IKONOLCGiSCH
CiSTiTUUTDilr?
RUKSUNiyERSSTElT
■ UTftECHT
'EXlLg^c/ M
-ocr page 2-OÛA ^
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.....
SI
il.-
-ocr page 4-Science
DES
DEVISES, &C.
I Qui apprend à les
i expliquer dessiner et inventer.
IOUVraGE TRES UTILE AUX ORATEURS,
Poètes. Peintres, Sculpteurs,'Graveurs, & ge-
neralement à toutes fortes de Curieux
^^S BEAUX ARTS ET DES SCIENCES.
^''^nchie ^çf augraentie d'un grand nombre de Figmes
"■vec des moralités, tirées ta phfpart ώ
CesarRipa/
( Par J. B. de l'Academie Françoife.
TOME SECOND.
Ciez ADRi AN BRAAKMAN, dans le Beurs ftraat, pre's
«Dam à l'EnfeignedçlaVillçd'Ajnfterdara 1698.
2(3jr
^Îia^*·^ E S, quatre Elémens ,
par la compoiîtion def-
quels refont les généra-
tions naturelles, parti-
cipent en un fouveraia
degré aux quatre pre-
mières qualitez ; à l'é-
gard delquelles fe trou-
^'snt aufli eh l'Homme quatre compléxions,
<3Uatre Vertus:,, quatre Sciences principales,
quatre Arts les plus nobles, quatre Saiions de
l'année, quatre iîtuations, quatre Vents, qua-
trç différences locales, & quatre caufes ou
fujets des Sciences humaines. Ces Elémens
peuvent eftre agréablement repréfcntez avec
leurs viiibics eiFets fans aucun Hi-.'rogliphe
inétaphorique ; ce qui ne femble pas hors de
propos, afin d'étalier aux yeux toutes les ciio-
fts qui peuvent tomber ibus la veuë, les An-
ciens en ayant ainfi ufé avec beaucoup de rai-
ibn, ce me femble.
II. Pari. M UAIR
-ocr page 6-266 I C Ο Ν Ο L Ο G I Ε.
V Α I R.
il ι Η
\'1
VOus le voyez icy reprtienté par une
Femme qui a les cheveux épars, &qui
efl; aiTifefur un nuage. Elle carelle d'une main
un Paon confacré à Junon DéeiTe de l'Air,
où volent divers oifcaux;& de fon autre main
elle tient un Caméléon, parce-qu'au rapport de
Pline dans fon Livre i.Chap. 33.ce merveil-
leux Animal ne s'entretient d'autre chofe que
d'air.
-................... -, i^il'
l '-s-
Lle eft figurée par une Femme nue,
_affife fur un nuage. Eile tient un fcep-
tre de la main droite, & s'appuye de la gau-
che fur une Urne, d'où s'épand de l'eau en
abondance, ayant derrie're elle quantité de
Cannes & de rofeaux. On ne donne pas le
fceptre à cet Elément fans une grande raifon,
elknt véritable qu'il n'y a rien de fi nécefiài-
re à la vie humaine que l'eau, de laquelle le
Poète Héfiode & Thalés Miléfien ont écrit,
que non-feulement elle eft le principe de tou-
tes chofes, mais la Reine de tous les Elémens.
En
Ε
i»·
! 11.'
En efFe:, c'efl; elle quiconfume la Terre, qui
éteint le Feu, & qui s'épandant par l'Air d'où
€lle tombe, eft caufe que toutes les chofes
dont l'Homme a t>efoin, naiflent icy-bas;
à caufe dequoy les Anciens l'avoient en iî
grande vénération, que lorfqu'ils juroientpar
elle, comme le remarque Virgile, il falloit
tenir ce ferment pour irrévocable : ce qui eft
encore rapporté par Thomas Theomay dans
Ibn Idée du Jardin du Monde chap. 4.44.
L A TE R RE,
CElle que vous voyeiicy affife, &cou-
■ ronnée de fleurs, vous repréfente la Ter-
re. Elle tient de la main droite un Globe, &
de la main gauche une Corne d'Abondance,
pleine de toutes fortes de fruits. On la peint
eu Dame véilérable, ou fi vous voulex, fé-
conde, pour eilre , comme difent lesPoëtes,
* la Mére de tous les Animaux ; & avec un
Globe à lamain, pour montrer qu'elle eit fphé-
rique & immobile. Quant à la guirlande &
a la Corne d'Abondance qu'elle porte, l'une
& l'autre fignifient qu'elle produit abondam-
ment toutes fortes de .fleurs & de fruits pour
nourriture des Créatures vivantes.
* Ovid. I. Met. Lucret. de mr. Rcr.
-ocr page 9-68 I C Ο Ν Ο L Ο G I Ε.
CEt Elément fi néceffaire & fi dange-
reux tout enfcmble, a pour figure Hié-
rogliphique une Femme affife , -qui de fes
deux mains foûtient un vafe plein de feu.
Le Soleil darde fes rayons à plomb fur fa
tefte, & à fes coftez font mis pour fynabo-
Ics une Salamandre & des Pyralies, Ani-
maux qui ne vivent que dans le feu, -prin-
cipalement la Salamandre, qui lèlon Arifto-
te cil fi froide, qu'elle l'éteint : car quant au
Phœnix, il n'eil icy mis que pour montrer
qu'eftant conceu dans la flamme, c'eft dans
la flamme auffi qu'il laiffe fa vie.
C'eft à peu prés ce qu'on peut dire fuccinc-
tement des quatre Elémens, les principales
Puiilànces defquels, félon Empedocles, font
l'amitié & la difcorde , dont l'une unit en-
femble les chofes, & l'autre les fcpare. Le
mefme encore appelle phyfiquement du nom
de Jupiter, le Feu qui eiî au defiùs de l'Air,
tout ainfi que l'Air mefme eft marqué par
Junon. A quoy fe rapportent les fentimens
de tous les Poëtes, quand ils feignent que
la DéelTe Junon eft Sœur & Femme de Ju-
piter : pour montrer par là que leur qualité
cil prefque une mefme chofe , ou qu'il n'y
a du moins que fort peu de différence en-
tre
J C ο Ν ο L ο G I Ε. 269
^e l'un & l'autre. A quoy j'ajoute, que le
i ere Dis eft aulTi pris pour la Terre , c'eft
a dire qu'il eft Seigneur & Roy ibuverain
ae cet Elément, des enti ailles duquel les plus
précieux tre'fors fonctire·/., comme l'Or, l'Ar-
gent & les Pierreries..
M
LES
-ocr page 11-η A s I Ε.
J" L l ε efl: couronnée d'une agréable guir-
_j lande de fleurs & de fruits, & vefluë d'u-
ne riche Robe, femée de Pierreries (& de per-
les. De la main gauche elle tient plulîeurs
rameaux de ces arbres qui produifentlacaiTe,
1-e poivre, legérofle, & autres chofcs fembk-
bles, dont on peut voir la forme dans Ma-
thiole. En la droite elle porte un Encenfoir,
d'où s'exhalent des parfums extrêmement
agréables, & qui fortifient le cerveau. A quoy
le Peintre peut ajouter un Chameau couché,
ou en telle pofture qu'il avifera.
L'Afie, dont les Cofmographes font la troi-
fiéme partie du Monde, bien que par fon éten-
due elle en pourroit faire la moitié, eft ainfl.
appellée d'une fille de Thétis & de l'Océan
qu'on a feint avoir eu l'empire des deux Afies,
à fçavoir de la grande & de la petite, autre-
ment nommée Natolie.
On la coaroîine d'une guirlande de fleurs
ii'i
Ε
& de fruits, pour fignifier par là que Ton air
n'efl; pas moins benm que bien tempéré : auffi
ne produit-elle pas feulement les chofes né-
ceiTaires à l'entretien de la vie humaine,mais
encore tout ce qu'il y a de plus délicieux &
"ie plus agréable dans le Monde.
Son riche habillement eft le vray fymbole
de l'abondance & de la fertilité de ce pays-
là, dont les Peuples vont faperbementveftus,
& où les Femmes particulièrement étallent .
deflus leurs Corps tout ce que !a magnificen-
ce ont de plus précieux & de plus charmant.
^ Elle tient, de la. main droite des rameaux de
divers Aromates, à. caufe que l'Afie en produit
une fl grande quantité, qu'elle en fournit le
refte du Monde.
Par l'Encenibir qu'cFie tient, font marquées
les précieufes gommes & les épiceries qui nous
viennent de diverfes Provinces d'Afie, prin-
cipalement l'encens, qu'on employé ordinai-
rement dans les facrifices.
Quant au Chameau qui eft mis au pied de
cette figure, ce n'eft pas ians une grande rai-
fon, dautant qu'il e.ft ce uy de tous les Ani-
i^aux dont ceux de ce Pays-là fe fervent la
plus communément.
M
rJF/i /-
-ocr page 13-272 I C ο Ν ο L ο G I Ε.
Voir cette Femme morne , on juge
_____.auffi-tofl; que par elle-mefme nous eft
repréfentée l'Afrique. Elle eft preique toute
nue, ayant les cheveux crépus, pour cimier
une tefte d'Eléphant, & un collier de corail.
Elle tient un Scorpion de la main gauche, &
de la droite une Corne d'Abondance pleine
d'épics, outre qu'elle eft toujours fuivie par
un Lion & par des Serpens.
L'Afrique qui eft une des quatre Parties
du Monde, a pris fon nom, lèlon Joreph,
d'un des Defcendans d^Abraham, qu'on ap-
pelloit Afer.
Elle eftrépréfentée parunMorefque, à cau-
fe qu'ele eft ibûmifeau Midy,& mefme à la
Zone torride; d'où vient que fes Peuples ont
naturellement le teint brun, ou mefme noir
tout à fait.
On la peint nuë, dautant que ce Pays-là
n'a pas de grandes richeiiès, & qu'en divers
endroits il eft infertile.
Ce qu'on luy donne pour coëfFure la tefte
d'un Eléphant, eft tiré d'une ancienne Mé-
daille de l'Empereur Adrien; car en effet c'eft
ce Pays-là qui produit le plus d'Eléphans,
dont les Africains fe ièrvent ordinairement à
la guerre ; ce qui n'étonna pas feulement au-
trefois
Α.
trefois les Romains leurs Ennemis, mais qui
leur donna mefme de la terreur, comme il
en eft parle' dans l'Hiftoire.
On la peint avec des cheveux noirs & crê-
Pus, parce que les Mores les ont tels ordinai-
rement; outre qu'on leur donne pour orne-
nient le corail, dautant que leurs Femmes
ont accouftumé de s'en parer.
Le Lion, le Scorpion & les Serpens font
icy ajoûtez avec raifon, parce-que l'Afrique
abonde en femblables Animaux, qui font ex-
trêmement venimeux.
Quant à la Corne d'Abondance pleine d'ef-
pics, elle démontre qu'autant que l'Afrique,
eft ftérile en autres chofes, autant eft-elle fer-
tile en grains, comme le déclare ce Vers
d'Horace.
Et tous les grains qui viennent de Libye.
.........
r EU R 0 ρ κ
CEtte Partie du Monde qui excelle par-
deiTus toutes les autres, nous eft figurée
par une Dame Royalement veituë d'une Robe
de plulkurs couleurs. Elle porte fur la tefte une
riche Couronne, & fe voit affifeau milieu de
<ieux Cornes d'Abondance, dont l'une eft plei-
ne de toutes fortes de fruits,& l'autre eiialle par-
ticulièrement des raiiins en abondance. Outre.
Cis chofes elle tient de la main droite la figure
beau Temple,. & de 1 a gauche un Sceptre. :
M s Ua
.Si
■
'1·^ ?
i.
: -
-ocr page 16-■
Un Cheval ellremarquable auprès d'elle, avec
quantité de Trophées, & d'Armes de toutes
fones. A quoy font joints -encore à cofté,
des Diadèmes, des Couronnes, des Mitres
des Livres,des Globes,des Compas,des Règles^
des pinceaux, & des inftrumensdemufique.
L'Europe eft ainii nommée à caufe de la
Fille d'Agenor Roy des Phœniciens, qui fut
enlevée par Jupiter, & menée en l'ille de Crè-
te ; & eiî icy dépeinte veftuë en Reine, & de
plufieurs ditîerentes couleurs , pour montrer
par là, comm.e le remarque Strabon, que cet-
te Partie du Monde etl grandementrichc, &
que les beautez en font diverfes.
La Couronne qu'elle porte fait voir que l'Eu-
rope a toujours eule principal avantage fur les·
jil^ ; autres Parties de l'Univers, dont eileatriom-
i'.i i'[! ■ phé comme Reine. .
l'.Jl^j On la peint alTife entre deux Cornes d'A-
il I ' bondance, pleines de toutes fortes de fruits ^
- | f parce qu'au rapport du mefme Strabon dans
i fon 2. Livre, il n'efl point de Climat dans le
1, - y ; Monde qui foit plus fécond & plus fertile que
celuy-cy.
[ ; On My fait tenir un Temple de la main.
droite; pour iîgnifier que dans fon étendue
" ' ' ell cultivée la vraye & parfaite Religion.
Le fceptre qu'cHe porte eil le fymbo'.e de
la puiiTance, à caufe qu'en fon enclos ticn-
Ecnt leur Cour les plus grands Princes du
monde, & particulièrement le Souverain Pon-
tife Romain, L'authorité duquel s'étend géné-
ralement par tous les lieux où l'on fait pro-
feffion de la Foy Chreftiamc, qui parlagra^
ce
-ocr page 17-I C ο Ν ο L ο G î Ε. 17Τ
ce de Dieu eft aujourd'hay parvenue jufqu'aa
Nouveau Monde.
Par le Cheval & les Armes qui fe voyent à '
l'entour-d'elle, il eft marqué qu'elle a tou-
jours emporté le prix en matière desplusno-
bles connoiiTanccs, & des exercices de guerre,
comme par les Livres & autres chofes fem-
blables on peut juger de l'excellence des Ef-
prits tant Grecs que Latins, qu'elle a produits
en toutes fortes de Difciplines.
v a me r i qjj e.
ο
CE τ τ Ε Femme qui a le teint olivaftre,
k vifage effroyable à voir, & un voile
plufieurs couleurs qui luy couvre le Corps
^ demy, repréfente l'Amérique; outre qu'u-
nie écharpe de plumes trés-agréables, artifte-
ment jointes enfemble , la fait parîiculiére-
rnent remarquer par ce bifarre ornement. El-
le porte en une "main une flèche, &:eni'au-
tre unArc, & un Carquois à fes coftez. A
quoy l'on peut ajouter qu'elle a fur fa tefte
une guirlande de plufieurs plumes étranges,
& à fes pieds une cfpéce de Lézard reiïem-
blant à peu prés à un Crocodile ; comme en-
core une tefte humaine arrachée de ion Corps,
& traverfée d'un Dard.
Cette derniere partie du Montre nouvelle-
Kient découverte par Americ Vefpuce Flo-
M 6 renun.
rentin, dont elle a pris fon nom efl; dépeinte
preique toute nuë, parce-que fes Hubitans ont
accoutumé d'aller tous nuds, ή cen'eil qu'ils
iè couvrent les parties honteufes d'une cein-
ture faite de plumes & de coton, en forme de
frange.
La guirlande de plumes eft un ornement
dont ils fe parent d'ordinaire ; outre qu'en cer-
tain temps de l'année ils en portent un habil-
lement qu'ils font eux-mefmes avec beaucoup
d^art ponr des Sauvages, comme le remar-
quent les meilleurs Auteurs qui ont écrit de
ce pays-là.
L'Arc & les flèches font les Armes, dont
non-feulement les Hommes, mais encore les
Femmes ont accoûtumé de fe fervir en allant
combattre leurs ennemis. ο
La tefte qu'elle a fous fes pieds, y eiî mi-
fe exprés avec beaucoup de raifon, pour mon-
trer que ces Peuples inhumains fe repaiiîènt
ordinairement de chair humaine: car ils ne
manquent jamais de manger enfemble ceux
qu'ils ont pris à la guerre.
Et dautant qu'entre divers Animaux que
produit ce pays-là, les Lézards font remar-
quables, ce n'eft pas fans fujet qu'on les peint
icy, veu que dans ces Terres Neuves il y en a
de fi grands & de fi cruels, qu'ils dévorent les
autres Animaux, & les Hommes mefmes.
IIS'·
Ε S
Sri
(
i
CE τ τ Ε figure s'explique aiTeï d'elle-meP·
me , ikns qu'il ibit befoin d'en faire un
P'us ample récit, puiique par la guirlande &
i^s bouquets de diverfes fleurs qu'elle porte,
'' eft dimontré que toutes les Plantes fe re-
jiouvclient en cette belle Saifon, laplusagre'a-
de toutes celles de l'année.
r Ε S r £'.
IL ne peut mieux eftre dépeint, cemefem-
ble, qu'il eft icy, par une jeune Fille cou-
'^onnée d'efoics, veftuë de jaune, & qui tient
torche allumée.
Elle eft peinte jeune , dautant que l'Efté fe
P-ut nommer proprement la jeuneffe de l'an-
î parce-que la chaleur de la Terre eft
alors plus en ûi force qu'en tout autre temps,
pour faire meurir les fruits que la Nature
P'Odait. U
La guirlande dont elle eft couronnée faite
d'efpics, eil le fymbole du principal fruit que
donne cette Saiibn.
On rhabille de jaune, pourlareiTemblance
qu'a cette couleur avec le bled quand il eil en
ia maturité.
Quant au flambeau idlumé qu'on luy met
en la main, il marque proprement la grande
chaleur que le Soleil rend enEité, comme le
remarque Ovide Liv.. 2. Met.
A ce que je viens de dire on peut ajoûfer
que les Anciens , au rapport de Gregpire
Giraldi, repréfentoient ordinairement l'Efté
par la DéeiTe Gérés, qu'ils habilloient en Da-
me majeftaeufe & d'âge robufte, luy faifant,
tenir des faifceaux- d'elles, des Pavots, &
d'autres Plantes qui luy eftoient convenables.
η AU ΊΌ M NE.
IL fe voit icy fous la figure d'une Femme
que ibn embonpoint rend remarquable auf-
fi bien que fon habillement qui eft fort riche.
Elle eft couronnée d'une guirlande de pam-
pres ; outre que de la main droite elle tient
un gros raifin, & de la gauche une Corue d'A-
bondance , pleine de fruits de diverfes fojtœ.
Elle eft peinte d'un âge viril, à caufe que
la Saifon de l'Automne eft appelk'e la virili-
té de l'aunés 5 & fi les Poètes la nomment
aiufl,
-ocr page 21-ainiî, c'eft pour montrer que la Terre ell
alors difpofée à donner aux Hommes les fruits
que la chaleur de l'Efté a meuris, & de fe dé-
pouiller des feuilles & des femences, eûant
comme laffée d'engendrer
Son embonpoint & fon habillement fuper-
bc montrent que cette Saifon eft la plus fécon-
de & la plus riche de toutes celles de l'année..
Le mefme eft encore fignifié par le raifiii,
& la Corne d'Abondance que porte l'Autom-
i-e , parce- que luy - mefme donne abondam-
ment du vin, des fruits, & autres chofçs fem-
biables, ncceiTaires à leur entreténemeiit.
' ί^ΐ' iÎÎ?
ON le repréfente par une vieille Femme,,
veftuc d'une Robe fourrée ayant le dos
tourné vers le feu, fans autre ibiu que de man-
ger , de boire, & de fe chauffer.
Sa vieillefle nous figure celle de l'année, par-
ce-qu'en Hyver la Terre laffée de iès travaux
naturels, devient glaçée, mélancolique, & dé-
pouillée de fes plus grandes beautez.' Cesvers
d'Ovide le démontrent.
UHyver froid ξ^ tremblant tout couvert
de glaçons,
Î'ar d'étranges d^e'gafis vient défiler la "Terre,
Il dépomlle les champs de fruits de moijfons,
Faifant aux Animaux me e^royable guerre.
Sa
-ocr page 22-Sa Robe fourrée, & l'aâion de manger &
de boire prés du feu , nous font remarquer
avec Piérius, qu'après la peine que nous avons
priiè en Efté, l'Hyver nous invite àjouïrpai-
liblement des richeffes que la Terre nous a
données, & femble nous inciter à vivre plus
fplendidement que de couftume.
Outre ces chofes que j'ay rapportées, quel-
ques Poètes voulant décrire l'Hyver, ont re-
préfenté Vulcain prés fa forge, comme en-
core Eole, lafchant pefle-mefme d'une Grotte
les vents les plus impétueux , à cauiè qu'ils
émeuvent ordinairement les tempeftes, qui
font plus fréquentes en Hyver qu'en toutes
les autres Saifons de l'année.
Il ne faut pas oublier icy que dans la Mé-
daille d'Antoniti Caracalla, ces mefmes Sai-
fons font marquées par les figures de quatre
Enfans qui font inégaux en âge, dont le pre-
mier porte fur Ces épaules une corbeille,plei-
ne de fleurs; le fécond, une faulx de la main
droite ; le troifiéme, un pannier qui eft rem-
ply de fruits ; & le quatrième qui eft vcftu,
au lieu que les autres font nuds, a la telle
voilée , & fur fon dos un bafton aux extré-
mitez duquel fe voyent des oifeaux morts &
diiFerens l'un de l'autre.
LES
-ocr page 23-405 I C ο Ν ο L ο G I Ε.
les quatre quar-
tiers du monde.
V 0 R IENr.
Ε τ Enfant doué d'une excellente beau-
_té , qui a le teint vermeil , les cheveux
blonds comme l'or, & fur le haut de la tefte
une eftoile refplendiiTante , eft mis icy posr
la figure Hieroglyfique de l'Orient. Son
habillement eft rouge, agréable à voir, & le-
mé par tout d'une riche broderie de perles
fines. Dans la ceinture qu'il porte, qui eil
de bleu turquin , fe voyent par ordre les Si-
Î;nes du Mouton, du Lion, & du Sagittaire.
1 tient de la main droite un bouquet de fleurs
qui commence à s'épanouir, & de la gauche
«a vafe plein de feu, d'où s'exhalent des par-
fums odoriférans. Où il efl à remarquer en-
core qu'en l'un de fes coftez le Soleil femble
fortir de Terre , d'où il darde fes rayons de
toutes parts ; & qu'en l'autre les oiieaux fe
réjouïflènt parmy les fleurs, & charment les
fens par leur agréable ramage.
Nous repréfentons icy l'Orient en l'âge d'En-
fance, parce qu'ayant à divifer lejour en qua-
tre
C
aSi ICONOLOGIE.
îre parties, iî n'eit pas mal à propos qu'en la
première il paroifle Enfant en la fécondé
jeune Garçon, en la troiiiéme Homme fait,
& en la quatrième Vieillard : d'où il arrive
qu'au mefme inftant que le Soleil fe fait voir
fur" l'Horifon, & qu'il donne naiiTance au jour,
le Ciel coinmence à fe remplir de lumière,
afin d'en remplir les Globes de la Terre. Ce
qui fait dire à Petrarque,
A feine le Soleilfotty de VOrient^
A fait voir aux Mortels fou vifage riant.
On luy attribue une beauté finguliére; par-
ce - que s'il arrive que le Soleil à fon afcen-
dcnt prédomine aux autres Corps céleftes à la
Î naiiTance de quelqu'un, delà, s'enfuit que par
, une influence particulière il eft beau de viià-
1;.; ge , & aimable, agiflant, fplendide, doiié de
. qualitez excellentes, & entr'autres d'une gé-
(f| nerofité remarquable
Son teint vermeil & fa chevelure Wonde,
^ï font des effets , des agrémens, & des béau-
tez que luy communique le Soleil , qui met
en leur luftre toutes les plus belles chofes.
L'eiloile qui brille fur fa tefte, ell: unfym-
bole de celle qui devance le jour, appellée
pour cet effet des Latins, Lucifer. D'où vient
que Petrarque dit,
Qu'un feu devant lejour cette amour eufe ef-
toiie
Pmifl fur l'Orient fans nuage ^ fans voile.
Et Virgile pareillement.
De'ja fur les fommets des Rochers i'alentour
Ueiloile du matin nous ramenoit le jour.
L'on feint que fon habillement eil rouge.,
fui-
fi!·:
iiiivant l'opinion de Bocace, qui dans fa Gé-
néalogie des Dieux dit qu'au matin le Soleil
nous paroiit de couleur de fang, à eaufe de
l'oppofition des vapeurs qui s'élevent de def-
fus la Terre.
Son veftement eil femé d'une riche brode-
rie de Perles, à caufe' que celles que l'on pri-
fe le plus viennent d'Orient pour l'ordinaire,
c'efl: pourquoi elles, font dites. Orientales, &
fort eftimées par tout le Monde pour leur
blancheur extraordinaire.
. Sa ceinture de bleu turquin repréiènte les
Signes du Mouton , du Lion, & du Sagit-
taire, dautant qu'au dire, des Aflrologues, ces
mefmes Signes font Orientaux.
A cecy lé rapporte encore qu'il tient lo
bras droit élevé, pour montrer que l'Orient
eft comme la dextre du Monde : & c'efl; pour
le mefme fujet auffi. qu'il a le viiàge tourné
de ce cofté-là ; comme pour nous appren-.
dre que ce n'eil pas fans raifoa qu'on porte
ia veuë vers ce mefme endroit, quand on
veut prier & adorer Dieu.
Le bouquet de diverfes fleurs qui com-
mencent à s'épanouïr, qu'il porte de la main
droite , & l'Aftre du jour tel qu'il eft icy dé-
peint , lignifient qu'auffi - toft que le Soleil
Paroiit fur les rives d'Orient, les fleurs s'ou-
yrem par la pointe de fes rayon%, leur émail
éclate dans les Prairies , & toutes les Créa-
tures vivantes fe réjouïiÎênt.
La fumée qui s'exhale du beau vafe qu'il
foûtient de la main gauche, nous apprend,
qu'aux Parties Orientales naiiTent les Aro-
œa-
-ocr page 27-I C ο Ν ο L ο G I Ε.
mates, les Epiceries, les Baumes, & autres
drogues de prix, dont les parfums ne font pas
moins délicieux qu'agréables à l'odorat. Le
Poète Bembo dit à ce propos,
Que le Soleil καίβα»ί dans le Ciel aHumJ,
Fait feKtir les odeurs dont Γ air efi parfume.
Et l'ingénieux Petrarque,
Qu'aux Rives d'Orient ^par tout cet Empire
S'exhalent les odeurs que le Peuple y respire.
η
, S-.·.,
.t-
LE MIDT.
IL eil figuré par un jeune More de moyen-
ne taille,ayantfurfatefteleSoleil aplomb,
que fes rayons refplendiiTans environnent de
toutes parts. Son habillement etl rouge, &
ne laiilè pas toutefois de tirer fur le jaune.
Il porte une ceinture de bleu turquin, où font
remarquables les Signes du Taureau , de la
Vierge , & du Capricorne. Il tient en fa
main droite des flèches, & en fa gauche un
rameau de Lotte , arbriffeau qui félon Pline
reiîèmble à peu prés aux fèves lors qu'elles
font en fleur. Et à fes pieds fe voyent des
bouquets & des herbes que le Soleil a fe-
chées.
Il eil peint jeune , pour la mefme raifoti
que nous avons apportée dans la figure de
l'Orient Son teint eit tout à fait noir, parce
qu'aux Parties Méridionales où le Soleil pré-
domine, il y fait les Hommes Mores par une
ver-
-ocr page 28-409 I C ο Ν ο L ο G I Ε.
vertu dont la raifon eft naturelle. Ce grand
Aftre l'environne de fes rayons qu'il darde
'droit à la tefte, à caufe que le Soleil eflant au
milieu du Ciel, en eit phis ardent, & que fes ra-
yons auffi en font plus refplendiiTans, comme k
remarque le Prince des Poètes Latins.
Le Soleil tout defeuparoiffiit à nos yeux
Plus clair plus brillant dans le milieu des
deux.
Son veftement de couleur & de flamme,
fignifie la violence de la chaleur, & le mer-
veilleux éclat de la beauté de cet Aitre.
Pour ce qui eft des Signes que ce More
porte empreints fur ià ceinture, ils font tous
Méridionaux, ièlon les Aftrologues, & par
conféquent mis icy fort à propos.
J'omets qu'il porte deux flèches dans la
main droite , parce-qu'au milieu du jour les
rayons du Soleil font comme autant de dards,
qui par leur force admirable pénétrent jufques
dans les entrailles de la Terre.
Quant aux rameaux de Lotte , il eft bien
certain que ce n'eft pas fans fujet qu'on les
fait porter à ce More ; car cette merveilleu-
ίέ Plante , qui félon les Naturaliites fe trou-
ve dans le fond de l'Euphrate dés que le So-
i^il paroift au matin fur l'Horifon, commen-
ce auiTi à paroiftre hors de l'eau, & à fe le-
y^r à mefure qu'il fe hauiTe: de manière que
lors qu'il a gagné le milieu du Ciel , elle fe
^ouve fur pied , & a produit fes fleurs & fes
^"its ; comme au contraire, lors que ce bel
Aitre panche à l'Occident & s'absiflè , elle
en tait de mefme, & fe cache dans l'eau.
Pour
-ocr page 29-Pour ce qui eft des fleurs & des herbes
qui ie voyent à fes pieds toutes arides &
féches, cela fignifie l'cxcefllve ardeur du So-
leil, à laquelle il eit impoffible d'apporter au-
cun tempéramment ; fi bien que par ce mo-
yen les Plantes brûlées perdent toute leur vi-
gueur & leur fubftance.
; ;
I
SA figure eft celle d'un Homme d'âge ro-
bufte & viril, qui a la taille belle, les yeux
bleus & étincellans, &les cheveux blonds: il
eft couvert d'Armes blanches, en aélion de
mettre la main à l'efpée, & porte une écharpe
de bleu turquin , où fe voyent trois Signes
feptentrionaux du Zodiaque, qui font le Can-
cer , le Scorpion, & les FoiiTons. Il a le vifage
tourné vers le Ciel qui eft tout couvert de fri-
mas , & regarde tout à meflxie temps les deux
Ouriës.
Son vifage eft viril, pour les raifons que nous
avons alléguées dans la figure de l'Orient.
II a le regard affreux, la taille forte, & le
teint fanguin; qualitez qui luy viennent du Cli-
mat froid , dont les Hommes ont l'eftomac
meilleur que les autres, & digèrent mieux les
viandes : comme au contraire ceux qui naif-
fent au Midy , ont la taille petite, & le teint
noir; outre qu'ils nefontpasiifanguinairesny
il erolîiers, & excellent en l'art de tromper.
M.l
Iw
II eil couvert d'Armes blanches, & en ac-
tion de tirer l'efpée hors du fourreau, pour
donner à comioiftre le naturel indomptable ,
& la fierté de courage des Peuples Septen-
trionaux. Car en eff et rexpérience a fait voir
à la plufpart du Monde, & particulièrement
à l'Italie, qu'ils ont toujours efté fort aguer-
ris. Or ce qu'ils ont ainfi l'humeur fougueu-
fe , & portée aux Armes, procède à mon
avis, d'une trop grande abondance de fang,
& d'un excès de colère qui s'allume en eux
pour la moindre chofe : auffi font - ils com-
me dit Petrarque,
Ennemis de la paix ^ quand une folle envie
Les porte à fe vanger aux dépens de leur vie.
Il porte une échatpe de bleuturquin,avec
les figures du Cancer, du Scorpion , & des
PoiiTons, parce-que, félon les Aftrologues,
ces trois Signes font feptentrionaux.
Son vifage eft tourné du cofté du Ciel, &
regarde en mefme temps la grande ·& la pe-
tite Ourfc, à caufe que ces eftoiles fixes au
Septentrion ne fe couchent jamais, eftant,
comme dit Petrarque,
Viftbîes en tons temps isf deffus nofire Pôle.
Quant aux nuages & aux frimas dont le
Ciel eft chargé, & du cofté delquels ce Guer-
rier tourne ia veuë, cela fe rapporte à ce que
dit le mefme Pétrarque parlant des Pays
^septentrionaux.
Que Γ on pnt appeUer un Climatfans par eil
Eloigné du Soleil ^
Où font de toutes parts les glaces étendues,
Et les neijes fmdHcs.
L'OC^
-ocr page 31-V Ο C C ID Ε NT.
IL eft dépeint en Vieillard , ayant une Ro-
be de couleur brune , & une ceinture de
bleu turquin , où font les Signes des Ju-
meaux , de la Balance, & du Verfeur d'e; u.
Une eftoile brille tout droit fur fa telle, &
une bandelette luy ferre la bouche. Avec
cela de la façon qu'il porte la main droite,
il femble montrer cette partie de l'Occident
où le Soleil fe couche, & dent de la gauche
des pavots. 11 faut ajouter à cecy que l'air
qui l'environne, où volent des Chauves-fou-
ris , eft grandement obfcur, & l'ombre de cet-
te figure i'ort longue.
On peint l'Occident en Vieillard, à caufe
que le Soleil eft à fon déclin loriqu'il a fait
fa carrière. Il eft habillé d'une couleurfom-
bre , pour montrer la diftance qu'il y a entre
le coucher du Soleil, & le temps auquel l'air
commence de s'obfcurcir. Ce qui fait dire à
Pontan,
L'ofi ne voyait qu'objets horribles l^fme'bres,
Lorfque la nuit couvrait laT'erre de tene'br es.
Les Signes de fon ccharpe , à fçavoir les
Jumeaux , la Balance, & le Verfeur d'eau y
font mis avec grande raifon , pour eftre tous
trois Orientaux , félon les Ailrologues.
La bouche qu'il a fermée, fignifie que du-
rant la nuit toutes chofes font calmes & dans
l-.i
ι,
ί>lt t
le filence, comme le remarque Ovide aa Livre
lo. de fes Métamorphofes.
C'eiloit en untem^sokle bruit
Avait calméfaviolence,
Quand le. repos le fileme
· Suivoientles ombres delàmiit.
L'eftoile qui luit fur ion chef, eft celle que
les Latins nomment Hefperus^ qui fe fait voir
d'ordinaire en Occident vers le commence-
nient de la nuit.
Il montre de la main droite l'endroit où le
Soleil fe couche, pour en marquer la différen-
ce d'avec l'Orient, & faire voir par mefme
moyen que le Soleil ne fe couche pasplûtoft,
qu'en fuite de cela il faut ncceflàirement qu'il
nous prive de fa lumière.
Les pavots qu'il tient de la main droite, font
les fymbçles du Sommeil, quieftdcfliné pour
le repos de la nuit: ce qui nous eft dcclaré par
ce Vers d'Ovide.
La nuit vient cependant de pavots couronnée,
Et de fonges environnée.
Il efl enveloppé de nuages fombres, à tra-
vers defquels volent confufément desChauves-
fouris,parce-que la nuit s'approchaut, l'air s'ob-
fcurcit en mefme temps, & qu'on voit alors pa-
roiftre ces Animaux noaurnes.
Ajoûtons icy pourconclufion de cedernier
quartier du Monde, que l'ombre de l'Homme
qui lerepréfente, lefurpaiTeluy-niefme, par-
ce que plus le Soieil s'éioigne de nous, plus eft
grande l'ombre de tous les Corps, puifque,
comme dit Virgile,
Par le Soleil couchant les ombres fi redoublent.
IL Part. Ν LES
-ocr page 33-lE que les Poètes ont feint d'Eole, qu'ils
_/Ont nommé Roy des Vents, diiant qu'il
les lafchoit quand il luy.plaiioic de leurs ob-
fcures Cavernes, eil entie'rement fondé fur la
vray-femblance. Car en eiFet Diodore Sici-
lien au livre 6. de fon Hiitoire rapporte,
qu'Eole fut un grand Roy qui régna dans les
Jfles appelîées de fon nom Eoliennes, qui
font fur la Mer de Sicile : & dautant que ce
Prince tres-bon & tres-jufte, apprit aux Ma-
riniers l'ufage des voiles, & qu'il connoiiToit
la nature des Vents par une fojgneu^e obfer-
vation qu'il en avoit faite, il en fut appelld
Roy, & donna lieu au fabuleux récit que l'on
en fit depuis.
I c Θ'Ν O'L Ο G I Ε:
Or bien qu'il foit fait-mention deplufieurs
Vents par les Auteurs qui en ont écrit , fi
eil'ce qu'il y en a quatre principaux dont nous
avons-à parler, qui fouflcnt des quatre Par-
ties du Monde, & que le Poète Ovide a par-
•îiculiérefflent décrits dans fes'Métamorpho-
fes.
■H;:·
: ; i·.
aSi ICONOLOGIE.
LE VENT D'O R lE NT.
Le premier des Vents eft celuy d'Orient,
repréfenté par un jeune More, qui a des
aifles au dos, un Soleil levant derrière luy,
des nuages fous fes pieds, & aux mains di-
verfes fleurs qu'il va femant en tous les lieux
par où il paiTe.
Il eft peint de couleur noire, àraiibn deià
reflemblance avec les Ethiopiens, qui font en
Levant d'où il vient. Et c'eft ainli que les
Anciens nous l'ont figuré.
Ses aifles font le fymbole de fa kgéreté;
ce qui fuiBra pour fervir d'explication à tous
les autres à q .i l'on en donne.
Quant au Soleil qui fe voit derrière luy,
il eiÎ mis icy pour un pronoftic du temps au-
quel ce Vent doit fouffler ; comme le remar-
que Virgile quand il dit,
Que k Vmt d'Orieftê nous p-éfage la phye.
Ε
Ν
-ocr page 35-IL a des aifles au dos comme tous les autres,
& mefme à fes pieds, pour une marque de
Ibn extrême villeflè.,
Quelques-uns le peignent auffi enaâion de
produire des fleurs par la force de fon haleine;
& mefme ils luy en donnent une guirlande,
comme l'obferve Philoftrate eu fes plattes Pein-
tures , où il dit que lorfque ce Vent vient à fe
lever, les Cygnes en chantent plus douce-
ment.
Λ quoy j'ajoute que Bocace, dans le Li-
vre 4. de fa Généalogie des Dieux dit qu'en-
core que ce Vent foit de compléxion froide
& humide, il ne laiflè pas toutefois par fon
tempéramment de produire les plantes & les
fleurs, dont pour cet effet on le couronne.
ΒΙ' '
293 I C ο Ν ο L ο G I Ε.
LE V Ε NT D Ε M I D T.
/'^N le rcpréfente en Homme robufte ,
V^qui a les joues enflées, & tient un ar-
rolbir en main, pour faire voir d'un cofté que
fa violence efl: grande, & de l'autre qu'il amè-
ne ordinairement la pluye.
LE V Ε NT D Ε BISE.
IL eft couché de (bu long fiir des nuages
obfcurs, & fur des frimas, pour montrer
par là, comme dit Bocace dans ià Généalo-
gie des Dieux, que ce Vent eft naturellement
froid & fec; bien que toutefois pour venir juf-
ques à nous, il pafle par la Zone Tornde,&
que changeant depuis de nature vers le Mi-
dy, il couvre l'air de nuages, qui viennent
depuis à fe réfoudre en pluye.
Ν 3
LES
-ocr page 37- -ocr page 38-194 I C Ο Ν Ο L Ο G I Ε.
W^ilfWWIl'èl · Φ -iii 'iii 'iiï '4·
i
M À R &
IL eft peint en jeune Guerrier, qui porte un
habillement de couleur tannée, ayant des
aifles au dos, en la main gauche le ligue dui
Mouton, & en la droite une-Taiïè pleine des
fruits de ia Saifon.
Nous repréfentons icy les Mois jeunes,
parce qu'ayant à divifer le Temps en Heures,
en Jours, en M^ois, & en Annees, nous pré-
fuppofons que les Heures font en eLfance,
les Jours en adolcicence, les Mois en leur jeu-
neffe, l'Armée en fa virilité, & le Temps qui
les comprend tous cnfemble, dans une extrê-
me vieilleire.
L'on feint que ce Mois a la mine févére,
& fur fa tefte un heaume, pour avoir eilé dé-
dié par Romulus à fon Pére Mars, qui luy
donna ce mefme nom.
Il eft vertu de tanne,dautant que cette couleur
eft compofée de noir & de rouge, tellement
que par l'un cil marquée la couleur de la Ter-
re, & par l'autre qui eft le rouge , la force
& la vertu d'eile-mcfme, laquelle en ce Mois-
là,
-ocr page 39-là, fortifiée de la chaleur du Soleil, fait pouf-
fer les Plantes, & réchauffer tous les Ani-
maux.
Ses aifles démontrent la courfe continuelle
des Mois exprimée par ces vers de Pétrarque
dans fon Triomphe du Tems.
Les Am, les Mots, les Jours, les Heures^
ΡαβίηΙ vifle comme un éclair,
Et tels que ks brouillars de Γ air
N'ont point de certaines demeures.
Il tient le figne du Mouton environné de
diveriès fleurs, dautant qu'en ce mois-là, qui
donne naifiance au Printemps, laTcrrcGora-
meuce de s'émailler. Car alors, coinme dit
l'Ariofte,
JJAflre du jûi.r par fa. chaleur
Fait rire içy bas toutes cbafes^
Et remuvejk la couleur
Dés lys^ des œilkts, ξ^ des rofes.
Piffoùjl eftencore montré, que comme· le
Mouton efl: foibJe,derrière, & fort par de-
vani-^ aiflille Soleil, commençant d'entrer
dans, ce: Signe, efl encor^e foible, à caufe du-
froid qui dimitjue beaucoup de fa- vigueur ;
rnajs qu'allant plus avant dans. PEfté, il ac--
çroifl infenfiblement là chaleur.
• LsiTaiiè pleine de fruits, efl;' le iymbole da
ceijx.quç; cette Saiibn commence à produire ,
& que le:Peiiiire judicieux peut div.erfiôer fe·^
Ion la qualité des lieux où. ils naiiTent ; car
aux Climats chauds il vient plûtoft·, & plus,
lentement aux Pays froids.
Ν
î C Ο Ν Ο L Ο G I Ε.
AVRIL.
IL porte une guirlande de My rthes, un habil-
lement verd, des aifles au dos, & en la
main droite le Signe du Taureau, environné
de diverfes fleurs qui naiilent en ce mois-ll.
Outre qu'en la gauche il tient une coupc plei-
ne de fruits & des Plantes de la Saifon.
Ce Mois s'appelle Avril, félon Varron du
mot Latin apenre^, à caufe qu'alors la Terre
commence à s'ouvrir pour étaller fes richeiTes.
Sa guirlande de Myrthe, Plante dédiée à
Venus, fignifie qu'en ce mefme Mois, com-
me dit fort bien Virgile,
Uinfluence àu Ctel ^ de fAHredajour.
Porte les Arbres mefme à fe faire Γ amour.
On luy donne le verd pour livrée, parce-
qu'en ce mefme Mois la Terre fe pare de
cette belle couleur, d'autant plus agréable à
la veuë, qu'il femble que dans un Champ d'é-
meraudes elle rehauiTe fon principal éclat par
l'émail des fleurs, qui font comme autant de
pierreries ; ce que l'ingénieux Pétrarque re-
préfente agréablement par ces VerS :
Oefi. en ce Mois que le Soleil riant.
Efiale aux yeux les tréfors d'Orient ;
Que dans les Champs on· voit briller les
Plantes
Pleine d'objets de couleurs différentes ;
Que
«ν
m
ICONOLOGIE.
Que dans fin Char P/}fire du jour porté.
Fait icy bas éclater fia beatité-,
lit qiiaux Forefts la triile Phihméle
Avec le jour fies plaintes renouvelle.
Que s'il tient de la main droite le Signe du
Taureau, c'eil pour donner à entendre que le
Soleil palTant eii ce mois-là par le mefme Si-
gne, augmente peu à peu fa force.
Ε Mois eit icy peint en jeune homme,
\^dont l'habiliement de couleur verte,eft
femé de toutes fortes de fleurs, dont il porte
auffi une guirlande. Il tient d'une main le Si-
gne des Jumeaux, entouré de rofes , & de
l'autre un rameau verdoyant.
Ce mois eft appelle May des Latins, àMa-
joribus, à caufe que Romulus ayant divifé le
peuple Romain en deux parties, compofées.
de jeunes Gens & de Vieillards, dont les uns
devoient gouverner la République par les ar-
mes, & les autres par le confeil , il trouva
bon pour mémoire de cette adlion de donner
à ce Mois & au fuivant les noms de May &
de Juin, comme le remarque Ovide.
Par les fleurs de fa guirlande & de fa Ro-
be verte, eft lignifiée la beauté des Prez, des
Colines & des Champs', par qui toutes les cho-
fes du Monde, quionîunèameouvcgetative,
Ν j· ou
198 I C ο Ν ο L ο G I Ε.
ou feniîtive , ou raifonnable , font comme
eharmées, êc diverfement émeuës à fe rej ouir.
Quant au Signe des Jumeaux qu'il porte,
c'eft pour montrer que la force du Soleil fe
redouble en ce Mois-là: car alors il commen-
ce à faire fentir fa chaleur. Auffi eft-il vray
que comme en ce Mois le Soleil fe lève de
Terre de deux degrez , ainfi les chofes du
Monde s'accroiffent & fe multiplient par la
génération des Aiaimaux.
.N luy donne des aiiles comme aux au-
_'très Mois, un habillement de verdjau-
nilïànt, & une guirlande d'efpics qui ne font
point encore meurs : outre qu'on luy fait te-
nir pour Eilfeigne à la main droite, le Signe
de l'Ecrevice, &de]a gauche une coupe plei-
ne de toutes fortes de fruits de la Saifon.
Les Latins l'appellent Juin, pourlamefme
raifon que nous venons d'alléguer en parlant
de May. Quelques-uns néantmoins en tirent
l'ethymologie de Junon, parce-que fous le
premier jour de ce Mois fut dédié le Temple
de cette Déeflè; ou de Junius Brutus, qui ce
mefme Mois chaflà Tarquin du Royaume.
Il eil veftu de verd jauniffant, daatant que
îe Soleil commence alors de faire jaunir les
grains, &mefmeles herbes,
L'Ecrc-
-ocr page 43-L'Ecrevice figaifie que le Soleil arrivant à
ce Signe commence de rebrouffer en arriére,
de â'^éloiguer de nous, c'eft à dire d'aller à
reculions comme fait cet animal.
JUILLET.
IL eft repréfenté jeune comme les autres
Mois, habillé de jaune, & couronné d'eG-
pics, outre qu'il tient d'une main le Signe du.
Lion, & de l'autre uneTaiTepleine des iruits
de la Saifon.
