne fi l'on
veut une couleur. Il y en a qui prennent pour cela de XHuile & de la San-
guine :
d'autres les font devenir vertes avec du Vinaigre. Mais avec le
temps la bronze prend un vernis qui tire fur le noir.
Celles qu'on veut dorer fe dorent en deux manières, ou d'or en feuil-
les, ou d'or moulu,qui eft la plus belle & la plus excellente façon,& donc
l'on fefert pour les petits ouvrages. L'on prend une portion du meilleur
Or, & fept autres portions de Mercure, que les Fondeurs nomment Ar-
gent
en cette forte de travail i Eftantbien incorporez enfemble on fait
chauffer la Figure, & enfuite on la couvre de cette compofîtion qui la
blanchit. En la rechauffant fur le feu le Mercure s'exhale, & elle demeu-
re dorée; Quand à l'autre manière qui fe pratique pour les grands ouvra-
ges, & pour ceux où Tonne veut pas faire une grande dépenfe, on grat-
te la Figure avec de petites limes & autres outils pour V aviver t
c'eft - à - dire la rendre fraifche & nette , puis on la chauffe , &
l'on couche une feuille d'or deffus, ce qui fe réitère jufques à quatre
fois.
Pour fondre les bas-reliefs on s'y conduit de mefme que pour les
Statues, c'eft-à-direqu'on remplit d'abord le moule de cire. Après
y en avoir mis l'épaifièur necefïâire, l'on détrempe du plafrre ou
de la terre qu'on jette fur la cire pour la fouftenir toute d'une pièce
au fortir du moule, &la reparer plus aifément. Enfuite on la couvre
commecelles des Statues, de diverfes couches de compofîtion & de
terre. Mais l'on met les tuyaux pour les Jets & pour les Events au derriè-
re du bas-relief & aux bords, & l'on n'en applique point furies Figu-
Hh                              res.
-ocr page 265-
24©              DE LA SCULPTUaij
res, Du m fît l'an fe e®«4«« de la meûn§ fort© qu'il eft marqué'
cy>defïùs.
A l'égard des métaux dontl'on fe fert, cela dépend de la volonté. On
prend feulement garde que pour une livre de cire qui entre dans une fi-
gure, il faut dix livres de métal, fans le déchet, qui peut arriver à un
poids confiderable fur de grands ouvrages.
Pour les belles Statues de bronze, l'alliage des métaux fe fait moi-
tié de Cuivre rouge ^ & l'autre moitié de Laiton-, ou Cuivre jaune. Les
Egyptiens qu'on dit avoir efté les Inventeurs de cet Art, mettoientles
deux tiers de laiton, & l'autre tiers de cuivre rouge.
Le laiton fe fait avec le cuivre rouge & la Calamine, Un cent de Cala-
mine augmente quarante pour cent. La Calamine eft une pierre qui
donne la teinture jaune3 & qui fe trouve en France, êc au pays de Liège.
Le bon Cuivre rouge doit eftre battu & non en Rofette^ quand on
l'employé à faire des Statues. Il ne faut pas non pi us fe fervir de YArcot
qu'on appelle cPotm, quand il eft allié avec le plomb.
Le cuivre rouge fe forge à chaud & à froid, '& le laiton ne fè bat qu'à
froid, &c fe cafïè à chaud. Il y a une forte de pierre métallique qu'on
appelle Zein, qui vient d'Egypte, & qui teint le cuivre rouge d'un
jaune encore plus beau que celuy de la Calamine. Mais comme elle eft
plus chère & plus rare, onne s'en fert pas fi-toft.
On pourroit croire que ce feroit avec cette forte de pierre dont
VAuricalcum ou Oricalcum eftoit compofé 3 car bien que quelques Au-
teurs parlent de YOrkalcum comme d'un meta! fimple & naturel ; néan-
moins tous ceux qui en ont écrit en parlent fi différemment, qu'ils laif-
fent toujours à penfer que c'efloit urae compofition de cuivre avec un
autre métal, ou quelque terre que Feftus nomme Cadmea terra, Kt Ste-
fhanus de Urbibus in Andira
, dit qu'i! y a une terre dans ce pays-là, la-
quelle méfiée avec le cuivre fait YOrkalcum.
Il yavoit une autnecompofition de métal queîes Anciensnornmoient
ElecJrum, & qui eftoit le plus fin de tous. Elle eftoit faite des deux
tiers d'argent, & d'un tiers de cuivre.
Les Statues de cuivre Corinthien eftoient fort eftimées, parce qu'on
tenoit que parmy ce cuivre il yavoit beaucoup d'or & d'argent méfié ;
mais ce cuivre n'a pu eftre en ufage qu'après que L. Mummius eut bruf-
lé la viile de Corinthe,& que par cet embrafement, ce qu'il y avoit de
Statues & d'autres ouvrages dedifferens métaux, fondirent & fe méfiè-
rent enfèmble.
Pour le métal des Cloches on met vingt livres d'eftain fur un
cent de cuivre} & aux pièces d'artillerie dix livres d'eftain feulement:
mais
-ocr page 266-
LI V RE S E CO N D.                   $41
pam cette eompofitionn'eft pas propre pour des figures, parce qu'elle
eft trop dure & trop caftante.
Si l'on veut faire depetites figures de bronze, on fait fondre de la ci-
re, que l'on jette dans un Mouiede plaflrej on la tourne dedans pour
luy donner peu d'épaiffeur > Et retirant la figure de cire toute d'une pie-
ce , mais qui eft creufè, on la remplit de piaftre, qu'on laifïè bien fè-
cher,pourfèrvir de Noyau j du reftel'onfe conduit comme pour faire
les grandes figures.
L'on ne dira rien icy de la manière de jetter les figures d'or & d'ar-
gent, ny des ouvrages de Cizelures ou Eftampéesi cela regarde l'Or-
fèvrerie, qui mérite un traité à part.
EXPLICATION DE LA PLANCHE L.
A Grand Fourneau.
1   Cheminée du Fourneau.
2   Troupour jetter le bois.
3   Ouverture pour remuer la ma-
tière.
4   Ouverture pour faire couler le
métal.
B Canalpar où coule le met al dans
le Bajfîn ou Efcheno.
C Efcheno ou Bajfîn.
DD Godets qui font dans l'Ef-
cheno.
E Fojje ou l'on met la Figure.
F Ôuenoùillette.
G Tenaille.
H Sérier qui fert apercer & dé-
boucher leFourneau pourfai-
recoulerlamatière.
pour battre
de fer
la terre &
'affermir
' > quand la
Figure eft
K Tilon de bois
dans la fof-
fe«
L Rabot pour écumer la matiè-
re.
M 'Perches de différentes gran~
deurs pour remuer la matière
dans le Fourneau.
Pl a»-
Hh 2
-ocr page 267-
BE LA SCULPTU RE,
H2
J?JvATSrOHE 1/,
EX
-ocr page 268-
LIVRE SECOND.
243
EXPLICATION DELA PLANCHE LI.
A Tetit Fourneau a fondre avec   E Figure de bronze non encore
les creufets.                                reparée.
BB Creufets.                              F Burin.
C Tenailles pour prendre les Creu-    G Efchoppe.
(ets.                                   H Cijelet.
D Attifbmoir.                           I Rifloir.
Hh 3                       Plan-
-ocr page 269-
LA IGOUîORE,
<fCH£ II
CHA.
-ocr page 270-
LIVRE SECOND»
%4>f
CHAPITRE VI.
T>es Figures de pïomh, de plaftre > & de Stuc.
ON n'apporte pas tant de précautions aux figures qu'on jette en
plomb, qu'à celles qu'on fait de bronze; parce que le plomb n'eft
pas fi violent. L'on fe contente de remplir les creux de terre bien ma-
niée, que l'on met de telle épaifleur que l'on veut* puis on remplit
tout le moule'de plaftre, oud'unmaftic fait avec dutuiieau bienpuî-
verifé, dont on fait l'Ame ou Noyau.
Lorfque l'ame eft achevée l'on defàiïcmble toutes les pièces du
moule pour en ofter les Efpaiffeurs de terre, & en'fuite on remet le mou-
le tout aflèmblé à l'entour de l'ame ou noyau, mais en forte pourtant
qu'il en eft éloigné de quatre ou cinq pouces. On remplit cet inter-
valle de charbon, depuis le bas jufques au haut j on bouche mefme
les ouvertures qui fè trouvent entre les pièces du moule, avec des bri-
ques , & mettant le feu au charbon on l'allume par tout. Cela fert à
cuire l'ame &àfecherle moule de plaftre, que les épaiflèurs de terre
avoienthumefté. Quand tout le charbon a efté bien allumé, &aprés
qu'il eft efteint de luy-mefme,^on a un foufSet avec lequel on fait fortir
toute la cendre qui peut eftre dans les pièces du moule -7 On rejoint
ces pièces autour de l'ame ou noyau , comme il a efté cy-devant:
On attache bien toutes les Chapes avec des cordes, & on les couvre
encore de plaftre -, Enfuite on coule le plomb fondu dans le moule :
ce plomb remplit l'efpace qu'occupoit la terre, fans qu*il fbit necefïâire
d'enterrer le moule comme pour couler la bronze , fi ce n'eft pour
de grandes pièces.
Les outils neceftaires pour mouler en plomb font les mefmes dont
fe fervent les Plombiers, & dont il a efté parlé.
Apre's ce qui a efté dit de la manière dont on fait les creux pour jet-
ter la cire, il n'eft pas mal-aifé de concevoir commentl'bn fait les figu-
res depiaftre ; Car comme c'eft une matière aifée à détremper., &
qui coule facilement, onlaverfedansîe moule, &l'on tire quelque-
fois des figures toutes d'une pièce, principalement, lorfque l'ouvrier
eft bien entendu, &pratic dans cette forte de travail, comme il y en a
aujourd'huy quelques-uns qui s'en acquittent parfaitement pour les fi-
gures dont on a befoin dans les ouvrages que le Roy fait faire.
-ocr page 271-
244               DE LA SCULPTURE,
Il n'y a autre fecret que de choifir de bon plaftre en pierre an*M
qu'il ne s'y rencontre point de charbon ; il doit eftre bien cuit, bien
battu, bien blanc, &pa(Té par un fas délié ; néanmoins II ce Ibnt de
grandes pièces, on les moule à plufieurs fois, &mefme on remplit
a. demy plufieurs parties de la figure dans chaque pièce du creux
avant que de les afïembîer pour les faire tenir , & former encore
mieux toutes les .parties.
L'on voit par ce que Pline a écrit, quel'ufàge défaire les moules
de plaftre eft fort ancien, &que l'on s'en eft fervi à former des figu-
res de terre, & de plaftre long-temps avant qu'on fçeuft les jetter en
métal. Il parle des ouvrages d'Arcefilaus excellent Ouvrier en cette
forte de travail, lequel fit pour un Chevalier Romain le modèle d'une
Coupe, qui vray femblabîement dev oit eftre d'une matière precieufè,
& d'un prix confîderabîe.
On fait aufïi plufieurs ouvrages de Stuc , comme font les figures
& les ornemens dont on embellit des Plafonds, desFrifes, & des Cor-
niches. Â l'égard des figures on en fait premièrement Y Ame ou Noyau,
avec du plaftre ou mortier de chaux, & ciment de tuiîleau cafte, met-
tant des barres de fer dans les parties de la figure qui ont befoin d'eftre
fouftenuës. Et quand Y Ame ou Noyau eft formé , alors on le cou-
vre de Stuc pour travailler la figure, avec les outils propres à cela.
Le Stuc eft compofé de poudre de marbre avec de la chaux éteinte*
on met environ un tiers de poudre de marbre. On fait aufli une ef-
pece de Stuc avec la pierre de plaftre luifant ou Talc cru , &
fans cuire , battu & fafle comme le marbre que l'on méfie
avec de la chaux , quelquefois on prend de l'albaftre au lieu de
marbre.
Pour les ornemens qui font de bafïè- taille, l'on fe fert de moules
pour les former plus promptement. On prend d'abord du mortier fait
de chaux & fable ou tuiîleau cafFé pour faire la première ébauche* &
avant qu'il foit entièrement fec, l'on détrempe le Stuc, d'une con-
fîftance qui n'eft ny trop dure, ny trop mole ; lorfqu'on en a mis
fufiifamment à l'endroit où l'on veut former un ornement, on y ap-
plique le moule que les Ouvriers nomment Moulette qui eft fait avec du
plaftre ou avec du Majîiq compofé de Cire, de Toix-raifine, &de
Brique filée
•,- cette compofîtion eft plus durable que le plaftre. L'on
poudre auparavant le moule avec de la poudre de marbre j & éftant
pofé fur le Stuc , on frappe également deflus avec un marteau. Le
Stuc demeure empreint de la figure du moule j &enfuite on nettoyé
l'ouvrage afin qu'il foit plus égak
C'eft
-ocr page 272-
LIVRE SECOND,               ?#
C'eft encore dans des moules de plaftre que l'on jette des figures'de
cire pour faire des portraits, aufquels on donne enfuite telles couleurs
qu'on veut. L'invention n'en eft pas nouvelle, Lyfiflrate de Sicyone
frère de Lyfippe, fut le premier qui s'avifa de faire des moules furies
vifàgesmefmedesperfonnes. Maisny les Anciens, ny les Modernes
n'ont pas fait cas de ceux qui fê font appliquez à ce travail -3 fi d'ailleurs
ils n'ont efté ou excellens Sculpteurs, ou de fçavans Peintres. Car il fau t
faire une grande différence de ce qui fè fait en cire avec I'ébauchoir d'a-
vec ce qui n'efl que jette enmoule,& peint par defïùs.Le premier efl une
véritable Sculpture, & l'autre ne doit eflre confîderé quecomme un ou-
vrage fort médiocre, & s'il faut ainfî dire, le travail d'un fimple man-
ceuvre.
L'on fait non feulement des figures de cire moulées, mais auffi toutes
fortes de fruits aufquels on donne les couleurs naturelles.
EXPLICATION DE LA PLANCHE LU
A Oyfeau ou Efpervier.
B Crible de fil de fer.
C Grande Truelk.
D Tetite Truelle.
E Fermoir.
F Grattoir.
G Grojfe Broffe,
H "Petite Broffe.
I Talon.
K Gros Talon.
L Lance, Lancette eu Efpatuk»
M Eshauchoirdefer,
li
Plan-
-ocr page 273-
DE LA SCULPTURE,
f^HA*
-ocr page 274-
LIVRE SECOND,'                 z&
CHAPITRE VII.
*De la manière de graver de Reliefs & en Creux.
IL y a diverfès manières de graver fur les métaux, & fur les pierres
precieufes} car fur les uns, & fur les autres, on y fait des ouvra-
ges de relief, & des ouvrages en creux, qui s'appellent de Graveure.
Quand on veut graver fur l'Acier pour faire des Médailles, on com-
mence par defîeigner le fujet, fbit Effigie , fbit IDevife , qu'on
ébauche fur de lacire en bas-relief, fuivant la hauteur, & la profon-
deur que la Médaille doit avoir. Enfuite l'on fait un 'Poinçon, & fur un
des bouts qui doit eftre^mS c'eft-à-dire d'acier mis fur le fer, on
cifelle en relief la mefme chofe qu'on a faite en cire.
Quand le Poinçon eft dans fa perfection, on le fait tremper pour le
durcir, après quoy , par machines telles que font les Sonnettes qui
Servent à battre les pilotis, ou avec le marteau, on frappe fur ce mef-
me poinçon pour le faire imprimer dans un carré en forme de 'Dé auiîi
d'acier. Avant cela on recuit le carré, & on le rougit au feu pour l'adosi-
cir, &le rendre plus facile à recevoir l'Empreinte du poinçons car
eftant frappé à chaud & à froid, il reçoit en creux ce qui eft de re-
lief fur le bout du poinçon. Comme ce carré ne reçoit pas tous les traits
délicats du mefme poinçon, qui ne fait le plus fouvent que la hau-
teur du relief, il refte beaucoup à reparer pour finir le creux, ce qui
fe fait avec des outils d'acier, fçavoir des Cifelets^ des Burins, des
EJchoppes, desRiffloirs, des Onglets, des Matoirs qui fon t de petits
cizelets que Ton accommode par le bout avec des Limes à Matirt &
divers autres outils, dont les uns font tranchans, & les autres hachez,
les
uns droits, & les autres coudez, que l'Ouvrier fait faire à fa maniè-
res qu'il trempe, & qu'il découvreau fortir de la trempe, en les mouillant
&les fichant dans un morceau de pierre ponce. A mefure qu'on travail-
le,on nettoyé auflî quelquefois le carré avec un Gratte-foejfe^m eft une
elpece de Broffe de fil de laiton.
Quand on a fini les figures , l'on achevé de graver le refte de la
médaille, comme font les moulures de la bordure, lesgrenetis, &
les lettres. Pour cela l'on fe fert deTrafoirs, de Grenetisi&. d'autres
fbrtesdepoinçonsbienacerez, & bien trempez. Ceux qu'on employé
pour les moulures, pour les GrenetiSj & pour les lettres fe frappent,
li %                             6z
-ocr page 275-
a?o               DE BA SCULPTURE,
& s'impriment dans le carré avec la Maffe -, car le burin , l'efchoppe,
ny le cifelet ne peuvent graver ces lettres dans la mefme perfection
que font ces petits poinçons ; & il y a ainfi quantité d'autres petits
ouvrages neceflaires à faire fur des médailles, fuivant la rencontre du
deffcin, qu'il faut frapper de la mefme manière que les lettres. Pour
les petits cizelets, ils fe touchent légèrement avec un marteau, plus ou
moins,felonle travail.
L'on le fèrt des mefmes outils pour faire les coins, & pour travail-
ler aux carrez. Ils font ou plus petits, ou plus grands, fuivant la quali-
té de l'ouvrage, de mefme que les petits marteaux ou Flattoirs, qui fer-
vent aufli à cet ufàge. L'on grave quelquefois des carrez fans en fai-
re de poinçon, ôe quand ils ont efté trempez, l'on y forme, fi l'on
veut des poinçons de mefme que l'on forme des carrez avec les poin-
çons, & ces carrez alors s'appellent Matrices.
Pourvoir le travail que l'on fait lorfqu'ongrave les carrez des mé-
dailles, l'on fe fort de deux moyens -, le premier eft une empreinte de
cire qui eft ordinairement compofé de Cire ordinaire, d'un peu de The-
rebentine
, & d'un peu de Noir de fumée méfié, parmy le fécond eft avec
du 'Plomb à la main, c'eft-à-dire qu'ayant fondu du plomb , on le
verfe fur un morceau de papier, puis renverfànt le carré defTus, &
appliquante figure fur le plomb, on frappe avec la main fur le carré le-
quel imprime la figure dans le plomb, ainfi on voit une empreinte en-
tière de tout le creux, ce qui ne fe fait pas de mefme avec la cire qui n'en
découvre qu'une partie.
Quand ce font des carrez moins creux tels que ceux qui fervent pour
les monnoyes, & les jettons, outre ces deux moyens de faire des em?
preintes, il y en a un troifiéme, qui eft en mettant une carte fur le car-
ré ; l'ayant coupée de la grandeur de l'efpece, on la couvre d'une lame
ou bande de plomb rabattue le long du carré, puis avec un marteau
frappant fur le plomb, on fait l'empreinte dans le carré.
Lorfque le carré de la médaille eft fini, il le faut tremper comme on
a fait le poinçon -, après cela on le découvre, &onle frotte avec de
la pierre ponce en poudre , &de l'eau , puis avec des brofîes de
poil, on le nettoyé. Enfuite l'on fe fert de la pierre à Huile, & enfin avec
un petit bâton, de l'ëmeril& de l'huile, on achevé de le polir; & lorf-
qu'on veut monnoyer les médailles; on fe fert de Tenailles danslefquel-
les on emboifte un carré d'un cofté, & un autre de l'autre pour faire les
deux coftez de la médaille. Les carrez doivent eftre ajuftez directement
les uns fur les autres, avec une égalité de circonférence. L'on fe fert aufli
au lieu de Tenailles d'une Boëte d'acier , dans laquelle l'on met les
car-
-ocr page 276-
LIVRE SECOND.                   2ft
carrez que l'on y fait tenir fermes par le moyen des vis qui les ferrent.
Quand la tenaille ou la boè'te font bien ajuftées, l'on prend du plomb,"
ou de l'eftain fondu en plaque environ de l'épaifïèur& grandeur de la
médaille, lequel on imprime entre les deux carrez. Lorfqu'on veut faire
des médailles d'or, d'argent ou decuivre,l'on fe fert de cette empreinte
de plomb ou d'eftain qu'on jette en fable pour y mouler les médailles de
tel métal qu'on les veut5 Et parce qu'elles ne viennent pas hors du fable
allez nettes, afin de les perfectionner on les rengrame -f c'eft-à-dire
qu'on les remet dans les carrez, & avec une machine, foit Trejfe, foit
Balancier que l'on fait agir par la force des hommes, on preffe la matière
entre les deux carrez, ce que l'on fait jufques à ce que l'on voye qu'elles
foient finies; cela fe connoift lorfqu'on fent à la main qu'elles ne remuent
plus dans les carrez, & qu'elles les remplirent également par tout. Ainfi
îes médailles ne fe perfectionnent qu'en les recuifant, & les repaffant
dans les mefmes carrez par plufieurs fois f uivant leur relief, y ayant telle
médaille qu'on repafîèra ainfi jufques à vingt fois; mais à chaque fois
qu'on la recuit, il faut nettoyer la craffe qui vient deffus ; Et comme la
médaille s'étend parla force de la machine, il faut limer la matière qui
déborde au delà de fa circonférence, & cela toutes les fois qu'on recuit
la médaille, jufques à ce qu'elIefoiten/o7z</,& qu'elle ait pris toute l'em-
preinte, comme on vient de dire.
Lorfqu'on voit qu'il n'y manque plus rien pour eftre dans fa dernière
perfec1ion,on la recuit une dernière fois pour la mettre en couleur.fi elle
eft d'or, ce qui fe fait en la mettant fur le feu dans une poêle avec du Sel>
du Salpefirey âeYAhn, & la jettant enfuite dans de l'Urine. Et parce que
la couleur Amant le champ, on la rengrainedanslemefmeearré,& l'on
fait tirer modérément les hommes qui preffent la machine pour faire
que la médaille foit polie dans le champ, & pour diftinguer les profils
desfigures; Car comme le champ du carré eft poli avec h pierre &!'£-
meril, &que l'ouvrage des figures n'a pas efté poli, & qu'il a confervé
fon mat par la trempe, les figures de la médaille demeurent mates, ce
qui fait la beauté de l'ouvrage.
Lesinftrumens pour prefïèr les carrez font des Treftes ou Balanciers*
dont l'on fe fert ordinairement aux monnoyes. La différence qu'il y a
entre le Balancier & la Preffe, eft que le balancier a fa force aux deux
bouts d'une barre de fer, où il y a deux grofFes boules de plomb tirées
par deux hommes, avec des cordages qui font agir la vis du balancier
qui prefîe les carrez, & fait l'effet de l'ouvrage.
La Prefîè eft une mefme vis où il y a auflî une barre qui n'eft tirée que
par un bout, & qui n'a ny boule, ny cordages. Quoyque la mon-
** 3                                 noyé
-ocr page 277-
%il               DE LA SCULPTURE,
noyé Ce fabrique avec les mefmes machines, elle fe fait néanmoins d'u-
ne autre forte que les médailles. L'on grave les carrez de la monnoye
avec les mefmes outils, & de la mefme manière que les médailles} mais
iî n'efl: pas necellàire de mouler I'efpece en fable, comme l'on fait la
médaille , àcaufe de la différence du relief qui fait que la monnoye fe
marque d'un feul coup, & que les médailles ne s'impriment qu'à plu-
fleurs reprifes.
L'on commence par la matière que l'on fond en Lames, fbit or, ar-
gent, ou cuivre. Les lames font de la largeur de la circonférence de
I'efpece, mais plus épaifles que I'efpece ne doit eftre. A la fortie de la
fonte, on nettoyé les 1 âmes d'or ou d'argent avec des Grate- Boejfes de
fer ; pour celles de cuivre, on les raiiffe avec ungrattoir, & on les met
toutes en eftat qu'il n'y ait ny fable, ny ordure, de crainte que le fable
ne s'incorpore dans la matière. On pafïè les lames entre deux rouleaux
qui font dans une machine appellée un cDégroffii afin de les étendre, &
de les allonger * Enfuite on les recuit, & on les fait paflèr dans une au-
tre machine nommée Laminoir > dont les rouleaux font meus par les
mefmes roues qui font tourner le dégrofli. G'eft dans ce laminoir que
l'on réduit les lames dans l'épaifleur que I'efpece doit eftre fabriquée.
Lorfqu'elles fontpaffées de leurs épaiffeurs, on les coupe avec des
Coupoirs qui font attachez au bout d'en bas d'un arbre de fer, dont l'au-
tre bout d'en haut eft en vis, &fe tourne avec une manivelle ou barre
de fer, qui efcant agitée par un homme feul, fait que d'un coup de main
la vis baifîànt l'arbre, le coupoir qui eft de la grandeur de la circonfé-
rence de I'efpece, & attaché, comme j'ay dit au bout de l'arbre, ve-
nant à appuyer fur une plaque de ferquel'onnomme^^^i-^O?»-
poir qui eft percé en rond, de la grandeur de I'efpece, il coupe des
Flancs le long de la lame, lefqueîs flancs font des ronds de la grandeur
&épaifîêur que doit eftre I'efpece. Lefuperflu qui reftedans cette la-
me qui fe trouve entre les rondsf, s'appelle Cizailles. On les refond
en lame pour continuer le travail, & employer toute la matière.
A l'égard de la monnoye lorfque les flancs font coupez, on les porte
dans les Ajufloirs qui font de petites balances, pour voir ceux qui font
forts ou foibles, & les feparerj car les Laminoirs par où l'on pafïe les
lames ne peuvent eftre fi juftes qu'il n'y ait toujours quelque inégali-
té, qui fait qu'il fe rencontre des flancs plus forts les uns que les au-
tres. On ajufte avec des Efcuenes ou des limes ceux qui fe trouvent
trop pefans en les rendant du poids que doitavoir I'efpece. On refoncl
aufli ceux que le moulin a faitfoibles, à caufe qu'on ne peut pas y remet-
tre de la matière.
Il
-ocr page 278-
LIVRE SECOND,                  2f3
Il faut confiderer que l'inégalité qui fe trouve dans les flancs peut
provenir autant de la qualité de la matière que de la machine, à cau-
fe qu'il fe rencontre des pores, & des endroits vuides en fondant la ma-
tière, qui fait que ces parties là font moins pefàntes; ainfi quelque
jufte que pût eftre la machine ou moulin, il ne laifleroit pas de fe trou-
ver delà différence dans leurs poids j ce qui oblige à les ajufter avec la
lime; êdorfqu'ilsfbntajuftez, àcaufe qu'ils font efcrouis., & durcis
àlafortiedu moulin, on les recuit pour les blanchir, fi c'eft de l'argent^
ou pour les mettre en couleur, fi c'eft de l'or, ce qui fe fait à l'égard de
l'or en le faifàntbouillir dans l'eau féconde, ou autrement avec de la
gravelle qui eft du tartre, & du fel que l'on fait bouillir, cequiluy don-
ne la couleur. L'argent fè peut blanchir auiïï de la mefme manière : Mais
pour l'ordinaire on le fait bouillir dans de l'eau forte méfiée avec de
l'eau commune, puis l'ayant tiré & jette dans de l'eau fraifehe, on fà-
blonne tous les flancs, &on les frotte dans un crible de fer pour en ofter
les Barbes.
Enfuite on les monnoye comme on fait les médailles, les faifànt tirer
de la mefme manière : la différence qu'il y a, c'eft que les monnoyes fe
marquent en mettant un des carrez dans une boëtequieft au bout de la
vis du balancier, & l'autre au defïbus dans une autre boëte. Il y a fous
le carré une Efcaille d'acier qui fert à haufïèr plus ou moins lé carré,
félon qu'il eft necefTaire pour faire pincer -, c'eft-à-dire marquer da-
vantage la médaille ou les monnoyes dans les endroits où elles ne i'au-
roient pas efté afïez.Il y a un refîbrt auffï au bas de la vis du balancier qui
fèrt à la faire relever lorfqu'elle a pincé l'efpece ; on appelle ce refîbrt
un Jacquemart, 11 y a encore un autre petit refîbrt fur la boëte où fe po-
fe le carré de defïbus pour les monnoyes, il fert à détacher l'efpece lorf-
qu'elle a receu l'empreinte, & à la faire fortir du carré. Les monnoyes
remarquent fans recuire ny limer, demefmequeles lettons.
Quand les monnoyes ou médailles fe font au marteau, on appelle les
poinçons avec lefquel s on les marque des Coins, des 'Piles, des Trouf-
feaux,
mais depuis l'ufàge des balanciers, on ne s'en fert plus.
Outre les outils necefïàires pour la graveure des poinçons, & des
Carrez, dont il a efté parlé ,on a encore des Tenailles,des Ci foires, & des
Grattoirs.
EX-
-ocr page 279-
i^4               D E L A S C
EXPLICATION DE
U L P T U RE,
LA PLANCHE LIIÎ.
%,%'. Tignons qui font tourner
les Rouleaux.
3. Le Conduit.
44. Les Vis avec les Efcrous.
III. Figure.
M ^égrojjt.
1. Le Conduit par où Jémettent
lestâmes.
%. Boëtes.
3.3. Rouleaux.
4.4.4. Rejfort qui maintient les
Efcrous.
IV. Figure.
N Face de la Lanterne.
O Face du Heriffon avec k
Laminoir.
I. Figure.
A Gros arbre qui fait tourner
lagrande Roué.
B Lagrande Roué,
CC Lanternes.
D Heriffon.
E Arbre du Heriffon.
FF Arbres des Lanternes.
QQ Boëtes dans le [quelles font
attachez les rouleaux du
<Dégroffi.
H J)égroJJÎ.
I Laminoir.
II. Figure;
L Laminoir.
i.ï. Rouleaux,
PtAK-
-ocr page 280-
LITRE SECOND»
W?
£ljcrcwë xm.
EX-
K'k
-ocr page 281-
DE LA SCULP T U R Es
2f6
EXPLICATION DE LA PLANCHEîLIV.
A Machine pour frapper le    F
Poinçon fur le carré,        i.
\ a. Mont ans.                          2.
22. Couhjfes.                            3.}.
3. Mouton.                           4.4.
4,. Poulie avec la corde qui    5.
élevé le Mouton.              6.6.
f. Cremaliere qui retient le    j.y.
mouton en lyair.
6. Cheville qui s'accroche à    8.8.
la Crémaillère.              9.9.
j. Enclume fur laquelle pofe
le Carré & le Poinçon.    1 o.
B Coupoir.
I. Arbre.
%. Vis.                                  11.
3.3. T latines*
4,. Coupoir.                            12.
$, cDeJfous du Coupoir avec    13.
des Cizailles & des        G
Flancs.
6. Manivelle.
C Cizaille.                          H
D Grattoir.
E 5FW/* à recuire lesFlanes,
Balancier.
Vis.
Arbre du Balancier.
Boules de Plomb.
Cordons.
Jacquemart.
Bo'étes.
Platines" dans lefquelle spaffe la
Bo'éte de de(fus.
Carrez.
Vis qui retiennent les Car-
rez.
Rejfort attaché à la Bo'éte de
dejfous pour détacher les ef
peces.
Billot fur lequel eft poféle Bit*
lancier.
Efcalle.
Fojfe.
Autre Bo'éte dans laquelle fe
mettent les Carrez avec la
Médaille.
Tenailles aufjî pour mettre les
Carrez, & la Médaille m
lieu de Bo'éte,
Pr,AW«
-ocr page 282-
LIVRE SECOND.
*ff;
JLATTCHE ITV.
EX.
Kk 2
-ocr page 283-
DE LA S CULPTURE,
3J§
EXPLICATION DE LA PLANCHE L V.
A Cifelet.
B Burin.
C Rifloir.
D Efçhoppèi
E Onglet.
F Matoir.
G Lime àmatir.
H Grenetis.
I Toinçon à lettre^
<& //& bordure des Medml-
les.
L Tetit EJlau.
M TetiteTince.
N M?^.
0 Martelet, jtef/f marteau, ##
Flattoir.
W Bloc de plomb entouré de fer*
Q_ Gratte-Beeffe.
K. TejnçQn. four les Monhm R £r<$* d?j&
Plan-
- -          "^
-ocr page 284-
a
o
m
m
es
>
-ocr page 285-
26o                DE LA SCULPTURE,"
CHAPITRE VIII
Œ)e la Graveure fur les T'terres precieujes , &fur les
Criftaux.
POur ce qui regarde la Graveure for les pierres precieufesj &fur
les criftaux, l'invention en eft fort ancienne, tant de celle qui fe
fait en creux, que de celle qui eft de relief II fe voit plusieurs ouvrages
de l'une & l'autre manière où l'on peut admirer la fcience des anciens
Sculpteurs, foit dans la beauté du defîèin, foit dans l'excellence du
travail.
Bien qu'ils ayent gravé prefque toutes fortes de pierres precïeu-
fès , néanmoins les figures les plus achevées que nous voyons font
fur des Onyces , ou des Cornalines; parce qu'ils trouvoient ces pier-
res plus propres que les autres, àcaufe qu'elles font plus fermes, plus
égales, Se qu'elles fe gravent nettement; & encore à caufe qu'il fe ren-
contre dans les Onyces diverfès couleurs qui font par lits les unes au
deiïus des autres, par le moyen defquelles ils faifoient que dans les
pièces de relief le fond demeuroit d'une couleur, & les figures d'u-
ne autre, comme nous voyons en plufieurs beaux ouvrages, qui le
travaillent à la Roue avec de l'Efmeril , de la poudre de diamant
& les outils, dont il fera cy-aprés parlé.
A l'égard de ceux qui font gravez en creux, ils font d'autant plus
difficiles , qu'on y travaille comme à tarions, &dans l'obfcurité,
puifqu'il eft neceftaire pour juger de ce qu'on fait, d'en faire à tous mo-
mens des épreuves, avec des Empreintes de pafte ou de cire. Cet Art qui
s'eftok perdu, comme les autres, ne commença à paroiftre de nouveau,
que du temps du Pape Martin V. c'eft-à dire au commencement du
quinzième fiecle. Un des premiers qui fe mit à graver fur les Pierres
fut un Florentin nommé Jean, & furnommé T>eelle Corgnivole , à
caufe qu'il travaillait d'ordinaire fur ces fortes de pierres. Il y en eut
d'autres qui vinrent enfuite, & qui gravèrent fur toutes fortes de pierres
precieufes, comme fit un Dominique aufïi furnommé de Camei^ Mi-
la nois, qui grava fur un Rubis balais le portrait de Louis, dit le Maure
Duc de Milan. Quelques autres repreienterent encore déplus grands
fujetsfur des pierres Bnes, & fur des criftaux.
Pour graver fur les pierres , & fur les criftaux l'on fe fert du
Dia-
-ocr page 286-
LIVRE SECOND.                    261
Diamant ou de I'Efmeril. Le Diamant qui eft Sa plus parfaite , & la
plus dure de toutes les pierres precieufes, ne fepeut tailler que par
Iby-mefme, & avec fa propre matière. On commence par mafliquer
deux diamans bruts au bout de deux baftonsafîez gros pour les pou-
voir tenir fermes dans la main, & frotter les diamans l'un contre l'autre,
ce que l'on nomme Egrifer, qui eil pour leur donner telle forme & figu-
re qu'on defire.
En frottant & en égrifânt les deux pierres bruttes, il en fort de la
poudre qui tombe dans une efpece de boëte que l'on nomme Gre-
foir
ou Egrifbir. C'eft de cette mefine poudre dont l'on fe fert par
après pour tailler , & pour polir les diamans. Ce qui Ce fait avec
un Moulin lequel fait tourner une roue de fer doux. On pofe fur
cette roue une Tenaille auffi de fer , à laquelle fè rapporte une Co-
quille
decuivre. Le diamant eft foudé dans la coquille avec delà fou-
dure d'efrain, Et afin que la tenaille appuyé plus fermement fur la
roue, on charge la tenaille d'une groflè plaque de plomb. On arrofè la
roue fur laquelle le diamant eft pofé, avec de la poudre fbrtie du dia-
mant, laquelle l'on dilaye avec de l'huile d'olive, Lorfqu'on veut le
tailler à facettes , on le change de facette en facette à mefure qu'il fe fi-
nit, Scjufques à cequ'il fbit dans fà dernière perfection, comme il eft
aifë de voir tous les jours chez les Lapidaires & les Joùailliers.
yQuand on veut fier un diamant en deux ou plufieurs morceaux,
0n prend, de la poudre de diamant bien broyée dans un Monter d'a-
tiery
avecîeï3//tf>;zdemefhiei On la dilaye avec de l'eau ou du vinai-
gre , ou autre chofe que l'on met fur le diamant à mefure qu'on le
coupe avec un fii de fer, ou de laiton auffi délié qu'un cheveu. Il y a
auffi des diamans que l'on fendfuivant leurF/l, avec des outils difpo-
fezpourcela.
Quant aux Rubis, Saphirs, & Topafes d'Orient, on les taille, & on
les forme fur une roue de cuivre qu'on arrofe de poudre de diamant,
avec de l'huile d'olive. Le poliment fe fait fur une autre roue de cui-
vre avec du Tripoli détrempé dans de l'eau. D'une main l'on tourne
un Moulin qui fait agir la roue de cuivre , pendant que de l'autre
main l'on forme la pierre mafiiquée ou encimentéefnx un baftonqui
fe joint dans un inftruraent de bois qu'on appelle Cadran, parce qu'il
eft compofé de plufieurs pièces qui quadrent enfemble, & fe meuvent
avec des vis , qui faifànt tourner le bafton , forment régulièrement
les différentes figures qu'on veut donner à la pierre.
Pour les Rubis Balais , Efpinelles, Emeraudes; Jacinthes, 'Ame-.
tiftes, Grenats, Agaîbes,
& autres fortes de pierres qui font-moins du-
res*
-ocr page 287-
%6z               DE LA SC.ULPTU R E,
res, on les taille fur une roue de plomb imbibée de poudre d'Emeril
détrempée avec de l'eau : puis on les politfurune roue d'eftainavec le
tripoli, de la mefme manière qu'il eft dit cy-deffus.
il y a d'autres fortes de pierres, comme la Turquoije de vieille & nou-
velle roche 5 le Lapis, leGirafol, l'Opale, qui fe pouffent fur une
roue de bois avec le tripoli.
Pour former & graver les vafesd'y^vz^'.r, deCrijïal, de Lapis on
d'autres fortes de pierres dures, on a une machine qui s'appelle un
Tour, de mefme que font ceux des Potiers d'eftain, excepté qu'au lieu
que ceux des Potiers font faits pour y attacher les vafès & les vaif-
felles qu'ils travaillent avec des outils, les autres font ordinairement
difpofez pour recevoir, & tenir les differens outils qu'on y applique, &
qui tournent par le moyen d'une grande roue qui fait agir le Tour. Ces
outils en tournant forment ou gravent les vafes que l'on prefente con-
tre, pour les façonner Scies orner de relief, ou en creux, ainfi qu'il plaift
à l'Ouvrier qui change d'outils félon qu'il en a befoin.
Il arrofè auffi fès outils & fa befogne, avec de l'Emeril détrempé dans
dePeau,ou avec de la poudre de diamant dilayée avec de l'huile, félon le
mérite de l'ouvrage & la qualité de la matière* car il y a des pierres qui ne
valent pas qu'on dépenfe de la poudre de diamant à les tailler, & mefme
qui fè travaillent plus promptementavec l'Emeril, comme font le Ja-
de,
le Girafol, la Turquoije, Se plufieurs autres qui fèmblent eftre d'une
nature graffe.
Quand toutes ces fortes de pierres font polies, & qu'on veut les
graver, ibit en relief, foit en creux -, fi ce font de petits ouvrages, com-
me médailles, ou cachets, on fè fort d'une machineappellée Touret,
qui n'eft autre chofe qu'une petite roue de fer, dont les deux bouts
des efîîeux tournent, & font enfermez dans deux pièces de fer mi-
£es debout comme les lunettes des T@urneurs, ou les chevalets des
Serruriers, îefquelles s'ouvrent, &fè ferment comme on veut, eftant
pour cet effet fendues par la moitié, & fè rejoignant par le haut avec
une traverfe qui les tient, ou faits d'une autre manière. A un bout
d'un des effieux de la roue l'on met les outils dont l'on fe fort , les-
quels s'y enclavent, & s'y affermirent par le moyen d'une vis qui les
ferre, & les tient en eftat. On fait tourner cette roue avec le pied
pendant que d'une main l'on prefente, & l'on conduit fon ouvrage
contre l'outil, qui eft de fer doux, fi ce n'eft quelques-uns des plus
grands qu'on fait quelquefois de cuivre.
Tous les outils quelques grands ou petits qu'ils foient, font faits,
ou de fer, ou de cuivre, comme je viens de dire. Les uns ont la forme
î                                          d'une
-ocr page 288-
LIVRE TROISIEME.           t6$
4'une petite pirouette -, on les appelle des Scies , les autres qu'on
nomme Bouts , Bouterolks s ont une petite tefte ronde , com-
me un bouton. Ceux qui s'appellent des Charnières font faits
en manière d'une virolle , & fervent à enlever les pièces -, Il y
en a de plats , & d'autres différentes fortes que l'Ouvrier fait
forger de diverfes grandeurs > fuivant !a qualité des ouvrages.
On applique Toutil contre la pierre qu'on travaille s foit pour
ébaucher, foit pour finir, non pas direétement oppofee au bouc
de l'outil s mais à cofté , en forte que la fie ou bouterolle l'ù»
fè , en tournant contre , & comme la coupant. Et foit qu'on
fafïè des figures , & des lettres , âes chiffres ou autre chofe :
on s'en fort toujours de la mefme manière , les arrofant avec de
la poudre de diamant & de l'huile d'olive } Et quelquefois
quand on veut percer quelque chofe , on rapporte fur le tour
de petites pointes de fer, au bout defqueîles il y a un diamant Ser-
ti
j c'efr- à-dire enchaffé.
Lorfque les pierres font gravées , ou de relief, ou en creuxs
on les polit fur des roues de broffes faites de poil de cochon ,
& avec du tripoli, à caufe de la delicatefîè du travail ; Et quand
il y a un grand champ , on fait exprés des outils de cuivre ou
d'eftain propres à polir le champ a^ec le tripoli, lefquels on ap-
plique fur le Touret de la mefme manière que l'on y met ceux
qui fervent à graver.
EXPLÎ-
-ocr page 289-
DE LA SCULPTURE*
2 #4*
EXPLICATION DE LA PLANCHE LVI.
A Grefoir ou Egrifoir.
B.B. THamansmafiiquezau bout
des baftons pour les égri*
fer.
C Moulin,,
i. 'Pivot.
2.  Arbre ou efi attaché le bras.
3.  Manivelle qui efi attachée
au bras, & au pivot.,
4.  Grande roué de bois,
D Rom de fer*
1.  'Pivot.
2.  Poulie.
3.  Tenailles , dont le corps efi
de bois.
4 Morceau de plomb qui fe met:
fur la Tenaille.
f. Coquille ou efi maftiqué le
diamant.
6. Clef pour ferrer , & défer-
rer la Coquille dans laTë*
Plan-
-ocr page 290-
LIVRE, SECOND.
%6-$
3z.Ascsi£, im
EXPLI-
Ll %
-ocr page 291-
DE LA SCULPTURE,
2 66
EXPLICATION DE LA PLANCHE LVII.
a Corps du §luadran.
b 'Derrière du Quadran.
c Vis du corps du Quadran
qui entre dans le trou mar-
qué.
&
e Trou dans lequel entre l'E-
guïlle Y. de la
11. ftg.
f Coulijfe dans laquelle entre
k col de la vis
g retenue
par l'Efcrou
h èrqui va,,
& vient dans la Coulif-
fe.
i Autre vis qui entre dans te
trouX.
m. m. Trous dans les t eft es des
deux vis
, où fe met le
bafton
n , au bout du^
quel la pierre eft mafti*
quée.
o. o, Efcrous des vis. c. i»
I. Figure.
A Roue de bois qui fe tourne
avec une manivelle.
B Roué de cuivre ou d'autre
métal.
C.C. EJcuelle pour mettre de l*E-
merily & de l'eau.
IL Figure.
A Roué de bois.
B Bobine.
C Roué d'eftain ou Vautre mé-
tal.
D Quadran.
E Bafton au bout duquel la
pierre efimaftiquée.
F Eguïlle dans laquelle pajfe
le Jguadran.
III. Figuré.
Pièces dont le Quadran eft com-
pofé.
Plan-
-ocr page 292-
LIVRE SECOND.
2,<&
EXFLI-
j
-ocr page 293-
2m          DELA SCULPTURE,
EXPLICATION DE LA PLANCHE LVIII.
A Moue de bois qui fi tourne C Roué faite de poil de c&-
avec le pied,
                               chon, pour polir les pier-
B Tour et.                                         tes gravées,
Pi, an-
-ocr page 294-
LIVRE SECOND,
sSj
y-LA"3rc KEjj,-gi
EXPLÎ-
-ocr page 295-
27©          DE LA SCULPTURE,
EXPLICATION DE LA PLANCHE LIX,
D Scies.
E 'Petites pointes.
F Outil plat.
A Bouts.
B Bouterolles,
C Charnières,
Plan-
-ocr page 296-
LIVRE SECOND.
271
TLrXSCïïE.- XIX.
B
^7Wz&- a. metirs zaïZDiûmafit-
CHA^
-ocr page 297-
DE LA SCULPTURE,
v/%.
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■-,»-fl-.!-iJ'**' ' ' ' ■'»*"-'""*■
CHAPITRE XIX.
fD« Tour y & des ouvrages qu'on y fait*.
IL y a différentes manières de travailler avec le Tour , qui toutes
néanmoins fè font par un mouvement circulaire. La différence
du travail confifte dans la difpofition des différentes pièces de la ma-
chine dont on fe fertôc dans la diverfe forme des outils que l'on em-
ployé.
Pour graver des figures, foit de relief, {bit en ereux fur les pier-
res dures , comme U a efté dit au chapitre précèdent , il faut une
feience particulière , & le Tour ne doit eftre confideré dans ce pé-
nible travail que comme un outil dont les plus habiles Ouvriers font
obligez de fe fèrvm
Cependant bien que dans la pratique ordinaire de tourner, ledeC-
fèin y ait moins de part que rinduftrie , & les outils dont l'on fè
fort i toutefois on peut en quelque forte mettre au rang de la Scul-
pture les ouvrages du Tour qui fervent dans les baftimens , pour la
commodité, ou pour l'embelliflèment de quelques iieux particuliers
comme font les baluftres , des vafes, & plufieurs autres pièces qui
fcfont fur le Tour , foit en Pierre , foit en Bois , foit en Yvoire3
foit en Cuivre , ou autre métaux.
L'invention du Tour eft très-ancienne, Diodore de Sicile dit que
le premier qui le mit en ufage eftoit un neveu de Dédale nommé
Talus. Pline veut que ce foit un Théodore de Samos -, & il parle
d'un Thericles qui fe rendit célèbre dans ces fortes d'ouvrages.
C'eftoit avec cette machine qu'ils tournoient toutes fortes de va-
fes , dont quelques-uns eftoient enrichis de figures , & d'ornemens
en demy-boflè. Les Auteurs Grecsy & Latins en parlent fouvent *
& Ciceron appelle ceux qui les formoient au Tour Vafcularii. C'ef-
toit un proverbe parmy les Anciens, de dire que les ehofës eftoient
faites au Tour pour en exprimer la jufteflè » & la delicatefîè.
Dans ces derniers temps l'on? & trouvé plufieurs fecrets pour faire
fur le Tour des ouvrages de différentes figures, & d'une delicatefîè
inconcevable. L'on en voit quantité qui font d'ivoire, où il à fallu beau-
coup d'adreflè, & de patience pour en venir à bout. Neanmoinscom-
ms l'on peut reùfïïrdans cette forte de travail fans beaucoup d'eflude,
&
liv. 7.
c. S6.
tiv. ifi.
c. 40.
XfWto f ai-
peraddtta.
vins.
Virg.Egi
3.
Va feula
fiosconvo-
t«ti jubet,
€ic. oiat,
in Ver.
-ocr page 298-
tïVRE SECOND.               273
& avec facilité, parce que cela dépend principalement des machi-
nes. Fiufieurs perfbnnes libres , & de qualité ontfouvent pris pîai-
iir à tourner, comme le Garzoni dit que faifoit de ion temps le Duc
de Ferrare Alfonfe II.
Le Tour ordinaire, eft principalement çompofé de deux Jumel-
les
fouftenuè's par des jambages qu'on appelle les peds du Tour, &
4e deux Twpées,
Les Jumelles font faites de deux membrures de bon bois de la lon-
gueur , &de la grofïèur qu'il plaift à l'ouvrier. Elles font pofees de
«iveau,& diftantes l'une de l'autre de trois à quatre pouces, félon la grof-
ïèur des poupées qui doivent fè mettre entre deux. Ces mefmes mem-
brures fontafièmblées par les bouts fur des pièces de bois debout qui
iont les jambages. Ces jambages ont quatre pieds ou environ de haut»
& font aflèmblez en bas dans deux autres pièces de bois qui leur fer-
vent de pied, ou de femelles, êcarcboutez par deux liens en contre-
iiches , emmoxtaifez dans les jambages , & dans les extremitez des
ièmellcs pour rendre la machine ferme 6c fblide. Ces membrures
ou jumelles font quelquefois retenues & appuyées contre la muraille
pour eftre encore plus fermes.
Les Poupées font deux pièces de bois d'égale groffeur&longueur
proportionnées aux jumelles. Une partie de ces poupées qui eft entail-
lée , fè met entre les deux membrures -, le refte qui eft la tefte de la pou-
pée & qui eft coupé quarrément de lalargeur entière des deux membru-
res , poiè folidement deflus -, & afinqu'elles ibient plusfermes, il y a des
Clefs de bois que l'on fait entrer à coups de maillets dans des mortaifes
qui font au bout des poupées, au defîbus des membrures.
Au haut de chaque poupée, il y a une pointe de fer folidement en-
clavée dans le bois. Les deux pointes fè regardent l'une l'autre , dif
pofees horifontaiement, &fi juftes qu'elles fè touchent dans unmef-
me point quand on les approche.
Comme ordinairement à un bout des jumelles , il y a une des
poupées quel'on ne change pas fouvent de place , l'on fait que fà
pointe eft une vis qui fcraverfe tout le bois , & qui avec une petite
Manivelle s'avance , & fe retire comme on veut , afin de n'avoir
pas la ^emededecha(fer fi fouvent les clefs de bois de l'autre poupée
pour la reculer & l'approcher.
Au deffus des jumelles , il y aune tarte de bois d'environ dix- huit
lignes ou deux pouces d'épaiiïèur , & quatre pouces de large, qui va
tout du long , & qui eftfoiiftenuë par ce qu'on nomme les aras des
pMupées
qui s'approchent,&s'éIoignent comme on veut. Cette barre
Mm:                  qui
-ocr page 299-
274            I> E X A S C U LPT U R E,
qui eft pôfée de champ , & qui eftant un peu moins élevée que les
pointes des poupées fert d'appuy pour les-outils lorsqu'on travaille^
&que l'on coupe le bois i Elle eft auffi percée en quelques endroits,
pour y pouvoir mettre des SuportsScdes Clavettes , qui fbuftiennent
les pièces qu'on tourne , qui ont trop de portée.
: Contre le plancher & au defïus du Tour eft une longue TercBe
difpofée en archet ou autrement, au bout de laquelle il y a une cof-
de quidéfcendau delà des membrures jufques à un pied de terre, &qui
s'attache au bout d'une pièce de bois qu'on nomme h Marche. Quân$
on veut travailler l'on tournela corde autour de la pièce qu'on veut tour-
ner ou d'un Mandrin, & en appuyant le pied fur la marche, l'on fait
tourner l'ouvrage par le moyen de l'arc ou perche qui fait refïort, puis
avec des outils propres, comme Gouges , ou Bifèaux qu'on appuyé
fur la barre, & qu'on pofe contre la befogne , on la dégroffit, & en-
fuite on la finit avec d'autres outils plus délicats.
Gomme toutes fortes d'ouvrages ne fè peuvent pas tourner entre
deux pointes,on ofte quand on veut, une des poupées, & on a certaines
piecesde boisoude fer qu'on nomme Lunettes , qui s'enclavent auffi
entre les deux membrures ainfï que les poupées j mais qui ont moins
d'épaifîèury & qui au lieu de pointes , ont un trou fort rond con-
tre lequel on appuyé le bout de l'ouvrage, ou bien on le pafîè de*
dans■:•: On a de ces lunettes de diverfès grandeurs, qui fervent par*
ticulierement pour des vafès que l'on veut creufer, ou pour d'autres
-fortes de pièces. Elles fervent auffi à porter les Mandrins , qui font
des morceaux de bois faits exprés en forme de poulies ou autrement,
contre lefqueîs l'on fait tenir avec du maftic , des pointes de cloucl,
des vis, ou d'une autre manière certains ouvrages qui nefe peuvent
tourner entre les pointes, comme font des boëtes , & plusieurs au*
très chofes. Ces deux manières font celles dont on fe fèrt pour tous
les ouvrages communs , & ordinaires.
;; Mais lorfqu'il faut former fur le Tour quelques pièces irregulieres,
comme font des colomnes torfes , des vis , des ovales , des rofès ,
& autres différentes figures , dont l'on veut orner quelque ouvrage*
alors l'on diipofe le Tour d'une autre manière , & au lieu de pou*
pées&de lunettes fimples, l'on en met de compofées, dans lefquel-
les, quoyque le mouvement dans fon principe fbit toujours circulai-
re , il devient néanmoins irregùlier par la rencontre des corps étran-
gers qui changent le cours ordinaire des machines.
Lespieces de ces machines fè font de différentes manières félon i'in-
duftrie de ceux qui travaillent. Nous eh rapporterons feulement quel-,
i „                                                        ques-
-ocr page 300-
i ' ' "" L1 r v me ' s E- c^q;n?dcv f un
ques-unes, dont les figures des planches qui fuivent fèmrbnt pour
en donner encore une plus grande intelligence.
La première eft un Arbre compote de plufieurs pièces.
i. Eft la Boëte'de cuivre dans laquelle l'on maitique ou l'on fait
tenir avec des vis ce qu'on veut tourner , foit bois , cuivre ou y voi-
re.
2. Eft une pièce de cuivre ovale que l'on pafîè au travers de la
Verge ou pièce de fer quarrée marquée 3. & qui s'arrefte fermement
entre le Canon qui porte la boëte 1. & un autre canon marqué 4. dans
lequel la Verge ou fer quarré 3. entre , Se fe trouve arrefté par la
Clavette f. qui traverfè le canon 4. & la verge de fer. Le canon 4*
s'ëmboëte dans le Mandrin de bois marqué 6. au bout duquel il y a
une pointe de fer en marquée 7. qui fe met dans la Crapaudine
8. appliquée contre la poupée marquée 9.
Au lieu de la pièce ovale 2. qui eft pafîee dans la verge de fer 3.
on peut y en mettre d'autres de différentes figures, comme font cel-
les marquées * pour faire des ouvrages de différentes façons.
Quand les pièces font difpofees dans l'arbre , Se dans le mandrin
l'on met le bout du mandrin , qui a une petite pointe dam la couette
ou crapaudine de la poupée , & l'autre bout où eft maftiqué l'ou-
vrage fe pafîè dans une plaque de fer appliquée contre une autre pou-
pée de bois, marquée 10. laquelle plaque telle qu'eft la figure 11. fert
dé lunette, enfbrte que la boëte, & l'ouvrage qu'on veut faire fe
trouve au delà de la lunette, & en dehors , & que la pièce poftiche,
foit ovale ou autre telle que celle marquée 2. joigne en dedans contre
le fer de la lunette , afin qu'en tournant elle vienne à trouver cette
eminence ou pièce de rencontre marquée 12. qui eft appliquée contre
la lunette , laquelle recule la pièce 2. plus ou moins félon fa figure,
& c'eft ce qui fait que l'outil de celuy qui travaille donne la forme à
l'ouvrage qui s'en approche , ou s'en éloigne félon que l'arbre ap-
proche ou recule de la Rencontre j car il faut toujours tenir l'outil feç-
me en mefme endroit, c'eft pourquoy mefme pour des ouvrages de cui-
vre ou autres matières fort dures, on a âesAppujs de bois au defTus deî-
quels il y a de petites bandes de ferdiftantesdu bois de î'épaifîèur des
outils , que l'on pafïè entre la bande, &l'appuy pour les pouvoir te-
nir plus fortement, comme eft l'appuy marqué 13.
Et parce que l'arbre & le mandrin s'éloignent lors que par l'inégali-
té des pièces, elles viennent à toucher le fer de Rencontre , l'on met un
Crochet d'acier marqué 14. qui tient l'arbre, $c qui eftant attaché conf-
ire les Jumelles fait reflbrt, ou bien par le moyen d'un çontrepoidf
Mm 3                    r&~
-ocr page 301-
*7*          DELA SCULPTURE,
rapproche l'arbre fi-toft qu'il eft éloigné. Et afin de pouvoir chan-
ger d'arbres , & de les tenir fermes dans la poupée qui fert de lu-
nette j il y a une petite pièce de fer qui fe baifle , & fe haufïè par
le moyen de pluiieurs vis pour ferrer , & tenir l'arbre auffi ferme
qu'il doit eftre , cette petite pièce de fer eft marquée i.y.
Pour les lunettes de fer telle que la lunette marquée \6. elles
s'ouvrent en deux pour pafïèr le mandrin s 5c le reftèrrent avec
des vis ou autrement. Ces lunettes font d'un grand ufage pour
tourner toutes fortes de pièces creufès , & en ligne fpirale, des
vis & des efcrous. Quand on fait des vis ou lignes fpirales la pointe
du mandrin marquée 17. qui eft en vis entre dans un des efcrous de
la Plaque ronde marquée 18. & en tournant dans l'efcrou , il fèrt à
donner la forme d'une vis ou d'un efcrou de la manière que l'on veut
avec des fers à plu fieurs dents que l'on fait faire exprés, pour tailler
en dehors ou en dedans.
Cette plaque 18. a plufïeurs efcrous de diverfès groflèurs pour y
pouvoir faire entrer différentes vis. Il y a auffi un reffort 15?. der-
rière la plaque, qui fert pour repoufîer la pointe du mandrin quand
on veut faire quelque ouvrage en ligne fpirale , & le morceau de fer
qui fait un Reffault marqué 20. fert encore pour d'autres ouvrages
irreguliers , & façonnez tels que la figure 21.
Lorfque l'on tourne quelque chofe de grand , fbit entre deux
poupées ou pointes , foit autrement , & mefmes les petites pie-
ces qui font irreguîieres , l'on ne fe fert pas toujours de la marche,
mais l'on pafîe une corde de boyau dans le mandrin 22. laquelle fè
va rendre dans une grande Rou'é, comme celle dont les Poitiers d'e£
tain fe fervent marquée 23. laquelle eft tournée à force de bras par
un homme , & quelquefois par deux , parce que celuy qui coupe
l'ouvrage ne pourrait pas travailler de la main& du pied tout enfem-
ble, & que le reflbrt d'une perche n^eft pas fuffifant pour toutes for-
tes de befognes.
Comme l'art de tourner les figures irreguîieres coufifte dans
la fabrique des machines propres à cela , il y a de ces machi-
nes qui font comme autant de fecrets que tous les Ouvriers ne
fçavent pas , & dont les Inventeurs fe fervent plus heureufe-
ment les uns que les autres , félon l'intelligence qu'ils ont dans
cette forte de travail , dont la pratique leur donne encore de
nouvelles ouvertures , & des moyens plus faciles pour exécuter
ce qu'ils inventent. Il y en a quelques exemples dans les ma-
chines de Beflbn.
Outre
-ocr page 302-
LIVRE SECOND,                 277
Outre la plufpart des Outils de Menuiferie , & de Sculpture
en bois , dont fe fervent aufli les Tourneurs 3 ils en ont enco-
re d'autres qui leur font particuliers ou qui font en quelque
forte différents de ceux des Menuifiers , comme des Çifeaux »
des Biféaux , & des Gouges } ils ont encore des grains d'orge 9
des Becs d'afnes de toutes fortes de pas , & de différentes fa-
çons , des Fers dentelez par le bout & à côté pour faire des
filets , ou des vis & efcrous ; des Fers croches de différentes
grandeurs , & félon les ouvrages qu'ils veulent tourner j ils en
font forger qu'ils affûtent à leur manière.
Ils ont auflï des Tarofîs emboitez pour faire des vis de bois } &
des Fis de fer pour faire des Efcrous,
EXFL&
-ocr page 303-
LP TU RE,
LA PLANCHE LX.
f Pièces de différentes figures,
10. Autre poupée de bois.
,11. Plaque de fer fervaht dé.
Lunettes.
12.    Pièce de rencontre.
13.    Appuy.
14.    brochet d'acier.
if. ï^^ </<? /et, ^0»r J"errer,,
l'Arbre.
* *
16.    Lunette de fer.
17.    Pointe de Mandrin , 0«
18.    Plaque ronde.
19.    Reffort.
20.    Pièce de fer fat faut ref-
fault.
21.    Figure façonnée*
22.    Mandrin.
2.3. Grande Roue.
a Cifeau.
b       Bifeau.
c        Gouge.
d       Grain-d'orge.
e        Bec-d'afne.
f        Fét dentelé par le bout,
g       ivr dentelé par le cqfté.
h       F<?r croche.
i        Tarot.
1        *7j.
278            D E LA S Cl
EXPLICATION DE
I.   Figure.
A. A. Jumelles ou Membrures.
B. B. Jambages qui font le pied
t ;- duXmr.
Q. G. Semelles.
D.D. Arcboutans , ou Liens en
•&■ t C contrefiçhes^,,
:,_.".:.
E.E Poupées.
F. F Clefs des Poupées.
G. G. Pointe des Toupées.
H. Barre, ou pièce de bois fer-
mant d'appuy.
I. I. Bras des 'Poupées.
L. L. Supports , ou Clavettes.
M. Longue Perche 3 ou Archet.
N. Marche.
O. Mandrin.
P. Lunette.
II.   Figure.
A,     Arbre compofé de plufïeurs
pièces.
i.  Boète de cuivre.
z.  Pièce de Cuivre ovale.
3.  Verge de fer.
4.  Canon ou partie de l'Arbre,
f.
  Clavette.
6.  Mandrin de bois.
7.  Pointe de fer en "Dé.
8.  Crapaudine.
9.  Poupée.
Plan-
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LIVRE SECOND.
m
J'j'-s.A.NCil
Nrî
CHA-
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2§o           DE LA SCULPTURE,
CHAPITRE X.
T>e la Graveure en bois , & en cuivre.                r
UN des plus grands avantages que l'Art de Portraire ait receu ,
pour éternifër (es ouvrages , eft la Graveure fur le bois, &fur
le cuivre, par le moyen de laquelle , on tire un grand nombre d'E£
tampes j qui multiplient prefque à l'infiny un mefme deffein , & font
voir en differens lieux la penfée d'un Ouvrier , qui auparavant n'ef-
toit connue* que par le feul travail qui fortoit de fes mains.
Il y a heu de s'étonner de ce que les Anciens qui ont gravé tant
d'excellentes chofes fur les pierres dures , & fur les criftaux , n'ont
point découvert un fi beau fecret, qui véritablement n'a encore pa-
ru qu'après celuy de l'Imprimerie. Car l'impreffion des figures, &
les Eftampes n'ont commencé à eftre en ufâge qu'à la fin du quator-
zième fiecle. L'invention en fut trouvée par un Orfèvre qui travail-
ïoit de Niellure à Florence. Albert Dure, & Lucas furent des pre-
miers qui perfectionnèrent la manière de graver fur le bois , & fur
le cuivre , & prefque dans le mefme temps l'on trouva aufii l'inven-
tion de graver à l'eau forte.
Un certain Hugo de Cçrfi inventa une manière de graver en bois
par le moyen de laquelle^ les Eftampes paroiffent comme lavées de
dair-obfeur. Il faifoit pour cet effet trois fortes de planches d'un
mefme deffein , lefquelles fê tiroient Tune après l'autre fous la pref-
le pour imprimer une~mefme Eftampe. Elles eftoient gravées de
telle façon , que l'une fèrvoit pour les jours , & les grandes lumiè-
res -, l'autre pour les demy teintes , Se la troifiéme pour les contours,
& les ombres fortes.
Cet Art de graver fur le cuivre , & fur le bois , s'eft tellement
perfectionné , & eft devenu fi commun , que la quantité des ouvra-
ges qu'on a faits eft prefque innombrable. L'on en peut juger par le
Recueil queMonfieur l'Abbé de Marollesapris le foin d'en faire, &
qui eft prefentement dans la Bibliothèque du Roy.
Il eft vray qu'aujourd'huy la Graveure en bois eft beaucoup dé-
cheuëjSc qu'il n'y a pas d'Ouvriers capables d'exécuter des pièces pareil-
les à celles que l'on faifoit il y a cent, & fix-vingt ans j à caufe fans dou-
te que l'on trouve plus de facilité à graver fur le cuivre. Cependant
les
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LIVRE SECOND.                 281
les planches de bois font d'un grand ufage , & beaucoup plus commo-
des que les autres dans une infinité de rencontres, principalement
quand il faut mettre dans les livres d'Hiftoires , ou autres traitez ,
des figures pour l'intelligence du difcours ; Car comme elles s'impri^
ment en mefme temps que la lettre , elles épargnent bien du temps,
& de la dépenfè qu'on eft obligé de faire quand il les faut graver fur
le cuivre au' burin , ou à l'eau forte , & les tirer enfuite.
Ces deux manières néanmoins, font aujourd'huyles plusenufàge,
& c'eft dont nous voyons une infinité d'excellens travaux. Celle qui
le fait à l'eau forte , fèmble plus commode pour les grandes ordon-
nances , & pour les pièces où l'on veut faire paroiftre plus d'art, &
de deflèin, que de delicatefle , & de douceur.
Ceux qui gravent fur le bois commencent par faire préparer une Manib-
planche de la grandeur & efpaiflèur qu'ils défirent , & fort unie du ^ADVEBR
cofté qu'on veut graver. L'on prend ordinairement pour cela du bois sur le
de poirier, ou du buis: le dernier eftmeilleur parce qu'il eft plusfolide ,B0IS-
& moins fujet à eftre percé des vers. Sur cette planche, ils deflèignent
leur fujet à la plume de la mefme forte qu'ils veulent qu'il foit impri-
mé. Ceux qui ne fçavent pas bien deflèigner , comme il s'en ren-
contre aflez, fe fervent du mefme deflèin qu'on leur donne , qu'ils
collent fur la planche, avec de la colle faite de bonne farine, d'eau &
d'un peu de vinaigre. Il fautque les traits foient collez contre le bois,
&lorsquelepapiereftbienfec,ilslelaventdoucementi & avecdel'eau
&le bout du doigt l'oftent peu à peu , en forte qu'il nerefte plus fur
le bois que les traits d'ancre qui forment le deflèin, lefquels marquent
fur la planche tout ce qui doit eftre efpargné ; & pour le refte ils le
coupent, & l'enlèvent délicatement avec des pointes de Canifs bien
tranchans, ou de petits Cifelets ou des Gouges , félon la grandeur &
la delicatefle du travail ; car ils n'ont pas befoin d'autres outils.
Pour graver fur le cuivre avec le Burin , il n'eft pas non plus d* la
neceflàire de grands apprefts. Quand la planche qui doit eftre de cui- °**yEt,~
vre rouge eft bien polie , &que l'onadefleigné deflusavec la pierre de burin,
mine, ou avec une pointe, ou autrement, ce que l'on veut reprefèn-
ter, il n'eft plus befoin que de Burins bien aeerez & de bonne trem-
pe pour graver & donner plus ou moins de force félon le travail
que l'on fait , & les figures que l'on reprefente.
On a auflî un outil d'acier d'environ fix pouces de long ; dont un
des bouts qu'on appelle Grattoir eft formé en triangle , tranchant
des trois coftez , pour ratifier fur le cuivre , quand il eft neceflàire :
Et l'autre bout qu'on nomme Bruniffoir, a la figure d'un cœur dont
Nn 2                     la
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%%i             DE U SCULPTURE,
la pointe eft allongée, ronde, & un peu plat -, il fert à polir le cuivre,
réparer les fautes ,& adoucir les traits. Pour connoiftre, & mieux voir
ce que l'on fait, on a un Tampon de feutre, ou de lifierededrap noir-
cy, dont on frotte la planche ,& dont Ton remplit les traits à mefure
que l'on grave. On a auffi un peûiCouffinet de cuir rempli de fa-
ble , fur lequel on appuyé le cuivre en travaillant.
Gra-           Q^u a n t à la graveure à l'eau forte , il y a plus de fujettion. Il
i'ETuE A eft necefïàire que la planche foit bien polie & bien nette , après quoy
ïortî. on la chauffe fur le feu , on la couvre d'un vernis dur ou mol -, car
il y en a de deux façons. Enfuite l'on noircit ce vernis par le moyen
d'une chandelle allumée , au deffus de laquelle on met la planche
du codé du vernis.
Cela eftant fait , il n'eft plus queftion que de calquer fbn defïèin
fur cette planche , ce qui eft bien plus facile que pour graver au bu-
rin } car en frottant le defîbus du defïèin avec de la fanguine , ou
autrement, & le pofant enfuite fur le cuivre pour le calquer avec
une pointe d'éguiile, la fanguine qui eft derrière le defïèin , marquant
aifément furie vernis, fait que l'on fuit bien mieux dans cette forte de
travail, les mefmes traits du defïèin, & qu'on eft beaucoup plus correct
dans les contours, & les expreflïons de toutes les figures. Ce qui eft
caufe que les Peintres qui fontgraver eux-mefmes leurs ouvrages , tra-
vaillent fouvent à former les premiers traits des figures pour confèrver
la force & la beauté du defïèin. Auffi dans les pièces hitcs à l'eau forte,
on y voit plus d'art que dans les autres qui font gravées au burin, ou
quelquefois on fè fert auffi de l'eau-forte pour former légèrement les
contours des figures , afin de les avoir plus correéles.
Ce qu'il y a d'avantageux dans la graveure à l'eau-forte , eft que
non feulement la manière en eft beaucoup plus expeditive, qu'au bu-
rin ; mais le travail en eft encore ordinairement plus beau dans les
païfages , dont les arbres & les terrafïès eftant touchées avec plus de
facilité , paroiflent plus naturelles.
il eft vray auffi qu'il eft quelquefois befoin de retoucher au burin
certaines parties qui n'ont pas afïèz de force , ou bien que l'eau-for-
te n'a pas afïèz mangées ; car il eft mal-aifé que dans une grande
planche toutes les parties viennent à eftre pénétrées avec une iî gran-
de égalité qu'il n'y ait quelque chofè à redire.
Il ne fuffit pas que le Graveur travaille avec la pointe de ion Egail-
le
, ou de fon Efchoppe dans tous les endroits de fbn ouvrage avec la for-
ce, & la tendrefïè necefïàire à faire paroiftre les parties éloignées , Scies
plus proches. Il faut encore qu'il prenne garde, quand il vient à met-
- ■                           tre
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LIVRE SEC O N D.                383
tre l'eau-forte fur la planche, qu'elle ne morde pas également par tout,-
ce qui fe fait avec une mixtion d'huile , & de fuif de chandelle.
Pour cet effet, il a une efpecedequaiflède bois, poiiTée, contre la-
quelle il attache fa planche un peu inclinée, & jette l'eau-forte defîus, en
forte qu'elle n'y fait que couler, & retomber aufîi-toft dans un vafe de
terre qui eftdefïbus. Il prend garde lors que les parties qui ne doivent
paseftreli mangées ont afîèzreceu de cette eau, &oftant îa planche,
il la lave avec de l'eau claire qu'il jette defîus, la fait fecher doucement
auprès du feu, puis il couvre les parties les plus éloignées, & les ha-
cheures qu'on veut laifïer les plus foibles, avec de cette mixtion d'hui-
le & de fuif, dontj'ay parlé, afin que l'eau forte n'y pénètre pas davan-
tage i & ainfi couvrant à diverfes fois, & autant qu'il veut les endroits
qui doivent eftre les moins forts, il fait que les figures qui font devant,
font toujours lavées de l'eau-forte, qui les pénètre, jufques à ce qu'il
voye qu'elles font afîèz gravées fuivant la force qu'il defîre leur donner.
L'on fè fert de deu x fortes de vernis, l'un que l'on appelle mol, & 1' au- Dec*
tre dur; ilyaauflîdeuxfortesd'eau-forte,l'uned'Affineur, qu'on ap- SOR^ES
pelle eau blanche, & l'autre qu'on nomme de l'eau verte qui fe faitavec ^s# '
du vinaigre , du fel commun, du fèl armoniac, & du vert de gris. Cel-
le-cyfe coule furies planches, comme j'ay dit, & l'on peut s'en fèrvir
avec les deux vernis. L'autre au contraire n'efl bonne que pour le ver-
nis mol, & ne fe jette pas comme l'autre, on met Sa planche fur une ta-
ble tout à plat, & après l'avoir bordée de cire, on la couvre de cette eau
blanche que l'on tempère plus ou moins avec de l'eau commune.
A l'égard des pointes ou efchoppes, dont l'on travaille, on prend de
grofîèsou moyennes éguilles, faites les unes en pointe , & les autres
plus grofîes 3 coupéespar la pointe d'une manière qui forme une oxrales
comme font les Efchoppes des Orfèvres. Ces fortes d'outils que l'on a
de plufieurs façons, & de différentes groiïèurs, font les fèuîs neceilài-
res pour cette manière de travail. L'on a une pierre pour les aiguifer, Se.
un gros pinceau de poil de gris , ou une plume pour fervir d'efpoufet-
tes , afin d'ofter de defîus la planche , les ordures, ou le vernis qui
s'enlève à mefure qu'on grave.
Si l'on veut s'inftruire davantage de tout ce qui regarde la graveure
fur le cuivre, & de la compofition des vernis pour l'eau-forte , i! faut
lire ce qu'en a écrit Abraham Bofîè qui joignant à la Théorie une excel-
lente pratique } n'a rien oublié de tout ce qu'on peut fçavoirde cet art.
EX PLI-
Nn j
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a84 DE LA    SCULPTURE,
EXPLICATION DE LA PLANCHE LXI,
A Planche de cuivre.                 F Tampon.
B CouJJînet.                               G Bruniffbir.
C Burin.                                  H Tierre à huile.
D 'Pointe.                                 I Gm pinceau de queue de Gris
E Efchoppe.                                     ouefpoujfete.
PL A N
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LIVRE SECOND.
23?
DE
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iM
DE LA PEINTURE,
LIVRE TR OIS LE ME.
CHAPITRE PREMIER,
Z)<? l'Origine & Progrès de la Teinture*
ON ne doit pas douter que la Peinture ne foit aufïï ancienne
que la Sculpture , ayant toutes deux pour principe le defïèin.
Mais il fera toujours tres-difficiîe de fçavoir au vray le temps, & le lieu
où elles ont commencé de paroiftre. Les Egyptiens & les Grecs qui fe
difènt les Inventeurs des plus beaux Arts, n'ont pas manqué de s'attri-
buer la gloire d'avoir efté les premiers Sculpteurs, & les premiers Pein-
tres. Cependant comme il eft mal-aifé de voir clair dans un fait qui
eft obfcurei par le nombre de tant d'années , qui en cachent l'origine,
l'on doit fe contenter de fçavoir à l'égard de la Peinture, qu'après
avoir eu comme tous les autres Arts de foibles commencemens, el-
le a efté en fa perfection chez les Grecs, & que les principales écoles de
cet ArtilIuftreeftoientàSicyone,àRhodes, &à Athènes. De la Grèce
die pafîa en Italie où elle fut en grande confideration fous la fin de la
Republique, & fous les premiers Empereurs, jufqu'à ce qu'enfin le lu*
xe, & les guerres ayant difïïpé l'Empire Romain, elle demeura entiè-
rement efteinte, aufïï bien que les autres feiences* & les autres Arts,
&ne recommença à paroiftre en Italie que quand Cimabué fe mit à
travailler , & retira d'entre les mains de certains Grecs les déplora-
bles reftes de cet Art. Quelques Florentins l'ayant fécondé , furent
ceux qui parurent lesjpremiers,& qui fe mirent en réputation : Néan-
moins il le pafïà beaucoup de temps fans qu'il s'eflevaft aucun Peintre
confiderable. Le Ghirlandaio marftre de Michel Ange acquit le plus
de
-ocr page 312-
LIVRE TROISIEME.            287
de crédit , quoyque fa manière fuft fort feche , Se gothique j mais
■ Michel-Ange fon difeipie ayant paru enfuite fous Jule il. effaça
tous ceux qui i'avoient précédé , forma l'école de Florence , Se fit
plaideurs efleves.
Pierre Perugin eut aufli pour efleve Raphaël d'Urbin qui fur-
pafîà de beaucoup fon maiftre , Se Michel ^Ange mefme j il ef-
tablit l'école de Rome compofée des plus excellens Hommes qui
ayent paru.
Dans le mefme-temps celle deLombardie s'éleva , & fe rendit re-
commandable fous le Giorgion , & fous le Titien qui eut pour pre-
mier maiftre Jean Belin.
Il y eut encore en Italie d'autres écoles particulières fous differens
maiftres , comme à Milan celle de Léonard de Vinci , mais on ne
compte que les trois premières , comme les plus célèbres , Sz d'où
les autres font forties.
Outre celles-là , il y avoit au deçà des Monts des Peintres qui
n'avoient nul commerce avec ceux d'Italie , comme Albert Dure en
Allemagne , Holbens en Suifîe , Lucas en Hollande , & plufieurs
autres qui travailloient en France -, & en Flandre s de différentes
manières. Mais l'Italie , & Rome principalement eftoit le lieu où
cet Art fe pratiquoit dans fa plus grande perfection, &où de temps
en temps il s'eflevoit d'excellens hommes.
A l'école de Raphaël a fuccedé celle des Caraches , laquelle a
prefque duré jufqu'à prefènt dans leurs efleves } il eft vray qu'il en.
refte peu aujourd'huy en Italie , & qu'enfin cet Art femble s'eftre
rendu aux carefîês que nous luy faifons il y a fi long-temps, & avoir
pafFé en France depuis que leRoyaeftably des Académies pour ceux
qui le pratiquent : Ce qui doit faire efperer que nous verrons icy
la Peinture dans un auffi haut éclat qu'elle a efté ailleurs , quoyque
le naturel des François eftant pluftoft porté au meftier de la guerre
qu'à l'eftude des Arts , on ait eu fujet de douter qu'ils peufient
s'appliquer afïez dans celuy de la Peinture pour y exceller comme
ont fait d'autres nations.
09                           CHA-
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îS8             DE LA PEINTURE,
CHAPITRE II.
T)e la Teinture en général.
LA Peinture eft un Art qui par des lignes, & des couleurs représen-
te fur une furface égale & unie tous les objets de la nature, en for-
te qu'il n'y a point de corps que l'on ne reconnoifîe. L'image qu'elle en
fait, foitdeplufieurscorps enfemble, ou d'un fèul en particulier, s'ap-
pelle tableau, dans lequel il y a trois chofes à confiderer; fçavoir la Com-
posiTiON,leDESSEiN,& le Coloris, qui toutes trois dépendent du
raifonnement, & de l'exécution , ce qu'on nomme la Théorie , èc
îa Pratique $ le raifonnement eft comme le père de la Peinture -,
& l'exécution comme la mère.
La Composition que quelques-uns nomment aufïï Inven-
tion, comprend la distribution des figures dans le Tableau, le choix
des attitudes, les accommodemens des draperies, la convenance des
■ornemens , la fituation des lieux , les baftimens, les païfages , les
diverlès expreflîons des mouvemens du corps , & des panions de
l'ame , & enfin tout ce que l'imagination fe peut former, & qu'on
ne peut pas imiter fur le naturel.
Le Dessein a pour objet la figure des corps que l'on repre-
fente, & que l'on fait voir tels qu'ils paroiflènt Amplement avec des
lignes. Cette partie regarde les Peintres , les Sculpteurs , les Archi-
tectes , les Graveurs , & généralement tous les Artifàns dont les ou-
vrages ont befbin de grâce, & de fïmmetrie. Elle demande la connoif-
fance de l'Anatomie qui eft la feience des os , des mufcles , & des
nerfs , comme ils paroiflènt extérieurement dans le corps humain.
C'eft elle encore qui doitpoîèrles figures fur un centre & équilibre, foit
par leur propre poids, ou par un autre qui leur foit accidentel, pour pa-
roiftre fermes dans toutes les aérions qu'on veut reprefeuter pour bien
imiter les divers mouvemens que la nature peut faire.
Le Co l o ris a pour objet la couleur , la lumière, & l'ombre,
car c'eft en mettant lescouleurs qu'on obferve l'amitié ou l'antipatie qui
eft entre elles -, leur union & leur douceur : qu'on regarde comment il
faut donner de la force, du relief, de îa fierté, &de la grâce aux ta-
bfeaux : qu'on fait des remarques fur les lumières plus ou moins éviden-
tes, & en degrez de diminution fut les corps accompagnez de lumiè-
res
-ocr page 314-
LIVRE TROISIEME.            285?
yesSè d'ombres félon les accidens du lumineux » du diaphane , de
la nature du corps illuminé , de Pafpect de ccluy qui regarde, &des
reflez en differens degrez.
L'habitude que l'on prend en ces trois principales parties s'appel-
le Manière qui eft bonne ou mauvaifè,félon qu'elle aura eftéplus
ou moins pratiquée fur le vray , avec connoifïànce , & eftude ; mais
le meilleur eft de n'avoir point de manière. Le bon ou mauvais
choix qu'on en fait, fe nomme bon ou mauvais Goufi. Ain fi dans la com-
pofition d'une hiftoire quand les figures font bien difpofées avec de
beaux groupes, & une belle élection d'attitudes, félon la neceffité du
fujet ; que les fîcuations , & le plan des lieux font conformes à la
nature , & qu'il n?y a rien d'oublié de toutes les chofes néceflaires
à ltxprefllon, on dit que cela eft bien inventé.
Si enfnite toutes les parties font defleignées grandes, bien arreftéesj
& prononcées avec force & netteté, fans qu'il y paroifïè rien de trop
menu j ou de taftonné & d'incertain, on dit cela eft bien dejfeigné,
& de grande manière.
Si la lumière eft bien choifïe , pour faire avancer les parties ou les
figuresles plus proches, Se que cette lumière foit bien répandue fur les
maflès y* en forte qu'elle diminue peu à peu & avec douceur , &■"
qu'elle finifle , & fe termine dans une ombre large , diffufe , légère,
& qui enfin devienne comme infenfible , & de nulle couleur , alors
on dit que cela eft de grand relief T& qu'il y a bien de la force ■> que
(e clair-obfcur efi bien entendu.
Si enfuite parmy les lumières, Mes ombres l'on y voit les vrayes tein-
tes du naturel -, qu'il s'y rencontre des maflès de couleurs , où l'on'
ait foigneufèment obfervé cette amitié, & cette fimpatie qui doit ef-
tre entre elles, foit pour les chairs avec les draperies , foit pour les
draperies les unes près des autres ; foit pour les vrayes teintes dans les
païfages, en forte que tout y paroifïè fi artiftement lié enfèmble qu'on*
n'y connoifïè aucune pièce feparée , mais qu'i y ait une telle union
que tout le tableau fèmble avoir efté peint d'une fiîitte, & d'une me£
me palette de couleurs , on dit alors que cela eft bien colorié.
Outre cela il y a certaines élégances qui brillent par endroits dans*,
ces trois parties de la Peinture, comme les figures écîattent dans les
parties de la Rhétorique ; ce qui relevé 3-& fait paroiftre les ou-
vrages dés plus grands Peintres fi fort au defTus dès autres. Mais
fur tout, il doit y avoir ce qu'on appelle Eurythmie, c'eft-à-dire une
proportion ,8c une convenance de toutes les parties les unes avec les
autres. La grâce eft une partie toute divine ? quepeu de perfonnes ont
Oo z                      euè^jj
-ocr page 315-
25?ô               DE X A P E I N TU RE,
eue , & qu'on ne peut définir qu'en difant, que c'efl: un agreémene
de beauté dans la figure , qui procède d'un certain tour , & d'u-
ne nobieflè d'attitude aifée & propre au fujet & qui charme ks
yeux.
CHAPITRE III.
<De ce qu'on appelle T>ejfein.
DAns la Peinture ce qu'on nomme ordinairement 'Dejfein, eft...
une expreffion apparente , ou une image vifîble des penfées
de l'efprit , & de ce qu'on s'eft premièrement formé dans l'imagi-
nation. Comme cette image de nos penfées s'exprime en différen-
tes manières , les Artifans luy ont donné divers noms, félon qu'el-
le eft plus ou moins achevée. Ils nomment EfquiJJes , les deflèins
qui font les premières productions de l'efprit encore informes , &
non arreftées , finon grofîierement avec la plume ou le crayon ; Et
ceux dont les contours des figures font achevez , ils les appellent 1)eJ~
feins
ou traits arrefiez,
Cet art de bien contourner les figures , eft le fondement de la
Peinture y car quand les figures font bien defïèignées , il n'eft plus
queftion que de donner les jours , & les ombres , & fçavoir appli-
quer les couleurs félon la nature des corps, ce qui véritablement eft
encore un grand fecret de l'art ; Mais le defîèin fert beaucoup à en
découvrir les myfteres, & fans luy quelque connoiffance que l'on
ait de l'effet des lumières , Se des ombres, & de la nature des cou-
leurs , il eft impofïible de rien faire de parfait.
Lors qu'on veut exprimer quelque fujet, fi l'on ne fe fert que du
crayon ou de la plume, quoy que l'on achevé l'ouvrage dans toutes
les parties, & qu'on y obfervêles jours, & les ombres, on n'appellera
néanmoins cet Ouvrage qu'un defîèin, que l'on diftinguera feulement
pat la couleur des crayons , ou par l'encre donton s'eft fervy: Les uns
employans avec les traits de la plume un peu de Lavis fait avec de
l'encre de la Chine , ou leBiftre qui eft de la fùye bien détrempée y
d'autres de la Sanguine-, d'autres de h'Pierre noire, ficainfi chacun à
fa fantaifie. Ec-l'on ne donne le nomdePeinture à quelque Ouvrage
que ce foit que lors qu'on y employé des couleurs broyées à huile ou au-
trement. Car encore qu'on faflê de fort belles Figures avec des Tafhls^
if                                 * ~>                                                                               ou
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LIVRE T R O I S I %' M %           291
ou crayons de différentes couleurs, qui font quafi le mefme effet que ia
Peinture, néanmoins on n'appelle pas cela Peinture , bien que pour ex-
primer la beauté de ce travail on puiflè dire que cela foi t bien peint.
CHAPIT RE IV.
2)f la Teinture à Fraifque.
DE toutes les fortes de Peintures qui fe pratiquent aujourd'huy,
il eft certain que c'eft dans celles que Ton fait à Fraifque qu'un
excellent Ouvrier peut faire paroiftre plus d'Art , & donner da-
vantage de vivacité à fon ouvrage -, Mais pour s'en bien acquitter, il
faut eftre bon delîeignateur , & avoir une grande pratique , & une
forte intelligence de ce que l'on fait, autrement l'ouvrage fera pau-
vre , fec , & défagreable, parce que les couleurs ne fè méfient pas
comme à huile , ainfi que je diray cy-aprés.
Ce travail fe fait contre les murailles, & les voûtes fraifchement
enduites de mortier fait de chaux & de fable j mais il ne faut faire l'en-
duit qu'à mefure que l'on peint, & n'en préparer qu'autant qu'on en
peut peindre en un jour> pendant qu'il eft frais &c humide.
Avant que de commencera peindre l'on fait des Cartons, c'eft-à-
dire des defièins fur du papier , de la grandeur de tout l'ouvrage >
lefquels on calque partie par partie contre le mur , à mefure qu'on
travaille , & une demie heure après que l'enduit eft fait, bien pref-
fé , & bien poly avec la truelle.
L'enduit fe fait avec du fable de rivière bien pafle au fâs, ou d'au-
tm bon fable détrempé avec de la chaux vieille efteinte , que quel-
ques-uns paflènt auffi, de crainte qu'il n'y ait quelques petites pier-
res , comme il arrive fôuvent quand la chaux n'eft pas bonne, aflez
cuitte, & affez efteinte. L'on fe fert à Rome de Tozzolane qui eft
une efpece de fable, qu'on tire de terre en faifantdes puits. Le corps,
de la muraille qui doit porter cet enduit, doit eftre fait, Sccrefpyde .
pîaftre ou mortier compofé de chaux & de fable ; & quand ce font
des ouvrages expofez aux injures de l'air , il faut que toute la maf- .
fonnerie foit de brique , ou de mouëllon bien fec.
Lors qu'on veut faire l'enduit fur la pierre de taille, l'on fait comme
un petit corps de mur de deux ou trois pouces d'épais, avec des pier-
res demolliere liées avec des crampons de fer dans tous les joints des
Oo 5                     groP
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191               DE LA P E I N TUR E,
greffes pierres. Pour le mortier qu'on employé à mafîbnner & à fài*
re le creipi , le ciment yeft bon avec la chaux , mais il faut que
l'enduit foit de chaux & de fable.
Les Anciens peignoient fur le ftuc , & on peut voir dans Vitruvc
Li'v.7. le foin qu'ils prenoient à bien faire les incruftations, ou enduits de
çhap, j. |eurs baftimens pour les rendre beaux & durables. Les Peintres mo-
dernes ont trouvé néanmoins que les enduits de chaux &de fable ef*
toient plus commodes pour peindre , parce qu'ils ne fechent pasfl-
toft que le ftuc ; & à caufè encore qu'eftant grifaftres , ils font plus-
propres pour coucher les couleurs, qu'un fond auili blanc qu'eft le ftuc*
Dans cette forte de travail on rejette toutes les Couleurs qui font
compofées, & artificielles , &la plufpart des minéraux j,.& l'on ne fè
fèrt prefque que des terres qui peuvent conferver leur couleur,. & la
defFendre de la brûlure de la chaux , refïftant à fon fel que Pline
Liv. 55. nomme fon amertume. Et afin que l'ouvrage foit toujours beau , il
*• 7- faut les employer avec promptitude, pendant que l'enduit eft humi-
de y & ne retoucher jamais à fec avec des couleurs détrempées de jau-
nes d'oeufs j ou de colle, ou de gomme, comme font beaucoup d'ou-
vriers, parce que ces couleurs noirciflent, & n'ont jamais tant de vi-
vacité, comme quand elles font mifes au premier coup : Mais principa-
lement lors qu'on travaille à l'air, où ce retouché ne vaut rien du tout On
a remarqué que les couleurs à fraifque changent moins à Paris qu'en Ita-
lie, &en Languedoc, ce qui arrive peut eftre à caufe qu'il y fait moins
chaud , qu'en ces païs-îà , ou que la chaux eft meilleure icy.
Les couleurs qu'on employé font :
Le Blanc % il fe fait avec de la chaux qui foit efteinte il y ait Iong?-
temps, & de la poudre de marbre blanc, prefque autant de l'une que
de l'autre. Quelquefois il fuffit d'une quatrième partie de poudre de
marbre j cela dépend de la qualité de. la chaux, & ne fe connoift que
par la pratique ; car s'il y a trop de marbre, le blanc noircit.
