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LIVRE DES MERVEILLES DE L\'INDE
PAR
Ie capitaine BOZORG FILS DE CHAHRIYAR ÜE RAMHORMOZ.
TEXTE ARABE
PUBLIÉ D\'APRÈS LE MANUSCRIT DE M. SCHEFEK, COLLATIONNÉ
SUR LE MANUSCRIT DE CONSTANTINOPLE,
PAR
P. A. VAN DER LITH.
TRADUCTION FRANCAISE
PAR
L. MARCEL DEV1C.
Avec quatre planches coloriées tirées da manascrit arabe de Hariri de la collection de M. Schefer, et une carte.
Publication dédiée au sixième Congres des Orientalistes.
LEI DE. E. J. BRILL.
1883—1886.
UI
RIJKSUNIVERSITEIT I
A06000007021706B
0702 1706
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P R É F A C E.
Comme on Ie sait, la littérature ancienne arabe est riche en tout genre d\'écrits géogra-
phiques, parmi lesquels il y en a qui ont une grande importance. C\'est surtout Ie cas pour
les ouvrages qui décrivent d\'une maniere plus ou moins scientifique soit la totalité du monde
alors connu, soit une partie quelconque de la terre. La science a de grandes obligations envers
des savants comme Barbier de Meynard, Gildemeister, de Goeje, Guyard, Mehren, Reinaud,
Sprenger, Wüstenfeld, (et jusqu\'a un certain point a Jaubert) qui ont fait connaitre ces trésors,
soit en publiant les textes arabes, soit en donnant des traductions de ces oeuvres.
Mais en dehors de ces livres sérieux, écrits dans Ie but de faire connaitre 1\'ensemble des
connaissances de la science arabe sur une partie de la terre ou sur la terre entière on peut
citer d\'autres écrits, qui, eux aussi, ont une assez grande importance. Je veux parier des
ouvrages qui, sans aucune prétention a une methode scientifique, s\'occupent a rassembler toutes
sortes de données qui de temps en temps nous permettent de jeter un coup d\'ceil surprenant
dans la connaissance que les Arabes avaient autrefois de la terre habitée. Parmi ces livres, je
citerai en premier lieu les récits de voyages, écrits par Ie voyageur même, et les recueils de
ces récits colligés par les auteurs de la bonche même des voyageurs et des marins. Il faut
bien distinguer ces recueils des collections de contes relatant simplement les traditions sur des
aventures merveilleuses qui circulaient parmi les marins et autres du temps du collectionneur.
Il va sans dire que parmi ces oeuvres les récits de voyages, écrits par Ie voyageur même,
ont Ie plus de valeur, comme par exemple 1\'ouvrage d\'Ibn Batouta. En éliminant quelques
erreurs évidentes et quelques exagérations, ces écrits doivent inspirer une assez grande confi-
ance. Mais les recueils dont j\'ai parlé peuvent, eux aussi, être consultés quelquefois avec beau-
coup de fruit. Il est vrai qu\'ils ne peuvent pas être mis au même degré que les récits dont je
parlais. Il existe toujours en les consultant Ie danger tres grand que 1\'auteur ait mal compris
les marins et autres personnages desquels il tenait ses récits; on ne peut pas éprouver aussi bien la
véracité des autorités dont il s\'est servi, et il est toujours a craindre que 1\'auteur ait orné
les contes en lachant la bride a sa propre fantaisie. Mais en revanche, ces recueils possè-
dent quelques avantages, qui leur sont propres, puisqu\'ils contiennent des données dues a
plusieurs personnes, qui quelquefois se contrólent entre e lies, et puisqu\'un tel recueil contient
souvent beaucoup plus de nouvelles que n\'en peut donner un seul voyageur. Si 1\'on se prévaut
de ces recueils, il faut qu\'on Ie fasse avec beaucoup de prudence, en controlant les données
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P K E F A C E.
VI
de ces livrcs avec les Communications süros des auteurs contemporains et a 1\'aide des
moyens dont la science moderne dispose. Si 1\'on agit ainsi, on peut quelquefois obtenir des
résultats importants. J\'ose même prétendro que les contes comme ceux des 1001 Nuits, qui
ont souvent caché la vérité sous une masse de mensonges et de récits merveilleux, peuvent
rendre quelque service et parfois livrer Ie fil servant a résoudre des difficultés qui semblent
insurmontables.
Farmi les recueils les plus interessants de cette espèce, on peut assurément citer Ie livre
dont j\'ai publié pour la première fois Ie texte arabe. Il contient un certain nombre de ré-
cits sur les Indes, 1\'archipel indien, Ie Zanguebar et la Chine, tous rédigés, suivant l\'as-
sertion de 1\'auteur, d\'après les rapports verbaux faits par des capitaines de navire entre
les années 900 et 950 de notre ère. Si, comme nous Ie croyons, 1\'auteur a dit la vérité,
1\'importance de 1\'ceuvre se fait sentir d\'elle-même. Dans co cas, nous possédons dans ce
recue\'1 des nouvelles, datant parmi les plus anciens écrits de la géographie arabe et trans-
mises par un contemporain, sur ces hardis marins persans et arabes qui, au Xmc siècle,
osaient naviguer dans les mers éloignées avec des navires tres imparfaits et aller jusqu\'a la
Chine et a 1\'archipel indien. Un tel auteur contemporain, qui notait bien ce qu\'il entendait,
ne pouvait manquer de recueillir _ mainte communication ou indication tres curieuse,
dont peut-être il ne comprenait pas lui-même tout a fait 1\'importance, mais qui maintenant
peut servir k débrouiller des questions qui semblaient insolubles. Il va sans dire qu\'un tel
collectionneur, dénué en grande partie d"esprit de critique et qui notait tout ce que les
marins lui contaient, — qu\'un tel auteur, dis-je, a dü noter aussi quelques fables et quel-
ques récits exagérés. Si nous pensons a 1\'habitude en quelque sorte hereditaire des marins
de raconter des contes fantastiques (»to spin a yam") et si nous nous rendons compte du
défaut des connaissances des lois et des phénomènes de la nature dans ce temps-la, on
avouera que eet écueil était inévitable. On retrouvera donc, sans doute, dans de tels re-
cueils, les contes merveilleux qui alors étaient en circulation parmi les marins: il est même
tres probable que mainte aventure merveilleuse se trouvera attribuée k une personne alors vi-
vante, quoique lc récit repose sur un fait arrivé déja depuis longtemps, mais orné et
arrangé d\'une maniere qui Ie rendait méconnaissable. Mais au milieu de ces exagérations et
de ces légendes, un tel auteur a nécessairement dü noter beaucoup de nouvelles authentiques,
qui reposent sur des faits et sur des observations personnelles d\'une tres grande valeur. Le
lecteur s\'en assurera par 1\'étude du glossaire, de 1\'index géographique et des excursions.
Il est donc de haute importance de s\'assurer si 1\'on peut admettre que 1\'auteur était de
bonne foi lorsqu\'il prétendait avoir entendu les récits de la bouche de ses contemporains,
et s\'il y a de bonnes raisons pour accepter que 1\'ouvrage ait été écrit au Xnie siècle.
Pour répondre a ces questions, il faut examiner en premier lieu 1\'age de la copie qui nous
a servi de base pour la publication du texte.
On sait déja que nous devons le manuscrit dont nous nous sommes servi a la bienveillance
de M. Schefer k Paris, qui, il y a plusieurs années, fit copier pour sa belle collection le
manuscrit (copie h>i-même) conservé sous n°. 3306 dans 1\'Aja Sofia, et qui fit faire, k 1\'usage
de M de Goeje, une copie de cette copie. C\'est celle-la qui nous a servi pour notre édi-
tion. M. L. M. Devic s\'est servi de la première copie pour publier une traduction de 1\'ceuvre,
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VII
P £ E F A C E.
qui a vu la lumière en 1878 sous Ie titre de «Merveilles de 1\'Inde", et qui est accom-
pagnée d\'uno introduction et de notes intéressantes.
M. de Goeje fixait mon attention sur 1\'ceuvre aral>e et me conseillait d\'essayer mes forces
a la publication du texte arabe. Je ne me dissimulais pas les difficultés de ce travail, mais
il me semblait que 1\'ceuvro contenait tant de donnóes importantes, surtout sur 1\'archipel
indien, que je fis taire mes scrupules, et que j\'entrepris 1\'ceuvre, fort de la promesse do
1\'aide de M. de Goeje, qui no m\'a jamais manqué. Le premier coup d\'ocil me prouvait que
Ie manuscrit de M. Schefer était loin d\'être sans fautes; cette circonstance a été cause que
M. Devic, tout habile traducteur qu\'il est, a iraduit plus d\'un passage incorrectement, et a
dü en laisser d\'autrcs non traduits, le texte n\'étant pas compréhensible. Pour obvier a ces dif-
ficultés, M. de Goeje eut la bienveillance de prier un de sos élèves, M. Rittershauson, qui
se trouvait a Constantinople, de collationner la copie de M- Schefer eur le manuscrit de
1\'Aja Sofia. M. Rittershausen se rendit de bonne volonté a cette prière: par son aide mainte
faute de copiste fut corrigée et mainte conjecture assurée, quoique beaucoup de difficultés
soient restées encore, comme notie édition le prouve. C\'ótait aussi par la collation de M. Ritters-
hausen que nous apprenions la véritable souscription comme elle se lisait dans le manuscrit
de Constantinople. Le copiste turc de M. Schefer y avait substitué une autre. M. Ritters-
hausen lisait dans la souscription: Ae 17e Djoumada \'1-awoual de 1\'année 404", comme nous
1\'avons donné p. 292.
J\'avais 1\'intention de publier en memo temps que le texte arabo les autres parties de
1\'oouvre (traduction, glossaire, index géographique, excursions), felle que je me proposais de
la donner. Mais ce dessein dut êtro abandonnó pour la raison suivanto. La maison Brill t voulant
donner une marque de sympathie au sixième congres der orientalistes, qui siègerait en 1883
a Leide, coneAt le proiet de publier a cette fin une édition de luxe des Adjaib, accompagnée
d\'une traduction fran^aise, et ornée de quelques planches, tirées du manuscrit superbe de
Hariri que possède M. Schefer, M. Devic eut la grande bienveillance de se charger de faire
une nouvelle traduction, revue d\'après mon édition du texte; avec un grand zèle la publica-
tion fut poursuivie, mais bientót il était évident qu\'il serait impossiblo de donner en Septcmbre
1883 quelquo chose de plus que le texte, la traduction et les planches, qui paruront le jour
de 1\'ouverture de la session du congres.
J\'espérais être bientót en état de publier la dernière partio do mon travail, lorsque
survint une circonstance qui me forca d\'ajourner cette publication, co que je ne regrette
pas du tout, puisqu\'elle m\'a donné 1\'occasion de revoir mon travail sur beaucoup de points,
et de soumettre les résultats déja obtenus a une critique sévère.
La circonstance dont je parle était un écrit de M. Schumaun, qui exprimait quelques doutes sur
1\'authenticité des Adjaib, qu\'on pout lire ci-dessous p. 265 s. s. Quoique son opinion repo-
sat sur d\'assez faibles bases, elle rendit nécessaire des recherches plus minutieuses sur 1\'age de
la copie conservée dans 1\'Aja Sofia. Comme M. le Dr. Landberg se trouvait alors avec le
Chéikh Amfn al-Madani a Constantinople, M. de Goeje le pria de vouloir examiner le
manuscrit. Il adrcssa la même prière a M. le Dr. Gies. Le dernier savant répondit: »Le
manuscrit est un Vakouf du sultan Mahmoud, le fondateur de la bibliothèquo (1152); le pa-
pier indien (hind-abadi); 1\'écriture arabe neschi démontre sans doute que le manuscrit est
tres vieux (»und deutet entschieden auf hohes Alter der Handschrift hin"). Il lisait la date
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TUI
PEKFACE.
404. M. Landberg envoyait une note d\'un Turc, qui avait examiné pour lui Ie manu.surit:
»Agia Sofia n° 3306. \'Agaib el Hind, par ^i^^LJI s\'A:>l_i-Ji .1 \\. g & ^_j iiL_j, apo-
graphe de qUiöJI ^-j A*^wo après 700 H. Contient 150 feuilles." Observons que cette der-
nière assertion semble erronnée; M. Gies, comme M. Rittershausen n\'ont trouvé que 95 feuilles.
Aussitot la question se posait: »Commcnt était-il possible que Ie Turc connüt Ie nom de
1\'auteur, qui n\'avait encore été indiqué par personno?" De nouvelles recherches, instituées
par M. Gies, la résolurent tout-a-fait. Le manuscrit contenait un frontispico, richemeut orné,
mais qui n\'est lisible qu\'en partie soit par suite d\'un usage continuel, soit aussi a cause de
ratissages fails a dcssein. On y lit le titre complet «jj|j>j "r^s *}i <^*f5\' V^\'^c *T*Lx$\';
puis le nom de 1\'auteur, donné par le Turc, ensuite la destination du manuscrit: _JüIl *«~j
\\,\\jü «Ui L*"c\' Xa-j^sU\' ^L^Jb .... iLobUJl xJ^UJI .... ,JL«j sD\' J,1. En même temps il envoyait
le facsimile suivant de la date:
>, ^ÓJt&x&**éi\'&
Il se trouve deux fois dans le livre, premièrement a la fin comme nous 1\'avons donné
pag. 192, et puis encore une fois, au revers de la page suivante, écrit de la même main
et sans différence notable. L\'écriture de ces dates diffère de cello du manuscrit, mais peut
être attribué au même écrivain.
Au sujet de la date, il y avait divergenco d\'opinions. M. Gies restait d\'avis qu\'il fallait lire
404; le Turc de M. Landberg semble avoir lu 704. M. de Goeje pensait qu\'il fallait lire 644.
L\'annéo 404 était inadmissible a cause de la mention de la JUiole de Damas au frontispice,
puisque cette académie a été fondée par al-Malik al-Adel (f 615. Comp. Wüstenfeld,
Die Academiën der Araber und ihre Lehrer. Gött. 1837. p. 77.). Peut-être aurait-on ajouté
iLo^UJI pour distinguer la grande Adiliya de la petite? Mais d\'après quelle personne aurait-elle
porté ce nom? M. Houtsma fixait 1\'attention de M. de Goeje sur une note dans le manuscrit
de Leide n° 563, publiéo Cataloguo III. 155. s. s., d\'oü peut-être on pourrait conclure que
1\'acadéniie a été nommée d\'après Alao\'ddin Bek. (C\'est ainsi qu\'il faut lire le nom , au lieu de ^le
liLjAJl). Mais 1\'age de eet hommo est incertain: M. Houtsma pense qu\'il a vécu au milieu du
VIIe siècle, ce qui confirmerait la conjecture de M. de Goeje, qui est confirmée aussi par
1\'age du manuscrit. M. Houtsma serait enclin a lire 904, si 1\'age du manuscrit le perinettait.
Dan3 eet état de choses, M. de Goeje soumit la question a 1\'autorité de M. Karabacek
de Vienne. Sa réponse, qu\'on trouvera ci- dessous \'), donne la certitude que le manuscrit do
1) Was also die Unterschrift d. h. die Datierung des lXa^J\' woLr^ <^t\\jiS betrifft, so ist unter allen
mitgetheilten Combinationen uur allein die Ihrige dit richlige. Ich bewundere Ihren Scharfsinn. Es ist mir
leicht Ihnen den paleographischen Nachweia zu liefern, dass die Jahrzahl 644 gelesen werden muss. Niimlich
ist aufzulösen:
JC// = £-J^ = £4J> indem / in Ligatur = Ji id. J>JLjtJ y = \\$**ï = ttfi*tj , indem das
Nün retrograd gezogen ist, urn die Verbindung tuit den Hunderten zu ermöglichen.
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P R E F A C E.                                                                                  IX
1\'Aja Sofia, qui est une copie, a été terminé dans 1\'année 644 de 1\'Hég. et date par suite du
XIIIe siècle de notre ère.
Il est donc hors de doute que Ia copie conservée dans 1\'Aja Sofia a été écrite au XIIIe
siècle et que par suite 1\'original était do tres ancienne date, et tout au moins antérieur au
XlVme siècle. Mais il est évident que la date de la copie ne prouve pas que 1\'original ait
été écrit dans lo Xmc siècle, comme cela doit êtro Ie cas, si 1\'auteur a dit la vérité. Pour
soutenir cette these, il nous faut d\'autres preuves: a, mon avis elles ne manquent pas. Je ponse
que Ie contenu de 1\'ceuvre confirmo 1\'opinion que nous avons devant nous un écrit composé
de bonne foi.
En traitant de Ceylan (Excursion C) j\'ai déja, remarqué qu\'on ne peut trouver un motif
plausible pour expliquer pourquoi 1\'auteur aurait prétendu do mauvaise foi qu\'il avait recueilli
les contes de la bouche de marins qui vivaient de son temps. On ne voit point du tout l\'in-
térêt qu\'aurait eu 1\'auteur a mentir d\'une pareille facon, alors surtout que la fraude eüt été
si vite et si facilement découverte. On peut admettre qu\'une fraudo de ce genre ait été com-
miso dans un écrit, destiné a prouver un dogme quelconque, ou composé dans un but poli-
tiquo, et que 1\'auteur ait anti-daté son oeuvre pour gagner quelque point contesté. Mais ici
il n\'est question que d\'un recueil de contes de mor, racontés d\'uno maniere simple, et oü
1\'écrivain a mis pêle-mêle tout ce qu\'il a entendu, se faisant uniquement 1\'écho de ses
auteurs, même la oü, (comme aux pages 7, 162, 173, 177) il doute bien un peu de la vé-
racité de ces récits. Une telle fraude, commise sans aucun motif visible, et pour Ie seul plai-
sir de mentir, ne peut pas être admise légèrement.
Quand 1\'auteur raconte des aventures en mentionnant les dates, et qu\'il affirme les avoir
recueillies de la bouche des marins qui y ont joué un röle, il se bornc a la période de
288—342 de 1\'Hég. \')• Nous pouvons donc admettre que 1\'oeuvre ait été écrite dans la dernière
année ou peu après L\'auteur avait alors déja. atteint un age assez avance, puisqu\'il a noté
des faits qu\'il avait entendus de marins ayant navigué 60 ans plus tot; ce qui du reste n\'est
pas du tout impossible.
Lorsque l\'auteur nomme des personnes dont nous connaissons 1\'age par d\'autres sources,
elles ont vécu soit avant cette période, comme les khalifes Abou Bekr (f 13), Omar (f 23),
Haroun al-Rachtd (f 193) et Al-Motamed (f 279), soit pendant la période citée. Les derniers
sont: Ie khalife Al-Moqtadir billah (f 320); son célèbre vézir Abou\'l-Hacan Ali, fils de Mo-
hammed, fils d\'ibn al-Forat (f 312. Comp. Ibn Khallikïin. Biographieal dictionary, translated by
=          > I .           = &jI*a«( eine gewöhnliche Abkürzung, wie z. B. auch J Jf =
.( y^ = ajLj>»m.> ist. (Siehe Codex 580, Leiden, an vielen Stellen). Zur Jahreszahl bemerke icb
noch , das die Copula ^ bilufig nacbgelassen wird.
1) Avec une exception, du moins en apparence. Comme M. Devic Fa déja remarqué (Merveilles. In-
troduction p. VII.) Ie récit XL (p. 67) contient une date impossible: 390. Hég. L\'auteur n\'a jamais pu
recueillir des récits de faits sépnrés par plus d\'nn siècle d\'intervalle, de la bouche de gens contempo-
rains de ces faits. Sans aucun doute il nous faut lire **»ï au lieu de ^>jt,««j et admettre Fannée 309.
l
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X                                                                                   PEEFACE.
dc Slane II. p. 358); Ie gouverneur d\'Oman Ahmod fils de Helal, qui a été Ie contemporain
de Mas\'oudi (qui écrivit on 332) comme il parait d\'après les Prairies d\'or (I. p. 234. II. p. 52);
Abdallah, fils d\'Omar, fils d\'Abd-al-Aziz, préfet de Mansoura, dont Ie fils Abou-\'I-Moundir
Omar a été un contemporain de Mas\'oudi (I. p. 377. Comparez sur sa familie: Gildemeister.
De rebus indicis p. 25. Elliot. I. p. 450, 454. Ibn Hauqal p. (Tl). Il se peut qu\'Ahmed ibn
Merwan, marchand a Oman, qui achetait une partie de la cargaison du juif ne fut autro
que Ie marchand Ibn Merwan qui d\'après Istakhrl (1H, not. d.) vécüt on 324 a Oman.
La véracité do notre auteur est en outre prouvée par raainte particularité qu\'on trouve dans son
recucil. On y rencontre des récits qu\'on retrouve aussi chez d\'autres auteurs arabes, mais Ie
rédacteur des Adjaib les raconte d\'une telle maniere qu\'il est impossible de piétondre qu\'il
les ait empruntés a cei auteurs. J\'indique e. a. la légende des balaoudjer\'s (p. 115), qu\'on
retrouvo aussi dans la Rolation, chez Mas\'oudi et chez Marco Polo (Comp. Glossairo), mais
racontée d\'une tout autre maniere; Ie récit de la richesse du Zabedj, avec des particularités
nouvelles (p. 137); les anecdotes concernant les voleurs de 1\'Hindoustan (p. 151, 152, 162), dont
on trouve la contre-partio dans la Relation (p. 126); les eonies ayant trait au mépris de
la mort des Hindous, fait bien connu d\'ailleurs (p. 122, 123, 148, 172. Comp. Relation I. p.
126. Devic. Merveilles p. 200); la force tin amore" des femmes de Canoge (p. 6. Comp.
Index Géographique); les Communications sur les oual (p. 14, 102. Comp. Mas\'oudi I. p.
234); la mention de la feuillo d\'arbre avec une inscription (p. 170. Comp. Ind. Geogr. p. 230);
les détails tres précis sur les bikour (p. 155. Comp. Glossaire); 1\'éducation des singes (p. 77.
Comp. Excursion F. p. 301); la resscmblanco des Japonais avec les Turcs (ibid.).
Mais ce qui me semblo surtout prouver 1\'authenticité de notre livre pris on son entier, et tout
en se rendant compto des erreurs et des exagérations qu\'on y trouve, c\'est qu\'on y rencon-
tre un grand nombro de récits dont la véracité est confirmée par des auteurs étrangers, que
Ie rédacteur des Adjaib n\'a pas pu connaitro. Lo lecteur en trouvera des preuves abondantes
dans Ie glossaire, 1\'index géographique et les excursions. Citons e. a les Communications
si nouvelles, et en même temps si importantes et si précisos sur 1\'archipel indien >) et sur Ceylan.
Nous pouvons citer en outre: les nègres émasculateurs (p. 114. Comp. Index géogr. p. 210);
l\'indication do la position de Sendan et d\'autres villes de 1\'Indo (p. 166. Comp. Excursion A.);
les Communications sur Loubin (p. 112, v. Index Géogr.); sur la valeur que Ie fumier (des
vaches) a pour les Hindous (p. 162. Comp. Oderic de Frioul p. 100); et Ie récit concernant
Ie vase do terre, vieux de 4000 ans (p. 4), dans lequel M. Devic a vu avec raison une
allusion au fameux pot do Foh (patra). Quoique les contes concernant 1\'autorité qu\'un singe
exerce sur ses pareils semblent exagerés, ils reposent pourtant sur un fait qu\'on a observé
a Java (Bijdr. t. d. kennis der Nederl. on vreemde koloniën 1845, p. 179), a Ceylan (Ibn
Batouta IV, p. 176), et dans 1\'Inde (Al-Birount, Fragments, p. 122). Je n\'ai pas pu m\'assurer
si 1\'assertion des Adjaib (p. 157) »quo dans la religion des Indiens, Ie vin est interdit aux
hommes, et permis aux femmes" a un fond de vérité, mais on ne peut pas douter qu\'une
telle coutume ait existé dans quelque partie de la péninsule, puisque Oderic de Frioul (p. 101.)
1) J\'appelle 1\'attention du lecteur sur un fait, qui confirme 1\'ancienneté des récits des Adjaib. Tandis
qu\'Ibn Batouta, Mnrco Polo et les Chroniques Malaies font mention des Musulmans a Sumatra, les Ad-
jftib n\'en parlent pas. Il faut donc que Ie livre ait été redigé avant 1\'introduction de 1\'Islam dans cette ile.
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P K E F A C E.                                                                                 XI
raconte Ie même fait: »Autre usaige", dit-il «est en ce pays, car les femmes y boyvent vin
et non li homme" \'). Nous appelons aussi 1\'attention du lecteur sur les mots étrangers qu\'on
rencontre dans les Adjaib (handoul, batek, bersila, bahind, bikour, tsaladj, djaram, zarafa,
karin, Comp. Gloss.) et dont 1\'orthographe est a peu prés correcte, et quelquefois même tout
a fait, et dont quelques-uns ne se retrouvent pas chez d\'autres auteurs arabes. Peut-être qu\'on
peut expliquer Ie mot motyal par 1\'orthograpbe d\'un peuple indigèno du mot malais connu
•ipentjalang" espèce de navire de commerce. Les Bougis, navigatours célèbres, écrivent et
prononcent «patjala", ce qui n\'est pas bien éloigné de motyal (do Goeje).
J ai déja fait romarquer que les contes morveilleux ne pouvaient pas manquer dans
un recueil comme celui que j\'ai publié. J\'ajoutais qu\'on devait s\'attendre a lire des rócits
merveilleux, qui avaient circulé déja depuis tres longtemps, comme se rapportant a quolque
persoune encore vivante. Je donnerai un exemple frappant d\'un tel cas: une histoire qu\'on
trouve sous XL1V (a tort XVLIV) p. 78 dans les Adjaib est racontée en 1698 par un voya-
geur comme étant arrivée de son tomps en Egypte. Comme cela s\'observo presque toujours
dans ces cas, ce n\'est pas Ie narrateur même qui pretend avoir vu Ie fait. mais c\'est sur l\'au-
torité d\'un ami qu\'il raconte 1\'histoire, et 1\'ami lui-mème n\'a appris Ie récit que de seconde main.
Le voyageur cité est de Bruyn, qui raconte dans Ie récit de ses voyages (1698; p. 21S»)
1\'histoire suivante: «j\'étais assis a table chez M. le consul Torelli. On parlait des ruses des
singes et des faucons, et le drogman nous racontait qu\'il connaissait un Arabe, qui possédait un
singe qui n\'avait pas son égal en astuce. Lorsque son maitre sortait, le singe avait la coutume
de faire le guet dans la cuisine, de peur des faucons voleurs, qui ici (au Caïre) sont tres
nombreux et qu\'on voit en troupes sur les toits des maisons, guettant 1\'occasion de prendre
quelque mets; ce qui leur est possible puisque les cheminées y sont larges et basses. Or il
arriva une fois que pendant 1\'absence du maitre, qui durait un peu plus longtemps qu\'a 1\'ordinaire,
un morceau de viande qui cuisait fut mis a découvert par suite de 1\'évaporation de 1\'eau
bouillante. Aussitöt qu\'un des faucons découvrit cette circonstance le désir lo prit de voler
la viande; le coup lui réussit, et il emporta le morceau par la cheminéo. Le singe surpris
par l\'adresse du faucon regardait en haut d\'une maniere bien triste, comme s\'il prévoyait
que son maitre ne laisserait pas impuni son manque d\'attention, et comme s\'il devait inventer
quelque ruse pour se faire pardonner. Et comme s\'il prévoyait que le voleur reviendrait de
nouveau, pour regarder s\'il n\'y avait pas quelque autre chose qui lui conviendrait, voila que
le singe, après que le feu s\'était éteint, se met dans le pot, les fesses nues en haut, pour
imiter un morceau de viande. En e ff et lo faucon revenant fond dessus, mais le singe qui
le guetlait, se retourne vite, prend le faucon, le mord au cou et le met au pot au lieu
de la viande. Lorsque le mattre revint et trouva le faucon mort et la viande disparue.
il regarda le singe d\'un air menac.ant; mais aussitöt celui-ci prit le faucon du pot et s\'y
rait dans la posture qu\'il avait prise pour surprendre 1\'oiseau, montrant a son maitre, avec
force gestes, comment il s\'y était pris pour se rendre maitre du voleur. Le lecteur peut juger par
1) La coutume elle même a peut-être la même origine qu\'une défense pareille chez les Dyaks de Sera-
wak, chez qui les hommes ne peuvent pas manger de chair de cerf, ce qui au contraire est bien permis aux
femmes et aux vieillards, de crainte que les premiers ne deviennent poltrons. Comp. Spencer St. John.
Life in the forest. I. p. 177.
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PKÉÏAC E.
XII
eet échantillon que les ruses des singes donnont lieu a une foule do contes, et qu\'entre eux
on en trouve beaucoup au sujet desquels on peut dire »se non è vero, è bene trovato." Re-
marquons que lo récit original des Adjaib est orné ici do quelques traits nouveaux, qui ser-
vent ii Ie dénaturer, puisqu\'il est bien possible qu\'nn milan guette un morceau de viando qui
cuit dans un pot mis a 1\'air, mais qu\'il est peu probable qu\'il descende par une cheminée pour
voler la viando, tandis que Ie feu y brüle encore.
Quoiquo los contes do cette nature no manquent pas dans les Adjaibs, il faut remarquer
que 1\'auteur en rapporte la plupart comme des récits qu\'il a entendu conter, sans qu\'il nommo
quelqu\'un qui se pose en témoin oculaire.
Quelques-uns de ces récits ne semblent êtro que des reproductions plus ou moins variées
do vieilles légendes connues comme celui de 1\'tle des femmes (p. 20); la tortue immense (p. 36),
les montagnes d\'aimant de la Chine (p. 92); Ie récit sur 1\'oiseau dont la chair fait tomber les cheveux
(p. 100) et dont on trouve la contro-partie chez Ibno \'1-Ouardi (p. li*1) et Dimachqi (trad. p. 151);
1\'oiseau phénix qui se retrouve dans Ie semendel des Ouaq-Ouaq\'s; et la légende sur 1\'ambre do
Zabedj, qu\'on ne peut pas oxporter de 1\'ilo (p. 150, voir Excursion B. p. 232). Il est impos-
sible de décider si 1\'on retrouve dans deux récits des Adjaib (p. 12 et 180) la rédaetion origi-
nale de deux contes bien connus, relatés dans 1\'histoire des voyages de Sindbad. Mais il faut
avouer que surtout dans Ie dernier conto les points de ressomblanco sont frappants Peut-
être que Ie récit des Adjaib et celui des 1001 Nuits reposent sur Ie même fait, mais orné
d\'uno maniere capricieuse dans les contes de Chérézade. J\'ai appelé plus loin (Exc. D. p. 277)
1\'attention du lecteur sur la grande ressomblanco qui existe entre une histoire des Adjaib et
une autre du Mokhtasar A.
Tandis qu\'il semble que quelquo3 récits merveilleu\\ no sont que dos contes do fantaisio
pure, ou quo du moins il est pour Ie moment impossible de retrouver lo fait simple qui a
servi do canovas, on peut dans quelques autres retrouver Ie fait qui a oervi de point
de départ. Lo tannin merveilleux (p. 41) est expliqué par un passage do Mas\'oudi (I. p. 266.
Comp. mon discours sur 1\'importanco du livro dos morvoilles p. 5); tandis que 1\'auteur des
Adjaib nous raconte de quello maniere il faut expliquer Ie phénomèno d\'une mor qui semble
en feu (p. 20, 41). Le marché des Djinn\'s (p. 169) repose peut-être sur lo fait que quelques
peuples primitifs, e. a. a Sumatra, font lo commerce en deposant leurs marchandises, que les
acheteurs viennent prendre on deposant d\'autres marchandises, de sorte que les vendeurs et
les acheteurs ne se voient jamais. J\'ai donné 1\'explication do 1\'origine des contes merveilleux
sur lo Zarafa (p. 125. Comp. Exc. B. p. 236) et sur le poisson a figure humaine (p. 38. Comp.
Ind. géogr. sous iói^s^JI). Le lézard qui a les organes sexuels doubles (p. 173) est expliqué
par le fait, qui m\'est communiqué par lo Dr. Jentink, que presque tous les lézards ont ces
organes fendus. Les récits curieux concernant les devins et les charmeurs aux Indes et
ailleurs, qu\'on trouve dans les Adjaib, n\'étonneront personne, si on se rappelle les récits mer-
veilleux faits a ce sujet jusque de nos jours. On ne s\'étonnera pas davantage de 1\'échantillon
de volupté contre nature, raconté p. 68, quand on saura que d\'après M. Kruyt (Atjeh en
de Atjehers p. 110) on en trouve encore niaintenant des exemples k Sumatra même. M. Kruyt
a laissé échapper la boutade qu\'il y aurait la un beau champ ouvert aux recherches des Dar-
winistes: il semble que telle soit aussi 1\'opinion de 1\'auteur des Adjaib, vu sa maniere curieuee
d\'expliquer 1\'origine de quelques espèces d\'animaux (p. 40).
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XIII
P K K V A C B.
On retrouve dans les Adjaib deux récits qui ont trouvé place chez un assez grand
nombre d\'auteurs anciens, je parle des récits sur la vallée des diamants (p. 128. Comp. Devic.
Merveilles p. 196, Mokhtasar A. p. 278) ot sur les oiseaux de grandeur extraordinaire. Il
serable qu\'on n\'a pas encore réussi a dégager Ie fait qui a servi de point de départ au
premier conté; du moins les solutions qu\'on a proposées assez récemment ne paraissent pas
encore avoir écarté toute difficulté. Mais il est hors de douto que les récits sur les oiseaux
géants reposent sur Ie fait incontesté qu\'il y a quelques siècles on trouvait des oiseaux
d\'une grandeur beaucoup plus grande que celles que nous connaissons maintenant. L\'oiseau
»moa" vivait encore du temps de la reine Elisabeth; Yapyorna vit encore a 1\'ile de Mada-
gascar. M. Yule a donné une explication tres plausible du tuyau de plurae gigantosque dont
parlent les Adjaib (p. 98) dans Academy, March. 1884 p. 204, en posant la conjecture que lo
tuyau en question n\'était que Ie pétiole du sagus ruffta.
La grande importance des Adjaib consiste surtout dans les données nouvelles qui servont
h augmenter notre science de la géographie arabe du Xme siècle, et qui, comme Ie lectour
Ie verra daas lo glossaire, 1\'index góogr. et les excursions, m\'ont donné quelquefois des résul-
tats bien importants. Mais on y trouve en outre quelques traits curieux de moeurs et de
caractère. Je renvoio Ie lecteur au récit si frappant de 1\'introduction de 1\'Islam au Cache-
mire (p. 2); au récit si simplo, mais en même temps si touchant, du prince nègre (p. 50), et
aux anecdotes curieuses donnant des exemples de confiance bien placée en Allah (p. 134 et 138).
Parmi les illustrations qui ornent Ie raagni&que mauuscrit do Hariri, en possession de M.
Schofer, j\'en ai choisi quelques-unes qui portent sur la navigation et Ie commerco oriontaux,
et qui par suite ontrent dans Ie cadre de 1\'ouvrage. Ces planches sont des exemples précieux
des rares produits du vieil art oriental; en outre elles sont dignes de notre attention par les ob-
jets qu\'elles reproduisent avec une grande oxactitude. On remarquera p. e. dans la planche
vis-a-vis du page 91 .e dessin d\'un vaisseau dont les plunchos sont cousus ensemble, ce qui,
comme on Ie sait, était autrefois Ie cas pour les navires arabes.
La carte que j\'ai ajoutée au livre n\'a pas de prétentions a être exacte dans ses détails.
Elle ne peut servir qu\'a illustrer autant que possible la position relativo des localités nom-
mées dans los Adjaib. Comme il ne s\'agissait pas d\'une carte rendant d\'une maniere exacte
les limites des royaumes et Ie tracé dos pays divers, je me suis borné a reproduire les con-
tours de la carte que Stuwe a ajoutée a son oeuvre sur Ie commorce des Arabes, afin de fa-
ciliter la comparaison des résultats auxquels je suis parvenu avec ceux de eet auteur.
Sur lo poiut d\'abandonner un travail qui pendant longtoinps m\'a pris toutes mos heures
de loisir, je désire temoigner ma gratitude a tous ceux qui m\'ont assisté. J\'ai de grandes
obligations a M. Marcel Devic, qui a bien voulu corriger sa traduction sur Ie texte que je
publiais, et aussi revoir mon stylo dans une langue qui n\'est point ma langue maternelle.
M. Schofer aussi a droit a ma reconnaissance, puisque c\'est a lui que je dois Ie manuscrit
qui m\'a servi, et qu\'il a donné la permission d\'enrichir 1\'ouvrage des planches tirées de son
manuscrit de Hariri. Le lecteur du livre s\'apercevra que je me suis servi raaintes fois des
indications recues de personnes competente» et dont j\'ai eu soin de citer les noms. Parmi oux
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XIV
P R K F A C E.
je dois nommer en particulier M. M. Kern, Wilken et Yule, et aussi M. M. Gies, Karabacek
et Rittershausen. Mais c\'est surtout a M. de Goeje que je dois une grande reconnaissance.
Les pages suivantes montreront combien de fois il m\'a aidé a vaincre des difficultés qui
semblaient insurmontables; dans beaucoup d\'articles on rencontrera les traces de son esprit
sur et puissant. Il m\'a permis de puiser a. pleines mains aux trésors de sa grande érudition;
on comprendra la valeur de 1\'assistance d\'un érudit qui, sans contredit, est un des premiers
parmi les savants en Europe qui connaissent a, fond la littérature géographique des anciens
Arabes. Le glossaire est presque entièrement de sa main; je lui dois surtout les articles qui
portent sur la langue et sur la grammaire arabes. Si dans 1\'index géographique, dans les
excursions et dans quelques articles du glossaire que j\'ai composés, je suis parvenu a des
résultats qui ne sont pas dénués d\'importance, je dois cela en grande partie a M. de Goeje,
puisque je n\'ai fait qu\'appliquer sa methode heureuse et sévère, qui nous a déja valu de
belles découvertes et qui en promet encore tant d\'autres.
L e i d e, Septembre 1886.
P. A. v. d. Lith.
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<«JL*^ f^f r^f ^JU. < JL*}»3 rL*3^ï3 « JttJ3 &Jf ^6 aJÜ cX^J!
5(Jlt pJÜUb jjfi ^Jüf ^"51 JX.^ \\f>\\ o-vJüUül JwUof _^j JlSj ^
tüsJÜ^/» J^l U^Laj^t J^l 11 f^JSAftis ^IgS J^.f iX**9 èjS ^Uïj ^Ló\'
a) Cod. JL|.j.         6) Cod. ^Js.         c) Kor. 96: 3, 4, 5.
AU NOM DE Dl RU CLÉMENT ET MISÉRICORDIEUX,
ET MON SEUL REFUGE.
Louange a Dieu, a qui appartiennent la gloire et la majesté, la bienfai-
sance et la libéralité, créateur des peuples divers et des nations; qui, par sa
puissance créatrice, leur a donné leur caractère et leur extérieur particulier;
qui, par son pouvoir, les fait passer de condition en condition; et qui, par sa
sagesse, les instruit dans les oeuvres extraordinaires qu\'ils ont a accomplir. Il
édifie savamment, il affermit, il dirige, il redresse.
Il a dit, lui, Ie plus véridique de ceux qui parlent: „Lis: Ton seigneur est
Ie plus généreux des bienfaiteurs, lui qui a instruit par la plume, qui a in-
struit rhomme de ce que 1\'homme ne savait pas" (Coran ch. XCVI).
Ses prodiges disséminés dans 1\'univers, les merveilles de ses ouvrages dans
les plaines et les mers, ses oeuvres admirables dans toutes les parties du
monde, portent témoignage que Ie Créateur — qu\'il soit béni! qu\'il soit
exalté! — est Ie Seul, 1\'Eternel, l\'Unique, Ie Victorieux. Prenez-y garde,
hommes doués de clairvoyance!
Il a envoyé son prophete Mohammed pour enseigner a toutes les créatures
i
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2
                                                               m                                                   m                               m
cc .. ... _              a .. s ...f c .. .
\'s\'-ix wobfUtJ! /öJ^. a$L-i J^.j *♦<•.! <ü3iUj\' >JJf b lX*jj
L^ix tti^.1 JUiLi kXJLgJf^ ^J^aJt <£ |^ M. > -»Jf i-uJL^Jf^ Jl^iJ^ V-**^ 5
10
y-A*-&s 0^ L4.J j$> jd\\ jLo»LJfj Js^LgJf ^^.j t&jüj» j4\\ ^-*5 UI viJuo
a) Cod. ü*-«il. b) Cod. s. p.
la vraie direction et la religion de la vérité. Que Ie salut de Dieu soit sur
lui et sur sa familie, tant que brillera 1\'éclair, tant que Ie soleil surgira du
Levant.
Dieu — que son nom soit béni et ses louanges célébrées! — a partagé les
merveilles de sa création en dix parts, neuf au pilier du Levant, une aux trois
autres piliers, qui sont Ie Couchant, Ie Nord et Ie Sud. Des neuf parts attri-
buées au Levant, huit appartiennent a 1\'Inde et a la Chine, une seule au
reste de 1\'Orient.
I. Des choses de 1\'Inde, voici ce que nous a raconté a Basra Abou-Moham-
med al-Ha<jan, fils d\'Amr, fils de Hammawéih, fils de Hararn, fils de Hamma-
wéih de Nadjïrem.
„J\'étais, dit-il, k Mansoura dans 1\'année 288. Un homme respectable de
cette ville, personnage digne de foi, m\'apprit qu\'en 270 Ie roi du Ra, nommé
Mahrouk, fils de Raïq, Ie plus puissant des rois de 1\'Inde, dans larégion située
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3
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                                                          *
Uo i>i LtLi j^aJf {1y~^ *.>VjJii! JUk. 3\'r»Jf ^y0 *.L*>f \'s,_^ai*Jb ^li"
J^*s Lff jsJl* *JL* L« xiüè L^siüük! Jx ré^ ^-f5 lX-*^\' ^f.2».
0 Ut Js\\* Jx c^5-s UXi **M U«x.ftit3 *J! t\'u>u La b-i y^ «.w
IJ! J5üu« >>f ,.jt *JJf XjS. *JU«*i sks. o-A^it Jè !$>*•*" ^.Li sAic Jifj
.Lgiil *^»J jj 2üfj JüLwJ} **1s Jüw.1 tXi^ Ni\'j\' Xil^j S,UiJ *J r-f^5
*JL- *if *i£ sIXa. 6 UxS .J^j 21XL1 ljIêÓj y«f ^^J CT» <*£*- •^LJM
a) Cod. -*ai>l3.        6) Cod. jus.
entre Ie haut et Ie bas Cachemire, écrivit au préfet de Mansoura, Abdallah,
fils d\'Omar, fils d\'Abd-al-Azïz, pour lui demander une traduction des lois de
1\'Islam en langue indienne.
„Abdallah fit part de la demande a un homme qui se trouvait alors k
Mansoura, personnage originaire de Tlraq, esprit supérieur, d\'une belle intel-
ligence, poëte, qui avait été élevé dans 1\'Inde et en connaissait les diverses
langues. Cet homme mit en vers tout ce qui était nécessaire pour la con-
naissance de la religion, et son travail fut envoyé au roi. Le prince trouva
cela admirable et pria Abdallah de lui envoyer 1\'auteur. L\'homme fut done
expédié vers le roi: il demeura la trois ans, puis il revint a Mansoura. Le
préfet le questionna sur le souverain du Ra. „Je 1\'ai quitte, dit l\'homme.
alors qu\'il était déja musulman de cceur et de bouche. Mais la crainte d\'être
dépossédé de son pouvoir 1\'empêchait de professer ouvertement 1\'Islam. Il me
demanda de lui traduire le Coran en indien. Ce que je fis. J\'en étais a la
sourate Ya-Sin, et je lui traduisais la parole de Dieu: „Qui rend la vie aux
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C^i Ub Jli "p^lc yJÜLi. JJo _j>3 >yo jy L£U*il ^JUi I^oAj >s
t. ;ir. Xi^^ £>JJj\' ^c^. ^Jój (J^^^ (J*^ »J«ki .«*«jj *-J^ ^3 p^ ^ü^i OOS
l^w* *aS J^aoj ^li^ 6A*§1 AaS jJ^T. Aif j-ê-^^ Aa**»aJ Laaj Ljj Cl\\tJ
*iLï~ oLéó AiMi j jü w*J^ Aif^ kXaJ jSÜó Jx «Üxj ^f .*£ ^j»
AaS ^^*»ass: Aa*. J^ j iXa£ j^J J^^t ^aa-Ü J^^ "I ,^oJo^
^ \'s\\J. *X$ ^f fjjiait Jyb ^> (^^«03 U*JaAi.!j ^f_yofj «XwAftif [5*5
a) Kor. 36: 78, 79. 6) Cod. fc^J.
os cariés? Réponds: Celui qui les a produits une première fois, celui qui con-
nait la création entière". Il était pour lors assis sur un tröne d\'or incrusté
de pierres précieuses et de perles d\'une valeur incomparable. „Redis-moi cela,"
dit-il. Je le^ répétai. Aussitöt il descendit de son tröne et fit quelques pas sur
la terre qui avait été arrosée d\'eau et qui était humide. Puis il appuya sa
joue sur Ie sol et pleura, de sorte que son visage fut souillé de boue. „Oui,
me dit-il, c\'est lui Ie Maitre qu\'on doit adorer, Ie premier, l\'ancien, celui qui
n\'a point de semblable!" Il s\'était fait faire un cabinet particulier et s\'y reti-
rait sous prétexte d\'affaires importantes, mais en réalité pour prier secrète-
ment, sans que personne en süt rien. En trois fois il me gratifia de six cents
livres d\'or."
II. Le même m\'a raconté que les habitants du haut Cachemire ont chaque
année un jour de fête oü ils se réunissent; et leur prédicateur, tenant a la main
un vase de ten-e crue, monte a la tribune, remplit son office et dit: „Voyez
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_^ .li*Jl vj>* d J^*W- ^ * ^i L» CT* J^^ üJuJt *X$ J^^j vU^^f
w^iUw J,!^ pU ^j^C *a2^\' ^_5ra? Jyih. jJüJl j^LiaJ} \' ^\\?^ *3l* «^t j.>VJ
o) Nomen interdum sine punctis, intordum oUL\'j, seniel l>L£o1j scribitur. b) Dee9t. c) Cod.
«UjJÜI. <2) Cod. 8. p. e) Cod. Oj.
ce vase de terre si fragile; on 1\'a soigné, il s\'est conservé. Soignez de même
vos araes et vos biens, et conservez-les." On assure que ce vase est vieux de
quatre mille ans.
III. Je tiens d\'Abou-Abdallah Mohammed, nis de Babichad, fils de Haram,
nis de Hammawéih, de Siraf, lequel fut en son temps un des notables capi-
taines de navire qui vont au pays de 1\'or, Ie plus instruit parmi les créatures
de Dieu en fait des choses de la mer, marin distingué et honnête homme, je
tiens de lui, dis-je, qu\'il y a dans les gohbs de Sérendib, en un pays nommé
Abrir, une grande ville, oü on compte trente marchés et plus, dont chacun
a bien un demi-mille de long. On y trouve les étofïes golthiya, qui sont bel-
les et d\'une grande valeur. La ville est au bord d\'un grand fleuve qui se jette
dans la mer des gobhs. Les habitants ont environ six cents pagodes importan-
tes, sans compter les petites. L\'étendue du pays est a peu pres de quatre
cents bérids l.
A Textérieur de la ville est une montagne du pied de laquelle s\'échappe une
source; et sur Ie flanc de la montagne est un arbre énorme de cuivre et de
bronze, hérissé d\'épines pareilles a de grosses aiguilles on a des brochettes. Et
1) 2400 millcs.
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w*A.f _.*5 J»jO- Jj^S ^iXJUaJj >AJt ^^£^-^>aS *AA3jf iW(3 l\\aC xLw. Ji^
ijAj M-* |*-Uai\' Jc£U»j ^aCj lj-Ü #^ J,t wajJÏaJ(
a) Cod. «*sj. 6) Cod. tjTjF. c) Cod. ->.y&. d) Cod. <&&Xy
en face de 1\'arbre se dresse une grande idole, sous la figure d\'un Noir, dont
les yeux sont des topazes. Chaque année, les gens du pays célèbrent un jour
de fête auprès de cette idole. Ils y vont, montent sur la montagne, et qui-
conque désire se rapprocher de son Seigneur, boit, chante, se prosterne plu-
sieurs fois devant 1\'idole, puis s\'élance du haut de la montagne sur 1\'arbre de
bronze dont les épines Ie mettent en pièces. Il en est qui se jettent la tête
première contre un rocher par dessus lequel coule 1\'eau de la fontaine, au
dessous de 1\'idole noire; Ie malheureux est écrasé sur la pierre, et de cette
eau passé dans Ie feu de 1\'enfer.
IV.   Le même m\'a assuré qu\'a Canoge. dans 1\'Inde, il y a des femmes qui
prennent une noix d\'arec entre leurs grandes lèvres et la cassent par la force
dont elles serrent.
V.   Il m\'a conté aussi que Mardawéih, fils de Zarabakht, un des marins de
la Chine et des pays de 1\'or, racontait que, naviguant un jour dans les para-
ges de 1\'ile du Zabedj, il passa entre deux pointes élevées au-dessus de la mer,
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_Ua.f dw^iy.I ^^ w~«J ^^ v,-* JJ^\' er» vy> ca^ s_^£óJf ^
o) Cod. LasU. b) Cod. Lfcil^ Jüö. c) Cod. Jlï. tf) Cod. add. J.
qu\'il prit pour les sommets de deux montagnes sous-marines. Et quand il les
eut dépassées, elles plongèrent dans 1\'eau, et Mardawéih jugea que c\'était les
deux pinces d\'une écrevisse.
La-dessus je dis a Abou-Moharamed: „Es-tu garant de cette histoire?" — „Je
1\'ai entendue de mes oreilles, répondit-il. Mais c\'est une chose bien extraordi-
naire, et je ne sais qu\'en dire, si ce n\'est que Técrevisse atteint dans la mer
des grosseurs prodigieuses."
VI. Un autre marin des pays de 1\'or, Ismaïl, fils d\'Ibrahim, fils de Mirdas,
généralement connu sous Ie nom d\'Ismaïlawéih, gendre d\'Achkanïn, me disait
que durant un de ses voyages aux pays de Tor, un accident arrivé au navire
1\'obligea a se rapprocher de terre dans Ie voisinage de Lameri. Voulant faire
halte il fit jeter la grande ancre; mais Ie navire, sans qu\'on süt pourquoi,
continua sa marche. La capitaine dit au piongeur: „Descends Ie long du
cable de 1\'ancre et vois ce qui passé." Et Ie piongeur s\'apprêtant a descendre
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a) Cod. \\jXiyi. b) C >d. JSji)J tJL$3- c) Cod. v_j,c d) Cod. ^«^«J». ,) Cod. s. p.
regarda sous 1\'eau; et voici que 1\'ancre était entre les pinces d\'une écrevisse qui
jouait aveo 1\'instrument et entraïnait Ie navire. Les matelots poussèrent des
cris, lancèrent des pierres a 1\'eau. On retira 1\'ancre pour la jeter en un autre
endroit. Or son poids s\'élevait a six cents livres et plus.
VII. D\'après Ie récit que m\'en a fait Abou-Mohammed al-Hacan, fils d\'Amr,
un capitaine de navire lui raconta qu\'étant parti pour Ie Zabedj sur un navire
a lui appartenant, Ie vent les poussa vers les ïles du Ouaqouaq oü ils durent
s\'arrêter non loin d\'une bourgade. A leur vue, les habitants prirent la fuite
dans la campagne, emportant tout ce qu\'ils purent de leurs biens. Les gens
du navire, qui ne connaissaient pas Ie pays et qui ignoraient la cause de la
fuite des naturels, n\'osaient pas descendre a terre. Le navire demeura la
deux jours, sans que personne vint a eux ou fit mine d\'entamer quelque rap-
port. Enfin un matelot, qui connaissait la langue des Ouaqouaquis, fut débar-
qué et se risqua a traverser la bourgade pour gagner la campagne. Il décou-
vrit un homme caché sur un arbre, lui paria, lui fit des amitiés, lui offrit
des dattes qu\'il avait et le questionna sur la cause qui avait fait fuir les gens
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KX&33 A**fii Jx xL«f; ^J/i-M J^\' aV^ w^*^ ^ ^L.3 *** c>.iK
w^IL. f^-Aaj L3 *Jf-*-^ J^\' ^ ^ ^^ ^^^ e/ ^ **&* c<-^-
xjl^^ sjjj Jjjfj *~AJ ^ ay^ *L*a> sJL^J j»>üJT oSXo J,f w^if
^ JLös ^JJ.1 fó^ ju,^ [4<^U £* ^yi.f ^x^s Jj>f ^3 J^. U^j ^^
ao f^wXJj fftf J,U ÓeLfj ^Li I^L* Oül pfcjf ^Jj> J fjjb\'f viüif
o) Deest.         i) Cod. j\'As.        r) Cod. e. p. d) In Cod. auto jaLiJlj. e) Cod. v_jAftj\'..
ƒ) Cod. -*^t, sed saepius ó pro o scribitur. </) Cod. Xjyü1.
du pays, lui promettant sécurité et réconipense, s\'il montrait de la franchise.
L\'homme répondit qu\'en apercevant Ie navire, les gens de la bourgade avaient
cru qu\'on voulait les attaquer et qu\'ils s\'étaient sauvés avec leur roi dans la
campagne et dans les jungles. Il conseutit a suivre Ie matelot au navire. On
lui donna trois compagnons, chargés pour Ie roi du pays d\'un beau message,
assurant toute sécurité au roi et a son monde, et lui portant aussi un cadeau
composé de deux pièces d\'étoffe, de quelques dattes et de diverses bagatelles.
Le prince rassuré revint avec tous ses gens. On demeura avec eux, et on
eommenca un commerce d\'échange avec tont ce dont le navire était chargé.
Le vingtième jour n\'était pas encore écoulé, quand survint une autre peu-
plade avec son chef pour attaquer la première. „Sachez, dit le roi de la bour-
gade, que ceux-la viennent pour m\'attaquer et pour m\'enlever mon bien: car
ils s\'imaginent que j\'ai acquis une bonne partie de la cargaison du navire.
C\'est pourquoi prêtez-moi contre eux votre secours, défendez-vons en me dé-
fendant."
„Des 1\'auroie, dit le narrateur, la troupe étrangère vint pour commencer
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qOjL^1. f) Cod. s. p.
1\'attaque a la porte de la ville. Et Ie roi sortit a leur rencontre avec sou
monde, soutenu par les matelots et par les soldats du navire, ainsi que par
ceux d\'entve les marchands et les gens de Téquipage qui se niontraient dis-
posés a combattre. La bataille s\'était engagée, lorsque, au milieu de la mêlee,
uu homme de 1\'équipage, personnage astucieux originaire de llraq , tira de sa
ceinture une feuille de papier sur laquelle était écrit uu compte a lui, la
développa toute grande, et 1\'éleva de la main vers Ie ciel, en prononcant des
paroles a haute voix.
„Aussitöt que les agresseurs virent la chose, ils cessèrent immédiatement
leur attaque. Quelques-uns vinrent a 1\'homme et lui dirent: „Par grace,
arréte! nous allons partir, nous ne toucherons a rien.\'\' Et tous se disaient
les uns aux autres: „Cessons, eessons Ie combat. Nos ennemis ont élevé leur
affaire vers Ie roi du ciel. En un instant nous serions vaincus et inassacrés."
Et ils s\'humiliaient devant 1\'homme jusqu\'a ce qu\'il eiït remis la feuille dans sa
ceinture. Alors ils se retirèrent, usant d\'un langage tres humble, comme si moi
et les gens du navire étions les maitres de la bourgade et de ce qu\'elle contenait.
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u) Cod. JJCir. 6) Cod. eff^J\';. c) Cod.^iJ!,. d) Cod. «J^-
Ainsi débavrassés d\'eux, continue Ie narrateur, nous re vin mes ïi nos affaires
accoutumées de ventes et d\'achats. Le roi était tout a notre service. Sans
cesse trompant les gens du pays, volant leurs enfants, achetant les uns aux
autres, avec des pagnes, des dattes et des bagatelles, nous fimes si bien, que
le navire fut bientöt chargé de cent têtes d\'esclaves grands ou petits.
„Au bout de quatre mois, le moment du départ approchant, ceux que nous
avions achetés ou volés nous dirent: „Ne nous emmenez pas, laissez-nous dans
notre paj\'s. Il ne vous est point permis de nous réduire en esclavage, de
nous séparer de nos families" Mais nous n\'y prêtions aucune attention. Sur
le navire, les uns étaient enchaïnés par les pieds, les autres attachés; les
enfants restaient libres. Cinq hommes de 1\'équipage demeuraient a bord pour
s\'occuper de leur nourriture et veiller sur le navire. Les autres étaient a terre.
Or une nuit, les captifs se jetèrent sur les hommes de garde, les Herent de
cordes, levèrent 1\'ancre, mirent a la voile et volèrent le navire au milieu des
ténèbres. Au matin, il avait disparu, et nous restanies plantés la, reduits
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o) Cod. LUj. i) Cod. j, :i. e) Cod. ju. d) Cod. ULc. e) Cod. ^s>. /) Cod. *JU>y.
puur tont bien et toute ressource aux piètres restes que nous avions laissés
dans la bourgade, les jours précédents. On ne put avoir aucune nouvelle du
navire. Il nous fallut séjourner la bien des mois, jusqu\'h ce que, ayant cons-
truit une mi nee chaloupe capable de nous porter, nous nous embarquames,
dans Ie plus triste état de dénuemeiit."
VIII. Ahmed, fils d\'Ali, hls de Monir, Ie capitaine, natif de Siraf, qui fut
aussi un de ces illustres marius qui ont parcouru les mers et acquis gloire et
renom. m\'a raconté qu\'un respectable personnage de 1\'Inde lui avait fait a
Sérendib Ie récit suivant. Un navire a lui avant fait naufrage, une par-
tie des geus se sauva sur la chaloupe et vint aborder a une ile voisine
de 1\'Inde. Ils y séjournèrent quelque temps. Beaucoup moururent et enfin
ils furent réduits au nombre de sept. Dans eet intervalle, ils avaient vu un
oiseau énorme s\'abattre sur 1\'ile et paitre, puis, vers Ie soir, s\'envoler, sans
qu\'ils pussent savoir oü il se transportait. Cela leur fit concevoir un dessein.
qui fut que chacun d\'eux, 1\'un après 1\'autre, s\'attach&t aux pattes de 1\'oiseau
et se laissat emporter, tant ils étaient dévorés d\'ennui et se voyaient horsd\'état
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a) Cod. it*~yL^i.          I) Cod. *Ju. c) C\'od._«^..          d) Cod. (_yvi-\'- e) Cod. |^-«.>-~.j..
d\'éehapper ii la mort. L\'oiseau seul pouvait les tirer de la. S\'il les jetait dans
Ie voisinage d\'un pays habité, lenrs désirs étaient remplis; s\'il les tuait, ce
n\'était guères changer de condition.
Un des nanfragés se cacha done parmi les arbres. L\'oiseau viat a son ordi-
naire pour paltre. Un pen avant 1\'instant de son départ, 1\'homme se glissa
doncement vers lui, fut assez adroit pour lui saisir les pattes et s\'y attacher avee
des éeorces fibreuses. L\'oiseau s\'envola et 1\'emporta au haut des airs. L\'homme
se maintenait. les jambes croisées sur les pattes de l\'oiseau. Celui-ci franchit
uu bras de uier, et vint s\'abattre sur une montagne au coucher du soleil.
L\'homme se délia et tomba a terre, a demi-mort de fatigue, depuisement et
de frayeur. Il demeura sans mouvement jusqu\'au lendemain au lever du soleil.
Alors il ?e leva. regarda autour de lui et découvrit un berger a qui il demanda
en langue indienne Ie noni du pays. Le berger lui nomnni une ville de 1\'Inde
et lui donna a boire du lait. Entin l\'homme parvint, non sans peine, a gagner
la ville.
Quant aux six autres naufragés, l\'oiseau les transporta suocessivement de la
niême facon, et tous se vetmuvèrent enfin réunis dans cette ville. De la, iLs
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-7t. Le jiiL*.^ .f^JJyOj L^Jf ly*Sj ^^f yjj j$J^\'r\'c "r**^ ƒ•!# IjjJo* (*£>fj
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a) Cod. •*>/. 6) Cod. .f>y
réussirent a atteindre un port de 1\'Inde. oü ils purent s\'embarquer, et (étant
retournés dans leur patrie) ils racontèrent 1\'histoire de leur naufrage. Quant a
la distance franchie par Voiseau entre 1\'ile et la montagne oü il les jeta, elle
fut évaluée a plus de deux cents parasanges.
IX. En fait d\'animaux gigantesques, Abou \'1-Hacan Mohammed, fils d\'Ah-
med, Hls d\'Omar, de Siraf, m\'a raconté qu\'il vit a Oman, en 1\'année 300, un
poisson que les flots avaient jeté et laissé sur la plage. On s\'en empara et on
Ie traina a quelque distance. L\'émir Alnned, fils de Hilal, y vint a cheval avec
ses troupes, au milieu d\'un concours de gens accourus aussi pour voir Ie monstre.
Telle était sa grandeur que Ie cavalier entrait a cheval par la machoire et sor-
tait du cöté opposé. L\'ayant mesure, on trouva que sa longueur dépassait deux
cents aunes et sou épaisseur, de bas en haut, cinquante. On vendit de 1\'huile
tirée de ses yeux, suivant ce qu\'on a rapporté, pour une somme de dix a
quinze mille dirhems.
Le capitaine de navire Ismaïlawéih m\'a dit que ce poisson abonde dans la
mer des Zindh et dans 1\'océan de Samarkand. On le nomrae Oiull. Il se plait
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o) Cod. öiyi. 6) Cod. jwsju. c) Cod. ^ rf) Cod. I^SAs*. e) Cod. 0iy ^a. f) Deest.
ii défoncer les navires. Quand les navigateurs en font la rencontre, ils cherchent
a 1\'effrayer par des cris, par Ie bruit des tambours et de pièces de bois choquées
les mies contre les autres. Chaque fois qu\'il soufflé 1\'eau, on voit s\'élever une
colonne comme nn phare, et de loin on dirait les voiles d\'im navire. Quand
il joue avec sa queue et ses nageoires, on croit voir encore la voilure d\'une
chaloupe.
X. J\'ai ouï dire par un Irakien digne de foi qu\'il avait vu dans Ie Yémen,
chez un de ses amis, la tête d\'un poisson dont la chair avait dispara et dont
les os restaient iutacts; il avait pu entrer par un des creux des yeux et sortir
de 1\'autre cöté, debout, sans baisser la téte. En 1\'année 310, la machoire d\'un
de ces poissons fut portee d\'Oman au khalife Moqtadir. Ne pouvant passer par
la porte, elle fut hissée par la fenêtre. L\'Irakien me disait que des yeux de
ce poisson, dont la macboire fut portee a Bagdad, on avait tiré cinq cents
jarres d\'huile ou plus.
f. 8r.
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61 bC*** v^>J^f As iAV* iA^»Jf J^L>\' ^f OUUj fa£j »^*^ Aaï 1(
«) Co<l. s. p.          /y) Cod. \'.As»..          r) Incertum. Cod. ,y*U>.
XL Suivant Ie récit que m\'a fait Abou-Mohammed al-Hacan til? d\'Amr, un
marin racontait devant lui qu\'étant sur un batiment qui allait d\'Aden a Djedda,
comme on arrivait en face de Zéila, un poisson frappa si violemment la coque
du navire que chacun resta persuadé qu\'il y avait percé un trou. Cependant
les matelots descendus dans la oale n\'y trouvèrent pas plus d\'eau qu\'a l\'ordi-
naire, et demeurèrent surpris qu\'un tel coup n\'eut pas laissé de traces. Or,
étant arrivés a Djedda, Ie navire décharge et tiré a terre, on reconnut que la
tête du poisson était restée prise dans les flancs du navire, bouchant parfaite-
nient Ie trou qu\'elle avait fait. L\'animal. après Ie choc, n\'avait pu retirer sa
tête qui s\'était détachée du corps et demeurait en place. Le mëme m\'a dit
avoir vu souvent qu\'un poisson pris étant ouvert, on trouvait des poissons daus
son ventre. et dans le ventre de ceux-ci d\'autres poissons. Cela vient de ce que
«les poissons mangent des poissons qui en ont mangé d\'autres.
XII. Entre autres singularités. Mohammed. Hls de Babichad, fils de Haram .
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J.ÜU »^»>j2*- <->oi-j w*-£. *L^ï T-*5) */**$] li\' v-r*^/° k** r^ t-^-^
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vrfLi. _ji> (Sis &Jf OjJaiï c Léi\'Lk ^U-» S^Xa.^ ^ CXXsyi 6AfiiaJu ojli^
OjIaoS ys^ pUj f-J/*3^ J*ï>\'* V**jM \'^ L5* *-r*(; (j** ^^3 LgA^J
Ö 0o».l >J^ JL*j jJj j-wiXi! ^s-^i^Jf ^f »liï (Jotj „jyiLl tU>.
.li^ r-f^ w^S-*Jf JjiiJ oili\' L^ifj L^ui j^jjju^ jüU J^t ïviLK Lsw
n) Cod. Lj-U. ft) Cod. m^3*j        c) Cod. *3l>. rf) Deest.
m\'a raconté qu\'il se trouvait a Siraf en un moment oü 1\'on s\'inquiétait beau-
coup d\'un navire parti depnis quelque temps pour Basra et dont on n\'avait
pas de nouvelles. Il y avait eu des naufrages, et chacun se préoccupait des
nouvelles de mer. Ce navire portait beauconp de monde, mavins et autres,
et nne riche cargaison. Or nne femme qni avait acheté dn poisson, trouva,
en Ie vidant, dans Ie ventre de 1\'nn d\'eux nn annean servant de cachet. Elk\'
regarde et reconnaït Ie cachet de son frère, qni était embarqué, lui aussi, sur
Ie susdit navire. Elle pousse un cri de désespoir. La nouvelle se répand, et
bientöt chaque maison dont quelque membre, ami, proche 011 parent, était
sur Ie navire, devient un théatre de lamentations. Ce fut seulement bien des
jours après qu\'on eut la nouvelle que Ie navire avait fait naufrage et que per-
sonne ne s\'en était sauvé.
XIII. Un pilote m\'a raconté que, clans les parages du Yémen, son navire
fut suivi durant un jour et deux nuits par un poisson qui 1\'accompagnait exac-
tement sans Ie devancer ni rester en arrière, et cela, tant que Ie navire cótoya
Je Yémen, sur un tra jet de plus de cent soixante-dix parasanges. Ce poisson
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J*_/*Ui Sf$ Ju« ^ls sJoJ^ ».!? 2UjU J.^ *.Jf «^ XAJ&Ü v^i^J?
a) Cod. sJ-sjXo. b) Cod. \\j\'oL>. c) Cod. au.Ls?.5.
était aussi long que le navire, lequel avait cinquaute aunes, a 1\'aune usuelle,
comptée depuis le creux de 1\'aisselle jusqu\'au bout du doigt médian.
Je lui demandai quelle était la raison qui poussait ces aniraaux a suivre
ainsi les navires le long de la cöte arabique, et a lutter de vitesse avec eux.
„La raison, dit-il, n\'est pas la même pour tous. Il y en a qui suivent les na-
vires dans 1\'espoir qu\'il en tombera quelque chose, dont ils feront leur profit.
Ils ont auparavant fait la rencontre de quelque navire naufragé oü ils out
trouvé a se ï-epaitre; tout batinient qu\'ils apercoivent leur donne 1\'espoir d\'un
semblable régal. La poursuite des navires devient pour eux une habitude.
D\'aiitres, voyant un navire, s\'en émerveillent et le prennent pour un animal
qui nage partie dans 1\'air, partie dans 1\'eau. Ils luttent de vitesse avec lui,
par bonne amitié et eameradeiïe, jusqu\'a ce qu\'ils se lassent et 1\'abandonnent.
Car les animaux n\'ont pas tous la constance de 1\'ane. Tel autre s\'obstine dans
la lutte avec le navire; se sentant fatigué, vaincu, dépassé par eet étre in-
connu, de colère il prend son élan et se rue sur lui d\'un bond. Si le navire
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U Jaaxbi ac*JLüj\' Jc^ o^5" nJis. J<*^Jé w^f^Jf J»e Lg*^^ LgjjL*a»$ f. ior.
UjttóLyo o^lLi oik=Aj\' Ls^ü^ *i* ft LiL^UA^t^ ***& J»c \\ua. at*&}
JJf *OwCj ^bsuif v_ft*£j \'«jj-^Jf JA.fj*Jf ^ lXjuJIj "s^FuJf *.*IaöL»Jf
a) Cod. g. p. 5) Cod. L&L^Xwtj. c) Cod. ^«.j»t<. rf) Cod. .^*eOyU»u. e) Cod. iUlaL^^.
échappe au choc... sinon, implorons la miséricorde de Dieu. A la vue d\'un
vaisseau, les uns sont si ardents, si audacieux, si accoutumés a ces attaques,
cnie rien ne peut les arrêter. Ils frappent Ie batiment coup sur coup, jusqu\'a
ce qu\'ils 1\'aient renversé, et se repaissent de ce qu\'ils y trouvent. Que Dieu
nous fasse miséricorde! D\'autres aa contraire, voyant un navire, s\'effraient
et prennent la fuite. Enfin leurs habitudes différent avec les régions marines
oü ils séjournent, suivant qu\'ils se trouvent proche des rivages habités, sur
Ie passage des voyageurs et des pêcheurs, ou bien dans les mers lointaines,
inexplorées, dans les profondeurs de 1\'océan, a distance des continents et des
iles. Le monde des abïmes sous-marins est véritablement un autre monde.
Béni soit Dieu, Tadmirable créateur!"
XIV. Voici ce qui m\'a été conté relativement a 1\'ile des femmes par le nakh-
nda
Abou\'z-Zahr el-Barkhati, un des personnages importants de Siraf, qui te-
nait cela d\'une femme de ces iles. Il avait été adorateur du feu, suivant la
religion de Tlnde. Sa parole était fort écoutée, cliacun lui confiait volontiers
et ses biens et ses enfants. Il finit par embrasser l\'islamisme, fut tres-bon
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n .\\*i.. ü I_s=: \'\' Js^.^ t\\aj **.(, *-*-s J»c J»-y^ j-v^ m\' ^ -^\\-»JT
Cy« l*L£j *#§• ü£b\' J,l SijkzA ^r*y^> ^ XkjUi i.^J j \'j*sXJLjj aJ*«
j^fefj pAfefj Jyilf j^xit Jo^ ^w C*SJ\' «Jj^jJf J,f ^Sjj ^yof fjf,
</) Conjectura addidi.          6) In Cod. prima littora deleta est.         f) Cod. ^j^&uj.         d) Cod.
**Lx*u. e) Cod. Jj»o.
musulman et accomplit Ie pèlerinage. Un homme, me dit-il, était parti dans un
grand navire a lui appartenant, emmenant une foule de commercants de tout pays.
Parvenus dans la mer de Malatou, ils approchaient des parages de la Chine et
en distinguaient déja quelque sorarnet demontagne, quand tout a coup un vent
terrible s\'éleva, soufflant a 1\'opposé de la direction du navire, avec une telle
violence qu\'il n\'était pas possible de lui résister, et 1\'agitation des flots leur
öta tout moyen de gouverner. Ce vent les entraina dans la direction de Ca-
nope. Or quiconque est poussé dans cette mer a tel point que Canope se
trouve a son zénith, celui-la doit perdre tout espoir de retour. Il est rejeté
dans une masse d\'eau qui coule vers Ie midi; a mesure que Ie navire avance,
les nots s\'élèvent derrière lui, de notre cöté, etdevant lui, du co té opposé, Tonde
s\'abaisse. Alors, quel que soit Ie vent, violent ou paisible, tout retour lui
est ferme; Ie courant 1\'entraïne dans l\'immensité de 1\'Océan.
Quand les gens du navire s\'apercurent qu\'ils marchaient vers Canope, quand
la nuit les eut envahis, et qu\'ils se virent dans des ténèbres profondes, hors
d\'état de se diriger, ils désespérèrent de leur salut. La puissance des vagues
i. lOv
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&*&. SJSS Ijj^a^ OjJJ I^Ju^Xwf^ j£jr& {*&*&} °^4^ cXï**^ J^t
10 Lv-jiX^ l^ü. fjils? l^fisf ffL*>f jo ***^c J;Li *^o^f ] 0^j f^f, JyJJf
o) Cod. s^, b\'Ju, JkA-so, t^\'j1^ •            6) Cod. ^LS.          c) Cod. «JUUJI jO^aS.           d) Cod.
»ja»y».        e) Cod. U*«».
tantöt les élevait jusqu\'aux nues, tantöt les plongeait dans les abïmes. Toute
la nuit, ils demeurèrent ainsi dans un brouillard épais, sur une poix liquide.
Et quand revint 1\'aurore, ils ne s\'en apercevaient point, a cause des ténèbres
qui les environnaieni, et du brouillard qui rejoignait la noire surface de la
nier, et de la violence du vent et du trouble conf\'us de 1\'atmosphère. Dans
cette nuit si longue, sans espoir de salut, livrés en proie a la violence de la
tempête, dans la mer bouillonnante, battus par des vagues effroyables, sur
leur navire bondissant, plongeant, ébranlé, gémissant, les passagers se firent
leurs adieux, et chacun de son cöté invoqua la puissance de 1\'objet de ses ado-
rations; car il se trouvait parmi eux des gens de la Chine, de 1\'Inde, de la
Perse et des Hes. Puis ils se résignèrent a la mort.
Deux jours et deux nuits s\'écoulèrent ainsi, sans qu\'ils pussent distinguer la
nuit du jour. Vers Ie milieu de la troisième nuit, ils virent devant eux l\'ho-
rizon illuminé d\'un feu extraordinaire. Une terrible peur les saisit; et s\'adres-
sant au capitaine: „Ne voistu pas, dirent-ils, ce feu effrayant qui remplit
1\'horizon et vers lequel nous sommes entrainés. Voila qu\'il nous entoure, et
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a) Cod. A^i\'U.         b) Cod. oU.          c) Cod. c^M\'\'          d) Cod. Lf*j>ys.          e) Cod. (Jaah^s.
ƒ) Deest.
nous aimons mieux être noyés que brulés. Au nom de la divinité que tu ado-
res, fais chavirer Ie navire avec nos personnes au sein de eet abïme, au mi-
lieu de ces ténèbres, oü chacun de nous périra du moins sans voir les souf-
frances de ses compagnons. Fais et tu es d\'avance pardonné pour ce qui nous
arrivera. Durant ces nuits et ces jours derniers, ne sommes nous pas morts
déja de mille et mille morts? Et ne vaut-il pas mieux mourir tout a fait en
une foisT\'
Le capitaine répondit: „Sachez que les voyageurs et les commercants sont
exposés a des dangers terribles, plus terribles que ceux qui vous effraient en ce
moment. Et nous, membres de la confrérie des pilotes, nous sommes tenus a
des devoirs; nous avons fait serment de ne jamais laisser perdre un navire,
tant que le terme fatal n\'est pas venu pour lui. Nous pilotes, quand nous
montons a bord d\'un navire, nous y attacbons notre vie et notre destin: s\'il
se sauve, nous nous sauvons; s\'il périt, nous mourons avec lui. Prenez pa-
tience, confiez-vous a la volonté du souverain des vents et de la mer qui les
change tous deux comme il lui plaït.\'"
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o) Cod. s^-—. è) Cod. «yïjj. f) God. an*j.. \'\') Cod. L.
Voyant que Ie capitaine se refusait a leurs désirs, ils se mirent a sangloter,
a pousser des gémissements, ii se lamenter sur leur sort. En vain Ie capitaine
dit au crieur de transmettre ses ordres a 1\'équipage pour les manoeuvres que
nécessitait la situation du navire; Ie bruit de la mer, Ie tumulte des vagues
entre-choquées, Ie mugissement des vents dans les voiles et les cordages, et
aussi les lamentations des hommes, empêchèrent 1\'équipage d\'entendre. Et Ie
navire faillit périr par la négligence des hommes et par suite de sou état de
gréement, plutöt que par 1\'eöet de la mer ou du vent.
Il se trouvait dans Ie navire un musulman natif de Cadix, en Espagne, qui,
dans la presse des hommes, au moment de Tembarquement, s\'était glissé a
bord, durant la nuit du départ, sans que Ie capitaine l\'apergut. Il s\'était en-
suite tenu caché dans un coin retiré du navire, de peur d\'ètre injurié et mal-
traité s\'il se montrait. Mais lorsqu\'il vit la situation du batiment, lesdangers
qu\'on courait, et la conduite des hommes qui conspirait avec Ie bouleversement
des flots contre leur propre vie, il n\'hésita plus a sortir de sa cachette, ad-
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24
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o) Cod. ^JLo3(. 6) God. jJL.
vienne que pourra de sa propre personne. Il s\'avanca donc vers les gens du
navire et leur dit: ..Que se passe-t-il? Est-ce que Ie navire fait eau?" On lui
répondit: „Non — Le gouvernail s\'est-il cassé ? — Non. — Est-ce que lamer
vous envahit? — Non. — Qu\'y a-t-il donc? — Vraiment, répondirent-ils, tu
parles comme si tu n\'étais pas avec nous sur ce navire. Ne vois-tu pas l\'agi-
tation terrible de la mer, et ses vagues, et 1\'obscurité qui nous environne, ne
laissant apercevoir ni soleil ni lune ni étoiles pour guider notre marche? Voila
que nous sommes entrés sous Canope, livrés a la merci des vents et des flots.
Et le plus terrible encore, c\'est ce feu la-bas vers lequel nous courons et qui
déja remplit 1\'horizon. Nous aimerions mieux périr noyés que brülés, et nous
avons prié le capitaine de renverser le navire dans la mer, au milieu des ténèbres
qui nous cacheraient les uns aux autres, afin de mourir dans 1\'eau et non dans
le feu, sans ajouter a nos souffrances celle de voir bruler nos compagnons."
L\'homme reprit: ,Conduisez-moi au capitaine." Amené devant lui, il le
salua en langue indienne. Le capitaine surpris de voir eet inconnu lui rendit
son salut et lui demanda: „Qui donc es-tu? un des marchands ou des gens de
leur suite? Nous ne te reconnaissons pas comme une des personnes embar-
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a) Cod. t5-»^l. 6) Pro *^J Lo. Cf. Landberg, Proverbcs, I, p. 22.
quées avec nous. L\'homme répondit: „Je ne fais partie ni des marchands ni
de leur suite. — Qui donc t\'a fait embarquer, et quelle est ta marchandise ?
reprit Ie capitaine. — C\'est moi, dit-il, qui me suis glissé dans la foule, au
moment du départ, et je m\'étais réfugié dans un coin écarté du navire. —
Comment te nourrissais-tu 1 — Du plat de riz au beurre que Ie matelot du
navire plagait chaque jour dans mon voisinage pour les anges du bord, avec
une écope remplie d\'eau. Telle était ma nourriture. Quant a ma marchandise,.
c\'est une outre de dattes en pate."
Tout cela surprit fort Ie capitaine. Et les gens du navire, distraits par cette
aventure, firent trêve a leurs cris de terreur: 1\'équipage se mit a son devoir;
a la voix du crieur, les voiles et les agrès furent mis en état, Ie vaisseau se
trouva de nouveau gouverné. „Capitaine, dit l\'homme de Cadix, d\'oü venaient
les pleurs et les lamentations de tout ce monde? — Eh! répliqua Ie chef, ne
vois-tu pas ce qu\'il y a de terrible pour eux dans cette mer, ce vent, ces té-
nèbres, et plus encore dans ce feu qui remplit 1\'horizon et vers lequel nous
pousse la tempête? Pour moi, je navigue dans ces mers depuis mon enfance,
alors que je suivais mon père qui toute sa vie les a traversées; me voici lais-
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a) Cod. (ja»u.ïj.          />) Cod. |ysyi>j.          c) Cod. LaaaS\' L*yi Ij-^Oij.
sant déja derrière moi ma quatre-vingtième année, et jamais je n\'ai ouï dire
que quelqu\'un eftt vu ce que nous voyons ni mentionné rien de pareil. — Ras-
sure-toi, dit 1\'étrauger. Avec la grace de Dieu vous allez être sauvés. Ce que
vous apercevez est une ile bordée et entourée de montagnes sur lesquelles se
brisent les flots de 1\'Océan; et, durant la nuit, cela produit 1\'effet d\'un feu
prodigieux, qui eft\'raie 1\'ignorant. Au lever du soleil cette vision disparaït et
s\'en va en eau. Ce feu s\'apercoit du pays d\'Espagne; j\'y suis passé une fois
et voici la seconde/\'
Aux paroles de 1\'étranger, la joie se répandit dans Ie navire, les inquiétudes
se calmèrent, la frayeur s\'évanouit; on mangea, on but. Et voila que Ie vent
mollit et la mer devint calme; et ils approchèrent de 1\'ïle avec Ie lever du
soleil. Le ciel s\'étant éclairci, ils apercurent la terre et firent choix d\'un bon
mouillage. Le navire aborde, tout le monde veut débarquer, ils se jettent
sur le sable, se roulent passionnément sur cette terre bien-aimée, et pas une
aine ne reste sur le navire.
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frlr 0t l^JL, ^ ^f y »yf sjü» ^ j^, jr j* ^y lUs *öt
^ (Js aüwt, ^xd c...... *-a_U tf*]**A (^° oL* ^ j^j ^li
Tól» JyJM 3 Sijjü\' vi>il& 8\'OCk.fj AJ\'ffL^ *ib ^^JiXi^t ë**r~^\\ \\Sy" (*£*"*
«) Cod. j?jJLa^j.         i) Cod. ^\'jUXj. c) Excidisse videtur {^-**rt ^ vel ^^!» ^ vel talequid.
d) Cod. jOaJ\'I.           e) Cod. tantum j. ƒ) Cod. *jyü.
Pendant ces transports, tout a coup de 1\'intérieur de 1\'lle arrive une colnie
de femmes dont Dieu seul pourrait compter Ie nombre. Elles tombent sur les
hommes, mille femmes ou plus pour cliaque homme. Elles les entrainent vers
les montagnes et les forcent a devenir les instruments de leurs plaisirs. C\'est
entre elles une hitte sans cesse renouvelée, et 1\'homme appartient a la plus
forte. Les hommes mouraient d\'épuisement 1\'un apres 1\'autre; et chaque fois
qu\'il en mourait un, elles tombaient encore sur lui sans s\'inquiéter de 1\'odeur
empestée du cadavre. Un seul survécut, ee fut 1\'Espagnol, qu\'une femme seule
avait emporté. Elle Ie visitait la nuit, et ii 1\'aube Ie cachait dans Ie voi-
sinage de la mer, et lui portait h manger. Enfin Ie vent tourna et commenca
a souffler dans la direction du pays de linde d\'oü Ie navire était parti.
L\'homme prit Ie canot appelé felou et Ie munit pendant la nuit d\'eau et de
provisions. La femme, voyant son dessein, Ie conduisit en un endroit ou, ayant
écarté la terre, elle mit h découvert une mine de poudre d\'or. Elle et lui en
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chargèrent Ie canot, autant qu\'il en put recevoir. Puis ils s\'embarquèrent
tous deux, et après dix jours de navigation parvinrent au port d\'oü venait Ie
navire. La, il fit récit de sou aventure.
La femme demeura avec 1\'espagnol, apprit sa langue, se fit musulmane et
lui donna plusieurs enfants. Questionnée sur cette ile et ces femmes qui y
vivaient hors de la société des hommes, elle paria ainsi: „Nous venons d\'un
pays plein de grandes villes qui entourent 1\'ïle et dont les plus rapprochées
en sont a trois jours et trois nuits de navigation. Les habitants de ce pays,
tant rois que sujets, adorent tous ce feu qui, la nuit, brille dans 1\'ile. Ils
nomment 1\'ile Maison du Soleil, parce que eet astre se léve h son extrémité
oriëntale et se couche a son cóté occidental; et suivant leur croyance, il passé
la nuit dans cette ile. Le matin, ii 1\'aurore, Ie feu nocturne s\'éteint, s\'éva-
nouit, et aussitöt le soleil se leve: Le voila! le voila! disent-ils, et ils rado-
rent, se prosternent de tous cötés et lui adressent leurs prières. lis agissent
de même quand le soleil se couche et que le feu parait.
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GS
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t& CXJiJU^JI ^^a.1 a\\JJ <s),Uï |*Ai*iï j~tr«^f /JJ^»\' ^J^ jt^uif *>j^
o) Deest. &) Cod. JL>.
„Il faut savoir que, par la volonté de Dieu, les femmes dans ce pays ac-
couchent la première fois d\'un garcon, la seconde fois de deux tilles, et con-
tinuent de même en alternant, Ie reste de leur vie. Il arriva donc que dans
nos pays les hommes furent rares, et les femmes devenues plus nombreuses
voulurent les dominer. Alors les hommes équipèrent des navires, y embarquè-
rent des milliers de femmes et les allèrent jeter sur cette ile, disant a leur
Dieu, Ie Soleil: „C\'est ïi toi qu\'appartient de droit ce que tu as créé; pour
nous, nous n\'avons plus sur elles aucun pouvoir."
„Les femmes furent ainsi laissées dans 1\'ile, oii elles meurent les unes après
les autres. Aucun homme n\'était passé parmi nous avant votre arrivée. Ja-
mais on n\'y avait abordé. Car notre ile est située dans la vaste mer, sous
Canope; et nul vo\\\'ageur ne peut s\'y rendre et repartir; nul n\'ose abandonner
Ie rivage et la terre ferme, de peur d\'être englouti par 1\'océan. Ainsi Ta
voulu Ie Tout-Puissant. Béni soit Dieu, Ie meilleur des créateurs."
XV. Le capitaine Abou\'z-Zahr el-Barkhati, m\'a fait Ie récit suivant qu\'il
tenait de son oncle maternel nommé Ibn-Enchartou. Lepere de eet oncle disait:
f. 15v.
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Uu-AVÜb »S[fSti^ OJ^UJf q* LjuJ\' ^l-V&fj P^!s fT****^ Jc***jJfj j***J($ U)
<») Cod. «JL>.         i) Cotl. hoc loco et interdum .v«»^ï. c) Cod. (j^JLsu^o. <Z) Cod. v_»jt \'Js
pL> -^J JL,= Jwc oiJi. f) Cod. 1^**^; fortasse leg. ^.«g».;. /) Cod. Lil\'. ;/) Cod. qj^Ujwo.
„Je partis sur uu grand navire a moi, nous dirigeant vers 1 \'ile de Fansour.
Le vent nous poussa vers une baie oii nous demeurames trente-trois jours dans
un calme plat, saus un soufflé de vent, tranquilles sur la face de la nier; et
nos sondes ne trouvaient pas de fond a mille brasses de profondeur. Mais un
courant nous entrainait saus que nous nous en doutions, juscpi\'au moment oü
il nous amena parmi des iles. Nous gouvernantes sur une de ces iles. Le
long du rivage des femmes nageaient, plongeaient, jouaient. Nous leur fai-
sons des signes d\'amitié, en nous dirigeant vers elles. Mais a notre approche
elles se sauvent dans 1\'ile. Bientöt vinrent a uous des insulaires, hommes et
femmes, qui paraissaient fort intelligents, mais dont la langue nons était in-
eonuue. Nous nous exprimons par signes et ils nous répondent de même.
Nous les comprenons et ils nous coinprennent: „Avez-vous des aliments a
nous vendre? — Oui." Et ils nous apportent en abondance du riz, des poules,
des brebis, du miei, du beurre, des fruits et autres comestibles. Nous les
payons avec du fer, du cuivre, du coheul, des verroteries, des vêtements. Nous
leur fimes encore signe: „Avez-vous quelque objet de commerce? — Nous
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£»l*u ^tXief li^fj vU)!3 iaiLjfj j^ J^Utffj ^l^iJfj Ooüo^ p&A
vjus^if fj^aa.f y^,Lyo ^ Uüb /SxsjJf "5JI Ij«^ac U yiüs f*^ Lê^^j
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^k jjf^ »js^ J^I yiSj fpCa.LaxS IlX£ L ^ UlSs yliï ^ slfcS^LJf ,
l* iX^U ILa j£ ^5-a^U «**& U\'lof^ Xj0jÏ vós.3> Lls^ dSs.JÓ ^c LxAAóéls
w                                                                                                                                                                                                    »,                                                         CS
10 v^.i\'—f L^ui*i .yw*^!^ *JL*« y 0 N ?t j_£ L*j UjpLs». I__**« U.j.^wf Ub^
n) Cod. xtW«<j. J) Cod. L^Uns. c) Cod. ^ttj.
n\'avons que des esclaves. — Fort bien. Amenez-les." Et ils nous présentè-
rent les plus beaux esclaves que nous eussions vus de notre vie, et les plus
gais; ils chantaient, jouaient, folatraient, plaisantaient entre eux. Leur corps
était dodu, et doux au toucher comme de la crème; si légers, si vifs qu\'ils
semblaient ïi chaque instant tont prêts a s\'envoler. Seulement leur tête était
petite, et sous leurs flancs on voyait des espèces d\'ailes ou de nageoires comme
en a la tortue. „Qu\'est-ce la 1 dimes-nous aux insulaires. — Ne vous en in-
quiétez pas, répliquèrent-ils en riant. Les gens de 1\'ïle sont tous ainsi faits.\'\'
Et ils montraient Ie ciel, pour dire: „C\'est Dieu qui nous a créés avec cette
conformation." Sans nous en préoccuper davantage, nous dimes: „Bonne af-
faire!" Et jugeant que ces esclaves étaient de bonne prise, nous en achetames
chacun suivant nos facultés. Le navire fut vide de marchandises et rempli
d\'esclaves et de provisions. A peine en avions-nous acheté quelques-uns qu\'ils
nous en amenaient d\'autres plus beaux encore; si bien que le batiment se
trouva plein de créatures telles que les yeux n\'ont jamais admiré rien de plus
beau ni de plus gracieux. Et si l\'affaire était venue a bien, il y avait la de
quoi nous enrichir, nous et nos arrière-neveux.
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1*4%,) ^U^ _^£ ai*\' *LJ ^LXi ^LfVj\' ^a*j sOo^ a ^j 8^«If j Uill
3 ^M_»^t v-üjft^ (Jj^^ ol^j w^yit JjL© j^ (^**iJi p2^\' J^ 5
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lixJó Uj^Lï fjXikLaxj^ fjJÜL)^ [j-^rJ ***♦?> / i*ïJt *lös ij^*^ (J^jJ
s^LsJ Ui *iLïo LLo J0J3 }S UUï&l^ plXJf ^ ^JUa! f«x3> Ulsj p^gix io
«) Cod. qv^.         ?;) Exeidit verbum aut. delenda est copula seq. c) Cod. Lj-Sj.
Le temps du départ arriva, Ie vent souffla des iles vers notre pays. Les
insulaires nous accompagneren t et nous dirent: .,Vous nous reviendrez plus
tard, s\'il platt ;i Dieu!" C\'était bien notre désir. Et notre eapitaine aussi dé-
sirait revenir, mais seul avec son navire, libre de raarchands. Et il passa la
nuit avec ses hommes ;i étudier les étoiles, a reconnaitre la place des constel-
lations, a s\'orienter pour h\'xer dans sa mémoire le chemin de Palier et du
retour.
Nous étions tous ravis, pénétrés de la plus vive joie. On mit a la voile au
point du jour, on s\'éloigna de 1\'ile par un vent favorable. Quand Tile eüt
dispara a nos yeux, voila que plnsieurs de nos esclaves commencèrent a se
lamenter, et leurs lamentations nous ennuyaient. Mais d\'autres esclaves allant
a eux: „Pourquoi gémir, dirent-ils. Allons! amusons-nous, dansons, chan-
tons." Et toute la troupe se mit a danser, ii chanter en riant. Cela nous
fit plaisir. „Voila, dimes-nous, qui vaut mieux que des gémissements." Puis,
sans songer ii eux davantage, nous nous occupames chacun de nos affaires.
Proritant de notre inattention, les esclaves choisirent le moment propice, et
d\'nn bond s\'élancerent par dessus bord comme un vol de sauterelles. Et le
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^Jiy d/pÜ JA* j^\\ S ^ [fA±3> iJL" ^ ^Lo! Of *
L*U* ^j^&xLoaJj ^jüfixajj ^>-J-«J f*»***"» ^fÓ g^f* J^** *T**jW
cXJLgJf j>Hj Uii.j> „.I j,f lip^ L^^3 U^jy^i ^uJt j, 1 g »»qi r/^3
lO^jfp. J,f pjJë* f*JLif LJ JlftS ^ ^jt £f JO^Jt 3 ^3 \\jjJU0 joj
• a) Cod. hic et alibi .övaL. fc) Cod. -*ii\'.
navire, poussé par une forte brise courait avec la rapidité de 1\'éclair sur des
flots pareils a des montagnes; les fuyards étaient dans la mer, éloignés de nous
d\'une parasange, avant que nous nous f ussions rendu compte de leur escapade;
et nous les entendions \'qui riaient, ehantaient, battaient des inains. Nous
comprimes qu\'ils se sentaient fort en état de lutter contre la houle de la mer,
et ne pouvant retourner en arrière nous perdïmes tout espoir de les reprendre.
„De toute la cargaison il ne resta qu\'une jeune esclave appartenant a mon
père, alors enfermée dans une grande cabine. Mon père descendant a la ca-
bine trouva la jeune fille qui chei chait a se frayer une issue pour se jeter a
la mer. Il la saisit et 1\'attacha.
„Le voyage achevé, de retour dans 1\'Inde, nous vendimes les approvision-
nements qui nous étaient restés; et après Ie partage, chacun se trouva reduit
au dixième de son capital. Le bruit de nos aventures nous amena un homme
tres agé originaire de ces iles. Il avait été pris jeune, et était depuis demeuré
daus 1\'Inde. Ce vieillard novis dit: „Les iles oü le hasard vous a jetés se
nomment les iles du Poisson. (Test mon pa3rs. Chez nous les hommes se sont
jadis accouplés avec les femelles des animaux marins, et les femmes se sont
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/ \'di±. i^V^ ,-^JuLXJ j.=*uJy mJ_J-S^ l!)!/^*^ Liit^w*J OJtSTJxwsfj j^*Jf
^U3j ioyLiJJ iU*X«i^o a ü-jjyLi^l «♦X^US t^S^l^ f^l£> jjj ^^jüL***
• b^ sJvJlo *Lw jJ*tS- JUiUi sAa£ 0-wolslj \'\' *£«*}L« Ut * ^^f »Jüm
11*3 LijJtj ^^3 cy^i Li^ UJ3 C iCfOs^ Uj }odé »UJf ^ U ^*> ^
^.aJf lg!b oj^j^s UaU !i-*^$ \'M/A y **^ "***^ er» L^LaSJ^Ï
«) Exciflisso viilctur ^JLu ^vwLaï.         />) Cod. :Ju«jUj.        r) Decst. (7) Cod. Lt;.
livrées aux miiles. De ces unions naquirent des êtres participant de la nature
de leur père et de leur mère. Ces êtres se sont croisés entre eux. Il y a long-
temps que les choses sont ainsi; et nous sommes devenus capables de séjour-
ner longuement tant sur terre que dans la mer, tenant de 1\'homme et du
poisson."
„Pour revenir a Tesclave de mon père, il en ent six enfants, et je suis Ie
sixième. Il la garda dix-huit ans, toujours attachée; car Ie vieillard des iles,
qui en avait expliqué les mystères, lui avait dit: „Si tu la mets en liberté,
elle se jettera a la mer et sera perdue pour toi. L\'eau a pour nous un attiait
invincible." Notre père obéissait donc au conseil du vieillard. Quand nous
fümes grands, notre père étant mort, comme nous Ie blamions inconsidéré-
ment de tenir notre mère attachée, notre premier soin fut de la délivrer de
ses liens, par commisération, par respect, par piété filiale. Elle s\'élanca au
dehors comme une jument qui tient la tête dans une course, et nous courümes
après elle sans réussir a la rejoindre. Quelqu\'un qui la croisa dans sa fuite
1\'. 18r.
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35
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o) Deest. b) Cod. (J^. 0 Cod. L^JUjU-I.
lui dit: „Tu t\'en vas, abandonnant tes Hls et tes Alles?*\' Elle répondit:
„EnchartoiF c\'est a dire „que piüs-je faire pour eux?" Et elle se jeta dans la
mer, comme Ie plus vigoureux des poissons. „Gloire au Créateur, qui produit
et faconne! Gloire a Dien, Ie parfait créateur!"
XVI. En fait de poissons, Abou-Mohammed al-Hacan, tils d\'Amr, raconte:
„J\'ai vu une cöte de poisson que nous avait apportée un patron de navire.
On en avait coupé un morceau de ciuq aunes environ, et on 1\'avait jeté en
guise de pont sur un ruisseau, a la poi\'te d\'un jardin que nous avions a Djézira.
Le reste était long de vingt aunes."
Il y a dans la mer une espèce de poisson auquel les autres ne peuvent résister.
Il a une trompe faite comme une scie dentelée des deux cötés. Lorsquïl en frappe
un poisson, il le coupe en deux. Dans les parages qu\'ilfrequente, les riverains
s\'emparent des trompes de ceux qu\'ils rencontrent morts ou qu\'ils ont capturés,
et ils s\'en font, pour leurs combats, des armes plus terribles que les sabres.
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«) Cotl. ^yil\'. &) Cod. s. p.           c) Cod. *_jjus.
XVII.   Un mariu, homme d\'expérience, m\'a dit qu\'il avait entendu raconter
ce fait par un notable capitaine de navire. Eu partant de Siraf, il emmenait,
dans un bateau traïné ii la remorque, un homme qui durant la traversée cher-
cba querelle ;i un des geus du navire, 1\'injuria et dépassa les bornes de la
bienséance. Celui-ci ne répliqua rien, parce que 1\'agresseur était étranger
sans personne pour Ie défendre et Ie soutenir, et qu\'on 1\'avait eminené par
grace et sur de vives instances. Or, trois heures a peine après 1\'altercation,
un (poisson de 1\'espèce appelée) kariada s\'élanca du sein de la mer, fendit avec
la tête Ie ventre de 1\'homme assis dans Ie bateau remorque, sortit du eöté
opposé et ressauta dans 1\'eau. On ensevelit 1\'homme et 011 jeta son corps a
la mer.
XVIII.   J\'ai aussi ouï conter sur les tortues des choses bien curieuses et que
1\'esprit a de la peine a croire. Voici ce que je tiens d\'Abou Mohammed al-Hacan,
fils d\'Amr. Il avait entendu un respectable marin raconter qu\'un navire parti de
1\'Inde pour je ne sais quel pays, dévia de sa route, par la force de la brise, malgré
les efl\'orts du capitaine, et éprouva quelque avarie. On atteignit un petit ilot entiè-
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a) Deest. b) Cod. v-jUj. c) Cod. s. p. rf) Deest. e) Cod. Oólft
rement dépourvu d\'eau et de bois, mais oü la nécessité les contraignit de s\'ar-
rêter. On y débarqua Ie chargement du navire et 011 y demeura Ie temps
nécessaire pour réparer 1\'avarie. Puis le< ballots furent reportés a bord pour
se remettre en route. Sur ces entrefaites arriva la fête du Neurouz (nouvel an),
et, pour la célébrer, les passagers portèrent sur 1\'ilot ce qu\'ils purent trouver
dans Ie navire de menu bois, de feuilles de palmier, de chiffons, et ils y mi-
rent Ie feu. Soudain 1\'ilot s\'agita, trembla sous leurs pieds. N\'étant pas
éloignés de 1\'eau, ils s\'y jetèrent et s\'accrochèrent aux embarcations. A 1\'instant
1\'ilot s\'enfonca dans les flots, produisant un tel remous qu\'ils faillirent tous se
noyer et ne se sauvèrent qu\'a grand peine, en proie a la plus vive frayeur.
Or, 1\'ilot n\'était qu\'une tortue endormie ii fleur d\'eau; réveillée par la brü-
lure du feu, elle s\'était enfuie.
Je demandai a mon narrateur comment cela se faisait. „La tortue, me dit-il,
a chaque année une période de jours oü elle remonte a la surface de Peau pour
se délasser de son long séjour dans les cavernes des montagnes sous-marines;
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a) Cod. oUwiit. 6) Deost. e) Cod. s. p. (Z) Cod. aÈis. e) Cod. s^yïsl ƒ) Cod.yJ^j.
car dans ces profondeurs croissent des arbres effrayants, des plantes prodigieu-
ses, l)ien plus extraordinaire* que nos arbres et nos plantes terrestres. Elle
vient donc ït fleur d\'eau, et y passé des journées, privée de sentiment, comme
un homme ivve. Lorsqu\'elle a repris connaissance et qu\'elle est lasse de rester
lïi. elle plonge. Quand Ie male s\'imit a la femelle, cette union se fait souvent
ïi la surface de la mer."