On l'appelle Juillet , du nom du Di£i:ateur
Jules Gefar, qui nafquit le douzième du mef-
me moiSi On le nommoit auparavant Quia-
tilius à caufe du nombre, & que commen-
çant par Mars il fe trouve le cinquième en
ordre.
Son habillement eû jaune,. parce-que les.
bleds deviennent de cette couleur à mefure
qu'ils meuriiTent dans ce Mois- là.
Le 'Lioii ^ animal cruel & chaud de ia na-
ture, iignifie que le Soleil paiîànt par ce Si-
gne , produit une chaleur ex'ceffive , d'où-,
s'eniùit ordinairement une grande féchereflê..
. ioc.
Ν 6 AOVSl'
-ocr page 44-χ:
-ocr page 45-A Ο υ S T.
S On habillement eft de couleur de feu, &
fa guirlande de Rofes de Damas, de Jaf-
mins, & d'autres femblables fleurs, qui naif-
fent en cette Saifon-Ià. Π tient de la main
droite le Signe de la Vierge, & de la gauche
une TaiTe remplie de fruits convenables à la
Saifon.
Le Sénat confacra jadis en l'honneur d'Au-
gufte ce mois le plus chaud de l'année , au-
quel ce grand Prince fut premièrement fait
ConfuI, triompha dans Rome par fois di-
verfes fois , affujettit l'Egypte à la puiiïânce
du Peuple Romain , & mit fin aux guerres
Civiles. On fappelloit auparavant Sextil,
pour eftre le fixiéme en ordre, commençant
par Mars.
L'eftroyable regard qu'on attribue à ce
Mois , donne à connoiftre· combien ii;c(l:
dangereux, à caufe qu'alors le Soleil fe trou-
ve dans la Canicule, dont la chaleur violen-
te eft nuifible juiques au dernier point à la
fanté des Mortels.
Le Signe celefte qui regne durant ce Mois-
là eft appelle Vierge, pour montrer que com-
me une Vierge eft ftérile & n'engendre point,
le'Soleil de mefme ne produit rien en ce Mois-
là , & ne fait feulement que perfedionner &
réduire en maturité les chofes déjà produites.
P9m·
l·.· f.
Pour ce qui eft des fruits qu'on luy fait te-
nir en main, ils ne font autres que ceux œef-
mes que la Terre donne en ce temps - là à
l'ufage des Mortels.
SEPTEMBRE.
IL efl peint enjeune Homme qui a des ailles,
le vifage riant, un habillement de pourpre,
une belle guirlande. Il tient d'une main le
Signe de la Balance, & de l'autre une Corne
d'Amalthée pleine de raifins noirs & blancs,
de pefches, de figues, de poires, de grenades,
& d'autres fruits que produit ce Mois-là.
Il eft appelle Septembre, poureflre,com-
me j'ay dit , le ièptiéme en ordre, ayant eu
quelque temps auparavant le mefine nom de
l'Empereur Germanicus.
On l'habille de pourpre, pour montrer que
comme il n'appartient qu'aux Rois & aux plus
grands Hommes qui abondent en tréfors, de
fe parer d'une fi riche couleur, ce Mois de
mefme comme Prince de tous les autres four-
nit en plus grande abondance que pas un
d'eux toutes les chofes qui font néceiïàires à
l'ufage de la vie humaine.
II porte le Signe de la Balance, à cauiè
qu'en ce Mois-là c'efloit le mefme qui fé-
lon Virgile,
Du jour ^ de la nuitβϋ les heures égales.
ucro-
-ocr page 47-IL nous eft repréfenté fous la figure d'un
jeune Homme veftu d'incarnat, couronné
de feuilles de- chefne , '& cjui tient de la main
droite le Signe du Scorpion, & de la gauche
un pannier plein de néffles, de champignons,
de noix, de chaftaignes, & d'autres fruits fé-
lon la Saifon.
Ce Mois ayant elle autrefois appellé Do-
mitien , à caufe de l'Empereur qui portoit
ce meime nom , fe changea depuis par Ar-
reit du Sénat, à caufe des tyrannies de ce
Prince , & reprit celuy d'Oâobre., comme
eftant le huitième en ordre.
On l'habille d'incarnat, parce-que le Soleil
venant à decliner dans le iblftice de l'Hyver,
l'humeur des Plantes commence à fe refer-
rer , fi bien que leurs feuilles deviennent de:,
mefme couleur.
On luy fait tenir un Scorpion., à caufe
qu'en ce Mois-là le Soleil fe trouve dans ce
Signe, qui eft appelle Scorpion , foit de la
figure des eftoiles qui le reprcfentent, foit de
fes effets. Car comme le venin du Scorpion
eft mortel à ceux qu'il pique, fi l'on n'y met
promptement renicde ; ainfl le Soleil eihaht ■
dans ce Signe, produit des maladies très dan-
géreufes , à caufe de l'inégalité du temps:
d'où
-ocr page 48-427 I C ο Ν ο L ο G I Ε.
d'où s'enfuivent des langueurs du Corps, fé-
lon Hypocrate, principalement lorfqu'un mef-
mejourefttantoft chaud & tantoft froid,coih-
me il arrive en Automne.
SA peinture eft celle d'uii jeune Garçon'
vertu de couleur de feuille - morte , &
couronné d'une guirlande d'Olivier. Il por-
te de la main droite le Signe du Sagittaire,
& de la gauche une Corne d'Abondance plei-
ne de diverfes racines que la Terre produit
en ce Mois-là.
Le Signe celefte qu'on luy fait tenir efl Îe
Sagittaire , ainfi nommé tant de la figure des
eiloiles, que de fes effets : car en ce temps-là
les pluyes. & la grefle eftant comme dardées
du Ciel, fe rendent épouventablea.
La guirlande d'Olivier qu'il a iiir la tefie,
nous fait fouvenir qu'en ce Mois-là l'on tire
ordinairement des olives me.ures, l'excellen-
te liqueur qu'elles produifent, qui eft extrê-
mement propre à l'uiàge de la vie humai-
ne.
Quant au nom qu'on donne à ce Mois,
il eii appellé Novembre , pour eftre le neu'
fiéme en ordre, comme le fuivant eft dit de
Décembre , à caufe qu'il eft le dixième.
04 I C Ο Ν Ο L Ο G I Ε.
Τ Ε viiàge qui le repréfente eft horrible à
j voir, auffi bien que celuy des deux autres
Mois fuivans. II eft veftu de noir, & a les aifles
au dos , tenant de la main droite le Capri-
eorne.,- & de la gauche une Taflè pleine de
truffes.
On le peint affreux & vefiu de noir, à cau-
iè qu'en ce Mois-là il fe voit ordinairement
que la Terre n'a plus d'ornemens. Et c'eft
pour la meime raiibn encore qu'on le repre'-
iènte iàps guirlande.
Il a pareillement pour Hiéroglyphe le Ca-
pricorne , à cauiè que le Soleil marche alors
dans ce mefme Signe ; & ce qu'on luy fait
porter des truffes, à cauie qu'elles ne font ja-
mais fi bcmnes & en fi grande abondance qu'es
ce Moisۈ.
305 I C ο Ν ο L ο G I Ε.
JANVIER.
ON luy donne des iiiilc3& un habit blanC,
outre qu'on luy fait tenir le Signe du
Verfeur d'eau.
Ce Mois & le fuivant furent anciennement
ajoutez à l'an de Romulus, par Numa Pom-
pilius.
Il emprunte le nom de Janvier du Dieu Ja-
nus. Car comme on le peint ordinairement
avec deux viiàgcs, on peut dire de meime de
ce Mois-cy , qu'il a deux faces diiFérentes,
dont l'une regarde le paffé, & l'autre l'ave-
nir.
Par Ibn habit blanc eft marquée la neige
dont la Terre eft toujours prefque couverte
en ce mefme Mois.
Il tient le Signe du Verfeur d'eau, à cau-
fe qu'en ce temps- là plus qu'en autre Saiibii
de l'année la pluye & la neige défolent la
Campagne.
ii
6 φϊ
ifji
t
-ocr page 52-5Ο6 Ι C Ο Ν Ο L Ο G Ι Ε.
ρ E V Β, ι Ά R.
Ce Mois repréfenté comme les autres, &
qui foûtient à deux mains le Signe des
Poiilbns, fut appelle Février parNumaPom.-
pilius , ou à caufe des ficvres qui regnent
alors, ou du mot Latin Febrtms^ pu des ex-
piations & des facrifices que les Romaiijs fai-
ibient alors pour les-De'faats.
On luy fait porter le Verfeur d'eau, à eau-·
fe que le Soleil pailant par ce Signe celefte,
ell le fymbole du mefme Mois. Et comme
le Poiiïbn eft un animal aquatique, auffi ijous
figure-t'il les eaux & les pluyes qui noyeut
«lors les Champs,
I ·ι':ί
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ίϋ'Ί
: ι
LES
-ocr page 53-I C ο Ν ο L Ο G ΙΕ. go7
LE SOLSTICE D'ES'rE\
ON le repréfente icy par la figure d'un
'jeune Homme âg de vingt - cinq ans,
& qui eft tout nud, à la reièrve des parties
honteulès qu'il a couvertes d'un voile de cou-
leur de pourpre. Il eft en aâion de rebrouf-
fer en arriére , eft couronné d'une guirlande
d'épics, & porte dellùs la tefte un grand cer-
cle de bleu turquin, où font gravées neuf en-
toiles. Il tient de la main gaucHe un Globe
aiïèz grand , qui eft oblcur par en bas ; & de
la droite une Ecrevice. Il eft encore à re-
marquer qu'il a aux pieds quatre petites aifles
en forme de taloaniéres, dont il y en a deux
blanches au pied droit, & au gauche une blan-
che & l'autre noire.
Par le mot de. Solftices fe doivent enten-
dre les temps aufquels le Soleil eft le plus pro-
che , & pareillement plus éloigné de nous : l'un
eft le Solftice d'Efté, qui fe fait le 21. jour
de Juin ; & l'autre celuy d'Hyver, qui eft le
21. jour de Décembre. On l'appelle Solfti-
ce,
ce parce qu'alors le Soleil ne pafle pas plus
avant, & qu'il a deux Cercles qui limitent fa
carrière , l'un vers le Pôle Arâique, l'autre
vers l'Antarâique , chacun defquels eft éloi-
gné de fon Pôle de foixante - fix degrez, & de
l'Equinoxial de vingt-quatre. A quoy il faut
ajouter qu'ils divifent leurs iphéres en deux
parties inégales, qu'on appelle Cercles Tro-
piques , c'eft à dire converfions ou retours ;
car alors le Soleil fe trouvant au premier point
de l'Ecrevice, fait le Cercle fufdit dans le mou-
vement du Firmament, & le dernier en la par-
tie Septentrionale, qui eitceluy que l'on appel-
le Cercle du Solftice d'Efté. D'où il arrive
qu'au lieu que par le paile il s'approchoit de
nous, il s'en éloigne à l'avenir, jufques à ce
qu'il arrive au point du Capricorne, faifant
l'autre dernier Cercle dans le mouvement du
Firmament, & vers le Pôle Antarétique, qui
eft celuy que l'on appelle Cercle du Solftice
d'Hyver.
Le propre des Cercles fufdits eft de diftinguer
les Solftices dans le plus grand déclin du Soleil
(comme il a efté dit) au premier degré de l'E-
crevice & du Capricorne.
Le Solftice d'Efté eft ainfi appelle, à cauiè
que fe trouvant dans le premier point de l'E-
crevice, & le plus prés qu'il fçauroit eftre de
nous, il ramène la plus chaude de toutes les
Saifons ; joint qu'en ce temps-là eft le plus
grand jour, & la moindre nuit de l'année.
Mais lors qu'il fe rencontre au premier point
du Capricorne , il eft nommé Solftice d'Hy-
ver ; auquel temps le Soleil éloigné de nous
au-
-ocr page 55-autant qu'il peut l'eftre, eft caufe parcetéloi-
gnement que la froide Saifon arrive, c'eft alors
que nous avons la plus grande nuit, & le
moindre jour de l'année.
On peint le Solftice d'Ellé en jeune Hom-
me de vingt-cinq ans, parce-que depuis que
le Soleil eit arrivé du premier point du Mou-
ton à celuy de l'Ecrevice, il a fait la quatriè-
me courfe.
Sa nudité & fon voile de couleur de pour-
pre , font les fymboles des plus grandes cha-
leurs de l'année.
Il eft en pofture de rebrouiTer chemin, à
caufe que le Soleil ne s'arrcfte point, & qu'au
contraire il recule depuis qu'il a touché le
Cercle Equinoxial
Le cercle qu'il a fur fa tefte, où fe voyent
neuf eiloiles , eft nommé le Tropique du
Cancer ; & c'eft avec raifon qu'on les luy met
iùr ià tefte , à cauie que le Soleil eft en ce
temps-là plus proche de nous, & que le Sol-
ftice fe fait quand il vient à toucher le Cer-
cle fufdit.
Il tient un Globe de la main droite, dautant
que le Soleil eft en ce temps-là du codé du Sep-
tentrion , qui eft la partie droite du Monde.
Les trois quartiers lumineux du Ciloble iî-
gnifient que les jours font longs, & les nuits
courtes en ce temps-là; ce qui avient par
nn particulier effet du Soleil.
Il tient une Ecrevice de la main gauche;
dautant que cet Animal eft un des douze Si-
gnes du Zodiaque , & que le Soleil de mef-
ine recule & tourne en arriére,
Les
-ocr page 56-s
Les petites ailles de fes pieds fîgnifient le
mouvement du Temps. Car, félon quelques
Philofophes, le Temps n'eft autre chofe qu'un
mouvement circulaire & fuccelfif, Auffi ra-
mène -1 - il les Saifoas conft'cutivement, com-
me l'Efté après le Printemps, & l'Hyver après
l'Automne ; teilemenr que chaque Saifon re-
tournant ainfi.par manière defucceflion , pro-
duit fes effets particuliers.
Les trois ailles blanches montrent que le
jour eft d'autant plus long, que la nuit-mar-
quée par l'aille noire fe trouve courte & de
peu de durée.
La guirlande d'épics n'eft mife au refte que
pour marquer la différence qu'il y a entre le
Solftice d'Hyver & celuy d'Efté.
SOLSTICE D'HYVER.
IL nous eft repréfenté par un Vieillard,qui
eft couvert d'une Robe fourrée. Λ fes
pieds fe voit un Cercle en façon de cou-
ronne de bleu turquin , au milieu duquel eft
le Signe du Capricorne, & tout à l'entour du
Cercle font gravées douze eftoiles.
De la main gauche il tient une Boule, ou
il vous voulez un Globe, dont la quatrième
partie eft lumineufe, & tout le refte obfcur.
Il porte fous fon bras une Chèvre, & aux
pieds quatre petites aifles, dont l'une, à fça-
voir
-ocr page 57-ICONOLOGIE. 363
voir celle du pied droit, eft blanche, & l'au-
tre noire, & celles du gauclie fontioutesdeux
noires.
Cet homme eft peint en Vieillard-avec beau-
coup de raiibn, à caufe que le Soleil s'eftant
reciré du premier point du Mouton pours'ap·
procher du Capricorne , fe trouve avoir, fait
alors les trois parties de ion voyage.^
On luy donne une Robe ^rrée, à cauie
du froid qui ert en cette Ikifon-là plus grand
qu'en toute l'année.
Il a les pieds dans un Cercle, au milieu du-
quel le Signe du Capricorne & douie elloiles
ibnt remarquables , à cauiè de l'éloignemcnt
du Soleil vers le Pôle Antarâique ; & tel Cer-
cle ell nommé le Tropique-du Capricorne.
Par le Globe qu'il tient de la main gauche,
les trois parties duquel font obfcures , & k
quatrième lumineufe, il eft démontre que du-
rant ce SolltiGc la nuit e« plus longue, -& le
jour plus court qu'en toutle reile de l'anne'e.
IItient ce Globe de la main gauche; parce-
que le Soleil eil alors tourné du meime en-
droit , c'eft à dire vers le Pôle Antarélique.
La Chèvre qu'il tient fous le bras droit,
efl: un-animal entièrement convenable au Si-
gne fufdit ; car comme elle repaift ordinaire-
ment au plus haut des Rochers, le Soleil de
mefme commence en ce temps - là de fe lever
ftr noflre Horizon.
A l'égard des petites aifles qu'on luy met
aux pieds, elles fignifient, comme nous avons
dit, le mouvement du Temps, dont les trois
parties noires rcpréientent la Nuit, & lablan-
chc
li'ti
1!
che le Jour. Que fi l'on met celle-cy au
pied droit, c'ell: pour montrer l'ine'galité qui
fe trouve entre l'un & l'autre , parce-que la
luniiere précédé les tenébres. ,
VEQpiNOXE DU PRINtEMPS.
CEt Equinoxe nous eft figuré par un jeu-
ne Homme de moyenne taille , veftn
d'une Robe blanche d'un collé, & de l'autre
noire. La ceinture qu'il porte eft de bleu
turquin , un peu large, fans nœud, & femée
de petites eftoiles. 11 a fous le bras droit un
Mouton , en la main gauche une guirlande
de fleurs, & à iês pieds deux aillerons, dont
l'un eft blanc, & l'autre noir.
par le iiom d'Equinuxc elt lignifié le temps
qui marque l'égalité du jour & de la nuit.
Ce qui arrive deux fois l'année, à fçavoir le
21. de Mars, quand le Soleil entrant dans
le Signe du Mouton , nous ramène le Prin-
temps ; & le 23. de Septembre , où l'Au-
tomne nous donne fes fruits en leur maturité.
Il eft peint jeune, à caufe qu'il le rencon-
tre à l'entrée de Mars , qui eft le mois par
où ies Anciens commençoient l'année. Quel-
ques - uns tiennent encore que ce fut alors
qu'avint la création de Monde, & la Paffion
de noftre Sauveur ; à quoy ils ajoutent qu'en
ce mefme temps & au premier degré du
Mouton, fut créé le Soleil auteur du mei-
me
-ocr page 59-me Equinoxe. A raifon dequoy les Anciens
n'ont pas dit hors de propos , que ce Mois
donnoit commencement à l'année ; car en ef-
fet il a de plus grands privilèges que tous les
autres, non feulement pour les cauies que
nous venons d'allégusr , mais encore parce-
Îue de luy - mefme l'on tire les Epades, les
xttres Doniinicales, & les autres fupputations
ce'leftes.
Ilefl: repréienté de jufte taille, parce-qu'il
rend égaux les jours & les nuits, eftant véri-
ble que le Cercle Equinoxial divife la fphére par
le milieu, & pareillement les Pôles du Monde;
La couleur blanche de fon habillement nous
marque le jour, & la noire la nuit, qui vient
après pour eftre moins noble.
Sa ceinture de couleur célcfte où fe voyent
quelques eftoiles, repréfente le Cercle qui fait
le mefme Equinoxe, & qui environne le pre-
mier Mobile.. ......
Le Mouton qu'il.tient fur fon bras droit, fi-
gnilîe que le Soleil entrant dans ce Signe, for-
me l'Equinoxe du Printemps ; comme il eft dé-
monftré par la guirlande de fleurs qu'on a mife
en main à cette figure.,..
-Quant aux aillerons qu'il .porte à fes pieds,
ils font les fymboles de la legéreté du temps,
-&.-de la coùrfe dès mefme'l-Signes l'ailleron
blanc du pied droit marquant la vitellè du
■ jour-,.& le noir du gauche celle de la nuit.
ΓΕ-
Ο
■ 7/. Part,
514 I C Ο. Ν Ο L Ο G I Ε.
ΓΕΟτΠΝΟΧΜ ΡΕ UAVfOMNE.
Α figure efl: celle d'un Homme d'âge vi-
_ ril, veftu de mefmeque le précédent, &
qui a comme luy pour ceinture un Cercle de
bleu turquin parfemé d'eftoilçs. Il tient de la
main droite le Signed.e laBakiice, dans lebaf-
fin de laquelle font deux Globes d'égale juftefr
fe, une moitié .de chaque Globe eitant blanche,
& l'autre noire'; & de la gauche il porte eonfii-
fément divers fruits,.avec deux aifles à fes pieds.
L'explication que j'ay donnée du Cercle ,
des aifles & .de rhabillement de la figure pré-
cédente, fervira pour celie-cy.. Jedirayftule-
mentque celuy qui repréiente cet. Equinose «û
■d'âge viril, pour montrer la perfeâion de ce
•temps-là, auquel pluiîeurs tiennent que noftre
Seigneur créa le Monde. Mais cette curiofite
laiiTéeà part, il nous fufflt d€ fçavoir qu'au
vingt-troifiéme de Septembreiê.fàic l'Equinox^
qui nous amène l'Automne, avec la .maturité
desfruits. . . î' ; ... ' : .
La Balance eft un des douze Signes du Zo-
diaque, où le Soleil entre au mois de Septem-
,bre.' C'eft alors que fe faitl'Equinoxe, .c'eft à
dire l'égalité dujour&de la nuit. Ce qui nous
.cil démontré par les deux Globes moitié blancs,
moitié noirs, tournez à rebours l'un de l'autre,
& balancez avec i ufteflè.
LES
-ocr page 61-I C ο Ν ο L ο G I Ε. r^ij
DE UAGE DE V HO MME.
Le s Ages ontefté diverfement divifés par
divers Auteurs ; les uns en ont fait trois
feulement, & les autres quatre, cinq, iîx, &
fept. Mais quoiqu'il en foit, fi nous confid^-
rons bien ces opinions, nous trouverons qu'el-
les ne font point différentes eiitr'elles.
Le ientiinent des anciens Philofophes a ef-
té, qu'il n'y avoit que trois Ages : dautant qu'ils
ont confidére l'Homme comme une choie na-
turelle, laquelle au rapport d'Ariftote, a fou
commencement, fon milieu, & fa fin. A rai-
ibn dequoy ils ont mis pour commencement
l'Adolefcençe, pour milieu la Jeuneffe, & la
Vieilleiiè pour fin.
La fécondé opinion la plus commune de
toutes, eft d'Hypocrate, de Galien, d'Avicen-
ne,&c'eil;celle-meinie que nous fuivons avec
eux. Elle divife l'Age en quatre parties, qui
font, l'Adokfcence, la Jeuneffe, la Virilité,
& la Vieilleffe, que Galien définit ainfi.
L'Adolefcençe eft un Age où le Corps prend
accroiiftment, à caufe qu'alors la chaleur &
l'humeur reçoivent force & vigueur.
Ο a La
-ocr page 62-3i6 Ι C Ο Ν Ο L Ο G Ι Ε.
La Jeuneffe efl: la fleur de l'âge, ainiî dite
du verbe Latin Juvare ^ qui figuifie aider,
àcaufe qu'en ce temps-là l'Homme ayant
achevé de croiftre , cil capable d'affiiler au-
truy. . . - ■ - ;
L'Age Viril eftteluv auquel l'Homme eft en
fa force, & oii ce que la chaleurconfume eft
égal à l'aliment que l'on prend.
En la Vieilleiïe, appelléedes Latins fenec-
tus, à fenfuum diminutione^ l'Homme dimi-
nue en effet, parce-que la chaleur & la feveluy
manquent, & qu'en luy-mefme la froideur &
la féchereiTe s'augmentent. Où il eft à remar-
quer que les Philofophes & les Poètes compa-
rent tous ces quatre Ages aux quatre Saiibns de
l'année. Outre qu'i 1 y en a qui les rappor-
tent aux quatre Elemens, qui font des Corps
fimples d'où fc forme tout ce qui eft compo-
fé.
Ceux qui tiennent la troifiéme opinion, veu-
lent qu'il y ait cinq Ages, & entr'autres Fer-
nel, qui les diftingue en Adolefcence, en Jeu-
neiTe, en Virilité, en Vieilleife, & Age dé-
crépit. A quoy nous pouvons répondre que
ce dernier n'eft pas un Age feparé, mais qui fe
peut appeller plus proprement la dernière par-
tie de la Vieilleiïe, & le temps le plus proche de
la mort.
La quatrième opinion eft d'Ifidore en iès
Ethymologies, où il compte fix Ages, qui font
l'Enfance , la Puérilité , l'Adolefcence . la
JeunelTe, la Virilité, &. la Vieillefte. 'En
quoy véritablement l'authorité-d'un lîi grand
Homme ne déroge point· au noi^bre desqua-
^ ■ tre,
I C ο Ν ο L ο G I Ε. r^ij
tre, puifqu'il met l'Enfance & la Puérilité com-
me parties de l'Adolefcence.
La cinquième & dernière opinion eft de
plulîeurs Aftrologues & Philoibphes, qui font
fept Ages de la vie de l'Homme, à fçavoir,
l'Enfance, le Puérilité, l'Adolefcence, la Jeu-
neiTe , la Virilité", la Vieillefle, & l'Age dé-
crépit ; d'où ils veulent inférer, que comme
toute l'eftendué du temps eft comprife en fëpt
jours, ainii toute noftre vieeilreferréeenfept
Ages, fuivant les fept Pldnettes ; par le moyen
defquelles la génération & la corruption fe
font icy bas.
Ainii le premier de tous ces Ages efl: l'En-
fance, qui eft gouvernée par la Lune, & qui
durejufques à la feptiérae année, félon quel-
ques-uns , & faivant les autres jufqu'à la qua-
trième feulement.
Le fècond eft la Puérilité , commandée par
Mercure , Planette de fcience & de raifon.
Auflî eft-ce alors que les Enfans doivent eftre
mis fousladirciplinedesMaiftres,parce-qu'ils
commencent d'eftre capables d'apprendre.
Le troiiîéme âge eft fous la domination de
Venus, Planette de joye & de volupté, de
qui l'empire fur l'Homme dure huit ans.
Le quatrième eft réglé par le Soleil, à cau-
fe qu'il tient le quatrième lieu dans le Mon-
de , qui fe peut dire par conféquent la plus
parfaite de toutes les Planettes, qui s'étend
au nombre de dix - neuf ans.
Le cinquième a Mars pour afcendant ; & cet
Age-cy , dans lequel l'Homme fe maintient
quinze ans, fiiit qu'il fe pique d'honneur, & que
Ο 3 par
pardesaâions glorieufes il tafche de laiiTer à
la poilér-ité une louable mémoire de foy.
Le fixiéme , où l'Homme fubfifte douze
ans, dépend de Jupiter ; & c'eft alors que
i'homme nedemandequ'àvivre en paix, &fe
repent des fautxs paflees qu'il tafche d'aman-
der par de bonnes & vertueufes aâEions..
Au dernier de tous les Ages prédomine
Saturne , Planète froide , féche , pleine de
chagrin , qui accable l'Homme d'incommo-
ditez & de maladies, qui ne l'abandonnent
point jufques à la mort.
Voila quelles ont efté les opinions de pki-
feurs grands Hommes touchant les divers
Ages de la vie. Or bien qu'avec beaucoup
de fondement on les puiife tous réduire à
^atre , comme nous avons dit cy-deiïiis,
il faut remarquer pourtant qu'ils ne font pas
toujours referrez dans un nombre d'années
qui foit certain & prefîx ; elknt vray-fembla-
ble , comme dit Galien, que l'Age ne ft
meiure point par les années, ma's par Iç
îeropérament.
L'AGE
-ocr page 65-I C ο Ν ο L ο Cx ί Ε. 319
L' Α G Ε D'O R.
IL cfi repréfenté par une belle Fille , coiv-
roiinée d\iné guirlandé de fléiiis, velluc
d'un iimple habilleihem, & qui tiént de la m-aiil.
droite une Ruche de Mouches à miel, & de la
gauche un rameau d'Olivier.
Par fa guirlande & Ibn habiHement fimple,
eft iTiarcjuée la pureté de ce temps'là, Où tou·'
tesch'ofes eftoicfttfani artiflce.
Par la Rucht dfe MoùcMès à fiiièl, la vie dou·»
çe que menoient alors les Créatures vivafites;.
& par rOîiviei, la merveilkule tranqtiilifé qui
régtioit au Motide, d'où kâ féditions & les
guerres ciloieûttout à fait bannies.. Car commi;
le remarqué àpfcs Its Anciens le plus poly de
fiôs Pqëtçs Motltor de Malherbe :
1λ tefre tn îohs enàmisptodMifoit itnàvschofis.,
Tonsrn^Uax ifiment Or, tàute'iflem efioieM
Rofis,
T'eus arbres Oliviers :
UoK '/l'avait plus d'Hyver, lejour n'avait plus
Et les perlesfaH^ nombre.
Gerrfioient dejfous les eaux au milieu des grt- -
viers.
' i
-ocr page 67-υ AGE D' A KG Ε NT.
A peinture eft celle d'une Fille qui n'efl pas
du tout fi belle que la préce'dente , mais
dont l'habillement fuppJée au défaut de fa beau-
té: car elle eftveftuë d'une Robe de gaze d'ar-
gent , coèffée à l'avantage, & parée de Pierre-
ries & de Perles ; outre que de la main droite
elle s'appuye fur un foc de Charrue, & que de
la gauche elle porte une gerbe ou un faifceau
d'efpicsjauniiTans.
On la peint moins belle que celle qui repré-
fente l'Age d'Or , & parée de la façon que
nous venons de dire, pour marquer la diffé-
rence del'un & de l'autre de ces Ages.
Quant aux eipics & au foc de Charrue, ils
fignifient qu'au iiécle d'Argent les Hommes
commencèrent à cultiver la Terre, pour ti-
rer d'elle dequoy pourvoir a l'entreténement
de leur vie.
s
L'AGE
-ocr page 68-V 4 G Ε D' A IR A IN.
ON le repréfente par une Femme armée,
dont le vifage eft réfolu, & la Robe
toute de broderie. Elle a pour cimier fur fon
Heaume la tefte d'un Liqn, & tient en main une
Lance.Ce qui n'a pas befoin d'autre explication
que de celle que luy donne Ovide, quand il
dit,
' cet Age cruel par un art inhumain
aux jeunes Guerriers les Armes à la
main.
Ώ AGE D Ε F Ε R.
' Ne femme cpouventable à voir eil l'em-
__blême de ce dernier fiécle, le plus rude
de tous. Son habillement eft de couleur de
fer, ou de fer meime, car elle porte un Heau-
me qui a pour fymbole une teik de Loup, te-
nant de la main droite une Epée nue, com-
me fi elle vouloir combattre , & de la gau-
che un Ecu, au milieu duquel eft dépeint la
Fraude fous la figure d'un Monftre, ayant
la tefte d'un Homme , & le corps d'un
Ser-
ψ
Serpent couvert de diverfes taches, ou fi vous
voulez, d'une Sirène qui attire les paiTans
pour les dévorer. A toutes lefquelles chofes
font jointes diverfes Armes en forme de Tro-
phée , & plufieurs Enfeignes de guerre.
La Sirène & le Monftre font tous deux
le vray fymbole de la Fraude, dont les ef-
fets commencèrent à fe produire en cet
Age-cy particulièrement, comme le remar>
^ue Ovide, quand il dit,
jihrs la probité^, la raifon ^ Ja jufike
Ayant alandomé le îerreflre fejour-,
Dans les cœurs des Mortels regnirent à
kitr tour
Jje menfmge ^ l'erreur^ la fraude^ lama-
lice^
Ces Mowfires ζ^ ces maux enfemble de'-
thaîne%^
Du profond des Efifers fortircKt ρββε-
mefle,^
Mt tout à mefme temps cette 'Engeance-
cruelle
'tourmenta les Méchans en km vks ok-
^γΓ
L Ε S
-ocr page 70-ICONOLOGIE. 515
'-Îi^ V ÎV 'ÎS? ^-ii ^ · % % ti ■'ίΐΫ % Îfr· 41?
I
REMARQUES GENERALES:
fur les Îwq Sens de Nature. .■.
IL n'éft pas beibiri que nous employions
beaucoup de temps à difsourir iur cette mar
tiére, puiil]ue-nous n'en fçaurions dire rien
de plus confidérable que ce qu'en ont, écrit
Ariftote ^ Galien, Avicennè, & les autres Phi-
lofophes ou Phy fiGiens, comme encore Pline ,
Aule-Gelle, Plutarque, Laâance Firmien,,
iiiint Damafcene^ & Cœlius Rodige ; c'eft,
pourquoy il nous fuifira d'en rapporter icyleS'.
fymboks les figures Hiéroglyphiques.,
La Veuë peut eftrerepréièiitée par le Loup
Gervicr, animal qui a les yeux, à cequeroiii
tient, extrêmement aigus & pénéirans.. Pour,
la mefme raifon encore on. lay donae pouE.
fymbole l'Epervier,, oifeau qui,regarde le-So-
lèil fixement, &léiîel duquel, comme.le re-
marquent les Naturalitks, éclaircit la.,veuë,
& oite les taches des yeux., Auffi eftoit-il an-·
ciennemcnt confacré au Soleil .par les Egyp-
tiens , ainii que le rapporte Plutarque dans Γοπ ;
'37 ■
-ocr page 72-Traité d'Ifis & d'Ofîris : où nous devons re-
marquer avec le mefme Auteur, que la Veuë a
un merveilleux rapport avec le Ciel & la lumiè-
re ; car en effet bien qu'il n'y ait qu'an Monde, il
ne laiiTe pas pourtant d'cflre compofé en certai-
ne façon de cinq Corps tous diffèrens,quiTont
le Corps de la Terre, de l'Eau, de l'Air,
du Feu, & du Ciel, qu'Ariftote appelle cin-
quième Subftance, quelques-uns Lumière,&
les autres ^ther. Il s'en trouve pluiieurs qui
appliquent les Facultez des Sens égaux au
nombre des cinq Corps fufdits ; comme par
exemple, l'Attouchement à la Terre, parce-
qu'elle refifte: le Goût à l'Eau, dautant que
les qualitez des iâveu.ïs fe tirent de l'humidité
de la langue, pour eftre fpongieufe & humi-
de : l'Ouye à l'Air, d'où fe forment par ro-
percufîion la voix &, le fon : l'Odorat de na-
ture affamée, au Feu; & l'/Ether, à la Clar-
té , parce que l'oeil lumineux inftrument de la
veuë, contient en foy l'humeur criftaline, &
nous fait particigans de-s rayons céleftcs.
L'Ouye a pour fymbole le Lièvre, com-
me le remarque Plutarque dans fon quatriè-
me Sympofe queftion quatrième , où il dit
qu'en matière d'ouye cet ailimal furpaife les
autres,' & qu'à raifon de cela les Egyptiens
s'en fervent à dépeindre l'Ouye dans leurs figu-
res Hièroglyfiqucs.
Les mefmes Egyptiens repréfentoient en-
core l'Odorat par le Chien; comme en effet
il n'eft point d'animal qui ait meilleur nez que
celuy-cy, qui par un inftinâ naturel fçait dif-,
cerner les Éilrangers d'avec les Donieitiques,
&
•δ·»' -
m-
& fentpar où apafle la Befte qu'il va relancer
jufques dans fon Fort. Ces trois Sens que nous
venons d'expliquer, ne font pas communs à
tous les animaux, car il eil certain que les uns
naiiTent aveugles & fans yeux, les autres fourds
& fans oreilles, les autres fans narines & fans
odorat, bien çfae néantmoins on trouve que
les Poiffons qui n'ont ny l'un ny l'autre , ne
laiiTent pas d'ouïr & de flairer.' Mais quant
aux deux derniers des cinq Sens, Ariftote dit
Îue tous les animaux parfaits les poiïedent.
/Homme les iùrpaife tous en ce qui eii du
gouft & de l'attouchement, mais en ce qui re-
garde les autres Sens, il leur eft infcrieur.Com-
me en effet il eft certain que l'Aigle voit plus
clair que luy. Pline remarque à ce pro-
pos que le Vautour eft celuy des oifeaux
qui a l'odorat meilleur ; que la Taupe quoi-
que couverte de Terre, ne laiiTe pas, d'ouïr
fort bien ; & que l'Huiftre eft privée de tout au-
tre Sens, à la reièrve de l'attouchement : opi-
nion que l'on peut rejetter, & dire qu'elle jouît
du goût en quelque manière, s'il eft vray, coixi-
me l'on tient, qu'elle fe repaiiîe de rofée.
Pour ce qui appartient au Goût, . il eft à croi-
re qu'il fe trouve en tous les Animaux, puif-
qu'il n'en eft point qui ne iènoufiiTe de viandes
& de laveurs. Ce qui n'empeiche pas toutefois
que Pline n'ait dit, qu'aux derniers confins de
l'Inde , vers la Rivière du Gange , naiûent
iàns bouche certains peuples appelkî, Aftons,
qui ne mangent & ne boivent point, mais vi-
vent feulement des odeurs qu'ils attirent
par Iqs narines: c'eft pour cela, que quand ils
font
U"!
iif
Simili
i:
lî-i
itl,::
i::'!·
li'
i il;;
|î
font à faire quelque long voyage, ils por-
tem toûjours en main <ies racines, des fleurs
& des pommes faurages, afin qu'ils ayetit
toujours dequoy flairer ^ & parcoUfeqtiÎiit de-
quoy fe nourrir. Mais quoy qu'il en foît , tels
Monftres que-la Nature produit, ne peuvent
goûter les alimeûs, puifqu'ils foilt fans bouche.
Le Pourceau goûte tout, jufqiies à la bolie
mefme & aux plus iàles ordures: mais nous
laiiïbns à part ceschofei , Piiifqu'elles procè-
dent d'un effet de goUrmandifc; & ne parlons
non plus des oifeaux à long cou, tels que la
Grue & rOnocrotale femblable au Cygne,
puifqu'ils font aulTi de vrais iymbôîes d'un
appétit gourmand & tout à fait dérégié. Té-
moin Phyloxene ils d'Erixide, qui lè' plaig-
noit contre la Nature dé ce qu'elle a'e luy
avôit donné le cou d'une Gmë·^ pcir pou-
voir plus à loifir & plus lôilg^mps goûter le
vin , & favourer les viandes. Mais dautant
que nous voulons éviter icy les Hiéroglyphes
qui regardent le vice , nous prendrons pour,
vray fymbole du Goût leFauçon, oifeauqut
l'a fi bon, qu'au rapport dë lâiHî Grégoire,
quelque faim qu'il ait f il· aime mieux l'endu-
rer, que fe repaiftre de Charognes ou-de chair,
pourrie.
Il n'eft pas hors de propos que nous rappor-
tions icy quelque chofe touchant la langue, par-
ce-que tous ne luy attribuent pas le Sens da
Goût, mais les uns au palais feulement, les
autres à la langue ieule, & les autres à tous les
deux. Ciceron dans fon Livre de la Nature
des Dieux, femble ne la rapporter qu'au pa-
lais ,
rCONOLOGIE. 5^7
lais, quand il dit qu'Epicure pour y eftre trop
adonné, ne fe foucioit point des ehofes qui rc-
gardoientleCiel. ,
Quintilien ufe encore de cette œefmefaçûn
de parler, & Horace pareillement dans la fé-
condé de fes Epiftres, comme auffi Favorin
dansAule-Gelk.
Les autres attribuent le Goût autant à la
langue qu'au palais,. quand ils difent que ce
Sens-là reçoit les faveiirs de l'un & de l'autre
enfcmble: cequieft particuliéreiiKnt le femi-
ment de Pline.
Mais quelques-uns, à l'opinion defquels
nous nous tenons, mettent le Goûten lalan-
gue feulement; du nombre defquels eft La-
dance-Firmian , qui veut qu'ou iàvoure les
viandes par les parties les plus tendres de la
langue. A quoy fe rapporte encore ce qu'en
dit Ariftote. J'omets que certains Philoib-
phes font confifter l'organe & l'origine du
Goût en une petite peau qui eft fous la langue,
& fous une certaine Chair fpongieufe& poreu-
iè, quieftenlafurfacedelalangnemefme: ce
qui fait qu?Ariftote remarque qu'il y aquclques.
Animaux qui n'ont point de langue, & qui ne
laiiïènt pas pourtant de goûter les alimens par-
leurs palais ipongieux & charnus.
Quant à l'Attouchement, c'efi chofe cer-
taine qu'il eft commun à tous les Animaux,
quand mefme iis feroient privez de tout antre
Sens. Luy-mefmeauffi, félon Ariftote, s'é-
pand par tout le Corps, lequel, par le moyen
de l'attouchement reçoit & fentlespuiffances
des chofes touchées. Il a pour objet les pre-
iniér
1!
iniéres qualitez, qui font le froid, l'humide,
le chaud &lefec, commeencore les qualitez
iècondes, à içavoir le mol, le dur, les choies
pefantes, les légères, les douces, les rudes,
& les piquantes. Or bien qu'il foit vray, com-
me je viens de dire, que l'Attouchement s'é-
tend par tout le Corps, fi eil-ce qu'il confifte
principalement aux mains, avec lefquelles nous
touchons & prenons les chofes. Voilà pourquoy
nous l'avons repréfenté par la figure du Singe,
qui approche fort de cel e de l'Homme , fur
tout en ce qui eft des doigts, des mains & des.
ongles, dont il fe fert pour toucher & prendre
les choies, imitant en cent façons les avions
humaines. A raifon dequoy Miniftum appel-
loit ordinairement Singe le Bateleur Calipidés,
à caufe des toursdefotipleflè&depaiTe-paflès
qu'il faifoit avec les mains, à la manière des
Chats & des Sinocephales.
Quoiqu e nous n'ayons fait qu'une Image de»
Sens du Corps, dans lequel ilfautnécefiàire-
ment qu'ils fe trouvent tous referrez, puifque
l'un venant à manquer, les autres fe trouve-
îoient imparfaits & fans harmonie , comme
un Inftrument de Mufique qui n'auroit point
de cordes; celan'empefche pas néanmoiixs
qu'on ne puiiTe repréfenter encore chaque Sens,
en particulier. Comme par exemple, on peut
attribuer à la Veuë pour Symbole une guir-
lande ou un bouquet de Fenoiiil, àcauiê que
cette herbe éclaircit les yeux, & qu'elle en difli-
pe les nuages. Ce qui fait remarquer à Pline
liv. 19. que les Serpens fe frottent les yeux
de fon iuc pour recouvrer la veuë quand ils.
l'ont
il
.l'i."
-J
t
11-
font prefque perdue. A l'Ouïe, un rameau
de Myrche, parce-que l'Huile qui eil tirée de fes
feiiilles purge les oreilles , fi on y en dillille
dedans. A l'Odorat laRofe, dautantqu'clle
eft la plus odorante des fleurs. Au Goût une
Pomme; & à l'Attouchement une Hermine
ou un HeriiTon, pour en marquer les fécondés
qtialitez différentes, qui font le rude & le doux,
la première eftaat douce naturellement, & l'au-
tre piquante.
ELxe a pour fymbole un jeune Homme
qui tient un Vautour de la main droite (car
c'eftoit l'oifeau que les Egyptiens luy attri-
buoient, au rapport d'Orus Apollo) & de la
gauche un Miroir, avec un Arc en Ciel derriè-
re elle.
Le Miroir fîgnifie, que cette illuftre qualité
n'eft autre chofe qu'un emprunt que fait noftre
œil, qui eft refplendiiTant comme un Miroir,
ou diaphane comme l'eau, des formes vifibles
des Corps naturels, dont elle fe rend fufcepti-
ble comme un Miroir, pour le communiquer
au SensCommun,& du SensCommun à laFan-
taifie; bien que le fuccés en foit faux aifez fou-
vent. Et c'eft d'où procèdent les difficultez qui
iè rencontrent aux Sciences & aux connoiilàn-
ces qui appartiennent à la diverfîté des
•cho-
-ocr page 78-530 I C ο -Ν ο L ο G I Ε.
chofes. Auffi eit-:ce de là qu'Ariftote juge
de l'excellence de ce mefmeSens& d'où pareil-
lement il infère, qu'avec plus de facilité que
les autres, il ouvre un chemin aux fecrets de
la Nature, enfevelis dans la fubftance des cho-
fes mefmes, que l'Entendenient met après au
jour par divers moyens.
Ajoutez à cela, commej'ay ditÈsj^dsvant,·
que par le Vautour eft marquée la ftibtiiîté de H
veuë; & par l'Arc en Ciel, la divetikti des
couleurs qui font les objets des yeux.
X7 Lle nous eft repréièntée par une Fem-
JL/ me, anprés de laquelle eft couchée ane
Biche, & qui tient un Luth de la main gauche,
&dela droite une Oreille de Taufeàu.
Par îe Luth eft fignifiéc la doticenr de l'Har-
monie, de laquelle on nefçauroitjamaisbieti
juger fi on n'a l'Oreille bonne.
Par la Biche;' la fubtilité de ce merveilleux
Sens, qui eft fi parficnliére à cet Animal, qu'à là
moindre feûille que leTent · ébranle' rl prend la
ftiite, &;atoûjôursrbreîileàIerre;
Par-l'oreille de Taureair., qti'ii faxif ouiV
roïgneufement & avéC'une diligence tres-partt^
culicre, ce qui eft néceflaire à la durée & à la
confervation de nous-mefmes. Suivant cela
quand les Egyptiens vouloient dépeindre
rOui'e, ils la figuroicut par l'Oreille du Tàu-
reau,
i'·
'ii:
rean, qui l'a toujours prête & tendue aux mu-
giflemens que fait la Geniiîè toutes les fois
qu'elleeiÎ en amour.
^swwm ~
SA Peinture eft celle d'un, jeune Garçon,
qui tient un yafe de la main gauche, &de
la droite un bouquet ; outre qu'a iës pieds fè
voit un Chien de chaiTe qui leiuit par tout, &
qu'il a ià Robe femée de toutes fortes de
fleurs.
Le bouquetfignifierodeurnatare,lIe, leva-
fe celle que l'on tire des liqueurs par l'Art de la
diftillation.
Quant aux fleurs de ià Robe , & au Chien
de chaiTe qui l'accompagne , ce font choies
qui n'ont point befotnd'explication, puifqu'on
fçaitaflèz que l'un & l'autre font ks fymboles
de l'Odorat.
■m
β
332 I C Ο. Ν Ο L Ο G I Ε.
IL· ϊίΐ 'reprefeiité par une Femme, qui de Îa
main gauche tient une Pefche, & de la droi-
te un Pannier remply de toutes fortes de fruits.
Le Goût eft celuy des cinq Sens du Corps,
qui fe Jaifle le plus fouvent tromper par une
fauiïè image des chofes bonnes en apparence,
mais mauvaifes en effet, quand on y apporte
de l'excès. Témoin les Epicuriens, qui vou-
loient que l'on crût qu'il eftoit fâl'utaire au
Corps de s'abandonner entièrement à l'y vrog-
nerie & à la gourmandife, iàns ie piquer dans le
Monde d 'aucun aiguillon d'honneur & de ver-
tn.
