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fotrttfog? •            BR_.i877.*sr./.
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fbi. /<??/. vr.f.
1
APERCU
DE LA
;
CULTURE DU TABAC
DANS
LE ROYAÜME DES PAYSBA8,
P. M. DE LA COURT.
P. GOUDA QUINT.
(Is. An. N1JHOFF et FILS.)
1877.
m
-ocr page 4-
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DE LA CULTURE DU TABAC.
i
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-ocr page 7-
APERQU
I)K LA
CULTURE DU TABAC
DANS
LB ROYAUME DES PAYSBAS,
.\'Ai.
P. M. DE LA COURT.
AltNIIKSI,
P. GOUDA QI\'INT.
(Is. An. NIJHOFF ft FJLS.)
1877.
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-ocr page 9-
AVIS.
L\'aperfu que nous publious est Voeuvre posthume d\'un umi et
fut desüné a ètre mis a l\'e.cposition nniverselle de 1857 twee des
e\'chantilluHs de sa dernière rdcolte, quand une tempcte renversa Ie
hangar et détruisit les noucelles plantations. Le profond découra-
gement qu\'il en eprouva le fit renoneer a son projet
, et le manuscrit
resta en portefeuille, d\'ou il nous a plu de le tirer, afin que les
culüvateurs, en premier lieu les cultivateurs étrangers
, puissent en
prendre connaissance et peut-étre en profiter. Nous devons les
préeenir cependant que, rictant ui cultivateur de tabac, ni mèrnr
agronome nous-même, nous devons laisser a l auteur toute la respon-
sabilitc de ses ealculs et de ses ruisonuements.
L\'éditeur.
O. 20 Février 1877.
-ocr page 10-
AVANT-PROFOS.
La culture du tabac, bien que rêpandue depuis la zone
lorride jusqu\'au deld du
50e degrê de latilude me parait prê-
senter par rapport au royaume des Pays-Bas assez d\'intérêl
pour que je me hasarde d ajouter aux échantülons de tabac, cid-
livés sur mes tcrres, wie description sommaire de la maniere
dont en ce pays on cultive ce narcotique curieux, qui sans eire
indispensable d l\'existence de l\'homme, forme cependant par sa
consommation umversclle une branche agronome, commerciale
et industrielle d\'une très-grande Importancc pour ce pays.
La courtoisie Francaise voudra bien pardonner les imper-
feclions qu\'emporte l\'usage d\'une langue étrangère, en con~
sidéralion de ce que fenlrepris d\'écrire eet essai seulement
pour lacher de coopérer tant bien que mal au noble but de
fexposition universelle
, c\'est d dire au développemeni de
Vagricullure
, et de rêpoiidre au désir du gouvernement
impérial de uoir exposé des échantülons de tabac, provenant
des provinces d\' Utrecht et de Gueldre, exprimé dans la lettre
de S. Exc. VEnvoyé extraordinaire el Ministre plénipoten-
liaire de France d la Haye d nol re Ministre de VIntérieur,
en date du
22 Mat 1856. J\'ai pensé par conséquent que eet
apercu de la culture da tabac, du séchage, des hangars, des
instruments, etc. avec des planches explicidives pourrait être
de quelque ütilité en France et ailleurs.
L\'ouvrage Allcmand de von iiabo Hoffacher und Schwad,
der Taback und sein Anlmu, Karlsrnhe
1852, m\'a particu-
-ocr page 11-
Herentent encouragé d ce petit travail, uu que ces Messieurs
expriment l\'opinion, peut-être un pen trop favorable, que la
culture du tabac en Hollande se fait dunc maniere irré-
prochable et y touche même d la perfeclion, ce qu\'ils altri-
buent d la patience et d l\'exactitude Hollandaise, ainsiqiiau
riche terrain de ce pays d\'alluvion.
Tose me flatter que mes efforls seront accueillis avec con-
descendance et comme un témoignage de sympathie poter un
gouvernement généreusc qui par un appel général tend d faire
participer toutes les nations civilisces aux progres de l\'agri-
culture.
Chhteau de Zandbergen (prov. d\'Utrecht.)
Janvier 1857.
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Sans ra\'arrêter plus qu\'il ne faut a 1\'historiquc, géné*ra-
lemcnt comme de l\'hnportation en Europe du végétal dont
la culture va nous occuper, je me bornerai a dire qu\'on
pretend qu\'après la seconde expédition de Christophe Coloml)
Ie moine espagnol Romano Pano, revenant (1496) de Saint-
Dominguc, donne les premières indications sur Ie tabac que,
selon lui, les indigènes nommaient Guioja on Cohoba, dési-
gnant par Ie nom de Tabaco les pipes ou tubes dont ils
se servaient pour fumer les feuilles sèches de cette herbe.
Hermandez d\'Oviedo (1535) la décrit comme medicament.
On croit que déja en 1558 on ait cnltivé des plants de tabac
dans les jardins royaux de Lisbonne, et Jcan Nicot, ambas-
sadeur de France a. la cour de Portugal, qui en reent d\'un
Hollandais, revenant de Floride, 1\'introduisit en France sous
Ie règne de Prancois II (1560). Mais ce n\'est (pie plus tard
que de Ia Champ dans son historia plantarum lui a donné Ie
nom scientitique deNicotiana, en 1\'honneur de Nicot. D\'après
1\'ouvrage Hollandais d\'Abr. van Benmiei, Utrecht 1760, la
grande culture du tabac dans les Pro vinces-Unies ne com-
menca qu\'en 1615 aux environs d\'Amersfoort et se répandit
dès 1636 plus loin, a Nykerk, Wageningen, etc, jusqu\'en
Gueldre, de la en Overyssel et même en Prise dans Ie district
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10
de Gaasterland, oü les réfugiés Francais s\'y appliquèrent
pour subvenir a leurs besoins.
