\
/
TRAITÉ DES ALLÉGORIES^
-ocr page 2- -ocr page 3-(3)
Sage emploi des biens de la fortune. UEco-
nomie doit être peinte fous les traits d'une
femme déjà avancée en âge , parce que cette
qualité n'eft pas ordinairement le partage de la
jeuneiTe; elle dent enveloppée dans fes vête-
mens une corne d'abondance remplie d'or ic
d'argent, afin de n'en lailTer échapper que ce
qui lui eft néceffaire. -
Les iconologiftes peignent la Prodigalité fous
la figure d'une femme aveugle, ou les yeux
couverts d'un bandeau , parce que ce vice eil
une libéralité déplacée ; mais on a préféré de
le repréfcnter par une femme jeune, richement
vêtue, ayant auprès d'elle une corne d'abon-
dance renverfée, d'où s'échappent une grande
quantité de bijoux & de pièces d'or , que
des harpies reçoivent avec avidité j parce que
A 1
■-tw.··./™./·/.
(3)
ÉCONOMIE.
Sage emploi des biens de la fortune. L'£co-
nomie doit être peinte fous les traits d'une
femme déjà avancée en âge, parce que cette
qualité n'efl: pas ordinairement le partage de la
jeuneffe ; elle tient enveloppée dans fes vête-
mens une corne d'abondance remplie d'or SC
d'argent, afin de n'en laiiTer échapper que ce
qui lui efl: néceffaire. ·
Ρ R G D I G A L I Τ É.
Les iconologiftes peignent la Prodigalité fous
la figure d'une femme aveugle, ou les yeux
couverts d'un bandeau, parce que ce vice eil
une libéralité déplacée ; mais on a préféré de
le repréfenter par une femme jeune, richement
vêtue, ayant auprès d'elle une corne d'abon-
dance renverfée, d'où s'échappent une grande
quantité de bijoux & de pièces d'or , que
des harpies reçoivent avec avidité ; parce que
A 2.
-ocr page 6-(4)
les richelTes diftribuées fans difcernement, ou
trop fouvent par des motifs criminels^ ne
fervent qu'à entretenir les vices &c à corrompre
les mœurs.
On peut repréfenter ce vice avec les mêmes
attributs que la figure précédente ; mais on
doit lui mettre un bandeau fur les yeux, parce
que la Profufion eft encore plus aveugle
que la Prodigalité. Derrière la Profufion on
peindra la Pauvreté qui s'avance à pas lent,
parce qu'elle e» eft la fuite inévitable.
Γ
(τ )
ÉCRITURE.
Son aftion feule la fait coniioître, Se les pa-
roles qu'on lui fait écrire défignent fon utilité :
SCRIPT A MASSNTj Ce qui efi écrit pafe à la
pofiérité. C'eftpar elle,, en eiFet, que nous jouif-
fons des richeffes de l'antiquité» Hiftoriens,
philofophes, poètes, lui doivenï en quelque
forte l'immortalité j tandis que par l'ufage des
infcriptions^ elle conferve Se célèbre la mé-
moire des princes, l'amour du monde. C'eft ce
que les acceffoires qui renvironnent doivent
faire entendre, ainli que les figures qui occu-
pent le fécond plan-
A 5
-ocr page 8-ί i ι
)
Ρ-·
- ^
(7)
ÉDUCATION.
Ε ILE efl: peinte fous les traits d'une femme
d'un âge mûr , dont le fein découvert
laifle appercevoir le lait qui découle de fes
mammelles. La maturité de l'âge fuppofe
l'expérience néceiTaire à Y'Educadon, èc le
lait qu'elle répand eft l'emblème de la
nourriture fpirituelîe; d'une main elle tient
la verge du châtiment, Se de l'autre fou-
tient un jeime arbre contenu par des étais
pour le faire redreiTer. Auprès de la figure
qui repréfente VEducation, eil: un enfant qui
apprend à lire.
IGNORANCE.
Les îconologiftes ont perfoniiifié VIgnorance
par une femme épaiiTe, diiForme , les yeux
bandés, ayant des oreilles d'âne, coëiFée de
pavots, Se marchant à tâtons dans un fentier
rempli de ronces & d'épines j autour de l'/^no-
A4
-ocr page 10-(8)
rance volent des Hboux & autres oifeaiix
nofturnes. Ces divers emblèmes font trop
coimus pour avoir befoin d'explications..
ÉLOQUENCE.
Le diadème qui lui ceint la tête annonce fon
empire fur les efpritsj fon attitude efl: vive,
animée, & le foudre ainiî que les chaînes de
fleurs qu'elle tient d'une main, iîgnifient le
pouvoir de la raifon & le charme du fentiment
que l'Eloquence fçait également employer. Le
caducée qui eft à fes pieds, fymbole de la
perfuailon, & les deux noms célèbres de
Démoilhène & de Cicéron , achèvent de
défigner ^Eloquence. Le lieu où elle efl; re-
préfentée peut donner l'idée de la tribune,
indiquée par la colonne roftrale ; on fçait
que chez les. Romains , ce fut un pareil
monument, placé près de la tribune aux ha-
rangues, qui lui fit donner le nom de Rofira,
■i
( lO )
li
\
éi
'v'·
« ■ i.
( η )
É M υ L A Τ I Ο Ν.
Sentiment qui confifte à rendre juiHce au
rrai mérite , & qui donne l'ardeur & le courage
jiécelTaire pour l'acquérir, ou même pour le
furpaiTer. VEmulation eft peinte fous la figure
d'une jeune fille, les bras étendus, qui paroît
vouloir s'élancer vers une, couronne , une
palme, une trompette grouppés enfemble ,
fymboles des récompenfes glorieufes dues aux
vertus, au génie, aux talens diftingués.
DÉCOURAGEMENT.
On peut le repréfenter par une femme éche-
velée, l'air trifte , abbattu, les bras pendants,
renfermée, par une haie garnie d'épines, dans
un champ qui n'a produit que des ronces &
des chardons.
Passion afFreufe qu'aflSige les fuccès, la
gloire, les talens, & qui ne fe réjouit qu'à la
. Γ
κ
( )
Tue des maux qu'elle fait naître. VEnvie eft
peinte fous les traits d'une furie qui fe mord
le poing j elle eft: enveloppée dans Its replis
d\in ferpen: qui lui ronge le cœur, Se s'efforce
d'arrêter l'Emulation dans fa courfe, pouar
s'oppofer à fes progrès.
J
{ 13 )
Vertu qui confîfte à rendre à chacun ce qui
lai appartient. On la repréfente par une femme
d'un caradère grave, un diadème fur le front,
tenant un fléau de balance mis en équilibre par
deux poids égaux.
Pb-Évab-ication des loix ; vice dangereux
qu'on peint fous les traits d'une femme vêtue
de noir, tenant d'une main le glaive de la
juftice , & de l'autre un crapaud, animal
venimeux, que les iconologiftes donnent pour
attribut à VInjuflice. Pour la caradérifer da-
vantage , on la repréfente brifant fous fes pieds
les balances de Tliémis et les tables de la loi.
Ainsi que dans la figure précédente, la
Chicane peut" être repréfentée par une femme
qui fouie aux pieds les loix &. les balances de
( )
Thémis ; mais on doit obferver que la Chicane
eft peinte vieille, maigre, hideufe , & qu'au
lieu de lui faire tenir l'épée & le crapaud,
elle dévore des facs de procédure dont on la
voit entourée.
On pourroit comprendre fous cette dénomi-
nation l'aiTemblage de tous les vices ; mais
VIniquité eft repréfentée par les iconologiftes,
fous la figure d'une femme laide, effrayante ,
vêtue de noir, la tête enveloppée de fou
manteau, fuyant à l'afpeft de la lumière, &
entourée d'un ferpent qui lui déchire les en-
trailles ; emblème des remords vengeurs qui
pourfuivent le crime.
