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HISTOIRE
GENERALE
D E
PORT-ROIAL;
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i
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HISTOIRE
GENERALE
D E
PORT-ROIAL
DEPUIS LA REFORME DE L'ABBAIE
jufqu'a fon entiere deftruttion. TOME NEUVIEME,
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A AMSTERDAM,
Chez JEAN VANDUREN.
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M. DCC. LVII.
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HISTOIRE
GENERALE
D E
P ORT-R OIA L.
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TROISIEME PARTIE.
Contenant la derniere perfecution
qui aboutit enfin a la mine
de ce faint monaftere.
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LIFRE PREMIER.
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Q<
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oique le monaftere de P. R. i.
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ait prefque toujours ete perfecute de- quPe' **,£*£
puis le terns de fa reforme jufqu'a petttcotl. la deftru&ion , neanmoins cornme il y a eu quelques armies de calme , &c que d'ailleurs la perfecution a ete plus ou moins violente, cela nous a don- Tome IX. A |
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i. HlSTOIRE DE PoRT-Ro'lAL,
ne occafion de diftinguer trois perfe-
cutions, dont la dermere a eniin ren- verfe ce faint monaftere. La premiere commenca en 1661 ,
8c finit en \G6<) par la paix rendue a PEglife. L'innocence de ces vierges chreriennes ai'ant ete alors reconnue par le fucceireur de faint Pierre , Cle- ment IX, &c par M. de Pcrefixe liii- meme , elles mrent relevees de l'op- probre que leur avoit attire l'amour de la verite & de la juftice , & reta- blies dans la participation des chofes faintes dont elles avoient ete iniufte- ment privees. Mais l'ennemi de la paix , le calomniateur des faints , ne rut lie que pour un terns. Bien - tot apres il recommenca a tourner en ru- gifTant autour de ce faint defert, & a chercher une entree pour pouvoir de- vorer les brebis qui pailioient dans ces faints paturages. 11. A peine les religieufes de P. R. dimike'p. r°. eurent-elles joui pendant dix ans de
par ladefenfe la paix (dont elles ne jouiffoient pas dcsnovkir^'l™ tranquillement) , que la perf^- cution recommenca apres la mort de Madame de Longueville , arrivee an mois d'Avril 1679. Cette feconde perfecution n'a pas ete aufli violente que la premiere, mais elle n'alloic |
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-------------,--------------------.--------------------------,------------------------, I
III. Partib. Liv. I. $
pas moins efficacement a la ruine to-
tale de P. R. Le deflein de detruire ce faint monaftere fut concerte avec toute la fagelfe (i) dont l'ennemi des faints eft capable j & il rappelle a l'ef- prit ce que l'Egypte fit autrefois pouc faire perir le peuple de Dieu. La defenfe de recevoir des novices
faite par M. de Harlai aux religieu- fes de P. R., ne tendoit pas moins di- redtement a 1'aneantifTement de ce faint monaftere, que l'ordre donne en Egypte de jetter dans le Nil les enfans des Ifraelites tendoit a l'extindtion de ce peuple. En Egypte on opprimoit avec artifice le peuple de Dieu, &: on vouloit Teteindre en faifant perir le fruit de la fecondite des femmes Ifrae- lites. En France , on aneantifToit un faint monaftere , en rendant ftetile une virginite qui auroit ete fi fecon- de (2). (1) Sapienter opprima- dans cette folitude Un
mus eum. port allure pour fe fane-
(i) A Dieu ne plaife que tifier. Non, Louis XIV ne
nous voulions par cette trouva jamais dans fort
comparaifon attribuer au cceur une malice fi in-
filsainede l'Eglife, l'ordre digne d'un Roi ttes chre-
injuftc qui en fajfant de- tien , 8c qui fait le carac-
fenre aux religieufes de tere d'un endurci & d'un
P. R. dc recevoir des no- rfptouve. Mais il etoic
vices, a peut-etre fait pe- malheureufement feduic
rir dans ce fiecle tant d'a- par des maictes d'erreurs,
tnes qui autoient trouri dont MM. de P. R. a-
Aij
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4 HlSTOIRE DE PoRT-RoiAL,
Pour couvrir le funefte deifein
qu'on avoit de detruire avec moins d'eclat le monaftere de P. R. par la defenfe de recevoir des novices , on y mit une reftricftion, en limkant cet- te defenfe jufqu'a ce que la commu-r name fut reduite ait nombre de cin- quante. Mais on vir bien dans la fiii- te que cette limitation n'etoit qu'un palliatif du deffein qu'on avoit d'a- neantir cette maifon. Lorfque les religieufes par la mort de vingc - trois de leurs fceurs fe trouverent reduites A ce nombre, elles demanderent a M. l'Archeveque la permiflion de rece* voir des novices. Lareponfe fut qu'on y comprenoit les converfes. On fit dans la fuite de nouvelles tentatives , qui furent toujours inutiles. nI, Le delfein que la fageife humaine Ce deilein aVoit forme de detruire P. R. en
paroit trop A . » .• , ,
lent aux en-empechant de recevoir des novices ,
oemis deP.R. paroilTant trop lent dans fon execu- tion aux ennemis de cette maifon ? qui voioient a regret fublifter des vier- voient decouvert les illu- trine des Peres , ne pou-
lions Sc combattu avec voient foufFrir dans les en-
tant de fucces la I'caivla- fans une fainiete qui etoit
leufi- doftrine. Ces faux une cenfure vivante du
fages qui s'etoient empa- relachement &c de la cor*
fis de laconfianceduPrin- ruption de bur morale
fe, confondus par la doe- anti-chritienne.
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III. PARflE. LlV. L j
ges chretiennes, dont la faintete 8c la
purete approchoientde celle des anges, ils prirent la refolution d'en vemr a. la force ouverte. Dans la crainte que des jours plus heureux ne ruinaffent leurs deffeins , ils fe haterent de faire ufage du pouvoir qu'ils avoient en main par la confiance du Souverain , dont ils s'etoient empares. Certe peti- re troupe de vierges chretiennes fub- fiftoit trop long-tems a leur gre. Quoi- que la rhort en enlevat plufieurs cha- que annee , des jours dont ils. defi-^ roient de voir la fin , paroifloient fe prolonger a l'exces & laiTbient leur attente. II fallut prevenir une mort trop lente & trop tardive , quoiqu'el- le ne put etre eloignee attendu l'a- ge avance des religieufes qui reftoienc encore j ainfi ils fe refolurent de con- fommer le miftere d'iniquite de vive force. L'occafion etoit favorable. Tout fe- IV'
condoit la funefte conjuration formee pire°a li depuis long - terns pour detruire ce de p-R* fanituaire. II n'y avoit plus de ces an- ciens pafteurs , qui auroient eleve leur voix contre les raviflfeurs. Le parti de l'injuftice regnoit feul & pouvoit tout entreprendre fans crainte. Le pretex- ts fpecieux de zele couvroit la paflion j |
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6 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAl.
& pour furcroit les religieufes de Port"
Roial des Champs etoient en butte a la contradi&ion de leurs propres foeurs , & les enfans d'une meme me- re combattoient contre elles. v. Celles de Paris fe joignirent done a tts"eUp*vi~. leurs ennemis , & les leur livrerent.
cc Pam fer-Ceux-ci etoient animes par l'efprit de mmt poitt k vengeance, & par la haine invskeree mine de leurs qu'ils avoient contre Port-roi'al des Champs, d'oii il etoit forri rant d'ex- eellens ecrits contre leur horrible mo- rale ; celles-Ll etoient excitees par l'efperance qu'elles avoient d'heriter des ci^pouilles de ces innocentes vie-, times, & de retablir leurs affaires , qui depuis leur reparation d'avec leurs foeurs , etoient dans un etat qui por- toit vifiblement le caraclere de la malediction de Dieu. Les religieufes de P. R. de Paris furent par un ter- rible jugement de Dieu , un des inf- trumens 8c des mo'iens , dont les en- nemis de la maifon des champs fe fervirent pour la detruire. C'eft ainfi que Dieu a permis que les chaftes epoufes de fon fils fufient livrees par leurs propres foeurs a ceux qui vou- loient leur perte , comme il permit autrefois que fon fils, Pobjet de fa romplaifance , le verbe etemel, flit |
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III. Partie. Liv. I. J
iivre par un de fes difciples aux fcri-
bes & aux pharifiens pour etre mis a mort. Entrons dans le detail de ces evenemens dont le fouvenir feul arra- che des larmes, & tire des foupirs des cccurs les plus durs. La bulle V'vKam Domini fab aoth du Y\-
Pape Clement XI, contre le cas de u demierc confcience propofe par un Confejjeur de pccr(?c]tio0n;f. Province touchant un ecclefiafiique qui deuce. ft oh fous fa direction _, & rifolu par plufieurs Docleurs de la Faculte de 'Theologie de Paris j aiant etc le pre- texte de la derniere perfecution & de la deftrucT:ion de P. R. des Champs, il eft neceffaire de parler de ces fa- meufes pieces. Commen^ons par le cas de confcience. On fuppofoit dans ce cas de confcience , un Gonfefteur de province (3) , qui demandoit con- feil fur la maniere dont il devoir fe conduire a l'egard d'un ecclefiafti- que (4) , homme de bien, qu'il con- f eftbit, & que Ton foupconnoit d'a- voir des fentimens nouveaux & lin- guliers. Le Confefleur s'etoit eclairci avec fon penitent} & lui aiant fait connoitre que plufieurs ecclefiaftiques (j) Hid. ducas deconfc. de Cherbourg , DioceTede
It. Dup. T. 4. 17 fiecle, Coutance,en Normandie,
p. 405. Sieve dans le Seminaire de
(4) 11 ctoit de U ville Valogne.
A iiij
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$ HlSTOIRE DE PoRT-ROlAL.
le foupconnoient d'avoir de mauvais
fentimens a l'egard des cinq propofi- tions condamnees par Innocent X 8c Alexandre VII, le penitent lui avoit repondu , qu'il les condamnoit, me- me dans le fens de Janfenius, confor- mement au bref d'lnnocentXII adref- fe aux Eveques des Pais-bas j le peni- tent aVoit ajoute , qu'il avoit figne le formulaire en cette maniere , & il en rapportoit le certificat du grand Vicai- re de fon Eveque. c.isVde'conf- Mais a l'egard du fait de Janfenius, cience fignc il croioit qu'il lui fuffifoit d'avoir une t'eaurS4ae°ot- foumiffion de refpedt & de filence d bonne. ce que l'Eglife avoit decide fur cela ; du*cas? UU°n & 1ue tanr qu'on ne pourroit le con-
vaincre d'avoir foutenu aucune des propofitions condamnees , on ne de- voit point l'inquieter , ni tenir fa foi pour fufpedte, puifque le Pape Inno- cent XII l'avoit defendu par un bref que le Clerge de France avoit autori- fe dans raflemblee de 1700. La reponfe a la confultation fur cet
article, (quietoitle capital & qui fut dans la fuite la caufe de tant de trou- bles) auffi-bien que fur les 8 autres con- tenus au memoire, fut » que les fen- » timens de l'ecclefiaftique dont il » s'agifToit, n'etoient ni nauveaux t |
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til. Partie. Liy. I. 9
'♦> ni finguliers , ni condamncs par
»» l'Eglife, ni tels enfin que fon Con-
» felieur dut exiger de lui qu'il les
» abandonnat pour lui donner l'abfo-
" lution (5).
(!) Pour fatisfaire la curiofite de ceux qui delke-
roienc favoir qui etoient les dodleurs approbateurs de cette refolution du cas de confidence , nous met- tons ici leurs noms. |
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1. Nicolas Petit - pied ,
Profeffeur de Sotbomie. I. Bouret, PtofelTeur de
Sorbonne. 3. Snrazin, Lefteur & Pro-
fclfeur du Roi. 4. Pinfonnat, Le£teur 8c
ProftlTeur du Roi. 5. Hie Dujiin , Profef-
fcur du Roi. 6. F. N. Alexandre Do-
minicain. 7. Le Pechcur.
g. Soullet. j. Dcshaycttes.
jo Verdier. j 1. Cougniou. II. Herlau.
it. Camet. 14. Comet , Chan. Reg.
de Sainte Croix. 15. Rufin, Chan. Reg. de
Sainte Croix. ,r,. Le Beau, Chan. Reg.
de Sainte Croix.
17. De Bourges , Prieur dc Saint Victor.
j8. De Longueuil, Chan. Reg. de Saint Viftor.
J9, Guciton , Chan. Reg. de Saint Victor.
io. De Combes , Abbe de Sainte Genevieve
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11. Le Franc.
ii. Jollain , Cure de Saint
Hilaire. 13. Tullou , Curede Saint
Benoit. 14. Hideux, Cure des In--
nocens. 15. Blampignon , Curd de
Saint Mcrri. iff. Feu , Cure de S. Ger-
vais. ij. De Voulgues ,Cure de
S. Martin. 18. Defptez , Cure da
Roule. xj. Le Fevre , dit Cheva-
lier , Archidiacre de Troics. 50. Verron , Threforier de
l'Eglife de Langtes. 31. Hiacinte De Lati ,
Theologal de Rouen. 31. Molin.
33. De la Roque , andert
Theologal de Meaux. 34. De la Genefte.
35. Giratd.
3<r. Picard , Cure de Si
Cloud. 37. Borrey.
38. Louis De la Marre.
39. G. De la Marre.
40. Joly.
A v
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10 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAL.
Certe refolution fut fignee le la
Juillet 1701 , par M. Petit-pied &c 37 Do&eurs de fes Confreres , qui non- feulement y decidertt que le fdence refpe£tueux fur le fait de Janfenius eft fuffifant , mais femble meme , en consideration des foibles, autorifer la quatrieme opinion (6) fur la figna- |
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que de creance , on ne
peut figner un formulaire, par lequel on attcltc qu'on foufcrit a la dccifion d'tm fait qu'on ne croit pas , & dans la decifion duquel l'Eglife meme peut fe tromper. C'etoit-ld le fen- timent de M Arnauld 8c de MM. de P. R. , qui , en confequence, vouloienr. qu'en (ignant, on diftin- guat le fait du droit. Enfin la quatrieme opinion etoic celle de ceux , qui, depuis les Brefs d'Innocent, de 1694 8c 1696, par lefquels il eft conftant felon eux qu'on n'oblige ceux qui fignent qu'a la creance du droit 8c au refpect fur le fair i non a la creance , pretendoient qu'on pou- voit figner puremcnt 8c (implement fans diftinc- tion, parceque cctte dif- tiiiSion eft toujours fouf- entendue. La premiere de ces opinions eft infou- tcnable, £c peut etre re- gardee comme conttaire a la foi, 8c une vraie he- refie , qui egale la parole |
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(6) On pcut diftingucr
quatre opinions differen- tes fur la fignature du for- mulaire. i. L'opinion des Jefuitcs 5c de M. de Cam- brai, qui attribuant a l'E- glife une aurorite infal- lible dans la dccifion des faits non reveles, preten- doicnt qu'en fignant on devoit rendre la meme obeifTance fur le fait& fur le droit. La feconde opi- nion eft celle de ceux , qui pcrfuades que l'Eglife eft faillible dans la dccifion des fairs non - reveles , croi'oient qu'on pouvoic fignet fans croire le fait, fur lequcl elle peut fe troraper ; patceque la croiance, dont la fignatu- re eft la marque , ne peut tomber fur le fait , l'E- glife ne pouvanr point l'e- xiger. La troifieme opi- nion tient le milieu entre lcs deux premieres. Elle tient l'Eglife infaillible dans la deciiion du dog- mc , mais non dans celle des faits non reveles: or, la fignature etant une mar |
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III. P ARJlt. Liv. I. It
ture du formulaire. Cette opinion
avoir alors quelque fondement , a caufe des brers d'lnnocent XTI. Mais les fuites qu'a eues le cas de confiden- ce , en on: fait connoitre le danger &c 1'illuuon. On a des preuves que ce cas de
confcience avoir ere propofe par M. Euftace (7), l'un des derniers Confef- feurs de P. R. des Champs, foir qu'il en eur lui-meme drefte Vexpofc , foic qu'il ne l'eur propofe que de vive voix. II fur concerte a l'Archevechc , chez 1"_0', "
M. Piror , ProfeiTeur de Sorbonne , yni. * Chancelier de l'Eglife de Paris, & U«w* grand Vicaire de M. le Cardinal de deviem pu- Noailles, qualite qui empecha ce Doc- blic- teur d'erre du nombre des foufcrip- reurs. Ce fur M. Euftace (8) qui fit de l'homme a la parole de cas de confcience, en pet-
Deu. La feconde eft con- fiftant a fouter.ir la deci-
traire a la fincerite chre- (ion pour le foiH , cruc
tienne. La troifieme eft dans la fuite devoir rec-
comme la verm entre deux rifier ce qui paroifloit n'S-
vices oppofes, &c n'a rien rre pas affez conforme i
que de conforme a la foi la fincerite.
8c a la fincerite. la qua- (7) Suppl. au Ne.cr. de
tricme femblc donner at- V. R., p. 62.4.
teinte a la fincerite , & (8) Suppl. ibid. Selon
aproche de la feconde. d'autres, ce fut M. Bour-
C'e!t pourquoi M. Petir- ret, Licenrie de Sorbonne,
pied , qui refufa confta- qui le porta a figner aux
ment de retra&er la figna- Do&eurs.
wre qu'il ayoit faire da A vj
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12 HlSTTOIUE DE PoRT-ROlAL.
ijoi, les demarches pour faire figner aux
Docleurs ce cas de confcience , qu'il propofoir uniquement dans la vue de s'inftruire, 8c fans aucun mauvais def- fein. Plus d'un an apres, ce cas de- vint public , fans qu'on fut par quel- le voie , & fe repandit dans fe Roi'au- me : ( on croit que ce fut d'ahord en Provence). On avoir mis en tete une preface 'unpertinente en forme de let- tre , qui revolta tout le monde ; &c qui, peut - etre, fut la caufe de tous. les troubles qui fuivirent. ix. Auffi - tot que le cas de confcience cauf^rar'i" Pamt imprime , les ennemis de la
publication paix & de la grace s'eleverent contre , confcience.de Par differens libelles injurieux aux 40 Docteurs, qu'ils ne manquerent pas d'accufer de Janfenifme , felon la me- diode dont ils ont coutume de fe fer- vir, & qui leur reuffit fi bien. Les Au- teurs de ces libelles n'attaquoient la refolution du cas de confcience , que (>ar rapport a l'article qui regardoit
es dilpofitions de I'eccleiiaftiqne tou- chant le formulaire. Mais c'eft-la le grand crime, le peche irremiffible , que les hommes enamels ne pardon- nent point. Les Docteurs furent ef- fraies & s'emprelferenr d'ecarter fora- ge dont ils etoient menaces* |
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til. Partie. Liv. L i j
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Le P. Alexandre fut le premier 1703,
qui revoqua fa fiVnature , ou pour x. 1 , 1 1 1 & ' r • Lesdofteurs
parler avec plus de menagement, qui ri;voquent
1'expliqua par une lettre a M. le Car- 'eur Ggnature dinal de Noailles, datee du 8 Jan- COnfcience, vier 1703. Quelques autres Docleurs fuivirent l'exemple du P. Alexandre , 8c fignerent un ade en forme de let- tre , adrerfee au Prelat, dans laquelle ils reconnoiifoient qu'on eft oblige 1 °. de foumettre fon jugement a celui de l'Eglife , fur les faits qu'elle avoir decides, de preferer fes lumieres aux notres , d'avoir pour fes decifions , non-feulement un refpeftueux iilence , mais une creance interieure 8c un- veritable acquiefcement de coeur &c d'efprit. i°. Qu'on doit etre dans cet- te difpofition pour figner le formulai- re. j°. Qu'ils avoient fuppofe que e'etoit celle de 1'eccleTiaftique dans le cas propofe. Les autres Do£teurs qui avoient figne le- cas de confeience pre- tfenterent au nombre de 14, une re- quete dans laquelle ils rendirent compte de leur conduite (9). lis y proteftent » qu'ils ont figne le formu- » lake purement & fimplement 8c » fans aucune reftri&ion « ; qu'ils n'ont pas figne le cas dont il s'agit,, {,%) Dup. ibid, p.417.
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14 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAl."
dans un efprit tie cabale & de partia-
lite, mais dans un efprit de charite & de paix} qu'ils n'ont donne cette refolution que pour l'ufage fecret de la confeflion ou de la direction parti- culiere du confefTeur qui les conful- tok : qu'ils defavouent hautement la lettre qu'on avoir raife a la tcte en for- me de preface : qu'au refte ils avoient devant les yeux ce qui s'etoit pafle dans le tems de la paix de Clement IX. Les Docteurs ajoutent que » puif- >? que malgrt: la droiture de leurs in- ■> tendons, & les raifons qui les one » portes a donner cette refolution , « ils voient avec douleur que plu- » fieurs perfonnes s'elevent contre » elle , ils ont recours au tribunal de " fon Eminence. Vous etes, Monfei- >» gneur , lui difent-ils , le juge de la » doctrine des mceurs, auili-bien que » de la foi; e'eft a V. E. a prefer ire » des regies pour la conduite des « ames dans votre Diocefe. Les fup- » plians font tres difpofes a s'y con- » former &c a foumettre , comme ils » font, leur avis particulier au juge- » :ment de V. E. « Le feul M. Petit- pied refufa perfeverament de revo- quer fa fignature , & frit exile a Beau- ne par des ordres furpris a la religion |
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III. P AR.TIE. LlV. I. IJ
tiu Roi. Les 40 Do&eurs de Sorbon- \n0-."'
tie (qui avoient promis avec ferment de defendre la foi jufqu'a 1'efFufion de leur fang,) donnerent, comme l'ort voit, a la France an fpecFacle bien different de celui que quarante mar- tyrs avoient autrefois donne a Sebafte, en Armenie , fous l'Empereur Lici- nius. De quarante martyrs un feul fuc- comba •, de quarante docteurs , un feul perfevera. La caufe ai'ant ete ainfi portee par xr.
la prefque totalite des Dofteurs auleIn^je^ tribunal de M. de Noailles , comme Noailles con- |
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Archeveque de Paris , & les Dofteurs "0en£ie"
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11CC.
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s'etant remis a fon jugement, fon Emi-
nence rendit le 1 z Fevrier une or don- nance qui ne parut que le 5 Mars fui- vant. M. de Noailles , non content de flip primer le cas de confcience , (qui etoit tout ce qu'il pouvoit faire a cau- fe du trouble qui en refultoit) con- damna l'expofe & la refolution , quant an premier article , comme contraire aux conflitutions d'Innocent X & d''Ale- xandre Vll j & comme tendant a re- nouveller les quefiions decidees _, favo- rifant la pratique des equivoques j des reflriclions mentales ; & mane des par- jures; derogeant a Vautorite de I'Eglife, & affoibliffant la foumijfion qui lui eji |
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I<? HlSTOIRE DE PoRT-ROlAI.'
1703. Cette ordonnance fut l'ouvrage de" M. Vivant, qui, conjointement avec M. Pirot, avoit engage le plus qu'il avoir p(i de Do&eurs a figner le cas de cdnfcience. Lepieux Cardinal e ton- ne d'une part du bruit que faifoient les ennemis de la paix , &c feduit de l'autre par fon confeil, ne fit pas at- tention que par une condamnation fi peu mefuree, il fappoit les fondemens de la paix de Clement IX , & faifoit reriaitre les conteftations qu'elle avoit appaifees (10). xn. Le meme jour que cette ordonnan- Confea dU fut Publ^e (le 5 Mars ), le Roi don-
na un Arret, portant defenfes de com- pofer , imprimer , ni debiter aucuns Libelles fur les anciennes contefta- tions, concern ant la doctrine de Jan- fenius. xtu. Des le 11 du mois de Fevrier , le |
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con
de confeien
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* ^aPe Clement XI condamna par un
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(ro) LaplfipartdesDoc- 53 gneur le Cardinal de
teurs , apres avoir par j> Noaillcs, notre Arche-
des Lettres particuliercs » veque , du zi Fevriec
approuve l'oraonnance de » 1703 , que nous y con-
M. de Paris, lignerem en- » formerons notre fenti-
corel'aciefuivant. » Nous » ment & notre condui-
» fouffignes Dofteurs en » te , 8c que noils avons
» Theofogie de la Facul- 3) un veritable deplaifir
» te de Paris , declarons i\ d'avoir figne le cas de
» que nous nousfoumet- » conscience qui y eft.
oj tons a 1'ordonnance de 3) condamne.
» fon Eminence MooXei- |
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III. Pa sit is. Liv. I. if
decret informe le cas de confcience , 1703.
qui n'eroit arrive a Rome que deux
jours auparavant. On ne fait (11) , dit
M. Dupin j » par qui, ni de quelle
» liianiere la refolution du cas de
» confcience fut deferee alors a Ro-
» me. De quelque maniere que cela
» fe foit fait, il eft certain qu'elle y
" fut envoiee dans le terns qu'elle
» faifoit du bruit en France. On dit
» qu'elle n'y arriva que le 1 o Fevrier
» 1703. Sur-le-champ le Pape la fit
» examiner , fans etablir de congre-
» gation , & le 1 x du meme mois, il
» rendit un decret, par lequel il con-
» damne les feuilles imprimees du
» cas de confcience (iz).
Le Pape ecrivit le lendemain un xrv.
brefau Roi de France , pour lui faire Bref4uPa
r ■ 1 j r >-i • c • auRol< iavoir la condamnation qu 11 avoit rai-
te du cas de confcience j il blame fort
la dodtrine des Docteurs qui l'avoient
figne , & exhorte le Roi a les ecra-
fer (13)." Faites taire ces efprits in-
» quiets , dit-il , reprimez ces in-
,> folens, rangez a leur devoir ces re-
» belles \ & puifque la douceur de
» 1'Eglife n'eft pas capable de les ga-
(11) Dup. T. 4. p. 444. intrigues de M. Paul Go-
(11) On ctoit que ce det Defmarefts, Eveque dc
decret & les brefs qui fui- Chartres*
virent ctoieot le ftuit-des (ij) Ibid, p. 44?.. |
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13 HfSTSiftl OT P<Jn.T-ttOiAt."
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J&x-------
170}.
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» gner, que I'autorite roiale les dompte
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» <y fes ccrafe.
xv. Le z } du meme mois , le Pape ecri- BreciM. leyji Un autre bref au Cardinal de
Cardinal de -- •,. • r 1
.Noaiiics. xSoaules pour exciter Ion zeie contre
le cas de confcience , qu'il dit etre tout rempli du poijon de diverfes doc- trines dangereufes (14). » Nousvou- » Ions abfolument ( dit le S. Pere, parlant des 40 Dodteurs) » que vous » les puniffiezn feverenient que leur » chatiment empeche les autres a 1'a- » venir d'entreprendre rien de fem- » blable ». II ajoute qu'il a prie 8c fait prier le Roi par fon Nonce , de l'appui'er du fecours de fan bras roial, pour exicuterfes Mandemens. xvt. Le Cardinal de Noailles fit repon- T *o -d^ *i' ^e ^ ce ^re^ Par une ^etcre p^eine de
Noai:ies' au complimens, dans laquelle il rend *'afe- compte de la conduite qu'il a tenue , la loumettant & fa cenfure avec un
humble refpect au jugement de fa faintete. II y rappone torigine du mal, dont Vauteur 3 dit-il _, a ete puni} a'iant eti relegui par ordre du Roi au fond de la Bretagne (1 5). Son Eminence fait enfuite le detail de ce qui s'eft pafTe entre elle & les Do&eurs \ comment O4) Dup. ib. p. 4yo.
(ijl Dup. T. 4. p. 4jtf. |
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III. P ARTIE. LtV. I. i$
lis ont retradti leur fignature ; ce qui 1703.
l'a porre a ufer d'indulgence a leur egard, a 1'exemple de S. Gregoire le Grand, donr il dit obligeament a fa faintete , qu'elle lui retrace Vintage par fa charite ., fan eloquence , & fa piete. M. le Cardinal de Noailles, pour comparal-
juftifier cette comparaifon , trouve- <°n indecente roit-il bien une feule lettre, parmi le goire'iecrand grand nombre de celles que S. Gt6-■«« cUmtat , , 111 • 1 ' • XI , faite par
goire a ecntes, dans laquelie il aitM. dcNoaii-
exhorte 1'Empereur a dcrafer les de-les- fenfeurs des trois chapitres ? Clement XI compare a S. Gregoire le Grand , pour fa charite & fa piete ! Quel pa- rallele ! Quelle difference de condui- te entre ces deux Papes ! S. Gregoire le Grand follicitoit , invitoit, pref- foit de revenir a l'unite les Eveques d'lftrie , qui faifoient fchifme a caufe de la condamnation des trois chapi- tres faite dans un concile general. Ce faint Pape leur laiffoit la liberte de demeurer dans les fentimens dans lefquels ils etoient a l'egard des trois chapitres (16) , & les exhortoit a ne (16) Noifibi communica- negamus ejfe dicendum. Ce
re compellunt permanentes font les paroles de Facun-
in ea fententia, qua non dus d'Hermiane, qui etoit
Jblum anathema ei (epif- un des defenfeurs des rrois
tuU itne)ngtidjcimus,fed Chapitres, lib. i.cap. 5.
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I* HrSTOIRE DE PoRT-ROiAt.'
point faire fchifme pour ce fujet. Cle-
ment XI, au contraire , veut qu'on ifrafi des perfonnes, qui fans faire fchifme , fans enfeigner aitcune er- reur, penfent feulement qu'on n'eft pas oblige de croire interieurement un fait qui n'eft point revele , & fur le- quel un concile meme general pour- roitfe tromper j qui craignent de blef-' fer leur confeience en aflurant avec le plus terrible ferment un fait non-feu- lement douteux f mais encore inutile. II veut qu'on icraj'e ceux qui font dans ce fentiment. Eft-ce-U la charite d'un S. Gregoire le Grand ? Ce S. Pape fe: feroit-il rejoui de 1'exil des Eveques- d'lftrie, comme Clement XI s'eft re- joui de celui d'un Do&eur , qui avoit figne le cas de confeience ? » Nous « avons en une extreme joie, ( dit ce fucceffeur & non l'imitateur de faint Gregoire) » en apprenant.... que le » zele roi'al de votre majefte, excite » par nos exhortations paternelles, a » commence a chatier, felon leur me- « rite, les approbateurs du deteftable » libelle ( du cas de confeience) en » releguant Louis Dupin , homme » d'une mauvaife doctrine, & cou- » pable de plufieurs attentats centre » la dignite du liege Apoftolique «. |
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111. Partie. Liv. I. a i
Le Pape donna a ce fiijet de grands 1703,"
eloges au Roi, dans im bref qu'il lui ecrivit le 10 Avril 1703 pour lui en rendre des adtions de graces : il l'ex- horte « fortement a achever ce qu'il « a fi dignement commence, puif- » qu'il a affaire a des homnies , qui -» ne peuvent etre reprimes autrement « que par la feverite des peines {17). Quelques Eveques aiant recu le de- xvnr.
cret du Pape , le publierent dans leurs Mandcmem 1* \r ' >-i rA a de quelques
dioceles, quoiqu il ne rut pas revetu Fvaques p0„c
des formes ordinaires pour avoir la publication force de loi dans le Roiaume , ce qui prima paAej engagea les Parlemens a fupprimer les Paricmejis, mandemens de ces Prelats, & a re- F rimer les entreprifes attentatoires a
autorite roiale, &: tendantes au ren- verfement des loix de l'Etat& des li- bertcs de l'Eglife Gallicane. L'Eveque de Clermont fut un des premiers qui publia un mandement le 15 Avril j mais le 9 du mois fuivant, il fut fup- prime par arret du ParlementdeParis, qui donna le 16 Juin un femblable ar- ret contre le mandement de PEveque de Poitiers. Les Parlemens d'Aix &c de Bordeaux , fuivans l'exemple de ce- lui de Paris, rendirent des arrets fern- blables. Le premier contre le rnande* (17) Buy. ibid,
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il HlSTOIRE DE PoRT-ROlAL.
"1704. ment de l'Eveqiie d'Aptj le fecond
xix. contre celui de Sarlat.
de FSdpes L'annee fuivante (1704) la France dans lcs i\fan- fut inondce de mandemens des Eve- .ticmcns des " i • i> c 1 .
fvcques. <{ues , qui condamnoient i expoie du
cas de confcience touchant la diftinc- tion du fait & du droit, & l'obliga- tion du filence refpedtueux a 1'egard du fait. II feroit trop long &: inutile mane de noramer ces mandemens : nous remarquerons feulement que les Prelats appui'oient leurs condamna- tions fur difFerens principes : MM. de Cambrai, de la Rochelle , & quel- ques autres Prelats , etabliffoient net~ tement l'infaillibilite de l'Eglife dans les faits dodtrinaux, c'eft-a-dire, dans Finterpretation des textes des livres des auteurs. Les autres Eveques fe contentoient d'afTurer , qu'il faut croi- re la verite du fait par ioumiffion & par deference au jugement de 1'Egli- le, quoique cette verite ne foit pas de foi divine. L'affaire demeuroit toujours en fuf-
pens en France , parceque le decret de Rome n'avoit point ete recu ni pu- blie. C'eft ce qui engagea , dit M. Dupin (18) , les Rois de France & d'Efpagne a folliciter une nouvelle <i8JDup. T. 4. p. 487.
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III. Partie, Liy. I. 15
Bulle pour la condamnation du cas 170? "*
de confcience. On peut bien croire que fi la Bulle a ete fbllicitee par ce$ deux Princes , ce n'etoit pas par leur mouvement propre qu'ils la deman- doienc, mais par celm des ennemis de la paix & de la grace de Jefus-Chrift. Le Pape Clement XI donna le 15 xx
Juillet 1705 lafameufeBulle, Vineam clement Domini, dans laquelle apres avoir^^ySJm rapporte les constitutions d'Innocent Domini s#i X &c d'Alexandre VII, les Brefs de baotk' Clement IX aux quatre Eveques , ceux d'lnnocent XII aux Eveques des Pais-bas , il declare qu'on ne fatisfait point a l'obeiftance due aux conftitu- tions apoftoliques , par le filence ret pectueux j aftedtant par-la de confon- dre le fait & le droit, a l'exemple de fes predecefleurs. On voit afTez, die le Pape , » combien cette propofi- t> tion (19) eft abfurde & pernicieu- » fe aux ames fideles , puifque , fous v le voile de cette trompeule docTxi- (19) H eft a propos de pas niceffaire de condam*
remarquer que le Pape ner intlrieurement comma
dans le difpoiitif de la keritique le fens du Livre
Bulle , a en vue des per- de Janfenius , condamni
formes qui nacquiefcent dans les cinqpropofuions M
point d la virite > in- mais qu'il fuffit de gardey.
ventent des fubterfuges ex- fur cela unflitnce rcfpK*
pres pour infinuer I'erreur, tlKUX,
£ ofent enfeigner auilneft |
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14 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAL.