Déja, en 1772 les environs d\'Amersfoort produisaient
annuellenient trois niillions de livres de tabac sec. Ija livrc
équivaut a un demi-kilogramme. Chaque arpent, qui équi-
vaut a 0,851579 hectare, produisait quatre mille livres et
exigeait un engrais de six a douze charrctées de 2600
livres de fumier de mouton. On 1\'expédiait en France et
jusqu\'en Suède et en Norvège. Cette culture, continue de
s\'étendre et de donner des résultats satisfaisants jusqu\'au
commencement de ce siècle, lorsque des complications poli-
tiques contribuèrent probablemcnt a sa décadence et forcèrent
les cultivateurs a reduin? leurs plantations a un nombrc
d\'arpents fort restreint. Ellc ne se remit de cette langueur
(pie depuis pen d\'annécs. Sans nul doute les assidus etforts
pour l\'encouragement de 1\'agriculturc en général de Guil-
Iaume III ont beaucoup contribué a la relever, de sorte que
Ion voit a cette heurc les anciennes plantations s\'agrandir
et même de nouvelles prendre naissance; jusqu\'a des terrains
élevés et sablonneux tpi\'on aurait jadis jugé impropres donnent
des produits qui excèdent considérablement les résultats des
anciens cultivateurs. Ces résultats, nous les devons en partie,
il est vrai, aux progrès de ragriculture et aux notions géné-
rales de la clumie qui, se répandant de plus en plus parmi
Ie peuple des campagnes, jettent quelqüe lumière sur 1\'espèce
d\'engrais (pie chaque culture demande 1).
Les vieux cultivateurs se servent presque exclusivement
de fumier de mouton , employant de seize a vingt mesures
ou charretées, pesant chacune 2600 demi-kilogrammes a,
raison de trente a, trente cinq francs la mesure. D\'autres
1) Par ordonnance royale (Staats-Couiant 10 Nov. 1853) on tient en
hiver dans les villages de plusieurs arrondissenients des cours publics de
.liiniii\' agricole aux frais privés de S. M.
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11
emploient, surtout pour les terrains argileux, du fumier
d\'étable, mêlé d\'une fortc dosc de colombine. Le résultat,
que donne 1\'emploi du premier engrais, particulièrement
aux environs d\'Amersfoort et de Nykerk, excède rarement
cinq mille livres ou demi-kilogrammes.
On remarquera que depuis 1772 1\'engrais a été a peu
pres doublé, mais que pour cela la récolte n\'augmente pas
dans la même proportion. Sans être chimiste , mais tont
simplement homme pratique et amateur observateur, il me
semble qu\'on doive attribuer ces resul tats peu avantageux a
1\'obstination des cultivateurs a cultiver invariablemeut la
même plantc sur lc même terrain et le fumer avec le même
engrais contre le principe fondamental de toute agriculture.
Qu\'on considère a ce point de vue les récentes analyses
chiniiques des cendres du tabac d\'Amersfoort et de celles
du tabac de Wagcningcn, faites par M. C. L. Vlaanderen,
docteur en philosophie a Utrecht.
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12
TABAC DES ENVIRONS D\'AMERSFOORT.
Centgraines de tabac, contcnant 18"/U de cendres et 30,4% d\'eau.
Ccndres traitées avec du
platine
3,5701
1,6213
4,1787
1,9530
2,2257
Platine.....
Cendres.....
cl. ag.    Chlorure d\'argent .
cl.         du Chlore . . . .
Si          Acide silieique .
S Ba     Sulphate barytique
S          Acide sulphurique
P Fe     Phosphate ferrique
P         Acide phosphorique .
Fe        Oxidc ferrique . . .
c ca      Carbonate calciquc
ca         de la Chaux . . .
P Mg    Phosphate magnésique.
P          Acide pliospliorique .
Mg       Oxidc magnésique
P Mg    Phosphate magnésique.
Mg       Oxide magnésique
Cl Ka Chlorure potassique et
Cl Na    Chlorure sodique .
Cl Ka    Chlorure potassique .
Cl Na    Chlorure sodique . .
Na        de la Soude . s .
Cl Pt   Chlorure platinique et
Cl Ka    Chlorure potassique .
Cl Ka   Chlorure potassique .
Ka        de la Potasse . . .
1,9488
1,1869
0,2891
0,0472
0,1662
0,0571
0,0102
0,0058
;0,0044
0,6246
0,3497
0,0636
0,0405
0,0231
0,2100
0,0768
1,1124
0.9607
1,0048
0,2485
0,0438
0,1266
0,0444
0,0081
0,0046
0,0035
0,5583
0,3126
0,0579
0,0368
0,0211
0,1896
0,0693
1,0086
0,8747
12,747,
2,25 „
2,27 „
0,23 „
0,18 „
16,04 „
1,89 „
1,08 „
3,56 „
12,99"/,,
2,12 „
2,56 „
0,26 „
0,20 „
15,71
1,82 „
1,04 „ •
3,45 „
0,1339
0,0708
2,8464
0,8747
0,5525
0,1517
0,0803
3,1461
0,9607
0,6069
3,68 „
3,60
28,35 „
27,18 „
-ocr page 17-
13
TABAC DES ENVIRONS DE WAGENINGEN.
Cent graines de tabac, contenant 18"/,, de cendres et 27,7%d\'eau.
Cendres traitées avee du
platine
Platine ....
Cendres ....
cl. ag. Chlorure d\'argent.
cl.
         du Chlore . . .