Muse qui préfîde à la poélîe lyrique. On la
peint fous les traits d'une jeune nymphe en-
jouée, couronnée de myrthe , de rofes, 8c
pinçant de la lyre. A côté d'elle les anciens
repréientoient Cupidon, tenant fon arc & fon
flambeau. Cette mufe cil couronnée de myrte Sc
de rofes, parce qu'elle infpire les poéfîes amou-
reufes 5 c'eft pourquoi l'on a placé près d'elle
les colombes de Vénus.
( iO
ir
Vi
t:
I ·
Ιϋ
ESPERANCE.
■ «■/'vv^., iV-
-ocr page 19-C ·7)
ESPÉRANCE.
Divinité révérée des Romains, qui lui éle-
vèrent un temple. On repréfente VEfpérance
fous la figure d'une jeune nymphe, l'air ferein ,
fouriant avec grâce , couronnée de fleurs
naiiTautes qui annoncent les fruits, & tenant
à la main un bouquet de ces mêmes fleurs. La
couleur verte a toujours été donnée à VEfpé-
rance , c'eil l'emblème de la jeune verdure qui
préfage la récolte des grains. On donne auifi
une ancre de navire pour fymbole à VEfpé~
rance, parce qu'elle foutient & confole dans le
danger Se dans le péril. On pourroit y ajouter
l'arc-en-ciel.
DÉSESPOIR.
Ce dernier période du malheur eft peint fous
les traits d'une femme pâle , livide , enfan-
glantée, un poignard dans le fein , fléchilTant
les genoux, 8£ tenant à la main une branchç
Tome II. Β
( )
de cyprès. Pour plus d'exai^litude , il feroit
mieux de repréfenter le Difefpoir, avec les
mêmes attributs, fous la figure d'un homme
que fous celle d'une femme.
Il-
( )
Appuyée fur un des attributs qui la carafté-
rifc, VEfpérance chrécicnne a les regards fixés fur
le nom du Très-Haut qui paroîc dans le ciel ;
cet emblème a été employé par Slodt^, dans une
des figures du périltyle de St-Sulpice. La ville
qu'on apperçoic dans l'éloignemenc, annonce
qu'on doit fuir le monde pour la méditation i
c'eft ce qu'on a tâché d'exprimer par le livre
ouvert auprès de l'Efpérance chrétienne, où Ce
trouve écrit le mot £vangile.
;
ί i
Β i
^ 1
mm
-ocr page 22-(io)
'Ψ
-ocr page 23-Cette faifon eft repréfeiitée par une jeims
femme couronnée d'épis, vêtue d'une draperie
jaune , tenant d'une main une torche allumée,
& de l'autre une faucille avec une gerbe de
bled, le plus précieux de fes dons. Elle eft repré.
fentée jeune, parce que l'ire eft la jeuneiTe de
l'année, comme le printemps en eft l'enfance.
La figure qui repréfente M Eté tient une torche
allumée, pour défigner la chaleur du foleil qui
eft alors dans toute fa force. Un moiiTonneur
qui repofe à l'ombre, & un autre qui fe dé-
faltère, achèvent de carailérifer cette faifon.
Bî
-ocr page 24-i « )
A \
Parmi les différens emblèmes que les Icono-
logiftes ont employés pour peindre VEternité,
le plus généralement adopté par les artiftes, 8c
celui qui parle le plus clairement aux yeux, eft
le ferpent qui forme un cercle en fe mordant
la queue. La figure qui repréfente VEternuèsÎt
placée debout fur le globe du monde ; elle
eft couronnée d'étoiles , &: fa robe en eft
parfemée, parce que les anciens ont toujours
cru que ces aftres étoient éternels. On
peut ajouter encore, pour fervir de fond aa
tableau, le foleil & la lune qui font leurs
révolutions Se fe perdent dans les nuages,
tandis que VEurnité relie immobile.
Rien de plus précieux que le Temps, car rien
n'eft plus rapide; auiîi eft-il toujours repré-
fenté avec des aîles. Les mois font, pour ainiî
Àke, fes enfansj on les a repréfentés jeunes,
B4
m
t
il
{ M )
parce que dans les diviiîons du Temps par
heures, jours, mois & années, les heures font
regardées comme l'enfance du Tempsj ks
jours font fon adolefcence, les mois fa jeuneiTe,
& l'année fa virilité. Quant au Temps même ,
comme rien ne fe conçoit plus ancien que lui,
on le repréfente fous l'afped d'un vieillard
avec des ailes, entouré du foleil & de la lune ,
qui fervent à régler fon cours. L'horloge de
fable, emblème du préfent qui fuit, & la faux
qui fignifie que le Temps détruit tout, font les
attributs particuliers qu'on donne à cette
figure ; c'eft pourquoi on lui fait ronger une
pierre , alluiîon à celle que Ehée fubftitua aux
enfans que Saturne dévoroit ; allégorie que la
mythologie nous a confervé pour exprimer le
pouvoir deftruûeur & irréfîftible du Temps,
IMMORTALITÉ.
Les iconologiiles en ont donné pluiîeurs
emblèmes. En réfumant ceux qui paroifTent
les plus intelligibles, on doit peindre Vlm·
Κ à
li
( M )
mortalité fous la figure d'une jeune fille,
couronnée de lauriers, tenant d'une main un
cercle d'or, & de l'autre une palme. On peut
y ajouter encore des aîles déployées , par
la même raifon qu'on en donne à la Re-
nommée j c'eft ainfi que Slodti, a carac-
térifé cette figure dans le maufolée du curé
de St-Sulpice.
. S
η
■ . y
r'/
(lO
hû
m
μ;! >
m
•il
M
II
c,·
Ar
- . t »
ui
- II
-ocr page 29-ΐν.ί
tiru
( ^7)
C'est par elle qu'on parvient aux fciences,
c'eft pourquoi l'on repréfenre VEtude par un
jeune iiomme,pour défigner l'âge propre à
l'inftruâion. Son attitude exprime l'applica-
tion qu'il faut γ apporter, comme la plume
iîgnifie que l'avantage de la fcience eft de la
communiquer aux autres. La lampe & le coq
font les emblèmes des veilles Se de la vigi-
lance , qualités qu'exigent toujours le defir d'ap-
prendre. La bibliothèque qui fait le fond du
tableau, indique les fources où la fcience fe
puife , comme la porte fermée annonce la tran-
quillité & le recueillement nécelTaire à VEtude.
\4
H
Îv^'f '
i'· ;
... -
■■ ί
Ci? }
i'i
te-
i
1
-ocr page 31-'j
ri.
Cette partie du monde eft repréfentée par une
femme magnifiquement vêtue ; elle porte la
couronne que lui acquit autrefois l'empire des
Romains fur l'univers. AiEfe fur deux cornes
d'abondance, emblèmes de fa fertilité, VEu-
rope, de la main droite, tient un temple,
pour marquer que la vraie religion eft obfervée
dans cette partie du monde ; de la main gauche
elle porte un fceptre, qui exprime que le
gouvernement monarchique eft établi dans
prefque toutes les contrées de l'Europe. Un
cheval Se des trophées militaires fe font re-
marquer à fes côtés èc délignent fa vertu
guerrière, de même que les attributs des
fciences Se des arts caraâérifent la patrie
qu'ils ont adoptée. Selon les poètes, VEurope
doit fon nom à la fille d'Agénor, roi des
Phéniciens, que Jupiter enleva & conduifît
dans l'ifle de Crète.
Ί
Ί' fl
ί ÎOÏ
ο
: jsiie
-ocr page 33-(31)
Muse à laquelle on attribue l'inventioa de la
flûte ; c'eft elle qui préfide à la mufique. On
repréfenre Euterpe fous la figure d'une jeune
nymphe couronnée de fleurs , avec des papiers
de mufique, des haut-bois & autres inftrumens
à vent. Cette mufe, chez les anciens, prélldoit
auffi à l'arc de plaire, dont la flûte étoit le
fymbole 5 c'eft pourquoi on la repréfente pref-
que toujours avec cet inftrument.
EXPÉRIENCE.
ij'
( i
Il
■J
-A!"