XIX. Un respectable marin racontait a Abou-Mohammed al-Ha<jan fils d\'Amf,
qui me 1\'a rapporté, que, naviguant dans les gubbs (de Sérendib), il avait été
l\'höte d\'un roi de ces régions. On leur servit a manger. Et parmi ce qu\'on leur
offrit, était un plat contenant divers morceaux de viande cuite, avec des tê-
tes, des mains, des pieds tout a fait pareils a des têtes, des mains et des pieds
de jeunes garcons. „Cela dit-il, me souleva Ie coeur, et je cessai de manger,
quoique j\'eusse montré jusque-la fort bon appétit. Le roi s\'en apercut, mais
ne dit mot. Le lendemain, quand j\'allai lui faire visite, il donna un ordre a
ses gens, qui apportèrent un poisson; et si je n\'avais pas vu a eet animal tous
les mouvements et les écailles d\'un poisson, j\'aurais été persuadé qu\'il était fils
f. 20
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a) Cod. q,. 6) Cod. £0. c) Doest. d) Cod. ^yuil e) Cod. üU~o*5. ƒ) Cod. j^.
;/) Doost.
d\'Adam. „Voila, me dit Ie roi, ce dont hier tu avais répugnance de manger;
c\'est Ie meilleur de nos poissons, Ie plus agréable au gout. Ie plus facile ii digé-
rer, Ie inoins capable de faire mal." Depuis, je ne fis point dimt ulté d\'eu manger."
XX. Quelqu\'un qui avait voyagé dans Ie Zéïla et Ie pays des Abyssins, m\'a
dit qu\'on trouve dans la mer de Habach un poisson qui a foute la figure des
fils d\'Adam, Ie corps, les mains, les pieds. Les pêcheurs qui s\'en vont au loin,
les malheureux qui passent leur vie dans les régions inexplorées, sur des riva-
ges déserts, parmi les ïles et les montagnes oii ils ne rencontrent jamais ame
vivante, découvrent parfois cette espèce de poisson a face humaine. Ils s\'ac-
couplent aux femelles. Et de la naissent des êtres ressemblant a l\'honime,
qui vivent dans 1\'eau et dans 1\'air. Peut-être ces poissons a figure humaine
proviennent-ils originellement de 1\'union de l\'homme avec quelque espèce de
poisson, union qui aurait produit ces êtres ressemblant ii l\'homme; après quoi
des accouplements semblables ont continue dans Ie cours des siècles. C\'est ainsi
que 1\'homme, en s\'unissant il la panthère, a 1\'hyène et autres animaux terres-
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L* 3I * *1^«
o) Cod. tf. b) Cod. Dl(j. c) Cod. s. p. d) Cod. j^liaJUt. f) Cod. Ut,.
tres, a donné naissance au singe, au nesnas et autres êtres qui lui ressemblent.
C\'est ainsi que 1\'union des porcs et des buffles a produit 1\'éléphant, celle des
chiens et des chèvres Ie sanglier, celle de 1\'ane et de la jument Ie mulet.
Si nous voulions énumérer tous les produits de ces sortes d\'accouplements, il
y aurait de quoi étonner Ie lecteur, mais cela nous écarterait de notre sujet
spécial, les merveilles de 1\'Inde.
XXI.   Le poisson nommé zhaloum a , dit-on, la figure d\'un homme, des or-
ganes sexuels pareils aux nótres, tant males que femelles. On le pêche. Sa
peau, plus épaisse que la peau de 1\'éléphant, se tanne et s\'emploie pour faire
des chaussures.
XXII.   On assure que tout oiseau qui vole dans 1\'air, iï la surface de la
terre, a son pareil dans la mer, parmi les poissons. Pour moi, j\'ai vu dans
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21v.
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q^^*aï.         </) Cod. a«>.
Ie golfe d\'Ayla, en Syrië, un petit poisson qui a les couleurs du pivert, qui
voltige sans cesse dans 1\'eau et hors de 1\'eau.
XXTII. Parmi les choses extraordinaires de la mer de Pars (Perse), quelquefois
la nuit, quand les vagues sont agitées et s\'entrechoquent, on voit les flots
étinceler, et Ie navigateur jurevait qu\'il s\'avance sur une mer de feu.
XXIV. Il y a aussi, dit-on, dans la mer, des serpents monstrueus, énormes
nommés tannin. Au milieu de 1\'hiver, quand les images rasent la surface de 1\'eau, ce
tannin, gêne par la chaleur de la mer, sort des flots, et entre dans la nue;
ear 1\'eau de la mer en cette saison est chaude comme dans une chaudière. Saisi
par Ie froid du image, il y reste emprisonné; et les vents venant a souffler a
la surface de 1\'eau, Ie nuage monte et entraïne Ie tannin. Ce nuage s\'épais-
sissant voyage d\'un point de 1\'horizon a 1\'autre; mais quand il a repandu toute
1\'eau qu\'il contenait et qu\'il n\'est plus qu\'une vapeur légere comme les atomes
de poussière que Ie vent éparpille et disperse, alors Ie tannin, que rien ne sou-
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«) Cod. J^Lsr.. 6) Cod. h. I. s. ]).
tient plus. tombe tantöt sur terre ot tantöt dans la nier. Lorsque Dieu veut mal
a un peuple, il fait tombei\' le tannin .sur son territoire. Le monstre dévore leurs
chameaux, leurs ehevaux, leurs vaches, leurs brebis; il y demeurejusqu\'ace qu\'il
ne trouve plus rien a manger et qu\'il périsse, ou que Dieu les en débarrasse.
Des marins, des voyageurs, des marchands, des capitaines m\'ont racouté qu\'ils
1\'avaient vu plus d\'une fois, passant sur leurs têtes, noir, allongé dans les nuages,
descendant dans les couches inférieures, quand les nuées se relacbaient, et parfois
alors laissant pendre dans 1\'air le bout de sa queue; niais des qu\'il sentait la fraï-
cheur, il se repliait dans la nue et disparaissait aux regards. Béni soit Dieu, le
plus parfait des créateurs!
XXV. Abou\'z-Zahr al-Bai\'khati, m\'a appris diverses particularités touchant les
serpents de linde. Un médecin indien, habitant de Sérendib, lui avait dit qu\'il
existe dans 1\'Inde trois mille et cent vingt espèces de serpents. La pire espèce
est sur la terre de Taka. Lorsque le vent soufflé de ces parages, il tue tout ce
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vi^aftif fjlé ^ul! fJ.J/^ v£f l^^ \' g^0^ 1>*C>3 [gj^Uï ^LL^ "^lï
tSï................LuU3 [*^aJI (^^ê^"\' J^*-w ^-XiJf
a) Cod. v_;L*uJ[j i) Coil. üUA^j. r) Cod. s. p. (7) Fortasse leg. L»l»l "ii. e) Cod. fore
ubique ^wuyjüt, sod h. I. s. p. ƒ) Cod. .«^sJUI.
qu\'il atteint, oiseaux, quadrupèdes, reptiles, k trois parasanges a la ronde. Aussi
cette terre u\'est-elle habitée qu\'une partie de 1\'année. Tant que les vents sounient
cle la mer, les gens y demeurent. Dès qu\'il commenceasouftier de terre, du ean-
ton des serpents, ils se sauveut en toute bate sur leurs embarcationset s\'en vont
parmi les ïles de la mer. Quand ces vents ont cessé, ils se rassemblent, revien-
nent, débarquent, labourent la terre, enseinencent, ou bien ils exploitent les mines,
car la terre de Taka est riche en mines d\'or et d\'argent, et de plus, ehaque année,
des torrents coulant de 1\'intérieur du désert oriental leur apportant des aromates ...
XXVI. (Le capitaine Allama raconte, qu\'ayant été assailli par une tempète,
il s\'était vu obligé de couper le mat, et de jeter toute la cargaison a la mer, de
sorte qu\'il ne resta a bord) que 1\'équipage. Les vents 1\'ayant jeté dans une baie
d\'une ïle du pays d\'al-Bakham, il descendit a terre avec ses gens et s\'avanca dans
un fourré marécageux oü gisaient des troncs d\'arbre séculaires renversés, entassés
les uns sur les autres. Il röda de cöté et d\'autre, cherchant de quoi faire un mat
pour son navire. Sou choix toinba sur un tronc magnirique, parfaitement droit et
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n) Cod. .xïJu. ft) Deest.
lisse, d\'une belle grosseur; d\'autres arbres étaient jetés dessus pêle-mêle, comme
si sa ehute remontait a bien des années. L\'ayaut mesure, on Ie trouva plus long
qu\'il n\'était nécessaire. On prit une scie pour en couper une longueur de ein-
quante coudées, suivant Ie besoin du moment. Mais a peine la scie commen^ait son
oeuvre et entamait Ie tronc, que celui-ci remua et se mit a ramper. C\'était un
serpent. Les marins se hatèrent de courir ati rivage, de se jeter a 1\'eau et de re-
gagner Ie navire, ce qu\'ils purent faire sans autre accident.
XXVII. Je tiens de Mohammed fils de Babichad que ce même Allama lui avait
conté que faisant une traversée de 1\'Inde a la Chine et passant par une de ces
mers, 1\'heure de la première prière étant venue , il descendit au cabinet pour faire
ses ablutions. Mais ayant jeté les yeux sur la mer, il se releva soudain, saisi de
terreur, et remonta sans plus songer aux ablutions. „Hommes, commanda-t-il,
alerte! détachez les voiles!" On obéit. „Jetez a la mer, continua-t-il, toutce qui
est sur Ie navire". Il descendit proche de 1\'eau, puis remonta, et de la voix d\'un
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«) Cod,yPj.
hom me plein d\'efiroi: „Marchands, dit-il, qu\'aimez-vous mieux, vos biens que vous
avez mille moyens de remplacer, ou votre viedont riennepeut réparer laperte?"
„Ehquoi! direnl les marchands. Qu\'arrive-t-il pour que tu nous tiennes un pareil
discours ? Le vent est doux, la mer est cal me, et nous voguons en paix sous la
protection du souverain des mondes. - - Marchands, répliqua-t-il. soyez tous té-
moins les uns contre les autres, et que les hommes de 1\'équipage soient mes témoins
contre vous: je vous ai donné conseil avant 1\'heure fatale, et vous nem\'avez pas
écouté. Pour moi, je vous abandonne a la grace de Dieu".
En même temps il ordonna au patron de la chaloupe de la lui amener. Il y
descendit, fit descendre avec lui des hommes, de 1\'eau et des provisions, et s\'éloigna.
Les marchands le voyant partir, lui crièrent: „Reviens, nous ferons tont ce que tu
eommanderas." Il répondit: „J\'en jure par Dieu, je ne reviendrai pas que vous n\'ayez
jeté par-dessus bord, de votre plein gré, de vos propres mains, tout ce que vous avez".
Les marchands n\'hésitèrent plus; tout fut jeté a la mer, objeta de prixetcho-
ses de peu de valeur. Il ne restii a bord que les hommes, 1\'eau et les provisions
de bouche. Et lui, revenant et remontant sur le navire, leur dit: „Ah! si vous
saviez ce qui nous attend cette nuit!... Croyez-moi, purifiezvosames,priez,re-
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cU*Jf i-jf^jf *jL>u-^ aMI ^jcs JcJIf ^li" L»is IjJjtas Jüi ji«Jf s^lLwtj
ujl^uJf J,f j.^^jJf jrl^\' woèjj ü^Ij frL**Jf ^jj l* o^o sfv^w ajj
J^e iLcj ^_a^. n^J^ r^«*j\' u*^ U^" ^1^5 y^5 iS& 1^ **^ L* •\'
tujixji o*Jy£ £.* vjyc Ui\' viSLfó «Ulf wa.^6^ oKxg» .Ls\\jJ[j w*jl£»*s
a) Cocl. U-c.         />) Cod. v_aI3j.         c) Dcost.         rZ) Cod. s. p.
pentez-vous des fa ut es passées, implorez Ie pardon du Seigneur". Et chacun tit
comme il disait. Et quand la nuit fnt venue, voilïi que Dien, ouvrant les portes
du ciel, livra passage a un vent noir qui remplit tont 1\'intervalle du ciel a la terre,
soulevant les Hots de la nier jusqu\'aux nues et les laissant retomber sur la terre.
La tempête enleva bien des navires en pleine mer et Ie long des cótes; peu échap-
pèrent au naufrage.
Quant a ce navire, qui, par une inspiration de Dieu, s\'était allégé en rejetant
toute sa cargaison, soulevé par la mer bouillonnante, il montait a la pointe des
vagues et restait a flot. Les passagers récitaient des versets du Coran, priaient,
invoquaient Dieu. Durant trois jours et trois nuits, nul ne put boire ni manger.
Le quatrième jour, Dieu fit signe aux vents et a la mer: les vents s\'apaisèrent,
la mer se calma. Il dissipa la tempête, ainsi que nous savons que sa puissance
sait le faire. Les matelots mirent la chaloupe a la mer; munie de rameurs, elle
marcha en avant, remorquant le navire unjour et une nuit. Ils atteignirent ainsi
une ile, oü les fiots avaient charrié les débris de navire, les agrès, les ballots en-
„M
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y^ idLJf ^LóJ!
CXr*^^ y-*^3 cX^\'-*-^ f^^5 ft^"3 ^ !^/~t r^ "(•$***!>•* o**j
5 tX#J£j iUslüJfj Lskki\\ lj-^3 ij&S- pj<±-ü ^J-vaJf q fUM U*S fjiX^S f
o) Cod. ^aï\'yj. 6) Cod. ou-»aJt. c) Cod. J^ü. </) Cod. ins. ^\'.
traïnés de tous pays par la tempête. Ayant jeté 1\'anere en ce lieu, ils y trouvè-
rent même tout ce qu\'avait perdu leur propre vaisseau. Tout cela fut recueilli et
remis en place. Et parmi les marchandises que 1\'eau n\'avait point avariées, ils
choisirent et ernportèrent ce qui leur plut. Enfin, après avoir donné la sépulture
aux cadavres des noyés, Ie vent soufflant favorable au départ, ils firent de 1\'eau
et se remirent en route pour leur pays, oii ils parvinrent sains et saufs après un
voyage sans accidents. Les marchandises recueillies décuplèrent leurs capitaux, et
ce voyage leur procura richesse et bonheur. Gloire a Dien, maïtre des mondes!
XXVIH. Un vieux marin m\'a rapporté que les habitants d\'une grande bour-
gade du Sanf furent contraints d\'émigrer a cause d\'un serpent qui était dans
leur voisinage, qui dévorait leur bétail et les gens eux-mêmes. A bout de
resources contre ce fléau, ils abandonnèrent la ville, et, depuis, personne n\'y
est retourné.
XXIX. D\'après un récit que m\'a fait Abou Mohammed al-Ha<jan, fils
d\'Amr, un capitaine de navire, poussé par un coup de vent très-vif fut heureux
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*Li>tXS 2U _H ^ J,f bsds vj^sf oJsj^Ij f^/^ ^^ OOJ^iU <~ 6jA S
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1—A.& U^* ^Sk. 1-5**^* V^>.S^ ^(^ juü Ó^OAJ „.f JOU V^J^f iP** 3
a) Deest.
d\'apercevoir une crique ou il se réfugia. Il y passalejour etlanuit. Danslama-
tinée du lendemain, voici qu\'en face d\'eux, sur un des cötés de la crique, s\'avance
un serpent gigantesque, effrayant, d\'une grandeur qui échappe \\\\ toute compa-
raison. Le monstre descend dans 1\'eau , franchit la crique, monte la rive opposée
et disparaït avec la rapidité de 1\'éclair. Un peu avant la nuit, 1\'animal revint
et traversa lentement la crique. Pendant ciuq jours consécutifs, les voyageurs
virent le menie spectacle se renouveler, la béte passant le matin et retoumaut
dans 1\'après-midi. Le sixième jour, le capitaine dit a ses hommes: „Descendez
a terre et voyez oii va ce serpent". Une partie de 1\'équipage débarqua donc,
quand le serpent fut revenu, et s\'avanca d\'un mille environ dans le pays. Tls
arrivèrent ainsi dans un fourré humide et marécageux, et voici que le fourré
était jonché de defenses d\'éléphants grandes et petites. On se hata d\'en porter
la nouvelle au capitaine. Le lendemain celui-ci alla avec eux voir la chose, puis
il revint. Après quoi, les gens du navire ne cessèrent de transporter de 1\'ivoire
du marécage au vaisseau, profitant de 1\'intervalle entre le retour du serpent et
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49
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ff) Cod. ij,X&.           b) Cod. s. p.
son départ du lendemain. Ils en recueillivent ainsi des quantités énormes. lis
faisaient de la place dans Ie navire en jetant a 1\'eau les objets cle moindre va-
leur et d\'une vente moins assurée. Ils ne quitèrent la crique qu\'au bout de
vingt jours. Ce serpent, parait-il, dévorait les éléphants et laissait la leurs
défenses.
J\'interrogeais un jour Ie capitaine Ismallawéih sur eette histoire qu\'on m\'avait
racontée. C\'était en 1\'année :>39. „J\'en ai entendu parier, me dit-il. Elle est
parfaitement authentique. Il y a aussi dans la mer diverses sortes cle serpents,
rnais dans 1\'eau ils ne font pas grand mal. Le.s plus redoutables sont ceux qui
habitent les montagnes, les plaines désertes, les régions arides, loin de 1\'eau.
Dans les montagnes d\'Oman, il y en a qui tuent instantanément. Dans Ie pays
situé entre Sohar, qui est la eapitale de 1\'Oman, et les montagnes des Yahmad
se trouve un endroit oü personne ne passé; on Ie nomme Vatton den Serpent*.
Il y a lit, dit-on, des serpents, longs d\'un empan ou moins encore, qui se re-
plient, joignant la tête et la queue, et d\'un bond s\'élaneent sur les cavaliers;
leur piqüre tue a 1\'instant; leur baleine aveugle et donne aussi la mort. Lors-
qu\'un voyageur se hasarde par \\h, ils sautent sur lui de tous cötés et ne Ie
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50
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«) Cod. (•jjïijJJ.         &) Coil. .Ijbo.         e) Cod. y**^\'».
manquent pas, tout Ie long du chemin. C\'est pourquoi la traversée de cette
région a été abandonnée.
XXX.    Un horame de Mansoura, qui avait passé par Marekin (?), ville située
a. des centaines de parasanges des cötes du pays d\'Alaou (?), et on réside Lah-
loua(l). roide 1\'Inde, m\'a dit que les montagnesy sont infestées de serpentsgris
ou tachetés: si un de ces serpents apereoit un homine avant que 1\'homme l\'aper-
coive, Ie serpent meurt; si l\'liomme apereoit Ie serpent avant d\'en être vu, c\'est
1\'homme qui meurt: et s\'ils s\'apercoivent simultanément, ils meurent tons deux.
C\'est Ie plus mauvais de tous les serpents.
XXXI.   Suivant ce que m\'a conté Mohammed fils de Babichad, il }r a dans
les parages du Ouaqouaq des scorpions qui volent comme des moineaux; lorsqu\'ils
piqiient un homme, sou corps se gontle, il tombe malade, sa peau s\'en va en
lambeaux, et il meurt.
XXXII.   Ismaïlawéih m\'a raconté, et plusieurs marins avec lui, qu\'il par-
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tit cl\'Oman sur son navire, pour aller a Kaubalouh, dans 1\'année 310. Une tempête
Ie poussa vers Sofala des Zindjs. „Voyant la cöte oh nous étions, dit Ie capi-
taine, et reconnaissant que nous étions tombes cliez les nègres mangeurs d\'hom-
nies, sürs de périr, nous faisons nos ablutions, et tournant nos coeurs vers Dieu,
nous récitons les uns pour les autres la prière de la mort. Les canots des nè
gres nous entonrent, on nous amèue au port, nous jetons 1\'ancre et descendons
a terre. Ils nous conduisent ii leur roi. C\'était un jeune homrae, beau et bien
fait pour im Zindj. Il nous demande qui nous sommes, oü nous allons. Nous
répondons que son pays est Ie but de notre voyage.
„Vous mentez, dit-il. Ce n\'est pas cbez nous mais h, Kanbalouh que vous
prétendiez aborder. Les vents seuls vous ont, malgré vous, poussés sur nos
rivages." Nous répondïmes: „C\'est vrai, et ce qxie nous en disions n\'était que
pour t\'être agréable." „Débarquez vos marchandises, dit-il, vendez et aehetez.
Vous n\'avez rien a craindre."
„Nous délions nos ballots, et commencons notre commeree, commerce excel-
lent pour nous, sans nulle entrave, sans droits a payer. Nous lui fimes quel-
ques presents auxquels il répondit par des dons d\'égale valeur ou plus riches
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dl Cml. sLoJs£>.
          //) C\'uil. .*ƒ..           r) Cotl. ci^*j>^>ij.
encore. Notre séjour fut de plusieurs mois. Le rnoment du départ étant ve-
nu, nous lui demandames la permission de partir, qu\'il nous accorda aussitót.
On chargea les raarchandises achetées, on termina les affaires. Tout étunt
réglé, le roi instruit de notre intention de reniettre a la voile, nous aceom-
pagna au rivage avec quelques-uns de> siens, deseendit dans les embarcations
et vint avec mms jusqu\'au navire. Il nionta mêine a bord avec sept de ses
compagnons.
„Lorsque je les vis la, je me dis en moi-même: „Ce jeune roi, surle marché d\'Oman,
vaudrait bien a 1\'enchère trente dinars, et ses sept compagnons cent soixante di-
nars. Leurs vêteinents n\'ont pas une valeur inférieure a vingt dinars. Tout compte
fait, ce serait pour nous un benefice de trois mille dirhems au inoins, sans
courir aucun risque. .„Sur ces réflexions, je donnai les ordres a 1\'équipage:
on tendit les voiles, on leva 1\'ancre. Cependant le roi nous faisait mille ami-
tiés, nous engageant a revenir plus tard et nous promettant bon accueil
a notre retour. Quand il vit les voiles gonflées par le vent et le navire déja en
ruarche, il changea de visage: „Vous partez, dit-il. Eh bien! je vous fais mes
adieux." Et il voulut descendre dans ses canots arnarrés a bord. Mais nous
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u) Cod. Jus. è) Cod. nXf\'.
coupaines les cordes, en lui disant: „Tu resteras avec nous. nous t\'emmenons
dans notre pays. La nous te récompenserons de tes bienfaits envers nous.**
- „Etrangers, dit-il. quand vous êtes tombes sur nos plages, j\'avais la puis-
sance. Mes geus voulaient vous manger et piller vos biens, comme ils Tont
déja fait a 1\'égard d\'autres que vous. Mais je vous ai protégés, je n\'ai rien
exigé de vous. Comme marque de ma bienveillance, je suis venu vous faire
mes adieux jusque dans votre navire. Traitez-moi donc comme la justice l\'exige,
en me rendant a mon pays."
„Mais on ue prêta aucune attention a ses paroles; on n\'en tint aucun compte.
Et Ie vent ayant fraichi, la eöte ne tarda pas ïi dispara!ti e ii 11 os yeux, puis
la nuit nous enveloppa de ses voiles et nous entrames dans la haute nier.
„Le jour revint: Ie roi et ses compagnons furent joints aux autres esclaves
dont le nombre atteignait environ deux cents têtes; il ne fut point traite au-
trement que ses compagnons de captivité. Le roi ne dit mot et n\'ouvrit point
la bouche. Il fit comme si nous lui étions inconnus et que nous ne le con-
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J»J f^-j^ U*U^ &Juis iXjj r*iU>£ ^ U>..j^. x$Uibj \'i-i»s- «.... iü*w
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. V*£ -»j\\Ju^ol lXS2 &**"b) !>*^>\' I-W JI-S9 Uxajf.5 OOotJ.f^ |J^ó U-o üCk.1
JaXJ }} L«A4^. U-w*. U*s. ^2». Uj v—aJals
«) Numerus excidir. fc) Cod. Ijj/^sJj ot plus seniel habet (j» pro Ji. e) Cod. l{.r>.»i.
nussions pas. Arrivés ii Oman, les esclaves fnrent vendus et Ie roi avec eux.
_0r, quelques années apvès, naviguant d\'Oman vers Kanbalouh, Ie vent
nou> cnnduisit eiu-ore vers les rivages de Sofala des Zindjs, et nous abor-
dames précisément au niême endroit. Les nègres nous aper<;urent, leurs canots
nous entourèrent, et nous nous i\'econnümes les uns les autres. Bien assurés
de périr cette fois, la terreur nous fermait a tous la bouche. Nous fimes si-
lencieusement nos ablutions, nous récitames la prière de la mort, nous nous
dimes adieu. Les nègres nous prirent. nous emmenèrent a la demeure du roi
et nous firent entrer. Jugez de notre surprise: C\'était ce même roi, que nous
avions eonnu, assis sur son siége. comme si nous venions de Ie quitter. Pro-
sternés devant lui, abattus, nous n\'avions plus la force de nous i\'elever. „Ah!
dit-il, c*est bien vous, mes anciens cama rad es." Aucun de nous ne futcapablede
répondre. Nous tremblions de tous nos membres. Il reprit: „Allons! levez la
tête, je vous donne Yaman pour vous et vos biens." Quelques-uus relevèrent
la tête, d\'autres n\'en eurent pas la foi\'ce, accablés par la honte. Et lui se
montra doux et gracieux jusqu\'a ce que nous eussions tous leve la tête, mais
sans oser Ie regarder en face, tant nous étions émus de remords et de crainte.
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J,U \'*a! "^ X?->^ *Xf Juil ^t ^^JS. *iT,L\\jLo y*yJ JLÜ5 IaaIc »S-S f. S8r.
LüdUle as AJJf U5I ^ ^jb J,L*ï aJllf iift^ j, f^f Jlös J^JJ ^c
Lorsque, rassurés par son aman. nous eümes enfin repris nos sens: „Ah! trai-
tres! dit-il. Comment m\'avez-vous traite après ee que j\'avais fait pour vous!"\'
Et chacun de nous s\'écria: „Grace, ö roi, fais-nous grace.—Je vous fais grace,
dit-il. Reprenez, comme 1\'autre fois. vos affaires cVachats et de ventes. Com-
mercez en toute liberté." Nous ne pouvions en croire nos oreilles: nous crai-
gnions que ee ne fut une fourberie pour nous faire débarquer nos marchandises.
Nous les débarquames cependant, et vinmes lui off\'rir uu présent d\'une grande
valeur. Mais il Ie refusa en disant: „Yous n\'êtes pas dignes que j\'accepte de
vous un présent. Je ne souillerai pas mon bien avec ee qui viendrait de vous:
tous vos biens sont impurs.\'*
„Après cela, nous fimes tranquillement nos affaires. Le temps du départ
étant venu, nous demandames la permission d\'embarquer. Il nous 1\'accorda.
Au moment de partir, j\'allai lui en donner la nouvelle. „Allez, dit-il, sous Li
protection de Dieu! — O roi, repris-je, tu nous avais eomblé de tes bontés,
et nous fümes ingrats et traitres envers toi. Mais comment fis-tu pour te sau-
ver et retourner dans ton pays?"
„Il répondit:
„Après que vous m\'eütes vendu ii Oman, mon acheteur m\'eminena dans une ville
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f. 29r.
VI^AAAJ
^i>-i/ *.«j cu^tó) $U*aj [>^jA. Ub y^UJt —jA. ^fCi. *JjC ^JéliXJ
nommée Basra (et il en fit la ilescription). J\'y appris la prière, Ie jeune, quelques
parties du Coran. Mon maitre me vendit a un autre qui m\'emmena au pays
du roi des Arabes, nommé Bagdad (et il nous décrivit Bagdad). J\'appris dans
cette ville a pavler correctement. Je complétai ma connaissance du Coran et
je priai avec les hommes dans les mosquées. Je vis Ie ealife qui se nomme al-
Moqtadir. J\'étais a Bagdad depuis un an et plus, lorsqu\'il y vint une troupe
de gens du Khoracan, montés sur des chameaux. Voyant une grande foule, je
deniandai oü allait tout ce monde. On me dit: a la Mecque. — Qu\'est-ce que
la Mecque\'? demandai-je. — C*est la, me répondit-on, qu\'est la Maison sacrée
de Dieu oü les musulmans font Ie pèlerinage. Et on m\'apprit 1\'histoire du Temple.
Je me dis que je ferais bien de suivre la caravane. Mon maïtre, a qui je fis
part de tout cela, ne voulut ni s\'en aller avec eux ni me laisser partir. Et
je feignis de n\'y plus penser jusqu\'au départ des pèlerins. Mais alors ,je les
suivis, et me joignant a une compagnie, je me fis leur serviteur, tout Ie long
de la route. On me donna a mangel\', et on me procura les deux vètements
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A
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^^.f ^ rf^ï lixJu J^of JyjJ! Ja.U<
^ ^SJj^ Jjf |*-Ls o-jptf^ c^i^kj l*^^^ üir6^ t** °^ cs**bi5
a) Cod. HytóJ.         fi) Cod. J^laXj.
nécessaires ponr Xihram. Enfin, avec leurs instructions, Dien aidant, j\'accom-
plis toutes les cérémonies dn pèlerinage.
„N\'osant revenir a Bagdad, par erainte que mon raaïtre m\'ötat la vie, je
me joignis a une autre caravane qui s\'en allait au Caire. J\'offris mes services
aux voyageurs, qui me portaient sur leurs chameaux et me faisaient part de
leurs provisions. Arrivé au Caire, je vis ce grand tieuve qui s\'appelle Ie Nil.
Je demandai: „D\'oü vient-il?" On me répondit: „Tl prend sa source au pays
des Zindjs. — De quel cöté? — Du cöté d\'une grande ville nommée Assouan,
sur les frontières de la terre des Noirs".
Ainsi renseigné, je suivis les rives du Nil, passant d\'une ville a 1\'autre, deman-
dant 1\'aumöne qu\'on ne me refusait pas. Je to-mbai pourtant sur une troupe
de noirs qui me firent mauvais accueil. Ils m\'attachérent, me chargeant parmi
les serviteurs d\'un fardeau plus lourd que je ne pouvais Ie porter. Je pris la
fuite et tombai entre les mains d\'une autre troupe qui me prit et me vendit. Je
m\'échappai de nouveau, et continuai de cette facon, jusqu\'a ce que, après main-
tes pareilles aventures, je me trouvai enfin dans un pays qui touchait aux frou-
tières du pays des Zindjs. La, je pris un déguisement; de toutes les terreurs
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f.80r. (_ƒ*«•[$ JwA\'t 3 «J^ O-i-ïCj Lc,(3 *J exJÜb U >-^Jf <J* ^^liJ^
LJjtj jca. «fvxa.! £uU ->a«j fyi-j ^ (j! &fcl*jt J^l /^aj\'f c>Jis
i/) Cod. J<s-\\.
que j\'avais éproxivées depuis mon départ du Caire, aucune n\'égalait celle que
je ressentais en approchant de mon pays. Car, me disais-je, un nouveau roi
m\'a sans doute remplacé sur Ie tröne et dan.s Ie commandement de l\'armée.
Reprendre Ie pouvoir n\'est pas chose faeile. Que je me présente ou qu\'on me re-
connaisse, me voilii pris, conduit au nouveau roi et tué sur-le-champ. Ou
bien quelqu\'un de ses affidés prendra ma tête pour gagner sa faveur.
„En proie a la plus mortelle frayeur, je m\'avancais duvant la nuit et restais
caché pendant Ie jour. Parvenu a la mer, je m\'embarquai sur un navire; et
après avoir touche en divers points, je lus débarqué une nuit sur Ie rivage de
mon pays. Je questionnai une vieille femme: „Le roi qui gouverne ici, lui
dis-je, est-ce un roi juste? — Mon rils, répondit-elle, nous n\'avons d?autre roi
que Dieu*\'. Et la bonne femme me raconta 1\'histoire de reulèvement du roi.
Et moi je feignais it son récit le plus vif\' étonnement, comme s\'il ne se tut
point agi de ma propre personne et d\'événements que je connaissais si bien.
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f^LkJ>3 [5JO3 f_y^UAS ^cCAai |*^J^ exx^li (jdjsi J^fj ^^ JsLvo Jȣ
30v.
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-iL.^f ^ i^Cj^O A^f Jx^ A-J J«C aWI ^ U J3J-WK» ,5 pjf Lifj
A«Lu J Lo ^1^*1^ |»|r^\'-5 J^-*5 ^*5 «LuuaiT^ \'^LoJf ASjJWj ^Uj^fj
„J3 ^J^ -%o ^Jb wAJ|-vJf j^J"^ j*X>LC OjJi£j ^r\' ^ c_^ ^^
„Les habitants du royaume, dit-elle, sont eonvenus de ne point prendre d\'autre
roi qu\'ils n\'aient des nouvelles süres du premier. Car les devins leur ont appris
qu\'il est vivant, sain et sauf sur la terre des Arabes\'\'.
Le jour arrivé, j\'entrai dans la ville et me dirigeai vers mon palais. J\'y
trouvai ma familie telle que je 1\'avais laissée, mais plongée dans 1\'affliction.
Mes gens écoutèrent le récit de mon histoire, qui les surprit et les combla de
joie. Ils enabrassèrent, comme moi, la religion de 1\'lslam. Je rentrai ainsi en
possession de ma souveraineté, un mois avant votre venue. Et me voilii joyeux
et satisfait de la grace que Dien nous a accordée, a moi et aux miens, de con-
naïtre les préceptes de 1\'islam, la vraie foi, la prière, le jeune, le pèlerinage,
ce qui est permis et ce qui est défendu; car nul autre dans le pays des Zindjs
n\'a obtenu semblable faveur. Et si je vous ai pardonné, c\'est que vous ètes
la première cause de ma conversion a la vraie religion. Mais il me reste sur
la conscience une chose dont je prie Dieu de m\'óter le péché. — Qu\'est-ce donc,
ö roi? lui demandai-je. --C\'est, dit-il, que j\'ai quitte mon maïtre, en pavtant
de Bagdad, sans sa permission, et que je ne suis pas retourné vers lui. Si je
rencontrais un honnête homme, je le prierais d\'emporter a mon maitre le prix
de mon rachat. S\'il y avait parmi vous un homme de bien, si vous étiez des
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60
X\'
\\mmo\\ 5-ci.c ^ C**£«£ xJi^ *j«*r>\' ^5^ (*^Jf o>JtócxJ jülof |*£Jj ^j^.
ü\'
^
f. 31 r.
f;i Cod. ]Jli. &\') Cod. Ui<i ^vX». «) Cod. ux.
gens probes, je vous donnerais la somme, pour la lui remettre, une somme
dix Ibis egale a celle qu\'il a payée, pour Ie dédommager du retard. Mais vous
n\'êtes que des traïtres et des fourbes*\'.
Nous lui f unes hos adieux: „Allez, dit-il, et si vous nous revenez, je ue vous
traiterai pas autreraent que je 1\'ai fait. Vous aurez Ie meilleur accueil. Et les
musulraans sauront qu\'ils peuvent veniv a nous, comme a des frères, musul-
mans comme eux. Quant ii vous accompagner ;i votre navire, j\'ai des raisons
pour m\'en abstenir\'. La-dessus nous partïmes.
XXXTI1. Pour ce qui est des devins, on dit qu\'au pays des Zindjs, il y en
a de fort habiles dans Tart diviuatoire. Ismallawéih m\'a conté qu\'un capitaine
de navire lui fit Ie récit suivant: „J\'étais chez les Zindjs en 1\'aunée 332. Un
devin de ce pays me dit: „Combien êtes-vous de navires? — Seize, dis-je. —
Eh bien! répliqua-t-il, quinze d\'entre eux rentreront ii Oman sains et saufs.
Le seizième fera naufrage; il ne s\'en sauvera que trois personnes qui rega-
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UftSj£ ^aJji-Xj! 3 -J.IXJ1^ (_o.Ji_j \'ij\' >«i>»Juv.5 .**\\ii l-£.AiJo ajj.^b w^-J
a) Cod. -y>\'-
          6) Cod. cuAt\'J.          c) Cod. t_5k>Ju.         f/) Cod. Uxo5.          e) Cod. ^_*.
ƒ) Cod. ^B.\'
gneront (leur pays) après bien des désagréments."
„Or les seize navires mirent Ie même jour a la voile. Le mien était a l\'ar-
rière et je hatais la marche pour rejoindre les autres. Le troisième jour, une
masse parut devant nous. comme une sorte d\'ilot noir. Pressé d\'arriver, je
ne fis point larguer convenablement le.- voiles pour 1\'éviter; et comme la marche
est très-rapide dans cette mer, nous fümes portés tont droit vers cette
masse, qui nous choqua violemment. C\'était un monstre marin. D\'un coup de
queue il brisa le navire. Nous échappames au naufrage, moi, mon fils et le
scribe, dans un canot, et la mer nous jeta dans une des des Dibadjat, oü nous
fümes retenus un an; nous n\'en sortimes et ne parvinmes a regagner Oman,
qu\'après avoir éprouvé bien des peines. Quant aux quinze autres navires, ils
étaient tous rentrés au port sains et sauts. par la permission du Très-
Haut.
XXXIV. El-Hacan fils d\'Amr et d\'autres, d\'apres ce qu\'ils tenaient de maiut.s
personnages de 1\'Inde, m\'ont rapporté des choses bien extraordinaires, au sujet
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62
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<i) Coil. ^juj^l^.           b) Cod. *^»o.
des oiseaux de ce pays. du Zabedj . de Khmer, du Senf et autres régions des
parages de 1\'Inde. Ce que j\'ai vu de plus grand, en fait de plumes d\'oiseau,
e\'est un tuyau que me montra Abou\'l-Abbas de Siraf. Il était long de deux
aunes environ, capable, semblait-il, de contenir une outre d\'eau.
„J\'ai vu dans linde, me dit Ie capitaine Ismaïlawéih, chez un des principaux
marchands, un tuyau de plume qui était prés de sa maison, et dans lequel
on versait de 1\'eau comme dans une grande tonne." Je témoignais quelque
surprise. „Ne sois pas étonné, me dit-il, car un capitaine du pays des Zindjs
m\'a conté qu\'il avait vu chez Ie roi de Sira un tuyau de plume qui eontenait
vingt-cinq outres d\'eau.*\'
XXXV. Abou\'l-Hacan Ali, fils de Chadan, de Siraf, m\'a dit qu\'une personne
de Chiraz lui avait raconté qu\'un village voisin de cette ville était devenu dé-
sert par Ie fait d\'un oiseau. ..Je lui demandai, dit Abou\'l-Hacan, comment
un oiseau avait pu faire disparaitre la population. 11 me répondit:
„Suivant ce que j\'en ai su, un oiseau gigantesque s\'abattit sur Ie toit d\'une
maison du village, creva Ie toit et tomba a Tintérieur. Les personnes qui
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63
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o) Cod. «yjJstfè. h) Cod. q\'^j.        r) Addidi *^.        rZ) Cod. J**:.
étaient lii s\'enfuirent en poussant des cris d\'effroi. Les gens du village s\'étant
rassemblés entrèrent dans Ie logis et trouvèrent eet oiseau qui remplissait la
maison. Ne pouvant autrement s*en emparer, ils 1\'assommèrent a force de
eoups. L\'animal était naturellement lourd et 11e pouvait s\'envoler. On Ie
saigna, on Ie dépeca et on en partagea la chair entre les hommes. Il j en ent
soixante-dix livres environ pour chacun: sans eompter nne portion de cent li-
vres qu\'on mit a part pour l\'intendant du village. C\'était .sur la maison
même de 1\'intendant (jue 1\'oiseau était tombe. Mais il était pour lors ab-
sent avec trois autres personnes parties la veille pour Ie service du Seigneur
du bourg. Les gens du village firent cuire la chair de 1\'oiseau dans la journée
et la mangèrent avec leur familie et leurs enfants. Le lendemain matin, tous
étaient fort malades. L\'intendant revenu apprit ce qui s\'était passé. Lui et
ses compagnons refusèrent de toucher a la viande. Quant a ceux qui en avaient
mangé, tous moururent successivement, dans 1\'espace de quatre a cinq jours,
et il 11\'en resta pas uu. Le village resta désert, l\'intendant s\'en alla, et per-
10
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04
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f. 33r. ^ bl jLkJf Il\\£ ^fj »jLw*Jfj &-***^J! jUJf ^5 iX-a^j fóf Igi»
-Ê-^\\o,"^t ü£h\' ^ (jdwüJf (i^- ÜcLisjJ *J;>*3 ,V> j-Sj *^ »-r»/^ <J-*J"^t
«) Cod. Ljjöjj.        ?/) Cod. .c-ej\'.
sonne n\'y est vetourné. Il nous a para vraiseinblable que eet oiseau était uu
oiseau de linde qui avait dévoré quelque bete venimeuse; et quand Ie feu du
poison brüla dans son corps, il avait du s\'élever dans Fair, voler durant la nuit,
et arriver a ce village, oü, les forces lui manquant, il n\'avait pu soutenir son
essor et était tombe.\'\'
XXXVI. Maint patron de navire m\'a raconté qu\'il avait ouï dire qu\'a Sofala
des Zindjs il y a des oiseaux qui saisissent une béte du bec ou des griffes,
remportent dans les airs, la laissent choir ii terre pour la tuer et la briser,
puis s\'abattent dessus et la dévorent. Dans ce mèrae pays des Zindjs, il y a,
dit-on, un oiseau qui se jette sur les grosses tortues, les saisit, les enlève en
1\'air et les rejette sur quelque rocbe oü elles se brisent. Il redescend alors et
les mange. Et on assure qu\'il en mange jusqu\'a cinq et six dans un jour, s\'il
les trouve. Du reste eet oiseau f uit la vtie de 1\'homme, qui 1\'effraie, tant les
hommes de ce pays sont hideux.
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^xiL^Jt JJU J^ f^Jic g^Aè j^Jt jto,! J^o *&;&£ Jej Js& *_>*&
J^r aUc ^f J^ls ^ o^rf ab" jo^ ut» r^iy»i2üj^ f«j>i*V ^
Ju»Jf iüjij^o J,f 0IS3 nyoJf 3 vi>Jut> nJL«j>. ^jró *.a. ,?* Iaj öj-nJf
a) Cod. «i.^i*x.
XXXVII.    Dans les hautes régions du pays des Zindjs, on trouve des mines
d\'or; ce sont des terrains sablonneux, comme la plupart des giseraents. Les
hommes, m\'a dit Ie capitaine Ismaïlawéih, y creusent pour chercher Tor.
Et quelquefois leur travail les amène dans un terrain excavé comme les four-
milières. Aussitót il en sort une nuée de fourmis grosses comme des ehats qui
les dévorent et les mettent en pièces. Dans 1\'année 300, 1\'émir d\'Oman, Ah-
med fils de Hélal, parmi les objets qu\'il portait en présent au calife Moqtadir,
avait une fourmi noire, de la grosseur d\'un cli.tt, enfermée dans une cage de
fer, attachée avec une chaïne. Elle mourut en route, clans les parages de
Dhou-Djabala. On 1\'erabauma, et elle parvint eu bon état ii Bagdad, oü 1<\'
calife et les habitants purent la voir. Ceux qui 1\'avaient apportée disaient
cpi\'on lui donnait Ji manger chaque jour, mat in et soir, deux livres de viande
coupée en morceaux.
XXXVIII.   Mohammed fils de Babichad m\'a dit, d\'apres ce qu\'il avait appris
de gens qui avaient abordé au pays des Ouaqouaq, qu\'on y trouve un grand
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«1 Cod. \\Ji£-)u.i.         h) Coil. —iLuU\'.         c) Cod. w ^«JCè.
avbre mix feuilles rondes et quelquefois oblongues, qui porte 1111 fruit analogue
;i Li courge. inais plus grand et offrant quelque apparence d\'une figure hu-
maine. Quand Ie vent 1\'agite, il en snrt une voix. L\'intérieur est gonflé d\'air
comme Ie fruit de Xoclmr. Si on Ie détache de 1\'arbre, il s\'en échappe aussitöt
du vent. et ee n\'est plus i|u\'une peau. Uu matelot vo\\;mt de ces fruits, dont
la forme lui plaisait. en coupa un pour remporter; mais il se dégonfla ii l\'in-
stant, et ce qui resta entre les niains de 1\'homine était fiasque comme un cor-
beau crevé.
XXXIX. J\'ai questionné Mohammed Hls de Babichadsur les singes etcequ\'on
en rapporte: et il m\'a raconté bien des choses a ce sujet. Entre autres, il m\'a
dit que du cöté de Santin, dans la vallée de Lameri et dans celle de Qiïqola,
habitent des singes d\'une taille extraordinaire, partagés en troupes dont cha-
eune a son chef, qui est Ie plus grand de la troupe. De teinps en temps, ils
sortent des bois, viennent sur les cliemins et lieux de passage, frappent les
voyageurs et 11e leur perinettent de eontinuer leur route qu\'en abandonnant
quelque pièce de bétail, brebis, vache 011 autres aliments.
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£> j^ f^sj ^L^ > ^ j^U !>*3[p3 ^Li [>3^J i^L^s
jJLu oJlj J,I }MJf$\\ ja-*-t [5IS3 ^ J>J fê^0\' ^y^-*j N^LJu
3ju>J-v^ j^-a» w*.wA- fj-^oUf^ a^JLla»^ .^uJf (j^j^ *-*-^-? fjiXw*j
«) Cod. J.^».. 6) Cotl. ^jytwj\'. r) Cod. jUbls. </) Cod. Ui?j.
„J\'ai ouï dire a maintes personnes, disait encore Mohammed h\'ls de Babi-
chad, qu\'étant en voyage avec nne caravane, ils avaient rencontre une troupe
de singes qui leur avait barró Ie passage. Il avait fallu livrer bataille. Ii<>n-
dissant sur eux de tous cótés, ces animaux leur déchiraient les liabits et inet-
taient leurs outres en pièces, alors qu\'ils se tronvaient en plein désert, loin de toute
aiguade. Enfin les voyageurs avaient donné quelque chose aux singes, qui pour
lors les laissèrent passer. Et par Ie manque d\'eau, la plupart des voyageurs
périrent; un petit nombre seulenient put gagner 1\'aiguade prochaine."
XL. Le même m\'a raconté qu\'un matelot d\'un navire a lui appartenant lui
avait fait le récit suivant. Il s\'était embarqué en l\'année309 surle batimentde je
ne sais quel patron, allant ii Qaqola. Parvenus heurensement au hut de leur
course, ils débarquèrent leurs marchandises et en transportèrent une partie vers
un pays distant de la cöte de sept jours de marche environ. Tirant le navire
a sec dans une petite baie a troisou quatre parasanges de Qaqola, ils le mi rent
a 1\'abri de la mer, 1\'entourèrent de pièces de bois et 1\'étayèrent.
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AxjA^Jf cJ^ij\' ^f |«^~\'w\'j \\y^Ui%> ^SSJS^J^ jfiJf J* (jW l^jJ) (^ULlJf
fjiUas fcjtff ^ \'sJLt j^la». «^^ f^Ajt-j lJls .^gjL&j HH«ftj 3 f^«lsls
o«X«^aS w^-ll w*if«.£k jó«j j* ^^JuCs^Lwi _jj\' , ls IgJ\'oJas &£?*) v_JiLi.
V (^AjJf J,f ^^ ^ ojLü v^Jii AffL» ^_5-Xic vi^s^aLsfj iüii\'li
^eOJ>£- O^oLsfj c^J^Ü L?1"^ CW J->"*"^ OJttóji w*i-*Jt J,f OAjuaS L^Jf
^JskJ».if oSJü\' 3 ^1 *_§_^LfiJl^ jjilj &^s^*> >-rA-**-J ^>j^ iiS-Ji3 tX-«_j
[^jjiojS Ui>Jf ^«Jü vo.sLiJ j^jLa*. J,!^ w^.«Jf 3 ^yw ^i>-yj\' ^^3
^.Cw.»j\' loJi*^ ^>iiü v5^- «•asj>*Ji (^5 v^j^^0 cj2 rê**\'\' ***** "^>ma U
„Cela fait, dit Ie matelot, ils me laissèrent comme gardien, avec des pro-
visions en quantité suffisante, et partirent tous pour la ville, oü ils restèrent a
leurs \\entes et a leurs achats. Après leur départ, il vint une troupe de singes
qui ródèrent autour du navire, eherehant ii y monter. Je les ehassai ii coups
de pierres. Une grosse guenon réussit a atteindre Ie navire. Je la repoussai
et la crus partie. Mais elle trompa mon attention, et grimpant d\'un autre cöté
arriva jusqu\'ii moi. Je prenais mon repas en ce moment: je lui jetai un mor-
eeau de pain qu\'elle mangea. Elle resta lïi quelque temps, puis descendit et
disparut a mes yeux. Le soir, je la vis revenir portant dans sa bouche un ré-
gime d\'une vingtaine de bananes. Elle cria et je 1\'aidai a monter. Elle posa
devant moi les bananes, et j\'en mangeai. Des lors elle ne me quitta plus.
Chaque jour elle s\'en allait et revenait, rapportant des bananes et d\'autres truits
eueillis dans la forêt, et puis passait la nuit dans le navire, a mon cöté.
Elle éveilla mes désirs, et je satisfis ma passion avec elle. A peine trois mois
s\'étaient ainsi écoulés, que je la vis s\'alourdir: sa marche devint pesante; et
d\'un signe me montrant son ventre elle me fit comprendre qu\'elle était grosse
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^9.1; ^/f h <5j^ o^vLofj j_^5 L^s ^Ui crr5
iüy y* Us Je
o) Cod. ciJu=>j. b) Cod. 0Uo.l. <•) Cod. J^>!.
de mes oeuvres. J\'en épronvai uu chagrin extreme, en songeant quelle serait
ma honte lorsque reviendraient nos geus et qu\'ils verraient 1\'affaire. Cette
crainte me porta ii prendre la fuite. Prenant Ie canot du navire, j\'y placai
un mat, des voiles, mie ancre; j\'y mis des outres d\'eau, des provisions, mes
vêtements et tont ce qui m\'appartenait. Puis, saississant 1\'heure oü la guenon
était absente, je m\'embarquai et pris la mer a tous risques, abandonnaut Ie
navire a sa solitude. Une navigation pénible de vingt et quelques zrfm, du-
rant lesquels je faillis périr, m\'amena sur la cöte d\'une des ïles Audaman. J\'y
séjournai quelque temps pour me réconforter, prendre du repos et faire provi-
sion d\'eau douce, de fruits, de bananes. Je n\'y vis personne, sauf des pé-
cheurs dans des canots qui deseendaient parmi les arbres. Embarqué de nou-
veau, je naviguai sans direction, saus savoir oü j\'allais, pendant soixante-dix
zdm environ, et je tombai sur une ïle nommée Bedfarkalah, ou je m\'arrêtai. Dein
je pus gagner Kalali, d\'oü je m\'en retournai. Quelque temps après, je rencon-
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ci^ubj j^-s 50-9 «.^J-Jt j, |jLX-a.j-J £*€?^ [5^3 |*£>J [yLös *&l& L*
Q ^joj oi*Ab Jl&S viUó „j£ *aJL*S fiX^. j*ojS\\ <Jl*Jü£) ^JO^>. ^^j\\
&-S=uJf j, ^yt^* Jjis AflJttó j 0^3 \'s\\yjJf £«W O-tf
u) Deest.
trai Ie patron de mon navire et plusieurs des personnes qui y avaient été em-
barquées. Ils m\'apprirent qu\'étant retournés a la baie, ils avaient trouvé dans
Ie navire une guenon qui avait mis au monde un singe ou deux a face hu-
maine, la poitrine sans poils, la queue plus courte que Ie commun des singes.
Ils n\'nvaient pas manqué de supposer que Ie matelot était Ie père des petits
singes et qu"il s\'était sauvé avec Ie canot, car rien ne manquait dans Ie navire
que Ie canot et son appareil. Cependant quelques-uns inclinaient a penser que
la guenon avait tué Ie matelot et que Ie canot avait été volé par un passant
ou un pêcheur. La chose demeurait incertaine. Du reste, ils s\'étaient débar-
rassés de la mère et des petits."
Le matelot qui m1a fait ce récit, ajouta Mohammed tils de Babichad, avait
la vue très-faible, et il attribuait cette incommodité a ses relations avec la
guenon, incommodité accrue encore par son long séjour sur la mer.
XLI. Un marin m\'a raconté, qn\'un navire qui faisait le trajet d\'Oman a
tienf se perdit en mer. Une dizaine d\'hommes seulement se sauvèrent dans la
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1. 30r.
JI öjj^ ^lï j,t fjyoif) a cLJf ^Ji er l^y^ ->^\' ^ 1*$*^ ^°
Jjf n*»»jn f-4^ ^>^° Liiï (^a*«j l«Abyj &*il&. ^yll pU*M.aJ^ [^vIaö!»
n) Doest.
chaloupe, et Ie vent les porta sur mie ile ipii leur ótuit alwolument iuconnue.
Jetés sur Ie rivage . ils y demeurèrent Ie reste du jour, dans 1\'accablement oh
les mettaient les terreurs et les souffrances qu\'ils avaient éprouvées. Entin re-
prenant courage, ils parvinrent ii tirer la chaloupe sur la plage et y passèrent
la nuit. Le mat in. s\'étant avances dans File, il< y trouverent de 1\'eau douce
en abondance, mi sol frais et ombragé, des arbres touffus chargés de fniits.
des bauanes en quantité, des cannes a sucre. Ils n"y virent point tracé d\'hom-
mes. Après avoir \\\\ discrétion mangé de ces fruits et lm de cette eau, ils re-
vinrent a la chaloupe, la tirèrent loin de la nier et l\'étayèrent avec des pièces
de bois. A 1\'aide de feuilles de bananier et d\'autres arbres, ils lui iirent uu
abri contre le soleil, et s\'arrangèrent pour eux-mèmes un lieu de repos a son cöté.
Cinq 011 six jours après, voici venir une troupe de singes qui s\'avancent pré-
cédés par un des leurs, gros et grand, lis s\'arrêtent en face de la chaloupe.
Les gens eflrayés s\'y réfugient. Mais les singes ne leur font aucun mal. Le
chef de ces animaux prend place. les expédie ii droite et a gauche comme un
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f.36v. I^^t LJlS f^^J __ji.X2=ü |^gi^ ijó*j ^yJf Lojj |*3*a*j Juta^ *Jf
8,_*AaJf ^L\' J*e j^öJf o^jlc Ac ^ „.tf uis ^gv »*\\ li ^^y^JL^s 3^1
Uls p^Jf Jx *^!^ S a (^^«jj v-^LfiJf j>> ^^j \\jmAs*) (J^10
£ wn£5 «_kjj L^-giyO J^.!j J^ £_» (j^ frlj>. ^Lgiit ^ ÜcLw ^AAaX
«) C<k1. ^Asjj.
général d\'année. Puis ils reviennent a lui, se font des signes, comme geus
qui se racontent qnelqne chose, et, Ie soir venu, ils se retireut.
Les naufragés étaient en grand émoi, craignant d\'être tués par les singes.
Toute la nuit ils rêvèrent a des moyens de salut: dénués de provisions, igno-
rant la route h suivre, leur situation était détestable, et ils ne voyaient aucun
moyen de s\'en tirer.
Le matin, un singe vint seul roder autour d\'eux, s\'en alla, revint avec uu
compagnon qui faisait signe en montrant quelque chose. „Je suivis les singes,
dit 1\'homme qui a fait ce récit au marin de qui je le tiens, jusqu\'a ce (pie je
les vis entrer dans le fourré. La j\'eus peur, et je m\'en retournai; une bonne
partie du jour était écoulée quand je rejoignis mes compagnons. Ils me ques-
tionnèrent et je leur dis la chose. Le leudemain, la troupe entière revint
comme la première fois. Le chef s\'assit non loin de la chaloupe, et expédia
ses camarades de la même maniere. Bientót après, deux singes revinrent,
portant chacun des morceaux d\'or tres-pur qu\'ils jetèreut devant lui. Puis se
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**» ^.sf\' U (jó«j *jw Ua^mJ U u£J óu j}j~^\\ er* \'-*^ff ^-^ *^^" *^
v_^£jjf .j^fr oAa.y £*»M 3 OjJbai vi^~M o*%$ ^jo ^ s\'^JiJf
K^»^ iOJtls Lo c^»*»»>j (^jLaoI o-^Ai! <jf ^f «Jïf J)J pJs ikjCu^o
^uüf JSÜÓ jóftu c>Jiï«*i j^uÜf ^LyUi^ UbJaJI ^c si>JJuaJ e^*2>^
0-2SUÜ! ij* \'sy^-Ao 0JÜJC3 j^V-M ^>*?[; <j\' t_$^ \'-èi:*^s f* O-*k0 J^.
a) Co.1. oiüJUJ. *) Cod. L^^s. c) Deost
rassemblant tous, ils se firent des signes et disparurent, Descendant a terre
nous ramassames Tor. Il était d\'une pureté parfaite, formant comme de gros-
ses racines. La ,joie que eet or nous causa nous fit presque oublier les désa-
gréments de notre situation.
,,Le matin, un singe revint encore touvner autour de la chaloupe. Lorsqu\'il
s\'en retourna, je Ie suivis a travei*s 1\'épaisseur du bois. En sovtant du fourré,
je me vis dans une plaine dont Ie sol était noir et sablonneux. Le singe, de-
vant moi, se mit a creuser la terre. Je m\'arrêtai et me mis a creuser comme
lui; et voila que je trouvai des meines d\'or entrecroisées comme les mailles
d\'un filet, et je ne cessai d\'en arracher jusqu\'a ce que mes doigts furent en
sang. Ramassant ce que j\'avais enlevé, je 1\'emportai et retournai sur mes pas.
L\'épaisseur du fourré fut cause que je m\'égarai. Je grimpai sur un arbre oü
je passai la nuit. Au jour, les singes se montrerent; quand ils m\'eurent de-
vancé je les suivis, jusqu\'au moment oh de loin j\'apercus la mer. Alors,caché
dans les branches d\'un arbre, j\'attendis leur départ qui eut lieu a la nuit, je
in
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74
ïjyaüii n $üSj&j> ^>.fiJo Oói u£if ^Ai j Lil fjjlij rjj^» |^j <^i*^
f.37v. pi IJUJotLwf 0\' Li^ ,*_£j lj> LjJ óJw^j 44JJL)! JVO v_^ï>AJf O^Jöj
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^c_4..j^ u*_j._j ff^-2^\' ^x.j3 «.* ^5.al 1^ 3.fL\\a/« ijjü "^ |*i*.^g &(5^ L*»* J*^*-
a) Cod. ^Ajs?.
redescendis, et pus rejoindre mes compagnons. Ils m\'accueillirent avec des
Jannes de joie: „Nous ne doutions pas, dirent-ils, que tu n\'eusses péri."\' Je
leur eontai nion expédition et jetai Tor devant eux.
Ce nous fut une nouvelle cause de douleuv et de regret, de songer qu\'au
moment oii nous acquérions la richesse nous n\'avions aucun mo}-en d\'emporter
notre trésor. La chaloupe trop pétite risquerait d\'être submergée si nous la
chargions d\'or; et d\'ailleurs, quelle direction prendre? Malgré tout, nousfümes
tous d\'avis d\'aller a la plaine, d\'arracher 1\'or et de Ie transporter pres de la
chaloupe, nous confiant pour 1\'avenir a la volonté de Dien. C\'est pourquoi,
protitant des jours oü les singes ne venaient point, nous allions des Ie ma-
tin a cette plaine, et nous rapportions Ie soir 1\'or recueilli. Le pvécieux métal
était enfoui pres de la chaloupe dans un trou creusé a ce dessein.
Cela dura toute une année, au bout de laquelle nous avions réuni une masse
d\'or extraordinaire, et d\'une valeur qu\'on n\'aurait pu dire. Pendant ce temps,
les singes continuaient leur manege, venant un jour, ne venant pas le lende-
main. Et nous avions pour vivve les fruits et 1\'eau de 1\'ïle.
Telle était notre situation lorsque nous arriva un navire qui s\'en allait vers
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a) Cod. iai>j>i. ï<) Cod. oüj**—c.
Oman ou Siraf. Il avait essuyé un coup de vent; la mer 1\'avait envahi. L\'é-
quipage avait jeté tout Ie chargement a 1\'eau; la plupart des hommes étaient
morts, entrainés ou suffo(|ués sous la violence des vagues. A la vue de 1\'ïle,
les survivants voulureut y aborder; ils n\'en eurent pas la force et demeurèrent
inertes. Cependant leurs yeux fixés vers la terre nous apercurent avec notre
chaloupe. Deux d\'entre eux se jetèrent a 1\'eau avec des cordes, s\'efforcant de
nous rejoiudre. Et nous, voyant cela, nous nous jetames aussi dans la mer
avec des cordes, et les ayant atteints nous attachames nos cordes aux leurs.
Quand nous les eïtmes fixées a terre, deux d\'entre nous allèrent au navire; ils
y trouvèrent Ie capitaine, les matelots et les marchands a demi-morts d\'épuise-
ment, succombant aux souffrances que leur avait infligées Tétat de la mer, et
a la fatigue causée par la nécessité de vider 1\'eau tandis qu\'ils étaient en pleine
mer. „Amenez-nous a terre, dirent-ils a nos compagnons, et prenez tout ce
qui nous reste d\'etfets et de marchandises. — Tirez-nous a terre, ö frères! dit
aussi Ie patron, et prenez Ie navire pour vous en toute propriété." Les nötres
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a) Deest. />) Cod. ^a^wöj. c) Cod. L&Uk>.
répondirent: „Nous n\'acceptons pas cela. Mais nous vons mènerons a terre et
vous nous céderez la moitié du navire. „Tous répliquèrent: „De grand coeur!"
Les eonventions furent faites et solennellement jurées. „Nous demandons une
chose, dirent les nötres. — Quoi? — C*est que nous ehargerons la moitié du na-
vire de ce qui nous appartient, sans que personne ait rien k y voir, ni puisse
nous faire aucune difficulté. — C\'est convenu. — Bien entendu, reprirent les nö-
tres, que Ie chargement ne pourra ni endommager ni faire submerger Ie na-
vire. — C\'est la, dirent-ils, une imprudence dont nous avons éprouvé les incon-
vénients, et dont nous ne sommes pas quittes encore. Mais, au nom de Dieu,
arrachez ce peu de vie qui nous reste a la fureur des flots qui nous entourent."
Nos compagnons se jetant a 1\'eau revinrent a terre. En ce moment ariivè-
rent les singes, qui, nous voyant tirer sur Ie cable pour amener Ie navire a
la plage, s\'empressèrent de tirer avec nous; et Ie navire aborda en un instant.
Les malheureux s\'élancèrent vers la terre, comme un amoureux vers 1\'objet de
sa passion, tant la mer les avait maltraités. Le matin venu, nous leur mon-
trames 1\'endroit oü nous cueillions des fruits. Ils mangèrent et burent et re-
prirent leurs esprits. Le jour suivant, les singes étant revenus avec de 1\'or,
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«) Cod. vi>jAs»j.
nous Ie donnames a ces gens-la, car nous en avions assez. Nous nous niimes
a eharger de notre or la moitié du navire qui nous avait été accordée. Le pa-
tron chargea aussi d\'or 1\'autre moitié pour lui et les marchands. On s\'appro-
visionna de ce que l*ïle pouvait fournir. Et quand vint a soumer un vent fa-
vorable, nous partimes, et nous amvames aux pays de Flnde. Le partage fait.
chacun prit ce qui lui revenait, et la part de chacun fut d*un million cent quarante-
quatre mille mithcah. Depuis ce jour nous avons renonce a la navigation."
Voila bien une des anecdotes les plus curieuses que j\'aie entendu conter au su-
jet des singes.
XLII. Une personne m\'a dit avoir vu dans un bourg de... chez un marchand, un
singe qui le servait: il bala}rait la maison, ouvrait la porte aux visiteurs, la renfer-
mait, allumait le feu sous la marmite, y souiflait pour 1\'euflaminer, ajoutait le bois
nécessaire, chassait les moucbes de la table, éventait son maitre avec un éventail.
XLTII. Un forgeron de Zhafar, ville du Yémen, avait un singe qui menait
f 39r.
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«) Addidi. &) Cod. x^.
son soufflet tont Ie long du jour. Ce singe Ta ainsi servi cinq années durant.
J\'ai fait la plusieurs voyages, et chaque fois je voyais 1\'animal che/ lui.
XVLIV. On m"a fait eneore 1\'histoire d\'un autre singe, qui vivait dans la
maison d\'un habitant dn. Temen. Cet homme acheta un jour de la viande, la
porta au logis et la commit par signes a la garde du singe. Snrvint un railan
qui déroba la viande aux yeux du singe stupéfait. Dans la cour du logis était
un arbre. Le singe y grinipe, monte au plus haut, et la dresse ses fesses vers
Ie ciel, penchant sa tête en bas, les deux mains appliquées de part et d\'autre
des fesses. Le milan croit voir un autre morceau de la viande volée. Il fond
dessus. Mais le singe le happe des deux mains, le retient, descend et renferme
sous un cuvier par-dessus lequel il a soin de poser un corps lourd. A son re-
tour, le maitre ne voyant plus la viande s\'avance vers le singe pour le corri-
ger. Celui-ci marche droit au cuvier et en tire le milan. Le maitre eomprit
1\'aventure. Il prit le milan, le pluma et le cloua a 1\'arbre.
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Jou «itf cjLw ^Ui »-*i^ *&; *** (jl^5 J\'s ^JvXaj ,11 jL- *jf jU*/2M f. 40r.
—                                                                                  \' -
oL&f A**Lxi xJlc (^a^-Lj & ia&Juwli Jls *-aJI ale *3 *j>Jf Jli> Ad.1
iüÜUJt <*JÖ il* alej clj>u^f j*i jus üi^a. ^3 J»^\' ^L*5 J>y^f er*
a) Deest.         6) Cod.yL». c) Cod. *^*«l. rf) Cod. JU^.
XLV. Il y a eneore d\'autres histoires de singes fort amusantes. En voiei
une.
Uu homme d\'Ispahan, vieillard qui avait beaucoup voyagé. rapporte qu\'il
allait a Bagdad avee une nombreuse caravane, dont faisait aussi partie un jeune
homme vigonreux et ardent comme un mulet. Le vieillard. attentif ii ses ba-
gages, veillait la nuit, et ne dormait qne pendant la marehe. sur son chameau.
Un soir qu\'il veillait ainsi ïi bon ordinaire, il vit le jeune homme qui se diri-
geait vers un des chameliei s endormi, le prenait par derrière et s\'apprétait ii
lui faire des sottises. Le ehamelier s\'éveillant se mit fort en colère et lui donna
une frottée comme un tanneur travaillant le euir. Le jeune homme regagna
sa place, en chancelant sous 1\'eftet des coups de poing et des souttlets qu\'il
avait recus. Il resta tranquille jusqu\'a ce qu\'il se sentit remis. Puis voyant
le ehamelier reprendre son somme, il revint a lui et recommeiica ses tentati-
ves. Le ehamelier réveille se faeha plus fort et 1\'étrilla de plus belle, si bien
que le garcon s\'en retourna a demi-mort. Cependaut, après quelques instants
de repos, le jeune homme revint une troisième fois au ehamelier. Celui-ei le
mit dans un tel état qu\'il eut grand\'peine a regagner son coin, en se trainant
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f. 40v
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ö *^*Jf Nij^wo ^^ Ujlo t_5üj ^^xJj L» v^>iib Jli (^w-Lsf Li f Lo six&J j,
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*aU ^^Xi.1 dóJti ^f LÜL*^ l^ls 2*iLJ!.f ^iSüij *IiL aJ^ (^^b *j^J
LLs j>L\\«j Jk.^^ Loj sjI&$ v-r>s?r^ ^^ c^*"^ 3 süJSj C/Ai^\' vjj^.*
a) Cod. a-Jie. t) Cod. »^UJ\'. c) Cod. Ly^ isji» sud paulo antea additur vj^>, ut videtnr
emendatio quae ex margine in textum irrepsit.
ii terre de droite et de gauehe, pendant que Ie chamelier lui disait: „Par Dien!
si tu reviens encore, je jure que je te percerai Ie ventre."
„Après avoir été témoin de ces differentes scènes, dit Ie vieillard, je trouvai
que Ie chamelier n\'avait pas tort; mais il m\'eut été pénible de voir tuer ce
jeune homme. Quand celui-ci eut repris ses sens, je 1\'appelai et lui dis: „Mon
fils, comment peux-tu agir ainsi que je te 1\'ai vu faire cette nuit. Tu as échappé
a ce chamelier; mais prends garde qu\'il ne te tue, et sois plus réserve. — Oncle,
dit-il, il y a par Dieu! bien des nuits que la violence de mes désirs et Ie feu
qui me brüle m\'empêchent de fermer 1\'ceil. Quand la chose en est la, les mau-
vais traitements de eet horame sont faciles a supporter a cêté de ce que j\'en-
dure. — Mon fils, repris-je, nous ne sommes plus qu\'a deux journées de marchede
la cité de la Paix (Bagdad), nous entrerons bientöt dans une ville oü tu trou-
veras de quoi calmer ton ardeur." Je ne cessai de lui parier ainsi et de Ie
retenir, par commisération, durant Ie reste du voyage. Arrivés lx Bagdad, je
fus pris a son sujet d\'une vive inquiétude. C\'est un étranger, me disais-je, un
jeune horame qui n\'avait jamais mis Ie pied dans cette ville. Qui sait s\'il ne
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«) Cod. j^Ai\'j.
va pas jeter les yeux sur quelque personne de la maison du calife ou des vi-
sirs, et se ruer sur elle comme sur Ie chamelier ? Ce serait pour lui la mort.
Cette pensee fit que je ne 1\'abandonnai point. Avant fait choix d\'un logis, je
1\'y emmenai avec moi; et, mes bagages une fois en süreté. je ne vis rien de
plus pressé qne de Ie conduire ehez une entvemetteuse qui ne manquerait pas
de lui procurer une femme propre a calmer la vivacité de ses désirs.
„A peine avions-nous passé la première rue que mon jeune homme s\'arrèta:
„Oncle, dit-il, je viens d\'apercevoir a 1\'instant a cette fenètre uu visage beau
comme Ie soleil. Il me Ie faut. „Je Ie détournai d\'nne pareille idt\'«e. Mais il
s\'assit par terre et déclara qu\'il monrrait la. „Je 1\'ai garde dans Ie désert,
pensai-je: 1\'abandonnerai-je ici, dans une ville de perdition comme Bagdad?*1
„Ne pouvant lui óter son idéé de la tète, je regardai dans la rue et vis une
maison dont 1\'apparence témoignait qu\'elle était a des gens pauvres. Je
heurte a la porte. Une vieille femme parait. Je lui demande a, qui appartient
cette maison oü mon compagnon a vu un visage féminin. „C\'est, dit-elle, la
demeure du visir un tel, et la jeune dame est sa femme. — Mon fils, dis-je au
jeune homme, renonce a ton dessein et viens avec moi, que je te montre les
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filles de Bagdad. Tu en verras de plus belles que celle-ci. — Je jure par Dieu,
répliqua-t-il. que je mourrai ou ne m\'en irai point sans avoir été recu auprès d\'elle.\'1
La vieille prenant la parole: „Jeune humme, dit-elle, si je te conduis au hut
de tes désirs, que me donneras-tu V II tira promptement la bourse qu\'il por-
tait a la ceinture et coinpta dix pièces d\'or a la vieille. Celle-ci fort satisfaite
s\'envelopju du vêtement d\'extérieur, sortit de sa maison et vint trapper a la
porte du visir. L\'eunuque lui ouvrit. Elle entra. Bientöt elle revint, disaut:
„J\'ai arrangé ton affaire et fait les conditions. — Quelles sont-elles? dit Ie jeune
hoinme. — Cinquante mithcals pour elle, einq pour Ie service, cinq pour Teu-
nuque." „Il paya les soixante mithcals. La vieille rentra chez Ie visir, revint
et dit: „Va, entre au bain, change d\'habits, et dans 1\'intervalle entre la prière
du coucher du soleil et la prière du soir, tiens-toi a ma porte que voila ju3-
qu\'a ce qu\'on puisse t\'introduire.\'"
Le jeune homme alla au bain, fit sa toilette et vint a 1\'heure dite se cam-
per a la porte de la vieille. L\'eunuqiie sortit et lui livra passage. Il pénétra
dans un salon bien meublé. On lui servit des mets excellents, il maugea; puis
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o) Cod. va^is\'j. b) Deest.
on lui offrit a boire et il but. Après cela il se dirigea vers Ie lit et la dame
en fit autant. Tous deux avaient quitte leurs vêtements, lorsqu\'un singe sortit
de derrière un rideau, vint au jeune homine, 1\'égratigna et Ie blessa aux cuis-
ses et aux endroits sensibles, de sorte que son sang coulait de toute part, et
il remit ses vêtements. Alourdi par 1\'ivresse, il s\'endormit tont habillé. A la
pointe du jour, 1\'eunuque Ie réveillajet lui dit: „Va-t-en, avant que la lumiève
laisse distinguer les visages." Il sortit, en proie au plus vif chagrin.
Cependant Ie vieillard, quand il vit Ie jour paraitre, se dit: „Il faut que j\'aille
voir ce qu\'est devenu mon jeune homme, s\'il a obtenu ce qu\'il désirait et si
1\'affaire a eu une heureuse eonclusion. ,11 Ie trouva assis a la porte de la vieille,
la tête enfoncée dans Ie collet de son vêtement. Il Ie questionna. Le jeune
bomme lui conta son aventure. Il appela la vieille et lui dit la chose. La
vieille entra chez la dame pour savoir la cause du mécompte. „Sache, dit la
dame, que nous avions oublié un point, le papier du singe du maitre du logis qui
est son droit de revient; c\'est une feuille contenant une livre de sucreries. Mais
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S4
*      —                                                                                             *•
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AaS ULki «ü5ow JsJ^f* *ji*if ciAÏ^if ,3 jüullf vi^yó\'f f61 ^ JyJÜ t,ÜLO
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a) Deest.
si Ie jeune homme vent recommencer, nous ne lui demanderons que la moitié
de ce que nous avons pris hier.\'\'
Sur Ie rapport de la vieille, Ie jeune homme donna donc trente dinars et
reeut la reeommandation expresse d\'apporter, en venant Ie soir a 1\'heure dite,
un papier contenant une livre de sucreries pour Ie singe. Au lieu d\'un, Ie jeune
homme se munit de plusieurs. On Ie laissa passer, il entra, fut servi comme
la veille, mangea et but. Quand il voulut avoir satisfaction avec la dame, Ie
singe s\'élanca vers lui; mais Ie jeune homme lui jeta un paquet de sucreries,
et Ie singe Ie prit et regagna sou poste.
Son affaire achevée, Ie jeune homme s\'apprêtait a recommencer, quand Ie
singe revint; un second paquet de sucreries Ie fit repartir. Cela se produisit
nombre de fois, tant qu\'enfin Ie jeune homme fatigué se laissa gagner par Ie
sommeil. Alors Ie singe vint a lui, Ie réveilla, Ie tira vers la dame, en met-
tant un doigt dans sa main fermée. La morale de cette histoire c\'est que les
cadeaux fait* aux serviteurs terminent heureusement les affaires en dépit du
nez des maitres. Le geste du singe signifiait: „Fais, jeune homme, fais!\'1 Et
vraiment, il ne lui laissa pas un instant de repos, 1\'excitant toujours a s\'oc-
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«Ju^mJ ^ya^j tliLÜ! _ƒ*? -.L*aJf JJ sUJj JoiaJ! Jx &is?. L*« *Uj ujLü!
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cLo iüjï ajw Jci.fj 2ALJ24 j {j^>- *-*^ Ci»f_5--w t^^ijlj t»>UJJ! 3
a) Cod. ^y. b) Cod. »!>«. £. c) Cod. ^iu*Jt.
cuper de la dame, jusqu\'au matin que ce garcon sortit et retourna a ses affaires.
XLVL Parmi les histoires des marins et des capitaines, voici ce qu*on ra-
conte du capitaiue Abhara. Il était originaire de Kerman. 11 fut d\'abord berger
et garda les brebis dans quelque village de cette contrée. Puis il se fit pêcheur,
ensuite matelot sur les navires qui fréquentaient les mers de 1\'Inde. Plus tard,
il s\'embarqua sur un navire chinois. Enfin il devint capitaine, travei\'sa la mer
en tout sens et fit sept fois Ie voyage de la Chine, expédition a laquelle ne se
hasardaient avant lui que des gens aventureux. Personae n\'avait achevé cette
traversée saus accident. Qu\'on püt arriver en Chine sans périr en route, c\'était
déja merveille; mais qu\'on en revint sain et sauf, c\'était chose inouïe; et je
n\'ai pas ouï dire que personne autre que lui eüt achevé les deux voyages d\'al-
ler et de retour sans mésaventure.
Il lui est arrivé de se mettre sur son canot avec une outre d\'eau et de rester
ainsi plusieurs jours en mer. Voici ce que rapporte la-dessus Ie capitaine Chah-
riari, un des marins des mers de la Chine:
„J\'allais, dit-il, de Siraf a la Chine. Parvenu entre Ie Senf et la cöte chi-
1\' I3v.
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t^yo^j Uil£»j Luïfj «a»l$f l^-J^ ^->VjJf ^Xw^ «£-5^o Ji f^.-ÏÏ ^>SÜ^
fjjksli ofj-wJf lj^JiS f^Xvosf olsj JuililJf ^j* **J,I *** OJJÜfj^uM J.f
JsSLk* <Vx ij^r\' c\'8j-êJ!x \\^sé c^-wÜi &vi$Jj> Lc Ulas f^le$ fjjva*» _jJ> Ls
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f.44r. ^ .dsjyïf p^JUk. JlÜS OyuaJI j *Jf LêIaoJj *J>lc LJUwi AStCaJj, r-t^\' 10
a) Cod. ü. p. />) Cod. aU. c) C\'od. s^xc. 1!) Cod. Sj^»^.
noise, dans Ie voisinage de Sandal-Foulat, de située a 1\'entrée de la mer de
Sandji. qui est la mer de Chine, Ie vent toinba tout a fait et nous eiïmes
calme plat. Ayant monillé les ancres nons demeurames en place deux jours.
Le troisième jour, nous apercümes de loin un objet sur la mer. Je fis mettre a
1\'eau la ehaloupe, et quatre matelots y desceudirent avec ordred\'aller reconnaïtre
cette masse noire. Ils allèrent et revinrent. „Eh bien? leur dis-je. — C\'est le
capitaine Abhara, répondirent-ils, monté sur son canot avec une outre d\'eau. —
Pourquoi, repris-je, ne 1\'avez-vous pas emmené ? — Nous avons voulu le faire,
diient-ils; mais il nous a répliqué: Je ne monterai sur votre navh\'e qu\'k, la con-
dition d\'en être le capitaine et de le gouverner; et je prendrai pour mon sa-
laire mille dinars en marchandises au cours de Siraf.*\'
Ces paroles nous Irappèrent. Accompagné de quelques matelots, j\'allai a lui
et je le vis sur 1\'eau, montant et descendant au caprice des vagues. Nous lesa-
luons et le supplions de venir avec nous. „Votre situation, dit-il, est pire que
la mienne, et je cours moins de dangers que vous. Je monterai a bord, si vous
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a) Cod. /«J\'^jj}. h) Cod. s^x* BiXLi. c) Cod. yS?. d) Cod. luW.
me donnez mille dinars de marchandises au cours de Siraf et si vous m\'aban-
donnez Ie gouvernement du navire. Nous dïmes: „Le navire contient beaucoup
de marchandises et d\'objets de valeur, aveu un grand nombre de gens. Il ne sera
pas mauvais que nous ayons les bons conseils d\'Abhara au prix de mille dinars/"
Il nous suivit donc et monta a bord avec son outre et Ie canot. A peine arrivé:
„Donnez-moi, dit-il, les mille dinars de marchandises. „On les lui donna. Les ayant
mises en süreté, il dit au capitaine: „Retire-toi!" Et Ie capitaine se retira, lui
cédant sa place. „A 1\'ceuvre maintenant, reprit-il, et n\'encourons pas de blame par
Ie retard. — Que faut-il faire ? dimes-nous. — Jetez a la mer tout ce qui est lourd.
„On Ie jeta, et Ie navire fut débarrassé de la moitié de son chargement, ouplus.
„Coupez Ie grand mat," continua-t-il. Le grand mat fut coupé et jeté 11 la mer.
Le matin venu, il dit: „Levez les ancres et laissez le navire aller a saguise."
On obeït. Il ajouta: „Coupez le cable de la grande ancre." On le coupa et 1\'ancre
resta dans 1\'eau. Il fit encore jeter successivement d\'autres ancres; six furent
ainsi abandonnées. Le troisième jour, un nuage pareil ii une tuur s\'éleva. puis
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se dispersa dans la mer, et la tempête nous assaillit. Sans la précaution que
nous avions prise d\'alléger Ie navire et de couper Ie mat, nous aurions été sub-
mergés dès la première vague qui nous enleva. La tempête dura sans intervalle
trois jours et trois nuits. Le navire montait et descendait, sans voiles et sans
ancre, entraïné nous ne savions oü. Le jour suivant, le vent diminua, puis
s\'apaisa tout a fait, et a la fin de cette journée la mer était redevenue calme.
Dès le matin du einquième jour, la mer était bonne, le vent favorable. Nous
dressames un nouveau mat, nous tendimes des voiles et le navire marcha, sauvé
par Dien. Nous arrivames au pays chinois. La le navire fut réparé, et un mat
refait ii la place de celui qu\'on avait jeté a la mer. Après avoir séjourné le
temps nécessaire pour nos ventes et nos achats, nous remïmes a la voile, re-
prenant la route de Siraf.
Quand nous fümes, suivant notre estime, vers Tendroit oü avait été recueilli
Abhara, nous eiïmes connaissance d\'une ile et de roches. „ Jetez 1\'ancre",
dit Abhara. Cela fait, on mit la chaloupe a la mer, quinze hommes y des.
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l°fjcS> cj"^L w\\-S **i JLfis .l^Ü» ...LafiJt f«X£ ,Xfi \'*o~JiXA«**f OU*\' ^
o) Desideratur mentio anchorae tcrtiao. /<) Cod. L*La! ,A>o. c) Cod. *a*aÏ. </) ov~AX~^.
cendirent. „Allez vers cette élévation, dit-il, et prenez 1\'aucre que vous y trou-
verez." Ces paroles nous surprirent, mais on ne voulut pas Ie contrarier. On
obéït, et les matelots en effet trouvèrent 1\'ancre et la rapportèrent.
Il dit encore: „Allez a cette autre roche et prenez-y telle ancre." Cequi tut
fait. Puis il ordonne: „Hissez les vergues!" Nous executons 1\'ordre et Ie navire
reprend sa marche.
Nous questionnames Abhara sur 1\'aventure de ces ancres. „Lorsque je vous
ai rencontres, dit-il, nous étions au trentième jour (de la lune), au moment
de la haute nier; mais elle avait déja baisse beaucoup. Votre navire flottait au
milieu de ces écueils et de cette ïle. Je vous ai fait jeter Ie plus lourd de vos
bagages. Puis songeant que nous pouvions a la rigueur nous passer d\'ancres
en Chine, et que les marchandises restantes valaient a poids égal plus du doublé
que ces ancres, je vous les ai fait jeter aussi parce qu\'il fallait absolument al-
léger Ie navire. Trois des six sont restées en évidence sur les écueils et sur 1\'ile,
trois sont allées dans les profondeurs. — Comment, lui dit-on, as-tu pu prévoir
eet abaissement de 1\'eau et cette tempête ? — Moi et d\'autres avant moi, dit-il,
nous avons déja traverse cette mer; et nous avons observé qu\'a chaque tren-
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«) Cod. oüjL.        &) Cod. »ju>. c) Cod. ^yojJs. d) Cod. A*5-*. Addidi .afo. e) Cod.
qj~^- ^) Co,1- ^J3, \'^ Cotl- o4>*
tième jour (de la lune) elle baisse d\'une facon extraordinaire, au point de laisser
ces hauteurs ii découvert; et en même temps s\'élève une violente tempête qui
surgit du fond des eaux. Le navire que je niontais a fait naufrage sur uu de
ces somraets, parce que la basse nier est survenue pendant que nous passions
de nuit au dessus de 1\'écueil, et je me suis sauvé dans ce eanot. Sivousétiez
restés au lieu öü je vous ai rencontres, en moins d\'une heure votre navire
touchait, avant la tempête, car vous étiez au dessus de l\'ile, et s\'il échouait
contre ces rochers, il était mis en pièces."
Cet Abliara avait acquis une grande expérience de la navigation et avait eu
bien des aventures. Celle-la est une des plus singulières.
XLVI. Mohammed fils de Babichad m\'a raconté que faisant la traversée de
Fansour a Oman dans un navire ii lui, ils avaient traverse la mer de Herkend
et pénetré dans la mer des Indes avec lïntention de gagner les pays occiden-
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a) Cod. 0**j;.           6) Cod. ybL^Ui.           c) Cod. 0?JuJÜL..           <*) Cod. 0tJuJü;.          e) Peest.
ƒ) Cod. 0U»JjJI.
tuux, lorsque son pilote lui dit: „A quel port de 1\'oecident comptes tu al>or-
der?" — „A Réisout, répondit-il, ou bien a une parasange plus haut ou plas
bas. — Nous aborderons a tel port, repartit Ie pilote, ii cinquante parasanges
plus bas que Réisout. „Sur quoi ils firent un pari de vingt dinars a donner
aux pauvres. Or, du point oü ils se trouvaient jusqu\'a Réisout, la distance
était de quatre cents parasanges au moins.
Au bout de quinze journées de voyage, ils jugèrent qu\'ils approchaient des
montagnes de 1\'occident, et se mirent a parier de leur pari jusqu\'a la nuit.
On avanca jusqu\'au lendemain matin. Le jour venu, ils montèrent avec la
vigie au haut du mat, n\'apercureut rien et redescendirent. On venait de faire
la prière de 1\'après-midi, quand Mohammed hls de Babichad dit: „Je vois pa-
raïtre les montagnes." Et comme on répliquait: „Nous ne vo}rons rien," il
fit monter la vigie. A peine installée au sommet du mat, la vigie s\'écrie:
„Que Dieu fasse miséricorde a tous ceux qui diront „Allah Akbar (L)ieu est
grand)!" — „Allah Akbar!" fit 1\'équipage. On se félicite, on pleure de joie et
de satisfaction.
Le navire avance toute la nuit jusqu\'a 1\'approche de 1\'aube. A ce moment,
Mohammed fils de Babichad commande: „Mouillez 1\'ancre!" L\'ancre mouillée,
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r. i7r. 9j^.*Jti L^ jv.i/.-cJt J^a*. j-^j -.js-^I .j^\'f *»**aS ^3 ...ItX jk ^05 10
o) Cod. \'JU».           h) Coil. \'V j«.           O Cod. q}-£>.           \'0 Cod. lXjsU.          <>) Cod. Lu5o .1.
ƒ) Cod. ^^o^\'. ^/) Cod. 0^«J.         /\') Cod. LLL>.
les voiles descendues, il demande au pilote: „Ou sommes-nous?\'\' — „En tel
endroit," répond celui-ci, nommant une localité a quarante parasanges de Kéi-
sout. — A Réisout niême, réplique Mohammed, juste en face, ou bien k un
jet de flèche plus haut ou plus bas." Et en effet, Ie jour paraissant, ils se vi-
rent en face de Réisout.
Lorsque, étant en mer, me dit Mohammed fils de Babichad, tu veux recon-
naitre si tu es dans Ie voisinage d\'une terre ou d\'une montagne, regarde, dans
1\'après-midi, quand Ie soleil touche a son déclin. A ce moment, s\'il y a en face
une montagne ou une ïle, tu 1\'apercevras distinctement.
XLVII. Un marin m*a appris qu\'entre Khanfou, capitale de la Petite Cliine,
et Khomdan, capitale de la Grande Chine, qui est la plus considérable des deux
Chines et oü réside Ie baghbour (1\'empereur), on trouve un fleuve d\'eau douce
puissaut, plus large que Ie Tigre a Basra; et en certains lieux des rives de ce
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fleuve il y a des montagnes d\'aimant. C\'est pourquoi 1\'on 11e peut y naviguer
avec des navires contenant du fer, car ces moutagnes les attireraient. Les cu-
valiers t^ui les parcourent ne ferrent pas leurs montures; leurs selles n\'ont aucun
ferrement: leurs étriers et les mors des chevaux sont en bois.
XLVIII. -Ie tieus d\'un pilote nommé Imran Ie Boiteux, qu\'étant sortis d\'0-
man sur un navire accompagué de plusieurs autres qui se rendaieut a Djidda,
eu 1\'année 325, ils furent assaillis par une violente tempête et lorcés de jeter
a 1\'eau une partie du chargement. „Plusieurs navires, dit-il, restèrent en ar-
rière, les autres continueren t leur voyage. Arrivés entre Kararan et ....(?)
nous essuyames un grain terrible, avec des sautes de vent, qui rompit nos
ancres, nous forca ïi quitter Tancrage et nous emporta. Il y avait avec nous
plusieurs navires d\'Aden, de Ghalafiqa et d\'Athar, entre autres une djelba de
Ghalafiqa, toute neuve, magnifique. Je la vis, poussée par les vents et par les
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^oJI OiAJ«L£t ^\'i t-^-i-Jf 0-Ï5 (^Jf A*JLJij$ iua^j Jij ? Jis *Jf
a) Cod. v_jj3-. i) Scil. «j^Luu-J. c) Cod. «Lij Oy>. <l) Dccst. e) Cod. hic ot infra 0Ljl!,
semel vero öL^J\'. ƒ) Cod. ^-JLtJt. Vid. supra pag. 33. 7) Deest. h) Cod. *Jlftj.. i) Sic.
vagues, jetée sur uu écueil dans la mer et envahie par les flots. Elle chavira.
•Ie vois eneore la eargaison et les gens précipités pêle-mêle dans la mer du
liaut de récueil. Le bateau sombra et tous périrent sans exception.
XLIX. Parmi les histoires singulières de marins, voici ce que m\'a raconté
Ismailawéih, au sujet de Merdanchah, un des eapitaines de navires qui vont
aux pays du poivre et autres lieux. Ce Merdanchah avait atteint soixante-dix
ans sans avoir d\'enfants. 11 lui en naquit un qu\'il nomma El-Merzeban. Cet
enfant devint 1\'objet de sa plus vive affection; il remmenait avee lui dans son
navire avee la mère. Un jour «ju\'il naviguait dans la merde Barnan (?) pour
atteindre Koulam, il demande 1\'enf\'ant a la mère qui était dans la cabine.
Elle le lui mit entre les bras; et il s\'amusa a le faire sauter et a 1\'embrasser,
jusqu\'au coucher du soleil. En ce moment, le vent se mit a souffler avee vio-
lence et un des mats se fendit. 11 voulut rendre 1\'enf\'ant a la mère, mais dans
sa précipitation il le laissa tomber dans 1\'eau sans s\'en apercevoir. Le vent
souföait en tempête; il lui fallut s\'occuper du gouvernement d\\i navire jusqu\'a
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^aLs~o sli\' _^c iüüci l\\a.Ij m_j 3 (M^*-c c^9^ ^ fnXöj" *X-Sj **«.
^yCi jj *if jj^LJt ^ /öLl tjjS^^ cjüóK l^ \'üUj! £>J[y>f J*c tjJ-Jf
Theure de la prière du matin. A 1\'aube, la iner redevenue calme et Ie navire
en paix, il s\'assit et redemanda son fils. „Mais, dit la mère, tu Tas depuis Ie
commencement de la nuit." A ces paroles, Ie vieillard s\'arrache la barbe, se
frappe la tête contre les parois et met tont Ie navire en émoi. Le timonier
lui dit: „Saebe que depuis la chute du jour le gouvernail est lourd sous ma
niain. Regardes-y. „On y regarde, et voici epie sur le bout du gouvernail on
découvre comme uu objet planté la, qui ne bougeait pas. C\'était 1\'enfant. Un
homme descend aussitöt et remonte la petite créature qui n\'avait aucun mal.
Il la donne ii la mère, qui lui présente a boire du lait, et 1\'enfant boit. Il
avait alors quinze mois.
„J\'ai connu ce fils, ce Merzeban", m\'a dit Ismaïlawéib, „alors qu\'il était agé
de soixante dix ans et plus. Il avait été jusqu\'ïi treize tois devant le cadi d\'0-
man, dans une\' seule journée, pour faire prêter serment pour affaire d\'argent;
et c\'était chaque fois de faux serments. C\'était, m\'a-t-on dit, le moins juste
des capitames. Dans son navire, il traitait les marebands a la facon des
notaires."
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\'• 48v- *Jl»3 \\joj^} oUëJf ^«-Aflj ^f ^a^«o ^j^-z J^-*f er L^^ «^
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^xj.5» èLglIsj LgxS *1*£^ L<io.i>. 1>\\L« , öjLvjj s-*jJxL \'ij*, fjd <_£aoaj
r/) Cod. Jo^. 6) Cod. Ub5. c) Cod. J^o;.
L. Bien des marins m\'ont parlé de Saïd Ie Pauvre, d\'Aden, et raconté
1\'origine de la fortune de ses enfants. Tous les récits cóncordaient en ce que
je vais dire. Saïd étiiit un s;ünt homme, habitant d\'Aden, qui tressait les pa-
niers et les ouvrages en feuilles de palmier. Fort assidn a la mosquée, il y
faisait toutes les prières. Il avait trois rils qni menaient nne vie a pen prés
semblable ïi la sienne.
Un marin de ses ainis avant équipe un navire pour Kalah, et étant au
moment du départ, vint Ie trouver et lui dit: „Je te prie de me donner une
eommission." Saïd acheta une cruche verte d\'un demi-dirhem et un daneq de
jiTOs sol qu\'il niit dans la cruche. L\'ayant bouchée: „Voilk, dit-il, la mar-
chandise. — Et que t\'achèterai-je % demanda Ie marin. — Aehète-moi une béné-
diciion (barak/n,
comme disent les gens."
Le navire partit, arriva a Kalah, vendit son chargement; et Ie patron ne
se souvint plus de la cruche. Cependant un jour, alors que le rechargement
était déia achevé et le départ imminent, le capitaine vit sur le marclié de
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a) Docst. &) Cod. xJLo. e) Cod. ^ d) Deesfc.
Kalah un horame qui tenait un poisson au bout d\'une corde, criant: „Qui
veut acheter une baraka?" Ce mot lui rappela la cruche de Saïd. „Qu\'est-ce
que cela, dit-il a 1\'homme au poisson — C\'est, répondit 1\'homme, une espèce
de poisson qne les pêcheurs appellent baraka. — Ma foi! pensa Ie marin, c\'est
peut-être Ik précisément ce que mon ami Saïd a voulu dire." Et il acheta Ie
poisson au prix de deux oques pesant de sel. Faisant asseoir Ie vendeur, il
dépêcha au navire un de ses gens qui rapporta la cruche intacte. Il donna ii
1\'homme Ie poids convenu de sel et fit eraporter Ie poisson en sou logis. Oxi
apprêta Ie poisson pour Ie saler avec Ie reste du sel. En ötant les entrailles, on y
trouva maints coquillages, parmi lesquels, en les fendant, on découvrit une coquille
d\'huitre contenant une grosse perle. „Voila un don que Dieu envoie a Saïd,"
s\'écria Ie capitaine. Le poisson salé et la perle mise a part, on appareilla et Ie
navire parvint a Aden sans accident. Le capitaine donna la perle a Saïd, qui
vécut fort peu de temps après 1\'avoir reene. Après sa mort, son plus jeune fils
la prit et s\'en vint a Sorr-man-ra trouver le calife qui était alors El-Motaraed.
Il la lui vendit au prix de cent mille dirhems. Elle valait plus du doublé.
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(WwÜLSkj ^liüel ^cC^. w*-=i jSLJ^ £ L5^t» Lg**aS cU \'sejI^O 3J..9 -&JC
a) Cod. [>;-
          //) Lacuna in Cod. non indicata est.
LI. On m\'a assuré qu\'un roi de 1\'Inde fit faire 1\'image de Mohammed, fils
de Babiehad, comme étant uu marin distingué et dont Ie nom a couru sur la
mer. C\'est leur coutume de faire 1\'image des hommes illustres et éminents a
quelque classe qu\'ils appartiennent.
LIL Un Sirafien raconte que dans une traversée de Siraf a Kalah, sou na-
vire sombra en pleine mer, et lui-même parvint a se sauver sur une pièce de
bois. Il demeura en mer plus de dix jours, puis fut poussé sur une ïle riche en
arbres, en fruits, en bananes. Après y avoir demeuré quelque temps, vivanl
des fruits et de 1\'eau douce qu\'il y trouvait, il s\'ennuya et se mit a mareher
droit devant lui pendant plusieurs jours. Cela Ie conduisit dans une région cul-
tivée, oü se trouvaient des plantations de dourah, de riz et autres végétaux
utiles. Apercevant une hutte, il s\'en approcha et vit un réservoir d\'eau qui était
vide. Fatigué, il entra dans la hutte, pour se reposer. Il y dormait, lorsquear-
riva un homme qui conduisait deux taureaux chargés de douze outres pleines
d\'eau. L\'homme prit les outres et les vida dans Ie réservoir; puis il s\'assit afin
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J^f |jt£ te *ie Jo^JI JUi TlaJf ^ ^J. *a^j >) JliüJf ^j^a.
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a) Cod. \'^«yu.
de prendre un instaat de repos. Le voyageur se leva pour boire de cette eau.
Il examina le réservoir et le trouva lisse et poli, différent de la poterie et du
verre. Il questionna la-dessus 1\'homme aux taureaux, quiluidit: „C\'est un tuyau
de plume d\'oiseau." Le voyageur ne ponvait y croire; tnais, retournant au réser-
voir, il le frotta en dehors et en dedans, et vit qu\'il avait de la transparence
et portait sur les deux cötés des traces de barbes de plume. Cet homme ajouta
qu\'il y avait des oiseaux dont les plumes étaient encore beaucoup plus grandes.
LII1. Voici un fait bien connu des marins, et je n\'ai jamais vu personne
qui en contestat 1\'exactitude.
Un navire allant vers la Chine fit naufragc en pleine mer. Six ou sept per-
sonnes échappées a la mort sur des agrès abordèrent au bout de quelques jours
dans une ile oü ils séjournèrent plusieurs mois. Ils y mouraient d\'ennui, lors-
que, un jour, s\'entretenant sur le rivage de la mer, ils virent s\'abattre sur le
sol un oiseau gros a peu pres comme un taureau. „Nous sommes las de l\'exis-
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a) Cod. «iL». 6) Deest.
tence, se dirent-ils. Jetons-nous tous ensemble sur eet oiseau. Nous 1\'abattrons,
nous 1\'égorgerons, nous Ie ferons cuire et Ie mangerons. Ou bien nous aurons
Ie dessous, et il nous tuera avec son bec et ses griffies; ou bien nous en viendrons
a bout, et nous Ie mangerons."
Ils vont donc a 1\'oiseau; les uns se pendent a ses pattes, d\'autres a son cou,
tandis que les autres Ie frappent aux jambes avec des morceaux de bois, et ils
font tant qu\'ils 1\'assomment. Alors frappant deux pierres 1\'une contre 1\'autre ils
en fabriquent des couteaux dont ils se servent pour saigner 1\'oiseau. Puis ils
Ie plument, allument un grand feu, 1\'y jettent, Ie retournent de droite et de
gauche, jusqu\'a ce qu\'il soit cuit, s\'asseyent a terre et se rassasient de sa chair.
Le soir, ils en mangent encore. Le lendemain matin, étant alles a la mei-
faire leurs ablutions pour la prière, comme ils se frottaient le corps, voila que
tous leurs poils torn bent, si bien qu\'il n\'en reste pas un sur leur peau; ils n\'ont
plus ni barbe ni poil. Parmi eux étaient trois vieillards qui furent bien stupé-
faits de se voir ainsi épilés. „C\'est la chair de eet oiseau, dirent-ils, qui a fait
tomber notre poil. Elle était sans doute empoisonnée. Nous mourrons tous au-
jourd\'hui et verrons la fin de nos peines." Cependant le soir ils se trouvaient
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101
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o) Cod. OjajI. 6) Deest. c) Cod. add. **s *J^.
toujours en bonne santé; Ie lendemain aussi, et les jours suivants. Cinq jours
après, leur poil commenga a repousser, et, au bout d\'un mois, il était entière-
raent revenu, noir et brillant, ne faisant plus mine de blanchir. ün mois plus
tard, ou environ, un navire fut en vue; ils lui firent des signaux, il vint a
eux, les recueillit et les sauva. Chacun put regagner son pays et raconter l\'aven-
ture. Tel, parmi eux, qu\'on avait connu vieillard, revenant avec une barbe
noire, était obligé de se faire reconnaitre a des marques particulières. Et depuis,
leur poil ne blanchit plus.