Si         Acide silicique .
SBa Sulphate barytique
S
          Acide sulphurique
P Fe Phosphate ferrique
P
         Acide phosphorique
Fe Oxide ferrique .
cca Carbonate calcique
ca
         de la Chaux
PMg Phosphate magnésique.
P
          Acide phosphorique
Mg Oxide magnésique.
P Mg Phosphate magnésique
Mg Oxide magnésique
Cl Ka -f- Chlorure potassique et
Cl Na Chlorure sodique . .
Cl Ka Chlorure potassique .
Cl Na Chlorure sodique . .
Na de la Sonde
Cl Pt Chlorure platinique et
Cl Ka Chlorure potassique
Cl Ka Chlorure potassique .
Ka de la Potasse .
5,278
2,930
5,280
2,8032
2,348
2,4228
17,45%
2,10 „
2,55 „
0,74 „
0,50 „
23,48 „
3,69 „
2,12 „
3,32 „
1,0759
0,4142 17,04%
0,0474 2,02,,
0,1914j
0,0050; 2,79 „
0,0273j
0,0150 j 0,00 „
0,0117 0,50,,
0,9507
0,5350|22,81
0,1389;
0,0882, 3,75
0,0507 2,10,,
0,2223:
0,0813 3,40 „
1,7003
0,4217
0,509
0,1800
0,0017
0,0315
0,0180
0,0135
1,0101
0,5090
0,1410
0,-0890
0,0518
0,2190
0,0804
1,2005
1,0335
1,1708
1,0023
0,1070
0,0880
3,3852
1,0323
0,6524
0,1745
0,0924
3,2820
1,0023
0,0331
3,95 „
3,65 „
20,90 „
26,92 „
-ocr page 18-
14
Quoique Ie resultat de 1\'analyse de chaque espèce varie,
on peut en conclure néannioins que de la plupart des
plantes cultivées les cendres du tabac offrent une des plus
riches compositions de matières inorganiques. Johnston dans
sa chemütry of common iife affirme que chaque tonneau
de tabac parfaitement sec contient 400 a 500 livres de
cendres, équivalant au produit de quatorze tonneaux de
fronient, ce qui fera environ 28 °/„. Ainsi une récolte
de 5000 livres de tabac par arpent enlève 1400 livres de
matières inorganiques au sol. Le professeur Stockhardt,
de l\'Académie royale d\'agriculture a Tharand, pretend
qu\'une récolte moyenne de tabac sur un demi-hectare lui
enlève en chaux et en magnésie plus de quarante kilo
grammes.
Ces réflexions ne nous porteraient-elles pas a, croire qu\'a
la longue un engrais de fuinier de mouton est insuffisant
et que c\'est uniquement le manque de matières inorgani-
ques dans le sol qui a forcé le cultivateur a doubler la
dose de fumier de mouton pour n\'obtenir qu\'a pen prés
la même récolte? La theorie du célèbre Liebig m\'a surtout
fortifié dans cette opinion, et j\'ai mis en quelque sorte en
pratique sa these dite Mineraltheorie 1), en formant le riche
mélange que voici :
1) Liebig dit qu\'il est certain que le produit en azote de tios chatnps
n\'augmente pas en proportion de la qnantité d\'azote qu\'on y njoute
par le fumier; que nous ne pouvons pas augmenter la puissance pro-
ductive de nos terres par l\'a.joüt d\'un fumier qui, uniquement par les sels
ammoniaques, est riche en azote, niais qu\'au contraire cette puissance
augmente ou diminue en proportion de la nourriture minerale, ajoütée
au fumier. C\'est a dire que les sels ammoniaques seuls n\'ont point d\'effet;
pour opérer ils doivent eire accompagnés de matières minérales. L\'effet
est toujonrs proportionné , non ü l\'ammoniaque, mais aux matières
minérales.
-ocr page 19-
15
Cendres de bois et de tourbe, arrosées avec de 1\'urine
de cheval;
engrais humain liquide, lié avec du platre (sulphas calcis);
fumier d\'étable ;
colombine;
suie de cheminée.
La récolte, comme on Ie verra plus tard, a répondu par-
faitement a 1\'attente.
Il y a en autre une observation a faire qui n\'est pas sans
importance par rapport a 1\'engrais. Les marchands, qui achètent
Ie tabac de nos cultivateurs, tiennent beaucoup a ce que les
feuilles, étant séchées, surtout celles de la troisième récolte
{bestgoed) soient souples et d\'un gras huileux. Pour s\'en
assurer, ils étendent la feuille sur Ie pouce; il ne faut pas
qu\'elle se rompe a cette experiment, et la liqueur huileuse
doit sortir abondamment, c\'est a dire au point de rendre
Ie doigt gluant. Cette qualité provient de la quantite de
substances organiques que contiennent tous les tabacs, une
huile volatile, une huile empvreumatique et un alkali organique
volatil, la nicotine. C\'est a ces substances et particulièrement
a, la dernière cpie Ie tabac doit sa grande valeur nareotique.
La nicotine, contenant environ 17% d\'azote, tandis qu\'en
général nos tabacs d\'Europe les plus forts en contiennent
bien plus que les tabacs de la Havane qui par leur aröme
plus délicat sont plus estimés comme tabacs a fumer. Ainsi
je crois que si Ie cultivateur vent s\'appliquer a produire du
tabac pour cigares, il devra alimenter son terrain par un
engrais minéral peu azoté, que si au contraire il trouve son
compte, comme c\'est Ie cas dans ce pays, a produire du
(abac épais et grassement huileux pour la fabrication du
En Angleterre pouriant les essais faits par M. Lawes n\'ont point répondu
:i 1\'attente qn\'on avait de la theorie de Liebig. (Joui-na) of the royal a(?ri-
cultural society ot\' England. vol. VIII, part 1. et vol. XII, part 2.)
