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ßibllotheejk
Instituut voor aardwetenschappen
Budapestlaan 4 -
3584 CD Utrecht
LE DILUVIUM ANCIEN OU GRAVELEUX.
LE DILUVIUM PLUS RÉCENT OU SABLEUX ET LE SYSTÈME EEMIEN.
Extrait des Archives Teyler, Série II, T, III, Première partie.
' BIBUOTHCeK-^
RIJK^NWERSÏT« 1
utrecht
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haarlem,
les héritiers loosjes.
1887.
n. Le Diluvium ancien ou graveleux.
Introduction....................................................Pag. 1.
Chapitre L Le Diluvium entremêlé â l'ouest de l'JJssel.
Tranchée du chemin de fer près de Reenen...................... » 9.
Coupure du Chemin de fer Rhénan à Maarn..................... » 16.
Le Forage de Zeist.......................................... » 21.
Profil de la sablière entre les stations De Bilt et Soest du Chemin de
fer Central................................................ » 24.
Coupure de la „Montagne" d'Amersfoort........................ » 27.
Sablières de Hilversum....................................... » 29.
Massif de Clèves et de Nijmègue................................ » 32.
Le Monferland............................................... » 37.
La sablière de Wageningen.................................... » 39.
Environs d'Arnhem........................................... » 42.
Forage d'Arnhem............................................. » 44.
Coupure d'Assel.............................................. » 45.
Le nord de la Veluwe........................................ » 46.
Chapitre IL Le Diluvium entremêlé à l'est de l'Ussel.
Les Environs d'Eibergen....................................... » 49.
Lochem, Markeloo, Delden.................................... » 52.
Haarler- et Lemeler Berg..................................... » 55.
Collines d'Enschedee—Oldenzaal et d'Ootmarssum................. » 59.
Le Diluvium entremêlé et l'Ussel............................... » 63.
Chapitre III. Répartition verticale des Eléments du Diluvium entremêlé.. » 65.
Chapitre IV. Les Phénomènes pseudo-glaciaires en Hollande............ » 70.
Chapitre V. Le Diluvium moséan et la Question des Erratiques .Scandinaves
dans le Brabant et la Belgique. La Limite entre le Diluvium rhénan
et l'entremêlé.................................................. » 76.
Chapitre VL Le Diluvium Scandinave................................ » 86.
Le ,,Hondsrug" en Groningue.................................. » 90.
Les principaux Forages des Provinces septentrionales.............Pag. 93.
L'Ile de Tessel............................................... » 97.
Chapitre VII. Comparaison du Diluvium entremêlé et du Diluvium Scandinave,
Récapitulation.*.............................................. » 99.
-ocr page 3-III. Le Diluvium plus recent ou sableux et le Système Eemien.
Chapitre I. Les Recherches sur le Système Eemien (Harting).........Pag.-104.
Chapitre IL Description des Fossiles du Système Eemien.............. » 108.
Echinodermata............................................... » 109.
Bryozoa.................................................... » 110.
Lamellibrancliiata............................................ » 111.
Gastropoda................................................. » 122,
Chapitre III. Age géologique du Système Eemien...................» 130.
Chapitre ÏV. Comparaison de la-Vallée gueldroise avec celle de l'IJssel.. » 141.
Chapitre V. La Littérature du Zanddiluvium et ses Rapports avec
l'Alluvium.................................................... » 148,
Chapitre VI. Comparaison des difl^Vents Forages de la Vallée gueldroise. » 155.
-ocr page 4-CONTRIBUTIONS
A LA
PAR
IL
LE DILUVIUM ANCIEN OU GRAVELEUX.
L'ouvrage fondamental pour la géologie des Pays-Bas, le livre qu'il
faut consulter continuellement quand il s'agit de connaître le sol de notre
patrie est le „Bodem van Nederland" de W. C. H. Staring, dont les
deux volumes ont été publiés en 1856 et 1860. Il contient presque tout
ce qu'on savait alors du sol de notre patrie; nous pouvons donc laisser
de côté les publications antérieures, dont nous ne ferons que rarement
usage pour leur emprunter des détails qui' paraissent avoir échappé au
géologue néerlandais. Le second volume s'occupe spécialement de la
géologie proprement dite ; la moitié environ décrit la Formation quaternaire,
qui a si longtemps été traitée en marâtre par les géologues. Cette Formation
quaternaire ou Diluvium est composée principalement de différents sables
dans lesquels on rencontre des cailloux et des blocs plus ou moins arrondis
de dimensions parfois assez considérables. Staring en a tracé l'origine et
a trouvé qu'ils sont venus en partie du Nord et du Nord-Est, en partie
du Sud-Est et du Sud. Il a fondé sur ces faits ses divisions du Diluvium.
Le Diluvium Scandinave embrasse les terrains non-alluviaux de la Frise,
de Groningue, de Drenthe, de l'Overijssel au nord du Vecht et des îles
de la Mer du Nord, de Wieringen et d'Urk. Le Diluvium moséan couvre
le Brabant septentrional et le Limbourg à l'ouest de la Meuse; le Dilu-
vium rhénan, seulement une partie de la Gueldre et du Limbourg entre
le Rhin et la Meuse.
1
-ocr page 5-CONTRIBUTIONS A LA. GÉOLOGIE DES PAYS-BAS- '115
Le reste de la Formation quaternaire néerlandaise, c'est à dire les
provinces d'Utrecht, de Gueldre et d'Overijssel entre le Rhin et le Vecht,
est formé de sable avec des cailloux qui sont en partie d'origine méridionale
(principalement rhénane) et en partie d'origine Scandinave. C'est pour
cette raison que Staring a introduit une quatrième rubrique , le „Diluvium
entremêlé." Finalement notre géologue a trouvé que ces dilférentes divisions
qu'il a réunies sous le nom de ,^Diluvium graveleux" ne couvrent pas
la surface entière de la Néerlande quaternaire. Elles n'en forment que
les parties élevées, séparées par un sable qui ne contient que rarement
des cailloux et qu'il nomme pour cette raison ,,Diluvium sableux"
[Zanddiluvium).
Staring ne s'est presque pas occupé de la répartition verticale de ces
rubriques. Il relève bien à plusieurs reprises que le ,,Zanddiluvium" est
incontestablement le plus récent et repose partout sur le ,,Grintdiluvium" ,
dont les différents lambeaux seraient ainsi en continuité à une certaine
profondeur. Aussi entrevoit-il (Vol. II, pag. 144) la possibihté de prouver
plus tard que le Diluvium rhénan et le moséan sont d'un âge plus
l'eculé que le Diluvium entremêlé et le Scandinave. Cette conjecture est
d'autant plus remarquable que plus tard plusieurs géologues (e. a. Berendt
et Meyn) ont taché de prouver le contraire.
Nous renvoyons pour les détails, concernant le Diluvium, à l'ouvrage
cité et nous allons donner un aperçu de ce qui a été publié plus tard
par les dilférents géologues sur cette formation, spécialement sur le
Diluvium graveleux, en réservant le Diluvium sableux pour la seconde
partie de ce travail.
Nous rencontrons d'abord un petit traité des géologues prussiens
Berendt et Meyn, intitulé : „Bericht ïiber eine Reise nach Niederland,
im Interesse der Königlich Preussischen geologischen Landesanstalt,"
faisant partie de la ,,Zeitschrift der Deutschen geologischen Gesellschaft"
de l'année 1874. La rapidité avec laquelle ce petit voyage a été effectué
est cause que les deux auteurs n'ont pu faire que très-peu de nouvelles
observations, qui sont encore en partie incorrectes.
Ils commencent leur résumé par le Diluvium Scandinave, qui a une
ressemblance très-frappante avec le Diluvium du nord de l'Allemagne
septentrionale. C'est la même argile, ce sônt les mêmes erratiques, le
même sable et gravier. Ils regrettent que la coupure du chemin de fer
à Steenwijk, si longue et si profonde n'ait pas été utilisée pour l'étude
de la géologie; leur plainte n'a encore aujourd'hui rien perdu de sa
120 CONTRIBUTIONS A LA CxÉOLOGIE DES PAYS-BAS.
valeur, elle est aussi actuelle qu'il y a dix ans, de sorte que nous la
répétons ici littéralement:
„Sollten die Eisenbahn-Ingenieure es der Mühe werth gehalten haben,
ein Profil des Einschnittes auf zu nehmen ^ so wäre die Veröffentlichung
desselben zu wünschen, und sollte später eine Erweiterung oder Reparatur
des Einschnittes die Aufnahme gestatten, so würde dieselbe für dieses
Capitel in Niedeiiand's Geognosie von bedeutendem V^erthe sein." Con-
naissant l'indifférence générale dans notre patrie pour la géologie, nous
ne voyons pas que cette plainte soit devenue superflue.
I^es points protubérants du Diluvium Scandinave dans la Zuiderzee j
l'île d'IJrk, le „Roode" et „Mirdumer Klif" en Frise et le „Voorst" près
de Vollenhove, n'ont pas été visités par les deux géologues, ce qu'ils
regrettèrent plus tard. Staring ne leur avait pas fait entrevoir la possibilité
d'y découvrir un profil géologique, ce qui est pourtant bien le cas.
Sur le „Hondsrug de Groningue et près de Rolde en Drenthe ils cher-
chèrent longtemps en vain une coupure quelconque. Enfin ils en trouvèrent
une près du dernier village; c'était un trou à argile, dont ils retirèrent
plusieurs erratiques de granit et de gneiss, des silex riches en bryozo-
aires, du Rappakivi de Finlande et un beau porphyre d'Elfdalen avec
des stries glaciaires belles et distinctes. Ce porphyre est donc le premier
bloc strié trouvé en Hollande et mentionné comme tel. Ils tâchèrent en-
suite de trouver une répartition verticale des différentes rubriques du
Diluvium et identifièrent le „Hondsrug" de Groningue avec le Diluvium
moyen de Schulau sur l'Elbe, qui est aussi caractérisé par l'abondance
de dolomies siluriennes. Ils considèrent l'île d'Urk comme appartenant
aussi au même Diluvium moyen, après en^avoir examiné les roches dans
le Musée de Leyde et avoir étudié la monographie connue de M. Har-
ting sur cet ilôt. Ils rapportent aussi au Diluvium moyen les îles de
Tessel et de Wieringen et les collines de Steenwijk.
Leurs excursions dans le Diluvium entremêlé, spécialement dans la
Veluwe et la province d'Utrecht, furent entreprises dans le but de retrouver
ce Diluvium moyen sous le Diluvium entremêlé. Ces recherches devaient
naturellement rester infructueuses à cet égard, puisque c'est justement
le contraire; le premier est plus récent que le second. Ils remarquèrent
bien le petit nombre d'erratiques scandinaves, qu' ils n'avaient pu retrouver
d'abord, et trouvèrent le sable des gravières partout fibre de feldspath.
Lors de leur voyage, la grande coupure du Chemin de fer rhénan à
Wolfheze était ouverte, probablement pour y creuser du sable. Ils en
donnèrent une figure (Pl. IV, fig. 8), qui n'a pas réussi cependant à nous
rendre la chose bien claire. D'abord où est l'ouest et où l'est? Nous
CONTRIBUTIONS A LA. GÉOLOGIE DES PAYS-BAS- '115
serions tenté d'accepter le côté gauche du profil comme celui de l'est en
le comparant à notre profil d'Asselt et comme celui de l'ouest en le
comparant à celui de Maarn. Nous y reviendrons encore en donnant
les résultats de nos propres excursions dans la Veluwe. Les auteurs alle-
mands y distinguent 5 parties : le chilfre 2 a rapport à une mince couche
de cailloux rhénans, les chiffres 3 et 4 indiquent des bancs horizontaux,
qui sont, de même que le banc abrasé 5, privés de calcaire, d'argile et
de feldspath. Il est certainement assez remarquable qu'ils n'aient trouvé
aucun fragment de roches scandinaves, rien que des quartzites, des grès,
des grauwacke, des schistes-grauwacke, des lydites, des schistes à séricite et
d'autres variétés de schistes semi-cristallins, puis des quartz caverneux
qui ont rempli autrefois les fissures des roches précitées, des quartz
arrondis, des cailloux de jaspe, du basalte et des silex qu'ils crurent
être également d'origine méridionale. Il est bien naturel que les deux
géologues se mirent à douter de la nature mixte de ce Diluvium. Heu-
reusement ils allaient bientôt retrouver ces éléments scandinaves tant
désirés dans la coupure de Maarn, sur laquelle nous reviendrons bientôt.
Avant de nous séparer de ce traité nous relevons encore ce fait, que
les auteurs sus-nommés considèrent l'absence de grands blocs erratiques
scandinaves sur les collines de la Grueidre et de la province d'Utrecht
comme une preuve éclatante de la présence du Diluvium Scandinave
sous le Diluvium rhénan, hypothèse erronée comme nous aurons plusi-
eurs fois l'occasion de le démontrer. Selon eux, ce Diluvium Scandinave
caché serait la continuation de celui des provinces septentrionales; le
terrain de la Gueldre et d'Overijssel serait ainsi plus récent que celui
de Drenthe et de Groningue.
Quelques années après cette communication, parut le traité de M. Winkler,
intitulé; ,,Considérations géologiques sur l'Origine du Zanddiluvium, du
Sable campinien et des Dunes maritimes des Pays-Bas," faisant partie
des ,,Archives du Musée Teyler", 4878. Ici nous ne nous arrêterons
qu'un moment pour revenir plus tard sur ce travail en traitant nous-
même du „Zanddiluvium". Quant au Diluvium graveleux, M. Winkler
propose de changer les divisions de Staring: Diluvium Scandinave, du
Rhui, de la Meuse et sableux en Diluvium septentrional, oriental, méri-
dional et remanié. Nous ne pouvons point considérer ces changements
comme des améliorations; le Diluvium oriental p. e. (rhénan) l'est bien
pour notre patrie, mais il est occidental pour l'Allemagne; le Dilu-
vium méridional (moséan) est septentrional pour la Belgique et il est^
naturellement peu scientifique de considérer les Pays-Bas comme un
territoire isolé et non en rapport avec les contrées voisines. Un change-
CONTRIBUTIONS A LA. GÉOLOGIE DES PAYS-BAS- '115
ment de nomenclature cause toujours quelque confusion et doit être
condamné quand il n'est point une amélioration.
Comme la majeure partie des détails donnés dans ce travail sur le
Diluvium graveleux ont été empruntés à Staring, nous pouvons passer à
la publication de M. Martin, intitulée : „Niederlaendische und Nordwest-
deutsche Sedimentaergeschiebe, ihre Uebereinstimmung, gemeinschaftliche
Herkunft und Petrefacten" et publiée à Leyde en 1878.
Le but de l'auteur est de donner un aperçu de tous les fossiles erra-
tiques trouvés dans les Pays-Bas et la partie limitrophe de l'Allemagne,
et de tracer leur origine. Il fait observer qu'à l'est de l'Elbe on en
rencontre une grande quantité, notamment ceux du Silurien inférieur de
l'Esthonie, qui manquent à l'ouest de cette rivière, tandisque les espèces
du Silurien supérieur de la Mer Baltique ont été rencontrées des deux
côtés de la rivière. L'auteur explique ce phénomène de la manière sui-
vante. Le transport des erratiques du Nord et du Nord-Est a été
effectué par la glace flottante — glaçons et montagnes de glace —
pendant une période caractérisée par un soulèvement lent du sol. D'abord
le Silurien supérieur de la Baltique vint près de la surface de l'eau, puis
au-dessus, pour être attaqué par les forces dénudatrices. Les erratiques
et leurs fossiles furent charriés à travers la plaine de l'Allemagne septen-
trionale jusqu'en Hollande, et cela sans rencontrer d'obstacle. A mesure
que le sol s'éleva, les couches siluriennes inférieures de la Mer Baltique
furent aussi dénudées et leurs débris transportés également par les
glaces flottantes. Or, celles-ci ne purent plus se disperser librement,
mais rencontrèrent un obstacle dans les hauteurs du Mecklembourg
qui étaient assez élevées pour les arrêter. C'est pour ce motif que ces
derniers fossiles n'ont été trouvés qu'à l'est du Mecklembourg ou de l'Elbe.
On voit que l'auteur n'était pas un partisan de la théorie glacialiste
de Torell et de Ramsay, qui aujourd'hui est généralement acceptée.
Toutefois M. Martin ayant changé de vue et ayant adopté cette théorie
il n'y a pas lieu de discuter ici une hypothèse abandonnée par son auteur.
Un autre résultat des recherches de M. Martin, c'est que l'origine de
tous les silex dispersés dans le Quaternaire n'est pas encore définitive-
ment constatée. Un grand nombre d'entre eux n'est pas d'origine sep-
tentrionale ou orientale. Cela s'accorde très-bien avec le résultat de nos
propres recherches, p. e. sur les forages d'Utrecht et de Zeist, où nous
avons trouvé des silex non accompagnés de roches scandinaves. Nous
avons alors exprimé du doute sur l'origine de ces fragments et demandé
s'ils ne pouvaient pas être venus du Sud et se rattacher aux silex nom-
breux de la Belgique. En suivant M. Martin dans la partie géologique
CONTRIBUTIONS A LA. GÉOLOGIE DES PAYS-BAS- '115
de son travail, nous voulons laisser provisoirement de côté, pour y revenir
plus tard, le célèbre ,,Hondsrug" de Groningue.
L'auteur traite successivement des différentes formations géologiques et
des fragments de roches qui les représentent en Néerlande. Un des
résultats de ses recherches est que strictement une limite entre le
Diluvium Scandinave et l'entremêlé n'est guère soutenable, puisqu'on a
aussi rencontré des erratiques d'origine méridionale dans le premier. C'est
ainsi qu'il mentionne (pag. 23) un bloc du grès jaune à Spirifères de
l'Eifel, mesurant 7 c.m. sur 4J- et contenant des impressions nombreuses
de Cyathocrinus pinnatus. Goldf. et d'une Pterinea. Un autre bloc provenant
également de la provhice de Groningue contient un fragment de Cyatho-
phyllum caespitosum. Goldf. Plus loin (pag. 25), il fait mention de fossiles
siluriens dans le Diluvium entremêlé, ce qui n'avait pas encore été
observé. Ils se trouvaient mêlés à des fossiles jurassiques et crétacés
dans le ,,Lochemerberg" à 5,75 m. de profondeur. C'étaient une certaine
quantité d'épongés, dont douze appartiennent au genre Aulacopium ,
une au genre Silurispongia (n.g.), 3 exemplaires d'Astylospongia prae-
morsa et 4 d'Astylospongia pihila, puis 2 individus d'Heliolites interstincta,
et 2 de Favosites sp. Plusieurs autres fossiles siluriens (éponges et coraux)
ont été trouvés en d'autres endroits de la Gueldre et de l'Overijssel,
(Hassinksberg(?), Haaksbergen, Hellendoorn et Ootmarssum. Nous avons
nous-même trouvé une Astylospongia praemorsa près d'Eibergen et une
autre à Winterswijk.
Les fossiles dévoniens, spécialement le grès à Spirifères du Dévonien
inférieur de l'Eifel, sont tellement répandus dans notre Quaternaire,
que la mention de quelques nouveaux endroits présenterait peu
d'intérêt. Selon M. Martin ils seraient le plus fréquent dans le voisinage
de l'Ussel.
Les fossiles jurassiques, spécialement liasiques, ne sont pas rares dans
notre Quaternaire. M. Martin en énumere un assez grand nombre et les
rattache à différentes localités de la Westphalie dans les contours du
bassin de Munster. Tous ont été trouvés dans le Diluvium entremêlé, à
l'exception d'un seul de la „Bergumerheide" en Frise. Strictement, cette
localité devrait appartenir selon M. M. au Diluvium entremêlé, ce qui
n'est pas le cas selon notre conception des divisions de Staring. A Bergum
il ne se trouve pas de Diluvium rhénan, qui constitue toujours la
principale partie du Diluvium entremêlé.
Quant aux formations récentes nous ne relèverons que la découverte
de deux fragments d'une roche siliceuse à Nummulites, trouvés a Hellen-
doorn (Overijssel) et à Oldebroek (Veluwe). M.M. combat l'hypothèse de
CONTRIBUTIONS A LA. GÉOLOGIE DES PAYS-BAS- '115
Staring d'après laquelle ils pourraient avoir été transportés des Alpes et
voudrait plutôt les dériver de la Belgique, où des roches à Numnjulites
se trouvent dans le voisinage de Bruxelles.
L'année suivante, en 1879, parut dans la ,,Zeitschrift der Deutschen
geologischen Gesellschaft, Band XXXI", un mémoire du géologue nor-
végien A. Heiland : ,,Ueber die glacialèn Bildungen der Nord-Europäischen
Ebene," dans lequel il discute plusieurs fois la nature du Quaternaire
néerlandais. D'abord (pag. 66), il trace la limite des erratiques scandi-
naves en Hollande, mentionne le bloc de granit à Oudenbosch, cité par
M. Winkler, ensuite ceux de Wageningen, où ils ne présentent point
de stries glaciales, s'arrête à la coupure de Maarn (comparez la description
détaillée de cette coupure) et cite les blocs striés d'Urk et de Groningue.
Les détails relatifs à notre patrie y sont ainsi peu nombreux.
En 1883, M. Martin publia à Zwolle un petit écrit „Aanteekeningen over
erratische Gesteenten van Overijssel". Il y décrit plusieurs fossiles erra-
tiques qui se trouvent dans le Musée provincial de cette ville. D'abord
il mentionne plusieurs blocs de calcaire silurien, dont quelques-uns sont
très-bien striés; il les identifie avec ceux du „Hondsrug" de Groningue
et de l'île d'Urk, argument de plus en faveur de la thèse d'après laquelle
la différence entre les Diluvia Scandinave et entremêlé de Staring n'est
pas si grande qu'on le suppose souvent. Un autre argument est la pré-
Je. sence du Goniati^s sphaericus, que Roemer dérive de la vallée de la
Ruhr et que M. Martin a rencontré non seulement dans le Musée de
Zwolle, mais aussi dans le grand-dûché d'Oldenbourg, où le Quaternaire
est ainsi également plus ou moins mixte. Un exemplaire de Ceratites
nodosus, trouvé à Hilversum, est peut-êti'e Je même individu dont parle
Staring (B. v. N. IL Pag. 95). Il est très-probable que ce fossile est un
veritable erratique et n'est pas arrivé là par accident, puisque M. M.
a aussi rencontré dans l'Oldenbourg deux exemplaires de cette même
espèce. Ils sont dérivés probablement des roches solides du nord-ouest
de l'Allemagne. Un bel exemplaire de la Gryphaea arcuata se joint aux
autres fossiles basiques connus, trouvés dans notre Quaternaire.
Nous sommes arrivé ici au bout de cette partie de notre travail ; il existe
bien encore deux écrits qui ont rapport à la géologie de la Hollande, mais
ils traitent cette science d'une manière si aventureuse que nous avons
longtemps hésité à les incorporer dans cet aperçu. Ce sont: „Verslag
omtrent het Onderzoek der Grondsoorten in de Betuwe", publié à la
Haye en 1883 et „Verslag omtrent een geologisch onderzoek van de
gronden in de Betuwe in verband met waarnemingen betreffende de door-
kwelling der dijken op last van den Minister van Waterstaat, Handel
CONTRIBUTIONS A LA. GÉOLOGIE DES PAYS-BAS- '115
en Nijverheid, ingesteld door Dr. F. Seelheim" titre hollandais d'un écrit
allemand faisant partie des „Verhandlungen des naturhistorischen Vereins
der preussischen Rheinlände und Westfalens. XLÏ, 4884."
M. Seelheim avait été chargé par le Ministère des Travaux publics
d'examiner les échantillons de 89 forages exécutés dans la Betuwe pour
mieux faire connaître le sou^-sol et nous n'avons pas d'objection à en
accepter les résultats positifs tels qu'il nous les présente. Ensuite M. S. a
voulu comparer ces terrains avec ceux de la Veluwe, afin d'en pouvoir
tirer des conclusions géologiques. l\ suffira de donner un résumé de la
marche des idées de M. Seelheim.
4. Beaucoup de coupures faites dans le sable des bruyères prouvent
que l'eau de pluie s'infiltre dans le sol (figures en forme de bouteille
ou de poire, produites par l'hydroxyde ferrique). — 2. L'eau de pluie est
absorbée en son mitier. — 3. R n'y a donc aucune érosion sur nos bruyères ;
les collines y sont encore dans leur état primitif. — 4. Une cou-
pure faite dans le ,,Soesterberg" près d'Amersfoort montre sur les deux
versants septentrional et méridional des couches (?) anticlinales qui rap-
pellent la structure des bancs de sable d'une rivière. — 5. Le ,,Soesterberg"
et toutes les collines des bruyères de la Veluwe sont des bancs de sable
gigantesques. — 6. La rivière qui les a déposés a été gigantesque aussi. —
7. Dans l'époque quaternaire il y a eu un lac d'eau douce en Suisse
et beaucoup de glaciers sur les Alpes, la Forêt Noire, les Vosges, les
Alpes scandinaves, etc. — 8. Il y a beaucoup de volcans dans l'Amérique
centrale. — 9, Ces volcans ont vomi ensemble et produit beaucoup de
chaleur et de vapeur d'eau, qui ont traversé l'Atlantique. — 40. Les
glaciers suisses se sont fondus en quelques jours, le lac suisse a débordé,
a formé un Rhin gigantesque. — 44. Celui-ci a déposé des bancs de
sable de dimensions correspondantes et voilà nos colhnes. — 42. Les glaciers
scandinaves roulent dans la mer ; les montagnes de glace ainsi formées,
nagent vers nos côtes et déposent les erratiques scandinaves. — 43. Con-
clusion. Tout cela s'est passé en quarante jours ; c'est le de Moïse.
Passons de ces spéculations à la réalité; nous croyons peine perdue
de dire un mot de plus là-dessus.
CONTRIBUTIONS A LA. GÉOLOGIE DES PAYS-BAS- '115
Chapitre ï. Le Diluvium entremêlé à l'ouest de l'IJssel.
Tranchée du Chemin de fer près de Reenen.
La petite ville de Reenen est bâtie au pied méridional d'une colline
appelée ,,Laarsche Berg" qui forme avec le ,,Heymenberg" la dernière
partie de la série de collines et de bruyères qui constituent, de Reenen à
Muiden, la rive gauche de la Vallée gueldroise. Cette série est ininter-
rompue de Reenen jusqu'à la station de Soest, où elle est terminée
par une vallée étroite, par laquelle passe le Chemin de fer Central.
A Soest le terrain s'élève de nouveau dans la dite ,,Lazarusberg", qui
est détachée de la belle colline de Baarn et Vuursche ; après cette
dernière colline viennent celles du ,,Gooi" et finalement la petite
,,Muiderberg" qui est entièrement isolée. La première partie que nous
nommerons le ,,Massif d'Amersfoort et de Reenen" est coupée à sa partie
la plus étroite par le Chemin de fer Rhénan à la halte de Maarn, et
à son extrémité méridionale, par le Chemin de fer de l'Etat, qui réunit
Amersfoort et Nijmègue. Nous avons visité à plusieurs reprises dans les
années 4882, 83 et 84 cette tranchée très-intéressante et très-instruc-
tive, dont nous allons donner la description (pl. Il, fig. 1). L'extrémité
septrentrionale A de la colline est à 900 m. du pont en pierre C delà
chaussée. A 550 m. de cette extrémité elle atteint une hauteur de 23
mètres, pour diminuer de nouveau jusqu'au pont sus-nommé, où elle
n'est que de 7 mètres.
La direction de la coupure est du N10°E au S10°0; elle a donc
un côté occidental et un côté oriental. C'est surtout du dernier que nous
avons pu construire un profil presque complet (fig. 1); le côté opposé
ne nous a procuré que quelques dessins propres à illustrer une particu-
larité importante relative à la structure de la colline.
Le profil complet se divise en deux parties presque également longues,
dont la septentrionale A B est la plus intéressante. Commençons notre
description par celle-ci. En allant du nord au sud, on voit bientôt que
la colline n'est point composée de couches plus ou moins -horizontales,
comme on s'y attendrait ; mais de couches ou de bancs fortement incli-
nés vers le nord. Ce sont ces bancs de glaise, de sable et de gravier
alternants qui composent la première partie du profil. Sur une distance
de 175 mètres le profil était très-indistinct loi-s de nos visites, mais nous
n'hésitons nullement à le considérer comme parfaitement analogue à la
partie suivante. A cette distance de l'extrémité septentrionale nous avons
le premier banc de glaise ,,8" peu distinct, qui a probablement la même
10 contributions a la géologie des pays-bas.
direction que les suivants, mais qui est un peu moins incliné. A une dis-
tance de 12 mètres se trouve le second banc „7", 12 mètres plus loin,
un troisième „6", qui n'est visible qu'à sa partie inférieure, s'amincit
vers le sommet et est ainsi plutôt une lentille qu'une couche proprement
dite. Le quatrième banc de glaise ,,5" qui se trouve à une distance de
10 mètres du commencement du troisième, est composé en partie d'une
argile violette, très-facile à reconnaître et a à sa base une épaisseur de 6,5
mètres. Ces quatre bancs deviennent plus escarpés du premier au qua-
trième, mais ont à peu près la même direction du N 30° 0 au S 30° E ; ils
sont inclinés vers le N K. Du banc „5" au banc ,,4" il y a une dis-
tance de 25 mètres; le dernier est orienté vers le N 70° 0 et s'inchne
vers le N E sous un angle de 65°, plus grand que celui des précédents.
A sa base il a une épaisseur de 4 m. (selon l'axe de la coupure). Le
banc „3" est éloigné de 28 mètres de „4"; il est parfaitement vertical
et orienté vers le N 60° 0; 46 m. plus loin est le banc ,,2" qui s'a-
mincit également vers son sommet et s'incline vers le N 35° E sous
un angle de 40°. Il est suivi à 36 m. du huitième banc ,,1" incliné vers
le N 20° E sous un angle de 45°. Après le banc ,,1" on a pu voir
encore une série de bancs de gravier et de sable formant le reste de la
moitié septentrionale du profil.
Nous avons donc ici une série de couches fortement inclinées, dont
ceUes d'argile sont le plus nettement démarquées. C'est pour cela que
nous les avons prises pour nous orienter. Elles alternent avec du gravier
et du sable qui passent l'un dans l'autre, mais forment parfois des bancs
parfaitement reconnaissables. Encore ces bancs de glaise ne sont-ils point
parallèles, mais ils diffèrent dans le sens de leur orientation et le degré
de l'inclinaison. i
Les trois premiers bancs (8—6) ne sont pas très-distincts; on peut
cependant constater qu'ils deviennent de plus en plus escarpés, jusqu'au
banc „3" qui est vertical. En même temps l'orientation change également ;
la déclinaison occidentale croît avec l'inclinaison. Elles atteignent un
premier maximum dans les bancs 3 et 4, où elles sont respectivement
de 90° et 65°. Les deux bancs de glaise qui suivent, les seuls qui étaient
encore visibles, montrent le même phénomène, ,,1" a une plus forte
inclinaison (45° contre 40°) et une plus forte déclinaison occidentale
(70° contre 55°) que le banc ,,2".
Nous voyons donc déjà ici que la constitution de notre Quaternaire est
assez compliquée. Nous verrons bientôt que les difficultés que nous avons
rencontrées dans ce même coin de terre sont encore bien plus nombreuses.
Une première dilficulté, c'est d'abord l'extrémité supérieure de ces bancs
-ocr page 14-CONTRIBUTIONS A LA. GÉOLOGIE DES PAYS-BAS- '115
élevés. Elle est très-particulière, puisque tous sans exception sont recour-
bés vers le nord au sommet et restent visibles sur une certaine distance
qui diffère selon la nature de la roche. La couche s'atténue graduelle-
ment pour disparaître enfin et se mêler complètement avec le matériel
des autres. Le sable et le gravier se mêlent le plus facilement et les
„queues" de ces couches sont moins longues et moins distinctes que celles
des bancs de glaise. Le banc „4" surtout, qui contient l'argile violette
déjà nommée, est extrêmement caractéristique à cet égard. C'est pour
cette raison que nous en donnons une figure, tirée du profit occidental
(pl. lïl, fig. 1), La queue de ce dernier banc est visible sur une distance
de sept mètres. Celle d'un banc de sable fin, qui en est peu éloignée,
a une longueur de plus de deux mètres. Comme ce phénomène a été
constaté en d'autres endroits, et que nous y reviendrons plus tard, nous
ne nous en occuperons pas ici. Au-dessus de ces queues se trouve une
couche plus ou moins épaisse, mais sans aucune stratification. Elle est
résultée en partie du mélange des queues des bancs subjacents occasionné
par le mouvement qui les a produites et en partie de l'action de la gelée
qui désagrège partout la partie supérieure des terrains et y fait disparaître
toute stratification. 1 m. environ de cette partie a été noirci par la terre
végétale. Quand le sol inférieur contient beaucoup de cailloux, il en est
de même de la croûte supérieure qui est à son tour argileuse lorsqu'elle
repose sur des bancs d'argile. L'épaisseur en varie assez, mais ne dépasse
ordinairement pas 2 m.
Ces bancs redressés se retrouvent encore dans plusieurs parties de notre
Diluvium entremêlé. Ceux de glaise surtout donnent lieu à l'observation
suivante. Staring dit de l'argile du Diluvium entremêlé (B. v. N. IL
Pag. 63): „Elle ne forme pas comme dans le Diluvium scandinavien des
bancs plus ou moins réguliers, mai- presque toujours des masses tordues
et irréguhères, dont le volume varie de quelques mètres cubes à plu-
sieurs centaines. Il est très-difficile d'en calculer d'avance le contenu.
Elles se retrouvent dans presque chaque groupe de collines.....En
creusant la tranchée de Maarn pour le chemin de fer, on a également
trouvé un gisement pareil." Quand nous saurons en outre que les bancs
redressés sont plutôt des lentilles plus ou moins étendues (comme nous
le verrons à la coupure de Maarn), nous pourrons facilement nous ima-
giner que les observations de Staring s'exphquent très naturellement par
la présence de ces lentilles. Cette supposition devient certitude, quand
Staring nous dit luimême que ,,on a retrouvé un gisement pareil à Maarn".
Nous verrons bientôt que ce gisement n'est qu'un banc redressé et que
la structure lentillaire de ces bancs y est clairement démontrée. Nous
2«
-ocr page 15-CONTRIBUTIONS A LA. GÉOLOGIE DES PAYS-BAS- '115
pouvons par conséquent accepter comme très probable la présence de ces
bancs redressés dans la plus grande partie du Diluvium entremêlé.
Retournons à notre tranchée de Reenen.
La moitié méridionale et en même temps la partie la plus élevée de
la cohine a une tout autre structure. Lors de nos premières visites en
1882 et 83, nous n'y avons pu constater que des couches de sable
avec un peu de gravier, parfaitement liorizontales, du moins dans le
profil C'est surtout en 1884 que nous avons pu découvrir le rapport
qui existe entre ces deux parties, et nous avons vu qu'elles sont sépa-
rées très-nettement et que la dernière repose en discordance sur la
première. La chose étant très-importante, nous avons consacré à cette
démarcation une figure où la ligne d'érosion des bancs redressés est bien
distincte (pl. III, fig. 4.). Plusieurs sables de la partie ancienne y montrent
une belle stratification oblique, qui prouve qu'ils ont été déposés dans l'eau
courante. Les couches de sable et de gravier, déposées après l'érosion de
la partie la plus ancienne, sont obliques près du bord du bassin érodé, mais
deviennent de ])lus en plus horizontales déjà à une petite distance. On
peut les suivre aisément jusqu'au pont en pierre de la chaussée et elles
composent le ,,Heymenberg" entier, comme ou peut le voir dans la sablière
derrière l'hôtel ,,Grebbe" situé à l'entrée de la Vallée gueldroise.
Ces deux parties de notre Quaternaire, qui sont si bien l'éprésentées
ici, diffèrent non seulement quant à la position relative des couches, mais
encore quant à la nature pétrographique des cailloux et des erratiques.
Dans notre figure 4 (pl. III) on voit le banc inchné 2, formé de gravier avec
plusieurs erratiques. Le graviei' est constitué en majeure partie de cail-
loux de quartz blanc avec des variétés brunes et noires ; les ei'ratiques
qui se trouvent surtout à la base du banc et ont une dimension de
1 d.m. (quelquefois le double) sont composés de quartzite, de grès, de
grauwacke, etc., donc exclusivement de roches méridionales sans aucune
roche plutonique. C'est le „Diluvium rhénan" de Staring, aussi pur que
possible. Les couches plus récentes ont une autre composition; parmi
les erratiques on découvre facilement les mêmes roches sus-nommées,
mais elle ne sont plus seules: des erratiques de granit, de gneiss, de
micaschiste, de porphyre, dont un portait de très-belles stries glaciaires,
etc. les accompagnent; nous avons devant nous le ,,Diluvium mixte" de
Staring. Pendant la déposition des bancs qui sont maintenant redressés,
l'inlluence du froid était donc suffisante pour former des glaçons capables
de porter des erratiques de 2 d.m. de diamètre; mais le transport des
erratiques scandinaves n'avait pas encore eu lieu. Il ne commença
qu'après l'élévation et l'érosion de ces bancs redressés.
CONTRIBUTIONS A LA. GÉOLOGIE DES PAYS-BAS- '115
Nous avons dit tout à l'heure que la colline le „Heymenberg" est
exclusivement composée de sable bien stratifié. Or, dans ce sable se trou-
vait un bloc ellipsoïde de granit grossier, mesurant 9 x 9 x' 7,5 d.rn.
On pourrait ainsi rapporter cette colline au ,,Diluvium sableux" dans le
sens strict du mot, quoiqu' on ne puisse douter qu'elle ne dépende du
,,Diluvium mixte" de Staring.
Pour revenir à la tranchée de Reenen, la partie la plus profonde,
dont il a été question dans les dernières pages, permet encore d'aper-
cevoir les. bancs redressés à la base des couches horizontales jusqu'à
une hauteur de 2,5 m. Ici encore elles sont inclinées vers le nord sous
un angle d'environ 45° et présentent la même alternance de gravier,
de sable et d'argile que les précédentes (pl. II, fig. 1, F).
Il nous reste encore trois points du ,,Laarscheberg" à décrire, dont
le troisième nous olfre des difficultés géologiques tellement grandes que
nous hésitons à les résoudre.
Le premier point est la partie méridionale de la coupure, près du pont
en pierre où nous avons levé un profil transversal allant de l'est à
l'ouest, Nous l'avons reproduit dans la figure 2 (pl. III) sur l'échelle
1: 300. Il a 32 m. de long sur 7 m. de haut. La partie supérieure se trouve
de quelques mètres en arrière ; il n'y a donc pas une continuité directe
des couches de sable de la partie droite. Les dernières sont obliques,
avec des cordons et de minces couches de gravier, deviennent un peu
plus escarpées vers l'ouest, et se terminent par une faille oblique et
très-nette. Non seulement l'inclinaison des couches y change subitement,
mais aussi la couleur du sable. Celui de droite est fm et jaunâtre, celui
de gauche est plus grossier et brunâtre^ de sorte qu'il n'y a aucun
doute sur l'existence de cette faille.
Le second point est une réproduction sur une petite échelle de la
partie méridionale de la coupure, un ensemble de couches reposant en
discordance dans une excavation entre les bancs redressés „3" et „2"
et représenté dans la figure 3, pl. IIL Le bassin a une longueur
de 15 mètres sur une profondeur de 4 et est le plus escarpé à sa
partie méridionale. On distingue facilement les bancs redressés d'argile
et de sable mêlé de cailloux et passant en gravier. Ces cailloux
sont parfois assez gros et deviennent de petits blocs erratiques; mais
ils ne se composent que de roches méridionales, de quartzite, de grès,
de conglomérat, de grauwacke. L'excavation est remplie de couches bien
distinctes de sable plus ou moins grossier et de gravier, qui sont d'a-
bord obliques, mais deviennent horizontales vers le milieu. Elles contien-
nent des erratiques assez gros jusqu'à 1 et 2 d.m. de diamètre et d'o-
CONTRIBUTIONS A LA. GÉOLOGIE DES PAYS-BAS- '115
rigirie aussi bien Scandinave que rhénane ; il y en a de granit, de gneiss,
de diorite, d'amphibolite, etc. Nous avons de nouveau ici le „Diluvium
mixte" reposant en discordance sur le „Diluvium rhénan". Le tout est
recouvert de la couche sans structure que nous avons déjà mentionnée
à plusieurs reprises et qui contient en cet endroit quelques eri'atiques
assez grossiers.
Le troisième point, sur lequel nous voulons particulièrement fixer l'at-
tention a un certain degré de ressemblance avec le second, mais il olfre en
même temps des particularités tellement curieuses que nous nous attendons
à le voir nommer un ,,profil géologique impossible". Nous l'avons cepen-
dant visité à plusieurs reprises; nous avons mesuré et dessiné les dif-
férents détails, la dernière fois en Juillet 1884, en compagnie de M.
Wichmann d'Utrecht, qui a bien voulu se convainci'e que les faits étaient
tels que nous allons les présenter. L'excavation, dont il est question,
se trouve entre les bancs d'argile ,,4" et ,,3" et occupe la partie supé-
rieure du profil en cet endroit. Nous en donnons une figure sur une
échelle de 0,01, pl. II, fig. 2.
En allant du sud au nord nous voyons d'abord le banc d'argile
vertical „3" (fig. 1), qui est composé en réalité de deux bancs séparés
par une lentille de sable fin, stratifié normalement. Ils sont suivis
de la manière ordinaire de bancs de gravier et de sable, qui présentent
plusieurs variations et montrent quelquefois des plaques ferrugineuses
endurcies. Les bancs „a" et ,,b" contiennent beaucoup de caiUoux plats
qui sont tous posés verticalement, avec leurs grands axes parahèles
aux plans des couches redressées. Tous ces bancs sont à leur tour
recourbés vers le nord à leur partie supérieure et couverts de la couche
sans structure. Ils ont été érodés en ]mrtie et l'excavation a été remplie
ensuite par des couches à peu près horizontales de gravier et de sable,
contenant, de même que le bassin précédent, des blocs et des cailloux
d'origine mixte. Or, ces couches sont en relation exceptionelle avec les
couches plus anciennes ; non seulement elles remplissent la cavité produite
par l'érosion, mais encore elles „coupent"' ces dernières, sans qu'on puisse
distinguer aucune dislocation ou disturbation. Il en est de même qu' avec
la restauration d'un vieil édifice; les pierres sont ôtées une à une et remplacées
par d'autres, souvent de couleur et de composition différentes, sans que
la forme extérieure subisse de changement. Or, ces couches intrusives
ne sont pas des fragments de roches schistoïdes compactes, mais elles
sont uniquement composées de sable et de gravier, d'éléments meubles
par conséquent. Avant de tenter une explication de ce phénomène, nous
avons deux observations à faire Les couches redressées offrent une con-
120 CONTRIBUTIONS A LA CxÉOLOGIE DES PAYS-BAS.
tinuité parfaite aux deux côtés du matériel introduit et ne doivent par
conséquent avoir été sans connexion même pendant un intervalle
extrêmement court. Secondement, on peut suivre les couches introduites
sur une distance assez considérable, par exemple la couche inférieure
sur une distance de 17 mètres. Le gravier y est bien remplacé par
du sable, mais la couche en soi est continue. En outre, la manière
dont elle a été introduite ne peut pas avoir été violente, car on aurait
alors dû observer une dislocation dans le sable fm et bien stratifié
des bancs redressés. Si nous voulions toutefois hasarder une explication
de notre ,,profil hérétique" nous serions tenté de la trouver dans l'ac-
tion de glaçons flottants. Supposons qu'un banc de sable et de gravier
se trouve dans une rivière et ne soit couvert que de 1 ou 2 centi-
mètres d'eau. Celle-ci en se solidifiant doit naturellement se souder au
sable et aux cailloux subjacents; on peut ainsi se représenter la for-
mation d'un glaçon qui n'est composé qu'en partie de glace, d'un grès
ou d'un conglomérat temporaire dont le ciment est de la glace. Avec
une crue de l'eau ce glaçon se lève et est transporté par le courant.
Il peut alors arriver dans une anse du rivage, où l'eau est tranquille.
Quand le diamètre du glaçon est plus grand que le rayon de cette anse,
une partie en est soumise à l'action du courant et il en résulte natu-
rellement un mouvement rotatoire. D'autres glaçons charriées par la
rivière se heurtent contre le premier et le pressent contre le rivage.
Nous pouvons nous figurer comment, par l'influence combinée de cette
rotation et de cette pression, le bord du glaçon ronge le rivage et est
en même temps introduit peu à peu dans la fissure horizontale qu'il
remplit en même temps. Le sable et les cailloux y restent après la fonte
de la glace. Il n'est pas nécessaire dans notre cas particulier que cette
fente ait eu une profondeur de 17 mètres ; la coupe que nous en avons
dessinée peut se trouver dans un plan vertical parallèle à l'ancien ri-
vage et la profondeur de la fente serait alors bien moins considérable. Les
quatre couches de ,,Diluvium intrusif" qu'on distuigue dans notre figure
représenteraient ainsi quatre niveaux diflêrents de cette rivière quater-
naire. La supérieure n'est que fragmentaire et est probablement abrasée
par le même phénomène qui a recourbé les sommets des bancs redressés
et qui serait ainsi assez récent.
L'explication donnée ci-dessus paraîtra sans doute hasardée, mais nous
n'en voyons pas d'autre pour le moment et nous l'abandonnerons volon-
tiers pour une meilleure.
CONTRIBUTIONS A LA. GÉOLOGIE DES PAYS-BAS- '115
Coupure du Chemin de fer Rhénan à Maarn.
C'est près de la petite commune de Maarn que le Massif d'Amersfoort
et de Reenen a sa plus faible largeur et est traversé par le Chemin de fer
Rhénan. La coupure atteint une longueur plus considérable que celle de
Reenen et une hauteur maximale à peu près égale (pl. Il, fig. 3). La
longueur de la partie mise à découvert est d'environ 4400 mètres et la
hauteur en est assez inégale. En ahant de l'ouest à l'est (direction du profil)
et en commençant à une petite route qui traverse le chemin de fer, la
hauteur est de 5 mètres à 400 m. de cette route, de 5.75 m. au point
0 ; de 9,75 m. au point A et de 40,25 m. au point B. Ici la hauteur
diminue jusqu'à 9,30 m. (C). et s'accroît de nouveau jusqu'à 20 m.
(D). Du dernier point elle diminue faiblement jusqu'à 49 m. au bout du
profil (E) et à une distance de 425 m. du point de la hauteur maximale.
Les renseignements que nous sommes en état de donner sur ce profil
sont moins complets que ceux de la coupure de Reenen. Cette dernière a
été achevée en trois ou quatre ans et a ainsi présenté un profil frais à
plusieurs occasions, tandisque le profil de Maarn se trouve à une .distance
assez considérable du chemin de iér en exploitation et n'est mis à dé-
couvert que de temps à autre pour en retirer du sable et du gravier.
Nous n'avons donc pu lever avec exactitude qu'une petite partie du
profil et nous conservons encore plusieurs doutes sur les détails du reste,
doutes qui ne pourront être éclaircis que plus tard. Ce fragment que
nous avons en vue se trouve entre 400 et 428,5 m. de distance de
l'extrémité occidentale et a une hauteur de 5,75 à 6 mètres. Nous
en donnons la figure 4 (pl. II) à une échelle de 4 : 450 dans laquelle on voit
tout de suite une grande ressemblance avec la partie septentrionale du
profil de Reenen. On y observe une série de couches redressées et for-
tement inclinées vers l'est (du moins partiellement) dont plusieurs sont
composéees de sable fm stratifié (4, 7, 44, 46), traversé quelquefois
par des lamelles irrégulières endurcies par l'hydroxyde de fer. Le banc
44 contient un sable plus grossier qui est mêle de gravier dans les
bancs 42, 45 et 47. Le gravier fin compose les bancs 2, 3, 5, 6 et
43; le gravier grossier, le banc 48 et enfin on voit des cailloux assez
grands, de 4—6 c.m. et davantage dans la partie orientale du banc 6 et
dans le banc mince 4. Quelques bancs d'argile (40 et la petite lentille entre
6 et 7 alternent avec le sable et le gravier. Ensuite on voit au premier
abord que ces bancs sont recourbés en haut, tout comme à Reenen,
mais cette ibis vers l'ouest et non vers le nord. Les queues sont de
CONTRIBUTIONS A LA. GÉOLOGIE DES PAYS-BAS- '115
longueur très-inégale, le sable fin pur ou mêlé de cailloux se perd
vite, le gravier fin 2 en a plusieurs, l'argile et surtout le gravier grossier
18 en ont d'assez longues. On peut suivre celle de ce dernier sur une
distance de 6 mètres. La couche superposée non-stratifiée est encore un
mélange des bancs redressés, de sorte qu'en l'observant attentivement
on peut, en allant de l'oue-st a l'est, „flairer" pour ainsi dire, les élé-
ments des bancs inférieurs. Ainsi la couche supérieure contient des cailloux
grossiers avant et au-dessus du sable fin 1 et bientôt on en découvre de
pareils dans un banc assez mince, qui n'est pas même en continuité
avec les premiers. L'explication n'en est pas difficile. Le banc 4 n'est
pas une couche proprement dite, mais une lentille, dont le grand axe
se trouve en dehors du profil, un peu en avant ou en arrière. S'il avait
été en dedans on aurait vu la lentille se continuer jusqu'à la couche
non-stratifiée et entrer en rapport direct avec les cailloux dispersés.
Cette masse n'est donc qu'une queue en train de dissolution. On
voit de même près de la queue du banc 2, une motte isolée d'argile
qui est aussi probablement dérivée de quelque autre lentille d'argile.
Le rapport pétrographique entre la masse de cailloux et la lentille 4 sans
continuité directement visible nous permet aussi de conclure que le trans-
port des éléments des bancs s'est opéré non pas dans le plan du profil,
puisqu'alors il devrait y exister une continuité, mais plus au nord ou
au sud. La structure lentillaire de cette partie du Quaternaire est encore
illustrée par la lentille d'argile entre les bancs 6 et 7 et par celle désignée
par le chiffre 8. Selon les ouvriers les bancs de gravier s'amincissent
graduellement tant dans la direction verticale qu'horizontale, ce dont
j'ai aussi pu me convaincre dans une autre occasion.
Quant à la composition pétrographique' du gravier, nous n'avons qu'à
répéter ce que nous avons dit au sujet du profil de Reenen ; ce sont
exclusivement des cailloux d'origine méridionale, du quartz, du quartzite,
du grès, du conglomérat, du grauwacke, etc.; il n'y a aucune roche
cristalline.
En suivant le profil dans une direction orientale, on voit de temps à
autre réapparaître les bancs redressés, cachés pour la plus grande partie
sous le talus. L'angle de l'inclinaison varie un peu et même nous y
avons vu un banc d'argile exactement vertical, qui se trouve à 25 m.
de distance du banc de gravier 18 du profil.
Dans la plaine, formée peu à peu par le transport du sable et du
gravier on voit des erratiques assez nombreux , mais encore exclusivement
d'origine méridionale. Ils atteignent .souvent un diamètre de 2 à 3 d. m.
et ont été probablement transportés par des glaçons. Là, où on peut les voir
3
-ocr page 21-CONTRIBUTIONS A LA. GÉOLOGIE DES PAYS-BAS- '115
in-situ, c'est-à-dire à l'extrémité occidentale du profil, on ne les découvre
point dans les bancs redressés de sable et de gravier, mais dans la
partie supérieure non-stratifiée. Il est donc probable que celle-ci n'est
pas uniquement le résultat du mélange des bancs subjacents , mais qu'elle
contient aussi des éléments étrangers.
Continuant notre inspection vers l'est, nous entrevoyons de temps à
autre à travers du talus les bancs redressés, sur lesquels repose en dis-
cordance , à 350 m. de l'extrémité orientale , un système de couches syn-
clinales (pl. Il, fig. 3). Ce bassin a un diamètre de 125 m. et une pro-
fondeur de 44 m. Ses couches se composent de sable et de gravier alternants
et contiennent plusieurs cailloux de granit, etc., mesurant jusqu'à-J d. m.
L'angle d'inclinaison des bancs subjacents varie entre 25° et 90°, l'inch-
naison est toujours orientale; quelquefois même on peut observer la
courbure occidentale de leur partie supérieure.
A l'extrémité orientale du profil s'en joint un second , perpendiculaire qui
se dirige ainsi du S. au N. Il a une longueur de 400 m. et une hauteur de
47 m., 5 à l'extrémité septentrionale (49 m. à l'autre). Il présente (pl. I, fig. 5)
une série de minces couches de sable jaune, avec des cordons de gravier et
quelques erratiques dispersés, et deux couches bien reconnaissables com-
posées uniquement de gros cailloux tantôt arrondis, tantôt anguleux, qui
appartiennent en grande partie aux roches scandinaves connues. La
couche inférieure est visible sur une distance de 25 mètres; elle s'élève
vers le sud plus rapidement que la couche supérieure, dont elle se rap-
proche par conséquent. Çà et là on voit encore quelques traces des bancs
redressés de gravier et de sable, immédiatement au-dessous de la couche
inférieure du Diluvium entremêlé, qui a encore ici rempli un creux dans
le Diluvium rhénan. C'est donc des couches de ce bassin et du précédent,
que sont probablement dérivés les erratiques scandinaves dispersés dans
la partie orientale de la plaine de la sabhère.
La plupart y reposaient déjà pendant une série d'années et étaient
arrondis ; quelques-uns seulement étaient anguleux, mais l'étaient proba-
blement devenus après leur déterremment. D'autres présentaient des faces
polies, un seul possédait des stries incontestables. Leur dimension habituelle
est de 50—75 c.m.; plusieurs atteignent 4 m. La roche la plus ordinaire
est un granit à feldspath blanc, dont les individus atteignent une lon-
gueur de 4—6 m. m., et à mica noire. Ensuite on y trouve du gneiss, du
gneiss amphibolique, du syenite, du micaschiste, du conglomérat quartzeux
violet, etc. Dans plusieurs des granits les macles de Carlsbad se laissent
facilement distinguer. Les deux plus grands erratiques de granit mesurent
4,5 X 4,25 X 0,75 et 4,5 x 4,4 x 0,75 m.; un autre de basalte atteint
CONTRIBUTIONS A LA GÉOLOGIE DÉS PAYS-BAS. . 19
80 X 60 X 50 c. m. Ensuite il s'y trouve un bloc de dolonne bleu-grisâtre
contenant des coraux et des bryozoaires, faciles à distinguer par la décom-
position de la roche ; des grès à Scolithus, des quartzites et des grauwackes,
dont plusieurs contiennent de petits cristaux de pyrite.
M. M. Eerendt et Meyn (1. c.) n'ont pas été frappés du phénomène
de la dispersion particulière des erratiques scandinaves et il paraît qu'il
s'en est trouvé autrefois, quoique de moindre taille, dans la partie
occidentale de la petite plaine. C'est la découverte faite en Mai 1885
qui nous l'a fait présumer. Jusqu'alors nous n'en avions point trouvé,
lorsqu'à cette date une tranchée très-peu profonde avait été ci-eusée pour
les trains à sable. C'était à environ 400 mètres de l'extrémité occidentale
(])l. II, lig. 3 B), et nous fûmes très-surpris d'y trouver plusieurs petits
erratiques scandinaves retirés récemment du sol. Nous découvrîmes
exactement le même profil qu'ailleurs, un creux ayant un diamètre
(0. N. 0. — E. S. E.) de 84 mètres et une profondeur de 4 d. m.,
dont la base était foi-mée jmr les bancs redressés encore bien reconnais-
sables qui se montraient aussi aux deux extrémités. La couche inférieure
du creux se composait de gros cailloux, principalement de roches pluto-
niemies, et était couveile de graviei- stratifié obliquement. Ce n'est donc
pas la composition, mais seulement la position si basse de cette plaque
(.le Diluvium entremêlé qui peut nous étonner. Nous ne croyons pas avoir
à faire à une faille, à im changement de niveau, puisque le grand profil
n'en fournit point les preuves, mais à une érosion plus profonde des
bancs redressés. Le profil de Reenen nous a aussi fourni plusieurs exemples
d'iuie érosion très-inégale.
Nous avons donné une petite figure, exagérée quant à la hauteur,
dans la figui'e de la tranchée entière.
Aujoutons encore que selon Staring (B. v. N. IL Pag. 122), le gravier
de la tranchée décrite a produit en 1855 deux molaires et des fragments
d'un atlas et d'un sternum du mammouth. Je possède aussi un noyau
de la corne du Bison priscus, trouvé par les ouvriers. Selon Staring, cette
espèce n'avait pas encore été trouvée (jusqu'à 1860) dans le Diluvium
graveleux, mais bien dans le Diluvium sableux qui est beaucoup plus
récent. Du reste la coupure n'a pas atth'é particuhèrement son attention ;
il dit seulement qu'il n'y avait aucune dilférence dans la dispersion
d'erratiques scandinaves relativement à la profondeur et qu'on y avait
découvert une grande masse de gravier.
