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DANTE AUX PAYS-BAS
BIBLIOTHEEK DER
RIJKSUNIVERSITEIT
ECHT i
PAR
A., W. fï. DtJPONT
Chanoine honoraire de la Cathédrale de Liège, Docteur en Théologie
et en Philosophie, Professeur a 1\'Université de I.ouvain.
IRSTITUUT VOOR                 rf* \\^
ITÏüWflSE TAAL* EN LETTERKUNDE. 6<£>
DER R.U. UTRECHT
AMSTERDAM,
J. BEERENDONK
1880.
RIJKSUNIVERSITEIT UTRECHT
A06000011832692B
1183 2692
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hke-b^
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DANTE AUX PAYS-BAS
L\'OEUVRE DU DR. JOAN BOHL
I.
Introdu ction.
Arrêté dans la contemplation du chef d\'oeuvre de la
peinture, de cette admirable fresque du Vatican, oü
Raphael a 1\'apogée de la gloire a groupé autour d\'un
autel les Pères et les Docteurs de 1\'Eglise, Ie regard
rencontre avec étonnement au milieu de ces calmes et
graves pontifes et saints une figure austère couronnée
de lauriers. Ce profil d\'aigle, ce sourcil chargé d\'oragcs,
ce front creusé a la fois par Ie feu de la pensee et
1\'ardeur de la passion, ce type qui ne s\'est pas retrouvé
deux fois sous Ie pinceau du maitre et qu\'il est impos-
sible d\'oublier, eet homme que l\'art par une canonisa-
tion spontanée place au milieu des élus, c\'est Ie grand
poète du moyen-age, 1\'auteur de la Divina Commedia
Dante Alighieri.
Nul renom ne s\'élève plus haut dans la république
des lettres. Immuable comme Homère dans 1\'admiration
des hommes, Dante personnifie cette race de génies,
qui surgissent au début d\'unc civilisation naissante, qui
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6
ne relèvent que d\'eux-mèmes, et qui condensent dans
uti chant immortel les idees et les passions d\'une grande
epoque, en mêmi\' temps qu\'ils jettent les fondemcnts
d\'une langue et marquent pour toujours de leur era-
preinte la nation qui les a vu naitre. Inépuisable thème
des méditations des lettres, éternel objet des enthou-
siasmes populaires son étrange livre touche a toutes les
profondeurs de 1\'ame humaine. Nul n\'est plus vivant
par Ie frémissement des passions de son époque, nul
n\'est plus affranchi des liens du temps et du lieu par
Ie vol sublime d\'une pensee qui plonge dans Ie mystère
eternel des destinées finales de 1\'humanité. Nul n\'est plus
personnel par 1\'originalité puissante de la conception,
par Ie relief des sentiments d\'une ame ardente et pa-
triotique, par les grands coups d\'aile d\'un génie qui se
fraie la route a travers 1\'inconnu, qui forge lui-même
une langue nouvelle pour ses étranges pensees; et d\'autre
part nul livre ne résumé avec un plus merveilleux éclat
les croyances, les notions variées, 1\'état des esprits,
Ie mouvement des intelligences humaines a son époque.
Nul n\'est plus inimitable. Le vers de Dantc est buriné
sur 1\'airain, frappe comme une médaille. Ses moindres
fragments trahissent leur origine. Comme ces exprcssions
du génie qui portent un cachet de distinction propre,
le coup de ciscau de Michel-Ange, la parole de Napo-
léon , le livre de Dante échappe a la vulgarité rythmée.
Toujours grand il se meut sans effort dans le sublime.
L\'inspiration, la simplicité, la rare puissance de 1\'ex-
pression, la variété infinic des conccpts dans 1\'austère
unité du sujet, 1\'horreur sublime qui plane sur toute la
composition, la vérité effrayante de réalisme fondue
dans 1\'imagination ideale la plus audacicuse, des traits
rapides comme 1\'éclair, et dans ce vol soutenu du génie
toutes les délicatesses du coeur unies a toutes les violen-
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7
ces de Ia passion; voila ce qui assure a jamais a 1\'oeuvre
de Dante une des premières places dans la mémoire
des hommes et dans les monuments littéraires de tous
les siècles.
En abordant ce livre, on éprouve quelque chose de
cette terreur superstitieuse qui écartait la foule du vieux
gibelin abimé dans ses pensees, ou plutót 1\'on partage
cette émotion de 1\'étranger, qui saluant pour la pre-
mière fois dans la vieille basilique de Santa Croce la
tombe e\'levée par la tardive reconnaissance de sa patrie
au grand poète mort dans 1\'exil, murmure a son tour
avec Ie sentiment d\'une admiration respectueuse ce vers
que lui montre la main de 1\'Italie : Onorate Faltissimo
poeta.
II.
Idéé de la „D i v i n a Commedia."
Est-il étonnant que 1\'oeuvre du génie centralisant par
une admirable force d\'assimilation toutes les aspirations,
toutes les idees, toutes les sciences d\'un siècle se pré-
sente comme une énigme devant la postérité? L\'esprit
moderne rils de la Réforme et de la Révolution s\'in-
géniant a déchififrer ces concepts, ces images, ces cro-
yances, ces convictions, cette langue issues du moyen-
age peut-il autrement que balbutier, marcher a tatons
et trébucher clans les ténèbres? Songez a la différence
qui sépare 1\'époquc actuelle du I2™e et du 131"» siècle
dans les connaissances, dans les relations entre la reli-
gion et la politique, dans les moeurs, les usages et les
coutumes, dans 1\'ëducation et les études littéraires;
comparez ces ages oü la foi s\'épanouit dans toute sa
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splendeur en sanctifiant 1\'individu, la familie, les lois
avec 1\'époque, qui de\'truit toutes les traditions du passé,
émancipe 1\'homme de toute autorité et Ie lance sur la
route inconnue du progrès; tracez ce parallèle et vous
ne vous étonnerez plus de la difficulté d\'interpréter une
oeuvre, oü Ie poète fait revivre un siècle quivitapeine
encore dans nos souvenirs, et dont la possibilité même
pourrait inspirer des doutes. De méme qu\'en présence
de ces cathédrales majestueuses que nous a léguées la
piété de nos ancêtres, 1\'esprit est frappe du mystère
que cachent ces flèches élancées, cette ornamentation
bizarre, ces colonnettes élégantes, cc demi-jour tamisé
par la rosace, ces couleurs mêlées , ainsi en ouvrant la
Divina Commedia on rencontre des problèmes insolu-
bles a cóté de theses lumineuses; des obscurités pro-
fondes a cóté de la plus naïve simplicité; des allusions
locales et politiques a cóté d\'admirables descriptions,
oü Pon distingue a pcine lc récl de 1\'idéal, Ie peintre
du poète, 1\'homme du prophete. Ajoutez que la langue
du poème ne^aisse pas que de présenter des difficultés
considérables, surtout a 1\'étranger peu familiarisé avec
les secrets d\'un idiome rcunissant la force et la concision
a unc inépuisable richesse de couleurs et de nuances.
On ne se lasse jamais d\'admirer avec quel soin scru-
puleux Ie poète a traite les moindres détails de son
oeuvre gigantesque. Il n\'y a pas un mot, pas une
image, pas unc rime qui n\'ait sa raison d\'ètre, que ne
justifient les lois de la pensee et de 1\'art. Unité rigide
dans Ie dessein et variété infinie dans Ie détail, voilale
type dont 1\'oeuvre porte partout 1\'empreinte. Quelle
passion, quelle force d\'intuition et d\'expression, quelle
connaissance du coeur humain révèlent les scènes ter-
ribles, touchantes, mélancoliques auxquelles nous assis-
tons successivement; qu\'on nous permette de citer ici
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9
une page éloquente: „La poésie de Dante sobre de mots,
„concise, nerveuse, rapide et cepcndant d\'une prodi-
„gieuse richesse, se transformc trois fois pour peindre
„les trois mondes, auxquels aboutit, selon la foi chré-
„tienne, celui qu\' habite 1\'homme pendant sa vie pré-
„sente. Sombre et terrible lorsqu\'elle décrit Ie royaume
„ténébreux, la cité du peuple perdu et de 1\'éternelle
„douleur, elle s\'empreint, aux lieux, oü s\'expicnt les
„fautes légères, oü se ferment les plaies guérissables,
„d\'une tristesse douce et pieuse, et semble, en ces
„rcgions sans astres, réfléter les lueurs molles d\'unjour
„a demi éteint; puis tout-a-coup s\'élevant de ciel en
„ciel, traversant les orbites des soleils innombrables,
„elle se revêt d\'une splendeur toujours plus eclatante,
„s\'embrase d\'une ardeur toujours plus pure, jusqu\'a ce
„qu\'elle se perdc par dela les dernièrcs limites de 1\'es-
„pacc dans la lumière essentielle elle-même et 1\'amour
„incréé. Mais en incarnant dans sa sublime poésie ces
„mondes invisibles, Dante y sut rattachcr les événe-
„ments réels et les passions des hommes. Il les peignit\'
„a larges traits, et souvent d\'un mot, d\'un de ces mots
„puissants qui retentissent dans les abimcs du coeur et
„en réveillent tous les échos. Il y a dans son poème
„des cris effrayants et d\'affreux silences. Les acres
„vapeurs du crime, de la haine immortelle, de la ven-
„geance atroce, s\'y mêlent aux plus suaves parfums de
„la tendresse et de 1\'innocence des saintes affections et
„du céleste amour..... Le poète exprime moins les
„sentiments qu\'il ne les suscite, par une sorte de magiquc
„évocation; et lorsque plein de ses pensers profonds,
„cmporté par 1\'orage qui gronde au dedans de lui, on
„le croirait entièrement séparé de la nature, voila que
„soudain 1\'embrassant d\'un regard, il en reproduit, avec
„sa parole flexible et breve, riche de reliëfs et de cou-
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IO
„leurs, les plus ravissants aspects, les plus délicates
„nuances, les accidents les plus fugitifs" i).
Malgré les discussions nombreuses soulevées a propos
de l\'interprétation de la Divina Commedia et les opi-
nions bizarres qu\'elles ont produites, on peut dire que
1\'idée-maitresse du poème suffisamment connue n\'admet
plus de doute. Incontestablement il reste bien des pas-
sages obscurs, de véritables énigmes historiques, poli-
tiques, psychologiques voire même philologiques, mais
il ressort evidemment des déclarations de Dante, des
études de ses commentateurs les plus autorisés, de la
lecture même du poème, que Ie poète a voulu nous
peindre dans son mysterieux pélerinage 1\'ame du pé-
cheur, luttant avec Ie secours de la grace divine contre
les penchants pervers de sa nature déchue, pour arriver
a la régénération spirituelle et s\'élancer sur la route de
la perfection. Ses passions fortifiées par 1\'habitude et
1\'oubli du devoir rugisscnt, se révoltent et 1\'étreignent
dans leurs honteuscs chaines. Fasciné par des visions
sinistres Ie poète est un moment sur Ie point de rouler
dans 1\'abime du désespoir. La luxure (la panthère),
1\'orgueil (Ie lion) la c.ipidité (la louve) 1\'assaillent et
tachent de lui barrer Ie chcmin de la perfection (col-
line). Mais la raison et la foi lui crient que tout n\'cst
pas perdu, que par la méditation et 1\'expiation il con-
naitra et pleurera ses fautes, qu\'il triomphera de ses
inclinations vicieuses, qu\'il secoucra et brisera la chaine
des habitudes, que purifié et seconde par la grace et
la prière, il s\'élevera jusqu\'au pied du tronc éternel
pour plongcr ses regards dans les lumières de Dicu.
Voila 1\'action principale et rcelle de la Divina Com-
media
dans toute sa simplicité. Elle nous donne Ie fil
1) Lamennais, Esquisse d\'une philosophie.
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11
d\'Ariane pour nous guider a travers la création la plus
vaste, la plus homogene, la plus étonnante que la pensee
humaine, aidée des lumières de la foi ait jamais congue.
Elle révèle 1\'unité de 1\'oeuvre, en éclaire les détails,
en fait ressortir la portee et la signification, et repro-
duit dans 1\'esprit du lectcur une pale esquisse du vaste
plan du Maitre. C\'est d\'ailleurs la clef fournie par Ie
poète lui-mcme: „Il faut savoir que Ie sens de cct
„ouvrage n\'est point simple, mais multiple. Le premier
„sens est celui qui se montre sous la lettre, le second
„est celui qui se cache sous les choses énoncces par la
„lettre. D\'après ces considérations, il est évident que le
„sujet doit être doublé, afin de se prêter alternative-
„ment aux deux sens indiqués. Le sujet de 1\'ouvrage
„littéralement compris est 1\'état des amcs après la mort,
„car tel est le point sur lequel le poème roule dans tout
„son cours. Au sens de 1\'allégorie le poète traite de
„1\'enfer de ce monde, oü nous voyageons comme des
„pélerins, avec le pouvoir de mériter et de déméritcr;
„et le sujet est 1\'homme en tant que par ses mérites
„et ses démérites il est soumis a la justice divine, ré-
„munératrice ou vengeresse" i).
Nous ne prétendons nullcment rcsoudre au moyen
de cette idéé principale toutes les questions qui se rat-
tachent a l\'interprétation du poème. Ce que nous vou-
lons établir c\'est qu\'elle projcttc assez de lumicre sur
cette prodigieuse composition pour mettre le lecteur a
même d\'en goüter les beautcs, sans avoir besoin de
recourir a des dissertations, hérissécs de difficultcs his-
toriques, philologiques et archéologiqucs. Cette clef lui
ouvrira sinon tous les trésors, au moins les portes prin-
i) Epist. Dcdicat. ai Can. grand. Voir aussi Giacopo di
Dante dans la préface de son précieux commentaire sur la
ire partie de la Divine Comédie.
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12
cipales de cette splendide cathédrale gothique, et 1\'aidera
a découvrir sous les digressions apparentes Ie but réel,
la marche toujours progressive, et Ie développement
harmonique du poème.
Inutile de donner une analyse détaillée de la Divine
Cotncdie;
on la trouve dans les commentaires tant
anciens que modernes. D\'ailleurs elle ne peut donner
qu\'une esquisse incolore et sans vie du drame, qui se
déroulc a travers les trois chants avec toutes les péri-
péties de ce pélerinage dans un monde inconnu. Mais
il nous a suffi d\'cffleurer Ie sujet pour faire justice de
ces critiques fort estimables d\'ailleurs, qui ne voient
dans la Divine Come\'die qu\'une satire politique. Ils com-
prennent la poésie du moyen-age a peu prés comme
nos architectes modernes 1\'art gothique. Appliquant aux
chefs d\'oeuvre des siècles, nourris de religion et de foi
leurs ide\'es matérialistes, ennemies d\'un idéal quelcon-
que, ils les dégradcnt et les ravalent au rang des che\'-
tives productions de nos jours, oü Ie beau ne relève
plus de 1\'idée, mais du calcul et de 1\'utilité Dante,
d\'après ces critiques n\'aurait imaginé sa machine
bizarre que pour exercer sa vengeance contrc ses
ennemis en les condamnant a 1\'enfer, et récompenser
au Paradis ses amis et ses protecteurs. „Vengeance
„monstrueuse, et inique, dit avec raison Fiorentino,
„profanation sacrilége qui ne trouverait point d\'excuse,
„même dans ce qu\'il plait aux grands hommes d\'au-
„jourd\'hui d\'appeler la barbarie des temps."