-ocr page 20-
1(5
tabac a priser, il fera bien de fournir a la plante autant
d\'azote que possible. On pretend que par la grande pro-
fusion d\'ammoniac, offert a la plante, on provoque la forma-
tion des substances albuminoïdes et que par la il est probable
que la valeur prévalante de 1\'albumine occasionne précisément
la mauvaise odeur de la fumée de nos tabacs indigènes.
Le semis. — Les hangars bien disposes doivent toujours
présenter leurs volets en longueur au nord et au sud,
la face de devant a 1\'est, celle de derrière a 1\'ouest, cette
disposition étant la plus avantageuse au séchage. En regard
du sud on placera les couches pour les semis, abritées a 1\'est
et a 1\'ouest par des haies on charmilles.
Pour faire les couches on se sert de futnier de cheval,
imbibé d\'urine, puis on le mouille au degré convenable, en
prenant garde qu\'il ne soit trop humidc. A mesure que les
couches s\'élèvent, elles doivent être fortement comprimées;
on en recouvre la stirfaee de 4erreau de 1\'épaisseur d\'un déci-
mètre, on entourc les couches d\'une espèce d\'encadrement de
planches jointes a angles droits, sur lequel on pose des chassis
non vitrés, inais recouverts de papier bien huilé pour garantir
le jeune plant contre les rayons trop ardents du soleil.
Le semis se fait a la volée vers la mi-Mars ou au coin-
menecment d\'Avril. Pour chaque chassis on emploie au plus
un centilitre de graine, mêlee de sable ou de eendre de
bois, pour prévenir de semer trop épais. On répand sur le
semis, au moven d\'un tamis, une très-légère couche de terreau ,
après (pioi on arrose abondamment pour éviter autant c|iie pos-
sible de fréquentes bassinées. Puis enfin on pose le chassis.
Les couches exigent des soins assidus; pour les protéger
contre les gelees, la grêle ou les bourrasques, on tient les
chassis couverts de paillassons, et pendant les heures
les plus chaudes on donnc un pen d\'air, en soulevant le
chassis, afin d\'empêcher h plant de roussir. Pour observer
-ocr page 21-
17
exactement Ie semis, on fera bien de construire a. 1\'extremité
des couches et dans 1\'encadrement un guichet a coulisse
de deux centimètres de long sur un de large, afin de
s\'assurer, sans lever Ie chassis, si Ie jeune plant exige plus
ou moins d\'air, plus on raoins d\'humidité.
Vers la mi-Mai Ie plant en général est assez développé
pour être repiqué. Cependant Ie temps opportun pour
cette opération dépend entièrement des circonstances, une
gelee de printenips pouvant détruire totalement ou du moins
en partie Ie jeune plant repiqué.
C\'est uniqueraent notre climat inclément et variable qui
oblige a semer sur des couches chaudes sous chassis, sans
cela la belle saison passerait avant que la plante ent atteint
son entier développement qui, après Ie repiquage, n\'exige
que deux mois et demi a trois mois.
Du sol et de sa préparation. — Les terrains forts, oü
1\'argile domine, comme dans la Gueldre les districts de
Betuwe et de Maas en Waal, de même que les terrains
siliceux recouverts d\'un riche terreau, comme dans la
province d\'Utrecht les districts d\'Amersfoort et d\'Ameron-
gen, sont tous deux propres a la culture du tabac. Le
produit cependant en est fort différent. Le tabac des terrains
forts est brun-clair, souvent tacheté, quelquefois jaunatre,
très-soyeux, fin et souple; celui des terrains légers est plus
dur, brun-foncé et tres gras-huileux (ce qui s\'accorde tont
a fait avec la theorie, développée dans le chapitre precedent)
les premiers contenant beaucoup de matières minérales, les
seconds beaucoup de matières organiques.
Après avoir fait choix du terrain pour la plantation, on divise
la surface en grands carrés oblongs, coupes a angles droits
de quarante sur seize mètres. Sur leur longueur on place
comme brise-vent par intervalles de trente-trois mètres une
charmille ou haie naturelle, jusqu\'a, ce que la haie naturelle
o
-ocr page 22-
18
ait atteint la hauteur voulue. On se sert en général de
bois d\'aune on de chêne de la hauteur de deux a trois
mètres pour les nouvelles plantations de haies artifi-
cielles, au pied desquelles on sème des haricots blancs ou
jaspés, afin d\'arrêter ou d\'atténuer autant que possible Ie
soufflé des vents dominants.
Chaque carré se divise ensuite en particulier dans sa
largeur en planches parallèles {Wallen, couches élevées)
ayant environ un mètre de large, y compris la tranchée ou
Ie sentier, ménage entre les intervalles des planches. Puis,
avant de connnencer a, bécher, on démarque chaque largeur
au cordeau et on etend sur Ie milieu de chaque planche la
couche de fnmier nécessaire. Deux ouvriers, places 1\'un a
cöté de 1\'autre, commencent a bécher, occupant en longueur
la largeur de la planche. Es déposent 1\'engrais dans la
jauge, jetant constamment la terre vers Ie centre de la
planche. Un troisième commence par entamer la terre
Ie long de la planche, ouvrant une tranchée d\'un quart,
quelquefois même d\'un demi-iuètre de profondeur. La
terre mise dans ces tranchées est déposée également au
milieu de la planche, de maniere a former ainsi des cou-
ches a dos d\'ane, élevées d\'un demi-mètre ou bien d\'un
mètre entier du sommet jusqu\'au fond de la tranchée.