L'Ocre ou Brun-rouge eft une terre naturelle.
L'Ocre jaune eft aufli une terre naturelle qui devient rouge quand
on la brûle.
Le Jaune obfcur ou Otre. deRuth, qui eft encore une terre natu-
relle & limoneufë , fè prend aux ruiflèaux des mines de fer 5 eftant
calcinée elle reçoit une belle couleur;
Le^^deNapleseftuneefpecedecrafîèqui s'amafle au tour des
mines de fbuffre } Scquoy qu'on s'en fèrve à fraifque, fà couleur néan-
moins n'eft pas fi bonne que celle qui fe fait de terre, ou d'ocre. jaune
avec le blanc.
-Le:
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LIVRE TROISIEME.            m
Le Rouge violet» eft une terre naturelle , qui vient d'Angleterre»
& qu'on employé au lieu de Lacque. Les Anciens avoient une cou-
leur que nous n'avons pas, qui eftoit auffi vive que la Lacque. Car
j'ay veu àRome dans les Termes de Tite une chambre, où il y avoir
encore dans la voûte des ornemens de ftuc enrichis de filets d'or,
d'azur, & d'un rouge qui fembloit de Lacque.
La Terre verte de Veronne en Lombardie , eft: une terre naturel-
le qui eft fort dure & obfeure.
Une autre terre Verte plus claire.
L'Outre- mer, ou Lapis lazuli eft une pierre dure Se difficile à bien
préparer. On la calcine au feu , enfuite on la cafte fort menue dans
un mortier > puis eftant bien pilée , on la méfie avec de la Cire, de
la Toix-raifine , &c. dont on fait comme une pafte que l'on manie,
& qu'on lave dans de l'eau bien nette -, ce qui en fort le premier eft
le plus beau, & enfuite diminue de beauté jufques au gravier qui eft
comme le marc. Cette couleur fubfifte , &le conferve plus que pas
une autre couleur. Elle le détrempe fur la palette quand on l'em-
ployé avec de l'huile, & ne fe broyé point. Elle eftoit autrefois plus
rare qu'à prefènt, néanmoins, comme elle eft toujours chère , oa
peut l'efpargner dans la fraifque, où l'Email fait lemefmeeffet,prin-
cipalement pour les Ciels.
L'Email eft une couleur bleue, qui a peu de corps ; l'on s'enfert
dans les grands païfages , & fubfifte fort bien au grand air.
La Terre d'Ombre eft une terre obfèure } il faut la calciner dans
une boëte de fer , fi on veut la rendre plus belle, plus brune, &luy
donner un plus bel œil.
La Terre de Cologne eft un noir rouflàftre qui eft fujet à fe déchar-
ger , & à rougir.
Le Noir de Terre vient d'Allemagne.
Il y a encore un autre Noir d'Allemagne qui eft une Terre natu-
relle , qui fait un noir bluaftre , comme le noir de charbon } c'eft le
noir dont les Imprimeurs fe fervent.
L'on fe fert encore d'un autre Noir fait de lie de vin brûlée, que
les Italiens appellent Fefcia di botta.
Toutes ces Couleurs ibnt les meilleures pour les Fraifques , com-
me auflî celles qui font de terres naturelles y font fort bonnes. On les
broyé, & on les détrempe avec de l'eau, avant que de travailler on fait
toutes les principales teintes que l'on met feparementdans des Godets
déterre. Mais il faut fçavoir que toutes les Couleurs s'éclaircifîèntà me-
fure que la fraifque vient à fecher} excepté le Rouge violet, appelle des
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î<4               DE LA PEINTURE,
Italiens Tavonazzo , le Brun-rouge, l'Ocre deRuth, & les Noirs,
particulièrement ceux qui ont pafTé par le feu.
Les Peintres ont d'ordinaire une tuile bien feche & unie , où ils
font les efpreuves des teintes, dont ils veulent fe fervir -, car la tui-
le afpirant , & beuvant aufîi-toft tout ce qu'il y a d'humide dans la
couleur , & la laiffant feche , on voit'l'effet qu'elle doit faire quand
elle fera employée.
CHAPITRE V,
*De la Teinture à T)étrempe.
ÀVant qu'un Peintre de Flandre nommé Jean Van-Eyck ,
mais plus connu fous le nom de Jean de Bruge , euft trouvé
le iecrct de peindre en huile , tous les Peintres ne travailîoient qu'à
Fraifque , & à Trempe > ou 1>étrempe comme l'on dit d'ordinaire icy,
foit qu'ils peignifîent contre les murailles » foit fur des planches de
bois , foit d'une autre manière. Lors qu'ils fe fervoient de planches,
il y colloient fouvent une toile fine, avec de bonne colle pour empefcher
les ais defe feparer, puis mettoient defîus une couche de blanc. Enfuite,
ils détrempoient leurs couleurs avec de l'eau, &de la colle , ou bien
avec de l'eau & des jaunes d'œufs battus avec de petites branches de
figuier , dont le lait fe meûe avec les œufs , & de ce meflange ils
peignoient leurs tableaux.
Dans cette forte de travail toutes les couleurs font propres, excepté
le Blanc de chaux, qui ne fert que pour la fraifque ; mais il faut tou-
jours employer l'Azur, & l'Outremer avec de la colle faite de peaux de
gans, ou de parchemin,' parce que les jaunes d'œufs font verdir lescou-
ieurs bleues, ce que ne fait pas la colle, ny la gomme ; foit que l'on
travaille contre les murs, foit fur des planches de bois , pu autrement,
& prendre garde quand c'eft contre des murailles qu'elles foient bien
feches. Il faut mefme leur donner deux couehesde colle toutechaude
avant que d'y appliquer les couleurs qu'on détrempe fi l'on veut feule-
ment avec de la colle i car lacompofitionqu'on fait avec des œufs, Se
du lait de figuier n'eft que pour retoucher plus commodément, & n'ef-
tre pas obligé d'avoir du feu qui eft neceflàire pour tenir la colle chaude.
Cependant il eft certain que les couleurs à colle tiennent mieux, & c'eft
ainfi qu'on a toujours peint fur le papier les DefTeinsouCartonsqu'oa
a
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LÏVRE TROISIEME.            t9f
a faits pour des tapiflêries. Cette colle fè fait comme j'ay dit de ro-
gneures degans ou de parchemin.
Quand on veut peindre fur de la Toile, on en choifit qui (bit vieille,
demy ufée, 6c bien unie. On l'imprime de Blanc de craye ou de plaftre
broyé avec de la colle de gansi & lorfque cette imprimeureeft feche,
on pafîè encore une couche de la meime colle pardeflus.
On broyé toutes les couleurs avec de l'eau, chacune à part j Se à me-
fure qu'on en a befoin pour travailler, on les détrempe avec de l'eau de
colle i ou bien, fi l'on ne veut fefervir que de jaunes d'œufs, on prend
de l'eau parmy laquelle on aura mis, fçavoir fur un verre d'eau, un ver-
re de vinaigre} le jaune, le blanc, & la coquille d'un œuf, avec quel-
ques bouts de branches de figuier coupées par petits morceaux, & bien
battues enfemble dans un pot de terre.
Si l'on veut vernir le Tableau lorfqu'il eft finy , il ne faut que le
frotter d'un blanc d'eeuf bien battu , & après y mettre une couche
de vernis, mais cela ne fe fait guère , fi ce n'eft pour les conferver
de l'eau ; Car le plus grand avantage de la détrempe eft de n'avoir
point de luifant j & de ce que toutes les couleurs demeurant mattes,
on les voit dans toutes fortes de jours , ce qui ne fè rencontre pas aux
couleurs à huile , ou lorfqu'il y a un vernis.
CHAPITRE VI
'De la 'Peinture à huile.
L'Invention de peindre â huile, n'a point efté connue des
anciens. Ce fut comme je viens de dire, un Peintre Flamand qui
en trouva le fecret, & qui le mit en ufàge au commencement du qua-
torzième fiecle. On peut dire que la Peinture receutalors un grand fè-
cours, &une commodité admirable. Car par ce moyen les couleurs
d'un Tableau fe confervent long-temps, & reçoivent un luftre, & une
union que les anciens ne pouvoient donner à leurs ouvrages quelque
vernis dont ils fè fèrviffent pour les couvrir. Ce fecret qui a efté fi long-
temps caché ne confifte néanmoins qu'à broyer les couleurs avec de
l'huile de noix, ou de l'huile de lin 5 mais il eft vray que le travail eft
bien différent de ceîuy de la fraifque, & de la détrempe, parce que
l'huile ne fechant pas fi promptement, il faut retoucher plufieurs fois
fon ouvrage. Aufli le Peintre a-t-il davantage de temps pour le bien
Pp                         fi-
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29<î.              DE LA PEINTURE,
finir, & il retouche autant qu'il veut à toutes les parties de fès.Figij-.
res, ce qu'il ne peut faire à fraifque ni à dctrempe. 11 leur donne auffi plus
de force, parce que le noir devient beaucoup plus noir , quand il eft
employé avecdei'huile qu'avec de l'eau -, & toutes les couleurs ie méf-
iant mieux enfemble , font un coloris plus doux, plus délicat, & plus
agréable >& donnent une union & une tendrefle à tout l'ouvrage, qui
ne fe peut faire dans les autres manières.
L'on peint à h-uile contre les murailles, furie bois , fur la toile, fur
les pierres, & fur toutes fortes de métaux. Il faut en premier Heu pré-
parer les chofes fur lesquelles on veut travailler, par uneimprimeure,
comme difent les ouvriers, qui ferve de fond, & rendre la place ou le
champ fur lequel on veut peindre bien égal, & bien uny.
Quand on veut peindre contre une muraille, il faut lorfqu'elle eft
bien feche y donner deux ou trois couches d'huile toute bouillante y
&cela autant de fois qu'on le juge neceffaire, ôcjufqu'à ce qu'on voye
que l'enduit demeure gras , & qu'il n'emhoit plus. Après on l'impri-
me de couleurs fecatives. Pour cela On prend du blanc de craye, de
l'ocre rouge, ou & autres fortes de terres qu'on broyé un peu ferme,
dont l'on fait une couche fur le mur. Lorfque cette imprimeure eft bien
feche, on peut defleigner ce que l'on veut, & peindre enfuite deflùs,
méfiant un peu de vernis parmy les couleurs, afin de n'eftre pas obli-
gé de les vernir enfuite.
Il y en a qui préparent la muraille d'Une autre forte, afin qu'elle foit
plus feche, Scquelliumidité n'en fafle pas détacher les couleurs par e£
cailles, comme il arrive quelquefois à caufe de l'huile qui luy refifte, &
qui l'empefcne de fortir. Ils font un Enduit avec de la chaux, & de
la poudre de marbre, ou du ciment fait de tuiles bien battues, lequel
ils frottent avec la truelle pour le rendre bien uni,& l'imbibent d'huile
de lirt , avec une grofle brofîe. Enfuite ils préparent une Compojttion
de poix grecque, de maftic,& de gros vernis qu'on fait bouillir enfem-
ble dans un pot de terre, puis avec une brofle, en couvrent la muraille
qu'ils frottent avec une truelle chaude, pour eftendre & unir mieux cet-
te matière. Cela fait, on imprime tout le mur des couleurs que j'ay
dites cy-deflus > avant que de rien defleigner.
D'autres en ufent encore d'une autre manière, ilsfontleur Enduit
avec du mortier de chaux, du ciment de tuille, & du fable % & lors-
qu'il eft bien fec, ils en font un fécond, avec de la chaux, du ciment
bien fafle, & du mâchefer, ouefcumedefer autant de l'un que de l'au-
tre } tout cela eftant bien battu & incorporé enfemble, avec des blancs
d'ceufs, & de l'huile de lin , il s'en fait un Enduit fi ferme qu'on ne
peut
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LIVRE TROISIEME.           t9y
peut rien faire de meilleur : Mais il faut 4>ien prendre garde de ne
quitter pas l'Enduit pendant que la matière y eft mife tout fraifche-
ment, & de la bien eftendre avec la Truelle, jufqu'à ce que le mur
en foit tout couvert & poly ; car autrement l'enduit fë fendroit en
plufieurs endroits. Quand il eft bien fec on l'imprime de la mefme
manière que j'ay dit.
Pour peindre fur le bois, après l'avoir bien encollé avec la broffè,
on y donne d'ordinaire une couche de blanc détrempé avec la colle,
avant que de le couvrir de Pimprimeure à huile, dont j'ay parlé i il
eft vray qu'à prefent on fe fert beaucoup plus de toile que d'autres
chofes, principalement pour les grands tableaux 5 parce qu'elle eft plus
commode à tranfporter que le bois , qui eft pelant, &d'aiîleursfujetà
fe fendre. Onchoifitducoutil,oudela toile la plus unie, &lorfqu'elle
eft bien tendue fur un chaflis, l'on y donne une couche d'eau de colle,
& après on pafïè par deffus une pierre ponce pour en ofter les nœuds.
L'eau de colle fert à coucher tous les petits fils fur la toile, & rem-
plir les petits trous , afin que la couleur nepaffè pas au travers. Quand
la toile eft bien feche , on l'imprime d'une couleur qui ne fafle
point mourir les autres couleurs, comme du Brun rouge qui eft une
terre naturelle qui a du corps, &qui fubfifte , &avec lequel on méfie
quelquefois un peu de blanc de plomb , pour le faire pîutoft fecher.
Cette imprimeurefe fait après que la couleur eft broyée avec de l'hui-
le de noix , ou de lin $ & pour la coucher la moins efpaiffè que l'on
peut, on prend un grand coufteau propre pour cela. Quand cette cou-
leur eft feche , on pafïè encore la pierre ponce par deftus pour la ren-
dre plus unie 5 puis l'on fait, fi l'on veut, une féconde imprimeure com-
pofëe de blanc de plomb, & d'un peu de noir de charbon, pour rendre
le fond grifaftre,& en l'une ou l'autre des deux manières on met le moins
de couleur que l'on peut, afin que la toile ne caflè pas fî-toft, & que les
couleurs qu'on vient enfuitte à coucher deffus en peignant, fe con-
servent mieux 5 Car quand l'on n'imprimeroit point les toiles, & qu'on
peindrait tout d'un coup deffus , les couleurs ne s'en porteroient que
mieux, & demeureroient plus belles. L'on voit dans quelques Tableaux
de Titien, &de Paul Veronefe , qu'ils obfervoient d'en faire l'impri-
meure à détrempe, fur laquelle ils peignoient enfuitte avec des couleurs
à huile j Ce qui a beaucoup fèrvi à rendre leurs ouvrages plus vifs,
& plus frais : parce que l'imprimeure à détrempe attire , & boit l'huile
qui eft dans les couleurs, & fait qu'elles reftentplus belles, l'huile of-
tant beaucoup de leur vivacité. C'eft pourquoy ceux qui veulent
que leurs Tableaux demeurent frais employent le moins d'huile
Pp 2                       qu'ils
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29%                 DE LA PEINTURE,
qu'ils peuvent, & tiennent leurs couleurt. plus fermes y méfiant un
peu d'huile â'AJpky qui s'évapore auffi-toft ; mais qui fert à les faire
couler j Sclesrendplusmaniablesen travaillant. Ce qui fait aufli que les
couleurs ne confervent pas quelquefois long temps leur beauté , c'eft
quand le Peintre les tourmente trop en travaillant, car eftant brouil-
lées , il s'en trouve qui altèrent, & corrompent les autres, &enoftent
la vivacité. C'eft pourquoy on doit les employer proprement, & cou-
cher les teintes chacune en fa place fans les méfier trop avec le pin-
ceau ou la brofléj Se prendre garde à ne pas détremper enfèmble les Cou-
leurs qui font ennemies & qui gaftent les autres, comme font les Noirs,
particulièrement le Noir de fumée , mais les employer à part autant
que l'on peut ; Et mefme quand il eft befoin de donner plus de force à
un Ouvrage, il faut attendre qu'il fbit fèc pour le retoucher, fi c'eft avec
des Couleurs capables de nuire aux autres. La pratique fait connoif'
tre cela , & il y a des Peintres qui pourroient faire ces obfèrvatians,
îefquels n'y penfent pas , ne fbngeant qu'au principal de leur fujet.
Cependant c'eft une chofe afîèz confiderable pour la confervation ,
& pour la beauté des tableaux: Car on en aveu qui paroifîbient beau-
coup fur le chevalet, mais dont les couleurs n'ont guère duré * & fe font
paffées & efteintes en peu de temps, à caufe que ceux qui lestravail-
ïoient, avoient beaucoup de feu & de boutade, mais qui tourmentoient,
comme j'ay dit, les couleurs avec la brofle& le pinceau. Ceux qui pei-
gnent avec jugement, les couchent avec moins de précipitation, les
mettent plus épaifies, couvrent & recouvrent plufieurs fois leurs carna-
tions , ce que les Peintres appellent bien empajier.
Pour ce qui eft d'imprimer d'abord les toiles avec une couche à dé-
trempe, il eft vrayque cela ne fe pratique pas fou vent, parce qu'elles
peuvent s'efcailler,& qu'elles ne Ce roulent qu'avecdifficulté.C'eft pour-
quoy l'on fe contente de leur donner une imprimeure de couleurs à hui-
le. Mais quand la toile eft bonne & bien fine, le moins qu'on peut y
mettre de couleur pour l'imprimer eft toujours le meilleur j prenant
garde, comme j'ay dit, que l'huile, & les couleurs foient bonnes L'e£~
pargne que font ceux qui employent de mefchantescouleurs,& de mau-
vaife huile , & qui mefme fe fervent de mine pour faire pluftoft lé-
cher l'imprimeure , eft beaucoup dommageable aux Tableaux , 3e
en efface bien-toft la beauté du coloris.
Quand on veut peindre fur les pierres , fok Marbre ou autres s
ou bien fur les métaux, il n'eft pas neceflàire'd'y mettrede la colle com-
me fur la toile : Mais il faut y donner feulement une légère couche
de couleurs avant que de riendefièigner 5 encore n'en met-on pas aux
pier-
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LIVRE TROISIEME.           299
pierres dont l'on veut que le fond paroiflê , comme font certains
marbres de couleurs extraordinaires.
Toutes les couleurs qu'on employé pour YxFraifque ■> font bon-
nes à Huile , excepté le blanc de Chaux , & la poudre de Marbre i
Mais on fe fert encore de celles qui fuivent.
Du Blanc de plomb , qui fe tire du plomb que l'on enterre : au
bout de pîufîeurs années du plomb mefme il fe forme des efcaillesqui
changent & deviennent un fort beau blanc. Quoy que ce blanc fub-
fïfte en peinture il a toujours une mauvaife qualité -x l'huile pour-
tant le corrige en le broyant fur la pierre.
De la Cerufe, qui efï auflî une rouille de plomb , mais plus grof-
fïere.
Du MaJJicot jaune & du Maffîcot blanc , que l'on fait avec du
plomb calciné.
De YOrp'm. Il s'employe fans calciner & calciné. Pour le calciner
on le met au feu dans une boëtede fer, ou dans un pot bien bouché*
mais peu de gens en calcinent, & en employent, parce que la fumée en
eft mortelle , & qu'il eft fort dangereux mefme de s'en fervir.
De la Mine de plomb, qui vient des mines de plomb. On s'en fèrt
peu, parce qu'elle eft mauvaife & ennemie des autres couleurs.
Du Cinabre ou Vermillon qui vient des mines de Vif-argent \ Com-
me c'eft un minerai , il ne fubfïfte pas à l'air.
De la Laque qui fè fait avec de la Cochenille, ou avec de la Bourre
d'Efcarlatte, ou du bois de Brefil, ou d'autres differens bois. On en
fait de pîufîeurs efpeces. Cette Couleur ne fubfïfte pas à l'air.
Des Cendres bleues , & des Cendres vertes : l'on ne s'en fèrt guè-
re qu'aux Païfàges.
L'on employé aum* de Y Inde , foit à faire des Ciels, fbit à faire des
Draperies. Quand il eft bien employé il fe conferve long-temps beau.
Il n'y faut pas mettre trop d'huile, mais le coucher un peu brun par-
ce qu'il fe décharge. L'on s'en fert à T>étrempe avec afïèz de fuc-
cez , eftant bon à faire des verts.
Du Stïl de grun. Il fe fait de graine d'Avignon qu'on fait trem-
per & bouillir, puis on y jette des Cendres de farment ou du blanc
de Craye pour donner corps comme à la Laque , & après cela l'on
pafîè le tout au travers d'un linge fort fin.
Du Noir de fumée , qui eft une mauvaife Couleur 3 mais facile â
peindre des Draperies noires.
Du Noir d'os & d'yvoire bruflé, dont Appelle trouva l'invention
félon Pline.
Pp 3                    Le
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3oo              DE LA PEINTURE,
Le Vert-de-gris eft la pefte de toutes les Couleurs , & capable de
perdre tout un Tableau, s'il en entrait la moindre partie dans l'Impri-
meure d'une toile : cependant il a une couleur fort belle & agréable,
Quelquefois on le calcine pour ofter (a malignité, & empefcher qu'il ne
meure; mais il eft dangereux à calciner auffî- bien que l'Orpin; &tout
purifié qu'il puifïè eftre, il ne faut l'employer que feul, car il gafteroit les
Couleurs avec lefquelîes on pourrait le méfier. On en ufe à caufe qu'il
feche beaucoup, & l'on en melle feulement un peu dans les noirs qui ne
fechent jamais feuls. ïl faut bien prendre garde à ne pas fe fèrvir de pin-
ceaux avec lefqueïs on ait peint du Vert-de-gris.
Il y a encore d'autres fortes de Couleurs compofées dont on ne
fe fert guère à huile.
 l'égard des Huiles , les meilleures qu'on puifïe employer font
celles de Noix & de Lin.
Pour faire couler les Couleurs, & retoucher plus aifément les Ta-
bleaux, l'on fe fert d'huile à'Afpic> qui faitemboire, & ofte leluifant
d'un Tableau. Elle eft propre auffi à enlever la craffë, & à nettoyer les
Tableaux -, mais il faut prendre garde qu'elle n'emporte la Couleur.
Elle eft faite de fleurs de Lavande.
Il y a une autre huile tirée de la Refine» que les Italiens appellent
Aqua di rafa , & nous Huile de Therebentine. Elle eft encore bon-
ne à retoucher les Tableaux, mais principalement à méfier avec l'Ou-
tremer & les Emaux, parce qu'elle fert à les étendre, & qu'elle s'évapo-
re auffi-toft. Lorfqu'on en veut ufer il n'eft pas necefïàire qu'il y ait dans
la Couleur beaucoup d'autre huile, qui ne fert qu'à la faire jaunir.
L'on employé encore des Huiles fecatives , pour faire que les au-
tres fechent plus prornptement. Il s'en fait de plufieurs fortes. Il y
en a qui n'eft compofée que à'Huile de noix qu'on fait bouillir avec
de la Lttarge d'or & un Oignon entier & pelé, qu'on retire après qu'il
a boùilly ; il fert à dëgraifïer l'huile & à la rendre plus claire.
On en fait encore d'une autre forte en faifant bouillir dans de Y Hui-
le de noix
de M Azur'en poudre, ou deYEmail. Quand le tout a boùil-
ly, on laifïê repofer l'huile, &on en prend le defïus. Elle fert à dé-
tremper le Blanc, & les autres Couleurs que l'on veut conferver les
plus propres.
Pour du Vernis il s'en fait auffi de diverfès manières, les uns avec
la Therebentine, & le Sandarac -, les autres avec YEfprit de vin , le
Majïic, & la Gomme laque, le Sandarac ou Y Ambre blanc. C'eft de
ce Vernis dont on fe fert pour mettre fur des Miniatures & des Ef-
tampes } on choifit les Gommes ks plus blanches.
Lorf-
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L I V R E T R O I S I E' ME.           3
Lorfqu'on veut avoir un Vernis qui feche promptement, on prend
feulement de la Therebentine dans une fiole, Se on y met autant à'Ef-
prit de vin y
puis remuant le tout enlemble , l'on en vernit auffi-toft
ce qu'on a befoin.
Les principaux Outils neceflaires aux Peintres font une Pierre à
broyer
avec fa Molette, VAmaffete, qui eft ordinairement un morceau
de corne fort mince avec lequel on amaflè 6r on ofte les couleurs de
deflùs la pierre lors qu'elles font bien broyées pour les mettre dans
des godets. Les pierres de Torphyre ou à'Efcaille de mer font les
meilleures. Un Couteau 5 une Palette , l'Appuy-main, ou Baguet-
te,
le Chevalet, les Pinceaux , un Pincelier , qui eft une boète de
fer blanc où l'on met de l'huile pour nettoyer les Pinceaux.
EXPLICATION DE LA PLANCHE LXII.
A
'Pierre à broyer.
G
'Palette.
B
Molette.
H
Pinceaux.
C
Amajjette,
I
Porte-Crayon*
D
Couteau.
K
Baguette.
E
Godet à Huile,
L
Chevalet.
F
Pincelier.
M
Toile graticulég.
Plan-
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§©*             DE LA PEINTURE:
CHA-
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LIVRE TROISIEME.
30S
CHAPITRE VIL
Des différentes manières de Colorier.
ON fe fert de peu de Couleurs, lorfqu'on veut faire un tableau
dont-toutes les Figures ne paroiflènt que d'une feule couleur,
comme ce qui s'appelle Clair-objcur, de l'Italien Chiaro-fcuro -t ou
bien quand on veut imiter les Bas-reliefs de marbre , de pierre ou
de bronze. L'on voit à Rome , mefme dans les rues , & contre
des maifons, plufieurs de ces fortes d'Ouvrages àFraifque de la main
dePolydore, & d'autres grands Peintres. Quand ces fortes de pein-
tures font d'un Jaune rougeaftre , elles fe nomment Cirage , parce
qu'elles imitent la cire.
Toutes ces manières de peindre ne paroiflènt fouvent que d'une
feule Couleur, où font obièrvez les Jours, & les Ombres. Les pe-
tits Tableaux que l'on fait pour imiter les Baflès-tailles , foit qu'ils fè
fafTent à Fraifque foit qu'ils foient à Détrempe ou à Huile , s'appel-
lent auffi quelquefois Camaïus , à caufe qu'ils reprefentent ces for-
tes de pierres.
Il y a encore une autre manière de peindre de Blanc & Noir :
mais qui ne fe fait qu'à Fraifque , Se qui fe conferve à l'air ; les Ita-
liens la nomment Sgraffitto, qui veut dire E/gratigné, parce qu'en ef-
fet ce n'eft proprement qu'un Deflèin efgratigné, qui fe fait de la maniè-
re que je vais dire. On détrempe du mortier de chaux & fable à l'ordinai-
re, auquel on donne une Couleur noiraftre, en y méfiant de la paille
bruflée. De ce mortier on fait un enduit bien uny, que l'on couvre d'u-
ne couche de blanc de Chaux, ou d'un enduit bien blanc & bien poly :
après cela on ponce les Cartons defTus pour defîèigner ce que l'on veut,
&le graver enfuite avec un fer pointu, lequel découvrant l'Enduit oit
Blanc de chaux , qui cache le premier Enduit compofé de Noir, fait
que l'ouvrage paroift comme deflHgné à la plume & avec du noir.
Lorfqu'il eft achevé on pafîè fur tout le blanc qui fert de fond une teinte
d'eau un peu obfcure, pour détacher davantage les Figures , & faire
qu'elles paroiflènt comme celles qu'on lave fur du papier. Mais fi
l'on ne reprefente que quelques Grotefques ou Feuillages, on fe con-
tente d'ombrer feulement un peu le fond avec cette eau , auprès des
contours qui doivent porter ombre,
Qcj                          Par-
-ocr page 329-
3o4.              DE LA PEINTURE,
Parce qu'il n'y a rien qui convienne mieux enfemble que la Scul-
pture 8c la Peinture, non feulement on orne les lieux de Tableaux ,
de Statues, & de Bas-reliefs , mais encore on méfie quelquefois la
Sculpture avec la Peinture. Cela fe fait d'ordinaire pour des Grotes-
ques , dont une partie fera de relief, fait de Stuc , & l'autre de di-
verfes Couleurs , ou Amplement de Blanc & de Noir, Car comme
la Grotefque eft unereprefentation licentieufe, Scdans laquelle l'Ou-
vrier prend toute forte de liberté , on en voit de toutes les façons ,
foit de Relief, foit de Peinture à Fraifque & à huile. Les Anciens
en compofoient une grande partie de leurs Ornemens, comme l'on
voit encore dans quelques reftes qui font à Rome , & à Touzzuoh
prés de Naples.
CHAPITRE VIII.
<De la Miniature.
PO u r ceux qui travaillent de Miniature & fur le veflin, îescouv
leurs qui ont le moins de corps font les meilleures , & les plus
commodes ; ainfiils fe fervent avantageufementdeCâr»mz, de belles
Laques, &de Verts que l'on fait de jus d'herbes, &de plufïeurs for-
tes de fleurs. Ce travail dans la Peinture eft le plus long de tous , & ne
fe fait qu'avecla pointe du pinceau. Il y a des Peintres qui n'employent
point de blanc, & qui pour rehaufîèr font fervir le fond du veflin. Les
Clairs paroifTent à mefure que l'on donne de la couleur & de la for-
ce aux figures. D'autres avant que de travailler eftendent fortlégère-
ment fur le veflin une couche de blanc de plomb bien lavé & bien pur-
gé , qu'ils épargnent enfuite en pointillant, car c'eft ainfi qu'on peint en
Miniature. Lorfqu'on couche les couleurs à plat fans les pointiller ,
foit fur le veflin, foit fur le papier ; on appelle cela laver. Les couleurs
fe détrempent avec de l'eau de Gomme arabique ou de Gomme adr&~
gant.
On travaille suffi avec des couleurs claires fur des étoffes de fbye, &
d'argent, comme on voitdesTapifîëriesduRoy , & d'autres qui font
à l'HofleldeCondé, du deflêin de Nicolo. Mais l'on n'a rien fait de
mieux fur les étoffes que ce que l'on fait aujourd'huy pou* fa Majefté.
CHA-
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LIVRE TROISIEME.           §©y
CHAPITRE IX.
'De la Teinture fur le Verre.
L'On peint à huile furie Verre comme l'on fait fur îesjafpes, &
les autres pierres fines : mais la plus belle manière d'y travailler,
eft de peindre fous le Verre : c'eft-à-dire qu'on voye les couleurs au tra-
vers du Verre. Pour cela on garde une conduite dans le travail toute
contraire à celle qu'on pratique d'ordinaire, car il faut coucher d'abard
les Rehauts, & les couleurs, que l'on met ordinairement les dernières,
quand on peint fur une toile ou fur du bois j & celles qui fervent de fond
Scd'Esùaucfoes fe couchent fur toutes les autres.
On peint encore fur le Verre de cette mefme manière avec de*
Couleurs à gomme ou à colle , qui paroifîent avec plus d'éclat qu'à
huile. Quand l'Ouvrage eft fini , foit à huile , foit à détrempe *
l'on couvre toutes les Couleurs avec des feuilles d'argent , ce qui
donne un plus grand éclat à celles qui font tranfparentes, comme
font les Laques & les Verts.
Il y a la manière de peindre le Verre au feu pour faire les Vitres»
dont il a efté parlé au Chapitre de la Vitrerie.
CHAPITRE X.
*De la Teinture en Efmail.
IL y a encore une autre forte de Peinture qui le fait fur les Métaux éfc
fur la Terre, avec des Emaux recuits Se fondus. L'ufàge d'émailler
fur la Terre, eft fort ancien, puifque du temps de Porfènna Roy des
Tofcans, on faifoit dans fes Eftats des Vafes émaillez de différentes fi-
gures, mais qui n'eftoient pourtant pas comparables à ce qu'on a fait de-
puis à Fayence & à Cartel-Durante, dans le Duché d'Urbin , du temps
de Raphaël 8c de Michel-Ange. Lson voitpluiieursde ces Vafèsdont le
Deffèin des Figures qui les ornent, eft plusconfîderable que le ColoriSî
parce qu'on n'avoit pas encore trouvé le fecret dsy peindre des Figu-
res de diverfes couleurs, non plus que fur les métaux, dont on faiîbit
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$o<S               DE LA PEINTURE^
alors des vafès, des baflms, & d'autres ouvrages, qui ne font que de
blanc & noir, fi ce n'eft quelque légère teinte de carnation au vifage,
& aux autres parties du corps , comme on voit dans ceux qui s'appel-
lent Emaux de Limoges , dont on faiibit néanmoins de très-belles pie-
ces en France du temps de François I. pour ce qui eft du Deflein, Se du
Clair-obfcur -, Car pour les autres Couleurs, ce qu'on émailloit mefme
fur l'or, n'eft pas mieux que fur le cuivre.
En ce temps-là tous les Ouvrages d'Email, tant fur l'or qiue fur l'ar-
gent &fur le cuivre , n'eftoient ordinairement que d'Emaux clairs &
tranfparens. Et quand on employoit des Emaux épais ou couchoit
feulement chaque Couleur à plat & feparément, comme l'on fait en-
core quelquefois pour émailler certaines pièces de relief. Mais on n'à-
voitpas trouvé la manière de peindre comme l'on fait aujourd'huy avec
des Emaux épais & opaques, ny le fecret d'en compofer toutes les Coup-
leurs dont l'on fe fert à prefènt.
Pour employer les Emaux clairs on les broyé feulement avec de Peau»
car ils ne peuvent pas fouffrir l'huile comme les Emaux épais. On les
couche à plat, bordez du metail fur lequel on les met On fait quel-
quefois des Ouvrages qui font tout en champ d'Email, Sclans bordé-
ment
, ce qui eft allez difficile, à caufe que les Emaux clairs en fe par-
fondant
fe méfient enlèmble, &que les couleurs fè confondent, prin*
cipalement lorfque les pièces font petites. Il fe voit encore quelques
morceaux de cette forte de travail faits du temps de Charles IX. &de
Henry II. qui font d'une moyenne grandeur ; Mais l'Ouvrage le plus
petit & le plus achevé qu'on ait fait en ce genre de peinture eft un de£-
fusdeboëterondquej'ay vu de la façon de Pierre Charrier de Blois,
où il a peint une guirlande de fleurs.
Toutes fortes d'Emaux ne peuvent pas s'employer indifféremment
fur toutes fortes de métaux. Lecuivrequi reçoit tous les Emaux épais
ne peut fouffrir ceux qui font clairs & tranfparens. Quand on veut
mettre un émail clair fur du cuivre , il faut premièrement mettre une
couche de Verre ou d'Email noir, fur lequel on met une feuille d'argent,
qui reçoit les Emaux qu'on y applique enfuite } c*eft-à-dire pour-
tant ceux qui font propres pour l'argent , fur lequel toutes fortes
d'Emaux tant clairs qu'opaques, ne s'accommodent pas bien -, Il n'y
a des Clairs que Y Aiguë marine ^MAzur, le Vert, & le Tourpre qui
faflent un bel effet. Mais l'or reçoit parfaitement tous les Emaux
opaques & clairs * Il eft vray que le Pourpre clair , ne fait pas un
fi bel effet fur l'or que fur l'argent 3 à caulè de la couleur jaune qui
altère la couleur de Pourpre.
Il
-ocr page 332-
LIVRE TROISIEME.           307
Il faut aufîi employer de For le plus fin , car. les Emaux clairs mis
fof un bas or plombent & deviennent louches , c'eft-à-dire qu'il y a
un certain noir comme une fumée qui obfcurcit la couleur de l'E-
mail , ofte de fa vivacité , & la bordoie , fe rangeant tout autour
comme fi c*eftait du plomb noir.
L'Email rouge pour eftre de bon ufage doit eftre très-dur, 5c
( comme parlent les Ouvriers ) malaisé à brufler. Celuy qui efi:
tendre & qui fe brufle facilement n'eft pas de bon ufàge , il devient
fale & comme cendreux.
Il faut aufîi remarquer que des autres Emaux clairs, il yen a de plus
durs les uns que les autres. Les plus durs font les meilleurs, &parmy
les durs il y en a encore de meilleurs -, car il s'en trouve qui perdent leur
couleur dans le feu, & qui ont plus ou moins de vivacité.
Les rouges ne font rouges que par accident, & ne fortent jamais du
feu que jaunes & non rouges quand ils font appliquez fur l'or -, mais
quand en les retirant du feu , on les tourne à l'entrée du fourneau,
ils prennent une couleur rouge y & c'eft alors que les Ouvriers di»
iènt qu'ils les rougijjent en les colorifant.
Les beaux rouges clairs fe font avec du cuivre calciné , de la
rouille d'ancre de fer , de l'orpiment , de l'or calciné que l'on pré-
pare , & que l'on met avec proportion dans le Fondant qui fè fait
avec du criflal , ou du caillou , ou de l'agathe , ou de la calcédoi-
ne , du fable , & de la foude ou fel de verre, le tout avec les pro-
portions requifes , dont je ne parleray point icy , parce que cela
concerne la manière de faire les Emaux , & l'an de la Verrerie qui
embrafïê plufîeurs chofès , qui ne regardent point le prefent Traité,
où il n'eft queftion que de peindre & de préparer les Couleurs en
Email, & non pas de la corapofïnon des matières.
Quand au travail qui fè fait avec les Emaux épais & opaques ,
c'eft à ces derniers temps & aux François qu'on a l'obligation de
ces beaux Ouvrages qu'on voit aujourd'huy fur l'or , où l'on fait des
Portraits auffi bien peints qu'à huile , & mefme des compofitions
d'Hiftoires, qui ont cet avantage d'avoir un Vernis èc un éclat qui
ne s'efface jamais.
Avant l'an 1630. ces fortes d'Ouvrages eftoient encore inconnus r
car ce ne fut que deux ans après, que Jean Toutin Orfèvre de Chafteau-
dun qui émailloit parfaitement bien avec les Emaux ordinaires & tranf-
parens, &qui avoir pour Difciple un nommé Gribeliny s'eftant mis à
rechercher le moyen d'employer des Emaux qui fifïènt desCouleurs ma-
tes pour faire diverfes teintes, kparfondre au feu , & conferver une
Q q 3                      me&
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3o8              DE LA PEINTURE,
mefmc égalité & un mefme luftre * en trouva enfin le fecret } qu'il
communiqua à d'autres Ouvriers , qui tous contribuèrent enfuite à
le perfectionner de plus en plus.
Dubié Orfèvre, qui travaiîloit dans les Galleries du Louvre fut des
premiers. Morliere natif d'Orléans, mais qui demeuroit à Blois, le
luivit de prés ; s'eftant appliqué particulièrement à peindre en Email
fur des bagues Ôc fur des boëtes de monftres , il £è mit en grand crédit.
Morliere eut pour difciple Robert Vauquer de Bloisj qui a furpafle tous
les autres a biendefîèigner&à donner de belles couleurs : Il mourut
en 1670. Pierre Chartier de Blois dont j'ay parlé, fe mit à faire des
fleurs à quoy il reùflït parfaitement : Et l'on vitaufïï-tofrplufieursper-
fonnes dans Paris s'attacher à cette manière de peindre , dont l'on fit
quantité de médailles & d'autres petits Ouvrages. On commença mef-
me à faire des Portraits Emaillez, au lieu de ceux qu'on faifoit de Minia-
ture. Les premiers qui parurent les plus achevez, & déplus vives Cou-
leurs , furent ceux que Jean Petitot, & Jacques Bordier apportèrent
d'Angleterre -, Ce qui donna auffi envie à Louis Hance, &à Loùisdu
Guernier excellens Peintres de Miniature d'en faire quelques-uns , à.
quoy ce dernier s'appliqua avec tant d'amour & de foin, qu'ilyreùfîit
parfaitement, & d'autant plus qu'il eftoit celuy de tous les Peintres en
Miniature qui defîèignoit le mieux un Portrait, & donnoit le plus de ref-
femblance. Il chercha mefme, & trouva diverfès teintes, pour la beau-
té des carnations, que l'on n'avoit point encore découvertes i &s'il eût
vécu davantage, il auroitpeut-eftre eu la gloire d'avoir mis cette forte
de travail dans fa dernière perfection.
Cependant ceux que l'on fait aujourd'huy font fi beaux , que fî
les anciens pouvoient en avoir connoifiance, ils auraient quelque ja-
ioufie , de nous en voir les Inventeurs , eux qui ont trouvé tant de
chofes, & qui ne nous ont prelque rien laiffé à chercher de nouveau
dans les Arts.
Ce travail poureftre dans fa perfection, fè doit faire fur des plaques
d'Or, parce que les autres métaux n'ont pas tant de pureté ; le cuivre s'é-
caille & jette des vapeurs, & l'argent jaunit les blancs. Car bien que l'E-
mail s'attache fur. le cuivre rouge, ce n'eft toutefois qu'imparfaitement,
eftant aifé à fe fendre & à fe cafter : Et outre que les couleurs s'y tour-
mentent, elles perdent mefme de leur force &de leur éclat,à caufe (com-
me je viens de dire ) de l'impureté quife trouve dans le cuivre.
Ces plaques d'Or doivent eftre embouties, c'eft-à-dire -, un peu creu-
fes d'un coifté & relevées de l'autre s c'eft pourquoy on leur donne pref-
que à toutes une figure ronde ou ovale j parce que ïî elles étoient pla-
ces,
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LIVRE TROISIEME.            209
tes, l'Or fe tourmenterait au feu, & feroit éclatterrEmail. Ilnefautpas
aufîï qu'elles foient trop épaiflès , c'eft afïèz qu'elles puiflènt foûtenir
l'Email, qu'on met deflus, &deflbus. On les fortifie feulement tout
autour par un cercle qui a plus d'épaiflèur.
Lorfque la plaque eft forgée bien égale par tout, on y applique defïùs
& defïous un Email blanc , quoy qu'on ne doive travailler qu'un des
coftez -, s'il n'y avoit de l'Email que d'un cofté , il pourrait s'enfler
au feu, & faire des inégalitez, a caufe qu'il fè tourmente toujours ,
principalement dans les grandes pièces , ou lorfqu'il n'a pas efté ap^
pliqué proprement ilfe fait des petits bouillons, que les Ouvriers nom-
ment de petits œillets > Mais quand il y a de l'Email de part & d'au-
tre, le cofté de deflus en eftant plus chargé fe tient en eftat, & l'E-
mail pouffé également deflus & deflbus -, ainfi cette première couche
qui eft blanche demeurant égale & unie , fert de champ à toutes les
autres couleurs que l'on y met enfuite.
1/'Email blanc eft une chofe aflèz commune & dont tous les Or-
fèvres le fervent. Lorfqu'il eft bien broyé & purgé avec de l'eau for-
te, & enfuite bien lavé dans de l'eau claire,on lebroyedans un mortier
de Caillou , de Calcédoine ou d'Agathe , autant qu'il eft neceflàire
pour le détremper Amplement avec l'eau , & le mettre au feu j
ce que font les Orfèvres qui préparent d'ordinaire ces fortes de pla-
ques pour tous ceux qui travaillent en Email.
C'eft donc fur une plaque d'Or émaillée de blanc qu'il faut calquer le
deflein de ce qu'on veut peindre, & enfuite l'on defleigne bien nette-
ment tout fbn fujet avec du rouge-brun. Ce Rouge fe fait des fèces du
Vitriol & du Salpêtre, c'eft-à-dire des parties les plus groffieres qui
reftent dans la cornue après que l'on a tiré l'eau forte ; ou bien avec
de la rouille de fer. 11 faut les bien broyer fur un Caillou ou fur une
Agathe avec de la meilleure huile d'Afpic. Le Traie! eftant bien ar-
refté & correct l'on parfond le Tableau en le mettant au feu , & en-
fuite on le peint de couleurs qui fè font comme il fera dit cy-après.
Le Noir eft fait avec du Perigueux qu'il faut calciner & bien broyer
comme toutes les autres couleurs toujours avec de l'huile d'Afpic»
ajoutant avec le meîme Perigueux une pareille quantité d'Email noir
dont fe fervent les Orfèvres, plus ou moins , félon la volonté de
ceux qui travaillent,
Le Jaune fè prend auflî chez les Orfèvres, ils l'appellent Jau-
ne épais.
Le Bleu fe fait avec l'Email d'azur dont fe fervent les Peintres.
Il faut purger & préparer cet Email en le mettant dans une bouteille de
ver-
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3îo              DE LA PEINTURE,
verre avec de bonne eau-de-vie , la bien boucher & l'expofèr au
Soleil pendant cinq ou fix jours & l'agiter deux ou trois fois par
jour , parce que toute l'impureté de l'Email fe précipitera au fond»
& ce qui furnagera demeurera très-beau , & mefme les Peintres s'en
peuvent fervir dans leurs Tableaux. Enfuite il faut le broyer fur un
Caillou ou Agathe.
Quand l'on veut avoir un azur très-beau l'on prend du Safreque
Ton broyé , puis on y melle environ le tiers de rocaille , ou pluftoft
du criftal tres-pur , l'on met ce meflange entre deux creufets bien
luttez , & quand ce lut eft fèc > il faut les mettre dans un fourneau
de Verrerie , & les y laiflèr ving-quatre heures, après quoy les
ayant retirez Se laide refroidir , l'on a un très-beau Bleu qu'il faut
broyer comme les autres couleurs.
Le Rouge qui reprefente à peu prés le vermillon, eft fait avec du vi-
triol, qu'on calcine entre deux creufets luttez. Il ne luy faut qu'un feu
médiocre d'environ une heure j enfuite il le faut paflèr à Y eau forte j & le
bien laver avec de l'eau claire Scie broyer comme l'onaditcy-defTus.
Le Rouge qui reprefente la couleur de la Laque dont les Peintres fè
fervent, eft compoféd'Or fin que l'on fait diflbudre dans de l'eau rega-
le; c'eft de l'eau forte dans laquelle l'on ajoute du felarmoniac, ou du
fel commun defïèché fur la pelle : fur un gros d'Or fin qu'on aura forgé
tres-foible coupé par petits morceaux, Semis dans un matras, l'on ver-
fera defius huit gros de bonne eau regale. La difîblution eftant faite
l'on met le tout dans une cucurbite, où il y a une pinte d'eau de fontai-
ne, & fix gros ou environ de Mercure. On met la cucurbite fur le fable
chau d durant vingt- quatre heures, après lequel temps on trouv e l'Or en
poudre légère, d'un rouge tanné au fond du vaiflèau. L'eau qui fumage
doit eftreverfée par inclination dans uneécuellede terre verniftée afin
d'avoir la poudre qui eft au fond, que l'on fait fecher à chaleur lente , Se
parce qu'il y aura encore quelque peu de Mercure : l'on prefïè le tout
dans un linge ou morceau de chamois pour faire fbrtir le refte du Mer-
cure , Scpuis on broyé la poudre d'Or avec le double de fon poids de
fleur de foufre. Après cela on met ce meflange dans un creufet fur un
petit feu, où le foufre s'embrafe& s'exhale \ il refte une poudre un peu
rouge que l'on broyé fi l'on veut avec de la rocaille pour s'en fervir.
Il y a encore d'autres manières de le vitrifier félon l'intelligence de
l'Ouvrier car chacun a fa manière Se fon fecret pour la compofition
de ces fortes de couleurs.
LaCouperofe blanche calcinée, fait une couleur à peu prés com-
me la terre d'ombre.
Dans
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LIVRE TROISIEME.            311
Dans les couleurs qui ne font pas d'Email, afin de les vitrifier, il faut
y mettre de la Rocaille, aux unes plus & aux autres moins, félon lebe-
foin qu'elles en ont. Ce qui fe connoift en les eflayant au feu fur
quelque petite plaque émaillée de blanc , que l'on a toujours prefte
pour cela. Par ce moyen on peut réduire toutes les Couleurs à mefme
degré de dureté pour le feu. Cette Rocaille dont nous parlons n'eft
autre chofe que les grains que font les Patenôtriers Se dont j'ay parlé
cy-deflùs au fujet de l'appreft pour les Vitres ; on choifit les plus clairs
& ceux qui font les moins chargez de couleur. Mais les bons Ou-
vriers au lieu de Rocaille font des fondans eux-mefmes qui font plus
purs & plus beaux , parce que dans la Rocaille il y a trop de plomb
qui n'eft pas affèz purifié.
Le fond blanc fur lequel on peint fert de blanc pour toutes les cou-
leurs, car dés que l'on commence à travailler jufqu'à la fin, il faut l'épar-
gner aux endroits où doivent eftre les rehauts & les éclats de lumière de
mefme que dans la Miniature. Il y a néanmoins un blanc dont on peut
fe fervir pour relever fur les autres couleurs : Il eft compofé d'eftain
calciné avec lequel, pour le rendre fondant, on met de la Rocaille,
ou du Verre fort blanc & fort tranfparent.
Les Couleurs que je viens de nommer font la bafe, ou pluftoft la ma-
tière dont font compofëes toutes les autres quis'employent à peindre en
Email ,• car il n'y a qu'à les méfier enfèmble pour faire diveries teintes,
de mefme que font lesPeintres fur leurs palettes. Le Bleu & le Jau-
ne méfiez font le Vert % le Bleu & le Rouge font le Violet, & ain-
û des autres.
Comme les Peintres retouchent diverfes fois leurs Tableaux à
huile , les laiflant fecher , auflî cette forte de Peinture fe retouche
tant que l'on veut, mettant à chaque fois le Tableau au feu de ré-
verbère j obfervant de le retirer du feu fi-toft qu'on voit que l'Email
a pris fbn poliment.
Le feu de réverbère fe fait dans un petit Fourneau , où il y a du
feu deflus & tout à l'entour, & un vuide au milieu , pour y mettre
ce que l'on veut par fondre. Ou bien l'on fe fert d'une Moufle d'Or^
févre, qui eft un petit arc de terre , delà mefme matière que les
creufets : on la met dans une terrine & on la couvre deflus & tout à
l'entour de bon charbon allumé -, fous cette moufle l'on met fbn ta-
bleau & fes efîàis fur une petite plaque de fer.
Parce qu'on ne peint plus guère àprefentfur le cuivre avec de l'E-
mail , comme font les Ouvrages qu'on appelle de Limoge , il y en a
qui croyent que c'eft un fecret que nous n'avons plus •■> & qu'on ne
Rr                            peut
-ocr page 337-
3i2              DE LA PEINTURE,
peut pas aujourd'huy peindre des Figures blanches fur un fond noir,
comme l'on faiibit en ce temps-là. Ce qui n'eft pas vray , puifqu'on
fçait que le noir dont ils faifoient le fond de leurs Tableaux n'eft que
du verre noir dont font faites les Sarbacanes -, & que le blanc des Fi-
gures eft le mefme qui fert aujourd'huy de champ pour les ouvrages
qu'on émaille fur l'Or, que les Orfèvres accommodent fur des plaques*
comme j'ay dit ; mais que l'on attendrit quand on veut s'en fervir à pein-
dre. Henry Toutin, fils deJeanToutin dont j'ay parlé , après la mort
du feu Roy Louis XIII. fit pour la Reyne Régente une boè'te de montre
d'Or émailîée de Figures blanches fur un fond noir , beaucoup plus
belle que tout ce que l'on voit fur le cuivre qui n'eft pas capable de
fouffrir le feu comme fait l'Or, avec lequel il a trouvé moyen depuis
ce temps-là de faire les plus grands Ouvrages qu'on ait encore veus.
Car fur une plaque d'or de fix pouces de long, il a reprefenté d'a-
près ce beau Tableau qui eft dans le cabinet du Roy , les Reynes
dePerfe qui font aux pieds d'Alexandre, avec toute leur fuitte -, mais
outre qu'il a fi bien obfervé les couleurs , les airs de teftes, & toutes
les belles expreffions qui font dans l'Original, qu'on ne peut rien de-
firer davantage. C'eft qu'il y a un fi hzm poliment & un fi beauluf-
tre dans tout fon ouvrage , qu'il eft bien difficile de mettre l'Email à
une plus haute perfection.
Ce travail fè fait comme j'ay dit avec la pointe du pinceau , & de
mefme que la Miniature, excepté qu'on fe fert d'huile d'afpic au lieu
d*eau & de gomme.
CHAPITRE XI.
'De la. Mofatque.
CO m m e l'efprit de l'homme n'eft jamais content, & qu'il n'a pas
pluftoft découvert quelque nouveau fecret , qu'il en cherche
un autre , lors qu'on eut trouvé l'invention de la Peinture, & fceule
véritable moyen de bien reprefenter avec le Pinceau & les Couleurs
tous les objets qui font dans la Nature , on eflaya encore une autre
façon de peindre plus folide & plus durable.
Ayant veu que les difterens Marbres dont on fè fervoit pour paver les
logis faifoient un afîèz bel effet lorfqu'ils eftoient difpofez avec quelque
diverfité, & farjnoient quelque forte de Figure, les Ouvriers s'avi-
fcrent
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LIVRE T R O I S ï E' M F,            313
ferent d'en choilir de toutes les couleurs , & de ne prendre que les
plus petits morceaux , dont ils firent d'abord des Compartimens ,
qui par leur bizarrerie & leur variété avoient quelque choie d'agrea-
bie. Ils donnèrent à ces fortes d'Ouvrages le nom de Mofaïque , ou
Mufaique. Ils appliquoient ces petites pièces fur un fond de Stuc,
fait avec la chaux & la poudre de marbre , afïèz fort & afïez épais
pour les joindre fi bien enfèmble j que le tout eftant fèc on pufl: les
unir & les polir. Il s'en faifoit un corps fi luifant qu'il n'y avoitrien
de plus agréable , ny mefme de plus folide ; car bien qu'on marchât
continuellement deiïus , & qu'il y tombait de l'eau , ce travail n'en
recevoit aucun dommage.
Une fi belle Invention donna envie aux Peintres de faire quelque cho-
fe déplus confiderable, & comme les Arts fe perfectionnent bien-toft
îorfqu'une fois on en a fait la première découverte, ils formèrent de tou-
tes ces fortes de petites pierres, des rinceaux, des feuilles, des mafques,
& d'autres figures bizarres de diverfes couleurs, qu'ils faifoient paroiftre
fur un fond de marbre blanc , ou noir. Enfin ayant connu le bel effet
que cela faifoit fur le pavé & comme ilrefiftoitàl'eau, iîscreurentque
s'ils reprefentoient de la mefme manière des chofes qui fufiènt veuës de
loin & de face, elles paroiftroient encore davantage. Us entreprirent
donc d'en reveftir des murailles, & de faire diverfes figures , dont ils
ornèrent les Temples , & pîufieurs autres Edifices. De forte que ce
travail qui d'abord nefe faifoit qu'avec des pierres naturelles, donna lieu
aux Ouvriers, de contre-faire des pierres de diverfes couleurs, afin d'a-
voir plus de teintes, qui imitafïent mieux la Peinture, ce qu'ils rencon-
trèrent par le moyen du Verre & des Emaux dont ils firent une infinité
de petits morceaux, de toutes fortes de grolîèurs, & coloriez de diver-
fes manières, lefqueîs ayant un luifant & un poly admirable, font de loin
l'effet qu'on peut defirer, ôcrefiftent comme le marbre mefme à toutes
les injures de l'air. C'eft en cela que ce travail furpafTe toute forte de
peinture que le temps efface & confomme, lorfqu'au contraire il embel-
lit la Mofaïque qui fubfifte fi long-temps, qu'on peut dire que fa durée
n'a prefque point de fin.
Outre les anciens Ouvrages que l'on voit encore en pîufieurs endroits
d'Italie, comme à Rome dans le Temple de Bacchus, que l'on nomme
aujourd'huyl'Eglifedefainte Agnes s àPife , à Florence, & en quan-
tité d'autres villes ; il y en a aufli de modernes, qui font un tres-bel ef-
fet. Un des plus confiderabies eft ce grand Tableau, qui eft à Rome dans
l'Egîife de faint Pierre , qu'on nomme laNavedelGiotto , où nôtre
Seigneur & faint Pierre font reprefentez fur les eaux. Mais ceux que
Rr %                       Jo-
-ocr page 339-
3i4               DE LA PEINTURE,
Jofeph Pin & le Cavalier Lanfrane ont faits dans la mefme Eglife, font
encore d'une plus grande beauté. Il y en a aufïï à Venife qui font
faits d'après les defleins de plufieurs excellens Peintres modernes.
Pour l'exécution de ces fortes d'Ouvrages , l'on commence par les
petites pièces de Verre , dont l'on fait autant de différentes couleurs
qu'il eftpoflîble. Pour cela quand les fourneaux des Verriers fontdif-
pofez , & que leurs pots ou creufèts font pleins de la matière , qui fait le
verre, ©u pîuftoft du verre déjà fait, on met dans chaque creufèt la Cou-
leur qu'on veut, commençant toujours par les plus clairs, & augmentant
la force des teintes de creufèt en creufèt, jufqu'à ce qu'on fbit à la plus
brune s & à la plus enfoncée, comme lorfqu'on méfie les Couleurs fur la
palette, pour peindre en huile. Quand le verre eft cuit, & que toutes
les Couleurs font dans leur perfection, l'on prend avec de grandes cuil-
lers de fer le verre tout chaud, que l'on met fur un marbre bien uny,&
avec un autre marbre pareil, l'on écache&applatit le verre, que l'on
coupe aufîi-toft par morceaux de grandeurs égales, & de Fépaiffeur de
feize ou dix-huit lignes. L'on en fait enfuite d'autres avec un inflrument
de fer, que les Italiens appellent bocca di cane, lefquels font quarrez, &
d'autres encore qui font de différentes figures , & de moindres grof-
feurs, félon qu'on en a befoin , dont on emplit des boëtes qu'on dif-
pofe par ordre, comme lorfqu'on veut peindre àFraifque, on arrange
toutes les différentes teintes ou nuances dans des efcuelles ou godets
félon leur couleur.
Si l'on veut qu'il y ait de l'Or, foit dans le fond du tableau, foitdans
les ornemens ou dans les draperies, on prend de ces morceaux de verre
faits & taillez comme j'ay dit, lefquels on mouille d'un cofté avec de
l'eau de Gomme, puis on y met une feuille d'or defl us. Enfuite on pofe
ce morceau de verre, ou plufieurs à la fois fur une pelle de fer, qu'on
met à l'entrée du fourneau, après néanmoins les avoir couverts de quel-
que autre morceau de verre creux, ou en forme de bocal. On laifîè ain-
fi la pelle à l'entrée du fourneau, jufqu'à ce que les morceaux de verre
où l'Or eft appliqué foient devenus tout rouges, après quoy on les reti-
retout d'un coup, & l'Or demeure fi bienappliquédefïus,qu'ilnepeut
plus s'en détacher, en quelque lieu qu'on l'expofe.
Pour employer toutes ces différentes pièces , & en compofèr une
Peinture, on fait d'abord un Carton, ou Defïein que l'on calque contre
l'enduit peu à peu, & par parties de mefme que quand on peint à Fraif-
que. Comme cet enduit doit eftre mis efpais contre la muraille, il de-
meure long-temps frais, & l'on peut en préparer pour trois ou quatre
jours, félon néanmoins la faifon. Il eft compofé de chaux faite de
-ocr page 340-
LIVRE TROISIEME.            31?
pierre dure , de tuile ou tuilleau bien battu, & faffë, de gomme
adragant &c de blancs d'oeufs. Lorfqu'il eft ainfi préparé & appliqué
contre le mur, on le mouille avec des linges pour le tenir frais -, Et après
quefuivant les Cartons, on adefleigné ce qu'on veut reprefenter, on
prend avec des pincettes les petits morceaux de verre qu'on arrange, les
uns auprès des autres, pour obferver les lumières, les ombres & tou-
tes les différentes teintes, demefme qu'elles (bntreprelentées dans le
Defîèin qu'on a devant foy. Ainfi avec le temps, 8c la patience on ache-
vé fon Ouvrage, qui paroift d'autant plus beau que les pièces font bien
égales & pofées de mefme hauteur. Il s'en trouve de fi bien exécu-
tez qu'ils paroiflent unis comme une table de marbre , & auffi finis
que de la peinture à Fraifque , mais qui ont cela de plus qu'ils ont
un beau luifant Se qu'ils s'endurcifient fi fort, comme j'ay dit, qu'on
n*en voit jamais la fin.
CHAPITRE XIL                            \
Autre manière de travailler de Tterres de Rapport.
OUtre cette manière de faire la Mofaïque avec de petites pie-
ces de pierres, de Verre, ou d'Email, dont les Anciens le font
fervis 5 nos Ouvriers modernes en pratiquent encore une autre, avec
des pierres naturelles , pour reprefenter des animaux, des fruits,des
fleurs , & généralement toutes fortes de figures , comme fi elles ef-
toient peintes. Il fe voit de ces fortes d'Ouvrages de toutes les gran-
deurs , où des Peintres mefme ont reprefenté des hiftoires entières ,
pour conferver davantage par la durée de la matière la beauté & l'excel-
lence de leurs defïèins. Un des plus confiderables & des plus grands,
eft ce beau pavé de l'Eglife Cathédrale de Sienne, où l'on voit repre-
fenté le facrifice d'Abraham. Il fut commencé par un Peintre nommé
'Duccio, & enfuite achevé par 'Domenique Beccafumi»il eft compofé de
trois fortes de marbres, l'un tres-blanc, l'autre d'un gris un peu obfcur,
& le troifiéme noir. Ces trois differens marbres font fi bien taillez &
joints enfemble , qu'ils reprefèntent comme un grand Tableau peint
denoir Se blanc. Le premier marbre fert pour les rehautsSc les fortes
lumières , le fécond pour les demy-teintes , & le troifiéme pour les
ombres. Il y a des traits Sz des hacheures remplis de marbre noir ou
Rr 3                     de
-ocr page 341-
jitf              DE LA PEINTURE,
de maftic » qui joignent les ombres avec les demy teintes. Car
pour faire de ces fortes d'Ouvrages on afïèmble lesdifferens marbres
les uns auprès des autres , félon le defTein que l'on a , & quand ils
font joints & bien cimentez -, le mefme Peintre qui a difpofé le Sujet,
prend du noir , & avec un pinceau marque les contours des figures,
& obfèrve par des traits & des hacheures , les jours & les ombres
de la mefme manière , que s'il defTeignoit fur du papier ou fur delà
carte. Enfuite le Sculpteur grave avec un cizeau tous les traits que
le Peintre a tracez , après quoy l'on remplit tout ce que le cizeau
a gravé , d'un autre marbre , ou d'un maftic compofé de poix noi-
re s & d'autre poix qu'on fait bouillir avec du noir de terre. Quand
ce maftic eft refroidy , & qu'il a pris corps , on pafle un morceau
de grais , ou une brique par deffus , & le frottant avec de l'eau Se
du grais , ou du ciment pile , on ofte ce qu'il y a de fuperflu, & l'on
le rend égal au marbre. C'eft de cette manière que l'on pave plu-
fieurs endroits en Italie, & qu'avec deux ou trois fortes de marbres,
on a trouvé l'art d'embellir de différentes figures , les pavez des Egli-
fes & des Palais.
Mais les Ouvriers dans cet art , ont encore paffé plus avant, car
comme vers l'année 156$. le Duc Cofme de Medicis , eut décou-
vert dans les montagnes de Tieîra fan£fa, un endroit dont le def-
fus eftoit de marbre tres-blanc , & propre pour faire des Statues ,
l'on rencontra au deflbus un autre marbre méfié de rouge & de jau-
ne , & à mefure qu'on alloit plus avant, on trouvoit une variété de
marbre de toutes fortes de couleurs , qui eftoient d'autant plus durs
Scplus beaux, qu'ils eftoient plus cachez dans Fefpaifïèurde la mon-
tagne. C'eft de ces fortes de marbres , que les Ducs de Florence
ont depuis ce temps-là fait enrichir leurs Chapelles, & qu'enfuite
l'on a fait des Tables & des Cabinets de pièces de rapport, où l'on voit
des fleurs , des fruits , des oifeaux , 6c mille autres chofes admirable-
ment bien reprefentées. On a mefme fait avec ces mefmes pierres
des Tableaux qui femblent eftre de Peinture , & pour en augmenter
encore la beauté & la richefle , on fe fèrt de Lapis , d'Agathes, &
de toutes les pierres les plus precieufes. On peut voir de ces fortes
d'Ouvrages dans les appartemens du Roy , qui en fait faire encore
tous les jours de nouveaux.
Les Anciens travailloient aufli de cette manière, car il y avoit au-
trefois à Rome au Portique de faint Pierre, à ce que dit Vaflari, une ta-
ble de Porphire fort ancienne où eftoient entaillées d'autres pierres
fines 5 qui reprefentoient une cage -, Et Pline parle d'un oifeau fait
de
-ocr page 342-
LIVRE T.ROISIE'ME.           317
de differens marbres , & Ci bien travaillé dans le pavé du lieu qu'il
décrit, qu'il fembîoit que ce fuft un véritable oifeau qui beuft dans
le vafe qu'on avoit reprefenté auprès de luy.
Pour faire ces fortes d'ouvrages, on fie par feuilles le bloc ou mor-
ceau d'Agathe , de Lapis ou d'autre pierre precieufe qu'on veut em-
ployer. On l'attache fortement fur l'établie * puis avec une Sie de
fer fans dents , on coupe la pierre en verfant deffus de l'Emeril dé-
trempé avec de l'eau , à mefure que l'on travaille. Il y a deux che-
villes de fer aux coftez de la pierre , contre lefquelles on appuyé la
Sie , & qui fervent à la conduire. Quand ces feuilles font coupées
fi l'on veut leur donner quelques figures pour eftre raportées dans un
Ouvrage, on les ferre dans un Efau de bois, & avec un Archet, qui
eft une petite Sie faite feulement d'un fil de laiton, de l'eau & de l'E-
meril qu'on y jette , on les coupe peu à peu fuivant les contours du
deflein que 1 on applique deffus , comme l'on fait pour le bois de
Marqueterie dont il fera parlé cy-aprés.
On fe fert dans ce travail des mefmes Roues , Tourets , Tlatines
êefta'm
, & autres Outils dont il eft parlé dans la Graveure des pier-
res , félon roccafion & le befoin qu'on en a, tant pour donner quelque
figure aux pierres , que pour les percer & pour les polir. On a des
compas pour prendre les mefures, desT incette s de fer pourdégrof-
fir les bords des pierres ; des Limes de cuivre à main & fans dents >
& d'autres Limes de toutes fortes.
EXPLICATION DE LA PLANCHE LXIII.
A 'Pierre en bloc pour fier          E Sie de fer.
B Chevilles de fer.                    F Archet.
C Vaijfeaupour mettre de l'E~   G G Compas.
meril.                               H Tincette.
D EJlau de bois pour fier les   I Lime de cuivre à main,
feuilles & les contourner,
Plah-
-ocr page 343-
3i8          DELAPEÏNTU RE*
PxxNCHExxnr.
CHA-
-ocr page 344-
LIVRE TROIS! E M £.
V9
CHAPITRE XIII.
1)es Ouvrages de Racailles.
LEs Ouvrages de Mofaïque , ont encore donné lieu de fe fervsr
de divcrfès fortes de rocaiîles&de coquilles pour faire des Grot-
tes , que l'on embellit de différentes Figures. C'eft une invention
des derniers temps , dont l'on peut dire qu'il ne s'eft rien fait en ce
genre de plus achevé , que la Grotte de Verfailîes, foit pour la beau-
té du Deflein , foit pour la dilpofition du lieu & des ornemens qu'on
y voit, foit enfin pour le choix qu'on a fait de tout ce qui compofe
un fi bel Ouvrage.
L'on fe fert d'ordinaire pour la fabrique du dedans des Grottes , de
Graifferzes, de pierres de Meulière ou Molière, dont on fait les meules
de moulin : leur inégalité les rend plus propres à cela que toutes les
autres pierres, & mefme on leur donne différentes couleurs , foit en
les cuiiant au feu pour les faire devenir rouges, foit en les rendant ver-
daftres avec du vert de gris, des eaux fortes, ou du vinaigre bien fort.
On employé auffi les Congélations ,les MarcaJJîtes% les Crijlaux ,
les Amet'ifles, les 'Pétrifications, les branches de Corail rouge, blanc,
&noir 3 Les Croiffances des Indes, dont il y en a en forme de crefte
de coq qui font un tres-bel effet. On fe fert de Mâchefer ou Efcume
de fer j des Emaux qui fortentdes verreries, & de celuy qu'on prend
aux forges, qu'on appelle Bleu de forge i mais fur tout de la Nacre ,8c
de toutes fortes de Coquilles de mer & de rivière , qui ont drfferens
noms. Il y en a qu'on appelle de S. Michel / D'autres qu'on nomme de
S. Jacques,qm font larges & pîattes. Celles qui font marquetées comme
îa peau d'un Tygre, s'appellent des Pourcelaines. On en voit de petites
qu'on nomme 'Pois noirs, parce qu'elles ne font pas plus grofles que des
pois, & lorfqu'on les découvre , elles ont un éclat de Nacre, & fem-
blent des perles. Il s'en trouve de faunes de cette memie nature, qu'on
nomme Pois Jaunes. Outre cela il y a les Moules de mer, & les Moules
de rivière qui font un tres-bel effet, félon l'induftrie de celuy qui les
employé. Il y a auflî de petites Mbulettes blanches qui font admirables
à formerêçreveftir des Figures de relief. Les Lombis onhzmbis (ont
de grofîès coquilles vermeilles. Les Vignotsontl'échtde la Nacre: Les
Bretons font des coquilles blanches & inégales * Les Golfahes ont au!-
Ss                             fi
-ocr page 345-
32o              DE LA PEINTURE,
iî un éclat de Nacre, quand elles font entièrement découvertes. Les
''Pétoncles font de petites coquilles grifatres, & plattes. Il y a enco-
re d'autres grofles coquilles de Nacre de perle des Indes qu'on ap-
pelle Burgos i des Cafques , des Tonnes•, & enfin une infinité d'au-
tres fortes que la mer fournit, & dont les Rocailleurs , c'eft-à-dire,
ceux qui travaillent à ces fortes de Grottes , font diverfes Figures ,.
comme l'on peut voir à Verfailles dans la Grotte de Thetis.
CHAPITRE XIV.
T)e la Marqueterie.
IL y a un autre travail de Mofaïque , qui fe fait de l'afïèmblage
de plufieurs pièces de bois jointes enfemble & collées fur un fond^
d'autre bois qu'on appelle pièces de rapport & Marqueterie -, c'eft
piin. libï ce qUe les Italiens nomment Taufia, & Tarfia. Les Anciens en ont
\i\ci?"" fait de diverfes fortes , & s'en fervoient pour embellir leurs tables »
leurs lits , & leurs autres meubles, employant pour cela l'y voire &
les bois les plus rares.
Du temps que les Romains enlevaient les richefïès des Provinces
qu'ils fubjuguoient, ils apportèrent d'Afie les plus beaux meubles qu'ils
y trouvèrent & apprirent des Orientaux la manière de faire ces fortes
d'Ouvrages ; mais pourtant on peut douter qu'ils pofïêdafTent alors cet
art dans une auffi grande perfection qu'il a paru depuis Raphaël, & qu'il
eft aujourd'huy. Il y a eu à Florence un Filippo Brunelefco, & un Bene-
dettodaMaiano-,
qui commencèrent à faire les meilleures chofès que
Ton euft encore veuës dans les derniers temps. Néanmoins leurs Ouvra-
ges n'eftoientquafi que de blanc & de noir. Frère Jean de Veronne, qui
travailla au Vatican du temps de Raphaël, fut celuy qui perfectionna
davantage cet Art, car il trouva le fecret de donner toutes fortes de
couleurs au bois avec des teintures bouillantes , & des huiles qui les
penetroient. Par ce moyen il avoit des bois de différentes teintes
pour imiter la peinture, & avec lefquels il commença de représenter
des baftimens&des perfpeclives. Ceux qui l'ont fuivy fe font fervis
de tous ces moyens, &en ont encore cherché d'autres pour le furpaf-
fer. Quelques-uns pour avoir une couleur noiraftre , & propre à bien
imiter les ombres ont trouvé le fecret de bru fier le bois fans leconfom-
mer, foit en le mettant dans du fable chauffé fur le feu , foit avec
de
-ocr page 346-
LIVRE TROISIEME.           5it
de l'eau de chaux , & de fublimé j d'autres fe font fervis d'huile de
fbufre. Les plus curieux araaiïènt toutes fortes de bois naturels, dont
il s'en trouve plusieurs de couleurs tres-vives, & très-belles, non feu-
lement parmy ceux qui viennent des Indes , mais auffi entre ceux
qui croifiènt en France , dont les racines font d'un grand ufage.
Ce travail demande des Ouvriers plus patiens que doftes, parce qu'il
y faut mettre bien du temps, Se qu'ils ne font que fuivre les Defleins
qu'on leur donne. Ceux pourtant quiontleplusdeDefîèin, & quel-
que connoifïance de la Peinture, y réunifient le mieux. L'on commen-
ce par refendre & fier tous les differens bois par feuilles, de l'efpai/Teur
feulement d'une ligne ou deux : Enfuite on colle les De/Teins fur les
feuilles, & avec une petite fie de fer, ou d'acier fort étroite, déliée, &
faite de telle manière qu'elle fè tourne comme l'on veut, on coupe le bois
félon les profils du Deflèin. L'on fie Couvent trois ou quatre de ces feuil-
les à la fois, que l'on joint enfèmble pour avancer davantage , & épar-
gner le temps} mais quelquefois auffi on n'en met que deux, parce qu'il
y a certains Ouvrages, où l'on ne fait que remplir les vuides d'une de
ces feuilles avec les morceaux qui fortent de l'autre, quand il ne s'agit
que de faire des Morefques de deux fortes de bois.
Lorfque toutes les pièces font enlevées, avec la fie l'on donne l'om-
bre à celles qui en ont befoin, en les mettant dans du fable chaud ou au-
trement , avec ladiferetion neceflaire pour les ombrer plus ou moins.
Enfuite on les plaque, chacunefelon fà place, fur un fond d'autre bois,
& on les y fait tenir avec de bonne colle forte d'Angleterre. Pour faire
les fonds on prend d'ordinaire du Sapin ou duChefne bien fec, afin
qu'ils ne fe tourmentent pas -, Et mefme l'on n'employé pas des pie-
ces qui foient trop longues -, Les Ouvriers foigneux de faire un bon Ou-
vrage , coupent, & établirent leur fond de plu fleurs pièces, eftant moins
fujet à fè dejetter, que lorfqu'il eft d'un bois long. Ils prennent auf-
fi pluftoft du bois de merain, ou marain, que du bois de fiage, par-
ce que celuy-cy fè tourmente davantage que celuy de merain , qui
eftant fendu félon fon fil ne fe tourmente pas tant, c3eft pourquoy
ils fe fervent de vieilles douves de muid.
Quand les mefmes Ouvriers reprefentent quelques Figures au na-
turel , fbit des perfonnages , foit des animaux , foit des fleurs , foie
des fruits ou autres chofes, par le rapport de plufieurs petits morceaux
de bois, de différentes couleurs qui imitent la Peinture, ils appellent ce-
la de la Teinture en fois.
Etceuxqui travaillent de cette manière pré-
tendent que ces fortes d'Ouvrages foient autant de tableaux , & fe
qualifient Peintres & Sculpteurs en Mofaïque , à la différence de
S s 2                     ceux
-ocr page 347-
zn               DE LA PEINTURE,
ceux qui ne font que des Ouvrages de rapport de bois blanc &■ noirj-
qu'ils nomment Ebeniftes & ennchifîeurs de Marqueterie.
Ces Peintres en Mofaïque font le DefTein de leur Tableau fur du
papier, & quelquefois le lavent & le mettent en couleur. Sur ce Def-
fein ils aflemblent les plus grandes pièces de bois, dont ils forment
les principales parties de leurs Figures, & pour les petits ornemens, ou
autres fort délicates, ils les defleignent fur les plus grandes pièces, en-
enleventle bois&rempliiîentla place de ce qu'ils y vculentmettre. Ce
travail demande uneperfonne patiente, & qui ait l'intelligence du Def-
fein 3;& des couleurs. JeanMacé natif de Bîois, qui travailloit pour le
Roy, & qui efl mort en 1672, a-eflé un de ceux qui a fait voir de ces
fortes d'ouvrages les plus achevez.
Outre les Machines & les Inftrumens dont tous les Menuifiers fè
fervent pour débiter leurs bois & faire la plus grofle befogne , ceux
qui travaillent de Marqueterie en ont encore de particuliers , fçavoir
une TreJ/ï qui leur fert pour fier debout les pièces de bois par bandes
ou feuilles. Quand ces pièces font fort longues il y a un trou dans le
plancher , pour les y faire entrer , & les lever à mefure qu'on les re-
fend. Pour cet effet ils ont des Sies commodes à refendre toutes les
fortes de bois qu'ils employent. Lorfqu'ils les ont refendus par feuil-
les de l'ëpaiflèur d'une ligne ou environ, ils les mettent d'épaij/eur avec
les Rabots dont il eft parlé au chapitre de laMenuiferie de Placage,
afin qu'ils prennent mieux la teinture dans laquelle ils les mettent-
tremper , fi ce font des pièces de bois qu'on veuille teindre , & aux-
quelles il faille donner àes couleurs extraordinaires.
Quand elles ont efté le temps necefïàire pour prendre la couleur on-
fie ces feuilles en les contournant comme j'ay dit fuivant le Defîèin , Ef
pour les fier nettement on a une machine nommée Eft au ^ & que quel-
ques-uns appellent un Afne> qui fert comme d'une petite boutique pour
travailler. Il s'en faitdediverfes façons 5 elle confifte en uneefpecede
felle à trois pieds, dont la Table de deflus eft bordée tout autour. Au
milieu de cette table il y a deux morceaux de bois debout qui for-
ment l'Eftau , dont une des mâchoires eftant fortement arreftée fur
la felîe , eft immobile ; l'autre qui n'en: arreftée que dans une char-
nière , fè meut comme on veut par le moyen d'une corde qui pafle
au travers. Un des bouts delà corde efl attaché à un morceau de
bois qui s'appuye & fait refîbrt contre cette mâchoire , îorfque l'on
met le pied fur une marche qui eft fous la felie où efl attaché l'autre
bout de la corde. Cet Eftau fert à tenir les feuilles de bois pour les
pouvoir fier & contourner avec les petites fies de Marqueterie.
-ocr page 348-
LIVRE TROÏSIE'ME,            3^3
Lorfque les pièces font afïèmhlées & collées fur le bois qui leur
fert de fond , on les tient quelque temps en prefle , ou fur l'Efta-
blie ; par le moyen d'une Goberge , qui eft une perche , dont un
bout appuyé fur la befogne , & l'autre tient fermement contre le
plancher j ou bien dans une petite prefîë , félon la grandeur & la
qualité de la befogne.
L'Outil à Ondes dont il eft parlé au Chapitre dis-neuvième du
premier livre , fert auffi quelquefois dans cette forte de travail pour
poufler des moulures ou autres ornemens -, il s'en fait de diverfes
manières félon l'induftrie des Ouvriers. Celuy dont on a reprefèn-
té icy la figure , eft compofé d'une efpece de boëte d'environ fïx
pieds de long fur neuf ou dix pouces en quarré. Cette boëte eft
foutenuë fur des Tréteaux , & dans fon milieu elle eft accolléepar
deux montans ou Jumelles de bois , au traders defquelles pafîè un
Effieuqm a deux pentes Roués dentelées , diftantes de quatre à cinq
pouces l'une de l'autre. Cet Eflîeu eftant tourné avec une Mani-
velle
, les roues font aller une Travée de bois qui eft dans la boëte,
par le moyen de deux bandes de fer dentelées , qui font attachées au
deflbus de la travée d'un bout à l'autre, & dans lefqueîles entrent les
dents des roues. Comme la travée hauflê & baille par le mouve-
ment des roues qui la font couler dans la boëte entre les deux Ju-
melles , le bois que l'on veut tailler , & qui eft comme enchafle fur
la travée , fe coupe en ondes de différentes manières, par le moyen
d'un Outil de fer bien acéré & bien trenchant, qui pofe defîiis en-
tre les deux Jumelles , & qui haufte & baille comme l'on veut. Car
fur le haut de ces Jumelles il y a un Sommier qui les entretient , au
travers duquel pafle une vis qui appuyé fur l'Outil de fer , & par le
moyen de laquelle on fait qu'il coupe le bois plus ou moins félon
qu'on le juge à propos.
A l'égard des autres Outils neceflaires dans ce travail, on fe fert de Ra-
bots de fer,
c'eft-à-dire qui ont le deflbus du fuft garny d'une plaque de
fer fort unie -,deRacloirs , de 'Pointes pour tracer -, de Tarières poin-
tus , de Couteaux à trancher , de Fraifoirs, de Tourne-vis , de Tire-
fond
, de Fers crochus , appeliez Formes à Croches pour faire l'ouver-
ture des Pênes j de Tolijjoirs de jonc pour polir l'Ouvrage.
■S.s 3              EXPLÏ-
-ocr page 349-
P4            DE U   PEINTURE,
EXPLICATION  DE LA PLANCHE LXIV.
I. Figure.                         IL Figure,
A Treffe à refendre,                    A Eftau ou Afne.
B Sie à refendre.                        B 'Petite Sie de Marqueterie.
Pla
-ocr page 350-
LIVRE TROISIEME.
3*f
/"JI^KCIIE ii^-^-jgi
EXPLI-
I
-ocr page 351-
DE LA PEINTURE,
$%6
LA PLANCHE LXV.
la travée , & comme il fe
travaille en onde-
■p Roue à dents.
io Manivelle.
B Rabot de fer.
C Racloir.
D Jointe à tracer.
E Tarière pointu.
F Couteau à trancher.
G Fraifoir.
H Tourne-vis.
I Tire-fond.
K JR?r />«w Couverture desTênes
appelle Forme à croches.
h Tolijjok.
EXPLICATION DE
I. Figure.
À Eflablie.
B Goberge.
C Tente Greffe.
IL Figure.
A Outil à ondes.
i". î. Tréteaux qui portent la Boëte.
% Boëte.
Montons ou Jumelles.
Sommier\
f Vis qui greffe fur l'Outil de
fer,
6 Outil de fer.
f Travée,
8 Morceau de bois appliqué fur
PL AH-
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LIVRE TROISIEME;        jifc
ifJiAjrcHE _^s:v:
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-ocr page 353-
DE LA PEINTURE,
3*8
CHAPITRE XV.
<De la lyamafojMinure , & des Ouvrages de Rapport.
fur les Métaux.
CE que nous appelions Damafquinéj eft encore une efpece de Mo*
faïque , aufli les italiens luy donnent le mefme nom de Tau/ia,
comme à la Marqueterie. Cette forte de travail a pris fon nom de la vil-
le de Damas, où il s'en eft fait de très-beaux, comme en plufieurs au-
tres endroits du Levant. Les Anciens s'y font beaucoup adonnez. C'eft
un afTemblage de filets d'Or ou d'Argent dont on fait des ouvrages
plats, ou de bas relief fur du fer. Lesornemens dont on les enrichit
font Arabefques, Morefques, ou Grotefques. il fe trouve encore des
anneaux antiques d'acier , avec des figures , & des feuillages travail-
lez de cette manière , & qui font parfaitement beaux. Mais dans
les derniers temps on a fait des Corps de Cuirafîè& des Cafques d'a-
cier damafquiné, enrichis de Morefques ou d'Arabefques d'or, & mef-
me desEftriers, des Harnois de chevaux , desMaffèsde fer , des Poi-
gnées & des Gardes d'efpées, & une infinité d'autres choies d'un travail
tres-exquis. Depuis que l'on a commencé à faire en France de ces fortes
d'Ouvrages , qui fut fous le règne de Henry IV. onpeutdirequ'on a
furpafle ceux qui s'en font mêliez auparavant. Curfinet Fourbifleur
à Paris , qui eft mort depuis cinq ou fix ans, a fait des Ouvrages incom-
parables en cette forte de travail, tant pour ledefîein, que pour la belle
manière d'appliquer fbn Or, & de cizeler de relief par deflus.
Quand on veut damafquiner fur le fer, on le taille avec un Couf-
teau à tailler de petites Limes , on le met en bleu , puis on defîèigne
légèrement defïus ce qu'on veut figurer , & enfuite avec un fil d'or
ou d'argent fort délié , on fuit le Deiïèin , & on remplit de ce fil les
endroits qu'on a marquez pour former quelques Figures , le faifant
tenir dans les hacheures, avec un petit Outil qu'on nomme Cizeau-,
& avec un Matoir on amatit l'or. Si l'on veut donner du relief à
quelques Figures , on met l'or , ou l'argent plus efpais , & avec des
Cizeiets on forme ce qu'on veut.
Mais quand avec la Damafquinure , on veut méfier un travail de
rapport d'or ou d'argent, alors on grave le fer profondément en def-
fous > & à queue d'aronde 3 ce que les Italiens appellent infottofqua-
dra9
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LIVRE TROISIEME.           3x9
dra 3 puis avec le Marteau & le Cizelet, on fait entrer l'or dans la
graveure , après néanmoins qu'on en a taillé le fond en forme de
Lime tres-déliée, afin que l'Or y entre 3 & y demeure plus fortement
attaché. Cet Or s'employe auffi par filets , & on le tourne & ma-
nie comme en daraafquinant, fuivant le Defîèin qu'on a fait en gra-
vant le fer.
Il faut prendre garde que les filets d'Or fbient plus gros que le
creux qu'on a gravé , afin qu'ils y entrent par force avec le marteau»
Quand l'Or ou l'Argent eft bien appliqué on fait les Figures defîuss
foit avec les Burins , ou Cizelets, foit par eftampes avec des poin-
çons gravez de Fleurons s ou autres chofes qui fervent à imprimer s
ou eftamper ce que l'on veut.
FIN.
Tt s
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\
I
DICT-
I
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^2>]
DICTIONNAIRE
DES TERMES PROPRES.
A L'ARCHITECTURE,
A LA SCULPTURE,
A LA PEINTURE,
ET AUX AUTRES ARTS
Q_U I EN DEPENDENT.
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*
DICTION-
-ocr page 358-
DES TERMES PROPRES
A L'ARCHITECTURE*
A LA SCULPTURE,
A LA PEINTURE,
ET AUX AUTRES ARTS
QJJ I
EN DEPENDENT.
A B
B a qu e , ce mot vient du Grec £&*%■* ou d'Sdmov, qui
a plufieurs fignifications ; car il veut quelquefois dire
un a, b , c : quelquefois une table des nombres, que
les Anciens appelloient Table de cPithagore. Il figni-
fie auflî un buffet, que les Italiens nomment Creden-
ce, & fur lequel on arrange les vafes pour un ferlin.
D'autres fois un Tailloir, ou Tranchoir quarré. C'efl pourquoy dans
Vitruve , & dans tous ceux qui ont traité de l'Archkeâure, Jlùacus
îfeft autre chofe que cette Table quarrée , qui fait le couronnement
du Chapiteau des Colonnes, & qui dans celles de l'Ordre Corinthien,
reprefènte cette efpece de tuile quarrée qui couvre la corbeille ou pa-
nier qu'on feint environné de feuilles. Auflî les Ouvriers nomment
ordinairement ce membre là Tailloir. Voyez Tailloir.
Abba-
-ocr page 359-
334                      ' A B                    A C
Abbajours, Ce font efpeces de feneftres embrafées de haut en
bas pour recevoir le jour d'enhaut, & éclairer des lieux bas , com-
me font les fbupiraux des caves , les ouvertures qui éclairent les cel-
liers , ou les offices qui font fous terre , & d'autres endroits où l'on
ne peut avoir du jour par des croifées faites à l'ordinaire.
Abbatis, abbatement. Quand les Carriers travaillent dans une
carrière, ils appellent .1' Abbatis les pierresqu'ils détachent & font tom-
ber après avoir fouchevé. On nomme auffi la démolition d'une mai-
fon ou d'une muraille , l'Abbatis d'une maifon, &c.
Abo ut s des Liens, des Tournices , des Guettes , des Efperons
&c. c'eft-à-dire l'extrémité & le bout de toutes fortes de pièces de
charpenterie mifes en œuvre, Voyez pag. 87. ^o. 94. Planche XVII.
Aboiement. ^Bouement.
Abreuvoirs. Les Tailleurs de pierre & les Maffons nom-
ment ainfi certaines ouvertures qu'ils biffent entre les joints des gref-
fes pierres de taille , pour y couler du mortier.
Acanthe, Achantus eft une herbe nommée Branque-Urjîne.
L'on reprefente fbuvent la forme de fes feuilles dans le chapiteau de la
colonne Corinthienne, comme ayant efté la caufe de cet ornement,
qu'un Architecte fît aprésavoirveu cette plante autour d'un panier ou
corbeille. C'eft pourquoy l'on dit d'un chapiteau , qu'il eft taillé à
Feuilles d'Achante. Les Architectes Romains n'ont pas toujours imi-
té Callimachus dans le Chapiteau Corinthien en n'y reprefèntant que
des feuilles d'Achante. Ils y ont fouvent mis des feuilles d'Olivier
ou de Chefne, Mr. Perrault dans fes Notes fur le premier Chapitre
du quatrième livre de Vitruve , remarque qu'il y a de deux fortes
d'Acanthe, l'une fauvage, qui eft épineufe, & l'autre qui eft cultivée
& fans épines ; Que c'eft de celle-cy dont les Sculpteurs Grecs fè
font fervis pour faire les ornemens de leurs Ouvrages -, & que les
Sculpteurs Gothiques ont imité l'Acanthe fauvage dans les Chapi-
teaux de leurs colonnes, & dans tous les autres ornemens.
Acerer c'eft mettre de l'acier avec du fer , ainu* l'on dit que
les pointes des outils de fer font bien acérées lorfqu'il y a de bon
acier.
Acier. C'eft un fer affiné. Il y en a dediverfes fortes, fçavoir
le S or et, le Clamecy, ou Limojîn. Voyez page 14,1. 144.
Acier de Piémont. 145-.
Acier qui vient d'Allemagne, il eft par petites barres, page 146.
Acier de Carme ou à la Rofe , qu'on apporte auffi d'Allema-
gne & de Hongrie. 14^.
- Acier
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A C           AD          A E          A F             33?
Acier, de grain, autrement acier de Motte ou de Mondragon. ïd.
Acoudoi r. C'eft ce que Vitruve appelle Tluteus , qui eft un
appuy ou parapet. 11 fie fert auffi du mot de Todium , qui eft un
balcon ou faillie.
Acroter.es, d,**p«'ï»»'p'*' Dans les Edifices les Acroteres Ce pren-
nent pour les petits piedeftaux, fur îefqueîs on met des Figures, & qui
font pofez fur le milieu, & aux deux exrremitez d'un Fronton. Ceux des
coftez doivent avoir de hauteur la moitié de celle du Tympan ou Fron-
ton , & celuy du milieu une huitième partie de plus. Les Italiens les
nomment'Dadi,Tediftaletti^ Quadricelli■tcPilaftrelli. d^m^i» figni-
fie aufli les Figures de terre ou de cuivre qu'on mettoit fur le haut des
Temples pour les orner > C'eft pourquoyle mot d'Acroteres eft pris
quelquefois pour celuy defaftigia. Acroteres en Grec fignifie géné-
ralement toute extrémité, comme font dans les Animaux le nez, les
oreilles & les doigts : & dans les Baftirnens , les amortifîèmens des
toits i de mefmeque dans les Navires les eiperons qu'ils appelloienc
Roftres. Les Acroteres font encore des Promontoires , ou lieux
élevez qu'on voit de loin fur la mer. L'on peut voir les Notes de
Mr. Per. fur Vitruve liv. 3. ch. 3.