LIV. Un pilote m\'a raconté que dans la mer de Samarkand — qui est la nier
voisine de Herkend, ainsi nommée, dit-on, parce que Ie fleuve de Samarkand y
a son embouchure, — on voit beaucoup de poissons de 1\'espèce appelée Fdl, qui
est Ie plus grand poisson de 1\'Océan. Et lui-même en vit un, dont il estima
la longueur a deux cents aunes, avec une épaisseur de cent. On 1\'apercut de
loin, et 1\'on prit ses nageoires élevées hors de 1\'eau pour les voiles d\'un navire.
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102
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a) Sic. Probabiliter legendum X*»pjt. 6) Cod. U:i^.
jusqu\'a ce qu\'on s\'en füt suflBsamment rapproché. Il avait sur Ie dos un amas
de terre et d\'autres choses, entassées durant la longueur du temps, formant une
croüte pétrifiée, dure comme la pierre meulière , de sorte que Ie fer ni rien n\'y
avait aucune prise. Autour de lui nageaient, a droite, a gauche, devant, derrière,
sur une étendue de plusieurs parasanges, une foule de petits poissons qui ne Ie
quittaient pas. On dit que Ie male et la femelle portent des ceufs qui grossissent
dans leur ventre; mais ceux du male ne produisent rien et ceux de la femelle
donnent naissance aux petits.
LV. Parmi les merveilles des choses de la mer est un oiseau qu\'on trouve
dans les parages de Maït, ile voisine du Senf et de Sérira. On dit qu\'il se fait un
nid a 1\'entrée de quelque crique, y pond, couve ses oeufs quarante jours, au bout
desquels il les jette a 1\'eau. Puis il demeure la vingt jours, vivant de poisson.
Les vingt jours écoulés, les petits sortent des ceufs et viennent rejoindre leurs
parents, qui les couvrent de leurs ailes et leur donnent la becquée jusqu\'a ce
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o) Cod. ^j^». &) Cod. |»$JU» c) Deest. d) Cod. ^**. e) Cod. JJU^I.
qu\'ils aient mis des plumes. Aussitöt que les petits marchent et mangent seuls,
les parents les abandonnent. La couvée ne dépasse pas trois petits.
Les habitants de Maït... cette lle, dit-on; et nul navire n\'y aborde sain et
sauf. En effet 1\'arrivée des navires n\'y a lieu qu\'a une certaine époque de l\'an-
née, coïncidant avec une forte tempête; dès que Ie batiment est en face du pays,
les passagers se jettent a 1\'eau sur des morceaux de bois et autres objets capables
de les porter; les flots les ballottent et finissent par les pousser au rivage. Quant
au navire, les vagues 1\'emportent, füt-il sur cent ancres; il est jeté a la cöte et
s\'y brise. Les ballots de marchandises sont entraïnés sur la plage oü chacun reprend
son bien. Pour s\'en retourner, ils refont un navire. Tout ce qu\'on transporte dans
ce pays est soigneusement enveloppé dans des peaux, afin que 1\'eau ne puisse
1\'altérer après Ie bris du navire. Cette ïle fournit de 1\'or, du cotonet du miei.
LIV. Al-Hacan fils d\'Amr m\'a dit avoir vu a Mansoura des gens du bas Cache-
mire; leur pays est situé a soixante-dix journées de voyage par terre de Man-
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^
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slo sAiii ^s ^IsJf jJl§- ^^s ^jLepu J} ^aI^u^ Ux &sL „1»*$
f 52v.
a) Cod. jm\'. 6) Cod. .»*j.
soura. Ils descendent aussi sur Ie Mihran, qui coulede Cachemire avec un cours pareil
a celui du Tigre et de 1\'Euphrate, au moment de la crue; ils font ce trajet sur des
ballots de costus. Ces ballots pèsent de sept a huit cents livres chacun. Ils sont enve-
loppés de peaux enduites de goudron, ce qui les rend imperméables a 1\'eau. De ces
ballots réunis et lies ensemble ils forment une sorte de radeau sur lequel ils s\'in-
stallent eux-mêmes; ils descendent ainsi Ie Mihran et viennent aborder au port de
Mansoura, dans 1\'espacede quarante jours,sans que Ie costus ait été atteint par 1\'eau.
LVII. Une personne qui a séjourné dans 1\'Inde m\'a dit qu\'il y a dans ce pays
des charmeurs. Tel de ces charmeurs va dans la campagne, et voyant des oiseaux
au haut des airs, il tracé sur la terre un cercle au-dessous d\'eux. Les oiseaux
continuent a voler au-dessus du cercle, finissent par y tomber et n\'en sortent
plus. Le charmeur entre dans Ie cercle et en prend autant qu\'il veut, puis met
les autres en liberté. De même, apercevant des oiseaux qui paissent dans la
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J^fj J.~*AJf xsnïi.1 SJf *Ulf ^ji xjt_juof tAOJ ,J j^xsj ^ -j^- or^
a) Cod. ^ p* uöju è) Cod. &. c) Cod. Jof. d) Cod. I^*T.
plaine, il décrit autour d\'eux un grand cercle qui les environne, et d\'oü ils ne
peuvent s\'échapper. Il y entre et en prend ce qu\'il lui faut.
LVIII. Quelqu\'un qui avait vu des gensde cette categorie a Sendaboura, m\'a
dit que tel autre de ces charmeurs va vers la crique de cette ville, portant un
morceau de bois sur lequel il prononce quelques paroles et qu\'il jette ensuite
a 1\'eau. Le bois flotte, s\'arrête en un point et ne bouge plus. Le charmeur
monte sur un canot, va au point oü le bois s\'est arrêté, en fait sortir un cro-
codile et le tue. Cette crique en effet abonde en crocodiles. On dit que ces ani-
tnaux n\'attaquent jamais les gens dans 1\'intérieur de la ville; mais un homme
qui en sort ne peut mettre le doigt dans 1\'eau sans être saisi par un d\'eux. Les
habitants de Sérira pretendent posséder un talisman contre les crocodiles.
LIX. IJne personne qui a vu dans 1\'Inde bien des gens adonnés a la divina-
tion, m\'a conté qu\'un marchand Sirafien voulant partir de Seimour pour Sou-
bara par voie de terre, fit demander au gouverneur un guide pour la route. Le
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^ Jli jjj ^JlS ^> Julsf I J, JU, V^ȕ J^f $J Ub OO^Jf
^yi^j "^ Lo Fjjdï CX* CJ& föj **? L° jrr^ l5^- *^ !>^*b ^^
a)Addidi. 6) Cod. ^, sed infra J&i. c) Cod. JiTï.
gouverneur lui fournit un de ses bdtak ou piétons, avec lequel il partit. Ar-
rivés hors de Seimour, ils s\'assirent auprès d\'un thélah ou étang, dans Ie
voisinage d\'un djéram ou jardin, pour manger quelque chose; et parmi ce qu\'ils
mangèrent, il y avait du riz. Un corbeau vint a coasser. L\'Indien dit au Sira-
fien: „Sais-tu ce que dit Ie corbeau? — Non, répondit celui-ci. — Il dit: Je man-
gerai certainement de ce riz que vous mangez." „Cela me surprit, dit Ie Siraflen
racontant cette histoire, car nous avions achevé Ie riz et il n\'en restait pas un
grain. Nous étant levés, nous nous remimes en route. A peine avions-nous fait
deux parasanges que nous rencontrames une troupe de cinq Indiens. Le piéton,
en les voyant, montra une vive agitation et me dit: „Je vais me battre avec
ces gens-la. — Pourquoi ? lui demandai-je. — Il y a, dit-il, entre eux et moi une
vieille cause d\'inimitié." Il m\'avait a peine exprirné son intention, que les Indiens
tii èrent leurs khandjars, se jetèrent tous sur lui et le tuèrent. On lui fendit le
ventre et ses entrailles sortirent. Pour moi, saisi d\'une frayeur qui ne me lais-
sait pas la force de marcher, je tombai presque sans connaissance. „Rassure-toi,
me dirent-ils. De lui a nous il y avait une cause d\'inimitié. Toi, tu n\'as rien a
craindre." Et ils me laissèrent la et partirent. Ils venaient de s\'éloigner quand
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a) Addidi. b) Cod. oyaju. c) Cod. ^l&e.
un corbeau s\'abattit sur Ie cadavre du piéton, et je ne doutai pas que ce ne fut
Ie même que nous avions déja entendu. Il se init a becqueter Ie riz qui sortait
des entrailles de 1\'homme.
LX. Parmi les histoires curieuses des marchands, des voyageurs et des person-
nes qui ont fait fortune sur mer, est celle d\'Ishaq fils du Juif. C\'était un homme
qui gagnait sa vie avec les courtiers de commerce a Oman. A la suite d\'une al-
tercation avec un Juif, il quitta Oman et s\'en alla dans 1\'Inde. Il ne possédait
pour tout bien que deux cents dinars environ. Après une absence de trente ans,
pendant laquelle on n\'eut de lui aucune nouvelle, il revint a Oman en 1\'année
300. Je tiens de plusieurs marins de ma connaissance qu\'il arrivait de la Chine
sur un navire a lui et dont Ie chargement tout entier lui appartenait. Pour évi-
ter Ie controle des marchandises et Ie paiement de la dïme, il fit un arrange-
ment avec Ie gouverneur d\'Oman, Ahmed fils de Hélal, moyennant une somme
de plus d\'un million de dirhems. En une seule fois, il vendit a Ahmed fils de
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a) Cod. t>j.          6) Fortasse fc^o.
Merwan cent mille mithcals de inuse de première qualité, et 1\'acheteur jugea que
c\'était tont ce qu\'il en ava.it. Il fit avec Ie même un marché de quarante mille di-
nars d\'étofFes, puis un autre marché de vingt mille dinars avec une autre per-
sonne. Sur la demande d\'Ahmed fils de Merwan, Ishaq consentit a une diminution
d\'un dirhem d\'argent par mithcal; et cette remise atteignit cent mille dirhems.
Cette prodigieuse foi\'tune fit du bruit dans Ie pays, et suscita des envieux.
Un méchant homme, qui n\'avait pu obtenir d\'Ishaq ce qu\'il lui demandait, par-
tit pour Bagdad, alla trouver Ie visir Ali, fils de Mohammed, fils d\'al-Forat,
et fit des rapports calomnieux sur Ie Juif. Le visir ne 1\'écouta point. Alors eet
homme s\'insinua auprès d\'un méchant personnage de la cour du calife Moqtadir-
billah, fit le bon apötre et conta a sa facon 1\'histoire du Juif. Un homme, di-
sait-il, était parti d\'Oman, ne possédant rien; il était revenu avec un navh\'e
chargé de musc pour un million de dinars, d\'étoffes de soie et de porcelaines pour
une somme egale, de joyaux et de pierreries pour tout autant, sans compter une
foule d\'objets merveilleux de la Chine. Cet homme, ajoutait-il, était un vieillard
I\' 54v
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109
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a) Cod. J-^s?.. ft) Cod. ys-Vj. c) Cod. IjJb.
sans enfants. Ahmed fils de Hélal avait recu de lui ponr cinq cent mille dinars
de marchandises. Tout cela fut rapporté au calife qui trouva la chose fort sur-
prenante, et dépêcha sur-le-champ un de ses eunuques noirs nommé Foulfoul,
avec trente serviteurs, chargés d\'un message pour Ie gouverneur d\'Oman, lui en-
joignant de livrer ce Juif a 1\'eunuque et de lui expédier lui-même un messager.
Lorsque 1\'eunuque fut arrivé a Oman et qu\'Ahmed fils de Hélal eut pris connais-
sance des ordres du calife, il commanda de garder Ie Juif a vue, et cependant
promit a celui ei de Ie tirer d\'affaire moyennant une forte somme qu\'il exigeait
pour lui-même. Puis il fit avertir secrètement les marchands, leur faisant remar-
quer ce qu\'il y avait de menacant, dans 1\'arrestaHon du Juif, pour eux,pour les
étrangers ou les habitants qui s\'occupaient de négoce, livrés ainsi a 1\'arbitraire du
pouvoir et a 1\'envie des misérables et des méchants. Lk-dessus, les marchés se
fermèrent. Des papiers furent signés par les gens de la ville et les étrangers, at-
testant qu\'après 1\'arrestation du Juif les navires n\'aborderaient plus a Oman, que
les marchands s\'en iraient, qu\'ils se donneraient avis les uns aux autres de n\'abor-
der jamais aux rivages de 1\'Iraq, oü nul n\'était plus en sécurité pour ses biens.
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L5*^ >^ l5^.>W ^ *** rfj fd& ^-^l^ aJ^I A-jO^-j ^aj ^
o) Cod. J^t.
On ajoutait qu\'Oman était une ville oü se trouvaient beaucoup de gros et riches
marehands, de tont pays; qu\'ils n\'avaient d\'autre garantie de sécurité que la
durée de la justice du calife et de son emir, sa considération pour les marehands
et sa protection centre les envieux et les méchants.
Les marehands firent du bruit dans la ville, crièrent contre Ahmed fils de Hé-
lal, et se mutinèrent; si bien que 1\'eunuque Foulfoul et ses acolytes se disposèrent
a repartir et prirent congé du gouverneur.
Ahmed écrivit au calife, faisant Ie récit des événements, comme quoi les mar •
chands mettaient h, quai leurs navires, et rechargeaient leurs marchandises pour
les remporter; comme quoi les commercants domicilies dans la ville étaient
dans Ie plus grand trouble et disaient: „Nous allons être privés de tout moyen
d\'existence, quand les navires n\'aborderont plus ici; car Oman est une ville dont
les habitants tirent tout de la mer; si parmi nous les petits sont ainsi traites, ce
sera pis encore pour les grands. Les sultans sont un feu qui dévore tout ce qu\'il
atteint. Nous ne pouvens y résister, et mieux vaut pour nous sortir de devant eux."
Kl
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f 56r
ÖjLi-JÓ
a) Cod. rfs.^iaj. 6) Cod. (i)i^wJi.
L\'eunuque et ses hommes soutirèrent deux mille dinars au Juif et s\'en retour-
nèrent. Le Juif indigué se hata de rassembler tout ce qu\'il possédait, fréta un
navire et repartit pour la Chine sans laisser un dirhem a Oman. A Sérira, le gou-
verneur lui demanda une aubaine de vingt mille dinars comme droit de passage,
pour lui laisser poursuivre son voyage vers la Chine. Le Juif ne voulut rien don-
ner. Le gouverneur dépêcha secrètement contre lui des affidés qui le tuèrent.
Puis il s\'empara de son navire et de ses biens.
Ishaq était demeuré trois ans a Oman. Des personnes qui 1\'y ont vu m\'ont dit que
le jour du mihrdjan il fit cadeau a Ahmed fils de Rélal d\'un vase de porcelaine noir,
ferme d\'un couvercle brillant d\'or. „Qu\'y a-t-il dansce vase? demanda Ahmed. —
Un plat de nekbadj que j\'ai préparé pour toi en Chine, dit le Juif. — Du sekbadj
cuit en Chine! Et voila deux ans de cela! Il doit être dans un belétat." Ahmed
ótant le couvercle ouvrit le vase; et voici qu\'il y trouva des poissons d\'or aux
yeux de rubis, entourés de musc de première qualité. Le contenu du vase valait
cinquante mille dinars.
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«pUJf J^é^ *ü^Lw JL&. J-cj JU^>» cXH **M liSüuJLfj ^y^f jj\'^
Ja. Jju (J^ iuUj o^s_5-JL **yo w^5>ó ^0 Sj-j^ Jx (j*JUk _^j 5
^yi.11 ÓjLo ^ o5Xo o^ic l^U* 0ji& % &***aj ^^^M. * ^ **&)
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^ u^i.1 cioi; Juï> ^c Ij J, Jlas Huis. o-éi«i jJJj y^ ^f
o) Cod. LcUi^c. M Cod. ** *& >~>i4.
LXI. Parmi les particularités que Ie Juif racontait de laChine, je rapporterai
la suivante.
„Je suis allé, disait-il, dans une ville de ce pays, nommée Loubïn. Pour
s\'y rendre, il faut franchir des montagnes escarpées; Ie transport des marchan-
dises se fait a dos de chèvre, car Ie chemin sur ces hauteurs abruptes ressemble
a une série d\'escaliers que ces animaux seuls sont en état de monter. Le roi de
cette ville était un prince puissant et respecté. Lorsque je me présentai devant
lui. il était assis sur un tröne d\'or, incrusté de rubis, chargé lui-même de bijoux
comme une femme. La reine était a ses cötés, encore plus richement parée. Il
avait au cou des colliers d\'or et d\'émeraudes d\'un prix inestimable, tels que les
rois de 1\'Oriënt et de 1\'Occident n\'en possèdent pas de pareus. Prés de lui se te-
naient environ cinq cents jeunes filles de toutes couleurs , portant des vêtements
de soie et des parures. Jelesaluai: „0 Arabe, dit-il, as-tu vu quelque objet plus
beau que ceci?" Il montrait un de ces colliers orné d\'incrustations. „Oui,repon-
dis-je. — Comment cela? — J\'ai, repris-je, une perle unique que j\'ai achetée a
l. öGv.
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X ^Las »a£ J^lc Sji. s\'uXA.fj *£j*sL> tXJ> f6 j.$> &^J» & <__£& Aif^f
sO-^UaS Jo^ilf 3 LgXxftls sJoJjJf O^i-f^ vK^il 3 clg£&>j /ö.-J^vJtë\'
i -^3 g-~J ^ £*~ ^ - d W J^ U* ti* o-^/^ C^f3
10 fj^uJf fóki» 3 e ^Ji% fjlli. ^,L=ïV.jJf j^Jacf ^------->jJf ^ ^t (jf-J^f
«) Cod. ^^Jt^-o.         h) Cod. U\'sjsi.          c) Cod. Lfr^öJ^.           d) Cod. h. 1. s. p.          e) Cod. gjjM.
f) Cod. add. axï.
grand prix pour t\'en faire hommage."\' — La reine dit alors: „Vous me redevez
quelque chose. Voila qu\'il vou-> arrive une perle unique. Rendez-moi celle-ci."
Et tous deux de s\'écrier: „Cours vite la chercher. — Je ne suis venu dans cette
ville que pour cela, repris-je, et ce soir je vous 1\'apporterai. — Non, non, fit-il
d\'un ton joyeux et satisfait. Tout de suite! tout de suite!" Or, j\'en avais dix.
Je courus a mon logement; j\'en pris neuf que j\'écrasai avec une pierre jusqu\'a ce
qu\'elles fussent réduites en poudre comme de la farine, et j\'enfouis cette poudre
en terre. J\'enveloppai la dernière dans un foulard, que je doublai plusieurs fois
tout autour, et 1\'ayant mis dans une boite que je fermai soigneusement, je re-
tournai pres du roi. La je me mis a dénouer et a déplier lentement Ie foulard;
et Ie prince s\'était approché, et la reine debout me pressait de me hater. Enfin
je mis sous leurs yeux 1\'objet de leurs désirs. Le roi s\'agenouilla devant la perle,
et la reine en fit autant. Et ils me la payèrent un prix très-élevé."
LXII. Del\'avis commun des marins, la mer de Berbéra, qui a une etend ue de
sept cents parasanges et se trouve sur la route du pays des Zindjs, est une des
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\\jiji J,f w»^If jt-sj fiilj *L_jf üjc* j^ J_>f jl*^** ,3 *-*köj y^^ Jfj
f.57T.^j L^i iu^J| J^JLj jjf sJo^X-iJI iójujf iüLccsJt ^U=uJI ^
o) Codex h. 1. sine teschdid, sed infra bis adscribitur. 6) Conjectura addidi.          c) Deest
d) Cod. vj. e) Cod. add. \\Ö*S>.
mers les plus dangereuses. Il y a d\'un seul cöté de grandes ïles appartenant aux
Zindjs; et 1\'eau, dit-on, y eoule avec un]courant très-fort. Les vaisseaux la tra-
versent en six ousept jours. Lorsqu\'un navire tombe dans les parages de Berbéra,
les noirs émasculent les gens du navire. Lorsque les marchands se rendent a
Berbéra, chacun d\'eux a, suivant ses moyens et sa position, une escorte pour Ie
protéger, de peur qu\'un indigène Ie saisisse et 1\'émascule. Ces nègres font collec-
tion de ce qu\'ils enlèvent ainsi aux étrangers. Ils Ie conservent, et en font parade
pour exciter 1\'envie; car chez eux on connalt la bravoure d\'un horame au nombre
des étrangers qu\'il a ainsi traites.
LXIII. Parmi les mers dimciles, mauvaises, oü la navigation est pénible, et
d\'oü Ton se tire malaisément, est la mer des ghobbs de Sérendïb qui est longue
de trois cents parasanges. Les crocodiles y abondent. Les rivages sont hantés par
les tigres. Des pirates y croisent, attaquent les navïres, et mangent les gens dont
ils s\'emparent. Ce sont les plus méchants des hommes: nulle part on n\'en voit
de pareils. Triste pays! Si Ie navire qui traverse ces mers est saisi par les pira-
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115
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10
a) Cod. ^UifJ». 6) Cod. éjL^l c) Cod. x*j. d) Cod. JIJLUI.
tes, les hommes sont pris et mangés; s\'il sombre, les crocodiles dévorent les nau-
fragés; s\'il fait naufrage proche de terre et que les malheureux atteignent au
rivage, ils sont la proie des tigres qui les mettent en pièces en un instant.
LXIV. En fait de coutumes singulières répandues dans 1\'Inde, Hacan fils d\'Amr
m\'a appris qu\'il avait entendu un chéikh qui connaissait les usages de ce pays,
raconter 1\'histoire suivante:
Un des grands rois de 1\'Inde était assis, prenant son repas. En face de lui un
perroquet se tenait dans sa cage. Le roi lui dit: „Viens manger avec moi. — J\'ai
peur duchat, répond 1\'oiseau.—Je serai ton balaoudjer", reprend le roi, c\'est-a-
dire, en langue indienne, „je m\'engage a subir le pareil de tout ce qui peut t\'ar-
river." Et voici comment le chéikh expliquait le sens de cette expression. Lors-
que les rois de 1\'Inde montent sur le tröne, il leur vient une troupe d\'hommes
plus ou moins nombreuse suivant leur magnificence et 1\'éclat de leur pouvoir.
Ces hommes disent au roi: „Nous sommes tes balaoudjers." Il leur fait manger
le riz et leur donne le betel de sa propre main; chacun d\'eux se coupe le petit
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o) Cod. »«j>3^Ut. ft) Cod. >6f-%.
doigt, qu\'il place devant Ie prince. A partir de ce moment, ils Ie suivent par-
tout oü il va, mangent de ce qu\'il mange, boivent de ce qu\'il boit. Ils veillent
a sa nourriture et prennent soin de tout ce qui Ie regarde. On n\'introduit auprès
de lui aucune maïtresse, ni servante, ni serviteur, qu\'ils ne les aient examinés;
on ne lui prepare aucun lit, qu\'ils n\'en aient fait 1\'inspection. Aucune boisson,
aucun mets ne lui est servi, qu\'ils ne 1\'aient fait goüter par celui qui 1\'apporte.
Et de même pour toute chose qui peut offrir quelque danger pour Ie roi. S\'il
meurt, tous se tuent; s\'il se brüle, ils se brülent; s\'il est malade, ils se maltrai-
tent pour souffrir comme lui. En guerre, a 1\'attaque et a la défense, ils sont
autour de lui et ne Ie quittent pas. On n\'admet parmi les balaoudjers que des
hommes de families distinguées, vaillants, braves et intelligents. Telle est l\'expli-
cation du mot baldoudjer.
Lors donc que Ie roi eüt dit au perroquet: „Je suis tonbalaoudjer," il mangea
un peu de riz de 1\'oiseau. Et aussitöt celui-ci descendit de sa cage et vint se
mettre a table avec Ie roi. Le chat survint, qui lui trancha la tête. Le roi
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59r.
10
a) Cod. JjAÏlÜtj. 6)Cod. cryLw. c) Deest. d) Cod. 1X4 Ü. e) Cod. c<JtIt. ƒ) Cod.
iM. </) Cod. vjj^j. A) Addidi.
prit Ie corps du perroquet, Ie déposa dans un vase de porcelaine, avec du camphre,
du cardamorae, du betel, de la chaux et du poivre. Puis il frappa Ie tambour,
et se mit a parcourir la ville et les rangs de 1\'armée portant ce vase a la maiu.
Depuis lors, chaque jour il continua ce manege, courant Ie pays avec Ie vase.
Cela dura deux ans. Enfin les balaoudjers et autres personnages importants du
royaume vinrent a lui et lui dirent: „Ta conduite n\'est pas convenable, et la
chose a dure assez longtemps. Qu\'attends-tu % Fais ton devoir, sinon nous avi-
serons a te deposer et a prendre un autre roi." En effet, quiconque a dit: „Je
suis ton balaoudjer" et ne remplit pas les obligations que cela lui impose, de-
vient chez les Hindous baAind, qui est Ie nom qu on donne aux personnes en
dehors de la loi, incapables par faiblesse, impuissance ou bassesse, de remplir
leurs obligations, comme sont les chanteurs, les musiciens et autres gens de tel
acabit. Les rois, pas plus que les autres hommes, n\'échappent a cette règle.
Quand Ie roi vit cela, il creusa une fosse, la remplit de bois d\'aloès, de sandal
et d\'huile, y mit Ie feu et s\'y jeta. Il fut brülé, et ses balaoudjers s\'y jetèrent
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avec lui et furent pareillement brülés; les balaoudjers des balaoudjers, c\'est a
dire les suivants des suivants, enfirent autant; si bien que, ce jour la, il y eut
environ deux mille personnes de brulées. Et tout cela, parce que Ie roi avait
dit a son perroquet: „Je serai ton balaoudjer."
LXV. Le même m\'a conté qu\'a Sérendib, les rois et ceux qui se comportent
a la faeon des rois, se font porter dans le handoul, qui est semblable a une li-
tière, soutenu sur les épaules de quelques piétons. Un autre serviteur porte
un plat d\'or contenant des ieuilles de betel et ce dont le maitre a besoin; ac-
compagné de ses gens, celui-ci va en eet equipage partout oü il a affaire, ma-
chant le betel et crachant dans le crachoir. Lorsqu\'il lui prend envie d\'uriner,
il sort du handoul et pisse dans le chemin, dans la rue, la oü il se trouve,
toujours marchant, sans s\'arrêter; et après avoir pissé, il rentre son affaire sans
1\'essuyer.
LXVI. Le même m\'a conté encore qu\'il avait vu a Sendan un Hindou passant
pres d\'une maison recevoir sur le corps et sur les vêtements de 1\'urine qu\'onje-
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o) Cod. oi»yuï.         b) Cod. «AA«il3.         c) Cod. 0ts.         d) Cod. ^U.
tait. „Eh! cria-t-il en s\'arrêtant. Est-ce de 1\'eau qui ait servi a laver lesmains
ou a rincer la bouche?" Et e\'est la pour eux ce qu\'il y a de plus sale. On lui
répondit: „C\'est 1\'urine d\'un enfant qui vient de pisser. — Kanna \\ dit-il, c\'est-
a-dire „fort bien!" et il continua sa route. Car, pour ces gens-la, 1\'urine est plus
propre que 1\'eau dont on s\'est lavé les mains ou la bouche.
LXVII. Lorsqu\'un habitant de ce pays a satisfait un besoin naturel sérieux, il
descend, pour se nettoyer, dans Ie thaladj, qui est un étang rempli de 1\'eau qui
coule des montagnes et de la plaine a la saison des pluies et des torrents. Son
opération terminée, il prend une gorgée de cette eau, qu\'il gargouille dans sa
bouche, sort de 1\'étang, et rejette la gorgée d\'eau sur laterre; carils croiraient
souiller 1\'étang en y rejetant 1\'eau qui a rincé la bouche.
LXVIII. Le même Hacan m\'a dit, d\'après quelqu\'un qui était allé a Sérendib
et y avait vécu avec les habitants, que le roi a sur le rivage un bureau d\'in-
spection ou 1\'on frappe les marchandises d\'un impöt.
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a) Cod. q\'jc\'wJI.             6) Cod. a^.           c) Cod. giZS.              d) Cod. ^aj.             e) Cod. ^^j.
ƒ) Cod. Ji^ Xfiyt. y) Cod. l5^i. h) Cod. 0%
LXIX. Un marin m\'a rapporté sur les serpents de Koulam-Méü des choses
vraiment extraordinaires. Il y en a un, nommé Ie Ndgliérdn, qui est tacheté et
qui a sur la tête comme une croix de couleur verte. Ce reptile léve la tête a
uue aune ou deux du sol, suivant sa taille; il la gonfle ainsi que les tempes,
jusqu\'a lui donner la grosseur de la tête d\'un chien. Quand il fuit, on ne peut
1\'atteindre; lorsqu\'il poursuit, rien ne lui échappe. S\'il piqué, il tue. Il y a a
Koulam-Méli un musulman, nommé en indien Bendji (Bonze), c\'est-a-dire prêtre,
qui guérit de la piqüre de ce serpent au moyen d\'incantations. Parfois 1\'action
du venin est trop avancée, et Ie charmeur n\'y peut rien. Mais presque tous
ceux qu\'il soigne en réchappent. Il y a encore nombre d\'Indiens qui font des
charmes contre la piqüre du Naghér&n et d\'autres serpentsou vipères; mais les
enchantements de ce musulman réussissent toujours.
„Un jour, me dit ce marin, j\'étais avec lui quand on lui amena un homme qui
avait été piqué par un de ces serpents. Il y avait la un Indien renommé pour
son savoir magique, qui se mit a faire des charmes pour la guérison du blessé.
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o) Sic. 6) Cod. yÜI. c) Cod. y^. <*) Cod.^j^l «LJI.
Et Ie musulman en fit de son cöté pour que 1\'homme mourüt; et il mourut.
Dans d\'autres circonstances, ce marin a vu Ie musulman guérir plus d\'une
personne piquée par ce serpent ou par tout autre.
Il y en a une espèce a Koulam-Meli, qui est particuliere au pays. C\'est un
serpent de petite taille, qui a deux têtes, 1\'une bien moins grosse que 1\'autre.
On Ie nomme batar. Lorsqu\'il ouvre la petite bouche, on dirait Ie bec d\'un pas-
sereau. S\'il piqué avec 1\'une quelconque des deux, c\'est 1\'affaire d\'un clin d\'oeil.
LXX. Abou\'l-Hacan m\'a conté que Mohammed fils de Babichad lui disait: J\'ai
vu dans un gobb de Sérendïb de singulières choses quant aux serpents et aux
charmeurs. Voici ce dont j\'ai été temoin dans un endroit voisin de.........Lors-
qu\'un homme y est piqué par une vipere ou un serpent, les charmeurs font leur
opération sur lui. Si elle ne donne pas de bons résultats, ils placent Ie malade
sur un lit de branchages et 1\'abandonnent au courant de 1\'eau dans un fleuve
de leur pays qui coule vers la mer, et Ie long duquel sont établies leurs demeu-
res ou du moins celles de la plupart d\'entre eux. Comme chacun sait qu\'on ne
met sur ce lit de branchages qu\'une personne piquée, tout homme verse dans
ie
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f.eir. ali aas o* Jij) jij^S Ai>f JbJ\\ Ky**^^. f&* yti ^ ^.^Lo *^f
(^A^SU q* AaSj^S cX^-fj J^.x_j \'iX^-f^ avXi.b vXluJf Jjiaj JtiJ "^5 s=UJt
viUj.i\' ^fu vxjfj L^ ^ ^4 j ^^s ^Jf J,t ^? ^1
a) Deest. Deinde Cod. *a*j. 6) Cod. *_a»aj. c) Cod. jjys\\JI.
Tart des enchantements retire Ie lit et fait sur 1\'homnie ses opérations magiques.
Si la chose réussit, rhomme se léve et s\'en retourne chez lui sur ses jambes.
Si elle ue réussit pas, Ie lit et 1\'homme sont de nouveau abandonnés au cou-
rant. La même cérémonie se répète tout Ie long du fleuve, jusqu\'au bout du
pays. Si les enchantements ont été inutiles, Ie courant emporte Ie malade jus-
qu\'a la mer, oü il se noie, a moins qu\'il n\'ait succombé auparavant. Car il
n\'est pas d\'usage qu\'on Ie laisse a terre, ni que sa familie Ie prenne pour Ie
soigner. S\'il se tire d\'affaire, il s\'en i*etourne sur ses jambes; si les enchante-
ments ne lui profitent pas, il disparaït."
LXXI. Mohammed fils de Babichad m\'a dit encore: „Je passais un jour pres d\'un
des fleuves des Gobbs qui coulent vers la mer, et dans lesquels Ie flux et Ie reflux se
font sentir avec une grande force. Le niveau était presque au plus bas et les
deux plages restaient a découvert. J\'aperQus, assise sur le sable, les jambes croisées,
une vieille femme qui avait garde ses vétements, bien qu\'elle fut au ras de 1\'eau.
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123
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10 j^yJfcw-f 3! —La ...fj oUüj (^y^. tLJI ^ A *^*J^ 5^ t_5* 8l->Sl £-^
a) Cod. jüd-S*. i) Cod. »Jua. c) Deest. d) Cod. s. p.          e) Cod. i^süt.          f) Cod.
s. p. Additur ^J. g) Cod. *i. A) Cod. a-JaiUj.
„Que fais-tu la? lui dis-je. — Je suis, repondit-elle, une vieille femme fort iigée.
Voila longtemps que je vis; j\'ai mangé ma part de ce monde, et j\'ai besoin
de me rapprocher de mon créateur pour mon salut. — Et pourquoi t\'asseoir en
ce lieu? — J\'attends, dit-elle, que 1\'eau revienne et m\'emporte." Elle demeura en
effet assise au même endroit, jusqu\'au retour de lamarée, qui la saisit et la noya.
Du reste j\'ai déja rapporté en maint endroit de ce livi\'e assez de traits rela-
tifs au suicide chez les Indiens.
LXXII. Un voyageur m\'a conté qu\'il avait vu dans 1\'Inde, a Kanbayat (Cambaie),
plus d\'un Indien venir a 1\'embonchure de la rivière dans 1\'intention de se noyer. Ils
payaient quelqu\'un pour les noyer, de peur que la crainte, Ie ti-ouble les empêcbat
d\'accomplir eux-mêmes leur suicide. Chacun d\'eux donne donc un salaire a une per-
sonne qui lui pose la main sur la tête et Ie maintient sous 1\'eau jusqu\'a ce qu\'il soit
mort. Qu\'il crie, demandegrace et priequ\'on Ie relache, la personne n\'a garde de
ceder.
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f. 62r. £jO _j^j — JlJf ÜJ^b (^fj Xif Jl^Jf ^ Ja.»> q* (JOXi ^yÜfLXj^
- o^- «rt^ ^^ l^\' j-a^ o* 3) \\jb>*^ cfcfc woJJ^« »rèr^
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ör*j? (^jü ^ t^&Lj p>ï ^ *>j «^3 ^f "^f .yiJf ^ v-^jyj j-£>3
a) Cod. **Iac. &) Cod. JJlJl. c) Gonjectura addidi.
LXX1II. Un voyageur qui a pénétré dans les pays de Sahal, m\'a dit qu\'il
avait vu dans 1\'ile de Baqar, située entre 1\'ile de Sérendïb et Mandourin, qui
est une des ïles des parages de Sé/rildn (Ceylan), une énorme idole des Indiens.
Ceux-ci disent que cette idole se trouvait jadis dans 1\'ïle de Séhilan, mais passa
la mer pour s\'établir dans 1\'ile de Baqar. Ils croient que 1\'idole demeure mille
ans dans chacune de ces iles et passé ensuite dans une autre.
LXXIV. „A Serira, m\'a dit Mohammed fils de Babichad, j\'ai vu une femme
qui avait une béte a figure humaine, sauf que Ie visage était noir comme celui
des Zindjs, et que les pieds et les mains étaient plus longs que ceux de 1\'homme.
Cet animal avait une longue queue et du poil comme les singes. Il était assis
sur les genoux de la femme et se tenait serre contre elle. Je lui demandai:
„Qu\'est-ce que cela?" Elle me dit: „Un habitant des fourrés et des bois". Il
poussait de petits cris iniutelligibles. Bien qu\'il fut voisin du singe, sa figure
et sa conformation étaient celles d\'un être humain."
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j8ül ^Jf j^y ^jjJl ^f^f JwPf ^ aJj^ ^
& *Jic L^as ^»JI ^b l5^°^ \'jrif^ &»«^3 y^ v^**^). ^ ^ i^Jf o* 8/~r^
a) Cod. t^c. J) Cod. 1^*9. c) Deest. d) Haec conjoctura supplovi.         e) Iterum addidi.
In Cod. tantum superest q\'.
LXXV. Le même m\'a appris que, dans 1\'ïle de Lameri, il y a des zardfa (sarabha),
d\'une grandeur indescriptible. On rapporte que des naufragés, forcés d\'aller des
parages de Fansour vers Lameri, s\'abstenaient de marcher la nuit par crainte
des zarafa. Car ces bêtes ne se montrent pas le jour. A 1\'approche de la nuit, ils
se réfugiaient sur un grand arbre; et, la nuit venue, ils les entendaient roder
autour d\'eux; et le jour ils reconnaissaient les traces de leur passage sur le sable.
Il y a aussi dans ces iles une multitude effroyable de fourmis, particulière-
raent dans 1\'ïle de Lameri oü elles sont énormes.
LXXVI. Le même m\'a conté qu\'il avait entendu dire par un marin qu\'a Lou-
loubilenk, qui est une baie de la mer, il y a un peuple mangeur d\'hommes.
Ces anthropophages ont des queues. Ils demeurent entre la terre de Fansour
et la terre de Lameri.
Ici finit la première partie.
Suit, dans la seconde partie, ce qui concerne 1\'ïle d\'el-Neyan, s\'il plaita Dieu.
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O) Cod. .yOjA
LXXVII. Je tiens de Mohammed, fils de Babichad, que dans 1\'ile d\'el-Neyan, qui
est une ïle de la nier Extérieure, a cent parasanges de Fansour, il y a aussi des
anthropophages. Ils font collection de cranes et se font gloire du nombre qu\'ils
en ont pu rassembler. Ils achètent des lingots de cuivre jaune a un prix très-
élevé, et les gardent au lieu d\'or; car ce métal est aussi durable chez eux que
1\'or chez nous. Quant a 1\'or, ils Ie regardent comme sans valeur, et n\'en font
pas plus de cas que nous du cuivre. Béni soit Dieu Ie meilleur des créateurs!
LXXVIII. Au-dela de 1\'ile d\'el-Neyan, on trouve trois ïles nommées Béraoua
dont les habitants sont aussi mangeurs d\'hommes; ils gardent les cranes et ce
sont pour eux des articles de valeur qu\'ils emploient dans Ie commerce.
LXXÏX. Tous les peuples qui habitent Fansour, Lameri, Kalah, Qaqola,
Sanf in et autres terres voisines sont anthropophages; mais ils ne mangent que leurs
ennemis, par esprit de vengeance et non par besoin de manger. Ils coupent la
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o) Cod. ,-*a*5.         6) Cod. L^.
chair humaine en lanières qu\'ils font sécher et préparent de diverses manières,
puis ils la servent comme dessert, pour manger avec Ie vin.
LXXX. Le même m\'a dit que les insulaires des ïles Ladjbalous, groupe
nombreux qui s\'étend sur une longueur de quatre-vingts parasanges, rejoignent
les navires et y font des achats de la main a la main. Si on leur lache un
objet avant de tenir 1\'échange, ils se sauvent et on ne peut le ravoir.
Lorsqu\'un navire fait naufrage sur leurs cötes, et qu\'un homme ou une femme
tombe sur leur rivage, si le naufrage a sauvé quelque chose et qu\'il le tienne
a la main, ils ne lui prennent absolument rien, car ils n\'enlèvent jamais un
objet de la main d\'une personne tombée chez eux. lis accueillent 1\'étranger dans
leur logis, le font asseoir, lui donnent a manger de ce qu\'ils mangent, et ne
mangent eux-mêmes qu\'après que leur höte est rassasié. Ils continuent a le
traiter ainsi jusqu\'a Tarrivée d\'un navire. Alors ils le conduisent a bord et récla-
ment en échange un salaire, que le capitaine du navire ne peut refuser de don-
f. 63t.
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f.64r. L»JjJ X-i$ó^-i.bj **a£ L_a^ ^luj ^f i-^JA J^ Jj ik ll« SjiXökj
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^Jca. J<a*j ^ U l^ 0LAO3J ^ Lo Ollüj, ^U^l ^ jUf J^ ^f
a) Cod. \' t;--. 6) Cod. s. p. e) Deest. d) Hic et infra (j*Lo.^L
ner, s\'il veut emmener l\'étranger. Parfois celui que Ie sort a ainsi jeté chez
eux est un hom me ingenieux qui trouve moyen de leur rendre service en tres-
sant des cordes en bourre de cocos; il les leurcède en échange d\'ambre (gris), dont
il fait provision jusqu\'au moment du passage d\'un navire. De cette facon, Ie sé-
jour qu\'il a fait chez eux lui apporte quelque pront.
LXXX1. Un voyageur qui a pénétré dans les pays de 1\'Inde m\'a conté que,
d\'après ce qu\'il avait ouï dire, les diamants les plus purs, les plus beaux, les
plus précieux, se tirent des régions du Cachemire. Il y a la une gorge entre
deux montagnes oii brüle constamment un feu qui ne s\'éteint ni nuit, ni jour,
ni été, ni hiver. La sont les diamants. Seuls, des Indiens de basse condition
se hasardent dans ces pays dangereux. Réunis en troupe, ils gagnent les abords
de la gorge. Ils tuent des brebis maigres et les débitent en morceaux; pnis ils
jettent ces morceaux 1\'un après 1\'autre dans la gorge au moyen d\'une machine
a plateau qu\'ils mettent en mouvement. Maintes rayons en effet leur rendent
impossible l\'accè3 de la gorge. C\'est d\'abord ce feu toujours brülant; et de plus,
10
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o) Cod. JaxMAj. 6) Cod. ^ yAXwj^.
autour de ce feu, une multitude indescriptible de vipères et de serpents, telle
qu\'aucun être vivant n\'y peut passer sans périr.
Quand ils ont jeté cette viande, voila que les aigles en grand nombre s\'abat-
tent sur cette proie, la saisissent, si elle tombe a distance du feu et l\'empor-
teut. Ils suivent 1\'aigle dans son vol. Parfois quelque diamant tombe du mor-
ceau d viande enlevé. Et quand 1\'aigle s\'est abattu en quelque endroit pour
la manger, ils y vont et trouvent les diamants. Si la viande tombe dans Ie
feu, elle se brüle; 1\'aigle qui veut saisir un morceau trop prés du feu se brul e
pareillement. Quelquefois aussi, par hasard, 1\'aigle saisit la viande a la volée,
avant qu\'elle atteigne Ie sol.
Et voila comment se prennent les diamants. La plupart des gens qui s\'oc-
cupent a les chercher périssent par Ie feu, les serpents ou les vipères. Les rois
de ces contrées sont fort amateurs de diamants et se donnent beaucoup de peine
pour en avoir. Les gens oecupés a ce métier sont 1\'objet d\'une surveillance ri-
goureuse, a cause de la beauté et du haut prix de ces gemmes.
LXXXI. Dans Ie seul cours d\'une traversée que je fis de Kalah a Oman, en
1\'année 317, me dit Ie capitaine Ismaïlawéih, il m\'arriva plus de choses extra-
1?
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«) Deost.           6) Cod. «^li".          c) Cod.^li ^SUi.          d) Cod. Ly=^AJI.          «) Cod. ytftbxjt.
ƒ) Cod. ^L
ordinaires qu\'il n\'en est arrivé a tout autre capitaine avant moi. Sortant de
Kalah, je fis rencontre de soixante-dix barques de pirates, contre lesquelles
je me battis durant trois jours consécutifs. «Ten coulai bas un certain nombre,
et maints assaillants furent tués. Échappé a ce danger, j\'effectuai en quarante
et un jours Ie voyage de Kalah a Chihr de 1\'encens sur la cöte arabique. Pour
la dime des inarchandises dont mon navire était chargé, Ie sultan d\'Oman prit
six cent mille dinars, sans compter la part dont il fit généreusement remise a
nos gens, et dont Ie total pouvait s\'élever a cent mille dinars environ, sans
compter aussi les marchandises qui échappèrent aux droits et ne furent pas
découvertes.
Voilïi trois choses qui me sont arrivées a moi seul, en un seul voyage, et
qui ne sont arrivées, même séparément, a aucune autre, dans une pareille
traversée.
LXXXII. Voici un fait que je tiens d\'el-Beloudji, médecin a Oman. „J\'étais,
dit-il, a El-Tïz, oü nous avait conduits une erreur de route. Nous étions dé-
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a) In cod. lacuna non indicata. b) Cod. v^JLa^j. c) Cod. £*£& rf) Cod. v^Us?.
barqués avec notre chargement et nous restions a attendre Ie vent favorable,
lorsque, un jour, nous vïmes venir une femme d\'une taille et d une beauté
parfaites avec un vieillard a tête cbenue, a barbe blanche, maigre et chétif.
„Je viens" dit-elle „me plaindre auprès de vous de ce vieillard, qui nemelaisse
pas xm instant de repos." Nous ne cessames de 1\'apaiser et réussïmes a arran-
ger la chose a la condition que Ie vieillard se contenterait de satisfaire sa passion
deux fois par jour et autant par nuit. Quelques jours après, ils repassèrent, et la
femme se plaignit comme la première fois. „Brave homme, dïmes nous au vieillard,
tu es un personnage de rare espèce; conte-nous ton affaire." Le vieillard dit:
„J\'étais en telle année sur tel navire. Nous fimes naufrage. Échappé a la
mort avec quelques autres sur les agrès du batiment, nous abordames a une
ïle oü nous restames plusieurs jours sans rien a manger. Nous mourions d\'ina-
nition quand un poisson mort rejeté par les flots échoua sur la plage. Mes
compagnons n\'y voulurent pas toucher, de peur qu\'il ent péri par 1\'effet de
quelque poison. Pour moi, la faim me poussa a en manger. „Si je meurs,
f. 66v.
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f.66r. js^ lib (jU^J*^ <^Jüo jx j-AXilj jLi u* tyntf ^j^s ójki Jue J
................................................................bytóuj
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o) Cod. (i^iTt. i) Cod. o^\'.y. Cf. supra VI.
disais-je, me voila délivré de ma misérable situation. Si je vis, je me serai
rassasié encore une fois." Je pris donc Ie poisson, et, malgré les conseils de
mes compagnons, je me mis a Ie manger tout cru. A peine sa chair était des-
cendue dans mon estomac, que je sentis comme un feu s\'allumer dans mon
épine dorsale; puis ce fut comme une colonne incandescente qui raidisait mes
reins, pénétrait dans mon corps et ne me laissait point de repos. Tel est mon
état depuis ce jour-la." Or il s\'était écoulé des années depuis qu\'il avait mangé
de ce poisson.
LXXXIIL Nous parlions de 1\'aventure d\'Ismaïlawéih, fils d\'lbrahim, fils de
Mirdas. Quelqu\'un me dit qu\'il était arrivé en 1\'année 317 et que la durée de
son voyage depuis sou départ de Kalah jusqu\'a son entree dans Ie port d\'Oman
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o) Cod. J^j. ft) Cod. i^Syü^. Conjectura edidi. c) Cod. Qy&». Cf. supra p. 92. d) God. a.p.
e) Deost.
fut en réalité de quai-ante-huit jours. Cette même année (un certain) Kawan
arriva de Sérendib; c\'est lui, et non Israaïlawéih, qui paya pour la dïme de
son navire la somme de six cent mille dinars.
LXXXIV. Mon interlocuteur dit encore que ce Kawan lui avait fait Ie récit
suivant: „Baghbour, roi de la Chine, mïntroduisit dans un jardin a Khanfou.
Ce jardin avait vingt djérib d\'étendue. J\'y vis des narcisses, des giroflées, des
anémones, des roses et mille espèces de fleurs. Je fus émerveillé de trouver
ï-éunies en un seul jardin, en un même moment, toutes les fleurs de 1\'été et de 1\'hiver.
„Comment trouves-tu cela? me dit-il. — Je n\'ai jamais rien vu d\'aussi joli.
d\'aussi charmant, répondis-je. — Tout ce que tu vois, arbres et fleurs, reprit-il,
est un ouvrage de soie." Et je reconnus en effet que ces roses et ces fleurs
étaient faites en soie de Chine, tissée, tressée, brodée, travaillée de toute fa-
con; mais si bien qu\'a simple vue on ne peut douter que ce soient des arbres
et des fleurs.
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Hl                                                                                                                                   ui                                                                                                                                                                    M
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^L*wO &^ ^tfj j-Aj ^j jJuw^o ^ JUü J^ o^ O^ *^ £*Xa> io
o) Cod.^jCt. t) Cod. 0U\\jIï. c) CoA.jJ^l}. d) Cod. q^^
LXXXV. A Andaman-la-Grande est un temple d\'or qui renferme un tom-
beau, objet de vénération pour les habitants; c\'est leur grand respect pour ce
tombeau qui les a portés a élever au-dessus ce temple d\'or. Les habitants des
deux ïles y viennent en pèlerinage, et ils disent que c\'est Ie tombeau de Salo-
mon, Hls de David, — que Dieu les bénisse 1\'un et 1\'autre! Ils ajoutent que ce
monarque avait prié Dieu de placer son tombeau en un lieu oü les hommes de
ce temps-la ne pussent aller, et que Dieu lui accordant cette faveur, avait fait choix
de leur ïle pour 1\'y mettre. En etfet, personne jusqu\'ici n\'avait abordé a Andaman;
personne du moins des notres n\'en était revenu. Mais un compagnon qui a fait Ie
voyage des pays de 1\'or, m\'a dit avoir vu a Sanfïn un homme qui disait avoir pris
terre a Andaman avec 1\'équipage d\'un navire. Tous furent mangés; lui seul
échappa; et c\'est par lui qu\'on a su ce que nous rapportons.
LXXXVI. Bien des marins m\'ont parlé de la fameuse perle connue sous Ie
notn de yélima (orpheline), parce qu\'elle n\'a pas sa pareille au monde. Le
mieux renseigné sur son histoire m\'a conté qu\'il y avait a Oman un homme
nommé Moslim fils de Bichr. C\'était un personnage honnète et de bonne
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o) Cod. vJLo. i) Cod. Q^b.LiJ\'.
conduite. Il faisait Ie métier d\'équiper des plongeurs pour la pêche des perles.
Il possédait quelque fortune; mais ses affaires avec les plongeurs réussirent si
peu qu\'il dissipa tout son bien et resta un beau jour sans ressources, n\'ayant
plus ni choses de prix, ni étoffes, ni aucun objet dont il put faire argent, sauf
un bracelet de cent dinars qu\'avait sa femme. „Donne-le moi, dit-il a la femme,
pour que j\'en emploie la valeur a équiper une nouvelle troupe de plongeurs;
peut-être Dieu nous favorisera-t-il de quelque heureuse rencontre. — Allons
donc! dit la femme. Tu ne nous a laissé aucun objet de valeur, rien pour nous
tirer d\'embarras. Nous voilh, perdus, réduits a la mendicité. Vivons du moins
avec Ie prix de ce bracelet, plutöt que de Ie perdre dans la mer."
Mais Ie mari sut 1\'amadouer et emporta Ie bracelet qu\'il vendit. Tout Tar-
gent en fut employé a équiper des plongeurs, avec lesquels il s\'en alla aux
pêcheries. Il avait été convenu, suivant la coutume du lieu, que la pêche du-
rerait deux mois, pas davantage. Les hommes, pendant cinquante-neuf jours,
plongèrent, tirant des huitres et les ouvrant, sans rien trouver. Le soixantième
V
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jour, ils plongèrent au nom d\'Eblis (Satan), — que Dieu maudisse! — et cette
fois ramenèrent une huitre qui contenait une perle de grande valeur; peut-être
valait-elle tout ce qu\'avait possédé Moslim depuis sa naissance jusqu\'a ce jour.
„Voila, lui dirent les pêcheurs, ce que nous avons trouvé au nom d\'Eblis."
Moslim prit la perle, la réduisit en poudre et la jeta a la mer. „Eh quoi! di-
rent les plongeurs, est-ce ainsi que tu fais ? Tu n\'as plus rien, tu es reduit au
dernier dénüment; il t\'échoit une si magnifique perle, qui peut-être valait des
milliers de dinars, et tu la mets en poussière! — Par la gloire de Dieu! répliqua-t-il.
Me permettrais-je de tirer profit d\'un bien obtenu au nom d\'Eblis? Dieu ne
saurait Ie bénir. C\'est pour m\'éprouver et pour me donner occasion de témoigner de
ma foi qu\'il a fait tomber cette perle entre mes mains. Si je 1\'avais gardée, vous au-
riez tous suivi 1\'exemple, en ne plongeant qu\'au nom d\'Eblis, péché dont Ie plus
grand profit ne peut compenser la gravité. Par Ie Dieu unique! quand même
j\'aurais Ui toutes les perles de la mer, je n\'en voudrais point a ce prix. Allez,
plongez encore et dites: Au nom de Dieu et sous sa bénédiction!
Les pêcheurs plongèrent donc suivant ses ordres; et la prière du coucher du
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^5^w i^^° ^u ^U* **Wt t*H* v^j\'-*^ ^>* ^ ^-^3 ^^^^ ^ ^
o) Cod. üfcjo» et I^Us?.. b) Cod. y>&t.
soleil de ce jour-la, qui était Ie dernier des soixante, n\'était pas faite, qu\'ils
mirent la main sur deux perles, dont 1\'une était la yétima et 1\'autre d\'une va-
leur beaucoup moindre. Moslim les porta Tune et 1\'autre au calife Rachïd, lui
vendit la yétima soixante-dix mille dirhems et la petite trente mille, et retourna
a Oman avec cent mille dirhems. Il s\'y batit une grande maison, acheta des
propriétés, acquit des biens-fonds. Sa maison est bien connue a Oman. Et voiKi
1\'histoire de la perle yétima.
LXXXVII. Younos, fils de Mehran, de Siraf, Ie marchand, qui a été au Za-
bedj, m\'a dit: „Dans la ville oü réside Ie Mahradja, roi du Zabedj, j\'ai vu une
quantité innombrable de rues marchandes. Dans celle des Changeurs, j\'aicompté
jusqu\'a huit cents changeurs, outre ceux qui sont établis ca et la dans les autres
rues." Il ajoutait bien d\'autres choses sur cette ïle, ses campagnes cultivées, la
multitude de ses villes et de ses villages, qui passent toute description.
LXXXVIII. Un de nos compagnons m\'a conté cette agréable histoire.
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o) Cod. hic et infra SJLj^H. fc) Cod. a,Lu. c) Cod. JjöJblA         d) Cod. ^«lyi\'.         «) Deest.
„J\'étais, dit-il, a bord d\'un navire qui s\'en allait d\'al-Obolla a Bayan, quand
Ie vent devint si violent et les vagues si fortes que nous dépouillames nos vê-
tements et nous nous crïimes perdus. Il y avait avec nous dans Ie navire une
femme qui tenait un petit enfant. Elle était jusqu\'alors demeurée fort tran-
quille. Mais quand 1\'affaire prit pour nous une tournure sérieuse, au lieu de
se troubler, elle se mit en riant a faire danser Ie marmot. Ce n\'était pas pour
nous Ie moment de 1\'interroger, alors que nous désespérions de sauver notre
vie. Mais une fois parvenus dans Ie Chatt-el-Arab, a 1\'abri du danger: „Femme, lui
dis-je, tu ne crains donc pas Dieu ? qu\'est-ce qui te poussait, dans Ie péril mortel
oü nous étions, a rire en faisant danser 1\'enfant ? Ne craignais-tu pas comme nous
la noyade ? — Si vous entendiez mon histoire, répliqua-t-elle, vous seriez surpris
et vous comprendriez comment j\'étais si tranquille et si peu effrayée de la tempête.
— Conte-nous cela, dïmes-nous. — Je suis, dit-elle, d\'al-Obolla. Mon père avait
un ami parmi les matelots des navires qui font la traversée d\'Oman a Basra et
de Basra a Oman. Quand son navire venait d\'Oman et faisait escale dans notre
ville, eet ami descendait chez nous, nous offrait de petits cadeaux et restait
1 fi\'Jr.
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jusqu\'au départ; et nous lui faisions nous-mêmes des presents suivaDt nos fa-
cultés. C\'était un horarae de bien. Mon père me donna a lui en mariage. Mon
père étant mort au bout de trois ans, mon époux me dit: „Viens que je t\'em-
mène a Oman, oü j\'ai ma mère et ma familie." Je Ie suivis k Oman et y de-
meurai avec les siens 1\'espace de quatre ans, lui continuant toujour3 ses voya-
ges d\'allée et venue entre Oman et Basra. Puis il mourut a Oman, cinq mois
après la naissance de eet enfant. Quand j\'eus passé Ie terme légal, je m\'ennuyai
a Oman oü je n\'étais demeurée qu\'a cause de mon mari; et je dis a sa mère et aux
siens: „Je veux retourner a al-Obolla, dans ma familie. — Si tu veux rester chez
nous, dirent-ils, nous partagerons avec toi; nous n\'avons pas d\'autre enfant que
Ie tien." Ils me pressèrent de demeurer, mais je n\'y consentis pas. Au moment
de partir, j\'achetai pour 1\'enfant un lit solide en bambou, danslequel je mis des
vêtements a lui et a moi, avec divers objets de valeur, fruit de mes épargnes,
tout cela recouvert, arrangé solidement, et 1\'enfant par dessus.
„Je m\'embarquai sur un navire qui allait a Basra. Durant Ie trajet, une tem-
pête nous assaillit, Ie navire fut mis en pièces dans 1\'obscurité de la nuit, les
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o) Cod. UsJ. 6) Cod. L^.
passagers et les matelots dispersés sur les flots; on ne pouvait se voir les uns les
autres. Pour moi, cramponnée a une planche, je m\'y maintins jusqu\'au milieu
du jour suivant. Un navire qui passait nous apercut. Le patron recueillit a la
surface de la mer une dizaine de naufragés, et moi dans le nombre. Une fois a
bord, on nous mit la tête en bas pour nous faire rendre 1\'eau que nous avions
bue, on nous donna une potion, enfin nous fumes soignés jusqu\'au lendemain oü
nous reprïmes nos esprits. J\'avais été si secouée dans cette affaire que le souve-
nir de mon enfant m\'était sorti du coeur, lorsque j\'entendis le patron disant:
„Voj\'ez si cette femme a du lait; saus quoi 1\'enfant que nous avons trouvé ne
tardera pas a mourir." Les hommes vinrent a moi et me demandèrent: „As-tu
du lait?" Alors je me souvins de mon nourrisson et je répondis: „Oui, j\'avais
du lait; mais après ce que j\'ai éprouvé, je ne sais s\'il m\'en reste encore. —Vois
eet enfant, avant qu\'il meure", dirent-ils. Et ils m\'apportèrent le berceau avec
1\'enfant dedans, le tont tel que je 1\'avais laissé, sans que rien y manquat. A cette
vue, je poussai un cri, je tombai la face contre terre et je m\'évanouis. On me
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a) Deest.
jeta de 1\'eau sur la figure, en disant: „Qu\'as-tu?" Revenue a moi, je me mis
a pleurer en prenant 1\'enfant sur mon coeur. „Qu\'as-tu donc, femme? répétèrent
les assistants. — Cet enfant, dis-je, est mon fils." Le patron s\'approcha et me
dit: „Cet enfant est a toi? Eh bien! qu\'a-t-il sous lui, dans le berceau?" Je me
mis a leur énumérer pièce a pièce ce qni faisait la couche de 1\'enfant, et ils sor-
taient chaque chose Tune après 1\'autre, tout se trouvant comme si je venais de
le placer a 1\'instant même. Les assistants pleuraient et louaient Dieu et lui ren-
daient graces. Après avoir été ainsi submergée dans les flots de 1\'océan séparée
de inon fils, et ensuite miraculeusement réunie a 1\'enfant, quelle crainte pour-
rais-je avoir dans cette petite traversée? Si Dieu eüt décidé que je seraisnoyée,
a quoi m\'eüt servi de m\'en préoccuper ?"
LXXXIX. Un marchand de Siraf m\'a fait cette histoire: „Je m\'en allais d\'0-
man a Basra. Parmi les passagers était une jeune fille fort jolie, de Mansoura;
et je remarquai qu\'un matelot lui faisait des agaceries; mais il n\'en put rien
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142
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a) Cod. >^.L>. 6) Deest. c) Hic et semel infra cod. jUgta}. Sed deinde .m^ d) Cod.
h. 1.^*0 e) Cod. jyüj\'3.
         ƒ) Cod.ys^JI.
avoir parce qu\'elle se tenait dans la cabine. Au voisinage de Kharek, la mer
changea, Ie vent souffla en terapête, et Ie navire fut brisé. Par chance, je m\'ac-
crochai aux agrès; plusieurs autres personnes en avaient déja fait autant, entre
autres la jeune fille de Mansoura et Ie matelot qui en était épris. Celui-ci com-
menca a entreprendre la jeune fille pour en avoir satisfaction; elle Ie repoussait
a coups de pied, si bien qu\'elle Ie tint a 1\'écart tout Ie reste du jour. Nous mon-
tions et descendions toujours au gré des flots. Enfin la jeune fille cessa de se dé-
fendre; Ie matelot s\'en rendit maïtre et en fit a sa volonté. Je Ie voyais faire;
mais nous étions dans l\'impossibilité de changer de place, pour lui parier et l\'ar-
rêter. D\'ailleurs nous n\'y pensions guère, nous voyant a deux doigts de la mort.
Quand vint Ie matin, la jeune fille avait péri en tombant des agrès avec la plu-
part de ceux qui s\'y étaient réfugiés.1\'
XC. Le méme m\'a raconté qu\'il y avait a Seimour un personnage tres consi-
déré, originaire de Siraf, nommé Abbas fils de Mahan, qui était honarmen des
musulmans, leur protecteur dans cette ville.
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143
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a) Addidi.         6) Cod. ^J*. c) Cod. v_A»-ü.
Un matelot, homme de mauvaises moeurs, passant aSeimourvit une idolequi
représentait une jeune femme d\'une extreme beauté. Se croyant inapercu, il alla
vers 1\'idole et se mit entre ses cuisses. Un des desservants du temple vint a pas-
ser, Ie matelot eut peur et s\'écarta. L\'homme, qui 1\'avait vu, s\'approcha de
1\'idole et apercut du liquide entre les cuisses. Il mit la main sur Ie matelot, Ie
conduisit au roi de Seimour, conta l\'affaire, et Ie matelot confessa ce qu\'il avait
fait. „Qu\'en pensez-vous? dit Ie roi aux personnes qui 1\'entouraient. — Qu\'on Ie
jette aux éléphants, dit 1\'un, afin qu\'il soit foulé sous leurs pieds. — Qu\'on Ie
coupe en morceaux, dit un autre. — Non, reprit Ie roi. N\'agissons pas ainsi.
C\'est un Arabe. Entre les Arabes et nous, il y a des conventions. Que 1\'un de
vous aille trouver Abbas fils de Mahan, honarmen des musulmans, et lui dise:
„Quel est chez vous Ie chatiment d\'un homme surpris avec une femme dans une
mosquée? Ecoutez sa réponse, et agissez en conséquence."
„Un des visirs alla exécuter les ordres du roi. Abbas fils de Mahan, pour faire
valoir aux yeux de ces infidèles la grandeur de sa religion, répondit: „En de
telles circonstances nous mettons l\'homme a mort." Sur cette réponse, on tua Ie
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f.72r. .Aa«J! o.tj J,t iütliï (j^^cÜI c^ik ^^Laküo AjUï3! tjJjf^ xJf .^ajJj
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a) Cod. tyüLffj. i) Cod. Jjls. c) Cod. J.^. ei) Deest. e) Cod.^AM. ƒ) Cod. {J~*f~-
matelot. Abbas, quand il connut les détails de 1\'affaire, eut peur que Ie roi,
sachant en quelle estime il était tenu, ne Ie retïnt de force dans la ville, et il
s\'échappa secrètement de Séimour.
XCI. Darbézin de Siraf, frère de la femme d\'Obéïdallah fils d\'Ayyoub, lequel
était Tonele maternel d\'Abdallah, filsdeFadhl, Ie Cadi, m\'adit: „J\'étais unjour
a Khanfou, capitale de la Grande-Chine, lorsqu\'on annonca que Ie lendemain un
des chambellans du Baghhour (empereur), revenant d\'une expédition dans une des
pro vinces, ferait son entree dans la ville. Au jour dit, les gens s\'assirent tout Ie
long du chemin que Ie chambellan devait suivre, afin de voir Ie cortége. L\'entrée
de 1\'escorte par groupes commenca au lever du soleil et ne finit qu\'a Vaar (trois
heures après midi). Enfin Ie chambellan entra lui-même. Il avait avec lui cent
mille cavaliers.
XCII. Abbas fils de Mahan , honarmen de Seimour, m\'a raconté cette singuliere
aventure qu\'il tenait d\'un marchand a qui la chose était arrivée.
Ce marchand avait frêté un navire pour Ie voyage de Sendan ou de Seimour
(je ne sais plus trop) ïi Oman. Entre autres objets de vente, il avait remis a son
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a) Cod. ^Jkèl. è) Cod. X&JI.
préposé une longue pièce de bois de *#i$ portant sa marque, en luidisant: „Vends-la,
et avec Ie prix achète tel et tel objet", dont il lui donnait la note. Le navire par-
tit. „Au bout de deux mois ou davantage, dit le marchand, j\'étais assis dans
ma maison lorsqu\'un homme vint me dire: „Il est arrivé dans le port une lon-
gue pièce de bois sur laquelle ton nom est tracé." Je me leve, je cours au poi-t,
plein d\'inquiétude, je regarde; c\'était bien ma pièce de sddj. Je demeurai con-
vaincu que mon navire avait été brisé dans la mer; car la pièce, qui était fort
longue, avait été placée sous d\'autres madriers; et assurément on n\'avait pu, au
moment d\'une tempête, la tirer du navire pour la jeter a la mer avec d\'autres
bagages. Ainsi persuadé du naufrage, je recus a ce sujet des coinpliments de
condoleance, je pris mon parti de la perte du navire et du chargement, et je
retournai a mes affaires. Aucun espoir ne me restait, aucune nouvelle ne nous
était venue de la mer, lorsque, environ deux mois plus tard, un homme m\'ar-
rive, disant: „Ton navire est en vue\'\\ Je cours au port, le navireaborde, mon
préposé debarque et vient a moi. Je 1\'interroge. „Sains et saufs et en bonne
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o) Coil. «c^^p-j. 6) Cod. .ywwJL
santé, dit-il. —N\'avez-vous rien perdu? demandai-je, ni rien jeté a la mer?—
Nous n\'avons pas perdu un cure-dents," répond Ie préposé. Je rendis gr aces a
Dieu et repris: „Qu\'as-tu fait de telle pièce de bois? —Je Tai vendue, dit-il,
trente et quelques dinars, et j\'en ai employé Ie prix en achats pour toi." Sa
réponse me surprit fort. Ensuite il me rendit ses comptes, sans oublier Ie prix
de la pièce de bois. „Il faut, lui dis-je, que tu m\'avoues la vérité au sujet de
cette pièce de sridj." „Et je Ie pressai jusqu\'a ce qu\'il me fit Ie récit suivant:
„Nous étions arrivés a Oman et nous avions débarqué sur la plage tout Ie char-
gement du navire, quand s\'éleva une forte tempête, et les vagues roulèrent les
pièces de bois vers la mer, bouleversant Ie sable du rivage qui recouvrit telle et
telle de ces pièces a la volonté de Dieu. Le lendemain, je rassemblai les hommes,
nous recherchames nos marchandises, et tout fut retrouvé, hormis cette longue
pièce de bois. Pensant que le sable 1\'avait peut-être cachée, je fis fouiller tout
le long du rivage, mais sans succes." Et voila que les flots 1\'avaient entraïnée
a la mer et ramenée vers son maïtre. C\'est Ik une des aventures les plus sin-
gulières que j\'ai entendues conter en ce genre.
f. 73r.
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147
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a) Cod. (j-s-juJI. b) Cod. h. 1. 0L\' ƒ>*, mox 0UI ^.          0) Cod. ^Ji=».         d) Cod. j^Jü.
XCIII. En 1\'année 342, un navire appartenant a un marchand de Basra, allait
d\'Oman a Djedda, lorsqu\'il fut assailli par un coup de vent dans les parages de
Chihr de 1\'encens. On jeta a la mer une partie de la cargaison, entre autres cinq
ballots de coton monde, et Ie navire fut sauvé. La ïnême année, un autre navire
appartenant au même marchand, partit de Basra pour Aden et Ghalafiqa. Aux
environs des mêmes parages de Chihr de 1\'encens, un canot s\'étant détaché der-
rière Ie navire, emporté par les flots, quelques hommes se jetèrent dans la cha-
loupe pour Ie ratrapper. Ils coururent après et 1\'atteignirent dans une petite
baie. Et voici que sur Ie rivage on apercut cinq ballots de coton monde portant
la marque du maïtre du navire. Les ballots furent chargés sur la chaloupe qui
regagna son navire. On crut que cela provenait d\'un naufrage. Mais on sut plus
tard que les ballots faisaient partie de la cargaison jetée par-dessus bord.
XCIV. Une personne digne de foi m\'a dit avoir vu dans un pays de 1\'Inde
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^xlff L»£sÜ iffpd."^! J^fr U£f«XjJ £J-$OjLJó U^r*. u^T^\' Afijlio ££Jj 1
«) Sic. Post ^-j*L>-. nonnulla excidisse patet. 6) Cod. Ui*»j.         c) Cod. J^ajLJI. d) Cod.
^~»aJ\'. e) Cod. A^io. Addidi vüoIS\'.
deux hommes (se donner la mort d\'une maniere étrange). Ils avaient creusé a
cöté run de 1\'autre deux fosses, et, y étant entrés debout sur leurs pieds, ils
avaient rempli 1\'intérieur de fiente sèche allumée. Pendant que Ie feu les consu-
mait par Ie bas du corps, ils jouaient ensemble sur un damier place entre eux
deux, machaient Ie betel, chantaient, sans donner un signe de douleur, sans
changer de visage, et cela jusqu\'au moment oü Ie feu leur atteignit Ie coeur et
les fit mourir. Celui qui m\'a répété Ie fait ne se souvenait pas si Ie narrateur
lui avait dit qu\'ils moururent des Ie premier jour ou s\'ils vécurent jusqu\'au len-
demain.
XCV. Abd-el-Ouahid fils d\'Abd-er-Rahman, de Fasa, qui était fils du frère d\'Abou-
Hatim de Fasa, et qui avait longtemps parcouru les mers, m\'a dit que les In-
diens portaient autrefois leurs cheveux dressés sur la tête comme des mïtres et se
servaient de sabres droits. A la suite d\'une guerre, les vainqueurs dirent aux
vaincus: „Nous ne vous épargnerons pas, que vous n\'ayez les cheveux baisses
devant nos cheveux et les sabres courbés devant nos sabres... C\'est pourquoi
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Jc^m^ \\ijyt£3 six^L. pfjy& L*^* ^f ^\' r*"^"** j^y U fjjfcj
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-^=U9 f jj> l_)L JX f ÓJ> J^j f jj> ^[i JX f^J^S^O a^W fv\\S> Ju^
a) Cod. fort. fSj~-i- V) Sic. c) Cod. |**l*Ji.
les vaincus durant rabattre leur chevelure et recourber leurs sabres. Ces
sabres courbes sont nommés qaratit. Et cette coutume dure encore parmi ces
tribus.
XCVI. AH nis de Mohammed, nis de Sahl, connu sous Ie nom de Serouar, qui avait
été a Tatba et Dababid(?) m\'a conté que les habitations sont baties au bord de 1\'eau.
Les gens, petits et grands, y sont tous héméralopes, parce qu\'ils mangent trop
de ghéUam, c\'est-a-dire de males de tortue marine. Chacun a une corde attachée
a la porte de la maison, allant jusqu\'a 1\'eau oü elle est fixée a un pieu. Leur
héméralopie commence a 1\'approche du coucher du soleil. A partir de ce mo-
ment, celui d\'entre eux qui sort de sa maison pour satisfaire un besoin, saisit
la corde, va a 1\'eau, se purifie et retourne au logis de la même maniere II en
est ainsi jusqu\'au lendemain, au grand jour, quand Ie soleil est déja haut. Quel-
quefois un mauvais plaisant, venu dans leur pays, s\'amuse a prendre la corde
d\'une porte pour 1\'attacher a une autre; 1\'héméralope descendu a 1\'eau et reve-
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f-75r. *j($ t^X.^. -aa5\' .*iC *_a_S «Jsj^Lïi^ ^ JLftj IjJb g*Aj^\\ «fJ^ ^^J CT»3
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^                                                                          _________
*sJ^ ^ l a>.j 8-^a.j d*La_s^ .Lul .Lil *-*-^5 ^\'3 U^rf ^.»*ï?g cX^^
a) Cod. JüjÜy*. fc) Deest. c) Cod. y>Lfcu. d) Cod. LlSa*,.
nant entre dans Ie logis du voisin. On se fache, on se querelle: „Ce n\'est pas
sans intention, dit celui-ci, que tu es entre chez moi."
XCVII. Un personnage nommé Abou Taher, de Bagdad, contait qu\'il avait
fait Ie voyage du Zabedj, et visite une des villes de 1\'ïle du Zabedj appelée
Mozofawid oü 1\'ambre (gris) abonde. Mais quiconque s\'en va du pays avec une
provision de eet ambre dans son navire s\'y voit bientót ramene. Les indigènes
font de leur mieux pour en vendre aux étrangers, et ceux qui ignorent cette
particularité de 1\'ambre en achètent beaucoup a vil prix. Et eet Abou Taher
en avait emporté une certaine quantité dans Ie navire, a 1\'insu du patron; mais
Ie vent devint contraire et les ramena dans 1\'ïle.
XCVIII. Yézid d\'Oman, capitaine d\'un des navires qui vont au pays des Zindjs,
m\'a dit: „J\'ai vu dans ce pays deux grandes montagnes, entre lesquelles est
un vallon portant les traces du feu, jonché d\'os calcinés et de peaux brülées.
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C ._jaj>juJ l\\L jj i-XJa j* *ct*^ f*g*<* s-^j iJöyaJ «XaaH >>^aj»
JJaL» 3I J^JI er» j*4*a«j Ü^J pW* i»^5\' ^ ^^ ^!i \'^3 \'^
^SÜÓ J«^ 3w\\JU *£**&! i?1 Ijltfj ^f t^i-XÖj ^1 Ö 5LX.JLC [^Lu * J^ Sjhï
10 •} nèy» ^ f^ffLw C^asw jj^I^UJ /t-gfeo ^ya^J^ 2U*A> q* Lij-a. |*~r^
a) Cod. i3»3. 6) Cod.
Sur les questions que je fis & ce sujet, on me dit qu\'a certaines époques, un feu
traversait ce vallon; s\'il s\'y trouve des brebis ou d\'autre bétail a païtre, et que
les bergers se laissent surprendre par Ie feu, ils sont tous brülés. Ce feu arrive
a certains jours, coulant comme un torrent."
XCIX. Dans les pays del\'Inde,il y a des troupes de voleurs qui vont deville
en ville et s\'attaquent aux riches marchands, tant indigènes qu\'étrangers. Les bri-
gands saisissent leur homme dans son logis, sur la route, ou même en plein marché.
Ils lui mettent Ie couteau sur la gorge, en disant: „Donne-nous telle ou telle chose,
ou tu es mort." Si quelqu\'un approche pour défendre l\'homme attaque, ils Ie tuent,
fut-ce un magistrat (officier du gouvernement), sans s\'inquiéter du risque de leur
propre vie. Peu leur importe. Aussi quand ils attaquent, personne n\'ose leur ré-
sister ni dire mot, crainte de mort. L\'homme saisi les suit et s\'arrête oü il leur plait,
au marché, chez lui, dans sa boutique, dans son jardin, pour réunir la somme et
les objets qu\'ils exigent. Pendant ce temps, ils mangent et boivent, toujours
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f.76r. *yw j^LoL*^ U.Uf Jf^-rJ ^r-cj ^^f «^U fi>\\ 1\' y^ *** **""
*j Jii U *yu xof JJ ^j-J »>*J *^Uj U ^>ó«j f^-£ (jISj ^-f«> j^\'\'
«) Cod. h. 1. jüLj. b) Cod. 8A*>. c) Deest.
leurs couteaux dégaïnés a la main. Puis Ie raalheureux est eneore obligé de leur
donner un homme qui porte sa rancon et les accompagne jusqu\'a leur demeure,
oü ils sont hors d\'atteinte. La ils prennent la rancon, argent et effets, et la-
chent Ie porteur.
C. Mohammed fils de Moslim de Siraf, qui était demeuré plus de vingt ans
a Tana, avait parcouru la plupart des pays de 1\'Inde et connaissait admirable-
ment les moeurs et coutumes des habitants, m\'a conté qu\'un jour douze ban-
dits vinrent a Seïmour et Tana, et se saisirent d\'un marchand indien dont Ie
père était fort riche et, pensaient-ils, fort attaché a son fils qui était son uni-
que enfant. Ils Ie prirent dans son logis et lui demandèrent environ dix mille dinars.
Ce n\'était qu\'une partie de la fortune du père. Le fils lui dépêcha un messager pour
1\'avertir de 1\'événement, le prier de le racheter et de lui sauver la vie. Le père
vint trouver les brigands, leur paria, leur proposa de réduire leur demande a
un millier de dinars. Ils ne voulurent rien entendre et exigèrent la somme
entière de dix mille dinars.
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\\
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•& 3L jyl=FuJf3 ^>-cÜf jf^l i p»J\\ Jx^f iXi$Jt attj j ^f J^i
a) Cod. r.ü.«aj.
Les voyant ainsi résolus, Ie marchand alla au roi, 1\'instruisit de 1\'affaire et
lui dit: „C\'est une chose intolérable; si ces bandits-la ne sont pas chatiés, per-
sonne ne pourra plus séjourner dans votre pays. — Que faire? dit Ie roi. Il
m\'est facile d\'en venir a bout; mais si nous les attaquons, ils tueront ton fils,
et tu n\'as que celui-la. — N\'importe! dit Ie marchand. Ils demandent une
somme énorme; je ne puis me réduire a la pauvreté pour sauver mon fils. Il
faut entasser du bois autour de la maison, boucher la porte et y mettre Ie
feu. — Mais, dit Ie roi, ton fils brülera aussi, avec toute la maisonnée. —
Qu\'ils brulent! dit Ie marchand. J\'aime mieux cela que de sacrifier tant d\'ar-
gent."
Le roi envoya donc des gens pour boucher la porte et mettre Ie feu a la
maison. Tout fut consumé, les brigands, le fils, et tout ce qui était dans le logis.
CL On dit que dans 1\'Inde supérieure, la coutume dure encore de brüler les
vieillards, hommes ou femmes.
20
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*i^ ^fjC xJl«i »A«öJt Ski j*& <X*s ^1 JU-la>>, J.^« ^.♦s 6 ^^v-_jkJf ^Ji
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J^ fv\\£ jsUJf Ujf JI» ^Ü6 3 w*>*J! Us A<wJ! ^1*-jo^ J,f »sj>
a) Decst. £) ^, ,L, Javanice, ^y^y-.j Malaïce. c) Cod. aJtf LlxXo , mox bLyu. rf) Cod. olaiJG\'.
CII. C\'était autrefois la coutume chez les rois du Zabedj et des pays de 1\'or
que personne, indigène, étranger ou musulman, ne püt s\'asseoir devant eux,
autrement que les jambes croisées, dans la posture nommée bersila. Quiconque
se permettait d\'allonger les jambes ou de s\'asseoir de toute autre maniere, etait
condamné a une forte amende, calculée d\'après sa fortune.
Or, il arriva qu\'un marin nommé Djéhoued Koutah, hoinme fort considéré,
eut audience d\'un de ces rois appelé Sri Nata Kala (?). Ce marin était un vieil-
lard fort avance en age. Il s\'assit devant Ie roi, dans la posture exigée. L\'af-
faire traïnait en longueur, Ie roi ne se levait pas. On continuait a causer,
quand Ie vieillard, changeant de sujet, se mit a parier de tout autre chose.
„Il y a chez nous, a Oman, dit-il, un poisson nommé kavad, qui est long
comme cela," — et il étendit la jambe, marquant Ie milieu de sa cuisse, —
„et il y en a d\'autres, qui sont comme cela", et il étendit 1\'autre jambe, mon-
trant de la main Ie milieu du corps. Le roi dit a son visir: „Cet homme-la
n\'est pas sans avoir eu quelque raison pour nous parier de poissons, alors que
nous étions a nous entretenir d\'un tout autre sujet. Qu\'en penses-tu ? — Seigneur,
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a) Deest.
dit Ie visir, eet homme est un vieillard avance en age, sans force, et qui n\'a
pu supporter jusqu\'a la fin cette posture. Vaincu par la fatigue, il a imaginé ce
moyen de se délasser." La-dessus, Ie roi dit: Il convient que nous dispensions
de cette coutume les musulmans étrangers." Il la supprima donc pour eux.
Et depuis lors les musulmans s\'asseyent devant les rois comme ils Ie trouvent
commode. Mais tout autre qu\'eux doit continuer a s\'asseoir suivant Ie bersila,
sous peine de Tarnende dont nous avons parlé.
CIII. Dans un article precedent j\'ai parlé des dévots et des religieux qu\'on
trouve dans 1\'Inde. Il y en a bien des espèces, parmi lesquelles sont les Bikour,
originaires de Sérendib. Ces Bikour aiment les musulmans et leur témoignent
beaucoup de sympathie. En été ils vont Ie corps et les pieds nus, si ce n\'est
que quelques uns d\'entre eux portent un chiffon large de quatre doigts au carré,
attaché a la ceinture avec une corde et retombant sur leurs parties naturelles.
En hiver, ils se couvrent avec des nattes de paille tressée; quelques-uns ont
un izar formé de pièces et de morceaux de toute couleur pour tirer les yeux. Ils
se souillent Ie corps avec la eendre des os des Indiens morts qu\'on a brulés.
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a) In Cod. additur ...yaSj.         6) Cod. qL*o^I.
Ils se rasent la tête, arrachent leur barbe et leurs moustaches, mais gardent les
poils du pubis et des aisselles. La plupart d\'eux se rognent les ongles. Chacun d\'eux
possède, en guise d\'écuelle, la partie supérieure d\'un crane d\'homme, dans la-
quelle il mange et boit en maniere de mortification et comme marque d\'humilité.
Lorsque la nouvelle de la venue du Prophete — sur qui soient Ie salut et
la bénédiction de Dieu! — parvint aux peuples de Sérendib et des pays voisins
ils députèrent un des leurs, homme intelligent, chargé d\'aller trouver Ie Prophete et
d\'apprendre de lui 1\'objet de sa prédication. Le messager, retardé par des obstacles,
arriva a Médine, alors que le Prophete était mort, ainsi qu\'Abou-Bekr. Le chef
des musulmans était Omar fils d\'al-Khattab, qui lui donna toutes les instruc-
tions nécessaires. Le messager, s\'en retournant, mourut en route dans les pa-
rages de Mékran. Il était accorapagné d\'un jeune serviteur indien, qui put arriver
jusqu\'a Sérendib et y porter la connaissance de ce qu\'il avait appris touchant
le Prophete et Abou-Bekr. Il conta ce qu\'il avait vu de leur succcesseur Omar
fils d\'al-Khattab, comment il se faisaithumble, s\'habillait de vêtements rapiécés,
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a) Cod. v_y^- &) Cod. ^ !y>\'.
passait la nuit dans les mosquées. C\'est a la suite des récits de ce jeune horarne,
que les religieux indiens ont adopté leurs habitudes d\'humilité et leur cuutume
de porter des vêtements rapetassés, ainsi que Ie faisait Omar. C\'est de Ik aussi
qu\'est venue cette affection, cette sympathie qu\'ils témoignent aux musulmans.
Dans la religion des Indiens, Ie vin est interdit aux hommes, et permis aux
femmes. Il y a des Indiens qui en boivent en secret.
CIV. L\'Inde a des magieiens et des devins dont les pratiques sont bien con-
nues. J\'en ai déja rapporté quelque chose.
Je tiens d\'Abou-Youeef fils de Moslim, qui Ie tenait d\'Abou-Bekr de Fasa,
a Séimour, que celui-ci avait entendu Mouca de Sindabour faire Ie récit sui-
vant: „J\'étais un jour a m\'entretenir avec Ie gouverneur de Sindabour, quand
tout a coup il se mit a rire. „Sais-tu, me dit-il, pourquoi j\'ai ri? — Non, ré-
pondis-je. — C\'est, reprit-il, qu\'il y a sur Ie mur un lézard, qui dit: „Il va
nous arriver un höte étranger." Je fus surpris de sa folie, et bientöt je songeais
a me retirer; mais il me dit: „Ne t\'en va point que tu n\'aies vu la fin
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1.79v. J^>Jf uj^ ^> fJ\\(j fj*.*\' t£LJact JÏa. Jaél J(S te jy$^\\ 3 fjs^.f
a) Cod. ^Jou. 6) Ex conj. Cod. tantum t:^Xc^JI. c) Haec conjectura suppleri. rf) Cod. t^jjj.
de Taffaire." Nous étions donc restés a causer, lorsqu\'un de ses serviteurs
entra, disant: „Il est arrivé dans Ie port un vaisseau d\'Oman." Peu d\'instants
après, vinrent des gens portant des paniers qui contenaient divers objets, des
étoffes et de 1\'eau de rosé. Comme on ouvrait un de ceux oü était 1\'eau de
rosé, voila qu\'il en sortit un gros lézard qui grimpa lestement sur Ie mur, et
rejoignit sous mes yeux Ie premier.
CV. C\'est Ie même personnage, dit-on, qui enchanta les crocodiles dans la
baie de Sindabour, oü depuis lors ils ne blessent plus personne. Il en a été de
même dans la baie de Sérira. Auparavant, on ne pouvait approcher de 1\'eau
sans être atteint par eux grièvement. Ils y étaient en quantité incroyable. Or
il vint un Indien qui dit au roi de Sérh-a: „Si tu veux, j\'enchanterai les cro-
codiles de telle sorte qu\'ils ne feront plus de mal a personne dans la baie. —
Fais, dit Ie roi, et je te donnerai telle et telle chose." Mais eet homme dis-
parut et ne put être retrouvé.
Quelque temps après un autre Indien, verse dans la science des enchante-
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10 vi>J*j üö aJ JU j \\yh£. \\yh£ Jo* ,Jf ^Na^UaJI vl>JtLlSS Ji&S (^Juü f- 80r-
a) Cod. iXa£.
ments, de la magie et de la divination, vint s\'établir a Sérira. S\'y étantfait
un ami, il lui dit un jour: „Je veux te montrer quelque chose de curieux. —
Très-bien," dit 1\'ami. L\'Indien s\'assit au bord de 1\'eau, prononca certaines
paroles et puis dit a son compagnon: „Tu peux entrer dans 1\'eau, sanscrainte
des crocodiles. Ou si tu veux, fais-y entrer quelqu\'un, ou bien j\'y entrerai
moi-même. — Entre toi-même", dit 1\'ami. Il entra en effet dans la baie, et
bientöt son compagnon Ie suivit ainsi que d\'autres. Les crocodiles rödaient
autour d\'eux sans leur faire aucun mal. Etant ressortis, Ie devin dit: „Veux-tu
que je les délivre de leur enchantement % — Fais", dit 1\'autre. On jeta un
chien a 1\'eau; a 1\'instant les crocodiles Ie mirent en pièces.
La nouvelle du pouvoir magique de eet homme vint aux oreilles du roi, qui Ie
fit appeler et lui demanda: „Es-tu vraiment capable de faire telle et telle chose %
Assurément," dit-il. Aussitöt Ie roi monta a cheval et gagna 1\'embouchure de
la rivière, faisant conduire avec lui deux hommes auxquels ils voulait öter la
vie. „Allons! fais," dit Ie roi. L\'Indien prononca son enchantement sur 1\'eau;
on y poussa 1\'un des deux hommes; et les crocodiles vinrent circuler autour de
lui sans faire mine de 1\'attaquer. „Délivre-les", dit Ie roi. Le devin prononca de
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a) Deest.
nouvelles paroles, et les crocodiles mirent 1\'homme en pièces. „Voilaquiestbien,
dit Ie roi, et tu as mérité ta récompense." Il lui donna une bonne somme, Ie fit
revêtir d\'un vêtement d\'honneur, sans compter les promesses.
Le lendemain, Ie roi dit au devin: „Je désire te voir recommencer aujourd\'hui
ce que tu as fait hier. — Bien", dit-il. Le roi appela un de ses serviteurs, d\'une
force et d\'une hardiesse sans pareilles: „Lorsqueje te feraisigne, lui dit-il, frappe
a 1\'instant même le cou de eet enchanteur." On alla a la baie. L\'Indien fit sa
conjuration. On jeta dans 1\'eau 1\'autre condamné. Les crocodiles n\'y touchèrent
pas; on le fit aller et venir d\'un coin de la baie a 1\'autre, et les crocodiles qui
1\'entouraient ne lui firent pas une égratignure. Quand le roi connut que l\'enchan-
tement s\'étendait a la baie toute entière, il fit a son esclave le signe convenu,
et sur le champ 1\'esclave coupa le cou de 1\'enchanteur. Depuis cela, les croco-
diles dans la baie de Séri ra sont absolument inoffensifs.
CVI. Chez les Indiens, le vol est chose grave. Si le voleur, de race indienne,
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o) Cod. JLJt. &) Deest. c) Cod. ^ ^. d) Cod. ^ ^Jl. e) Cod ^1. ƒ) Cod. -jU
est un misérable sans fortune, Ie roi Ie fait mourir; s\'il a du bien, Ie roi prend
tout ou lui itnpose une fovte amende. Il en est de même pour celui qui sciemment
a acheté une chose volée. En général la mort est chez eux Ie chatiment du vol.
Si Ie voleur est musulman, il est jugé par-devant Yhonarmen des musulmans, qui
prononce^ suivant les lois de 1\'islam. L\'honarmen est comme Ie cadi en pays
musulman; il ne peut être pris que parmi les hommes qui font profession de
1\'islam.
CVII. Rached al-Gholam, fils de Babichad, m\'a dit: „Durant une traversée que
je fis de Siraf a Basra dans une petite barque, au mois de dhou\'1-qada de 1\'année
305, la tempête nous assaillit prés de Ras-el-Kamila. Nous jetames a 1\'eau une
partie du chargement. Les flots s\'élevaient si haut qu\'ils faisaient ombre au-dessus
du bateau, puis ils se brisaient au-dessous. Plusieurs fois mes yeux cherchèrent
Ie ciel sans 1\'apercevoir, caché qu\'il était par les vagues interposées qui nous
voilaient Ie jour."
21
10
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a) God. &£•£=> ut niox y^iuajl.
CVII1. Le raême m\'a conté que dans 1\'Inde, les marchands les plus considé-
rés, les militaires et autres, ainsi que les femmes les plus haut placées, fut-ce
la favorite du roi elle-même, recueillent le fumier des vaches et des buffles. S\'il y
a quelqu\'un pour 1\'emporter, on le prend. Sinon, on y laisse un signe pourmar-
quer qu\'on en a pris possession, en attendant qu\'on le fasse prendre.
Les Indiens mangent les bêtes mortes (sans qu\'elles aient été égorgées), c\'est-
a-dire qu\'ils frappent la tête de 1\'animal, brebis, oiseau ou autre, jusqu\'a ce qu\'il
meure, et puis ils en font leur nourriture.
On conté qu\'un de leurs grands personnages, a Seimour et Soubara, passant
prés d\'un rat mort, le prit avec la main et le donna a son fils ou a son servi-
teur qui 1\'emporta chez lui et le mangea. Car chez eux les rats comptent par mi
leurs meilleurs aliments.
CVIX. J\'ai oui couter, comme une de ces histoiresqui se disent, qu\'un roi de Chine
possède un vaste étang alimenté par de l\'eau qui vient d\'une parasange de distance.
Une ouverture permet de faire écouler toute l\'eau et de vider le réservoir. Le
oi veut-il le remplir ? il fait ouvrir le conduit au point d\'oü l\'eau arrive. On y
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t^^Aaü JJU Jj^Uf ^iloj 1$aC *Uf jM>
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^jfjA. ,5 OjAao >AaS ^^J im^^ (ja«*J v>J>l& &if ^*a«> ^J-^fj
o) Cod. liic et deinde U-\'t. &) Deest. c) Cod. o\'-k.
jette des perles que 1\'eau, d\'une pureté, d\'une limpidité parfaite, entraïne dans
1\'étang. Quand celui-ci est plein a déborder, on laisse écouler 1\'eau, et les perles
restent au fond, en guise de cailloux.
CX. J\'ai déja rapporté des choses intéressantes touchant les Dibadjdt-ed-
doum.
C\'est un groupe d\'ïles dont la première est voisine des Dibadjdt-el-kasledj,
et la deinière proche des ïles des Ouaqouaq. Ces Dibadjat sont, dit-on, au nombre
de trente mille, dont douze mille habitées, au dire des marchands. Leur lon-
gueur varie d\'une demi-parasange a dix parasanges; elles sont distantes 1\'une de
1\'autre d\'une parasange. Toutes sont sablonneuses.
CXI. Quelqu\'un m\'a dit qu\'il avait vu dan3 une ville de 1\'Inde un éléphant
dressé a faire les commissions de ses maïtres. On lui donne un sac oü sont
mis les ouada (ou cauris), monnaie de ce pays, avec la note et un échantillon
des choses a acheter pour cette somme. Il va chez 1\'épicier. Celui-ci, des qu\'il
.82r.
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J. Xa^Aao X*i\\jj £ol_«>ii *£ &. ^j-AaÖJ^ ^♦>o_» Xa-S X^Lj^. JckJo
o) Deest. 6) Cod. \\Xs>\\. c) In Codice haec verba errore post *eL* scribuntur. d) Cod.
1\'apercoit, abandonne toute autre occupation, laisse la tout acheteur, prend Ie sac
de 1\'éléphant, compte la monnaie qui s\'y trouve, regarde ce que porte la note
et sert ce qu\'il a de meilleur, et a meilleur marché, de 1\'espèce demandée.
L\'éléphant en demande-t-il davantage? on Ie lui donne. Quelquefois Ie mar-
chand fait erreur en comptant la sorame; alors l\'éléphant brouille les cauris
avec sa trompe, et 1\'épicier recommence son compte. Enfin l\'éléphant part avec
ses achats. Arrivé au logis, si Ie maitre trouve qu\'on 1\'a mal servi, il Ie bat.
L\'éléphant retourne chez 1\'épicier et bouleverse tout dans sa boutique, jusqu\'a
ce qu\'on lui ait servi ce qui manque ou qu\'on lui ait rendu les cauris.
Ce même éléphant balaie, arrose, écrase Ie riz avec Ie pilon qu\'il tient avec
sa trompe; un homme apporte Ie riz, et lui Ie broie. Il tire 1\'eau du puits au
moyen d\'un seau attaché a une corde. Enfin il fait toute espèce de travail.
Son maïtre Ie monte chaque fois qu\'il a une longue course a faire. Un petit
garcon Ie monte aussi et Ie conduit aux champs. La l\'éléphant arrache de 1\'herbe
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«iafiAd tf^UaJf J.f *JlC e$A04J^ c_j***M *"^jï>5 *-^**^ *^V.[>^
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li^ Cis tjtiJ a,!i>JLo O^JiJ ï U XjüLaWj Jf^o^f ^ L^Oj (j*Uül f.83r.
a) Cod. lil.
et des feuilles d\'arbre avec sa trorape, et les donne a 1\'enfant qui les met
dans un sac; puis il rapporte cela au logis pour sa nourriture.
Un éléphant ainsi dressé se vend a des prix très-élevés, dix mille dirhems, dit-on.
CXII. Parmi les aventures de mer dont on parle encore aujourd\'hui, voici
ce que m\'a raconté un marchand:
„Je partis de Siraf, dit-il, en 1\'année 306, sur un navire qui allait a Seimour.
Avec nous faisaient route un navire d\'Abd-Allah nis de Djouneid et un navire
de Séba. Les trois navires étaient de tres fortes dimensions et bien connus sur
la mer; les capitaines jouissaient d\'une grande réputation parmi les marins.
Le nombre des personnes embarquées, marchands, officiers, matelots et autres
gens de nationalités diverses s\'élevait a douze cents. Le chargement en provi-
sions et marchandises était d\'une valeur incalculable. Au bout de onze jours,
nous fümes en vue des hauteurs de la terre de Sendan, de Tana et de Seimour
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UaOSU j"*-i} ^JT™} l^SuuiwJ lijt?« UaS L\\i.! j ^L\'9 «_J^vJf H^mJI L\\> .Lm
O^Jlj ^iilfj JUL livX&Jj gf&J] lajuai jjb Jlc£ ^ £j,J\\ Uï*l*. ^
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f. 83V. Jfj^fj c ^f^Ü 0>5 p^ crL ^<^j jU_s aJ^Jl l^^l JU ^suJf
<Jti\\ **j ^Lfl wVRS U/0 *iU (J^««^- *fj Lo ^jlüjj yxju v^aIsj
a) Deest. 6) Cod. ^woj. c) Cod. L-»^-.
Jamais, dit-on, ce voyage ne s\'était fait en aussi peu de temps. Nous nous
réjouissions, nous félicitant les uns les autres de cette heureuse traversée.
Nous nous croyions hors de tout danger et pensions toucher terre Ie lende-
main matin. On n\'avait pas serre les voiles. Tout a coup une tempête s\'éleva,
du cöté de la cöte accompagnée d\'éclairs, de tonnerre et de pluie. La manoeuvre
des voiles n\'était pas possible, 1\'ouragan nous emporta. „Jetons des bagages a
la mer, dirent les officiers et les matelots. Mais [Ie patron du navire] Ahmed
s\'y opposa, disant: „On ne jettera rien, que je n\'aie perdu tout espoir et vu
notre perte assurée." Les hommes descendirent pour vider 1\'eau de la cale des
deux cötés. Les deux autres navires étaient dans la même situation que nous,
chacun attendant ce que ferait son compagnon de route, pour se décider ajeter
ou a garder les bagages. Enfin les marchands s\'impatientèrent et dirent a Ah-
med: „Décide-toi a jeter les bagages; tu n\'en seras pas responsable, car nous
voila sur Ie point de périr. — Je n\'en ferai rien," dit-il. Pendant cinq jours,
notre situation alla s\'aggravant. Mais dans la sixième journée, voyant Ie navire
prés de sombrer, Ahmed donna 1\'ordre de jeter Ie chargement. On ne put rien
10
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p3 jop\\ U o-e^ p* Jb/^liï Üüt, "^ Xsl» oun Ui llfla. IXj^-O*
a) Deest.
jeter, la pluie avait accru Ie poids des sacs et des ballots; ce qui pesait aupa-
ravant cinq cents livres en pesait alors quinze cents. Le danger était pressant;
on niit la chaloupe a la mer, et trente-trois hommes y descendirent. On
voulait y faire descendre Ahmed; mais il dit: „Je ne sortirai pas du navire,
qui se sauvera plutót que la chaloupe. S\'il doit périr, je périrai avec lui. Que
m\'importe le salut, après la perte de mon bien."
Le marchand [qui m\'a fait ce récit était parmi les gens embarqués dans la
chaloupe]: „Nous y passames cinq jours, dit-il, sans nourriture ni boisson. La
faim, la soif, les souffrances de toute sorte nous enlevaient jusqu\'a la force de
parier. La chaloupe était le jouet des vagues et des vents, de sorte qu\'il nous
était impossible de dire si elle était engloutie par la mer ou si elle surnageait.
On commenca a se faire entendre par signes qu\'il fallait manger un d\'entre
nous. Or, nous avions dans la chaloupe un jeune garcon de bonne mine, qui
n\'avait pas encore atteint 1\'age de la majorité, et dont le père etait resté sur
le navire. C\'est lui qu\'on résolut de manger. Il avait deviné nos projets et je
le vis qui regardait vers le ciel et remuait a la dérobée les lèvres et les yeux.