Fille du temps Se de la réflexion, VExpé^
rience eft repréfencée par une femme âgée,
dans une attitude grave , impofante, tenant
de la main droite le carré géométrique j & de
la gauche une baguette qu'entoure un rouleau ,
fur lequel fc lifent ces mots : Rerum magiflra ,
la maitreffe des chofes. On fait que le carré
géométrique, divifé en degrés, donne par la
multiplication de fes deux nombres, les pro-
portions , les rapports & les diftances. Inftruite
par les fens, l'Expérience a le droit de les régler.
Se quelquefois de les reftifier, c'efl: pourquoi
on la repréfente appuyée fur la baguette,
fymbole du commandement, VExpérience
devant préiîder non-feulement aux fciences,'
aux arts, mais à tout ce qui eft relatif aux
connoilTances humaines.
PRÉVOYANCE.
Prudence aftive que donne l'expérience
Tome II.
( 34)
& le jugement. Les anciens peignoient la
Trévoyance avec deux viiages, pour in-
(iiquer que la connoiffance du paffé fert à
prévoir les évènemens à venir; mais depuis
que le goût a banni de l'allégorie ces mon-
ftruolîtés choquantes, on repréfente la Pré-
voyance fous les traits d'une femme d'un
âge mûr , le regard attentif, & dans l'aftion
de marcher ; d'une main elle tient un compas
ouvert, emblème de la reûitude, & de l'autre
une baguette furmontée d'un œil environne
de rayons : fymboles connus de l'expérience
& de la vigilance éclairée, dont Mignard a
fait ufage en peignant la Prévoyance, dans la
galerie de Verfaillee.
L'embiÊme qui convient le mieux à la Fécon-
dité eft une femme qui allaite deux enfans ; on
la couronne de féneyé, plante qui multiplie
abondamment j à fes pieds font un lièvre avec
fes petits & une poule avec fes pouflîns, ani-
maux qui peuvent être regardés comme les
fymboles de la Fécondité. On pourroit y ajouter
une corne d'abondance.
La Fertilité, ou fécondité de la terre, peut fe
repréfenter par une femme jeune, tenant des
épis de bleds, des feps de vigne chargés de
raifins, & des fruits de diverfes faifons qu'elle
répand de toutes parts.
Parmi les diiFérens emblèmes que les icono-
logiftes donnent à la Stérilité, on a choifî
celui d'une femme affligée, les mammellej
Ci
I' \
t
1 i
II' 't
-ocr page 38-
(îO defTéchées, ayant auprès d'elle une bêche , une Les mêmes emblèmes de l'article précédent Filie de la guerre & de la difcorde, on peint |
( 37) Lis iconologiftes donnent diiFérens attributs On la repréfente par une femme refpIendilTante |
(îo defféchées, ayant auprès d'elle une bêche, uns Les mêmes emblèmes de l'article précédent Fille de la guerre & de la difcorde, on peint |
( Î7 ) Les iconologiftes donnent difFérens attributs On la repréfente par une femme refplendiiTantc C? |
(58)
droite une paîme , & de la gaucàe une S&mme.
Elle eft nue, pour défigner le mépris qu'elle
fait des vanités mondaines ; la palme eft le
fymbole des viiioires qu'elle a remporté, Se la
flamme celui de l'amour divin.
D'Arn-Ès quelques iconologiftes, on repréfencc
la Filtàté pajfagère par une femme, le front
orné d'un diadème , ayant une ceinture de
diamans & tenant un fceptre. Elle marche
avec rapidité δ£ s'appuie fur la plante fragile
qui porce pour fruit la callebaiTe. On pourroic
ajouter à cette figure des hirondelles & autres
oifeaus de paiïage.
L'emslÊme le plus natureî de ^Infortune efk
une femme affligée, couverte des lambeaux de
îa misère , le fein nud, deiTéché, implorant à
genoux des fecours, & montrant un enfanê
qu'elle gémit de ne pouvoir neùrïir.
( 3? )
Chez les Romains^ le leu étoit repréfeiicé
par Vulrain au milieu des Cyclopes ; mais on a
préféré de peindre cet élément fous l'emblème
d'une jeune prêtreiTc de Vefta, donc l'emploi
coniîftoit à ne jamais laiiTer éteindre le Ftu.
dans les temples de cette déeiTe 5 fymbole de
la nécefllté abfolue de cet élément, dont l'ab-
fence occaiîonneroit la deilrucHon de l'uni-
vers. AuiB n'a-t-on point omis dans le
tableau la préfence du foleil, ce principe
de la lumière & de la chaleur. Comme
les anciens croyoient que la falamandre vîvoit
dans le Fev, Se qu'ils en avoient fait l'emblème
de cet élément, on n'a pas cru devoir le re-
jetter. Le Feu, félon la fable, rendoit auffi la
vie au phénix après lui avoir donné la mort ;
ce qui pourroit iîgnifier que cet élément eft
auffi dangereux que néceflaire.
C4
-ocr page 42-V
'.■* 1
it-
jy
■■ Ί
, \ ■
{
1» 4i
(4a)
! .
( 41 )
Ce mois , te dernier de l'année chez les
Romains, prit fon nom de ce qu'il étoic
eonfacré à Pluton , furnommé Februus ^ le
Purificateur. C'étoit le mois où l'on célébroit
les expiations &c les facrifices pour les morts.
Comme la terre, ceux qui par leurs travaux
contribuent à fa fertilité, font alors dans le
repos, on a cru pouvoir donner à la figure qui
repréfente ce mois, une attitude relative à
cette idée. Le figne des poilTons efi: entouré de
rofeaux, pour défigner l'excellence de la pêche
aux approches du printems, ôc les pluies qui
noyent encore les champs Se les font quitter
pour le féjour des villes, dont on a jugé à
propos d'indiquer les amufemens par leurs
divers attributs qui fe voyent repréfentés fur
k devant du tableau.
2
'V 1·
(41)
■,τ'.».·..^ ■ —7 ·
L·
.^i'·
( 45 ;
FIDÉLITÉ.
Cette déeiTe avoir chez les Romains un culte,
des prêtres, des temples & des autels. Parmi
les attributs que lui a donné l'antiquité, le
chien femble en être le modèle plutôt que
l'emblème. On ajoute ici le cachet ôc la clef,
parce que chacun de ces fymboles eft l'équi-
valent de la Fidélité i notre fecret & notre for-
tune , confiés à un véritable ami , font aufli
bien en sûreté que mis fous le cachet ou
renfermé fous la clef. Les cofFrcs-forts & les
facs d'argent placés aux pieds de la Fidélité,
comme fous fa fauve-garde, fervent à ap-
puyer cette obfervation. On pourroit encore
donner pour emblème à cette figure, deux
ïuains [ointes l'une dans l'autre.
I
f44)
f
î | |
a | |
.li | |
il | |
ίύ | |
t4y )
On repréfente la Fineffe par une femme qui
tient un finge & un renard cachés fous fa
robe. Comme l'on peut donner à cette figure
les mêmes attributs qu'à la Rufe, on doit ca-
radérifer la Fineffe. par un regard malin &C
une phylîonomie fpirltuelle.
Les icoilologiftes repréfentent la Stupidité par
une femme couronnée de narciiTe, tenant cette
fleur à la main, & appuyée fur une chèvre qui
broute des feuilles de la plante nommée chardon
roulant. Mais ce qui doit défigner plus particu-
lièrement la Stupidité, ce font les traits du
vifage, où l'on doit remarquer le caraftèrc
diftinftif de cette figure : grands yeux ouverts ,
bouche béante.
SOTTISE.
Oh défîgne la Sottife par une femme coe'iïéc
-ocr page 48-(4δ)
d'une calotte de plomb, &c qui rit en regardant
une girouette. On fait que le plomb eft l'em-
blème d'un efprit pefant, & que la girouette
eft l'attribut de la Sottife, comme la marotte
l'eft de la folie.