Addo uc 1 r en termes de Peinture , c'eft méfier les Couleurs
avec un pinceau qu'on appelle Brojfe , qui ne fait pas de pointe.,
& qui eft ou de poil de porc ou de blereau , ou de chien , ou de
quelqu'autre animal.
On addoucit auftî les Defïèins lavez, & faits à la plume, en affoiblif-
fantla teinte. On addoucit encore les traits d'un vifage ou autre chofè
en les marquant moins. L'on appelle encore addoucir îorfqu'en
changeant les traits on donne plus de douceur à l'air d'un vifàge qui
avoit quelque chofe de rude.
Addoucissemeni. Eft lors que les couleurs font bien noyées
les unes avec les autres , que les traits ne font pas tranchez, & qu'il
n'y a rien de rude.
JIolipyles. Ce font des boules d'airain qui font creufes , &
qui n'ont qu'un trou très-petit , par lequel on les emplit d'eau. Ef
tant mifes devant le feu , auffi-toft qu'elles font échauffées, ellesen-
voyent un vent impétueux vers le feu , & ainiï fervent à le fbufRer,
& à chafîèr la fumée. Il faut voir ce que Vitruve en dit liv. 1. ch.
6. & Phil. de Lorme liv. 5». ch. 8.
M s-Us t u m. C'eft du cuivre brûlé. V. page 18 f.
Affaisse', On dit un terrain, ou un-plancher affaifîe , pour
dire baifïe,
Vv                      Af-
-ocr page 361-
33^                 A F                               AI
Affûter lignifie parmy les ouvriers aiguifer. Affûter les ou-
tils pour dire aiguifer. Quelques Peintres mefme difent affûter les
crayons , pour dire aiguifer les crayons. Le mot $ affûtage veut di-
re auffi fourniture d'outils. Eftre bien affûté , avoir tout fon affû-
tage
, c'eft avoir tous fes outils prés de ioy.
Aïs u iser un outil, c'eft le rendre plus aigu ou plus tranchant.
Aig\ille. Voyez Espic, Poinçon.
Aile .Enferme de baftiment les ailes d'un Edifice font les corps de
logis desdeux collez qui accompagnent en retour celuy du milieu.
On appelle Ailes d'une Eglife les deux Voûtes qui font àcofté delà
grande, qu'on nomme auffi bas cofié : ce qui fe dit encore d'un Temple,
ou de quelque Salle, lorfqu'il y a double rang de colonnes. Au dedans
des Bafiîiques les ailes font appellées portiques au premier chapitre du
3.1iv.deVitruve, de la traduction de Mr, Perrault. Voyez Temple.
Ailes d'un moulin à vent : ce font les quatre grandes pièces de bois
qui traverfènt en dehors leboutdel'effieuqui fait tourner les roues, &
qu'on appelle Y arbre tournant. Ces quatre pièces forment une croixs
dont chaque bras eft garnyd'efchelons avec des mon tans des deux cof-
tez, qui fervent à foûtenir& attacher les toiles qu'on met & qu'on dé-
ployé pour recevoir le vent lorfqu'on veut faire aller le moulin.
Ailes d'une fiche à ferrer des portes ou des fenêtres. V. page
168. PL XXXIII.
Ailes de lucarne : ce font les Jouées de la lucarne , c'eft-à-
dire , les deux coftez qui vont s'appuyer fur les chevrons.
Aileron. On dit les ailerons d'une roue de moulin à eau, qui
font les planches de bois fur lefquelles l'eau tombant fait tourner la
roue. Ils s'appellent auffi alichons ou 'volets.
On nomme auffi Ailes ou Ailerons les extremitez les
plus minces du plomb qui entretiennent les pièces de verre, dont un
panneau de vitre eft compofé , & qui recouvrant de part & d'autre
ces mefmes pièces , empêchent que le vent ny la pluye ne paflent en-
tre le plomb & le verre. Voyez,page 191. Voyez Lingotière.
Aire du plancher , c'eft le deflus d'un plancher. Voyezpa-
ge ^4,.
Aire d'une grange , c'eft la place où l'on bat le grain.
Air en terme de Peinture, l'on dit de beaux airs de tefie. Le Guide
donne de beaux airs de tejle à fes Figures. Dans les ouvrages de Raphaël
les airs de tejle y font admirables, c'eft- à-dire, les vifages ont un bel air.
On dit auffi en terme de baftiment qu'ils ont bon air , pour dire
bonne grâce.
Air,
-ocr page 362-
AI             AL             A M                 337
A i R. On dit qu'il y a de l'air dans un Tableau , lorfque la cou-
leur de tous les corps eft diminuée félon les differensdegrezd'éioigne-
ment -, cette diminution s'appelle la perfpeïïive aérienne.
Aïs ou planche de bois i à Paris les Menuifiers fe fervent plus
communément du mot de Tlanches que de celuy d'Ais -, & les Char-
pentiers au contraire difent ordinairement des Aïs , & non pas des
^Planches. Voyez page 84.
A1 s feuille fervant aux Vitriers. Voyez page 192. 204. Plan-
che XLV.
Ajustages, ce font des pièces de fer blanc ou de cuivre de
diverfes figures que l'on ajoufte au bout d'un tuyau de fontaine pour
en faire fortir l'eau en différentes manières î II y en a qui font à tef-
tes d'arrofoir , d'autres qui forment des fleurs de lis , d'autres des
vafes de diverfes façons , comme il s'en voit à Verfailles.
Ajustoirs. Petites balances. Voyez page 2 52.
Albastre, efpece de marbre tendre. Il y en a de plufieurs
efpeces. Le plus commun eft blanc & luifant ; Il eftoit autrefois le
moins eftimé , de mefme que celuy qui eftoit de couleur de corne
& tranfparent félon Plin. livre 36. chap. 8.
Alcôve vient de l'Efpagnol j4/<r<?^, qui tire fbn origine du mot Ara-
be Elkaufi c'eft le lieu où l'on dort. Auiîi eft-ce dans nos chambres
à coucher, un endroit particulier où le lit eft placé. Ordinairement
il y a une eftrade , & cet endroit eft comme feparé du refte de la
chambre par des pilaftres, ou par des chambranles, qui forment un
arc furbaifle, ou une autre forte d'ouverture, qui fait un lieu retiré.
Alege, c'eft dans les croifées ce qui eft entre les piédroits ju£
qu'à l'appuy, & qui eft de moindre épaifleur que le refte du mur.
Alette, font les coftez d'un trumeau qui eft entre deux ar-
cades , quand il y a dans le milieu du mefme trumeau une colon-
ne , ou un pilaftre j O'eft-à-dire, qu'on appelle Afette ce qui ref-
te Se qui paroît du trumeau entre le vuide de l'arc , & la colonne ou
pilaftre. Ces Âlettes s'appellent ordinairement jambages, piédroits
ou arrière corps.
Aliage de métaux pour les Statues. V. pag. 240.
Alichon. Voyez Ailerons & Hérisson.
Allée , ou pafïage , qui fert pour la communication de plu-
fieurs chambres. Le mot de Mefaule dont Vitruve fe fêrt 1. 6. c. 10.
femble convenir à ces allées ou paflàges que l'on fait dans les Mai-
ions pour dégager les Appartemens.
Amaigrir Tarrefte d'une pièce de bois , eft la faire aiguë y Et
Vv 2                      l'en-
-ocr page 363-
33& ■                                      Ai M'
l'engraîjfer , c'eft l'ëîargir & la faire obtufe. On dit auftî amaigrir
une pierre.
Les Appareilleurs & Tailleurs de pierre appellent un lit,
un joint ou parement de pierre , gras, lorfqu'il n'eft pas à l'équaire,
& qu'il eft trop obtus ; Et le nomment maigre & dérnaigry , lorf-
qu'il eft trop aigu. Ils difent ordinairement // a coupé fa pierre, pour
dire il en a trop ofté, il l'a trop démaigrie.
Lors qu'une Figure de terre nouvellement faite vient à fècher, les
Sculpteurs difent auffi qu'elle s'amaigrit, parce qu'en fechant , les
parties fe reflerrent, diminuent de groflèur , & deviennent moins,
nourries. V. page. 228.
Amarre , ce font deux morceaux de bois qui s'appliquent quar-
rément contre quelque autre pièce de bois plus grande , & qui es-
tant taillez en boflàge par-deflus, c'eft-à dire moins relevez Scmoins^
hauts dans les extremitez , ont une ouverture dans le milieu , pour
y faire paflèr le bout d'un treuil ou moulinet. Jean Martin appelle
aulîi ces. Amarres Hoches, Bo'étes ; c'eft ce que Vitr. 1. 1 o. c. 2. nom.'
meChelonia* lorfqu'il parle des Machines qui fervent à lever des far-
deaux. A Paris les Charpentiers appellent ces Amarres Jouieret.
Amassette , c'eft un morceau de bois ,. de corne, ou de cuirs.
dont oh fe fèrt pour amaflèr les couleurs , quand on les broyé fur
la pierre à broyer.
Amatir , ou rendre mat, c'eft ofter le poli à l'or , ou à l'argent.
'De l'or ou de l'argent mat, c'eft-à-dire, qui n'a point de poli. A l'é-
gard de l'argent on dit blanchir, pour dire le rendre mat. V. page 2 f t..
Amboutie. On dit qu'une plaque d'or ou d'autre metaiî eft ambou*
tie, pour dire qu'elle eft concave d'un cofté, & relevée de l'autre.
Amboutir quelque pièce de metail, c'eft la rendre convexe d'un*
cofté, & concave de l'autre.
Amboutissoir. Les Serruriers nomment ainfî un morceau de
fer quarré & creux, qui fert à former la tefte des gros doux qui ont
la figure d'un champignon.
Ame. On appelle ainfi la première forme que l'on donne aux fi*
gures de ftuc lorfqu'on les esbauche groflïerement avec du plaftre ,,
ou bien avec de la chaux &du fable , ou du tuilleau cafle , avant
que de les couvrir de ftuc pour les finir, c'eft ce que Vitruve 1. j.c.
1.
appelle Nucleus, Noyau.
On nomme aufli Ame ou Noyau les figures de terre ou de plaf-
tre qui feevent à former les figures qu'on jette en bronze, ou autre
metail. F. Noyau, & page 233.
Amethiste eft une pierre precieufè de couleur violette. Il y
en
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A M                          A N                    3-3^
en a de diverfes fortes. Boot.î. 2. c.^i.delap. Voyez page 319.
Amitié' des couleurs, les Peintres expriment par ce mot la con-
venance que les couleurs ont les unes auprès des autres, & le belef-
fet qu'elles font à la veuë lorfqu'eîles s'accordent bien ensemble.
, Amoises. Voyez Moïses.
AMORÇOiR. ^fôURILLE.
Amortissement, c'eft ce qui finit & termine quelque ouvrage
d'Architecture oudeMenuiferie, comme lorfqu'on met fur le haut d'u-
ne maifon, ou fur une corniche, un vafe ou une figure, on dit que
c'eft pour Jervir d'amortijjement ou de couronnement.
Quand c'eft un membre d'Architecture, comme un Zocîe, une
Bafe, un Rouleau, ou autre chofe, qui au lieu de tomber perpendi-
culairement ôc à plomb , vient à s'élargir par en bas en cavet,
& en forme d'une demi fcotie , on dit qu'il defcend 6c s'eflargit en
façon d'amortifiement.
Amphyprostyle , efpece de Temple qui avoit quatre colon-
nes à la face de devant ,. & autant à celle de derrière. Vitr...
I.3.ci.
Amphithéâtre , lieu élevé par degrez dans les falles des Comé-
dies ou ailleurs, pour affèoir les foectateurs.
Le mot d'AMPHiTHE atre marque aufli un lieu qui eftoitancien-
nement deftiné pour les foedtacles , comme l'Amphithéâtre de Nif-
mes, &ceux, qui eftoientàRome, dont l'on voit encore quelques-,
reftes.
Anchre. Dans les baftimens on appelle ainfi les morceaux de fer
qui tiennent les encoignures des gros murs, & qui fervent aufli pour,
maintenir plus fermes les murailles aux endroits où les poutres ont
leur portée deflus.
On s'en fert encore pour entretenir les cheminées qui font fur les.
croupes des maifons ; on les met au bout des tirans.
Ancre II y en a de diverfes fortes, fçavoir pour efcrire, pour les
Imprimeurs de Livres , & pour ceux qui impriment les Eftampes.
Il y a encore l'Ancre de la Chine qui fertàefcrire&à laver.
Angar félon Nicod vient de l'Allemani^^», qui fignifie^m?
tis. /^.Appentis.
Angle, c'eft le concours de deux lignes qui ferencontrent à un point,
non directement. Ainfi on appelle l'angle d'un mur, le point, ou encoi-
gnureoù fesdeux faces, ou coftez, viennent à fe terminer enfèmble.
Angles de défenfes 3 ou efperons des piles d'un pont. V
Avantbecv
Vv j                         A Ni
-ocr page 365-
§4o                                        A N
Angle d'un baftion. V. page 64,.
Angle du centre. V. page 72.
Angle de la figure intérieure efl: celuy qui fe fait au centre de
la place. Idem.
Angle du Polygone, ou figure extérieures efl celuy qui fe fait
à la pointe du baftion. Id.
Angle flanqué. Id.
Angle flanquant, c'eft celuy qui fe fait par la rencontre de deux
lignes de deffenfe rafantes , c'eft-à-dire deux faces du baftion pro-
longées. Id.
Angle de l'efpaule. Id.
Angle du flanc. Id.
Angle diminué. Id.
Angle faillant. Id.
Angle rentrant. Id.
A n n e l e t s. Ce font de petits membres quarrez que l'on met
au chapiteau Dorique au deflbus du quart de rond ou ove » On les
nomme auHi filets ou lifte aux. Voyez pag. 11. Planche II.
A n n e l e t s fe prennent aufïï quelquefois pour les Baguettes
ou petites Aftragales.
Anse d'un cadenat. Voyez page 159. 170. Planche XXXIV.
A n s e s de pannier. On nomme ainfi les Arcs ou Voûtes furbaif-
fées. V. Voûtes.
A n t e s, font desPilaftres que les Anciens mettoient aux coins des
murs des Temples. Ce mot fîgnifie généralement les Jambes de force,
quifortentpeuàpeuhorsdu mur. M. Per. fur le 1. chapitre du 3. liv.de
Vitruv, fait plufieurs remarques fur ce mot, entr'autres, que les mots la-
tins antœ & antes ont une mefme fignification parmy la plufpart des
Grammairiens, & qu'ils viennent tous deux du mot ante qui fîgnifie de-
vant. Que quelques-uns y mettent cette différence, que antes font les
premiers feps qui bordent les pièces de vigne, Se antœ les colonnes quar-
réesqui font les coins des Edifices, oumefme les Pilaftres qui font aux
coftez des portes. Que les Antes qui fbrtent d'un fèul mur, & que nous
appelions Pilaftres, fortent quelquefois hors du mur des deux tiers de
leurs fronts, lorfque du mefme mur il fort aufïï des Colonnes fuivant cet-
te mefme proportion, autrement on n'a guère accouftumé de donner de
faillie aux pilaftres plus quela huitième partie de leur front, quand il n'y
a point d'ornement fur le mur qui ait davantage de faillie : car en ce cas il
eftnecefïàirequela faillie du pilaftre égale la faillie des ornemens , ou
pluftoft il faut régler la faillie des ornemens fur la faillie des pilaftres.
An-
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AN                    AP                 3+r
Antichambre. F^sChamere.
À n t i qu e s. Par ce mot l'on entend d'ordinaire des Statues an-
tiques , & par le mot d'ANTi qu i t e z , les Statues , les Médail-
les , & les Baftimens anciens qui nous relient. Il y a des choies an-
tiques que l'on nomme Antiques modernes, comme font nos ancien-
nes Eglifes , & d'autres baftimens Gothiques , que l'on diftingue
d'avec ceux des Anciens, Grecs & Romains.
A PLOMB. ^«NlVEAU.
Eflever à plomb , c'eft-à-dire perpendiculairement à l'horizon.
On dit qu'un pilaftre ou une muraille conferve bien fin a plomba pour
dire qu'elle eft bien droite.
Appentis ou Taudis , c'eft un toit qui n'a fa pente que
d'un cofté.
Appareil. C'eft la hauteur d'une pierre , ou fon épaiflêur
entre les deux lits : ainfî on dit une pierre de grand appareil, pour
dire bien épaifïè. On dit mettre des pierres du me/me appareil, c'eft-
à-dire de mefme hauteur -, Une pierre appareillée , c'eft une pierre
tracée , félon les mefures qu'on en a données pour la joindre avec
d'autres , fuivant un defïèin arrefté.
Appareilleur, eft celuy qui a foin de tracer les pierres &
les marquer, avant que les Tailleurs y travaillent.
Appartement, veut dire logement ou demeure particulière
dans une maifon. Les Grecs nommoient Andrones les appartemens
des hommes, & Gyneconitis les appartemens des femmes, Vitr. 1.6.c i o.
ÂPOPHYGEen grec veut dire fuite > c'eft l'endroit où la colonne
fort de fa bafè , & commence à monter & efchaper en haut, à caufe
de quoy les ouvriers appellent cet endroit Efiape , Congé. Vitruve
fe fert auffi quelquefois du mot apothefis. Alberti appelle neffrum9
îe quarré ou filet , dont la fuite ou retraite fe fait vers le nud de la
colonne. Il dit que ce mot fignifie une bandelette dont on lie les
cheveux. V. Efcape.
App l a n i r un chemin ou une allée , c'eft la mettre entière-
ment de niveau, ou fuivant fa pente.
Applanir une pièce de bois , c'eft la rendre unie dans fa fû-
perficie.
A pprest , parmy les Vitriers & ceux qui peignent fur le verre ,
ff avoir l'apprefi des couleurs , c'eft fçavoir colorer fur le verre ,
F. pag. 181. "
Appresteur, c'eft un Peintre qui peint fur le verre.
Approchera/<2 pointe 3 à la double point e ou cizeau» ce font
di-
-ocr page 367-
34a               A P              AQ.                ÂR
diverfes manières de travailler Je marbre* lorfqu'on fait quelques fi-
gures. V. Pointe.
Approches en terme de fortification, ce font des chemins creufez
dans terre, & dont les deux coftez font élevez 5 par le moyen de
ces chemins on peut feurement approcher d'une fortereflè fans eftre
veu de l'ennemy.
Les Contre approche s font aufïî des chemins dans terre que les af-
fiegez font pour interrompre les approches des ennemis.
Appuy ou cale, c'eft une pierre ou un éclat de bois en forme de
coin que l'on met ibus les pinces ou leviers pour remuer quelque far»
deau. ^.Orgueil.
Appuy de feneftre, c'eft la pierre qui couvre l'Aîege, &qui fait
le bas du Tableau.
On appelle auffi Appuis les pièces de bois, de fer, ouïes pierres
qui fuivent le limon d'un eicalier. Ces Appuis font courbez & ram-
pans, aecbaluftresr ournez ou pouffez à la main.
A p pu y m a 1 n , c'eft un bafton ou baguette de trois à quatre
pieds de long, dont 1 es Peintres fe fervent en travaillant. V. page
301.Pl.LXII.
Aqueduc , c'eft un canal ou conduit pour mener les eaux. Il s'en
fait de différentes manières, les uns fous terre, & d'autres qui font
élevez fur des murailles, & portez par des arcades, comme ceux d'Ar-
cuëil prés de Paris.
Arabesques. V. Moresques.
Ar^eostyle. fignifie un édifice dont les colonnes font loin à
loin. Vitr. I.3.C 2.
Arbalester , c'eft appuyer un édifice avec des Arbalétriers*
ou Forces, mais le mot#Arbalefte n'eft pas en ufage à Paris.
Arbalestes, machines dont fefervoient les Anciens, Scûrpimes.
Vitr.l.c. f,
Arb ales tiers oxxpetites forces ce font despieces de bois, fervant
à la charpente d'un baftiment , & à fouftenir la couverture. Voyez,
Jambes de forcej&^t85.92. PI. XVI.
Arbre. Ce qu'on appelle arbre dans les Machines eft ordinaire-
ment une grofle pièce de bois bu de fer qui tourne fur un pivot, com-
me dans les Machines des Monnoyes. Voyez page 2 54,. PI. LUI.
Ou bien encore qui demeurant ferme fouftient d'autres pièces
qui tournent defliis comme on peut voir dans les Grues où le van-
cher tourne fur un Poinçon qui eft au bout de l'Arbre, Voyez page
102. PI. XXL
ÀR
-ocr page 368-
A R                       .343
Arbre d'un Tire-plomb. V. page 202. PL XLIV.
Arbre compofé de plufîeurs pièces fèrvant pour le Tour. Voyez,
page
275". 278. PL LX.
Arc, Arceau. On appelle l'Arc ou l'Arceau d'une porte ou fe-
neftre, lorsque par enhaut elle eft conftruite avec des Voufloirs , & non
pas avec des Claveaux, c'eft-à-dire qu'elle eft cintrée & non quarrée.
On dit auffi I'Arc ou l'Arceau d'une voûte, pour marquer là cour-
bure & le cintre qu'elle fait. La face de front fe nomme tejîe & front en
gênerai; mais dans l'étendue des pieds-droits elle s'appelle tefte & front
des pieds-droit s
j & dans l'étendue de l'arc , tefte ou front de l'arc,
V.
Hémicycle. Voûte.
Arcades. L'on dit les Arcades ou les Arches d'un pont , pour
lignifier les grandes ouvertures cintrées qui font entre les piles.
Arc-boutàns , ce font des Arcs ou demy arcs , qui appuyentSc
fouftiennent une muraille, comme ceux qui font auxcoftez des gran-
des Eglifes. Vitr. 1.6, c. ï 1. les nomme entendes , Eryfma.
On nomme auffi Arc-boutant la barre d'une porte qui pend
de la muraille, & va appuyer contre le milieu de la porte. V. Pied
de biche.
Arches. Ce font de grandes voûtes qui fervent pour des ponts
ou pafTages. ^Ponts.
Archet. C'eft un morceau de fer ou d'acier qui ployé en faifant
reflbrt, & aux deux bouts duquel il y a une corde attachée. Les
Serruriers & autres ouvriers s'en fervent pour tourner ou percer leur
befogne. F. page 176, PL XXXVII.
Archet fervant à fier les pierres dures & precieufes. V. page
317. PI LXIfl.
Architecture, eft Part de bien baftir ;& félon Vitruve 1. 1. c. 1.
c'eft une fcience qui doit eftre accompagnée d'une grande diverfité d'é-
fudes & de connoiflances, par le moyen defquelles elle juge de tous les
ouvrages des autres arts qui luy appartiennent.
Le nom d'Archite&ure fe donne auffi quelquefois à l'ouvrage mef-
me V. page 2,
Architecture civile, eft Part de baftir fondement avec com-
modité & beauté pour la neceffité des particuliers & l'ornement
des Villes,
Architecture militaire, c'eft part de baftir folidernent, fans
avoir égard à aucune beauté qu'à celle qui s'açcomo^ode à la feureté
de la place qu'on veut confèrver. V, Page 63.
Architecte eft celuy qui fait les deffeins 3 difpofe du terrain Se
Xx                          fan-
-ocr page 369-
$4$                                   A R
range avec art les pièces d'un édifice , {êlon la commodité &?inten-
îion de ceîuy pour qui il travaille , & qui a la conduite de tous les
ouvriers & de leurs ouvrages. Veyez page z.
Architrave, ce nom eft compofé du mot grec "%?%$ qui veut
dire principal, & du mot latin trabs, qui eft une poutre, comme qui
dirait , la principale poutre. C'eft ce que nous appelions poitrail ,..
& les Grecs 2PWa-»o? , Epyftile , parce que cette pièce eft pofée im-
médiatement fur les colonnes y Les Maçons prononcent Arquitrave*
Vitr. 1. 6. c. 4. appelle trahes liminares alarurn les architraves foûte-
nus par des colonnes , comme ceux qui font aux coftez des Vefti-
bules , & qui en font les ailes.
Argot , ce mot eft peu en ufage, &prefque inconnu parmy tous
les ouvriers 5 c'eft le cuivre rouge méfié avec la calamine dont on
fait le laiton ou cuivre jaune , & ce qu'on appelle/><?;?*», quand il eft
allié avec le plomb. F. page 240.
Ardoise, eft une forte de pierre tendre & brune , qui fe levé par
feuillets fort minces : elle eft d'un grand ufage pour les couvertures des
baftimens. On fe fert à Paris de deux fortes d'Ardoifes, fçavoir de celle
qui vient de Mezieres, & de celle qu'on apporte d'Angers, qui eft meil-
leure & plus belle que l'autre. Les Marchands ont de trois fortes d'Ar-
doife d'Angers, fçavoir la fine, la forte, & k carrée forte.
Arener, fe dit d'une poutre ou d'un plancher qui baifïè &S'af~
faife par trop de charge.
Ares tes. Ce font les angles de quelque corps, Ainfi l'on dit
d'une poutre ou de quelqu'autre pièce de bois , qu'elle eft à vive
arejîe
, quand les angles en font bien marquez , & qu'elle eft bien
équarrie.
On dit PAreste ou bord d'une enclume.
Arestieres. Les Couvreurs nomment ainfi les enduits de
plaftrc ou de mortier qu'ils mettent fur la couverture d'un pavil-
lon , aux endroits où font les Areftiers de bois, pour fuppléer au dé-
faut de la tuile.
Arestiers. Ce font les pièces de bois qui prennent des angles
d'un baftiment pour faire la couverture en pavillon ou en croupe.
Elles doivent eftre un peu plus grofles que les chevrons de ferme, à
eaufe qu'il les faut délarder , c'eft-à-dire qu'il faut en ofter quelque
ehofe. Voyez De'larder , & page 86. 94. PI. XVII.
Argent. On employé de l'argent pour faire des couleurs à pein-
dre fur le verre. V. page 183.
Armer, Ondit umdoifonarméede lattes i pour dire recouverte.
Ar-
-ocr page 370-
AR                     >                   34?
Armer une poutre de bandes de fer, c*eft la garnir & la fortifier avec
du fer.
Armiles. V. Astragale.
Arrachement -, lorfqu'on ofte d'un mur quelques pierres pour
y en mettre d'autres qui fervent de liailbn avec un autre mur que l'on
veut baftir, cette démolition s'appelle arrachement.
Arr a zer, c'eft mettre les pierres d'une muraille d'une égale hau-
teur i ainfi quand il y a un mur quia fix pieds de haut en un endroit, &
quatre pieds en un autre, on dit qu'il faut arrazer tout le mur, c'eft-à-
dire mettre les pierres à niveau. & d'égale hauteur.
Arreste'. On dit un deffeinbien arrefèéylorfqae toutes fes par-
ties font bien defleignées , & recherchées * en forte qu'il n'y a plus
rien à retoucher, V.pagè 290.
Arrière corps K Avant-corps.
Arrière-voussure , eft une efpece de voûte mife au derrière
du tableau d'une porte, d'une feneftre, ou de quelqu'autre ouver-
ture , pour couronner l'embrafèure.
Il y en a que l'on nomme Arrière-voufTure de Marfeille > Arriere-
voufîure de S. Antoine , à eaufe de celle qui eft à la Porte de S. An-
toine à Paris, & peut-eftre la première qui a paru de cette façon ,
félon le P.. Derand.
Arrondir une Figure , foit de Sculpture, foit de Peinture, c'eft
luy donner du relief, & faire que tous les membres foient bien ar-
rondis , fi c'eft avec du crayon ou en peinture , cela fe fait par le
moyen des jours Se des ombres.
Arsenic L'Arfenic des anciens eft un minerai naturel d'un jaune
doré. Vitruve le met au nombre des couleurs, 1.7. c. 7. Noftre arfenic
eft fait d'orpin ou arfenic naturel cuir aveedufel, & réduit en criftal.
Arson ou archet dont les Serruriers fe fervent. V.page 163. iy6.
PI. XXXVII.
Art. On dit une chofe faite avec art & feience, ou artiftement
faite.
Artemon. V. Moufle.
Articule'. On dit d'une figure de relief ou de peinture , que
les parties en font bien articulées, bien prononcées , pour dire qu'el-
les font bien marquées.
Artisan. Ce mot eft relevé fouvent par celuy d'excellent, &
on dit des grands Sculpteurs & des grands Peintres de l'antiquité ,
que c'eftoient d'excellens Artifans.
Artison, petit ver qui s'engendre dans le bois,
Xx 2                     - .Ar-
-ocr page 371-
34>6                         A R                      A S
Artiste j un Ouvrier qui travaille avec art & facilité. Ce
mot eft encore particulier à ceux qui travaillent aux opérations de
Chimie.
Artistement. Unechofe faite artiftemeat , c'eft-à-dire avec
pratique & facilité.
ASNE. V. p.^22.^2^. PI. LX1V.
Aspect. On dit l'afpecT: d'un édifice félon (on expofition
aux différentes régions du Monde , fçavoir au Midy , au Sep-
tentrion , &e.
Aspic , eft une plante dont il ya plufieursefpeces; celleque l'on
nomme Nardus Celtka eft noftre Lavande. On en fait de l'huile
dont les Peintres fe fervent.
Assemblage , pièces de bois d'Alïèmblage. Les Menuifiers
ont trois principales manières d'aflembîer leur bois : i. le quarré :
2. l'afiemblage à boiiement : 3. celuy à onglet. Il y a aufîî celuy à
queue, mais la queue eft jointe avec quelqu'une des trois autres. V*
/. 126. 130. PL XXVIII.
Assette ou Hachette de Couvreur. Voyez page. 109. 112.
Plan. XXIV.
Assiette eft une compofition qui fe couche fur le bois pour le
dorer. Plin. 1. 3 f. c. 6. appelle Leucophorum celle dont les anciens
fè fervoient, V. p. 207. 209. 210.
Assise lignifie les rangs des pierres dont les murs font compolèZy
la première aflife d'une muraille, eft ce qu'on appelle en latin, mûri
fundamentum.
Vitruve 1. 2. c. 3. nomme auffi Corium, une affile.
On dit 2. 3. 4. ajjifes de pierre de taille , pour exprimer plulieurs
rangs de pierres les unes fur les autres. On dit pofer par ajjifes, ou^
ajjiettes.
Astragale, d'a^'V^©-'» qui lignifie le talon. Dans l'Architec-
ture on nomme ainfi les petits membres ronds, à caufe de la refïèmblan-
ce qu'ils ont à la rondeur duTalon, Et parce qu'on les taille ordinai-
rement en forme de petites boules ou grains de chapelet , enfilez ,
les Ouvriers leur ont auffi donné le nom de chapelet. Mais le mem-
bre ou moulure qu'on appelle Talon en françois , eft autre chofe que
ce qu'on nomme Aftragale : car le Talon eft formé de deux portions
de cercles, l'une en dehors Se l'autre en dedans, ce qui fait auffi une
Cymaife droite : & PAftragale eft un membre tout rond. Celles qui
font au haut & au bas des colonnes n'ont rien de ce qu'on nomme Ta-
lon, mais reprefententdes cercles & des anneaux. Auffi quelques-uns
les nomment Armiles , par la reflèmblance qu'ils ont aux bracelets ,
ou
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A T                                      . 34,7
011 gros anneaux, qu'on mettoit autrefois à l'entour du bras.
Les Italiens appellent Tondrai les Aftragaîesqui font au bas des co-
lonnes. Selon Baldus c'eft ce qu'on appelle Spire, dans la bafe de
h colonne Ionique , qui eft compofée de deux Aftragales , dont l'u-
ne touche le fourcil ou partie d'enhaut du Trochile ou Nacelle infé-
rieur , & l'autre fouftient le quarré du Trochile fuperieur , & ont
toutes les deux la figure de deux anneaux.
Il faut remarquer que dans les plus anciens baftimens les Aftraga-
les avoient pour l'ordinaire fort peu d'ornemens. Celles qui eftoient
fous les Fafces de l'Architrave ou Epiftile , & dans les Corniches ,
eftoient taillées par petites boules ou grains de chapelet , comme
j'ay dit -, ou bien un peu longuettes comme des fufeaux. Selon
Philander & Barbaro , PAftragale eft un demy Tore. Baldus appel-
le l'Aftragale Lesbien , un quart de rond. Barbaro veut que ce fbit
un cavet qui foit l'Aftragale Lesbien, Il faut voir les Notes de M.
Fer. fur le 3. c. du 4.1. de Vitr.
Attache , ou Lien, dont on attache les panneaux des vitres
aux verges de fer. V.p.190.
Attelles. Ce font deux morceaux de bois creux , qui eftant
mis l'un contre l'autre font une poignée qui fert aux Plombiers à pren-
dre leurs fers à fouder. Les Vitriers appellent Mouflettes celles dont
ils fe fervent à mefme ufage. Voyez page 119.. PI. XXVI. Se 192.
PI. XXXIX.
Attelier , lieu où les Peintres , les Sculpteurs ,- & autres Ou-
vriers travaillent.
Attentes. On nomme pierres d'attentes celles qu'on laifle en
baftiflànt quelque mur , pour les enlier avec une autre muraille. V.
Harpe.
On appelle aufli Table d'attente , une pierre deftinée pour graver
quelque infeription , ou pour tailler quelque bas-relief.
Attique fignifïe ce qui eftoit de la ville d'Athènes & de fcn ter-
ritoire. Plin. 1. 36. c. 23. appelle Colonnes at tique s ou atticurges celles
qui font quarrées, de mefme qu'il y en avoit à l'Amphithéâtre de Vefpar
lien. Leur baie eft des plus belles; on s'en peut fervir dans tous les or-
dres , excepté dans le Tofcan, qui a toujours la mefme bafe, qui luy eft:
particulière. Les parties de la Bafe attique font le Plinthe, le Tore infé-
rieur, îaScotie, & le Tore fuperieur. V. p. 11. PI. II. &p. 22.
Il eft encore fait mention dans Vitruve 1.4. c. 6. des Portes attiques ,
parce qu'elles avoient efté inventées par les Athéniens.
Nous appelions auflî Attique dans nos baftimens un petit ordre
.Xx 3                           que
-ocr page 373-
343                      AT                               A V
que l'on met fur un autre beaucoup plus grand , comme ceîuy qui
eft encore à prefènt au Louvre au deflus du fécond ordre , &
qui porte la couverture. Ce petit ordre n'a ordinairement que des
Pilaftres d'une façon particulière} qui eft à la manière Attique donc
le nom luy a efté donné.
Attisonnoir dont fe fervent les Fondeurs. Voyez p.
243. PI. Lï.
Attitude. Ce mot eft Italien & veut dire la pofture&l'action
des Figures qu'on reprefente. Mais outre qu'il eft plus gênerai, &
qu'il y a encore quelque chofe de plus noble dansfon expreïiion, il y
a des fujets où il eft plus propre que les mots dtpofture & d'aèJion, qui
ne con viendraient pas fi bien en parlant, par exemple, d'un corps
mort. Les Italiens dikntAttitudine.
Atre. Voyez Foyer.
Attremper, donner la trempe au fer. /^.Trempe.
Avance. On dit l'avance, ou faillie d'une couverture, ou autre
chofe.
Avant-bec. On appelle ainfi les angles ou efperons qui font aux
piles des ponts de pierre. Chaque pile eft compofée du maftîf ou corps
quarré de maflbnnerie & de deux Avant-becs : celuy qui eft oppofé
au fil de l'eau s'appelle Avant-bec d'amont l'eau-, & ceîuy d'au def-
fous , Avant-bec d'aval l'eau. On appelle faillie de l''Avant-bec la
partie qui excède au delà du corps quarré de la pile.
Avant-corps , font les parties d'un baftiment qui ont plus de
faillie fur la face. Et les Arriere-corps au contraire.
Avant-court , quand il y a plufieurs cours dans une maifon »
on nomme la première, Avant-court.
Avant-logis. M. de Chambray dans fa traduction de Palladio,
nomme avant-logis ce que Vitruve & Pline appellent Cavadium. Vitr.
1.6. c. 3. dit qu'il y avoit de cinq fortes de Cavœdium> le Tofcan* Celuy à
quatre colonnes s le Corinthien 5 le Teftitudiné, qui eft comme l'on
croit ce qu'on appelle voûte à berceaux -, & ceîuy qui eftoit tout décou-
vert. On peut voir les Notes de M. Perrault fur Vitruve.
Auban. ^zHauban.
Auberon d'une ferrure , c'eft le petit morceau de fer rivé au
Moraillon ou ïYAuberonniere, lequel entre dans une ferrure, & au
travers duquel pafîè le Téneou Tele. Il s'en fait de diverfes façons.
V.p>.tf6.
Auberonniere, c'eft le morceau, ou la bande de fer, fur laquel-
le l'Auberon eft rivé. Il y a quelquefois plufieurs Auberons far une
mef-
II
-ocr page 374-
A V                  A X                    AZ            349
mefme Auberonniere j comme on peut voir aux ferrures des cof-
fres forts. Voyez page, i f6.
Aubier., Auber-, ouAubour-, on dit Aubier à Paris, Albumum,
Flin.l. i6.c. 38. Vitr. fe fert du mot de 7omlus.V.p.%i.
Avenue. On dit il y a une avenue d'ormes devant le Chafteau,
pour dire il y a une allée.
Auge, Auget dont fe fervent les Maçons, & dans quoy ils met-
tent leur mortier. V.p. 57. PI.XL
Auge des Couvreurs. V.p. 10p. 112 PI. XXIV
Auge de pierre fervant aux Serruriers à mettre l'eau delà forge.
K/M72.PI.XKX.
Augi v e . Voyez Ogives.
Aviver.. Quand on dit qu'il faut aviver une Figure de bronze
pour la dorer, c'eft-à-dire qu'il faut la nettoyer & la gratter légère-
ment avec un burin ou autre outil y ou la frotter avec de la pierre
Ponce , ou autrement. Cela fe fait pour la rendre plus propre à
prendre ou recevoir la feuille d'or, qui ne veut rien trouver de fale Se
d'impur, lorfqu'on l'applique defTus, après toutefois avoir chauffé la
Figure, ou ce qu'on veut dorer. Le mot d'aviver veut dire donner de
la vivacité, & rendre la matière plus fraifche, & plus nette, & dans
ce fens l'on s'en lèrt en diverfes rencontres, quand on parle de join-
dre les métaux, &de les fouder enfemble. V.p. 239.
Aviver, des folives ou poutres, c'efl-à-dire les rendre à w-
ve arrefte.
Auvan, ou Auvent. Ce mot fignifie proprement une avance dans
îa rue fur les boutiques, pour garder du foleil & de la pluye.
Axe ou Effieu. Vitr. appelle Axis dans la Volute Ionique le
bord ou filet qui en termine la partie latérale , appelle le Baîuftre9
fuivant les conjectures de M. Perrault dans fès Notes fur le chap. 3.
du 3.L de Vitr.
Azur.. Ce que nous appelions vulgairement azur & outremer efï une
couleur bleue dont les Peintres fe fervent. Les Arabes la nomment U-
zul-,
On le fait d'une pierre que l'on nomme lapis lazuli.
Il y a d'autres Couleurs bleues qui font naturelles & artificielles»
Vitr. I.7.C. 11. enfeigne à faire le bleu artificiel. Et M. Perrault dans
fes Notes fur le mefme chapitre, montre de quelle manière on pré-
pare Y outremer. On peut voir aufil ce que le P. Bernard Caîfius 1.2.
c. 4,. de mineralib. a écrit de ces fortes de couleurs.
B
-ocr page 375-
B A
3fo
B
Ac, c'eft un bateau, pour palier l*eau. Quand il eft: grandies
i Latins le nomment cPontoi& quand il eft petit cymba^ tinter.
On nomme auffî Bac un petit baffin de fontaiae, qu'on appelle
conch^ labrum.
Bacule. V. Bascule.
Badigeon. V.p.zi%.
Baguette , ou appuy-main des Peintres. Voyez p. ao.i,
P1.LXIL
Baguette , petite moulure ronde & faite comme une verge
qu'on nomme chapelet , lorfqu'il y a des grains taillez. V. p.
13a. PI.XXVIII.
Bains, Therma. Les Bains des Anciens eftoient compolez de
divers appartemens & lieux deftinez à plufîeurs ufages. Vitruvel. f.
c. 10. appelle caldarium ceux où l'on échaufFoit l'air , qui eft pro-
prement ce que nous nommons Eftuves.
Bajoues ou Couflinets d'un Tire-plomb ; ce font des eminences
ou boflages qui tiennent aux Jumelles de cette Machine nommée
Tire-plomb, dont les Vitriers fe fervent à fendre le plomb qu'ils ern=
ployent pour les Vitres. V.p, 178 PIXLIV.
Balance. Il y a différentes (brtes de Balances, Celle que les La-
tins nomment Libra a deux baffins -, & celle qu'ils appellent Statg*
ta y
n'en a qu'un. V.p. 61. Se 62, PI. XIII.
Balancier, c'eft la poignée de fer qui tient la Balance fufpen-
due par le milieu.
Balancier., Machine à faire les Monnoyes,les Jettons & les Mé-
dailles. V.p. 25-1.2 ftf. PI. LIV.
Balay , ou Efcouvette fervant aux Serruriers. V.p. 174,.
PL XXX VI.
Balcon , Todium menianum, c'eft une avance hors le logis pour
mieux voir fur une placej ce mot vient de l'Italien bakone.
Baliste, Edifia, Machine dont les Anciens fe fervoient pour
jetter des pierres. Elles eftoient différentes des Catapulte's,en ce que ces
dernières lançoient des javelots, mais elles fe bandoient d'une rnefrfig
manière. On peut voir Vit. 1.10. c. 16. &: les Notes de M. P,
Baliveaux. V,%s chasse s.
Pâlot, ou Baîon de verre./7', p. 190.
Balustrade , c'eft un aflemhlage de pîufieurs Baluftresqui fer-
vçn£
-ocr page 376-
1 A                                     |fi
vent de cîpflure , comme celle dont l'on enferme les Autels.
Balustre, eft une efoeçe de petite colonne, qui ië fait en diffé-
rentes manières , & que l'on met ordinairement fous des Appuis , ou
pour faire des cloftures. Le mot de Baluftre vient de Balaujîrum, qui fi^
gnifie le calice de la fleur de grenade, auquel le baluftre refîemble.
Balustre fignifîe aufïïla Baluftrade qui environne le lit des Rois
& des Princes.
Balustr.es du chapiteau de la colonne Ionique, c'eft la partie laté-
rale du rouleau qui fait la Volute , & que Vitruve 1.3. c. 4. nommepul-*
vinata
, parce qu'elle a quelque refïèmblance à un oreiller.
Bal str.es de ferrures , ce font de petites pièces de fer en forme
de baluftres, qui tombent fur l'entrée de la clef, & qui fervent à la cou -
vrir, ou bien qui fervent encore à attacher les ferrures -, Il y a auffi dei
Clefs dont l'Embafe de îa tige forme une efpecede Baluftre.
Bandes , Platebandes, Faites 5 ce font des mots dont les Ouvriers
fe fervent indifféremment pour fignifier dans les Moulures del'Archi-
çe&ure ce que Vitr. nomme Fafciœ, Tenta.
Bandeau » c'eft l'Architrave qui part d'une Impofte à l'autre autour
d'une porte, d'une feneftre, oudequelqu'autre ouverture qui eft cin-
trée ou en arc. Les Ouvriers appellent auffi quelquefois Bandeaux les
Chambranles des portes ou feneflres quarrées , que Vitr. 1. 4. c, 6,
îîomme Antepagmenta.
Bander. V. Haler.
Bandes, ou Barres de trémie j ce font des Barres de fer qui fervent
aux cheminées à porter l'Atre entre la muraille & le cheveftre. Elles
font attachées fur les deux folives d'encheveftrure. Il y en a qui fer-»
vent auffi à porter les languettes qui feparent les tuyaux.
Bandes Flamandes , efpece de pantures. V. page 152. 16%.
PL XXXIII.
Banquette. Onappelîe ain fi les chemins relevez, comme font les
deux coftez du Pont neuf, où il n'y a que les gens de pied qui marchent
Les affifes de pierre de taille qui les bordent, & les fcûtiennent du cafté
du milieu du pont, fe nomment tablettes.
Banquette d'un parapet. V. p. 67.
Baquet pour mettre du mortier. V, p. jj. PI. XI.
Baraque, petite hute, ou maifonnette.
Bar , eft une Civière extraordinairement forte qui fort à porter des
pierres 8c autres matériaux. On met de la natte fur le Bar pour pofer
les pierres, de crainte qu'elles ne s'écornent s & alors on dit qu'#»
Bar eft armé de fe$ torches de nattes. V.p. 57. PL XL
Yy                           Ba-
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3P                                        B Â
Baras. V. Borax.
Sarbacanes, ou Ventoufes. Ce font des ouvertures que Pou
fait dans les murs d'efpace en efpace pour écouler les eaux , princi-
palement lorfque les murailles fouftiennent des terrafTes.
On appelle aufli Barba canes les ouvertures qui font aux mu-
railles des villes & places fortes, pour tirer avec le moufquet furies
ennemis.
Barbes des pênes dès ferrures i Ce font des hauteurs ou pièces
enlevées fur le pêne r lefquelies avancent , & que la clef prend en
tournant pour les faire aller. V.p. i f.8.
Barbes perdues V.p. 158.
Barbes qui demeurent aux Flancs des Monnoyes. £^. %fp
Bardeau, petit ais dont on couvre les maifons.
Ba riDEURS. V.p. fo.
Barlong, c'eft un quarré plus long que large.
Barres de Trémie. V. Bandes.
Barre de feroudebois dont on fe fer t pour fermer une porte par
derrière i Barrer» fermer avec une barre -, barrer garnir de Barres» .
Barreaux de fer fervant pour les grilles des feneftres,&c.
Barre d'un tour. V.p. 273. 278. PLLX.
Barrière. V.p.j"$.
Bascule, eft une Machine qui fèrt à plufïeurs ufàges, comme
les Bafcules avec lefquelies on tire de l'eau, qui font des pièces de
bois fouftenuës fur un eflieu parle milieu ou autrement, poureftreplus
ou moins en équilibre j lorfque l'on pefe fur l'un des bouts l'autre
feauflè, & par ce moyen elles élèvent l'eau. V.p. fi.
Les Bafcules ou Ponts levis font de pareilles Machines fufpenduës
fur des eflïeux.
Il y a aufli des Serrures que Ton nomme Bajmks, parce qu'elles fe
hauflent & fe baiflènt. V.p. 1 f8.
Base» La Bafe de la colonne eft la partie qui eft au deflbusdufuft
de la colonne, &quipofefurlePiedeftal,ouZocle,îorfqu'ilyena. Le
Tore & les Aftragales qu'on y met d'ordinaire, ont eftéainfî difpofeZ
d'abord pour imiter les cercles de fer dont on fortifioir les extremitez
des troncs d'arbres, qui fervoient à foûtenir les maifons. Le mot de Bafe
vient du grec @*<nt c'eft-à-dire Yappty, \efoujiient ou Xepiedàe quelque
chofe. LesBafes font différentes félon les differens Ordres.
L'on nomme aufli Bafe tout ce qui fert comme de premier fonde-
ment hors le rez de chauffée, pour foûtenir toute forte de corps, ou d'é-
difice. On dit aufli Emkafementi quandc'eft une Bafe de longue eften-
duë,
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B A                                         j^jjj
due, comme du tour d'une chambre, d*une tour ou de quelque autre
lieu. V. Stereobate.
Base Atticurge. V. Attique.
Base, ou cofté extérieur du Polygone, terme de fortification.
V.p. 67.
Basilique, c'eft proprement ce que nous appelions une grande
Salle £*<nA»»jv veut dire Maifon Royale , & dans la fuite des temps
l'on a nommé Bafiliques, non feulement les Salles où les Princes ren»
doient la Juftice, mais aufli les Temples & les Eglifes, qui font comme
les lieux que Dieu femble particulièrement habiter. Chez les Anciens
ces Salles avoient deux rangs de colonnes, qui faifoient comme une
grande nef au milieu, &deux ailes à cofté: fur ces ailesilyavoitdes
galleries. Ces lieux qui avoient efté premièrement faits pour la ma-
gnificence des Palais, fervirent depuis à rendre la Juftice.
Basque. /^Bourceau.
Bas-reliefs de différentes fortes. V.p. 219.
B a sse-court d'un chafteau, ou d'une maifon de campagne, chou.
yitr.L6.cp.
Bassin où l'on détrempe la chaux, c'eft la fofle où on l'éteint. Mor~
tarium.
Plin. 1.3 6. c. z 3. Vitr. 1.8. c. 7.
Bassin , ou Cuve où Ton fè baigne, labrum. Vitr.I.y. c. 10.
B a s s 1 n de fontaine j il y en a de différentes façons pour recevoir
ï'eau.
Bassin de balance../^ Balance.
Bastille, eft un petit fort. C'eft aufli un nom particulier qui fî-
gnifie la fortereflè, ou chafteau qui eft à Paris entre l'Arcenal & la
porte S. Antoine ; & où l'on met les Criminels d'Eftat.
Bast ide , maifbn de campagne en Provence.
Bastion , c'eft un grand corps avancé fur les angles faillans du
corps d'une place, duquel les parties font deux faces & deux flancs.
Kp.66.7S. PI. XIV.
B aston, eft un membre rond dans l'Architecture, que l'on nom-
me auffî Tore.
Bastons rompus, pièces de compartimens dans des vitres & autres
ouvrages. V.p. 198. PI. XLII.
Bâtarde au} c'eft une cloifon d'ais, de terre glaife, ou d'autre
chofe qu'on fait dans l'eau, pour y baftir quand l'eau eft épuifée.
Battans } dans les Portes ou feneftres de menuiferie , ce font
les maiftreflès pièces d'aflèmblage des coftez où font les ferrures
^.130. PI. XXVIIL
Y y 2                         Bat-
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3 ft                            B A                      B E
Battaison. Ce mot n'eft pas en ufage. M. de Chambray s'eneff
fervy au 3. ch. de fon Paralelle de l'Archite&ure ancienne avec lamo-
derne , où en parlant du Théâtre de Marcellus, il dit que les Gout-
tes tombent en battaifbn fur les Triglyphes
, c'eft-à-dire qu'elles in-
clinent en devant.
Batterie, ce font des terres élevées fur îefquelles on pofe l'Ar-
tillerie. V. p. 69.
Batterie, Lorfque l'on fait des Ponts & que l'on enfonce les pi*
lotis , on demande ordinairement combien il y a de Batteries t c'eft-
à-dire , combien il y a d'Engins pour fraper avec des Hies- ou des
' Moutons.
Battellement , c'eft la fin ou l'extrémité de la couverture qui
tombe dans une gouttière.
Batture. V. Cole-a-miel.
Baudets , Hours ou Ours -, ce font des tréteaux fur lefqueîs les
Sieurs de long pofent leurs bois pour les débiter.
Baudriers. V. Echarpes.
Bauche ,. ou Bauge ; c'eft une efpece de maçonnerie qui fè fait
avec de la terre franche & de la paille bien pétrie 6c corroyée. On.
s'en fert dans les pays où la pierre & le plaftre font rares.
Bavette, l'on appelle ainfi une bande de plomb qui couvre les
bords & les devans desChefneaux, &que l'on met auffi fur les gran-
des couvertures d'ardoifè au deflbusdes Bourfeaux. V. Bourseau.
Bavoche', c'eft-à-dire en terme de Peinture, un contour qui n'eft
pas couché nettement. Voyez page 213.
Bec. Voyez Avanï-bec.
Bec-d'asne , outil fervant aux Menuifiers. Voyez-p. 129. 13 8£
PL XXXII.
Bec-d'asne croche , dont les Serruriers fe fervent pour ferrer les
fiches dans le bois. Vp. 163. 178. PI. XXXVIII.
Bec de cane , outil fervant aux Menuifiers. V. p. 129. 136
PI. XXXI.
Bec de cane. IL y a de petites ferrures à reflbrt qu'on nomme
ainfi. V. p. 157.
Befray ou Befroy, c'eft la charpenterie qui foûtient les cloches
dans une tour , ou dans un clocher.
Befroy fignifie auûT Efchauguette, Dongeon.
Bélier, Aries.YïttA. io.c. 15). C'eftoitune grande poutre ferrée
par le bout, & fufpenduë par deux chaines, dont on fe fervoit ancienne-
ment pour battre les murailles des villes. Il y en avoit de trois fortes, les
,                  uns
-ocr page 380-
BA             BE              BI            jff
uns fufpendus à des cordes, les autres coulant fur des rouleaux r ôcles
autres fouftenus fur les bras de ceux qui les faifoient agir.
Ben ARDE,efpece de Serrure. V. Serrure.
Berceau, Voûte faite en berceau. V. Voûte.
Ber i l , Berillus, c'eft une pierre fort femblable au Cryftal, il s'en
trouve de greffes pièces, dont l'on fait des vafes fort précieux. Il y en
a beaucoup à Cambaya, à Martaban, &au Pegu, comme aufh dans
l'Ifle deZeïlan, <Del'Efclufe hiftoitedesTirogX. i. c. 47.
Berlong. F.Barlong.
Berme , ou Relais, eft uneefpace ou retraite de quatre ou cinq
pieds, qu'on laiflè en dehors entre le pied du Rempart, & FEfcarpe
dnfoM.F.p 67.                                                  ,• ]}. }
Bes aiguë, outil de fer acéré & coupant par les deux bouts, dont
l'un eft bec d'afne, & l'autre planché à biseau, ayant une poignée au mi-
lieu, & dont fe fervent les Charpentiers. V. p. 88.96 PI- XVII L
Bes aiguë, efpece de marteau fervant aux Vitriers. V.page 191.
°B 1 ai s, les Maçons & les Charpentiers difent de biais, pour dire
de travers-, biaiferyc\Vi faire aller de travers.
Biais gras , Biais maigre, c'eft un terme dont les Maçons fe
fervent pour exprimer deux angles inégaux entre eux , & ce qu'en
Géométrie on appelle angle obtus, & angle aigu.
Biais par tefte, par derobement, par équanjjement , iont en-
core des termes dont ils fe fervent pour marquer la coupe de
qUBiACi fpasse. Lorfque dans les baftimens il fe rencontre desfu-
iettionsqui obligent de faire des portes ou feneftres en biais, cela fe
nomme Etais paffe, à caufe du trait géométrique, dont le trait fe fait oit
paréquariflèment,ouparpaûneau^ GrandiespalTagesoulesouver.
tures qui fefont de cette forte nefontde biais que d un cofte} On ap-
pelle cela Or»^<?^/> ou wr»*^^.
Bicoo,ou pied d'une Chèvre. Voyezpage%9.100 Pian.XX.
Bigorne, c'eft le bout d'une Enclume qui finit en pointe,& qui fere
à tourner les groife* pièces en rond. On dit Btgtrner, pour dire arron-
dir fur cette partie de l'Enclume, un morceau de fer, ou les anneaux des
clefs 11 valapetitê Bigorne onBigorneau, dont un bout eft quarré,
Se l'autre rond pour tourner les rouets & autres petites pièces. Me le
metfuri'Etablie.^^/'^ 174-Pi-XXXvl.
Bilboquet fervant aux Doreurs. K page 212.217, Lïan.&LVL
Bille d'acier. ^Carreaux.
Y y 3                              »-**>
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30                     B I                                BL
B11 l ot que l'on met fous les pinces ou leviers pour mouvoir
quelque fardeau. V Orgueil.
Billot dontfe fervent les Serruriers pour tourner les rouleaux.
Voyez, page 174. PI. XXXVI.
Binard eft une efpece de chariot monté fur quatre roues d'une
mefme hauteur, fur lequel on mené de grofles pierres.
Biseau, outil fervant aux Tourneurs, & autres Ouvriers. V. p.
274. 278-PI. LX.
On dit un Fermoir à deux bifèaux, quand les coftez font égale-
ment affûtez pour couper.
Bistre. V.page 290.
Blanc en bour, efpece d'enduit fait de terre & recouvert de
chaux.
Blanc pour peindre à Fraifque. Kj>. 292.
Blanc de Craye. F.p.295,
Blanc de Plomb. V.p. 299.
Blanc & Noir. V.p. 303.
Blanc pour dorer. V.p. 208.
Blanchir des ais. V.p.ijf.
Blanchir des targettes avec la liffiç.V.j>. 162.
Blanchir l'argent. J^. 253.
Bleu de forge dont l'on fe fert dans les Grottes. V.page 319.
Bleu artificiel dont on fe fert enPeinture. Il eft fait de fable , de
fel, denitrej & de limaille de cuivre. Vitruve enfèigne cette com-
pofition 1.7.C 11. mais la belle couleur bleue qui eft naturelle eft; faite
de Lapis Lazuli. V. Outremer.
Il y a une autre couleur bleue qui fè ffait en Flandre, dont les Pein-
tres fe fervent, mais qu'ils n'employent que dans les païfàges, parce
qu'elle verdit facilement, aufïi l'appelle- t-on cendre verte.
Bleui r. Quand on veut dorer en feuille quelque Figure de bron-
ze, on la fait chauffer pour y appliquer les feuilles d'or. Comme en
chauffant la Figure prend une couleur de gris bleùaftre, les Ouvriers
nomment cela, la faire bleuir, Sx. la mettre en couleur d'eau.
Blindes, en terme de fortification, eft un nom Flamand, qui li-
gnifie ce que nous appelions Chandeliers, qui font des défenfës faites
de bois ou branches d'arbres, entrelaflees pour empefcher l'ennemy de
voir ce que l'on fait. Il y en adiverfès manières felonladiverfîté des
lieux. V.p. 74.
Bloc de marbre, eft une pièce de marbre telle qu'on la tire delà
carrière ou cave, & qui n'a encore aucune forme. Voyezf. 226.
Bloc
-ocr page 382-
B L                     B O                           377
Bloc de plomb, eft une efpece de billot tont rond dé cinq à fïx pou-
ces de diamètre, & de trois pouces de haut ou environ, fur lequel ceux
qui gravent en creux pofent leurs ouvrages, quand ils travaillent avec
lescizelets ou poinçons, & le marteau. Voyez p. 2 j8. PI. LV.
Blocage , menues pierres de maçonnerie. Camentum , Vîtr.
Blochets, font des pièces de bois qui entretiennent les chevrons
de croupe, & les Jambettes des couvertures, & qui font pofez fur les fa-
blieres des croupes & des longs pans. Voyez page 8 f. 94. PI. XVII.
On dit eftablir & traifher les Blochets pour eftablirles Entraitsdef.
fus. On ditauffi qu'ils font travez à mordant ou mors d'afne & queue
d'aronde , pour dire afîèmblez de ces différentes manières.
Bobine. Voyez p. 166, PI. LVIÏ.
Bosse, ou Bosselle , efpece de ferrure. V.p. iff.
Boete fervant à mettre les quarrez pour les Médailles. V. p. 2 50.
276.Pi.LIV.
Boete dans laquellelesVitriersmettentleurpoixraifine.^./. 192.
204.Pl.XLV.
Boete fervant à tourner les forefts ou fraifes. V.p. 174. PI. XXXVI.
On nomme Bo e t e s les ais ou planches qui fervent pour couvrir & re-
veftir des pièces de bois, fbit poutres, foit folives ou autres choies.
Boete d'un Villebrequin, c'eft le morceau de bois dans lequel
on met la mèche.
Bois merrein. A7". Mer rein.
Bois ruftiques. Les Menuifiers qui travaillent de placage , appel-
lent bois ruftiques les bois de racines qu'ils employent dans les ouvra-
ges de rapport. Voyez pag. 140.
Bois d'émail, c'eft du bois qui eft fendu & fié du centre à la cir-
conférence.
Bois déchiré , on dit déchirer du bois pour le rompre par mor-
ceaux , comme quand on met un vieux batteau en pièces on dit le
déchirer.
Bois roulé. V.p. 87.
Bois refait & mis à l'Equairc. V. p. 87.
On dit des pièces de bois refaites & dreffées fur toutes les faces >
lorfqu'elles font bien équairies de tous coftez.
Boiser, une chambre, c'eft la reveftirde bois & d'ouvrage deMc-
nuiferie.
Bol. Les Doreurs pour faire l'Afliette de For fe fervent du Bol
d'Arménie, qui eft une terre qui vient de ce pays-là. On l'appelle aufïï
terra Lemnia, parce que ce font les habitans de l'Ifle de Lemnos qui en
foni
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m                        b o
font fraie s & qui îa portent à Conftantinopîe ï mais ils la falfîflent
ordinairement, auffi-bien que leur terre appellée Lemnia Sphragis,
qui eft la terre Sigillée, bien qu'ils ne manquent pas de la faire mar-
quer pour mieux tromper les acheteurs. Comme ils meilent le Bol
d'Arménie avec de la terre de leur pays, il eft plus pafle quelevray
Bol, qui eft plus rouge II y a auffi d'autres terres qui ne viennenî
pas de fi loin que l'on vend pour Bol d'Arménie,
Bombe', renflé, V. Creux.
Bonbancj efpeee de pierre. V.p.^6.
Borax , c'eft un minerai qui fe trouvé dans les mines d'or, d'argent»
de cuivre, & de plomb. Il eft ordinairement blanchaftre, jaune, vert, &
noiraftre. Il eft appelle Chryfocolle, àcaufequ'iîfertàfouderl'or, &;
mefme l'argent & le cuivre. Les Arabes & les habitans de Guzarate l'ar>
pelient Tincar ou Tincai-, On le tire d'une montagnediftante de Cam-
bayette environ cent lieues. Il croift aufliaux environs de Guzarate,
entre Bengala & Gambaya, De l'Efclufe liv. i c. 3 5. defon Hijioire des
cDrogues.
il s'en trouve auffi en d'autres endroits de l'Europe,
11 y aune autre forte de Borax artificiel, qui fe vend chez lesDro*
guiftes,& qui eft celuy dont l'on fefert communément II eft fait avec de
l'alun &dufalpeftre.
Bordement, terme de Peinture en Email Fojezp. %o6.
Bordoyer. K.p. 307.
Bo r.dure, ou Corniche d'un Tableau. KQu adre.
Bornayer, c'eft connoiftre à l'œil fi une chofe eft droites un
Tailleur de pierre bornoye un parement de pierre, pour voir s'il eft
droit & bien dégauchy.
BoitNE, limite. Borne de pierre que Ton met aux coins des rues &
desportes.
Bornes. Les Vitriers appellent ainfi certaines pièces de verres
qui entrent dans des panneaux de Vitres* Il y en a de diverfès fortes,
F./.ipz.Pl.XXXIX.
Bosel. V. Tore, Sp i re.
Bosse. En terme de Sculpture, on dit, un ouvrage relevé en
boiTe, en demy-baffe, de demy-relief 3 un ouvrage de ronde baffe,
ou de relief.
Bossa g e . Lorfqifen baftiftant on laifïê des pierres non taillées pour
y faire quelque ouvrage, on nomme cela des Baffages,
Il y a auffi use manière de joindre en Boflàge les pierres dans les
grands baftimens comme on voit dans le Palais de Luxembourg. Vitr, L
4. c. 4. parle de cette manière de baftir,
Bos-
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BosiA6-Es fm !e§ pièces de bûis3 comme il y en a tus engins. FI p. §c?„
Bouc barde j eft un outil de fer, de bon acier par le bas» & fait en
plufieurs pointes de diamant, fortes & pointues de court : les Sculpteurs
en marbre s'en fervent pour faire un trou d'égale largeur, ce qu'ils ne
pourraient faire avec des outils tranchans. On frappe fur la Boucharde
avec la maflè, & fes pointes meurtriffant le marbre, le mettent en pou-
dre , qui fort par le moyen de l'eau qu'on verfe de temps en temps dans
le trou de crainte queië fer ne s'échauffe , & que l'outil ne perde fà
trempe j Car c'eft par la mefme raifon qu'on mouille les grais fur
lefquels ou affûte les outils qui fe détremperoient fi on les frottoit à fec.
Cela fe fait auflî pour empefcher que la pierre ne s'engraifle , & que
le fer n'entre & ne fe mette dans les pores dugrais, On mouille auffi
les Trépans qui s'échauffent en trépanant.
Lorsqu'on travaille avec la Boucharde, on prend un morceau de
cuir percé , au travers duquel on la fait pafîer. Ce morceau de cuir
monte «Se defeend aifément, & empelche qu'en frappant fur la Bou-
charde l'eau ne rejallifïe au vrfage de celuy qui travaille. V.p. 227.
229. PI. XLV1II.
Boucher d'or moulu. V.p.2\%.
Boucles ou anneaux fèrvant pour les portes. V. p. 15%. 170.
PLXXXiV.
Boudin, il y a des Ouvriers qui nomment ainfi le Tore de la ba-
fe d'une Colonne.
Boudin, refîbrt à boudin. F.p. 158.
Boulevart. V.p. 78.
Boul î n, Les Maçons appellent ainfi les pièces de bois qu'ils met-
tent dans des trous de murailles pourefehaffauder. Ils appellent auf-
lî trous de Boulins les trous où l'on met ces mefmes pièces de bois.
C'eft ce que Vitr, 1. 4. c. 2. appelle Qpas, Columbaria, à caufe delà
reflemblance qu'ont ces trous avec les boulins d'un colombier ou vo-
lière, dans lefquels les pigeons font leur nid.
Boulons de fer, ce font de grofles chevilles qui ont une telle ron-
de à un bout, & à l'autre une ouverture dans laquelle l'on paffe un
morceau de fer, qu'on appelle Clavette. On fe fert de boulons pour
fouftenir une poutre ou un tirant, & les attacher au poinçon, & en-
core à d'autres ufages. V.p. 1 ? 2.
Boulon fervant à tenir les barres ou fléaux des grandes por-
tes. V. Fléau.
Boulon qui fert de Noyau pour faire les tuyaux de plomb fans fou-
dure, v.p. 117. i3u.pi.xxvi.
<ùZ,                                         JpQUË-
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3<So                                                 BO
Boxjement eft une manière d'affèmblage dontfe fervent les Menut-
fiers, Ils difent Abouëment, au lieu de Boùement, comme les Charpen-
tiers difent Abouts au lieu de Bouts. Voyezpage n6.i 30. FA. XXVIII.
BouRiquE 3 c'eft une petite machine compofée d'ais quifertaux
Couvreurs quand ils travaillent furies couvertures, elles s'accrochent
aux lates, & ils mettent l'ardoiie deffus pour en prendre à mefure qu'ils
l'employent. V.page 112. PL XXIV.
Bouriquet , efpece de Civière fervant aux Maçons à élever des
modelions & autres matériaux dans des baquets. V page 77. PI XI.
Bourseau ouBourfault, c'eft un gros membre rond fait de plomb,
&qui règne dans les grands baftimens au haut des toits couverts d'ardoi-
fe. Il y a une bande de plomb au defîbus du Bourfeau, que l'on nomme
Bavette. Le petit membre rond qui eft encore fous la bavette s'appelle
Membron, La pièce de plomb qui eft au droit des arreftieres, & fous les
épies ou amortiflèmens, fe nomme anufare ou kafque, parce qu'elle eft
coupée en forme de bafque. Voyez page 108. 110. PI. XXIII.
Bourse au rond dont les Plombiers fe fervent pour battre. Voyez
page
121. Plan. XXVI.
Bousin , c'eft le deflus des pierres quifortentde la carrière -, il tient
du fouchet, & ne vaut rien qu'à abattre : on l'ofte en équariflant les pier-
res. L'on dit éboufiner une pierre pour dire en ofter le boufin.
Boutans, ce font des pièces de bois qui pouflènt & arboutent : ou
bien des piliers de pierre qui arboutent contre une muraille.
Bo ut eroll e, c'eft dans une clef une manière d'ouverture & de fen-
te dans laquelle pafïent les Rouets & Gardes des Serrures. V.'p. 156.
Bouts y Bouterolles , Outils fervant à ceux qui gravent fur
les pierres dures. V.page 263- 270. PL LIX.
Boute'e. Une muraille, ou un édifice qui ahefbindegrande bou-
tée , c'eft-à-dire de grande force & d'arcs-boutans pour le poufler ,
afin de tenir l'œuvre ferrée, comme l'on voit aux grandes Eglifes qui
ont des Arcs-boutans & des piliers boutans.
Boutique, c'eft un lieu qui fert aux Ouvriers pour travailler , Se
aux Marchands pour vendre.
Boutisse, pierre mife en boutifïè, c'eft-à-dire quand la plus grande
longueur de la pierre traverfe le mur. Voyez Parpaing.
BouroNsquiferventauxloquetsdesportes. Voyezpage 15*4. 156.
Boutons pour tirer & fermer les portes. Voyez page 15^. 170.
El. XXXIV.
BouVE^outilfervantauxMenuifiers./7".^^ 125». 136.PI. XXXI.
BouVEMENT. V.p. 12$.
Boyaux.
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B O                         B R                      3$t
Boyaux. V. p. 71.
Brancart. V-P- 59- PI- XII.
Brancart. V. Chevalet.
Branches. On dit fbuvent les branches des voûtes pour dire les
arcs. V. Ogives. V. Voûtes.
Brandy. On dit un chevron brandy fur la panne ., c'eft-à-dire
chevillé fur la panne. V, p. Sf.
Bras. Voyez PoiNçons.
Bras de Chèvres. V.p. 85». 100. PI. XX.
Bras deCiviere, de Bar,ouautres engins à porter des matériaux.
BRAsdesPoupéesd'unTour. Voyez page zy^. 278. Planche LX.
Braser , c'eft joindre deux pièces de fer l'une contre l'autre , &
les faire tenir avec de la foudure. Voyez page 1 fp.
Brayers. On appelle ainlî parmy les Maçons les cordages qui
élèvent le Bouriquet. V. Bouriquet. Voyez aujfipage 57. PI. XL
Brèche. L'on nomme ainfi une eipece de marbre qui fe tire des
Pyrénées. V.pag. 43.
BREquiNs pour percer le bois ou la pierre tendre. Voyez Vil-
LEBREQUINS.
Bretelles , efpeces de Hottes. On appelle aufli Bretelles les
fangles des Hottes que l'on pafTe dans les bras, comme aufli celles qui
fervent pour porter les Civières, & traifher les Brouettes.
Breter ou Breteleri c'eft parmy lesSculpteurs une manière de tra-
vailler , foit de cire, foit de terre. Ils ont un Esbauchoir de bois qui a des
dents par un bout, & qui en oftant la terre ou la cire ne fait que dégroflir
& îaiffër les traits fur l'ouvrage qu'on nomme bretures.
Les Maçons ont des truelles qu'ils nomment Bretées ou breteîées,
parce qu'elles ont des dents. Elles leur fervent pour drefier les en-
duits de plaftre.
Les Tailleurs de pierres ont aufîî des marteaux qui fontbreîe%% &
qui leur fervent à dreflèr les paremens des pierres.
Bretons, efpeces de Coquilles. V.page 319.
Brins de fougère. Dans la Cfaarpenterie il y aune manière de dit-
pofer des pièces de bois , qu'on nomme à brins de fougère.
Brique. Les Briques dont Vitruve parle au 3. chap. du j.l.eftoient
anciennement de différentes grandeurs. Les Grecs en faifbient princi-
palement de trois fortes , l'une qu'ils appellent iîi^ov, c'eft-à-dire
de deux . palmes , l'autre ^tC«^wpm de quatre palmes ,- & la troifié-
me îwyow'lwpav de cinq palmes. Ils en faifoient encore d'autres, qui n'a-
voient de grandeur que la moitié de chacune de ces trois fortes, &
Zz î                          les
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%6t                                          BR
les joignoient enfembîe pour rendre leurs ouvrages plus folides &
plus agréables à la veuë par la diverfîté des grandeurs & des figures
de ces différentes briques. Les Anciens fè fervoient de briques cui-
tes au fourneau , & d'autres non cuites , mais fechées à l'air pen-
dant plufieurs années. Il faut voir les Notes de M. Perrault fur Vi-
truve au 3. ch, du 2. liv. V. p. 124.
Br 1 que deChantignole ou d'Echantillon. Voyez page 124.
Bri quête', qui eft fait de brique, ou façon de brique.
Briquet , eft une efpece de couplet, mais dont la charnière ne
paroift pas comme aux autres couplets , où elle forme des deux cof-
tez un demy Cylindre.
Brisis. Dans les Combles coupez la partie fuperieure & qui va
jufqu'au faifte , fe nomme brifis. On appelle auffi le brifis l'endroit
où le toit eft coupé & comme brifé. V. p. no. PI. XXIII.
Brocatelle , efpece de marbre. V. p. 42.
Broches rondes, ce font des morceaux de fer ronds qui fervent
aux Serruriers pour faire des couplets & des fiches, & pour tourner
plufieurs pièces à chaud & à froid. V p. 163.
Broches quarrées pour tourner aufïï plufieurs pièces defTus. Id.
Broche d'une ferrure ; c'eft îe fer qui entre dans la forure de la clef.
V.page 157. 170. PI. XXXIV.
Bronze, c'eft une compofition de métaux. Voyez p. 240.
Bronze' , c'eft ce qui imite la bronze ; ce qui fe fait avec la
purpurine, cuivre broyé ou feuilles de cuivre appliquées comme des
feuilles d'or.
Brosse , efpece de pinceau fait de poil de cochon, dont les Pein-
tres fe fervent.
Brosses des Vitriers. V.page 192, 204. PL XLV.
Brosses de poil de fanglier dont fe fervent les Doreurs. V. p.
208. 216. PI. XLVI.
Brosses dont fe fervent ceux qui travaillent de Stuc. V. p. 247.
PL LU.
Brouette, c'eft une efpece de petit tombereau qui n'a qu'une roue
à un bout, & deux bras à l'autre bout. En levant les deux bras, & pouftant
la brouette on la fait aller fur fà roue. Elle eft d'un grand ufage pour le
tranfport des terres, principalement dans les lieux plats & unis.
Broyer les Couleurs, c'eft lorfqu'on les met fur la pierre -, qu'on
les reduiten poudre avec la molette, & qu'enfuiteony met de l'huile de
noix ou de lin pour les détremper , ou bien de l'eau quand c'eft à
détrempe. Lorfqu'on les met fur la palette , & qu'on les méfie avec
ie
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B R               BU                              363
le coufteau» on dit faire le mejlange des couleur s Je s détremper.
Brunir, c'eft polir l'or 8cl'argent; l'on dit un ouvrage d'or bru-
ny. Cela fe fait avec la dent de loup, la dent de chien , ou la pierre fan-
guine en différentes manières. Lorfqu'on brunit l'or fur les autres mé-
taux on mouille la pierre fanguine dans du vinaigre ; mais lorfqu'on bru-
nit l'or en feuilles, furies couches à détrempe, il faut bien Ce garder de
mouiller la pierre,ou ladentdeloup. Voyezpage 212.
Brunissoir eft un outil qui fert pour brunir & pour polir. Il
yen adediverfes façons. Pour brunir l'or & l'argent, onfefertd'ordi*
naire d'une dent de loup, d'une dent de chien., ou d'une pierre qu'on
nomme Sanguine, qui eft une efpece de caillou. On met ces dents
oucettepierre au bout d'un maachedefer ou de bois. Il y a auffi des
Bruniflbirs d'acier, communs à plufieurs Ouvriers. Ceux des Gra-
veurs en cuivre fervent d'un cofté à brunir 8c polir j & de l'autre à ra-
cler. Voyezpage 281.284,. PI. LXI.
Les Serruriers ont auffi des Brunissoirs pour polir le fer : les uns
font droits, les autres croches pour polir les anneaux des clefs. Il y en a
d'autres qui font demy-ronds pour eftamer avec de l'eftain. Voyezpage
162 163.178. PI.XXXVIII.
BRUT,afpre, raboteux. On dit un diamant brut qui n'eft pas encore
taillé; 8c une pierre brute lors qu'elle fort de la carrière.
Bu r go s , efpece de coquille. V. p. 3 2 o.
Burin , c'eft un outil d'acier avec lequel on grave fur le cui-
vre 6c fur les autres métaux. Il y en a de diverfes fortes félon les
ouvrages que l'on fait. V. p. 284. PL LXI.
Les Serruriers ont des Burins plats pour fendre les panetons des
clefs, & pour couper 8c emporter le fera froid lorfqu'il s'y trouve des
grains. Ils ont encore d'autres burins coulants, carrez & en lozanges
pour graver; d'autres propres à piquer les râpes. Voyezpage 163.
Buriner, graver fur les métaux.
Buste , c'eft le demy-corps d'une Figure de marbre ou d'autre ma-
tière, c'eft-à-dire la tefte, les épaules, & l'eftomach, 8c où mefme
il n'y a point de bras. Bien qu'en peinture on puilîe dire d'une Fi-
gure qu'il n'en paroift que le bufte , comme d'un portrait à demy-
corps, néanmoins cela ne s'appelle pas ordinairement un bufte, ce
moteftant propre 8c déterniiné à ce qui eft de relief Les Italiens di-
fent Bujiûy ce mot vient peut-eftre de l'Allemand Bruft , qui ligni-
fie l'eftomach. Auffi parlant d'une antique, on dit que la tefte eft de
marbre, & le bufte de porphire ou de bronze, c'eft-à-dire l'eftomach
&ies épaules.
, Zz 3                            But»
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3H                            BU                      C A
Buttes, ou butées. V.Piles.
Buveau ou Be veau; c'eft un inftrumentfembîable aune Equai-
re : mais au lieu que l'Equaire demeure fixe, & que les branches en font
immobiles, celles du Buveau fe ferment & s'ouvrent comme l'on veut
pour prendre & pour tracer toutes lortesd'Angles.
Outre cela au lieu que les branches d'une Equaire font à droite lignes
celles du Buveau ont quelquefois une forme ronde, & font bombées s
Quelquefois il n'y en a qu'une quifoit bombée, & l'autre eft droite j
D'autres fois elles font courbées & creufes en dedans,ou il n'y en a qu'u-
ne qui eft de la forte, ou mefme la moitié d'une : ainfi on en fait de plu-
sieurs façons, félon le befoin qu'on en a. Voyez p. fo. f 3. Plan. IX.
On dit le Buveau de deux plans, pour marquer i'inclinaifon qu'il
y a entre eux. Dans la coupe des pierres on fefert dumotdeBuveaK
endiverfes manières, commeonpeut voir dans le Traitédu P.Der»
rand êç dans celuy du Sieur Defargues.
C
Abane, c'eft une petite maifon couverte de chaume.
_ i Cabinet. Le mot de Cabinet a plufieurs lignifications, car il fe
prend quelquefois pour une armoire à ferrer des papiers, ou d'autres
fortes de hardesj d'autres fois il fignifie une petite pièce d'un appar-
tement qui peut fervir à plufieurs ufages.
Ainfi l'on appelle Cabinet les lieux que l'on orne deTableaux»
& que Vitruve l. 6. c, f. appelle Vinacotheca.
Cabinet de converfation. C'eft ce que Vitruve appelle Exea'ra,
Cabinet , lieu retiré & enfermé foit d'arbres , de treillage 3 ou
d'autres manières dans un jardin.
Cabinet d'eftude.
Cabinet où l'on ferre des papiers.
Cabl.es, ou Chables, ce font de grofles cordes fervant à monter les
fardeaux. V.p. 100.10^. Plan, XXII.
Cache-entrje'e d'une ferrure, c'eft une petite pièce de fer qui
couvre l'entrée.
Cadenas , ouCadenat II y enade différentes fortes. V.p. 1 jp,
170. PL XXXIV.
Cadole, ou loquet d'une porte. V.p. 177.
Cadre d'un Tableau. ^.Qy a dre.
Cage, l'on dit la Cage d'un Ëfcalier, c'eft à dire les murs ou pans de
.bois qui renferment. On dit suffi la Cage ou l'enceinte d'un baftiment,
Cail-
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VBHsnnimHnaHnHHBHnHnaHaHBBHHHHnHng
. C A                                     %$f
Caillou. Voyez page 33.
Cailloux de rivières fervent pour faire les couleurs propres à
peindre fur ie verre. Voyez p. 183.
Calamine, c'eft une pierre ou terre biturnineufe, qui donne la
teinture jaune au cuivre rouge. Voyez page 24,0./
Calciner. , c'eft réduire des pierres ou autre chofe en chaux,
par le feu.
Cale, c'eft un morceau de bois ou d'autre chofè fort mince que l'on
met entre deux pierres ou pièces de bois pour les preffer & remplir le
vuide. On dit Cale au lieu d'Efcaille.
Caler, c'eil mettre une Cale.
Calibre, c'eft l'étendue d'une chofe en grofîèur. Ainfî l'on
dira qu'une colonne de marbre fera de mefme Calibre qu'une
autre colonne de pierre, lorfqu'eîles feront toutes deux d'un mefme
diamètre.
Calibre dont fe fervent les Charpentiers & les Menuifiers. C'eft un
bout d'ais entaillé en triangle dans le milieu pour prendre des mefures.
V.pag. 88.5)6. PI. XVlli.p. 96.129.
C a l 1 bre , c'eft auffi un petit infiniment de fer qui fèrt aux Serru-
riers pour voir fi les forets vont droit lorfqu'ils forent les tiges des
clefs, Se pour les arrondir. V.p.x 64.
Ils en ont encore pour prendre la grofïeur des Verroûils des Tar-
gettes.
Calquer, c'eft contre-tirerundefïèinfurunemurailîe,ouautre-
ment, pour en avoir les mefmes traits : celafe fait en frottant ledef-
fous du defîein avec du noir ou d'autre couleur -, & enfuite avec une
pointe qu'on pafîè & qu'on prefïè defïus, on fait que la couleur marque
fur la muraille ou autre chofè qui eft fous le defîein.
Quand au lieu de paffer ainfi une pointe, on pique îe defîein fur tou§
les contours avec des points prés à prés, & qu'après on le frotte avec
du charbon en poudre, cela s'appelle poncer % & l'on nomme poncis
les defïèins qui font piquez de la forte, & qui fervent plufieurs fois
à faire de pareils ouvrages.
Camayeu, Lat. Cameus-, lesjoùaillers & les Lapidaires nomment
Camayeus lesOnyces, Sardoines, & autres pierres taillées de relief,
ou en creux. Boot. de lap. 1.2. c. 8 f. C'eft ce qui i donné lieu aux Pein-
tres d'appeller Camayeus les Tableaux qui imitent ces fortes de pierres.
Les Anciens nommoient ces peintures Monochromata.
Cambre', courbé, voûté. V. Creux.
Campane , c'eft îe corps du chapiteau Corinthien & du cha-
piteau
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%m                         c a
piteau Compefîte» que les Ouvriers appellent auflî Tamèmr qu Vafè,&
au deflus duquel eft l'Abaque ou Tailloir. Il a efté nommé Campane, à
caufe qu'il a quelque reflemblance à une cloche renverfée. Ilrefïèmbîe
aufli à une corbeille ou panier, à l'entour duquel les feuilles prennent
leur naiflànce. Il faut que le vif ou face de la Campane foit toujours
à plomb, & de niveau avec le fond des cannelures de la Colonne.
Çampanini, efpecedemarbre V.p.41.
Canal, tuyau ou de/cent e qui fert pour conduire les eaux d'un
toitjufqu'en bas. Vitr. Fijiula.
Canal d'aqueduç.
Canam dans îe Chapiteau Ionique, c'eft h partie qui eft fous le
Tailloir après le Lifteau, & qui pofant fur l'Echiné ou Ove, fe contour-
ne de chaque cofté pour faire les Volutes. V.p. 14. PL III.
Canal de rivière ou de fontaine.
Candélabre , grand chandelier de fale fait à l'Antique.
Cannelé',qui a des Cannelures.
Canneler desColonnes. Colonnes cannelées-
Cannelures, ce font des demy canaux qui font creufezle long
des colonnes au nombre de vingt-quatre, & quelquefois davantage.
Vitr. 1. 4. c. 2. ne met que vingt cannelures aux colonnes Doriques*
mais à prefent cela ne s'obferve point, & l'on en met vingt-quatre
indifféremment à tous les Ordres, & quelquefois vingt-huit & tren-
te-deux à l'Ordre Corinthien. Vitr, 1. 3. c. 3. nomme les Cannelures ou
cavkez,y??7gw; & l'efpace plein ou liftel qui eft entre chaque cannelure,
ou canal, Stria. Les Cannelures qui n'ont point de liftel qui les fepa-
rent, s'appellent Cannelures à vives arrejies.
Canons. K. Gargouilles.
Canon d'une ferrure dans lequel entre le bout de la tige de la clef.
V.p. itf.Ttf. 170. Pl.XXXIV.
Canonnières. L'on appelle ainfi les ouvertures que l'on laifle dans
de gros murs pour évacuer les eaux.
Camtibay.K Dosses.
Caponnieres i ce font des logemens couverts & creufèz dans le
fond d'un fofle fec, pour loger des loldats.
Carie', l'on dit du bois carié quand il eft piqué des vers.
Carillon. L'on nomme/-?/- de Carillon un petit fer qui n'a que
huit à neuf lignes en quarré. V.p. 143.
Carme, acier de Carme. V.p. 146.
C a rm in, couleur dont on fë fert à peindre en Miniature. V.p. 504.
Carnation, c'eft un mot gênerai dont on fe ferten peinture pour
expri-
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C A                                        367
exprimer la couleur de la chair, & toutes les parties d'un corps qui
font nues & découvertes.
Carneaux. V.p.6y.
Carré' dont on fait les médailles, c'eft un morceau d'acier fait en
forme de Dé, dans lequel eft gravé en creux ce qui doit élire en relief
dans la médaille. V.p. 249. 2^0. %f6. PL LIV.
Carreau. Il y a des lieux où l'on nomme lésais, des Carreaux.
Carreaux de pierre. On appelle Carreaux de pierre lorfqu'il n'y
en a que deux ou trois à la voye •■, quand il y en a davantage on dit Lïbes ou
libage ; Se quand il n'y en a qu'un on dkun quartier de pierre.
Libages font encore differens des Carreaux , en ce que les iibages
fe font du ciel des Carrières, ou ce font de gros moiîons, mais une
pierre qui eft vraye pierre de taille n'eft jamais libage çjue lorsqu'on
ne peut en rien faire.
Carreaux ou pavez de terre cuite. V. p. 124^.
Carrelage. V.p. 123.
Carreler, paver avec des Carreaux.
Carreaux ou -billes d'acier.
Gros C a rre a ux taillez rudes pour esbaucher & limer le fer à froid,
ce font efpeces de grottes limes. Voyezpage 164.178. Plan. XXXVIII.
Gros demy-CARREaux qui fervent à mefme ufage. 164.
Carre aux doux,&demy-CARREAUx,ce font des limes douces./^.
Grofles Carrelettes qui fervent à limer & drefler les grofîès
pièces après que le Carreau ou demy-Carreau y a pafîe.
Autres Carrelettes, ou limes douces.
Carrières , lieux d'où on tire la pierre. Les Italiens appellent Ca-
va
, petrareszza 5 le lieu d'où l'on tire le marbre. V. p. 46.
Carriers , ceux qui tirent la pierre.
Cartons. Les Peintres appellent ainli les grands Defleinsde pa-
pier qu'ils font pour peindre à Fraifque, & qui fervent à calquer des Fi-
gures contre les murailles, comme aulîi ceux que l'on fait pour des ta-
pifleries, Se autres grands ouvrages. V.p. 291.
Cartouches. Ce font certains ornemens que l'on fait de Scul-
pture, de Peinture, &c. Cemotvientde Charta , parce que les Car-
touches reprefentent des Rouleaux de Cartes coupées & tortillées.
Leur premier ufage eftoit pour des inferiptions.
Caryatides. Ce font des Figures de femmes veftuës de lon-
gues robes , Se dont l'on fè fert dans quelques baftimens, au lieu de
colonnes. Il faut lireVitr.l. i.c i.pour voir la raifon que les Anciens
ont eue ds s'en fervir} &' de quelle manière ils en ufoient. Athénée
Aaa                           dit
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j6S                                        C A
ait que d'une main elles fouftenoient le fardeau dont elles efloient
chargées, & qu'elles laifïôient aller l'autre main en bas. Celles qui
portaient des paniers ou corbeilles fe nommoient Canifer a, Cifti-
fera.
Il y a apparence que les Anciens en ont reprefenté de plufieurs
façons, & que l'on a donné àtoutes le nomde Caryatides, àcaufedes
premières qui furent faites. Voyez,p. 25,26. PI. VIL
Cascade, ouCafcate. L'on nomme ain fi les endroitsoù il y a'une
chute d'eau, foit que le lieu Sdachute d'eau foit naturelle, foit qu'el-
le foit faite par artifice, comme font plufieurs ouvrages de maçonne-
rie que l'on fait dans les Grottes & dans les Jardins , pour faire tom-
ber l'eau de haut en bas par diverfes chutes, & degrez.
Casemate. On appelleCafemate, ou Contremine, les puits &
les rameaux qu'on fait dans le rempart d'un baftion. V.p. 66.&Z69.
C AsiLLEUX.Les Vitriers appellent le verre Cafilleux lorfqu'il fe cafle
en plufieurs morceaux, en y appliquant le diamant pour le couper. V
p.
189,
Casques , efpeces de coquilles. V.p. 3 20.
Casses ou Quaifîès. Oh appelle Cafles l'entredeux des modiî-
lons où il y a des rofes. Ces Cafles doivent eftre quarrées dans tous
les Ordres , & les modillons doivent avoir de largeur la moitié du
champ des Caffes. V.p. 17.PI. IV.
Cassine, eft une petite maifon de campagne.
Catapultes , Catapulta, efïoient des machines dont les Anciens
fe fervoient pour lancer des javelots de douze & quinze pieds de
long. M. Perrault en a reprefenté la figure dans fes Notes fur le 1 o.
ï.deVitr.
Cathete. C'eft la ligne perpendiculaire qui pane par le centre,
©11 œil de la volute, ^*9-«#* fignifiantune perpendiculaire, ou ligne
à plomb.
Cavalier. V.p, 68.
Cave , lieu foûterrain. L'on appelle Cave dans les baftimens les
lieux voûtez au deflbus du rez de chauflee, lorfqu'ils ne reçoivent
point de jour, & qu'ils fervent à mettre le vin.
On dit auiïï du fable de Cave, lorfqu'on le tire des puits ou ou-
vertures que l'on fait dans la campagne. Les Italiens appellent Cava,
la Carrière d'oùils tirent le marbre.
Cavet, c'eft un membre ou moulure rentrante, faite de la qua-
trième partie d'un cercle, &qui fait partie des ornemens des Cornât
ches.F./>.8.Pl.I.&II.
Cavet en Menuiferie. V.p. 130.PI.XXVIII,
Cau-
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C A                              CE                        269
Caultcole vient du mot latin Coulis, qui efl: la principale tige
désherbes , & d'où fortent les autres petits rameaux , &les feuil-
les. Dans l'Architecture on parle fouvent des Caulicoles du Chapi-
teau Corinthien , parce qu'on appelle ainfi les petites branches qui
naifïènt des quatre principales, & qui fe courbent au deflbus des Vo-
lutes : fçavoir les plus grandes aux angles & cornes de l'Abaque, & les
autres dans le milieu, au deflbus des Rotes dont l'Abaque eft orné. Les
petites Volutes du milieu s'appellent hélices.
Cauriole.ZvI. de Chambray dans fa traduction de Palladio 1. 4.
c. 7. fe fert de ce mot pour expliquer un ornement dans l'Architec-
ture, qui s'appelle d'ordinaire des poftes. Palladio le nomme Cau-
riola,
qui veut dire auffi une chèvre fauvage. Peut-eftre les Italiens
ont-ils nommé ainfi cet ornement à eau fe qu'il a quelque refîèmblance
à des cornes de chèvres Voyez Postes .