Arrivé ainsi au bout des grands carrés, oü se trouvent
encore des haies transversales pour arbriter, on ne for-
me qu\'une demi-couche tant en hauteur qu\'en largeur,
sur laquelle on ne pose qu\'une seule ligne de plants, Ie
terrain de tranchée manquant du cöté de la haie.
Cette methode généralement adoptéc dans ce pays a pour
but de donner aux plantes un sol profond, de les préserver
du trop d\'humidité et de faciliter la circulation par les
tranchóes ou fosses, diminuant par la Ie danger d\'en-
dommager ou de briscr les feuilles pendant les différents
travaux de la récolte. Cependant poiir les terrains hauts,
-ocr page 23-
19
et légers je préfère les couches aussi peu élevées et aussi
larges au sommet que possible. J\'économise ainsi la main-
d\'oeuvre et conserve mieux rhumidité du sol qui dans des
terrains de telle nature n\'est que trop précieuse. Après
avoir construit ces couches qui exigent plusieurs instruments
et une dextérité étonnante qu\'on n\'acquiert que par la
pratique, ces couches étant conscienscieusenient alignées,
aplaties sur les cötés, arrondies et surtout un peu éga-
lisées au sommet, tout cela irréprochablement et comme
au compas, 1\'année suivante on agit en sens opposé; la
oü se trouvait la couche on entame la tranchée, après avoir
comblé en automne ou même en hiver 1\'ancienne tranchée
avec les pieds des plantes effeuillées d\'abord, puis avec la
terre des couches au-dessus.
Le repiqüage. — On pose Ie plant sur Ie sommet des
couches et sur deux lignes parallèles, en alternant et espacant
chaque plant de trente a trente-trois centimètres.
Avant d\'enlever le plant des couches chaudes, on lui donne
un arrosement abondant, afin de ne pas courir le risque
de dépouiller les jeunes racines du terreau adhérent, puis
on le pose dans un baquet pour le transporter frais et intact
sur le terrain.
En temps de sécheresse le repiqüage ne doit se faire que
le soir et le matin, vu que sur des étendues considérables
des arrosements seraient impraticables.
Pour repiquer le tabac on prend de la main gauche une
poignée de plants; avec les trois doigts de la main droite
on fait un trou; sans lacher la poignée de plants, on en
met un dans 1\'ouverture, en faisant attention a ce que la
racine se trouve dans une position exactement verticale, puis
on 1\'enterre et on le borne jusqu\'aux feuilles.
Les plants plus jeunes et restés par conséquent sur les
couches chaudes doivent être raffermis, le terrain s\'étant
2*
-ocr page 24-
20
amolli par 1\'extraction du plant mür pour Ie repiquage; a eet
effet on y répand, une légere couche de terreau au moyen
d\'un tamis, puis on arrose abondarament.
Le repiquage d\'une plantation de quelques hectares prend
environ trois semaines. Le semis pour un hectare exige dix
a douze chassis. Une fois le repiquage comniencé, on doit
continuer tout d\'un trait jusqu\'a, ce que la besogne soit
coraplètement terminée, sans cela on aurait plus tard des
difficultés pour le séchage des trois récoltes qui se font suc-
cessivement et on aurait d\'un cöté des feuilles de la seconde
récolte müres, tandis que de 1\'autre les feuilles de la pre-
mière ne le seraient pas encore. On ne doit pas s\'inquiéter
de ce que le plant languit longtemps avant de prendre,
puisque dans des temps de sécheresse cela peut durer de
quinze jours a, trois semaines.
C\'est ici 1\'endroit de parier d\'une grave calamité a laquelle le
plant repiqué n\'est que trop exposé, c\'est a, dire des dégats
que les larves du cousin monstre, tipula oleracea, occasion-
nent. Des oeufs pondus en automne proviennent des larves,
gros vers couleur de terreau a tête noire; ils se chrysalident
pour deveuir en septembre insectes accomplis. Ces larves
détruisent bien souvent en un seul jour a fleur de terre
des couches entières. Je ne saurais indiquer d\'autre remede
a ce mal que de remplir tout de suite les places vides,
après avoir examiné attentivement le terrain autour de la
racine rongée, afin d\'attraper et de détruire les larves qui
pourraient s\'y trouver et que 1\'on ne distingue qu\'avec peine,
a cause de leur couleur si semblable au sol. Pendant le
sarclage a la inain on fera bien de recommander qu\'on y
fasse rigoureusement attention.
Ce n\'est point seulement la perte du plant, ni la doublé
peine, c\'est le retard que le jeune plant éprouve qui occa-
sionne le dommage. On obtient par la, une végétation iné-
gale, car le plant primitif qui a bien pris se développe avec
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21
une rapidité incroyable. J\'ai observé des feuilles qui dans
vingt-quatre heures avaient gagné plus d\'un centimètre et
demi, de sorte qu\'il étoufferait presque Ie plant arriéré
qui n\'atteindrait jamais la dimension désirée.
Le sarclage, l\'ététement. — Le repiquage achevé, on
s\'occupe immédiatement du sarclage a la main et au sar-
cloir, afin de nettoyer le sol entre les plantes et le long des
talus des couches qui se couvrent comme par magie de mou-
rons et d\'ivraie. Cette opération, répétée de quinze jours
a trois semaines, se fait de préférence pendant la sécheresse
qui détruit plus facilement les mauvaises herbes qu\'on
rejette ensuite dans la tranchée pour ne pas appauvrir le
terrain.