M. M. Bei'endt et Meyn paraissent l'avoir visitée pendant un temps
très-court, dans leur voyage à travers la Hollande on 1874. Ils en donnent
même une figure (Zeitschrift der deutsch-geologischen Gesellschaft, 1874.
3*
-ocr page 23-CONTRIBUTIONS A LA. GÉOLOGIE DES PAYS-BAS- '115
Taf. V) qui est en grande partie inexacte. Nous y reconnaissons sans
difficulté les détails que nous avons décrits et figurés, mais qui ont été
combinés par les auteurs allemands d'une manière peu recornmandable.
L'échelle de la hauteur est aussi exagérée plusieurs fois sans qu'il en soit
fait mention.
La partie gauche de la figure (fig. 7, pl. IV) avec les couches syncli-
nales correspond au bassin discordant de notre figure ; nous y voyons
aussi que ce bassin contenait beaucoup d'erratiques en 1874 , tandisqu'en
1884 nous n'y avons vu que quelques caiUoux d'origine mixte, dispersés
dans une grande masse de sable. Le plan du profil s'est certainement
reculé de plusieurs mètres dans cette dizaine d'années, et les erratiques
sont ainsi distribués assez irrégulièrement dans les couches synclinales.
B. & M. en tirent la conclusion inexacte que le Diluvium rhénan y est
plus récent que le Diluvium Scandinave. Notre profil prouve justeirient
le contraire. En bas de cette partie de leur profil on voit une très-grande
quantité d'erratiques dispersés sur le sol et nous avons aussi vu en elfet
que la partie orientale de la coupure en contient une bien plus grande
quantité que le reste. Les auteurs allemands ne paraissent pas avoir
observé la remarquable différence pétrographique qui existe entre ces
erratiques. Le second quart de leur profil nous montre des couches inclinées
vers l'orient, qui correspondent aux bancs redressées de notre profil,
et dont une ou deux contiennent de petits erratiques jusqu'à 8 ou 10 c. m.
de diamètre. Les auteurs paraissent aussi avoir vu un peu des queues
de la partie supérieure des bancs redressés; nous voyons dans leur figure
les couches devenir horizontales pour s'incliner de nouveau vers l'ouest.
Ils ont pourtant exagéré les dimensions de ces queues en en faisant de
véritables couches. De même le premier quart du profil est inexact,
puisqu'ils y ont réuni deux systèmes de couches dont l'un repose en
discordance ostensible sur l'autre.
Les faits sus-nommés font que nous conservons beaucoup de doute
sur l'exactitude du profil de la coupure de Wolfheze près d'Arnhem,
que nous n'avons pas pu relever, puisque le talus y est entièrement
recouvert de bruyère. L'imagination a probablement aussi contribué à
compléter leurs observations imparfaites.
M. Arnund Helland a donné en 1879 le rapport d'un voyage fait
en Allemagne et en Hollande, dans lequel il a aussi visité la coupure
de Maarn. Voici ce qu'il en dit: ,,Maarn est le point le plus méridi-
onal de la Hollande où l'on ait trouvé des blocs scandinaves." (Il
cite pourtant M. Winkler et la découverte d'un bloc de granit ^à
Oudenbosch près de Breda). „I^a (à Maarn)-j'observai un grand nombre
CONTRIBUTIONS A LA. GÉOLOGIE DES PAYS-BAS- '115
d'erratiques scandinaves dont 46% de granit, 23 % de gneiss, 47 % de
grès rouge, 6 % de conglomérats, 2 % d'amphibolite, 2 Vo mica-
schiste, 2 % de schiste argileux, 4 % quartzite rouge et 4% de
serpentine. Ces blocs sont souvent pourvus de stries glaciaires et
atteignent quelquefois une grandeur de 4 m^. Le profil les montre
pêle-mêle et formant un banc d'un mètre d'épaisseur, couvert de 44 m.
de sable.'" A propos de cette note nous ferons remarquer que : quoique
nous n'ayons pas compté le nombre d'erratiques de chaques espèce
de roche, nous sommes convaincu que ceux de granit sont de beaucoup
les plus nombreux, comme le dit M. Helland, le micaschiste nous paraît
y être noté en proportion trop minime et nous n'y avons observé aucun
scliiste argileux ni serpentine, mais bien quelques blocs de dolomie grise,
riches en bryozoaires et en coraux. Ensuite nous pouvons nier positive-
ment qu'ils soient ,,souvent pourvus de stries glaciaires". Nous les avons
examinés un à un et nous avons souvent observé un certain polissage,
mais très rarement des stries, quoique nous soyons porté à croire qu'ils
en aient eu. M. Helland a observé, de même que M. M. B. & M., qu'ils
forment un banc d'une épaisseur d'un mètre, couvert de 44 m. de sable.
Ce dernier chiffre est le même que celui que nous avons donné pour
l'épaisseur du petit bassin qui repose en discordance sur les bancs redressés
et dans lequel je n'ai pu trouver que des cailloux do granit peu volu-
mineux. Helland n'a donc rien vu des bancs redressés. Quoique les
communications des auteurs précités aient un certain intérêt, elles sont
assez incomplètes et plus ou moins inexactes.
A 5 K. M. à l'est du village de Zeist, non loin de la „Pyramide
d'Austerlitz", se trouve un puits artésien qui a jadis beaucoup intéressé
les géologues. Nous voulons y revenir puisque les faits qu'il a mis
au joiu^ sont assez importants. M. Harting en donne quelques détails
dans son „Bodem onder Amsterdam" publié en 4852 dans les „Verhan-
delingen der Eerste Klasse van het Koninklijk-Nederlandsche Instituut".
II y dit (pag. 99) que la hauteur du terrain (une bruyère assez basse)
est à 46 m. + A. P. et que la profondeur du puits atteint 439 m. Le
premier qui ait tenté de tirer des conclusions géologiques de ce forage
est M. Van Breda (Nederlandsche Konst- en Letterbode 4835 J): „Be-
denkingen omtrent hetgeen uit de, bij de Putboring te Zeist opgebrachte
Mi
%
li
CONTRIBUTIONS A LA. GÉOLOGIE DES PAYS-BAS- '115
groriden, aaiigaande den geologischen aard van den bodem aldaar kan
afgeleid worden". 11 constate d'abord que le sol autour du puits se trouve
dans le Diluvium, qui compose aussi la bruyère d'Arnersfoort, ainsi que
toute la Veluwe. 11 cherche l'origine de tous les cailloux, même des
gneiss et des hornblende (amphibolite?) dans les Ardennes et croit qu'au
dessous des sables qui les contiennent on trouvera peut-être plus tard
des blocs de granit et de gneiss, originaires du Nord , comme c'est le
cas en Allemagne. 11 n'en a cependant vu aucune preuve, non plus que
M. M. Bej-endt et Meyn.
Quant à l'âge des terrains traversés, Van Bi'eda regarde comme non
douteuse la présence du Quaternaire jusqu'à 80 m. et comme prouvé
qu'entre 80 et 134 m. se trouve le Tertiah'e. Les détails peuvent ici
être laissés de côté, puisqu'ils reposent sur des données et des considé-
rations entièrement surannées. Il identilie entre autres l'argile de Londres
avec l'argile noire d'Eibergen, qui sont cependant d'un âge entièrement
dilïérent, et croit que sous Zeist on a d'abord rencontré la formation
si riche en coquilles qui s'appelle le Crag, et au-dessous de celle-ci, la
Formation à lignites. La première commencerait à 83,5 m.: la seconde
à 122 m. Nous verrons bientôt que ces coquilles, auxquelles l'auteur
attache tant d'importance et dont il attribue l'une au genre Crassatella,
ne sont que des fragments roulés, indéteiininables et de peu d'importance,
dérivés de couches subjacentes.
Le second auteur, M. Moll, professeur de physique à Utrecht, a
également écrit un petit traité sur ce forage. Dans la môme feuille
périodique de l'année 1836 1, il dit que l'ouvrage a été commencé en
1833 et terminé en 1835; il y joint une hste des terrains traversés,
qui n'a que peu de valeur scientifique. Aussi M. van Breda n'a pas
tardé à y l'épondre et à combattre les conclusions et les déterminations
superficielles de M. Moll.
Dernièrement, M. Harting a fait plusieurs fois mention de ce forage (1. c.).
11 croit pouvoir distinguer 13 ou 14 différentes couches de sable et fixe
l'attention sur l'absence presque totale de fossiles, à l'exception de la
soi-disant Crassatella de Van Breda et d'une Corbnla problématique, trouvée
à 130 m., 5. Quant aux morceaux de bois humilié, il les considère comme
provenant de la Formation à lignites (miocène) et comme ayant été
entraînes probablement par le Rhin. 11 considère ainsi tout le terrain
traversé comme appartenant à la Formation quaternaire.
Nous avons examiné à notre tour les échantillons des roches de Zeist. La
plus grande masse est constituée par du sable quartzeux, tantôt lin,
tantôt plus grossier, et passant parfois en gravier. 11 contient souvent
CONTRIBUTIONS A LA. GÉOLOGIE DES PAYS-BAS- '115
des feuillets de mica et est parfois argileux ou coloré en jaune par des
matières ferrugineuses. Quelques échantillons sont assez riches en fragments
de bois; on les rencontre surtout dans les parties inférieures. Parfois
le sable est remplacé par de l'argile grise ou violette plus ou moins
compacte. Comme la succession des couches est en général très-irrégulière
dans le Quaternaire, nous considérons comme superllu de donner la liste
des différentes variétés de sable et d'argile et nous contentons nous de
renvoyer à celle du Professeur Moll.
Quant aux cailloux qui se trouvaient dans le sable et le gravier, il
faut tout d'abord remarquer l'absence absolue de toute roche cristalline.
M. Moll parle bien d'un caillou de gneiss qui aurait été trouvé à 83 m.
de profondeur, mais ce n'est qu'un morceau de grauwacke grisâti-e.
Pourtant on a trouvé à plusieurs profondeurs des cailloux de silex noirâtre,
souvent couverts de la couche poudreuse et blanche bien-connue. Ces
cailloux se trouvaient à 27, 28, 32 et probablement à 137m. Nous
croyons que ces silex sont d'origine méridionale et se rattachent à ceux
de la Belgique. S'ils étaient tous dérivés du nord, nous ne concevrions
pas l'absence complète de toute roche cristalline.
T.es autres cailloux sont tous dérivés du sud, entraînés probablement
par le Rhin et en partie par la Meuse. Ce sont en première ligne des
quartz blancs, accompagnés de quartzites, de grauwackes, de phyllites,
de grès, de cornées, de lydite, de hmonite, trouvés à des profondeurs
différentes.
Les débris de mollusques sont tous dérivés. A 113 m. se trouvait un
fragment de Cardium edule et à 38,5 m. la Crassatella problématique. A
136 m. gisaient un fragment d'un bivalve très-épais, appartenant peut-être
à ime Cyprina, un autre plus mince qui pourrait appartenir à une
Mactra, un troisième possédant encore des côtes radiales et ressemblant
beaucoup à un fragment de Cardium et enfin plusieurs débris minces
et lisses qui pourraient bien se rapporter à des Tellina. On voit donc
qu'il n'y a presque rien à faire de ces restes de mellusques; il nous
paraît cependant que tous sont dérivés du Phocène sous-jacent. Tousles
fragments pourraient être attribués à des coquilles du Pliocène sous
Utrecht sans qu'on puisse cependant se décider sur leur identification
spécifique.
En résumant les résultats de ce forage, nous voyons que:
depuis la surface jusqu'à 139 m. de profondeur s'étend le Quater-
naire ; il n'y a du moins aucune raison pour accepter une formation
plus ancienne ;
2°. ce Quaternaire est plus ancien que celui du sous-sol d'Utrecht ; il
-ocr page 27-CONTRIBUTIONS A LA. GÉOLOGIE DES PAYS-BAS- '115
est probablement le terme le plus ancien de la série quaternaire, et
celui d'Utrecht le plus récent;
3°. dans le sous-sol les roches cristaUines manquent entièrement, les
cailloux de silex sont probablement d'une origine méridionale;
4°. les restes de mollusques sont tous dérivés, peut-être du Pliocène,
semblable à celui du sous-sol d'Utrecht.
Profil de la Sablière entre les Stations De Bilt et
Soest du Chemin de fer Central.
En commençant la description du profil de Reenen nous avons dit que
le Massif d'Amersfoort-Reenen se termine par une vallée étroite, traversée
par le Chemin de fer Central. Aux deux bouts de cette vallée se trouvent
les stations ,,De Bilt" et ,,Soest", entre lesquelles il y a une petite
sablière peu profonde, dont nous avons relevé quelques parties que nous
reproduisons dans les figures 6, 7 et 8 de la planche II.
Le terrain est à peu près horizontal et ne monte que très-faiblement
dans la direction de l'ouest, davantage vers le sud et le nord. Le profil
est orienté de l'est à l'ouest et a une longueur de 450 m. et une pro-
fondeur maximale de 3 m. à l'extrémité occidentale , dont la fig. 6 repré-
sente sur une échelle de 0,005, les 24 derniers mètres. Le chiffre 4 représente
dans les trois figures un sable fm, stratifié régulièrement, quelquefois oblique-
ment, et contenant çà et là une certaine proportion de petits cailloux , ou
étant même remplacé par un veritable gravier. Ces cailloux sont pour la plus
grande partie les quartz habituels blancs et colorés, mais aussi quelques
granits et silex. Le sable fin et stratifié est donc du Diluvium mixte.
Au-dessus de la .couche 4 on voit dans la figure 6 une partie marquée
par le chiffre 3; la partie moyenne de cette figure entre les deux x x
est représentée sur une échelle plus grande dans la figure 7. Nous
voyons qu'elle se compose d'un gravier grossier avec un grand nombre
d'erratiques et quelques masses d'un sable fin, non-stratifié, indiquées
par la lettre ,,u". Un de ces erratiques représenté par la lettre ,,m" se
trouve dans la couche subjacente, et on voit que ni le gravier, ni le
sable stratifié qui l'environnent n'ont été dérangés, preuve que l'erratique
a été déposé avant le gravier. Pour bien démontrer le caractère de ce
dépôt nous donnons ici la liste des principaux erratiques : a, diorite vert-
CONTRIBUTIONS A LA. GÉOLOGIE DES PAYS-BAS- '115
grisâtre mesurant 50 c.m. sur 25, en grande partie décomposée ; b,
granit rouge-clair ; c, grès grossier ou conglomérat violet ; d, pegmatite ;
e, porphyre-felsite violet; f, diorite à petits éléments; g, gneiss gris;
h, granit à gros éléments, à feldspath rouge et blanc et à quartz bleu-
âtre ; i, gneiss gris ; k, granit à gros éléments et à feldspath rose,
avec beaucoup de quartz; 1, grès grossier rouge-foncé; m, gneiss,
contenant beaucoup de quartz (deux blocs); n, granit rouge ; o, comme
h, mais à éléments plus petits ; p, granit à petits éléments ; q,
gneiss; r, granit rose. Il n'y a donc aucun doute sur l'origine de
cette partie du profil ; c'est le Diluvium Scandinave aussi bien développé
que possible. Au-dessus de cette "masse on voit une lentille irrégulière
de gravier bien stratifié.
Une pareille masse, formant une espèce de bassin, se trouve à l'ouest
du gravier à erratiques et repose en partie sur celui-ci ; elle est recouverte
à son tour par plusieurs couches assez minces d'un sable fin. Les chiffres
2 et 1 représentent de nouveau notre sable non-stratifié habituel, plus
ou moins argileux. Dans nos figures 6 et 7 il contient encore deux
erratiques.
La profil de la fig. 8 commence à 45,5 m. de l'extrémité orientale
de celui de la fig. 6 et a une longueur de 22 m.; il est dessiné sur
une échelle de 0,04. Les parties 4,2 et 4 sont les mêmes que dans les
figures précédentes ; la partie 3 qui correspond à celle des autres figures,
a encore besoin de quelque explication. Nous y avons (comme toujours)
laissé en blanc les parties qu'il n'était pas bien possible de mettre en
dessin, soit qu'elles fussent en partie cachées sous de petits talus, soit
qu'elles offrissent trop de petits détails et eussent ainsi encombré la figure
entière. Nous voyons ici des parties stratifiées dérangées et d'autres en
place, avec des parties non-stratifiées. La lettre ,,A" désigne des fragments
de strates fines de sable dérangées et tordues, la lettre ,,B", des fragments
de couches d'argile ou de sable argileux, également tordues. En outre il
y a plusieurs erratiques et des masses irrégulières de gravier. A cette
partie du profil appartiennent encore un petit ensemble de couches
synclinales de sable mêlé de gravier „C" et de gravier „D" plus ou moins
distinctement stratifié. Le sable fin, bien-stratifié 4, forme une couche
plus épaisse à la partie orientale du profil, preuve que la partie 3 ne
s'est pas simplement et directement déposée sur ce sable, mais après
un certain degré d'érosion.
Ceux qui ont fait quelque étude de la géologie de l'époque quaternaire
n'hésiteront pas longtemps à reconnaître avec nous dans la partie 3 la
moraine inférieure du manteau de glace de cette période. Le Con-
4
-ocr page 29-CONTRIBUTIONS A LA. GÉOLOGIE DES PAYS-BAS- '115
torted Drift des Anglais y est facilement reconnaissable dans les argiles
et sables tordus, représentés par les lettres ,,B" et „A". De même que
cette moraine contient presque toujours des parties stratifiées produites
par l'action de l'eau de fonte de la glace, notre profil possède des couches
synclinales dans la partie occidentale de la figure 6 et représentées par
la lettre „V" de la figure 7 et par les lettres ,,C" et „D" de la figure 8.
Peut-être la couche ,,4" appartient-elle aussi à la moraine inférieure;
nous ne croyons cependant pas qu'il en soit ainsi, mais nous considérons
cette partie comme antérieure, quoique la dilïérence d'â'ge puisse être
bien minime. La preuve qu'elle a été produite sous l'inlluence du manteau
de glacé approchant, c'est la présence de plusieurs cailloux de granit
dans son gravier et même d'un gros bloc erratique, désigné par la lettre
m. (fig. 7). La figure 6 nous semble possédei' aussi une haute importance
pour le motif suivant. Nous y voyons sur une très-petite distance (moins
de 20 mètres) les deux faciès de la moraine inférieure "côte à côte ; le
faciès non-stratifié représenté par le gravier et les grands erratiques (x x),
et le faciès-stratifié, représenté par le gravier et le sable de la partie gauche
de la figure. Nous en tirons la conclusion, négative il est vrai, que nous
allons appliquer aussi sur d'autres profils, que l'absence locale de parties
non-stratifiées et de blocs erratiques ne peut pas être invoquée comme
argument contre la présence du manteau de glace dans l'époque quaternaire.
Avant de quitter ce profil intéressant, nous voulons encore fixer l'at-
tention d'abord sur le rôle de quelques erratiques et ensuite sur le sable
supérieur ,,1 et 2". L'erratique ,,E" (fig. 8) a joué le rôle d'un point
d'appui ou de protection pour le sable des petits bassins „C" et „D"; l'erra-
tique ,,F" a probablement exercé une certaine pression sur le sable
stratifié et l'a obligé à se plier.
Quant au sable supérieur, on voit quelquefois une séparation assez
nette d'avec la moraine inférieure; quelquefois aussi il se continue sans
interruption dans celle-ci. La présence de quelques erratiques volumineux
,,r" et q" dans la figure 7 nous mène aussi à le croire en rapport direct
avec cette moraine, dont la structure aurait peu à peu disparu complè-
tement par l'action de la gelée. Les couches 1 et 2 ne présentent aucune
dilïérence réelle; la partie supérieure est seulement devenue noire par
un mélange de terre végétale.
En suivant le profil dans une direction orientale, on voit plusieurs fois
le Contorted Drift également bien ou mieux développé ; mais il nous
parait superflu d'en réproduire tous les détails dans des figures. On le
voit souvent presque à la surface du terrain ; tantôt les gros erratiques
se trouvent dans le sable supérieur hurnifère, tantôt à une plus grande
CONTRIBUTIONS A LA. GÉOLOGIE DES PAYS-BAS- '115
profondeur sans aucune règle. Localement la moraine inférieure paraît
manquer, ou plutôt ce n'est que son faciès stratifié qui y est développé.
En général elle se trouve tout près de la surface près des stations sus-
nommées, comme on peut le conclure du grand nombre d'erratiques
plutoniens dispersés sur le sol. Quelques-uns sont très-distinctement
striés, un certain nombre est poli ; quelques-uns dans la sablièi-e atteig-
nent un diamètre d'un mètre.
Coupure de la ,,Montagne" d'A m e r sfo o r t.
Le Chemin de fer de l'Etat se réunit à Amersibort avec le Chemin de
fer Central et traverse une partie de la colline qui s'élève près de cette
ville. D'abord nous avons le petit profil représenté sur la pl. II, fig. 9
sur une échelle de 0,004. Il n'a pas été dessiné sur l'endroit même,
comme le sont tous les autres, et est ainsi un peu schématique. Nous
y voyons les bancs redressés, inclinés vers l'est et recourbés à leur
partie supérieure, d'abord en haut, puis vers l'e.st. Ils sont recouverts
par une couche horizontale de sable argileux, remplacé parfois par du
sable ou du gravier, au-dessus duquel se trouve du sable fin , devenu noir
dans sa partie supérieure. Celui-ci a une épaisseur de 1 m., la couche
précédente de 5 à 10 d.m. Elle contient à sa base des cailloux et parfois
des erratiques assez gros de granit, de gneiss, de grauwacke et de
quartzite.
Plus loin vers l'ouest, il y a un autre petit profil plus intéressant
encore et représenté par la fig. 40 sur une échelle de 0,002. Il a ainsi
une longueur de 68 sur une hauteur de 5 m. Au milieu on voit des
couches anticlinales de sable, coloré dilféremment et imprégné plus ou
moins d'hydroxyde de fer, de sorte que les différentes couches se distinguent
aisément. Vers l'ouest elles deviennent peu à peu plus escarpées, ce qui se voit
aussi vers l'est, où elles sont interrompues par une couche d'argile bleu-clair
mêlée de sable et excessivement dure (a), de sorte qu'elle doit être
travaillée au pic. Le tout est couvert de notre couche amorphe dont la
limite inférieure mérite surtout l'attention. Elle est en partie ondulée
très irrégulièrement ou plutôt crénelée et rappelle les figures bien connues
de la moraine inférieure, et en partie plus régulière, nommément plus
4^
-ocr page 31-CONTRIBUTIONS A LA GÉOLOGIE DÉS PAYS-BAS. . 28
vers l'ouest, où l'on voit de nouveau les bancs redressés recourbés en
haut et coupés par un plan presque horizontal. Notons toutefois que
l'inflexion est ici dirigée vers l'ouest et dans le premier plan vers l'est
(fig. 9). Nous reviendrons bientôt sur ce phénomène.
En suivant le talus escarpé de l'extrémité orientale de notre profil, on voit
les couches devenir de plus en plus indistinctes pour disparaître enfin. On ne
voit qu'un mur de sable instratifié, traversé par des plaques ferrugineuses,
qui sont parfois assez réguhères et simulent une stratification. Ce n'est pour-
tant pas le cas, car à une distance d'environ 180 mètres de l'extrémité du
profil (fig. 10), le talus cesse et en tournant un angle droit on voit devant soi
le petit profil indiqué par la fig. 11. Ce profil nous rappelle immédia-
tement les bancs redressés de Reenen et de Maarn, qui sont ici parfai-
tement verticaux et — comme dans la règle — recourbés en haut et couverts
de la couche amorphe de sable avec des cailloux. Comme on peut le
voir dans'le petit profil, le sable des bancs diffère encore sensiblement.
R est stratifié ou non , mêlé parfois de cailloux ou traversé en différents de-
grès par des plaques ferrugineuses. Sa couleur varie d'un blanc presque
pur à un brun-jaunâtre; il ne contient que des grains de quartz presque
tous hyalins.
Ce troisième profil éclah'cit en quelques moments la partie indistincte
du second. Le mur de sable homogène n'est que le banc vertical sep-
tentrional du second profil, vu de face, ce dont on peut se convaincre
facilement. Parfois les ouvriers avaient entamé davantage ce talus en un
certain point et l'on voyait dans l'espèce de niche produite les couches
verticales réapparaître. On voit encore autre chose. L'inclinaison des
couches diminue peu à peu vers l'ouest et on peut avec un peu d'attention
découvrir un passage graduel des bancs verticaux aux bancs peu inclinés de
la partie moyenne du grand profil (fig. i 0). En même temps la direction
change avec l'inchnaison, la première étant E—0 quand la seconde est
de 90°, mais elle devient peu à peu S E—N 0 avec une inclinaison vers
le N. E., qui diminue jusqu'à 25°. R paraît que la direction redevient
E—0 au milieu du grand profil et que l'inclinaison change en même
temps du N. E. au N. 0.; ce qui nous le fait supposer, c'est l'apparition
de la claie sableuse bleuâtre (a) à une distance d'une quinzaine de mètres
au nord du grand profil.
Nous avons donc ici un passage très graduel de couches verticales en
d'autres qui ne sont que très peu inclinées, phénomène que nous avons
déjà étudié à Reenen. Relevons enfin que la direction des queues dans
le profil fig. 11, n'est pas en contradiction avec celle de la fig. 9 ; ces
deux figures ne représentent que ce qu'on voit dans un plan d'intersection.
CONTRIBUTIONS A LA. GÉOLOGIE DES PAYS-BAS- '115
et non la direction réelle des queues, qui serait probablement du S. 0.
au N. E. La partie supérieure du grand profil est en contradiction appa-
rante avec celle des deux autres ; mais nous espérons la faire disparaître
en résumant les résultats des différentes coupures.
Sablière de H il ver su m.
A mi-distance environ des stations de Hilversum et Bussum se trouve
une sablière étendue, dont la partie supérieure est encore bien visible
sur une épaisseur de 1,75 à 2 m. Dans notre premier profil (fig. 5, pl. Ill), les
chiffres 1 à 4 représentent les mêmes subdivisions que dans le profil du Bilt ;
2 est un sable argileux qui contient quelques cailloux dispersés, et dont
la partie supérieure i est colorée en noir par la terre végétale; 4 est
un sable fm et stratifié avec quelques cailloux et des lentilles d'un gravier
plus ou moins grossier. Ce même gravier et sable est tordu de dilïérentes
manières dans sa paitie supérieure; on peut voir qu'il a été stratifié
dans l'origine, mais a été soumis à une forte pression et à un mouvement
horizontal, deux effets de la présence du manteau de glace quaternaire.
On voit sa surface ondulée irrégulièrement et une langue de gravier,
protubérant dans le sable. La ligne foncée ,,a" représente un sable
argileux gris-foncé, qu'on peut facilement distinguer du sable plus clair
qui se trouve en dessus et en dessous.
Le profil est orienté du N. au S.; nous en reproduisons un semblable
(fig. 6) situé à quelques mètres plus au sud, dans le but de montrer
qu'on ne peut pas, de la direction des langues de gravier, conclure
directement au sens du mouvement du manteau de glace. La langue du
premier profil est dirigée vers le sud; celle du second, vers le nord.
A quelque distance au nord de ces profils, on en observe un autre
qui est également très instructif et a à peine besoin d'une explication
détaillée. Dans la figure 7 (pl. III) nous avons laissé en blanc le sable
brunâtre et argileux, qui constitue la masse principale du sol et contient
des erratiques scandinaves et rhénans dispersés irréguhèrement. Outre
ceux-ci, on voit encore une masse allongée d'une argile sableuse (a)
courbée à ses deux bouts et stratifiée en partie, ensuite des masses
détachées de sable bien stratifié indiquées par la lettre ,,b"; plusieurs
d'entre elles montrent les courbures si caractéristiques de la moraine
inférieure. Il en est de même du gravier stratifié mêlé de galets plus gros (c).
Par ,,d" nous avons indiqué une masse irrégulière de gravier rioii-
CONTRIBUTIONS A LA. GÉOLOGIE DES PAYS-BAS- '115
stratifié, renfermant une masse d'argile. Il n'y a donc ici aucun doute
sur la présence de la moraine inférieure. En suivant le talus vers le
nord, on découvre toute une série de variétés du Contorted Drift,
parfois peu distinctes et se réduisant à une simple limite crénelée entre
le sable inférieur et supérieur, qui a toujours les convexités dirigées en
bas, tandisque les pointes sont généralement recourbées vers le sud et
arrivent parfois à la surface. Cette limite crénelée contient aussi les
erratiques scandinaves.
De l'autre côté du chemin de fer, une sablière encore exploitée montre
également une série de profils ti'ès instructifs. Elle a une profondeur
d'environ 8 mètres ; la partie inférieure épaisse de 4 à 5 m. se compose
d'un sable fin, stratifié horizontalement ou obhquement et mêlé de cail-
loux d'origine différente. En général cette partie est cachée sous le talus
et la moitié supérieure seule est visible. En suivant le profil du sud au
nord, on y aperçoit une série de variétés de structure, trop nombreuses
pour être toutes reproduites ; aussi nous n'en donnons qu'un petit nombre
de figures, suffisantes pour illustrer la description.
Dans la figure 8, pl. III, on voit au-dessous de la couche supérieure
une couche de sable, qui contient quelques cailloux dispersés ou des
amas de gravier et qui est parfois stratifié obhquement (2). En bas on
voit un sable pareil, mais avec plusieurs amas d'erratiques assez gros (4).
Entre ces deux sables se trouve une partie également sableuse (3),
mais plus ai'gileuse et avec une stratification ondulée et plusieurs couches
fragmentaires d'erratiques et de gravier. Le tout est bien stratifié, quoique
plus ou moins irrégulièrement et on pourrait le rapportei' en son entier
à notre Diluvium stratifié glacial, dont il sera question plus tard.
Un autre profil, situé plus au nord, nous montre une même strati-
fication ondulée (fig. 9.), mais beaucoup plus irréguhère; un gravier
grossier, entremêlé d'erratiques scandinaves peu volumineux, y alterne
irrégulièrement avec un sable fin, argileux et bien stratifié ; la pai'tie
amoiphe contient aussi plusieurs erratiques assez gi-os.
Pour bien comprendre et comparer les dilférents étages de la tranchée ,
nous voulons la parcourir du S. au N. On voit d'abord un grand nombre
d'erratiques volumineux dispersés sur le sol qui paraissent avoir été accu-
mulés localement et qui sont souvent bien polis et striés. Çà et là on en
aperçoit encore in-situ dans la couche 3 (fig. 8 et 9) qui arrive parfois à la
surface. En quelques endroits on observe une couche d'argile brunâtre sans
cailloux, épaisse de 1 à 2 d.m., au-dessous des erratiques de la partie
moyenne de la couche ondulée 3; elle n'est probablement qu'un produit
de lavage de l'argile à blocaux dont le fragment „a" (fig. 7) en a
CONTRIBUTIONS A LA GÉOLOGIE DES PAYS-BAS. 34
ci
été détaché et enlevé par la glace en mouvement. Parfois cette argile
atteint une épaisseur de 5 d.m., qui diminue vers les deux bouts.
La stratification se continue encore sur une distance de quelques
centaines de mètres; parfois elle est irrégulière (fig. 9) et démontre
ainsi une action violente de l'eau courante, pour redevenir bientôt
plus régulière. Peu à peu les couches de gravier et d'erratiques dispa-
raissent au profit du sable qui correspond aux parties 3 et 4 (fig. 8)
et dont l'épaisseur diminue jusqu'à 4 m., lorsqu'on voit apparalti'e
de nouveau les entortillements bien connus de la moraine inférieure.
Le synchronisme des couches 3 et 4 avec celle-ci est donc assez facile
à constater, d'où il suit que la couche 2 de sable stratifié (fig. 8) est
d'un âge plus récent. La moraine est plus distincte là où elle est encore
recouverte par du sable stratifié, puisque cette couche protège sa
structure caractéristique contre l'action destructive des gelées d'hiver.
Quand se sable supérieur disparaît, les entortihements tendent à faire
de même et la moraine devient une couche parfaitement amorphe,
*
contenant quelques amas de gravier et des erratiques irrégulièrement
dispersés. C'est ce que nous avons observé dans notre profil (fig. 9) et
nous n'hésitons nullement à identifier la partie „3" ici avec la moraine infé-
rieure. Nous pouvons encore aller plus loin et poser la thèse qu'en beaucoup
d'endroits de notre Diluvium entremêlé la couche sableuse et amorphe
qui se trouve près de la surface n'est que la moraine inférieure devenue
méconnaissable. Naturellement chaque cas spécial doit être examiné sépa-
rément pour qu'on puisse en donner la preuve, puisque cette couche
amorphe peut résulter également du labourage de parties de notre Quater-
naire plus récentes ou plus anciennes. P. e., à Maarn nous n'avons pu décou-
vrir de traces certaines de la m, i.; à Reenen au contraire, nous serions
assez porté à accepter la partie la plus élevée du „Laarsche Berg'*
comme une m. i, dont la structure caractéristique est pre.sque complè-
tement effacée. En la visitant, nous avons remarqué que la couche
de sable du sommet de la colline (pl. III, fig. 4 ,) contenait un
certain nombre de galets, dispersés irrégulièrement; le sable argileux
montrait aussi des ondulations irrégulières et entourait des fragments
isolés d'un sable de couleur dilférente; enfin toute la couche supérieui'e
de 4,5—2 m. d'épaisseur était tellement pêle-mêle que nous étions fort
tenté de la considérer comme m. i. Cependant, comme nous ne pouvions
y découvrir de cailloux striés ou polis in-situ nous n'avons pas osé tirer
cette conclusion. Or, après avoir étudié le profil de Hilveisum, nous
n'hésitons plus à cet égard, et nous considérons le caillou de porphyre
poli et strié que nous avons trouvé dans la tranchée de Reenen comme
CONTRIBUTIONS A LA. GÉOLOGIE DES PAYS-BAS- '115
venant de cette m. i Nous pouvons donc accepter qu'elle s'est étendue
jusque là, c'est à dire jusqu'au Rhin.
Revenons à notre profil de Hilversum. Comme nous l'avons vu , la
m. i. est parfois devenue méconnaissable quand elle forme la couche
superficielle du sol et est le mieux conservée quand elle est protégée
par une couverture de sable. Ce sable est ainsi postérieur à la formation
de la m. i. et probablement le produit de lavage pendant le retraite
du glacier. R serait donc ce que les géologues allemands appellent
f^RûckzugS" ou Abschmelzungsmoräne\ Celle-ci est représentée par les chif-
fres 1 et 2 de notre fig. 8 (pl. III). Dans la moitié septentrionale delà
coupure on voit à deux reprises réapparaître ces sables supérieurs pour
disparaître bientôt de nouveau, et on voit facilement que ces deux frag-
ments sont les sections de deux petites crêtes, qu'on peut suivre sur
la bruyère et qui ont une direction du N. E. au S. G. Ici donc une
pai'tie du relief du sol est en relation directe avec une cause connue,
l'eau de fonte du glacier Scandinave.
Tout ce qui est indiqué dans les différentes figures de ces tranchées par
les chiffres 3 et 4 est ainsi l'équivalent de la moraine inférieure, remaniée
ou non par l'eau; 5 est notre Diluvium glacial stî-atifié".
Massif de Clèves et de Nymègue.
Le Rhin, avant d'entrer dans le territoire des Pays-Bas, coule dans
une plaine alluviale assez large, qui commence non loin de Bonn. Elle
est bordée dans sa partie septentrionale par un plateau, sur le versant
duquel se trouve la ville de Clèves et qui se perd vers le nord à
Nymègue. Ce versant est en partie assez raide, p. e. à Calcar et à
l'extrémité méridionale de Clèves, où il existe encore un petit cours
d'eau (Kirmisthal), représentant dégénéré du Rhin, qui prouve que ces
colhnes apparantes ne sont que les restes d'un plateau quaternaire érodé
dans le courant des siècles. Sur le bord de ce plateau, on distingue
facilement la colline de Haut-Elten et l'idée vient bientôt que cette colline
doit avoir formé jadis un entier avec les hauteurs de Clives. Cette idée
est appuyée par l'existence du bras du Rhin de Griethausen, qui con-
stituait la rivière encore même dans le siècle passé.
En suivant le versant du plateau vers le nord on arrive à une petite
sablière située à quelques minutes de distance de l'Hôtel Robbers. On
CONTRIBUTIONS A LA GÉOLOGIE DÉS PAYS-BAS. . 33
y voit presque uniquement du sable blanc ou brunâtre avec des cordons
de gravier ondulés. Le tout est assez indistinct; je serais cependant
tenté d'y voir des bancs inclinés vers le N. E., sur lesquels reposent
en discordance des couches de sable avec du gravier. C'est surtout dans
la partie occidentale de la sablière que les bancs redressés sont le plus
apparents. Quelques gros cailloux (jusqu'à 2 d.m.) de quartzite, de grès,
de basalte et un gros rognon de silex gisaient sur le sol, d'autres se
trouvaient in-situ dans toute la masse du sable.
Plus loin, derrière le village de Donsbrüggen, il y a une autre petite
sablière, où le sable fm avec des lentilles et des cordons de gravier
paraît également être disposé en couches redressées ; ce gravier ne contenait
pas de roches cristallines.
Les traces de ces dernières cependant ne manquent point dans les
environs de Clèves. Nous en avons observé plusieurs dans le ,,Thier g arten" \
un caillou arrondi de granit rouge (1 d.m.) et plusieurs autres plus grands,
de granit amphibolique, de diorite, etc. Entre Clèves et Calcar nous
en avons encore trouvé, à côté de la route et dans la bruyère, plusieurs
de granit, de gneiss, etc. dont quelques-uns avaient un diamètre de
2 à 3 d.m. Pourtant nous n'avons pas été dans l'occasion de les observer
in-situ, comme de l'autre côté du plateau sur le versant de la vallée
de la Meuse. Ce versant également escarpé a une hauteur d'environ
8 m. et forme en partie la frontière de la Prusse et des Pays-Bas. Il
faut le considérer comme produit par la Niers, confluent de la Meuse,
qui coule dans le fond. Des tourbières étendues se trouvent au pied du
«
même versant au sud de Mook et par conséquent dans la continuation
directe de la Niers. Il ne faut pas beaucoup d'expérience pour voir en
elles un ancien cours de rivière oblitéré. Il est plus ou moins parallèle à
celui d'aujourd'hui, mais se trouve plus au nord; il quitte la rivière à
Kessel et suit la pente du ,,Reichswald", par G-rünewald, par les Tourbières
d'Ottersum et de Gennep et par Riethorst pour aboutir à la Meuse un peu
en amont de Mook. La Niers a son embouchure actuelle un peu au-dessous
de Gennep, donc à une distance de 5 à 6 kilomètres en amont de l'an-
cienne. Les ruisseaux entre Middelaar et Mook sont probablement les
derniers restes de cette ancienne Niers.
Le versant du plateau est coupé près de Goch par le chemin de fer
et par la chaussée de Clèves; près de cet endroit on peut jeter un
coup d'oeil dans son intérieur. On ne voit, dans plusieurs sablières,
pas la moindre trace d'une action glaciaire directe. La masse entière
consiste en sable bien stratifié, parfois transversalement, tantôt fm,
tantôt grossier, mêlé de gravier ou alternant avec celui-ci; les couches
5
-ocr page 37-CONTRIBUTIONS A LA. GÉOLOGIE DES PAYS-BAS- '115
ont souvent une puissance de 1 a 2 m. Ce gravier contient quelques
cailloux de roches scandinaves dans sa partie supérieure, mais non dans
le bas. Ils sont arrondis sans exception, généralement de petite taille
(2 à 4 c.m,) et, comme ils se trouvent dans un dépôt décidément stratifié,
leur transport par l'eau courante est hors de doute.
On retrouve le Diluvium graveleux à Goch, où' il constitue la rive gauche
de la Niers près du pont du chemin de fer, mais il n'est pas représenté
sur la carte géologique de Staring. On peut pourtant le suivre facilement
jusqu'à Weeze et Wemb, bâtis sur le bord de la petite terrasse qu'il
forme, tandisque Kevelaer est situé dans la vallée alluviale. Cette terrasse
est bien marquée et s'élève de quelques mètres au-dessus de la petite
rivière qui l'a isolée. Des gravières considérables à l'ouest de Weeze
montrent qu'elle contient du sable et du gravier alternants ; ce dernier est
entièrement privé de roches scandinaves et correspond ainsi à la partie
inférieure du protil de Goch comme on pouvait s'y attendre.
Une pareille terrasse, composée également de gravier et formant une
partie du lit de la Meuse quaternaire, se trouve à Kessel et est proba-
blement la continuation directe de celle de Goch-Weeze. Le temps nous
a manqué pour vérifier ce point-là.
Près du môme village de Kessel, plusieurs sablières dans le versant
du plateau montrent 2 à 3 m. de sable stratifié obliquement, sur lequel
repose d à de gravier sableux stratifié irrégulièrement et contenant
plusieurs petits cailloux de granit, etc.; donc comme près de Goch.
En général notre plateau monte par une pente douce jusque dans le
voisinage de la vallée du Rhin pour descendre rapidement vers cette
vallée. Le versant septentrional est ainsi beaucoup plus élevé que celui
de la Meuse, ce qui saute aux yeux surtout à Frasselt près de Cranenburg.
Là, le plateau se rétrécit tout à coup pour s'élargir de nouveau à
Groesbeek et se continuer jusqu'à Nymègue. On dirait qu'une partie en
a été enlevée pour former la curieuse anse de Cranenburg et de Groesbeek,
que nous regardons comme un effet de l'érosion Iluviatile. Le Rhin
quaternaire en serpentant s'est rapproché bien près de la Meuse (Graft-
wegen) sans toutefois couper la digue naturelle qui l'en séparait. De
petits ruisseaux (Groesbeek, Leigraaf) ont ensuite continué cette érosion
sur une échelle bien plus minime et ont à leur tour isolé une terrasse
composée de D. g. qui porte le chemin de fer. Les petites vallées de
ces deux ruisseaux sont basses et marécageuses et couvertes de mau-
vaises prairies, derrière lesquelles réapparaissent les champs cultivés.
A Graftwegen, la vallée précitée atteint son point culminant ; la route,
à côté de laquelle yous avons trouvé un caillou de granit dans le sable,
CONTRIBUTIONS A LA. GÉOLOGIE DES PAYS-BAS- '115
descend rapidement et le promeneur se trouve tout à coup en face du
paysage désolé de la Tourbière deGennep. Changement de scène imprévu
et extrêmement frappant ! Un changement presque aussi subit, mais en
sens inverse, se produit entre Grïmewald et Cranenburg. En quelques
secondes on voit devant soi la vallée du Rhin, beaucoup plus riante et
plus fertile que les tourbières de celle de la Meuse.
Près de Groesbeek le chemin de fer de Clèves traverse une coupure
assez longue et assez profonde, que nous n'avons pu étudier à cause du
talus couvert de bruyère. Nous y avons seulement trouvé quelques
morceaux d'un erratique de granit rouge à petits éléments. Quelques
cailloux d'une auti^e variété de la même roche ont été trouvés dans
les gravières près du village. Ici encore les elfets de l'érosion sont
évidents; plusieurs vallées lai'ges et courtes se présentent à nos yeux.
Une d'entre elles est traversée par le chemin de fer de Nymègue, qui
passe ensuite dans la tranchée sus-nommée.
Nous avons pu lever près de cette ville, dans une petite sablière à
côté de la grande chaussée entre Reek et Ubbei^gen, un profil géologique
assez important que nous reproduisons dans la figure 11, pl. III. Le
versant mis à découvert a la forme d'un arc de cercle; nous l'avons
réduit sur deux plans verticaux, l'un dirigé de l'I^" à l'O, l'autre du
S. S. E. au N. N. 0. Dans le premier, qui a une longueur de 20 sur une
hauteur de 5 m. 75 , on distingue facilement nos bancs redi'essés, recouverts
comme toujours d'un sable non-stratifié avec des cailloux. Ces couches
redressées sont du sable fin, brun ou gi'is, stratifié parallèlement aux
plans de la couche et indiqué par la lettre ,,a"; ensuite du sable grisâtre,
stratifié obliquement ,,b" ; de l'argile ,,c" formant des lentilles entre les
bancs ou des bancs entiers; du gravier ,,d", et enfin du sable fin grisâtre
,,e" qui ne montre point de sti-atification. Ils sont presque verticaux et
inclinés vers l'est. Ce profil n'offre ainsi pas de difficulté ; ce n'est qu'une
répétition de ce que nous avons déjà vu plusieurs fois et rend plausible
la présence de couches redressées dans les sablièi'es de Clèves, qui se
trouvent dans le môme massif. La seconde partie du profil plus épaisse,
n'est pas également facile à déchiffrer. Elle a une longueur de 25 m. et
une hauteur maximale de 13 m. On n'y voit presque rien que des couchee
d'un sable fin, dont les lignes d'intersection avec le plan du profil
s'abaissent vers le N. N. 0., ainsi qu'un cordon mince de gravier qui se
continue d'un bout à l'autre.
Le contact des deux plans étant couvert sous le talus, il n'était pas
possible de décider si les couches du profil 11b n'étaient que la conti-
nuation de celles du profil lia, mais coupées selon un plan presque
CONTRIBUTIONS A LA. GÉOLOGIE DES PAYS-BAS- '115
parallèle à leur ligne de direction, ou bien des couches à peu près hori-
zontales qui reposent en discordance sur les premières. Nous serions
tenté d'accepter la dernière solution, à cause du mince cordon de gravier
qui devrait avoir un épaisseur plus considérable si l'on acceptait la
première solution et à cause des cailloux plutoniques dont il sera question
tout à l'heure. Les bancs redressés ne sont pas en réalité aussi nettement
tranchés que dans notre figure; le passage des uns dans les autres est
plus graduel.
Quant à la nature pétrographique des cailloux et des erratiques de
cette sablière, ceux des bancs redressés étaient encore ici exclusivement
d'origine méridionale. Le cordon de gravier du profil »b" en contient
plusieurs de quartzite blanche et un de granit gris, représentant avec
deux autres d'un porphyre décomposé les roches scandinaves. Ces trois
cailloux sont pour nous un autre motif de considérer le cordon de gravier
comme à peu près horizontal en réalité, puisque les roches scandinaves
n'ont nulle part été rencontrées dans les bancs redressés.
Entre Ubbergen et Nymègue, j'ai encore observé un petit profil à côté
de la chaussée près de Beekmansdaal. Le versant y était mis à découvert
sur une hauteur d'un mètre et montrait des couches minces et courtes
de sable et de gravier, alternant souvent (pl. III, fig. 10). On ne pouvait
les suivre que sur une distance d'un ou deux mètres, le gravier faisant
place au sable et vice-versa.
liC prolil le plus important de ce massif de sable et de gravier est
certainement celui de la coupure du Chemin de fer de l'Etat près de la
station de Mook. Nous croyons qu'il est superflu d'en donner une figure,
tant il ressemble, sauf pour les dimensions, au petit profil sus-mentionné
(pl. III, fig. 10). Il atteint une hauteur de 6 m. et montre que la colhne
est presque exclusivement composée d'un sable quartzeux gris-brunâtre.
Les roches scandinaves n'y étaient que représentées par quelques rares
cailloux do granit rouge et gris, de porphyre et de conglomérat violet. Le
sable y montrait parfois une stratification oblique, dans laquelle les couches
secondaires atteignaient une inclinaison de 35° dans l'un ou l'autre sens.
Les cailloux les plus gros ne mesuraient que 2—3 d.m.
En. général la stratification était horizontale; les couches minces de
sable étant souvent interrompues par des strates de gravier longues
de quelques mètres. La partie supérieure épaisse de 1,5—2 m. était encore
ici sans structure et couvrait en quelques endroits de petits bassins de
couches synclinales de sable ou des accumulations irrégulières de cailloux.
Des erratiques subanguleux se mentiraient çà et là dans 'cette partie
supérieure. La plupart ne surpassaient pas 3 d.m.; le plus grand était
CONTRIBUTIONS A LA. GÉOLOGIE DES PAYS-BAS- '115
un quartzite gris de 8 x 5 x 3 d.m.; les autres étaient des quartz blancs,
des quartzites gris et noirs, des grès, des basaltes et des grauwackes
gris-bleuâtre à cubes de pyrite si caractéristiques.
En 1884 nous avons visité une autre coupure, destinée à l'extraction
de sable. Les versants montraient tantôt les couches incomplètes et
horizontales du premier profil, tantôt des masses de gravier parfaitement
instratifiées ou du sable à stratification oblique. L'eau qui a déposé ces
différents éléments doit avoir eu un mouvement très-inégal, tantôt tran-
quille pour déposer les couches horizontales de sable, tantôt plus rapide
pour former les couches obliques, tantôt enfin tumultueux pour entasser
pêle-mêle des masses de caiUoux et d'erratiques de dimensions fort diffé-
rentes. L'action des glaces flottantes s'y trahit par la présence d'erratiques
considérables; le plus grand, un bloc de quartzite gris, ne mesurait pas
moins de 15 x 10 x 7,5 d.m.; d'autres étaient des conglomérats de quartz
blanc, des grès et des grauwackes. Ici encore le Diluvium Scandinave
avait pour représentant un morceau de porphyre jaunâtre avec des ma-
cles d'orthose bien développés.
La bruyère située entre les deux tranchées des chemins de fer
de Mook et de Clèves montre une multitude de trous à gravier.
Celui-ci présente souvent une stratification irrégulière et est composé
des cailloux ordinaires du D. rhénan. Cependant, en cherchant on en
trouve plusieurs d'origine Scandinave : des granits, des gneiss, des
diorites, des micaschistes, etc, mais sans aucune trace d'action gla-
ciaire. A côté de ceux-ci j'en ai trouvé quelques-uns du grès bien
connu à Spirifères, de basalte à gros rognons d'ohvine et surtout un
du trachyte à sanidine si caractéristique du Drachenfels et qui n'avait
pas encore été trouvé en Hollande. Cette bruyère (la „Mookerheide")
offre en outre plusieurs preuves d'érosion dans les temps passés; on y
voit des vallées sèches très-nettes qui serpentent et se ramifient; une forme
même une espèce de delta sur laquelle se trouve une fortification de la
guerre de 80 ans, la ,,Mooker Schans'.
Le Monferland.
Au delà du Rliin et au nord de Clèves s'élève une colline isolée assez
considérable qui domine les villages de 's Heerenberg, de Zeddam, de
Beek et de Bas-Elten. Haut-Elten est bâti près du Rhin à la partie
méridionale du plateau , au milieu duquel s'élève le monticule artificiel du
Monferland. C'est surtout sur le versant oriental vi.s-à-vis de Deutichem,
CONTRIBUTIONS A LA GÉOLOGIE DÉS PAYS-BAS. . 38
que l'on rencontre un grand nombre de trous à gravier qui permettent
de s'orienter quelque peu sur la structure de la couche superficielle de
la colhne. Aucune stratification n'était visible; les cailloux et les erra-
tiques y étaient amoncelés sans ordre apparent et séparés par une certaine
quantité d'un sable argileux. Ils étaient encore pour la plus grande partie
d'origine méridionale : quartz blancs habituels, blocs de grauwacke bleuâtre
à cubes de pyrite, basalte riche en olivine, brèches rouge-brun, variétés
nombreuses de grès (entre autres le grès à Spirifères dévonien) et phyllites
vertes. Les roches plutoniques y étaient rares et seulement représentées
par quelques granits. Sur un monceau de gravier je ramassai un vertèbre
de Squalodon, comme on en trouve dans l'argile miocène de Groenloo.
Le seul point de la colline le „Hettenheuvel" où nous ayons pu découvrir
un profil géologique est une petite sablière à côté de la chaussée du
village de Beek à Zeddam et 's Heerenberg et dans le voisinage immédiat
de la barrière. Nous reproduisons ce profil dans notre figure 16, pl. III,
sur une échelle de 0,01. Il a .une hauteur de 3,5 m. On y observe, outre
la partie supérieure amorphe, quelques couches partielles assez régulières
de sable fin bien stratifié et de gravier et des masses de sable stratifié obli-
quement ou formant de petites couches synclinales. Ce petit profil nous
prouve que la colline a été formée en partie par l'eau courante qiu y chan-
geait souvent de direction.
A Haut-Elten, une partie de la colline à été séparée du reste par le
Chemin de fer Rhénan. Le versant de cette coupure ne paraît composé que
de sable. Selon Staring et von Dechen, on en a retiré quelques fragments
de trachyte du ,,Siebengebirge".
On voit de là facilement les collines de Clèves et, comme nous l'avons
vu en traitant des environs de cette ville, il est clair que ce n'est que
le Rhin qui a séparé ces masses de sable et de gravier, jadis réunies.
On aperçoit également les hauteurs d'Arnhem et de Dieren, et le commen-
cement de la Vallée de l'Yssel nous paraît aussitôt devoir son origine
au même agent géologique. Pourtant la partie basse entre la colhne de
's Heerenberg et Arnhem n'est pas couverte uniquement d'argile fluviatile ;
les villages de Wehl, Didam et Beek sont bâtis sur le Zanddiluvium qui
a presque le même niveau que la partie argileuse. Cependant, en suivant
la chaussée de Doesburg à Deutichem, on voit facilement une différence
de niveau ; le Zanddiluvium y forme une véritable terrasse qui s'élève
de 1 à 2 mètres au-dessus de l'argile fluviatile, sous laquelle il se retrouve
partout. Assurément il s'est étendu jadis plus loin et a été érodé parle
Rhin et ses différents bras. Un de ceux-ci a traversé la vallée, où s'élève
Deutichem, et dans son lit coule aujourd'hui le Vieux-Yssel.
CONTRIBUTIONS A LA. GÉOLOGIE DES PAYS-BAS- '115
Vers le sud et vers l'ouest les masses de sable qui ont été un jour
en continuité directe avec la colline de 's Heerenberg se découvrent faci-
lement. Vers le nord en aperçoit dans le lontain à l'horizon une colline
plus petite, la „Montagne" de Lochem, à une distance à peu près double
de celle de Zeddam à Arnhem (25 et 15 k.m.). Il ne serait pas difficile
de s'imaginer que le même agent géologique qui a produit la colline isolée
de 's Heerenberg, a également formé la colline isolée de Lochem, si l'origine
de la première n'était pas rendue plus évidente par son ,,anneau" d'argile,
dont la nature Iluviatile est hors de discussion. Cependant le sable quater-
naire se retrouve partout sous une couche plus ou moins épaisse de cette
argile, de sorte que, quand on se représente la dernière comme disparue
entre la Veluwe et le Monferland, on obtient une plaine sableuse peu
différente en réalité de celle qui s'étend jusqu'à la colline de Lochem,
mais moins large et plus profonde, plus longuement excavée par le
courant de la rivière. De même que l'argile Iluviatile a rempli en partie
le canal dans le Diluvium sableux, ce dernier remplit le canal plus large,
plus profond et plus ancien, excavé dans le Diluvium graveleux, comme
nous le verrons plus tard. Le Zanddiluvium et l'argile fluviatile nous
paraissent devoir leur origine à une même cause, mais dont les effets
ont été différents.
La Sablière d e. W a g e n i n g e n.
Les collines les plus élevées, les paysages les plus pittoresques, les
forêts les plus anciennes et les plus étendues des Pays-Bas se trouvent
dans cette partie de la Gueldre, qui porte le nom de Veluwe. Elle con-
stitue le massif quaternaire le plus étendu de notre patrie et a plus ou
moins la forme d'un trapèze dont les quatre côtés sont formés par le
Rhin, l'Yssel, la Zuiderzee et la Vallée gueldroise. En plusieurs endroits
nous avons réussi à y trouver des coupures ou des versants déblayés qui
nous ont permis de jeter un coup d'oeil dans l'intérieur de ce massif. Com-
mençons par Wageningen et le versant escarpé le long du Rhin. ♦
Dans le voisinage immédiat de cette ville, à l'extrémité de la „Mon-
tagne" de Wageningen, se trouve une sablière assez considérable, mais
peu exploitée. La partie enlevée est plus ou moins rectangulaire, de
sorte qu'on en peut dresser deux jprofils, l'un du sud au nord, l'autre
de l'ouest à l'est. Ils ont une longueur de 20 et une hauteur de 19 m.
(
CONTRIBUTIONS A LA GÉOLOGIE DÉS PAYS-BAS. . 40
Lors de nos différentes visites, la plus grande partie en était cachée
sous le talus; nous avons cependant pu en dresser la figure 12, pl. Ill,
sur une échelle de 0,002. Nous y retrouvons nos trois éléments habituels :
„gravier, sable et argile". Les deux premiers constituent la plus grande
partie du profil et forment des couches incomplètes, ou plutôt des lentilles
plus ou moins épaisses, qui alternent bien plus souvent et sont moins
nettement séparées que ne le représente notre figure. Le sable y est
tantôt fin et argileux, tantôt grossier et mêlé d'une certaine proportion
de petits cailloux. Ce profil est une illustration du Diluvium lentillaire.