ί -
(47)
Tous les iconologiftes s'accordent à donner
une flûte à la Flatterie i le fon de cet inftru-
tnent étant toujours pris pour l'emblème des
louanges. Pour faire connoître qu'elles font
trompeufes, on a enveloppé d'un filet, fym-
bole des pièges, l'autel de l'amitié, fur lequel
brûle des parfums. La fable du renard & dii
corbeau, repréfentée fur une des faces de
l'autel, achève de caraûérifer la Flatterie,
Uni femme jeune, couronnée de fleurs,
fymbole de la flatterie , & tenant un nid
d'hirondelles, peut fervir d'emblème à l'Amitié
pajjagère. Les hirondelles font des oifeaux
de paiTage , c'eil pourquoi l'on en voit
plufieurs qui voltigent autour de la tête de
l'Amitié pajfagère , ou inconftante , dont la
couronne eft compofée des fleurs qui onc
le moins de durée.
Μ
Ι'ίί
( )
4
•
'ψ
Aveb-SION invétérée & fouvent aveugle
lorfqu'elle eft fondée fur la jaloulîe ou la pré-
vention. Ce vice dangereux eft repréfenté par
une furie, tenant un poignard entouré d'un
ferpent, &c dirigeant fa marche dans l'obfcu-
îicé à l'aide d'une -lanterne fourde.
i 49 )
Les anciens iconologiftes imaginèrent de re-
préfenter les diverfes complétions ou tempé-
rament de l'homme, tels que le colérique,
le flegmatique j le fanguin, le mélancolique;
quoique l'on ait rarement occafion de faire
ufage de ces figures, on n'a pas cru devoir les
' omettre dans cet ouvrage, & on les trouvera
placées fuivant l'ordre alphabétique. Le Fleg-
matique eft peint fous les traits d'un homme
gras & replet, vêtu d'une robe fourrée , les
jambes croifées, les mains dans fon fein, &
ayant à fes pieds une tortue. Le coftume fie
l'attitude du Flegmatique annoncent qu'il n'eft
ni moins lent, ni moins pareiTeus que l'animal
qu'on lui donne pour fymbole. Incapable de
grandes conceptions & des élans du génie,
fa marche dans l'étude des fciences & des
arts relTemble alTez à celle de la tortue qu'on
lui donne pour fymboki
D
Tome IL·
-ocr page 52-(ÎO)
■Λ >-v
.-C -, : .-ν 1
_ i ' .
m.
-ocr page 53-( îO
FOI.
Une femme jeune, dont les traits annoncent
la candeur, & adorant le plus augufte des
myftères de la religion chrétienne, eft le fym-
bole de la Foi, première des vertus théolo-
gales, La flamme qui s'élève fur fa tête eft
l'emblème du zèle qui l'anime, ce qui eft
encore indiqué par la palme du martyre. La
Îoi eft un don du ciel ; c'eft ce qu'annonce
poétiquement les rayons qui s'échappent d'un
nuage.
D j
-ocr page 54-yxié·^· ■ ■■
r,"··
.
I··..·
A. '
-i ■
-ocr page 55-( π )
On peut la repréfeiiter par une jeune femme ,
couverte d'un long voile & tenant une tour-
terelle. La Foi conjugale elle êft. appuyée fur
l'autel de l'hymen, orné de guirlandes, &:
fur lequel on lit ces lettres VT. FX. telles
qu'on les trouve gravées fur. dss mcnumens
antiques ; c'eft l'abréviation de ces deux mots s
Vtere Félix i fouhait qu'il étoit d'ufage de
faire au mariage des anciens, & qui ne pouvoir
avoir d'accomplilTement que dans la Fidélité
conjugale.
LOYAUTÉ.
Les iconologiftes peignent la Loyauté fous
pluiîeurs emblèmes'; nous avons choiiî les
plus fenfibles. Une femme, dont les traits
annoncent la candeur 3 tient un cœur d'une
main &: de l'autre un mafque brifé. La Loyauté
peut fe repréfenter auflî avec les mêmes at-
tributs j mais foulant le mafque fous fes piecis,
D}
( Î4 )
TRAHISON,
La Trahifon efl peinte fous les traits d'un®
vieille femme , la tête entourée de couleuvres ,
aiFedant un air riant 5 d'une main elle tient
un mafque, & de Tautre un poignard fous fou
manteau, dont elle cherche à s'envelopper,
pour dérober la vue d'un énorme ferpenï
prêt à ^'élancer fur fa viftime-
( ÎS )
Les iconologiftes repréfentent la Force fous
la figure d'une femme vêtue d'une peau de lion
& armée de la maiTiie d'Hercule. Les vipères
qu'elle écrafe , délîgnent fon utilité, & la
malTiie l'eiFroi qu'elle infpire aux méchans ; le
laurier dont fon front eft couvert eft la digne
récompenfe de cette vertu. La colonne fur
îaquelle s'appuie la Foret eft fon attribut
diftinilif j & le faifceau de flèches qu'elle tient,
lui a fouvent été donné pour emblème^
Les autres attributs placés à fes pieds, ainiî
que les pyramides qu'on apperçoit dans le
fond du tableau, font trop fenfîbles pour
avoir befoin d'explication.
D4
-ocr page 58-! mxi-m:-:"
C fi
' ( J ■ -
A
-ocr page 59-( S7 )
Assise fur un trône & appuyée fur une roue,
fymbole de l'inilabilité , la Fortune fe fait
aifément reconnoître. La corne d'Amalthée,
d'où découlent les richeffes , indique ce qui
lui attire les adorations de l'univers, exprimées
par l'encens qui brûle devant die. Sur les
degrés du trône fe voyent répandus les attri-
buts de cc qui fait ordinairement l'objet de
l'ambition des hommes , les dignités ; parmi
ces attributs on n'a pas oublié de mêler les
mîtres aux couronnes.
s.··.
I dp.
( i« )
-, ^ -, ; -
^ i ' ,
-ocr page 61-( )
On peint la Ginirofité fous les traits d'une
belle femme, vêtue de riches habits Se ayant
une couronne d'or fur la tête. D'une main
elle répand des tréfors, Se de l'autre s.'appuye V
fur un lion ; on fait que le lion eft le fymbole
de la Génbrofué, ainii que de la force & du
courage.
D'AîaÈs pluiîeurs iconologiftes , on a donné ,
pour attributs à la Libéralité, deux cornes
d'abondance, un aigle & un compas. L'aigle
lui eft attribué , parce qu'il abandonne, dit-on ,
une partie de fa nourriture aux autres oifeaux ,
8c le compas comme emblème du difcernement
de la Libéralité 1 lorfqu'elle répand fes bienfaits.
Les deux cornes d'abondance, dont l'une eft
remplie de monnoies, de médailles d'or, de
perles, & l'autre de fleurs ,& de fruits,
achèvent de caraCtérifer la Libéralité.
ί ®ο )
Ce vice honteux eft repréfenté par une femme-
vieille & maigre, tenant une bourfe fermée
qu'elle prefle contre fou fein. On peint l'Avarice
fous les traits d'une vieille femme, parce que
c'eft ordinairement le vice des vieillards ; fa
maigreur annonce que VAvance fe refufe fou»
vent le néceiTaire. Les facs d'argent, auprès
defquels cette figure eft couchée, défignent
l'amour déréglé des rlcheffes.
t
Ϊ
GÉNIE.
On le repïéfente avec des aîles Se une flamme
fur la tête, parce que le propre du Génie
eft de s'élever 8c de briller; mais il ne fe dé-
veloppe qu'à-l'aide des connoiiTances , c'eil:
ce qu'on a voulu indiquer par les livres qui
font à fes pieds. On y a joint les attributs des
fciences & des arts qui lui doivent tout, &
un aigle , pour exprimer la hardieiTe Se l'élé-
vation naturelle au Génie.- Les diiFérentes
couronnes qu'on voit ceindre une colonne,
iîgnifient que la gloire eft la récompenfe du
Génie i le rayon qui tombe fur la figure qui
le repréfente, fait comioître que,le Génie ne
s'acquiert point , mais que c'eit un don de la
nature.
Inteiligence célefte,que les peintres & les poè-
tes repréfentent toujours fous la figure d'un beau
ieune homme, uud δί avec des aîles déployées.