Ceinture. L'on appelle ainfi le petit lifteau qui efl: au haut&au
bas de la colonne. V. Esc a pe, Apoph y ge.
L'on nomme auffi Ceinture d'une muraille, un groscordon de
pierre ou d'autre matière, qui environne particulièrement les murail-
les des villes ou forterefTes.
Ceinture de la volute Ionique Balteus. Vitr. 1. 3. c. 3. V.
EsCHARPE.
Celliers. Ce font des lieux où l'on ferre quelque chofe, com-
me du vin, de l'huile. Sec.
Les Celliers & les autres lieux qui font voûtez Se fous terre,
comme le font à prefent plufieurs offices , eftoient nommez par les
Grecs & par Vitruve 1.6. c. 11. Hypogea. C'eft ce que les Italiens ap»
péllcnt fundi ddle Café.
Celule. On nomme ainfi dans les Monafteres les petites cham-
bres des Religieux.
Cénacle, Cœnaculum^à cœnando\ félon Baldus, c'eft- à-dire une Sa-
le à manger, c'eftoit anciennement le lieu le plus élevé de lamaifon.
Cendres vertes. V. Bleu. Sep. 299.
Cendreux, fer cendreux. V.p. 143.
Centre du baftion. V.p. 66.
Cerceau, cercle.
Cerche , ou Cherche, c'eft un cercle dont l'on fe fert pour don-
ner la forme à des voûtes, & leur donner la diminution qu'elles doivent
avoir, & à toutes fortes d'autres chofes qui ont Une figure circulaire,
comme auffi pour arrondir des colonnes.
On dit auffi la Cerche d'une voûte, pour dire fà rondeur. Il y a
Aaa 2                      des
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CE                   C H
9
des Gerches ralongées, & de plufîeurs autres manières, pour les traits &
coupes des pierres & autres differens ouvrages. V. Cherche.
Cerne, circuit. Cerner, c'eft couper en rond. Faire un Cerne à
l'en tour de quelque chofe, c'eft faire un Cercle.
Ceruse. C'eft ce que l'on appelle auffi blanc de plomb, parce
qu'il eft compofé de plomb. La manière de faire la Cerufe fe peut
voir dans Vitruve l./.c. 12. dansDiofèoride 1. f. c. 57. dans Théo-
phraftel.«/f/^i*/ dansAgricolal.s»- Fojfilium. V.page 299.
Chabe.K Cable.
Chabler, ou Haler. V.p. 90.
Chablots, ce font depetits cordages. Voyez Eschasses.
Chaisne de pierre de taille qui fert à fortifier les murailles. C'eft
une pile de pierres mi (es les unes fur les autres en liaifon , pour por-
ter des poutres , ou fortifier une muraille. Lorfque ces piles fouf-
tiennent des poutres, on les nomme auffi Jambes foupoutres, ou pie-
droits. Ce qu'on nomme Chaifnedans les murailles n'eft pas tou-
jours fait avec des pierres de taille -, car quelquefois elles ne font que
de moûellonou de caillou maçonné à chaux &à fable lorfque les murs
font de moindre matière. Orthoflatœ. Vitr. 1. 2.c. 8.
Ch a isn e t t E,petite chaifne faite de plufîeurs anneaux de fer, ou au-
tre metail.
Chaisnon,anneau ou bouche d'unechaifne.
Chalcidique s eft un mot dont Vitruve fe fert, & que tous les In-
terprètes expliquent fort difFeremmentj mais la plufpart conviennent
quec'eftoit de grandes Salles où l'on rendoit la Juftice. Voyez lesNotes
de M. Perrault fur le 1. c. du 5-. liv. de Vitruve.
Ch am bran LE,c'eft l'ornement qui borde les trois coftez des portes,
desfeneftres & des cheminées : ils font differens félon les differens or-
dres. Vitruve I4.C.6. appelle les Chambranles des portes, Antepagmen-
ta.V.
Bande au.
Chambre , de cambrer, &courber,àcaufè des voûtes : mais l'on ap-
pelle indifféremment chambres,celles qui font voûtées, & celles qui ont
un plancher ou lambris plat. Les Grecs appelloient leurs chambres à
coucher Thalamus ; & les antichambres, Antithalamus. Vitr. 1 6. c. 10.
Chamfrain } chamfrainer un morceau de bois c'eft le couper en
forte que s'il eft quarré comme le bord d'une planche, on abbate une des
arreftes , & oftant tout le bois depuis le deffus de la planche en biaifant»
on le coupe jufqu'à l'autre arrefte : chamfrainer, couper de biais.
Champ, c'eft le fond d'un Tableau ou d'une Médaille où il n'y a
rien de peint ny de gravé.
On
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C H                                      §71
On dit aufîl qu'une draperie , ou un morceau de baftiment fèrtde
champ à une Figure, quand la Figure eft peinte fur la draperie, ou
fur le baftiment.
Champ. Voyez Mettre de champ.
Chandeliers. V. Blinde. &/>.. 74..
Chanl a t e , c'eft un Chevron refendu diagonalement & d'angle en
angle, que l'onpofe fur l'extrémité des chevrons d'une couverture de
mefme fens que les lattes. En fouftenant les dernières tuiles il les re-
levé par le bout, & fait qu'elles jettent l'eau plus loin du mur.
Chantier, lieu où les Charpentiers travaillent.
On dit auflî que les pierres font en chantier, lorfqu'elles font fur
îa place où on les taille.
Chantignole , efpece de brique. V. p. 124.
Chantignoles , font auffi des pièces de bois qui fouftiennent
les tafleaux qui portent les panes de la couverture d'un baftiment.
Voyez page 85-, 94. PI. XVII.
Chape. On appelle ainfi les creux de plaftre qui enferment les
plus petites pièces d'un moule , dont on forme quelque Figure. V.
f. 230.
Chape d'une poulie. V. Moufle.
Chapeau. On appelle ainfi ce qui fertd'appuytoutau haut d'un
Efcalier de bois.
On nomme encore Chapeau un morceau de bois que l'on met au
bout d'une Eftaye. V. Appuy.
Chapelets. On nomme ainfidans les ornemens del'Architeélu-
re les baguettes qui font taillées par petits grains ronds. Il y en a
de plufîeurs fortes. V.p. 29.
Chaperon , Corona , c'eft le haut d'une muraille qui eft fait en
talus avec un larmier.
Le Chaperon fert à couvrir la muraille s quand elle eft mitoyen-
ne, il a fon égoût des deux coftez * &lorfque l'égouft eft tout d'un
cofté , c'eft une preuve que le mur appartient entièrement à celuy
dont l'héritage eft du cofté de l'égouft.
Chapiteau , c'eft le couronnement d'une colonne.
Les Chapiteaux font differens dans les cinq Ordres -, Le plus agréa-
ble & le plus riche eft le Corinthien. Vitruve rapporte qu'une jeune
Fille eftan t morte,fa Nourrice fe fouvenant quelques jours après de l'af-
feélion qu'elle avoit eue pendant fa vie pour certains petits vafes , el-
le les mit dans un panier ou corbeille d'ozier, qu'elle porta proche de
fè fepulture, & qu'elle y laiflà, après l'avoir couvert d'une tuile. Ce
Aaa 3;                       pa«
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3/3                                        C H
panier s'eftant par hazard rencontré fur une racine -d*Acanthe , ou
Branque-Urfine, cette plante à quelque temps de là pouflà fes tiges
à l'entour , de forte qu'à mefure qu'elles croiflbient la tuile qui dé-
bordoit au defîus de la corbeille empefchant les feuilles dé monter ,
elles fe courboient vers la terre. Callimachus qui eftoit un excellent
Sculpteur } pafîànt par là , & voyant l'agréable effet de ces feuilles,
les defïèigna avec le panier , & en fit l'ornement du Chapiteau Co-
rinthien , auquel il donna des mefuresque les Ouvriers de ce temps-
là fuivirent.
Les Chapiteaux qui eftoient au Temple de Trajan eftoient décou-
pez à feuilles d'olive , ordonnez de cinq en cinq comme les doigts
de la main. Ce que Palladio dit avoir remarqué dans les feuillages
des Chapiteaux antiques, qui ont meilleure grâce que lorsqu'on n'en
met que quatre.
Il rapporte aufîi 1. i, c. 27. avoir veu dans un Temple qui eft à
Palo en Iftrie , des Chapiteaux taillez à feuilles d'olive , & dont les
caulicoles eftoient reveftuës de feuilles de chefhe. Ce qui fe voitauf-
11 dans un Arc de triomphe qui eft à Orange , & que ceux du pays
appellent la Tour de l'Arc. Vitruve nomme les Chapiteaux de la
Colonne Ionique Tuhinata capitula , à cauiç que la partie qui fait
la Volute, eft appellée Tuhinus , qui veut dire un oreiller, parce
que cette partie a la forme d'un oreiller pofé fur le haut de la colon-
ne.
On dit auffi le Chapiteau d'une muraille, qui eft la mefme cho-
fe que chaperon , lorica. Vitruve. 1. 2. c. 7.
Charbon déterre. V.p. 147.
Charge'. Les Peintres appellent un portrait chargé , lorfqu'on
représente un vifage avec des traits marquez avec excez , & de telle
manière qu'avec trois ou quatre coups de crayon ou autrement on
connoift une perfbnne, quoy que ce ne fbit pas un véritable portrait,
mais pluftoft des defFauts marquez. Auflî quand une Figure eft trop
marquée on dit qu'elle eft chargée.
Charnier d'un Cimetière, ojfarium , c'eft un lieu où l'on met
les os des trépaflèz , comme font les Charniers des SS. Innocens.
Ce mot n'eft guère ufité qu'à Paris , où l'on appelle ainfî le lieu
où l'on communie dans les Paroifîes.
Charnières , ce font deux pièces de fer ou d'autre metail ,
qui s'enclavent & entrent l'une dans l'autre , &qui eftant percées fe
joignent enfemble avec une Riveure qui les traverfe , en forte qu'ils
peuvent fe mouvoir en rond fans fefeparer , tournant fur un mef-
me
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C H                -                ff§
me centre. Vitruve appelle Vertkuli des Charnières. V. Cou-
plet.
Charnières , outils fervans à ceux qui gravent fur des pierres
dures. V. p. 263. 270. PI. LIX.
Charpente. On dit la Charpente d'un baftiment, pour dire en
général tout le bois qui fert à fa conftru&ion. Bois de Charpente ,
c'eft du bois qui eft propre à baflir.
Charpenter ie, c'eft l'art qui apprend à employer le bois pour
la ftru&ure des baftimens. Le mot de Charpenterie fignifie auffil'ou-
vrage mefme.
Chasse-avants. On nomme ainfi ceux qui dans les grandsat-
teliers conduisent 8c font marcher les Ouvriers & les chariots. V. pi
Chasse quarrée , c'eft une efpece de marteau quarré & acéré
par un bout, dont les Serruriers fe fervent pour entailler les pièces
quarrément fur le quarré de l'enclume. V. p. 164,.
Ch a s ses rondes & demy rondes pour enlever & entailler. V.
p.
164.11 y en a aufîi qui fervent à faire les hayves des clefs.
Châssis d'un Tableau, ce font les morceaux de bois qui forment
le quarré ou autre forte de figure fur quoy la toile eft attachée. Les
Italiens l'appellent iltelare.
Châssis du moule à jetter les tables de plomb. V.p. 11 f.
Châssis de porte, ou chaffisde feneftre. On nomme chaffis tout
ce qui enferme & enchafïè quelque chofe.
Chasteau. L'on nomme Chafteau une maifbn Seigneuriale. C'ef-
îoitauflî anciennement unefortereiîè, à quoy les Citadelles ont fuc-
cedé. Voyez page 6f.
Chaude suante, donner une chaude fuante à un morceau de ferf
c'eft le chauffer fi fort qu'il commence à fondre & à dégoûter en le
tirant du feu. V.p. iff.
Chaufour , fourneau à faire de la Chaux.
Chaufourniers, ceux qui font la Chaux.
Chausse-trapes , ce font des fers qui ont quatre pointes. V.
Chaux. V.p. 33.
Chaux puse'e , c'eft-à-dire détrempée -, fufer la Chaux , c'eft
la détremper. Ce terme n'eft pas ufité à Paris. Phil. de Lorme con-
leille défaire la Chaux des mefmes pierres dont le baftimenteft conf-
truit. Il faut voir les raifons de cela dans les Notes de M. Per. fur le
5. c. du 2.1. de Vitr-
Ghe--
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174                        .                CH
Cheminée. On dit l'atre ou foyer d'une cheminée, fbn contre-coeur,
fon manteau, (a hotte, fes piédroits, fa montée, fon tuyau. Il faut pren-
dre gardeen faifant les cheminées, que l'ouverture des tuyaux ne foit
trop grande, de crainte que l'air Se lèvent y trouvent trop d'efpace, &
qu'y pouvant eftre agitez, ils ne chafîènt la fumée en bas, & n'empef-
chenc qu'elle ne monte & ne forte aifément II ne faut pas auffi les faire
trop petits > car la fumée n'ayant pas un paflage libre, elle s'engorgeroit
Se rentreroit dans la chambre. C'eft pourquoy l'ouverture des tuyaux
ordinaires ne doit point avoir plus de deux à trois pieds en un fens, Se fix
à neuf pouces en l'autre, Il faut avoir égard aux lieux.
L'embouchure de la pyramide, ou haut de la hotte, qui fe joint au
tuyau, doit eftre un peu plus étroit, afin que fi la fumée vient à eftre re-
pouffeeenbas elle rencontre cet empefehement qui luyofte le moyen
de rentrer dans la chambre. Quelques-uns font le tuyau tortu,pour
ernpefcher par ce moyen la fumée de defcendre fi facilement. Mais
le meilleur eft de faire que les cheminées foient toujours plus étroi-
tes en bas , Se qu'elles s'élargiflent en montant , parce que le feu
poufle plus aifément ta fumée en haut lorfqu'elie eft reflerrée en bas,
& qu'en montant , elle trouve plus d'efpace pour fortir Se fe déga-
ger , & ainfi ne fe rabat pas fi-toft dans la chambre. On peut voir
fur cela ce qu'en difènt de Lorme Se Savot.
Chemine'e d'un fourneau. V. p. 188.
Chemins. Vitruvenommeviarum diredliones, les canaux qui font
dans le platfond des corniches Doriques. V. Plafond.
Chemin couvert, ou coridor. V. p. 70.
Chemins des rondes. V. f>.'6$.& 70.
Chemin des carrières. On dit ouvrir les chemins lorfque l'on per-
ce les carrières.
Chemise , ou muraille de maçonnerie, terme de fortification. V.
P' 6?-
Chenil , lieu Se maifon où l'on tient les chiens.
Cherches. C'eft tout arc qui ne fe peut décrire d'un feultrait de
compas , mais par des points recherchez. L'on nomme Cherches,
les panneaux ou efpeces démoules, qui fervent à former le cintre des
voûtes, Se donner la figure aux vouflbirs , du cofté des panneaux de
doiielle j Car les Cherches font comme des parties de cintre tirées
de la concavité ou convexité des voûtes, lefquelles fè font comme
les autres panneaux fur quelque matière mince Se déliée , Se de figu-
res différentes , félon la nature des Cintres.
Cherches ralongéesj furbaiflees, oufurhauflees. C'eft ce que les
Geo-
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C H                                    37f
Géomètres nomment demy çilindres , demy Sphère » ou demy Sphé-
roïde
, ou Conoïde, On dit la Cherche d'une montée ou #\xaÈJcalkr%
c'eft-à dire le cintre. V. Tracer en Cherche.
Cherche-fiche , ou cherche-pointe , c'eft une efpece de poin-
çon de fer rond & pointu , dont les Serruriers fe fervent pour trou-
ver le trou des fiches. V. page 178. PI. XXXVIII.
Chesneau. C'eft le canal ou goutiere de plomb dans lequel tou-
tes les eaux de la couverture d'un logis tombent pour fè décharger
dans les cuvettes & tuyaux de plomb. C'eft auffidans les grands édifi-
ces une rigole taillée dans la pierre qui fait la corniche, Scd'où les eaux
coulent dans les gargouilles. Il y a des Chefheaux de plomb qu'on
appelle à bord lorfqu'ils ne font que rebordez par l'extrémité -, Et d'au-
tres qu'on appelle à bavette, quand ils font recouverts d'une bande
de plomb. Dans Vitruve le nom de chefneau eff fignifié par ceux de
colliquia, arc a , compluvium. V. p. 108. 1 i'o. PI. XXIIL
Chesnons , pièce de vitres. V p. 196. PL XLI.
Cheval. Quand ceux qui travaillent à tirer les marbres des car-
rières rencontrent dans un bloc un grand vuide rempli de terre. Ils nom-
ment cela un Cheval de terre , & lorfqu'il n'y a que de longues lignes
vuides & fort eftroites, ils les appellent des fils.
Chevaler, ou eftayer : c'eft lors qu'on fouftient avec des pièces
de bois quelque bafhmçnt oupans de murs pour les reprendre fous œu-
vre, ou pour remettre des poutres, & faire d'autres ouvrages.
Chevalet dont les Serruriers ont befoin pour tenir les forets
& frazer , lorfqu'on fore & fraze les pièces. Voyez page 176. PL
XXXVII.
Chevalets dont ils fe fervent à blanchir. Voyez page 178. Plan.
XXXVIII.
Chevalet où les Peintres pofènt leurs Tableaux lorfqu'ils tra-
vaillent. V.p. 301.Pl. LXII.
Chevalet fervant aux Sculpteurs. V.p. 222. 223. Plan. XL VIL
Chevalets des lucarnes. Voyez Nolets.
Chevalets dont les Couvreurs fe fervent pour efchaffauder.
I^.Triojjets.
Chevaux de frife , terme de fortification. Voyez p. 73.
Chevestre. C'eft une pièce de bois qui termine la largeur des
tuyaux de cheminée, &qui reçoit le bout des fbîivesau droit des che-
minées i &demeftneaudroitdescroifées. V. p. 86. 94. PL XVII.
Chevet. Les Plombiers nomment ainfi certains rebords de plomb
qu'ils mettent au bout des chefneaux, ou proche les godets pour arrefter
Bbb '                      l'eau,
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37^                           C H                     C ï
l'eau , & empefcher qu'elle ne bave le long de la couverture.
Chevilles de fer dont fe fervent les Charpentiers pour joindre
les aîTemblages. Voyez p. 88. 98. PI. XIX.
Chevilles coulifles, c'eft-à-dire qui s'oftent quand on veut V.
page
89.
Chevilles nommées Ranches. V.page 89. 100. PI. XX.
Chevilles pour tenir les pierres que l'on veut fcierpour faire des
ouvrages de rapport. V.p. 517. PI. LXII1.
Chèvre , machine propre à lever des fardeaux. V.p. 89. ioo*
PI. XX.
Chevron , pièce de bois fervant pour les couvertures des bafti-
mens. V.p. 8?. 92. PI. XVI.
L'on nomme Chevrons de croupes , ceux qui font pofez du cofté
des croupes , & Chevrons de longs pans , ceux qui font dans la plus
longue eftenduë du baftiment. V. p. 94. PI. XVII.
Cheute d'eau, ou Calcade. V. Cascade.
La Cheute, ou pente d'un toit, l'égout, c'eft ce que Vitr. 1. 4.
c. 7. nomme ftillkidium.
Chien, Chienne. V. Sergent.
Chorobate lignifie ce qui fert à faire la defeription d'un pays*
& à en avoir la fituation. Ce mot vient du mot xuî^m*v regionem
perambulare
, regionem defcribere. C'eft proprement ce que nous
appelions un niveau quand il eft fait avec le plomb ou avec de l'eau,
Vitr, 1. 8. c. 6.
Chrysocole. V. Borax.
Ciel. On appelle ainfi le haut d'une carrière.
On dit aufïi le Ciel d'un Tableau. En l'un Se en l'autre on dit les
Ciels au pluriel.
Ciment. Ce que les anciens Architectes nommoient c£mentum
ne s'entend pas de noftre ciment à faire du mortier , qui eft de
la tuile cafTée j mais de leur manière de maçonner , & de la
qualité de la pierre qu'ils employoient, comme lorfqu'on remplit
des voûtes ou des murs avec du mouellon ou blocage. L'on
peut voir Vitr. 1. 1. c. f. M. Per. fur le 4. c. du 2. 1. deVi-
truve > expliqueJzgninum pour noftre ciment •-, parce qu'en effet Pline
liv. 3f. c. 12. dit que le figninum eftoit fait avec des tuiles caflees
& de la chaux.
Cinabre. Il y en a de différentes efpeces : il faut voir le P- Ber-
Caefius 1.2. c.4. de mineralib. La couleur que les Peintres nomment
Cinabre eft autrement appellée Vermillon. V.p. 299.
Cin-
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C I                                            %jy
C i ktre , Ton nomme ainfî une Arcade de bois ou Cherche 3 fur
quoy on baftit les voûtes. Voyez Cherche.
Cintrer, faire un Cintre. Les Ouvriers difcnt$ plein cintré, &
pleine rondeur , pour dire en ligne circulaire.
Cipollinï, efpece de marbre. V.p. 4.1.
Cirage. On appelle en Peinture un Tableau de Cirage îorfqu'il
eft peint d'une feule couleur en forme de camayeu, tirant fur la cou-
leur de cire jaune. V.p. 303.
Circqnvallation, terme de fortification. Faire la circon-
vallation d'une place.
Circuit , ou enceinte d'une place.
Cirque , lieu où l'on faifoit anciennement les Jeux.
Cisailles. On appelle ainfî les reftes d'une lame d'argent dont
i'on a enlevé des flancs pour faire des pièces de monnoye. V.p. 2 5-3.
Zf6.Fl.LW.
Cisailles , efpeces de Cifeaux qui fervent aux Serruriers pour
couper le fer qui eft tenve&mince. V. p. 164,. 178.PI. XXXVÎII.
Ciseau. Il y a des Cifeaux de différentes fortes & grandeurs »
fervant aux Tailleurs de pierre, aux Sculpteurs , aux Charpentiers»
aux Menuifiers, aux Serruriers, & à d'autres Artifans. Les Charpen
tiers en ont qu'ils nomment Cifeaux à planches, d'autres qui fervent
pour ébaucher les mortaifes. Tous les Cifeaux ne font prefque diffe-
rens que par leur force & leur grandeur , eftant tous de fer bien acé-
ré : mais on leur donne differens noms , félon les chofes aufqueiles
on les faitfervir. V.p. ff: 88.
Ciseau en Marceline fervant aux Sculpteurs. V. p. 231.PI.
XLIX.
Ciseaux de Menuifiers. V.p. 129. 138. PI. XXXIl
Cise a ux à froid dont fè fervent les Serruriers pour couper de pe-
tites pièces à froid. V.p. 1^4,
Ciseaux à tailler limes. V p. 1^4.
Ciseaux 3 fiches fort tenves, pour ferrer les fiches dans le bois.
V.p. 164,.
Ciseaux , ou Tranches pour fendre les barres de fer à chaud,
V A 164, 173. Plan. XXXV.
Ciseaux ou tranches percées pour couper les fiches, ou couplets
|k autres petites pièces de fer à chaud V. p. 164.
Ciseaux ou Oiselets à relever desefcufîbns, des targefes 6ç
d'autres pièces qui fe travaillent fur le plomb. V.p. 164.
C 1 s e a px en pierre 5 Idem,
Bfab %                      Ci»
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3;8                           CI                           CL
Ciselure. Les Tailleurs de pierre îorfqu'ils commencent à tailler
une pierre font une cifelure avec le cifeau & le maillet.
Parmy lesOuvragesd'Orphevrerie il yen a qu'on nomme de Cife-
lure. Voyez page 241.
Cisterne , c'eft un refervoir d'eau. On peut voir la manière de
faire les cifternes dans Vitr. 1. 8. c. 7.
Citadelle. V.p.6f.
Cives , c'eftoit de petites pièces de verre de forme ronde, dont
l'on faifoient anciennement les vitres , on s'en fort encore en Alle-
magne. V. p. 180.
Civière à bras fervantà porter des pierres , & autres matériaux.
C'eft aufll ce qu'on appelle un Bar qui eft feulement fait de pièces
de bois plus fortes que celles des Civières. V. p. 5-9. Pi. XII.
Cl air-obscur. On appelle un Deflein de clair-obfcur, un
DefTein qui eft lavé d'une feule couleur , ou bien dont les ombres
font d'une couleur brune , & les jours rehauflez de blanc. On nom-
me encore ainfi certaines Eftampes en taille de bois , que l'on tire à
deux fois. De mefme que des Peintures, ou des Tableaux qui ne
font que de deux couleurs, comme les Frifes de Polydore qui font
à Rome.
Quelquefois on dit le clair obfcur d'un Tableau , pour fignifier
feulement la manière dont on a traité les jours, les demy-teintes , &
les ombres } & avec laquelle on a feeu répandre la lumière fur tous
les corps. Ce font deux mots dont l'on n'en fait qu'un, à l'imitation
des Italiens, qui difent Chiaro-fcuro. V. p. 289. 303.
Cl âmes 1 , efpece d'acier. V. p. ifo,
Clapet. V. Soupape.
Claveaux. Ce font les pierres qui forment le deflus d'une por-
te ou d'une feneftre quarrée , ou d'une corniche. Lorique ces por-
tes ou feneftres font en arcades, ces mefînes pierres s'appellent Vouf-
foirs.
La pierre qui porte fur les colonnes ou piédroits, fe nomme•
Sommier. Comme les Claveaux font d'ordinaire taillez de plufieurs
collez , on donne à chaque cofté differens noms, de mefme qu'aux
Vouflbirs. V. Voussoirs.
Clavette, c'eft une efpece de clou que l'on met ordinairement
dans le bout d'une cheville de fer, pour l'arrefter. Vitruve nomme
ces clavettes Cunei. V. p. 89.
CLAyETTEs fervant à un Tour. Voyez p. 274,. 278. PL LX.
Clef pour ouvrir & fermer une ferrure. Une Clef eft compofëe de
trois principales parties, fçavoir de la Tige, de la Panne ou Panneton,
&
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CL                                        373
& del* Anneau. Quelquefois le bas de la Tige qui tient à l'Anneau, eft
orné d'une moulure qu'on appelle Embafe, ou de quelqu'autre ma-
nière. Le Panneton eft auffi fendu & ouvert de différentes fortes pour
pafler les rouets ; de mefme que le mujeau du panneton, où font mar-
quées les dents. On fait auffi l'Anneau en diverfes manières.
Il y en a que l'on nomme à Cutffe de grenouille. Les Clefs des
ferrures benardes ne font pas forées par le bout} elles ont une Hay-
<ve
dans le panneton qui les empefche de pafler outre dans la ferrure.
Voyez p. 170. PI. XXXIV.
Clefs de bois, ouTenons qui fervent à afîèmbier les ouvrages de
menuiferie. V. Tenons.
Clef d'une Voûte, d'un Arc, ou d'un Arceau, c'eft la pierre du
milieu. Quelquefois on y taille une confole quand c'eft dans la face
d'un arc, & quelquefois un cul de lampe, une rofe ou autre ornement,
quand c'eft dans le milieu de la voûte.
On dit auffi les Clefs d'une poutre, qui font des chevilles de
fer que l'on met au bout de la poutre pour la tenir plus ferme dans le
mur. On dit armer une poutre de clefs ou bandes de fer.
Clefs d'une poupée. V.p, 273.278. Pl.LX.
Clenche,ouClinche, quifert à fermer une porte. V. Loquet.
Voyez page 15 8.
CLiQUART,efpecedepierre que l'ontiroit autrefois des carrières
dufaux-bourg S.Jacques, &quieftoitîa meilleure de toutes les pier-
res qui fe trouvent aux environs de Paris. La carrière en eft finie. On en
trouve encore que l'on nomme Cliquart doux. V.p. 46.
Clochettes. Ce font de petits corps coniques qu'on met audef-
fous de la Corniche Dorique au droit desTrigîyphes./'^.s Gouttes.
Cloison , cloifbnnage de charpenterie qu'on nomme autre-
ment colombage , ou pan de bois, qui fert pour feparer les cham-
bres & les autres lieux d'un logis. Vitruve I.7. c. 3. fe fert du mot de Cra-
iicii parietes.
Cloison d'une ferrure, c'eft ce qui enferme les reflbrts. V. page
157.170. Plan. XXXIV.
Cloistre, c'eft un lieu clos, & quelquefois environné de gal-
feries couvertes, comme font les cloiftres des Religieux. On dit une
voûte en arc, ou arrefte de cloiftre. Voyez Voûte.
Clou. Les Auteurs Latins employent fouvent le mot àtfibula ,
pour tout ce qui fert à joindre & attacher enfembîeles pièces de bois &
quelques parties d'un baftiment. Vitruve appelle ctavi mufcarii T les
clous dont la telle eft large & platte.
Bbb 3                         Clous
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3 9s                      CL                         CO
Clous â double pointe pour ferrer les portes. Il y en a de plufieurs
façons. V.p âge 153.
Clo us à vis fervant aux Serrures. Voyez page 170. PI. XXXIV.
Clous. Les Marbriers & les Sculpteurs appellent ainfi certains
nœuds qui fe trouvent en travaillant le marbre. Les Italiens les norn-
■•men t Noccioli. Voyez page 4 f.
Clouvierés, Cîoùieres, Cîoùeres, ou Cloutieres rondes, quar-*
rées, & bariongues. Ce font des pièces de fer percées de différentes
grofïèurs, dont les Serruriers fe fervent à former les telles des cîouxj
des vis, & autres pièces. V. page 1 <5 3.
Coeur, d'une verge de plomb. V. Ljngotierje.
Coi aux. KCo y aux.
Coigne'e. Les Coignées font des outils de fer acéré, plats &tran-
chans en manière de hache. Il y en a de plufieurs grandeurs,qui ont tous
un manche de bois pour les tenir. Les Coignées fervent à abattre des
arbres, & à fendre & équarrir le bois. V.p. 88.98. PI. XIX.
Grandes Coigne'es fervant aux Charpentiers pour équarrir le
bois. 88.
Autres grandes Coigne'es à deux bifeaux pour dreiïèr le bois.
Autres grandes Coigne'es qu'on appelle Efpaules de moutouy par-»
ce qu'elles font plus grandes que les autres.
Il y a d'autres Coigne'es appellées de petits Hacher eaux.
Co 1 n de bois ou de fer, pour fendre le fer ou le bois. Voyez page j %,.
57. & 61. PI. XIII.
Coin ou Tranchoir à fendre, dont les Serruriers fe fervent. V p.
172. PI. XXXV.
Coins de bois dont l'on fe fert pour fervir de cale, lorfqu'on pô-
le les pierres d'un baftiment.
Co 1 n de monnoye. V.p .273,
Colarinj ouFrifedu chapiteau delà colonneTofcane & Dori-
que. On nomme auffi Colarin le haut du vif de la colonne, & l'endroit
le plus étroit proche le chapiteau. KHypotrachelium.
Cole. Il yen a de plufieurs fortes. La bonne Cole forte eft faite avec
du cuir & des cornes de bœuf, que l'on fait bouillir. On en fait auffi
avec des rogneures de peau de gans ou de parchemin, Cette cole (ère
pour peindre à détrempe. Il y a encore de la Cole de poiffonj qu'on
nomme autrement £W<stf, elle eft bonne à plufieurs ufages.
La Cole- a-m 1 el, ou bature fert pour dorer. Voyez page zi6.
Colet d'une panture, c'eft l'endroit qui eft proche le reply dans le»
qmltegpnâQntteV.page jja,
          ,
-ocr page 406-
CO                                        3
Col ier. ^Cqlarin.
Coltsf/e, c'eft l'Amphithéâtre que Vefpafien fit baftir dans Ro-
me, & qui fut dedé par ion fils Tite. Ce mot ieîon Philander vient de
Coltfeum, quafi Colojj£um , à caufedu Colofïè de Néron qui eftoit
proche de là. Bien que ce nom ne foit pas gênerai ny commun à d'au-
tres Amphithéâtres , mais particulier à ce fameux Amphithéâtre
dont on voit encore les refies , j'ay penfé néanmoins devoir faire
cette remarque.
Colombier, c'eft le lieu deftiné pour des pigeons. La différen-
ce qu'il y a entre un Colombier & une Volière, eft que dans le pre-
mier les boulins font dés le rez de chauffée -, ce qui n'eft pas ainfî
dans les Volières, fi ce n'eft celles qu'on appelle Volière à pied, qui
eft la mefme chofe que Colombier. Le droit de Colombier eft un droit
Seigneurial.
Colonne, c'eft dans un ordre la pièce qui eft pofée entre l'Ar-
chitrave & le Piedeftal, elle comprend le chapiteau, lefuft&labafe.
Le mot de Colonne vient de Columen, qui fignifie le Poinçon, ou pie-
ce de bois qui fe pofè à plomb, & qui dans un baftiment en foufc
tient le faiftage appelle cttlmen.
Coloris. Ce mot fe prend généralement pour toutes les
couleurs enfemble qui composent un Tableau. Lorfqu'ellesfbnt bien
placées & bien entendues Ton dit d'un ouvrage que le coloris en
ejl beau.
Il eft vray pourtant que cela s'entend plus particulièrement des
Tableaux d'hiftoires. Car on ne dit point d'un païfage que le colo-
ris en eft beau, mais qu'il eft bien naturel & bien entendu , & mef-
me le mot de Coloris a plus de rapport aux carnations qu'à toute au-
tre chofe. V.p. 288.
Colorie' V.p.190.
Colo s se, ftatuë d'une grandeur extraordinaire.
Comble , ou couverture. Il y en a de pointus , de plats, de
brifèz, qu'on appelle à la Manfarde, & depîufieurs autres façons,
J^.no.Pl.XXin.
Combler un foffé, le remplir.
Commissures. Ce mot n'eft pas un terme commun parmy les
Ouvriers, mais bien dans les écrits des Architectes. Il fignifie les joints
des pierres.
Commiffures depentesyèrjoints d'engrai(fement)C*dk lors que les joints
des pierres ne font pas tirez à plomb, ce qui fe fait pour donner plus de
force à une Frife, Corniche, ou Architrave faite de plufieurs pièces.
COM»
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|8s                                        C O
Compartiment d'un parterre , c'eft-â-dire les diverfês pie-
ces dont un parterre eft compofé, ce qui fe fait d'ordinaire par
des bordures de buis.
Compartiment d'un plafond. Ce font les differens panneaux
fèparez par desquadres, ou autres ornemens.
Compartiment de Menuilèrie. Les Anciens appelloient CeJ»
trota
, ou Ceroftrota , des compartimens marquez fur le bois avec
un fer chaud, Vitr. 1.4. c. 6. Plin 1.1 r. c. 3 7.
Compas de proportion ; il eft compofé de deux règles
de cuivre où font gravées plufieurs divifions pour lever des plans,
& fèrvir â d'autres ufages. Il s'ouvre & fc ferme comme les autres
Compas.
11 y a différentes fortes de Compas.
Le Compas droit eft le plus ordinaire & de plus grand
ufage.
Le Compas courbé, fert aux Sculpteurs pour mefurer les grofîèurs
des corps ronds, parce qu'il en embrafîè les parties, ce que ne peuvent
pas faire ceux à jambes droites. Les Graveurs s'en fervent aufli pour
trouver le véritable endroit d'une Planche, qu'ils veulent repoufler, &
graver. Voyez pag. 228. 231. PL XLÏX.
11 y a encore des Comp a s de fer & de cuivre de tou tes fortes de gran-
deurs, dont une des jambes fe démonte pour y appliquer des porte'
crayons, des plumes à écrire, des coupes-pieces, &c.
11 y a auffi des Comp as à trois jambes pour prendre des angles.
Des Compas à fautTc Equaire. V.page f3.
Compas des Charpentiers. V.p.96.
Compas des Plombiers. Vojezpag. 118.121. Plan. XXVI.
Compas des Menuifiers. Voye&p. 130.138.Plan. XXXII,
Compas des Serruriers. V.p. 176.PI.XXXVJ.I.
Compas des Vitriers. V.p 200.Pl. XLIII.
Comp as des Joùailliers. Ils appellent Compas un inftrument avec
lequel ils mefurent les pièces lorfqu'ils les taillent. Cet Inftrument
eft un morceau de bois comme le fuft d'un rabot fendu par defïus
jufques à la moitié de fa longueur. Dans cette fente il y a une pe-
tite règle de laton qui tient par un bout dans le milieu du rabot avec
une cheville , en forte que cette règle fè meut comme une équaire
ployante, & fert à prendre les angles des pierres que l'on pofe fur le fuft
ou pièce de bois à mefure qu'on les taille; ce fuft eft auffi quelquefois
de laiton asrtfi que la règle.
Comp a s s e r, mefurer avec un Compas,
Go m-
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CO                                          383
Composite. Ordre Compoiite. On dit l'Ordre Compofite »
ou l'Ordre Compofé. V. p. 19.
Composition, partie de la Peinture. Voyez, page 288.
Conge'j Efcape. C'eft le quart de rond creux ou cavet par le
moyen duquel un membre fe retire de l'autre. V. Apqphyge,
Congellations qui fervent pour les Grottes. V. p. 319. ""
Conserves , refèrvoirs où l'on garde l'eau pour la diftribuer par
des aqueducs ou canaux. Les Anciens nommoient ces refèrvoirs Caf-
tella. Budaeus. 1. 1.
Conserves, ou Contre-gardes , pièces de fortification. V. p.
Consoles dans les baftimens , cefonedes pièces faillântes qui
fervent à fouftenir des Corniches, ou à porter des figures, des buf-
tes, des vafes, ou d'autres choies.
On les appelle aufli rouleaux ou mutules félon leur forme. Il y
en a qui font ftriées ou cannelées, d'autres en forme de cartouches,
& d'autres qui ont des gouttes , & qui font en forme de trigliphes.
Vitruve appelle celles des portes Trotyrides , de Thyra , qui veut
dire une porte. Celles que l'on fait d'un bout de planche taillé en
triangle , pour porter des tablettes s'appellent Ancones , à caufe
qu'elles refîemblent à une Equaire.
Contours, ce font les extremitez d'une Figure, &les lignes qui
décrivent & environnent quelque corps , &par le moyen defquelles
on en marque la forme.
Contourner quelque chofed'un coftéêc d'autre, c'eft marquer
«ne Figure avec des traits & des lignes.
On dit que les Contours font beaux & bien prononcez , lorf-
que dans les ouvrages de Peinture ou de Sculpture , les mem-
bres des Figures font deiîèignez avec feience & art , pour re-
prefenter un beau naturel.
Contracture r ouReftreciflement de la colonne , c'eft la par*
tie d'enhaut par où elle eft davantage diminuée. On dit aufli re-
traite
ou diminution.
Contr approches Voyez Approches.
Contraste, c'eft un mot dont les Peintres & les Sculpteurs fe
fervent beaucoup , pour exprimer ia diverfité d'actions qui paroift
dans leurs Figures, & la variété qui fe doit rencontrer dans la pofition
&les mouvèmens des membres du corps, & dans toutes les attitudes
en gênerai. C'eft pourquoy ils difent., contrajier , pour dire varier
les actions & dlfpofmons des Figures.
C-cc                         Co\r-
-ocr page 409-
384.                                             C O
Contre-coeur d'une cheminée, V. Chemine'e.
CONTRE-BOUTANS. V. B OU TAN S.
Contre-fiches. Ce font deux pièces de bois qui en arboutent
ou lient d'autres y comme il y en a d'ordinaire dans la charpente des
couvertures, V. p. %6. 94. Plan. XVII.
Contre-forts, Efperons, Contreboutans. Voyez Espérons.
V.p.67.
Contregardes, ou Conferves. Ce font de longues îifieres de
terre que l'on pratique fur le bord de la Contrefcarpe du grand fof-
fé d'une place, ou des pièces triangulaires paralleîles aux baftions
qu'elles couvrent entre le fofîe & la Contrefcarpe. Elles ne font dif-
férentes des Demy-lunes , qu'en ce qu'elles ne font pas fi larges , &
qu'elles font plus longues. V. p. 71.
Contrejauger les affembîages de Charpenterie , c'eft-à-dire
transférer la largeur d'une mortaife fur l'endroit d'une pièce de bois
où doit eftre le tenon , afin que le tenon fbit égal à la mortaife , à
prendre de l'Àbout à la Gorge. V. p. 87.
Contrelattes, ce font les lattes que Ton met de haut en bas
entre les chevrons pour entretenir les lattes. Les contrelattes dont
on fe fèrt pour l'ardoife font plus larges que pour la tuile, &fe font
ordinairement de bois de feiage. Ceft ce que les Latins appellent
Ambrkes.
Contrelater un pan de bois , c'eft l'armer de clou & de lat-
tes j enfuite de quoy on l'enduit par defîlis de mortier de chaux &
fable, oudeplaftre.
Contrelatoir dont fo fervent les Couvreurs. V. p. iop> 112,
PI. XXIV.
Contremaro^. V. MarqvFranc, & page 87'.
Contremines, Voyez page dp.
Contrepoinçons , ce font des outils de fer & de figure ronde
dont les Serruriers fe fervent pour contrepercer les trous , & pour
river les pièces. Il y en a auflide barlongs &dequarrez pour contre-
percer les trous barlongs & quarrez. V. Poinçons.
Contrescarpe d'un foffé. V. p. 70.
Contrescarper , faire une Contrefcarpe.
Contretirer un Deflèin , ou un Tableau, c'eft en prendre les
mefmes traits, ce qui fe fait d'ordinaire avec une toile de foye, ou du pa-
pier huilé qu'on applique contre le Tableau -, puis avec du crayon l'on
marque fur le papier ou ferla toile , les mefmes traits du Tableau que
l'on voit au travers de la toile ou du papier. On fe fort aufïï de verre, de
talc3
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C O                                    38f
talc j de veffïes de pourceau, de boyaux de bœufs, de colle de poif-
fon mifo en feuilles, & d'autres matières claires & minces pour contreti-
rer des Ouvrages de moyenne grandeur.
Contretire', qui eftpris fur lemefme trait de l'original.
Contr.eepr.euve , c'eft une eftampe qui eft imprimée fur une
autre eftampe fraifchement tirée. Cela fe fait pour mieux voir s'il n'y .
a rien à retoucher à la planche , parce qu'on a par ce moyen la figu-
re du mefme fens qu'elle eft gravée.
Contrevents, ce font des feneftres ou grands volets qui femet-
tent en dehors pour confèrver les vitres contre les injures du temps,
& tenir les lieux plus clos.
Contrevents , ce font auflî de fauffes pièces de fer que l'on met
au derrière des portes. V p. i f 3.
Contrevents. On nomme auflî Contrevents des pièces de bois
mifes en contrefkhes. V. p. 86. Voyez Esventer.
Copeau. Voyez Coupeaux.
C o qu e s , ce font des pièces de fer qui fervent à conduire le
pêne d'une ferrure, Scdans lefquelles entre Vauberon V. p. 1 f6.178/
PI. XXXIV.
Coquilles , Coquillages dont on fè fert pour faire des Grottes.
V. p. 319-
Il y a auflî des Niches dans les murailles, dont le haut eft en for-
me de Coquille.
Coquille qui fe met au bout des tenailles dont fe fervent les La-
pidaires. V. p. 261. 264. PI. LVI.
Corbeaux. Voyez Mutules.
Corbeilles, ou paniers, on s'en fort dans les fortifications pour
mettre de la terre, & à d'autres ufages.
Cordes , Cordages. Dans les baftimens on ne fe fort prefque
point du mot de Cordes, on dit Cordages.
Cordeau , ou ligne dont fe fervent les Charpentiers pour ali-
gner le bois.
Cordon de pierre de taille dont l'on ceint les murailles, principa-
lement des plaees fortes. Aux ouvrages qui font de terre, on met
des fraifos au lieu de Cordon. V p. 68.
Coridor , efpece de galierie, ce mot vient de l'Efpagnoi Core*
dor.
Corinthien. Ordre Corinthien. V.p. 16=
Coridor d'un baftion. V p. 70.
Corn ailler , c'eft un terme dont les Charpentiers fe fervent ,
Ccc î                            corn-
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386                  (                        C O
comme quand ils difent quxim tenon cornailk dans me mortaife.
C'eft-à-dire , qu'il n'entre pas quarrément , & qu'il n'a pas efté
dégauchy.
Cornes d'un chapiteau, ce font les quatre coins du tailloir.
Cor. ne de bœuf ouCorne de Vache, c'eft la moitié du biais paf-
fê. Voyez,
Biais. /
Ouvrages à Cornes. V. p. 77.
Corneolf, , ou Cornaline, pierre precieufe dont l'on fait des ca-
chets & des médailles. Boot. 1. z. c. 83. de lapida
Cornette. Efpece de fer. V. p. 14,3.
Corniche, c'eft la troifiéme & la plus haute partie dé l'entable-
ment. Quelquefois la Corniche fe prend pour la Cymaife. On
dit aufll la Corn i che ou Couronne du piedeftal.
Cornière. C'eft la jointure de deux pentes de toit dans
l'angle de deux corps de logis joints ehlemble. Ou c'eft encore
le canal de tuile ou de plomb , qui eft le long de l'angle de deux
grands corps de logis.
Pilaftre Corn i er , c'eft un pilaftre qui eft dans l'angle, ou qui fait
l'encoignure d'un baftiment, ou de quelque chambre. Selon quelques-
uns, mais généralement on dit un pilaftre d'encoignure quand ileft en
dehors , & pilaftre de l'angle quand il eft en dedans,
On dit auflî un Poteau Gornier.
Corps de garde. Voyez page. 68.
Correct. On appelle un Defïèin correct , dont toutes les par-
ties font bien^arreftées.
Corroy , ou Courroy, ouConroy, c'eft une terre glaifedont l'on
fe ièrt pour garnir le fond & les coftez des baffins des fontaines, des ca-
naux , des refervoirs, & autres pièces, afin qu'ils tiennent l'eau. La ter-
re glaifèn'eft corroy que quand elle eft bien pétrie.
Corroyer mettre du Corroy.
Cor Roy er le mortier.On dit du mortier bien corroyé'; quand on méf-
ie bien la chaux & le fable enfemble avec le rabot. Les Maçons eftoient
anciennement fi foigneux de cela , que les Grecs employoient jufqu'à
dix hommes à chaque bafïïnpour faire corroyer & raboter le mortier
pendant un long efpace de temps 5 ce qui lé rendoit enfuite d'une telle
dureté, que les morceaux des, enduitsquitomboient des vieilles mu-
railles fervoient à faire des tables, félon Vitruve. J'ay entendu dire à
de vieux Maçons qui prenoient foin de faire de bon mortier, quand ils
parloient à leurs manœuvres, qu'ils le dévoient détremper de la fueur
île leur front, c'eft-à-dire de corroyer long-temps , &ne le pas
noyer
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CO                                             387
noyer d'eau comme ils font d'ordinaire pour avoir pluftoft fait
Ondkmiïi corroyer la terre graffe, c'eft proprement ce qu'on dit
bien peftrir la pafte à faire le pain.
Corroyer le fer. Uonditcorroyer une barre defer\, lorsqu'on la
forge, & qu'on la bat à chaud prefte à fondre ; ainfî quand on veut du
fer bien corroyé on le bat bien à chaud. Quand on en veut joindre deux
morceaux en fe m ble, onleschaufFej puis eftant tous dégoutansi on
les bat & on les joint l'un avec l'autre à chaud, ce qui s'appelley^^r.
Et quand on allonge le fer cela s'appelle ejiirer. Ainfî l'on dit un
morceau de fer corroyé, fondé, & ejliré, pour dire qu'il eft battu,
■rejoint,-.Se allongé.
Corroyer le bois, c'eftenofter lafuperfîcie par feùillesque l'on
enlevé en le rabotant après qu'il eft débité ; Les Menuifîers commen-
cent parla à travailler les planches avec la varlope, ou demy-varlope,
ou avec le riflarî.
Cou che de couleurs. On dit donner la dernière couche à un Tableau.
Onditauflî, qu'il faut donner deux couches de couleurs à un plat-
fondy
&c.
Couche de mortier de chaux ou deplaftre. 'Donner deux couches,
c'eft ceque Vitr. nomme Corium.
Couche. Les Charpentiers appellent ainfî une pièce debois qui fe
met fous une Eftaye quifert de patin.
Couche' de plat, ou de champ, V.p. 84.
Coucher, eftendre la couleur, fçavoir bien coucher les couleurs
les unes auprès des autres.
Couchis. Ce font les pièces de boisquifont au deflus des poutres
d'un Pont, & les planches & folives avec les terres & pavé qui font le
deffiis du Pont.
Coude', ployé. On dit d'une pièce de fer qu'elle eft coudée ou
ployée.F^/>^0/^,c'efteftre ployé.
Coude'e- C'eft une mefure dontles Anciensfefervoientbeaucoup.
Il y avoit trois fortes de Coudées, fçavoir la grande quieftoit de neuf
pieds, qui faifoient environ huit pieds deux pouces de noftre pied de
Roy. La moyenne eftoit de deux pieds, qui revenait environ à un
pied-dix pouces de Roy. Et la petite qui eftoit d'un pied & demy,
faifoit environ un pouce & demy moins que noftre pied & de-
my de Roy. On peut voir les Notes de M. Per. fur le ï. chap. du 3. livv
deVitruve.
Coue t te , grenouille, crapaudine. C'eft un morceau de fer ou de
cuivre creufé en rond, & dans lequel tourne le pivot, ou le gond d'une
Çcc 3,                      por*
-ocr page 413-
jsa                         c o
porte, ou d'autre çhofe. ïl faut que la Couette ou le pivot foit de
cuivre, afin qu'ils ne s'ufent pas fi-toft. L'on dit Crapaudine à Paris.
J^.iyz. 168.PL XXXIII. '
Couleur qu'on donne à l'acier en le mettant au feu. Y.p,
161.
Couleurs pour peindre, Il y en a de naturelles & d'artificielles.
Voyezpage 292. 294,. 29f.
Couleurs à fraifque Scàhuile. V.p. 294.
Couleurs pour émailîer. Voyez page 309.
Couleurs rompues. Les Couleurs font rompues lorfqu'elles ne
font pas employées toutes fimples & pures , mais qu'on en mefle
deux ou plufieurs enfemble pour en affoiblir & éteindre une trop vive \
Comme quand pour diminuer de la vivacité delà Laque, on y méf-
ie un peu de terre verte j ou bien, quand pour ofter de l'éclat du Ver-
millon, on y mefle du brun rouge, foit en détrempant les Couleurs fur
la palette , foit après qu'elles font couchées fur la toile 5c en travail-
lant.. Quand une draperie qui eft d'un jaune clair fe trouve ombrée
d'une laque obfcure, on dit d'ordinaire que cette draperie efl: jaune rom-
pue de rouge.
C'eft pourtant mieux dit qu'elle efl: jaune ombrée delà-'
que
, fi les deux couleurs font feparées : car le mot de rompu ne fe
prend proprement que lors que la couleur n'eft pas pure, mais méfiée
avec une autre. Enfin une couleur rompue, parmy les Peintres» efl:
celle que l'on efteint, & dont l'on diminue la force j cequifert beau-
coup pour l'union 6c l'accord qui doit eftre dans toutes celles qui com-
pofent un Tableau. Le Titien , Paul Veronefe\ & les autres Lom-
bards s'en font heureufement fervis , comme l'a fort bien remarqué
M. de Pile fur le Poème du fieur de Frefhoy. Les Italiens nomment;
cdzRotturade' colori.
Bonnes Couleurs. Lors qu'on dit d'un Tableau, que les Cou-
leurs en font bonnes cela neilgnifie pas pour l'ordinaire qu'elles foient
d'une matière plus exquife que celle d'un autre* mais que le choix de
la diftribution en eft meilleur, & que la rencontre des unes auprès des
autres, en eft plus excellente.
Coulis, ou Couliflè, c'eft un canal fait de bois ou autrement,
dans lequel on fait aller & venir un chaflis, une feneitre ou autre cho •
fè. Quand on fait des écîufes on fe fèrt de planches qui entrent l'u-
ne en l'autre en rainure 8c en couliflè. On appelle cela majle & fe-
melle.
Coupe, c'eft ce que les Italiens appellent Cupola. V. Dô-
me.
Cou-
-ocr page 414-
CO                                           389
Coupe j ou Godet. Fbyez Gonvr.
Coupe de pierre, fçavoir la coupe des pierres, cJeft-à-dire, de quel-
le manière il faut les tailler pour conftruire des voûtes ou arcs de tou-
tes fortes de façons.
On dit auffi bien couper le bois, pour dire le bien tailler comme il
doit eftre dans lès beaux ouvrages de Sculpture, deMenuiferiè, Se
dans ceux qui fe font au tour. V.p. 226.
On dit encore, bien couper le cuivre, pour dire bien graver au bu-
rin-, c'eft quand les traits de burin font hardis Sz gravez également,
félon le fort & le foible,
Coupeaux ou éclats de bois ou de pierre, ^y^s Eclats.
Couplets ou Fiches à doubles nœuds , ou Charnières : Ce
font deux pièces de fer jointes enfemble avec charnières & riveu-
res. Les Couplets fervent de pantures pour des portes Se
desfeneftresj II y çnaqu'onnommeBriquets, qui ne s'ouvrent qu'à
moitié, Se fervent pour des tables ou autres chofes qui n'ont pas befoin
d'avoir un mouvement entier comme les portes , & où ne doit pas
paroiftre la moitié du nœud comme aux Fiches. V. p. 161. 168. PI.
XXXIII.
Coupoir dont on fefert pour les monnoyes & pour les médailles.
Voyezpage 2 5*2.2 56. PIXIV. Il y a une chofe qu'il faut bien remarquer
dans les Coupoirs pour les monnoyes, qui eft que le Coupoir ne peut
rien faire s'il eft coupé quarrément par en bas , mais il faut pour
bien trancher qu'il foit coupé û peu que rien en pied de biche , Se
quafi imperceptiblement.
Coupole Voyez, Dôme.
Cour, d'une maifon. Lorfque c'eft une cour ou un paflâge décou-
vert , les Latins l'appellent cavadium : fi c'eft un lieu couvert, andi-
tum.
Il eft bon devoirVitr. 1 <5.c. 3. avec les Notes de M. Perr. fur les
mots de Cavadium Se à!1 Atrium.
Cour d'une métairie, Chors, Vitr.
CouRBES,piecesdecharpenterie. ^Esseliers.
Courçon, efpecedefer. ^^.143.
Couronne, c'eft la partie plate &la plus avancée de la corniche
que l'on nomme Larmier y Se quelques Ouvriers Mouchette. Vitruve fe
fert fouvent du mot de Corona pour fignifîer toute la Corniche.
Ouvrages à Couronnes V. p. 70.
Couronnement d'une ferrure-, c'eft un ornement qui femetau
deflus de l'ouverture, & fur l'efeufton.
Couronnement en termed'Architefture^eft ce qui fait & termine
îe haut d'un ouvrage.
                                                           Cour-
-ocr page 415-
§<?©                                                   CQ
CouB,m.o¥Ea.. F<?^«Cqr.r.oyer.
Cours depane de fabliere, de folive&c. terme de Charpenterie.
Courtine, ç'eft le front de la muraille entre deux battions,
V.p- 6f.
Course, on dit donner courfe'à unpêne, pour dire le faire fbrtir&
avancer.
Coussinet. Tulvènus. Vive, appelle ainfî l'ornement du Chapi-
teau Ionique quieft entre l'Abaque & l'Efchine ou Ove, &qui fèrt
à former les Volutes, parce qu'il reprefènte comme un oreiller prefle
par la charge qui eftdeflus, & qui eftroulé&attaché d'une courrayes
que le mefme Auteur appelle balthems.
On appelle, auflî Coussinet la première aflife qui porte la rampe
des piédroits des voûtes rampantes, ce qui s'appelle auflî fommier dans
lescroiféesouportes. V. Voûtes & Jambages.
Coussinet fervant aux Doreurs. V. p. 211. 217. Planche
XLVI.
Coussinet fervant aux Graveurs en cuivre. V.p.282.284.
Pîan.LXI.
Couteau à fie. V.p. $p.
Couteau à chapiteau, dont fe fervent les Charpentiers 'V.
page 96.
Couteau fervant aux Plombiers. Voyez page 121. Planche
xxvi.
Couteau dont fe fervent les Vitriers. V.pàge 192. 204. Plan-
che XLV.
Couteau fervant aux Peintres. Voyez page 301. Planche
LXII.
Couteau à trancher. V.p. 323.326. Pl.LXV.
Couture , manière d'accommoder le plomb furies couvertures.
V.p. 109.
Couverture, toit de maifon. Dans les premiers fie-
cles félon Vitruve y les couvertures des maifbns eftoient tou-
tes plates, mais comme on vit qu'elles ne garentiflbient pas de
l'eau & des neiges, on les efleva en faiftes , c'eft à-dire qu'on fit
des combles plus ou moins exhauflèz , félon les divers climats , &
félon la matière dont on les couvroit. Voyez page 106. V Com-
ble.
Couverture d'une ferrure que l'on nomme quelquefois/toi;/^,
oufoncet. Voyezpage 15-6.170. Planche XXXIV.
Co-
-ocr page 416-
co                   CR             ; „ ?9I
Coïaux. Ce font des pièces de bois , ou petits bouts de che-
vrons, qui fbuftiennent ôcconduifènt la couverture d'une maifbnjufc
qu'au bord de l'entablement pour luy donner la pente necellaire à
la cheutedes eaux. Vitruve liv. <5.c, 3. lèsnomme'deliguià. V. p.
94. Planche XVII.
Coy ers , ce font des pièces de bois fèrvant à la couverture d'un ba£<
îiment. Elles pofent aux coins rentrans de l'édifice d'un cofté , où font
les embranchemens de croupe, & de l'autre cofté ceux des longs pans^
ou pour mieux dire, ce font les chevrons qui font en diagonale, & qui
ïbuftiennent les Noues, ou bien encore un Coyer eft une pièce de bois
afîèmblée par un bout dans l'arreftier , & par l'autre bout au gouf-
fet de l'enrayeure. Voyez, page %<$. 94. Planche XVII.
Crampon nets d'une ferrure. V.page i$6. 1*7. i7o> Plan-
che XXXIV.
Crampons qui fervent à tenir les verroùils. Voyez Verrouil.
Crampons qui fervent à tenir lespanturçs. Voyez page 15-2.168,
Planche XXXIII.
                                                       *
Crampons ou liens de fer dont on fe fèrt dans les gros mjurs pour lier
les pierres enfemble avec du plomb fondu & de la poix- raifine. Les An-
ciens faifbient des efpeces de crampons de bois de chefhe ou d'olivier.
Cramponner , attacher avec des crampons.
Crapaudine. Voyez Couette.
Grave , matière à faire des crayons, & dont l'on fè fèrt dans la"
compofition de plu fleurs couleurs à peindre. Les Anciens en avoient
qu'ils nommoient Eretrienne 3 d'autre Selinufienne s ou Annulaire.
Vitruve liv. 7. c. 14.
Crayons pour defîèigner , qui font ou de craye blanche pour
rehaufîèr , ou de pierre noire pour ombrer, ou de fànguine. On
dit le premier crayon d'un Tableau , pour dire la première penfee %
TEfquifîè , le premier deffëin.
Crayonner , defîèigner avec du crayon.
Crèches. On nomme ainfi au delà de la Loire , les fraifemens
de pieux qui fe font autour des piles des Ponts pour les conferver en
garnifTant ces pieux de dofles & de bois necefîàires pour remplir î'en-
tre-deux des piles 6edes pilotis avecdelarmfïbnnerie faite de bonne
pierre & de mortier de chaux vive & ciment.
Credence. Chambre où l'on ferre les vivres.
Credence, ou Buffet, table fur laquelle on met les verres.
Cremille'e , de w«Vs fufpendre. Il y a certain reiîbrt ou gar-
de dans les ferrures qu*on appelle creraiîlée.
Ddd .                   Çre»
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3P2                                      CR
Créneaux d'une tour 3 ou d'une muraille. Tinna. Vitruve.
Crénelé' , qui a des créneaux.               : . ,
Crepy j c'eft-à-dire couvert de mortier, ou deplaftre.
Crépir un mur. Cela fe fait avant que de l'enduire. Voyez En-
duire.
Crevasse , ou fente. Une muraille fendue ou crevaflee , qui
fe crevaflê en divers endroits.
Creuset pour fondre les métaux : c'eft un vafè fait d'une ter-
re capable de relifter au feu , lequel d'ordinaire n'a ny anfe , ny
poignée.
Creux. On dit un Creux de Tlaftre , ou d'autre chofe , pour
dire un moule , ou un coin gravé ôc propre à imprimer ou mouler
quelque figure de relief.
Creux , fignifie parmy les Ouvriers , ce qu'on nomme concave
en Géométrie.
Cri ble. V. p. 247. Planche LU.
Cric, c'eft un Inftrument de grande utilité pour lever toutes
fortes de fardeaux. V. p. 104. PI. XXII. *
Cristaux. Voyez page 3 19.
Croc, harpon, main de fer.
Crochet, outil fervant aux Maçons ou Sculpteurs en pierre.
F.p.ff. Plan. X.
Crochet de fer fervant aux Menuifîers pour arrefter & tenir le
bois fur leur eftablie ■■, C'eft un morceau de fer à plufieurs dents »
& contre lequel on poufïè le bois qui fe trouve arrefté , & qui ne
peut reculer quand on le travaille. Le Crochet eft emboifté dans un
morceau de bois , qui fe peut haufler & baiflèr autant qu'il eft necef-
faire. Voyez page 128. 134. Planche XXX.
Crochet nommé Sergent. V. Sergent. V.p. 128. 134,.Plan.
AAa.
Crochets dont les Serruriers fe fervent pour tenir les pièces en
travaillant. V. p. 164.
Crochet de fer fervant à ouvrir les ferrures. Voyez Rossignol.
V.p. 178.Plan. XXXVIII.
Crochets de fer fervant dans les couvertures àfouftenirles chef-
neaux & les enfaiftemens. V. p. 108. 110. Planche XXIII.
Croise'e. Voyez Fenestre.
Croisillon ou meneau , c'eft une partie , foit de pierre ,
foit de bois , qui fepare une Croifée en deux. Il fignifie aufîi une
demy-croifée.
Crois-
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Cl                     CU                            3pj
Croissances, ce font certaines herbes congelées , qui fè
prennent fur les rochers , & dans la mer, dont on orne les Grot-
tes. V. p. 319.
Croix de faint André. Ce font deux pièces de bois difpofées en
croix. V. p. 84. 86.
Cro ix de Lorraine , pièces de vitres. V. pag. 196. Planche
XLI.
Croix de Malte , pièces de vitres. Voyez pag. 198. Planche
XLII.
Croquer. On dit d'un tableau & d'un deflèia qu'il n'eft que
croqué
, lorfque les parties n'en font pas arreftées , & qu'il n'y a
rien de finy.
Crosettes. Voyez Oreilles.
Croupe , c'eft un des bouts de la couverture d'un baftiment qui
n'eft pas fait en pignon , mais coupé obliquement en pavillon. V.
Comble , Se page 110. Planche XXIII.
Cube , un quarré folide comme un dé , »w'/3<9-, tejfera, un
Dé. On dit une toife cube, c'eft-à-dire un corps qui a une toife en
fout fens.
Cueillie. Les Maçons pour dreflèr un enduit tirent de part &
d'autre des bandes de plaftre , qu'ils appellent des Cueillies j & en-
tre ces bandes qui ont l'épaiiîèur que doit avoir l'enduit , ils eften-
dent leur plaftre tout à plat. Elle fert auflî à former les angles. On
dit cueillir une porte, une feneftre, pour dire faire la cueillie d'une
porte & d'une feneftre.
Cuillier à puifer , & Cuiller percée dont fè fervent les
Plombiers. V. p. iif. 115). PI. XXV.
Cuillier dont fe fervent les Sculpteurs. V.p. 229. Plan-
che XLVIII.
Cuisse de Grenouille. Les Serruriers appellent ainfi certains
anneaux de Clefs , qui font limez & arrondis , en forte que ce qui
touche la tige eft plus menu que le milieu de l'Anneau , qui eft par-
tagé avec la lime par une efpece de cifelure , qui forme comme les
deux cuiflès. V. Clef.
Cuivre rouge , & Cuivre jaune. V. p. 240.
Cul d e l a m p e c'eft un ornement que l'on fait pour finir &
terminer le deftbus de quelque ouvrage. Il y en a d'ordinaire aux
clefs des voûtes. On nomme auffi culs de lampe certains ornemens
que l'on grave pour mettre à la fin d'un cuivre lorfque les ornemens
Te terminent par en bas en diminuant.
Ddd 2                            Cu-
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35>+                          CU                                 C Y
Cule'e, c'eft le cofté de la première , ou dernière Arche d'un
pont par où. il touche au.quay ou à la terre. Voyez Pile.
Cunette , petit foffé , que l'on nommoit autrefois Lacunette,
V. p. 69.
Cuve de Gupa, qui vient de »««»» efpece de vaifïèau. On dit un
fojjé à fond de cuve.
Cuve , ou baffin où l'on fe baigne. V. Bassin.
Cuvette de plomb qui reçoit l'eau des chefheaux qui font autour
des couvertures , & d'où elle tombe enfuite dans des tuyaux ou ca-
naux de plomb. Ces Cuvettes peuvent eftre prifes auffi-bien que le
Chelheau pour ce que Vitr. 1. 6. c. 3. appelle Compluvium , qui fé-
lon Feftus fignifie un lieu qui reçoit les eaux de la pluye. Il y a des
Cuvettesquarrées&cd'autres à entonnoir. V.p. 108.110.Plan.XXIII.
Cylindre > c'eft une figure ronde & longue comme une Co-
lonne.
Cymaise c'eft dans l'Architecture un membre , dont la moitié
eft convexe , & l'autre concave, lat. Cymatium du grec jw^w-nov,un.
dula t
petite onde -, 8c non pas de cyma , qui fignifie l'extrémité de
la tige , Se la pointe la plus tendre des herbes. Car ce qu'on nomme
Cymaife , & qui fert d'ornement au haut d'une corniche, ne tire pas
fon nom de ce que ce membre en fait l'extrémité & la plus haute
partie, mais pluftoft de ce qu'il eft taillé d'une forme ondoyante. Aufli
Vitr. 1. 5. c. 7. fe fert deunda pour Cymatium, qu'il nommeaufîi quel-
quefois Lyjîs, qui en grec fignifie rupture ou feparation, à caufe que
les corniches font la feparation d'une partie de l'Architecture d'avec
une autre ; comme du piedeftal d'avec la colonne * Se de la frife d'a-
vec la corniche, 8cc. Les Italiens l'appellent Goletta , pour parvagu-
la
, ouCimafa. Il y a de deux fortes de Cymaifes, l'une droite & l'au-
tre renverfée, que nous âifons gueule droite Se gueule renversée. Cel-
le dont la partie la plus avancée eft concave , s'appelle Domine ou
Gueule droite, & l'autre dont la partie la plus avancée eft convexe (c
nomme Talon ou Gueule renversée. Palladio appelle celle qui eft tout
au haut de la corniche, intavolatum , pour dire Entablement. Mais
laDoucine eft particulièrement diftinguéedes autres, cardans le La-
tin elle fe nomme Sima, c'eft-à-dire, carnufe.
Il eft vray, que dans l'Ordre Dorique la Cymaife du haut de l'en-
tablement eft différente. Car elle n'eft compofée que d'un cavet qui
eft au defîbus d'un reglet. Philander dit qu'il y a de deux fortes de Cy-
maife Dorique > l'une faite de la moitié d'une Scorie que nous appel-
ions un Cavet, & l'autre qui eft faite d'un quart de rond qui eft VÀftra-
gale
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CY                DA                DE              3Pf
gale Lesbien, félon Baldus. Il nomme auffi Cymaife Lesbienne^ le
talon ou gueule renverfée. On peut voir les Notes de M. Perrault fur le
3. chap. du |..liv. de Vitruve. Les Ouvriers nomment indifféremment
Cymaifes, tant celles qui terminent les extremitez des grandes corni-
ches que les autres. V.p. 14. Plan. III.
D
D Allés , ce font les pierres qui couvrent le toit des grands Edi-
fices , & d'où l'eau s'égoute par les teftes de lion & les gargouil-
les que l'on taille dans la grande Cymaife de la corniche.
Damasquiner, travailler de "Damafquinure. V.p. 328.
Damoiselle , c'eft une pièce de bois de cinq ou fix pieds de
haut, ronde &ferrée par les deux bouts, ayant comme deux anfes au
milieu. Les Paveurs s'en fervent pour enfoncer les pavez. Voyez p. 12 4.
Plan. XXVII.
David. QuelquesMenuifiers nomment ainfî ce que l'on appelle
communément Sergent. V. Sergent.
De', c'eft un corps également quarré dans les fixfacesqui le compo-
fent. On appelle T>é le milieu des piedeftaux,c'eft-à-dire la partie qui eft
entre leur bafe & leur corniche, à caufe qu'elle eft fbuvent de forme cu-
bique, comme un T>é. C'eft ce que Vitruve 1.3. c. 3. nomme Truncus.
DuDe', Pièces de vitres. V.p. ipS.Pl.XLII.
Débiter. Les Menuifiers appellent débiter leur bois, lors qu'ils
marquent les pièces, félon les grandeurs dont ils ont befoin. Us appel-
lent encore débiter le bois, quand ils le refendent & qu'ils le coupent
de longueur. Vp.izô.
Déborder les tables de plomb avec les planes. V.p.iif.
Debordoir rond fervant aux Plombiers. Voyez page 121. Plan,
XXVI.
Decastyle , qui a dix colonnes de face. A™<*> veut dire dix, Ss
s-va©->3 colonne.
De ch a sse r . Les Tourneurs difent dechaffer une clef de bois, pour
dire, la faire fortir. V.p.zj%.
Declicq^^ Son nette.
Decolement. Faire un decoîement à un tenon, c'eft en couper
une partie, pour faire qu'eftant moins large on nevoye paslamortai-
fe qui demeure cachée par l'endroit de la pièce où le decolement a efté
fait. Voyez page 87. On dit mBfaMjffement mais c'eft en charpenterie,
de mefme que decolement.
Ddd 3,                   De-
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39$                                       DE
Deçqmbre d'un baftiment, ce font les pierres & les plâtras qui
demeurent après la démolition.
Découpures. Voyez Gersures.
Dégauchir. On dit dégauchir , pour dire redreffer ou aplanir
une pièce de bois , ou une pierre. On dit qu'une pierre ou une
pièce de bois eft gauche, lorfque les angles, ou coftez ne répondent
pas à la place où elle doit eftre mife.
Dégrader, c'eft en terme de Peinture ménager le fort & le foi-
ble des jours , des ombres & des teintes & du plan & des lignes 3
félon les divers degrez d'éloignement.,
Dégrader une muraille , î'abbatre par le pied.
Degrez , ou marches d'un Efcalier , &c. Il eft bon de voir les
Notes de M. Perrault fur Vitruve 1. 3. c. 3. où il eft parlé des de-
grez des Temples, de leur hauteur , & des Pailliers.
Degrossy , machine dont l'on fe fert pour les monnoyes. V. /.
25-2. 254. PI. LUI.
Dégrossir un bloc de marbre. V.page 226.
Dehors, terme de fortification. V.p.yo.
Delardement. Voyez, Delarder.
Delarder une pièce de bois quarrée , c'eft en couper l'endroit
des arreftes. On dit 'Delarder les Arreftiers , fi on en abbat une
ou deux des arreftes. Si l'on en ofte en creux , on dit delarder en
creux
: Et lorfqu'on abbat les deux Arreftes d'unmefme cofté, quel-
ques-uns difent qu'il eft delardé , deverfé.
Déliter, Délit. On dit déliter une pierre ou pofer une pierre
en délit
, lorfqu'on ne la pofe pas fur fon lit, c'eft-à-direqu'ellen'eft
pas mife de plat, 6c comme elle croift dans la carrière. Elle eft ai-
fée à fe fendre quand elle eft délitée ; Se ne peut porter de grands
fardeaux. Ç'eft pourquoy le marbre eft excellent, car il n'a point
de lit, & fe peut mettre en tous fens. Il y a auffi des pierres du-
res qui ont la mefme propriété , mais il ne s'en trouve pas pour fai-
re de grandes colonnes. On dit aufli qu'une pierre fe délite quand
elle fe fend par feuillets j car la plufpart des pierres fe forment dans
les carrières de telle forte , qu'il femble que ce foient comme des
feuillets d'un livre mis les uns fur les autres. Et c'eft pourquoy fi les
pierres ne font mifes de plat , tous ces feuillets qui fe trouvent de
champ s'efeartent & fe délitent.
Démanteler une place , c'eft en abbatre les murailles.
Demaigrir une place, c'eft ofter de fon lit ou de fon joint
en dedans pour la mieux ficher.
De-
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Demaigrissement. Ledemaigrifïèmentd'unepierre,c'eft:
l'endroit où on l'a demaigrie.
Demoiselle. Voyez, Damoi selle.                   /
Démolir une maifon, l'abbatre.
Démolitions , ce font les pierres & les matériaux qui relient
d'une maifon abbatuë.
Demy-goecge d'un baftion. Voyez, Gorge.
Demy-lune. Autrefois Se dans l'origine de la fortification les
eDemj'-lunes eftoient proprement celles qui eltoient à la pointe des bâf-
rions i & l'on nommoit Raruelms celles qui eftoient dans les courti-
nes : mais prefentement on fe fert du mot deDemy-lunes pour tous
les ouvrages triangulaires.
Denticule. C'eft un membre de la Corniche Ionique & de la
Corniche Corinthienne , qui eft quarré & recoupé par plufîeurs en-
tailles. Les Auteurs Latins le nomment denticulus , cV les Italiens
dentello , denticolt , à caufe qu'il reflemble à un rang de dents.
Balde remarque qu'il n'y a que dans les Corniches Ioniques & Co-
rinthiennes que l'on taille des Denticules ,• Se que d'en mettre dans
les autres c'eft commettre une faute félon Vitruve , qui dit encore,
que les Grecs ne pouvoient fouffrir qu'il y euft des Denticules au
delîbus des Modillons , pour les raifons qu'il rapporte au 2. ch. de
fon 4.1. Ce qui n'a pas elle fuivy par tous les Architectes qui font
venus après luy. Mais Vitruve eftoit un grand imitateur des ouvra-
ges de la Nature, & ennemy de tout ce qui fe faifoit fans raifon , 8c
contre l'intention des premiers Inventeurs des Ordres. C'eft pour-
quoy il loue beaucoup les Grecs -, 8c dit que ces Sçavans hommes ne
croyoient point que les Ouvriers peuftent raifbnnablement reprefen-
ter dans leurs ouvrages, ce qui véritablement ne peut eftre} Seque
par la mefme raifon ils ne fouffroient pas que l'on miftdans les Fron-
tons , des Modillons , ny des Denticules , mais vouloient qu'ils fuf-
fent feulement ornez de Corniches fimples. Dans le dernier chap.
du 3. liv. il montre avec quelle fymmetrie on doit difpofer les Den-
ticules , 8c comme dans l'Ordre Ionique elles ont autant de hauteur
que la féconde fafee de l'Architrave -, autant de faillie que de hau-
teur i Que leur largeur doit avoir la moitié de leur hauteur j 8c la
diftance ou intervalle qui eft entre chaque Denticule , les deux tiers
de la mefme hauteur. Il appelle ptwxï l'efpace vuide qui eft entre
les Denticules , comme celuy qui eft entre les trigliphes fe nomme
païaW. Quoy que la bande où l'on taille d'ordinaire les Denticules,
foit quelquefois unie 8c fans dents, on ne laifle pas de la nommer
<Den»
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p8             ^                             DE
\Dmtieuki à eaufe que c'eft la partie difpofée à les recevoir. On voit
à la Corniche de la porte d'un temple appelle la Maifon quarrée qui
efï à Nifmes , une efpece de Denticule taillée dans le Larmier. H
eft vray que les dents ne font pas taillées entièrement, & font feule-
ment marquées comme des dents naturelles qui fè touchent. Ce qui
fe voit encore au Larmier de l'arc de triomphe qui eft à Orange.
Dent i?e chien , ou double pointe 3 Outil des Sculpteurs. V.
p. 226.
229. Plan. XLVIIL
Dents de-loup 3 efpece de gros clous qui fervent aux poteaux
des cîoiibns.
Dent de loup & dent de chien dont fe fervent les Doreurs. V*
f. ii2.
216. Pian XLVI.
Dépense , lieu où l'on ferre le pain.
Dérober. Parmy les Peintres , lorfqu'on voit des Figures dans
un tableau prifes & copiées d'après quelque ouvrage plus ancien ,
on dit qu'elles font dérobées d'un tel Maiftre.
Derobêment. On dit d'une voûte } qu'elle eft faite par dérobe-
ment
, ou avec panneaux'5qui font deux manières de couper les pierres
pour former les arcs. Voyez Biais.
Descente ou tuyau de plomb par où tombe Peau àtsChefneaux
qui font au bas des couvertures, fifiula, Vitr. V. p. 108. iiq. Plan-
che XXIII.
Des charge. On appelle décharger une poutre lorfqu'on la foula-
ge par des poinçons & des forces , ou par d'autres moyens que l'art
de Charpenterie enfeigne , & dont les plus beaux exemples fè peu-
vent voir dans la Salle des machines des Tuilleries.
Descintrqir» efpece de marteau. Voyez page ff. Plan-
che X.
Despouiller. L'on dit defpoiiitter une Figure moulée, lorfqu'on
ofte toutes les pièces du moule qui l'environnent 3 & qui ont iervy
à la former. V. p. 232.
Dessein , Projet, Plan , Elévation & Profil d'un ouvrage qu'on
veut faire. V. p. 290.
Dessein , partie de la Peinture. V. p. 288.
Desseins de différentes fortes. V. p 29p. 291.
Desseigner. Lat. figurares delineare,defignare. Vitr. in proem,
î. 3. deformare. Il dit deformationesgr'arnica, au lieu dç defcriptiones &
defignationes quœ per lineas fiunt. Car x<*l*i*y fignifie lffîeay comme dans
fon 5-. i. c, 4.11 fe fert de Héx^M > pour defignatio, defcriptio , figura.
Détacher,. On dit d'un Tableau, que les Figures font bien deta-
çfcéeSf
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DE                           D I                      399
chêes j lorfqu'il n'y a point de confufion , qu'elles font bien demef-
lées, qu'il femble que l'on peut tourner tout autour s & qu'elles pa-
roiflènt de relief.
Détrempe. C'eft une manière de peindre qui fè fait en
détrempant les couleurs avec de l'eau de cole ou de gomme. Voyez,
page
294.
Developer. On fè fèrt du mot de developer lors qu'on rappor-
te fur un plan toutes les différentes faces d'une pierre ou mefme les
parties d'une voûte.
Devers, c'eft-à-dire panché. Du bois déversé, c'efl: auffi du bois
qui eft gauche.
On dit Tiquer ou marquer du bois fuivant fon devers, c'eft-à-dire
fuivant fa pente ou gaucnifïèment.
Déverser une pièce de bois , c'eft la pencher.
Devis, parmy les Ouvriers , c'efl: une defèription ou mémoi-
re que l'on fait de toutes les chofes neceffaires à exécuter pour
la conftrucTion d'un baftiment, ou d'autres ouvrages , fur lesDef-
feins qu'on en donne, tant pour ce qui regarde la matière , que la
forme & la dépenfe.
Dévoyer une ligne , terme deCharpenterie, pour dire détour-
ner, ou changer.
On dit dévoyer un tenon lorfqu'il fè rencontre dans le bois quel-
que nœud ou autre chofè qui oblige à le détourner.
Diagonale, ligne qui prend d'un angle à un autre , de }W<* ,
qui fignifie angulus. Dans une fîgnification plus eftenduë on nom-
merait cela le diamètre, mais le mot de diagonale n'eft pas propre
pour les Figures rondes & circulaires.
Diamant dont fe fervent les Vitriers pour couper le verre. Voyez
page 191. 204, PI. XLV.
Diamettre, ligne qui coupe une Figure par le milieu. L'on
dit deux points diamétralement oppofez, comme font les deux pôles
du monde.
Diamettre d'une Colonne ou d'un cercle , c'eft la ligne qui
pafïànt par le centre le coupe en deux également.
Diamettre d'un quarré en mathématique , c'eft la ligne qui le
coupe en deux d'un angle à un autre : Néanmoins en Architecture3
quand on dit le diamettre d'un pilaftre , on entend la largeur d'un
des coftez.
Diastyle, forte d'Edifice où les colonnes font éloignées les unes
des autres de la largeur de trois diamettres de leur grofîèur.
Eee                          Di-
-ocr page 425-
4oo                         D I                     DO
Digue -, c'eft un amas de terre contre les eaux. Ce mot vient du
Fia ma n Diic.
Diligence. Il y a des Peintres qui pour imiter les Italiens di-1
fent qu'un tableau eft fait avec diligence , pour dire avec foin , &
qu'il eft bien fini ,- car en cette rencontre le mot de diligence ne fi-
gnifîe pas promptitude.
Diminution , ou retrecifTement du haut des colonnes. C'eft
ce que Vitr. nomme contraôfura.
Diptère, c'eft-à-dire à double rang de colonnes , ou à doubles'
ailes. Les Anciens appelloient ainfi les Temples qui eftoient entou-
rez de deux rangs de colonnes , parce que ces deux rangs faifoient
deux portiques qu'ils appelloient Ailes.
Disposition. C'eft une convenable fituation de toutes chofès,
&un certain arrangement qui ne regarde pas les mefures& la quanti-
té des parties de l'ouvrage , mais la qualité. Ainfi on dit qu'un Ta-
bleau eft bien difpofé , lorfque le fujet eft bien reprefènté ; que tou-
tes les Figures font en leur véritable place, &font ce qu'elles doivents
quoyque ces Figures puiflènt eftremal proportionnées, & qu'il y ait
beaucoup d'autres deffauts dans le refte de la compofition.
Disposition d'un baftiment. L'idée de la difpofition de l'Ar-
chitecture félon Vitruve 1. i. c. 2. confiftedans le plan, dans l'éléva-
tion , & dans le profil.
D1 s tr. 1 bution , en terme d'Architecture, eft une divifion & com-
mode dilpenfàtion des lieux qui compofènt un baftiment.
Doille ou Douelle. V. Panneaux , Voussoirs& Voû-
tes. •
Do me, de domus, ou bien du Grec <?«/**, qui fignifie un toit ou
«ne couverture. S. Jérôme ad Sirnonem & Fretell. \Doma in Orient a-
libusprovinciis
, ïpfum dicitur quod apud Latinos tedtum. Nous don-
nons particulièrement le nom de dôme aux couvertures rondes, telle
que le dôme de S. Pierre à Rome -, celuy de la Sorbonne , du Val de
Grâce & des Jefuites, c'eft ce que les Italiens nomment Cupola^ car
parmy eux le mot de Tiomo , defigne particulièrement l'Églife Ca-
thédrale. Voyez Thole.
Donjon. C'eft le principal endroit d'un chafteau. On nomme
auiîi "Donjons tous les lieux eflevezauhautdesmaifonsqui font com-
me de petits cabinets. V. p. éf.
Dorer, à coîe & à huile. V. p. 206.
"
Dorer d'or en feiulles & d'or moulu. V. p. 239,
Dorique, Ordre Dorique. Voyez page 10.
Dor-
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DO                      DR                       401
Dortoir.. C'eft dans les Monafteres le lieu où les Religieux ont
leurs cellules , & où ils fe retirent pendant la nuit.
Dos s es , ce font des pièces de bois refendues, efoaifles & aflèz
larges. On appelle auffi Doflès les ais de bateau, mais proprement
les Doflès parmy les Charpentiers & les Menuifiers font les planches
fiées d'un cofté, & qui de l'autre ont prefque toujours l'efcorce de l'ar-
bre. Ils appellent auffi Cantibay les doflès qu'ils nommentFlaches &
fauteux, c'eft-à-dire pleines de fentes , Se qui ne valent guère.
Dosseretsj cefontefpecesde pilaftres ou piédroits un peu fàiîlans,
qui fouftiennent les voûtes d'arreftesdans les caves ou autres lieux. Il
y a aufli les T)emy dqfferets.
Double aux , ce font les arcs qui forment les voûtes , qui font
pofèz directement d'un pilier à un autre , & qui fèparent les croi-
fëes d'Ogives. Ils ont quelquefois plus de largeur que les Ogives.
Voyez Voûtes.
Double-borne , pièce de vitre. V.p. 192. Planche XXXIX.
Double-pointe , Outil fervant aux Sculpteurs en marbre. V.
Pointe.
Douctne, Voyez Gueule droite, ou Cymaise. V.p.iio,
Planche XXVIII.
Douve pièces de bois dont l'on fait les muids , & qui fervent en
Menuiferie. V. />. 321.
Douve , fofle d'un chafteau.
Douve d'un fofle pour écouler l'eau.
Douve lignifie auffi le mur d'un baffin de fontaine quand il n'eft
que d'une aflïfe ou deux, comme il eft prefque toujours.
Drague , efpece de pinceau fèrvant aux Vitriers pour Jîgner, c'eft-
à-dire marquer le verre. V. p. îpt 204. Planche XLV.
Drague, eft une efpece de Bêche , ou une Pelé coudée avec un
rebord tout autour , l'on s'en fertpour tirer du fable dans les rivières,
& nettoyer le fond des baftardeaux, & pour enfoncer les puits. On
dit draguer pour dire nettoyer avec une drague le fond d'une riviè-
re ou canal &c.
Draperies. C'eft un mot gênerai dont les Peintres fe fer-
vent pour exprimer toutes fortes de veftemens qui couvrent les
Figures d'un Tableau. Car en parlant des Figures veftuës , on
dit qu'elles font bien drapées , que les draperies font bien mifes, ou
bien entendues , les plis bien agencez, bien jettez. Les Sculpteurs
s'en fervent auffi de mefme. Ils difent qu'une draperie efi bienjettée-,
qu'un morceau de draperie efi bien difpofê.
Eee s                   Dres-
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4o2                    DR            E B            E C
Dresse' à la règle. On appelle des pierres de tzi\\edre(fées à la
règle
, îorfque les paremens font bien mis & eflevez à plomb les uns
fur les autres.
Dur , fec 5 en terme de Peinture, c'eft quand les chofes font trop
marquées, foitpar des traits trop forts, foit par des couleurs trop vives
ou trop fombres proches lès unes des autres , & Iorfque le tout n'eft
pas deflèigné& peint tendrement ou avec molelïè& union. Onditauf-
fi dans l'Archite&ure qu'il y a de lafechereffe.
E
EBauche. Voyez Esbauche.
Ecailles. Voyez Escailles.
Echarpes, font les petits cordages qui paflent à travers l'œil de
la Louve, & qui accolent le fardeau qu'on veut enlever. Il y a aufïï cer •
tains cordages dont l'onjfè fert pour retenir & attacher les Engins ou les
Chèvres quand on veut lever des fardeaux y Vitruvel. 10. c. 3. les
nomme retinacula : &les pieux que l'on enfonce en terre pour y lier
lesElcharpes, ils les appelle/><?// refupinati.
Echarpe d'une poulie. Voyez Moufle, &/>. 81.
Echarper , c'eft en terme de charpenterie , faire huit ou dix
tours avec un petit cordage autour du fardeau qu'on veut lever pour
y attacher une Efcharpe , au bout de laquelle eft une poulie où l'on
palîè le chable.
Echarpes , baudriers , ou ceintures. Balthei félon Vitr. ce Ion
efpeces de ceintures ou courroyes qu'on voit au collez des chapiteaux
des colonnes Ioniques, Se avec quoy les coufîinets ou oreillers des volu-
tes lemblent eftre ferrez.
Echeno. Efpece de bafîln de terre que les Fondeurs font audef-
fusdu moule des Figures qu'ils veulent faire en metail, dans lequel
coule d'abord le metail fondu, pour tomber enfuite dans le creux, ou
moule. V. p. 238. 241. PI. L.
Echi ne , d's;yv©", qui lignifie l'elcorce d'une châtaigne, a donné
le nom au membre d'Architecture qui eft au haut du chapiteau de la
colonne Ionique, & que les Modernes ont mis depuis dans les corni-
ches Ioniques, Corinthiennes & Compofites, à caufe de la reflèmblan-
ce que ce membre taillé de Sculpture, a avec des chaftaignes ouvertes
& arrangées les unes auprès des autres. On a donné encore ce nom à
ce mefme membre, quoy qu'il ne foit pas taillé, & alors on l'appel-
le aulîi quart de rond.
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i
E F          E G          EL          E M              403
Les Modernes appellent auftî cette Echine chaftaignes, oves ou
œufs , fbit à caufe que ces prétendues chaftaignes ont une figure
ovale; ou mefme parce qu'elles reflemblent quelquefois à des œufs.
Quand ces œufs font coupez par le haut, les Latins les nomment de-
cacuminataova.
Entre ces œufs, ou chaftaignes, il y a des pointes de
dards quiles feparent, & qui fervent à l'ornement.
Effigie, Image, Statue, Imago. On dit faire l'effigie de quelqu'un
en bronze. Les Sculpteurs en médailles fe fervent du mot d'effigie,
pour les figures des médailles.
Egobine. Voyez Sie a main.
Ego ut, Goutiere.
Egout, Cloaque.
Egratigne'. ^^.sEsgratigne'.
Egrise r. Le s Lapidaires appellent Egrifer, lorfqu'ils frottent deux
diamans l'un contre l'autre pour les ufer. V.p. 261.
Egrisoir. Boëte qui fert lors qu'on égrife les diamans. V.p.
264..
Planche LVI.
Èguille. Voyez Aiguille.
Elévation. Dans le deflèin qu'on fait d'un baftiment, on ap-
pelle l'Elévation, la reprefentation ou image que l'on fait de fa face.
Ortographia.
Eloignement. Ce qui paroiftde plus éloigné dans un Tableau,
s'appelle d'ordinaire le lointain. On ditaufli les Figures qui font dans
Y Eloignement.
Email. Voyez Esmail.
Emboeter, ouenchafierune chofe dans une autre.
Emboeter, mettre dans une boëte.
Emboire. On dit qu'un Tableau eft embu, lorfque la couleur
n'en paroift pas bien ; qu'il y a un certain mat qui fait que toutes
les touches ne fe difcernent pas, & qu'il a perdu fon luifant. Cela
arrive à la Peinture à huile , & particulièrement lorfqu'elîe eft
fraifchement faite : demeurant fbuventainfi embué jufqu'à ce que
l'ouvrage foit bien fec, ou qu'on le fafïè revenir en le frottant de vernis,
ou du blanc d'œuf battu. Quand ily atrop d'huile dans les Couleurs,
ellesfontplusfujettesàs'emboire, particulièrement fur lestoilesnou-
vellement imprimées : Car il y en a qui ont obfervé que celles qui font
imprimées de longue main, ou fur de vieilles ébauches, dont la couleur
eft bien feche, ne s'emboiventpas. V.p. 296.
On dit auflî Embo i re un moule de plaftre, lors qu'on le frotte d'hui-
le ou de cire fonduëavant que d'y former des Figures. ^.232.
Eee 3                          Em-
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\
4©^                                      E M
Embqut i&s Voyem ÂMiejUTiR.
Embranchementsj ce font des pièces de bois qui font partie de
la charpente des couvertures. Elles fervent de petit Entrait dans l'Ern- o
panon & le Coyer. V.p .86.
Embrasement de porte ou defeneftre, Voyez Embrasure.
Embrassures, Empatemens , ou Racinaux de la Grue*. V. p.