Le sable y forme aussi deux petits bassins remplis de couches synclinales,
visibles dans la partie 0-E du profil. Quant aux cailloux et aux erratiques
qui se trouvent dans ces lentilles et ces couches incomplètes, ils sont
de nouveau presque exclusivement d'origine méridionale; le plus grand
était un bloc de quartzite gris de 3 x 2 x 1 d.m.; quelques morceaux
de granit rose et gris et de silex y ont aussi été trouvés sans qu'on
sache s'ils viennent de la surface du sol ou de plus bas. Le troisième
élément du profil, l'argile, est le ipoins important quant à la masse,
mais de beaucoup le plus intéressant. Il forme dans la partie inférieure
et moyenne du profil plusieurs lentilles plus ou moins allongées qui
paraissent s'être formées de la manière ordinaire ;,,déposition du matériel
suspendu dans Teau. Dans le gravier supérieur de la partie S-N, nous
avons aussi observé quelques masses plus arrondies, ou plutôt des
nodules, de la grandeur d'un poing. En brisant une de celles-ci (a) nous
y avons trouvé une petite Rhynchonella, silicifiée , intacte et magnifique-
ment conservée (pl. V, fig. 1). Il est clair que cette nodule doit avoir
été transportée en son entier, probablement dans l'état gelé, comme un
vrai erratique et ne peut pas avoir été soumise à une pression de quel-
que importance.
M. Von Suttner de Munich a eu l'obligeance de la comparer pour
moi avec les Rhynchonelles du musée paléontologique de l'Académie des
Sciences et l'a trouvée identique avec la Rhynchonella Thurmanni. Voltz.
L'état de conservation , la couleur et surtout le matériel adhérent, une argile
sableuse brun-jaunâtre, étaient parfaitement identiques avec les exemplaires
de cette espèce de Vieil-Saint-Remy dans le Département des Ardennes.
L'ouvrage fondamental sur la géologie de ce département est : ,,Sauvage
et Buvignier, Statistique rninéralogique et géologique du Département des
Ardennes. Mezières, 1842". Les auteurs y partagent la Formation juras-
sique en deux terrains, dont le premier est le terrain liasique ; le second,
le Terrain jurassique, est partagé en trois étages. L'étage inférieur corres-
pond à la Formation jurassique moyenne ou brune, les étages moyen
120 CONTRIBUTIONS A LA CxÉOLOGIE DES PAYS-BAS.
et supérieur constituent ensemble le Jura supérieur ou blanc. Il n'}?- a
que l'étage mo3^en, l'équivalent de l'Oxfordien et du Corallien de d'Or-
bigny, qui nous intéresse ici. S. 8c B. y distinguent deux groupes; le
groupe inférieur est l'équivalent de l'Oxfordien ; le supérieur, du Corallien.
Le premier embrasse trois sous-groupes, savoir: 1° la Marne inféi'ieure,
2°. la Marne moyenne avec le calcaire mai'neux et des roches siliceuses
et 3°. rOolithe ferruginouse avec la marne supérieure.
Or, notre Rhynchonella Thurmanni se rencontre dans les deux derniers
sous-groupes.
La Marne moyenne est surtout fos.silif6re dans sa partie supérieure qui
est un calcaire sihceux très-dur, composé d'un mélange de petits ciistaux
de calcite et de quartz. Les coquilles y sont tapissées à l'intérieur d'un
grand nombre de petits cristaux de quartz, de sorte que les plus grandes
sont devenues de véritables géodes.
Le troisième sous-groupe : ,,l'Oo1ithe feri'ugineuse et la marne supé-
rieure" a une épaisseur moins considérable; la partie qui est le plus
riche en fossiles se compose dans le voisinage de Vieil-Saint-Remy
d'une couche d'argile épaisse de 2 à 3 m., contenant du hmonite en
petits grains de la grandeur d'une tête d'épingle et remplie de
fossiles silicifiés. Cette argile s'étend encore vers l'ouest de l'endroit
sus-nommé.
De ces deux gîtes de la Rhynchoneha Thurmanni, nous pouvons con-
sidérer sans danger le second comme le gîte ])rimitif de notre petite
coquille. Elle était i^enfermée dans une argile tout à fait semblable à
celle des véritables fossiles de Vieil-Saint-Remy et, dans son intérieur
on n'aperçoit rien du tapis de cristaux de quartz, si caractéristique pour
les fossiles dérivés de la Marne moyenne. Il est difficile de constater
avec certitude si notre coquille est dérivée réellemeiit de l'endroit sus-
nommé ; nous serions plutôt porté à chercher son gîte primitif un peu
plus à l'orient, où l'Oolithe ferrugineuse entre décidément dans le bassin
liydrographique de la Meuse. L'aflluent le plus proche de V. S. R. est
la Vence, qui se jette dans la Meuse près de Mohon. La ligne de sépa-
ration des bassins hydrographiques de la Meuse et de l'Aisne se rapproche
beaucoup de V. S. R. et coupe la bande d'Oolithe ferrugineu.se un peu
à l'est de cet endroit. Sans doute cette ligne a subi des modifications
depuis la première partie de l'Epoque quaternaire, dans laquelle nous plaçons
la formation des graviers de Wageningen, et c'est beaucoup hasarder
que de se prononcer sur son cours dans les périodes géologiques anté-
rieures. En to\it cas nous croyons avoir démontré que notre Rhyncho-
nella Thurmanni provient du git(i (h; V. S. R. memo , ou du moins d'une ar-
CONTRIBUTIONS A LA GÉOLOGIE DÉS PAYS-BAS. . 42
gile identique située peut-être un peu plus à l'orient. Cette argile appartient
à l'étage Oxfordien ou au Jura blanc inférieur.
Revenons, après cette diversion stratigraphique, de France en Hollande
et à notre sablière de Wageningen. Quoique la plus grande partie du
gravier et du sable y ait été charrié par le Rhin, la coopération des
eaux de la Meuse est incontestable et prouvée par notre Rhynchonella,
et nous ne voyons aucune raison pour ne pas admettre que des matériaux
n'aient pas été apportés encore plus au nord par cette rivière.
A une centaine de mètres a Test de la sablière décrite s'en trouve
une autre, dont le profil ne présente que du sable fin, gris-blanchâtre;
il est finement stratifié et ses couches .sont réunies en bancs de 1,5 à
2 d.m. d'épaisseur. Ces bancs semblent être légèrement inclinés vers l'ouest
et disparaissent peut-être sous le profil précédent.
E n V i r 0 n s d ' A r n hem.
Après avoir visité les sablières de Wageningen, nous avons longé tout
le versant escarpé de la Veluwe jusqu'à Arnhem, dans l'espoir d'y
découvrir un profil. Le versant du plateau e.st entièrement composé de
sable, mêlé quelquefois de gravier. A côté de la route on voit çà et là
des erratiques provenant sans doute des champs cultivés, d'où les paysans
les ont éloignés. Il n'y a que la colhne le ,5Duno" près du village d'Oosterbeek
qui montre son intérieur. Le versant méridional, en face du Rhin, est
en partie vertical et se compose d'un sable extrêmement fin, argileux
et très-compact. La couleur en est d'un brun jaunâtre, de sorte qu'il
ressemble fort au löss, dont il diffère cependant par son effervescense très-
faible avec l'acide chlorhydrique. Ce n'est donc que le „Zavelgrond''
de Staring qui forme une partie du sol de la Veluwe et est célèbre par
les magnifiques bouleaux qu'il porte et auxquels il emprunte aussi le
nom de „Boekengrond" ou Terre à Rouleaux.
Du Duno à Arnhem, aucun profil géologique ne s'est présenté à nos
recherches.
Non loin de cette ville il y.a eu autrefois une.excellente occasion
d'étudier la structure intérieure de notice Diluvium dans la grande tranchée
du chemin de fer à Wolfheze. Malheureusement, le talus en est entière-
ment couvert de bruyère, de sorte qu'actuellement rien n'y est visible.
Cependant en 1874 elle était encore en exploitation, lors de la visite
de Berendt & Meyn, qui en ont fait une petite figure. Nous l'avons
reproduite dans la fig. 8, pl. IV et renvoyons pour les particularités à
120 CONTRIBUTIONS A LA CxÉOLOGIE DES PAYS-BAS.
rintroductioii de ce travail. Nous ne l'avons guère compi'ise; il nous
semble pourtant que les bancs redressés sont représentés dans la partie
gauche du profil et notre couche amorphe par les chiffres 4 et 2. Les
couches horizontales 4 etc. reposeraient ainsi en discordance sur 5 et
nous nous attendrions à retrouver dans les premières le Diluvium entre-
mêlé. Cependant les deux auteurs déclarent formellement n'y avoir trouvé
que des blocs méridionaux. L'explication entière de cette figure et des
chilfres est tellement incomplète que nous n'osons en tirer des conclusions.
A Test de la ville d'Arnhem , Staring a peut-être eu la chance de décou-
vrir les bancs redressés. Il pai'le du moins (B. v. N. II, pag. 58) de
la présence d'une plaque de grès (sable cimenté par l'h droxyde ferrique),
inclinée sous un angle de 54° et dirigée du sud-est au nord-ouest. Elle
avait une longueur de 50 m. et couvrait le versant d'une glaisière, appeh'e
le „Hertengat" (Trou aux Cerfs), non loin de Terlet (Rozendaal). Nous
ne croyons pas trop risquer à recoimaître dans cette glaise et dans ce
sable durci la trace de nos bancs redressés.
Cette partie de la Veluwe présente une série de pelites vallées d'érosion
très-distinctes , dont la plus grande, celle du Ruisseau de Heelsum contient
encore de l'eau courante ; les autres, entre Terlet et Diei'en , sont desséchées.
Le hameau de Hoendei'loo, se trouve à 43 k.m. au S. S. 0. du village
d'Apeldoorn Vers 4 860 on a déjà essayé d'exploiter l'argile qu'on y
trouve pour en faire des briques; ces tentatives ont été reprises vers 1884
et 4882. Le plus grand des ti-ous, qu'on y a creusés, permet de dis-
tinguer la succession des couclies On y voit (pl. III, fig. 43) d'abord
une argile grise, épaisse de 4 J-m*, (minimum) qui est devenue rouge
en haut par l'infiltration de l'eau météorique. Or, cette couche rouge
n'est pas le plus épaisse là où elle est le plus près de l'oxygène de l'air ;
au contraire, elle n'y a qu'une épaisseur de 4 d.m. contre 5 d.m. à la
base du profil. Cette argile est couverte d'un cordon de cailloux, auquel
en succèdent deux autres pareils, qui sont séparés pai' un sable fin,
stratifié horizontalement et recouvert d'un sable mêlé de gravier. La
paroi S. E.-—N. 0., perpendiculaire à la pi-emière, n'est qu'incomplètement
visible, mais montre cependant les deux cordons supérieurs de gravier
qui y sont horizontaux. Il est donc très-probable que nous avons de
nouveau ici une indication évidente des bancs redres.sés. Le sable sus-
mentionné serait alors stratifié obliquement en réalité et ne présenterait
des couches horizontales qu'à la suite du redressement des bancs en
leur entier. Ceux-ci seraient ainsi orientés du S. E. au N. 0.
41- CONTHinUTlONS A LA GÉ0L0GJ1C DES PAYS-BAS.
Forage d'Ariiliem.
Dans l'année 1885 on a exécuté dans cette ville un forage assez
])rofond ^ dont nous n'avoiis mallieureusenient pa examiner nous-meme
que quelques débris de coquilles, tout le reste ayant été jeté. On a
cependant di'cssé une liste des teri'ains, à laquelle nous empriuitons
quelques données pour fixer l'épaisseur du Diluvium entreinélé sous cette
ville. D'après cette liste on a pu distinguer 53 espèces de terrain (couches?)
que nous pouvons réunir, en deux groupes (Note sur le Forage d'Arnhem,
Buhetin des Séances Soc. Mal. Belg 6 Mars 1886). De la surface (15 m. -f- A.
P.) jusqu'à 86 uj. de profondeur^on a travei'séune séjie de sables et d'argiles,
dont les premiers sont colorés en jaune, brun ou rouge par l'hydroxyde
do fer; parfois le sable est ,,bleu" (à l'état luimide) et ainsi privé de
composés ferriques; quelquefois aussi il est graveleux. Il alterne avec
cinq couches d'argile bleue qui ne contient donc du fer qu'à l'état
d'oxydule. Un sable gris ne se renconti-e que très-rarement.
Entre 86 et 151 m. c'est justement le contrah-e; presque tout le sable
est gi'is, tantôt claii', tantôt foncé ; tantôt fin, tantôt grossier. L'os
éléments grossiers se rencontrent à la ])artie supéiieure, à 90 m. Quatre
niasses ou couches d'argile bleue sont intercalées dans le sable gris.
Des coquilles ont été rencontrées à 100, 139, 142, 145 et 151 m. de
profondeur. Comme de coutume, elles ont été jetées, à l'exception de
quelques fragmenls trouvés à 145m. C'étaient des Cardium edule, Mya
arenaria et des Pectunculus glycimeris avec un fragment d'une grande
Pecten (!) et quelques morceaux de bois. Or, toutes trois se rencontrent
dans le Red Crag ou le Scaldisien, la première et la troisième aussi dans
le Diestien et le Coralline Crag. C'est pourquoi nous considérons le
gris" entre 86 et 151 ul comme la partie supérieure du Pliocène, et le
reste comme Quaternah'e. La majeui'e partie de ces 86 mètres est pro-
bablement du Diluvium rhénan; la liste seule des terrains ne saurait
décider cette question. A Arnhem et à Goes, le Scaldisien est donc
composé d'un sable gris (glauconilère?), à Utrecht et à Gorkum d'un
sable quailzeux ordinah'e, ce qui mérite bien d'attirer l'attention.
120 CONTRIBUTIONS A LA CxÉOLOGIE DES PAYS-BAS.
Coupure d'As S el.
Un profil important est visible dans une quatrième coupure de chemin
de 1er, de V„Oosterspooriveg' à la halte d'Assel, à l'ouest d'xVpeldoorn.
C'est la partie la plus étroite de la Yeluwe, qui est traversée dans deux
Coupures, dont l'orientale est la plus longue, mais entièrement couverte
de bruyère; l'occidentale est encore en partie à découvert. La longueur
de la i)artie la plus importante du profil est de 440 m. En allant do
l'ouest à l'est, on ne voit d'abord au-dessus du talus que du sable et
du gravier stratifiés horizontalement, à l'exception de nouveau de la
partie supérieure, qui contient cependant encore un cordon horizontal
de cailloux, reste de la stratification originale.
Comme d'ordinaire, les couches de sable et de gravier ne sont pas par-
faitement horizontales , mais quelquefois un peu inclinées ou ondulées, ou
bien l'im des éléments se développe aux dépens de l'autre. En tout cas,
la disposition originale n'a pas subi de changement. Les cailloux, dont
quelques-uns atteignent une dimension de 2 d.m. et deviennent ainsi des
eri-atiques, sont encore des quartzites de dilïérentes couleurs et des limonites;
un fragment de silex, un grès violet et un moi'ceau de porphyre repré-
sentent le Diluvium Scandinave.
Cette partie horizontale se continue sans interruption dans la seconde,
représentée dans la figure 42 (pl. Il), sur une échelle de i : 300. La
longueur en est de 440 m. et la hauteur va en diminuant de 42 m.
(près de la lettre A) à V},8 m. (près "de la lettre B), Les lignes verticales
avec les chiffres 369 et 370 représentent deux piles de télégraphe, portant
ces nombres. On voit dans le profil le. môme sable fin et stratifié, en-
tremêlé do quelques cailloux, quitter peu à peu la position horizontale ;
les couches se l'edressent et deviennent enfin verticales Au-dessus de
la lettre C on aperçoit un plan de dislocation, nettement limité, avec
quelques couches de gravier, auxquelles succède de nouveau le sable
finement stratifié. La partie laissée en blanc représente de nouveau le
talus, qui permet d'entrevoir de temps à autre de petites parties des
couches redressées. Le chiffre 4 repi-ésente partout un gravier plus ou
moins grossier, 3, le sable fin et stratifié, 5, une argile de couleur variable,
plus ou moins sableuse, qui foi-me des couches véritables ou des lentilles.
En quelques endroits le sable est traversé de plaques durcies par l'hy-
droxyde ferrique, qui sont parfois horizontale ou forment une espèce de
réseau. La partie orientale du profil montre les bancs redressés qui
quittent graduellement leur position verticale et dont les sommets sont
CONTRIBUTIONS A LA GÉOLOGIE DÉS PAYS-BAS. . 46
de nouveau recourbés, mais ne forment que des queues d'une longueur
insignifiante et dirigées vers l'est. A l'extrémité orientale ces couches
ont une inclinaison assez faible et semblent redevenir horizontales à une
certaine distance.
La hauteur de la coupure diminue, jusqu'à cequele niveau du chemin
de fer soit redevenu la surface générale du sol à la halte d'Assel.
Bientôt pourtant le sol s'élève de nouveau et le chemin de 1er entre
dans une nouvelle coupure beaucoup plus longue, dont le versant est
couvert d'une bruyère épaisse. Nous n'avons pu obtenir la-dessus que
des renseignements superficiels. ,,Tout n'était que du sable", etc. Pour-
tant en parcourant cette coupure ou voit à côté des rails et à des distances
inégales 6 ou 7 monceaux d'argile, qui ont aussi leur histoire. Un
hiver fort pluvieux (1880?) une gelée subite causa une série d'inégalités
par suite de l'expansion de l'ai'gile trempée, de sorte que le passage des
trains devint dangereux. Un certain nombre de paysans fut mis aussitôt
à l'ouvrage et on réussit en une nuit à éloigner l'argile et à la remplacer
par du sable qui ne se dilate point par la gelée. Chacun de ces mon-
ceaux d'argile représente ainsi une masse qui se trouvait originellement
sous les rails. Aussi, en écartant çà et là la bi'iiyère du versant, on
voit que le sol y est argileux en certains endroits. Nous avons probable-
ment ici encore nos bancs redressés, dont plusieurs sont composés d'argile.
Le Nord de la Veluwe.
A quelques kilomètres au nord-ouest d'Assel nous avons levé deux petits
profils, dans le voisinage du curieux „Uddelermeer".
Le premier fut trouvé sur la bruyère plate, appelé ,,Uddelerveld",
au S. E. de l'étang sus-nommé et est reproduit dans la figure 14, pl. IIL
Il a rapport à une petite gravière, trou quadrangulaire dont trois des
faces verticales sont bien conservées. On y découvre à première vue la
structure lentillaii'e, comme nous l'avons déjà trouvée à Wageningen.
1 est un sable fin, gris, mêlé çà et là de petits cailloux, 2, un
sable plus grossier mêlé de gravier ; 3, un gravier, montrant quelque
stratification; 4, un sable grossier sans gravier, mais bien stratifié et
peu différent de 2 ; 5, un sable stratifié indistinctement et 6, une masse
de gravier très-grossier dont les élément ont parfois 3 à 4 c.m. de diamètre.
Une petite sablière sur le bord septentrional du même étang ne montre
que dilfèrentes espèces de sable en couches parfaitement horizontales.
CONTRIBUTIONS A LA GÉOLOGIE DÉS PAYS-BAS. . 47
Nous en avons reproduit le profil dans la figure 15, pl. III. Il n'a qu'une
hauteur de 3 m.; mais il se continue sans changement notable sur une
distance d'une vingtaine de mètres. On y distingue d'abord la couche
végétale, composée de sable avec de rares cailloux (1), puis un sable
fin, jaunâtre, non-stratifié (2), avec quelques cordons de cailloux qui
ont jusqu'à 2 c.m. de diamètre; 1 et 2 ne forment probablement encore
qu'une seule couche. 3 Est un sable jaunâtre et très-fin comme le pré-
cédent, mais bien stratifié, il contient également un peu de gravier; 4
est un sable plus grossier, un peu argileux. Les couches en sont parfois
un peu irrégulièi'es et moins prononcées que dans le sable 3.
La partie septentrionale de la Veluwe entre Heerde, Elburg et Hattem
possède une quantité de gravières creusées pour l'entretien des chaussées
des environs. On en trouve d'abord au N. E. et non loin de la station
de "Wezep du Chemin de fer Central. La majeure partie des cailloux
dispersés sur la bruyère est d'origine méridionale, les erratiques scan-
dinaves, blocs subangulaires, parfois polis, de granit, de gneiss, etc.,
se rencontrent plus rarement. Aussi les trous à gravier, contiennent-ils
presqu'exclusivernent des quartz blancs, quai'tzites, grauwackes, etc. Il
parait donc exister une certaine séparation entre les cailloux d'origine
si différente, supposition qui est appuyée par l'inspection des monceaux
de cailloux le long des routes. Les uns se composent de cailloux arrondis
assez petits et intacts, qu'on a seulement creusés et triés et qui sont
presqu'exclusivernent d'origine méridionale. D'autres monceaux s'en dis-
tinguent aussitôt par leur aspect plus foncé et plus bigarré ; on voit qu'ils
se composent en grande partie de fragments de cailloux et d'erratiques
d'origine mixte. On y découvre des granits, des diorites, des porphyres,
des silex noirs sans bryozoaires et des silex jaunes ou gris qui en con-
tiennent, ainsi que des quartz et des quartzites, des grauwackes, des
phyllites, des basaltes. Si nous nous souvenons de ce que nous avons
vu ailleurs, nous voyons ici une nouvelle preuve que la masse principale,
le noyau de la Veluwe, est composée de Diluvium rhénan, tandisque
seulement une pellicule assez mince et inteiTompue appartient au Dilu-
vium mixte.
Dans quelques fosses à gravier de la ,,Woldbergsche Heide" entre Epe
et Elburg, on peut se convaincre de l'absence presque totale de strati-
fication ; le gravier, le sable plus ou moins argileux y forment des masses
extrêmement irrégulières. Ailleurs, p. e. dans la grande fosse à fumier
du Camp d'Oldebroek, ainsi presque sur le sommet de la colhne, on
observe des couches de sable, etc. assez régulières. Le même phénomène
que nous avons constaté près du ,,Lac d'Uddel" se répète donc ici où
CONTRIBUTIONS A LA GÉOLOGIE DÉS PAYS-BAS. . 48
nous trouvons l'une près de l'autre, une stratification assez nette, une
structure lenticulaire et une absence de stratification.
La forme des collines est assez régulière dans cette partie de la
Gueldre; on voit plusieurs cretes orientées du N. E. au S. 0., séparées
par des vallons parallèles. On y découvre aussi sans peine plusieurs
rainures, formées évidemment par l'eau des averses et de la neige fondante.
Non loin de là, entre les villages de Wezep et de Heerde , se trouvent
plusieurs trous, d'où l'on extrait une glaise gris jaunâtre qui est recou-
verte de sable et de gravier instratifié. Ces trous se trouvent tous sur
une ligne orientée du S 60° 0 au N 60° E. Nous avons probablement
encore ici un banc redressé, orienté dans la même direction. Cette
hypothèse est comme prouvée par une grande fosse ,à argile de la colline
de ,,Philipsberg" au S. S. E. de la station de Wezep. La figure 13,
pl. II, en représente, sur une de échelle de 1: 50, la paroi la mieux
dirigée de l'est à l'ouest
Sa longueur est de 6 m., sa hauteur de 1,75 m. La partie supérieure
est d'abord une couche de 3 d.m. d'épaisseur de sable mêlé de gravier,
instratifié et coloré en noir par la terre végétale. Elle recouvre une
partie de l'argile, également aniQiphe et épaisse de 6 d.m. L'action de
la gelée qui a fait disparaître toute structure s'est ainsi étendue jusqu'à
1 m. de profondeur; peut-être avons-nous ici une mesure de l'intensité
du froid qui a produit cet effet. Le reste du profil est presqu'exclusi-
vement composé d'une argile, qui montre encore sa stratification originale
par des couches minces intercalées de sable, indiquées par un astéiisque.
L'argile elle-même est aussi divisée en couches de couleur différente ,
brune et gris clair, etc. Elles alternent assez souvent et sont courbées
et entortillées; leur inclinaison générale paraît être vers le S. E. Notre
figure ne représente que les entortillements essentiels ; ils sont en réalité
plus nombreux. Vers le milieu du profil on voit une ligne oblique, une
fente de dislocation. Les faux-plis de l'argile sont différents sur-les deux
côtés. Une seconde ligne oblique, qui repose sur la dernière, est une
couche très-mince, non pliée, d'une argile gris-clair, au-dessus de laquelle
les petites couches de glaise sont plus épaisses et moins entortillées qu'au-
dessous. Le troisième élénient du Quaternaire, celui^qui contient les bancs
redressés, est donc également représenté dans cette partie de la Veluwe.
Nous ne saurions cependant prononcer une opinion sur la partie supé-
rieure de ces bancs, et décider si l'on pourrait comparer la partie moins
inclinée aux queues remarquables de Maarn et de Reenen ou si l'on a
à faire ici à un autre phénomène.
CONTRIBUTIONS A LA GÉOLOGIE DÉS PAYS-BAS. . 49
Chapitre II. Le Diluvium entremêlé à l'est de l'IJssel.
Les Environs d'Eibergen.
La ville de Groenloo et les villages d'Eibergen et de Winterswijk,
connus dans la géologie par la présence de la Formation miocène,
sont situés sur un terrain très peu accidenté. On se convainc cependant
facilement que ces petites élévations du sol sont toutes constituées par
le Diluvium graveleux et que les parties basses et plates qui les entourent
ne montrent que du sable fm. Entre Eibergen et Groenloo serpente le
„Slingerbeek" cause évidente de la séparation des collines de ces deux
endroits.
Eibergen est bâti à l'extrémité septentrionale d'une de ces élévations.
Les roches scandinaves y sont comparativement plus abondantes que plus
près de l'IJssel; nous avons trouvé parmi elles un diorite et un grès
très bien polis et striés. Elles sont accompagnées de roches rhénanes plus
nombreuses, entre autres de grès gris et blancs et de beaucoup de ces
grauw^ackes si typiques par les cristaux de pyrite ou du moins par les
cavités cubiques qui les ont contenus. Nous voyons encore ici que la
dispersion des roches septentrionales dans le Diluvium entremêlé est
très irrégulière, qu'on les rencontre localement en assez grand nombre
et qu'elles manquent presque entièrement à un endroit peu éloigné, qu'on
serait ainsi tenté de mettre dans le Diluvium rhénan.
Un peu plus au sud encore on peut observer l'irrégularité à l'égard
de la dimension des erratiques. Près d'Eibergen et de Groenloo ils ne
dépassent pas 1 d.m., mais à environ 3 k.m. au sud de Lichtenvoorde
on a trouvé vers 1866, un erratique assez considérable, que les habitants
de ce village ont mis sur leur petit marché avec l'intention d'y placer
la statue de quelque homme célèbre. Il mesurait 2, 5 x 1, 5 x 1, 75. m.
C'était un granit assez grossier à feldspath couleur de chair et à
quartz blanchâtre. Il était arrondi partout excepté à la face supérieure
qui était plate.
Dans cette même contrée nous avons eu une excellente occasion de
dresser deux profils démontrant la constitution de la partie supérieure
du sol. C'était dans le ,,Ballastveld" près d'Eibergen, gravière étendue,
exploitée par le Chemin de fer secondaire. Les parois ont une hauteur
de 3 m., et permettent d'examiner la composition du sol. On n'y voit
presque pas d'argile, mais seulement du sable et du gi-avier ; ce dernier
occupe généralement la position supérieure, mais alterne assez souvent
avec le sable. En général, la paroi présente des couches plus ou moins
7
-ocr page 53-50 CONTRIBUTIONS A LA GÉOLOGIE DES PAYS-BAS.
I
régulières; parfois le sable monte jusqu'à la surface, parfois le gravier
descend jusqu'au fond de l'excavation. Le sable est souvent stratifié
obliquement, du nord au sud ou en sens inverse, et alors on voit
quelquefois une discordance entre le sable et le gravier qui le recouvre.
Il n'en est pas partout ainsi, car en suivant le profil du N. au S. on
découvre quelques disturbations, des traces d'entortillements des couches,
qui deviennent de plus en plus fortes jusqu'au profil que représente notre
fig. 1, pl. IV, sur une échelle de 1: 50. Le chiffre 1 a rapport à un
sable argileux, stratifié et formant une masse irrégulière ; 2 est un gravier
instratifié; 3, un gravier bien stratifié qui contient des erratiques à sa
base ; 4 est notre couche sableuse et amorphe, et 5, le sable brun-grisâtre
sus-rnentionné. Il a encore conservé sa stratification originale à la base;
mais la plus grande partie montre les disturbations et les entortillements
si caractéristiques du Contorted Drift. Les petites couches sont toutes
abrasées à leur partie supérieure.
Ce profil donne encore lieu à une observation. Supposons toute la
partie graveleuse érodée, de sorte qu'il ne reste que la partie sableuse, il
sera très-difficile de décider si ce sable appartient au ,,Diluvium préglacial",
comme dans notre cas, ou au ,,Zanddiluvium" ou „Diluviumpostglacial".
Nous avons fait une remarque semblable en traitant de la tranchée de
Reenen. Le ,,Heymenberg" et la partie supérieure du ,,Laarsche Berg" sont
composés d'un sable assez fin, qui appartient par les quelques cailloux
et erratiques scandinaves qu'il contient au „Diluvium glacial stratifié", donc
au „Diluvium graveleux" et non au „Diluvium sableux". Il est ainsi
très problable que le ,,Zanddiluvium" de la carte géologique de Staring
contient des éléments hétérogènes, comme nous l'avons déjà remarqué à
Goch. Nous serions porté à transporter une partie du sable des environs
de Groenloo et d'Eibergen de cette dernière division géologique dans le
„Diluvium préglacial" qui est beaucoup plus ancien.
Une douzaine de mètres au sud du profil sus-mentionné, nous en avons
relevé un second qui possède des marques encore plus caractéristiques
de l'action de la glace Scandinave. Il est dessiné sur une échelle de
1: 50 (pl. IV, fig. 2) et contient les mômes éléments que le profil pré-
cédent, mais il s'en joint un nouveau, l'argile sableuse (6), mêlée do
cailloux, qui se trouve entre le sable et le gravier et a été soumise aux
mêmes actions disturbantes que ces derniers. Tout le gravier de ce profil
n'est probablement pas du même âge ; il est en partie glacial, a précédé
l'approche du glacier Scandinave, et en partie, l'équivalent de la moraine
inférieure et a été déposé durant la présence de cette masse de glace. En sui-
vant la paroi vers le sud , les entortillements disparaissent de nouveau , la
120 CONTRIBUTIONS A LA CxÉOLOGIE DES PAYS-BAS.
glaise devient plus épaisse, contient des erratiques et est ainsi le véritable
GescMebelehm. Le sable graveleux supérieur (4) aussi devient amorphe,
quoiqu'il appartienne sans contredit à la moraine inférieure, Çà et là
les entortillements réapparaissent pour un moment, mais sans aucune
régularité, pour faire place définitivement au sable et gravier stratifiés.
Ce dernier est glacial pour la majeure partie, puisqu'il renferme à sa
base des erratiques scandinaves ; en général il est incliné vers le N. 0.
On a trouvé dans ce gravier quelques moules de Pecten en grès, origi-
naires du Crétacé de la Westphalie occidentale. Non loin de Winterswijk,
à Oedink, on a trouvé un autre erratique organique, un bel exemplaire
de l'Astylospongia praemorsa, originaire du Silurien de la Mer Baltique.
C'est, croyons-nous , la trouvaille la plus méridionale de ce fossile. De
l'autre côté de Winterswijk, dans les briqueteries autour du hameau de
Miste, on aperçoit facilement comment l'argile noire miocène a été cliangée
en houlder-clay dans sa partie supérieure (1 m.) et est remplie de cailloux
et d'erratiques. Un peu plus loin au sud-est, entre Burlo et Rheden,
nous avons trouvé sur le sol deux erratiques de grès jaimâtre avec un
poli et des stries superbes. D'ailleurs des traces de la moraine inférieure
se présentent encore plus au sud, car en visitant le village de Dingden,
entre Bocholt et Wesel, nous avons remarqué un grand nombre d'erra-
tiques de granit, etc. qui avaient jusqu'à 3 et 4d.m. de diamètre. En
parcourant la vaste bruyère du „Dingdener Berg", nous en avons vu
sur le sol un grand nombre, parmi lesquels deux portaient encore le
lustre et les stries glaciaires très distincts. Les silex de couleurs claires
étaient abondants. Cette colline nous semble encore ici n'être qu'un
reste isolé d'un plateau jadis beaucoup plus étendu. Le noyau en est
le même que de ceUes des environs d'i'ibergen: c'est l'argile noire mi-
cacée de la Formation miocène.
D'autres marques évidentes de l'érosion sont visibles à mi-chemin
entre Groenloo et Vreden, un peu au-delà du hameau d'Ellewieck, où
la Berkel s'est creusé un passage étroit et profond; il en est de même
tout près d'Eibergen. La Berkel a encore contribué à l'isolement de la
colline de Neede („Needsche-Berg") au nord-ouest d'Eibergen. Les glai-
sières de deux briqueteries permettent de jeter un coup d'oeil dans son
intérieur. Dans une d'elles nous avons pu dessiner le profil de la fig. 5,
pl. IV. On y observe plusieurs bancs redressés de glaise, inclinés vers
le N. E., dont les têtes sont un peu recourbées vers le S. 0.
La glaise est tantôt grasse, tantôt sableuse, brun-foncé (4), gris-clah-
(6) ou bleuâtre (7), quelquefois micacée ou contenant des traces de
fragments de coquilles (e. a. d'une Natica), des morceaux de bois
r
-ocr page 55-CONTRIBUTIONS A L A. GÉOLOGIE DES PAYS-BAS. 52
et de feuilles. Elle est recouverte par un sable stratifié irrégulière-
ment (3) et mêlé de cailloux. A côté de ce profil principal s'en trouve
un second plus petit et perpendiculaire sur le premier qui montre prin-
cipalement le sable graveleux stratifié. Malgré les restes de coquilles
qui sont indéterminables, nous ne croyons pas avoir à faire ici à la
glaise miocène d'Eibergen, etc., mais à des couches du ,,Quaternaire pré-
glacial" qui doivent leur origine à des masses détruites de glaise miocène,
d'où les restes de mollusques seraient alors également dérivés. Le banc
mince 9, une glaise brune, forme une queue très-distincte qu'on peut
suivre sur une distance de 2 m.; la glaise maigre 8 et 10 arrive assez
près de la surface où elle contient un certain nombre de cailloux et d'erra-
tiques. La partie inférieure est entièrement privée d'erratiques, de sorte
que ceux du sommet y ont été introduits après le relèvement de ces
bancs. Nous verrons plus loin que ce fait n'est pas encore une preuve
absolue de la présence de la m. L, mais qu'une autre solution est aussi
possible.
La seconde briqueterie offre également dans sa glaisière un petit profil.
La surface de la glaise y est irrégulière; elle forme des bancs d'une
constitution variable; la glaise bleu-clair surtout y est bien développée
et contient une quantité assez considérable de morceaux de bois.
Staring fait plusieurs fois mention de la colline de Lochem, sans
cependant donner des détails sur sa structure. Il dit dans le premier
volume de son principal ouvrage (pag. 315): „Une hauteur aussi considérable
est apparemment propre à ces collines du Diluvium, qui s'élèvent isolées
en rase campagne, comme le ,,Lemelerberg" dans la province d'Overijssel
et le ,,Lochemerberg" et l',,Eltenberg" dans le comté de Zutfen." On
peut se demander si Staring aurait pressenti que cette hauteur n'est
qu'apparente et qu'eUe n'est en réalité que la conséquence naturelle
d'une érosion prolongée. Mais cornme il ne se prononce nulle part dans
ce sens, l'origine de ces cohines sera restée une énigme pour lui. Dans
le second volume (pag. 65), il parle de la présence des dépots d'argile
irréguliers, qu'il a aussi rencontrés ailleurs, ce qui nous rendit très-pro-
bable la présence des bancs redressés (ou lentiUes), tels que nous les
avons trouvés à Maarn, à Reenen, etc. Plus loin (pag. 88) il fait mention
de la présence de nombreuses nodules de limonite, comme on en a
aussi trouvé dans le puits de Zeist. Il^en cherche l'origine dans le terrain
120 CONTRIBUTIONS A LA CxÉOLOGIE DES PAYS-BAS.
à lignite»de la Formation oligocène, ainsi que dans la Formation carbonifère.
A la page 90 il mentionne des trouvailles d'Ecliinides de la Formation
crétacée, qui n'auraient pas été trouvées au sud de cette colline.
Nous en possédons pourtant quelques-unes des environs d'Eibergen.
Après Staring, c'est M. Martin seul qui cite dans" son opuscule
(pag. 6) des fossiles siluriens bien déterminables trouvés dans cette
colline à une profondeur de 5,75 m. et mêlés à d'autres d'âges jurassique
et crétacé. Ceci paraît d'aboi-d être en contradiction avec la règle que
nous avons trouvée partout, que le Diluvium entremêlé n'est qu'une
mince couche reposant sur le Diluvium rhénan. Cependant nous avons
observé qu'à Reenen et à Maarn, ce dernier a été parfois érodé jusqu'à
une profondeur assez considérable (11—20 m.) et que la cavité produite
a été ensuite remplie par du sable et des cailloux mixtes. Nous avons
probablement un fait analogue sur le Lochemerberg qui ne serait ainsi
nullement en contradiction avec la règle que nous avons trouvée.
Les observations que nous avons pu faire nous-même sont peu importantes.
La colline elle-même est parfaitement isolée et ressemble beaucoup à
celle de 's Heerenberg, aussi quant à la composition pétrographique du
gravier qu'on y trouve. Il est pour la plus grande partie d'origine mé-
ridionale et se compose de grès dévonien à Spirifères, de nodules de
limonite, de différentes sortes de grès noir plus ou moins grossier et de
basalte; le quartz blanc en forme la majorité, le granit y est très rare.
Aucun des trous à gravier ne permettait de s'orienter sur la disposition
des éléments du sol.
Sur le versant occidental de la colline se trouve cependant une sablière,
dans laquelle on peut facilement constater la présence des couches re-
dressées de gravier et de sable. Elles sont inclinées vers le sud-ouest
sous un angle de 35°, davantage vers le sommet et recourbées ensuite
vers l'ouest. Un bloc de granit de 8 x 6 x 4 d m. et deux plus petits
de gneiss et de porphyre gris-verdâtre couchés sur le sol étaient les seuls
i-eprésentants des roches scandinaves.
En continuant notre route au nord, nous traversons une plaine de
,,Zanddiluvium" pour voir de nouveau le terrain s'eléver assez considé-
rablement et former une colline très étendue entre Markeloo, Holten,
Haarle, Hellendoorn, Nyverdal et Ryssen.
Ici la carte de Staring n'est pas tout à fait correcte, car à Diepenheim
ne se trouve pas une petite colline isolée de Diluvium entremêlé, mais
un prolongement de la colhne de Markeloo. Elle contiendrait, selon Staring,
de l'argile, à côté de chaussée de Lochem. Nous l'avons retrouvée tout près
de la station de Markeloo dans une grande briqueterie avec plusieurs
CONTRIBUTIONS A L A. GÉOLOGIE DES PAYS-BAS. 54
glaisières profondes d'environ 2 mètres. On y voit une glaise «sableuse
jaunâtre, contenant beaucoup d'erratiques scandinaves , souvent très bien
polis et striés, de sorte qu'on peut admettre comme démontrée la pré-
sence de la m. i. De temps à autre les ouvriers y trouvent des morceaux
de succin.
Les champs de la colline de Markeloo et de Herike contiennent les
mêmes erratiques, que les paysans ont déposés en grand nombre le long
des routes; ils deviennent pourtant plus rares à mesure qu'on monte sur
la colline. Le village sus-mentionné est bâti à sa base et dans une vallée
d'érosion assez étroite, qui la sépare de la grande colline de Rijssen-
Holten-Haarle.
La partie la plus élevée de la colline de Markeloo possède, près de
la route de Goor, plusieurs glaisières profondes de 18 et 20 mètres,
mais entièrement sèches. Elles sont en forme d'entormoir et ressemblent
ainsi à de petits cratères. Le versant s'était écroulé pour la majeure
partie; mais la paroi orientale de l'une d'elles était encore assez bien
conservée pour en dessiner un profd (pl. IV, fig. 6) sur une échelle de
1: 300. La moitié inférieure en est argileuse, la moitié supérieure sa-
bleuse; peut-être avons nous ici les Formations miocène et quaternaire
en contact visible; cependant nous voulons considérer provisoirement
l'argile comme quaternaire aussi, de même qu'à Neede. 8 Représente
une glaise bleu-noirâtre un peu micacée, qui i^enferme çà et là des
plaques blanches de coquilles pulvérisées, dont la détermination même
générique est impossible, sauf pour un fragment de Natica. 7 Est
une argile feuilletée de la même couleur, mais riche en débris végé-
taux : feuilles très fragiles et morceaux de bois plus solides ; on y
découvre également des débris de coquilles. 6 Est une argile bleu-clair
et 5 une glaise jaune-brunâtre, produite par la décomposition des couches
subjacentes. On n'y observe point de débris de coquilles, mais au con-
traire un grand nombre de ces concrétions de calcaire caractéristiques,
appelés ^^Lôssmànncheîi" par les Allemands. Leur mode de formation
est ainsi très clair.
La moitié supérieure du profil ne renferme que quelques lentilles de
glaise (4) et est composée d'un sable non-stratifié (3) à plaques ferru-
gineuses irrégulières, d'un sable grossier, graveleux (2) non-stratifié ou
stratifié obliquement et d'un sable fin (1) bien-stratifié, parfois obliquement.
D'après Staring (1. c. IL pag. 83) ou aurait trouvé autrefois dans les
collines de Markeloo et de Herike beaucoup d'ossements de cétacés, de
dents de requins et de moules de coquilles, mais ils auraient été trop
roulés et trop usés pour les déterminer spécifiquement. Cette circonstance
120 CONTRIBUTIONS A LA CxÉOLOGIE DES PAYS-BAS.
est un argument en faveur de l'âge quaternaire de la glaise de ces collines
et de la dérivation de ces fossiles des couches tertiaires plus méridionales.
Il en est probablement aussi de même de la glaise qui forme le noyau
de la petite colline de Delden. Nous n'avons pu la voir in-situ, parce
que les trous dont Staring fait mention étaient fermés depuis longtemps.
En compensation on voit, dans le beau bois de Twickel, situé sur cette
colline, un des plus grands erratiques de notre Diluvium entremêlé.
C'est un granit gris à grains assez gros, à peu près prismatique, et
mesurant 2,1 x 1,56 x 1,40 m. Il porte l'inscription suivante:
,,Getrokken door twaalf paarden ben ik uit Azeloo gekomen XXIII Feb."
„MDCCCXLV." (Tiré par douze chevaux je suis venu d'Azeloo). Azeloo
est un hameau non loin et au nord de Delden, situé sur le Diluvium
sableux selon la carte géologique qui est incorrecte encore ici. Le Dilu-
vium entremêlé constitue non seulement les deux petites collines au nord
de Twickel, mais s'étend encore plus loin à l'est dans la direction de
Borne. Il en est de même de la colhne de Delden. En Septembre 1885
on y découvrit un gros erratique de granit gris-clair près de r„Elbertbosch",
à environ deux kilomètres en dehors et à l'ouest de la limite du D. e. de
la carte de Staring; il se trouvait à 1 m. de la surface et mesurait
2,5 X 1,5 X 1 m. Il était entouré d'un grand nombre d'autres plus petits,
parmi lesquels un de granit de 1 d.m. portait de très belles stries glaciaires.
Le sol était de sable fin, mêlé çà et là d'argile, mais sans structure
reconnaissable.
La bruyère située au nord du ruisseau de Twickel renferme tout près
de la surface un noyau d'argile, bigarrée de gris et de brun et renfermant
de petits erratiques de silex et de granit. C'est donc encore le Boulderclay^
comme à Diepenheim.
Haarler et Lemeler Berg.
En retournant à l'ouest, on passe par la colline d'Enter, qui s'élève
dans une' plaine marécageuse, traversée par la Regge et ses petits
aflluents. La composition de cette colhne est rendue visible par quelques
glaisières sur son versant occidental. On y voit comme dans la colline
de Ryssen, des bancs de glaise recouverts par le Diluvium graveleux.
Au dèla de la vallée tourbeuse et du petit ruisseau l'„Els-Graven", le
terrain monte de nouveau pour former une des collines les plus étendues de
CONTRIBUTIONS A L A. GÉOLOGIE DES PAYS-BAS. 56
l'Overijssel, le ,,Haarler-Berg". Une série de briqueteries avec leurs
glaisières révèlent la constitution du sol. La première, entre le „Vriezen-
berg" et le „Bovenberg" au sud de Ryssen, est peu profonde et nous
découvre de l'argile sableuse, bigarrée de gris et de jaune, et
renfermant un grand nombre d'erratiques de granit, de diorite, de
silex , de porphyre felsitique, etc. C'est donc encore la moraine inférieure,
qui ne constitue que la partie supérieure de la glaise; vers le bas,
celle-ci perd bientôt ses cailloux et son sable. Cette glaise bigarrée
est mêlée dans les briqueteries du „Ryssensche Veld" avec une glaise
bleu-clair qui ressemble de près à celle de la colline de Neede et
qui est creusée dans le petit bois „Den Brekel" dans plusieurs puits
très profonds analogues à ceux du „Heriker-Berg". Autant que le per-
mettait le versant écroulé en partie, nous en avons dessiné un profil
(fig. 3, pl. IV) sur une échelle de 4 : 500. On y voit de nouveau plu-
sieurs couches inclinées vers le nord-est, et composées d'un sable plus
au moins graveleux stratifié obliquement (1), d'un sable analogue, mais
sans gravier (2), et d'une glaise bleu-foncé grasse (3) qui contient des
débris indéterminables de coquilles; une variété (4) en est feuilletée et
contient en grand nombre des restes de végétaux, spécialement des
morceaux de bois. Il est presque certain que cette glaise est identique
à celle de Neede et de Markeloo ; son alternance avec du sable graveleux
est un argument en faveur de son âge quaternaire. La partie supérieure
du versant est indistincte; nous avons pourtant pu constater que les
têtes des bancs redressés sont nettement tranchées et couvertes par du
sable, qui y repose en discordance. Il ne contient que de petits cailloux
et pas d'erratiques, et confirme ainsi la règle que nous avons observée
presque partout, qu'il ne faut pas chercher les tracer de la m. i. sur
les sommets des collines, mais à leur pied et dans les bruyères plates
et peu élevées. La cause probable de ce phénomène sera traitée plus loin.
Le village de Ryssen est bâti au pied de la partie orientale du „Haar-
l'erberg" , qui est separée par une plaine tourbeuse de la partie occidentale.
Cette dernière présente plusieurs détails géologiques intéressants, en pre-
mière ligne la grande tranchée du chemin de fer près de Nyverdal. En 1882
le talus de cette coupure était déjà achevé depuis plusieurs années et
couvert de bruyère, mais les torrents de pluie avaient formé des rainures
assez profondes. On pouvait par là se convaincre de la présence des
bancs redressés, inclinés vers l'ouest sous un angle de 25° (perpendiculaire-
ment à l'axe de la coupure). Quant aux cailloux que nous y avons
observés, nous n'avons qu'à répéter ce que nous avons dit ailleurs :
les roches cristallines y sont assez i-ares et roulés probablement d'en
120 CONTRIBUTIONS A LA CxÉOLOGIE DES PAYS-BAS.
haut; on y voit quelques silex et granits, mais la majeure partie est
de nouveau d'origine méridionale. On y a trouvé entre autres une dent
d'Oxyrhina hastalis, comme on en trouve encore aujourd'hui souvent dans
l'argile miocène de Groenloo, et qui par conséquent n'a pas subi de
transport lointain.
La colline de Haarle offre, près de Noetselen sur le versant oriental
et près de Haarle sur le versant occidental, des exemples bien clairs de petites
vallées d'érosion. Elles sont si visibles que la population leur a donné
les noms propres de „Rietslenke" et de ,,Wolfslenke". La carte topo-
graphique de l'Etat Major les a aussi figurées. Elles sont une nouvelle
preuve du peu de fondement des assertions apodictiques de IM. Seelheim,
que : ,,nulle part on n'observe des traces d'érosion dans le Diluvium des
Pays-Bas". Nous verrons le môme phénomène se reproduire sur le
,,Lemelerberg".
Au nord de Haarle et au sud du ,,Lemelerberg" s'élève une petite
colline isolée le ,,Luttenberg". Il est évident qu'elle n'est qu'une conti-
nuation de la partie occidentale du ,,Haarlerberg" et n'en a été séparée
que par l'érosion, de même que le ,,Lemelerberg". Sur la carte géologique
elle est indiquée comme appartenant au ,,Zanddiluvium" quoiqu'elle soit
composée distinctement de ,.Diluvium entremêlé" qui ne diffère point de
celui des collines précédentes.
En continuant notre route vers le nord, nous voyons déjà dans
le lointain s'élever la colhne du ,,Lemelerberg", qui a déjà attiré l'at-
tention depuis de longues années à cause de son isolement et de sa
hauteur assez considérable, qui atteint 70 m. au-dessus de la plaine envi-
ronnante.
La première description scientifique de cette colline est de la main
de T. W. van Marie et intitulée: „De Lemeler Berg en de Steen op
denzelven" formant un article dans le ,,Overijsselsche Almanak, 1839".
Staring ne paraît pas avoir eu connaissance de ce petit traité. L'auteur
y fixe d'abord l'attention sur les versants occidental et septentrional plus
raides que celui du côté oriental, phénomène qui est très bien rendu
dans la petite carte topographique dont nous allons parler. Ensuite il
remarque que: ,,sous la terre végétale on rencontre du gravier, puis des
,,cailloux très lourds sur un sable blanc mêlé de cailloux. En quelques
,,endroits se trouve une argile très compacte. De ces cailloux, la majorité
,,est blanche (les quartz ordinaires!) d'autres sont bleus, rouges, striés
,,ou bien ce sont des silex. Le plus remarquable est une très grande pierre,
„qu'on croyait d'abord être une roche solide. Elle fut minée et il se
,,trouva qu'elle était enfoncée jusqu'à une profondeur de 17 pieds ; la plus
CONTRIBUTIONS A L A. GÉOLOGIE DES PAYS-BAS. 58
„grande longueur en était de 22 pieds. Elle était de forme allongée et
„son grand axe orienté de l'ouest à l'est, raison pour laquelle on croyait
„qu'elle y avait été entraînée par l'eau du côté occidental. Au-dessus du
„sol elle avait une longueur de 4 m., 7 sur une largeur de 2 et une hauteur
„de 1 m., 2. Elle se mettait facilement en pièces et se composait d'une
,,argile durcie avec du sable, mêlé de petites plaques métalliques (mica !).
,,Tje cabinet de Teyler en conserve un petit morceau."
Il n'est pas très facile de conclure de cette description avec quelle
espèce de roche on a à faire ici. Ses dimensions feraient croire à un
erratique de granit, presque complètement décomposé, la seule roche
dont on trouve des blocs aussi considérables. Cependant l'auteur dit posi-
tivement que la pierre se composait d'une argile sableuse durcie, ce qui
nous ferait plutôt croire à un fragment de l'argile de la moraine inférieure,
qui est souvent rendue aussi compacte et aussi dure par l'énorme pression
qu'elle a subie. Dans les ,,Verhandelingen , uitgegeven door de Commissie
voor de Geologische Beschrijving en Kaart van Nederland", Staring fait
du Lemelerberg une mention spéciale („Het Diluvium van Nederland,"
pag. 13), accompagnée de la petite carte topographique précitée. On
voit sur cette carte le point où ,,De groote Kei", l'erratique sus-nommé
a été trouvé. Staring attire surtout l'attention sur la direction des petites
collines secondaires, qui seraient rangées en lignes du N. E. au S. 0.
Il est certain qu'on peut réunir des pi'otubérances par des lignes ainsi
orientées; mais nous considérons cela comme un point peu important,
la forme actuelle étant, selon nous, presque complètement la conséquence
de l'érosion, agent très irrégulier. Staring a aussi remarqué que le versant
occidental est plus escarpé que le versant oriental. Selon nous ce serait
la conséquence de l'âge relatif de ces deux versants ; le plus escarpé
serait le plus récent, ou bien le résultat du déplacement plus rapide
du cours d'eau érodant. Staring lui-même relève ce fait que près de
Nymègue, de Clèves et plus loin près du Rhin le versant oriental est
au contraire le plus escarpé. Ceci est très naturel puisque l'origine de
ce versant escarpé, le Rhin est dans le voisinage.
Dans son principal ouvrage il ne donne que très peu de détails sur
notre colhne, quoiqu'il en fasse plusieurs fois mention. Il parle cependant
(pag. 64) de la présence d'un gisement d'argile (sur l'extrémité sud-ouest,
suivant la petite carte topographiq\ie), qui a même donné lieu à l'éta-
blissement d'une briqueterie. Celle-ci n'a cependant eu qu'une existence
éphemère, en partie à cause de la difficulté qu'on éprouvait à atteindre
En supposant que nous ayons à faire ici avec des pieds de Zwolle ou d'Overyssel,
(0,235 m.) ces dimensions seraient égales à 4 et 5,2 mètres.
CONTRIBUTIONS A L A. GÉOLOGIE DES PAYS-BAS. 59
l'argile qui se trouvait à une grande profondeur et contenait aussi du gravier.
Pour nos propres observations, nous n'avons qu'à renvoyer à la description
des collines précédentes. Quant aux roches, celles d'origine septentrionale
n'y sont que représentées; les silex seuls y sont également nombreux
sur les parties septentrionale et méridionale. Ils sont surpassés en nombre
par les quartz blancs ordinaires , si caractéristiques pour le Diluvium
rhénan. Encore ces roches septentrionales ne se trouvent-elles qu'a la
surface, comme on peut le voir facilement dans la multitude de trous
à gravier qui couvrent la montagne. Dans ces derniers on voit de temps
à autre quelque stratification ou structure lenticulaire, mais généralement
le gravier grossier et fin et le sable grossier se succèdent et se remplacent
sans aucun ordre visible.
La dernière colhne de cette série est le ,,Bestmer Berg" au sud et tout près
de la petite ville d'Ommen. Il est séparé du ,,Lemelerberg" par la Regge,
conlluent du Vecht. Comme il en est peu éloigné, il est évident à
première vue que ces deux coUines ont formé jadis un tout. Il s'éléve
à environ 36 m. au-dessus de la plaine et a entièrement le caractère
des hauteurs précédentes et de celles de la Veluwe. Le granit et le
silex y sont rares et le Diluvium entremêlé y est encore pour la plus
grande partie d'origine méridionale Staring ne fait que mentionner la
colline dans son principal ouvrage.
Collines d ' E n s c h e d e e - 01 d e n z a a 1 et d ' 0 o t m a r s s u m.
Dans la grande plahie sablonneuse qui s'étend à l'est des collines
précitées, il s'élève plusieurs éminences très peu étendues, comme celles
de Delden, d'Enter près de Ryssen, dont nous avons fait mention ci-
dessus , ceUes de Borne, Wierden, etc. Nous n'avons pas visité ces dernières ;
mais nous ne doutons point qu'elles n'aient la même composition. Le
Diluvium sableux ne paraît avoir dans cette contrée qu'une épaisseur
peu considérable, car le nouveau canal d'Almeloo à Nordhorn a mis à
découvert une quantité de gros erratiques scandinaves à une profondeur
de 2 m. dans le voisinage d'Almeloo. Un peu plus loin vers l'est, à
Albergen la construction d'une écluse dans ce canal nous a montré la
superposition de différents étages du Diluvium, commençant par un
demi-mètre de sable gris-verdâtre, riche en glauconie et stratifié obliquement.
Il était couvert de 7 d.m. de sable vert plus clair, qui contenait à sa
CONTRIBUTIONS A LA GÉOLOGIE DES PAYS-BAS. 60
base du sable grossier avec des cailloux de granit, c'est donc le Diluvium
entremêlé, le sable inférieur reste indécis. Ce sable vert-clair est couvert
à son tour d'une masse très irrégulière, non-stratifiée de sable et de
gravier entassés pêle-mêle. Nous en avons retiré un gros silex superbement
poli et strié qui était entouré d'erratiques moins volumineux de granit,
etc. Il n'y a aucun doute que cette couche ne soit la moraine. La limite
inférieure en était très irrégulière ; la hmite supérieure l'était moins, de
sorte que l'épaisseur de la moraine variait de 1 à 5 d.m. Les 5 d.m.
supérieurs de la coupure étaient constitués par le Diluvium sableux bien
stratifié.
Près de Weerseloo nous n'avons pu faire que quelques observations
incomplètes. Le fond du canal y était généralement constitué par le
sable vert, glauconifère et privé de cailloux. En général il était recouvert
d'un gravier grossier, contenant quelquefois de gros erratiques lisses ,
mais sans stries glaciaires distinctes et recouvert à son tour par le Dilu-
vium sableux, épais de 1 m., 5 à 2 m. Un de ces erratiques, un diorite
arrondi, mesurait 1 rn^., un autre de granit rouge à petits éléments,
surpassait encore un peu cette dimension.