( ^^ )
On peint les Anges nuds pour indiquer ia
fpiritualité de leur être ; leurs aîles annoncent
la rapidité avec laquelle ils exécutent les
ordres du ciel. On fçait que les Chérubins
fe repréfentent avec uiie tête accompagnée
feulement de deux petites aîles.
îf
( «3 )
Un jeune homme d'une figure agréable, nud,
tenant unferpent, & couronné de feuilles de
platane;, c'eft ainfi que le Bon Génie eft re-
préfeHté dans plufieurs médailles antiques. La
couronne de feuilles de platane défigne le
bonheur, & le ferpent eft, comme on fçait,
le fymbole de la prudence. Les anciens
croyoient qu'un Génit préiidoit à la nailTance
de chaque homnje, l'accompagnoit et veilloit
à fa confervation.
■■ί i
Γ-ί 1
Les Iconologiftes repréfentent le Mauvais
Génie par un vieillard ayant le regard ef-
frayant, la barbe longue, les cheveux hériffés,
& tenant un hibou. C'eft ainfi qu'il apparut,
dit-on, à Brutus à Aiftium. On fçait d'ailleurs
que le hibou étoit regardé par les anciens
comme ua oifeau de mauvais augure.
, ί
-ocr page 66-( )
Les Génies des fcieiices & des arts fe rc-
préfentenc par des adolefcens, ou des enfans,
ayant une flamme fut la^tête & tenant les
attributs ou les inftrumens des fciences ou
des arts qu'on veut défigner.
"y ' j. j
( )
GÉOGRAPHIE.
Comme c'eft à raftronomie qu'on doit la
connoiiTance exafte de la terre, on a repré-
fenté la Géographie fous la figure d'une femme
tenant de la main droite un compas, avec
lequel elle mefure des degrés fur un globe
célefte ; de la main gauche elle montre une
fphère armillaire ; à fes p;eds font un quart
de cercle , diverfes cartes déployées, & des
livres, pour indiquer que la Géographie em-
prunte les fecours de la géométrie Se des
fciences exaftes.
C efi )
-ocr page 69-i 67 )
Science des propriétés de l'étendue ; on a
repréfenté la Géométrie enièignant Se démon-
trant le fameux problême du quarré de
l'hypothénufe, pour la découverte duquel ,
dit-on, Pythagore facrifia une Hécatombe
aux Mufes en aftion de grâce de ce bienfait.
Ce problême, par les progrès qu'on a fait
dans la Géométrie, eil devenu moins digne de
confidération ; c'eil pourquoi on a cru devoir γ
ajouter le problême de la cycloïde du pen-
dule ; & pour délîgner les feftions coniques,
on a tracé fur un tableau au-deffbus, des
cônes coupés diverfement.
fï·
)
V
Couronnée du laurier qui la caraftérife,
la Gloiri tient d'une main la viûoire qui
communément fait tout l'éclat des conque··
rans, tandis que les moiiumens élevés par
l'amour des peuples à la mémoire des bons
rois, font d'un bien plus haut prix, &:
d'une gloire bien plus durable. C^cft ce
qu'indique la pyramide que la Gloire em·^-
braiTe , tandis que le Génie de l'iiiftoire
s'occupe à tranfmettre à la poftérité les
aâions des grands hommes, &c des bienfai-
teurs de l'humanité. Les palmes , les arcs
de triomphes, le temple de mémoire ornent
îe fond du tableau, fur le devant duquel
font les difl-inftions honorables, &: les ré-
compenfes dues au vrai mérite.
D ivinité révérée des Grecs Se des Romaîas
Ε 3
( )
à laquelle ils avoient élevé des temples. Oh
la repréfente, ainfi que l'indique la petite
figure que tient la Gloire , par une jeune
> fille, les aîles déployées, tenant d'une main
une palme et de l'aiiire une couronne ds
lauriers.
Ce feiis eft d'une néceflîté tellement indif-
peufable, qu'il eft donné à tous les animaux.
Le Coût eft repréfenté par une jeune femme,
fraîche , animée portant d'une ,main une
corbeille pleine de fruit & de l'autre un
faucon, fymboles des deux fortes d'altmens
dont l'homme fait ufage. Le faucon , chez
les anciens, a été pris pour l'emblème du
Coîifj parce qu'on croit que cet oifeaii eft très-
délicat , & qu'il aime mieux foufFrir la faim
que de manger aucune viande corrompue.
Le chêne fait alluiîon à la première nour-
riture de l'homme qui, lî l'on en croit
les poètes, a été le gland, auquel fuccé-
dèrent les dons de Cérès exprimés par la
charrue, comme ceux de Bacchus le font
par les coteaux couverts de vignes. Le mors
qui fe voit aux pieds de la figure du Goût,
annoncent que ce fens a befoin du frein de
la tempérance pour ne pas altérer la fanté.
Ε 4
Aie ô-culv ■
( 7^)
.1 V-.
.-•Τ'"
ν
'Μ
m
( 75 )
On peut repréfenter VArifiocratie par une
femme ayant fur la tète une couronne d'or
& tenant un faifceau de verges liées enfem-
ble ; ce faifceau, fymbole de l'union, eft
entouré d'une guirlande de lauriers. VArifio-
cratie tient une hache, s'appuie fur un cafquè
& fur des facs remplis d'or, po,Hr indiquer
la diftribution des récompenfes & des peines,
& pour annoncer que fa force réfîde dans
le courage 8c les richefles des citoyens.
Lïs iconologiftes repréfentenr ce gouverne-
ment par une femme vêtue Amplement ,
couronnée de feuilles de yigne & d'orme,
tenant d'une main une grenade Se de l'autre
des ferpens , auxquels il feroit mieux de
Aibftituer des couronnes civiques. On fçaiï
(74)
que ces di\fers attribnts font les fymboles
de l'uiiion, bafe de la Démocratie. Un
gouvernail, foutenu par un grand nombre
de baguettes, achève de défîgner ce gou-
vernement. Aux pieds de la figure qui le
repréfente on voit du bled, partie à terre,
partie dans des facs, pour fîgnifier que la
Démocratie s'occupe ciTentielletnent de ce
qui efl; néceiTaire à la fubfiftance du peuple.
Gouvernement qui réunit dans la même
perfonne le facerdoce & l'autorité fuprême.
Quoique plufîeurs nations ayent eu un gou-
Ternement théocratique, tels que les anciens
Gaulois, fous leurs druides, & les Romains
fous leurs empereurs , qui rempliiToient en
même-temps, les fondions de fouveraiii pon-
tife , cependant on ne connoît dans l'antiquité
de T/ze'oirriZiiÉ, proprement dite, que chez les
Juifs, depuis Moïfe jufqu'à Samuel; & chez
les modernes que dans les états d)i pape. Oa
%
?
( 7Î )
peut conûiker, pour la Théocratie des Hébreux ,
la figure de la Religion judaïque y en. fuppri-
Inaiit les acceiToires iiui fon: autour d'elle,
La Théocratie moderne peut fe repréfenter par
une femme dont l'attitude eii majeftueufe,
coe'fFée de la thiare, vêtue d'une chappe &
portant une étole ; d'une main elle tiendra
deux clefs, Se de l'autre un glaive, alluiion
aux deux pouvoirs du fouverain de Rome.
Le fond repréfentera , d'un côté, la baii-
lique de Saint-Pierre, & de l'autre le môle
d'Adrien, connu fous le nom de Château
St-Ange.
Une femme fuperbement vêtue, aiÏÏfe fur
un trône, ayant une couronne de rayons
fur la tête, & un fceptre à la main, tels
font les traits fous lefquels les iconologiifles
repréfentent la Monarchie. Elle eft appuyée
fur un lion , fymbole de la domination , de
la force & du courage ; le ferpent Se les
(7θ
faifceaux d'armes fonc les emblèmes ds U
prudence & des conquêtes.
Ο κ employé les mêmes attributs que dans
la figure précédente, pour défigner la Mo-
narchie Univerfelle , mais la figure qui la repré-
fente doit être aflife fur le globe du mondci
Abus du pouvoir abfolu, le Defpotifme
peur fe repréfetiter par an fultan ombrageux ,
d'un afpefl: féroce , tenant en main une
épée nue, & de l'autre un fceptre de fer.