On laisse ainsi le plant se développer pendant environ deux
mois, puis de grand matin et pendant la rosée on 1\'étête
{toppen), afin d\'empêeher qu\'il ne poussc en graine, laissant
a, la plante le soin de nourrir tout au plus quatorze feuilles.
Cependant on en laisse quelques-unes a dessein et dans le
but de gagner de la graine pour la saison prochaine. On
traite celles-la en sens inverse. On leur conserve leur
sommité et on retranche de temps en temps les feuilles et
les bourgeons, afin de donner plus de vigueur aux boutons
et par conséquent a la graine.
La kécolte. — Vers la fin du mois de juillet la récolte
commence. Elle se fait a trois reprises que les cultivateurs
désignent par trois expressions techniquos, assez difficiles ii
rendre en Francais.
La première récolte comprend les quatre on cinq feuilles
les plus basses, celles qui souvent touchent le sol, ce qui fait
que le sable s\'y attaché de préférence. De la le tenue de
zandgoed, marchandise ou produit sableux. C\'est celle qui
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22
a lc moins de valeur 1). Pendant et tont de suite après
cette récolte, il fant (ju\'on enlève les bonrgeons, désignés
par Ie noni de dieven (voleurs) qui paraissent a 1\'aisselle dos
fenilles, afin de prévenir qn\'ils ne dérobent a la tige los
sucs nourriciers an détriment des fenilles principales. Cette
opération se fait Ie soir on de grand matin pendant la rosée.
La seconde récolte snccède immédiatement a la première
et se compose des qnatre ou cinq fenilles qui suivent les
feuilles enlevées. On les nomme aardgoed, marchandise on
prodnit terrenx, et enfin après avoir réitéré 1\'opération in-
diqnée plus haut par rapport anx voleurs qni sur de bonnes
terres et par un temps humide reparaissent presque aussitöt,
on procédé a
La troisième récolte. Elle consiste a enlever les der-
nières feuilles, j)lacées tout au haut de la plante. Ce sont les
plus belles, les plus longues et les plus larges. J\'en ai en de
cinquante-six centimètres de long sur trente-quatre de large.
Aussi leur donne-t-on Ie nom de bestgoed, meilleur produit.
Vers la fin de septembre il ne reste plus que la tige, Ie
pied cffeuillé. Pour charme récolte il faut bien faire atten-
tion de choisir Ie moment opportun. Les feuilles qui
jaunissent a la tige dinnnuent en poids et ne prennent ja-
mais la bonne couleur.
Au lieu d\'enlevcv immédiatement les pieds des plantes
et de les jeter dans les tranchécs comme engrais de 1\'année
prochaine, ainsi que nous 1\'avons mentionné, en traitant
de la préparation du sol, quelques cultivatcurs out la cou-
tume de laisser quelques bonrgeons axix tiges qui après les trois
1) Dans quelques partiets de la Gueklre on ne fait que deux récottes,
en oniettant de mettre en botte séparément les feuilles de zavdgoed et en
ajoütant les meilleiues & la récolte suivante. Les feuilles qui sont trop
détériorées sont mises au tebut, dit uitschot ou lompen. Cela se pratique
pour liviw une plus riche récolte de feuilles propres ii la fabrication du
cigare et qui se vendent plus cher.
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23
récoltes se développent encore et en produisent une qua-
trième qui se partage entre les cultivateurs ponr nn tiers
et entre les journaliers ponr les denx tiers. C\'est ce qn\'ils
nomment suikeren (sncrer, adoncir) probablement, parce (pie
cette anbaine des denx tiers adoncit les peines dn traveil.
Mais je ne puis recommander eet nsage qui n\'est qu\'en
préjudice du sol et de la deuxiènie et troisième récolte,
tout en donnant Hou a des abus, car les journaliers sont
mis dans la tentation de ne pas enlever assez de bourgeons
et d\'en laisser tant et plus qui se cachent sous les grandes
feuilles et restent inapercus, dans Ie but d\'cnfler ainsi cette
quatrième récolte, leur récolte a eux, ce qui diminue la
valeur et de la seconde récolte, recherchée comme couver-
ture et enveloppe du cigare, et de la troisième, fournissant
la matière première pour la fabrication du tabac a priser.
SiCHAGE, OPÉRATIONS PRÉPARATOIRES, HANGARS. — A 111C-
sure qu\'on les cueillo, on entasse les feuilles soigneuse-
ment dans des paniers, larges, ovales, a quatre anses,
pour les transporter au hangar. La des femmes et des
enfants s\'occupent a. les enfiler a des baguettes, longues
d\'un métre et demi sur un a deux centimètrcs d\'épaisseur
et pointues d\'un cóté. On les fait de préférence en bois
d\'aune, car ces baguettes , fort simples, occasionnent uno
dépense considérable. Dans une plantation de quelquc étcn-
due, il en faut des millicrs, et lc mille se vend a scize
francs. Pour un arpent il en faut 30,000.
Les ouvrières, assises sur de petites chaises basses, posent
une certaine quantité, soit une vingtaine de feuilles, sur Ie
genou gauche et avec Ie pouce et 1\'index de la même main
prennent une feuille a la naissance de la nervure médiane.
De la main droite elles lui font une incision au moyen
d\'un petit couteau qu\'elles tiennent par la lame entre Ie
pouce et 1\'index, suivant entre les doigts la direction de
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24
la nervure, de maniere a ne dévier ni a droite, ni a gauche,
afin de conserver la feuille intacte des deux cötés de la
médiane, et posent en même temps la feuille, qui vient
de recevoir dans la nervure une incision d\'un décimètre,
sur Ie genou droit. On prendra garde ici a la nécessité
de ne pas entasser les feuilles pêle-mêle, inais de les
déposer dans la menie direction, la face supérieure sur la
face inférieure.