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a) Cod.^l. 6) Cod. v-J\'jJ». c) Cod. ^. <Z) Deest.
Heureusement, nous eümes k 1\'heure même connaissance de la terre, et bien-
tót nous la distinguame3 clairement. La chaloupe, portee au rivage, toucha,
s\'ouvrit et se remplit d\'eau. Nous n\'avions pas la force de nous lever ni de
remuer. Deux hommes accoururent du rivage. „D\'oü venez-vous?" dirent-ils.
Nous répondons: „De tel navire." Ils nous prirent par la main et nous tirè-
rent a terre. Quand nous fümes la, a demi morts, un des deux hommes s\'en
fut. „Ou sommes nous? dis-je a 1\'autre. — Cette fumée que tu vois la-bas,
dit-il, vient d\'al-Tïz. Mon compagnon est allé au bourg. Vous y trouverez des
aliments, de 1\'eau, des vêtements." Enfin on nous y mena. De toutes les per-
sonnes embarquées sar les trois navires, pas une ame ne fut sauvée, hormis
un certain nombre des gens partis sur la chaloupe. Parmi les victimes était Ie
capitaine Ahmed, dont Ie nom est resté célèbre. La perte de ces navires et
de leur cargaison fut une des causes qui contribuèrent Ie plus a la ruine de
Siraf et de Seimour, vu qu\'ils étaient chargés de richesses et portaient les plus
considórables d\'entre les officiers, capitaines et marchands.
CXin. Une chose des plus étonnantes est ce que m\'a conté un marin qui
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LUs                                                               ilUSkLu ^fj *-jf ^ f. 85r.
a) Conjectura addidi. 6) Cod. jmJULttuJt.
avait passé de longues années dans 1\'Inde et autres contrées. Il tenait cela de
la bouche de bien des gens qui avaient pénétré au coeur du pays indien. C\'est
que, dans les régions du haut Cachemire, en un lieu nommé Ternarayin, se
trouvent des jardins ombragés, arrosés par des eaux courantes, oü les Djinns
tiennent marché. On entend Ie bruit de leurs voix, achetant et vendant, sans
voir leurs personnes. Et cela existe de teraps immémorial. Je demandai a ce
marin: „Sais-tu si Ie marché est continuel ou s\'il a lieu a certaines époques?
— Je n\'ai pas fait, dit-il, de question a ce sujet."
CXIV. Un homme qui avait été en Chine, m\'a dit avoir vu dans ce pays
une pierre qui attirait Ie plomb a travers les parois d\'un vase; placée sous une
femme enceinte, elle facilite raccouchement. Il y a aussi une pierre qui at-
tire Ie cuivre, une autre qui attire 1\'or, ainsi que la pierre d\'aimant qui attire
Ie fer; enfin une pierre qui éteint Ie feu et dans laquelle une autre se remue.
Il m\'a dit encore qu\'il avait vu dans les parages des Gobbs de Sérendib une
pierre qu\'on avait cassée et d\'oü sortit un ver qui rampa sur une longueur de
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a) Cod. J—L>. b) Sic. c) Deest.
dix aunes et puis mourut. Il avait sur la tête et sur la queue une sorte de
duvet pareil a celui des jeunes oiseaux.
CXV. Parmi les merveilles, il y a dans Ie Yémen une montagne du som-
met de laquelle 1\'eau coule goutte a goutte, se congèle en arrivant a terre et
devient Ie vitiïol yéménois.
CXVI. D\'après un témoin oculaire, les arbres du loubdn ou koundour (qui est
1\'encens) croisseut dans des vallons et des ravins. Ils n\'ont pas de graine. Leur
taille ne varie pas depuis qu\'ils existent; les personnes a qiii ils appartiennent
les ont toujours vus les mêmes; du reste ils ne sont pas tous également beaux.
On n\'en trouve que dans la région comprise entre les frontières de Hasik et
les frontières de Haridj(l), sur un espace d\'environ cent cinquante parasanges.
CXVII. Une personne qui avait voyagé dans 1\'Inde m\'a dit qu\'elle avait vu
a Anqia(?), non loin de Mankïr, ville despays de Tor, un grand arbre, porté sur
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o) Cod. xOj^l. 6) Cod. s. p. c) Cod. w,L&J\'.
un gros tronc, assez semblable au noyer, lequel produit des roses rouges oü 011 lit en
caractères blancs: „Il n\'y a de Dieu que Dieu, Mohammed est Ie prophete de Dieu."
CXVIIL Dans la mer du Senf est une ile, oü les écrevisses qui y tombent de-
viennent pierres. C\'est cette pierre qu\'on porte dans 1\'Irac et partout, qui entre
dans la composition du collyre pour les taies des yeux. Les pharmaciens les nom-
ment écrevisses de rivière.
CXIX. On m\'a conté que chez les Bodja se trouve une fontaine abondante
que recouvre une grande pierre d\'émeraude soutenue par quatre colonnes d\'or.
Lorsque Ie soleil s\'élève au-dessus de la pierre, 1\'eau de la fontaine devient toute
verte.
Un roi du voisinage, nommé Abar, fit une irruption dans ce pays pour s\'em-
parer de la pierre. Mais les habitants sont invincibles; plusieurs fois attaques,
ils sont toujours gardes d\'une maniere merveilleuse. Un de leurs rois voulut aussi
prendre la pierre, mais il lui survint une maladie qui 1\'en empêcha, ou quelque
chose comme cela.
f Sav.
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172
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f. 86r.
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a) Cod. ^^^*J. i) Cod. u^\'.
CXX. D\'après ce que m\'a dit un de mes compagnons, il y a dans la région
des |Gobbs de Sérendïb un grand oiseau qui fait ses petits sur Ie rivage de la mer.
Dès lors, les vents cessent de souffler pendant quatorze jours.
CXXI. Mohammed d\'Oman m\'a dit: „J\'ai vu a Beriyin(?), ville de 1\'Inde, un
jeune Indien saisi pour vol ou tout autre crime. Le roi avait donné 1\'ordre de
1\'écorcher vif. Pendant qu\'on 1\'écorchait, ce jeune homme parlait, chantait et
restait impassible, jusqu\'au moment oü on atteignit le nombril. Et quand on
eut tranche cette partie, il expira."
CXXII. Le même m\'a conté que dans une des iles du Ouaqouaq il y a un oiseau
dont le plumage a du rouge, du blanc, du vert et du bleu comme le pivert. Il
a la taille d\'un gros pigeon. On le nomme semendel. Il peut entrer dans le feu
sans se brüler, demeurer longtemps sans manger autre chose que de la terre.
Pendant qu\'il couve ses oeufs, il ne boit pas jusqu\'a leur éclosion. Lorsque les
petits sont nés, il les abandonne quelque temps et n\'en approchepoint; mouches
et moucherons tournent autour des petits; quand leurs plumes ont poussé et
qu\'ils commencent a marcher, alors il leur donne la becquée.
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J^ Jx l^wo j^f lif3 jWI3 oCJ l|l*| SjuaA jti\\> jj^Jfj J^J\\
86v.
a) Addidi. b) Cod. nV&fr
CXXIII. Il m\'a aussi conté que dans une de ces ïles du Ouaqouaq, il y a un
animal, semblable au lièvre, qui change de sexe, est tantöt male et tantöt
femelle. C\'est du moins ce que disent les gens de Sérendib, d\'après ce que m\'en
a rapporté mon narrateur qui Ie tenait d\'un Indien; et je ne sais qu\'en dire. Ils
pretendent que Ie lièvre change aussi de sexe. Mais a mon sens, c\'est une rêverie
sans fondement. Dieu seul connaït la vérité.
CXXIV. Une personne qui avait parcouru les mers m\'a dit avoir vu a Sofala
des Zindjs une béte de la taille du lézard, a peu pres de sa couleur et de sa forme.
Le male a deux penis et la femelle deuxvagins. Leur morsure est inguérissable;
la plaie qu\'ils font reste toujours ouverte et ne se cicatrise pas. Cette béte fré-
quente surtout les plantations de cannes a sucre et de dourah.
Mais ce qui pullule dans ce pays, ce sont les serpents et les vipères. Quelque-
fois le passant est attaque par trois ou quatre a la fois; il tache en vain de les
éviter; ils s\'élancent sur lui et le mettent en pièces.
CXXV. Djafar nis de Rachid, connu sous le nom d\'Ibn-Lakis, navigateur re-
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nommé des pays de Tor, nfa rapporté qu\'un serpent vint une fois dans la baie
de Seimour et avala un crocodile énorme. A la nouvelle de ce fait, Ie gouver-
neur de Seimour expédia une troupe pour s\'emparer du serpent. Trois mille bra-
ves se réunirent contre Ie monstre, vinrent a bout de s\'en rendre maitres et lui
mirent une corde au cou. Des preneui-s de serpents arrivèrent et lui arrachèrent
les dents, pais Fenchaïnèrent. Il avait une blessure de la tête aux oreilles. On
Ie mesura et on Ie trouva long de quarante coudées. Les gens Ie portèrent
sur Ie cou; il pesait des milliers de livres. Cela s\'est passé en 1\'année 340.
CXXVI. Quelques personnes m\'ont dit avoir vu un homme qui avait pénétré et
trafiqué chez les Ouaqouaq, et qui décrivait 1\'ampleur de leurs villes et de leurs
iles. Par cette expression, ampleur, je n\'entends pas dire que leurs villes soient
vastes, mais les habitants sont nombreux. Ils ont de la ressemblance avec les
Turcs. Dans leurs arts, ce sont les plus industrieux des hommes; dans Ie pays
entier on prend grand soin de développer cette aptitude. Du reste ils sont traï-
tres rusés, menteurs: tres vifs et tres experts en tont ce qu\'ils entreprennent.
CXXVII. Ibn Lakis m\'a rappovté a leur sujet des choses extraordinaires dont
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o) Cod. iiJL^ï j*r\'^\' ft) Cod. Jj3-. c) Cod. hic et infra iÜL*ï. d) Cod. ei ..c. e) Cod. Lc.
f) Cod. .Li! iü^,.
il avait ététémoin. En 1\'année 334 ilsallèrent avec un millier de barques pous-
ser une vigoureuse attaque coctre la ville de Kanbaloh. Mais ils ne purent s\'en
emparer, parce que la ville est solidement fbrtifiée et eutourée par un bras de
mer , au milieu duquel Kanbaloh s\'élève comme un chateau-fort. Des gens du pays
qui s\'étaient mis en rapport avec eux leur ayant demandé pourquoi ils étaient
venus chez eux plutöt qu\'en tout autre lieu, ils repondirent que c\'était parce que
cette contrée possède des marchandises qui conviennent a leur pays et a la Chine,
telles que Vivoire, Tecaille de toi\'tue, les peaux de panthères et 1\'ambre, et parce
qu\'ils voulaient se procurer des Zindjs, qui sont des hommes vigoureux et propres
a supporter les travaux pénibles. Leur voyage, disaieut-ils, avait dure un an. lis
avaient pillé quelques ïles a six journées de distance de Kanbaloh, et ensuite main-
tes villes et bourgades du Sofala des Zindjs, sans compter ce que nous ne savons pas.
Si ces gens-la disaient vrai en parlant d\'un voyage d\'une année, cela prouve
qu\'lbn Lakïs a raison quand il pretend que les ïles des Ouaqouaq sont situées
en face de la Chine. Dieu seul sait la véiïté.
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«) Cod. jjL^\'. &) Cod.^Êi***!.
CXXVIII. J\'ai déja parlé de Sérira qui estsituéea 1\'extrémité de 1\'ïle de La-
meri, a cent vingt zdma de Kala. Dieu seul connait la vérité! La baie de Sérira pé-
nètre, dit-on de cinquante parasanges dans 1\'ïle. C\'est un fleuve beancoup plus large
que Ie Tigre a Basra, ses eaux sont douces comme celles du Tigre. Il n\'y a point
de baie plus longue dans toute 1\'ïle. Le flux s\'y fait sentir de douze en douze heures.
On y trouve des crocodiles; mais ceux qui sont dans la partie qui avoisine les ha-
bitations, ne font aucun mal, ayant été enchantés, comme nous 1\'avons dit, tandis
que les parties situées en dehors des constructions sont inabordables, a causede
ces animaux. Quelques maisons sont baties sur terre; mais la plupart flottent
sur 1\'eau, soutenues sur des pièces de bois reliées ensemble, en forme de ra-
deaux, et d\'une durée indéfinie. Ils font cela par crainte du feu; car leurs habi-
tations, construites en bois, sont foi\'t sujettes a 1\'incendie; que le feu prenne
quelque part, tout brüle. Placées sur 1\'eau, les maisons sont mieux protégées;
si le feu se déclare en un point, chaque propriétaire peut couper ses amarres,
déloger et s\'aller fixer ailleurs, loin de 1\'incendie. Lorsqu\'il se déplaït quelque
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o) Cod. j^Jjc s«\'c. è) Cod. Jü^lkX^u.
part, il peut de même changer de quartier. Ces habitations dans la baie sont
rangées de maniere a former comme des rues. L\'eau, entre les habitations,
coule avec abondance. C\'est de l\'eau douce qui arrive du haut pays pour pé-
nétrer dans 1\'estuaire et se jeter dans la mer, de la même maniere que Ie Tigre.
CXXIX. Le même m\'a appris qu\'il avait ouï dire par un capitaine que souvent
les navires partis pour Sofala des Zindjs abordent sur une cöte qu\'habitent des
noirs anthropophages. C\'est par accident que cela arrive; les vents et les courants
font dériver le navire et 1\'entraïnent dans ces parages, malgré les efforts du ca-
pitaine. Un espace d\'environ quinze cents parasanges sépare Kanbaloh de ces
nègres mangeurs d\'hommes. Dieu seul sait la vérité! Quant au lieu oü se ren-
dent les navires, il est a mille ou tout au moins a huit cents parasanges au-dela
de Kanbaloh, et c\'est un voyage de quarante-deux zdma environ.
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*j ^1^3 *J^b ***£ J/-*] ^ *k^ ** e*^ ffW^ ^ **^.5 iu-JL^Wi
a) Addidi. I) Cod. AS,, c) Cod. 0\\. d) Cod. L*%.
CXXX. Ibn-Lakïs m\'a dit que se trouvant a Sofala chez un des rois des
Zindjs, survint un homme qui dit au roi: „Un oiseau de telle espèce — Ibn-Lakïs
avait oublié Ie nom — s\'est abattu dans telle vallée; il avait saisi et mis en pièces
un éléphant, qu\'il était en train de dévorer lorsqu\'on 1\'a capturé." Le roi des
Zindjs se leva et se rendit a la vallée avec nombre de gens parmi lesquels j\'étais moi-
même, dit Ibn-Lakïs. A notre arrivée, 1\'oiseau se débattait sur le sol, et l\'élé-
phant, dont il avait mangé un quart, gisait a terre. Le roi ovdonna de prendre
les grandes plumes des ailes; il y en avait douze, six a chaque aile. On prit
encore d\'autres plumes, le bec, une partie des griffes et un peu des entrailles. Telle
de ces plumes étant coupée avait une contenance de deux outres d\'eau et plus. On
disait que c\'était un oiseau du pays de Sofala, qui, passant par dessus la vallée, avait
vu 1\'éléphant, 1\'avait saisi dans ses serres, emporté dans 1\'airet rejeté sur le sol,
puis s\'était abattu sur 1\'animal pour s\'en repaïtre. Des gens qui se trouvaient en
ce lieu 1\'avaient attaque a coups de dards et de flèches empoisonnées, de facon
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a) Supra p. 149 a*Xi. J) Cod. u*LOH.
qu\'ils 1\'avaient renversé et tué.
CXXXI. Entre Thabia et 1\'ïle de Ghéilamï (ou des mangeurs de tortues), dit Ie
même Ibn-Lakïs, se trouve une petite mer nommée mer de Saifou dont la traversée
demande six jours. Tout navire qui la traverse doit se tenir par trente brassesd\'eau;
s\'il vient a vingt brasses, il enfonce, parce que Ie fond de cette mer est une vase
fine oü se perdent les navires qui y tombent; et rarement on en réchappe.
CXXXII. Parmi les iles remarquables, il n\'y en a point dans la mer de pa-
reille a 1\'ïle de Sérendïb, aussi nommée Séhilan. Elle a cent parasanges de
longueur, trois cent parasanges de tour. On y pêche des perles d\'une belle eau,
mais petites; les grosses quand on en rencontre, sont mauvaises. Il y a une
montagne escarpée, qui est la montagne des jacinthes et des diamants. C\'est la,
dit-on, que descendit Adam, et on y voit la tracé de son pied, longue de soixante-
dix coudées. Ce sont les habitants qui disent que c\'est la tracé du pied d\'Adam,
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^f^ftcJfj pjUf ^i^flj gU* _^ JiiJfj vLtM *? j^aoj y?l s^i^ 50^
£J,j ^oUtfS ........ft^Li U £ g-iïjÜ J^> s/aJl ^ ^ u&^ï
ft.
a) Cod. \\5jiJI et w^iil. 6) Cod. Jyü.
et que Ie saint patriarche avait place uu pied la et 1\'autre dans la mer. On y
trouve une terre rouge qui est Ie aonbddidj (émeri) dont on se sert pour polir Ie
cristal de roche et Ie verre. L\'écorce de ses arbres donne une cannelle excellente,
la célèbre cannelle de Séhïlan. L\'herbe de cette ile est rouge, et sert a la tein-
ture des étoffes et des fils de coton; c\'est une teinture supérieure a celle du bnq-
qam
(bois de brésili, du safran, du carthame et a toute autre teinture rouge. Il
s\'y trouve encore bien d\'autres plantes remarquables qu\'il serait trop long
de détailler. On assure que Me de Sérendïb renferme environ cent mille
bourgs.
CXXXIII. On m\'a raconté qu\'un homme de Basra qui demeurait au milieu de
la rue de Qoréich disait___qu\'étant parti de Basra pour Ie Zabedj ou quelque
pays voisin de celui-la___ [et son navire ayant fait naufrage, luiseul] sesauva
et fut porté sur une ile. „Je m\'avancai dans 1\'ile, dit l\'homme, et je montai
sur un grand arbre, oü je passai la nuit, caché dans les feuilles. Le matin, je
vis venir un troupeau d\'environ deux cents brebis, grosses comme des veaux,
conduites par un homme d\'un aspect extraordinaire, gros, long, large, d\'une fi-
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181
t()v.
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a) Cod. (_^*-
gure hideuse, tenant en main un baton avec lequel il chassait Ie troupeau de-
vant lui. Il s\'assit un instant au bord de la nier, tandis que les brebis païssaient
parmi les arbres. Puis il se coucha, la figure contre terre et dormit jusque vers
Ie milieu du jour. Alors s\'étant leve, il entra dans 1\'eau et fit ses ablutions, puis
ressortit. Il était nu, n\'ayant sur lui qu\'une feuille assez semblable a une feuille de
bananier, mais un peu plus large, attachée a la ceinture en guise de pagne. S\'ern-
parant d\'une brebis, il la retint par une jambe, prit son pis dans la bouche et téta
jusqu\'a ce qu\'il en eut épuisé Ie lait. 11 fit de même avec plusieurs autres brebis.
Après quoi, il se coucha sur Ie dos a 1\'ombre d\'un arbre. Il était ainsi, les yeux
sur les branches, quand un oiseau vint justement se poser sur 1\'arbre oü je me
tenais caché. L\'homme saisit une grosse pierre qu\'il langa contre 1\'oiseau, etne
Ie manqua pas; 1\'oiseau tomba de branche en branche, et s\'arrêta tout prés de
moi. Le berger [m\'apercut et] me fit de la main signe de descendre. J\'obéis,
plein de terreur, sans force, a demi mort de peur et d\'inanition. Il prit 1\'oiseau
et le jeta contre terre. Je calculai que eet oiseau pouvait peser environ cent li-
vres. L\'homme le pluma encore vivant, puis avec une pierre pesant vingt livres
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182
f.91r
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f.9iv. i-jpio J-3 pJi j*-i*Jï ^t kX*c p»i Ui sUJf oy>. j L Js/ Jsi\'b .UJf j
a) Cod. (-Atjjt.
il Ie tua en lui frappant la tête; il continua a Ie frapper a coups redoublés jus-
qu\'a Ie mettre en morceaux, et enfin se mit a y mordre a belles dents, comme
un béte carnassière qui dé vore sa proie. Il Ie mangea jusqu\'au dernier lambeau et
n\'en laissa que les os. Le soleil commencant a palir, il se leva, prit son baton,
chassa le troupeau devant lui, après avoir poussé un cri effrayant, et me fit signe
de me lever. Les brebis rassemblées, ils les conduisit a une mare d\'eau douce qui
était dans 1\'ile, oü elles s\'abreuvèrent, oü il but aussi, et oü je bus moi-même,
non sans songer que ma mort était sans doute prochaine. Il nous poussa de nou-
veau devant lui, jusqu\'a une sorte d\'enclo3 formédetroncsd\'arbres entrecroisés,
et muni d\'une espèce de porte. J\'y entrai avec le troupeau. Au milieu s\'élevait
une espèce de hutte de poutres solides, semblable a un métier de tisserand haute
d\'une vingtaine de coudées. Son premier acte fut de prendre une brebis des plus
petites et des plus maigres du troupeau, a laquelle il brisa la tête avec une pierre.
Ayant allumé du feu, il dépeca la brebis des ongles et des dents, a la facon des
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183
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a) Cod. Uj^U«i. b) Cod. «JLkj.
bêtes féroces, et en jeta les morceaux dans Ie feu, encore couverts de la peau et
de la laine. Quant aux entrailles, il les dévora toutes crues. Puis il alla de bre-
bis en brebis buvant leur lait. Enfin il prit une des plus grosses, 1\'embrassa par
Ie milieu du corps et en fit a son plaisir. La brebis criait. Il en saisit une autre
et agit de même. Enfin il prit quelque chose au-dessus de sa tête, dont il but,
et finalement il s\'endormit, ronflant comme un taureau.
„Au milieu de la nuit, je me hasardai a ramper a petits pas vers Ie foyer
pour y ramasser les restes de viande et les manger, afin de retenir un dernier
soufile de vie. Je tremblais d\'effaroucher les brebis, de 1\'éveiller, et d\'être par
lui traite comme 1\'oiseau ou la brebis. Je demeurai étendu a terre jusqu\'au len-
demain. Des Ie matin, il descendit de sa couche, poussa devant lui les brebis,
et moi avec elles. Il m\'adressa la parole dans un langage que je ne comprenais
pas. Je lui parlai dans les diverses langues que je connaissais, mais il ne put
m\'entendre. J\'étais fort velu, je présume que me voyant ainsi, cela lui inspira
de la répugnance, et ce fut sans doute la cause de son retard a me manger.
Pendant dix jours, je vécus avec lui de cette vie toujours pareille. Il ne se pas-
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a) Cod. a.^a-g\'JI. Seq. Lsy> deest. 6) Cod. qj«^ó.
sait pas de jour qu\'il ne prit un oiseau ou deux, et s\'il n\'en avait pas de quoi
se rassasier il mangeait une brebis. Je 1\'aidais a allumer Ie feu, a ramasser Ie
bois; je Ie servais, non sans chercher quelque artifice pour lui échapper. Cela
dura encore deux mois, et j\'avais pris bonne mine. Je vis sur son visage des mar-
ques de satisfaction et je compris qu\'il avait décidé de me manger. Je m\'étais
apercu qu\'il cueillait les fruits de certains arbres qui croissaient dans 1\'fle, qu\'il
les faisait macérer dans 1\'eau, clarifiait Ie liquide et en buvait. Apres quoi il re-
stait ivre toute la nuit, au point de perdre toute connaissance. J\'avais vu aussi
dans cette ïledes oiseaux grands comme des éléphants et des buffles, lesuns plus,
les autres moins. Il ariïvait parfois qu\'ils dévoraient quelqu\'une des brebis; et
c\'est pour cette raison que 1\'homme et Ie troupeau passaient la nuit dans 1\'enclos.
Comme eet enclos était place sous de grands arbres et que Ie berger s\'y était fait une
sorte d\'étable aussi solide que possible, les oiseaux n\'osaient y descendre de peur
d\'être pris dans les arbres.
„Une nuit donc, apres avoir attendu qu\'il se fut enivré et endormi, je m\'aidai
des branches d\'un des arbres pour sortir de 1\'enclos, et je marchai devant moi
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aJLs? ^ ^K JU». ^1 Jx Ojjb\' oJL^jyC^b ^uJI Jx Uj-Xvb sf^gjf j
a) Addidi. 6) Cod. cjJUi.
vers une plaine que j\'avais apercue du haut de 1\'arbre. Je ne fis halte qu\'au ma-
tin oü la crainte m\'obligea a monter sur un autre arbre au gros tronc. Je m\'étais
muni d\'une trique pour Ie f rapper s\'il m\'atteignait: ou je Ie repousserai, pen-
sais-je, ou bien il me tuera; nul ne peut échapper a son destin. Je passai la
journée sur mon arbre et ne Ie vis point. J\'avais emporté un morceau de viande
que je mangeai vers Ie soir. Puis étant descendu, je me remis a marcher toute
la nuit, et aux premières lueurs du jour j\'avais atteint une plaine oü les arbres
étaient clair-semés. Je m\'avancai et n\'y vis que des oiseaux et des bêtes sauva-
ges d\'espèces inconnues, ainsi que des serpents. Il y avait aussi de 1\'eau douce.
Je m\'arrêtai pour cueillir des bananes et d\'autres fiuits, je mangeai et je bus.
Les grands oiseaux allaient et venaient dans la plaine. J\'en guettai un. Après
avoir préparé des fibres d\'écorce en guise de corde, je saisis Ie moment oü 1\'oiseau
s\'était abattu pour paitre. Venant par derrière lui, je me suspendis a une de ses
jambes et m\'y attachai, sans qu\'il y prit garde, occupé qu\'il était a brouter. L\'oi-
seau ayant terminé son repas et bu, s\'éleva dans les airs, décrivit un eercle, et
21
\'J3r.
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186
L&jtai jSUJL-j ^J^ ^5^ ^c tyyUs ^j^-ail jUiUi jx ^jy»**^
f.93v. ^kï t3 p^üJL ^-v-Lj-f c^W ~^>f <♦/ f-^ ^^.La o^t ^la* i°
o) Cod. oJUai.
je pus voir la mer. J\'étais résigné a la mort. Il s\'abattit sur une montagne, sans
sortir de 1\'ïle. M\'étant détaché de sa jambe, malgré 1\'état de faiblesse oü j\'étais,
je me hatai de m\'éloigner de peur qu\'il ne me fit un mauvais parti, et je des-
cendis la pente de la montagne. Le sommet d\'un arbre fut mon refuge jusqu\'au
matin suivant. J\'apercus une colonne de fumée, et sachant que la fumée an-
nonce la présence des hommes, je me dirigeai de ce cöté. Je n\'avais pas fait une
longue marche qu\'une troupe d\'hommes m\'aborda. Ils me prirent, en m\'adres-
sant des paroles inintelligibles pour moi, et me conduisirent a un village. La ils
m\'enfermèrent dans une maison oü se trouvaientdéjahuit autres prisonniers. Mes
compagnons de captivité m\'interrogèrent, je leurcontai mes aventures. A leur tour,
ils me contèrent qu\'ils étaient a bord de tel navire allant du Senf au Zabedj, qu\'as-
saillis par la tempête, ils s\'étaient sauvés au nombre de vingt sur la chaloupe et
avaient abordé dans cette ïle. Les indigènes s\'étaient emparés d\'eux, les avaient tirés
au sort et en avaient déja mangé bon nombre jusqu\'a ce jour. Hélas! je dus recon-
naïtre que j\'étais en plus grand danger ici qu\'auprès du monstrueux berger. Mais
j\'éprouvai quelque consolation en me voyant des compagnons de misère. Dussé-je
être mangé, la mort me semblait légere. Nous nous consolions par le sentiment
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/•
187
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p-J JJf C5^°3 ^f r^f [j* /Ü ^ Li3^ U*^J J-A-Uf UfctjtNr.
d\'une communauté d\'infortune. Le lendemain on nous porta du sésame ou quelque
grain qui y ressemblait, ainsi que des bananes, du beurre et du miei. Ils mirent
tout cela devant nous. „Voila, medirent les piïsonniers, notre nourriture depuis
que nous sommes tombes entre leurs mains." Chacun mangea de quoi se soute-
nir. Puis les anthropophages survinrent, nous examinèrent un a un et choisirent
celui qui leur parut être dans le meilleur état d\'embonpoint. Nous lui fimes nos
adieux; déja nous nous étions fait les uns aux autres les suprêmes recommanda-
tions. Ils le tirèrent au milieu du logis, 1\'oignirent de beurre de la tête aux pieds,
et le firent asseoir au soleil 1\'espace de deux heures. Alors s\'étant rassemblés au-
tour de lui, ils Tégorgèrent, le coupèrent en morceaux sous nos yeux, le firent
rötir et le mangèrent. Une partie fut mise en ragout, une autre partie mangée
crue avec du sel. Après ce repas, ils burent une boisson qui les enivra, et ils
s\'endormirent. „Allous, dis-je a mes compagnons d\'infortune, venez, que nous
les mettions a mort pendant qu\'ils sont piongés dans 1\'ivresse. Puis nous mar-
cherons devant nous. Si nous échappons, gloire a Dieu! si nous périssons, mieux
vaut mourir que de rester dans cette affreuse situation. Si les gens du pays nous
rattrapent, nous ne mourrons jamais qu\'une fois." Mes paroles ne purent les
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a) Deest. è) Cod. £?Jj.
décider et la nuit vint sans qu\'on eüt pris un parti. Nos maitres nous portèrent
a manger suivant la coutume. Un jour, deux jours, trois jours, quatre jours
s\'écoulèrent sans amener aucun changement dans notre état. Lecinquièmejour,
ils prirent encore un de nous et Ie traitèrent comme Ie precedent, Cette fois, quand
ils se furent enivrés et endormis, nous allames a eux et nous les égorgeames tous.
Chacun de nous se munit d\'un couteau, d\'un peu de miei, de beurre et de sé-
same, et lorsque la nuit euveloppa la terre de ses ténèbres, nous nous échappa-
mes de la maison, dont nous avions étudié les abords durant Ie jour. Nous nous
mïmes en marche, tachant de gagner Ie rivage de la mer sur un point éloigné
du village. Arrivés dans unevallée, nous nous réfugiames sur des arbres, de peur
d\'être découverts. Nous étions sept ou huit. Le jour passa, la nuit revint et ses
ombres nous permirent de continuer notre marche, dirigés par le3 étoiles, lelong
du rivage. Enfin nous nous sentimes hors de 1\'atteinte de ces anthropophages:
nous nous reposions, mangeant des bananes et d\'autres fruits du pays, et cela
dura longtemps, jusqu\'a ce que nous parvïnmes dans une sorte de bois clair oü
abondait une eau douce excellente. Nous résolümes de demeurer la, jusqu\'a ce
qu\'un navire nous sauvat, ou que nous terminions notre vie. Trois moururent;
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a) Addidi. b) Cod. la**, c) Hic pauca verba exeidisse patet, d) Cod. ****&
nous n\'étions plus que quatre. Un jour que nous allions Ie long de la plage,
voici que nous apercümes une chaloupe en mauvais état, jetée par les flots sur
Ie rivage, et dans laquelle gisaient plusieurs cadavres en décomposition. Elle
était enfoncée dans la vase, battue par les vagues et fort avariée. Nous enle-
vames les cadavres pour les jeter a la mer et nettoyames la chaloupe. L\'ïle four-
nissait une argile qui nous servit en guise de poix pour calfater 1\'embarcation.
Nous fïmes un mat avec des arbres, des cordages avec des feuilles fibreuses des
cocotiers, des voiles avec de la filasse. La cale fut remplie de cocos, de fruits
divers et d\'une provision d\'eau douce. Un ou deux parrai nous connaissaient la
navigation, et quinze jours de voyage nous conduisirent a un village du Senf,
après bien des souffrances. De la nous gagnames Senf oü, sur Ie récit de nos
aventures, on nous fournit Ie nécessaire. Et nous étant séparés, chacun pritson
chemin a sa volonté. Pour moi, je retournai a Basra."
L\'absence de cette homme avait dure quarante années entières. A cette épo-
que, la plupart des gens de sa familie étaient morts. Son père avait laissé des
enfants qui refusèrent de Ie reconnaïtre. Lorsqu\'on avait cessé d\'avoir de ses
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% Lo f^iüus ryj jP*t,3 0_^ ^1 Li^óf j^JI LJj jf* ^ lil Ufifi^ ]
f.95r.
CC
a) Deost. b) Cod. Ij^Ii^J\'. c) Sic.
nouvelles, ses biens avaient été partagés. Il avait été dans 1\'aisance , dans
une belle situation. Mais il mourut sans avoir pu recouvrer aucune partie de
sa fortune.
CXXX1V. Un marin m\'a rapporté qu\'il avait fait la traversée de Sérira a la
Chine dans nn sambouq. „Nous avions parcouru, dit-il, un espace de cinquante
zama, lorsqu\'une tempête fondit sur notre embarcation. On sacrifia une partie
du chargement. Lu tempête dura plusieurs jours, et Ie vent devint si terrible
qu\'il n\'y eüt plus moyen de gouverner. Voyant notre perte imminente, nous
voulümes nous jeter a mer et nous sauver dans une ïle voisine. Les ancres mouil-
lées, nous nous croyions perdus, quand la tempête s\'apaisa. Bientöt nous aper-
cumes dans 1\'ïle une troupe de gens, et nous attendions que quelqu\'un d\'entre
eux vint a nous. Mais aucun ne bougea. Nous leur fimes des signes qu\'ils ne
comprirent pas. Nous ne savions oü nous étions, persuadés d\'ailleurs que, si
nous descendions a terre, ils nous feraient un mauvais accueil, et qu\'il y avait
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W                                                "Jy^Jf 90} .xAJf Uxmw^ j^iLJfj OlixJf J,f
a) Addidi l\\L et ^ic.
plus loin une autre troupe qui tomberait sur nous, saus que nous pussions leur
résister. Nous passames ainsi quatre jours, sans oser débarquer et sans qu\'aueun
indigène vint a nous. Le cinquième jour, nous nous décidames pourtant, parce
qu\'il fallait renouveler notre provision d\'eau et savoir oü nous étions. Trente des
nötres allèrent a terre avec des armes, dans la chaloupe et le canot. A notre
approche les gens prirent la fuite; un seul resta sur le rivage. Il nous adressa
la parole dans une langue étrangère. Un des nötres put le comprendre. „Cette
ïle, dit-il, fait partie du Ouaqouaq." L\'indigène interrogé au sujet des deux ïles
nous apprit qu\'elles appartenaient au Ouaqouaq, qu\'elles sont situées a trois cents
parasanges de toute autre terre, qu\'il n\'y a pas d\'autres habitants qu\'eux, et qu\'ils
y sont au nombre de quarante. Interrogé sur la route a suivre pour gagner
Senf, il nous donna les indications nécessaires. Ayant fait de 1\'eau, nous remi-
mes a la voile vers le Senf, suivant ses instructions, et nous y abordames sains
et saufs, après un voyage de quinze zdma.
\'J5v.
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192
L-»l—A-£-Jf a
H
</) Subscriptio in Cod. Schcfer est: -&e ,JLi} lX^J\' wo^ v^ H ^ i*jA*^\' V) *^ "-* *5
ICI FINIT LE LIVRE.
Gloire a Dieu! Que sa bénédiction et son salut s\'étendent sur Mohammed, sur
sa familie et ses Compagnons.
Que Dieu fasse miséricorde a quiconque lira dans eet exemplaire béni et im-
plorera la miséricorde et la bienveillance divines pour Ie copiste et pour tous les
musulmans.
Cette copie a été terminé par la main de Mohammed, nis d\'al-Kattan, Ie 17
de Djoumada \'1-awoual de 1\'année 404 (mardi 24 novembre 1013).
F I N.
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GLOSS
A I R E.
Jl. i^iLJi JjI , JL*s?JI jS\\ les premières apparen-
ces de la terre, des montagnes
qu\'on dé-
couvro a, 1\'horizon 91, 6, i«».», 1. dern.,
167, 1. dern.
y»l. q\' -*i\\ & {j»^ H n\'est pas d\'\'usage 188,
7. La plirasc est synonyme de {y, ^^.aJ
O1 ?&*•
\\jj.^, mot appartenant a la langue des habi-
tants des tles du Poisson, et qui signifie,
selon 35 2, 2Ü J^F1 U »que puis-je faire
pour euxJ-" La legon du mot est confirmée
par 89 1. dern.
d)üL, mot indien, piétons (&JL>.) 106, 1. La
forme sanscrite est pattika ou padatika. Com-
parez »patti-kaya" corps d\'infanterie, chez
Hiouen Thsang: Mémoires sur les contrées
occidentales, trad. par Stanislas Julien I. 82.
(Kern). (Comp. vjüls. Malais serviteur. Devic).
2                         »                                                                           il
Jjljlj, pi. iLfrMf, matelot ÏO, 3, 11, 8, \\&, \\
16, 4, 48, 7, 68, 1, 76, 7, 85, 3. Le
singulier qL*-»Ij 85, 4 transcription exacte
du mot indien banyan, marohand. »Ce sont les
entremetteurs et les agents du commerce.
Les Banyans, qui ne travaillent pas pour
eux-mêmes servent d\'interprètes, de teneurs
de livres, de courtiers etc." Affaires de
l\'Inde, Londres 1788.1 xxv. C\'est aussi dans
ce sens qu\'on disait en 1G72 »trois Juifs
valent un Chinois, mais il faut trois Chi-
nois pour faire un Banyan". Tule: Marco
Polo II. 354. Il est curieux de voir notre
manuscrit designer les matelots sous ce nom
de banyan s. Il est surtout remarquable, de
le trouver appliqué è, un matelot arabe (comp.
148 dern. 1. avec 143, 6), bien que gé-
néralement on n\'entend par banyans que
les marchands indiens. V. p. e. Niebuhr.
A 1\'exception de 85, 4 le mot est éerit
constammcnt dans le manuscrit j>LL> ou KajIjIj.
wVj pagode, du genre féminin 5, 7.
*_5»^b bar que de pirate 136, 2. Le pluriel
_ Aft a le sens de pirates 114, 9, 115, 1.
V. le Gloss. dans la Bibl. Geogr. arab. IV.
195, sous &3>-~u.
Jy. Jy pièce oVétoffe prêcieuse 168, 1.
-Ly*-j 154, 3, 155, 4. Les Javanais ne pen-
vent s\'asseoir devant le roi autrement que
les jambes croisées. Gette posture s\'appelle
berstla. V. Excursion C. sous Zabedj.
ivj. ioy nom d\'un poisson de mer a Kalah 97,
1, 2. — «d.Lwo excellent! fort bien! 31, 2.
26
-ocr page 219-
194
Jij nom d\'un serpent a petite taille, qui a
deux têtes, et qui se trouve a Koulani-Meli,
121, 3. Sans doute on veut parier ici d\'une
espèce de serpent (typhlops) qui vit dans
1\'Inde, et qu\'on nomme «serpent a deux
têtes" (two-headed snake) parce que la tête
et la queue de eet aniraal se ressemblent
au point qu\'on peut aisément les eonfondre.
Cette explication, qui nous a été donnée
par Ie Dr. Jentink, est confirmée par Ie
père Saignes (Historische reizen, xvi. 111),
qui raconte avoir vu, lors de son séjour au
Carnate, un serpent mort de cette espèce.
»I1 mordait" dit-il »aveo 1\'un do ces têtes, et
vpiquait avec 1\'autre, qui n\'avait pas de dents."
,-^u. «^j-M i3 CT^\' *-ft-8-*" 1**° *) petite baie
14?, 8.
<Jij. sJe>\'_^AJ\' ïJJii iy un des plus illustres ca-
pitaines, 7,
6, 12, 4. V. Dozy: Supplém.
et Gloss. Geogr. s. v.
j>£ki, mot indien qui signifie affidi\', qui a
lié son sort a celui d\'un autre, s\'engageant
a subir avec lui la même fortuno, pi. üj-^bb,
115—11»*. Mas\'oudi II, 87 écrit: yS^L et
Xjjftk et explique Ie mot par ^jLcl* ami
sincère.
Abou Zéid (Relation des Voyages I.
121, II. 115) parle aussi des compagnons de
quelques rois de 1\'Inde, qui se vouent a la
mort après Ie trépas du roi. Le même récit
se trouve chez Marco Polo (Yulo II. 323,
331), qui raconte que dans quelques parties
de 1\'Inde un certain nombre de grands du
royaume s\'engagent a suivre le roi au tom-
beau lorsqu\'il meurt. Bien que ces récits
semblent dérivés de la même source, il nous
a été impossible d\'en retrouver 1\'origine. Le
mot employé par Mas\'oudi, qui ressemble
beaucoup a la lection de notre manuscrit,
ne semble pas pouvoir éclaircir la question.
D\'après M. Kern on s\'attendrait a l\'expres-
sion nwaednouga" (prononcé auasi bagdnouga),
et qui signifie *une personne se soumettant
h la volonté ou a la puissance de quelqu\'un,
serviteur obéissant.
Un autre mot sanscrit,
qui a quelque ressemblance avec 1\'expression
do notre manuscrit est baldnouga, une per-
sonne qui suit Varmte, quiappartient au train
de Varmée.
^Jh cabine 33, 5, 6, 04, 7, 141, 11, 142,
1. Comp. Vullers sous liSJ-L. Le mot est
écrit constamment _._-Ju dans le manuscrit.
t, •• •
M. Devic (Dictionnaire étymologique des
mots francais d\'origine oriëntale. Paris 1876
p. 84) avait adopté la dérivation de ^Aj du
mot malais v_&Lu, cabinet, pièce d\'un logis,
pavillon.
Lr5Lo prêtre indien, explique dans le texte
12©, 6 par sjJLaJI w«_f>Lo. La traduction
de ce mot par bonse n\'est pas tout a fait
exacte, puisqu\'on entend par cette expres-
sion un prêtre de Bouddha, tandis que
1\'homme, mentionné ici, est musulman. Il
nous semble néanmoins avec M. Kern que
1\'auteur a voulu rendre le mot sanscrit wand-
ya, re\'vi\'rend;
dont le mot bonse n\'est qu\'une
corruption. Les marins arabes ont entendu
prononcer ce mot comme benji et 1\'ont rendu
par <_^Uj, ce qui ne serait pas trop éloigné
de la lection de nolre manuscrit ^>^-
(^j-o. ^*\\ju oLo les filles de Bagdad 82, 1.
iXLgj, mot indien, paria 117, 7. La forme sans-
crite est bhauda, une personne d\'une caste
inférieure, paillasse.
Le mot sanscrit banda
signifie boiteux, mutilé. L\'auteur, parlant des
personnes »en dehors de la loi, incapables
par faiblesse, impuissance," semble avoir con-
fondu ces deux expressions. Kern.
.«£t-j nom de moines a Ceylon l.».», 6. Ce
mot offre quelques diffioultés. La description
que l\'auteur donne de ces moines a sans
doute rapport a des religieux, adorateurs de
Siwa, et non pas a des moines bouddhistes,
-ocr page 220-
195
Beladhori f t*i 1. dern. (oü il faut lire ainsi).
La formo sanscrite est talaga (Kern). L\'ex-
plication de ce mot, donnée par Abou Zéid
(Relation II 1!) semble erronnée.
Jy>, mot indien, jardin ÏOÖ, 2. Puisque la
forme sanscrite est drdtna (Kern) la lecon
de notre manuscrit est probablement erronée.
.ƒ> I, iüv^J1 ^ *Ut, les flots, au reflux,lais-
sèrent le poisson sur la plage 14, 5-
o -
-io» est une sorte de pierre calcaire dure,
qui se forme au bord et au fond de la mer
de petits cailloux, de coquillages etc. On
en fait des meules a Basra, dont on ne se
sert que pour couvrir les orifices des cloa-
ques. Nous lisons dans le Tadj-al-arous:
^<£jr. q\' Tr^ .?**"#?. z^~^ j^-*a~A j""4*s
Jliij -*aj ^ aIs _s^i|i\' (j~*;o j J^s-L-JI u^L)
ys^\' Ji ï^mj \'^L?^ ^^5 j~Q \'•V1v> ry^
La«J AM,«J ^3jL o\'A^a\'ilj ^c*2^ CT *;\'j*S
Plus bas, dans les additamenta, on lit: i-jl&cj
^«^\'5 ^.La-j^I. Le pluriel j*-^> se trouve
102, 2. Le passage du Tadj prouve la jus •
tesse de la conjecture dans la note a. Quant
a 1\'emploi de meules pour couvrir les orifices
des cloaques, on en trouve un exemple chez
Samhoudl: Histoire de Médine p. M, 23 j^jj
O* *j-*^3 l ; ij *Lr>j\' Ljxix. x_e«.-1j i^y^xj
LgJJL=- u* J-Lt\' J^-i-iA-j s;L^ü> »il y avait
dans la grande cour du temple 64 cloaques
couverts de meules qu\'on avait garnies de
tampons en pierre, dont 1\'ouverture livrait
passage a 1\'eau."
o -
xJL> grande barque dont on fait usage dans
ce qui est bien curieux, vu que les habi-
tants de 1\'ile de Ceylon suivent Ie rite boud-
dhiste. Abou Zéid, en parlant des bairagi\'s
ou moines hindous (Keliition I. 133, II. 127),
qu\'il noiiiiiid »baykardjy" en donne une
description a peu prés semblable a celle de
notre manuscrit, mais pourtant assez diffé-
rente pour nous convaincre, que notre auteur
n\'a pas copié Abou Zéid. D\'après M. Kern la
forme sanscrite est bhikshou, cingalais bik
ou quelquefois bouka (E. Muller: Ancient
inscriptions in Ceylon p. 184). Le r final
de ,«.£^ ne Peu* donc être expliqué qu\'en
admettant que le mot, entendu par les marins
arabes, finissait en ar, la terminaison du
pluriel en tamil. Si nous acceptons cette hy-
pothèse, nous pouvons adraettre que notre
auteur ait voulu parier des moines hindous
de la cóto septentrionale de Ceylon, habitée
depuis des siècles par des Tamils, ce qui
expliquerait comment les marins, étant a
Ceylon, ont pu rencontrer des moines suivant
le rite de Siwa. La vénération des habitants
de Ceylon pour les fakirs musulmans est
mentionnée aussi par Ibn Batouta II. 82.
öLj\' I, jJ\' i.1 wOil Mr1\' *?* tirèrent le na-
oire
d terre ÏO, 6. Dans cette phrase rflj\'
est le synonyme de -aaa.
«Jjü II, dit d\'un navire, être seconé, êbranU
par la tempête, 81, 6.
s_aLi. o^Lï perte, syn. de Utki, 23, 5. V. Dozy:
Supplém.
,^.0 IV, avec 1\'accus. de la porsonne, atteindre,
saisir
158, 8. — Avec 1\'accus. de la per-
sonne, et J^c de la chose, faire connaitre,
instruire de
syn. de <_a35t 32, 5.
^_s=uS IV, Jyii\', user d\'un langage tres humble
ÏO, 10.
_X3, mot indien, étang 106, 2, 11», 4,
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196
la mer Eouge 93, 10. V, Dozy: Suppl. et | -,3- ▼• Les mots Lg.w,x,t.> £ _-s?wLj «Jl *S,
174, 9, signifient soit »on excelle dans tou-
tes les branches industrielies, grace au soin
iüJ> fond de cale 16, 4, 166, 6. Y. Lane.
qu\'on a de 1\'éducation des jeunes hommes"
soit »on est bien élevé dans tout Ie pays,"
selon qu\'on prend l{»*».•> pour jüIaaoJI £*»>
ou pour t&LJI £*•*>•
v_*k> I, faire voile (96, 9, 139, 2, 132 1.
dern., 145, 2), a Ie n. a. \\J>Ja2* 37, 4.
bL> V rester dans Vinaction 39, 3.
.Jj3> mow, sablonneux (terrain) 65, 2.
J-sO IV, c. s_j p., ace. I., introduire, amener
au
51, 5. Comp. Gloss. Geogr.
(&i VIII, c. >_j p., appeler, faire venir 169, 3.
*-*3>- VIII s\'accoupler, et, avec *_*, s\'accou.
•pier avec
34, 3, 38, 2, 39, 7, 9, 10, 49,
2—5, 79, 5.
a-~*-^- I toucher, demeurer a sec (navire), se
construit avec J-_c 99, 6, 168, 1; ^i
tjJaX 189, 3.
Je*», armee, du genre féminin 58, 3.
lX=*. J.>Ai- ^1 jusque vers 181, 3.
c^wXs». öj\'i*I au lieu de t£*pl»l «9, 1, 85, 2.
^j-=> bruit des vagues 23, 4. V. Dozy: Suppl.
.*2a>. yolisü, plur. de ^*a^ü, papiers, requêtes i xié3 f0{s, a aussi Ie pi. cys\'ó 84, 7, un ex-
199, 8.
emple chez Freytag et Cuche.
Qy>. *\\/)^s -i»*^ qj>^ er t^>\') quelque per-
sonne de la maison du calife ou du vêzir
81, 1 (oü Je>t est pour tJol).
J»j> X, ca. p., demander Vabsolution 69, 1.
V. Dozy : Suppl.
J**=>- VI est proprement se soutenir de ma-
nière a ne pas tomber, comme 42, 1 et 7,
c. Jwc ou 3? mais s\'emploie spécialement
dans Ie sens de se soutenir péniblement, s?
..xjOjJ, pi. -n*j(»-> , chaloupe 37 , 6, 43, 4 , 51,
5, 52, 4, 53, 1 etc. V. Gloss. Geogr.
teM*V droit a peine p. e. d\'une guenon en- *                *
.,„„„.,                 .           ,                    i w\\. *ul i J, fa surf ace de la mer 149, 3.
ceinte 69, 1, idULsrwwo , _^4» ci*l*», des u^            ^              \'
petits d\'un oiseau a peine sortis des oeufs qL>., pi. Xa-jLj», pilote. On voit de 22, 7 que
193, 1, d\'un malade Tabari III vH, 19,
les pilotes formaient une confrérie, dont
chaque membre avait prêté serment de n\'a-
bandonner Ie navire confié a ses soins, qu\'en
cas de nécessité impérieuse.
lleure
chunce
167, 2. V. Dozy: Suppl., Gloss. Geogr.
et Cuche.
Jaa«*o5 i*yi^ bLxLs\\X/o wA-S^j, d\'un blessé
Hamasa fit, 9 a. f., et se mouvoir, mar-
cher péniblement, avec et sans ,$,1, p. e. d\'un
homme a demi-mort de fatigue 13, 9. V.
la note de M. Fleischor sur Dozy: Suppl. Ls>-
dans les Ber. der K. Sachs. Ges. d. Wissensch.
1881 et Ie Gloss. Geogr.
•Siï SjL^vil (car c\'est ainsi qu\'on doit
— *>• VIII, ddnom. de ïs>*=^, affaire de com- .->..
mercant, signifie faire des affaires, 119, 11.
            . . . „, . , , x                        lire au lieu   de £*&-,ji 8,L^\\s», v. plus haut
On emploie aujourd hui dans Ie meme sens                                         \'
1 les meules. Le même
sous j-ii-s-)   192,
emploi de 1\'article se trouve 133, 5 JyïH
_»^. V. Dozy: Suppl. et Cuche.
-ocr page 222-
197
o          o
:. f\\\\, pi. Jjil ncorrespond, comme mesure de
temps, a la 8e partio du jour de 24 heures,
c\'est a dire a un intervalle de 3 heures.
C\'est aussi une division du cercle, employee
par les navigateurs dans la mesure de la hau-
teur du polo. II est alors un 8e de VIsba\'
ou doigt, qui, d\'après la note de M. Maury,
insérée dans 1\'Introduction a la Géographie
d\'Aboulféda par M. Reinaud, peut être évalué
a 1 degré 36 minutes, ce qui donne au
zam une valeur de 12 minutes de cercle."
Devic: Merveilles p. 184. note 59. Le pas-
sage cité de 1\'Introduction s\'y trouve p.
CDXLII. Dans les lexiques arabes on ne
trouve que «quatrième partie du jour." Mais
chez les marins, c\'est une mesure de lon-
gueur. 11 en est fait mention dans une lettre
manuscrite de Nicolas Doronton, datée du
22 Nov. 1614, et qui est la pièce la plus
ancienne des archives de la compagnie an-
glaise des Indes Orientales, qui se trouvent
actuellement dans le India Office:
»I think itt not amisse to sett you downe
as the Pilotts have informed mee of Tas-
ques, which is a towne standinge neere the
edge of a straightte Sea Coast where a Ship
may ride in 8 fathome water a Sacar ^hotte
from the shoar and in 6 fathome you maye
bee nearer. Tasque is 6 gemes from Ormus
southwards and 6 gemes is 60 cosses, ma-
keth 30 leagues. From Tasques to Sinda is
200 cosses or 100 leagues." Nous devons ce
passage a la bonté de M. Yule, ainsi que
eet autre de Pietro della Valle (Lettora de
Bassora del 20 di maggio 1625 S. VII) »I1
tre marzo ...... arrivammo a dar fondo
sotto 1\'isola di Charg, che sta lontano da
Cais, che lasciamo indietro, 24 giam. Giam
è una mesura usata da\' piloti arabi e per-
siani nel seno Persico; ed ogni giam è tre
leghe."
La longueur du zam est donc, selon Down-
ton de 5 lieues, selon della Valle de 3.
iLl&JIj sJuA^Jt d\'après une analogie fausse
avec j^StJJÏ XaljaJI (IS», 5.)
*3^j (*^\' compar. p/«s doux, moins terrible
(danger) »2, 7.
£-9j I mettre en eave, en réserve, s\'approvi\'
sionner de.
V. Dozy: Suppl. sU ^JlftJi j *s. j
\'jljj il miinir Ie canot d\'eau et de provi- I
sions 99, 10. Comp. Ibn Batouta IV. 379
<~*^y —O jx navire est souvent fém. 19, 1,
29, 7, 33, 2, 103, 3. V. Dozy: Suppl. et
la note de M. Fleischer (B. d. K. S. Ges. d. W.).
i^-*j I. Observez 1\'expression ü**» ijOUi\' o>^«i
i^h) litt. f ai jeté quatre-vingt ans derrière
moi
pour f ai dijh quatre-vingt ans 29, 3.
G
-jj. ^j>., vent, est quelquefois masculin (Dozy:
Suppl.) »1, 4, 93, 7.
Jjj IV. iXjjj est souvent employé en parlant
d\'un navire dans Ie sens de destiné pour p.
ex. 141, 9, 147, 5, 161, 6, 165,7.
Xsi.j, transcription arabe du mot indien carabha,
nom d\'une bêtc féroce fabuleuse 185, 1, 3.
(Comp. Excursion C. sous Lameri). Il est
bien remarquablo que quelques lexicogra-
phes arabes comptent Ie zardfa parmi les
bêtes féroces. Leur description ne pourrait
avoir en vue les girafes, mais provenait
sans doute de ce qu\'on avait ouï dire au
sujet du carabha. Al-Birouni, qui avait en-
tondu parier du garabha, et qui Ie décrit,
rond Ie mot indien plus correctement par
^J». Reinaud: Fragments arabes et persans
rolatifs a 1\'Inde p. 86, 109.
•>!«: provision de voyage, au lieu de j\';, 189,
9. La forme est usitée encore de nos jours
a Damas, quoiquo ^s; ou b\'^L; soit plus
frequent. Comp. Dozy: Suppl.
-ocr page 223-
198
vraisemblable 1\'explication du Mobit, qui l\'in-
terprète par noircir l\'honneur.
qLJj*». i^5j^-\' ^LbywJl Vécrevisse de rivière est,
chez les pharmaciens, le nom de 1\'espèce qu\'on
emploie pour la composition d\'un collyre,
171, 4. Comp. Damlrl II, H, 4 a. f.
^_*» I et spéc. IV partir, faire voile 35, 3.
(t\'^l KJL.J=yUjl üLJ 23, 8), 28, 2,
36, 1, 33, 6 (U^**), 97, 4.
j-« I, forme dialectique de jAJo, tresser des
paniers etc, en usage a Aden 96, 3, —
e>, =. .
H.IJum voyageurs 43, 4. V. Dozy: Suppl.
et Gloss. Geogr.
JoAw, pi. _lr_2_~:, quincaillerie 9, 7, 31, 1,
14», 2, 158, 2. V. le Gloss. sur les Fragm.
Hist. Arab. et le Gloss. Geogr.
OAi**.. La description de eet oiseau fabuleux
qui vit, dit-on, dans une des iles de 1\'extrême
Oriënt p. 173.
lXJow/ II étayer le navire avec des pièces de
bois 67, 11, 71, 8. — IV, Bj^l & ^SJi,
ou sans >_.->-ï\\I!, gouverner sur, diriger vers
36, 5, 7.
G- >                            si
e.»*» 5om£. qI£-a*J\' s,i« le bout du gouvernail
95, 4. Comp. Lane »the extremity of any
thing."
\\Jsy V, faire un commerce d\'échange, se con-
struit avec v_i des marchandises 9,8. Le nom
d\'action de ^_;«-~ au lieu de ^y-j\' 51, 10.
Comp. Lane et Dozy.
i^y II faire, fabriquer, 189, 5. V. Dozy:
Suppl. et Cuche.
liyi brise, vent favorable 37, 1, 131, 1. V.
Gloss. Geogr.
vi-^i, les notair es 95, 11. V.
Cette donnée ne s\'accorde nullement avec
celle de I\'Adjaïb 17 7, 12, oü 42 zam en-
viron sont évalués a 800—1000 parasanges,
ou un zam a environ 20 parasanges, soit
60 a 70 milles. Il me semble probable que,
dans ce passage, il faut lire »milles" au
lieu de «parasanges." Ce ne serait pas Ie
seul exemple de la substitution de 1\'un de
ces deux mots a. 1\'autre dans les manuscrits,
substitution düe h une mauvaise interpréta-
tion d\'une abbréviature de 1\'auteur. On au-
rait donc un zam — environ 6 parasanges,
ce qui ne diffère pas beaucoup de 5 lieues.
Le mot est employé encore 69, 6 et 11, et
191, 9. Dans lo dernier passage il y a une
lacune. Il faut lire . . . | .««j | *&* >J~ 2> Uï\'i
lek..... On ne peut donc en tirer aucune
conclusion pour la longueur du zam.
(«, pi. 5U\', agrès, équipement <Tun navire 46,
11. Comp. Dozy: Supplém.
d)cM». ijILmm, sondes, probablement de iiX**« foute,
plomb , 30, 4. On dit (joLaJIj sur^J\' J^ ii^~
(p. e. Alif Laila ed. Macn. III, a!*1) »sceller
avec du plomb, plomber," et il semble pro-
bablc que lik**» dans le sens mentionné est
dérivé de eet emploi de i&*~*.
> o -
honnête 5, 4, 134, 10, 139, 1.
Comp. Lane et Dozy.
v_S^uw VIII = I écraser, broyer 136, 5 (comp.
1. 3).
J^u» II (ou I?) rem habuit cum bestia 183, 2.
Le mot étJ^Mé était envisagé jusqu\'ici comme
moderne, et il est encore en usage aujour-
d\'hui. V. Dozy: Supplém., Landberg: Prov. et
Dict. I, Index, et Cuche. On voit par le pas-
sage de I\'Adjaïb qu\'on 1\'employait déja a
Basra au 10me siècle. C\'est ce qui rend peu
-ocr page 224-
199
(J_fcAfl I, O. <_•> **> *) V^jN* U&0* J^\'s le
courant entrainait le navire, mais la le;on
n\'est pas certaine. Peut-être il faut lire ig*ae.
ou bien .aaoj.
^uo I échoir, tomber en partage c. J p. 33, 8.
V. Dozy: Supplém.
_.L/o VIII se contenter c. ace. r. (s\'il ne faut
pas insérer J^c avant ^~AjL*iJ) 131, 4.
Comp. Dozy: Supplém. li^Ls ^JLo\', contenter.
Ja**o I tenir, régner, avoir la conduite de, 166,
3 p/-iJ\' Ja »»ni (Jï le manoeuvre des voiles
rfitait pas possible,
17 7,9 >_.*S1\\ l^o. On
emploie iiL**«cl dans le même sens.
w* b I boucher unc cruche 96, 7, mais la le
con n\'est pas certaine.
; riJo VI se jeter 75, 5, 6. 76, 7, 9. V. Dozy.
*& III, c. dupl. ace, nourrir le feu 77, 9.
I -                                                       \'
*il-j est ici synonyme de «jtbl comme Jaslw
de ÜU/I, ^s>^ de ,j«i-ol (Gloss. Geogr.).
^iij I mourir = Lib (v. les lexiques arabes)
148, 4,172,5. L\'auteur du Tadj-al-arous
pense que cette signification dérive de celle
de flotter, qui se dit d\'un poisson mort (v.
Lane), mais cela semble peu probable, car
<jLb a aussi le sens de disparaitre p. e. Ja-
koubi: Histoire II oVt, 1. pén. ^ iA^"l ^abj
iiLi3 iAju 8yC> Oj*j >"j (c"«"\'-*c> significa-
tion qui s\'éloigne encore plus de celle de
flotter. Il semble plus a propos de comparer
1\'emploi du verbe {Jüs dans la phrase ^io
8
l < o IB q\'^U »N. N. est éteint comme une
chandelle" (Asas). (Un exemple de 1\'emploi
E..
de \\JtL> comme verbe actif dans le sens d,é-
teindre,
noté dans le Supplém. de Dozy
d\'après Bocthor, so trouve dans Jakoubi:
Hist. II (Vi, 1. 4 a f. lat; IL «Juas«- ^*js
Gloss. Geogr. et Muller: Die Burgen und
Schlösser Südarabiens II, p. 83 (Sitzungsber.
der K. Akad. d. Wissensch. i. Wien XCVII,
3 p. 1035).
ey—w IV faire voile, partir 47, 4. — £•}?" pl«
de £!> a cóté de ^ 11, 10, 5», 10. V.
o .
Dozy: Supplém. Le sing. cl JU s\'emploie quel-
quefois dans Ie scns A\'agris 69, 8, 131,
8, 142, 2, 7. Corap. Devic dans le Journ.
asiat. 1878, II, 235.
^f^. o\'.**» t5r^ au cours de Siraf 86, 8,
87, 1.
Jl& 6, 8. Ce mot a ici la signification »ex-
tremitas
, margo vulvae." Freytag s. v. Com-
parez sur la réputation des femmes de quel-
ques tribus de 1\'Inde, notamment des femmes
mahrattes Keinaud: Mémoire sur 1\'Inde 206,
Ibn Batouta IV- 29, 48. L\'anecdote, ra-
contée ici, est aussi connue dans quelques
pays occidentaux, p. e. dans le Nord de la
France, (oü 1\'on nomme de telles femmes
casse-noisette) et dans la province Néerlan-
daise du Brabant septentrional.
Jt-y-k I être en êmoi 9ü, 3 et deux exemples
chez Dozy: Supplém. — II jeter pêle-mêle 44,
2, brouiller, bouleverser, mettre sens dessus -
dessous
164, 5, 7. Le jciiJ\' ^Ji^yiiJ dans
le vers cité dans le Mohit (v. Dozy) doit être
traduit »le pêle-mêle des cheveux".
j^ (ou J^A) I hisser les voiles 52, 8. C\'est
Topposé de Ja-*- dans cette signification,
et dans d\'autres.
yt-to II lester un vaisseau 28, 1. Lane dit qu\'on
1\'emploie encore de nos jours. V. aussi Cuche.
18, 9 jljk ïl^-OM JwC q\'ja^II ^O \\
Comparez 1\'expression analogue .\\f q* r**ö\'.
Freytag: Proverbes, I. 748, n* 112.
-ocr page 225-
200
l$ULü .Lü\'j, mais peut-être faut*il lire \\Juj
forme synonyme de Lib\', notée par Zamakh-
chari dans 1\'Asas et par Cuche.
*JLJ I syn. de iJb (v. Lane) dans la phrase
L-Lj jüJj <Aij >>nous étions
réduits a la condition d\'être sans ressources".
11, II.
-êl> I afttmer, noyer, 16, 2.
mXj. V. sous *JJiJ,
l\\c. *-*.ij*yi 8v>* /e gréement du navire 33, 5,
17, 1.
SUas au lieu de L—c 181, 1 (182, 4, Lat).
Farra dit que c\'est Ie premier vulgarisme
qu\'on ait entendu employer en Irak (Djauhari).
wa\'ie I faire naufrage 18, 4, 33, 8, 10. V.
Dozy: Supplém. et Gloss. Geogr.
^.slc I au lieu de w**c avoir de la répugnance
pour quelque chose
38, 7. Mais il n\'est pas
invraisemblable qu\'il faille lire o*il*a au lieu
de wvJbü.
_fic VIII, \'.Li*, acquérir des biens-fonds 137,4.
«sJLc III, sans complém., exercer son métier 39,
6. Comp. Dozy: Supplém.
vJüc I>(J-«*_JÏ, aborder au port 99, 10, 11,
91, 1. Je iic crois pas qu\'il faut comparer
1\'expression q-JUL .wJ.-c ^y^le. »il a jeté
son ancre, il a ancré la" (Lane). — V. Si
la lecon 13, 4 J^Jb» j Jc_>I ^s_Lov est
bonne, ce qui semble peu probable, ce verbe
doit être verbe auxiliaire comme vJü* se
mettre
ds, commencer (Lane).
J»e e« /"ace cfe 93, 3, 5. ïjyw c^*^ J^c ^^s?
>nous sommes juste en face de Réisout."
c\\«—ï IV, dénom. de .w trique, masse d\'ar-
mes,
c. ace, /c»Ve «»e trique d\'une pièce de
bois 18», 2.
Jt*jut eL3 aw«« qui se compte depuis Ie creux
de 1\'aisselle jusqu\'a 1\'extrémité du doigt me-
dius d\'un bras de longuour moyenne 18, 1.
Comp. Gloss. Geogr. p. 360 sous ^f.
^ h une distance de 43, 2, Gloss. Geogr. L\'em-
ploi de cette préposition est tres singulier
38, 2: ^ JdJü y>s ry 8-ix ^ ^yJj
LjJux <—«-^rl\' ~\'^> **\' partit et après dix
jours de navigation parvint au port d\'oü ve-
nait Ie navire", mais il n\'est pas improbable
qu\'il faut insérer quelques mots entre ^c
et s.^c
^jyjz V s\'empêtrer, être pris 181, 9.
yux I avarier, éprouver une avarie 37, 1.
(Comp. 1. 3. w**«J\' i^>\\JU»l).
,•«*£. *JLkC (J^c .U:>l «7 choisit ce qui lui plut
17, 2, Tabarf I flv, 5, 11 r, 7 (oü il y a
&£A££ (J^c), III Atv, 15.
\' \'                                  °, \'
w>c, </ü//i?, a aussi Ie pi. i^Ué, si la lecon est
bonne 111, 8. Ailleurs on lit constamment
wu^Xiyw yui\'. Dans les villes voisines des
ghobb de Ceylon on fabrique les étoffes fines
et précieuses, connues sous Ie nom de
xll&il v1"*^1 *, 6 et Jacout III, wl, 16.
.£ II, sans ,v*~é.o, se risquer 8, 10, 85, 6.
XJijc métier de tisserand 183, 8, 9.
o . a.                                               s.
x«a|jx comme plur. de i^s\\y^ piongeur 135, 9.
Comp. Dozy: Supplém.
j___, *
_*c III rivaliser d\'émulation (Cuche) 8-;U ♦,!!
Vémulation, la rivalité 18,10, Dozy: Supplém.
O. Exemples de 1\'emploi de cette conjonction
après Q: 56, 1, 57, 4, 68, 5, 75, 3.
-ocr page 226-
201
Ji ÏOI, 9 est une autre forme do o\'j W, 1, I J»*\'?5) pi* ö-^j* i sabre courbe des Indiens
a
149,
et de JIj, cétacée de 1\'océan indien, baleine.
Comp. Dozy: Supplém. sous Jjj, Djawalikt ed.
Sachau TY.
3. Dozy: Supplém. Le mot sanscrit kara-
tala signifie couteau; le nom ordinaire d\'un
sabre courbe est karawdla (karabala, kara-
pala) (Kern).
_\\^s I _\', au heu de *UJJ SUiüi *?vXs, constr,
avec J^e signifie laisser entrer F eau, avec I •;•;£•< sans interruption, comme on dit d\'un seul
^* laisser découler Veau 163, 9 et 10 — VII
faire eau (navire) 31, 1. Comp. Dozy: Suppl, \' ~iet ou Plus exactement en Hollandais uu
één stuk door1", 114 6. Il faut donc cor-
è _s X se vider 41, 10 U* v_jLs^*jI ^i^LJüaJ
         riger la traduction dans ce sena.
sLi! [y 1$£ï; — s\'épuiser, épuiser ses forces, jö VI, c. ^c, sauter sur 56, 1.
jtjaX^I épuisement 37, 5. Comp. Dozy: Suppl. i _J£ (i ou) n substituer 11?, 5 «»)^£ ÜOÜo uJiiü.
«iaLiJ ^a^.,1 Z\'épuisement de sonardeur 18,8. | -Jjj IV ^;Sser fes voiles, mettre h la voile, par-
^j III employé sans régime direct 18, 9.
&j**s I dépecer un oiseau 188, 2. Comp. Dozy:
Suppl.
iX»»i IV détruire, se dit de la tempête qui dé-
truit les vaisseaux 46, 11.
jii chaloupe, canot 37, 10 1_5l\\J\' ^^SJi\\ ujj\'S
j.UJ) ,gM««.\', mais on ne voit pas clairemcnt
dans quelle contrée ce nom était en usage. Une
sorte de petite barque qu\'on emploie dans
la Mer Rouge s\'appelle BjJLs. V. Dozy: Supplém.
et Gildemeister dans le Gött. gelehrt. Am.
1882. p. 448. — D\'après le son du mot, on
pourrait songer au plaiva indien — barque,
canot — avec le diminutif plawaka (Kern).
vj. y^vJt £ c^>-*="- *j« parvins a la mer" 58, 7.
J«*3 ^ plus tard, au futur 38, 3 au lieu do
jjj» <_£J q^ ou bien de (iübis) JJj\' ^ Van-
n& suivante (Dozy: Supplém.).
_Jwï VII jaillir (étincelles, feu) 41, 3. V. Lane
et comp. Dozy: Supplém.
.JcJ (I ou) II croire, juger, supposer, 7, 2, 3,
9, 10 etc. Comp. Dozy: Supplém. et Cuche.
tir, syn. de c ..&! (voyoz) et 1\'opposé de Jas»
(Gloss. Edrtsf), se dit proprement des hom-
mes , mais aussi du navire (v. Dozy: Supplém.,
nié a tort dans le Tddj-al-arous). Exemple
47 , 3. De la naviguer (un exemple chez
Freytag); c^ÜW la navigation 85, 8, 38, 5.
Go                        £
— «AS grande voile triangulaire, selon le T. A.
J^li! £yjt ^S>s £AöJI et Nowaïri, man. de
Leide 273, p. 59 «AaK vinAi* L^bli 8,*^,
employé a cóté de eLS> 83, 4 cj-i-i\'j ?>AaJ!.
Selon le T. A. e^AS est proprement le plur.
de «As, forme vulgaire de «Aa.
*S. »\\*Jj ïUS J*c & so» zénith 36, 6; v. le
Gloss. geogr.
ysu\\ yij> nom d\'un des mats du navire 94, 9.
JkS I. [yisü j»*s o» raconte de quelqu\'un 163, 5.
(.fcjs. »l&* service (assortiment de vaiselles et
de linge, qui sert a table) 88, 7. V. Dozy:
Supplém.
6
-*S. .15 poix, au figuré, de la mer, noire comme
la poix 31, 3, 4.
-ocr page 227-
202
9 p £
mention de 1\'animal sous Ie nom de r&W
et Kazwlni I. 1.1 uit. ploft.
_J II (comp. Dozy: Supplém). se construit
aussi avec jJ de Ia personne a laquelle on
donne des signaux 191, 4. La méme con-
struction dans Ie sens de faire allusion h,
indiquer brièvement
Mas\'oudt I. 22 1. pén.,
oii deux man. ont Ie synon. _"i$l.
U. ^J> jlo au lieu de s"^J Lo 25, 9. V. la note
b. — Ui parceque 12, 10. V. Ie Gloss. Geogr.
«Ji* X, c. \\_), concubuit 27 , 4. Dozy: Supplém.
(3-sïU. ^ySU* excavé, creusé, plein de \\JiLil^
(trous, ouvertures.
V. Mas\'oudt II, 429, IV,
58, 60, 64) 65, 3.
U*w« I Ure urgent (besoin); comp. Dozy: Supplém.
On dit &»U Xs»l»- besoin urgent 89, 6, T. A.
et Mohit, et                           Vurgence du be-
soin Higni, Comm. sur Abou Chodja\'. Man.
de Leide fol. 125, r., T. A.
<iL**^> (I ou) IV arrêter, amarrer Ie navire 7,
8; — gouverner Ie navire, syn. do Ja*jö
(voyez), 199, 5, Vocab. chez Dozy: Supplém.
— V, c. i_> p., retenir, prendre chez soi 122,
7. — VI demeurer inerte, immobile, w\'a-
vancer ni ne reculer 75, 4.
j-^o I. Les verbes qui signifient aller, se rendre
se construisent souvent avec 1\'accusatif ad-
verbial du lieu, Ie long duquel ou vers le-
quel on se rend p. e. ii>JLv (v. Lane), lc^kJ*
188, 7, Hamasa fit", 9, L5-iJó Hamda.nl,
Djazlrato 1\'arab ed. Muller Ifi1, l,_,»ibid.
vf, 16, va, 1, a*, 23, Iff, 8, k>£ Tabarl II,
dl, 10, \\i Dozy: Supplém. et 48, 3 (voyez),
même ^3y«*J dans Ie sens de se rendre au
marché
Hamdani 11, 10, III", 21, h., 3.
•yj.\'i\' scribe du naviro 61, 6. Ibn Batouta a
Ie mot deux fois (V. Dozy: Supplém. sous
q S) sous la forme J,1^. — Sans doute Ie mot
a été dérivé du sanscrit karana, clerc (Kern).
.iï. U jïï\'l souvent 177, 7.
^>\\jf (I ou) II, manquer, ne pas atteindre
181, 8; — 0\' (v3J) V1^ ^ il ne torda
pas a, il ne manquapas de, bientót
54, 2,
61, 4. Y. Lane.
SiAij*, mot indien, plat, assiette 11*, 4. Comp.
Ie malais \\.\\iS et KAi-i».
^. ^;-w>J air/té 26, 11. V. Ie Vocab. chez Dozy:
Supplém.
JS, mot indien, bon, fort Men 119, 2.
.LiJ\' ou ,u**S est proprement Ie caire (V. Dozy:
Supplém. sous jjJS), et de la la corde, faite
de ces fibres p. e. 128, 2. Un canot est
.LiÜI j, d\'un autre, c. a. d. a ia remorque
36, 2.
.lX-L^ encens 179, 5. La forme sanscrite est
konndourou (Boswellia thurifera). (Kern).
i^xiS, poisson de mer des cötes d\'Oman 154, 8,
O___c,
a Ie nom d\'unité èJuuJ 36, 6, TabarilII
1.\\, 13.
ïj>j£ hutte (~ ±^k) 98, 9, 10.
J»J I. >».aJb\'l q! ^1 otXi\' Je faillis périr 69, 7.
c
&i. w»/jil X^j^L* Jes att^res tutélaires du na-
vire 35, 5.
p-Jt-iJ, nom d\'un poisson 49, 7. Bien que, dans
Ie texte, on ait préféré écrire *J-liI\', il vaut
peut-être mieux retourner a la legon du
manuscrit. Dimachqi ()o,~, 8) fait mention d\'un
animal, dont il écrit Ie nom .W., et qui est
bien Ie même poisson. Ibno-\'l-Fakih (1, 14) fait
-ocr page 228-
203
JUIm espèae de canot 36, 2, 6, 85, 8, 86,
5, 96, 4. Il nous a été impossiblo de trouver
un ïiiiiii de bateau qui ait quelque rapport avec
ce nom. Les Alraadias (Historische reizen I, 44)
ou petites barques, en usage sur la cóte du
ilalabar sont connues sous Ie nom de iüJuO
(Dozy: Supplém. sous ju\\_c). De Vries (Cu-
rieuse Aenmerkingen der Oost- on West-
Indische dingen IV. 923) parle bien d\'une
petite barque chinoise, qu\'il nomme mau-
chuas, mais nous ne savons pas quel est Ie
bateau qu\'il veut indiquer par ce nom.
*-.a le long de 7, 10, 17, 10 (ou 1 ;" est
^^♦Jl J»>Lw *J>), Jacout I, ff*, 12; suivant Ie
cours de
122, 2, 5; a cólé de 123, 1.
V. Dozy: Supplém.
K-a-a—< objet de désir, chose dèsirée 113, 7.
Cuche.
q\'-cLj espèce de vipere k Koulam-Méli 136, 2.
Il est tres difficilo d\'en déterminor 1\'espèce,
suivant la description des Adjaib. L\'élévation
et Ie gonflement de la tête fait songer au
cobra naja; Ie mot naghéran serait donc
eomposé en partie de naga serpent. Mais
autant que nous sachions il n\'existe pas de
naja qui porte une croix sur la tête. Quel-
qaes espèces, qui sont tachetées, portent une
croix sur Ie ventre. Peut-être faut il penser
au bungarum, mentionné par Gunther (Rep-
tiles 342), qui se trouve sur Ie littoral de
Coromandel. Un callophis, cité par Ie mème
auteur p 350, a quelque ressemblance avec
notre naghéran. »Hoad and neck black above,
with a yellow cross-band behind the eyes....
Belly yellowish with.... quadrangular black
spots."
<iOCj V Ure produit, naitre 34, 2, 46, 4 , Vo-
cabul. chez Dozy: Supplém. Dans Ie sens
figuré suivre, dêcouler de, ressortir de chez
Cuche.
J^S\\J I débarquer la cargaison, décharger Ie
navire 16, 5, 67, 8, 66, 9, 131, 1.
Jci^j ou Jcs\\j. Le mot persan b\'A>Ij , capitaine
de navire,
est écrit dans le texte \'t\\j>li (7 ,
6, 1*, 4, 14, 10, 16, 8), »Us43 («6,
10), SÜs.r>l3 (48, 7, 46, 3, 126, 10), Ly>[j
(62, 4, 65, 1), S^Ü (156, 10). Le plu-
riel est ordinairement »Ai*^J, mais 165, 9 ,
10, 174, 1 8Jc>y.
«Ai I, c. ace, regretter, déplorer 23, 1 (*\\i
s^sui p§XA Jj\' = £> (V. Lane sous _j-^Ui).
\'Ai brouillard humide, vapeur de mer 21, 1;
comp. Jacout IV, wf, 4. iU>iX5l I^Xij. Se-
lon une communication de M. le docteur
C. Landberg le mot est encore en usage en
Syrië dans cette signification. On 1\'y prononce
niddi.
cii IV faire lever quelqu\'un 182, 4.
Jji I, c. ace. 1., 48, 3 (oü 1\'insertion de jJ
n\'est pas nécessaire). Voyez sous {e^<>; —
c. J* p., s\'accoupler avec 34, 1, si la le-
con est bonne. Il faut lire probablement Iji.
(jiü I qI*>JI chasser les mouches 77, 9, Dozy:
Supplém.
jwiij I dêrober, voler 78, 5. Dozy: Supplém.
et Cuche (escamoter). — J^ci^» écope 25, 5.
. o.
Comp. Landberg: Prov. et dictons 1, 95 Jwi^w*
petite jarre.
V dans Ie sens de se donner Vair d\'un
£~>
ami sincère (»lj=uai!lj iuAj) se construit avec
^,1 de la personne, v_> de la chose par la-
quelle on tache de gagner sa faveur 58, 5
f • .c . *                   m
-ocr page 229-
204
aj &JI aSaiZfi «quolqu\'un do ses afhdés pren-
dra ma tête pour gagner sa faveur."
Soi I bondir (navire) 21, 6.
yoJ IV faire voir, montrer avec 1\'acc. de Ia
chose 26, 5, et 1\'accus. de la pcrsonne Mohit
jLJt u* bJ&a \\j&& Jajt. Le passif 2ai\\ signifie
être vu, se montrer 24, 10 (*) ».1Aj^).
>_R_kJ. Comp. v_ftj3.it plus gentil, plus beau 31,
10.   Comp. Dozy: Supplém. sous v»£a&j.
Jjii VIII, c. i_i, matiger au dessert avec 0)
le vin
127, 2. V. Dozy: Supplém.
VIH\' *—*|li contingent, quote-part 77, 4. V.
Dozy: Supplém.
JjtX-JL-P palanquin 118, 3. Un mot sanscrit
tihindola" signifie balancoire. Peut-être la
signification «palanquin" a été donnée a ce
mot dans quolques parties do 1\'Inde (Kern). i
D\'après les Communications suivantes, tirées j
des auteurs portugais et anglais, que nous
devons a M. Yule, il est hors do doute, que
le mot »handoul" était employé fréquemment
pour une espèee de palanquin. »Os Mouros
todos vinhao a pé, & o capitao delles era
hum Turco valente do sua pessoa, que por
honra do capitao era trazido em hum andor
ao hombro de quatro homens". Barros. Dec.
11.   Liv. VI. Cap. 8. Ed. Lisboa 1628 II.
fol. 155. E sono anohe i palanchini a sti ,
andor differente fra di loro, perche negli
andor la canna, con cui si portano, come
ancho nelle reti, è dritta; ma nei palan-
chini per piü comodita di chi va dentro,
che abbia piü luogo di star con la testa
alta, la ditta canna è incurvata in alto di
questa forma H" P. della Valle: Lettera da
Ooa. 10 di Octobre 1623 § V. »Of the same
nature as palankeens, but of a different
name, are what they call andolas.... these
are much cheaper and less esteemed. Grose:
Voyage to the East-Indies 2de ed. I. 155.
»E sendo passados doas dias veo a feitoria
em hum andor que homens traziao ao hom-
bro, que sao humas canas grossas voltadas
pera cima e arcadas, e dellas hendurados
huns panos largos de mea braga." Correa
Lendas da India I. 102. »Mando a todos os
handitos e phisicos gentios que nao andom
por cata cidade e arrabaldes della a ca-
vallo nem em andores e palanquins sob hena
de pagarem pela arimera vez des crusados."
Proelamation du Gouverneur de Goa Anto-
nio Moriz Barreto 1574, dans Archivo Portu-
guez Oriental Fascio 5. p. 899.
,|yo.A0 titre du chef des Musulmans a Seimour
142, 9, 143. 7, 161, 4 et 5. La lecon
du man. varie entre ,jaP, yoyC*, cjy£> et
^S>. En éditant q-ï-a-0 on a cru y voir le
persan .•y»^ = vXï^o-iS> honoré. Mais Mas\'oudt
II. 86 appelle la dignité &*i>, co qui fait
douter de 1\'exactitude de la legon adoptée.
J\'j voyez sous Jli.
i^i\'lj, forme dialectique de (J!3 aider, s\'emploie
en parlant du vent dans le sens OCêtre fa-
vorable 77,3.
o
t\\>\'a comme article indéfini un, certain 79,5.
«-*j. jXJI \'iju* propr. ampleur des villes s\'em-
ploie au figuré dans le sens de condition
florissante, abondance d\'habitants
174, 8.
v_5-*5 IV charger un navire 76, 5, 77, 2.
V. Dozy: Supplém.
i»5-s5 II, au lieu de \\_&j\'j, c. ace. p. et ^1,
convenir de quelque chose avec quelqu\'un
131,4.
«3j I, c. v_i r., tomber sur quelque chose, la
rencontrer, la trouver
18,4. V. Dozy: Supplém.
wAï. I, verbe intrans., tomber (vent) 86, 2;
-ocr page 230-
205
122, 7, m}l\\s>IJ 147, 7. La négation J est
employee quelquefois avec la signification et la
construction de "Ü, comme iA-3-li J 153, 1.
^jjüusu J 156, 1, yyiu J 172, 8. Par
contre ^ est employé au lieu de J 167, 9.
Le nominatif et 1\'accusatif sont tres souvent
confondus: on lit ^oLo L&sAi 34,4, 42,
6, 60, 5 et ü>JLL ij&s 36, 2, 3, 38, 3,
45, 2, 59, 3, 113, 3, 142, 6; le nom. après
qI 86, 5, 126, 5, 128, 5, comme régime di-
rect 76, 1, 113, 8, 121, 6, 148, 1, 2,
167, 8, 179, 11, et de même 17, 4 oü la
legon du manuscrit aurait pu être conservéo;
par contre 1\'accusatif au lieu du nom. dans des
phrases comme leLsL *JiXitl 36, 9, 34, 10
146, 9, yJUs* LfrSl ;JÜ> 7, 2, 3, yu, LLUj
yyl>y> (.^L-JI X-LjJui 86, 8, 92, 2, 162,
10, 111, 8, 127, 3, tüb» J^^t^JIj
166, 6, 136, 2, après ^i — j 191, 4 (mais
le nom. 1. 5). L\'emploi du pronom et du verbe
a la troisième personne du masculin au lieu du
féminin est assez frequent comme 27, 2, 28, 4,
29, 3, 4, 36, 6,7,112,8,^^1^18,
6, 163, 6, rf^Jl^xJ! l^l-s»! 54, 3. On
trouve d\'après une fausse analogie iU=>0>\' B.Ls\\iL
et y^AA^aJi j\'y^\' (voyez le Gloss. sous ^<r>-X et
par contre ^iAJI .~ au lieu de ^gJs-il y~J\' 34,
7 (comp. 1. 5). Dans l\'emploi des noms de nombre
on trouve les irrégularités ordinairos oL«sO ïi\'^Li
4, 7, \'iXm -£>.c. X*iU3 34, 6. La substitution du
(j» a Ja et vice versa n\'est pas rare v. 17,
note b, 66, note b, 162, note a.
— verbe transit., arrêter, employé au passif
en parlant du navire obligé a s\'arrêter 51, 3. \'
^5 IV au lieu de Iojt p. e. 69, 1, 72, 6.
qÖj IV, c. JkC, être fermement assuré de 54, 3
(la construction ordinaire aveo <_j 51, 3.)
Si 1\'on veut se donner la peine de parcou-
rir Ie glossaire, on verra que Ie vocabulaire de j
1\'auteur renferme quelques nouveaux mots et
quelques significations de mots non employees
dans 1\'arabe classique. Il en est de même des
formes grammaticales et de la syntaxe. Le seul
exemple de la terminaison de la 2C personne
plur. jj au lieu de j a été relegué dans la
note 86 d, parce qu\'il peut être un lapsus
calami
du copiste. Mais comme la date du
man. est 644 de 1\'hégire, on sorait en droit de j
conclure que la terminaison avait cours de son j
temps dans la langue parlée. Quant aux verbes |
sourds on rencontre oAc pour aUc 1381, 8, :
c>*iAA*«t au lieu de ^*15j.-*—iJ 89, 10, i^^sd
pour oJ&S 113, 5. Le hamza est souvent omis
a la fin des verbes p. e. {g*^ pour Lcj1, I^S\\j
au lieu de Ijjj^s^j 71, 7« Le ^s est maintenu
dans 1\'impératif comme ^grü\' au lieu de JC&I
145, 1. Les modes du verbe sont souventem-
ployés 1\'un pour 1\'autre comme \'v.*L. I^aAj au
lieu de qj**1j} 0y^J 31, 3, 4, 32, 8, 187,
1,2; par contre ,» ; \'\\j i <\\> ^ \'5^U 53, 4,
-ocr page 231-
INDEX DES NOMS.
f
Ijiyïjl ^jl Ibn Enchartou. 29.
u»j ï*j±& ^ j-i\\ Abou Bekr, Ie khalife. 156.
^gj^sJI jüi _^l Abou Bekr de Fasa. 157.
J^aJI ^t». ^jl Abou Hatim de Fasa. 148.
^y-JL^l Abou\'l-Hacan. 121.
^•Ua^JI 0bLSs ^ ^c crJl _^i Abou\'l-Hacan AU, fils de Chadan, de Siraf. 62.
j^JI o\'yÜ\' ^ tX*^ ^ ^^c ,^~=^ _^ Abou\'l-Hacan Ali, fils de Mohammed, fils d\'al-
Forat, Ie vézir. 108.
^L^JI j^= ^ «A^l ^ J^-s? ^-~Jil ^j! Abou\'l-Hacan Mohammed, fils d\'Ahmed, fils
d\'Omar, de Siraf. 14.
tiA3>LÜI Jis^-J f>yI ^j\' Abou\'z-Zahr al-Barkhati, de Siraf, Ie capitaine.
19, 29, 42.
^AxiUI ^Uj y Abou Tahir de Bagdad. 150.
J^iLu-JI <j»L«J\' _^jI Abou\'l-Abbas de Siraf. 62.
V>*s» ,-yi J.» ,-yj jLioL ^j A ~-x «1)1 lX^c _o\' Abou Abdallah Mohammed, fils de Babichad,
,..,„",„                , .                . ,                 fils de 11 aram , fils de Hammawéih, de Siraf,
uA>L2J! . JUu«Ji (quelquefois sans points,                        . .
. „ *•* f           , . .                                      Ie capitaine. 5. — Le meme sous Ie nom de
ou XwJIj; — une fois JUwjü).                                   „ .           , ., , _.,. ... „ . _ .
Mohammed, fils de Babichad, fils de Haram
16; et Mohammed, fils de Babichad 44, 50,
65, 66, 67, 70, 90, 91, 92, 98,121, 124,
126.
lX*^1 j.-J Abou Mohammed al-Hacan, fils d\'Amr, fils de
,.. «                        Hammawéih, fils de Haram, fils de Ham
u               i^T*-          "T" CJ*              mawéih de Nadjirem 2. Abou Mohammed *)
Urw-°-» P-         j^ o-**                                 7§ Abou Mohammed al-Hacan, fils d\'Amr
*) A moins que 1\'auteur ait voulu designer par ce nom une autre personnage; question impossible a résoudre.
-ocr page 232-
207
8, 16, 36. Abou\'l-Hacan, fils d\'Amr. 35, 38.
Abou Mohammed (ibn) al-Ha?an, fils d\'Amr
47. Al-Hacan, fils d\'Amr. 61, 103(P), 115.
JLmw« ^j v_a*»>J «j\' Abou Youcof, fils de Moslim. 157.
0L5jJI y\\7\\ Ahmed, Ie marin. 166, 167, 168.
^ja*JI tiX>UH jij** iji ^^Ic ^j l\\S"Ï Ahmed, fils d\'Ali, fils de Montr, Ie capitaine,
(Cod. iVJD.                                            de Siróf\' 12-
0^y> tf «Jtf"l Ahmed, fils de Merwan. 107, 108.
^L^ 0_a>Lo) ^yol Jti* ^ i>^l Ahmed, fils de Helal, gouverneur d\'Oman. 14,
65,107, 108, 109, 110,111.
(_5>^jJI ^ UL^wd Ishaq, fils du juif 107. Nommé: Ie juif. 108 s. s.
vjjjjti\' IlXjMjü\' u&\'jy» ^ (***\'ƒ\' ^ J»-A-*l"«wl Ismaïl, fils d\'Ibrahim, fils de Mirdas, Ie capi-
i^sXjüS j^*> X)JLx«Jj              taine, connu sous Ie nom d\'Ismaïlawéih,
(C. 132 cr,\'-y)\'                                                      gendre d\'Achkanin. 7, 132. — Ismailawéih.
14, 49, 50, 60, 62, 129.
qUju u^aLxII j^s^Juil Al-Beloudji, médecin a Oman. 130.
(C. w*^\' ,^M)-
^UJI u~*S"^ ^1j v_ijj«il (Xül. ^ _^*:?- Djafar, fils de Rached, connu sous Ie nom d\'Ibn
Lakis, Ie marin. 173, 174, 175, 178, 179.
k>^>LJt slïyS\' >^R- Djehoued Koutah, Ie capitaine. 154.
^_: «JJt Jk-jufag sL«t ^3-t _j*j ^IjjuwJI ^yJj^\'^     Darbeztn de Siraf, frère de la femme d\'Obéid al-
v-j^jI                lah, fils d\'Ayyoub. 144.
J
viUüL tf r"^ii\\ LX-Ji^     Rached al-Gholam, fils de Babichad. 161.
ULL&JI Ju-ftJI     Al-Rachid, Ie khalife. 137.
Lam     Seba, nom d\'un capitaine ou armateur. 165.
(C. «JLf IA» Juj et LL ym) goljit tsU* *b\' bli ^-     Sri Nata Kalah, roi de Zabedj. 154.
^Ji^jtS\' jaüJI t\\~fc«*M     Said Ie pauvre, d\'Aden. 96, 97.
*x. j>jIj qJ qUJLw     Salomon, fils de David. 134.
qLjJI j_5^^ii     Chahriari, Ie marin. 85.
-ocr page 233-
208
Al Abbas, fils de MaMn, honarmen(P) & Sei-
mour. 142, 143, 144.
Abdallah, fils de Djonéid. 165.
Abdallah, fils d\'Omar, fils d\'Abdal-Azfz, préfet
de Mansoura. 2.
Abdal-Ouahid, fils d\'Abdarrahman, de Fasa,
fils du frèro d\'Abou Hatim de Fase,. 148.
Obéidallah, fils d\'Ayyoub, Tonele maternel d\'Abd-
allah, fils de Fadhl, Ie Cadi. 144.
Le roi Abar. 171.
Abhara, le marin. 85, 86, 87, 88, 90.
Allama. 43, 44.
Ali, fils de Mohammed, fils de Sahl, connu sous
le nom de Serouar. 149.
Imraii le boiteux, le marin. 93.
Omar, fils d\'al-Khattab, le khalife. 156.
Al-Foulfoul, 1\'eunuque. 109, 110.
Mohammed, fils de Moslim, de Siraf. 152.
Mohammed d\'Oman. 172.
Merdanchah, le capitaine. 94.
Merdawéih, fils de Zar&bakt, le marin. 6.
AlMerzob&n. 94, 95.
Moslim, fils de Bichr. 134.
Al-Motamed, le khalife. 97.
Al-Moqtadir billah, le khalife. 15, 56, 65, 108.
Mouca de Sindabour. 157.
Mahrouk, fils de Raiq, roi du Ra. 2.
Yézid d\'Oman, le capitaine. 150.
Younos, fils de Mehran, de Siraf, le marchand. 137.
JUuLil yi «111 J^JC
H.yKxiV u>Im i»^\' ^H* o^ t^ <y* *^ L^i*
J**asjl ^ «UI iX_«_e Jl__s» yijjl ^ «IJl Juac
öJJLtl js.
(C. 86 8,4**; 87 8^*).
cA» s/*" oV
r
IJcs»Lül sl£Jl>_*
j
(C. sL&jl Jy«).
(C. c^ul;3).
X«JLÜ Jux*l\'
It\\i»l3 cCiL*JI lXj^j
-ocr page 234-
INDEX GÉOG
RAPHIQÜE.
f
jjjl. Abrir 5. V. Excursion C.
*L^I. Al-Obolla 138, 139.
Ville connue, situéesur Ie Tigre. (Istakhri,
Bibliotheoa geographorum arabicorum ed.
M. J. de Goeje. I Via© regnorum. Des-
oriptio ditionis moslemicae auctore Abu Ishak
al-Farisi al-Istakhri. L. B. 1870, p. A). Re- i
Hée h Basra par un canal (Mokaddasf, Bibl.
geogr. III. Descriptio imperii moslomici auct.
al-Mokaddasf. L. B. 1877, IU). La distance
entre ces deux villes est de 10 a 12 milles
(Ibn Batouta, texte et trad. par C Defrémery
et Ie Dr. B. R. Sanguinetti. Paris 1874, II,
17. Istakhri 1.1.) On fait Ie voyage d\'al-
Obolla a Abbadan dans une nuit (Ibn Ba-
touta 1.1. 18). La traversée entre al-Obolla et
Bayan, dont il est questiun dans les Adj&ib.
se fait par Ie Tigre ou Ie Chatt-al-Arab.
(Istakhri 1o L j i, a <-^?Xi idL?o J>c o^\'
j-ou *3 aJu^l t^Ls^\' qI JJ. Bayan est si-
tué sur Ie Tigre; de la on peut gagner al-
Obolla par eau, ou bien, on va par terre,
jusqu\'en face d\'al Obolla, et la on traverse
la livièro pour gagner cette ville). Istakhri et
Ibn Haukal (Bibl. gcogr. II. Viae et regna.
Descr. dit. mosl. auct. Abu\'l-Kasim ibn Hau-
kal. L. B. 1873 p. Ito) mentionnent la na-
vigation du golfe (.y>) d\'al-Obolla comme
tres dangeieuse.
of
fy*>\\. Assouan, sur les frontières de la terre
des noirs. 57.
Ville connue, existant encore, et située
sur Ie Nil.
Lg^jo\'. Ispahan en Perse. 79.
o
ujLè\'bSI V. Excursion C.
^ S±j, lis. yiL Pays de Ldr 50. V. Ex-
cursion A.
ijAySft. VEspagne 23, 26.
,UXil j>\'j>. Hes Andam&n 69, 134.
(Cod. 69^L/o.l) Il mesemble hors de doute,
quo notre auteur a entendu dire que Ie théatre
de la légende, racontée p. 134, a été 1\'une
des iles Andaman dans la mer des Indes.
Comme M. Devic (Los Merveilles de 1\'Inde,
Paris 1878, p. 197 n. 101) Ie fait observer,
Soléiman (Relation des voyages, faits par
les Arabes et les Persans dans 1\'Inde etc.
par Reinaud. Paris 1845, 1, 8) et Marco Polo
(The book of Ser Marco Polo, by Col.
H. Yule. London 1875, II, 292) parlent des
habitants de ces iles comme étant des an-
27
-ocr page 235-
210
thropophages. Le dernier voyageur parle de
1\'ile Angamaïn. Le colonel Yule pense que
ce nom est le duel d\'Angaman, pour An-
daman, et en tire la conclusion, qu\'on a
pensé qu\'il n\'existait que deux lies, ce qui
cxpliquerait le nom d\'Andaman-la-Grande,
cité dans les Adjaib, opposé a Andaman-la
Petite. Andaman-la-Grande est composée, en
réalité, de 3 iles, mais situées si prés 1\'une
de 1\'autre qu\'olles se touchont presque et
semblent ne former qu\'une seule ile
La légende d\'après laquelle le tombeau du
prophete Soléiman (Salomon) serait situé
dans une place inaccessiblo, est connue (V
Weil, Biblische Legenden, Frankfort a. M.
1845, p. 279. Lane 1001 Nights, London
1859, III, 104). Il me semble dono probable
qu\'on a songé que ce tombeau pourrait se
trouver aux fles d\'Andaman, qui avaient fort
mauvaise réputation a causo de leurs habi-
tants, et oü on n\'abordait guère.
Mais 1\'ile, nommée p. 69 Armanan, est
plus difficile a trouver. J\'en parlerai dans
1\'Excursion B. sous Bedfarkalah.
*JL>I. Ayla 40.
Ville arabe, située prés des limites de la
Syrië, au golfe d\'Acaba, a peu prés dans la
situation d\'Acaba. Sprenger, Die Post- und
Reiserouten des Orients, dans Abh. d. Deutsch.
Mörgenl. Gesellschaft. III. n*. 3. 100, 102).
Yaqout (Jacut\'s Geogr. Wörterbuch, herausg.
von F. Wüstenfeld. Leipzig 1869) I. 422.
aL»,lj jS?. 94. V. 0L"b5 _« dans 1\'Excursion A.
xSU. Pays des Bodja 171.
Les Bodja sont des Nomades, qui habitent
les déserts entre 1\'Egypte, la Nubie, 1\'Abyssinie
et la Mer Rouge. Leur pays commence prés
de dU.*.1 -<j;^> , »La ruïne du roi", ou plus briè-
vement i^_ÏÜI, »La ruïne", a 8 jours de
voyage de Qift. Dans le voisinage de cette
place est une mine d\'éméraudes. Quatre-
mère. Mémoires géographiques et historiques.
Paris, 1811, II, 135. La mine est citée par
Al-Jaqoubi (Kitab al Boldan, auct. Ahmed ibn
Abi Ja\'qub, ed. Juynboll. L. B. 1861) 121. V.
Sprenger Alte Geogr. p. 19.
j *jsu!\' S&i. Pays d\'al-Bakham 43.