On peut ajouter à cette idée, en plaçant
autour de fou trône des efclaves profternés ,
& des fatellites armés de glaives.
Comme la crainte eil: toujours le fupplice.
des tyrans, on peint^ la Tyrannie fous 1%.
r
d'une femme pâle , effrayée , le re-
gard fombre Se farouche, ayant pour fceptrc
une épée nue, 8c tenant un joug de îa
main gauche. A fes pieds font des chaînes ,
des faifceaux déliés, & autres inftrumens
des fupplices.
Suite afFreufe de la guerre civile, licence
eiFrénée du peuple lorfque le pouvoir légitime
& les loix, fans aftivité, fans vigueur, fonî
également méprifés. Les iconologiftes n'ont point
parlé de cette crife effrayante, mais on peut
Tepréfenter l'Anarchie fous la figure d'une
femme dont l'attitude annonce la fureur, les
yeux couverts d'un bandeau, les cheveux
cpars, les vêtemens déchirés , foulant aux
pieds le livre de la loi, pofé fur un faifceau
de baguettes, fymbole de l'union ; d'une main
l'Anarchie tient un poignard & de l'autre une
torche allumée , allulîon aux crimes qu'elle
fait naître; un fceptre brifé, un joug rompu
achèvent de la caraftérifer. Le fond du tableau
pourra repréfenter un combat entre des ci~
toyens, dont les armes de diiFérentes éfpèces ,
indiquent les iniurreftions populaires; &: plus
loin une ville incendiée.
Μί·
Γ-ίί·;
I
il
il
(79)
G R A C E.
Pr.îse eu général, ία. Grâce eH repréfentéc
par une jeune femme, belle Se riante, vêtue
d'habits légers , moins riches qu'élégans ; fa
cociFure eft ornée de fleurs de de pierres
précieufes, où le goûc doit faire difparoîtrc
l'art. La Grâce répand des fleurs fans épines,
fymbole qui lui eft particulier; dans fes traiw
& dans fon maintien, on doit remarquer ce
molle at que facetum fi recommandé par les
poètes, & cette expreflion naïve qui la ca--
raitérife fi heureufemenr.
.......La Grâce, plus belle encor que la Beauti.
G R A C Ë DIVINE.
Les iconologiftes ont repréfenté la Grâce
divine fous la figure d'une belle femme,
environnée d'une lumière refplendiiTante. Le
Saint-Efpric, fous la forme d'une Colombe,
plane au-deiTus de fa tête, & près d'elle
!>( Ί
\\
t i
( 2ο )
font une coupe &c un livre où eft écrit :
Bibite & Inebriamini. D'une corne d'abon-
dance la Grâce divine répand les emblèmes
des vertus ; le miroir de la prudence , ■ le lis
•de la pureté, le foleil de la fageiTe ; des
colombes, images de la douceur, s'en échap-
pent aulTi, &c font accompagnées de fleurs.
Le rameau d'olivier que la Grâce divine tient
à la main, eft ici le fymbole de la paix &
de la tranquillité de l'ame.
GRACES.
4
-ocr page 83-f 8t )
Le s Grecs ont repréfenté les Grâces fous
l'emblème de trois jeunes filles nues , qui
s'embraiTent ou fe tiennent par la main ;
elles ne doivent être ornées que de guirlandes
de fleurs qui les enchaînent. Ces trois divi-
nités , compagnes de Vénus, ont été nommées
Euphrofine, Thalie\Bc Aglai.
Sams les Grâces, la Beauté n'oSie point ces
attraits touchans, ce charme invincible qui
lui alTurent les vœux &c les hommages des
mortels ; c'cft pourquoi les poètes ont donné
les Grâces pour compagnes à la Beauté. On
la peint ordinairement fous les traits de
Vénus; mais pour ne point faire d'équi-
voque , il eft à propos de fupprimer les
attributs particuliers à cette déeiTe. La Beauté
fera donc repréfentée par une belle femme,
prefque nue , mais fans immodellie , ornée
Tome IL F
( )
d'une guirlande de lys &c de violette , &
tenant à la maîa le trait dont elle bleiTs
tous les cœurs. Pour indiquer encore le pou-
voir de la Beauté, on peut ajouter auprès
d'elle un fceptre , & des chaînes d'or cachées
fous les fleurs, fymboles de fa puiiTance.
a Γ B. È s une efquiiTe^de la Beauté, on doit
en trouver une de M Amour, le plus beau, le
plus puilTant des Dieux. Fils de Vénus & de
Mars, VAmour, ou Cupidon , eft toujours
repréfenté fous la figure d'un enfant aîié,
dont le regard malin annonce qu'il foumet ,
en riant, tous les mortels à fon empire. Ses
attributs font un arc, un flambeau, un car-
quois qui contient fes dangereux &c inévitables
traits. Quoique VAmour foit fils de la Beauté,
on le peint cependant quelquefois avec un
baiideau fur les yeux; le fens de cet em-
blème ingéni«u.iÎ 5c expreffif eft univerfelle-
ment connu, aiaâ que celui des attributs
donnés à l'Amour. Les Jeux &: les Ris qui
l'accompagnent ordinairement, font repré-
fentés par des enfans folâtres , ayant des
aîles de papilîon; allulîon à l'inconilance des
plaiiîrs de VAmour. Lorfque l'on peint ce
Dieu comme amant de Pfyché, on îe repré-
fente toujours adolefcent. La devife qui con·
vient le mieux à VAmour, eft renfermée dans
ce diftique heureux :
Qui que tu fois, voici ton maître ;
11 l'eft, le fut, ou le doit être.
La révolution étonnante qui vient de s'opérer
en France, engagera plus d'une fois les ar-
tiftes à faire ufage de la figure que nous allons
décrire, pour tranfmettre cet événement à la
poftérité. Les iconologiftes repréfentent l'Amour
de la Fatrie par un jeune guerrier, dans le
coftume romain, tenant deux couronnes, l'une
ebfidionale, ou de gramen. Se l'autre de
F î.
(84)
chêne. La première de ces couronnes elt
relative à celle qui fut décernée par le fénat
à Fabius, après la fécondé guerre punique ;
la couronne de chêne étoit donnée chez les
Romains à celui qui avoit fauvé la vie à un
cicoyen. On peint VAmour de la. Patrie fous
les traits d'un jeune guerrier, parce que cette
noble paffion ne vieillit jamais; fes vêtemens
militaires annoncent que le vrai citoyen eft
toujours prêt à fecourir fa patrie. Sur le
devant du tableau paroît un gouiFre d'où
s'échappent des flammes, allufion au dévoue-
ment héroïque de Quiatus Curtius.
• »
( 8î )
Ε1 L Ε eft f epréfeiitée par une femme , d'un
caradlère grave, arrofant de jeunes plantes,
parce que c'eil par elle que commence
l'inftitudon des enfans. La clef que tient
la Grammaire doit être coniîdérée comme
celle des fciences, vers lefquelles la Cram·'
maire eft !e premier pas. Le goût na-
turel de l'homme pour elles, s'exprime par
l'enfant qui témoigne le deiîr de poiTéder
cette clef, après avoir jetté derrière lui les
amufemens de l'enfance ; le livre qui eft aux
pieds de la Grammaire, préfente les premières
lettres de l'alphabet. Le temple élevé, qui fe
voit dans le lointain, eft celui de la fcience,
ou de Minerve, dont l'accès eft difficile; le
foleil levant peur encore être employé comme
le fymbole de l'efpérance que donnent les
bons commencemens d'éducation.
Fî
-ocr page 88-iM
■a
■η
( )
Une femme, jeune, tenant une cigogne,
eft l'emblème particulier de la Keconnoijfance.
On la peint jeune, parce que, dans une ame
xeconnoiiTante , Is fouvenir d'un bienfait ne
Yieillic jamais. La Gratitude tient à la main
une branche de lupins, à caufe que cette plante
fertilife la terre où elle croît ; mais l'attribut
diilinûif de la Reconnoijfance eft la cigogne ·,
cet oifeau a , dit-on , foin de fes parens dans
leur vieillefle, leur prépare un nid, des dé-
pouilles de leurs vieilles plumes , Se leur
donne à manger jufqu'à ce que les nouvelles
foient repouiTées.