€>O.I0 2.Pl.XXI.
Embras ure , ou Embrafement de portes ou de feneflres, c'eft
l'élargiffèment qui fe fait dans les murailles, pour donner plus de jour
& plus de commodité aux feneftres & aux portes. On peut aufïï
appeiler Embrafures l'obliquité que l'on donne au mur qui tient lieu
d'appuy aux Abajours, & aux Soupiraux ■> ainfi qu'il a efté remarqué
furlemotd'^f^'wrj. V.p. 15-9.
Embrasure des flancs d'un baftion. V.p.67.
Embrasure pour tirer le Canon. C'eft ce qu'on nomme auffi
Canonnières.
Embrevemens, c'eft une manière d'entailler une pièce de bois*
pour empefcher qu'une autre pièce jointe & aftèmblée contre la premiè-
re, ne fe puiffe hauflèr ou baifïèr. V.p. 87.94.. PI. XVII.
Embriwir. L'on dit un Tableau embruny: un vifage trop embruny.
Embu. ^^.sEmbqire.
Empanon. C'eft un chevron de croupe ou de longpan qui tient
parenhautauxArreftiers, & par en basfurlesfablieres, ou platte-for-
mes.V.p. 86.94. PI. XVII.
Empaste'. On dit un Tableau bien Empafié de couleurs , c'eft-
à-dire bien nourry de couleurs , mifès épaifles , & couchées uni-
ment. V.p. 298.
Empâtement , c'eft ce qui fert de pied à quelque choie. On
appelle VEmpâtement d'une muraille ou les fondemens d'un mur, la
partie la plus baffe, &qui doit eftre large à proportion de l'épaifïëur
& hauteur qu'on veut donner à la muraille, ou à l'édifice. Fundameri~
tum, bajts^ftereobata.
Scamozzi donne aux murs de quatre pieds d'épaifîèur, cinq pieds
au" plus , à la largeur des fondemens, ou quatre pieds deux tiers au
moins. De Lorme en donne davantage ; car fi le mur eft de deux pieds,
il fait l'Empâtement de trois pieds,- ce que Vitruveliv. 3. ch. 3. ordonne
auffi pour les murs qui font au deflbus des colonnes, qu'il dit devoir ef-
tre plus larges de la moitié. Palladio donne encore plus de largeur aux
fondemens, car il veut qu'ils ayent le double du mur. Et Scamozzi dans
Jesgrofles tours, leur donne trois fois la largeur du mur.
- -
                                                                                     Em-
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E M                         EN                      4pf
Empreinte. Le mot d'Empreinte peut avoir deux féns differens^
l'un lors qu'il fignifie une chofè gravée pour en imprimer d'autres, com-
me eft un cachet i l'autre lors qu'il fignifiela marque 8c la figure tirée de
la première, comme eft la cire imprimée par le cachet. Quand on veut
faire des médailles d'or, d'argent, ou de cuivre, l'on imprime une
plaque de plomb ou d'eftain entre les deux quarrez, ou creux de la
médaille > & ce morceau de plomb ayant receu la Figure s'appelle ['Em-
preinte,
Se fert pour eftréimprimée dans le fable, où l'on fait enfuite des
médailles de tel metail qu'on veut. V.p. 249.
Enceinte, ou circuit.
Enchevestrure de cheminée. On dit une folive d'enchevejlru-
re. V.p. S6.
94. PI. XVII.
Enclaver. C'eft lors qu'un affemblagc eft retenu ou arrefté avec
une clavette. On dit une folive enclavée dans une poutre. Tignum
cardinatum.
Vitruve.
Enclos, enfermé, ceint.
Enclume qui fert aux Serruriers à battre le fer à chaud & à froid.
V.p. 172.Pl.XXXV.
Enclume, outil dont les Couvreurs fe fervent pour couper l'ar-
doife. V.p, 109.112. Pi. XXIV.
Encocher, faire des coches ou oches, ou marques fur un mor-
ceau de bois.
Encoignure,angle, angulus. Ç'eft toujours un angle faillant,
Encoler le bois pourle dorer. V.p. 208.
Encorbellement , ce font plufieurs pierres enfaillies les unes
fur les autres en manière de Corbeaux pour porter des avances, com-
me à des ponts ou à des entablemens.
Encrouster, d'IncruJiare.V.Incrustation.
Enduire, couvrir une muraille, foit avec du plaftre , foit avec
du mortier fait de chaux & fable.
Enduit qu'on fait avec de la chaux & du ciment, ou du fable?
ou bien avec du plaftre ou du Stuc dont on blanchit les murailles. On
appelle aufîl cela Incrufiation. C'eft ce que Vitruve nomme Corium, fe
fervant de ce mot qui fignifie une peau -, parce que l'enduit eft comme
une peau étendue contre les murs. Il appelle aufïï tous les enduits en
gênerai TecJoria opéra -, & les Ouvriers qui les font, Tefîores. Mais ce
qu'il nomme Albarium opus eft un enduit fort blanc fait de pou-
dre de marbre & de chaux, qui eft ce qu'on nomme Stuc. Pour faire de
bons Enduits, il ne faut pas employer le fable aufïï-toft qu'il eft tiré de
terre, car il fait fecher le mortier trop promptement, ce qui fait
m-
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4<rf                                         E N
gerfer les enduits. Maïs pour les gros ouvrages de Maçonnerie, c'eft
tout le contraire i il ne faut pas quele fable ait efté trop long-temps à
l'air, parce que îe Soleil & la Lune l'altèrent, enforte que la pluye le
diiïbut, & le change enfin prefqu'en terre.
Enduit pour peindre à fraifque. V.p. 291.
Enduit pour peindre à huile. V.p. 296.
ENFAisTEMENsdeplombquife mettentfurles couvertures. V.p.
108.110. PL XXIII.
Enpaisteaux ou Faïfiieresy efpece de tuiles pour couvrir le Faif-
te. Voyez; Faistiere.
Enfourchement. Ou Vouffoir afourches3 branches desenfour-
chemens. V.
Vous soir..
Engin, machine fervant à élever des fardeaux. Voyez page 89.
100. PI. XX.
Engraissement, on dit joindre du bois par engraijfemen^c'eûrk-
dire l'afïèmbler à force, & qu'il n'y ait pas de vuide.
Enlassure, faire une enlaffure en terme de Charpenterie, c'eft
avec les lacerets percer les mortaifes & les tenons. Voyez page 86.
Enlier. On dit entier les pierres de taille, Scies briques, lors qu'on
les met & qu'on les entrelafle les unes avec les autres, en maçonnant.
Enligner le bois avec une règle ou un cordeau, c'eft mettre les
pièces fur une mefme ligne. Voyez page 87.
Enluminer des Eftampes, c'eft les laver avec des couleurs
à gomme.
Enluminure, Figures enluminées.
Enraser, c'eft mettre plufieurs pièces d'une égale hauteur, ain-
fi l'on dit desportes ou panneaux enra/ez. V.p. 126. C'eft mieux dit
ArrafeZipanneaux arrafez.
Enrayeures & doubles enrayeures, ce font tous les entraits des
fermes d'aflèmblages. Voyez page 87.94.. Plan XVII.
                       -,
Entablement, c'eft la faillie qui eft au haut des murailles d'un
Edifice, & le lieu où pofe la charpente de la couverture. Ce mot
vient du Latin Tabulatum, parce qu'il lignifie la faillie qui eft au droit
du plancher.
Dans les Ordres d'Archite&ure, l'entablement comprend l'Archi-
trave, la Frife& la Corniche.
Entaille pour limer les Sies> C'eft un billot de bois fendu, dans le-
quel les Menuifiers font entrer le fer de leurs Sies, quand ils veulent en
limer les dents. Et pour tenir la Sie plus ferme dans la fente du billot, ils
y mettentauffi un coin de bois. Voyez page 13 2. PI. XXIX.
En=
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EN             E P            E Q^                   40;
Entailler. , faire une entaille, ou une oche, ou coche.
Enter , on dit quelquefois enter des pièces de bois l'une à l'autre^
pour dire les aflèmbler & les joindre.
Entente. On dit d'un Tableau que l'Ordonnance y eft bien <?#»
tendue -, qu'il eft conduit avec beaucoup d'entente, foit pour la dit
pofîtion du fujet, foit pour les expreffions, foit pour les jours &Ies
ombres. Voyez page 285?.
Entraits , Tranjîra. Vitr. liv. 4. chap. 2. Ce font des pièces
de bois , qui traverfent & qui lient deux parties oppofées dans la
couverture des baftimens. Il y a le grand & le petit Entrait. On
nomme particulièrement Entraits, les pièces quifouftiennent le Poin-
çon , & qui pofent fur les Forces. Ces Entraits s'appellent aufîï Ty-
rans. V p.
84. 94. PI. XVII.
Entre-colonnes, ou Entrecolonnemens -, c'eft la diflance qu'il
y a d'une Colonne à une autre.
Entresoles, ce font des lieux qu'on ménage ordinairement en-
tre deux eftages, comme lors qu'on fepare la hauteur d'une chambre
en deux pour avoir des garderobes ou autres commoditez.
Entretoises , pièces de bois qui traverfent &qui en entretien-»
nent d'autres dans les cloifons, & dans les autres pans de bois.
Entrevous de foîives, lntertignia. C'eft l'efpace qu'il y a d'u-
ne folive à une autre. Ces Entrevous fe font avec des ais, du piaf-
tre, ou autrement.
Envoiler , gauchir , ou fè courber. On dit qu'un morceau d'a-
cier s'envoile à la trempe, pour dire, fe gauchit -, Les limes s'envoi-
lent
quelquefois à la trempe. Voyez page 1 fi.
Epaulement , retranchement qu'on oppofe aux ennemis, terme
de fortification. Lat. pratenta, pratentura. Amm. Marcellin.
Epaulement d'un tenon, c'eft une partie & un des coftezdu te-
non , lequel n'eft pas diminué comme l'autre, afin de donner plus de
force à la pièce de bois. V p. 86. 94. PI. XVII.
Epistyle , c'eft la poutre qui pofê fur les colonnes , Sth t 5-u'aov,
c'eft-à-dire » fuper columnam-, c'eft ce que nous appelions Architrave,
Epure, Voyez Espure.
Equilibre, quand une Figure de relief ou de Peinture n'eft pas
bien pofëe, on dit quelle n'eft pas dansfon Equilibre.
L'Équilibre ou Pondération eft une partie confiderable dans îa Pein-
ture , & dans îa Sculpture , pour fçavoir bien pofer les Figures fur
îeur centre de gravité, afin qu'elles foient fermes , & qu'elles ne fera-
blent pas tomber ou porter 3 faux.
Fff                     En.-
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4o8                          ER                       ES
Er minette ou Herminette , outil de Menuifier & de Char-
pentier. V. p. 85). 98. PI. XIX.
ësbauche. Esbaucher unTableau> c'eft lors qu'on donne la pre-
mière forme aux Figures, & que l'on met les premières couleurs.
Les Sculpteurs difent aufli, Esbaucher une Figure, quand ils tra-
vaillent de cire , de terre ou d'autre matière -, mais ils difent dégrof-
fir un bloc de marbre ■>
lors qu'ils commencent à vouloir en esbaucher
quelque chofè.
Les Menuifiers appellent esbaucher le bois , lors qu'ils le dégrof-
fiflent avec le fermoir , à coups de maillet ou de marteau.
Esbauchoir ou cifeau de Charpentier. V. p. 88. 96. PI.
XVIII.
Esbauchoir , outil de bois , ou d'yvoire dont les Sculpteurs fe
fervent pour travailler, foit de terre, foit de cire. Ils en ont de deux
fortes , l'un tout uny par les deux bouts, & l'autre qui a des dents
par un bout, qui leur fert à breter, c'eft-à dire à faire que l'ouvrage ne
foit pas lifTe & poly ; ce qui fert quelquefois à le faire paroiftre tra-
vaillé avec plus d'art. V. p. 223. PI. XLVII.
Esbauchoir de fer fervant aux Ouvriers qui travaillent de Stuc.
Voyez page 247. PI. LU.
Escailles , c'eft une manière d'ornement. Voyez, page 2p. PI.
VIII.
Escailles , ou Efclats de marbre , qui fbrtent lors qu'on taille
un bloc. Vitruveles novamtcamenta marmorea. On dit auffi des Ef-
clats de pierre,que les Latins appellent ajjula^ç, mefme que les copeaux
ou Efclats des arbres qu'on abat & qu'on équairit.
En maçonnant l'on eft quelquefois obligé de mettre des éclats de bois
pour remplir les joints, ce qu'il faut faire le moins qu'on peut, principa-
lement dans les voûtes. Voyez Ogives.
Escaille, Efcalle, ou calle fervant pour la monnoye. V p. zf$-
2 ?
6. Plan. L1V.
Esc a ille de mer, c'eft une pierre dure & dont on fe fert pour
broyer les couleurs. V. />< 301.
Escalier, vient de Scala, efchelle. Il s'en fait de plufieurs maniè-
res, car il y en a à vis avec un noyau au milieu. A vis ou limaces, avec
un noyau & des marches courbes. A vis fans noyau. A vis fans noyau,
& les marches courbes. En ovale avec le noyau dans le milieu. En ova-
le fans noyau. Droit avec le mur en dedans qui fert de noyau. Droit fans
mur à deux , à trois & à quatre noyaux.
Es cape , c'eft la partie de la Colonne qui joint le petit membre
quar-
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E S                                4op
quarré en forme de îiftel, qui poiè fur la baie de la colonne, &qui
fait le commencement du Fuft. Quelquefois ce mot d'Efcape eft
pris en gênerai pour tout le fuft ou vif de la colonne. Quelques-uns
le prennent aulîi pour le Iiftel, &le nomment ceinture. Voyez Apo-
phyge , Congé'.
Eschampir* ou rechampir, c'eft en terme de Peinture , con-
tourner une Figure , un feuillage ou autre ornement, en feparant
les contours d'avec le fond.
Eschantignoles. Voyez Chantignoles.
Eschantillons qui fervent àmefme ufage que les Trufquins.
Voyez Trusquins.
Ëschantillon. On dit du pavé à'Echantillon, des tuiles d'Ef-
thanlillon
, c'eft-à-dire de mefme grandeur.
Les Ouvriers difent improprement , Chantignole. Voyez page
Ï24.
On dit aufll , des pièces de bois d'Efchantillon , c'eft-à-dire de
mefme grofleur.
Ëschantillon. Voyez Pureau.
ESCHARPER. V. ECHARPER.
ESCHARPES. V. ECHARPES.
Escharpe d'une poulie. V. Chape.
Es chasses , morceaux de bois plats en forme de règle , fur lef-
quels on fait des Entailles , pour marquer en l'un des coftez la lon-
gueur, &en l'autre la largeur des pierres lors qu'on les taille.
Les Maçons appellent aufli Efchajfes les pièces de bois debout ,
dont ils fe fervent pour faire porter d'autres pièces de bois , qu'ils
nomment boulins, & qu'ils mettent dans les murs pour fervir à s'é-
chaffauder. Quand ce font de grandes perches ou autres pièces de
bois, aufqueîies font attachez plufieurs boulins les uns au deflus des
autres , ils appellent cela des Baliveaux * & les cordages avec quoy
ils les attachent s'appellent Chablots.
Eschelier , ou Rancher d'un Engin. V. p. 90. 100. Plan-
che XX.
Escheles avec couftlnets de paille, dontfe fervent lesCouvreurs.
V p.io9. 112. PI. XXIV.
Escheles faites de cordages nouez, dont fe fervent auiîi lesCou«
vreurs. Id.
Eschenxlle'. Voyez Smillïer.
Esch iffre. On appelle un mur d'Efchiffre la bafe ou le mur de
pierre d'un efcalier qui porte les premières marches •■, Se lors qu'on dit en
Fff 2                    ge-
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4i o                                            ES
gênerai VEfchèffre d'un efçalier , on entend cette Bafe , les Patins »
les Limons , les Baluftres , îes Appuis, avec le chapeau qui eft tout
au haut fervant d'Appuy. Vitruve appelle fcapi fcalarum lesEfchif-
fes des Efcaliers.
Eschoppes. Ce font des pointes d'acier dont on fe fert pour gra-
ver fur le cuivre à l'eau forte. Voyez p. 282. 284. Planche LXI.
Eschoppes, efpeces de cifeauxdont les Serruriers fe fervent pour
graver, fcalprum. V. p. 164.
Eschoppes ou petits cifelets dont les Graveurs & Sculpteurs fe
fervent. V. p. 285. PI. LXt.
Eschopper , c'eft travailler avec des Efchoppes.
Es chopes. On nomme ainfi à Paris les petites boutiques attachées
contre les maifons. Echop en Anglois fignifie petite boutique.
Es cl ats. Voyez Esc ailles.
Es coinçons. On nomme ainfi l'efpace contenu depuis le tableau
d'une porte ou d'une feneftre , jufqu'à l'épaifleur du mur.
Escoperche, machine qui fert pour lever des fardeaux. On nom-
me Efèoperche toute forte de pièce de bois debout, qui a une poulie à
l'extrémité pour fervir à eflever des pierres ou du bois. De forte que
deux ou trois perches dreflees l'une contre l'autre à la manière d'une
chèvre, & au bout defquelles on attachera une poulie , s'appelleront
efcoperches. On nomme auflî Efcoperche une folive ou autre pièce de
bois quia une poulie, & dont l'on fe fert quelquefois pour lever des far-
deaux dans des endroits où l'on ne peut placer ny un Engin ny une
Grue, bien que cette pièce de bois ne (oit pas toujours drefTée debout,
mais qu'elle foit penchée comme fur une avance de Corniche ou dans
une lucarne. V. p. 90. 100, PI. XX.
Escorcher. On dit Efcorcher une Figure de terre ou de cire qui
doit fervir de noyau , lors qu'on la ratifie pour la diminuer, & ofter
de fa grofTeur. V. p. 2 3 3.
Escouette , ou Escouvette. Voyez Balay.
Escrou , ce font des trous percez avec des tarots pour y mettre
des vis.
Escroui. C'eft un terme de monnaye ; on dit que les pièces de
nionnoyes font Efcroûtes & durcies à la Jortie du moulin. V. p.zfô-
Escuene , ou Efeouene , c'eft une efpece de Râpe qui n*eft pas
piquée comme les autres , ny coupée par hachures obliques & croi-
fëes comme les Limes j mais qui a feulement des hachures en tra-
vers. & fort enfoncées.
EscuMEdefer. Voyez page 11$.
E-s-
-ocr page 436-
E S                                           4n
Escussons & Platines pour orner les heurtoirs > les boucles,
les boutons , ôcles entrées des ferrures. Voyez, page îfj. 178.Plan-
che XXXIV.
Esfumer , ou Effumer , en terme de Peinture, qui fignifie pein-
dre une chofe légèrement.
Esgratigne'. V. p. 303.
Esleve , ce mot eft particulier aux Apprentifs & Difciples des
Peintres. Ainfi Jules Romain, Perin, del Vague, &c. eftoient Efle-
ves de Raphaël. Il vient de l'Ital. Allievo.
Esmail , on peut dire qu'il vient de Maltha , dont Pline parle
liv. 2. ch. 104, & liv. 36. c. 26. Néanmoins le Maltha des Anciens
eftoit un maftic ou ciment , §t non pas ce que nous appelions au-
jourd'huy Efmail, dont les Peintres , les Vitriers & les Efmailleurs
fe fervent ; Ant. Neri dans fon livre de Arte Vitraria , enfeigne à
faire des Emaux de toutes couleurs.
Esmail , couleur bleue. Voyez p. 25)5.
Esm ail, Peinture en E fmail. V, p. 305".
Esmaux de Limoge. V. p. 306.
Esmeril , c'eft une pierre dure qui fert à polir & graver les au-
tres pierres. Lat. Smiris.
Les Vitriers fe fervent d'Efmerilpour couper le verre. V. p. 191.
Esmeiil ou nœuds qui fe trouvent dans les marbres. Voyez page
44-
Esmiller. Voyez Smiller.
Espaces. Nous nommons Travées les efpaces qui font entre les
poutres. Vitr. les appelle Intertignia.
Espaisseuïis de terre fervant de Noyau pour mouler en plomb.
V. p. 245.
Espargne. On dit taille d'Efpargne , c'eft une efpece de
graveure.
Espargner. Un Menuifier qui pouffe une moulure dit qu'il Ef-
pargne un filet
, quand en poufïànt un quart de rond , par exemple,
il forme en mefme temps un filet auprès.
En Peinture, Efpargner veut dire, ne point toucher à quelque chofè,
comme on dit qu'il faut toucher le Ciel d'un Tableau, & efpargner les
figures & les hafiimens
, c'eft-à-dire ne rien coucher defïùs.
Espatule. Voyez Lance.
Espaule'e, ou Efpaulette. On dit, fairedes- fondemens ou d&s mu-
railles par efpaulées
, lorfque les Maçons les achèvent d'élever par un
bout de la hauteur qu'ils doivent eftre, & que le refte demeure plus bas»
Fff'3                     foi--
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4>»              '                          E S
faifandeiu* ouvrage par morceaux & à dîverfes repriies ; ce qui n'eft
pas un bon travail. Cariîfautmenertoutesiesaffifesde pierre à niveau»
afin que la maçonnerie foit bien liée, qu'elle s'affaifîè également, &ne
foit que comme une feule mafîè. Néanmoins il y a des travaux qu'il faut
faire par épaulées & à reprifes, comme quand on reprend une muraille
qui cil en penl. VoyezTr a v a iller par efpaulées.
Espaule de mouton. ^.Coigne'e.
Espaule, ou Efpaulement d'un baiïion. Voyez Epaulement.
V.p.66.
Espaulement d'un tenon. V. Ep aulement.
Espics , ce font les pointes des aiguilles de Charpenterie qui liirpaf-
fent les couvertures &c qui font aux pointes d'un pavillon. On les appel-
le ' Amortiffemens t quand ils font ornez dévales ou de figures de
plomb.
On nomme aufîï efpics ou chardons certains crochets de fer qu'on
mec fur les baluftrades ou autres endroits, pour empefeher qu'on n'y
pafîê.
EsPiNçoiR , efpece de marteau. Voyez page 124,. Planche
XXVII.
Espérons, ou Arcboutans. Dans les baliimens lemot à'Efperon
eft métaphorique, & lignifie les Appuis ou Arcboutans que l'on met
contre les murs. Ce font d'autres murailles qui forment des Angles
faillansen dehors, on en fait aufli quelquefois qui rentrent en dedans
pour rendre les murs plus folides. Vitruvel. 6.ch. 11. en remarque
de deux eipeces quand il parle de lafolidité des fondemens des Edifi-
ces , les uns qu'il nomme Anterides, qui font des bouts de murailles
perpendiculaires au mur. Les autres qu'il appelle Enfinte^ qui font
en dents de fie. Vitruve fe fert aufli du mot d'Qrthqftata, pour ligni-
fier des Elperons. On en met dans les fondemens des Edifices & des
murailles, qui doivent fouftenir la terre pour les fortifier. Voyez Pont,
8cj>. 67.
Esplanade, ou Glacis de la Contrefcarpe , c'eft le Parapet du
chemin couvert, Sctoutle terrein qui fe perd dans la campagne. V.p.
70.
Esponges, ce font les extremitez du chaffis de la table
ou moule qui {èrt aux Plombiers à jetter les tables de plomb. V.
Espreuve. On appelle Efpreuve la première Eftampeque Fonfait
tirer. Ainfi l'on dit, voilà des premier'esEfpreuves d'un portrait. Ce
n'eji encore qu'une efpreuve.
Es-
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E S                                         413
Esprouvette 3 c'eft une petite verge de fer que l'on met dans
un canon de fer avec les limes , lors qu'on les chauffe pour leur
donner la trempe; l'on tire cette verge pour voir quand les limes fontaf-
fez rouges. V.p. 1 f 1.
Es pu re, c'eft un Defïein fait en grand contre une muraille ou fur des
ais, pour l'exécution de quelque pièce de Maçonnerie.
Esquaire, Equerre, ouEquierre, Inftrument fervant à Efquai-
rir & à tracer un angle droit,
                                  *
Es'quai re fervant aux Tailleurs de pierre pour équairir les pier-
res.^./» f3.Pl.IX.
Esquaire des Charpentiers. Voyez page 88. 96. Plan.
XVIII.
Esquaire des Menuifiers. Voyez page 129. 138. Plan.
XXXII.
Esquaire des Serruriers.V.p. 164.
Esquaire de fer fervant aux Vitriers. V.p. 192. 204. Planche
XLV.
Esquaire deferquifemetfurlesanglesdeîaCharpenterie, pour
tenir les Sablières, ou Poteaux corniers. Ou bien encore à des Portes
pour les rendre plus fortes.
Esquaire que les Sculpteurs mettent fur la tefte de leurs Figures
pour pofer leurs plombs, & prendre les largeurs & les grofïèurs.
Esqu a 1 ri r, ou Equerir, ou Equarrir,c'eft dreffer du bois, & le ren-
dre égal de cofté & d'autre; l'ufâge ordinaire eft de dire Equarir.
On dit aufîi, Ejquarir un lieu, pour applanir,& le rendre d'égale hau-
teur; ce qui fe fait avec le cordeau.
Les Ouvriers en l'art de baftir, appellent à l'Equaire ou quarrêment,
ce que les Géomètres nomment à Angles droits.
Tracer u ne pierre par Efquarijfement, ou par dérobement, c'eft en
couper & retrancher après qu'elle a efté équarie & parée en tous fes cof-
tez, ou en quelques-uns feulement.
Es qu isse , du mot Ital. Squizzo qui eft une légère esbauche ou le
premier crayon de quelque penfée & de quelque ouvrage qu'on médite
défaire. Et parce que les Ouvriers font ces premiers defïeins avec fu-
rie & promptitude d'efprit, & en peu de temps, les Italiens ont nommé
cela Squizzi, deSquizzare, qui veut dire fortir dehors ,&jalir avec
impetuofité.
Esquisser, faire une Efquifîè, c'eft prendre promptement le
trait d'une Figure fans la finir.
Essais , ou petits morceaux de verre qu'ojm met dans le four-
neau
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4;î4                                        .ES
neau 'ors qu'on cuit la Peinture, fur le verre. Voyez page \%j.
Esseliers de Fermes, Efleliers de Croupes, grands Efleliers, ee
font pièces de bois qui s'aiîemblent diagonalement à deux autres,faifant
angle obtus j à la diftinction des liens qui font lemefme effet à deux
pièces aflemblées à angle droit aux Arreftiers, ou aux Coyers -, lors
qu'ils font cintrez on les nomme Courbes ralongées. Les Fiîèliersfont
fous les Arreftiers & les Coyers, & les Liens font fous les Chevrons Se
les Entraits. C&-qui fe nomme Courbes fous les Fermes, s'appelle
Courbes ralongées quand elles font fous les Coyers & fous les Arreftiers.
Et les Courbes ne font autre chofe que les Liens & les Efleliers qui
font courbes.
Il y a encore les petits Efleliers qui s'aflèmblent dans les grands, Se
qui font ceux qui portent des Empanons pour aller joindre le grand Ef-
feiier. Voyez p. 87.94.P1- XVII.
Ess 1 eu, Axis. C'eft la pièce de fer ou de bois qui traverlè dans une
roue ou autre chofe. D'ordinaire ce font les roues qui tournent fur
les Eftieux, & quelquefois les Eftieux tiennent aux moyeux, & tour-
nent avec les roues.
Est able , Stabulum. C'eft un nom commun dans la cam-
pagne , pour tout ce qui fert à loger les Animaux. On peut voir Vitru-
ve 1.6. ch. 9.
Establie, c'eft une efpece de table qui fert actuellement à plu-
fteurs Ouvriers, à pofer leurs outils -, ordonner & travailler leurs ou-
vrages. Ce mot vient du Grec s-e^*>, ordino félon quelques-uns , ou
pluftoft de Tabula.
Establie des Plombiers. Voyez page n<5. 121. Planche
XXVI.
Establie des Menuifîers. Voyez page 128. 133. Planche
XXX.
Establie des Serruriers. Voyez page 172. Planche
XXXV.
Est âge. Maifon de trois Eftages. Vitruve appelle Epi-
feenium,
le fécond & le troifiérae Eftage de la face de la Scène
des Théâtres.
Estain, &fes différentes marques. V.p.11%.
Estamer, couvrir d'eftain.
E s t a m e r. en poile comme les Serruriers font les targettes. V.
p.161.
Estamis, ou Tamis j fignifie généralement toute forte de Sas,
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E S                                          41 f
fait de crin ou d'eftamine , quoy que particulièrement le mot de
Tamis foit pris pour les Sas qui font les plus fins, parce qu'ils font
fait d'eftamine.
Estamoy. V. p. 192. 204. PL XLV.
Estampe , de l'Ital. Stampare, qui veut dire imprimer. LesPein»
très nomment Eftampes toutes les pièces gravées à l'eau forte, au
burin & en bois. Les Marchands & le vulgaire les appellent Images-»
& celles qui font fur le cuivre , Tailles-douces.
Estamper , Imprimer.
Estamper , eft auffi un terme d'Orfèvrerie, & de Serrurerie, qui
lignifie former des Figures en bas relief de lames de metail, par le
moyen d'une forme ou poinçon qui imprime toute la Figure,
Estampes , outils qui fervent aux Serruriers à river les bou-
tons.
Estançon. Voyez Estaye.
Est au ou Eftal qui fert aux Serruriers & à plufieurs autres
Ouvriers , pour tenir Se ferrer les pièces qu'ils travaillent % les
limer & les ployer.
Il eft compofé de deux principales pièces de fer , qui s'éloi-
gnent & s'élargiflènt par le moyen d'un reflbrt qui eft entre deux,
& fe rapprochent & fe ferrent avec une vis. Les telles ou extremi-
tez de ces deux pièces de fer fe nomment Mafchoires % & la partie
qui ferre le fer qu'on met entre deux, le Mors s Ces deux principa-
les pièces s'appellent Tiges , & font aflèmblées par en bas dans une
eipece de boëte de fer qu'on appelle Jumelle. Ce qui en refte au
deflbus de la Jumelle fè nomme le Tied.
La vis pafle au milieu d'une des tiges entre les Mafchoires & la Jumel-
le, par un trou qu'on nomme œil de l'Eft au, & entre dans la ho'ète qui
tient à l'autre Tige où eft YEJcrou dans lequel entrent les filets de la vis,
qui pour eftre plus forts, font ordinairement quarrez & non pas en tran-
chant de couteau. La vis fe tourne avec une manivelle.
Il y a des Eft aux dont les Mafchoires font en chamfrain :_ Il
y a des Eftaux à main, qu'on appelle aufli Tenailles à main. V.
p.
172. PI. XXXV.
Est au fervant pour travailler les pièces de rapport. V. p. 217.
PI. LXIII.
             '                                                               5
Es tau , ou Afne fervant pour la Marqueterie. Voyez page 223.
324. Planche LXIV.
Estaye , Eftançon , pièce de bois fervant à fouftenïr un bafti-
ment s ou autre choie,
Ggg                        Es-
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*\6                                          E S
^ Estayer, Eifançonner. Pcùr eftayerun baftimenti'onfe fert de
plu fiçurs pièces A~ ^ols Premièrement l'on en couche deux contre tttm
re, qui fe nomment Racinaux ou Couches. Sur ces deux on en met une
autre qui s'appelle 'Patin, quicft diipofé en forte qu'il ne pofeque par
les bouts fur les Racineux Sur lePatinon pofe PEftaye, quieftune
pièce de bois toute droite ou un peu panchée, laquelle porte quelque-
fois une autre pièce de bois couchée de long qui eft mife comme une fe-
melle que l'on nomme Chapeau , pour iouftenir avec plus d'étendue
la charge qui pofe deflus,
Estelon , ce font des Ais que l'on pofe à terre pour y tracer
la maiftrefle fermé d'un baftiment, ou toute forte d'ouvrage de char-
pente. V. p. 87.
Es tirer. Les Serruriers difent Eftïrer un morceau de fer ,
pour dire le battre à chaud , & l'alonger fur l'enclume. Voyez
Corroyer.
Estomper, c'eft defleigner avec des couleurs en poudre qu'on
applique avec de petits rouleaux de papier dont le bout fert comme
de Pinceau.
Estoquiau, c'eft une efpece de cheville qui tient lereflbrtd'une
ferrure. On nomme auffi Ejioquiaux de la cloifon d'une ferrure cer-
taines pièces de fer qui entretiennent la cloifon avec le palaftre. V.
p. 116.157.
Estrade j lieu eflevé dans une chambre , & où d'ordinaire on
met le lit.
Estregnoirs. LesMenuifiers appellent ainfi deux morceaux de
bois percez de plufîeurs trous & joints avec des chevilles , lefquelles
fervent à ferrer & emboifter des portes ou autres ouvrages , de mefme
que l'on fait avec le Sergent. V. p. 128. 134,. PI. XXX.
Estrier. C'eft une barre de fer pîoyée quarrément en deux en-
droits j pour fervir comme les Boulons, à fouftenir une poutre, & à l'at-
tacher à un Poinçon. La différence qu'il y a entre YEfirier Scie Boulon,
eft que YEftrier eft d'un fer plat qui embrafle & accole la poutre ; &le
Boulon eft comme une cheville ronde qui pafïe au travers de la poutre,
& qui la fouftient par le moyen d'une grofie tefte qui eft au bout.
Voyez page 152.
Est resillons, font des morceaux de bois que l'on met entre les
folives au lieu de tampons , pour faire tenir le mortier ou le plaftre
que l'on met dans les entrevous.
Est resillons, font auffi des morceaux de bois que l'on met pour
eontrebouter lesaisoudoiTesqui fervent à fouftenir les terres, lorlque
l'on
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ES           EU           EX          FA              417
l'on fait desfondemens ou des voûtes. L'on àxtEfirefillonner, pour
dire mettre des Eftrefilîons.
Estuves. C'eft une chambre échauffée par le moyen de quelques
fourneaux. Ce mot vient de to<P«, brufler, faire de la fumée. Les Grecs
nommoïent ces lieux-là Hypocaufta. Vitruve appelle Laconica , les
Eftuves à faire fuer -, ScCaldaria les Bains chauds.
Es vents. Ce font certains tuyaux qu'on met dans les moules } &
contre les Figures qu'on veut jetter en métal j c'eft par là que l'air fort
à mefure que la matière coule, & remplit le moule. V pag. 234.
Es venter ,c'eft-à-dire faire ouverture, comme e/venter une terre
folide-yefventerletufioulaglaife
5 epuenter une mine. On dit aufïï en
terme de charpenterie & de maçonnerie, Efventer une pierre ou une piè-
ce de bois que l'on monte-,
c'eft-à-dire la tirer avec le cordage pour empef-
cher qu'elles ne donnent contre la muraille & que la pierre ne s'efeorne
ou gafte quelque chofe. Ainiï comme le mot de contreventerûgmûc
appuyer, le mot $ efventer veut dire le contraire, Sç empefeher qu'une
chofè ne s'appuye & ne touche à une autre.
Eurythmie. C'eft une apparence majeftueufe , &ce je ne fçay
çmoy ftatic1te.de commode > qui paroiftdans lacompofitionde tous les
membres d'un corps , & qui refulte de leur belle proportion.
Eustyle veut direun baftiment où les Colonnes font bien placées*
& dont la proportion eft telle, que les Entrecolonnemens font de deux
diamètres & un quart.
Examen, c'eft la languette d'une balance. Voyez Balance.
Exastyle, lieu à fix Colonnes.
Exedres j ce font des lieux garnis de lièges, & proprement ce qu'on
nomme Bureaux, où les gens d'affaires & les Marchands s'^ïemblent,
pour traiter de leur négoce. Ou bien encore, ce font de grandes Salles
ou Cabinets de conversation. Les Auteurs interprètent ce mot diffé-
remment. Voyez Vitruve liv. 5". ch. 11. & liv. 6, ch. f.
Extrados. Voyez Vous soir.
Exaussement, hauteur, élévation d'un plancher ou d'une
voûte.
F
FAçade , ou Face d'un baftiment, c'eft le cofté de devant par
où Ton y entre , ou une partie confiderabîe qui fe prefente à
celuy qui le regarde.
Il y a des Temples dont la Façade a des Portiques j II y en a d'au-
G gg 2                         très
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418                      #                   FA
très qui n'en ontpoint. Ceux qui n'en ontpoint peuvent eftre de trois
difFerens afpe&s. L'un fe nomme in antis, c'eft-à-dire que la Façade
n'eft que de Pilaftres, car le mot anta veut dire Pilaftres. L'autre fè
nomme Trojlylos , c'eft à-dire une Façade à Colonnes -, Et le troifié-
me Amphiprofiylos , qui a des Colonnes à la face de devant & à la
face de derrière. îl faut voir ce qu'en difent Vitruve liv. 3. chap. 1,
& Palladio liv. 4. ch 3.
Faces d'un baftion. V. p. 6f.
Facette d'un diamant ; tailler à Facette.                       ,
Faire tirer les tenons} terme de Charpenterie. Voyez page
86.
Faiste. Les Latins appellent fafligium la plus haute partie de
quelque chofè que ce foit , particulièrement des baftimens ; & ce
nom parmy eux , a la mefme fignification que celuy à'Acroteres par-
my les Grecs.
Faistage. Quand on dit le Faijlage d'un logis, on entend le toit
& la couverture , garnis des arreftiers , chevrons & pièces neceflaires
à l'afïemblage.
Le mot de Faiste ou Faistage fignifie aufîi en particulier ce
que Vitruve appelle Culmen, qui eft la pièce de bois qui fait le haut
de la charpente d'un baftiment j & où les chevrons font arreftez par
en haut. Il y a aufli le Soufaifte , qui eft une autre pièce de bois mi-
fe au deflbus. V. p. 86. 94. PL XVII.
Faistiere. C'eft une efpece de tuile courbée & faite en demy-
canal. On met ces fortes de tuiles au haut des couvertures pour cou-
vrir le Faifte. V. p. 107. 110. Planche XXIII.
Farineux, terme de Sculpture. V. p. 232.
Fasces de l'Epiftyle , ou Architrave ; Ce font les trois parties
qui compofënt l'Architrave , &ce que Vitruve 1. 3. c. 3. appelle faf-
ci^i
qui fignifie bandes ou bandelettes s Ce qui exprime afïèz bien
la chofè , parce que les Fafces des Architraves qui font de différen-
tes largeurs, ont quelque reflemblance à des bandes eftenduës -, auf-
fi les nomme-1- on quelquefois Bandes. Vitruve n'admet point de Faf-
ces dans l'Ordre Tofcan, ny dans le Dorique j mais Palladio & quel-
ques autres ne l'ont pas imité en cela.
Façon de la Reine j pièces de verre. Voyez p. 198. Planche
XL1I.
Fauconneau 5 ou Eftourneau, pièce d'un Engin. Vp. Sp. 100.
Planche XX.
Fausse-aiguille. Voyez Aiguille.
Fa us-
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FA                     F E                            419
Fausse-braye, terme de fortification. K/. 68.
Fausse-coupe. C'eft dans la Menuiferie une manière d'afïèmbler
ie bois Voyezpage 126.130. PlancheXXVIII.
Faussement. Voyez Decolement.
Fausse-porte.Voyez Poterne.
Fausse-equaire. C'eft un inftrument dont fe fervent les Char-
pentiers pour prendre les angles qui ne font pas droits, de mefme que
les Apareilleurs & Tailleurs de pierre, fe fervent de la Sauterelle. V. p.
73. 88.&96 PlancheXVIII.
Fausse-eq.ua i r e des Menuifiers. Voyez p. 129.12 8. Plan-
che XXXII.
F a ute * v y c'eft une pièce de bois fufpendué* en l'air, & qui eftane
agitée parla force des hommes, fert à abattre des murailles & enfoncer
des portes, comme l'on faifbit autrefois avec des Béliers.
Fautive. On appelle en terme de Charpenterie, une pièce de bois
fautive, lors qu'elle n'eft pas quarrée, ou qu'elle eft defeclueufe. Ainli
on dit une folive fautive ; lorfqu'elle n'eft pas àvivearrefte, & qu'el-
le a de l'aubier.
L'on fe fert aufli dumotde^*^? au lieu de fautive j & quelques-
uns difentauffi du bois faut eux.
Fauxtirant. K^sTirant.
Fenestre, ou Croifée. Elles doivent eftre d'une grandeur pro-
portionnée aux baftimens &aux lieux qu'on habite. Il eft bon qu'el-
les foient ouvertes jufqu'aux planchers , ou fous les corniches qui
régnent autour des chambres, & les faire en arrière-vouflure, pour
donner plus de jour. Car lors qu'elles font beaucoup au deflbus des
{olives, les lieux en paroiflènt plus fombres, & les planchers ne font
pas éclairez. Quelques Ouvriers appellent les feneftres d'Egîife*
Vitraux.
OnditaufliFENESTRAGE : Etun Vitrât d'Eglife. Les Anciens ou-
vraient quelquefois leurs feneftres jufqu'en bas comme les portes C'eft-
à-dire qu'elles n'avoient point d'appuy. C'eft ce qu'on a pratiqué en
plufieursappartemensduChafteau de Versailles, & qu'on pratique
aujourd'huy en plufieurs maifbns. Vitruve liv. 6. ch. 6. nommecesou-
vertures, Luminafeneftrarumvalvata. C'eftainfiqueM Per. l'a ex-
pliqué, contre le fèntiment des autres Interprètes*
Fenton. Les Serruriers nomment ainlî un morceau de fer diïpofé
'pour faire des clefs & d'autres ouvrages V.p. 1 f.f.
Les Maçons en pîaftre appellent at -M fentons, les morceaux de bois
qu'ils mettent dans les corps des murs oùils veulent faire des corniches
GP 3                     à&
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43 o                                       F E
plaftre en faillie. Ces morceaux de bois fervent à les fouftenir, & va-
lent mieux que des chevilles de fer qui ie rouillent.
Les Charpentiers nomment encore fentons les morceaux de bois
coupez de longueur avant qu'ils foient arrondis pour faire des che-
villes.
Fer. C'eft un meta! , qui après avoir efté tiré des mines, préparé,
fondudanslesfourneaux,&misenbarres,eftd'ungrandufage. Il s'en
faiten plufieurs endroits de la France: celuy deSuede êcceluy d'Alle-
magne font les meilleurs. V.p. 141.14.2.
Tout le Fer qu'on apporte à Paris, efl en barres, bandes ou cour-
fbn de différentes longueurs & grofleurs, & a differens noms. V.p.
143.
Le Fer eft quelquefois dangereux dans les Baftimens lors qu'il eft
mis dans la maçonnerie, & dans les pierres de taille, car il fe rouil-
le, &en fe rouillant il s'enfle , fait cafler les pierres & rompre les
murailles. C'eft pourquoy les Anciens fe fervoient de crampons de
cuivre pour lier les pierres enfemble dans les grands Edifices j néan-
moins parce qu'on ne peut pas fe pafîer d'employer du fer , le re-
mède fèroit de le bien eftamer pour le garantir de la rouille , ou le
peindre de plufieurs couches , comme on a fait pour le Periftyle
du Louvre.
Fer à rouet, pièce d'une Serrure. Voyez page \j6.1yo. Plan-
che XXXIV.
F e r s à ployer les coques , & dont les Serruriers fe fervent.
Voyez page 16 f,
F ex ou petit Eftau à main. Id. &p. 176.PlancheXXXV.II.
FisR de Cuvette. Ce font pièces de fer qui portent & ac-
colent la Cuvette de plomb d'une goutiere ou chefheau. V. p,
loi 110. PI. XXIII.
Fers d'Amortiflèmeris. Ce font des morceaux de fer qui fe mettent
furies Poinçons qui tiennent lieu d'Epics de bois aux bouts des faif-
tes & couvertures en pavillon. Ils fervent pour les vafes de plomb que
l'on fait palier dedans pour orner les combles.
F e r à retondre fervant aux Tailleurs de Pierre. Voyez Re-
tondre.
Fers anglois. Les Tailleurs de pierre appellent ainfi certains
outils en forme de cizeau , qui fervent à travailler dans les Angles
des pierres -, c'eft pour dire fers anglez ou angulaires , car ils font
taillez en angles. Mais les Ouvriers altèrent ainii aifément tous les
noms primitifs,
A,                                                                                                                                                                                 y*
Fer
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F E                                        421
Fer. quarré, outil de Maçon, ou de Tailleur depierre. V.p. f f.
Fer àibuder fervant aux Plombiers.^./. 118.120.Plan.XXVI.
Fers ronds pourfouder. V.p. 120.
Fers pii triangle. Id
_~ «** *..—^ - —.
Fers à fouder fervant aux Vitriers. V. p. 192. 120. Plan-
che XL V.
Fer à retirer, fervant aux Doreurs. Voyez p. 205). 116. Plan-
che XLVI.
Fers dentelez, & fers croches pour les Tourneurs. Voyez page
277.278.Planche LX.
Fer crochu, appelle aufîï forme à crochu, pour faire l'ouverture
des pênes. V.p. 326.Pl.LXV
Ferault. Liais ferault, c'eft une efpece de pierre dont le banc
a un pied de haut, & qui fe trouve fous le franc Liais. Elle eft un peu
poreufe & rougeaftre. P. Li a i s.
Fermoir. C'eft un outil de fer acéré , & une efpece de cifeau
fervant aux Menuifiers.il y en a de diverfes grandeurs. V.p. 120.128.
pixxxir.
Fermoir à nez rond. Id.
Fermoir à trois dents dont fe fervent les Sculpteurs. Voyez page
231. Planche XLIX.
Fermeture, ou ce qui fert à fermer quelque chofè.
Ferrure d'une porte ou d'une feneftre, ce font les pièces de fer
neceflaires pour les attacher & pour les ferrer.
Festons. C'eft un amas de fruits & de fleurs liez enfemble,
dont les Anciens faifbient de gros faiflèaux ou cordons pour orner
leurs Temples, & en parer les frontifpices & les façades % laifïànt tom-
ber les extremitez de ces cordonS par gros bouquets. C'eft ce qu'on
imite dans phifieurs endroits de l'Architecture -y où non feulement
on fait des Feftons de fleurs & de fruits, mais encore de plufieurs
autres chofes, qui ont rapport au lieu & au fujet que l'on orne. Les
Grecs appellent un Fefton iyxctfnèçt qui figniûe fruÛuofus. Corona-
rium opus
félon fhilander fur Vitruve veut dire les Corniches & les
Ferrons de Stuc dont on orne les planchers.
Feu d'atteinte. On dit donner un feu d'atteinte , lors qu'on allu-
me fortement les fourneaux pour recuire des pièces de verre peint.
V.p.x%9-
Feu de Réverbère j c'eft un feu violent. Il fert à donner le po-
liment aux Emaux. V.p. 311.
Feu de la Courtine ou fécond Flanc. V.p. 66.
Feuil-
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4ii                  FE              FI
femth&^M dont l'on fe fert dans les ornemens des Cor-
niches , Chapiteaux , Frifes & autres membres de l'Architec-
ture. Il y en a de diverfes façons. Les uns font refendus, les autres
ne le font pas. Quelques-uns reprefentent des feuilles d'Acanthe,
d'autres des feuilles de Chefhe , ou de Laurier, ou d'Olivier , &
ainfide différentes manières. V.p. 29.
Feuillerets, Outils à fuft fervant aux Menuifierspourpouflètf
les feuilleures.'^. 129.13 6. PL XXXI.
Feuilles refendues, Vp. 29. PL VIII.
Feuilles d'eau. Id
Feuilles de Sauge -, Ce font des pièces de fer qui font partie
des reffàrts d'une ferrure. V.p. 156.
Il y a une efpece de Pioche que l'on appelle auflî Feuille de Sauge.
Voyez
Pioche.
Feuilles de Laurier,pièces de Vitre. Voyezpage 198. PL XLII.
Feuillerets de portes ou de feneftres. Ce font les bords d'une
Porte ou d'une Feneftre, qui s'emboitent dans les chaffis. Elles doivent
toujours eftre larges, afin que les portes & les chaffis des feneftres qui
portent le verre & leurs volets, puifîènt eftre forts 8ç commodes à
ouvrir.
Fiche, efpece de Panture. Les Fiches font compofëes de deux Ai-
les qui font jointes enfemble dans la charnière avec une Riveure ou La-
cet qui pafle au travers de ce qui forme le nœud de la Fiche. Il y a
des Fiches à gond, à doubles nœuds, des Fiches Françoifès & d'autres
fortes. V.p. 15-3 168.PL XXXIII.
Fiche à ficher le mortier. V.p. 5-9.PI, XII.
Ficher, une pierre , c'eft mettre du mortier deflbus lorsqu'elle
eft pofée. Voyez Reficher.
Fier, fe dit du Marbre & des pierres dures qui fe cafïènt & s'é-
clatent aifément. V.p. 44.
Figure, c'eft un terme gênerai qui fignifle Image ou reprefenta*
tion
de quelque chofè que ce puifïè eftre. Mais parmy les Peintres,
ce mot eft ordinairement pris pour des Figures humaines, ainfil'on
dit qu'un Tableau eft rempli de Figures^ lors qu'il y a plufieurs Perfonna-*
ges, & qu'un Taïfage eft fans figures> lors qu'il n'y a que des arbres.
Figure de Bronze ou de Marbre, pour dire, Statue,
Figurer, tracer quelque figure.
Fil. On nommefils dans les pierres & dans les marbres certaines
petites fentes ou veines qui divifent la mafle en plufieurs parties, & ces
petites veines font plus dures ou plus tendres que le corps delà pier-
res
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; F I                              F L                      423
re, que ces fortes de fils font çffeilier & la rendent mauvaife dans les
endroits où ils fe rencontrent.
Filardeux. On dit une pierre filardeufe, qui a des fils j c'eft à-
dire qui n'eft pas également pleine : une carrière dont les pierres font
Jïlardeufes.
Filet , Liftel, c'eft un petit membre quarré qui paroift dans les
moulures & dans les ornemens de l'Architeéture. Léon Bap. Albert
appelle NecJrum, le Filet du Congé ou Efcape des Colonnes. Voyez,
Apophyge. Voyez page 130. PL XXVIII.
Filet d'une vis , c'eft une efpece de Coin qui tourne en ligne
fpirale & en tranchant de couteau , comme autour d'un rouleau ou
cylindre , pour entrer & tenir dans les Efcrous. Quelquefois ces
Filets font quarrez pluftoft que tranchants , comme dans les grands
Eftaux des Serruriers. V. p. 61. PL XIII.
Filières. On appelle ainfi de petites Pannes ou pièces de bois
qui fervent aux couvertures des baftimens, &fur lefquels portent les
chevrons.
Filières, ce font des morceaux d'Acier bien trempez, où
il y a plusieurs Efcrous , dans lefquels on fait les vis. Les Filières
fervent à faire les Vis, comme les Tarots fervent à faire les Efcrous.
V. p. 176. PL XXXVII.
Filières. Ce font aufîï des morceaux d'Acier percezde plufieurs
petits trous, pour tirer & filer l'or & autres métaux.
Filières. Onnomme encore Filières des veines &crevafles qui fe
trouvent dans les carrières , & qui interrompent les lits des pierres.
Finir un Tableau, c'eft l'achever en toutes fes parties. Un Ta-
bleau ou un T>effein bien achevé
, bienfiny. On dit auffi , particuliè-
rement dans la Peinture en Email, qu'il y a un grand finiment.
Flaches. Voyez Dosses. Voyez Fauteux.
Flancs. Ce font des pièces d'or ou d'argent coupées en rond,
pour faire des pièces de monnoyes. Voyez page z<fz.
Flancs d'un Baftion. Voyez page 6f. 66.
Second flanc. 66,
Flancs (impies. 6f.
Flanc retiré, ou Flanc couvert. 14. ;
Flanc rafànt. 66.
Flancs fichans. Jd.
Flanc droit rafant, c'eft lorfqueîaligne dedeffenfè aboutit àl'An-
gle du flanc oppofé.
F* anc droit fichant -, C'eft quand la mefme ligne de deffenfè
H hh                prend
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4*4                        F L                       F O
prend dans la Courtine -, auquel cas cette partie de la Courtine qui
voit la face du Baftion , s'appelle fécond Flanc , Flanc oblique ,
Flanc en courtine & Flanc rafant.
FlAttqir. C'eft un petit Marteau dont on fe fert pour travail-
ler aux carrez d'Acier qu'on fait pour les monnoyes. Voyez page
2?o 278. PLLV.
Fléaux. On nomme ainfi les Barres de fer qui tournent fur un
Boulon , & qui fervent à fermer les grandes Portes. Voyez p. 15-2.
168. Planche XXXIII.
Fléaux des Vitriers ; ce font certains crochets , fur îefquels ils
portent les panneaux de verre quand ils vont en ville. Voyez p. 200.
Pl.XLIII.
Fleurons , ou Rinceaux. Voyez p. 25). PI. VIII.
Fleurs , ou Rofes du Chapiteau Corinthien. Voyez Roses.
Flou. C'eft un vieux mot dont autrefois onfe fervoit pour expri-
mer en termes de Peinture , la tendrefle & la douceur d'un ouvrage.
Il vient peut-eftre de Fluidus ou de Floiiet, qui veut dire, tendre,
molet, ou délicat.
Folliot, partie des reflorts d'une ferrure. Voyez page 158.
Fond-sec , ou Foncée. V. p. 170. PL XXXIV.
Fond , Derrière , ou Champ d'un Tableau 3 Ce mot lignifie
fouvent en Peinture, la partie qui eft au deflous d'une autre. Ain-
fi on dit , que le Ciel fait fond à un arbre j qu'une montagne fait
fond à une maifon
, ou à des Figures -, qu'une draperie fert de fond à
la tefte
, ou au bras de quelque Figure,
Fond d'une cave , ou d'un fofle.
Fond, entermedeCharpenterie. Voyez Mettre de champ.
Fond. On dit mettre une médaille en fond. V. p. 245?.
Fondant , matière fervant pour les Efmaux, Voyez page 507.
Fondement. Dans les Edifices, lesFondemens en (ont ou natu-
rels , ou artificiels. Les naturels, c'eft lorsqu'on baftit fur le roc, fut
le tuf, ou fur une terre folide. Lorfque le terrain eft tel, il ne faut point
chercher d'autres moyens pour affermir les fondemens -, mais s'il eft fà-
blonneux, ou que ce (bit une terre remuée, ou un marais, alors il faut
recourir à l'art. Si l'on baftit dans un terrain ferme , l'Architecte doit
juger par la grandeur & la hauteur qu'il veut donner à fon baftiment,
quelle profondeur eft neceflaire aux fondemens, pour plus grande feu-
reté. On leur donne d'ordinaire la fixiéme partie de la hauteur de l'Edi-
fice , pourveu qu'il n'y ait point de cave, ou d'autres lieux foufterrains.
Et quant à l'épaiflèur, on leur donnele double de celle du mur, qui doit
eftre
-ocr page 450-
FO                              43f
eftre eflevé defîûs. Il eft bon de voir les Notes de M. Per. fur le f.
ch. du îiv. i. de Vitruve.
Lorfquele terrain n'eft pas ferme, on fait des pilotis, ou bien l'on
remplit le fond de la tranchée de groflès planches de bois. Il y a des païs
où lors qu'on fonde les piles des Ponts , ou autres baftimens prés de
l'eau l'on met des facs pleins de laine en forme de matelats, parce que
îa laine bien preffée Stgrafle comme elleeft, ne pourrit pas dans l'eau
& entretient le fondement en mefmeeftat. llfautauffi^/^rjfosrles fon-
demens, c'eft-à-dire les relever par recoupemens ou retraittes -, & fai-
re en forte que la diminution foit égale de chaque cofté , afin que le
milieu du mur tombe aplomb fur le milieu du fondement.
Il faut dire Fondement 8c non pas Fondation, quoy que les Ouvriers
difent Fondations au lieu de Fondemens.
Philbert de Lorme, M. de Chambray, M. Perrault, &la plufpart de
ceux qui ont écrit de l'Architecture fe font fervis du mot de Fondement',
pour ofter l'équivoque du mot de Fondation , qui lignifie métaphori-
quement les revenus eftablis pour l'entretien d'une Eglife , &c. Ce
n'eft pas que le mot de fondation ne fe puiffè dire, & quelques-uns
croyent qu'il eft mefme très-propre lorfque l'on dit qu'il faut travail-
ler à faire les Fondations d'un baftiment, ou que les Fondations en
font bien avancées. Mais que fi l'on parle d'un Edifice achevé, on
dit que les fondemens en font bons, & qu'on ne fe fert plus du mot
de fondation quand l'ouvrage eft fait.
Fondis , ou Fontis. Les Maçons appellent ainfi une ouverture
de terre , ou abyfme qui fe fait fous quelque Edifice , foit par un
éboalement de terre mouvante , ou autrement. Il y en a qui nom-
ment cela une fonte, & quelquefois une Cloche.
Forces , Cifàilles s Ce font des outils qui fervent à couper
du fer ou autre choie. C'eft ce qu'en Latin on appelle Forfices. V.
p.
178. PI. XXXVIII.
Forces , Jambes de Forces , Canterii. M. Per. dans l'Avertifîè-
ment qui fert de fupîemcnt à fes Notes fur le 2. ch. du 4. Iiv. de
Vitr. dit queCanterii ne fignifie point les Chevrons, comme plufieurs
Interprètes l'ont expliqué, &fait voir que ce qui les a trompez aefté
la différence de nos toits d'avec ceux des Anciens. Voyez Jambes
de force. Voyez page 84. 92. Planche XVI.
Force. En termes dePcinture, on dit unTabkmtqui a beaucoup
de force & de relief.
Force' , cela fe dit en pariant d'une Figure dont l'attitude eft con-
trainte & forcée.
Hhh 2                       Fo-
-ocr page 451-
426                                         F O
Forer, , c'eft percer , en terme de Serrurerie.
Forets qui fervent à percer & à forer les pièces de fer. Ce font
des poinçons d'acier. Il y en a de quarrez pour dreftër les trous des
clefs & foreures. Voyez page i y 6. Planche XXXVII.
Il y a auffi des Forets qui fervent à percer le bois, dont quelques-
uns ont La mèche en Villebrequin.
Foreure d'une clef. Une clef à double foreure, c'eft-à-dire dont
la tige eft doublement percée par le bout.
Forge, c'eft le lieu où les Serruriers, 6c autres Ouvriers mettent
chauffer le fer. On dit aufïï une Forge , pour dire la boutique.
Forger du fer.
Formerets, ou Fermerets, ce font les Arcs qui forment les caf-
tez des voûtes faites en croix d'Ogives, ou autrement. Ils prennent
d'une des branches de l'Ogive , & fe vont joindre à l'autre.
Fort. Du bois fur fbn fort. Voyez Mettre du bois fur
fbn fort.
Fortification. Voyez page 6$.
Fortins, ou Forts de campagne. Ce font les petits Forts que
l'on fait en rafe campagne , & qui font détachez des places y l'on
ne s'en fèrt que pour un temps. Voyez page 6$.
Fortin quarré. Voyez page 8o. PI. XV.
Forteresse , c'eft une place forte.
For t i f i e r une pi ace.
Fortifier. On dit en terme de Peinture , fortifier les teintes
d'un Tableau r ou les affoiblir -, 'Donner plus de force
, {bit dans le
deftèin , foit dans les couleurs.
Fosse qui fert aux Plombiers pour fondre le plomb. Voyez page
114. 119. Plan. XXV.
Fossez qui environnent une place forte. Voyez page 69-
Fougade, ou Fourneau, petite mine. V. p. 69.
Fou 1 ller les terres pour baflir -, faire une fouille j la fouille des
terres.
Ce font des termes dont on fe fèrt dans les baftimens.
Fourchette. C'eft une pièce de bois qui fert dans quelques
Machines > comme il y en à dans les Engins. Voyez page 90, 100,
Planche XX.
Fourchette de fer dont fe fervent les Serruriers pour tourner
les brequins, tarières, canons , &c. Pour tourner en rond ou derriy-
rond à chaud. Voyez page 16f.
Fourures qui rendent l'Acier défectueux. Voyez page 146.
Fourneau àeftamer. V. p* 118. 121.Pl, XXVL
Four-
-ocr page 452-
F O                           F R                     427
Fourneau fervant aux Vitriers. Voyez p. 188. 200. Planche
XLÏ1I.
Fourneaux» ou petites Mines. Voyez p. 69.
Fourneau pour jetter les Figures en bronze. Voyez page 241.
PI. L. page 243. PL LI.
Foyer ou Atre d'une Cheminée.
Fraises , ou Frefes j ce font des Paliflades de bois dont l'on fe
fert dans la Fortification. V. p. 7f.
On met des Fraifes aux ouvrages de terre au lieu du cordon de
pierre qu'on met aux ouvrages de maçonnerie.
Fraises ou Fraifemens font encore des pieux que l'on met
à l'entour des piles des Ponts pour les contregarder. Voyez Crè-
ches.
F r a 1 s 1 l , c'eft la cendre du charbon de terre qui demeure
dans les forges des Serruriers, & des autres Artifans qui travaillent
en fer. V.p. 145?.
Frais que , ou Frefque. On appelle , peindre à Fraifque lors
qu'on peint fur un enduit de mortier tout frais, avec des couleurs dé-
trempées feulement avec de l'eau. Vitruve liv. 7. ch. 3. appelle udo
teclorio
, ce que les Italiens difent à Frefco. V. p. 291.
On nomme fouvent une Fraifque, pour dire, une peinture à Fraif-
que.
Franc-liais, efpece de pierre. V. p. 46.
Franchise. Onàxtfranchife & liberté de pinceau >,ou de burin»
c'eft-à-dire, un travail facile & fait avec art.
Fraser , ou Fraifer , terme de Serrurerie y pour dire, percer.
Frases , ou Fraifes. Ce font des Outils d'Acier fervant aux Ser-
ruriers. Il y en a de rondes & de quarrées , pour contrepercer les
pièces de fer. Voyez page 178. Plan. XXXVIII.
Frète. C'eft un gros anneau de fer en forme de Colier ,,
comme Von en met au bas des Damoifelles , au haut du Poin-
çon d'une Grue , &aux moyeux des roues On dit fréter des pieuxy
quand pour les mieux battre avec le mouton on les garnit par la tçf-
te d'un cercle de fer.
Frise, Cheval de frife, machine de guerre. Voyez page j$. 80.
Plan. XV.
Frise. C'eft dans tous les Ordres la partiede l'Entablement qui eïl
entre l'Architrave & la Corniche. Les Grecs la nomment Zophore, à
caufe des animaux & autres ornemens qu'on y taille. Et c'eft pourquoy
Phiîander veut que le mot de Frife en François vienne de Thrygioy
Hhh 3                     qui
-ocr page 453-
4^8                                           FR
qui lignifie un Brodeur, àcaufe que les Brodeurs reprefentent à l'ai-
guille des animaux, des plantes, & toutes les autres chofes dont on
orne les Edifices. Les Italiens nomment Fregio puhinato celle qui eft
bombée & relevée en rond, à cauie qu'elle reflemble à un couflînou
matelats, ainll qu'eftoit celle du Temple de Mars, que Palladio rap-
porte dans le i f. ch, de fon 4. liv.
On ne donne d'ordinaire à la Frife que la hauteur de l'Architrave.
Dans l'ordre Ionique, elle doit avoir félon Vitruve, une quatrième par-
tie de moins lors qu'elle n'eft pas ornée ; & quand il y a des ornera ens
une quatrième partie de plus
On dit aufli la Frise du Chapiteau des Colonnes Tofcane & Dori-
que Voyez Hypotrachelium.
Fronteau, Sourcil. Lemotde Fronteau ne fe donne guère qu'au
deflus des peti tes portes ou feneftres.
Frontispice. Ondifoitautrefois leFrmtiJpice d'un logis, pour
dire le Portai!, & la Face principale d'un logis. Mais aujourd'huy le
mot de Frontifpice ne fe dit plus guère en Architecture•■, il fe dit feule-
ment figurément, pour figrufîer la première feuille d'un livre ,& le com-
mencement d'un ouvrage.
Fronton. C'eft un morceau d'Architecture, qui dans fon origine
n'eftoit autre chofe que le Pignon d'un Edifice, avec les deux coftez du
toit qui tombent de part & d'autre. L'on en fait un ornement qui pa-
roift élevé aii deflus des portes, descroifées, des niches, &c. lequel
forme quelquefois un triangle, & quelquefois une partie de cercle Le
champ ou panneau du milieu s'appelle Tympan. Les Ouvriers fe fer-
vent improprement du mot de Fronton & de Tympan, prenant Fron-
ton, pour les Frontons en pointe, & Tympan pour ceux qui font
ronds. Vitruve appelle les ¥rontonsfaftigia* Le mot fa/figiitmfiigmûe
un
toit élevé par le milieu, ce qui, chez les Romains, eftoit particulier
aux Temples* car les maifbns ordinaires eftoient couvertes en plattefor-
me , & Cefar fut le premier à qui on permit d'élever le roit de fa
maifon en pente à la manière des Temples : CL Salmaf. in
Solin.
Dans les Antiques on ne voit de Frontons ronds que ceux qui font
aux Chapelles de la Rotonde. Pline dit que les Frontons furent faits
pour élever les Statues, à caufe de quoy on les nommoit 'Flajia.
On fait des Frontons brifez, & ouverts par le milieu, ce qui eft un
défaut des derniers temps : Car ces parties n'eftant faites que pour met-
tre à couvert celles qui font audeflbus, &les garantir de la pluye 5 il
n'y a pas deraifonqui oblige d'en faire aucun de cette forte-là :aufli
n'en
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F îl                    F U                 G A             429
n'en voit-on point dans les anciens Edifices > mais bien dans les orne-
mens de quelques Bas reliefs.
Fruit, On àxtdonner du fruit a une muraille, c'eft~à-direne la pas
élever à plomb ; mais luy donner un peu de talus à mefure qu'on l'élevé.
11 y a des Maçons qui leur donnent un pouce & demy de fruit, fur
la hauteur de douze pieds.
Fusarole, Ital. Fufciolo, c'eft le membre rond taillé en forme
decolier, & de certains grains un peu longs, quieftaudeflbusdel'E-
chine ou Ove du Chapiteau Ionique, & du Compofé. Il doit fe rencon-
trer toujours vis à-vis de l'Oeil de la Volute dans le Chapiteau Ionique.
V.p. 29. Plan. VIII.
Fuse'e. Il y a des lieux où l'on dit de la chaux fufée, pomdite, de
la chaux qu'on a détrempée > ou qui s'eft détrempée d'elle-mefme à
l'air, fans y mettre de l'eau,
Fust de la Colonne, àefuftisi verge ou bâton* C'eft le corps
de la Colonne compris entre la BafeSc le Chapiteau, &ce qu'on ap-
pelle auili vif de la Colonne.
Fust. On nomme Fu/l le bois d'un Rabot, ou d'une Varlope, &
de plusieurs autres outilsfervantaux Menuifiers. V.p. 128.
Fust , ou Tige d'un Trépan. Voyez page 229. Planche
XLVIII.
Fute'e , c'eft une efpece de maftic dont les Menuifiers fe fervent
pou r remplir les nœuds & les défauts du bois. V. p. 159.
G
GAbions. Panniers fervant dans les Fortifications. V.p.y^.Bo.
PI. XX.
Gâche , Gâchette ; c'eft une des pièces qui fert pour les reflbrts
d'une Serrure.
Il y a aufïï des Gâches en plaftre & en bois, où entrent les pênes
des Serrures. Voyezp. 158.159.
Gâches qui fervent àrtepir ferme contre les murs les defcentes
de plomb par oùTeau tombe des chefneaux & des goutieres. V.p.
110 PI. XXIII.
G a che r du plaftre,le détremper dansl' Auge ou Auget avec la truel-
le. Nicod dit que ce mot vient de l'Allemand Vajfer, qui lignine eau.
Gaine. On nomme ainfi la partie d'en bas d'un Terme , parce
qu'il femble que la demy-Figurequi eft en haut, forte du bas com-
me d'une Gaine.
                                                  .
Gae-
-ocr page 455-
43©                                       G A
' G a lie • On dit qv\*un memhre ou morceau d*Jirçbiieffînre fe termi-
ne en forme de Galbe
, & qu'il a beau Galbe , lorfqu'ii s'élargit douce-
ment par en haut comme les feuilles d'une fleur. Quelques-uns croyenf
que l'on a ditgalbe au lieu dcgarbe ; 6c qu'il vient du g arbato de s Ita-
liens.
G a t ère j efpece de Rabot dont les Charpentiers & les Menuifiers
fe fervent, K>. 98. PI. XIX.
Galerie, lieu propre pour fe promener.
G axe r iE couverte d'une place fortejterme de fortification. V.p.y^.
Galerie d'une maifon que l'on orne de Tableaux & de Statues*
c'eft ce que les Anciens nommoient Tinacotheca.
Galetas , c'eft le dernier Eflage d'une maifon, qui n'eft point
quarré, ôc qui fe prend en partie dans la couverture. On nomme cham-
bres engaletas
, celles qui font dans ce dernier eftage.
Ga rde robe , c'eft une petite chambre, ou cabinet de commo-
dité , propre à ferrer des meubles 5 on nomme aufli Garderobe le
lieu où eft la chaife percée.
Gardes* ce font les reflorts d'une ferrure.
Gardefoux d'un pont} cefont les Appuis ou efpeces de Baluf-
tres qui font des deux coftez.
Gargouilles. L'on fait furies Corniches desBâtimens de petits
canaux pour l'écoulement des eaux, les trous par où elles fortent pour
tomber en bas s'appellent Gargouilles,Les Architectes à l'imitation des
Anciens ornent encore aujourd'huy ces endroits-là de teftes de Lion,
attachées à la Simaife, juftement au defTus du milieu des Colonnes ou
Pilaftres. On difpofè ainfi plufieurs teftes de Lion le long de la Corni-
che d'un grand baftiment} mais quand il y a des Colonnes audefîbus,
il n'y a que celles qui font au droit des Colonnes qui foient percées pour
jetter l'eau, afin que l'on ne foit pas mouillé en paflant entre les Colon»
nés. On peut fur cela voir Vitruvelivre 3. chap. 3. Au lieu de teftes
de Lion, il y a quelquefois d'autres fortes d'animaux, ou de fimples
tuyaux de pierre qui fervent de gôutieres. L'on voit de toutes ces dif-
férentes Gargouilles à nos anciennes Eglifes. Car d'ordinaire on n'ap-
pelle Gargouille que les gôutieres de pierre -, Celles qui font de plomb
ie nomment Canons.
Gasche. Voyez Gâche.
G as cher. Voyez Gâcher.
Gasteaux. Les Sculpteurs nomment ainfi les morceaux de cireou
de terre aplanis, dont ils remplifïènt les creux & les pièces d'un moule,
où ils veulent mouler des Figures. V.p. zxz.
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GAGEGIGLGNGO          431
Gauche , de travers v on dit qu'une pièce de bois eft gauche■, lors-
qu'elle n'eft pas droite j & dégauchir une pierre, ou une pièce de bois,
c'eft en ofter ce qui eft neceffaire , pour la rendre telle qu'elle doit
eïtre mife en œuvre,
Geometral. On dit le plan geometral d'une maifon , ou autre
chofe
, pour dire leDeflein , ou la Figure de la place de cette mai-
fon , avec toutes les mefures des longueurs & des largeurs.
Gerser i bois Gersé , qui eft fendu. V. p. 82.
Gersure, fente , crevafle. lin enduit gersé , fendu, ou crevajfé.
Gersures, ou découpures} Ce font des taches & défauts quife
trouvent dans le fer: V. p. 143. I44>-
Gip. Voyez Gyp.
Girandole. L'on nomme ainfî certains Chandeliers à plufieurs
branches , que l'on met fur des guéridons.
Giron d'une marche -, c'eft la largeur de la marche , & le heu
où l'on pofe le pied.
Girouette. Voyez Gyrouette.
Glacis de la Contrefcarpe. V. Esplanade.
Gloire. En terme de Peinture , on appelle une Gloire , lorfque
dans une voûte, ou dans un Tableau l'on reprefente un Ciel ouvert
& lumineux , avec des Anges, &c.
Gluse. Voyez Gueuse.
Gnomonique , c'eft la Science de faire des Cadrans au Soleil.
Elle eft ainfî nommée du mot grec >*«/*«», qui fignifie , ce qui fait
connoiftre
-, parce que le Gnomon eft un Style , ou Aiguille qui fait
connoiftre par fbn ombre les heures & la hauteur du Soleil, & les Si-
gnes dans lefquels il eft.
Goberges ; cefont desperches dont les Menuifiersfe fervent pour
tenir fur PEftablie leur befogne en eftat, après l'avoircoUée , &jufqu'à
cequélacollefoitfeiche. Voyez p. 140. 32$. 326. Plan. LXV.
On nomme aufll Goberges les barres ou les tringles qui fontat-
tachées les unes aux autres avec des fangles, & qui fervent aux bois
délits à porter la paillaflè & les matelas.
Gobeter i c'eft remplir groflîerement avecdu plaltre ou du mor-
tier s les joints d'un mur qui n'eft que hourdé.
Godets par où l'on fait couler le metaildans lès moules lorfqu'on
jette quelque Figure en bronze. V p 23 f. 241- PI. L.
Les Maçons nomment aufÏÏ Godets les ouvertures pour couler
les joints montans & autres , des pierres lorfqu'elles font fi ferrées
qu'on ne peut ficher,                                 . ,
In                        Go-
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4J*                                          G Ô
Godets de plomb ou efpeces de petites goutieres qu'on met au
bout des chefneaux pour jetter l'eau lors qu'il n'y a pas de defcente.
Godet où les Peintres mettent de l'huile. Voyez p. 201. PL
LXII.
Godrons, c'eft un ornement que l'on taille fur des moulures, ils
font relevez en forme d'œufs , mais plus alongez , & quelquefois
plus ou moins larges en bas qu'en haut. On dit Godronné, ce quiefl;
fait par Godrons. Voyez page 29. PL VIII.
Golfiches , ou Gotfîches , efpeces de coquilles. V. page
319.
Gomme. Il y a différentes fortes de Gommes ; la Gomme Gutîe
fait une couleur jaune qui fert pour peindre en Miniature. L'on y em-
ployé auffi de la Gemme Adragant, & de la Gomme Arabique , mais
elles n'ont pas de couleur , & fervent feulement à faire tenir les coup-
leurs fur le velin , ou fur le papier.
G o n d i c'eft un morceau de fer coudé qui fert pour porter une
Panture. Les Gonds en bois ont une pointe pour entrer dans le
bois s les Gonds en plaftre font fendus & retournez par le bout qui
entre dans le plaftre. Il y a des Gonds qu'on appelle à repos. V.p.
173, 168. PL XXXIII.
Il y a aufïïdes Gonds à vis que l'on met aux portes qu'on veut qui
fe ferment d'elles-mefmes. V. p. 174,.
Gorge d'un baftion. Voyez page 66.
Gorge , ou Gorgerin , c'eft la partie la plus étroite des Chapi-
teaux Tbfcan & Dorique , & qui eft entre l'Aftragale du haut du
Fu (t de la Colonne & les Annelets. Voyez Hypotrachelium.
Gouge, de Gwuia, mot Gaulois. Ifid. C'eft un outil de fer tail-
lant par le bout qui eft en forme de demy-canal $ il a un manche
de bois, & fert beaucoup pour travailler de Sculpture. Voyez page
$7. Planche X.
Gouges fervant aux Plombiers. V. p. 121. Planche XXVI.
Gouges des Menuifiers. Voyez page 129. 138. Planche XXXII.
Gouges de Serrure. V.p. if8.
Goujats j Maneuvres qui fervent dans les baftirnens. V. p.
50.
Goujon , ou cheville de fer. V.p. 91.
Goupille , eft une petite clavette.
On nommeaufïi Goupille deux cordages mis en croix deS. An-
dré , du derrière d'une charette à une autre, lors qu'on traîne des
poutres ou grands fardeaux fufpendus fous les deux charettes.
Gous-
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GO                     G R                         433
GousseS} ce font certains fruits qui font au Chapiteau Ionique, &
qui paflent par deflus la Volute. Vitruveles nomme Encarpi, 1 4. c. i.
Goussets, pièce de charpenterie. V.p. 85-.92.PI. XVII.*'
Goust i en Peinture, c'eft un choix des chofes que le Peintre repre-
fente, félon fon inclination, &laconnoifTancequ'ila des plus belles &
des plus parfaites. Lorfqu'il connoift, & qu'il exprime bien dans fes ou-
vrages ce qu'il y a de plus beau dans la nature, on dit que ce qu'il fait eft
de bon goujf.
Et s'il ignore en quoy confifte la beauté des corps, & qu'il
ne les reprefente pas félon la belle Idée que les Anciens Peintres & Scul-
pteurs ont eue , on dit que cela n'eft pas de bongoufl, <& de bonne ma-
nière ;
parce que la bonne manière dépend en premier lieu du choix
qu'on fçait faire des fujets, & des perfonnes qu'on fe propofè d'imiter.
Le mot de Gouft aunemefme lignification dans la Sculpture, & dans
les autres Arts qui dépendent du Delîèin.
Goût tes. Dans l'Ordre Dorique, il y a fous la Platte-bande au droit
de chaque Triglyphe, fix petits corps faits en forme de clochettes, que
les Architectes appellent Gouttes , parce qu'ils difent qu'elles repre-
fèntent les gouttes d'eau, qui ayant coulé le long des Triglyphes pen-
dent encore fous la Plate-bande. Léon Bapifte Albert les nomme Clous.
Il y a encore dix-huit de ces Gouttes fous le Soffite ou Plat-fond du
Larmier au droit des Triglyphes. La différence qui fe trouve entre les
unes & les autres , c'eft que les premières font quelquefois quarrées
& en pyramides, &lcs dernières font toujours coniques.
Goût1ère qui fert à jetter les Eaux. On les nomme quelquefois
Gargouilles, principalement la partie qui fort au dehors, comme celles
qui (ont de pierres.
Gr a ce , en terme de Peinture, on dit donner de lagrace aux Figures-,
Figures gracieufes.
Gradation, ou diminution de Teintes y Terme de Peinture.
Voyez Dégrader.
Gradine -, c'eft un Outil de fer acéré en forme de Cifeau qui a des
dents, & qui fert au Sculpteurs. V.p. 226. 229. PL XL VIII.
Gradin, petite marche ou degré.
Gr ain d'orge. Il y en a de différentes façons. Les Menuifiers ont des
Grains d'orge qui font des Outils à fuft,ou efpeces de Mouchettes, qui
fervent pour atteindre & pour dégager une baguette ou autres moul ures.
Auffi îesappeîle-t-onMouchettes àgrain d'orge. V.p. 128.13 6.PÎ XXXI.
Ils ont encore des Outils à manche qu'ils nomment Grains d'orge,
qui font des efpeces deCizeaux pareils à ce que les Tourneurs nom-
ment Bifeaux,
                               . ,
lii 2                           Les
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434*                                    G R
Les Grains d'orge des Tourneurs font differens des autres , ayant
la pointe en forme d'un triangle. Voyez p. 277. 278. PI. LX.
Grain d'orge , ou fer quarré dont fe fervent les Serruriers pour per-
cer la pierre dure, lorfqueîecizeau n'y peut entrer. V. p. i6f.
Grais, graiflèrie. i^. Grez,
Granit, pierre dure. V.p.39.
Grange d'une métairie -, lieu où l'on ferre les grains. Hor-
rea.
Gras j On dit que du mortier eft trop gras , lorfqu'il y a trop de
chaux.
Gras •> L'on dit aufli qtfune chofe efl trop graffe , lorfqu'il y a
trop d'épaifïèur , comme font quelquefois les joints d'une pierre ou
d'une pièce de bois. Car alors les Ouvriers difent qu'ils font trop
gras , & qu'il faut les démaigrir.
Gratte-boesse , efpece de Brofîè de fil de laiton. Voyezpage
252.258. Planche LV.
Graticuler une toile pour peindre defîus j c'eft la divifèr par
petits quarrez ou autrement, afin qu'en formant de pareils quarrez
ou figures fur le Tableau ou Defîèin qu'on veut copier , on puifle
difpofcr plus facilement tout le fujet 5 en proportionner mieux les Fi-
gures, & réduire plus aifément, le tout de grand en petit, ou de pe-
tit en grand. On fe fert quelquefois d'un chafîis divifé par quarreaux
qu'on applique fur le Tableau , pour n'avoir pas la peine d'y tracer
tant de traits. Voyez pag. 301. PI. LXII.
Gratoir fervant aux Sculpteurs. Voyez pag. 228. 231. PI.
XLIX.
Gratoir, outil fervant aux Plombiers. Voyez p. 117. 121. Plan.
XXVI.
Gratoir î outil d'acier fervant aux Graveurs en cuivre. Voyez
p. 281.
Gratoueres, ouGratoires i Ily en a de rondes, dedemy-ron-
des, & d'autres figures, avec quoy les Serruriers drefïènt & arrondifïènt
les anneaux des clefs & autres pièces de relief. V. p. 16 5.
Graver fur le cuivre&fur les autres métaux, cequi fe fait en dif-
férentes manières, foit avec burins, efchopes ou autrement.
Graveures en bois. V. p. 280.
Graveures de relief & en creux. V. p. 2^9
Gravéure fur les pierres & fur les criftaux. V. p. 260.
Gravier, ou gros fable propre à faire du mortier Glarea.
Vitr,
Gre-
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G R                                       435-
Grêle T,Gurlet, ouTeftu àLimofin. V.p. 57. PI. X.
Grenetis. V. p.z^y. 258.Pl.LV.
Grenier, lieu à ferrer le grain. Ces lieux doivent eftre ouverts
du cofté de la Tramontane, planchéyez de bois, & le pavé en doit
eftre maçonné de terre plûtoft que de chaux. Granarium horreum,
Vitruve.
Greniers à ferrer le foin. Fœnilia, Vitr.
Greniers à ferrer la paille. Farraria. Vitr.
Grenouille. Voyez Couette.
Grésiller. L'on dit que du ferfegrefîlle, lors qu'en le chauffant, il
devient comme par petits grumeaux. V.p. 144.
Gresle , mince, délié , degraàlis -, on dit qu'une colonne eft
trop grejle & menue.
Gresoir Outil fervant aux Vitriers. On dkgrefer du verre. V,
p.
191.204..PI.XLV.
Gresoi r ou Egrifoir, efpecede boè'te fervant aux Lapidaires. V.
p. 261.
2 64. Plan. XVI.
Grès série, ouvrage de Grefîèrie, ou qui eft fait de pierre de
grez. V.p. 319.
Grez i comme il doit eftre travaillé. V.p.$j.
Griffes i efpecede marque qui fe voit aux Lingots d'Eftain. V.
;. 118.
Griffes, outils de feren formed'uneS, quifervent aux Serru-
riers à tracer les Pannetons des clefs. Voyez page 16 f.
Grille. Il y a des Grilles de bois, & d'autres qui font faites avec
des barreaux de fer en différentes manières ; On dit griller une feuef-
tre,
pour dire y mettre une grille.
Grille fur laquelle on élevé les Figures qu'on veut jetter en mou-
le. Voyezpage 233.
Grisaille; forte de Peinture fur le verre. Voyez p. 182.
Grotte, de crypta^ qui vient de *çuVr« , abfcondo :de Grotte eft
venu Grottefque.
Grottesqjqe; c'eft une manière licentieufede reprefènter en Pein-
ture, ou de relief, des hommes & des beftes qui ont quelque chofe de
chimérique, &qui d'ordinaire n'eu ont que la tefte&une partie du
corps dont le refte fe termine en feuillages, rinceaux, ou autrement.
On nomme ces fortes d'ouvrages Grottefquet à caufe que l'inven-
tion en eft venue de ceux qu'on a trouvez dans les Grottes & lieux
fouterrains Jeanda Udine^ & Mortoda Feltro Peintres Italiens,ont efté
les premiers, qui à l'imitation des Anciens, ont remis en ufage cette
Iii 3                                forte
-ocr page 461-
43 é                     G R                    G U
forte de travail , qui n'eft qu'un pur caprice de l'écrit de PGu«
vrier,
Gr.o.upe.} C'eft un aflembîage de plufieurs corps les uns auprès
des autres. L'on dit un groupe de trois ou quatre Figures, lorsqu'el-
les fe joignent. On dit auiïi un groupe d'animaux-, ungroupede'fruits-,
ce qui s'entend des Ouvrages de Sculpture , comme de ceux de
Peinture. Car le Laocoon antique eft un Groupe de trois belles Figures.
Ce mot vient de l'Italien Groppo.
Gruau; Engin ou Machine dont onfè fert pour élever les pierres
& les pièces de charpenterie. Voyezpage 90.
Grue. C'eft une machine dont nous nous fervons aujourd'huy, &
qui eft la rnefme chofe, félon l'opinion de quelques uns, que ce que
les Anciens nommoientCorvus. P*.p, 90.102 PI. XXI.
M. Per. dans fes Notes fur le f. ch. du 10.1. de Vitrave, fait une
defcription très-exacte de noftre Grue, & d'une nouvelle Machine qu'il
a inventée pour élever des fardeaux.
Gruger. hesSculpteursdifentqa'iisgrugent le marbre y quand ils
travaillent avec la Marteline. Voyez p. 227.
Guérite} C'eft un petit lieu de retraite dans lesForterefîès pour
mettre les Sentinelles à couvert. V.p.ôS.
. Guesde. Voyez Pastel.
Guettes, Guettrons, pièce de charpenterie. Voyez page 849 2.
PL XVI.
Gueule droite, ou Doucine. C'eft un membre dontîe contour eft
fait comme une S. V. Cyma ise.
Gueule renverfée. C'eft ie contraire de la gueule droite, car le con-
tour eft fait comme une s renverfée. Id.
Gueuses» ce (ont de grandes pièces defer en forme triangulaire, qui
tire fon nom du moule dans lequel on les jette, qui s'appelle une Gueu*
fe,
qui eft fait en forme d'une goutiere. V.p. 142.
Guichets. On nomme ainfi les petites portes qui font aux grandes
portes des villes, ou des prifons,
G u ide.Les Menuifiers nomment ainfi un morceau de bois qui s'ap*
pîique contre un Rabot, ou autre outil à Fuft, lorfqu'ils veulent recaler
ou pouflèr quelque femîleure. Il y en a d'ordinaire aux Bouvets,le(quels
fe reculent & s'approchent du Bouvet tant & fi peu qu'on veut V.p.
129.136. PI. XXXI.
Guillaume. C'eft un outil fèrvant aux Menuifîers. Ilyena de di-
verses fortes & grandeurs, aufquels ils donnent differena noms, comme
Guillaume debouti Guillaume à recaler$ Sec. F.p. 117.136. PI. XXXI,
Petit
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G U                         HA                        437
Petit Guillaume Servant auxSerruriers. Voyezpageiôf.
GuiLLOCHiSi On nomme ainfi certains Entrelas de filet quar-
dontl'onfait desornemens, à l'imitation des Anciens. V.p 29.
Planche VIII.                n ;' '              _, , Tr
Gurlet, ou Grelet, teftu aLimofin. Voyezpage f f. Planche V.
G y p, ce font les pierres de plaftre qui font tranfparentes comme du
Talc, Gypjum en latin fignifie toute forte de plaftre en gênerai. V.
Gyrouettes. Ce font ordinairement de petites enfeignes de fer
blanc, que l'on met au haut des maifons ou des clochers , & que
le vent fait tourner.
H
HAche} Outil de fer tranchant, & quifert aux Charpentiers, & à
plufieurs autres Ouvriers, pour hacher ou fendre du bois.
Hachereau. ^/«sCoigne'es. On ditdégrojjîr unepoutre avec
lahache.
H a c a e r . On dit hacher avec la plume, ou le crayon^ lorfqu on def-
feigne, & que les traits du crayon, ou de la plume font croifez les uns
fur les autres* Ce qui fe dit auffi de la Graveure. Tous les traits ainfi croi-
fez fe nomment hacheures.
Hachette de Couvreur. Voyez Assette.
Hachette à marteau dont fe fervent les Charpentiers. Les Ma-
çons fe fervent auffi de Hachettes. V.p. 88.98 Planche XIX.
HALEBARDiERs,Gensfervantdansles baftimens. V.p. 49,
Haler. Les Charpentiers fe fervent de ce mot pour dire ranger
les cablesdefart& d'autre
en les tirant quand ils ne font pas chargez*
car ils difent bander quand il faut tirer avec force pour élever quelque
gros fardeau & le monter.
                                                v
Haler veut dire auffi cha&lerunmorceaudehoîSy c elt-a-direl at-
tacher à un cable.
                   ' '                                   .
Halementj c'eftlenceudquifefaitaveclechablea la pièce qu on
veut élever, Voyez page 90.100. Planche XX.
Halles, lieu & marché public.
Hampe, l'on nomme ainfi le manche d'un pinceau, les Ouvriers
difent d'ordinaire hante.                                       .:."             .■:
Harderic, ou iw^d'Efpagne;Efpece deMinerai quifert, a
faire des couleurs pour peindre furie verre. ^.183.              .*■■ '
Harpes. Ce fontdans la maçonnerie les pierres que ^onlaifte for-
tir
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43§                         HA                            HE
tir hors du raur,"pour fervir de liaifon lorfqu'on veut les joindre à un au-
tre muraille. On les appelle naijfance, lorfqu'elies font laifïëes pour for-
mer une voûte. ïl y en a auflî qui les nomm^ntpierres d'attente.
Harpe, Harpin, Harpon, Croc, ou Main de fer.
Harpon -, c'eftunepiece de fer qui tient les pans de bois d'un baf-
timent. 11 y en a de droits & de croches. On s'en fert auflî dans la ma-
çonnerie. V. p. 168. Planche XXXtll.
Hauban ; c'eft le cordage qu'on attache à un Engin, afin de le
tenir en eftat, &empefcher que h fais ne l'emporte, lorfqu'on mec
une pierre fur le tas, ou qu'on levé quelqu'autre fardeau j ces cordages
s'appellent antar'tifunes.
PIaubaner , c'eft attacher le hauban à l'Engin & l'accommoder
pour s'en fervir.
Hayve } C'eft une petite éminence de fer que les Serruriers font fur
le panneton des clefs pour les portes benardes, afin d'empefcher qu'el-
les nepafïènt de part en part de la Serrure. F.p. i ff.
Hélices. Vitruve appelleainfiliv. 4. ch. 1. les petitesCauîicoîes5ou
Volutes ? qui fe rencontrent fous les rôles du tailloir du chapiteau de la
Colonne Corinthienne. Voyez Vqlutes.Caulicoles.
Hémicycles. Cefontles deux demy-cercles qui forment les Voû-
tes, & ce que les Ouvriers nomment Arc s. Pour former & conftruire un
Arc de pierre de taille, on divife l'Hémicycle en tant de Vouflbirs qu'on
veut} pourveu qu'ils foient en nombre impair, afin que les joints ne fè
trouvent pas dans le milieu de la Voûte ou Arc, mais qu'il y ait un Vouf-
foir dans le milieu qui ferme & entretienne tous les autres -, C'eft pour-
quoy on l'appelle la clef de l'Arc ou de la Voûte.
On nomme auflî Hémicycle^ Panneau, Moule, ou Cherche de
bois qui fert à baftir & conduire les Arcs.
Hercesî l'on nomme ainfi des barrières qu'on met devant les
logis.
Herces ùtazines.V.p.73.
Hérisson, c'eft une roue dentelée de plusieurs Chevilles de bois ou
Aliénons; qui font fichez dans la circonférence de la roue, félon la di-
rection de fonPlan. Lorfque les Aliénons font fichez perpendiculaire-
ment fur la roue, cela s'appelle un Rouée, & non pas un Herifîbn.