» ne , on ne quitte point Perreur I
,y mais on ne fait que la cacherj on ;) couvre la plaie au lieu de la gue- » rir ; on n'obeit pas a l'Eglife , mais » on s'en joue j & qu'enfin on ouvre » aux enfans de defobeiffance une » voie large pour fomenter l'herefie » par le filence, en refufant de rejet- » ter interieurement, & de condam- m ner de cceur, cette merae doctri- » ne , que le liege apoftolique a con- » damnee , & que l'Eglife univerfel- »• le a en horreur «. Ce n'eft point la le cas de ceux qui
■refufent de figner le formulaire, puif- qu'en gardant le filence refpectueux fur le fait , ils rejettent exterieure- ment & interieurement routes les er- reurs attributes a. Janfenius j ils ne cachent aucune erreur j ils ne fomen- tent point d'herefie par leur fdence jrefpediueux fur le fait. Car ce ne peut fitre une herefie , que de ne pas croire .que Janfenius a erre , lorfqu'on rejette fincerement les herefies que les erme- mis de ce Prelat lui attribuent, & qu'on fe foumet interieurement &c ex- terieurement a ce qui fait l'objet de Ja veritable obeiflTance de l'homme orthodoxe, c'eft-a-dire, a la decifion fur le dogme. On,
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111. P A R T I t. Ltv. I. 1 J
On voit que le Pape , fuivant les 1705. "'
principes d'une politique rafinee, de- xxi. tourne l'objet de la difpute , pour ne ,,£3«i«S point fe compromettre, decide ceqne rafineedecide perfonne ne contefte , & ne decide "ti qUde£a„! point ce qu'on lui propofe. Ce Pape doit point , t> a \ r , '« & ne deci-
n a pas mcme voulu qu on ignorat & p0jnt Cc
qu'il n'avoit point voulu decider la 1"'°" lui dc-
Z. n.- ■ 1 • ' n ti > maudoit. queition qui lui etoit propolee. 11 s en
expliqua nettement trois jours apres la publication de fa Bulle , a. M. PAb- be Chevalier (zo) , a qui il parla en ces termes. » J'ai eu des raifons fupe- » rieures, pour ne pas me rendre aux » inftances de quelques Eveques de » France , qui m'ont ecrit de tres » belles lettres pour me prier de » pronpncer fur Tinfaillibilite de l'E- » glife dans les faits. Nous avions » mis dans notre Bulle quelques pa- ,> roles qui pouvoient donner lieu & » croire que nous appuyions ce fenti- » ment, mais trois jours avant que » de la publier, le S. Efprit nous a » infpire de les oter (zi). (tol M. Chevalier etoit gent, pour 1'affai'e de la
alors a Rome pour les af- Bulle. II eft mort Chanoi-
faires de M. de Biffy , Eve- ne de Notre-Dame.
que de ToliI , depuis Cat- (11) C'etoit le langage
dinal. Cc meme M. Che- de Clement XI, qui attti-
valier fut envoie a Rome buoit a l'infpkarion du S.
en 1716 , pat M. le R.4- Efp.it tout ce qu'il faifoic.
Tome IX. B
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l6 HlSTOIRfi DE PoRT-ROlAt.
i70r Le Nonce aiant rec,u le 27 Juillet
xxn. la Bulle du Pape, la porta le lende-
EUecfti.'^main au Roi, avec un bref pour fa |
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«
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e par
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ibmbiee du Majefte, dont elle etoit accompagnee
' l'ar
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blee du Clerge , & ecrivit une lettre
aux Eveques, dans laquelle il les ex~ hortoit de deliberer incelTament fur l'acceptation de cette conftitution. Le 3 aout, M. de Noailles , prefident de l'aflemblee , fit faire lecture de la let- tre du Roi 8c de la Bulle (22) , puis nomma des commiflaires pour exami- ner la Conftitution & en faire leur xapport. Le 21 Aout, M. lAxcheve- que de Rouen (23) , chef de la corn- million , fit fon rapport & finit en di- fant que la commiflion avoit etabli pour maxime j i". que les Eveques ont droit par inftitution divine de juger des matieres de doctrine : i°. que les conftitutions des Papes obli- gent, lorfqu'elles ont ete recues par le corps des Pafteurs : 3s. que cette acceptation , de la part des Eveques , fe fait toujours par voie de jugement. Ces nuximes etablies, le chef de la commiffion dit, que Pavis des com- miftaires etoit, 1". que la Conftim- (tz) Dup. T. 4. p. 500, & fuiy.
(zj) Cplbert. |
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III. P A R T I E. LlV. I. If
tion de notre faint Pere le Pape de-
voit etre acceptee avec refpect & fou- niiflion y i9. que 1'alTemblee devoit ecrire a fa Saintete une lettre de re- merciment ;■ 30. qu'on ecriroit une lettre circulaire a tous les Eveques du Roiaume -y 40. qu'on remercieroit tres humblement fa Majefte de la pro- tection qu'elle vouloit bien donner a l'Eglife dans cette occafion ; 5 °. qu'on fupplieroit fa Majefte de vouloir bien accorder fes lettres patentes pour l'enregiftrenient & la publication de la Conftitution. Le famedi xx aout , M. le Prefident conclut, le faint nom de Dieu invoqui , que 1'aiTemblee ac- ceptoit 8c recevoit avec refpedt, fou- miflion& unaniniite parfaiteda Conf- titution de notre S. Pere le Pape Cle- ment XI (14). (14) C'eft ainfi que les les affaires temporelles du
Proces-verbaux rapportent Clerge ; fans parler des ce qui fe palTa dans l'af- Eveques qui fe trouvoient femblee du Clerge de alots a Paris , & qu'on 1705 , au fujet de la Bui- n'invirapoinravenirpren- le Vineam Domini; nean- dre feance dans l'aUem- moius l'acceptation de blee , ( formalite qu'on cetre Bulle ne s'y fie pas n'avoir poinr omife lorf- avec aucant de concert & qu'il s'etoit agi de toutes d'unanimite, & ne fur pas les autres Bjlles envoiees aulfi canonique qu'on vcui en France depuis Innocent le faire croire. Sans dire X); il e!t certain que Tu- que les Provinces.eccle- nanimite ne fut pas audi fialtiques n'avoient aflem- grande que le dit le Pro- ble leuts deputes que pouv ces-vabal. La Province Bii
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Z8 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAI..'
~ Les Eveques ecrivirent une lettre
au Pape , dans laquelle ils lui mar- da" qiient qu'ils ont recu fa Conftitution
ave: la deference qui lui etoit due, comme les Peres du quatrieme Con- cile recurent la lettre du grand S. Leon. Qui pourra, difent les Prelats , rendre a vctre faintete de dignes actions de grace pour unji grand prefent} Pro hoc tamo muneu (quel prefent!) nous I'aurons toujours devant lesyeux 3 nous ne cejferons de rendre graces a Dieu & de lui offrir nos prieres } en nous re-" |
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X705
xxm. tertte
Eveques Pape. |
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de confcience. Enfin, on
pretend que cet Archeve- que avoit conclu a ce que la Bulle flit rejettee. Quoi qu'il en foit, l'avis de M. de Noailles, qui vouloit faire fa cour au Pape 8c au Roi, prevalut, 8c la Bul- le fut recue. M. Colbert , Eveque de Montpellier , fit de g^andes inftances au- pres du Cardinal de Noail- les , pout que la Bulle ne fut pas recue, la regardant au moins comme inutile. N'oublions pas de remar- quer ici, que M. Felix , Eveque de Chalons, dit i S. E. qu'il fe faifoit fort de faire approuver par les Prelats de l'afiemblee le livre des Reflexions mo- rales. Mais le Cardinal remercia le Prelat de fy bonne voloate pout lui, |
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de Lyon s'oppofa vigou-
reufement ace que la conf- titution fut recue, & MM. de Macon & de Chalons fur-Saone ( Tilladet 8c Fe- lix ) fe retircrent, 6c n'af- fifterent point a la cloture du Proces-verbal qu'ils ne vouluient point figner. M. de Rouen lui - meme le refufa , lui , dont on prefnd que les conclufions avoient entraine 8c deter* mine les Prelats a accep- ter. Bien plus , il fe plai- gnit plufieurs fois, a ce qu'ont allure des petfon- ncs bien informees , de ce qu'on avoit falfifie Ton rapport, non - feulement dans les Proces verbaux , mais aulfi dans les copies qui coururcnt manufcrites de fon difcours , 8c fur Icfquelles il a ete impri- jcc dans l'hiftoirc du cas |
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III. Par tie. Viv. I. 19
JOulJJant de ce qu'il a donni au fiege ~ I70- ■dpojlolique un Evequefi faint &ji fa- Vant; & en le priant que pour I'edifiea-- ticn des Eglifes _, il daigne conjerver pendant une longue fuite d'annees la grace qu'il nous a fake de donner a Jon Eglife un fi faint Pontife. C'eft ainfi que parloient autrefois
quarante-quatre Eveques des Gaules, ecrivant au Pape S. Leon , pour le remercier de l'excellente lettre a Fla- vien , qu'il leur avoir envoi'ee. On ne s'arretera pas ici a faire la comparai- fon de l'admirable lettre de S. Leon , dans laquelle ce S. Pape explique avec rant de nettete & de dignite le myf- tere de l'lncarnation, avec le grand prefent de Clement XI, qui, au lieu de decider clairement la difficulte qui etoit propofee afin de terminer les difputes, n'a fait que jetter le trouble & les tenebres en confondant a def- fein le droit & le fait j a rallume un feu qui etoit , fi-non eteint , da moins rallenti j & enrin a caufe des maux erfroi'ables dans l'Eglife , fur- tout dans celle de France ,' qui n'en XXIV< eft pas encore delivree. Dieu veuille M.deNoaii- qu'elle n'en foit pas un jour accablee. |^trtcritpa1^ Outre la lettre commune de tous cuiiere au Pa-
les Eveques de l'aflemblee au Pape, %£<££ B iij
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JO HlSTOIRE DE PoRT-RcnAL."'
ij0c, M. de Noailles en ecrivit ime parti-
culiere, a laquelle fa Saintete fit re- Eonfe parun bref, dans lequel il fait
eaucoup valoir fon autorite. Que la prefomption humaine fe taife apres que I'autoriti de S. Pierre _, chef ties Apd- tres _, confirmee par Voracle divin 3 & qui fe continue dans fon fuccejfeur 3 quoiqu'indigne , a parle. Que non-feu- letnent ellefe taife , tnais qu'elle redui- fe fon entendement en captivid pour fefoumettre a Jefus-Chrijl que le fouve- rain Pontife reprefente. Ainfi parloit le Pape dans fon Bref. Allurement il n'auroit pas etc content des maximes ctablies par les commiflaires de l'af- Cemblee & reconnues de tous les Pre- lats : favoir, »_ que les Eveques ont w droit par inftitution divine de ju- » ger des matieres de doctrine.........
» Que l'acceptation des conftirutions
« des Papes , de la part des Eveques,
j» fe fait toujours par voie de juge-
» ment «. Auifi le Pape Clement
XI en fut-il tres mecontent , comine
nous le voi'ons par une lettre de M.
du Vaucel a M. Louail, du 7 Juin
1707.
J5J" de Les Eveques de l'afTemblee , apres
l-aiTembiee avoir ecrit au Pape, ecrivirent aufll
de FranceT" aux Eveques du Roiaume ppur leuc
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III. P A R. T I E. LlV. t Jl_____
faire part des deliberations de leur 1705.
afTemblee touchant la conftitution du Pape, a laquelle ils applaudifTent. lis difent dans cette lettre, qu'ils n'agif- fent pas en fimples executeurs des or- dres Apoftoliques, mais qu'ils jugent & prononcent veritablement avec le Pape (15). Les Eveques joignirent a leur let-
tre un modele de mandemen't pour la publication de la bulle , afin.que tous les Prelats fuflent uniformes. » Pierre » a done parle, eft-il dit dans ce mode- 's le , par la bouche de fon digne fuc- » cefleur. Celui qui doit affermir la » foi de fes freres, a rejette routes » les nouveautes prophanes, qui pou- » voient alterer la verite & troubler » la paix..... Sa faintete prononce en
» termes expres : Que ne pas condatn-
ner intirieurement comme herhique le fens de Janfenius (z6) condamne dans les cinq propofidons 3 mais pretendre que le fdence refpeclueux fuffit, ce nejl (15) Clement XI n'au- Pape, ni les Eveques, n'ex-
roit, fans douce, pas ad- pliquent-ils pas quel eft le
mis cette raaxime des Eve- fens de Janfenius! Eft ce
ques ; putt-fete encote le fens de Calvin! Eft-ce
moins que la diftinaion celui deS. Auguftin.com-
du fait & du droit par me le veulent les Molmif-
rapporr aux propofirions tes I Eft-ce quelqu autre
attributes a Janfenius. fens inconnu ?
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(16) Pourquoi, ni Is
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B iiij
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31 HlSTOlIU »E PoR.T-R.Ol At.
1705. Z73-5 renoncer a I'erreur j man la cachet J ce n'efl pas obeu a VEglife , m<zz5 5^« moco.uer. Quelle lumiere dans cette decifion! xxvi. Le Roi envo'ia le 30 Aoiit la Bulle tejue "par \* a ta faculte de Paris , avec ordre de
fatu!tedePa-s'y confoi mer. En confequence, la fa- culte fit faire lefture de cette Bulle dans fon alfemblee du premier Sep- tembre, la rec,ut avec de grands te- moignages de foumiflion & de ref- pec~b , ordonna qu'elle feroit inferee dans fes regiftres, & nomma desDoc- teurs pour aller faire de ores humbles remerciemens a fa Majefte. ,x£v,'.1' n W ne manquoit plus rien , pour la Bulle eft .. X rr ,' r .
enrcgiftree au remplir toutes les rormaiites neceliai-
fiwlement. res ^ qUe des lettres patentes pour l'en- reglftrement &: la publication de la Bulle. Le Roi les fit expedier le 31 Aout. Elles furent prefentees au Par- lement de Paris le 4 Septembre par MM. les gens du Roi : M. Portail, a vocat general, portant la parole (17), l'enregiftrement fe fit. Enfin les fecre- taires d'Etat eurent ordre d'envoier a tous les Prelats du Roi'aume, la Bulle avec la copie des lettres patentes > auxquelles etoit jointe une lettre du Roi, qui expliquoit les intentions de {xfl Dup. T. 4. p. fio.
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III. Partie. Llv. I. 33
la Majefte fur l'ufage qu'ils en de- 1705.
voient faire. Confbrmement a cette lettre, la plupart des Eveques firent pendant les derniers mois de cette annee , & pendant les premiers de la fuivante (1706) des Mandemens pour la publication de la Bulle (28). Nous nous bornons a ce detail
abrege de ce qui s'eft pafle en Franco au fujet de la Bulle Vineam Domini Sabaoth , pour venir au recit des fui- tes funeftes qu'elle a eues par rapport au plus faint Monaftere qui fut dans rUnivers. Tous ceux qui veulent vivre avec xxviit.
pUti en Jefus-Chrift doivent fouffiir ^SffiZ perfecution , felon la prediction de pi-riecuiees a faint Paul (29). C'eft ce qui fait dire£g£ de leM a S. Leon que jamais la perfecution ne manque ou fe trouve la piete (30). Devons - nous done etre etonnes de voir les religieufes de P. R. perfecu- tees ? Devons - nous etre furpris de |
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(18) M. de Noailles Iunt vivete in Chrifto Je-
publia le fien le 50 Sep- fu , perfecutionem patien-
tembre 1705 , aveccetitre tur. 1. Tim. ch. ;. verf.
affefte : Mandemem de 11.
M. le Cardinal de Noail- do) Et ideo nunquam
les, Archeveque de Paris, deefl tribulario perfecu-
pour la publication de la tionis, 11 nunquam defit
Bulle yineam , contre le obfervantiapietatis.Serm.
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Janftnifinc. j, de quadrag
41?) Omnes qui pii vo-
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B
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J4 HlSTOIRE DE PoRT-RO'lAI."'-
1705. voir l'accomplifTement des predic-
tions ? Si tous ceux qui veulent vivre avec piete en Jefus - Chrift doivent etre perfecutes , comme S. Paul nous l'apprend, y avoit-il dans le monde entier un monaftere qui dut l'etre plus que P. R. des Champs; car y en avoit-il un oules religieufes vecuf- fent avec plus de piete ? Bien loin done que la piete de ces epoufes de Jefus-Chrift ait pu ou dit les mettre a l'abri de la persecution , elle. a du , conformement a l'oracle du faint Ef- Frit, la leur attirer , & leur procurer
avantage d'avoir plus de part au ca- lice de leur divin epotfx. C'eft a cau- fe de leur piete que ces vierges fages ont etc jugees dignes de fouffrir des outrages pour le nom de Jefus-Chrift. Toujours accufees , toujours juftifices; toujours attaquees par l'injuftice, tou- jours victorieufes par les armes de la juftice : toujours calomniees , toujours trouvees pures comme des Anges pour les moeurs 8c fans aucune erreur dans la foi , & neanmoins toujours {lerfecutees &c opprimees par la vio-
ence. i^fgna- Commencons par remettre fous les pis ca faveur yeux de lios lecteurs quelques-uns des fcj5aep'.gfila' temoignages rendusa l'innocence & i |
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III. P a r. t i e. Liv. /. 35
la purete des moeurs & de la foi de 1705. ces faintes filles. Ces temoignages fo- lemnels fe trouvent rendus de la ma- niere la plus authentique , & par les perfonnes les moins fufpectes; par les Archeveques de Paris memes , par leurs direclreurs, &c les fuperieurs de ce monaftere , dans des mandemens, dans des a£tes de vifite , dans des tef- tamens fpirituels , dans des lettres ecrites du lit de la more en leur fa- veur. C'eft le premier Archeveque de Pa-
ris , M. de Gondi, qui, prenant la defenfe de ces vierges chretiennes , contre un miferable calomniateur (31) declare les religieufes de P. R. pures & innocentes des crimes dont I'auteur a voulu noircir la candeur de leurs bon- nes moeurs j & offenfer leur integriie1 & religion , de laquelle ce Prelat d it etre aflure d'une endere certitude. Ce font MM. de Perefixe, de Harlai , Archev. de Paris , qui ont rendu temoignage a I'innocence des religieufes de P. R. Le premier convenoit qu'elles etoient pu- res comme desAnges; il reconnut auffi la purete de leur foi en les retabliflant dans la participation des Sacremens. Le fecond, lorfqu'il apporta lesordres fox) Le F. Eiifacicr,
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3<J HlSTOIRE DE PoRT-ROlAI.
. du Roi, portant defenfe de recevoir
des novices , dit a la mere Angelique de S. Jean, qu'il etoit content de leur foi & de leurs mceurs, que leurs pen- jfionnaires etoient tres bien elevees, £c leurs confefTeurs tres gens de bien. C'eft M. de Noailles lui-meme , ( qui cependant par un terrible jugement de Dieu deviendra leur perfecuteur , & fe joindra aux ennemis de ces vier- ges chretiennes pour les immoler. ) Ce font MM. du Sauftai, de Con es Sec. , leurs fuperieurs. C'eft un M. Bail lui-meme nomme fuperieur par la Cour , qui , dans fa carte de vifite de l'annee 1661, declare avoir » trou- « ve cette maifon dans une exacte 3> obfervance des voeux, des regies & jj des conftitutions j une grande cha- » rite & union entre les fceurs , la j> frequentation des Sacremens, digne » d'approbation, avec une foumimon m due a N. S. P. le Pape, & a tous » fes decretSj&une foi orthodoxe...,. » une grande fimplicite, fans curio- « fite dans les queftions de contro- m verfe dont elles ne s'entretiennent » point «. C'eft M. Grenet, Dodteur de Sorbonne, Cure de S. Benoit, qui non content d'avoir attefte en diffe- xentes occafions 3 de vive voix & pat |
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III. P ARTIE. LlV. I. 37
exrit dans fes cartes de vifites, Pin- 1705.
nocence des religieufes de P. R., vou- lut encore, avant de paroitre devant Dieu , leur rendre un temoignage d'autant plus authentique en faveut de ces faintes filles , qu'il rend ce te- moignage a la viriti, dit-il 3 afin de fe rendre favorable le jugement de la veritd devant laquelle il s'attend d'etre prefente dans peu de jours (31). " C'eft devant Dieu , que je vous xxx.
» carle, Monfeig., (dit ce bon Pretre, gnt™ aem\£ » ecrivant a M. de Harlai ) & vousGteD" en &■ 1 • r . veut des reli-
» pouvez bien penier que je ne vou- gieufes de p.
» drois pas mentir dans un etat ou il *■• » n'y a plus rien a efperer ni a crain- » dre pour moi dans le monde, & « ou il n'y a plus que la verite a la- » quelle je puifTe prendre interet, « parcequ'il n'y a qu'elle qui me puif- » fefauver «. Ce Pretre de J. C. decla- re , fe croi'ant pres de la mort, » qu'il » ne croit pas qu'il y ait dans toute « l'Eglife de Dieu un monaftere fi w bien regie, & ou routes les reli- 3> gieufes vivent fi faintement, ou les v. enfans foient eleves plus chretien- » nement, ou il y eut des Ecclefiaf- (51) II releva de cette attache a P. R. ou il vo%
jnaladie, & ne mouruc lut etre enterre, comme
que quelques annees a- nous l'avons raj potte.
f ics; toujouM tgalcmsju |
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J 8 HlSTOIRE DE PoR.T-R.OlAI.."
» tiques fi vertueux & fi eclair^s.....Le
fa.llo'u~il} 6 mon DieUjS'icxie ce venera-
ble vieillard , allarme du bruit de la perfecution dont etoient menacees les religieufes de P. R.; » le falloit-il , 6 sj mon Dieu, que je connufTe la foi, » la piete, la purete de vos epoufes , » fi-non pour etre temoin de l'injuf-, « tice avec laquelle on les traite com- " me des coupables ? Falloit - il que » leur verm me donnat pour elles » route l'eftime & tout l'amour que » je fens, arm que mon eocur fut de- >y chire par la douleur de les voir per- il fecutees.....Vous avez voulu que je « fufTe temoin de leur innocence ,
» pour les voir perir comme crimi- " nelles , fans pouvoir rien pour leur » defenfe. Mais permettriez-vous , 6 » mon Dieu , que leur Archeveque i> eut part a leur mine ; qu'elles ne fe » fuflent mifes volontairement entre » fes mains, que pour etre livrees par » lui entre les mains de leurs enne- » mis.... Si cela eft, Seigneur , tirez- » moi promptement du monde , afin » que je ne voie ni les fouffrances » d'un chaeur de vierges que je regar- « de comme mes filles j ni l'injuftice » d'un Archeveque , que je regards n comme mon pere. Pardonnez-moi, |
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III. Pahtie, Liv. 1. 39
*> Seigneur, ces paroles que la dou-~i » leur m'a comme arrachees avec une » violence a laquelle il a fallu ceder. » 11 me femble que je fuis au meme » etat que Jacob , lorfqu'on lui vint » apporter la robe de fon fils Jofeph, » &: qu'on lui fie croire qu'une bete » l'avoit devore j trop heureux fi » ai'ant fenti la douleur de ce bon " pere, je pouvois voir comme lui » avant ma mort le retablifTement de » mes faintes filles , & que Dieu eut « fait eclater leur innocence , comme » il eft dit a Pegard de Jofeph : Men- » daces qui maculavemnt cum. C'eft » alors que je dirois comme Jacob ,. ■» il me fuflit de favoir que mes yeux » ont vu ce grand miracle que la » proteftion de Dieu donne a fes » Elus.... Dans ce pen de moments » qui me reftent, dit encore ce refpec- table Dodeur, » pour me difpofer » a ce compte terrible , j'implore " pendant qu'il eft encore terns , la » mifericorde de Dieu, afin qu'il me » pardonne toutes les fautes que j'ai » commifes dans l'adminiftration de » cette maifon.... « Je crains, conti- nue-t-il, parlant a M. l'Archeveque , » de ne vous avoir pas reprefente » afiez fonement i'innocence de ces |
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40 HlSTOIRE DE PoRT-Ro'lAl."
» chaftes vierges , & la malice de
» leurs ennemis. C'eft pour reparer » cette faute, que je ne veux point » mourir fans remettre fous votre » protection ces pauvres perfecutees , » a la paix defquelles je voudrois que » ma mort put fervir. Je ne vous re- » commande , M. , que celles que »> Jefus-Chrift vous recommande lui- » meme.... C'eft pour fatisfaire a mon » devoir, & pour reparer les fautes » que ma foiblefle m'a fait comtnet- » tre a. cet egard.... II faut fceller la " fin de ina vie par le temoignage » que je dois a. la verite.... C'eft " pour elle, que je prens la liberte » de vous ecrire, en vous ecrivant » pour les religieufes de P. R. , par- » ce que je fuis perfuade que c'eft la " verite & la juftice qu'on perfecute » en les perfecutant. Eft-il des cceurs afiez durs pour n'e-
tre point touches d'un temoignage fi tendre & fi pathetique ? Ou y auroit- il des efprits affez rebelles a la veri- re, pour n'en etre pas perfuades ? Sem- blable au Cigne , dont le chant eft plus melodieux lorfqu'il rend les derniers foupirs , ce faint Pretre fe croiant par la maladie pret a fortir de cette vie, repand fon coeur , & parle |
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III. P A R T I E. L'tV. L 41
«n faveur de l'innocence des epoufes
de J. C. d'une maniere plus tendre & plus forte, & leur rend un temoigna- ge encore plus eclatant qu'il ne l'a- voit fait pendant les annees qu'il avoit ete leur fuperieur, & le temoin de leur vertu. Que pourrions-nous ajouter a un
temoignage fi fort & fi decifif, en fa- veur de l'innocence ? Y joindrons- nous celui de M. Taconnet, Chanoi- ne de S. Victor, fuccefTeur de M. Gre- net ? Joindrons - nous celui de M. de la Grange , Sous - prieur & Chanoine de la meme abbai'e , qui declara dans fa carte de vifite en 1687 a P. R. des Champs, 011 il y avoit 61 religieufes, que tout le bien qu'il en avoit oui dire s n'egaloit pas celui qu'il avoit vu de fes yeux} Joindrons-nous celui de M. l'Abbe de Roynette, grand - Vicaire de M. de Noailles , qui, dans fa car- te de vifite de l'an 1696 , attefte , apres avoir entendu toutes les reli- gieufes en particulier, » qu'il les a » toutes trouvees dans une parfaite » union entre elles , dans une appli- » cation louable a. remplir leurs de- „ voirs, & dans tous les fentimens & „ difpofitions qu'on peut defirer dans » les meiUeures religieufes ? Ce que |
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41 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt,
1j_0, nous nous crowns j dit-il, obliges de
declarer 3 pour aider a detromper des efprits mal informes de leur conduite 3 & prevenus contre elles. Telles etoient les religieufes de
P. R. des Champs , telles elles avoient toujours ete depuis leur reforme , 8c telles elles etoient lorfque M. le Car- dinal de Noailles fut place fur le fie- se de Paris. M. le Cardinal en etoit n perfuade pour lors , que faifant re- ponfe (33) a la mere abeife (Racine), qni lui avoit ecrit pour lui faire fon compliment & lui demander fa pro- tection pour toute la communaute , il l'afliira qu'il etoit dans la difpofi- tion de traiter fon monaftere avec tou- te I'efiime & la distinction qu'il me'ri- toit. xxxi. II conferva ces fentimens pour P. R. Monfieur de j j • • 1 ' ■ 1
Noailles pro- pendant dix ans; il etoit leur protec-
tege d'ahord teur: fouvent il patla d'elles en des les religieu- ' 1 . u fi-
fes, puis il les termes » qui marquoient 1 elhme
abandonne. „ qu'il faifoit de cette communaute ,
» & qu'il n'avoit leur foi non plus
» fufpecte que leurs moeurs. Revenant
« un jour de P. R. des Champs , il
» entra chez la DuchefTe de Noail-
» les fa mere, dans la premiere cour
» de l'Archeveche. 11 etoit fi touche
(33) lettredu n Septembre I6jj,
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III. P A R T r E, Tiv. I. 4 J
fc de la regukrite & de la piete de i
w ce monaltere, qu'il ne put retenir » les tranfports de joie ou il etoit. II « parla long-tems avec admiration » des verms fingulieres de cette com- » munaute , dilan-t qu'il n'y en avoit » point de pareille , qu'il fouhaitoit »> que toutes les autres de fon Dioce- * le l'imita{Tent; qu'il avoit pafTe par » Gif en revenant, &c leur avoit dit » de prendre les religieufes de P. R. » pour modele, & qu'elles s'y confor- » mafTent en tout jufqu'a la maniere » d'orner avec fimplicite & proprete » leur Eglife. II ne pouvoit finir, tant » il etoit charme «. J'etois prefent a cette converfation, dit M. Cnatekin , Chanoine de Notre-Dame , temoin non fufpedt. M. de Noailles s'emploi'a pendant
fix ou fept ans pour empecher qu'on ne donnat 1'Arret du Confeil qui leur defendoit de recevoir des novices; (car jufqu'au 17 Avril 1701? , que 1'Arret fut lache, k defenfe n'avoit ete que verbale.) Les religieufes atteftent ce fait dans une lettre qu'elles ecrivirent a M. de Noailles le 20 Juillet 1705 pour lui temoigner la douleur qu'el- les avoient, de ce qu'il avoit enfin confenti a l'Arret , & les avoit |
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44 Histoire de Port-ro'j'ai.
abandonnees. Cette letrre fut portee aM. de Noailles par M. Marignier , leur confeffeur j 8c fori Eminence bien loin de contredire les fairs rapportes qui la concernoienr , femble avoir confirme en parciculier celui de la fufpenfion de I'Arret , en difanr a M. Marignier , qu'a la verite quand les religieufes auroient fait ce qu'on leur demandoit 3 ( c'eft-a-dire, quand elles auroienr recu la Bulle fans la claufe dont nous parlerons) elles n'enferoient pas mieux felon le monde j parceque le defjein de les dttrub-e hoitpris depuis longtemrs (34). Ainfi la perte de P. R. etoit refolue avant merae la Bulle Vi~ nearn; 8c cetre Bulle n'a fervi que de pretexte & de moi'en pour l'execution de ce delTein , que M. de Noailles avoit arrete pendant plufieurs annees, & auquel il eut la foibleflfe de fe pre- fer. Le refus de figner fans la claufe ne fut point la fource de la perfec- tion 8c de la deftrudfcion de P. R. , quoiqu'il en ait ete le pretexte ; & la fignature pure 8c fimple n'auroit, ni arrete la perfecution , ni empeche la deftrucHon. On fe rappelle ici ce que difoit
(34) Lcttre des Religieufes a M. de Noailles, d«
j 7 Septembte. |
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111. P n t i e. Llv. I. 45
flits de quarante ans auparavant (35) 1
a foeur Angelique de Saint Jean a M. de Perefixe. » Je penfe , Monfei- » gneur, lui-difoit-elle , qu'il n'eft » pas u aife de fortir de la perfecu- » tion ou nous fommes expofees « depuis vingt-cinq ans. La figna- " ture n'en a pas ete le commence- " ment, & je douterois fort qu'elle « en fut la fin. Je vous avoue que « quand nous n'aurions que notre » propre experience, pour nous per- m fuader qu'on demande autre chofe » de nous qu'une marque de notre » obeiflance , il nous feroit bien dif- >» ficile de croire qu'il n'y eut point » d'autre caufe fecrete de la condui- » te qu'on tient fur nous aujour- « d'hui, &c. II faut que les religieufes de P. R.
finTent bien parfaites , puifque leurs ennemis & leurs plus cruels perfecu- teurs, n'ont pu trouver d'autre de- faut en elles , ni d'autre pretexte pour les perfecuter & renverier leur mo- naftere , que le refus de croire & d'affurer avec ferment un fait pour le moins douteux j refus qui n'eft que la marque de la droiture de leur cceur, 8c de leur fincerite j refus enfin qui^ (jf) jo Juin 16S4.
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46 HlSTOIRE DE PoRT-ROIAt.
1705. montre clairement combien leur ver-
tu etoit folide; puifqu'elles ont tout facrifie jufqu'a leur liberte , plutot que de blefier leur confcience par le moindre deguifement. xxxii. La rujne entiere Je p. R, etoit re- commence- /-.,-. nent de la lolue depuis long-tems j mais on vou- aSSSLErM* tenter de Perdre avecfa§eP ces
r. faintes filles en emploiant quelque iLEtX«.de ipecieux pretexte. On le trouva dans
la Bulle Vineam Domini fabaoth du
15 Juillet 1705 , fur le iilence ref-
pedtueux. Ainfi des la fin de cette
annee on commenp a mettre la main
a l'oeuvre pour confommer ce myfte-
re d'iniquite. Le premier coup tom-
ba fur M. Euftace confefleur de la
maifon , que M. d'Argenfon fit ve-
nir a Paris au mois de Decembre.
Aiant comparu devant ce Magiftrat,
le 1 o Decembre, il fut renvoie avec
ordre de revenir le lendeinain j il s'y
rendit, &c fut encore remis au ven-
dredi 11 du mois. Un rhume l'ai'ant
empeche de s'y rendre , il n'alla que
le Dimanche chez M. d'Argenfon,
qui n'y etoit point, pour favoir ce
qu'il plairoit a la Cour d'ordonner.
Dans (cet intervalle , M. Euftace fut
averti qu'on avoit deftein de l'arre-
ter pour le mettre dans une prifon ,
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.^.Jm
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r
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III. P A R T I E. L'lV. I. 47
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Be prit fagement le parti de ne plus
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1705.
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paroicre(36). M. Marignier , qui de-
puis vingt-quatre ans faiioitavec beau- coup d'edification les fon&ions cu- riales dans les dehors de P. R. qui avoir droit de paroifle , fut choiii pour conferTeur des religieufes. |
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Enfin apres ces preliminaires , on
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1706.
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refolut de prefenter la Bulle Vineam xxwi.
Domini aux religieufes de P. R.; ,°n demau" • 1 r» -in- : de la fignatu-
quoique 111 le Pape , ni le R01 , m « deiaBuiie
les Eveques de France , ni meme le J"*^!6^" . mandement de M. de Noailles (37), n'en eufiTent ordonne la fignature j 8c afin que cela ne parut pas trop arfec- |
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(56) M Euftace etcit
depuis 11 ans a P. R. des Champs. II le tint cache a Pans , & avoit dciTem de rcvenir dc lems en terns incognito dans fa chere fo- litudc,pout rendte aux re- ligieufes les fctvi'jes dontil pouvoit cue capable.Mais le P. Qucfnel 8c M. Du- guet n'etant point de tet avis , il fe reiira a Vitry- le-Francois , ou il demeu- ta quelquc-t.-ms de^uife &c inconnu a tout le monde , chez le here d'une reli- gieufe de P. R. Puis il alia s'enfevelit dans l'Ab bail' d'Orval, poury liver fa feme , dit le fuplement au Nectologe , dans les larmes d'une aufierepeni- |
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tence. Cet auteur veut
parier de la faute que M. F.ultace fe reprochoit d'a- voir commife dans l'af- faire du cas de confeien- ce , a laquelle il avoit eu beaucoup de part, 8C qui avoit eu de il facheufes fuites. Il vecut le refte de fes jours dans cetie foli- tude , 8c y mourut le i y Mai 1716. Voye\ le Supl. p. «ij. (57) Ce Mandement eft
trop i'ameux&caeu des fui- lesrrop confidera -les pour n'etre point infere dan? une hiitoirc , a laquelle il fb'unit une il abondante matiere. Voye* a la fin du volume. |
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4.8 HlSTOIRE DI PoRT-ROlAt.
te, on la demanda auffi aux religieufes
de Gif. M. Marignier fat done man- de a Paris , & s'y rendit le 18 mars. M. Gilbert, grand vicaire de M. de Noailles , & mperieur de P. R. lui demanda fi les religieufes avoient re- $u le mandement & la Conftitution j a quoi M. Marignier ai'ant repondu qu'on ne les avoit point encore v&s dans leurs quartiers , M. Gilbert lui donna un exemplaire de la Bulle, y joignant celle qui avoit ete lue a Gif 8c lignee en ces termes. » La Bulle » & ordonnance ci-deflus ont ete lues » & publiees a la grille de l'Abbaie » de Gif par nous Pretre fouffigne , » prepufe a la conduite des religieu- » ies , & revues avec le refpect du v a Sa Saintete &c a. fon Eminence » par les religieufes,le quatrieme Di- » manche de careme de l'an 170(1. » Signe Mornat , Pretre. M. Gilbert dit a M. Marignier
qu'on exigeoit que les religieufes de P. R. fiflent la rneme chofe , e'eft-a- dire, que la Bulle f lit lue a la grille en prefence des religieufes par M. Marignier, qui attefteroit que la Bul- le &c l'Ordonnance avoient ete lues 6c revues avec refpedt par les reli- gieufes. II ajouta qu'il faudroit enco- |
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III. P ARTIE. iJV. /. 5t
•» Sa Saintete & a fon Eminence fans
» deroger a ce qui s'ejl fait a leur
■» egard -a la paix de L'Eglife fous Le
» Pave Clement IX, fait ce n mars
» 1706" (38).^^. MARiGNiER,Pretre.