D\'autres s\'occupent a recevoir les feuilles tendres qu\'elles
posent de même sur Ie genou droit, tenant sous Ie bras
gauche la baguette, Ie cöté de la pointe en haut.
Elles enfilent d\'abord quelques feuilles de la main gauche
sur Ie poucc droit, puis toutes a la fois a, la baguette. Ces
opérations exigent de 1\'adresse et s\'exécutent avec une
dextérité prodigieuse.
De la première, zandgoed, on enfile a chaque baguette
de 20 a 30; de la deuxième, aardgoed, de 25 a 30 feuilles;
de la troisième, best goed, de 10 a 15.
A mesure qu\'on a enfilé les feuilles on les suspend
horizontalement sur des lattes transversales et paral-
lèles, /tanken, qui parcourent tout Ie hangar d\'un bout
a 1\'autre, du plus haut jusqu\'a une hauteur suflisantc pour
laisser aux ouvriers de la plus haute stature la circulation
tout a fait libre. A eet effet des ouvriers se placent sur
des planches en échelons qu\'on pose préalablement sur des
lattes jusqu\'au faite du hangar, et c\'est dans cette position
que s\'alignent les baguettes pour les poses sur les lattes
transversales, tout en espacant les feuilles, afin de hater Ie
séchage.
Les hangars sont des constructions en bois, d\'une char-
pente très-simple, mais fort solide, et recouverts d\'un toit en
tuile. Pour trois hectares les proportions doivent être d\'a. peu
]>rès quarante mètres de long sur douze de large; la hauteur
depuis Ie sol jusqu\'au faite de onze mètres. Les volets de
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25
cóté ont unc hauteur de 1) mètres. Les planches, qui for-
ment les volets, ayant vingt cinq centimètres de largeur,
sont posées pour un tiers audessus du sol, horizontalement,
et de la pour les deux autres tiers vcrticalement jusqu\'au
toit. Sur trois volets verticaux il y en a une qui s\'ouvre
dans toute sa longueur, au moyen de trois charnières et se
referrae par un tourniquet, wervel. Les ouvertures horizon-
tales ont la largeur de deux planches sur deux mètres de
long et se suivent sur toute la longueur du hangar, tant
sur les cötés que dans les facades de devant et de derrière.
Dans les plantations très-considérables on construit sou-
vent entre les facades de deux hangars une petite retraite
pour Ie chef, qui de cette maniere est a. même de surveiller
plus scrupuleusement Ie séchage, dont dépend presqu\'en-
tièrement la réussite et la valeur du tabac.
Les planches mobiles servent a occasionner des courants
d\'air pour accélérer Ie séchage, en manoeuvrant toutefois
de facon a empêcher la pluie, Ie brouiHard et les vents trop
violents de pénétrer dans Ie hangar. De cette manoeuvre,
qui exige beaucoup d\'expérience, dépend la bonne couleur
des feuilles, leur souplesse et leur élasticité; habilement con-
duite, elle les empêche de durcir et de moisir. Voila aussi
pourquoi on enfile moins de feuilles a la demière récolte
qui contient Ie plus de suc.
Règle générale: lorsque Ie temps est sec et tranquille, on
ouvre tous les volets; lorsqu\'il est brumeux, on les tient fermés.
Rien n\'est plus nuisible qu\'une humidité prolongée en au-
tomne. On a quelquefois même recours a un expediënt assez
dangereux et souvent défendu par la police. Il consiste a
allumer par terre dans les hangars plusieurs feux de tourbc
ou de bois qui ne pétillent et ne flamboient pas; la moindre
i) L\'auteur a omis de retnplir Ie chiflïe.
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\' 26
imprudence, même Ie moindre hasard, peut occasionner de
terribles incendies, d\'autant plus terribles que ces Mtisses
sont toutes en bois.
Aussitót qu\'une récolte est sèche, on la retire des séchoirs
pour faire place a, la récolte suivante. Pour économiser des
baguettes, on enfile les feuilles sèches de trois baguettes a
une seule, puis on les entasse sur Ie sol en carré oblong
de la hauteur d\'un homme, après avoir posé un fond de
branchage et de paille, pour les préserver de 1\'humidité.
Ces carrés se fonnent, en posant les tiges attachées aux
baguettes en dehors, les feuilles en dcdans, de sorte que
Ie milieu du carré forme un espace vide et accessible
a 1\'air. Cela se fait pour mieux conserver la souplesse et
empêcher la ferinentation, danger qu\'on ne court qu\'après
avoir mis en menotte.
La mise en menotte de chaque récolte se fait séparément.
A mesure qu\'on retire les feuilles sèches des carrés, tout
en les rctiraut des baguettes et en mettant de cóté les mau-
vaises qu\'on met au rebut, on en forme des menottes, très-
proprement arrangées, en réunissant les tiges sans qu\'aucune
ne dépasse. Après les avoir fortement comprimées on les
attaché avec un Hen, fait de quelques feuilles, retournées et
tordues, prises dans Ie rebut.
Les menottes de la première récolte pèscnt cnviron un
kilogramme; de la seconde un kilogramme et demi; de la
troisième, de six a huit kilogrammes et davantage: ces
dernières exigent Ie plus de soins.
CoNciiUsioN. — A ce moment la tache du cultivateur peut
être considérée comme terminée. Le tabac en menotte va faire
sa première entree dans le commerce, et le cultivateur le
vend ainsi aux marcliands qui 1\'entassent en meules de vingt-
cinq a trente-mille kilogrammes dans leurs magasins, pour
y subir la fermentation pendant au moins trois mois, et
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27
conx-ci, qui sont bien souvent aussi cultivateurs, revendent
Ie tabac fermenté aux agents de régies ou de fabriques.