La vaste colline nommée en tête de ce chapitre porte plusieurs brique-
teries au sud-est d'Enschedee. Les glaisières y ont une profondeur d'un
à deux mètres; on y voit une glaise jaune-brunâtre et sableuse, qui
contient un grand nombre d'eiratiques arrondis, parfois polis, et est
ainsi la moraine inférieure. L'absence presque absolue des quartz blancs
habituels faisait croire qu'on se trouvait ici non dans le Diluvium
entremêlé, mais dans le Diluvium Scandinave. Dans un faubourg de
la ville un très grand nombre d'erratiques de granit, etc. gisaient
autour des maisons; ils avaient été retirés du sol soit en bâtissant ces
demeures, soit en labourant les champs. Plusieurs montraient de très
belles stries glaciaires. Dans la ville même nous pûmes voir qu'elle est
bâtie sur cette moraine; l'excavation faite pour une maison en construction
montrait un sable noirâtre épais de f m., formant la surface et couvrant
le Geschiehelehm avec plusieurs erratiques et des nids de sable.
De l'autre côté de la ville, à environ l^k.m. de distance, quelques
briqueteries nous fournirent un profil plus intéressant iencore, que nous
avons reproduit en partie dans la figure 4, pl. IV, sur une échelle de
1: 200. On y voit de nouveau les bancs redressas, inclinés vers le N. E.
et composés principalement d'argile. 1 est une argile grise maigre , 2, une
argile mêlée de cailloux jusqu'à 4 et à 6 c.m., 3, une argile grasse, gris-
foncé qui s'émiette en se desséchant, 4, un sable très ferrugineux et 5,
un sable fin brun-grisâtre non-stratifié. Les cailloux de la couche 3 sont
120 CONTRIBUTIONS A LA CxÉOLOGIE DES PAYS-BAS.
surtout d'un grès grisâtre avec quelques rares quartz blancs. Ces mor-
ceaux de grès se rencontrent aussi dans le voisinage immédiat et con-
tiennent parfois des empreintes ou des moules de mollusques assez re-
connaissables , comme des Cardium, des Pecten, etc. Ils proviennent
probablement de roches néocomiennes du Bassin de Munster (p. e. Bentheim,
Gildehaus, etc.) Aucun des bancs argileux ne contient les nombreux
fragments de bois que nous avons trouvés à Ryssen, Neede, etc.
La limite supérieure de notre petit profil n'est point la surface naturelle
du sol, mais la conséquence de déterrements. On voit ailleurs les bancs
redressés recouverts en discordance par une argile, qui n'est que le
Geschiebelehm, puisqu'elle contient un certain nombre d'erratiques et
montre çà et là les entortillements caractéristiques. On pouvait aisément
suivre en cet endroit la décomposition et l'oxydation de l'argile grise
et bleuâtre. Elle était traversée d'un grand nombre d'étroites crevasses,
par lesquelles pénétrait l'eau de pluie qui causait l'oxydation du protoxyde
de fer. Aussi toutes ces crevasses étaient bordées d'une ligne brun-jaunâtre,
semblable à celle qu'on observe dans les carrières de roches solides.
La colline de Lonneker, au nord d'Enschedee, contraste avec ceUe de
l'autre côté de la ville en ce qu'elle montre à sa surface une multitude
des quartz blancs du Diluvium rhénan. Sur les parties moins élevées on
voit apparaître une argile jaune contenant des cailloux et des erratiques
scandinaves, qui manquent presque entièrement sur le sommet de la
colline. Celle-ci s'étend du côté d'Ahneloo plus loin que ne le montre la carte
géologique de Staring et présente plusieurs petites vallées d'érosion, orientées
vers le sud-est. La même argile jaune a encore été constatée en différents
points le long de la chaussée d'Oldenzaal et sous la station de cette ville.
Je l'ai encore retrouvée à côté des chaussées d'Oldenzaal à Gildehaus et
^ Denekamp, où elle contient quelquefois des blocs bien striés et polis.
Au nord de la cohine d'Enschedee-Oldenzaal s'en élève une autre,
plus étendue encore ; c'est celle du village d'Ootmarssum, qui se trouve
sur son versant sud-est. Staring a déjà fixé l'attention sur les environs
de ce village, où il avait cru retrouver l'argile miocène d'Eibergen dans
le sous-sol, comme l'indique la lettre ,,t" sur sa carte géologique. Vo,.ons
ce qu'il en est.
Au noi'd et au nord-ouest du village je n'ai pu trouver que quelques
glaisières peu profondes ; la principale près de la briqueterie du hameau
de Mander faisait voir un Geschiebelehm très ferrugineux. Çà et là,
l'argile était un peu sableuse et verdâtre par suite de son mélange avec
le sable fm glauconifère dont nous allons bientôt parler. C'était le même
sable que dans le canal Almeloo-Nordhorn.
CONTRIBUTIONS A L A. GÉOLOGIE DES PAYS-BAS. 62
Les environs à l'ouest d'Ootmarssum étaient plus instructifs, Staring
(1. c.) mentionne l'argile miocène visible près de la barrière de la chaussée.
On y a creusé, il y a une vingtaine d'années, sous la direction du
pasteur de Weerseloo et probablement par l'impulsion de Staring. A
une profondeur de 70 pieds (environ 21 mètres) on aurait trouvé un
grès brisé (Néocomien?) sous l'argile. Actuellement il n'y a rien à voir.
Plus près d'Ootmarssum il y a plusieurs briqueteries. Dans la première,
une glaise était visible qui ressemble fort à celle d'Eibergen. Elle est
d'un gris-foncé, feuilletée à l'état sec et contient beaucoup de nodules
pyriteuses, quelques nodules marneuses et des traces de fossiles, e. a.
quelques fragments de Dentalium et d'une coquille indétei-minable. Cepen-
dant, par son teint plus clair (gris foncé et non noir) et l'absence de
feuillettes de mica, elle diffère de l'argile d'Eibergen, mais davantage
encore des autres argiles sus-mentionnées. Elle est couverte par 1 rn.
environ de la même argile décomposée et mêlée de cailloux et d'erratiques.
Tout près, dans un autre trou à argile, le sable fin gris-verdâtre était
visible in-situ ; il contenait un grand nombre de moules de mollusques
et de rognons de grès (dérivés de roches néocomiennes (?) détruites), qui
formaient une couche de 1 à 2 d.m. d'épaisseur. La glaise et ce sable
étaient dans le voisinage immédiat l'un de l'autre , mais sans contact visible.
Au dire des ouvriers le sable formerait une couche dans l'argile, ce
qui nous rappelle le profd d'Enschedee (pag. 60) et nous porte encore
à considérer le tout comme quaternaire et non comme tertiaire, ainsi
que le faisait Staling. Un examen plus précis devra décider la question
ainsi qu'à Höcklenkamp. Les puits des autres briqueteries présentent les
mêmes matériaux, mais ne rendent pas plus claire leur position relative.
Au nord-nord-ouovst d'Ootmarssum la route traverse plusieurs petites
collines allongées, orientées du N. E. au S. 0 et mène au hameau de
Höcklenkamp sur le territoire allemand. Non loin de l'école, on voit
dans une glaisière une argile gris-foncé et grasse , identique à celle d'Oot-
marssum, qui passe ver le haut dans le Geschiebelehm. Le sable fin,
argileux et verdâtre paraissait couvrir l'argile, mais ne contenait point
de rognons de grès ou de moules de coquilles.
Dans les environs d'Enschedee nous avons remarqué la rareté des
quartz blancs, qui sont autrement si nombreux dans le Diluvium entremêlé;
entre Ootmarssum et Uelsen et au delà de ce village jusq'à la frontière
près de Hardenberg, on voit le contraire, ils y sont très nombreux ,
de sorte qu'il n'y a pas de doute sur la présence du Diluvium entremêlé.
Nous essayerons plus loin d'expliquer ce phénomène. Vers le nord, cette
colline disparaît sous la grande plaine sableuse du Vecht, tout comme
120 CONTRIBUTIONS A LA CxÉOLOGIE DES PAYS-BAS.
le „Bestmerberg" . l'autre point du D. e. qui est le plus près du Diluvium
Scandinave. Il n'y a donc aucune possibilité pour le moment de découvrir
leur position relative.
Le sable grisâtre ou verdâtre dont il a été question plusieurs fois,
constitue un élément important du sous-sol de la province d'Overyssel.
Nous l'avons rencontré sous la moraine inférieure dans le canal
d'Almeloo à Nordhorn, aussi bien près d'Almeloo qu'à Albergen et à
Weerseloo ; nous l'avons mentionné également à Ootmarssum et à
Höcklenkamp. Nous avons encore retrouvé un sable très glauconifère
d'un aspect un peu différent en examinant les terrains rapportés des
forages d'Almeloo et de Delden (Twickel). On a de plus constaté dans
la moitié inférieure du forage d'Arnhem, un sable gris (peut-être glau-
conifère) que nous avons rapporté au Phocène supérieur (Scaldisien) en
relevant ce fait curieux que ce sable gris constitue également le Scaldisien
à Goes et à Anvers, mais non à Utrecht et à Gorkum, situés entre
Arnhem et Goes. Or, le sable gris (verdâtre) d'Anvers et par conséquent
de Goes, étant considéré comme provenant de roches crétacées belges
détruites, nous nous demandons: ,,d'où est venu le sable glauconifère
de l'Overyssel auquel nous voudrions rattacher le sable gris d'Arnhem?
Dans le Bassin de Munster, rempli de couches supra-crétacées, on ren-
contre des sables et des grès glauconifères vers les bords méridionaux
et septentrionaux ; ils appartiennent aux étages du Gault et du Cénomanien.
Ils ont probablement eu autrefois une plus grande extension et nous
serions porté à considérer les sables verts d'Overyssel comme le produit
de leur destruction. Ce produit aurait été emporté par de petites rivières
analogues au Vecht et à la Berkel et peut-être à la Lippe.
Nous aurions ainsi trouvé un nouveau membre du Diluvium préglacial
et glacial stratifié que nous voudrions nommer provisoirement : „Diluvium
Westphalien", parce qu'il est encore impossible pour le moment de le
rattacher avec certitude à l'une ou l'autre des petites rivières du Bassin
de Munster.
Le Diluvium entremêlé et l'Yssel.
En rappelant ce que nous avons dit à propos du D. e. de la Gueldre
et d'Overyssel, nous avons suivi deux séries de colhnes plus ou moins
prononcées et élevées, celle de Dingden-Bocholt, Lichtenvoorde-Groenloo et
Lochem , et celle de 's Heerenberg-Zeddam, Lochem, Haaiierberg, Leme-
CONTRIBUTIONS A L A. GÉOLOGIE DES PAYS-BAS. 64
lerberg et Bestmerberg. Elles sont situées sur une ou deux lignes paral-
lèles au Rhin et à l'Yssel.
De l'autre côté de cette rivière et à une distance beaucoup plus petite
s'élève la Veluwe qui est bordée par une ligne ondulée non-interrompue
d'Arnhem à Hattem. La rivière touche à cette ligne près du Steeg,
où le versant est très escarpé, tout comme à Clèves, Nymègue, Wage-
ningen et G-rebbe. Ici l'érosion Iluviatile est pour ainsi dire attrapée
en flagrant délit; plus loin elle est moins évidente, mais celui qui a
visité les endroits sus-nommés et a acquis un peu d'expérience géologique
n'hésitera pas à convenir que le bord oriental de la Veluwe doit son
origine à la même cause, souvent masquée. Pourquoi maintenant ne pas
convenir que cette même cause a encore produit un même effet de
l'autre côté de la rivière et que la ligne qui réunit les collines précitées
n'est que la rive droite d'une ancienne vallée quaternaire de l'Yssel
(Rhin). Cette rive droite, il est vrai, est moins évidente, elle ne forme
pas une ligne continue comme la rive gauche, mais aussi les confluents
droits de l'Yssel ont plus d'importance que les confluents gauches. A
mesure que la rivière creusait la large vallée dans le Diluvium entremêlé
(ou plutôt rhénan), les confluents agissaient de même et partageaient
ainsi la rive droite en fragments. Les restes dégénéi'és en sont : le
Vieux-Yssel, la „Vordensche Beek", la Berkel, la ,,Dortherbeek", la
„Schipbeek" et le Vecht avec la Regge. Ayant accepté cette hypothèse,
il est facfle de l'étendre sur le Dfluvium entremêlé de tout l'Overyssel
et de toute la Gueldre. Les collines de gravier et de sable que
Staring énumère ne sont, du moins en partie, que les vestiges très
inégaux d'un plateau ondulé, jadis continu mais démembré dans le
cours des siècles.
Il est certainement bien curieux de voir que ce même phénomène
se répète, mais en sens inverse, de l'autre côté de la Veluwe. Une ligne
continue la borde de Wageningen à Lunteren et de Voorthuizen à
Harderwijk. Entre ces deux villages elle n'est pas interrompue , mais forme
autour d'Otteiioo et de Kootwyk une grande flexure orientale remplie en
partie par des dunes (zandstuivingen). Le ,,Oosterspoorweg" traverse dans
la tranchée intéressante d'Assel cette partie étroite de la Veluwe. C'est
la plaine de Kootwyk-Otterloo-Harskamp qui a d'abord fait naître en
nous quelque doute sur notre explication de l'origine des vallées et des
collines néerlandaises. Nous verrons plus tard que nous avons été con-
traint d'introduire un second agent géologique, qui a agi le premier
et dont les effets ont été tantôt agrandis, tantôt masqués par l'érosion
et la sédimentation fluviatile et rnai'ine. Cette érosion a néamnoins
120 CONTRIBUTIONS A LA CxÉOLOGIE DES PAYS-BAS.
contribué en très grande partie a créer le relief actuel du sol des Pays-
Bas ; seulement elle n'en est pas l'unique cause.
La rive gauche de la Vallée gueldroise est aussi démembrée que la
rive droite de la Vallée issulane. liille est continue de Reenen à Amersfoort,
mais presque interrompue à Leersum. Un second bout est formé par
le petit ,,Lazarusberg" à Soest, un troisième par la hauteur de Soestdijk-
Baarn, un quatrième par le „Gooiland" près de Laren et Blaricum et
un cinquième petit ilôt est formé par le ,,Leeuwenberg" non loin de
Huizen. De même que la grande Vallée issulane (Veluwe-Haarle), la
Vallée gueldroise est une vallée d'érosion, remplie de nouveau plus tard
pour la plus grande partie de sable fluviatile (Zanddiluvium). C'est surtout
le commencement de la rive gauche près de Reenen qui pourra servir
le mieux à le démontrer. Il y a cependant un point de différence entre
ces deux vallées si semblables. Une rivière encore importante, l'Yssel,
coule dans l'une, tandis que dans l'autre il n'existe plus qu'une toute
petite rivière, l'Eem, résultant de la réunion de plusieurs ruisseaux à
Amersfoort.
Quant à l'âge relatif de ces deux vaUées importantes, nous préférons
en réserver la discussion au moment où nous traiterons du Zanddiluvim.
■ . X'1-,
Chapitre IIL Répartition verticale des Eléments
du Diluvium entremêlé.
En décrivant les profils que nous avons observés, nous avons vu que
le Diluvium entremêlé se compose de différentes parties qui se distinguent
plus ou moins nettement.
Nous considérons comme la partie la plus ancienne les bancs redressés
que nous avons constatés à Reenen, Maarn, Assel, Heerde, Nymègue,
Neede, Ryssen, Nyverdal et 1^'nschedee. Ils se composent d'argile, de
sable et de gravier, dont les cailloux sont tous d'origine méridionale.
Toutefois le profil d'Assel près d'Apeldoorn nous prouve que tous les
sables et graviers, stratifiés horizontalement, ne sont pas nécessairement
d'un âge différent des bancs redressés, puisqu'ils sont ici en continuité
directe. Une certaine par-tie du Diluvium stratifié horizontalement est
ainsi synchrone aux bancs redressés, et nous serions disposé à y rap-
porter aussi le versant du Waal à l'est de Nymègue (pl. III, fig. 40)
et la partie de colline la „Mookerheide", qui est coupée par le chemin
de fer en exploitation.
Quelle est maintenant la cause de cette dislocation de notre plus
9
-ocr page 69-CONTRIBUTIONS A L A. GÉOLOGIE DES PAYS-BAS. 66
ancien Diluvium ? Comparons pour répondre à cette question l'orientation
des bancs d'argile dans nos différents profils. Dans la coupure de
Reenen elle varie entre 40° et 80° avec l'axe de la coupure et est
en moyenne N 0 —S E ou 0—E. avec l'inclinaison vers le nord. A Maarn,
Neede, Ryssen et Enschedee ces directions sont respectivement N. 0.—S. E.
et N. E. A Assel et à Nyverdal l'inclinaison est en sens contraire, vers
l'ouest, à Wezep (Philipsberg) vers le S. E., à Nymègue (Ubbergen)
vers Test, (Comparez la petite carte géologique, pl. I.)
Nous voyons donc que ces données présentent beaucoup de variation ;
la direction est généralement septentrionale, avec une déviation vers l'est
ou l'ouest, qui peut atteindre 90° (Reenen); l'inclinaison est le plus
souvent septentrionale ou orientale, mais aussi quelquefois en sens con-
traire, comme à Assel, Nyverdal et Wezep. R pourrait aussi sembler
d'abord qu'il existe un rapport entre l'inclinaison et les deux grandes
vallées, puisque les bancs redressés s'inclinent à Reenen, Maarn et
Assel vers la Vallée gueldroise, et à Heerde, Nymègue et Nyverdal vers
la Vallée du Rhin et de l'Yssel. Pourtant nous ne tirons pas de cette
concordance la conclusion qu'il existe un rapport quelconque entre la
dislocation des couches diluviales anciennes et la formation de ces deux
vallées, formation qui doit avoir eu lieu à une date bien plus récente.
Ce ne sont plutôt que de simples vahées d'érosion.
On pourrait les attribuer à des dislocations partielles des formations
subjacentes qui sont encore presque entièrement inconnues. Si ces dislo-
cations étaient faibles, elles n'auraient produit que des couches redressées
peu étendues, comme à Assel ; si elles étaient plus fortes ou si elles se
répétaient, elles auraient produit un système de bancs redressés bien
plus développé, comme à Reenen et Maarn. Nous hésitons à voir là-dedans
l'inlluence du grand glacier Scandinave, auquel Wahnschaffe („Ueber
einige glaciale Druckerscheinungen". Zeits. der deutschen geol. Gesellsch.,
1882) attribue de pareils phénomènes. Selon cet auteur les couches du
Diluvium inférieur auraient souvent été redressées, de sorte que dans
plusieurs endroits de l'Allemagne septentrionale le Diluvium supérieur
repose en discordance sur l'inférieur.
La grande différence dans la direction des dislocations et l'étendue
du territoire sur lequel eUes ont été observées sont deux motifs pour
lesquels nous hésitons à accepter cette explication. Pourtant il faut
avouer qu'un mouvement horizontal de la surface du nord-est au sud-ouest
avec des irrégularités locales dans les ondulations produites expliquerait
la majorité de ces dislocations. A Assel seulement le mouvement hori-
zontal de l'ouest à l'est nous semblerait plus acceptable.
120 CONTRIBUTIONS A LA CxÉOLOGIE DES PAYS-BAS.
D'ailleurs il y a un obstacle plus sérieux encore que la difficulté de se
représenter des mouvements du sol sur une pareille échelle; c'est la
présence des couches horizontales de Diluvium entremêlé sur les bancs
redressés, érodés en partie, qui nous prouve que nos dislocations sont
certainement antérieures à la présence immédiate du manteau de glace.
Ces dépôts différent fort de ceux des bancs redressés, en ce qu'ils con-
tiennent une quantité notable de roches cristallines, venues du nord-est.
Ce sont pourtant des dépots aquatiques, non-morainiques, quoique des
glaçons aient certainement beaucoup contribué à les former en apportant
des erratiques volumineux. Ils constituent un terme plus récent de la
série quaternaire, le Diluvium fluviatile entremêlé. Sa discordance bien-
constatée avec le Diluvium fluviatile rhénan, prouve son âge plus récent,
ce qui était déjà très probable à priori.
A mesure que la température de la période quaternaire s'abaissait et que la
pluie et la neige tombaient plus abondamment, les rivières devaient transpor-
ter des sédiments beaucoup plus grossiers qu'auparavant et déposer des gra-
viers jusque dans nos parages. Cependant il devait s'écouler un laps de temps
très considérable, une série de siècles, avant que les glaciers scandinaves se
fussent assez étendus pour transporter jusque dans notre pays les erratiques
septentrionaux. Comme Penck l'a si bien démontré dans son ouvrage
classique: ,,Die Vergletscherung der Deutschen Alpen", l'approche du
grand glacier devait être précédée de la formation de puissantes couches
de gravier, qui furent recouvertes ensuite par la moraine inférieure.
Or, il y a ici deux cas très différents à distinguer; les glaciers quater-
naires alpins n'avaient qu'à suivre la pente du terrain, de même que
les cours d'eau; le glacier quaternaire Scandinave, au contraire, après
être descendu d'une hauteur considérable, était forcé par la pression
de la glace derrière lui à remonter la pente bien plus faible de la plaine
de l'Allemagne du Nord, tandis que l'eau des rivières devait naturellement
suivre cette même pente. Or, il est très difficile de se faire une idée
de la direction probable que les eaux de fonte du glacier auraient suivie.
Seulement nous voulons relever encore une fois le fait que les dépôts
fluviatiles entremêlés de notre Quaternaire contiennent souvent des blocs
beaucoup trop volumineux pour être transportés par l'eau courante
(Grebbe, Reenen, Maarn, Soest); il faut ainsi appeler à l'aide des glaçons.
Or, ces glaçons ne peuvent naturellement se former qu'en plein air et
non sous la glace, de sorte que là où l'on rencontre de pareils dépôts,
il faudra bien admettre l'existence d'un courant d'eau fibre. Peut-être
le bord du glacier Scandinave a eu une direction du nord-ouest au sud-est,
de sorte que plus vers le sud-est il a déposé des erratiques, etc. tandis que
CONTRIBUTIONS A L A. GÉOLOGIE DES PAYS-BAS. 68
vers le nord-ouest le terrain a encore été à découvert. Les eaux du
Rhin auraient alors pu, pendant une crûe de printemps, s'emparer au
moyen de glaçons des erratiques que le glacier avait déposés et les
transporter ainsi vers le nord.
Il nous reste encore une autre série de dépôts fluviatiles, que nous
avons rencontrés en beaucoup d'endroits; ce sont les sables et graviers
de structure lentillaire, qui se sont déposés dans de l'eau courant rapide-
ment. Ils diffèrent des bancs redressés en ce qu'ils ont conservé leur
position normale (les lentilles sont toutes plus ou moins horizontales),
et du sable et gravier stratifié horizontalement (Assel, Mook), par leur
structure lentillaire. Cornme dans ces deux dernières rubriques, les roches
qu'ils contiennent sont toutes d'origine méridionale, en quoi ils diffèrent
des couches horizontales entremêlées qui reposent en discordance sur les
bancs redressés. Nous considérons pour ces motifs les graviers et sables
lentillaires comme antérieurs au Diluvium stratifié entremêlé. Nous en
avons représenté quelques exemples dans les figures 12 ,16 et 14, pl. III,
qui ont rapport à la sablière de la montagne de Wageningen, à une
autre non loin de 's Heerenberg et à une petite gravière sur l',,Uddeler
Veld" (Veluwe). Presque partout dans les provinces de la Gueldre et de
de l'Overyssel, où nous avons examiné des trous à gravier, nous avons
pu reconnaître plus ou moins facilement cette structure lentillaire, aussi
bien sur les hauteurs des collines (Hettenheuvel, Veluwe, Lemelerberg)
que dans les parties plates et plus basses de nos bruyères (Veluwe).
Nous n'avons pas eu l'occasion de comparer l'âge de ce Diluvium len-
tillaire avec celui des autres termes du Diluvium fluviatile rhénan ; nous
serions porté à le considérer comme un peu plus récent. Nous proposons
donc de réunir ces trois modifications : bancs redressés, sables et graviers
à structure lentillaire ou irrégulière dans un même horizon que nous
voulons appeler: „Gravier préglaciaV.
Le second terme de notre série quaternaire serait le gravier et le sable
entremêlés, qui contiennent en même temps des erratiques rhénans et
scandinaves et sont distinctement stratifiés, par conséquent d'origine
aquatique. Ils sont très bien développés dans les tranchées de Reenen,
de Maarn et de Hilversum. Nous voulons les appeler : „Gmi/ier ^^adaZ".
Ils nous paraissent correspondre au „Glacialschotter" de Penck (Deutsche
Alpen), qui a précédé l'extension du grand glacier alpin. Pour la raison
sus-nommée (pente du terrain) les équivalents de nos graviers préglacial
et glacial sont moins faciles à distinguer dans les terrains autour des
Alpes que chez nous et dans l'Allemagne du Nord, p. e. en Saxe. Pour
la formation du gravier préglacial, la présence" d'un glacier Scandinave
120 CONTRIBUTIONS A LA CxÉOLOGIE DES PAYS-BAS.
n'était pas nécessaire ; une quantité d'eau plus abondante dans les rivières
et un froid d'hiver plus intense qu'aujourd'hui auraient suffi. Le formation
du Gravier glacial au contraire ne s'explique pas sans la présence du glacier
Scandinave, à cause des erratiques de roches cristallines qu'il contient.
Le troisième terme de notre Diluvium entremêlé est la Moraine infé-
rieure, le ^,Geschiehelehm'' des Allemands, le „TiZZ" ou „Boulder-Clay"
des Anglais. Une argile proprement dite, contenant des blocs erratiques
striés se rencontre dan-s notre Diluvium entremêlé à Diepenheim, Ryssen,
Enschedee, et un ,,Geschiebesand", au Bilt, à Hilversum, à Eibergen,
etc. Dans ces dernières localités nous avons vu le sable sous-jacent
stratifié contourné et enchevêtré de la manière la plus curieuse, et un
grand nombre d'erratiques de roches cristallines entassés pêle-mêle ;
plusieurs sont bien striés et pohs.
Cette moraine inférieure a naturellement dû s'étendre encore davantage
vers l'ouest et vers le sud ; mais nous n'avons pu bien la constater qu'en
ces endroits. Ailleurs elle a été détruite par l'érosion et les blocs scan-
dinaves et rhénans sont restés en arrière. La présence seule d'erratiques
scandinaves ne peut pas être invoquée comme preuve incontestable de
la présence d'un manteau de glace, puisque nous avons aussi démontré
leur présence dans le gravier glacial, qui est d'origine aquatique. On
peut au contraire, se représenter un nouveau transport de la moraine
inférieure en d'autres endroits. C'est probablement de cette manière
qu'il faudra rendre compte de la présence des erratiques plutoniques
dans le Brabant septentrional et le Nord de la Belgique, Ce problème
est intimement lié à celui de l'origine du Pas de Calais, qui n'est pas
encore définitivement élucidé. Supposons ce détroit fermé et formant
une barrière aux eaux de la Mer du Nord. Le grand glacier scandinave-
britanique, a également fermé cette mer vers le nord pendant sa plus
grande extension, et il s'est ainsi formé un lac d'eau salée qui s'adou-
cissait à mesure que son niveau s'accroissait des eaux de fonte du glacier
et de celles de la Tamise, de l'Escaut, de la Meuse et du Rhin. La
hauteur du niveau de ce lac glaciaire, comme on en rencontre encore
plusieurs de petites dimensions dans les Alpes, dépendait naturellement
de la hauteur de la barrière méridionale et de la clôture plus ou moins
complète au nord. Peut-être les eaux pouvaient-elles s'écouler sous la
glace par la Fosse norvégienne. En supposant une variabilité du niveau
de ce lac, il devait s'y former pendant l'hiver des glaçons qui furent
soulevés par une crue des eaux et allèrent disperser des erratiques en
divers endroits.
Nous avons ainsi terminé la série des différents dépôts de la Formation
-ocr page 73-CONTRIBUTIONS A L A. GÉOLOGIE DES PAYS-BAS. 70
quaternaire dans la terrain occupé par le Diluvium entremêlé. Une grande
partie de nos terres sableuses est occupée par le „Zanddiluvium", for-
mation bien plus récente, dont nous allons bientôt nous occuper.
Chapitre IV. Les Phénomènes pseudo-glaciaires en Hollande.
Il nous reste encore à discuter l'origine des queues des bancs redressés.
Quant à leur âge, ni le profil d'Assel, ni même celui de Maarn ne nous
donnent des renseignements; ce n'est que celui de Reenen qui nous
fournit des données utiles. La figure 2, pl. II, qui représente une partie
du Gravier glacial entre les bancs d'argile 3 et 4, nous montre que la
courbure a dû avoir lieu après l'introduction de ce gravier, puisqu'une
partie des deux couches supérieures en a aussi été abrasée.
Nous connaissons une force qui a en beaucoup d'endroits produit des
phénomènes entièrement semblables: inflexion de couches escarpées et
entraînement des parties supérieures; c'est le glacier en mouvement,
pendant qu'il exerce son énorme pression. Nous avons d'abord aussi
essayé d'expliquer les queues. de cette manière ; mais nous en avons
bientôt vu l'impossibilité. En examinant les différents profils, nous
voyons que les queues ont des directions assez différentes. A Reenen
et Amersfoort elles se dirigent plus ou moins vers le nord, à Maarn
vers l'ouest, à Assel vers l'est, tandis que le glacier Scandinave a eu
un mouvement vers le S—0 ou vers l'O. Les directions précitées sont
cependant toutes celles des pentes des collines et nous y voyons la preuve
d'un mouvement de la couche supérieure le long de la pente. Nous
n'en apercevons pas encore bien clairement la cause, vu la petitesse
extrême de l'angle de la pente.
On a aussi observé dans d'autres pays des phénomènes analogues.
Th. Fuchs (,,Ueber eigenthümliche Störungen in den Tertiärbildungen
des Wiener Beckens und über eine selbständige Bewegung loser Terrain-
massen", Jahrbuch der Kais.-Kön. Oesterr. geol. Reichsanstalt, 4872.)
donne une série de profils de coupures dans les couches meubles des
terrains tertiaires et quaternaires du Bassin de Vienne. Plusieurs présen-
tent une grande ressemblance avec les nôtres. Dans la figure ^24 (de
Fuchs), on voit plusieurs couches horizontales allongées et entraînées en
bas ; une d'entre ' elles forme une protubérance, une queue, semblable
120 CONTRIBUTIONS A LA CxÉOLOGIE DES PAYS-BAS.
à celles de nos bancs redressés. Dans nne antre figure (planche XV)
prise de la coupure du chemin de fer à Marchegg, on voit des couches
pliocènes (Argile à Congéries) effondrées avec des couches quaternaires;
par ce mouvement le sable de ces dernières s'est introduit dans l'argile
en se ramifiant. Ces différents profds ont non-seulement un grande
ressemblance avec les nôtres, mais aussi avec les entortillements si variés
de la moraine inférieure. Fuchs cependant ne veut pas les attribuer à
l'influence du glacier quaternaire alpin, mais à un mouvement spontané
causé seulement par la gravitation, puisqu'ils sont toujours dans la direction
de la pente du terrain, indépendamment de la boussole, tandis qu'ils
devraient être parallèles, s'ils étaient produits par le frottement du
glacier alpin. Ce mouvement de descente aurait naturellement été con-
sidérablement facilité, s'il s'était produit sous l'eau.
Fuchs attire ensuite l'attention sur la plus grande épaisseur de la
couche végétale à la base des collines, notamment de celle de la „Bras-
serie de Liesing" (fig. 24). Il l'explique de la même manière et n'accepte
point une formation d'humus plus intense à la base de cette colline.
Le mouvement de descente de la couche superficielle n'aurait donc pas
été arrêté par la végétation.
En Angleterre, Trimmer et Fischer se sont aussi occupés de ces
phénomènes. Le second (Quart. Journ. Geol. Soc. 1866: „On the Wharp
of Mr. Trimmer, its Age and probable Connexion with the last geological
Events") donne d'abord un aperçu des observations de Trimmer, aux-
quelles il en joint de nouvelles. Trimmer avait donné le nom de „
à une couche superficielle qui diffère plus ou moins considérablement
du sous-sol. Elle est le résultat du niélange de celui-ci avec des masses
qui ont glissé lentement des terrains plus élevés et qui ont été parfois
conservées intactes dans des cavités ou des rainures. Trimmer a donné
à ces éléments étrangers le nom de „Trail". Ce ,,Trail" serait ainsi repré-
senté dans nos profils par l'ensemble des queues des bancs redressés.
Sa formation aurait eu lieu, suivant Trimmer, dans le temps où les
collines étaient encore privées de végétation. Il attribue l'origine du
Wharp principalement à la pluie et à la gelée qui entremêlent peu
à peu les matériaux de la surface. La couche amorphe, que nous avons
rencontrée presque partout où une coupe du terrain est visible, serait
ainsi l'équivalent du Wharp.
Trimmer a aussi fait l'observation que le Wharp est ordinairement
le plus épais sur les plateaux, où il ressemble en même temps le plus
au sous-sol; son épaisseur diminue sur les versants des collines et aug-
mente de nouveau vers la base. C'est ce qu'il explique en admettant un
CONTRIBUTIONS A L A. GÉOLOGIE DES PAYS-BAS. 72
mou-vement lent, un glissage, de haut en bas. Selon Fisher (1. c.), la
cause en serait une érosion souterraine occasionnée par l'eau de pluie,
qui produirait un grand nombre de petites cavités dans le sol; ces
dernières seraient continuellement remplies par les parties du sol plus
élevées. Quant à l'âge du Trail et du Wharp du comté de Kent,
Trimmer („Soils of Kent". Quart. Journ. 1851), a encore constaté que
près de Colchester et aussi dans le comté d'Essex, le Wtèarp disparaît
sous les sédiment d'estuaire et est ainsi antérieur à ceux-ci et au dernier
abaissement du sol, pendant lequel cette glaise s'est déposée. Il ne
recouvre jamais les alluvions, mais en est souvent recouvert. Par contre
il est plus récent que le gravier des plateaux et parfois aussi que celui
des vaUées, comme de la rivière Stour près de Sudbury dans le comté
de Suffolk. On peut ainsi placer le temps de la formation du Trail et
du Wharp dans la dernière partie de l'époque diluviale.
Un autre écrit de M. Fisher nous prouve combien est grande la res-
semblance de ces deux espèces de terrain avec la moraine inférieure
(Geol. Magaznie 1871: „On Phenomena connected with Denudation,
observed in the so-called Coprolite-Pits near Haslingfield, Cambridge
shire). Au-dessous de la couche supérieure, le Wharp., se trouvait une
glaise entremêlée de différents cailloux qui étaient évidemment arrivés
d'un autre endroit. Ce transport cependant devait avoir eu lieu avec
une force si considérable et sur un si long trajet dans une direction
horizontale qu'il était impossible de l'attribuer à l'érosion souterraine
aidée de la gravitation. Fisher en conclut que le seul agent qui ait pu
avoir de pareils effets ne peut être que le glacier quaternaire et il s'en
suit qu'ici le Trail n'est autre chose que le moraine inférieure et le
Wharp le produit qui en est résulté par l'action de l'atmosphère. Il ne
faut donc conserver le premier terme que pour ces modifications du sol
d'où est exclu le puissant agent sus-nommé.
Des observations semblables ont encore été faites dans une partie des
Etats-Unis par le Prof. W. C. Kerr, de Raleigh N. C. („On the Action
of Frost in the Arrangement of superficial earthy Material". Silliman's
American Journal. 1881). Les roches, dont il est question, principalement des
gneiss et des micaschistes sont recouvertes par les produits de leur décom-
position qui forment une couche, ayant jusqu'à 9 m. d'épaisseur. Les cailloux
qu'elle renferme (surtout des quartz), ont une tendance à s'arranger dans
la partie inférieure et à refaire ainsi une stratification. Ce dépôt a sa
plus grande épaisseur à la base des colhnes et s'amincit vers le haut.
Le mouvement lent et continu de haut en bas est en outre très bien
illustré par les flexures des couches de gneiss et de micaschiste, qui sont
120 CONTRIBUTIONS A LA CxÉOLOGIE DES PAYS-BAS.
presque verticales, plus ou moins désagrégées et décomposées à leur
partie supérieure et recourbées et allongées en queues, qui disparaissent
à quelque distance. Nous avons donc ici exactement les mêmes figures
que dans les profils de notre Quaternaire. Celle du prolongement du
„Market-Street" à Philadelphie est certainement la plus remarquable.
On n'y voit pas la roche solide, mais seulement ses produits de décomposition,
qui ont cependant conservé leur position originale et montrent encore
les couches redressées par leurs bandes de couleur différente.
Kerr tâche de résoudre la question de la cause du mouvement de des-
cente. Il exclut l'action de la glace quaternaire qui n'est pas venue
jusque dans l'Etat de la Caroline du Nord. Il se prononce aussi contre
la gravitation seule, puisque la terre meuble s'est encore mue à la base
des collines, où la pente n'excède pas quelquefois 2—3° tandis que le
sable et les caiUoux ne se déplacent par la gravitation que lorsque la
pente monte jusqu'à 40%. Localement des cailloux se sont transportés
sur un plan horizontal et ont même surfranchi un obstacle, comme le
montrent les profils 42 et 43 de Kerr (1. c.). Cependant il faut recon-
naître que lorsqu'une masse meuble se déplace en son entier le long
d'une pente, les parties qui la composent peuvent pour un moment avoir
un mouvement ascendant, puisqu'ils sont entraînés par la masse entière.
Il en est de même d'un glacier, ce qui a donné à Kerr l'idée d'attribuer
le mouvement descendant à l'action de la gelée et d'en placer la date
dans la Période quaternaire. La terre meuble trempée d'eau devait
naturellement subir une série de dilatations et de contractions, par suite
des gels et des dégels alternatifs, ce qui est aussi une des causes pro-
bables du mouvement des glaciers. Kerr donne même le nom de „glacier
terreux'^ à cette couche descendante à cause de la grande ressemblance
qu'elle présente avec les glaciers véritables.* Les résultats de Kerr sont
donc bien d'accord avec ceux de M. Fisher, qui place également la for-
mation du Trail dans la dernière partie de la Période quaternaire, et
cela pour des raisons stratigraphiques. Les causes qu'ils invoquent pour
le mouvement descendant ne sont pas les mêmes; gravitation et érosion
souterraine d'un côté, dilatation et contraction alternatives de l'autre.
Ce sont cependant des causes qui ne s'excluent pas; la seconde peut
avoir agi d'abord et pendant l'hiver et des périodes de froid, la première,
pendant des périodes de température plus élevée.
Le phénomène observé par le célèbre zoologue. Sir C. Wyville Thomson
offre encore plus de ressemblance avec le nôtre. Dans le journal scien-
tifique anglais „Nature" (22 Février 4877) il décrit ce qu'il nomme les
,,Stone-Rivers" (rivières de pierres) des Iles Falkland. Elles ressemblent
CONTRIBUTIONS A L A. GÉOLOGIE DES PAYS-BAS. 74
le plus à des glaciers, composés non de glace, mais de fragments de
roches, surtout de quartzites. Elles descendent d'une pente et sont
accrues par des rivières tributaires. Ces fragments mesurent de 0,65,
2,6, 3,25, et'même 6,5 m. en longueur et la moitié en largeur ; ils sont
tous angulaires. Ils proviennent d'épaisses gangues de quartzite dans les
grès friables des montagnes environnantes. A la base de cette ,,Stone-
River" coule un ruisseau. Wyville Thomson a cherché la cause du mouve-
ment de descente qui est assez difficile à expliquer, attendu que la partie
supérieure de la vallée n'a qu'une pente de 6 à 8°, et que celle de la partie
inférieure n'en a qu'une de 2 ou 3°, donc justement ce que nous avons
trouvé à la tranchée de Maarn. Il pose tout d'abord comme axiome
que la gravitation seule est tout à fait impuissante à produire le mouve-
ment de descente. D'abord les blocs de quartzite se détachent du grès
décomposé et forment un cône à pente assez raide. Celui-ci se couvre
de végétation et les blocs disparaissent graduellement sous une épaisse
couche de terre végétale. Cette couche descend par suite de différentes
causes ; d'abord elle se dilate par la pluie et se rétrécit par la sécheresse ;
chaque expansion cause un mouvement en bas minime ; chaque contraction
est incapable de produire l'effet contraire. C'est donc là la théorie de
dilatation des • glaciers modifiée pour un cas spécial. En admettant la
coopération de cette cause, nous ne voulons nullement lui attribuer autant
d'importance qu'aux forces mentionnées par Fisher et Kerr.
Thomson compare ces pseudo-moraines des Iles Falkland avec des
phénomènes semblables en Ecosse, où il a observé des couches d'ardoise
redressées, courbées à leur sommet et entraînées en queue dans la
couche supérieure. Ces queues sont visibles, selon lui, sur une distance
de 4 ou 2 m., où leurs éléments brisés se mêlent aux autres..
Il est évident pour Thomson que: „wherever there is a slope, be it
,,ever so gentle, the soil-cap must be in motion, be the motion ever
,,so slow". L'auteur anglais ne se prononce pourtant nullement contre
la théorie glaciaire; il admet sans hésitation que la glace quaternaire a
produits des effets énormes ; mais il a seulement voulu démontrer qu'il existe
un phénomène trè^ semblable, dont l'étude a été trop néghgée et dont les
effets sont souvent très difficiles à distinguer des véritables actions glaciaires.
Dans le même journal (Nature, 15 Mars, 1877.) M. Abraham men-
tionne des observations semblables faites dans le Hartz en 1872). Il vit
dans une carrière près de Goslar que les schistes, inclinés vers le sud
sous un angle de 40°, étaient infléchis en haut et recourbés vers le nord
sous un angle de 75°. Il n'attribue ce phénomène qu'au mouvement
spontané de la terre supérieure, quoique la pente de la colline soit très faible.
120 CONTRIBUTIONS A LA CxÉOLOGIE DES PAYS-BAS.
Dans une autre partie de l'Allemagne centrale, en Thuringue, il se pré-
sente des phénomènes que le premier observateur a considérés positivement
comme des actions glaciaires, mais que nous serions porté à considérer com-
'me appartenant aux phénomènes pseudoglaciaires, appelés ainsi par Penck.
Ils ont été reproduits par M. J. G. Bornemann à Eisenach („Von Eisenach
nach Thaï und Wutha". Jahrbuch der konigl. preuss. geol Landesanstalt.
1884. Pl. XXVII). Les couches du Trias inférieur sont presque verticales,
inclinées vers le sud-ouest et se composent de grès-bigarré et de marnes
violettes et grises. Dans deux coupures non loin d'Eisenach, M. Bornemann
trouva que les couches étaient recourbées à leur partie supérieure; les
grès durs et compacts étaient brisés en une quantité de fragments, les
marnes étaient allongées en queues presque horizontales, qu'on pouvait
reconnaître à leur couleur caractéristique sur une distance de plusieurs
pieds. Les deux figures que l'auteur en donne sont extrêmement instruc-
tives. Il cherche la cause de ces phénomènes dans des actions glaciaires
locales pendant la période quaternaire, qui n'auraient pas manqué sur
les montagnes de l'Allemagne centrale. Nous les considérons plutôt comme
appartenant à la rubrique de phénomènes semblables qui nous occupe
ici. Les queues à Eisenach sont encore ici entraînées le long de la pente
naturelle du terrain, vers le „Hôrselthal", au N. E., sur quoi l'auteur
attire aussi l'attention.
Pour revenir à nos profils du Quaternaire néerlandais, nous serions
porté à accepter ces explications, parce que les pentes de nos collines
ne sont pas plus faibles que celles observées par Thomson. Celle du
,,Laarsche-Berg" à Reenen n'est que de celle du „Plattenberg" à Maarn
encore moindre. La friction entre sable et sable doit être si grande
qu'on a beaucoup de peine à s'expliquer un pareil mouvement de descente.
Toutefois, les profils dessinés mettent ce mouvement lui-même hors de
doute. On pourra encore invoquer quelques particularités du sol pour
rendre l'explication plus plausible. Pendant les rigoureux hivers de la
période glaciaire le sol était gelé jusqu'à une profondeur bien plus con-
sidérable qu'aujourd'hui. Quand le printemps venait, le dégel ne s'opé-
rait que par degrés, ce n'était d'abord que la couche supérieure peu
épaisse qui redevenait meuble, et quand elle était couverte de neige,
celle-ci devait former sur le sol en-dessous encore dur et imperméable,
une boue, une masse demi-liquide qui certainement devait se mouvoir
beaucoup plus facilement. Cette boue en se congelant de nouveau avait
encore une tendance à déplacer ses particules, puisque l'eau et la terre se
séparent complètement dans ce procès, ce dont on peut se convaincre
facilement pendant chaque hiver. Les grains de sable et les cailloux
CONTRIBUTIONS A L A. GÉOLOGIE DES PAYS-BAS. 76
subissent ainsi une longue série de mouvements d'élévation et d'abais-
sement, très petits en vérité, mais qui doivent certainement faciliter la
descente générale le long de la pente de la colline.
Le phénomène qui nous a occupé assez longtemps rend aussi compte
de la disparition de la moraine inférieure sur la plus grande partie du
terrain examiné. On n'en découvre çà et là que de rares fragments,
qui seraient pourtant plus fréquents si les coupes du terrain l'étaient aussi.
Le Trail — les queues des bancs redressés — et le Wharp — la couche
superficielle amorphe — occupent ainsi la place supérieure dans la série
des dépots quaternaires entremêlés.
En traitant de la coupure de la ,,Montagne d'Arnersfoort" (pag, 29)
nous avons fini par remarquer que l'inflexion des sommets des bancs
redressés s'accordait très bien dans les figures 9 et 11, où elle était
dirigée probablement vers le N. E., mais que la figure 10 était en con-
tradiction apparante avec les deux autres, en ce que l'inflexion y était
dirigée vers l'ouest. Comme la direction de cette dernière est plus ou moins
identique à celle du mouvement du manteau de glace quaternaire, nous con-
sidérons la couche supérieure de la figure 10 comme la véritable moraine
inférieure, celle des figures 9 et 11 au contraire comme lapsewc?o-momme
(trail), qui se serait mue le long de la pente de la colline et vers le
N. E. Dans ce cas spécial les phénomènes glaciaires et pseudo-glaciaires
se trouvent ainsi à côté l'un de l'autre.
Chapitre Y. Le Diluvium moséan et la Question des Erratiques scandi-
naves dans le Brabant et la Belgique. La Limite entre le
Diluvium rhénan et l'entremêlé.
Staring fait du Rhin la limite méridionale des cailloux scandinaves et
la séparation entre le Diluvium entremêlé et le moséan. Pourtant il
mentionne lui-même des cailloux de granit trouvés à Clèves et à Xanten,
ainsi qu'à Maastricht et à Oudenbosch (près de Breda), mais comme
ces deux endroits sont tellement éloignés des autres trouvailles de cette
roche, il ne peut croire qu'à un transport accidentel quelconque.
Dans les dernières années cependant les géologues belges ont à plu-
sieurs reprises découvert des cailloux de granit dans le nord de leur
patrie, de sorte qu'il est probable que ces fragments aient été déposés
par voie naturelle.
CONTRIBUTIONS A LA GÉOLOGIE DES PAYS-BAS. 77
«
Dans les „Annales de la Société Malacologique de Belgique", Tome
XVI, 1884 , M. Paul Cogels a publié ses „Contributions à l'Etude géologique
et paléontologique de la Campine" auxquelles nous empruntons les détails
suivants qui. ont rapport à la dispersion des erratiques scandinaves.
C'est déjà De Luc qui, („Lettres physiques et morales"), a trouvé des
roches primordiales près d'Alphen (au sud-est de Breda) et entre Hechtel
et Helchteren (au nord de Hasselt en Belgique). Omalius d'Halloy a
déjà en 4828 fixé l'attention sur les blocs de granit de la Campine.
Selon Engelspach-Larivière (4828) ils seraient d'origine Scandinave et
auraient été transportés par des glaçons. Ensuite M. Winkler parle d'un
bloc de granit gris, trouvé près d'Oudenbosch en Hollande et mesurant
4,6 sur 1,4 et 1 m.; il fut évalué à 7000 k.g. Nous reviendrons plus
loin sur cet erratique.
De Wael (Bulletin de la Société paléontologique de la Belgique, 1858,
pag. 36) a aussi cité un bloc de 200 k.g. trouvé à Welder à 1 k.m. au
nord de Turnhout, accompagné de plusieurs autres plus petits. On en
trouve encore aujourd'hui près de Poppel.
Le plus grand nombre de détails relatifs à cette question se trouvent
réunis dans une publication de M. E. Delvaux, intitulée; „Del'Extension
des Dépôts glaciaires de la Scandinavie et de la Présence des Blocs erra-
tiques du Nord dans les Plaines de la Belgique." (Ann. Soc. géol. Belg.
1884). L'auteur y a recueilli toutes les trouvailles d'erratiques et de
fragments de roches cristallines faites dans la partie septentrionale de
la Belgique. Ces recherches n'ayant encore été entreprises que pendant
un laps de temps relativement court subiront naturellement encore des
modifications, et il nous semble bon de séparer les trouvailles de blocs
in-situ de celles qui ont été faites dans les champs cultivés et de celles
de simples fragments. Les différents auteurs fixent eux-mêmes l'attention
sur ce fait que plusieurs de ces blocs ont été transportés par l'homme
pour indiquer la limite d'une propriété ou pour quelque autre usage,
de sorte qu'on ne peut pas entièrement se fier à toutes ces trouvailles.
Néanmoins nous pouvons admettre comme bien prouvé que des erratiques,
souvent considérables, de roches plutoniennes ont été trouvés in-situ en
plusieurs endroits de la Belgique septentrionale. Les plus remarquables,
mentionnés par M. Delvaux, sont ceux de Welder, dont le plus grand
avait une longueur de 2 m., 5. Un second, plus grand encore, pesait
300 k.g. et fut trouvé près de Boisschot (à l'E. de Hasselt) dans le Lim-
bourg. Non loin de Maastricht on a aussi trouvé deux fragments de
granit, peut-être les mêmes que Staring mentionne déjà. L'un est con-
sidéré par Dewalque et Delvaux comme ayant été transporté depuis les
78 CONTRIBUTIONS A LA GÉOLOGIE DES PAYS-BAS.
»
Vosges, parce qu'il n'a nullement le caractère des granits scandinaves, mais
ressemble de près à ceux qu'on rencentre dans cette chaîne de montagnes.
M, Delvaux mentionne encore un certain nombre de fragments plus
ou moins complets, ainsi que de cailloux. Ce sont en première ligne
des granits, puis des diabases, des syénites, des diorites, etc. Les gneiss
manquent complètement, ce qui est très curieux, puisqu'ils sont assez
fréquents dans les dépôts de la Néerlande.
M. Van den Broeck : „Nouvelles Observations, faites dans la Campine
en 1883, comprenant la Découverte d'un Bloc erratique Scandinave"
(Ann. Soc. géol. du Nord, Tome XI) fait mention d'un bloc au nord de
Hoogstraeten ; il mesurait 80 x GO x 53 c.m. et était un granit typique
du Nord, comme le reconnut M. A. Renard. Ensuite M. Delvaux a
trouvé en 1883, près de Moervaert, dans la Flandre orientale (Ann.
Soc. géol. Belg. XI, 1884), un bloc anguleux de syénite zirconienne.
Il avait la forme d'un parallélipipède rectangle, mesurant 280 m.m. sur
26, et n'avait point été roulé, mais apporté du Nord par la glace.
Dernièrement le même géologue a réuni toutes les trouvailles de roches
granitiques, etc. faites en Belgique, sur une petite carte très instructive.
(Ann. Soc. géol. Belg. 1886: „Sur les derniers Fragments de Blocs erra-
tiques"). La plupart sont des granits et des syénites, mais il y a aussi
quelques diorites, porphyres et de rares gneiss; pour les détails nous
renvoyons à la publication elle-même. Un coup d'oeil sur la carte nous
apprend que le parallèle de Bruxelles est à peu près la limite méridionale
de ces cailloux et erratiques et qu'ils sont déjà extrêmement rares au
sud du parallèle de Gand; ils sont surtout fréquents dans la partie
nord-est de la Belgique, comme l'on pouvait s'y attendre, mais aussi
aux environs de Gand. Les trouvailles de blocs in-situ sont extrêmement
rares et encore n'ont-elles rapport qu'aux graviers fluviatiles comme le
n°. 40 trouvé dans les ballastières près de Maastricht. Un véritable
„Geschiebelehm" n'a encore été constaté nulle part en Belgique.
Quelques cailloux sporadiques de granit, il est vrai, ont été trouvés
bien loin au sud. Ainsi M. Delvaux (De l'Extension, etc. pag. 66) fait
mention d'un caillou de granit septentrional, mesurant 5 c.m. sur 8,
trouvé par M. Renard sur le „Muziekberg" près de Renaix au sud d'Oude-
naerde. M. Ortheb a même recueilli un fragment de granit dans la
Flandre française sur le Mont-Noir, à une altitude de 97 mètres.
Nous ne pouvons déguiser un certain scepticisme à l'égard de ces
trouvailles isolées, surtout à l'égard des fragments. D'ailleurs M. Delvaux
prouve lui-même combien il faut être sceptique, en relevant spécialement
(Ami. Soc. géol. Belg. Bulletin 1884, pag. CLV) le peu de valeur des
120 CONTRIBUTIONS A LA CxÉOLOGIE DES PAYS-BAS.
trouvailles de blocs de granit sur la côte. „Ils y ont été apportés par
„l'homme et résultent de la destruction de certains travaux d'art, exé-
„cutés au siècle dernier pour protéger les dunes de Blankenberghe contre
„l'action envahissante de l'Océan."
M. Clement Reid a fait une observation semblable dans „The Geology
of Holderness" (Memoirs of the Geological Survey of England and Wales.
1885. Pag. 41): ,,Great caution is necessary in this district in the
,,collection of Boulder-Clay stones, for enormous quantities of Scandinavian
„and russian rocks are brought annually in ballast from the Baltic ports,
„are used for road material, and find their way on to the fields in
„manure. The; are usually, however, basalts and garnetiferous gneiss
„of a quite different character from any yet found in the Boulder-Clay".
Dans la pratique le danger de se tromper est donc moins grand qu'en
théorie, mais il existe cependant.
Il est donc assez probable qu'un certain nombre des petits erratiques
et des fragments des grands ont été entraînés en différents endroits de
l'intérieur pour les employer dans le ménage ou dans un autre but
domestique, que ces fragments se sont égarés, dans le fumier p. e., et
qu'ils ont été ainsi portés sur les champs; ils n'ont par conséquent
qu'une valeur scientifique bien minime. Il en est autrement des grands
erratiques, pesant des centaines de kilogrammes, qui ne se transportent
pas aussi facilement. Nous sommes disposé à admettre leur transport par
les forces de la nature, comme nous l'avons déjà énoncé ci-dessus
(Pag. 69). Pour le moment cela nous suffit et des recherches ultérieures
devront peser et comparer les nombreux détails de la question. Pour
M. Delvaux (I.e.), la présence de ces erratiques est une preuve suffisante
de l'extension du glacier quaternaire ; nous ne voulons pas aller aussi loin.
Nous avons essayé nous-même de nous orienter sur les rapports entre
le Diluvium moséan et le scandinavien de Staring, en cherchant les
traces de ce dernier dans le Brabant. Nous avons donné un aperçu des
résultats de nos recherches dans une petite communication à la Société
géologique de la Belgique que nous reproduisons ici („Sur la Distribu-
tion des Cailloux de Granite dans le Nord de la Belgique et le Sud des
Pays-Bas". Annales. Tome XIII, Bulletin 1886).
Dans la glaisière située à une derni-lieue à l'est-sud-est de la brique-
terie de Teteringen, entre Breda et Oosterhout, le sable graveleux
riche en cailloux a une épaisseur d'un mètre et repose sur une
argile bleu-clair, sableuse et peu plastique. Elle ne contient des cailloux
qu'en haut, par son mélange avec le gravier supérieur, qui est composé
seulement pour de quartz blanc et pour le reste de différents quartzites,
CONTRIBUTIONS A L A. GÉOLOGIE DES PAYS-BAS. 80
de graiiwackes gris et de granwackes schisteux avec quelques grès.
Un peu plus à l'est, près du hameau de „Steenoven", entre Dongen
et Ryen, nous avons trouvé plusieurs glaisières, où nous avons pu
dresser un petit profil, complété d'après les renseignements des ouvriers.
(Bulletin, Pag. LVII (5).) On voit à la partie supérieure un sable fin avec
très peu de cailloux, principalement des quartz blancs. Il varie en
épaisseur de 50 c.m. à 130 et est séparé par un plan ondulé de la glaise
bleu-clair, identique à celle de Teteringèn.
lia même chose se voit dans les vastes glaisières de la grande briqueterie
de Ryen , près de la station, où le sable supérieur se divise encore plus
distinctement en deux couches. L'inférieure, qui n'est presque pas développée
à Steenoven, est un sable fin, tout à fait sans cailloux, qui alterne
quelquefois avec l'argile ou y forme des lentilles. Il doit donc être plutôt
réuni avec l'argile qu'avec le sable supérieur. Celui-ci est souvent stra-
tifié obhquement et contient des cailloux, dont les plus gros se trouvent
à sa base. La glaise y a une épaisseur de 3 m. à 3,5 et repose de
nouveau sur du sable sans caiUoux.