Est-ce a dire que la politique soit complétement
étrangère a cette oeuvre gigantesque? Il serait insensé
de Ie prétendre puisqu\'a chaque page nous rencontrons
des allusions, des de\'clarations, des gémissements, des
invectives, échos fidèles d\'une ame patriotique épousant
avec toutes les forces de sa volonté ardente les doctrines
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\'3
sociales, auxquelles elle avait consacré tout son dévoue-
ment. Un homme comme Dante qui avait rempli les
hautes magistratures et subi les dernières infortunes ne
pouvait assister sans émotion aux tragiques spectacles
de ses derniers temps: les révolutions donnant des maitres
aux républiques italiennes, les triomphes populaires de
la Flandre et de la Suisse, les guerres de 1\'Allemagne
et de la France, la majesté pontificale outragée dans
Anagni, la condamnation des Templiers, la translation
du S. Siége a Avignon, voila des faits qui ne purent
laisser d\'agir puissamment sur la conscience du poète
et d\'exalter son sens moral profond. Est-il étonnant que
son oeuvre porte les traces des agitations de la vie
publique, des luttes intestines qui divisaient et ensan-
glantaient sa patric?
III.
Philosophie et orthodoxie de Dante.
Au milieu des aberrations intellectuelles de notre
époque se débattant sous les étreintes d\'une fausse
philosophie, la pensee se complaït a revenir a la mé-
taphysique ancienne, a étudier sous la direction des
grands maitres du I3me siècle la nature de la matière,
de 1\'esprit, de Dieu, du droit, de la société. En pré-
sence du progrès incessant d\'un scepticisme brutal qui
sous Ie nom de Positivisme élimine tout element supra-
sensible du trésor de nos connaissances, et nous refuse
la possibilité de la science, on serait tenté de déses-
pérer de la raison humaine. Heureusement la philoso-
phie chrétienne résiste aux efforts des sophistes, et ne
cesse de revendiquer les droits de la raison contre les
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\'4
attaques d\'une prétendue science par trop intéressée a
nier 1\'existence de Dieu et de la vie future. Non la
philosophie du moyen-age, celle de Dante ne périra pas
puisqu\'elle repose sur les bases immuables de la raison,
éternelle comme son divin Auteur. La véritable philo-
sophie, conforme a la nature de 1\'homme tient Ie juste
milieu, la voie royale entre deux extrêmes, conduisant
1\'un et 1\'autre au scepticisme. Elle ne doit ni ravaler
1\'homme avec les matérialistes au dessous de sa dignité,
ni 1\'élever avec les idéalistes au dessus de sa nature.
La philosophie part des faits, des données expérimen-
tales empruntées au monde sensible; mais limiter la
sphère de son action a ces données, lui contester Ie
droit d\'en examiner les causes, c\'est nier la nature
spirituelle de 1\'homme; pareillement pour étudier les
faits dans leurs causes, leur origine et leur destination
il faut des principes supérieurs, mais prétendre avec les
idéalistes, que la science ne résulte que d\'idées apriori,
c\'est nier la nature matérielle de 1\'homme. La science
repose sur deux bases: 1\'expérience et la raison, 1\'ana-
lyse et la synthese, voila les éléments indispensables a
tout système qui pretend nous donner la connaissance
scientifïque des phénomènes. Les scolastiques 1\'ont com-
pris, et il faut absolument revenir a leurs principes
métaphysiques si 1\'on espère sauver la science, et pro-
téger les jeunes intelligences contre 1\'infection des erreurs
contemporaines. Dante dans son ouvrage immortel est
un des plus illustres représentants de la philosophie
scolastique, éclose sous 1\'action salutaire de 1\'Eglise,
et recommandée naguère par Léon XIII aux maitres
chrétiens.
Si Dante attaché une grande importance a 1\'expé-
rience, il condamne 1\'empirisme moderne aboutissant
aux doctrines matérialistes et utilitaires. Il se montre
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1
1 3
\\
initié aux sciences expérimentales dans les comparaisons
astronomiques, physiques et météorologiques qu\'il semble
ramener avec une espèce de prédilection; il nous pré-
sente tous les êtres soumis a 1\'action de 1\'amour et de
1\'attraction; il parle de 1\'action et de la réaction des cieux,
de la pesanteur, des combinaisons mécaniques dues aux
forces qui meuvent Ie monde. Dans Ie problème de la
connaissance il marche sur les traces du bon Frère
Thomas qu\'il place par une canonisation anticipée dans
une des plus belles sphères de son Paradis. L\'homme
est composé de matière et d\'une forme substantielle,
qui pour être 1\'acte constitutif de la nature humaine
n\'en est pas moins immortelle. Elle possède trois puis-
sances principales: la végétative, la sensitive, la ration-
nelle, il explique leur unité et leur développement suc-
cessif. Il caractérise parfaitement suivant les idees d\'Aris-
tote Fappréhension, 1\'imagination, la mémoire; il dis-
tingue 1\'intellect actif et 1\'intellect passif; il connait la
nécessité, 1\'immutabilité, 1\'éternité de la vérité que
reproduisent les principes et les axiómes.
Dante ne représente pas seulement la philosophie de
1\'Ecole qu\'il adopte, il fait davantage. Il la dépouille
de ses formes roides et souvent fatigantes pour la revêtir
de tout 1\'éclat de la poésie, pour lui donner les souples
et franches allures de la langue populaire. Quelle mag-
nifique réfutation que celle oü il stigmatise la brutale
opinion qui nie 1\'existence d\'une autre vie; quelle poésie
dans ces lignes profondes, oü il nous représente la cré-
ation de 1\'ame humaine; Dieu jetant un regard plein
d\'amour sur 1\'ouvrage de la nature et Ie vivifiant de
son soufflé créateur; avec quelle merveilleuse exacti-
tude nous décrit-il les phénomènes de la sensation,
de la perception, de la mémoire, la nécessité de 1\'es-
pèce intelligible empruntée par 1\'intellect actif aux
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-
x6
aux données des sens. Mais il faut se borner i). Aussi
nous contenterons-nous d\'une seule observation pour
prouver que, si Dante aime la raison, il aime encore
davantage la foi. Il revendique les droit^ de la raison
tout en reconnaissant ses limites. Virgile lui explique les
problèmes de la nature, mais en appelle pour des
détails ultérieurs aux lumières de Beatrix, la Théologie.
Dante déclare insensés ces esprits orgueilleux qui mesu-
rent la vérité aux mesquines proportions de leur raison
finie, et qui croient faire acte d\'indépendance en secouant
Ie joug salutaire de la foi. Le fougeux gibelin, 1\'altier
poète, le profond penseur, le grand génie courbe hum-
blement le front sous la parole de Dieu, et chante en
tressaillant d\'allégresse le bienfait de la religion révélée.
State al quia esprits superbes, ne cherchez pas a péné-
trer les dernières raisons de tout, car vous serez écrasés
par la gloire du Très-Haut; si la raison avait les forces
nécessaires pour sonder tous les mystères, résoudre tous
les problèmes, le mystère d\'un Dieu fait homme pour
enseigner les hommes n\'aurait pas de but. Quelle lecon
pour nos savants modernes dont les prétentions orgueil-
leuses n\'ont pas de bornes, qu\'ils palissent en face de
ce génie menant de front les sciences divines et humai-
nes. Non Dante connaissait trop bien les faiblesses de
la nature humaine pour la diviniser et la proclamer in-
dépendante de toute autorité divine; il aimait trop 1\'hu-
manité pour 1\'enfermer dans les étroites limites de ses
destinées terrestres; il était trop grand penseur pour ne
pas voir le doigt de Dieu dans les faits de 1\'histoire;
enfin il était trop bon catholique pour ne pas juger les
doctrines, les hommes, les institutions, les événements
aux lumières des principes surnaturels de la foi.
i) Voir pour les détails et les citations le beau livred\'Oza
nam: Dante et la philosophk catholique au treizihne siècle.
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Aussi est-il étonnant qu\'on ait douté sérieusement des
convictions catholiques du poète.
Pour donner quelque vraisemblance au reproche
d\'hétérodoxie, il faut réellement se permettre des tours
de force d\'interprétation, arracher les passages de leur
contexte naturel, les torturer ingénieusement, en fausser
Ie sens, sophistiquer sur la signification d\'une allegorie,
confondre les hommes contre lesquels s\'exerce la verve
satirique du poète, avec les institutions qu\'ils représen-
tent. Mais Ie poète n\'a pas besoin de nos raisonnements,
il se justifie luimême lorsqu\'il rend gloire a la foi qui
seule nous conduit au sein de la céleste Athènes. Quelle
haine contre 1\'hérésie et Ie schisme auxquels il apprête les
plus affreux supplices del\'Enfer; quel amour de 1\'Eglise,
épouse et secrétaire de Jésus-Christ, incapable de men-
songe, infaillible dans ses doctrines; Dante admet la
puissance des clefs, la valeur de l\'excommunication et
celle des voeux, il justifie Ie culte des images, les
prières pour les défunts; „toujours, dit Ozanam, il s\'in-
„cline devant la papauté (même en poursuivant de ses
„invectives quelques souverains-pontifes) comme devant
„une magistrature sainte, un pouvoir que Pierre a regu
„du ciel et transmis a ses successeurs; il en fait 1\'objet
„primordial des desseins providentiels, Ie secret des
„grandes destinées de Rome, Ie lien de 1\'antiquité et
„des temps nouveaux." Il chante les gloires de la Sainte
Vierge dans des vers, dont aucune langue n\'égale 1\'onc-
tion et la tendresse i).
i) Cueillons au moins une fleur dans ce bouquet parfumé:
O madre di virtude, Luce eterna,
Che partoristi quel frutto benegno
Che 1\'aspra morte sostenne sul legno
Per scampar nói dall\' oscura caverna.
Tu del ciel donna, e del mondo superna,
Deh! prega dunque il tuo figliuol ben degno,
2
-ocr page 20-
I
Qu\'on vienne nous dire maintenant par la bouche
d\'un journaliste, monté sur les tréteaux d\'une Revue
rationaliste que 1\'ultramontanisme tue la poésie, que la
foi empêche 1\'élan de 1\'imagination, que Ie dogme
enraie Ie vol de la pensee. Montrons 1\'oeuvre de Dante
a ces malheureux et pleurons la force du préjugé qui
les rend tout aussi incapables de goüter Dante, que
d\'apprécicr la vérité de la religion qui Pa inspiré. Un
parallèle entre Dante, Milton et Klopstock fournirait Ie
sujet d\'une dissertation interessante, qui tournerait com-
plétement a 1\'avantage de 1\'Italien, si bien nommé, Ie
Saint Thomas de la poésie i). Mais il est temps d\'ar-
river au sujet qui va nous occuper spécialement.
IV.
La Revue „De Wachter."
Si 1\'on se demande ce que la Néerlande a fait pour
rendre accessible a ses enfants 1\'intelligence du „carme
che allegro 1\'ira al Ghibellin fuggiasco" (Ugo Foscolo)
il faut avouer qu\'elle n\'a pas partagé 1\'enthousiasme des
nations voisines. Tandis que 1\'Angleterre, 1\'Allemagne,
Che mi conduca al suo celeste regno,
Per quel valor che sempre ei governa.
Tu sai ch\'in te fu sempre la mia speme,
Tu sai ch\'in te fu sempre \'1 mio diporto:
Or mi soccorri-, o infinito bene!
Or mi soccorri, ch\'io son giunto al porto,
Il quale passar per forza mi conviene,
Deh! non m\'abandonar, sommo conforto!
Che se mai feci al mondo alcun delitto,
L\'alma ne piange e \'1 cor ne vien contrito.
i) V. sur 1\'orthodoxie de Dante 1\'ouvrage cité d\'Ozanam
P. III. Ch. V.
-ocr page 21-
\'9
la France rivalisaient d\'ardeur pour faire goüter 1\'oeuvre
immortelle par des biographies, des commentaires, des
traductions, la Néerlande semblait ignorer son existence.
Ce n\'est que dans les derniers temps que nous avons
vu paraitre les traductions de MM, Hacke van Mynden,
Kok, Ten Kate, dont on peut voir f appréciation judi-
cieuse, dans F Etude du Dr. Nolet de Brauwere van Stee
land i). Pour moi je préféré m\'occuper particulièrement
de 1\'oeuvre du Dr. J. Bohl d\'Amsterdam , jurisconsulte
et écrivain distingué, dont Ie nom est désormais in-
dissolublement lié a celui du poète. La Néerlande peut
être fiere d\'avoir fourni a Dante un interprète digne de
lui: en effet sa traduction rivalise avec 1\'énergie, la
rapidité, la concision , la verve et la rimc du vers italien.
Mais avant d\'étudier la traduction et Ie précieux com-
mentaire qui 1\'accompagne, disons quelqucs mots du
Wachter 2) création du Dr. Bohl, destinée a mettre Ie
public hollandais au courant de tout ce qui contribue
a 1\'intelligence, et a 1\'appréciation du poète florentin.
Seconde par quelques amis, hommes de lettres dévoués
au culte de Dante, Ie Dr. Bohl a fait de la Revue un
répertoire aussi interessant qu\'instructif, oü les multiples
questions de la littérature dantesque sont discutées et
résolues aux lumières des documents, de la critique,
des sources italiennes et étrangères. Si 1\'Allemagne pos-
sède depuis des années son Dante- Verein, il y a lieu de
féliciter Ie Dr. Bohl d\'avoir pu créer dans la petite
Néerlande une Revue spéciale, consacrée presqu\'exclu-
sivement a la littérature dantesque. Grace a son intel-
1)  Les Traducteurs de Dante Alighieri aux Pays-Bas. (F.Hayez,
Bruxelles 1879) Extrait des Bulletins de P Académie royale de
Belgique,
2m* série t. XLVII, No. 3; Mars 1879.
2)  De Wachter. Nederlandsch Dante-orgaan, publie huit
livraisons par an. Amsterdam J. Beerendonk.
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20
ligente direction, les articles se distinguent par un esprit
d\'impartialité littéraire qu\'on rencontre trop rarement.
Nos Revues critiques et littéraires ne brillent guère par
la nourriture substantielle, qu\'elles offrent aux lecteurs.
Ordinairement au service d\'un parti politique ou religieux
(ou anti-religieux), elles encensent les productions des
amis quelque médiocres et insigniftantes qu\'elles soient,
tandis qu\'elles ignorent ou dédaignent tout ce qui
ne porte pas la marque de fabrique. C\'est triste que
de lire des articles prétendüment critiques, oü loin de
trouver des traces d\'une étude sérieuse et approfondie
de la matière, on ne rencontre que des preuves trop
manifestes de 1\'ignorance, des préjugés, de la partialité
de 1\'auteur. Les ouvrages sérieux et solides qui enrichis-
sent la littérature attendent en vain un mot d\'éloge ou
de recommandation, on les tue par Ie silence, ou bien
on en parle pour les juger aux mesquines proportions
d\'une critique subjective et personnelle. De Wachter
rend de grands services aux Lettres en réagissant contre
eet esprit de coterie pour apprécier les ouvrages, sans
considération des personnes, aux lumières objectives et
sereines de 1\'art et du beau. Malheur aux écrivains qui
ont la témérité de toucher a 1\'arche sainte (la Divine
Comédie) sans une préparation suffisante, sans une
étude préalable. Les noms les plus illustres dans la
république des Lettres n\'échappent pas a la franche
satire du Dr. Bohl. Le poète Ten Kate en gardera long-
temps le souvenir. Dans son for intérieur il doit avouer
lui-même que malgré ses talents, il n\'est pas de taille
a nous donner un véritable Dante hollandais i). Pourquoi
n\'a-til pas pris sa revanche en acceptant la discussion
i) V. De Wachter, (Janv. 1877) Dante, mank aan beide
ijden, article du Dr. Bohl.
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publique en italien, a laquelle 1\'a convié Ie Dr. Bohl?
Cette joute littéraire et pacifique aurait certainement
attiré 1\'attention du monde savant et lettre.
De Wachter contient a cóté des travaux du Dr.^Bohl,
de véritables bijoux de critique littéraire, des articles
dus a la plume de Mr. H. C. M. van Westerloo,
Alighieri f image de sou siècle; Macauly et Dante;
Ciacco; Ie système politique de Dante.
Mr. Van Heem-
waal nous donne des apercus historiques sur Rome et
Florence au temps de Dante.