Os repréfente ce vice odieux par une femme
maigre,, hideufe, qui tient deux vipères, dont
l'une mord la tête de l'autre ; parce qu'on
F4
(U)
prérend que quelquefois dans leur joiidion la
femelle mord la têre du mâle, jufqu'à lui donner
la mort. On donne auflî à VIngratitude une
ceinture de lierre, par la raifon que cette
plante détruit fouvent l'arbre qui a fervi à
rélever , ou le mur qui eft fon fouticnt.
( )
Quoiqu'on ne faiTe pas un fréquent ufagc
de cette figure, on n'a point cru devoir
l'omettre. Les iconologiftes repréfentent la
Gravité par une femme d'un âge mûr, yêtue
de pourpre, avec un papier écrit & fcellé ,
attaché à fon cou & pendant fur fon fein ■,
elle s'appuye fur une colonne qui porte une
figure de Pallas, & fes vêteraens font parfemés
d'yeux & de plumes de Paon. De la main
droite, la Gravité tient une lampe ; ce
dernier attribut, ainfi que les yeux, font te-
latifs à la prudence ; la pourpre, les plumes
de paon & la lettre fcellée, font les em-
blèmes des places éminentes, ainfi que ta
colonne furmoatée de la figure de Pallas.
Les iconologiftes repréfentent la Légèreté
d'efprit par une femme jeune , ayant des
(.90)
aîles à la tête, aux pieds Se aux mains ; clîc
tient une girouette , &: autour de fa têt®
ctt voit voltiger des papillons.
C )
Fit LE du delîîii, ainil que la peinture &
la fculpture, la Gravure peut être repréfentée
par une jeune mufe appuyée fur une table ,
où l'on voit les inftrumens de foa art ; elle
rient un burin. Se obferve une planche fur
laquelle l'eau forte achève ce que la pointe a
tracé. Comme la Gravure exige une étude
approfondie de la fcience du deflîn, on a
tâché de faire appercevoir dans le fond du
tableau l'Apollon du Belvedère, la tète ,du
Laocoon, celle de la Vénus Médicis, em-
blèmes de la correfticn, de l'expreiîîon &c
de la grâce. Les eftampes du chevalier Ede-
linck, SiC les batailles d'Alexandre, gravées
par Gérard Audran/mdiqiient les clief-d'œuvres
de la Gravure dans différens genres.
Si l'on defiroit faire ufage d'une allégorie
plus étendue, on pourroic, d'après le poëme
latin du père Doiffin, repréfenter , auprès de
la Gravure, la peinture fa fœur qui lui
( 9^)
préFente fes ouvrages & implore pour eux îe
fecours du burin qui doit les immortalifer
en les multipliant; fur le devant du tableau
l'on verroit le Tems abbatu , ia faux briiee ,
gémiflant des triomphes d'un art qui rend
fes fureurs impuiiTantes,
i s
in )
Sous les traits de Bellone on peint la
Guerre le cafque en tête, les cheveux épars,
l'œil étincelaiit ; elle eft armée d'une pique
& tient de la main gauche le flambeau def-
trufteur qui eft encore l'attribut de ce fléau.
La Guerre marche fur un monceau d'armes}
on peut y ajouter tout ce qui fert à carac-
térifer la cruauté, le courage, & repréfenter
dans le fond une ville confumée par les
flammes.
Ο Ν repréfente la Trêve par une jeune
femme, dont la main gauche eft pofée fur
le cœur, en figne de confiance & de bonne-
foi ; de la main droite elle tient une épée ,
dont la pointe eft baiiTée ; emblème de la
fufpeniïon d'armes. La Trêve eft fans cafque,
mais vêtue d'une cuirafle, parce que les
hoftilités ne font que fufpendues.
^ ν· ; -V -·
φ
-ocr page 97-ί 95 )
HISTOIRE.
Elle inftruit des faits & procure l'expé-
rience de tous les âges ; c'eil pour cela
qu'on repréfente VHifioire écrivant fur le
dos de Saturne , emblème du tems. Elle
regarde en arrière , pour indiquer qu'elle
écrit les chofes palTées, Se qu'elle les tranfmec
à la poftérité. Les aîles qu'on donne à
VHifioire fignifient la facilité qu'elle a de
ie communiquer par-tout, d'où réfuîte fon
utilité générale ; & le diadème qui lui ceint
le front, annonce qu'elle eft fur - tout la
leçon des Rois, La trompette eft le fymbole
des aillions glorieufes qu'elle fe plaît à nous
tranfmettre ; la ville embrâfée , qui fait le
fond du tableau, exprime la deftruâion des
empires, article remarquable & inftruftif des
annales de VHlfloire, Se le foleil, repréfenté
fur fon eftomac, eft l'emblème de la vérité
Se de l'impartialité qu'elle doit avoir. Lçt
inonumens antiques font les preuves de ï'Hifioire',
c'eft ce qu'on a voulu déligner par la py-
ramide, ainii que par les médailles répandues
auprès des ouvrages d'un des plus anciens
hiftoriens de la Grèce, TJhucidide. (Voyez
l'article CUo.)
m
JÎIVER.
-ocr page 99-D'aîrès un monument antique , on a re-
préfenté cette ttifte faifon par une vieille
femme, la tête couverte d'un pan de fa robe,
gc fe chauiFant devant un braiîer. La vieilleiTe,
peinte dans le tableau fous les traits de cette
femme, figniiîe celle de l'année, parce qu'en
Hiver la teire femble laffée des efforts qu'elle a
fucceiîivement fait pendant les trois faifons
précédentes. Dépouillée alors de fes ornemens,
elle paroît trifte & mélancolique comme cet
âge. Un enfant qui arrive chargé du produit
de fa chaffe, exprime que VHiver eft la fai-
fon des feftins. On n'a pas cru devoir riea
ajouter à cette ingénieiife allégorie.
Tome W
-ocr page 100- -ocr page 101-iP?)
Vertu qui nous potte à contribuer att
bonheur de nos fembkbles. On la repréfente
par une jeune femme dont le vifage exprime
la feniîfeilité ; elle s'emprelTe d'oiivrir fa
robe pour recueillir des enfans prefque nuds.
Comme la bienveillance eft un des fetitimens
qui caraâérife VHumanité, & qu'elle aime
mieux qu'on ignore les récompenfes qui lui
font accordées que d'affliger l'amour-propre,
elle cache dans fou fein les couronnes qu'elle
ft remporté.
Sentiment qui nous porte à pourvoir aux
befoins & à foulager les maux qui affligent
l'humanité. La Compaffion diftribue d'une main
de l'argent aux infortunés, & de l'autre tient
un nid , où fe voit un pélican qui fe déchire
1« fein pour nourrir fes petits : cet emblème
Gi
-ocr page 102-(' Î
cxpreiTii qui nous v\:at des Egyptiens, efl: trop
coniiu pour avoir befoin a'expiication.
C Β U A U Τ É.
^ '.-KAciits. aiFreu:: qtù naît il; la lîchetc
j.Int>· à U férocité. La Crui^iui annonce, p^r
an fju: :re pcrf le, le plaliir barbare qu'elb
C^r:aYa à h. vue d'un incendie, tandis qu'db
cïouiFe un enfant au berceau, fyrrloîe de
l'innocence ; auprès de la Cniamé font plu-
/îturs autres çnfans baignans dans leurXang,
viaimes des dangereus iijEjittii-jefls dt
furie.
.4L
On la repréfente enveloppée de fes vêtemens,
& tenant une corbeille remplie de pains,
parce que VÎlumiliti ne cherche point à pa-
loître, & qu'elle cache fes bonnes œuvres j
elle aime encore à fe rabaîiTer, c'eft ce que
déijgne le fac qu'elle porte fur les épaules j le
miroir & les plumes de paon que VHum'dité
foule aux pieds indiquent le mépris qu'elle
fait des vanités mondaines.