Ensuite nous avons retrouvé un peu au sud de Gilze une couche de
glaise épaisse de 3 à 4 m. Dans la briqueterie elle était gris-clair, quelque-
fois plus foncée et bleuâtre et venait jusqu'à 50 c.m. de la surface,
où elle était recouverte de nouveau par du sable avec les cailloux des
roches connues.
Une gravièie du chemin de fer près de la station d'Alphen-Oosterwyk,
profonde de 1,5 m. à 2 m. ne montrait pas de profil distinct. Les versants
étaient formés d'un sable contenant quelquefois du gravier, et le sol
était semé de cailloux jusqu'à 2 et 3 d.m., de quartz, de quartzites, de
grauwackes et de grès sans trace de roches cristallines. Le sable graveleux
y avait ainsi une plus grande épaisseur, que d'ordinaire.
Au sud-est du village d'Alphen et à l'ouest d'Eindhoven nous avons
visité une autre partie du Diluvium moséan, celle des villages de Bladel-
Hapert et de Riethoven-Westhoven près de Valkenswaard. Entre les
deux premiers villages on a de nouveau l'occasion d'étudier les effets de
l'érosion ; le ruisseau ,,De Beerze" y a séparé les deux collines de Diluvium
graveleux par une petite vallée très prononcée. La carte géologique est
inexacte en cet endroit, comme en beaucoup d'autres ; le D. g. y a une
étendue bien plus grande, surtout au nord de Hapert, au moins jusqu'à
Casteren. Entre Casteren et Hapert une série de gravières montrent en
partie la composition du sol; les cailloux y sont exclusivement ceux du
D.m, sans aucune roche Scandinave ; le terrain entier jusqu'à Eersel forme
une proéminence bien marquée. Entre Eersel et Riethoven il s'étend
ir)
120 CONTRIBUTIONS A LA CxÉOLOGIE DES PAYS-BAS.
aussi un pareil terrain de D. g., qui est omis sur la carte de Staring.
Tout près du village de Westenhoven, une petite sablière montre un
profil pareil à ceux de Ryen; un sable sans cailloux et instratifié est
couvert d'un sable grossier avec cailloux et stratifié obliquement. A l'est
de Westenhoven, sur r,,Aardbrandsche Heide" qui est basse et maré-
cageuse, plusieurs monceaux de glaise attirent l'attention. On y voit
une glaise brune couverte par 6 à 7 d.m. de sable et de gravier, entiè-
rement composé de roches méridionales. Encore ici le D. g. s'étend bien
au-delà du territoire de la carte de Staring, probablement jusqu'à Klein-
Borkel.
Nous n'avons donc pu trouver au sud-ouest d'Eindhoven de cailloux
scandinaves, c'est à dire de cailloux in-situ. Cependant nous en avons
rapporté plusieurs provenant des monceaux -placés à côté de la route
d'Eindhoven à Bladel. Un ouvrier des „Ponts et Chaussées" m'informa
que ce gravier est amené d'Arendonck, situé entre Bladel et Turnhout
et sur le canal d'embranchement de la Campine belge. Son gîte original
n'est pas non plus à Arendonck, où il n'est que débarqué. M. Delvaux
m'a appris sur ma demande que ce gravier vient de Lanklaer, non loin
de la Meuse entre Maastricht et Maaseyck. C'est donc à une distance
considérable et au sud d'Eindhoven qu'on pourrait i-etrouver des cailloux
scandinaves. Après être allé aussi loin, il ne nous paraît plus impossible
que les cailloux de granit de Maastricht aient la même origine Scandi-
nave. Cependant nous n'avons pas encore pu poursuivre nos recherches
dans cette direction, ce que nous espérons pouvoir faire plus tard.
Nous quittons les environs- d'Eindhoven pour terminer notre excursion
dans le coin nord-est du Brabant qui n'est pas la partie la moins in-
téressante.
La bruyère de Schaik forme une hauteur allongée et très marquée
sur le côté septentrional, où l'on est forcé de reconnaître une ancienne
rive de la Meuse qui a gi'aduehement creusé et déplacé son lit. Oss et
Berchem se trouvent au nord et à un niveau bien plus bas. Une série
de gravières des deux côtés de la chaussée de Grave montrent du sable
et du gravier tantôt assez bien stratifiés, tantôt non. Le gravier est encore
ici d'origine méridionale et contenait e. a. plusieurs grauwackes gris-bleu
à cubes de pyrite, que nous avions trouvés si souvent en Gueldre et qui
ont été amenés probablement par le Rhin. Un seul caillou de granit et
un autre de porphyre rouge y représentent les roches scandinaves; les
silex n'y sont pas rares.
Une petite briqueterie près de la colonne miliaire 26 de la chaussée montre
un profil très distinct. La couclie supérieure de 1 m. d'épaisseur est de sable,
CONTRIBUTIONS A L A. GÉOLOGIE DES PAYS-BAS. 82
mêlé de plus ou moins de gravier et reposant sur une argile bleu-gris, sableuse
et épaisse en moyenne de d,75m. Elle vient quelquefois jusqu'à 3 et
4 d.m. de la surface, et quand elle n'a alors que son épaisseur minimale
de 3 d.m., on voit facilement apparaître de nouveau le gravier en dessous.
Ce dernier a, selon le briquetier, une épaisseur de 4 à 5 m. et repose
sur une seconde argile, plus grasse et bien meilleure. Celle-ci est ainsi
probablement l'équivalent de l'argile de Gilze, de Ryen, etc., tandis que
la première n'est qu'une partie de l'étage graveleux qui a ici une épaisseur
considérable.
Les gravières près du moulin de Reek sur la chaussée sus-nommée
ne montrent rien de nouveau; on y observe une alternance de sable et
de gravier, parfois stratifié obliquement. Encore ici le Diluvium moséan
s'étend en réalité bien plus loin que sur la carte de Staring dans la
direction du village de Zeeland. De même, en suivant la route de
Langeboom et de Mill, on le voit apparaître de nouveau bien plus tôt
que selon la carte. La vallée sableuse du ruisseau le ,,Hooge Raam"
est donc en réalité plus étroite et plus prononcée que sur la carte. En
s'approchant de Langeboom, le terrain s'élève de nouveau ; entre ce
hameau et le village de Mill toute une série de gravières présentent le
profil ordinaire; il n'y a donc aucun doute que les cailloux de granit
et de porphyre que nous y avons ramassés sur les monceaux de gravier
ne proviennent de la couche supérieure du sol, du Diluvium moséan de
Staring, qui est stratifié ou non, mais ne pi-ésente nulle part des preuves
certaines de l'action directe de la glace. Nous ne pouvons par conséquent
le paralléhser qu'au „Gravier stratifié glacial" de la Néerlande moyenne, pour
autant qu'il contient des erratiques scandinaves, ou au ,,Gravier prégla-
cial" , pour autant qu'il en est privé. Le sable et la glaise sous le gravier
appartiennent donc aussi à ce dernier. Nulle part nous n'avons pu dé-
couvrir de séparation entre ces deux graviers.
Le dernier terrain graveleux que nous avons visité est celui du village
d'Uden et de Nistelrode (au nord du premier). A l'est de celui-ci on
voit dans les briqueteries les mêmes profils qu'ailleurs, la même glaise
bleu-clair, marbrée en brun par l'oxydation, épaisse de 2 à 3 m. et
reposant sur un sable fin sans cailloux (selon mes informations) et cou-
verte par 1 à m. de sable et de gravier. La surface de la glaise y
est ondulée et irrégulière comme à Steenoven près de Ryen. Les erra-
tiques du gravier sont parfois assez gros et mesurent 2 à d.m.; on
voit aussi de temps à autre de rares granits, etc. Encore ici, la carte
géologique a trop restreint le Diluvium moséan; les terrains de Schaik
et d'Uden sont en continuité directe, et la chaussée entière d'Uden à
120 CONTRIBUTIONS A LA CxÉOLOGIE DES PAYS-BAS.
Heesch passe dessus. Entre Uden et Nistelrode deux briqueteries pré-
sentent de petits profils qui n'apprennent rien de nouveau ; l'argile seule-
ment y est un peu plus foncée que d'ordinaire.
Si nous avons à plusieurs reprises relevé la différence entre la carte
géologique du Brabant et l'état réel des choses, ce n'est pas pour faire
ressortir les inexactitudes, mais pour accentuer les arguments en faveur
de l'origine Iluviatile du D. s. En parcourant le terrain, on voit à tout
moment que le sable sans cailloux y remplit en partie les dépressions
entre les collines basses du D. mos. et que ces dépressions ne sont que
des vallées d'érosion dans lesquelles coulent de petits ruisseaux, trop
petits pour creuser ces vallées et les remplir de nouveau en partie de
sable, du moins de nos jours. Or, dans la Période quaternaire ces
ruisselets ont été de petites rivières bien plus puissantes ; c'est en partie
pour cette raison que nous plaçons la déposition du „Zanddiluvium"
dans cette période.
Nous voyons donc que ce que nous avons pu découvrir de roches
scandinaves en Brabant n'est que peu de chose; ce ne sont que des
caiUoux de petite dimension , gisant dans des graviers Iluviatiles que nous
n'hésitons pas à paralléliser avec le ,,Diluvium glacial stratifié" de la
Néerlande centrale.
Dans la communication sus-nommée, faite à la Société géologique
de la Belgique, nous avons donné ensuite quelques détails relatifs
au grand erratique d'Oudenbosch, mentionné il y a plusieurs années
par M. Winkler (Considérations géologiques, etc.). Nous en avons déjà
parlé ci-dessus (pag. 76) et pouvons ajouter les détails suivants. Il
était déjà connu en 1733 sous le nom de Dondersteen (Pierre de
Tonnerre), nom que porte encore le champ qui le contenait autrefois.
Ce champ se trouve à côté de la l'oute à gravier d'Oudenbosch à Oud-
Gastel près de la colonne mihaire 11, et est entièrement composé d'un
sable fin, le Diluvium sableux de Staring. A côté de ce champ, le sable
n'avait qu'une épaisseur de 1 m. et recouvrait une argile sableuse, brun-
jaunâtre, privée de cailloux. Vers 1808 l'erratique fut transporté à
Oudenbosch où il reposa jusqu'en 1885 dans le sol, à côté de la tour
de l'ancienne église. Il en a été retiré dernièrement et transporté au
collège jésuite de ce village.
Oudenbosch est bâti sur une colline très marquée, contenant proba-
blement un noyau de Diluvium graveleux. Elle est séparée par une
petite vallée de celle d'Oud-Gastel, qui a renfermé notre erratique.
Si l'on admet son transport par voie naturelle, que faut-il penser
de sa position stratigraphique ? Le sable qui l'enveloppait autrefois ne
CONTRIBUTIONS A L A. GÉOLOGIE DES PAYS-BAS. 84
contient point de gravier et est ainsi probablement le Diluvium sableux.
Or, celui-ci ne contient jamais des cailloux plus grands que de quelques
millimètres, tout au plus, très rarement, de quelques centimètres,
transportés par de petits glaçons. Il faudra ainsi probablement considérer
cet erratique comme le dernier reste d'un Diluvium graveleux, érodé
à sa partie supérieure, mais représenté encore par l'argile qui l'a porté
et qui serait ainsi l'équivalent de celle que nous avons retrouvée presque
partout en Brabant sous le Dil. grav.
Dans notre note („Sur la Distribution", etc.) nous avons supposé que
le sable d'Oud-Gastel est d'un âge glacial et par là semblable à celui
du „Heymenberg" près de Reenen, etc. et qu'on pourrait par conséquent
s'attendre à y trouver quelques erratiques. Nous avons aussi supposé
qu'il a été transporté par l'homme, il y a des siècles, à Oud-Gastel. La
connaissance de l'homme préhistorique ainsi que l'histoire présentent
assez d'exemples de ces tours de force inutiles. Comme cette dernière
hypothèse ne fait que déplacer la difficulté, et comme d'autres erratiques
assez volumineux ont été constatés en Belgique, nous la laissons tomber-
Pour le moment nous ne voyons d'autres alternatives que celles que nous
avons émises page 69, et nous persistons à ne voir dans cet erratique
aucune preuve d'une moraine inférieure détruite en cet endroit, même
si l'erratique porte des stries glaciaires incontestables. Tant qu'aucun
erratique Scandinave n'aura été trouvé in-situ dans un „Geschiebelehm^^
bien démontré, nous considérerons l'existence passée de cette moraine
comme possible, il est vrai, mais nullement comme prouvée.
M. Delvaux a consacré à l'erratique d'Oudenbosch deux petites publi-
cations. Dans la première: „Quelques Mots sur le grand Bloc erratique
d'Oudenbosch près de Breda et sur le Dépôt de Roches granitiques scan-
dinaves découvert dans la Région (Mem. Soc. mal. de Belgique. Tome
XX, 1885.) il décrit la situation originale du bloc près d'Oud-Gastel.
Selon lui, il reposait „swr" (pag. 7) l'argile, ce qui s'accorde parfaite-
ment avec ce que nous en avons dit, à savoir qu'il se trouve dans le
sable fin au-dessus de l'argile. Cette argile a été enlevée en partie pour
en faire des briques, et si nous concevons bien le raisonnement de M.
Delvaux, il admet que cette argile a aussi entouré et peut-être recouvert
l'erratique et il la considère comme une argile à blocaux. Ce raisonne-
ment ne nous paraît pas trop bien fondé, parce que la présence d'une
argile seule n'est nullement une preuve de la présence d'une argile à
blocaux, qui doit être démontrée séparément. Le tableau du sondage
de Roosendaal, exécuté par M. van Ertborn et reproduit par M. Delvaux
(1. c. pag. 11), prouve aussi la présence d'une épaisse couche d'argile
120 CONTRIBUTIONS A LA CxÉOLOGIE DES PAYS-BAS.
(30 m.); mais celle-ci peut être aussi bien une simple argile sédimeiitaire,
ce que nous considérons comme plus probable.
Dans la seconde publication, intitulée : „Sur l'Exhumation du grand Erra-
tique d'Oudenbosch" (Ann. Soc. géol. Belg. Bull. 4886), il mentionne son
transport au collège jésuite. Selon M. V. Becker, professeur à ce collège,
il a un volume de 4,75 m^., pèse environ 5000 k.g. et possède de mag-
nifiques stries glaciaires. Nous l'avons vu nous-même en compagnie de
M. Delvaux et nous avons également vu les stries. Quoique celles-ci ne
soient pas droites, nous sommes cependant porté à les considérer comme
stries glaciaires, attendu que le plan qui les porte, est poli et lisse.
L'erratique a les dimensions suivantes: 1,42 X 4,44 x 4,80m. et est
composé d'un granit gris-clair a éléments très petits et d'un autre plus
grossier, mais de la même couleur, contenant de beaux macles d'orthose
et de nombreuses paillettes de biotite noire. Il n'était presque point
décomposé et présentait des arêtes arrondies.
Quant aux nombreux autres blocs de roches scandinaves, ,,recueinis
„hors de l'agglomération, à une certaine distance des villages, loin de
„toute habitation, en pleine campagne, dans la bruyère ou dans des
,,endroits déserts", selon M. Delvaux, nous ne pouvons pour le moment
qu'admettre qu'ils y sont en réalité, mais qu'il reste toujours encore à
démontrer dans quelles relations stratigraphiques ils s'y trouvent. Si l'on
admet avec M. Delvaux qu'ils sont les derniers vestiges d'une moraine
inférieure détruite par l'érosion, il est permis d'espérer qu'on retrouvera
quelque part de cette moraine une trace encore reconnaissable.
Selon nous, les erratiques volumineux au sud de la Meuse se trouvent
dans le Diluvium stratifié glacial (entremêlé) ou bien dans un dépôt
post-glacial, qui n'a pas encore été constaté au nord de cette rivière,
et qui résulte de la destruction de la moraine inférieure.
Un dépôt analogue au premier a été découvert par M. Wahnschafie
au bord septentrional du Hartz („Mittheilungen über das Quartär am
Nordrande des Harzes". Zeits. der D. geol. Gesells. 4885. Pag. 87). C'étaient
des graviers d'origine hercynique mêlés à d'autres d'origine Scandinave,
qui s'étendent jusqu'aux promontoires du Hartz et même entre ceux-ci ;
ils sont ainsi parfaitement analogues à notre Diluvium glacial stratifié.
Localement, ils sont couverts par des dépôts morainiques qui restent
toujours a une certaine distance du bord septentrional des montagnes,
et ne se sont par conséquent pas étendus aussi loin que les dépôts
aquatiques d'une composition pétrographique plus ou moins semblable.
CONTRIBUTIONS A L A. GÉOLOGIE DES PAYS-BAS. 86
La limite entre le Diluvium rhénan et l'entremêlé de Staring devra
également être tirée bien plus au sud. Nous avons mentionné ci-dessus
(pag. 87) la trouvaille d'un bloc d'un beau porphyre jaune dans la
bruyère de Mook ; nous en avons trouvé de pareils bien plus loin au
sud. Dans le village de Dingden, entre Bocholt et Wesel, bien connu
par ses fossiles miocènes, on voit de nombreux erratiques de granit dans
les rues et sur la colhne qui s'élève derrière ce village. Nous avons
remarqué sur plusieurs un poli et de très belles stries glaciaires.
Ce fait n'est pas nouveau, car M. von Dechen en parle déjà dans
ses: ,,Erläuterungen zur geologischen Karte der Rheinprovinz und der
Provinz Westphalen II, 1884". L'auteur a tracé la limite méridionale
de la dispersion des erratiques scandinaves, presque exclusivement des
granits, sur la „Geologische Uebersichtskarte der Rheinprovinz und der
Provinz Westphalen". Malheureusement, elle n'est visible que sur la
rive droite du Rhin, là où ehe parcourt les formations méso- et paléo-
zoïques. Elle traverse le Rhin un peu en amont de Duisburg et n'est plus con-
tinuée sur la rive gauche dans le terrain quaternaire. En effet, cette formation
entière a bien été traitée un peu en marâtre par l'érninent géologue.
Les erratiques les plus remarquables qui sont nommés dans cet
ouvrage sont les suivants. A l'est de Burgsteinfurt sur le „Holliger Feld"
se trouve un erratique de gabbro qui fut d'abord considéré comme roche
solide par le propriétaire, parcequ'il avait fait creuser jusqu'à 5m. de
profondeur sans en atteindre la base. Un second bloc d'une jolie taille,
connu sous le nom de ,,Holtwicker Ei" (Oeuf de Holtwick), se trouve
un peu au nord du village de ce nom. Il a une hauteur de 4 m., 7
dont 4 se trouvent sous terre. Le poids en a été évalué à 150000 k.g.
Entre Gros-Rekken et Heiden, à l'est de Borken, se trouve la Pierre
du Diable, („Der Düvel-Steen") perchée sur une colline de sable. C'est
probablement le dernier des 4 erratiques qui y gisaient encore en 1869
et des 24 grands blocs de 1821.
Bien loin au sud de notre province de Drenthe, et dans un territoire
qui correspond sans doute au Diluvium entremêlé de Staring, on ren-
contre ainsi des erratiques dont les dimensions égalent ou surpassent
même celles des blocs de nos célèbres ,,Hunnebedden".
Chapitre VL Le Diluvium Scandinave.
Staring fait du Vecht d'Overyssel la limite entre ses Diluvia Scandinave
et entremêlé. Outre les trois provinces septentrionales, une petite partie
120 CONTRIBUTIONS A LA CxÉOLOGIE DES PAYS-BAS.
de l'Overyssel se trouve dans le territoire du premier ; ce sont les environs
des villes de Steenwijk et de Vollenhove, ainsi que les îles de la Hol-
lande septentrionale.
Nous n'avons visité nous-même que quelques points de ce territoire.
Le point le plus méridional en est un petit promontoire le „"Voorst"
situé au sud-ouest de la ville. Il a une pente douce vers l'intéiieur,
mais un versant escarpé, même vertical du côté de la mer. Cette partie
a une longueur de 650 et une hauteur de 3 à 4 mètres. Elle offre un
spectacle tout à fait inattendu dans les Pays-Bas. L'escarpement en est
assez irrégulier, il forme des parties protubérantes et même de petites
grottes. Le matériel doit ainsi être bien dur ; il se compose d'une argile
sableuse brunâtre entrêmement compacte, dont parfois la partie inférieure
est noirâtre et rappelle ainsi l'argile noire trouvée par Berendt et Meyn
à Winschoten. Elle est absolûment instratifiée, mais montre des plaques
irrégulières endurcies par l'hydroxyde ferrique et une multitude de petites
fissures irrégalières qui sont cause que des fragments s'en détâchent.
Elles saillent en plusieurs points, surtout à la base. L'argile est si dure
qu'on ne peut que très difficilement en extraire avec le marteau les
pierres qu'elle contient. Les nids de l'Hirundo riparia ne se trouvent
pas non plus dans l'argile intacte, mais seulement dans la couche supé-
rieure , qui est colorée de noir par la terre végétale et dégagée par la
gelée. Par l'action des vagues, de la pluie et du soleil, des parties de
l'escarpement se détachent régulièrement. Elles sont lavées par les
vagues, le sable reste en place et l'argile en suspension est entraînée
pour se déposer ailleurs. On voit un grand nombre de blocs arrondis,
dispersés sur la plage; d'autres se trouvent encore en place et sans
ordre dans l'argile elle-même. Leurs dimensions varient de quelques
centimètres à 1 m., 5, leur composition présente assez de variation; ce
sont des granits , des gneiss, des amphibolites, des syénites, des diorites,
des grès-quartzites et beaucoup de silex souvent de dimensions considéra-
bles et de formes grotesques. On voit de ces derniers qui sont tout
noir, avec une croûte blanchâtre et poudreuse et sans bryozoaires •
d'autres sont bruns ou jaunâtres et contiennent une foule de ces
fossiles, d'autres encore contiennent des Ananchytes ovata plus ou moins
complètes. Nous n'avons pu découvrir que quelques fragments de roches
calcaires, ainsi qu'un bloc de basalte, mesurant 3 d.m. sur 4 et 4 d.m.
Parmi ces erratiques il y en a une grande quantité qui sont polis et striés
magnifiquement.
Ij'origine de ce polissage et de ces stries n'est pas douteuse ; ils sont
produits par la glace compacte en mouvement sur le sol. En outre
CONTRIBUTIONS A L A. GÉOLOGIE DES PAYS-BAS. 88
l'absence totale d'une stratification quelconque dans l'argile, ainsi que
la présence de minces lentilles de sable tordues et contournées font
reconnaître cette argile comme la moraine inférieure, qui a donc en cet
endroit une épaisseur mesurée de 4 mètres minimum.
Une fois l'argile du „Voorst" de Vollenhove reconnue comme évidem-
ment glaciale, on se convainc aisément que c'est la même argile qu'on
rencontre dans l'île d'Urk. Là, nous n'avons pas pu attraper un profil
géologique, mais nous avons vu les mêmes blocs arrondis de granit, etc.,
jusqu'à 2 d.m. de diamètre, dont quelques-uns étaient très bien polis
et stiiés.
Le célèbre „Roode Klif" (Escarpement rouge) près du village de Sta-
voren en Frise, doit son nom à cette même argile sableuse et brun-
rougeâtre. Ce promontoire est mieux protégé contre les vagues et par
conséquent moins intéressant pour le géologue. Nous y avons recueilli
plusieurs cailloux d'origine Scandinave, ainsi que des silex , dont quelques-
uns portent des stries évidentes.
Un quatrième point, qui eût été singulièrement propre à des études
géologiques est la ville de Steenwijk en Overijssel. Elle porte son nom
de la quantité de pierres qu'on y trouve et qui ont donné lieu jadis à
un commerce régulier. L'hiver, des ouvriers munis d'une sonde de fer
les cherchent et les déterrent dans les champs sur les collines à l'est
et au nord de la ville et les emmènent au port. Là, on trouve ainsi
en plain air un véritable musée de roches différentes et il est aussi facile
que près de Vollenhove d'y choisir des exemplaires polis pourvus de
magnifiques stries glaciales. La présence de la moraine inférieure dans
les collines du voisinage est ainsi rendue plus que probable. Staring a,
dans son temps, déjà fixé l'attention sur les collines si fertiles et bien
cultivées de Steenwijk et sur le contraste qu'elles font avec celles d'Over-
yssel et de la Gueldre qui sont si stériles. Quant aux roches représentées
dans les monceaux du port de Steenwijk, ce sont encore les mêmes
qu'a Vollenhove. Je n'y remarquai qu'une quantité bien minime de
quartz blanc et de basalte; les calcaires paraissaient faire entièrement défaut;
selon M. Ali Cohen de Groningue on en aurait cependant trouvé assez en
ci'eusant la coupure du chemin de fer. D'après les informations
obtenues, les erratiques se rencontrent un peu sous la surface du soj
dans l'argile.
La colline de Steenwijkerwold (au nord et tout près de Steenwijk)
est remarquable sous plusieurs points de vue. D'abord il se trouve là
une traversée du chemin de fer (de Meppel à I^eeuwarden) qui a une
profondeur d'environ 40 m. En 4884, aussi bien qu'en 4874, lorsqu'elle
contributions a la géologie DËS PAYS-bas. 80
fut visitée par Berendt & Meyn, elle était entièrement couverte de bruyère.
Cependant, nous avons pu rassembler par des informations quelques
détails sur le terrain traversé. La colline se compose d'une argile extrê-
mement dure, impossible à travailler à la bêche. Elle devait être dégagée
au moyen de pics et de leviers en fer, ou par une grande charrue tirée
par six chevaux. Comme l'argile contenait partout des erratiques, le soc
s'arrêtait souvent sous un de ces blocs pour se détacher à un moment
inattendu, de sorte que cette méthode n'était pas très pratique.
Les fondements des piliers du pont de la chaussée qui traverse la
coupure devaient être faits en béton, d'après le projet prescrit, précaution
entièrement superflue. Ce n'est qu'avec la plus grande peine et au moyen
de leviers en fer qu'on réussit à détacher l'argile compacte.
Il nous semble ainsi évident que la colline de Steenwijkerwold et
Willemsoord appartient à la moraine inférieure. Cette supposition est
encore renforcée par l'aspect particulier de la surface de cette colline.
Elle est en partie cultivée, en partie encore couverte de bruyère. Nous
y avons remarqué plusieurs bassins plus ou moins circulaires, remplis
de tourbe, dont la surface reste à 1 m. au-dessous de celle du sable
environnant. Un de ces petits bassins avait un diamètre de 56 mètres.
Un peu plus près de la Colonie agricole de Willemsoord, la bruyère
forme plusieurs collines ou des chaînons qui communiquent et entourent
de petites vallées. Celles-ci sont à leur tour remplies de tourbe ou l'étaient
du moins jadis. Elles étaient d'abord des étangs, qui furent peu à peu
encombrés par des restes de végétaux. Le tout constitue un paysage .
morainique en miniature.
Avant de quitter Steenwijk nous voulons encore mentionner une petite
coupure du ,,Havelterberg", où se trouvent deux dolmens et qui est
située à l'est de la ville. Cette colline est assez considérable et montre,
à sa partie méridionale, une rainure produite par l'eau de pluie. On y
aperçoit très bien la glaise sableuse avec plusieurs blocs de granit, larges
de 4 d.m., et un grand nombre de petits silex. C'est le seul point où
nous avons réellement vu le Geschiebelehm dans les environs de Steenwijk.
Un dernier phénomène qu'on a l'occasion d'observer dans cette partie
de la Néerlande est l'alternation frappante des terrains sableux et tourbeux.
Rien qu'en allant de Meppel (ou mieux de Ruinen, qui se trouve au
nord-est de cette ville) à Heerenveen, le terrain ne change pas moins
de neuf fois d'aspect. Tantôt on se trouve sur un terrain ondulé, sableux,
sec, couvert de bruyère ou de champs cultivés, tantôt on traverse une
plaine basse, marécageuse, couverte de prairies horizontales, monotones,
où un grand nombre de tourbières sont en exploitation. Staring a bien
42
-ocr page 93-CONTRIBUTIONS A L A. GÉOLOGIE DES PAYS-BAS. 90
remarqué ce phénomène, mais il ne lui a point donné l'importance qu'il
mérite ; il parle bien (B. v. N. II. Pag. 29 et 32) d'une direction générale
des collines principales du N. 0. au S E. et d'une direction des collines
secondaires rectangulaire sur la première, mais en veut chercher l'expli-
cation dans des élévations de l'écorce terrestre ou dans la configuration
des terrains subjacents. Comme nous l'avons démontré plusieurs fois en
nous occupant du Diluvium entremêlé, le relief du sol est en partie la
suite de l'érosion, dont l'effet est aussi évident qu'on peut le désirer
dans cette partie de la Frise et de la Drenthe. Selon Staring (1. c.), on
rencontre partout le Zanddiluvium au-dessous des tourbières basses pré-
citées , et ce Zanddiluvium borde partout le Diluvium graveleux Scandinave.
Qu'on se représente les différents ruisseaux, résultant de la fonte de la
glace Scandinave ou de la neige qui tombait encore en profusion dans
les hivers après que ce glacier s'était retiré. Ces ruisseaux devaient na-
turellement éroder leur lit de sable et d'argile; en changeant leur cours,
ils le remplissaient en partie de sable et sur ce sable la tourbe commença
peu à peu à se développer. Les petits cours d'eau parfois navigables ne
seraient ainsi que les restes des ruisseaux beaucoup plus considérables
de la fm de l'Époque quaternaire. En allant du sud au nord ce sont :
,,Echtener Stroom" ou ,,Oude Diep", ,,Ruiner Aa", ,,Oude Smilde",
,,Steen\vijker Aa", ,,Linde", ,,Kuinder" ou ,,Tjonger", qui sont toutes
plus ou moins parallèles et ont produit le relief particulier de ce territoire.
L e ,,T-10 n d s r u g" e n G r o n i n g u e.
A l'égard de cette colline classique pour la géologie, qui prend son
nom de sa forme allongée (Dos de Chien) , nous voulons faire une exception à
la règle que nous nous sommes imposée de ne pas nous occuper des travaux
géologiques antérieurs au grand ouvrage de Staring. Celui-ci ne fait pas
mention d'un travail de M. Ah Cohen de Groningue qui mérite cependant
à un haut degré l'attention des géologues. Ce travail se trouve dans
un journal périodique presque entièrement oublié aujourd'hui, le,,Tijd-
schrift voor Natuurlijke Geschiedenis en Physiologie" de l'année 1842 et
est d'une grande valeur surtout à cause des profils géologiques de cette
colline, les seuls qui en aient été dessinés. Nous les reproduisons dans
nos figures 9, 10, 11 et 12 ; pl. IV. Dans ces différents profils nous
reconnaissons plusieurs éléments, d'abord la partie 2, qui est composée
principalement de galets, généralement arrondis, souvent bien polis ou
120 CONTRIBUTIONS A LA CxÉOLOGIE DES PAYS-BAS.
striés, et qui contient aussi les fossiles, coraux, etc., qui ont rendu le
,,riondsrug" si célèbre. Ensuite nous avons une argile 3, qui est tantôt
presque pure et très plastique, tantôt plus sableuse. A une profondeur
de 6 à 7 m., on rencontre généralement une argile très visqueuse, qui
a une épaisseur de 10 à 15 m. et est appelée ,,Argile à poterie" (Potklei)
à cause de l'usage qu'on en fait. Le troisième élément est le sable 1
qui est souvent instratifié comme les autres éléments, et est tantôt
argileux, tantôt non. Le chiffre 4 est la terre labourée, rendue noire
par l'humus. Cette partie est surtout épaisse dans la figure 11, qui
représente une coupure faite dans la rue dite ,,Boteringestraat". Elle
n'y est composée en partie que de terrain rapporté. Enfin le chiffre 5
représente une terre noire, appelée ,,Pikgrond" (Terre-poix) à cause
de sa couleur et de sa viscosité; elle n'est probablement qu'une modi-
fication de l'argile à poterie.
Les figures 11 et 12 (pl. IV) sont les plus simples. On y aperçoit
les dilférents éléments formant des couches assez régulières. Les figures
9 et 10, qui représentent des excavations, faites dans le champ d'exercice
à Helpman , tout près de Groningue, sont beaucoup plus compliquées ;
la première est composée de trois profils qui forment ensemble un arc
de cercle. On y voit les diflérents éli'ments, stratifiés à la base, mais
contournés et entremêlés l'un dans l'autre d'une manière très bizarre.
Ce phénomène ne peut être expliqué qu'en admettant une force quelconque
qui aurait exercé une forte pression verticale et horizontale : la glace en
mouvement. En reliant ces profils avec d'autres, découverts en Néer-
lande, et connus en Allemagne, Angleterre, etc. on les trouve d'une
analogie parfaite avec ceux de la moraine profonde du grand manteau
de glace Scandinave.
Dans la figure 10 le sable 1 renferme dans sa partie supérieure des
masses argileuses irrégulières. Le „Steenbank" 2 (Banc à pierres) contient
souvent des fossiles magnifiques quoique fragiles, ce qui a longtemps
paru un fait inexplicable. On sait maintenant que ces coraux sont
silicifiés et ne sont devenus libres que par suite de la dissolution du
calcaire des erratiques qui les contenaient. L'épaisseur de ce ,.Banc à
pierres" varie entre 1 et 2 mètres.
M. Martin (Niederlaendische und Nordwestdeutsche Sedimentaerge-
schiebe) parle à plusieurs reprises du Hondsrug. Il cite la succession des
couches de sable, d'argile et d'en-atiques que M. Ali Cohen a démontrées,
mais combat avec raison sa coupe théorique, puisqu'elle ne peut être fondée
sur les profils obtenus. Il insiste sur la forme arrondie des galets, parmi les-
quels il n'en a point reconnu de forme subangulaire. Un fait assez important
CONTRIBUTIONS A L A. GÉOLOGIE DES PAYS-BAS. 92
que relève l'auteur, mais qui parait avoir échappé à l'attention de M. Cohen,
est la présence de pierres brisées. dont les fragments ont parfois été trouvés
à un mètre de distance l'un de l'autre. M. Martin en explique la for-
mation par la pression de glaçons sur la plage. La présence de ti-aces
de Balanides sur plusieurs des cailloux pourra être expliquée par une
retraite temporaire ou définitive du manteau de glace, pendant laquelle
la mer a envahi le territoire devenu libre.
Dernièrement, M. van Calker de Groningue a publié un traité sur
quelques coupures faites dans le Hondsrug à l'occasion du démantèlement
de la place fortifiée (,,Beiträge zur Kenntniss des Groninger Diluviums".
Zeits. der Deutsch-geol. Ges. XXXVL i884). Plusieurs de ces coupures
ont traversé l'argile de la moraine inférieure, dont on peut extraire
un sable bigarré, contenant des paillettes de mica et qui est souvent
riche en calcaire et constitue alors une marne. Un grand nombre d'erra-
tiques polis et striés , tant de roches plutoniennes que de calcaire silurien,
ont été trouvés en différents points. En vain M. van Calker a cherché
un bon profil montrant les différents terrains, pressés et enchevêtrés l'un
dans l'autre d'une manière distincte. Cependant l'arrangement des erra-
tiques , du sable et de l'argile à côté l'un de l'autre et les nids de gravier
dans l'argile, lui ont laissé peu de doute siir le caractère réel du sol.
On avait à faire à une moraine inférieure bien développée. M. van Calker
cite aussi les beaux profils dessinés par M. Ali Cohen, il y une quaran-
taine d'années, qui lui ont fait l'impre&sion d'appartenir à cette même
moraine. Pourtant il hésite à se prononcer sur cette matière, n'ayant
vu que les figures seules. I.a reste de la publication a rapport à une
description des roches représentées parmi les erratiques, pour laquelle nous
renvoyons à l'original.
Le Hondsrug se continue à travers la province de Drenthe. M. van
Calker a été dans l'occasion d'étudier une coupure de sa partie méridionale
à Nieuw-Amsterdam dans un canal des hautes tourbières (Zeits. der
Deutsch, geol. Ges. '1885. „Diluviales aus der Gegend von Neu-Amster-
dam"). II observa au-dessous de la tourbe une couche de sable fin,
d'épaisseur variable et dont la surface inférieure était ondulée, pliée
même, et formait parfois des protubérances dans l'argile qui se
trouvait en-dessous. Celle-ci était vert-jaunâtre et riche en blocaux ,
parfois de 1 à 2 m. en diamètre. Ces erratiques sont de nature différente,
appartiennent à des roches scandinaves et baltiques et sont souvent polis
et striés. Ce sont des Rapakivi d'Aland, des Dalaquartzites, des silex à
Ananchytes ovata, différents quartzites , des calcaires, des diabases et des
gabbros et naturellement surtout des granits et des gneiss avec des por-
120 CONTRIBUTIONS A LA CxÉOLOGIE DES PAYS-BAS.
phyros, parmi lesquels un „rhombenporphyr" des environs de Christiania.
M. van Calker y fait aussi mention d'une molaire de mammouth trouvée
dans le sable en 1884, en creusant pour la construction d'une écluse
à Nieuw-Amsterdam, non loin de Coevorden en Drenthe. Elle gisait
à 2 m. de profondeur dans le sable, qui est à son tour recouvert de
2 m. 70 de tourbe. L'auteur ne nous dit pas à quel sable nous avons
à faire, si c'est le Diluvium sableu.x: ou bien une partie du Diluvium
graveleux. M. Hartogh Heys van Zouteveen a soigneusement examiné
cette molaire (,,Nieuwe Drentsche Volksalmanak", 1885), et („Provùiciale
Drentsche en Asser Courant", 1884, N°. 226). 11 conclut que c'est la
cinquième molaire droite de la mâchoire inférieure; elle a 17c.m. de
haut, 28 c.m. de long et 10,5 c.m. de large; le plan de mastication est
de 21 c.m. sur 9,5.
Les observations de M. Ali Cohen, quoique relativement ancieunes,
sont les plus instructives pour la connaissance de la structure du Hondsrug.
Ses profils nous appreiment que l'argile à poterie est couverte par des
éléments plus grossiers, sable, gravier et erratiques, qui sont souvent
mêlés entre eux et avec l'argile. Celle-ci ne contient des cailloux et du
sable qu'à sa partie supérieure; il est donc pi'obable qu'ils n'y ont été
introduits que par suite de la pression de la glace quaternaire. Nous
réservons pour la partie suivante la discussion de l'âge relatif de cette
argile à poterie.
Les principaux Forages des Provinces
septentrionales.
En 1872 un forage profond a été exécuté dans le „Kruidlaan" à
Groningue, jusqu'à une profondeur de 113 mètres. Malheureusement
personne dans cette ville, siège d'une université et possédant un musée
minéralogique, ne paraît avoir conçu l'idée qu'il pourrait servir à quelque
chose de rassenibler des échantillons des terrains. Aussi M.M. van Calker
et Ali Cohen en s'^y établissant quelques années plus tard ne purent
obtenir aucun renseignement.
Il en est un peu autrement d'un second forage, exécuté en 1885 à
Zuidbroek. Nous n'avons pas pu en examiner les échantillons, qui n'ont
pas été conservés, et nous devons nous en rapporter par conséquent à
une petite note insérée dans la Nouvelle Gazette de Rotterdam du 18
Septembre 1885.
CONTRIBUTIONS A L A. GÉOLOGIE DES PAYS-BAS. 94
Selon cette note, l'argile à poterie s'étend depuis la surface jusqu'à
24 m. de profondeur; depuis là jusqu'à 33 m. elle est mélangée de sable,
qui la remplace et se continue jusqu'à 59 m. Ce sable est très fm et
est appelé „sable courant", à cause de sa mobilité quand il est trempé
d'eau. Entre 59 m. et 66 on a traversé un sable blanc plus grossier
et du gravier. En comparant ce résultat avec celui du forage d'Assen,
on voit quelque dilférence. Ici on a rencontré un sable quartzeux très fin
mêlé quelquefois de paillettes de mica ou de grains plus gros de quartz
blanc, de grauwacke et de lydite entre la surface (12 m. -f- A. P) et
19 m , entre 20,5 et 22,8, 27,8 et 28,5, 29,6 et 44, 44,8 et 48,5 m.;
les intervalles sont remplis par l'argile à poterie. T.e sable très fm alterne
ici plusieurs fois, ce qui n'est pas le cas à Zuidbroek ; c'est là une
irrégularité qui se présente souvent dans les dépôts stratifiés et qu'on
peut facilement expliquer par leur structure lentillaire.
Quant à la zone intermédiaire entre les deux Diluvia (la vallée du
Vecbt en Overyssel), le seul forage dont nous ayons eu connaissance est
celui de Dedemsvaart, exécuté en ^1868 et dont nous avons récemment
examiné les échantillons. Ce forage a atteint 32,5 m. de profondeur
et a traversé une série de sables plus ou moins grossiers ou graveleux,
bigarrés ou blancs, micacés ou non. Cette petite quantité de gravier
contient des cailloux de granit, de silex et de grès. Aucun des cailloux
ne dépassant 2 c.m. en diamètre, le gravier peut tout aussi bien être du
Diluvium sableux que du Diluvium glacial stratifié, Le seul résultat
géologique sur de ce forage est que ce n'est point le Diluvium Scandinave
qu'on y a rencontré et la question de la relation qui existe entre Diluvium
Scandinave et entremêlé n'en est pas plus avancée Sa profondeur peu
considérable est la principale cause de cette incertitude.
Des rapports plus détaillés sur ces deux derniers forages se trouvent
dans la ,,Nieuwe Drentsche en Asser Courant'' du 30 Septembre et du
2 Octobre 1885. Les résultats plus ou moins négatifs en sont heureusement
compensés par un autre forage très intéressant, exécuté en 1885—86
par la ,,Société d'Exploitation des Chemins de fer de l'Etat" à la station
de Sneek, forage qui jette en même temps de la lumière sur ceux d'Assen
et de Zuidbroek. Voici qu'elle est la répartition des terrains :
1, 0—1,5 m. Sable quartzeux, mêlé de beaucoup de glaise et contenant
des coquilles marines, Littorina littorea et Cardium edule.
2. 1,5—•14,5 m. Sable fm, grains de quartz hyalins, alternativement
plus ou moins grossiers; contenant parfois de l'argile, du calcaire
ou des matières tourbeuses. Un opercule de la Bythinia tentaculata,
trouvé à 6 m., des sporanges de Nitella et des valves de Cypris trouvés
.....
-ocr page 98-120 CONTRIBUTIONS A LA CxÉOLOGIE DES PAYS-BAS.
à 6, 10 et 13m., ainsi que de petits fragments de bois et de tourbe,
prouvent son origine iluviatile. Cependant un iragment de Cardium
edule à 6 m. de profondeur est une indication du voisinage de la
mer, qui l'a probablement entraîné pendant une inondation. Çà et
là se trouvent quelques rares petits cailloux de quartz.
3. 14,5—18,5 m. Sable à grains angulaires (0,5 m.m.), argileux et
calcarifère, contenant des cailloux de granit (0,5 c.m.), de calcaire
silurien, de silex, de gneiss, de quartzite micacé et plusieurs bryo-
zoaires isolés. Cette couche nous rappelle Vargile à blocaux et
nous considérons par conséquent le sable 2 plus récent comme consti-
tuant le Zanddiluvium et l'argile ou le sable argileux 1 comme
un dépôt ahuvial
4. 18,5—27,5 m. Sable quartzeux fm, parfois argileux, calcarifère dans
sa partie supérieure. Il contient des paillettes de mica et quelques
cailloux de quartz, de lydite et de silex. On trouve à 21 m. plusieurs
cailloux de 2 à 4 c.m. de silex, de quartzite micacé et de calcaire
gris silurien avec une Orthis (?) et des stries glaciaires distinctes;
à 22 et à 26 m., de petits fragments de calcaire gris et de feldspath,
et à 24,5 m., des bryozoaires isolés. Le rapport qui existe entre cet
étage et le précédent saute aux yeux. Pourtant le sable en soi a
un caractère tout différent: il est plus fm, moins rude; les grains
sont arrondis et émoussés, et c'est pour cette raison que nous voulons
le séparer du précédent et le considérer non comme la moraine
inférieure, mais comme un produit de lavage de cehe-ci, comme
une couche qui l'a précédée et en a été recouverte ensuite. Cette
couche représente ainsi ce que nous avons nommé ailleurs le „Diluvium
glacial stratifié".
5. 27,5—29,5 m. Sable quartzeux fin, gris brunâtre, calcarifère, presque
sans mica et ressemblant fort au précédent, auquel nous le ratta-
chons. Vers le bas, il devient plus argileux et passe ainsi dans la
couche suivante.
6. 29,5—32,5 m. Argile sableuse gris-brunâtre, micacée.
7. 32,5—55,5 m. Une série de couches de sable quartzeux, qui est
tantôt très fm et micacé, tantôt plus grossier. I.es grains de quartz
ne dépassent que rarement 1 m.m.; souvent même ils n'atteignent
qu'un dixième de ce diâmètre. Les couches supérieures contierment
un certain nombre de petits piquants d'Echinocardium cordatum,
qui prouvent leur origine marine. Pourtant de menus fragments de
bois et même quelques chatons de Betula alba encore reconnaissables
indiquent la présence de la terre ferme. C'est donc probablement
96 CONTRIBUTIONS A LA GÉOLOGIE BËS PAVS-BAS.
un dépôt de plage. Parfois le sable contient de petits cailloux
(0,5--1,5 c.m.) de quartz, grès, lydite, grauwacke, schiste, quart-
zite et silex. Quelques autres, savoir un petit caillou de granit et
un autre de feldspath (45,5 et 46,5 m.) nous reportent à la Scan-
dinavie. Cependant leur extrême rareté n'implique pas la présence
du „Diluvium préglacial". On conçoit facilement qu'un sable marin,
dépôt de plage probablement, puisse s'amasser sans subir l'influence
du glacier Scandinave quaternaire, et être composé entièrement
d'éléments apportés du sud et que pourtant quelques rares et menus
fragtnents d'origine éloignée s'y introduisent par hasard. Tel a été
le cas de ces menus cailloux de granit et de feldspath, qui sont
probablement venus Hotter sur des glaçons très petits et peuvent
avoir fait ainsi un voyage assez considérable. Le caractère du dépôt
n'en est pas modifié. Vers le bas, les couches de sable grossier
deviennent plus fréquentes, et même entre 52 et 52,5 m. on peut
parler d'un véritable gravier, contenant des cailloux de 0,5 c.m, et
même de 1,5 c.m. Presque tous ces cailloux sont des quartz blancs,
accompagnés de quelques lydites et grauwackes,
8. 55,5—57 m. Sable très grossier et gravier. Mêmes roches rhénanes
que les précitées. Diluvium préglacial incontestable. Beaucoup de
cailloux atteignent 2 et 2^ c.m. ; les quelques silex noirs sont pro-
bablement d'origine méridionale, comme ceux du forage de Zeist.
9. 67—60m. Glaise noire, mêlée avec un peu de sable.
10. 60—63 m. Gravier rhénan comme le précédent, mêlé de sable grossier
et de glaise noire. Les cailloux sont pourtant moins nombreux et
ne dépassent point 2 c.m.; un seul atteint 3 c.m.
11. 63—111,5 m. La même glaise noire, très plastique, calcarifère. Çà
et là quelques petits cailloux de quartz, etc. mesurant tout au plus
1 c.m. La couleur noire, n'étant due qu'à des matières organiques,
est d'une intensité inégale. Parfois même la glaise est grise.
12. 111,5—118,5 m. Argile gris-clair, mêlée d'un sable très fm et de
paillettes de mica.
13. 118,5—132 m. La même argile passant en sable argileux par la
proportion croissante des grains de quartz, qui augmentent vers le bas.
Nous avons rapporté la couche 7 au ,,Diluvium préglacial", le terme
le plus ancien du Quaternaire néerlandais que nous connaissions. Les
couches 8 à 10, dont la dernière est graveleuse, y appartiennent par
conséquent aussi. Nous ne voyons pour le moment aucune raison d'ac-
corder à la glaise noire (11—13) un âge tertiaire, et considérons le
dépôt en son entier comme quaternaire.
i" "
> A 1
120 CONTRIBUTIONS A LA CxÉOLOGIE DES PAYS-BAS.
En comparant le forage de Sneek avec ceux d'Assen et de Zuidbroek,
on voit la célèbre argile à poterie (la glaise noire) s'étendre à Sneek
de 14'1,5 à 63 et de 60 à 57 m. au-dessous de la surface. Si l'on veut
y rattacher l'argile gris-clair, qui n'en diifère pas beaucoup, elle s'étend
jusqu'à 448,5 m. de profondeur. Elle ne renferme qu'une couche de
gravier sableux entre 63 et 60 m. et est recouverte par 57 mètres de
dépôts principalement sableux. Ceux-ci appartiennent en partie au Dilu-
vium préglacial, en partie au Diluvium glacial, y compris la moraine
inférieure, et en partie au Diluvium sableux (Quaternaire postglacial).
A Assen, l'argile à poterie se rencontre aussi, mais ne forme que des
couches peu épaisses qui alternent avec un sable quartzeux très fin, conte-
nant quelques petits cailloux. Comme il n'y a aucune trace de roches scan-
dinaves, nous considérons tout le terrain perforé comme appartenant au
Diluvium préglacial. Le forage de Zuidbroek nous présente un- cas assez
analogue : l'argile à poterie repose sur du sable qui devient plus grossier
vers le bas et passe en gravier entre 59 et 66 m. de profondeur. Pour
nous, il n'y a aucun doute que ce gravier n'est que du gravier rhénan
et que tout le terrain perforé est ici encore du Diluvium prégacial.
Le résultat de la comparaison de ces trois forages est ainsi en parfait
accord avec ce que nous avons aussi trouvé ailleurs ; la moraine inférieure
ne s'est pas déposée sur les hauteurs, mais dans les terrains plus bas;
les hauteurs au contraire appartiennent à un étage du Quaternaire plus
ancien. Ainsi à Zuidbroek le Quaternaire préglacial vient à la surface
(± 2 m. H- A. P.), ainsi qu'à Assen (12 m. + A. P.), tandis qu'à Sneek
l'argile à blocaux reste à une distance de 15 m. de la surface, (± 13 m. —
A. P.); la couche de Sneek qui correspond probablement â la surface
d'Assen et de Zuidbroek se trouve à 27,5 m. — A. P. (argile, couche 6).
L'Ile de Tessel.
Cette île, dont le noyau est composé, selon Staring, du Diluvium
Scandinave, ne nous a fourni .que très peu de données nouvelles. Le seul
profil que nous ayons pu y découvrir est celui d'une petite sablière d'une
colline située à l'O.N.O. du village d'Oude Schild et au S.E. de celui
de Den Burg. La partie découverte était entièrement sableuse. Le sable
ne contenait que très peu de pierres, surtout dans la partie supérieure.
La plus grande était un bloc irrégulier de quaitzite, mesurant 3 d.m.
en diamètre. ï..a plupart étaient plus ou moins arrondies, mais ne
43
-ocr page 101-98 CONTRIBUTIONS A LA GÉOLOGIE DES PAYS-BAS.
montraient point de polis ou de stries, puisqu'elles étaient décomposées
à un certain degré. Les roches étaient d'abord des silex noirs et opaques
ou plus clairs, bruns, translucides et remplis de bryozoaires, puis des
quartzites et des grès de différente couleur, un porphyre-felsite noir et
très dur, un autre porphyre couleur de chair, différentes variétés de
granit, généralement très décomposé , du syénite-granit et du gneiss.
Le quartz blanc manquant entièrement, nous avons probablement devant
nous le Diluvium Scandinave, quoique plusieurs des quartzites et des
grès soient peut-être d'une origine méridionale.
La sablière a une profondeur de 7 m., 5, dont seulement les 3 m.
supérieurs sont bien visibles; nous en avons donné la figure 17, pl. IIL
La partie supérieure est constituée par un sable gris-clair, contenant
beaucoup de fragments de coquilles, et ayant été apporté par l'homme
pour améliorer le sol. Elle a une épaisseur de 20 c.m. et repose sur
15 c.m. de sable, rendu noir par la terre végétale. La majeure partie
du reste est composée d'un sable fin, jaunâtre, un peu ferrugineux (3).
Parfois l'hydroxyde ferrique s'est concentré en plaques durcies, très
irrégulières. On y voit enfin une semblant de stratification verticale, qui
fait penser à un dérangement des couches.
A côté de ce sable jaunâtre, on en découvre un autre qui est grisâtre,
un peu plus grossier et argileux. Il est en conséquence plus compacte,
et forme des masses irrégulières et bizarres, protubérantes. Deux de ces
masses (4) dont l'une est ovale, s'aperçoivent au premier coup d'oeil et
se terminent en haut d'une manière ti'ès curieuse. Elles y forment plu-
sieurs digitations dans le sable jaunâtre. Il nous semble que la manière
la plus naturelle d'expliquer ce phénomène est d'admettre que cette
colline est un vestige d'une moraine profonde, composée de sable.
En différents endroits de l'île nous avons observé des erratiques assez
volumineux de granit et de quartzite. On ne put nous dire s'ils avaient
été tirés du sol, et cela nous paraissait aussi peu probable, puisque les
paysans avaient attache aux filets, couvrant leurs feriils, non des pierres
naturelles, mais des briques ou même des tuiles, preuve que les premières
sont bien rares dans le sol de cette île.
Ils y ont probablement été apportés du continent pour fortifier les
digues, dont ils auraient été enlevés pour servir de bouteroues.
120 CONTRIBUTIONS A LA CxÉOLOGIE DES PAYS-BAS.
Chapitre VII. Comparaison du Diluvium entremêlé et
du Diluvium Scandinave. Récaputilation.
Nous nous rappelons les différences que Staring a remarquées entre
ces deux divisions: l'absence de roches rhénanes, principalement de
cailloux de quartz blanc, et la plus grande abondance de roches pluto-
niennes scandinaves dans la seconde. Celle-ci contient en outre loca-
lement (à Groningue et à Urk, mais en moindre quantité) une abon-
dance de calcaires siluriens et de silex qui sont probablement d'âge
crétacé et qui remplacent les quartz blancs du Diluvium rhénan.
Or, M. Martin prouvé que cette différence n'est pas tout à fait absolue,
puisqu'il a trouvé parmi les roches du „Lochemerberg" plusieurs fossiles
des Formations silurienne et crétacée de la Baltique qui ne sont donc
pas uniquement propres au Diluvium Scandinave. Il fait aussi mention
de blocs de grès à Spirifères trouvés dans les provinces de Groningue et
de Frise. L'extrême rareté de ces derniers dans nos provinces septentrionales
est pour nous un motif de ne pas changer les divisions de Staring,
d'autant plus que selon notre manière de voir, on peut s'attendre à trouver
quelque part dans le nord de notre pays des traces du Diluvium rhénan.
Nous avons aussi trouvé de ces traces, savoir quelques cailloux de
quartz blanc, à Steenwijk (pag. 88), et quelques autres près de Zuid-
wolde dans la province de Drenthe à côté de la route de Hoogeveen.
Dans les différentes localités du Diluvium Scandinave que nous avons
visitées nous-même, comme le „Voorst" de Vollenhove, Steenwijk, le
„Roode Klif" à Stavoren et l'île d'Urk, ou dans celles dont nous possédons
un profil géologique, comme le „Hondsrug" de Groningue, nous avons
d'abord remarqué la plus grande épaisseur de la moraine inférieure
(surtout à VoUenhove). Elle s'y compose principalement d'une argile
sableuse avec un grand nombre de blocs volumineux et bien striés. A
Steenwijk on n'a, ainsi qu'à Urk, que l'embarras du choix pour se pro-
curer les plus belles stries glaciaires. La moraine inférieure du Diluvium
entremêlé diffère notablement; elle est généralement sableuse, les blocs
striés y sont plus rares et l'épaisseur du dépôt est bien moindre; elle
s'exprime en décimètres, tandis que dans le nord de notre patrie elle a
souvent une épaisseur de^ plusieurs mètres. Aussi étions nous tenté de
paralléhser cette moraine avec celle de la dernière extension du manteau
de glace qui n'aurait pas dépassé la latitude de la petite rivière du
Vecht en Overyssel. Elle aurait été ensuite partagée par l'érosion de
l'eau courante et de la mer en nombre de coUines séparées comme
celles de Tessel, de Wieringen et d'Urk, le „Roode-" et „Mirdumer
CONTRIBUTIONS A L A. GÉOLOGIE DES PAYS-BAS. 100
Klif", la colline de Koudum en Frise, le ,,Hondsrug", etc. Plus tard
la mer a déposé du sable et de l'argile dans les parties basses et les
a reliées ainsi entre elles.