L'AbbelTe ecrivit a M. le Cardinal de Noailles en ces rermes : » nous » n'avons recu que le vendredi au
" foir le Mandement & la conftitu-
" tion. Monfieur Marignier nous
» la vient de lire a la grille du
» choeur , & nous l'avons rec,ue avec
w le refpe£t du a Sa Saintete & a
» votre Eminence , fans deroger a ca
" qui s'eft faital'cgard de ce monaf-
>» tere a la paix de 1 Eglife fous Cle-
" ment IX «. L'AbbelTe ecrivit en
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(581 Ce futM. Nicolas
Mabille, Pretrc , Dofteur en Theologic, qui, com- f renant le danger du cer- tificat qu'on exigeoit des religieufes, leur confeil- la d'ajoutcr ce;te claafe , qu'il leur envoi'a. M Ma- bille , nc a Paris, d'une Vionncte famille , eleve dans la piete , avoir exer- ce a'/cc fucces les fonc- tions du fainr miniitere fur la Paroiffe de S. Leu. ll Fur lie dc bonne heure avec les rcliiieufes de P. R., qui avoUnt 'jeaucoup de confiaace en lui A'i.nt toajours aimi la retraite |
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& 1'obfiurite, il fe retina
a Palaifeau , chez MM. Benin , fes amis, qui , corome lui, l'ctoient de P R. 11 enrretenoit du lieu dc fa retraite des liaifons avec ces faintes filles, auxquelles on livioit !es de'nieres attaques. 11 etoit thfbrttie de tout ce qui fe pafToit a leur fuiet 8c en tenoit tcgiftre II ne fur- vecut m'environ !eux ans a la defttu&ion de P. R. etant mort le n Aout 1711 , a)',e de jj ans. Il repofe dai's le cimitieto de Palaifeau. Mem. Hift. T.C.p. 13= • 'J.',\ , I Cij
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50 HlSTOIRE DE PORT-ROlAL.
' ljo6, qu'on recevo'u avec refpecl cette Bulle
& le Mandement oil 11 y avoit a la ri- te que c'hoit contre les Janfeniftes. La refolution que prirent ces faintes fil- les , fiic de demander du tems pour prier Dieu, & d'ecrire au Superieur pour lui marquer qu'elles avoient coutume d'implorer les lumieres du Ciel, avant de fe determiner dans des affaires de cette importance. Des le meme jour l'Abbeffe ecrivit , & on fit beaucop de prieres , qui fortifie- rent les religieufes dans la refolution de ne pas fe rendre a ce qu'on de- mandoit d'elles , fans ajouter quelque claufe qui marquat la diftincfion du fait & du droit, xxxv. Le ii mars, Dimanche de la Paf- laButie'&du ^lon ' * ^x heures du matin , la com-
Mandement: munaute etant affemblee au chceur , cUufeCaajout & fa grille etant ouverte , M. Mari- ne, gnier lut le Mandement & la Bul- le , 8c mit au bas le certificat fuivant, qui renfermoit la refolution de la communaute. » La Bulle & Ordon- - » nance ci-deffus ont ete lues & pu- » bliees a la grille de P. R. des « Champs , par moi Pretre foufligne » prepofe a la conduite des religieu- » fes , lefquelles ont declare qu'elles » les re^oivent avec le refpect du a |
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III. P A R T I E. L'iV. I. 51
*> Sa Saintete & a fon Eminence fans
» dinger a ce qui s'ejl fait a leur » dgard -a la paix de L'Eglife fous le » Pave Clement IX, fait ce n mars » 1706 (38).^. MARiGNiER,Pretre. L'AbbetTe ecrivit a M. le Cardinal de Noailles en ces termes : » nous j> n'avons recu que le vendredi au » foir le Mandement & la conftitu- »> tion. Monlieur Marignier nous « la vient de lire a la grille du » choeur , &c nous l'avons re^ue avec ■» le refped du a Sa Saintete & 4 » votre Eminence , fans deroger a ca » qui s'eft fait a regard de ce monaf- » tere a la paix de l'Eglife fous Cle- s> ment IX «. L'Abbefle ecrivit en |
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<581 Ce futM. Nicolas
Mabitle , Prette , Dofteur en Tbeologie, qui , com- f tenant le danger du cer- tificat qu'on exigeoit des reH[>ieufes, leur confeil- la d ajouter ceite claafe , qu'il leur envo'ia. M Ma- bille , ne a Paris , d'uue honncte famillc , eleve dans la piece , avoir exer- ce avec fucces les fonc- tions du faint miniitere fur la Paroiflc de S. Leu. ll fur lie dc bonne heure avec les rcluieufes Je p. R., qui avoi^nt beaucoup de confianceen lui Ai.nt toajours aims la retraite. |
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Sc l'obfi urite, il fe reri',a
a Palaifeau , chez MM. Benin , fes amis, qui , coirime lui, l'ctoient de P R. Uentretenoitdu lieu de fa retraite des liaifons avec ces faintes filles, au.xquelbs on livioit !es detnieres attaques. Il etoit iiiformc de rout ce qui fe fafToit a leur fujet &c en tenolt rcgiftre II ne fur- vecut (u'environ ieuic ans A la deftruftion de P. R. etant mort le it Aout 1711 , ay,e ds t ? ans. U tepofe dais le cimitietc de Palaifeau. Mem. Hift. X.C. P. 150. IJ,I>. ! Cij
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jl HlSTOIRE DE PoR.T-R.OlAt.
meme-rems a M. Gilbert fuperieur de
la communaute , pour le pner de fai- re agreer a M. le Cardinal ce qu'elle avoir fair. M. Frerer, qui avoir porte les pieces , dir a l'Abbefle a. fon re- tour , que le fuperieur lui avoit re- pere plufieurs fois, qu'il croibit que Monfeigneur feroir fatisfait. Mais il park bien differemment , lorfqu'il eut vii fon Eminence a Conflans , & dit a M. Frerer , que Monfei- gneur n'avoit pas voulu recevoir ce qu'on lui avoit envoie ; il ajoura quon ne fe contenreroit pas de cela, 8c que lui fuperieur viendroit a P. R, le mardi. II y alia effe<5tivemenr ; & a'iant de-
mande 1'AbbeiTe, il lui dit qu'il ecoit furpris & fache de ce qu'elles avoient ajoute de plus que le modele qui avoit ete envoie j qu'on avoir pris des mefures fur cela, & que M. Mari- gnier lui avoit dit que les amis n'y rrouvoient pas de difficulte. L'Ab- beffe lui repondit gravemenr , que c'eroit la preuve qu'elles ne fuivoient en cela que les mouvemens de leur confcience j que la maniere donr on en avoit agi a leur egard dans les af- faires paflees, les avoit fort inftrui- jes j qu'elles feroient neanmoins tou- |
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IILPARflE. LlV.I. ff
jours difpofees a obeir a Monfeigneur *""—T*
dans routes les occafions , ou elles 7 pourroient le faire fans blefTer leur confcience.
L'apres diner 5 M. Gilbert reyint a xxxvi.
la charge : ai'ant demande 1'AbbefTe M- GiIbert & les anciennes, ( c'eft-a-dire , tou- t^M' t |
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her la
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t ^ "' *lu " *'»" u±i ic matin a i Ab-
beiie favoir que les amis, au rap- port de M. Marignier , n'avoiem point trouve de difficult*. Les reli- gieules lui repondirent avec fermete. que cetoit leur confcience qui les ar- Ktoitj qu'elles n'avoient rien de plus «*er que k paix d'une bonne conf- cience • qu'elles avoient hk temoins des troubles qu'avoient &,rouv& eel-
les de le„rs {c£ms • ayoient cc qu on leur avoir demande. M. Gil.
WW dit qu'on ne leur demandoit Point de fignature. A quoi les reli- gieufes replicant, que M. Mari- So! 1 gRanC aU bas qu'elles avorent dantaMonfeigneurjrttoite uel. que forte flgner au nom de la com- av2aUte'&qUe C«oitce qu'elles
avoient toujours refofc C lij |
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54 HlSTOIRE DE PoRT-Ro'lA!.
1706'. M. Gilbert, chafle de ce pofte, de-
xxxvii. manda ce qu'elles entendoient en di- 6ilbm°n'de-fantque cetoitfans dinger, &c. el- mande l'ex-les lui dirent qu'a la paix de Cle- la'cUufe: on ment IX > e^es avoient fait la diftinc- U lui donne. tion du fait & du droit , & que ce- pendant on les avoit retablies dans tous leurs droits comme auparavant. M. Gilbert pretendit que les chofes etoient bien changees ; qu'autrefois elles etoient melees ; les uns croiant d'une facon , les autres d'une autre 'y mais que depuis la decifion du Pape, elles devoient fe rendre a fon autori- te. La-deiTus la Souprieure lui temoi- gna qu'il n'etoit pas poffible de rece- voir uneBulle pleine de calomnies con- tre des perfonnes , dont elles avoient connu par experience , 1'innocence, la vertu , la fcience extraordinaire , & la purete de la foi. On lui reprefen- ta encore que la conduite qu'on te- noit a l'egard des religieufes de P. R., en exigeant d'elles ce qu'on n'exigeoit pas des autres communautes , leur etoit fufpecte. Eniin ces bonnes reli- gieufes nnirent en fe mettant a ge- noux , pour le prier de les proteger aupres de Monfeigneur : Mais devcns- nous j dirent-elles , livrer nos conf- ciences ? |
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III. Partie. Livt 1. 55
Apres que 1'AbbeflTe & les ancien- 170U.
ties furenc retirees , M. Gilbert de- xxxvul. manda a, voir routes les religieufesdutri,tie^s<ieM< fecond tems, chacune en particulier. Gilbett. Elles lui deckrerent qu'elles etoient dans les memes fentimens que les an- ciennes. Le foir il vit encore l'Ab- befle , & prit tin autre ton , lui te- moignant qu'elles alloient fe perdre : ( langage ordinaire de la politique humaine , qui croit que c'eft perdre fon ame que de la fauver). II ajouta qu'il s'etoit fait jufqu'a ce jour un honneur d'etre leur fuperieur , mai's qu'il commen^oit a en avoir bien du regret, voiant bien que leur conduite entraineroit la mine de leur maifon. Le lendemain M. Gilbert park en- core a 1'AbbeiTe , & lui reprefenta de nouveau qu'on ne leur demandoit rien qu'elles ne dufTent accorder; que depuis plufieurs mois que la Bulle etoitarrivee & rec_ue en France , com- me elles ne l'avoient pas recite , des peifonages malms , qui leur en vou- loient, ne manquoient pas de le re- prefenter au Roi: que voule\-vous 3 ajouta-t-il, que M. le Cardinal fajje q:te ce qu'il fair. ? Et fur ce que les re- ligieufes lui dirent , qu'il n'y avoit que leur confcience qui les retenoit, C iiij
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5<? HlSTOIRE DE PORT-ROlAt.
J70(jt il repondit que c'etoit auffi la cons-
cience , qui faifoit agir M. le Cardi- nal. Cela fe peut , lui dirent-selles, mats ily en a qui font le malj arconf- cience. Le fuperieur dit encore en for- tant, que fi les religieufes croioient ne pouvoir en confcience faire ce qu'on leur demandoit, M. de Noail- les croiant d'un autre cote devoir en confcience l'exiger & agir contre el- les dans le cas de refus, cela faifoit deux confciences appointees. Tel rut le fucces de la vifite de M. Gilbert, qui fut , a ce qu'il a avoue depuis, frappe des raifons des religieufes. xxxix. La Souprieure de P. R. ecrivant a itSfeM" Euftace * r6duk ? <Pam chefs les
fins demger, raifons qu'elles avoient de refufer ce qu'on exigeoit d'elles. i°. Le titre
portant que c'etoit rontre lesjanfemf- tes , recevoir cette Bulle ce feroit ac- quiefcer a toutes les calomnies eta- lees dans la Bulle 8c le Mandement contre ces pretendus Janfeniftes , e'eft-a-dire, contre leurs faints Dire'c- teurs & contre elles-memes 20. Que c'etoit un piege qu'on leur tendoit, & qu'elles feroient bien malheureu- fes, apres avoir eu fi long-tems l'a- vantage de foiiffrir pour la verite, de perdre a la fin de leur vie tout |
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III. Partie. Liv. I. 57
le fruit de leurs foufFrances. 30. Par-'
cequ'il etoit dit dans la piece qu'on vouloit leur faire recevoir,^ c'efi fe mocquer de I'Egltfe que de figner Jans croire. Cependant tout etoit con- fondu , le fait & le droit. 4°. L'affec- tation de demander aux religieufes de P. R. ce qu'on n'exigeoit pas des autres communautes, leur faifoit voir qu'on vouloit les engager a fe defif- ter de leurs premiers fentimens. Ces raifons font tres folides \ on ne
peut blamer ces faintes filles d'y avoir eu egard , & d'avoir voulu ajouter a leur fignature la claufe qu'elles y avoient mife , pour prevenir Tabus qu'on en pouvoit faire. Ces vierges chretiennes, pleines de foi n'envifa- geoient que leur devoir , & fans cramdre les efforts des hommes, el- les jugeoient qu'il valoit mieux pe- nr que de blefler leur confcience , & etre detruites tout d'un coup pour la. globe de Dieu 3 que dc defaillir peu a-peu. II eft inutile d'objecler qu'elles- au-
roient pu figner fans aucune claufe , & qu'elles ne fe feroient pas engagees i Ja croiance du fait, attendu que fe- j0'1 ^'interpretation des Eveques de iAflembleej & meme felon le grand |
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1706
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5 8 HlSTOIRE DE PORT-ROIAE.
Colbert & M. de Senez , la Bulle ne
deoicloit point l'obligation de croire le fait feparement du droit , mais , decidoit feulement qu'il faut rendre une foumifllon de creance aux confti- tutions, &c ne pas fe contenter du fi- lence j ce qui eft vrai, eu egard au vrai fens qu'elles renfe; inent. Je dis qu'il eft inutile de faire cerre objec- tion , parceque quoiqu'on puifTe ainfi interpreter la Bulle ,neanmoins les ter- mes en font crop generaux, & fufcep- tibles de deux fens. D'ailleurs rien n'eft excepte , le fait & le droit font confondus, ce qui donne un legitime fondement de douter li la Bulle n'en- fernie point le fait dans la creance qu'elle dit qu'on doit aux conftitu- tions , d'autant que celle d'Alexan- dre VII decide le fait comme le droit, & joint roujours l'un avec l'au- tre en parlant de l'objetde cette crean- ce due aux conftitutions. Tout le monde n'eft pas capable de demelerces doutes & ces dimcultes. Ainfi on ne pent blamer des vierges chretiennes, qui aimantla fini erite, & emigrant de blefter leur confeien- e par des equivo- ques, veulenr qu'on leur parle d'une maniere claire Ik nette. 20. En ft- gnant fans aucune claufe , elles au- |
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III. Partis, Liv. I. 59
roient pafle pour avoir figne le fait "TToiT
comme le droit, puifque plufieurs in- terpretoient la Bulle en ce fens , & pretendoient qu'elle decidoit l'obli- gation de croire le fait. Ainfi , l'on auroit dit qu'elles avoient figne Tun & l'autre , ou qu'elles avoient figne fans croire. 3°. 11 ne fuffit pas pour pouvoir figner fans peche une formu- le, qu'on piniTe lui donner un bon fens, puifque nous voi'ons que Saint Hdaire (39) explique dans un fens catholique quelques formulaires equi- voques des Arnens , que ce Saint Dodeur & les Evcques orthodoxes auroient ete tres eloignes de figner. La premiere formule de Syrmrch eft de ce nombre , & quoique plufieurs pi'etendent que felon Saint Hilaire, Libere figna cette formule qui n'e- roit pas formellement heretique , le meme Saint Hilaire n'a pas laifle de dire trois fois anatheme a Libere qui 1 avoir %nee. 40. L'afFeftation d'exi- ger des rehgieufes de P. R. ure fi- gnature , qu'on ne demandoit pas aux autres communau^s, marquoit afTez, qn on leur tendoit un piege, & qu'on voulou- les engager a attefter le fair, ^ar a quelle intention auroit-on fait <8?) lib. de Sy.ru.
C. v|.
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60 HlSTOIIU DE PoRT-ROlAE.
17067" cette diftin&ion ? Croioit-on de bon-
ne foi qu'elles foutinflent la fuffifan- ce du filence refpe&ueux pour la de- cifion du droit, & qu'interieurement elles cachafTen-t dans leur coeur les er- reurs condamnees dans les cinq pro- pofitions ? Elles avoient donne aflez de preuves du contraire. Mais ce qui devoir les confirmer encore dans l'i- dee qu'on vouloir les obliger a attef- ter le fait, c'eft qu'elles voioient que c'etoit ce qu'on exigeoit depuis le cas de confcience. C'eft en effet ce qu'on exigea des quarante Dofteurs; c'eft ce qu'on demanda a M. Petit-pied , qui le refufa conftamment. C'eft en- fin pour cela qu'on perfecutoit & qu'on exiloit ceux qui refufoient de l'attef- rer. L'intention commune & publi- que des Superieurs etoit bien mar- quee , &c il etoit notoire par nombre de faits, qu'ils exigeoient la creance du fait de Janfenius; & fouvent me- me la creance de l'obligation de croi- re le fait. Les religieuies de P. R. ne pouvoient ignorer cette intention, Ainfi elles avoient lieu de croirequ'ert demandant a elles feules l'acceptation de la Bulle Vineam , on vouloit leur faire rendre un temoignage de leur creance du fait, & adopter le nou- |
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III. Par tie. Liv. I. St
veau dogme II en vogue tlepuis le cas de j 706,
confidence , qu'on eft oblige d''avoir la creance du fait, pour rendre aux Bul- ks la foumiftion qui leur eft due ; dog- me d'ailleurs que plufieurs preren- doient avoir ere decide par la nou- velle Bulle. L'intention des Superieurs etant
done d'exiger la creance du fait, Be les religieufes de P. R. ne pouvant en dourer , elles avoient raifon de mettre la claufe ,fans diroger a ce qui s'eft pajfe a notre egard a la paix de I'Eglife fous Clement IX, claufe ores modefte & tres fage qui les mettoit a convert du menfonge & du parjure a l'egard du fait de Janfenius -y claufe qu'on n'avoit d'autre raifon de rejet- ter, que parcequ'elle excluoir la crean- ce du fait en rappellant la paix de. Clement IX , ce qui prouve demonf- trativement qu'on vouloit les obliger a cette creance j claufe enfin qui fut approuvee par tons les gens de bien & en parriculier par le P. Qnefnel. Le confeiTeur du Saint Defert ( e'eft , XL\ .
1 1' 1 1 r 1 r • • \ Laconduite
la qualite que prend M. Marigmer ) des reiigieu-
a'ranty par une lettre du 6 avril 1706, r"^0^ confulte cet homme egalement cele- QuefneL bre par fes luinieres & fa piete , par fes ecrits fi pleins d'onction, & par |
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St HlSTOIRE DE PoRT-ROlAI.
les perfecutions qu'il a efluiees pour
la defenfe de la verite, il applaudit par fa reponfe a la conduite des reli- gieufes de P. R. II remarqued'abord , que c'eft une nouveaute & une cho^e contraire a tout ce qui s'eft pratique jufqu'a prefent a l'egard des perfon- nes de leur fexe qui vivent dans la retraite & le filence d'un monaftere , de vouloir que les Bulles & ordon- nances foient lues a leur grille ; que c'eft une affectation injuneufe a leur honneur ; que la publication d'une Bulle fe fait ordinairement par un Mandement public qui s'affiche aux lieux publics , & qui quelquefois fe lit aux prones ; que fi Ton fe con- tente, non-feulement a l'egard des fideles, rriais meme a l'egard des fim- ples Eccle/iaffques, qu'ils en enten- dent la lecture , fans exiger d'eux qu'ils declarent qu'ils la recoivent , on devroit a plus forte raifon , s'en contenter a l'egard des reLgieufes : que le devoir de leur fexe les obli- geant, felon Saint Paul, a garder dans J'Eglife un religieux fiience , & Iepar- rage de leur etat etant par un privile- ge fpecial, de garder un file^ce en- core plus exact fur tout ce qir fe rm£* fe dans le public, a moms q.ie TEgli- |
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fe ne leur demande un temoignage de 1706,
leur foi, c'eft un mauvais joug qu'on impofe a leur etat: qu'elles ont droit de prier tres humblement qu'on ne les oblige point de s'y foumettre & de l'autoriler par leur confentement 'y que c'eft une chofe fort extraordinai- re que ces deux mots relatifs , ruf lie's & refits ; que la publication etant une formalitc de droit, & un exercice d'au- tonte & de jurifdiction , qui appar- tient aux Eveques dans leurs diocefes , la reception qui y eft attachee ne peut etre regardee dans des particuliers , comme une formalite juridique ne- ceflaire pour la validite de la publi- cation , & moins encore dans des religieufes; qu'ainfi il faut, lorfqu'on 1'exige par autorite , qu'on la regarde comme un temoignage juridique du confentement & du jugement inte- rieur , par lequel on adhere a l'acfte pubhe, ce qui renferme la croiance de ce qu'il contient. Apres ces folides & judicieufes re-
ma -ques, le P. Quefrel fait voir par plufieurs raifons , qui ne font pas moins folides, que les religieufes de P. R. ne peuvent donner une telle ap- probation , & en laifiTer a la pofteVite un double, temoignage par un a&e. fait a. |
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<?4 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAL.
1706. leur grille , & par une lettre ecrite £
leur Archeveque ,comme on l'exigeoit d'elles, a. l'exemple de ce qui s'etoit fait a Gif. II le prouve i°. parceque la Bulle Vineam contenant & confir- mant celle d'Alexandre VII & fon. formulaire , c'eft faire renaitre toutes les anciennes difficultes qu'on avoit autrefois fur ces Bulles & fur le For- mulaire, que de recevoir la nouvelle Conftimtion : le Dire&eur prete fa main pour cet efFet a la communaute , & 1'Abeffe l'attefte & le ratine par la lettre qu'on demande. 2Q. Le refus d'admettre la clank fans deroger, mon- rre clairement qu'on veut deroger a la paix de Clement IX , & decouvre les delfeins des ennemis de la paix , qui veulent detruire cet ouvrage. 3 ".Par- ceque la Bulle derruit cette paix , en rejettant ^interpretation du bref de Clement IX aux 4 Eveques, fondee fur la diftin&ion du fait & du droit, & relative a la declaration de M. l'E- veque de Chalons , qui renfermoit cette diftinction du fait & du droit, apres laquelle le Pape conclut & con- fomma la paix. 4". Parcequ'on ne voit que trop, que c'eft principalement a cette diftin&iou du fait &: du droit, qu'on en veut. 50. Qu'on rejetre en- |
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HI. PAa.tiE.Iiv. J. <?5
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core cette diftinction en d'autres ma- 1706,
nieres, comme lorfque la Conftitu- tion declare que le fens naturel & lit- teral des cinq propofitions eft le fens naturel & litteral de Janfenius. 6°. Parceque l'expofe de la Bulle Vincam n'eft qu'un tiflu de fuppofitions fauf- fes , injurieufes aux quatre Eveques &c aux Theologiens qui leur font unis, & qu'ainfi en la recevant, on adopte tomes ces calomnies : on y mele arti- ficieufement le droit & le fait en les fuppofant infeparables : fous pretexte que les Eveques & les Theologiens ont ■foutenu que la foumiffion du filence refpeclrueux fuffit pour la queftion de fait, on en prend occaiion de les ac- cttferen general, de foutenir que par le feul filence rei"pecT:ueux on fatis- fait aux Conftitutions apoftoliques } d'ou Ton infere que Ton ne condamne done pas fincerement & de cceur les erreurs qui y font condamnees , &c qu'on en conferve interieurement le venin a la faveur d'un filence refpec- tueux & exterieur. C'eft furquoi eft fonde le fecond & principal chef de la definition de la Bulle Vineam. On voit combien cela eft injurieux, non- feulement a la memoire des quatre Eveques & des pieux Theologiens |
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66 HlSTOIRE DE PORT-ROIAL.
," qui ont foutenu la distinction du fait
6c du droit j mais encore a celle de 19 Evtques qui ont pris leur defFenfe, & des anciennes religieufes de P. R. qui ont fouffert une fi cruelle perfe- cution pour s'epargner les menfonges, les parjures, & les faux temoignages , auxquels la fignature pure & fimple accompagnee du ferment, les enga- geoit, en leur faifant prendre Dieu a temoin d'un fait qu'elles ignoroient ou dont elles doutoient. » Je ne faurois done , dit le Pere
» Quefnel, n'etre que tres edifie de » la resolution ou j'apprens que font » nos tres honorees & tres cheres » fceurs , de ne prendre aucune part » a. la nouvelle Conftitution , ii-non » avec la claufe qu'on refufe d'ad- » mettre........ Car il eft evident par
» toutes les fupofitions vifiblement
» faufTes, qui ont fervi de motif & » de fondement a cette nouvelle Conf- « t tuition, que Ton a expofe faux a » N. S. P. le Pape , & qu'on l'a fur- » pris en lui deguifant l'etat de la m queftion, la veritable difpofition » cles pretendus Janfeniftes, la pure- » te de leur foi & de leur refpect » pour le faint Siege. » La difpofition oil font ces fid elles
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III. P A R T IE. LlV. I. 67 _______
> fervantes de Dieu de s'expofer a 1706.
> tout, plutot que de trahir leur conf-
> cience par l'approbation de cet ecrit
> calomnieux, & de blefTer par-la, la
' verite, la juftice, & la memoire de > tant de faints Prelats, de leurs pro-
> pres meres fi dignes de veneration ,
' de leurs pieufes & cheres faeurs , & > des excellens Theologiens qui les
• ont inftruites & defendues j cette ■» difpofition , dis-ie, eft un don tout •> particulier de la mifericorde de 1' Dieu , & de la grace de J. C. qui <> doit les remplir d'une humble 8c <> profonde reconnoiflTance , allumer " dans leur cceur un ardent defir d'y » correfpondre par un attachement i' inviolable a la verite , a. la juftice , » & y entretenir une fainte joie fu- " rabondante , comme parle S. Paul, >> au milieu de ces agitations & des « menaces qu'on leur fait de tous les » maux, qu'elles ont le plus a crain- " dre. " La part que J. C. leur donne a.
" fa croix , a fes humiliations, eft un » gage precieux de l'amour qu'a pour » elles ce' divin epoux des vierges » confacrees a fon fervice j c'eft un » depot d'un grand prix, qu'elles doi- » vent conferver avec un foin & une |
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68 HistoiredePort-roiai:
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i 706. " vigilance particuliere. La perte de
» tout ce que les hommes peuvent » leur enlever, fera pour elles un » grand gain , (i elles font aflez heu- » reufes pour porter ce depot facre » jufqu'au tribunal du fouverain juge, " oil elles doivent paroitre au moins " dans peu d'annees. Tout le mal » qu'on leur peut faire, eft d'etre chaf- " fees de leurs maifons , difperfees en » des monafteres etrangers , privees & des facremens, Elles peuvent voir « leurmonaftere livre aleurs envieux, » ou detruit d'une autre maniere. » Cette ceuvre Ci utile a la gloire de » Dieu eft donnee en proie aux en- s' nemis de la grace de J. C., dont ce » monaftere a ete une fi fainte ecole. » Mais li elle doit etre ruinee par les » hommes , ne vaut-il pas mieux que » ce foit l'amour de Dieu, la fidelite » a. fa loi, l'attachement a la verite , » qui en ait ete l'occafion & la cau- » fe, que de la voir perir comme tant " d'autres ont fait,par le relachement » dans l'obfervance de la regie, par » des defordres fcandaleux , par une » extinction de piete & de religion ? » Finir de cette forte , c'eft finir com- u me les martyrs, par un facrifice faint » & defirable de leur part, quelqu'in- |
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III. Par tie. Llv. I. 69
» jufte qu'il foit de la part des perfe-
» cuteurs. Mourir pour la caufe de la » verite & de la juftice , c'eft enrrer » dans le facrifice de J. C., a qui le » temoienage rendu a la verite a cau- « le la rnort. » Une fociete entiere de perfon-
» nes religieufes ne doit pas plus tenir
» a fa confervation, qu'une ame chre-
" tienne a la vie de fon corps; & Ton
» petit dire d'une fainte communau-
» te qui ne vit & ne fubfifte que pour
» Dieu, ce que J. C. a dit ii fouvent
» a fes difciples : Celui qui voudrafe
» fauver perira _, & celui qui voudra
» perir pour I'amour de moi j fefauve-
» ra. Car enfin tous les efforts que
» font les homines pour diffiper 8c
» perdre une maifon vraiment reli-
» gieufe & une fociete fainte qui n'a
« rien a cceur que de faire la volonte
» de Dieu , ferviront contre leur def-
" fein a en reunir plus etroitement
'- tous les membres, par leur eternel-
» le confommation dans l'unite de
" Dieu. C'eft ce qui les dedommagera
» au centuple de la trifteffe & de l'af-
» Miction que caufe ici-bas la difper-
" fion & la fcparation de celles qui
» ne font qu'un coeur & qu'une ame
}> dans la charite de J. C.
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JO HlSTOIRE DE PoRT-ROlAL.
» Cependant la preparation de
» cceur, ou doivent etre nos tres ho-
« norees fceurs , pour ce grand facri-
» fice par lequel comme dans celui
» d'Abraham , l'efperance d'une lon-
" gue & fainte pofterite paroit etein-
•» te & aneanrie , ne doit pas les em-
=> pecher d'efperer contre toute efpe-
" ranee , a l'exemple de ce S. Patriar-
» che, l'efperance de la pofterite, d'ou
» devoit fortir le Sauveur , e'eft-a-
3) dire , la femence de tout bien. La
» femence du falut du monde alloit
jj ce femble etre facrifiee & confom-
» mee avec la vie d'lfaac ; mais en
» meme-tems que ce pere des fideles
» leve le bras pour l'immoler , il ne
» s'affoiblit point dans lafbi, il croit
3> fans hefiter que celui qui rend la
» vie aux morts & qui appelle ce qui
■» n'eft point comme ce qui eft, lui
» pouvoit rendre fon his en le reuTif-
*> citant , & le faire par ce meme fils
» le pere de plufieurs nations.
» Que nos cheres fceurs ne cefTent
» point d'efperer contre toute efpe-
» ranee. Celui qui par un Ange ar-
» reta le bras d'Abraham, peut ar-
« reter par lui-meme cant de bras ar-
» mes pour la ruine de ce faint mo-
» naftere. II s'eft referve jufqu'a pre-
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III. P A R TIE. LlV. I. 71
» fent cette femence par une protec-
j' tion que je ne puis regarder que » comme miraculeufe , il la peut en- » core conferver contre tous les efforts » de ceux qui la veulent etoufcer. » Quand il permettroit qu'ils en vin- » fent a bout d'une maniere , il la » peut faire revivre par mille autres. » Mais fes deffeins pour Pavenir font " un myftere qui nous eft cache. Ce » que la foi nous fait connoitre des- » a prefent d'une maniere a n'en pou- " voir douter , c'eft qu'il faut faire la " volonte de Dieu aux depens de tout, » lui facrifier fes interets, fes defirs » les plus juftes, les etabliifemens qui " nous paroiffent les plus utiles a fa » gloire , l'amour desplus faintes ceu- " vres , l'efperance des plus grands ■> biens; lui abandonner le foin de » l'avenir dont fa providence eft char- » gee, & nous tenir au partage des " enfans de Dieu , qui eft de garder » fa loi : Portio mea 3 Domine _, dixi •' cuftodire legem mam. Le Ledteur ne trouvera pas mauvais
que nous nous foi'ons etendus pour fai- re voir que les religieufes de P. R. ont agi fagement, en ajoutant au cer- tificat qu'on leur demandoit, qu'elles lie pretendoient pas diroger a la pais |
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71 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAL.
ijo6. de Clement IX. Si dies avoient be-
fom de juftification la-defiiis , on pent dire qu'elles font pleinement juftifiees dans i'excellente lettre du Pere Quef- nel. II etoit d'autant plus important de faire voir la neceffite de la claufe fans diroger, que c'eft cette claufe, tou- te fage qu'elle eft, qui a fervi de pre- texte a la ruine de P. R. j il n'en a pas fallu d'avantage pour condamner les epoufes de Jefus-Chrift. Btafphema- yit: quid adhuc egemus tefiibusrlSznet du confeil qui leur fit defenfe de re- cevoir des Novices fuivit de pres j puis la privation des Sacremens, en punition de cette pretendue revoke; fieu apres les Bulles de fuppreffions de
'Abbaie de P. R. des Champs; enfin la confommation du myftere d'ini- quite par la difperfion de ces vier- ges chretiennes, & la deftruclrion du ian<5fcuaire. C'eft ce que nous allons voir. xli. Qudque fage que fut la conduite i«'ddee4°ou: des religieufes de P. R. die ne fut
vcIj claufe. pas approuvee de M. le Cardinal de Abefle* llth Noailles. L'AbbefTe de P. R. lui ecri- piufcuts let- yit plnfieurs lettres pour tacher de Bminouce.0" m* ""re agreer la claufe, mais inuti- lement. Elle avoit ecrit le x i mars a fon Eminence , comme nous l'avons die.
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III. Partie. Lirll. H
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dit , le lendemain elle lui ecrivit 1706'.
line feconde lettre, par laquelle elle le fupplioit de confiderer que Pexem- pie de Gif ne devoit pas leur etre propofe , parceque le cas des reli- gieufes de P. R. etoit different de ce- lui de Gif, .1 l'egard defquelles il ne s'etoit rien pafle a. la paix de l'Eglife, au lieu que P. R. y avoit eu part, & que c'etoit pour ce fujet qu'elles n'a- voient pu fe difpenfer d'ajouter a leur certificat une claufe qui rappelloit cette paix , pour marquer qu'elles y demeuroient toujours attachees. Apres le voiaee que fit M. Gilbert ..^ll- . k.
a P. K. 1 Abbede ecrivit une troiiifi- ftifie la con- rae lettre a M. de Noailles : elle lui **?dc*™"* >r 1 • 1 r « giemesparun
reprelenta que depuis la lentence de uiftwitenwnt
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fft fans
que. |
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M. de Perefixe du mois de fev. 1669 , &,
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(par laquelle elles avoient ete reta-
blies dans la participation des Sacre- mens ), elles n'avoient rien fait de contraire a. l'obeiflance & a la fou- miffion qu'elles avoient promife : que M. de Perefixe leur avoit rendu un temoignage expres, que cette obeif- fance etoit entiere : qu'il fut 11 con- tent de la fincerire de cette obeilTan- ce & de cette foumiffion, qu'il ne fouhaitoit rien de plus finon qu'elles perfeveraflent. L'AbbefTe ajoute qu'el- Tome IX. D |
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74 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAL.
les y one perfevere fi religieufemenr,
qu'on nepeut les convaincre d'aucu- ne faute fur ce fujet. M. de Perefixe certifioit en meme-tems, que la de- claration des religieufes etoit la me- me que celle qui avoit ete regue & approuvee par le Pape Clement IX, & que e'etoit en fuivant l'exemple de Sa Saintete qu'il avoit recti la leur. Apres cet expofe , l'Abbeflfe Fait un raifonnement, auquel il feroit bien di/Hcile de repondre. » Comme il " s'agit aujourd'hui de la meme af- « faire, dit 1'AbefTe , ( fa voir des « cinq propositions attributes au li- » vre de Janfenius), fi ce qu'on nous « demande eft contraire au regie- ?> raent de cette Sentence (de M. de » Perefixe ) , nous ne pouvons nous " perfuader qu'il nous foit permis de " le faire , ni de nous departir de ce « qui nous fut accorde alors; &fice « n'eft rien qui n'y foit conforme , » nous croions devoir le faire con- « noitre, en difant que e'eft fans di- ?> roga a cette Sentence; parcequ'a- « pres un jugement fi folemnelle- " ment rendu , il ne nous paroit pas » qu'on puifle nous obliger d'y re- » noncer, & de perdre le repos de #» confidence qu'il nous a procure. |
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III. Partie, Liv. I. 75
Cet argument , il faut l'avouer ■> \-,o6>
quoique fimple , eft fort & preftant j auni eft-il refte fans reponfe \ car fon Eminence n'en fit point a cette lettre non plus qu'aux precedences , & a celles qui fuivirent. M. Marignier confefteur des reli- Accomm*.
gieufes, allarme de l'orage qu'il voioit d™™1 pro- pres defondre fur elles, leur propo- Marignier. fa un expedient , qu'il croioit pro- pre a le detourner. II ecrivit a ce fu- jet le 27 mars a M. de Noailles une lettre qui lui fut remife le jour des rameaux par M. Gilbert. Inexpedient propofe par M. Marignier etoit de fupprimer le premier a&e du 11 mars avec la lettre de la mere AbbeiTe , & d'en faire un nouveau portant que la Bulle & I'Ordonnance ont ete lues & publiees a la grille de VAbbdie par JV» Precrefoufjigne , & icoutees par les re- ligieufes avec refpecl. M. Marignier avoit re$u cet accommodement de la main d'un des amis des religieufes de P. R. qui n'y confentirent qu'avec une grande repugnance j & qui bien' loin d'en defirer le fucces, furent cbarmees que ce projet ne frit pas du gout de M. de Noailles. » II eft aflez extraor- M diriaire que lorfqu'un Juge refufe " ce qu'on lui demande, on en ait Dij
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7<? HlSTOIRE DE PoRT-Ro'lAL.