Le cultivateur doit livrer son tabac au magasin, oü se
fait le pesage. Pour les nervures des feuilles on déduit
7 °/o du poids. Le rebut s\'accepte a moitié-prix. Suivant
1\'usage, la réduction pour le payement comptant est de 1 °/0.
Les petits cultivateurs conditionnent un prix moyen pour
les trois récoltes ensemble, p. o. de fr. 40 a fr. 42 pour les
cent et demi kilogrammes. Pour le tabac 1\'usage est de
toujours compter par demi kilogrammes.
La récolte que j\'ai eue cette année, calcidée par hectare,
y compris 1\'engrais, mentionné ci-dessus, a été :
Zandgoed.......952 demi  kilogrammes,
Aardgoed.......    1204               ,,
Bestgoed.......    4648               
Uitschot (rebut).....770               
Total . . . 5474 demi kilogrammes.
Avec les prix actuels 1\'hectare peut produire de deux a
trois mille francs. Pourtant n\'oublions pas que ces magnifiques
résultats sont fortement contrebalancés par les caprices de
la température; les orages d\'été, surtout quand ils sont
accompagnés de grêle, peuvent détruire en quelques instants
les plus belles espérances. Il est vrai que les socictés d\'assu-
rances présentent le moyen de se prémunir contre ces cala-
mités qui souvent entraïnent une perte de plusieurs milliers
de ftorins, mais, hélas ! notre cultivateur est un peu fataliste,
et je dois avouer <pie restimation du dommage éprouvé est
sujet a beaucoup de difficidtés et de controverses.
Il me reste encore a donner le calcnl des frais qu\'exige
la culture du tabac.
Le hangar demande une dépense considérable. Pour une
étendue de trois hectares on ne le construit pas a moins de
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28
frcs. 4000 environ, en bois de sapin, ce qui fera par hec-
tare a raison de 10 7,........frcs. 138
Main-d\'oeuvre..........400
Engrais de furaier de mouton..... 640
Intérêt du champ, etc........ n 127
Total . . . frcs. 1800
Ce calcul est très-modeste pour ne pas s\'exposer a des
mécomptes.
Mettons Ie produit moyen d\'un hectare a 5000 demi
kilomètres de tabac qu\'on ne vendra qu\'a frcs. 36 et 1\'on
aura encore uu benefice de frcs. 500 par hectare.
Dans les provinces de Gueldre et d\'Utrecht la culture du
tabac s\'étend sur 1366 hectares, répartis de la maniere
suivante :
Pour la Gueldre qui a une étendue de 93 milles g<:ogra-
phiques □.
Environs d\'Arnhem.....
de Rheden.....
22,45 hectares.
40
0,40
4
0,52
12
82,88
ii
ii
ii
ii
ii
n
ii
ii
ii
n
ii
ii
ii
"
de Rosendaal ....
de Doorwerth.....
de Hoevelaken
de Renkum.....
de Wageningen . . .
de Nykerk.....264
de Putten..... 20
d\'Angerlo..... 24
de Duiven . . . .
de Herwen et Aerdt
de Steenderen . . .
de Westervoort
de Zevenaar. . .
7
3,29
1,46
4
5
de Bemmel.....70,98
561,98 hectares.
-ocr page 33-
29
Report
. . 561,98 hectares
Environs d\'Elst ....
. . 108,11 „
n
de Gent ....
. . 7 „
u
de Hemmen. . .
. . 3,55 „
n
de Heteren . . .
. . 118,69 „
ii
de Huissen . . .
. . 53 „
ii
de Valburg . . .
. . 111,02 „
ii
de Dodewaard . .
. . 37 „
ii
d\'Echteld . . .
. . 15,50 n
ii
de Lienden . . .
. . 20,50 „
ii
de Kesteren. . .
. . 16,69 „
ii
1,85 „
ii
d\'Yzendoorn . .
6
ii
de Wadenoyen. .
1
ii
de Zoelen . . .
1,50 „
ii
d\'Apeltern . . .
. . 3,70 „
ii
de Batenburg . .
. . 2,90 „
ii
de Dreumel . .
. . 0,50 „
ii
de Druten . . .
. . 113 „
ii
de Horssen. . .
. . 18 „
ii
de Wamel . . .
. . 113
ii
de Balgoy . . .
. . 0,80
ii
de Beumingen. .
. . 3,40
ii
d\'Ewyk ....
. . 50,80
ii
de Millingen . .
. . 1,74 „
ii
de Nymègue . .
1 ii
1367,23 hectares,
n\'a qu\'une étendue de
113 hectares.
65
9 „
Pour la province d\'Utrecht qui
25 ui il les géographiques □•
Dans la commune d\'Amerongen
,/
               d\'Amersfoort
»               de Duist
187 hectares.
-ocr page 34-
80
Report .
. 187 hectares.
commune
de Hoogland .
6 „
ii
de Leersum .
3 „
ii
de Rhenen
155 „
ii
de Woudenberg
39
ii
de Zeist . .
3
ii
du Bildt . .
4 ,,
ii
de Leusden .
2
399 hectares.
Les autres provinces ne cultivent du tabac qu\'exception-
nellement.
Bornons-nons a ces 1366 hectares de la Gueldre qui,
a raison de 5000 demi-kilogrammes, produisent 1,830,000
demi-kilogrammes, représentant, a frcs. 40, un capital de
frcs. 4,732,000 pour Ie royaume des Pays-Bas.