(öod. *jaJJI) Peut-être faut-il penser au pays,
r -          °                         . .
cité par Vullers: j^^o et p£>.y »nom. regionis,
e qua optimus moschus affertur." (de Goeje).
»l5^LJOu. Bcdfdrkala 69. V, Excursion B.
«jtjj ^jIj>. Iles Berdoua 126. V. Exc. B.
Lu j^t- Mer de Berbera 113, 114.
V. Devic. Le pays des Zendjs. Pari-, 1883,
p. 56. La vóracité de 1\'auteur des Adjaib,
qui parle ici d\'une coutume, existant chez
les noirs de la cóte oriëntale d\'Afrique, et
qu\'on ne retrouve chez aucun auteur arabe,
— du moins a. ma connaissance — est prouvée
par un récit de 1\'écrivain hollandais de Vries,
(Curieuse Aenmerkingen, Utrecht 1682, IV,
1123). Parlant des noirs de la cóte de Mo-
zambique eet auteur dit: »ils coupent le mem-
bre viril de tous ceux qu\'ils ont tués ou
fait prisonniers. Ces membres leur servent
de témoignages auprès de leur Roi de la
bravoure qu\'ils ont monlréo. Mais cette
coutume a encore uu autre but, a savoir
d\'empêcher les émasculés do procréer des
enfants, qui pourraient venger leurs parents.
Ils font sécher le membre qu\'ils ont coupé,
pour qu\'il ne pourrisse pas, mais leur reste
longtemps. (»Zoo snijden se alle verslagenen
of gevangenen de mannelijkheid af. Dese
Leden verstrecken haer bij den Koningh tot
sooveele getuigen haerer dapperheid, alsse
veele derselver konnen toonen. Echter heeft
dese ontmanningh ook nog deese neve oor-
saeck, t. w. opdat de gedaghte ontmande
-ocr page 236-
211
gecne kinderon meer teelen konden, welcke
in \'t toekomende de Hoon haerer ouders
souden mogen wreecken. \'t Afgesneden Lid
laten se droogen, opdat het niet verrotte,
maer langh in weseu blijven moght."
lü yS\\Jt. Mer extérieure 126. V. Exc. B.
ejAJJ. Beriyn 121, 172. V. Excursion C.
Cod. 121 w**jj.
8^aJI. Basra 2, 17, 56, 93, 138, 139, 141, 147,
161, 180, 189.
iA\\Aj. Bagdad 15, 56, 57, 59, 65, 79 s.s., 108.
jöJI 8jj>. He de Baqar 124. V. Excursion C.
qLu. Baydn, dans Ie Chouzistan. 138. V. sous \'ils&.
O
tflï. Taka 42, 43.
La situation de ce pays n\'est pas facile a
déterminer. Comme notre auteur parle ici des
serpents de 1\'Inde, on s\'attendrait a voir dans :
la terre de Taka un pays de 1\'Inde. On pour-
rait donc songer a «Ju, vil Ie citée ailleurs
dans notre récit, et oü il y a quantité de
serpents, malgré la difficulté d\'expliquer Ie
désert oriental, qui apporte des aromates a
cette viIIe. Mais il ne faut pas oublier que pour
notre auteur 1\'Inde ne comprend pas seule
ment la presqu\'ile, et que mainte fois Ie narra-
teur sauto d\'un pays a un autre, bien éloigné. j
Pout-être faut-il penser a 1\'Afrique, oü I
d\'après Edrfsi (Géographio d\'Edrisi, trad. I
par P. Amédée Jaubert. Paris, 1836, I, 29)
on trouvait des serpents, qui tuent par leur
seul aspect. M. de Goeje m\'a fait con-
naitre un passage du manuscrit d\'Ibn Saïd, ;
appartenant a M. Schefer et oü 1\'on lit S&i
J^JI J* ^jÓJI xi^J. ƒ>! ffy *yüül. Ce
pays de Taka ne peut être autre que Ie
pays, encore connu sous ce nom, baigné par
Ie Gasj, au nord du pays des Abyssins. I
La rivière d\'Atbara s\'y trouve a 1\'occident.
Il se peut que notre auteur ait voulu par-
Ier de ce pays. L\'intérieur du pays est riche
en aromates; les récits sur Ie pays des aro
mates, qu\'on voit encore sur la carte de
Martin von Bohaim (1492. Zeitschrift Gesell-
schaft Erdkunde Berlin. VIII. 1873) assez
prés des affluents du Nil, peut avoir donné
naissance a des contes extravagants sur
cette richesse. Le pays des Abyssins était
connu de Dapper (Naukeurige beschrijvinge
der Afrikaensche gewesten. Amsterdam 1668
p. 712), comme contenant beaucoup de métaux
et de mineraux: il cite des mines d\'or et d\'ar-
gent. A 1\'occident du pays de Taka se trouve
le désert d\'al-Hauéde; a 1\'orient (c\'est a M.
Kan que je dois ces particularités) il y a le
désert d\'Atmou, qui pourrait être a la ri-
gueur lc désert oriental dont parlent les
Adjaib, Seulement il faut observer que ce
désert ne peut pas être un vrai désert, puis-
que notre auteur parle des torrents, qui ap-
portent les aromates.
J\'avoue que la conjecture est assez hasar-
dée. Par exemplo on ne saurait expliquer de
quelle maniere les habitants de Taka auraient
pu se sauver sur des embarcations (donc par
eau) parmi les lies de la mer. La seule route,
qu\'ils auraient pu prendre serait parle Baraka,
rivière qui ason cours vers la Mer Rouge, mais
qui parait trop éloignée pour jouor ce róle.
Peut être pourrait-on donner 1\'explication sui-
vante. On connaissait du temps des Adjaib
1\'histoire d\'un pays situé en Afrique, oü il y
avait une telle quantité de serpents, que les
habitants se trouvaient quelquefois forcés d\'é-
migrer. Dans ce pays on trouvait des mines
d\'or et d\'argent, et de plus, des résines
aromatiques étaiont apportées par des torrents
de l\'intérieur de 1\'Afrique, (comme cela se
voit encore de nos jours a Sumatra, oü les
cours d\'eau apportent le «damar poutih" des
bois, situés dans des régions encore peu ex-
-ocr page 237-
212
Guinee, au pays des Papous." («desgehjx
staen hen de oogen in bet hoofd als luiden,
die op hun sterven liggen, of scheel zien;
van gelijken zijn hen d\' oogen zeer zwak
en teer van gezichte en draien of bewegen,
alsof zij scheel zagen, maar des nachts,\'t
geen te verwonderen is, ziense sterk, in-
zonderheit bij hellen maneschijn.... Het is
bovenal verwonderenswaerdigh, dat dose lui-
den bij daogh stik ziende, of blint zijn,
maar des nachts scherp van gezicht inzon-
derheit bij hellen maneschijn .... Wijders,
diergelijk slagh van menschen hebben d\'on-
zen en Portugezen niet alleen in Afrika,
maar ook in Oost-Indien, op het eilant Bor-
neo en in Nieuw-Guinea op \'t land van Pa-
pos genaomt, gevonden." Dans les Vorhan-
delingen van het Bataviaasch Genoo schap.
II. 1784. p. 240, on trouvera la description
d\'une négresse blancho, amenée d\'une des
iles Papou. »Ses yeux sont tres petits. Au-
tant qu\'on peut la comprendre, ello dit que
ses yeux n\'ont qu\'un défaut, c\'est qu\'elle
voit moins bien au milieu du jour que pen-
dant qu\'il fait plus obscur ou a 1\'approche
du soir". (De oogen vortoonen zich machtig
klein. Indien men haar wel begrijpt, zoo is
het eenig gebrek van haar gezicht, dat het
midden op den dag wat donkerder is, dan
bij duister weder, of tegen den avond). Ei;
dans le lr volume de ces mémoires (p. 307)
on trouve la description aveo dessin par
J. Y- Iperen, d\'un nègre blanc ou «kakker-
lak" (c\'est ainsi que les Hollandais nommaient
ces Albinos) qui était originaire de 1\'ile de
Bali. L\'auteur, qui nous raconte que eet
homme était considéré par ses compatriotes
comme un jeu de nature, essaie de donner
une explication scientifique de son héméra-
lopie.
Cornelis de Bruijn (Reizen, Delft 1696.
II. 380) a rencontre a la cour du Sultan de
Bantam (Java) une femme «kakkerlak", qui
plorées). Tout cela peut tres bien avoir rap-
port au pays de Taka, qui a été connu des
Arabes, puisque Ibn Saïd en parle. Sur
ces faits on aura brode 1\'histoire des émi-
grations annuelles sur les embarcations pour
gagner la mer.
Mais je Ie répète, la conjecture est tres
hasardée.
xi\\J. T&na 152, 165. V. Excursion A.
juaj. Tatba 149.
Je pense qu\'on peut accepter qu\'il y ait
quelque relation entre co lieu et a^S" (p. 179),
prés do l\'lle des mangeurs de tortue, et que
ces deux noms indiquent la mêrae localité,
habitéo par les mangeurs de tortue. Com-
me notro auteur raconte que ces hommes
sont devenus héméralopes, nous avons a re-
chercher en quel pays ces personnes se trou-
veraient en grand nombre. Malheureusement,
une recherche tres laborieuse m\'a donné la
certitude que les héméralopes se rencon-
trent un peu partout, aussi bien en Afrique
que dans 1\'archipel indien et a Malaca.
Dapper (540) donne une description des
héméralopes qui étaient au service du roi
de Loango (Cóto Occidentale d\'Afrique, au
nord du Congo), et qui étaient nommés par
les Portugais «Albinos", — nom bien connu
encore do nos jours. Il dit: «leurs yeux sont
fixés dans la tête comme len yeux de gens
qui sont sur lo point de mourir ou qui lou-
chent; lours yeux sont tres faibles, ne voient
guère, et se meuvent comme s\'ils louchaient;
— mais la nuit ils ont la vue forte, surtout
au grand clair de Iune..,. Le plus étrange
c\'est que ces gens sont aveugles le jour
ou ne voient que tres peu, tandis que la
nuit ils voient fort bien, surtout lorsque la
lune est tres claire.... Les Hollandais et
les Portugais ont vu de telles gens non seu-
lement en Afrique, mais aussi dans l\'archi-
pel indien, a Bornéo et dans la Nouvelle.
-ocr page 238-
213
était originaire d\'une des iles prés de Ter-
nate («uit het gebergte, gelegen meest om
de 2 oostersche eilanden bij Ternate). Il dit
aussi que »ce peuple" ne peut pas suppor
ter la lumière du soleil, et se retire pendant
Ie jour dans les coins obscurs. (Dit volk ziet
beter dij nacht dan bij dagh: Zij kunnen ook
de zon niet wel verdragen. Het heeft gedurig
do oo gen half toe en zit veel bij den dagh
in donkere hoeken).
On les trouve aussi a Malaca, comme
1\'attestent S. de Vries: »Curieuse Aenmer-
kingen III. 558, et Andersen: Orientalischer
Koise beschreibung p. 80 chez Olearius. M. de
Goeje m\'a indiqué ce dernier livre. La des-
oription qu\'ils donnent confirme en tous points \'
celle qu\'on vient de lire. (Auch ist allhier, Ma- |
lacca, eine Arth Leute, welche von den Hol- !
landern Filii de Kackerlac genannt werden, |
weil sie wie die Kackerlacken des Tages mit
offenen Augen auch nicht viel sehon kön- \'
nen, sondern nur des Nachts, und können
in den finstern Oertern das Geld kennen und
zehlen, nehen und andere Handthierung trei-
ben, welches sie des Tages nicht vermogen,
daher liegen sie des Tages und schlaffen so
bald aber die Sonne unter den Horizont
gangen, dass es zur Demmerung kömpt,
beginnen sie wieder zu sehen.... Diese Arth \\
Leute sollen auff einer nicht ferne von die-
sem Lande gelegenen Insul fallen, habe der-
gleichen Leute auch in Batavia gesehen.)
Houttuyn (Nat. hist. volgens Linnaous, Am-
sterdam 1761. 333) raconte, que Linné les
compare aux Troglodytes de Pline: »il sé-
pare comme étant d\'espèces dififérentes les
hommes de jour des hommes de nuit ....
Les habitations de ces derniers sont établies,
suivant Pline, aux limites de 1\'Ethiopie, sui-
vant les auteurs modernes dans les grottes
de Java, d\'Ambon et de Ternate.... il voit
de eóté, est aveugle Ie jour et se cache, —
la nuit il voit et sort..... On dit que
dans 1\'Afrique, prés des montagnes de la Lune,
les hommes demeurent toute leur vie dans
des cavernes et des grottes profondes, parce
qu\'ils ne peuvent pas supporter la lumière du
soleil." (Onderscheidt hen dus als een bij-
zonder soort, van de Dagmenschen... De
woonplaats is, volgens Plinius, aan de gren.
zen van Aethiopie, volgens de hedendaag-
schen in de spelonken van Java, Amboina
en Ternate.... Hij kijkt over zijde, is bij
dag blind en houdt zich schuil, bij nagt
ziet hij en gaat uit.... In Afrika, bij de
Maanbergen, zouden de menschen in diep 3
Holen en spelonken hun leven doorbrengen,
omdat zij het licht der zonne niet verdragen
kunnen.")
La question, débattue par 1\'auteur des
Verhandelingen Bat. Gen. I, a savoir si
Linné s\'est trompé et s\'il faut penser a des
orang-outan nous intéresse peu. Ce qui est
remarquable, c\'est que depuis un temps re-
culé on connait des légendes qui parlent
d\'un peuple d\'héméralopcs, et qu\'on trouve
de telles personnes dans 1\'Archipel indien,
a Malaca et en Afrique.
Il est évident que Ia cause de l\'héméra-
lopie, donnéo par les Adjaib — la glouton-
nerie des habitants, mangeurs de males de
tortue marine, n\'est qu\'une fable. Mais il
est tres vraisemblable que dans Ie pays dont
parle notre auteur les tortues soient nombreu-
ses, puisque les deux faits sont mis en correla-
tion. Mais c\'est Ie cas dans tous les pays
cités, de sorte que cela ne nous avance guère.
Néanmoins je crois qu\'il faut mettre de
cóté 1\'archipel Indien, puisqu\'il n\'est pas
vraisemblable que les voyageurs arabes ou per-
saus aient poussé aussi loin que Ternate ou
la Nouvelle Guinee. Je pense plutót a 1\'A-
frique. C\'est Ie vrai pays des tortues (Periplus
ed. Muller 267, 270. Edrisf I, 44. Devic
Pays des Zendjs 188). Il est vrai que les
contes cités nous montrent plutót 1\'Afrique
-ocr page 239-
214
Mohamm. period. London 1867,1. 80. Yaqout.
I. 90. 1.)
ó
.wi\'. Thabia 179. V. sous **£)\'.
ïJL>. Djedda 16, 93, 147.
«jjiil. I Arabie 18.
II (plur.) iles de Vocéan 21.
III Djézira 35. Vraisemblablement Ie ter-
rain autour d\'al-Obolla. V. Dimachqt 1v.
Z
dk**L>. Hdsik 170. Limite des arbres du louban.
(Cod. ^b») Lieu situé a la cóte septen-
trionale de 1\'Arabie, sur Ie chemin de Zafar
a Oman (Ibn Batouta II. 214), a quatre jours
de distance du mont Loum\'ar. Vis-a-vis de
ce lieu 1\'on trouve les deux iles Khartan et
Martan. Edrisi I. 54.
Sprenger (Reiserouten 145) écrit i$L».l»-,
et donne la distance entre Zafar et cette
place comme de 15 parasanges.
&£a^JI (t5^ et °-^)- ^er et Pays ^s Abys.
sins
39. Dans cette mer on trouve un pois-
son ayant la figure d\'un homme.
Cette légende se retrouve ailleurs. Von
Heberstein. Notes upon Russia (transl. and
ed. by R. H. Major. London, 1852. II. 41)
nous dit qu\'on trouve dans la rivière Tach-
nin un poisson, ayant tête, yeux, nez,
bouche, mains, et pieds humains et ressem-
blent presque entièrement a un homme, mais
n\'ayant pas de voix, et excellent a manger.
(There is also in the river Tachnin a cer-
tain tish, with a head, eyes, nose, mouth,
hands, feet, and in other respect almost
entirely resembling a man, but without voice,
occidentale (dont il n\'est pas question dans
les Adjaib) et 1\'Ethiopie, raais ils nomment
aussi 1\'Afrique entière, et citent même les
montagnes de la Lune comme la demeure
de ces gens.
M. De Goeje a appelé mon attention sur
File de Pemba, prés de la cóte oriëntale de
1\'Afrique, d\'oü se fait une exportatiou con-
sidérable de tortues, et oü 1\'on doit manger
par préférence les males, pour menager les
femelles. L\'orthographe &*Jü ne diffère pas
beaucoup de ju*j. De plus, la mer entre
Pemba et Ie continent est peu profonde:
Dapper (669) nous raconte que la plupart
des iles, qui se trouvent Ik sont tres petites,
et qu\'on peut marcher pendant la marée
basso de 1\'une a 1\'autre (»de meeste dezer
eilanden zijn zeer klein, en niet boven een
halve mijl of een hele mijl in \'t ronde, en
kan men bij laegh getij van het een tot het
ander overgaen.")
J\'ajoute volontiers que tout cela est en-
core tres incertain. Tatba ou Thabia n\'est
pas 1\'ile des tortues, mais separé de cette
ile par la mer de Saifou. Quant a Dadabid,
je nc sais en donner aucune explication.
jjvj\'liJ\'. Tern&r&yin 169, dans les régions du
Haut-Cachemire.
M. Kern ponse qu\'il faut lire Trinajana, et
que 1\'on a voulu indiquer une des places,
consacrées a Siwah, qu\'on rencontre très-
souvent dans 1\'Inde. On trouve un exemple du
fait que les Arabes nommaient quelquefois une
place d\'après un dieu payen chez Reinaud
(Fragments arabes et persans relatifs a 1\'Inde.
Paris, 1845, p 107). »Bazanah___Cette der-
nière ville est celle que nos compatriotes
appellent Narayana (un des noms que les
Indiens donnent a Vishnou)."
jjjtiil. Al-Tiz 130. Sur la cóte du Beloudjistan,
écrit en plein qI^« j*j (Elliot, The history
of India, as told by its own historians.
-ocr page 240-
215
M. De Goeje m\'a donné une citation de
Macrfzt, De valle Hadhramaut, ed. P. Berlin
Noskowiji, (Bonn 1866), p. 23 ,»JUSl ^ lXL
a^.jtp\' L-JJ JJ—S-s» y^UïJI, et une autre de
Hamdani ed. Muller p. ol, 17 oü 1\'on lit
_ja^lII (lisoz _^a^ÜI). C\'est bien la même
place que ^oyo> chez Sprenger (Reiserouten
145 1. 2.) a 12 parasanges environ de Shihr.
yó\\j>. Khdnfou 92, 133, 144. La capitale de
la petite Chine, séparée de Khomdan par
une grande rivière. Sur les rives de cette
rivière on trouve des montagnes d\'aimant.
Le Baghbour a la, un jardin; il a donc dü
visiter de temps en temps cette ville.
Ailleurs (p. 144) 1\'auteur nomme Khan-
fou la capitale de la grande Chine, ce qui
ne peut être qu\'un erreur, puisqu\'il a déja
nommé Khomdan comme telle, et que nous
savons (Géographie d\'Abou\'1-feda trad. par
Reinaud. Introduction Paris 1848. CCCXCIV.
— Relation 64), que Khomdan était la ca-
pitale de 1\'empire du temps des Adjaib.
Khanfou était le port de Hang tcheou-fou
(ou Hangchau. Marco Polo II. 176, V. Devic
Merveilles 186), nommé aussi Kinsay (Kings-
ze, capitale), puisque depuis 1127 elle était
la capitale de la dynastie Sung. Khanfu —
le Ganfu de Marco Polo (II. 173) — était
située d\'aprèï eet auteur a 25 milles de Kin-
say, et réliée a cette ville par une rivière
navigable. L\'emplacement de Khanfou serait,
d\'après M. Yule, (Marco Polo II. 181), inondé
par la mer. Du temps d\'Abou\'1-feda (II. 2.
124) on ne distinguait plus entre Kinsay
(Khansa) et Khanfou.
which, like other fish, affords excellent food).
Il ne m\'est pas possible de déterminer
1\'animal qui a donné lieu a cetle fable.
M. Jentink, que j\'ai consulté la.-dessu3, ma
dit qu\'il n\'existe pas de poisson véritablc
aveo. des membres humains. «Comme," ajoute-
t-il, «dans ces temps on nommait poisson
tout ce qui vivait dans la mer, on pourrait
songer a la rigueur a un mammifère, ha-
bitant les eaux indiennes et trouve prés de
Ia cóte oriëntale d\'Afrique, Ie Douyong ou
Halicore; peut-être aussi a 1\'octopus, un mol-
lusque. Mais il faut avouer qu\'on aurait be-
soin d\'une fantaisie plus qu\' oriëntale pour
voir la ressemblance." D\'après M. Ludeking
on vénère Ie douyong dans les iles moluques
comme un être a demi humain.
o^ü- -»\'j>. Hes du poisson 34. V. Excursion D.
o\'uJ»- i_5^!s« Vallée des serpents 49, entre So-
har et les montagnes des Tahmed.
Je ne trouve pas inention des serpents
terribles, cités ici, comme se trouvant dans
Ie territoire d\'Oman. Edrlsi I. 153 parle des
serpents d\'Oman qui sifflent et sautent, mais
ne mordent pas. Ailleurs, sur Ie chemin du
Hedjaz a 1\'Egypte, on rencontre des ser-
pents, qui ont beaucoup de ressemblance avec
Ie serpent nommé ici, d\'après Ie récit de
Mas\'oudi. Les prairies d\'or, texte et trad. par
C. Barbier de Meynard et Pavet de Courteille.
Paris 1861. II. 287. Comp. Ibn Haukal lof, 16
U»,^ Q* v^\' }*&$ J0^9 £ °1**\' jLS^ö)
«jJUü ^V-oLsU\' & £»J ^yis*) et Istakhrt oö, 5.
C
<djl3-. Khdrek 142. He dans le golfe Persique. .,U->. Khordgdn 56.
Edrisl I, 372.
q\'l\\*>. Khomddn 92. Capitale de la grande
Chine, qui est la plus considerable des deux
Chines, et résidence du Baghbour.
^j.L>. Khdridj 170. Comme II as ik limite des
arbres du louban.
-ocr page 241-
216
Il est hors de doute, qu\'on doit voir
dans cette place Si ngan-fou, située sur un
des affiuents de Ia rivière Jaune. Relation
XVII, 65 et note. Marco Polo 11.21. Devic I
Merveilles, note 67.
La rivière, nommée dans les Adjaib comme
située entre Khomdan et Khanfu ne peut i
être que la Yang-se-Kiang (V. carte Marco
Polo II. 126). Il est remarquable que les !
Adjaib placent les montagnes d\'aimant prés de
cette rivière, ce qui fait dériver cette legende
de sources chinoises, comme Stüwe (Die
Handelszüge der Araber. Berlin 1836 p. 287)
1\'a déja observé. Abou\'1-feda les place dans
Ie pays des Zendjs (I. 207).
67. — Birount (Fragments 92. 123) — Mas\'-
oudi I, 338. Ibn Batouta IV. 110. Abou\'1-feda
I. CDXXVIII), et peut être encore d\'autres
lies. On divise les Dibadjat en plusieurs
groupes. Birount dit: «Les tles, placées au
centre, sont les iles de Ram («Jl j-i\'j>) et
les tles Dibadjat... Les unes sont nommées
Divah-kouzah (m*f »>jo) »tle des eauris" a
cause des eauris qu\'on ramasse sur los bran-
ches des cocotiers plantés dans la mer. Les
autres portent Ie nom de Divah-kanbar
(.L*2 *}&>>) du mot kanbar, qui désigne
lo fil que Pon tresse avoc les fibres du co-
cotier et avec lequel on coud les navires."
Il est bien évidont que Ie groupe nommé
par les Adjaib »D. al-kastedj" embrasse les
D. al-kanbar de Birount, puisquo kastedj
ou koustoudj a presque la même significa-
tion que kanbar. M. Devic (Merveilles, 202,
n. 113 bis) 1\'avait dé:a remarqué. Mais il
me semble que les D. al-kastedj de notre
auteur sont plus étendus encore, et quHls
comprennent aussi les D. al-kouzah
de Bi-
rouni.
Au premier abord déja il me semble im-
probable qu\'on ait distingué rigoureusement
entre les deux groupes d\'après des articles
de commerco (Ie fil fait des fibres du coco-
tier et les eauris» qui se trouvent également
et dans les Lakedives et dans les Maldives. f)
Ibn Batouta (IV. 121) en parlant des Mal-
dives, qu\'il a visite, nous dit expressément
que les habitants des Maldives exportaient et
des eauris et du kanbar.
Julo. Dabdbid 143. V.
"
ibo. Ie Tigre 92, 104, 176, 177.
I
oLsuoJ1 ~»\'j>. Hes Dibadjat 61, 163.
Les Adjaib nomment deuxgroupes, les D.
ad doum (»Aj\') et les D. al-kastedj (,svi^*X!l) *).
Les premières sont situées prés des Ouaq-
Ouaq. Il y en a 30.000, dont 12.000 habitées.
Comme 1\'auteur nous dit qu\'il a déja raconté
des choses intéressantes concernant les D. ad-
doum, et que Ie manuscrit ne les contient
pas, il faut en conclure qu\'il y a quelque
part une lacune.
On doit sans doute comprendre sous Ie
nom de Dibadjat les Lakedives et les Mal-
dives (Relation I, LV, 5. II, 1. — Edrisi I, |
*) J\'ai adopté 1\'orthogniphe, ad-doum , al-kastedj et al-ram d\'après la traduction de M. M. Devic et
Reinaud, qiioiqu\'elle me gpuiMe trè^-incertaine. On verra plus bas que je ne puis pas me confonuer aui
motifs q»ii ont cooduit M. Devic a érrire ad-doum.
f) \'Cuir U the filire trom the rind of the coooa-nut, and i9 a corruption either from the Tamil
Kayer a ropn, or the Maldiee Kanbar.... M. Roliinson .. . . descrihes the method of making coir in
the Lticeadiret". Cnwries are .... found in abundnnce on the shores of the Laccadive and Maldive is-
lands." »Iht-y (Maldivian islands) trade with India.... carrying cocoanut, coir.... and cowries. The
coir in noted for its light colour. finenesHand coinparative strergth." E. 1 tal tour. The cyclopai^dia ot\' India.
Üth ed. 1885 soiib coir, eowiie, Maldive ïslands.
-ocr page 242-
217
Cette conjecture, qu\'on n\'ait pas toujours
ilistinguó entre les D. al-kanbar et les D.
al-kouzah, mais que ces groupes aient été
nommés parfois du même nom, provenant
il\'un des deux produits principaux, Ie kas-
tedj, devient plus probable encore par une
orreur du voyageur Soléiman (Relation 1. 1.).
En parlant d\'un grand nombre d\'tles, si-
tuées entre les mers de Herkend et d\'al -
Larevy il fait mention des cauris, qu\'on y
trouve, et ajoute qu\'on les appelle al-kab-
tadj.
Or ce mot n\'est qu\'une corruption évi-
dente d\'al-kastedj, qui a subi de nouveau
une corruption dans al-kendj («ssA&t) chez
Edrisi. (de Goeje). Cette erreur même nous fait
conclure, qu\'on ne distinguait pas rigoureu-
sement entre les D. al-kastedj et les D. al-
kouzah, puisqu\'il est impossible d\'admettre
que Soléiman ait désigné Ie produit princi-
pal d\'un de ces groupes par un nom, qui
était donné a un groupe d\'iles tout a fait
différent. Il semble plutót que Soléiman
n\'aura connu qu\'tm nom pour Ie groupe en- ,
tier, qu\'il attribue par erreur a un de ses I
produits Ie plus connu.
Il s\'ensuit que je ne puis pas accepter
la conjecture de M. Devic, qui est d\'opinion
que les D. al kastcdj seraient identiques avec
les D. al-kanbar, tandis que les D. ad-doum
seraient les D. kouzah. Doum étant d\'après
lui un cocotier, il traduit D. ad-doum par
»archipol des cocotiers" oü 1\'on recueille les I
cauris sur les branches de eet arbre. Il faut
observer d\'abord que Ie mot doum (qui d\'ail-
leurs s\'écrit mJ avec un s) ne signifie pas ex-
actcment un cocotier mais lo »palmier nain",
qui n\'est pas un produit caractérisant les La-
kedives et les Maldives. Mais en outre, la
position que les Adjaib assignent aux D.
ad doum (>.la première est voisine aux D.
al-kastedj et la dernière proche des tles des
Ouaq-Ouaq) ne s\'accorde nullement avec la
position des Maldives.
Mais que seront donc les D. ad-doum?
Je suis porté a croire que ce sont les mê-
mes tles que les fles de Ram (»JI i^ff) \'\'\'"
Birouni, et d\'admettre que ce sont les tles,
situées k 1\'orient des Lakedives, sans qu\'on
leur donne des limites précises. Il faut re-
marquer que Birouni coraprend parmi ces
tles Ie Khmer (j*«5) et même les Ouaq-Ouaq
ou Ie Japon, — donc, il entend par ces lies
tous les groupes, situés a 1\'orient des La-
kedives. Notre auteur dit aussi catégorique-
ment qu\'elles touchent aux tles Ouaq-Ouaq.
De cette maniere on peut expliquer Ie grand
nombre de ces tles, que donnent les Adjaib,
tandis que les auteurs, qui n\'ont en vue
que les ile* situées plus a 1\'occident, com-
me les Lakedives et les Maldives, en nom-
ment beaucoup moins: Mas\'oudi et Soléiman
1900, Ptolemée 1378 (Relation LV), Ibn
Batouta 2000, Mokaddasi (ir, 9) 1700.
*JLo» yó. Dhou Djabala 65.
Vraisemblablement xLs» dans Ie Hedjaz,
cité par Istakhrt t. et Cl. On trouve d\'au-
tres exemples qu\'on ait omis ou ajouté 33.
Bedr — Ie lieu connu — est nommé quel-
quefois ^«A_j yi, et s^-J1 }i aussi s..,: (de
Goeje).
VuJÓJ! JJb. Pays de 1\'or 7, 150, 170, 174.
Les Adjaib comprennent sous ce nom les tles
de Java et de Sumatra. Ils sont en cela
d\'accord avec Birouni (Fragments 123) qui dit:
Les tles de Ia partie de la mer de 1\'Inde,
qui est tournee vers 1\'orient, et qui se rap-
proche de la Chine, sont les tles du Zabedj.
Les Indiens les nomment Sourendyb; c\'est a
dire tles de 1\'or. — Mais en outre les A-
djaib donnent ce nom au continent de 1\'Inde,
car ils nomment comme villes du pays de
1\'or Mankir, et Séimour(?)
28
-ocr page 243-
218
169,172. Sans Serendib 38, (122). Voir Ex-
cursion C.
Hf». Sira (en Afrique?) 62.
güjJI iÜÜU Sof dia des Zendjs 51, 54, 64, 173,
175, 177, 178. V. L. Marcel Devic. Le pays
des Zendjs
La laideur des Zendjs (64) a aussi frappe
Marco Polo (II, 415). «They are in fait so
hideously ugly, that the world has nothing
to show more horrible." Selon de Barros
(Yule. M. P. II, 417) les limites du pays des
Zendjs étaient de la rivière Kilimanchi (peut-
être le Jubb), jusq.i\'au Cap Corrientes.
«XJJLf* JLSiJ. Oce\'an de Samarkand 14, 101.
Beaucoup d\'Oual s\'y trouvert. Cet oeéan
confine a la mer de Herkend; son noni se-
rait dérivé de la rivière do Samarkand, qui
s\'y jette.
Cette explication est tout a fait erronée,
puisque la mer de Herkend ou le golfe de Ben-
gale ne peut pas avoir do communication avec
cette rivière. Il so pourrait que le noni de
Samarkand soit corrompu, et qu\'il faille lire
un autre nom; — non pas Herkend, comme
le propose M. Devic (Merveilles, 173), puisque
notre auteur dit que la mer de Samarkand
est voisine de Ia mer de Herkend.
Mais il se peut tres bien que notre au-
teur ait cru que la rivière de Samarkand
communiquait avec Ie golfe du Bengalo. Dans
ces temps, on avait d\'étranges idees sur le
courant des fleuves de 1\'Asie-centrale. Abou
Zéid (Relation. I. 90) raconte que la mer
Caspienne est en communication avec la mer
de Chine. Seb. Cabot, qui vivait dans le sei-
zième siècle, partage encore 1\'opinion de Pa-
trocle, que la mer Caspienne était réunie
directement ave.T 1\'océan Indien (Revue des
2 Mondes 1883. 15 Nov. p 316). Et Mas\'-
J
bU\'Jül (jj,. #as al-Kdmild 161.
Un cap, qu\'on doit chercher entre Basra
et Siraf, mais qui m\'est inconnu.
~Jy**Jt). liéisout 90, 91, 92. (Cod. presque tou-
jours or^,).
Situé sur la cóte meridionale de 1\'Arabie,
a mi-chemin entro Aden et Oman, 3 para-
sanges de Zhafar. Yaqout II. tuX Sprenger
(qui écrit v^S;) Reiserouten 144.
J
gjjjl. Zdbedj 7, 8, 62, 137, 150, 154, 180,
186. V. Excursion B.
.póJI y^U. Mer des Zendjs 14. L\'on y trouve
beaucoup de Oual.
^sijil SL>. Pays des Zendjs 57, 59, 60, 62,
«4, 65, 113, 150. V. L. Marcel Devic. Le
pays des Zendjs. V. aussi <jóJI jütè».
jJbj. Zeila 16, 39.
Situé sur la cóte oriëntale d\'Afrique, au
sud du détroit de Bab al-mandeb.
U"
^jt\'j u* y*. Sorr man rd ou Samarra 97.
Situé sur le Tigre, fondé par Motacim,
qui y fixait sa résidence. V. Mas\'oudi. VII,
120 etc.
Sjjl*. Serboza, 102, 105, 111, 124, 158, 159,
160, 176, 190. C\'est \\k le véritable ortho-
graphe du mot, et non pas %Jj*m. Voir Ex-
cursion B.
^oAJj*». Serendib, Sehildn ou Ceylan 12, 42,
118, 119, 124, 133, 155, 156, 173, 179.
Voir Excursion C.
^oJü-w w*_c. Gobb de Ceylan. 5. 114, 121,
-ocr page 244-
219
oudi so voit forcé de combattrc encore I\'o-
pinion que Ie Djéihoun ou la rivière de Balkh
(1\'Oxus) se jette dans 1\'Indus. Dimachqi enfin
(Cosmographie. 1f. Traduction (Manuel de
la cosmographie du moyen-age par Mehrcn
1874) p. 114) raconte qu\'on pretend, qu\'une
branche du Djéihoun so dirigo vers 1\'ocoU
dcnt jusqu\'au pays de Kerman, puis se jette
dans Ie golfo Persique.
Il est même possible que l\'erreur de l\'au-
teur provienne de ce qu\'il a cru que 1\'Oxus
n\'était qu\'une branche du Gange, et que Ie
nom de Samarkand soit une corruption du
jtjO** ou JJJ^tw d\'Edrisi (I. 180) et d\'Ibn
Khordadbeh (Le livre des routes et des pro-
vinces. Texte et trad. par Barbier de Mey-
nard, dans Journal Asiat. V[\'ne Serie t. 5.
p. 62), ville qui d\'après Sprenger était si-
tuée pres de 1\'embouchure occidentale du
Gange (Reiserouten 81). Mais il faut observer
que la situation de ce lieu, selon Edrlsi,
est tres difficile a fixer, puisqu\'il nous ra-
conte que cotte ville n\'est située qu\'a 7
jours de distance de Cachemire, et par
suite, tres loin de 1\'embouchure du Gange.
0tL\\i*». Senddn 118, 144, 165. V. Excursion A.
ajbyw. Soubdra 105, 162. V. Excursion A.
JL^-JI u&b. Pays de Sahdl. 124. V. Excursion C.
a^L$~. Sehildn 124, 179, 180. V. Exe. C.
O1^*". Siraf 5, 12, 14, 17. 19, 36, 62, 86,
87, 88, 98, 105, 141, 142, 152, 161, 165, 168.
(p. 12 ^Lij-JI). On fait la traversée de Siraf
a, Séimour en plus d\'onze jours; un nau-
frage terrible en 1\'an 306 de 1\'Hégire est la
cause principale do la ruine du commerce
de Siraf.
Le voyage cité par les Adjaib, fait avec
une telle vitesse, qu\'on ait vu, onze jours
après le départ, les hauteurs de la terre de
Sendan, de Tana et de Séimour, a dü ètre
particulièrement favorisé. Soléiman (Rclation.
I. 15) compte Ia traversée de Mascate a
Malabar (Koulam) comme de 30 jours par
un vent modéré, tandis que les Adjaib mê-
mes nous racontent (p. 130), qu\'un voyage
en 40 ou 41 jours de Kalah (détroit de Ma-
laca) a Chihr doit être considéré comme
exceptionnol. Néanmoins il n\'est pas du tout
impossible qu\'on ait navigué de Siraf a 1\'Inde
en si peu de jours. Le vice-amiral Jurien
de la Gravière a fourni la-de?sus de pré-
cicuscs données, dont j\'ai fait usage dans
ces annotations pour calculer et contróler
les (1 isiüp.ri\'s, indiquées dans les Adjaib. (Le
commerce de 1\'orient. Revue des 2 Mondes
15 Nov. 1883). «Les vaisseaux des anciens"
dit-il »du moins leurs vaisseaux ronds avaient
peu de vitesse. Ce n\'en est pas moins,
même pour ces navire3 a 1\'allure pesante,
une bien longue traversée qu\'une traversée
de 40 jours d\'Aden a la cóte du Malabar,
une bien faible moyenne de 47 milles en-
viron par jour. La distance de Suez au point
d\'Aden est de 1310 milles, d\'Aden a l\'em-
bouchure de 1\'Indus de 1472, a Bombay de
1632, a Suratte de 1700, a Goa de 1672, a Ca-
licut do 1852, a Point de Galles de 2130___
Les navires h voiles faisaient jadis, quand
ils étaient bons marcheurs, le voyige d\'Aden
a Bombay en
15 on 16 jours.... De 16 a
40, la différence est grande, et si Pline ne
s\'cst pas trompé dans ses calculs, il faut sup-
poser que les capitaines marchands d\'Alexan-
drie attendirent, pour quitter le golfe Arabe,
le moment oü le Favorinus do Pline.. . la
mousson du Sud-Ouest en un mot___com-
nicnriiit a perdre de sa force."
kIxUJI ^üJt. La Syrië 40.
qU jisv*i ou qLJI! j^U*. Chihr de Vencens 130,
-ocr page 245-
220
(132), 147. (Cod. p. 130^13 ySUÏ, 147 0lïySUi
et q\'wJI ^?Ui). On fait la traversée de cette
place a Kalah en 40 ou 41 jours.
Situé en Hadhramaut (Sprenger. Reiserou-
ten. 145). Il faut remarquer Ie nora loban
— de 1\'encens — qui s\'approprie si juste.
ment a eette partie de la cóte d\'Arabie.
Un moment on a été incertain, s\'il ne fal-
lait pas lire qUÜ\' ff**», Chadjar de l\'en-
cens. V. A. v. Wrede\'s Reise in Hadhra-
maut. Braunschweig 1870. Einleitung 38.
Mais il est hors de doute que les Adjaib
parlent du port et de la cóte de Chihr, et
aucunemenl de la montagne de Chedjar, qui
du roste, selon Sprenger (Alte Geographie
p. 91. h. i. f.) est encore de nos jours appelé
Gibal Chahr. V. De Goeje. Hadhramaut dans
Revue coloniale internationale. Amsterdam.
Février 1886.
^_j.*JI Ja*t. La cóte de VArabie. 130. A la page
138 1\'auteur parle du Chatt-al-Arab connu,
c. a. d. du Tigre et de 1\'Euphrate réunis. M. De
Goeje fait observer que eet emploi du mot
est analogue a celui de rivière, mot qui
signifie proprement cóte, au sens de /lettve.
La tempête, dont il est question ici, a
dü sévir dans lo Xb\'bJt ,**•, Ie golfe d\'Obolla.
y^ui. Chirdz. 62.
}[se. Sohdr 49. (Cod. ^^)- Capitale d\'Oman.
^fJt*o. Mer de Safiou 179. Mer de peu de pro-
fondeur entre Tatba ot 1\'fle de Ghéilami.
Voir sous jLyj.
^jSUae j&i. Mer de Sandji ou mer de Chino 86.
V. Relation I. Is). Mas\'oudi I. 343.
i^JJuo. Senddboura 105, 157, 158. Voir Ex-
cursion A.
o^i JwXu*. Sandal fotddt 86. Situé entre la
Chine et Senf, a 1\'entrée de la mer de Chine.
Sans doute c\'est une des iles du groupe
Poulou Kondor. Une de ces lies était nommée
Poulou Sondor (Marco Polo. II. 257). SoléU
nian (Relation I. 18) estime la distance entre
Senf et Sandal foulat a 10 jours de voyage
— de Sandal foulat a la Chine a un mois.
wjuaoSI. Senf 47, 62, 70, 85, 102. 171, 189, 191.
L\'ile de Mait est voisine de Senf et de Ser-
boza. On trouvo dans la mer de Senf l\'é-
crevisse qui, devenue pierre, entre dans la
composition du collyre pour les taies des
yeux. Entre Zabedj (ou une ile voisine) et
Senf habitent des anthropophages.
Senf est sans doute Chiampa, situé dans
la partie oriëntale de 1\'Indo-Chine, cf in-
corporé maintenant dans la Cochin Chine. Le
pays est nommé aussi Chen-ching (Marco
Polo II. 250) et Tsan pan (de Jonge. De
opkomst van het Ned. gezag s\'Hage en Amst.
1862. II. 94). Entre ce pays et 1\'Archipel
Indien les relations étaient tres fréquentes.
Les chroniques Javanaises racontent qu\'un
des derniors princes de Madjapahit était
maüé a une princesse de Chiampa.
Les anthropophages dont il est question
ioi sont les habitants de Sumatra ou d\'une
ile voisine (V. Exc. B), qui tous avaient la ré-
putation de mangor la chair humaine. La situa-
tion de Mait s\'accorde avec 1\'identification de
Senf avec Chiampa. Mais il est impossiblc
d\'accepter la lecon de notre manuscrit (p.
191), oü il est dit que la distance entre les
Ouaq-Ouaq ou le Japon et lo Senf ne se-
rait que de 15 zams, ou environ 90 para-
sanges! (Voir glossaire sous ,«,;). Notre texte,
de plus, dit expressément que les tles des
Ouaq-Ouaq sont situées a 300 parasanges de
tout autre terre, ce qui rend iinpossib\'e
d\'adopter la distance citée plus haut. Il faut
donc, avec M. do Goeje, admettre qu\'il y a
-ocr page 246-
221
Ahmed fils de Hélal est emir d\'Oman 14
etc. Serpents terribles dans les montagnes 49.
Prix des esclaves nègres u Oman 52.
1 juöas. Angia 170. V. Excursion A.
une corruption dans Ie texte, et corriger
comme il 1\'a fait au glossaire.
0Jd*o. Sanjtn. 66, 126, 134. (Cod. p. 134 ^o).
La li"\'.(ui p. 134 est incertaine. On pour-
rait lire aussi jji*o- Voir Excursion B.
jpijo. Séimour 105, 106, 142, 143, 144, 152,
157, 162, 165, 168, 174. (Cod. p. 105 j^Lo,
142 .^foya). Voir Excursion A.
cyuaJt. La Chine. 2, 7, 20, 21, 44, 85, 86,
89, 92, 99, 108, 111, 112, 133, 162, 169,
175, 190.
La Chine partage, avec 1\'Inde, 8 parties
des merveilles de 1\'Orient 2. Dangers de
la navigation sur la Chine 20. Située non
loin de Senf. 85. Grande et petite Chine. 92.
Loubin est une dépendance de la Chine 112.
Jardin du Baghbour a Khanfou 133. Etang
d\'un roi Chinois 162. Pierre qui attire Ie
plomb et rend faciles les accouchements 169.
Les marchandises de Kanbaloh sont tres re-
cherchées dans la Chine et aux Ouaq-Ouaq.
Ces dernières iles sont situées en face de la
Chine 175.
h
fë>. Zhafdr 77.
Sur la cóte meridionale de 1\'Arabie. 8pren-
ger (Reiseroutcn p. 144) décrit la route
d\'Aden a Zhafar.
e
jié. Athar 93.
Place maritime dans Ie Yémen. V. Index
Bibl. geogr. sub voce.
I^iaII o^L La Perse 21.
olA*. Aden 16, 93, 96, 97, 147.
0Lx. Oman 14, 15, 49, 50, 52, 53, 54, 56, 61,
65, 70, 90, 93, 95, 107, 108, 109, 111, 130,
133, 134, 137, 138, 139, 141, 147, 158.
yi. Gobb. Yoir Excursion C.
Ka&Lè. Ghaldfica 93, 147.
Port de Zebyd, dans Ie Yémen. Y. Devic.
Merveilles. 187, note 70.
! (^JLoü\' %j>f>- Ile de Ghéilami 179. V. sous xJu\'.
i
O
j ijAi j&i Mer de Fars (Perse). 41.
Vagues phosphorescentes.
öljiJt. UEuphrate 104.
Lmi. Fasd (Basa) 148, 157.
Situé dans Ie Fars. Voir Index Bibl.
Geogr. sub voce. Abou\'l-feda II. ». 98, 99.
J«aüJi SïL. Pays du Poivre 94.
Le Malabar. Ibn Batouta IV. 71.
^yaii. Famour. 30, 90, 125, 126, (Cod. 30, 90,
126 .ya ï.) Voir Excursion C.
I
(jnOls. Cadis, en Espagne, 23.
KlsU. Qdqola 66, 67, 126. Voir Excursion B.
frJiï. Cachemire 2, 4, 103, 104, 128, 169.
H y a un haut et un bas Cachemire;
dans la region située entre ces deux pays
règne le roi du Ra. Description d\'une fête
annuelle. Distance du bas-Cachemire a Man
soura par terre 70 jours; sur le Mihran 40
jours. Vallée de diamants. Ternajarin.
Comparez Mas\'oudi I. 177, 373, qui nomme
le roi de Cachemire ^yUl.
-ocr page 247-
222
.1*5. Khmer 62. Oiseaux d\'immense grandeur.
Il est hors de doule, qu\'il faut com-
prendre par jUs Ie Khmer ou Cambodge, Ie
pays d\'aloës. Ibn Khordadbeh. 291. Marco
Polo II. 372. Relation I. 97. Par une erreur
qu\'on peut tres bien comprendre, on a quel-
quefois songé au Cap Comorin ou Comari,
ce qui du reste, est impossible a admettre,
puisque Ibn Khordadbeh raconte que .Uï
est a une distance de 5 jours de Senf et
que la route, qu\'il indique, exclut tout a
fait 1\'Inde.
\'iljJï. (Cod. *JUa5). Kanbaloh 51, 54. Attaque des
Ouaq-Ouaq 175. Situé a une distance de 1500
purasiinges (ou plutöt milles) du pays des
nègres,mangeurs d\'hommes. V. Excursion. E.
_y& Canoge 6. (Cod. — yü). Voir Excursion A.
é                |
,.US. Kermen 85.
tJiS. Kalah 69, 96, 98, 126, 130, 132, 176.
Voir Excursion B.
.•J-S. Kamrdn. He de... . dans la Mer Rouge 93.
öüLT. Kanbayat 123. (Cod. s. p.) Voir Ex- j
cursion A.
JjS. Koulam 94. Koulam Méli 120. Voir Ex-
cursion A.
J                                |
^L.\'i .^U. Mer de Ldr 94. Voir Excursion A.
^yrt. Ldmeri 7, 66, 125, 126, 176. Voir Ex-
cursion B.
(j-JL^vi ->lp-. Hes Ladjabdlous 127.
Co sont les Hes Nicobar Voir entre au-
tres : Yule. Proceedings Geogr. Society. 1882.
655. Le récit des Adjaib, concernant l\'hos-
pitalité que les habitants des Ladjabalous
montrent vis a vis de 1\'étranger, mais aussi !
mentionnant qu\'ils sont enclins au vol, est
conforme a la narration de Soléiman (Rela-
tion I, 8, 16) et a celle d\'Ibn Khordad-
beh, p. 283.
AI-Birount a mentiouné 1\'accusation d\'an-
thropophagie portee contre eux. (Devic. Mer-
veillcs, note 98, p. 196).
^y*>y- Loubin ou pays des Lhóp 112.
Je crois avoir réussi a fixer la situation
de ce pays. D\'après les récits précédents,
la marchandise du juif, qui le visitait, était
le musc, qui faisait la principale source do
sa richesse (Adjaib p. 108, 111). Il fal-
lait donc chercher ce pays dans le Thibet
ou dans los contrées environnantes, patrie
de 1\'animal produisant le musc. Le juif y ar-
rivait par des montagnes escarpées, oü le
transport des marchandises se faisait a dos
de chèvres.
Tout cela se rapporte tres bien k Bout&n
(Th:bet occidental). Tavernier (Edit. Holl. Am-
sterdam, 1682, II. 348) a rencontre des mar-
chands indiens, qui faisaient le voyage de
Patna a Boutan par le Nepaul, pour y cher-
cher le musc. Ils lui racontaient que, lors
que les voyageurs venaient au pied des
hautes montagnes, ils chargeaient les mar-
chandises a dos de boucs, qui pouvaient por-
ter jusqu\'a 150 livres. (Als de karavane
aan de voet der hooge bergen is gekomen...
Wat de goederen en voorraad aangaat, men
laad hen op bokken, die 150 pond kunnen
dragen.)
Mais comment expliquer Ie nom LoubtnP
Je dois a M. Kern une explication, qui con-
firme tout a fait 1\'opinion, que Loubin est
le pays de Boutan. Il m\'indiquait le livre
"Kssays on the Languages, Literature and
Religions of Nepal and Tibet" par R. H.
Hodgson (Londres 1874) part II. 30. L\'au-
teur y donne un apercu des tribus, habitant
ce pays et cite e. a.:
-ocr page 248-
223
ï&*. La Mecque. 56.
jJ^L* .&}• Mer de Malatou 20. Voir Excur-
sion B.
.y.jAix. Mandourtn 124. Voir Excursion C.
q\'t^*\' Mihran ou Indus 104.
fj^SLi. Xadjirem 2. (Cod. s. p.) Ville située
entre Siraf et Basra. V. Abou\'1-feda II, 2,
95 note.
*L*wü\' ü^j^>. He des femmes 19. On la nomme
aussi maison du soleil" 28.
0L*5t Sjjys.. Ile de Negdn, 125, 126. (Cod. p.
125 jJ). Voir Excursion B.
J^JÜI. Le NU 57.
.5
^lyjyt ;$f>. Hes des Oudq-Oudq. 8, 50, 65,
172, 173, 174, 175, 190, 191. (Cod quelque-
fois ,jjL5»Jl). Voir Excursion F.
a
JjSjf j^Vj. Mer de Herkend ou golfe du Ben-
gale. 90, 101. (Cod. p. 90 Juiy.). V. Abou\'l-
feda. Introd. CDXI.
AigJ\'. L\'Inde. Contient, avec la Chine, 8 par-
ties des merveilles de I\'oriont 2. — Roi du
Ra 2, 3. — Canoge dans. ... 6. — Grand
oiseau sur les lies voisines 12. — Adorateurs
du feu 19, 21, 27, 33, 36. — Serpents
42-44, 61, 77, 85, 90. — Les Rois de—
laissent faire 1\'image des hommes illustres
98. — Charmeurs de serpents 104, 105,107.
— Balaoudjer 115. — Kambayat 123—128,
147. — Les habitants de — changent la
maniere de porter les cheveux et prennent
10. Les Bhoutanais ou Lhópa ou Dükpa.
Le ruim Lhópa désigne la localité*, Dükhpa
est une nomiaation religieuse c. a. d. que
le pays est nommé Lhó, et le secte de La- i
ma\'isme, qui y est le plus répandu Diik.
Le Lokabadja de Elaproth et le Lokba de
Ritter ne sont autres que Bhótan ou Lhó.
Le suffix e ba signine de ou *appartenant è"
de sorte que Lokba ou plutót Lhópa signine
ii m homme de Boutan ou indigène de Lhó."
(10. «Bhütanese or Lhópa vel Diikpa." Lhópa |
is a territorial designation, Dükhpa a reli-
gious, that is the country is oalled Lhó,
and the sect of Lama\'ism prevailing in it
Dük. Klaproth\'s Lokabadja and Ritter\'s Lokba,
are both equivalent to Bhótan vel Lhó. The
postfix ba means of or «belonging to" so that
Lokba, recte Lhópa is »a Butanese man or
native of Lhó.) Le pluriel Loubin s\'explique
donc par pays des Lhópa ou Boutanais.
On remarquera que le pays Loubin, dé-
signé comme un provincc de la Chine (AIj
^-yail q\'iAJü (j* cr^)-\' *~\' J^)) est gouverné
par un roi. Il s\'agit donc ici d\'un état re-
connaissant la suprematie de la Chine, ce ;
qui a été plusieurs fois le cas pour des par-
ties du Thibet (M. Polo. II, 38).
i
ijluJLo _»Jy, Louloubilmk 125. Voir Excursion B.
i
r
-jjS\\j>. Marekin 50. Voir Excursion A.
|
«Jol». M&nktr 170. Voir Excursion A.
Jajl». Jle de Mait 102, 103. Voir Excursion B.
ïUjwXI\'. Médine 156.
\'
JMjIsj-o. Madjapahit 150. (Cod. OójSy). Voir
Excursion B.
yaA. Le Caire 57, 58. (Cod. 57 »y_u).
oyC«. Mékran 156.
-ocr page 249-
224
des sabres recourbés 148. — Brigands 151,
152. — Les vieillards y sont brulés 153. —
Bikour 155. — Magiciens 157. — Il est
permis de boire du vin 157. — Chatiment
du vol 160. — Les Indiens recherchent
Ie fumier des vaches et mangent les bêtes
mortes sans qu\'elles aient été égorgées. 162.
—  Eléphants 163. — Ternarayin dans.... 169.
—   Anqia 170. — Beriyin 172.
^5
iXt^u. Montagnes des Yahmed. Pleines de ser-
pents 49. (Cod. s. p.)
Tribu connue, appartenant aux Azd, ha-
bitant 1\'Oman. Les A*-S\\J\' JU> sont nom-
mées par Hamdani ed. Huiler ol, 15 (Y. Ya-
qout IV, LH, 2).
04J. Yémen 15, 17, 78. Vitriol de _ 170.
-ocr page 250-
•»
r
A
Excursion A.
LE CONTINENT DE L\'HINDOUSTAN.
Les lieux, situés sur Ie continent de 1\'Hindoustan. nommés dans les Adjaib (a, 1\'exception
de ceux, situés dans Ie voisinage de Ceylan. Voir Excursion C) sont:
Alaou (Pays d\'), Tana, Sendan, Soubara, Séimour, Sendaboura, Anqia, Pays du poivre,
Canoge, Kanbayat, Koulam, Larian, Marekin, Mankir.
En premier lieu je traiterai des localités, situées sur la cöte occidentale de 1\'Hindoustan:
Kanbayat, Sendan, Soubara, Tana, Séimour, Sendaboura, Koulam-Méli. J\'ai observé, en les
nommant dans cette succession, la situation relative que ces lieux me semblent avoir eue.
Les données qui m\'ont servi pour déterminer la situation de ces villes m\'ont été fournies
principalement par M. Ie colonel Yule, en tant que je n\'ai pas cité d\'autres sources.
Kanbayat. Les Adjaib (p. 123) ne donnent pas de nouveaux éclaircissements concernant la
situation de cette ville, qui du reste n\'est pas douteuse. Elle se trouvait sur 1\'omplacement
de la ville de Kambaja , qui existe encore, ou du moins tout prés. V. Ibn Batouta. IV, 53.
Mas\'oudi I, 254 (qui donne une distance de deux jours ou moins entre cette ville et la mor,
qui forme la baie de Kambaja. Ibn Haukal (234) e. a. mettent la ville a une distance de 2
parasanges de la mer). Mokaddasi (486) évalue la distance entre Kanbayat et Mansoura a 12 jour-
nées. V. aussi Istakhrl 189. Al-Birount (Fragments 121). Edrist 171, 172. Abou\'1-feda II, 3, 117.
Suit vraisemblablement:
Sendan. Les Adjaib mentionnent cette ville pag. 118; — puis pag. 144, oü lo bois de sadj (ou
teek) est cité comme un article d\'exportation de Sendan ou de Séimour; — et pag. 165, oü l\'au-
teur raconte qu\'après un voyage de onze jours a compter de Siraf on voyait les hauteurs de
Sendan, Tana et Séimour.
Cette suite de noms semble indiquer la véritable succession de ces villes en allant du nord
au sud. Pourtant Istakhrl (p. 189) semble dire Ie contraire: »De Kanbayat a Soubara environ 4
jours. Soubara est situé a, une demi-parasange de la mer. Entre Soubara et Sendan il y a
environ 5 jours. Sendan aussi est situé a une demi-parasange de la mor. Entre Séimour et
Sendan il y a environ 5 jours et entre Séimour et Serendib environ 15 jours." Selon lui, la
position de Soubara serait donc au nord de Sendan.
Ibn Haukal donne (p. 234) la même succession, mais nomnie en premier lieu Sendan, puis
Séimour. Il n\'y a du reste, sur ce point, pas de différence essentielle entre Istakhri et Ibn Haukal:
29
-ocr page 251-
22(5
tous les deux considèrent Séimour comme situé au sud de Sendan. Mokaddasi (p. 486): »De
Kanbayat a Soubara 4 jours: Soubara est situé a un parasange de Ia mer. (Il ne donne pas
la distance entre Soubarah et Sendan). De Sendan a Séimour 5 parasanges."
Edrisi donne la même succession: Kanbayat, Soubara, Sendan, Séimour, comme aussi No-
wairi (V. Exc. B. App. B.). La liste de eet auteur n\'est qu\'un pêle-mêle de noms (Kandarina,
Tana, Chendabour, Baroudj, Séimour, Sendan, Soubara, Kambaja), sans valeur.
Mais Al-Birouni (Fragments 121) donne la situation de Soubara comme étant au sud de Sendan.
Voila sa route. »Dc Kanbayat a Asaoul (Ahmed-abad) 2 jours; — de la a Bahroudj (Broch) 30
parasanges \'); — de la a Sendan 50 paras.; — de Ih h Soubdra 6 paras.; - de la a Tana 5
paras. Puis .... Séimour ( m^>)."
Comme il me semble, la route d\'Al-Birouni est la véritable. Sendan est tres vraisemblable
ment Sinjan ou Sanjan ou Sajan, situé sur la cóte de 1\'Hindoustan (20° 12\') entre Daman
et Bacain (Yule. Geogr. Soc. 1882, 654). Des Communications que je dois a M. Yule affir-
ment cette opinion en tous points. Les marins anglais nomment cette place St. John /ailleurb
Historische reizen XV, 91 Carte, St. Jean. Andersen, Des Welt-berühmten Adarai Oloarii
Reisebeschreibungen. Hamburg 1696. p. 61, St. Johnn), mais les Portugais la nomment SanGons,
ce qui explique la corruption.
De nos jours Sanjan est un village de 300 a 400 maisons, n\'ayant pas de port, mais oü
de petits vaisseaux de 80 tonneaux peuvent entrer avec la marée par la rivière de Sanjan.
Dans «The British mariner\'s directory and Guide to the trade and navigation of the indian and
chinese seas" by H. M. Elmore. London. 1802, on trouve signalée prés du cap St. John une
barre de rochers qui est tres dangereuse (a very dangerous rocky shoal), ce qui explique peut-
être, pourquoi Sanjan est maintenant délaissé. Mais il existe des traditions concernant la richesse
et la grandeur passéos de la ville. A plusieurs milles autour du village on trouve des restes
de fondements en briques rouges. Ces briques qui sont cuites, sont d\'une tres bonne qualité:
elles sont encore maintenant extraites et utilisées. Les réfugiés Parsi se sont rétirés par San-
jan lors de leur expulsion de la l\'erse, et après un court séjour a Diu. (Bitter Die Erdkunde.
V. 2,csBuch Asièn IV. 2,e Ausg. Berlin, 1835. 616—617)»).
I\'uis on trouve:
Soubara. Les Adjaib mentionnent qu\'il existe un chemin par terre entre Séimour et Sou-
bara (105), et que les grands seigneurs de SoubAra ou 3) de Séimour ne dédaignent pas de
manger des rats (162).
1)  C\'est une conjecture tres vraisemblable de 1\'éditeur, qu\'Al-Birounï a donne les diatances en para-
samjes.
L\'auteur arabe ne donne que lss chiffres.
2)  Abou\'1-feda a, lui aussi, des indicationa , qui nous permettent de designer a SeDdau une situation
plus au nord que Soubara, qui, d\'après lui, a été nommée par Al-Birounl Sofalah (II. 3, p. 119). Car il
donne la latitude de Soufara (Soubara) comme étant de 19° 35\' et celle de Sendan, d\'après 1\'Atwal 19°
50\'. Malhemeusement, il donne a Sendan, d\'après Ie Qanoun, une latitude de 19° 15\', ce qui semble
tout a fait erroné. 11 ne sait pas lui même au juste quelle poaition assigner a Sendan, puisqu\'il ajoute
que peut-être il faut lire Sindapour au lieu de Sendan.
3)  Dans Ie texte il faut lire J au lieu de 5, parce que les deux villes ne sont paa situées a cöté
1\'une de 1\'uutre et qu\'une diatance du reste aasez courte les aépare.
-ocr page 252-
227
On a pensé pouvoir retrouver Soubara et T.cvnirxpK dans Souratte (e. a. Fabrieius. Der
Periplus des Erythraeiscb.cn Meeres. 158). Mais cette ville somble d\'origine relativement moderne.
Tule (Geogr. Society. 652) a identifié Soubara avec la ville de Supara, prés de Bacain, au
nord de Bombay. A défaut d\'investigations antérieures (»from mere want of inquiry"), cette
place n\'a été connue que de nos jours, depuis 10 a 12 ans. Elle a une population d\'environ
1700 habitants, et est située sur un canal, qui joint les rivières Bacain et Vaitarna, a 15
milles environ au nord de Bombay.
La seule difficulté qu\'on pourrait opposer a la situation de Soubara proposée par M. Yule
serait 1\'autorité d\'Ibn Haukal et des autres auteurs arabes cités, (comme aussi de la carte
du Sind de 1\'Askalou\'l-bilad dans Elliot I, 32), qui tous placent Soubara au nord de Sendan,
tandis que Supara est situé au sud de St. John. Au premier abord on pourrait donc juger
qu\'il est bion improbable que tous ces auteurs se soient trompés de la memo maniere. Mais il
faut observer qu\'il n\'est guère étonnant qu\'ils aient commis la même faute, puisqu\'ils ont tous
puisé a la même source, et il faut admettre qu\'Al-Birouni donne la situation véritable, au
sud de Sendan. Cependant la distance de 6 parasanges entre Sendan et Soubara est trop petite,
puisque St. John et Sn para sont éloignés d\'un demi-degré, soit de 12 parasanges. La distance
entre Supara et Tana est assez conforme a la distance de 5 paras, entre Soubara et Tana
mentionnée par Al-Birount.
Tana Les Adjaib ne donnent pas d\'indications déterminées. Elles font mention (p- 152)
de brigands, qui viennent a Tana ou x) a Séimour, tandis qu\'elles racontent qu\'on voit de la
nier les hauteurs de Sendan, de Tana et de Séimour. (p. 165). Elles confirment donc Ie fait,
connu d\'ailleurs, que les 3 places étaient situées a la cóte, non loin 1\'une de 1\'autre.
La situation de Tana est connue, prés de Bombay (Yule. Marco Polo II, 38(5) oü 1\'on trouve
encore, a 20 milles de Bombay, une gare de ce nom. L\'ile de Tana est Salsette. V. aussi
Devic, Merveilles, note 108. D\'après Abou\'1-feda Tana était la dernière ville du Lar (II,
», p. 118).
Séimour. Chemin par terre entre Séimour et Soubara p. 105, 106. Honarman(?) a Soubara,
oü 1\'on trouve Ie bois de sadj ou teek p. 142—144. Brigands a Séimour ou Tana 152. De
grands personnages a Séimour ou Soubara mangent des rats 162. On voit de la raer les hau-
teurs de Sendan, Tana et Séimour. 165. Cause de la ruine de Siraf et de Séimour 168. Ser-
pent dans la baie de Séimour. 174.
Séimour, — que M. Yule identifié avec Ie \'LvinvMx du Périple — est sans doute lo Chaul
moderne (Yule. Geogr. Society. 652), situé a environ un demi-degré de Bombay, et estimé par
H. v. Linschoten (Itinerario. Amstelredam. 1596. p. 14) a une distance de 10 milles de Bacain.
Au temps de ce navigateur, Chaul était encore un port assez important (Itinerario. 1.1.); la
ruine de cette ville mentionnée par los Adjaib a donc été reparée depuis.
SemlAlMiura. Les Adjaib (p. 105, 158) font mention des charmeurs de crocodiles dans ce lieu.
Il me serable que les données suivantos que je dois a la bonté de M. Yule, mettent hors
de doute que Sendaboura était située la oü 1\'on trouve maintenant Goa. Elles serviront a
ajouter de nouvelles preuves a celles qu\'il a publiées dans Ie Journal As. Society (New series
IV, 1870, 343) et Marco Polo II. 379, 437.
1) La même raison, qui m\'a fait adopter la lecture J pour j p. 226 s), me la fait proposer ici.
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228
Ibn Batouta (IV, 57) part de Kanbayat pour visiter Sendaboura. Sur sa route il rencontre
les lieux suivants:
1.   Kawa, ((jrjli) lieu maintenant insignifiant, nomraé sur diverses cartes Gongway ou
Gonwa (Voir Ritter. Asiën VI, 645. Elmore. Directorium, 238, Gonway. Carte de Arrow-
smith, 1816. Cauvey). Les traducteurs d\'Ibn Batouta y ont vu, a tort, la ville de Goa.
2.   Kandahar (.yftXis) ou Ghandhar, situé dans Ie district de Bröch sur la cóte oriëntale
de la golfe de Kambay, nomraé par Barbosa, sous la forme As Guedani. Sur la carte de
v. Linschoten elle est nommée Gandar.
3.   Kairam ((.j:o), — qui est la petite ile de Périm. dans Ie golfe de Kambay; — Ie (Zxtxv/i:
du Périple. — Ce lieu est situé a 4\'/2 lieues anglaises de Goga, qui n\'est autre que Ie
4.   Knukah (iüjjS) d\'Ibn Batouta.
De Koukah, Ibn Batouta fait voile vers Sendaboura, oü il arrive après 3 jours. En partant
de Goga, il est facile d\'atteindro dans ce temps Goa. Entre Goga et Goa il y a une distance
d\'environ 6 degrés, soit 360 milles anglais Cinq milles anglais par heure, ou 120 par jour,
est une moyenne d\'un voyage a voile, qui n\'est pas tres forte \').
Le même jour, Ibn Batouta arrive a une petite ile oü il trouve un temple d\'idoles, uu
verger, un bassin d\'eau et un djogui. C\'est 1\'ile Anchediva. (Voir Proleiro de Vasco de Gama.
Ed. Lisbon, p. 95, ou Correa, Hakluyt Society. 3 voyages of V. da Gama. 239 oü 1\'on re-
trouve 1\'ile, le temple, 1\'étang, le verger et le djogui).
Le jour suivant Ibn Batouta arrivait a Onore (Hinaour, Hinawar), situé a IV2 degré de
Goa, ce qui confirme la conjecturo que Sendaboura était situé sur remplacement de Goa.
Ibn Batouta raconte encore, que Sendaboura est une ile, entourée par un estuaire; au rao-
ment du reflux 1\'eau qu\'on y trouve est douce et agréable, tandis qu\'au moment du flux, elle
est salée et amère. De la, il s\'ensuit que c\'est un pays de delta. D\'après eet auteur, elle con
tenait 2 villes, 1\'une hindoue et 1\'autre moderne, et 36 villages. Do Barros raconte que Goa
était nommé autrefois Ticuari c. a. d. 30 villages, et ajouto que la ville était un bon port
pour 1\'importation des chevaux arabes.
Enfin, le capitaine turc Sidi Ali nomme dans son livre sur la navigation Mohith (V. Gil-
demeister. De rebus indicis. Bonnae 1838, 46), traduit par Hammer-Purgstall (Journal Asiatic
Soc. Bengal branch V, 464) la ville Kuwai Senddbour (.J^XJ-w *jl)-
Abou\'1-feda (II. \'S. 119) donne lieu a quelque confusion, puisqu\'il nomme Sendaboura comme
ne faisant qu\'une avec Sendan, mais ailleurs (p. 115 et 118) il a de bonnes données.
Koulam-Néll. On parvient a cette ville par la mer de Larian (Adjaib, p. 94) — On y
trouve des serpents (p. 124).
1) Comp. 1\'index géographique sous üU>< Aux données qu\'on tronvera la, on peut ajonter les sni-
vantes, que je dois a un capitaine de vaisseau de la marine néerlandaise et qui m\'ont surtout servi a
contröler les distances pour les navires iudigènes. Un navire indigène deB Indes Orientales (prahou)
peut aisément parcourir par heure 5 milles géogr., ou 5 milles anglais, soit GO ra. a. par 12 heures ou
120 ra. a. par jour. C\'est a peu prés la distance calculée par Edriai suivant Sprenger (Reiserouten, 83)
qui donne 104 milles par jour.
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229
Cette ville est Ie Quilon connu, (Yule. Journal R. Asiat. Soc. p. 345. Marco l\'olo II, 365),
qui est nommé encore Kaulam sur la carte de Linschoten.
Abou\'1-feda (II, 8, I I 5 dit que ce lieu est situé a 3 ou 4 journées a 1\'ouest de Ma\'abar
et ailleurs (II, a, 121) qu\'il se trouve a 1\'extrémité du
Pays dn polvre (Malabar.) La mer, nomraée dans la texte des Adjaib (p. 94) mer de
Barnan, no peut être — c\'est M. de Goeje qui ra\'en faisait la remarque — que la
Bier de Lar ^«h^", il faut donc lire ,4»;"^ r3^) avec \'e son ^na\' persan ou indien ^.
La mer de Lar s\'étend de 1\'erabouchure de 1\'Indus jusqu\'au Cap Comorin (Reinaud. Intro-
duction CDX).
Les Adjaib ne présentent rien de contraire a, ces données. La phrase »un navire allant de
Sendan ou de Séimour, je ne sais plus trop, a Oman" (p. 144) confirme Ie voisinage de ces
deux villes. De plus notre livre parle d\'une part de Séimour et de Soubara, d\'autre part de
Séimour et de Tana comme étant fort rapprochés, et lorsqu\'il dit qu\'on voit de la mer les
hauteurs de Sendan, Séimour et Tana, il suit la succession énoncée plus haut.
Les noms géographiques, appartenant a 1\'intérieur du continent de 1\'Hindoustan, qu\'on
rencontre dans les Adjaib sont: Canoge, M&nkir (Marekin), Al-L&r (Alaou), Anqia.
Canoge. Les Adjaib (p. 6) eigent la grande force des femmes de ce pays. Comp. Ie Gloss.
sous Juii, oü 1\'on trouvera des citations, prouvant la réputation des femmes mahrattes, célèbres
pour leurs succes en amour.
On connait la situation de cette ville, batie sur la rive occidentale du Gange, autrefow
si grande et si puissante. (V. Rachedoudin chez Elliot. I. 54, D\'après Ibn Saïd (Abou\'1-feda II. \'£,
120, 121), elle a été pendant quelque temps la capitale du Balhara. D\'après Ibn Batouta (III.
144) il fallait 10 jours de marche pour arriver de Canoge a Dihly.
Comparez Reinaud. Introduction. CCCXXXVI. Devic. Mervoilles, note 13.
MAukir, nommé par les Adjaib, p. 170, comme une ville des pays de 1\'or.
On sait par Mas\'oudi (I. 177, 254, 381) et Istakhri, Ivf, que cette ville a été la capi-
tale du Balhara. D\'autres villes aussi ont partagé eet honneur: Canoge (voir ci-dessus) et
Nahlawarah, d\'après Abou\'1-feda, II, S, 117 et Edrisi ») p. 176. M. Thomas (The Indian Bal-
hara dans The international numismata orientalia Vol. III. part. 1, 14 s. s.) pense qu\'il faut
identifier Mankir avec Monghyr (^g-^jUv nommé o. a. par Al-Birouni (Elliot I. 56), lieu situé
sur Ie Gange.
Mais il me semble qu\'il vaut mieux suivre 1\'opinion de Reinaud (Mémoire sur 1\'Inde. Paris,
1849. p. 145, 219, s. s.) et ohercher Ie pays de Mankir sur la cóte occidentale de 1\'Hindoustan.
La Relation (I, 26) nous apprend, que 1\'empire du Balhara commonce a la cóte de la mer,
la oü se trouve Ie pays de Konkam. Mas\'oudi 1, 383 nomme Ie pays du Balhara jC*jC!\';
évidemment Konkam. Il ajoute qu\'une partie de ses frontières est exposée aux attaques du
1) D\'après eet auteur (p. 181) cette ville aurait été aituée sur Ie Gange. Mais un peu plus loin (182)
il raconte qu\'elle est a une distance de 5 jours de marche a cheval de Kandahar et de 8 jours de Broch.
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230
roi do Djozr (.i^-\'l), ou, d\'après les éditeurs de Mas\'oudi, de Gouzeratte. Cette opinion, par-
tagée par Elliot I, 359, me semble tres probable. Il est vrai qu\'on peut faire 1\'objection que
la Relatiou I, 133 parle de Canoge comme d\'une vaste contrée, formant 1\'empire du Djozr\')
ce qui semble devoir exclure 1\'identité de Djozr avec Gouzeratte. M. Reinaud (Relat. II, 17.
Mémoire sur 1\'Inde 206) avait déja conclu d\'après cette communication de la Relation, que Ie
Djozr répondait au Douab des lndiens, qui portait jadis Ie nom de Sorasena, contrée située
entre les cours du Gange et de la Djomna. Mais il faut observer (Elliot I. 358), que Mas\'oudi
parle de Canoge comme élant Ie royaunie du Baourah (I, 374) et parle de Djozr comme
d\'un pays tout ;\'i fait différent, ce qui suffit a réfuter la communication de Ia Relation. Comme
il est donc probable que Ie Djorz et Gouzeratte sont identiques, et que nous savons par
Mas\'oudi que Ie Djorz et 1\'empire du Balhara étaient en quelque sorte limitrophes, puisque
ane partie des frontières de eet empire est exposée aux attaques de Djorz, c\'est un raison
de plus pour chercher sa capitale Mankir sur la cóte occidentale de 1\'Hindoustan. Istakhri
\'vt** et Ibn IhiiikiiI ITa nous fournissent encore des données, pour plaeer Ie royaume du Balhara
ü 1\'occident de 1\'Inde. comme aussi Edrisi I, 172, qui nomme Séimour parmi les\'dépendances
du Balhara, et Mas\'oudi I, 254 qui parle de Kanbajat comme étant dans Ie même cas. Enfin
Abou\'1-feda (Historia anteislamica ed. Fleischer Lipsiae. 1831. p. 172) fournit une indication
de la plus haute importance, quand il raconte que Ie royaumo de Mankir est parmi les plus
grands de 1\'Inde, situé prés de la mer de Lar (Ai-*H *_Jle ^jlXJ\' (;"^0 q*^\' r5^ (i*)\'
On cherchera donc Mankir dans Ie Malwa. Peutêtre pourra-t-on adopter la conjecture (Elliot I,
354) que Mankir est Ie même lieu que Minagara, et qu\'il faut deriver ce nom de Mahanegara
(grande ville). Mais on pourrait aussi penser que Mankir était la même ville que ,y.£iU
d\'Ibn Batouta (III. 181, 273) a dix-huit journéos de Dihly. Dans ce cas Mankir ne serait
pas dérivé de Minagara, mais serait une corruption de ^«XjIo.
]Marekin, que les Adjaib nomment (p. 50) comme la résidence de Lahloua, a des centai-
nes de parasanges des pays d\'Alaou, serait suivant une conjecture tres vraisemblable de M.
de Goeje une corruption de Mankir; Ie roi Lahloua serait Ie Balhara, et
Alaou est uno corruption de Lar. Le pays d\'Alaou par suite oorrespondrait a Gouzeratte
(V. Abou\'1-feda Introduction I, CDX. II. ». 116, 130.)
Anqia. Serait située d\'après les Adjaib (170) non loin de Mankir, par conséquent dans la
contrée de Malwa. Mais elle m\'est inconnue.
La fleur de 1\'arbre qu\'on trouve a Mankir et qui porte une inscription en caractères blancs
est peut-être le Jonesia Asoka. M. Devic (Merveilles p. 203) a déja relevé Ie fait, qu\'on
trouve un récit analogue chez Ibn Batouta. IV. 85, 86. V. aussi IV. 179.
1) La Relation écritj~?U\'.
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231
Excursion B.
LARCHIPEL INDIEN.
Les lieux nommés dans les Adjaib et qui, selon mon opinion, étaient situés dans ou mui
prés de 1\'Archipel Indien sont: Bedfarkalah 69. — lies Beraoua 126. — Mer extérieure 126. —
Zabedj 7, 8, 62, 137, 150, 154, 180, 186. — Serboza 102, 105, 111, 124, 158, 159, 160, 176,
190. — Sanfin 66, 126, 134. - Fansour 30, 90, 125, 126. — Qaqola 66, 67, 126. — Kalah
69, 96, 98, 126, 130, 132, 176. — Lameri 7, 66. 125, 126, 176. — Louloubilenk 125. —
Mer de Malatou 20. — Mait 102, 103. — Madjapabit 150. — Neyan, 125, 126.
Zabedj et Naojapahlt 1). On sait déja depuis longtemps que les états da Maharadja de
Zabedj étaient situés dans 1\'Archipel indien, et que 1\'ile de Java en avait été Ie centre. Il
y avait donc grande probabilité que la véritable ile de Zabedj n\'est autre que 1\'ile de Java.
Il restait pourtant encore des doutes. Mais il me semble, d\'après ce que nous en dit notre
auteur, qu\'il n\'est plus permis d\'hésiter, et qu\'il eat bien certain que 1\'ile de Zabedj et 1\'ile
de Java ne font qu\'un. Je désire être bien compris. Je ne prétends pas que les géographes
arabes, en parlant des iles de Zabedj, aient toujours en vue 1\'ile de Java, puisque on ne sait
que trop bien comment ils confondent quelquefois entre eux les pays de 1\'extrême Oriënt; mais
je soutiens que Ie véritable Zabedj, qui donnait son nom aux états du Maharadja, ne peut être
que 1\'ile de Java. Voici mes raisons, — indépendamment des autres preuves qui ont déja été
produites ailleurs.
Les Adjaib parlent trois fois *) de 1\'ile de Zabedj. La première fois (p. 137) il ne s\'agit
que d\'un conté, qui démontre, — comme d\'ailleurs bien d\'autres histoires concernant Ie Zabedj —
qu\'une partie de 1\'ile était tres peuplée et florissante. Mais 1\'histoiro, publiée p. 150 offro
beaucoup plus d\'intérêt. »Un personnage nommé Abou Taher, de Bagdad, dit notre livre, con-
tait qu\'il avait fait Ie voyage du Zabedj et visite une des villes de 1\'ile du Zabedj appeléo
Markawind, oü 1\'ambre (gris) abonde. Mais quiconque s\'en va du pays avec une provision de
eet ambre dans son navire s\'y voit bientót ramene. Les indigènes font de leur mieux pour
en vendre aux étrangers, et ceux qui ignorent cette particularité de 1\'ambre en achètent beau-
coup a vil prix. Et eet Abou Taher en avait emporté une certaine quantité dans Ie navire, a
1\'insu du patron, mais Ie vent devint contraire et les ramena dans 1\'ile."
On remarquera qu\'il s\'agit ici d\'une ville de Java, que 1\'auteur norarae lAijliyo, Markawind.
1)  Les Communications concernant Zabedj, Madjapahit, Lameri et Fansour qu\'on va lire ont été pour la
plupart déja publiées dans mon «Discours sur 1\'importance d\'un ouvrage Arabe du Xme siècle intitulé
tXifcJ\' wi—jLp* V^"> aans Vol. IV des travaux de la 5me session du Congres international des
Orientalistes.
2)  Klles en font encore mention 2 ou 3 fois en passant, mais saus que ce qu\'elles disent donne lieu
a quelque reinarque.
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232
Quelle peut être cette villep II me semble qu\'on ne peut lire que lXjjIjjx Mazafawid, évidem-
ment Ie célèbre Madjapahit (ciKutSlnf), la capitale d\'un royaume hindou a Java. Il y a
quclques amices, cette sol ut ion eüt étê jugée bien peu probable, puisqu\'on croyait, d\'après
les chroniques (babads) javanaises, que la fondation du royaume de Madjapahit ne datait que
du 13me siècle. Mais M. Kern \') a déja prouvé d\'uno maniere qui ne laisse plus de place au
doute, que d\'après des documents trouvés a Java même, il y avait déja en 840 un Outtounga
déwa — roi suprème •— a Madjapahit. Notre conjecture n\'est donc point en opposition avec
les faits connus, et nullement hasardée, puisque Ie copiste, ne connaissant pas Ie nom du
pays, a tres bien pu transporter Ie point du -. sur Ie s, et écrire s., au lieu de ::. Il restera
donc Mazafawind, et même si 1\'on n\'accepte pas la conjecture qui fait lire JyjÜ au lieu de
Jój\'i, (ce qui pourtant pourrait tres bien s\'expliquer en admettant que Ie copiste a écrit j
pour j) Ie nom de Madjapahit est tres reconnaissable. Notre conjecture est d\'autant plus ad-
missible qu\'il s\'agit ici d\'un article de commerce, 1\'ambre, qui était recherche a Java,
comme nous 1\'apprend la relation suivante, tirée des chroniques malaises: (Collection des prin-
cipales chroniques malayes publiée par Dulaurior, Chronique de Paseih I... La traduction se
trouve Journal asiatique, Juin 1849, p. 529)
.... _»*x Aï .j us\'»>j ^^ ,-,\'^ ._<.»jj >JL>Li J\'S.i\' *£«=>• ^b JLi ^>i i_r~jL< ^\'^ o\' ^gy*^
»A Java, les populations du littoral qui relevaient de lui, occupaient tout 1\'ouest et tout
1\'est, et celles de 1\'intérieur s\'étendaient jusqu\'a la mer meridionale. Toutes venaient lui offrir
leurs hommages et leurs tributs. On voyait accourir de 1\'est les peuples de Bandan, de Siran,
de Larantouka, apportant chacun leurs redevances, Ie eire, Ie bois de Sandal, Ie salpêtre, la
eannelle, la noix de muscade, les clous de girofle par monceaux, aiiisi que de 1\'ambre...."
La légende que notre auteur applique fi Zabedj est une de celles qui ne se rapportent
pas du tout a un pays déterminé, mais qui se transmettent de bouche en bouche et font,
pour ainsi dire, Ie tour du monde. On la retrouve déja dans Ie Périple de la Mer Érythrée, mais,
comme on va Ie lire, 1\'auteur grec qui la raconte, en place la scène dans une des villes de
1\'Arabie même.
.... xxi hst\' xutovs op/toe xirois^ery^êvoc toü S*%«A/tou \\i(3xvou Ttphc ifi@ot.iiv, MoV^«
/.t,uiiv heyéfievoc, e\\: ijv xirb Mxvifc auvtiêuc irhoïx xffAirëTxl rtvx, kx) irxpxtrKkovTX xitb A/-
ftvputijc *j lixpnyx^av o^pivolc xzipoTc -xxpx%£itJLX<TxvTX irxpx tüv fixaiXixüv irpbs èSóviov kx)
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tov , $uvx,u.si 6eüv t/v) toxjtov tov tóttov iirtrvipovvTuv\' outc yxp Kxdpx outs Qxvepüc %up\\$ @x-
vihtxijc ctcóvcc; eic irhoïov èn@X>j6ijvxi SvvxTxr xxv %ivbpov tic xpy, ou Mvxtxi irKevrxt to
tt>,o~iov X7rè (tcïi) Kipivoc.
(Geographi Graeci Minores ed. C. Muller I, 282. Fabricius, Der Pe-
1) Verslagen en Mededeelingen van de Kon. Akademie van Wetenschappen, Afd. Letterkunde 2e reeks
I, p. 233. Tijdschrift v. Ind. taal-, land- en volkenkunde XX, 228. Il faut reuiarquer, — c\'est M. Kern
qni m\'a fait 1\'observation — que 1\'auteur arabe rends Ie ax (dj) javanais par \\, ce qui est aussi Ie cas
ailleurs, comme Zabedj pour Djawa ...., Zendji pour Djenggi (Kern dans Versl. en Med. v. d. Kon. Akad.
v. W. Afd. Lett. 2e R. X. 92).
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233
riplus des Erythraeischen Meeres p. 71). D\'après cette tradition, on entasse des monceaux
d\'encens arabe sur les bords du golfe Sachalite, sans qu\'il soit nécessaire de les garder, parce
qu\'un dieu protégé cette contrée. Personne ne peut emporter dans son navire la moindre par-
celle de eet encens, sans la permission du Roi, füt-ce un grain, parce que dans ce cas, Ie
dieu 1\'empêche de quitter Ie pays.
Il faut admiror la persistance de cette légende, qui se perpétue jusque dans Ie Xme siècle,
et qui alors est racontée par des marins arabes, qui ne se doutent pas qu\'un auteur grec
avait déja rapporté cette même tradition plusieurs siècles auparavant et qu\'il 1\'avait rapportée
a leur propre péninsule.
Je crois qu\'après ce que j\'ai dit, on me permottra de souten\'r que Ie royaume de Madja-
pahit n\'était pas inconnu a notre auteur, — que les Adjaib prouvent de nouveau que M. Kern
a raison en attribuant a la fondation de ce royaume une date de beaucoup antérieure a celle
admise par Rafflys — et que Ie vrai Zabedj est 1\'ile de Java. Quant a ce dernier point, les
Adjaib fournissent une nouvelle preuve.
En parlant du pays de Zabedj (p. 154), notre auteur raconte qu\'il y existe une coutume
d\'après laquelle personne, soit indigène, soit étranger, soit musulman, ne peut s\'asseoir en pré-
sence du roi autrement que les jambes croisées; — dans la posture qu\'il nomme > bereik".
Ce mot est un mot malais, bien connu et en même temps — quoique sans Ie préfixe £ —
javanais (*}*u), et il désigne justement cette maniere de s\'asseoir. Dans cette même histoire,
Pauteur fait mention du roi javanais, dont notre manuscrit a écrit Ie nom de différente» ma-
nières »J£ bb Juj et bb yu. Quel pouvait bien être co nom? Le mot de Kala (k>i«.j) est
bien connu comme un des noms de Civah, emblême de la force destructrice: comme tel, il
ne fait pas mauvaise figure dans un nom de prinoe javanais, car beaucoup de ces noms étaient
empruntés a la langue et a la mythologie des Hindous \'). Dans IL il n\'est pas difficile de re.
trouver Nata (*,««), le titre de Prince par excellence, qu\'on rencontre e. a. dans les listes
des rois de Madjapahit, communiquées par Raffles (History of Java. 1817. II, 18). Restent
_o et Jou, — mots sans doute fort corrompus, mais que peut-être on pourrait identifier avec
le titre royal indien de £ri (^, i^*») ou le Brillant, porté par des personnages royaux de
Java, et d\'après quelques chroniques javanaises, par des souverains de Madjapahit ("V. e. ;i.
Journal Asiatique, Juin 1846, p. 548). Je proposerai donc de lire Sri Nata Kala, — nom qui
n\'a rien d\'étrange. Il est vrai que les listes des rois de Madjapahit publiées par Raffles et
d\'autres auteurs ne font aucune mention de ce roi; mais on sait le peu de confiance que mé-
ritent ces listes, qui donnent des dates impossibles, et ne contiennent même pas les noms des
rois dont Pexistence a été révélée par les documents retrouvés et expliqués dans les derniers temps.
LAmrri et Fansour. C\'est surtout concernant le pays de Lameri que les Adjaib procu-
rent de précieuses données, qui confirment de tous points les conclusions que M. Groeneveldt
a tirées des annales chinoises (Notes on the Malay Archipelago and Malacca, compiled from
Chinese sources by W. P. Groeneveldt dans «Verhandelingen van het Bat. Genootschap van
1) M. Vreede m\'a indiqué une liste de rois javanais antérieurs a la fondation de Madjapahit, dans la-
quelle se retrouve le nom de Kala. Voir: Bjjdragen tot de taal-, land- en volkenkunde v. Ned. Indiè\',
N. volgr., VII, p. 264.
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(                                                                                                                                                                        ^
234
Kunsten en Wetenschappen. XXXIX. 1880). A mon avis, ils ne laissent plus aucun doute
sur la situation de Lameri.
Déja M. Yule (Marco Polo II. 283. Journal of the Asiatic Society. New Series IV. p. 351)
jugeait très-probable que la situation de Lameri aurait été prés d\'Atcheh, a 1\'extrémité sep-
tentrionale do Sumatra. J\'avoue qu\'il me restait des doutes. Il me semblait que Marco Polo,
en traitant des pays de Lameri et de Fansour en parlait comme de pays limitrophes. Or, il
est bien eertain que ce dernier pays, qui produit Ie meilleur camphre du monde, n\'est autre
que Ie pays de Baros, sur la cöte occidentale de Sumatra et assez éloigné d\'Atcheh (V.
Marco Polo. II, 285. Dulaurier. Étude sur 1\'ouvrage: Relation des voyages dans Journal Asia-
tique 184G, Aout-Sept. p. 189). Les chroniques malaies citées par Yule (Collection des chron. She-
djarat Malayou, II.) ne donnent pas de leur cóté des renseignements précis. Elles racontent com-
ment la première mission mahométane entreprise pour convertir Sumatra quitta Malabar, arriva
a Fansour (^c.yos i^SS) et partit de la pour 1\'lle de Lambri ou Lameri (^5**! (vy*) ^-*J>*
ou (^gj*i ^St^\\ ^n Pourrait donc supposer que ces deux pays étaient situés tres prés 1\'un de
1\'autre et douter de la position assignée au sccond par M. Yule. De Barros, qui donne la
nonienclature des différents pays de Sumatra, désigne Atcheh et Lameri comme des pays ad-
jacents, mais, ainsi quo M. Yule 1\'a fait observer, il commet certainement. quelque erreur.
On en était la lorsque les annales chinoises publiées par M. Groeneveldt (p. 98) vinrent
fournir de nouvelles données et rendre eertain ce qui avait été avance par M. Yule. «The
country of Lambri is situated due "West of Sumatra, at a distance of three days sailing with
a fair wind.... On the east, the country is bordered by Litai, on the West and the North
by the sea, and on the South by high montains, at the South of which is the sea again....
At the Northwest of this country is the sea, at a distance of half a day is a flat mountain,
called tho Hat-island; the sea at the West of it is the great ocean and is called the Ocean
of Lambri. Ships coming from the West, all take this island as a landmark."
D\'après cette description, il faut bien adraettre que Lameri n\'a pu être situé ailleurs que
sur la cöte septentrionale de Sumatra, non loin de 1\'endroit oü actuellement se trouve la ca-
pitalc d\'Atcheh. Le >Hat-island" serait donc, suivant M. Groeneveldt, 1\'ile de Bras ou Poulou
Bras qui maintcnant encore sert de point de repère aux navires. On hésitera d\'autant moins
a admettre cette conclusion, que, d\'après ces mêmes annales, il ne se trouve que deux petits
états entre Lameri et le royaume, autrefois célèbre mais maintenant disparu, de Somothra (Samou
dra), qui a été visite par Ibn Batouta (IV. 230). Ce pays était situé non loin de Paseih, dans
la partie oriëntale de la cóte septentrionale de Sumatra. Un village du nom de Samoudra qu\'on
a retrouvé de nos jours prés de Paseih est peut-être un reste de ce royaume.
En rapproehant ces données des récits des Adjaib on pourra se convaincre qu\'ils se donnent
pour ainsi dire la réplique, et se confirment réciproquement. Les Adjaib (p. 125) s\'expri-
ment ainsi:
»Le même m\'a appris que, dans 1\'ile de Lameri, il y a des zar&fa (carabha) d\'une gran-
deur indescriptible. On rapporte que des naufragés, forcés d\'aller des parages de Fansour vers
Lameri, s\'abstenaient de marcher la nuit par crainte des zarafa. Car ces bêtes ne se montrent
pas le jour. A Papproche de la nuit, ils se réfugiaient sur un grand arbre; et, la nuit venue,
ils les entendaient roder auteur d\'eux; et le jour ils reconnaissaient les traces de leur passage
sur le sable.
V________________________J
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235
"Il y a aussi dans ces iles une multitude effroyable de fourmis, particulièrement dans 1\'ile
<le Lameri oü elles sont énormes.
»Le même m\'a conté qu\'il avait entendu dire par un marin, qu\'a Loulou bilenk, qui est
une baie de la mer, il y a un peuple mangeur d\'horames. Ces anthropophages ont des queues,
lis demeurent entre la terre de Fansour et la terre de Lameri".
On remarquera que les Adjaib parlent de naufragés qui n\'ont pas d\'embarcation, puisqu\'ils
sont forcés de marcher. C\'est donc par terre qu\'ils font Ie trajet d\'un de ces deux pays a
1\'autre. Donc, il ressort des Adjaib que Ie pays de Lameri est situé sur la terre ferme de
Sumatra, ce qui, autant que je sache, n\'est mentionné par aucun autre auteur. Au contraire
Abou\'1-feda II, *, 130. (V. Elliot I. 70) parle de 1\'ile de Lameri. Mais comme M. Devic 1\'a
déja. fait obsorver (Merveilles p. 193), Ie mot de S-irS" peut aussi bien so dire d\'une presqu\'ile
que d\'une ile, et dans certains cas, comme dans la Relation du frère Oderic de Frioul, (Louis
de Backer, L\'extrême Oriënt au moyen-age. Paris, 1877. p. 105), c\'est 1\'ile de Sumatra même
qu\'on désigne par Ie nom de Lamory.
Les Adjaib noux apprennent aussi que Lameri et Fansour ne sont pas limitrophes, puis-
qu\'elles disent que des anthropophages demeurent entre la terre de Fansour et cello de Lameri.
Ils ne sont autres que les Battak — qui sans doute sont aussi les Litai des annalcs chinoi-
ses, — et qui de nos jours encore habitent les contrées de l\'intérieur de Sumatra, assez
proche de Baros. Et ce qui prouve qu\'on peut tres bien admettre que des naufragés ont fait
a pied Ie trajet de Baros a Atcheh, c\'est que cela se fait encore maintenant, puisqu\'il existe
dans l\'intérieur du pays un ancien chemin, fort mauvais, employé par les indigènes. En 5 ou
6 jours il mène d\'Atcheh a Analabou sur la cóte occidentale de Sumatra, d\'oü Ie reste du
voyage jusqu\'a Baros est assez facile. (V. P. A. v. d. Lith. Nederlandsen Oost-Indië. Doesburgh.
1875. p. 81). Le nom même de Lameri semble indiquer que ce pays se trouve au nord de
Sumatra, puisqu\'on y rencontre des noms de villages composés avec »Lam", comme Lam-barou,
Lamkali etc. M. M. J. C. Lucardie, capitaine de vaisseau, m\'a même signalé un village du nom
de Lamreh, situé a Atcheh prés de Toungkoup, dans los XXVI Moukim. Il se pourrait tres
bien, que ce village füt un reste du pays, autrefois si connu, de Lameri.
Il faut que le pays de Lameri ait été autrefois assez important et d\'une grande étendue,
puisqu\'il avait donné son nom a une partie de la mer qui baigne 1\'ile de Sumatra, et que
cette He même fut nommée d\'après lui. Mais a 1\'époque oü les annales chinoises ont été écri-
tes (1416), cette importance avait déja diminué de beaucoup, puisque le pays ne contenait plus
qu\'environ mille families.
On peut donc conclure, sans crainte d\'erreur, que le pays de Lameri connu des Arabes
était situé sur la terre ferme de Sumatra, non loin d\'Atcheh, et que dans le Xme siècle il exis-
tait déja des voies de coramunication entre ce pays et Fansour. Quand on parle de la grande
tle de Lameri, c\'est Sumatra qu\'on veut dire.
Observons encore un curieux rapprochement entre notre récit et ceux des chroniques ma-
laies (Chron. de Paseih, U). Celles-ci racontent qu\'un certain Marah Silou, en chassant avec
son chien dans le nord de 1\'ile de Sumatra, y rencontra une fourmi grande comme un chat,
la prit et la mangea; après quoi il fonde dans eet endroit sa résidence, qu\'il nomme Samoudra,
ce qui signifierait «grande fourmi" (y>*o c^«\' £-j ck^*» (j^*Jj\' A-f*)- H est bien évident que
nous n\'avons ici qu\'un essai, mal réussi, pour expliquer le nom de 1\'ile Sumatra, qui, il va
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sans dire, n une autre dérivation. Mais eet essai prouve en niéme temps que les légendes
parlant de fourmis énormes n\'étaient pas inconnues a Sumatra. Est-ce que les Adjaib s\'en
font 1\'écho? C\'est tres difficile a décider, mais on avouera au moins qu\'il est bien curieux de
retrouver la même légende, ayant rapport au même pays, dans deux écrits qui, pour sür,
n\'ont aucune dépendance entre eux.
Les naufragés dont il est question dans les Adjaib se réfugient sur les arbres, craignant
les bêtes féroces que 1\'auteur nomme Si\'.jJ\'. On a déja parlé de eet animal dans Ie Glossaire
(p. 197) et indiqué qu\'il ne peut pas être question ici de girafes. Ces animaux ne se trou-
vent pas a Sumatra; de plus, ils étaient connus des Arabes qui savaient bien que ce ne sont
pas des bêtes dangereuses. Sans doute les naufragés songent a 1\'animal mythique dont Ie nom
sanscrit est carabha; animal connu des Arabes, puisqu\'al-Birouni en parle sous Ie nom de
charau (3^ï). »I1 marche" nous raconte eet auteur »snr quatre jambes, et a de plus sur Ie
dos quatre jambes, s\'élevant dans 1\'air. Cet animal est armé d\'une petite trompe et de deux
grosses cornes, avec lesquelles il frappe 1\'éléphant et Ie coupe en deux morceaux". 11 faut
remarquer que nos naufragés ne 1\'ont pas vu; ils n\'en rencontrent que les traces, (vraisem-
blablement des élephants, ou bien du rhinocéros bicorne de Sumatra, qui tous les deux abon-
dent sur la cóte occidentale de Sumatra), de sorte que leur imagination a beau jeu.
Les Adjaib (p. 125 et 126) disent qu\'il y a un peuple, mangour d\'hommes demeurant entre
Fansour et Lameri. Ces anthropophages ont des queues. De plus, les peuples de la cöte occi-
dentale de Sumatra (Fansour, Lameri, Qaqola, Sanfin) et de Kalah sont tous des anthro-
pophages.
Comme nous 1\'avons observé plus haut, il faut penser ici aux Battak, habitant 1\'intérieur
de Sumatra et qui de notre temps encore sont enclins a cette coutume. La légende qu\'ils ont
des queues nous est expliquée par les Adjaib mêmes. Elles raeontent (p. 124) «qu\'un marin
avait vu a Serboza une femme ayant sur ses genoux une béte a figure humaine, sauf que Ie
visage était noir comme celui des Zindjs, et que les pieds et les mains étaient plus longs que
ceux do 1\'horame. Cet animal avait une longue queue et du poil comme les singes." Evi-
demmont c\'était bien un singe que cet homme a vu. M. L. K. Harmsen, professeur a 1\'école
coloniale de Leide, qui longtemps a demeuré a Sumatra, m\'a dit que ses enfants se rappellent
tres bien y avoir vu des singes avec des queues, qui ressomblaient beaucoup a des Siamangs
(Siamanga syndactyla, ordinairemont sans queue), environ de la même grandeur et noirs. Son
récit est confirmé par M. J. B. Neumann. (Het Pane en Bila-stroomgebied op hot eiland Sumatra ,
dans Tjjdschrift van het Ned. aardrijkskundig genootschap. 2e Serie, Deel II. Meer uitgebreide
artikelen n° 2, p. 122). Il parle des singes de 1\'espèce Semnopithecus: ils ont Ie corps svelte,
et de longues queues. On les trouve dans les vallées de Padang Bolak et de Oulou Baroumoun.