» de la joie. Cependant toute la com'
» munaute en a fenti une grande , » de ce que M. le Cardinal a rejette » la derniere proposition. Ce font les paroles de la mere Anaftafie Dumef- nil dans une lettre du 6 avril. » En » mon particulier, ajoutoit-t-elle, j'ai » ete vmgt-quatre neures tres trifte, » tres inquiete fur ce fujet, & j'ai » rendu a Dieu des actions de gra- « ces de ce qu'on n'eft point entre » dans ce qu'on paroifloit defirer de » nous. Nous nous en tiendrons a l'a- » venir a ce que nous avons repondu ■» d'abord. Cela eft net, & fans qu'on " y puifTe donner deux fens , & je vous »> avoue que le rerme d'ecouter avec « refpecl me paroit equivoque. Cet offre contenoit allurement tout ce qu'on pouvoit raifonnablement leur demander , & meme tout ce que prefcrivoit le Mandement de M. de Noailles, lequel ne portoit que ceci : que le difpojuif de ladite Confutation /bit Id avec notre Ordonnance aux pro- lies des Mejfes paroijjlales; & que Von fajfe la lecture de la Btdle en Jon en- tier dans toutes les Communautes fecu* lieres & regulieres de notre Diocefe. Malgre cela la proportion de M. Ma- rignier ne fut point agreee par fon |
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TWW-v,!'.' '*:.!*! W.--;■*
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III. Par tie. Izv. J. 77
Eminence, qui repond.it au Superieur j y0gt
de P. R. lorfqu'il lui communiqua xuv. la lettre du Confefleur : cela ne fi t, ™*££ pajfera pas fans qu'il y ah quelque c/zo-Noaiiles, fe de marque. Nous en parlerons. M. Marignier ecrivit le lendemain
2.9 mai a M. Gilbert pour le remer- eier de ce qu'il avoir prefente fa let- tre a M. de Noailles. 11 lui temoigna en meme-rems la douleur qu'il avoir de voir les religieufes expofees a des maux que lajeule crainte d'offenfer Dieu leur attiroit _, & il conjuroit M. Gilbert qu'un motif fi chretien de la part des religieufes le portat a avoir compaffwn d'elles & a lesfirvir autant qu'il le pourroit aupres de fin Emi- nence. La mere AbbefTe ecrivit de nou- xlv.
veau a M. de Noailles , le priant de i^STaT'"' vouloir bien fe conrenter a l'egard, ™-ie Awfie des religieufes de P. R., de ce qui etoit jis> ordonne par fon Mandement, de ne pas exiger d'elles plus que fon ordon- nance ne prefcrivoit, & de ne pas faire une loi difFerenre pour eltes. L'AbbefTe lui rappelle enfuite la Sen- tence rendue en leur faveur par M. de Perefixe j & elle ajoute que com- me on ne fauroit dire que cette Sen- tence ait ete rendue par un Juge fuf- D iij
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?8 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAL.
peft d'avoir voulu les favorifer , &
qui par cette raifon fe foit difpenfe des regies de l'Eglife , & qu'on n'o- feroit pas dire non plus que chaque Prelata fesmaximes particulieres pour gouverner les fideles fans avoir egard aux reglemens de fes predecefleurs, fon Eminence aura dequoi fermer la bouche a ceux qui voudroient l'enga- ger a exiger des religieufes de P. R. plus que n'a exige M. de Perefixe, & plus meme que le Mandement de M. le Cardinal n'en prefcrit. » C'eft, *> continue 1'Abbefle, ce qui nous a » fait prendre , Monfeigneur, la re- » folution d'adrefler encore nos inf- » tantes prieres a votre Eminence, » pour obtenir de fa juftice & de ft " bonte , que Notre-Seigneur Jefas - » Chrift etant le meme aujourdluu h qu'il etoit hier & qu'il fera dans » tous les fiecles, il nous foit permis w en tachant de participer par fa gra- » ce a cette ftabilite, de demeurer » dans les memes termes ou ce ju- » gement ( de M. de Perefixe) nous » a fixees; &c que nous ne donnions » point fujet de nous reprocher qu'a- " pres y avoir perfevere trente-fept >> annees , nous avons voulu en for- » tir par des mcnagemens humains, |
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111. P ARTIE. Llv.t •)$
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» & pour mettre nos biens & nos
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\-JQ<3,
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» perlonnes en furete , apres n*avoir
» penfe autrefois qu'a y mettre nos » confidences. II n'eft allurement pas poilible de"
reprefenter fes raifons ayec plus de force & avec plus de delicatefTe , qu'elles le font dans cette lettre, ni de donner des lecons plus fpirituelle- ment. Mais tout cela ne fit aucune impreffion fur M. de Noailles. Son Eminence fe contenta de dire a M. Gilbert, qui lui remit la lettre le fa- medi faint 3 avril, » qu'on lui ecri- » voit des factions & des inflru&icns : cette penfee eft jufte ; il n'en eft pas de meme de ce qu'il ajouta , » qu'il » etoit etonnant que des religieufes " fiffent confifter route leur devotion » a. defobeir al'Eglife ". Etoit-ce done defobeir a 1'Eglife que de reclamerla paix de Clement IX , que de s'atta- eher religieufement au bref de ce Pa- pe, & a la Sentence rendue par M. de Perefixe en faveur de ces faintes idles ? Ce fut pour les religieufes de P. R. xlv*.
des Champs, le comblede la douleur ^iZnZt & de l'affli&ion de voir leur Arche- ligieufts dc veque '& leur Superieur concourir Pl R" avec leurs ennemis pour les obliger D iii)
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§0 HlSTOIRE DE PoRT-ROIAI.
1706. de renoncer a la paixde Clement IX»
Ce qui augmentoit encore leur dou- leur, etoit de fe voir ainfi chagri- nees par un Prelat qui reunilloit rant de belles qualites; & qui ,. depuis dix ans qu'il etoit Archeveque , leur avoit temoigne mille bontes. xtvn. Dans cette derniere perfecution , ks de'le!t'.les reli^ieafes de P. R. des Champs , abandonncrs eurent Ta douleur de fe voir non-feu- rai/C&foia- lelTient abandonnees de leurs parens , citces par de mais meme follicitees par eux & par aiu amis, £Q j.aux amis a confentir a. ce qu'on exigeoit d'elles. La mere de Baudran Prieure de la maifon s'en expliqne ainfi dans une lettre du 29 mars a Mademoifelle de Joncoux. » C'eft « pour nous une grande confolation » de voir qu'au moins il y a quelques *> perfonnes, le nombre en fera petit -■j a la verite, qui prennent part a no- « tre etat, pendant qu'un grand nom- » bre nous condamnent. Nous avons » deja re§u plufieurs lettres des pa- m rens de nos fceurs qui font les plus » pitoi'ables du monde , & de per- « fonnes que l'on croioit autrefois » dans de Sons fentimens. M. Mali meme fi celebre par fon attachement & fes liaifons avec P. R. , follicite d'ecrire par M. de Noailles, parloic |
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III. Par.tie. Liv.I. Si
alnfi a l'Abbefle dans une lettre du
24 mars 1706 : 11 me paroit qu'en voulant s'attacker a ine re friction (la claufe fans diroger ) qui ne fen de rien 3 on fait voir beaucoup de pre- emption qui ne convient pas a des files religieufes, & c'ejl hater & pre'- cipiter leur ruine 3 que leur ennemis pourfuivent depuisf long-terns (40). |
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(40) Ce trait de foi-
bleiTe dans un homme tel que M. I/Tali , eft affli- geant , mais tout lecteur fenfe &i equitable ne le regardera avec nous que comme l'effet de la fur- ptife, ou de foil age avan- ce. II y auroit de l'injuf- tice d le regarder d'un autre cril, 8c d en prendre occalion de refufer i cet anc'un ami de l>, R. l'ef- time qu'il merite a cant de titles. » Dieu le cou- 33 duifit des fa plus ten- 33 dre jeuneffe dans la fo- 5) licude de P. R. des » Champs, pour parler a 3) ion cceur & lui faire 31 gouter des Mens qui 3i font au - deffus de la 3> nature & des terns. 11 3> lui infpira le delir de 3> s'y retirer fous la con- 3> duite des plus grands . 33 maitres de la piete , 33 pour y apptendte les 3) plus pures maximes de 3i l'Evangile 8c de la re- 33 ligion it enembrafla » ta ptatiqjau la plus |
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33 exa&e , par les exerci-
3> ces d'une auftcre peni- 33 tence , dans un age ou 3) Ton r.e penfe gueres 33 qu'a fuivre le torrent 3> des pallions «. ( Celt le temoignage qu'on rend dans le Neeroloste de P. R., de M. Jean IfTali , Avocar au Parlemenr de Palis , Confeiller & Se- cretaire du R.oi ). II pafla quelques arinees avec ccs giands peifonnages , vi- vant avec eux 8c comme eux. Ses heureux com- mencemens ne furent point dementis dans tou- te la fuite de fa vie. SI Dieu le tetira de la foil- tude pour le ptoduire fur le theatre du monde & le fervir dans des emplois feculiers, il parut comme ces citoi'ens de Jerufalem, auxquels il donne le ma- niement des affaires de Babi'.one. Ceux que Dieu lui a donnes pour la coii- duite de fon ame, lui one rendu ce teinoignage , qu'i/ a toujour* etc bon D v
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8i HlSTOIRE DE PoRT-ROlAL.
Les religieufes de P. R. recevoienr
encore des lettres de difFerentes per- fonnes , qui prenant le nom d'amis & remoignant compatir a leur etat , tachoient de les reduire par leur rai- fonnement & faifoient a leur egard la foncHon des faux amis d'Eleazar. La plupart de ces lettres ecrites, foic par des ennemis veritables, foit par de faux amis, etoient anonymes, & quel- ques-unes etoient llgnees par des per- fonnes qui meritoient de la conude- ration. Telle etoit une lettre du 3 avril adrefTee a l'AbbefiTe, dans la- quelle M. l'Abbe Mengui , qui s'eft lignale depuis dans 1'afFaire de la Confti ration , lui tenoit ce langage : » Je vois avec douleur l'agitation fa- » cheufe ou vous etes, & les fuites » funeftes qu'on en doit craindre. mari, bonpere, bon mat- fon coeur pendant fa vie ,
tre & ben parotffien , qu'il & leur donna ce cocur a
a ete jufte & iquitable , la mort , a'i'ant ordoune
humble Cfc. M. IfTali fit dans fon teftament, par.
toujours gloire de recon- lequel il leur legua iooo
noitre P. R. comme le liv., qu'il feroir inhume
fein dans lequel il avoit a P. R. des Champs. Son
ice engendre a J. C. 8c corps repofe a S. Ecenne-
d'en etre appelle I'ancim dii-Mom, fa ParoifTe. M.
Ami. 11 en prit hautement Iilali mourut age de 87
la defenfe dans les terns ans, le 30 juiliet 17071
les plus difficiles & fe fit Voi'ez le Necrologe , p.
un plaifir de le fervir dans 385 , les Mem. de M.
fes difgraces. II portoit Font. T. J. p- IJJ 5,1 «&•
toates les religieufes dans |
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III. Par tie. Liv. I. 85
f C'eft une chofe bien malheureufe "1:706. » que vous foyiez reduites a refufer » ce que Monfieur le Cardinal vous » demande , & que vous vous » priviez de fa protection par une » refiftance a fes ordres dans la con- » jonclure prefente. Vous favez mieux " que moi , qu'il ne faut pas fuivre » fes propres lumieres dans cette oc- » cafion n delicate, & que des Supe- » rieures y doivent peiifer plus d'une » fois quand il s'agit de facrifier une » niaifon , &c d'expofer une Commu- » naute compofee de plufieurs p'er- » fonnes, qui n'auront peut-etrepas " aflez de force pour foutenir toutes » les fuites d'un pareil engagement. Ce frit dans ces circonftances que le Confelfeur de ces faintes fitles ^cri- vit a un homme fage & eclaire pour- avoir fon avis afin de l'oppofer a ceux qui les blamoient. La maijbn que vous aime^ 3 lui dit-il (41) , n'a jamais eu plus de befoin du confeil de fes meil- leurs amis. Apres lui avoir expofe le fait, il finit ainfi fa lettre. » C'eft le » Confefleur du faint defert qui a » recours a vous au commencement » d'une tempete qui pourroit bien _ (41) Lettre de M. Marignier , du 6 avril 1706 3,
au P. Qjiefnel. D vj
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84 HlSTOIRE DE PoRT-ROIAt.
» par une fuite de fecoufles acheW
» ver de renverfer le vaiifeau : il » faut tacher d'y conferver jufqu'a » la fin aux depens de rout le refte, » la fidelite a la verite, a fa confcien- » ce, & la conformite aux fentimens » des anciens peres & meres , fans « neanmoins blefter les regies de la » prudence chretienne, qui ne veut » pas qu'on expofe pour rien & pour 5^ le refus d'un temoignage s'il eft " innocent, les precieux reftes d'une » fainte Communaute a etre excomu- " munies , difperfes & abolis fans » reftburce. Car en perdant tout fer » Ion le monde , il n'y auroit dans ce -w cas rien a gagner de la part de ** Dieu «. La reponfe a cette lettre fut des plus confolantes pour les re- ligieufes. Elles y trouverent non- feulement l'approbation, mais encore l'apologie de leur conduite &de leur fentiment qui y font juftifies par des raifons, folides & fans replique. Le lefteur eft en etat d'en jnger par ce que nous en avons rapporte plus haut pour juftifier la claufe fans diroger. Si ces pauvres filles etoient eprou-
vees par leurs parens & par leurs amis, memes , on pent bien juger que leurs «nnemis ne les epargnoient pas. Nan |
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III. P ART IE. Ziy./. Sj _______
contents de debiter contre elles tou- ijod,
tes fortes de calomnies, a la cour & a la ville , ils faifoient encore tous leurs efforts pour les priver de la con- folation &c des fecours qu'elles pou- voient recevoir de leurs veritables amis. Joignant la rufe a la violence , pour les ecarter de la maifon & les empecher de rendre fervice a ces vier- ges chretiennes opprimees , ils en- vo'ioient chez leurs amis (41) des bil- lets pour les avertir que leurs demar- ches en faveur des religieufes de P. R. etoient contraires ,-i leurs inte- rets ; & que s'ils avoient de la cha- rite pour elles , ils. devoient s'abfte- nir de les voir, de leur ecrire , & me- me de parler en leur faveur. Tandis que les homines cprou- xivnr.
voient ainfi ces faintes filles, Dieu ■ ancie'nnestet les vifita encore par lui-meme , enligieufes. leur envo'iant des maladies , & en leur enlevant par la mort quatre de leurs fceurs anciennes , qui moururent dans ce tneme mois d'avril, fans par- ler de la freur Antoinette de fainte Chriftine de Rehergues ('43) , qui'' (41) MM.-de Bragelo^ ces fortes de billets,
ne & le Noir, Qhanoines (45) Elle etoit fceur de-.
de Notre-Dame, amis de M. de Rebergue , moreen,
P. R., & d'antres perfon- inj6 a S. Lambert,, pres,
ties emote, ice, merit de P. K. Elle, ne quiua.ie
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t6 HfSTOIRE DE PoR.T-B.Ol At.'
""1706. etoit morte le 12. du mois precedent j
environ huit jours avant la declara- tion de la perfecution. On peut pen- fer que Dieu ne les avoit confervees jufqu'i ce terns dans de longues in- firmires , comme il eft dit dans un Necrologe manufcrit j que pour con- firmer & renouveller le temoignage qu'elles avoient autrefois rendu a la verite qu'on vouloit obfcurcir , 8c qu'il les a routes les quatre retirees des miferes de ce monde pour les mettre dans fon repos , lorfque 1'ou- vrage qu'il leur avoit donne a. faire, a ete accompli, xtrx. - La premiere des quatre anciennes La fccur *■ • 1 > -1 ' •
Fran^oife de <jui moururent au mois davril, etoic
fainte There-la four Francoife de fainte Therefe , alors Souprieure , fille de Meffire Maignard de Bernieres, Maitre des Requetes , fi celebre par fa piere. M. fon pere la mit a P. R. des l'age de quatre ans & demi (44). Elle y fut clevee dans la vertu par la fceur An- ne Eugenie de l'lncarnation Arnauld, monde qu'a l'age de qua- (44) Voyez la relation
rante ans, pour fe retirer des vertus de la fcecu' Fran-
aP. R. , ou elle prit l'ha- <;oifc de fainte Therefe,
bit le 9 novembre 1*74, Maignard de Bernieres,
St ptofedion le 17 jan- par la fccur le Feron r
vier i«7S , 8c monrut vies edif. Tom, i, p, 448.
agee de plus de 73 ans, Necrol. iji,
It-it nuts 170*. |
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III. P ARTIE. LlV. I. 87
maitreffe des penfionnaires , religieu-
fe d'un merite diftingue. Lorfque Mademoifelle de Bernieres eut at- teint l'age , elle prit l'habit de reli- gieufe a P. R., & fit profeffion le 19 mars 1659. Depuis fon entree en re- ligion on la vit toujours dans la pra- tique la plus exacte des vertus chrc- tiennes & religieufes , dont elle de- vint un modele fi accompli, qu'il ne falloit que jetter les yeux fur elle pour s'edifier & trouver de quoi imiter. La mere Angelique en faifoit une eftime particuliere , & la regardoit comme la digne heritiere de la piete de M. de Bernieres fon pere , & de Mad. fa me- re La parole de Dieu faifoit fes chaftes & continuelles delices j & comme elle fe nourriflbir fans cefle des verites. qu'elle y decouvroit, elle s'etoit ren- due capable d'en inftruire parfaite- inent les autres. Ceil ce qu'elle a fait a l'egard des penfionnaires pendant plufieurs annees, jufqu'en 1679 qu'on les fit routes fortir , & depuis leur for- tie , a. l'egard de plufieurs pauvres fil- les qu'elle inftruifoit des devoirs de la religion. Elle avoit un mepris extre- me du monde , de fon efprit & de fes maximes. Sa dependance , fa docilite & fon obeifiance enters les fnperieu- |
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88 HlSTOIRE" DE PoRT-ROlAE.
ljo6. res etoient admirables. On voi'oit en
elle la verite de cette maxime de M. de S. Cyran , que I'enfance naturelle paffe avec I'age _, mats que I'enfance chretienne croit a mefure que I'on croit en vertu. A un zele ardent & eclaire pour la
verite, ellejoignoitune humilitepro- fonde qui la faifoit fans ceffe recourir a Jefus-Cfirift par la priere (45) ,pour obtenir la force & le courage dans la perfecution ■, afin de demeurer fidelle jufqu'a la fin dans Vamour & l'atta- ch em ent a la verite aux dip ens de fa vie. Son detachement de routes chofes
& de la vie meme etoit ii parfait , qu'elle parloit de fa propre more com- me d'une action commune & ordinai- re de fa vie. Dans fa derniere mala- die, unefoeur lui ai'antpropofe de fe lever • me lever 3 dit-elle , me coucher & mourir, tout cela eft egal pour mot. A\ mt fa mort, Dieu la delivra des peines d'efprit dont elle etoit quel- cjuefbis agiteepar fa grande delicatef- (45) Elle fit fur ce fu- & en particulier de toures-
jet, dans le terns de. la les vierges chietiennes i
grande perfecuiion , en qui Dieu fait cette grace.
H66, une ties belle prie- C'eft ce qui nous engage a/
re,qui devroit etre entre Tinferer dans cette hiftoi-
les mains de tons ceux re. Voifz a la fin.du. Vo*-
qai ont le bontieur d'etre lurac
fcrfccuces pour la verite » |
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III. Partie. Liv. I. &9______
fe de confcience , & elle mourut dans i 706.
une grande tranquillite le 34 avril 170(3 , agee de pres de 67 ans. Six jours apres (le zo avril) la mort t.
enleva la mere Elifabeth de fainte ia mere bou- Anne Boulard , derniere Abbeffe de l*1^ • dt.ln'f' P. R. des Champs , a 1'age de 79 ans. P, r. des Cetoit une religieufe d'une verm & champs: fon 1, , , ■ P i- • r 1 "!e Pour la a une regulante extraordinaire j 11 ze- rfguiarite .-
lee pour les obfervances, que ni fonfon amou.r
r 1 a • ? ■ c ■ r • » ■ 1 pour la veti-
grand age , ni fes lnnrmites habituel- te,
les ne lui en firent jamais rien rela- cher. La nouvelle perfecution excitee contre la maifon, a l'occafion de la Bulle Vineam, ne fut pas capable d'al- terer la tranquillite de fon ame. Elle adoroit les deffeins de Dieu avec une foi ferme & une grande confiance, aflu- ree qull n'arriveroit que ce que fa fa- geiTe divine jugeroit a-propos de per- mettre. Elle conferva jufqu'a la mort un zele admirable pour la verite, & dans la femahie qui la preceda , elle ecrivit une lettre oil elle en parloit ainfi. » Pour ce qui eft des affaires de >•> l'Eglife, le Seigneur nous donne » fouvent des occafions de renouveller » notre foi , qui s'endort facilement » dans le.tems de la paix. Pour moi » il me femble que je fuis comme un » foldat qui a ete a 1'armee, 8c qui |
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5)0 HlSTOIRE OE PoRT-ROlAL,
iyo6. " defve toujour's d'y retourner, quoi-
" qu'il y aiteu beaucoup de mal j car » la feule penfee que je foufrirai en- =< core pour la vente , me remplit de » joie. jj, Un evenement extraordinaire arri^ Ivcnement v^ a la mort de cette abbefTe,donne lieu
arrive a la de croire qu elle rutprccieule auxyetix morcd lime- Jg £)ieu -y & il fervir en meme-tems ,,° iU' a confoler fes filles dans leur afflic- tion , en leur faifant voir que le fou-*' verain maitre de la vie & de la mort qui leur enlevoit leur mere , ne les abandonnoit pas pour cela, & qu'il fe fouvenoit d'eiles dajis fa mifericorde , puifqu'il faifoit des prodiges en leur faveur dans le terns que tout fembloit confpirer a leur perte. Cet evenement merveilleux eft ainfi. rapporte dans un Necrologe manufcrit de P. R. » Plu- » fieurs d'entre nous , & meme des » perfonnes du dehors entendirent » des chants melodieux par des voix » claires 8c extremement douces qui » raviflbient ceux & celles qui les en- » tendirent: ce que nous avons cru » etre une marque que Dieu nous » vouloit donner avis de la beatitu- » de dont il vouloit recompenfer la j» vie fainte & innocence de cette ex- » cellente religieufe. |
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III. Partie. Liv. I. 91
Dans le recit de ce prodige, fait par
une religieufe de P. R., il eft dit que eerte melodie dura fix heures & de- mie , tout le tems de l'agonie de la reverende mere abbeffe , c'eft-a-dire , depuis dix heures du matin jufqu'a quatre heures & demie du foir qu'elle s'endormit dans le Seigneur. Au recit de Pevenement font jointes les attef- tations de dix-fept perfonnes , qui de- pofent toutes avoir entendu ces chants melodieux (46). Nous en laiffbns le jugement au
lec"teur ; nous nous conrenterons de remarquer que S. Gregoire le Grand ropporteune femblable merveille ar- rivee en Efpagne , lorfque S. Herme- nigilde fuc martyrife j ce S. Pape l'a- voit apprife de S. Leandre, Eveque de Seville, fon ami. Nous pourrions en- core citer d'autres exemples , & en particulier ce qui arriva en Angleter- re a la mort de Robert Groife-tete , Eveque de Lincoln , la nuit du 8 au 9 octobre 1253. Enfin la mere Angeli- que de S. Jean nous apprend qu'a la mort de la mere Auguftin le Tardif, premiere Abbetfe triennal de P. R. , il arriva un prodige femblable a celui qui vient d'etre rapporte, lequel me- f4«) Vies cdif. T. i. f. j.18 , 3 38.. '
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92. HlSTOIRE DE PoRT-ROIAE.
rite d'autant plus d'attention , que
cinq ans apres lorfqu'on exhuma , en 1711 , le corps de la mere Boulard avec ceux des autres faints &c faintes qui repofoient dans ce fandtuaire, il fe trouva entier & fans nulle corruption. Cette fainte abbeiTe fut enterree dans le bas cote du ehceur avec une epita^ phe , qui deux ans apres donna occa- fion de former une accufation grave contre les religieufes de P. R. (47). |
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ce qu'il avoit foufFert
qu'on raft une telle Epi- taphe : le Prelat promif d'eclaircir lefait, & man- da a M. Gilbert qu'il fe {it donner une copie tie l'E- piiaphe deladerniere Ab- bede. On la lui envoi'a telle qu'elle fe lilbit fur la- tombe. Ce changement furprit le Cardinal. Conu me il avoit alors deux Ni- cotai'tes fur les lieux , M. Pollet & M. Efcolan , it les chargea de verifier la- copie fur f original de 1'E- pitaphc. (C'etoitun grand travail pour des Nicolai- tes.) Cependant a force d'examiner 8t d'y regar- der de pres , Ms vinrcnt a. bout d'apercevoir qu'il y avoit eu quelque cbofe d'ecrit deifous. lis en don- nerent auffi tot avis au Prelat , qui cnvoia le Scu'pt ur qui avoit grave TEpiraphe pour Lifter cs' qui deplaifoic |
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(47) On 1ft dans catte
Ipitaphe , telle qu'elle eft dans le Necrologe de P. R. , qu'elle vit Satan qui demandoir fes filles pour les cnbler eomme on ca- ble le froment : Vidit Sathanam expetentcfn fo- rores ut cribrartt quafi triticum. Ces paroles a- voient d'abordete gravees fur fa tombe , mais on les firprima, pourne pas don- Jier occalion a quelque malign:interpretation, 8c on y en fubftitua d'antres. Ce qui n'empecha pas que deux ans apres, des gens de mauvaife volonte qui avoient eu copie tie l'Epi- taphe avant qu'elle fut yefbrmee , accufeicnt les religieufes auprej de M. de Chartres. Ce Prelat ne roanqua pas d'en parler au Roi, co-mme d'mi at- tentat contre les puilfan- ces. Le Roi fe plaignit au Cardinal de tsoaiilcs de |
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III. Partie. Liv. I. 5)J
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Lorfque la mere Boulard etoit au 1706.
lit de la mort, la mere Prieure, Fran- £"*
c^oife-Madeleine de fainte Julie Bau- Anaftafc du-
dran etoit aulfi a l'extremite: ce qui mefn»l>nom*
l' uu rr r o\ f mee Prieure. engagea 1 abbeile (48) avant la mort
a nommer pour Prieure , la mere
Louife de faint Anaftafie Dumefnil,
la preferant a d'autres plus anciennes ,
a caufe de fon rare merite. Sa fagef-
fe , fon zele pour l'obfervance regu-
liere , fa fermete, fon amour pour la
verite , furent ce qui determina la
mere Boulard a l'elever a la dignite
de prieure que nous lui verrons rem-
plir avec tant de courage dans les
temps les plus difficiles & les plus
orageux. Lorfqu'elle apprit que l'ab-
belie venoit de la nommer Prieure,
elle vint fondant en larmes fe jetter
aux pieds du lit de la mourante , pour
la conjurer de ne la pas charger d'un
tel fardeau. Mais FabbefTe qui con-
(48) Ce futM. desEf- Ruth-d'Ans, qui apporra
fans qui l'y engagea , en fon cccura P. R.: s'aant
lui reprefentant que dans fixe a Paris au College de
les circonftances prefen- JLaon, fa rnaifon devint
tes, il y avoir du danger l'afile des affliges, enforce
a laiiler la communaute qu'on lui donna le titre de
fans chef. M. des Efforts Pcre des hotes. L'Auteur
avoit etc Dire&eur des re- des Mem. hift. place fa
ligieufes de Juvigni, puis more en I7i7> fans cepen-
compagnon de 'M. Ar- dant fixer 1'annee ni le
/lauldjdansfonexil. Apres jour, & croit qu'ilrepofe
la more de ce grand horn- a S. Etiennc-du-Mont. T,
rae , -il accompagna M. 7. p. 470 ,475.
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94 HlSTOIRE DE PoRT-FvOlAl,
"iyo6. noiflbitfon merite perfifta , & ellefut
obligee de 1'accepter, mi. La mere de Baudran ne furvequit Moitdek e-2 iieures a la mere abbefTe , &
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mere
Ova;
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de Baa- 1 ~ • t \ /- i 1
, Prieu- mourut le 11 avrii a lix neures & de-
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re de p. r. mje jju £0jr j s ja ,jp annee de fon
«bs Champs. ■ n~' i
age , donr elle en avoir paiic 50 dans
la religion. Elle fortit a l'age de 14 ans des Urfulines de Lyon, oii on lui avoit donne des preventions contre les religieufes de P. R. des Champs, pour (49) venir demeurer dans cette lainte maifon oil la providence l'ap- pelloit. A l'age de 17 ans, Dieu lui infpira le deifein d'etre reiigieufe j & le changement qu'on vit en elle fit bien voir que ce delTein venoit de lui, & qu'il lui parloit au cceur. Elle fut recue au Noviciat a dix-huit ans & demi, le 25 mars 1658, & fit pro- feifion le premier mai 1659 , le me- me jour que Madame de Chaze. Pour i'affermir dans la vertu par
des epreuves, on la mit, peu apres fa profellion , pres d'une perionne d'une Iiumeur aifez propre a exercer les au- tres -j & elle s'y comporta avec rant de fagelTe , que Ton eut lieu d'etre content & edifie de fa conduite. Elle pafia enfuite fucceilivement
(4?) Vies edi£. T. 3. p. <!$. Necr. p. iffy,
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III. P A R T I E. L'lV. I. 9 5
dans les emplois de rouriere , cele- \-jo6.
riere , infirmiere , enfin de Prieure , & remplit routes ces charges avec beaucoup d'edificarion. Elle avoir de l'intelligence , de la douceur , une grande charire pour le prociiain , un genie eleve , mais humble , doux & compariflanr pour les aurres, quoique tres fevere pour elle-mcme & rres morrifiee. Elle eroir toujours occupee, ou a la priere , ou a la lecture , ou a 1'ecrirure, ou au rravail des mains, dans rous les momens que fes em- plois lui laifToienr libres. Dieu l'e- xer^oir fouvent par des maladies & des infirmites qu'elle fouffroit avec beaucoup de parience. Sa derniere maladie fut rres douloureufe j & quoi- qu'eile ne lui donnat pas de relache , fon cceur etoir roujours occupe de J. C. Elle prioir fes fceurs de l'enrre- renir, leur marquant les plus beaux endroits de L'Ecriture dont elle fou- haitoit qu'on lui fir la lecture. Elle mourur dans ces fainre" difpoiitions le zi avril 1706, & fur enrerree avec l'Abbeffe. Deux jours avanr la morr de ces
fainres religieufes , la fceur Ifabelle Agnes le Feron parloir ainfi d'elles |
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<)6 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAE.
1706. dans une lettre (50), & de la fituation
011 la maifon etoit reduite par les maladies & les ravages de la more Dieu nous vifite en bien des ma- nieres , & je ne fais , Monfieur, ce qu'il veut raire de nous. II joint a routes nos afflictions la perte des principales perfonnes de la mai- fon. Vous avez fu celle de ma four Francoife-Therefe ; & prefenre- ment, depuis vendredi dernier , la mere Prieure eft fl mal , qu'elle recut fes Sacremens hier apres Ve- pres, & Ton n'en efpere rien. Et, ce qui eft encore plus defolanr dans la conjoncture prefente , norre me- re eft auffi tres mal dune fluxion fur la poitrine; & cela enfuite d'un rhume qu'elle a porte plufieurs mois & tout l'hiver quafi ». La four Ifabelle ajoutoit a la fin de fa lettre , que ces deux meres etoienr dans une paix & une tranauilliti mer- veiUeufe. nv. II y avoir encore d'autres malades Femnffavl-^ P- R- '■> la feur 1{abelle le Feron qui
ration , fa mandoit ces facheufes nouvelles, ctoit vcrtu. ejie _ m£me incommodee , comme elle le dit : l'evenement le fit voir j
(jo) Lettre du iy Ayril. car
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111. Partil Liv. I. 97
car a-peine vecut-elle huit jours apres
avoir ecrit fa lettre. La foeur Ifabelle Agnes le Feron ,
avoir ete mife a P. R. des Champs des l'age de fept ans en 1640, & elevee parmi les penfionnaires par la foeur Anne-Eugenie de l'lncarna- tion Arnauld (51). Apres bien des ir- refolutions, elle fe determina par l'a- vis de la mere Angelique a etre reli- gieufe, & prit l'habir le i4feptem- bre 1651. Ses irrefolutions & fes pei- ■nes conrinuerenr pendanr le noviciat, & elle fenroir toujours une extreme repugnance a. etre religieufe. Ses pei- nes meme bien loin de diminuer croiffoient a mefure que le jour de fa profeffion approchoit. Ce jour etant arrive, elle avoit comme une efpece de fritTon lorfqu'il fallut aller a l'E- glife pour la ceremonie. Ce qui fut caufe qu'on ne la fit defcendre que lorfqu'on commenc,oit la MetTe. En entrant dans le chceur, elle fe fentit toute renverfee , ne pouvant fe foute- nir, enforte qu'elle fut contrainre de demeurer affife fur fes jambes jufqu'au Gloria in excdfis. Un peu apres , elle penfa qu'il falloit prendre courage (51) Voiez la relation de fa vie , par M. Euflace ,
T. i, des vies edit", p. 388 & fuiv. Tome-JX. ' E
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98 HlSTOIRE DE PORT-Ro'lAl.
&C qu'elle devoit etre bien confufe
de ne pas etre a genoux durant une telle action. Aumtot elle fe leva & fentit en elle-meme dans cec inftant un fi grand changement & dans fon corps & dans fon efprit , qu'elle le regarda comme un miracle de la tou- te-puilTance de Dieu & de fa miferi- corde, qui change quand il le veut & en la maniere qu'il lui plait, les volontes les plus rebelles , & leur fait faire tout ce qu'il veut malgre leurs refiftances & toutes les oppofi- tions que leur infidelite & leur in- gratitude peuvent apporter a la force &c a l'operation de fa grace. La foi- blelfe ou elle etoit s'evanouit, & elle demeura perfuadee qu'elle etoit dans Fetat ou Dieu la vouloit; & la joie fucceda a fa trifteue & a fon ennui, ainfi. que M. Arnauld le lui avoir marque , comme par efprit de pro-* phetie , ce mane jour avant la cere- monie (51). La Providence n'a pas permis qu'on ignorat toutes ces cir- conftances , & plufieurs autres , la fceur le Feron les aiant mifes par ecrit, afin de fe fouvenir de la vidtoi- re que Dieu lui avoit fait remporter (!») Le;ire 51, da 11 fejitcmbre i«j;. T. $.