Quant au Diluvium entremêlé, nous avons voulu en paralléliser la
partie supérieure avec Vargile à hlocaux inférieure des Allemands. Elle
devrait ainsi s'étendre au-dessous du Diluvium Scandinave, ce qui serait
assez difficile à démontrer. Nous avons essayé de trouver quelque indi-
cation d'une pareille superposition en examinant les deux divisions à
l'endroit où elles se rapprochent le plus l'une de l'autre, c'est à dire
aux deux côtés du Vecht. Nous y avons vu d'abord le ,,Lemelerberg"
en Overyssel. Staring a dit quelque part que sa partie septentrionale
est couverte presque exclusivement de silex; sa partie méridionale au
contraire de quartz blancs. Cela ferait supposer une limite nette entre
les deux Diluvia. En visitant la colhne, nous avons fait spécialement
attention à ce fait, mais nous n'avons pu découvrir aucune différence
réelle. La colhne est du D. e. bien typique et ressemble à toutes les
collines élevées et un peu escarpées de ce territoire; les roches scandi-
naves y sont représentées (mais rien de plus), la moraine inférieure a
disparu (où ne s'est pas développée) pour la plus grande partie et on
ne voit presque rien que des cailloux rhénans. Le ,,Bestmer Berg",
situé plus au nord, et le versant septentrional de la grande colline
d'Ootmarssum, non loin de Hardenberg, présentent absolument le même
aspect; on y est décidément dans le D. e. Ensuite, ayant traversé la
grande vallée du Vecht, en allant à Hardenberg, puis par Dedemsvaart
à Zuidwolde en Drenthe, nous avons vu le terrain s'abaisser, puis s'élever
graduellement. La partie la plus basse est la vallée tourbeuse du ,,Reest",
au nord de laquelle ou traverse une zone de Zanddiluvium qui monte
graduellement et passe imperceptiblement dans la colline de Zuidwolde,
près de l'école à côté de la chaussée. La bruyère de cette élévation
ne contient que des roches scandinaves portant souvent de belles stries
glaciaires. Les trous à gravier creusés çà et là montrent un sable in-
stratifié, plus ou moins limoneux, qui renferme des erratiques sans
aucune régularité. C'est donc encore la moraine inférieure. Entre Zuid-
wolde et Hoogeveen, le terrain monte régulièrement et la couche supé-
rieure a exactement la même structure. Nous ne doutons ainsi nullement
que les cinq petits cailloux de quartz blanc, trouvés au nord de Zuid-
wolde, n'aient fait partie de la m. i, ainsi que les rares cailloux de la
même roche, trouvés à Steenwijk (pag. 88). D'où sont ils venus, ainsi
que le grès à Spirifères de la Groningue, mentionné par M. Martin (pag. 6)?
La seule solution qui nous paraisse possible est d'admettre qu'ils ont
SitlioUrôeK
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CONTRIBUTIONS A LA GÉOLOGIE DES PAYS-BAS. 101
fait partie du sol avant la glaciation et qu'ils ont été introduits ensuite
dans la m. i. Il y aurait ainsi des lambeaux du Diluvium rhénan cachés
dans le sous-sol de la Groningue, de la Frise et de la Drenthe; mais
il reste à décider s'ils y sont d'un âge pré- ou interglacial.
En discutant la question qui nous ocupe, il ne faut surtout pas perdre
de vue combien la composition de la m. i. dépend de celle du sous- sol
et en laisse transparaître, pour ainsi dire, les éléments. Quant celui-ci
est sableux ou argileux , la m. i. le sera naturellement aussi, puisqu'elle
absorbe une partie de ses éléments, et les roches que le glacier a
apportées de loin y seront presque les seules; elle aura le caractère
essentiel du D. se. Quand, au contraire, le sous-sol, le D. préglacial,
est très graveleux et contient une grande masse de cailloux de quartz
blanc, etc. venus du sud, cette même m.L en aura absorbé une quan-
tité notable et les silex, etc. seront plus ou moins repoussés. L'aspect,
le caractère de la m. i. pourra ainsi être assez différent dans deux
endroits peu éloignés, sans qu'on ait à faire pour cela à deux moraines
différentes. Nous en avons vu la preuve nous-même, étant à Enschedee,
où les quartz blancs etc. manquent presque complètement, de sorte
qu'on se croirait transporté dans le D. se. Plus au nord, à Ootmarssum,
ils apparaissent de nouveau, puisque le sous-sol y est graveleux, ce qui
n'est pas le cas à Enschedee (cf. pag. 62).
Il y a pourtant un argument important en faveur de notre première
hypothèse, c'est la présence de calcaires siluriens du D. se., surtout
dans le Hondsrug. Il est actuellement démontré qu'ils sont venus de
la Baltique, de l'île de Gothland, etc. Ces calcaires ne manquent pas
absolument dans le D. e. ; ils y'sont cependant extrêmement rares,
tandis que les granits et d'autres roches cristalhnes, dont l'origine doit
être cherchée en Scandinavie, y sont très fréquents. Or, il est connu
que les géologues allemands et scandinaves distinguent deux systèmes de
transport glaciaire, selon la direction des stries sur les roches solides.
Le plus ancien, nommé „Courant Scandinave ou suédois", allait de la
Suède moyenne vers la partie occidentale de l'Allemagne du Nord et
avait ainsi une direction au sud-ouest. Le plus récent, le „Courant
haltique^' suivait une direction occidentale et apportait ainsi probable-
ment les calcaires siluriens du Gothland, etc.
En tout cas, la moraine inférieure de notre Diluvium entremêlé est
la plus ancienne, puis qu'elle repose, comme nous l'avons démontré,
sur un Diluvium préglacial, entièrement privé de roches scandinaves.
Nos excursions sur la limite des deux terrains n'ont pas eu de résultat
par rapport à cette question, non plus que le forage peu profond de
CONTRIBUTIONS A L A. GÉOLOGIE DES PAYS-BAS. 102
Dedemsvaart dans la zone intermédiaire. Autrefois M.M. Berendt et Meyn
ont fixé l'attention sur la grande tranchée de Steenwijk, quoique dans
un autre but. Nous ne croyons point du tout qu'on y retrouve plus
tard une moraine inférieure plus ancienne; c'est le forage de Sneek.
(pag. 94) qui a pour nous décidé la question. Il est descendu jusqu'à
une profondeur de 132 m. et au-dessous de la moraine inférieure il n'y
a pas de trace d'une seconde. Les graviers perforés ne s'y composent
que de roches rhénanes, de même que dans le Diluvium entremêlé.
Nous considérons donc la moraine inférieure du Diluvium Scandinave
et celle du Diluvium entremêlé comme n'en formant qu'une seule, dont
le caractère différent doit être attribué en premier lieu à la nature du
sous-sol et ensuite à la plus ou moins longue durée de la présence de
la glace,
M. Klockmann („Die südliche Verbreitungsgrenze des oberen Geschiebe-
mergels". Jahrbuch der kön. preuss. geol. Landesanstalt. 1883) a essayé
de fixer la limite de la dernière glaciation d'après le caractère pétro-
graphique de sa moraine inférieure. Il tire, des données peu abondantes du
nord-ouest de l'Allemagne, la conclusion que cette moraine n'a pas
franchi le cours actuel de l'Elbe et du Havel. Tout le Hanovre, la
Westphalie et les Pays-Bas n'auraient par conséquent été couverts qu'une
seule fois. Nous avons vu que le résultat de nos propres recherches est
en accoi'd avec celles de M. Klockmann pour ce qui concerne notre patrie.
M. Penck, au contraire, tire beaucoup plus loin la limite de la seconde
ou dernière glaciation („Mensch und Eiszeit", Archiv für Anthropologie,
XV, 1884) et l'identifie à peu près avec celle du Diluvium Scandinave
et de l'entremêlé de Staring. C'était d'abord notre idée aussi, dont nous
sommes complètement revenu.
Dernièrement, le géologue suédois G. de Geer (,,Ueber die zweite
Ausbreitung des skandinavischen Landeises", Zeitschr. der Deutschen
geol. Gesells. 1885) s'est aussi déclaré en faveur de l'extension de la
seconde glaciation jusque dans la province de Groningue, à raison des
trouvailles d'erratiques de la Baltique, auxquelles M. Wahnschaffe, qui
a traduit en allemand l'article sus-nommé, joint la trouvaille du Rap-
pakivi d'Aland. Cependant M. de Geer s'efforce de démontrer à plusieurs
reprises la faiblesse de ce Courant baltique en comparaison du Courant
Scandinave plus ancien. Selon lui, le premier n'aurait eu qu'une épaisseur
de 160 à 200 m. près de l'île de Gothland, de 120 m. près de l'île de
Bornholm et moins de 200 m. près des collines de Kinnekulle et de
Bilfingen en Scanie. Ce courant aurait éprouvé trop de résistance en
Finlande et aurait par conséquent suivi le trajet plus commode de la
contributions a la géologie des pays-bas. 125 ij
Baltique, où il aurait été plus ou moins supporté par l'eau de la mer.
C'est aussi cette faiblesse, sur laquelle il revient* si souvent, du Courant
baltique qui nous empêche de croire qu'il se soit étendu jusqu'en Gro-
ningue. Il aurait dû vaincre pour cela un fi-ottement beaucoup trop grand.
Provisoirement nous ne voulons pas encore proposer de changements
aux divisions de la carte géologique de Staring, quoique nous les fon-
dions sur des principes un peu différents. Les parties les plus anciennes
du Quaternaire sont le Diluvium moséan et rhénan et le D. westphalien
du sous-sol d'Overyssel. Nous définissons ces terrains comme ceux où
les restes d'une moraine inférieure manquent complètement, quoique la
présence de cailloux et d'erratiques scandinaves isolés ne soit pas exclue.
Le Diluvium moséan comprend les provinces du Brabant et du Limbourg
et n'est que la continuation du Campinien de M. Van den Broeck ou du
„Dépôt à silex et cailloux roulés de Dumont. Le Diluvium rhénan en est
l'équivalent pour le Rhin; actuellement nous croyons qu'il devra être
rayé de notre carte géologique et que le Diluvium entremêlé se continue
encore assez loin en Allemagne, peut-être jusqu'à Wesel ou au delà.
Nous n'avons pas encore suffisamment poursuivi nos recherches dans cette
direction. Dans le sous sol ce Diluvium rhénan s'étend assez loin dans
notre patrie ; nous l'avons constaté à Maarn , sur toute la Veluwe, jusqu'au
Vecht d'Overijssel (Ootmarssum, Lemeler Berg) et même par le forage
de Sneek. Il est recouvert en théorie par le Diluvium entremêlé (stratifié
ou non), quoiqu'en réalité il occupe peut-être plus de terrain que celui-ci.
Nous ne croyons pas qu'il soit possible dans la pratique d'indiquer sur
la carte leur relation qui est trop accidentée. Le Diluvium Scandinave
ne serait selon nous que la continuation directe du Diluvhim entremêlé,
avec cette différence seule que le premier ne repose pas sur des graviers
rhénans et n'en a par conséquent pas absorbé les éléments dans sa moraine
inférieure, ce qui est bien le cas avec le Diluvium entremêlé. Dans l'un
et l'autre des territoires, on peut distinguer trois étages, dont le plus
ancien (préglacial) vient souvent à la surface (Assen, Zuidbroek, etc.).
Le Zanddiluvium de Staring est une formation beaucoup plus récente
qui va nous occuper bientôt.
CONTRIBUTIONS
A LA
PAR
LE DILUVIUM PLUS RÉCENT OU SABLEUX ET
LE SYSTÈME EEMIEN.
itHStaM
Chapitre L Les Recherches sur le Système Eemien (Harting).
Un des écrits géologiques du professeur Harting à Utrecht est inti-
tulé : „De Bodem onder Amsterstam onderzocht en beschreven" (Le Sol
sous Amsterdam examiné et décrit) et forme une partie des „Verhan-
delingen der Eerste Klasse van het Koninklijk-Nederlandsche Instituut,
1852." Il y décrit les terrains rapportés par sept forages assez profonds,
exécutés à Amsterdam entre 1837 et 1852, sous l'Orphelinat luthérien,
le Nouveau Marché, l'Ile-Bikkers, le Marché du Nord , le Quai des Fleurs,
le Quai des Lauriers, et le „Passeerdergracht." Nous ne voulons copier
ici que les principaux résultats géologiques en renvoyant pour les détails
à la monographie elle-même.
M. Harting réunit les couches traversées en deux systèmes, savoir:
la Formation supérieure ou de glaise et de sable argileux et la Formation
inférieure ou sableuse. En descendant depuis la surface du sol on tra-
verse d'abord la couche remaniée qui a une épaisseur entre 4,5 et
1,75 m. Vient ensuite une couche de tourbe, épaisse de 0,75 à 3,50 m.
C'est, comme on pouvait s'y attendre, dans la partie inférieure que
la structure végétale a le plus complètement disparu. Sous cette
tourbe on rencontre la Formation d'argile et de sable argileux
proprement dite, dont l'épaisseur est beaucoup plus considérable et
varie entre 35 et 57 m. (48 m. en moyenne). Sa limite inférieure
contributions a la géologie des pays-bas. 125 ij
balance entre 37 et 61 m. — A. P. (niveau d'Amsterdam) et est en
moyenne de 53 m. M. Harting y distingue dix couches alternantes
(1. c. pag. 32) de glaise, de sable et de sable argileux contenant une
certaine quantité de calcaire. L'épaisseur de ces différentes couches varie
naturehement dans certaines limites.
M. Harting énumère ensuite les éléments minéralogiques des couches ;
le sable y est composé principalement de grains de quartz, hyalins en
général et d'un diamètre de 0,05—3 m.m.; un petit nombre en est coloré.
A ces grains s'en joignent d'autres de lydite, etc., ainsi que des paillettes
de mica qui sont assez nombreuses.
Les restes animaux sont ceux de mollusques, que nous traiterons
séparément, et ceux de foraminifères. Le règne végétal y est représenté
par un certain nombre de diatomées, qui se trouvent surtout dans une
couche d'argile spéciale, appelée par M. H.: „Argile à Diatomées".
Après avoir traité en détail les différentes couches, leur composition
minéralogique et la distribution des restes organiques qu'elles contiennent,
»
l'auteur passe à la partie inférieure des terrains traversés, à la ,,Formation
sableuse".
C'est presque exclusivement au forage le plus profond, celui du Nouveau
Marché, qui est descendu jusqu'à 172,5 m., que nous devons ce que nous
savons de cette formation. Elle se compose presque entièrement de sable
plus ou moins fm, gris ou gris-jaunâtre et d'autant plus foncé qu'il est
plus grossier. M. Harting distingue dans ce sable plusieurs couches qui
diffèrent dans le diamètre des grains. Celui-ci varie entre 0,05 et 2 à 4 m.m.;
de temps à autre on a rencontré de véritables cailloux, mesurant de
2 à 3 et même 4 c.m.
Le sable proprement dit se compose de grains qui sont presque tous
hyalins et en général un peu moins arrondis que ceux de la Formation
supérieure, mais n'en diffèrent pas autrement. Les grains grossiers qui
passent en cailloux sont blancs et plus ou moins transparents. Il s'y
joint une certaine quantité de paillettes de mica, de grains de lydite,
de quartzite, de calcaire, etc. Nous voulons relever surtout la présence
de fragments de roches plutoniennes, nommément de syénite à 60 m.,
mesurant 15 et 30 à 40 m.m., ensuite de plusieurs fragments de feldspath
(labradorite?), trouvés à 57, 94, 115, 119,122,123,130,143 et 145 m.,
et de porphyre, à 119 et 121 m. Les restes animaux manquent abso-
lument dans cette formation; des fragments de bois humifié ont été
trouvés à plusieurs profondeurs. C'est pour cette raison et à cause de
sa profondeur, de son épaisseur et de sa ressemblance avec les terrains
rapportés par le forage de Zeist, que M. Harting rapporte cette formation
contributions a la géologie des pays-bas. 125 ij
sableuse au BUuvium. La B'ormation supérieure des couches alternatives de
m
sable et de glaise se serait déposée pendant la dernière partie de la Période
diluviale et le commencement de la Période alluviale ou récente. Elles consti-
tueraient une partie du delta de la Hollande Septentrionale et Méridionale.
Plusieurs années avant le mémoire de M. Harting parut dans les
,,Nieuwe Verhandelingen der Eerste Klasse van het Koninklijk Nederlandsch
Instituut", VIII, 1840. un rapport sur le forage du Nouveau Marché à
Amsterdam dans lequel l'histoire du forage est communiquée avec une
liste des terrains rapportés et une détermination provisoire des fossiles.
Staring (B. v. N. L pag. 301) dorme aussi une description du sous-sol
d'Amsterdam, dans laquelle il se base sur les recherches de Harting.
Il rapporte toutes les couches coquillères à la partie ancienne de la
Formation alluviale, dont il trace la limite avec la Formation quaternaire
à une profondeur de 50 à 60 m. (L c. II, pag. 131).
Par un forage fait en 1852 dans la petite ville de Purmerende, au
nord d'Amsterdamdes fossiles tout à fait semblables ont été retrouvés
à une profondeur à peu près égale, mais ils ne semblent pas avoir été
l'objet d'un examen spécial. Nous en avons entrepris la détermination,
dont nous donnerons plus loin les résultats.
Depuis l'apparition de l'ouvrage de Staring, il ne paraît avoir été rien
publié sur ces fossiles jusqu'en 1874 (Vei-slagen en Mededeelingen der
Koninklijke Akademie van Wetenschappen. Tweede Reeks VIII, et Ar-
chives Néerlandaises X, 1875), année où Harting fixa l'attention sur une
serie de forages faits dans la Vallée gueldroise aux environs d'Amersfoort.
Selon cette publication le premier forage qui produisit des coquilles en
assez grand nombre, fut fait en 1873 (Croockewit). D'autres suivirent
assez rapidement, autant dans la ville même qu'aux environs ; p. e. près
de Woudenberg en 1873 ou 1874, à Barneveld, à Putten sur la Veluwe.
Tous ces forages eurent ceci de commun, qu'on rencontra d'abord plu-
sieurs couches de sable avec quelques petits cailloux et parfois de la
tourbe, pour arriver ensuite à une couche d'argile grise, d'épaisseur
inégale, sous laquelle se trouvait toujours la couche coquillère, composée
d'un sable grossier avec des cailloux et une grande quantité de restes
de mollusques. Sous cette couche on trouve souvent le sable diluvien
avec des fragments de granit, reconnu comme identique avec celui des
collines à l'est et l'ouest de la Vallée gueldroise. Sous ce sable se trouve
à une profondeur de 43,5 m. sous Amersfoort une seconde couche d'argile,
également considérée comme diluvienne. Les fossiles rapportés sont pré-
cisément les mêmes que ceux trouvés sous Amsterdam (B. o. A. Pag. 66).
Ces coquilles ayant été découvertes dans la vallée de la petite rivière de
CONTRIBUTIONS A LA GÉOLOGIE DES PAYS-BAS. 107
l'Eem, M. Harting a donné à l'ensemble de ces couches le nom de
„Système Eemien".
Celles qui furent trouvées à Amersfoort sont, d'après sa détermination :
Nassa reticulata, Littorina littorea, Cerithium lima, Ostrea edulis,
Mytilus edulis. Venus rotundata, Trigonella plana et Mactra solida.
Dans sa dernière pubhcation (Versl. en Meded. IX, 1876), M. H, cite
un forage exécuté à Barneveld qui a produit les mêmes fossiles dont il
relève l'absence totale sous la ville d'Utrecht. Il en tire la conclusion
que le sol sous Utrecht était déjà à sec à l'Epoque Eemienne.
M. H., en entrant à cause de son âge avancé dans un repos bien
mérité, a eu la complaisance de me confier la continuation de son ouvrage.
J'ai réuni les fossiles dispersés d'Amersfoort, de Barneveld, etc., retrouvé
ceux des forages d'Amsterdam et, par une correspondance détaillée avec
une série de municipalités et d'autres autorités de la Vallée gueldroise,
j'ai réussi à étendre la collection et à joindre plusieurs communes à
celles où M. Harting avait déjà démontré la présence du Système
Eemien. Actuellement la limite orientale traverse les communes suivantes :
Putten (Vanenburg), Nijkerk, Voorthuizen, Barneveld, Renswoude, Ede
(hameau d'Ederveen et barrière près de la station de Veenendaal).
La limite méridionale de la couche coquillère n'est pas encore exac-
tement connue; nous savons cependant que cette couche ne se trouve
plus entre Reenen et W^ageningen, et voici pourquoi. Aux points les
plus méridionaux où elle a été rencontrée, elle se trouve aux profondeurs
suivantes sous A. P.: Amersfoort 11m., Pont du Chemin de fer de l'Etat
sur le ruisseau de Lunteren 14,5 m., Scherpenzeel 14 m., Treek entre
Leusden et Woudenberg 13 m., Intersection des Chemins de fer de l'Etat
et Rhénan près de Veenendaal 6,5 m., Ederveen près de la station de
Veenendaal 10,5 m. Le niveau de la couche est donc un plan ondulé,
dont la profondeur varie entre 15 et 6 m. — A. P. On devrait ainsi
s'attendre à le retrouver à cette profondeur, mais on sait par des forages
entre Wageningen et Reenen (de Grebbe) que ni à l'ouest de la première
ville jusqu'à une distance de 1 k.m., ni entre la Grebbe et le Rhin il
n'en a été question, quoiqu'on ait atteint des profondeurs de 28, 11
et 24 m. sous A. P. Provisoirement il faut donc considérer le Chemin
de fer Rhénan comme la limite méridionale.
La limite occidentale actuelle va par Scherpenzeel, Woudenberg, le
Treek, propriété de M. de Beaufort, entre Woudenberg et Leusden, à
Amersfoort et de là, par Hoogland et Baarn à Eemnes Buiten. Outre
ces localités la présence de la couche coquillère a été constatée à Wou-
denberg, Dijkhuizen et Spakenburg (comp. Pl. I).
14*
-ocr page 111-contributions a la géologie des pays-bas. 125 ij
Entre Eemnes-Buiten et Amsterdam il y a maintenant encore une
lacune à combler et il est presque certain que les forages Norton en
rapporteraient aussi les coquilles connues, si les autorités locales voulaient
seulement se donner la petite peine de faire attention aux terrains tra-
versés et de prendre quelques simples mesures. Ma correspondance avec
ces autorités n'a pas eu de résultat pour le moment.
Au delà d'Amsterdam, c'est à Alkmaar que j'ai eu le bonheur de
retrouver quelques traces du Système Eemien, dans deux échantillons
de sable avec des fragments encore reconnaissables de Nassa reticulata,
de Tapes virgineus, de Cardium edule, quelques radioles d'Echinocardium
cordatum et des cailloux de diorite et de granit. On peut donc accepter
comme démontré que le Système Eemien se rencontre encore ici, ce qui
est bien d'accord avec la découverte faite à Tessel par M. Harting en
1875 d'un exemplaire roulé de la grande variété de Tapes virgineus.
Cette variété, qu'on ne retrouve plus sur nos côtes, est un des fossiles
caractéristiques du Système Eemien, qui s'étend ainsi probablement encore
sous cette île. Selon M. H. les courants sous-marins en auraient détruit
une partie, les coquilles s'en seraient isolées et mêlées avec des coquilles
vivantes, qui auraient été retirées ensemble de la mer par les dragues.
Cette hypothèse nous paraît très acceptable, un phénomène pareil ayant
été constaté dans la Mer d'Irlande. Des coquilles ont aussi été trouvées
à Schermerhorn à 50 m. de profondeur, de sorte que la continuation
de la couche sous la Hollande Septentrionale est actuellement démontrée.
Avant de discuter les relations stratigraphiques et l'âge relatif du Système
Eemien nous allons donner l'énumération des espèces trouvées.
Plusieurs étant identiques avec celles des forages d'Utrecht, etc. nous
n'avons pas répété la littérature en tête de la description de ces espèces.
Chapitre II. Description des Fossiles du Système Eemien.
Les ouvrages mentionnés dans ce chapitre sont:
1784. Chemnitz. Neues systematisches Conchyliëncabinet, VIL
4843. Brocchi. Conchologia Subappennina, IL
1845. Agassiz. Iconographie des Coquilles tertiaires, etc. Nouveaux
Mémoires de la Société helvétique des Sciences natu-
relles. Tome VIL r
1848. Wood. Crag Mollusca, L Paleontographical Society. i
contributions a la géologie des pays-bas. 125 ij
1850. Reeve. Conchologia Iconica, VI.
1852. Forbes. Echinodermata of the British Tertiaries. Paleontogra-
phical Society.
1853. Harting. Bodem onder Amsterdam. Cf. Pag. 104.
1856. Wood. Crag Mollusca, II. Paleontographical Society.
1858. Busk. Quarterly Journal of the Microscopical Society, VI.
1859. Busk. A Monograph of the fossil Polyzoa of the Crag. Pa-
leontographical Society.
1861—1869. Jeffreys. British Conchology, I—V.
1864. Reeve. Conchologia Iconica, XIV.
1870. Herklots. Weekdieren van Nederland.
1872. Wood. Searles V. Wood. Crag Mollusca. Supplement I. Pa-
leontographical Society.
1874a. Harting. Le Système Eemien. Archives Néerlandaises. Tome X.
1874&. Harting. Verslagen en Mededeehngen der Koninklijke Akademie
van Wetenschappen, Tweede Reeks, VIH. Cf. Pag. 106.
1877. Noman. Van Haren Noman. Tweede Jaarverslag van het Zoölo-
gisch Station der Nederlandsche Dierkundige Vereeniging.
1878. Sars. Mollusca Regionis Arcticae.
1878. V. d. Broeck. Esquisse géologique et paléontologique des Environs
d'Anvers. Annales de la Société Malacologique de Belgique.
1881. Nyst. Conchyliologie du Terrain scaldisien. Annales du Musée
d'Histoire Naturelle de Bruxelles.
1885. Lorié. Résultats géologiques et paléontologiques des Forages
de Puits à Utrecht, Goes et Gorkum. Contributions à la
Géologie des Pays-Bas, L Archives du Musée Teyler. Série IL
Tome IL
ECHINODERMATA.
1. Echinocyamus pusillus. Muller. Pl. V, fig. 2, 3.
Echinocyamus pusillus. 1852. Forbes. Pag. 2, pl. 1, fig. 4.—1870.
Herklots. Pag. 337, pl. 27, fig. 4.
Le Système Eemien a produit plusieurs exemplaires de ce petit fossile.
Un appartient à la variété ,,angulosus" de Forbes; les autres sont d'une
forme plus allongée. Tous sont aplatis en haut et plus ou moins concaves
en bas. Le périprocte se trouve, comme toujours dans cette espèce, à
mi-distance entre le péristome et le bord postérieur. On aperçoit encore
contributions a la géologie des pays-bas. 125 ij
sans peine les quatre pores génitaux et les 5 pores ocellaires du champ
apical.
Outre dans le Crag Rouge du Suffolk et dans le Pliocène sous Utrecht,
notre espèce se rencontre à l'étant vivant dans les mers de la Grande
Bretagne ainsi que sur nos côtes.
2. Echinocardium cordatum. Pennant. Pl. V, fig. 4.
Echinocardium cordatum. 1885. Lorié. Pag. 123.
Les différents forages ne nous ont procuré que des fragments isolés
du test mince de cet Echinoderme et quelques radioles. Les premiers
sont assez caractéristiques pour qu'on puisse les recoimaître au premier
abord.
D'après Forbes, il est connu à l'état fossile dans le Crag Coralhn de
l'Angleterre orientale, et à l'état vivant, sur les côtes de l'Angleterre
et de notre patrie (Herklots).
BRYOZOA.
3. Membranipora tuberculata. Bosc. Pl. V, fig. 5.
Membranipora tuberculata. 1858. Busk. Pag. 126, pl. 18, fig. 4. —
1859. Busk. Pag, 30, pl. 2, fig. 1. — 1878. Van den Broeck.
Pag. 126.
Par le forage du „Lauriergracht" à Amsterdam un fragment d'huître avec
une croûte de ce bryozoaire a été trouvé a 28 m. de profondeur. Les ouver-
tures des cellules sont rectangulaires-arrondies, placées en séries verticales
alternantes et entourées d'un bord élevé, strié transversalement. L'intervalle
entre deux ouvertures d'une même rangée est d'environ les de la hauteur
de l'ouverture elle-même ou égale à celle-ci. Entre les séries d'ouvertures
on voit des lignes élevées. Deux tubercules obtuses se trouvent au
sommet de chaque cellule.
Selon Busk, la Membranipora tuberculata se trouve dans le Crag
Corallin et Rouge et à l'état vivant dans l'Océan Atlantique à Madère,
à Rio-Janeiro et sur les côtes de l'Angleterre. Van den Broeck l'a
recueillie dans les Sables à Bryozoaires diestiens d'Anvers.
Selon Busk, notre bryozoaire habite aujourd'hui presque exclusivement
les algues marines, tandis qu'à l'état fossile il ne se trouve que sur des
coquilles mortes. Nous croyons que ce phénomène s'explique facilement,
puisque les algues habitées par notre fossile ont en pourrissant produit
beaucoup d'acide carbonique qui a dissous le calcaire du petit fossile,
dont les exemplaires attachés à des coquilles pouvaient mieux se conserver.
contributions a la géologie des pays-bas. 125 ij
LAMELLIBRANCHIATA.
4. Anemia ephippium. L. Pl. V, fig. 6, 7.
Anomia ephippium. 1885. Lorié. Pag. 28.
Ce n'est qu'en peu d'endroits qu'on a trouvé de cette espèce des exem-
plaires assez nombreux, qui en montrent clairement la grande variabilité.
A l'état vivant, elle est mentionnée par Jeffreys comme habitant
toutes les côtes de l'Angleterre où elle vit entre le niveau de la basse
marée et 150 mètres; elle se trouve sur toutes les côtes de l'Europe,
de la Laponie à l'Asie Mineure. A l'état fossile, Wood l'a trouvée dans
le Crag CoraUin et Rouge et les Couches glaciales moyennes et supérieures
de l'Angleterre.
5. Ostrea edulis. L.
Ostrea edulis. 1853. Harting. Pag, 41, 69,103. — 1881. Nyst. Pag. 139,
pl. 8, 9, fig. 1.
Notre collection contient un nombre assez grand d'exemplaires de
l'huître commune, dont une partie sont très bien conservés.
A l'état vivant, l'huître a été trouvée par Jeffreys sur toutes les côtes
de l'Angleterre entre le niveau de la mer et 90 mètres de profondeur;
on la trouve en outre sur le littoral de toute l'Europe jusqu'à la Mer
Adriatique. A l'état fossile, elle se trouve dans le Pliocène de la Bel-
gique et de l'Angleterre , ainsi que dans presque tous les Dépôts quater-
naires de ce pays, de la Norvège et de l'Allemagne du Nord.
6. Pecten pusio. Pennant. Pl. V, fig. 8.
Pecten pusio. 1856. Wood. Pag. 33,' pl. 6, fig. 4. — 1863. Jeffreys,
n. Pag. 51. — 1869. Idem, V. Pag. 166, pL 22, fig. 1. — 1872.
Wood. Pag. 105. — 4884. Nyst. Pag. 455, pi 46, fig. 1.
Pecten Islandicus. 1853. Harting. Pag. 41, 103.
Une seule valve droite, trouvée à Amsterdam dans le puits du „Pas-
seerdergracht", malheureusement sans indication de la profondeur, est
dans notre collection. Elle a une longueur de 40 sur une hauteur de
47 m.m. et porte 32 côtes arrondies sans côtes secondaires. La surface
en est un peu usée de sorte qu'on ne voit que des traces des tubercules.
Les lignes d'accroissement sont ondulées et nombreuses. Dans les inter-
valles qui ont la même largeur que les côtes qu'elles séparent, les fines
stries divergentes sont encore très visibles. L'oreillette postérieure est
obtuse et petite, l'antérieure est beaucoup plus grande et porte 6 côtes
contributions a la géologie des pays-bas. 125 ij
radiales fortes et lamelleuses; cette oreillette est fortement échancrée à
la base. Le bord supérieur est horizontal, droit et fortifié intérieurement.
A l'état vivant, le P. p. habite toutes les côtes de l'Angleterre, entre
10 et 160 mètres de profondeur, ainsi que celles de l'Europe , de la Norvège
à la Méditerranée. A l'état fossile, il est connu dans le Crag Corallin
et Rouge, le Quaternaire moyen et supérieur de l'Angleterre, ainsi que
dans le Diestien et le Scaldisien d'Anvers.
Comme l'espèce décrite n'appartient plus à notre faune , nous croyons
pouvoir admettre qu'elle ne provient pas des couches supérieures du
puits nommé ci-dessus, mais d'environ 30 mètres de profondeur, où
l'on trouve une faune différente et en grande partie éteinte pour notre pays.
7. Mytilus eduhs. L.
Mytilus edulis. 1853. Harting. Pag. 41, 69,103. — 1885. Lorié. Pag. 34.
Cette espèce si commune dans notre faune actuelle l'était aussi dans
la faune fossile qui nos occupe ici. Plusieurs coquilles complètes ont
été trouvées en divers endroits. Il s'y joint des fragments plus ou moins
reconnaissables qui possèdent tous le lustre soyeux qui caractérise les
coquilles de cette espèce. A l'état vivant, ce mollusque est très répandu
entre le cercle polaire et le parallèle du Maroc, sur les deux côtés de
l'Océan Atlantique et dans la Méditerrannée. Ordinairement, il ne vit
qu'à une faible profondeur, entre les deux marées. Il est également
connu dans presque tous les dépôts marins de la Période quaternaire.
8. Lucina arcuata. Mont. Ph V, fig. 9.
Lucina arcuata. 1850. Reeve. Ph 11, fig. 61.
Lucina divaricata. 1885. Lorié. Pag. 159.
Dans notre description des fossiles du forage d'Utrecht, nous avons
fixé l'attention sur ce phénomène remarquable qu'une valve parfaite de
ce mollusque a été trouvée à 113,5 m. de profondeur, tandis que la
première couche qui renferme des coquilles ne se rencontre qu'à 137,5
mètres. Peut-être a-t-on ici un représentant d'une petite faune quater-
naire, dont d'autres traces seront peut-être découvertes plus tard.
Les couches fossilifères sous Amsterdam et surtout celles de la Vallée
de l'Eem, en renferment un très grand nombre, ce qui, joint à la
petitesse des valves qui passent aisément à travers les ouvertures des
tubes Norton, fait que la Lucina arcuata forme avec le Cerithium reti-
culatum le fossile le plus caractéristique du Système Eemien.
Comme je l'ai déjà mentionné, notre espèce est connue vivante sur
les côtes de l'Angleterre (Jeffreys) et de la Méditerranée et, fossiW, dans
les Couches glaciales moyennes de Hopton en Angleterre.
CONTRIBUTIONS A LA GÉOLOGIE DES PAYS-BAS. '121
9. Cardium edule. L. Pl. Y, fig. 10.
Cardium edule. 1853. Harting. Pag. 41, 69,103. —1885. Lorié. Pag. 52.
Cette espèce vulgaire a été trouvée en nombreux exemplaires aussi bien
dans les différents puits d'Amsterdam que dans ceux de la Vallée de
l'Eem. Tous les exemplaires sont forts et bien développés et ressemblent
beaucoup plus à ceux de la Mer du Nord qu'à ceux du Zuiderzee. Nous
avons donc ici le même phénomène qu'avec les valves trouvées dans les
Dépôts quaternaires des provinces de la Prusse et de la Poméranie.
1863. Jef-
10. Cardium echinatum L. Pl. V, fig. 11.
Cardium echinatum. 1856. W^ood. Pag. 152, pl. 14, fig. 3.
freys, IL Pag. 270. — 1869. Idem, V. Pag. 181, pl. 34, fig. 2. —
1870. Herklots. Pag. 148. — 1878. Noman. Pag. 22.
Cardium aculeatum. 1853. Harting. Pag. 41, 69, 103.
Deux valves magnifiques et presque entièrement intactes, possédant
encore leur couleur rougeâtre et les épines sur les côtes radiales, ont
été trouvées dans le puits du Passeerdergracht à Amsterdam à 24,5
mètres. En d'autres endroits des fragments reconnaissables sont assez
fréquents. Tous montrent ti'ès bien les petites épines allongées sur les
côtes radiales triangulaires, qui sont moins larges que les intervalles.
Ceux-ci sont traversés par des lignes concentriques, rudes et ondulées.
Selon Jeffreys, le C. e. habite toutes les côtes sableuses de l'Angleterre,
entre 10 et de 200 m. de profondeur, ainsi que celles du Groenland et
de l'Europe, de la Norvège à la Grèce et à l'île de Madère. Fossile,
Wood la mentionne dans le Crag Rouge et Jeffreys dans les Dépôts
quaternaires de l'Angleterre et post-glaciaux d'Uddevalla.
11. Cardium tuberculatum L. Pl. V, fig. 12.
Cardium tuberculatum. 1853. Harting. Pag. 39. — 1863. Jeffreys, IL
Pag. 273. — 1869. Idem, V. Pag. 181, pl. 34, fig. 3. — 1881. Nyst.
Pag. 175, pl. 18, fig. 5.
Cette espèce, qui ne fait plus partie de notre faune, est représentée
par la moitié supérieure d'une valve gauche très épaisse et bien conservée,
trouvée à 24,5 mètres sous Amsterdam dans le puits du Passeerdergracht.
Elle est bombée et possède 23 côtes fortes et arrondies sur lesquelles
se montrent plusieurs tubercules obtuses, surtout sur la partie antérieure
de la valve. L'ornementation concentrique est presque la même que celle
du Cardium echinatum. La forme extérieure diffère un peu des figures
de Jeffi-evs et de Nyst en ce que le bord supérieur est presque horizontal
et assez allongé au côté antérieur.
15
-ocr page 117-CONTRIBUTIONS A LA GÉOLOGIE DES PAYS-BAS.
Jeffreys mentionne cette espèce sur les côtes sableuses de l'Angleterre
entre la basse marée et 24 mètres de profondeur. Elle est entièrement
inconnue au nord de l'Angleterre, mais on la trouve jusqu'à la Sicile
et aux Iles Canaries.
Fossile, elle est connue dans le Pliocène de Worcestershire et de
Sussex (selon Jeffreys, quoique Searles Wood n'en fasse pas mention)
et, selon Nyst, dans le Diestien et le Scaldisien d'Anvers.
42. Pisidium amnicum. Mûller. Pl. V, fig. 13.
Pisidium amnicum. 4885. Lorié. Pag. 55.
Cette espèce, qui vit encore dans notre pays, ainsi que dans la Sibérie
et la plus grande partie de l'Europe, est représentée par quelques petits
exemplaires trouvés sous Purmerend à 26,5 et 28 m. de profondeur.
Comme la Succinea elegans, elle a aussi été rencontrée dans les couches
quaternaires sous Gorkum et à différentes profondeurs. A l'état fossile,
on la connaît dans le Crag supérieur du Norfolk.
43. Tapes decussatus. Linn, Pl. V, fig. 14, 15, 16.
Tapes decussatus. 4863. Jeffreys, II. Pag. 359. — 4869. Idem, V.
Pag. 485, pl. 39, fig. 7. — 4872. Wood Pag. 445, pl. 10, fig. 4.
Aujourd'hui le Tapes decussatus est probablement éteint pour notre
faune, puisqu'il n'est mentionné ni par Herklots, ni par van Haren Noman.
Sur le littoral de l'Angleterre il est encore assez fréquent et vit jusqu'au
niveau de la basse marée. Selon Jeffreys, il n'est pas connu en Norvège,
mais bien dans les mers au sud de l'Angleterre jusqu'à la Mer Egée
et au Sénégal, et même au Japon et dans les Océans Pacifique et Indien-
Décidément nous n'avons pas à faire ici avec une espèce boréale, mais
avec une espèce qui affectionne l'eau d'une température moyenne. Fossile,
elle se trouve, selon Wood, dans les Couches post-glaciales de l'Angletérre
orientale et, selon Jeffreys, dans celles de Belfast, d'Uddevalla et de
Christiania.
Les exemplaires de notre collection sont dans un assez bon état de
conservation ; ils sont peu bombés, sub-rectangulaires et ont les crochets
peu protubérants et courbés en ayant. La partie antérieure de la
coquille est arrondie, la partie postérieure est plus ventrue, tronquée
obliquement et munie d'une carène très obtuse. La surface est ornée
de lignes concentriques et radiales un peu flexueuses, dont l'intersection
lui a valu son nom spécifique. Les trois dents cardinales divergent; dans
la valve droite les deux postérieures sont bifides; dans la valve gauche
ce sont les deux antérieures.
414
contributions a la géologie des pays-bas. 125 ij
14. Tapes vtrgineuo. L. var. major. PI. V, fig. 17, 18.
Tapes virgineus. 4856. Wood. Pag. 204, pi. 20, fig. 4. — 4863.
Jeffreys, 11. Pag. 352. - 4864. Reeve, XIV. PL 4, fig. 17. — 1869.
Jeffreys, V. Pag. 185, pL 39, fig. 5. — 1870. Herklots. Pag. 138, fig. 3.
Tapes edulis. 1881. Nyst. Pag. 215, pi. 23, fig. 9.
Venus edulis. 1784. Chemnitz. Pag. 60, pi. 43, fig. 457.
Venus rotundata. 1853. Harting. Pag. 40, 69, 103. — 1874a. 18746.
Harting.
M. Harting, en décrivant les fossiles amenés à la surface par les
différents forages qui avaient été entrepris à Amsterdam vers le milieu
de notre siècle, avait comparé des coquilles bien conservées appartenant
au genre Venus (ou plutôt Tapes) avec deux fossiles qui se trouvaient
dans la petite collection géologique de l'université d'Utrecht. Malheureu-
sement ces deux valves portaient une étiquette fausse ; elles étaient nom-
mées : ,,Veims rotundata" et provenaient du Miocène supérieur de Castell'
Arquato.
En comparant ensuite nos exemplaires avec les différentes espèces du
Musée d'Histoire naturelle de Leiden j'ai vu qu'elles se rapprochent
beaucoup du Tapes virgineus. L. et encore davantage du Tapes rhom-
boïdes. Pennant, de Marseille. Il y a cependant quelque différence. D'abord
nos exemplaires sont plus grands, plus solides et moins allongés ; ils ont
les crochets plus près du bout antérieur et plus recourbés en avant.
Par conséquent la lunule est plus profonde et plus nettement limitée.
Les lignes concentriques sont ensuite plus fortes et la carène oblique
très obtuse qui va du crochet à l'angle inférieur postérieur est plus
prononcée. Cependant comme les différentes valves de Leiden n'ont pas
toutes la même position relative des ci'ochets on peut bien considérer
notre coquihe comme appartenant à la même espèce. Le Tapes rhomboïdes
serait ainsi une forme intermédiaire entre le Tapes virgineus et notre Tapes.
Ensuite nous les avons comparées avec plusieurs coquilles appartenant
au Tapes virgineus du Musée de la société „Natura Artis Magistra"
d'Amsterdam et nous nous y sommes convaincu qu'elles doivent être
réunies. Reeve (I.e.) n'admet pas le Tapes rhomboïdes comme une
espèce séparée, mais il le réunit avec le Tapes virgineus de Linné.
Nous avons suivi son exemple, mais en considérant nos bivalves comme
une variété particulière que nous avons nommée „major", puisqu'elle
est plus grande, plus grossière et moins allongée. Peut être correspond-
elle à la var. „Sarniensis" de Jeffreys, qu'il décrit comme plus épaisse, .
moins allongée aux deux bouts et par conséquent d'une forme ovale.
15*
-ocr page 119-contributions a la géologie des pays-bas. 125 ij
L'intérieur de toutes nos valves s'accorde très bien avec le Tapes
virgineus. Dans la valve droite les deux dents postérieures sont bifides,
dans la valve gauche ce sont les deux dents antérieures qui sont en
même temps plus grandes que la troisième dent. Jeffreys, dans sa „British
Conchology" renverse l'ordre, ce qui est probablement une erreur.
Le Tapes virgineus habite, selon cet auteur, les mers de la Grande
Bretagne de 0 à 280 m. et celles de la Norvège à la Grèce jusqu'à 60 m.
de profondeur. La variété ,,Sarniensis" , qui correspond peut-être à notre
variété „major", est mentionnée comme habitant avec l'espèce orclinaire
les côtes occidentales et méridionales de l'Angleterre.
A l'état fossile, le Tapes virgineus a été recueilli dans le Diestien et
le Scaldisien, le Crag Corallin, Rouge et Mammaliférien, le Pliocène
Sub-Appennin de l'Italie et le Post-Glacial d'Uddevalla en Norvège.
Parmi les nombreux exemplaires de notre collection il y a une coquille
rapportée par M. Harting du village de Oude Schild dans l'île de Tessel.
Il l'a recueillie dans un tas de coquilles formé par les pêcheurs et a
reconnu qu'il avait à faire à un élément hétérogène. Il croit y voir une
indication de l'existence de son Système Eemien sous cette île, et je puis
très bien me réunir à cette hypothèse, la variété décrite du Tapes vir-
gineus étant entièrement étrangère à notre faune marine.
15. Venus ovata. Pennant. Pl. V, fig. 19, 20, 21.
Venus ovata. 1885. Lorié. Pag. 58.
Cette espèce facile à reconnaître n'est pas fréquente dans le Système
Eemien. Elle est mentionnée par Searles Wood (1. c.) dans la Formation
quaternaire moyenne de Billockby et de Hopton.
Quoiqu'elle soit entièrement éteinte sur nos côtes, elle est encore assez
fréquente sur celles de l'Angleterre et à des profondeurs très différentes
jusqu'à 200 mètres.
16. Dosinia lincta. Pulteney. Pl. VI, fig. 1, 2.
Artemis lincta. 1845. Agassiz. Pag. 22, pl 3, fig. 11—14.— 18.56.
Wood. Pag. 215, pl 20, fig. 6. — 1870. Herklots. Pag. 140, —1881.
Nyst. Pag. 213. pl 23, fig. 7.
Venus lincta. 1863. Jeffreys, IL Pag. 330. —1869. Idem V. Pag. 184,
pl 38, fig. 2.
Cette espèce est assez rare dans le Sy.stème Eemien, nous n'en pos-
sédons que trois exemplaires complets et quelques fragments. Ils se
distinguent facilement de la Dosinia exoleta , qui leur ressemble beaucoup,
par les lignes concentriques très rapprochées et l'absence totale de stries
CONTRIBUTIONS A LA GÉOLOGIE DES PAYS-BAS. 117
radiales colorées, même dans l'exemplaire qui montre encore la couleur
jaune-crême de la surface. La marge supérieure est presque droite, un
peu courbée et forme un angle visible avec la marge inférieure qui
constitue environ d'un cercle. La lunule est très profonde et cordiforme.
Vivante, elle habite nos côtes ainsi que celles de l'Angleterre, de la
Norvège et de la Méditerranée au-dessus de 180 mètres. Fossile, elle est
connue dans les Dépôts glaciaires d'Angleterre, le Crag Corallin et Rouge
et le Scaldisien.
17. Tellina Balthica L. Pl. VI, fig. 3, 4.
Tehina Balthica. 1885. Lorié. Pag. 60.
Plusieurs valves de cette espèce, principalement littorale, ont été
trouvées dans le S3^stème Eemien. Selon Jeffreys, elle habite toutes les
côtés de l'Angleterre sur le sable, le gravier et la boue entre la haute
et la basse marée, quoiqu'elle descende jusqu'à 110 mètres. Elle est très ré-
pandue de la Mer Blanche à la Mer Noire, mais plus fréquente dans les mers
septentrionales. A l'état fossile, elle est connue dans les Dépôts glaciaux
inférieurs, moyens est supérieurs et post-glaciaux d'Angleterre, ainsi que
dans ceux de la Norvège comme à Uddevalla. (Crag Moll, Supplem.)
18. Tellina donacina. Linn. Pl. VI, fig.-5.
Tellina donacina. 1856. Wood. Pag. 233, pl, 22, fig. 5. — 1863.
Jeffreys, IL Pag. 386. — 1869. Idem, V. Pag. 187, pl. 41, fig. 4.—
1881. Nyst. Pag. 225, pl. 25, fig. 2.
C'est seulement à Hoogland et à Amsterdam que quelques petites
valves appartenant à cette espèce ont été trouvées. Elles sont un peu
inéquilatérales, allongées et couvertes de nombreuses lignes concen-
triques et lamelleuses, surtout sur la partie postérieure. Celle-ci est la
plus courte, tronquée verticalement et munie d'une carène obtuse, al-
lant du crochet à l'angle inférieur postérieur. Le côté antérieur est arrondi
et un peu plus long. La valve gauche possède deux dents cardinales, dont
l'antérieure est assez développée, l'autre est petite; les dents latérales
ne sont que des lamelles presque* oblitérées. Les dernières sont assez
distinctes dans la valve droite qui a aussi deux dents cardinales très
petites. L'intérieur luisant des deux valves laisse entrevoir à la loupe
plusieurs lignes radiales très fines.
Vivante, notre espèce ne se trouve pas sur nos côtés, mais bien sur
cehes de l'Angleterre entre 8 et 50 mètres de profondeur. Elle vit aussi
dans les mers plus méridionales jusqu'à Madère et la Mer Noire.
A l'état fossile, W^ood en fait mention dans le Crag Corallin de Sutton,
-ocr page 121-contributions a la géologie des pays-bas. 125 ij
Jeffreys dans le Pliocène de l'Italie et de la Sicile et Nyst, dans le
Diestien d'Anvers.
19. Gastrana fragilis. L. Pl. VI, fig. 6, 7.
Gastrana fragilis. 1863. Jeffreys, II. Pag. 367, pl. 7, fig. 2.
Idem, V. Pl. 40, fig. 2.
Cette espèce facile à reconnaître a entièrement disparu de notre faune ;
ni Herklots ni van Haren Noman n'en font mention. Les exemplaires
assez nombreux et parfaitement conservés de notre collection sont presque
tous des forages d'Amersfoort. Ils montrent très bien des lignes concen-
triques un peu lamelleuses qui sont coupées par de très fines stries
radiales, ainsi que la partie postérieure allongée et sépa,rée du reste de
la coquille par une sinuosité plus ou moins développée. La charnière
possède dans la valve gauche une dent antérieure petite et une autre
qui est forte et triangulaire et à laquelle en correspondent deux autres
dans la valve droite.
En Angleterre, l'espèce n'est pas rare, quoique limitée à certaines
localités. Elle vit dans le sable et le limon, de la basse marée jusqu'à
24 mètres de profondeur. Ensuite elle est connue à Drontheim et sur
toutes les côtes de l'Europe situées au sud de l'Angleterre jusque dans
l'Archipel Grec. A l'état fossile, elle est connue ni en Angleterre, ni
en Belgique.
20. Semele alba. Wood. Pl. VI, fig. 8, 9.
Semele alba. 1885. Lorié. Pag. 63.
- On n'a trouvé dans notre Système Eemien que quelques exemplaires
bien conservés de cette espèce. Actuellement elle n'est pas connue sur
nos côtés, mais bien sur celles de l'Angleterre, où elle vit, selon Jelfreys,
entre la marée basse et 80 mètres de profondeur. Elle est répandue de
la Norvège à la Mer Méditerranée, et vit généralement dans la boue.
Comme fossile elle est mentionnée dans le Pliocène de l'Angleterre,
de la Belgique et de l'Italie et les Dépôts post-glaciaux d'Angleterre.
21. Scrobicularia piperita. Bell. Pl VI, fig. 10, 11.
Scrobicularia piperita. 1885. Lorié. Pag. 65.
Mya arenaria. 1853. Harting. Pag. 39, 103.
Plusieurs exemplaires complets et très bien conservés, ainsi qu'un
certain nombre de fragments reconnaissables ont été trouvés hj Am-
sterdam, etc.
C'est une des espèces qui vivent encore en grand nombre sur nos
1869.
contributions a la géologie des pays-bas. 125 ij
côtes, surtout dans le boue, jusqu'à 8 mètres de profondeur. Elle
est en outre connue sur les côtes de l'Europe, de la Norvège à la
Méditerranée. Wood la mentionne, en la faisant suivre d'un point d'in-
terrogation, dans les Couches phocènes de l'Angleterre et les Dépôts gla-
ciaires du Clyde.
22. Ensis (Solen) ensis L. Pl. VI, fig. 12, 13.
Ensis ensis. 1885. Lorié. Pag. 66.
Quelques fragments de petites valves de cette espèce ont été trouvés.
Ils sont encore très bien reconnaissables; les uns, tronqués, en sont la
partie postérieure, les autres , plus arrondis, forment la partie antérieure.
L'espèce sus-nommée vit encore aujourd'hui sur nos côtes, où elle
n'est nullement rare ; selon Jeffreys, elle habite entre 6 et 40 mètres
les parties sablonneuses du littoral de presque toute l'Europe, de l'Algérie,
ainsi que du Canada et des Etats Unis,
Fossile, Wood la mentionne dans le Crag Coralhn et Rouge de l'An-
gleterre et le Quaternaire de l'Irlande, et Nyst, dans le Diestien et le Scaldi-
sien d'Anvers.
23. Saxicava rugosa. L. Pl. VI, fig. 14, 15.
Saxicava rugosa. 1856. Wood. Pag. 285, pl. 29, fig. 3. — 1865.
Jeffreys, IIL Pag. 81. — 1869. Idem V. Pag. 193, ph 51. fig. 3, 4. ~
1870. Herklots. Pag. 127, pl. 14, fig. 6. — 1881. Nyst. Pag. 242, pl.
29, fig. 4.
Saxicava arctica. 1856. Wood. Pag. 287, p|. 29, fig. 4. — 1872. Wood.
Pag. 157. — 1878. Noman. Pag. 26.
Jeffreys et Wood considèrent la S. rugosa et arctica de Linné comme
ne formant qu'une seule espèce. Quant au nom qu'elle doit porter,
Jeffreys (1. c. V.) dit : ,,the specific names ,,rugosa" and ,,arctica" bear the
same date of publication; but the former is the one most generally
known". Nous suivons son exemple et gardons le premier nom.
Les valves en notre possession sont très petites et ne surpassent pas
les dimensions de 9 m.m. sur 4. Elles sont toutes très inéquilatérales
et distordues et ne méritent proprement pas le nom de rugosa parce-
qu'elles sont presque lisses, sauf quelques lignes d'accroissement irré-
gulières. Les crochets sont bombés et se trouvent à peu près ou tout
à fait à l'extrémité antérieure. Il sont réunis aux angles inférieurs par
deux carènes obtuses. Le contour de la coquille est subrectangulaire.
A l'état vivant, elle se trouve un peu partout, depuis le niveau de
la haute marée jusqu'à plus de 500 mètres de profondeur (Jeffreys), et
à l'état fossile, dans le Crag Corallin, Rouge et Fluvio-marin, les Dépôts
mÊÊÊk
contributions a la géologie des pays-bas. 125 ij
glaciaires inférieurs, moyens et supérieurs de l'Angleterre et de Christiania,
ainsi que dans le Scaldisien d'Anvers (Nyst) et le Phocène de l'Italie et
de la Sicile.
24. Thracia papyracea. Poli. Pl. VI, iig. 16.
Thracia papyracea. 1865. Jeffreys, III. Pag. 36. —• 1869. Idem, V.
Pag. 191, pl. 48, fig. 4.
C'est seulement par quelques petites valves, que cette espèce est
représentée dans notre collection. La plus grande n'a que 9 m.m. de long
sur 5 m.m. de haut. Les crochets sont situés au milieu ; le côté antérieur
est arrondi, mais plus pointu que dans la figure de Jeffreys; le côté
postérieur est tronqué verticalement, anguleux à la base et muni d'une
carène oblique partant du crochet. Le bord supérieur postérieur est plus
oblique que dans la figure de J., mais également un peu sinueux. La
surface extérieure possède des hgnes d'accroissement bien devéloppées.
A l'intérieur on voit très bien le petit cuilleron destiné à recevoir le
cartilage, et le sinus palléal qui est assez haut.
Selon Jeffreys, l'espèce est commune dans les baies sablonneuses des
côtes de l'Angleterre jusqu'à 160 m. de profondeur ; elle se trouve ensuite
sur les côtes de l'Europe, depuis l'Islande à la Mer Egée et aux Canaries.
A l'état fossile, elle est connue, selon S. Wood, dans le CragCorahin,
et, selon Jeffreys, dans le Postglacial d'Uddevaha et le Glacial supérieur
de Christiania.
25. Mactra subtruncata. L. Pl. VI, fig. 19, 20.
Mactra subtruncata. 1885. Lorié. Pag. 68.
La distribution horizontale et verticale est presque la même que celle
de la Mactra solida, qui paraît cependant descendre un peu plus dans
la mer. Comme celle-ci, elle se trouve dans les Dépôts de la Période
glaciale en Angleterre et dans ceux d'Uddevalla.
26. Mactra solida. L. PL VI, fig. 17, 18.
Mactra solida. 1853. Harting. Pag. 39, 69, 103. — 1885. Lorié.
Pag. 68.