On le peint portant divers fruits, parce-que
les Anciens le prenoient pour un fymbole du
Goût, & particulièrement la Pefche qu'on luy
fait tenir pour cette mefme raifon.
il'
's
Mi ■
BAT'
-ocr page 81-457 I C ο -Ν ο L ο G I Ε.
IL a pour fymbole une Femme , dont le
bras droit eft tout nud, & fiir la main gauche
de laquelle Tin Fauçon étend fes âifles; joint
qu'à fes pieds eit une Tortue, figure Hiéro-
glyfique de l'Attouchement, comme le Fau-
çon en eftoit un autre, ainfi que nous avons dit
cy-devant.
- .
' Ji: ; · uo
LES
-ocr page 82-334 I C Ο. Ν Ο L Ο G I Ε.
les <5uatre gom-
plexions de
l^homme.
VO υ s le^ voyez ici repréfenté par un j eu-
ne Hoâiine maigre, qui a le teint jauna-
ftre, le regard furieux, leCforps tout nud, &
l'Epee à la niain , en aaion d'envouioir bat-
tre quelqu'un,: ^ En l'un de fes cofteî fe voit un
Efcu, avec une grande flamme au milieu , &
en l'autre un Lionirrité qui l'accompagne par
tout.
Il eft maigre , parce-qu'au rapport de Ga-
lien, en luy prédomine entièrement la cha-
leur, qui pour eftre caufe delaféchereffe, eft
repréfentée par la flamme de fon Efcu.
Il a le teint jaune, & fait voir par-là que la
couleur du vifage eft bien fouvent une marque
qui manifefte l'humeur du Corps. D'où il ar-
rive que par le teint blanc eft démontré le phleg-
me, par le pafle ou le jaune la colère, parle
rouge meflé de blanc l'humeur fanguine, &
par
-ocr page 83-SiLsitc^ . ΧνίΙύΆ. I-nnûtaite-^
'Λ ι
-ocr page 84-par la couleur iombre & qui tire fiir le noir,
la me'lancolie, comme le remarque Ga-
lien.
Son vifage eft effroyable & furieux, àcâuiè
que la colère, comme dit Ovide, produit or-
dinairement ces effets. .
Le vifage efl enfle'par elle, -
Les veines noircifient de fmg.
Le feu rougit dans fa prunelle
La bile luy pique le flanc.
Son aâion repréfcnte celle d'un Homme
fougueux, δε qui pour la moindre pointillé eft
toujours preftà ifibattre. ■
On le peint jeune & tout nudavecibnEca
par terre,pour montrer que la force de fa paffion
l'aveugle fi fort, qu'il oublie ce qui le peut con-
fervçr, & s'expofe témérairement à toutes for-
tes de dangers, ainfi que remarque Séue-
L^s jemtes Οδη5 pleins d"infolence. ;
Suivent letir premier mouvement
Et pement difficilement
S'arrefler dans leur violence.
A quoy fe rapporte à peu prés le dire d'Avï-
cemie, -que les ai^jons qui-fe font meuremeot
fQHt les vrais iignes d'un tempéramment par-
fait; comme au ooiitiraÎEei celles qui s'exécu-
tent fans confeil & par impétuofité, font des
marques de peu de fens, & de beaucoup de
chaleur.
Quant au Lion qui le fait, >1 eft mis icy pour
«n Symbole de la çolérç, ..veu que félon Al-
ciat, . .. -
Ci des AMr^mfC, ψΜηέ ([^elqM'm le
: Àépit0 f ■ . . . ... : > B^
Bat fes flancs de fa queue, luy-mefm
s'irrite.
Par le Lion néanmoins il eft démontré que
les Hommes de compléxion colérique , ont je
ne fçay quey . de raagnanime& de lî généreux,
qu'à force de l'cftre ils ça deviennent fouvent
prodigues. ' '
LE SANGUIN.
Ε jeune Garçon qui nous le repréfente,
V^a les cheveux blonds, le vifage replet,
& le teint meflé de blanc & de rouge. Il paiTc
fon temps àj ouër du Luth ; & du cofté de cette
figure fe voit un Mouton qui broute une grap-
pe de raifin, & de l'autre un Livre de Mufique
ouverte
Le Sanguin eft peint avec un vifage riant,
dautant-que félon Hypocrate, il arrive d'or-
dinaire qu'en ceux qui abondent d'un Sang par-
faitement tempéré., s'engendrent des elprits
vitaux, fubtils &purs, qui produifent lajoye
& les ris. D'où it s'enfuit que telles Perfwi-
nes ibnt ordinairement de belle, humeur, &
qu'elles ne demiandeijt qu'àjbuër & à fe divertir.
Son embonpoint, félon Galien iignifie ,
que^delà verlu qu'on appelle affimolative, qui
prédomine aux Sanguins, paiftûhabitudedes
Corps charnus & replets. ,-;
Oh luy. attribue le teint.vermeil meflé de
blanc, dautant que félon AYiCçune cette cou-
leur
leur marque une abondance de fang- Ce qui
fait direàGalien, que l'humeur qui prédomi-
ne au Corps colore la chair.
Quant au Mouton qui broute une grape-de
Raiiîn, cela fignifie que le Sanguin eft grande-
ment adonné ^u plailir de Venus & de Bachus ;
parce-que le Mouton, comme le remarque
Piérius Valerian, eft grandement enclin à la
luxure, & qu'icy le Raifini;ft pris pour Bachus
qui le produit. Où il faut remarquer avec Ari-
ftote, que ceux de compléxion fanguine font
particulièrement enclins à l'Amour, à cauie
qu'ils abondent en ièmence plus que les autres ;
comme il fe peut voir par la defcriptiou qu'en
faitlEcoIe de Salerne.
LE F L EG M AT I (lu E.
ON le figure par un Homme gras & re-
plet, ayant le teint blanc, & une Robe
fourée de peau de Blereau ; outre qu'il tient les
deux mains dans fon fein, & qu'à fes pieds fe
voit une Tortue.
Il eft gras & replet, parce-que de la mefme
forte que la féchereffe du Corps procède de la
chaleur, la réplétion & la graifle fontcaufes,
ièlon Galien, d'un excès de froideur & d'hu-
midité. On l'habille de la fourure d'un Ble-
reau , pour montrer que le Flegmatique n'eit
pas moins parefieus ny moins alloupi que cet
//. Pan. Ρ Ani-
Animal : ce qui procède de ce qu'il n'a que fort
I peu d'efprits, encore font-ils étouffez par la
I froideur extraordinaire qui prédomine en luy.
D'où il arrive que les Flegmatiques ne font guè-
re propres à l'étude, à cauiè qu'ayant l'elprit
émouiré, ils ne peuvent comprenciie rien de
fublime& de grand. Ce qui eit encore donné
à connoiftre par la Tortue, qui ne marche que
'' i pefammeut & à pas tardifs.
LE M Ε L A Ν C 0 L I (lu E.
IL a le teint baiànné, tient de la main droi-
te un Livre ouvert comme s'il vouloit
étudier, & de la gauche une bourfe liée, avec
un Paifereau folicaire far le haut de fa tefte, une
bandelette qui luy ferre la bouche, & fous iès
pieds une figure quarrce.
La bandelette fîgnifie que le Mélancolique
ne parle pas beaucoup, à caufe qu'il eft d'un
naturel froid & fec ; comme au contraire la
chaleur rend les Hommes babillards.
Il tient un Livre ouvert, parce-que les
gens de cette compléxion s'adonnent volon-
tiers aux bonnes Lettres, & que pour y va-
quer plus commodément ils recherchent la
Iblitude. Ce qui fait dire à Horace,
^e tous les Ecrivains ^ de Profe ^ de Vers
lyejereiii à la Cour les Champs^ la Déserts.
Aulîi
-ocr page 88-I C ο Ν ο L ο G I Ε. 359
Aulïï eft-ce pour cette mefme raifon qu'oa
met fur la telle du Mélancolique un PaiTereau
folicaire, qui s'écarte ordinairement des autres
Oifeaux.
Quant à la bourfe fermée, elle montre que
les Mélancoliques font peu généreux & gran-
dement avares.
V 1
DI"
É
540 I C ο -Ν ο L ο G I Ε.
C'Eft l'opinion de Platon , que rien ne
peut échapper aux yeux delajuftice, &
que pour cela les anciens Preftres des Egyptiens
difoient, que par la force de fa veuë elle péné-
troit dans le fond de toutes cfeofts. De là vient
auffî qu'Apulée jure par l'œil^du Soleil & de la
Juftice enfemble , pour montrer que l'un eft
auffi clair-voyant que l'autre. D'où il nous
eft enfeigné pareillement quels doivent eftre les
'Miniftres de la Juftice: car il faut qu'il y ait en
eux certains rayons, par le moyen defquels-ils
découvrent la vérité en quelque lieu qu'elle foit
cachée, & qu'à la façon des Vierges les plus
chaftes, ils foient exempts de toute iorte de
paffion, fans fe laiilèr corrompre jamais ny
par préièns, ny par flatteries. A raifon de-
quoy nous pouvons dire que la Juftice eft une
habitude, fuivant laquelle l'Homme jufte di-
ftribuë le bien & le mal entre foy-mefme& les
■autres, félon les qualitez ou les proportions
Géométriques.
L'on peut rapporter à cecy que pour figurer
îa juftice & l'intégrité de l'Ame, les Anciens
avoient
h;
I
ΐΙ·
'M,-
Ε ; -Ί!'!
(ί| " '
ji- .
avoient pour fy rnfaole une égaiere, un baffin, &
une Colomne, comme il fe vérifie par plufieufs
Tombeaux de marbre, & par diverfes Anti-
quitex, d'où vient que l'ingénieux Alciat dit
dans fes Emblèmes,
Qu'il faut que le bon Juge ait. Vame ζ^ les
mains pures^X
S''il veut ρ unir le crime , vanger les injures..
Tout ce que je viens de dire parlant généra-
ment de la Juftice, eft icy reprcièntépar fa pre-
mière figure, qui eft celle d'une belle Vierge
couronnée , couverte d'une Robe d'Or, &
& qui porte à fon cou un riche, joyau , pour
nous enfeigner que cette vertu elt ineftimable,
& la plus pricieuiè de toutes les chofes du
Monde.
JUSTICΕ INVIOLABLE.
E, j-LE a pour emblème une Dame maje-
ftueuie., qui porte fur la telle une Couron-
ne Royale une Balance d'une main , & une
Epe'e de l'autre; joii>^u'à fes coftez un Chien..
&un Serpent fe font remarquer.
Sa Couronne fignifie qu'elle efl: la Reine des
Vertus.
_Son Epéenue& droite, qu'il faut qu'elle
ibit toujours p^eik à punir les Vices.
Sar^ance, qu'il eft de fon devoir de pezer
ks-bonnes & les mavaifes aâions.
Le
Ρ 3
-ocr page 91-I C Ο Ν Ο L Ο G I Ε.
Le Chien qui la fuit, qu'elle fe doit porter
fidellement à aimer la Vertu. Et le Serpent,
qu'elle ell, obligée de haïr le Vice, comme un
venin contagieux & mortel.
justice rig oureuse.
Lle ne fçauroit eflre mieux peinte qu'el-
^ le eft icy fous la forme d'un Squéléte cou-
ronné , couvert d'un drap blanc, & qui de la
main droite s'appuye fur une Epéc, & de la gau-
che tient une Balance.
Par cette effroyable Image il nous efl enfei-
gné que lejuge rigoureux ne pardonne point les
fautes commifes, quelques excufes qu'allè-
guent les Criminels : En cela femblable à la
Mort, qui ne felaiiïc point fléchir par prières,
& n'a point d'égard aux Perfonnes de quelque
qualité qu'elles puiiTenteflre.
JU.
-ocr page 92- -ocr page 93-I C ο Ν ο L ο G I Ε. r^ij
S On Image eil celle d'une Dame de fînga-
liére beauté. Elle a fur fa tefte qui ell cou-
ronnée , une Colombe refplendiiènte, une
Robe tiiTue d'Or, les cheveux épars, le regard
Modefte, tenant de la main droite une Epée
flamboyante, & de la gauche une Balan-
ce.
Par la Robe d'Or eft fignifié le luftre éclatant
de cette Juftice.
Par fa Couronne , que fon pouvoir eft
abfolu fur toutes les PuiiTauces du Mon-
de. ■ '
Par la Balance, que la Juftice Divine régie
toutes les aftions humaines ; Et par l'Epée,
qu'el'e punit ceux qui ontfailly.
Pour le regard de la Colombe, c'eil la figure
du S.Efprit, quieftlatroiflémePerfonncdela
trés-Sainte Trinité, & un parfait lien d'amour
entre le Pere & le Fils, par lequel Efprit la Ju-
ilice Divine fe communique à tous les Princes
du Monde.
Cette mefme Colombe eft blanche & re-
fplendiiTante, parce-qu'entre les qualitez vifi-
bles, celle-cy paiTe pour la plus excellen-
te.
Ses cheveux cpars font des Symboles des gra-
P 4 ces
ces qui viennent de la bonté du Giel, fansof-
fenfe de la Juffice Divine, dont elles font des
effets qui luy appartiennent proprement, & lay
font très-convenables.
Cette Daine au rerte a les yeux élevez au
Ciel, &· dédaigne la Terre, comme une cho-
fe trop vile, n'y ayant rien icy bas quipuiiTe
eilre au-deiTus d'elle'. '
ι» !;
à
Ό 1'
-ocr page 95-ICONOI. OGIE.
Pi
PA R la Concorde fe doit entendre Γιιηίοπ
mutuelle de plufieurs Peribnnes qui vivent
& converfent enlemble avec tant de bonn e corr-
reipondance, qu'elles ne fe contredifent ja-
mais dans leurs volontez. , Ce qui me fait.croi-
re qu'elle ne peut avoir de fymbole plus conve-
nable qu'un faifceaii de verges étroitement
liées,, chacune deiquelles eft foible ; mais fi on
lesjoint toutes, elles deviennent extrêmement
fortes. AuiE eft-il vray que par l'union les
aâions des Hommes s'aftermiflènt puiilàm-
ment, comme le remarque Saluite , où il
dit, que par la Concorde les petites chofes
prennent, accroiffement, comme au con-
traire la DiiOerde fait decroiftreles plus gran-
des.. .
■CON-
-ocr page 96-346 I C Ο Ν Ο L Ο G î Ε,
, Ν la repréfente par un jeune Homme
_ ' qui eft à la main droite d'une Femme ;
l'un & l'autre veftii de pourpre, n'ayant qu'u-
ne mefme chaîne qui les étreint,ny qu'un même
cœur que l'un & l'autre tient dans la main.
Cela lignifie que le mariage eftant un effet d'a-
mour entre l'Homme &.]a Femme, a eité infti-
tué par les LoixDivines, qui veulent que les
Terfonnes mariées foient inféparables juiques
à la mort.
ELle a pour Emblème une Femme cou-
ronnée d'une branche d'Olivier , tenant
d'une main un Vafe plein de feu, & de l'autre
une Corne d'Abondance.
L'Olivier eft un Symbole de paix, comme le
feu en eft un autre d'amour & d'ardente charité..
Quant à la Corne d'Abondance elle eft icy
mife pour montrer que la Concorde enrichit les
Eftats, qui par elle-mefme jouiflèut desbieus.
& des fruits fouhaitables qu'apporte ordinaire-
ment lapais. CÙN-
ΐι '
p! i
ilil"
UMl:
il .
1
I C ο Ν ο L ο G I Ε. ^T
CONCORDE INVINCIBLE.
C'Eil avecgrande raifon qu'on nous la figu-
re par un Gérion armé, qui a trois viià-
ges, la telle environnée d'une Couronne
d'Or, fhx bras, & autant de jambes. II tient
une Lance de la main droite, de l'autre une
Epée nuë, & de la troiliéme un Sceptre. Où
il eft à remarquer que fes autres trois mains
du cofté gauche, font toutes pofées fur un Bou-
clier.
Ce Gérion, félon quelques-uns, eftoit un:
Roy d'Efpagne , duquel on feignoit qu'ail
avoit trois Corps, parce-qu'il poiledoit trois
Royaumes, lefquels il perdit avec la vie par
la vaillance d'Hercule : mais ceux qui en par-
lent vray-femblablement, difentque par ce ,
Gérion le doivent entendre trois Frères, qui
viv'oient enfemble dans une fi bonne intelli-
gence, qu'ils ne fembloient eiirequ'unefeuis;
perfonne.
î C Ο Ν Ο L Ο G I Ε:
ELle eft armée en Palîas, tenant de là
main droite une Lance, & de la gauche
plufieurs Serpens, pour montrer par-là, qu'el-
le eft toujours prefte de fe défendre iby-mefme
par les armes, & à nuire aux autres par le venin
que la colère produit.
Cette meime Concorde fe voit encore repré-
fèntée dans une Médaille de l'Empereur Ner-
va, par une Femme qui de la main droite tient
line pointe de Navire-, iùr qui ie voit une En-
lèigne nailitaire, au milieu de laquelle on peur
remarquer le Hiéroglyphe de laFoy, à fçavoir
deux mains qui s'entre-tiennent, avec ces mots,
Concardia Exenitnum.
J'omets qu'en une autre Mc'daille elle eiîr
peinte afllfe & tenant deux Cornes d'Abondan-
ce, pour fignifier que le repos eft un des princi-
paux efFets.de la Concorde, & qu'elle-merme·
conferve les Royaumes en les comblant de tou-
tes fortes de biens, com.me au contraire, ainil.
que dit M. de Malherbe:
ha Difiorde aux creins de Couleuvre
Pefiefatale aux Potentats,
Ne finit fes tragiques œuvrel
Que par la prte des EJiats.
WeUe tiafquit la frenaijie
De la Grèce contre PAJe,
•Jî'iii
r» 'i'i
f-· '
k
Et
-ocr page 99-£ί d'elle prirent le flambeau.
Dont ils défolérent leurs Terres ^
Ces deux Frères, de qui les guerres
Durèrent jufques au tombeau.
il;!'
QUelques-uns appellent Fortune cette
Vertu ditteoperatrice, par le moyen de
iaqucile les eiloiles par leurs influences font
agir diverfement les humeurs & la nature des
Hommes, en ébranlant l'Appétit fenfiîjf, &
meime le raifonnable, fans le forcer néan-
laoins, & fans qu'en fon opération il y ait au-
cune forte de violence. Mais nous prenons icy
la Fortune pour cet événement cafuel qui fe
peut rencontrer dans les choies qu'on voit ra-
rement avenir contre l'intention, de l'Agent
d'où il arrive la plûpart du temps ou beaucoup
de bien, ou beaucoup de mal aux Hommes,
qui pour n'avoir pas l'eiprit de comprendre que:
rien ne fe peut feire icy bas fans l'intention de
quelque Agent, fe font accroire follement
qn'une imaginaire Déeilc qu'on nomme For-
tune, produife ces effets qu'ils difent ne dé-
pendreque d'elle. Tous les Auteurs nous l'ont
peinte aveugle, pour montrer qu'elle traite in-
différemment tous les hommes, en les haïffant
ou les aimant comme bon luy femble, & qu'en
un
-ocr page 100-I C Ο Ν Ο L Ο G I Ε.
an mot c'efl: fortuitement qu'elle les oblige
ou defoblige. D'où il n'avient que trop fou-
vent qu'elle favorife ceux qui mériteroient
mieux des fupplices que des recompenfes ; &
qu'au contraire elle rend miferables ceux que
leurs propres mérites devroient rendre bien-
heureux. Mais après tout il faut avouer,
contre l'opinion de ces Payens j qui cft fuivie
encore aujourd'hui? du Vulgaire ignorant,
que la. Divine Providence , comme nous
l'enfeigne S. Thomas, régie & gouverne el-
le feule toutes les chofes du Monde.
BONNE FORTUNE.
DAns une Médaille d'Antonin Géta
elle fe voit peinte alTife , & s'appuye
du bras droit fur une Rouë , tenant de la
main gauche une Corne d'Abondance. Ce
qui n'a pas befoin d'une plus ample explica-
tion, puiiqu'il fe voit clairement que l'un eft
une marque de fa legéreté , & l'autre des
biens dont elle eft prodigue.
Il faut ajoûter icy qu'au lieu de la Rouë,
quelques-uns luy mettent en main un Globe
Célefte , par où il eft démontré que comme
le Globe eft dans un continuel mouvement,
la Fortune de mefme n'a jamais de repos,
mais changeant de face à toute heure, tan-
toft elle abaiiTe les uns, tantoft elle prend
plaifir à élever les autres.
FOR'
-ocr page 101- -ocr page 102-ï C ο Ν ο L ο G I Ε.
Ε Elle eft peinte en Femme dç bonne mi-
ne , qui de la main gauche tient une Cor-
ne d'Abondance, & careflè de la droite un
Cupidon qui fe joue àl'entour d'elle.. Ce qui
ne peut s'entendre autrement que des faveurs
dont la fortune fait part aux Amans,
ELle paroifticy fous la figure d'une Fem-
me, expofée dans un Navire qui n'a n'y
mats ny timon, & dont les voiles ontefté tou-
tes rompues par la violence des vents.
Par le Navire fe doit entendre la vie humaine
durant laquelle il n'eft point d'homme qui ne
tafche d'aborder à quelque Port aiTéuré.
La voile & le mats rompus, font lesfymbo-
les du peu de repos qu'il y a dans le Monde, où
ks Hommes font toûjours battus de quelque
orage, qui n'arrive le plus fouvent que pari la
nwuvaife conduite.
FOR'
-ocr page 103-ELle fe voit dans une ancienneMéc.ùIIe
de l'Empereur Adrien, repréfentant une
belle Femme , avec des aifles au dos, &
couchée tout de fon long, avec un Timon à
fes pieds.
Par cette Fortune fe doit entendre celle
dont il eft fait mention dans l'Hiftoire de
quelques Empereurs , qui en avoieut en-
tiéremejjt'^ l'Image dans leur Chambre du-
ranr"Té cours de leur vie & de leur Em-
pire-.
A ces figures de la Fortune, l'on en peut
ajouter encore deux autres.
La première eft celle de la Fortune Pacr-
que, tirc-'e d'une Médaille d'Autonin le Dé-
bonnaire , repréfentant une belle Femme
debout, qui de la main droite s'appuye fur
un Timon, & tient de la gauche une
Corne d'Abondance ^ avec ces mots For.-
tuîsa obsequens. et S. C. Cette
Médaille fut frappée à ^ome fous le qua-
trième Confulat d'Antonin , & à fon hon-
neur , fes favorables fuccés cftant démon-
trez par les Lettres d'alentour , qui figni-
fioient que, la Fortune avoit efté non-feu-
lement favorable, mais obeïiTante àcePrin^
cc. ■
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1 j , ' !
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ai i?·:
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La
-ocr page 104-La fécondé figure reiTemble à peu pre's à
îa première , vea qu'elle eft d'une Femme
qui s'appuye de mefme iùr un Timon, &
qui tient une branche de Laurier pour nous
apprendre qu'elle donne les triomphes & les
viétoires à qui elle veut.
hà
mm
— "(j
ii^iiiwiii
'i||i Si
III il:'
I
. -F a 'R C E.
La Force eft îcy dépeinte en Femme guer-
rière, devant qui Te prêfeme, un Lion ir-
lité, dont bile ibûtieàtèourageufeinent l'effort,,
& hauiTe le bW polir ΓαίΓοώήίεΓ avec fa Maf-
fuë. Ce quitPefbpàS'ttfrpÎtît effet, puirqQ'il
n'eft point d'animal qui ait plus t!e force & d'a-
dreflè eiifemble que le Lion.
FORCE DE CORPS Et D'ESPRIT.
IL feroit difficile de la mieux dépeindre
qu'elle l'eft icy par l'image de Pallas, qui
prélide aux Armes, àcaufe dequoy elleâl'E-
pée au cofté, un Heamne fur la tefte, une
Lance en la main droite, & en la gauche un
Bouclier, au milieu duquel fe voit une Maf-
fuë, telle à peu presque celle d'Hercule.
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ι·ί r,
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Λί}.·
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rB.^ ^
FOR-
-ocr page 106-I C ο Ν ο L ο G I Ε.
s
SORCE ET Ρ RUD ENC Ε.
L'U Ν Ε & l'autre font repréiêntées par un
jeune Guerrier arme à l'antique, ayant
iùr fatefte une Couronne de Laurier, avec ce
mot pour Devife, His Frugibus. En la
main gauche un Bouclier, & en la droite une
Epée nue entrelafîee d'un Serpent.
Le Laurier & la Devife qu'il porte, mon-
trent que la viâoire eft; ordinairement le fruit
de celuy qai eft valeureux & prudent. Et le
Bouclier, qu'il n'eft point d'atteintes, quel-
ques rudes qu'elles foient, qu'il ne repouflè
courageufement. Ce qui eft encore fignifié
par l'Epée nue qu'il tient toute droite, & où
le Serpent eft mis pour iymbole de la vraye
Prudence ; comme il fe remarque dans les
Saintes Lettres.
FORCE DE COURAGE.
C Ο M M Ε il y a divers degrez -en toutes
chofes, cela fe remarque particulière-
ment en la Force, qui eft fufceptible&deplus
& de moins. Mais je ne penfe point qu'il y en
ait de plus confidérable que celle qui procède
de la grandeur du courage, & des entrepriiès
qvH
-ocr page 107- -ocr page 108-ICONOLOGIE. 363
qui font véritablement héroïques. Cet emblè-
me en eft une preuve, repréfentant une Fem-
me refoluë, ayant un Morionfurlatefle, une
MaiTuë en la main gauche, & en la droite une
Toifon, qui tous deuxenfemble nous remet-
tent en mémoire les aâions mémorables des
Monftres, & la conquefte que lit Jafon de la
Toifon d'Or-
En fuite de ces Forces que je viens de rap-
porter , s'en rencontrent auffi quelques au-
tres. La première eft celle d'Amour, repréfen-
tée par un Enfant tout nud, ayant des aifles fur
lesefpaules, unPoilîbnenlamain gauche, &
en la droite uneguirlande .de fleurr, emblème
tiré d'Alciat, qui montre que l'Empire d'A-
mour eft univerfel fur Mer & fjr Terre.
La féconde apour tîiéroglyfe une Femme
extrêmement robufte,, qui a fur la tefte des Cor-
nes de Taureau, & à fon cofté un Eléphant avec
fa trompe. Car au rapport d'Orus, par ce pro-
digieux animal,.les Egyptiens marquoient un
Homme fort : ce qui eft encore démontré
par les cornes du Taureau. Aquoy fe rapporte,
ce que Ciceron dans fon Livre de la Vieilleffe a
remarqué de Caton, auquel il fait dire, que
lors qu'il eftoit jeune, il ne defiroit poiut d'a-
voir les forces ny d'un Taureau,, n'y d'un Elé-
phant, fefervant de l'exemple de ces deux ani-
maux , à caufe qu'ils font pius forts que les au-
tres.
La troifiétne figure fait voir qu'il fautnécef-
fairement que la moindre force cède à laplus
grande : ce que les Anciens donnoient à con-
noiftre par l'oppofition de la peau de l'Hienne
à cel-
ι
î
11:
'ι -
il· ;
I
ii
à celle de la Panthère ; car l'expérieace montré
que l'une fait rompre l'autre par une lecréte an-
tipathie, quieillemcfme effet que prodaifent
les plumci, de l'Aigle, auprès detquelles celles
des aaiica Oifeaus ié gaftent & fe pourriiiêut.
La quatrième nousapprend que poungrande
que foit la Force, ellencpeutrcfiiterà lajuiîi-
ce. Ce que Piérius Valerian dit avoir remarqué
dans une Médaille qui fut trouvée de fon temps,
repréfentantuneDameveftuëen Reine, affife
fur un Lion, & en aôlion de mettre la main à
l'Epée, parlaquclle, iêlonlemefme Piérius,
il falloit entendre la jaitice, & la Force par le
Lion ; l'un & l'autre en eftant les vrayes figures
Hiéroglyfiques.
La cinquième & dernière figure d'uneFcm-
me âgée, mudeftement vellue, ayant en ia
niain droite un Caducée de Mercure, & fous
iës pieds un Lion, iinnne manifeilement à con-
noiftre que l'éloquence des iâges ert ordinaire-
ment plus puiiFante que la force des Guerriers.
'lui ri
558 I C ο Ν Ο L Ο G I Ε.
F υ R Ε V R.
CE Τ Homme, dont le vifage&raflion ne
refpirentque rage; qui a les yeux bandez,
qui femble lancer un faifceau de diverfes Ar-
mes , & qui n'eft veftu qu'à demy, repréfente
vray-femblablement la Fureur et fes effets.
Les yeux bandez fignifient, que la Fureur
n'eftant autre chofe qu'un aveuglement d'ei^
prit, lors qu'ellepollédel'Homme, ileftpri-
vé tout à fait de la lumière intelkauelle, &
qu'il fait par conféquent toutes chofes hors de
raiibn & iàns les confidérer.
Les Armes diverfes dont il embraiTe un faif-
ceau , nous enfeignent que la Fureur n'a befoin
que de foy-me'me pourfefatisfaire, & qu'elle
trouve par tout & en quelque temps que ce foit
des inffrumens de vengeance. Auffi efl-cc
pour un inefme fuj et qu'on luy donne un vefte-
ment court, à caufe qu'elle ne fefouciepoint
ny de bien-feance ny d'honnefteté.
'^iiiii Ilf
•ϊ:··
s
il!'
FU'
^ ■ ■ î,
CE τ τ Ε ibrte de Fureur a pour Tableau un
jeune Garçon, qui a le teinî vermeil &
plein de viva.cité, desaiiks à latefte, avecune
Couronne de Laurier, une ceinture de Lierre,
le viiage tourne vers le Ciel, &i'aétion d'une
perfonne qui écrit.
Les aifles montrent la promptitude de l'ex-
trême vifteffe du Genie poëtique, qui s'élevanE
aux chofes les plus hautes, rend fameux à la
Poftenté les faits mémorables des grands
Hommes, & les maintient fleuriiTans durant
plufîeurs fiécles; Hp merme-qne Te Laurier & le
Lierre confervent leurs feuilles toujours ver-
doyantes contre les efforts & les injures du
Temps.
Il a le teint vif & vermeil,à caufe que laFureur
î^oètique eft une furabondance de vivacité d'eC-
Prits, qui remplit l'Ame de merveilleuiès pen-
ses , & luy enfeigne à les déduire par nombres.
A raiibn dequoy, comme il femble impoffiblc
*3«e la Nature inipire des conceptions fi hau-
tes, on les tient pour des dons particuliers, qui
procèdent d'une finguliere grâce du Ciel. Ce
fait dire à Platon, que l'Efprit des Poètes
^rt agité d'une Divine fureur. AuiTi eft-ce par
flle-mefme qu'ils fe forment fouvent dans l'i-
«ée diverfes Images de chofes iùrnaturelles,
qu'ils
-ocr page 112-qu'ils mettent fur le papier, & qui font à peine
eatenduës, parcc-qu'elles contiennent je ne
fçay quoy d'extraoïdinaire & de Prophétique.
c'eit la principale caufe pour laquelle les An-
ciens appellent les Poètes, Races du Ciel, Fils
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II»
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Îîlff:
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a^SâHêiiâââiii
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%tf · V % W 'iiir w '
FUREUR EXTREME.
Cet te Fureur eft repréfentée par un
Homme arme, «juio le icfjaid çpouven-
table, le vifage enflammé, l'Epée nue en la^
main droite, & en la gauche un Ecu, au mi-
lieu duquel fe voit un Lion. Toutes leiquelles
choies décrites par Alciat dans un emblème
qu'il en a fait, font de vrais fymboles d'une
Fureur extrême , & qui dégénére en rage.
i
iTcr-
' ^ i.
-ocr page 113-POuR la donner à connoiftreparfeseffets
on peint un Guerrier armé d'un forte Gui-
ralTe, portant fur la tefte un Heaume, à la
main droite une Epée, & en la gauche un Ecu,
où fe voit gravé un Lion, qui de colère & de ra-
ge qu'il a, démembre fes propres Faons. Car
cet animal atoûjours -efté le fymbole d'une fu-
reur indomptable , principalement chci les
Egyptiens. Λ quoy on peut ajouter auffi la fi-
gure d'un Serpeiit.,. qui dans les Saintes Lettres
eft tenu pour implacable en fa fureur, lorsqu'il
darde iès trois langues. Ce qu'il ne fait que trop
fentir par épreuve, quand quelqu'un l'ayant ir-
rité, il s'emporte àun tel excès de rage, qu'il
ne s'arrefte jamais jufques à ce qu'il ait vomy
contre luy tout ce qu'il a de venin, d'où il
s'enfuit quelquefois qu'il crève quand il ne
peut fe vanger. *
Outre ces Tableaux de la Fureur, il y en a
d'autres qui ne font pas moins confidérablesK:ar
on la peut encore repréfenter par un Homme
affreux, lequel affis fur diverfes Armes, & fur
Plufieurs iniîrumens de guerre, femble frémir
de colère & de rage, ayant les mains enchaif-
■nées derrière le dos.
11 y en a d'autres qui luy font tenir de la main
M. l'art: Q droite
I
;·:ί;!
:
fil
i'i VI
droite une grande Torche allumée , & de la
gauche la telle de Médufe, ou mefme un Af-
pic, à caufe qu'il n'eft point de Fureur, fi gran-
de foit-elle., qui fe puifle comparer à celle de
ce Serpent, qui fait mourir de fa morfure celuy
qui le touche, & meurt hay-meimeauffi-tofl·.
Les Egyptiens ont pareillement dépeint la
Fureur par le Crocodyle, dautant que cet ani-
mal tourne fa rage contre foy-meûne, quand
il voit qu'il a manqué fa proye. .
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ICONOLOGIE. 363
'iiï m ^^ # : # # # # ÏJ % #
Qâ
LEs Anciens les ont repréféntées jeunes,
agréables, & Vierges, comme il fe voit
duns une Epigr^Time de Platon, rapportée par
■Diogene Laërce. Eufebe en tire l'étymologie
du verbe Grec [ληοι, qui fignifie inftruire aux
chofes honneites, & aas belles Difciplines.
D'où vient qu'Orphée en fes hymnes dit qu'el-
les-mefmes ont appris aux Hommes la Reli-
gion & l'Art de bien vivre. Tous les Poè-
tes demeurent d'accord de leur nombre &
de leurs noms, qui font Polymnic, Erato,
'Terpficore , Uranie, Calliope, Qio , Eu*
terpc, Thâlie, & MeJpomcne.
POLYM-
-ocr page 116-DN la peint ayant des Perles fur la tefte,
une Robe blanche, la main droite haut-
iëe en a6tion de haranguer, & en la gauche
isn Rouleau où eft écrit le mot, Suadere,
Les Pierreries & les Perles qu'elle a fur
la telle, font les marques des dons & des
qualitex qui enrichiiTent ibn Efprit, car fui-
vant les préceptes de la Rhétorique , elle
employe l'invention, la difpoiition, la mé-
moire , & la prononciation, qui font com-
iTiunes à ce bel Art, faifant voir, comme dit
Virgile,
Ou par fin aâion , ou mefme far-fi»
Ce qu'elle veut m&ntrer S5' rendre ma-
nifefie^
Ε RJ-
-ocr page 117- -ocr page 118-I C ο Ν ο L ο G î Ë.
Ε R A r 0.
ON la repréfente par un Fille agréable &
de belle huineiir. Elle cft Couronne'e
de Myfthc &deRofes, ayant en ik main droi-
te une Lyre, en lagaucheun Archet, & prés
d'elle un petit Amour avec des ailles, un Arc
& un Flambeau allumé. 'Erato eftainii nom-
mée du mot Grec «eji, qui lignifie Amour.
On la Couronne de Myrthe & de Rofcs,
parce-qu'elle traite des fujets amoureux, dont
cette Plante & cette fleur font les fymboles,
étant l'une & l'autre confacrées à la belle Venus
& à fon fils Cupidon.
Pour ce qui ell de la Lyre & de l'Ar-
chet, tous deux font trés-conveiiables à Era-
Qui ni aimant que les Luths, les Vers les
Chanfons^
Donne aux Mufes le bal en diverfes façons.
wwm·
------ow
6>î{ar,îo
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Q3
Τ ERP-
-ocr page 119-366 I C Ο Ν Ο L Ο G I Ε.
........ · ·
sM!
TE RPSICOR Ε.
Ij' L L Ε efl; couronnée d'une giiirknde^& tient
vune Harpe, au fonde laquelle elle icmblc
danfer.
Cette guirlande, comme j'ay dit cy-devant,
eftoit ordinaire aux Mufes, & faite de plumes
de diverfes couleurs , qui fembloient eilre un
Trophée de la viâoire de ces belles Vierges fur
lesSyrénes, par deiTus lefquellfs elles empor-
tèrent le pris à chanter, comme le remarque
Paufanias ; par où iè voit encore la punition des
Filles de Piérius & d'Enippe qui îelon Ovide
furent changées en Pies.
fi':
U R A Ν I E.
ELle eit vefluë de couleur d'aiur, cou-
ronnée d'eftoiles, & foûtient des deux-
mains un grand Globe.
^ Cette Mufe eft dite célefte du mot Grec
«a"»?, qui iignifie le Ciel, à caufe qu'elle y
éléve les Hommes fçavans. Et voila pour-
quoy conformément à cette figniâcation qui
luy
'Κ ■
iiii
if;
.ît'j
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ff'
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tiiv.
fiWl·'
1-· i,
i:» ,
-ocr page 120-îuy eft propre, ou luy donne une Couronne
à'eftoiles, & un Globe fphérique.
Car elle-mefme aujfi fans nuage ζ^ fans
'voiles^
Connoifi les mouvemens ^ le cours des ef·
toiles.
c A LLI ο ρ Ε.
CE τ te cinquième des Mufes, Jeune &
couronnée comme fes Compagnes, tient
en ton bras gauche pluiîeurs guirlandes de Lau-
rier, & en famain droite trois Livres, qui font
rOdiffée, l'Iliade, &l'Encide.
Elle a fur fa telle une Couronne qui doit eftre
d'Or, à caufe que félon Héfiode elle eft la plus
digne & la principale des Mufes.
Les guirlandes de Laurier qu'elle porte font
le fymbole & la recompenfe de la Poëfie ; & les
trois Volumes, les Oeuvres des plus lîluftres
Poètes qui ont écrit en vers héroïques, dont
l'invention luy eft attribuée par ces Vers de
Virgile,
ϋΐ
Calliope décrit les heaaxfaits des He'ros.
q 4
CLIO.
-ocr page 121-I
ELle eft peinte en jeune Fille, Couron-
née de Laurier, tenant delà main droite
une Trompette, & de la gauche un Livre qui
porte pour tire ce nom propre, TucyniDEs.
Cette Muie elîappelk-cCiio, du mot Grec
»λί<«, qui fignifie louer, ou peut-être de xAt©-
quieil: le mefme que gloire, pour montrer cel-
le que s'acquièrent les Poètes dans l'eilime des
Hommes fçavans.
On luy tait tenir un Livre de Tucydide, à
caufe que c'eft à cette Mufe qu'on attribue l'in-
vention de l'Hiftoire. Car, comme dit Yir-
giîe,
Cette Fille du Ciel dam un comble de gloire
Chante des grands Guerriers les noms ^ la
viBaire.
C'eit elle-mefme aulîl qui les empefche de
mourir ; & voila, pourquoy on la Couronne de
Laurier, parce-que par le moyen de l'Hilloire
elle rend immortelles les aâions des grands
Hommes, de mefme que le Laurier fe con-
ferve toujours verd contre les injures du temps.
i
ί'Ρη
ïii
ΐίΐ'ί"
s··! -n.i
Eu-
î C ο Ν ο L ο G I Ε. 569
EUT Ε R ΡΕ.
ON la repréfente Couronnée d'ane guir-
lande· de fleurs, & tenant- à deux mains
une fluffe dont elle joue , outre les clorons,
les hauts-bois, & tels autres Inftrumens qui fe
voyent à fes pieds.
Euterpe, à tirer ce mot du Grec , fignifie
agréable & plaiiànte, àcaufe du plaifir, &du
merveilleux contentement qu'apportent les
belles Lettres.
Quelques-uns veulent que cette Mufe foit
au-deiTus de laDialeélique, & laplufpart difent
qu'elle fe plaift particulièrement au fon dt;s
fluftes & de femblables Inftrumens. Ce qui
iàit dire à Virgile ,
Q^''· elle fait retentir les Rochers ^ les Eaux ,
Au doux air defa voix de fes Chalumeatix.
Au refteon la Couronne de fleursl l'imita-
tion des Anciens, qui enfaifoienttoujours des .
guirlandes aux Miifes..
ruA-
-ocr page 123-ZP^, 36s
t, ti
I h...
570 I C Ο Ν Ο L Ο G I Ε.
t Η Λ LIE.
Lle a le vifage folaftre & lafcif, fur la
_\ teiîe une guirlande de Lierre, un mafque
en chaque main, & des brodequins aux pieds.
L'on attribue à cette Mufe l'invention de
la Comédie , ainii que le témoigne Virgile
quand il dit,
Qu'elle tHaime rien tant qu'un langage Co-
mime.
Quant au mafque & aux broc'equins qu'elle
porte, c'eft avec beaucoup de raifon, puifqu'on
le fcrvoit anciennement de l'un & de l'autre
dans les Comédies.
M Ehl?0 MENE
CEtte neufiéme Muiè, d'un maintien
grave, & richement veftue, tient de la
main gauche des Couronnes & des Scepfres
joints enfemble, & de la droite un poigiiard
toutnud. Elle-mefme, félon Virgile, inven-
a la Tragédie, & félon Horace , l'ufage des
Chanfons & de laMufique, pour avoir agréa-
blement
Luth Id voix accordé l'harmonie.
Elle
Ε
I
-ocr page 125-I C ο Ν ο L ο G τ Ε. ^ητ
Elle a le maintien grave, parce-quelelujet
de la Tragédie fe fait remarquer auffi par fa gra-
vité , que l'on fait coniliter en une aâion, que
l'Hiiloire & la Renommée ont publiée, & miic
bien avant dans la connoiiîance des Hommes.
Les Couronnes, les Sceptres & le poignard
qu'elle porte nud ; font autant d'emblèmes du
malheur ou de la bonne fortune des Homme,',
laprofperité defquels aboutit ibuvent à une ex-
trême mifére.
if:!:
ÎÎ
'iil
il
li;
L Ε S-
Q6
'm
-ocr page 126-37^ r C Ο Ν Ο L Ο G I Ε.
DE LA POESIE.
V A Κ Τ que de les rcpréfcnter partiai-
___litremem par leurs figures, il inefem-
blc qu'il ne fera pas hors 'depr5p6s"dedireicy
quelque chofë de la Poefie en général , que
plusieurs ont repréfentce par une belle jeune
Fille Couronnee dé Laurier: yeftuc d'une
grande Robefemée d'étoiles, & qui tient de la
main droite un, Cornet à bouquin, &, de lagau-
che une L^'re.
Elle eft proprement, félon Platon, une ex-
preffion des chofes Divines, infpirtes à l'Ea-
îcndcment, par une faveur & grâce particuliè-
re du Ciel.
Elle eft peinte jeune & belle, à caufe qu'il
n'eil point d'Homme, quelque barbare qu'il
puiiTe eftre, qui ne foit attiré par la. force, &
charm ' par la douceur de fes Vers.
iiii
! îU
On k Couronne de'Laurier, arbre toujours,
verdoyant, & qui eft à couvert de la foudre,
pour montrer qu'elle-merme rend les Hommes-
immortels& les afleure contre_ les outrages
du temps, qui fait oublier toutes chofes.
Sa:
-ocr page 127-Sa Robe femée d'étoilles eft le fymbole de
ià Divinitéayant pris, comme difent les Poè-
tes, fon origine du Ciel. A quoyj'ajoûte qu'el-
le eft extrêmement penfive, & toute enflam-
mée par le vifage, dautant-que les Poètes ont
pour l'ordinaire l'Ame pleine- de prompts
mouvemens , & de tranlports de fureur cé-
lefte.
Quant à la Lyre qu'on luy met en main,
c'eil pour faire voir que les nombres de la Poë-
iîe ont une merveilleufe correfpondance avec
l'Harmonie de la Mufique : que fi l'on Cou-
ronne les Poètes de Laurier, c'eft parce-quc
leur intention n'eft autre que de s'acquérir de
l'honneur, ayant en cela mefme objet que les
plus grands Capitaines, àlagloiredefquelsils
ont part, tout ainfi qu'à leurs Couronnes.
SA figure eft celle d'une jeune Femme, qui
tient de la main gauche une Lyre, &dela
droite un Archet. Son habillement eft de plu-
fieurs couleurs ,®m.ais agréable à voir, & aiTez ef-
. troit, pour montrer que dans une feule choie le
Poète Lyrique en reiTerre plufieurs autres;com-
me il eft fignifié parcesparoles Latines, Bre-
vi compleâor Jingula canUt. C'eft-à-dire , eu
peu de motsjecomprenstoutes chofes.
ΓΟΕ-
-ocr page 128-374 I C Ο Ν Ο L Ο G I Ε.
POEME HE RO IçrV Ε.
Ο Ν le peint habillé Royalement, avec un
maintien grave, une guirlande de Lau-
rier fur la tefte, un Cornet à bouquin en la main
droite, & ces mots à la gauche, Nomif gran-
qui lignifient.
Mon chant a pour objet les chofes les
plus grandes.
L eftrepréfenté par un jeune Berger, d'une
_ beauté naturelle & fans fard, tenant d'une
main une flûte à fept tuyaux, & de l'autre une
houlette, avec cette Devife, PaHorumcarmi-
na Itido. Comme s'il difoit,
Ii'l I
Je m'entretiens des Chmfons des Bergers.
POE-
-ocr page 129-I C ο Ν ο L ο G I Ε . 3 S9
Ρ Ο Ε ΜΕ S ATYRI Q_VE.
ON le dépeint fans habillement, avecle
vifage d'un rieur, un Thyrfe en la main
gauche, & un Ecriteau en la droite, oùfe li-
fent ers paroles, Irridens cufpide figo : comme
s'il vouloit dire à peu prés, je rÎille&picquc
tout enfemble.