Quand il faut remettre des Alichons, ou des dents aux Rouets ou aux
Herifîons, on nomme cû^r échauffer. V.p. 2 5-4, Planche LUI.
Hermines. Voyez Armiles.
Herminette $ outil qui fert aplanir & à dolerie bois, principale-
ment le courbe. Vqyezpage 89. 98. Planche XIX,
«..            .            Heur-
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HE           H I           HO           H U              439
Heurtoirs 5 Ce font efpeces de marteaux qui fervent à frapper
aux portes. V. p. i?^. 170. Planche XXXIV.
Hie -, C'eft un billot de bois qui fert pour enfoncer des pieux en
terre , lorfqu'on fait des pilotis. V. p. 91.
Hiement , terme de charpenterie. V. p. 86.
Histo ire parmy les Peintres. Il y en a qui s'occupent à repre-
fenter diverfes choies. Comme des Païfàges , des Animaux , des
Ballimens , & des Figures humaines. La plus noble de toutes ces
efpeces eft celle qui reprefente quelque Hiftoire par une composi-
tion de plusieurs Figures. Et ces fortes de peintures s'appellent Hif-
toire.
C'eft ce que Vitr. nomme Megalographia 3 c'eû-à-dire 3 une
peinture d'importance.
Hoche. Voyez Oche.
Hongnette ; efpece de Cifèau pointu & quarré , fervant prin-
cipalement aux Sculpteurs en marbre. Voyez page 227. 229. Plan-
che XL VIII.
Hori son. Dans unTableau la ligne horizontale , eft: celle où eft:
le point de veuë , auquel toutes les autres lignes des collez doivent
aboutir pour mettre les corps en perfpe&ive.
Hostel lignifîoit autrefois la Maifbn du Prince * d'où vient qu'on
dit encore, Maifire des Requefies de l'Hofiel, & à prefent on appel-
le ainli les Maifons des grands Seigneurs.
Hostel de Ville. Vitruve fe fert du motCWràz, pour marquer le
lieu où fe font les alfemblées publiques.
Hotte de cheminée. On nomme ainll la pente du dedans
des cheminées. La Hotte commence de deffus la barre qui por-
te fur les Jambages , & va finir contre le haut du plancher. Voyez.
Cheminée.
Houe ; efpece de Rabot pour détremper le mortier. Voyez page
53. Planche IX.
Hourder ; c'eft maçonner grofllerement. Comme il n'y a point
de mot que celuy de hourdage dont fe fervent les Maçons. M. Fer-
ra ultemployeceluy de Ruderation 3 qui vient de ruderatio, & qui dans
Vitruve a lamefme lignification. Vitruve liv. 7. chap. 1. fe lèrt enco-
re dans le mefmefens de ftatumen, qui eft la première couche.
Houssettes, efpeces de Serrures qui fervent pour des coffres ,
& qui fe ferment à la chute du couvercle.
Huile d'afpic pour peindre. Voyez page 298.
Les Peintres fe fervent auffi d'Huiles de Noix , de Lin, & autres.
V. p. 300.
Kkk                        Huis3
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44<>                      H U               H Y               J A
Huis, ou porte, qui vientd'Ofàum.
Huisserie, toutes les pièces de bois qui forment l'ouverture
d'une porte.
Hutte, cabane, petite maifonnette. Voyez Cabanne.
hypjetr^E; C'eft un Edifice dont le dedans eft à découvert »
comme eftoient anciennement certains Temples qui n'avaient pas
de toit.
hyp e ^thyb^on , veut dire ce qui eft au defïùs de la porte.
C'eft une table large que l'on met aux portes Doriques , au deffus
du chambranle , en forme de frife.
hyp oc au stu M-, fourneau fouterrain fervant à chauffer l'eau
des bains. Vitruve liv. f. ch. 10.
hyp ot r^a che-liu m Dans Vitruve 1. 2.. c. 2. c'eft le haut de
la colonne , & l'endroit le plus menu qui touche au chapiteau. On
l'appelle diminution, retreciffement, retraite , ceinture ^" •^*x,''a« »
fub collum. Hypotrachelium fignifie aufïï, félon Balde , l'endroit du
chapiteau des Colonnes Tofcanes & Doriques , qui eft entre l'efchy-
ne , & l'aftragale , & que Ton nomme auffi Colier, Gorge, Gor-
gerin , 8e quelques-uns la Frife du chapiteau. V. p. 8. Planche I.
&/>. ii. Planche II.
I
J'Acquemart , efpece de refïbrt. Voyez p. tft, 2f6. Plan-
che LIV.
Jalousie. On nomme ainfi des feneftres qui ont des treillis qui
fervent à regarder fans pouvoir eftre veu.
Jambages , Pieds-droits de portes. Tqfies. On dit les Jambages
d'une cheminée.
On dit aufli les Jambages d'un arc , d'une croisée ,
ére. La dernière pierre du Jambage ou Pied-droit , laquelle faille
quelquefois , où l'on commence à pofer lesVouffoirs , Se former le
Ceintre, fè nommeCoujjînet■> ou Impofie. V. Pieds-droits.
Jambes de force , ou Jambes fous poutres, Orthoftata^ Tro/las,
Taraftas.
Vitruve. Ce font les chaifnes de pierre de taille, qui dans
les murailles portent les poutres.
Jambe eftriere j c'eft une maçonnerie, ou ftru&ure faite de
pierres de taille qui font engagées par leurs queues dans un mur de
refend mitoyen , en forte qu'elles font un ou deux tableaux , &
paremens.
Jambe boutiflè eft prefque la mefme chofe que la jambe
eftrie-
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J A             I C               JE                      44,1
eflriere. Ce qu'il y a de différence , c'eft que les coftez des pierres
ne font point de tableau , mais fe tiennent feulement en liaifon avec
le mur de face.
Jambe , ou Cuifle. Vitruve appelle fémur les entredeux des gra-
veures qui font aux Triglyphes.
Jambes ou Forces ; Ce font des pièces de bois qui fervent àfouf-
tenir la Couverture des baftimens. V. p. 84. 92. Planche XVI.
Jambettes. Ce font des petits poteaux pofez fur les Blochets ,
& qui fouftiennent les Chevrons. Il y en a auffi qui font pofez fur
les Entrait s, &qui fouftiennent les Arbaleftiers. Voyez page 84.92.
94. Planche XVI. & 94- Planche XVII.
Jarets. Lorfqu'une Voûte ji'eft pas égale dans û rondeur , foit
dans les Arcs , foit dans le Pendentif} on dit qu'il y a des Jarets 5
De mefine dans d'autres Ouvrages, quand il y a de l'inégalité ou quel-
que bofîè, on dit celafait le Jaret. Voyez Voûte.
Jaspe , efpece de pierre fine. Il y en a de diverfès fortes, qui em-
pruntent leurs noms des lieux où ils fe trouvent, &de la reflèmbian-
ce qu'ils ont à d'autres pierres , par leurs différentes couleurs. Boot
livre 2. chap. too. & 101. de lapid.
Jaspe'fe dit des marbres qui font de différentes couleurs.
Jatte. Voyez, Sébile.
Jauge j C'eft une petite reglede bois dontfefèrvent les Charpen-
tiers pour tracer leurs Ouvrages & couper fur le trait. On dit contre]au-
ger les affemblagesdeCharpenterie. V. p.
87. 88. 96. Planche XVIII.
Jauger une pierre, regarder iî elle eft d'épaifîèur égale.
Jaune, couleur à peindre. Voyez page 292.
Ichnographie , cJeft-à-dire le plan geometral d'un baftiment.
Ichnos en grec fignifie le veftige ou la marque de quelque chofe qui de-
meure fur la terre s Ainfï Ichnographie veut dire le veftige d'un bafti-
ment. Orthographie, l'élévation geometrale. Sciographie , l'élévation
des dedans , que l'on appelle Profil 1 Et la Scénographie , l'élévation
perfpeciive. Il faut voir M. Perrault furle2.ch. du 1. Iiv.de Vitruve.
Jerser. Voyez Gerser.
Jet. Les Fondeurs en bronze appellent Jets les tuyaux de cire
qu'on fait d'une certaine grofleur, & qu'on applique dans les moules,
Sf contre les Ouvrages qu'on veut jetter en metail. Voyez page 234.
On dit aufli un beau Jet , pour dire une figure de bronze qui a
efté bien jettée. Voyez page 232.
Jet des moules à faire les tuyaux de plomb. Voyez p. 117.121,
PI. XXVI.
Kkk 2                    Jet-
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44-2                      JE                IL                I M
Jette'es. Voyez Mole.
Illuminations. On appelle Illuminations , une décora-
tion de Figures peintes fur du papier ou fur de la toile , lefquel-
les eftant expofées la nuit avec plufieurs lumières derrière , font
un effet fort agréable. On en fait de diverfes manières & couleurs,
comme on a veu plufieurs fois dans les Feftes & réjoùiilànces ,
qui fe font faites à Verfailles.
Im a g e. On dit l'Image d'un Saint-, mais d'ordinaire on ne dit
pas l'Image du Roy , ny l'image d'un tel , on dit fon Portrait ; Et
lorfque c'eft de la Sculpture , on dit fa Figure , fa Statue. Cepen-
dant les Anciens fe fèrvoient indifféremment du mot Imago. Car quand
Vitruve 1. 7. e. 4. fait mention des Portraits de cire dont ilsornoient
les Veftibuîes de leurs maifons, il employé le nom à'Images, &non
pas de Statues s parce que c'eftoit les Portraits au naturel de leurs
Anceftres , qu'ils eftaloient ordinairement dans ces lieux-là , & non
pas d'autres Statues indifférentes. Mais parmy nous le nom d'Ima-
ge femble eftre confacré aux chofes faintes.
Le mot d'iMAGE fignifie auffi parmy le peuple toutes fortesd'Ef»
tampes.
Im 1 ter. Quand on dit qu'il faut imiter l'Antique , ou la maniè-
re d'un tel Maiftre j ce n'eft pas copier trait pour trait ce qui eft def-
feigné ou peint, ou ce qui eft de Sculpture , mais c'eft fè former une
idée femblable , & fuivre la mefme manière.
Imper 1 ale -, c'eft une efpece de Dôme , ou couverture dont le
haut eft en pointe, & qui en s'élargifiànt par enbas reprefente la Fi-
gure de deux S qui fe joignent en haut & s'éloignent en bas ; ou bien
de ce qu'on nomme en Architecture deux Talons adoflèz. On ap-
pelle ainfi les couvertures des carofles, quoy qu'elles n'ayent pas tout-
à-fait cette figure. A Chenonceaux Maifon Royale , la plufpart des
combles font couverts en Impériale.
Impostes , Incumbœ. Vitr. 1. 6. cit. C'eft une plinthe ou petite
corniche qui contient un jambage, piédroit ou ailette, &fur laquel-
le commence un arc qu'elle fepare d'avec le piédroit.
Imprimer > ou faire l'Empreinte d'une médaille. V. Em-
preinte..
Impr 1 mer. On dit Imprimer une toile, ou autre chofe pour pein-
dre
, îorfqu'on couche une première couleur, qui fèrt de fond à cel-
le qu'on doit mettre enfuite , pour faire un Tableau. Les Ouvriers
difent Imprimeur e, & quelques-uns mal- à- propos Imprïmature y pour
imiter les Italiens qui difent Imprimatura.
In-
-ocr page 468-
I N                  J 0                             443
Incrustation, Voyez, Enduit.
On dit Incruftation de marbre ou de pierre, quand une muraille en eft
reveftuë. Les Anciens nommoient les Enduits des Incrujiations. Serlio
enfeigne de quelle manière il faut faire l'aiTemblage des pierres & des
marbres dont l'on veut faire des Incrustations.
Inde; c'eft une couleur qui fertpour peindre. Les Anciens en
avoient de deux fortes félon Pline 1. 3 f. c. 6. ScDiofcoridel. f. c. 57 l'u-
ne qui fe falloir avec de certains rofeaux qui fe trouvent aux Indes; l'au-
tre del'eicume des chaudières où l'on teint les draps de pourpre. L'Inde
qu'on employé aujourd'huy fe fait auffi de deux manières, l'unçdu fuc
d'une herbe que les Grecs nomment Ifatis-, &c les Latins Giafium, que
nous appelions Guefde -, Et l'autre de l'herbe appellée Indigo* qui croift
dans la Province de Gatimalay Se qui eft de grand ufage parmy les Tein-
turiers, Voyezpage 299.
In ve n t 1 on > dans un Tableau, c'eft ce qu i eft purement de l'efprit
du Peintre-, comme font l'ordonnance, la difpofition du fujet, & le fu jet
mefme quand il eft nouveau. Bien inventé, c'eft- à-dire bien trouvé,
foit que ceia regarde tout le fujet, foit qu'on ait égard à la manière de
le traiter en tout, ou en partie.
Joints de pierre. Ce font les intervales qui font entre les pierres.
Ces intervales font entre les pierres pofées les unes fur les autres, ou en-
tre celles qui font mifes â cofté4eMines des autres; & c'eft pourquoy on
dit les Joints des lits, & les Joints mont ans.
Joints qu a rrez& Joints à onglet; c'eft une manière de joindre
& affembler les pièces de bois pour la charpenterie & la Menuiferie d'un
baftiment. Voyezpage 87.94.Planche XVII.
Jointive, Voyez Latte.
Ionique. Ordre Ionique. Vp. 13.
Joue'e. Voyez Tableau.
Le Mot de Joiiée fe dit enplufîeursrencontres, & lignifie fouvent
parmy les Ouvriers les coftez. On dit les Jouées d'une luearne-, les
Jouées d'une languette.
Joui ères. Voyez Amarres.
Les Joui ères des Eciufes font les deux coftez du canal par où
l'eau pafle.
Jour. En Peinture on dit, les jours , pour dire les parties
éclairées.
On dit qu'un Tableau eft mal placée & mis dans unfauxjour■, lorfque
la lumière qui entre par les feneftres, ne l'éclairé pas bien.
On confidere auffi dans une peinture les differens Jours que le
Kkk 3                        ,Peiîi~
-ocr page 469-
444           JOIR           IS JU           LA
Petnrrey aobfervez, comme les Jours Jîmples& naturels * les Jours
de reflaiS)
ou réfléchis.
Jours, on dit le Jour d'une fenejire ou d'une porte, pour dire l'on
ouverture.
Jour , fignifîe aufïï l'Intervaîe & le vuide qu'on laiffe entre les pie-
ces de bois, de crainte qu'elles ne s'échauffent.
Irregulier, On appelle un bafiiment irregulier, dont la place
n'eft pas régulière, ou bien qui n'eft pas bafty régulièrement, félon les
ordres de l'Architecture. On dit auftï une Fortereffe irreguliere.
Isole', c'eft- à-dire qui n'a rien qui le touche de tousles codez ; une
colonne ifolée^
qui ne touche pas à la muraille ; une maifon ifolée, qui né
tient point à d'autres, & autour de laquelle on peut aller.
Jumelle d'unEftau.^.Estait.
Jumelle d'une ferrure. C'eft une des pièces des refïbrts,
V.p. 158.
Jumelle d'un Tire-plomb. V.p. 202- Pl.XLIV.
Jumelle d'un Tour. V.p. 273.278. PI. LX.
fusTEj Undefïein jufte&conforme à l'original, dejjeigner jufie%
des contour sjufles, marquez avec/'w//^, force & netteté.
L
LAbourer , terme dont fe fervent les Plombiers. Voyez page
La 8 YRiNTHE,lieu duquel on ne peut trouver l'ifïùë.Quoy que ce foit
un nom particulier, il eft devenu commun néanmoins à tous les lieux
d'où il eft difficile de fbrtir, quand on y eft entré.
Laceret , petite tarière. Voyez page 88. 96. Planche
XVIII.
La cet. Les Serruriers nomment ainfi une petite broche de fer qu'ils
appellent auflï Riveure. /^/^«Riveure.
Lacunette. ^y-.sCunette.
Laitier, c'eft une efpece d'écume qui fort des fourneaux à fai-
re le fer, &qui vient des terres Scdes crayes que l'on met pour aider
à la fonte de la mine.
Laiton ou metail compofé de cuivre & de Calamine. V.
p. 240.
La i tance , c'eftdela chaux, qui eftant détrempée fort clairement,
reflemble à du lait. On en blanchit des murailles, des Plafonds & d'au-
tres chofesjprincipalement dans les lieux où il n'y a pas de plaftre.
Lam-
-ocr page 470-
L A                                         44?
Lambour.des. Ce font des pièces de bois que Pon'met fur
les planchers pour y attacher des ais , ou du parquet. V.p. 84. 92.
Planche XVI.
On nomme auffi Lambourdes des pièces de bois qui font aux cof-
tez des poutres, & où il y a des entailles pour pofer les folives.
Lambourde, efpece de pierre tendre, comme le S. Leu , elle fe
tire derrière les Chartreux.
Lambris. C'en; un mot gênerai qui fignifie toutes fortes de Pîat-
fonds, & les ouvrages de menuiferie dont on reveft les murailles. Car
encore que le mot de Lambris le prenne particulièrement pour ce que
les Latins appellent Lacunar, & tout ce qui eft au deffùs de la tefte. Il
s'entend auffi des Ouvrages de bois dont les chambres font reveftuës,
tant par les coftez, que dans le Plat-fond. De forte que quand on dit
qu'une Salle eft toute lam briffée -, c'eft-à-dire qu'elle eft toute reveftuë
de bois par le haut & par les coftez. Il eft bon de fçavoir que quand l'on
attache des Lambris contre les poutresou folives, il faut laiffer de petits
trous afin que le vent y pafle, & qu'il empefche que le bois ne s'échauf-
fe eftant l'un contre l'autre} car il peut arriver des accidens par les Lam-
bris attachez aux planchers contre les folives ou poutres, que la pe-
fànteur du bois fait affaiffer, èc arrener, & mefme fe corrompre & gaf-
ter fans que l'on s'en apperçoive. Le mot de Lambris vient de Amhri-
ceS)
qui félon Feftus fignifie les Lattesj Amhricesfunl régula quœ tranf-
•verfœ afferiùus fubtegulisïnterponuntur .V p
. 127.
Vitruve appelle les Lambris des planchers, Lacunaria-, QtLacus
l'enfoncement qui eft dans les Lambris.
Lame d'or, de cuivre, ou d'autre metail. Du metail mis en lame,
c'eft-à-dire large & mince, commepour faire desjettons, ou des pièces
demonrtoye. Ce mot vient du grec a^j»«, efeorce. V.p. 252.
Laminoir} machine dont on fe fërt aux monnoyes. V.p. 25-2,
2 5-4. pi. lui.
Lance ou Efpatule, outil fervant aux Ouvriers qui travaillent de
Stuc. V.p. 247. PI.LU.
Langue, ou Languette, C'eft un mot fouventufité parmy les Me-
ïîuifiers, lorfqu'ils affemblent des pièces de bois l'une dans l'autre, La
Languette entre dans la rénure> & on dit alors que le bois eft joint &
affemhléavec Languettes.
Languette. On nomme auffi Languette les entredeux ou fepara*
tions qui fe trouvent dans un mefme tuyau de cheminée, pour feparer
les cheminées de différentes chambres.
Languette d'une balance. Vitruve liv. 1.0. chap. 8. nomme
exa«
-ocr page 471-
44^                                         « A
examen , l'anneau d'une Romaine. J^j^ Balance.
Langue, qui fe forme fur le Verre. V.p. 191.
Langue de bœuf; Outil necefliure aux Maçons. Voyez page ff.
Pl.X.
Lanterne. On nomme quelquefois ainfi. un petit dôme qui eft
au défies d'un logis.
Lanterne ou pignon. V. Pignon.
Lanusure./^.Bourseau.
Lapis lazuli. V. Outremer. Azur.
Laque, couleur pour peindre.^/». 25)9.
Laque. Il y a uneefpece de gomme que les Droguiftes nomment
Laque; Les Arabes, lesPerfes, &les Turcs l'appellent Loc fumu-
tri.
Cette gomme eft un peu rougeaftre-, l'on en fait la cire d'Efpagne;
elle entre dans la compoiition du Vernis, & fert à pîufïeurs autres ufa-
ges. La commune opinion eft qu'elle fe trouve au Pegu, où il y a une ef-
pece d'arbres, defquels certaines grandes fourmis qui ont des aifles,fuc-
cent & tirent la matière dont elles font la Laque, commeles Abeilles
font le miel. Il y en a qui croyent que la Laque eft la Cane aine de Diof-
coride. On peut voir ce qu'en a écrit Charles de l'Efclufe dans fon hif-
toîre des Drogues 1.1. c. 9. & Chriftophe Acofta dans un traité de Mé-
decine 1.3. c. g.
L a rm ier; C'eft le membre plat & quarré qui eft à la corniche au
deflbus de la Cymaife, & le plus avancé ; ce que Vitruve nomme quel-
quefois corona, on le nomme Larmier', parce que fon ufage eft de faire
écouler l'eau, & la faire tomber goutte à goutte, Se comme par larmes
loin du mur. Le delîbus du bord du Larmier fe nomme Mouchette. Vi-
truve l'appelle Mentum.
On appelle aufli le haut d'une muraille qui eft en talus pour donner
l'égoutaux eaux, Larmier; Couronne, Couronnement, Cbapeau,ovL Cha-
peron.
Vitruve les diftingue par deux noms différons ; car il nomme le
larmier d'une Corniche Coronis, & le larmier d'une muraille Corona. Il
appelle Corona lat a, la Corniche de la porte Dorique.
Lasserets. Voyez Laceret.
Lat te à couvrir. Ce font ces règles ou tringles de bois qui traver-
fent les chevrons, & fur lefquelles on cloue l'ardoife, ou bien l'on accro-
che la tuile. Dans Grégoire de Tours, elles font nommées ligatura* &
dans Feftus Ambricesi quelques-uns difent Templa.
Lattes jointives% c'eft lors qu'en lattant une couverture d'Ardoi-
fe, ou contre-lattantunecîoifon, les Lattes touchent les unes contre
les autres.
Lat-
-ocr page 472-
LA           LE           L I                          41,7
L a tter une couverture, la garnir de'Lattes.
Laton. Voyez Laiton.
Latrines , retrait, ipivé, fonça latrina. Vitruve.
Laver, une poutre , c'eft en ofter une dofTe avec la fie pour Pé-
quainr , au lieu d'en ofter avec la coignée.
Laver un deflein avec des couleurs à eau. Voyez page
304.
Lavis % Il y en a de différentes fortes. V. p. 290.
On dit qu'un deflein eft lavé ou fait avec du Lavis , c'eft-à-dire
d'une ou de plufieurs couleurs détrempées avec de l'eau. Néanmoins
quand on dit Amplement un deflein lavé , on entend fouvent qu'il
n'y a qu'une feule couleur, comme d'encre de la Chine, du biftre,
ou autre chofè.
Lavoir , cuve, ou baflln, où l'on fe baigne. Iî eftoit appelle par
les Grecs Loutron. Vitruve,
L a y e. Les Tailleurs de pierre ont des marteaux bretez, qu'ils nom-
ment Layes -, Ils appellent aufli des Layes, les rayes ou bretures qui pa-
roifîent fur les pierres taillées avec ces fortes d'outils.
La y e r î c'eft travailler la pierre avec une Laye. Voyez Bre-
Le s cher. On dit un Tableau lefchê , lorfque les couleurs
en font couchées avec plus de foin & de peine , que d'art &
de fcience^
Leton. Voyez Laiton.
Levier j C'eft une machine à lever. Quand elle eft de bois elle
retient le nom de Levier, & lorfqu'elle eft de fer on l'appelle Tince.
Voyez page
fo. 61. Planche XIII.
Lézards ou Lézardes , les Maçons appellent ainfî les crevaf-
fesou fentes qui font dans les murs.
Liais. C'eft une efpece de pierre. Il y en a de différentes fortes,
fçavoir le francs Liais, & le Liais ferault, ou farault. Ce Liais farault
ne bruile point au feu , comme la plufpart des autres pierres , c'eft
pourquoy on en fait les atres & les jambages des cheminées. On s'en fèrt
aux fours & aux fourneaux. On peut voir les Notes de M. Blonde! fur
le 3 7. chap. de l'Archite&ure de Savot. Voyez p. 4.6.
Liaison, efpece de Maçonnerie. V. Maçonnerie.
Libage. Voyez Carreaux.
Liberté'. En terme de Peinture, on dit d'un Tableau, qif il eft peint
avec unegrande liberté de pinceau-, dejfeigné librement ^franchement
.On
dit wxiïiliberté ou franchi fe de burin. Tout cela veut dire, avec facilité.
LU                            Li-
-ocr page 473-
4éS                                         LI
Licences. On dit d'un Tableau , qu'il ya^ grandes licences
contre la perfpeBive
, & contre les règles de l'art.
Lit d'une pierre. Comme les pierres font par lits dans les Carriè-
res j on dit des pierres qu'elles ont deux lits, celuyde deffus&celuy
de deflôus. Les lits de deflbus font plus durs que ceux de deflus; c'eft.
pourquoy il faut renverfer les pierres, & mettre le lit le plus durdef-
fus j lorfqu'on les employé à découvert , comme pour couvrir des
terrafles, & pour faire des dales.
Lien de verre. Voyez page 190.
Liens. Ce que les Charpentiers nomment Liens font des morceaux
de bois qui ont un tenon à chaque bout -, & qui eftant chevillez dans les
mortaifes , entretiennent laCharpenterieen tirant, ainfîquelesEfle-
liers l'entretiennent en refiftant. Vitruve livre 7. chapitre 3. nomme
ces liens Catenœ. Voyez page 94. Planche XVII.
Liens d'un Engin. V. p. 89. 100. Planche XX.
Liens montans d'une Grue. V.p. po. iot. Planche XXI.
Liernes. Voyez page 86.94,. Planche XVII.
Ligne. C'eft ce que les Mathématiciens definifïènt une longueur
fans largeur, & que les Ouvriers appellent un trait qui va d'un point à
un autre. 11 y en a de plufieurs efpeces : les lignes droites font les plus
courtes de celles qui ont mêmes extremitez. Les courbes font celles qui
s'écartent de leurs extremitez. Les fpirales font des lignes courbes j
qui partant de leurs centres s'éloignent à proportion qu'elles tournent
autour. La ligne perpendiculaire eft celle qui tombe ou qui s'élève fur
une autre , raifànt les angles de part & d'autre égaux entr'eux. La
ligne à plomb efl: celle qui tombe de haut en bas fans incliner de part
ny d'autre, & qui pafleroit par le centre de la terre fi elle eftoit pro-
longée. Les lignes paralelles font celles qui prolongées à l'infiny ne
fe rencontreroient jamais. Lignes horifontales font toutes celles qui
font paralelles à l'horifon. Et la ligne oblique efl: celle qui n'eft ny
horifontale, ny à plomb.
Ligne ou cordeau de Charpentier , ou de Maçon , On dit
tirer Une muraille à la ligne , aligner , ou marquer un bois à la li-
gne y
lorfqu'on tend un cordeau pour faire une muraille , ou qu'a-
vec un cordeau frotté de blanc , ou autrement , on tringle la ligne
fur une autre pièce de bois.
Lignes ralongées% lignes de pente ; ce font termes dont l'on fe fert
pour l'ufàge des traits & coupes des pierres , & qu'il efl: malaifé de
comprendre que par la pratique & avec demonftration.
Les Ouvriers difent à plein cintre , ou à pleine rondeur. Les
Li-
-ocr page 474-
' L I                                      4,49
Lignes qu'on nomme en Géométrie Coniques, Ellipfes, TaraMes 5
Hyperboles', ils les appellent an/es de panier & furhaiffées. Et lors-
qu'elles ne font pas régulières , Lignes taflées , ou corrompues.
Ils difent aufîi Lignes jaugées, pour direparalelles entr'elles.
La Ligne courbe du dedans d'un arc , ou voûte, fe nomme en-
tr'eux tour de l'arc en dedans > Se celle qui eft en dehors, tour de l'arc
en dehors-,
& quelques-unsy?rWi^ pour extrados. Ils appellent la ligne
droite qui forme le demy-cintre, corde, tirant Se fou/tendante de l'arc.
Lignes de deftenfes. Entermesde fortification, c'eft la ligne tirée
depuis L'angle de défenfe julqu'â la pointe du baftion , & propre-
ment le chemin que font les baies tirées de l'angle qui fait le flanc
avec la courtine julqu'à la pointe du baftion oppofé. Elle eft Rafàn-
te , fi partant de l'angle elle rafe paralellement la face du baftion op-
pofé. Elle eft Fichante , fi la ligne de la face du baftion prolongée
coupe la courtine -, auquel cas cette ligne de la face du baftion pro-
longée s'appelle ligne de défenfe rajante.
Ligne capitale. Voyez page 66.
Lignes de circonvallation. V. p. 71.
Lignes de contrevallation. V. p. 72.
Limaçon , ou Limace , c'eft une efoece de trompe 3 ou
voûte.
Limer , travailler avec la lime.
L1 m e s. Il y a des Limes de toutes fortes de grandeurs & grof-
feurs , fervant à plufieurs ufages , fuivant lefquels on leur don-
ne differens noms.
Limes fervant aux Menuifiers. V.p. 130. 138. Planche XXXII
Limes quarrées pour ouvrir des trous quarrez. V. p. 16 f. 178.
PI. XXXVIII.
Limes à doflïer, fervant à fendre.
Limes triangulaires ou en tiers-points pour faire des vis, tarots,
& autres pièces.
Limes rondes en queue de rat , pour croiftre les trous. ?
Limes demy-rondes pour limer les pièces en demy-rond , les
fies, Sec.
Limes à bouter, pour dreiîer les Pannetons des clefs, & des fies
à fendre en long.
Limes à Potence.
Limes à Carlettes.
Limes à Coutelles.
Limes Ovales.
LU 2                     Li-
-ocr page 475-
4f°                               U
Limes en coeur, & autres figures. Ces petites Limes fervent à vui-
der les anneaux des clefs j les efcufTons Scies cou ronnemens.
Limes fendues par le milieu pour limer les Embafes , &
pour épargner un filet fur les moulures } vafes , baiuftres, & autres
ouvrages..
Limes fendues d'un coftéfeulement, pour le mefme ufage.
Limes faites en dos de carpe , pour fendre des compas 6c autres
ouvrages.
Limes qui ne font point taillées fur les coftez, pour fendre 8c
drefîer les râteaux des clefs.
Limes douces qui fervent à polir & à adoucir les ouvra-
ges.
Limes coudées , qui fervent à couper Se à drefîer les doux
à fiches.
La différence desLimes Se des Râpes, c'eft que les Limes font fai-
tes Se taillées avec des outils tranchans , & les Râpes font piquées
avec des cifelets Se des burins.
Lime à matir. V. p. 249. 25-8. Pi. LV.
Lime de cuivre à main. V. p. 317. PL LXIII.
Limon , pièce de bois qui fert à porter les marches d'une montée
ou d'un efèalier. V. Eschiffre.
Linçoirs , pièces de bois. Voyez, page 86. 94. Planche
XVII.
Lineamensi On ne dit guère en termes dePeinture, 8edeScuî-
pture , les lineamens d'un corps ou d'un vifage. On dit les traits j
former les premiers traits d'un vifage , d'une figure , 8cc.
Lingot iere ; c'eft unmouledont les Vitriers fe fervent pour fon-
dre le plomb qu'ils employenf aux vitres. Ils verfèntdu plomb fondu
dans ces fortes de moules, qu'ils retirent enfuite par petits lingots , lef-
quels ils font pafïèr dans le Tire-plomb , où il s'alonge, 8c forme les
verges , qui fervent à enfermer Ses pièces de verre. Ces verges font
fendues des deux coftez -, le milieu qui demeure folidé, fe nomme le
cœur de la verges
Se les coftez dans lefquels entrent les pièces de ver-
re , & qui fervent à les recouvrir s'appellent ies ailes, ou les ailerons.
V. p.
200. PI. XLilI.
Lingots d'eftain. V. p. iï8.
Linteau , deffiis de porte. Vitruve le nomme antepagmentum
fuperius. V. p.
84. 92. PI. XVI.
Lisière , terme de fortification.
Listel. , ou Lifteau. On nomme ainfï les petites bandes, ou
et
-ocr page 476-
L I                     LO                           4P.
efpeces de règles qui font dans les moulures de l'Architecture, Les Me-
nuifiers les nomment fouvent Mouchettes.
On appelle aufïï Liftel l'efpace plein qui eft entre les cannelures des
colonnes. Z7". Te nie.
Li s s e -, Une chofe liflè, c'eft-à dire, polie & unie ; comme une pla-
que d'or, ou autre chofe.
                                       .
Litarge. Elle fefait avec du plomb. Il y en a qui a la couleur d or,
que l'on nomme Litarge d'or-, & d'autre qui a la couleur d'argent, que
l'on nomme Litarge d'argent.                        .
LaLitarged'argentrertauxVitrierspourpeindrerurle verre. ^./.
182
Lits de pierre, ou Aflifes. Voyez Assises
Livre, poids. La livre ordinaire de France eft de feize onces; 11 eft
vray que celle des Droguiftes 8cErPiciers n'eft que de douze onces.
L'once eft de huit gros. "Le grospefe trois deniers, le denier vingt-qua-
tre grains} le grain vingt-quatre carats.
Logement. Terme de fortification. V.p. 71.'
Loges. Loriumàzm Vitruve,& qui vient de a^", fignifie un pul-
pitre & lieu éminent propre à parler au peuple dans les Salles de comé-
dies & dans les théâtres- En Italie on nomme Loges des cabinets, com-
me font les Loges qui font dans plu fleurs vignes ; & celle de Ghiie, ou
eft cette belle Gaiathée de Raphaël. Le mot de Loges figrufie aufli les
Galleries, comme les Loges du Vatican.
Lomb 1 s ou Lambis,efpece de coquilles. V.p. 319-
Long-pa n , c'eft dans un comble de charpentene, le coite qui eft le
pîuslong. Ainfi l'on dit les faùlieres ou chevrons du long-pan-, &les>-
ùlieres & chevrons de croupe.
                                          .
Loi nt ain, ou éîoignement d'un Tableau; c'eft ce qui paroift le
plus loin de la veuë. Comme quand on dit, on mit dans le lointain de ce
Tableau ptufiews petites figures.
LoquET, ouLiquet d'une porte, de Lukettus,. qui vient ds
Un Loquet eft compofé de plufieurs pièces, 1 ça voir du bâtant^ dont
la queue eft attachée contre la porte avec un clou, qui n'empefclie pas
qu'il n'ait du mouvement., La tefte du battant eft retenue par un
crampon proche le bord de la porte , dans lequel elle peut facile-
ment fe haufler & k bailler, pour s'ouvrir & fe fermer lorfqu'elîe tom-
be dans ce qu'on appelle le mantonnet qui eft attaché à l'huiffene ou
au chafïis de la porte. Ce battant fe levé par le moyen d'une autre
pièce de fer qui traverfe la porte, & qui eft enclavé dans un efcuflbn
LU 3                               ou
*•
1
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4f*                          L O
ou plaque de fer? au deflbus duquel eft une poignée. Leboutdece
morceau de fer, fur lequel on met le pouce s'appelleponçoin, & le
refte qui traverfe la porte, & qui levé le battant, fe nommele bout de
la queue du pouvoir.
Il y a des lieux où le battant s'appelle Clenche^
oviClinche.
Il y a encore des Loquets qui au lieu de poignée & de ponçoir s'ou-
vrent avec des clefs ; dont les uns fe nomment Loquets à vielle -, les au-
tres Loquets à copdeliere. Voyez p. 154,. 157.
Loqueteauj c'eft un Loquet que l'on met dans un lieuinaccet
fible» & qui s'ouvre avec un cordon, & fe rabaifïè par un refïbrt qui
le renvoyé j Ton s'en fert pour fermer les volets h contrevents des
feneftres.
Louche , terme d'Efmailleur. V.p. 307.
Lou ve } c'eft un morceau de fer forgé quarrément, mais plus lar-
ge en bas qu'en haut, qui fert pour lever de grofTes pierres. L'on
fait un trou dans la pierre de la profondeur & de la largeur de la Lou-
ve. Et comme il refte du vuide dans le trou de la pierre aux coftez
de la Louve, parce qu'elle va en eftrecifïànt par en haut, on y met
une efpece de coin de fer de chaque collé , qu'on nomme Louve-
teaux.
Ils fervent à reflèrrer la Louve qui eft entredeux, &empe£
chent qu'elle ne puifTefbrtirlorfqu'on vient à la tirer avec un cable qui
eft attaché au bout. M. Perrault fur le 2 .chap. du 10. liv. de Vitruve, re-
marque trois fortes de Louves. La première , celle dont fe fer-
voient les Anciens, qui efïoit en manière de tenailles, & que Vitru-
ve appelle fcrcipes. La deuxième eft celle que Philander rapporte, &
dont l'on fe fervoit de fbn temps à Rome, qui eft d'un meilleur
ufàge que la première. Et la troifiéme, celle dont l'on fe fert
aujourd'huy en France, qui eft plus fimple & d'un meilleur ufage que
les deux autres. Voyez page f 3. Planche IX.
Louver une pierre, c'eft faire un trou dansla pierre, & y mettre
la Louve pour la lever.
Louveteaux; cefbntlescoinsdeferquel'onmetàcofté des Lou-
ves^ qui fervent à les retenir, V.p. 5-3. Planche IX.
Louverss ce font ceux qui accommodent les Louves dans la pier-
re./^/, fo,
Louvre, C'eft dans Paris le Palais &la demeure du Roy. A prefent
quand le Roy eft par la campagne on donne le nom de Louvre à tous
les lieux où il habite.
Lozanges , pièces de verre dont on fait les panneaux de vitre.
V.p. 192.PI. XXXIX.
Lo-
4
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LO                   LU                           475
Lozanges. On difpofè quelquefois le bois qui fait la charpente
des maifons en Lozanges, Et quelquefois d'une manière qu'on appelle
brins de fougère.
Lucarnes. Ce font des ouvertures qu'on metaudefius de l'enta-
blement des maifons, pour donner jour aux chambres en galetas ou aux
greniers. On enfait de diverfes fortes. Voyezp. 108.110. PI. XXIII.
Lucarnes Damoifelles. Id.
Lucarnes Flamandes. Id.
Lucarnes Faiftieres Id.
Lumière y en terme de Peinture, on dit fçavoir bien répandre
la lumière fur tous les corps y en éclairer toutes les parties félon les dtffe-
rens degrez de lumière.
Lumière dans laquelle on met le mamelon d'un truèil. V.
Mamelon.
Lunette. C'eft une petite feneftre que Ton fait dans les toits.
Lunettes -, on dit des voûtes à Lunettes. Voyez Voûtes.
Lunette, on nomme ainfi le fiege d'une aifance.
Lunettes fervant aux Tourneurs. V.p. 274,. 278.Pl.LX.
Luter un creufèt, ou quelqu'autre vaifîeauj c'eft l'enduire & bou-
cher de terre ou d'autre matière.
M
MAchefer ou efcume de fer qui fort des fourneaux & des for-
ges, V.p.^19.
Machecoulis J^.Marchbcoulis.
Machine. C'eft l'affemb! âge de plufieurs pièces jointes enfemble,
& tellement difpofées, qu'ellespeu vent fervir à augmenter ou à dimi-
nuer les forces mouvantes, félon les differens ufages aufquels on les
applique dans la guerre, dans l'Archite&ure & dans les autres Arts. Vi-
truve 1. 10. c. 1. met cette différence entre Machine & Organe ou In f-
trument, qu'Inftrument eft fimple& d'une feule pièce, telqu'eft un
marteau, un levier, un coin, un rouleau, & que Machine eft compofée
de plufieurs pièces, comme un Preflbir, un Moulin, &c.
Les Machines dont les Anciens fe fervoient dans la guerre pour
afîîeger les places, eftoient les Scorpions, les Catapultes, les Balliftes,
les Béliers, les Tortues, & les Tours de bois.
Entre celles dont ils fefervoient pour la décoration des Théâtres, il
y en avoit qui en tournant, en changeoient toute la face -, & d'autres »
qui en coulant faifoierit le mefme effet. Vitruve nomme ces
fortes
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4f4*                                       M A
fortes de machines, l'une Scenaverfatilis3 Sz l'autre Scena duffîilis.
Machine dontl'on fe fert auxMonnoyes pour fraper le poinçon
furîecarré. V.p. 2f6.Pl.LIV.
Macho.ires d'Eftau. Foyez Estau.
Maçonnerie. 11 y en a dediverfes fortes. CelleàEchiquier,&:
qu'on appelle Maillée > eft nommée parVitruve Rettculatum Elleeft
faite de pierresquarréesdansleurpareroent, lefquelles fontpofées en
forte que les joints vont obliquement, & que les diagonales font l'une
à plomb & l'autre à niveau. Dans celle qui eft en haifon, &queVitru-
ve appelle inferta, les pierres y fontpofées les unes furies autres, &
les joints y font de niveau i mais en forte que le joint du fécond lit pofo
fur le milieu de la pierre du premier. Il y a celle que Vitruve dit eftre
particulière aux Grecs, où après avoir poie deux pierres , qui cha-
cune font parement, on en met une en boutifle qui fait les deux pare-
mens. Celle qu'il nomme Ifodomum eft femblable à celle qu'on nomme
en liaifon > excepté que dans ceîle-cy les pierres ne font point tail-
lées, eftant mifes par affiettes égales. Quant à celle qu'il nomme
5Pfeudifodomum, elle eftauffi de pierres non taillées Scpoiées en liai-
ion , mais d'épaifteurs inégales, & l'égalité ne le trouve que dans cha-
que affife II y en a encore d'une autre forte, qu'on nomme Emple£ion%
où les pierres ne font arrangées qu'au parement, fans eftre taillées*
& le corps du mur eft garny de menues pierres jettées dans le mortier,
& au hazard.
Madré'. I/on dit que du bois efi Madré, lors qu'eftant mis en œu-
vre, on voit certaines partie§»plus condenfées que le refte, lefquelles pa-
roiffent comme des taches brunes, qui eftant plus folides & dures, font
comme luifantes, quandleRabotyapaiTé. Cela fe remarque particu-
lièrement dans les ouvrages de bois de heftre.
Madriers. Les Ingénieurs appellent ainfi les planchesépaifïès,
telles que font les dofies dont l'on fe fert pour foûtenir les terres lorf-
qu'on travaille à des mines, ou autres ouvrages.
Ma i gre. Amaigrir y ou démaigrir un Angle ,c'eu le rendre plus aigu-,
&C l'engraijfer-, c'eft le rendre plus obtus. Quand on dit que la partie d'u-
ne pierre ou d'une pièce de bois, qui doit entrer ou fe joindre dans une
autre, eft trop maigre, c'eft-à-dire qu'elle ne joint pas jufte, & qu'elle
laifle du vuide, comme îorfqu'un tenon ne remplit pas la mortaifè.
Main d'une poulie. C'eft le bois, ou le fer qui l'environne, & qui en-
tretient lacorde: on l'appelle auiïiEfc harpe 3 ou Chape, 8c quand il y a
double Ponîie, elle fe nomme Moufle.
Main de fer, CrocouSj ce font des pièces de fer courbées en
dif.
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M A                                       457
différentes manières, qui fervent pour acrocher des louves, des cha-
bîes ou autres chofes.
Mal -aise' à brujler. C'eft un terme particulier dont fe fervent
ceux qui peignent en Efrnail. Voyez page 307.
Maille, petite boucle de fer.
Maille'e. Voyez Maçonnerie.
Maillet. C'eft une efpecede marteau de bois $ mais comme
l'on n'appelle marteaux que ceux qui font de fer , on nomme mail-
lets ceux qui font de bois. Voyez page 57. Planche X.
Maillets gros & médiocres fervant aux Charpentiers. Voyez
page
88. 98. Planche XIX.
Maillets plats par le cofté , fèrvant aux Plombiers. Voyez p.
118. 121. PL XXVI.
Maillets des Menuifiers. Voyez page 128. 134. Planche
XXX.
Maison. Vitruve livre 6. chap. 8. nomme lesmaifons de campa-
gne qui n'ont rien de ruftique, i^Edes Tfendo-urbana.
Maistresse Voûte. Voyez Voûte.
Malléable. C'eft une matière quifouffrele marteau fans fe bri-
fer » comme fait l'or, l'argent, le fer , &e.
Mamelon d'un gond j c'eft le bout d'un gond qui fort hors du
bois ou de la pierre , & qui entre dans la panture ou reply de la bar-
re de fer. Voyez page ip. 168. Planche XXXIII.
Mamelon d'un treuil j C'eft le bout du treuil &îa partie quipo-
fe , & qui tourne fur les pièces de bois qui le foûtiennent -, le trou
dans lequel on le met, s'appelle Lumière.
Mandrins. Les Serruriers nomment Mandrins toutes fortes de
poinçons gros & menus qui fervent à percer à la forge, c'eft-à-dire à
chaud. On met fous la pièce qu'on veut percer une perçoire, qui eft
un morceau de fer troué en rond, en quarré, ou de la mefme figure que
le Mandrin. Les Toinpns qui fervent fur l'eftablie pour eflamper &
percer à froid, quoy qu'ils foient de mefme figure que les Mandrins s
font toujours nommez Poinçons ; & les Poinçons & Mandrins fe frap-
pent au marteau. Voyez page 178. Planche XXXVIII.
Mandrins en lozanges pour faire les grilles.
Mandrins ronds, quarrez, en triangle & autres figures pour
reflèrrer & former les trous , après qu'ils font commencez avec
les Poinçons.
Mandrins ronls , ceibnt comme de grandes broches de fer qui
fervent pour tourner des canons , des bandes % & d'autres pièces.
M mm               v M an-
-ocr page 481-
4f 6                                         M A
Mandrins en ovale fervant à mefme ufage.
Mandrins fervant aux Tourneurs. V. p. 274, 278. Planche
LX.
Maneojjin -, C'eft une figure de bois dont les Peintres &
Sculpteurs fe fervent pour difpofer des draperies fuivant les di-
verfes attitudes des figures qu'ils veulent peindre. Ces manequins
s'accommodent comme on veut , iè ployant dans toutes les jointu-
res des membres.
Maneuvre. On appelle ainfi particulièrement ceux qui travail-
lent fous les Maiftres Maçons. Voyez page fo.
Manganèse , Manganefia -, c'eft une pierre qui eft ainfi nommée
à caufè qu'elle refïèmble beaucoup à l'aimant, tant par fa couleur »
que par fa petànteur -, les Verriers s'en fervent pour purger leurs ma-
tières & y donner une couleur rougeaftre. L'on s'en fert dans les Emaux,
&lorfqu'elle eft meflée avec leSaffre, elle fait une couleur de pourpre.
Cette pierre s'apporte d'Allemagne. La meilleure vientde Piedmont.
Il y en a auiîidu cofté de Viterbe. Les Ouvriers la connoiflènt mieux
icy fous le nom de Terigueux , à caufe de celle qu'on apporte du
Perigord. Voyez page 183.
Manière. On appelle ainfi l'habitude que les Peintres ont prife
dans la pratique de toutes les parties de la Peinture, foit dans la Dif-
pofition , foit dans le Deflèin , foit dans le Coloris.
L'on fe fait d'ordinaire une habitude qui a rapport aux Maif-
tres fous lefquels on a efté inftruit , & qu'on a voulu imiter. Ain-
fi on connoift la manière de Michel-Ange , Se de Raphaël dans
leurs Elevés. Ce qui fait dire en voyant un Tableau de quelques-
uns de leurs difciples 3 qu'il eft de l Ecole de Raphaël ou de Mi'
chel-Ange
, parce que ces deux grands Maiftres ont eu des maxi-
mes différentes , que ceux qui les ont imitez ont fuivies. Et félon
qu'un Peintre s'eft formé dans une bonne habitude en travaillant fous
de bons Maiftres , ou par une étude particulière qu'il a faite luy-
mefthe après les meilleurs Tableaux & les plus belles Antiques ,
on appelle (à manière bonne 3 ou mauvaife , s'il a fait un bon , ou
mauvais choix.
Comme l'on reconnoift le ftyle d'un Auteur , ou l'écriture d'une
perfonne dont on reçoit fouvent des lettres, on reconnoift de mefme les
ouvrages d'un Peintre dont on a veu fouvent des Tableaux ; & on appel-
le cehconnoiftre fa manière, C'eft pourquoy il y a plufieurs perfonnes»
qui pour avoir veu beaucoup de Tableaux , conrfoiffent les différentes
manières, & en nomment aufli-toft les Auteurs* mais qui pour cela n'en
font
-ocr page 482-
MA ^                            457
font pas plus fçavans , ny plus capables de bien juger de Part & delà
fcience de l'Ouvrier.
Manière de peindre furie verre. Voyez, page 183.
Manière différente de colorier. V. p. 303.
Manier les couches de blanc pour dorer , c'eft-à-dire les bien
frotter avec la brofle. V. p. 21 f.
Manivelle d'une roue } c'eft un manche de bois ou de fer qui
fort à faire tourner une roue.
Manivelle d'un Tire-plomb. Voyez page ipi. 202. Planche
XL1V.
Manivelle d'un Eftau. V. Estau.
Mansarde. Voyez, Toits coupez.
Manteau de cheminée. C'eft ce qui couvre la hotte , les Serru-
riers appellent ainli la barre de fer qui foûtient le manteau. Ces for-
tes de barres portent fur les deux [ambages j & eftant ployées quar-
rément, on les feelle dans le gros mur.
Manteaux de porte. V. Vantail.
Mantelet ; c'eft une couverture de grofîès planches, & généra-
lement tout ce dont on fe fert pour les attaques des places. V.p. 74.
Mantonnet cft une petite pièce de bois ou de fer qui foûtient
& arrefte, telle qu'eft celle qui fert à une porte pour foûtenir le bat-
tant ou clenche d'un loquet. Voyez page 15-4. 170. Planche XXXIV.
Marbre. Il y a divcrfes fortes de marbres.
Tous les plus beaux Marbres viennent de Grèce & d'Egypte. Il
s'en trouve auflide fort beaux dans les montagnes d'Italie j & c'eft de
là qu'on faifoit venir d'ordinaire ceux qui s'employent icy ; mais de-
puis dix ou douze ans 3 on en fait venir quantité de très-beaux que
l'on tire des Pyrénées. Le fieur Pierre Formont Banquier, & Bourgeois
de Paris, ayant travaillé avec beaucoup de foin à cette découverte fous
les Ordres de MonfieurColbert Sur-Intendant des baftimens , le Roy
par fes Lettres patentes données à Paris le dernier Février 1664. luy a
accordé la permiffion de faire fouiller foui, & à l'exclufion de tous
autres dans les montagnes des Pyrennées, pour en tirer les marbres
pendant cinquante ans, à la charge d'en faire voiturer àParis jufqu'au
port de l'Efcole , pour employer dans les baftimens de Sa Majef-
té. Ce qui s'exécute continuellement} le fieur de Formont ayant
pour-cet effet envoyé fur les lieux Hubert Mifton Marbrier , qui a
fait tirer tous ces beaux Marbres qu'on voit aux Tuilleries & à Ver-
failles. V. page 38. ècc-
Marbre fier. Vp. 44.
M mm 2                       Marcs
-ocr page 483-
4f8                                           M A
Marc , c'eft le poids de huit onces.
Marc franc. Voyez Marque.
Marcassite , c'eft un minerai imparfait. Voyez page %i%
Marche', place publique. Forum.
Marchecoulis , ou Mâchicoulis , ce font efpeces de galle-
ries , d'allées , ou de pafïages pour aller à couvert tout autour
d'un baftiment.
Ou bien ce font certains trous au haut -, & prés les créneaux des
murailles > que l'on peut mieux appeller maffes-coulis , à caufè que
L'on faifoit couler & tomber des malles fur ceux qui voûtaient efcala-
der les murailles,
Margelle , de Margo j c'eft la dernière pierre d'un puits , qui
eft ronde & ordinairement toute d'une pièce ; Elle fert d'appuy , 6c
à recouvrir les autres pierres. Les Ouvriers difent Mardelle.
Marqueterie. Ital. Tarfîa & Taujîa , efpece de Mofàïque, &
d'ouvrage de rapport, qu'on fait de plufieurs & differens bois, avec
îefquels on représente des figures & autres ornemens. Les Anciens
nommoient Cerojirota une efpece de Marqueterie. Pline 1. 11. c.37
V.p. 320.
Marteau, c'eft une longue mafîe de fer , au milieu de laquelle
eft un trou appelle œil, qui fert à mettre le manche. Pline 1.7. c. f6.
attribue l'invention du marteau à Cyrina fille d'Agriope. Il y a de
différentes fortes de marteaux, fçavoir :
Marteaux bretez ou bretélez -, pour tailler la pierre. V. p. ff.
Planche X:
Marteaux à panne droite , dont les Serruriers frappent le fer ,
& l'élargiflent. Voyez page 166. 172. Planche XXXV.
Marteau à rabatre , Se à panne de travers pont forger & efti-
rer le fer 166.
Marteau à devant, là.
Marteau à main. Id.
Marteaux à main à panne de travers , & à panne droi-
te.
Marteau à tefte platte, pour drefïèr & planir le fer.
Marteaux à tefte ronde , pour emboutir les pièces rondes &
demy-rondes.
Petits Marteaux d'Eftablie pour pofèr& ferrer la befogne. V-
p,
176. Planche XXXVII.
Marteau dont fe fervent les Plombiers. Voyez page 121. PI.
XXVI.
Mar-
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M A                                       45-9
Ma rt e au à fendre dont fe fervent les Paveurs. Voyez page 124,.
Planche XXVII.
Autre Marteau à paver & fouiller la terre qu'ils appellent Mar-
teau'd'affieîte. Id.
Petit Marteau qu'ils nomment Tortrait. Id.
Marteau dont fe fervent les Menuifiers V. p. 125). 138. PI.
XXXII.
Marteau des Vitriers. V. p. 192. 204. Plan. XLV.
Marteau rond dontfeferventlesCouvreurs. V.page 109. 112,
Planche XXIV.
Martelet à mefme ufage. Id.
Martel s ne ; c'eft un petit marteau qui eft en pointe d'un cof-
té, & qui de l'autre a des dents en manière de doubles pointes, for-
tes & forgées quarrément pour avoir plus de force. La Marteline
doit eftre de bon Acier de Carme. Les Sculpteurs s'en fervent à
gruger le marbre , particulièrement dans les endroits où ils ne peu-
vent s'aider des deux mains pour travailler avec le cifeau & la mafle.
Voyez page 227. 229. Planche XLVIII.
Masque. Ce font des viiàges feparez du reftedu corps, dont on
fe fert dans les ornemens de Sculpture & de Peinture. Quelques-uns
nomment Mafcarms , de gros mafques faits de Sculpture.
Masse de fer pour abbatre & fendre la pierre. Voyez, p.
5J.P1.X.
Massej gro» marteau avec lequel les Sculpteurs dégroffiflènt leurs
ouvrages en frapant furie cifeau, V. p. 226. 229. PI. XLVIII.
Masse de fer dont fe fervent les Fondeurs. V. page 241. Plan-
che L.
Masse dont l'on fe fèrt pour graver en relief & en creux. Voyez,
page 2 fo. 2 58. Planche LV.
Massicot-, couleur jaune pour peindre. Voyez page 299.
Massif. En maçonnerie ondkMa/fifzu lieu de folide ; un MaJJîf
de pierre de taille
, c'eft-à-dire unechofe pleine & folide. Vitruve fe fert
du motdeTulvinuspour fignifier un maffif de Maçonnerie qui fe fait
dans la mer pour conftruke un Mole. Tulvinus qui hgnifîe proprement
un oreiller, fe prend auffi métaphoriquement pour une platte-forme ou
aflèmblage de charpenterie, fur lequel on traifne de lourds fardeaux; ce
quiafait croire à M. Perrault furVitruve, quec'eftdelaqu'eft venu le
mot de Toulain, que nous donnons à ces fortes d'afïemblages.
Mastic i c'eft une compofîtion avec laquelle on maftique, c'eft à-
dire , on attache un corps avec un autre.
Mmjn 3                   Mas-
-ocr page 485-
4^0                      MA                 .ME
Mastic dont fe fervent les Menuîfîers. Voyez page ifp.
Mastic avec lequel les Lapidaires font tenir leurs pierres pour tra-
vailler. Lithocûtta, P, Casfius 1. 2. ch. 16. de minerai, Malt ha eftoit
suffi une efpece de Maftic, ou ciment des Anciens, Cardan 1.7. defubtil.
Mastic à faire des moules pour les ornemens de Stuc. V.
p.
246.
Mat, or mat. Argent mat. V. Amatir.
Matir , ou amatir. V. Amatir.
Matériaux , c'eft tout ce qui fert à baftir. On appelle particu-
lièrement Matériaux les pièces de taille & de moillon.
Matières neceflàires pour peindre fur le verre. Voyez p,
Matoir. Petit outil avec lequel ceux qui travaillent dedamafqui»
nerie, 6c d'ouvrages dé rapport, amatiftent l'or. Voyez pag. 3 2 S.
Matoir dont fe fervent ceux qui gravent des carrez de médail-
les. V. p, 2 fo. 2 5-8. PI. LV.
Matrices. Voyez p. 2fo.
Mattons. Irai. Mattoni, fignifîe des Briques. Quelques-uns em-
ployent ce mot à la manière des Italiens, pour dire de gros carreaux
de brique qui fervent à paver.
Mèche. On nomme ainfi le fer d'un villebrequin qui fert à per-
cer * le villebrequin eftant compofé du manche ou poignée , & de
la mèche. On dit auffi la mèche d'un tarière & d'un Trépan, Voy.
VlLLEBREqUIN. TREPAN.
Médaille, de pim»-ov, metallum. V. p. 24p.
Médaillon , grande médaille.
Megalographie. C'eft un mot dont il n'y a que Vitruve 1. 7.
c. f. qui fe (bit fèrvy pour fignifier des Peintures magnifiques, telles
que font les fujets qui traitent de l'Hiftoire y de mefme que Ryparo-
graphie
veut dire des Peintures viles & des fujets bas , tels que font
des animaux , des fruits, & autres.
Meline. Lat. Melinurn. C'eftoient une terre dont ancienne-
ment les Peintres fe fervoient. Les Auteurs font de differens avis fur
fa couleur. Celle de l'ochre de rut approche fort de la defcription
que Diofcoride en fait.
Meslange de couleurs. Me (langer ou méfier.
On dit mejler les couleurs fur la palette avec le couteau -, les méf-
ier avec le pinceau fur la toile
, & les noyer enfemble.
Membre. On dit en terme de Peinture parlant d'une Figure, que
tous les membres en font beaux & bien proportionnez-, Toutes les parties
bien
-ocr page 486-
M E                                        4^1
bien articulées \ les contours correc7sf & bien prononcer.
Dans l'Architecture on appelle Membres toutes les parties qui com-
pofent les principales pièces , comme font les Doucines, les Aftragales»
les Cymaifes, &c. On nomme auflî Membres d'une maifon les diverfès
pièces ou apartemens qui la compofent.
                                          :
Les parties d'un Edifice qui font au deffùs des chapiteaux des colon-
nes, comme l'Epiftyle, le Zophore, la Corniche, le Fronton, les Acro-
teres &les autres ornemens qu'on met pour fervir d'amortiflèmens,
doivent eftre penchez en devant par le haut, de la douzième partie de
leur hauteur, pour faire un plus bel effet à la veuë. Vitr. 1.3. c. 3.
M.EM.KKOT>!. FojeZ BOURSE AU.
Membrures, Ce font de grofïès pièces de bois refendues. Lat.
Afferes.
Ménager. En terme de Peinture on àkmenager Je s couleurs-, Mé-
nager fes teintes-,
c'eft conferver les plus fortes & les plus claires pour
les parties les plus proches, & pour les rehauts.
Meneaux , ou croifillons de feneftres -, ce font les réparations
des Tableaux & ouvertures^ ces fèparations font ordinairement de pier-
re, ou de bois.
M en 1 a ne .Les Italiens nomment ainfi les petites terraflès & lieux dé-
couverts de leurs maifons, où l'on voit fouvent les femmes du commun
quis'expofentaufoîeilpour fecher leurs cheveux après les avoir lavez
afin de les rendre blonds. Philander dit que les Menianes eftoient an-
ciennement ce que nous appelions Galleries & Balcons,qui ont une fail-
lie hors de l'Edifice, & qui font foûtenus par des Corbeaux ou Confo-
les. Selon Nonius, & plufieurs autres Auteurs Latins, le mot de Menia-
ne
vient de Menius Cenfeur, quile premier fit pofer fur des Colonnes
des pièces de bois, qui faifant faillie hors de fon logis, luydonnoient
moyen de voir ce qui fepafïbk dans la place publique. Et A fconius ex-
pliquant l'origine de ce mot, rapporte que ce Menius ayant vendu fà
maifon àCaton&àFlaccusConfuls, pour y baftir une Bafil'îque, il
en referva une colonne avec droit d'y élever feulement un petit toit de
planches, où luy & fes defcendans pufTent avoir la liberté de voir les
combats des Gladiateurs Que cette colonne fut appellée Meniane:
ce qui a donné lieu enfuite de nommer de la forte toutes les avances &
faillies que l'on fit à l'imitation de celle-là.
Menuiserie. Voye&page 126.
Menuisier . On appelle Minutarius, un Menuifier, à caufè, félon
quelques-uns, qu'il travaille en petit, en comparaifon du Charpentier.
Les Menuifiers qui travaillent en groffé befogne font appeliez
Me-
-ocr page 487-
0i                        ME
Memùfiers êafj'emblage^ à la différence de ceux qui travaillent à âcs ca-
binets, & à des tables de pièces de rapport & de marqueterie, lefquels
on nomme Menuïfiers de Marqueterie ou de T laçage. Voyez p. 140.
Me'p l a t, c'eft- à-dire qui a plus d'épaifîeur d'un cofté que d'unau-
tre, comme fèroit une folive quiauroit fix pouces fur trois.
Merxons des flancs d'un baftion. V.p. 6j.
Merre in, Mefrein ou Marein; c'eft du bois dont l'on fait des pan-
neaux & d'autres ouvrages de Menuiferie, de pzeJÇw, dzvidere, parce
qu'il eft propre à fendre. On ne s'en fert point pour baftir.
Mes qu 1H, chetify en terme de Peinture & de Sculpture, on dit une
manière mefquine>
c'eft-à-dire petite, pauvre, & chetive, qui n'efî pas
de bon gouft. L'on fefert du mefme terme daas l'Architecture, lorfque
les membres en font petits & chetifs.
MRTAH,,depsTK»sflv, metallum K^à Minéral.
Met ail, dont on fait des Figures. V. p. 240.
Metoche , /*sto£j/. Vitruve appelle ainfi Pefpace qui eft entre les
denticules. Quelques-unsdifentquec'eft une faute dans le texte, &
qu'il doit y avoir pê5o7r>j.
Métope, fWjn?. C'eft dans la frifè de l'ordre Dorique, l'efoace
qui eft entre chaque Triglyphc. Les Grecs nomment opas > ce que les
Latins appellent cava columbaria-> qui eft l'endroit où les bouts des foli-
ves & des chevrons font pofez. De forte que foi lignifiant un trou, ou
une caverne, le mot de Métope ne veut dire autre chofe, que ladiftan-
ce qu'il y a d'un trou à un autre, c'eft-à-dire d'un Triglyphe à un au-
tre 5 parce que les Triglyphes font fupofez eftre des bouts de fblives ou
de poutrelles, qui rempliffent des trous. Les Anciens ornoient cet en-
droit de telles de bœuf, debaflins, devafes, & d'inftru mens fervanc
aux facrifices. Mais parce qu'il y a beaucoup de difficulté à biendif-
pofer les Métopes & les Triglyphes , pour les mettre dans la jufte
fymmetrie que l'Ordre Dorique demande , il y a eu des Architectes
qui jugeoient à propos de ne fe fervir de cet ordre que pour baftir
des Temples,
Mettre de champ. Onâxtmettredesfolivesdechamp, lorfqu'on
les pofè fur la partie la moins large -, C'eft-à-dire que fi elles ont fix pou-
ces d'un fens & quatre de l'autre, & qu'on les mette fur la partie de qua-
tre, elles font pofées de champ, & ainfi de toutes autres pièces de
bois équanes, qui en ce fens ont beaucoup plus de force & ne ployent
pas. Car le bois a cela de propre, qu'ayant peu de largeur & beau-
coup d'efpaifîèur, il eft difficile à rompre & à caffer lorfqu'ileftmis
«le champ, comme feroit un aisdedeux pouces feulement d'épaif-
feur.
-ocr page 488-
ME                            MI                      463
iêur. Et c'eft fur ce principe que Phiibert de Lorme a donné d'ex-
celîens moyens de faire de la charpenterie à peu de frais.
On dit auffi mettre les poteaux du fond au pan de boisy c'eft-à-di-»
re du bas en haut, ou les pièces debout. Voyez page 84.
Mettre du bois fur fon fort \ c'eft quand la pièce bombe , &
qu'on met le bombement deflus. Voyez page 86.
Mettre les pièces de bois en leur raifon. Voyez page 87.
Mettre l'acier en couleur. V. p. 162.
Mettre l'or en couleur. V. p. 2fi.
Mettre en plomb -, On dit mettre des vitres en plomb, lorfqu'ii
faut regarnir les panneaux de plomb neuf.
Meulière , ou Molliere -, On nomme pierre de Meulière celles
dont l'on fait les meules de moulin. Comme elle eft rude & fpon-
gieufe on s'en fert avantageufement dans les grottes -, & mefme on
en met au feu des morceaux pour Iuy donner une couleur plus rou-
ge. V. p. 319.
Meurtrir le marbre , c'eft lorfqu'on le frappe à plomb avec le
bout de quelque outil, comme quand on travaille avec la boucharde.
V. Boucharde.
Mezanines, ce motn'eft guère en ufageparmynous; quelques-
uns s'en fervent à l'exemple des Italiens , qui nomment ainfî les en-
tre-foies , où ils pratiquent de petites garderobes pour loger les va-
lets proche la chambre du maiftre.
Mines de fer. Lieux où l'on tire la matière du fer. II y en aplu-
iîeurs en France. Vp.1%3.
Mine, couleur pour peindre. Elle eft faite de cerufe brûlée
dans une fournaiie. Pline la nomme UJia ; Vitruve 1. 7. c. 12. San-
daracha.
Serapion , Minium : & les Droguiftes , mine de plomb. Sa
couleur eft d'un rouge orangé fort vif. L'on ne s'en fert guère dans
les Tableaux. V.p. 183. 25*9.
Mine ou fourneau 5 terme de fortification. Voyez page 69.
Minéral. Les Anciens ne diftinguoient point les métaux des mi-
néraux. Ils appelloient metalla tout ce qui fe tire de la terre, comme
l'ochre, les pierres , le fel & les autres chofès, qui depuis ont efté
nommées mineralia ècfojfdta.
M1 n 1 a ture ; c'eft une manière de peindre fur le veljn avec des
couleurs très-fines , détrempées avec de l'eau de gomme. On dit
peindre en miniature % un portrait de miniature 1 un ouvrage de mi-
niature. Voyez page
304.
Mischio, efpece de marbre. V p- 38.
Nnn                       Mi-
-ocr page 489-
464.                       MI                       MO
Mitraille dont l'on fe fèrt à fouder, elle eft faite de cuivre,de
fer & d'argent. V.p.159.
Modelle, Les Peintres & les Sculpteurs nomment modelle tout ce
qu'ils fe propofent d'imiter. C'eft pourquoy dans l'Académie de Pein-
ture^ de Sculpture, on nomme Modelle celu y qui s'expofe toutnud
devant les Efcoîiers, pour deflèigner d'après luy.
Les Sculpteurs nomment encore modelle les Figures de terre ou de ci-
re qu'ils ne font quelquefois qu'ébaucher pour leur fèrvir de deflêin &
en faire de plus grandes, foit de marbre ou d'une autre matière.
On dit aufli modeler lorfqu'on travaille de cire, ou de terre pour fai-
re quelque ouvrage de Sculpture V. page 220.
On dit encore le modelle d'un baftiment.. Le modelle d'une forte-
refle. Mais on n'appelle pas modelle , le premier deflêin ou efquiflè
d'un Tableau y on dit ledejfem , quoy que les Peintres difent qu'ils
ayent eu pour modelle tels ou tels ouvrages,
Mo dénature. Ce mot vient de l'Italien Modenaîura, dont
quelques-uns le fervent pour dire les membres ou moulures de
l'Architecture.
MoDiLLONs. Ce font de petites confoles pofées fous le plat-fond
des corniches , & qui fervent à en fbuftenir la faillie. Ce mot figni-
fie en Italien un petit module, une petite mefure. On voit dans la
corniche Corinthienne & dans la corniche Compolite , de ces modil-
lons qui fouftiennent la partie du larmier. Dans la corniche des tym-
pans ou frontons les modillons doivent eftre à plomb, comme ilsef-
toient au fronton de Néron. V. Mutule.
Module. C'eft une grandeur que l'on eftablit pour régler toutes
les mefures de la diftribution des Edifices. Les Ârchiteftes prennent
cette mefure fur le diamètre du bas de la colonne, dont ils fè fervent
pour mefurer toutes les autres parties d'un baftiment. Ordinairement
dans l'ordre Dorique le module n'eft que la moitié du diamètre de la
colonne -r Et dans les autres ordres le moduleeft le diamètre entier.
Moilon. Voyez Moueslon.
Moïses, ce font liens de bois. V. p. 90.
Moïses d'un Engin. V. p. 100. PI. XX.
Moïses d'une Grue. V. p. 102. PI. XXI.
Mole } c'eft un rempart, ou une forte muraille que l'on fait dans
les ports de mer contre l*impetuofité des vagues , & qu'on appelle
aufli quelquefois Jettées.
Molette d'efperon pièce de vitre. V. p. 198. PI. XLII.
Molette dont Ton fe fert pour broyer les couleurs » c'eft une
-ocr page 490-
MO                                      4<j f
pierre de marbre, de porphyre, d'écaillé de mer , ou autre. Les Ita-
liens l'appellent, il macineîlo. V. p. 301. PI. LXIL
Molière. Voyez Meulière.
Monoptere j c'eft-à-dire , qui n'a qu'une aile. C'eftoit une ef-
pece de Temple rond , dont la couverture faite en croupe n'eftoit
ibuftenuë que fur des colonnes. Voyez les Notes de M. Perrault fur
le 7. c. du 4. 1. de Vitruve.
Monnoye i lieu où l'on fabrique la monnoye. Itaî. Zec-
ca.
M o n t a n s s pièces de bois drefîees debout. ArreBaria.
Vitr.
Montans des portes où l'on attache les gonds, Scapi cardinales,
Vitr. V. p. 127. 130. PI. XXVIII.
Montans, Pièces de bois. Voyez* Poinçons:
Montée. On appelle la montée d'une voûte, IbnexhaufTemenf.
On dit aufïï la montée d'une colonne , pour dire fa hauteur, & la
montée d'un Edifice, pour marquer fon élévation.
Montée. Voyez, Escalier.
Montesson. Pierres de Montefîbn. Voyez pag.^%.
Moraillon d'une ferrure. V p- 153.
Mors d'un eftau. V. Es tau.
Mordant , ou mors d'afne » c'eft une manière de couper le bois.
L'on dit des tenons & blochets travez à mordant , où mors dtafiie*
comme parlent les Ouvriers. V. Blochets. V.p. 85.54. PI. XVII.
Moresques , & Arabefques, ce font certains rinceaux d'où far-
tent des feuillages qui font faits de caprice, & d'une manière qui n'a
rien de naturel, on s'en fert d'ordinaire dans les ouvrages de damaf-
quinerie , & clans quelques ornemens de peinture , ou de brode-
rie.
Morpil. L'on appelle ainfï des barbes ou inégalitez d'acier, qui
demeurent au taillant des outils après avoir efté affûtez fur la pier-
re à affiler. Ceux que l'on affûte d'abord fur la pierre de grez ys'af-
filent
enfuite fur la pierre à affiler pour ofter le morfil.
Mortaises, ou Mortoifes -, ce font des ouvertures que l'on fait
dans le bois pour y aflèmbler des tenons. On dit des mortaifesjîmples
piquées jufies en about.
Et celles où il y a des embrevemens, on dit
piquées autant jufies engorge , qu'en about. V. p. 86.
Mortier. Ce mot a diverfes lignifications 5 quelquefois il veut
dire un vafe de métal , de marbre ou de bois propre à broyer. Lat..
Mortarium , pila,
Nnn 2                     Les
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466                                          MO
Les maçons appellent fouvene mortier la fofle où ils détrempent la
chaux, ce queVitruve nomme auffi mortarium : Mais d'ordinaire parmy
eux, ce qu'on nomme proprement mortier, eft la chaux détrempée avec
le fable ou le ciment. Lorfque le mortier de chaux & de fable feche trop
toft, il n'eft pas durable. Il faut aufTï difcontinuer le travail plus ou moins
de temps, félon que le mortier eft plus long- temps à lécher dans une fài-
fon, ou dans un pays qu'en un autre, afin que l'ouvrage ait loifîrde s'af-
fermir , & de prendre corps avant que d'eftre furchargé.
Quand un enduit eft fait de chaux & de fable ; les Lat. appellent cela
arenatum opus-. Et fi ce n'eft qu'un- blanc de chaux pure, ou de pias-
tre , ou de Stuc , ils le nomment albarium opus.
Mosaïque , Mufaïque. Lat?. mufaum , mufivum vermiculatum ,
fegmentatum opus. C'eft-à-dire un ouvrage fait de petites pièces &
morceaux de différentes couleurs (bit de pierre, foitde bois. Opus mufi-
vum
vient félon l'opinion de queîques-unsde#z&/^, comme qui diroit
induftrieux, & où les Mufes ont part, à caufe de la delicatefle & beauté
de ces fortes d'ouvrages. V. p. 312.
Mouchettes , efpece de rabot. Il y en a de différentes fortes.
V. p. 128. 15tf.Pl.XXXI.
Mouchettes faillantes. Les Sculpteurs & Menuifiers nomment
ainfi le Plinthe ouLiftel, qui eft ordinairement au deffus d'un talon,
ou quart de rond dans les ornemens. Les Italiens difent mo'zzaret
taglïare in tronco
, qui lignifie tailler & fèparer en deux , ou enjiutea
comme nous difbns.
On nomme auffi Mouckette la couronne , ou larmier d'une corni-
che , mais particulièrement le petit rebord qui pend au larmier des
corniches, &queVitrJîv. 4. e. 3. appelle mentum. Il eft fait afin que
l'eau ne puifïè couler en defïbus.
Moueslon, ou Moijlon , Pierre à baftir. M. de Saumaifè fur So-
Hn : Quod veteres, dit-il, cœmentum vel cœmentitium faxum appella-
runt
, hodie medullonem vocamus, quod inftruttura médius infercia-
iur inter quadratos lapides.
Le moûellon le plus propre à baftir eft
ferme, afore, plac, & de bonne aflîette. Le meilleur qu'on employé
àJParis fe tire des carrières de faint Maur. Celuy de Vaugirard eft auf-
fi fort bon. Celuy de Charenton eft moindre , & celuy de Pafly, de
Chaliot êç d'Auteuil n'eft pas encore fi bon.
Mouelleux , terme dont l'on fe fert en Peinture pour exprimer
la tendreflè, qui fe rencontre fbit dans les carnations , foit dans les
draperies, quand il n'y a rien de trop fec, &qui tranche dans le def-
fein, & dans les couleurs.
Mou-
-ocr page 492-
M O                                       467
Moufle de {*»%*■&> C'eft un morceau de bois quarré qui a plu-
fîeurs mortaiiès, où font enfermées les poulies, c'eft-à- dire les roues
que Vitruve nomme orbiculï. Troclea qui fignifie proprement une pou-
lie, fignifie auffi une moufle. Mais en François le mot de Moufle > ne
fe prend que pour un aiîèmblage de pîuileurs poulies enchaflèes dans
des mortaifes , comme celles que les Grecs nomment Tentafpaf-
ton>
qui eft une moufle ou bandage contenant cinq petites poulies.
Car en gtec pente veut dire cinq, ècfpaftos une poulie, de eW», je tire.
Tolyfpafton
veut dire auffi une moufle à plufieurs poulies. Vitruve
fefèrtdu mot Artemon pour lignifier une moufle adjouftée à d'autres*
Ikd'Epagon pour dire une moufle qui tire à fby .On appelle encore mou-
fles tout ce qui eft fait comme pour faire despoulies, quoy qu'il n'y en
ait pas, & que ce foit des pièces de fer ou autre chofe, qui fe lient enfem-
ble avec chevilles, comme des charnières. L'on nomme auffi Efcharpe
la moufle d'une poulie, V.p. 51. & 61. PL XIII.
MouFLESjdontfè fervent les Orfèvres & les EfmaiHeurs.C'eft un pe-
tit arc de terre qu'ils mettent au feu, & fous lequel ils font pa>-fondre
leurs efmaux. V. p. 311.
Mouflettes , efpeces de manches de bois. V.p. 192. 204. PI,
XLV.
Moule pour jetterlestablesde plomb. V.p. 114.. 119- PI. XXV. '
Moule à faire les tuyaux de plomb fans foudure. Vp. 116. 121.
PI. XXVI-
Moule, ou creux à jetter des Figures de bronze,de pîomb,dc plaftre,
©uautrement.V.p. 27, t. 245.
Moule appellée Lingotiere, dont fe fervent les Vitriers. V.p.
200. XLIII.
Moule à liens, ld.
Moule, ou Patron dont fè fervent les Appareilleras & Tailleurs
de pierre, & ce que l'on nomme plus ordinairement/vz##^#. C'eftune
forme de bois, de cuivre, de fer blanc, ou de carte, fuivant laquelle on
trace fur les pierres, les profils des corniches, des architraves, desba-
fes Se des autres pièces d'Architecture pour les tailler. Il faut que les
pierres fbient équaries & jaugées-, & enfuite on les moule, ( e'eft-à- dire
on les trace) avec une petite broche ou pointe d'acier, félon la figure &
les moulures qu'on veut donner à la pierre.
Moule de plaftre ou de maftic pour faire des ornernens de Stuc,
V.p. 24.6.
Moule de bois pareil à ceux cy-deflùs, dont les Maçons en plaftre
pouflent leurs corniches pendant que le plaftre eft encore mol.
Niin %                      Mou»
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4<58 •                 MO                    MU
Mouler an plaftre, en bronze, en cuivre j &ç. cseft lorsqu'on
fait couler la matière dans les creux.
Mouler, une pierre, c'eft tracer deffus la figure des panneaux fur
quoy on doit la tailler.
Moules, coquilles* l'on s'en fert à faire des Grottes. Voyez page
MouLETTES,petites coquilles./^.
Moulin fervant pour les Lapidaires. V. p. 261.264,. PI. LVI.
Moulinet de l'Eftablie des Plombiers. V.p. 117.121.PI.XXVI.
Moulinet qui fert aux machines pour tirer les cordages, & pour
élever les fardeaux. Il fait partie du Vindas ou Singe , appelle Er-
gata.
Car le Vindas eft une machine compofée d'un moulinet, dont le
treiiiî eft tout droit, & accolé par des amarres, dont l'une eft en haut3
& l'autre en bas, avec un grand empâtement pour tenir ferme-con-
tre le bandage. Quand on veut s'en fèrvir, pour monter des batteaux ou
pour en tirer la marchandifè, on fait tourner le treuil par le moyen des
leviers qui le traverfent par en haut, & les cordages tournent horifonta-
lement tout au tour.
Moulinets qui fe mettent dans les dehors des places fortifiées.
V-P-ll-
Moulinets en tranchoirs; Moulinets doubles* Moulinets en tran-
choirs évidez*cefontdes pièces de vitres. V.p 196. PI. XLI.
Mouleures d'Architecture, Toit en pierre, foit en bois. Ce font
toutes les parties éminentes, quarrées & rondes, droites ou courbes,qui
ne fervent d'ordinaire que pour les ornemens. Il y en a fèpt efpeces
principalesjfçavoirla Doucine,leTalon,Ia Mouchette,le quart de rond,
]'Aftragaîe,le Denticule, & le Cavet.
Mousse Voyez, Rongne.
Moutons. On fe fert de diverfes machines pour enfoncer les pi-
lotis 1 celle qui eft de plus grand appareil s'appelle Sonnette, & le
billot qui frappe fur les pilotis fe nomme Mouton. Lors que ce bil-
lot eft attaché à un engin pour lemefme ufage, on l'appelle Hie. V.p.
90.104. PL XXII.
Moyeu d'une roue ; c'eft une pièce de bois arrondie & percée par le
milieu, dans laquelle pafîèl'effieu; les rays ou rayons de la roué* font em-
manchez autour du moyeu.
Murs, ou murailles, Les murailles fe font en différentes manières,
les unes de grofïès pierres de taille, les autres de moùellon, les autres
de cailloux, les autres de briques difpofées en échiquier ou par angles,
& ainfî de différentes façons. Voyez M açonn e r 1 e .
Les
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MU                                            469
Les Anciens faifoient des murs de rempîage qu'ils nommoientaufïï
à coffre, fe fervant d'ais mis de champ, & dans l'intervale qu'ils ju-
geoient neceflaire pour l'efpailîèur qu'ils vouloient donner a leurs mu-
railles ; ils rempliflbient cet intervale de mortier & de toutes fortes de
pierres. Cette manière de conftxuire eft propre pour faire des digues,
Ôcpour travailler dans l'eau. V. Vitruvel. f. c. 12.
L'on donne des noms difîerens aux murs fuivant leurs differens ufa-
ges. Car il y a de gros murs, des murs de feparation, ou de refend -,
des murs de face, des murs mitoyens, &c.
Murer, ceindre & environner de murailles. On dit zxxffimurer une
forte ou unefeneflre
, lors qu'on la bouche de maçonnerie.
Museau d'une clef de ferrure, c'eft l'endroit du panneton où les
dents font entaillées. V.p. 170. Plan. XXXIV.
Mutile', p'^AOf, mutilus. L'on dit en Archke&ure un membre
■mutilé,
pour dire rompu,eftropié.
Mutilât ions, efiropimens. C'efl un défaut dans les baftimensde
voir des parties mutilées & eftropiées} comme quand on interrompt
des Architraves, des Corniches, ou des Frontons.
Mutules. C'efl: une efpece de modillons quarrez dans la cor-
niche de l'ordre Dorique j nous les appelions corbeaux en François, &
les hû.modtglioni, quieftlamefmechofe, quoy qu'on puiffe diftin-
guer les mutules des modillons} les mutules c^m feulement pour l'or-
dre Dorique, & les modillons pour les autres ordres, La mefmeraifon
quiafaitreprefenter desTriglyphes dans la frife de l'ordre Dorique
pour marquer le bout des poutres ou foîives qui portent fur l'Archi-
trave, a fait mettre des mutules fous la corniche du mefme ordre pour
figurer le bout des chevrons, ou plu') oft des jambes de force, qui for-
tent en dehors courbées par l'extrémité, comme l'explique M. Perrault
fur Vitruvel.4.c. 2.
Philander obferve que les Archite&es pofterieurs à Vitruve, non
feulement fe fontfervisde^a^/wfousla corniche de l'ordre Dorique,
mais qu'ils en ont mis aufîî dans l'ordre Compofîte , qui tiennent
quelquechofedu mutuleDorique, & du modillon Corinthien, comme
s'ils eftoient compofez de l'un & de l'autre. On peut ajoufter à la remar-
que de Philander, que Vitruve n'a point diftingué ies modillons fervant
à l'ordre Corinthien, d'avec les mutules Doriques.
Le mot de mutule vient du verbe mutilare'-, àcaufe que les mutules
reprefentent ies bouts des chevrons ou jambes de force mutilez &
coupez.
N
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47»                 N A                  NE               N ï
N
NAcre. Voyez p. 319.
Naissance. Onditlelieu oùeftfondé la naiffance'd'un cor-
beau >d'unepoutre, d'un pilajire^d'une voute^&c.
pour marquer l'endroit
où ils font pofez, & commencent à paroiftre.
Naissance. Onnommeafiez fouvent laNaiflance, cequ'on ap-
pelle autrement Congé ou Efcape.
Nancelle, ouNaflelle. De Lorme & quelques autres appellent
ainfi la concavité qui eft entre les deux tores de la bafc de la colonne, &
ce qu'on nomme ordinairement Scotie. V. Scotie.
Navette de plomb c'eft ce qu'on nomme auffi Saumon. Voyez
Saumon.
Nef d'une Eglife ou d'un Temple -, Vitra ve l'appelle Cella. Le mot
de Nef vient de veoV, forte de vaifleau, ou bien de v<*«V -, les Grecs ap-
pelant ainfi unTemple.
Nerfs des voûtes, ou des branches d'Ogives, ce font les mouleu-
res des branches d'Ogives ou Arcs. Voyez Voûtes d'Ogives.
Niche. C'eft une cavité ou enfoncement que l'on pratique dans l'é-
paifîeur des murailles pour placer des Statues ou autre chofè.
Nieller, ouNeler, c'eft une manière d'efmailler fur de l'argent.
Le mot latin eft nigellum, qui vient de niger. Les Italiens di Cent niella.
Niveau. C'eft un inftrument qui lért à pofer horilbntalement les
pierres ou autres pièces fervant à l'Architecture, & généralement à
drefîèr Scapplanir tout ce qui doit eftre horilontal. Il y a plufieurs ef-
peces de niveaux quife font ou parle moyen de l'eau qui donne immé-
diatement la ligne horifontale, ou à l'aide du plomb, dont la ligne tom-
be perpendiculairement fur la ligne horifontale que l'on appelle/^ li-
gne deniveau. Mettrcàniveau
s'entend en deux façons, fçavoir lors
qu'on dit mettre une ou plufieurs chofes de niveau fmvant la ligne
horifontale,
oulesmettre à niveauJuivant leur pente, c'eft-à-dire fur
une mefme ligne inclinée.
Niveau à plomb plein. V. p. 88.96. PLXVIII.
N1 veau à plomb percé Id.
Ni veau fervant aux Plombiers. Voyezp. 118.115». PL XXVI.
Niveau des Paveurs. V.p. 124. PI XXVII.
N1 veau des Sculpteurs. V.p. 22,1. PL XLIX.
Le mot de Niveau vient de Lihella.On difoit anciennement Liveau.
Les Italiens Livello.Les Ouvriers difent à niveau,ou de mveau,ou nive-
lés
-ocr page 496-
lé, ce qu'en Geometrieon appelle horifontal > Et difent a plomb , ce
qu'on nomme vertical. Ils nomment les lignes tirées verticalementj
des plombs, ou aplombs ; Et pour dire incliné, ils difent en furplamb,
en rempant, en talus, en glacis.
Niveler; veut dire auffi , chercher la différence des hauteurs ,
pour connoiftre les différentes élévations > foit pour la conduite des
eaux , foit pour d'autres befoins.
Noeuds d'une charnière , fiche, ou couplet. Voyez Couplet.
Fiche.
Noeud qui eft dans le verre. V. p. 190.
Noeuds qui fe trouvent dans le marbre yJV. Clous,
Noir pour peindre. V. p. 293.
Noir de fumée. V. p. 299.
Noir d'os «Se d'yvoire. V. p. 299.
No le t s, ou Neulets Se Chevalets -, ce font les deux Noues d'u-
ne lucarne, ou les enfoncemens de deux combles qui fe rencontrent.
On appelle des toits à quatre noués renfoncées , lorfqu'ils font faits
à quatre pignons. V. p. 108.
Noquet ; c'efl une petite bande de plomb que l'on met ordinai-
rement dans les angles enfoncez des couvertures d'ardoife , le long
des jouées des lucarnes & pignons ; Pour empefeher que les eaux ne
pénètrent dans les couvertures de tuile l'on met des Noues au lieu de
Noquets, ou foîins. V. p. 108. 110. PL XXIII.
Noue, efpece de tuile faite en demy canal pour égouter l'eau. Les
Couvreurs fe fervent quelquefois de tuiles hachées, qu'ils taillent ex-
prés à coups demartelets, pour fervir de Noues. V. p. 108.
Noues j ce font des pièces de bois qui fervent au lieu d'ar-
reftiers , à recevoir les empanons dans les angles enfoncez des cou-
vertures.
Nouer; en terme de peintures , on dit , un groupe de
Figures bien nouées enfemble
; des couleurs bien nouées les unes
avec les attires.
Nourri. On dit encore, un Tableau bien nourry de couleurs-,
bien empafté s
c'eft-à-dire , qui n'eft pas légèrement chargé de
couleur.
Noyau , ou Ame d'une Figure. Voyezpage 233.
Noyau d'une montée. V. Escalier.
Noyer j on dit noyer les couleurs les unes avec les autres, c'eft-à-
direméfiées tendrement. Sf avoir bien noyer les couleurs avec le pin-
ceau &la broJfe3 après qu'elles ont efié couchées les unes auprès des autres.
O00                            Nudj
-ocr page 497-
472             NU          OC           OD           OE
Nud i en terme de Sculpture & de Peinture , on dit, le nud d'u-
ne Figure
, pour parler de ce qui n'eft pas couvert de draperie. On
dit auffi les nuditez d'un Tableau , pour exprimer en gros que des
Figures font découvertes -, Mais lorfqu'en Peinture on veut marquer
en particulier ce qu'il y a d'art & de beau dans le nud des Figures »
on dit que les carnations en font belles.
On dit auffi en Architecture , le nud, pour lignifier une nu-face»
à laquelle on doit avoir égard , pour déterminer des faillies. Par
exemple Ton dit qu'un "Tilaflre doit excéder de tant de pouces le nud
d'un mur
, que les Feuillages d'un Chapiteau doivent répondre ait
nud de la Colonne.
O
OChes, ou Coches ; ce font des marques ou entailles , que les
Tailleurs de pierre, ou Charpentiers font fur des règles de bois
pour marquer des mefures.
Ochre , du mot &x& couleur pafle. Nous appelions Ochre une
terre jaune dont les Peintres fe fervent, & les Italiens la nomment ter-
ra gialla.
On appelle auffi Ochre rouge la terre rouge, qui fouvent eft une
mefme matière que l'Ochre jaune. La rouge eft ordinairement plus
proche de la furface de la terre , & femble avoir pris cette couleur
plus forte de la chaleur du Soleil qu'elle reçoit plus aiiement que
l'autre qui eft deflbus. Auffi en calcinant l'Ochre jaune on luy don-
ne une couleur rouge. Les Anciens emploioient le Stl% qui eftoit auf-
fi de couleur jaune , & une efpece de limon qui fe trouvoit dans les
mines d'argent. Pline 1. 33. c. 12. & 13. Il y a apparence que leSil
& l'Ochre n'eftoient qu'une mefme matière , le premier eftant le nom
latin , & l'autre le nom grec. On peut voir Vitruve 1. 7. c. 7. V.p*
292.
Ochre de Rut. ld.
Octostyle , face ornée de huit colonnes.
Ode'e, odeumt «^«ov ; C'eft dans les Théâtres le lieu deftinépour
îa Mufique, & le plus propre à chanter, comme l'Orcheftre eft l'en-
droit le plus confiderable, & le plus commode pour les fpe&ateurs. Il
faut voir Vitruve 1. f. c. S. avec les Notes de M. Perrault.
Oeil d'un Eftau. Voyez Est au.