Cette espèce est représentée par quelques petits exemplaires en partie
brisés ou plus ou mohis endommagés, mais assez reconnaissables. Elle
est mentionnée par Wood dans la Formation pliocène et les Dépôts post-
glaciaux de l'Angleterre. Vivante, elle se trouve ordinairement^à une
profondeur peu considérable jusqu'à environ 5 mètres, et habite les côtes
de l'Europe depuis la Norvège à la Sicile, y compris notre littoral.
CONTRIBUTIONS A LA GÉOLOGIE DES PAYS-BAS. '121
27. Corbula gibba. Olivi. Pl. VI, fig. 21, 22.
Corbula gibba. 1885. Lorié. Pag. 72.
Corbula nitida. 1853. Harting. Pag. 40, 69, 71.
Corbula revoluta. Idem. Pag. 40, 71, 103.
Potamomya (Mya) gregaria. Idem. Pag. 40, 69, 103.
Après un examen attentif, nous avons réuni les coquilles assez nom-
breuses, trouvées sous Amsterdam et rapportées par M. Harting aux
espèces précitées, avec les coquilles trouvées sous Hoogland, Barneveld,
etc. Elles appartiennent à la Corbula gibba et la plupart correspondent
exactement avec les deux figures données par Jeffreys, tant en grandeur
qu'en forme extérieure. Chaque valve possède une dent épaisse ; la valve
gauche a en outre un petit cuilleron destiné à recevoir le cartilage. Les
coquilles de Hoogland sont plus petites que celles d'Amsterdam, qui
sont aussi mieux conservées et ont gardé leur lustre naturel.
Vivante, elle habite, ordinairement en société , surtout la zone des lami-
naires , quelquefois dans des endroits qui ne sont atteints par l'eau que de
temps à autre, depuis la Norvège jusqu'à la Sicile. Fossile, on la connaît dans
les Formations miocène et pliocène, ainsi que dans les Dépôts glaciaires
de l'Angleterre.
28. Pholas Candida. L.
Pholas Candida. 1865. Jeifreys, HL Pag. 107. — 1869. Idem, V. Pag.
93, pl. 52, fig. 2. — 1870. Herklots. Pag. 117. — 1872. V^ood. Pag.
163, pl. 12, fig. 25. — 1877. Noman. Pag. 26.
Pholas crispata. 1853. Harting.
En comparant les fi-agments de Pholas, trouvés sous Amsterdam, etc.
avec des exemplaires complets de l'espèce su.s-nommée on voit directement
leur identité. Ces fragments sont tous très minces, quelques-uns sont
munis d'épines dirigées en bas et disposées en lignes radiales et en lignes
concentriques lamelleuses. Plusieurs possèdent la duplicature du crochet
ovale, allongée, lisse, munie de plusieurs lignes radiales et très épaisse
dans la partie centrale. L'apophyse intérieure est petite et courbée.
Selon Jeffreys, la Pholas Candida habite les côtes de l'Europe, depuis
l'Islande et la Norvège à la Mer Noire, et selon Herklots et van Haren
Noman, elle appartient aussi à notre faune. Fossile, elle est connue dans
plusieurs Dépôts quaternaires à Belfast, Christiania et Drontheim et dans
le Crag Fluvio-marin de Bulchamp.
16
-ocr page 125-1851.
122 CONTRIBUTIONS A LA GÉOLOGIE DES PAYS-BAS.
GASTROPODA.
29. Trochus cmerarius. L. PI. VI, fig. 24.
Trochus cinerarms. 1853. Harting. Pag. 39, 69, 71, 103.
Wood. Pag. 131, pl 14, fig. 7. — 1865. Jeffreys, HI. Pag. 309. —
1869. Idem, V. Pag. 203, pl. 62, fig. 3. — 1870. Herklots. Pag. 89,
pl 7, fig. 3. — 1872. V^ood. Pag. 81. — 1878. Noman. Pag. 28.
Dans la petite collection du puits du Passeerdergracht à Amsterdam
se trouve une coquille très bien conservée, venant d'une profondeur
inconnue (probablement 25—35 m). Les involutions sont basses et
montrent encore très bien le fond jaune grisâtre et les lignes obliques
pourpres; chacune possède 8 lignes spirales. L'ouverture est subcarrée
et à côté d'un ombilic assez grand. Une autre plus petite vient de 32,5 m.
sous Purmerend. Selon Jelfreys (1. c.), elle abonde sur les côtes anglaises
dans la zone laminarienne et vit sur des pierres. On la connaît aussi depuis
les côtes de l'Islande, de la Norvège, etc. jusque dans la Méditerranée
et la Mer Noire. Wood la mentionne dans le Crag Rouge et les Dépôts
glaciaires moyens et postglaciaires de l'Angleterre et Jelfreys, dans les
Dépôts glaciaires de la Norvège.
30. Neritina Iluviatihs. L. Pl. VI, fig. 25.
Neritina tluviatilis. 1862. Jeffreys, L Pag. 53. — 1869. Idem, V.
Pl. 4. fig. l. — 1870. Herklots. Pag. 88, pl. 6, fig. 20.
Une petite coquille de cette espèce a été trouvée à 25 m. sous Purmerend.
Elle montre encore des traces de l'ornementation caractéristique. La forme
ordinaire n'habite que l'eau douce de presque toute l'Europe, mais selon
Jelfreys (1. c.), une variété naine aurait été rencontrée sur les côtes de
la Mer Baltique, en compagnie de la moule ordinaire et d'autres espèces
décidément marines. Ceci est bien remarquable en égard à la petite
taille de notre unique individu.
31. Scalaria communis. Lam. Pl VI, fig. 26.
Scalaria communis. 1853. Harting. Pag. 103. — 1867. Jeffreys,
ly. Pag. 91. — 1869. Idem V. Pl 71, fig. 3. — 1872. Wood. Pag.
183. Addendum plate, fig. 5.
Scalaria clathrus. 1870. Herklots. Pag. 86., pl 6, fig. 18.
M. Herklots a confondu les deux espèces communis et clathrus (cla-
thatrula) qui cependant se distinguent facilement par le nombre différent
des lamelles transverses. Celles-ci sont toutes égales sur nos coquilles
CONTRIBUTIONS A LA GÉOLOGIE DES PAYS-BAS. 123
et au nombre de 9 sur la dernière involution de notre plus grand in-
dividu, qui n'est pas encore adulte, et se continuent d'un tour sur l'autre.
L'ouverture est presque circulaire, un peu acuminée en haut. Les exem-
plaires de notre collection viennent du puits du Passeerdergracht à
Amsterdam (profondeur inconnue) et de Woudenberg et Hoogland, près
d'Amersfoort. Vivante, l'espèce habite toutes les mers de l'Europe
jusqu'aux Canaries; ehe se trouve- aussi sur le littoral des Pays-Bas.
A l'état fossile, elle est connue dans les Dépôts post-glaciaires de l'Angleterre
et de la Norvège et dans le Phocène de l'Itahe septentrionale et de la.
Sicile (Jeffreys).
32. Valvata piscinali^. Müller. PL VI, fig. 27.
Valvata piscinalis. 1862. Jeffreys, IL Pag. 72. — 1869. Idem, V.
Pl. 4, fig. 8. — 1870. Herklots. Pag. 79, pL 6, fig. 12.
Ce n'est qu'à 26 m. 5 sous Purrnerend que nous avons rencontré une
coquille appartenant à cette espèce. Elle est formée de 4 involutions
bombées et séparées par une suture profonde; la dernière possède à sa
base une carène très obtuse. L'ombilic est très profond, l'ouverture presque
circulaire.
Selon Jeffreys (1. c.), l'espèce habite les eaux stagnantes des Iles Brit-
tanniques et est assez fréquente dans le Pliocène. Herklots la décrit aussi
parmi les coquilles hollandaises.
33. Bythinia tentaculata. L. Pl. VI, fig. 28.
Bythinia tentaculata. 1863. 'Jeffreys, L Pag. 60. — 1869. Idem, V.
Pag. 151, pL 4, fig. 4. — 1870. Herklots. Pag. 83, pl. 6, fig. 14.
Le forage de Purrnerend seul nous a procuré quelques restes de ce
petit gastropode, à savoir des opercules trouvés a 28,5 m. de profondeur.
Ils sont facilement reconnaissables à leur forme ovale, acuminée et au
noyau excentrique, qui est entouré de quelques lignes d'accroissement
lameheuses et bien développées. Ces opercules sont, comme les autres
mollusques d'eau douce, une preuve du voisinage de la terre ferme.
A l'état fossile, notre espèce est connue, selon Jelfreys, dans le Crag
Fluvio-marin (1. c. Pag. 61) et, vivante, elle est très répandue dans toute
l'Europe, de la Sibérie à la Sicile, se trouve aussi dans notre patrie
et habite les rivières peu rapides et les eaux stagnantes.
34. Hydrobia ulvae. Penn. Pl. VI, fig. 29.
Hydrobia ulvae. 1885. Lorié. Pag. 85.
Rissoa aglabra. 4853. Harting. Pag. 39, 71, 403.
46*
-ocr page 127-contributions a la géologie des pays-bas. 125 ij
Nous possédons des exemplaires assez nombreux de cette espèce que
M. Harting n'avait pas reconnue, mais qu'il retrouva plus tard en grande
quantité parmi les algues marines à Enkhuizen (1, c. pag. 403). En
Angleterre, elle se trouve en quantité énorme sur la côte et dans l'eau
saumâtre et boueuse, principalement sur l'herbe marine; elle se trouve
aussi sur nos côtes ainsi que dans toutes les mers de l'Europe, y compris
la Baltique.
A l'état fossile, elle a été recueillie par Wood dans le Crag Rouge
et Fluvio-marin et les Dépôts postglaciaires de Gedgrave et d'Uddevalla
en Norvège (Jeffreys).
35. Hydrobia ventrosa. Mont. Ph VI, fig. 30.
- Hydrobia ventrosa. 4862. Jeffreys, I. Pag. 67. — 4869. Idem, V.
Pag. 451, ph 4, fig. 7.
Hydrobia minuta. 1878. Sars. Pag. 171, ph 9, fig. 4.
Un assez grand nombre de coquilles très petites, dont la plus grande
n'a qu'une longueur de 3 m.m. appartiennent à cette espèce. Elles res-
semblent de près à l'Hydrobia ulvae, mais elles ont les involutions plus
bombées et la spire entière un peu plus courte. L'ouverture est sub-
circulaire , un peu elliptique, le bord intérieur est ininterrompu et à côté
se trouve un petit ombilic. La surface est presque entièrement lisse et
ne possède que des lignes parallèles très fines. Elles ressemblent entière-
ment à la figure donnée par Sars et à celle de la variété minor de
Jeffreys. D'autres exemplaires plus petits encore, sont relativement plus
courts, de forme ovoïde, mais diffèrent de la variété ovata de Jeffreys par
la longueur relative de la dernière involution qui n'atteint pas la moitié
de la longueur de la coquille.
Selon Jeffreys (1. c.), la Hydrobia ventrosa est un habitant de l'eau
saumâtre et des embouchures des rivières de l'Angleterre, des côtes de
la Norvège et de la Suède, de la France et du Portugal.
Nos exemplaires assez nombreux viennent de Scherpenzeel.
36. Rissoa membranacea. Adams. PL VI, fig. 31, 32,
Rissoa membranacea. 1867. Jeffreys, IV. Pag. 31. — 1869. Idem, V.
Pag. 208, ph 67, fig. 8.
Rissoa subcostata. Rissoa pericostata. 1853. Harting.
Nous rapportons à cette espèce d'abord plusieurs petites coquilles,
déterminées par M. Harting (1. c ) comme R. péri- et subcostata.
Elle est facilement reconnaissable aux côtes transverses, fortes et
contributions a la géologie des pays-bas. 125 ij
flexueiises, qui ne se trouvent dans la règle que sur l'avant-dernière
involution, exceptionellement aussi sur les précédentes. Sur le dernier
tour on ne les voit qu'à la partie supérieure et elles disparaissent près
de l'ouverture. Celle-ci a le bord extérieur épais et le bord intérieur
replié sur la coquille. La plupart de nos coquilles viennent des forages
d'Amsterdam. On pourrait les rapporter en partie a la variété venusta
de Jeffreys, qui a les cotes transverses plus développées. Une autre,
trouvée à Purmerend à 28 m. de profondeur se rapporte à la variété
elata qui est plus longue et plus lisse.
Actuellement, la Rissoa membranacea habite toutes les côtes de l'Angle-
terre jusqu'à une profondeur de quelques mètres, et cehes de l'Europe
continentale, depuis la Norvège à la Mer Noire et aux Canaries, jusqu'à
60 m. de profondeur.
37. Littorina littorea. L. Pl. VI, fig. 33, 34.
Littorina littorea, rudis. 1848. Wood. Pag. 118, pl. 10, fig. 14. —
1865. Jeftreys, IIL Pag. 364, 368. — 1869. Idem, V. Pl. 65, fig. 3, 4. —
1872. Wood. Pag. 79, pl. 5, fig. 9, 10.
Après avoir examiné un nombre assez considérable de coquilles de
Littorina provenant des forages d'Amsterdam, d'Amersfoort, etc. nous
avons vu l'impossibilité de distinguer les espèces littorea et rudis.
Plusieurs nous paraissaient appartenir à la première, d'autres à la
seconde espèce, mais la plupart tenaient presque également des deux.
Wood s'est trouvé dans le même embarras, ,'effreys cite bien comme point
de différence que la rudis serait ovipare, la littorea vivipare; mais
malgré l'importance de cette particularité, elle n'est d'aucune valeur
pour séparer les coquilles vides.
Wood la mentionne dans la Formation pliocène, dans les Sables
glaciaires inférieurs, moyens et supérieurs et les Dépôts post-glaciaires
de l'Angleterre et d'Uddevaha.
Vivante, elle habite le littoral de l'Europe, depuis la Norvège à
Lisbonne.
38. Chemnitzia cf. densecostata. Phil. Pl. VI, fig. 35.
Chemnitzia densecostata. 1848. Wood. Pag. 82, pl. 10, fig. 8.
Une très petite coquille, longue de 6 et large de 1,3 m.m., trouvée
à 15 m. 30 sous Amersfoort, nous paraît appartenir à cette espèce.
La Chemnitzia densecostata de Wood a le même angle de la spire et
le même nombre de côtes transverses (environ 30 sur la dernière invo-
lution), qui sont droites et vont jusqu'à la suture inférieure de chaque
involution sans atteindre la suture supérieure. Elles sont presque égales
160 CONTRIBUTIONS A l.A GÉOLOGIE DES PAYS-BAS.
en largeur aux intervalles dans lesquels on aperçoit, à l'aide de la loupe ,
de très fines rainures transverses. L'ouverture est elliptique et un peu
acuminée en haut.
Selon Wood, elle vit dans la Méditerrané et est connue à l'état fossile
dans le Crag Corallin de Sutton.
39. Chemnitzia cf. rufa. Phil Pl VI, fig. 36.
Chemnitzia rufa. 1848. Wood. Pag. 79, pl 10, fig. 2. —1872. Idem.
Pag. 60.
Odostomia rufa. 1867. Jelfreys, IV. Pag. 163. — 1869. Idem, V.
Pag. 213. Pl 76, fig. 1.
Une petite coquille, recueillie à Hoogland près d'Amersfoort, nous paraît
devoir être réunie à cette espèce. Elle n'a qu'une longueur de 5 sur une
largeur de 1,3 m.m. et est ainsi moins allongée que l'espèce précédente.
Elle en diffère aussi par les côtes transverses moins rapprochées et de
largeur égale aux intervalles. Ceux-ci possèdent de fines rainures trans-
verses. L'ouverture est ovale, le bord intérieur anguleux. Comme dans
l'espèce précédente, les côtes transverses se continuent jusqu'à la suture
inférieure, mais non jusqu'à la supérieure.
Selon Jelfreys, on la connaît" depuis les côtes de la Norvège, de la
Grande Bretagne, etc. jusqu'aux Canaries et à la Mer Adriatique, à des
profondeurs de 3—10 mètres. A l'état fossile, Jeffi'eys la mentionne aussi
dans les Dépôts post-glaciaires de Skien en Norvège et dans le Crag Corallin
d'Angleterre. 11 la regarde comme une espèce différente de celle de Wood,
qu'il croit éteinte.
40. Cerithium reticulatum. Da Costa. Pl VI, fig. 37.
Cerithium reticulatum. 1867. Jelfreys, IV. Pag. 258. — 1869. Idem,
V. Pl 80, fig. 4. — 1872. Wood. Pag. 50, pl. 5, fig. 22.
Cerithium hma. 1853. Harting. Pag. 39. —1874. Harting. Pl 1, fig. 1.
Murex scaber. 1843. Brocchi, II. Pag. 246, pl 9, fig. 17.
Cette espèce est le fossile par excellence de notre faune diluviale , sur
laquelle M. Harting a fixé le premier l'attention. Nos exemplaires sont
extrêmement nombreux et se trouvent dans tous les endroits où s'étend
le Système Eemien. Par leur petitesse les coquilles passent aisément à
travers les ouvertures des pompes Norton et c'est principalement par ces
pompes que le Système à été constaté en plusieurs endroits. Nous avons
d'abord douté que les individus venant des localités dans la Vallée de
l'Eem appartinssent réellement à cette espèce, puisqu'ils etaient tous de
plus petite taille que ceux figurés par Jeffreys et Wood. Cependant,
selon Jeffreys (1. c. pag. 260), ,,the shell varies extraordinarily in size".
f
■!
contributions a la géologie des pays-bas. 125 ij
L'ornementation de nos coquilles est aussi soumise à beaucoup de
variation. La grande majorité a eu une croissance ininterrompue; on
n'observe point de traces des fortes lignes d'accroissement figurées par J., W.
et Br. D'autres cependant permettent de les distinguer facilement. Les
uns ont en outre les carènes transverses plus développées que les spirales ;
dans d'autres c'est le contraire, et une troisième rubrique les montre
d'une épaisseur égale. Quant à la longueur relative, elles tiennent le
milieu entre les ligures de Brocchi et de Jelfreys et correspondent exac-
tement à la figure de Wood, Le bord extérieur de l'ouverture n'est
conservé dans aucun exemplaire.
Les coquilles des forages d'Amsterdam, décrites par M. Harting,
sont non seulement beaucoup mieux conservées que celles de la Vallée de
l'Eem, ce qui est le cas de toutes les coquihes trouvées, mais ehes sont
aussi beaucoup plus grandes et excèdent même un peu la longueur donnée
par Wood.
Selon Jeffreys , le Cerithium reticulatum est assez fréquent sur les côtes
méridionales et occidentales de l'Angleterre, il habite l'Atlantique, des
Lolfodden aux Canaries. Sur le httoral de la Hollande il manque entière-
ment, d'après Herklots et Van Haren Noman. A l'état fossile, il se
trouve dans le Crag Rouge et les Strates post-glaciaux de l'Angleterre
(W. et J.) et de la Norvège, ainsi que dans le Pliocène et le Miocène
de la France méridionale, de l'Ralie et du Bassin de Vienne.
41. Aporrhaïs pes-pelecani. L. Pl. VI, fig. 38.
Aporrhaïs pes-pelecani. Lorié. 1885. Pag. 88.
Le puits du Passeerdergracht à Amsterdam est le seul qui nous ait
procuré un exemplaire de cette espèce, provenant d'une profondeur de
32 mètres. L'aile du bord extérieur de l'ouverture a disparu; mais les
involutions conservées montrent encore très bien les caractères spécifiques,
les côtes transverses fortes, les granulations au-dessus de la suture et
les nombreuses lignes spirales très fines.
Cette espèce est mentionnée par Wood dans les Couches pliocènes et
post-glaciales de l'Angleterre.
Vivante, elle habite encore aujourd'hui nos côtes.
42. Nassa reticulata. Linn. Pl. VI, fig. 39.
Nassa reticulata. 1867. Jeffreys, IV. Pag. 347. — 1869. Idem, V.
Pl. 88, fig. 3. — 1870. Herklots. Pag. 70. ph 6, fig. 2. — 1872. Wood.
Pag. 14, pL 6, lig. 5. — 1878. Noman. Pag. 29.
Buccinum reticulatum. 1853. Harting. Pag. 39.
Nassa nitida. 1867. Jeffreys, IV. Pag. 349. —1869. Idem, V. Pl. 88, fig. 4.
-ocr page 131-contributions a la géologie des pays-bas. 125 ij
Jeffreys (1. c.) est porté à distinguer les espèces Nassa reticulata et
nitida, quoique ,,ivith some misgiving". Si l'on veut suivre son exemple,
tous les exemplaires trouvés à Amsterdam et autour d'Amerslbort appar-
tiendraient à l'espèce nitida, le bord intérieur de l'ouverture étant entière-
ment lisse et ne montrant point de traces de dents comme la reticulata.
Par le nombre des côtes transverses sur }es involutions ils s'accordent
bien avec la Nassa nitida.
Le bord extérieur de l'ouverture permet d'entrevoir à l'intérieur les
côtes spirales ; il est généralement fortifié par une épaisse ligne d'accrois-
sement. La forme extérieure s'accorde exactement avec la figure donnée
par Herklots. Jeffi'eys dit de la N. nitida qu'elle ne vit que dans l'eau
saumâtre et sur la boue, ce qui n'était certainement pas le cas pour
nos individus qui ont vécu dans la mer ouverte qui s'etendait jusqu'aux
terrains diluviaux d'Utrecht et de la Gueldre. Raison de plus pour ne
la considérer que comme une variété de la N. reticulata, comme l'a fait
Montagu.
A l'état vivant, on la trouve de Drontheim jusqu'à la Mer Noire,
ainsi que sur nos côtes (H, et v. H. N.), et à l'état fossile, dans le
Diluvium marin de la Prusse, de la Norvège et de l'Angleterre, et le
Pliocène et le Miocène de l'Italie, de la France méridionale et du Bassin
de Vienne.
Des exemplaires bien conservés ont été trouvés dans les différents puits
d'Amsterdam; ceux d'Amersfoort etc. en ont aussi livré plusieurs assez
bien conservés.
43. Utriculus truncatulus. Brug. Pl. VI, fig. 41.
Utriculus truncatulus. 1867. Jeffreys, IV. Pag. 421. —1869. Idem, V.
Pag. 223, pl 94, fig. 2.
Bulla truncata? 1870. Herklots. Pag. 95, pl. 7, fig. 8.
Quelques coquilles très petites trouvées sous Amsterdam (Passeerder-
gracht, 24,5 m.) et sous Scherpenzeel, représentent cette e.spèce dans
notre collection. Elles ne diffèrent que très peu de la Cylichna umbilicata,
sont de forme cylindrique, tronquée à la partie supérieure et ne mon-
trent rien des involutions intérieures qu'on ne peut observer qu'en
regardant la coquille d'en haut. Les stries concentriques y sont bien
développées, l'ouverture est en partie un peu plus étroite que dans les
figures données de cette espèce par les auteurs sus-nommés. C'est pour
ces légères différences que nous doutons un peu que la coquille décrite
par Herklots soit réellement la nôtre et qu'elle ne soit pas plutôt l'Utri-
culus obtusus de Jeffreys.
n
contributions a la géologie des pays-bas. 125 ij
Selon l'auteur anglais, notre espèce se rencontre autour de l^Angleterre
dans la zone laminarienne jusqu'à une profondeur de 5 m., ensuite depuis
les Iles Loffoden et le Finmarken aux Canaries et dans toute la Médi-
terranée entre 1 et 30m. de profondeur. Fossile, Jeffreys la mentionne
dans le Crag Corallin, le Pliocène de l'Italie et le Post-glacial de la
Norvège.
44. Cylichna alba. Brown. Pl. VI, fig. 40.
Cylichna alba. 1867. Jeffreys, IV. Pag. 417. — 1869. Idem, V. Pl.
93, fig. 6. — 1878. Sars. Pag. 283, pl. 17, fig. 15.
Ce n'est que par deux coquilles très petites que cette espèce est
représentée dans la faune du Système Eemien Elles ont été trouvées
à Scherpenzeel, la plus grande ne , mesure que 3 m.m. sur 1. La forme
en est cylindrique; le bord extérieur s'élève un peu au-dessus de l'ex-
trémité supérieure ; le bord intérieur de l'ouverture est un peu anguleux.
A l'état vivant, c'est un mollusque boréal qui habite les côtes de
l'Ecosse septentrionale, etc. jusqu'au Spitzberg et au Groenland entre
18 et 300 m. de profondeur. A l'état fossile, il a été rencontré, selon
Jeffreys, dans le Crag de Norwich et les Dépôts post-glaciaires de l'Ecosse
•et de la Norvège.
45. Planorbis cf. nitidus. Millier.
Planorbis nitidus. 1862. Jeffreys, L Pag. 81.--1869. Idem, V. Pl. 5,
fig. 2. — 1870. Herklots. Pag. 53, fig. 1.
Nous rapportons, mais avec quelque hésitation, à cette e.spèce une
petite coquille trouvée à 28 m. sous Purmerend avec plusieurs autres
mollusques d'eau douce. Elle n'a que 3 m.m. de diamètre et est com-
posée de 3 involutions dont la dernière n'embrasse qu'une faible partie
de la précédente. Elles sont luisantes et munies d'un grand nombre de
fines stries parallèles. Le côté supérieur est presque plat, très peu bombé ;
le côté inférieur est arrondi et possède un ombilic très profond, dans
lequel on entrevoit encore les premières involutions. Autour de la coquille
on voit une carène spirale très obtuse qui donne à l'ouverture son contour
en forme de feuille de Begonia. Ceci est un argument en faveur de sa
réunion avec le P. nitidus (Herklots), tandis que les involutions presqu'évo-
lutes l'en éloignent au contraire. Jeffreys fait aussi la carène spirale
beaucoup plus tranchante que Herklots.
Selon l'auteur anglais, le Planorbis nitidus se rencontre en Angleterre
et en Europe jusqu'en Corse, le point le plus méridional, où elle a été
17
^ kl
-'S^l
-
-t. r
-ocr page 133-contributions a la géologie des pays-bas. 125 ij
trouvée. On la connaît aussi en Sibérie et à l'état fossile dans le Pliocène
de l'Angleterre (Jeffreys).
46. Succinea elegans. Risso.
Succinea elegans. 4885. Lorié. Pag. 402, pl. 5, fig. 40.
Cette petite espèce, que nous avons déjà mentionnée en traitant du
forage d'Utrecht, s'est aussi retrouvée parmi les fossiles de notre faune
quaternaire. Ce n'est que sous Purmerend et à 25 ; 25,5 ; 26,5 et 28 m.
que quelques petits exemplaires ont été trouvés en compagnie de plusieurs
autres coquilles d'eau douce. Elles y ont été apportées probablement
par un rivière. A l'état vivant, on retrouve notre espèce dans l'eau
douce et sur les terres marécageuses de presque toute l'Europe et, à
l'état fossile, dans le Crag Rouge de l'Angleterre.
A Gorkum l'espèce a été trouvé dans des couches que nous avons
considérées comme quaternaires et parallélisées avec le Diluvium sableux ;
à Utrecht, elle appartenait aux fossiles scaldisiens.
J '
Chapitre IIL Age géologique du Système Eemien.
Liste des fossiles du Système Eemien dans la Vallée gueldroise, sous'
Amsterdam et sous Purmerend.
| |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Le Tape.s virgineus vit encore sur nos côtes, la variété „wo/or" est pourtant éteinte. |
contributions a la géologie des pays-bas. 125 ij
Liste des Fossiles du Système Eemien dans la Vallée gueldroise, sous
Amsterdam et sous Purmerend.
Vallée |
Amsterdam |
Purmerend |
Vivant |
encore |
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15. Venus ovata. |
X |
28 |
X |
X |
X |
X | ||||||||||||
16. Dosini a lincta. |
X |
X |
X |
X |
X |
X | ||||||||||||
17. Tellina Balthica. |
X |
X |
X |
X |
X |
X |
X |
X |
X |
X |
X |
X |
X | |||||
18. Tellina donacina. |
XX |
X |
X | |||||||||||||||
19. Gastrana fragilis. |
X |
X |
X |
X |
X |
X | ||||||||||||
20. Syndosmyma alba. |
X |
X |
X |
X |
X |
X | ||||||||||||
21. Scrobicularia piperita. |
X |
X |
X |
X |
33 |
X |
X |
X |
X |
X |
X | |||||||
Ensis ensis. |
X |
28,5 |
X |
X |
X |
X |
X |
X | ||||||||||
23. Saxicava rugosa. |
X |
X |
X |
X |
X |
X | ||||||||||||
24. Thracia papyracea. |
XX |
X |
X |
X | ||||||||||||||
25. Mactra subtruncata. |
X |
X |
X |
X |
X |
X |
X | |||||||||||
26. Mactra solida. |
X |
X |
X |
X |
X |
X |
X |
X |
X |
X |
X |
X |
X |
X | ||||
27. Corbula gibba. |
X |
X |
X |
X |
X |
X |
X |
X |
X |
X |
X | |||||||
28. Pholas Candida. |
XX |
X |
X |
X |
X |
X |
X |
X |
X |
X | ||||||||
29. Trochus cinerarius. |
XX |
? |
32,5 |
X |
X |
X |
X |
X |
X |
X | ||||||||
30. Neritina fluviatilis. |
XX |
X |
X |
X |
X |
X | ||||||||||||
31. Scalaria communis. |
XX |
? |
X |
X |
X |
X |
X |
X | ||||||||||
32. Valvata piscinalis. |
XX |
X |
X |
X | ||||||||||||||
33. Bythinia tentaculata. |
XX |
28,5 | ||||||||||||||||
34 Hydrobia ulvae. |
X |
X |
X |
X |
32,5 |
X |
X |
X |
X |
X |
X | |||||||
35. Hydrobia minuta. |
X |
X |
X |
X | ||||||||||||||
36. Rissoa raembranacea. |
X |
X |
X |
28 |
X |
X |
X | |||||||||||
37. Littorina littorea. |
X |
X |
X |
X |
25,5 |
X |
X |
X |
X |
X |
X |
X |
X | |||||
38. Chemnitzia cf. densecostata. |
XX |
X | ||||||||||||||||
39. Chemnitzia cf. rufa. |
XX |
X |
X |
X |
X |
X | ||||||||||||
40. Cerithium reticulatum. |
XX |
X |
X |
X |
X |
X |
X |
X |
X | |||||||||
41. Aporrhaïs pes-pelecani. |
X |
X |
X |
X |
X |
X |
X |
X | ||||||||||
42. Nassa reticulata. |
X |
X |
X |
X |
X |
X |
X |
X |
X |
X |
X |
X | ||||||
43. Utriculus truncatulus. |
X |
X |
X |
X |
X |
X | ||||||||||||
44. Cylichna alba. |
XX |
X |
X |
X |
X |
X | ||||||||||||
45. Planorbis cf. nitidus. |
XX |
28 |
X |
X |
X | |||||||||||||
46. Succinea elegans. |
XX |
X |
X |
X |
X |
X |
Quoique les profondeurs auxquelles les fossiles ont été rencontrés dans
la Vallée gueldroise varient d'un point à l'autre, on voit au premier
abord que partout ce n'est qu'une seule et même couche qui les contient.
Il est donc ici hors de discussion qu'ils ont été enterrés en même temps.
Il en est autrernent à Amsterdam et à Purmerend ; ici les fossiles ont été
contributions a la géologie des pays-bas. 125 ij
trouvés à des profondeurs assez différentes et il reste à savoir si l'ensemble
des couches fossilifères, ou seulement une partie, est l'équivalent du
Système Eemien. Nous avons dans ce but suivi la même méthode qu'en
décrivant les fossiles des forages d'Utrecht, etc.: nous avons dressé une
liste qui énumère les espèces et les profondeurs où.elles ont été trouvées.
Dans les différents puits d'Amsterdam, les fossiles ont été rencontrés
aux profondeurs suivantes: „Passeerdergracht", 23|-, 24|-, 25|-, 26-|, 32
et 34 m.; „Lauriergracht", 9, 28, 28|, 32 et 34 m.; „Nieuwe Markt",
13, 25|, 26, 26|, 28j- et 43 m. et „Bloemgracht", 8 m.
Comme la hauteur du sol près de tous ces puits n'est pas la même
(N. M. 1,5; L. G. 1,4; B. G. 1,2 et P. G. 0,5 m., au-dessus de A. P.)
nous réduisons les profondeurs à ce même niveau et obtenons ainsi les
chiffres suivants :
P. G. 23 24 25 26 31,5 33,5 Nous pouvons ainsi
L. G. 7,5 26,5 27 30,6 32,6 accepter quatre niveaux
N. M. 11,5 24 24,5 25 27 41,5 coquillers, le premier
B. G. 6,8 de 6,8—11,5, le second
de 23—27, le troisième de 30,6—33,5 et le quatrième à 41,5 m. sous
A. P. En répartissant les fossiles sur ces quatre niveaux nous voyons
que le premier seul présente des différences essentielles; il ne contient
aucune espèce éteinte pour notre faune et seulement quatre espèces assez
vulgaires. Les trois autres niveaux ne diffèrent pas essentiellement; les
deux premiers contiennent toutes les espèces caractéristiques du Système
Eemien, et le quatrième, qui ne représente qu'une seule profondeur
d'un seul puits, contient deux espèces qui se retrouvent aussi dans les
autres couches (Nassa reticulata et Corbula gibba). Les trois niveaux
inférieurs sont ainsi l'équivalent du Système Eemien, dont les fossiles
se rencontrent ainsi entre 23 et 41,5 m. — A. P., c'est à dire dans les
couches VII (sable) et VIII (marne argileuse dure) des profds de Harting
(1. c. Pl. I). Dans les environs d'Amersfoort, etc. la couche de sable
coquiller est partout recouverte d'une couche d'argile grise et on retrouve
de même à Amsterdam au-dessus du sable A^II une argile marneuse
gris-jaunâtre d'épaisseur variable. C'est probablement la continuation
du même dépôt.
A Purmerend les choses sont plus simples encore ; le sol y est de hauteur
égale avec A. P. et les couches qui contiennent des fossiles sont à 25,
25|, 26, 26|, 28, 28|, 29, 2930, 30]-, 31, 32, 32|-, 33 et 34 m. — A. P.
Nous avons di'essé en brouillon un tableau des fossiles et des profondeurs,
et nous avons vu qu'il n'y a aucune différence essentielle ; que^ toutes
appartiennent au Système Eemien. Pour le simphfier nous en reprodui-
contributions a la géologie des pays-bas. 125 ij
sons seulement les profondeurs de 25 et de 34 m., la supérieure et l'in-
férieure , avec celles de 26|- et de 32 m. qui sont le plus riches en fossiles.
On se demande maintenant de quel âge est notre faune, ou plutôt
sont nos deux faunes, la plus grande du Système Eemien et l'autre
beaucoup plus petite des couches supérieures d'Amsterdam. Considérons
d'abord, pour résoudre cette question, les relations stratigraphiques de
la couche fossilifère. Partout dans la Vallée de l'Eem et sous Amster-
dam , celle-ci est couverte d'une couche d'argile sur laquelle repose du
sable , mêlé parfois de cailloux et remplacé localement par de l'ai'gile
ou de la tourbe. Ce sable forme ce que Staring a appelé „Zanddiluvium",
considéré par lui comme le terme le plus récent de la série quaternaire.
Dans une série d'endroits p. e. Barnevéld, Voorthuizen, Nijkerk et
Amsterdam , ce même Zanddiluvium se continue sous la couche coquillère
jusqu'à une profondeur inconnue ; à Amersfoort au contraire les coquilles
reposent sur un sable contenant beaucoup de galets scandinaves, iden-
tiques à ceux qui se trouvent à la surface de la colline d'Amersfoort
et sur la Veluwe. Le versant de cette colline se continue ainsi sous
la surface jusqu'à une profondeur inconnue pour se relever de l'autre
côté de la Vallée gueldroise et y former la surface des collines de la
Veluwe. Partout où des rapports stratigraphiques ont été constatés on
n'a trouvé nulle part les coquilles Eemiennes dans ou sous le Diluvium
entremêlé. La Période Eemienne est ainsi identique avec celle du Zand-
diluvium , comme nous ne voyons aucune raison pour considérer les
sables en-dessous des fossiles à Barneveld , Voorthuizen , etc. comme étant
d'un âge géologique dilférent de ceux qu'on rencontre en-dessus. Ainsi
que nous l'avons vu dans la première partie de ce travail, la déposition
des erratiques scandinaves ayant eu lieu probablement dans la première
période glaciale du Quaternaire, le Zanddiluvium est d'un âge postglacial.
Une question intimement liée avec celle de l'âge de ce Zanddiluvium
ou de la Vallée gueldroise (s. s.) c'est celle de l'âge de la Vallée guel-
droise (s. a.). Le lit de la première est formé jjar le Zanddiluvium, le
lit de la seconde, par le Diluvium glacial et se trouve au-dessous de la
couche coquillère. Comme celle-ci appartient au Zanddiluvium nous
pouvons placer la date de la Vallée gueldroise (s. s.) vers la fin de la
période du Zanddiluvium. Pourtant elle a encore subi des changements;
le niveau du sol y a été plus élevé qu'aujourd'hui, comme nous le
montrent les cohines de Baarn et de Hoogland, qui ne sont composées
que de sable et n'ont en même temps nullement l'aspect des dunes
de l'intérieur. Elles ne sont que les restes d'une surface plus élevée du
sol dont une grande partie a été enlevée par la dénudation.
contributions a la géologie des pays-bas. 125 ij
Quant à la date de la formation de la Vallée gueldroise (s. a.), elle est
moins facile à fixer. Son origine nous semble claire; on ne peut faire
d'objection à la considérer comme vallée d'érosion, hypothèse que les
versants assez escarpés à Reenen et Wageningen rendent plus que pro-
bable. Quand cette érosion a-t-elle eu lieu? Le profil du „Laarsche Berg"
(pl. Il, fig. 1) nous prouve qu'après l'érection des bancs redressés il
y a eu une forte érosion et qu'ensuite il s'est déposé dans les creux
produits un ensemble de couches formant le Diluvium stratifié glacial,
sur lequel repose la moraine inférieure. Ces couches n'ont pu se déposer
naturellement dans l'air, mais sur du sable en-dessous et ont probable-
ment été en continuité directe de Reenen à Wageningen et d'Amersfoort
à la Veluwe. Une grande partie en a été enlevée par la dénudation, de
sorte que les restes que nous avons observés à Reenen, à la Grebbe et
à Wageningen ne sont que des fragments d'une masse jadis beaucoup
plus étendue. Cette érosion achevée, la vallée profonde s'est de nouveau
remplie de sable, remplacé localement par de la glaise ou de la tourbe.
Nous croyons pouvoir expliquer ce fait en admettant un abaissement
du sol,. qui permit ensuite à la mer d'entrer dans la vallée changée
ainsi en estuaire. Un phénomène plus dificile à expliquer, c'est le niveau
coquiller qui n'a qu'une épaisseur d'un mètre environ. Pourquoi les
coquilles ne se rencontrent-elles point au-dessus et au-dessous de ce
niveau, excepté sous Amsterdam et sous Purmerend ? Ces deux villes
se trouvent en dehors de la vallée et à l'endroit où elles sont bâties
était jadis la mer ouverte, pendant que la Vallée gueldroise se rem-
plissait de sable.
Comme celle-ci est d'origine postglaciale, le Système Eemien l'est par
conséquent aussi. Or, nous avons essayé de démontrer dans la première
partie de cet ouvrage que la moraine inférieure du Diluvium entremêlé
est celle de la première extension du glacier Scandinave. Notre faune
pourrait ainsi être interglaciale (précéder la dernière extension), glaciale
(ou contemporaine) et postglaciale (ou postérieure). Or, les géologues
anglais, (Forbes, Bell, Harkness, Jamieson, Geikie, Crosskey, etc.)
distinguent pour les Dépôts quaternaires deux catégories de faunes ; l'une
a un caractère décidément boréal et est considérée par conséquent comme
glaciale; l'autre ne contient que quelques espèces boréales, mais a un
caractère assez semblable à celui de notre faune actuelle et elle indique
ainsi un climat semblable à celui de nos jours, peut-être un peu plus froid.
Nous avons comparé notre faune avec quelques autres de la Période'
quaternaire. D'abord M. Clement Reid dans sa „Geology of Holderness",
faisant partie des „Memoirs of the geological Survey of England and
CONTRIBUTIONS A LA GÉOLOGIE DES RAYg-BAS. 135
Wales, 1885", énumère les fossiles de deux faunes à caractère assez
différent. La première est celle du Bridlington Crag qui se trouve sous
la moraine inférieure de la première glaciation et qui a un caractère
décidément arctique ; la seconde est celle des graviers interglaciaires,
dont la faune est presque celle de nos jours, avec quelques formes
boréales de plus. On voit dans notre tableau que le nombre de nos
espèces qui se retrouvent dans les couches interglaciales est un plus
grand que le nombre de celles qui se retrouvent dans le Crag glacial
(20 contre 12 sur 46).
Nous avons également comparé notre faune avec celles que M. Sars
a décrites dans sa: ,,Fossile Dyrelevninger fra Quartaerperioden" Chris-
tiana, 1865. Il y traite les faunes marines trouvées aux environs de
Christiania sur les rivages émergés de la Période quaternaire. Les
anciens rivages les plus élevés entre 157 et 94 m. au-dessus du
niveau de la mer portent des ,,bancs de testacés glaciaires", renfermant
une faune littorale ou d'eau basse, et une ,,argile marneuse", renfermant
une faune d'une mer plus profonde. Ces deux faunes ont un caractère
arctique très prononcé.
Les rivages entre 0 et 47 m. au-dessus du niveau de la mer portent
également deux faunes plus ou moins distinctes. Il y a d'abord les
„bancs coquillers postglaciaires", qui sont de ,,vraies formations littorales
ou formées dans une eau peu profonde", et ensuite,,l'argile coquillère",
dont la faune appartient „tantôt aux eaux basses, tantôt à des eaux plus
profondes", ou bien a été „déposée à une très grande profondeur". Dans
chacun, de ces trois cas, elle se lie étroitement à celle des côtes de la
Norvège actuelle ; tout au plus a-t-elle un caractère un peu plus arctique,
ce qui est justement ce que Clement Reid a trouvé pour sa faune des
graviers interglaciaires de Holderness. En jetant un coup d'oeil sur notre
tableau, on voit aussitôt la répartition très inégale de nos fossiles dans
ces deux faunes. Des 46 espèces, il ne s'en retrouve que 7 dans la
faunë glaciale contre 26 dans la faune postglaciale.
Il suffira également de parcourir notre tableau pour voir qu'il contient
un certain nombre d'espèces qui vivent aussi plus vers le nord, mais
que toutes ces espèces se trouvent également sur les côtes de l'Angleterre
et au sud et la majeure partie sur celles des Pays-Bas. La faune a
décidément un caractère non-boréal et est par conséquent non-glaciajre.
Reste encore à voir si elle est inter- ou postglaciale.
Elle se trouve dans la zone morainique extérieure et n'est donc pas
recouverte par des dépôts glaciaires plus récents ; elle ne l'est non plus
par des graviers du même âge, de sorte que les relations stratjgra-
contributions a la géologie des pays-bas. 125 ij
phiques ne permettent point d'en prouver l'âge interglacial, La com-
paraison avec les fossiles du Quaternaire de la Grande Bretagne ne peut
nous servir, leurs relations stratigraphiques étant en grande partie encore
sujettes à beaucoup de controverses et n'étant pas encore suffisamment
élucidées. D'ailleurs, ces faunes qui indiquent un climat semblable au
nôtre diffèrent assez considérablement de celle du Système Eemien quant
à leur composition. Dans les écrits des auteurs anglais qui se sont
occupés de l'étude de ces faunes, et qui datent pour la plupart déjà
d'une vingtaine d'années, il n'y a dans la règle pas de distinction faite
entre deux Boulderclays d'âge différent, ce qui embrouille dans l'étude
de ces faunes.
Il en est de même de celles de l'Allemagne du Nord, dont sur-
tout Berendt et Jentzsch se sont occupés („Schriften der Physika-
lisch-oekonomischen Gesellschaft in Königsberg" 1865, 1867, 1876 et
et 1880, ,,Zeitschrift der Deutschen geologischen Gesellschaft", 1874,
1879 et 1884 et „Neues Jahrbuch für Mineralogie" 1876 et 1878).
A. leur côté se trouvent Beyrich (Zeits. d. D. g. G. 1852 et 1876), Kiinth
(Idem 1865) et Römer (Idem 1864). De tous ces écrits nous ne nous
servirons ici que de ceux de Berendt (Schriften 1865, 1867 et Zeits.
1874 et 1884) et de Jentzsch (Schriften 1880). Les autres s'occupent
ou de faunes boréales de la Période quaternaire, ou de détails qui ne
peuvent pas nous être utiles pour fixer l'âge de notre faune Eemienne.
Berendt décrit les découvertes successives de fossiles quaternaires dans
ses dilférentes publications, auxquelles nous empruntons les détails sui-
vants. Les principaux gîtes fossilifères se trouvent dans la vallée profonde
de la Vistule entre les villes de Thorn et de Dirschau , par conséquent
dans la province de la Prusse occidentale et sur les frontières de Posen.
C'est surtout le voisinage de Mewe qui a produit un assez grand nombre
de ces coquilles dans une couche de sable marneux ou graveleux. Les
espèces qui y ont été découvertes et déterminées successivement sont:
Tapes virgineus, Cyprina Islandica, Ostrea edulis, Corbula gibba, Mactra
subtruncata, Scrobicularia piperita, Paludina lenta, Valvata piscinalis,
Cardium edule, TeUina solidula (= Balthica), Nassa reticulata et Ceri-
thium reticulatum. Quoique la Cyprina Islandica et la Paludina lenta
n'aient pas encore été trouvées dans notre faune quaternaire et quoique
au contraire notre Lucina arcuata si caractéristique manque encore
dans la faune Vistulienne, les rapports sont si grands qu'on peut les
considérer comme identiques. Berendt observe que toutes ces espèces se
retrouvent actuellement dans la Mer du Nord et quelques-unes seulement
dans la Mer Baltique (Cardium edule et Tellina solidula), mais que ces
contributions a la géologie des pays-bas. 125 ij
dernières y ont une coquille mince et peu solide et sont de petite taille,
comme en général les coquilles d'eau saumâtre, tandis que les coquilles
fossiles sont fortes et grandes, comme celles qui vivent actuellement
dans la Mer du Nord. Il compare cette faune avec les trois faunes
fossiles que Lovén distingue pour le nord de l'Europe, savoir celle de
la Mer Glaciale-Baltique, celle de la Mer Glaciale- du Nord et celle de
la Mer du Nord-Celtique.
A la première faune appartiennent les dépôts à faune boréale de
l'Allemagne du Nord, d'Upsala en Suède, etc.; à la seconde, ceux
d'Uddevalla en Norvège et les faunes boréales quaternaires de la Grande
Bretagne, tandis que la troisième, qui se rapproche le plus de la faune
actuelle de nos latitudes et qui se retrouve à l'état fossile sur l'Ile de
Tschörn, a le plus grand rapport avec la faune quaternaire de la Vistule.
Berendt était tenté de les identifier, mais en considérant que les dépôts
de la Scandinavie qui contiennent cette faune sont considérés comme
subfossiles ou post-glaciaires, tandis que la couche coquillère deMewe,
Marienwerder, Bromberg, etc. est sans contredit quaternaire, il considère
la faune Vistulienne comme plus ancienne. Il s'en suit qu'il faut lui
attribuer un âge interglacial. Berendt considère pour ces raisons la faune
de la Mer du Nord-Celtique comme une reconstruction de la faune marine
diluviale de la Vistule.
En 4874 (Zeits. d. D. g. G.) il fit mention de la découverte d'une
faune marine quaternaire dans la province de la Prusse orientale près
d'Arnau sur la Pregel en aval de Königsberg, puis près des villages
de Langmichels et de W^illkomm près de Skandau. Les coquilles trouvées
étaient: Cardium edule, Nassa reticulata, Cyprina Islandica, Mactra
solida, Tellina solidula, Ostrea edulis, et Valvata piscinalis; la faune
est donc identique à celle de la Vistule, quoique moins riche. Au-dessus
de ces coquilles se trouve une couche mince de marne diluviale ce qui
est une preuve suffisante de son âge plus reculé que la dernière période
glaciaire ; ces dépôts seraient ainsi interglaciaires et par conséquent il
devient encore plus probable que ceux de la Vistule le seraient aussi.
Dans la même publication il mentionne comme découverts à Mewe
le Cardium echinatum et la Scalaria communis, deux espèces également
connues, quoique rarement, dans notre faune diluviale.
Finalement celle-ci a été retrouvée en Pomméranie près de Colberg
sur la rive de la Persante (Berendt, Zeits. 1884) dans un gravier quater-
naire. Les espèces trouvées étaient : Ostrea eduhs, Mytilus edulis,
Loripes lacteus, Cardium edule, C, echinatum , Cyprina Islandica, Tapes
pullastra, Tellina solidula, Scrobicularia piperita, Mya arenaria, Littorina
160 CONTRIBUTIONS A l.A GÉOLOGIE DES PAYS-BAS.
littorea, Aporrhaïs pes-pelecani, Buccinum undatum, Nassa reticulata,
Balanus sp. Le Cerithium reticulatum et la Lucina arcuata de notre
faune quaternaire manquent, et notre Tapes virgineus est peut-être
identique avec le sus-nommé Tapes pullastra, puisque les exemplaires
fossiles du Quaternaire ont souvent été déterminés comme tels.
La présence d'une mer quaternaire étant une continuation directe de
la Mer du Nord et couvrant les provinces de la Pomméranie et de la
Prusse Occidentale et Orientale, est, selon Berendt, un fait géologique
bien constaté.
Jentzsch cependant (Schriften Kôn. 1880), n'est pas entièrement de
cette opinion; il relève le fait que souvent on trouve entremêlés des
éléments hétérogènes, comme des ossements de mammifères terrestres,
de coquilles d'eau douce et marines, venant autant de la Mer du Nord
que de la Mer Glaciale, de sorte que ces gites ne peuvent pas être con-
sidérés comme primaires. Parmi ceux qui nous intéressent ici, il ne
regarde comme tels que celui de Klein-Schlanz près de Dirschau sur la
Vistule et de Vogelsang près d'Elbing. Si ces gites ne sont pas pri-
maires, mais s'ils font partie de la moraine inférieure, les véritables
gites seraient naturellement plus anciens et probablement d'un âge inter-
glacial , ce qui est aussi la conclusion de Berendt, qui lesj^egarde comme
primaires. Ce dernier auteur relève le fait que les grandes coquilles
comme Cyprina Islandica et Tapes virgineus ne se rencontrent qu'en
fragments, tandis que les plus petites seules sont entières et plus ou
moins intactes. Ce fait serait un argument en faveur de l'hypothèse de
Jentzsch, mais n'implique nullement l'âge interglacial des dépôts primaires.
Aussi en 4882 (Jahrbuch der kônigl. preuss. geolog. Landesanstalt.
,,Die Lagerung der diluvialen Nordseefauna bij Mariënwerder"), Jentzsch
prouve de nouveau l'âge interglacial de cette faune.
Nous avons vu que la comparaison de notre faune fossile avec celle
de la Prusse orientale ne pous permet pas de décider sur son âge inter-
ou postglacial, les affinités avec la dernière étant aussi grandes qu'avec
la faune de la Mer du Nord-Celtique qui est considérée comme postglaciale.
Il y a cependant encore une dernière manière de trancher la question
et c'est de comparer entre eux les quatre niveaux fossilifères sous Am-
sterdam. Dans tous les puits on a trouvé une alternance de sable, de
glaise et de marnes qui démontrent une sédimentation ininterrompue,
quoique changeant parfois de caractère. Au-dessus de notre niveau
fossilifère quaternaire supérieur on trouve de la glaise, puis du sable
et ensuite une glaise tourbeuse qui prouve le voisinage de la terre ferme.
Cette glaise est à son tour couverte de sable et d'un sable marneux
-•„-s
-ocr page 142-contributions a la géologie des pays-bas. 125 ij
constituant le dernier niveau coquiller, dont les mollusques sont ceux qui
vivent actuellement sur nos côtes. Il n'y a donc point de raison pour
ne pas le considérer comme récent ou alluvial. Comme il n'y a point
d'interruption dans la sédimentation, le niveau coquiller supérieur succède
immédiatement au second; il ne reste donc plus qu'à décider si celui-ci
et les deux autres qui n'en diffèrent point appartiennent à la Période
alluviale ancienne ou à la partie la plus récente de la Période diluviale.
La différence n'est certainement pas grande, comme l'a déjà remarqué
M. Harting. Deux raisons nous font considérer notre faune Eemienne
comme diluviale, par conséquent comme post-glaciale. La première est
sa différence assez considérable avec notre faune actuelle. Parmi les 20
espèces fréquentes il n'y en a pas moins de 7 ou 35%, qui sont éteintes
pour notre faune, quoiqu'elles vivent encore sur les côtes de l'Angleterre.
Ce sont : Lucina arcuata, Tapes decussatus, Tapes virgineus, var. major (le
Tapes virgineus actuel est beaucoup plus petit, la var. major est en réalité
éteinte), Venus ovata, Gastrana fragilis, Rissoa membranacea, Cerithium re-
ticulatum. Cette modification dans notre faune est certainement assez grande
pour qu'on puisse la paralléliser avec un changement de période géologique.
Une autre raison est la présence d'une grande masse de sable dans la Val-
lée gueldroise au-dessus de la couche fossilifère et qui peut monter jusqu'à
23 mètres d'épaisseur (y compris une couche de glaise de 2 m.). On ne
trouve nulle part à la surface de cette vallée de l'argile fluviatile, qui est
cependant si répandue dans les vallées de toutes nos rivières. Les conditions
ont dû être différentes de celles de nos jours pour ne permettre à ce bras du
Rhin que de déposer du sable. Elles étaient intermédiaires entre celles qui
faisaient charrier à cette rivière d'énormes masses de gravier et les condi-
tions actuelles. Aujourd'hui les bras du Rhin déposent aussi du sable, il est
vrai, mais en même temps du limon, et cela depuis les temps historiques.
Cet état intermédiaire est précisément celui que nous nous représentons
pour la période postglaciale; les conditions climatériques s'améliorent,
le Iroid et les quantités d'eau et de neige diminuent peu à peu.
L'idée de considérer la Vallée gueldroise comme un produit d'érosion
fluviatile n'est pas nouvelle. T^a configuration du sol a déjà autrefois
attiré l'attention et différents auteurs ont discuté cette origine fluviatile,
mais en se basant presque uniquement sur des données historiques: les
chroniques des Romains et des écrivains du Moyen Age. Le travail le
plus étendu et le plus soigneux à cet égard est celui de Jhr. Mr. A. J.
H. M. van Asch van W^ijck, intitulé ,,Proeve over den ouden Loop van de
contributions a la géologie des pays-bas. 125 ij
Rivier de Eem", Utrecht 1832. Il considère avec nous la petite rivière
de TEem comme étant le reste dégénéré d'un bras du Rhin beaucoup
plus puissant et tâche d'en démontrer l'étendue beaucoup plus consi-
dérable encore dans les premiers temps historiques. Selon lui les noms
de „Heymenberg" et „Heymerstein" près de Reenen, d'un côté, et „Em-
meloord" (Ile de Schokland) et même „Hemelumer Oldephaert" (sud-ouest
de la Frise) de l'autre, auraient tous rapport au voisinage de cette rivière.
Nous ne pouvons pas suivre l'auteur dans ses dissertations hnguistiques
intéressantes; c'est le terrain des philologues. Ajoutons seulement qu'il
a aussi étudié la configuration du sol pour y emprunter de nouveaux
arguments en faveur de son hypothèse.
Arends (Physische Geschichte der Nordseekïiste, Emden 1833), men-
tionna également cette hypothèse, qui n'aurait pas trouvé beaucoup de
sympathie en Néerlande. Selon lui, le Hr. Swarts aurait même tâché
de fixer la date du dessèchement de la Vallée gueldroise en faisant couper
par Claudius Civilis la digue à l'ouest de Reenen (de Reenen à Nymègue?).
En outre, Arends relève ce fait important que toute la vallée est si
basse que par des ruptures de la digue entre Wageningen et Reenen l'eau
s'est écoulée au Zuiderzee. Il ne faut pas d'imagination pour se figurer
cette rivière temporaire comme rivière permanente ayant un niveau plus
élevé pendant la Période quaternaire. Les preuves de ces niveaux plus
élevés abondent en Europe. D'après Van Asch van Wijck (1. c ), il aurait
été question à différentes reprises de remettre la Vallée gueldroise dans
son ancien état. Frédéric Barberousse e. a. aurait ordonné de conduire le
Bas-Rhin dans son ancien lit ; mais cet ordre aurait pris le même chemin
que tant d'autres des empereurs d'Allemagne: on ne fit rien.
Ottema („De vrije Fries", IV Leeuwarden 1846. „Over den Loop der
Rivieren door het Land der Friezen en Batavieren in het Romeinsche
Tijdperk") consacre quelques lignes à cette question. Il admet bien un
ancien bras du Rhin dans la Vallée, mais ne croit pas que l'Eem en
soit le dernier vestige. Ses arguments sont très faibles. Il traite la
question à un point de vue historique et n'arrive naturellement pas à
un bon résultat.