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III. P A R t i e. Liv. L 99
fur elle-meme. C'eft en effet un des
grands exemples qu'il y ait de la vio- lence & de l'opiniatrete des revokes de la nature contre la voix de Dieu qui appelle a lui , & une des plus fenfibles preuves de la puiflance de la grace fur la nature pour la rompre & la foumettre a. la vocation de Dieu. On ne peut gueres douter de la veri- te de cette vocation, en voiant apres tant de fi rudes & de fi longs com- bats une vidtoire fi parfaite , qui fait fucceder la tendreffe d'une humble reconnoiffance a l'infenfibilite & a l'obflination de l'infidelite & de i'in- gratitude j une confolation & une joie fans interruption aux ennuis & aux triftefles qui avoient feche les os; enfin une pleine & entiere foumiffion a la volonte de Dieu , aux repugnan- ces & aux degoiits, par lefquels l'en- nemi du falut avoit voulu traverfer 1'oeuvre de Dieu. Tant de faintes ames qui s'interefToient a la fceur le Feron -y M. de Bagnols , dont elle etoit fille fpirituelle (53); la mere Ange- lique qui l'appelloit fon enfant; M. de Saci, &c. lui obtinrent du Ciel cette grande grace. Elle fit profefllon ■ (,'3)"Let. de M. de Saci a M, de Bagnols, du i*
fcptembte 1651, ib, p. 377. E ij
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IOO HlSTOIRE DE P0RT-H.OUI.
Ie 21 feptembre 1653, & non le 20
aout 1654, comme le marque le fup- plement du Necrologe. Son talent n'e- roit pas celui de Marie, mais celui de Marthe. Elle y fut toujours occu- pee en qualite de celleriere, & s'en acquitta avec beaucoup d'efprit. Des la premiere perfecution de l'an 1664, elle fe diftingua parmi fes fours par fon amour & fon zele pour la verite, furtout apres l'enlevement des fours Euftoquie & Chriftine Briquet. Alors elle prit la place de ces deux heroi- nes 5 & remplie du meme zele , elle fit paroitre le meme courage & la meme intrepidite. Elle fut par-la d'un grand fecours pour la Communaute, tant par fon exemple que par fes pa- roles , encourageant celles qui etoient fermes, foutenant les foibles , & ai- dant celles qui etoient tombees a fe relever. Grand nombre de letnes qu'elle ecrivit alors ( fpus le gouver- nement de la mere Eugenie), font de precieux & glorieux monumens du zele, de la piere , & de l'efprit d$ celts fainte religieufe (54). Elleavoit (54) VoYei les relations fervi de M. d'Angers,
ia-4w. Recueil contenant pour donner femence a la
Us lettres ; il y en a une vocation Jans un etat &
du cjlc die, que Dieu s'elt dam un lieu ou il n'y g
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Ill; Par tie. Lip. 1. tot
deja efTuie le feu des deux perfecu- tions , lorfque la Bulle Vineam en occafionna une troiueme , dans la- quelle Dieu lui fit la grace de rendre uti nouveau temoignage a la verite : non-feulement elle le rendit , mais elle eut encore l'avantage d'etre la premiere qui donna ce fage avis qui fut fuivi & fervit de regie de con- duite , favoir » qu'il ne falloit rien » faire , ni prendre aucune part a ce " qu'on demandoit , qui put preju- « dicier a. l'ancien temoignage qu'on " avoit rendu a. la verite , ni blefler » la confcience, & qu'il falloit pren- » dre du tems pour prier Dieu , fe- « Ion qu'on avoit coutume a P. R. » de le faire dans les chofes impor- » tantes. Comme elle avoit toujours beau-
coup aime la verite , fon corps ne put refifter a la trifteffe que fon ame con^ut de la voir opprimee dans cette derniere affaire. Cela lui caufa une oppreffion & un ferrement de cceur, qui l'etouffoit& l'obligeoit de fe lever prefque toutes les nuits, comme elle le niarquoit dans une lettre a un ami, eu , dk-elle , quune mife- m'y ait engagee s & com-1
ricorde & une providence me malgre moi. toute extraordinaire qui E iij
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102 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAl.
i yo6. k conjurant de demander a Dieu qu'i!
la difpofat a la mort. En effet elle en etoit tres proche, ai'ant a peine fur- ■vecu huit jours. L'Arret du Confeil qui lui fut fignifie le z 3 avril, n'y contribua pas pen. Elle monrut trois jours apres , le 16 avril, dans la foi- xante & treizieme annee de fon age , Sc dans la cinquante-troifierne de fa profeffion. II y a lieu de croire que <fa verite qu'elle avoit toujours tant ainaee pendant fa vie , l'a delivreedes miferes de ce monde, pour jouir du foonheur de l'autrre , felon la promefTe •de Jefus-Chrift. II nefaut pas oublier la grande obligation que nous avons a. la four Ifabelle le Feron , de nous avoir conferve des manufcrits &c d'a- voir dreflfe des Memoires qui ont mis en etat depuis fa mort de compofer le Necrologe de la fainte maifon de P. R. •) ouvrage le plus edifiant & le plus excellent qu'il y ait jamais eu en ce genre, tv. Au milieu de ce trifte & affligeant coifp'Ii" tl fpec^ac^e de maladies & demorts (5 5),
i'aic defeBls
at rerevoir (f;)M. Gilbertvoulut, religieufes depuis le re-
des Novices. Jans une conveifation du fus qu'elles avoient faic 19 avril avec M. de faint de faire ce qu'on leur de- Cfaude , faire regarder mandoit. // eflfiirprenantr comme une punition de dit-il, que depuis le refus Dieu, la more de tant de des religieufes , il enfiit |
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III. Par tie. Liv.i. 16$ ______
qui mettoit La confirmation dans le ijo6,
monaftere de P. R. & touchoit fi vi- vement les autres religieitfes par la perte de leurs anciennes meres & fur- tout de l'Abbefle, Dieu permit qu'el- les euffent encore ,un nouveau fujet d'affliction , par la fignification d'un Arret du Confeil portant defenfes de recevoir des novices. Cet Arret fut la fuite & l'effet du compte que M. le Cardinal de Noailles avoir rendu au Roi de ce qui regardoit P. R.; favoir « qu'il n'avoit pii obtenir des » religieufes ce qu'on demandoit d'el- " les, parcequ'elles ffe fondoient fur » one Sentence de M. de ;Perefixe , » qui regloit leur etar a ce fujet ; « qu'on pourroit terminer cette affai- « re fans eclat, que tout feroit bien- » tot fini, pareequ'etant routes vieil- » les, elles mourroient bientot, & » qu'il leur etoit defendu de rece- » voir des novices. Mais, dit le Roi, iln'y a point d'Arret qui leurfajfe cette defen/i , il en faut donner un. II fut effedfcivement donne bientot apres, mort un fi grand nombrc : » les font mortes. Il eft
5> Il eft bien plus furpre- » bien a fouhaiter que
r> nam , repondit M. de 3) leurs perfecuce'irs meu-
j> S. Claude , de voir la j> rem avec la meme pie-
j> tranquillite & la con- » te.
» fiance avec laquelle el- E iiij
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■-- ■
!
^_____ r°4 HlSTOIRE DE PORT-ROIAL.
17o6. c'eft-a-dire, le 17 avril, & fignifie Ie
23 du meme mois a la foeur Elifa- beth Agnes le Feron , celleriere. La defenfe de recevoir des novi-
ces avoir ere faite des l'an 1679 y mais elle n'etoir que verbale. Depuis fept ou htiir ans on preflbit Sa Ma- jefte de le faire par un Arret en for- me ^ M. le Cardinal l'avoit toujours empeche ; enfin il y confentit. Ce fiit la premiere punition de la claufe fans deroger que les religieufes de P. R. vouloient joindre a l'acceptarion de la Bulle. Cet Arret les affligea beaucoup, non-feulement par la defenfe qu'il porton, mais encore plus par le mo- tif de cette defenfe. » Le Roi, dit l'Arret, eiantinfor-
» me qu'il s'eft repandu, il y a deia » quelques annees, dans le monaftere » de P. R. des Champs une doctrine » mauvaife & contraire aux deci- » fions de l'Eglife fur le fait du Jan- « fenifme, laquelle bien loin dese- " tre difllpee par les foins qui ont » ere pi-is jufqu'a prefent a cette fin , " s'eft au contraire tellement fortifiee » par le terns , que les religieufes » dudit monaftere fe font portees » depuis peu jufqu'a refufer de fe » foumettre a la Conftitution de no- |
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III. P A r t i e. L'ty. I. 105
m tre faint Pere Clement XI, du mois » de juillet 1705 , acceptee par juge- » ment & deliberation de Paflem- » blee generale du Clerge de France » du 22 aout dernier , & y ont vou- » lu apporter des reftriciions con-- « damnees par le jugement de toute » l'Eglife , & capables d'en troubler la » paix.A quoi etant neceflaire de pour- " voir, & empecher qu'une defobeif- » fance auffi fcandaleufe ne fe per- » petue, Sa Majefte etant en fon Con- » fed, a fait & fait tres exprefTes in- » hibitions & defenfes a rAbbefTe & " religieufes du monaftere de P. R. » des Champs, d'y recevoir aucune » novice ,jufqii'a ce qu'autrement en » ait ete ordonne par Sa Majefte. » Le vingt-troifieme jour d'avril
» 1701? , PArret ci-delius tranfcrit » a ete , de Pexpres commande- » ment du Roi, fignifie, & d'icelui » laifte la prefente copie aux fins des » defenfes y portees auxdites Dames « AbbelTes & religieufes du monaf- » tere de P. R. des Champs , parlant » a la celleriere, nominee dans Pori- » ginal'audit monaftere, ace qu'el- » les n'aient a y contrevenir , par » ndus Huiffier ordinaire des Con- » feils de Sa Majefte, foufligne. Si- » gne Denis. E v |
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I0<? HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt;
^'ijQo'. Trois jours apres la iignificatiora
de cet Arret, la fceur Ifabelle-Agnes. le Feron , a qui elle avoit ete fake, mourut comme nous l'avons deja re- marque. Qui ne voit que ce font ces attaques redoublees , & la vue des maux a venir, qui emporterent en fi peu de terns quatre des anciennes religieufes , du nombre defquelles etoient l'Abbefle & la Prieure (56) ? la nouvelie: Auffitot qu'on eut rendu les der- '*"!''"!' niers devoirs a ces deux dienes Su~ a U deNoail- . £> .
les pour lui peneures , la mere Louile de oainte
ic™ande; l't Anaftafie Dumefnil , que l'Abbefle nouvelie Ab- etant au lit de la mort avoit nominee fceMe.. Prieure , ecrivit a M. de Noailles pour Finformer de la mort de la mere
Boulard , & pour le fupplier d'en- voier quelqu'un felon la coutume, pour a (filler a Felection d'une nou- velie Abbefle & la confirmer en fon nom : elle prioit en meme-tems fon Eminence de la decharger du poids de fa nouvelie charge de Prieure. Sa lettre etoit du 23 avril. M. de Noail- les n'y fit point de reponfe , & fit feu- lement declarer le 29 avril au retour {ij6)L'dge availed de ces ter la violence agitation
quatre anciennes , dit la que Uur caufoit la vue de.
were Prieure dans line let- tout les maux ou cette nou-
• tre du 16 mai a M, de vclle fiooujfe les alloit.eji-
■*ioaj!Ie.s,. n'a pit fugpor- pojhr.
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III. Part ie. Liv.L to?
de Verfailles , par M. Gilbert ^ que pour le prefent il n'y avoir rien a fai- re pour l'election d'une Abbeffe. La Prieure reitera fa demande plufieurs fois , mais toujours inutilement. Son Eminence ne rendit meme aux reli- gieufes aucune raifon de fon refus, n'en aiant fans dome que de fecretes. Mais quelles qu'elles fuflent , elles n'ont fait qu'ajouter une nouvelle nullite a tout ce qui s'eft fait depuis contre P. R. des Champs, & contre les re- ligieufes de cette Abbai'e, en les met- tant par- la hors d'etat de fe defendre juridiquement , puifqu'il eft defendu par le droit de rien innover , le liege vacant : fede vacante nihil Innovetur, furtout quand c'eft au prejudice du fiege & du corps du Chapitre & de la Communaute qu'on veut innover. Ainu le defaut d'Abbeffe a P. R. des Champs , defaut qui ne venoit que des Superieurs, lefquels fans aucune raifon ont refufe la permiffion d'en elire une; ce defaut, dis-je , par le- quel ils fe propofoient d'executer tvrr. leursdeneins, rend nul de plein droit ,J£*s^ tout ce • qu'ils ont fait contre cette r, fans Ab- c • ■ r befits, ce qur
fainte mailon. rend ™i toW
Mais ce qui eft remarquable , celt ce qui s*
que Dieu a permis que ce meme de- {^dc v"'
E vj
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faut fe trouvat auffi du cote des reli-
gieufes de P. R. de Paris, car elles etoient & furent fans AbbefTe depuis environ le mois de juin i7o6,jufqu'a 1709. II y avoir long-terns qu'on preffoit la Dame de Chanvallon , nie- ce M. de Harlai, de donner la demif- jfion de fon Abbai'e qui etoit dans un trifte etat par fa mauvaife adminif- tration. On la lui arracha enfin moi'en- Oant une penfion, 8c on nomma a fa place au mois de juin ( 57), la Dame deChateau-Renaud, niece du Mare- chal de ce nom , Prieure ou AbbefTe du monaftere de Monfors a Alencon, ordre de faint Benoit, qui depuis long- tems cherchoit un benefice a Paris , 8c qui avoit deja manque le Prieure de Bon-fecours dans le Fauxbourg S. Antoine (58). Mais elle futplusde deux ansfans pouvoir prendre pofTef- fion de FAbbaie de P. R., aiant eii befoin d'un Bref du Pape pour chan- ger d'ordre , & aiant ete obligee de iaire un noviciat qu'elle recommen- ce deux fois. Elle fut d'abord en (f 7) Sa nomination eft intereflant de Mademoi-
annoncee dans la Gazette telle de Joncoux , concetr-
du tSjuin 1706. nant Madame de Roulle-
(5?) Voi'ez dans les let de Cbateau-Renaud *
Mem. bift. T. ;. p. 543 , & les affiutes de P. R. des
56? 1 un recit curjeiu 8c Champs..
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III. P A R T I E. L'lV. T. I Of)
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depot dans la Communaute de fainte 1706.
Agnes jufqu'au 10 d'aout, qu'elle en- tra au Sang precieux, rue de Vaugi- rard, Fauxbourg S. Germain, ou elle commence fon premier noviciat. Elle Jit gh. entrant cjuc 5 >■» M. le Cardinal » lui avoir recommande de ne rien » faire qui put la fatiguer , ni alterer » fa fante, mais de conferver fes for- => cespourP. R. «. Madame deCha- teau-Renaud obferva fi exactement ce qui lui avoir ete recommande , 8c menageade telle forte fes forces , qu'il lui fallut faire un fecond noviciat. El- le le recommence done a P. R. de Paris, ou elle ne fut pas refuefans dif- ficult , ni d'une maniere fort canoni- que (59). Ainfi les deux monafteres de P. R. des Champs 8c de Paris, etoient l'un &c l'autre fans AbbefTe ; & par confequent le violement de la regie de droit, Jede vacante nihil in- novetur, fait un abus qui rend nul tout ce qui s'eft fait pendant la va- cance. La mere de fainre Anaftafie n'ai'ant LvlIi;
, , r \ 1 1 > 1 !■» Prieura
point recp de reponle a la lettre qu el- de p. r. de»
Champs re-
(19* Hid. abr. deP. R. s'en etant rapjortee a M. nouvelle fej p. 70. Voi'ez T. 5. des de Noailles, par l'avis de inftancespoul mem. hill. p. 529 , 140 , M. Courcier , qui ptcfi- 1'election d'&- de quelle maniere elle fut doit a rafTemblee. ne Abbei&» ce$uc, la Communaute
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XIO HlSTOlRE DE PoRT-ROIAI.'
17©6. le avoit ecrite a M. de Noailles apre?
la mort de la mere Boulard Abbefle, lui en ecrivir une autre. On voit par Ies Journaux de ce qui fe pafToit alors a P. R. que la Communaute eut beau- coup de peine a fe determiner a ecri- re, par la crainte des mauvaifes fui- tes. Ce fut M. Mabille (66), qui en- gagea a le faire par deux lettres qu'il ccrivit, Tune le 7 , l'autre le 11 de mai , dans lefquelles il faifoit voir que les religieufes etoient dans l'obli- gation de fe juftifier des imputations de 1'Arret par lequel leur foi eroit difFamee & fletrie, &c qu'elles de- voient continuer de faire des pour- fuites pour obtenir la liberte d'elire leur AbbelTe. La mere Prieure ecri- vit done le 16 mai a M. de Noailles line feconde lettre au nom de la Com- munaute. Elle lui reprefenta d'abord, {tour tacher de le toucher, l'exces de
a douleur dont elles font accablees («o) Ce M. Mabille qui chargea le Cure de dire k
avoit coutume depuis 4 M. Mabille de n'y point
ou f ans d'aller pailer aller parceque cela pour-
I'o&ave du S. Sacrement roit le faire remarquer, &
a P. R. des Champs, ai'ant que d'ailleurs il fe ctoioit
averti M. Vivant, Cute oblige de priver les reli-
de S. Leu , qu'il feroft ab- gieufes des Sacremens, i
fent.pendant cstte o&ave, caufe de leur defobeilTail-
lc Cure en infornia M. de ce.
JJoailles , 8c le Prelac |
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III. PA.-s.-Tri. Liv.L nr _______
par la perte de quatre de leurs plus i joS,
dignes meres que la morr leur avoit enlevees en moins de qitinze jours, n'aiant pii fupporter 1'image d'une entiere defolation, dont elles eroient menacees depuis quelque terns. Puis elle ajoute qu'elles one encore rec,u un coup bien plus rude par 1'Arret du Confeil, qui, en leur faifant de- fenfes de recevoir des novices , atta- que encore leur foi en les accufant de mauyaife doctrine fur le fait du Janfe- nifine, quoique leur innocence ait ete juftifiee de la maniere la plus claire & la plus authentique par la Senten- ce de M. de Perefixe ^ & que depuis ce terns, elles n'aient donne aucun pretexte de former contre elles de nouvelles accufations , ne s'etant rien palTe dans leur monaftere de contrai- re a la fincerite de la declaration fur laquelle ce Prelat avoit rendu temoi- gnage a leur innocence , & a la purete de leur foi. Pour arreter les calomnies de leurs ennemis qui ont furpris la religion du Roi, & qui pourroient publier que l'autorite feculiere & ecclefiaftique agiflent de concert pour detruire leur maifon , en confe- ^uence des defordres qu'ils preten- di'oient qu'on y auroit decouverts, |
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T 11 HrSTOIRE DE PoR.T-R.OlAL.
elles fupplient fon Eminence de pre-
fider le plutot qu'elle pourra par elle- meme, oii par un ecclefiaftique corn- mis de fa part, a l'eleclion d'une Ab- befTe. Pour l'engager a y confentir, elles lui reprefentent les mauvais ef- fets qu'un refus , ou meme un delai de fa part, pourroit produire, parce- que ceux qui ne leur font pas favo- rables, ne manqueroient pas de Tin- terpreter & de le faire regarder com- me une marque que fon Eminence elle-meme ne fait pas difficulte de concourir a I'extinclion de leur infti- tut. Elles favent bien que fon Emi- nence n'eft pas capable de leur vou- loir ni de leur faire du mal , mais elles la fupplient de n'en pas demeu- rer la , &c d'empccher en qualite de leur pere & de leur partem: , que d'au- tres ne leur en falTent un aiifli grand que celui de les decrier fur l'integrite de leur foi. Car ces perfonnes, di- fent-elles , n'auroient pas de peine a fe faire croire, en publiant qu'il n'y a pas d'apparence qu'on imputat aux religieufes de P. R. une mauvaife doc~ trine dans, un a&e auffi public que Feft un Arret du Confeil, fans que leur Archevcque & leur Superieur. ait etc confulte , & eut fait les infor- |
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III. P A R T I E. Lh. I. 11 J
mations neceffaires; 8c que fans dou- 1706.
te il n'abandonndit fes propres filles,
que parcequ'il s'etoit convaincu par
des voies canoniques,qu'ellesetoient
coupables. Apres avoir expofe leurs
raifons5ellescontinuentainfi.» Com-
» me apres la confiance que nous
» avons en Dieu , nous avons droit
» d'attendre tout de votre Eminen-
" ce , nous vous fupplions, Monfei-
» gneur, avec larmes, & nous vous
» conjurons par la mifericorde du
» fouverain Pafteur , qui a donne fa
" vie pour fes brebis , d'etre notre
« refuge & notre appui dans une fi
» violente teinpete , & de changer
» les paroles dures & les outrages
» dont on veut nous accabler , en
» des temoignages de bienveillan-
« ce, de juftice & de paix. Que la qua-
» lite de filles & de brebis que nous
» avons & qui fait entrer votre Emi-
" nence dans tous les fentimens de
» la tendreffe & de la charite pater-
« nelle & paftorale , nous falfe obte-
" nir d'elle la permiffion de lui par-
» ler comme a Notre-Seigneur Jefus-
» Cbrift meme, dont elle exerce en-
» vers nous le faint miniftere, 8c de
» lui dire ce que nous difons a Dieu
» dans nos pfeaumes : oui, Monfei-
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114 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAi.
» gneur , fi nous avons fait ce qu'ort
" nous reproche , nous confentons a » fuccomber avec juftice fous nos en- « nemis fans honneur & fans gloire ; » qu'ils pourfuivent notice ame, qu'ils " foulent aux pieds notre vie fur la » terre, & qu'ils enfeveliffent notre " gloire dans la poufliere. Mais fi » nous fommes innocentes, comme » votre Eminence le fait, de l'accu- " fation horrible qu'on repand eon- « tre nous , qu'elle fe leve dans fa " colere, & qu'elle fignale fa puif- » fance contre nos ennemis. Reveil- » lez-vous pour nous defendre, 8c » jugez-nous felon notre juftice, & » felon l'innocence qui eft en nous. » Nous efperons done, Monfeigneuf, " que toutes ces conliderations dif- ;> poferont votre Eminence a differer » le moins qu'il lui fera poifible de » nous procurer le mo'ieft de faire no- » tre election en la forme accoutu- » mee. C'eft la grace que je lui avois « deja demandee par la lettre que » j'ai pris la liberte de lui faire ren- » dre il y a quelques jours , ne con- " iiderant alors que mon incapacite » & ma foibleffe , & que toute la » Communaute m'oblige maintenant w de demander avec plus d'inftance » en fon nom, &c. |
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III. P A R T 1 E. L'lV. I. I1 £
M. de Noailks ne repondit point ij06.
par lui-meme a une lettre fi touchan- lix. te ; mais M. Gilbert, i qui les reli- vie^ ?£b£ gieufesavoient auffirccrit en lui adref- ten mai, de tent la lettre au Cardinal , pour le Jj.^SriSS^' prier en qualite de pere , d'appu'ier leur demande aupres de fon Eminen- ce , vint de fa part a P. R. le asi du meme mois , faire une reponfe de vi- ve voix. La riponfe fut, que M. le Cardinal ne vouloit point qu'elles fiflent l'eledbion d'une Abbeffe , &c que c'etoit la volonte du Roi ; que lbn Eminence n'avoitpa^ ignore 1'Ar- ret du Confeil rendu contre elles -f qu'apres s'y etre oppofee pendant fix ou fept ans, elle avoit cru ne devoir plus s'y oppofer ; qu'elles l'avoient mis dans rimpuiiiance de les fecou- rir , par la claufe qu'elles avoient ■ ajoutee a leur certificat, que c'etoit ce qui l'avoit engage a confentir a 1'Arret du Confeil du 17 avril; qu'el- les etoient des defobeiiTantes a 1'E- glife ; que toute la grace que fon Eminence pouvoit leur faire, etoit de les killer mourir en paix dans leur maifon , fi cela dependoit de lui (61), mais qu'il ne repondoit de |
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(«i) M. de Noaillcs etoit -il perfuade que par
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I 16 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAi;
1706. rien (62). " Mais pourquoi, conti-
» nua le Superieur, ne voulez vous » point obeir au Pape, puifque les n Eveques, la Sorbonne , &c. 1'onc » fait ? On vous allure de la verite i> de ce qu'on exige de vous, & on » doit fe foumettre a fes Superieurs. » Nous ne'pouvons, repondirent les n religieufes, afTiirer une chofe que » nous ne favons point. La non- « creance d'un fait ne doit pas ten- s' dre notre foi fuipecte. D'ailleurs « nous ne contredifons pas nos Su- » perienrs, & c'eit par ce filence que » nous temoignons notre relpedt. IX Ces faintes filles furent extreme* loy/tiq^des'^ent affligees des difpofirions de M.
religieufes deJe NoaiHes ^ [ent eVard • elle$ fe con_
P. R- des , . o ■> , • , cbsmps4m.tenterent neanmoihs den gemir de-
deNoankr- vant Dieu , & demeurerent dans le
filence depuis le 22 mai jufqu'au 20
juillet fuivant ( 63 ) que ne croiant
une telle conduite il fern- (Si) Nous verrons dans
pliroit les devoirs d'un la fuite M. !e Cardinal
ton Pafteur' Les leligieu- citer cet entretien comrne
fes de P. R. etoient, Ou une premiere monition
coupablcs, ou innocen- canooique, dans l'ordon-
tes. Si elles eroient coupa- nance du j j novembre
bles, devoit-il les Iaiiler J707.
mourir en paix fans faire (tfjJDanscetintervalle,
fes efforts pour ies tirer de elles apprirent le 10 , fans
l'erreur >. a* elles etoient neanmoins heaucoup de
innocentes , devoit-il les certitude , que M. l'£ve-
abandonner & les lailler que de Cliartres avoir i-
dans l'oppreffion i crit a Rome contre d)es;
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III. Partie. Liv. I. 117
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pas le devoir garder plus long-tems, j 706.
elles lui ecrivirent une ores belle let- tre contre les imputations de mau- vaife doftrine , & pour juftifier la claufe^/2.5 deroger , qui en etoit le pretexte. Elles font voir d'abord com- bien elles font expofees auxcalomnies de leurs ennemis, par le projet de lArret qui etoit forme depuis fix ou fgpt ans j circonftance qui prouve que ce n'eft pas la claufe Jans dinger, qui leur a attire cet Arret , puifqu'on y travailloit tant d'annees auparavant, quoique d'ailleurs elles n'aient don- ne aucune occafion d'attaquer leur foi & de la decrier par un a£te pu- blic. M. de Noailles lui-meme leur avoit rendu juftice auparavant en par- lant avec eftime de leur Communau- te, en difant qu'il n'avoit leur foi non plusjiifpecle que leurs m<zurs. Elles font d'autant plus fenfibles a l'aban- donnement oil les laiffe leur Arche- veque, que n'ai'ant nul acces aupres que le Pape aiant lii ce dit A fa Saintete qu'elles
quelePrelat mandoittou- avoient fait une explica-
cbant ia maniere done cl- cion relative a ce qui s'e-
avoient accepre fa conf- toic fait fous Clement IX ;
tkution, il avoit dir, metis a quoi le Paps repliqua ;
pourquoi dit - on qu'elles mais pourvu qu'elles s'en
ont refufe de recevoir la t'tennsnt a ce qui a he fa.it3
Conftitution $ puifqu elles que peut-on y trouysr <£
I'otltf steptiti On repqa- redire f_
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118 HistoiredePort-ro'iai.
de Sa Majefte pour lui fake leurs re-
montrances, 6c toutes les avenues leur etant fermees par les artifices de leurs ennemis, elles ne pouvoient atten- dre que de fon Eminence feule le fe- ■cours dont elles avoient befoin. Elles ajoutent, qu'on ne pent les convain- cre d'aucune defobeiflance a moins qu'on ne fuppofe que ce qu'on exige d'elles, eft de renoncer a tout ce qui s'eft fait pour leur monaftere a la paix de l'Eglife. Car hors cela il n'y a rien de particulier dans leur conduite , &c on ne peut rneme leur reprocher d'a- voir manque a recevoir & a publier la Conftitution, puifqu'elle a ete lue 8c publiee a leur grille dans le tems & de la maniere prefcrite par le man- dement qui leur- a ete envoi'e , 8c qu'elles out recti avec le refpect du a SaSaintete &afon Eminence. Ainli on ne peut trouver a redire qu'a leur declaration -y laquelle neanmoins n'eft contraire, ni a la Bulle ni au Man- dement. Elles le prouvent par leur requete rapportee dans la Sentence de M. de Perefixe, ou leurs difpofi- rions font clairement expliquees. II eft dit par ce jugement que leurs dif- pofitions font conformes a. ce qui a itc re^u & approuye par le Pape; |
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III. P A R T I E. Liv. I. I I £
que leur obeifTance eft veritable & "
entiere , &c qu'elles font parfaitement foumifes aux Conftitutions. II y eft encore marque que c'eft en fuivant l'exemple du Pape Clement IX que ce jugement eft rendu 5 enfin on ne leur a rien recommande que de per- feverer dans la fincerite de leur obeif- fance. D'oii il eft evident que leur declaration fans de'roger, par laquelle elles rappellent ce jugement , bien loin d'etre contraire a la Bulle Vi- neam , qui confirme ce qu'a fait le Pape Clement IX, ne contient que la preuve indubitable de leur obeif- fance & de leur foumiffion a ces Bul- ks renouvellees & confirmees par la nouvelle j de forte que l'affaire eft fi- nie a leur egard par la Sentence de M. de Perefixe, leur Superieur & leur Archeveque, dans des circonftances , ou il eft notoire qu'il n'agiftbit pas par une indulgence aveugle a leur egard. Elles ajoutent encore que 1'in- tention des Papes ai'ant roujours ere" de ne recevoir aucune exception ni reftriction, leur declaration n'a rien de contraire a la nouvelle Conftitu- rion , puifque la Sentence rendue en leur faveur porte expreffement qu'el- les condamnent les cinq proportions; |
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I 20 HlSTOIRE DE PORT-ROIAL.
, fans exception ni reftriction quelcon-
que. Elles repondent enfuite a l'exem- ple des religieufes de Gif,en faifant voir quele cas de P. R. eft different, parcequ'il n'avoit pas ete queftion des premieres dans la paix de Cle- ment IX j que les religieufes de P. R. y aiant eu part , elles n'ont pu fe difpenfer de rappeller une Sentence rendue en leur faveur, qui en avoit ete la fuite , &: a laquelle il leur im- porte de ne point deroger. Enfin elles finiffent en difant que la declaration qu'elles ont ajoutee a. leur certificat ne peut rendre en aucune forte leur obeiiTance douteufe ; qu'elle en eft au contraire le fceau & la preuve au- thentique par la liaifon entre cette declaration & une Sentence qui a conftate en ce point leur foumiffion, & qui en rend un teraoignage non equivoque. On lent la force de ce raifonne-
ment ; & toute perfonne equitable y trouvera une demonftration complet- te & une juftification parfaite de la conduite des religieufes de P. R. Mais le parti etoit pris , &c la perte de ces faintes filles abfblument refolue, quel- que chofe meme qu'elles euflent rait, tomme nous l'allons voir. |
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III. P A R. T I E. LlV. I. 12 r
Les religieufes ecrivirent en me- ~170(y#
me-tems a M. Gilbert pour le prier lxi. de prefenter leur lettre a M. de Noail- j£ £j££ les. Elles lui rendent compte de ce parM. uck-. qu'elle contient, & des motifs qui dina1- les ont portees a. l'ecrire. Ces deux lettres furent portees a
Paris le zi juillet, 8c remifes a M. Gilbert, par M. Tero, agent des re- ligieufes , qui retourna l'apres midi , pour favoir la reponfe. II n'y en eut point, finon que fon Eminence n'a- voit pas eu le loifir de lire la lettre qui lui etoit adrefiee, & qu'il avoit donne ordre qu'on ecrivit a M. Ma- rignier pour qu'il vint lui parler. M. Marignier s'etant rendu le 11 juillet a Conflans , le Cardinal lui fit de grandes plaintes fur la prerendue obf- tination des religieufes, & fit beau- coup valoir les fervices qu'il leur avoit rendus : » je vous ai faitvenir 3 » lui dit-il, pour vous dire que je me m decharge des religieufes de P. R. » fur votre confcience. Qui que ce w foit qui les confeille, elles ont de » tres mauvais confeillers ; je les => trouve dans une defobeifTance tout- » a-fait criminelle. J'ai envoie le Su- » perieur pour les gagner par de bon- Tome IX. F |
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I Zl HlSTOIRE DEP0B.T-R.01At,
j ~o6. " nes raifons (64), & elles n'ont op-
« pofe que leur obftination. Rien » n'eft pire que des demi-favantes. » Toujours je leur ai fervi de patron " dans l'efperance de les ramener. » J'ai rendu ternoigtmge au Roi, que » tout etoit en paix chez elles , & « par la j'avois fufpendu ce que j'ai » enfin laiffe aller «. M. de Noailles donne ici a&e , qu'il avoir confenti d 1'Arret du 17 avril. Mais ce qui me- rite une attention Imguliere, c'eft ce qu'ajouta ion Eminence , que, » a la " verite quand elles auroient fait ce .« qu'on leur demandoit 3 elles n'en fe- » roient pas mieux felon le monde _, " parceque le deffein de les detruire « etoit pris des ily a long-terns , mais » qu'elles en feroient mieux devant » Dieu ". Cet aveu joint a celui qu'avoit fait deux mois auparavant M. Gilbert parlant aux religieufes de P. R., au fujct de 1'Arret du 17 avril qui leur defendoit de recevoir des novices, prouve fans replique que le deflein de detruire cette fainte mai- • (S4) Le Superieur s'a- fonncmens, auxquels el-
quiuabienmal de fa com- les oppofcrem, non leur
milfion , n'aianc fait aux obiiination > roais desrai-
teligieufes pour les ga- fons folides £c fans lep.i*
gner, que cte fsibles i'ii- que.
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III. P A R T I E. LlV. I. 11$
fon n'eft point venu de la clmfe/ans
diroger, ajoutee a leur certificat de I'acceptation de la Bulle Vineam ; & que la demande qu'on leur fit d'ac- cepter cette Bulle n'a ete qu'un pie- ge qu'on leur a tendu expres, & une demande a l'herodienne , pour chet- cher dans leur reponfe quelque pre- texte d'executer le defTein deja tout forme de les perdre & qu'on auroit execute,quoi qu'elles euffent fait.Dans cet entretien , M. de Noailles die a* M. Marignier , qu'il ne demandok pas la foi fur le fait ^ mats la foumiffion <L'un enfant. Le terme eft fingulier. Son Emi-
nence auroit-elle par - la voulu faire entendre que la foumiffion des fideles a l'egard des Pafteurs doit non - feu- lement etre femblable a la foumiffion d'un enfant, mais qu'en vertu de cet- te foumiffion ils doivent avoir une aveugle credulite a l'egard de tout ce que les Pafteurs leur difent, & telle qu'elle eft dans les enfans, auxquels on fait accroire tout ce que l'on vein ? C'eft afTez l'idee de la docilite &^de la foumiffion que M. de Noail- les vouloit que Ton eut pour ce qu'ii ordonnoit j & c'eft celle que les Pre- lats exigent aujourd'hui des fideles. f ij
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H4 HistoiredePort-roi'al.
(j, II n'en faut pas moins avoir pour croire le fait de Janfenius. Mais ce n'eft point la. la foumiffion que l'E- vangile prefcrit, & que les Apotres ont precnee. La fimplicite de la co- lombe doit etre jointe dans les fide- les a la prudence du ferpent. M. Marignier ai'ant reprefente au
Cardinal, qu'on avoit demande aux religieufes ce qu'on n'avoit exige de perfonne : elles pouvoient; dit-il, tie le pas dormer ; &c il ajouta , Gif Pa donni fans qu'on lui demandat. Com- me M. Marignier lui objecta que la Superieur avoit formellement pref- crit de donner ce certificat, fon Emi- nence parut furprife. M. Marignier voulut enfuite parler en faveur des religieufes, & dit que fe fondant fur la paix de Clement IX & fur la Sen- tence de M. de Perefixe, elles croioient obeir a l'Eglife. Le Cardinal repon- dit que l'un & l'autre avoient cru de- voir ufer de condefcendance j mais que Clement XI dans le m£me degre a autorite mettoit les chofes dans un autre etat 8c exigeoit davantage. C'eft affurement juftifier les religieufes de P. R. en voulant les condamner. Si elles eroient catholiques fous Cle- ment IX, pourquoi ne le feroient-eU |
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III. P A R T I E. L'lV. L US
les pas fous Clement XI, aiant fous 1706.
ce Pape les memes fentimens qu'elles avoient fous le premier ? M. Mari- gnier prenant encore la parole , dit au Cardinal, qu'il ne pouvoit conci- lier la defobeiiTance criminelle dont fon Eminence accufoit les religieu- fes, avec la regularite de leur vie 8c la confiance dans laquelle il les voioit mourir avec joie , beniflant Dieu, & fans la moinclre peine de confcience. En finiflant, M. de Noailles fit en- core un aveu remarquable touchant l'ele&ion d'une Abbeffe : pour I'elec- tion , dit-il, je la refufe abfolutnenti Si on avoit fait ce que je fouhaitois _, elle auroit he accordee vingt-quatre heures aprhs. Quelque fecret que Ton gardatfur IXtt.
les pourfuites qui fe faifoient a Rome fese"' £ £ contre les relieieufes de P. R. des *»champs t- *~ii it e • c 1 crivent au l'a-
<^hamps, elles en rurent inrormees j pe ciemenc
& en confequence elles ecrivirent le XI< 4 du mois d'aout au Pape Ciemenc XI, pour lui faire connoitre leur in- nocence & implorer fa protection dans les circonftances 011 elles fe trou- voient. Elles font dans cette lettre le recit de ce qui s'eft pafle a leur egard pour l'acceptation de la Bulle Vi- neam j elles fe juftifient contre les ac-« |
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I id HlSTOIRE DE PdRT-RO'lAl.