D I-
-ocr page 130- -ocr page 131-500 I C Ο Ν Ο L Ο G I Ε.
w % -M ïi? ■
A Renommée, à le. prendre en ge'ne-
'rai, a pour emblème une Femme ve-
ftaë d'un vo'ile délié, qu'elle porte retrouiTé
jufques à my-jambes ; qu'on diroit à la voir
qu'elle court d'une vifteifeincioyable. Auiïï
a-t-elle des aiiles 'aux pieds & au dos, & Ibn
habillement tout femé déplumes, d'yeux,
de bouches & d'oreilles. Car c'eft ainfi que
Virgile la décrit, quand il dit qu'ordinaire-
meiiî
De fa kge'reté fa vigueur frend
m'ijfams.
)L·
R -
-ocr page 132-I C ο Ν ο L ο G I Ε . 3 S9
RENOMMEE,
Comme on la peint ordinairement.
El LE a deux grandes aifles dont elle s'élé-
/ ve en l'air, une Robe dcûée telle que je"
viens de la de'crire, & deux Trompettes à là
main , dont elle ibnne ordinairement ; pa-
roiiTant affife fur les nues. Toutes ces cho-
ies enièmble font ailèz claires pour faire voir
que c'eft fa couftume de ne demeurer jamais
en mefme lieu, & de publier indifféremment
le menfonge & la vérité par tout où elle
paife. "
lii:!'
%
UNe ancienne Médaille de l'Empereur
Trajan la repréfente par un Mercure,
tenant de la main droite un Caducée, & en la
gauche un Cheval Pégafe , qui femble pren-
dre fon vol en haut.
Cette Image de Aiercure avec fon Cadu-
cée , & fes talonniéres marque la glorieufe Re-
nommée,parce-que ceDieu,que les Anciens ap-
pelloient Courrier de Jupiter, excelloit en l'Art
de faire des mellàgesj& de parler agréablement,
avec
Ά
Ijj;
-avec un ton de vois fi retentiiîànt qu'il fe faifoit
oui'rpartour.
Les aillerons de fa tefte & fes talonniéres font
les iymboles de la promptitude des paroles.
Par le Cheval Pégafe s'entend l'illuftre Re-
nommée d'Antinoiis, femée par tour le Mon-
de: Et par le frein de ce mefme Cheval que
Mercure mène enmain, il elî montré que par
le moyen des paroles & de la voix , les faits
inémdrables des plus grands Honuncs font
épandus par toute la Terre.
BONNE RE NO M ΜΕΈ.
L'O Ν nous la figure icy par unejeune Fem-
me , qui tient une Trompette de la main
droite, & de la gauche un rameau d'Olivier,
ayant de plus des aifles blanches, & à fon cou
une chaiihe d'Or, d'où pend un cœur pour jo-
yau.
La Trompette iîgnifie le bruit univerfel qui
s'épand dans les Oreilles des Hommes.
Le rameau d'Olivier , l'intégrité d'un
Homme de bien , que fes vertus rendent fa-
meux & célébré. Car l'Olivier & fon fruit
fe prennent toujours en bonne part, princi-
palement dans les Saintes Lettres , où il eit
dit que le nom de Noilre Seigneur Je-
sus-Chrisx eft tel que l'huile épan-
duë.
J'o-
-ocr page 134-J'omets que les Anciens avoient accoutumé
de couronner Jupiter d'une branche d'Olivier,
pour montrer qu'il eiloitfouverainement bon ;
& qu'icy le joyau en forme de cœur eft un
Ç'mbole de cette mefine perfeétion,. qui eft en-
core marquée par la naïve blancheur des ailles,
^u'on attribue à cetre figure.
; .ri
Dr-
-ocr page 135-ι C Ο Ν Ο L Ο G Ι Ε.
ν Ε R Ί TJ.
Α Vertu nous eft repréfentée en générai
par une belle & agréable Fille, qui a des
aifles au dos, une pique en la main droite, en
lagauche une Couronne de Laurier, & un So-
leil refplendiflànt dans fon beau fein.
Elle eft peinte jeune, ' à caufe qu'elle ne vieil-
lit jamais, & que la vigueur qui s'augmente de
jour en jour, dure autant que la vie de l'Hom-
me.
Ses ailles demonftrent que la Vertu a cela de
propre de s'élever par deflùs le vol des perfon-
nes vulgaires, afin de jouir de ces plaifirs dura-
bles , auiquels les feuls vertueux prennent
part.
Le Soleil qu'on luy donne pour fymbole,
nous fait connoiftre que comme la lumière
vient du Ciel à la Terre, auffi eft-ce de la Ver-
tu, de mefme que du cœur, que procède
la force de noftre Corps, puifque c'eit el-
le qui par fa puiiTance régie nos mouve-
mens.
Que fi on luy donne en la main gauche une
guirlande de Laurier, & en la droite une pi-
que,
■|Ι·|·
ΟΝΟ
que, c'eftponrfignifier par l'un, que la V^er-
tu n'eft jamais abatuë par l'adverfité , noa
plus que le Laurier par la foudre; & par l'au-
tre qu'elle a dequoy fe défendre par la plus
avantageufe des Armes, que les Anciens pre-
noient ordinairement pour une marque de préé-
minence.
D'a:utres ont ajoûté à cette figure une Cor^
ne d'Abondance pleine de divers fruits, à
caufe que la Vei-tu , quand on en fçait bien
ufer , n'abandonne jamais ceux qui la fer-
Vent, & qu'elle les garentit des incommoditez
de la vie.
Mais la plus remarquable de ces figures, cft
celle qu'on a tirée dé la Médaille de Lucius
Verus ; où fe voit fur le Cheval Pégafele vail-
lant Bellérophon, qui combat la Chymére, à
laquelle il donne la mort par un coup de Jave-
lot qu'il luy porte.
Par cette mcfme (Jhymére lê doivent en-
tendre allégoriquement plufîeurs vices mon-
ftrueux & XiFormes, qui font mis à mort par
Bellérophon ; comme l'a fort bien remarqué
le doôe Alciat dans un emblème qu'il en a
fait : d'où il eft encore montré , qu'il n'eft
point de force ii grande foit-elk dont on ne
puiflè venir à bout par la Vertu. Auflî eft-
elle peinte agréable & belle ; parce-qu'elle a
certains charmes qui ne manquent jamais
d'attirer & de vaincre le courage des Som-
mes.
Cette Médaille a de la conformité avec
celle d'Alexandre , dans laquelle la Vertu
tient d'vine main vine Lance, & de l'autre le
Glo-
Lk^
38i Ι G Ο Ν Ο L Ο G Ι Ε;
Globe du Monde; pour nous apprendre par
là qu'elle aiïïijettit tout l'Univers , & qu'elle
combat ordinairement vice. A raifon
dequoy elle eft encore tepréfentée en Ama-
zone dans la Médaille de Dornitiei^ & de
jGalba.
rERTU INVINCIBLE.
SA peinture eft celle d'une Pallas ; ayant
un Heaume fur la tefte, une Lance en la
main droite, & en la gauche un Bouclier,
où fe lifent ces paroles , Nec forte, nec fata.
Ce qui ne fignifie autre chofe, finon quela
Vertu toujours viâorieufe & triomphan-
te, ne relève auumcmcut de l'Empire du
Deftin.
VERTU DE CORPS ET DE
COURAGE.
LLle eft repréfentée par un Hercule tout
nud , tenant fa MaiTuè d'une main , &
menant de l'autre un Lion & un Sanglier qui
marchent enfemble.
Par Hercule avec fa MaiTuëic fa peau de
Lion,
-ocr page 138- -ocr page 139-VER^ru HEROÏQUE.
Tj' Lle eil repréfentée en tyois façons par
JH/ trois autres figures d'Hercule, tirées des
Médailles des Empereurs, dom u première
eft de Gordien, la fécondé de Maximin, &
la troifîéme de Geta. La principale cil celle
d'un Hercule veiîu de la peau d'un Lion, &
qui d'une main s'appuye fur fa MaiTuë, tenant
de l'autre trois pommes d'Or. Ces pommes
cueillies au jardin des Hefperides, compren-
nent enièmble les trois Vertus Heroïgues attri-
buées à ce Dompteur de Monftres, à fçavoir la
modération de la colère, la haine conçeuë con-
tre l'avarice, & le mépris des voluptez, par
qui les Hommes fe laiiTent charmer.
Dans l'autre figure le meiine Hercule tout
nud s'appuye fnr la tefte d'un Cerf; fymbole
d'un de fes douze travaux ; Et en la dernière il
tient fa Maiîaë iianiTée pour en affommer un
Dra-
•11.!·
; i 1
'Il
rCONOLOGIE. 385
i-'ton, fe doit entendre l'idée de toutes les Ver-
tus;^ par le Lion la force du courage, comme
le témoigne Orus Apollo dans fes Figures Hié*
roglyfiques ; & par le Sanglier, celle du Corps:
où il eâ à remarquer que pour marquer l'un &
l'autre, Admet s'avifa de joindrt enfemblele
Lion & le Sanglier, ainfi que le rapporte Pié-
rius dans un endroit où il parle du Signe du
Lion.
^Si'i·' ,
'ragon. Ce qui s'entend de celuy qui gar-
doit les pommes des Hefperides, dont je viens
de parler. Par où nous ibmmes avertis que
la Vertu ne fe propoiànt point d'autre prix
que foy-mefme , & les biens qui l'élévent au
Ciel, dédaigne le faux éclat des richeiTîs de la
Terre.
Îjrm·
Γ ■ : :
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■ 1 ' "
X>i-
IL y a deux chemins qui condaifent à la féli-
cité , & on peut bien dire qu'ils font divers ,
iélon que les inclinations, & les raifons perfua-
iives iè trouvent différentes en l'Homme. Ils,
font compris l'un & l'autre fous les noms de
vie Adive & Contemplative , que Noftre
Sauveur approuva en la perfonne de Marthe
& de Marie Magdeléne. Or bien que celle
qui eftoit attentive à l'aâion' fuil préfé-
rée , l'autre néanmoins ne laiflà pas d'e-
flre digne & de louange & de recompœi-
fe.
/^N la peint en Homme d'âge, & robu-
Vj' fie, qui porte un grand Chapeau fur fa
terte, une Bêche en la main droite, & en la
gauche un Soc de Charrue; par où il eft mon-
tré,que de tous les exercices, l'Agriculture eft le
plus agiiTant, & le plus néceffaire auffi à la con-
fervation de l'Homme. Je diray à ce propos que
IL Part. R Mi-
586 ICONOLOGIE.
Michel l'Ange, le plus excellent de tous les
Peintres de Ion temps., repréfenta la Vie Aâi-
ve ûir le Tombeau de Jules II. par Lea Fille
de Laban, à laquelle il fit tenir un Miroir d'une
inain , pour donner à connoiftie par-là que
nous devons faire une foigneufe refléxion fur
nos aâions ; & en l'autre une guirlande de
fleurs,pour Symbole des vertus qui embelliiîènt
noftre vie , & la rendent glorieufe après que
nous ne ibmmes plus au Monde.
mm.
mwwwwwtwwmw
VIE HUMAINE.
^N la reprcCênte par une Femme veftuë de
_fverd, ayant fur la tefte une guirlande fai-
te de l'herbe que l'on appelle Semperviva^ ou
Toujours-vive, & au-déilus de cette' guirlan-
de un Phénix ; outre qu'elle tient en là main
gauche une Lyre avec un Archet, & en la
droite une Coupe, dont elle fe fcrt à donner à
boire à un Enfaiit.
Ce que l'onappelle vivre à l'égard de l'Hom-
me , ie nomme reverdir à l'égard des Plantes.
Or eft-ii que la mefme proportion qu'il y a dans
les paroles, fe trouve encore dans les chofes
qu'elles fîgnifient. Je dis donc conformément
à cecy, que la vie de l'Homme n'eit autre cho-
fe qu'une verdure qui maintient la chaleur, le
itiouvement, . & toi^t ce que les deux en-
femble
;·|.·ΐ!
Semble ont d'excellent & de beau. Comme
nous, voyons - encore , ■ que la ' verdure des
Bmites n'eft pas trop , mai'appeik'e vie, qui
•venant .à manquer, il faut que la nourriture,
la chaleur, ■&. l'embonpoint manquent de
thefme. A raifon ■ dequoy l'herbe dont cet-
te figure eft couronnée , eft dite Sernfervi-
: -De mefme que l'Age de profperité en
■l'Homme fe nomme verdure, du verbe La-
iili.viYâr^, .Etpdu.ï.i;ette-raifon auirî , les hom-
mes.i:;-principa;iément les vertueux font ap-
pelle! î'îw. Ge n'efl: donc pas fansfuj et qu'on
habille cette figure· de vérd ^ & que pour un
Symbole de vie l'on met fur fa guirlande un
Phenixi, foit qu'il faille prendre ou pour une
hiftoire, ou pour une l'able, ce que les Natura-
liftes rapportent de cet oifeau;
. Elle tient de la main gauche une Lyre avec
m Archet,- ce que Piérius Valerienveutcilre
entendu de l'ordre qui fe rencontre dans la
vie humaine. En effet, quelques-uns ayant
trouvé qu'ilyavoiten la Lyre fept différences
de vois : ont inféré que cette mefme diverilte
fe remarquoit dans l'Eftat dont la vie humaine
cft continuellement agitée. Et à vray dire,
la feptiéme femaine après la conception , le
niafle eft formé dans le ventre de la Femme ;
fept heures après fon enfantement il don-
ne des iîgnes manifeftes de vie & de mort.
Au premier feptenaire fes premières dents
luy tombent, & il luy en vient d'autres plus
fortes. Au fécond, commençant d'eftre ca-
pable de génération, il s'achemine à la vi-
rilité. Au troilîéme, un poir follet luy cou-
R 2 vre
il
1 Wi
il
Î!' '
Pf
iï'M
/m
Si'll
il
liflk^
r'-Îf
]î ii ■
t.
I !'■.·.
■.ilPl
588 I c ο Ν ο L ο α I Ε.
vre le menton; & alors il celle de croiftre. Ail
quatrième, il efl en fa pleine force, & dans un
parfait embonpoinr. Au cinquième, il entre
dans l'Age où Platon veut qu'il foit marié. Au
fixiéme, il prend le foin d'acquérir & de con-
ferver les chofes acquifes. Au feptiéme , i!
diminue de forces, mais il en augmente de rai-
fon & d'efprit. Au huitième, il a l'Entende-
ment folide au dernier point, & tel qu'il le doit
avoir. Au neufiéme, il eft traitable & obli-
geant envers le prochain. Et pour conclu-
lion, au dixième, il devient β chagrin & ii
déplaifant qu'il ne demandeplus qu'à eftie hors
du Monde.
il i
ί
Ij
il
A l'égard de l'Enfant à qui cette Femme
donne à boire , cela veut dire , que làns le
breuvage & les aûmens convenables, il efl: im-
poffiblè que la vie fe maintienne, puifque c'eft
la nourriture qui fortifie &conferve la chaleur
naturelle.
:
VIE
-ocr page 145-I C ο Ν ο L ο G I Ε . 3 S9
VIE INdU/E-TE.
) Ο υ R faire voir que la TÏe mortelle eilfu-
jette à une perpétuelle inquiétude, il ne
tauc que fereprcfentcrlaiiguredeSylîphe, le-
quel , au dire des Poëtes, ne ccfle jamais de
porter & rapporter une groiîe pierre fur une
haute Moncagne. Ce Mont eft le Symbole
de noflre vie ; fon fommet marque la tranquil-
lité OU chaam afpire ; & la groife pierre que
porte Syliphe, figiiifie la peine & le foin
qu'un' chacun prend pour arriver eu
haut.
VIE C 0 ΝΤΕΔΙΡ ATIVE.
Nia dépeint en trois façons ; premiè-
rement par une Femme iiuë, quiéle-
ve au Ciel une de fes mains ouverte, &
tient de l'autre un Ecriteau, oii ft- lifent ces pa-
roles tirées du Pfeaume, ΔΙΛί inharere De» ho-
num ίβ, qui iàgnifient qu'il eft bon de s'attacher
à Dieu.
R 5 Ou
G
/ -s- ίΓ'/
"Il > L
S
-ocr page 147-On la repréfente en fécond lieu,par une autre-
Femme qui a les yeux tournez vers le Ciel ,
d'où luy viennent des rayons de lumière,
ayant des aiileions fur la terte, la main droite
haute, & la gauche bailè.
Par fes deux ailles eft lignifiée l'élévation de
rÊntendement, qui n'abailfe jamais fes pen-
iees aux choies viles & corruptibles, mais les
porte toiljours eri haut avec une parfaite re-
iignation de foy-mefme. Aufll eft-ce pour ce-
la qu'elle eft peinte regardant le Ciel, d'oii
defcendent fur elle des rayons refplendiiTans,
& qui l'environnent de toutes par':s.. D'où
il ert maniiefle qu'on ne peut avoir une Ame
propre à la contemplation, quT par Une par-;
ticuliére grâce de Dieu. ' " ' ' _
A CCS Emblèmes que je viens-de tap'pôr-
ter , j'en ajoûteray deux autres qiÎÎ ne laiiTc-
ront pas de plaire au Leâeur, dont le pre-
mier cfl: de la vie courte, & le fécond de la loa-
gue. .. . ■ ' ,
lii!
I C ο Ν ο L ο G I Ε . 3 S9
VIE C Ο V RTE.
ELle peut avoir pour crayon une jeune
Femme, Couronnée de fleurs & de feuil-
les différentes, ayant gravé iur le feiu un pe-
tit Animal qui a des ailles, & qui eit une ef-
pece de Mouche, appellée des Grecs Hemer-
robium. En la rnain droite elle tient des Ra-
ies : a^^ec ces mots à l'entour,
Um dies a^erit, conficit una dies
qui fignifient . ,
Que comme en m ferJ jour elles s'' cj)anomf-
. fini,
En un feul jour aujjî leurs beautet, fe flei
trifient.
C'ell: une chofe fi naturelle à l'Homme d'ai"
mer la vie, qu'il fe plaint ordinairement qu'el-
le eil trop courte.. Nous lifous à cffpropos,
que Theophrafte avant que de mourir, pefta
contre la Nature, difant qu'il n'y avoit aucune
apparence qu'elle fift vivre fi long-temps les
Cerfs & les Corneilles, &fî peu les Hommes,
qui mouroient, difoit-il^ ii-toft qu'ils com-
meriçoient de fe rendre capables de Difciplines
& de Sciences. Mais à ces paroles de Theo-
phrafte rapportées par Ciceron, Salufte s'op-
pofe tout à fait au commencement de la guerre
de Jugurtha, où il dit que les Hommes fe plaig-
ueat à tort contre leur propre Nature ; qui s'i-
. R 4 magiaent
fiiaginent eftre foible & trop peu durable, bien
qu'il foit vray néanmoins que l'indurtrie man-
que à la Nature Humaine plûtod que la force
ny le temps. D'où il veut inférer que l'Hom-
me en a trop, s'il le veut employer. Ce que le
Prince des Philofophes Moraux avoue de mef-
me par ces paroles. Λ quel propos nous plaig-
nons-nous de la Nature? elle nous traite aûez
doucement, & celuy qui fçait bien ufer de la
vie, la trouve aiFez longue. Maisquoyqu'il
en ibit, nous devons nous contenter du terme
que le fouverainCréateur de toutes choies a mis
en nos jours; comme il ne fait rien qu'avec
poids & mefurc , il veut qre fi noltre vie
nous fcmble courte, nous faflions noilre pro-
iit de fes-momens, &foyons toujours prefts à
mourir, afin que par l'exercice des bonnes
œuvres nous puiffions mériter la vie éternelle.
Zenon dit à ce propos, que le temps eft la
chofe du Monde dont nous avons plus debc-
ibin ; & le Pape Pie 11. compare la vie de
l'Homme à unfongequinefaitquepaflèr, ou
inefmeauvent&à l'ombre.
Cette Image de la vie n'efl: pas fans raifon
couronnée de feuilles, pour montrer que ia
vigueur fe paiîè comme leur verdure, ainii que
îe remarque Simonidés dans ces Vers.
Sous les efforts du 'Temps tons les Hommes
fuccomhent.
Et leurs jours fa^agers font des feuiHes qui
tombent.
Pour mieux exprimer cette vérité, on com-
pare la vie à bon droit à l'Hémorobion, Ani-
aial volatile, qui a deux aifles&quatre pieds,
ua
f!!
Il 1:1!
t C ο Ν ο L ο G I Ε. 595
un peu plus grand qu'une groiTe Mouche, &
qui félon Pline meurt le mcfiiie jour qu'i
iiaift.
La Rofe eft encore un Hiéroglyphe de cette
mefme fragilité de nos jours : car, comme dit
Athenée, d'autant plus qu'elle eft belle par def-
fus les autres fleurs, d'autant plus viftc auflî fon
éclat & fa beauté fe paiTent.
ELl Ε eii .repréfentée par tme vieille Fem-
me toute ridée,, vcftuëii'àntique, qui de
la main gauche tient uaie Corneille, & s'ap-
puye de la droite fiir un Gerf qui a le Bois.extré-
inement long-
Son habillement à l'antique, efl le. Symbole
des longues années qu'elle.aveucs, & le Cerf
en cil un autre auffi.. Cet Animal efi; de très-
longue vie, comme le. remarque Pline, qui
dit que fous l'Empire. d'Alexandre le Grand il
en fat pris un , dont le Collier marquoit un âge
extraordinaire ; & qu'Agatoclés T.yfan de Sy-
racufe, en tua un autrealachalfe , de l'extrê-
me vieilleffe duquel on eut des conj eâures trés-
apparentes. Mais fans en tirer de preuve de fî :
loin, il fuf&t de dire qu'il fe lit dans l'Hi-
ftoire, que Charles VI. .Roy de France prit,
un Cerfdans laiOreftdeSenlis,furleCol;ierdu-:
^uel efloient gravées ces paroles. Hoc Cafar me
R Sj
594 ICO Ν Ο L Ο G Ι Ε.
aomvit, qui iîgnifie, Céfar me l'a donné. Ce-
qui a fait dire depuis par manière de Proverbe,
Cafari Çum, mit me tangere. Je fuis à Cefar,,
ne me touche point.
J-ia vie de la Gorneille efl: encore plus :on-
gue que celle du Cerf, &voilapourquoy nous
l'avons mifc auffi en la main gauche de cette fi-
a rl^
F iiii
I C ο Ν ο L ο G Γ Ε. 395
mm^m^XM
El l ε eiî repréfentée par une Femme d'A.-
ge viril richement veftuë, aiTife dans uu
Trône, avec une Majefté fuperbe & Royale..
Elle a en là main droite des faifceaux de ver-
ges , 6ii fa gauche un Heaume, & à fes pieds
des monceaux d'Or & d'Argent.
L'on appelle Ariitocratie, un Eftat gouver-
né par des Hommes de condition noble, qui
prennent le foin de faire obferver l es Loix, de
régler toutes choies avec jufteffe,, & .de faire
part- des richeiîès &des Charges à ceux qu'ik en
jugentdignes.-
On la peint d'un.âge raffis, pour faire voir
que la prudence & le jugement font uécelfaires
au gouvernement de la Republique.
Elle eftaffife Royalement&pieinedeMaje--
fté, par.ceque les plus grands Emplois ne doi-
vent eflxe fiez qu'à dés Ferfonnes de condition;
éminente.
On luy donne un faifceau de verges liées en-
femble, pour nous apprendre la grande union,
qu'il y doit avoir dans un Ellat pour le bien & la
confervation du Public.
Quant au Heaume qu'elle portç, &auxtré-
Ibrs qui font à fes pieds, cela veut dire que l'ar^
gent eft le nerf de la guerre, & que fi îespeuples
fe veulent conferver, il ne faut pas qu'ils-en.
foient avares» R. ό. Ζί £-
D Ε ΆΙΟ C R ÀTIE.
Et τ ε Femme couronnée de Pam-
1 : près, & modeilement.v eiluë,. tenant de
la main droite une Pomme de Grenade, de la.
gauche des Serpens, avec des Grains dont el·
le a deux iàcs remplis, repréfente. la. Démo,-
cratie.
Par elle s'entend un Effat Populâ're, c'eft-
à-dirc qui eft. gouverné parlePeup e,, en for,-
me de Confeil & d'AlIernblée ,, où chacun;
peut donner fa.voix, pour délibéra· d.es affaires ·
publiques.
Oo' la couronne de Pampre &de feui les
d'Ormeau.,, pour niontrer que comme ces
deux Plantes s'uniiTeiit enfembkk Peuple ea :
fait.tout de mefme.
Son habit modefle.s'accommode à la.condi- .
.îionduPcuple, qui pour n'avoir aiTez de moy
yens,,ne peut mettre en,évidence.le délîramr
bitieux qu'il ad'aller du pair avec les autres, qui
font de plus grande condition .que luy.
Elle, tient en la main droite une Pomme dç
Grenade, à caufe que ce fruiî-la, comme le,
remarque Piérius ValSrien , eil, le ,Symborç,
d'ua Peuple affembla dans un .lieu, &;quiie,.
gouverne félon fa coaditiou fiLles moyeas qu'il
£n peut avoir.,,
;Les Serpens qu'elle tient en main , fîgui^
C
âeat.·
tL
-ocr page 154-Sent que comme le Peuple n'eft ordinairement
touché d'aucune confidération de vraye gloi-
re, fon gouvernemenc de mefme ne fait que
ramper.. _
Pour ce qui efl des grains qui- font dans les
facs, ils figurent les proviiîons qu'ont accouf-
tumé de faire les Communautez, qui ont plus
d'ambition pour les vivres que pour les hon-
aeurs..
MO Ν ARC. H I K.
ELle a pour fymbole une jeune Femme
d'un viiàge altier, couronné de rayons,
& fur le fein de laquelle brille une Enfeigiie de
Diamans.,
l'ajoufte àcecy qu'elle eft affifefur un Gîot
betenant d'une main trois Sceptres, & de
l'autre un Ecriteau avec ces mots ^ Omtiibm
tenus. Outre qu'à fon cofté droit lont remar-
quables deux fiirieux animaux, à fçavoir un
Lion & un ,Dragon Eî. au gauche des Roys
enchaiCiez parmy des Sceptres, des CowronT
nés, & des Trophées d'Armes.
La Monarchie s'entend de la Principautti
d'une feule Perfonne,, pour montrer que.les,
jeunes genS;^. comme le remarque Aniiotc,
font ordinairement altiers-, & veulent, âyoit
l'avantage fur tous les autres.
Elle eit armée,tant pour fe rendre redoutable ^
que
-ocr page 155-que pour eftre toujours prefte à combattre &à
faire de nouvelle? conquefles.
Les Diamans de fon fein toifient que com-
me cette Pierre précieufe ^indomptable à
caufe de fa dureté, un Monarque de mefm
tafche à fe rendre invincible à toutes fortes de
forces, & de refifter à tous ceux qui luy veu-
lent eftrecontraires.
Sa Couronne de rayons nous apprend, que
tout ainfi qu'il n'y a qu'un Soleil, le Monar-
que de mefme doit avoir un empire abfolu,.
& ne relever de perfonne, comme il le dé-
clare par ces mots, Omnibus mus.
Quant aux quatre Sceptres qu'il tient, ils
font le fymbole d'un commandement fouve-
rain fur les quatre Parties du Monde., Ce·
que le Serpent & le Dragon marquent encore,
félon Piérius..
Pour ce qui eil des Trophées, des Roys
captifs, & pareillement dès Sceptres & des
Couronnes, toutes ces chofes font des mar-
ques des viâoires qu'ont accouftumé de gar
gner les Conquérans, & de leurs plus célébrés
Triomphes.
J'avois oublié que les rayonS φπΐ la Mo-
narchie eil couronnée, repréfentent encore ce
haut luftre de grandeur & de majefté qui bril-
le fur la perfonne des· Monarques. Tel ef-
toit, félon quelques-uns, l'éclat ordinaire qui
fe remarquoit dans le vifage d'Alexandre,
des yeux duquel (fur tout quand il alloit au-
combat) s'élançoienf je ne fçay quels traits
de lumière, fi vifs, & fipénétrans, qu'ilsfai-
foient baiiiêr la veuëàceaxqui leregardoient,
de
-ocr page 156-de forte qu'ils en eftoient comme éblouis, tu
quoy véritablement fe voyoit empreinte en luy
naturellement la plus fublime de toutes les
marques de Souveraineté. Car il eit indubi-
table que celuy qui par un excès d'ambition
fe poftè à maitrifër fout; le Monde/, peûtià
peine "iouffrirnon feulement qu'on l'approche,,
mais non pas mefmê qu'on le regarde.
Ajoûteï, icy qu'en l'un des coilez de cette:
Figure font remarquables deux animaux fu-
rieux, à fçavoir un Dragon^ & un Lion, à
cauiè que Γαη.& l'autre, feloa Piérius,. mis.
enfemble devant la itatuë de la Déeiïè Opis,
«ftoient le iymbole de l'Empire du Monde. ■
'ifS
Quelques-uns encore repréfentent la Mo-
narchie ayant à fes pieds des Brodequins d'or
tous brillans de Pierreries, pour une marque
de prééminence plus fignalée ; dautant que.
cette forte de chauflùre ne- fe donnoit autre·.-
fois qu'aux Priaces & aux Héros.
.1, l..
M
L'On repréfente l'Amour de Dieu par un
Homme à genoux, qui a les yeux tour-
nez vers le Ciel, & le cœur ouvert. Ce qui
s'explique aiTcz de foy-mefme. Et l'Amour
du Prochain, par un autre Homme, vefluri-
chemeni 5 au cofté duquel fe voit un Pélican,
en aâion d'arrofer iès Petits de fon propre
fang. A quoyj'adjoufte que cette perfonne cha-
ritable releve d'unç main ua pauvre malade,
& de l'autre luy donne de l'argent, comme
Dieu le commande dans l'Evangile·
Λ MO υ Κ D OM Ρ TE·.
L nous eit figure par un Cupidonaffis,quj
a des aifles au dos, une Horloge en la main.
droite, un petit Oifeau en la main gauche, &
fous les pieds un Arc, un Carquois & un Flam-
beau éteint.
Ce qu'il foule auxpieds fespropres Armes,
eft une marque de fomniffion & d'un extrême,
dédain. Or dautant qu'il u'eitrien qui dompte
fi
-ocr page 158-fi bien l'Amour, comme font le Temps_&
la pauvreté, l'un eft demonftré fort à propos
par l'Horloge que Cupidon tient en main,ef-
tant, comme il eft, le vray fymbole d'' Temps,
par qui font calmées les plus violentes paillons
de la vie, mais il éteint particulièrement celle
d'Amour, qui fe propofe pourbutlajouïiîàn-
ce. Or comiTie la beauté qu'adore un Amant,
changée par le Temps ; il faut que l'affec-
tion change de mefme, & que l'effet ceiFe,
lors que la caufe vient à ceiTer. Demofthéne
a fort bien dit à ce propos, que le feu dont
Amour embrafe le cœur, ne s'éteint pas tant
par le foin qu'on y apporte, que par la non-
chalance mefme, dont le temps refroidit ia-
fenfiblement les plus échauffez.
Quant à l'Oifeau qu'on luy fait ienir, que
les Grecs appellent Kwig^s & les Latins Cin-
cltts^ qui eft extrêmement maigre & dc'char-
né, c'eft un fymbole du miferable eftat des
Amans, que la force de leur paillon rend or-
dinairement maigres. Mais dautant que, fé-
lon Cratésle Thebain, il y a trois chofesqui
font capables de dompter l'Amour , à fça-
voirlafaim, le temps, & le défefpoir, l'on
n'auroit pas mauvaife raifon de mettre une
corde au cou de Cupidon, pour faire voir que
les Amans défefperez ont accoutumé de fou-
haiter la mort à toute heure, & mefme de s'y
précipiter quelquefois. Témoin Phèdre, qui
dans l'Hypolite d'Eurypide, ne pouvant fouf-
frir plus long-temps les furieufes atteintes d'A-
mour, fc refout de mettre fin à fa vie. Où il eft à
remarquer pourtant que lapluipart des Amans
qai
-ocr page 159-qui fe propofent de ne plus vivre, en perdent
enfin l'envie, & changent bien-toft cette fu-
nefte réfoliition, lors que le moindre bonheur
leur arrive. LeTaireleditainfi.
C'efi la couilnme d'un Amant.
De far 1er du mortel outrage ;
Mais comme PAmmr eil volage.,.
L'effet s'en enfuit rarement..
Et le Cavalier Guarini ayant introduit Myr-
tille, qui dans l'accès de fa paffion conclut ea
homme défefperé,
Que la mort feulement y peut mettre re-
mède.,
,Luy fait répondre par Amarillis ·
., 'ïu parles de mourir, ô Berger malheu-
reml ..
Et veux finir tes jours pour terminer ta.
^ 'eine ;
\ais c^efiplutoil Γ effet d'un langage amou^
reux.
Que d'une volonté' qui foit ferme ^ certai-
ne.
-■Il
il·
AMOUR DE VER Τ m
CE τ Amour nous.eft icy dépeint par un
Enfant nad, qui a des aifles au dos, une
Couronne de Laurier fur la tefte, & trois au-
tres guirlandes en fes mains. Ce qui nous-
apptend que parmy tant d'Amours décrits par
les.
'i'jl.i
Mai
I C ο Ν ο L ο G Γ Ε. 40?
îes Poëtes ,r il n'y .en a point qui ne doive cé-
der à celuy de vertu, qui tes furpaffed'au-
-tant plus, qu'elle-rnefrae a l'avantage & la
pre'éminence for toutes les chofes d'icy bas-
Par où il eii encore fignifié , que l'amour
qu'on a pour, elle n'eft point corruptible, mais
toujours verdoyant comme le,Laurier, & tel
qu'une guirlande oU qu'une, Couronne qui n'a
point de fin, pour eike de figure fphérique.
A toutes lefquelles chofes on peut ajoufter,
que ia guirlande dont cet Amour efl: couron-
né, eft le fymbole des Vertus Morales ou Car-
dinales , qui font la Juftice, la Prudence, la
Force, & la Tempérance, ..la figure ronde &
le nombre ternaire repréfentant doublement le
prix des- Vertus. -
AMOVR DE LA GLOIRE.
■ i: ■
CEtte figure comme la précédente, eft
celle d'un Enfant nud, & couronné de
Laurier. Il tient en fes mains deux diSeren-
tes Couronnes, qui font la Civique, & l'Ob-
fidionale , qu'il femble vouloir préfenter à
quelqu'un , fans y comprendre les autres,
comme la Murale, & la Navale, qui parmy
les Romains eftoient les prix des Vainqueurs.
Aulus-Gelle rapporte queJa Couronne Triom-
phale qu'on donnoitaux Capitaines viâorieux,
eftoit anciQnnemem de Laurier; l'Obfidiona-
le
-ocr page 161-''r.lnz.
Co aierctameTOi X^m^vr· . Jf-dnuna'
i
-ocr page 162-le de Gramerij de laquelle n'cftoient hono-
Tez que ceux qui dans un extrême péril avoient
■fauve toute l'Armée; la Civique, faite d'un ra-
meau deChefne, marquoit la valeur de ceux
qui dans quelque combat avoient faUvê i i vie
à un Citoyen Romain ; la Murale eftoit le prix
ordinaire d'un Capitaine ou d'un Soldat, qui
•avoit efcaladé le premier les murailles d'une
■Ville ennemie; & la Navale repréfentant plu-
fieurs becs de Navires, fcdoanoitàceluyqui
avoit commencé l'attaque dans un Combat
Naval,
' ï;
Ji F:
AMOUR DE LA PATRIE.
IL eftrepréfenté par un jeune Guerrier, de
bonne mine & plein de courage. II a derriè-
re luy une flamme de feu, & devant un épais
tourbillon de fumée qu'il regarde fans s'éton-
ner. En fa main droite il porte une Couronne
de Gramen, & en la gauche une autre de Chef-
ne , foulant à fes pieds des hallebardes, des
piques, & autres z\rmes femblables.,
11 eftpeintjeune&vigoureux, pourmontrer
que.tant plus l'Amour de laPatrie vieillit, tant
plus il devient fort & robuile.;, au lieu que, tous
les autres Amours font aiFoiblis, par le temps,
& ceflent enÔH. Nous ne manquons pas
d'exemples de cecy : car, il fe voit par épreu-
ve qu'un Cavalier ayant fervy long,-temps une
Dame, en perd le fouvenir à la fin, après
que l'âge & le ternps ont refroid y fa pat-
lion; comme au contraire jamais il n'oublie
fon Païs. Quoy davantage? Un Marchand
aveuglé par l'efperance du gain, & par un
ardent defir des richeiïès, les va chercher par
Mer & par Terrejufques au Nouveau Mon-
de, & fe retire finalement chez foy , com-
me en un port aiTuré. Un Courtiàn qui
flate fon ambition dans la pompeufe. demeu-
re de la Cour, ne laiiTe pas de s'en dégouf·
ter aflez fouvent j & d'aller chercher un plus
folide repos dans le lieu de fa naillànce. Un
Capitaine que le defir de la gloire a long-
temps expofé aux plus dangereux haïards de
la guerre, n'eft pas bien content s'il ne va
jouir de les premières délices dans fa demeu-
re natale. Témoin Agamemnon, qui ne
fouhaittoit rien tant, que de fe voir encore
une fois dans le vafte enclos des murailles de
Mycenes. Et tém-oin auffi le fage Ulyffe,
qui préféroit fon Itaque, bien que petite , &
lituée parmy les Rochers, aux plus grandes &
plus magnifiques Villes. Auffi eft-il vray,
que nous, n'aimons noltre Païs qu'à cauiè que
nous y fommes nais; d'où vient que pour ile-
rile & pauvre qu'il foit, nous ert faifons plus
d'eftat que de tous les autres lieux, que leurs
richeiTes & leurs fertilitez rendent recomman-
dables. C'eiT: de là qu'eft ven i le Proverbe,
que la fumée de noftre Patrie nous femblc
plus luifante, que n'eft le feu de celle d'autruy.
A quoy fe rapporte ce bon mot d'Homére au
commencement de fou Odifféc, où il dit
du
: i l
406 ICONOLO'GÏE:
du meime Ulyffe dont nous venons de par-
ler , qu'après tant de longs voyages qu'il avoit
faits , . : · -j :
. L'Amour: de fin Ρ aïs dansfin aipe allumée, .
Luy faifaitdejirerd^^eji revoir lafumée. ',
Ce que l'ingénieux Ovids nous confirme cnco-
le par ces Vers:
Nofire Pays nous enforcelle^
Et chatomlk β bien-nos fens,
Qu'il les ravit, is' nous rapfeKe y ' ,
Lors que nous en finîmes abfiens. J,· .1
De l'Amour du Pats efl levray fymbùlela
Couronne de Gramen, faite delà mefnie her-
be qui fc trouvoit dans l'enclos d'une Ville
que les Ennemis tenoient affiégée, & qui ef-
toit ordinairement le prix de. celuy qui leur
avoit fait lever le fiége. A, raiibn dequoy le
grand Fabius la receut à bon droit .du Sénat
Romain, comme-il eut délivréRomedes vio-
lences que luy faiibient les. Carthaginois^ Et
à vray dire, cette recompenfe, quelque peti-
te qu'elle femble, eftoit d'autant plus grande.,
que eêluy qu'on en jugeoit digne, fc pouvoit
vanter qu'en fauvant tout le Corps del'Eilat,
il én fauvoit atiiS particulièrement tous les
Membres. '
Les précipices Ouverts prés de ce Guerrier,
qui foule aux pieds courageufement diveries
Armes, lignifient que lés pins grands dangers
femblent petits aux Courages nobles, quand
il s'agit de la confervation & de' la défenfe de
leur Fati-iei' JDequoy les Anciens nous ont
donné des ipreuves certâtinés en' lij· perfonne
d'Aricur, fils-d'Emidas Roy de Phrygiej &i
de
'Wll
■i.
H
m
If,
M. Curfe Romain, qui pour iàuver leur
Patrie, fe précipitèrent volontairement dans
«n gouffre d'où s'exhaloient les contagieufes
vapeurs de la pefte.
J'allégueray à ce propos ces belles paroles
^ue l'ingénieux Homère dans l'Iliade i 5·. fait
dire à Neftor pour encourager les Troyeus con-
tre les Grecs.
CombatteÎ. hardiment leur Flote vagabonde,
■ M^>rifez, les dangers fur la Terre ξ^ fur
l'Ofide; - ■■■
U n'efl point de pe'ril qùivnus doive étonner^
Moiire'L·, s''il faut mourir ·^ pour fàuver la.
Patrte, —
Cefi la plus douce mort qu'on vouspuiffe don-
ner^
'Par qui s^oflre valeur ne peut efirefletrie.
Ceft ce qui fait dire à Lucien, qu'aux haran-
gues militaires, un Capitaine qui veut animer
fes gei]5, n'ji _feulen^ent^ qu'à jeurremontrer,
qu'ilsaôqt'iii gùéfrè· pour là licicnie.ide leur
Pays ,\caf ces paroles peuvent fuffii e pour leur
fervir cQçnne·, d'un puiilàiit aigui.Ubn d'hon-
neur, à dombastr-e-cn gcn? de^fcien pour la
commune Î^çhftxvatîoa de i^ut le Public.
Pour cette m^e;3âi®.L·iίurgue Roy des
■Lacédémoniens & Legiflateurfévére , ordon-
na qu'on ne gravaft lur les Tombeaux que le
nom de ceux qui feroient morts au fervice de
leur Patrie, parce qu'euxfeuls luy femblérent
dignes de la mémoire des hommes. Ce ne
fut donc pas fans fujet que Xénophon Philc-
fophe Athénien, ayant appris dans un facrifi-
ce qu'il faifoit. aux Dieux, que ton fils Grillus
avcit
llil
Β'
I
4oS ICONOLOGIE.
avoit efté tué à la guerre, ofta premièrement
fa Couronne de fa tefte, puis comme il eut
fceu qu'il eftoitmort courageufement en com-
battant pour fon Païs, il fe la remit derechef,
& témoignant que cette perte eftoit glo-
rieufe pour luy ; Il y a long-temps, dit-il
quej'ay prié les Dieux Immortels de me don-
ner un Fils qui mourût comme a fait celuy-
cy en homme de bien, & les Armes à la main,
pour s'en ièrvir à défendre fon Pays natal.
J'alléguerois plufieurs exemples pour con-
firmation de cette vérité, fi je ne fçavois que
cela feroit iuperflu après ceux que nous ont
laiiTé les Horaces, les Decius, les Fabius,
& ainfi des autres, qui firent gloiie autrefois
de s'immoler pour la ville de Rome leur com-
mune Patrie. , .
ï'CONOLOGIE. 409
fm
τ L s'en voit icy de plufieurs fortes dans les
1 planches cy-deliùs, dont lapremérerepré-
fcnte le plaifir, le jeu, l'harmonie, & le châ-
timent d'Amour. Mais dautant que de la fa-
çon que ces Amours font peints, ils s'expli-
quent aflez clairement d'eux-mefmes, je diray
feulement du dernier, quefa Mcre Venus l'a-
yant attaché à une colomne, au bas de laquel-
le font mis en forme -de Trophée fon Aie &
fes flèches, luy donne le fouet avec une bran-
che de Rolkr ; pour iàire voir par là que la puni-
tion des Amans ne laiflè pas d'avoir je ne fçay
quoi de piquant & d'amer,quelque doux & agré-
ables qu'en foient apparemment les fupplices.
La fécondé planche expofe à nos yeux le
combat d'Amour par deux Cupidons, qui font
à l'envy.pour s'arracher des mains une palme ;
Sa bonne fortune, par l'aétion de ce petit Dieu,
auquel une Femme auiTi aveugle que luy îend la
main, tenant une Corne d'Abondance, un pied
en l'air, & l'autre lur une Roue ; Sa curioiité par
la fable de Pfyché affex connue ; Et fa merveil-
ieufe Force par une ioudre qu'il porie, qu'il
femble avoir arraché à Jupiter raeirne, pour
faire voir fon empire fur ce Maiftre des Dieux.
IL Part. S La
Εψ. -
Cimihat d^.-lrTuntf . ^^^tun^. d^^-d-rruntr- ,
p. > _ IP, 4.09 .
Curxcfi* ^ t ^ u iBorc-e-d^^TTuntr .
itr
ilL
-ocr page 169-534 I C Ο Ν Ο L Ο G I Ε.
La troilîéme, par la figure d'un Amant au-
quel un Vautour ronge le cœur; & par celle
des trois autres qui font couronnei de fleurs,
pompeufement veftus, & en adion de fe ré-
jouir, nous apprend, comme nous avons dit
cy-devant, que cette PafGon violente confond
enfemble les plaifirs & les fupplices.
F A TJ S S Ε Ψ Ε D'A M 0 U R.
E' Lle a pour Emblème une F^mme fu-
j perbement veftuë, appuyant fa main iùr
la teik d'une Syrtne, qui fe regarde dans un
Miroir.
Le fauï Amour a cela de propre,que fous une
belle apparence & un langage charmant & fardé,
il tient ordinairement caché fes plus maiicieuies
penfées, ou ce qu'il y a de plus monilrueux,
ou de plus difforme. Et dautant que fes peines
h fes extrémitez, comme nous avons dit autre-
fois , font les fymboles de ces mefmes penfées,
ce n'eft pas fans fujet que les Anciens dépei-
gnent à ce propos la Syréne, qui par les parties
d'en- bas eil tout à fait monilrueuiè.
Ce faux Amour eft encore figuré par le Mi-
roir; car bien qu'il femble véritablement avoir
en luy toutes les chofes qui luy font oppofées,
ce n'eft pourtant qu'une reiTemblance fans réa-
lité , qui repréfente à gauche ce qu'on kiy
oppofe à droit, témoignage apparent qui chan-
ge la face de l'obi et, comme le remarque Pk'^
rius au livre 42. " AMO W?
/
^dTTUJttr' de^^Soy me^Trte^
■VarmmM. âJ-^nuncr , Ch^Jîtin-snJz· ί^^ττι^ια· . Ι
î C ο Ν ο L ο G 1 Ε. 411
AMOUR DE SOT-ΜΕ S M Ε.
LEs Anciens nous le dépeignent (bus fa
forme d'un Narciiïe, qui iè mire dans
une Fontaine; pour montrer par là que celuy
qui s'aime foy-mefme, fe plaift ordinairement
à fe contempler, & à s'applaudir en toutes fes
actions. Ce qui n'eft pas moins ridicule que la
fable de NarcilTe , dont les Anciens Poètes
ont eiîé les premiers inventeurs, pour appren-
dre à l'Homme, que de fa propre vanir.: s'eu-
fuit ordinairement fa perte.