Ils sont de couleur gris-noire, quelquefois noir e ; tout jeunes ils ont un poil couleur rougeatre:
apres quelque temps les poils de cette couleur tombent et sont remplacés par des poils ayant les
oouleurs mentionnées. Sans doute ces animaux ont fait naitre la légende des hommes a queues,
habitant Ie Sumatra.
Les Adjaib donnent des renseignements précieux sur cos Battak qui prouvent que leur auteur
était bien renseigné. Ils nous disent expressément que ces anthropophages ne mangent les hom-
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mes que par esprit de vengeance et nullement par besoin de manger. Et c\'est bien véritablement
Ie cas chez les Battak, qui ne mangent que leurs ennemis et certains criminels. Anderson (Mis-
sion to the coast of Sumatra. Edinburgh and London. 1826, 204) I\'a déja remarqué lorsqu\'il
écrivait »It is not for the sake of food, that the natives derour human flesh, but to qualify
their malignant and demon-like feelings of animosity against their enemios."
Il faut aussi fixer 1\'attention sur la description que donnent les Adjaib de la maniere dont
ces anthropophages mangent la chair humaine. »Ils la coupent en lanières qu\'ils font sécher
et qu\'ils préparent de diverses manières; puis ils la servent comme dessert, pour manger avec
du vin." Ordinairement les Battak mangent leurs prisonniers vivants, sur Ie lieu oü on les
abat; ils coupent les morcoaux du corps oncore vivant et les grillent un moment devant Ie
feu. Mais il y a quelques années Ie coutume existait encore parmi eux d\'emporter des mor-
ceaux de chair dans leurs habitations oü ils les grillaient et les gardaient pour les manger
ensuite en potage, otc. (Junghuhn. Die Battalander auf Sumatra. Berlin, 1847. II. 159, 161.)
Comme 1\'usagc du vin de palmier (touak) est connu parmi les Battak il n\'est point du tout
improbable qu\'on mangeat ces morceaux de chair séehés avec Ie vin.
Le récit des Adjaib a aussi son iraportance, en prouvant de nouveau 1\'inexactitude de l\'o-
pinion de Junghuhn (p. 156) que 1\'anthropophagie aurait été inconnuo a Sumatra avant 1160.
Cette opinion a été, d\'ailleurs, déja réfutéo dans les Verhandelingen van het Batav. Genoot-
schap van K. en W. XXX. 108. L\'argument principal de Junghuhn est basé sur ce fait que
maintenant on ne trouve pas d\'anthropophages sur 1\'lle de Nias qui, d\'après lui, aurait été
colonisée par les Battak quelques années avant la date cité. Comme 1\'anthropophagie n\'existe
plus sur cette 11e, il en tire la conclusion, qu\'elle n\'y a jamais existé; et par suite que les
Battak n\'étaient pas d\'anthropophages du tomps de la colonisation. Mais il faut observer que
les Adjaib parlent bien d\'anthropophages dans cette tle (V. plus bas sous al-Neyan) ce qui
réfute le raisonnement de M. Junghuhn, a moins qu\'on ne préféré croire que notre auteur s\'est
trompé. Car il se peut que les marins arabes aiont attribuó ce vice aux habitants de Nias,
croyant qu\'il était cominun a tous les peuples habitant Sumatra et les lies environnantes. Il
faut cependant observer que les A.djaib donnent des indications tres précises sur cette üe,
prouvant qu\'ils ne confondent pas les habitants de Sumatra et ceux do Nias.
Qaqola. Quoique les Adjaib ne disent pas grand chose de ce lieu, ils contiennent quelques
renseignements qui me semblent prouver qu\'il ne faut pas chercher Qaqola a Java, mais a
Sumatra. Notre auteur nomme (p. 66, 126) Fansour, Lameri, Kalah et Sanfin tout d\'un trait
avec Qaqola, et parle même des vallées do Lameri et de Qaqola comme étant a peu prés
limitrophes ou du moins assez voisines 1\'uno de 1\'autre. (»Du cóté de Sanfin, dans la vallée
de Lameri et de Qaqola"). Si Qaqola eüt été situé a Java, il serait bien étrange que les
Adjaib n\'eussent pas parlé de Zabedj et qu\'ils nommassent los deux vallées d\'un seul trait.
Tout d\'abord se présente la question de savoir si ces "données sont contraires a celles que
nous devons a d\'autres auteurs arabes. Je crois que ce n\'est pas le cas.
Le seul écrivain qui donne de plus amples eommunications sur Qaqola, est Ibn Batouta.
(IV. 239 s.s.). Il a lui-raême visite ce lieu et dit que c\'était un port de Moul-Djaouah. Les
traducteurs francais pensent que Moul-Djaouah était 1\'tle de Java, toutefois sans nous donner
leurs raisons. Mais je ne vois pas sur quels arguments cotto assertion pourrait se fonder. Il
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me semble plutót que c\'est une partie de Sumatra qu\' Ibn Batouta indique par ce nom. On
sait que 1\'lle de Sumatra s\'appellait déja Djaoua dans la période Hindoue (Veth, Sumatra,
dans Aardrijkskundig en statistisch woordenboek van Nederlandsch Indië. Amsterdam, 1869
III. 661). Aboul\'1-feda (II. *. 127) indique sans aucun doute 1\'ile de Sumatra par Ie nom de
Djaoua (»Au sud de 1\'lle de Djaouah on remarque la yille de Fansour"). Kazwini (Zakarya
Ben Muhammed Ben Mahmud el-Kazwini\'s Kosmographie, herausg. von F. Wüstenfeld. Göttingen,
1848. II U, of) distingue entre Djaoua (sjl») — Ie pays du camphre, donc Sumatra, et 1\'lle
de Djdha (ü al >») avec un volcan, qui semble devoir être identifiée a Java. Ibn Saïd aussi
(IXmc Section) donne une nomenclature (Fansour, Lameri et al-Djaoua) qui indique qu\'il faut
chercher Djaoua a Sumatra, tandis qu\' Ibn Batouta (IV. 230, 240. Comp. Dulaurier Journal
Asiat. Février 1847 p. 118.) ne laisse aucun doute sur Ie fait que Sumatra portait de son
temps encore Ie nom de Djaoua. Les Malais de Sumatra sont nommés aujourd\'hui encore djau
par les Battak, dawa par les habitants de Nias. V. v. d. Tuuk. Bataksch woordenboek, p. 196
et Bataksch leesboek, IV, p. 43. M. Wilken m\'a assuré qu\'il est hors de doute que djau et
djawa sont les mêmes mots, puisque la prononciation des Toba\'s ne connait pas Ie w, qui
par suite doit être omis ou bien se changer en une voyello analogue, dans ce cas Ie u. Les
Siamois aussi nomment les Malais tjawa. Le nom de Djaoua, donné au pays oü était situé Qaqola,
ne nous force donc pas de chercher cette ville a. Java: il nous montre aussi bien 1\'ile de Sumatra.
Le nom „wow/-Djaoua" ne nous force pas non plus d\'aller chercher ce pays a Java.
Moul semble avoir été dérivé du mot sanscrit »moula" qui signifie commencement, origine,
racine. M. Dulaurier (Journal Asiatique 1847. I. 244) a traduit Moul-Djaoua par Java principale
et M. Friederich (Over inscriptiën van Java en Sumatra, dans Verhandelingen van het Bataviaasch
Genootschap van K. en W. XXVI. 83. V. aussi Kern, Bjjdr. t. d. taal-, land- en volkenkunde
van Ned.-Indië. 3e volgr. VII. 289. VIII. 188) par «la primitive Djaoua". Mais comme on ne
peut s\'assurer du motif qui a fait donner au pays ce surnom, il n\'y a aucune raison pour
nous forcer a chercher ce Djaoua en dehors de Sumatra. Néanmoins M. Friederich a été d\'avis
que moul-Djaoua serait 1\'lle de Java, puisque Ibn Batouta IV. 239 raconte que le prince de ce pays
était un infidMe, ce qui, suivant M. Friederich, ne peut pas se rapporter a Sumatra, puisque
les princes de Sumatra étaient déja du temps d\'Ibn Batouta des Musulmans. Mais il oublie
qu\'il y avait alors beaucoup de payens (Battak) a Sumatra, et que le voyageur arabe lui-
même raconte que le roi de Somothra ou Djaoua (pays qu\'il visitait avant que de se rendre
a Qaqola, V. Adjaib pag. 234.) était en guerre avec les infidèles habitant un pays voisin a son
royaume. Et un peu plus loin (p. 239) Ibn Batouta dit que le Sultan de Somothra avait entre-
pris une expédition contre les infidèles, demeurant a une distance d\'un móis de marche
(Mi Sy^wo). Un prince rebelle contre ce Sultan avait pris la fuite vers la contrée des in-
fidèles a Moul-Djaoua: vraisemblablement les mêmes que ceux que le Sultan avait combattu.
Mais le récit d\'Ibn Batouta renferme d\'autres données encore plus précises qui me font
conclure que Qaqola doit être cherché a Sumatra. Il raconte qu\'il partit de Somothra pour
aller a Moul-Djaoua oü il arriva après 21 nuits, nvoyageant tout le long du pays". Cela in-
dique qu\'il n\'a pas traverse la mer, ce qu\'il aurait dü faire s\'il avait voulu gagner Java 1).
1; Cet argument me fait rejeter la conjecture de AI. G. J. Dozy (Jules Verne; Het boek der reizen en
ontdekkingen Rotterdam I. 113) qu\'on pourrait chercher Moul Djaoua a Borneo, parce que 1\'embouchure
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Etant arrivé a Qaqola, il y voit beaucoup d\'éléphants (p. 224); animaux qu\'on trouve bien en
abondance a Sumatra et qu\'on y dressait même a la guerre (Journ. As. Mars 1847 p. 257),
mais qui n\'habitent pas 1\'fle de .lava.
Si 1\'on compare maintenant les données des Adjaib avec celles d\'Ibn Batouta, il faut bien
adniettre qu\'on doit chercber Qaqola sur 1\'tlo de Sumatra; que c\'était une ville de mer habitée
par des infidèles, portant Ie méme nom qu\'une vallée, située également a Sumatra a une
assez faible distance de la vallée de Lameri, et peuplée par des anthropophages. Or on a
bien Ie droit de conclure que la ville et la vallée, situées toutes\'les deux sur la méme f Ie,
portant Ie même nom, ont dü faire partie d\'un même pays, et que la ville de Qaqola d\'Ibn
Batouta était Ie port du pays de Qaqola, que 1\'auteur des Adjaib a déja entcndu nommer
par les marins arabes et persans, qui lui ont fourni les récits qu\'il publie.
Toutes ces données s\'adoptent a merveille a une partie de Sumatra, la vallée de Angkola,
située dans la province de Tapanouli, et qui est en communication directe avec Ia cóte occi-
dentale de Sumatra par la rivière d\'Angkola, affluent du Batang Gadis. On écrit bien Angkola,
mais en Battak Ie ng devant Ie k se prononce comme k: on écrit donc Angkola, mais on pro-
nonce Akkola, comme aussi Bakkara, nom d\'un pays bien connu dans 1\'intérieur des terres
des Battak, tandis qu\'on écrit Bangkara. V. v. d. Tuuk. Tobasche spraakkunst p. 10 § 12). Or
Qaqola peut tres bien être Ie même nom qu\'Akkola: on sait que ces changements de lettres
se rencontrent souvent dans les langues de 1\'archipel indien \'). Les habitants de la vallée
d\'Angkola sont des Battak, des anthropophages il n\'y pas encore longtemps, et en même temps
des infidèles, qui seulement de nos jours commencent a se convertir, soit au Christianisme,
soit a 1\'Islam.
La distance qui, d\'après Ibn Batouta, séparait Somothra de Qaqola, est assez conforme a
celle qui existe entre Paseih et Ie Batang Gadis. Pour faire cl voyage dans une jonque, —
voilier paresseux — Ie navigateur arabe avait besoin de 21 nuits. Cela veut-il dire qu\'il ne
voyageait que la nuit, uu doit-on penser qu\' Ibn Batouta emploie ce mof dans notre sens
de jour, c. a. d. de 24 beures? On sait que les Arabes comptaient par nuits comme nous comp-
tons par jours. (V. Dozy. Supplém. s. J>-J). Néanmoins, il me semble hors de doute qu\' Ibn
Batouta ne parle ici que des nuits dans Ie sens limité du mot. D\'abord, il est tres probable,
que la jonque ne voyageait que de nuit, pour profiter du vent, qui, la nuit, vient de la cóte,
tandis que pendant Ie jour il soufflé vers la terre. De plus, la mauvaise réputation des habitants
de ces parages — des anthropophages — a dü faire préférer Ie voyage de nuit comme plus
prudent. Mais voici ce qui est décisif: lorsque Ibn Batouta parle d\'un voyage ou d\'un séjour,
il emploie régulièrement Ie mot »jour" (^S). V. p. e. II. 22, 50, 215, 216, 225, 227. IV. 223,
de la rivière de Koutei est nomroé Djaoua, et qu\'on y tronve un petit affluent de la rivière deBouloun-
gan, du nom de Kamara. On verra plus loin que, d\'ailleurs. je me rallie a son opinipn qu\' Ibn Batouta .
en partant de Qaqola, aurait anivi la route par la nier de Java.
I) Le mot Javanais »mesigit" (corruption de mesdiid, uaosquée) est prononce dans qnelques parties do
.lava méme et dans 111e de Madoura »semigit". L. W. C. v. d. Berg. Üe raohamedaansche geestelijkheid.
Batavia 1882. p. 4. »Rousa" (espèce de cerf) devient >oursa"; le mot neerlandais >order" (ordre) »rodi"-
M. Wilken (Het animisme bjj de volken van den Indiachen Archipel" dans vlndische Gids 1885. I, 16)
donne un autre exemple dans le nom de 1\'Etre suprème chez les habitants de Bolaang-Mogondou (Celebes)
>ompu-duata" qui devient »mobu-duata\'\' (ombu = ompu) chez les Bantiks de la Minahassa de Celebes.
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228 239, 248. S\'il parle donc ici d\'un voyage de 21 nuits, c\'est qu\'il n\'a pas navigué Ie
jour. Comme la jonque a dü naviguer lentement en se tenant prés de la cóte, il n\'est donc
pas étonnant qu\'elle ait eu besoin de 21 nuits pour parcourir cette distance; mais Ie voyage
eut été assurément bien lent, s\'il eüt dure 21 nuits et 21 jours.
Il existe encore un rapprochement entre Ie Qaqola d\'Ibn Batouta et les villes des pays des
Battak. Ce voyageur fait mention »d\'un mur en pierres de taille, assez large pour permettre que
trois éléphants y marchent de front" entourant Qaqola. Aujourd\'hui enoore on trouve dans l\'inté-
rieur des pays des Battak de villages, entourés de murs analogues. M. Wilken, qui y a séjourné
quelque temps, les a vus. On en trouve e. a. une description dans »Eine Keise nach dem Toba-
See in Zentral-Sumatra par Ie Dr. B. Hagen. (Petermann\'s Mitteilungen XXIX. 1883. p. 146, 147,
167) qui a beaucoup d\'analogie avec la description d\'Ibn Batouta. »Der Kampong selbst lag
ebenso zwischen Baumen und Gebusch versteekt, wie der Kampong Pageh, und schien überdies
noch mit einem hohen cyklopischen Steinwall verschlossen". »Durch eine schmale, gut manns-
breite Pforte, welche in die über 6 Fuss hohe cyklopische Umfassungsmauer eingelassen und
überdiess gegen aussen noch durch einen vorgesetzten würfelförmigen Steinwall geschützt war,
betraten wir den Kampong". «Am nachsten Morgen machte ich einen Spaziergang durchs Dorf.
Dasselbe bestand aus 20—25 Haüsern____ Jedes derselben war mit eigenem Steinwall um-
schlossen, bildete somit eine Festung für sich, und urn alle zusammen lief die grosse, starke
Umfassungsmauer". Et dans un rapport d\'une expedition militaire dans 1\'intérieur du pays des
Battak (D. Dietz. Krijgsverrichtingen in Toba gedurende Juli, Aug. en Sept. 1883. Indisch
Militair Tijdschrift, p. 40), il est fait mention de murs, entourant un grand nombre de vil-
lages, pris d\'assaut, et formés de pierres, qui n\'étaient pas unies par Ie ciment, mais
néanmoins ajustées d\'un telle maniere, qu\'elles constituaient une masse compacte, impénétrable
au feu des grenades. Une esquisse d\'un mur de ce genre est ajoutée au rapport, que je dois
a M. Wilken.
Il reste pourtant quelques difficultés a résoudre, avant qu\'il nous soit permis de conclure
a 1\'identité de Qaqola avec une ville du même nom, qui aurait été située a Sumatra, dans
Ie pays des Battak. D\'après Ibn Batouta, Qaqola était un port de mer \') tandis que Ie nom
d\'Angkola ne sert aujourd\'hui qu\'a indiquer Ie district situé a 1\'intérieur et qui ne s\'étend pas
jusqu\'a la mer. Mais il est hors de doute, que Ie pays d\'Angkola était jadis beaucoup plus
grand que maintenant, puisque les Battak du pays de Toba nomment encore Ie district de
Mandaïling du nom d\'Angkola. (v. d. Tuuk. Bataksch Woordenboek p. 498). Il est donc bien
probable, qu\'une partie de la cöto ressortissait autrefois a ce pays, surtout puisqu\'il est en
communication avec la cóte par les rivières d\'Angkola, Ie Batang Gadis, et Ie Batang Toru.
M. Wilken m\'a communiqué a ce sujet un fait d\'une grande importance. De nos jours encore
Ie territoire d\'un des kouria (district) d\'Angkola, — Ie kouria Houta Imbarou — s\'étend Ie long
du Batang Toru jusqu\'a son embouchure.
Le nom d\'Angkola est tres ancien. M. Wilken a assisté a un debat sur la question s\'il serait
1) 11 ne semble pas que tel füt le cas du temps des Adjaib, puisque notre auteur (p. 67) racoute
que les navigateurs quittèrent leur vaisseau, qu\'ils tiraient a sec, pour aller transporter leurs marchan-
dises a 1\'intérieur, daDs un pays distant de la cóte de 7 jours de marche. Ce récit prouve qu\'alors la ca-
pitale n\'était pas un port de mer. Les Adjaib ne parlent jamais de la ville de Qaqola, mais bien de la
vallée de Qaqola, étant en cela d\'accord avec la situation actuelle d\'Angkola.
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permis au chef de ce kouria de prendre Ie nom de pertouan (prince) d1 Angkola (Patouan
magalompoi di Angkola), ce qui lui fut refusé, parce que son bisaïeul avait déja porté ce
nom. Or il est d\'usage que Ie titre saute au moins une génération. Le bisaïeul avait recu,
a son tour, le titre de son grandpère, qui peut-être 1\'avait re?u de la même maniere. Ce
titre, chef cT Angkola, porté par le chef de ce district, prouve aussi que le pays d\'Angkola
s\'étendait jadis plus loin qu\'aujourd\'hui et embrassait encore la cóte. V. aussi sur 1\'état floris*
sant de la vallée d\'Angkola avant 1780, Junghuhn 1.1. p. 279.
Nowaïri (V. Excursion D) parle de 1\'ambre et du bois d\'aloès de Qaqola. Le bois d\'aloès ou
d\'aigle est encore aujourd\'hui un produit important des bois de Sumatra (Veth, Sumatra p. 40).
Mais a propos de ce même produit il y a une nouvelle difficulté a résoudre. Ibn Batouta Cp. 240)
parle de 1\'excellent aloès de Qaqola et de Qamara, »deux localités qui font partio du territoire
du sultan de Djaoua". Or il semble probable que cette dernière localité n\'est autre que le Khmer,
et dans ce cas, on ne pourrait guère admettre que Qaqola eüt été situé en Sumatra, puisqu\'il
en resulterait que le Cambodge aurait fait partie des états d\'un prince de Sumatra. M. Yule
(Marco Polo II. 259) a donc été d\'avis qu\'il fallait chercher Qaqola sur la cöte de Locac.
Mais il faut remarquer dans le récit même d\'Ibn Batouta un point important, qui, en de-
hors des preuves déja alléguées, nous montre Qaqola comme situé a, Sumatra. Ibn Batouta
nomme parmi les produits de Qaqola1) le camphre, qui, comme on le sait, se trouve bien en
grande abondance a Sumatra, mais n\'est nullement un produit du Cambodge, ni de Java. Il
faut donc admettre qu\'Ibn Batouta, ayant vu a Qaqola même du bois d\'aloès excellent, im-
porté du Khmer (p. 242) — pays célèbre pour ce produit, — a fait confusion entre ces deux
pays et a supposé que le pays de Khmer était une dépendance de Qaqola, puisqu\'il savait que
c\'est dans ce dernier pays que croit 1\'arbre qui produit ce bois.
L\'historien persan Wassaf parle aussi de Moul Djaoua (*jU=- Jj-«) et donne des particula-
rités qui confirment ma conjecture qu\'il faut chercher ce pays plutöt a Sumatra qu\'a Java.
Je donne plus bas la traduction allemande (Geschichte Wassaf\'s. Persisch herausg. und
Deutsch übersetzt von Hammer-Purgstall. I. Wien. 1856. p. 44). Il ressort de son récit qu\'a
la suite d\'une expedition de Kublaï Khan en 1292 cette ile se soumettait a ce prince; que
le gouverneur de ce pays Sri Rama, emporté par la peur du glaive, se hatait d\'offrir sa sou-
mission et des cadeaux magnifiques immédiatement après que les vaisseaux chinois se montraient;
1) M. Dulaurier (Journal Asiatique. Mars, 1847, 230), qui est d\'avis que Qaqola était situé a Java,
nie ce fait. Il traduit les mots d\' Ibn Batouta jf^s 0^ ^ «j^ j*^> aLLLJt olu y^Jj
»jl>- J^j u5ü3 *in/a Ljjj ^lAijJI Jj*i\' o* \',ƒ*} J.A-ij-0-SI l^> «^^ij par »tandis que, dans le
royaume du sultan El-Dhaher, a Java, il ne croit que le benjoin et le camphre, quelque peu de girofle
et d\'aloès indien. La plus grande partie de ces 2 dernières substances vient seulement a Java." La véri-
table traduction est celle de Defrémery: »mais la plupart de ces choses se retrouvent a (Moul) Djaoua".
Il est vrai (M. Dulaurier 1\'a déja remarqué: Etude sur la relation des voyages. Journal Asiat. 1846.
p. 217) qu\' Ibn Batouta donne des détails sur 1\'arbre du camphre, qui ne sont pas tout k fait exacts p. e.
lorsqu\'il dit que 1\'arbre du camphre est un roseau. Néanmoins on ne peut pas douter qu\'il savait que
le camphre se trouvait dans les pays du sultan de Djaoua, et aussi, a ce qu\'il me semble, a Moul Djaoua.
31
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et que Kublaï Khan 1\'accueillait d\'une maniere gracieuse, et mettait son fils sur Ie tróne comme
prince tributaire. Dans son style enflé il raconte ensuite que beaucoup de choses précieuses
se trouvent dans cette tle et que les perroquets chantent un chant arabe, oü il est fait men-
tion de 1\'aloès de Kamar (Khmer). [«Die Eroberung der Insel Mol Dschawa. Yon den Erobe-
rungen seiner Zeit ist die der Insel Mol Dschawa im Jahre 691 (1292). Als die Schiffe an dem
erwünschten Gestade gelandet, brachten sie durch die Furcht des Schwertes was für eine
Insel? diese Insel, die 20 Farasangen lang und 120 Farasangen breit, in ihren Besitz
und der dortige Statthalter Siri Rama eilte mit Kostbarkeiten und Seltenheiten seine Unter-
thanigkeit der Majestat zu bezeigen. Seine Majestat erlaubte nicht, dass der bestimmte Tod
hier seine Macht ausübe, und setzte dessen Sohn auf die Stufen des hohen Thrones. Er ge-
wahrte Ehrenkleid zur Parade und viele Gnade und liess die Insel in seinen (des Sohnes
des Statthalters) Handen gegen Spenden von Tribut und Steuer gezollt, Ton Perlen und Gold.
In der That ist dieser Ort umgeben von Meeresflut, voll mit beweglichem und unbewegli-
chem Gut, mit Schatzen gesegnet, wo es Perlen regnet, mit Capitalen baren und den edel-
sten Waaren. Die Schöpfungskraft des Allmachtigen hat diesen Ort und die Umgegend
mit dem Hauche der Aloë und Gewürznelke durchdüftet; in den Hausern und Districten
schreien die Papageien arabisch: »Ich bin ein Garten, dessen Rulnn und Freuden die Pa-
radiese beneiden; aus Eifersucht über Glanz den meinen die ommanischen Gestade Perlen
weinen. Die Aloë von Eimar verbrennt in dem Rauchfasse meines Vergleichs wie Holz auf
dem Feueraltar" etc.].
L\'histoire bien connue de 1\'expédition de Kublaï-Khan contre 1\'ile de Java, entreprise en
1292, prouve que Moul-Djaoua ne peut pas ètre Java. Le général du Khan, Chihpi trou-
vait le prince de Java, Widjaja en guerre avec le prince de Kalang. Avec 1\'aide de l\'ar-
mée chinoise le prince de Kalang fut vaincu et tué, mais immédiatement après, le prince
de Java se tournait contre son allié et forfait le général chinois de se retirer avec une
perte de 3000 hommes, et sans qu\'il lui füt possible de soumettre 1\'ile de Java. Marco
Polo, en parlant de Java dit expressément: »And I can assure you the Great Khan ne-
ver could get possession of this Island" et Oderic de Frioul »Le grant Kaan de Cathay qui
est le souverain empereur de tous les Tartars, a souvent meu guerre a ce roi cy (de Java)
et souvent a lui s\'est assemblez a bataille. Mais cilz roys-cy 1\'a toujours vaincu et desconfit".
(Gaubil. Histoire de Gentchiscan. Paris 1739. p. 217. s. s. Groeneveldt p. 22. s. s. Yule. Marco
Polo II. p. 254. L. de Backer 1.1. p. 106).
Puisque Java ne fut jamais conquis et ne paya jamais tribut a Kublai-Khan, cette ile ne
peut pas être 1\'ile de Moul-Djaoua de Wassaf. Beaucoup d\'états de Sumatra au contraire
étaient tributaires de la Chine, ou comme M. Groeneveldt p. 4, 67 1\'a tres bien expliqué,
donnaient des cadeaux pour avoir une part dans la commerce avec la Chine. M. Yule (Marco
Polo II. p. 278) relève le fait que Sumutala (Somothra) avait consenti a donner des ca-
deaux a Kublaï-Khan depuis 1286, tandis que du temps de Marco Polo et de Rachedouddin
les habitants de Sumatra se considéraient comme étant des sujets du Khan.
Peut-être voudrait-on faire 1\'objection qu\'il n\'était pas besoin de soumettre en 1292 une
partie de Sumatra, puisque Somothra était déja subjugué en 1286. Mais il faut observer que
Moul-Djaoua n\'est pas Somothra, et qu\'il ressort des annales chinoises (Groeneveldt p. 30)
qu\'une partie de Sumatra ne se soumit que par suite de 1\'expédition contre Java. Elles
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racontent que Ie général chinois, avant que de partir pour Java envoya des délegués a
Sumatra et qu\'aussitöt (par suite sans force d\'armes, et par la seule peur de la puissance
du Khan) Lameri, Sumatra et d\'autres pays Malais se soumirent. (»When the army arrived
at Champa, they first sent envoys to call into submission Lambri, Sumatra, Pu-la-pu-tu,
Pa-la-la and other smaller countries.... Another envoy was sent to the different Malay sta-
tes, who alle sent their sons or younger brothers as a token of their allegiance.) Et un
autre récit (Groeneveldt p. 27, 28) raconte que Ie général chinois vaincu fut gracié par Ie
Khan, parcequ\'il avait subjugué les petits états par la seule terreur qu\'il leur avait inspirée
(and awed into submission the neighbouring smaller countries.) Ce sont presque les mêmes
mots que ceux dont Wassaf fait usage. Comme 1\'expédition entrait a Java en 1293, la sou-
mission de Moul Djaoua en 1292 d\'après Wassaf a dü précéder Ie débarquement de la
flotte a Java. On sait que c\'était Ie cas avec les petits états mentionnés.
Les annales chinoises (Groeneveldt, p. 27) disent qu\'après son retour Ie général chinois
offrait a Kublaï Khan une lettre écrite en lettres d\'or provenant du pays de Mouli, accom-
pagnée d\'articles d\'or et d\'argent, de cornes de rhinocéros, d\'ivoire et d\'autres choses.
Ce récit prouve bien que Moul Djaoua n\'était pas Java, puisqu\'il n\'est pas probable que
Ie roi de ce pays, vainqueur des Chinois, eüt oflert un tribu au Khan. Il faut donc que
Moul Djaoua ait été un des pays mentionnés ci-dessus comme offrant leur soumission au Khan.
Et comme il est probable qu\'on offrait des choses provenant du pays même, 1\'ivoire nous
montre de nouveau 1\'ile de Sumatra et non pas Java, ou 1\'on ne trouve pas 1\'éléphant a
1\'état sauvage.
Il n\'est pas sans intérét de remarquer 1\'esprit de flatterie de "Wassaf qui, de crainte d\'être
désagréable aux empereurs chinois, ne parle pas de la déroute de 1\'armée chinoise a. Java
niais trouve 1\'occasion de honorer la mémoire du Khan par Ie récit de la soumission d\'un
état lointain comme Moul Djaoua.
Il nous reste encore a résoudre la question: quel peut bien avoir été Ie motif d\'Ibn Ba-
touta pour prendre la route de la Chine par la cóte occidentale de Sumatra, au lieu de choisir
Ie détroit de Malaca, puisqu\' en agissant de cette maniere, il lui fallait faire un assez grand
détour ?
On pourrait hasarder la conjecture que Ie voyageur arabe avait tant entendu parier des
infidèles de Djaoua, lorsqu\'il se trouvait a, Samoudra, que la curiosité seule eüt suffi a motiver
Ie choix de cette route et 1\'eüt poussé a prendre passage a bord de la jonque chinoise qui peut-être
allait chercher du camphre k Qaqola. Mais une raison plus grave lui aura sans doute persuadé
de naviguer par la route indiquée, a savoir: Ie vent favorable. On sait qu\'au sud de 1\'équateur
les moussons sud-est et nord-ouest se suivent, séparées par des temps d\'équinoxe. La mousson
nord-ouest est la seule qui puisse servir aux voiliers, venant du nord de Sumatra et poursui-
vant leur route en longeant la cóte occidentale de eette tle. Ce vent soufflé d\'Octobre jusqu\'aux
cal mes de 1\'équinoxe en Mars et Avril. Si Ibn Batouta a suivi cette route, — comme cela
me semble avoir été Ie cas, — il a dü la prendre et puis la poursuivre par la mer de Java
dans les mois d\'Octobre a Avril.
Pour contróler ma conjecture, il serait fort important de pouvoir s\'appuyer sur Ie calcul
des dates que donne Ibn Batouta. Malheureusement il me semble que cela n\'est pas possible.
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Les seules dates qu\'il marque Bont celle de son départ de 1\'ile de Molouk au milieu du
mois de rabi\' second de 1\'année 745 (Ie 26 Aoüt 1344. p. M34) et celle de sou arrivée a Zha-
far, dans Ie mois de moharram de 1\'année 748 (Avril ou Mai 1347. p. 310); espace de plus
de 2 ans et demi. Il est vrai que maintes fois il donne 1\'énumération de la durée de son
voyage d\'un lieu a un autre, ou de son séjour dans telle ville, mais cette énumération
n\'est pas continue et offre souvent de grandes lacunes (V. p. e. p. 165, 184, 206, 208, 215,
254, 278, 294, 304), de sorte qu\'on ne peut pas arriver a un resultat satisfaisant.
Mais il me semble possible de prouver d\'une autre maniere qu\'Ibn Batouta a dü faire la route
de Qaqola a la Chine pendant la mousson nord-ouest, ce qui explique Ie choix de la route in-
diquée plus haut. Après un voyage de 34 jours, Ie voyageur arrive a une mer qu\'il nomme
lente ou pacifique et qui présente une teinte rougeatre. Or dans 1\'archipel indien et sur la route
de Sumatra par les iles Moluques a. la Chine se trouve justement une mer qui quelqucfois
dans 1\'année a une teinte rougeatre. Dans la baie d\'Ambon se montrent a des périodes
fixes une multitude innombrable de potits annelides, qui produisent Ie phénomène nommé la
mer de sang. (Ludeking p. 35). Ibn Batouta pensait que cette couleur était due a la terre
d\'un pays qui 1\'avoisine, ce qui prouve que cette mer peut tres bien n\'avoir été qu\'une baie \':.
M. v. Hoëvell (Ambon. Dordrecht 1875, 214, et errata IV) parle aussi de ces annelides et ra-
conte que les habitants d\'Ambon vont a la pêche de ces aniraaux deux fois 1\'année pendant
les mois de Mars et d\'Avril. Si — comme c\'est mon opinion — Ibn Batouta a fait la tra-
versée de Qaqola a la Chine par les iles Moluques, et s\'il a rencontre dans sa route cette
mer de sang, il faut qu\'il ait fait ce trajet dans les mois de Février ou de Mars, et par
conséquence pendant Ie mousson nord-ouest.
Il y a encore un autre fait corrélatif. Ibn Batouta parle de la mer lente dans des termes
qui prouvent qu\'il y a navigué par un temps d\'équinoxe. »I1 n\'y a" dit-il >>point de vent
dans cette mer, ni de vagues, ni de mouvement d\'aucune sorte, malgró sa grande étendue".
Si 1\'on compare la description de 1\'équinoxe dans 1\'archipel indien de M. Ludeking (p. 18) on
verra que la mer y raontre dans co temps-la 1\'image peinte par Ibn Batouta. Le temps de
1\'équinoxe dans ces parages tombe dans les mois de Septembre et d\'Octobre, et de Mars et
d\'Avril
»).
1)  Peut-être voudrait-on prétendre qu\'Ibn Batouta ne peut pas parier d\'une baie, puisqu\'il dit avoir
navigué sur la mer lente pendant 34 jours. Mais une mer d\'une telle étendue et oft\'rant une teinte rou-
geatre n\'cxiste pas. Comme il est hors de doute que le voyageur a vu un tel phénomèce et que la baie
d\'Ambon est la seule mer qui réponde a sa description, il nous faut bicn admettre qu\' Ibn Batouta n\'a
voulu parler que d\'une partie de cette mer comme ayant cette couleur, ou bien qu\'il se souvenait, lorsqu\'il
écrivit le récit de ses voyages, d\'avoir vu une mer rouge en entrant dans la mer lente, mais qu\'il s\'ima-
ginait cette mer rouge plus étendue que ce n\'était vraiment le cas; et que par suite il 1\'aura con-
fondue avec cette mer lente.
2)  Le traducteur anglais d\'Ibn Batouta M. Lee (The travels of Ibn Batouta. London. 1829 p. 205) re-
marque que sans doute le nom de >mer pacifique" a été donné a cette mer pour la mêrae raison, qui
porta Magellan a la designer sous la même dénomination. Mais Magellan ne donnait ce nom au grand
océan que parce qu\'il n\'avait pas a subir d\'orage (»che chiamammo Pacifico, perché in tutto quel tempo
non ebbinio nessuna borresca". Pigafetta. Primo viaggio intorno al globo terracqueo publ. da C. Amoretti
Milano, 1800), et sans que sou récit nous dise qu\'on n\'y pouvait avancer qu\'a force de rames, comme
nous lisons chez Ibn Batouta. Il me semble qu\'il serait un peu hasardeux de conclure de la conformité
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De ce que j\'ai dit il s\'ensuit qu\' Ibn Batouta a commencé la traversée de Qaqola a la
Chine environ vers Ie mois de Février et qu\'il arriva dans la mer des Moluques dans
les tnois de Mars ou d\'Avril, profitant du vent de nord-ouest. Pu is, pendant 1\'équinoxe, il a
navigué a force de rames, en marchant vers Ie Nord, et aura profité du vent de sud-ouest,
soufflant au nord de 1\'équateur après 1\'équinoxe, pour gagner la Chine \').
Si 1\'on n\'admet pas la validité de ces preuves et qu\'on persiste a croire qu\'il faut chercher
Qaqola au pays de Cambodge, il existe une confusion que rien ne peut expliquer, et qui peut-
être est due a la circonstance qu\'on n\'a pas assez distingué entre Ie Qaqola a Moul Djaoua et
Ie Ü3Ö d\'Edrisf. Ce dernier lieu aurait été situé entre Kachgar et Cachemire (Edrisl I. 185.
191). Ibn Iyas (Chrestomathia arabica ed. F. A. Arnold. Halis 1853, I. p. 71) fait mention de
ce même \'Üsli, qu\'il cite après avoir nommé Loukin (i^J^ en Chine) et d\'oü 1\'on exporte des
étoffes et 1\'aloès dit de Qaqola. L\'opinion de Arnold (II. 145) qu\'il faut chercher cette ville a
Java reste sans aucun fondement.
Ibn Iyas (I. 73) fait en outre mention de (Jj>1>- Djadjali, avec des habitants qui sont de
bons astronomes et ou 1\'on trouve Ie "^Lyo.LxJ! r^» ou la canelle. Kazwini I. 53 en parle d\'une
maniere plus détaillée. V. Yaqout III. 454. IV. 103. Cette place n\'a rien de commun avec
Qaqola. D\'après M. Schumann (p. 47) on doit la chercher a Java.
Sanfin. Comme les Adjaib citent ce pays en même temps que Lameri, Fansour et Qaqola
(p. 66, 126) on doit Ie chercher a. Sumatra. Mais sa situation m\'est inconnue.
Je ne saurais non plus reconnattre:
Loulou bilenk, baie de la mer, aux bords de laquelle habitent les anthropophages, située
d\'ailleurs entre la terre de Fansour et celle de Lameri (p. 125). Il est bien certain que c\'est
une des baies de la cóte occidentale de Sumatra, tandis qu\'il est probable que Ie nom n\'est
qu\'une corruption de Poulou-Pinang-). On pourrait songor a la baie de Singkel ou bien a celle
de Tapanouli, qui entre dans Ie pays des Battak, et qui est la plus grande baie de cette cöto.
Al-Heyan. Les Adjaib contiennent sur cette ile de nouvelles données, qui confirment l\'o-
pinion qu\'on doit 1\'identifier a 1\'ile de Nias, située vis a vis de la cóte occidentale de Su-
matra. Dulaurier (Journal Asiatique IV0 serie. VIII. 200) jugeait cette conjecture tres vrai-
semblable, a cause des Communications do Soléiman et d\'Edrist. Le premier (Rolation I. p. 7)
nomme 1\'ile une dépendance \'de 1\'ile de Ramni (Sumatra), tandis qu\' Edrlsi lui assigne, sous
le nom de Binoman et Binan (I. p 76) une situation au midi de 1\'ile de Ranini.
Les données des Adjaib sont d\'accord avec cette opinion. Après avoir parlé de Fansour et
des noms a 1\'identité de ces deux mers, et surtout de vouloir comme M. Dulaurier (J. As. 1847, p. 249)
que Magellan ait emprunté ce nom aux traditions géographiques arabes.
1)  M. G. J. Dozy 1.1. a déja fait la conjecture qu\' Ibn Batouta aurait 9uivi »la route ordinaire par
la mer de Java, soit par le détroit de M-icasear, soit en passant au milieu des Moluques". La raison
qu\'il donne c\'est que le passage par le détroit de Malaca est rendu impossible pendant une partie de
1\'année par des vents contraire9. 11 est d\'avis qu\'il faut chercher le pays de Thaoualicy d\' Ibn Batouta
(p. 248) dans les iles Philippines.
2)  Chez Eschelskroon. Sumatra. Haarlem, 1789. je trouve uu cap Laboung loulou prés de Natal.
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de Lameri, ils diseut que Neyan est situé h cent parasanges de la première rille, et dans
la mer Extérieure. Comme nous connaissons maintenant la position de Fansour et de Lameri, cette
mer ne peut étre que la mer des Indes a 1\'occident de Sumatra. Quant a la distance entre
Fansour et Neyan, il faut bien lire «cent milles" et c\'est encore trop, puisque la distance de
Baros h Nias est moins considérable. Mais ce qui surtout semble important, c\'est que les
Adjaib confirment les Communications de Soléiman et d\'Edrisi concernant la coutume de cette
i!e de tuer leurs ennemis pour en garder les cranes et qu\'ils en parlont en des termes qui
auraient pu servir encore il y a peu d\'années. Car c\'est a Nias et dans quelques autres petites
tles cótoyant 1\'ile de Sumatra que cette coutume a existé, comme on la retrouve eneore a
Bornéo, oü olie est connue sous Ie nom de »koppensnellen" (attraper des tétes). Un auteur
dans Ie Tijdschrift van Ned. Indië (X, 178), qui a fait la description de 1\'ile de Nias, parle
de ses habitants de la maniere suivanie: celui qui peut se glorifier d\'avoir attrapé 10 k 15
têtes est un grand homme. Après en avoir détaché la chair, on suspend la téte a 1\'entrée de
la niaison.... La dot consiste en or.... quelquefois en tétes de mort." M. Maury (Bulletin
de la société de géographie 1846. 215), qui lui aussi est d\'avis qu\'il faut identifier 1\'ile de
Neyan avec Nias, ne semble pas avoir connu cette coutume des indigènes, puisqu\'il écrit que
eet état d\'hostilités perpétuelles (existant a Nias) expliquerait 1\'usage barbare que ces insu-
laires suivaient (selon Edrisi) pour les mariages.
Edrfsi parle du bois de Brésil comme étant un produit de Neyan. On Ie trouve sur la
cóte sud-ouest de Nias. Le mot »Nian" enfin rend encore mieux Ie nom indigène de 1\'ile,
Poulou Niha (homme), que la corruption en Nias, actuellement en usage chez les Européens.
Aujourd\'hui, les habitants de Nias ne sont plus anthropophages, mais il se peut bien que
cette coutume ait existé du temps des Adjaib, h, moins qu\'on ne préféré admettre que la répu-
tation d\'antropophagie, propre aux habitants de Sumatra, s\'est étendue aux indigènes de Nias,
sans qu\'ils 1\'aient meritée. (V. plus haut p. 237) \').
Mais je ne puis pas expliquer les contes des Adjaib sur le peu de valeur de 1\'or a Neyan,
comparée a celle du cuivre. On ne trouve pas d\'or a Nias. Peut-être que la réputation de
richesse en or, dont jouissait Sumatra, aura fait naitre cette légende. Du reste des fables
analogues s\'attachent aussi a d\'autres pays. V. Dimachqi, trad. Mehren p. 225.
L\'ile de Nias (Darbend Nias) dont parle Rachedoudin (Yule. Journal Asiat. Soc. New Se-
ries. Vol. IV. 1870. p. 352) me semble identique a cette même ile de Nias. M. Yule juge cette
1) C\'est bien aux Battak et non pas aux habitants de Nias que se rapporte le récit d\'Ibno-\'l-Ouardi
(Ed. du Caire 1879. p. 1^) que des voyageurs racontent qu\'on trouve dans les iles de camphre des an-
thropophages qui remplissent les cranes de ceux qu\'ils ont tués avec du camphre et d\'autres aromates et
qu\'ils les suspendent dans leurs raaisons pour les vénérer. S\'ils ont 1\'intention d\'entreprendre une affaire,
ils se mettent a genoux devant ces cranes pour les consulter.
Uu récit du voyageur Nicolö Conti (XVième siècle. V. R. H. Major. India in the fifteenth century.
London. 1857. p. 9) dit expressément que les Batech habitant 1\'ile de Sciamuthera gardaient les cranes
de ceux qu\'ils avaient tués comme des objets de grand prix. Il semble donc que chez les Battak, comme
chez les Dajak de Bornéo, le coutume de prendre les têtes des ennemis tués a été né d\'un sentiment
religieux. M. G. A. Wilken (Het animisme. Indische Gids. 1884. II. p. 64. 70) a décrit un reste de ce
culte chez les Battak en mémorant la coutume de tuer un garcon orphelin dont on prend la téte qui
sert a faire le pangouloubalang, une espèce d\'amulette. »Le but de la coutume de »koppensnellen" dit-il
»c\'est d\'obtenir un esprit tutélaire dans 1\'ame du mort qui s\'ideutifie avec le cr&ne."
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conjecture peu probable, puisque, d\'après lui, 1\'auteur arabe donne la description de la route
de la Chine et que Nias n\'est pas située dans cette direction. Maïs la traduction que M. Tule
a donnée (p. 350) me semble prouver que Rachedoudin donne en outre quelques Communications
concernant File de Sumatra, sans s\'inquiéter rigoureusement s\'il nomme d\'autres lieux en de-
hors de cette route, puisqu\'il cite aussi les royaumes de Sumatra e. a. Djawa.
Au déla de 1\'tle de Neyan on trouve 3 iles, les
lies Beraoua, dans lesquelles je retrouve Ie groupe des iles Batou, qui consiste en
quelques petites iles, dont 3 plus grandes que les autres, qui les environnent. Sur la plus
grande on trouve Ie village de Boulouarou. Je préféré y reconnaltre ces iles et non pas celle
de Si Berout, une des iles Mentawei, puisque les habitants du premier groupe sont originaires
de la partie meridionale de Nias, et qu\'ils ont aussi 1\'habitude de tuer lours ennemis pour
avoir leurs cranes.
Serboza. Les Adjaib procurent des données tres importantes concernant ce lieu, lesquelles
me font conclure qu\'il faut Ie chercher sur Ie Mousi ou la rivière de Palembang, surtout
lorsqu\'on les compare avec les récits des auteurs arabes et chinois.
Quelques récits des Adjaib peuvent s\'appliquer a beaucoup d\'iles de 1\'archipel indien, comme
1\'indication que Serboza se trouve sur Ie chemin d\'Oman a Ia Chine, puisque Ie juif, voya-
geant d\'Oman pour retourner a ce pays, visitait Serboza (p. 111), et Ie récit p. 190, qui
prouve qu\'il existait des relations entre Serboza et la Chine. Les singes et les crocodiles (p. 124,
158—160, 165) se trouvent aussi bien ailleurs qu\'a Sumatra.
Mais Ie récit qu\'on trouve page 176 fournit de précieuses indications. Il y est constaté
que Serboza est située a 1\'extrémité de 1\'tle de Lameri. Il nous faut donc chercher cette ville
a Sumatra et, comme Lameri était située au nord de 1\'ile, c\'est au sud de Sumatra qu\'elle
se trouvait, et puisque Serboza était sur la route d\'Oman a la Chine, au sud-est. La descrip-
tion de la rivière de Serboza dans les Adjaib est tout a fait applicable au Mousi, qui comme
on Ie sait, se trouve dans la partie indiquée de Sumatra. »La baie de Serboza" — c\'est l\'au-
teur des Adjaib qui parle— «pénètre, dit-on, de cinquante pararanges dans 1\'ile. C\'est un fleuve
beaucoup plus large que Ie Tigre a Basra; ses ea;.x sont douoes comme celles du Tigre. Il n\'y a
point de baie plus longue dans toute 1\'ile. Le flux s\'y fait sentir de 12 en 12 heures."
Le Mousi est la plus grande rivière de Sumatra et pónètra tres en avant dans 1\'intérieur;
le flux et le reflux s\'y font sentir jusqu\'a Palembang. Mais il y a plus encore. Les Adjaib
relèvent une coutume tres curieuse des habitants de Serboza: »la plupart de leurs maisons
flottent sur 1\'eau, soutenues sur des pièces de bois, reliées ensemble en forme de radeaux.
Lorsque le propiétaire se déplait quelque part, il peut changer de quartier." De nos jours encore
on retrouve dans la ville de Palembang cette coutume de construire des maisons sur des
radeaux qu\'on déplace a volonté. La ville est formée en partie de maisons, baties sur des ra-
deaux, qui sont construits avec des poutres, liées entre elles par des bambous tressés. On at-
tache ces »rakits" avec une corde au rivage, de sorte que les habitants peuvent changer de
place, aussitöt qu\'ils le désirent. (P. A. v. d. Lith. Nederl. Oost-Indië. p. 97. Radermacher,
Sumatra, dans Verhandelingen Bat. Gen, v. K. en W. III. 1787, p. 92.) Il faut que la cou-
tume de construire de telles habitations soit bien ancienne, puisque les annales chinoises de
1368—1643 (Groeneveldt p. 72, 73, 106) font mention de ce fait et a Palembang et a Ban-
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jcrmasin (Bornéo). On ne peut pas songer a cette dernière vil Ie, puisqu\'elle n\'est pas sur la
route de Ia Chine, — ce qui oblige a repousser I\'opinion de M. Sprenger (Reise-routen p. 85)
d\'après laquelle il faudrait chercher Serboza a Bornéo, — et par suite il ne reste qu\'a ad-
mettre qu\'elle se trouvait sur Ie Mousi.
Voyons maintenant, si les données des géographes arabes peuvent confirmer cette conjecture.
Le passage de Yaqout (III, Ia, oü 1\'on trouve la véritable orthographe *£f~, confirmée par les
annales chinoises) est tres remarquable. Il nous apprend qu\'on y faisait le commerce d\'expor-
tation du camphre, ce qui est un nouveau motif de chercher la ville a Sumatra. Selon lui,
clle était située sur la ligne équinoxiale, ce qui n\'est pas tout a fait juste. Mais sur ce point,
Abou\'1-feda (II. 8, 126) donne des indications plus précises. »On lit" dit-il »chez Ibn Saïd:
Les iles du Kanidj (lis. Zabedj) sont célèbres par les récits des marchands et des voyageurs.
La plus grande est 1\'ile de Sarira (1. Serboza) qui a 400 milles de longueur du nord au sud,
et environ 160 milles de longueur sur toute son étendue. Des bras de mer y pénètrent. Sa
capitale Sarira est située en son milieu sur un estuaire et sur un fleuve. Sa longitude est
108° 30\' et sa latitude 3° 40\'." Même en ne tenant aucun compte de la longueur donnée par
Abou\'1-feda, quoiqu\'ici elle soit a peu prés exacte, la latitude indiquée nous porte dans le voi-
sinage de Palembang.
Le livre d\'Abou\'1-feda ne contient du reste sur ce sujet que tres peu de chose d\'important.
L\'auteur raconte (II, 26) sur 1\'autorité du Kitab al-masalik «que les navires qui mettent a la
voile de 1\'ile de Sarira, en se dirigeant vers 1\'est, du cóté de la Chine, rencontrent au milieu
de la mer des niontagnes qui s\'avancent dans 1\'eau a une distance de dix journées. Ces mon-
tagnes sont d\'après la coniecture vraisemblable de S. Guyard (Abou\'1-feda II. 2, 132) les por-
tes de la Chine. Dans ce dornier passage Abou\'1-feda nommo Serboza: 1\'ile du Mahradj, (ou
prinee de Zabedj), et fixe, d\'après le Qanoun, sa position a 1° de latitude et 140° de longi-
tude, ce qui prouve de nouveau la confusion qui existe dans la détermination des lieux chez
les Arabes d\'après la longitude. Mais il raconte aussi que d\'après Mohallabi 1\'ile de Serboza
est une des dépendances de la Chine. Ce récit est confirmé par les annales chinoises (Groe-
neveldt, p. 68) qui disent »San-bo-tsai.... in the time of the second Sung (960—1279) they brought
tribure without interruption."
Yaqout parle encore ailleurs de notre ile (I. 1\'), en disant que c\'est de la que viént le cam-
phre. Il écrit alors v--"-i mais plus loin il donne, comme je 1\'ai déja dit, la vraie legon «jjyi.
(11 faut corriger aussi sliii III. rof dans ce sens, et lire I. II lin. 11 *s>-jU\' au lieu de la
le^on <£Öl^\' adoptée par Wüstenfeld, mais corrigée plus tard par lui. V. Yaqout V. 2).
La Rolation ne contient pas d\'autres données, lorsqu\'elle parle de Serboza (I. 93). On re-
marquera pourtant qu\'elle donne la superficie de 1\'ile comme de 400 parasanges, tandis
qu\'Abou\'1-feda est plus prés de la vérité. Mas\'oudi, qui parle aussi de Serira (I. 243), ra-
conte qu\'on trouve aux environs des minos d\'or et d\'argent. On trouve encore aujourd\'hui de
1\'or en petite quantité au Rawas supérieur (branche du Mousi) mais surtout dans les hautes
terres de Djambi, dans le Korintji, Limoun et Batang Asei. (Yeth, Sumatra dans le Aard-
rijkskundig Statistisch woordenboek van Ned. Indië et Tijdschrift voor Ned. Indië VIII. (1846)
3 p. 336). Radermacher (Sumatra. p. 11) parle de mines d\'argent, qu\'on trouvait dans l\'in-
térieur de 1\'ile de Sumatra, mais qui n\'étaient pas exploitées, parcequ\'on n\'y faisait pas sos
frais. — Les notices d\'al-Birouni, (Sprenger p. 88,, quant a la longitude de Serboza, sont dif-
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249
férentes de celles d\'Abou\'1-feda. Il donne pour Kilah Longit. 140° Latit. 11°. — Serboza.
Longit. 147°. Latit-mérid. 1°. — Le Mokthasar al Adjdib (Voir Exoursion D) compte Serboza
parmi les <suU\' ^\'r?" (Cod. s. p.) et nous y lisons seulement qu\'on y trouve des pierres pré-
cieuses et des épiceries.
Mais il faut mentionner aussi quelques autres écrits qui donnent lieu a une confusion
désespérante, puisqu\'ils comptent une tle, qui a presque le même nom que Serboza, parmi les
iles situées prés de la cóte oriëntale de 1\'Afrique. Je no vois pas d\'autre moyen de résoudre
cette diöiculté, qu\'en acceptant la conjecture de M. de Goejo (Y. plus bas. Excursion E sur
Kanbaloh), qu\'il y a deux tles, qui auraient porté a peu prés le même nom, et dont
1\'une (Serboza) serait Sumatra, et 1\'autre une tle prés de la cóte oriëntale de 1\'Afriquo.
C\'est donc de la dernière que Nowaïri aurait parlé (V- Excursion D.), lorsqu\'il place «->-i
dans la mer des Zendjs ( ^&S*o _s=u), oü 1\'on trouve aussi a^ü\' (1. acs^aii) ou Zanzibar.
Dimachqi (trad. Mehren) a quelquefois d\'assez bonnes données sur Serboza (pag. 22, deux fleu-
ves de 1\'ile de Serira, p. 199 et 204 Serira d\'une circonférence de 1200 milles, contient
beaucoup de villes, parmi lesquelles Serira est la plus célèbrc: on y trouve la meilleure es-
pèce de camphre). Mais ailleurs (p. 198) il est tout a coup parmi les iles du littoral de 1\'A-
frique oriëntale, puisqu\'il parle d\'un canal, séparant les iles d\'Angoudjeh et de Serira de 1\'ile
de Qomor. Comme il est vraisemblable que cette dernière ile est Madagascar, ou une autre
11e prés de 1\'Afrique oriëntale, il est impossible que 1\'auteur parle ici de Serboza a Sumatra;
ou s\'il avait véritablement cette ile en vue, il n\'en a que des idees tres confuses, qui sont
peut-être la conséquence de celles qu\'on se faisait de la configuration de la cóte d\'Afrique. Ibn
Saïd aussi a commis la même erreur, oomme il parait dans 1\'introduction d\'Abou\'1-feda CCCXVI
et dans 1\'extrait suivant que je dois a M. de Goeje: 5me section. L^Ear\'j (lis. ^üU1) #*»\'*!\' jj\'rr"
(l. góül $fr) gJ^l »..ƒ> J* oUj^l
En comparant tout ce qui a été dit plus haut, on en pourra conclure que les auteurs ara-
bes contiennent beaucoup de détails propres a. confirmer la conjecture, qu\'il faut chercher Ser-
boza a Sumatra, et qu\'on ne trouve rien de sérieux qui s\'y oppose. Sprenger (Reiserouten
p. 88) n\'était pas si loin de la vérité, lorsqu\'il pensait a Bornéo, et Reinaud (Relation II,
note 169) donnait une preuve de sa sagacité ordinaire, en disant qu\'il fallait probablement
penser k Sumatra. Malheureusement il ne donnait pas de preuves. Dulaurier (Journal Asiatique
1846. VIII. 211) était aussi d\'avis qu\'il fallait la chercher dans une des iles situées prés de Java,
mais il se trompait lorsqu\'il nommait cette ile Banka.
Les preuves que j\'ai alléguées sont confirmées sur tous les points par les annales chinoU
ses , publiées par M. Groeneveldt. Les plus anciennes (502—506, p. 60) nomment Kandali comme
une ile dans les mers du Sud. D\'après les Chinois, eet empire doit être cherché prés de Pa-
lembang. Kandali est nommé plus tard Sam bo-tsai (p. 68).
L\'empire de Sam-bo-tsai est cité dans les annales qui sont de même age que les Adjaib
(960—1279). Il se trouvait prés de Palembang. C\'est ce qui ressort des annales ultérieures,
qui disent (p. 71) que le nom de Sam-bo-tsai a été changé en Ku-kang, (»At that time, Java
83
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250
had completely conquered Sam-bo-tsai, and changed the name to Ku-kang"), qui est encore Ie
nmii chinois de Palembang (p. 73). La situation de Sam-bo-tsai est donnée comme étant entre
Cambodge et Java, a une distance de 20 jours de Ganton par un vent favorable (p. 63) et de
60 jours do Cham-chou par un vent contraire (p. 64). Plus loin (p. 73) il est dit que Kukang
— autrefois Sam-bo-tsai —, était située prés de Java, ayant cette ile a 1\'orient et Malaca a
1\'occident, et qu\'on y trouve des maisons flottant sur l\'eau. Enfin elles font plusieurs fois
mention du camphre, comme article d\'exportation, et d\'huile de camphre et de camphre Baros
(p. 66, 69).
Le nom de Sam-bo-tsai \'), (M. Groeneveldt 1\'a remarqué p. 62, 76) rend exactement en
Chinois le son de Ser-bo-za. Ce nom est donc porté par Palembang jusqu\'en 1377.
L\'histoire concernant les enchantements des crocodiles, pour qu\'ils ne blessent plus per-
sonne, racontée par les Adjaib (p. 158—160), est tres bien a sa place dans une ile de l\'archi-
pel indien. On sait que beaucoup de tribus dans 1\'archipel indien vénèrent les crocodiles, puis-
qu\'ils pensent que les ames de leurs ancêtres demeurent dans ces bêtes, qui depuis ne font
plus de mal aux indigènes. Telle est la croyance des Javanais, (Bijdragen tot de kennis der
Nederl. en vreemde koloniën 1844, 384), et des Malais de Sumatra (Mohnike, Bangka und
Palembang p. 176), etc. M. G. A. Wilken en a rassemblé une foule d\'exemples dans son étude
sur 1\'animisme. (Het animisme bij de volken van den Indischen Archipel dans le Indische Gids.
1884. II. 992).
Pour conclure: Sam-bo-tsai ou Serboza était situé sur le Mousi, sur ou prés de l\'empla-
cement de Palembang. La lecon ordinairement suivie de Serira n\'est pas la bonne: il faut
lire Serboza.
Mr. le Reverend S. Beal a eu la bonté de me communiquer la noto suivante, tendant a
prouver que Shi-li-fo-tsai — port important visite par les pèlerins Bouddhistes dans 1\'année 672,
situé sur la route de la Chine aux Indes et prés de 1\'équateur _ était le mème lieu que Sri-
bhó-ja, nom qui offre une analogie frappante avec Serboza, D\'après lui, ce Sri-bhó-ja serait
identique avec San-fo-tsai, et il faudrait le chercher prés de Palembang.
1) On pourrait croire, a cause de la conformité du son, que Sam-bo-tsai était le Cambodge. Mais les
annales distinguent nettement entre ces deux pays, lorsqu\'elles font le conipte des pays dépendant de
la Chine: Annam, Chainpa, Cambodge, Siam, Java, Liou-kion, Sam-bo-tsai, Brouni (p. 69) et lorsqu\'elles
parlent de Sambotsai comme dépendance rebelle, tandis qu\'elles parlent du Cambodge comme d\'une
province tranquille. De plus, la situation donnée par les annales a Sambotsai entre le Cambodge et Java
exclut 1\'idéf» que ces deux pays soient identiques.
Il est bien curieux d\'observer qu\'on trouve dans les annales javanaises (Babad tanah djawi Ed. J. J.
Meinsma p. 27) un certain Kjahi (vénérable) Sam-bo-dja (Atjtnmttme), nommé comme serviteur d\'un roi
de Balambangan (vers la fin du 14me siècle). Faut-il croire que ce nom indique que l\'homuie venait de
Sam-bo-dja, ou Palembang\'?
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251
Some remarks respecting a place called Shi-li-fo-tsai frequently named in the works
of the Chinese Buddhist pilgrim I-tsing. Circ.
672. A. D.
The general form used by I-Tsing for representing this place phonetically is ?g ^qj jffi j£j£
Shi-li-fo-tsai. (Kau-fa-ko-sang. _£ fob 7. a). He also uses f* ^|) ^ }J| (the last symbol being
perhaps a mistake for jjjj, or being phonetically equivalent to it.) He calls it sometimes, o
country fj.|U| : and sometimes, aw island ^Jj . (Nan-hai-khi-kwei, k. 1. fol. 3. a.).
These symbols are restored by Stas. Julien {Methode pour déchiffrer n°. 299) to Qri
bhodja.
I shall adopt the spelling Sribhöja, agreeing as I do with the correctness of Stas. Ju-
lien\'s restoration.
I think there are reasons for placing this country, or island1), on the East coast of Su-
matra, and near Palembang, or, on the Palembang River.
First, however, it is well to observe that in I-tsing\'s time i. e. A. D. 671 the southern
route to India via Tonquin, Condore, Cainbodia, Sribhója, Quedah, and thence either to Ta-
maralipti or to Nagapatam and Ceylon, was commonly used. How long before his time we
can only surmise; perhaps Fa-hian (circ. 412 A. D.) returned from Ceylon by tbis route.
Of all places by this route named by I-tsing, S\'ribhója appears to have been the most
freqnented by merchants, and by Buddhist priests or pilgrims.
For example I-tsing tells us of a Chinese priest Hwui-Ta, a man of high family, who
accompanied an Envoy in a Persian ship and remained six months at S\'ribhója studying the
Sabdavidya. So also Shen-hing went to S\'ribhója where he died. So also Wu-king. a. c. (Journ.
R. As. Soc. Vol. XIII. part IV. p. 560).
We have reason thereforo to suppose that this place, or country, was a centre of com-
merce and also of religious propagandism in the days of I-tsing.
I will now notiee the important statement found in I-tsing\'s work the Nan-hai a. c. k. 1.
fol. 3. a. He is speaking of the ten islands of the Southern sea, he says there are »ten or
so", he actually names eleven, in this order:
«Proceeding from the west and counting these countries, they are as follows: (1) Po-lu-
sse-chow; (2) Mo-lo-yau-chow; which is the same as the present Shi li-fo-yau-kwo; then (3)
Mo-ho-sin-chow; (4) Ho-ling-chow; (5) Tan-tan-chow; (6) Pan-pan-chow; (7) Po-li-chow; (8) Ku-
lun-chow; (9) Fo-tsai-po-lo-chow; (10) Ho-shen-chow; (11) Mi-kia-lan-chow; and several other
little islands (chow), which I am not able to speak of."
This is I-tsing\'s account of these islands (chow j^|>|) of the Southern sea.
It is plain that the Po-lu-sse island, which comes first, is on the western coast of North
Sumatra; in some chinese geographical works this part of Sumatra is called Po-ssü; so cal-
led because as Dr. Bretschneider (Knowledge of the Chinese and Arabs. p. 16.) has observed
>the Pereians carried on a great trade with Sumatra and probably had colonies there." I
1) It is called an Mand, because it was thought to be separated from the Northern part of Sumatra
by the sea. Compare thp island of Sarbaza and also of Al-Rami.
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252
assume that this is the same as the Basma of Marco Polo (Yule. M. Polo. II. p. 231), the
Pasei of the Malays, and the Pacem of the Portugese.
The next island named is Mo-lo-yau which, he says, is the same as the Shi-U-fo-yau
country, that is, as S\'ribhója.
This is an important statement, because Col. Yule (M. Polo. II. p. 261.) has given good
reasons for supposing the Malaiur of Marco Polo (which certainly corresponds with the Mo-
lo-yau
of I-tsing) to be the same as Palembang. Marco Polo says »After going 60 miles and
again about 30 more, you come to an island which forms a kingdom and is called Malaiur.
The people have a king of their own and a peculiar language. The city is a fine and noble
one, and there is a great trade carried on there. All kind of spicery are to be found there,
and all other necessaries of life".
Here we have a description of 8\'ribhója; for Marco Polo calls it, as I-tsing does, first an
island, then a kingdom; so I-tsing says the island of Mo-lo-yau, the same as the present
kingdom of Shi-li-fo-yau; but secondly, the chief city is described by Marco Polo, »as a fine
and noble one with a great trade;" this is precisely what the records of I-tsing convey; it
was evidently, as I have said before, »a great centre of commerce."
If then, as Col. Yule supposes, Malaiur be the same as Palembang, we have the statement
of I-tsing to show that S\'ribhója is the same as Mo-lo-yau, i. e. Malaiur, and therefore
S\'ribhója is also Palembang.
But, again; there is a remark made by I-tsing in the Nan-hai. K. III. fol. 24. b. that at
S\'ribhója in the middle of the 8th month and also in the middle of spring, the Sun casts no
shadow at noon. The time denoted refers to the spring and autumn equinoxes; so that we
gather that S\'ribhója was near the equator, or immediately upon it. This answers to the situa-
tion of Palembang which is about 3° south of the line.
Again I-tsing tells us (Kau-fa-ko-sany ~f\\. fol. 17. b) that he was just embarking for
Kwang-chow (Canton) in a ship at the mouth of the »Fo-shai river", (that is, of the S\'ribhója
river) when the Captain hoisted his sail and he was left behind.
This shows that S\'ribhója was situated on a river, called by its own name. Can this be
any other than the Palembang river \'t
Again there is frequent notice in Chinese geographical works of a place called San-fo-tsai;
this can hardly be the same as the Arabian Senéf, which seems rather to indicate Champa:
but it is very problably only another form of Shi-li-fo-tsai i. e. S\'ribhója; or it is possible
that it denotes San or Sambhoja i. e. the united Bhojas; just as we have the Samvrijjis, in
Buddhist history, denoting the f united vrijjis"; this is not improbable moreover inasmuch as
I-tsing sometimes speaks of «Bhoja" only, and not S\'ribhója. Is it possible that S\'ribhója was
the capital of the Sambhoja districts \'t
Lastly in «Notes and queries on China and Japan" (Vol III. n°. 6. p. 92), Mr. George
Phillips remarks that the country San-fuh-chai is Jambie in East Sumatra, now known by
the name of Kew-kiang.
This has been also noted by M. Groeneveldt, and there can be little doubt that if Sam-
fo-tsai is the same as Kew-kiang or Kow-kong, that this represents Palembang. So again it
seems evident that S\'ribhója was situated on the site, or, near the site, of the present
Palembang.
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253
With respect to the island called Sarbaza dependent on the Maharaja of Zabej, I will ex-
press ïio opinion, as I am not an Arabic scholar. But from a kind eommunication made to
me by Col. Yule, I should think that Sarbaza and S\'ribhöja were identical.
S. BEAL.
Prof. of Chinese U. C. London.
Maït. Il faut bien distinguer entre al-Mabed (AjLL1) de la Relation (p. 31) et 1\'ile de al-
Maïd (JuLtl) d\'Edrlsf (I. 89) d\'un cóté, et Mabit (JajU, JasL», ou JtiL») d\'Ibn Khordadbeh
(p. 66. 201) et Maït (_L»jU, iaj-c) d\'Edrist (I. 81. 82). Peut être faut-il chercher Ie premier
pays dans la Cochinchine ou en Annam, (Reinaud dans Relation II. note 70), tandis que Ie
pays cité en dernier lieu se trouve dans 1\'archipel indien. Avec M. de Goeje il me semble
vraisemblable qu\'il est identique au pays mentionné par Nowaïri sous Ie nom d\'al-Manid
Jült\' (V. Excursion D.), et place par lui dans la mer Larewi. Dans ce cas, il faudrait lire mer
de Lameri. Ce même auteur parle peut-être encore une fois de ce pays en Ie citant comme
produisant ^gjlkiil j^xj\\ ou ^LLüül Oytl\\, 1\'aloès de Mand. Le Manid (^VJ-e) de Yaqout (IV,
ftl) est sans doute le même pays.
On cherchera donc ce pays dans 1\'archipel indien; et je crois qu\'on trouvera tres probable
la conjecture que le Maït (JxiU), dont parlent les Adjaib (p. 102), et auquel ils assignent une
position voisine de Senf et de Serboza est bien la même contrée.
Pour déterminer autant que possible la situation de notre ile, il faut commencer par fixer
cc lic de 1\'ile de Tyouma (v«jaS, lis. **^*j), puisqu\' Ibn Khordadbeh rapporte que cette ile était
située a gauche de Maït, — partant pas tres éloignée; ce qui resul te aussi de la description
d\'Edrisi disant que 1\'ile de MyJ ou v*^i (lis. a*o^aj) était a gauche de Maït a une distance
d\'une journée. D\'après ces deux auteurs elle produisait du bois d\'aloès et du camphre , et était
située a 5 journées du Khmer. Ibn al-Fakih (Bibl. geogr. V. II*) parle de la même ile, lors-
qu\'il éorit Betoumah, «.<°;Jü: il dit qu\'elle contient de 1\'eau douce et qu\'il y a une distance de
10 jours entre Kalah, Tyouma et Kedrendj, répétant en cela les indications de la Relation I. p.
18. M. M. Sprenger (Reiserouten, p. 89), Yule (Proceedings R. Geogr. Society 1882. p. 656) et
de Goeje (Ibn al-Fakih 1.1.) s\'accordent a penser que c\'est 1\'ile de Timoan, ou plutót Tiyuman
située prés de la cóte oriëntale de la péninsule malaie •). Cette ile parait dans Ia liste des pays
relevant du royaume javanais de Modjopahit (Journal asiatique. Juin 1846. p. 555) sous le nom
de ory^\' et e^e e8* cl^e Par H. v. Linschoten (Reisgeschrift van de navigatie der Portu-
galoysen. Amsterdam 1595. p. 51) sous le nom de Tymon comme point de répèro sur la route
de Macao («Poulou Tymon, 2^ü/0 latit. d. nord, ayant de 1\'eau douce qu\'on trouve au nord
da 1\'ile, oü les navires abordent pour la chercher.") Si nous admettons cette hypothese — et
je n\'en sais pas d\'autre qui soit plus probable — il faut expliquer qu\'on y trouvait du cam-
phre, en admettant que les navires allaient chercher la le camphre exporté de Sumatra,
1) L\'opinion de Reinaud (Relation LXXXVII) qu\'il faut adopter la   lecon de la Relation, Be-
touma (x«jJj), qu\'on doit expliquer ce nom par Beit-Touma, ou maison  de St. Thomas, et admettre
1\'identité de cette ville avec San-Thomé est insoutenable. Elle a été réfuté\'e  par M. Pijnappel. (Bydragen
taal- land- en volkenkunde. III. 7. p. 147).
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sans qu\'il soit besoin d\'expliquer ce fait en adoptant la conjecture que Ie camphrier était un
produit de l\'ile, ce qui ne semble nullement avoir été Ie cas.
Ce point gagné, il y a de tres fortes raisons pour admeitre la conjecture de M. Sprenger
(Reiserouten. p. 89), qui identifie Mabit ou Mait avec 1\'ile de Bentan (Bintang) dans 1\'archipel
de liliionw , prés de Sumatra. Il se pourrait que Jaile ou JuU ne tut qu\'une prononciation al-
térée de Bintang. La distance entre Bentan et Timoan peut étre parcourue dans une journée:
cette ile est située a gauche de Bentan, et 1\'on peut admettre que Bentan ait été un point de
répère sur la route de Java a la Chine, suivie par Ibn Khordadbeh, puisqu\'elle 1\'a été pour
Marco Polo, lorsqu\'il allait de Locac a Java. (M. Polo. II. p. 261). L\'ile de Bentan contient
de 1\'eau douce et les autres produits cités par Edrisi (du sucre (*:\'), du riz, des noix de coco),
hormis toutefois des pêcheries de perles dont je ne trouve aucune mention , quoique 1\'huitre
perlière se trouve dans 1\'archipel indien \'), et qu\'il y ait des pêcheries dans la partie oriëntale
de eet archipel. L\'izar qui, d\'après eet auteur, était Ie costume ordinaire des habitants de
Maït, se retrouve dans Ie sarong, vêtement des Malais qui habitent 1\'archipel. Les Adjaib enfin
assignent a l\'ile de Mait une position qui n\'est pas trop éloignée de celle de Bentan: voisine
de Serboza et de Senf.
Mais malgré ces preuves, dont je ne nierai pas 1\'importance, j\'hésite encore, et je suis d\'avis
qu\'une autre ile aussi pourrait être prise en considération. Les annales chinoises de 1436
(Groeneveldt. p. 79) nomment une ile May-i-tung, située a 1\'ouest de l\'ile de Blitong. Les ha-
bitants de eet ile portaient des robes longues et des sarongs de différentes couleurs. Elle pro-
duisait e. a. du coton et des cotonnades ornées de fleurs (flowered coton-cloth).
On ne peut nier que Ie nom de cette ile ait beaucoup de resserablance avec Ie Mait d\'E-
drisi: les sarongs aussi peuvent servir peut-être comme indication, quoiqu\'il faille observer que
ce vêtement est porté presque partout dans 1\'archipel 2).
Il me semble hors de doute que May-i-tung est l\'ile de Bangka, a cause de la position
que lui assignent les annales chinoises, a 1\'ouest de Blitong. M. Groeneveldt est du même avis,
mais sans qu\'il lui ait été possible d\'identifier Ie nom. On me permettra de présenter une con-
jecture qui peut-être est un peu hasardée, mais que j\'ose soutenir. Je suis d\'avis que les noms
May-i-tung et Mait ont été une corruption de «Muntoq", Ie nom du chef-lieu de l\'ile. Ce nom
est ancien. Les Anglais ont voulu Ie changer (1810) en Minto, en 1\'honneur du Gouver-
neur-Général des Indes anglaises Lord Minto, sans pourtant y réussir. Les diverses manières
d\'écrire Ie nom de l\'ile chez les géographes arabes (al-Manid, Mant, Mabit) peuvent s\'expliquer
par Ie nom indigène, tandis que celui de Mait serait pris de sources chinoises.
La position de Bangka n\'est pas non plus incompatible avec la situation de Mait suivant les
1)  Il faut observer qu\'Edrisi ne nommë pas les pêcheries de perles la première fois qu\'il cite les pro-
duits de Mait: c\'est seulement en les répétaut quelques lignes plus bas qu\'il ajoute ces pêcheries.
2)   Il y a aussi a observer un rapprochement curieux entre Ie Manid de Yaqout et May-i-tung. Cet
auteur raconte que Ie pays exporte »i«jlA»fl ^jjlSj ^*^ V^" littéraletnent »des lins fins et épais."
On sait que May-i-tung exportait du coton et des cotonnades. Yaqout s\'est-il trompé en écrivant qU^
o
lin, au lieu de cjlaï coton ? On avouera que la méprise était facile. V. Bunsen. Aegyptens Stelle i. d.
Weltgeschichte. Hamburg. 1845. II. 614. 11 est regrettable que Yaqout ne donne pas d\'autres particula-
rités sur Ie pays, et ajoute seulement que c\'est une ville maritime.
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géographes arabes. La seule difficulté c\'est qu\'Edrist affirme qu\'elle était située a une journéo
de Tyouma, tandis que Tiyuman est plus loin de Bangka. Mais Edrfsi raconte aussi que
Mait était tout prés de 1\'ile de Djaba (Java), ce qui n\'est pas Ie cas avec Bentan. D\'après eet
auteur, Mait était sous la dépendance du roi de cette fle: Bentan et Bangka étaient toutes les
deux sous la doraination de Madjapahit. (Journal Asiat. Juin 1846. 1.1.). Bangka aussi est sur
la route de Java au Khmer: la position de Mait selon les Adjaib peut se rapporter et a
Bangka et a Bentan, et les deux fles ont des produits analogues.
Qu\'il faille chercher Mait dans Bentan, ou dans Bangka, ou ailleurs, il me semble toutefois
hors de doute qu\'elle était située dans 1\'archipel indien. Mais les Adjaib racontent une his-
toire d\'un oiseau, qui se trouvait dans les parages de eet ile, et qui ne se retrouve nulle
autre part, si du moins on se tient a la lettre du récit. En tenant compte des exagéra-
lions et des mal-entondus que les on-dit des voyageurs entratnent si souvent, il sera peut-
être possible de déterminer 1\'espèce de 1\'oiseau. Il me semble que c\'est Ie maléo, dont parle
A. Russel Wallace (The malay archipelago. London. 1869. I. p. 415). «In the months of August
and September, when there is little or no rain, they como down in pairs from the intorior to
this or to one or two other favourite spots, and scratch holes three or four feet deep, just
above high-water mark, where the female deposits a single large egg, which she covers over
with about a foot of sand and then returns to the forest. At the end of 10 or 12 days she
comes again to the same spot to lay another egg, and each female bird is supposed to lay
6 or 8 eggs during the season. The male assists the female in making the hole, coming
down and returning with her.....After the eggs aro deposited in the sand they are no
further cared for by the mother. The young birds on breaking the shell, work their way
up through the sand and run off at once to the forest; and I was assured that they can fly
the very day they are hatched." Le maléo se trouve a Celebes, et non pas a. Bangka, mais
il faut observer que les Adjaib disent que eet oiseau vit dans les parages de Mait, et nulle-
ment dans 1\'ile même, ce qui rend encore plus probable que 1\'histoire de eet oiseau ait été
mutilée de maniere a ne pas s\'y reconnaitre. Mais si 1\'on veut comparer la description des
Adjaib avec celle de M. Wallace on trouvera quelques traits communs.
Il existe une lacune dans les Adjaib, de sorte qu\'il est impossible de décider si la des-
cription de 1\'ile, citée p. 103 se rapporte a Mait. L\'énumeration des produits qui s\'y trouvent
semble indiquer eet ile: le coton (V. plus haut p. 254), et le miei, qui est un des produits
les plus importants de Bangka. Mais on n\'y trouve pas d\'or, et le récit, touchant la dif-
ficulté d\'aborder a cette fle ne peut nullement se rapporter ni a Ben tan ni a Bangka.
Halah. La question de savoir quelle a été la situation précise de cette place me semble
pour le moment tres difficile a resoudre. Il est vraiment bien curieux qu\'il ne reste presque
piis de traces d\'un port qui sans doute a été autrefois tres important, puisqu\'on le trouve cité
a plusieurs reprises dans les écrits arabes et chinois. Les écrits malais que j\'ai pu consultor n\'en
parlent pas.
Les Adjaib n\'en disent pas grand-chose. Ils nomment Kalah en même temps que Fansour,
Lameri, Qaqola et Sanffn et citent ses habitants comme anthropophages (p. 126). Un peu plus
loin ils racontent qu\'un vaisseau a fait le voyage de Kalah a Chihr dans 41 jours (p. 130)
ou dans 48 jours (p. 132), et qu\'il y a 120 zams de Kalah a Serboza (p. 176). Cette dernière
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25(i
distance semble peu exacte, car si 1\'on admet, comme tout semble Ie prouver, que Kalah était
situé soit sur la prèsqu\'ile de Malaca, soit a Sumatra même, une distance de 600 ou tout
au moins de 360 lieues (Y. Glossaire sous J-.) est trop grande. Il faut lire avec M. de Ooeje
..,3-i^e. ^roU-s\' au lieu de ^J^c^ uli et admettre une distance de 28 zam, soit de 140 ou
84 lieues.
Avant d\'essayer de fixer la position de Kalah je commence par donner les extraits sui-
vants des géographes arabes.
Soléiman (Relation I. p. 17). Des Landjebalous (Ladjabalous) les navires mettent a la voile
pour Kalah-Bar. G\'est une dépendance du Zabedj \'), située a droite des provinces de Pinde. La
région entière obéit a un seul roi. L\'habillement des habitants consiste dans Ie pagne: grands
et petits, tous portent un simple pagne. Les navires trouvent dans Ie Kalah-Bar de 1\'eau douce
provenant de puits. La distance entre Koulam et Kalah-Bar est un mois de route. Il y a 10
journées entre Kalah-Bar et Tiyuman (Betoumah). Et plus loin, p. 20, il raconte qu\'il ex-
iste une tle appelée Malhan entre Serendtb et Kalah, oü il y une peuplade noire et nue, qui
mange la chair humaine.
Abou Zéid (Relation I. p. 93). Le roi du Zabedj compte parmi ses possessions 1\'ile de Kalah
située a mi-chemin entre la Chine et 1\'Arabie. Sa superficie est a ce qu\'on dit de 80 para-
sanges. Kalah est le centre du commerce de 1\'aloès, du camphre, du sandal, de 1\'ivoire, de
1\'étain (plomb alcaly), de 1\'ébène, du bois de Brésil, des épiceries de tous les genres. C\'est
la que se rendent maintenant les expéditions qui se font de 1\'Oman et de la partent les ex-
péditions pour le pays des Arabes."
Ibn Khordadbeh (p. 288). De Likhbalous (Ladjabalous) a 1\'ile de Kalah 6 journées de na-
vigation. Cette tle appartient au Djaba de 1\'Inde. Elle renferme des mines d\'étain al-caly et
des plantations de bambou. A gauehe et a 2 journées de Kalah est 1\'lle de Balous habitée
par des anthropophages. Produits: camphre excellent, bananes, cocotiers, canne a sucre. Deux
paras, plus loin est 1\'ile du Djaba.
Ibn al-Pakih (p. IV) ne fournit par de nouvelles données, puisqu\'il n\'a fait que copier une
partie des récit de la Relation (II. p. Ia).
Mas\'oudi. I. 340. (V. aussi p. 330.) La quatrième mer est celle de Kalah-Bar, c. a. d. mer
de Kalah. Comme toutes les mers qui ont peu d\'eau, elle est dangereuse et d\'une naviga-
tion difficile. On y rencontre beaucoup d\'iles et de sour, (plur. saraïr), qui est le point de
jonction de 2 detroits ou canaux. La cinquième mer, nommée mer de Kerdendj, renferme
aussi beaucoup d\'iles, oü se trouve le camphre et 1\'eau de camphre. Elle n\'est pas riche
en eaux, bien que la pluie n\'y cesse presque jamais. Parmi les insulaires il y en a qui sont
appelés Al-Fendjab; ils ont des cheveux crépus et des figures étranges. Montés sur leurs bar-
ques, ils vont attendre les vaisseaux qui passent dans leurs parages et lanccnt sur eux des
flèche8 empoisonnées. Entre le pays qu\'ils habitent et le territoire de Kalah il y a des mines
de plomb blanc et des montagnes qui renferment de 1\'argent. Cette contrée possède aussi des
mines d\'or et de plomb, mais dont 1\'exploitation offre de grandes difficultés. La mer de Senf
est contigue a celle de Kerdrendj. On y trouve 1\'empire du Maharadj.
Edrist (I. p. 79 s. s.). De 1\'ile de Liankialious (Ladjabalous) a 1\'ile de Kalah 5 journées.
1) Cela ressort de la comparaison du récit d\'lbn al-Fakih (_jU! aXJux ^y« ^A) p. II*.
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257
Kalah est très.grande: la demeure un roi qu\'on nonime Ie Djaba, ou prince indien. Il y a
dans cette ile une mine abondante d\'étain. Le vêtement des habitants est la tunique; olie est
de même forme pour les hommes et pour les femmes. L\'ile produit le rotan et d\'excellent
camphre. Dans le voisinage de cette ile sont celles de Djaba, de Selahat et de Heridj.
ifaqout. (II. p. föf). Kalah est une station pour navires, a mi-chemin entre 1\'Oman et la
Chine. Les navires passent Serboza du cöté de Porient, et Serendib. Ailleurs (IV. p. f.-tf)
il répète ces indications et ajoute que le pays se trouve sur 1\'équateur.
Dimachqi (trad. p. 203) cite la mer de Kalah, appelée ainsi d\'apres l\'ile de Kalah avec
une capitale du même nom, la plus grande des quatre villes qui y sont situées. Pag. 208.
L\'ile de Kalah est bien périlleuse a. aborder; sa longueur est de 800 milles sur une largeur
de 350. Elle contient les villes de Fansour, de Djaouah, de Helabir (Malaiour), Lawezi (La-
meri) l) et Kalah. Il y a des éléphants, introduits du continent, qu\'on élève et qu\'on dresse
pour les rois du pays. Et enfin (p. 229) il cite parmi les villes, situées au bord de la mer de
Maharadj et vers le nord: Kalah, Laréwi, Maharadj et Balhour.
Kazwini II, p. I*\\ raconte que Kalah est situé k mi-chemin entre 1\'Oman et la Chinc et juste
sur 1\'équateur, de sorte qu\'un objet ne jette pas d\'ombre a 1\'heure du midi. Il s\'y trouve
beaucoup do bambou qu\'on exporte a 1\'étranger. Plus loin, p. 11. Une grande ville, avec beau-
coup de jardins: c\'est un lieu de rencontre des Brahmanes savants. C\'est le premier pays de 1\'Inde
qu\'on rencontre pendant le voyage a la Chine. Les vaisseaux ne peuvent aller plus loin: s\'ils osent
s\'y aventurer, ils font naufrage. Il y a une citadeüe, oü 1\'on fait les sabres al-qala\'i, qui
sont les anciens sabres indiens: on ne les trouve nulle part ailleurs. Son roi est sujet du roi
de la Chine: sa qiblah est vers ce roi, et il suit en tout ses commandements,. L\'obéissance
au roi de la Chine lui porte bonheur; et la désobéissance lui est nefaste2). Entre Kalah et
la Chine il y a une distance de 300 parasanges.
Abou\'1 feda II. «. p. 131. D\'après le Qanoün et 1\'Atwal 130° de longit. et 8° de lat., au
sud du premier climat, dans la mer de 1\'Inde. C\'est le port de toutes les régions situées entre
1\'Oman et la Chine. On en exporte 1\'étain qui porte son nom. Mohallabi dit: l\'ile de Kalah
est dans la mer de 1\'Inde. Il s\'y trouve une ville prospère, habitée par des Musulmans, des
Hindous et des Persans. On y remarque des mines d\'étain, des plantations de bambous et des
camphriers. Vingt madjras la séparent des Hes du Mahradj.
Ibno\'1 Ouardi: 1. 1. p. 1v ne donne pas d\'indications importantes, puisqu\'il répète que c\'est une
grande ile avec des arbres, des rivières et des fruits, oü demeure un roi des Banu Djaba al Hindi.
Il y a des mines d\'étain et des camphriers qui ressemblent a des saules et donnent de l\'om-
brage a 100 hommes ou plus, comme aussi des bambous. Il nomme ensuite l\'ile de Djaba avec
un volcan, habitée par des hommes, qui ont des visages roux et des poitrines couvertes de poils.
1)  Il me semble évident que ce Lawezi comme aussi le Larewi de Nowaïri n\'est qu\'une erreur pour
Lameri, puisqu\'on ne peut pas songer ici a la mer de Lar. Compar. la liste d\'Ibn Saïd p. 258.
2)  On ne comprend pas bien comment l\'auteur de «Ceylon; a General Description of the Island" (cité
par M. E. Forchtaammer: Notes on the early history and geography of British Burma. II. Raugoon 1884
p. 15) ait pu dire »Ibn Mulbalhal and Ibn el Ouardi say Kalah was the only place in the world where
tin or lead was found; and Kazwini, quoting the first-named Arabian, remarks Kalah was the first In-
dian town reached on the overland route from China by Siam. It produced tin and was subject to the
king of Siam."
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Ibn Sa\'id. Je dois a M. de Goeje 1\'indication du passage suivaut: ^j^Ü^ Jr~^\' O3/\' ^5
(lis. o_^>) «O,* i J^\' (,^6\') ^r^\' «r*-^ Ws ü\'LjUi\' 07*^\' J* "jj*5-* & *** *****
£j .J^Lt JUjlX> ALt.w.\'1 j-S-üJI wól^C\' J. .<SU2*> »«£>£ J--o\'. ii-.J ^«_~*i>. *—?)5 *^- ^lh
.êc!\' ,mJ^ CT* *^^~* i3«^ i^^^ u»J«J v\'il—S-* \'-fr*0/-ci *~^ óyz* Vi^ IfrVfoa H^M^iU iw £*»
D\'après eet extrait Kalah, bien connu des voyageurs et situé dans Ie coin sud-est, exporte
de 1\'étain excellent. Longit. 154°12\'. Du cóté du nord-est se trouve Malaiour, bien connu
et visite , a peu prés a la même longitude que Kalah. Le pays de Malaiour est prés de
Lameri. Toutes les villes menlionnées dans cette ile (Laraeri, Fansour, Djiioua, Kalah, Ma-
laiour) sont situées dans un golfe.
Nowaïri (V. Exeursion D). Mer de Larewi (Lameri), est formée des mers de Kalah, de Djaouah
et de Fansour. Le pays de Kalah avec les villes Fansour, Malaiour, Larewi (Lameri) et Kalah.
Quoique le Mokhtasar Adjaib (V. Exeursion D) ne présente pas beaucoup de données im-
portantes, parce qu\'on retrouve ce récit soit chez Ibn Khordadbeh (Mokht. p. 23), soit dans la
Kelation (Ibid. p. 25), on y remarquera néanmoins ce fait interessant qu\'il place 1\'ile do Ba-
lous non pas a gauche de Kalah comme Ibn Khordadbeh, mais a droite.
D\'après ces données, je crois qu\'on ne commettra pas une grande erreur en admettant qu\'il
faut chercher Kalah soit sur la péninsule de Malaca, soit sur 1\'ile de Sumatra. Reinaud
(Relation I. LXXXV) en parlant de Kalah-bar, qu\'il semble considérer comme un autre pays
que Kalah , a énongé 1\'opinion que le premier serait le pays de Coromandel. Son argument qu\'il
y aurait quelque ressemblance entre Tchola-mandalam ou pays de Tchola (Coromandel) et Kalah
n\'est pas tres fort; 1\'opinion même est réfutée par la distance donnée par Soléiman: 30 jours
de Koulam, et 10 de Tiyuman (V. plus haut p. 253), qui exclut tout-a-fait le Coromandel.
Il me semble que Kalah et Kalah-bar sont identiques. La Relation memo nous explique
que Kalah-Bar est la cöte et le pays de Kalah. Ibn Khordadbeh, qui prend ici la même
route que la Relation dit que les navires, quittant Ladjabalous arrivent k 1\'ile de Kalah, et
Soléiman dit la même chose de Kalah-Bar; ce dernier navigateur raconte que Kalah-Bar était
une dépendance du Zabedj, et d\'après les autres auteurs cités plus haut, c\'était aussi le cas
de Kalah.
En parlant de Kalah dans 1\'Intioduction de la Relation (I. p. LXI) Reinaud était d\'avis
qu\'il fallait chercher cette place a Ceylan et qu\'elle ne serait autre que Pointe de Galle. Cette
opinion (sur laquelle il est depuis revenu V. Abou\'1-feda. Introduction p. CDXIV. CDXVIII, mais
qui est encore partagée par Sir E. Tennent. V. Forchhammer 1.1. p. 12) 1), ne s\'accorde pas
avec les données des auteurs arabes. En pla^ant Kalah sur Ceylan, on ne peut pas s\'expli-
1) Dulaurier, Journ. Asiat. Aoiit-Sept. 1846 p. 20!» a défendu la conjecture que Kalah se trouvait a
Ceylan en itlléguant Cosmas qui dit que cette ile était 1\'eutrepöt des produetions de 1\'lnde, de 1\'avchipel
indien et de la Chine. Comme Abou-Zéid raconte que Kalah f\'oiirnissait quelques produits que d\'après
Cosmas on venait chercher a Ceylan, Dulaurier pensa que Kalah se trouvait dans cette ile. Mais il est
tres possible — et même probable — qu\'il existait encore d\'autres entrepöts, et puis Dulaurier ne dit
pas que Cosmas parle de 1\'étain parmi ces produits.
Un autre argument semble au premier abord plus important. D\'après Yaqout et Kazwini, Kalah était
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quer 1\'tle de Malhan (Relation) ou de Halhan (Mokhtasar) située entre Serendib ou Ceylan et
Kalah, ni les anthropophages qui demeurent dans cette ile. La distance donnée entre les
Ladjabalous et Kalah d\'une part, ainsi que celle entre cette ville et Koulam d\'autre part
excluent 1\'tle de Ceylan. Il faut aussi remarquer que les auteurs cités prennent leur cours de
l\'occident vers 1\'orient et puisqu\'ils passent les Ladjabalous avant d\'arriver a Kalah, il faut
donc que ces tles se trouvent a, 1\'ouest de cette ville. Les nomenclatures de Nowaïrt, d\'Ibn Saïd
et de Dimachqt qui citent Kalah tout d\'un trait avec des pays situés a Sumatra (Lameri ,
Djaoua, Fansour) ne semblent pas pouvoir se rapporter a Ceylan, non plus que la suprematie
de Zabedj et Ie nom du roi »le Djaba de 1\'Inde". On ne sait pas que Ceylan ait été sous Ia
domination chinoise. Mais ce qui nous force surtout a exclure Ceylan et a chercher Kalah ail-
leurs, c\'est la inention presque constante que les auteurs arabes font de 1\'étain et des mines
d\'étain qui se trouvent dans Ie pays de Kalah.
Il faut donc chercher Kalah dans les pays produisant 1\'étain et en premier lieu dans la pres-
qu\'tle de Malaea, qui de nos jours encore exporte ce minéral. Je suis d\'avis qu\'il y a beau-
coup de probabilité en faveur de la conjecture de Walckonaer (Analyse géographique des
voyages de Sind-bad dans: Nouvelles annales de voyages. Paris. 1832. I. p. 19. citée par
Reinaud et partagée par M. Yule. Geogr. Soc. 1882 p. 656) que Kalah est identique avec
la province de Quedah \') dans la presqu\'tle de Malaea, arrosée par la rivière Kalang. La
raison donnée par "Walckenaer: «c\'est dans cette province que se faisait principalement Ie
commerce de 1\'étain de Malaea et du camphre", peut être fortifiée par plusieurs autres arguments.
En premier lieu, la situation de Quedah est assez conforme a celle assignée a. Kalah par
Soléiman et Yaqout *). On peut gagner aisément en 6 jours Quedah en partant des iles Ni-
situé sur l\'équateur, et les Arabes, d\'apres Ptolémée, s\'imaginaient que Ceylan était coupée dans sa partie
meridionale par l\'équateur. Mais en regardant de prés, on voit bien que eet argument ne prouve pas
grand chose. La seule conclusion qu\'on pourrait en tirer c\'est que Yaqout et Kazwinï ont pu se tromper
sur la véritable latitude de Serendib en s\'imaginant que Ie cercle de latitude traversant la partie méri-
dionale de Ceylan fut 1\'équateur. Dans ce cas, ils ont du s\'imaginer que la péninsule de Malaea aussi
était coupée par l\'équateur et cela a peu prés dans Ie pays de Quedah, puisque ce pays et Ie 9iid de
Ceylan sont situés environ a la même latitude. Si 1\'on compare 1\'atlas dressé d\'après Ptolemée. (Cf.
Cl. Ptolenaaei. Tabulae geographicae orbis terrarum. Franequerae et Traj. ad Rhenum. 1695) on verra
que telle a été véritablement la conclusion du cartographe hollandais. Ajoutons de plus qu\'Abon\'1-feda
place Kalah au nord de l\'équateur, et que Ie récit fantastique de Kazwini, qui fait entrer en scène une
citadelle (Xjdï) pour expliqner Ie nora des sabres al-qala\'i, n\'a pas assez de valeur pour réfuter les preu-
ves alléguées contre la conjecture de Dulaurier et de Reinaud.
1)  Crawfurd (A descriptive dictionary of the Indian Islands. London 1858 p. 361) donne Ie véritable
orthographe Kadah. Quedah est une corruption due aux Portugais.
2)  C. a. d. a mi-chemin entre l\'Onian et la Chine, du moins si 1\'on explique cette assertion en accep-
tant Kalah comme point de répère entre ces deux pays, sans exiger que cette ville partage la route en
deux parties tout-a-fait égales, comme Dulaurier 1.1. semble Ie faire. 11 faut aussi comparer la route
de Soléiman, qui semble designer la presqu\'ile de Malaea. (p. 15. 17. 18.) »De Mascate a Koulam Meli
1 mois, de la a Kalah 1 mois. De Kalah a Tiyuman 10 jours; de la a Kedrendj 10 jours; de la a
Senf 10 jours, de la it Sendel-foulat 10 jours; de la a la Chine 1 moi9." On voit bien que eet itinéraire
tient compte des difficultés que la mer de la Chine opposait a la navigation, puisqu\'il assigne Ie même
uombre de jours a la navigation de Mascate a Kalah qu\'au voyage de cette ville a la Chine, et qu\'il
met la distance de Mascate a Koulam comme a pen prés egale a celle de Sendel-foulat a la Chine.
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cobar, distance donnée par Ibn Khordadbeh, et un voyage de 10 jours entre Quedah et
Tiyuman n\'a rien d\'étonnant. Les 8 degrés de latitude d\'Abou\'1-feda nous mettent a peu
prèa a Quedah. Entre Ceylan et Quedah se trouvent, comme on Ie sait, des iles qui étaient
habitées par des anthropophages \'). Reinaud (Introduction Abou\'1-feda. CDXIV) a déja re-
marqué la conformité de la cóte occidentale de la presqu\'ile de Malaca avec la description
de la nier de Kalah-bar par Mas\'oudi. M. Sprenger (Reiserouten p. 85) a aussi reconnu Ie
détroit de Malaca dans la mer de Kalah-bar.
Une remarque de M. Sprenger (1.1.) n\'est pas sans intérêt. En traitant des différente» mers
situées entre Basra et la Chine, Mas\'oudi noinme en 4m(\' lieu cette nier de Kilah ou de Kalah-bar,
et précisenient la oü d\'après la Relation on s\'attcndrait a trouver la mer de Shelaheth (JaS^Li),
qui avec la nier de Herkend (golfe de Bengale) baigne 1\'ile de Rami (Sumatra). Il est donc
bien probable que les mers de Schelaheth et de Kalah ne font qu\'une. Peut-on songer que Ie
premier nom renferme Ie mot malais Selat, détroit, et indiquerait comme tel Ie détroit de MalacaP
Il n\'est pas non plus sans importance de fixer ici 1\'attention sur les insulaires que Mas\'oudi
nomme Al-Fendjab demeurant dans les iles et les terros baignées par la mer de Kerdendj,
ayant des cheveux crépus et des figures étranges. Montés sur leurs barques, ils attaquent les
vaisseaux qui passant et lancent sur eux des flèches empoisonnées d\'une espèce particuliere.
Comme il semble certain que la mer de Kerdendj est la mer de Singapore jusqu\'au Cambodge
(Sprenger 1.1.) et que Mas\'oudi ajoute qu\'entre Ie pays qu\'ils habitent et Ie territoirede Kalah
il y a des mines de plomb blanc et des montagnes qui renferment de 1\'argent, — ce qui nous
avertit que Ie territoire de Kalah est assez prés des pays habités par ces sauvages, — il nous
faut chercher soit dans la presqu\'ile de Malaca, soit dans les iles du groupe Riou-Lingga.
Eh bien! c\'est précisement la que 1\'on trouve encore maintenant des tribus aborigènes, con-
nues sous divers noms: Karians, Semangs, Mantras, Dyakons, dans la presqu\'ile de Malaca;
Orang laout (hommes de mer, nommés ainsi parce qu\'ils demeurent dans leurs navires, pra-
Jtou)
et Orang benoua a Rhiou; Orang sekah a Biliton. Le terme Ie plus général, sous lequel
ils sont connus, est celui d\'Orang benoua, habitants de la contrée.