1706. cufarions injuries formees contre el-
les a l'occauon de la claufe fans de- roger-y cela leur donne occafion de parler de la paix de Clement IX , & de la Sentence de M. de Perefixe ren- due en leur faveur : enfuite elles rap- pellent de quelle maniere apres que la paix fut conclue , on divifa les deux maifons de P. R. & l'on fit le parage des biens. Elles fe plaignent de ce que Ton veut aujourd'hui de- truire une paix conclue par le con- cours des deux puiflances, & de ce que Ton veut annulier des Bulles & des actes folemnels , par le moi'en def- 3uels elles jouiflbient de la paix, &
e la portion de bien qui leur avoit cte afllgnee. Apres avoir rapporte les dirFerens deffeins formes contre elles fur-tout par les religieufes de Paris , qui cherchoient a les d^pouiller de leurs biens , elles difent que fi on re- parTe fur toutes les chofes qui font ar~ xivees depuis quarante ou cinquante ann^es, on verra que leurs adverfai- res ont toujours voulu que les chofes changeaflTent felon leurs inteYets, en- forte qu'elles pouvoient dire ce que difoit autrefois le faint homme Jacob a Laban, lorfqu'il lui reprochoit d'a- Voir change dix fois l'accord qu'il |
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10. Partie. liv, I. i if
.avoit fait avec lui. C'eft ainfi que les i-fo$, religieufes de Paris, apres avoir de- mande elles-memes la reparation des deux maifons & ie partage des biens, en demandoient la reunion , pour s'emparer de tout j c'eft la l'efprit qui les anime. EUes ont furpris la reli- gion du Roi pour divifer les deux inonafteres , elles la furprennent en- core pour les reunir. Les religieufes de P. R. des Champs , efperent que Sa Saintete demelera |eurs artifices Sc reconnoitra l'injuftice de leurs def- feins } & dans eette confiance elles ofent dire que leur falut eft entre fes mains, comme le difoit autrefois tout un peuple afflige a Jofgph. Enfuite i laiflant a part tons leurs internes terry- porels , elles fuppiient le Pape de conftderer • que la principale raifon qui les engage a s'oppofer a la reu- nion , c'eft qu'elles ont choifi le mo- iiaftere de P. R. des Champs, parce- que le droit d'eie<5tion s'y eft confer- ve ; elles ont fait ce, choix eu con- noifTant que la regularite , l'efprit de pauvrete & de travail , l'obliga- tion d'avoir tout en commun ( fans aucune diftindion d'anciennete ni de naiffance, & les autres vertus chre- tiennes & religieufes , fe maintien- |
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1 X 8 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAir
ijo6, nent beaucoup mieux dans des Ab-
bai'es ele&ives, que fous des AbbefTes perpetuelles & de nomination roi'ale. Ce font les viies qu'elles ont euesen faifant leurs voeux. Elles ajoutent en- core que rAbbefTe de Paris etant d'un ordre mitige , cela entrainera la de- cadence de la regularite &c des aufte- rites auxquelles leur regie les engage. Enfin apres avoir expofe les chofes au faint Pere, & lui avoir reprefente d'ailleurs fur combien d'actes & de pieces authentiques eft fonde ce qui s'eft fait a leur egard fous le pontifi- cat du S. Pere Clement IX, elles fi- niiTent en lui difant que fa charite qui Panimera le rendra fenfible a ce qu'elles ne fauroient reprefenter par leurs paroles, qu'elle fera touchee de leurs fouffrances , & que l'exces de leur affliction leur tiendra lieu de merite aupres de Sa Saintete. Les re- ligieufes ecrivirent en meme-tems au Cardinal Paulucci , fecretaire de Sa Saintete , pour le prier de lui presen- ter leur lettre , & de vouloir bien rendre ce fervice a des religieufes qui font depuis long-tems dans la fouf- france & dans l'affli&ion 3 &c qui n'ont perfonne pour prendre leur in- teret. |
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III. P ARTIE. LlV. I. 119 _______
Les deux lettres furent envoi'ees a tjo&
Rome, avec un grand memoire di- vife en deux parties , ou Ton expo- foit l'etat de P. R. depuis fa fonda- tion jufqu'en 1706: on y faifoit audi une peinture tres naturelle & un de- tail men circonftancie des fouffrances des religieufes & des vexations de route efpece , qu'elles eprouvoient depuis long-tems , rant de la part des Jefuites , que de la part de leurs fours qui vouloient les depouiller de leurs biens. Ce memoire eft comme un abrege d'hiftoire de P. R. des perfe- cutions des religieufes, & des diffe- rends fur le partage des biens. Le Cardinal Paulucci, a qui le pa-
quet fut prefente par l'agent que less religieufes avoient choifi a Rome pour' agir en leur nom , eut la generofite de le mettre entre les mains du Pa- pe. Sa Saintete le remit a une per- fonne pour l'examiner & lui en faire fon rapport. L'agent des religieufes prefenta aufti une fupplique en leur ■ nom pour obtenir de Sa Saintete qu'elle ne permit pas la fuppreffiora du monaftere de P. R. des Champs, & la reunion de fes biens, au mo- naftere de Paris, fans que les fup- pliantes fufTent entendues pour deT duke leurs. raifons* E y |
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I 3 O HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt.
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170(3. Nous avons dit que le Cardinal
lxhi. Paulucci, eut la generofite de remet- fes" do'lnem tre au PaPe ^a MWT6 & les pieces
procuration concernant P. R. des Champs : c'eft
pour faire /-> J- 1 ' • 1 ; 1
toute pour- PfiP ce Cardinal etoit charge par la
nom e" RUr ur ^e France & P^ *e Cardinal mc. de Noailles de pourfuivre la fuppref- fion de cette maifon & la reunion de
fes biens a celle de Paris. On pre- tend que Clement XI ne rut pas fa- che que les religieufes de P. R. des Champs fiffent leurs oppofitions aux pourfuites qu'on faifoit centre elles -y 6c qu'il avoir declare qu'il ne vou- loit pas detruire ce qu'un de fesprede- cefTeurs (Clement IX) avoitfait (65). ((Tf) Le Pape avoir fair a des Cardinaux du faint
«tte declaration le 6 fep- Office qu'il ne croit point tembre. Ce fur le Carcfi- cette infaillibilire. jiPotir lial Paulucci qui le dit a 33 ce qui eft de l'obeiflan- l'agent de P. R. D'ail- 33 ce veritable & interieu- leurs on fait que jamais 33 re qu'on exige , ajoute le faint fiege n'a pretendu 33 M- Maill , on ne s'eftV qu'on fur oblige de croire 33 poinr explique en quoi que l'Eglife ou le Pape eft 3> elle conlifte. Les Theo- infaillible dans les deci- 33 logiens de Rome n'etu- fions de queftion de fait. 33 dient point cette quef- Clemenr XI s'en eroit de- 3) don , parcequ'on ne ia explique , cpmme on 3> leur fait aucune peiue — fa vu, en parlant a M. 33 la-deffus. Je yois feu- Ciicvaliet. C'eft ce que 33 lemeni , dit-il , qu'ils confirme M. Maill dans 33 fe moquent des Eve- une lettre du 16 noyem- 33 quesde France , qui ont, bre de certe annee , oiiil 33 fait tant de fracas pout dit, que pour lui il ne fait 33 une queftion qu'ils re- pas difficulte de dire , pa- 33 gardenr comme pen i»m & publics , & meiue 33 importance.,,, Les plus |
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III. P A S. T I E. liy. /. i $ i
Mais il y avoir -tant d'inconftance, " ijo6. pour ne rien dire de plus , dans la conduite de ce Pape, qu'on ne pou- voit compter fur rien. II demanda vers ce terns-la. une traduction des pieces qui lui avoient ete envoiees; ce qui fit juger que Sa Saintete voti- Joir faire examiner la chofe a. fond, 8c qu'elle ne feroit decidee qu'apres les informations. Les religieufes de Port- Roi'al des Champs envoierent a feur Agent a Rome une procuration da- tee du 14 feptembre , pour 1'autori- fer a faire routes les pourfuites ne- ceffaires. En confequence 1'Agent for- ma oppofition a la daterie pour em- pecher qu'il ne fut rien expedi^ fur cette affaire : nihil tranfeat nifi citato pmcuratore. La fupplique des reli- gieufes reftoit toujours fans reponfe. On fit neanmoins le rapport des pie- ces a Sa Saintete j & l'avis des depu- tes fut que la Bulle qu'on demandoit pour Mad. de Chateau-Renaud fuc abfolument refufee 5 ce qui ne deplut pas au Pape. Malgre les instances qu'on faifoit, meme au nom du Roi,, « eclaires regatdent tout » fion faite mal-a-propos
» ce manege conime une » contre de fore hoiuic-
» balade de courtifans 8c » tes gens , 8tc.
» CQonne uae gerftcu? It)
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13 i HistoiredePort-roiae;
J 706. l\ fut pendant quelque-rems rres fer-
ine a la refufer, & il declara qu'il vouloit faire examiner certe affaire par une congregation. Si le Pape avoir pris ce parri, l'iniquite n'auroit peut- etre pas prevalu : mais cenx qui vou- loient opprimer l'innocence, vinrent a bout par leurs intrigues cl'empecher que l'affaire ne fur jugee felon les regies. txrv. La reponfe que M. d'e Noailles fit
Mailgnier. ^ M. Marignier le 13 juillet, fut vraiment une reponfe de mort pour les religieufes de P. R., mais plus en- core pour le pieux ecclefiaftique a qui elle fut faite j car il en fut fi touche , par l'efiime & 1'afFecHon qu'il avoir pour eette fainte Communaute dont il faifoit l'eloge en toute occafion , qu'il mourut a la fin du mois fui- vant. M. Marignier narif du Diocefe de
Seez , demeuroir a P. R. depuis envi- ron vingt ans, & y avoir ete charge pendant ce terns de l'inftruition & du foin des domeftiques du dehors de la maifon , dont il etoit comme Cure „ 1'Abbai'e aiant droir de Paroifie. Son ■eminente pidte, fa vie penitente & "retiree, fon merite, fa verm „ fa pru- dence , & fon affection pow la mai- |
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III. P A R T I E. LlV. I. 1}}'
fon, porterent ies religieufes a Ie choi- r j0fc.
fir pour confefleur apres la retraite de M. Euftace. II s'aquitta de cet emploi avec beaucoup de charite , de zele 8c d'edification. II prit beaucoup de part aux dernieres agitations de la mai- fon au fujet de la Bulle Vineam ; 8c dans le defir d'en titer les religieufes , il propofa l'expedient dont nous avons parle, mais qui ne fut point agree de M. de Noailles. Depuis , il ne perdk aucune occafion de rendre temoigna- ge a leur innocence, a la purete de Feurs fentimens , & a la faintete de leur conduite. II le rendit encore pu- bliquement, lorfqu'on lai adminiftra les derniers Sacremens , qu'il recut avec de grands fentimens de piete & de religion , le 28 du mois d'aoiit. Avant que de les recevoir, ai'ant de- mande au Pretre {66) la permiffion de parler aux■ freres _, e'eft ainfi qu'il appelloit les domeftiques;, il le fit avec beaucoup d'humilite & d'une maniere tres touchante. Enfuite il rendit ce temoignage eclatant a l'in- nocence & a. la purete de la foi des religieufes. » C'eft peut-etre aujour- (tf«) M. Havartj Cha- Prieure fur les dernieres-
pelain de Port - roi'al des aftinns ds Monfieui Matl-
ehantps , dans la lettre gnivr.-
^u-'il krivit i la mere |
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t $4 HlSTOIRE DE PoR.T-R.OlAt.
"JJoTT " d'hui , dit-il, le dernier jour de ffl%
" vie.- // faut qu'avant (taller paroi- » tre devant Dieu 3 je rende temoi- » gnagealafoi de nos fcurs. Jamais *f je n'ai doute de leur foi _, jamais je » ne les ai crues dans I'erreur ". II s'atv iendrit &c pleura en difant ces paro- les , ce qui l'obligea de s'arreter un moment. Puis il continua ainfi : la derniere fois que je fus devant Mon- feigneur le Cardinal de Noaillcs mon fupirieur, je ne pus m'empecher de lui dire > que je ne pouvois concilier des chofes Ji contraires les unes aux autres 3 une vie Jifainte j un defer fi grand d'oi- ler a Dieu, une mortfitranquille 3 avec une defobiiffance telle que celle qu'on leur impute & dont on veut leur faire un monfire.... Je vousprie de leur dire, fije ne puis plus les revoir _, que je les Jupplie defe fouvenir aufaintfacrife.ee _, d'un Pretre qui les y a ft fouvent ofe- fertes (67}, (6j\ Aram que de ren- so Marignier, un grani
dre publkjiiemeni ce te- « bonbeur pour raoi de
tnoignage , M. Marignier » raourir auJQUid'bui feV
avoic ,deja temoigne a M. » te de S Auguftin > Dieu
4e Saiiu Claude la difpo- j> ne me feroit-il pas une
ficioflou il etoitdelc £ai- » grande mlfeticorde er>
re. Comme M. de Saint j> me retiiant dumonde,
Claude lui dit qu'il efpe- » apres ni'ayoit fait cells
loit,que Uieu lui renyer- » de me tenir toujour?
tok la fante ; » Neferoit- » attache a la v6rite«.'
» ee gas ,. lepondit, M, Pieft vewpeuf-etre, ajpu,-;
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III. P ARTIE. Hv. I. Ij5
Comme il appercut que les larrnes
romboient des yeux des freres ,• il leur adrefla encore la parole i Allans rnes freres j leur dit-il, aliens _, aimons- nousles uns les autres y & aidev^ moi a bien mourir. S. Augufiin difoit dans line pareille occaficn : s'il ne falloit ja- mais mourir _, je demanderois encore k vivre: mats s'il faut tot ou tard arriver a ce terme y pourquoi pas des aujour- d'hui I Qu'il ne fait pas dit que nous dementions a I'heure de la mart ce que nous avons dit pendant notre vie. Je m'en vais dans Veternite 3 ou je vous attendrai ; car on ne fait que Jefucce- der les uns aux autres. II mourut dans ces faintes difpofitions Ie 31 aofit 1706, age de 49 ans , & fut enterre, comme il 1'avoit ordonne, avec les freres. Rien n'eft plus edifiant que les circonftances de fa maladie & de fa mort, qui ont ete recueillies par deux' temoins oculaires. » M. Marignier ,, » dit l'un de ces temoins (68}■, etoit » ce jufte qui vit de lafoi, & fa con- s' verfation etoit dans le Ciel, com- ta-t-il > que je meure A aftn pQint de comparoitrc ajf
que je rende temoignage d tribunal de Dieu.
ia foi de nos fieurs. On (<S8) M. dc S. Claude aura peut-2:re quelqu'e- dans une lettre a M. Ik'
gard au temoignage d'une Noir, Chanoine de Notrs*--
firfinne qui eft fur U Dame., fonfrere,.
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tyS HlSTOmECEPoRT-ROiAf?
1706. " me S. Paul le dit de lui-meme. It
» eft mort comme il a vecu «. II eut un presentiment de fa mort
quelque mois auparavant, a. la vue de plulleurs religieufes qui moururent. II s'occupoit continuellement de cette penfee, & exhortoit auffi fouvent les autres a fe preparer a aller au-devant de l'epoux. II avoir ete 11 touche de l'affli&ion de fes cheres filles en Je- fus-Chrift, & de la mort de quatre anciennes dont nous avons parle , que fes difcours depuis ce tems n'etoient prefque que de la preparation a ce redoutable paflage. Enfin la reponfe verbale que M. de Noailles fit le 13 juillet a la lettre des religieufes de P. R., parlant a ce pieux Ecclefiafti- que , for pour lui un coup mortel au- quel il ne put furvivre. C'eft ce que la mere Prieure de P. R. des Champs ne fit pas difEculte de marquer dans la lettre qu'elle ecrivit le 17 du mois fuivant a M. l'Archeveque , on elle dit exprelfement, que M. Marignier fat Ji penetre de ce que fon Eminence lui avoit dit dans l'audience qu'elle lui donna a Conflans, qu'ily a fujet de croire que cela a beaucoup contri- . bud a abreger la duree de I'exit dont il a plu a Dieu de le retirer. Ce font le? termes de la lettre. |
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III. P A R T I E. LlV. I. IJ7
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Ces faintes filles, qui depuis le 10 17*66.
juillet avoient garde le filence (69) , i-xy. ' • • 1 ° c i , 111 Lesrehgieu-
ecnvirent le 17 Septembre a M. aercs^riventdc
Noailles touchant la reponfe verbale "0llTeau„A M- r „ .* r . , 1 de Noailles.
que Ion Eminence avoir raire a leur
lertre par le canal de feu M. Mari- gnier. Comme route la difficuke a laquelle on s'arrachoir pour les mal- trairer rouloir toujours fur la claufe fans deroger a ce qui s'ejl fait a notre egard a la paix de PEglife fous Clement IX, elles expofoient dans leur lettre fignee de route la Communaure, qu'on ne fair aucun rorr a la publication d'un adte en declaranr qu'on le recoit fans deroger a ce qui s'eft fait aupa- ravanr dans le jugemenr de la meme affaire ; & que les juges ne fe forma- lifenr poinr quand on en ufe ainfi k la fignificarion de leurs arrets \ qu'el- les ont cruque ceque I'equitenaturelle fait approuver dans roures fortes d'af- faires , pouvoir erre approuve dans celle-ci, oil elles ont ete obligees de prendre cerre precaution avec d'au- (69) Elles avoient don- tout des religieufes de P.
lie le 14 feptembte 170s R. de Paris, qui etoient
line ptocuration generale devenues leurs parties,
pour agir en leur nom Vo'i'ez cette procuration,
dans tous les tiibunaux , mem. hift. T. 4. p. 91.
pour defendre leurs droits, Elles l'envoi'erent a Rom$
&. s'oppofer aux enrrepri- a leur Agent.
Set A leuts ennemis, fur- |
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t$$ HjSTOliiE DE PeRT-ROlALi
tant plus de raifon qu'elles n'avolent
que nop d'indices que Ton cherchoit tous les moi'ens de les perdre, & que le deflein en etoit pris , comme Ion Eminence en convenoit. Elles lui re<- prefentent enfuite qu'on ne pent leur reprocher aucune defobeiiTance , fi on veut bieii entrer dans quelque detail y & qu'on ne peut trouver aucun defaut dans une declaration faite de bonne- foi, qui ne rappelle que des a£tes au- thentiques & revetus de toutes les for- malites ; qu'il convient a 1'obligation de conscience ou elles font de ne point deroger a ce qui 3. ete regie & habli a leur fujet avec i'approbadQn du Pape , par un des predecefleurs de /on Eminence ; que ce qui , a la paix de l'Egliie, a eu la force de reprimer leurs ennemis , de diffiper toutes les calomnies dont elles avoient ete chaiv gees, & de finir leurs fouffrances, ne peut fervir a faire revivre aujourdhui les memes impoftures „ &f a les expor- fer de nouveau aux memes difgraces & aux memes affli&ions , ni donner lieu a la conduite qu'on tient a leur egard , capable d'entretenii: non-feu- lement le commun du montle , mais le Roi metne , dans la penfee qu'elles meritent ce traitement par leur opi- niatrete & leur defobeiflanee. |
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III. Par.tie. Uv.l. ti4
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™.
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Enfin elles conjurent fon Eminence if&ifj
par les motifs les plus prefTans de pren- dre leur defenfe , d'etre pour elles une ville forte , une colomne de fer & uri mur d'airain , afln qu'au jour de l'af- flidlion elles ne foient pas reduites a dire avec un prophete , qu'il ne s'eft trouve perfonne pour les fecourir. M. de Noailles n'eut pas pins d'e- ^^J^
gard a cette lettre qu'aux autres , & les ne fait »u- r i /• > a. ■ cans reponfe.
ne ht aucune reponie ; c eit pourquoi '
voiant que leur voix ne pouvoit fe
fake entendre anx oreilles des hom- ines , elles parent le parti de garder le filence a leur egard pour ne plus parler qu'a Dieu , en qui elles met- toient toute leur efperance. En effet elles garderent le fdenee le refte de 1'annee 1706 , & elles y feroient ref- tees plus long-tems fi on ne les eiit forcees d'en fortir pour fe deTendre eontre de nouvelles attaques. Ces nouvelles attaques furent fai- ixvn".
tes par les religieufes de P. R. de fe'.'tl Paris , qui etoient alors fans AbbefTe *»"« devien- par la demiffion forces (70) que Ma- 'c^lm Pceiks t de P. R. de*
(70) Cette AbbelTe fe guer tes bulles de la Da- chamPs-
retira dans le monaftere me de Chlitcau-Renaud ,
de Trendies & protefta & de>anger les mefurcs
1'am ee fuivante eontre fa que prenoit M. de Noail-
demiflion. Comme cette les pour I'extinflion de
proteftatioa pouvoit eloi- P, R. des Champs ,, fern
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14© HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt;
dame de Harlai avoir faite de fon Ab- baie fepr ou huit mois auparavanf. La mere Philiberre de Sainre Madeleine Morelle, eroir en qualire de Prieure a la rere de cerre inrorrunee Commu- haure. Cerre religieufe l'une des plus anciennes , avoir fair profeffion plu- fieurs annees avanr la fepararion des deux maifons. Elle avoir vecu dix ans environ depuis fa profeffion fous le gouvernemenr des anciennes meres , favoir de la mere Angelique Arnauld, de la mere des Anges, de la mere Agnes, de la mere de Ligny; elle avoir eu les grands exemples de ces admirables Superieures & de ces an- ciennes religieufes , donr les unes moururent avanr la fepararion , les autres furenr rranfporrees a P. R. des Champs. Cetre vierge folle, qui avoir ere remoin de la verm de P. R. fe trouva , par un rerrible jugemenr de Dieu fur elle , a la rere de celles qui demanderenr & obrinrenr la deftruc- tion enriere du fainr monaftere de P. R. des Champs. Voila jufqu'ou peut conduire un premier faux pas. La fixur Eminence accourut a Tre- de Harlai a ratifier fa de-
nelles, & par des follici- million , moiennant uno
tarions reiterees jointes a penfion que la nouvelle
celles du fameux P. de la Ahbeffe s'engagea de lui
Chaife, engagea Madame pai'er.
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III. P A R. T I E. LlV. I. I4I _______
Philiberte etoit une des principales 1706.
des fept religieufes, qui fignerent les premieres le formulaire en 166^ , 5c qui, apres avoir abandonne la verite , en devinrent bientot les perfecutri- ces. Apres cette fatale fignature, elles tomberent de precipice en precipice : elles n'eurent pas plutot renonce a la verite , qu'elles ceflerent d'avoir les memes fentirnens pour leurs faintes meres & fours , & qu'elles quitterent l'ancien efprit de P. R. fi jamais il avoit etc bien forme en elles. Telles etoient en particulier les fours Do- rothea , Flavie & Philiberte. Neanmoins elles ne penfoient pas
alors a. detruire l'Abbai'e de P. R. des Champs , & tout leur deflein etoit feulement d'empecher le retour de leurs meres dans le monaftere de Pa- ris , par la crainte d'avoir devant leurs yeux des objets dont la feule vue leur auroit reproche leur prevarication. Ce fut pour ce fujet que ces trois religieu- fes prierent M. de Perefixe de leur promettre qu'en cas que les exilees fuffent rappellees a Paris, il les met- troit dans d'autres monafteres ; mais le Prelat les aflura qu'elles n'y revien- droient jamais , & qu'elles n'avoient rien a craindre de ce cote-la, de forte |
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1^1 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt.
I r7Q(j-f qtfon peut regarder ces trois inform-
nees religieuies comme la caufe fe- crete de la feparation de ces deux maifons , & de ce qu'a. la paix de l'E- glife on ne reunit pas celle de Paris a celle des Champs. Les prevaricatrices fc maintinrent done dans celle de Pa- ris j elles y recurent & eleverent des filles dans leur efprit de prevention & d'oppofition contre les religieufes de P. R. des Champs. L'efprit de Dieu les ai'ant abandonnees eii puni- ■tion de ce qu'elles avoient les premie- res abandonne leurs meres & leurs fuperieures legitimes , leur Commu- naute tomba dans l'arroibliiTement pour le fpirituel, & dans le derange- ment pour le temporel, & de-la dans la difette & Pindigence. Cette difette continua & augmeiita toujours de plus en plus par la mauvaife admi- niftration de rAbbelTe, Dorothee Pei- dreau , & des deux Dames de Harlai qui lui fuccederent (71), enforte que la derniere penfa a reparer le defaf- fre de fon Abbaie aux depens des biens & du titre meme de celle des Champs. Elle le tenta par trois fois, comme nous l'avons vu, en 169 5 , en (71) Receuil de piece? in-u de 1740 } p. 54? &
.iiiivantcs. |
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III. Partii. Liv, L *4/
1697 , & en i 702; mais if y aiant pas j 70^. reufli, elle fe vit en fin forcee de fe demettre en 1706, &c de laiflfer le foin de l'adminiftration de fon Abbai'e ruinee, entre les mains de la feu* Phi- liberte , jufqu'a ce qu'il y eut une au- tre Abbeflfe. Cecte AbbeffefutlaDame de Chateau-Renaud, qui ne put pren- dre poiTeflion qu'en 1709. Ainfi la foeur Philiberte eut le malheur de vi- vre aflfez long-temps (72) pour com- mencer &c continuer prefque tout le Proces contre les religieufes de P. R. des Champs, tant en fon nom qu'en celui de fa Communaute. Celt ainfi que les ennemis de cette fainte mai- fon , qui avoient befoin d'un nom pour fe couvrir en l'attaquant, & pour obtenir fa destruction par les forma- jit.es de la juftice , prirent celui des religieufes de Paris. Celles-ci prefenterent fur la fin de LXV,1.11.-
J annee 1706 , une requete au K01, fes de p. r. paur demander la revocation de l'Ar- df pflis d?~ a j 1 • „ mandenc la
ret de partage du 1 3 mai 1669 , & deftruflionde
des lettres patentes du mois d'avriH?""™'21 des .f .a 1 Champs par
1671 pour 1 enregiitrement & la con- une requete.
Sanation de la Bulle de Clement IX att Koi- du 23 feptembre 1671 , qui autori- foit le partage & la feparation des (71) Elle mouruc fubiremern le 14 mars 1707,
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J 44 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAL.
J -jo6. deux Abbai'es de P. R. a perpetuite.
Elles concluoient par demander la foppreffion & l'extin&ion du titre de P. R. des Champs, & la reunion de fes biens a leur Abbai'e, en donnant feulement une penfion viagere aux religieufes des Champs. Ce fut alors que Dieu permit que
ces faintes filles fufTent attaquees &: opprimees par des ennemis , que l'ef- pnt de vengeance & de cupidite ani- tnoient depuis long-tems contre elles. Toutes les voies de la juftice leur fu- rent fermees j & toutes les regies vio- lees. txix. La requete que celles de Paris
Arret du avoient prefentee contre elles , ne
Confeil qui . r r A • / o
ordonne une leur rut pas meme commumquee; oc
VuiitaZ!''le 29 decembre , le Roi en fon Con- feil d'Etat donna un Arret, ou apres avoir rapporte en fon entier cette re- quete , avant que de faire droit fur icelle, il ordonna que le fieur Voi- fin Confeiller d'Etat ordinaire , ( de- puis Secretaire d'Etat & Chancelier de France), feroit la vilite des deux maifons de P. R. & drefleroit un pro- ces-verbal de tout leur etat, des per- fonnes , des biens, des revenus de- puis les dix dernieres annees , des charges, des titres ? &c. pour , ledit proces-
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III. P A R T I E. L'lV. I. 145
proces-verbal rapporte , etre par Sa 1707.
Majefte ftatue ce qu'elle jugera a pro- pos. Un tel Arret etoitd'un mauvais pre-
fage pour l'annee fuivante , & annon- 90k des fuires facheufes. AulTi le Pre- tre (73) qui celebra la MefTe a P. R. des Champs le 2 Janvier 1707 , faifant une exhortation fur PEvangile du Di- manche , qui tomboit le 2 du mois , parla beaucoup de fourfrances. La, ruite de Jefus-Chrift en Egypte, qui etoit l'Evangile du jour , lui donna, occafion de remarquer qu'a peine le Sauveur fut ne, qu'on le perfecuta ; a quoi il ajouta que tons les verita- bles chretiens devoient s'attendre au meme traitement. Comme il s'etendit un peu fur cet-
re matiere pour encourager les reli- gieufes a foutenir la perfecution & les vexations qu'elles emiioient, quel- ques perfonnes du dehors en furent efFraiees. Le lendemain 3 Janvier M. Voifin commenga la vifite a P. R. de Paris (74). La mere Prieure des Champs aiant
appris cette nouvelle, en ecrivit en (7O M. Havart. me que le 8. El!e fe con-
(74) Il paroit que cet- tinua le 10.
te vifite ne fe fit en for- ; ■ Tome IX. G
■ »■■"• )■
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I46 HlSTOIRE DE PoRT-HOlAl,.
ces termes a tin ami. » Je prie le
:> Seigneur de leur pardonner & de ;> nous foutenir afin que nous puif- « fions porter la pauvrete de bon j» cocur pour lui. Je vous avoue que « cette derniere nouvelle m'a beau- *> coup eronnee d'abord , car il eft a » craindre que quelque jufte que foit » none proces, nous ne le perdions 3> enfin par Pautorite de notre partie. ?» Une mere qui fe trouve chargee 3> d'une grande famille a nourrir , eft )> fort embaraftee lorfqu'on lui 6te }> fon neceflaire. Voila raifonner hu- ?j mainement & oublier que Dieu « eft pere des pauvres , & que fi le « pain de la terre nous eft 6te , il ■» nous donnera" celui du ciel qui w foutient infiniment mieux. C'etoit une chofe aflez inutile , que
la vifite ordonnee par 1'Arret du Con- feil a P. R. des Champs ,. y en ai'ant deja eu une faite en 1697. C'eft ce que M. de S. Claude (7 5) reprefenta A M. Gilbert, en lui dilant que M. .l'Abbe Roynette & le Pere Deloo Prieur de Saint Germain-des-Pres, avoient fait en 1697 , une femblable (75) M. de S. Claude qu'elle avoir apprifes , a
avoitporteunelettre dela M. Gilbert qui ctoit leuc
mere Prieure des Champs, Superieur,
au fujet des nouvclks - ,
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III. P a r 11 ft ia»i I. i 47
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*ifite , dreffi proces-verbal de l'etat 1707.
des biens de ce monaftere , dec. M. Gilbert repondit a M. de S. Claude , que ces gens-la itoient de leurs amis, Sc qu'ils les avoient crus fur leuir iimpie parole. M. de S. Claude ai'am replique que le P. Loo n'etoit pas connu a P. R., M. Gilbert repondit qu'il favoit qu'il aimoit la maifon. He ! quel eft l'homme de bien qui put la connoitre fans l'aimer! Quelqu'inutile que fut cette viiite, w£-
M. Voifinfe rendit a Port-Roi'al des M. v^„ i Champs le 19 Janvier pour la faire. Port-roiaidei II y arriva a. dix heures, demanda la amfS' mere Prieure au parloir, &c lui dit qu'il avoit ete nomrae par le Roi pour prendre connoilTance du nombre des religieufes du choeur, & des conver- fes, de l'etat des biens des maifons de P. R. de Paris &: des Champs, de leurs revenus , rant de ce qui fut donne par l'Arret de partage , que des augmentations faites depuis par legs, donations, &c. II ajouta qu'il avoit commence par la maifon de Paris, & qu'il venoit s'acquiter de fa commif- uon dans la maifon des Champs. II lut enfuite le difpofitif de l'Arret dont la mere Prieure lui demanda unecopieentiere, qu'il promit. Apres Gij
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148 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt.
cela on afTembla la communaute art
parloir , ou M. Voifin lui expliqua fa commiflion. II demanda les noms, furnoms, & ages de chaque religieu- fe, & le jour de leur profeffion. On lui prefenta une lifte qui renfermoit tout cela. Les operations de M. Voi- fin durerent jufqu'au z 1 du mois, qu'ai'ant fini fon proces-verbal , on aflembla la communaute au parloir a neuf heures pour en entendre la lec- ture. II fut figne de la mere Prieure, de la Souprieure , de la Celleriere & de deux anciennes. Suivant le rele- ve du proces-verbal de M. Voifin, les revenus de P. R. des Champs montoient a 13338 liv. 8 fols 6 de- niers , fur quoi il falloit prendre , 466z liv. 1 o fols pour les charges; enforte qu'il ne reftoit que 8510 liv. 18 fols 11 deniers pour la nourritu- re & l'entretien de dix-fept religieu- fes de choeur , neuf converfes, fix filles qui portoient le voile blanc, &c. Les religieufes ai'ant demande a
M. Voifin s'il feroit bientot le rap- port de cette commiilion a Sa Ma- jefte , le Magiftrat repondit qu'il porteroit le proces-verbal a fon Emi- neace £c qu'alors tout feroit finijce |
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. III. P A R. T I £. LlVi I. V I 4$
qui fit voir que tout fe faifoit par les ljoj.
ordres 8c fous la conduite de M. de Noailles. Ce fut lui qui expliqua a M. Voifin l'ordre du Roi pour cette affaire, Sa Majefte ai'ant feulement dit au Magiftrat de voir M. le Car- dinal. Apres avoir execute fa com- million , il alia le z j en rendre cortip- te a fon Eminence, avec laquelle il eut une converfation d'une heure & de- mie , dont rien ne tranfpira. On ap- prit ce fait de M. Gilbert, auquel la mere Prieure adreffa une lettre en date du 2 3 Janvier pour M. le Cardi- nal. Cette digne Superieure ai'ant ap- pris que Monfieur Voifin devoit remettre fon proces-verbal au Prelat f>our en rendre compte au Roi, elle
e prioit dans fa lettre de ne rien pre- cipiter dans une affaire fi importante pour elles, & d'attendre qu'elles lui donnafTent quelques eclairciffemens fur l'etat de leur temporel , qu'elles n'avoient pix donner a M. Voifin, parceque la perfonne (M. Deveaux Akakia) qui depuis quarante ou cin- quante ans avoit la charite de con- duire leur temporel , n'avoit pu a LX caufe de fes infirmites , fe trouver piaimes <f» lorfqu'on drefTa le proces-verbal. £ de Noa,n- M. de bainc Claude , qui rut por- reiigieufes 4s G iij p"R"
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I J.G HlStOIRE DE PoR.T~R.OlAX.