D'autres repréfentent cet Amour par une
Femme préfomptueufe, ayant far fatefteune
guirlande de la Plante que les Arboriftes ap-
pellent communément Vejkaria·, En la main
gauche un Ecriteau, avec ce mot Grec ΦΛοω-πα ·
En la main droite la fleur de Narciffe, & en les
pieds un Paon.
Il n'eft rien fi difficile icy bas que de fe con-
noiftre iby-mefme, comme l'apprit autrefois
aux Grecs le fage Socrate, ou ièlon quelques-
uns Apollon mefme par ces grandes paroles
qu'il luy fit prononcer, Twîi/ uî «ύτΐ»,,, qui fu-
rent depuis gravées fur la porte du Temple
Delphique. Cette difficulté de fe coiinoiltre
eft cauf!e par l'amour propre, dont chacun
eft aveuglé, parce que chacun auffi fe fait ac-
croire d'eftre plus habile que fon Compagnon.
S a · Arif-
r"
5
-ocr page 172-Ariftote dit à ce propos, qu'il y a des gens de
deux fortes qui s'aiment eux-mefmes, dont les
premiers font à blafmer pour eftre vicieux,d'au-
tant qu'ils ne fuivent que leur propre paffion ; &
les autres à louer, à caufe que c'elt la feule rai-
fon qui les guide.
Cet Amour a pour Emblème une Femme,
parce-que la Femme aufli eft ordinairement
amoureufedefoy-mefme; fi bien que pour lai-
de &defagréable qu'elle foit, elle s'imagine de
furpaffer toutes les autres, foit en beauté, foit
en agrément ; & ainiî ce n'eft pas fans fiijet qu'on
luy lait porter un Ecriteau avec ce mot Φιλ«ϋ7;«,
ou Amour de foy-mefme.
On luy donne une guirlande faite de la
Plante dite l'ejicaria., qui, ièlon Pline, croiit
en Egypte, fcmblable à peu prés au Lierre,
& dont la racine, dit Theophrafte , a cette
V£rtu fecrette, que ii après l'avoir mife en pou-
dre , l'on en.donne à boire une dragme à quel-
qu'un, il fe perfuade auffi-toft, quelque laid
qu'il foit, d'eftre le plus beau de tous les Hom-
mes.
Quant à la fleur de NarciiTe qu'on luy met
en la main droite, c'eii à raifoa de la méta-
morphofe de ce jeune préfomptueux, de qui
les Poëtes ont feint qu'il changea de forme
pour s'ellre rendu adorateur de ion ombre.
La figure du Paon marque le mefme, à
caufe quecetoifeauconfacréà Junon, feplaift
fi fort en la beauté de fon plumage, que pour
l'cxtrcme plailir qu'il prend à s'y mirer, il a
donné lieu à ce commun dire, que l'Homme
orgueilleux quitte fa,peau pour fe couvrir des
plumes du Paon. c 0 m-
Γ C O N Ο L α G^ I Ε.
ΛΙ· -jfi ί,ν ί > -..ΐ ί,ί -- ΐ · ί,Γ ίΐϊ -ί.» S.Ï ί,ί ■■.%· -V f Φ -Ai ΐι-
'M
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^'ifi
III 4
"ι!;.!··'.!·'
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eu-
îèijr
e Q ΝΤΕ ΝΊΈ Μ Ε NT.
CE jeune Homme qui fe voit icy pdnî
richement veiiu , ayant l'épee au collé-,
un Miroir en la main droite, & en la gauche
un Baifiu d'argent, plein de pièces a'or &
de pierrerie» , fait voir à fa mine qu il eii
content , ou du moins qu'il a chaflë pour
l'heure préfente tout, ce qui caufe ordinaire-
ment du chagrin à ceux qui n'ont point ce
qu'il leur iaut.
Le Contentement d'où dépend ce peu
de bonheur dont l'Homme joiiit en cette
vie, naiil principalement de la connoifiànce
qu'il a du bien qu'il poiTéde ; car autrement
il eii impoiïïble qu'il le puillè jamais goûter.
A raifon dequoy ce. jeune homme qui re-
préfente ce mefme Contentement, eil peint icy
avec un Miroir où il fe contemple, couvert
de riches habits, & tout éclattant de Pierre-
ries.
CUPIDITE Ou CONVOITISE.
Lle nous eft figurdfe par une Femme
^ _ nue, qui a les yeux bandez, de grandes
ailles fur les épaules , & des aillerons aux
pied?.
La Convoitife efî: un appétit aveug'e, &
qui te j eue hors des bornes que la Nature
nous a prélcrites, à caufe dequoy elle a les
yeux bandez, parce-qu'elle neiè fert en aucu-
ne forte de la lumière de l'Entendement. Ses
aifles font les marques de fa legéreté, & de
l'extiéme vifteliè dont elle fe porte à. fuivre
les chofes qui fe pr.Tentent devant fes yeux,
fous un fpécieux prétexte d'eftre agréables &
bonnes.
Ε
On ne luy donne aucuns habits, pour fai-
re voir par fa nudité qu'elle découvre facile-
ment fon eilre.
CHA·
-ocr page 175-I C ο Ν ο L ο G I Ε . 3 S9
CHARIOT D'A MO V R.
DAns cette figure la belle Venus montée
fur fon Char de Triomphe, fembles'en
aller à Paphos, ou à Amathonte, pour y re-
cevoir les vœux de Tes Adorateurs au milieu de
fon Temple, que l'on tient avoir efté de forme
ronde.
Elle eiî peinte nue, foit pour repréfenter l'ar-
deur violente des plaifirslafcifs, foit pour faire
voir que ceux qui s'y adonnent, font entière-
ment dépouillez par elle-mefme de biens &
d'honneurs.
Le Myrthe dont elle eft couronnée, eft le
iymbole delà luxure, à laquelle cette Plante
contribue grandement, comme le remarquent
les Naturalises.
Son Chariot eft tiré par des Pigeons, à caufe
de l'extrême lafciveté de ces oiieaux, qui font
en amour toute l'année.
Elle tientun Globe de la main droite, à cau-
ie du fouverain empire qu'elle s'attribue iiir
tout le Monde ; & trois Pommes de la gauche,
pour mémoire du jugement de Pâris, où le
prix de la beauté luy fut donné.
Quant aux trois Grâces, on les met icy der-
rière fon Chariot, dautant qu'elles font com-
me fes Filles fuivantes, qui par la force de leurs
attraits branlent facilement ceux qui ne font
pas encore bien aflermis fur une vertu folide.
CliarLiii, ί/^τηάτα- . £1ϋ^ILC-TU:^ iL^rnow
Chaitrtcj ^^^-moTtr , Ît'^^.ntûtLr'
^cc^-uitirrve-n^i^ ,
.^^jttrieru^i·.
aV-
«•V- ^Vt. Λ'-ΐ. At^ -«'ft
■flï* Viï· si?' "Λ-· Vif φ -iji.- i-i·- -i;»? -il? ii? ;·4Γ ■ί^'ϊ· ήτ.
ELOQUENCE D'A MOU R.^
LUoy qne les Amans, foient d'ordinaire
il tranfportez. de paffion,.qu'ils ne peu·:
ver?"quelquefoisdire un (éul mot, & demeu-
rent comme interdits devant leurs Maiftreffes;
il le voit néanmoins par épreuve , qu'après ce
premier acce's, qui eit comme le ή ίίΓοη de leur
fièvre, -l'Amour leur dénoue la langue, & les
rend iî éioquens, qu'ils· n'ont pas heioin d'au-
tres préceptes, que de ceux qu'il leur inlpire
naturellement, pour periùader ce qu'ils veu-
lent à la choie aimée : ce qui ne peut rnieux
eftre repréfenté, ce me.femb.ie,quepar le revers
de cette Médaille, où Mercure, Dieu de la
periliafion, guide les trois Grâces, pour nous
faire entendre que;comme, elles font étroite-·
ment jointes enfemhle, & ne s'abandonnent
jamais; l'Eloquence de me,fmc eic iniëpara-
bla d'avec, elles..
m
Ι C ο Ν ο L α G î Ε. 4^7
wmw
CHARMES D'À M OU Μ.
CEtte figure eft tirée d'une ancienneMe-
-daille, où Venus fe voit toute nue, avec
des aiflesaudos, & une Harpe entre fes mains.
Sa nudité montre fon humeur lafcive; fes
aiiles, ibn inconllance ; & la Harpe dont elle
j-oué, qu'eilanc ingénieufeen iès attraits , elle,
n'attire pas fealement les cœurs par la veuë,
mais encore par 1 ouye.
Il faut ajouter à cecy, que fon fils Cupido»
luy pi éfente une Maroiie, pour montrer qu'el-
le n'aime qu'à tblaftrer & à rire ; Ce que le Poè-
te Lyrique exprime fort bien, quand il dit à ce-
propos,
Que de toutes les De'iteZ.
Efiant la plus charmante, ainji que la flm ■
belle·.
Le Ris, le Jeu, les Voluptex,
Et. les petits AmaUts volent à Γίκί,οητ
Atr-·
-ocr page 179-AU ΤΗ Ο Rit E\ D'AMOUR.
ELle ne peut-eftre, ce me femble, plus
grande qu'elle eft, veu quecetimperieus
Enfant de Venus, qui donne des Lcix aux plus
puiilàns, a pour luy l'éloquence & la force ^
qui fe voyent icy reprôfeutées par les deux effi-
gies d'Hercule & de Mercure.Car il eft indubi-
table qu'Amour les accorde enfembie quand il.
luy plaift, & les fait agir en iâ faveur. Telle-
Hient-que ce n'éfl: pas merveille s'il gagne
tant de viâoires, ayant deux lî bons fé-
conds , qui fc portent par tout où il veut ; & qui
ajoutent de jour en jour à fes Myrthes de
nouveaux Lauriers par de nouvelles conque-
îles..
Pour montrer cette mefme authorlté d'A-
mour, & fii merveilleufe force, quelques uns
dépeignent un Enfant tout nud, dontlevifage
eit charmant au delà de toute merveille. l5e
plus, ils luy mettent fur la tefte une guirlande
d'Iiis.; & de la main droite luy font tenir une
foudre, qu'il femble vouloir darder avec une
exireme violence.
Par fon âge tendre, & par fabeaute, nous
apprenons que les Amans, quand ils font jea-
nes & bsaux , ont de très - grands avantages
pour conquérir leurs Maiftrefles. Car biea,
^u'il avienne, coiDmc j'ay déjà dit, qu'en kiir
EEé-
rr
ï'CONOLOGIE. 419
préfence ils ne peuvent quelquefois ouvrir la,
bouche , tant ils font préoccupex de paffion;
leur filence néanmoins fe rencontrant avec la
bonne mine & l'agrément qui leureftnaturel,
ne laiffe pas d'eftre en eux une eipéce de Rhéto-
rique muette , pat le moyen de laquelle ils
ne perfuadent pas moins bien que par jesorne-
mens du langage.
Quant à la Couronne d'Iris, elle n'eit pas
donnée à l'Amour fans une grande raifon, ■ cet-
te Plante, comme le remarque Piérius, eflant
le vray Symbole de ce que l'Eloquence a de plus-
aimable. De là vient aulli que le Prince des
Poètes Grecs, pour dire que les Ambaiîàdeurs
des Troyens eftoient tres-éloquens, iè fertde,
cette façon de parler, qu'ils ont mangé de i'Iris,
comme s'il vouloit montrer par là. qu-e
leur maniéré de s'exprimer eit élégante &flea-
rie.
La foudre qu'il porte eft pareillement un
Hiéroglyphe de fon pouvoir, puisqu'il femble
l'avoir arrachée à Jupiter mefme , afin de fc
rendre redoutable non-feulement aux Mortels,,
«iais encore aux Puiiiances Céléltes.
Γ ii i
f
S ό
AM^
Mis
yf Β S:T ί: Ν E N C Ε..
I 'Effet de cette Vertu.iè voiticyparla
^ figure d'une Femme, qui porte une de fes
mains à k bouche^ pour montrer par là, qu'il
ne faut , pas y eftre.lujet:: & tient de l'autre un
Rouieau, où font ces parolesUt or ne.
ABU τ AP..; comme.fielle.vouloitdire., ^
r^abh-orre toutes frmndifis·.
Et pour doux que.foient les appas.
Des viandes les plus exqttifes, ^
J^en ttfe Cif n'en., abu/e pas..
J C G 0 U S ï υ M A. NCE..
Ε τ Homme chargé de plufîeurs Inftru-
^ mens, tous propres à s'exercer aux Arts,,
marchant appuyé d'une.main fur un Bafton, &.
tenant de.Fautre un Ecriteau avec ces rauis,.
Vires. a.cq^uirii· eundo, reprélente..:
la, merveilleufe. farce, de l'Accoultumance..
Il eft, vieux, &. ne repofe point, pour mon-
trer, que l'expérience le, met. en crédat, & qu'en ;
agiiTant il fe tbriifie., Cequi vous eil encor-c en-
feigne par laRouë liue.vaus voyez devant luy
«ilauE.
-ocr page 182-■V
I C ο Ν ο L ο G I Ε,
eftant bien certain qu'elle n'a pas la force d'ai-
guifer l'Acicr, fi elle ne fe meut & ne fe tourne
en rond ; & pareillement par les Livres & les
hllrumens deMufique dont il eft chargé , vrais
Symboles des Arts, qui ne s'apprennent que,
par l'exercice, & par-l'affiduité qu'on y appor-
te.
Jiu M 0 S N E,
CElle qui donne icy l'aumoilie à un pg"
,tit Enfant, a les deux mains cache'es fous,
la Kobe , & fur la tefte un flambeau allumé,,
qu'une branche d'Olivier environne. Ces my-
ftérieux Symboles nous apprennent, qu'il ne
feut pas que la main gauche fçache ce que fait la.
droite, quand on donne l'aumofne ; Qu'en fe-
courant les Pauvres , noftre bien ne diminue
non plus que. la clarté d'un flambeau, où l'on
allume un autre ; & que c'eft la Mifericorde,
figurée parTOlivier dansvles Saintes Lettres, ,
qiii nous doit émouvoir à faire l'aumofne.
J I-
-ocr page 183- -ocr page 184-422 I C Ο Ν Ο L Ο G I Ε.
Le fecours qu'il faut donner au Prochain eft
allez bien exprimé par la figure d'un Hom-
me agréable. Par la guirlande d'Olivier qui
luy ceint le chef, eft marquée la compâÏÏion ;
Par les rayons qui l'environnent, l'affiftance
divine ; Par le cœur qui pend à la chaifne qu'il
porte au cou, qu'il faut que l'Homme affiftc
les Pauvres, & de fes biens, & de fon çonfeil,
dont le cœur eft le Symbole ; par l'échalas qui
ibûtient la Vigne, qu'on doit appuyer de meÎ-
me la foiblelle du Prochain ; & par la Cicogne,
que c'eft à nous à imiter cet oifcau, qui ne fe
laflè jamais d'eftre fecourable , & particuliè-
rement à Tes plus proches.
I C ο Ν O^L Ο G ΙΕ. 4^3
υ A M ir J E\
La vraye Amitié, (}ui ne fepropofe pour
but que d'aider le Prochain, eilrepréfen-
tée par les trois Grâces. Ces Vierges dont le
Vifage eft ferein, font toutes nuës; & ont les
bras entrelacez. La première tient une Rofe à la
main, la fécondé un Dé, & la troifiéme un
bouquet de Myrthe, pour montrer les trois
diflèrents effets de cette Vertu, qui font, de
donner, de recevoir, & de rendre lefembla-
ble. Leur virginité nous apprend, que la fin-
Gere Amitié ne veut eftre fouillée d'aucune ta-
che; leur nudité, qu'il ne faut pas qu'il y ait ny
fard ny déguifement entre les Amis ; & leur vi-
fage riant, qu'on ne doit jamais paroiftre trifte,
foit que l'on oblige par quelque bienfait, foit
qu'on le reçoive. J'ajoute àcccy, queparla
Rofe nous eft lignifiée la complaifance qu'il y
doit avoir entre ceux qui s'aiment; par le Dé,
leur reconnoiiîance, qui doit paiïèr de l'un à
Tautre ; & par le Myrthe, leur union incor-
■nipiible.
'•H !i !
ΐξΐ ■
iîil'!
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A:
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ί,Γ.,ί. ; ■
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424 I C Ο Ν Ο L Ο G I Ε.
AMOUR DE RENOMME^E.
CEt Amour nous eft figuré par un Enfant
tout nud, qui a des aifles au dos, une guir-
lande de Laurier à la tefte,. & trois autres aux
deux mains. Ce qui nous apprend que de tous
les Amours qui nous ibnt reprt fentez diverfè-
rnent par les Poètes., le.plus glorieux & le plus
invincible eftceluy de la Renommée, qui s'ac-
quiert par la Vertu. Il eft couronné de Lau-
rier, pour une marque des honneurs fouverains
qui fe doivent aux aâions vertueuiès. Ce qui
fait voir encore que l'Amour de la Vertu eft in-
corruptible, & vajuiqu'à l'infiny, comme le
Laurier eft toujours verdoyant, j'omets que
les autres Couronnes, toutes diverfes, & po-
fées à coft fur un pied-d'eftal, repréièntent cel-r
les que les anciens Romains donnoient aux
viâorieux pour prix de leur va'et ir, comme la.
Civique, là Murale,&ainfi de leurs fembla-
bics.
{. il ■
i i '.
η
AMOUR"
-ocr page 187-I C ο Ν ο L ο G Γ Ε. 549
ÂMOUR DO PROCHAIN.
il'
■ H; I'
ife Φ
#
%
CE Γ Homme charitable, qui fc voit icy
en aélion de relever d'une main un Pau-
vre, & de luy, donner r.aumofne de i'aatre,
nous apprend par fon exemple à fubveniraux
neceffitez de ceiu qui ont befoin de nolirc fe-
cours: Ce qui nous eft encore plus particuliè-
rement montré parcePellican, qui s'ouvre la
poitrine à coups de bec, & du fang qu'il en fait
rejail'lir remet fes petits en leur première vi-
g'ueur, & leur donneainfi la vie.
:ίί
ΑΔ10 UR ENFE R S D lE u.
Le Saint Amour que nous ibmmes tous
obligez de porter à Dieu, ne peut mieux
citre repréfenté que par cet Homme contem-
P'atif. Il tient les yeux élevez au Ciel, afin de
nous faire fouvenir que c'cil au Ciel aufil où
nous devons attacher nos penfées. Pour té-
n^oigner l'ardeur de ion zélé, il porte droit au
cœur l'une de fes mains, comme s'il le vouloit
ouvrir, ou le donner à fon Createur & tient
t.j
ii
ii
Κ
7
ûe l'autre un Rouleau, où felifent ces paroles,
L.ïtamini im Domino, et glo-
riamini omnes recti corde,
pour nous inviter icy-bas à ne chercher point de
joye qu'en l'amour de noftre Dieu, qui efl le
vray Pére de miiericorde & de toute confala-
tien.
LES
-ocr page 189-I C ο Ν ο L ο G I Ε . 3 S9
ι
La première de ces Béatitudes nous eflfi-
gurée par un Enfant à demy nud, ou du
œoins dont la Robe eii fort courte, lequel re-
garde le Ciel. Son bas âge montre ion inno-
cence, iûiceptible de la Foy & des bonnes in-
ftruâions qui luy font mifcs dans l'Ame ; là
Robe courte, le peu d'eftat qu'il fait des hon-
neurs , & des biens du Monde, que les Pauvres
d'efprit tiennent ordinairement à mépris ; & fa
veuë tournée au Ciel, l'inclination naturelle
qu'il a vers le lieu de fon origine, d'où lay doit
venir fa principale félicité.
! Î.
-ocr page 190-, -^arusuOt. J^ccreJitalntni-
^faz/êjt-s, Xj ucîus Jv
III
.ITT^jûjj
.^^is^.T'ic^TT'^i^rn^Îr'a/rn^ Ti^TL·'
3 sM-tC- nUt ITS^ÇO rde^
^u û Ttui-m.- '
V
-ocr page 191-ΙΑ douceur des Efprits débonnaires eft re-
_^préfentée par cette Fiile, qui femble ca-
reilèr un ilgneau, & au defius de laquelle ie li-
fentcesinots tirez de Salomon,, M A ν su Ε-
τι HjEREditabunt terra m. L'Ag-
neau, qui dans les Saintes Lettres eft le Sym-
bole d'une Ame pure , & qui n'a point de
"malice, nous fait fouvenir de n'avoir contre
noftre Prochain aucune forte d'aigreur ny d'a-
mertume; & les paroles de Salomon, que
pour recompenfc de cette douceur d'efprit en-
vers un chacun, nous hériterons affeurément,
non pas d'une Terre periflable , & pleine de
travaux, mais de celle où eiHe repos éternel,
& que Dieu nous a promife· luy-mef-
me.
wwm
ι
m.
ii
-ocr page 192-r c ο Ν ο L ο G Ι Έ. 429
C'Ette Fille à genoux, tenant les mains
jointes, & en adion de répandre des lar-
nies avertit iecretement, que Bienheureux
font ceux qui pleurent leurs propres ofîènfes,
&: celles du Prochain, parce-qu'ils feront con-
folex : eftant véritable , comme renseignent
les paroles de cet Emblème tirées de S. Augu-
ftin, que de noftre deuilen cette vie fe doit en-
fuivre une j oy e perdurable en l'autre.
f W al i ^
La Juftice tenant icy d'une main une Epée
flamboyante, & de l'autre une Balance,
qu'il femble que le Diable luy vueille ofter,
montre que ceux qui ont véritablement & faim
& ibif de cette Vertu, font comblez de biens;
& que l'ardent Zélé qu'ils ont pour elle, leur
eft comme une Epée invincible, par le moyen
dç laquelle ils exterminent le vice, repréfenté
par le Diable.
Ψ.
-ocr page 193-430 ICONOLOGIE.
CE τ τ Ε Femme defolée, à qui vous vo-
yez icy répandre des larmes fur un coeur
qu'elle tient à la main, en repréiènte la pureté,
qui dans les Saintes Lettres ell prife pour i'Inno-
ce : Où il eft à remarquer que cette netteté de
cœur confifte à ne l'avoir foiiillé d'aucune tache
de vice. Dequoy certes^ 4a~ recompenfe ne
fçauroit ellre plus grande qu'elle eft, puifqu'el-
le nous fait voir en Dieu tout ce qui nous peut
rendre heureux & contens.
V L
La Mifericorde, qui fe rend fenfible aux
affliélions d'autruy, eft icy repréfentée
par une Femme charitable, & qui partage à
deux petits Enfans un pain qu'elle vient de rom-
pre. Ce qui nous apprend qu'entre tant d'ef-
tèts que produit cette vertu, elie fe propofe
pour but principal, de donner à manger & à
boire à ceux qui en ont beibin ; chofe que Dieu
nous recommande à tout moment, & qui efl;
capable elle feule d'appaifer fon courroux,com-
me le remarque S. J erofme.
f
ν
Mi
(I
VI/.
-ocr page 194-VIL
CElle à qui vous voyez icy tenir d'une
main un rameau d'Olivier, & fouler aux
pieds des Arcs, des Boucliers & des Epées,
Ile fe peut mieux prendre que pour la Paix,
^ui n'eit jamais fi recommandable que lors
qu'on fe l'acquiert par fon mérite & par fa
propre Vertu. Pour en jouir véritable-
ment, il ne faut pas tant faire la guerre aux
Ennemis du Corps qu'à ceux de l'Ame ,
font les paffions & les vices; car ceux
qui en ufent ainfi, font mis au nombre des
Enfans de Dieu, & faits participans de la béati-
tude éternelle.
L'E τ a τ déplorable de cette Femme, qui
tient une Croix à la main, & qui voit tuez
® ib pieds iès propres Enfans, nous eft un
exemple des plus fenfibles affliôlions de
cette vie. La Croix eit le Symbole des
per-
-ocr page 195-lajr . j
■______
^ùtAiî^um· J^e^tctri' , efc CoTLSotaiûj-nis .
-ocr page 196-perlecutions que Fou fouftre pour la Reli-
gion, ce qui eit la plus noble partie de la
Juilice. Λ quoy nous encourage l'Apcftie,
quand il dit , Que Ji nous avons.part aux j'ouf-
frances , mus l''aurons aujfi aux οοηβ '
tiens.
I C ο Ν ο L ο G Ι Ε. Β
C Η Α R I Τ Ε\
Τ
CLE·
II. Part.
Voir .ces Enfans à l'entotir de cette Fem-
___me, qui tient d'une main un cœur em-
brasé & du C^hef de laquelle s'exhale une flam-
me , on juge auffi-tofl: que c'eft îa Charité, qui
comprend elle feule toutes les autres Vertus.
Le feu fignifie l'ardeur de fon zélé, qui ne s'é-
teint jamais en elle; & par les Enfans qui l'en-
vironnent, ilnouseft montré, que cette ver-
tu fait ordinairement fa demeure dans les Ames
innocentes & pures.
% ίX
C H Â St ET £'.
La Chafteté n'eft pas dépeinte icy iàns fu-
jet, veftuë de blanc, en aâion de nw-
cher, la tefte voilée, tenant un Sceptre d'une
main, & de l'autre deux Tourterelles. Tou-
tes ces choies enfemble iîgnifient, que la per-
fonne charte doiteftre nette de toute ordure,
ennemie de l'oiiiveté, éloignée des objets qui
la peuvent faire pe'cher, & maiftreiîè abfoluë
de fes -paffions.
^mmm^mm
CL Ε M Ε Ν CE.
El r, Ε eft icy tirée d'une Médaillede l'Em-
péreur Sévère, fous la figure d'une Fem-
me courageufe, aflîfe ilir un Lion, tenant une
Lance d'une main, & de l'autre un Dard. Le
Lion chez les Naturaliftes eit un fymbole de
cette vertu, parce qu'il le contente d'abattre à
Tes pieds ceux qui luy ont voulu nuire ; & le mef-
me nous eft déclaré par la Lance & par le Dard,
Armes qu'on n'employe jamais contre ceux qui
ont mérité d'eftre chaitiez pour quelque faute
commife.
C Ο MM AND Ε ME NT SVR SOT-
fJ^ESME.
CO M M Ε le Lion eft le plus redoutable de
tous les Animaux, demefmela paffioii
qu'il repréfente eftant le plus dangereux En-
nemy de l'Homme, il doit comme un Her-
cule, faire toutes fortes d'efforts pour vaincre
ceMonftre. Ce qui ne luy femblera pas impof-
ilble, s'il confidéreque les Lions mefmes peu-
vent eftre domptez, ainfl qu'il eft donné à con-
noiftre par cet Énablêmc.
ει:
W ^ W ^im^ w^-êiη^
CE τ Homme ne repréfente pas mal le
Commerce delà vie. il montre avec le
doigt une double pierre de Moulin, tient une
Cicogne de la main gauche , & afousfes pieds
un Cerf abatu. La double pierre eft le fyn)bole
du mutuel commerce des Hommes, qui ont
befoin néceiTairement d'un recours réciproque;
car pourfe foulageril faut qu'ils s'entr'aident,
comme font les Cygognes, qui fe loûtienoent
le cou l'une après l'autre , lors qu'elles font
laiïees de voler ; ce <jue les Cerfs oblervent
encore, quand ils paflènt quelque bras de Mer,
ou quelque Rivière.
VOiCY l'Emblème de la Compalîîon ,
que cette Femme fecourable expofe à
nos yeux. Elle tient de la main gauche un nid
de Vautours, & féme de la droite des pièces
d'Or & d'Argent : Par où nous eft marquée
naïvement la vraye alTiftance que nous de-
T a vons
mm^
M
-ocr page 201-vons à nos fcmblables; le Vautour ayant une
tendreffe fi naturelle pour fes petits, que iors
qu'il manque deproye, il fe perce les cuiiTes
à grands coups de bec, & les nourrit du fang
qui en rejaillit.
CONFESSION,
VOus voyez icy la myftérieufe figure de
la Confeffion, fous la peinture d'une
Femme retirée à l'écart, & qui fe tient à ge-
noux fur la bafe d'une Colomne, ayant des
aifles au dos , & à fes pieds un Chien, un
Agneau, & une Colombe. Parlafolitude où
cette Femme fe retire, il nous eft montré que
la ConfeiTion fe doit faire en lieu fecret, par
fes aifles, que favertunous^leveauCiel; par
la bafe où elle s'agenouille, qu'à fon humili-
té il fautjoindre une inviolable confiance; par
la Colombe, qu'elle doit eftre fimple& naïve;
par le Chien , qu'il eft important que celuy
qui la fait déclare âdélernent fes péchez, &
par l'Agneau, que la douceur & la foûmiiTion
luy font néceiTaires.
CON"
-ocr page 202-I C ο Ν ο L ο G I Ε. 437
κ
.1 > 1 > 1
CONCORDE
ΙΑ Concorde eflaiit une mutuelle union de
^ volontez, n'eft pas peinte icy liios raifon,
en Femme qui tient d'une main deux épies de
Bled, & de l'autre une Conpc pleine de cœurs;
ce qui fignifie la conformité réciproque de plu-
fîeurs Pèrfomies, d'oii s'enfuit ordinairement
l'abondance , qui eft icy marquée par les
épies.
DOCILITE
C Et τ Ε jeune Fille ismplement veftiië,
ayant unpié fur la tefte, un Miroir de-
■Pant elle, & les bras ouverts, eft le vray Em-
blème de la Docilité. Son vertement iimple
montre qu'elle fe rend fouple à toutes fortes
deDifciplines; la Pie, ou le Perroquet perché
fur fonChef, qu'on neluyenfeigne rien qu'el-
le ne tâche de le retenir, à l'exemple de ces
Oifeaux ; & fes bras ouverts , qu'elle eft fuf-
eeptible de tout ce qui luy eft repréfénté par
l'intelled, comme le Miroir de toutes les for-
mes qu'on luy oppofe.
Τ 3 DILI-
-ocr page 203-DILIGENCE.
La Diligence, qui eft un defir ardent-de
voir la fin d'une chofe qu'on a entrepri-
fe Ib voit icy figure'e par une Femme, qui de
la main «droite tient un Eperon, & de la gau-
che une Horloge ; fymboles qui ne font pas mis
icy mal à propos, puiique c'ell le Temps qui
meilire la Diligence, & l'Eperon ce qui la fait
naiftre.
Uun éveiUe nosfaim par fa grande viteffe,
Et Γ autre efl raiguilloft qui nous picque
nous ^rejjè.
T) Ο CT R I Ν Ε.
CE τ τ Ε Femme alîîfe, tenanfde fa main
droite un grand Livre, pofe fur deux
Palmes, & delà gauche une ilame, où un
Enfant nud vient allumer un flambeau, eft la
vraye image de la Doârine. Car elle eft une
lumière, qui fe communique infenfiblement
à l'Eiprit dés noftre bas âge ; & qui nous ap-
prend la vérité des Sciences, qui ne doivent
eftre couvertes d'aucunfard, mais telles que les
ieprcfente icy la nudité d'un Enfant.
DE-
-ocr page 204- -ocr page 205-I C ο Ν ο L ο G I Ε. 439
ίΐ-, ,Ϋί ftte ife Aîi ife Λ'; · ÎIÎ5. <te fK ~·Κ -·!!'·
ϋ>· % % ν · ϊΐ;· tjiV 'ίιν "iiï ΐίϊ '-ii? "ίιϊ
DEVOTION.
ELle eil:peinte à genoux, fous la forme
d'une belle Dame, ayant les yeuxélcvex
au Ciel, d'où s'élancent des rayons, & qui
tient de la main droite un Cierge allumé: ce
qui eftune marque myilcrieufe de l'ardent zé-
lé que produit la Dévotion , que les Théolo-
giens appellent un aâe particulier de la volon-
té, qui rend l'Homme prompt à donner à Dieu
toutes fes afieétions & fes œuvres.
Ε D V C AT I Ο
La force de l'Education eft démontrée pai
une Dame bien née, & d'âge robiille. El-
le eft éclairée d'un rayon cékfte, a le fein de-
couvert , inftruit un Enfant, & tient d'une
main des verges, & de l'autre une jeune Plan-
te. La maturité de fon âge fignifie qu'il faut du
temps pour fe l'acquérir ; le rayon qui luyvieiu
d'enhaut, que pour cette mefme fin la grâce de
Dieu eft néceftàire; le fein découvert, que la
Perfonne qui éleve un Enfant, ne luy doit point
tenir cachée la vérité; les verges, qu'à l'inf-
T 4 truc-
âtï;^
truôlion il faut joindre le châtiment ; & la Plan-
te où cette Femme porte la main, que l'éduca-
tion fe doit commencer de's l'Enfance.
£(;tct>ilvL>;ee
iii
ELle eil peinte en Femme, que Ton âge
& fa mine rendent ve'nérable, ayant de-
vant elle un cœur, pendant au bout d'une chaî-
ne, & un Ecfiteau qui dit, Virtutem eli-
Go. Ce qui lignifie qu'il n'ert point de meil-
leure éleâion que celie qu'on fait de la Ver-
tu, dont le Cheiiie eft lefymbole, par fa for-
ce & fes profondes racines ; au contraire il n'y
a point de pire choix que le Vice, repréfenté
par le Serpent.
DESIR MAGNANIME ΕΊ GENEREUX.
L' c τ i ο Ν de ce jeune Guerrier montre
jufques où la deiir de la gloire pouffe les
jeunes Courages. C'eft icy la figure de cet an-
cien Lyfimachus, qui dans l'Amphite'atre fut
li courageux & fi hardy, que de combattre un
Lion auquel il arracha la langue.
I C ο Ν ο L ο G I Ε. 565
D Ο ΜΙ Ν ΑΊΊ Ο Ν..
CE Serpent enlacé fur la telle de ce Guer-
rier, qui étend une niain , & tient de
l'autre un grand Sceptre, au bout duquel fe
voit un œi!ell une marque d'Empire. Cela
nous eilconfirmé par l'exemple de Sévére &
du jeune Maximien, auiquel-s un Serpent , qui,
leur ceignit à tous deux la tefte lans lesoffen-
fer, fut un exemple de leur future grandeur..
Quant à l'œil qui eft au bout du Sceptre, il
lignifie la vigilance que doit avoir un grand
Prince, dont le commandenient efl abfolu fur
les peuples.
W iiï
Ε Q_ υ I Τ Ε',
L'Explic ation de cette figure eft af-
iez claire d'elle-mefme. Elle repréfente
l'Equité, fous la perfonne d'une Femme veftuë·
de blanc, qui tient d'une main un£bal3nce,&
de l'autre un plomb,ou une fonde.La blancheur
defaRobeeiiunmyftcrieux fymbole de l'inté-
grité dont elle fefertàjuger des mérites ou des
dé mérités d!autruy, pourlefquels elle ordonne:
Τ S- des,.
ii^z^re Swz^^mûTitr Ses ^^ffaiiy^^s^ej^^
-ocr page 209-44i I C ο Ν ο L ο G I Ε.
des recompenfes ou des punitions, fansfe lail··
fer jamais corrompre; & par le plornb, ou le
niveau, qui tombe toûjours droit, il eft dé-
montré que cette vertu en fait de mefme, &
qu'elle ne s'égare point de la droite route que
les gens de bien ont accoutumé de tenir.
'Enfant que cet Homme tient en fes
j mains pour l'écrafer comkie les autres qui
fevoyentabbatus à fes pieds, eft un Emblème
des mauvaifes penfées, qu'il faut étouffer en
lèurnaiilànce, de peur qu'elles ne s'enracinent,
& ne prennent pied toiijours plus avant. Quant
à la pierre triangulaire,, elle eft une figure de
Jésus-Christ, pour montrer , confor-
mément à ces paroles du Pieaume 31^. Heu-
reux qui tiendra ^ qui e'crafira les Efffans cox-
îre lafierre ; qu'il faut eftimer véritablement
heureufe la condition de ceux qui s'abftiennent
des vices, & qui brifent leurs premiers mou-
vemens contre cette pierre myftérieufe, qui eft
labafe inébranlable de noftre Ame.
FES-
-ocr page 210-44i I C ο Ν ο L ο G I Ε.
F Ε R ΔΙΕΤ: Ε\
Ε' Lle eil: repréfentée par une Femme vef-
, tuë d'une Robe d'azur, toute femée d'é-
toiles , & qui arreite fi fortement un Taureau,
qu'elle l'empefche depaiTeroutre. D'où ilpa-
roift aiïez clairement que Je Taureau eft le fym-
boledelaforce; & que par la Robe de couleur
céleile, toute brillante d'étoilles, eft marquée
la Fermeté du Ciel, qui n'eft nullement iùjet
à ce changement que les Philoibphes appellent
Local^ & ne peut chanceler ny eÔre ébranlé en
aucune de fes parties.
iK .ife - iî";, .",!?, Sfe Sl'i
# ^.i'i ^ ti lilï ÎiS· ^ fc^ï ^-ίί "i i Hï
FRAGILITE'. ■
EEtte Femme couverte par tout le Corps
d'un voile fort délié, tenant de la main
droite un bouquet de fleurs & de feuilles, &
de la gauche une phiole de verre, qui pend à
un filet, repréfente aiîèz bien l'huiBaiue fra-
gilité. Car on fçait aifez qu'il n'eft rien qui
le déchire plus facilement qu'un voile , ou tel-
le autre etoiFe deliée ; rien qui foit plus fujet à
ie flétrir que les fleurs, ny rien qui fe caiîè & fe
Τ 6 détrui-
détruife plûtofl: que le verre, qui pour eftre ex-
trêmement agréable aux yeux, nous fait fou-
venir encore que tout ce que la beauté peiK
avoir d'éclat, eft fragile & periiTable.
F 0 τ C A Τ H 0 L I Q^U Ε.
■ Ο u s .voyez icy quelle doit eftre la vra-
ye Foy, par la figure de cette Femme.
Elfe porte un Cafque fur la tefte , une Robe
blanche, un Calice d'une main, & de l'autre
un cœur, avec un Cierge allumé. Le Caf-
que nous montre, que pour avoir une vérita-
ble Foy, il Ce faut mettre à couvert des Ar-
mes des Ennemis, qui font, lesraifons natu-
relles des Philofophes, & les Sophifmes des
Hérétiques; par le Calice qu'eJe regarde fi-
sement, que c'eft là principalement que nous
devons adreilèr nos eiperances ; & par le Cier-
ge allumé, qui fe voit joint à un cœur , que
par cette vertu infufe en nos am.es,. font diffi-
pces, comme dit faint Auguftin, les tenébres
de l'ignorance & de rinfidelité,.
H il
■Jl:
î:
FÛT
-ocr page 212-ί C ο Ν ο L ο G I Ε. 445·
mm
_______ . .. ______________
wwmwmwwmwwm^m
F Ο Y Ζ)' Λ M m E\
CE τ τ Ε Femme vieille & chenue, coii-
verte d'un voile, ,& qui en tient un au-
tre à la main, repréfente la Foy mutuelle que
fe doivent ceux qui s'aiment véritablement.
Ce qu'elle tient la main droite voile'c fur
autrefois de l'inftitution de Numa Pompilius
Roy des Romains, dans le facrifice quife fai-
foit fur l'Autel de la Fidélité. Par où il vouloit
donner à entendre, qu'il faut qu'elle ibit invio-
lable entre amis. Quant à la vieilleffe, elle noœ
apprend que les Perfonnes âgées font incom-
parablement plus foigneufes de garder leur foy
que les jeunes.
C'EsT icy le facré Tableau de la Grâce
Divine, fous la forme d'Une belle Dame,
ayant fur fa telle une Colombé, les yeux tour-
nez vers le Ciel, en la main droite un rameau
d'Olivier, avec un Livre ouvert ; &enlagau-
che une Coupe & unEcriteau, dùie lifentces
paroles,bibite, et inebriamini-La
Colombe 15guifie le fainî Eiprit, par qui ia
Grâce
-ocr page 213- -ocr page 214-Grâce divine eft infufe en nos Ames ; & dau-
tant que cette Grâce ne vient que de Dieu,
c'eit par cette raifon que cette Dame regarde
le Ciel. AurefteparleLivre ouvert, & parle
rameau d'Olivier qu'elle tient en main, il
nous eft enfeigné que par la mefme Grâce le
pécheur fait ià paix avec Dieu; & que cette re-
conciliation eft iî douce, que l'enyvrant, par
manière de dire, d'un faim amour, elle luy
fait perdre la ibif des chofes du Monde.
GOVFERNEMENT DE LA RETV-
BLIQVE.
CE Gouvernement vous eft icy figuré par
l'image d'une fécondé Pallas, ayant un
Morion fur le Chef, un rameau d'Olivier en
la main droite, & en la gauche un Dard, ou-
tre qu'avec ce mefme bras elle foûtient un
Bouclier. Elle reiTemble à Pallas, parce-que
lé bon gouvernement d'un Eftat doit eftre fon-
dé fur la fagefle, fur les forces de la guerre,
& far les biens de la paix, qui ontjpourlymbo-
ks le Morion, le Dard,le Bouclier, & l'O-
livier.
110 K-
-ocr page 215-44i I C ο Ν ο L ο G I Ε.
Ε' Lle eft repréfentée par une Dame ho-
j norablement veftuë, & qui a le viiage voi-
lé. L'honnefte habit dont elle fe couvre le
Corps, eft une marque de la modération de
l'Ame ; & les yeux voilez en font une autre
d'une Peribnne chafle, qui fuit les objets par
où la Concupifcence s'allume dans le cœur ;
eftant véritable, comme dit le Poëte.
Que les regards lafcifs font des traits dmge'retiXy
Qu i bîejfent les Cœurs amoureux.
HUMANITE.
CE qu'on appelle icy Huinanité, fe peut
plus proprement nommer Accortife, ou
Courtoifie, qui eft une certaine inclination à
fe rendre complaiiànt à l'humeur d'autruy.
On la repréfente par une belle Dame, tenant
devant elle quantité de fleurs, qui ne font pas
moins agréables à la veuë qu'à l'odorai; & une.
chaîne d'or de la main gauche, pour montrer
que les Ames généreuïes femblent s'attacher
entr'elles par les mutuels oflices qu'elles fe ren-
dent.
Hu-
-ocr page 216-HUMILITE'
C Elle à qui vous voyez icy tenir une Pal-
me à la main, & une Couronne ibus iès
pieds, eilTHamilité, vertu qurrend lapèribn-
ne qui la poiTede d'autant plus loiiahle, qu'el-
le fait gloire d'eftimer comme un néant fon
propre mérite. AufQ luy donne-t'on une pal-
me, à caufe que tant plus on tâche de rabaiP-
fer,· tant plus elle fe releve; outre que par la
Couronne foumife à fes pieds, efl; démontré
le mépris qu'elle fait des grandeurs & des va-
nitez de la Terre.
HONNEUR.
IΕ Guerrier qui porte une Couronne de
_/ Palme, une chaîne d'or, des Bracelets,
«ne Lance, & un Ecu,, où font peints deux
Temples avec ces mots Hic termikus ηλ;-
ret, n'eft pas mis icy hors de propos pour le .
Tableau de l'Honneur. Eftant fils de la Viéloi-
re, c'eft à bon droit qu'il a. le front ceint de
Palmes, & que la Lance, l'Ecu & les Brace-
lets luy font donnez pour Enfeignes, & poun
recomr
1!
44i I C ο Ν ο L ο G I Ε.
recompenfe&,de fa valeur. Quant à la devife
des deux Temples , elle nous apprend que
l'Honneur & la Vertu font tellement infépa-
rables, qu'on ne peut entrer dans l'un que par
l'autre.
INNOCENCE.
Lle a pour Emblème une jeune Fille
couronnée de Palmes, en aâion de laver
fes mains dans un Baffin, & aux pieds de la-
quelle eft couché un Agneau. Saint Ambroi-
fe entend parla Couronne de Palmes, l'inno-
ce & la pureté, qui nous eft donnée de Dieu
dés le mefme inftant que nous fommes regéné-
rei par le faint Bapteime : auffi eft-il vray que
l'eau en eft encore un iymbole. A raifon de-
quoy par une aijcienne coutume ceux qui ie
vouloient déclarer exempts de quelque tache,
ou de quelque ordure dont on les foupçonnoit,
fe lavoient les mains en la préfence du Peuple.
Quant à l'Agneau, il n'y a perfonne qui ne fça-
che que dans les Auteurs facrez & prophancs
il eft toujours pris pour un Hiéroglyphe de l'In-
nocence.
IN S-
-ocr page 218- -ocr page 219-IL n'eiî point de meilleur moyen des'aequé-
rir de.bonnes habitudes, & de profiter dans
l'Ecole de la vertu, qu'en s'inftruirantpar les
léçons des Sçayans, & particulièrement par
leur exemple, quand ils font hommes de pro-
bité. Ce qui nous eit enfeigné par cet Homme
de Robe longue, qui tient d'une main un Mi-
roir, oùilfeconiîderefoy-mefme, &oùfeli-
fent ces mots à l'en tour, Inspice, cautus
ERis. Par où il lemble nous avertir de rabatre la
veuë fur nos défauts, aiîn que trouvant des
taches en nous mefmes, nous les effacions, s'il
eft poffible, comme font ceux qui par l'aide
du Miroir nettoyent ce qu'il y a de fale fur
leur vifage.
Ç.iy '"A- iéÈ: fefe· >èi feïli? "àlï fiiV'^· % "liV"
INTELLECT.
IL me femble qu'avec beaucoup de raifon
l'intelka fe voit icy figuré par un jeune
Homme de bonne mine, qui tient à la main un
Sceptre, une Couronne fur la telle, d'où s'ex-
hale une flame, & a la veuë fixement attachée
fur
ii
fur un Aigle. Il eft peint jeune, pour mon-
trer que rintelleét ne vieillit point. La Cou-
ronne & le Sceptre repréfentent l'empire qu'il
a fur les paffions; la flamme qui s'évapore du
chef, marque le naturel defir qu'on a de fça-
voir, que la capacité de la Vertu intelleauel-
le produit ennous; & par l'Aigle eft fignifiée
la vivacité de l'Entendement, par qui nous-
Jious élevons aux chofes les plus hautes, & les
contemplons, comme fait l'Aigle, qui s'élan-
ce jufques dans les nues, & qui regarde fixe-
ment le Soleil.
INVOCATION.