Oe 1 l de bœuf, les Vitriers appellent ainfî le nœud qui eft au mi-
lieu des plats de verre dont on fait les vitres. V- p* 190-
Oeil
-ocr page 498-
O E                                       47^
Oeil de bœuf , c'eft une petite lucarne ronde que l'on tait
dans la couverture des maiions pour éclairer les galetas & les
greniers. V. p, 108.
Oeil de la Louve. V. p. f3.Pl. IX.
Oeil du teftu V. p. ff,M.%.
Oeil du defcintroir. ld.
Oeil de la marteline. V. p. 229. PI. XLVIII.
Oeil, de la volute, c'eft fon centre qui fe taille en forme d'une
petite rofe. V. p. 14. PI. III.
Oeillets. Ceux qui travaillent en efmail , & qui peignent fur
l'or, appellent petits Oeillets, les bouillons que s'élèvent quelquefois
fur les plaquesefmaiîîéeslorfqu'onlesmetaufeu. V, p. 30p.
Oeufs ou Chaftaignes ; ornement qui fè taille au chapiteau de la
colonne Ionique. V. Eschine.
Oeqtjes , d'Oecos , qui fignifîe maifon. C'eftoit parmy les
Anciens de grandes Salles ou Salons deftinez pour les feftins &
autres divertifiements. C'eftoit aufîî le lieu où d'ordinaire les fem-
mes s'aflembloient pour travailler. Ces Sales avoient difFerens
noms , les unes s'appelloient Tetrajlyles , à caufè que la voûte ef-
toit fouftenuë par quatre colonnes. Les autres Corinthiennes , les
autres Egyptiennes , & d'autres Cyzicenes. Il faut voir Vicr.-I. 6. c.
f. Palladio 1. 2. c. 7.
Ogives , ou Âugives, on appelle croisée d'Ogives , les arcs ou
branches d'une voûte qui traverfent diagonalement d'un angle à un
autre » & qui forment une croix entre les autres arcs qui font les cof-
cez du quarré , dont les arcs font les diagonales, ce qui fe voit aflez
dans nos Eglifes. Le milieu où les Ogives fe coupent ou ie croilènt,
s'appelle la clef, qui eft quelquefois taillée en forme de rofè , ou de cul
de lampe. 11 y a des clefs fufpenduè'squi fouftiennent quatre courbes
qui s'aflemblent aux ogives. Les membres ou moulures des ogives
s'appellent nerfs , les Arcs qui feparent chaque croifée d'ogives fè
nomment fou vent Arcs double'aux , parce qu'ils font d'ordinaire le
double des autres, & ceux qui font aux coftez , comme le long des
murailles , & à leur oppafite Arcs former et s ou fermerets , lefquels
font en hémicycle ou en tiers- point, félon la montée, & l'exhauf-
fement de la voûte.-
Le plain de la voûte qui eft contenu entre les Arcs doubleaux, arcs
formerets, & ogives , fe nomme Pendentif. Ordinairement on fait
les Pendentifs de brique , de moùellon , ou de pierre tendre, mais il
faut que les couches des lits de la maçonnerie foient toujours faits
Ooo 2                        à
-ocr page 499-
474.             OI OM ON OP OR
à niveau &par lignes droites , qui proviennent du cintre dont eft ti-
ré la montée , fans que la circonférence faftè aucun Jaret -, & qu'el-
les foient conduites fuivant le tour du compas , après lequel auront
efté tirées les branches des voûtes. Il faut auffi que les joints foient
les plus petits qu'il eft pofîîble , afin de n'eftre pas obligé de met-
tre des eicailles de bois pour les remplir, ny mettre beaucoup de mor-
tier , mais feulement les abreuver de Laitance, qui eft de la chaux
fort grafie. V. Voûtes.
Oiseau. C'eft un petit ais pofé fur deux morceaux de bois
qui débordent , & qui- font comme deux bras. Les Goujats
les mettent fur leurs efpaules pour porter le mortier aux Maçons.
V. p 73. PI. IX.
Oiseau ou Efpervier , c'eft une efpece de palette fur laquelle on
met le mortier pour travailler de Stuc. V. p. 247. PI. LU.
Ombres; en terme de Peinture on dit, fçavoir donner les ombres%
donner de grandes & fortes ombres.
Onglet , ou Anglet. Il y a deux efpeces de retour dans les
moulures d'Architefture , l'une eft Amplement appeliée à Angle, qui
eft commune à toutes les moulures des corniches. L'autre eft appel-
iée àOnglet, qui eft le retour des chambranles oudesquadres. Mais
le terme à onglet eft plus en ufàge parmy les Menuifiers, qui appel-
lent cette manière de couper & joindre le bois, #72 affemblage àonglet.
V. p. 126. iso.
PI. XXVIII.
Onglettes , efpece de burins dont les Serruriers fe fervent. V.
p. 166.
Optique ; c'eft une fcience qui fait partie de la Mathématique,
& qui traite des chofes qui appartiennent à la veuë. Elle eft tres-ne-
ceflaire aux Peintres & aux Sculpteurs.
Or. mat, &or brunyy ce font deux manières différentes dont l'on
dore le bois & les métaux.
On prépare l'or en plufieurs façons ; car il y a l'or batu par feuilles?
l'or moulu, ou en coquilles ; l'or trait, &c.
Orchestre j c'eft aujourd'huy dans les Sales de comédies , le
lieu où eft enfermé la fymphonie. Anciennement l'Orcheftre eftoit
le milieu de tout le Théâtre , qui eftoit cornpofé de trois parties}
içavoir des degrez ou des fîeges de la feene , qui eftoit ce que nous
appelions le théâtre , & de l'orcheftre qui eftoit ce que nous nom-
mons parterre. Parmy les Romains c'eftoit le lieu où Ce plaçaient les
Sénateurs } mais parmy les Grecs c'eftoit la place où l'on danfoit les
balets des Comédies.
Or-
-ocr page 500-
OR                                          475-
Ordonnance. L'Ordonnance dans un Tableau, c'eft la difpofi-
tion des Figures & de toutes les autres chofès qui le compofent; Et dans
l'Architecture le mot d'Ordonnance , ne peut mieux eftre entendu
que par l'explication de M. Perrault fur le 7. chap. du 1. liv. de Vitru-
ve, où il dit que l'Ordonnance eft ce qui détermine la grandeur des pie-
ces, dont les appartenions font compofez. Si ce n'eft qu'on veuilléen-
core adjoufter à cela que l'Ordonnance eft l'arrangement & la difpofî-
tion de ce qu'on appelle Ordres, c'eft à-dire des parties qui compofent
les cinq Ordres d'Architecture.
Ordre. Il y a cinq Ordres d'Architecture. M. Perrault dans fes
Notes fur la Préface du quatrième livre de Vitruve, définit le mot
d'Ordre une règle pour la proportion des colonnes , & pour la figure
de certaines parties qui leur conviennent félon les proportions diffé-
rentes qu'elles ont.
Oreilles d'uncadenats .V.p.\ 55). 170. Pi. XXXIV.
Oreilles. Dam les baftimens ce font les retours qu'on fait faire
par en haut aux chambranles ou bandeaux des portes & des feneftresj
les Ouvriers les appellent aufïï Groffettes.
Orgueil. Quelques Ouvriers nomment ainfï l'appuy ou billot
qu'ils mettent fous leurs pinces & leviers lorfqu'ils veulent lever ou
mouvoir quelque groffe pierre ou pièce de bois. En appuyant le dos
des pinces & des leviers fur ce billot, & mettant les bifeaux fous le
fais, ils pefent de toute leur force, fur la queue des pinces , & lè-
vent par ce moyen tel fardeau qu'ils veulent fit comme un fî petit bil-
lot fert à faire remuer un corps confiderabîe, ils luy donnent le nom
d'orgueil. LesGrecsl'appellent vîcre^o^Aioy, hypomoclium, Treffo. Vitr.
i lo.e.8.
Orgues. V.p. 73.
Or 1 llon d'un baftion V.p. 66.
Orle , orîet, d'orlo. Palladio appelle ainfi le Plinthe de la bafè des
colonnes &du piedeftal.
                                                            > .
Original. On dit d'un tableau qu'il efi original quand ce n'eft
point une copie faite fur une autre. Les ignorans croyent avoir af-
fez eftimé un ouvrage quand ils ont dit qu'il eft original , ne fça-
chant pas qu'un Peintre mal-habile peut faire de fort mauvais ori-
ginaux.
Ornemens. Vitruve nomme ainfî l'architrave 3 la frife &: la cor-
niche de chaque Ordre, l/.p 28.
Ornemhns & moulure. Voyez,page 28.
Orpin. C'eft une couleur métallique & naturelle, & non pas
Ooo 5                             corn-
-ocr page 501-
4.76                  OR               O V                OU
cornpofée. Les Latins l'appellent auripigmentum, à caufe qu'elle eft
jaune comme l'on L'on s'en fert en peinture, mais rarement i car
tenant de l'arfenic & eftant la mefme matière félon quelques-uns ,
il eft dangereux de s'en fèrvir. Vitruve 1. 7. c. 7. lanomme arfenicon-,
L'arfenic des Anciens eftoit un minerai d'un jaune doré, au lieu que
le noftre eft artificiel, eftant fait d'orpin ou arfenic naturel cuit avec
du feî, & réduit en criftal. Poyez page 299.
Orthographie. Ce mot fïgoifie une defcription droite. Car
Orthos en grec veut dire droit. C'eft dans cette manière de deïïei-
gner les élévations des baftimens, que toutes les lignes horifontales font
' droites & parai elles, & non obliques comme quand on les reprefente
en perfpéclive. Orthographie eft donc l''élévation geometrale, comme
fcenographïe eft l'élévation ou defcription perfpeftive.
Ove. Dans l'Architecture , c'eft un ornement taillé en forme
d'ceufs , fur un membre appelle quart de rond , qu'on ne laifïè pas
de nommer Ove , quoy qu'il foit quelquefois Ample & fans orne-
mens. V. Eschine.
Oulices. Voyez Tenons.
Ourlet. Voyez Orlet:
Ou.-t le t ou ceinture de plomb. V. Plomb.
Outils, de Utile parce que tous les outils font utiles aux ou-
vriers qui s'en fervent.
Outils fervant aux Charpentiers. V. p. 88.
Outils à fuft fervant aux Menuifîers V. p. 127. 122. PI.
XXXI.
Outils à manche de bois , & autres. V. p. 138. PI.
XXXII.
Outil à ondes , dont fè fervent les Menuifîers de placage. V.
p.
141. 323. 326. PI. LXV.
Outils des Serruriers. V. p. 163.
Outil plat,fervant aux Lapidaires. V. p. 270. PL LIX.
Outre-mer. Ital. Oltra marino. Cette couleur très - necefîâire
aux Peintres, eft ainfï nommée parce qu'elle vient du Levant. Elle eftoit
fort rare & fort chère avant qu'on euft fceu en Italie &icy le moyen de
broyer & bien mettre en poudre le Lapis Lazult dont elle eft faite.
Mais la manière de le bien faire eft à prefent afïèz commune -, ce
qu'il y a de fâcheux , c'eft que la plus part de ceux qui travaillent
à le broyer , & l'avarice des marchands le falfïfient en y méfiant de
PEfmail. Les Peintres pourtant ont un fècret pour connoiftre ce-
la. Il y a apparence que les Anciens ne s'en fervoient pas , puif-
que
-ocr page 502-
OU                      P A                        477
que Vitruve qui parle de la couleur bleue dans le 11. c. de fon 7. li-
vre n'en dit rien, & qu'il enfeigne la compofition du bleu artificiel dont
l'on fè fèrvoit en ce temps-là. V.p. 293.
Ouverture ou Jour d'une porte, ou d'une feneftre -, c'eft le vuide
qui eft entre les pieds droits, ou ce qui forme le chaflîs ou tableau.
Ouvrage à corne. V.p. 71. 80.PI. XV.
Ouvrage couronné, terme de fortification. V.p. jo. 80.
Ouvrage de pierres de rapport. V.p. 315-,
P
P
Ailles. Voyez Surchauffures.
Pailles ou Efcailles de fer fervant aux Aprefteurs fur verre. V.
p. 181.■
P a illier, ou Repos. C'eft dans un efèalier ou montée, les marches
qui font beaucoup plus larges que les autres, & qui fervent de repos.
Dans les grands perrons où il y a quelquefois des pailliers de repos
dans une mefme rampe, ces pailliers doivent avoir du moins la lar-
geur de deux marches. Ceux qui font dans les retours des rampes des
Efcaliers doivent eftreauffi longs que larges. Vitruve appelle cDiazo-
mata>
les pailliers des Théâtres.
Paillons de fer. V.p. 144.145-.
Pais âges. Les Tableaux qui reprefentent la campagne , & où
les figures ne font que comme des accefïbires, s'appellent pai/ages y
& ceux qui s'appliquent particulièrement à ce travail s'appellent Paï-
fagiftes.
Les Peintres prononcent païfage, ne faifant qu'une fillabe
des deux premières voyelles. Vitruve 1. 7. c. f. nomme lespaïfages.
Topia.
P a l astre. C'eft la pièce de fer qui couvre toutes les garnitures d'u-
ne ferrure, & contre laquelle font montez Se attachez tous les reflbr'ts
neceflàires pour la fermeture V.p. 157.
Palette. C'eft une petite tablette de bois fort unie, dont les Pein-
tres fe fervent pour mettre leurs couleurs lorfqu'ils travaillent. Voyez p.
301.Pl.LXII.
Palette de bois fèrvant aux Serruriers , fur laquelle il y a une
petite pièce d'acier trempé, & percée à demy, pour recevoir un des
bouts du foret lorfqu'on fore quelque ouvrage. Voyez p. ij6. Plan.
XXXVII.
Palette ou tifonnier de fer, dont les Serruriers fe fervent. V.p.
ï 74. PL XXXVI.
-ocr page 503-
tf S              9                    F A
Palette de poil de gris fervant aux doreurs. V. p. 211. 217.
PI. XLVI.
Palestre & Xyfies eftoient chez les Grecs des lieux d'exercices
pourlajeunelîe.Vitr.l. f c. 11. IleftvrayquePaleftre fignifiepropre-
ment le lieu où les Luiteurs s'exerçoient.
Pabez ou bien palée, ou Fils de pieux qui fervent aux ponts de bois
aulieu de piles de pierre, & qui font rangez du travers du pont, pour
porter les greffes poutres. On dit que les palez font bien liernez & moi-
fez
quand ils font garnis de liernes&de moifes.
Palissade -, terme de fortification. V.p. 74,.
Palme. Ce mot a plufieurs lignifications, quelquefois il eft pris
pour une branche de Palmier, quelquefois pour la partie d'en bas, &la
plus platte d'un aviron qui bat & coupe l'eau & fait avancer les batteaux,
6c fou vent pour une mefure dont on fe fert encore en Italie, & contient
huit pouces ou environ.
Les Anciens avoient deux fortes de palmes, fçavoir un grand & un
petit, qui partageoient le pied en deux parties inégales. Le grand eftoit
de douze doigts, & le petit de quatre. V. Pied.
Pal, Planches où font des ais, ou dofïès que l'on met debout, ou au-
trement pour faire des digues ou batardeaux.
Pan de mur. C'eft une partie d'une muraille qui eft coupée, ou fepa-
rée d'une autre.
Pans coupez. Il y a des montées ou efcaliers qu'on appelle ïpans
coupez
, à caufe que les angles font coupez, & que la cerche a huit
pans.
On appelle aufîi pans coupez, toutes figures dont les angles font
coupez.
Pantures j Ce font des bandes de fer,qui fervent àfoûtenirles
portes ou les feneftres fur les gonds j il y en a de plufieurs fortes. Voyez
p.i
y 2.168. PI. XXXIII.
Pantures Flamandes. V.p. 168.
Parangon. Efoece de marbre fort noir. V.p.^o.
Parapet. Voyezp. 67.78. PI. XIV.
PAKASCENIVM ou Toftfcenium -, C'eftoit anciennement un
lieu derrière les théâtres où les Comédiens fe retiroient pour s'habiller
&pour repeter les balets & les Comédies.
Paravent. L'on appelle Paravents,ou Contrevents, de grands vo-
lets qui s'attachent en dehors, pour fermer les ouvertures des fenefrres.
On nomme aufîi Paravents des chafîis couverts d'eitoffes ou autre-
ment, que l'on drefTe dans les chambres & au devant des portes.
Fa-
-ocr page 504-
P A                                      479
Parement d'une pierre, c'eft le cofté qui doit paroiftre en de-
hors du mur.
Parfondre. Ceux qui peignent & qui travaillent en Efmail
& fur le verre , appellent parfondre lorfqu'ils mettent leur befo-
gne au feu. C'eft-à-dire faire fondre PEfmail également par tout.
V. p. 306.
Parpaing , pierres parpaignes, harpes, queues , bouts de chaî-
nes , jambes boutifîès , jambes eftrieres , font toutes différentes ma-
nières d'afïeoir & pofer les pierres de taille.
On dit une pierre boutijfe & parpaing , quand la longueur de la.
pierre traverfè la muraille, & fait face des deux coftez. Car faire
parpaing
, c'eft faire face des deux coftez. Et boutijfe , c'eft quand
la plus grande longueur delà pierre eftdans le corps du mur, &que
îe bout ou tefte fait face.
Parque Tj c'eft un aflèmblagede pièces de bois qui font un compar-
timent en carré , ou d'une autre manière, pour fervir au lieu de pa-
vé, ou de carreau dans les chambres, fàles & cabinets. V.p. 84.
Parquetage ; c'eft un ouvrage fait avec du Parquet.
Parvis. On appelle ainfi certaines places proche des Eglifcs ,
comme à Paris le parvis de N. Dame.
Pas. On dit un pas de vis. V. p. $z.
On dit auffi des outils de toutes fortes de pas j c'eft-à-dire de tou-
tes fortes de grandeurs.
Pas. Efpece d'embrevement en terme de charpenterie. Voyez,
pag.
85-.
Passage. Nous appelions ainfi de petits lieux qui ne fervent qu'à
dégager une chambre d'avec une autre» Vitruve 1. 6. c. 10. dit que
les Grecs appelloient Thyrorion , l'endroit qui dégageoit les appar-
temens des logis , au lieu du veftibule des Latins -, & ce pafîàge fè
nommoit ainfi, de Thyra qui fignifie une porte.
Passepartout j L'on nomme ainfi une ferrure où ilya ordinai-
rement deux clefs & deux entrées. V. p. 158.
On appelle auffi Passepartout une clef qui fert à ouvrir plu-
fieurs portes. Voyez page if8.
Passepartout j efpece de Sie dont on fè fèrt dans les Forefts.
V. Sie.
Pastels j Ce font des crayons compofez de différentes couleurs
que l'on broyé , & dont l'on fait une pafte détrempée avec de l'eau
de gomme & un peu de plaftre pour donner plus de corps. On méf-
ie les couleurs enfemble félon les diverfès teintes qu'on veut faire.
Ppp                        C'eft
-ocr page 505-
4§o                                      P A
C'eft de ces fortes de crayons dont les Peintres fe fervent pour tra-
vailler fur du papier , & faire des portraits ou autres chofes qui
femblent eftre feints , mais qu'il faut couvrir d'un verre pour les
conferver.
Patenostres $ Ce font comme des grains de chapelet qui fer-
vent d'ornement aux aflxagales des corniches , des architraves , des
chambranles, des bandeaux & autres moulures. On en trouve dans
plufieurs ouvrages aux aflxagales du haut des colonnes Ioniques*^
mais cette pratique eft eftimée vicieufè , parce que cet aftragale ne
doit point eftre taillé , faifant partie du fuft de la colonne , & non
du chapiteau. De ces grains il y en a de ronds & d'autres en forme
d'olive , & quelques autres faits comme des coites de melon. C'eft
ee qu'on nomme auffi Fufarolle quand ces grains font fort longs.
Voyez page 29. PI. VIII.
Patins , ce font pièces de bois qui fe mettent dans les fondations
fur les pieux , ou fur un terrain qui n'eft pas folide. Les plattes for-
mes font pofées fur les patins.
On nomme aufB Patins des pièces de bois pofées fous lesEfchif-
fres & dans lesquels font afîemblez les noyaux des E fcaliers, & enco-
re dans la conftrudtion de plufieurs machines , où les patins fervent
comme de pieds.
Patte-d'o ye , les Charpentiers nomment ainfî certains traits dont
ils marquent les pièces de bois. Voyez, pag. 88.
Il y a auffi des enrayeures pour les combles qu'on appelle en pat-
te-d'oye.
Patron. Voyez Moule.
Patronner, en terme de peinture 5 c'eft lorfque par le moyen
d'un papier ou d'une carte découpée & à pièces emportées qu'on ap-
plique fur une toile ou fur autre chofe , on imprime avec de la cou-
leur les figures qui font enlevées fur la carte de la mefme manière que
font les faifeurs de carte à jouer, qui ont difïerens patrons pour pà-
tronner les figures & y mettre les couleurs.
Pave', & carrelage. V. p.iz$.
Pave' de grez. V. p.u$.
Pavillon. C'eft un corps de logis qui accompagne la maifôn
principale, ou qui eft au bout de quelque galerie 5 ou bien un corps
de logis feul qui eft ainfî nommé à caufe de la forme de fa couver-
ture qui refïemble à celle des pavillons ou tentes d'armées. Le
mot de pavillon vient àspaplio dont les Italiens ont auffi fait celuy
depadiglione.
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'F A                      PE            '                 48t
Toute couverture qui a quatre arreftieres eft appellée pavil-
lon.
Paumelles efpeces de pantures. Voyez pag. 1^4. 168. Planche
XXXIII.
Peindre à fraifque , à détrempe , à huile , fur le verre , en e£-
mail, &c.
Peindre , c'eft: repreienter un objet avec des couleurs.
Peindre une perfonne, faire fon portrait.
Peintre. Tittor. Vitr. 1. 7. ch. 10. appelle TeBores tous les ou-
vriers qui travaillent tant à faire les enduits des murailles qu'à les
peindre , comme font ceux que nous appelions des Imprimeurs &
qui font de grofle befbgne.
Peinture. Tableau.
Peinture à fraifque. Voyez page zpi.
Peinture à détrempe. V. p. 294,.
Peinture à huile. V. p. 29 f.
Peinture fur le verre. V. p. $of.
Peinture fur le verre & ce qu'on appelle appreft. V.p. 183.
Peinture en efmail. V. p. $of.
Peint. On dit peint & non pas peinturé, comme quelques-uns Pet
crivent. Car par le mot de peinturé, l'onnepourroit entendre qu'une
chofe couverte d'une feule couleur, comme quand on imprime &que
l'on couche tout à plat un plancher d'une couleur jaune ou rouge.
Mais le mot de peint s'eftend plus loin qu'à couvrir de couleur 3 il
iignifie l'art, la beauté du travail, & le maniment du pinceau. Ain-
û l'on dit d'un portrait qu'il eft lien peint , pour dire bien travaillé
en ce qui regarde la Couleur.
Pelé fervant aux Maçons. V. p. 5*7. PI. XI.
; Pelé fervant aux Paveurs. V. p. 124. PI. XXVII.
Pendentif 3 c'eft le corps d'une voûte compris entre les arcs
çloubîeaux, ogives & formerets. Voyez Ogives.
Pe'ne ou pèle d'une ferrure , du lat. pejjulus. 0*eft le mor-
ceau de fer qui ferme la porte , & que la clef fait aller 8c venir
en tournant.
, Pe'ne en bord efpece de ferrure.
, Pe'ne à pignon.
c Pe'ne dormant, c'eft-à-dire qui ne va que quand la clef le fait ou-
.yrir & fermer!
                                                                  V' ' '
Pe'ne à reflbrt ou à demy tour, à caufe qu'il fè ferme en tirant la
porte,
Ppp %                   Pen-
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482                                          P E
Pense'e, efquiiïê. On dit d'un defleinqui n'eft pas fini, C'eft une
premièrepenfée
, ow^ce n'eft que lapenfée d'un ouvrage.
Penture. Voyez Panture.
Perçouere , ou Perçoire , efpece de virole de fer fervant aux
Serruriers -, il y en a de rondes , de quarrées , de plattes ou berlon-
gues , pour percer les pièces de fer ou d'acier, à chaud Se à froid. Il
y en a de petites à travailler fur l'Eftau. V. p. 166, 17 2. PI. XXXV.
Perdu. On dit d'une figure peinte que les contours en font perdus
ou noyez
, lorfqu'ils font confondus avec le fond.
Perche fervant aux Fondeurs. V. p. 24,1. PI. L.
Perche fervant d'archet pour les Tourneurs. V.p. 274. 278.PU
LX.
Perjgueux. V. Manganèse.
Perîer } C'eft un morceau de fer emmanché au bout d'une per-
che , qui fert à faire l'ouverture des fourneaux , pour faire couler le
metail, lorfque les Fondeurs veulent jetter quelque ouvrage en bron-
ze. V. p. 241. PI. L.
Periptere , lieu environné de colonnes , & qui a une aile tout
autour. Cartes* fignifie proprement l'ordre des colonnes qui eft aux
portiques & aux coftez des temples ou autres édifices. Et les Peripteres
eftoient des temples qui avoient des colonnes des quatre coftez, &qui
eftoient differens du Troftyle & de l'Amphiprofiyle, en ce que l'un n'en
avoit que devant, & l'autre devant & derrière & point aux cotez. Il
faut voir les Notes de M. Perrault fur le 1. chap. du 3. Livre de Vitru-
ve, où l'on peut remarquer que proprement le Teriptere eft le nom
d'un genre qui comprend toutes les efpeces de temples qui ont des
portiques de colonnes tout au tour, foit que ce Temple foit Diptère,
ou Pfeudodiptere, ou Amplement Periptere qui eft une efpece qui a
le nom du genre, & qui en ce cas a fes colonnes diftantes du mur de
la largeur d'un entre-colonnement.
Péristyle de **th eircum & Wa®* , Columna * C'eft un lieu en-
vironné de Colonnes, comme font les Cloiftres. Le Teriftyle eft diffé-
rent du Teriptere -, en ce que les colonnes du Periftylefont en dedans, &
celles du Periptere en dehors, comme aux temples des Anciens. De
forte que tout ce qui eft entouré de colonnes n'eft pasPeriftylc. Car
les temples appeliez monopteres, dont il eft parlé au 7. chap. du 4.
Livre de Vitruve j & les Peripteres tant les quarrez que les ronds s
ne font pas Periftyles bien qu'ils ayent des colonnes tout autour.
Mais ce qui fait l'efïènce des Periftyles, eft que les portiques qui les
compofenc, ont les colonnes en dedans & les murs en dehors, com-
me
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P E                       PI                            485
me M. Perrault fa fort amplement remarqué fur le 1. ch. du 3. liv. de
V itruve.
Perpendiculaire -, Ceftune ligne droite qui tombant fur une
autre ligne droite, fait les angles droits de part & d'autre.
Perron , lieu élevé devant un logis où il faut monter plu fleurs mar-
ches de pierre. Il y en a qui difent Toron, à caufe qu'autrefois tous les
Perrons eftoient faits démarches arrondies -, prétendant que le mot de
perron vient de Tas rond.
Persique. Ordre Perfique, c'eft lors que dans un Ordre Corinthien
l'on met des figures de captifs au lieu de Colonnes. V.p.zf.
Perspective -, C'eft ceque Vitruvenommey?m?£ra/£i<3 ,c'eft-à-
dire la face & les coftez d'un édifice & de toutes fortes d'autres corps.
La Perfpecrive pratique confifteen trois lignes principales > la pre-
mière eft la ligne de terre j la féconde la ligne horizontale où eft tou-
jours le point de veùe} la troiiîéme la ligne de diftance? qui eft| toujours
paralelîe à la ligue horizontale, cette partie eft très-neceffaire aux
Peintres.
On appelle particulièrement Terfpeffives les tableaux qui font faits
pour reprefenter des baftimens en perfpe&ive, c'eft-à-dire tracez dans
toutes les règles, & conduits par lignes 6c diminution de couleurs. On
appelle perfpeftive lineale la diminution des lignes, ScTerfpeÏÏive aé-
rienne
la diminution des teintes & des couleurs.
Pertuis d'une clef; c'eft l'ouverture qui eft au paneton, laquelle fe;
fait en rond, en cœur, ou d'autre forte demaniere.
Peson ou Romaine. Voyez,Balance. V.p. fi.
Pesons. Il yades Architectes qui appellent Tefons, les pièces qui
compofentle fufàrole,àcaufedela reflemblance qu'ils ont zxmpefons
des fufêaux à filer, qu'on nomme en latin Verticuli.
Pétoncles efpecesde coquilles. V.p, 320.
Pétrifications. Ce font des chofes congelées & devenues
pierres\ comme du bois, des coquilles & autres corps dont l'on orne
les Grottes. V.p. 319.
Pi c Outil de fer qui n'a qu'une pointe, fervant à fouir la terre. V.p.
j7.Pl.XI.
Picolets ou cramponnets. Les Serruriers nomment ainfi les petit»
crampons qui tiennent le pé!e dans les ferrures. KCramponnets.
Pièces quarrées dont l'on fait les panneaux de vitre. V.p. 192.
PI. XXXIX.
Pièce de rapport & marqueterie V.p.^io.
Pi ed de Roy. C'eft une mefure de douze pouces, & chaque pou-
Ppp 3                ce
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4§4                                 'PI
ce a douze lignes, Le pied des anciens Romains eftoit dlvifê en pal-
mes, onces, minutes & doigts; ayant quatre palmes, douze poucess
Bc feize doigts. Ce n'eit pas qu'il ne fe trouve quelques pieds antiques
un peu differens les uns des autres.
Pi éd. On dit un tableau réduit au petit pied, quand pour en copier un
grandon en proportionne toutes les parties par quarrez, fuivant ceux
qu'on a marquez fur l'original % c'eft ce qu'on nomme auffigr.aticulert
ou faire un chaffis^ ou treillis.
Pied de biche. C'eft une barre de fer avec laquelle on ferme Se
on appuyé les portes; on l'appelle auffi Arc-bout ant. Un des bouts
delà barre doit eftre attaché à la muraille, & l'autre appuyé contre la,
porte.
Pi fd de chèvre, Voyez Pince.
P i ed de chèvre eft auffi une manière d'aiïèmbler, dont les Charpen- !
tiers fe fervent pour allonger des pièces de bois % ils appellent cela en-
ter en pied de chèvre.
                                          .....
Piede sTAhydeTes & àeftyloS) ideft columnapes. C'eft la partie qui
fouftientlacolonne. Elle eft compolee de trois autres principales par-
ties, fçavoir de la0orniche,duDé,&delaBaze./<STYLOBATE. .
PiEDOUcHE de marbre ou d'autre matière. L'on appelle ainu" Un
pied qui fert comme de petit piedeftal à porter un-Butte ou quelque
petite Figure de ronde botte.
I Piédroits. Orthaftatœ,prqftras3paraJlas.Vïtt.
..Piédroit, d'une porte. C'eft ce qu'on appelle auffi Jambage. Les
Piédroits ont leurs mefures fuivant les ordres dont l'édifice eft bafty.
Onappelle le haut de la porte qui pofe fur les pieds droitSifourcil> ou
fronteau. Serlio parlant de celle du Panthéon, appelle les Jambages & le
Fronteau,?'/ tellaro délia porta, c'eft-à-dire lechaffis; bailleurs, la
pilaftrata.
Les anciens faifbient autrefois le haut des portes plus ef-
ttoit que le bas, fuivant-la do&rine de Vitruve, & comme on voit dans
le refte de cet ancien Temple qui eft a 1 ivoly, a fin, félon l'opinion de
quelques-uns, que les piédroits ferviffent de boutée, & euiïènt plus de
force àiwiftenirlapefanteur desfourcilsou fronteaux. Cependantil y a
eu d'autres portes toutes contraires, comme celle de fàinte Sabine, &
celle du Panthéon, lefquelles font plus larges en haut qu'en bas, fuivant
les remarques dePhil. deLormel. 8.c. f.
v On donne d'ordinaire à la,hauteur des portes le double de leur
largeur.
Pour ce qui eft de l'ouverture que les portes doivent avoir, cela dé»
pend des differens lieux & endroits' où on les place ; confiderant toû"
jours
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PI                                          48?
jours ce qui convient le mieux à la neceflîté & à la beauté.
Les piédroits des feneftres doivent eflxe fort embrafez, & refeùillez
de deux à trois pouces ou environ.
Pierre à broyer les couleurs. Les meilleures & les plus dures font
de porphyre, ou d'efcaiîles de mer, qui eft une pierre très- dure & pro-
pre à cela.
Pi erre. Toute forte de pierre que l'on employé à baftir telle qu'el-
le eft tirée de la terre fe nommeCamentum dans Vitruve.
Pie rre de taille. Les Latins appellent politus'lapis, une pierre taillée,
e'eft-à-diredreflée à force de petits coups & avec foin. Lapis cafus eft
une pierre rompue à coups de marteau.
On dit une pierre tournée à la befogne, ou en œuvre, lorfqu'elle n'eft
pas encore tout à fait taillée, &prefte à employer.
                         
Pierre velue. Les Ouvriers appellent wne pierre velue, pour di-
re qu'elle eft encore brute, & telle qu'elle fort de la carrière.
Ils la nomment aulîi pierre verte. Cela veut dire qui n'a pas encore
jette fon eau, & qui n'a pas aflèz pris l'air.
P1 e rre de différentes fortes pour baftir. V.p. 45%
Pierre d'attente. Voyez, Harpes.
TIETRA FORTE i Efpece de pierre qu'on employé en Italie.
Voyezp.^.
Pierre deTufj c'eft une pierre tendre Scgroffiere.
Pierre coquillere, ou coquilleufe 5 c'eft une pierre poreulè, &qui
eft pleine de petites coquilles, comme il s'en voit dans les pierres de
Vergelé, & dans quelques-unes de faint Cloud.
Pierre ponce,pumex. V.p.227.
Pierre de Sanguine fervant à brunir l'or. V.p. 312.
Pierre Sanguine fervant à defleigner. /^/^.sSanguine.
Pi erre de touche, ou Parangon. V.p. 40.
Pierre noire fervant à defleigner. V. p. 2,90.
Pierres de rapport. V.p. 31 f.
P1 eux. Voyez Pilot is.
Pieux d'une fortification. V.p. 80.
Les Pieux que l'on fiche de travers, & aufqueîs on attache les Efchar-
pes qui arreftentles machines, font appeliez par Vitr. Talirejupinati.
Pig no ® de maifon. C'eft la partie qui va en triangle, & fur laquelle
on pofè l'extrémité de la couverture.
Pignon de roue. C'eft une roue dentelée, ou une efpece de rouleau
qui eft comme cannelé. Il y a des Pignons qu'on nomme auflî lanter-
nes,
&alars ils font compofezdeplufleursfuièaux, qui accrochent,
OE
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4Stf                                             P ï
ou font accrochez par les dents des autres roues qu'on nommehetif-
JonSi ou rouets. V.p. % f+. PI. LUI.
Pignon d'un tire-plomb. V.p. 191. 202.Pl. XLIV.
Pi l astre s. Antes , orthoftata. Les pilaftres font des colonnes
quarrées aufquelles on donne la mefme mefure , les mefmes chapi-
teaux, &lesmefmes bafes qu'aux autres colonnes fuivant les ordres
qu'on veut fui vre. Quand ils ne font pas ifolez & qu'ils entrent dans le
mur, on les fait d'ordinaire fortir du tiers ou du quart de leur largeur
félon les differens ouvrages -, car quelquefois ils ne fortent que de la fi-
xiéme ou huitième partie.
Ils doivent pour l'ordinaire avoir toujours autant de largeur en
haut qu'en bas. Ce n'eft pas qu'on n'en voye de nos Archite&es moder-
nes qui font retreflis & diminuez par le haut, principalement lorfqu'ils
font dire£tement mis derrière les colonnes. De Broflè qui a fait le Por-
tail de faintGervais, non feulement les a retreflis par le haut, mais les
a renflez par le milieu, & leur a donné le raefme contour qu'à la colon-
ne. Ce que M. Manfard a auffi obfervéau grand Autel de faint Martin
des Champs. Mais cela n'eft tolerablèque dans ces fortes de rencon-
tres , c'eft-à- dire lors qu'ils font fort proches & au derrière des colon-
nes. Car autrement ils doivent eftre eilevez quarrément de bas en
haut. Lorfqu'il s'en voit d'une autre manière dans de beaux ouvrages,
il faut les confiderer comme des licences, quelesfçavans hommes ont
prifes, pour des raifons particulières qu'ils ont eues. Lorfque les Pi-
laftres doivent eftre cannelez, on leur donne d'ordinaire fept canne-
lures. Ily en a quelques-uns à neuf & à cinq, mais les exemples en font
rares dans l'Antique.
Pile, de t'*° ta , cogo, coarfto % c'eft un maffif de maçonnerie tels
que font ceux qui forment les arches des ponts de pierre. Lorf qu'on fait
les fondemens des Piles il faut les élever en talus par recoûpemens &
retraites en forme de degrez jufqu'au niveau de la terre du fond de
l'eau.
Piles, butes, ou culées de maçonnerie; butées. On appelle ainfiles
deux maflifs de pierre qui fouftiennent les premières arches Mais il eft
vray que l'on nomme plus proprement Piles les mafïïfs qui font entre
deux arches ; Etqueles buttes ou culées ne font qu'aux deux extre-
mitez d'un pont lesquelles foûtiennent la chauffée, 6e refiftent à la
poufïee des arcades.
Pile à faire de la monnoye. C'eft un morceau de fer bien acéré
de mefme que font les poinçons, au bout duquel eft gravé l'effigie ou la
devife. Le coin où eft pareillement gravé ou la devife, ou l'effigie,
fe
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àM t
fe met defîbus dans une boë'te de fer î Et lors qu'on a mis le flanc
furie coin , on met la pile deflùs , laquelle entre aulïï dans la boè'te,
& à grands coups de marteau que Ton donne fur la pile on fait l'em-
preinte de lamonnoye. On ne travaille plus de la forte à Paris depuis
que l'on fe fert de balanciers ; mais en Hollande ils monnoyent encore
avec des piles. Les Anciens travailloient leurs médailles avec de fem-
blables Piles » comme l'on peut voir dans le Cabinet de Monfieur
Colbert, où il y en a de fort anciennes, qui ont efté faites pour.des
médailles, l'une de l'Empereur L. Aurelius Verus, & l'autre de l'Impé-
ratrice Fauftine. Leurs effigies font gravées dans le coin, & la devife
dans la pile. Ce qui peut-eftre a donné lieu de nommer un des co£
tez de nos monnoyes piles-, & l'autre croix, qui eft le cofté de Iatef.
te, & que l'on a peut-eftreaufîï nommé coin auflî-bienque croix V
/. 256. PL LIV. * V. Poinçons.
Pilier. , ou pylier, de ™m porte, entrée. On dit les piliers des
Eglifes qui font d'une manière Gothique.
Piliers quarrez, Antes, paraftata. Vitr.
Pilon de bois dont fe fervent les Fondeurs. V. p. 241. PI.
L.
Pilotis , ou pieux, Tali. On dit, m fil de pilotis, pour dire
un rang de pieux.
PiLOT e r, c'eft lors qu'on met des pieux en terre pour fouftenir & af-
fermir les fondemens d'un Edificequand le terrein ne fe trouve pas aflêz
ferme &affez folide. On brûle ordinairement le bout des pieux pour
rendre le bois plus dur,& empefeher qu'il ne pourrifiè, ou bien on le fer-
re pour le faire percer & aller jufqu'au terrein vif & à refus de mouton.
Pince ou barre de fer ; C'eft un levier fervant à remuer des pier-
res & autres fardeaux. Il y en a de diverfes façons. Celles qu'on
appelle pieds de chèvres font courbées & refendues par le bout. Vi-
tr uve appelle une pince yferreus veblis. II nomme caput, ce que
nous appelions le manche j & lingula , ce qu'on appelle le bec ou
pied de chèvre. V. p. 61. & 98. PI. XIII.
Pinceau. Les pinceaux dont les Peintres fe fervent d'ordinaire
font de poils de Gris.
Les Anciens en avoient qui eftoient faits de petits morceaux d'é-
ponge, & c'eft peut-eftre ce qui a fait dire d'un certain Peintre que
ne pouvant bien reprefenter l'efcume d'un chien , il y reùflît en jet-
tant l'éponge contre fon tableau.
mVvrCVX don£ fe fervent l€S Doreurs- Voyez page 211. 216.
Qaq                      Pin-
-ocr page 513-
488                         PI                               PL
Pinceaux pour peindre. Voyez page 301. Planche
LXIÎ.
Pincelier » godet , ou autre chofe dansquoy on nettoyé les
pinceaux. V. p. 215-. 301. PI. LXil.
Pincer. } terme de monnoye. V. p. if 3.
Pincette. Voyez page 317. PI. LXiil.
Pioche. Outil fervant à remuer la terre. Il y en a de quarrées &
d'autres pointues qu'on nomme feuille de fauge. V. p. ff. FI. X.
Piochon } c'eft une efpece de petite befaigue fervant aux Char-
pentiers pour fraper dans des grandes mortaifes : elle n'a que quin-
ze pouces de long ou environ , elle a un manche de bois dans le mi-
lieu j un des bouts de cet outil eft en bec d'afne, & l'autre en plan-
che ou plane.
T 1 p e b^_n o, & Treperigno efpece de pierre dont l'on battit en
Italie. V p. 4,5-.
Piquer, le bois. V. p. 87.
Piqueurs , gens prepofez dans les baftimens fur les autres Ou-
vriers. Voyez page 50.
Piton j c'eft un clou dont la tefte efl: percée en anneau. Fi-
kula.
Piston. On appelle ainfî la partie des pompes qui entre dans le
tuyau , ou corps de pompe j & qui eftant levée ou pouffée afpire ,
ou poufïe l'eau ou l'air. Vitruve 1. 10. c. 13. les nomme funduli am-
bulatiles y Emboli.
-■ Fifo t. C'eft un morceau de fer , ou d'autre métal dont le bout
eft arrondy en pointe pour tourner facilement dans une crapaudine»
ou dans une viroîe. Voyez p. 15-3. 168. PI. XXXIII.
Placage, efpece de menuiferie: V. p. 140.
Placart ,***£» Tr/wwY, tabula , d'où vient aufli plaque. V*
Porte.
Place publique , forum.
Place fortifiée. V p. 6f.
Place régulière. Jd.
            >
Place irreguliere. ld.
Place haute , moyenne , & bafle, V. p. 66.
Place d'armes. V p. 78. PL XIV.
Plafond , ou Sofite. Lat. lacunar. La différence des fbfites &pîa-
fonds, d'avec les voûtes, eft que ceux-là font plats, & celles-cy font cin-
trées. Les enfoncemens ou cavitezqui fe rencontrent dans les plafonds
font appeliez par Vitruve 1.6. c. 4. Arca. Il nomme aufïï quelquefois
Tla~
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Thnittœ les pîafondi dei planchers » ou de îa faillie des corni-
ches. Car on dit le plafond ou fofite d'une corniche. Il y a cer-
tains efpaces au plafond de la corniche Dorique , entre les modil-
ions , & les gouttes qui font au deflus des triglyphes, que Vitruve
nomme chemins, 1, 4. c. 3.
Pla ines , ou Planes pour drefler le bois. C'eft un outil de fer
qui a deux manches. On âitplamr le bois, lors qu'on le drelîëavec
ces fortes d'outils. Les Tourneurs s'en fervent beaucoup.
Plan d'un baftiment} Ç'eft la lituation réduite dans un defîèira
fait & proportionné avec la règle & le compas , félon la grandeur de
la place où l'on veut baftir , avec toutes les mefures des lieux & des
appartenons qu'on doit faire. Les Grecs nomment cela %VBXa^1» •»
id eft vejligii defcriptio.
Plan incline'. V. p. 72.
Planche , qui vient de ta»!, ■Ttxo.wç, tabula. Voyez Aïs.
Planche de cuivre % Ce font des feuilles de cuivre fort unies, fur
lefquelleson grave pour tirer enfuite des eftampes. Cette feuille s'ap-
pelle aufïï Planche lorfqu'elle eft gravée > ce que l'on imprime avec
cette planche fe nomme Eftampe.
Plancher. Ce mot félon l'ufage de noftre langue a deux ligni-
fications, & veut dire le plancher fur lequel on marche, quelesLatins
appellent tabulatum oupàvimentum; & aufÏÏ le plancher d'enhaut nom-
lacunar, laquear. Vitruve dit ajfare , plancheyer d'ais.
Planchers en forme de voûte furbaiflee, delumbata lacunaria,
Vitr. V. Lambris.
Plancheyer , faire un plafond, laqueare.
Plane pour drefler le bois. Voyez Plaine.
Plane de cuivre dont le fervent les Plombiers. V. p. iif. 121.
PL XXVI.
Planer le plomb , c'eft l'accommoder avec la plane. V.p. n j.
Plaques a in ; c'eft une pièce de plomb un peu creufè , où les
Vitriers mettent & détrempent le blanc dont ils fe fervent pour7^»<?r
leur verre. Voyez p. 191. 204. P1...XLV.
Plastre ; C'eft une efpece de pierre fort connue, &d'un grand
ulage à Paris , la meilleure qu'on y employé le tire des carrières de *
Montmartre. Le mot de pla fixe vient de îta*^. > fitior,, ta^oV , fiffi.
lis,
propre àeftreformé. Car il n'y a rien de lî propre à prendre une
forme , ou figure que le pîaftre.
Pl astre ,. tran (parent,.%.,. Gyç..                     ^ ,
Plastrouer dont fe fervent les Serruriers pour pouflêr la-bri-
Qà-q2                  que,
-ocr page 515-
49©                                        P h
que, le tuileau ou la pierre avec le plaftre, lors qu'ils feellent quel-
que ouvrage. V. p. 167.
Plat de verre. V. p. ipo:
Platte-bande qui termine l'architrave de l'ordre Dorique ; c'eft
la Fafce qui pafïe immédiatement fous les Triglyphes, & qui eft à cet
Ordre ce que laCymaifèeft aux autres. Les Grecs l'appellent Tania.
Quelques Archite£tes donnent ce mefme nom à la partie qui eft au def-
fus des triglyphes & que Vitruve nomme leur chapiteau.
Platte-bande ouFafce des chambranles. Vitruve l'appelleOr-
fa> 1. 4. c. 6.
Le mot de Platte-bande fe donneaulîi àplufieurs autres mem-
bres d'Archite&ure qui n'ont qu'une largeur fans ornemens ny beau-
coup de faillie. Voyez p. 127. 130. PI. XXVIII.
Plattes-formes. On appelle ainfi les pièces de bois qui foû-
tiennent 1? charpente d'une couverture , & qui fe pofent fur le haut
de la muraille où doit eftre l'entablement.
Plattes-for.mes qui fervent pour les fondemens fur pilotis. V.
Platte-forme , terme de fortification. II eft à remarquer que
dans les flancs bas, ôcdans les faufles-brayes , l'efpace plein qui eft
entre l'efcarpe de la place & le parapet du flanc bas, s'appelle platte-
forme ■>
dans laquelle on ne laiflè pas de faire d'autres plattes-formes de
bois pour mettre le canon. Voyez page 80. Planche XV.
Platines. Voyez Escussons.
Platines de verroûils. V. p, 168. PI. XXXIII.1
Pli nthe. C'eft un membre quarré & plat} tel que ceîuy qui eft aux
bafes des colonnes. Tlinthos en grec lignifie une brique quarrée. On ap-
pelle Plinthe une efpailîèur de muraille où l'on voit deux ou trois rangs
de briques avancées en forme de platte-bande. Les uns difcnt le Plinthe,
& d'autres avec les Ouvriers àifenx.la'Plinthe, La partie fuperieuredu
chapiteau Tolcan qui eft fon tailloir eft aufli appellée ^Plinthe au 7. c. du
4.1. de Vitruve, parce qu'elle eft de la forme d'un quarreau de brique,
n'ayant point la Cymaifequi eft au chapiteau Dorique & à l'Ionique.
Palladio nomme Or h, le Plinthe-, c'eft ce qui a donné lieu à quelques
Architectes de nommer aufli ce membre-là Or le & Ourlet.
Plomb. C'eft un metail d'un grand ufàge pour les couvertures. Il
faut faire en forte qu'il ne foit pas foudé , parcequela foudure fe fend
& fe cafle aux gelées & aux grandes chaleurs. Mais il doit eftre reployé
fun dans l'autre accoudé, ou avec couture en ourlet> ainfï que parlent
tes Plombiers. V $> iop,
1
                                                                                       Plomb
-ocr page 516-
PL                        PO                          491
Plomb fervant aux vitres./7". Lingotiere.
Plomb dont les Charpentiers & les Maçons fe fervent pour niveler
& prendre les aplombs. Leplomb des Charpentiers eft fort plat & percé
à j our, pour donner pafTage à la veuë, afin de pouvoir mieux addreflèr
à l'endroit où ils veulent piquer le bois], c'eft-à-dire le marquer. Celuy
des Maçons eft un plomb plein, quarré ou rond, au deflus duquel eft
une plaque de cuivre de la grandeur du plomb, laquelle monte & def-
cend le long du cordeau, qui tient le plomb, & fèrt pour appuyer contre
la muraille. C'eft ce qu'ils appellent un chas3 & ces fortes de plombs s'ap-
p^dlentplomùs à chas. V.p.f$. PI. IX.
Plomb à règle. Id.
Plomb à talus dont les Ingénieurs fè fervent, c'eft ordinairement un
triangle de bois dont l'on met la bafe en haut.
Plomb à la main -, terme des Graveurs en médaille. Voyez,
p. 2fO.
Plomber. & devenir louche-, terme des Efmailleurs, Voyez page
Poe le dont fe fervent les Vitriers pour recuire leur befogne. V,
/.187.
Poêle dont fe fervent les Plombiers. V.p. 115.119. PI. XXV. &
121.Pl.XXVI.
Poêle à recuire des flancs. V.p. 2 5-6. PI.LIV.
Poinçon, Columen. On nomme ainfi une pièce de bois qui eft toute
droite fous lefaifte d'un baftiment, & qui fert pour l'afïèmblagedes fer-
mes, faiftes, ou fousfaiftes. Ou bien encore quand elle aide à fufpcn-
dre un tirant ou une poutre qui a trop grande portée-, En ce cas on atta-
che au poinçon une foupente de fer, un boulon, ou uneftrier.Dansla
fabrique des ponts de bois on fe fèrt auili de Toinçons qu'on nomme
quelquefois poteaux mont ans, oufupports. V.p.&±.
Poinçon d'un engin. V.p. 89
Poinçon pourlesmonnoyes ou médailles. Quand on fait des mé-
dailles au marteau & fans machines, on appelle Tiles, Coins, & Trouf-
feaux,
les poinçons avec quoy on les marque. V. p. 24,9.3 ^3.
Poinçon à lettres. V.p.zfô.Vl LV.
Autre Poinçon pour la bordure des médailles. Id.
Poinçon, ou pointe dont fe fervent les Tailleurs de pierre.
Poinçon, ou efpece de cizeau propre aux Graveurs & Scul-
pteurs.
Poinçons ronds, quarrez, plats & ovales dont les Serruriers fe fèr-
venigour percer leurs ouvrages. V.p. 178. PL XXXVIII.
Qqq $                          Poim-
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m                            p o
Poinçons berlongs dont ils fe fervene pour percer lestreuidei
pieds des refïbrts , cocques & autres fortes de pièces.
Autres Poinçons plats propres à piquer les rouets des ferrures*
& autres pièces limées en demy-rond.
Poinçons à emboutir» & relever rofettes en travaillant fur le plomb,
& à faire d'autres ouvrages.
Il faut remarquer que tous les ferremens dont les Serruriers fe fer-
vent pour percer fur l'eftablie & à froid , fe nomment Tombons j &
ceux qui fervent à la forge pour percer à chaud, s'appellent mandrins^
comme il eft déjà dit en parlant des Mandrins.
Poi ntal, pièce de bois. V. p. 91.
Pointe à tracer pour portraire & defïèigner fur le fer & fur l'a-
cier , & dont les Serruriers fe fervent pour tracer toutes fortes de
pièces. V. p- 166.
                                                           '
Pointe à tracer fur le bois. V. p. 323. PI. LXV.
Pointe 5 c'efr un outil de fer bien acéré , dont les Sculpteurs de
marbre fe fervent pour ébaucher leurs ouvrages , après que le bloc
de marbre a efté dégroiîi, ce qu'ils appellent approcher à la f ointe.
Quand ils ont travaillé avec cet outil, ils en prennent un autre quia
une double pointe , pour ofter moins de matière. Etenfuite ils fe fer-
vent du cifeau lors que l'ouvrage s'avance davantage, ce qu'ils nom-
ment aufïï approcher au cifeau. V. p. 228. 229. PI. XLVIII.
Pointe endos de dé. Les Serruriers nomment ainfi les pointes
courtes & prefque rondes, comme l'on en fait pour tourner dans des
crapaudines ou couettes pour avoir plus de force.
Pointe d'acier fervant aux Vitriers. V. p. 192. 204. Planche
XLV.
Pointe dé fer fervant aux Lapidaires. V. p. 263. 270. PL
LIX.
Pointe de la poupée d'un tour. Voyez, p. 273. 278. PL LX.
Points. Les Ouvriers difènt faire un cercle fur trois points perdus^
au lieu que les Géomètres difent, circonferire un cercle à un triangle,
Pois jaunes, Pois noirs. Efpeces de coquilles. Voyez page
319.
Poitra il ou Sablière. C'eft dans l'Afchite&ure ce que l'on ap-
pelle Architrave , c'eft-à-dire une grofîè pièce de bois portée fur des
colonnes, des pilaftres , ou de gros murs.
Pol astre i efpece de poêle fervant aux Plombiers. Voyez p,
118. 11p.Pl. XXV.
Poliment.- On dit que le polimentd'un diamant ou d'une au-
tre
-ocr page 518-
po .                m
tre pierre fe fait fur une rouëd'eftain ou de cuivre, pour dire qu'on les
polit.
On dit auffi que les ouvrages d'Efmail ont pris un hvsxxpoliment dans
k feu pour dire qu'ils ont pris un beau luftre. V. p. 311.
Pol 1 s s o 1 r de jonc. V.p. 3 2 3. PI. LXV.
Pompe, pompa^^n, dc^^^m/tto, veho. C'efl une machine
pour élever de l'eau.
Poncer,Pqncis. ^0y<?;s Calquer.
Pondération. Voyez Equilibre.
• Po n t . Tous les ponts lotit de bois ou de pierre. Ceux de bois font
faits de poutres & de/olives. Palladio fait ia defcription de quelques-
uns qu'il a faits, lefque's fe fouftiennent par le moyen des poinçons ou
montans qui fervent auffi de gardefous, & qui font aflèmblez aux gref-
fes poutres avec des clefs ou harpons de fer, ou bien qui fe tiennent par
le moyen des liens ou des contrefiches qui arboutent. Les poinçons
doivent eftre garnis de bofïàge en haut & en bas , & au bout des
contrefiches & liens , qui font des pièces de bois qu'on appelle auffi
bras & contrevents, qui fervent à arbalefter toute la charpente; en forte
qu'en fe contrehoutant toutl'afîèmblage fe maintient avec force & fer-
meté. On peut voir dans la charpente de la Salle des Comédies qui
eftauxTuilleries, faite par M. Vigarani , un bel exemple de cette
manière d'àfïèmbler le bois pour faire de grandes décharges.
Ponts depierre. V.p. 32.
Ponts-le vis & ponts dormans des forterefîês. Voyez, p. 73,
Ponts à bafcules, P.p. 72.
Pots à flèches. Id.
Pontons, ce font de petits Ponts.                                            :
Porche. Voyez Temple.
Porphyre. Voyezp. 35*.
Portail -, C'eft une grande porte comme celles des Eglifes. On
dit le portail de S. Gervais, mais on n'appelle pas portail une porte
de ville.
Portée fervant dans les moules des Plombiers. V.p. 1 î 7.121.
PI, XXVI.
Porte. Il y enade deux fortes, fçavoir de rondes & de quarrées.
Les unes & les autres font toujours grandes, moyennes ou petites. Sca-
mozzi dit que les Anciens n'ont donné une figure ronde qu'aux gran-
des portes, & qu'ils n'ont fait des portes rondes qu'aux Arcs de triom-
phe & aux grands pafïages publics $ & jamais à aucuns baftimens parti-
culiers, ny mefme aux Temples.
-ocr page 519-
494«                                         . F ®
Les portes des Temples anciens eftoient de trois fortes, la Dorique»
l'Ionique, & i'Attique. Faut voir Vitr. 1.4. c, 6.
Les portes, de mefme que les feneftres doivent toujours fe ren-
contrer les unes fur les autres, afin que le vuide foit fur le vuide. Si
l'on continue d'élever une muraille fur les portes & fur les feneftres j
alors de crainte qu'elles ne foient trop chargées, on fait une décharge
au defïus par le moyen d'un cintre.
Porte-biajse que les Ouvriers nomment biais-pajfé. Ilyade ces
fortes de portes dont la moitié de l'ouverture de chaque cofté eft biaife,
& l'autre moitié ouverte quarrément, foit pour la commodité du paf-
fage, foit pour recevoir du jour. Car ceftpour cela qu'on eilfouvent
contraint de dégauchir les piédroits, & les voûtes ou les cintres des por-
tes & des feneftres des EgUfes, 8c d'autres lieux * & les rendre biaifes &
obliques fur une muraille qui eft droite.
Il y a des Port es que les Ouvriers nomment biais par tefiey lorf-
qu'elîes ne font biaifes que par en haut.
Poa t e de derrière. Tqfiïcum. Vitr.
La Porte de derrière d'un Temple, Opifihodomos. Voyez Tem-
ple,
Vitruve appelle le Pafïage d'une porte à une autre, Thyrorion.
Porte de menuiferie, lat. Forts. Les bonnes portes doivent avoir un
pouce & demid'épaifleur, eftre emboiftées en haut & en bas} afïèm-
blées à clefs & à languettes, & collées.
Lorfqu'elles font d'aflemblage, on appelle le panneau du milieu s
Tympan. Et les pièces des coftez, Mont ans. Celles du haut, du bas & du
milieu, Traverfes. C'eft ce que les Latins nomment,i^^é,j'. Et la feuil-
lure, Replum. V.p. 127.130. Planche XX VIII.
Portes enPlacart.iWW».
Portes à deuxbattans, Bif"ores porta.
Portes brifées, Fores-plicatiks.
Porte coupée en quatre, Quadriforis. Ces Portes eftoient ancien-
nement appellées diclidtsic,cQ.-ï dire, à deux clefs, parce que les deux
batans ou volets d'en haut eftoient fermez par une ferrure, Scies deux
batans d'en bas par une autre.
Anciennement c'eftoit une marque d'honneur, & un privilège parti-
culier de ceux qui avoient triomphé de pouvoir faire ouvrir les portes
de leur mailbn en dehors & fur la rue -, ce qui fut accordé à L. Valerius
Publicola & à (on frère, après avoir vaincu les Sabins. Pline 1. 36. c.if.
Portes-Fenestres , c'eft-à-dire feneftres qui s'ouvrent jufques
en bas fur le Plancher. Vitr. Valvatafenejlra.
Por»
-ocr page 520-
Porte-Crayon pour defîèigner. Voyez page 301. Planche
LXII.
Portique , eft un lieu long & couvert, fbit par une voûte,foit
par un plancher foûtenu par des Colonnes. Le Plafond fe nommok
Lacunar par les Anciens.
Portoroj efpece de Marbre noir qui a des veines jaunes. V.
A4*-
Portraîre. Le mot de Portraîre eft un mot gênerai, qui s'e£
tend à tout ce qu'on fait lorsqu'on veut tirer larefîemblance de quel-
que chofè } néanmoins on ne l'employé pas indifféremment à toutes
fortes de fujets. On dit le Tortrait d'un homme ou a*une femme -,
mais on ne dit pas le portrait d'un cheval, d'une maifon ou d'un ar-
bre.
On dit la figure d'un cheval', la reprefentation d'unemaifon t la fi-
gure d'un arbre.
Ce n'eft pas mefme un terme bien receu parmy les
fçavans Peintres de dire qu'on va fe faire portraîre, & moins encore
celuy de fe faire tirer, que la plufpart des gens qui ne font pas de
l'art difent ordinairement. On ditplûtofta» tel fe fait peindre par
un tel y
ou bien ,fait faire fon portrait. On ne dit guère aufïï faire
un portrait de Sculpture ,
on dit faire laftatuè d'un tel s je faire re~
prefenter en marbre ou en bronze.
On ne nomme jamais un Tableau
d'hiftoire , &qui eft compofé de plufîeurs Figures , un Tortrait.
Les Paveurs fe fervent d'un petit marteau qu'ils nomment Por*
trait. V.p. 124. PI- XXVII.
Poser un modelle , c'eft-à-dire placer une perfonne afin de def-
feigner d'après, comme l'on fait dans l'Académie de Peinture. On
dit aufîî une Figure bien pofée.
Poseurs -, dans lesgrandsattelierscefbnt ceux qui pofent les pier-
res. V. p. 4.9.
Postes. Voyez page 29.
Posture , ce mot ne fè dit guère parmy les Peintres fçavans. On
dit l'attitude , l'a&wn , la difpofition.
Poteaux. Dans les baftimens de bois il y a les gros poteaux ou
poteaux corniers j les poteaux qui fe mettent de fond au pan deboisj
les poteaux des croifëes 3 les poteaux d'huifïeries j les poteaux de
remplagesj les petits poteaux j les petits potelets. V. p. 84. 92. PL
Fote'e s c'eft de l'eftain calciné & réduit en poudre très-fi-
ne.
Potence à un ou deux liens -, Celle à deux liens eft un poteau qui
a deux liens des deux collez lefquelsfouftiennent le chapeau.
R rr                         Po-
-ocr page 521-
4#6                    PO                                P R
Poterne ou faufîè porte. V. p. 69.
Potin. Voyez Arcot.
Pouf -, terme dont ceux qui travaillent en marbre en expriment
la qualité. V. p. 42.
On dit auiîi du Grez qui eft^oa/'lorfqu'il s'égraine , & qu'il s'en
va en poudre > ou par morceaux quand on le travaille.
Pouilleux bois gafté. V. p. 83.
Poul h illier. Qallinarium. Lieu à mettre la volaille.
Poulain. C'eft un afïèrnblage de bois fur lequel on traifnede
gros fardeaux.
Poulie liowhaç. Lat. Trocka, , Qrbiculus. Dans Vitruve Recha~
mus
fîgnifie la mefme choie que Traclea. V. Moufle. tkpage %\,
& 61. PI. XIII.
Poupe'e. Voyez page 273. 278, Planche LX.
Pourcelai ne efpece de coquille. V. p. 319.
Pourcelaine efpece de terre dont on fait des vafesSc de lavaif-
felle, elle vient de la Chine & du Japon.
Pourpre ojirum. Vitruve liv. 7. c. 13. parle de la pourpre des
Anciens.
1 Pourpre couleur en efmail. V. p. 306.
Pourtour. Les Ouvriers difent le pourtour , au lieu de
tour.
Pousse'e. On appelle la pouflee d'une voûte, l'effort qu'elle peut
faire par fa pefanteur contre les murs qui la foûtiennent. Faire le trait
des pcuffées des voûtes -,
C'eft chercher 8c marquer les efpaiflèurs que
doivent avoir les murs & les piliers boutans, qui font des corps fàillans,
lefquels portent & appuyent les voûtes , c'eft-à-dire qu'on fortifie
par des murs plus ou moins efpais, félon qu'elles font plus ou moins
furbaiflees dans leur cherche ou cintre.
Poussolane. Voyez Sable. V. p. 291.
Poutre $ C'eft une grofïè pièce de bois qui porte les folives,
Lat. trabs. V. p. 83.
Poutrelle , petite poutre.
Presle } efpece d'herbe, dont les Doreurs fe fervent pour adou-
cir le blanc qu'ils couchent fous l'or , on l'appelle en latin equifetum}
e'eft-à-dire queue de cheval. V. p. 209.
Presse desMenuifiers pour ferrer le bois. F. P- 128. 1J4"
PI. XXX.
Presse à refendre le bois pour les ouvrages de Marqueterie. V%
#< 3 2 o« 3 24* PI- LXIV;
Près-
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PR                PS                      PU           497
Presse dont l'on fe fèrt pour la monnoye. Voyez page
Prisons des Anciens. V. p. 32.
Prive' ou aifance. Latrina. Vitr.
Profil -, C'eft le contour de quelque figure.
On dit profiler , pour dire defïèigner feulement les contours de
quelque choie que ce fbit.
On dit, le profil d'un vifage ou d'une tefiey lorfqu'on n'en voit que
la moitié & un des coftez, Quoyque le mot de profil fbit général
pour exprimer tous les contours d'un corps , néanmoins en peintu-
re l'on ne s'en fèrt pas d'ordinaire } on dit defieigner ou contourner -,
& lorfqu'on parle d'un profil 3 on entend ordinairement uh vifage
-qui ne fe voit qu'à moitié.
Profil d'un baftiment c'eft l'élévation géométrique & or-
thographique , qui fait voir les dedans du baftiment. Quelques-
uns croyent que le profil eft ce que Vitruve appelle fcenographia ou
fciographia. Voyez les notes de M. Perrault fur le ch. 2. du 1. liv.
de Vitruve.
Profil d'une forterefïè. Voyez page 72. 78. Planche
XIV.
Projecture , faillie, avance. V. Sa illie.
Prononcer , en terme de peinture -, C'eft marquer & fpecifier
les parties de toutes fortes de corps avec autant de force & de nette-
té qu'il eft necefïàire pour les rendre plus ou moins diftin&es, Ainfi
les Peintres , en parlant d'un tableau, difent que certaines parties en
font bien prononcées \ qui eft une manière métaphorique de s'énon-
cer -, Comme lorfqu'on dit d'un homme qui parle bien , qu'il a une
belle prononciation -, ce que M. de Pile a fort bien remarqué dans fes
notes fur le Poème du fieur du Frefnoy.
Proportion -, Rapport d'une choie à une autre avec
une convenance du tout aux parties. On dit une Figure bien pro-
portionnée
, un Edifice où toutes les proportions font bien gardées.
Voyez
Symmetrie.
TK.O sceni u m, eft ce qui eft devant la Scène -, c'eftoit le lieu où
îes Comédiens joùoiént, c'eft-à-dire le théâtre ou l'échaffaut.
Pseudodiptere veut dite faux diptère j C'eftoit une efpece de
Temple qui avoit des portiques tout autour * dont chacun eftoit auf-
û large que le double portique qui eftoit au diptère.
                     .:'.?
Pulp 1 tre. Tulpitum». Cîeftoit la mefme chofèque lepro/cenmm,
& l'endroit du théâtre fur lequel les Acleurs venoient reciter* ;
'iP                                                 Rrr 2                         On
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498                PU               P Y             QU
On dit aufîï un Pulpjtre, ou un Lutrin , dont on fe fert plus
ordinairement dans les Eglifes , & où l'on met des Livres.
Pure au. Les Couvreurs appellent pureau la diftance qu'il y a
du bord d'une tuile ou d'une ardoife à celles qui font-au deflus&au.
deflbus $ ainfî le pureau d'une tuile fur la couverture eft la partie
qui eft à découvert , & qui n'eft pas cachés par les autres -, Q*iand
on dit qu'il ne faut donner que trois ou quatre pouces de pureau ,
c'eft-à-dire que le refte doit eftre couvert j moins les tuiles ont de
pureau , plus elles font preffées, & par confequent la couverture en
eft meilleure -, la pluye & la neige ne pouvant y entrer. Voyez page
107. 110. Planche XXIII.
Pycnostyle , C'eft un Edifice où les colonnes font û*
preffées , que les entre-colonnemens n'ont qu'un diamètre & de-
my de la colonne..
et
QU adr a n. Les Lapidaires ont un infiniment dé bois qu'ils
nomment Quadran vils s'en fervent pour tenir les pierres fines
tur la roue lors qu'ils les taillent. V. p. 261. 266. PI. LVII.
Quadre. On appelle ainfi toutes les bordures quarrées qui en-
ferment quelque ouvrage fait defculpture, foit de peinture, ou autres
chofès, de quelques matières qu'ils puiffent eftre 5 Ce n'eft pas qu'à
l'égard des bordures rondes , ovales ou d'autres figures , on n'em-
ployé auffi ce mot abufivement. Car on nomme indifféremment
Quadre la bordure ou la corniche qui environne un tableau. Outre
que lesQuadres fervent d'ornement aux tableaux* ils contribuent en-
core à les faire paroiftre davantage. Aufîi les marchands & les cu-
rieux affectent de ne montrer jamais leurs tableaux, s'ils ne font dans
des bordures, afin qu'ils faflent un plus bel effet ; C'eft pourquoyles
Italiens difent qu'une belle bordure, qu'ils nomment corniche , eft tl
Rufiano del quadro
$ car parmy eux le mot de quadro eft pris pour
tableau. Voyez page 127. 130 Planche XXVIII.
Quarre' ou membre quarré ; C'eft ce qui paroift dans rArchi-
îe&ure , comme une petite règle ou liftel, &qui en termine fouvent
quelque partie.
On dit parmy les Ouvriers faire le trait quarré, pour dire en terme
de géométrie ejleverune ligne perpendiculaire fur une autre ligne.
Qjj a rre ou creux dans lequel on frappe Tes médailles. Voyez
Carre'.
Quar-
-ocr page 524-
QJJ                                4^p
Quarreaux. V. Carreaux.
Quart de rond , c'eft un membre faillant fait de la quatriefme
partie d'un cercle. V. p. 130. PI. XXVIII.
Quenouillette j C'eft une verge de fer , dont un bout eft de
forme ronde & de la grofleur necefiàire pour boucher l'ouverture
des Godets , par où les Fondeurs font couler le metail dans leurs
moules , lors qu'ils jettent quelque ouvrage en bronze. Voyez page
239. 241. Planche L.
Queue ou Cul de lampe. Les Charpentiers nomment ainfi les
extremitez des pièces de bois qui fervent comme de clef au haut des
voûtes , des dômes & de quelques autres lieux , où ils font fufpendus
en forme de rofes , comme font les rofes ou rofaces qui ornent les
lambris. On nomme aufli quelquefois culs de lampe , les rofes qui
font aux clefs des voûtes de pierre.
Queue d'aironde , d'aronde , ou d'irondelle j c'eft une manière
de tailler le bois, ou de limer le fer en l'élargifTant par le bout)pour
l'emboëter , joindre ou l'appliquer en œuvre , & en faire des afîèm-
blages. V p. 126. 130. PI. XXVIII.
On dit ordinairement à Paris afïèmbler en Q_ueue d'aron-
de.
Les clefs de bois ou tenons qui ont cette figure , fè nomment fe-
curicla
dans Vitruve , à caufe qu'elles reflêmblent aufli à de petites
coignées. Voyez Tenons.
Queue perdue, Queue percée. V.p. 130. Planche XXVIII.
Queux. Pierre à aiguifer.
Quilboquet i c'eft un infiniment fervant aux Menuifiers. V. p.
12p. 138. PL XXXII.
R
RA b L e. C'eft une pièce de bois dont les Plombiers fe fèrvene
pour faire couler & eftendre le plomb fur les moules. V. p.
iif. 119.Pl. XXV.
Rabot j C'eft un outil de fer en forme de cizeauqui a un fuftde
bois au lieu de manche -, Il fert pour raboter le bois , c'efl>à-dire en
ofter avec cet outil. Il y en a de pîufïeurs fortes : Les Charpen-
tiers ont de gros Rabots qu'ils appellent Galleres■, & qu'en quelques
lieux on nomme aufli "Planes qui fervent à drefïër & à planir les pou-
tres , les foliveaux & les autres grofïes pièces j ils ont aufli des Ra-
bots ronds. V. p. 88,98. PI. XIX.
Rrr 3                  Ra»
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■foo                                       R h.
Rabots des Menuifiers, de différentes fortes Voyezpage 128,120.
PI, XXXI. ■'
La plufpart des Outils à fuir, dont les Menuificrs fe fervent, ont efté
faits d'après les Rabots, c'eft pourquoy le mot de rabot eft le plus
en ufage, quoy qu'on employé d'autres outils qui n'ayent pas ce
, nom-là, comme les varlopes , les mouchettes 8c autres. On com-
mence à travailler le bois foit avec les varlopes oudemy-varlopes,ou
rabots; & on appelle cela esbaucher ou dégroflir -, Le travail qui fe fait
enfuite avec de pareils outils s'appelle recaler, & c'eft pourquoy il y a
des varlopes ^.esbaucher &c des varlopes à recaler, la différence qu'il y a
entre ces deux fortes de varlopes, eft que celle à esbaucher a plus de
fer, c'eft-à-dire que le fer fort davantage du fuft 8c eft plus droite, pour
enlever plus de bois, Se celle à recaler au contraire.
Il y a des Rabots d'une manière particulière dontfe fervent les Me-
nuiiiers de pjacageou Ebeniftes, V.p. 140.
Rabots de fer dont on fe fert pour les ouvrages de marqueterie. V.
/.323.326.PI.LXV.
Les Serruriers ont aufll des ;abotspour pîanir le fer, & pour poufler
des filets & des moulures Voyezpage 167.
Rabot j On appelle encore Rabot un morceau de bois emmanché
au bout d'un long bafton,, dont les Maçons fe fervent pour détremper la
chaux. V.p. 73. PI, IX.
Rabot dont fe fervent les Fondeurs pour efeumer le metail. V.
/>.24i.Pl.L.
Rabotj efpece de pierre de liais dont on fait du pavé. V.
p.
123.
Racheter-, Ce mot en terme d'Architecture, fignifie regagner^
retrouver.
On dit qu'une décente biaife de cave racheté un berceau,
quand elle regagne 6c le joint au berceau.
Racinaux } Ce font de groflès pièces de bois fèrvantaux fonde-
mens des ponts, & à d'autres Edifices. Voyezpage 3 f.
On nomme aufll Racinaux les petits poteaux ou pièces de bois, dans
lefquelles font aflèmblées les auges ou mangeoires des efeuries ; Ces ra-
cinaux font debout & enfoncez deux pieds dans terre.
Raclqirs i Outils dontfe fervent ceux qui travaillent de placage
& de marqueterie. V.p. 140.3 2 3.3 2 6. PL LX V.
R a 1 s-de-coeur i C'eft un petit ornement qui fe taille fur les fortes
de moulures qu'on appelle talons. V.p, 2$. PL VIII.
Raions ou femidiametres. V. ■p. 6j,
Rainure. Voyez Renure,
. i                                          * *'""" ' Rai-
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R- A                                        foi
Raison, quand on difpofeles pièces de bois qui doivent fervir à
un baftiment, & qu'eftant mifcs en chantier, on met chaque morceau
en fa placer on appelle cela me tre \es pièces en leur raifort.
Rameaux, en terme de fortification , font des lignes ou che-
mins fous terre, qui vont d'un puits à un autre , 6c qu'on nomme
au fît Contremines.
R amender terme des Doreurs. V.p. 212.
- Ramfneret. On dit en terme de charpenterie, tirer un trait rame-
ner et avec le cordeau^
c'eft pour prendre la longueur des arreftiers.
Rampe d'un efcalier •■> C'eft la fuite des marches depuis un paillier
^ûfques à un autre paillier faifant retour.
Ranche ou chevilles. V.p. 89.100.PI. XX.
Rancher j c'eft une manière d'échelle qui fèrt pour monter au
haut des Engins & des Grues. Id.
Ilyenaquinefeferventdumotde Rancher quepour les Engins,&
qui nomment Gruau ou Efchelier,ce qui fert aux Grues.
Râpe, Outil d'acier &efpece de lime, dont les Sculpteurs en mar-
bre fe fervent lors qu'ils n'employent plus de cizeau, & qu'ils travail-
lent à finir l'ouvrage. Il y a des râpes droites , de coudées & de pi*
quées de différentes grofïeurs.
Les Sculpteurs en pierre &en bois s'en fervent auffi, ils en ont de
grofîes & de petites qui font quarrées, plattes, rondes, Sedemy-rondesi,
Voyez Limes.
Râpe des Plombiers. J7./. 121, PI. XXVI.
Râpe des Menuifiers. Voyez,page 150. 138. Planche XXXII.
Râpes dont les Serruriers fe fervent pour ofter du bois, il y en a
de diverfes façons. Voyez p. 167.178. Planche X XX VTIL
Raport. Il y a des ouvrages de raport qui fe font fur le metail, fur les
pierres & fur le bois, comme ce qu'on appelle cDama(quinure, Mofaï-
que, & Marqueterie. V.p.
313.31 f. 3 20.
Rate aux j Ce font des garnitures de ferrures au travers defquel-
les parfTe la clef. V.p. 1 f6.
Râteliers, où les Serruriers Scautres Artifans mettent leurs ou-
tils. V.p. 172. PL XXXV.
Ravalement d'un mur} on dit ravaler un mury lorfqu'onJe finit
avec le crefpi ou l'enduit} Quand c'eft un mur de pierre détaille, on
appelle le ravaler y lorfqu'on le nettoyé avec la ripe, ou autres fortes
de fers.
R a velin, pièce d'une fortification. Voyez page 78. Planche
XIV.
Ra»
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jpi                         R A                         RE
Rayeuré où Enrayeurej c'eftun afïèmblage de pièces de bois dans
un comble de Charpenterie , au droit des croupes ou des noues. V p,
94, Planche XVU.
Recaler , c'eft ofter du bois avec une vaclope ou autre outil à
fuft. V. Rabot.
Rechampir, terme de Peinture./7,^. 214.
Rechercher toutes les parties d'une figure , la bien finir % c'eft
une manière de1 parler parmy les Peintres & les Sculpteurs, qui fignifie
le foin & l'eftude que l'on apporte pour perfectionner un ouvrage.
Rechausser. Voyez Hérisson.
Re coupes de pierres -, c'eft ce qui s'abbat des pierres lorfqu'on les
taille pour les mettre en œuvre. On s'en fert pour faire du mortier, en
les méfiant avec moitié de bon fable & de la chaux.
Re'cqupement* Voyez Arcades.
Recouvert. Panneaux recouverts en terme de menuifèrie. V. p.,
126.
On fait aufii dans la maçonnerie des joints recouverts avec des
pierres de taille, principalement aux terraflès, comme à celle de faint
Germain en Laye.
Recouvrement. Voyez Feuilleures.
Recuire, c'eft faire perdre l'aigreur & la trop grande dureté que
les métaux peuvent avoir acquis par l'écroùiflèmerit ou par la trem-
pe, en les mettant au feu.
Recuire des flancs, carreaux & pièces de metail pour les médailles
ou monnoyes. On fait auflî recuire le verre. V.p.ifi.
Re cU 1 t. Quand on met un morceau de fer au feu pour le travailler,
on dit qu'il s'endurcit au recuit ou qu'il devient revefche.
Recuite. On dit quelarecuite s'avance^ lorfque l'on voit dans les
fourneaux des Vitriers que les pièces de verre peints qu'ils y ont mis9
feparfondenty & que l'ouvrage s'avance. V.p. 189.
Redents. Voyez page 71.
Redoute, terme de fortification.
Réduit. V.p.65.
Re'emur. %fô Rezmur. -
Refait, on ait du bois refait & remis à l'équaire. Voyez pa-
ge
87- .
Réfectoire, Canaculum^ïioi où l'on mange} cemotn'eften ufa-
ge que dans les Monafteres & dans les Communautez d'Ëçclefiafti-
ques, car dans les maifons particulières on dit une Sale à manger.
Refends j ce font les entre-deux ou feparations des pierres
'
                                                                                  de
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R E                                     yog
de taille qui font aux encoigneures ou chaifnes des murailles & au-
tres endroits d'un baftiment.
On appelle murs de refends ceux qui font les fèparations des pie-
ces du dedans des Baftimens , pour les diftinguer des gros murs qui
€ont la cage
Refendre , en terme de Menuiferie, c'eft fèierdu bois fur fa
longueur.
Reficher. On dit reficher & rejoincloyer les vieillesajfîfes ,îorf-
tjue dans une muraille on en remaçonne les joints.
Refus de mouton. V. Pilotis.
Regard ou refervoir pour les eaux de fontaine, Vitruve caftel-
lum ;
Ces lieux font faits principalement pour obferver la conduite
des eaux, & voir s'il ne manque rien aux tuyaux , ou aqueducs.
Règle ou petit reglet, liftel, filet. V. Listel.
Règles de bois ou d'autre matière, fervant à toutes fortes d'Ou-
vriers.
Règle à mouchette. V. p. 53. PI. IX.
Grande & petite Règle de Charpentier. V. p. 88. p4. Pi;
XVIII.
Règles de fer des Serruriers. Voyez page i6j.
Règles à main fervant aux Vitriers. Voyez p. 200. PL
XLI1I.
Reglets plats, «kReglets à pied fervant aux Menuifiers. V.p.
12p.
138. PL XXXII.
Regr a x te r un vieux baftiment de pierre ; C'eft lorfqu'on le net-
toyé avec des ripes , des fers à retondre ou autres fortes d'outils.
Rehausser un bas relief avec de l'or-, c'eft lorfque fur la coulear,
on applique encore de l'or fur les endroits les plus clairs. On dit les
rehauts % C'eft-à-dire les endroits les plus éclairez.
Rejoinctoyer. V. Reficher.
Reins. Les parties d'une voûte qui pofènt fur les importes,
font vulgairement appellées les reins. Le mot de delumbatum qui
eft dans Vitruve 1. 6. chapitre f. qui lignifie érrené ou éreinté a efté
traduit par M. Perrault en voûte fur baiffée , à caufe que les reins en
font aftbiblis.
Relais. Voyez Berme.
Relief, terme de peinture. V.p.2%^.
Remene'e i C'eft ce qu'on nomme arriere-vouffure. Voyez Ar-
rière-voussure.
Rempart , terme de fortification. V p> 6j*
Sff                             Rem-
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504                                         R E
Remplissage ou Remplage d'une muraille ; C'eft lorfqu'ayant
fait les paremens de grofle pierre , on remplit le milieu avec du blo-
cage , ce que l'on appelle auffi garni.
Renard -, C'eft une pierre attachée au bout d'une ficelle qui fert
aux Maçons & aux Limofins à eilever les murs droits ; Car lorsqu'ils
conftruifent une muraille » ils attachent aux deux extremitez du mur
un cordeau ou une ficelle pour les conduire ; Un des bouts de cette
ficelle eft arrefté à une des extremitez de la muraille , & l'autre bout
parle feulement fur un morceau de bois qui eft mis en travers fur
l'autre extrémité du mur. Il y a une efcoehe ou hoche fur le bois
pour empeicher -que le cordeau ne change de place -, Et parce que
s'ils attachaient le cordeau ou ficelle à ce morceau de bois , il pour-
rott fe lafcher ou bander par les changernensdes temps, ils le laiflenf
pafler par defïùs l'efcoche ou hoche , y attachant feulement au bouc
une pierre afièz pefante pour le tenir toujours en mefme eftat, Se
c'eft ce qu'ils appellent un Renard,
Renard, fignal. Voyez,pagey\.
Renflement. Le renflement dans les colonnes eft appelle par
Vitruveadjeâlio, quœ adjicitur in medii columnis , Se entafïscngrzc.
Il fe fait toûjoursau tiers vers le bout d'en bas du fuft de lacolonnej Se
le milieu dont Vitruve parle, ne doit pas eftreentendu à la lettre, mais
en gênerai de ce qui eft feulement entre les extremitez. Tous les Au-
teurs n'approuvent pas le renflement des Colonnes. Il faut lire fur
cela M. Perrault fur le 2. chap. du 3. livre de Vitruve.
:. Renfle'. V. Creux.
Renformis. Les Maçons nomment ainfi les reîabliftemens qu'ils
font aux murs crevafîez ou rompus , c'eft-à-dire , lors qu'il y a quel-
que chofe de plus qu'un fimple enduit à y faire.
Renforts. V. p. 82.Se 86.
Rengrainer i C'eft un terme de monnoye. On dit rengrainer
une muraille
lors qu'elle n'a pas encore bien rèceu toute Fempraintej
& qu'on la prefîe entre les deux carrez , ce qui fe reïtere plufieurs
fois- V. page 251.
Re'nujre , Rainure ou Ruinure, c'eft un canal dans du bois; les Me-
nuifiers difent Rainure, Se les Charpentiers difent Ruiné. V-p. 126.
Re parer une figure de bronze , de plaftre Sec. c'eft en ofter les
barbes Se ce qui fe trouve de trop fort dans les joints Se les jets du
moule. On dit une fiatuï bien nettoyée & reparée j Et dans plu-
fieurs autres ouvrages, on fe fert de ce mot, pour dire qu'on y met
la dernière main.
Re-
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RE                                         ^of
Repère en gênerai lignifie toutes fortes de points marquez & fi-.
xez pour conlerver des mefures trouvées & données. C'eft la mar-
que que les Menuifîers font aux pièces de bois qu'ils aflèmblent, afin de
îesreconnoiftre pour les raflembler % ce qui le fait par des chiffres ou
marques dont les Ouvriers fe fervent. Lorfque ces pièces font ainfi mar-
quées, elles s'appellent repérées, ce mot vient de reperire $ car ce font des
lignes qui font retrouver les véritables joints & la place de chaque
choie. Les Ouvriers difent faire un repère en une ligne i au lieu qu'en
Géométrie on dit faire un point.
Repos ou Paillé d'un Efcalier. V. Escalier.
Repous ; C'eft une matière faite de vieille maçonnerie qu'on em-
ployé au lieu de fable ou ciment j on la meile avec de la chaux *
quelques-uns difent Rehures.
Repoussoirs fervant aux Tailleurs de pierre j ce font de longs
cizeaux de fer de feize à dix-huit pouces de long fervant à pouffer
des moulures.
Repoussoirs , efpeces de chevilles de fer dont fe fervent les
Charpentiers & les Menuifîers , pour faire fortir les chevilles d'af-
femblages. Voyez page S 8. 98. PI. XIX.
Repoussoirs des Serruriers. Voyez, p. 167.
Repoussoirs dont fe fervent les Graveurs en cuivre. Ce font
de petits carrez d'acier de deux pouces de long & de la groflèur des
gros burins. Ils fervent à repoufler les planches de cuivre dans les
endroits que l'on a elté quelquefois obligé de grater avec le gratoir,
ou d'effacer avec le bruniflbir. On polè le repouflbir fur le derrière
delà planche, &avec un marteau on frappe deflus. Il yen a deplu-
lîeurs figures, comme carrez , ronds & ovales, &c.
Ressauts, en terme d'Architecture, c'eft quand les corniches ou
quelques autres membres , au lieu de continuer uniment, le rejet-
tent en dehors , & font faillie.
On dit aufÏÏ d'un Efcalier, qu'il fait Mefaut, quand l'appuy n'eft
pas continué fur une mefme ligne fuivant la rampe.
Reservoî rs; Ce font de grands bafîîns où. l'on amalïè l'eau pour
les fontaines. Caflella. Vitruve iiv. 8. chap. 7.
Ressorts de ferrure. Voyez pag.-if7> ifS. 17a Planche
XXXIV.
Ressort double, ou à pied. Id.
Ressort à boudin, eipece de reiîbrtpour les Serrures. V.p%
158. ■■
Ressort de chien. Id.- '-•'•'';                           ■.-> ■
Sff s                       Res-
-ocr page 531-
joé                                        R. E
Ressort à boudin qui fert à faire que les portes lépuiflent fer-
mer toutes feules. Voyez p. 177.
Restaurer, une Figure de bronze ou de marbre , c'eft la repa-
rer dans ce qu'il y a de gafté.
Retenue > on dit qu'une pièce de bois a fa retenue fur une mu-
raille ou ailleurs, lorfqu?elle eft entaillée de telle forte qu'elle ne peut
reculer ou avancer de part ny d'autre.
Retombe'e fignifie pente , telle qu'eft celle des reins d'une
voûte. Quelques-uns difent auffi que le profil des feuilles d'un
chapiteau a peu ou beaucoup de retombée , pour dire pente , Se
ee qu'ordinairement on appelle plus ou moins galbées. V. Ab a tue
Se Arrachement.
Retondre , c'eft un terme des Tailleurs de pierre, qui fignifie
en gênerai abatre , recouper quelque chofe qui excède, comme une
partie de l'épaifïèur d'un mur. Ils appellent aulîir^tf»^,lorfqu'ils re-
paffent dans les moulures avec un fer à retondre pour les finir -, ces
fers font ou bretez , ou fans bretures.
Retoucher , on dit retoucher un Tableau qui a eft'e gaf-
i ou bien encore on dit qu'un Tableau n'efi que retouché d'un
tel maijlre
qui l'aura fait peindre fur fes defieins par fon Elevé;
ou bien c'eft une copie retouchée par celuy qui a fait l'original , ou
par un bon maiftre;
Retourner une pierre, c'eft luy faire un fécond lit ou parement,
tellement oppofé au premier qu'ils foient paralelles entre eux. Ce
que les Ouvriers difent jaugement s ce n'eft pas qu'ils n'en jaugent
dont les lits ne font pas égaux.
Retour y Faire retour en terme d'Architecture, c'eft un mem-
bre qui a deux faces , comme une corniche qui eft poféè fur deux
faces différentes.
Retraite en terme d'Architecture , c'eft quand un membre
eft retiré fur le corps du mur , au lieu de faire faillie , comme s'il y
avoit retrecifièment, diminution d'épaifleur, ou reculement dépar-
ties î Faire une retraite à une grojj'e muraille, c'eft-à-dire la dirruV
auer d'épaifleur.
Retranchement. Voyez Epaulement.
Revesche. Voyez Recuit.
Rêve s te ment > en terme de fortification. Voyez page
é9'                                                                                     a-
Revestir , on dit revefiir pour environner -, coxamQ.re'veftjr un
modellede cire avec de la terre ou autre chofe.
On
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RE                    RI                R O               5-07
On dit aufïï, en terme de Peinture & de Sculpture, revefiir ouvef-
tir une figure.
Les Charpentiers difent auffi revefiir un pan de bois , pour di-
re aflembler les tenons dans les mortaifes de toutes les pièces qui com-
pofènt un ouvrage de charpenterie.
Réussite. Les Peintres difent d'un tableau bien exécuté, qu'il y a
mie heur eu fe reiiffite.
Rezmur. Ce mot fignifîe les furfaces de deux murs, & ce
qui fe nomme le dedans œuvre, à l'égard d'un baftiment. Ainfi les
Charpentiers difent depuis le Rezmur juj"ques à une telle difiance,
îbrfqu'ils mefurent les longueurs d'une poutre, d'une muraille à l'au-
tre en dedans.
Rideau, en terme de fortification, c'eft un foiTé dontla terre eft éle-
vée fur le bord qui met les foldats à couvert.
Rifflard breté ou bretelé pour travailler en pierre. V.p7
f$.
Planche X.
Rifflart outil de Menuifier fervant à dégroffir la befogne. V.
p.
128.1 $6. Planche XXXI.
Rifflqirs, efpecesde limes taillées douces par le bout, dontles
SculpteurSjles Graveurs & les Serruriers fe fervent pour drefier,pour at-
teindre & pour nettoyer les figures
de relief ou en creux, & autres pie-
ces. Voyez, page 167.
Rigole petit canal, ou petit fofTé pour faire couler des eaux.
On dit xufii faire une rigole ou tranchée pour faire les fondemens
d'un baftiment.
Rinceaux & Fleurons. V.p. 29.Planche VIII.
Ripe, outil de Maçon de quinze ou feize pouces de long. V.
p.
5-5-. Planche X.
Ripe des Sculpteurs. V.p. %31.PlancheXLIX.