Les études de M. van
Niekerken sur Grcgoire VII, sur Dante et son traduc-
teur allemand Streckfuss sont remarquables. Signalons
encore les travaux de MM. Ter Horst {Enfer, Purga-
toire, Paradis),
Van Lamsweerde (Les oeuvres de Fr.
Jacopone de Todi),
Jansen (Lamennais sur Dante)
Faber, Witte et De Bruin.
En conclusion nous pouvons recommander la docte
Revue a tous les esprits sérieux, amis de la littérature,
elle leur fournit a un prix rclativement minime une lec-
ture aussi attrayante qu\'instructive.
V.
Traduction et Commentaire du Dr. Bohl.
Nous pouvons distinguer deux espèces de traducteurs:
les uns s\'attachent au sens littéral de 1\'auteur qu\'ils
tachent de reproduire avec 1\'exactitude la plus parfaite;
les autres préoccupés plutót de la couleur et de la
forme que du sens, essaient de faire passer dans leur
langue les beautés de 1\'oeuvre primitive. Si les derniers
n\'hésitent pas a sacrifier la forme pour rendre exacte-
ment 1\'idée et la pensee, les premiers sont plus exigeants;
INSTITUUT VOOR
ItTÖÏANSE TAAL. EN LETTERKUNDE
DER R.U, UTRECHT
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22
pour conservcr Ie type, 1\'individualité de 1\'auteur ils
s\'efforcent de reproduire 1\'idée avec la forme qu\'elle a
déterminée et choisie. Ils pensent que dans un chef
d\'oeuvre la matière a une relation indissoluble avec sa
forme, et que par conséquent pour en faire goüter les
perfections a un étranger, il faut traduire de maniere a
conserver Ie cachet propre de la forme et du style.
Cette espèce de traduction qui seule exerce une influ-
ence salutaire sur la langue et la littérature demande avec
des études sérieuses, une longue préparation, des cpn-
naissances variées, un labeur persévérant. Il faut que Ie
traducteur connaisse a fond les deux langues; qu\'il ait
I\'oreille exercée a la mesure et au rythme; il faut 1\'ame
d\'un poète pour découvrir et deviner chez Ie poète Ie
secret de ses beautés, Ie charme des phrases, la mu-
siquc de la langue, la richesse des figures, la variété
des tableaux. Un allemand 1\'a dit:
Vergebens wird die rohe Hand
Am Schonen sich vergreifen,
Man kann den einen Diamant
Nur mit dem andern schleifen.
Inutile de faire observer que ces considérations géné-
rales s\'appliquent d\'une maniere toutc spéciale a la
Divina Commedia. La traduction de ce chef d\'oeuvre,
pour ne pas être une profanation, présente des diffi-
cultés telles, qu\'on a presque Ie droit d\'affirmer qu\'il
faut un autre Dante pour la mener a bonne fin. Si la
lecture seule du poème est hérissée de tant d\'obstacles,
que sera-ce quand il s\'agit de faire parler Dante dans
une langue étrangère en conservant la force, la conci-
sion, la couleur et 1\'harmonie de sa langue propre?
Monsieur 1\'avocat Bohl, dont les productions litté-
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raires et juridiques jouissent d\'une grande réputation i)
n\'a pas reculé devant les difficultés du travail, il 1\'a
entrepris avec courage et ne laissera pas de Ie mener
a bonne fin. Ce qui a mon avis prouve que 1\'auteur
était homme a nous donner un Dante hollandais, c\'est
qu\'il a compris parfaitement les difficultés considérables
de sa tache. Il les exposé sans en dissimuler aucune
dans 1\'article intitulé : Rekenschap (Justification): fidélité
constante et scrupuleuse dans la traduction; langage et
style de la plus grande simplicité; connaissance appro-
fondie du caractère de 1\'auteur, de sa vie et de son
époque; science étendue, gout épuré; posséder a fond
les deux langues... Voila les conditions principales que
la critique a Ie droit de poser a quiconque veut traduire
Dante sans mutiler, et dénaturer 1\'original. Si ces con-
ditions se trouvent rarement réunies, on est d\'autant
plus heureux de rencontrer un Néerlandais, qui les
réalise complétement. Le Dr. Bohl en effet par sa tra-
duction presqu\' achevéc 2) nous donne un Dante par-
lant hollandais. Ce n\'est pas unc simple version repro-
duisant tant bien que mal les pensees et les sentiments
de 1\'original; non il y a plus. Dante nous parait ici
tel qu\'il est, dans sa rude apreté, dans sa puissante
conception, dans son style de feu, dans sa couleur et
sa verve propres. Comme Dante Bohl possède a un
haut degrc 1\'inspiration poétique, 1\'expression toujours
1)  De Godsdienst uit staat- en rechtskundig oogpunt, Cet
ouvrage du Dr. Bohl doit être place dans la categorie peu
nombreuse des livres qui restent. Par les connaissances solides
de 1\'auteur, 1\'élévation de son style, la forcc de ses démon-
strations il depasse infiniment les productions éphémères de
notre époque.
2)  Dante Alighieri, De Goddelijke Komedie, in Nederland-
sche Terzinen vertaald met verklaringen en Geschiedkundige
Aanteekeningen nopens den Dichter door Mr. Joan Bohl,
Advokaat te Amsterdam. — Haarlem, W. C. De Graaff.
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exacte et puissante, Ie vers facile et riche, Ie nombre
et 1\'harmonie du style, la simplicité énergique. Jamais
il n\'a recours a des périphrases et des remplissages
destinés a masquer 1\'absence de pensees ou d\'expres-
sions. En un mot, 1\'oeuvre du Dr. Bohl est digne de
Dante et de sa Comédie; c\'est un miroir fidele réflé-
chissant avec une exactitude je dirais mathématique la
matière et la forme, les idees et la langue, les senti-
ments et Ie vers de l\'original.
Le traducteur a compris qu\'il fallait en premier lieu
une fidélité a toute épreuve au texte italien. Négliger
une expression c\'est perdre une fleur du bouquet, ar-
racher une pierre précieuse a la mosaïque. Dans cette
oeuvre sublime tout est a sa place, proportionné et in-
dispensable a 1\'effet, quiconque brise une des lignes la
défigure et se rend coupable d\'une trahison cnvers
1\'auteur.
De plus il a tenu compte du caractère grave, calme
du poème. A la différence des poètes ordinaires qui ne
brillent qu\'un instant, parce que le charme du style ne
peut cacher la misère du fond, Dante, en dépit de son
magnifique langage, ne nous entraine pas dès 1\'abord,
1\'aprêté du style nous révolte un moment, mais a peine
avonsrnous parcouru quelques pages, que nous subissons
son action magique.
Des beautés inespérées nous ravissent, des vérités
profondes nous frappent, des théories sublimes nous
enchantent, le noble caractère du fier Florentin nous
domine et nous subjugue. Partout se revele ce cachet
d\'originalité qui donne a 1\'oeuvre une jeunesse per-
pétuelle.
Voila pourquoi le traducteur a pris soin d\'écarter au
loin le vain étalage de paroles outrées et ronflantes. La
diffusion, la phrase creuse et ampoulée, les sesqui-
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pedalia verba, les expressions vagues et nébuleuses
trahissent un esprit apte seulement a donner une cari-
cature du poème. Il faut savoir choisir Ie terme propre ,
qui presque toujours est Ie plus simple. Le chantre
italien ne prodigue pas les mots, et cependant d\'autres
avec des pages entières ne savent peindre comme Dante
en trois vers. Voyez par exemple, c\'est la remarque
d\'Ozanam , la porte de 1\'Enfer chez Dante et chez Milton.
Le chantre du Paradis perdtc s\'épuise en images gigan-
tesques. Il forme ses portes de neuf couches de métal et de
diamant; il y met une palissade de feu, il y fait asseoir
ces deux monstrueuses figures, la Mort et le Péché, et
il ne réussit qu\'a étonner ses lecteurs. Dante au con-
taire ne décrit rien. Il n\'a besoin ni du fer ni du feu;
il lui suffit d\'une inscription de neuf vers, et il nous
laisse consternés. C\'est que Dante possédait sa langue
et en avait saisi toutes les nuances, il savait choisir le
mot rendant cxactement 1\'idéc qu\'il voulait exprimer.
Aussi le traducteur s\'élève a la perfection de 1\'original,
son mot hollandais est presque toujours le frère-jumeau
de 1\'italien i).
Si nos éloges du chef d\'oeuvre de 1\'avocat hollandais
semblent dépasser la juste mesure, nous avons des
témoignages irrécusables qui les justifient complétement.
Voici des appréciations, dont personne ne contestera
la valeur et 1\'impartialité.
L\'immortel Pie IX dans une Lettre du 22 Novembre
1876 loue 1\'auteur de son travail „te docte ac naviter
praestitisse quod multa cum laude efficere constituisti,"
et appelle son commentaire „recta et sana explicatio."
Le professeur Dozy de 1\'université de Leyde écrit a
M. Bohl: „Il me semble que votre traduction excelle
1) V. 1\'article du Wachter intitulé »Rekenschap."
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„autant par la fidélité que par la vigueur et 1\'élégance.
„La tache était fort ardue, mais vous vous en êtes
„acquitté de main de maitre."
Le professeur De Vries de la même Université: „J\'ai
„suivi avec le plus vif intérêt la traduction de 1\'Enfer
„de Dante. Elle est, en effet, d\'une fidélité, d\'une exac-
„titude remarquables, et rend le texte de la fagon la
„plus heureuse. On ne peut assez louer 1\'épisode de
„Francesca da Rimini: il est digne de 1\'original et
„c\'est la le plus grand éloge auquel un traducteur puisse
„prétendre.....j\'éprouve le besoin de vous répéter a
„quel point j\'estime votre magnifiquc travail qui me
„semble un véritable trésor pour notre littérature. Ce
„n\'est pas peu de chose d\'avoir accolé a tout jamais
„votre nom a celui de 1\'immortel Alighieri, et per-
„sonne ne pourra désormais vous contester ce titre
„glorieux."
Le professeur Moleschott de 1\'Université de Rome
résumé son appréciation élogieuse en affinnant que la
traduction du Dr. Bohl le ramene a chaque instant
comme par une force magique a 1\'original, et qu\'il
revient toujours avec un nouveau plaisir de 1\'original a
la traduction. Il ajoute: „je trouve vos commentaires
„réellement parfaits et des plus clairs, tandis que d\'au-
„tres s\'évcrtuent parfois a. élucider cc que chacun com-
„prend, mais laissent dans 1\'ombre ce qui était obscur."
Le savant Dr. Harry Clark Barlow a. Londres dont
les ouvrages sur la Divina Commedia jouisscnt d\'une
réputation méritée écrit a Mr. Bohl: „I can quite ap-
„preciate your generous and patriotic motivc in giving
„your contrymen the benefit of your well directed and
„accomplished study of the language of Dante and his
„works. I may also compliment you on the well engraved
„portrait of the Poet. I have never seen his dear head
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„and face more carefully and beautifully repro-
„duced."
Last not least nous donnons 1\'appréciation du Dr. Ch.
Witte de Hall, fondateur et président depuis 1856 du
Dante-Verein, 1\'homme peut-être Ie plus competent du
monde dans la Littérature dantesque. „Von den beiden
„Hollandischen Uebersetzungen in Terzinen, von Hacke
„van Mynden und Joan Bohl, sagen mir Kundige (denn
„nur ueber die Treue darf ich mir ein eigenes Urtheil
„zuschreiben) dasz sie den Grund-text mit einer Würde
„der Haltung wiedergeben, wie man sie eben bei dieser
„Sprache vielleicht am wenigsten erwarten möchte."
Aussi annonce-t-il au Dr. Bohl 1\'honneur de la nomi-
nation de membre honoraire du Dante-Verein: „La
Riunione Dantesca ha due specie di socii: ordinarii e
onorarii. Questi ultimi che sono in iscarsissimo numero,
non possono nominarsi che nelle Assemblee generali.
Se sene convocasse una, non mancherci di proporre
V. S. e sono persuaso che sarebbe nominata a con-
senso unanime."
Une étude sérieuse de la traduction comparée avec
Ie texte italien prouvera au lecteur Ie bien-fondé de ces
appréciations bienveillanr.es. Nous avons lu et relu
1\'Enfer et Ie Purgatoire, nous avons eu 1\'avantage de
comparer la traduction de 1\'Enfer avec celles de Kok,
Fiorentino (Paris, Hachette 1877) et Artaud de Montor
(Paris, Garnier Frères 1878); pour Ie Purgatoire nous
avons comparé 1\'oeuvre de Bohl avec la traduction
métrique du célèbre Dr. Witte. Or après cette compa-
raison nous ne pouvons que ratifier nos éloges et féli-
citer encore une fois la Néerlande du joyau que Pavocat
a attaché a. sa couronne littéraire.
Deux mots sur les notes explicatives qui accompag-
nent la traduction pour en faciliter 1\'intelligence. En
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2.S
fait de commentaires on pêche par exces et par défaut.
Il y en a qui profitent d\'une érudition peu coüteuse pour
charger chaque page de longues dissertations sur un
point d\'histoire, de philologie ou d\'archéologie; au
milieu de tant de lumièrcs, Ie lecteur a toute la peine
du monde a s\'orienter et a retrouver Ie texte du
poète. D\'autres craignant de détourner 1\'attention du lec-
teur 1\'abandonnent a lui-méme au milieu des obstacles
de la route. Il nous semble que Ie Dr. Bohl a choisi
Ie juste milieu qui tout en évitant les écarts des pre-
miers, ne laisse pas d\'expliquer les passages les plus
difficiles, les allusions obscures, les manières de parler
les moins connues. S\'il trahit dans ses courtes notes
un grand talent, de vastes connaissances, une étude
approfondie de la langue italienne, d\'autre part il n\'a
garde de suivre les traces de ces interprètes, que Dante
pressentait pour les détester, et que Fiorentino compare
a un essaim de corbeaux prêts a fondre sur leur proie,
et a déchirer son coeur de poète, tout palpitant encore.
Non, Mr. Bohl a écrit un commentaire, que je dirai
objectif, c\'est a dire il se garde de substituer ses idees
subjectives, ses. opinions personnelles, ses convictions
politiques a. celles de Dante; il aime trop la sincérité
littéraire pour torturer un texte afin d\'y trouver une
superstition grossière, une brutale vengeance, un langage
mystérieux et franc-macon; catholique il se réjouit de
retrouver chez Ie poète une connaissance profonde, et
un amour ardent des dogmes et des cérémonies de
1\'Eglise, enfin expliquant Dante par lui-même ou par
les indications des commentateurs les plus célèbres, il
a écrit un commentaire parfaitemcnt adapté au but pro-
posé, de mettre Ie chef d\'oeuvre de Dante a la portee
de tout esprit cultivé.
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29
VI
C r i t i q u e i).
J\'aborde la dernière partie de mon travail. Après
avoir rendu un hommage mérité aux éminentes qualités
de la traduction, j\'ai Ie droit et Ie devoir de pré-
senter en toute franchise mes observations critiques. Si
on les juge a peine dignes de mention qu\'on s\'en prenne
non a la bienveillance du critique, mais a la perfec-
tion de 1\'oeuvre. D\'ailleurs Ie Dr. Bohl, ennemi déclaré
de l\'cnthousiasme de commande et de 1\'encensement
mutuel ne demande pas mieux que de tenir compte de
toute observation fondée et sérieuse. Il me pardonnera
donc si de temps a autre les remarques semblent trop
minutieuses et insignifiantes; mieux que personne il
comprend que tres-souvent Ie fini des détails fait la per-
fection du tout, et qu\'un léger défaut peut compromettre
la réputation d\'un chef d\'oeuvre. Le lecteur qui aura la
patience de parcourir cette longue liste de doutes et
d\'interrogations me reprochera peut être d\'avoir con-
sacré un chapitre a la critique. Mais je le prie de con-
sidérer combien une moisson aussi maigre, recueillie
après une étude minutieuse fait honneur au Dr. Bohl.