ELle efl: repréfentée par une Femme qui
porte ià veuë en haut , & qui tient les
mains jointes, avec une flame qui luyfort du
fommetdela tefte, & une autre de fa bouche.
Ce qu'elle regarde le Ciel montre que tout le
fecours qu'elle attend doit venir d'enhaut ; &
quant aux fiâmes, elles marquent l'ardeur de
foii zélé & de ià prière.
IN S-
-ocr page 221-452
m
mMÊMMAÊM^^.
wwwmwmmww·^'
'SI:
CE jeune Garçon, dont les cheveux font
hériilèz, & qui regarde le Ciel, d'où s'é-
lancent des rayons qui luy percent le cœur ; ou-
tre que de ia main droite il tient une Epée nue,
& de la gauche la fleur qu'on appelle Tourne-
fol, cft icy pris pourrinrpiration. Parle Ciel
férein & femé d'étoiles, eil repréfentée l'in-
finie bonté de Dieu, qui par une grâce parti-
culière infpire & enflame le pécheur: les che-
veux heriflez figurent les appréhenfions & les
allarmes continuelles· que fe donne l'Homme
quand il eft plongé dans le vice : la veue tournée
en haut fignifie que fans la Grâce Divine l'Ef-
prit ne peut s'attacher qu'aux chofes de la Ter-
re, l'Epée nuë, que pour avoir de véritables
inipirations, il faut fe dénuer de toutes les cho-
fes qui peuvent bleiTernoftre Ame le Tour-
ne-fol , qu'à l'imitation de cette fleur, qui fuit
toujours le Soleil; le pécheur converty, &
cmbrafé de l'amour Divin, ouvre fon cœur à
Dieu, & fe tourne fans ceife vers luy.
JEU S-
-ocr page 222-44i I C ο Ν ο L ο G I Ε.
JE U S Ν Ε.
VOicY l'Emblème du Jeûne, que cet
Homme en un âge floriiTant ctale à vos
yeux. 11 eft debour fur un Crocodile, a la bou-
che bandée, tient d'une main un Lièvre, &
de l'autre un poiffon, avec un Ecriteau, qui
dit Pauc a vescor. On le peint d'âge robufte;
afin de montrer que la force & la famé font né-
ceiTaires pour jeûner. Il eft debout fur un
Crocodile, pour faire voir qu'il foule aux pieds
la gourmandife, dont cet animal chez les Egyp-
tiens eftoit une figure Hiéroglyphique. Quant
au Lièvre qu'il tient fous le bras gauche (ani-
mal qui dort les yeux ouverts) il iignifie la vi-
gilance de ceux qui jeûnent, par le moyen de
laquelle ayant l'Éfprit épuré, ils s'eleventplus
haut à la contemplation des chofes c^'Ieftes.
Λ quoyj'ajoûtequele PoilTon Cephale, qu'il
tient de la main gauche, eft le fymbole de l'ab-
ftinence, repréfenté par ces mots, Pauc a
vescor, c't&Z.&ïe.) Je mange peu.
ii-î
iil
LIB E-
-ocr page 223-4^4 I C Ο Ν Ο L Ο G I Ε.
L IΒ Ε R Α L ΙΤ Ε\·
CE τ τ Ε figure s'explique aiTez d'elle-mef-
me, par l'aition d'une belle jeune Da-
me , qui de la main droite diftribuë libérale-
ment à de petits Enfans des pièces d'Or &
d'Argent, & les prend dans une Coupe qu'el-
le tient de la main gauche.
L 0 Y Aur E\
E' Lle fe couvre d'une Robe deliée, te-
^nant d'une main une-maniéredeFalotou
de Lanterne allumée, & de l'autre un Maf-
que rompu en divers endroits. .La Robe de-
liée fignifie, que l'homme fidèle doit faire pa-
roiftre dans fes paroles la lîncérité de fes ac-
tions , comme la lumière paroiil: à travers le
verre qu'elle perce; &par le Mafque rompu,
il nous eft déclaré qu'il eft difficile de n'eftre
pas ennemy de ceux qui ont l'Ame double,
& dont l'amitié n'eiî que feintife & déguife-
ment.
Ι C ο Ν ο L ο G î Ε. 45"^
LOr c  NO nîq^ve.
CE τ τ Ε Dame que vous voyez icy doiiée
d'une beauté finguliére, & toute brillante
de rayons qui luy couronnent la telle, repré-
sente la Loy Canonique. Elle tient de la main
droite uneBalance, en l'un des Baffins de la-
quelle fe voit une Couronne, & en l'autre un
Calice refplendiiîànt ; outre qu'elle porte en la
main gauche une Mitre fur un Livre ouvert,
& un Miroir devant elle. Toutes lefquelles
chofes jointes enfemblefignifient, laFoy, la
Juftice, la Dignité, la Science, laSageire,&
l'illuflre éclat de la gloire, qui accompagnent
cette Loy, iàns laquelle il n'y auroit ny ré-
gie ny conduite dans les plus importantes ac-
tions de la vie.
LOT Ν A TU RE L LE.
PAr cette Femme agréable, affife au mi-
lieu d'un Jardin, &quin'eft couverte que
de la ceinture en bas, eft figurée la Loy Na-
turelle. Sa beauté nous apprend, qu'en la naiC-
fance
-ocr page 226-fance du Monde, Dieu fit belles & parfaites
toutes les chofesquis'yvoyent. Sa nudité & fa
chevelure fans art, qu'il n'y a ny fard ny dégui-
ièment en cette Loy, non plus qu'en ibn Au-
teur; le Compas qu'elle tient avec ces mots,
^qua lance, qu'il ne faut point faire aux
autres ce que nous ne voudrions pas qu'ils nous
fiiTent ; & fon ombre propre, qu'elle montre
de la main gauche, que de la façon qu'elle ie
gouverne envers le Prochain, elle iè le rend en-
tièrement femblable. A quoy j'ajoute qu'elle
eft affife en un beau Jardin, pour montrer qu'a-
yant efté mife du commencement dans le Para-
dis Terreftre, elle en fut chaflée depuis, & ré-
duite à cultiver la Terre, pour luy faire produi-
re tout ce qui s'y voit aujourd'huy non feule-
ment de beau, mais de profitable encore.
MAGNANIMITE'.
VOI c Y la grandeur de Courage, que cet-
te Dame majeflueufe nous repré'fente. El-
le eft richement veftuë, pour montrer que les
richeiîês font juikment deuës à ceux qui en
ufent noblement, & voilà pourquoy on luy
donne auffi la Corne d'Abondance. Quanta la
Couronne impériale, & au Sceptre qu'elle tient
en main, l'un fignifie le genereux deiîèin que
l'on a de taire du bien, & l'autre la puiffance de
l'exécuter, qui font deux chofes fans lefquel-
ics
-ocr page 227-les il eft impoffib'le d'exercer la Magnanimité.
Que fi elle eft affife fur un Lion, c'eit parce-qae
le Lion, Roy des Animaux , eft un fymbole
de cette vertu, qui eft Reine auffi de toutes les
autres.
ifl'.
MAGNIFICENCE.
CE τ τ Ε Dame couronnée ne tient pas iàns
raiibn une Palme dans l'une de iès mains,
& l'autre appuyée fur un plan d'Architeâure,
pour montrer que cette vertu viâorieufe des
années, ne fe propofe que desfujets illuftres,
& qu'un de fes effets principaux c'eft de bâtir des
Temples & des Palais, qui font des Ouvrages
par le moyen deiquels les plus grands Princes
rendent à la Pofterité leur nom ou leur mémoi-
re célébré.
M'
. il·
EDrOCRITE'.
El LE eft figurée par une Dame de bonne
mine, qui d'une main tient un Lion atta-
ché à une chaînette, & de l'autre un Agneau,
avec ces roots,Medio tutissimus ibis. Par ces
deux extrémiteï elle fait voir de trop grands
IL Fart. V reiTen-
lii
iii^lH'
^r^ > βα ,
3u, .ytÎeTiJe,
^'tù'jitûcrite
reiTentimens, & une trop grande patience auffi,
tenant un miliea entre la Douceur & la Force,
Oreft-il que ce milieu n'efl: autre chofe que la
Médiocrité, à laquelle nous devons adreiTer
toutes nos aâions, fi nous voulons qu'elles
foient aiTurées & hors de danger, puifqu'il eit
vray , comme dit le Poëte,
Que le meilleur chemin efl teluy du milieu.
L
misere du monde.
Ε s Miferes humaines ont pour Emblème
__/Une Femme qui a la telle comme enchaf-
fée dans un grand verre, & qui tient de la main
droite une bourfe renverfée, d'où s'épandent
pefle-meile des joyaux, avec des pieces d'or&
d'argent. Le verre démontre la fragilité des
chofcs du monde ; & que comme pour eftre dia-
phane, il ne borne point la vûë de celuy qui le
regarde: ainfiles richeifesd'icy bas ne fontja-
niais mettre des limites à nos penfées, juiques
à ce que la mort en arrefle le mouvement.
Quant à l'or & à l'argent que cette Femme
verfe par terre, c'efl: pour montrer qu'encore
que les riches femblent heureux, ils ne laiiTent
pas toutefois d'eftre miférablcs,puifqu'ils n'em-
portent pas leurs tréfors, & que ceilànt de vir
vre il faut qu'ils ceiTent auffi de les poilèder.
ME-
-ocr page 230-1 C ο Ν ο L ο G ί Ε. 45*9
lV-C'.S
■
'si?
ΜΕΟΙΤΑΠΟΝ DE LA MORT.
CE Tableaufunefterepréfentc aiTcz bien,
ce me femble, la Méditation de cette der-
nière fin par une Femme vétuë de dueil, & affi-
iè fur un Tombeau, où elle regarde fixement
une tefte de Mort ; & tout à l'entour d'elle eft
un Ecriteau, avec ces mots, Ο mors, quam
amara est memoria tua.
0 Mort, que de ton nom la memoire efl awere !
Ce qui fe vérifié aiTez par l'averfion qu'ont na-
naturellement pour elle les Créatures vivantes.
, S'â i.if, · i!?, ili
■ Îii- · "ίίΐ %-i "il? "iiv-
MEDI-TATION SPIRITUELLE,
CE τ τ Ε Figure femble parler d'elle-mef-
me; & par une Fille devote qui fe tient à
genoux fur une Croix, ayant les mains jointes,
& les yeux tournex au Ciel, elle te'moigne l'ar-
deur de fon zélé & de ia Méditation, en difant,
SlTlVIT ANIMA MEA AD DeUM FONTEM
vivuM. Par où elle montre que pour s'entrete-
nir dans la vie contemplative elle ne peut mieux
s'adreiTer qu'à fon Creareur, qui eiT: une Source
iuépuifable de biens & de grâces.
V a
OBEIS.
-ocr page 231-.-I
4^0 I C ο Ν ο L ο G I Ε.
OBETSSANCE·
ν ο us avezdcvant les yeux le TabIcauJ4i
cette grande vertu, en la perfonne lçFune
Femme humble & modefte, qui fe tient â ge-
noux , ayant les yeux tournez vers le Ciel, d'où
fortent des rayons édatans, à travers deCjuels
paroift un frein, fur qui elle porte fa main pour
le prendre. Par où nous font dedarées les con-
folationscéleftes que reçoit une Ame qui s'hu-
milie quand illuy arrive quelque affliâion, ce
qui nous efl: enfeigné par ces mots, Humilîa-
viT IN TERRA viTAM meam: Car tant pi US
l'adverfité, qui eft comme un frein, nous re-
tient & nous abaiiTe fur la Terre, tant plus nous
devons FembraiTer, & nous rendre fouples à
l'obéïirance.
C Ette Femme nue, qui tient un voile à la
main, eft le fymbole de l'Occaiion. El-
le eft chauve par derrière, & chevelue par de-
vant , pour nous apprendre qu'il la faut exnpoi-
gner q-aand elle fe préfente, de crainte qu'elle
ne nous échappe; car elle eft volage, & tou-
jours
jours prefte à s'enfuir. Vpila pourquoy elle eiî
icy peinte ayant un pied en l'air, & l'autre fur
une Roue. Quant an raibir qu'elle porte, il fi.-
gniiïcque dés-auffi-toft qu'elle s'offre à nous,
il eft nécelïàire de retrancher toutes fortes
d'empefchemens & d'obftacles pour la fuivre
où elle nous appelle.
Ο R A 1 S Ο
ON la peint icy fous la perfonne d'une
vieille Femme, pour montrer qu'en la
vieilleffc plus qu'en un autre âge, nous nous
adonnons à l'Oraifon ; à caufe qu'alors nous
fom-mes plus proches de noftre derniere fin.
Elle a la tefte couverte, & fe tient à genoux,
parce-qu'une vraye prière doit eitre faite en par-
ticulier, & fans oftentation. Le cœur qu'elle
tient d'une main de'montre fon zélé, & la fin-
ceritédefon Ame, Dequoy l'on peut dire en-
core que l'Encenibir eft le vray fymbole, &
qu'un Chapelet y tient lieu de chaînettes pour
l'attacher, à caufe que le Chreftien s'en fert or-
dinairement à faire fes principales prières, qui.
font le Pater nofier, & VAve Maria.^
V
Ρ υ-
-ocr page 233- -ocr page 234-46α I C ο Ν ο L ο G I Ε.
Ρ υ D I C ΙΤΕ.
ΡΟ υ R Emblème de la Pudicité fe voit icy
peinte cette ancienne Veftale Romaine,
qui pour un témoignage d'avoir confcrvé la
fienne inviolable, ayant invoqué les Dieux con-
tre fes Accufateurs, témoignafon innocence,
en tirant à terre à contremont un gros Navire
avec un fimple filet.
ip
IL nous eft figuré par l'aâion de ce jeune
Homme àdemy nud, qui venant de ce bat-
tre en duel, &detuerfonennemy, en eft tou-
ché d'une fecréte repentance : ce qui fait qu'il
rompt à mefme temps fon Epce qui a fait le
meurtre, & que regardant le Ciel, pour de-
mander pardon à Dieu, il s'écrie, Libéra
ME DE SANGUINIBUS , DEUS SALU-
TIS MEiE.
Ρ A-
-ocr page 235-44i I C ο Ν ο L ο G I Ε.
F A Ί' I Ε NC Ε.
C E τ τ £ pauvre defolée affife iùr une pier-
re , environnée d'épines, ayant des fers
au mains, &unjougfurfesépaules, nous re-
préfente la Patience. Elle efi; afTife fur une pier-
re parmy des épines, pour montrer que c'eft
une chofe bien dure que de fe réfoudre aux
fouflrances decettevie; mais que néanmoins
quelques rudes & piquantes qu'elles foient, l'on
en peut venir à bout par le moyen de cette ver-
tu. Quant aux fers & au joug qu'on luy fait por-
ter, l'un & l'autre lignifient la captivité d'une
Ame affligée, qui ne laiiTe pas toutefois d'avoir
de grandes confolations en obtenant l'affiftan-
ce "Divine par ces paroles, Miserere Meî
Deus.
'liiil
H,
iiâââââââââââ|i:ââââê
E' Lle vous eft reprefentéeparune vieille
/Fem.me affife fur une pierre d'où rejaillit
une iburce d'eau vive. Ε le y tient deilùs ia
veuë attachée, & femble fe vouloir deshabiller
pour fe laver de fes ordures, difant avec le Pro-
V 4 phcte,
m
phete, Amplius lava me ab iniquitate
MEA. La pierre où elle eft alTife eil une figure
de J ES υ S-C H RI s τ ; fur qui le pécheur le re-
pomt, & arreflanffts penfées à la contempla-
tion de cette Fontaine inépuifable , qui eft la
Grâce Divine, il lave ion Ame, & la rend net-
te de toutes fortes de taches par le moyen de la
Pénitence ; à quoy fi; rapportent ces paroles de
David, Vomrm lievere%^ Seigneur^ ξ^ je fit-
TayflHsUanc ([ne la neige.
PRUDENCE.
CEtte Vertu vous eft iîguree par une véné-
rable Dame, en l'un des bras de laquelle
çftenlacé un Serpent; & qui tient delà main
gauche une tefte de Mort qu'elle contemple,
outre qu'en fonfeinie voit un œil tout éclatant
de lumière. La tefte de Mort fignifie que pour
s'acquérir la vraye Prudence, il importe beau-
coup de confidérertoi^ ours la fin des chofes;
& l'œil démontre le meime. Pour ce qui eft du
Serpent, onfçaitaftTcz qu'il eftunfymbole de
cette vertu dans les faintes Lettres, où nous
ibmmes exhoïitiàeflrefmdens tomme les Ser-
^ens.
SCV L-
-ocr page 237-44i I C ο Ν ο L ο G I Ε.
RETENTANCS DES PECHEZ.
La Repentance qwe nous devons avoir de
nos fautes, nous eft démontrée par une
Femme couronnée d'^hyCope , tenant d'une
main un rameau d'Olivier, & de l'autre une
Difcipline, avec ces mots, Delictum meum
cognitum tibi feci. Lc rameau d'Olivier
eft un fymbole de la paix que le pécheur fait
avec Dieu par le moyen d'une vraye repentan-
ce; & la Difcipline en eft une autre, puiiqu'il
s'enfert à macérerfon corps, & à le mortiner
par abftinences, parjemies&par Prières. J'o-
mets que la guirlande d'hyfope figuifie que nous
fommes purgez de nos. péchez par la Péni-
tence , conformément à ces paroles de David
!f
/IJperges me DotKtKe h)fopo ^ (^c. . -
T^r G R ET.
CE Regret des fautes paiTées fë démontre
icy paruneDame affligée, qui a le cœur
rongé de vers, véritables fymboles des fecrets.
remords de fa Confcicnce. Elle a les yeux fixes-
ver.sleCiel, & baignez de larmes, qui font les-
V 5· œar-
''^BiesiâttiÎon^ ■
•ûTmatuJn^ ,
-^ame, , ^^Uym^ ία- j/totfe,
-ocr page 239-44i I C ο Ν ο L ο G I Ε.
marques de fa douleur. Et dautant que parmy
les gefnes& les tortures que luy donnent tes of-
fenfes, elle attend toute fon afliftance de Dieu ;
auffi ne s'adreiTe-t-elle qu'à luy, &ditavecle
Prophète, Cor contritum et hu-
miliatum, DeUSjNONDESPICIES,
CE τ τ Ε Femme qui fe tenant debout en-
tre une CaiTette & un Sac d'argent, comp-
te d'une main à l'autre celuy qu'elle vient de
prendre , fignifie que lareftitutiondubienmal
acquis fe doit faire volontairement, & fans y
avoir du regret, puifque fans elle le péché
n'eil point remis, & que c'eft par elle-mefme
ψι'ϋ le faut reparer néceiTairement-
JlEFÛJiMJT/0]V.
C'EsT la figure d'une vieille Dame, qui
d-e la main droite tient une Sphère, & de
k gauche un Livre ouvert, oùfelifentcespa-,
rôles, Obsecra, argue. Par la Re-
formation fe doit entendre le règlement des,
abas qui fe font gliiTeiinfeiifiblementpar la li-
cence
cence des Hommes. Λ quoy l'on peut parve-
nir par deux principaux moyens, qui font l'ex-
hortation, & la réprimandé: ce que donnent à
connoiftre les deux mots qui fe voyent dans le
Livre que tient cette Femme Quant à la
Sphère qu'on luy donne, je n'en fçay point
d'autre caufe, fi ce n'efl; pour montrer qu'à l'ex-
emple du Ciel, qui eft réglé en fes mouve-
mens, il faut que les aâions des Hommes le
foient de mefme, par la correâion & la vigi-
lance de leurs Supérieurs.
Ε
lit
V 6
ROME VICÏORIEVSE.
Lle eft repréfentée dans les anciennes Mé-
dailles affife fur trois Boucliers , avec
une Lance à la main gauche; & derrière elle fe
voit une Viéloire aillée, tenant une Palme, &
qui couronne de Laurier cette iliperbe Ville,,
Reine de toutes les autres : car il ne fiiut que lire
l'Hiftoire pour voir les dépoûilles & les Tro-
phées qu'elle a remportez fur tous les Peuples,
de la Terre par fes mémorables faits d'Ar-
mes.
468^4 I C Ο Ν Ο L Ο G I Ε.
ROME LA SAINTE.-
VO υ s la voyez ici debout,, ayant au deC-
fous de fes Armes une Robe de pourpre
brocliée d'or. Elle porte pour Cimier fur ton
Heaume un Caradlérc, tenant en la main droi-
te une Lance en forme de Croix par le haut, oïl
iè voit au milieu d'une ovale garnie de Perles,
le Caraâere fufdit; & de la gauche elle porte
un Bouclier & deux Clefs croifées, l'une d'or,
& l'antre d'argent; avec la triple Couronne,
appuyant la pointe de fa Lance fur un Dragon..
Le Cimier marque lenomdeCHRisx, que
portoit ordinairement fur fon habillement de
tefte le grand & victorieux Conftantin , pre^-
lîiier Empereur, qui par cefacrénom., &par
l^tendart de la Croix fanétifia la Ville de Ro-
me. Auffi ce fut par-là feulement qu'il vint à.
bout d'un crue; EjTiiemy, & qu'il fubjugual'i-
dolatrie.. Quant aux Armes qui fevoyentfur-
iôn Bouclier, il fuf&t de fçavoir qu'elles font,
les. glorieufes marques de la Dignité Pontifica-
ie j qui eit revér.ée de toute la.Terre.,
j· i'
il
S/M
-ocr page 242-44i I C ο Ν ο L ο G I Ε.
s IΜΡ Lie η: Ε.
ON la repréfente en jeune Fille veftuc de
blanc , tenant de la main droite une Co-
lombe , & de la gauche un Phaiian, avec ces
mots à l'entour , Doce me facere voluntatem
tmm, quia Dem meus es tu. On l'habille de
blanc, parce-que cette couleureftiansmélan-
fe, & la plus fimple de toutes. Danslafainte
criture la Colombe eft le Symbole de la Sim-
plicité; ce que l'on peut dire encore du Phai-
fan , qui félon quelques Auteurs s'imagine
qu'on ne le voit point quand il fe cache la te-
■f i'i;
iîS
S INC Έ. Kir Ε D' Λ M Ε.
El L Ε a pour Emblème une j«une Fille, fur
le fein de laquelle éclate un Soleil, mar-
que de l'intégrité de fdn Ame. Auffi pour té-
moigner qu'elle n'a point de plaifirs qui ne
ibier.t innocens & tous purs, elleefl:repréfca-
tée donnant à manger à un Poulet blanc, & te-
nant un Lis de la main gauche, avec ces mots,
Et spiritum rectum innova in
VlSCERIBUS MEIS.
VRA-
-ocr page 243- -ocr page 244-m
VR ΑΤΕ SAGESSE.
CEt τ ε Vertu n'ayant rien que de célefte
n'eft pas mal repréfentée par une Fenyne
bien haut élevée par deiTus la Terre. Elle eil
prefque toute nue, ayant des aifles au dos, des
rayons qui l'environnent, & des nuages fous
les-pieds. Toutes ces chofes enfemble figni-
fient, qu'elle foule les vaniteï d'icy-bas, dont
les broiiillars & les nuages font les Symboles :
Que fa nuidité luy plaift, eftant dépouillée des
grandeurs & des richeiTes du Monde : Que fes
penfées n'ont pour but que le Ciel, & qu'elle
n'a point d'autre défir que de fervir Dieu ; ce
qu'elle déclare par ces paroles facrces, Domi-
we, a>fi€teomnedefideriitmmeum.
i !■
Il
SITE.
-ocr page 245-44i I C ο Ν ο L ο G I Ε.
SUBSTANCE.
CE τ τ Ε Dame par fcs mammelles qH^elIe
montre, qui font pleines de lait, donne
à connoiflre la Subftance que nous tirons de la
plus pure de toutes les nourritures. Les Epies
& les Pampres qu'elle porte marquent la mer-
veilleuiê fécondité de la Terre; Mere-Nour»
rice de toutes les Créatures du Monde.
V I R G I Ν I t E\
C'EsT icy l'Emblème de la Virginité,
fous la figure d'une Jeune Fille qui ca-
reffe une Licorne: ce qui n'eft pas mal imagi-
né, s'il eft vray, comme quelques Auteurs
l'ont écrit, que la Licorne nefelaiiTeprendre
By apprivoifer que par une Vierge.
VE-
-ocr page 246-ν Ε R I τ E\
ΙΕ s agrémens & les beautez qui le décou-
_^vrent fur le vifage de cette Dame , font
allez voir quels font les appas delaverité, &
combien elle eft charmante. On luy fait tenir
un Miroir d'une main, pour montrer qu'elle
n'a point d'autre objet que foy-mefine; & de
l'autre une Balance, qui fignifie qu'elle eft tou-
jours inviolable & incorruptible en fes paro-
les.
L
ARROGANCE.
Ό Ν ne doit pas trouver étrange, fi l'Ar-
_yrogance eftant un vice qui s'attache aux ig-
iioraiis, & aux peribnnes qui n'ayant aucun ef-
prit, croyent néanmoins en avoir beaucoup,
on s'eft avifé icy de lui donner des Oreilles d'A-
ne ; outre que ce n'eft pas fans raifon que la
Femme qui la repréfente , porte en la main
gauche un Paon, qui eft le Symbole de l'or-
gueil, & qu'avec le fécond doigt de la droite
qu'elle tient haufîe elle femble montrer fon
humeur obftinée à foûteuir fa propre opinion,
quel-
-ocr page 247- -ocr page 248-quelque fauffe qu'elle foit ; & c'eftoit auffi pour
ce fujet que les Anciens peignoient de mefme
rObftination, qui approche fort de l'igno-
rance.
il
L
A M B i τ I ο Ν, qui, iclon iàint Thomas,
_^eft un appétit déréglé de refaire grand par
toutes fortes de voyes, ou bonnes, ou mau-
vaiiès, cil icy peinte jeune, avec les pieds
nads, & une Robe courte, dont la couleur
eft verte. Elle a desaifles au dos, & la telle
chargée de Couronnes , de Mitres, & de
toutes les autres marques d'honneur qui ac-
compagnent les Dignitez les plus hautes. A
quoyj'ajoûte qu'elle a derrière elle une Mer
orageufe, avec un.Lion qui fuit; & que toutes
ces chofes enfemble fignifient, qu'ordinaire-
ment les jeunes Hommes, pour îa bonne opi-
nion qu'ils ont d'eux mefmes, & pour les gran-
des efperances qu'ils conçoivent de leur vertu
prétendue , lont particulièrement fujets à ce
vice. Les ailles iîgnifieut que les ambitieux veu-
lent toûjours voler par deiius les autres ; la Ro-
be courte, les pieds tiuds, & la Mer irritée,
qu'ils ont beaucoup à fouifrir, pour venir à
bout de leurs prétentions, qui les font afpirer
vainement à la polTellîon des Sceptres & des
Couronnes.
J S:·'
AVEU-
-ocr page 249-44i I C ο Ν ο L ο G I Ε.
AVEUGLEMENT' D'ESPRir.
,Ν lerepréfente per une jeune Femme
_ ■ qui eft dans un Jardin, où elle montre
une Taupe d'une main, & de l'autre une Tuli-
pe. D'où il paroift manifeftement que la Tau-
pe pour n'avoir point d'yeux, eft un Symbole
de l'Aveuglement d'efprit ; & que la Tulipe en
eft une autre, puifqu'il fe voitaujourd'huy que
ceux qu'on appelle Curieux , n'ontpas moins
de paffion pour cette fleur, que pour une belle
Maitreffe.
À V Â"R I C E.
CE τ τ Ε Femme qui a le ventre fi gros, qui
tient une Bourfe, & qu'un Loup maigre
accompagne, ne repréfente pas mal le naturel
des Avares, leiquels femblables aux Hydropi-
ques, nepeuventéteindre la foif qu'ils ont des
richeflès, mais tels que les Loups raviffans,
ont pour les chofes du Monde une faim infa-
tiable, ou mefme enragée.
CA-
-ocr page 250-ICONOLOGIE. 475
C A Ρ R I C Ε
IL eft icy repréfenté par un jeune garçon,
bizarement veftu, ayant fur la tefte une to-
que garnie de plumes de diverfes couleurs ; ou-
tre que de la main droite il tient un foufflet, &
de la gauche un eiperon. L'on appelle capri-
cieux ceux qui fuivant les foies idées de leur Ef-
prit, s'emportent à des lêgeretex, à des fan-
taifies, & à des aâions fi extraordinaires, qu'el-
les furprennent les Sens des perfonnes qui les
voyent. Ce qui nous eft figuré par les plumes
de différentes couleurs, vrais Symboles d'in-
eonftance; comme par le foufflet & par Fefpe-
ron il eft démontré , que les Capricieux font
prompts d'ordinaire à flater les vertus des au-
tres , & à s'emporter contre leurs vicespar des
paroles picquantes.
C A'
-ocr page 251-476 I C Ο Ν Ο L Ο G I Ε.
CEtte Femme en colère, empoignant par
les cheveux un petit Enfant qui luy deman-
de pardon, & tenant de l'autre main une Tor-
ehe allumée, eft le Tableau de la Calomnie.
Par où il nous eit enfeigné que les plus dange-
reux effets de cette Furie font engendrez d'une
haine fecre'te , & d'un défir de. vengeance;
qu'elle eft capable au rcfte d'allumer la diicor-
de dans tous les Eftats du Monde, & que ce
luy eft une choie naturelle de déchirer autant
qu'elle peut la réputation des Innocens..Aufli
luy donne-t'on pour figure Hiéroglyfiq^e un
Balîlic ; pour montrer que comme ce dange-
reux Animal tue de loin par fa veuë, le Ca-
lomniateur de mefme ruine entièrement par fa
méchante langue ceux qu'à quelque prix que ce
foit il fe propoiè de perdre.
y
44i I C ο Ν ο L ο G I Ε.
C ο NTR Α R ΙΕΟΈ.
CE n'efl pas mal à propos qu'on la peint
avec une Robe moitié blanche, & qu'avec
cela on luy fait tenir d'une main un Vafe, dont
l'eau fe répand, & de l'autre un Réchaud plein
de feu ; ce qui n'a pas beibin d'autre explica-
tion., puifqu'on fçait aiTez que ces deux Ele-
mens font direi^ement contraires. Quantaux
deux Roues qui & voyent en bas, elles mar-
quent l'inconftance .de ces Hommes préfomp-
tue.ix, qui fe plaifent à choquer & à contredire
les fentimens de tout le Monde; vice dange-
reux , & entièrement infupportable.
irtff s
ELle éft mife icy non pas pour un vice,
mais parce qu'elle expofe fur le Théâtre
les vices des Hommes, afin de les faire avoir
^n horreur, & de les induire par l'exemple
d'autruy à corriger leurs mœuîs, comme le
déclarent ces mots, Describo mores
H ο miν υ m. Et dautant que les Anciens en
leurs Comédies fe fervoieat ordinairement du
Clai-
-ocr page 253-CûTtCtijfflSC
-ocr page 254-Clairon & du Mafque, ce n'eft pas fansfujet
qu'on les luy met icy eu main , à cauiè
que l'un fignifie l'harmonie, & l'autre l'imita-
tion.
CONCUPISCENCE.
L'E MB LE M Ε de la Concuplfcence fevoit
icy fous la figure d'une Femme prefqué
nuè, dont les cheveux font treiTez avec Art, &
qui efl; affiiè fiir un Crocodile , tenant d'une
main une Perdrix qu'elle careiTe. Elle eft pein'
te nue, dautant que c'eil le propre de ce vice de
ne dépouiller pas feulement le Corps des biens
de fortune,- mais encore l'Ame de fes plus pré-
cieux ornemens, tels que font l'honneur, la
liberté, la prudente, la fagelle, & ainfi des
autres dons qu'une paffion aveugle luy fait per-
dre entièrement. J'omets que le Crocodile
fur qui elle efl: montée, & la Perdrix qu'el.e
amadoue, ne luy conviennent pas mal, parce
que ces Animaux ont toujours eilé chez les An-
ciens des figures Hiéroglifiques d'une inconti-
nence tout'à-fait débordée.
C t/-
-ocr page 255-44i I C ο Ν ο L ο G I Ε.
(fl^f
La Cupidité, ou la Convoitiiè , appétit
dangereux, & qui s'emporte hors des bor-
nes de la Raifon, eii peinte imë, avec des ail-
les, & les yeux bandez, pour montrer que
c'eil fon ordinaire de découvrir devant tout le
Monde iès propres défauts ; de courir après les
choies faufles, ou qui n'ont qu'une iîmple ap-
parence de bien , & de ne fe fervir jamais
en ce qu'elle fait, de la lumière de l'Entende-'
ment.
m
yOic Y la plus effroyable & laplusper·
nicieufe de toutes les Furies. C'eil la
■Uifcorde, avec fes cheveux hériiTez , & qui
aboutiffent en Couleuvres. En fa main droite
ievoit une Torche ardente , telle à peu prés
^ue celle qu'on donne à Proferpine; & de la
gauche elle tient trois divers Ecriteaus, où fe
lifent quelques termes de chicane. Par les Ser-
Pens qu'elle porte, fe doivent entendre les
deiTeins qu'elle conçoit & engendre; par
fon
-ocr page 256-Γοη flambeau, les diiTentions qu'elle allume
dans les Royaumes; & par l'Ecriteau qui eft
dans fes mains, les divers procès, & les défo-
lations qu'elle caufe dans les Familles.
DOUTE,
Le fujet de cet Emblème eft tiré de ce Pro-
verbe Latin, Auribus lupum te-
NEO, c'eit-à-dire,
Après avoir long-temps cherche
Des doutes aux miennes pareilles '.
Je me trouve bien empefché.
Et tiens le Loup par les oreilles;.
44i I C ο Ν ο L ο G I Ε.
DESESPOIR,
CEt te Femmerepréfente le Defefpoir,
qui cft. le dernier & le pire de tous les
maux. Elle a dans le fein un poignard, qu'el-
le s'y eft enfoncéjufques à la garde; tient de
la main droite un rameau de Cyprès, & regar-
de à fes pieds un Compas rompu. Par le Cy-
près il eii démontré, que comme cet arbre une
fois coupé, ne pouffe jamais de nouveaux re-
jetions; un Defcfpoir demefme efteintenluy
toutes les femences des grandes aâions.: & par
le Compas rompu, que la Raifon , dont le
Compas efl; le Hiéroglyphe , l'abandonne,
pour le laiûer en proyeà la violence de fa paf-
iîon.
DETRACriON.
ELle eft peinte aiTife , & couverte d'une
Robe toute femée de langues, tenant un
poignard delà main droite, & un Rat de là
gauche. On la repréfente affife , parce-que
roifiveté eit la principale caufe de la Détrac-
tion. Les langues qu'on luy donne figniSent
qu'elle ne fe laffe jamais de parler d'autruy;
le poignard, que par une rage du tout extraor-
n. Part. X di-
dinaire, déchirant la réputation du Pruchain,
elle le traite plus mal que fi elle luy'dùnnoit
la mort; & le Rat, qu'à rimit^tion de cet
Animal nuiiibîe, elle ronge la plus pure fub-
llance de l'Homme de bien, qui eft Thonneur
& l'intégrité.
IL eft repréfcntéparuu Homme qui fecou-
vre le vifage de Ton Manteau , tout femé
d'yeux & d'oreilles. Avec cela on luy fait
tenir en main une Lanterne fourde .; outre
qu'il a des aifles aux pieds, & un'Ghien qui
marche devant luy. Il a le - vifage couvert,
pour montrer que ceux qui font les Eipions
font foigneux fur toutes chofes de ne fe point
faire connoiftre, pour dCcouvrir avec moins
de foupçon ce qui fe paiTs,, &. particulière-
ment à la Cour des Princes. Les yeux & les
oreilles fignifient, quelcmeftkr de telles per-
fonnes eil de tout voir, & de tout ouïr, non
pas feulement de jour, mais de nuit encore,
ce qui eft marqué par la Lanterne que cet
Homme tient en main. Quant aax.aiftes'qu'on
luy met aux pieds, - & au Chien qui k fuit,
cela fait voir que lesEfpions doivent eftre di-
ligens à flairer les plus fecrétcs pratiques. ■ ·
Ε Ν-
-ocr page 260-r C ο Ν ο L ο G I Ε. 485
ENVIE.
L'En vie, qui s'attrifte ordinairement du
bien du Prochain, autant qu'elle feréjouie
du mal qui luy arrive, fait voir l'un & l'autre de
ces eiFets par le Serpent qui luy ronge la mam-
melle gauche, & par l'Hydre qu'e'lîe carellè:
car comme ce monftrneux animal aime nata-
rellement à infeâer de fon venin tous ceux qui
l'approchent; l'envieux de mefme par une ië-
créte contagion fe plaift à perdre les plus gen's
de bien, fans épargner fes plus proches, ny
ceux dont il fait femblant d'eflre amy.
m
Ε M BU s c H E.
S Ο Ν Emblème eft fous la figure d'une Fem-
me armée, qui de la main droiteibûtient
un Bouclier, & porte en la gauche un filet que
les Anciens ont toujours pris pour un Symbo-
le des pièges que l'on tend aux autres. A quoy
fe rapporte ce que nous lifons de Pyttachus,
l'un des fept Sages de Grece, lequel ayant à
combatre Frinon capitaine des Athéniens, ca-
X 2. cha
cha fous ion Ecu des filets, qu'il luy j etta deiïïis,
pour l'embaraiTer, comme en eôet il en vint à
bout par cette rufe.
FOURBERIE.
Lle a pour Emblème unejeuneDame,
_, qui tient entre les mains unt, botte de paille
allumée; & fous la Robe de laquelle, toute fe-
mée de Mafques & de Langues, il fe de'couvre
qu'elle a une jambe de bois. Par la Torche
qu'elle porte, il eft démontré que tout l'éclat
qu'elle témoigne en apparence pour tromper
autruy, fe paliè auffi vifte qu'un feu de paille ;
par fes Mafques & fes Langues, qu'elle prend
toutes fortes de vifages, & accommode en cent
façons fa cajollerie au deiïèin qu'elle a d'attirer
ceux qu'elle veut perdre; & par la jambe de
bois, que toutes fes allées & fes venues font
contrefaites,qu'en fes adions elle ne marcheja-
mais droit, & qu'il y atoûjours plus d'artifice
que de naturel.
F
Λ
-ocr page 262-ÎCONOLOGIE.
ii^ 'iïi'Îfî
FEROCITE.
La voicy irepréfentéepar unejeiine Dame,
pleine de fougue, & armée de toutes piè-
ces, tenant un bâton de Chefne avec la main
droite, & portant la gauche fur la teile d'un
Tygre furieux. Elle eft peintejeune, parce^
que le Sang qui prédomine à cet âge-là, rend
les Hommes ardens à tout entreprendre fans
rien craindre. On la peint armée, dautant-
que les armes rendent ordinairement ceux qui
les portent hardis & violens. Quant au bâton
de Chefne, on le luy donne pour Symbole
d'un naturel indomptable, carc'eftence fens
que les plus célébrés Poëtes le prennent ; &
pour cette mefme raifon encore elle porte la
main fur un Tygre, Animal farouche, & qui
eft celuy de tous les autres qu'on peut le moins
apprivoifer.
F R A w D E.
VOus la voyez icy avec deux teftes en-
tées Par un mefme cou, l'une defquelles
cil d'unePcrfonnejeune, & l'autre d'une vieil-
X3 le.
ê
' J'T-oM.^ie.··
-ocr page 264-le. Elle tient deux Coeurs de la main droite,
& de la gauche un Mafque ; ayant une queue de
Scorpion & au lieu de pieds, les ferres d'un Ai-
gle. Le double cœur iignitie la trahifon, &le
mafque la diffimulation dont elle ufe. J'omets
que par la queue du Scorpion eft marque le per-
nicieux venin qu'elle darde; &'par les ferres
d'Aigle, qu'elle elî comparable à un Oiieau de
proye, pour ne fe propofcr d'autre but que de
ravir l'honneur & le bien d'autruy.
FELICITE MONDAINE.
CEtte Dame fuperbementvêtue, ayant
une Couronne d'or fur latelk, un Scep-
tre à la main droite , qu'elle appuyé fiir une
Plante qui commence à fleurir, & en la gauche
un Baffin plein de Pierreries & de Pièces d Or,
repréfente la Félicité du Monde. Car il cii
lignifié par toutes ces chofes, qu'elle le flétrit
comme une fleur, & fe pailè du foir au matin,
tout fon éclat n'eftunt qu'apparence & qu'often-
taiion de peu de durée.
GLOU-
-ocr page 265-I C ο Ν ο L Ο G I Ε. 4^7
GLO ν fONNI Ε.
Α Gourraandire cft en effet telle qu'on la
yvok dsQS cetie.,Figure...Elie a un coude
Grue, pour goûterpiusiong-temps&plusdé-
licieufemeflt le -V in & les Viandes, qu'elle tient
en l'une & en l'autre main; & comme elle eft
iniàtiable, ce n'eÛ pas metveiJle lî elle a le ven-
tre iî gros, veu qu'elle ne penfe qu'à s'engraif-
fer, a i'in?iit^ion du Pourceau; qui l'accom-
.pagne.
HERESIE.
L'Heresie eft une erreur derEfprit, à
laquelle la volonté s'<ittache opiniâtre-
ment, contre la vraye créanèe qu'il faut avoir.
Elle eft peinte vieille , pour montrer que ce
n'eft pas d'auj ourd'huy qu'il y ades Hérétiques,
qui s'efforcent, mais en vain , d'ébranler les
fondemens de la Religion.. Par la flamme qui
fort de fa bouche, il eft démontré qu'elle pu-
blie enfemble la fauflè doârine &lafédition,
dont elle eft le fanglant Boute-feu ; par les che-
veux épars ; que les faufles opinions s'épandent
X 4 de
L
iî'"·
de tous coftez ; par la nudité, qu'elk eil dé-
pouillée de toute Vertu ; &pàr les divers Ser-
pens qui fortent du Livre qu'elle tient en main,
que les fauiTes inftrutlions qu'elle donne font
incomparablement plus contagieufes quen'eil
le venin des Afpics & des Dragons, quelque
dangéreux & nuifible qu'il puiffe eftre.
HYPOCRISIE.
V ο Y Ε ζ un peu s'il fe peut rien imaginer
déplus trompeur que FHypocrifie. Elle
ert paile & défaite, pour montrer que fi elle fe
mortifie, c'eft pour mieux tromperautruy par
une vaine apparence. Auflieft-cepourlamef-
me raifon qu'elle fe couvre la tefte d'un Voile
noir, & le Corps d'une Robe toute rapiécée,
tenant d'une main un Chapelet & un Livre de
prières, & de l'autre donnant l'aumône à un
Pauvre devant tout le Monde: ce qu'elle fait
afin de paroiftre en l'extérieur telle qu'un Ag-
neau , quoique par dedans elle ibit un Loup ra-
viiTant: Voilà pourquoy ce n'eft pas fanscaafè
qu'on luy en donne icy les pieds.
HO-
-ocr page 267-44i I C ο Ν ο L ο G I Ε.
HO Μ ICI D Ε.
L eft repréfenté par un Homme de mauvai-
_fe mine, armé de toutes pièces, & couvert.
d'un Manteau rouge , tenant d'une main un.
Cimeterre nud, & de l'autre une tefle qu'il
vient de couper. Il ert peint avec un vifage ef^
froyable , pour, montrer que le ineurtre eft
odieux à tous les Hommes, & encore plus à
Dieu, qui nous le défend expreflement par Tes
faims Commandemens. Le Manteau, rouge
marque la cruauté par cette couleur de fang :
les Armes fignifient qu'au lieu que les vrais
Vaillans les portent d'ordinaire, pour en ufer,
avec honneur; les Meurtriers au contraire ne.
s'en fervent que pour prendre les lanocens à.
leur avantage, & les tuer de fang froid..
li
î*
I'
IDOLATRIE.
CEtte Femme aveugle, & qui. fe tient à'
genoux devant un Taureau d'airain , à
qui elle donne de l'encens, rspréfente l'Idola-.
trie, ce qui n'a pas befoin d'autre explication
puilqu'il fe voit clairement que toutes ces cho-:.
Xy. les
-ocr page 268- -ocr page 269-fes qu'elle fait font des aâes d'adoration, que
par un étrange aveuglement & un crime abo-
minable elle rend aux Créatures , au lieu
qu'ils ne fe doivent rendre qu'au Créateur.
VO υ s îa voyeï icy peinte fous la figure
d'une Femme à demy-nuë ; ayant des ai-
lles noires & une Trompe dont elle fonnc,
avec ce mot écrit fur la tefte, Turpe. Elle
a des ailles de Corbeau, pour montrer que le
bruit des aâions qui la noirciffent, eit femé de
toutes parts dans le Monde, &qu'elle-mefme
les publie ians y penfer Quant au mot qu'el le
porte écrit far le front, il veut dire que l'Infa-
mie eft plus facilement veuë par autruy, que
par ceux qui en font couverts.
Ε
JACTANCE.
' Lle porte une main en γ Air, une Trom-
pette de l'autre, & une Robe toute fcmée
rie plumes de Paon, pour montrer que les Ames
vaines prennent plaiiir à publier leurs propres
aâions, & que la fuperbe eii iufcparabie d'avec
la
-ocr page 270-la vanité. Mais après tout, ce n'eft qu'une
vaine, montre > comparable à celk du Paon ,
oifeau le plus orgueilleux de tous, les plumes
duquel font éclatantes & belles, mais inuti-
les.
X û
i n-
ignorance.
Le s Grecs la repréfentoienî commévous
lay-oyeï icy, par la figure d'un Entant tout
Hud, qui a les yeux bandez; & qui monté fur
un- Âne, en tient le licou d'une main, & une
Canne- de l'autre. L'Enfance & la nudité fig-
nifient que l'ignorant n'a non plus d'Efprit
qu'un Enfant, & qu'il eft dénué de toutes for-
tes de connoiflànces. Et dautant queFIgno-
jance n'eft iiullementclair-voyante, maisftu-
pide & fragile au poflÎble, toutes ces chofes ei>
femble font marquées par le bandeau qui cou-
rre les yeux de cet Enfant, comme encore par
l'Ane furquiileft momé,, & par la Canne qu'il
porte. -
492- 1 C Ο Ν Ο L Ο G î Ε,
i'ft ΛΤΪ y^- Λΐ'- ΑΤ4. ^Te- JÎÎ sM ί'Λ . φ iW
Φι i λ i Λ 1 ^ Λ i Ίι·
Ε
INDOCILITE.