L'eMelême de la JaBance eft une jeune
femme, parée de plumes de paonj elle fonne
de la trompette , d'où l'on voit fortir quelques
rayons de gloire , mais entourés de fumée, parce
que la JaUance nuit beaucoup au vrai mérite.
vaine gloire.
La V^aine gloire eft repréfentée par une femme,
coëffée de plumes de paon, ayant des oreilles
gj
s-U..
-ocr page 104-t )
d'dne, ëc tenant une trompette ^μί lui fefï à
publier le mérite qu'elle n'a pas ; c'eft pourquoi
l'on pourroit ajouter à fes pieds un corbeau ,
fier d'étaler une fau-iTe queue des mêmes plumes
dont- la f^aine gloire efl parée.
Une femme richement vêtue, portant un cœur
fur fa tête , entouré d'une auréole Se àe
plumes d'e paon, autour defqueîles voltigent
des papillons, eft l'emblème que les icnnolo··
gifles donnent ordinairement à la Vcmité. Le
cœur défigne qu'elle découvre inutilement fes
peniees, les autres fymboles n'ont pas BelbÎn
d'explications. On ne donne point d'oreiiîes
d'âne à la yaniti, parce qu''eUe accoinpagiis
quelquefois le vrai méiitc.
( Ιβί)
HYMEN.
On repréfente ordinairement cette divînitS
fous les traies d'un adolefcent, couronné de
rofes & tenant un flambeau ; mais cette allé-
gorie ayant trop de reiTemblance avec celle du
dieu-, diî! Goût·, oa a cru, d'après pluiîeurs
iconologiftes, devoir repréfenter l'i^ymen fous
Îa figure d'un jeune homme , ayant des
entraves aux pieds & un joug fur les épaules,
pour exprimer que iliius le mariage on perd,
fa liberté , & qu'on doit fupporcer les obliga-
tions que cet état impoiè. Le mariage étant
mêlé de plaifîrs & de peines , on donne ici
à VHymen une couronne de rofss & d'épines ;
fon joug eft enlacé de fleurs, & la flamme réunie
des deux flambeaiix, efli l'emblème naturel de
l'union qui doit régner entre les époux.
Le Célibat adouci par les plaifîrs peut fe
Peindre, fous les traits d'un jeune, homme qui
G4
-ocr page 106-( 16-4 î
fuir âtec vélocité ,1e .flambea» de ramou?,
& porte au bouc d'une flèche le bonnet de
la liberté. L'Amour sème des fleurs fur Îeî
jias du Célibat qui foule aux pieds les chaînes
& le joug du mariage.
CÉLIBAT RELIGIEUX.
On peut repréfenter le Célibat religieux Se
charte par un jeune homme fuyant l'amour ,
& foulant aiiï pip.k Γηη flambeau ; d'une main
ji tiendra "un lis, emblème de la chafteté. Se
de l'autre un livre, où feront écrits ces mots s
Cafiigat corpus meum.
V Ο L ϋ Ρ Τ JÉ.
d É ε s s s qui préfidoit aux plaîiîrs, & à
laquelle les Romains avoient élevé un temple.
Sous un berceau de myrthe & de ïofes, on
peint la Volupté couchée fur les couffins de la
OTolleiTe, fes regards languilTans invitent aux
carefles de l'amour 5 mais fon teint pâle an-
( 'Oî )
jionce que la trifteiTe marche à la fuite des
plaifîrs. On pourroit ajouter des caiToIectes
fur le devant du tableau, & faire tenir à la
F'olupté la coupe enchantereffe de Circé.
Ce vice eil déiîgné par un jeune homme qui,
les yeux bandés , va fe précipiter dans les bras
de la luxure; il marche fur un amas de
feuilles , fous lerquclles fout caches plufieurs
ferpens.
Les îconologiftes ont repréfenté le f^ice fous
des emblèmes tellement obfcurs, ou inlîgni-
fians, qu'on n'ofe plus en faire ufage. Ce font
prefque toujours des monilruoiîtés fabuleufes j
tantôt une harpie, tantôt un hydre carefle par
Un jeune homme ; mais l'allégorie devant parler
à rimaginanoii par des images l'enfibles, le
yice doit être perfonnifié, comme dans la
figure précédente , par un jeune homme
( ÏOS )
coaraat arec vélocité dans un fenrier joficKê
de fleurs , fous lefquelles font cachés des
icrpeiis. Au lieu d'avoir un bandeau fur les.
yeux, le Vice tiendra un mafque agréable
avec lequel il s'empreiTera da cacher la lai-
deur de fes traits ; on le repréfente dans
l'aâion de courir, parce que les progrès du
Vict font très - rapides. Il ne doit point
paroître nud, mais couvert de riches vête-
mens; avec lefquels il s'enveloppe pour cacher
fa difformité ; on peut appercevoir fous fe$
habits un filet & un hameçon, pour fignifier
que lorfqu'on tombe dans les pièges du Vice,
it eft très difficile de s'en retirer. La lîrène-
peut encore fervir d'attribut à cette figure·
Pour peindre les Vices en particulier, on
peut confulter, à la table générale, ceux ψΐ
ont une dénomination direfte.
{ Ï07)
TABLE DES ARTICLES
DU SECOND VOLUME.
A. | |
Amitii pajjagère. |
47 |
Amour , |
82" |
Amour de. la Patrie, |
Sj |
Anarchie, |
77 |
Ange, |
et |
Ariftocratie, |
7Î |
Avarice, R |
60 |
Beauté, |
8ï |
Bon génie, voyez Génie bon & mauvais. | |
C. | |
célibat. |
lOÎ |
Célibat religieux^ |
J04 |
Chicane , |
li |
Compajfton, | |
Cruauté» |
ÏOO |
Oicouragement t
ti
7i
17
7«
î«
X
5
î
7
9
XX
îi
'î
17
ai
3Î
Démocratie,
Oéfejpoirt
Defpotifmet
Difette^
Zau ,
Économie M
Écriture,
Éducation t
Éloquence t
Émulation,
£nvie.
Équité^
EratOM
Efpérance,
Efpérance chrùimti
Été.
Éternité t
Étude,
i
-ocr page 111-Etuerpcs
JExpériencet
JFamine,
JFicondité,
miicité,
Félicité éternelle,
Félicité pajfagère ,
Fertilité^
Feu,
Février^
Fidélité.
Finefe,
Flatterie,
Flegmatique,
Foi,
Foi conjugale ,
Force ,
Fortune,
Cinirofité.
îp
Jï
3i
3Î
37
37
3«
ts
3?
41
4}
4Î
47
4?
î»
îî
îî
Î7
F.
G,
( ίβί )
Cinit,
Génie {le bon & k mauvais ).
Génies [tes).
Géographie ^
Géométrie^
Gloire,
Goût,
Gouvernemetis, '
Grâce,
Crace divine.
Grâces {les).
Grammaire,
Gratitude,
Gravité,
ti
S4
67
£9
7Σ
75
7?
7?
St
gj
«7
fi
45
?î
97
99
ton
Gravure en tailk-doucet
Guerre,
Haine,
Hifioire,
Hiver ,
Humanité,
Humilité,
Prjdi^alitéy
Profufion,,
( lii. )
S'connoijancc , vo :·.'ζ i/rar,
; voyez Ai'iOUi
45
4)"
- t
Stérilité,
Stupidité,
Tems,
'Inéocratle 1
Irahijon,
lyra:
aj
74
Î4
7"
/'««e gZoi/'i·,
Vanité,
yice,
naoire.
101
lOÎ
lOJ
6y
i04
( 1» )
Hymtn',
Ignorance,
Infortune,
Ingraxituit,
Immortalité t
Iniquité,
Injufiice,
JaBance,
Jeux, voyez Amour.
Légèreté d'efprUt
Libéralité,
Libertinage,,
Loyauté,
SOJ
7
îS
87
34
14
ïJ
lOI
ï.
L.
s?
S9
loj
5}
M,'
Maicmîs Génie, voyez Génit bon & rMuvsîs.
Monarchie, yf
P,