En comparant les quelques vers cités et critiques avec
les milliers 2) qui composent le poème, on s\'étonne de
1) Aux observations faites sur la traduction de PEn/er dans
le Wachter II, 153—163 nous ajoutons les suivantes:
l\'enfer.
Ch. I, 19—22. La traduction laisse a désirer; elle nerend
que faiblement 1\'énergie du texte: la paura ... che nel lago
2) Les amateurs des statitiques nous sauront peut être gré des chiffres
qui suivent: f En/er compte 4 735 vers. le Purgatohf 4.754; le Paradis
4.747, en tout 14.221 vers.
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3Q
la perfection réalisée par Ie traducteur. Sous sa plutne
habile la langue hollandaise rivalise en harmonie, en
del cuor m\'era durata la notte, ch\'io passai con tanta piëta.
»La crainte qui avait glacé Ie lac de mon coeur la nuit que
je passai en si grande détresse" (Fiorentino). — 24. L\'adjectif
pe>-igliosa n\'est pas traduit. — 25. Le participe i beroofd van
ruste" ne répond pas exactement au participe présent qu\' ex-
prime clCancor Juggiva. — 42. Je préféré lire avec Blanc au lieu
de alla gaietta pelle, la gaietta pelle et traduire: la peau
nuancée de la panthère, 1\'heure du jour et la douce saison
m\'étaient un présage de bonne espérance..... — 135. La
traduction ne tient pas compte des mots: tujai, que tu m\'as faits
si malheureux. — Ch. II, 5. La traduction me semble faible.
Dan te se préparait a soutenir la fatigue d\'une pénible route,
et les émotions de la pitié. — 16. Pourquoi ne par dire l\'eti-
nemi
de tout mal? — 20. Ch\'ei n\'est pas traduit et pas con-
séquent les deux phrases manquent de liaison. M. Kok tombe
dans le même défaut. — 30. La traduction ne répond pas a
la simplicité du texte. — 41. Pensando consumai 1\'impresa.
Mon entreprise s\'évanouit en pensees. Le traducteur rend im-
parfaitement le sens. — 52. J\'étais parmi ceux dont le sort
en suspens... M. Bohl traduit »die steeds in twijfel zweven,"
ce qui vaut mieux que la phrase de M. Kok »die eeuwiglijk
verlangen." — 81. Tu n\'as plus besoin de m\'expliquer ton
désir. La traduction de M. Kok ne donne pas le sens, celle
de M. Bohl en approche davantage. — Ch. III, 39. Maar, God
ontrouw, hun . eigen standpunt kozen, me semble plus clair
que la phrase: slechts voor zich-zelf bestonden (Kok).
Ch. IV, 11. La traduction de M. Bohl 1\'emporte sur celle de
M. Kok qui n\'a pas saisi la force de 1\'expression: per fic-
care lo viso.....— 27. Pourquoi fgrensloos luchtruim pour
1\'aura eterna? — 57. L\'adjectif ubbidiente se rapporte a Abra-
ham. M. Kok 1\'a rapporte a Moïse. — Ch. V, 28. Jerecom-
mande aux lecteurs ce passage magnifique oü le vers hollan-
dais me semble surpasser les beautés du texte original. —
36. M. Kok n\'a pas compris ce vers. — 86. L\'expression hol-
landaise est trop forte pour rendre le texte: »a noi venendo
per 1\'aer maligno." — 105. Si le sujet du verbe abbandonna
est Amor, la traduction pourrait être plus fidele. — Ch. VI, 1. Al
tornar della mente, Na \'t Keeren van den geest, ce qui est
préférable a »als zich mijn geest hersteld had" (Kok). —
9. M. Bohl rend plus parfaitement le sens que M. Kok. —
94—96. La traduction semble trop libre. — 107. Le mot piü
nécessaire a la comparaison n\'est pas traduit. —Ch. VII, 19. C\'est
une interrogation de celui qui admire:\'quelle main que celle
qui entasse tous les supplices.....— 60. La beauté du mot
»appulcro" est perdue. — 72. Le verbe simboccare" est plus
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douceur, en souplesse avec Ie texte italien, dont elle
conserve religieusement 1\'fdée et Ie sens, autant que Ie
élégant et expressif que Ie verbe hollandais. — 89. La tra-
duction ne semble pas claire. Il y a des interprètes qui mettent
che au lieu de chi et pretendent que Dante résumé dans ce
vers les explications précédentes. — 99. M. Bohl traduit mieux
que Kok: il troppo star si vieta. — Ch. VIII, 18, Anima/if//^.
ame félonne. Je ne retrouve pas cette idéé dans les traductions
de MM. Bohl et Kok, dont Ie dernier se trompe encore en met-
tant au pluriel: »felle zielen." — 24. Nell\'ira accolta: dans sa
colère concentrée (Fiorentino). Phlégias gémit d\'être forcé a
contenir sa colère. — 46. Alma sdegnosa: fiere ziel? ne
dirait-on pas mieux avec M. Kok: met reden verontwaardigde
ziel? — 119. M. Kok n\'a pas saisi la force de 1\'expression que
M. Bohl rend avec perfection: »Zijn droeve zuchten klonken." —
Ch. IX, 2. Tornare in volta, hier indietro; lorsque je vis mon
guide retourner en arrière. — 54. Je préféré la traduction de
Fiorentino: nous avons mal fait de ne pas nous venger sur
Thésée de son attaque. — 64—73. Dans cette magnifique des-
cription de la tempête je fais a regret deux observations: 1\'ad-
jectif avversi n\'est pas rendu, et 1\'expression senza rattento
(sans relache) perd un peu de sa force. — 127. Il ne faut pas con-
fondre les Hérésiarques avec les Schismatiques. — Ch. X, 4. Com-
ment M. Kok peut-il appeler Virgile «bron der Deugden" o
virtü somma, o sublime génie, dit Dante. — Ch. XI, 51. Ook
hen, die God met hoon der ziele tarten (Bohl). En hen die
Gode met bewustzijn hoonen (Kok). Je pense que ni 1\'une ni
1\'autre traduction n\'indique ceux que Dante a en vue: leshy-
pocrites qui ont toujours Ie nom de Dieu sur leslèvres, mais
Le nient au fond du coeur. — Ch. XIII, 102. Les deux tra-
ductions hollandaises négligent la figure de \\a.Jinestra, rottura
onde escono le voci dolorose. — 114. Ritselen pour Stormire
parait impossible. M. Bohl traduit mieux: sdat tak en loof
doet beven." — Ch. XIV, 103. Cette grande image empruntée
au songe de Nabuchodonosor (Daniel ch. II) a occupé beau-
coup les interprètes. Parmi les différentes explications, les unes
plus compliquées que les autres, je préféré celle qui voit dans
la statue le symbole de la monarchie, qui comme toutes les
choses du monde peut se gttter et se corrompre. Cette inter-
prétation s\'appuie a) sur le texte même, b) sur les idees poli-
tiques caressées par le poète gibelin, c) sur les détails de 1\'allé-
gorie. Le géant est place dans 111e de Crète: ile célèbre par
la félicité de 1\'age d\'or, parceque selon les idees de Dante la
monarchie est la meilleure forme de gouvernement. Ltle se
trouve en ligne droite au milieu de Rome et de Damiette. Le
vieillard tourne le dos a Damiette, a 1\'Egypte la plus floris-
sante monarchie du temps passé, et regarde Rome qui avait
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permet Ie génie propre des deux langues. Car la tra-
duction la plus parfaite n\'arriVe jamais a 1\'identité com
succédé aux rois d\'Orient. Rome réfléchit 1\'image du vieillard
a cause de son état de décadence représenté par Ie pied d\'ar-
gile sur lequel pose la masse entière. Les idees, couvertes ici
par 1\'allégorie, reviennent en termes formels au ch. VI du
Purgatoire. — Ch. XV, 54. E riducemi a ca\': Pourquoi tot
nii/-zelf (Kok)
?huiswaarts, ciit parfaitement M. Bohl.— 107. Voici
la traduction exacte: Sache, en somme, qu\'ils furent tous
clercs, grands lettres et d\'éminente renommée, tous souillés
dans Ie monde du mêmepéché (Fiorentino). — Ch. XVI, 16. M.
Bohl rend ce passage infiniment mieux que M. Kok qui né-
gligé La natura del loco. — 71. D\'après Boccace per poco
signifie una colpa non molto continuata, poca e leggïera. —
Ch. XIX, 12. Je ne retrouve 1\'idée du poète ni chez M. Bohl.
ni chez M. Kok; Et combien sont justes les dispensations de
ta puissance (Lamennais). — 21. La traduction de M. Bohl
1\'emporte sur celle de M. Kok peu intelligible. — 96. »Voor
hem, wiens booze ziel ter hel moest snellen." Un traducteur
allemand estimé fait dire au poète: »weil der die Treue brach."
Est-ce une traduction ? — 106. Qu\'on lise la note de M. Bohl,
et 1\'on se convaincra que 1\'explication de M. Kok manque
complétcment de base et de raison. — Ch.XXVIII, to7.»Cosa
fatta capo ha." Voici les traductions de cette expression pro-
verbiale: »\'t Gedane laat zich schikken" (Bohl). »De aanvang
wil ook \'t einde" (Kok). »Chose faite a toujours une fin"
(Fiorentino). »Un chose faite a une tête" (Artaud). Que Ie
lecteur choisisse cëlle qui exprime Ie mieux 1\'idée du poète.
Je préféré: »Gedane zaken nemen geen keer."—115. La con-
struction parait être celle-ci: Se non che la coscienza (quella
buona compagnia che sotto 1\'usbergo del sentirsipura, cioè che
affidata nella propria innocenza rende 1\'uomo franco) mi assi-
cura: Mais ma conscience me rassure, cette fidele compagne
qui couvre d\'une cuirasse 1\'homme qui se sent pur. — Ch.
XXIX, 30. Sin fu partito, je préféré lire si fu partito. —
41. Conversi n\'est pas suffisamment traduit par s ingezetenen."
D\'autre part il n\'y a aucune nécessité de songer avec M. Kok
a des Frères convers (leekebroeders). Car chiostra ne signifie
pas proprement monastère (klooster), mais un lieu ferme,
comme il résulte de plusieurs passages du poème. Pourquoi
donc croire Dante capable d\'un jeu de mots ridicule qualifiant
les damnés de frères convers ? Dante les appelle changes parce
que ces alchimistes prétendant changer lesmétaux, sont trans-
formés et changés eux-mêmes dans 1\'enfer. Jacques dalla Lana
et d\'autres prennent conversi pour termini. — Ch. XXXII, 76. Si
voler se rapporte a la volonté de Dieu (V. Bohl), M. Kok
traduit mal par »of \'t opzet..." — Ch. XXXIII, 16. La tra-
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plète avec 1\'original, même dans ses plus petits détails.
„Chaque langue, dit Fiorentino, a son cóté fort et son
duction de M. Bohl 1\'emporte en fidélité sur celle de M. Kok. —
80. La traduction littérale »ce beau pays, oü Ie si résonne"
ne rend pas complétement l\'idée du poète. En faisant atten-
tion a la particule la donnée au lieu oü ne se trouve ni celui
qui parle, ni celui qui écoute, on comprendra que Ie poète
a en vue non 1\'Italie tout entière, mais la seule Toscane.
Aussi en employant Ie mot suona il veut dire: la dove piü
comunemente e piü dolcemente si paria 1\'idioma d\'Italia. M.
Bohl 1\'a compris: »die \'t si zacht doen weerklinken." —
Ch. XXXIII, 87. La traduction de M. Bohl, conservant la
figure de 1\'original est beaucoup plus parfaite que celle de
M. Kok. — 92. L\'adverbe ruvidamente n\'est pas assez éner-
giquement rendu par »feller boei." »Op \'t schrikkelijkst"
(Kok) est trop général. — 120. En donnant Ie proverbe hol-
landais équivalent a 1\'italien, la traduction de M. Bohl est
supérieure a celle de M. Kok. — Ch. XXXIV, 34. *Y. contra
\'1 suo Fattore alzo Ie ciglia:" L\'idée de la révolte manqueau
vers hollandais: »en rezen zijne oogen tot zijn Schepper."
LE PURGAÏOIRE.
Ch. I, 7. Ma qui la morta poesia risurga..... Poésie
lugubre prends un autre ton! Le vers hollandais ne saurait
me plaire. »De poëzy des doods zij hier weer vaardig." —
12. Le vers rend faiblement »che disperarperdono."—21. La
traduction négligé »ch\'erano in sua scorta." — 26. Le bel
adjectif vedovo disparait dans la traduction: le Dr. Witte rend
la figure: swie bist Du,... verwaiset." — 28. Le mot lang
ne se trouve pas dans le texte. — 39. Il y a deux interpré-
tations: come il sole gli fosse davanti (Lombardi) ou mieux
peut-ötre: di tanto lume egli era fregiato che io lo vedeva
quasi come un sole dinanzi a\' miei occhi. — 49. Mi dïe di
piglio;
mon guide me saisit, me prit la main, Der Führer
fasste mich. — 75. La traduction hollandaise est trop libre.—
79. La traduction du Dr. Witte négligé in vista. — 96. Le
Dr. Witte traduit plus littéralement »jede Schmutzesspur du
tilgest." — 101. Dove la batte 1\'onda: je prefère le verbe
allemand bespulen au mot du Dr. Bohl, raken. — 104. Seconda.
Le hollandais ne rend pas l\'idée, comme 1\'allemand.— 133. Je
ne vois aucune nécessité de traduire avec le Dr. Witte: »Dort
Kranzt\' er mir die Stirn" au lieu de mettre: Hier gordde hij
me__La il me fit une ceinture. — Ch. II, 44. Il y en a qui
lisent Tal che f aria beato per descripto et traduisent: so schön,
dass seine Schildrung schon beseligt; d\'autres lisent: tal che
par ca..... »De Zaligheid stond in zijn blik geschreven. —
3
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34
„cóté faible. L\'artiste, intérieurement éclairé par la
„contemplation de la beauté ideale, choisit les mots
56. Colle saette conté: >met vurige pijlen" vaut mieux que
mit den lichten Pfeilen. — 69. La tradnction hollandaise rend
nioins bien que Ie Dr. Witte la force du participe maravigliando :
les ames palirent d\'étonnement. — 75. Voici me semble-t-il
Ie sens: quasi dimenticando il desiderio che avevano di salire
al cielo a farsi belle quali sono Ie anime gia purgate. —
Ch. II, 95. M. Bohl a traduit e quando, mais il oublie e cui
gli piace. — 98. In waarheid rend littéralement Ie texte,
mais Ie sens Ie supporte-t-il en hollandais. Le mot doch du
Dr. Witte est plus clair. — 107. Le Dr. Witte traduit mal
Memoria (heuchenis) par Kenntniss. — 108. Voglie, in al mijn
droomen? Le Dr. Witte met: Sehnen; Fiorentino: qui calmaient
mes chagrins? qui apaisaient mes peines (Artaud). — 117. Je
préféré la traduction allemande: »Als lageKeinem sonstetwas
im Sinne." »Nulle autre pensee ne venait nous distraire." —
127. Pourquoi la comparaison est-elle placée au temps passé ? —
Ch. UT, 1. Avvegnachè conserve ici la signification ordinaire
de »ofschoon" «hoewel" surtout a cause de 1\'imparfait du
subjonctif sdispergesse." — 3. I-es interprètes sont divisés:
les uns traduisent, »oü la justice divine nous punit" les autres
»que la raison nous pousse a gravir." — 12. La construction
revient a ceci: la mente mia togliendosi dal pauroso pensiero
nel quale era ristretta si volse intenta a riguardare molte altre
cose di chi era vaga. La traduction de M. Bohl donne mieux
ce sens que celle du Dr. Witte. — 16. Le roggio omis par
M. Bohl est rendu par 1\'allemand: Das Sonnenlicht glühte
röthlich. — 34—40. Ce passage magnifique est magnifiquement
rendu. Il n\'y a que le verbe hollandais zich spaarde qui ne
me plaise guère. Dante veut dire que la raison humaine est
incapable de comprendre comment en Dieu unc nature est
trois personnes. Il ne parle pas des oeuvres de Dieu, mais de
son essence. Pourquoi donc traduire avec le Dr. Witte: Den
Weg.... den ein Wesen in drei Personen geht in Seinem
Wirken?