Lle vous eil figurée par cette Femme
__\ couchée par terre , qui a iùr la tefte ua
Voile noir, tenant d'une main un Ane bridé,
& s'appuyant de l'autre &r on Pourceau. Elle
eft peinte étendue par terre , pour montrer
qu'un Efprit greffier, & qui ne peut rien ap-
prendre, eft toûjours rampant. Pourla.mef-
me caufe on luy fait tenir un Ane, fuivantla
maxime des Aftrologues, qui pour donner à
connoiftre qu'un Entant qui vient au Monde,
ibus le feiziéme degré duLibn, nefç'aura ja-
mais rien, difent, que c^ejl un Ane qui efi nl
bride'. Λ quoyj'ajoûtequelePourceaueilicy
mis pour eftre inhabile à tout, au contraire de
la plupart des autres Animaux ; & que par le
Voile noir il,eft déclaré, que comme cette cou-
îeur.n'enpeutjamaisprendre d'autre, de.cette
mefme façon il y acertai;isEfpritsiïpeudocir
les, qu'il eft impoflrble de les rendre fnfceg-
tibles des Sciences & des bonnes Diicipllï
ues.
US.-
-ocr page 272-44i I C ο Ν ο L ο G I Ε.
CE τ τ Ε vieille Femme , cocfiee d'un
linge noir, affife fur une Pierre, & tenant
en chaque main un Corbeau qui ouvre le bec,
lignifie l'Irrefolution. Elle eft^ieinte âgée,
dautant que ks vieilles Gens, à caufe des ex-
périences qu'elles ont faites par lepaiië, font
ordinairement plus irrefoluës que les jeunes.
Le linge noir, quiluy envelope latefte, mar-
que la confufion & l'obfcurité de l'Efprit des
Hommes irréfolas ; & les Corbeaux, qui n'ont
jamais qu'une mefme note, &difenttoujours
Cras^ croi ^ nous font fouveiiir que ceux qui
n'ont point de réfolution, remettent ordinaire-
ment au lendemain ce qu'ils pourroient bien
faire aujourd'huy.
%%%% w· % # # # ià'é:
CE n'eft pas fans cauiè que pour Emblème
de ce.vice,, cette Femme tient en un de fes
bras un Cochon,, pour montrer que comme iL
n'eft point d'Animal plus faJe que celuy-cy,:
l'Impiété de.rnefine eft le plus vilain & le plus
odieux
-ocr page 273-IrresûluîiûTi' .
-ocr page 274-ICONOLOGIE. 618
odieux de tous les Péchez. On met encore
dans la main droite de cette Eurie.une Torche
allumée, dont elle brûle un Pélican, pour
montrer que toutes les aâions de l'Impie ne fe
rapportent qu'à la ruine de la charité, ou de la
pieté, dont le Pélican eft le Symbole.
IL ne faut que la pofture de cette Femme,
pour juger auffi-toft qu'elle eft pleine de ma-
lignité , & prefte à pefter contre tout le Monde-
Elle a les cheveux efpars comme une Bacchan-
te ; porte l'une de fcs mains fur le flanc, &
tient de l'autre des Verges, ou plûtoft des épi-
nes, qui font les Symboles des traits injurieux:
de fa langue, dont elle pique les plus inno-
cens.
La Robe blanche dont cette Femme eft
couverte, toutefemée de taches, montre
que rinjuftice n'eft que corruption , & que
ibuillûre de l'Ame, par le mépris qu'elle fait
des Ijoix; & c'eit pour cela qu'elle eft icy pein-
te
te foulant aux pieds la Balance. De plus par le
Crapaiit qu'elle porte en une main, eûfignifié
le venin dont elle infeâe les bonnes mœurs ; &
par l'Epée qu'elle tient de l'autre, le violéat
effort qu'elle fait pour ruiner l'innocence.
La Colère eft icy dépeinte par une jeune
Dame armée de toutes pièces, & qui porte
pour Cimier fur fon Heaume une tefte de Dra-
gon vomiflànt des flammes, outre qu'elle tient
d'une main une Epée, & de l'autre une Torche
allumée : ce qui fait voir affei clairement, ce
mefemble, les eiFets de cette pafiion, qui font
de porter par tout le fer <k la flamme : aufiî
n'eil-ce par fans raifon qu'on la définit
Utie fureur fanglante, ξ^ de peu de durée.
!!!
LV XV RE.
VOi CY l'Emblème de la luxure fous la
figure d'une Femme lafcivement ha-
billée: qui toute penfive appuyé la tefte fur fa
main gauche, & tient de la droite un Scorpion,
ayant à coilé un Bouc, & un Sep de Vigne. El-
le
k eft affife&peniive, pour montrer que l'oifî-
veté, comme dit le Poëte,
Allume le flambeau du fils de Cythere'e..
Pour ce qui eft du Scorpion&de laVigne,
l'un, félon Pie'rius, eft le Hiéroglyphe de la
paillardife, & l'autre pareillement, puifqu'il
eilvray,
Que fam le bonBachus, Venusefitoûjoursfroide.
M A L I G Ν I T E.
CE T- τ Ε Femme laide ayant les ailles ou-
vertes , & qui porte une Caille de la main
gauche, eft le vray emblème de la Malice. Sa
laideur nous averticque fes adions font en tout
temps difformes, &odieufes aux gens de bien;
fes aifles ouvertes, qu'elle eft toujours promp-
te à faire du mal ; & la Caille qu'elle tient, qu'à
l'imitation de cetoifeau, qui Îelon les Natura-
liftes trouble l'eau quand, il a beu, afin que les.
autres oifeaux n'en puiffent boire : ainfi l'Hom-
me malin ufe de tous les artifices imaginablesj
pour eiTayer de nuire m Prochain.
ME-
-ocr page 277-Οΐβν
-ocr page 278-ICONOLOGIE. 497
MEDISANCE.
Ν la peint avec deux flambeaux allu-
_ meï, qu'elle tient en fcs mains, pour
donner à connoiftre que le Médifant eil an vray
boutefeu, & que fomentant des haines fecretes,
il efl: caufe que les efFeis en deviennent publics,
& auffi dangereux que ceux d'un brazier ardent,
lorfqu'il s'attache à quelque matière combufti-
ble, après avoir efté long-temps caché fous la
cendre.
OFFENSE.
Τ L me femble qu'elle fe découvre aiTcx bien
icy en la perfonne d'une laide Femme, la
Robe de laquelle efl; toute femée de Langues &
de Razoirs ; outre qu'elle efl: en aâion de tirer
un Moufquet, & qu'à fes pieds fe voit un Chien,
qui attaque un Porc-efpic. Par fa laideur il eit
démontré, qu'i 1 n'efl: rien de fi diiForme qu'une
ofFenfe faite contre l'équité ; par les Langues &
les Razoirs, qu'on nuit à autruy non feule-
ment par l'aétion, mais par la parole encore;
&
-ocr page 279-& par le Chien , qui fe trouve mal d'avoir atta-
qué le Porc-efpic,
: Que tel ρmfe blefier^ qui fe bïejle fiy-mefme.
OPINION,
ELl Ε eft repreTentée par une Femme aiTez;
bien veftuë, qui n'eft ny belle ny laide
mais quiparoiftaudacieufeàfainine, & prellc
à s'emporter foudainement à tout ce qu'elle s'ir
magine; voilà pourquoy fclon Hippocrate,
■elle eil peinte, comme vous voyez icyavec
des aifles au dos & aux deux mains.
ORGUEIL INSUPPORTABLE.
iEtte jeune Fille, dont la Robe eft.
_(déchirée, qui tient un Faon d'une main,,
& un Globe ibus fes Pieds, fait ailèz voir que
Ton Orgueil ne fe peut foufFrir, fi haut eft le
comble où il eiî monté. Car quelquepauvre &
miferable qu'elle foit, elleneiaiièpasdepro-
duire à la veuë de tous ion humeur altiére, de-
notée par le Paon, qui en-eft le Hiéroglyphe ;
& de bafouer tout le Monde, reprcfenté par le
Globe.
0 B-
-ocr page 280-iCONOLOGîE. 499
OBSTINATIO Ν.
L L Ε eft veftuë d'une Robe noire enviroti-
___I/née de branches de Lierre, a'desbroiiil-
Îars & des nues à l'entour de fon viiàge, & por-
te en fes mains une tefte d'Ane. Par fa Robe
noiie à feuillages de Lierre, il eft démontré
qu'un Homme obftiné n'eft non plus fufcepti-
ble de la Vérité, comme le noir d'aucune au-
tre couleur, & qu'il s'attache à fes opinions
suffi fortement que le Lierre à la muraille; par
le nuage, que pour claires que foient les cho-
fes, il perfiite toujours à c-roire qu'en elles il y a
quelque forte d'obfcurité ; & par la tefte d' Ane,
que l'ignorance peut-eftre avec raifon appellée
Aîere de fobfiimtioK.
PEINE PERDUE.
CE τ τ Ε figure n'a pas befoin d'eftre expli-
quée, puiique la chofe qu'elle d.-montre
elt fi veritable, qu'elle a donné lieu au Prover-
be qui dit, Qu'à laver le Corps d''un More y
pour le faire devenir blam, on n'y p>erd que la
lefiive.
Ρ Ε R-
Ε
PERFIDIE.
Lle vous eft marquée par cette figure
_j d'une Femme artificieufe , qui tient en
Ε
chaque main un Serpent, lequel, félon Ari-
ilote, eft le Symbole d'une extrême perfidie.
Ε Lle a pour Emblème une vieille Fem-
me nonchalamment affife fur une Pierre,
s'appuyant la tefte fur fa main gauche, avec ces
mots à l'entour, Torpet iners. A
quoy j'ajoute qu'à fes pieds fe voyent des que-
nouilles rompues, pour montrer qu'e le ab-
horre nature lemetit le travail ; & que pour
cette raifon encore elle tient en main le Foiiîbn
appellé 'Torpille., qui demeure comme immo-
bile, & engourdit les mains de ceux qui le tou-
chent; demefmequele pareireux, qui ne bou-
ge d'une place, &qui à fon exemple rend fai-
iieans ceux qui ont avec luy quelque forte de
commerce.
F RO-
-ocr page 283-ICONOLOGIE. 625
Ρ D I g A L IT Ε'.
VOus en avez icy l'Emblème en laper-
foune d'une Femme qui a les yeux ban-
dez , & qui tient à deux mains une Corne d'a-
bondance renverfée, d'où s'cpandent pefle-
mefle des Pieces d'or & d'argent: paroùileft
figniiié qu'elle eft aveugle en ia proiufion, &
qu'en tous les dons qu'elle fait, elle n'obferve
ordinairement ny régie ny mefure.
RETREHE Ν SION.
PAr elle on entend les remontrances & les
reproches que l'on fait aux vicieux fiir le iii-
jet de leurs vices, afin qu'ils s'en corrigent à
l'avenir, à raifon dequoy elle eft peinte ar-
mée, pour montrer qu'elle ne redoute rien;
outre qu'elle tient d'une main unRéchaud plein
de Feu, & un Cor de l'autre, donnant à con-
noiftre par-là qu'elle eft ardente à publier les
défauts des periqnnes débauchées.
s C Α ND AL Ε.
Le Scandale eft repréfenté par un Vieillard,
parce-que les fautes que l'on commet en
cet âge-là font beaucoup plus confidérables que
celles qui fe font durant la j euneilè. Le Luth
& les Cartes qu'il tient, enfemble les Romans
& les Amadis qui fe voyent à fes pieds, ligni-
fient que c'eft une choie icandaleufe de voir
qu'un Homme d'âge s'amufe à ces galanteries,
puifque comme dit le Poëte,. en cette dernie're
Saifondelavie
Il faut prendre congé de Venus des Grâces,
S Ο r Τ S E.
CE τ τ Ε Femme nue & débordée repré-
fente la Sotife & l'humeur diffolue de fes
femblables, qui s'abandonnent aux plus vi-
lains , marquez icy par le Pourceau, Animal le
plus immonde de tous. Dequoy n'eftant pas
contentes, elles ne fçavent ce qu'elles doivent
aimer, & font plus changeantes que la Lune,
qui eft mife icy pour un Symbole d'inconflan-
ce.
ON larepréfente Vieille, couronnée de
Lamier, tenant, d'une main un Cube
percé d'un poignard, & de l'aurre un Sceptre,
avec un Tygre à.lés pieds, pour montrer par-
là, que la Sévérité convient mieux aux Vieil-
krds qu'aux-Jeunes & partic^liércaieiit aux
Princes & aux Magiflrats; & qu'au milieu des
fecouffes qu'on luy donne, ellefetrouvetoû-
joursdeboutcommeleCube, fansquelesme-
naces ny les épées la puilTent faire relâcher tant
foit peu de la conflance qu'elle fe propofe d'ob-
fer ver en la punition des ν ices.
' Lle a fur la telle un Voile noir,_-dautant-
l^que c'efl: ià coutume de couvrir de faux pré-
textes fes aâions noires, afin de les mieux au-
thorifer. Avec cela, elle porte d'une main un
petit Temple, au defiùs duquel fe voit une Co-
lombe , une Bourfe de l'autre, & ces'paroles à
l'entour , Intuitu pb-E tii. Par où il
eil enfeigné, que la Sainte Egliiè eftant gou-
vernée par le Saint Eipriî, c'eft de luy que
vien-
-ocr page 287-viennent en général tous les biens Ecclefiafti-
ques, dont le Simoniaque tâche de profiter,
lorfqu'il les met à prix d'argent, & les ex-
pofè en vente avec une aboiniiiation étran-
ge· . ^ V— :;
i
5 ;|H ·
CEtte Vieille qui a Cir la teile une
Choiiette, un Cercle d'eftoilles en une
main, en l'autre une chandelle allumée , un
Lièvre fous fon bras gauche, & à fes pieds un
Chat-huant & une Corneille, eft l'emblème
delà Superftition, de laquelle toutes ces cho-
fes enfemble font les fymboles, & particuliè-
rement le Lièvre, la Corneille & le Hibou,
qui font pris par les ancien-s Auteurs, pour
des animaux malencontreux & de mauvais au-
gure,
; iiiÎJ
l'l· i'il
ELle eil peinte des plus vives couleurs
dans ce Tableau, où fe voit repréfentée
une jeune Dame richement veftuë , portant
un Paon d'une main, & de l'autre un Miroir
où elle fe regarde: ce que j'expliqaerois en
vain,
-ocr page 288-vain, puifque toutes ces chofes parlent d'el-
les-mefmes, & font autant de marques d'or-
gueil.
Ε
I
r Ε NT A Τ I Ο N.
Lle a pcrar Emblème une jeune Fem-
me , qui tient d'une main un Réchaud
plein de feu , & de l'autre un petit bâton
dont elle remue les charbons, afin que la
flamme s'y prenne : cardans le fens où le mot
de Tenter ϊζ. doit prendre icy , il fignifie pro-
prement fomenter une chofe , qui a d'elle-
mefme peu de force, bien qu'elle foit capa-
ble d'en avoir aflèz, & de reduire en aâe les
diipofitions ou de l'eiprit ou du corps.
TARDIVE Τ E\
IL eft difficile de faire voir un Emblème de
la Tardiveté, plus propre & plus naturel
que celuy-cy, rcpréfenté par une Femme cou-
ronnée d'une branche de Meurier, & montée
fur une Tortue, qui eft de tous les animaux ce-
luy qui va le moins vifte ; comme le Meurier eil
aufli le plus tardif de tous les arbres à porter du
fruit.
IL Part. Y Τ ROM-
-ocr page 289-irili-il
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jo6 I C Ο Ν Ο L Ο G I Ε.
■ 1% ί'ΐί ife ife · ite. ^ ife φ, iJS Sfe ίΐΐ, Sfe ^^
0»·»;Ρ·.<;Ϊ5Λ Λ Λ Λ f\ Λ Λ Κ λ -.κ-Λΐί'ΐΐ·!?. ¥>;ρ,\ ι\ Λ Λ ,·; Λ ,ι; .^«a;?®»
TROMPERIE.
yO I c y l'Emblème de la Tromperie,ibus
la figure d'un monftrueux Vieillard, le
Corps duquel aboutit à deux queues de Serpent,
enliicées l'une dans l'autre.
îltient d'une main
trois hameçons, & de l'autre un bouquet de
fleurs, d'où fort une Couleuvre ;ayatit de plus
une Panthére-à fes pieds. Tout cela démontre
le naturel du Trompeur, qui fous une appa-
rence humaine, couvre une malice plus con-
-tagieuiè mille foisque le venin du Dragon; en
cela femblable à la Panthère , laquelle car
•chant fa tefte, &ine moatrantque ledos, at-
tire par la beauté de ia.peau les-aLitres BefteS
fauvages, fur qui elle iè jette, afin de lesde-
vorer. A quoy fe rapporteencore l'Ecriteau où
fe litent ces paroles, Ocgûltum visu i>e-
currite piscis ad hamum.
•riRANMIE.
CE τ T E iropérieufeft^ilreiïên'a point de
marque ny d'enfeigne qui ne luy foit .coii-
venable. Elle ert,armée,.&fetient.debout,.pour
montrer que la vigilance & la force luy font
knécef-
-ocr page 291-B^cejGTaires afin de fe: maintenir, Sa Couron-
Jie eftde.fcr,. parce qu'elle ne fe fait obéir que
par toutes fortes de cr.uauti,2 & de violences,
Auffi,eit«e,^ur cette raeime.raifon, .qu'a,ivlicii
de Sceptre V qui eilune marque d'empire & de
géiiveriîement légitime, elle tient .une Epée
iDuë, ■: un mords & un Joug^arce qu'elle fe lert
4e,ces; choies, comme d'iMrumens propres à
iènir en bride ceux qu'elle a fait fes efclaves.
ψί i :
s ΐ : '
1,
ï.·
Jcf
lâHéiâii-^ââJi
ζί^'ΐΐίΐί.ν'ίΐί
ELle eil aiTez bien repréfentée par une
Femme rêveofe qui d'une main compte de
l'argent tient de.l'aiitre une coppe, d'où pen-
^dent'des chaîhes dOr'6i de Perlés, pour faire
"yoirparlà qtfêlie hepr^fléjamais que fous de
'bons gages, δε fans eftrèbien âiïïjréc d'un in-
réreft extraordinaire en cela d'autant plùs b-Îâ-
mable, qu'elle fçait bien que tels'gaihs, com-
' méillickesi, font défendus tous les jours par les
Loix -plvines & humaines. . ' ' . '
i 4'ft & & Alç,ih A!^ ^ Sfe js a
VENGEANCE:
vous la dépeint en Femme irritée,gui
la main droite tient un poignard tout
-n^d & fe mord un des doigts de la main gau-
Y 2, che
che, ayant devant elle un Lion, qu'une fléchc
dont il eit percé, rend comme furieux. Le poi-
gnard , & l'aâion de Ce mordre font choies qui
marquent les mauvais deiTeins des Hommes
vindicatifs. Quant au Lion, il eil mis pour un
fymbole de la Vengeance, dautant que felbn
Piénus il ne maj^iej amais de la prendre, s'il
peut, deceuxqu^ydreffent des embufches,
ou qui l'ont bleffc iàns qu'il leur ait fait du mal,
ce que les Egyptiens ont auffi voulu donner à
connoiftre par leurs Figures Hiérogyphiques.
W-
LE
IL efticy figuré par un Hydre à fept teftes,
fymb>ole des fept péchez mortels, que ce jeu-
ne Homme careiTe; auffi n'eft-il que trop vé-
ritable qu'en cet âge-là, plus qu'en tout le relie
de noftre vie, nous courons après le Vice, avec
tant d'aveuglement, que noftre perte eft inévi-
table, fi la Raii5h ne s'y oppofe d'abord, & ne
nous empefche de tomber dans le précipice-
Les huit Figures fuivaKies ont efie'fortuitement
imtfese» km place ^ ξ^ voilà purqHoy gn les a
mifes icy.
44i I C ο Ν ο L ο G I Ε.
Ι^^Ί i^g jiç^ φΐ II f^ ψφ φ fii^ φ
LE MATIN.
IL nous eft fignifié par une belle Fcrame ncë,
ayant furie ibmmet de la teiîe une étoile,
un dard en une main, & en l'autre le Cheval
Pcgafe qu'elle tient attaché. Par l'étoile eit
marquée la clarté que l'Aurore nous donne; par
k dard, la fècrete ardeur dont elle nous enflam-
ine& nous pique; & par le Cheval Pégafe, à qui
l'on attribue des aifles, la prompte vivacité des
penfées qu^e! le infpire aux bons Éfprits, & prin-
cipalement aux Poètes, dont elle efl: amie.
Quelques autres la repréfentent dans un Ciel
diverftment coloré, d'où elle féme des fleurs
peile- mefle, & arrofe mefme de fes larmes cel-
les que la Terre a produites, corrime il eft dé-
montré par ces vers.
D^éjade fes vivi:s couleurs
U Aurore peisnant toutes chofes.
Vient changer en perlesfes pleurs ,
Sur k teint des Lys ^ des Rafes y.
ip
ii
LE
Y3
·: il
If
LE M I DY.
l'Expliquerois inutilement cette Figure,· puif-
J qu'il ne faut qu'un peu de fens commun poar
i^voir ce qu'elle iîgnifîe. Car comme Venus
icy dépeinte avec ion fils Cupidon,bïdl,e & bief·
fe enfemble ceux qu'elle atteint ou de fes fia'-
mes ou de.fes flèches-, produiiant les principaux
effets dans les cœurs des.Animaux, -quand.ils
entrent au milieu de leur âge; le Soleil de i^ef-
me n'eft jamais fi ardent ,que lors qu'efta®t,§n
. ion Midy, & donnant à plomb fur nous, il éiaiv
ce fur toutes les chofes d'icy bas fes dards en-
flammez, ou fi vous vouiez iês rayons·, qui en
font ks véritables fymboles.
LE SOIR.
IL ne fçauroit eflre mieux repréfenté qu'il
eil icy par cette figure de Diane, qui tient
d'une main un Arc, & de l'autre des Chiens
qu'elle mène en leiTe. Par où il eft donné à con-
noifire, que de toutes les parties dujour, il n'en
eil point de plus propre ny de plus favorable
au^ ChalTeurs que le foir.
LA
-ocr page 296-LÀ NUir.
w
fl
M)
sh Sfe -tfi ife -f, Φ, ife · ia
%%% "i^-^· ^.iv Ί
C'Eft fort à propos qu'on la d 'peint Cbijs l'i-
m'age de Proferpine, Reine des Enfers..
Les pavots^dontellceftcouronnée, montrent
qu'elleeftMéredu Sommeil. Ce qui procède
de ce que par fon humidité elle accroift les va-
peurs de l'eftomac, qui s'él'event en la plus hau-
te partie du Corps, & qui redoublant leur froi-
deur par celle du Cerveau, deicendentplus bas,,
& nous font dormir, à quoy félon Ariflote, les
tenébres contribuent extrémemenî. Où il efta
remarquer que les Poëtes nomment la Nuit la
douce nourrice du Sommeil, parce-qu'elle ne
l'engendre pas feulement, mais qu'elle l'entre-
tient en effet & le nourrit. Quant au Trident &
à la Torche allumée qu'on luy tait porter en la
main, c'eftpour montrer l'empire qu'elle afur
les tenébres, à travers lefquell'es ileft impoffible
d'agir, fî elles ne font diifipées par la claité, à
raiibndequoy quelques-uns tirent l'ethymolq-
gie de Nox du verbe latin xocere, pour montrer
que la Nuit eft affeurément nuiiîble aux yeux,
en ce qu'elle les prive de l'aâe de voiren îeui
cachant les couleurs des chofes aufquelles l'œil
fe plaift naturellement..
MJ-
lî
Y4
M AT H Ε M AT I Q^V E..
CE τ τ Ε Dame dont le maintien eft Cé-
rieux & grave, fait concevoir d'abord à
ceux qui la voyent, qu'elle repréfente laMa-
thématique. Elle auneRobetraniparcnte,les
cheveux treflcz efpars fur fes épaules ; un
Compas en la main droite dont elle trace di-
veriès figures , en la gauche une manière de
fphére, & fous fes pieds qui font nuds, une ba-
fè lur qui elle fe foûtient.
Par fon habillement tranfparent il nous cft
enfeigné que fes demonilrations font fi clai-
res , qu'on ne les peut contredire ; par les aif-
les de fa telle, que par la force de fon Efprit
elle s'éleve à la contemplation des chofes cé-
icftes ; par fon vifage grave, qu'il n'y a rien
que de férieux en fa do£trine, qui luy fait dé-
daigner les chofes vulgaires ; & par fes che-
veux efpars, qu'en fes maximes, qui s'étendent
au large, elle n'a rien de contraint nyd'aft'eété.
Le Compas dont elle trace diverfes figures,
fans y comprendre celles dont le bord de fa
Robe eft femé, fignifie qu'elle n'agit point à la
volée,"mais avecjufteiTe, comme s'appuyant
fur des fondemens & iûr des principes infailli-
bles.
Le Globe qu'elle tient d'une main, com-
prenant le Cercle du Ciel, & une defcription
de
-ocr page 298-mmm»
ICONOLOGIE, 5^15
de la Terre, fait voir que nous n'aurions au-
cune connoiflkice certaine des dimenfions de
l'un ny de l'autre, fi elles ne fe fondoient iiar
les. raifoiis de Mathématique.
A tout ce quejeviens de dire il faut ajouter,,
qu'elle tâche de faire concevoir fes déinonf-
trations à un Enfant, pour nous donner à
entendre que dés cet âge-là nous femmes pro-
pres à les imprimer dans noftre mémoire, à
caufe de leur merveilkufeévidencequifefoû-
tient d'elle - mefme, comme il nous eft figuré
par la nudité de fes pieds, qui s'appuyent fur
une forte bafe..
C 0 RO G R ΑΡΗ I JE.
La Corographredont l'étymorogietiréc
du Grec marque la defcription particur
liere d'une Ville, d'une Province ou de que^
qu'autre lieu que ce foit, eft figurée par une:
jeune Femme Amplement veliluë de couleur
changeante. Le Quarré, la Régie & le Com-
pas qu'elle tient, ne luy font pas donnez fans
fujet, ces Inftrumens eftans neceiTaires à me-
furer, commeellefaii, le Globe de la Terre,
par des connoiiTances naïves & (ans artifices,,
marquées par fa Robe, où l'on ne voit rieil·
de faperfla.
FLAr
-ocr page 299-PLANEMETRI Ε.
I R le mot de Planemétrie, iè doit en-
_ tendre cette connoiiTance Géométrique ,
par le moyen de laquelle on peut meilirer la
longueur & la largeur de toutes fortes de furfa-
ces. Ce qui me femble aiTez bien repréfenté par
la figure de cette Femme, qui tient d'une main
le Bafton de Jacob, à caufe que cet Inftrument
eft le plus propre de tous à bien faire cette opé-
ration , comme il fe remarque plus particulière-
ment dans la Figure de la Géometrie.
Κ
GEOGRAPHIE.
E l L Ε a pour emblème une vieille Femme,
ayant à fes pieds le Globe de laTerre, en
■fa main gauche un Compas, &en la droite un
Quarré Géométrique.
La Géographie eft un Art qui confidére,. dif-
tingue & décrit les Parties de laTerre, telles
que font les Provinces, les Villes, les Mers,
les liles , les Montagnes, les Rivières , les
Lacs, &ainiîdureûe.
Elle
-ocr page 300-I
-ocr page 301-Elle eft peinte vieille, pour montrer qu'elle
l'eft en effet. Car la premiércchofe que Dieu
fit, ce fut de divifer le Chaos, & de leparer
les quatre Elemens, qui font le Feu,Γ Air, l'Eau,
& la Terre, repréfentée par le Globe qui fe voit
icy. Elle tient de la main droite le Quarré Géo-
métrique , dautânt que cet Inflrumcut eft tout à
fait propre à prendre les largeurs, les longueurs,
les hauteurs & les profondeurs d es lieux que
l'on veut mefurer.
ON la repréfente icy par une belle jeune-
Femme , ayant les cheveux noirs & cref-
pus, la bouche couverte d'un Bandeau, & au
cou une chaîne d'oroùpendun Mafque. Elle,
tient d'une main pluGeurs pinceaux avec ce mot.
pourdevife, îmixatio, &. de l'autre un Ta-
bleau., outre qu'on luy donne pour habillement
une Robe de couleur changeante.
La Peinture, Profelilon des plus nobles que
l'Efprit humain ait inventées, eft repréfentée.
belle, pour tîîontrer qu'en effet elle a des agré-
mens & des. beautez qui charment les cœurs
d'admiration. Elle a les cheveux noirs , touf-
fus, &ann?lez, parce que les excellen.sPein-
tres, ayan.t l'efprit cominueliément attaché à
l'imitation de la Nature & .de l'Art, .à· force
d'eitcepenfifs& rêveurs tombent dans une mé-
Y ό lan-
lancholie que les Médecins appellent adnfte,
qui produit particulièrement les cheveux tels
que nous venons de les décrire.
La bouche qu'elle a bandée fignifie que les
Peintres aiment ordinairement le iîlence & la
folitude, pour en avoir l'imagination plus vi-
ve & plus forte.
Par le mafque qui luy pend au cou, attaché à
«ne chaîne, il eft démontré que l'imitation &
la Peinture font inféparables ; & par les chaî-
nons , qu'elles ont enlemble une liaifon mu-
tuelle ; ellant véritable, comme le remarque
Ciceron dans fa Rhétorique , que le Peintre
n'apprend pas toutes chofes d'un meilleur
A/laillre que luy, mais que d'une feule chofe
il en, tire les idées qui font comirte enchaînées
pour la reiTemblance & la conformité qu'elles
ont. A quoy l'on pourra ajoûter, que parla,
qualité de l'or il eft donné aconnoiltrequela
Peinture s'avilit pour l'ordinaire, fi elle n'eft
foûtenuë par la générofité des Grands ; & par
le maique, que l'imitationk luy eft entièrement
convenable. Oâ il eft à remarquer que les Anr
ciens appelloient imitation, ce raifonnement ou
ce diicours, qui bien que faux, fe prepofoit pour
fuide quelque vérité qui pouvoit eftre arrivée.
)r comme ils rejettoieijt du nombre des Poè-
tes ceux qui manquoient de cette partie, l'on ea
peut dire de raefme des Peintres qui ne la poiTé-
dent point, eftant certain que la Poefie eft muet^
te en la Peinture, & que la Peinture parle dans la
Poefie. Que s'il fe remarque de la· diftirence
en leur façon d'imiter, elle fe fait paroppoil·-
«on- Car les divers accidens que le Poète rend
comr
-ocr page 303-comme vifibks à l'Entendement par les régies
de fon Art font fi bien confidérez par le Pein-
tre , que par leur moyen il rend intelligibles
à l'Efprit les chofes lignifiées ; d'où il s'en-
fiiit que le principal plaifir que l'on tire de
ces deux Profeffions , confifte en ce que par
la fubtilité de leur Art elles trompent la Na-
ture , l'une fe faifant entendre par les Sens,
& l'autre par l'intelleâ:.
Pour fa Robe , qui eft de couleur chan-
geante, cela fignifie fes divers agrémens, qui
lëmblent charmer les yeux de ceux qui les
voyent ; comme par les pieds qu'elle a cou-
verts , il eft marqué de même que les pro-
portions , qui font le fondement de ce bel
Art, & que le Peintre defllgne dans fun En-
tendement , avant que de les repréfenter par
les couleurs, doivent demeurer comme ca-
chées , & ne point paroiftre que le Tableau
ne foit entièrement achevé. Car comme par-
my les Orateurs c'eft un grand art de fçavoir
feindre qu'on parle fans art j ainfi dans la Pro-
feffion des Peintres, c'eft un fecret merveil-
leux de fçavoir peindre de telle forte que ce
qu'il y a de plus recommandable à la Pein^
ture ne foit apperçû que par ceux qui s'y cou-
noiiTent le mieux.
POE-
-ocr page 304-jo6 I C Ο Ν Ο L Ο G I Ε.
POESIE.
CE τ τ Ε jeune Dame couverte d'une Ro-
be de couleur célefte., toute femée d'é-
toilles, repréfente la Poëfie. Elle a fur latef·
te une Couronne de Laurier, lé fein découvert,
& le viiage enflammé , outre que de la main
droite elle tient un Clairon , & de la gauche
une Viole, ou fi vous voulez une manière de
Lyre.
M ( La Poëfie , félon Platon, eft proprement
" une expreffion des chofes Divines, qui par une
grâce particulière du Ciel font comme inipi-
rées dans l'Efprit du Poète.
On la peint jeune & belle, p^cequ'il n'cft
point d Homme, iî brutal & fi barbare foit-il,
qu'elle ne charme par fes agrémens & par fes
beautez.
On la couronne de Laurier, arbre toujours
verdoyant, & qui ne craint point la foudre „
pour montrer qu'elle rend les Hommes im-
mortels , en les mettant à couvert des injures
du temps, qui détruit ordinairement & fait ou-
blier la plupart des chofes du Mondé.
Sa Robe pleine d'étoilles eil unfymbolede
ce Divin éclat qui brille dans les Ouvrages des
cxcellens Poctes.
Son fein découvert, dont on fuppofe que
les mammelles font pleines de lait, figurent
la
-ocr page 305-îa fécondité des belles penfées, & des inven-
tions diverfes qui font eomme l'ame de la
Poëfie. ΑαίΠ,εΙΙ-εΙΙε ,ρςηβνε en effet ,. &pa-
roift avec un vifage tout enflammé, parce-quc
les grands Poètes oiit pour l'ordinaire PEiprit
échauffe de certains tranfports & mouvemens
violens femblables à la fureur.
Elle tient au relie une Lyre d'une main, &
un Clairon de l'autre, dautant que par la dou-
ceur des beaux Vers ellerend comme enchan-
tez ceux qtii les écoutent, & qu'elle réveille
les Courages par l'exemple des Héros., dont
elle ne celle de publier les grandes aétions.
1 fi
liT
ellu^fi^e® fllff
HARMONIE.
CE τ τ Ε figure de l'Harmonie, dont la
copie eft tirée de l'Original qui s'en voit
à Florence dans le Palais du Grand-Duc, n'a
pas befoin, ce me feiTible,d'eftre expliquée,
puifqu'elle fe donne aiTez à connoiftre par la
Viole qu.la^ double Lyre dont elle joué, &
par la Couronne q;ft,'elle porte, yrays fymbo-
les de l'Empire que'fes concerts agréables &
charnaans luy font gagner fur les Cœurs.
MU.
-ocr page 306-^zo I C ο Ν ο L· ο G I Ε.
MVS IÇIU Ε.
Lle eft couronnée d'une guirlande de
_fleurs, & veituë d'une Robe toute femée
de diveriès actes, dont on fe fert ordinaire-
ment pour apprendre à chanter ; outre qu'el-
le joue d'une Harpe , & qu'à fes pieds fe
voyent pluiîeurs Inftromens, qui la font d'ar
bord connoiilre à ceux qui laconfidérenttant
foit peu , ce qui me garentit de la peine d'en
donner icy l'explication. Mais cela n'empef-
che pas que je ne rapporte deux autres figur·
res , dont quelques Anciens fe font fervis à
la repre'fenter.
La première efl: celle d'une jeune Fille qui
fe voit affife fur un Globle d'aïur, ayant une
plume à la main, les yeux comme attachez fur
un Livre de Mufique pofé fur un enclume.; & à
fes pieds des Balances, dans les baffins deiquelr
les font remarquables plufieurs marteaux.
Ce qu'elle eft aiTife eft pour montrer que
ce divertiiîèmcnt eft gcandemeut propre àdé-
lalTer l'Eprit.
Le Globe d'aîurfignifie que toute l'harmo-
nie de la Mufique ièniible fe fonde iûr l'har-
monie des Cieux, que les Pythagoriciens ont
connue. Aquoy j'ajoute cette commune opi-
nion de quelques-uns des Anciens, que l'intel'
ligence de ce bel Art peut fervir en quelque
façon à découvrir les moyens de mettre d'ac-
cord.
Ε
cord les paffionsderAme,&meftiie,comme
difent les Grecs , à trouver la fyrametrie des
vertus. Aufli eft-ce pour cela que les Poètes,
qu'on peut nommer à bon droit les myilerieux
Secrétaires de la vraye PhiJofophie, ont feint
judicieuièment qu'après que les Corybantes&
les Curétes eurent délivré Jupiter enfant, du
cruel traitement que luy faifoit Saturne fon Pe-
re, ils le menèrent en Candie pour y eftre nour-
ry ; & qu'en l'y accompagnant, ils fe mirent à
jouer des Cymbales, & de quelques autres Inf-
trumens d'airain .· où il eft à remarquer, à le
prendre moralement, que par là fe doit enten*
dre la vraye iageffe, qui ne peut s'élever n'y
prendre accroiifemcnt en nous, fans,cette par-
faite harmonie, qui eft néceflàirement requife
pour accorder les mouvemens déréglez de nos
Paflions. Sur quoy l'on peut dire encore ,que
par le mefme Jupiter fauvé des mains de Satur-
ne, eft fignifié cette plus pure partie du Ciel in-
corruptible , contre laquelle ne peut fe préva-
loir aucunement l'empire du Temps, bien que
d'ailleurs il dévore tous les Elemens, & ré-
duife infenfiblemeut à néant toutes les com-
politions matérielles.
J'omets que parmy les Anciens il s'en eft
trouvé quelques-uns, qui ont dit que les Dieux
eftoient compofez de nombres & d'harmonie,
de mefme que l'homme eft compofé d'Ame &
de Corps. A raiibn dequoy en leurs iàcrifices
ils oyoient très-volontiers la mufique, & fes
concerts agréables : De toutes lefquclles chofes
eft un fymbole cette myftérieufe figure, repré-
fentant, comme je viens de dire, une Fille af-
fife fur un Ciel. D'ail-
lif
: î f!
iIIiî
f
. D'ailleurs par îe Livre de Mulîque eft cn-
feigiiée la régie qu'il fa,ut tenir pour appren-
dre par la veue ce merveilleux Ârt à cçux qui
nelefçavent pas; comme parles Balances eft
démontrée la juftefle requife en la voix, de
laquelle on juge par l'oreille. Quant à l'en-
clume , il n'eit pas mis icy ians uae grande
raifon , quelques-uns aya,nt écrit que c'eft de
luy dont cet Art a pris fon origine, & que par
le frappement des marteaux lur cette lourde
pièce de fer, Aviceane s'acquit la connoif-
fance de la diveriïté des tons , dont il fe mit
à écrire.
■ La fécondé figure de la Mulîque fe démon-
tre par une Femme tenant en main une Ly-
re , dont l'une des cordes eft rompue, & au
deffaut de laquelle fupplée une Cigale ; outre
qu'elle a fur fa tefte unRoffignol , à fes pieds
un grand Vafe plein de vin , &àfon coftéune
Viole avec fon Archet.
La Cigale qui fe voit pofée fur la Lyre,
figniiie la Mufique , à caufe de ce qui arriva
à un certain Eunomius,, qui jouant un jour de
cet Inftrument à l'envy du fameux Ariftoxé-
ne, eut tant de bonne fortune, qu'au point le
plus charmant de fa pièce une corde s'eftant
rompue, une Cigale fe vint pofer fur fa Lyre,
& fuppléa fi bien par Jpn chant au manqueiTient
de la corde, qu'il demeura victorieux.· D'où
jil advint, que pour mémoire de cette aclioa^
Jes Grecs dreiférent une Statue au mefmeEu-
nomius , tenant une Lyre, où iè voyoit une
Cigale ; ce qui fut pris pour un vray Hiéro-
glyphe de la Mufique,
: Le RofSgnol· en èit^ àuffi HnTyBiboIe, poiwf
Û^rhemilleuie méledié, oà'li: trouve natu-
i-ellémerat, comme les Anciens l'ont remar-
qué , tout ce qu'il y a de plus-excellent & de
plus parfait en ce bel Art.
■ Quani au Vàiè plein de vin, il fignifie que
la Mulîque a elié inventée pour réjouir'les
Hbmmes, corilrftë fait cette prédeuic liquetar,
de laquelle ceul de eettei Ptofeffion ne font
pas amoureux fatïs caufe, puifqu'au jugement
des plus anciens Ecrivains, les Mufieiens &
les Poëtes fe plaifent fort en la compagnie du
bon- Pere Bacchus.
€
ARCHiTECTURE ΜΙΕΙΊΆΓΚ%
ELle a pour Emblème une Dame férieu-
fe, & dans le vifage de laquelle fe remar-
que quelque chofe de· viril. Sa Robe eft de
diverfes couleurs, & fon principal atour un
riche. Diamant quelle porte attaché à une chaî-
ne d'or. De la main droite elle tient un Inftru-
ment propre à tirer des plans, & de la gau-
che un Tableau repréfentant un Fort défigu-
re hexagone , dont on fe fert ordinairement
, en là ilruâurè des FortereiTes les plus régu-
lieresi A quoy j'adjoufte qu'au deilîisdu met
me Fort eÛ une Hirondelle , & à fes pieds
une maniéré de hoyau à becher la Terre.
Elle eft repréfemée férieuiè & virile, paa-cc
qu'ea
-ocr page 310-^i-cAtiectur-e ^eiAitiire: ^iim^-êfte
-ocr page 311-qu'en l'art de fortifier il n'y doit rien avoir qui
lente la molèiîè, & que tous ceux qui s'en mê-
lent ie doivent montrer invincibles à la fatigue.
Par fon habit de plufieurs couleurs s'enten-
dent proprement les diverfes inventions qui
font requifes pour venir à bout des fortifica-
tions de la guerre.
On luy donne de plus une chaifiied'or,où
pend un précieux Diamant, & ce n'eil pas làns
une grande raifon; car comme l'or cit le plus
noble de tous les Métaux , l'Architeaure de
rnerme eft le plus illuftre de tous les travaux
militaires. Surquoy l'on peut dire encore, que
comme il n'eft point de pierre précieufe qui
égale en force & en beauté Iç Diamant, ainiî
rinduftrié eft le plus noble joyau du Prince,
puifqu'eile le met à couvert des coups de fes
Ennemis.
Elle tient en main une Bouflb'e, dautant que
cet Inftrumcnt de Mathématique eil propre à
tirer des plans.
Pour ce qui eft du Tableau fur lequel une
Hirondelle eft perchée , cela fignifie que lors
que l'on entreprend de bâtir une FortereiTe, il
en faut bien confidérer l'affiette , & imiter
l'Hirondelle, laquelle, au rapport dePiérius,
par la merveilleulè ftrudure de fon nid, eft une
figure Hiéroglyfique des Baftimeus les. mieux
faits.
J'omets que le Hoyau& le Pic font mis à fes
pieds, pour eftre lesInftrumenslesplusnéceC·
faires à fortifier lin Camp, foit qu'il faille faire
des foiTez & des tranchées, ou remuer laTerrc,
& creufer des fondemens pour y baftir deflus.
AL-
-ocr page 312-I G ο Ν ο L ο G I Ε. ^z^
ON la repréfente icy par une jeune Fillc,
qui tient un Quatre Geomecrique, dont
elle iè ièrt à prendre la hauteur d'une Tour.
Elle ert peinte jeune, parce qu'eftant Fille de
la Géométrie, pour ne dégénérer des qualitez
de iâ Mére, elle obferve ponduellement tou-
tes les dimenfions qu'elle luy a, montrées &
tient pour cet eiFet le Quatre Géométrique,
comme un Inftrument tout à fait convenable à
fon defièin.
CEtte Reine des belles connoiflànces,
couronnée d'étoilles, & qui en aià Robe
toute femée , n'a pas lans r-aifon un Soleil de-
vant elle, un Sceptre en l'une de fes mains, un
Globe célefte en l'autre, & un Aigle à fes pieds,
pour montrer qu'elle a toujours les yeux fixes
à confiderer le cours dès Aûres, dont elle &it
toute fon eftude en la recherche des plus cu-
rieux & des plus nobles fecrets qui dépendent
de leurs influences.
C dp H iJE.
L a Cofmographie , aidfi appellee, parce
qu'elle fe propofe pour .but ladefcription
•du monde, a pour fymbole,une vieille Femr
me, veftuë d'une'RobeHeue^ifemée dfétoil-
les ,· ^yant d'un pbfté ilejGlobeidu Ciel,ite
-l'autre celuy de: la jTerie.,en Xes mains
deux difterens Iiiftruniens de Matiiematique,
dont le principal cft un Allrolabe.
On la peint igée avec beaucoup de rai-
fon , pour avoir pris fon origine.dés la.créa-
tion du Monde.
Quant à & Robe.bleuë..pIeine d'étoiles ,■&
.;aiîx Inftrumens qu'elle tient en fes mains,ce-
la veut dire qû'elle eft c-galement attentive à.
confidérer le Ciel & la Terre. A raifon de-
quoy elle eft plantée fort à propos entre ces
deux Globes, en aâion de prendre les in-
■tervalles &:les.diftances deiJtoi.!& de j'autic.
A M.. . : -ï- - .·.,· .
HTDROQRAPHIR
S A figurp eft celle d?unei.vieille Femme,
veftuc d'une Robe dc-gaaje.iâ^argant&iie
-en èndes, ayant par deflias fa tefte quantité
4'étoiÎles ; en fa main droite une Carte de
navigation avec un Compas ; en la gauche uù
Navire , à fes pieds une Bouliole. :
On la peint vieille^ pour laraiionquenous
■avons dite en la figure de la Géographie.
■Quant à fa .Robe de ga'Ze-, :elle eife uft ί^ΊΏ"
bole de l'eau & de fon mouvement; le prin-
cipal objet de cet' Art ct aliUanc en la des-
cription des Mers, d;)at e'.îe prend les di-
menfions avec la Boulîole«lïnéi-ement pr-o-
•pre à la iwvigatioi! ^fiitill le fujet pour le-
quel ou luy mec un Conspàs dans une main,
& un Navire en l'autre.
'm·
■'lit '
iiifâii
HOROGRAPHIE.
O N ne îa peut mieux repréfcnter qu'el-
le eft icy , par la peinture d'uiiè jeune
Femme qui a fur la tefte une Horloge de ià-
;ble & des ailles., en fa main gauche une Re-
laie & un Compas, & en la droite un.e, autre
Horloge , fur qui le Soleil darde fes rayons,
& par l'ombre, qui STy fait, ^onne à connoif-
tre les heures.
On la peint jeune, pour faire voir que les
heures renouvellent fans ceiTe leur cours,:&
le mouvement fuccefGf qu'elles foftt l'une
■ après l'autre.