Bien que ces tribus n\'offreut pas toujours les mêmes traits, elles ont quelques traits en
oommun qui me font admettre que ce sont elles que Mas\'oudi avait en vue. M. le missionaire
Borie, qui a vécu longtemps parmi eux, donne la description suivante des Mantras et Dya-
kons: »Ils ont assez ordinairement les cheveux crépus sans être laineux". (V. Notice sur
les Mantras dans Tijdschrift v. Ind. taal-, land en volkenkunde. X. p. 413). Il ajoute que
c\'est seulement vers le XIIme siècle qu\'ils furent graduellement refoulés vers 1\'intérieur a
mesure que les Malais fondèrent des établissements sur les cótes. Parmi les Orang-sekah
de Biliton qui eux aussi demeurent dans des prahou on trouve des personnos ayant les
cheveux crépus. M. 1\'abbé Favre (An account of the wild tribes. Paris 1865. p. 28) dis-
tingue 3 espèces de ces sauvages, et décrit les Dyakons qui habitent la partie meridionale
de la presqu\'ile de Malaca (de Salangor et Kemamau jusqu\'a 1\'ile de Singapore) comme
1) Sumatra, Audaman. Il est curieus d\'observer 1\'analogie qui existe entre la population de 1\'ile Mal-
han et celle des Andainan. Mais ce dernier groupe était déja nommé par Soléiuian sous le nom d\'An-
daman (p. 9). Il nest donc guère probable que ce navigateiir ent nommé les mêmes iles uu peu plus
loin sous un autre nom.
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ayant des cheveux crépus (The hair of tho Jakuns is black, ordinarily frizled, but very
different from the crisp hair of the caffree. Some of them Ieave the whole to grow, and turn it
round the head). Presque toutes ces tribus font usage du soumpitan, avec lequel les hommes lan-
cent des flèches empoisonnées. M. Borie (p. 422) décrit ainsi cette arme: Le soumpitan ou sar-
bncane est un tube creux de bambou. Par la bouche de eet instrument, le sauvage introduit
une flèche légere, longue de quelques pouces, induite a son extrémité aiguë d\'une gomme
erapoisonnée, puis, avec un puissant effort de poumons, il la lance a 50 ou 60 pas; la flèche
part, fend 1\'air et atteint assez ordinairement son but. V. aussi Favre 1.1. p. 63 qui dit ex-
pressément que les Dyakons cités se servent de eet instrument. On peut donc sans grande
témérité conjecturer que Mas\'oudi a voulu parier de ces tribus, co qui prouve de nouveau que
nous avons affaire a un pays situé au détroit de Malaca. Mais je ne puis pas expliquer le
nom de Al-Fendjab. Peut-être c\'est par erreur que Mas\'oudi leur a attribué ce nom, qui
est cité par Edrisi I. p. 173 comme un titre des rois de Zabedj(-\').
Je ne crois pas qu\'on trouve de 1\'argent dans la presqu\'ile de Malaca. Newbold. (Poli-
tical and statistical account of the British settlements in the straits of Malacca. London 1839.
I. p. 431) dit qu\'il ne trouve nulle part aucune indication de la présence de ce minéral sur
quelque point de la presqu\'ile. Mais il ajoute qi;e le pays de Perak semble tirer son nom du
mot malais ^J>, argent, ce qui permet de supposer qu\'on a pu croire jadis a 1\'existence de
ce métal dans ce pays. Ce fait s\'expliquerait par la conjecture de Newbold d\'après laquelle
on aurait confondu 1\'étain argenté (silvery-looking tin) avec 1\'argent. M. F. Mc Nair (Perak
and the Malays. London. 1878 p. 3) dit qu\'on y trouve pourtant quelques traces d\'argent.
Ce dernier auteur raconte qu\'on voit les restes de vieilles mines d\'or autour de la montagne
d\'Ophir, en même temps qu\'il signale des mines importantes de galene (plomb) dans le pays
de Patane. D\'après Mas\'oudi ces métaux se trouvaient dans le voisinage de Kaiah.
Mais ce qui, sans doute, donne le plus grand poids a 1\'assertion que Kalah et Quedah
sont identiques, c\'est que les auteurs cités font mention du pays comme produisant 1\'étain. Ce
n\'est pas seulement comme entrepot pour le commerce de co minéral qu\'ils citent Kalah, mais
aussi comme contenant des mines d\'étain. Depuis longtemps la presqu\'ile de Malaca était célè-
bre a cause de ce métal. Quoique, dit Newbold (I. p. 426), on ne puisse pas s\'assurer de la
date de la découverte de 1\'étain, elle est certainement bien ancienne. Les comptoirs de la
compagnie des Indes Orientales Neerlandaises u Peirak et a Quedah étaient destinés surtout
a acheter 1\'étain qui s\'y trouvait. (Valentijn. V. Malakka p. 311). De notre temps encore on
trouve un peu d\'étain dans 1\'état actuel de Quedah, mais c\'est surtout dans !e pays limitrophe
de Perak qu\'on trouve encore des mines importantes, dont quelques-unes ont été délaissées
et d\'autres sont encore en exploitation. Il me semble que 1\'assertion, que les mines se trou-
vaient dans le pays de Kalah, peut aussi bien s\'appliquer au pays voisin, puisque rien ne
prouve que les limites du pays de Kalah du temps de Soléiman ne s\'étendaiont pas plus loin
qu\'aujourdhui. De plus il est peu probable que ce voyageur ait fait des recherches concernanf
les limites de ce pays. Les marchands arabes, qui se procuraient 1\'étain, savaient qu\'on le
trouvait dans le voisinage du pays de Kalah et c\'est, comme nous le savons, exactement le
cas avec Quedah.
Il semble bien curieux que Kalah. ville célèbre et emporium important, se retrouve dans une
ville qui maintenant n\'a presque plus d\'importance. Mais on sait que Quedah a été autrefois
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beaucoup plus florissante que de nos jours. M. Ie révér. S. Beal a publié des extraits des itiné-
raires de pèlerins ehinois dans Ie septièrae siècle (Two Chinese-buddhist inscriptions found at
Buddha Gaya, dans Journal o. t. Asiat. Society. New Series. XIII. 1881. p. 552) d\'oü 1\'on
peut tirer la conclusion, que Quedah était un port bien frequente et en quelque sorte un lieu
de repos pour ces pèlerins (p. 558, 560, 562. Comp. aussi sa note, inserée ici-mêrae p. 251.)
Il faut metm\' ce fait en relation avec Ie réeit de Kazwini, disant que Kalah était un rendez-
vous pour les Brahmanes savants. Crawfurd (1.1. p. 362) citant Barbosa, raconte que dans Ie
16me siècle encore, Quedah était un port de nier fort important (»a sea-port Quedaa, to which
an innnite number of ships resort trading in all kinds of raerchandise. Here corae raany Moo-
rish ships from all quarters"). D\'après Ritter (Asiën IV. p. 25) Quedah contenait vers 1620 une
population de 60.000 ames. Mais une épidémie terrible avait fait succomber dans cette année
environ 2/3 de ses habitants. Les dates, données par Newbold (II. p. 8) et se rapportant aux
guerres que ce pays a dü supporter, expliquent bien sa décadence.
Le passage de Kazwini, concernant la dépendance de Quedah envers la Chine peut s\'ex-
pliquer par les relations continuelies entre ce pays et la presqu\'ile de Malaca \'), et peut-être
aussi par le fait, que Quedah, depuis un temps immémorial a été tributaire de 1\'empire de Siam
(Crawfurd 1. 1.) 2).
En admettant l\'identité de Kalah et Quedah, il est incontestable que le trajet de Chihr a
Kalah en 48 jours devait être consideré comme tres rapide au temps des Adjaib, surtout si
on songe que les navires se tenaient ordinairement aussi prés que possible de la cóte. Mais
ce trajet n\'a rien d\'impossible. Si nous acceptons la conjecture qu\'il faut lire 28 zam au lieu
de 120, une distance de 84 a, 120 lieues entre Sorboza et Kalah n\'est pas exagerée. Et si 1\'on
se rappelle qu\'Ibn Batouta avait besoin de 21 nuits pour aller de Samoudra a Qaqola, on ne
s\'étonnera pas de 1\'assertion d\'Abou\'1-feda, qui donne une distanee de 20 madjra\'s (madjra =
24 heures de navigation, V. Reinaud. Introduction Abou\'1-feda CCLXVII) entre Kalah et les
iles du Maharadj ou Zabedj 3).
Ibn Khordadbeh dit que Kalah appartient au Djaba de 1\'Inde \'). C\'est sans doute du roi
de Zabedj qu\'il veut parier, étant en cela d\'accord avec Soléiman et Abou Zéid. Il faut ob-
server que 1\'expression de Soléiman, que Kalah est situé a droite des provinces de l\'Inde
n\'est pas bien claire, puisqu\'on ne sait pas quelle était la position qu\'il avait prise. Assu-
1)  Reinaud (Relation 1. 1.) a déja remarqué qu\'il y a eu de tont temps des colonies chinoises dans
la presqu\'ile de Malaca.
2)  M. Sprenger (Reiserouteu) a cru pouvoir retrouver Kalah dans Malaca. Il faut reconnaïtre que la
plupart des faits cités plus haut, peuvent aussi se rapporter a ce pays. Mais d\'après ce qu\'on sait de
rhistoire de Malaca, la fondation de cette ville est trop récente (A. D. 1252. V. Crawfurd p. 240. Newbold
I p. 122) pour admettre cette hypothese.
3)  Il me m\'a pas été possible de retrouver le poisson, nommé (Adjaib p. 96) Baraka. Dans les mers
de Batavia et Padang se trouve un poisson, nommé Ikan (poisson) peperrek (Bleeker, Verhandel. Bat.
Gen. v. K. en Wetensch. XXIV. p. 85); un autre Ikan bountak barik (ibid. p. 12, 17) et Ikan Brek
(Ibid. XXIII. p. 11), mais je ne crois pas qu\'ils puissent servir.
4)  Edrtst raconte que le Djaba ou prince indien y demeure. C\'est sans doute une erreur, puisqu\'il dit
un peu plus loin que 1\'ile de Djaba est située dans le voisinage de Kalah, ce qui est aussi 1\'avis d\'Ibn
al-Ouardi. Ce dernier, (qui dit que le roi des Banu Djaba al-Hindi demeure a Kalah), nomme le roi de
Djaba, du nom de cette ile, Djaba.
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263
rément, il n\'a pas voulu parier de la situation de ce pays pour Ie navigateur qui va de 1\'Inde
vers la Chine en regardant la proue du navire, mais si 1\'on suppose Ie vieage du navigateur
tourné vers Ie continent 1\'assertion est bien exacte. Il me semble donc que Ie navigateur est
censé avancer en regardant vers Ie continent, et alors Kalah est bien a sa droite relative»
ment a 1\'Inde
Ibn Khordadbeh parle d\'une tle Balous, habitée par les anthropophages qui d\'après lui
était située a gauche de Kalah. Cette ile ne peut pas être la groupe de Ladjabalous, puis-
qu\'il en a déja parlé en d\'autres termes. M. Sprenger (Reiserouten, p. 89) a fait remarquer
qu\'on ne trouve pas d\'tle au nord de Kalah, comme il Ie faudrait, si Balous était vraiment a
gauche de Kalah. Car sans aucun doute, Ibn Khordadbeh décrit la navigation des Ladjaba-
lous a la Chine. Néanmoins il est d\'avis que Balous serait Bangka.
La difficulté provenant de cette assertion d\'Ibn Khordadbeh est levée par Ie Mokhtasar qui
évidemment a puisé aux mêmes sources qu\'Ibn Khordadbeh, mais qui place Balous a droite
de Kalah. Peut-être retrouve-t-on cette 11e dans Baros, sur la cóte occidentale de Sumatra,
pays qui a donné son nom au camphre célèbre de Sumatra «kapour Barous", qu\'on exporte
depuis très-longtemps a la Chine et au Japon. La mention du camphre excellent, provenant
d\'après Ibn Khordadbeh de cette ile, et celle des anthropophages me font incliner vers cette
conjecture. Le Balhour de Dimachqi qui semble assez mal place dans une nomenclature des iles
de 1\'archipel indien, est peut-être une corruption de Balous.
Non seulement les Adjaib, mais aussi quelques-uns des auteurs cités, nomment Kalah d\'un
seul trait avec des pays, qui étaient situés a Sumatra. (Fansour, Lameri, Qaqola, Sanfin
dans les Adjaib; Fansour, Djaouah, Helabir (Malaiour) \'), Lawesi (Lameri) chez Dimachqi;
Malaiour, Lameri, Fansour, Djaouah chez Ibn Saïd; Fansour, Malaiour, Larewi (Lameri)
chez Nowaïri. J\'ai donc songé un moment qu\'il fallait chercher Kalah aussi sur Sumatra,
d\'autant plus que Kazwini et Yaqout placent cette ville sur la ligne équinoxiale. Mais nous
avons 1\'autorité des auteurs cités par Abou\'1-feda qui désignent Quedah , et je ne connais pas
de ville a Sumatra qui ait pu jouer le róle de Kalah. De plus, on ne trouve 1\'étain a Sumatra
qu\'en petite quantité et de qualité inférieure: en tout cas, 1\'étain n\'a pas pu donner une réputa-
tion a une ville de cette ile. Les mines de Banka n\'ont été connues que depuis 1710, celles
de Biliton que depuis 1850. Il faudra donc admettre qu\'Ibn Saïd et Nowaïri ont commis une
erreur en placant Kalah sur la même ile que les autres pays cités: erreur facile a expliquer,
puisqu\'ils se trouvent tres prés 1\'un de 1\'autre et qu\'ils étaient considerés comme dépendances
du Zabedj.
M. Groeneveldt (1.1. p. 122) est d\'avis que Kalah serait la petite ville de Kora, située sur la
cóte occidentale de la presqu\'ile de Malaca, et nommée par un auteur chinois. Il pense qu\'Abou
1) Je place Malaiour sur Sumatra, sous la réserve que 1\'on devra peut-être chercher ce lieu ailleurs,
mais toutefois tout prés de 111e. Mo-lo-yu est cité par un auteur Chinois (Beal. 1.1. p. 500) comme étant
»-n relation avec Sri-bho-ja, et (p. 562) a une distance de 15 jours de cette place et de Quedah. Le peu
de données de Ibn Saïd et de Nowaïri semblent designer Sumatra. Marco Polo qui parle de Malaiour
(II. 261) ne donne non plus aucune particularité précise. M. Yule cherche ce pays soit prés de Falem-
l>ang, soit dans 111e de Singapore. Mais je ne saurais expliquer les données d\'Ibn Saïd, qui place Kalah
au sud-est et Malaiour au nord-est, a moins de placer ce dernier pays assez loin de Sumatra.
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2(34
Zéid aura entendu Ie nom du pays de Kola de la bouche de marchands chinois, qui n\'ayant
pas de r dans leur langue, ont dü prononcer Eala. Mais il est évident que Kalah était connu
des navigateurs arabes, de sorte que cette conjecture doit être rejetée. De plus, 1\'auteur chi-
nois ne donne aucune particularité de Kola, qui désigne Kalah: il ne fait même pas mention
de 1\'étain. H. Forcbhammer enfin (1.1. p. 16) a énoncé 1\'opinion, qu\'on pourrait retrouver Kalah
dans Gola-negara, qui est un établissement (settlement) des Gangas du Gange dans Suvan-
nabhümi (la cóte de la presqu\'ile de Malaca depuis la rivière Sittang; Burmah), qu\'il identifie
avec Ie Kuleh des annales siamoises et cainbodgiennes , et avec Ie Takkala des auteurs postérieurs
de 1\'occident et Ie Kola ou Kula-taik des Burmanais. Les ruines de cette ville existent encore
entre Ayetthima et Kinywa. Quoique la conformité du nom de ces deux villes et aussi la
mention de Gola-negara comme lieu de débarquement des émigrés et des pèlerins pour Siam
et comme place d\'embavquement pour les lieux sacrés de 1\'Inde puissent être allegués en fa-
veur de cette conjecture, je ne crois pas qu\'elle soit assez forte pour 1\'emporter sur les preu-
ves qui m\'ont fait prononcer en faveur de Quedah.
tlalalon Mei\' de.... Elle se trouve sur la route de la Chine, mais les Adjaib ne con-
tiennent aucune autre donnée (p. 20). M. Devic (Merveilles p. 175) pense qu\'il faut lire mer
de Malayou. Mais on ne sait rien de plus de cette mer, qui semble être la mer de Kerdjend
ou de Senf.
Bedfarkalah. On ne peut rien avancer a 1\'égard de cette ile, puisque Ie récit des Adjaib
(p. 69) ne donne rien de certain. Ils racontent seulement qu\'un matelot part de Qaqola
et que de la. il gagne une ile nommée Armanan, et dans laquelle j\'ai cru retrouver une
des iles Andaman. Mais je suis d\'avis que cette conjecture, qui ne repose que sur la confor-
mité du son, est bien hasardée. De cette ile il gagne Bedfarkalah et puis Kalah. Est-ce qu\'il
serait possible que Ie nom de Bedfarkalah füt une corruption de «XL: iAL et qu\'on aurait af-
faire a Perlak (o»J.ï, V. Sedjara Malayou p. III), pays situé sur la cóte nord-ouest do Sumatra,
connu de Rachedouddin (Elliot I. p. 71. Yule. Journ. As. Soc. New Series. IV, 1870, p. 350)
et visite par Marco Polo (II. p. 265), qui assure qu\'on y trouvait des marchands musulmans ?
Faute de données un peu certaines on n\'en saurait rien dire.
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265
Excursion C.
CEYLAN ET PAYS VOISINS.
Abrir p. 5. — Gobb 5, 114, 121, 169, 172, (38, 122)___Beriyin 121, 172. — Ile de Ba-
qar 124. — Serendlb, Sehilan ou pays de Sahal 12, 42, 118, 119, 124, 133, 155,156,173,
179, 180.— Mandourin 124.
Ceylan. A plusieurs reprises les Adjaib parlent de 1\'ile de Ceylan, ordinairement sous Ie
nom connu de Serendib. L\'ile est mentionnée en passant p. 12, 42, 133, 173. Ailleurs (p. 118)
elles racontent que les rois s\'y font porter dans des handoul (V. Glossaire) et qu\'ils urinent
dans Ie chemin sans s\'arrèter. A la page 119 il est fait mention d\'un bureau de douane; les
bikour (V. Glossaire) de Serendib sont nommés p. 155, 156. Un voyageur qui a pénétré dans
les pays de Sahal raconte qu\'il y a une énorme idole dans l\'ile de Baqar, située entre l\'ile
de Serendib et Mandourin, qui est une des iles des parages de Sehilan (p. 124). L\'auteur
dit expressément (p. 179) que les iles de Sehilan et de Serendib sont identiques, ce qui
permet d\'admettre que du temps des Adjaib Ceylan et les iles voisines étaient connues
comme «pays de Sahal."
Les récits concernant Serendib ou Sehilan qu\'on trouve dans les Adjaib sont pour la plu-
part conformes a ceux qu\'on peut lire ailleurs. Les données du récit qu\'on trouvera p. 179
(pécheries de perles, les jacinthes et les diamants, Ie pic d\'Adam avec 1\'empreinte du pied
du prophete et 1\'éméri) prouvent bien que c\'est de Ceylan que l\'auteur veut parier.
Mais ce même récit contient deux particularités dont 1\'une ne se retrouve nulle part ail-
leurs, tandis que 1\'autre a donné lieu a des doutes sur 1\'ancienneté des Adjaib et par suite
sur 1\'authenticité des récits de son auteur. Celui-ci raconte que 1\'on trouve dans l\'ile une
herbe rouge servant a la teinture des étoffes et des fils de coton et donnant une teinture
supérieure a celle du baqqam, du saffran et d\'autres couleurs rouges (ou jaunes). Mes re-
cherches pour déterminer cette herbe n\'ont pas abouti.
La seconde particularité est la mention de »la célèbre cannelle de Sehilan." M. Ie Dr.
Schumann (Kritische Untersuchungen über die Zimt-lander. Erganzungsheft n°. 73 zu Peter-
mann\'s Mitteilungen. Gotha. 1883. p. 46) a émis 1\'opinion que ce fait seul doit faire douter
de 1\'authenticité des Adjaib. D\'après lui, cela prouve que ce livre a été écrit soit dans Ie
XIVme siècle soit plus tard, et que par suite on ne peut pas ajouter foi aux récits d\'un
auteur écrivant dans Ie siècle nommé et parlant néanmoins comme contemporain d\'événements
qui ont eu lieu environ 400 ans plus tot (288—343 de 1\'Hégire ou environ 950 A. D.).
M. Schumann se voit forcé de nier 1\'authenticité des Adjaib, étant d\'avis que l\'ile de Cey-
lan n\'exportait pas de la cannelle a cette époque reculée du moyen-age; quoiqu\'il admette
que Ie cannellier s\'y trouvait depuis les temps les plus anciens. Il pense que la Chine avait
34
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266
alors Ie monopole presque absolu de la cannelle (p. 53), qu\'Ibn Batouta a été Ie premier
(1325—1355) a parier de la cannelle de Ceylan, et qu\'on ne peut alléguer aucune preuve qui
puisse démontrer qu\'on ait fait mention de cette canelle avant ce voyageur.
Comme 1\'auteur des Adjaib a vécu dans Ie Xme siècle, — du moins si 1\'on peut ajouter foi
a ses récits, — et qu\'il parle de la cannelle de Ceylan comme d\'un produit bien connu, il faut
reconnaitre que la cannelle était déjJi dans ce temps un article de commerce provenant de Ceylan,
— ce qui réfuterait tout-a-fait la conjocture de M. Schumann; — ou bien il faut admettre
que 1\'auteur des Adjaib en ait menti lorsqu\'il parlait en témoin d\'événements du Xmt\' siècle.
M. Schumann n\'hésite pas k prendre ce dernier parti.
Son premier argument c\'est que les Adjaib nomment 1\'fle de Sérendib ou de Ceylan du
nom de Sehilan. Ce fait prouve, selon lui, que la compilation des Adjaib est postérieuro au
XIV\'"C siècle, («Schon der Name Sehilan für Ceylon weist das Buch in einen Zeitrauin, der
nach dem XIVt(J" Jahrhundert gesucht werden muss"), mais il n\'ajouto rien pour confirmer son
assertion. J\'ai consulté M. Kern la dessus: ia note suivante qu\'il a eu la bonté de me com-
muniquer prouve assez que Ie nom Sihala pour Ceylan était connu depuis des temps tres an-
ciens, et que la corruption en Sehilan est facile k expliquer.
«Sajalan ]) n\'est sans doute qu\'une vocalisation erronnée do Siyalan ou Sllan. Cf. Cosmas.
Hie?.i-ïij3x. Le nom indigène Sihala se trouve déja Dipawanso IX. 1. Or il est certain que
Ie Dipawanso a été écrit entre 302—425 A. D\'. Les Tamils prononcaient Ham, ce qui
prouve que le son du h au milieu du mot était faible. Le n de Sajalan (lis. Siyalan ou
Silan) et de Sehilan se retrouve dans Sera/idib; peut-être qu\'il est né du génitif pluriel Sihalana
(dwipa) »l\'ile des Singhalais." Mais il se peut aussi que cette addition ou intercalation soit
due ii une habitude des Arabes 3). Un autre exemple d\'une vocalisation erronnée se rencontre
dans Yule, Glossary p. 138 oü 1\'on trouve un pays nommé d\'après al Birouni Darüd, tandis
que le nom est »Drawida"".
Il est donc hors de doute que les Arabes ont tres bien pu donner a 1\'ile de Ceylan le
nom de Sehilan, même dans le IXme siècle, et il ne reste a M. Schumann qu\'un seul argu-
ment pour prouver que les Adjaib ont été compilées dans le XIVme siècle ou plus tard encore.
Cet argument le voici:
»On ne peut pas prouver que les récits des voyageurs et des géographes arabes avant
Ibn Batouta fassent mention de la cannelle de Ceylan. Lorsqu\'ils parlent de 1\'ile de Seren-
dib, ils ne nomment jamais la cannelle comme un de ses produits. Il faut donc admettre
qu\'ils ne 1\'ont pas connue, et par suite avouer quo Ceylan n\'exportait pas de cannelle avant le
XIV"",\' siècle. Or les Adjaib parlent de cette cannelle qu\'ils nomment même >>la célèbre can-
nelle de Sehilan ou do Sérendib". Et comme j\'ai dit que les Arabes ne connaissaient pas cette
cannelle, 1\'auteur arabe des Adjaib ne peut avoir vécu, comme il le pretend, au IXme siècle;
sa compilation a donc été écrite après lbn Batouta et n\'a qu\'une valeur minime-"
1)  Sajalan ou plutöt Siyalan (q^L*.) est le nom que les Arabes donnaient a 111e de Ceylan. V. plus
loin p. 208.
2)  A 1\'appui de cette conjecture de M. Kern on peut alléguer 1\'altération de Nïha en Neyan. V. plus
haut p. 24b".
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2(37
Pour réfuter ce raisonnement je ferai en premier lieu remarquer qu\'il semble bien dan-
gereux de nier 1\'authenticité d\'un écrit par Ia seule raison qu\'il contient la mention d\'un
produit dont ne parlent pas les auteurs contemporains, surtoul si ce produit se trouvc
véritablement dans Ie pays décrit.
On ne niera pas que ce ne soit Ie cas pour la cannelle
de Ceylan; M. Schumann lui-même ne doute pas que cette ile produisft la cannelle long-
temps avant Ie IXme siècle. Il arrive souvent qu\'un auteur en nommant les particularités d\'un
pays négligé de citer un produit, surtout si ce produit n\'a pas beaucoup de valeur, comme
c\'était Ie cas de la cannelle de Ceylan d\'après Ie récit d\'Ibn Batouta. (IV. p. 166). C\'est ainsi
que Ie contemporain d\'Ibn Batouta, Oderic de Frioul (1317—1329) ne fait aucune mention de
la cannelle dans sa description de Ceylan (Sillan ou Silan. V. Louis de Backer. L\'extrême
Oriënt p. 110), bien qu\'il décrive Ie pic d\'Adam, les diamants et les sangsues. Néanmoins,
on Ie sait par Ibn Batouta, la cannelle était exportée de Ceylan dans ce temps la \').
Il faut ajouter que les auteurs arabes qui parlent de 1\'ile de Serendib !) sont en petit nom-
bre et que les passages d\'Ibn Khordadbeh (p. 63) et d\'Ibn-al-Fakih (p. \'.. 1. 4) n\'excluent
pas du tout la cannelle de Ceylan, puisqu\'ils parlent de »toutes sortes d\'aromates et d\'épi-
ces" qu\'on trouve dans cette ile. Le fait qu\'ils ne nomment pas expressément la cannelle
peut encore être expliqué par le peu de valeur de la cannelle comme article de comraerce.
Ceylan était connu des Arabes comme le pays par excellence des aromates et des épices,
ainsi que le prouvent les récits de Tabari (Annales auctore Abu Djafar Mohammed ibn
Djarir at-Tabari. Leiden I. IH), concernant la descente d\'Adam a Ceylan. Ils disent que le
prophete avait emporté du paradis des branches et des feuilles qui du pic d\'Adam s\'éten-
daient sur 1\'Inde entière et produisaient tous les aromates et fruits rares de ce continent\').
Je crois donc qu\'on n\'a pas le droit de nier 1\'authenticité des Adjilib même s\'il fallait ad-
mettre avec M. Schumann — (et 1\'on verra plus loin que je ne suis pas du tout de son
avis) — qu\'aucun auteur arabe avant Ibn Batouta n\'avait nommé expressément la cannelle de
Ceylan. La oü, comme c\'est le cas avec les Adjaib, le contenu d\'un livre confirme main-
tes fois la véracité de son auteur et prouve qu\'il disposait d\'excellentes données; la aussi
oü il n\'existe pas une seule raison d\'admettre que 1\'auteur ait voulu donner de faussos da-
tes, puisqu\'il ne s\'agit pas de prouver une assertion ou un dogme quelconque, soit politique,
soit religieux, soit tout autre; la, dis-je, il me semble qu\'il est pour le moins bien ha-
sardé de vouloir prétendre que 1\'auteur ait menti par le seul plaisir de mentir et qu\'il se
soit posé comme témoin oculaire de faits arrivés depuis des siècles. On ne saurait comprendre
1)  M. Schumann a bien senti la force de eet argument et il a essayt5 de 1\'affaiblir d\'avance en disant
que le silence d\'Üderic poiirrait servir d\'arguinent pour sa these, puisqu\'il prouve que cette cannelle même
alors n\'était pas un article de commerce important. J\'admets volontiers le fait que la cannelle en elle-
même n\'avait pas une grande valeur et que cela expliqué le silence de quelques auteurs arabes et chré-
tiens sur la cannelle de Ceylan. Mais ce n\'en est pas moins un fait que l\'exptirtation de la cannelle ne fai-
sait du temps iPOderic,
et que les habitants de Coromandel et de Malabar faisaient des cadeaux au Sultan
de Ceylan pour pouvoir s\'emparer des troncs des cannelliers, et que néanmoins eet auteur n\'en parle pas.
2)  Sans parier de Siyalan, dont je traiterai plus loin.
3)  M. de Goeje me dit que M. Schumann n\'a pas le droit d\'invoquer (p. 46. b.) le silence d\'Istakhri
etc. comme une sorte de preuve pour sa these. Le raorceau de Yaqoubi qui a pu traiter de Ceylan est
perdu. Mokadassi (p. 1v) parle des épices de 1\'Inde importées a Aden; il en nomme plusieurs et coinprend
le reste dans un »etc."
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2(58
Ie motif d\'un tel mensonge qui du roste aurait été bien vite découvert. De plus; comme on
1\'a vu dans Ie préface, il est bien certain que Ie manuscrit qui m\'a servi pour la publication
du texte des Adjaib date du XIIIm(\' siècle, et 1\'ouvrage lui-même est naturellement de date
antérieure. Ce fait seul suffit k réfuter 1\'assertion de M. Schumann que la cannelle de Cey-
lan était inconnue avant Ibn Batouta \').
Mais il me semble difficile de soutenir que les auteurs arabes avant Ibn Batouta ne fassent
pas mention de la cannelle comme produit de Ceylan. M. Schumann a défendu cette these ca-
tégoriquement lorsqu\'il dit que Ie récit d\'Ibn Batouta contient Ie premier exemple bien con.
state d\'une observation de visu de la cannelle de Ceylan. (p. 49. »Mit der Mitteilung des Ibn
Batuta\'s ist zum erstenmal der Zimt nach sicherer, autoptischer Wahrnehmung in seinem na-
tiirlichen Vorkommen beobachtet und erwiihnt worden\'"). Remarquons tout d\'abord qu\'il serait
tres étrange que h s commergants et les voyageurs arabes n\'eussent pas connu Ie produit prin-
cipal d\'une ile tres renommée et tres fréquentée \'), produit qui ne se trouve ailleurs que dans
une qualité inférieure. Et comment expliquer que dans Ie courant du XIVme siècle ce produit
aurait été connu subitement comme par un coup de théatre, sans qu\'il y ait tracé de chan-
gements dans la situation économique de 1\'tle?
Assurément un fait de ce genre est hors de toute vraisemblance! Je vais prouver que les
Arabes connaissaient bien avant Ibn Batouta la cannelle de Ceylan , puisqu\'ils n\'ont pas d\'autre
produit en vue lorsqu\'ils parlent de la cannelle de 1\'ile de Siyalan 3). Cette ile est citée par
quelques auteurs arabes avant Ibn Batouta comme produisant de la cannelle et généralement
on a été d\'avis qu\'ello était identique avec 1\'ile de Ceylan. M. Schumann nie cette identité.
Avant tout il faut donc examiner les preuves que eet auteur allègue a 1\'appui de son assertion.
Les récits concernant Siyalan sont tirés soit de Yaqout, soit de la source principale de
Yaqout et de Kazwini. Comme la these de M. Schumann, que Siyalan n\'est pas Ceylan s\'ap-
puie surtout sur les données de Kazwini je publierai la traduction des passages de eet auteur
en ajoutant quelques parties que M. Schumann a omises dans la traduction qu\'il a donnée.
Kazwini I. I f. «L\'ile de Siyalan: circonférence 800 parasanges. Dans \') cette ile est situé
Serendib ou est descendu Adam; \\h aussi est 1\'empreinte de son pied. On y va en pèlérinage.
1)  Ce fait ine foree aussi a ne pas accepter la conjecture de M Devic (Merveilles. p. 205) qns la men-
tion de la cannelle de Ceylan dans les Adjfüb pourrait provenir d\'une interpolation du copiste. Lorsque
51. Devic publiait son livre on ne connaissait pas encore la date de la copie. Maintenant nous savon9
que Ie copiste vivait dans Ie XlIIine siècle; partant avant Ibn Batouta.
2)  Il est hors de doute que Ceylan était tres fréquentée par des voyageurs et des pèlérins. Ibn-al-
Athir (IX. p. 132) nous montre Ie gouverneur de Moultan se sauvant dans cette ile avec tous ses biens.
M. Gildemeister. (De rebus indieis. Bonnae. 1838 p. 53) donne des exeniples de 1\'hospitalité des habi-
tants de Ceylan. V. aussi Relation. I. 128. M. Schumann est d\'avis que cela ne prouve pas qu\'on con-
naissait la cannelle de Ceylan, parce que 1\'intérieur du pays resta longtemps défendu aux étrangers (p.
52). Observons que du temps d\'Ibn Batouta des troncs de cannelliers furent emportés de 1\'intérieur par
les fleuves jusque sur la cöte, et ce qui arrivait alors a du aussi se produire antérieurement. Il semble
en outre bien étrange que Ie produit Ie plus important de 1\'ile ne ffit pas amené dans les ports.
3)  C\'est ainsi qu\'il faut reproduire ry^ttMV. la note de M. Kern p. 266.
4)  Je traduis d\'après Ie sens véritable de yüiXi^ Lgj, comme 1\'a fait aussi Ethé. Zakarya ben
Muhammed ben Mahmud el Kazwini\'s Ko9mographie übersetzt von Dr. H. Ethé. 1868. I. 229. V. plusloin
p. 270.
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269
On y trouve plusieurs rois indépendants 1\'un de 1\'autre. La mer qui est auprès d\'elle se
norame Shelaheth; elle est située entre la Chine et 1\'Inde. On y apporte les merveilles de la
Chine et les curiosités de 1\'Inde. Sur 1\'ile croisent beaucoup d\'épices qu\'on ne trouve pas
ailleurs comme la cannelle, Ie baqqam (bois de brésil) etc. On dit qu\'il y a des mines de
pierres précieuses."
Plus loin (II. p. oo): »L\'ile de Siyalan; une grande ile entre la Chine et 1\'Inde; circon-
férence 800 parasanges. Screndïb fait partie de cette ile \'). On y trouve beaucoup de villages
et de villes et plusieurs rois indépendants 1\'un de 1\'autre. La mer voisine est nommée Shela-
heth. On exporte de 1\'tle toutes sortes de choses remarquables. Les produits sont:.... de
la cannelle.... du baqqam.... et on y trouve des épiceries qui ne croissent pas ailleurs. On
raconte qu\'il y a des mines de pierres précieuses."
D\'après M. Schumann cette ile de Siyalan ne serait pas Ceylan mais bien Sumatra, oü 1\'on
trouve aussi de la cannelle (cassia). Pour prouver cette these, il relève Ie fait que Kazwint
dit que la mer de Shelaheth est auprès de Siyalan et puisqu\'il faut bien admettre que cette
mer est Ie détroit de Malaca ou qu\'ellc est située tout auprès de ce détroit (V. plus haut p.
260) il est d\'avis que la mention seule de cette mer exclüt Ceylan. Il allègue de plus Ie pas-
sage oü Kazwint dit que Siyalan est situé entre 1\'Inde et la Chine, ce qui ne serait guère
applicable a Ceylan mais bien a, Sumatra. Et son argument Ie plus fort se trouve dans les
mots de Yaqout (III. p. rl ) qui parle comme Kazwtnt, mais qui ajoute .c^\'j*\' fV» l^U** Ujj,
ce que M. Schumann traduit ainsi: »et souvent les gens nomment cette ile (Siyalan) Rami".
Il rehausse ces arguments en faisant remarquer que Yaqout attribue a Siyalan les mêmes pro-
duits que ceux qu\'on attribue ordinairement a Rami.
Or il semble peu douteux que 1\'ile de Rami ou d\'al Ramni est identique a Sumatra (V. Abou\'l-
feda. Introduction p. CDVIII) et s\'il fallait admettre 1\'allégation (on plutót la conjecture) de
Yaqout il ne nous resterait plus qu\'a accepter l\'assertion de M. Schumann que q^**» (Siya-
lan) est Sumatra. Dans ce cas, nous n\'aurions pas Ie droit de conclure que Yaqout, Kazwint
et Ibn Saïd, qui lui aussi parle de la cannelle de Siyalan, aient connu la cannelle de Ceylan.
Mais Ie raisonnement de M. Schumann repose sur des fondements bien faibles, puisqu\'il
est la conséquence d\'une explication erronnée des mots de Yaqout. Il est évident que 1\'auteur
arabe a tiré ses articles q^L** et wt^Xy» de divers écrits sans esprit de critique. Et né-
anmoins — c\'est M. de öoeje qui m\'a fait cette observation — ces deux articles ont quelques
traits communs. Les 80 parasanges de Serendlb sont devenues les 800 parasanges de Siyalan;
les 3 rois de Serendib sont les «plusieurs" rois de Siyalan, tandis que 1\'herbe odorante que 1\'on
ne trouve pas ailleurs (Serendib) a été changée en «beaucoup d\'herbes odorantes de Siyalan
qu\'on ne trouve pas ailleurs." Kazwtnt a littéralement les mêmes indications que Yaqout: seu-
lement il ajoute la descente du prophete Adam après les mots «wüJüj* 1$j." Quant a, 1\'ile
de Serendib dont il parle II. p. 28, il donne la dessus les mêmes détails que Yaqout: seu-
lement ils sont plus étendus et puisés a ce qu\'il semble a, une source commune. Il y parle de
toutes sortes d\'aromates et d\'épices qui, comme je 1\'ai dit plus haut, peuvent tres bien
comprendre la cannelle.
2) Comme Kazwinï écrit ici L$*i y£*^ >rV.^/"9 ü est impossible de traduire autrenient. V. plus loin
p. 270.
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270
Il est bien possible — je dirai même vraisemblable — que Yaqout et Kazwtnt qui n\'ont
donné que des extraits d\'autres écrits, aient vu des lies différentes dans Serendtb et Siyalan.
Yaqout (I. p. 506 1. 7 et 8) nomme Siyalan, puis al-Zanedj (Zabedj), puis Serendib. Mais on
peut tres bien prouver, d\'après leurs données mêmes, que les écrits oü ils ont puisé consi-
déraient Serendtb et Siyalan comme identiqucs.
En premier lieu il est évident, d\'après les mots mêmes de Yaqout et de Kazwtnt, que
Serendib n\'était consideré que comme une partie de Siyalan, — la partie oü se trouve lo
pic d\'Adam. Sans faire violence a la langue arabe on ne peut traduire les mots «Uj ... q^L*»
i^AjiAij*»" autrement que par «Serendib, situé dans Siyalan"1). Et comme pour óter jusqu\'au
moindre doute Kazwtnt répète ailleurs »lf*s J»=»ta t^oAij*^ ^^L**". Or jamais Ie mot J»>b
ne peut signifier «auprès de": on ne peut traduire autrement que «Serendib faisant partie de
Siyalan". De ces deux citations il ressort clairement que Serendtb était consideré comme partie
integrante de Siyalan ou Ceylan.
C\'est ce qui ressort aussi d\'un passage d\'Ibn Batouta I. p. 79 oü nous lisons ^A-i\' _j—£j
iXL^JI jüji q-. qX**" V>"^ t**^V" d-J^~ oMr^ -&k\' «C\'est lui qui enseigne Ie chemin de
la montagne de Serendib dans 1\'ile de Ceylan qui fait partie de 1\'Inde." Notons bien que
eet auteur emploie ici la préposition i_j tout comme Kazwtnt, que Ie sens du récit d\'Ibn
Batouta n\'admet pas d\'autre traduction que vdans", et qu\'il exclüt tout-a-fait Sumatra. Car
Ibn Batouta, qui connaissait bien la grande distance entre Sumatra et Ceylan n\'a ja-
mais pu avoir 1\'idée de déterminer la situation d\'une montagne de Ceylan en disant qu\'elle
se trouvait prés de Sumatra! Ici comme chez Kazwtnt on ne saurait traduire autrement que:
«Serendib situé dans Siyalan". Et si 1\'on désire encore une autre preuve, en voici une qui
est concluante. Ibn Batouta, lors de sa visite a 1\'ile de Ceylan nomme 1\'ile entière q-^**"
(IV. p. 89. 165) tandis quHl parle. de la montagne de Serendib qu\'il voit dans Siyaldn lors-
qu\'il s\'approche de cette "de
, sans qu\'il puisse être question de 1\'ile de Sumatra (^i !•*>ƒ>
Je crois qu\'après ces preuves on ne niera plus 1\'identité de Ceylan et Siyalan; et cela
surtout quand on verra plus bas que les autres arguments de M. Schumann pour prouver
1\'identité de Siyalan avec Sumatra sont tres faibles. J\'ai donc Ie droit d\'avancer que les
Adjaib ont bien raison lorsqu\'elles disent que Serendib est aussi nommé Sehilan, puisque
d\'après la note de M. Kern les mots Sehilan et Siyalan indiquent tous les deux 1\'ile de
Ceylan, et que Sihala était déja Ie nom indigène de Ceylan dans Ie IVme siècle. Ajoutons
qu\'on ne peut guère s\'expliquer comment Ie nom de Siyalan aurait été attribué a Sumatra ou
a une partie de cette ile 2), tandis que ce nom s\'adopte a merveille a 1\'ile de Ceylan.
Pour les auteurs cités Siyalan est donc Ceylan, tandis que Serendtb est la partie de
cette tle qui contient Ie pic d\'Adam *). Il n\'est donc pas du tout étrange que les auteurs
1)  Tel est aussi 1\'avis de M. de Goeje, qui me dit qu\'il est impossible de traduire ici Ie mot ^ coinme
Ie fait M. Schumann par »auprès de".
2)  M. Schumann (p. 48) dit qu\'il expliquera dans un travail qu\'il publiera bientöt, d\'oü est venu Ie
nom de Sajalün. Je crois que M. Kern a déja résolu cette question d\'une maniere concluante.
3)  M. Gildemeister. De rebus indicis. p. 52 a déja fait cette remarque. Ilécrit: Taprobana insula, quam
vel i_*jiXy« nominant vel quod nomen posterius est q^Lmm; inter utrumque male interdum hoc ponunt
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271
arabes cités , en parlant de Serendib, ne fassent pas mention de la cannelle puisqu\'ils s\'ima-
ginaient Serendib comme une partie de 1\'ïle de Ceylan. Par conséquence ils ne parlaient pas
la de cette cannelle, mais bien lorsqu\'ils traitaient de 1\'ile entière Siyalan.
Examinons maintenant les autres arguments que M. Schumann allègue en faveur de sa
these. D\'après Kazwini, Siyalan etait situé entre 1\'Inde et la Chine; comme ce n\'est pas Ie
cas de Ceylan, Siyalan ne peut pas être cette ile. Observons d\'abord que 1\'auteur ne dit
autre chose que ceci: «Siyalan est entre 1\'Inde et la Chine"; c. a. d. que Siyalan est sur Ie
chemin de 1\'Inde a la Chine, ce qui est vrai pour Ceylan, puisqu\'en quittant 1\'Inde pour
aller vers la Chine on peut prendre la route de Ceylan. Kazwini ne dit pas que Siyalan
est a mi-chemin: il ne parle pas non plus de la distance entre 1\'Inde et Siyalan, ni de
celle entre cette ile et la Chine. Le sens véritable de la citation de Kazwini est bien tel
que je 1\'ai expliqué: c\'est prouvé par la citation de Yaqout IV. p. 963 qui dit la memo chose de
la mer de Herkend, qui est comme on le sait (V. Index géographique s. v.) la mer dans
laquelle Ceylan était située. De cette mer Yaqout dit expressément qu\'elle est située entre
1\'Inde et la Chine et que Serendib s\'y trouve (wO>Xy* sy.—* ***s o\'^^\'i c^*^\' cw)- ^t 8\'
M. Schumann essaie de prouver sa these que Siyalan est Sumatra en alléguant les mots de
Kazwini »que la mer de Shelaheth se trouve auprès de Siyalan", je lui reponds qu\'/W l\'au-
teur arabe ne dit pas que Siyalan est situé dans cette mer, mais seulemont auprès d\'olle
(L?J^;* -*uJ\')> et (lue Par 8U*te \'e passage de Kazwini ne prouve nullement que Siyalan
était situé prés de Malaca. En outre il est bien possible que la citation de Yaqout qui parle
de la mer de Herkend comme située entre 1\'Inde et la Chine ait été la cause do cette
méprise et ait donné lieu a la confusion de ces deux mers chez Kazwini.
L\'argument en apparence le plus fort de M. Schumann, que d\'après Yaqout on nommait
Siyalan »Rami" est réfuté par une remarque d\'une tres grande importance que je dois a M.
de Goeje. Il démontre que M. Schumann a mal traduit les mots de Yaqout et qu\'il ne faut
pas lire »et souvent les gens nomment cette ile Rami" mais bien «1\'ile de Siyalan est peut-
être
la même ile que Rami". Comme c\'est souvent le cas, le mot arabe U^ signifie dans le
passage de Yaqout *peut-ètren et non pas »souvent." On peut prouver ce fait par un autre
discrimen, ut hoc proprie ad iusulaui pertinere dicant, illud ad monteru Uahum (c. a. d. le pic d\'Adam)".
M. de Goeje est d\'avis que le nom Serendib a eu le même sort que le nom Hind. Ces deux noms
étaient connue des Arabes avant que eeux-ci vinssent dans 1\'Inde ou dans Ceylan. Lorsqu\'ils abordaient
1\'Inde en conquérants ils entendaient nommer le pays Sind et pensaient qne le pays de Hind était situé
plus loin ; par suite ce nom fut donné a la partie oriëntale de l\'Hindoustan. Et lorsqu\'ils entendaient
uommer Ceylan par les indigènes du nom de Siyalan ils limitaient le nom de Serendib a la partie de
1\'ile oü était situé le pic d\'Adam, parc-e que la tradition sainte disait que cette montagne se trouvait
dans Serendib.
Ce même savant m\'a encore signalé un passage sur Ceylan qu\'on n\'avait pas encore remarque.
Bekrï, Ed. Wüstenfeld p. 162. »Hamdani dit: Nalandjaran est 1\'ile de Serendib oü 1\'on trouve les
pierres précieuses, les jacinthes et autres. Cette ile a une grandeur de 80 parasanges carrés. La est la
montagne Waschim (ailleurs Rahun) oü Adam est doscendu. (Chez Tabari I. (PI, 2 Wasim). Yaqout IV. p.
822 a le nom óji corruptiou de J>yA (Bodd). Ce nom est aussi dérivé de la tradition. V. Tabari I, lf»,
16; ^j; trt; 5; Ilf, 1 et a; UT, 2; N", b. —
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272
passage du même écrivain, II. p. vH oü on lit aussi que Rami est peut-être Ie même pays
que Siyalan, mais oü 1\'auteur emploie 1\'expression Lji«^ qui ne peut signifier que »peut-être."
E s\'agit donc seulement d\'une conjecture de Yaqout qui ne prouve rien. Cette oonjecture
est peut-être Ia conséquence de la confusion entre les mers de Herkend et de Shelaheth;
confusion qui n\'a rien qui doive nous étonner, puisqu\'on ne sait que trop combien on s\'est
trompé dans la nomenclature des diverses mers.
J\'ajoute que 1\'assertion de M. Schumann que les produits de Siyalan et de Rami sonf
identiques n\'est pas tout-a fait exacte. Le produit si caractéristique de Sumatra, Ie camphre,
est cité comme produit de Rami par Soléiman (Relation II. p. a), Ibn Ehordadbeh (p. 69),
Mas\'oudi (I. p. 338), Edrisi (I. p. 76) et Dimachqi (trad. p. 205), tandis que je trouve nulle
part mention du camphre comme produit de Siyalan. De même le rhinocéros de Rami cité
par Hm Khordadbeh et Edrisi n\'est pas mentionné pour Siyalan.
Enfin, M. Schumann dit encore en faveur de sa these que les auteurs qui parlent de
Siyalan ne mentionnent pas les noix de coco, les rubis, les perles et 1\'éméri qui caractérisent
1\'ile de Serendib. Nous ferons observer que Eazwini parle bien de mines de pierres précieuses
qui d\'après les récits des voyageurs se trouvent a Siyalan, et qui peuvent aussi bien com-
prendre les rubis, que 1\'expression générale »aromates et épices" peut contenir la can-
nelle de Ceylan. Quant aux noix de coco, elles sont aussi peu caractéristiques pour Sumatra
que pour Ceylan.
Pour résumer ce que j\'ai dit: il me semble démontré d\'une maniere évidente que Siya-
lan et Ceylan sont identiques et que le noni Serendib qui en réalité appartient a 1\'ile entière,
ne représentait pour quelques auteurs arabes que la partie de 1\'ile oü était situé le pic d\'Adam.
Donc, la cannelle de Ceylan a été déja, sous le nom de cannelle de Siyalan, connue de
Kazwini, de Yaqout et de 1\'auteur oü ils ont puisé tous deux. Les Adjaib sont d\'accord
avec ces auteurs, puisqu\'elles parlent de la célèbre cannelle de Sehilan, ce qui est le même
nom que Siyalan, et non de Ia cannelle de Serendib. Mais ici comme dans quelques autres
récits il parait que 1\'auteur des Adjaib n\'est nullement un copiste des auteurs arabes oonnus,
qu\'il a puisé a des sources indépendantes et que dans beaucoup de cas il a été très-bien
informé. Car non seulement il rend le nom de 1\'ile d\'une maniere plus conforme a la pro-
nonciation véritable du mot , puisqu\'il écrit le h de Sinhala (V. la note de M. Eern), mais
en outre il assure que Sehilan et Serendib sont la même ile ce qui, comme on 1\'a vu, est
conforme a. la vérité.
Le lecteur se rappellera que j\'ai dit plus haut (p. 267) qu\'il n\'était guère étonnant que
quelques auteurs arabes, écrivant sur Ceylan n\'aient pas mentionné la cannelle de cette ile
puisqu\'on retrouve ce même oubli chez un auteur chrétien, Oderic de Frioul, quoique celui-ci
vécüt dans un temps oü cette cannelle était notoirement connue. Il va sans dire que cette
preuve serait encore plus forte si 1\'on peut prouver qu\'environ 20 ans avant le voyage d\'0-
deric 1\'ile de Ceylan était déja connue comme produisant la cannelle. M. Schumann nie ce
fait, mais je crois ses arguments tres faibles.
M. Yule a cité (Cathay and the way thither. London. 1866. I. p. 213) une lettre du moine
Jean de Montecorvin (1292—1293) mentionnant la cannelle qui se trouvait dans une ile auprès
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273
de Maabar («L\'albore del cinnamomo. . . . del quale est grande copia all\' isola appresso a
Maabar." trad. par M. Yule »that great store of its bark is carried forth from tho island
which is near Maabar (Coromandel)." D\'après M. Yule on aurait dans eet écrit la première
mention de la cannclle de Ceylan par un auteur chrétien. M. Schumann attaque cette opinion
en disant qu\'on n\'a pas Ie droit de poser comme certain que cette ile était Ceylan, et que
1\'on trouve bien d\'autres iles prés de la cóte de Maabar qui est si étendue. Je forai observer
qu\'il serait déja. bien étrange que Ie moine eut entendu parier de la cannelle d\'une ile prés
de la cóte de Coromandel, tandis qu\'il aurait ignoré celle de la plus grande ile qui produisait Ia
meilleure cannelle, même si 1\'on ne savait pas d\'ailleurs qu\'on connaissait Ceylan comme
pays produisant de la cannelle excellente. Mais comme nous savons maintenant que cette can-
nelle était bien connue du temps de Jean de Montecorvin, je crois qu\'il faut admettre que
1\'assertion de M. Yule est tres exacte. Et je ne sais que dire de 1\'argumentation de M. Schu-
mann prétendant qu\'a. la rigueur on pourrait admettre, sur 1\'autorité du moine, que la cannelle de
Ceylan était connue de son temps, mais que rien ne prouve qu\'elle était un article d\'expor-
tation. S\'il en était ainsi il faudrait admettre qu\'on aurait connu en 1292 la cannelle excel-
lente de Ceylan et qu\'on 1\'aurait négligée, mais que, 30 années plus tard, du temps d\'Ibn
Batouta, on aurait tout a coup changé d\'idée ot qu\'alors seulement on aurait inauguré un
commerce d\'exportation qui, d\'après les récits du voyageur arabe, n\'était pas sans importance.
Pour prouver un fait si extraordinaire, M. Schumann aurait dü démontrer que ce commerce
ne se faisait pas en 1292.
Mais cela lui sera impossible puisqu\'on a des preuves concluantes que ce commerce se fai-
sait bien dans ce temps. On sait par Quatremère (Mémoires géogr. et hist. sur 1\'Egyptc II. p. 284)
que Ie Sultan Mamlouk d\'Egypte Kolaoun re^ut dans 1\'année 682 de 1\'Hógire (1292 A" Dl)
1\'ambassade d\'un prince de Ceylan. L\'ambassadeur lui remit une lettre du prince contenant
1\'énumération des marchandises de son pays. »Jo possède »y disait-il" une quantité prodigieuse
de perles et de pierrories de touto espèce. J\'ai des vaisseaux, des éléphants, des mousselines
et autres étoffes, du bois de baqqam, de la cannelle et tous les objets de commerce qui vous
sont apportés par les marchands banians." Un lecteur impartial sera bien d\'avis que Ie
prince ne parle ici que de produits qui se trouvent dans son royaume. Mais M. Schumann
(p. 48) qui ne veut pas entendre parier de la cannelle de Ceylan avant Ibn Batouta soutient
que Ie prince parle de la cannelle que les marchands banians apportaient a Ceylan, pour l\'ex-
porter ensuite vers 1\'Egypte. (Man muss ihn als eine Ware betrachten mit der die Banianen
über Ceylon zu handeln pfteyten"). Pour admettre ce raissonnement, il faut donc s\'imaginer que
les Banians de 1\'Inde apportaient a Ceylan un produit qu\'on trouvait en abondance et de
la meilleure qualité dans cette ile même, pour 1\'exportor ensuite ailleurs. Certes 1\'idéo me semble
aussi bizarre que celle de porter des hiboux a Athènes, et les Banians qui eussent agi de cette
maniere n\'auraient guère mérité d\'êtro cités comme les commenjants les plus rusés du monde.
Et quel est 1\'argument que M. Schumann présente a 1\'appui de son assertionï La citation du
baqqam dans la lettre du prince qui, d\'après M. Schumann, n\'est jamais mentionné comme
produit de Ceylan (Bakham, welches von der Insel niemals erwühnt wird). On me permettra de
faire observer que c\'est la une grande erreur. Ibn Batouta (IV. 166) dit expressément qu\'on
trouve beaucoup de baqqam sur cette ile, et M. Heyd (Geschichte des Levantehandels im Mit-
telalter. Stuttgart 1879. II. p. 579) cite Ribeyro qui dit que Ie bois de brésil de Ceylan est en
86
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274
grande estime. Kazwfni Ie nomme aussi parmi les produits de Ceylan. Encore de notre temps Ie
caesalpinia sappan ou baqqam est un produit important de Ceylan comme 1\'assure R. M. Martin.
Statistics of the colonics of the Brit. empire. London 1839 p. 399. (Calamander, ebony, .. . .
gappan.... are in rich profusion). M. Schumann n\'a donc pas Ie droit de dire que Ie prince
de Ceylan a parlé d\'autres produits que de ceux de son ile.
Je crois done avoir prouvé que la cannelle de Ceylan était connue beaucoup plus tot que
ne se 1\'imagine M. Schumann et qu\'elle a été exportée bien avant Ibn Batouta. J\'ajoute que
cette conolusion me semble aussi plus vraisemblable que celle de M. Schumann qui nous for-
cerait a admettre que Ie produit Ie plus important d\'une He, visitéo déja, dans 1\'antiquité, ne
serait connu que depuis Ie XIVme siècle.
Les CJobb\'s «Ie Serendib sont mentionnés par plusieurs auteurs arabes. Comp. Relation I. p.
128. Abou\'1-feda II. \'£. p. 115. Edrisf I. p. 73. La Relation donne la définition suivante d\'un
Gobb: »une vallée quand elle est a la fois longue et large et qu\'elle déboucho dans la mer."
On sait qu\'on entend par les Gobb\'s de Serendib la cöte de Coromandel oü nombre de rivières,
descendant des Ghatt, débouchent dans ia mer.
Quelques récits qu\'on trouve dans les Adjaib ne contiennent pas d\'indices certains sur Ie
pays auquel ils ont trait: comme tols je nommerai la pierre avec Ie ver vivant (p. 169) et Ie
grand oiseau qui fait ses petits sur Ie rivage de la mer, après quoi les vents cessent de
souffler pendant 14 jours. Il n\'est pas sür que notre auteur pense que Ie poisson a figure
humaine (p. 38) demeure dans los Gobb\'s de Serendib, quoique cela soit bien probable, puis-
que Dimachqi (trad. p. 212) parle aussi du latham a, tête de pourceau avec Ie corps d\'un
homme et les parties sexuelles d\'une femme qui se trouve dans la mer de Serendib. J\'ai déja
parlé d\'un tel poisson dans 1\'Index géographiquo sous \'SJijJè. ( -^Tj) ; il me semble qu\'ici aussi
c\'est lo douyong qui a donné lieu a des récits extravagants. Sans doute ce sont les Gobb\'s
de Serendib que les Adjaib décrivent p. 122: la description que Reinaud a donnée du dé-
troit de Manaar et de Palk (Introduction Abou\'1-feda p. CDXIII) offre beaucoup de points de
ressemblance avec celle de Ia mer des Gobb\'s des Adjaib. Le suicide de la vieille femme dont
elles parlent s\'accorde bien avec le mépris de la mort qu\'on a tant remarqué chez les Hin-
dous. La description de la mer des Gobb\'s (Adjaib p. 114) est assez conforme aux faits con-
nus, mais je ne saurais expliquer les périls extraordinaires qui menacent les marins, que par
les exagérations accoutumées des voyageurs. Je ne saurais non plus dire oü se trouvent les
pirates anthropophages qu\'on y voit mentionnés. Comme les serpents, et aussi les charmeurs
de serpents sont bien eonnus au Coromandel, le récit des Adjaib (p. 121) n\'a rien qui doive
nous étonner. Seulement je me demande si 1\'auteur ne confond pas ici deux histoires: celle
des charmeurs de serpents et le fait bien connu qu\'on laisse aller a la dérive sur le Gange
les corps morts des Hindous.
Le récit le plus important sur les Gobb\'s me semble celui de la p. 5 oü 1\'auteur raconte
qu\'il y a un pays avec une grande ville qui a beaucoup de pagodes et oü se trouve le centre
du commerce des étoffes gobbiya. On sait que c\'est surtout au Coromandel que se font les toi-
les fines: la compagnie des Indes néerlandaises avait ses comptoirs sur la cóte de ce pays
dans le but principal d\'en obtenir le monopole. (Valentijn, Ceylon. p. 161, 273. Baldaeus.
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275
Beschrijving der Oost Indische Kusten Malabar en Coromandel. Amsterdam 1672. p. 158). Ya-
qout (III. p. wt. Comp. Glossairo sous ^*x.) confirme la coinmunication des Adjaib que les
étoffes fines de ce pays étaient nommées Gobbiya. Il parait que ce nom était encore connu
du temps de Valentijn qui parmi les toiles fines de la cöte de Coromandel cite les étoffes
nommées Gobar. (Valentijn. Coromandel. p. 14).
Le même récit contient des particularités sur une idole et sur les suicides qui ont liea
en son honneur. On sait que de tels faits étaient frequents au Coromandel. Mais comme le
nom de la villo oü se trouve cette idole n\'est pas marqué par les Adjaib et qu\'il y a beau-
coup de temples dans ce pays, je ne saurais déterminer ni cette ville, ni même le pays d\'A-
brir. Je trouve bien mentionné le pays de Tenjaour qui d\'après le témoignage des >Histo-
rische reizen" (XIV. p. 119) était célèbre dans toute 1\'Inde par le nombre énorme de ses pagodes,
mais la différence des noms est trop grande pour pouvoir identifier les deux pays.
Pays des Mandourln. p. 124. Ce pays qui est situé vis a vis de Serendib ne peut être
que le pays de Madoura, qui s\'étend jusqu\'a la mer. (V. Valentijn. Ceylon p. 160, 237. Histo-
rische reizen XVI. p. 123). Le son final du mot ,~j peut être expliqué comme une corruption
de ^yois^Xaxi, Madoura-patan, ou comme étant le génitif pluriel du nom relatif. Dans le der-
nier cas ^_j,jl\\~« signifie: pays des habitants de Madoura.
Le pays de Madoura est mentionné par d\'autres auteurs arabes. Mas\'oudi en parle (I. p. 394.
«L\'histoire des rois de la Chine et de ceux de Serendib et de leurs relations avec le roi de
Mandourafln. Ce pays est situé vis a vis de Serendib.") Ce nom de .^s.jiXUo 1) est, suivant
une conjecture vraisemblable de M. de Goeje, confirmée par M. Kern, une corruption de »Man-
doura-paran". c. a. d. ville ou capitale de Madoura.
D\'après Mas\'oudi les princes de ce pays étaient nommés ^AjlaS\', al Kaïda. Peut-être ce nom
est-il une altération de Naïk, qui est le titre des princes de Madoura (V. Baldaeus 1.1. p. 156 s. s.).
L\'tle de Baqar, oü se trouve une énorme idole des Indiens, est située d\'après les Adjaib
entre l\'tle de Serendib et Mandourin; partant dans le golfe de Manaar ou le détroit de Palk.
Je n\'ai pas pu la retrouver 2). On est bien frappe par le confirmité de Baqar avec le Bacare de
Ptolemée (L. VI. C. I. 1. 1. p. 168), mais la situation de la dernière ville ne semble pas pou-
voir s\'accorder avec celle que les Adjaib assignent a l\'tle de Baqar, ce qui est aussi le cas
avec 1\'ile de Balaca de Ptolemée, située prés de l\'tle de Ceylan (L. VI. C. IV. 1. 1. p. 181),
puisqu\'elle se trouvait au sud de Ceylan (Comp. 1\'atlas d\'après Ptolemée Tab. XII).
1)  Manuscrit L ,j,jiXi«; L* .Jü qJ .k*xi»«. Kazwini II, \\P écrit Mandourafin; Abou\'1-feda II. 8. p.
115 Mandari ou Mandouri; al-Birouni (Sprenger. Reiserouten p. 82) ^Aajo.
2)  On peut bien admettre que c\'est la même ile que 1\'ile de Balanc (OÏ*Aj ou v-A*Jj) d\'Edrisï (I. p.
73), séparée de Serendib par une petite journée de navigation. Je doute fort qu\'on puisse identifier cette tle
avec le port nommé üJj par Reinaud d\'après al-Birouni, comme c\'est 1\'avis du savant éditeur d\'Ibn
Ehordadbeh (p. 284). Ce port se trouvait dans la presqu\'ile du Gouzeratte, au fond du golfe de Cambaie.
Le navigateur d\'Ibn Khordadbeh en arrivant a Balanc a déja depuis longtemps laissé ce golfe en arrière.
J\'ai aussi des doutes concernant 1\'identité de 1\'ile de Baqar (et par suite de Balanc) avec Balin d\'Ibn
Khordadbeh (p. 62. 64), parce qu\'il me semble qu\'on doit chercher cette dernière place, située a 2 jour-
nées de la grande mer, sur la cöte occidentale de 1\'Inde.
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276
Les Adjaib nomment encore deux lieux dont les noms sont rendus méconnaissables par Ie
copiste. Ce sont ^*JjJ (p. 121) et ,r*Jy (p. 172). Les Adjaib racontent que Ie premier lieu
est situé dans les Gobb\'s; il ne disent pas la memo chose de 1\'autre, quoique oela soit bien
vraisemblable, puisqu\'elles parlaiont des Gobb\'s dans Ie récit precedent. On pourra donc ad-
mettre qu\'ils sont identiques. Mais les Adjaib ne donnent aucune particularité pouvant servir
a, déterminer la situation de ce lieu. J\'aceepte pourtant volontiers un« conjecture de M. de
Goeje, que Ie nom finissait en ,^-as ou i^JL> »patan", (ville) puisque beaucoup de noms de vil-
les du Coromandel sont composés avec ce mot.
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277
Excursion D.
EXTRAITS Dü MOKHTASAR AL-ADJAIB ET DE NOWAIRI.
La bibliothèque nationale a Paris possède un manuscrit (n° 901) du Mokhtasar al-Adjaib
(Précis des merveilles) contenant e. a. quelques récits qui truitent des mêmes sujets que les
Adjaib. Bien qu\'ils ne semblent en grande partie qu\'une réproduction de la Relation, — quelque-
fois copiée littéralement, mais parfois avec des changements de quelques mots, — on y trouve
de temps en temps des particularités qui ont été puisées a une autre sourco. Pour faciliter
la coraparaison j\'indiquerai les pages de la Relation oü se trouvent les récits correspondants.
L\'histoire que je citerai en premier lieu est remarquable puisqu\'elle contient les traits prin-
cipaux du récit qu\'on lit dans les Adjaib p. 29 s. s. Mais en même temps on y trouve tant
de particularités s\'écartant du récit des Adjaib qu\'il est bien évident que les deux auteurs ne
se sont pas copiés. Peut-être qu\'ils ont puisé a la même source et qu\'on trouve ici Ie reste
d\'une légende qui a eu cours parmi les marins de 1\'orient, mais sans qu\'il nous soit possible
d\'en indiquer 1\'origine.
I. 0L«Ü- *L~Jt ^ya ^ =Uf oLü IgJ (jlftj cL-JJt »-j-i ,J^c 8\'jJ.j^j m\\ *£Jj 0^ f. 10. v.
<**** O* \\J^S \'m^Uj, X^fifjj j^sj ^ r^L_S\'j ,j*X_i, rLLc gp a^J 1j>-JI ^jJLCiJI öjy3
sLi^*os *_*-L> 0^*-u ytf jJÜI, X-A* jl^jlj ^_sui l^xs Sjjjj». ü jJUJÜI go^t ^1 t^J-^uJ1
l**I^X_i»l ^jJtXi\' £-» U-*ls\'s LtfyiSjli ^jO\'tyil ^;^« |s*>—=»L, ^ ^*tó (lis: UGstjö,) I^SUj,
«wU c^l*s? L^U IftSy^^Q L$*»-L»fi «*o ^yi-\'Ül o**öjj dkJ3 iX*j L0_j yjj jsa^jl ^1 ou-^i IgsLi\'j
^ l*il ^ JU55 l^LS, ,>_>, L^T, -^ji\' j ^JU> Ub _^ui! 1^ jjül, l/J Ijjj oJÜ,5
Dans certaine tle il y a un peuple ressemblant a des femmes, qu\'on nomme »filles de
1\'eau", ayant une belle figure, des cheveux touffus, de grandes vulves et de grosses mamelles.
Elles parlent une langue incompréhensible, riant et eclatant de rire. On raconte que quelques
marins furent jetés sur une ile oü se trouvaient des arbres et des rivières d\'eau douce et oü
ils entendaient du bruit, des cris et des rires de femmes. Ils se mirent en embuscade et
s\'emparèrent de deux de ces femmes qu\'ils Herent. Elles restèrent longtemps prés de ceux
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278
qui les avaient prises, et ceux-ci jouissaient (Telles a chaque instant et goütaient avec elles
des plaisirs extraordinaires. L\'un d\'eux se tian t a sa compagne détacha ses Hens: a 1\'instant
elle s\'enfuit a la mor et ne reparut plus. L\'autre femme resta chez son maitre qui la sur-
veilla sévèrement: elle devint enceinte de lui et mit au monde un fils, après quoi ils allè-
rent naviguer en pleine mer. Lorsqu\'elle fut dans Ie navire, il eut pitié d\'elle, et détacha
scs Hens, croyant bien qu\'elle ne quitterait pas son fils, mais dans un moment oü personne
ne prenait garde a elle, la femme se jeta a la mer. Le lendemain elle lui apparut de nou-
veau et lui jeta une coquille dans laquelle se trouvait une perle precieuse.
II.   AirJü l_Sr ;L*o jJI Al -f> Iils ^LiyJJ «u-io lit^» (l JU^Ji * -^ü & ^ jJy, f. 16. r.
Ce récit se trouve littéralement dans la Kelation I. p. 21. II. p. CC, mais sans qu\'elle nomme
la mer, qui dans le Mokhtasar A. est nommée la mer Indienne.
III.   £•\'ƒ>\' \'s^U üjj fL&* oL> \\j3 v.«iC! kA-ow >J>5 L/.U5 ^5^\'j w*jL\\j_y«. J-*^Jj f. 17. v.
xiïwJ\' v^fciaj .AÜj t\\>yj l>J*i\',5 X*a»A .A-ij x*,A«JI JAJW r^^=*JJL> vJUaJ U jjJII ^ ^*_y4>
Dans les montagnes de Serendlb on trouve une vallée de diamants tres profonde, ou demeu-
rent de grands serpents. Quand on veut prendre les diamants on jète la-dedans du sang chaud
(de la viande chaude), servant d\'appat aux vautours, qui, de peur des serpents, emportent la
viande aux bords de la vallée. Parmi les diamants qui s\'attachent h la viande on en trouve
de la grandeur d\'une lentille ou d\'un pois chiche; les plus grands sont de la dimension d\'une
demi-fève. Les rois en tirent les chütons de leurs anneaux a cacheter.
IV.  Une grande partie du récit suivant se trouve chez Ibn Khordadheh p. 64 (traduction p. 288.)
lfi**j tjci q\'^> «»jLUj ^y^\' LK\'^y\' o-*** \'"&**\' A**\'1 \'4*^**j *^ Vr?" \'^*XJ ** ^\' r*
Bj^r?3 jji £~ ~r^i Sifrjh xj»s jy* k* u"^1 ert^ k^\'j cfe-V *j*~* v> o^J\'J »>!j>
J~o-;^ \'^j *-Wx>o ^-*^^ svovJjJj _*£ JJ\' \\Jtc Jmj ^XJLoj &UX* ^~ó Ja^^L»; (lis. 2uL>) \\j.s-
L^**» .I^Xa* lAiXJ\' ii Jöj,3 3 J>-j—•> L^ïIAs-j J»ijjj J^*«wi jA^Lo .....5 Xw --««aSj )y«j
X-**> j* »l\\* q^ w**iaJ\' iJr>j> Jf 0l3o ^LgJÜL9 (lis. Jl) qI^O J-JJIj (jrjs l^Li* j £^3 *jU
JyUI v^s >-i*«J\' L$** ^**-j\' J-JUjjJ LfJ Jüb sy.j» ^\'^i\' *£JU-« j,3 «jls^l J^ L^s U^> yix*
L^«5 j5*^!s "^J\' ^** cJ^\' v-**^> ^5 (lis- fc\'Si\'.j) x^^**» V^5 \' ^>s;\'^\' & ^j^ o\'yst L^J
1) Ce mot manque dans le récit de la Kelation.
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279
jV-Jj ^^yc^-j Ju L^jj «JLöjj «-j>^*U .LH j oytJ *-i^ i_$)\'-*^1 CT J**3*\' ^wX!x Jj i^*^a-\'
<&w*PJJI lUyB\' Jij (jyait ^;Liwo j ^y|r?3 v3ly\'
Parmi ces lies se trouye 1\'lle de Kalah, habitée par des Indiens. Il y a des mines d\'étain
(racas al-qala\'i) et des plantations de bambou. L\'ile de Naloush est située et sa droite h une
distance de 2 jours; elle est babitée par des anthropophages. On y trouve des bananes, du
camphre, des noix de coco, de la oanne a sucre et du riz. Après, l\'ile de Djaba et Selahith
avec une ville. Le roi est couvert d\'or et porte un chapeau d\'or orné de pierres précieuses \').
On y trouve des noix de coco, des bananes, de la canne a sucre,....., du bois de sandal,
du nard et des girotlées. Vis a vis de cette ile il y a une montagne; un feu brüle sur son
sommet. La hauteur de la montagne est de 100 aunes; sa longueur et sa largeur est la même.
Pendant la nuit on voit le feu; le jour on voit la fumée. A une distance de 15 jours de cette
montagne on rencontre 1\'lle des épices (djazirat al-tib) avec toute espèce d\'épices. Une 11e nom-
mée Bortanil est sous la dépendance de 1\'empire du Maharadj ; on y entend des sifflements, le
battement des timbales et des instruments a cordes et le bruit des chansons. Les marins disent
qu\'al-Dadjdjal, 1\'antechrist, y demeure. Prés do cette He on trouve dans la mer un lieu d\'oü
1\'on voit apparaitre des chevaux avec des crinières qui rasent le sol. Puis une ile, Toyouma,
sur le chemin de la Chine oü 1\'on trouve 1\'aloës et le camphre, et d\'oü 1\'on atteint en peu
de jours la plage de Khmer. Dans ce pays-ci on trouve 1\'aloès de Khmer et Ie bois de sandal.
L\'ile du sandal est située prés de la plage; on y trouve 1\'aloès de Senf, qu\'ils estiment a un
prix plus élevé que celui de Khmer, parce qu\'il se distingue par son excellence et sa pesan-
teur dans le feu. On y voit des boeufs et des bufnes. Puis le pays des Ouaq (-Ouaq) et ses
iles, situées a Vorient de la Chine. Elles sont riches en or.
V. La plus grande partie du récit suivant se trouve presque littéralement dans la Rola-
tion I. p. 20. II. p. rf. Je ne donne que la traduction de la dernière partie qui n\'est pas com-
prise dans la Relation.
LjaSj JU^JI JJb o* «Jsj w*jJÜj*« yu Lx» (Relation qL^U) 0Lsü>- Lji JLüj s^-s-j £ 25. r.
oSyc^ S sy ft a^ &- Z rL>\\ XJt ^ï, J^JW» j^s «UJ» j&V» *U* <JÜ
«JüLaoj l^>y«j Ls*^ sy^lj, jb^Ji e*.^ ^ (2(^su*3 «J JLüj g&y* & yyaJ\' y^ö \\c^
Prés de la Chine est un lieu nommé Sendji. La mer y est la plus dangereuse de toutes les
1)  Comparez Edrïsi I. p. 80 »Ce prince se nomme Djaba: il porte la chlamydo et la tiare en or, enri-
chie de perles et de pierres précieuses."
2)  Cod. s. p.
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280
mers, par suite de la fréquence des vents et des hautes vagues et des détroits et des montagnes
qu\'on y trouve. De ce pays des garcons, ressemblant a des Zindjs, viennent sur les vaisseaux.
Ils ont une taille de 4 empans. Ils viennent de 1\'eau, sautent sur les navires et s\'y pro-
mènent saus faire du mal a personne. Après cela ils retournent k la nier.
VI. La plus grande partie du récit suivant contient les mêmes détails que la Relation J.
p. 93. II. p. a\'I. Par suite je ne donne que la traduction de la première partie qu\'on ne ren-
contre pas dans la Relation.
^AJ\'5 LjJLp\' oyUL*J5 iAJ> (\' ^j\'jJ\' jsjjjs* l\\a3ïj ü^u*^1 —** [yt1 c>)Ue rr^\'^ ttj\'?^\'\'\'1 ov^\'
J>j*J q^j i_öl _j^j Jó\\J> j.1 «JU Jw3-tAj ^5^\' V^1 oü^Uilf oV3^\' vW r^\'-S ^ »-j\'i>
«.jj\' LP^aawXj (lis. Sj?r~-?) »_^^J i_Jj*J s^r" \'-£-;-\'» t]ij>2£ (1<-^y _r!\'rr*5 **^ ^*rV1\'\' ^*i *jt£ Cf*
Uaï iN*-.9 x—jU i-)U3 L*jjy»»Ö q\' JlftJ \'cyoLe LbjI ,,^\'J\' rf\'->j —^A-^J t*!?"?- ^-tA?S •;ï^* *J^
«_yiJI j^Ji UV^\' J^j\' tfcJ wft*a*i\' (S L^J\' Jl_S_jj xJi s^p"} *-JjW_5 jrt*^\'1 \'•fcA\'s (***N c^oL<J<
jij^ül *x_* aU* y ^JJl _!^li y^ ifcj» ^_i^i «ó^ j DU* ^ }l^l. ^Lji, u^-ii,
etc. q\' ^>*J (JH!?^ l*j#-^\' )\'^?1J^\' U-2*? ,^> \'si**^ •~**aQ ioLc ,3 »j**^
L\'ile de Zabedj est une grande tle, tres peuplée, bien cultivée, riche en marchandises. On
raconte que les navires chinois allaient vers cette ile de Zabedj pour faire Ie commerce avec
les habitants, lorsque des émcutes et des rebellions troublèrent la tranquillité de la Chine. Et
c\'est Ie cas avec toutes ces iles. La porte de la Chine qui est la mieux située et la plus
proclie pour Ie commerce est celle par laquello on va a Khanfou. Si 1\'on choisit une autre
porte on fait un long détour. Il y a beaucoup d\'tles dépendant du Zabedj.
VIL Le récit suivant sur les Gobbs de Serendib se trouve tout entier dans la Relation I.
p. 128. II. p. IA*. En dohors du jeu du trictrac, mentionné dans la Relation, le Mokhtasar A.
nomme aussi Ie jou d\'échecs.
^y»o jfc-Jiwj1 i_g^|y\' —«Jti\' «v*-*Jj *-**^V" V\'W*\' ^ J^-JM vU*; rlfrr «^ (j5^L^\\J\'5 f. 26. r.
<&Lgi*i jjuu sijil (^J^-y! oyU*ó5* x^jJJij gójkaJ^ oyüL ^Lfiji £du* ytfij
1) Cod. s. p.                             2) Cod. *!.
3) Dans le manuscrit du Mokhtasar A. on lit S-*y* ;**"J- D\'après notre conjecture, il faut traduire:
»L\'homme enlève la femme au su de ses parents." La Relation porte (II p. Ifö) Lj*jI Jbu A*olx£ ^l\' \\ajL*9.
Celle-ci (une fille du roi) au su de son père va trouver le marchand dans quelque endroit boisé." La
différence n\'est pas sans importance puisque, dans le cas oü notre conjecture contient la vérité, on aurait
dans les Gobbs un exemple du mariage par enlèvement, qui est bien connu dans 1\'Inde. Mais il se peut
aussi qu\'on doive lire ^.a-wu et traduire: »l\'homme mène la femme en esclavage au su de ses parents."
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281
VIII.   Le Mokhtasar A. contient un récit sur  Ie pays des Zindjs qu\'on retrouvera presque
littéralement dans la Belation I. p. 137. II. ifl.
   Je ne donne que Ie commencement da texte
arabe.
etc. jyJ yè _y*v-SJ\' jiu^ ^«a5j   i»y ^ L$j ^jjj UW5 X*~|j (\'g^\' yïr-a
IX.   M. de Goeje a bien voulu me communiquer les citations suivantes de Nowaïri (Ma-
nuscrit de Leide n°. 273 (A) p. 57 s.s.) et les collationner avec le manuscrit Cod. 2a (B)
p. 64 s.s.
U!j Sj^^s» dlw^j (31 jy o)L-i i\' Jw»oj ,_c^» (2 rfóji\' ^^Lo ,^i * .sóiSI x5l»~. ^^jj ^^i\' o^Lj il
i\' Ji u>»<itw!i o"^*0\'1 x-\'öj* (\'_>*•> ^j j^?V. * J> uyaJ1 ^f> Js\' ib c^y o- 8s^*9 l^j*^\'
JLaja ("u^ i\' C^jAXU. ^1 (7wlï J.1 (•jO^JUS il (50vj^> i\' J1 J^*-J\' ">^-* a" >>°^
l«Jt3 ("^LiT il (".^ il (nDU-^ il (\'V** it |€^pl uiUöil ,»^ l«JI, ^
S±> yA
jftSfl il J o5J. it >• ju~JI ^ J5i ^ (14jJJ.3 il ,yi.Ll)ül uiUüJ\' w~~>
i * >> j~> y3 (15 ***£ ^ ^^ yöi ^i, ^lu g-JÜ ^ ad.» ^ ayc
(,9s,UUl Jf ("^^i^II J 0Aj J* J (Jvj\' JS* Jf oyOj»a> j1_j ^>L. (17L*^j ióyï J*
\'• .jÜÜI rf>jL> jrj^r! ^^ Q*5 V*^1 S->¥ i\' ^^^H v$
Plus loin Nowaïri raconte que 1\'océan est divisé en six mers: ln ^_^\\.JL_o ^u dans la-
quelle (J,0ay-i, (lis. «y.*»), ,-^Ujo et N. B. ^s^aJ\' (ou Zanguebar); 2° •wa_-LoJI _su avec
(«gjyi (ïis. g^ijji), 0k>ji ^5., ,m, ^jt/fc (iis. ^yi), (ïs^ixjü jl«,5 u^l^uJj
3° (^gj,^ j^o (lis. (_5j*^) dont les parties sont nommées »lf ysu, «jLll -s=vj et (24.ya*s ys-u,
avec lAilil, la plus proche de 1\'lnde et avec 3 grandes villes, «y*J (lis. ***jt?>), (25J»J ainsi
nommé d\'après le port oü les marchands viennent chercher le poivre (2\'\'i_taAJI «»\'ƒ> (lis. oL^UjAJI)
O «•                                                   Om                       3
dont la plus grande est nommée (27 ,_ff-0, q^Lx_-«-JI d\'oü ^Ju-.JS Jj*S\', fclJ\' avec les villes
1) Cod. s. p. 2) A.. omisit, 3) A. ƒƒ. 4) Codd. yüLsU. 5) A. \\&>J>-=>. 6) B. «^(Axi.
7) A. xSL, B. *jL. 8) A. ^IvXwiS. 9) B. u»jjj et «jy.
         10) A. jy***>-        11) B. 0LU«.
12) A. ^Ijy*, B. ^ü^. 13) A. AjUtf" et ^1*03^5. 14) Codd. &**>. 15) A. fc^-til, B. s. p.
16) A. il.          17) B. jj-ju^Jj.          18) B. vj»_*^ult.          19) A. SjLaJI.          20) B. »«^ü.,
nommé d\'après la capitale. produit le camphre. 21) B. _JJI résidence du Maharadj. 22) B. ic^y\'.
23) B. (j^UCJ — y^jJLsui. 24) B.^yflAï. 25) B. Jj. 26) B. u^LoJI. 27) ^.i, habité
par des Arabes.
36
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282
.«xi-is, jbL«, ^_},^ (lis. (j?^^) et «JLs, (\'o^\'Ai*o (lis. c/bLs JAjUö) avec une ville du même
nom, ^Lyo\'iA-j ƒ\'ƒ> (üs. ^UxJ\'); 4° (\'2 iXi-Jj* ^su (lis. iX-U_0), dans laquelle est situé
^_jJsJ->» avec la capitale (3 ,_^-è\'. Cette mer a 4 wadf, qui se jettent dans la mer et qu\'on
nomrae ^Li^l; 5° ry fjï r*4\' • iH-T J^*» avec t5^° "p-r?" l***""> j4*\' %*r?" (vraisem-
blablement Madagascar).
1) B. ö^yLX-yfl.         2) B. JuO.         3) li. Lel.
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283
Excursion E.
KANBALOH.
Les Adjaib parlent de ce pays p. 51, 54, 175, 177. De ces récits il s\'ensuit que les na-
vires destinés au Kanbaloh peuvent être poussés par Ie vent jusqu\'au Sofala des Zindjs; qu\'en
334 de 1\'Hégire une expédition de Japonais fut dirigée contre Kanbaloh pour se procurer
des marchandises du pays; qu\'ils avaient pillé quelques iles a six journées de distance et en-
suite maintes villes et bourgades du Sofala des Zindjs; et qu\'il y a une distance de 1500
parasanges (lis. milles) entre Kanbaloh et Ie pays des nègres anthropophages, et une distance
de 800 a 1000 parasanges (lis. milles) entre Kanbaloh et un rendez-vous de navires dans Ie
Sofala des Zindjs.
Quoiqu\'il soit impossible de déterminer avec un degré absolu de certitude la situation de
Kanbaloh, je suis néanmoins d\'avis qu\'il y a des raisons tres fortes en faveur d\'une conjec-
ture qui place ce pays dans 1\'ile de Zanzibar. Avant d\'examiner ce point, je traiterai de la
conjecture suivant laquelle il faut chercher Kanbaloh sur 1\'ile de Madagascar.
Roinaud (Introduction d\'Abou\'1-feda p. CCCVI) et les traductours de Mas\'oudi (I. p. 205)
sont d\'avis que peut-être il faut chercher Kanbaloh dans cette dernière ile. Reinaud fait observer
que les Arabes du temps de Mas\'oudi allaient habituellement a Sofala, pays dont les limites
extrêmes sont situées encore plus au sud que Madagascar, de sorte qu\'il n\'est pas improbable
que cette ile ait été visitée par eux depuis tres long-temps. On peut fortifier cette coniecture
par les arguments suivants.
On trouve a Madagascar des lieux dont les noms ressemblent beaucoup au nora Kanboloh
ou Kamboloh. Dapper fait mention du pays d\'Amboulle, situé sur la cóte sud-est de Mada-
gascar. Ce pays porte encore ce nom et est décrit par M. Sibree (On Malagay placenames.
Journal R. As. Society 1883. p. 207) comme »the fortile vale of Ambolo (at the bamboos)".
Dapper (p. 20) mentionne aussi la vallée de Karemboulle comme aride et sèche. On y trou-
vait pourtant de belles prairies et par suite une grande quantité de boeufs. Elle était située
dans Ie sud-ouest de 1\'ile de Madagascar. Du temps de Dapper Karemboulle ne comprenait
qu\'une vallée de 6 milles en longueur et 3 a 4 milles en largeur, et il ajoute que Ie
pays voisin Machikore avait été ruiné par la guerre. Il se pourrait fort bien que Ie pays
ait été autrefois beaucoup plus étendu.
Le son »anboloh" avec des préfixes, qui se retrouve encore dans Galemboulle et Manam-
boulle (Dapper p. 18, 11) peut donc indiquer une origine Malgache de Kanboloh. M. Sibree
nous dit que les noms des lieux a Madagascar sont libres de toute influence étrangère.
Remarquons que le nom de Kanbaloh d\'après cette conjecture, n\'était appliqué qu\'a une partie
de 1\'ile et n\'a pas pu servir a indiquer 1\'ile entière. Car il est vraisemblable que les indigè-
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•284
nes de Madagascar n\'ont pas connu de nom pour 1\'fle entière, mais qu\'ils se contentaient de
nommer seulement leur tribu ou Ie pays qu\'ils habitaient. (Schneider. Madagascar dans: In-
dische Gids. 1884. I. p. 239).
Du rempg de Mas\'oudi (I. p. 205, 232) Kanbaloh était habité par des Musulinans, qui vers
la fin du règne des Omayades s\'étaient emparés de cette ile en faisant captive la population
Zindjite. Madagascar aussi a été visite depuis un temps tres reculé par des Arabes, ce qui
piouve qu\'ils y faisaient depuis longtemps du commerce. M. Yule (Marco Polo. II. 406) ra-
conte qu\'on trouve des traces considérables d\'une ancienne colonisation arabe sur les cótes de
1\'ile, et que Ie capitaine Owen trouvait prés de la baie de Bambelouka une population arabe
dont les ancêtres s\'étaient fixés dans 1\'ile depuis un temps immémorial. v. Linschoten dit que
1\'ile était habitée presque entièrement par des Musulmans (p. 5 «rijck van volck die alle Ma-
hometanen zijn).
Les produits que les Adjaib nomment comme articles de commerce de Kanbaloh se trou-
vent soit a Madagascar, soit sur la cóte oriëntale de 1\'Afrique vis a-vis de 1\'ile. L\'ambre
est nonuné par v. Linschoten comme un produit important de Madagascar (»oock geeft die
zee aldaar veel ambra"). On y trouve aussi des tortues, et quoiqu\'on n\'y rencontre plus
d\'éléphants, ces quadrupèdes semblent avoir habité 1\'ile du temps de v. Linschoten. Un
animal de Madagascar, Ie »pintsala" a beaucoup de ressemblance avec Ie léopard: il a une
peau épaissc et brune. Et quoique Ie léopard ne soit pas un habitant de 1\'ile, je trouve
pourtant dans un dictionnaire géographique de v. "Wijk (1823) la mention des léopards a Ma-
dagascar, ce qui semble prouver qu\'on pouvait y avoir des peaux de ces animaux. Et il va
sans dire qu\'a Madagascar, situé vis-k-vis des pays des Zindjs, on pouvait facilement se pro-
curer des esclaves de cette nation 1).
D\'après Mas\'oudi (III, 31) Kanbaloh se trouvait a une distance de 1 a 2 jours du pays
des Zindjs. C\'est a peu prés la distance qui sépare Madagascar de la cóte d\'Afrique. La
largeur du canal de Mozambique, la ou il est Ie plus étroit, est d\'environ 4 degrés, soit 60
milles géographiques ou 240 milles anglais. Pour parcourir ce^te distance en 2 jours, il faut
une vitesse de 5 milles anglais par heure, la moyenne de la vitesse d\'un navire indigène.
(V. plus haut p. 228). Si 1\'on songe de plus que les navires auront bien pris soin de faire Ie
voyage par un vent favorable, la distance de 1 a 2 jours est assez conforme a celle qui sé-
pare Madagascar du continent africain.
Le récit des Adjaib p. 175 peut être cité en quelque sorte a 1\'appui de la conjecture que
Kanbaloh est identique avec Madagascar. Il prouve qu\'il existait des relations de commerce
entre Kanbaloh et le Japon et la Chine, et qu\'une Hotte Japonaise pouvait faire sans trop
de difficulté la traversée de son pays a Kanbaloh. Si 1\'on admet la conjecture, on peut
expliquer ce fait do la maniere suivante.
On sait qu\'il existe un courant équutorial qui part de la Nouvelle-Hollande et de l\'Ar-
1) Le fait mentionné dans les Adjaib que les Japonais se procuraient déjii en 334 de l\'Hégire des es-
claves nt\'gres n\'a rien d\'étonnant. On sait par une inscription de .Tava,datant d\'environ 800 A.D., qu\'on
trouvait alors dans cette ile des esclaves Zendji (Djeoggi). V. Kern dans Verslagen en mededeelingen van
<le Kik. Akad. van Wetenschappen. Afd. Letterkunde. 2e R. X. 92. Deux siècles au moins avant que les
Adjaib fussent écrites on exportait donc déja ces esclaves uègres a une grande distance de leur pays.
-ocr page 310-
285
chipel indien et se partage prés .du cap Delgado (10° 30\') en deux courants, dont 1\'un va
au nord jusqu\'au cap Guardafui et 1\'autre au sud en passant par Ie canal de Mozambique.
Ce dernier courant a joué un grand róle dans la propagation des plantes, des animaux et des
habitants de la partie sud-orientale de 1\'Asie a Madagascar et a 1\'Afrique oriëntale l). On peut
donc supposer que les Japonais ont profité de ce courant qui ha emmenés jusqu\'au canal
de Mozambique. Si nous partons de cette conjecture, il faut expliquer 1\'expédition des Japo-
nais en admettant que Ie courant les a poussés jusqu\'aux Comorres, et que de la il? ont gagné
Ie Sofala des Zindjs et puis traverse Ie canal de Mozambique pour attaquer Kanbaloh.
On pourrait peut-être citer encore comme preuve a 1\'appui de cette conjecture Ie récit des
Adjaib p. 51 et 54. L\'auteur y raconte qu\'un navire destiné pour Kanbaloh fut poussé par
les vents jusqu\'au Sofala des Zindjs. Or on peut tirer de ce récit la conclusion que Sofala
n\'était pas trop éloigné de Kanbaloh, et qu\'en fout cas Ie courant du canal de Mozambique
a entrainé Ie navire. On peut bien admettre que Ie Sofala des Zindjs commen^ait déja dans
Ie territoiro actuel de Mozambique (Devic. Pays des Zendjs. p. 77). Il se peut donc que Ie
navire destiné pour Kanbaloh sur Madagascar ait été emporté par Ie courant sur la cóte op-
posée de 1\'Afrique, soit vis-a-vis de Madagascar, soit plus au sud; mais néanmoins dans Ie
Sofala des Zindjs.
Enfin Mas\'oudi (I p. 233) semble fournir encore un autre argument a 1\'appui de cette con-
jecture. D\'après ses traducteurs il dit: >Le terme de leur course sur la mer de Zindj est 1\'ile
de Kanbaloh et Ie pays de Sofala et des Ouaq-Ouaq\'s situé sur les confins du Zanguebar et
au fond de ce bras de mer". On peut expliquer ce récit en admettant que Kanbaloh et Ie
Sofala des Zindjs étaient situés tres prés 1\'un de 1\'autre. Mais la traduction ne semble pas
au dessus du doute: on peut tout aussi bien lire: »La fin de leur course est Kanbaloh; ils
vont même plus loin jusqu\'au Sofala et Ie pays des Ouaq-Ouaq\'s 2) qui est situé aux confins ex-
1)  Je dois mes inforniations sur les courants de la cöte oriëntale de 1\'Afrique a 1\'obligeance de M. M.
Ie professeur Kan et Ie conseiller d\'état Jansen. Le dernier m\'a cité Ie passage suivant de Cooley.
(London. Dulau et C°. 1876. p. 312) »The equatorial cnrrent that runs westward into the Indian Ocean
meets no resistance after passing through the Indian Archipelago till it reaehes the eastern coast of
Africa. There caught in the Mosainbique channel between the i3land of Madagascar and the continent
it becomes impetnous and has at times a velocity of 8 milos an hour. Further on it shows itself as the
Agultas current of the Cape of Good Hope."
2)  C\'est du pays des Ouaq-Ouaq\'s de 1\'Afrique qu\'il est question ici. M. de Goeje était d\'avis qu\'il
existait un autre pays des Ouaq-Ouaq\'s situé en Afrique en dehors du pays des Ouaq-Ouaq\'s de 1\'Asie
qu\'il a prouvé être le Japon (V. Excursion F). A 1\'appui de cette conjecture il a cité nn passage d\'Ibn-
al-Fakih p. 7. 1. 9 disant qu\'il faut distinguer entre le pays des Ouaq-Ouaq de la Chine et les Ouaq-
Ouaq\'s du sud (^j**^\' \\J^S vjj\'s) d\'oii est exporté de 1\'or mauvais.
Les Ouaq-Ouaq\'s de 1\'Afrique sont peut-être les Wagogo\'s, tribu nègre demeurant dans le pays a
1\'ouest d\'Usagara jusqu\'a Ouyansi. M. Stanley (How I found Livingstone, 2de ed. London 1872 p. 249)
les a décrits. Les limites du pays données par Mas\'oudi (V. ci-dessus) sont assez confuses; néanmoins il
ressort de sa description que le Sofala des Zindjs et le pays des Ouaq-Ouaq\'s de 1\'Afrique sont situés
environ a la uiême hauteur. Comme le Sofala des Zindjs commen9ait déja h Mozambique et comme il
est bien certain que du temps de Mas\'oudi on ne connaissait pas au juste les limites du pays des Ouaq-
Ouaq\'s, il n\'est pas du tout improbable que Mas\'oudi ait voulu parier des Wagogo\'s qui véritablement
se trouvent sur les confins extrêmes du pays des Zindjs.
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286
trêmes du pays des Zindjs et a la partie inférieure de la mer des Zindjs." La seule conclu-
sion qu\'on peut donc tirer de ce récit, c\'est que Sofala était situé plus au sud que Eanbaloh.
En admettant que Mas\'oudi savait que Ie Sofala des Zindjs commencait dans Ie Mozambique, on
est forcé de reconnaitre que Kanbaloh ne pouvait pas se trouver sur Madagascar, puisque
cette ile est située vis-a-vis de Mozambique. Mais je doute fort que Mas\'oudi ait voulu indiquer
ici les limites du pays des Zindjs; il raconte seulement que les marins poussent tres en avant,
et qu\'ils visitent aussi Ie pays si grand et si peu connu du Sofala et qu\'ils se rendent même
dans Ie pays presque fabuleux des Ouaq-Ouaq\'s de 1\'Afrique; pays situé a une distance énorme
et ii peine connu de nom. Vu les données tres imparfaites et superficielles et par suite tres
confuses dont Mas\'oudi pouvait disposer ici, je suis d\'avis que nous n\'avons pas Ie droit de
tirer quelque conclusion de ce récit quant a la situation de Kanbaloh.
Quoique je ne veuille point nier 1\'importance relative des arguments allegués ci-dessus, je
suis néanmoins d\'avis qu\'on peut citer des preuves beaucoup plus fortes en faveur d\'une con-
jecture suivant laquelle il faut chereher Kanbaloh plus au nord que sur 1\'lle de Madagascar.
M. Yule (M. Polo. II. p. 407) a déja, exprimé 1\'opinion que Kanbaloh serait Pemba, ile située
pres de la cöte de Zanguebar. En effet il faut chereher Kanbaloh bien prés de Pemba, c. a. d.
sur 1\'ile de Zanzibar. Je dois cette conjecture a M. de G-oeje: comme on verra plus loin, il
m\'a fourni quelques preuves importantes a 1\'appui.
Déja Ie récit des Adjaib p. 177 semble indiquer pour Kanbaloh une position plus au nord
que celle de 1\'ile de Madagascar. L\'auteur y raconte que les navires partis pour Ie Sufala des
Zindjs sont souvent entrainés par les vents et les courants au pays des noirs anthropophages J)
qui demeurent a une distance de 1500 parasanges de Kanbaloh. Or cette distance est impossible
a admettre aussi bien pour Zanzibar que pour Madagascar. Mais comme nous 1\'avons déja
prouvé (V. Glossaire sous Jj) il faut lire ici 1500 niilles, soit une distance de 25 degrés environ.
Si Kanbaloh était situé sur Madagascar, les navires auraient été entrainés jusqu\'a 1\'extrême
sud de 1\'Afrique. Quoiqu\'a la rigueur on put admettre que Ie courant du canal de Mozam-
bique, qui se fait sentir Ie long de la cóte oriëntale de 1\'Afrique au sud du cap Delgado ait
Il reste pourtant des difticultés a résoudre. Ibn-al-Fsikih dit que 1\'on exporte de 1\'or mauvais de chez les
Ouaq-Ouaq\'s. Ou ne trouve pas d\'or dans Ie territoire des Wagogo\'s. Remarquons d\'abord que la inention
de 1\'or mauvais nous avertit que nous ne sommes pas dans les régions véritablement aurifères, et de plus
qu\'autrefois on ne savait pas au juste oiï étaient les limites des districts de 1\'Afrique produisant de 1\'or,
puisque du temps de Dapper on s\'iinaginait la partie de 1\'Afrique, habitée e. a. par les Wagogo\'s comme
tres riche en or. Cet auteur (1.1. p. 661), qui certes était mieux renseigné que Mas\'oudi, parle de la ri-
chesse en or du pays de Monoumugi ou Nimeamaye. Suivant lui ce pays est situé tres loin dans l\'inté-
rieur et vis-a-vis des royaumes de Mombaze, Quüoa et Meiinde; ayant au nord l\'Abyssinie et Ie royaume
de Makoko, au sud Monomotapa et Mozambique, a 1\'orient Mombaze et Quiloa et a l\'occident Ie Nil
entre 2 lacs. Mais je ne saurais résoudre Ie problème, de quelle maniere les Arabes out pu entendre
parier d\'une tribu nègre, demeurant dans Tintérieur du pays, et qui autant que nous sachions, n\'était
pas en communication directe avec les habitants de la cóte, et ne faisait pas de commerce avec les
ports de la mer de 1\'Inde.
1) Ce sont sans doute les nègres anthropophages (ailt\'oTt; MpmiroQ&yoi) de Ptolemée qui demeurent
dans Ie pays situé au golfe entre Rhapta et Prasum. V. Ptolemaei 1.1. p. 115 (Lib. IV. Cap. IX).
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emporté les navires si loin, il faut ayouer qu\'il est bien plus probable que cette distance doit
être comptée d\'un pays situé plus au nord et que par suite la conjecture de M. de Goeje
est plus probable. Seulement il faut observer que 1\'auteur des Adjaib nous avertit qu\'ici il
n\'a pas puisé a sources sures, puisqu\'il ajoute: »Dieu seul sait la vérité!" A vrai dire il lui
aurait été impossible de fournir des données certaines, puisque les marins tombes dans les
mains des anthropophages n\'ont eu que peu de chance de retourner dans leur patrie.