— 56. Del cammin la mente. De richting van den
weg. Dr. Witte: Des Weg\'s Beschaffenheit. Les Francais tra-
duisent: examinant en esprit le chemin. — 66. Ferma la speme:
»Raffermis ton espotr" vaut mieux que: slaat uw hoop her-
leven." —■ 101. Je c.rois que le Dr. Witte donne plus exacte-
ment le texte que M. Bohl. — Ch. IV, 4. Le mot macht pour
poienzia (kracht, vermogen) rend la traduction moins claire.—
11. Ed altra è quella potenza che nell\'anima rimane intera
(qui reste inoccupée) cioe non toc;-a per la impressione d\'alcun
obietto o concetto. — 14. Il seinble plus naturel et conforme
au contexte de rapporter le participe ammirando a ce qui suit.
Je m\'étonnais de ce que pendant le discours (qui me parüt
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35
„les mieux appropriés a son sujet, les plus nobles, les
„plus harmonieux; or il se trouve qu\'une idéé très-
très-court) Ie soleil était monté de 50 degrés. — 18. Bonderen
n\'est-ce pas trop fort? — 54. Che suolc. Ellissi; come se
dicesse: perciocchè il riguardare la faticosa via trascorsa suole
giovare al viandante. Le Dr. Witte n\'a pas saisi Ie sens. —
60. Le Dr. Witte ne traduit pas le Dove ou ovc (poichè) con-
tenant la raison du star stupido, de la stupéfaction (verwon-
dering wekken est trop faible) du poète. — Ch. IV, 67. >Dentro
raccolto" so denke in Dich gekehrt, cette idee manque dans
la traduction hollandaise. — 72. Che ;//<z/nonseppecarreggiare
Feton. Le mal (suo malgrado, pour son malheur) ne se retrouve
pas chez M. Bohl, ni chez le Dr. Witte. — 93. a seconda
(met gunstigen wind) manque en hollandais. — 107. Tra esse
se rapporte a ginocchia, ce qui n\'est pas clair chez M. Bohl.—
112—113. Ces vers ne sont pas rendus assez littéralement. Le
sens y est. — Ch. V, 6. Par che si eonduea: und wie ersich
gebahrt, manque en hollandais. — 18. La forza d\'un pensiero
i/isolla, infievolisce quella dell\'altro. Le Dr. Witte traduit litté-
ralement. — 24. a verso a verso: Wcckseliveise vaut mieux
que en vers voor vers. — 27. M. Bohl oublie 1\'adjectif roco,
un oh long et rauque. — 36. Le Dr. Witte ne traduit pas:
»ed esser puö loro caro." — ^8. Fcndere screno (fendere 1\'az-
zurro del cielo) n\'est pas voorwaarts gieren, mais fendre 1\'air,
den Himmel durchstreifen. — 66. M. Bohl donne le sens, le
Dr. Witte la lettre du texte. — 112—114. La traduction de
Fiorentino répond exactement an texte: c\'est la que 1\'ange de
1\'enfer joignant 1\'intelligence a cette mauvaise volonté qui
désire toujours le mal, remua la fumée et le vent.....Le
Dr. Witte ne semble pas rendre le verbe giunse. — 117. e il
ciel... fece intento. Il voila le ciel (Fiorentino); il condensa
1\'air supérieur (Artaud). Und liess dariiber solche Kalte ent-
stehen (Witte). Hij dekte... met nevel \'t dal, en zóó de lucht
ten hoogen (Bohl). — Ch. VI, n. Volgendo a loro e qua e
la la faccia: tel je me tournais a droite et a gauche; mein
Gesicht bald da, bald dorthin wendend. — 24—26. Le mot
perb n\'est pas traduit; le mot pur signifte-t-il ici, altijd?
37. Le Dr. Witte conserve la belle figure: Es beugt sich nicht
des Richterspruchs Höhe. — 45. Le Dr. Witte traduit plus
littéralement, mais j\'aurais préféré Vcrstandh Verstandniss.
88. Racconciare: den teugel schikken ? mieux: Hergestellt
(Witte). — 91. Devota parait signifier ici: vroom. Ahi guelfi
della romana corte, che dovreste essere devoti, consacrati a
Dio, prendendovi cura delle cose di lui e lasciando allo im-
peratore le cose del mondo, se bene intendete quelle parole
che Gesu Cristo disse a vostro documento (Date a Cesare ciö
che è di Cesare) vedete come questa Italia è fatta selvatica e
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36
„poétiquement rendue dans une Iangue ne peut I\'être
„dans une autre sans subir une transformation com-
scostumata... — 129. Che s\'argomenta, dat zich der deugd
blijft wijen? — Ch. VII, 36. Deugden aanbidden? — 57. In-
trigare: faire obstacle, belemmeren, versteenend — 72. La
traduction est obscure: La oü la pente est plus douce que
vers Ie milieu; ou littéralement: Dort wo sein Rand mehr als
zur Halfte schwindet. — 90. Le Dr. Witte traduit mieux: Als,
seyd Ihr drunten erst, in ihrer Mitte. — 96. Je préféré tra-
duire: si bien qu\'il est trop tard pourqu\'elle se relève par un
autre. — 97. Nella vista: dem Anschein nach (Witte); celui
qui parait le consoler. — 103. Stretto a consiglio; tenir con-
seil; se concerter. — 114. Lombardi croit que cette exprés-
sion fait allusion au cordon des Frères-Mineurs que Dante
aurait porté. Il appuie cette interprétation sur le passage de
1\'Enfer (XVI, 106). Landino, Vellutello et Daniello pensent
que le cordon a une signification allégorique, ils le prennent
pour la fraude. Mais ils ne font pas attention au contexte qui
nous apprend que Virgile se sert du cordon pour obliger
Gérion a venir au rivage. Est-il croyable que Virgile se serve
de la fraude de Dante pour se faire obéir par Gérion, la bete
qui symbolise la fraude? Disons plutöt que le cordon symbo-
lise la vertu contraire a la fraude, savoir le courage, la mag-
nanimité, par laquelle Dante éspérait prendre la panthère, et
détourner Florence des mauvaises oeuvres. Si l\'allégorie n\'a
rien de commun avec le cordon des Frères-mineurs, il s\'en-
suit qu\'ici encore la métaphore signifiant les vertus de Pierre
d\'Arragone n\'y fait pas allusion. — 121. \'risurge, blijken?
wiederholt sich (Witte). — Ch. VIII, 28. »Pur mo nate"
M. Bohl: als \'t blaadje, pas ontloken. Witte moins bien. —
Ch. IX, 6. Per co te, streelen?Le Dr. Witte sverwundet." —
18. La traduction hollandaise pourrait être plus claire. La
mente essendo nel detto modo tutta in suapropriabali\'a, quasi
è profetica, indovina ne\' sogni suoi, cioè ha sogni che sono
rigura di quello che avviene. — 25. Pourquoi les deux genres
hij et zij dans la même phrase? — 34. La comparaison est
a peine intelligible en hollandais. — 72. Rincalzare, soutenir,
fortifier. Cette idéé manque chez le Dr. Witte. —83. I raggi,
zijn stralen (Bohl) die Sonnenstrahlen (Witte). — 100. Che di
sopra s\'ammassiccia, die daar boven was gedrongen. Le Dr.
Witte die sich jenen beiden auflegt. — 145. Intendere, weer-
galmen ou verstaan? — Ch. X, 2. La traduction hollandaise
1\'emporte infiniment sur 1\'allemande. — 23. Appiè dell\' alta
ripa; au pied du haut escarpement; wo das Ufer wieder auf-
steigt. — 33. Le beau vers, tout aussi beau en hollandais est
faible chez le Dr. Witte. — 36. Dal suo lungo divieto, est
omis par M. Bohl — 42. Aprir 1\'alto amore cioè muovere
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„plète. On peut, a des conditions égales, s\'élever jusqu\'a
„la hauteur de 1\'original, mais ce qu\'on gagne en cor-
1\'amor divino ad aver misericordia del genere umano caduto. —
65. Alzato (geschürzt, Witte) ne semble pas traduit. — 118. Dis-
viticchia, nut den Augen entziffern (belle traduction du Dr.
Witte). — 129. Ici je préféré la traduction 1 gefaalde wormen"
a 1\'allemand; »Gleich Würmern, deren Bildung noch bevor-
steht." — Ch. XI, 9. Wat we ook beproeven (Bohl) vaut
mieux que Durch unser Denken (Witte). — 15. Aspro diserto,
eenzaam oord? A retro va signifie ici reculer, ce qui n\'est
pas zurückkommen (Witte). —\'25. Le texte est plus clairque
la traduction. — 28. In \'t ronde, ne se rapporte pas dans
le texte au verbe. — 31. Dans ce contexte bidden vaut mieux
que reden (Witte). — 34. Die Makeln, die sie hier befleckt,
zu tilgen: ne répond pas au texte. — 57. a questa sonia:
n\'est pas traduit par M. Bohl. — 75. Si torse (se tordit,
tourna la tête, verwandte sich) wendde de schrede ? — 93. Je
préféré »rohe Zeiten" au »kwade jaar" de M. Bohl. — Ch. XII.
19. Se ne piagne. dat wij hen beweenen. Le Dr. Witte lit si
ripiagne. — 21. a\' pii, aan de vromen: le Dr. Witte: die an
der Treue halten; le sens et clair: la rimenbraza stimolaipii
a pregare Iddio pei defunti. — 33. Le membre spar/e est plus
beau que de lijken. — 44. In su gli stracci (die Fetzèn) het
weefsel? — 60. Il y avait aussi a terre les traces du meurtre.
Mr. Bohl entend par le reliqtue del martiro: lo capo d\'Oloferne
in su 1\'asta portato da\' Judei. Pourquoi le Dr. Witte traduit-
il: der Marter Ueberreste? — 69. Fin che chinato givi, n\'est-
ce pas traduit trop librement? — 82. Atti gebaren. Die hem
nope^ le verbe est trop énergique pour le texte. — 94. Ces
paroles semblent appartenir a 1\'ange. — 96. Cosl cadi cioè lasci
di salire al cielo ? M. Bohl traduit mieux que M. Witte. —
Ch. XIII, 7. Il n\'y a ni relief ni trait qui paraissent. Nicht
Bildwerk; nicht Zeichnung. — 21 Le texte porte Esser den
sempre,
— 56. Gli atti loro, /Are Haltung vaut mieux que
hunne trekken. — 62. Ai perdoni, in \'t Kerkportaal vaut mieux
que beim Ablass. — Luce del ciel.... non vuole. Kan \'t he-
mellicht niet? — 78. Arguto: paria con acutezza, comme si
conviene fare co\' ciechi, i quali hanno la mente meno distratta
degli altri. — 90. Pourquoi le Dr. Witte traduit-il mente par
Rückerinnerung ? — 103 Che per salir ti dome: le dernier
verbe n\'est pas traduit. — 128. Per caritate (aus Erbarmen)
par charité, par amour pour moi. — 136. Troppa è piü ecc.
Cioè: tanta paura mi prende del tormento onde qui sotto si
puniscono i superbi che gia mi par di sentirmi addosso quei
duri sassi. — Ch. XIV, 18. Nol sazia, la figure est perdue
dans le vers hollandais. — 22. Accarnare vale penetrare addentro
nella carne, qui metaf. accarnare colt intelletto vale comprendere
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3*
„rection on Ie perd en ressemblance." D\'autre part si
quelques expressions paraissent moins exactes ou moins
perfettamente. Einen Gedanken verkörpern (Witte) n\'a pas de
sens. — 32. Pregno. On ne peut Ie traduire par èlevé, nipar
regorgeant (Peau parce qu\' a eet endroit 1\'Apennin est d\'une
hauteur plutöt médiocre, et qu\' il n\'a rien de remarquable
quant a la richesse d\'eau. Il faudrait donc entendre grosso
panciuto
parce qu\'il se dilate considérablement a ce point
(Antonelli). — 34. Il ciel della marina asciuga. La figure dis-
parait dans la traduction. — 48. Ed a lor disdegnosa , n\'est
pas traduit. La métaphore hardie du poète torcc il muso est
très-bien conservée. — 49. Torelli substitue avec de bonnes
raisons Va si a vassi. — 54. ingegno che Ie occupi, nessun
ordigno (list, piége) che Ie superi o vinca. — 62. Antica belva
se rapporte dans Ie texte a tuo nipote. — 66. Le Dr. Witte
conserve avec beaucoup d\'habileté la figure (rinselva). — 90. La
force du vers cachée dans le tornati in n\'est pas exprimée. —
123. Far oscuro n\'est pas précisément »den ondergang be-
ramen."— 132. Il y en a qui lisent ici: nostra rcgion, cioè
Romagna nostra. — 132. giunse di contra, venne incontro
a noi. — 133. Qualunque m\'apprende: mi scopre, mi riconosce
(Parenti). — 134. Fuggio, en al vliedend sleurde zij sic/cweer
weg? — 141. Il y en a qui lisent In destro (cioè a destra)
et non sans raison. Comme il résulte du chant precedent Dante
était a cöté de Virgile, si par conséquent il a reculé son pas,
il ne se serait pas resserré contre le Poete, mais il serait resté
derrière lui. — 145. 1\'amo, de vleugel? 1\'hamecon, die Angel
(Witte). — Ch. XV, 9. Drilti (per dritta linea) n\'est pas traduit. —
83. Quanto, autant que la nature est disposée a en éprouver.—
49. Voi\'ci la construction: L\'invidia move il mantaco (il man-
tice, le Dr. Witte a conserve la belle figure) a\' sospiri, cioè
vi affanna, perchè i vostri desiderii si appuntano, cioè si fcr-
mano in quelli beni de\' quali scemasi il godi\'mento quando
altri ne partecipano. — 55. M. Bohl lit Che per quanti; il
semble traduire Perchè quanto, comme lit le manuscrit du
Vatican 3199. — 57. Chiostro. Le mot Kloster (Witte) n\'est
pas ici a sa place. — 73. Piu lassu s\'intende: cioè si volge
desiosa a Dio. — Je n\'y retrouve pas: »Je mehr der Herzen
droben sich begegnen." — 84. La traduction ne rend pas littéra-
lemcnt le texte: Drum hiesz in Schaulust mich das Auge
schweigen. (Witte). — to8. Forte gridando a se n\'est pas traduit:
die laut einander zuschrien. — 133. Non dimandai: Che hai ?
ecc. Intendi: Io ti dissi che hai non per sapere da te quello
che fa chi ha gli occhi socchiusi e sonnachiosi quando il
corpo, essendo sopito quasi non serve all\' anima; ma dimandai...
Je ne retrouve ce sens ni chez le Dr. Bohl, ni chez M. Witte. —
Ch. XVI, 14—16. Ascoltando et pareva ne sont pas traduits.—
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• 39
heureuses, il y a bon nombre de passages, oü la traduction
surpasse Ie texte en vigueur, en concision, en élégance.