L'Horloge de fable , S les, aifles . qu'elle λ
Tur-la-tefte , 'fignifient la merveilieufe viftefle
des
-ocr page 315-des mefmes heures, dont parle Pétraque en
fon Triomphe du temps, où il dit,
Que les heures, les jours, les mois ^ les années
Ne ce^ent de voler ^i^c.
Sa Robe de couleur cclefte eft le fymbole
d'un Ciel ferein , où le Soleil devoloppé de
nuages nous fait connoiftrc les heures.
Pour ce qui eft du Compas, & de la Règle
qu'on luy met en main, c'eft parce que l'un &
l'autre font entièrement nécelîaires pour faire
-les divifions des lignes, & en former les qua-
litez.
rw
IE ne m^arrefle point à donner Γ intelligence de
cette figure , dautani qu'elle s'explique αβίζ.
Welle-mefme ^ar fo» rapport avec les précédentes.
STMMET RIE.
ELle iè donne à connoiftre par une
Femme de finguliére beauté, bien pro-
portionnée en toutes les parties de fon Corps,
dont le milieu fe couvre d'une e'charpe bleue,
femée d'eûoiles, & où font repréfentées les
fcpt
-ocr page 316-L
-ocr page 317-fept Planetes. A quoy j'adjoufte qu'elle a de-
vant elle la flatuë d'une Venus toute nue dont
elle prend les proportions avec un Compas &
une Régie qu'elle tient en fes deux mains.
La Symmctrie, dont le nom tiré du Grec
fignifie une jufte & convenable mefure qui fe
fait de toutes fortes de chofes, eft icy figurée
par une Femme de grande beauté, parce qu'en
effet on appelle beau tout ce à quji on ne peut
ajoûter ni diminuer pour le tendre plus accom-
pli qu'il eft.
Sa nudité fignifie que toutes les parties du
Corps doivent avoir de la correipondance à l'ê-
tre de fon égalité, de fon ordre & de fa propor-
tion. Par l'écharpe de couleur bleue, toute
feraée d'étoilles, eft repréfenté le Ciel, dans
le mouvement duquel, fuivant l'opinion de ia
plupart des Phi loibphes, fe rencontre une ccr-
taineproportion qu'ils appellent Harmonique.
Ce qu'ils prouvent manifeftemcnt par l'exem-
ple du Soleil & de la Lune, dont l'un fait la di-
ftinâion du jour & de la nuit avec une merveiî-
leufe Symmetrie; & l'autre de même, bien
• que changeante, ne laiiTe pas d'être parfaite-
ment réglée en fon cours, & dans les divers ef-
fets qu'elle produit.
En fuite de ces chofes, il faut remarquer
qu'elle ne tient pas fans raiiôn une Régie & un
Compas, dont elle il- fert à prendre les propor-
tions & les mefurcs d'une ftatuë de Venus. Car
il eft montré par là, comme j'ai dit cy-devant,
que d'une jufteSymmetrieie forme η cefiaire- 5
ment une parfaite beauté, qui par deftiis toutes '
chofes le fait remarquer au Corps humain, où
Part. II. Ζ çh
fi
Ir
ml ■
i
elle éclate avec raviflement, & au delà de tou-
te merveille. Ce qui faitdireà Marfille Fifcin,
qu'elle mérite qu'on en faiïè cas, comme d'un
portrait de la beauté Divine.
DES m D'APPRENDRE.
Le defir étant proprement une ardente paf-
fion que l'on a pour quelque choie , celui
d'apprendre, qui eft naturel à la plûpart des
Hommes, n'elt pas marqué fans caufe par une
Femme, à qui l'on fait tenir un Miroir d'une
main, & de l'autre un petit Chien; paroùileil
fignifié que comme le Miroir repréfente les
Images des choies qui lui font oppofées, l'Ef-
prit tout de même retient les idées de ce qu'on
lui montre; dequoi l'on peut dire que le Chien
efl: encore un Symbole, dautant qu'il le laiiTe in-
ftruire & dreffcr à fon Maître avec une trés-
grande facilité.
ELle fe donne à connoître ici par l'Ima-
ge d'une Femme , qui de la main droi-
te tient un Scrptre , au bout duquel fc voit
une main ouverte, & un œil au milieu.
Le Sceptre eft une marque de grandeur & de
promtitude, comme la main en eft une autre
d'Induftrie & d'adreire;ce qui fignifie qu'il n'ap-
partient qu'aux Souverains de réveiller i'Indu-
ftrie de leurs fujets, en leur donnant dequoi f ϋ
fubfifter par leur générofité; ce qu'ils peuvent 11
faire quand il leur plaift, & par ce moyen met- f!'},
tre en crédit les Arts & les Sciences. « l 'i;
La main qui aboutit à un Sceptre eft encore,
félon Artemidore, un myftéricux Symbole de ft'··
rinduftrie humaine, étant véritable que c'eft j'ij.
par elle-même qu'on vient à bout de la plupart ίί''!
des Arts·: à raifon dequoi elle eft à bon droit
appellécpar Ariftote, rinftrumem des Inftru-
mens. i'
Pour ce qui eft de l'œil, je croi qu'il eft ici ' ;
mis pour donner à entendre que c'eft lui princi- ,
paiement qui préfide à l'Indnftrie de tous les i;
Ouvriers, & qui leur guide la main. ! '
C Ο ISJ^S r D Ε -B^A Τ I Ο N,
El L ε a pour Emblème une jeune Femme,
qui de la main droite tient un Compas, &
de la gauche une Régie, outre qu'en Γ
fes côtez fe voit une Grue en l'air, ten;
caillou en l'un de iès pieds.
La Régie & le Compas qu'on lui donne,
fîgnifient que comme par le moyen de ces In-
ilrurnens les cxcellens Maîtres font avecjuftef-
Z ζ fc
lit
un de j|.;
tenant un i:' .
ibrOnvrage dont ils fe font formé l'idée dans
■ ' leur Efprir; ainf] par les bons exemples & les
inilruétions falutaires on arrive droit à la vraye
fin que l'on s'eft propofée.
De cette confidération, ou fi vous voulez
de cette prudence dont nous entendons parler
ici, la Grue eft le vrai Emblème, rapporte par
Alciat par des Vers ainii traduits,
Pour n'élever fin vol ni trop haut ni trop bas,
ha Gruë a des caillopts qu'enfespieds ellepar-
ie;
; Et par ce contre-poids elle fer end plus forte,,
■ Pour s'empefcher de choir en bas.
^RIT HMETIQJU Ε.
CE Tableau ne la repréfente pas mal par
une Femme d'excellente beauté, agréa-
blement veltuë d'une Robe femée de notes de
Mufique, au milieu de laquelle font écrits ces
deux mots, Pa.r et Impar; outrequede
la main droite el le tient un Livre ouvert, dont
elle confidére les nombres,
j ■ Eile eii peinte belle, pour s'accommoder à
! l'opinion de quelques anciens Philoibphes , &
ί particulièrement des Pythagoriciens, qui ont
! creu que toutes les choies d'ici bas fe compo-
I Ibient .de la beauté & delà perfcâion des nom-
!' bres. Pour le regard de fa Robe (& des notes
qui s'y voyent dcilùs, cela (îgnifie que ce bel
Art
c
Art donne commencement aux Mathémati-
ques, dautant que c'eft lui'qui ouvreun Che-
min à la Mufique, àb Géometrie, & à toutes
les autres Diiciplines femblables : ce que mar-
quent encore en quelque façon les .deux mots
Par et Impar, pour être eilentieis aux
nombres, & d'où iè compofenttoutes lesdc-
monftrations : à quoi j'ajoute pour conclu-
fion , que par le Livre ouvert & femé de
Chiffres qu'elle tient entre fes mains, eft dé-
clarée la force des. nombres : d'où vient que
Proclus furie Thimée de Platon, dit à ce pro-
pos , que les Pythagoriciens en ont rapporté
pour fondemens quatre raifons principales,
dont la première eft dite vocale, qui fe trou-
ve dans la Mufique & dans les Vers des Poè-
tes; la fécondé naturelle, en la compcfîtion
des choies du Monde; la troiiiéme raifonna-
ble en l'Ame & en fcs parties; & la quatriè-
me Divine , en. Dieu & aux Anges : ce qui
doit fuffire fur cette matière, que je n'éten-
drai point plus avant, pour ne me rendre en-
nuyeux, & peut-être obfcur.
Ζ 3
ADO Ρ'
-ocr page 322-Α D Ο Ρ r 10 Ν I.
Ε Lie fe repréfente en Femme âgée, tenant
de la main gauche l'Aigle nommé Oj/î/i-a-
ga^ & embraflànc de la droite un jeune Garçon.
Elle eii peinte âgée, parce qu'il feroit contre
nature que les Parens fuiïèut plus jeunes que les
Enfans : & comme l'Adoption elt un Aâe par
lequel on choifit pour Fils celui qui nel'ell pas
pat nature, il faut beaucoup d'efprit & de
jugement pour bien difcerner les qualités & les
inclinations de ceux qu'on veut adopter.
Elle embraflc ce Garçon pour inarquer l'ac-
tion même par laquelle elle l'adopte.
Elle tient un Aigle, parce que cet Oifeau
après avoir fait fes Petits, les rejette tous jeu-
nets pour un temps, après quoi il les reprend
par une efpéce d'adoption.
Ν ι
Au Ι'καάΰΙ'Όβ/ταξα, qui fîgnifie Rompeur
d'Os, on pourroit mettre le FoUca, qui, félon
Pline, étoit un Oifeau de Mer, qui avoit un
bouquet de Plumes fur la Tête. A Rome on
nomme Folica un Oifeau dont la couleur ap-
proche d'un gris cendré, fans bouquet de Plu-
mes ; le bec noir & les pieds d'un Canard.
A R^
-ocr page 323-κ
-ocr page 324-mmmmmmmmfM
ί
i
ARCHirECTuRE II.
Ε Lie eft peinte fous la figure d'une Femme
de condition, avancée en âge, dont les
bras fontnuds depuis le coude, ayant dans fa
main droite le deiïèin d'an Bâtiment fuperbe,
& dans l'autre les Inftrumens pour bâtir, com-
me le Plomb, le Triangle, le Compas &c.
'Ces Inllrumens font voir que cet Art fe fert
beaucoup de l'Arithmétique & de la Géomé-
trie. Le Plomb marque qu'un bon Arcbiteék
ne perd jamais fon Centre de veuë. Elle eil
âgée pour fignifier que dans cet Art l'expérien-
ce eft extrêmement requife pour la conftruc-
des Edifices confidérables.
Ses bras nuds montrent fort-bien la prompti-
tude, la Vigilance & le travail que Γ Architec-
ture demande néceffairement.
Z4
Α F F L I C τ I ο Ν III.
£' Lie eft 'figurée par une vieille Femme
'j avec des Habits déchirez, fa tcce penchée
fur une de fes épaules, les mains j ointes fur fori
Sein, à un de fes Côtez un Hibou, & à l'autre
des Cordes, des Foiiets, & une Croix.
L'affliélion ôte l'embonpoint & la gayeté,
& rend le vifage vieux, maigre & défait.
La tête & les mains panchces font l'aélion or-
dinaire d'une Pcrfonne aiBigée.
Elle regarde.les Cordes comme l'Inilrumcnt
de ià mortification.
L'Habit déchiré & de couleur brun enfoncé
marque les effets de l'Affliâion.
Le Hibou eft trés-propre à exprimer l'hu-
meur ordinaire d'une Fer fonne affligée qui fuit
la Compagnie & cherche la retraite & lafolitu-
de.
ii ïi
PUISSANCE IF.
C'Eft une Femmemajeftueufe & âgée,af-
fife fur un Trône, parée de magnifiques
& riches Habits d'or, d'argent, & de brode-
& ornée de Joyaux, tenant dans fa droite
des
ne.
-ocr page 326-des Clefs, & de la gauche un Sceptre, & ayant
des Livres d'un côté, & des Armes de l'autre:
Elleeftmajeftueufe & âgée, à caufe que la
Vieilleiîe eft vénérable &infpire du refpeô!:.
Elle fe tient affiiè, parce-que cette lîtuation
convient aux Rois & aux Princes, & pour mar-
quer que les Ordres ne fe doivent donner qu'af-
présy avoir penféférieufement & à têie repo-
ll'e.
Elle eft magnifiquement vêtuë, parce que
fa Dignité le demande, & que cela marque fa
nobleffe&la préférence qui lui eft dûë. Les
Clefs qu'elle tient lignifient la.puiiîânce Célcile
&Terreftre, commeon voitS. Matth. Chap.
XVI. Elle les tient dans la droite pour marquer
que la Puiffance Cclefte eft audeiTus de laPuif-
lance Humaine reprefentée par le Sceptre.
l'i-.
B.I Ε Ν F A ir F.
I L eft repréfenté par un Jeune Garçon beau
& bien-tait, ayant fur fes épaules'un vête-
ment bleu parfemé d'Etoiles brillantes ,& étant
environné d'une gloire cékfte.. Il levé en l'air
famaindroite oiifontles 3, Grâces qu'il con-
temple. II a des ailes à fa gauche de.laquelle il
ièmble vouloir embraffer quelqu'un, & il en
tient une chaîne d'or,, comme.s'il la vouloir
préfenter & donner à un autre.
Il eft peint j eune, parce que la mcmoirejdes
Ζ s . feien-
h,.'
•ψ
il
bienfaits ne doit jamais vieillir, beau, poar
montrer qu'un bienfait eil la chofe du Monde
la plus agréable, nud à caufe que le bienfait doit
être pur & definterefle, & que celui qui le reçoit
ne le doit pas cacher
Son Habillement bleu pariemé d'Etoiles, fi-
gnifie que les bienfaits nous viennent du
Ciel, ce qui eft aulîi marqué par la gloire qui
rcnvironne.
Le refte montre la promptitude avec laquel-
le on doit faire tout le bien qu'on peut.
' ^iv?
CON Γ ERSION VI.
^ Lie a pour Emblème une Femme trifs-
belle, toute nue, ayant à tes pieds des dé-
pouilles de toutes fortes d'Habits riches & fu-
perbes, & dans fa bouche ces paroles qu'elle
fembk prononcer en regardant vers le Ciel,
Inte^i Domine., fperavi, Seigneur, j'ai mis
en vous mon efpérance. Enfin il y a un Hidre
auprès d'elle.
Son extrême beauté marque que la Con-
verfion eft une des plus belles & plus excellen-
tes vertus.
Sa nudité fîgnifie que la Converfion doit
être pure fincére. & tout-à fait éloignée de tou-
te forte de diffimulation & de dvguiièment.
Les dépouilles de toutes fortes de Vétemens
tnagnifiques qu'elle met fous fes pieds, nous
ap-
-ocr page 328-apprennent qu'une Perfonne véritablement
convertie, néglige, méprife, foule aux pieds
toute la pompe À la vanité du Monde; ce qui
eftauffi exprimé par les paroles qu'elle parok
prononcer.
L'Hidre fait voir qu'elle a une extrême hor-
reur pour fes péchez, & qu'elle y renonce.
«I:,
; :i
f · ■
FANTAISIE VII.
ELlle eftfignifice par unejeune Femme vê-
tue d'un Habit de diverfes couleurs .· ayant
fur là Têt e un Bonnet couvert de Plumes, dans
la main droite un foufflct, & dans la gauche uo
Eperon.
On nomme Fantaifie certaines imaginations
bizarres & différentes de celles des autres. C'efl:
ainfi quedanslaMuflque, la Peinture, & au-
tres Arts, il fe trouve quelquefois des gens qui
ont des penfées, des fantaiiies, des caprices ex-
traordinaires & tout à fait hors "des Réglés, &
de la méthode commune.
Sa jeuneife & la diverfité des couleurs de
fon Habillement, marquent fa legereté, fon
inconftance, & le changement auquel elle eft
fajete.
Le fouiBet & l'Eperon qu'on lui donne,
montrent qu'une perfonne iantafque eft tou-
jours prête, tantôt à loiierles vertus d'autrui,
tantôt à le piquer & à cenfurer fes défauts.
Ζ 6 Le
p.,
m
Le Bonnet chargé de Plumes, fait connoî-
trcqae la diverlité des penfées procède des fan-
tai(îes de l'imagination & du Cerveau.
fv-rv-a
g R A Γ Ε V R E. VIL
I On Image eftcelk d'unejeune Filleberre
_ i & charmante; dont la taille cft grande &
rjche^ le vifage férieux, les yeux noirs & grands
qui eft vêtue d'une longue Robe blanche, avec
un Ceinturon noir garni & enrichi de Perles fiiE
ι ' l'Eiiomac. Son bras cft rctroufle jufqp'au
P> ||i eoude,, &. dans fa. main droite elle a un 'Bu-
; ^ rin & une branche de Laurier. Dans lagau-
' che elle tient des Tablettes où l'on voit les 7,
i Métaux. Par-delnis ces Tablettes paroit le
Tableau de la Peinture. Elle a dans ies pieds
des foaiiers liez de Rubans blancs. Sa che-
velure eftfrifée, bouclée & noijée, Les Bra-
celets dontfcs Bras font ornez & le Collierqui
cnvironnefon cou font de perks & de Pierre-
ries.
Elle eil peinte jeune,, tant parce qu'il faut
; ; l'être pour bien exercer cet Art, que pour fai-
re connokre. qu'il eft un. des plus nouveaux &
des derniers inventez.
Son vifage eft férieux & fes yeux grands &
fixes, pour marquer que pour y bien réuffir la
Méditation & la veuë pénétrante font extré-
mcment.requifcs.
Sa
-ocr page 331-Sa Robe blanche & fa ceinture noire iîgni-
fîent qu'elle travaille feulement en· jour & om- ί|·
bre fans couleurs ; & les Perles dont fa ceinture j iji
eft femée expriment l'excellence & la dignité
de cet Art.
Son Bras nud, montre qu'elle efl: toujours
prête à travailler, & le Burin qu'elle tient avec
une Branche de Laurier dans fa main droite,
marque le prix, la recompenfe & l'a gloire | !-''
qu'elle procure à ceux qui s'attachent à cette ;
Profeffion & qui ont l'avantage d'y réiiiBr & ■
Les 7-Métaux iî.)ntrepréiènte2 dans iàgau- m»
che, parce que comme tout k Mondeie fcait, ' i
l'Or, l'Argent le Cuivre, l'Airain, l'Etain,, jl"
le Plomb, & le Fer font la matière fur laquelle i j
La Peinture qu'on découvre par delTus ,fait
aiïèz connoîrre que c'eft par le moyen de ces i
Métaux qu'elle immortalize par ion travail &
fon induttrie les Ouvrages de la Peinture. i
Quelques-uns lapofent fur une Pierre quar-
tée où Ibnt gravei les Principes de l'Art de
deiïîner, pour marquer qu'elle eft fondée fur
cet Art & qu'elle en tire fon origine. Enfin,,οα
y ajoute les Inftrumens nécciiàkes pour gra-
uer., ^ ,
'ijni
se uz-
-ocr page 332-46α I C ο Ν ο L ο G I Ε.
sfe sfe ils ^y^i ftfe · ^fe ^ ife }}%
% W · -ίίΐ % % %ί "έΐν ϊίί ΐΝ" νΐί
SCULPTURE IX.
U Ne jeune Fille robufte, vetuë d'un Drap
gris repréfente cet Art. Sa Robe ne lui
va qu'au genou, pour marquer la force & la di-
ligence qui eft rèquife dans les Peribnnes qui
l'exercent. La couleur de fon Habit fignifie la
matie're fur laquelle elle agit & elle travaille.
Ses pieds font pofez fur un Globe & fur une
Pierre quarrée, parce que ce font-là les figures
dont elle fe fert ordinairement.
Sa Chevelure, auffi-bien que fa Robe, cft
extrêmement courte & liée par derriere, pour
montrer la promptitude avec laquelle elle s'ap-
plique à fon Ouvrage, fe débarraffant & fe dé-
gageant de tout ce qui pourroit la retarder &
l'empêcher le moins du monde.
Λ ion côté on voit un Autel & la Statue
d'Hercules, pour fîgnifier que cet Art fe propo-
fe tout enfemble & de procurer la gloire des
Dieux, &d'immortalizer les Héros.
Le Marteau qu'elle a dans fa main droite,
& les autres Inftrumens qu'elle tient dans fa
gauche, font les Outils néceiTaires à cette Pro-
t'effion, pour faire fes Ouvrages.
ICONOLOGIE. 543
IL eil figuré par un jeune-Homme environ-
né de rayons, & tout nud, excepté les Par-
ties honteufes qu'un voile blanc & fin couvre. Il
tient dans fa droite l'Image de la Nature, & de
fa gauche un Papier où l'on voit la première
Lettre de l'Alphabet Grec. Il eft placé dans une
Prairie embellie d'Arbres & de Plantes, & fous
un Ciel parfemé d'Etoiles.
Le mot Principe fignifie l'origine & la caitfe
de toutes les chofes généralement qui ont un
commencement, & qui doivent avoir une fin.
L'Eclair ou les rayons dont il eft environné
fignifient la gloire & la puiiiànce infinie de
Dieu, qui a donné l'Etre à toutes les chofes qui
exiftent; au Monde & à toutes les Créatures
qu'il contient, ce qui eft exprimé par la Prairie
remplie d'Arbres & de Plantes où il fe trouve,
&par le Ciel parfemé d'Etoiies dont il efl; cou-
vert.
Dans fa droite il a la figure de la Nature, par-
ce-que félon Ariftote, elle eil le Principe du
mouvement & du repos.
Son Habit blanc marque la pureté de toutes
ehofes dans leur origine.
qui eft marqué dans le Papier qu'el-
le tient dans fa gauche, étant la premiere des
Voyelles fans leiquelles on ne peut prononcer
aucun mot, eil fort-propre à faire connoître
que rien ne peutfe faire ni exiftcr fans le pre-
mier Principe.
ϋΙΪϋΛϋϋ
G RACE XL
Ε Lie eft dépeinte par une jeune & char-
mante Fille, vêtue d'une Robe de couleur
de Rofe, ayant un Diadème enrichi de Jafpe,
& un Collier de Perles au Cou. De fa main
droite qu'elle tient ouverte d'une manière
agréable, elle jette négligemment des Rofes
de diverfes couleurs.
Son Diadème eft enrichi des Jafpes, parce-
que félon les Philofophes, ces Pierres précieu-
fes ont la vertu de nous rendre agréables aux
autres &:de nous faire obtenir leur faveur.
Les Rofes fans épines & les Perles, lignifient
la même chofe, les premières plaifent beau-
coup ; & par les autres on peut s'affûrer d'ar-
river au cœur de. ceux dont on fouhaite de fe
faire aimer.
PROMESSE XII.
C'Eft une Femme qui tend la main droite
à quelqu'un, qui met fa gauche fur le
cœur, & dont les pieds font pofei fur une
Pierre quarrée..
Elle
-ocr page 335-Elle tend fa main droite , parce-que c'eil
radioQ ordinaire de ceux qui promettent
quelque chofe.
Elle porte fa gauche fur fon cœur,pour mon-
trer que fes promeiTes font véritables &iincér
res. ,
Ses Pieds font pofez iîir une Pierre quar-
rée, pour en marquer la folidité & la fer-
meié. '
Si on vouloit au-contraire repréfenter une
faulîc Promeffe, on pourroit fort à propos lui
mettre fiir la. Tête un Paon, Oiièau qui par la
beauté & l'éclat de fpn plumage donne extrê-
mement dans la veuë, mais dont la voix lugu-
bre & les cris perçans font eflfrayans & épou-
vantables. Il faudroit outre cela lui attacher
la main droite au cœur par une chaîne, pour
marquer que ce qui eli promis tient trop au
cœur pour s'en deiïàifir.. Pour la gauche elle
s'appuïera iùr un bâton 'rompu , pour faire
voir le peu de confiance qu'on doit mettre en
de telles paroles.
ffifïfûflt^iifis
IMPRESSION. XIII.
Ε Lie eft figurée par une Femme âgée vê-
tue d'une Robe blanche , faite à petits
C^uarreaux où l'on voit les 24. Lettres de l'Al-
phabet. De fa droite elle tient une Trom-
pette & une Banderole où eft écrit ce mot
U BIQUE. Dans l'autre elle a la Fleur
qu'on
-ocr page 336-Κ
-ocr page 337-qu'on nomme S ε m ρ ε r - ν ι ν a. Et à foH
côté on voir une Preire& des Inftrumens pro-
pres à imprimer.
Elle eft âgée, parce· que les Maîtres qui con-
duifent l'Imprimerie doivent êtres gens d'expé-
rience & de capacité, afin que leurs Ouvrages
approchent le plus qu'il eft poiTible de la per-
fedion.
Sa Robe eft blanche & parfemée de Car-
reaux où font les Lettres de l'Alphabet pour
marquer qu'elle doit-être pure, & qu'il faut que
rimpreffion foit nette & correde.
La Trompette marque la réputation & la
gloire des Auteurs célébrés qu'elle publie & ré-
pand de tous côtez : Ce que lignifie auffi le mot
UBIQUE.
La Fleur S ε m ρ ε a - ν i ν a , qui eft tou-
jours belle & verte, figuifie de même l'Im-
mortalité qu'elle procure aux Ecrivains & à
leurs Oeuvres.
% % % % %. V|i· ^iiV -iiï %< -itï V %
Ε Lie a pour Emblème une vieille Femme,
dont le Vifage eft ridé & rougeâtre. Elle
eft toute gaye & riante & tient de fa droite un
Verre de Vin. Sa Robe eft de couleur de Ro-
fes fanées, & à fa gauche on voit une Panthè-
re.
C'eft avec raifon qu'on la repréfenteâgée,
puif-
-ocr page 338-puifqu' il n'y a rien qui vieillifle & aflbibliiie
tant que de boire avec excez.
La Panthère qui, au dire d'Ariftote , eft
un Animal fi farouche qu'on ne le fçauroit ap-
privoifer ni dompter, marque fort-bien l'hu-
meur brutale & cruelle de la plupart des Yvr®-
gnes.
Il ne faut pas s'étonner de ce qu'elle a le vi-
fage gay & riant, puifque c'eft le propre de Bac-
chus, appellé pour cette raifon Lyaus \ de
chaiîer les foucis & les inquiétudes, & de ren-
dre fes fuppôts plus contens & plus heureux que
des Rois.
On pourroit la repréfenter dans une pofture
indécente & lafci ve, parce-que c'eft l'ordinai-
re de ce Vice de rendre ceux qui y font adon-
nez eftrontez & impudiques.
IL efl: peint fous la figure d'un jeune-Hom-
me pâle & qui a des Oreilles de Lièvre. De
là droite il tient une petite Lanterne & une
Echelle de Cordes, & de fa gauche des Inftru-
mens pour enfoncer & rompre les Portes & les
Fenêtres. Il a des aîles à fes pieds ; & foa
Habit eft tout couvert de gros Frelons.
Il eft jeune pour marquer l'audace & la té-
mérité ordinaire à cet âge : Et principalement
à ceux qui font le métier de Larron, qui bien
qu'ils voyent tous les jours le malheureux Sort
de
-ocr page 339-de leurs Camarades qu'on pend à leurs yeux,
n'en font point touchez, âccontinuent hardi-
ment le même train de vie.
Son teint blême & Tes oreilles de Lièvre font
voir la. crainte continuelle qu'ont les Voleurs
d'être iùrpris & découverts.
Les Frelons, Efpéces de groiïès Mouches
Ennemies des Abeilles dont elles dérobent &
devorent le Miel, expriment fort-bien le cri-
me des Larrons, qui enlevent le fruit des La-
beurs d'autrui &s'en repaiiTent injuitement..
Le Lanterne, L'Echelle, les Inftrumens à
rompre & à brifer qu'il porte, auffi bien que les
aîles qu'il a aux pieds font bien voir la vigilan-
' ce, la promptitude & la violence aveclaquelle
les Voleurs font toujours prêts à faire quel que
coup de leur métier.
Τ R AH ISO % XVI.
C'Eil un Homme à deux Têtes l'une effé-
minée & belle, l'autre mâle, févére &
laide; dans ià droite il porte du feu&dans ia
gauche de l'eau, & il a une Robe de couleur
jaune.
La Trahifon eft cette aûion par laquelle fous
le beau mafque de l'amitié, on fait fecrétement
du mal à quelqu'un.
Ce Monftre a d'eux Têtes, l'une qui figure
la fauife vertu, & la fauiTe amitié, & l'autre
(][ui faitvo irlaperiidie& la malice.
Les
-ocr page 340-Les deux Elemens contraires qu'il préfente
fignifient qu'un Perfide & un Traître employa
les moïens les plus oppofez.pour parvenir à fcs
fins.
Sa Robe eft jaune, parce-que cette couleur
paiTe pour un Emblème de laTrahifon.
SCRUPULE DE CONSCIENCE. XVIL
IL eft repréfenté par un Homme vieux, mai-
gre & défait, dont la contenance eft compo-
iëe. Il tient de fes deux mains un Crible: Il
a au Cou une Ciiaîne pendante à laquelle eit at-
taché un Cœur, & devant lui un Four ardent ;
Il eft peint vieux, parce-que les Vieilles-gens
font plus capables de difcerner le bien d'avec le
mal, la vertu d'avec le Vice, que les jeunes
perfonnes, & par conféquent plus fufcepti-
bles des fcrupules & des remords de Conicien-
ce. Ce qui eft auffi marqué par le Crible.
Il paroît maigre & tout d'fait, à caufe des
tourmens & des allarmes qu'une Confcience
timorée & coupable fait endurer auxCriminels,
qui nefçaventdequelcôté fetourner, pourib
cacher aux yeux de Dieu & éviter fon févére
jugement.
Le Cœur attaché à une Chaîne exprime fort
bien les peines inévitables & les reproches con-
tinuels qui font inséparables du Crime. Le
Four ardent lignifie une Confcience purifiée.
55-0 I C Ο Ν Ο L Ο G I Ε.
Ε Lie efl: Figurée par une Femme vêtue d'u-
ne Robe magnifique &fuperbe, toute en
Broderie, enrichie de Plumes, de Joiaux & au-
tres chofes qui marquent l'opulence. De la
droite elle tient une Epée dans le Fourreau,
fcellée des Cachets des Parties qui font la Trê-
ve. De la gauche elle traîne le Dieu Mars,
& derrière elle on voit à terre péle-méle les Ar-
mes & les Inftrumens de la Guerre.
Son regard eft doux & agréable parce-que la
Trêve, quieftuneelpRcede Paix, l'eft extrê-
mement à ceux qui font foui ravagez par
la Guerre.
Sa Robe riche & magnifique marque qu'elle
apporte une partie des biens & de l'Abondance
dont la Paix efl: la fource.
L'Epée Scellée montre que d'un commun
accord on a iliipendu les opérations de la Gue-
vre, & remis l'Epée au Fourreau, iàns qu'on
puiiïe l'en tirer que du confentement mutuel
des Souverains qui ont été en guerre.
F I N.
rif^
François & autres de toutes fortes de Sciences,
de Mathématiques, Fortifications, Poli-
tique, Hiltoire, Galanterie, Litéra-
ture, Théologie, Morale, Voy.a-
, ges, Amours, &c. qui iè ven-
dent à Àmfterdam, chez
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Maifon. ,
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la fortification & la manière d'attaquer &
défendre les Places, la Geometrie &c. 8.
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Hiftoires des Intrigues Gallantes de la Reine
Chriftine de Suede & de fa Cour pendant
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Oracles Divertiflàns avec un Traité des fonges
& de Phifionomie.
Oeuvres de Palaprat. 2 vol.
La Femme Démafque'c ou l'Amour peint au
- nature], 12.98.
Méthode pouï apprendre l'Hiftoire d'Angle-
terre par D*** 12.
Hiftoire de la St. Ecriture en forme de Gatè-
chifme
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Lettres Paftorales fur le renouvellement delà
Perfecution ; Elles fe donnent tous les i f.
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La Science des Emblèmes & Devifes.
Atlas nouveau, ^rSaufon,, complet.
Abrégé'de.l'Hirtoire d'Angleterre, contenant
les Vies des Rois & Reines, dep_uis le com-
mencen-.eut de laMonarchiejuiqu'à prefent,
avecfîgures, in 12.1696.
L'Architeâure qui comprend les Ordres de
Vignolet^ contenant l'Art de bâtir , avec un
Didioiinaire des Tecraes de cet Art , par
Daviler, a^vol fig.;95·,
L'Architeeuce générale de Vitruve, 12. par
Perrault, avec ,.fig. 92,
Abrégé delaMorale de l'Evangile, Epîtres &
Aâes des Apôtres, par le P. Quenel, in 12.
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Arlequin, fonThéâtre Mien ou Recueil de
toutes les Scéaes i & Comédies Françoiiès
qui ont été joaées fur le Théâtre Italien de
l'Hôtel de. Bourgogne à. Paris,,, in. 12.. a..
y.ol. 96.
A.a. a.. ArlC'
χ·
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Arlequin Comédien aux Champs Elifées, nou-
velle Hiftoriquc, Allégorique & Comique,
fig. 96.
—-Les Soufieurs, ou la Pierre Philofo-
phie d'Arlequin , Comédie nouvelle ,
avec fig. 95-.
Ariiquiana, ou Hiftoires plaiiàntes d'Arlc-
. quin, 95·.
Art du Blafon , ou nouvelle méthode d'ap-
prendre le Etalon, avec un Traité des Pa-
- villons, fig. in 4.95".
L'Art de bien aitner, ou la Morale Galante,
& l'Ecolc des Amans, in 12.
Amours d'Anne d'Auftriche avec le C. D. R.
Ailronomie & Phifionomie en leur Iplendeur,
parleP.Taxil, in 8.Paris.
Art de la Guerre de Machiavel, 93.
Annales de Tacite avec des Remarques, par
A melotte de la Houlîaye, 2. vol.
Apophtegmes, ou bons mots des Anciens &
Modernes, in 8. en vers 95*.
Alphabet des lieux remarquables en l'Hiftoire
desAffiriens, des Perfes, des Grecs & des
Romains, parDuval, in 12.Paris.
Alphabet de Géographie, in 12. Paris.
Antiquitezdes Villes, Châteaux & Places les
plus remarquables de France, par Duchefne,
Paris 2. vol.
Antiquité^ des temps rétablie & défendue con-
tre les Juifs & nouveaux Cronologiftes, 87.
Amour marié ; ou Biiàrrie de l'Amour.
Antidote de l'Amour, par Aubery ,in 12.
Amours nouvelles de Louïs le Grand, Comé-
die in 12.96.
An-
-ocr page 346-DE LIVRES NOUVEAUX.
Anciens Hiftoriens réduits en maximes, in
12.
Amours de Meialine, ini2.93.
Art d'écrire & parler occultemeiit en Chiffres,
par Comiers.
L'Amitié en 4. chants Héroïques, par le Sr
Les Agrémens & chagrins dans le mariage,
in 12.
Art de plaire dans la Converfation, in 12.92.
Amours des Gaules, par Buffi Rabuîin, in 12.
Avis Chrétiens & Moraux, pour l'inflitution
desEnfans, parClaude Joly, Paris 74.
Apologie pour les Réformez, oji l'on voit la
jufte idée des Guerres Civiles en France, in
12.83.
Arithmétique pour apprendre facilement fans
Maître, in 12. par le Roux, 94.
■-idem, par d'autres Auteurs, in 12.
Avantures fecrettes & galantes, in 12.96.
Arithmétic|ue de Stevin, corrigée & augmentée
par Girard Mathématicien, in 8.
Art de guérir les Maladies Vénériennes, expli-
qué par les Principes de la nature, par Blegny
1697.
Anatomie, ou Defcription Anatomique d'un
Caméléon , d'un Caftor, d'un Dromadai-
re , d'un Ours, & d'un Gazelle, fait dans
la Bibliothèque du Roi, in 4. Paris.
Anatomie des Plantes, par Grew & Boile.
Bibliothèque univerfelle, 25:jrol. complets.-
BibleFrançoife, avecl'É^plicat^on de M. de
Sacy, ini2.26.vol.coniplets.
Bouhours, Recueil des Vers ciioiiis & autres
de fes Oeuvres.
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-ocr page 347-CATALOGUE
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couverte des fources d'eau ; des minières
d'argent, des tréfors cachez, des voleurs &
meurtriers fugitifs , avec les Principes qui
expliquent les Phenomenes les plus obfcurs
de la nature, augmenté par M L.L. deVal-
lemont, avecfig. 96.
Bons & mauvais ufages dans la manière de par-
ler Bourgeoife, 94.
Bouftbn de la Cour,ou remède prcfervatif con-
tre la mélancolie, in 12.90.
Belle Marguerite nouvelle, ih 12.
Bornes de la France réduites à la Paix des Pire-
nées, in 12.94.
BouiTole des Amans, in 12.
Bou fiers prifonnier dans le Château de Na-
mur, 96.
Bonnes & faintes Penfees pour tous les jours dti
Mois.
Cours entier de Philofophie, ou Sifteme gé-
néral félon les Principes de Defcartes, con-
tenarit la Logique, la Métaphifîque, la Phi-
fique & la Morale, in 4. 3. vol. fig. 92.
Confeils de la SageiTe, ou "Recueil des maxi-
mes de Salomon, in 8.2. vol.
Caradéres des Theophrafte , ou les mœurs
decefiécle, 8.édition. 3. vol.
Comediés Grec & François d'Ariftopbane,
par Madame d'Acier, 12.92.
Comédies de Plante, par Madame le Févre.
Comédies du Théâtre Italien, par Arlequin.
-idem, de Th. François de toutes for-
tes.
Caifé Comédie, in τ2·. 9<'.
Con-
-ocr page 348-DE LIVRES NOUVEAUX.
Contes & nouvelles de M. de laFontaine, aug-
menté avec fig.
Confeil Privé de Louis XIV. in 12.96.
ComteffeduChâteaubriant, ou les Effets delà
jalouiîe, 95·.
Chaife au Loup de M. le Dauphin, 12.9f.
Caradéres, penfées, maximes & fèntimerts ^
dédiez au IXic de la Rochefoucaak, 94.
ConnotiTance du Monde, ou l'Art de bien éle-
ver la jeuneiTe, 12. 9f.
Confelïïon de S. Auguftin, par M. Arnauld, 8.
Chanions, Recuci des meilleures Chanfons
de l'Opéra , & autres Airs nouveaux, la.
part. 3. vol. 96.
Chirurgienoiivclle, par Charriere 02,
Chirurgien & Médecin des Pauvres, par Du-
bé, 93.
Chiromantie Médecinale accompagnée d'un
Traité de la Phifionomie, & d'un autre des
marques fur les ongles, par du May, avec fig.
Chiromantie naturelle, par Ronphile, in 8.71.
Diâionaire Hiftorique, fol. 4. vol.
-deFuretiére, fol. 3. vol.
--deRichelet, 4.2.VÔI.
--— François & Hollandois, Darfy 4.
-Géographique nouveau , 94.
•-de Mathématique, ou l'Idée généra-
le de Mathématique, parOzanam, 4.
Dancourt, Ses Pièces de Théâtre, 2. vol. 96.
Diverfitez curieuiès pour ièrvirde récréation à
l'eiprit, 12. 3. vol.
Difcours fur FHiftoire univerfelle, par l'Evê-
quedeMeaux, 96.
Difcours Politique, par M. Priechacq, 12 .Paris.
Doârine
-ocr page 349-CATALOGUE
Doârine amoureufe, 8.93.
Devifes & Emblèmes d'Amour, anciens & mo-
dernes , en 7. fortes de Langues,, 4. avec
fig. 96.
Difcours de la Religion des anciens Romains,
par du Choul, avec grand nombre de figures.
Ducd'Alençon, nouvelle Galante, 12. Paris.
Dialogues nouveaux des Dieux, pour le diver-
tiflementduDucde Bourgogne, Paris.
Dialogues, 4. Dialogues, fur l'immortalité
de l'ame, lur l'exiftence de Dieu, fur la Pro-
vidence, & fur la Religion, par l'Abbé de
Choili, Paris 84.
Dialogues où les Fables de l'Antiquité font ex-
pliquées d'une manière fort agréable, par la
Treille, Paris70.
Dialogues Satyriques & Moreaux , par M.
Petit I a.
Difcours Politiques de Machiavel fur Tite-
Live, 12.2. vol. 94,
Delicesde l'Efprit, fur toutes fortes de fujets,
par Defmarets, Paris 89.
Dialogues fur les- droits de la Reine ^ fur les
Païs-Bas,i2.
Dialogues Politiques, ou bien la Politique
dont fe fervent au temps prefent les Prince
& Républiques Italiennes, 2. vol.
Devoirs des Maîtres & des Domeftiques, par
Feury88.
Defcription nouvelle de la Ville de Paris.
Duc deGuife, nouvelleHiftorique,par Ma-
dame ***93.
Defordres du Jeu, avec des Réflexions, 12.
Devoirs des Paiteurs & des^Peuples, par Jur
rieu,
I Γ
DE LIVRES NOUVEiAUX.
• ricH, 8.1. vol. pf.
Difcours fur la Crèche de nôtre Seigneur, par
Spauheim, 12.
Direéteur Spirituel pour ceux qui n'en ont
point, 18.
Défenfe de la Traduâion du N. Teftament de
Mons, 2. vol.
Défenfc des Libertez des Eglifes Réformées
de France, 2. vol. 88.
DivertiiTemens amoureux , ou Recueil des
Pièces enjouées, 12,. Paris.
Dialogues entre Photin & Irenée, fur le def-
fcin de la réunion des Religions, & fur la
queftion fi l'on doit employer les peines &
lestécompenfes pour convertir les Héréti-
ques, 2, vol. 12.
Etat du Royaume de Dannemark , tel qu'il
étoiten 1692. par M. Molefworth, Am-
bafiadeur du Roi d'Angleterre à la Cour de
Dannemark, in 12.avecfig.96.
-Defenfedu même Livre in 12.96.
Eiîàis de Morale, 9. vol. par Nicole, complet.
Exercices du Chrétien intérieur , par le P.
d'Argentan, 2.vol.Paris.
Etat de l'Eglife Grecque & Arménienne, 12.
Educations des Enfans, traduit de l'Anglois, 8.
Etat de la Cour des Rois de l'Europe, Paris.
Efope en bel humeur, avec fig. 94.
Entretiens d'Arifte & d'Eugene, par le P. Bou-
houfs, ra.
Entretiens fur les Sciences ,12.
EtatdelaPuiflance Ottomane, avec les cau-
fes de fon accroiiTement & de fa décadence,
par Vignan.
Eve-
-ocr page 351-EvénemensHiitoriqueschoifis , divifez en ς.-
part.9i.
Efprit du Cardinal Mazarin, ou Entretiens fur
k matière dtj Temps, 95·.
Education des Enfans des Princes, 8.
Epîtres de Seneqoe, traduit par Malherbe, 4,
Paris.
Efprit de la,Prière, avec figures, 9-3,
Epîtres & Evangiles qui fe diiènt à laSte.Mefle
pendant l'année, Paris..
Epîtres & Evangiles, avec les Oraifons qui fe
difentàlaSte. Meffe pendant l'année, par
le P. Amelotte, Paris.
Examen de Soi-même pour fe bien préparer à
^ la Communion» par M. Claude, 12.83.
Education Crirétienne des Enfans , feloii !esc
maximes de l'Ecriture fainte, & les inftra-
£kions des Sts.Pérès, t2..Pariî>
Examen des Méthodes, propofées par le Cler-
gé en 82.
Etampes en 13, grandes figures du fameux M.
le Érun.
Furetieriana·, ou bons mots de M. Furetiére,
96.
Faveurs & difgraces de Γ Amour, ou les Amans
heureux , malheureux & trompez , avec
fig.96..
Fables nouvellesmifesen vers, par M. de la
Fontaine, Ia.8.vol.
Fables d'Efope, par Baudouin , xz.avec i3g.
-- idem, par Vénéroni,. i z. François,
Italien 96.
France Galante, onHiftoireaiaoureufc de la-
Cour ,12.
Fovine
-ocr page 352-DELIVRES NOUVEAUX.
Fovine de Civille, ourHameçon des Bourfes,
traduit de l'Efpagnel, 8. Paris.
France ruinée par ijui&coffltnettt, ·&;165 mo-
yens de la rétablir en peu de temps-, l i. fig.
F'oire de S. Germain, Cbmédiejouée aux Ita-
liens , '96. .
Foire-deBeîons, Comédie, 12.96.
Fonélions des Officiers tant-de Cavallerie,
que d'Infanterie,avec la Pratique de la Giier-
re, parBirac, "93.
Fortifications noàvclïes de Vauban, 8. fig.
-—idem, deOzatîam, B.avectfig.
: . . -de 'M. Pflgan, avec fes TfaéDremes,
il
-De Medrano 8. fi:g. 97.
GeographiedeRobbe, vol. fig.
■ . de Sanfon, ou Intîodûétioni laGe'o-
graphie.
Ancienne & Moderne, par Audyfe-
:r€t , 95·.
-Françoife, ou le Théâtre du Mon-
de, 24.
- de Medrano, 8. en Vers.
Génération de l'Homme, ou Tableau de l'A-
mour conjugal, avec fig. par N. Vcnette,
96.
Grammairedé Véfiéroni, François ^Italien.
Géométrie, fur le Papier & fur le T-errain, 8.
par le Clerc.
----Nouveaux EKmens de Géométrie,
ou la mefuré des corps, pat l'Ami, 92.
--- Nouvelle Géométrie d'Oxanam, 12.
——-Elémens de G .'omâtïie, par Pardies,
&
-ocr page 353->/ Cl^f
GATALOGUESr
& autres de toutes fortes d'Auteurs.
Hiftoire des Juifs, pafFlave Jofephe ,5'.voI.
-Abregée de France, par Mézeray,
7. vol.
■ de la Guerre des Païs-Bas, par Mete-
ren, fol. fig.
- de la Guerre de Flandres, par Stra-
da, fol. Paris.
- Généalogique de la Maifon de Fran-
ce , par Sainte Marthe, fol. 2. vol. Paris.
-Générales de Piémont ou des Vau'-
dois, parLegerfol.
-des Révolutions d'Angleterre , par
le P. d'Orléans, 3. Vol. 95·.
"" rilV. "
de Henri IV. furnommé l'ImpuiiTant
12,95·.
-des Révolutions deSuéde,i2.9f.
-du Connétable de Bourbon, 12.96.
-duMarechaldeGaffion, 12. 4. vol.
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