"j.707. teur de cette lettre, apprit de M. Gil-
bert , que M. Voihn s'ecoit charge de porter au Roi la minute& la grof- £e du proces-verbal, & qu'il devoit en rendre compte au Roi , qu'ainfi M. le Cardinal n'en etoic pas le maitre. Ce fut route la reponfe qu'il fit a la lettre. M. de S. Claude apprit enco- re que fan Eminence parlant a M. Gilbert fur les affaires de P. R., avoit fait plufieurs plaintes des religieufes. Elle pretendoit que les religieufes n'avoienr pas accufc jufte dans le pro- ces-verbal fur l'article des penuon- naires du dedans & du dehors : elle trouvoit a redire , que les religieufes gardaffent une douzaine de domef- tiques iniirmes & invalides , & de ce qu'elles donnoient a manger & a coucher ( conformement a la regie de 5. Benoit) a ceux qui venoient vili- ter les religieufes ou l'Abbai'e. II ne fut pas difficile a M. de Saint
Claude de repondre a toutes fes plain- te j il le fit folidement en difant que fon Eminence & lui M. Gilbert , avoient connoiffmce des penhonnai- res , dont il n'y en avoit aucune qui n'y fut de leur confentement ; que pour ce qui regardoit les domeftiques infirmes 8c invalides, on les gardoit |
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III. P a a. tie. Liv. L a 51
"par ckarite jja'etant pas jufte de con- 1707.
gedier de pauvres domeftiques qui avoient rendu de longs fervices a la maifon , & n'avoient pas de quoi fub- fifter \ & qu'enfin a l'egard des perfon- nes qui mangeoient &c couchoient a l'Abbaie, comme il n'y avoit aucune retraite aux environs , les religieufes ne pouvoient fe difpenfer de leur donner l'hofpitalite. Rien de plus fage que la reponfe i.
tous ces reproches dont £expofe feui fuffit pour faire voir jufqu'ou Ton por- toit l'animofite contre ces religieufes, en empoifonnant tour ce que la cha- ritc leur faifoit faire. Ceil bien ici le cas de dire avec aa Auteur trap fameux (76), il fallok itre de bien mauvaifi humeur poury trouvera re- dire..... Mais des homines jaloux ne voient rien d3innocent dans ceux qu'ils
n'aiment pas. Et comment perdroit-on un ennemi vertueux _, s'il falloit atten- dre qu'il commit des crimes. Quoique de tels reproches ne fem- txxtt,
Lettrede \&
mere Prieure (715) Berrayer, hill, du dans leurs mains le jour a M. Gilbert Petip. 1. part. T. 5. p. du Sabat. Les plaintes du zn Jany. , i«i. Cetauteurparleainii contre les religieufes de pour repon- a 1'occafion deiaylainte P. R etoient audi -bien dreaux plain- que firent les Phariliens de fondees que Cellos des tes fakes pj>r cc que les Apotres frot- Phariliens contre les Apo- M de Noail- toknt des grains de blcds tres. lcs, G iiij
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152 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt,
1707. blaflent pas demander de juftification
de la part des religieufes , la mere Prieure ecrivit a M. Gilbert pour le prier de les juftifier aupres de fon Emi- nence. Elle lui expliqua ee que c'etoit que les penfionnaires qu'elles avoient a fon infu : la defenfe qui leur avoit ete faite, ne regardoit que les enfans, & M. de Harlai qui leur avoit figni- fie lui-meme cette defenfe , ne trou- va point a redire que Mademoifelle de Vertus demeutat a P. R. Cette ver- tueufe Demoifelle y refta jufqu'a fa mort arrivee plufleurs annees apres la defenfe de recevoir des pennon- naires. Elles en avoient eu au-dehors: plufieurs autres comme Madame de Buffi qui y etoit morte en 1697 (77), Me!Ie Baftier , femme de chambre de Madame la Ducheffe de Longue- ville (78) & autres, du vivant de M. <77) Marie Lancri, (non en avoit paffe fix a P. R.
Xunerr", comme elie eft dans fa derniere retraite,
appellee dans le Necrolo- 8c rut inhumee au-dedans
ge 1 veuve de Philippe dans le Pieau , comme el -
Hoatit, Marquis de Bum , le l'avoit defire. Necr. p.
fe retira fur la fin de fcs 141 , 144. Supplem. page
Jours a P. R. , & y vecut 671.
d'une maniere fl Chretien- (78) Marguerite Baftier ne & fi exemplaire , que fe retira apres la mort de
fa memoire y rut toujours Madame de Longueville,
en benediction , tant que a laquelle elle avoit ete
la maifon fubfifta. Elle y attacfiee pendant plus de
jnouint le iy juin 1*79 , trente ans,dansl'exteiieur
agee de 77 ans, dorit ells de F. R. ou elle fervit gra-
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HI. PARTIE. LlV.l. 155
SeHarlai , qui n'aVoit jamais marque 1707,
le defaprouver. Quant aux penfion- naires qu'elles avoient pour lors, dont M. de Noailles fe plaignoit , c'etoic line Demoifelle le Noi-r qui y demeu- roit au-dedans depuis onze ans \ Ma- demoifelle Pitant (79) , vieille fille impotente, qui avoit ere au fervice de Mademoifelle de Vertus , & a la- quelle cette Demoifelle avoir laille une penfion viagere , dont les relir- gieufes de P. R. etoient chargees.- Au-dehors etoit Mademoifelle Cnani- bors , agee de foixante ans \ Made- moifelle FleiTelles qui avoit renda qitelques fervices, & qui paioit une art's petite penfion -y Madame du Va- lois , veuve fort agee, qui avoit une fille dans le monaftere. C'etoit-la, rou- tes les penfionnaires de P. R. des Champs. Ce qui avoit fait croire £ fon Eminence qu'on recevoit a P. R., des penfionnaires a fon infu , c'eft tuitement en qualfte de- (79) Marie Piranr, re- '
touttiere tant que fa fan- vim fur la fin de fa vie £
te le lui permit. Lorfque P. R. oil elle avoit de-
fts infirmitesne le luiper- meute pluiieurs annees;
mirentplus,elle futrecue avec Mademoifelle de
dans l'interieur, & y moo- Venus fa Maitreffe , & y
rut le i? mai 1700. Elle mourut quaere ans apress
legua iooo liv. aux reli- fon retour , le s fevrisip
greufes. Mem. hrft, 1. }, 1707. Suppl, p. 3jy,.
t»3°3* |
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1 54 HlSTOIRE DE PORT-ROIAI.
1707. qu'elle avoit vu fur le' proces-verbal
de M. Voifin, une fomme aflez con- fidetable qu'on recevoit tons les ans pour pen lion de perfonnes feculieres, mais on y comprenoit ce qui etoit donne par les parens des religieufes qui venoient les voir j & par des per- fonnes qui par piete paffoient quefque tems dans la maifon. Voila l'eclair- ciflement que la mere Prieure don- na fur Particle des penfionnaires. Quant aux domeftiques, dont elle
avoit appris que le grand nombre avoir frappe M. Voifin , elle fupplia M. Gilbert, de reprefenter a. fon Emi- nence qu'on mettoit de ce nornbre lieuf-fceurs converfes , qui par ieur grand age & leurs infirmites etoient hors d'elat de les fervir t que les fix lilies qui les aidoient a, chanter, etant affidues au chceur jour & nuit, elles ne pouvoient etre appliquees au tra- vail ^ que les huit anciennes filles qui les fervoient depuis vingt, tren- te,& quarante ans, etoient fi infir- mes, qu'elles etoient fouvent obli- gees de les fervir elles-memes : enfin que pour les autres domeftiques, les travaux du menage & la fituation du lieu ou elles etoient eloignees de tout y les mettoient hors d'etat des'ea, pafler» |
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III. Par tie. Liv. I. 15J
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Vers le meme rems (le 30 Janvier 1707.
1707), les religieufes de P. R. era- T,LXX„111- ' ' I, ' P rr r- Requete des
rent devoir adretier une requete au religieufes d;
Roi (80) , au fuiet des deux Arrets du PMMo'fciaw V / ' / , Champs aa
v^onleiL rendus contre eiles , dont Roi.
1'un leur faifoit defenfe de recevoir des novices, & l'autre du 29 decem- tre 170(1, ordonnuit la vifite de leur niaifon par M. Voifm. Comme la de- fenfe de recevoir des novices etoit fondee fur une accufation de rnau- vaife doctrine & de defobeiflance k 1'Eglife , ce motif auffi prejudiciable a la foi des religieufes de P. R. qu'i l'innocence de leurs mccurs , fut ce qui les porta a donner cette requete pour fe juftifier d'un auffi grand crime que celui d'herefie & de revoke con- tre la puifTance eccleiiaftique. Leur communaute etant redevable a l'Egli- fe & a l'Etat de fa conduite qui doit edifier le monde, ce feroit mains pa- tience & humilite" de leur part de |
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(So) Les amis de P. R. cation de rompre le filen-
jugeoient cette requete ce, elles en profitcrent ,.
neceffaire depuis long- fans autre fucces que ce-
temps, c'efl a-diredepuis lui d'avoir f.iiisf.iita leur
f arret du 17 avril itoS, devoir. la requete fut en-
parceque nous devons no- votee a M. Voifin , qui
tre confeiencettDieUj fe- n'aiant plus rien a faire
Ion S. Auguftin , & noire fut cette affaire , la-remit'
reputation aux kommis. a M, de NoaiIies>.
iiles attendoieat use oc- |
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G v|
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I 5 6 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt.
ijoj. foufFrir de fi etranges reproches,qu'urt
aveu tacite qu'elles en feroient cou- pables. Ainfi elles ont fujet de croire que tomes les loixnon-feulement leur permettent de defendre leur honneui en cette occalion , mais meme les obligent a lever ce fcandale , en ten- tant toutes lesvoies poffibles deprou- ver la purete de leur foi , & la fin- cerite de leur obeiffance. D'ailleurs le refpedt qu'elles doivent a Sa Majefte,, l'exige d'elles. Car puifqu'entre les jperfonnes qui l'approchent , il s'en rrouve qui ont pouflfe la calomnie |ufqu'a cet exces, rien ne feroitmoins refpec~bueux envers Sa Majefte , que <le ne pas paroitre touchees de la fur- prife qu'on a ofe lui faire, & de ne- gliger ee qui depend d'elles pour ef- faces: les impreffions qu'on lui a don- nees en les chargeant de crimes enor^ aaaes.. • Telles font les raifons. qui les obli-
gent a rompre le filence, en prefen- tant a Sa Majefte. leur humble reque- te poor fe juftifier de trois chofes dbnt on les. aceufe ,. & qui fer- vent de fondement au premier Ar- icc fdu, 17 avril 1706];, en faifanc Tpok i°« Qu'elles riont jamais laijfi iuvraduire parmi elks mteunc doSrln^ |
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III. P A R TIE. Llv. I. I 57_______
contraire aux dicifions del'Eglife. 2a. 1707.
ni refufe de je foumetre a la Conjlitu- don du S. Pere le Pape Clement XL 3°. Quelles n'y ont appofe aucune rejlriclion condamnee & capable de trouhler la paix. C'eft ce qu'elles demontrent dans
leur requete. Les accusations formees; contre elles aiant pour fondement la. declaration qu'elles ont faite en re- cevant la Bulle de Clement XI, de ne point deroger a ce qui s'etoit fait a leur egard a la paix de lTEglife fous Cle- ment IX ; elles rappellent ce qu'il 7 eut de particulier pour elles dans cet- re paix ; c'eft-a-dire, la Sentence de M. de Perefixe , qu'on ne peut foup- conner de leur avoir ete trop favora- ble. Cette Sentence porte qu'il a recu avec une extreme joie I'acte authentique que les religieufes de P. R. lui avoient donne de leur veritable & entiere fow~ miffion ; qu'il lui a paru par cet a&e,, qu'elles font entierement Jbumifes aux Conjlitutions des Papes Innocent X & Alexandre VII; que par la communi- cation qu'il a cue de la declaration en- voiee aN. S. P. le Pape 3 & dit Bref par lequel Sa Sainted a temoigne en etre fatisfaits j il lui a paru encore <jue la declaration des religieufes e'toii |
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I J$ HlSTOIRE DE PoRT-ROIAE.
Xjoj. en ejjet la mime chofe que celle qui a
itd repie & approuvee par Sa Samtete^ Qu'erifinill'approuve & la refpiu Rien n'eft plus precis ni plus formel, pour mettre la foi des religieufes a l'abri de tout foupcon. Elles onr recu la Bulle de Clement XI, avec la meme obeifTance que leurs meres avoient recu les Bulles d'InnocentX , & d'A- lexandre VII j obeiftance que M. de Perefixe reconnut itre pleine & en- tiere , & qu'il declara , apres avoir pris communication des pieces, etre la meme que celle dont Sa Saintete avoit ere fatisfaite. La claufe qu'elles ont ajoutee, n'eft point une rejlric- xion, pnifqu'elles n'ont fait par cette claufe , que rappeller ce qui s'etoit fait ci-devant a leur egard dans la meme affaire , par tin jugement fo- lemnel, auquel on a droit de ne pas deroger, Apres s'etre ainfi juftifiees , elles
fupplient Sa Majefte de vouloir bien oblerver, qu'elles n'ont parle jufqu'a prefent que de ce qui les fletrit dans, le premier Arret, parceque ce feroit etre cruelles envers elles-memes, com- me parlent les SS. Peres, que de ne- gliger leur reputation ; & qu'elles n'ont rien touche du fecond Arret qui |
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- Ill, P a r t i e. Viv. L 15 fr
ne regarde que des biens & des cho- ' fes, lefquelles etant etrangeres & ex- rerieures ne peuvent entrer en compa- raifon avec le refte. Mais elles favent neanmoins qu'elles ne doivent pas porter rindifference jufqu'au point d'abandonner entierement ces mcmes cliofes. Et par cette raifon elles fup- plient encore tres humblement Sa Majefte de leur accorder , pour ce qui concerne cet autre devoir, la mcme grace de ne pas permettre qu'on pro- fite a leur infu des deguifemens dont on peut ufer envers elle , pour auto- rifer i'ufurpation qu'elles ont fujet d'apprehender. Elles ajoutent que Sa Majefte fait a. quelles extremites elles font redukes y- n'aiant ni credit, ni appui, & perfonne n'ofant parler en leur faveur. Cependant quelqu'inca- pables qu'elles fe croient de meritex fes regards, elles ne fauroient man- quet de confiance en fa bonte , & el- les la fuppiient de fouffrir qu'elles lui temoignent dans le trifte etat ou elles font , des fentimens pareils a ceux qu'un ancien jufte , qui a ete un mo- dele de patience , temoignoir en ces termes : qucindDieu me tueroit,je ne laijferoispas d'ejperer en lui.„.. & iljera, hii-mime mon Sauyeur* |
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I <fo HrSTOlAE BE PoRT-ROlAtP
n 17°7' Enfin 1'aflurance que leur donne*
le fentiment interieur de leur inno- cence , & la reflexion qu'elles ne peu- vent s'empecher de faire, que, quel- qu'horrible portrait qu'on ait fait d'el- les aSaMajefte, elle prendneanmoins dans les affaires importantes, un foin particulier de fe degager de route forte de prevention pour ne confulter que les regies de la verite & de la latti- ce ; c'eft ce qui leur fait efperer , que Sa Majefte , proportionnant fes graces a 1'etat de ceux qui onr le plus befoin de fa protection , elle fera touchee de leurs larmes & de leurs prieres. Quelques folides que fuflent les
raifons alleguees dans la requete , elle n'eut aucun effet; & les relisieu- Jes oppnmees eprouverent en cette oc- cafion, comme les innocens l'eprou- vent toujours , que les difcours les plus evidemment calomnieux & le ptusfoli- dement fefutis 3 laijjent toujours une imprejjion facheufe a Vinnocence , & en- " tretiennent un foupcon vague 3 que les plus fortes apologies n'ejfacent jamais tout-a-fait (81}. ixxtv. £e m£me ;onr qUe cette reqU^pe
TettreaM. - \ rr> r > 11 ; • *
tie Noaiiies. rut drellee & lignee , elles ecrivirent
a Ton Eminence M. de NoailleJ , t?j) Berr. T. j. j. i$SV |
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III. Partis. Llv. L itt
pour le prier de vouloir bien favori- fer dans les occafions qui fe prefen- teront, le fucces de la demandequ'el- les font de pouvoir defendre leur in- nocence attaquee par deux Arrets. El- les lui temoignent qu'elles efperent que fe fouvenant de fes anciennes bontes pour leur maifon, il voudra bien qu'elles les regardent comme un engagement a de plus grandes qu'elles lui demandent dans la circonftance importante ou elles fe trouvent; & el- les le fupplient de ne les pas refufer a des filles, dont graces a Dieu la foi. eft pure & la vie reguliere, &: exemp- te des crimes qu'on leur impute. La requete au Roi rat envoiee a
M. Voifin , qui la rec,ut le jo Janvier a deux heures apres midi, avec une lettre de la mere Prieure , par laquelle elle prioit ce Magiftrat de vouloir bien la prefenter au Roi. Elle ecrivit encore a M. Gilbert leur Superieur , en lui adreflant la lettre a M. de Noail- les, pour le prier de la remettre a fon Eminence, & de leur accorder fa pro- tection. M. Voifin, au lieu de la pre- fenter au Roi, la remit a M. le Car- dinal de Noailles, qui en la recevant laiflTa echaper ces. paroles : elles ne font pas hirdtiquesy lew foi eft pure^ |
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I6z HlSTOIRE DE PoR.T-U.OlAt:
j707. ma" refont des rehelles & tdes difobiif
/antes (8z).
ixxv. Tandis que les religieufes de P. R« Deuxieme fes Champs prenoient toutes les me- tequete des r f r .
religieufes de lures que la prudence chretienne pou-
p.^r.. de Pa- voit ieur fug^erer pour juftifier leur innocence & fe defendre de 1'oppref- fion, celles de Paris en prenoient de leur cote de plus efficaces pour les opprimer. Elles prefenterent une fe- conde requete au Roi, pour fupplier Sa Majeftc de ftatuer fur les fuppref- fion & reunion qu'elles avoient re- quifes. Le Roi repondit cette requete par un fecond Artet de fon Confeil du 5) fevrier 1707, par lequel ii re- voque 1'Arret de partage du 13 mai 1669 , &e les lettres patentes du mois d'avril i6yi, fans parler de la Bulle de Clement IX du 2.3 feptembre 1671, obtenue a fon inftance & con- firmee par les dernieres lettres paten- tes enregiftrees au grand Confeil par Arret du 22 novembre 1/J72 ; & 4 l'egard de I'extindtion & fuppreffion du titre de TAbbaie de Port-Roi'al des Champs , & de la reunion de fes biens a l'Abbaie de P. R. de Paris, comme c'etoit une affaire du reffort de la Ju- ( Si) Voiez la lettre a M. de Noailles. Mem.
Jlift. T. 4. p. iji. Celle a M. Gilbert, ii. p. if 3. |
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III. P A R. TIE. tiv. I. 16}
rlfdicKon ecclefiaftique, il la renvo'ia 1707.
devant le Cardinal de Noailles, pour y proceder fuivant les regies & cons- titutions canoniques. Le Roi ordon- na de plus par cet Arret, que cepen- dant il feroit mis tous les ans en fe- queftre, 6000 livres des revenus de lAbbaie de P. R. des Champs (8 3), 8c que les religieufes eulTent a reduire au nombre de dix les perfonnes qui les fervoient a titre d'officiers, do- meftiques ou autrement, enforte qu'a- vec les dix-fept religieufes &lesneuf converfes qui s'y trouvoient adtuel- lement, il n'y eut en tout que trente- fix perfonnes entretenues aux depens de la maifon, ordonnant defairefortir toutes l«s autres perfonnes feculieres , fons quelque titre qu'elles y fuffent, defendant de lesgarder fous quelque pretexte que ce put etre , excepte neanmoins les domeftiques neceuai- res pour l'exploitation des fermes hors Venceinte de la maifon (84). ■ < Get Arret fut rendu fans que les re-- Les religieu-
fes de P. R. (8;) Par cette fouftrac- gieufes de Paris, fans dou- des Champs tion l'arr^t ne laiiToit pas re arm de ne pas revolter j condamnees 3000 liv. aux teligieufes $c par prudence , arm que fans avoir ere des Champs pour la nour- les creanciers des diffipa- cmendues. riture & l'entretien de 36 rrices de certe maifon ne perfonnes. On nedit point les faifilTenr pas. ' que le* «poo liv. fequef- (84) Voi'ei cer arret, trees font pour les reli- Mem. hift. T. 4. p.. 1.64;. |
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I 64 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAL.'
ligieufes euffent ete entendues en leur j
defenfes , quoiqu'elles l'euflent de- manded par leur requete au Roi du 30 Janvier 1707 } qu'elles envoierent a M. Voifin , en le prianr d'en faire le rapport a Sa Majefte. Mais ce Magif- trat la fupprima & dit pour raifon , qu'il l'avoit remife a M. le Cardinal de Noailles, qui de fon cote r^pon- doit qu'il ne fe meloit pas de cette affaire (8 5). Ainfi cet Arret fut rendu non-feulement fans avoir entendu les religieufes de P. R. des Champs, mais meme fans qu'on leur eftt com- munique les requetes cies religieufes de Paris au Roi (85), ni les proces- verbaux de M. Voifin (87), fans faire mention de la Bulle de Clement IX , ni de r Arret du grand Confeil du xz fevrier 1703 , qui maintenoit les re- ligieufes de P. R. des Champs , con- tre celles de Paris , dans la poffeilion des biens & revenus de leur Abbaie. |
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du , felon les regies ,
Stre communiquees aux religieufes des Champs. Mais quand il s'agit d'op- primer l'innocent, on ne confulre gueres les regies. (87) M. Voifin man- qua en cela a fa parole , car il avoit promis de don- ner copie de fon process verbal. |
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(85) Neanmojns on a fu
que ce Cardinal avoit ren- du compte au Roi le if ou i« Janvier, des pro- ces verbaux faits par M. Voifin. (86) On ne connoft ces
pieces & autres encore , que parcequ'elles fonr rap. pellees dans l'arrer. Ce- pendant elles auroient |
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III. P A R T I E. Liir. I. \C(,
L'Arret du 9 fevrier fur fignine ' : _#
aux religieufes de P. R. des Champs, lxxvii. le 16 du meme mois. La mere Prieu- v.a"h cft re repondit a l'huiffier Denis, qu'elles ' fe foumettoient volontiers aux ordres du Roi, pour adorer ceux de Dieu. Elle fe mit a genoux auffitot que l'Huiffier fe fur retire , & dit a Ma- demoifelle Dumefnil fa foeur , qui eteit prefente , que jufqu'ici elles n'a- voient point pratique le vceu depauvreti a'iant toujours he dans I'abondance _, mais que deformais elles le pratique~ roient, graces a Dieu. M. de S. Claude etoit abfent ce
jour-la de P. R. , etant alle a Paris pour voir M. Voifin , qui defiroit d'avoir un entretien avec lui. Ce Magiftrat lui parla affez au long ixxvm.
fur les affaires de P. R., & commen- v^iuTe ca par lui dire qu'il etoit inutile de s. claudefur r •L j l • j r les affaires de
taire des remontrances , ni de preien- p> R<
ter des requetes au Roi fur I'arret qui venoit d'etre rendu ; qu'il n'y avoit aucun changement a attendre j que la ' premiere & principale vue qu'on avoit etoit de detruire le monaftere de P. R. des Champs. z°. Que fi on avoir quel- ques mefures a prendre, il falloit s'ar- dreffer a M. de Noailles, qui feiil pou*- -voir en cela quelque chofe j qu'il fal- |
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\6G HlSTOIRE DE PoRT-ROIAt.
17 J707. l°'lt ^e menager , parcequ'il pouVbie
faire pis. 30. Que dans le projet de l'arret on n'avoit mis que 4000 liv. a diftraire par provihon , & que le Roi iui-meme avoir mis 6000 livres. 40', Qu'il n'avoir point juge a-propos de prefenter la requete j qu'elle eroir ve* nue trop tard, &que des fon premier voi'age de Verfailles, apres ion pro- ces-verbal, (c'eft-a-dire des le 24 ou 2 5 Janvier) les chofes avoient ete comme arretees. 50. Qu'il ne pouvoit point donner de copie de fon proces- verbal , parcequ'il l'avoit mis entre les mains de M. le Chancelier (de Pontchartrain). II park enfuite des perfonnes qui etoient au fervice de la maifon , & dit a. M. de S. Claude qu'il croi'oit que pour lui il pouvoit refter dans la maifon , & que fi on l'in- quietoit il pourroit ie retirer aux Granges, txxix. En vertu de l'arret du 9 fevrier , Liftes des dix-huit perfonnes furent obligees de ties de p. r.. fortir de P. R. des Champs, tant du
des champs, dedans que du dehors.
en vertu de T WJ3 j 1 i < •
l-Arret du Les perionnes du dehors etoient:
Confeil du 9
fcviiet J707. Trois Penjionnaires.
jMademoifelle du Valois, qui fortie
le 11 fevrier. |
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III. P ARTIE. LlV.I. \6y
Mademoifelle de Flexelles , le 21 1707.
fevrier.
Marie Euftace, le 21 fevrier. Cinq Domejliques.
Nicolas Diart, Portier , le 20 fevrier.
Louis l'Epargneur, Cordonnier. Francois Tenillon , Valet de fale , le 3 mars.
Jean Moreau , Jardinier, le 3 mars. Jean Jouglas, Jardinier, le 20 fevrier. Cinqfilles de Chczur.
Marie Burel, le 11 Mars.
Anne-Fran^oife Mangui, le 4 mars. Marie-Anne de Faux , le 21 fevrier. Jeanne Chaillou , le 21 fevrier. Madeleine-Elifabeth Flexelles , le 21 Fevrier. Quatre pojlulantes converfes.
Marie-Fran^oife Moreau , le 21 fev.
Elifabeth Petit, le 11 fevrier. Madeleine Bivers, le 4 mars. Marguerite-Madeleine'de Vierme, 6 mars. Catherine Laurieure, Servante, le <*
mars. On peut juger quelle fut la defo-
lation de ces perfonnes, qui n'avoient; |
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168 HlSTTOIRE DE PoRT-ROlAl.
1707. d'autre defir que de finir leurs jours
dans cette folitude , en fe voi'ant obli- gees d'en fortir , la plupart infirmes, dans un age avance , & quelques-unes meme n'a'iant aucun afile. Les reli- gieufes de leur cote ne furent pas moins touchees j mais elles etoient tranquilles & fe foumettoient hum- blement a l'ordre de la Providence. « II faut adorer Dieu en tout, ecri- « voir la mere Prieure (88), & fe » foumettre a l'ordre de fa Providen- « ce, qui regie jufqu'aux moindres « circonftances des biens & des ». maux. Malgre ces evenemens af- » fez triftes , nous fommes dans la » paix & avec la confolation d'avoir » la confcience en repos. La vie eft « fi courte, & les recompenfes 11 gran- » des , difoit-elle dans une autre let » tre (89), qu'il eft bien jufte de les » acheter. II eft vrai que nous n'au- » rions pas choifi le fort qu'on nous » impofe, & que c'eft une chofe trif- » te de voir feparer de nous des per- » fonnes qui efperoient finir leurs » jours ici «. Les religieufes eurent foin de recompenfer les perfonnes qu'on obligeoit de fortir de la mai- fon des fervices qu'elles en avoient ; (?t) Lettre du 16 feviier. (8?) Lettre du 18. recus*
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J
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III. P A R T I E. lift'. /. I <>9
recus. » On n'en renvoi'e aucune ,
« marqaoit la Superieure dans la » meme lettre, fans lui paier fes fer- » vices , nous vendons meme pour *> cet effet ce que nous avons qui n'eft »> pas abfolument neceffaire. La feule Mademoifelle de Chana-
bors obtint de M. de Noailles la per- miflion de refter, par le credit du P. la Boiffiere de l'Oratoire, qui lui pan- ic ainfi dans une lettre qu'il lui ecri- vit fur ce trifte evenement. » La de- » folation de la fainte maifon que " vous habitez, afflige tous les gens » de bien. Mais il eft ecrit, & c'eft « la confolation des juftes , que les » enfans de la promefle ne doivent " pas compter fur le temps prefenr, » qui n'a que des tribulations pour » eux. lis auroient lieu de douter de » leur election eternelle , li le mon- » de leur plaifoit, & s'ils plaifoient » au monde.....Je fouhaite fort que
» le Ciel vous ouvre des moi'ens pour
» attendre en paix dans 11 n lieu aufli » faint que celui ou vous etes , la fin » des miferes de cette vie & le regne » de Dieu. Quoi qu'il en foit, le re- s' gard de la volonte de Dieu qui re- ■» gle toutes chofes pour fa gloire & " notre falut, vous redonnera le re- Tome IX. H |
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x
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J 70 HlSTOIRE DE PoRT-RoYix.
'"'jyo-r, « pos & la paix, que les triftes eve--*
» nemens du monde ebranlent a tou-
» :e heure.
ixxx. Les religieufes de Paris qui tra-
teng?eufes de vailloient de toures leurs forces a
p.R.dePans troubler le repos & la paix du faint
Noailies.con- deleft, ie yoiant appuiees de 1 arret
«e ceiies de du o fevrier , prefenterent le 13 du
Port-roi'al des i *• A v -\/r 1
champs. mois de mars une requete a M. le
Cardinal de Noailles, cm apres avoir fait a leur fa^on l'biftoire des deux maifons depuis 1625 , elles accu- fent les religieufes de Port-roi'al des Champs de mauvaife doctrine fur le fait du Janfenifme, & du refus de fe foumettre purement & /implement aux decifions de l'Eglife , & recem- nient a la Bulle Vineam ; refus, di- foient-elles, qui leur a attire en di- vers terns diverfes perfecutious , me- me depuis la feparation des deux mai- fons , comme la defenfe de recevoir des novices en 1.675? & 1706, Sc depuis peu les arrets des 29 decem- bre 1706, & du 9 fevrier 1707 , au mo'ien de laquelle defenfe les reli- gieufes de P. R. des Champs font re- duites a dix-fept de chosur & neuf converfes qui jouiflent de tout le re- venu qui leur fut afligne en 1669 , pendant que les religieufes. de P. R,, |
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III. Partie. Liv. I. vj\
«le Paris, qui fe font augmentees juf- 1107,
qu'a trente-neuf de chceur & dix con- verfes ne jouiflent que de 9065 liv., dont il n'y a que 7029 liv. de revenu en fonds , provenants du partage , quoique la depenfe annuelle monte a 2.2600 liv. , ce qui les a obligees £ vivre d'emprunt, pourquoi elles font chargees de 107980 liv. de dettes ; elles concluent que cela n'etant pas jufte , il plaife a fon Eminence, par- devant qui 1'arret du 9 fevrier 1707 les renvoie, d'eteindre & de fuppri- mer le titre de l'Abbai'e & Monaftere de P. R. des Cbamps, & en tonfe- quence ordonner que tons les biens qui en dependent, demeureront reu- nis a FAbbaie de P. R. de Paris, avec les litres & papiers defdits biens , fauf une pennon viagere pour les re- ligieufes de P. R. des Champs , pour les gages de leurs Domeftiques & les menues reparations. M. le Cardinal repondit a cette requete des religieu- fes de Paris par un foit communique au Promoteur \ &c fur les conclufions de fon Promoteur , il rendit le 22 du meme mois une ordonnance par la- quelle il nomma M. Vivant, grand Penitencier, pour informer fur cet- Hi;
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itfil HlSTOIRE DE PoB.T-R.OlAt.
™0„#'" te requete de commocio & incommo*-
do (90). 1 xxxi. Les religieufes de P. R. des Champs
fcs^de p. r. firent une belle & folide reponfe tant des champs £ cette requete prefentee contre elles a IuP°"rcquctes M. de Noailles, qu'a. cellequi eft in- lu-efemees fercie Jails 1'arret du confeil du 29 contrs dies
paries teii-decembre 1701?. Elles commencent
i,ieuicsdePa-par cieclarer dans leur reponfe qu'el- les fe croieut bien fondees a ne pas proceder devant M. le Cardinal , quoiqu'eiles aient tout le refped: pof- lible pour le merite de fa perfonne & pour I'eminence de fa dignite , parce- qu'il'n'eft pas juge competent dans cette affaire, ne pouvant detruire par fa feule autorite ce qui a ete fait par celle du faint fiege. Enfuite elles fou- tiennent que les religieufes de P. R. de Paris n'aiant point d'Abbeffe , el- les font hors d'etat de les attaquer , comme elles ne peuvent elles-memes (90) On avoit propofe quireprefentaqu'efaiitSu-
trois Supers pour fuivre peneur de ce Monaftere , cette affaire : t°.M.Tho- il ne convenoit pas qu'il martin Prevor de S. Nico- travaillat a fa deitruction : las du Louvre s qui reron- ;°. Enfin M. Vivant, au- dit qu'il ne pourroit fe den Cure de S. Leu , qui difpenfer de communi- filt choill par preference , quer toute la proc£du- quoiqu'on cut dit d'abord re aux religieufes des qu'il etoit trop vif cj trop Champs , & de les mettte expeditif. en caufe : 1°. M, Gilbers, |
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■III. Par*is. Liy. 1. 17?
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fe defendre , par la merrie raifon. Ce- 1707.
pendant, comme il y a dans les reque- tes prefentees centre elles au Roi & a M. le Cardinal par les religieufes de Paris , beaucoup de fauflfes fuppofi- tions & de faits enonces peu fidele- ment, elles ont cm devoir y faire une rcponfe dans laquelle , examinant ar- ticle par article le contenu de ces re- quetes, elles font voir les deguife- mens & la mauvaife foi qui regnenc par-tout; elles eclairciffent les faits en en retabliifant l'exacte verite & les mettant dans leur jour', detruifent les faulfes fuppofitions j diffipent les ca- lomnies j confondent avec toute la modeftie & la moderation poffible leurs injuries perfecutrices 5 & enfxn mettent leur innocence &la juftice de leur caufe dans une evidence qui l'au- roit fait decider en leur faveur , 11 elle avoit ete portee au tribunal des Scy- thes (91). Le 30 avril fur les qnatre heures txxxti.
apres midi, un Huiffie.r afficha a la ^ftf^ porte du monaftere de Port-roial des du monafter* J~>i • 1 1 ■ de P R. des
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Champs un placard contenant copie ciu
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amps.
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(91) Voi'cz cctte repon- Elle fe trouve aufli dans
fe T. 1. hiit. de la del- leTome4,p. I9j&fuiv.
nierc persecution de Port- des Mem. Lift. ,
loial, ifnpiimee en 1750. H iij
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I 74 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAl.
de la requete des religieufes de Paris
du i 3 mars precedent j requifitoire du Promoteur a ce qu'il plaife a fon Eminence nommer un Commiflaire pour informer de la commodite ou lncommodite des fuppreffions 8c reu- nions demandees, meme drefTer pro- ces-verbal de la quantite & etat des biens, nombre des religieufes , tant de choeur que converfes, penfions , domeftiques, & autres affaires des deux maifons j ordonnance de fon Eminence du rz mars, qui commet M. Vivant ; aurre requete des reli- gieufes de Paris, a ce qu'il plaife a. M. Vivant accepter ladite commif- fion & fatisfaire aux fins de leur re- quete , meme faire defcente a P. R. des Champs , & leur donner permif- fion de faire affigner tous les interef- fes auxdites fuppreffions & reunions; ordonnance de M. Vivant , qui ac- cepte avec refpedt ladite commif- fton (91),, & permet d'affigner tous les intereiTes, les connus a. leur domi- (51) Comme M. Vi- tion de ce qui eft dit dans
vant jouiflbit d'une 'alTez l'Apocalypfe de l'Ange de
bonne reputation a Paris; l'Eglife de Sardes : Vous
lorfqu'il eut accepte cette avej la reputation d'ltre
commiffion , qui le des- vivant , mais vous ites
trormora, un homme a mart. Nomsn habes quod.
kon mot lui fit rapglica- vivas & mortuus es,
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III. P A R T I E. LlV. I. 175
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cite , les inconnus par affiches , pour 1707*
comparoitre en fon appartement le 9 mai fuivant, & enftn 1'adfce de l'Huifi fier , qui avoir affiche ledit placard & la porte de P. R. des Champs, & vine affignation a tous pretendans droit auxdites fuppreffion & reunion a com- paroitre lundi 9 mai en l'hotel & ap- partement de M. Vivant, dans la cour de l'Archeveche de Paris, pour proce- der aux fins defdites requetes. A juger de l'importance de cette
affaire par la celerire avec laquelle elle fe pouriuivoit , il n'eft perfonne qui n'eut cru qu'il s'agifloit du falut de la France , & que la deftruction da faint monaftere de P. R. des Champs etoit la chofe du monde la plus avan- tageufe pour l'Eglife & pour l'Etar. C'eft qu'il s'agifloit de fatisfaire les defirs du P. la Chaife , qui vouloit avoir avant que de mourir , la douce confolation de voir P. R. des Champs renverfe, _ ' txxjmr; Quoique ces faintes filles ne dou- i*»Ki%£itf
taflent poinr que l'extindtion de leur des champs maifon ne fut reTolue & comme cer- fo™CIlt °P- taine y elles ne laiiloient pas de leur xkution des cote de prendre tous les moi'ens qui arr«sducon- etoient en leur pouvoir pour s'oppo- Elles pr«~ fer a i'injuftice. C'eft pourquoi le 19 CenK"^^ H 1UJ
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..--...