44. S\'io vo bene al varco: »ob ich recht zum Aufgang gehe." —
48. Le Dr. Witte conserve la belle fïgure du texte italien. —
66. e tu vien ben ecc. cioè: tu mi mostri bene, per la tua
cecita, di venire dal cieco mondo. — 69. Di necessitate: par
une loi de nécessité. — 79. Le sens est celui-ci: a Dio sog-
giacete, ma senza perder punto della vostra liberta. —81. La
traduction est obscure: la mente non soggiace all\'inrlusso
degli astri; der der Himmel nicht gebietet (Witte); que le ciel
n\'entraine pas (Fior). — 85. Le Dr. Bohl a parfaitement rendu
cette peinture de Pame souvent citée par les Italiens. Elle a
dans leur langue une grace, qu\'il est presqu\' impossible de
transporter dans une autre. La Note ajoutée au vers 85 paraitra
incomplete et peut-être inexacte a ceux qui ont approfondi la
philosophie des Scolastiques. Il ne viendra de personne a 1\'esprit
de voir dans 1\'idée-type de Dieu, la matière del\'ame. L\'&me,
forme subsistante, pouvant exister et opérer indépendamment
de la matière, est appelée en même temps informante, destinée
a informer le corps. — 89. Salvo die n\'est pas traduit. »Als
dasz" (Witte) ne peut pas me plaire. — 145. Cosi torno: Dus
sprak hij ou So Kehrt er um? — Ch. XVII, 13. Chene rube:
ons doen dwalen uit onze sfeer? uns selber so entrückst. —
17. Je préféré ici la traduction hollandaise a 1\'allemande. —
39. Si 1\'on traduit: Méér moet \'k weenen, le texte devrait
porter piü au lieu de pria. Le Dr. Witte traduit: vor dem
fremden. — 69. Senza ira mala (peccaminosa). Il y a une
sainte colère; il faut traduire mala. — 85. Scemo di suo dover :
manchevole del debito fervore. Si ristora, si rintegra del
mancamento sopra detto. Erganzt wird hier... (Witte) Qui
si ribatte: Hier schlagt man neu.....— 93. O naturale, o
d\'animoi: La traduction n\'est pas assez claire, Pamour naturel
a aussi sa source dans le coeur. Liebe, die bald Natur, und
bald der (freie) Wille einflöszt. (Witte). — 107. Je ne com-
prends pas la traduction allemande mettant »der eignen Wezen-
heit" pour del suo soggetto. — ito. Je préféré: »Door zich
bestaande en van zijn hoofd gescheiden." — 122. La traduc-
tion ne répond pas a la force (ghiotto) du texte. — 127. Ap-
prende,
vermoeden, imaginer, ne rendent pas 1\'idée, qui est
celle de percevoir, waarnemen, erfassen. — 129. giugner lui:
zich voeden, ne me plait pas. — Ch. XVIII, 12. Porti o des-
criva: contenga o dichiari. — 21. Tosto che dal piacere in
atto
è desto. 11 y a deux interprétations; 1\'une rapporte in atto
a piacere (aussitöt que !e plaisir actuel la réveille-Fiorentino);
1\'autre le rapporte a desto (Bohl. Witte). — 22. Vostra ap-
prensiva
Uw Kenvermogen vaut infiniment mieux que Auf-
fassung (Witte). Intenzione: beeld, Abbild (Witte) et encore
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4o
La justice m\'oblige a confesser les lacunes de ma
critique. Un juge impartial place les beautés d\'une
mieux: Gedankenbild; impression (Fiorentino) ne vaut abso-
lument pas. — 25. Le vers hollandais ne rend pas bien inver
di lei si piega, (das hinneigen, het streven) qui caractérise
1\'amour. — 40. Il mio seguace ingegno: mijn denkvermogen?
piü pregno manque. - 49. Je préféré mettre dans la traduc-
tion: elk zelfstandige torm. — 52. La traduction allemande
1\'emporle en clarté et précision. Il n\'est pas étonnant que les
notes sur cette matiére abstraite et difficile laissent a désirer.
Il faudrait des pages entières pour expliquer les théories, que
le genie de Dante résumé en quelques vers d\'une rigueur
mathéniatique, et d\'une clarté admirable. — 5 7. La traduction
n\'est pas claire. V. 55. Per o n\'est pas traduit. — 94. Voici
la construction: Tale (per quel che io venendo vidi di coloro
cui cavalca, cui sprona buon volere e giusto amore) Jalca,
avanza, affretta (altri piega) suo passo per quel girone. —
105. grazia rinvcrda^ rinvigorisca. Wordt herboren ? — 121. Reeds
lang
ne se trouve pas dans le texte italien. — 144. Chiusi gli
occhi per cagione del vagar (het zoet genieten ? vor Behagen r)
de\' miei pensieri, dé quali incessantemente 1\'uno all\'altro succe-
deva. — Ch. XIX, 15. Le sujet du verbe colorava est lo
sguardo mio:
la traduction ne tient pas compte de cette
relation importante. — 20. Le verbe lokken rend-il la force
de dismagare (bethören, dit le Dr. Witte? — 23. Il en est
de méme du verbe ausarsi (addomesticarsi); le verbe hollan-
dais n\'en rend pas la force. — 42. Che fa di si n\'est pas
traduit. Dans la traduction c\'est plutöt le front qui se
courbe comme la moitié de Parche d\'un pont. — 51. 1\'anime
donne (ricche) di consolazione, est plus expressif que le vers
hollandais. — 54. D\'après Bianchi: essendo saliti poco al di
sopra dell\'angelo. Fiorentino traduit lorsque 1\'ange nous eut
quittes depuis un instant. — 61. On pourrait entendre aussi
ces paroles dans ce sens: scuoti da\'tuoi piedi la polvere in
segno di porre in dimenticanza colei. — 84. Je ne comprends
pas la traduction de Fiorentino: »et ces paroles m\'en firent
pressentir d\'autres." — 90. Le vers admet encore un autre
sens: le parole della quale mi avevano fatto notare chè essa
ignorava che io fossi ivi col mortal corpo. — 116. Il semble
plus conforme au contexte de traduire avec Fiorentino »anime
converse" par ames renversées. Le Dr. Witte néanmoins dit:
bekerthen. — 122. La liaison qu\'exprime la particule onde
n\'est pas conservée ni chez M. Bohl, ni chez M. Witte: Le
poète vent dire: essendo spento per 1\'avarizia in noi 1\'amore
del bene (pourquoi zu dém üesscren?), perdesi, si perdè, cessö
in noi ogni opera buona. — 132. Comme il y a dritta et non
dritto le sens revient a ceci: mia coscien/.a retta mi rimorse,
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4\'
oeuvre a cóté de ses défauts. Or si je me suis ingénié
a découvrir les moindres imperfections de la traduction,
cioè mi stimoló debitamente a quest\'atto di riverenza. —
141. Le verbe bereiden rend imparfaitement Ie verbe maturare.
Ch. XX, 12. Le vers a perdu de sa beauté et de sa force.—
20. Dinanzi a noi, n\'est pas traduit. — 36. L\'idée qu\'exprime
rinnovelle n\'est pas rendue. — 37. La traduction hollandaise
est plus exacte que celle du Dr. Witte. — 42. Le texte
italien perd sa belle simplicité clans la traduction. — 45>L\'ex-
pression hollandaise est trop forte pour se ne schianta (se ne
coglie). — 60. Lombardi fait observer que Hugues dans sa
colère pourrait bien employer sacratc dans le sens de esecrande.
Le poète emploie 1\'adjectif dans ce sens en imitant Virgile:
o sacra fame Dell\'oro, ecc. — 86. >I1 mal futuro e il fatto",
al \'t kwaad? — 95. Le sens peut être rendu de deux manières:
La vendetta che nascosa nè tuoi segreti giudizi rende contenta
e lieta la tua giustizia punitrice; ou bien: la vendetta che,
mentre sta nascosta nel secreto della tua sapienza, fa parere dolce
1\'ira tua a coloro che meritano d\'essere puniti. — 100. Tanto
è disposio; il parait que le Dr. Witte lit risposto, car il traduit:
Das ist auf alle unsre Bitten Antwort. — 121. Perè n\'est pas
traduit. — 128. Il en est de même de oude. — 139. Blij ie
moede
parattra une traduction libre de sospesi. — 144. L\'idée
qu\'exprime Tornatc manque au vers hollandais. — Ch. XXI,
5.  Impacciata via; ingombrata dalla turba dell\' anime volte
allo ingiü: je préféré das enge Pfad, au moeielijk pad. —
6.  Condolersi, n\'est-ce pas, compatir? Mitleid empfinden ? —
15. Gli fece in risposta un segno di riverenza quale si conveniva
alla precazione di quell\' ombra cortese. Le Dr. Witte ne rend
pas complétement le sens: mitgrüszenderGebehrde. — 39. Zeg
mij) le texte porte zeg ons. — 40. Je crois qu\'il faut enten-
dre ainsi le poète: Non vi è cosa che la montagna piena di
religione, senta, riceva in sè, senza ordine chi sia inusitato.—
43. Le tercet est assez obscur. L\'explication la plus simple
me semble celle-ci: Di qucl, cioè di quell\'anime che il cielo
da se, cioè degne di sè per le purgazioni ricevute, in sè
riceve. Petrarque semble employer la même maniere de dire:
Allor che Dio, par adornarne 11 cielo, La si ritolse, e cosa
era da lui. — 61. Je ne trouve pas le sens du poète dansles
traductions: Solamente il libero volere di salir al cielo che è
nell\' anima, fa prova, fa fede ch\'ella è purgata da ogni
peccato e la sorprendc ecc. la move a mutar convento.
luogo. — 64. La traduction du Dr. Bohl est moins littérale
que celle du Dr. Witte. — 85. La particule piu n\'est pas
traduite. Il en est de même de 1\'adjectifgrande dans le vers 92. —
109. Ammiccare: consentir de 1\'oeil, dit Fiorentino.— 126. On
lira mieux avec le Dr. Witte: Forza a cantar. La traduction
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42
je passé complétement sous silence les qualités extra-
ordinaires, les beautés de premier ordre, qui la distin-
hollandaise pourrait êtremoinslibre. — Ch.XXII, 4—6. Fioren-
tino Ut ici Detto rCavean beati et traduit: Et les esprits qui
ont leurs désirs tournés vers la justice avaient chanté Beati
et sitiunt.
— 9. Seguiva in su n\'est pas indiqué dans la tra-
duction, Den Berg empor, dit Ie Dr. Witte. — 37. Il y a
une faute d\'impression c/ira. pour cura. — 40. Je comprends
difficilement la traduction du Dr. Witte: was zügelst Du, die
Leidenschaft der Menschen nicht ? La traduction hollandaise
rend parfaitement Ie sens de 1\'italien: per quante e quali vie
distorte non signoreggi 1\'appetito degli uomini, o esecratafame
dell\'orof — 42. Voltando n\'apparaït pas dans la traduction:
sarei tra coloro che voltano pesi per forza di poppa. »Moi
aussi je porterais les fardeaux énormes en tournant autour du
cercle des douleurs." — 59. Non par est omis dans Ie vers
hollandais. — 66. Apprcsso Dio: nelle vie di Dio. Ce sensne
semble pas être rendu ni par Ie Dr. Witte, ni par Ie Dr. Bohl. —
71. Le hollandais (eerste tijden) est plus littéral que 1\'allemand
(goldne Zeit). — Den gloed der teekening met kleur ver-
meeren? 1\'expression ne peut pas me plaire. — 76. Ilfaudrait
traduire aussi tutto quanto. — 94. La traduction ne me semble
pas heureuse k cause du verbe varen, —■ Per salire abbiamo
piü tempo che non abbisogna. Cette idee fait défaut dans le
vers hollandais. — 134. Di ramo in ramo n\'est pas traduit. —
136. L\'allemand est plus clair que le vers hollandais.— 143. Le
nozze intere manque a la traduction. — Ch. XXIII, 14. La
traduction négligé 1\'idée qu\'exprime le verbe vanno. — 20. Le
mot lonken exprime-t-il suffisamment ei ammirava? — 34. La
traduction hollandaise est supérieure a celle du Dr. Witte qui
n\'explique pas a quoi se rapporte, non sapendo como. —
39. Trista squama, droeve dorheid ? ou Schuppenhaut (Witte) ?
de leur triste écaille (Fiorentino). — 49. Contendere: je pré-
féré la traduction hollandaise a l\'allemande. — 56. L\'expres-
sion het bloed doen stollen n\'est-elle pas trop énergique pour
le texte italien ? — 68. Lo sprazzo che si distende: het vocht,
waarnaar de blaadren haken? — 70. Girando questo spazzo:
pourquoi wanneer wij ons vermeten f — 81. La belle méta-
phore n\'est pas rendue en hollandais. — 82. Je préféré lire
avec 1\'éditeur de Padoue en mettant le point d\'interrogation
après venuto. Le mot ancora conserve alors sa signification
propre. sComment es-tu monté ici? Je croyais te trouver
encore la-bas" (Fiorentino). — 91. Tanto-quanto: 1\'idée n\'est
pas complétement rendue.— 132. Ognipendice (rupe, sponda)
n\'est pas traduit. — Ch. XXIV, 5. Traean ammirazione dime:
vertoonden verbazing? — 36. Le comparatif piü est négligé;
qui paraissait me connattre le mieux. — 37. Le Dr. Witte
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43
guent. Mais comment s\'y prendre? Inutile de citer des
vers hollandais dans une dissertation écrite en francais.
suit 1\'opinion assez étrange de quelques commentateurs qui
pensent que Gentucca signifie ici: la canaille. — 39. Z/pilucca:
hen verteerde. — 61. Le vers hollandais donne-t-il Ie sens de
1\'italien: E chiunque oggi si mette piü a guardare (cioè ha
occhi acuti in queste cose della lingua). La traducteur, il est
vrai a lu: e qual piü a gradire oltre si mette: mais le poète
entend-il parler d\'autres ïangues, ou d\'autres styles? — 66. Le
pik in fretta a échappé au traducteur. — 75. En italien la ques-
tion est plus touchante qu\'en hollandais: Quand donc me
sera-t-il donné de te revoir ? — 105. Per essere indique la cause. —
108. L\'adjectif »bramosi" est oublié. — 130. La strada sola,
ne peut signifier ici la route solitaire, puisqu\'elle est occupée
par tous ceux auxquels 1\'arbre refuse ses fruits. Ici sola veut
dire non piü impedita dall\'albero, siccome era prima quando
i Poeti camminavano ristretti. — 131. Au lieu de portammo
Cesari met avec raison portar. — 133. Le Dr. Witte ne tra-
duit pas ici sol. — 147. On ne retrouve pas dans la traduc-
tion 1\'idée de tutta impregnata. — Ch. XXV, 9. Le vers est
obscur par le mot doet ontleden pour scheiden. — 12. Giü la
(ala) cala: rugwaarts zijgen? — 18. Strak gespannen, ne rend
pas parfaitement tratto insino al ferro. — 25—27. Quelques
mots d\'explication étaient nécessaires ici, pour que le lecteur
put se rendre compte de la comparaison. — 31. Il y a des
auteurs qui lisent se la veduta gli dislego: se sciolgo le tenebre
che circondano questi luoghi eterni. — 34. De stroomen van
mijne taal (le parole mie), n\'est-ce pas un peu prétentieuxde
la part de Stace? — 37. Nous arrivons ici a un des passages
les plus admirables de la Divina Com/nedia. On ne se lasse
pas d\'admirer la force et la concision de 1\'expression, la poésie
du style, et 1\'art de rendre avec clarté, en beaux vers, les
détails les plus difficiles et les plus obscurs de la physiologie
et de la philosophie. Il faut le génie de Dante pour résumer
en soixante vers étincelants de gr&ce et de beauté les doc-
trines philosophiques sur 1\'origine de la vie humaine. Inutile
d\'ajouter que la traduction présente des difficultés extraordi-
naires tant pour le fond que pour la forme. Aussi je constate
avec bonheur que le Dr. Bohl se montre a la hauteur de sa
lourde tache. — 44. Le Dr. Witte rend parfaitement le verbe
geme, traufelt. — 51. Le vers italien est assez obscur. Le
Dr. Witte, de même que le Dr. Bohl traduisent per sua
tnateria,
par influence (invloed). Je préféré 1\'explication suivante:
e poi vivifica l\'embrione, che per sua materia fé constare,
cioè cui diede forma colle sue particelle materiali. — 55. La
traduction allemande est moins correcte en plagant le senti-
ment (Gefühl) avant le mouvement. Dans le vers hollandais
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44
De plus il y a 1\'embarras du choix; en préférant quelques
passages on ferait tort aux autres, plus dignes peut
les mots voelen en lijden ne rendent pas «\' muove e sentc.