River, c'eft rabatre les telles des clouds ouautres pièces demetail
pour les affermir & les faire tenir enfemble.
Rivets d'uneferrure. Voyez page 157.170. Planche XXXIV.
Riveure. Les Serruriers nomment ainfi le morceau de fer rond, 8c
en forme de broche, qui traverse & entretient les charnières des cou-
plets & des fiches.
Robinet , c'eft la pièce de cuivre que l'on tourne & dont l'on fe fert
aux tuyaux de fontaine, pour lafcher ou retenir l'eau.
Rocaille j on appelle ouvrage de Rocaille ce qui eft fait de plu-
fieurs fortes de pierres brutes & coquillages, comme ceux que l'on fait
dans les grottes. V.page 31p.
Sff 3                      Oa
-ocr page 533-
fol                               R O (
On nomme aufîl Roeaille de petites patenoUxes de verre, dont l'on
fe fert à faire les couleurs pour peindre fur le verre V. p. 18 %.
Rochouer ouRochoir, c'eftuneboè'te où les Serruriers'& autres
Ouvriers mettent du borax.Vayez page \<$y,
Roinette , petit outil aveclequel les Charpentiers marquentleur
bois. Voyez page 88.98.1 lanche XIX.
Romaine ou pefon. VoyezBalance. V.p. 5161.
Rondelle , c'eft une eipèce de virole.
Rondelles de cuivre fervantpour les moules desPlombiers.Ky<?;g
page 117 121. PI. XXVI.
Ro nd elle, outil fait en forme de cizeau arrondi dont les Sculpteurs
en marbre fe fervent. V.p. ff. 229. PI. XL VIII.
Rondins ou Rouleaux de bois pour faire les tuyaux de plomb,
V.p. 117.119. PL XXV.
Rongne ou Moufle qui vient fur lebois. V.p. 83.
Rosasses 3 on nomme ainil certains ornemens en forme de
rofes.
Rose. On appelle Rofe une fleur qui eft au milieu de Y Abaque du
chapiteau Corinthien. Vitruveiuy donne la largeur de l'Abaque. Les
modernes la font defeendre jufques fur la volute du milieu.
Il y a auffi des Rofes qui ornent le delîbus des corniches, &qui font
miles entre les modillons.
Rosette. L'on nomme ainfi le cuivre rouge lorfqu'il eft fondu la
première fois, foit à caufe qu'on le tire par grandes pièces rondes, ou
bien à caufe de fa couleur rouge Voyez page 240.
Rossignol , c'eft un coin de bois que l'on met dans les mortaifès
qui font trop longues, lorfqu'on veut ferrer quelque pièce de bois, com-
me jambes de force & autres.
Rossig nol. Les Serruriers nomment ainfi un crochet de fer qui fèrt
pour crochettêr des ferrures.
Roue fervant à fendre le plomb. Voyez page i<>ï. 202. PL
XLIV.
Roue fervant aux grues & autres machines propres à élever des far-
deaux. AmphireuciSi Teritrochon. Vitr. V.p. fi. 61.90. 102. Pi XXL
Rouet. Voyez Hérisson.
R o ue t s & reflorts pour garnir lès ferrures. Voyez page 1 f f. 1f6«
170. Planche XXXIV,
Rouge brun* couleur pour peindre. V. p. 292»
Rouge violet. V.p. 293.
Rouge pourefmailler.P.p. 307.
Rou-
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R O                    RU                    f 09
Rougir, en coloriftant $ c'eft un terme de ceux qui peignent en
efmail. V.p. 307.
Rougir le fer en couleur de cerife. V.p.x 5*1.
Roule', bois roulé. Vp. 83.87.
Rouleaux; on appelle ainfi les volutes des confoles, nommées
ancones par Vitruve.
Rouleau dont fe fervent les Charpentiers & autres ouvriers pour
mener de groflès pièces de bois. V.p. s 1.61.91. & 104. PI. XXII.
Rouleaux fans fin ou Tours-terrieres ; ce font des Rouleaux de
bois affemblez avec entre-toifes. Ils fervent à conduire de grands far-
deaux, Se à mener de grofTès pièces d'un lieu à un autre. Voyez page 92.
10+. Planche XXII.
Rouleaux de bois dont fe fervent les Plombiers pour former les
tuyaux de plomb. V. Ron d i ns.
Roulons; Ce font de petits morceaux de bois rond qui fervent aux
rafteliers & aux efchelles.
RouvERiN; On appelle du fer rouverm, qui fe caftè à chaud 6c
qu'on a de la peine à forger. Voyez, page 143.
Rubans tortillez fans baguettes & avec baguettes; efpeces d'orne-
mens. ^.29. PI. VIII.
Rude n te', c'eft quand le bas des cannelures d'une Colonne eft
plein & remply en forme de baftons ronds, car alors on die que les co-
lonnes (ont cannelées & rudentêes-, Quelques Ouvriers difent reden-
tées,
mais il faut dire rudentées qui lignifie remplies d'une corde.
Ruderation, Voyez Hourder.
Ruille'e, c'eft l'enduit de plaftre ou mortier qui fe met fur les toi-
les pour joindre la couverture &la tuile à la muraille.
Ruiller. ou CujLiviR , c'eft auffi faire des repaires pour drefîer
toutes fortes de plans & furfaces.
Ru 1 ne' & tamponné, Iorfque l'on fait un plancher, l'on entaille & l'on
hache les coftez des folives, on y met des chevilles de bois qu'on ap-
pelle tampons pour tenir îespîaftras &îa maçonnerie dont on remplit
enfuite l'entredeux des folives, & cela fe nomme ruiné & tamponné.
Ruinure renure ou rainure. K Renure.
RuvSt ique', ouvrage ru ftiqué ou ordre ruftique enferme d'Archi-
tecture, c'eft quand les pierres font taillées ruftiquement, & que l'on
n'obferve pas exactement les parties des cinq ordres ordinaires de l'Ar-
chitecture.
On dit auflï ruftique quand le travail eft piqué au Heu d'eftre travail-
lé poliment & uniment. •
S
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S A
?î©
S
S De la Louve % efpece de crochet. Voyez page f$. Planche
IX.
SABLE,Sablon. Voyez page 34.
Il y a plufieurs efpeces de Sable. Celuy que l'on nomme de cave,
& que les Italiens appellent Rena di cava , fè tire du milieu d'un
champ. Le meilleur de tous les Sables pour faire de bon mortier, eft
celuy de rivière.
Sabl1ères, ce font des pièces de charpenterie qui fè mettent dans
les cloifons & pans de bois; elles ne doivent avoir de grolîèur au plus que
la moitié des poutres. VitruvC appelle des fablieres jointes par des te-
nons, Trabes intercardt nata. V.p. 8>j.. 9 2. Planche XVI.
Sablon blanc qui fertpour la peinture fur le verre. V.p. 183.
Sac-a-terre. Voyezpage80.PlancheXV.
Sacome , queîques-unsfe fervent de ce mot en terme d'Archite£fcu«
re pour dire moulure en faillie, il vient de l'Italien Sacoma.
S af fr.e ou Zaffre Zaffera ; félon Cardan livre cinq de Jubtilitaîe^
c'eft une terre minérale de couleur grife qui teintle verre,& qui luy don-
ne une couleur bleue propre pour les Emaux.Cefâlpinus & plufieurs au-
tres la mettent au rang des pierres minérales; elle eft nommée S a ff re à
Saphiro à caufe qu'elle donne la couleur du faphir. V.p. 183.
Saillie, Avance, Proje£ture, dulat. projetfura.
On dit un membre faillant lorsqu'il avance en dehors. Vitruve liv.
3 .chap. 3. donne pour une règle générale dans les baftimens que tous les
membres faillans doivent avoir leur faillie égale à leur hauteur. Ce qui
ne fe doit pas entendre néanmoins des fafces des architraves & des tail-
loirs des chapiteaux des ordres Tofcan & Dorique.
Saligni, efpece de marbre.\K/>. 4.1.
Salle, lat. aula. Vitruvehv.ô.ch. f. appelle tricliniales falles à man-
ger , à caufe des lits fur lefquels on fe mettoit. Les Anciens nommoient
aufiiOecos une grande falle àfairedesfeftins. ^o^sOeque.
Salon, grande Salle ou antifalle»
Salpêtre dont l'on fe fertpour peindre fur le verre. V.p. 183.
Sandaraque.^ws Mine.
Sandar ax, c'eft la gomme du genévrier dont Pou fait un vernis qui
fert à donner du luftre aux tableaux.
Sang-de-dragon; c'eft uneliqueur qui fort en larmes du fruit &
du bois d'un arbre qui croift dans l'Amérique, dontl'écorce eft déliée
-ocr page 536-
SA                                  fil
&fort aifée à couper, on nomme cet wtbrç Sangle dragon, â eâufè
que fon fruit eft fait de telle manière que quand on en levé la peau ,
on voit paroiftre defîbus la figure d'un petit animal, aufîî bien travail-
lé que s'il eftoitfait de la main de quelque Sculpteur. Ceft laliqvjeur
qui fort de ce fruit, & celle qui dégoûte de l'arbre lorfqu'on y fait
quelque incifion, que l'on vend ou en larmes ou en pain : car dans le pays
ils en forment des mafîes ou pains de meimeque l'on faitde la refine,
Cette liqueur qui reflèmble à une efpece de gomme, eft rouge ; l'on
s'en fert en certains ouvrages de vernis , & les Doreurs s'en fervent
aufîî pour donner du vif à l'or. Monard médecin Efpagnol traite
de cet arbre dans fon hiftoire des medicamens apportez de l'Améri-
que , \iv. f. ch. 24. Pline liv. 33. c. 7. l'appelle Cinabre , & dit que
ce n'eft autre chofe qu'une matière de fang que rendent & vomifTent
les Dragons , lorfqu'aprés s'eftre remplis du fang des Elephans, ils
fe trouvent écrafez par la pefanteur de ces animaux qui tombent fur
eux. Il y a pîufîeurs Auteurs qui en ont écrit, & qui croyent qu'il
y a de deux efpeces de fang de Dragon. On peut voir le P. Cefîus
dans fon livre des minéraux.
Sanguine, c'eft unepierre rouge dont l'on fait des crayons pour
deffeigner. C'eft la pierre hématite dont Pline parle au 20. chap. de
fon 36. livre , & dit qu'il y en a de cinq efpeces.
Il y a auffî une pierre de ce nom qui fert à polir. Voyez Pier-
re.
Sape. Voyez page 69.
Saper une muraille.
Sarazjnes. V. Herses.
Sarpe. Voyez Serpe.
Saumons de plomb. V. p. 114.                               
Sauterelle 5 c'eft un inftrumenC fait ordinairement de bois &
prefque fèmblable au bwueau, car elle eft toute droite & comme un
équiaire ployante, qui s'ouvre & qui fe ferme de mefme qu'un com-
pas , pour former & pour tracer des angles , & auffî pour prendre
des mefures fur le trait & fur l'ouvrage. Elle fert pour couper une
pierre par le bout ou autrement, avant que de la mettre en œuvre
quand il doit y avoir du biais. Les deux branches de la Sauterelle
doivent eftre d'une égale largeur par tout, ce qui n'eft pas au bu-
veau. V p. 53. PI. IX. 88. 96. PL XVIII.
Sauveterre. Les Marbriers nomment ainfi une efpece de marbre
qui fe tire fur le terroir & proche du village de Sauve-terre, à trois lieues
de S. Beat, le fond en eft noir avec des taches & veines blanches méfié
Tt£                           auffî
-ocr page 537-
5i2                   SC                                    SE
auffi de veines jaunes > c'eft le mefme que les Ouvriers de Paris ap-
pellent Brèche V. p. 4,3.
Scape. V. Escape.
Scène. Il y en avoit de trois fortes félon Vitruve livre f. chap. S.
c'eft-à-dire pour les décorations de Théâtre , mais la Scène ordinai-
rement eftoit dans le théâtre des Anciens une grande face de baf-
timens ornée de colonnes & de ftatuës qui a voient trois grandes ou-
vertureSjdans lefquelles eftoient reprefentez des Baftimens en perfpee-
tive. Il y a plufieurs chofes remarquables, pour ce qui regarde la Scè-
ne des Anciens , dont M. Perrault a traité dans fès Notes fur le 6.
chapitre du 5*. livre de Vitruve. Voyez Machine.
Scénographie , c'eft la manière de defleigner un Edifice , lorf-
qu'il eft reprefenté en perfpe&ive. Ce mot veut dire aufli une repre-
fentation de relief que l'on appelle Modelle. V. Icnographie.
Scie. Voyez Sie.
Sciographie ou Profil des dedans d'un Bafliment. Voyez ICNO-
GRAPHIE.
Scorpions. C'eftoient de grandes Arbaleftes , dont les Anciens
fe fervoient pour attaquer 8c défendre les murailles. On peut voiries
Notes de Monfieur Perrault fur le 10. livre de Vitruve.
Scotie. Scotos en grec fignifie ténèbres , obfcurité. La Scotie eft
une goutiere ronde terminée par deux filets ou quarrez. L'on appel-
le ainfi la concavité ou partie creufe en forme de demy canal» qui eft
entre les Tores ou les Aftragales dans la bafe dts colonnes. C'eft ce
que les Grecs nomment aufli tféyjt-oç, qui veut dire Toulie , parce
que la Scotie en a la Figure } on la nomme Nacelle en françois, à
caufe de fa cavité. Les Ouvriers confondent la Scotie & le Cavet,
& fouvent fe fervent indifféremment de ces deux noms. Cependant
le Cavet n'eft que la moitié d'une Scotie , & comme la quatriefme
partie d'un Canal. Voyez page 17. PL IV.
Sculpteur. Voyez page 49.
Sculpture en gênerai. Voyez page 219.
Sculpture en bois. Voyez page 225.
Sculpture en marbre, & autres pierres. Voyez page 226.
Sébile , Gale ou Jatte fervanjt aux Sculpteurs. V. p. a29.Pi
XLVHI.
Sec, on dit d'un ouvrage de Peinture ou de Sculpture qu'il eft fec»
V. Mouelleux.
Selle ou Chevalet fervant aux Sculpteurs pour modeler. V,
p.
222. 223. Planche XLVII.
Sel-
-ocr page 538-
S E                                         fi$
Sellette d'un Engin. Voyez, page %<y. 100. Planche
XX.
r Serancolin. On nomme ainfi une fortedeMarbre qui vient des
Pyrénées. L'on a efté long-temps que l'on ne pou voit avoir de ce
Marbre que par morceaux 3 à caufe qu'il eft difficile à avoir des monta-
gnes. Mais le Sieur MifTon ayant trouvé le fecret de fier lesMarbres dans
le roc avec de grandes fies, qui tournent comme l'on veut, a par cette
induftrie trouvé le moyen d'avoir ceux de Serancolin par grandes pie-
ces comme les-autres j Ce marbre fe trouve dans lavaléed'Orproche
Serancolin dans l'Evefché de faint Bertrand. Il eft Ifabelle & rouge,
& couleur d'Agathe. Voyez page 43.
Sergent. t Ce que les Menuifiers & quelques autres Ouvriers
appellent Sergent, eft une Barre de fer quarrée , ayant un crochet
en bas, & un autre qui monte & defcend le long de la barre, lequel
s'appelle Main. Les Menuifiers s'en fervent pour joindre & pour
tenir les pièces de bois , lorfqu'on les veut coler, & pour faire reve-
nir la befogne
, c'eft-à-dire approcher & prefler le bois l'un contre
l'autre. Les Tonneliers qui fe fervent beaucoup de cet outil le nom-
ment Crochet ôc Chien, parce qu'il (erre & mord fortement le bois j
& c'eft pourquoy ils ont encore une autre forte de Crochet s qui
tire & poufle en mefme temps, qu'ils appellent une Chienne , & en
quelques lieux une Trotoire, une Tire.
Serpe , ou Sarpe pour couper du bois : C'eft un outil de ferace-
ré, & tranchant d'un cofté qui a une poignée de bois. Il y a des 1èr-
pes qui font droites , & d'autres qui font courbées par le bout.
Serpe & Serpette , dont les Plombiers fe fervent. V. p. 121.
PI. XXVI.
Serpentin , Pierre dure que les Grecs nomment Ophis. Voyez
page
37.
Serrures. Il y en a de différentes fortes. Voyez p. 15-4. 178.
PI. XXXIV.
Serrure à Bofïè. Voyez p. 15 f.
Serrure Benarde, c'eft quand elle ouvre des deux caftez. V.
p.ifô.
Serrure à Houflette. Td.
Serrure qu'on nomme un Tém en bord.ld.
Serrure à Pêne-dormant, ld.
Serrure Trefiere , qui eft quarrée, & qui fèrt pour les portes.
Voyez p. iff.
Serrurerie. Voyez page 141.
Ttt z                       Ser-
-ocr page 539-
5î4           SE            S G               SI
Serti s Terme dont les Lapidaires fe fervent, pour dire Enchaf-
fé. V. p. 26$.
Severosnde. Voyez Subgronjde.
Seuil de porte , c'eft la partie d'embas du Quadre ouChafîis de
la porte. Les Anciens obfervoient de le faire élevé , 8c l'appelloient
Limen inferum-, de mefme que le haut qui s'appelle parmpnous Lin-
teau
, fe nommoit Limen fuperum.
Seùilles ou Chevet, c'eft l'endroit, où tombe & pofe le bouc
d'un pont-levis
Sgraffit, Ital. Sgraffito manière dépeindre contre les murailles,
Voyez page 303.
S1 a g e. On dit du bois dejîage , lorfque le bois eft débité avec
la Sie ï bois de brin , lorfqu'il n'eft point refendu , & qu'il n'eft
qu'équarri avec la coignéej & bois merrein, lorfqu'il eftfendu avec
un inftrument de fer » en forme d'équaire , & qui taille en def-
fous.
Sier , c'eft couper du bois ou autre chofë avec une Sie.
Sie. Il y a de différentes fortes deSiespour fier le marbre, la pierre,
& le bois y le fieur Miflon qui eft employé par le fieurFormon à tirer
les marbres des Pyrénées , a trouvé le moyen d'en faire qui tournent
& fient les marbres dans le roc.
Sie dentelée pour la pierre tendre. Voyez pag. 59. Planche
XII.
Sie fans dents. Idem.
Sies à fier de long. Ces fies ont un affûtage à chaque bout } ce
que les Ouvriers appellent main.
On fe fert pour fier de gros arbres dans les forefts , de fies qu'on
appelle pajfe-partout, qui n'ont qu'un manche à chaque bout delà
feuille , comme les fies à fier la pierre tendre j hormis que les dents
des fies de pierres ne font pas détournées , & que celles à bois font
détournées de part & d'autre avec un tourne à gauche.
Sie des Charpentiers. V. p. 88. 96. PI. XVIII.
Sie à refendre j dont fe fervent les Menuifiers. Voyez page izy,
132 Planche XXIX.
Sie à débiter. Vp.iif. 132.
Sie à tenon. Vp. 127. 132.
Sie à tourner. V.p. 128. 133.                             ;
e à arrafer. Idem.
Sie à main , ou Egohine. Idem.
Sie à cheville. Idem,
Sie
-ocr page 540-
SI                   S M                  S O               fi?
Ste à guichet} dont les Serruriers fe fervent pour faire les entrées
des Serrures. Voyez page 178. PI. XXXVIII.
Si es de différentes façons, dont fe fervent les Sculpteurs. V.p. 229.
Pl.XLVIÎI./>.23i.Pl.XHX.
Sie fervant aux Lapidaires. V.p. 263.270. PlancheLIX.
Sie de Marqueterie./^/>. 324.PI.LXIV.
Sieure de bois , Scobs -, c'eft le bois qui tombe en poudre îorf-
qu'on le fie.
Signer, dejignare. Les Vitriers àifentfîgner le verre , pour dire
marquer. Ce qu'ils font avec une efpece de pinceau, qu'ils nomment
'Drague. Voyez page 192.
Sil, Efpece d'Ochre. V. Ochre .
S1 m a 1 se , ou Sime de Sima> Camufe. C'eft le dernier & le plus haut
membre des grandes Corniches. On l'appelle autrement grande Dou-
ane
ou Gueule droite. Les Grecs nomment ces membres-là Epitithides
ïïknùliou;. Dans les Edifices anciens la Simaife qui eft au haut de la corni-
che Dorique, eft preique toujours en forme de cavet ou de demie fco-
tie, comme il fe voit au Théâtre de Marcellus ; ce que pluiieurs Archi-
tectes modernes ont imité. Mais dans l'Ordre Ionique , la Simaife du
haut de la Corniche, eft toujours une Doucine. V. C y m a i s e.
Simbleau. Quand les Charpentiers veulent tracer un cercle, ils fe
iervent d'un Cordeau, dont ils mettent un bout au point ou centre -y &
de l'autre, ils marquent & tracent telle portion de cercle qu'ils veulent j
Ils appellent ce cordeau ou Ficelle, un Simbleau.
Singe, c'eft un Engin, avec lequel on defcharge les marchandifes
qui font dans les bateaux, & dont on fefert dans les baftimens. Voyez
page 91.104,. PI. XXîï.
Smille efpece de Marteau, qui a deux pointes propres à pi-
quer le grez.
Smil le r. , ou Efmiller, c'eft piquer du grez ou du Moùelon. On dît
duMoùelonouduGrez/k/Y/i?, pour dire piqué, Plu fleurs Ouvriers
difent par corruption efchenille.
Socle. Voyez Zocle.
Soffite , c'eft-à-direle deflbus decequieftfufpendu} L'on dit le
Sojfite d'une Architrave, c'eft-à-dire la Face de deflbus: On dit aufli
quelquefois \eSoffitede la Couronne ou Larmier, que les Anciens appel-
lent ordinairement Lacunar, qui eft ce que nous appelions Plafond,
qui eft orné par compartimens de rofes, & dans l'Ordre Dorique de 18.
goûtes faites en forme de clochettes difpofées en trois rangs de fix à
chacun, & mifes au droit des goûtes, qui font au bas des Triglyphes.
Ttt 1
-ocr page 541-
fi6                                          S O
Onditauffîle Soffiee, pour dire le deffbus d'un plancher : ce mot
vient de l'Italien Sûffito, qui eft le Lamnardcs Latins.
Sole oufolive. Voyez Solives. V.p. 104.Planche XXII.
Solide, une chofe fonde, c'eft-à-direferme&bienaffûrée.
Solide, Maffif; c'eft en Architecture un corps plein.
On ditauffi lorfqu'on fait les fondemens d'un Edifice, qu'on a trouvé
le folïde-i
c'eft:-à-dire le bon fonds; fouiller dans le folidey mettre le
folide de niveau.
Solins ; l'on nomme ain fi lesefpaces qui font entre les folives au
deffus des poutres.
C'eft auffi dans les couvertures de tuile Parrefte de plaftre ou de mor-
tier que Ton fait tout le long des extremkezdu pignon du haut en bas,
pour enclaver & retenir les premières tuiles.
Solives; ce font les pièces de bois qui fervent à foûtenir les plan-
chers. Sur la longueur de fix pieds, elles doivent avoir du moins quatre
pouces de large & fix d'épaiiîèur ; Et à proportion de leur grofteur tou-
jours plus hautes que larges, à l'imitation des Trigîyphes quireprefen-
tent la hauteur, la largeur & la difpofkion des folives ou poutrelles: car
elles doivent eftre miles de champ & non pas deplat, fi on veut qu'elles
ayent plus de force. Voyez page 84. s> 2. Planche XVI.
Soliveau, petite folive.
Somme ou panier de verre. Voyez page 190.
Sommier, pièce de bois plus groffe qu'une folive, & moins grofle
qu'une poutre. Il y a des endroits où l'on nomme les poutres, Sommiers.
Sommier d'un outil à onde. Voyezpage 3 2 6. Planche LXV.
Somm 1 er ; on nomme ainlî la première pierre qui porte fur les co-
lonnes ou pilaftres, quand on forme un arc ou quelque ouverture quar-
rée, à la différence des autres pierres qui font pofées deffus, qu'on nom-
me voujfoirs, quand c'eft une arcade, ou porte, ou feneftre ronde; & cla-
veaux
quand l'ouverture eft quarrée.
On nomme aufli Sommiers les pièces qui reçoivent les bafcules des
ponts levis.
Sonnette; c'eft une machine pour enfoncer des pilotis. Fiftuca.
dans Vitruvefignifie toutes fortes de machines propres à enfoncer des
piexiXiCommcmoutonSibieSidemoifelleSj&c. Il y a différence entre la
Sonnette !k ce qu'on nomme un T>eclicq. Les Sonnettes qui font com-
pofées d'un gros bélier ou mouton de bois ou de fonte, de fer ou de cui-
vre, s'eflevent entre deux couliiîès ou moutons de bois, avec un cordage
que l'on tire & qu'on laiffè aller. Et ce qu'on appelle cDeclicq eft une au-
tre bélier d'une pefanteur extraordinaire que Fonefleve avec un tour
en-
-ocr page 542-
S O                                   fij
entre deux ou quatre pièces de bois de vingt-cinq ou trente pieds de
long-, & lorfqu'il eil monté au haut, on tire une petite corde qui détache
un declicq & fait que le mouton tombe fur la tefte du pieu.
Soubassement./^wsStylqbate.
Souche t. On appelle ainfi la pierre qui fe tire dans les Carrières, Se
qui eft au deflbus du dernier banc ;c'eft la moindre des pierres. Quel-
quefois elle n'eft que comme de la terre & du gravois. On appelle/^-
cbever -, lorfqu'on la tire pour faire tomber lès autres bancs de deflus.
V. les Notes de M. Blondeî, fur te 31. eh. de Savot.
Soucheveurs. Ce font les Carriers, qui travaillent particulière-
ment à ofter le Souchet, afin defeparer & de faire tomber les pierres.
Souder.Parmy \esSerruners,fouder deux morceaux de fer ■> c'eftles
mettre chauffer dans le feu jufques à ce qu'ils foient tout blancs, &
comme dégoutansi puis on lesjoint l'un contre l'autre» & avec lemar-
teau on foude, & des deux l'on n'en fait qu'un.
L'on foude le plomb avec de la Soudure faite de plomb & d'eftain; le
Cuivre fefoudeauffi avecdel'Eftain, & quelquefois avec un meilange
de cuivre 8f d'argent félon la delieateiTe de l'ou rage.
Soufflet , dont fe fervent les Serruriers, & autres Artiiàns. En La-
tin Mantka du Grec p******* qui veut dire une peau ou du cuir, dont
les fouflets font faits.
Soufflets des Serruriers doubles & fimples. Voyez page 172.
Planche XXXV.
Souillard. C'eft une pièce de bois afîemblée fur des pieux, &po-
fée au devant des glacis, qui font entre les piles dos Ponts de pierre.
L'on en met auffi aux Ponts de bois.
Soupape qui fert dans les pompes pour arrefter l'eau. Il y en a
de différentes fortes. Cellequi eft toute platte comme un aïs fe nom-
me Clapet. Il y en a d'autres rondes & convexes, qui font à prefent
le plus en ufage -, & d'autres qui font rondes & en pointe comme un co»
ne, ouunfauffet.
                                                                 A
Soupentes -, On appelle ainfî les barresde fer qui fervent a ioutenir
le faux manteau d'une cheminée.
Soupentes, ou pièces de bois fervant aux Grues. Voyez page
90.102. Planche XXI.
Il y a auffi des efpeces d'entrefoîes qu'on nomme Soupentes.
Soupirail II y a dans un baftiment trois principales fortes
d'ouvertures pour recevoir du jour j fçavoir les foupiraux, lescroifées
& les lucarnes.
Sourcil.Voyez Astragale.
Sous-
-ocr page 543-
51.8                 S O                  S P                 S T
SoUFAISTl. ^«Î-FaïSTI,
Spirale-, une ligne Spirale ■> c'eft une ligne circulaire, quiàme-
fure qu'elle tourne, s'éloigne toujours de fon centre, comme aux vo-
lutes & aux vis, où ces lignes tournent comme autour d'un Cy-
lindre.
Spire. AJiragale^BofelyTore, font fouventemployez indifférem-
ment par plufieurs Ouvriers & Architectes, néanmoins il doit y avoir
quelque différence. Car proprement Spire fignifie la Bafe entière de la
Colonne, à laquelle on a donné ce nom, à caufede la reflemblance
qu'elle a à ce que fignifie Spiray qui veut dire les replis d'un ferpent,
quand il eft couché en rond, ou ceux d'un chabl e.
St ade; mefïire de chemin de i z f. pas, de ?*&©: Tous les Autheurs
Grecs difent que leur Stade avoit 600. pieds-, mais les Autheurs La-
tins leur en donnent 6zf. à caufe de la différence du pied Grec au
pied Romain.
St ade > Parmy les anciens Architectes le mot de Stade fignifie aufri
unEdificeen manière de Théâtre fort long & courbé à chaque bout,
compofé de plufieurs degrez,où feplaçoientceux qui eftoientSpecta-
teurs de la courfe des Athlètes. Vitruve 1. y. c. 11.
Stampe. Voyez. Estampe.
Statue de marbre ou de bronze &c. c'eft-à-dire une Figure de
ronde boffe.
Stente'. Les Peintres difent un Tableau fientê, qui eft fait avec
peine & difficulté, dumotltalien Stentato.
Stereobate. Voyez Stylobate.
Stie de Grun ou Grain j c'eft une couleur pour peindre. Ce"mot
vient peut-eftre du Flamand Schytgel^ qui fignifie une couleur jaune :
ou bien de l'Anglois Grain, qui fignifie vert. Car la graine, dont on
fait cette couleur, qu'on appelle vulgakementgrame d'Avignon, fait
du vert & du jaune.
Stomper. Voyez Estomper.
Store Ital. Stoia&Stora. C'eft une pièce de nate couverte de toi-
le, ou une grofïè toile en double, que l'on met devant les feneftres, pour
fe deffendrede l'ardeur du Soleil : Et en latin le mot dtprœtenta ou
prœtentura peut fignifier cela, de la manière que Vitruve s'en fertl.<5.
ch.7. félon les Notes de M. Perrault.
Strieure fe prend pour les concavitez des colonnes cannelées, &
auffi pour l'efpace plat ou Littel qui eft entre chaque cannelure. Car Vi-
truve appelle Strix la concavité des Cannelures, & Stria le plain qui eft
entre les concavitez s Et c'eft ce qu'Apulée femble vouloir dire,
lorf»
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ST         SU             SV S Y            ?i9
îorfqu'i! met fronsfiriata pour rugofa. Lib 10. Afin. Aur.
Dans l'Ordre Dorique les Canelures font différentes de celles des
autres Ordres. Car elles ne font pas fi profondes, & d'ordinaire il n'y
a point d'efpace plat ou liftel entre elles, & il y a moins de Canelures.
Vitruve n'en met que 20.1. 4. chap. 3.
Stuc. Le Stuc eft fait avec du marbre blanc bien broyé & faffé,
& de la chaux. Ital. Stucco, qui vient de l'Allemand Stuk qui figni-
fie fragment ou morceau j Vitr. 1. 7. ch. 6. enfeigne à faire le Stuc.
Albarium opus eft un ouvrage fait de Stuc félon l'opinion de quelques-
uns, & que Pline appelle auffi marmoratum. V. p. 24,6.
Stucateur, Ouvrier qui travaille en Stuc.
Style d'un Cadran au Soleil -, c'eft l'Eguille qui marque les
heures , & les hauteurs des Signes , c'eft ce que les Anciens
appellent Gnomon.
Stylobate de s^o/fo'wf, Fundamentum. fulcimentum columnœ$
ce font des Piedeftaux des Colonnes ; Et 9tftoQdinç, folidi fulcimen-
tum
, c'eft-à-dire la Bafe de tout l'Edifice. Ainfi l'on peut appeller
Stereobate, & non pas Stylobate , la partie de la bafe ou fondement
qui n'eft pas fous une Colonne. Vitruve Ce fert de Scamilli, qui fî-
gnifie des Efcabeaux ou des Bancs, pour fignifîer des Piedeftaux ,
comme Iorfqu'il parle des Scamilli impares : L'obfcurité de ce paflà-
ge a exercé plufîeurs fçavans hommes.
Su âge. C'eft un outil qui fert aux Serruriers pour forger & enle-
ver les barbes des Pênes 5 & pour forger auffi les pièces en demy
rond, triangulaires , &c.
Subgronde ou foveronde. Lat. fubgrunda. Ital. gronda -, c'eft le
bas de la couverture d'une maifon qui avance pour jetter les eaux au
delà du mur, & ce qu'on appelle communément Chanlate.
Sueil déporte. Voyez Seuil.
Svelte de l'Ital. pvelto -, les Peintres Ce fervent de ce mot pour
exprimer dans les Figures ce qu'on appelle d'ordinaire dans les hom-
mes & dans les femmes, une taille dénouée, dégagée, aifée, égayée.
Suports pièces de bois fervant à un tour. Voyez page 274.
278. PI LX.
Surchauffures ou pailles , ce font des defFauts dans l'acier.
Voyez page 14 f.
Symmetr ie. M. Perrault dans fes Notes fur le 2. chap. du 1. liv,
de Vitruve, & fur le 1. chap. du 3. livre a parfaitement bien obfêrvé
que le mot de Symmetr ie, de la manière que nous en ufons d'ordinaire
en franc,ois, ne lignifie pointée que Symmetria fignifie en Grec & en
Vvv                     La-
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?2o                                        T A
Latin ; ny ce que Vitruve veut dire dans ce Chapitre, qui eft le rap-
port que la grandeur d'un tout a avec les parties, lorfquece rapport eft
pareil dans un autre tout, à l'égard auffi de fes parties où la grandeur eft
différente. Car par exemple, fi deux Statues fe rencontrent, dont l'une
ait huit pieds de haut, & l'autre huit pouces -, Et que celle qui n'a que
huit pouces, ait la tefte d'un pouce de haut -, comme celle qui a huit
pieds, a la tefte d'un pied -, On dit que ces deux Statues font de mefme
'Proportion
, fknonpas de mefme Symmetrie. Parce que Symmetrieen
françois a une autre lignification, &veut dire le rapport que les parties
droites ont avec les gauches, &celuy que les hautes ont avec les balTes,
& celles de devant avec celles de derrière, &c.
T
TAble de verre. Voyez page 190.
Table d'attente, ou compartiment quarré i c'eft ce qui le
pôle d'ordinaire fur des portes ou dans des frilès pour mettre des Inf-
criptions , Armes, Devifes , &c. Vitruve appelle Abacus une Table
d'attente livre 7. chap. 4,.
Table de bois tracée en compartiment, dont fe fervent les Vi-
triers, pour tailler leurs pièces de verre, Scies mettre en plomb, pour
compofer leurs Panneaux de vitres. V. p. 200. PI. XLIII.
Tableau. Voyez Peinture.
Tableaux des portes. Voyez pag. 127.
Tableau des feneftres ou croifées -, cela fe prend pour le quar-
ré & ouverture d'une feneftre , qui eft proprement l'épailïèur de la
muraille non compris l'Embrazure. Les Ouvriers appellent les coftez
tant de l'Embrazure ou Efcoinçon , que du Tableau les Jouées. Il
y a apparence que ce mot eft corrompu , 8c vient de Jours , car on
appelle ainfi les ouvertures des feneftres, &des portes. Vitruve liv.
4. ch. 6. dit lumen hypothyri, pour dire l'ouverture de la porte ; ce
que les Italiens nomment aulfi // lume.
Tablette. V. Banquette.
Tailler la pierre. On dit tailler , traverfer , & polir
au grez
, lorfque c'eft une pierre dure que l'on veut rendre par-
faitement taillée.
Tailleurs de pierre. V. p. 49.
T a 1 lloi r.. C'eftoit anciennement une Afïïette de bois quarrée. En
Architecture c'eft la partie la plus haute du Chapiteau des Colonnes,
& ce que les Architectes anciens nommoient Abacus qui fertde cou-
vercle
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,T A                                    fzi
vercle au vafè ou tambour qui fait le corps & la principale partie du
Chapiteau. M. Perrault dans fes Notes fur le 3. chapitre du 3. li-
vre de Vitruve, a remarqué que ce couvercle eft parfaitement quar-
ré au Chapiteau Tofcan , au Dorique, &à l'Ionique antique. Mais
au Corinthien, au Compofite & à l'Ionique moderne, mis en œuvre
par Scamozzi, qui a imité ceux du Temple de la Concorde , il eft
creufé & recoupé en dedans. Ce qui fait qu'il n'eft appelle Aba-
que
, que parce qu'il eft à" la place où les autres Ordres ont un véri-
table Abaque.
Le Tailloir ou Abaque dans l'ordre Tofcan eft appelle Plinthe au
ch. f. du 4. 1. de Vitr. parce que n'ayant point de Cymaife comme
les autres, il eft quarré comme les Plinthes des Bafes.
Talon , en terme d'Architeéture , c'eft un petit membre compo-
fé d'un filet quarré & d'uaefymaife droite. Voyez Astragale. V*
^.130. PL XXVIII.
Talon d'un pêne. V. p. 1 f 8.
Talon % efpece d'Esbauchoîr. Voyez page ijtf. Planche
lu.
Talus. Les Ouvriers appellent talus quand une muraille dimi-
nue de fbn épaifîèur à mefure qu'elle s'élève.
Talus d'un baftion ou d'un rempart. Voyez page 6j.
Tamis. Voyez Estamis:
Tampon de feutres, dont fè fervent les Graveurs en cuivre, pour
frotter leurs planches. V. p. 282. 284,. Planche LXI.
Tampons ou Chevilles de bois, dont l'on garnit les folives d'un
plancher & les poteaux des cloifons. V. Ruine'&Tamponne.
Taper , Terme dont fe fervent les Doreurs. Voyez page
208.
Taraux, Ce font des Rouleaux d'acier en forme de cône tail-
lez fpiralement en vis , pour faire des Ecroux. Il y a des Taraux
pour faire des Ecroux de fer, & d'autres pour des Ecroux de bois»
de mefme qu'il y a de différentes Filières pour faire des Vis. Voyez
p. i6j.
277. 278. PI. LX.
Tarauder. C'eft faire un Ecrou , ou un trou en façon
d'Ecrou.
Tarière , Outil de fer fermant aux Charpentiers & aux Menui-
fiers. Il y en a deplufieurs fortes & grofTeurs. Ce mot vient du grec
TÉpsTpçv , terebrum, rtfîu, terebro. V. p. 88. 96. PI. XVIII.
Quand le Tarière eft gros, les Ouvriers difent un gros Tarière-, Et
quand il eft petit, ils difent une petite Tarière.
Vvv 2                         Ta-
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'
p%                   TA                                TE
Tartere pointu. V. p. 32$. 326. PI. LXV.
Targettes j Ce font des Plaques avec verroiiiîs fervant à fer-
mer les feneftres, il s'en fait de différentes façons. Voyez page 161.
170. XXXIV.
Tas de charge. Ce font les premières pierres qu'on voit fur les
angles ou dans le plain d'un mur, &qui montrent le commencement
& la naifïànce d'une voûte, ou des branches des Ogives, Tiercerons,
Formerets, & Arcs doubleaux.
On dit, tailler ■> ou finir un ouvrage de pierre fur le tast lorfqu'el-
le eft prefte à pofer.
Tasseaux -, Ce font comme de petites Enclumes propres pour
percer , couper , river & dreffer le fer , & qui fe pofent d'ordinai-
re fur l'eftablie. Il y en a de quarrez , d'autres qui ont une petite
Bigorne. Voyez page 174. PI. XXXVI.
Tasseaux, pièces de bois fervant à la Charpente d'un logis, pour
porter les pannes. Voyez, page 8f. 52. Planche XVI.
On appelle auffi TaJJeaux deux tringles de bois, qui fouftiennent
un ais par les bouts.
Teintes , Demy-teintes , ce font termes de Peintures, pour
exprimer les diverfes couleurs, félon qu'elles font plus claires ou plus
brunes , ou plus vives ou plus tuées.
Temple. Les Temples des Anciens avoient d'ordinaire quatre
parties j fçavoir ce qu'ils nommoient Tteromata qui eftoient les ailes en
forme de gallerie ou portique j le Tronaos ou Porche appelle aufîi
tProdomos & Tropylea & mefme Veftihulum -, le Tojlieum ou Opijïo-
domos
, qui eftoit oppofé au Tronaos -, & Cella ou Seços qui eftoit
au milieu des trois autres parties. Vitruve.
Tesmoin i quand onofte des terres , foitpour baftir ou au-
trement , les Entrepreneurs laifîènt quelquefois des butes d'efpace
en efpace, afin de mefurer par leur hauteur la quantité que l'on a
oftée j ces butes fe nomment Tefmo'ms.
TENAiLLES,/0ra/><?.f. Vitr. liv. 10. eh. 2. appelle ainfi un inftru-
mentque nos Ouvriers nomment/iww, aveclequel onaccrochoit de
fon temps les pierres pour les enlever avec les grues ou engins.
Tenailles des Menuifiers. Voyez page 129. i$8. PI XXXII.
Tenailles des Vitriers. Voyez page 192. 204. PlancheXLV.
Tenailles des Fondeurs. V. p. 241. PI. L. & p. 243. Plan-
che Lî.
Tenailles des Lapidaires. Voyez page 261. 264. Planche
IVt
Gran-
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Grandes Tenailles des Serruriers fèrvaritpour la forge. V.P- 174,.
PL XXXVI.
Grandes Tenailles à crochet & à chauffer, ld.
Autres Tenailles à faire boutons.
Tenailles pour faire des vafes à chaud. V. p. 176. Planche
XXXVII.
Tenailles pour emboutir les vafes. Idem.
Tenailles à chamfraindre./^
Tenailles à liens,//
Tenailles à fer à rouets. Idem.
Tenailles à vis , ou Ëftau à main. ld.
Tenailles ordinaires./^.
Tenailles de bois pour mettre dans l'Eftau fervant à polir les
groffes pièces. V.p. 167.
Tenailles pour monnoyer les médailles & pour emboifter les
quzrrez.V.p 25-1.25-6 PL LIV.
Tenailles} enferme de fortifications ce font de grands ouvra-
ges qui couvrent les courtines des places fortifiées. V.p. 71.
Ten dre , c'eft en terme de Peinture & de Sculpture le contraire de
dur & de fee, on dit cela ejïpeint', ou travaillé tendrement.
Tendresse, îlyabeaucoup de tendrejfe dans ces plis, touteftpeint
avec beaucoup de tendrejfe & de douceur.
Tenie de t«mv/«, qui fignifie une Bande ou Bandelette que les
Latins nomment Vit ta, Fafcia, Zona, Corona. C'eft une partie de TE \
piftyle Dorique, laquelle refïèmble à une règle, & tient lieu de fymaifè.
Elle eft comme attachée à PEpiftyle au defTous des triglyphes, aufquel-
les eîlefert en quelque forte, de bafe. Barbaro l'appelle Liftel; Mais
Palladio luy conférée fbn nom ancien de Tente. Pbiîander dit qu'il
y en a de deux fortes, fçavoir celle dont je viens de parler , qu'il
nomme Inférieure -, & l'autre Supérieure, qui fert comme 'de Chapi-
teau aux triglyphes. Léon Baptifte Albert!. 7. c. 9. nomme les Tenies
Régula, lafcioU.
Te non . C'eft le bout d'une pièce de bois qui entre dans une mortai-
fe. ^.94, PL XVII.
Tenons àtournicesououlicesi ce font ceux qui font coupez tout
quarrément, & en about auprès le parement du bois, pour reveftir après
coup & quand l'ouvrage eft fait. V. p. 87.94». PL XVII.
Tenons àmorsd'afne, ou mordant, & renforts. Voyezp.%7.94,
PL XVII.
Il y a auffi les Tenons que les Menuifîers nomment clefs ,
Vvv 3                         qui
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c*                      i ri
qui font 4e deux manières-, les uns fîmples qui s'enferment dans deux
jnortaifes, & qui font arreftez avec deux chevilles. Vitruve les nom-
xa&fuhfçudes j les autres que l'on met en dehors & taillez en queue d'ai-
ronde,
que Vitruve appelle avfâifecuriçuU > à caufe qu'ils reflemblent
à de petites coignées.
Les Sculpteurs nomment auffi Tenons les pièces de marbre qu'ils
laillènt en certains endroits de leurs figures pour en foûtenir quelques
parties qui font en l'air, j ufques à ce qu'elles foient toutes finies, comme
à des bras, à des mains, à des doigts, &c.
Terme, borne,limite,de «'#**.
Quand ce mot lignifie des figures d'hommes ou de femmes fans bras
& fans jambesjiî vient de 7>ra/7z#.$-,leDieuTermeiOU de'EPf*^squi ligni-
fie Mercure, félon H. Eflienne.
Terni j on dit un Tableau terni, dont les couleurs font
pafTées.
Terrasse lignifie un lieu élevé, foitqu'il foit de terre folide, foit
qu'il (bit fur une voûte, mais cette dernière manière s'appelle plus pro-
prement plate ferme comme celles qui font couvertes de plomb, ou pa»
vées de pierres, &c. V. p, 12g.
Terrasse ou balcon. Voyez Balcon.
Terrasse On appelle ainfi, en terme de peinture îedevantdes
païfages.
Terre-verte, creta viridist fèlonPhilanderfurle/.ch.du 7. li-
vre de Vitruve. V.p. 293.
Terre d'ombre & de Cologne. V.p. 293,
Terre-plain. Voyezpage6j.
Testes de Lions que l'on taille dans les fymaifes. Voyez
Gargouilles.
Testes de Beuf* les Architectes en mettoient anciennement dans
les Métopes des Temples, à caufe des facrifices. On s'en fert encore
aujourd'huy pour fèrvir feulement d'ornement,
Tes tu à démolir ; outil de Maçon. Voyez page 57. Plan-
che X.
Tes tu à arrefte. Idem.
Tetra style > c'eft un baftiment qui a quatre colonnes à la face
de devant.
Théâtre de hian^.
. Petit Théâtre, Odeum. Le devant delà fcene du théâtre Trofce-
nium.
Le derrière du théâtre 'Parafceniumi Toftfcenium. Pour voir tout
ce qui dépeadoit de la compofition& fabrique des Théâtres anciens,
tant
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T H                     T I                       $2f
tant des Grecs que des Latins, il faut lire Vitruve livre 7. ch, tf.avecles
Notes de M. Perrault.
Théorie S-tuft», Contemplation, Confideration. L'on dit qu'une
perfonne n'a que la Théorie d'un art, iorfqu'iî n'en a pasla pratique, &
qu'il n'eftpas Ouvrier.
Thermes de Therma. Ce font des lieux pour les bains. Ce qui refte
dans Rome de ceux de Diocletien, eft encore fameux.
Thole de fer. /^Tole.
Tholus > C'eft la clef & pièce du milieu, où s'aflèmblent toutes les
courbes d'une voûte, quand elle eft de charpente, & où anciennement
l'on fùfpendoit dans les T empîes lesprefens faits aux Dieux. Quelque-
fois auffi ce mot efl: pris pour la coupe d'un Temple, ou bien pour ce
que nous appelions la lanterne que l'on met au deflus, félon Philan-
der & Barbaro. Vitruve nomme Tholus une Coupe ou Dôme ; & Flos
l'Ornement ou Fleuron qui efl: au deflus.
Throne de 3?ov@*j lieu élevé, ou fîege Royal.
Tiercerons ou Tiercerets. Voyez Voûte d'Ogives.
Tigeî l'on dit la tige d'une colonne, pour dire Con fuft ou le vif.
Vitruve Scapus.
On dit auffi la Tige d'une Clef. V. Clef.
Tige du trépan. PojezFvsr.
Tigettej ou petite caulicole. V* Caulicole.
Tira nt j c'eft une poutre ou pièce de bois quitraverfè d'une mu-
raille à une autre, & fur laquelle font pofées les Forces, qu'elles empef-
chent de s'écarter. La pièce de bois qui pof e toute droite au milieu & au
deflus du tirant, fe nomme Poinçon, l'on nomme auffi quelquefois Ti-
rant, les Entraits. Voyezpage 84.92. PI, XVI.
Tire./^^Sergent.
Tirebouclers ; i! y a des lieux où les Charpentiers appellent
ainfî cerrains outils qui leur fervent pour- dégauchir le dedans des
mortaifes.
Tjreclou j c'eft un outil de fer, plat & dentelé des deux coftez, en
forme d'une double cremillée, & dont le manche eft coudé quarrémen t
en deflus ? les Couvreurss'en fervent îorf qu'ils travaillent à des toits
couverts d'ardoifès pour arracher les clous : carpaflànt cet outil entre
deux ardoifes, les dents prennent & acrochent les doux, & en frappant
dumarteau furie manche du Titeclou, les Couvreurs attirent les doux
à eux. Voyez page 112 PI. XXIV.
Tirefond; c'eft un outil de fer en forme de vis. F. p. 323.
326.Pl.LXV.
Ti-
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f%6                        T 1                      T O
Tirbploms, c'eft un rouet dont les Vitriers fe fervent pour filer le
plomb qu'ils employent aux vitres. Voyezpage 191. 202. PI. XLÎV.
Tirer* faire tirer les Tenons en terme de charpenterie, c'eft per-
cer le trou de biais contre l'épauîement d'un tenon, pour le faire ferrer
en about. Voyez p. 86.
Tisonnier* c'eft un crochet ou efpece de palette de fer fervant
aux Serruriers & autres, pour couvrir le feu, 8c pour fablonner le fer. V.
Palette.
Tisonnier coudé. V.p. 174..PLXXXVT.
Toile graticulée ou craticulée pour réduire un tableau au petit-pié,
^.3oi.P1.LXII.
Toise-, mefure de fix pieds*/«/2r,mefurer avec la toife. V.p.%%.
To iT, tefium. Il y a deux fortes de toits -, l'un eft appelle des Latins
difpluviatum, lorfque le faiftage va d'un pignon à l'autre, & jette l'eau
des deux coftez* L'autre qu'ils nomment tefiudinatum, eft ce que nous
appelions en croupe ou en pavillon, par le moyen duquel l'eau tombe
des quatre coftez. Vitruve liv. 6, ch. 3. appelle (iillicidïa les avances des
toits, qui fervent à égouter l'eau. Il faut lireles Notes de M. Perrault fur
le 1. chap. du 2. liv. de cet Auteur.
Toits-coupez ou Combles quel'onnomme à laManfarde. V.p.
107.110.PLXXIII.
Tôle , c'eft du fer en feuilles. V.p. 143.
Tombereau* c'eft une efpece de charrette à deux roues dont le
fond & les coftez font de planches de bois. On s'en fèrt particu-
lièrement dans les baftimens pour mener du fable > de la terre &des
décombres.
Il y a des lieux où cela fe nomme Banneau.
Tond in, c'eft une petite baguette. Voyez Astragale.
Tonne efpece de coquille. V.p. 320.
Tonne AU.On vend la pierre de faint Leu & de Vergelé au tonneau,
comme la pierre de taille ordinaire fe vend à la voye, & autrefois au cha-
riot. Voyez page 4,7.
Torche-pinceau; c'eft un petit linge qui fèrt aux Peintres à ef-
fuyer leurs pinceaux & leur palette.
Torchères , ce font de grands Chandeliers qui fervent à mettre de
gros flambeaux de cire.
Torchis* c'eft une compofîtion de terre grafïè méfiée & peftrie
avec du foin ou paille, dont l'on fe fer t en plufieurs endroits pour faire
des cloifonnages & des planchers: On tortille cette matière autour de
certains baftons en forme de torches t à caufe dequoy on les appelle tor-
chis.
                                                                                    Tor.
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TO                                  f»r
Torchons ou torches de paille qu'on met fous les pierres , de
crainte qu'elles ne s'écornent lorfqu'on les taille, qu'on les porte en
befogne, ou qu'on les pofe fur le lit avec les grues , gruaux ou engins,
Les Anciens pour empefcher que le parement des pierres ne fegaftaft»
les tailloient groffierement en rond 3 &îorfqu'elles eftoient fur le tas,
ils avalaient & abbatoient cette rondeur.
Tore veutdire un lit ou bourlet, c'eft pourquoy dans l'Archite&ure
les gros anneaux des bafes des colonnes font appeliez Tores> à caufede
la reflèmblance qu'ils ont avec le bord d'un lit ou matelats, ou d'un bour-
let , à la différence des petits anneaux qui dans la bafe Ionique font
nommez Aftragales. Les Italiens appellent le Tore, Bafton -, nos
Ouvriers, rond, ou bofel. Les bafes des colonnes Tofcanes & Do-
riques , & mefme félon Vitruve les Ioniques n'ont qu'un Tore. Les
bafes Attiques ou Atticurges en ont deux , l'un fuperieur, & l'autre
inférieur -, celuy-cy a plus de groflèur que celuy de defliis. On ap-
pelle Scotie la partie creufe qui eft entre les deux Tores.
Torse i une colonne torfe eft celle dont le fuft eft en ligne fpira-
le. V. p. 22. 23. PI. VI.
Torse ou Tronc d'une Figure de l'Italien torfo, qui fignifie tronqués
c'eft un corps fans tefte, fans bras & fans jambes, tel qu'eft ce beau torfe
de marbre qui eft au Vatican, que quelques-uns croyent eftre le refte
d'une figure d'Hercule & un des plus fçavans ouvrages de l'Anti-
quité.
Tortues jc'eftoientde grandes tours de bois que l'on faifbit rou-
ler fur plufieurs roues -, elles eftoient couvertes de peaux de bœufs
nouvellement efcorchez , & ièrvoient à mettre à couvert ceux qui
approchoient des murailles, pour les miner, & pour les battre avec
les béliers. On les appelloit tortues à caufè de la force de leur toit,
dont les Ouvriers eftoient couverts comme la tortue l'eftde Ion efcail-
îe. Vitruve liv. 10. chap. 20.
Toscan. Ordre Tofcan, c'eft un des cinq ordres d'Architecture,
& le plus fimple de tous. V. p. 6.
Tour, de wp« ; c'eft un baftiment eflevé ordinairement plus haut
que les baftimens ordinaires , il y en avoit anciennement à l'entour
des murailles des Villes , pour les deffendre au lieu de baftions. Il
y a aufli des Tours dans le milieu des places pour fervir de Beffroy
ou de Donjon. On nomme encore Tours les édifices qui fervent de
clochers , comme à Paris les Tours de Noftre-Dame. Il y a des Tours
rondes & des Tours quarrées & d'autres figures.
Les Anciens fe fervoient de Tours de bois pour eflever ceux
X xx                          qui
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528                   T O                                 T R
qui afïîegeoientdes places jufques à la hauteur des murailles, afin de
combattre les affiégez à coups de flèches & de pierres , & pouvoir
entrer dans les villes fur des ponts qui s'abbatoient : Car ces Tours
avoient quelquefois jufques à trente toifes de haut , ayant plufîeurs
eftages qui fervoient d'autant de logemens à quantité de foldats.
Voyez Vitruve.
Toua , Tornus de wpv©*, machine à travailler. V. page 272. 278.
PI, LX.
Tour. , Touret} inftrument ou machine dont fè fervent les Lapi-
daires pour tailler leurs pierres. Voyez page 262. 268. PI. LVIII.
Tourillon , c'eft une efpece de pivot fur quoy tournent les flè-
ches des bafcules des ponts levis & autres chofes.
Tourmenter -, on dit du bois quife tourmente , & qui fe dejet»
te lorfqu'iî n'eft pas employé fec dans les ouvrages.
Tourmenter les couleurs } c'eft lorfqu'en peignant on les ma-
nie trop avec le pinceau ou la brofîè.
Tourne-a-gauche. C'eftun outil de fer, qui fert comme de clef
pour tourner d'autres outils. Plufîeurs Ouvriers s'en fervent, comme
Charpentiers, Menuifïers,& autres. Voyez page 1^0. 13S.PI.XXXII.
Tourne-a-gauche, fervant aux Serruriers pour tourner les vis,
taraux , & pour démonter les ferrures, & quelquefois pour redrefïèr
les rouets. Voyez p. 167. PL XXXVII.
Tourne-vis. Voyez page 326. PL LXV.
Tournices. Voyez Tenons.
Tours-terrieres. V. Rouleaux sans fin. V. p. $1.104»
PL XXII.
Tracer , marquer , ébaucher , faire le defTein de quelque
chofe.
..Tracer en Cherche ; c'eft lorfqu'on veut tracer & defcrire un
arc qui ne fe peut faire que par des points trouvez ; & pour rappor-
ter enfemble toute la Cherche fur l'ouvrage , on fe fert de la ligne
ou du cordeau , qui eft eftendu d'un bout de la Cherche à
l'autre. On pafïè de petits morceaux de bois dans le cordeau,
qui font drefiez à plomb , & dont une des extremitez aboutit
à la courbe de la Cherche : En tranfportant enfuite le cor-
deau fur la pièce de bois ou autre chofe qu'on veut tailler, les
extremitez de ces petits morceaux de bois donnent les pointes de la
Cherche.
Tracerets -, petits outilsde fer dont fe fervent les Charpentiers
pour piquer le bois. Voyez page 89. 98. PL XIX.
Tra-
-ocr page 554-
T R                                     5"29
Traçoir ; efpece de petit poinçon d'acier dont les Graveurs en
médailles fe fervent. V. p. 249.
Tr.aisneau ; on appelle ainfi une efpece de véhicule ou alîera-
blage de bois propre à porter des fardeaux, à qui ce nom a efté don-
né à caufe qu'il n'a point de roues, mais qu'on le traifne.
Trait d'équiaire, c'eft une ligne perpendiculaire , tirée fur une
ligne droite.
Trait quarré. Voyez Quarre'.
Sçavoir le Trait & coupe des pierres -, c'eft fçavoir l'art de tra-
cer les pierres pour eftre taillées & coupées hors leurs angles quarrez,
quand il eft befoin de faire des voûtes, des arcs, des arceaux, des
portes & des feneftres.
Trait, on dit aufïï le trait d'une figure ou d'un portrait. N'avoir
marqué fur une toile que les premiers traits d'un vif âge > ou d'unemain^
c'eft-à-dire n'en avoir représenté ou marqué que les contours.
Traitter noblement unfujet dans unTahleau, c'eft à-dire le re~
prefenter avec grandeur, & dans toutes les circonftances de I'hiftoire
qu'on veut peindre.
Tramontains. Les Italiens appellent Peintres Tramontainsks
Peintres eftrangers, particulièrement ceux d'Allemagne & de Flandre,
à caufe qu'ils habitent au delà de leurs montagnes.
Tranchant j C'eft la partie d'un outil qui eft faite pour cou-
per.
Tranchées; Terme de Fortification. V. p 71.
Tranchées , pour dire la fouille des fondemens ou fondations.
On nomme aufîï en termes de Baftimens, Tranchées des murs quife
croifent pour faire des murs de refend, ou pour faire liaifon avec des
murs de face ou autres.
Tranche i Coin ouCifeau pour fendre à chaud les barres de fer.
Voyez page 172. PI. XXXV.
Tranche à fendre à chaud avec fon manche. Id.
Tranchet pour couper de petites pièces de fer à chaud.
Tranchoir. Voyez Abaque.
Tranchoir. Tranchoir en lozange, Tranchoir pointu, àTrin-
glettes doubles $ ce font pièces de verre quicompofènt des Panneaux
de vitres. Voyez page 194. Planche XL.
Travailler, par efpaulées 3 c'eft faire un ouvrage pied à pied
Se parreprifes, qui ne fe peut faire tout à la fois-j comme pour re-
prendre peu à peu une muraille qui eft en péril, ou pour fouftenir
des terres mouvantes.
Xxx z                     Tra-
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*3£                                       T R
Tr.avait:... L'on dit en Peinture } voila un beau travail, pour
expt imer la beauté de l'exécution.
Trave'e. On appelle uneTravée l'efpaee d'une chambre ou d'un
plancher qui eft entre deux poutres. Voyez Espaces.
On appelle auiïï Trave'es les efpaces qui font entre les Talées
des pieux * qui ibûtiennent les ponts de bois > & qui tiennent la pla-
ce des arches des ponts de pierre.
Et par rapport à ces efpaces , les toifez qui fè font des gros
ouvrages de peinture , s'appellent Travées , que l'on eftime or-
dinairement de quatre toifes & demy chaque travée aux us &
couftumes de Paris.
Traverses de portes, qui enferment les panneaux deMenuife-
rie.Vitruve les nomme média impages. V.p. nj. 130. PI. XXVIII.
Traverses en terme de Fortification. Ce font toutes fortes de
retranchemens que l'on fait pour couper chemin aux ennemis.
Treillis, -, ce font des barreaux de fer ou de bois , qui fe
croifènt.
Trempe ou détrempe , Ital. Tempera manière de peindre. Les
Italiens nomment particulièrement peindre à trempe , lorfqu'ils fe
fervent feulement de jus de figuier & de blanc d'œuf, au lieu de
cole. Voyez page 294.
Trempe. Il y a diverfès manières de tremper l'acier & le fer
V. page 148.
Trépan. Outil dont les Maçons 8c les Sculpteurs fè fervente
Voyez page 227. 229. PI. XLVIII.
Trépan en Villebrequin. 229.
Trépan à Archet. Id.
Tréteau. C'eft une efpece de banc qui fert àfoûtenir quelque
chofe, comme font les Tréteaux des Sieurs de long , & ceux dont
l'on fe fert dans les fortifications pour fbuftenir les ponts & les galle-
ries j &c.
Tréteau pour porter la poêle où les Plombiers mettent le plomb
fondu , pour le jetter dans le moule. Voyez page 119. PL XXV.
Trevertin. Ital. Trevertino ou Tiburtino , c'eft une efpece de
pierre que les Italiens nomment ainfî , à caufe que les meilleures &
les plus folides, fe tirent fur les bords du Teveron proche de Tivoli.
Treuil. C'eft le rouleau ou cilindre de bois , autour du-
quel la corde s'entortille, lorfqu'on tourne un moulinet. Voyez page
$9. 100. PI. XX.
Triangle. C'eft une figure qui a trois coftez.
Tri an-
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T R                                         T3i
Triangle quarré.C'eftuninfiniment de boisfèrvantauxMenui-
fiers. Voyez page 12p. 13 8. Flanche XXXII.
Triangle angle, V.p. 138.
Tribune. C'étoit anciennement un heu élevé pour haranguer, &
pour voir plus commodément les Spectacles. Philander dans fes Notes
fur le 7. chap. du 4. livre de Vitruve , dit que les Italiens appellent
Tribuna , ce que nous nommons Lanterne, qui eft fur le haut
des Dômes.
Triglyphetç/j*^©-, c'eft-à-dire qui a trois graveurès.
Les Triglyphes font des ornemens dont la Frife de l'Ordre Dorique
eft enrichie. Entre les Triglyphes font les Métopes. Il doit toujours y
avoir un Triglyphe, qui réponde fur le milieu des colonnes , & qui
ait de largeur le demy diamètre de la colonne prife par le pied. Les Tri-
glyphes font compofez dansle milieu, de deux cannelures ou coches en
triangle, & de deux demy cannelures fur les cotez. Chaque efpace qui
eft entre les cannelures fe nomme par les Grecs pi^ & par les Latins,
Fémuri en François cofte ou lïjiel.
Tringle. C'eft une petite règle de bois longue &eftroite. Quel-
ques-uns nomment aufli Tr 1 ng le le petit membre quarré ou fafce qui
eft au droit de chaque Triglyphe fous laplattebande de l'Architrave,
& d'où pendent les goûtes, dans l'Ordre Dorique.
Tringler. C'eft lorfque voulant marquer une lignedroite, fort
longue & où une règle de bois ne peut atteindrè,on fefert d'un cordeau
blanchi, noirci, ou autrement, que l'on fait bander aux.deux extré-
mitez de la ligne} En l'élevant par le milieu,il faitrefïort,lkmarque
par fa percuffion la couleur, dont il a efté frotté.
Tringlettes-, outils en forme de couteaux fervant aux Vitriers à
ouvrir le plomb pour enehafler le verre. V.p. 191. 204.PJ. XLV.
Tringlettes doubles} Tringlettes en tranchoirs, ce font des
pièces de verre dont on compofè des panneaux de vitres. P oyez page
1p6.Pl.XLI.
Tr 1 que t s, Traquets ou Chevalets dont les Couvreurs fe fervent
pourefehaffauder. Voyezpage 10p. 112- PI- XXIV.
Tro ch 1 le, lignifie Poulie} c'eft ce que l'on nomme aufïï Scotie, ou
Nacelle. ^Astragale.
Trompe} c'eft une efpece de voûte qui va en s'élargifiânt vers le
haut, dont les principales font mifes dans les angles faillans ou rentrants,
pour fouftenir des baftimens en faillie,comme celle quePhilbert de Lar-
me a faite au Chafteau d'Anet.
Trompi llonj c'eft une petite trompe.
Xxx 3                  Tronc
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Hl                       T R                               T U
Tronc du piedeftal ; c'eft le corps foîide du milieu qui eft entre
la bafe & la corniche : Quelques-uns l'appellent le 'De , d'autres le
Fuji
, de mefme qu'on dit le Fuji de la colonne, tout ce qui eft entre
fa bafe & fon chapiteau. Quelques-uns difent aufïi le Tronc de la
colonne , pour dire le Fuji ou le vif.
Trophe'e; c'eft un amas d'armes & d'armures dont l'on compofe
fouvent des ornemem d'Archite&ure , & aufïï en Peinture.
Trouer. , c'eft percer avec des tarières ou des viliebrequins.
Trousseaux à faire des médailles. V. Poinçons. & page
2f8.
Trousses j ce font des cordages de moyenne groflèur , qui fer-
vent aux Charpentiers à lever de pentes pièces de bois. Voyez, page pi.
Truelle ; outil de Maçon , qui fert à employer le plaftre & le
mortier. La petite Truelle eft appellée rutrum par Vitruve ah eruen-
do.. Voyez, page
247. Planche LII.
Il y a des Truelles bretées & d'autres non bretées.
Trumeau , c'eft le maffîf 9 ou efpace d'un mur qui fe trouve
entre deux feneftres.
Trusqujn d'aftemblage ; c'eft un outil fervant aux Menuifiers
pour marquer les tenons & les mortaifes aux lieux où il doit y en
avoir. Voyez page 126. 138. Planche XXXIL
Trusquin à longue pointe. Jd.
Tuf forte de pierre tendre & groffîere.
Tuile -, tegula hamata dans vitruve fignifie une tuile qui a un
crochet , comme font celles dont l'on fe fert ordinairement à Paris.
Laët dans fon Di&ionnaire dit avoir vu animal £ tegula , au lieu de
hamata. Il y a des tuiles en demy canal, que nous appelions à la ma-
nière de Guienne; Il s'en fait encore de pîufieurs autres fortes, com-
me font les tuiles Flamandes , les tuiles faiftieres } les tuiles hachées»
les tuiles gyronnées. Voyez pag. 107.110. PI. XXIII.
Tuyau j l'on nomme ainfi toute forte de conduite qui fert pour
faire fbrtir ou entrer l'air ou l'eau en quelque lieu , & mefme la fu-
mée j car on nomme le tuyau de cheminée , l'endroit par où la fumée
monte & fort, fumale. Pollux.
On nomme encore Tuyaux , tous les canaux de plomb 3 qui fer-
vent pour conduire des eaux.
Il y a des Tuyaux de plomb qui font fans foudure. V. p. 116.
115). PL XXVI.
Il y a aufïï des Tuyaux de poterie 3 & d'autres de bois d'aulne
pour le mefme ufage.
TUYE-
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TU          TY                VA
fou&E;*Xf0rge ' C'dl,econduitParoù Pa<* k vent d"
TYM.PAN)fympammiûgmûe un tambour, une cloche On n
d'ordinaire Tympan, le fond & la partie d'un Fronton qui e/Sfr,
mée entre lescorniches, & qui répond au nud de la Frife
OnappelleauffiTympan, lespanneaux des portes de menuiferie,
&leDedupiedeftaî descolonnes. Ce mot fignifie encore une Roui
dontlonfefertauxgruës,&oùl'onfaitmarcherdeshommes Enhor
logerie, Tympan veut dire auffi une roue dentelée $ &en hvdranhm J
unqrouëcreufe.K Frontons.
                                      ^aunquc
V
VAisseau, pour mettre de l'Emenl, pour fier ks pierres dur^
K/.317.PLLXIII.
                                          terres dures.
Valets ou Varlets. Ce font des crochets de ferfervantaux MeniM
fiers,pour temr le bois fur l'eftablie. V.p. 128,134. Planche XXX
Valets fèrvantàfermerdes portes, ^/>.i 5-4,.
Vanner. On dit Vanner de doiïës quelque endroit pour arrefter
Peau, ou faire des baftardeaux, & l'on appelle Pannes les Ouvrages de
bois qui retiennent l'eau des moulins & des efcîufes.
                   B
Vantail. On nomme Vantaux ou Manteaux les deux pièces d'u-
ne porte qui s'ouvre des deux coftez-, de mefmecjue les Volets des fe"
neftres, ïorfqu'iïs vont du haut en bas.
Vantiller, c'eft mettre des dofîès ou bonnes planches de deux
pouces d'épais pour retenir l'eau.
V*rlet des Serruriers, pour blanchir des Targettes. Voves?
Chevalet.
                                                                           y
Varlope. Outil fervant aux Menuifiers. Il y en a de plufieurs
façons : car il y a la grande Varlope , la demy Varlope, &c V t,
12p. 136. Planche XXXI
                                                    ' ' ?'
Vases ou Pots. L'on orne fouvent îe comble & îe haut des
pavillons, de Vafes & de Pots de plomb ou d'autre matière , pour
iervtr d'amortuTement. On en met auffi fur les Corniches , &fur 1™
Frontons.
                                                                                 c
Veine -, On dit ks veines d'une pierre , ou d'une pièce de mar-
bre.
Ventouse ou Soupirail, fpiramentum. Vitr.hv. 8.ch 7. fe fendu
mot de columnaria.
Ventouse des fourneaux des Plombiers.^. 116.
Ver-
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f34                                   V E          /
Verboquet. Quand les Charpentiers ont une pièce de bois fort
longue à monter, ils l'attachent avec un petit cordage au gros cable, à
deux toiles ou environ du halement, pour empeïcher le hiement ou
ébranlement delapierre. Cette manière d'attacher avec un petit corda-
ge fe nomme Verboquet.
On s'en fort auffî lorfqu'on monte des colonnes de pierre ou de mar-
bre , ou d'autres grandes pierres. V.p. 90.
Verd , couleur. 11 y a diverfes fortes de verds dont l'on fe fort en
peinture félon la manière du travail} car il y en a qui font propres à
huile, qui ne fontpas bons à fraifque ou à détrempe. L'on en compofè
avec des fucs d'herbes pour peindre en miniature. Celuy que l'on fait
avec de la fleur de flambe ou iris eft fort beau. Les Italiens le nomment
verdigiglio. V.p. 300.304,
Verges deplomb fervant aux vitres. Voyez Lingotiere.
Ve rg es de fer que l'on met pour maintenir les panneaux des vitres.
Elles fe clouent par les deux bouts aux chaflîs de bois, & dansle milieu
elles s'attachent aux panneaux avec des liens ou attaches de plomb.
Ve r g e de fer fervant à couper le verre. V.p. 191.
Vérins , ce font deux pièces de bois, qui ont un boflàge dans le
milieu, & deux efcrous à la pièce de defïus, dans laquelle il y a deux vis
qui entrent. Cette machine fort pour l'ordinaire à charger degrofîes
pièces dans des charettes, ou à relever quelque logis avec un pointai\
(c'eft-à-dire une pièce de bois que l'on met debout entre les deux vis.)
Les Vérins lèvent un grand poids, pourveu que les pièces foient fortes,
& les filets des vis prés à prés. V.p. 91.104. PI. XXII.
Vermeil , couleur que l'on donne à l'or. Voyez page
21g.
Vermicule'. Il y a certaines pièces'que l'on mec principalement
dans des ouvrages ruftiques, lefquelles font travaillées avec certains en-
trelasgravez avec la pointe, en forte que cela reprefente comme des
chemins faits par des vers, ainfi qu'il s'en voit dans quelques pierres &
dans les carrières} ce que les Sculpteurs prétendent imiter dans certains
ordres, & ils appellent ce travail vermicule.
Vermillon ou Cinabre. Le Cinabre minerai appelle minium,
dont les Peintres fe fervoient anciennement,eftoit une couleur en forme
de pierre rouge, qui fe tiroit des mines de vif argent, Vitruve liv.
7. chap. 8. Le Vermillon que nous employons aujourd'huy, & qu'on
nomme Cinabre artificiel , tient lieu aux Peintres de l'ancien Mi-
niumy
qu'on eflimen'eftre pas fi beau que celuyd'aprefentque l'on fait
avec le foufFre & le vif argent. Il y a encore une autre couleur rou-
ge
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v e                                        fif
fï que Serapion appelle Minium > & lesDroguiftes Mine de plomb,
Ile fe fait avec de la cerufe bruflée, Pline l'appelle ufta> qui eft auf-
û le nom de l'ochre brûlé. V. Mine Ôcp. 2pp.
Vermoulu \ bois piqué des vers.
Vernis , il s'en fait de plufieurs fortes, pour vernir les tableaux,
les principales drogues qu'on y employé font la therebentine & le
fandarax. Voyez page 300.
Vernis propres à graver fur le cuivre. V. p. 283.
Vernis dont fe fervent les Serruriers. V. p. 162.
Verre pour ies vitres i il y en a de différentes fortes. Voyez
page 18p. 190.
Verre en table & en pièces rondes. V. p. 190.
Verre de couleur. Idem.
Verrouil de porte, il y en a de plats & de ronds. Les plats font
ordinairement attachez fur une platine avec des crampons entre les-
quels ils vont & viennent, ayant un bouton au milieu pour fermer la
porte Us entrent dans un crampon à double pâte qui fertdegafche , &
qui eft attaché au poteau, quelquefois avec des gonds rivez. Les ver-
roùils font retenus par deux efpeces d'anneaux qu'on nomme Fertevel-
les.
Au lieu de crampons, ces Vertevelles ont une double fiche ou poin-
te, qui entre dans le bois par un feul trou, & qui fè rabat par dehors
de part & d'autre. Au lieu de bouton pour les faire ouvrir & fermer , ils
ont d'ordinaire une queue. V. p. 168. PI. XXXIII.
Vert. V. Verd.
Vertevelle. V. Verrouil.
Vestibule, Veftibulum. Nous appelions ainfi un lieu couvert qui
fertde pafîàge à plufieurs appartenons d'un logis; ou plûtoft le premier
endroit de la maifbn, où l'on peut fe repofer, avant que d'entrer plus
avant. Les Anciens fe font beaucoup fèrvisde ce mot, & quelquefois
pour fignifier ce qu'ils nommaient Atrium, qui fe peut prendre pour
la mefme chofe que le Veftibuîe. Comme tous les Sçavans ont eu dif-
férentes opinions fur les mots de JSeftibulum & & Atrium , on peut
voir ce que M. Perrault en a remarqué fur le 3.&4.chap. du 6. liv.de
Vitr. Les Grecs appelloient Trotkjra les Veftibules qui eftoientdans
les portes des maifons.
Veue deFaiftiere j c'eftlorfque dans les combles & les couvertures
on laifiè entre deux chevrons, une petite ouverture pour donner jour,
laquelle eft couverte feulement d'une Faiftiere renverfée.
VEUEd'Irondelle, ouVeuëd'Oifeau. L'on dit; faire le plan& l'é-
lévation de quelque bafïiment à veu'è d'IroïïdelkAorÇque
le point de veuë
Y yy                         eft
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.f$6                                       V ï
elt fi haut que Pëfevatiori des corps-de-logis de devant n*empe£êhe
point qu'on ne voye ceux de derrière.
Vicie'. Voyez Vitie'.
Vif ou Fuft de la colonne , c'eft la partie qui eft entre le chapi-
teau & la bafo & qui diminue de grofleur & de longueur félon les
ordres. Voyez page 8. Planche I.
Vignettes. On nomme ainfi les ornemens ou figures que Port
met au commencement des livres , &au haut des pages i c'eft un di-
minutif de vigne, à caufc qu'anciennement on embellifîbk les mar-
ges des livres avec des branches de vignes.
Vignots. Efpeces de coquilles. V. p. $19. :
Villebrequin, ou Virebrequin, Il y enadeplufieursgroflêurs»
dont fe fervent la plufpart des Ouvriers.
ViLLEBREQUiN des Menuifiers avec leurs Mèches. Voyez p.12^
138. PI. XXXIL
ViLLEBREQUiN des Serruriers. V. p. 178, Planche XXXVIII.
Vindas. Machine à tirer des pierres ou autres fardeaux. C'eft
ce que Vitruve appelle Ergaîa. V. p. 91. 104. Planche XXII.
Vintaine. Les Maçons appellent ainfi un petit cordage, quifert
à conduire les quartiers de pierre qu'ils élèvent pour mettre fur le tas:
il eft attaché à la pierre j & lorsqu'on tire le gros chable , il y a un
homme en bas qui tient le bout de la Vintaine^ pour empefeherqué
la pierre ne donne contre les murs t & ne s'écorne.
Virole ou Ron©elle. C'eft une pièce de fer forgée en rond
comme un anneau.
Virole de cadenats. V. p. if^.
Vis ; n'eft autre choie qu'un coin qui tourne en forme de ligne
fpirale à l'èntour d'un cylindre. La diftance qu'il y a entre les
filets ou arreftes de la vis s'àppeîlënt un pas de vis. Voyez page
52. 6i. Planche XIII.
Vis , ou Noyau d'Une montée 3 c'eft la pièce de bois du milieu*
dans laquelle toutes les marches font emmortaifées , & tournent au-
tour en ligne fpirale i quand les marches font de pierre, la vis en eft
auflï, & chaque bout de marche en fait partie.
Vis, s'entend auffi de tout Pefcalier quand il eft rond.
Vis à jour i c'eft lorique le noyau d'une montée, rampe & tour-
ne , laiflànt un vuide au milieu , en forte que ceux qui font au haut
de la vis peuvent voir jufques à la première marche d'en bas.
Vis saint gilles * ce font des fortes de vis qui font rampantes &
routées par le deiïôus des marches j Elles foritainfi nommées à caufe de
ceî-
-ocr page 562-
Y I               UN               V O             f37
«lie qui eft au Prieuré de faint Gilles en Languedoc, qui eft peut-
S, la première faite de cette forte. V. Escalier.
IW a des Vis de cette nature à Pans au Jubé de faint Etone du
Mont, où les marches de l'efcalier font portées en lair, &foutenues
Vitie7, on dit du bois vitie , pour dire gaite. y oyez page 03.
^"raTS^V^un airemblagedeplufîeurspieces
de verre Celles du Chafteau d'Anet font des premières qui ayent
L ?v -TFMtire d'efmail blanc , félon Phil. de Lorme.
^rnne^pSneauxdevtedifeensnon,»félon la figuredes
De Lorme dit pourtant feneftres d'Eglifes.
nTioVTcouleurs. On dit qu'un tableau eft peint avec me belle
U nion aecoiuc          elless'accordent bien toutes enfemble, & a
7rde7jm élire qù' n'y enapointde trop fortes qui décrut-
ch^efait^nC™Ailesd'unmoulinàvent.Cesvolansfontcroirezïers
JeTb^drce^nVllefarbretournant. Veye.^s.
destX"comme les portesde^enuiferie aux ouvertures des po,
tes II y a des Volets brifez, Se d'autres non briiez.
Volière, aviarium, lieu à mettre tootfea^
Vol otej ce mot veut dire tortille, ou tourne, «uveroc^ >
unepartiedes^^
pofite, qui reprefentent, a ce qu on F^tadifferentes dans ces trois
tillées&tournéesen ignesfpira^
Ordres, ^S^^S^^^c de feize dans cha-
quifont au deffus des eaulicole,a^uUi^nsleCompofite,&qua-
^u^
Yyy
-ocr page 563-
73*                                        Y O
de l'entablement qui eft au deflus. C'eft pourquoy elle eft appellée Tub
vinus
parVitruvechap. 3. liv. 3 qui dit dans fon Kvre4.chap. 1. qu'el-
les représentent la coèffure des femmes, & les boucles des cheveux, qui
pendent des deux cotez de leur vifage, Léon Baptifte Albert les appelle
coquilles à caufe de la reflèmblanee qu'elles ont à la coquille d'un lima-
çon , ce qui fait que quelques Ouvriers les nomment limaces. Elles font
toutes fans cette partie qu'on appelle baluftre, excepté l'Ionique an-
tique, qui n'a des volutes qu'à deux faces.
Les petites volutes qui font au milieu de chaque face du chapiteau
Corinthien, fe nomment dans Vitruve hélices.
Il y a encore des volutes aux Confoles, aux modillons Se à d'autres
fortes d'ornemens.
Vou s so 1 r.s ou Voufîèaux s ce font les pierres d'afïemblage j qui for-
ment le cintre d'une arcade ou d'une voûte. Chaque Vouffoir a fixeof-
tez, lorfqu'il eft taillé ; Le cofté qui eft creux, Se qui doit fèrvir à former
le cintre de la voûte fe nomme doùelle ou doële intérieure du vouffoir, &
quelquefois intrados i^c le cofté qui luyeftoppofe, & qui fait le deflus
de la voûte, doiielle extérieure ou extrados. Les coftez qui font cachez
dans le corps du mur ou de la voûte fe nomment les lits de lapierre\ Se les
autres faces qui font les bouts du vouffoir, s'appellent/ex te/tes de lapier-
re.
On trace les Vouflbirs par panneaux Se par equarrifTement.
Voussure ou Voulfure : on dit donner quatre ou cinq pieds de vouf-
fure
, ou de montée fur les impofies, c'eft-à-dire de courbure ou d'éléva-
tion, à une voûte ou arcade. On nomme Arriere-vouffure\ç,s ouvertures
des portes ou feneftres qui fè forment en arcj Et comme d'ordinaire leur
plan va s'embraiànt Se s'éiargifïànt pour la plus grande commodité des
portes, S: pour faire que la lumière entre davantage par les feneftres, il
arrive que ces Arrière-voufïùres fe haufïènt plus ou moins vers leurs
extremitez félon la neceffité * ce qui fait qu'alors on les nomme ar-
riete-vouffures bombées -,
Se fi leur plan fè trouve placé de biais, & obli-
quement , elles s'appellent bombées & hiaifées.
Quand les deflus des portes Se feneftres ont du creux Se font cour-
bez, ils fe conftruifènt de vouffoir s y Se quand ils font droits Se en pla-
fond on les fait de Claveaux.
Y ovte y caméra. Saumaifë fur Solin remarque qu'il y a trois efpeces
de voûtes. La première fornix, qui eft en berceau -, la féconde teftudo
qui eft en cul de four, Se la troifîéme concha, qui eft en trompe. Mais nos
Ouvriers fubdivifent encore ces trois efpeces de voûtes, Se leur don-
nent differens noms, félon leurs différentes figures, Se les lieux où elles
font en ufage. La plus commune eft celle qu'ils nomment berceau de ca-
ve,
-ocr page 564-
V O                                       439
• a j •**■«-, v*fMfiœnte* ou tournante. Outre celle-là, il y a les
Voutesd'efcahenles Voutesd ^f^ lécsou f droitcSjle8
enarcdecloitres^ua ogives,le s Voutt ^ ^x es, à
d'unbout,vaens'élarglffant            ouBerccau eft compofée de pie-
La porte ou entrée d^ *°^ rarcqui eft au deiïus dont toutes
droits, d'impoftes ou couilinets, ce uc h
les pièces font diftinaes.f nomme quartier ou car-
Ch/q«P^T^^Ç^SfCplushautdc tous, fur lequel la
rted^
formchvouteouarcfenom^g^              nomment mftgs
j^^^oS^^^^ ouLblcudupedroit^
du pied droit ^n5PXeaUmai/qui eft fous l'arc ou voûte,
parue qui n'eft pas <*c k*;™^ cercleentier, on l'appelle Hernie?-
Y
I^rfqu'ancvouteformcun^my^ fi elle eft plus baiTe,c4
bmÂé' ^.llpVoutesGuBerceauxrampans, ceuxquinefont paspara-
On appelle Voûtes ou ?*": Voûtes & les defeentes de caves.
da»S>esflancs,ony&1tdesou£=
T/^T^>>narrdecloiftre;ceitlorlqueû€ux vuu_______
gneureàl'autre,eflmoitiécreux&mome-—
Les Voûtes *afreft^^^^^^
qui font fotsavec luncttc^^^re
               dâangîâdcleur
quilescompofent,de^
plan, & fuivant la »^^^« parfaite lorfque le plan eft
des rnefmes voûtes, *^^^dc Lit André.
quarréi ou bien s'il eft barlong, une crui                                       Leg
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f 40                                       V" O
Les Voûtes ©'ogives, autrement à la Gothique, ou moderne fe
foraient en toutes les manières dont je viens de parler ayant des nerfs
qui ont une faillie au defîbus du nud de la voûte.
Les Nerfs d'ogives font des corps faillans , ornez de diverfes
moulures qui portent & foûtiennent les pendentifs. Les Nerfs ont
divers noms félon les lieux où ils font placez , la figure qu'ils com-
pofent , & qu'il plaift à l'Architecte & aux Ouvriers de les nom-
mer.
Les Pendentifs font les quartiers des Voûtes compris entre les
nerfs ou branches d'Ogives ; on les fait quelquefois avec des voulïoirs
faits avec coupe -, d'autrefois avec des briques, du mouéllon ou de petits
pendants de pierre de taille coupez à l'équiaire.
Comme on appelle Ogives ou diagonales , les deux lignes ou arcs
qui forment, comme j'ay dit, une croix de faint André; on nomme
aufli Tierceronsles lignes qui prennent de l'extrémité des deux lignes
diagonales, & qui viennent fe joindre dans le pendentif entre la clef
du milieu & le Formeret ou Arc doubleau. On appelle Liernes les
autres lignes ou nerfs qui forment une autre croix, dont la clefeft le
centre, Sequitraverfant départ & d'autre, terminent leurs branches
aux quatre branches des Tiercerom.
Les Arcs doubleaux, ou Formerets font ceux qui prenant aux ex-
tremitezdés diagonales, former;: les quatre coftez, & font comme
quatre lunettes. La pratique ordinaire dans ces fortes de voûtes,
veut que, tant les arcs doubleaux, branches, & nerfs d'ogives, que
les pendentifs, foient dans leurs douëlles, conduits <k façonnez au trait
du compas, les figures elliptiques, ou en ance de panier, furmontées ou
furbaiflees, n'eftant pas communément en ufage pour cela. 11 faut aufli
pour une plus grande beauté de l'ouvrage, que tous les lits enjoints
des pendants, & de tous les arcs , nerfs, & branches d'ogives, Se
autres ornemens , foient conduits en forte qu'ils puiflènt eftre bor-
noyez
à la règle, & ne faflènt aucun jaret en leur cintre; & que ces
fortes de voûtes , aufli bien que les autres ayant beaucoup de pouf-
fée,, ayent de bons arcs boutanspour contrebouter & maintenir l'ou-
vrage en eftat.
La plus grande difficulté qui fe trouve en la conduite de ces Voûtes,
confifte au developement des Nerfs, lorfqu'ils naifïènt, ou d'un mefme
point, ou d'un fi petit efpace qu'ils font, comme les uns dans les au-
tres. Car lorfqu'on vient à les élever , les uns prennent leur contour
d'un cofté, Scies autres d'un autre.
11 eft encore à propos que les Liernes êc les Ogives fe.fafTent de met
• '                                                                                     me
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me grofTeur & de mefme mouîe,afinque fe rencontrant dans la clef qui
leur eft commune, ils faffent un plus bel effet.
Ce que les Ouvriers appellent Culs de four., font des Voûtes
fpheriques, dont la concavité eft de la moitié d'un cercle quand elles
ont leur plein Cintre : Car quelquefoiseîles font futbaiiTées, & quelque-
fois furhaulTées. Il y en a qui font tout à fait rondes, d'autres en ovale,
& d'autres à pans, comme l'on en peut voir de parfaitement belles au
baftiment de l'Obfervatoire.
Il y a encore une différence entre les Voûtes fpheriques fimples, &
les Voûtes fpheriques en pendentif, & cette différence confifte dans
les afllfesdesVouflbirs.
LesCoquiLLES qui fervent de couverture aux niches, font d'ordi-
naire des parties des voûtes fpheriques.
LesTROMPEsformentcommela moitié d'un coneoucornet. Il s'en
fait quelquefois qui font plates ou droites fur le devant* d'autres rondes
ou en ovale , quarrées, à pans, 8c d'autres figures régulières ouir-
regulieres.
Il eft bon de remarquer que les Maiftres de l'art appellent d'ordinaire
maïjirefjes Voûtes, les grandes Voûtes, aufquelles font fubordonnées
celles qui ne fervent que de portes, feneftres, defcentes ou pafïàges. Les
traits de celîes-cy fe font ordinairement çzcpanneaux-, & les maiftrefïes
Voûtes par équarrifiement, fi ce n"efl: pour l'exécution de quelques
traits particuliers. Ces grandes Voûtes font les Voûtes d'arreftes.
Palladio 1.1. e. 24. reconnoift fix différentes fortes de Voûtes. 1. A
croifettes ou branches d'ogives. 2. A bandes. 5. A la remenée (on
appelle aift'fi les Voûtes qui font de portion de cercle , lefquelles
n'arrivent pas tout à fait à un demy cercle. ) 4. De rondes, ou
cul de four. f. A Lunettes. 6. A Coquilles. Ces deux dernières
font d'une invention moderne i mais les quatre autres eftoientenufa-
ge chez les Anciens.
Voy e de pierre, ce qu'elle contient. V.p. 47.
Autrefois on vendoit la pierre au Chariot, ainfi que Savot l'a remar-
qué-, mais àprefentc'eft à la Voye.
Vrille , c^eft un outil de fer emmanché comme le Tarière dont fe
fervent les Charpentiers & les Tonneliers. Les Charpentiers le nonv
ment Amor^oir. Voyez p. $6. PI. XVIII.
j%
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U%            X Y          Y E Z A           Z O
X
XYst e j Xyflos fîgnifîe raclé, poly. Chez les Grecs c'eftoît un por-
tique large &fpacieux où les Athlètes s'exerçoient. C'eft pour-
quoy quelques-uns ont crû qu'il avoiteftéainfi nommé à caufe que les
Athlètes fe faifoient nettoyer & racler la peau de tout le corps pour le
rendre plus uny & gliflant,afin que les mains des Luiteurs eufïènt moins
deprife.
Xystus chez les Romains eftoit une allée d'arbres pour feprome-
ner à couvert.
é
Y
Y Eux de Perdrix, c'eft dans l'eftain une marque qui en fait corn-
noiftre la bonté. V.p. 118.
^ Z
ZAffre. Voyez Saffre.
ZaIn ou Zineft une fo- ' de pierre métallique qui vient d'Egy-
pte, & qui donne au cuivre rougw une teinture jaune encore plus belle
que ne fait la Calamine. Il çn vient auiîi d'Allemagne, elle reflèmbleà
du Régule d'Antimoine} c'eftpourquoyilyena qui le prennent pour
de l'Eftain de glace, l'oyez page 240.
Zocle. C'eft un membre quarré fur lequel on pofe quelque corps, Se
qui luy fert comme de Plinthe, de Bafe ou de Piedeftal y c'eft pourquoy
yitruvel. 3. ch. %. le nommequadra. Le mot de Zocle eft Italien, il
vient du mot htm foc eus, qui fignifie une fandale. Auffi dans l'Archi-
te&ure cette partie fert à élever le pied des Baftimens, comme fur des
patins ou fandales.
Zophore. FoyezFR.isE.
FIN.