Mais ce récit contient une autre particularité d\'une grande importance. L\'auteur y raconte
Ie fait qu\'il existait de son temps un rendez-vous de navires a 800 milles \') au dela (donc au
sud) de Kanbaloh, soit environ 13 degrés. Or il semble peu probable qu\'un tel rendez-vous
existat déja dans Ie Xme siècle aussi loin au sud de 1\'Afrique qu\'il faudrait 1\'adraettre, si nous
placions Kanbaloh dans 1\'ile de Madagascar, tandis que la difficulté est beaucoup raoindre si
nous identifions Kanbaloh avec Zanzibar. Du temps des Grees on naviguait déja. vers Prasum,
situé au sud de Rhapta J), qui était Ie lieu Ie plus éloigné connu. D\'après M. Henry E. O.
Neill (The ancient civilisation, trade and commerce of eastern Africa; dans The Scottish
geogr. magazine. Febr. 1886. p. 107) on doit chercher cette ville dans Ie Mozambique a 15°30\' \').
D\'après lui il ne semble guère douteux que Prasum fut Ie dernier établissement des Arabes
sur la cóte oriëntale de 1\'Afrique. En voyageant sur cette cóte il rencontrait beaucoup de
ruines qui se distinguent des édifices laissés par les Portugais et qui, suivant les indigènes,
avaient été construits par les Arabes longtemps avant 1\'invasion des Portugais. La ruine
située Ie plus au sud se trouvait prés de la baie Fernao Veloso; jamais M. O\' Neill n\'en a
rencontre au sud de Mozambique, quoiqu\'il ait visite chaque partie de la cóte entre Mozam-
bique et Ie Sambesi.
Au premier abord on pourrait tirer un argument pour 1\'identité de Kanbaloh avec Zanzibar
de la citation suivante de Mas\'oudi. (I. p. 205). »Le Nil poursuit sa marche a travers ce pays
du Soudan qui avoisine Ie pays des Zindjs et donne naissance a un bras qui va se jeter dans
la mer des Zindjs. Cette mer est celle de 1\'ile de Kanbaloh". On pourrait soutenir que Mas\'-
oudi, en placant Kanbaloh a la même latitude qu\'un bras du Nil, n\'a pas pu songer a, Ma-
dagascar, 11e située bien plus au sud. Reinaud semble avoir été de eet avis quand il disait
(Abou\'1-feda. Introduction 1.1.) >d\'oü 1\'on pouvait induire que Kanbaloh se trouvait aux envi-
rons de Magadoxo". Mais je ne crois pas que nous puissions attribuer quelque valeur a ce récit,
vu les notions tres vagues que Mas\'oudi avait du cours du Nil. On a peut-être considéré dans
son temps que chaque grande rivière de la cóte oriëntale de 1\'Afrique était un bras du Nil; il se
peut même que la rivière, dont il est question chez Mas\'oudi, füt Ie Sambesi, ce qui serait un
argument en faveur de la these que Kanbaloh se trouvait sur Madagascar. Du temps de
v. Linschoten on pensait encore que Ie Nil et Ie Sambesi (qu\'il nomme Ie Nigre) avaient leur
1)  Sana doute il faut lire aussi »milles" au lieu de parasanges.
2)  D\'après M. O\' Neill la situation de Rhapta est encore incertaine, mais il ajoute qu\'il est bien pro-
bable qu\'on doit chercher ce port a la latitude de Quiloa. v. Linschoten (Itinerario. p. 8) dit expressé-
ment »Quiloa nommé autrefois Rapta".
3)  Zanzibar est situé a 6 degrés. En admettant que Ie rendez-vous füt dans les enviroos de Prasum,
il y a entre ces deux lieux une distance de 10 degrés environ, ce qui ne diffère pas trop de la distance
des Adjaib.
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source commune dans un grand lac. (Bij deselfde (Sofala) is een seker mijne genaemt Mo-
nomotapa, in welck lant leit een groot Laeck waer uyt men seyt die Revier Nilus haren
oorspronck te hebben, alsook die groote ende vermaarde Revier van Cuama ofte Niger, die
tusschen Soffala en Mossambique in die zee loopt." Itinerario, p. 7).
Je ne saurais non plus attribuer une grande valeur au passage suivant de Kazwtni cité
par M. Yule. (M. Polo. II. p- 407) »Then it (the Ocean) extends to the sea known as that
of Berbera and stretches from Aden to the furthest extremity of Zanzibar; beyond this goes
no vessel on account of the great current." Il ne peut pas être question ici de I\'tle de Zan-
zibar, puisque nous savons que les navigateurs arabes poussaient plus loin que cette 11e.
Mais les arguments suivants, qui me sont communiqués par M. de Goeje sont bien plus im-
portants. Ils reposent sur Ie passage suivant de Makrizi (Edit. Boulaq. I. p. itï): ^lo {j% le^ Jj
*5>A*c ^»j (lis. j*i».) ^$j£> uJj oyu £*oy> A\' ]yi*^>. J&- f** *$?? er* ur5/^\' <r*"i\'-?^J\'
S^LaX! ,»;»1,.». j-j*3Jj ,. ;<1»X^ aJoJwe ^5 ^3 S&i ^ (lis. *JLis) *!*** i.\' \'yb ,J^> %&y>-5 1*
s<A> i\'. Quatremère a donné de ce passage la traduction suivante (Mémoires. II. p. 22) que
j\'ai modifiée légèrement. »Des voyageurs qui ont parcouru Ie pays des Zindjs m\'ont donné Ie
détail de la route qu\'il tiennent pour y arriver. Ils naviguent sur la mer de Chine, a 1\'aide
du vent du nord, en cótoyant Ie rivage oriental de la presqu\'ile d\'Egypte, jusqu\'a ce qu\'ils
atteignent Ie lieu appelé Ras Djafary (lis. Hafouni) qu\'ils regardent comme 1\'extrémité de la
presqu\'ile d\'Egypte. De la, fixant les yeux sur une étoile qui les guide dans leur marche,
ils s\'avancent vers 1\'occident 1); ensuite ils vont en pleine mer et puis il tournent droit
au nord *) et suivent cette direction jusqu\'a ce qu\'ils arrivent a Eabilah (lis. Eanbaloh)
dans Ie pays des Zindjs qui est la résidence du prince. Lorsqu\'ils se trouvent a, Kan-
baloh, leur ijibla en faisant Ia prière est dans la direction de Djedda." Abou\'1-feda (II. 2. p.
127) dit aussi que Eanbaloh est la capitale du roi des Zindjs. Or il faut avouer qu\'il n\'est
guère vraisemblable que la résidence d\'un roi des Zindjs eüt été sur 1\'ile de Madagascar;
il est bien plus probable qu\'on ait indiqué un prince de Zanzibar par ce nom.
Yaqout (IV. 1*11) dit la même chose d\'une ile qu\'il nomme «j^jSUJ, Lendjoüya. Il dit: »c\'est
une grande ile du pays des Zindjs oh reside leur roi. Des vaisseaux de tout pays y abordent.
Ses habitants ont été actuellement transportés sur une autre ile nommée Tembatou peuplée
par des Musulmans". On ne peut pas douter que cette ile ne soit Zanzibar qui de nos jours
encore se nomme Angouya dans la langue des Souahélis, tandis que Tembatou est Tombat,
1)  Sans doute c\'est la Oroix du sud qui les a guidé. Un la découvre a 5°.
2)  L\'itineraire offre ici une grande diflïculté. On peut tres bien comprendre que les navires, en pas-
sant Ie cap Hafoun ont pria une direction sud-ouest, et qu\'après ils sont entrés en pleine mer. Mais il
est bien difficile d\'expliquer pourquoi ils sont alles dans une direction nord pour gagner Kanbaloh, puis-
que sans aucun doute la situation de ce pays était au sud. Peut-être que les courants les ont forcés de
faire un grand crochet pour gagner ce pays.
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petite ile prés de Zanzibar sur laquelle les Arabes ont eu longtemps un fort \'). (Devic. Pays
des Zendjs. p. 79). Sans doute 1\'ile d\'al-Andjebah ]) (**^ü^l), citée par Edrisi (I. p. 59), avec
la capitale al-Angouya (tó-iai\'iM lis. «►Jü\'bJl) est aussi 1\'ile de Zanzibar. L\'ile de Zanedj (lis.
des Zindj\'s) nomméo par Edrisi (I. p. 61) a^ÜJÜ^I, al-Anfrandje, est aussi assurément cette
même ile «js-^üj^l, al-Angouya ou Zanzibar. Nous avons donc d\'importantes données pour ad-
mettre 1\'identité de Kanbaloh avec Angouya ou Zanzibar. Mais il y a plus encore. Yaqout
raconte qu\'Angouya était déserte de son temps et Ie même fait est relevé pour Kanbaloh par
Ibn Said (Abou\'1-feda. II. ï. p. 127 «florissante jadis elle est aujourd\'hui ruinée) et dans Ie
compendium d\'Ibn Yaqout (•Jis-\\i -**^\' er *ƒ»•\' ^ UJ\' i_gsl» v\'j1*" O^\' & V\'\'6 w**-*Ks
i,*hrlj tUü. »Jadis elle était florissante, mais aujourd\'hui elle est déserte. Los vaisseaux y vont
pour prendre de 1\'eau et du bois.") On avouera qu\'il serait bien étrange que ces auteurs ra-
contassent les mêmes choses de deux iles différentes. On fera donc bien d\'admettre avec
M. de Goeje que Kanbaloh et Zanzibar sont identiques. Les articles de commerce qu\'on trouve
a Kanbaloh suivant les Adjaih se rencontrent aussi a Zanzibar. Du temps de Marco Polo (II.
p. 404) cette ile était un marché important pour 1\'ivoire et 1\'on y trouvait aussi de 1\'ambre.
Quant a. 1\'écaille de tortue, la proximité de Pemba rend vraisemblablo 1\'opinion que Zanzibar
était un marché de ce produit. Edrisi (I. p. 57) raconte que les habitants de Mombasa, pays
assez voisin de Zanzibar s\'occupaient de la chasse des tigres (panthères). Il est donc vrai-
semblable qu\'ils apportaient les peaux sur Ie marché alors florissant de Zanzibar.
Mas\'oudi (I. p. 205) évalue la distance entre Oman et Kanbaloh a 500 parasanges environ,
soit 20 degrés. Ce calcul nous approche plus de Zanzibar que de Madagascar, quoique l\'éva-
luation ne se rapporte pas exactement au premier pays. Mais 1\'autcur dit lui-même qu\'il ne
s\'agit que d\'une simple conjecture d\'après ce que disent les marins. La notice d\'Edrisi que l\'ile
de bLü, déserte mais\'ombragée d\'arbres, était situéc a 2 journées par mer de Bab-al-mandeb,
peut avoir été la conséquence d\'un malentendu, puisqu\'il ne connaissait Kanbaloh que par les
livres; ou bien il s\'agit chez lui d\'une tout autre ile. Remarquons enfin que Madagascar était
vraisemblablement connu sous Ie nom de ^*fiJt S-ijs» 1\'ile de Camar (ou I. de la lune). Comparez
Ibn Said dans Introduction d\'Abou\'1-feda CCCXVII s. s. oü il est parlé sans doute de Mada-
gascar; Yaqout. IV p. \'vf, 17 s. s.; Abou\'1-feda. I. p. 82; Makrizi. Abd\'ullatif. p. 7. Dans ce cas
il n\'est guère probable que l\'ile eüt porté aussi Ie nom de Kanbaloh *).
Si nous admettons la conjecture que Kanbaloh est l\'ile de Zanzibar, on peut expliquer Ie
récit de 1\'expédition des Japonais de la maniere suivantc. Après avoir profité du courant connu,
ils ont pillé les Comores, puis ils ont abordé Ie Mozambique (Sofala des Zindjs) et de la gagné
Ie Zanzibar en se tenant prés de la cöte.
Mais cette solution, toute vraisemblable qu\'elle me semble, offre encore quelques difficultés,
1)  Edrisi (I. 59) place cette ile a une distance de 100 milles d\'al-Bayas ou al-Banas, qui est situé a
une distance de 6 journées par terre et de 150 milles par mer de Mombasa (I. p. 57). D\'après lui cette
ville est la dernière dépendance des Zindjs: elle touche au Sofala. Si nous pouvons ajouter foi a ce récit,
il confirme 1\'assertion (V. plus haut p. 285) que Ie Sofala des Zindjs commence beaucoup plus au nord
que Ie Sambesi. Le récit d\'Edrisi (p. 59) est bien confus; j\'y reviendrai plus loin p. 294.
2)  Néanmoins on pourrait encore supposer que 1\'ile entière ait porté le nom d\'ile de Camar et qu\'un
royaume ou une ville de l\'ile ait été connue sous le nom de Kanbaloh.
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lorsqu\'on la eompare avec les données d\'Abou\'l-f\'eda et d\'Edrisi. Abou\'1-feda parle deux fois
de 1\'tle de Kanbaloh, Son premier récit (II. p. 31) n\'offre rien de saillant; il dit seule-
ment d\'après Edrisf que c\'est par la mer de Berbera qu\'on se rend a 1\'ile de Kanbaloh occu-
pée par les Zindjs et oü se trouvent des Musulmans.
Au contraire Ie second passage de eet auteur (II. 2. p. 127) est bien plus important. Il dit:
D\'après Ie Qanoun 52° de longitude et 3° de latitude. Au sud du premier climat. Dans Ie golfe
de Berbera J). On lit dans 1\'Atwal de Faras: «Kanbaloh est la capitale du roi des Zindjs."
Ibn Said dit qu\'entre cette ile et Faqati (ou Bsiqati) il y a deux degrés et demi et que
Ie point extreme méridional de 1\'ile de Kanbaloh est sur Ie même méridien que Faqati.
Kanbaloh »ajoute-t-il" a environ deux degrés de longueur et autant de largeur." Ces données
offrent des difficultés insurmontablcs. La grandeur de 1\'ile de Kanbaloh (2 degrés carrés) ne
se rapporte ni a Zanzibar, qui est plus petite, ni a Madagascar qui est beaucoup plus grande.
Les 3 degrés de latitude ne nous mènent ni a Zanzibar, ni a Madagascar, quoiqu\'il faille
avouer que cette distance se rapporte mieux k Zanzibar qu\'a Madagascar.
Mais les degrés de longitude donnés par Abou\'1-feda nous laissent tout a fait dans l\'obscu-
rité. On sait (Abou\'1-feda. Introduction. p. CCXXXIV. s. s.) qu\'il est tres vraisemblable que Ie
premier méridien d\'Abou\'1-feda passé par Ie Cap Vert. D\'après ce compte la longitude de
Kanbaloh serait a peu prés la même que celles d\'Alexandrie et d\'Assouan, ce qui est in-
admissible. On voit néanmoins que telle est 1\'opinion d\'Abou\'1-feda, puisqu\'il donne pour
Alexandrie (II. p. 155) d\'après 1\'Atwal 51°54\' long.; 30°58\' lat.; d\'après Ie Canoun 52° long.;
30°58 lat.; d\'après Ibn Said 51°20\' long.; 31°31\' lat.; d\'après Ie Resm 51°20\' long. et
31°5\' lat. Pour Assouan d\'après 1\'Atwal 523 long.; 22°30\' lat.; d\'après Ie Canoun et Ie Resm
56° long.; 22°30\' lat.; d\'après Ibn Said 57° long. et 23° lat.
Voyons maintenant si la position vis-s\'i-vis de Baqati donne des résultats plus satisfai-
sants. Voici les détails donnés par Abou\'1-feda et par Edrisf sur la situation de cette ville.
Abou\'1-feda (II. p. 211). »La première ville qui se présente dans la partie de l\'Abyssinie
qui est située sur la mer de 1\'Inde du cöté de 1\'occident est Pata (Batha). Le nom de cette
ville, suivant Ibn Said, se trouve souvent dans la bouche des Abyssins qui viennent dans nos
contrées; elle est siluée a 2 de Véquateur sous le 64°30\' de longitude. Au nord, a la dis-
tance de 100 milles, est la ville abyssine de Bakethy; la situation de celle-ci est sur un
golfe qui s\'avance, a 1\'ouest, dans les terres si la distance d\'environ 50 milles. Plus au nord
est Ia ville de Mankouba, sous 65°*dc long. et 8°30\' de latitude. On trouve, si 1\'extrémité
du golfe, la montagne de Makrous, qui s\'avance dans la mer. Plus au nord est la ville
de Zeyla".
Edrisi (Trad. de Goeje, dans «Description de 1\'Afrique et de 1\'Espagne par Edrisi, ed. R. Dozy
et M. J. de Goeje". Leide. 1866 p. 30, 32). «De Zeyla a Mancouba 5 journées si terre. De
Mancouba a Acant i journées par terre. D\'Acant sx Baqati 5 journées. Baqati est uno tres
petite ville ou plutöt un gros bourg non entouré do murs, mais construit sur une colline do
sable ;ï une portee de flèche de la mer. Ses habitants voyagent peu et ne voient aborder
1) Plus haut il dit avec plus d\'exactitude que c\'est par la mer de Berbera qu\'on vient a Kanbaloh.
Il faut observer de plus que le golfe de Berbera est considéré par Abou\'1-feda comme plus grand qu\'il
ne 1\'est réellement.
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ehez eux que peu d\'etrangers a cause du défaut de ressources de ce pays. Les objets de com-
merce y sont apportés du dehors. Les plaines y sont arides, les montagnes sont nues et dé-
pouillées de toute végétation. Excepté ce qui se trouve dans Ie voisinage de cette ville, on
ne rencontre plus aucun village ni champ cultivé en allant dans la direction du midi. La
seule industrie et Ie seul commerce consistent dans 1\'élève et la vente des chameaux. A 8 jour-
nées de Baqati on trouve Batta, dont Ie territoire touche a celui de Berbera, pays dont Ie
premier village est Djowi (Bender Govi) qui n\'est pas tres éloigné de Batta." Et plus loin:
«L\'Abyssinie confine du cóté de la mer avec Ie pays de Berbera qui obéit aux Abyssins et
oü 1\'on trouve un grand nombre de villages dont Ie premier est Djowa. De la a Baqati on
compte 6 journées; a Batta du désert 7. La ville de Batta, dont nous avons fait mention ci-
dessus est située au dela de la ligne équinoxiale h 1\'extrémité des terres habitées."
Commengons par fixer la position de Batta. Je ne doute pas que ce Batta soit Ie pays de
Patè nommé par v. Linschoten (Itinerario. p. 8) et décrit par Dapper (1. 1. p. 680), situé a la
baie de Formose a 2 degrés environ au sud de 1\'équateur. (\'ar il ressort et du récit d\'Abou\'U
feda et des indications, du reste assez contradictoires, d\'Edrist que telle était la situation
de Batta. On ne peut pas opposer a cette conjecture Ie fait qu\'Edrisi raconte auteurs, que Ie
territoire de Battu touche a celui de Berbera, et eela prés de Bender Govi. Car il nous dit
plus tard expressément qu\'il y a une distance de 7 journées entre Bender Govi et Batta et
que c\'est 1\'Abyssinie qui confine avec Ie pays de Berbera, tandis que nous savons par Abou\'l-
feda que Batta (Pata) était la première ville (c\'est a, dire située Ie plus au sud) d\'Abyssinie.
Il se peut même que Terreur d\'Edrist repose sur Ie fait mentionnó par Ibn Said, que les Abys-
sins venant dans Ie nord de 1\'Afrique, parlaient beaucoup de Batta et que par suite Ie premier
auteur a pensé que c\'était une ville des Abyssins assez proche du pays connu de Berbera. Mais
un peu plus loin il dispose de meilleures données, qui sont en harmonie avec celles d\'Abou\'1-feda:
il place Batta au dela de 1\'équateur et a 7 journées du pays de Berbera. Or, comme il y a une
distance d\'environ 14 degrés entre Batta et Ie cap Guardafui, oü finit Ie pays de Berbera,
et que, d\'après Ie compte que nous avons fait plus haut (et qui est confirmé pour la cöte
oriëntale de 1\'Afrique par Guillain V. plus bas p. 293.) un navire peut parcourir 100 a 120
milles par jour, soit 2°, il faut justement 7 jours pour arriver a 2° au sud de 1\'équateur,
dans Ie pays de Patè.
D\'après Abou\'1-feda, Baqati est situé au nord de Batta, a une distance de 100 milles, ou
d\'une journée. Ce fait est confirmé par Edrlsi qui dit que de Djowa a Baqati il y a 6 jour-
nées, et a Batta 7 journées, soit une différence d\'une journée. Il est vrai qu\'ailleurs Edrisi
raconte qu\'il y a 8 journées entre Baqati et Batta, mais la il commet eertainement une erreur.
S\'imaginant que Batta était situé prés de Bender Govi et se rappellant que Baqati était situé
ii 7 ou 8 jours du pays de Berbera, il aura pensé que c\'est aussi la distance entre Batta et
Baqati; mais un peu plus loin il corrige lui-même cette erreur.
Sans crainte de nous tromper, nous pouvons donc admettre que Baqati était situé prés
de 1\'équateur, puisque la ville était a 100 milles au nord de Batta, qui se trouvait a 2°
au sud de 1\'équateur. D\'après Ibn Safd, Kanbaloh était situé a une distance de deux degrés
et demi de Baqati. Cette distance qui exclüt tout a. fait Madagascar, ne nous porte pas non
plus exactement a Zanzibar, mais nous en amène bien nrès.
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292
Je rapprocherai niaintenant quelques évaluations de temps concernant les courants du long
tle la cóte oriëntale de 1\'Afrique, se trouvant chez Mas\'oudi et Ibn al-Fakih. avec celles pu-
bliées par Guillain et d\'autres voyageurs modernes. J\'ajoute qu\'il m\'a été impossible d\'en
tirer quelques conclusions sur la situation de Kanbaloh.
Mas\'oudi (I. p. 231) »(La nier de 1\'Inde ou d\'Abyssinie) forrae sur les cótes d\'Abyssinie
un canal qui s\'avance dans la contrée de Berbera, portion du pays habité par les Zindjs
et les Abyssins. Ce canal, connu sous Ie nom de Berberi, a 500 milles (parasanges) de
longueur, et sa largeur, d\'une rive a 1\'autre est de 100 milles.... Les pilotes de 1\'Oman tra-
versent ce canal pour gagner 1\'tle de Kanbaloh, située dans la mer des Zindjs.. •.. Ces mê-
nies marins de 1\'Oman pretendent que ce detroit de Berberi, qu\'ils désignent par Ie nom de
nier de Berbera et de pays de Djafouna est d\'une étendue plus grande que celle que nous
venons d\'indiquer; ils ajoutent que ses vagues ressemblent ii de hautes montagnes, et ils les
noniment des vagues aveugles, sans doute parce que, après s\'être enflées comme d\'énormes
montagnes, elles se creusent en forme de profondes vallées; mais elles ne se brisont pas
et ne sont jamais couvertes d\'écume, comme on Ie remarque dans les autres mers. Ils leurs
donnent aussi Ie nom de vagues folies.... Le terme de leur course sur la mer des Zindjs
est 1\'ile de Kanbaloh".
Je crois que Mas\'oudi ne parle pas ici seulement de la nier d\'Aden qui porte ordinai-
rement le nom de canal de Berberi, mais qu\'il décrit aussi la course des navires au sud du
cap Haf\'oun, et qu\'il parle du courant qui va du nord au sud le long de la cóte oriëntale
de 1\'Afrique l). Car comment expliquer que les marins d\'Oman traversassent ce canal pour
gagner Kanbaloh? De plus, le récit même senible indiquer que les marins d\'Oman, qui
pretendent que le canal a une plus grande étendue que celle donnée par Mas\'oudi, ont
voulu parier de la mer de 1\'Inde oü ils entraient après avoir passé le cap Ouardafui. Et
si 1\'on trouve curieux qu\'ils aient parlé d\'un canal, étant en pleine mer, je renvoie le lec-
teur au récit suivant d\'Ibn al-Fakih (1. 1. p. ITI) qui sans doute décrit la mer des Indes le long
de la cóte de 1\'Afrique et en parle comme d\'une tranchée. «La mer des Zindjs est une
tranchée (»_Jl>) profonde et large avec de grandes vagues, sur lesquelles souffie un vent
fort. Le voyage d\'Oman jusqu\'au pays des Zindjs dure 2 mois2), parce que la mer est
profonde, le vent fort et les vagues énormes, et parce que les pays des Zindjs offrent si
1)  Pent-être que c\'est aussi le cas pour le canal Berberi d\'Abou\'1-feda. (II. p. 30), par lequel onserend
a Kanbaloh. Peut-être qu*il faut lire ici (comme aussi chez Mas\'oudi) 500 parasanges au lieu de milles.
Mais il se peut aussi que la longueur nommée ne se rapporte qu\'a la mer d\'Aden propre. Mais si 1\'on
rapproche le passage de Mas\'oudi (1.205) qui raconte d\'après une conjecture des marins, que la distance
entre Omau et Kanbaloh est de 500 parasanges, on sera peut-être enclin k accepter cette conjecture que
je dois a M. de Goeje. La aussi il est question d\'un fort courant dans la mer des Zindjs qu\'il est diffi-
eile a couper a cause de sa rapidité extreme.
2)   A moins que d\'admettre, que les navires séjournaient longtemps sur la cóte d\'Arabie, ce qui, du
reste me semble tres probable, je ne puis pas expliquer la longue durée de ce voyage, qui est décrit
comme tres rapide et durant lequel on ne s\'arrêtait pas sur la cóte de 1\'Afrique. Les intervalles de
temps eitt\'s concernant le voyage du pays de Berbera jusqu\'a Batta et Bïiqati, ainsi que les données qui
nous sont fournies relativement k la vitesse moyenne d\'un navire indigène ne s\'accordent nullement avec
le récit d\'Ibn al-Fakih. Du temps de Ptolemée on n\'avait besoin que de 20 a 25 jours pour naviguer du
cap des Aromates jusqu\'a Rhapta. V. O\' Neill. p. 107.
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293
peu de profits qu\'on ne baisse pas les voiles (qu\'on De s\'y arrête nulle part). Les marins
suivent toujours la direction de la corde (vont en ligne droite) et jamais la courbure de 1\'arc;
ils ne gagnent pas de callosités a leurs mains qui jamais ne sont enflées par Ie travail. Par
suite Ie voyage de (Basra) au pays du Zindjs est plus court (que d\'Oman ii la Chine)".
A ce qu\'il me semble, il résulte des passages cités que les marins d\'Oman faisaient Ie voyage
aux pays des Zindjs en profitant d\'un vent tres vif et d\'un courant qui se faisait sentir du
nord au sud et qui était tellement fort que les marins comparaient la partie de la mer dans
laquelle ils naviguaient a, un canal ou a uno tranchée qu\'ils traversaient. Or il resulte de la
description que AI. Guillain a donnée de la cóte oriëntale de 1\'Afrique (Documents sur l\'his-
toire etc. de 1\'Afrique oriëntale, I. p. 95 citée par Fabricius (Périplus p. 128) qu\'il y existe
réellement un courant tres fort, allant dans Ie même sens que Ie vent. «Dans Ie golfe exté-
rieur" dit-il »en d\'autres termes, du détroit au cap des Aromates, la mousson de 1\'est se fait
sentir dans la première quinzaine d\'octobre, et les bateaux qui vont a 1\'est de ce cap doivent
avoir dépassé son méridien avant lc lr novembre. C\'ost aussi a partir de la même époque
qu\'on peut descendre au sud, c\'est-ii-dire avec la mousson de nord-est, qui souftto du nord-est
a 1\'est jusqu\'a la mi-avril, sans interruption ni changement de direction1), et même avec une
intensité assez egale pour permettre de calculer, tres approximativement, des distances d\'après
Ie nombre de journées raises ii les parcourir. C\'était donc durant la mousson de nord-est que
les bateaux de la mer Rouge destinés pour la cóte oriëntale d\'Afrique descendaient Ie long
de cette cóte. Notons de suite, comme conséquence de cette première donnée, que les seuls
coups de vent qu\'ils eussent h craindro ne pouvaient venir que de la même partie de l\'hori-
zon, et qu\'ainsi, lorsqu\'ils relachaient pour cause de mauvais temps, ils devaient Ie faire en
des mouillages abrités du nord a Vest.
Pendant les mois de novembre, décembre, janvier et
la moitié de février, la force de la brise est telle en temps ordinaires, qu\'elle ferait filer de
2,5 a 3 milles par heure au bateau de la plus médiocre construction, sous la plus prudente
voilure. En outre Ie courant qui suit la directiou générale de la cóte, dans Ie même sens
que Ie vent, a une vitesse moyenne de 1,3 milles par heure, depuis Ras-Hafoun jusqu\'a une
vingtaine de lieues plus loin que Ras-Acoued; et au delk de co dernier jusqu\'au cap Delgado,
sans même que Ie vent cesse d\'être modéré, cette vitesse n\'est pas moins de 3 a 3 milles a
1\'heure. Dans Ie parcours du premier espace, Ie mouvement de progression du bateau sup-
posé atteint ainsi 4 milles k 1\'heure; dans Ie parcours du second espace, il doit atteindre au
moins * milles. Nous compterons donc, dans Ie premier cas, 96 milles pour uno course nych-
thémère (de nuit et de jour) et 48 milles pour une course de jour; daus Ie second cas 120
milles ou 60."
Je ne crois pas que ces faits nous avancent beaucoup quant a la position de Kanbaloh.
Car il est possible que les marins arabes aient profité de ce courant, mais qu\'ils soient restés
1) »Le caltne et les brises variables qn\'on éprouve ordinairetuent dans la mer de 1\'Inde, aux environs de
1\'équateur, ne se produisent pas Ie long de la cóte et jusqu\'a une distance d\'au moins 20 ou 25 lieues
au large. Eu se tenant en dedans de cette limite, ce que font et faisaient autrefois, a plus forte raison,
tous les bateaux naviguant dans ces parages, on continue donc de recevoir la vent de la mousson". Je
crois que Ie canal ou la tranchée des auteurs arabes cités n e9t que la mer en dedans des limites dont
parle M. Guillain.
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au nord du cap Delgado; néanmoins il se peut tout aussi bien qu\'ils aient poussé plus en avant, en
profitant du courant connu au dela de ce cap, pour aller plus loin. Seulement, s\'ils suivaient
ce dernier cours, il semble plus probable qu\'ils auront cherché un port sur situé a la cöte
d\'Afrique, plutöt que de traverser Ie canal de Mozambique pour gagner Madagascar. Je dois
cette remarque k M. Jansen qui m\'a cité un article de M. O\' Neill dans les Proceedings R.
Geojfr. Soc, June 1885. (Some remarks upon Nakala and other ports on the northern Mo-
zambique coasts) oü il est parlé des beaux ports sur cette cóte.
Il faut revenir encore un moment sur Ie passage cité d\'Edrtsi (I. p. 59), qui donne lieu a
une confusion désespérante. Il y parle des tles rfó\'—l (rfwi\'-., **-JK) al-Ranedj, parmi lesquel-
les il nomme Cherboua »^yi (Vt*"\' J-f""1 "^J^^*")\' D est hors de doute que ces iles étaient
situées prés de la cóte oriëntale d\'Afrique, puisqu\'elles contiennent aussi al-Andjebah avec
Angouya, et qu\'elles étaient prés de la cóte des Zindjs. Il semble probable qu\'on nommait les
iles, situées a 1\'occident des Maldives, .aJLi\' al-Ranedj, — iles de coco —, et qu\'on y comp-
tait aussi 1\'ile de Madagascar. Dimachqi (p. \'of, trad. p. 203) dit expressément que les iles de
Zabedj, — qu\'il faut lire ici Ranedj — sont ainsi appelées d\'après Ie cocotier qui y croit.
Encore de notrc temps «eJl. se traduit par >>noix de Madagascar." (Dozy sur 1\'autorité de
Bocthor. Supplém. sous —o.).
De cette conjecture, que je dois a M. de Goeje, il s\'ensuit qu\'en dehors de Serboza sur
Sumatra il existait encore une autre ile qui portait a peu prés Ie même nom, et qui serait
peut-être Madagascar. J\'ai déja remarque plus haut (p. 249) que cela résulte aussi des don-
nées de quelques auteurs arabes en dehors d\'Edrtsi. Mais je ferai remarquer en même temps
que ce dernier auteur ne distinguait pas bien entre les iles a$\\ et ^ó\'. (Zabedj et Ranedj)\').
Car en même temps qu\'il parle du dernier groupe, il raconte une anecdote sur une émigra-
tion de Chinois vers «jut; a une époque oü 1\'état des affaires de la Chine fut troublé par les
rebellions. Ce &j\\i (p. 60) ne peut être une ile africaine, mais c\'est bien de Zabedj qu\'il
s\'agit. Car jamais les Chinois n\'ont émigré en Afrique, tandis que les relations entre Java
et la Chine étaient tres fréquentes. De plus Ie Mokhtasar A. raconte cette même histoire, mais
dans des termes qui ne permettent pas de douter que ce ne soit a Java (Zabedj) qu\'elle
se rapporte s). Si donc nous devons admettre la conjecture qu\'Edrisi, en parlant des iles Ra-
nedj avait en vue les iles de Ia cóte d\'Afrique, il faut reconnaitre en même temps qu\'il n\'a-
vait pas d\'idées bien claires la dessus et que vraisemblablement il commettait l\'erreur, qui a
été partagée par Ibn Said (Introduction d\'Abou\'1-feda p. CCCXVI) a savoir que 1\'ile de Mada-
gasear s\'étendait a 1\'orient jusqu\'a Ceylan, de sorte qu\'une confusion entre les iles Ranedj
et Ie Zabedj était inévitable. —
1)  C\'est aussi Ie cas pour Dimachqi p. \\dt et lot".
2)  Comme il est tres probable que cette ile est Java, il me semble que Ie volcan situé prés de cette
ïle (Edrisï I. p. 60) n\'est autre que 1\'ile volcanique mentionnée par d\'autres auteurs arabes prés de Zabedj
(Ibn Khordadbeh p. 288. Mokhtasar A. trad. p. 279. Relation II. p. (f), peut-être 1\'ile de Krakatoa.
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295
Excursion F.
LE JAPON CONNU DES ARABES
PAK
M. J. DE GOEJE \')•
Pendant une période de deux siècles, du VIIe au IXe, correspondant a, 1\'époque florissante
du Khalifat arabe et de la dynastie des Tang en Chine, Ie commerce entre ce dernier pays et
les ports du golfe persique Basra et Siraf était tres animé. Au commencement de cette pé-
riode ce sont surtout les navires chinois qui y prennent part: ils venaient iusque dans Ie
golfe persique, ou tout au moins ils apportaient leurs marchandises jusqu\'a Ceylan. Plus tard
leur nombre fut dépassé par celui des navires arabico-persans. Comme M. von Richthofen
(China. I. p. 569) nous 1\'apprend, on ouvrit a Canton vers 1\'an 700 un marché pour les étran-
gers; un fonctionnaire impérial y fut chargé de prélever les droits d\'importation. Dans Ie
courant du VIIIe siècle on vit s\'établir en cette ville un grand nombre de négociants ara-
bes et persans. Mais ceux-ci s\'aper^urent bientót que Canton se trouvait trop éloigné des
contrées riches et fertiles que parcourt Ie Yang-tsé et en 795 tous les étrangers l\'abandonnè-
rent pour aller s\'établir a Khanfou, port situé un peu au sud de Shanghai\'. Cette place pros-
péra avec une rapidité telle qu\'en 878, d\'après Abou Zéid (Relation. I. p. 64. II. p. IS"), on
ptit y compter une population d\'environ 120.000 mahométans, juifs, chrétiens et mages. Mas\'-
oudi I. p. 303 évalue ce nombre a 200.000 personnes; Ibno-1-Athfr VII, p. 221 parle seule-
ment d\'un nombre tres grand d\'étrangers. Mais pendant cette même année cette prospérité,
cette richesse furent tout a coup anéanties. Un rebelle chinois conquit la ville, fit massacrer
les étrangers et arracher les plantations de mürier, co qui ruina complètement Ie commerce
des soies. A partir de cette époque on vit bien quelques négociants s\'établir en Chine et y
faire fortune, comme Ie juif qui en 882 partit de 1\'Oman vers la Chine et qui revint 30 ans
plus tard avec de grandes richesses (Merveilles de 1\'Inde, p. 92 et suiv. Adjaib, p. 107.);
toutefois la sécurité n\'existant plus, il ne pouvait pas être question d\'un trafic régulier avec
la Chine. La Chine n\'était donc pas un pays inconnu pour les Arabes. Nous possédons dans
1) M. de Goeje a bien voulu me permettre de publier ici une traduction de son article sur les ilea des
Ouaq-Ouaq\'s dans lequel il a prouvé d\'une maniere concluante 1\'identité de ces iles avec Ie Japon. L\'article
hollandais se trouve dans Ie recueil: Verslagen en tnededeelingen der Kon. Akadeniie van Wetenschappen.
Afd. Letterkunde. 2e reeks. X, p. 178. s. s. Je me suis servi de la traduction francaise qui se trouve dans
les Annales de 1\'extrême oriënt V, p. 66, corrigée par M. de Goeje. Ibid. p. 154.
                     v. d. L.
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296
la géographie d\'Il.m Khordadbeh, composée vers Ie milieu du neuvième siècle, une courte
description de la navigation a la Chine, de ses principaüx ports et de ses produits; en 916
Abou Zéid publia a Basra un livre sur 1\'Inde et la Chine, dans lequel il inséra un rapport
sur la Chine écrit en 851 par un marchand nommé Soléiman ot encore 1\'itinéraire d\'un
certain Ibn Wahab qui avait visite la capitale méme de la Chine. D\'après Ie témoignage
de savants sinologues, ces Communications se distinguent par leur exactitude.
Le Japon leur restait-il inconnu ? On lit dans la Relation d\'Abou Zéid (I, p. 60. II, p. o1):
»En deca de la Chine sont le pays des Tagazgaz, peuple de race turque et celui du Khakan
de Tibet. Voila ce qui termine la Chine du cöté du pays des Turcs. Du cöté de la mer, la
Chine est bornée par les lies (presqu\'iles) des Sila, habitées par des hommes blancs qui vi-
vent en paix avec le souverain de la Chine, et qui pretendent que, s\'ils ne lui envoyaient
pas des presents, le ciel ne verserait plus ses eaux sur leur territoire. Du reste, aucun de nos
compatriotes n\'est allé les visiter, de maniere a pouvoir nous en donner des nouvelles. On
trouve dans ce pays des faucons blancs." Et Mas\'oudi, le contemporain d\'Abou Zéid, (I, p.
346) écrit: »Au dela de la Chine il n\'y a plus, du cóté de la mer, ni royaume connu, ni
contrée qui ait été décrite, excepté le territoire d\'es-Sila et les iles qui en dépendent. Il est
rare qu\'un étranger qui s\'y est rendu de 1\'Irak ou d\'un autre pays, 1\'ait quitte ensuite, tant
1\'air y est sain, 1\'eau limpide, le söl fertile, et tous les biens abondants. Les habitants vi-
vent en bons rapports avec les populations de la Chine et leurs rois auxquels ils envoient
continuellement des presents. On dit qu\'ils sont une tribu des Banu Amür; on compte les Turcs
et les Tatares au nombre de ses membres." De ces passages, Reinaud (Relation I. p. CLXVIII
et suiv. Introduction d\'Abou\'1-feda. p. CCLVI et suiv.) conclüt que Sila était identique avec
le Japon et cette opinion a prévalu il n\'y a pas longtemps, comme p. e. dans 1\'article de M.
Neumann dans 1\'Encyclopédie de Ersch et Gruber, p. 367. L\'opinion de ce savant que Sila
serait une faute d\'orthographe pour Sipan, est une conjecture sans aucun fondement.
En effet, il semble que plusieurs auteurs arabes, tels que Mas\'oudi, Abou\'1-feda et No-
waïrt en mentionnant Sila, ont voulu designer le Japon. Je reviendrai plus tard sur le pas-
sage de Mas\'oudi. Abou\'1-feda (II, 2. p. 124. P. 367 du texte) dit: Sila ou Sila est située au
plus haut de la Chine, ii 1\'est. Ceux qui voyagent sur mer ne s\'y rendent pas souvent. C\'est
une des iles de la mer oriëntale qui font pendant, par leur situation, aux iles Eternelles et
Fortunées de la mer occidentale; seulement celles-ci sont cultivées et remplies de tous les
biens contrairement a celles-la." Nowaïri (man. de Leide n°. 273. p. 56) écrit: »A 1\'est de la
Chine et tout prés de ce pays on trouve six iles, qu\'on appelle Saila (lis. Sila), dont les ha-
bitants sont, a ce qu\'on pretend, des descendants d\'Ali, qui se seraient réfugiés dans ces
contrées pour se soustraire aux persécutions des Omayades. On raconte que les étrangers
qui se sont établis dans ce pays n\'ont jamais pu se décider a le quitter, alors même qu\'ils
devaient se résigner a y vivre dans un état voisin de la pauvreté, tant 1\'air y est pur et
1\'eau limpide 1)."
Malgré tout, l\'opinion de Reinaud est inexacte. Sila ou Silo est le vieux nom chinois
1) Comp. aussi Kazwini I, 109 ^P^Lül y\'j^i oii il cite un passage d\'Ibn al-Fakih qui inanque dans
1\'abrégé publié dans la Bibl. Geogr. V.
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297
de la province Ie plus au sud de la Corée, qu\'on appela plus tard Sinlo et que les Japonais
désignaient autrefois par Ie nom de Sira, postérieurement par celui de Sinra \'). Comme les
Arabes n\'ont qu\'un mot pour designer les lies et les presqu\'iles et que la nomenclature des
produits exportés de Sila prouve bien que Ie commerce entre ce pays et Ie Japon était réel-
lement important au VIIIe et au IXC siècle, il ne serait pas étonnant que beaucoup de né-
gociants cussent cru que la Corée et Ie Japon formaient un seul groupe d\'iles. Le passage
suivant d\'Ibn Khordadbeh p. 294 donne des renseignements plus précis: »En face de Kanton
s\'élèvent de hautes montagnes. C\'est le pays de Sila oü 1\'or abonde. Les Musulmans qui s\'y
rendent s\'établissent définitivement dans cette contrée, a cause de tous les avantages qu\'elle
présente. On ignore ce qui est situé au dela".
En dehors des arguments allégués par M. v. Richthofen pour prouver 1\'identité de la
Corée avec Sila, M. Serrurier m\'a désigné encore la preuve suivante. Abou Zéid dit que les
faucons blancs viennent de ce pays; or, c\'est un fait généralement connu que les oiseaux de
cette espèce proviennent de la Corée et que c\'est de la, qu\'ils ont été importés en Chine et
au Japon pour la chasse au faucon. Comp. Kasira gaki par L. Serrurier, p. 51. s. s.; Schle-
gel et Verster, Traite de fauconnerie, p.. 65—67, oü 1\'on trouve la traduction de tous les
passages que Hoff\'man avait compilé sur ce sujet.
Les iles du Japon portent un nom tout différent chez les Arabes: ce sont les iles des
Ouaq-Ouaq (Ouóq-Ouöq), sur lesquelles toutefois on a fait des rapports tellement extraordi-
naires et fantastiques, que des géographes sérieux comme Yaqout et Abou\'1-feda ont a peine
osé en prendre note. Quant aux savants européens, un seul, autant que je sache, a voulu
assimiler ces iles au Japon (Tausend u. eine Nacht, teutsch von Habicht. 1825, I. p. 299.
Anm. 24), mais par simple conjecture et sans preuve a. 1\'appui. Langlès (Voyages de Sindbad
p. 147) était d\'avis qu\'il fallait les identifier avec les iles de la Sonde; Reinaud (Introduction
d\'Abou\'1-feda p. CCCV, CCCVIII et CCCXV) ne se prononce pas a. ce sujet d\'une facon
précise, mais il semble les placer du cóté de Madagascar; de Slane (Prolegomènes d\'Ibn
Khaldoun 1, 95 note 3) croit que ce sont les iles Seychelles; M. Devic dit: (Merveilles p.
169) »L\'Ouaq-Ouaq est une région assez mal définie, mais qui parait appartenir aux parages
des iles malaises" -).
Ce qu\'il y a de certain, c\'est que tous les géographes arabes placent les fles Ouaq-Ouaq
dans 1\'Extrême Oriënt. Le texte d\'Ibn Khordadbeh (p. 67) est incorrect, mais avec un peu
de peine et en s\'appuyant sur le manuscrit on parvient a en tirer ce qui suit: »A 1\'orient
de la Chine on trouve le pays des Ouaq-Ouaq\'s, qui est si riche en or, que les habitants
fabriquent, avec ce métal, les chafnes de leur chiens et les colliers de leurs singes. Ils li-
vrent au commerce des tuniques brochées d\'or. On y voit du bois d\'ébène excellent". Un peu
plus loin, le même auteur parle de Sila qu\'il distingue fort bien des Ouaq-Ouaq, et parmi
1)  Comp. v. Kichthot\'en 1. 1. 57t>. Reinaud pensait que le nom »Sila" était du a une faute de copiste
(Introduction Abou\'1-feda. p. CCLVII), mais sa conjecture pour corriger ce nom n\'est pas heureuse. Hoff-
mann (Nippon, Nachrichten über Koorai. p. 93 note) a démontré" que Silo (Sira) était 1\'ancienne pro-
nonciation pour Sinlo (Sinra). Je dois la communication de ce passage a M. Serrurier.
2)  On peut ajouter la définition de Lane (1001 N. III, 480 Note 32) »all the islands with which they
(Arab. geographers) were acquainted on the east and south-east of Bornéo."
38
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les produits exportés de 1\'Inde et de la Chine il cite (p. 68) «Tor et Ie bois d\'ébène prove-
nant des Ouaq-Ouaq." A la même page il dit: »la longueur de cette mer (la mer des Indes)
est, de Kolzom (Pancienne Clysma, prés Suez) jusqu\'aux Ouaq-Ouaq\'s de 4.500 parasanges"
et ces mots sont reproduits textuellement dans les voyages de Sindbad. (Mille et une nuits).
Istakhri (p. 122) et Ibn Haukal (p. 193) se boinent, comme Mokaddasi, dans leur géographie
au territoire de 1\'Islam et ne parlent des Ouaq-Ouaq\'s que dans leur description de la mer
persique qu\'ils indiquent comme éiant un golfe de 1\'océan commengant aux frontières de la
Chine et des Ouaq-Ouaq\'s. Leur contemporain Ibn al-Fakih (p. I**) dit que les Ouaq-Ouaq\'s
se trouvent derrière la Chine et ajoute, comme les autres, que 1\'océan indien s\'étend de
Kolzom jusqu*aux Ouaq-Ouaq\'s de la Chine. Yaqout se contente de mentionner que Ie pays
des Ouaq-Ouaq\'s se trouve au dela de la Chine, et qu\'on en parle dans les contes et les
tables". Dans 1\'ouvrage «Mafatth-al-Olum (Man. de Leide n°. 514, f\'. 66. r.) qui a été ócrit
vers la fin du X1\' siècle, Ie Ouaq-Ouaq est indiqué comme se trouvant a cóté de la Chine,
dans 1\'Asie oriëntale. De même dans les ouvrages de Birouni, d\'Edrisi (la oü il ne copie
pas Mas\'oudi), Kazwini, Dimachqi, (Ie Mokhtasar A. V. plus haut p. 279) et autres, qui ici
ne différent que par les détails plus ou moins précis qu\'ils donnent, il est dit que Ie pays
des Ouaq-Ouaq\'s est situé a 1\'est de la Chine.
Autant que je sache il n\'y a que Mas\'oudi III. p. 6. (et ceux qui 1\'ont copié) qui ait
place ces iles au sud de 1\'Afrique et pris les Ouaq-Ouiiq\'s pour Ie dernier pays que 1\'on ren-
contre après avoir dépassé Ie Zanguebar et Sofüla, de même qu\'il indique Sila comme étant
Ie dernier pays au dela de la Chine. Cetto divergence des auteurs cités créerait un problème
insoluble, si 1\'on ignoro que selon 1\'opinion d\'Hipparque — adoptée par beaucoup d\'Arabes — Ie
sud de 1\'Afrique se tournait sensiblement vers 1\'orient, en sorte que la mer des Indes for-
mait une mer intérieure comme la Méditerranée. Au IXme siècle, plusieurs savants croyaient
même que 1\'Indus et Ie Nil étaient des branches d\'une même rivière (V. ma Descriptio al-
Magrebi. p. 11), et bien que ceci füt déclaré tout-a-fait invraisemblable par des voyageurs comme
Mas\'oudi, on n\'abandonna point 1\'ancienne supposition, mais on prétendit que la jonction entre
1\'Afrique meridionale et 1\'Asie oriëntale se trouvait eneore plus a 1\'est. Ce qui pour nous
semble être une divergence d\'opinions inexplicable n\'était, pour les Arabes du temps de Mas\'-
oudi, qu\'une question de plus au sud ou au nord l).
Il est donc évident que Reinaud aurait pu donner de plus amples renseignements, quant
a la position de ces lies, a 1\'aide des documents qu\'il avait a sa disposition. Mais, comme
du reste sur beaucoup d\'autres points, les Merveilles de 1\'Inde ont fourni des détails plus
précis et tres curieux sur les iles des Ouaq-Ouaq\'s. On trouvera les récits les plus im-
portants p. 65, 174 et 175. Les autres passages du livre (p. 8, 50, 190, 191) démontrent
aussi clairement que Ie pays des Ouaq-Ouaq\'s se trouve dans 1\'Extrême-Orient, prés de la
Chine, mais ils sont trop longs et demanderaient trop d\'éclaircissements 2).
1)  11 est bien remarquable qu\'Ibn al-Fakih parle de deux Ouaq-Ouaq, 1\'un celui de la Chine, 1\'autre Ie
Ouaq-Ouaq du Sud. Il ajoute que Ie dernier pays produisait de 1\'or de qualité inférieure. V. une expli-
cation tres probable par M. van der Lith plus haut p. 285 et suiv.
2)  Au lieu de ce qui précède, 1\'article de M. de Goeje contient 1\'histoire du manuscrit des Adjaib
(que j\'ai donnée plus amplement dans la préface) et une appréciation de ce livre, puis les passages rela-
tifs au Ouaq-Ouaq in extenso.
                                                                                                    v. D. L.
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299
Le récit de 1\'expédition des Ouaq-Ouaq\'s vers Kanbaloh (p. 175) a, pour nous, Ie plus
d\'importance, puisqu\'il nous démontre que leur pays était civilisé et puissant. L\'expédition
d\'une flotte aussi considérable que celle dont il est question, pour aller chercher a 1\'est
de 1\'Afrique des esclaves et des articles de commerce, est une preuve de connaissances éten-
dues et de bien-être. Un empire composé d\'iles et situé a cóté de la Chine ne peut être
que le Japon. Et je le demande: a que! autre peuple pourrait-on attribuer mieux qu\'aux
Japonais 1\'industrie, 1\'adresse auxquels 1\'auteur arabe fait al lusion ?
D\'oü les Arabes ont-ils tiré le nom qu\'ils donnaient a ce pays? D\'après lo récit qui était
en vogue chez les Arabes, les fles des Ouaq-Ouaq\'s auraient été appelées ainsi du nom d\'un
arbre portant des fruits particuliers dont je parlerai plus loin. Mais le savant Birount (Frag-
ments 93, 124) dit que cela n\'est pas vrai: «Au nombre des lies Khmer est 1\'ile des Ou&q-
Ouaq\'s qui n\'a pas été, comme le croit le vulgaire, ainsi appelée a. cause d\'un arbre dont le
fruit aurait la forine d\'une tête humaine poussant un cri, mais...." lei, quelques mots mau-
quent dans le texte, et Reinaud, 1\'éditeur, aurait du le mentionner; 1\'auteur a probableraent
voulu dire: »Mais c\'est le nom du pays même." Dans les différents récits des «Merveilles"
que j\'ai cités, on ne trouve aucun rapport entre le nom de 1\'arbre en question et celui du
pays; Ibn Khordadbeh n\'en sait rien non plus. On peut faire une seule supposition : c\'est que
les Arabes et les Persans avaient appris ce nom des négociants chinois. Les éclaircissements
que m\'ont données M. M. Serrurier de Leide et Geerts de Yokohama ont rendu cette sup-
position certaine. Le nom chinois pour le Japon, d\'après le dialecte de Canton, oü les Ara-
bes ont dü 1\'entendre prononcer, est Wo-kwok, la première partie étant le nom proprement
dit, la seconde voulant dire »pays". Les Japonais le prononcent »\\Va-koku". Le mot Japon
ou mieux Jipen (origine du soleil) ne date que de la fin du VIIe siècle (Comp. Ma toan-lin
d\'après la traduction d\'Hervey de Saint Denys, Ethnographie des peuples étrangers a la
Chine I, p. 87) et Tanden nom ne disparut que tres lentement. Que les Arabes et Persans
n\'aient pas fait de commerce direct avec le Japon, cela est a peu prés certain. 11 est pro-
bable que les Chinois ne les ont pas engagés a entrer en relations avec ce pays et que ce
wont eux qui ont cherché a, détourner les marchands de la navigation au Japon, en leur fai-
sant un grand nombre de récits sur les périls qu\'ils auraient courus, s\'ils avaient tenté de
visiter cette contrée. Tout ce que les Arabes connaissaient du Japon, ils 1\'avaient appris des
Chinois, de la même maniere que le nom du pays, sauf quelques particularités, racontées par
des capitaines de navire, qui en s\'écartant de leur route y avaient passé. Il faut cependant re-
marquer qu\'il n\'est nullement improbable que ces derniers se soient quelquefois trompés et qu\'ils
aient noté comme appartenant aux Ouaq-Ouaq telle ile qui ne faisait point partie du Japon l).
Maintenant que nous savons que le Japon était connu des Arabes sous le nom de Ou&q-
Ouèq (ou Ouóq-Ouöq), nous allons passer en revue ce qu\'ils nous apprennent sur ce pays.
Ibn Khordadbeh pretend qu\'il est tellement riche en or que les habitants fabriquent avec
ce métal les chaines de leur chiens et les colliers de leurs singes. Ceci est également raconté
1) Quelques savants ont appliqut? au Japon le nom, — emprunté des Indiens — de Jamakota; alors
ils nomment ce pays Djamaküt, mais ce nom n\'a jamais été d\'un usage sjénë\'ral. Comp. les citatious
chez Juynboll. Lexicon geograph. V. p. 88.
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sous une autro forme par Edrisi, Kazwini (qui rapporte ce fait sur 1\'autorité de Mohammed
ibn Zakarija ar-Razi), Dimachqi, Ibno-1-Ouardi. Ibn Iyas et dans Ie dictionnaire persan »Bor-
han Kati". Edrisi (I. p. 94) ajoute que 1\'or est exporté aussi bien en barre qu\'en poudre.
Dimachqi (p. 167 du texte) affirme que Ie fer ehez eux a plus de valeur que 1\'or, et que
dans Ie commerce ils emploient Ie fer ]k ou les autres peuples se servent de 1\'or. Cela cor-
respond exactement a ce que dit Ie Chinois Matoan-lin des Schin-han de la Coréc (Comp.
D\'Hervey. 1.1. p. 34 et suiv.): Dans Ie commerce ils emploient Ie fer au lieu de la monnaie
de cuivre de la Chine et ils paient leurs impóts a cette nation avec Ie mème métal." Il
parle aussi de la grande valeur qu\'a Ie fer dans les iles Liou-Kiou (p. 425). L\'usage de la
monnaie de cuivre au Japon, d\'après Ie modèle chinois, date de la dernière partie du neu-
vième siècle. Comp. la note importante chez d\'Hervey 1.1. p. 96 et suiv. Ibno-1-Ouardi dit
qu\'on construit en or les palais des personnes de distinction. Marco Polo (II. p. 200) nous
donne presque Ie même renseignement quand il dit: »Je vous raconterai quelque chose d\'éton-
nant, relativement au chateau du seigneur de cette fle. Il faut donc savoir qu\'il possède un
grand palais dont la toiture est entièrement recouverte d\'or fin, comme les toits de nos égli-
ses Ie sont en plomb, de sorte qu\'il serait presqu\' impossible d\'en évaluer la valeur. En outre
les pavés du palais, les planches des chambres sont entièrement en or, s\'est-a-dire recouverts
de feuilles d\'or de deux doigts d\'épaisseur, comme des dalles en pierre. Les fenêtres sont
aussi en or, si bien qu\'on ne peut pas se faire une idee de la richesse de ce palais." M. Yule
(M. Polo. II, p. 202, note 3) donne une description semblable, extraite de 1\'ouvrage d\'un
auteur chinois. Sans aucun doute et 1\'auteur arabe et Ie voyageur vénitien tiennent ces récits
exagérés de la Chine. Le fond historique est peut-être qu\'il y avait des toits dorés. Ce qu\'il
y a de eertain, toutefois, — et c\'est lii le point principal — c\'est que 1\'on trouvait autrefois
au Japon 1\'or en abondance (Comp. Yule 1.1. Note 2 et II, p. 60).
Ibn Khordadbeh n\'est pas seul a, raconter que le Japon produit du bois d\'ébène excellent;
al-Birouni, Edrisi et Kazwini (I. p. 108. II. p. 21) 1\'assurent de mêmë. Ce dernier donne
quelques détails sur eet arbre. Ce bois est mentionné comme produit du Japon dans la «grande
Encyclopédie japonaise" livr. 82, p. 25 (Comp. la table des matières chez Abel Rémusat, No-
tices et extraits. XI. p. 273). M. Serrurier m\'écrit: >Je trouve indiqué le Diospyros ebenum,
1\'arbre qui produit 1\'ébène, dans la flore du Japon, sous le nom nKokü-tau."
Une appréciation semblable a celle que donnent les Merveillea de 1\'Inde au sujet de
l\'industrie des habitants de ce pays se trouve également dans d\'autres ouvrages. Ibn Khor-
dadbeh et, d\'apres lui, Kazwini parlent des chemises en tissus d\'or qu\'on apporte au mar-
ché pour les vendre. Ibno-1-Ouardi \') et Ibn Iyas écrivent: «Les habitants du pays de Ouaq-
Ouaq sont tres habiles pour les travaux manuels; ils tissent une chemise, le corps et les
manches, d\'une seule pièce. Avec de petits morceaux de bois il font de grands bateaux;
ils construisent aussi des maisons de bois qui flottent sur 1\'eau." Edrisi (I. p. 69) raconte
les mêmes particularités, qu\'il complete avec d\'autre récits cités comme se rapportant aux
habitants des iles Ouaq-Ouaq, mais dont les auteurs ne font mention qu\'a propos de la des-
cription d\'autres iles.
1) Ibno-1-Ouardi nomme al-Haukalï, c. a. d. Ibn Haukal comme étant 1\'autorité auquel il a emprunté
ce récit, mais vraisemblablement a tort.
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Nous apprenons seulement par les «Merveilles de 1\'Inde" que la population du Japon était
considérable; mais 1\'observation qu\'on y trouve que les habitants ont quelque ressemblanee
avec les Turcs, se lit également dans 1\'ouvrage de Mas\'oudi, a propos de Silft. qu\'il confond
avec Ie Japon. Le rapport d\'al-Birouni — qui contient la même particularité — est du reste
peu compréhensible, car il indique le pays de Ouaq-Ouaq comme appartenant a 1\'empire de
Komêr (Khmer), nom par lequel il semble designer, comme Ibn Khordadbeh\'), ie Cam-
bodge. — A propos de cette comparaison, il ne faut pas perdre de vue que pour les Arabes
anciens le nom de \'Jure, par lequel on designait aussi les Tatares, avait un sens aussi peu
déterminé que celui de Scythes pour les Grecs.
Le rapport le plus important sur le Japon est celui de 1\'expédition a 1\'Afrique orien-
tale en 945 (334 de 1\'Hégire) mentionné dans les Adjaib p. 174. Ce n\'est peut-être pas trop
se hasarder que de cbercher un certain rapprochement entre la triste situation dans laquelle
se trouvait la Chine en 880 et dont elle ne commencait a sortir qu\'en 960, lors de l\'avène-
ment de la dynastie des Sung, et 1\'époque de la reprise du commerce et de la navigation
au Japon. Il est certainement caractéristique de voir que les Japonais vont chercher de 1\'ivoire,
de 1\'écaille et d\'autres articles, non seulement pour leurs propres besoins, mais aussi pour
satisfaire 1\'industrie chinoise, et d\'observer qu\'a 1\'époque de la décadence du commerce de la
Chine, les Japonais ont été les fournisseurs des marchés du céleste Empire. Leur connais-
sance des pays oü ils pouvaient trouver les articles qui leur étaient nécessaires et de l\'apti-
tude des nègres pour les travaux pénibles, pronve que ce n\'était pas la première fois qu\'ils
entreprenaient un voyage dans ces contrées. D\'après ce que me communiqué M. Serrurier,
il n\'est pas question du tout de ce voyage dans les livres Japonais connus; il parait donc
que e\'était une entreprise particuliere de négociants et de Daimios japonais 2). Il n\'est pas
vraisemblable que les navires des Japonais eussent la grandeur des jonques chinoises dé-
crites par Marco Polo (II. 195) et par Ibn, Batouta. Nous devons plutöt chercher un terme de
comparaison dans ce qui a été dit de la rlottille avec laquelle Kublai essaya de conquérir
Java en 1293, rlottille qui, selon d\'Ohsson (chez Reinaud. Introduction p. CDXXV. Comp.
M. Polo. II, p. 218), était composée de 1000 navires montés par 30.000 hommes.
Nous lisons dans 1\'ouvrage persan »Borhan Kati\'" qu\'il y a beaucoup de singes dans le
pays de Ouaq-Ouaq; ils sont dressés a balayer les maisons, a, aller chercher du bois dans
les forêts et a d\'autres travaux. Je ne trouve rien de semblable chez d\'autres auteurs. Dans
les «Merveilles de 1\'Inde" (p. 67 et suiv., Adjaib, p. 77) on lit a peu prés la même chose
relativement aux singes du Yémen. Cependant on sait qu\'il y a des singes au Japon, et qu\'on
leur apprend a faire des tours. On parle aussi dans les •> Adjaib" d\'une espèce de scorpion
1)  Sprenger. Post- und Reiserouten p. 89. Yule »Khmer or Kamboja proper" (Marco Polo II. 222, note).
A tort M. Gildemeister (De rebus Indicis p. 58. s.s.) a été d\'avis que ce nom se rapportait au Malabar.
Dimachqï (p. 167) aussi semble confondre Komêr avec le Malabar, lorsqu\'il dit qu\'on va du Malabar
au pays de Ouaq-Ouaq.
2)  On peut prouver que dans ce temps on trouvait des daimio\'B puissants, en invoquant différents pas-
sages de la Chronique du Japon, traduit par Titsing, e. a. sous les années 939 et 940. C\'est a M. Ser.
surier que i\'en dois 1\'indication.
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volant dont la morsure est tres venimeuse Je n\'ai pu trouver ailleurs d\'autres renseigne-
ments a ce sujet.
J\'en arrive maintenant aux récits 8ur 1\'arbre merveilleux qui a été Ie point principal pour
tous les auteurs postérieurs qui ont écrit sur Ie Ouaq-Ouaq. Ibn Khordadbeh n\'en dit rien;
al Birouni parait n\'en rien croire. Il est probable que Mas\'oudi a été Ie premier ;\'i donner Ie
récit dans tous les détails; du moins si nous pouvons en croire Edrisf (I. p. 92), qui dit que
Mas\'oudi raconte sur Ie compte de eet arbre des choses tellement peu vraisemblables, qu\'il
n\'ose pas les reproduire. Nous ne trouvons rien a ce sujet dans ce qui nous reste des ouvra-
ges de Mas\'oudi. La description la plus ancienne que nous ayons de eet arbre est celle qui
se trouve dans les Adjaib, p. 65.
Nous lisons dans 1\'ouvrage de Kazwini: «On dit que les lies des Ouaq-Ouaq\'s sont ap-
pelées ainsi parce qu\'il y croit un arbre produisant un fruit ressemblant a une femme
pendue par les cheveux. Quand ce fruit est mür, il pousse Ie cri de «Ouaq-Ouaq" et dans
ce cri les indigènes croient voir un présage." Dimachqi (p. 149): »(Les Ouaq-Ouaq\'s) portent
ce nom d\'après un arbre chinois qui s\'appelle Oufiq et qui ressemble au noyer ou au khtar
cheiuber (cassia fistula) et qui porte des fruits pareils n (la tête de) 1\'homme. Quand un fruit
est mür il pousse Ie cri de »Ouaq-Ouaq", répété plusieurs fois, puis il tombe Les habitants de
ces iles et ceux de la Chine en tirent des augures." Ibn Iyas a publié 1\'cxtrait suivant du livre
Ikhtirak-al afak: «Cet ile est (ces lies sont) appelées Ouaq-Ouaq, parce qu\'il y a la une ile
isolée oü 1\'on trouve un arbre qui porte un fruit ressemblant a la tête d\'une femme pendue
par les cheveux. Quand un de ces fruits est mür. il pousse avec force In cri: «Ouaq-Ouaq,
loué soit Allah-al-Kha!laq (c. a. d. Dieu, Ie créateur)"\' puis il tombe et sèche immédiatement.
Les indigènes s\'en emparent aussitót, car il a des propriétés tres utiles."
Ibno-\'l-Ouardi raconte que ce fruit ressemble complètemont a une femme; il en donne des
particularités tres curieuses. D\'après lui. il se détache d\'une enveloppe qui a la forme d\'un
grand sac. Dès qu\'il sent 1\'air et Ie soleil, il crie: Ouiiq-Ouaq: immédiatement après, les fila-
ments, par lesquels il est fixé a 1\'arbre, se déchirent; il tombe et se dessèche. Dans Ie conté
tres connu des «Mille et une Nuits" oü Hasan al-Basri va faire un voyage aux iles des
Ouaq-Ouaq\'s pour y chercher sa femme et ses enfants, on trouve Ie récit d\'une femme du
pays: «Le long de cette rivière, il y a une autre montagne, différente de celle que nous
avons cóloyée et qu\'on appelle la montagne Ouaq-Ouaq. — Ouaq.Ouaq est Ie nom d\'un arbre
qui porte des fruits ressemblant a une tête d\'homme. Au point du jour ces têtes s\'écrient:
• Ouaq-Ouaq; loué soit Allah al-Khallaq", et lorsque nous ontendons ce cri nous savons que
Ie soleil est leve; Ie soir, clles Ie poussent encore, et nous savons que Ie soleil est alors
couché".
D\'après Ie dictionnaire persan Borhan Kati\', «Ouaq-Ouaq ou Ouöq-Ouóq est Ie nom d\'une
ile dans 1\'Océan ou selon quelques-uns celui d\'une montagne oü pousse un arbre qui porte
des fruits ressemblant a des hommes et même a des animaux. Ces fruits produisent des sons
étranges; ils parlent et répondent, mais cela cesse quand ils tombent de 1\'arbre ou lorsqu\'on
les a cueillis. On appelle aussi ces arbres Ouaq-Ouaq. Une autre personne a dit que c\'est Ie
nom d\'un arbre de 1\'Hindoustan qui produit chaque jour des feuilles et des fleurs nouvelles
qui tombent et se flétrissent; Ie soir."
De tous ces rapports j\'étais incliné a conclure qu\'il croit au Japon un arbre donnant un
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fruit ayant la forme d\'une vessie, ressemblant a une tête humaine et qui, lorsqu\'on Ie cueille,
éclate et produit un certain son. Si cela était vrai, c\'était une confirmation du résultat au-
quel j\'étais arrivé, que Ouaq-Ouaq est Ie Japon. J\'écrivis donc a M. Geerts de Yokohama,
pour obtenir des renseignements qu\'il me fit parvenir aussi détaillés que possible. Il m\'assura
que, pas plus en réalité que dans les contes, les traditions et les fables, il n\'existe au Japon
un arbre répondant aux détails donnés ci-dessus. ü est vrai que dans la grande Encyclopé-
die du Japon, publiée en 1713 et intitulée » Wa-kan-zan-sai-dzu-e" il est question d\'un arbre
merveilleux qui a beaucoup do rapports avec celui qu\'ont décrit les Arabes, mais il y est
indiqué comme poussant dans un pays autre que Ie Japon. De plus ce récit est assurément
dérivé de sources chinoises *). «Les plus grands naturalistes du Japon raême, écrit M. Geerts,
comme mon vieil ami Ito Keiske de Yédo , sont dans une ignorance complete a co sujet."
Le récit cité, extrait de cette Encyclopédie L. 14 p. 18, dont j\'avais déja autrefois
rec,u une traduction de M. Serrurier, me fut aussi transmis par M. Geerts. Il y est dit: »Ta-
schi est un pays qui se trouve dans le sud-ouest, sur le bord de la mer, entre des vallées
et des montagnes, et qui est bien éloigné de 1.000 ri (milles) du nötre. Dans ce pays on
trouve un arbre (ou des arbres) qui porte k 1\'extrémité de ses branches des fleurs ressemblant
a une tête humaine. Elles ne comprennent pas la langue humaine, mais quand on leur de-
mande quelque chose, elles ne font que rire. Lorsqu\'elles rient longtemps de suite, elles se
flétrissont subitement et tombent."
Je savais déja quel pays on voulait designer en employant le nom do Taschi, par l\'inté-
ressante brochure de Bretschneider. (On the knowledge possessed by the ancient Chinese of
the Arabs and Arabian colonies and other "Western countries. London 1871. Comp. un article
du même auteur sur ce sujet dans »Notes and Queries of China and Japan", Vol. IV. (1870 p.
105 et suiv.): c\'est le nom de 1\'Arabie et de 1\'empire des Khalifes. M. Geerts a eu l\'obli-
geance de demander 1\'opinion de M. Bretschneider, a, Pékin, au sujet de eet arbre; ce der-
nier répondit qu\'il n\'avait jamais entendu parier d\'un arbre de ce genre. Dans la grande En-
cyclopédie chinoise de Ma-toan-lin, publiée en 1275, on ne trouve rien non plus, ïi 1\'artiele
Japon, qui ait un rapport quelconque avec eet arbre. Mais mon collègue M. G. Schlegel a
trouve pour moi sous 1\'article Ta-shi-h (Tadjik) au livre 39 le passage suivant: «Un des sou-
verains avait ordonné a. un ambassadeur de s\'embarquer sur un navire chargé de vêtements
et de nourriture et de prendre la mer. Après avoir erré pendant huit années consécutives , il
découvrit, a la limite extreme de 1\'ouest et au milieu de la nier, un rocher carré. Sur ce
rocher on voyait un arbre (des arbres), dont les branches rouges portaient des feuilles vertes
et sur lesquels poussaient de petits enfants de 6 a 7 pouces de long. Lorsqu\'ils voyaient des
hommes, ils ne savaient pas parier, mais seulement rire et faire des mouvements avec les
mains et les pieds. Ils étaient attachés aux branches de 1\'arbre par la tête; quand on les en-
levait et les prenait dans la main, ils se flétrissaient immédiatement et devenaient noirs; le
nom de eet arbre était ie-mie. L\'ambassadeur retourna dans son pays, eraportant avec lui une
branche de eet arbre, qui se trouve encore conservée dans le palais du souverain des Tadjiks."
1) L\'Encyclopédie japonaise citée est une traduction augmentée et revisée de 1\'Encyclopédie chinoise
qui a été achevée en 1607 et publiée en 1609. Abel Rémusat, Not. et Extr. XI.
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Evidemment ce conté, ainsi que celui que nous avons trouvé dans 1\'Encyclopédie Japonaise,
sont des tormes différentes de la mêrae legende. La substitution du mot »fleur" au mot
i fruit" se trouve seulement dans la traduction japonaise. Mais d\'après M. Serrurier, la pro-
nonciation pour les caractères chinois signifiant «fleur" et «fruit" étant également kuwa, on
peut supposer que cette substitution a été faite par erreur. L\'interprétation du son qu\'ils don-
nent par un rire est Ie même chez les Chinois et les Japonais. Les antres traits de la lé-
gende se retrouvent dans la rédaction arabe, comme la forme de la tête humaine (légende
japonaise); Ie fait que Ie fruit est attaché par Ia tête ou par les cheveux aux branches de
1\'arbre (lég. chin.), et que les fruits tombent et se flétrissent après avoir donné un son (lég.
jap.); enfin Ie récit de légende chinoise qu\'ils se flétrissent et deviennent noirs lorsqu\'on les
cueille. Il est donc hors de doute que les récits japonais et chinois parlent du même arbre
que la légende arabe.
Ce qu\'il y a de plus singulier, c\'est que, selon les Chinois, eet arbre serait une des choses
les plus remarquables du pays arabe. Puisqu\'il faut admettre, sur 1\'autorité des savants cités,
que 1\'arbre en question n\'existe pas dans 1\'Asie oriëntale, nous avons a nous demander s\'il ne
serait pas possible de Ie trouver dans 1\'Asie occidentale ? Je suis a même de donner une ré-
ponse affirmative a cette question. C\'est 1\'arbre arabe nommé SOchar", Ie même dont on
compare Ie fruit a celui de 1\'arbre merveilleux dont il est question dans les »Adjaib", VAk-
clepias procera
ou gigantea des botanistes, et Ie fruit est bien connu sous Ie nom de pomme
de Sodom. Cet arbre, qui a pour partie les pays subtropicaux, et que 1\'on rencontre souvent
dans la haute Egypte et en Nubie, comme au Soudan et dans 1\'IIindostan, pousse aussi au
Yémen et en Palestine prés de la nier Morte. Voici Ia description donnée par Robinson (Pa-
liistinn, II. p. 472 et suiv.):
>iNous avons vu ici (Engedi) plusieurs de ces arbres dont Ie diamètre était de six a huit
pouces et dont la hauteur atteignait de 12 a 15 pieds. Cet arbre a une écorce semblable au
liègc. d\'une couleur grisatre et porte des feuilles longues et ovales; d\'après son apparonce
générale on eroirait qu\'il est une espèce gigantesque et survivante d\'une sorte <le laiteron
qu\'on trouve dans Ie Nord des Etats-Unis. Les feuilles et les fleurs ressemblent beaucoup a
celles de la plante indiquée ci-dessus et quand on en détache un morceau il en sort du lait,
comme du laiteron. Les fruits ressemblent a de grosses pommes, k peau lisse, ou bien a des
oranges, et viennent par grappes de trois ou quatre; mürs, ils ont une couleur jaunatre. Ils
sont beaux et appétissants a voir et mous au toucher, mais qnand on les presse ou qu\'on les
heurte, ils éclatent en faisant un bruit semblable a celui qu\'on obtient en crevant une ves-
sie; il ne reste alors dans la main que les morceaux de la peau, qui est tres mince, et quel-
ques fibres de l\'intérieur. Le fruit est en réalité presque entièrement rempli d\'air comme
une vessie, ce qui lui donne sa forme ronde; au milieu du fruit so trouve un péricarpe
petit et mince qui est comme un prolongement du pédoncule et qui est attaché par des fibres
a Ia peau. Ce péricarpe contient une \' petite quantité de soie fine avec des graines tout
comme le laiteron, mais beaucoup plus petite, n\'ayant qu\'un dixième du volume de soie
contenu dans celui-ci. Les Arabes recueillent cette soie et en font des mèches pour leurs
fusils h pierre, qu\'ils preferent beaucoup aux mèches ordinaires, car il n\'est pas besoin de
soufre pour les faire prendre. Le rapport le plus exact que nous ayons sur cette »pomrae
de Sodom" se trouve chez F. Joséphus qui, étant du pays, était nécessairement mieux ren-
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seigné que Tacito ou d\'autres auteurs étrangers. Après avoir parlé du feu divin qui detruisit
la vallée et des traces encore visibles qu\'il y a laissées, il dit »qu\'on y trouve encore des
cendres qui se produisent au dedans de certains fruits qui ont bien une belle couleur et sem-
blent mangeables, mais qui, aussitót qu\'on les cueille, se changent en fumée et en cendres."
Dans cette description, en retranchant, bien entendu, ce qui est merveilleux et imaginaire
comme dans toutes les traditions populaires, je ne rois rien qui ne puisse littéralement être
applicablo au fruit du »\'ochar" tel que nous 1\'avons vu. Ou doit cueillir ce dernier aveo de
grandes précautions pour ne pas Ie faire éclater. Nous avons essayé d\'en apporter des bran-
ches et des fruits a Jérusalem, mais nous n\'avons pas pu réussir."
La description de eet arbro et celle de 1\'arbre merveilleux s\'accordent, quand aux traits
principaux, d\'une facon si remarquable qu\'on ne peut douter de leur identité. La forme ovale
des feuilles couleur vert-foncé est bien indiquée dans les «Merveilles de 1\'Inde," oü il est
aussi question de la ressemblance du fruit de 1\'arbre merveilleux avec celui de 1\' \'ochar. Il
n\'est pas étonnant que dans la légende Ie fruit soit dépeint comme plus grand qu\'il ne 1\'est
en réalité. Pline et Grégoire de Tours (cité chez Robinson, 1.1.) Ie décrivent aussi comme
vpoma in tnodo cucurbitarum", et dans les «Merveilles de 1\'Inde" on Ie compare également a la
courge 1). Les Arabes 1\'appellent vdjird al-cochar", et ce mot n\'est usité de préférenco que
pour les fruits de 1\'espèce des concombres. Autant que j\'ai pu en juger moi-même d\'après un
specimen desséché que j\'ai vu a Leide, chez M. Suringar, il a plutót la forme d\'un grand
cornichon que d\'une pomme. La raison pour laquelle il est dit dans quelques descriptions de
la légende, que ce fruit a, non pas la forme de la tête d\'un homme, mais celle d\'une femme
entière, pourrait s\'expliquer par ce qu\'écrit Tidjanl (Journ. Asiat. 1853. I. p. 164), qui a vu
eet arbre prés de Tripoli, en Afrique, et qui pretend que Ie bois de 1\' \'ochar est compare\'
par les Arabes aux jambes et aux bras d\'une femme, parce qu\'il est tendre, creux et lisse.
Une autre explication me semble pourtant plus vraisemblable. Dan3 Ie poöme en vieux frangais
sur la légende d\'Alexandre, il est question de jeunes filles qui naissent et se fiétrissent avec
les fleurs et qui ne peuvent quitter, sans mourir, 1\'ombre de 1\'arbre sous lequel elles vivent.
Nous ne savons ceci que d\'après la traduction allemande de Lambertus et d\'après une allusion
de Guillaume de Tours, chez Reinouard: «Choix de poésies des troubadours", II. 229 (cité
par Zacher, Alexandri magni iter ad paradisum, p. 15). Il faut pourtant comparer Paulin
Paris: »les MSS. francais de la Bibl. du Roi", III, p. 105 (cité par Yule, M. Polo, I. p. 125
et II. p. 397. Mes eflforts pour obtenir une copie de ce passage sont, jusqu\'ici, restés infruc*
tueux). Von Humboldt était d\'avis que Ie passage du poëme francais sur les gestes d\'Alexandre
faisait allusion aux »puellae vacvakienses" c\'est-a-dire que 1\'aul.eur f ram; ais aurait emprunté
ce récit k la légende du Ouaq-Ouaq. Pour ma part j\'en doute, car aucune de ces légendes
ne s\'accorde suffisamment avec Ie récit francais, pour que 1\'on puisse supposer un emprunt
de celui-ci a celles-la. On conviendra bien que Ie fait qu\'on n\'ait pas trouvé jusqu\'ici un
récit latin ou grec, ayant servi d\'exemple au conteur francais, ne prouve pas du tout
qu\'un tel récit n\'ait pas existé. A 1\'opposé de v. Humbold je croirais plutót que la légende
de 1\'arbre merveilleux a emprunté quelques traits a celle des jeunes filles vivant a 1\'ombre
1) Nous lisons chez Ibn Djobéir p. 65. 1. 3 a f. »Dans ce lieu on trouve beaucoup d\'arbres de l\'es-
pèce \'ochar; ils ressemblent aux citronniers, mais ils n\'ont pas d\'épines."
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d\'un arbre. De même je suis d\'avis que la légende de V Arbre Sol, — 1\'arbre a oracles —
a eu de 1\'influence sur la légende qui nou» occupe.
D\'après la légende, Ie fruit, rossemblant a une tête, est suspendu par les chevcux; oeci
s\'aecorde a merveille avec la description du péricarpe. Enfin, nqu\'ils poussent un cri et écla-
tent quand on les touche ou qu\'on les cueille" et que »quand on les cueille, il ne reste
dans la main que la peau et les fibres" cela ne peut plus nous laisser aucun doute. Il n\'est
pas invraisemblable qu\'on ait représenté Ie son de eet éclat par celui du mot »ouaq", que les
Arabes emploient aussi pour imiter d\'autres sons; c\'est peut-être pour cela que eet arbre a
été appelé ouaq-ouaq. Les dictionnaires arabes font mention d\'un arbre de ce nom avec l\'é-
corce duquel on fait des encriers. Mokaddasi (p. flv. 12) écrit qu\'on trouve un arbre prés
de la mosquée d\'Ispahan qu\'on dit ressembler au ouaq-ouaq; je n\'ai pas pu parvenir a. sa-
voir s\'il s\'agissait de 1\' \'ochar.
En admettant cette explication il est évident que la combinaison du nom de eet arbre
avec Ie nom homophone du Japon peut avoir été la cause du fait, qu\'on ait cru que 1\'arbre
merveilleux se trouvait dans ce pays.
Ce que Robinson raconte de la soie ou laine de 1\' cochar, les Arabes Ie savent aussi; ils
nomment cette étoffe khorfo\' ou khirfa\'. (Compar. Lane s. \'ochar et horrdk; Dozy. Supplém.
s. khorfo\'. Peut-être Ie mot horaimila a la même signification). Ils disent que ces fibres pro-
duisent un amadou excellent et qu\'on s\'en sert beaucoup pour bourrer les oreillers. C\'est sur-
tout au nord de 1\'Afrique qu\'on les emploie dans ce but. Burton (Personal narrative. II. p.
133) dit que ces coussins sont tres recherches a cause de leur propretó et de leur fraicheur,
et qu\'ils ont une valeur tres grande. Tidjani relate un entretien qu\'il a eu avec des person-
nes dont on ne pouvait suspecter la bonne foi, et qui lui ont assuré avoir vu des vêtoments
confectionnés avec cette matière. Grégoire de Tours dit aussi qu\'on en fait des vêtements
tres fins. Sans aucun doute, Pline XII. Cap. X. 21 a voulu dire la même chose en par-
lant des arbres qui »ferunt mali cotonei amplitudine cucurbitas, quae maturitate ruptae
ostendunt lanuginis pilas, ex quibus (Arabes) vestes pretioso linteo faciunt." Comp. aussi
XIX. I. 2.
Je ne puis rien dire quant au nom de ie-mie que Ma-toan-li donne a oet arbre. Peut-être
que 1\'étymologie de ce mot est Yémen. On n\'a pas encore pu savoir si ce sont les Chinois
qui tiennent la description de 1\'arbre des Arabes, ou si les derniers 1\'ont emprunté aux pre-
miers. Je ne puis me prononcer avec certitude sur ce point, bien que je crois la seconde
supposition plus probable, car les Chinois, dans leurs rapports, décrivent tres clairement Ie
lieu oü pous8e eet arbre. L\'\'ochar n\'avait en outre rien de phénoménal pour les Arabes de
sorte qu\'ils n\'ont pas pu en parier comme d\'une chose merveilleuse. N\'oublions pas non plus
que 1\'Encyclopédie chinoise date du XIIIe siècle; que vu les altérations de la légende de
1\'Encyclopédie japonaise, il existait plusieurs rédactions de cette légende, ce qui fait qu\'il
est tres admissible qu\'il y ait eu des formes plus anciennes s\'accordant mieux avec Ie récit
des Arabes.
Les contos a propos de choses et d\'événements merveilleux que les marchands chinois et
ceux du golfe persique échangeaient entre eux ne se sont pas bornés a 1\'arbre. Les récits des
Arabes et des Chinois relativement a 1\'oiseau »rokh" dont les tuyaux de plume étaient si gros-
ses, qu\'on les sciait en plusieurs morceaux dont on faisait des tonneaux pour recevoir 1\'eau,
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307
sont presque entièrement conforme» 1). La description de 1\'ile des femmes que nous trouvona
dans les «Merveilles de Pinde" (p. 16 et suiv. Adjaib p. 26 et suiv.) se rapproche d\'une fagon
remarquable de ce qui est mentionné dans une Encyclopédie chinoise. (d\'Hervey de Saint-
Denys, Ethnographie etc. p. 403 note. Comp. Yule. M. Polo II. p. 338—340). D\'après les
«Merveilles de Pinde" ces nouvelles auraient été communiquées par un Espagnol; 1\'Ikhtirak
al-afak chez Ibn Iyas et Ibno-POuardt pretendent au contraire qu\'elles Pont été par un marin
chinois. L\'explication de Pezistence d\'une ile, habitée exclusivement par des femmes, comme
elle est donnée par les «Merveilles de Pinde" a savoir que dans un pays voisin, il nais-
sait deux filles pour un garcon, et que pour se débarrasser du surplus des femmes, on en
aurait envoyé quelques milliers dans cette tle, semble se rapporter a, ce que dit Ma-toan-lin
(chez d\'Hervey, p. 52) du Japon, qu\'il y nait plus de filles que de garcons, ce qui parait être
Ie cas de nos jours encore. Enfin Ie récit arabe de 1\'ile des Amazones, dans 1\'Extrême-Orient,
a Pair d\'être une reproduction des récits chinois sur Ie Royaume des femmes dans la mer de
1\'orient et sur la Reine du Japon avec ses mille femmes, qui ne voulait pas se marier, se
vouait au culte des diables et des esprits et étonnait Ie peuple par ses sorcelleries. (D\'Hervey.
p. 327, 402, s. s. Comp. p. 396. — Ibid. p. 55). Kazwini dit que eet Empire des Amazones
se trouve dans Ie pays de Ouaq-Ouaq; il ajoute qu\'il a emprunté ce récit a un certain
Mousa ibno\'l-Mobarik do Siraf. Mokaddasi (p. Il*") qui écrivit vers Pan 1.000 rapporte mot
pour mot Ie même récit, — toutefois sans citer Pautorité a laquelle il Pa emprunté, et
sans nommer Ie pays, qui du reste chez lui comme chez Edrisi (I. p. 67) semble être tout
autre que Ie pays de Ouaq-Ouaq. Par contre, Ibno\'l-Ouardi et Ibn Iyas, de même que Kaz-
wini, disent que la Reine des Amazones habite Ie pays do Ouaq-Ouaq. Et comme Pon voit
par Ie conté de Hasan al-Basri dans les «Mille et une nuits" ceci est resté une idéé popu-
laire. Ouaq-Ouaq est Ie pays des Amazones, des esprits, des diables et des sorciers; il se
trouve dans 1\'Extrême-Orient, et il est impossible de Patteindre sans être aidé d\'une facon
surnaturelle. Le guide de Hasan al-Basri lui dit: »Levez la main au ciel et si vous parvenez
a le toucher, c\'est alors seulement que vous pourrez songer a, la possibilité d\'arriver au pays
de Ouaq-Ouaq, qui se trouve séparé de vous par sept océans, sept montagnes et sept riviè-
res". Ainsi, le pays de Ouaq-Ouaq disparait de plus en plus de 1\'horizon de la science arabe
et devient tout aussi nébuleux et peu connu que Panden pays d\'or — Chrysé; plus tard il
renait comme Zipangu par suite du voyage remarquable de Marco Polo.
1) Comp. 1\'extrait de 1\'Encyclopédie San-sai-dzu-e chez Bretschneider p. 14 et suiv. — qu\'on retrouve
aussi dans 1\'édition Japonaise Liv. 14 p. 29 (Serrurier), avec les »Merveilles de 1\'Inde" p. 54 (Adjaib
p. 62) et M. Polo. II, p. 346-354.
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308
Supplément aux Excursions.
Excursion B. p. 255. s. s. Kalah.
Quoique les preuves que j\'ai alléguées plus haut en faveur de 1\'identité de Kalah avec
Quedah me semblassent concluantes, il restait encore une diflSculté a résoudre; a savoir: com-
ment expliquer que les Arabes aieiit rendu Ie son du J> dans Quedah par un JL dans K;i \'ili.
J\'ai consulté M. Kern sur ce point: 1\'explication suivante qu\'il m\'a donnée me semble ré-
soudre entièrement cette question.
»Le mot Malais Kadah ou Kedah", dit-il, «peut tres bien avoir frappe les oreilles des Ara-
bes a peu prés comme Ie son Kalah". parce que Ie d malais, qu\'on rend maintenant en
général par Ie J arabe, a en réalité un autre son que cette lettre. Les Malais prononcent Ie
d comme une lettre linguale; dans Ie language javanais leur d est toujours rendu par Ie *» lin-
gual et jamais par Ie >a dental. Le son du d lingual a beaucoup de ressemblance avec un l.
Les Arabes n\'ont pas de d lingual et ne possédaient donc pas le moyen usité par les Javanais
pour rendre ce son dans leur alphabet d\'une maniere précise."
M. Kern m\'a en outre cité un passage remarquable de M. Yule (Hobson-Jobson) s- v. Calay
(qala\'i): »the port of Quedah; there is a trade for Calin or tutenague.... to export to diffe-
rent ports of the Indies." Remarquons de plus que les auteurs arabes écrivent tres souvent
Kfla, ce qui semble indiquer que le son du mot était a peu prés le même que celui de Quedah.
Excursion C. Ceylan.
P. 266. Ajoutez, sur 1\'autorité de M. Kern, après les mots: «que le nom est Drawida".
D\'une date encore plus reculée que le Dipawansa est Ptolémée, qui a \'Zix./.xl 1).
P. 271. Note. Ajoutez, sur 1\'autorité du même savant. >Rahun est une corruption de Ro-
hana, nom de la pvovince au sud-ouest de 1\'ile et de la montagne dont le pic d\'Adam fait
partie."
1) Je dois encore a M. Kern 1\'observation suivante, qui me semble tres heureuse. »Ne pourrait-il pas"
demande-t-il, »que le nom Siyalim indiquat un pluriel? Dans ce cas il existerait une ressemblance frap-
pante avec les £/«*«/ de Ptolémée. Cette conjecture semble d\'autant plus plausible, qu\'elle repose sur le
fait connu, que les Imliens nommaient souvent un pays d\'après le pluriel du nom du peuple qui l\'ha-
bitait."
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TABLE DES MATIÈRES.
PRÉFACE.........p. VaXIV
LES MERVEILLES DE I/INDE. . » 1 a 192
Texte par P. A. van der Lith.
Traduction par L. Marcel Devic.
PREMIÈRE PARTIE. Invocation a Dieu p. 1. —
I. Le Roi indien converti a 1\'Islam. p. 2. — II. Le
pot de terre vieux de 4000 ans. p. 4. — III. La
ville du paya d\'Abrir avec 1\'arbre de bronze. p. 5. —
IV. Les femmes de Canoge. p. 6. — V. L\'écrevisse
gigantesque. p. 6. — VI. L\'écrevisse et 1\'ancre.
p. 7. — VII. Le navire enlevé par des esclaves.
p. 8. — VIII. Naufragés transportés par un
oiseau. p. 12. — IX. Le poisson monstrueux. p.
14. — X. Même sujet. p. 15. — XI. Navire percé
par un poisson. p. 16. — XII. L\'anneau dans le
corps d\'un poisson. p. 16. — XIII. Les poissons qui
suivent les navires. p. 17. — XIV. L\'ile des fem-
mes. p. 19. — XV. La femme-poisson. p. 29. —
XVI. Le poisson-scie. p. 35. — XVII. L\'homme tué
par un poisson. p. 36. — XVIII. La tortue prise
pour un ilot. p. 36. — XIX. Poisson a forme hu-
maine. p. 38. — XX. Croisement d\'espèces animales.
p. 39. — XXI. Le poisson Zhalouin. p. 40. — XXII.
Petit poisson aux couleurs du pivert. p. 40. — XXIII.
Mer phosphorescente. p. 41. — XXIV. Le dragon
volant, p. 41.— XXV. Le pays des serpents. p. 42.
—   XXVI. Le serpent pris pour un tronc d\'arbre.
p. 43. — XXVII. Le plage aux épaves. p. 44. —
XXVIII. Emigration causée par un serpent, p. 47.
—  XXIX. Histoires de serpents. p. 47. — XXX.
Serpents dont la vue est mortelle. p. 50. — XXXI.
Les scorpions volants, p. 50. — XXXII. Aventures
d\'un roi des nègres. p. 50. — XXXIII. Les devins
nègres. p. 60. — XXXIV. Les plumes phénoména-
les. p. 61. — XXXV. Village empoisonné par un
oiseau. p. (>2. — XXXVI. L\'oiseau mangcur de tortues.
p. 64. — XXXVII. Les fourmis monstrueuses. p. 65.
—  XXXVIII. Le fruit gonflé d\'air. p. 65. — XXXIX.
Les singes qui arrêtent les voyageurs. p. 66. —
XL. Aventures d\'un matelot et d\'uue guenon. p. 67.
—   XLL Les naufragés et les singes découvreurs
d\'or. p. 70. — XLII. Le singe domestique. p. 77. —
XLIII. Le singe valet du forgeron. p. 77. — XLIV.
Le singe et le milan. p. 78. — XLV. L\'amoureux
et le singe. p. 79. — XLVI. Les ancres jetées a la
mer et repêchées. p. 85. — XLVI (bis). Justesse
de jugement d\'un capitaine de mer. p. 90. —
XL VIL Les montagnes d\'aimant. p. 92. — XLVIII.
Nauvrage de plusieurs navires. p. 93. — XLIX.
L\'enfant pris au gouvernail. p. 94. — L. La perle
dans le poisson. p. 96. — LI. Images des grands
hommes, conservées par les Hindou\'s. p. 98. —
Lil. Tuyau de plume gigantesque. p. 98. — LUI.
L\'oiseau qui fait toraber le poil. p. 99. — LIV.
La baleine et les petits poissons p. 101. — LV.
L\'oiseau qui jète ses oeufs a la mer. p. 102. —
LVI. Ballots servant de radeau. p. 103. — LVH.
Le charmeur d\'oiseaux. p. 104. — LVIII. Le char-
meur de crocodiles. p. 105. — LIX. L Indien et le
corbeau. p. 105. — LX. Le juif enrichi. p. 107. —
LXI. Le roi de Loubïn amateur de bjjoux. p. 112.
LXII. Les nègres émasculateurs. p. 113. — LXIII.
Une région dangereuse. p. 114. — LXIV. Le roi
de 1\'Inde et le perroquet. p. 115. — LXV. Coutu-
mes indiennes p. 118. — LXVI. Même sujet. p.
118. — LXVII. Même sujet. p. 119. — LXVIII.
Bureau de douane a Sérendib. p. 119. — LX1X.
Histoires de serpents. p. 120.— LXX. Comment on
soigne les personnes piquées par les serpents. p. 121.
—  LXXI. La femme qui s\'abandonne a 1\'eau. p.
122. — LXXII. Les Hindous qui se font noyer. p.
123.— LXXIII. Idole voyageuse. p. 124. — LXXIV.
La femme qui conduit une béte a figure humaine.
p. 124. — LXXV. Les Zarafa\'s et les grosses four-
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310
TABLE DKS MATIÈRES.
mis. p. 125. — LXXVI. Les anthropopbages a
queue p. 125.
SECONDE PABTIE. LXXVII. Les anthropophages
qui gardent les crimes des ennemis tués. p. 126. —
LXXVIII. Même sujet. p. 126. — LXXIX. Les an-
thropophages par esprit de vengeance. p. 126. —
LXXX. Une tribu honnête envers les naufragés. p.
127.— LXXX1. Comraent on recueille les diamants.
p. 128.— LXXXI (bis). Récit d\'un voyage henreux.
p. 129. — LXXXII. Le poisson aphriodisiaque. p.
130. — LXXXIII. Autre récit du voyage heureux.
p. 132. — LXXXIV. Les fleurs de soie. p. 133. —
LXXXV. Le tombeau de Salomon. p. 134.— LXXXVI.
La perle Yétima. p. 134. — LXXXVII. La eapi-
talfl du Zabedj. p. 137. — LXXXVIII. La mère
et son enfant, p. 137. — LXXXIX. Le matelot et
la jeune fille. p. 141. — XC. Le matelot et 1\'idole.
p. 142. — XCI. Entree d\'un grand dignitaire a
Khanfou. p. 144. — XCII. La pièce de bois ramenée
par les flots. p. 144. — XCIII. Ballots de coton
jetés a 1\'eau et retrouvés. p. 147 — XCIV. Suicide
extraordinaire de deux Hindous. p. 147. — XCV.
Les cheveux rabattus et les sabres recourbés. p. 148.
—  XCVI. Les Indiens héméralopes. p. 149. — XCVI1.
L\'ambre gris au Zabedj. p. 150. — XCVIII. Le val-
lon brille, p. 150. — XCIX. Les brigands de 1\'Inde.
p. 151. — C. Les brigands briile\'s vifs. p. 152. —
CL Coutume de brüler les vieillards. p. 153. — CIL
Comment on g\'asseyait a 1\'audience du roi du ZA-
bedj. p. 154. — CIII. Les bikours. p. 155. — CIV.
Le devin et les lézards. p. 157. — CV. Les croeo-
diles rendus inoffensifs. p. 158. — CVI. Chatiraect
du vol dans 1\'Inde. p. 160. — CVII. Navire ob-
scurci par les vagues. p. 161. — CVIII. Coutumes
indiennes. p. 162. — CIX. Etang curieux. p. 163.
—   CX. Les 30.000 iles. p. 163. — CXI. L\'éléphant
bien dressé. p. 163. — CXII. Un naufrage. p. 165. —
CXIII. Le marché des Djinns. p. 168. — CXIV.
Pierres qui attirent les métaux. p. 169. — CXV.
La montagne de vitriol. p. 170. — CXVI. Les ar-
bres de 1\'enccns. p. 170. — CXVII. Les feuilles
d\'arbres qui portent une inscription. p. 170. —
CXVI1I. L\'écrevisse qui devient pierre, p. 171. —
CXIX. La fontaine couyerte par un pierre d\'éme-
raudc. p, 171. — CXX. Oiseau dont la ponte an-
nonce le calme des vents. p. 172. — CXXI. Un
voleur écorché vif. p. 172. — CXXII. L\'oiseau
Somendel. p. 172. — CXXIII. Le lièvre qui change
de sexe. p. 173. CXXIV. Le lézard qui a les or-
ganes sexuels doubles. p. 173. — CXXV. Le ser-
pent mangeur de crocodiles. p. 173. — CXXVI.
Les pays de Ouaq-Ouaq. p. 174. — CXXVII. Ex-
péditions de Ouaq-Ouaq. p. 174. — CXXVI1L La
ville flottante. p. 176. - CXXIX. Les nègres an-
tropophages. p. 177. — CXXX. L\'oiseau mangeur
d\'éléphants. p. 178. — CXXXI, La mer vaseuse. p.
179. — CXXXII. Curiosités de Sérendlb. p. 179.—
CXXXIII. Aventures d\'un naufrage chez les an-
thropophages. p. 180. — CXXXIV. Une ile de Ouaq-
Ouaq. p. 190.
GLOSSAIRE........p. 193—205.
INDEX DES NOMS....., 206—208.
INDEX GÉOGRAPHIQUE .... 209—224.
EXCURSION A.......» 225—230.
Le continent de VHindoustan.
Kanbayat. p. 225. — Sendan p. 225. — Sou-
bara p. 226. — Tana. p. 227. — Séimour. p. 227.
—  Sendaboura. p. 227. — Koulam Méli. p. 228. —
Pays du poivre. p. 229. — Mer de Lar. p. 229. —
Canoge. p. 229. — Mankir. p. 229. — Marekin. p.
230. - Alaou. p. 230. — Anqia. p. 230.
EXCURSION B.......p. 231-264.
VArchipel indien.
Zabedj et Madjapahit. p. 231. — Lïimeri et Fan-
sour. p. 233. — Qaqola. p. 237. — Sanfin. p. 245.
—  Loulou bilenk. p. 245. — Al-Neyan. p. 245. —
Iles beraoua. p. 247. — Serboza. p. 247. — Maït.
p. 253. — Kalab. p. 255. — Mer de Malatou. p.
264. — Bedfarkalah. p. 264.
EXCURSION C.......p. 265—276.
Ceylan et pays voisins.
Ceylan. p 265. — Gobb\'s de Serendib p. 274. —
Pays des Mandourtn. p. 275 — L\'ile de Baqar. p.
275. —
EXCURSION D.......p. 277-282.
Extraitx du Mokhlasar al-Adjdib et de Noicaïri.
EXCURSION E.......p. 283-294.
Kanbaloh.
EXCURSION F.......p. 294-307.
Le Japon connu des Arabes par M. J. de Goeje.
SUPPLÉMENT AUX EXCURSIONS. . p. 308.
TABLE DES MATIÈRES . . . p. 309-310.
CARTE POUR SERVIR AUX MERVEILLES DE
L\'INDE.
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