60. Le vers hollandais semble obscur: id\'oü la nature veille
sur tous les membres" (Fiorentino) >wo die Natur dem ganzen
Gliedbau obliegt." — 64. Averroës ne distingue pas seule-
ment 1\'intellect possible de 1\'anie, il 1\'en sépare (fé disgiunto)
parce qu\'il ne trouve pas dans 1\'ame un organe propre a cette
faculté. Le Dr. Witte en traduisant il possibile intelletto par:
»den fahigen Verstand" dit le contraire de Dante. Il ignore
probablement que Dante distingue avec les scolastiques 1\'intel-
iectus agens et 1\'intellectus possibilis. — 69. Le vers hollan-
dais n\'atteint pas la perfection de 1\'original. — 72. Di virtü
repleto, se rapporte dans le texte a Spirito nuovo; dans la
traduction il semble se rapporter au»Hoofdbeweger."—73. In
zijne machte ne rend qu\'imparfaitement »in sua sustanzia:"
»qui absorbe en sa substance" sder in sein Wesen hineinzieht." —
75. Il faudrait conserver la gradation indiquée par le poète:
c\'est un seul et même principe qui vit, sent et pense. —
80. In virtute n\'est pas bien rendu. Als Fahigkeit du Dr. Witte
me plait davantage. L\'anima porta seco yirtualmente ed in
potenza le facolta corporali e le intellettuali. — 82. Au lieu de
tutte qnantc je préféré lire tutte quasi mute. — 88. La tra-
duction pourrait être plus littérale. — 96. Le mot geeslhrachtig
pour virtualmente (la propria virtü dell\'anima) rend le vers
obscur. — 100. La traduction ne me plait pas. Je préféré celle
du Dr. Witte: »und weil er nur durch sie Erscheinung hat.\'\'—
131. Al bosco si tenne Diana: Diana snelde naar \'t bosch? —
139. Conviene che si purghi il peccato punito nell\' ultimoluogo.—
Ch. XXVI, 7. Piii rovente dit le texte; — 8. tpure correspond-il
ici k zelfs? — 22. Je ne vois pas pourquoi le Dr. Witte tra-
duise: iweswegen Du nicht anders als Wand der Sonne
dienst." — 39. La force du mot sopragnda.Te n\'est pas
rendu. — 45. Le sens est ambigu, car queste peut se rappor-
ter a gru, ou bien a 1\'arene; pareillement quelle a gru, ou a
montagne. — 51. Attenti ad ascoltar: tot staren? — 58. Um
nicht mehr blind zu bleiben, est plus exact que le vers hol-
landais. — 69. Quel joli mot s\'inurba, mais impossible a
rendre par un mot équivalent. Artaud a cherché un mot,
aussi vif que concis: s\'enville, mais je pense que 1\'Académie
hésitera a lui accorder le droit de cité. — 81. La traduction
n\'exprime pas assez le sens: la vergogna dentro li abbruccia
si che accresce 1\'arsura delle fiamme. — 98. altri miei (a me
cari) n\'est pas traduit. — 105. Con 1\'affermar n\'est-ce pas col
giuramento? — 106. Vestigio signifie teeken, mais n\'est-ce pas
dit ici pour Angedenken? — 113. L\'uso moderno^ 1\'uso di
parlare italiano, che era moderno a\' tempidi Dante (Betti).—
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être de passer sous les yeux du lecteur. Il ne me reste
donc qu\'un moyen: je dirai a ceux qui comprennent
117. Le Dr. Witte pousse loin 1\'amour de la lettre: Der war
ein bessrer Schmidt der Muttersprache.— 124—127. Gridando
gli uni appresso gli altri solamente a lui dando lode, finchè
la verita con piü perso/ie, cioè coi meriti maggiori di piü
persone lo ha vinto, togliendo quella lode non meritata. —
127. Ampio n\'est pas traduit. — 140. Voici une belle traduc-
tion des vers provencaux faite par le savant marquis Antaldo
Antaldi:
Tanto m\'è bello tuo gentil dimando
Ch\'io non mi posso a te nè vo\' coprire,
Arnaldo i\' son, che or piango e or vo cantando:
Dolente miro il giovenil mio errore,
Lieto antiveggo il di ch\'io sto sperando.
E prego te per quell\' alto valore
Chel al sommo della scala t\'incammina,
Al buon tempo ricorda il mio dolore.
Ch. XXVII, 4. Le vers hollandais rend imparfaitement da nona
(Mittagsglut). — 10. Dante qui a traverse tous les cercles sans
rencontrer aucune résistance recoit ici de la part de 1\'ange
1\'ordre de traverser les flammes. Il paratt donc avoir mérité
une purification particuliere et assez solennelle. Il y a dans eet
épisode, oü il se condamne lui-méme un bonne foi maligne
digne d\'être remarquée. Aussi dès qu\'il a subi son épreuve, le
poète tout entier a 1\'espérance se lance dans une sphère nou-
velle d\'ideés, de sentiments et d\'images. Son imagination crée
des objets riants et mystérieux et donne a son style la couleur
même de ces objets. Il puise ses comparaisons, comme ses
images dans les tableaux les plus simples et les plus doux de
la vie champêtre. — 12. Le mot horde n\'est-il pas un peu
vulgaire ici? — 29. Approche-toi de la flamme, et fais-en
1\'essai de tes mains, avec le pan de ton habit, pour voir si
elle brule. — 48. Le poète dit per lunga strada. — 68. Voici
le sens: e sentimmo, ei accorgemmo che dietro di noi il sole
si corcava; et del nostro accorgersi fu cagione lo spegnersi,
il dileguarsi dell\' ombra che dianzi faceva il corpo mio. —
91. mirando in quelle, n\'est pas complétement traduit. —
101. vo movendo intorno le mani; mijne handen keer ik steeds
in \'t ronde? — ui. La traduction du Dr. Witte semble dire
le contraire du texte. — 142. L\'idée qu\'exprime sopra te ne
doit pas être négligée; »c\'est pour cela que t\'élevant au-dessus
de toi, je te couronne" (Fiort.) laonde \'t affido il pieno go-
verno e la direzione di te medesimo. — Ch. XXVIII, 10. Le
traducteur a négligé tremolando pronte. — 16. Il y a deux
interprétations: Lietissimamente essi augelletti ricevevano le
prime aure del giorno tra le foglie che stormendo accompag-
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Ie hollandais: lisez, étudiez d\'un bout a 1\'autre 1\'ou-
vrage du Dr. Bohl, et vous verrez avec bonheur quelles
navano il canto di quelli. Biagioli explique: ma cantando 1\'ore
prime riceveano 1\'aure intra le foglie. Le traducteur nous semble
avoir heureusement combine 1\'un et 1\'autre sens. — si. Le
vers hollandais parait un peu faible. — 25. Rio, plus bas (35)
Jiumicello n\'est pas een stroom. — 45. Le vers italien a un
sens plus large et général que le hollandais. — 68. Traendo
piü color a échappé au traducteur. — 74. Per mareggiare:
per 1\'ondeggiare impetuoso dell\' acque. Der Hellespont brandet
(Witte). — 84. Tanto che basti, ou bien autant quil convient
a 1\'homme de savoir, ou: autant qu\'il est nécessaire pour te
persuader. — 90. Che ti fiede: morde gli occhi (Cesari), qui
t\' aveugle. — 91. Che solo esso a sè piace: alleen zich zelf
genoeg. — 92. a bene n\'est pas traduit; propre, destiné a
faire le bien. — 106. Disciolta nell\' aer vivo: >der frei
hinausragt in die Luft" (Witte). —108. Pour bien comprendre
la note du traducteur il est bon de distinguer le dogme, de
1\'explication du dogme. L\'immortalité ou plutót 1\'incorrupti-
bilité du corps du premier homme est un dogme de foi. L\'ex-
plication de cette immortalité appartient a la théologie et peut
varier suivant les opinions des auteurs. — 113. La traduction
a besoin de la note explicative. — 117. Senza semej>alese est
imparfaitement rendu. — 123. Come tiume ch\'acquista o perde
lena: la traduction est trop libre: die mehr und minder schwil-
len (Witte) »qui recoit ou perd sa force". — 124. Salda (in-
tarissable) e certa (permanente). — 136. Corollario représente
1\'idée de fcigift. — 148. Tornai pour rz\'volsi il viso. —
Ch. XXIX, 7. Contra il fiume: naar den stroom ? elleremonta
le fleuve. — 14. Le Dr. Witte ne traduit pas la donna tutta
probablement parce qu\'il lit: La donna mia a me si torse.
Fiorentino traduit: la femme se tourna toute de mon cöté.—
22. correva: je préféré le strömte (se répandait) du Dr. Witte,
a la version hollandaise doorboorde. — 27. Le Dr. Bohl con-
serve avec le sens la lettre, le Dr. Witte sacrifie la figure du
texte. — 43—45. Je crus apercevoir sept arbres d\'or, abusé
par la distance qui me séparait d\'eux. (Fiorentino) Le Dr.
Witte conserve la construction du texte, mais il change, me
semble-t-il le sens en traduisant: die Entfernung falschte das
Sc/ieinbüd sieben goldner Baume. — 46—52. La note expli-
cative est absolument nécessaire a 1\'intelligence de la traduc-
tion. Le imagini comuni ai corpi vicini e lontani non perde-
vano piü alcuna delle distinte loro qualita, tel est le sens que
le Dr. Witte rend avec beaucoup d\'exactitude et d\'habileté.
Je ne puis admettre que la virtu du vers 40 soit: de macht
die \'t oordeel doet vertalen. Je préféré: jene Kraft, die Un-
terscheidung dem Geiste bietet, oubien: 1\'intellect qui préparé
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richesses splendides révèle la Iangue a ceux, qui 1\'ex-
ploitent de main de maitre.
la matière au raisonnement. — 61. De Vrouwe riep mij
toe, ne suffit pas pour mi .fgridó. — 91. Si come luce___
si come in cielo una stella viene dopo 1\'altra. Fiorentino:
comme un éclair suit un autre éclair. — 105- e da lui si
diparte: die hem weerlegt? — 120. In stilte pour arcana-
mente ne peut guère me plaire. — 141. Di qua dal rio:
de 1\'autre cöté du fleuve; von jenseits. — 142. Ceux qui
voient dans les quatre personnages les auteurs des Epitres
canoniques (les apötres Jacques, Pierre, S. Iean, Iude) ren-
rencontrent une doublé difficulté. Car Ie v. 92 nous a donné Ie
symbole des Evangélistes, et si nous placons S. Jeanici,nous
allons Ie rencontrer pour la seconde fois, deux vers après.
Il semble donc préférable de voir dans les i/uattro, les quatre
Docteurs de 1\'Eglise: S. Grégoire-le-Grand, S. Jeröme, S. Am-
broise et S. Augustin. — Ch. XXX, 15. Zijn nieuwe stem,
semble un peu faible pour La rivestita voce che tornera loro
colle rivestite membra. — 30. Dentro e di fuori, il faut sous-
entendre: della divina basterna. — 36. La traduction n\'atteint
pas 1\'énergie du vers italien: Non era di stupor, tremando
affranto: mon esprit qui n\'avait pas été brisé d\'étonnement et
d\'effroi. (Fiorentino). — 41. Getroffen ne rend pas suffisam-
ment trafitto (percé). — 57. La traduction semble un peu
recherchée: tranen erlangen? — 70. NcWatto (dans une atti-
tude) n\'est pas traduit: altera anche negli atti. come donna
regale. — 78. Le texte porte Tanta vergogna. — 80. Il y a
deux manières de comprendre: perchè sente sapore d\'amaro
la pietè. acerba: ou bien: perchè la piëta che rimprovera duole
all\'uomo rimproverato. — 85. Le vive travi: je préféré les
lebendigen Balken de 1\'allemand, aux oude boomen du hollan-
dais. — 87. Le texte porte soffiata (gestuwd) e stretta (com-
primée, festgehnlten). — 88. Quelle délicieuse image de la
neige qui «liquefatta in sè stessa trapela: die smeltend zich in
druppels weer zal vinden (in sich zusammensinkt). — 95. Le
piii n\'est pas traduit. — 133. La traduction n\'est pas assez
claire. Le poète veut dire: nè mi valse 1\'avergli impetrate da
Dio ispirazioni. Il ne me servit de rien de lui obtenir des in-
spirations. Le Dr. Witte traduit spirazion par Zeichen, mot qui
ne rend pas la signification complete du texte, car une bonne
pensee indélibérée s\'appelle una spirazion, sans être un signe. —
135. Ik riep hem, ne rend pas assez 1\'idée de Lo Wvocai.
Si poco a lui ne calse. La traduction du Dr. Witte n\'est pas
littérale, elle place la cause au lieu de 1\'effet de 1\'original. Le
Dr. Bohl et Fiorentino (tant il s\'en inquiéta peu) avecArtaud
(il en tint peu de compte) traduisent littéralement. — 144. Lo
scotto (1\'écot, zoll) ajoute une idee que ne rend pas le mot
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Dans 1\'interprétation du poème de Dante il serait
plus que prétentieux de prendre des airs infaillibles,
hollandais prijs — Ch. XXXI, 22. Le sens semble être: quali
{fosse o caicne) impedimenti od ostacoli trovasti a far quello
che era entro i miei desiderii, cioè quello che io desiderava?
Par conséquent »uw wensch naar mij" »das Verlangen nach
mir" ne rendent pas exactement 1\'idée du poète. — 25. Le
traducteur allemand a su conserver la figure: quai fosse. —
48. Mover (guider) kluisteren? — 51. Le sens est rendu, mais
1\'idée laisse a désirer parce que le poète veut indiquer, au
moins d\'après quelques éditions, che sono in terra sparte, die
Glieder sind nun auf Erden zerstreut. — 70. Le verbe si
dibarba
perd sa force et se beauté dans la traduction. —
81. Si on prend la traduction rigoureusement a la lettre, on
pourrait conclure que la nature divine regoit Pexhtence dans
la personne. Or la nature divine ne recoit pas 1\'existence
(comme la nature humaine), elle est par elle-même. Aussi
Dante dit simplement: qui est une seule personne en deux
natures. — 82. Oltre la riviera (oltre la verde ripa del fiumi-
cello), n\'est-ce pas »de Pautre cöté du fleuve" sjenseits des
Wassers." — 86. Mi tor se, quella cosa mortale chè piü mi
devib, cette idéé a échappé a 1\'attention des deux éminents
traducteurs. — 9c. Fiorentino traduit: lorsqu\'une puissance
extérieure eut ranimé mon coeur. Les autres font il cor sujet de
la phrase. — 99. La gradation qu\'exprime le texte manque a
la traduction.— 120. Le pur ajoute une idéé au texte, que la
traduction a négligée. — 123. Le sens littéral est bien obscur.
Aussi Fiorentino donne le sens mystique dans sa traduction:
tantot avec Tune, tantöt avec 1\'autre nature. — 130. Negli
atti,
in der Haltung me plait mieux que wier daden.— 132. Le
Dr. Witte seul traduit ici caribo par wagen. Chez les autres
nous trouvons caribo rendu par armonia, concento. Caribo è
voce derivata dall\'altra voce latina de\' bassi tempi carivarium
che oggi si dice dai Francesi charivari, e procédé da carru-
bium
(quadrivio). Ella significava un tempo 1\'armonia o il con-
cento musico col quale in parecchie occasioni si festeggiava.