M. Hartogh Heys van Zouteveen („Algemeene Statistiek van Nederland",
1870), parle en quelques mots de la question (Pag. 14 note). Comme
Staring (B. v. N. L Pag. 412), il attache beaucoup d'importance à l'absence
de glaise fluviatile et n'admet pas que la Vallée ait été un lit de rivière.
Tous deux ont cependant aussi perdu de vue la différence importante
entre les rivières actuelles et les rivières quaternaires.
contributions a la géologie des pays-bas. 125 ij
Chapitre IV. Comparaison de la Vallée gueldroise
et de celle de l'Ussel.
Tout ce que nous venons de dire ici sur l'âge du sable de k Vallée
gueldroise peut s'appliquer de mêtne à celui de la Vallée de l'Ussel.
Seulement il y a une différence en ce que nous rencontrons ici trois
vallées concentriques au lieu de deux. La plus large, qui a ses bords
à la Veluwe d'un côté et à la série de collines du Diluvium entremêlé
de l'autre (Eltenberg-Monferland, Lochemerberg, Haarlerberg, Lemeler-
berg), s'est en grande partie encombrée de Diluvium sableux. L'érosion
a travaiUé une seconde fois et y a formé une vallée secondaire moins
large et remplie à son tour de glaise fluviatile, dans laquelle nous observons
la vallée tertiaire occupée actuellement par la rivière elle-même.
Un autre point de différence est que la Vallée issulane ne montre
aucune trace de l'occupation de la mer ; nulle part on n'y a trouvé de
coquihes marines. Par les renseignements que je dois à la bienveillance
des municipalités, je puis donner les détails suivants sur le sous-sol
des principales villes de cette vallée.
A Kampen on connaît avec exactitude la couche superficielle,
épaisse de. 7 m. La glaise fluviatile y a une épaisseur de 2,5 à 3 m.,
et repose sur une couche de tourbe épaisse de 1 à 2 m., sous laquelle
se trouve le sable entremêlé de gravier jusqu'à une profondeur in-
connue. Ce Diluvium sableux qui vient aussi à la surface de la
ville constitue en même temps le sous-sol du ,,Kampereiland", où-il est
recouvert d'une couche de glaise marine, épaisse d'environ 0,5 à 1 m.
En 1868 on y a exécuté deux forages. Le premier dans la „Keizer-
straat" a pénétré jusqu'à 35,4 m. de profondeur, mais on n'en a
point conservé d'échantillons, tandis que ceux du second, exécuté
sur le ,,Nieuwe Markt" sont en la possession de M. L. Ali Cohen de
Groningue. La glaise fluviatile, plus ou moins sableuse, s'étend jusqu'à
5,45 m. de profondeur et repose sur une couche de tourbe jusqu'à 7,2 m.
De 7,2 à 18,85 m. on a traversé du sable alternativement blanc et
bigarré, plus ou moins fin, micacé à sa base. Entre 12 et 14,5 m. il
contenait de petits caiUoux de quartz blanc, de grauwacke, de grès,
de silex, de granit et de syénite. Entre 18,85 et 19,2 m. se trouvait
une couche ou plutôt une masse de tourbe qui n'a pas été rencontrée
par l'autre forage. Entre 19,2 et 22 m. revenait le sable légèrement
bigarré avec quelques cailloux de quartz blanc et de silex, entre 22
et 22,4 m. de l'argile gris-clair mêlée de tourbe, et entre 22,4 et 31,3 m.
contributions a la géologie des pays-bas. 125 ij
on n'a perforé qne du sable, blanc pur en haut, légèrement bigarré
en bas, non micacé, plus ou moins grossier et contenant de très petits
cailloux de granit à 27 et à 31 m. de profondeur.
A Zwolle le sous-sol est connu jusqu'à une profondeur de 24,5 m.
(22 m. — A. P.). Les 4 premiers mètres ont été remaniés par l'homme;
puis vient uue mince couche de tourbe, et à 4,6 m. de profondeur le
gros sable diluvien, qui contient à 11 m. des galets, en partie d'origine
Scandinave; ces galets se retrouvent à 16 m. et à 24 m. de profondeur.
La partie inférieure de ce sable est mêlée d'argile.
Le forage de Deventer, exécuté en 1876, nous apprend encore da-
vantage sur la constitution du sol, puisqu'il a pénétré jusqu'à une
profondeur de 90 mètres (81 m. — A. P.). Il se compose de nouveau prin-
cipalement de sable plus ou moins fm, mêlé parfois d'argile et contenant
quelques couches insignifiantes de tourbe. L'argile participe en très grande
partie à la formation du sous-sol. Ce qu'il y a de plus remarquable,
c'est la couche de sable mêlé de gravier, entre 82,5 et 87,5 m. de pro-
fondeur, qui contient beaucoup de cailloux scandinaves, de granit, de
syénite, de calcaire gris silurien avec des restes de Crinoïdes, et de
silex, mêlés à d'autres de quartzite et de grauwacke. Le sable fm
au-dessous de cette couche contient quelques restes de Bryozoaires et
de Foraminifères,
Un forage exécuté à Zutfen en 1883, est descendu plus bas encore,
jusqu'à 110 m. (101m. — A. P.). On n'a rencontré presque rien que
du sable, tantôt plus fin, tantôt plus gros, plus ou moins argileux,
parfois mêlé de gravier. On y a aussi rencontré des cailloux scandinaves
entre 20 et 25 m. et, en très petite quantité, à 12 m. de profondeur.
Quelle signification doit-on attacher maintenant à ces cailloux de
roches plutoniennes ou sédimentaires d'origine Scandinave ? En traitant
des forages d'Utrecht et de Gorkum dans un travail antérieur nous avons
tiré la limite entre Scaldisien, ou Pliocène supérieur, et Quaternaire au
niveau oià de petits cailloux de granit avaient été trouvés. Jusqu'ici
rien ne nous indique que des cailloux de granit trouvés en Hollande
soient parfois d'origine méridionale; Dewalque seul suppose que ceux
de Maastricht sont venus des Vosges (pag. 77).
En tout cas, Utrecht et Gorkum se trouvent encore dans le rayon
de dispersion du glacier Scandinave quaternaire et on peut admettre
qu'il a apporté ces cailloux, soit directement, soit indirectement par ses
eaux de fonte. Ceci n'empêche pas que ces cailloux puissent être arrivés
à un niveau plus bas par suite de l'érosion, et c'est aussi ce que nous
avons supposé à Utrecht et Gorkum , puisqu'on n'y a point vu d'indication
contributions a la géologie des pays-bas. 125 ij
certaine du Diluvium préglacial. Au-dessus de ces cailloux se trouvent
de nouveau des sables renfermant sous Utrecht une faune marine, presque
entièrement composée d'espèces vivantes, et sous Gorkum une faune
A Amei'sfoort, à Eembrugge près de Baarn, à Zwolle, à Deventer ||
et à Zutfen nous avons des phénomènes analogues. La première ville i|
„Montagne" d'Amersfoort est composée d'un noyau de Diluvium rhénan I
formant des bancs l'edressés, érodés en partie et couverts d'un Diluvium
glacial stratifié avec des vestiges d'un Diluvium glacial non-stratifié if
{moraine inférieure). Les deux derniers contiennent les cailloux et les â
erratiques scandinaves ; le premier n'en renferme pas un seul. Or, lorsqu'un §
forage amène des cailloux de granit, etc. on peut dire avec certitude
qu'on n'est pas encore dans le Diluvium préglacial, mais tout au plus
dans le Diluvium glacial. Peut-être le premier s'est-il étendu jadis jusqu'à
un niveau plus élevé, mais c'est une question qui ne peut pas être
tranchée par un forage. f
Les cailloux scandinaves amenés par les forages d'Amersfoort et dont
quelques-uns sont distinctement polis et striés, se trouvent-ils à leur
niveau original? Nous croyons pouvoir répondre affirmativement à cette
question. Voici pourquoi ! En décrivant la coupure de la station d'Amers-
foort , nous avons fait une distinction entre la moraine inférieure véritable
et la couche supérieure qui n'en est qu'une imitation, produite par le
mouvement de descente du sol de la surface. Or, cette moraine inférieure
véritable s'y trouve à un niveau peu élevé, égal à la surface de la
Vallée gueldroise. D'ailleurs, partout où nous avons rencontré cette moraine,
ce n'est nulle part sur les sommets des collines qui sont même en
général dépourvus d'erratiques scandinaves, mais seulement dans les
parties plates et horizontales des bruyères (Hilversum, Soest, Groenloo,
Diepenheim, Rijssen, etc.). C'est seulement à Enschedee qu'elle se trouve
dans un niveau plus élevé, sur le versant d'une colline étendue à pente
très douce.
De même qu'à Amersfoort, nous avons trouvé plusieurs erratiques
scandinaves le long de la route de Maarn, tandis qu'ils manquent sur
les collines avoisinantes. Une partie du bord de la surface de la Vallée
gueldroise est donc du Diluvium glacial, et on peut s'attendre à le voir
se continuer sous le Diluvium sableux. Nous sommes aussi convaincu
que la couche graveleuse à éléments scandinaves, rencontrée entre 82,5
et 87,5 m. de profondeur sous Deventer est également la moraine inférieure.
1
160 CONTRIBUTIONS A l.A GÉOLOGIE DES PAYS-BAS.
C'est le forage de Sneek en Frise qui nous a décidé à admettre la
moraine in-situ à des niveaux plus ou moins bas. Il y a donc eu des
différences de niveau très prononcées (de 100—150 mètres) sous le manteau
de glace quaternaire et par conséquent immédiatement après sa retraite.
Ces dilférences sont la caractéristique du mommigi^e" de Desor,
qui possède en outre de nombreuses vallées en cul-de-sac non causées
par l'érosion. Or, nous avons remarqué de ces vallées ou bassins entre
Ootmarssum et Hardenberg, à Assel, près de l'observatoire de Soeren,
et pi'ès de Steenwijk. Plusieurs de ces dépressions sont des étangs, comme
le lac d'Uddel, etc.; d'autres sont remplies de tourbe, comme les petites
tourbières circulaires à l'est de Frederiksoord Les collines isolées de
rOveryssel, sur les sommets desquelles on ne voit tout au plus que des
traces d'erratiques scandinaves, appartiennent au même paysage morai-
nique. La plaine d'Otterloo-Kootwyk-Harskamp, qui fait partie de la
Vallée gueldroise nous parait être une dépression semblable , dont le niveau
a été exhaussé plus tard par la déposition de sable fluviatile (ou marin),
Zanddiluvium. Après le retrait du glacier Scandinave, l'érosion s'est
mise à l'oeuvre et a modifié notablement le paysage morainique en
creusant des vallées continues (gueldroise, issulane), qui étaient partielle-
ment préparées par rérosion glaciale, et en rongeant les pentes des
collines de ce paysage.
La Vallée gueldroise (s. a.) doit ainsi son origine aux deux causes
sus-mentionnées. Nous ignorons complètement sa profondeur maximale,
puisque, excepté à Amersfoort et à Eernbrugge, on n'a rencontré nulle
part de cailloux scandinaves ; pas même par les forages les plus profonds
de Voorthuizen (77 m.) et de Barneveld (45 m.).
Pourtant l'absence d'erratiques scandinaves ne peut jamais être in-
voquée comme preuve de l'épaisseur considérable du Zanddiluvium. Le
Diluvium glacial stratifié n'est pas développé partout; il manque dans
beaucoup d'endroits et alors la moraine inférieure repose directement
sur le Diluvium préglacial. Or, cette moraine n'est nullement un pavé
continu d'erratiques scandinaves; ceux-ci sont plutôt dispersés et accu-
mulés très irrégulièrement, et parfois la moraine ne se compose que
d'un sable à structure tordue. I^e Diluvium glacial stratifié est souvent
entièrement sableux, ainsi que le Diluvium préglacial, de sorte qu'il
peut se faire que le tube perfore ces trois étages géologiques sans qu'on
s'en aperçoive, ce qui est probablement arrivé à Amersfoort. Un des
premiers forages, exécutés dans cette ville, fut celui de M. Croockewit,
décrit en détail par M. Harting. A part des différences locales, la même
succession de couches s'est présentée que dans les autres forages; une
m-
contributions a la géologie des pays-bas. 125 ij
épaisse couche d'argile repose sur un gros sable, qui renferme des coquilles.
Sous ce sable on n'a point rencontré d'erratiques scandinaves, mais direc-
tement du sable hn jaune, ayant une épaisseur de 23,5 m. Si l'on ne
connaissait pas la présence des erratiques dans les autres forages, on ne
pourrait s'orienter sur le caractère de la formation dans laquelle on se
trouve, puisque le Diluvium entremêlé se compose aussi en majeure partie
de sable Iluviatile. Qui nous dira si des cas semblables ne se sont pas
présentés ailleurs, p. e. à Barneveld ou à Voorthuizen, où il y a des forages
également assez profonds?
En outre le Diluvium sableux contient parfois des cailloux de quartz,
etc. et il peut très bien en contenir de granit, etc. qui sont dérivés
des cohines environnantes. Ainsi, sous Purmerend on en a trouvé parmi
les coquilles aux profondeurs de 25|, 26, 26|- et 28|- m. La présence
de quelques petits cailloux de granit parmi des débris de coquilles
Eemiennes à 40 m. de profondeur sous Alkmaar, n'est donc point une
preuve de la présence de restes de la moraine inférieure à ce niveau.
Elle pourrait la rendre probable, si elle était appuyée par d'autres détails
que procurerait un forage plus profond.
Nous voyons donc que l'étude de ces forages présente beaucoup de
difficultés, qui ne peuvent disparaître qu'en en comparant un plus grand
nombre. Elles se présentent non seulement dans la Vallée gueldroise,
mais aussi dans celle de l'Ussel. Le forage le plus instructif est cei'tai-
nement celui de Deventer. Là se trouve un assez grand nombre de
cailloux de roches plutoniennes et de calcaire silurien à une profondeur
de 82,5—90 m. (73,5—81 m. — A. P.) et pas un seul au-dessus de ce niveau.
Le sable qui les contient est grossiér et mêlé de grains de calcaire et
de feldspath. C'est pour cette raison et à cause de la quantité relativement
grande des cailloux précités que nous considérons ce sable graveleux
comme la moraine inférieure, et par conséquent le sable et l'argile
en-dessus comme constituant le Zanddiluvium. (Pag. 142). A Zutfen, des
cailloux de granit ont été trouvés entre 10 et 16 m. (1—■7 m. — A. P.)
et entre 20 et 25 (11—16 m.—A. P.) m. de profondeur. Au premier
niveau, ce n'est qu'un caillou roulé de granit rose de 1 c. m. de diamètre
et au second, un autre semblable plus petit encore. Nous n'osons con-
sidérer ni l'un ni l'autre comme preuve de la moraine inférieure, mais
seulement comme parasites — pour ainsi dire — du Diluvium sableux.
Celui-ci aurait ainsi à Zutfen une épaisseur minimale de 110 m., égalant
presque celle de Gorkum. Un forage plus profond , allant jusqu'à un terrain
bien caractérisé aurait seul la chance de résoudre la difficulté.
A Zwolle, nous avons un cas plus ou moins analogue à celui de
-ocr page 149-contributions a la géologie des pays-bas. 125 ij
Deveriter. A 12—13 m. de profondeur (9,5—10,5 m. — A. P.) on a trouvé
quelques cailloux de gneiss-amphibolique et de granit-amphibolique, et
entre 23,5 et 24,5 m. (21—22 m.—A. P.) d'autres de granit gris-clair
et de granit rouge et des fragments détachés de feldspath. Or, ces frag-
ments n'étant pas arrondis, mais angulaires, la présence du Diluvium
glacial à ce niveau est rendue probable. Le Diluvium sableux n'aurait
ici qu'une épaisseur de 11,5 m., ou de 24 m., quand on considère les
cailloux plutoniens supérieurs comme parasites.
A Kampen nous avons un cas semblable à celui de Zutfen et nous
considérons ainsi tout le sable jusqu'à 32 m. comme faisant partie du
Zanddiluvium, en nous appuyant aussi sur la couche de tourbe, située à
19 m. 11 était en outre très probable qu'on rencontrerait à Zwolle le
Diluvium entremêlé à une profondeur moins grande qu'à Deventer et à
Zutfen. Celui-ci arrive à la surface près de Hattem et est ainsi bien moins
éloigné de Zwolle qu'il ne l'est de Zutfen. Cette ville est à son tour plus
rapprochée du D. e. visible (Loenen et Lochem) que ne l'est Deventer
(Apeldoorn et Holten) et on s'attendrait à trouver les cailloux scandinaves
à une profondeur moins grande sous la première ville que sous la seconde.
Des irrégularités à cet égard sont cependant très probables et il faut avouer
en outre que les échantillons des terrains perforés à Deventer et à Zwolle
ont été recueilhs et conservés avec beaucoup de soin, ce qui n'a pas
été le cas à Zutfen. Les conclusions qu'on tire du forage de cette ville-ci
seront naturellement toujours beaucoup moins certaines.
Nous avons dressé une figure, afin de rendre claires les relations qui
existent entrée le Diluvium graveleux et le sableux dans la Vallée isulane
à Deventer. C'est une coupe transversale de cette vallée, allant des
hauteurs de la Veluwe au ,,Haarlerberg" (Pl. VII, fig. 11). De même
que pour nos coupes à travers de la Vallée gueldroise, nous sommes
obligé d'exagérer l'échelle verticale (l : 4000) en proportion de l'échelle
horizontale (1: 200000). Les chilïres indiquent dans cette figure les distances
horizontales et verticales exprimées en mètres; la ligne horizontale est
le niveau de la mer (A. P.); la hgne brisée supérieure, le niveau du sol.
EUe commence sur la Veluwe à l'Observatoire (0. b.) d'Apeldoorn (colonne
de triangulation du général Krayenholf), situé à 107 m. + A. P. et se con-
tinue jusqu'à Dijkerhoek (D. h.) par Apeldoorn (éloigné de 7850 m. de
l'Observatoire), par Teuge (Tg.), le Brink (Br.), l'IJssel (IJ.), Deventer
(D.) et le moulin de Bathmen (Ba.). Le profil principal se continue dans
la même direction (E. N. E.) à Pl'. (colonne miliaire 18 près de Holten),
à Holten (H.) et à Pl." (colonne miliaire n°. 2 entre Holten et Rijssen).
Un peu au nord de Holten, la colline atteint une hauteur plus consi-
jî
contributions a la géologie des pays-bas. 125 ij
dérable (68 m.) dans le „Holterberg", (H. B.) représentant le point ou
se trouve le chilîre 68 de la carte topographique. Ce petit profil est
ainsi orienté du S. 0. au N. E
La surface du sol est du Diluvium entremêlé (E), de l'Observatoire jusqu'au
delà d'Apeldoorn, de Pl' à Pl" ainsi que la surface du „Holterberg".
Ce même gravier a été atteint par le forage de Deventer (pag. 142 et
145) à 75 m.'—A. P.; nous avons relié ce point par une ligne pointillée
aux endroits où il vient à la surface. Cette ligne n'est ainsi que la
limite hypothétique des deux éléments de notre Quaternaire, qui peut
nous donner une idée approximative de la relation qui existe entre l'ancienne
Vallée issulane (Apeldoorn, 75 m. ■— A. P. sous Deventer, Pl") et le lit actuel
de la livière, représenté par la petite ligne courbe au-dessous de IJ.
Nous ne prétendons pas que toute cette vallée ait été excavée par l'eau
courante; au contraire, nous sommes convaincu que la surface est en
grande partie plus ancienne. L'eau courante l'aurait modifiée, d'abord
en l'érodant en partie, ensuite en l'encombrant d'une épaisse masse de
Diluvium sableux, dont la surface est à peu près horizontale, quoique
plus basse au milieu. Or, c'est ce à quoi il faut s'attendre quand une
rivière serpente dans une large plaine, changeant son lit à chaque
occasion , mais quand, peut-être par une diminution du volume de l'eau ,
ce cours devient plus régulier, le champ des inondations se rétrécit de
plus en plus et est limité aux parties les moins élevées.
Les coupures faites dans le Diluvium sableux sont extrêmement rares ;
nous n'en avons pu dessiner que deux qui nous paraissent démontrer
son origine fluviatile. La première (ph VII, fig. 8) a été faite près de
l'écluse de Vaassen dans le canal d'Apeldoorn à Hattem en 1882. On y
voit un sable fin quartzeux (1 et 2), contenant de rares cailloux dispersés
et quelques amas de cailloux. Il ne montre une stratification irrégulière
que dans la paroi méridionale du profil. Le chilîre 3 représente plusieurs
couches d'un sable fin gris-clair, alternant avec d'autres du même sable
coloré en noir par des matières tourbeuses. Le chiffre 4 est une tourbe
très sableuse, 5, un sable fm bleuâtre. La partie 5 a été probablement
le fond d'une eau stagnante sur laquelle une couche de tourbe s'est
formée par la decomposition des plantes qui y croissaient. A plusieurs
reprises ce fond fut exhaussé de quelques centimètres par une petite
couche de sable pur apporté par une inondation. Finalement l'étang fut
entièrement rempli de sable apporté en grande^ quantité, jusqu'à ce que
l'Yssel se fut retiré vers des parties centrales plus basses de sa vallée.
19^
-ocr page 151-148 CONTRIBUTIONS A LA GÉOLOGIE DES PAYS-BAS.
L'autre coupure a été faite pour une écluse du nouveau canal
d'Amsterdam à Vreeswijk, tout près d'Utrecht. C'est la ligure 9,
pl. VII: 1 y est l'argile Iluviatile alluviale; 2, un sable fin, gris,
stratifié horizontalement ; 3, un sable graveleux et 4, un sable fin,
gris-brunâtre, stratifié obliquement comme le précédent. Le sable en son
entier est ostensiblement un dépôt Iluviatile; aussi contenait-il une
quantité de morceaux de bois et d'écorce, parmi lesquels plusieurs chatons
de Betula alba, encore très bien reconnaissables. Après sa déposition,
le sable a été de nouveau érodé par un petit bras du Rhin, qui a phis
tard rempli son lit entier de l'argile Iluviatile qu'on rencontre partout
à l'ouest d'Utrecht. De même que cette petite vallée a été érodée et
remplie ensuite par l'argile Iluviatile, des vallées beaucoup plus grandes
ont été excavées dans la Période quaternaire et remplies ensuite par le
Diluvium sableux. Le premier phénomène n'étant qu'une reproduction
du second sur une échelle diminuée, nous attachons à ce petit profil
une grande impoi'tance.
Chapitre V. La Littérature du Zanddiluvium
et ses Rapports avec l'Alluvium.
L'ouvrage fondemental qui traite de la géologie de la Néerlande : ,,De
Bodem van Nederland", consacre un petit chapitre à cette foi'mation
géologique. Staring relève d'abord sa position plus basse en comparaison
du Diluvium graveleux, puis sa superposition sur celui-ci, dont il remplit
les intervalles et les creux. Il forme la surface de la plus grande partie
de nos terrains quaternaires et en même temps la base de presque
tous les dépôts alluviaux. Selon Staring, le sable est le même que celui
du Diluvium graveleux, mais il en diffère en ce qu'il ne renferme que
rarement quelques cailloux et très exceptionnellement quelques feuillets
de mica. Des couches d'argile y sont très rares et se rencontrent le plus
souvent près des frontières de la Belgique.
Staring a aussi observé çà et là dans le Zanddiluvium une superposition
de couches horizontales, ce qui le distingue du Diluvium graveleux.
Il en tire la conclusion que le premier doit son origine à un lavage des
colhnes adjacentes par l'eau de pluie, lavage par lequel les matières
grossières seraient restées en place, tandis que le sable fin se serait
accumulé à leur base. Cela est surtout visible dans le territoire du
contributions a la géologie des pays-bas. 125 ij
Diluvium Scandinave, où il a moins d'épaisseur que plus au sud (ne
surpassant pas d'ordinaire 1 à 2 m., pag 120 l.c.)
Cette épaisseur différente nous paraît un argument en faveur de l'hypo-
thèse de son origine Iluviatile, hypothèse qui s'accorde assez bien avec celle
de Staring, dont elle n'est proprement qu'une extension. Au nord (comp. pl.
1), il n'y a que de petites rivières ou des ruissaux avec peu d'affluents, qui
ne pouvaient ainsi que former de minces dépôts de sable. C'est ce que
nous avons déjà remarqué en parlant des vallées parallèles du nord-ouest
de la Drenthe et du sud de la Frise. Le sable du Z D. n'est donc pas venu
de loin et a été extrait du Diluvium graveleux (stratifié ou non).
Dans les provinces moyennes des Pays-Bas au contraire, où le.Z. D.
atteint une épaisseur relativement énorme, dépassant parfois une centaine
de mètres, il. y a à côté des cours d'eau locaux (les ruisseaux de la
Veluwe), qui sont comparables aux petites rivières de la Frise, de la
Groningue et de la Drenthe, des cours d'eau généraux , des rivières comme
le Rhin et la Meuse. Celles-ci, et surtout la première, ont aussi apporté
leur tribut de sable qui devait dépasser de beaucoup la petite quantité
enlevée aux cohines environnantes. Si Staring avait connu cette épaisseur
considérable, il aurait certainement modifié son hypothèse pour le territoh-e
du Diluvium entremêlé.
La livraison du ,,Bodem van Nederland", qui traite du Diluvium parut
en 1857; neuf ans plus tard, en 1866 (Verslagen en Mededeelingen
der Kon. Akad. van Wetensch. II Reeks, I Deel), Staring publia une
note intitulée: ,,Opmerkingen over het Zanddiluvium van Noordduitsch-
land, Nederland en België". Il y raconte d'abord l'histoire de ce
terme scientifique, introduit en 1857, et qui lui parut aussitôt être
parfaitement identique avec le Sable campinien de Dumont, et en
explique ensuîte la formation par un lavage des colhnes, dont le sable
se serait déposé sur les terrains environnants. En 1861, le Zand-
diluvium avait été attaqué par le Prof. Hunaeus de Hannovre,
qui ne voulut pas le reconnaître comme quatei'naire, mais classifia
ces dépôts parmi ses „Anciennes Alluvions fluviatiles.'^ Staring le défen-
dit en taisant remarquer que les vastes plaines recouvertes par cette
formation sont en général sans connexe avec d'anciens lits de rivières
dont on ne rencontre qu'exceptionnellement les terrasses. Encore ces
dernières n'auraient été produites que beaucoup plus tard et pourraient par
conséquent être classifiées parmi les ,,Anciennes Alluvions".
Ensuite Omalius d'Halloy s'était prononcé en 1862 contre le terme
de ,,Zanddiluvium", dont il voulait considérer une partie du moins
comme pliocène, puisqu'elle recouvre directement cette formation à
m
contributions a la géologie des pays-bas. 125 ij
Anvers. Staring fît remarquer avec raison que les fossiles du Crag y man-
quent absolument et qu'il n'y a par conséquent aucune raison de tenir
ensemble les deux sables, quoique l'un repose en concordance sur l'autre.
Cela arrive assez souvent avec deux formations géologiques qu'il est facile de
tenir séparées.
D'ailleurs l'âge quaternaire du Diluvium sableux est suffisamment
démontré par les ossements qu'il contient en différents endroits. Les
uns sont roulés et isolés et n'ont pas de valeur stratigraphique; les
autres sont intacts et forment des squelettes plus ou moins complets,
démonti'ant ainsi que les animaux sont morts près de l'endroit où l'on
trouve leurs débris. Ce sont : le Mammouth (Elephas primigenius), le Boeuf
à longues cornes et l'Urus (Bos primigenius et B. priscus). Le premier,
n'ayant pas survécu à l'Epoque quaternaire est un argument en faveur
de l'âge quaternaire du Zanddiluvium.
Après la publication du „Bodem van Nedei'land", quelques autres
auteurs se sont aussi occupés du Z. D. En première ligne nous avons
Berendt & Meyn (Zeits. dei- Deutsch-geol. Gesells. 1874. Pag. 309). Ils
identifient le Z. D. avec le „Sable des Bruyères" (Haidesand) de VAWemsigne,
dont ils placent l'origine dans la première partie de la Période alluviale,
tandis que Staring le considère comme appartenant encore à la Période
diluviale. La dilférence n'est pas grande et disparaît peut-être entièrement
quand on est d'accord sur la limite à tracer entre ces deux formations.
Comme il nous semble que les conditions climatériques étaient encore
différentes des conditions actuelles lors de la déposition de ces sables,
nous avons préféré considérer le Z. D. comme quaternaire, quoiqué
son passage aux Dépôts récents (p. e. sous Amsterdam) soit très
graduel.
Les auteurs allemands se prononcent ensuite contre Thypothèse de
l'origine du Z. D., énoncée par Staring, parce qu'il y a souvent (selon
eux) une différence ostensible entre le sable des deux étages du Quater-
nah-e (le Z. D. et le G. D.). Ils ne paraissent pourtant pas avoir bien
compris Staring, qui ne parle nulle part d'une mer qui aurait rongé
les collines diluviales, mais seulement d'un lavage par l'eau de pluie.
Leur opposition (pag. 311) serait ainsi dirigée plutôt contre l'hypothèse
de M. Winkler, à laquelle nous allons passer.
Quelques années plus tard parurent les ,,Considérations géologiques
sur l'Origine du Zanddiluvium, du Sable campinien et des Dunes mari-
times des Pays-Bas" de M. Winkler dans les Archives du Musée Teyler,
V. 1878. L'auteur propose de remplacer le terme „Zanddiluvium"
par „Diluvium remanié" étant lui aussi de l'opinion que le sable en est
' • iTTifinrl WK
contributions a la géologie des pays-bas. 125 ij
dérivé entièrement des autres parties de la Formation quaternaire. Nous
ne saurions dire si cette nouvelle dénomination est meilleure que l'ancienne ;
l'une a rapport à un caractère pétrographique bien constaté, l'autre, à une
hypothèse discutable. M. Winkler attribue la formation de son D. remanié
à l'action de la mer qui, par ses ondes et ses mouvements de flux
et de rellux, aurait enlevé le sable des côtes et des îles et l'aurait déposé
dans les bas-fonds (1. c. pag. 26), Nous ne partageons nullement cette
opinion, comme nous l'avons vu plus haut, non plus que Berendt &
Meyn (1. c.) qui ont donné les motifs pour lesquels ils ont rejeté cette
explication, attribuée à tort à Staring. Ils citent les arguments suivants,
(h c. pag. 311) :
,,Ces collines diluviales ne sont rongées que rarement par les vagues
„d'une mer primitive, et le sable des bruyères n'est nullement toujours
„identique avec le leur. Mais là où il est identique et où il n'y a pas
,,de difficulté à admettre que les particules d'argile et de glaise en sus-
,,pens ont été transportées jusqu'aux parties éloignées de la mer, Ta&sewce
rempart sur la plage (Strandwall) composé de pierres grandes et
,,petites au pied des collines diluviales, apprend que la démolition et le
„lavage par les vagues n'a point eu lieu, comme sur nos côtes actuelles,
,,dans le temps de la formation de l'abuvion ancienne."
Un autre argument en faveur de l'origine non-marine de notre Diluvium
sableux , c'est, selon nous, la couche d'argile dans le sous-sol de la Vallée
gueldroise. Le niveau coquiller nous prouve que pendant un certain temps
la mer a couvert cette vallée , et le seul dépôt marin qui y a été démontré
avec certitude comme tel, c'est cette même couche d'argile, qui contient
encore des coquilles et paraît avoir mis fm à la vie animale dans ce
golfe. Au-dessus de cette argile on ne rencontre que des dépôts de sable,
privés totalement de coquilles et renfermant des lentilles de glaise et de
tourbe, preuves de la présence de l'eau douce.
La reste de la publication de M. Winkler est consacré aux dunes
maritimes et aux bancs de sable de la Mer du Nord. L'auteur s'est
donné pour tâche de prouver la continuité de notre Zanddiluvium avec le
fond de la Mer du Nord, qui a produit les bancs de sable et les dunes.
En acceptant cette continuité, il n'y a cependant pas la moindre raison de
nommer ces dunes (marines autant qu'intérieures) „formations diluviales".
L'époque de leur formation est connue; c'est notre période actuelle,
car on les voit se former sous nos yeux. Elles appartiennent par
conséquent aux Dépôts modernes et c'est méconnaître les premiers
éléments de la géologie que de les ranger parmi les Dépôts diluviaux.
On pourrait tout aussi bien classer le „Hondsrug" de Groningue dans
contributions a la géologie des pays-bas. 125 ij
la Formation silurienne, puisqu'il contient beaucoup de calcaires de cette
formation, ou bien le Till (argile de la moraine inférieure) de l'Angleterre
orientale, dans la Formation crétacée, à cause de l'abondance de^s
silex de cette formation. Ce seraient des héi^ésies scientifiques peu
recommandables.
L'année suivante (4879) parut le „Diluvium et Campinien. Réponse
à M. le Docteur Winkler par Ernest Van den Broeck et Paul Cogels."
(Ann. Soc. Mal. Belg. XIV). Nous ne pouvons suivre les auteurs dans
tous les détails de leur opuscule, qui ont en partie rapport à des
questions en dehors du sujet que nous traitons. Partant des définitions
moins exactes du Diluvium scandinavien et rhénan, données par M.
Winkler, ils considèrent le premier comme plus ancien que le second,
qui ne daterait que de la fin de la Période quaternaire, ce qui est
juste le contraire de ce que nous avons trouvé. Ainsi que Staring
et Winkler, ils considèrent le Diluvium entremêlé comme un ,,dépôt
sans origine distincte et sans homogénéité, resultant du mélange et du
remaniement des autres matériaux diluviens et n'ayant point d'histoire
spéciale". Comme M. Winkler ne paraît pas avoir étudié sur place
le Diluvium entremêlé, on comprend que nos deux auteurs belges
se soient fait une idée aussi fausse de cette formation. Nous avons dé-
montré au contraire que cette partie de notre territoire a très certainement
une „origine distincte" et une ,,histoire spéciale", très compliquée même.
Plus loin les auteurs sus-nommés approuvent l'identification de M.
Winkler du D. remanié (Zanddiluvium) avec le Sahle campinien (iden-
tification proposée du reste déjà depuis longtemps par Staring), et ad-
mettent l'hypothèse de l'origine marine du Z. D., avancée par le premier.
On a vu plus haut que nous ne sommes pas de cette opinion, mais
que nous le considérons comme une formation fluviatile, recouverte en
partie par la mer pendant une certaine période, redevenue fluviatile sur
une certaine étendue et restée marine ailleurs. Quant au Limon hesbayen,
formant en Belgique l'étage de la Formation quaternaire qui précède le
Sable campinien, il est identifié par M. Winkler avec les lits de limon
et d'argile qui paraissent constituer le sous-sol d'une grande partie du
Brabant septentrional. M. M. V. d. B. et C. se réservent leur opinion à
cet égard, jusqu'à ce que des recherches ultérieures aient fait connaître
ces terrains plus exactement.
Le dernier ouvrage qui traite du Diluvium sableux est la thèse de
M. J. Bosscha : „Beschouwingen over het Zanddiluvium in Nederland",
Leide 4879. L'auteur a comparé une série de sables provenant en partie
du Diluvium graveleux et en partie du Diluvium sableux. Tous deux
contributions a la géologie des pays-bas. 125 ij
se composent presque exclusivement de grains de quartz; les paillettes
de mica y sont extrêmement rares (pag. 12). Quant à l'origine du D. .s.,
cet auteur ne partage pas non plus l'opinion de M. Winkler, puisqu'on
rencontre pai-fois dans ce sable des ossements de mammifères dans leur
position natui'elle, ce qui serait incompréhensible s'ils avaient été déposés
dans une mer agitée et peu profonde. En acceptant l'hypothèse de Staring —
la formation du sable sur un sol à sec — ce phénomène ne présente
plus de difficulté.
Nous pouvons suivre l'auteur dans plusieurs de ses conclusions, et
souscrivons volontiers à ses deux premières thèses ; mais nous ne pouvons
pas admettre que les erratiques, aussi bien septentrionaux que méridio-
naux , aient eu une part notable dans la formation du Z. D. Un certain
nombre de ces erratiques se sont désagrégés, il est vrai, et sont tombés
en poussière, et les grains de quartz ont contribué à augmenter le sable
meuble; mais ces erratiques décomposés que nous-avons souvent vus
nous-même sont beaucoup moins nombreux que ceux qui sont encore
parfaitement intacts. En outre la masse de sable qui les renferme surpasse
de beaucoup la masse de tous les erratiques. Nous ne pouvons donc
regarder comme origine essentielle de cette partie du Diluvium sableux,
qui est dérivée des collines environnantes, que le sable du Diluvium
graveleux, tant scandinavien qu'entremêlé (rhénan ou moséan), sable
formé longtemps avant la période du Z. D. et déposé en même temps
que les cailloux et les erratiques du D. graveleux. Toutefois nous voulons
modifier l'hypothèse de Staring en ce que nous considérons les masses
de Z. D. très étendues, tant horizontalement que verticalement (p. e.
celles de nos provinces moyennes et méridionales), comme apportées en
majeure partie par les grandes rivières, le Rhin et la Meuse. Comme
nous l'avons déjà dit ailleurs, la formation du Diluvium sableux ne serait
selon nous qu'une répétition de celle du Diluvium graveleux (rhénan,
moséan et entremêlé préglacial), mais sur une moindre échehe. Cette
formation. s'est répétée à son tour également sur une moindre échelle
dans celle de l'Argile Iluviatile qui se continue encore de nos jours.
En général ces deux éléments du Zanddiluvium ne se distinguent pas
par leur nature. On peut cependant parfaitement les comparer aux deux
divisions que Staring a introduites pour l'Argile Alluviale, savoir l'Argile
de Rivière (RivierJclei) et l'Argile de Ruisseau (Beekklei). La première
a été apportée par le Rhin et la Meuse, qui prennent leur origine dans
des montagnes entièrement indépendantes du Diluvium ; la seconde, par
des ruisseaux et de petites rivières, comme le Vieux-IJssel, le Vecht,
la Regge, etc. dont les sources se trouvent dans des terrains quaternaires.
454 contributions a la géologie bes pays-bas.
La „Rivierklei' est ainsi un produit de décomposition de roches plus
ou moins anciennes (p. e. Dévonniennes), la „Beekklei" n'est que l'argile
diluviale remaniée, qui est en partie d'origine Scandinave (morainemye-
rieure), en partie d'une origine semblable à celle du „Rivierklei'', mais
ayant été déposée la première fois dans une période géologique antérieure.
La petite carte qui accompagne notre traité (pl. I) suffira à illustrer
notre manière de voir.
Pour plus de clarté nous n'avons distingué* que trois étages:
................4° Le Diluvium graveleux (Grintdiluvium), le plus ancien, est coloré
en vert. Il comprend les sous-divisions suivantes : le Diluvium Scandinave,
représenté par la lettre S, se trouvant au nord de la rivière du Vecht et for-
mant aussi une partie des îles d'Urk, de Wieringen et de Tessel; le
Diluvium entremêlé, E, entre le Vecht et le Rhin ; le Diluvium rhénan, R,
entre la Meuse et le Rhin, et le Diluvium moséan, M, à l'ouest et au
sud de la Meuse. De récentes observations nous ont prouvé que les deux
derniers appartiennent partiellement au Diluvium enti-emêlé.
2° Le Dihivium sableux (Zanddiluvium), Z , représenté par une couleur
jaune. On voit qu'il entoure les masses de Diluvium graveleux et remplit
aussi des vallées d'érosions dans la Drenthe et la Frise, où sa partie moyenne
est à son tour recouverte par des dépôts récents (tourbières basses et
de marais). Ce phénomène est très ostensible surtout entre Meppel et
Heereveen et à l'est de ces deux villes. La limite méridionale du D. se.
du nord est plus ou moins parallèle à la vallée étroite du Vecht couverte
en partie par de l'Argile de ruisseau. La Vallée actuelle de l'IJssel,
couverte par de l'Argile fluviatile est également apparente et on observe
^ un certain parallélisme de cette vallée avec la limite orientale de la
Veluwe. Cette hmite est la rive gauche de la vallée^quaternaire, encore
assez intacte, tandis que la rive droite quaternaire, quoique assez bien
reconnaissable encore, est démembrée par les confluents. Le mêmephé-
, nomène se présente pour le Rhin et la Meuse. La Vallée gueldroise a
également ses deux rives de Diluvium entremêlé parfaitement reconnais-
sables; la gauche a été démembrée par l'érosion des confluents éteints
de la rivière disparue, tandis que la droite ne l'a été que légèrement Cette
vallée contient un petit bout de vallée secondaire, celle de l'Eem, com-
parable à la Vallée issulane.
3° L'Alluvium, A, représenté par la couleur bleue. A côté des tourbières
basses et de marais, il comprend les Argiles marine (Zee/c/ei), fluviatile
'ÉÊà
1 (■
-ocr page 158-contributions a la géologie des pays-bas. 125 ij
(Rivierklei) et de ruisseau (Beekklei), qui jouent vis à vis du Zanddiluvium,
précisément le même rôle que celui-ci à l'égard du Grintdiluvium.
A : Z — Z : G. G = (S, E, R, M.).
Pour encombrer la carte aussi peu que possible, nous n'avons jamais
indiqué les tourbières hautes, qui reposent presque toujours sur le
Diluvium graveleux.
N'ayant pas eu le temps et les moyens de réviser la carte de Staring,
nous en avons partout conservé les limites des formations, mais en ajoutant
au Diluvium entremêlé le ,,Luttenberg", au sud-est de Zwolle. En général
les masses indiquées du Diluvium graveleux ont plus d'étendue et il
existe une série de. petites masses omises dans la carte, comme nous
l'avons relevé plusieurs fois dans le texte. Si ces corrections étaient
introduites, elles rendraient notre explication du Zanddiluvium encore
bien plus plausible.
Chapitre VI. Comparaison des différents Forages
de la Vallée gueldroise.
Nous voulons d'abord comparer entre eux les forages de Baarn, où
plusieurs ont été faits dans ces dernières années. Le village est bâti sur
l'extrémité d'une colline, rapportée en son entier par Staring au Diluvium
entremêlé qu'on devrait par conséquent trouver à la surface. Nous avons
déjà vu que plusieurs fossiles sont venus de dessous ce village, de sorte que la
carte géologique ne peut pas être correcte en ce point. Il y a encore autre
chose. Il suit des renseignements que m'a donnés M. Koelewijn de Baarn,
qui a foré ces puits, que quelques-uns, (celui de la Kerkstraat, non loin
de l'éghse catholique, indiqué par le chilîre 4 de la petite carte (pl. VII,
fig. 1), celui près de l'Hôtel Velaars (2) et celui d'Eembrugge près
de l'Eem (3) ont produit de l'argile couvrant, comme d'ordinaire,
la couche coquillère. Le forage d'une seconde catégorie de puits-Norton,
a encore amené l'argile, mais sans coquilles. C'étaient celui de
l'Oosterstraat (5), un peu au sud du centre du village, celui entre la
Villa „Peking" et la barrière sur la chaussée de Baarn à Hilversum
(6) et celui de la „Nieuwe Straat" dans la partie du village appelée
„Nieuw-Baarn" (7). Enfin les forages de la troisième catégorie n'ont
montré ni argile, ni coquilles; c'étaient ceux de la Villa „Favorite" (8),
sur la vieille route d'Utrecht près de la station, et du Palais royal
(9). Le puits 3 se trouve entièrement en dehors du village et peut
restei' hors de question; les puits 4 et 2 sont situés à l'éxtrémité
201
-ocr page 159-contributions a la géologie des pays-bas. 125 ij
orientale, 5, 6 et 7 à peu près sur une même ligne plus à l'ouest et
8 et 9 encore plus à l'ouest. Or, il est clair que la première catégorie
est au-dessus du lit de la Mer Eemienne. La seconde s'y trouve pro-
bablement aussi, mais avec cette différence que le niveau inférieur de
l'argile était à sec pendant la période où la mer était habitée par la
faune décrite ci-dessus et ne devint fond de mer que durant la déposition
de cette argile. La troisième catégorie enfin (8 et 9) indique des points
qui probablement n'ont pas fait partie de la mer, puisque l'argile même
y manque. Les puits 1 et 2 représenteraient ainsi la côte, les puits 5,
6 et 7 la plage de la Mer Eemienne et les puits 8 et 9 la terre ferme.
Les deux premières catégories ne peuvent donc pas se trouver dans le
territoire du Diluvium entremêlé, mais dans celui du Diluvium sableux.
C'est donc celui-ci que devrait indiquer la carte ou une formation
plus récente encore, comme l'Argile marine d'Eembrugge. La troisième
catégorie peut se trouver dans l'une ou l'autre des deux sub-
divisions du Quaternaire. A l'aide de M. Koelewijn, qui connaît à fond
le sol de sa commune, j'ai tracé la limite entre le sable plus grossier
et graveleux (D.e.) et le sable fin, non-graveleux (D.s.), qu'on voit
représentée par la ligne pointillée „a a a" de la petite carte, tandis que
la hgne brisée „b b b" indique la Umite selon la carte de Staring. Les
lignes semblables ,,c c c" aux deux côtés de la petite rivière de l'Eem
séparent le D.s. de l'Argile marine qui couvre une partie de la vallée
du même nom. L'un des puits-Norton de la ti'oisième catégorie (9 près
du Palais) se trouve ainsi dans le D. s., l'autre (8, Villa Favorite),
dans le D. e. Le rivage de la Mer Eemienne suivra probablement une
ligne parallèle en général à la limite des deux étages du Quaternaire ,
mais avec des déviations locales.
A Amersfoort, des observations semblables n'ont pas été faites, quoique
le voisinage de la „Montagne d'Amersfoort" prouve que la plage Eemienne
doit être tout près. En comparant les forages des six puits, on ne voit
que peu de différence ; les niveaux supérieur et inférieur de l'argile n'étant
pas partout les mêmes, le fond de la mer était ondulé. Nous voulons
relever aussi la présence d'une quantité assez notable de terre végétale
au-dessous de 1,80 m. — A. P. dans le Lieve-Vrouwe-Kerkhof, preuve
de l'existence d'une ancienne surface du sol, qui fut recouverte ensuite
par le sable fluviatile. La présence de couches de tourbe à des profondeurs
différentes, qui manquent dans d'autres puits (Slijkstraat, St. Jorisstraat
et Bloemendaal), nous semble une preuve évidente de la présence d'eau
douce. Comme ces dépôts ne correspondent qu'accidentellement et
manquent souvent. Us ne constituent pas une couche continue, mais
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contributions a la géologie des pays-bas. 125 ij
plutôt des masses isolées, lentillaires. Ce phénomène s'explique de la
manière la plus facile par la présence dans la vallée d'un bras du Rhin,
obstruant de temps à autre ses propres ramifications qui se remplissaient
ensuite d'une végétation. Plus tard la tourbe ainsi formée fut de nouveau
recouverte par du sable. Ces dépôts de tourbe se retrouvent sous beaucoup
d'autres localités, de sorte que leur présence est plutôt une règle qu'une
exception. On peut s'en convaincre en examinant le tableau des profils.
Ces différents forages sont représentés dans la figure 10, pl. VII.
Nous n'avons naturellement pas pu rendre dans cette figure tous les
détails et les légères différences observées dans la composition des sables
des différentes couches. Nous nous sommes borné à en indiquer la plus
ou moins grande grossièreté ou son mélange avec de petits cailloux.
Tous les forages y sont réduits à une même échelle (1 : 200) et au
niveau de la mer, représenté par la ligne' horizontale. Le chiffre 1 a
rapport à du sable plus ou moins fin (1'^ 1% 1% 1"), parfois mêlé de
de cailloux (pointillé), le chiffre 2 accompagnant les petites lignes verti-
cales, représente l'argile, le chilfre 3 à côté des lignes obliques se
rapporte à des couches de tourbe, et le chiffre 4, au terrain remanié.
Les petites lignes ondulées représentent le niveau coquiller. Le forage I
a eu lieu à Voorthuizen, II à P>arneveld, III—VI dans la commune de
Wageningen, III dans la „Mennonietenbuurt", du côté de Veenendaal,
V entre la ville et le Rhin, VI près de la ville et IV près de Grebbe
de l'autre côté de la Vallée gueldroise, VII à Spakenburg, au nord
d'Amersfoort, VIII à Dijkhuizen, à l'ouest de Spakenburg, IX près de
Putten, à Vanenburg, X à Naarden, XI à Nykerk, XII à Hoogland
près d'Amersfoort, XHI à Eernnes-Buiten près de la pompe à vapeur
(Stoomgemaal), XIV—XVH à Baarn, XIV sur le „Brink" près de l'Hotel
Velaars, XV à Nieuw-Baarn, XVI à la Villa Peking, XVII dans l'Ooster-
straat, XVIII au village d'Eemnes-Buiten , XIX—XXIV à Amersfoort,
XIX Brasserie près de la station, XX St. Jorisstraat, XXI Slijkstraat,
XXH Hof, XXHI Bloemendaal, XXIV Lieve Vrouwe Kerkhof, XXV au
pont du Chemin de fer de l'Etat sur le Ruisseau de Lunteren, au sud
d'Amersfoort, XXVI sur la ,,Treek" près de Leusden, au sud d'Amersfoort,
XXVH à Scherpenzeel, XXVHI au viaduc du Chemin de fer de l'Etat
qui croise le Chemin de fer Rhénan, non loin du village de Veenendaal et
XXIX à Ederveen, près de la station de Veenendaal.
Ces forages ont été réunis ensuite de différentes manières dans les figures
2 à 7, qui correspondent aux lignes brisées de la petite carte (pl. I)
et portent les mêmes chilfres. L'échelle verticale est de 1: 2000, l'hori-
zontale , de 1: 200000 ; la partie striée verticalement représente la couche
458 CONTRIBUTIONS A LA GÉOLOGIE DES PAYS-BAS.
d'argile qui couvre partout le dépôt coquiller. Les chiffres dans les figures
indiquent en mètres les hauteurs par rapport à A. P.
Fig. 2. Profil Spakenburg, Hoogland, Amersfoort, Luntersche Beek,
Rijnspoor, Wageningen (Mennonietenbuurt). Direction générale du N. N. 0.
au S. S. E.
Fig. 3. Profil Putten (Vanenburg), Voorthuizen, Barneveld, Ederveen,
Wageningen. Direction N—S.
Fig. 4. Profd Baarn, Nijkerk, Putten. Direction 0—E.
Fig. 5. Profd Eemnes-Buiten, Stoomgemaal (pompe k vapeur près
d'Eemnes), Dijkhuizen, Spakenburg, Putten. Direction 0—E.
Fig. 6. Profil Amersfoort, Voorthuizen. Direction 0. S. 0—E. N. E.
Fig. 7. Profil Treek, Luntersche Beek, Scherpenzeel, Station Veenen-
daal (Ederveen). Direction N. 0.—S. E.
La particularité la plus importante de ces coupes est le niveau inférieur
de la couche d'argile marine, qui est en même temps le lit de la vallée
d'érosion, envahie par la mer. Nous voyons aussitôt dans les profils
dirigés du N. au S. (2, 3) que, comme partout dans les vallées fluvia-
tiles, ce niveau s'élève graduellement à mesure qu'on s'éloigne de la
mer (de 25 à 6 et de 26 à 40 m. — A. P.). En second lieu, en con-
sidérant les profds transversaux, on voit que ce même niveau est plus
élevé aux bords de la vallée et plus profond vers le miheu, justement
comme on pouvait s'y attendre. Dans la figure 5, ce niveau baisse
rapidement d'Eemnes-Buiten à Dijkhuizen, où il est égal à celui de
" Putten (Vanenburg). A Spakenburg, le niveau est un peu plus élevé
(25,3 m. — A. P. contre 26,2 et 26 m.), comme cela arrive souvent
aux embouchures des rivières. La figure 7 montre la même particularité
à une plus grande distance de la mer; Scherpenzeel et le pont du
„Luntersche Beek" se trouvent au milieu de la Vallée, dont le lit est
plus bas que vers les bords (Treek, Ederveen). Cependant il arrive
souvent dans nos vallées que la plus grande profondeur n'est pas au
miheu, mais vers l'une ou l'autre rive, parce que la rivière serpente
continuellement. Nous voyons encore le même phénomène dans notre
rivière fossile, qui a eu à peu près sa plus grande profondeur dans le
voisinage de la rive orientale, à Vanenburg (Putten).
1/ La couche d'Argile marine donne lieu également à quelques obser-
I vations ; elle s'amincit de l'embouchure en amont et de l'axe aux rives.
On voit le premier surtout dans les figures 2, 3 et 7. A la station de
Veenendaal (auberge „Klomp") l'argile a presque disparu; elle n'y a
qu'une épaisseur d'un mètre. On devrait s'attendre à la trouver à un
niveau de plus en plus élevé à mesure qu'on s'avance vers le sud;
'I'
-ocr page 162-CONTRIBUTIONS A LA GÉ0L0C4IE DES PAYS-BAS. 159
c'est pour cette raison que nous avons introduit dans les figures 2 et 3
le forage de la ,,Mennonietenbuurt" à Wageningen, le seul où mention
ait été faite d'une argile. Or, celle-ci se trouve à un niveau bien plus
bas que celle de la station de Veenendaal (26,7 m. contre 10,3 m. ou
6 m. — A. P.), ce qui prouve amplement qu'elle n'a rien à faire avec
l'argile marine du nord de la Vallée gueldroise. Aussi n'en est-il fait
aucune mention dans les données des trois autres forages de Wageningen.
Le sable graveleux, 1", y appartient probablement déjà au Diluvium
rhénan. Dans le village de Veenendaal même, un lorage a rapporté des
cailloux de quartz blanc assez gros, qui appartiennent à cette partie de
notre Diluvium , tandis que l'argile marine et la couche coquillère y
manquent entièrement. Cette dernière a ainsi été constatée jusqu'au
Chemin de fer Rhénan, mais pas encore au sud, de sorte qu'il faut
considérer provisoirement ce chemin de fer comme la hmite méridionale
de la baie de la Mer du Nord, où se trouvait la faune du Système
Eemien. Dans cette baie il s'est déposé de l'argile qui a éteint la vie
animale. La couche d'argile était encore le plus épaisse là où l'eau était
le plus profonde et le plus tranquihe, c'est à dire à l'embouchure et
vers le miheu de la baie. Sjn épaisseur varie considérablement, de 12
mètres à Spakenburg 01-13 m. à Dijkhuizen (milieu et embouchure) à
4 m. à Amersfoort et Voorthuizen, qui se trouvent près des deux rives, '
et à 1 m. à la station de Veenendaal, qui est près du point le plus
éloigné de l'embouchure. Près du Viaduc (R.s. fig. 2) cette épaisseur
n'est même que de 6 d.m.
Après la déposition de l'argile marine, le bras du Rhin a de nouveau
coulé dans la vallée et y a déposé une quantité énorme de sable. La
présence de masses de tourbe, ainsi que le manque absolu de coquilles
et même de calcaire prouvent suffisamment que ce sable ne peut pas
avoir eu une origine marine. Cette rivière a érodé une partie de l'argile
marine, comme on le voit dans la figure 5, où le niveau supérieur de
l'argile est bien plus bas à St. (Stoomgemaal — pompe à vapeur) qu'à
Eemnes-Buiten et Dijkhuizen.
J.e sable quaternaire de la Vallée gueldroise ne contient pas de fossiles
marins, il est vrai; cependant une trouvaille faite il y a une dizaine
d'années peut contribuer à fixer la date de ce sable. En 1876 on trouva
près de la ferme „Zwartebroek" à l'ouest du village de Voorthuizen ,
commune de Barneveld, une molaire de mammouth, qui est conservée
dans le petit musée de la maison de ville. D'après M. Harting, elle
aurait appartenu à un animal adulte. Nous n'avons pas été dans l'oc-
casion de l'examiner minitieusement et ne pouvons pas donner plus de
160 CONTRIBUTIONS A l.A GÉOLOGIE DES PAYS-BAS.
détails, sauf qu'elle n'est nullement roulée. Elle a été trouvée à une profon-
deur de 1| m. L'Elephas piimigenius n'ayant pas survécu à la Période
quaternaire, nous estimons cette molaire d'une haute importance pour fixer
l'âge géologique de la Vallée gueldroise.
Arrivé à la fin de ce travail, j'éprouve le besoin de remercier chaleu-
reusement tous ceux qui ont bien voulu faciliter mes recherches, soit
en m'envoyant des matériaux pour les examiner, soit en me donnant
les renseignements nécessaires. Le nombre des maii'es et secrétaires de
communes ainsi que des particuliers à qui je dois de la reconnaissance
est trop grand pour que je puisse la leur témoigner séparément dans
le texte de ce travail. Sans leur précieux secours, il m'eût été impos-
sible de l'accomplir.
Qu'il me soit permis de leur adresser l'hommage public de ma pro-
fonde gratitude, ainsi qu'aux Directeurs de la Fondation Teyler, qui ont
si généreusement contribué à la publication de mon travail.
Je les prie d'accepter ici mes sincères remerciments 1