Nei bassi tempi tribio significó trivio, caribo quadrivio; pari-
mente tribo o trivio fu usato per le tre virtü teologali e qua-
drivio
o caribo per le quattro cardinali. Posta questa dottrina
intenderemo qui: le altre tre (le virtü teologali) cantando si
feceroavanti al lor o angelico caribo, alle quattro virtü cardinali. —
Ch. XXXII, 17. iorn\'arsi col sole ecc. La traduction ne rend
pas clairement le sens: la glorieuse armee s\'étant tournee mar-
chait ayant le soleil et les sept flammes en face d\'elle. —
28. Che mi trasse al var co. Le Dr. Witte traduit littéralement,
die durch die Furth mich zog. — 45. Voici, me semble-t-il,
le sens que je ne retrouve ni chez le Dr. Witte, ni chez le
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et de trancher d\'une maniere définitive des questions,
que tant d\'hommes illustres n\'ont pas encore su résoudre.
Aussi nous sommes-nous contenté d\'un róle plus mo-
deste ; il nous suffit de provoquer un doute, de solliciter
Dr. Bohl: i cui frutti sono dolci al gusto, dappoiche il ventre
dé primi nostri padri quindi (cioè per queste cagione) mal si
torse
cioè aspramente fu tormentato. Fiorentino n\'a pas com-
pris: mal si torse (du latin male torquerï), car il traduit:
duquel s\'éloignèrent avec douleur les entrailles qui s\'en nourri-
rent." — 49. E volto n\'est pas traduit. — 61. N\'y a-t-il pas
deux idees distinctes dans ce vers? Je ne comprenais pas, et
je n\'avais jamais entendu chanter 1\'hymne. — 77. Evinti, en
vallen moesten »vaincus et renversés" Ie terme »entschlum-
mert" du Dr. Witte est faible. — 100. Le même traducteur
ne rend pas la force du mot silvano. — 103. In pro del
mondo:
om te streven naar \'t heil der wereld? — 106. La
traduction allemande rend mieux la force du texte: der ich
bereit zu ihres Willens Füszen sasz. Moi qui étais prosterné
devant ses commandements. — 135. e gissen vagovago: Cioè
qua e la allegro e baldanzoso del fatto colpo. Aucune des
traductions n\'arrive a 1\'expression italienne: »undfloh benende"
(Witte); »dat (deel van den wagen) hij tevreden medesleurde"
(Bohl); »et s\'éloigna en serpentant" (Fiorentino). — 136. Gra-
migna
pourquoi otikruid? — 150. Il n\'est pas nécessaire a
1\'interprétation du poème de voir dans la pttttana sciolta le
Pape, comme représentant de 1\'autorité spirituelle. D\'après
les idees politiques de Dante exposeés dans les livres De Mo-
narc/iia,
la monarchie nécessaire aux hommes ne peut être
partagée entre plusieurs princes* il faut un monarque sur la
terre, comme il n\'y en a qu\'un seul au ciel. Ce principe con-
duit logiquement a la suppression de toute autorité temporelle
tant des rois que du Souverain Pontife. C\'est le pouvoir tem-
porel de Rome que représente la prostituee du Eurgaloire,
identique a la louve du premier chant de l\'Eu/er. Il est dit de
la louve que: il veltro »verra che la fara morir di doglia" et
de la femme qu\'un général: »Messo di Dio, ancidera lafuia."
Ces deux prédictions expriment 1\'espoir des Gibelins de voir
un grand général (Uguccione qui commanda la ligue gibeline)
détruire le pouvoir temporel du Pape et des Guelfes. —
Ch. XXXIII, 13. E dopo si n\'appartient plus au premier vers.
Ensuite elle mit les sept femmes devant elle; et après elle,
elle nous fit placer... — 69. E il piacer loro: la complai-
sance dans les vaines pensees. — 108. In sue vesiigge: op
\'t pad. Le Dr. Witte rapporte vesiigge a novitate. — 117. La
traduction allemande conserve la belle expression: »e sè da
sè lontana." — 132. Il faut lire die au lieu de dien.
4
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une explication, de placer ün point d\'interrogation, de
manifester une hésitation, de proposer une opinion.
Voila pourquoi nous avons 1\'intime conviction que Ie
plus souvent 1\'auteur pourra répondre suffisamment aux
questions soulevées par la critique. Car son oeuvre porte
a chaque page les traces d\'une étude constante, et d\'un
travail incessant; Ie Dr. Bohl n\'écrit pas a la hare et
sans préparation; il ne laisse jamais d\'appuyer ses
opinions (surtout lorsqu\'il s\'éloigne de 1\'interprétation
commune) sur des motifs graves et solides-
Tel est aussi 1\'avis du professeur Moleschott, juge
competent et autorisé dans les questions de littérature
hollandaise ou italienne; „Ce serait, e\'crit-il au Dr. Bohl,
„pour moi plus qu\'une récréation, souvent même une
„récréation dangereuse, si je voulais parcourir avec vous
„les chants du poème, et vous présenter mes observa-
„tions. Très-probablement sans rencontrer matière a
„critique, je n\'aurais que des désirs a exprimer, qui ne
„méritent pas une discussion. D\'ailleurs vous avez tra-
„vaillé avec tant d\'amour et de soins, que vous ne
„savez que trop bien oü et pourquoi vous vous écartez
„du modèle."
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En comparant, comme j\'ai fait la traduction du Dr.
Bohl avec celles de Kok, Artaud, Fiorentino et du
Dr. Witte Ie lecteur doit se rappeler que ces dernières
sont écrites en prose ou en vers blancs. Leurs auteurs
échappaient ainsi aux difficultés inouïes, que présente
la traduction rimée. Or en constatant que, malgré ces
difficultés, la traduction poétiquc soutient victorieuse-
ment la comparaison avec la prose des autres, et que
souvent elle la surpasse, on ne se lasse pas d\'admirer
les talents et les forces intellectuelles, dont la Providence
a si richement doué 1\'intcrprète hollandais de la Divine
Comédie.
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Si
Il y a quelques annécs, Ie Dr. Hackc van Mijnden,
un illustre enfant d\'Amsterdam s\'est immortalisé par
sa traduction en vers de la Trilogie. L\' Europe tout
entière a rendu hommage a cette oeuvre colossale.
Or Ie Dr. Charles Witte en comparant les traductions
de MM Hacke et Bohl accorde la palme a cellc du
dcrnier. Voici ce qu\'il écrit Ie 7 Janvier 1877 dans 1\'
Augsburger Allgemeine Zeitung: „La Hollande aussi
„possède deux éminentes traductions; 1\'une est due a
„la plume de feu Ie Dr. Hacke van Mijnden, qui a
„attiré dans Ie temps 1\'attention des savants allemands;
„1\'autre que des hommes initiés aux finesses de la langue
„hollandaise preferent a la première a pour auteur M.
„Bohl, avocat a Amsterdam; elle ne comprend jusqu\'ici
„que lEnfer et compte déja deux éditions."
Le célèbre Ferdinand Heller von Hellwald au courant
de la littérature hollandaise et de la littérature italienne
fait ia mème comparaison dans le Magazin ftlr die
Literatnr des Auslandes
(n°. 21 du 24 Mai 1879).
„Le Dr. J. C. Hacke van Mijnden, mort il y a six
„ans, a le grand merite d\'avoir donné le premier une
„imitation en tcrcets [fer ze rivie) scrupiileusement fidele
„en tout au texte original. Sa traduction (1867—1874),
„une oeuvre de luxe dans le vrai sens du mot, munie
„des appréciations les plus flatteuses de la part des
„critiques hollandais et étrangers pouvait passer comme
„le type et le modèle du genre. Pour se faire une idéé
„des difficultés presqu\' insurmontables d\'une traduction
„pareille, il suffit de savoir que le hollandais ne possède
„pas 1\'abondance ni la variété des terminaisons féminincs
„éminemment propres aux langues du Midi. Cependant
„ce chef d\'oeuvre devait bientót ceder la première place:
„il fut surpassé par le fondateur de la Sociétc néerlan-
„daise de Littérature Dantesque, 1\'avocat Joan Bohl. Sa
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„traduction de XEnfer publiée en 1876, suivie bientót
„des douze premiers chants du Purgatoire se distingue
„par des qualités incontestables et universellement re-
„connues." (*)
Ces témoignages et d\'autres que nous pourrions pro-
duire, convaincront Ie lecteur que nous ne sommes pas
seul a louer la maniere eminente et parfaite, dont Ie
Dr. Bohl a rempli sa tache aussi difficile qu\'ingrate.
La rare intelligence de 1\'avocat, la sagacité de 1\'inter-
prète, Ie coup d\'oeil du critique, 1\'activité et la volonté
de fer du savant, la science du philologue, les talents
du poète se sont donné la main pour créer une traduc-
tion , dont la valeur artistique, et Ie commentaire lucide
ajoutent un nouveau fleuron a la couronne littéraire des
Pays-Bas. C\'est ainsi que jugea déja en 1876, Ie savant
Dr. J. van Vloten lorsqu\'il annonca dans son Neder-
landsche Kunstbode
(p. 47) que Ie Dr. Bohl allait enri-
chir la littérature néerlandaise d\'un nouveau trésor, de
sa traduction de la Divine Comédie. Depuis cette époque
plusieurs auteurs estimables ont porté Ie mémejugement.
Citons les paroles de Mr. C. Vosmaer, critique et
poète distingue, dont on connait la traduction magistrale
d\'Homère: „L\'ouvrage de M. Bohl est excellent: chaque
„page porte avec Ie texte italien la traduction hollan-
„daise, et un grand nombre de notes importantes. Des
„deux manières de traduire M. Bohl a choisi celle, que
„Ie lecteur superficiel apprécie Ie moins. Il ne cherche
„pas a être facile, coulant, agréable, a donner a Dante
„un habit moderne; mais il préféré être exact, sévère
„même jusqu\' a la rudesse pour nous représenter Dante
(1) Dans un nouvel article intitulé: la traduction de Dante
par Ie Dr. Joan Bohl
de la même Revue (27 Mars 1880)
Ie même auteur revient sur 1\'oeuvre complete du Dr. Bohl
pour ratifier et confirmer son appréciation flatteuse.
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„tel qu\'il est. Les tercets hollandais ont la cadence
„italiennc avec des rimes feminines; les images et les
„figures quoique souvent étranges sont conscrvées et
,;jrendues avec un soin religieux. Le texte italien mis au
„pied de la page met le lecteur a même de contróler
„constamment la traduction, et de savourer de temps en
„temps les beautés du vers italien." Ned. Speet. 5 yuli, 79.
L\'appréciation du célèbre philologue, M. de Vries
professeur a 1\'Université de Leyde n\'est pas moins
élogieuse. Dans sa lettre du 12 Octobre 1879 u écrit
au Dr. Bohl : „Je vous félicite de tout coeur d\'avoir pu
„continuer aussi promptcment 1\'oeuvre si bien commencée,
„et d\'avoir fait suivre f Inferno de la traduction a-peu-
„près achevée du Pnrgatoire. Je n\'ai aucun titre pour
„porter un jugemcnt autorisé sur une traduction rimée
„de Dante; mais s\'il m\'est permis de donner mon
„opinion je n\'hésite pas a déclarer que le Purgatoire
„rivalise en perfection «avec tEnfer. Je me réjouis des
„sympathies données a votre traduction de P Inferno
„par des critiques compétents tant en Hollande qu\' a
„1\'étranger; la seconde partie, je n\'en doute pas , recevra
„le même accueil. Cette approbation bienveillante, due
„a des juges aussi éclairés, tout en vous procurant une
„satisfaction bien légitime, ne laissera pas de-vous sti-
„muler puissamment a mettre la main a la troisième
„Partie, pour achever ainsi votre laborieux et impor-
„tant travail. Le commentaire instructif, ajouté a votre
„traduction, n\'en rehausse pas peu lavaleur. Jamais je
„n\'ai rencontre autant d\'indications utiles a trouver le
„sens du poète, ou a déchiffrer un passage obscur,
„que dans vos notes, qui méritent vraiment le nom
„„d\'Eclaircissements." Je comprends que ce travail vous
„a demandé beaucoup de temps et d\'étude."
Ces appréciations flatteuses, sorties de la plume de
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savants distingués prouvent, que de temps en temps
on publie encore des oeuvres, qui ne se ressentent pas
de la lcgèreté et de la superficialité de notre epoque.
Il y a encore des esprits fortement trempés, qui rcfusent
d\'encenser les idoles du jour, et de mettre leurs talents
au service d\'une presse frivole et souvent licencieuse:
aussi leurs productions ne passeront pas, comme les
ouvrages éphémères , qui doivent leur succes a 1\'abscnce
de toutc qualité littéraire et morale. Au milieu de la
décadence morale et de 1\'anarchie intellectuelle il est
consolant de voir des hommes, non moins séparés par
la nationalité que par leurs convictions religieuscs et
politiques, s\'accorder a admirer la haute valeur littéraire
et poétique de cettc traduction. Ellc a valu au Dr. Bohl
(chose très-rare a notre époque) les plus vives sympa-
thies d\'un grand nombre de savants éminents, tant hol-
landais qu\'étrangers. Cc fait seul suffit a mettre en
lumière ses mérites exceptionnels.
Les voix discordantes, qui ont essayé de contester
ou de déprécier les qualités extraordinaires de 1\'oeuvre
sont restées sans influence et sans echo. Leurs auteurs
prcchêrent dans Ie déscrt, parce qu\'ils ne justifiaient
d\'aucune qualité nécessaire pour parler en connaissance
de cause de Dante et de son poème. Faut-il s\'étonner
que personne ne se soit occupé d\'eux et de leurs arti-
cles ? Le Gids, cctte Revue aux allures savantes, qui
pretend renseigner ses lccteurs sur les productions lit-
téraires les plus remarquables du monde entier, n\'a pas
encore consacré un article a 1\'oeuvrc de 1\'avocat d\'Am-
sterdam. Parmi ses nombreux collaborateurs la Rédac-
tion n\'a pas trouvé un homme capable d\'écrire un
compte-rendu scientifique, digne de Dante et de son
traducteur. Ce fait, en prouvant combien 1\'étude de la
littérature italienne laisse a désirer en Hollande. met
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derechef en lumière les précieux services que Ie Dr. Bohl
rend a sa patrie.
Le Wachter a publié la critique la plus sérieuse que
Ie Dr. Bohl ait dü affronten En me chargeant de cette
tache désagréable, j\'ai cru rendre service aux deux lit-
tératures, et payer mon tribut d\'admiration et de recon-
naissance a mon honorable ami. Pour résister a un
examen sevère, minutieux , a la critique la plus exige-
ante, il faut que 1\'ouvrage soit vraiment beau, et de
grande valeur. Sorti de cette longue et rude épreuve
il est deux fois digne du respect, des sympathies, des
éloges et des applaudissements du public lettre. Car
abstraction faite des imperfections, inhérentes a tout
oeuvre humaine, et même a celle de Dante, on se
trouve en présence d\'une création grandiose et splendide.
Si nous félicitons 1\'auteur, nous ne félicitons pas
moins sa patrie, a qui son ouvrage a su gagner les
sympathies de tant d\'illustres étrangers. La Hollande
appréciera d\'autant plus eet honneur, qu\'il est plus dif-
ficile aux petits Etats d\'attircr 1\'attention du monde
savant sur leurs productions littéraires écrites dans une
langue, dont Pétude et 1\'usage s\'arrêtent ordinairement
aux confins du pays.
La décoration accordée dernièrement au Dr. Bohl
prouve qu\'en Italië aussi on apprécie ses mérites. Il ne
me reste qu\'a lui souhaiter les forces et le courage
nécessaires pour publier un jour le Paradis, et cou-
ronner ainsi son oeuvre. Plus éloquente et plus hono-
rable que toute décoration, plus durable que le marbre
ou le bronze, elle vivra dans la mémoire des nations,
immortelle comme la Divine Comédie elle-même.
WSTTTOUT VOOR
JüMNSE TAAL. EN LETTERKUNDE
DER R.U. UTRECHT