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l-]6 HlSTOIRE DE PoRT-RoYal.
Avril 1707 , elles formerent oppofi-
tion a l'execution des arrets du Con- feil des 17 avril & 15? decembre 1706, & du 9 fevrier 1707 (93). Le lende- main elles drefTerent une requete (94) au Roi dans laquelle elles reprefen- rent avec route la foumiffion poffible a fa Majefte, que ces arrets ont ere obtenus fans qu'elles aient ete enten- dues, fur des requetes qui ne leur ont point ete communiquees, Sc par lef- qiielles on n'a pas craint de furpren- ckela religion de fa Majefte fur plu- lieurs points importans. » On fait " bien, Sire, difent-elles, que votre « Majefte eft infiniment eloignee de » vouloir opprimer des perfonnes in- » nocentes ; c'eft pourquoi on met » tout en ufage pour nous rendre cri- w minelles a fes yeux. On ne fe con- |
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J7°7-
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tres belle , tres fenfee , &
tres folide, eat neanmoins des contradicteurs , merni parmi une forte d'amis de P. R. des Champs. C'eft ce qu'on voit par ujie lettre anonyme du pre- mier juin Je cette annee , adreflee a la foeur IflaU celleriere, qui eft rappor- tee dans les Mem hift. T- 4. p. ;iS , & par ime autre lettre du H juin , 4 la mere Prieute > p> f • jit. |
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(9?) Cet afle lie parut
^uc le 7 mai. {94) Cette requete eft
ia deuxieme des religieu- fes de P. R. des Champs, an Roi. ta premiere ell eelle du 50 Janvier dans laqutllc elles fe juftifient fur la doarine. Celle-ci, qui eft la deuxieme, re- garde les arrets de la reu- nion des biens. Elle fur eircfice 1c 50 avril, & eft dacee du premier mai. Cette requete , quoique |
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III. Partie. Liv. 1. 177
» tente pas d'artaquer nos biens, on »> atraque encore la purete de notre ■» foi, & fans apporter aucune preu- » ve reelle, ni mcme apparente de » relies aceufations, on demande no- v tre entiere deftruction comme n « nous etions coupables & convain- » cues. Cetre conduire , Sire , nous* » met dans la rrifte nccefllte de ram- s' pre le filence que nous voudrions w garde* route notre vie, & qui , » jufqu'ici , a fair notre plus douce » c'onfolarion. Mais nous nous croi- ■-> rions tres criminelles devant Dieu " aufli-bien que devant votre Majef- w re , fi dans cette occafion ou il s'a- » git de la deftrucHon entiere de no- » tre maifon , nous negligions de » faire connoitre a Votre Majeftc « que tout ce qu'on lui allegue con- » tre nous n'eft qu'un vain pietexte , » qui n'a aucun fondement. Car nous » pouvons , Sire , protefter a Votre » Majefte avec route la fincerite ref- » peclueufe que nous lui devons , » qu'on ne fauroit nous convaincre » d'avoir commis aucune fame qui » ait pu l'offenfer, ni que nous aions » bleflfe la foumiffion que nous de- » vons a. l'Eglife & au fainr Siege «. Elles aflfurent fa Mafefte qn'elles font Hv
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173 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAT.'
inviolablement demeurees attachee5£-
aux fentimens dont elle fi.it fatisfaite , lorfqu'elle voulut bien concourir avec le Pape Clement IX a la paix de l'E- glife , & les.retablir dans leurs droits j, fentimens qui furent approuves par le Pape & par M. de Perefixe, lequel apres avoir rendu un temoignage cclatant a la purete de leur foi, de- clara que leur obeiffance au faint Sie- ge etoit veritable & entiere : que de- puis ce tems-la, il n'eft rien arrive de, nouveau,fi-non qu'elles s'etoient crues, obligees dans l'acceptation de la der- niere conftitution,d'ajouter cette clau- fe :fans deroger a ce qui s'eft fait a no- tre egard a la paix de I'Eglife fous Clement IX : qu'elles avoient penfe. devoir, dans une occafion ou Ton exi- geoit d'elles ce qu'on ne. demandoit, point aux autres Communautes , rap- peller la memoire de cette heureufe. Saix qu'elles faifoient gloire de tenir,
e fa Majefte : que c'eft-la tout leur, erime , & ce qui fert de pretexte aux aceufations de mauvaife doctrine, qu'on ofe porter au trone de fa Ma- jefte contre elles ; mais qu'elles efpe^ rent que Pexpofe fin cere de leur con- duite diffipera les impreffions r que les religieufes 4e. P. R. de. Paris, ont |
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III. Par tie. Liv* I. 179
fache de donner d'elles par leurs re- 1707. quetes. Entrant enfuite en matiere , elles reprefentent a fa Majefte qu'elle a autonfe le partage des biens (con- tre lequel on veut revenir) par les formalites les plus inviolables & ef- fentielles qui puffent etre employees dans l'Eglife & dans l'Etat 5 qu'elles ont poflede' en paix la partie qui leur avoit ete affignee, tandis que les re^ ligieufes de Paris , par leur peu d'ce- conomie , ont lailfe deperir la leur ; que quoique celles-ci n'aient eu que le tiers par le partage ; cependant a examiner les chofes de pres , elles ont eu plus de k moitie , ce qu'elles font -?oir par unexpofe tres clair de l'etat du partage. Apres quoi elles- difent qu'elles ne fauroient fe perfuader que ee foit l'intention de fa Mijefte de les reduire dans un etat ou elles ne pourroient fubfifter , ni qu'elle regar- de comme une faute la reconnoiliait- ce qu'elles confervent pour la bonte qu'elle a eue d'affurer leur repos en les faifant jouir de l'heureufe paix ac- cordee en 1669 a l'Eglife de France,, par fes foins & fon autorite. C'eft dans cette confiance que profternees- aux pieds de fa'Majefte , elles ofent efperer de fa bonce & de fa juftice ,, |
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l8o HlSTOIRE DE PoRT-ROlAE.
J70 ~ qu'elle ne meprifera pas leurs fuppli^
cations & leurs larmes. Enfin elles fupplient fa Majefte de leur perniet- tre de fe pourvoir fuivant I'a&e d'op* pofition qu'elles n'ont pu fe difpenfer de faire par a£le du 29 avril, contre les requetes des religieufes de P. R. de Paris & les arrets du Confeil in- tervenus en confequence (95). ixxxtv. Cette requete fut communiqnee oppofition aux religieufes de P. R. de Paris le des reh^icu- O _
fes de p. r. 6 mai j & le jour iuivant 1 oppon-
des cham;stj j avril, dont il eft parle figmfiee le 7 ^ » f
mai aux reli- dans iarequete, leur rut hgmhee {96).
fis?^5 de P*" ^et a(^e p0"0^ 5 que ies religieufes
de P. R. des Champs etoientindifpen- fablement obligees de rompre le fi- lence , pour fe plaindre d'une requete noii communiquee inferee dans 1'Ar- ret du Confeil d'Etatdu 29 decembre 1 jo6 j par laquelle elles font accufees fans aucun fujet, contre les defenfes expreftes de Sa Majefte portees dans les Arrets du Confeil a Etat des 2 $ o&obre 166S , & 5 mars 1703 , de (<<S) Voi'ez cette reque- copie a M. le Cardinal ,
te, T. 4. des Mem. hift. accempagnee d'une lettre
p. s<4 Elle fut remife le des religieufes.
premier de mai, par un (?s) Voiez cette oppo ami , a M. de Pont-chat- fition , T. 4. des Mem.
train , qui promit de la hift. p. 167 , ice. Hift. de
prefenter au Ro,i. Le 10 la deftr. T. i.p, iiS.
de mai 01: en donna tine |
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III. Par*ie. Liv. I. ff<
mauvaife doctrine fur le fait de Jan- 1707.
fenifme, & de refus ouvert de fe fou- mettre aux decisions de l'Eglife , par les religieufes de P. R. de Paris y qui s'appuiant fur ce vain & faux pretex- te d'une mauvaife doctrine & d'une defobeiifance ouverte, ont encore ofe requerir l'extindion de l'Abbaie de P. R. des Champs , la carfation de l'Arret du Confeil d'Etat du 13 mai 1669 , & des lettres patentes du mois d'avril i6jz , & la reunion a leur profit des biens affignes a P. R. des Champs par lefdits Arret & lettres patentes. Sur laquelle demande tres extraordinaire , le Sieur Voifin aiant ete nomme pour drefler des proces- verbaux des revenus des deux mai- fons de Paris & des Champs, a exe- cute fa commiffion , & il eft interve- nu un fecond Arret du Confeil le 9 fevrier 1707 , par lequel fans avoir en rendu les religieufes de P. R. des • Champs, fans meme leur avoir com- munique les proces-verbaux du Sieur CommuTaire, l'Arret du Confeil d'E- tat du 13 mai 1669 , &c les Lettres patentes de 1671, ont ete revoquees &c annullees , en ce qui concerne le' partage y enonce, fans qu'il ait ete fait aucune mention des Bulles. dti |
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lSl HlSTOlKE DE PotL&&&£jL£V
' }joj. Pape Clement IX, qui ordonnent &
etablifTent le meme partage j ni des Arrets du grand Confeil de 1703 , qui maintiennent les religieufes de P. R. des Champs dans la pofTeffion des biens & revenus de leur Abbaie* & enfin ordonne entre autres chofes que » les religieufes de P. R. des » Champs fe retireront par-devers le s> fieur Cardinal de Noailles , leur » Archeveque , pour etre par lui fta- w tue fur l'extin&ion & fuppreffion v du titre de l'Abbai'e & monaftere » de P. R. des Champs , & fur la » reunion des biens & revenus qui « en dependent a TAbbaie de P. R. » de Paris.„.. ordonne encore que par » provifion , il fera mis tous les ans « en fequeftre fur les revenus de Porc- n Roial des Champs 6000 livres d« *> quartier en quartier , pour etre em» » ploiees ainfi qu'il fera ordonne. Les religieufes de P. R. des Champs
qui ne trouvent ici - bas d'autre pro- tection , ni confolation que dans la purete de leur foi & de leur do&rine;, qui n'eft point la leur particuliere, maiscelle de l'Eglifecatholique, apoC- tolique & romaine leur mere, & dans la hncerite de la foumiffion qu'elles ©nt toujpurs rendue a la Conftuuucu* |
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III. Partie. Llv. I. r8$
ie notre S. Pere le Pape Clement XI iro*?i
du mois de juillet 1705 , fe croient neanmoins obligees de faire le pre- fent adte , pour aflurer qu'elles font innocentes de tout ee dont on les ac- cufe, & pour declarer qu'elles ne con- fentenr nullement & ne confentiront jamais a l'extin&rion du titre de leur Abbai'e ni a la deftrucHon de leur mo- naftere. Elles declarent que depuis la paix
donnee a l'Eglife en 1668 , & heu- reufement eonfommee par le concours des deux Puiffances fpirituelle & tem- porelle en 1669 , dont il refte divers monumens publics, elles n'ont rien fait qui puifle leur attirer l'orage que les religieufes de P. R. de Paris leur ont fufcite j qu'elles ont pour elles 1'ordonnance de M. de Perefixe Ar- cbeveque de Paris,du 17 fevrier 166%, qui rend un temoignage authentique de leur foi, & qui declare que » elles » ont rendu au S. Siege toute la de- » ference & 1'obeifTance qui lui eft » due, comme tous les Tneologiens » conviennent qu'il la faut rendre aa " regard des Livres condamnes ,* & « meme conformement a l'efprit des» » Bulles apoftoliques \ que leur obeif- « faneaeft enriece & veritable j qu'iiv |
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I 84 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt.
1707. " recoit & approuve leurs fentimens*
» apres qu'il lui eft apparu qu'ils » font en effet les memes que ceux « que Sa Saintete a recus & approu- » ves, & dont elle a temoigne erre » fatisfaite «. II n'eft arrive depuis cette paix aucun changement dans leurs fentimens. Dieu eft temoin de cette veritej c'eft ce qu'elles ont voulu maiquer par la claufe, fans deroger a ce qui s'ejl paffe a letir egard a la pais de I'Eglife Jbus Clement IX. C'eft pourqnoi apres avoir tres humblement fupplie Sa Majefte de vonloir jetter fur elles quelques regards de fa cle- nience roi'ale , & de leur dormer moien de fe juftifier en juftice reglee de tout ce qu'on leur impute, elles ont lieu d'efperer qu'elle leur fera la grace de les ecouter favor ablem en t & de leur permettre de fe defendre. C'eft dans cette vue qu'elles ont fait dref- fer la prefente & indifpenfable oppo- sition a l'execution des Arrets du Con- feil d'Etat des z? decembre 1706, & 9 fevrier \ 707', & de tout ce qui pourra s'en fuivre. Cette opposition fut fignifiee (97)
if) Ce ne fur point perfonne ne .voiilant pre-
fam peine qu'on vmt a let ion miniftcre e l'inno- bouc de U faire figwfiet, cence. Six HuWkis au |
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ftl. Partib. Ltv.I. i8<
le 7 mai a M. Vivant & aux religieu- 1707.
fes de P. R. de Paris, qui prefente- lxxxv. v rr a ■ 11 a Sentence ren-
rent auuitot une nouvelie requete au due d6.
Roi, contre celle des religieufes deku-«""»'« P. R. des Champs. Celles-ci etoientpe0[|'rtfiaides ailignees a ccmparortre le 9 mai; mais champs, on crut que l'oppofition dontnous ve- Arret du nons de parler , arreteroit la proce- J?b*'tJ, ^ dure du fieur Vivant commiflaire. religieufes de On fur trompe, car il pafTa outre, & £nan^'s "de* rendit le 9 une Ordonnance par de- leur oppofl- faut; leconfeil defon Eminence ai'antt!on" decide , que comme on ne s'etoit point oppofe nomement (98) a la commif- fion du fieur Vivant, mais feulement aux. Arrets du Confeil , & a. tout ce qui s'en etoit enfuivi, la puifTance qu'exerce 1'Ordinaire ne devant point etre cenfee une fuite des Arrets du Confeil, le fieur CommifTaire de- voit continuer fes procedures. Cet avis fut fuivi, & le jour de l'enquete alligne au mercredi dix-huit. Les religieufes de Paris prefente-
rent, comme nous 1'avons dit , une nouvelie requete au Roi, contre cel- les de P. R. des Champs, 8c elles ob- tinrent un Arret du Confeil d'Eraten Confeil le refuferent. En- s'en charter.
finil-s'en trouva un phis (98) Ce fut 1'avis ds
geakeux ijui voulut bien l'Avocat Nonet.
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I %6 HlSTOIRE DE PoRT-ROtAt.'
I707. date du vendredi 12 mai (99), qui
deboutoit les religieufes du monafte-
re des Champs de leur oppofition aux
Arrets du Confeil. En confequence
de ce riouvel Arret, le fequeftre fit
faifir le temporel de Port-Roial des
Champs.
1X5?Voft- L'Ordonnance rendue par defaut
tion des rcii- le 9 mai par le fieur Vivant, malgre
gieufes dcs l'0ppofition des religieufes perfecu-
Champsal'or- , ft \ ¥ • r ■ r i
donnacce du tees, les engagea a raire ngniner le
5 ma1' 16 du meme mois audit fieur Com- mifTaire une autre oppofition a ladite
Ordonnance li aucune y avoit , la- quelle n'avoit pu etre rendue dans les formes avant que l'oppofition aux Ar- rets du Confeil fut vuidee j & pour prevenir toute autre difhculte , elles s'oppoferent pour les raifons a dire en terns & lieu a la commiffion que M. lAreheveque avoit donnee a M. Vivant, & a celle qu'il pourroit avoir donnee ou donner par la fuite a toute autre perfonne , pour proceder aux union & fuppreluon requifes , foit qu'il aeit par fon pouvoir ordinaire ,
iixxxvii. x &rj g « j r> t «f Remiete des.ou en verm des Arrets du Conleil..
religieufes dc Cette oppofition liant les mains du
iloaiiks, au Commiflaire, les religieufes de Paris fujet de Top- prefenterent requete a l'Archeveque pontion deL a A -
Champs d" ^^ Voi" cet *****' mm' bift' T' * E' 3°l*
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HI. Par tie. Llv. I. 187
a ce qu'il lui plut renvoi'er l'affaire de-
van t ion Official, pour y proceder fur ladite oppofition , 8c en avoir main- levee , pour le rout fait, recourir an fieur Commiflaire, pour etre par de- vant lui la procedure continuee. La requete fut repondue le 18 mai 8c les parties renvoiees pardevant 1'Official. Le 19 les religieufes de Paris prefen- terent requete a 1'Official, a ce qu'il lui plut leur permettre de faire affi- gner pardevant lui les oppofantes r pour etre deboutees de leur oppofi- tion , voir dire 8c ordonner j que fans y avoir egard , les Ordonnance & commiffion de M. PArcheveque, enfemble POrdonnance rendue par le fieur Vivant le 9 mai, feront execu- tees felon leur forme 8c teneur , & en- confequehce , qu'il fera procede aux defcentes 8c informations necelfaires. L'Official r^pondit la requete le 19 mai, & permit d'affigner aux fins de ladite requete dans les delais de POr- donnance. Toutes ces pieces furent fignifiees aux religieufes de P. R. des. Champs le zi mai, 8c elles furent affignees pardevant 1'Official au hui- rieme jour apres la date de l'exploit. Des le 17 on leur avoit fignifie:
iArixtdiiConfeild'Eratdu ia mai |
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lS8 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt,
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1707. ^i ^es deboutoit de leur opposition
ixxxvra. aux Arrets du Confeil. Ce dernier ConfdW'i" -A-rret avoit ete obtenu comme les pre- tat qui de- cedens fur une requete non commu- ligjeofef ^niquee, & qui, felon les termes de i\ r. des 1'Arret , fervoit de reponfe a la re- UwTppo* V^e d'oppofition des religieufes de tion a«x at- P. R. des Champs. L'Arret ne rap- feif. U Con'porte que les conclufions des deux re- quires , & un extrait de Fade d'op- pofition. Le ii on leur fit fignifier par exploit qu'elles euffent a. pai'er le quartier de la proviiion de 6000 liv. & eri confequene on faifit tons leurs revenus. Le 18 mai,les religieufes de P. R. des Champs firent fommer celles de Paris de leur fournir une copie de la requete qu'elles avoient prefentee au Roi en reponfe a leur requete d'oppofition du joavril 1707, mais on n'eut point d'egard a. cette fommation , & cette requete ne leur fut pas plus communiquee que les au- tres (1). (1) Cette requete etant les, e'eft-a-dire , en la
tombee , quelques mois refutant atticle pat arti-
apres, entre les mains des cle. L'auteur des memoi-
religieufes de P. R. des tes hiftoriques a donne
Champs, clles y fitent une cette importante piece
reponfe , en fuivant la dans fon quattieme tome
rneme methode que dans p. vr). le letteur trouve-
la reponfe a la requete ra non-feuiem?nt des ar-
ftefentee a M. de Noa.il- ticks nouvcaux , maisea--
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III. Partis. Liv.L 189
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; Le courage avec lequel' les reli- 1707.
eieufes de P. R. des Champs foute- lxxxix. • • 1 j 1 • la fermete
noient les attaques de leurs parties , des reiigieu-
& fe defendoient, ne laifTa pas que*"" perfecu- d'embarralfer beaucoup M. de Noail-^fie cardin. les, qui s'etoit attendu que ces fillesde Noaiiln. etant routes agees, infirmes & fans appui, fe contenteroient de faire des proteftations fecretes chez des No- takes, & verbales entre les mainsdu CommkTaire , lorfqu'il feroit l'en- quete , & pardelTus lefquelles on an- roit palTe fans meme leur dormer a£te; de maniere que la reunion fe feroit faite , fans qu'il eut paru par des ac- tes juridiques que les deux parties n'y confenroient pas \ ce qui auroit lait plaifir & rendu lachofe moins odieu- le. C'eft ce qu'un ami du Pere Quef- nel lui mandoit dans une lettre du 9 juin , par laquelle il 1'inftriiit de rou- te la procedure qui s'etoit faite juf- qu'alors , d'une maniere qui fait voir qu'il etoit tres inftruit de ce qui fe paifoit dans cette affaire (1). xc_ Pendant le cours des procedures Proteftatlon
1-1 1 dss rclieieu-
contentieules , dont nous venons de fes & p. r.
des Champs
core l'agtcmcnt de la ties ne ceffoient de reba- contre toutc nouveaute fur les points tre. fignature memes auxquels elles a- (i) Vo'iez cette lettre , qu'on pour-
voient deja fi folidement T. I. p. t){ , & fuiv. de roit extor- repondu, 6c que leurs par- l'Hift. de la dern, perf. quer d'ellcs. |
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IJTO HlS?OIRE DE PoRT-ROlAL.'
1707. parler , les religieufes de P. R. des
Champs bien plus fenfibles a ce qui regardoit le precieux trefor de la foi , qu'd la confervation de leurtno- naftere, firent un acte d'une efpece difFerente des precedens mais bien digne de leur piete : nous ne pouvons nous difpenfer de le rapporter. Ces faintes filles craignant qu'on ne vou- lut les forcer par la fuite a faire quel- que fignature contraire a leur conf- cience fur le fait de Janfenius, firent &c fignerent en chapitre le 8 mai 1707 un a&e de proteftation contre toutes les fignatures qu'on pourroit extor- quer d'elles. Voici cet acte. « Nous Prieure , religieufes' &
« Communaute de l'Abbai'e de P. R. 3) des Champs, Ordre de Citeaux, »> diocefe de Paris , le fiege Abba- » tial vacant , etant au nombre de v dix-fept , ce qui compofe notre » Communaute, & affemblees en nor » tre chapitre au fon de la cloche „ en la maniere accoutumee, pour de- » liberer fur les affaires preterites de » notre maifon j une d'entre nous a ,1 fait lecture a haute voix des Arrets » du Confeil du 29 decembre 1701?,. » & 9 fevrier dernier , qui ont ete » rendus fans que nous aions ete ap- |
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III. P ARTIE. Llv. t. 191
t> pellees en caufe , & fans que les 1*707!
» requetes des religieufes de P. R.
» de Paris qui f font inferees, nous
» aient ete commuriiquees, fur quoi
» nous efperons de la juftice de Sa
» Majefte qu'elle ecoutera nos tres
» humbles remontrances.
» Ces Arrets portent qu'il s'eft re-
» pandu parmi nous une doctrine ». mauvaife & contraire aux decillons » de i'Eglife fur le fait du Janfenif- » me •, que nous avons refufe de nous » foumettre a la Conftitution de no- » tre S. Pere le Pape Clement XI, » du mois de juillet 1705 , & que » nous y avons voulu appofer des » redactions condamnees par toute » I'Eglife , & capables d'en troubler » la paix. » II eft evident par ces paroles,
» qu'on nous accufe , 1 °. d'avoir une » mauvaife doctrine fur le fait du » Janfenifin-3; z °. d'avoir voulu y . » appofer des redactions condam~ » nees par toute I'Eglife & capables » d'en troubler la paix. » II n'eft pas moins evident que
» ces accufations font au fond les » meines que Ton formoit contre » nous avant la paix de I'Eglife , » & qu'il s'agit encore prefentement |
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ipi HlSTOIRE DE PoRT-ROlAI.
» de la meme affaire , c'efl-a-dire ,
» de la condamnation des herefies 3> condamnees, & de la-deference &£ » foumifllon qire nous devons aux » decifions du S. Siege au regard des » faits non reveles tels que celui de » Janfenius. Cela etant ainfi, il s'agit » d'examiner, fi nos fentimens farce i> fujetont change en quelque chofe, « depuisqu'ils furent folemnellemenc » reconnus pour orthodoxes, lorfque « les deux Puiflances Ecclefiaftique « & feculiere rendirent la paix a l'E? s> glife de France, 8c nous retablirent => dans nos droits, etant bien certain » que fi nos fentimens font encore m les memes , nous ne fommes ni j> plus coupables, ni moins catholi- » ques que nous Tenons en ce tems-la. » Pour proceder avec plus de con-
j» noifiance de caufe a cet examen , » nous avons fait lire a haute voix » par l'une d'entre nous , la requete » que nous prefentames le 14 fevrier » 1669 , a feu M. de Perefixe pour » lors Archeveqne Paris, & none Su- » pcrieur, avec l'Ordonnance qu'il » rendit en confequence le 17 du » meme mois & an. » Apres avoir murement examine
» devant Dieu nos difpofitions pre- fentas
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III. P A R T I E. Liv. I. IJ>J
». fentes & les fentimens contenus 1707.
» dans ladite requete & approuves « dans ladite Ordonnance , nous pro- s' teftons avec la derniere fincerite, " que nous nous fommes trouvees » dans les memes fentimens , qui » font contenus dans ces deux actes. » Ces fentimens furenr examines dans » le terns qu'on travailloit a la paix » de l'Eglife , avec toute la feverite » poifible; 6c apres un tel examen , » M. de Perefixe declare dans fon » Ordonnance, i°. que nous avons » condamne les cinq propofitions » avec toute forte de fincerite , & » fans exception ni reftriclion quel- » conque dans tous les fens que l'E- » glife les a condamnees; i°. que m pour ce qui regarde l'attributijon. " des cinq propofitions au Livre de » Janfenius , nous avons rendu au » S. Siege toute la deference & l'o- » beiflance qui lui eft due ; comme « tous les Theologiens conviennent » qu'il la faut rendre au regard de » tous les Livres condamnes , & me- w me conformement a l'efprit des >s Bulles apoftoliques, ( ce qui eft di- » re bien clairement, qu'on ne peut »» rien exiger au-dela de ce que nous H avons fait; & que tout ce qui paf- Tome IX. I |
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1^4 HlSTOIRErmPoRT-ROlAI.
7" » feroit ces bornes , pafTeroit celles
» de l'obeiflance qui eft due au faint « Siege , & ne feroit pas confor- » me a l'efprit des Bulles apoftoli- « ques). 3u.enfin ce Prelat ajoute , » qu'apres avoir eu communication 3> de la declaration qui fi.it alors en^ => voiee au Pape , & du Bref de Sa » Saintete, par lequel elle a temoi- « gne en ecre fatisfaite, il lui parut « que notre declaration eft en eflet j> la meme que celle qui a ete ap- 3> prouvee par le S. Siege } & qu'en 3> fuivant 1'exemple du faint Pere , il s> recoit & approuve notre declara- « tion, & qu'y ai'ant egard il nous w reftitue ala participation desSacre- « mens , &c. v Nous fommes affligees 8c furpri-
« fes , que fans avoir rien fait qui » puiile affoiblir des temoignages fi »- authentiques de la purete de notre « doitrine; &.de la fmcerite de notre m obeiflance au S. Siege , rendus par ». un Prelat qu'on nepeurpoint foup- " $onner de nous< avoir voulu favo- », rifer, on tente encore de nous ren- >y dre fufpecles fur ces deux points. a Mais ce qui nous paroit plus fur- ». prenant, eft qu'on regarde comme- >y une reftri&ion- condamnee par le- |
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111. P A R T I E. LlV. L 195
'» jugemenr de route l'Eglife, & ca-
» pable d'en troubler la paix, cette » claufe j fans deroger a ce qui s'ejl » fait a notre egard a la paix de l'B~ » glife fous Clement IX 3 que nous » n'avons ajoutee a l'a&e de recep- » tion de la derriiere Conftitution, » que pour marquer notre refpetfc » pour les decifions du S. Siege , » pour l'Ordonnance de M. de Pere- » fixe , & notre amour pour la paix. » Cette claufe n'eut pas ete necef-
» faire , fi M. le Cardinal de Noail- " les notre Archeveque ne nous eut ^» pas fait demander par notre Supe- » rieur l'un des grands Vicaires , un " acte qui n'a point ete demande aux » autres Communautes du Roi'aume, » & qui n'eft ordonne ni par la Conf- » titution, ni meme par le Man- » dement de fon Eminence. Mais » des que Ton exigeoit de rioiis un tel » acte, nous ne pouvions nous di'f- » penfer d'y ajouter une claufe, qui " marquoitla fincerite deriotre obeif- •> fance au S. Siege, & le defir que » nous avions de nous tenir fen-lie- s' mentattachees a cette heureufe paix, » que nous regardons comme la preci- s' vede notre innocence, & dommeun » rempart inacceffible a la calomnie; |
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I 5)6 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAL.
» car nous fommes perfuadees com-
« me tous les fideles , que l'Eglife » toujours conduite par le meme ef- « prir, ne varie point dans facrean- » ce & n'a point de nouvelles lumie- » res fur ce qui fait l'objet de fa foi, » & nous ne pouvons douter qu'ai'ant » une fois reconnu &: approuve fi » authentiquement nos fentimens » comme tres catholiques , elle ne 3> les reconnoilfe toujours pour tels, « quand elle faura qu'ils n'ont point » change , comme nous le proteftons » toutes dans cet acle, que nous fai- » fons pouretre un temoignage conf- » tant de nos fentimens prefens, arm « qu'on ne puifTe nous accufer d'en » avoir decontraires, ou foupconner » qu'ils ne font pas auffi purs dans » toutes celles qui compofent cette. » Communaute; & afin que fi dans » la fuite on portoit les chofes aux » extremites dont nous fommes me- » nacees, & qu'il y en eut quelqu'une » d'entre nous , a qui on fit ngner » quelques chofe de contraire, foit » par menaces, ou par quelques mau- » vais traitemens, cette faute ne put v etre imputee qu'au defaut de li- » berte , & a l'accablement ou les w extremes afflictions peuvent redui- |
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III. Par tie. Uv.t 197
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» re de pauvres filles, agees , infir- 1707.
» mes, & deftituees de tout confeil. » Fait en notre monaftere de P. R. » des Champs le 8 mai 1707. Signe, » &c. Pour revenir a la procedure contre xci.'
lesreligieufes de P. R. des Champs, Zf£"£ M. deNoailies ai'antrenvoie, fur une devam lofls- requete des religieufes de Paris , l'af-■ faire pardevant POfficialite, parceque le CommifTaire avoit les mains liees par la double oppofition a fa commif- fion, elles furent affignees a compa- roitre a huitaine devant l'Official, qui etoit le fameux M. le Normand , depuis Eveque d'Evreux. La caufe fut appellee le mercredi xctI-
8. • 1 . 1 • • l r 1 r> • 1 Moi'ens de»
juin ; les religieuies de lJans ob- reiigieufes de
tinrent un defaut contre celles dep°rtroValde*
P. R. des Champs, qui le 17 du me- me mois firent fignifier a Anfelme Joufle , Procureur des religieufes de Port-Roi'al de Paris , leurs moi'ens . d'oppofitions : elles les reduifoient a trois (3). Le premier etoit la vacance du Sie-
ge abbatial de P. R. des Champs , pendant laquelle on ne pouvoit rien innover dans la maifon. Le fecond etoit la vacance du Siege abbatial de (j) Voi'ez ces moi'ens, T. 4. Mem. hift p. 31 j, lilj
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jp$ HlSTOIRE DE PoRT-ROlAI,.
' ■ j-y07> P. R. de Paris , pendant laquelle Ies
religieufes de ce monaftere n'etoient pas parties capable^ pour intenter une pareille addon. Le troifjeme etoit,que la feparation de P. R. des Champs & de Paris en deux titres d'Abbaies ai'ant ere faite non-feulement par Ar- ret du ConfejJ, majs auffi en vertu des Bulles de Clement X , il falloit pour reunir Ces deux maifons en une feule, avoir recours a la meme auto- rjtequi les avoit divifees , celle de M. lArcheveque de Paris n'etant pas affez grande pour faire cette reunion. Ge troifieme mpien fut ee qui em- barralia le plus les ennemis de P. R. <les Champs , car fans cela rien ne pouvoit les arreter, etant maitres de faire prendre quel train ils voudroient a la procedure, en choififlant les Ju~ ges a leur gout. Le i: juin la caufe rut renvoiee au fame4i * du mois de juillet. xcm. Dans cet interval le , les religieufes ies reiigieu- Je p, R. Jes Champs, publierent un
champs pu- memoire juftincatir en date du jo Wient un Mc- :ujn j 707i La cramte de manquer a ce moire luilih- > , ,, ' , . \ ,,r yr 0 l\ \,r
catif. qu elles devoient a 1 Lghle & a 1 Ltat
pour le maintien de leur Abbaie &
la confervation de leurs biens , les avoit deja engages a prefenter au |
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Roi deux requetes , Tune pour de- 1707.
fendre l'innocence de leurs mcEurs anffi-bien que ia purete de leur foi , & l'autre touchant leurs Hens. Dans le memoire juftificatif dont nous par- Ions , elles fe croient obligees d'e- claircir les principaux points de ces requetes , arm de juftifier les plaintes qu'elles n'ont pas pu fe difpenfer de porter a Sa Majefte contre l'exces vi- sible des demandes de leurs adver- faires & Vinjuftice des moiens qu'ils emploient pour venir a bout de leut deuein. Cet excellent memoire meri- teroit bien une place dans cette hif- toire , fi fa longueur n'y rnettoit obs- tacle. Le Lecleur le trouvera dans le quatrieme tome des memoires hifto- •riques, pag. 3Z3--3 74. Le premier juillet, les religieufes xciv.
deP. R. des Champs prefenterent une r E11" rjcu * v t. , ,)r.i .r, , . r . fent les Hens
requete a M. 1 Orhcial, pour liu rai- Ptomouors.
re favoir qu'elles recufoient fes deux Promoteurs, (MM. Thomaflin) parce- qu' ils etoient parens de M. Courcier Superieur de P. R. de Paris. La re- quete fut repondue le meme jour & lignifiee aux parties , c'eft-a-dire , au Promoteur & Vice-Promoteur, &aux religieufes de Paris. Dans l'audience qui avoit ete indi-
I iiij |
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ZOO HlSTOIRE DE PoRT-ROlAL.
i joy, queeau famedi i juillet, il s'agiflblr
xcv. de decider fur cette recufation. Les en caufefon Avocats des parties s'y prefenterent, piaid.- fur les M. Hebert pour les religieufes de "rir P- R. des Champs, & Nivelle le jen- coiusdemon-ne pour celles de Paris. Le mercredi «. DifcouK 5 juiHet » les mo'iens de recufation qui s'y tien- furent rejettes. Le lendemain 6 du pent. • ' \
mois, on commenca a entrer en cau-
fe j & a. plaider fur les mo'iens d'op- pofitions. Cette caufe tint huit au- diences. II y eut un concours extraor- dinaire j & Ton alloit trois ou quatre heures auparavant retenir les places. Le Nonce envoioit resulierement fon Auditeur a toutes les Audiences, pour voir fi a l'occafion du troifieme moien, on ne diroit rien qui put blefTer l'au- torite du Pape. C'etoit une vraie fee- ne que d'enrendre tous les difcours qui fe tenoient en attendant 1'Au- dience. Les uns traitoient de mome- rie cec appareil de Juges , qui enten- doient gravement & fi long-tems plaider une caufe, dont ils avoient, difoit-on , recu la Sentence par ecrit. D'autres felicitoient lAvocat des re- ligieufes de Paris fur la bonte de fa caufe , & l'afluroient du gain , mais non pour les raifons qu'il allegueroit. II fur plufieurs fois interjeompu,. mais |
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III. P A R T I E. ttV. J. 201
avec tant de bruit qu'il eroit oblige 1707.
de s'arreter & demander audience. II n'en fut pas de raeme lorfque ^^^
M. Hebert plaida pour les religieufes piaide pour de P. R. des Champs, II fut toujour* fc^fS ecoute avec une grande attention & champs, n C j r\ a 1 eft ecoute a-
un prorond nlence. A la premiere au- vec un pro.
dience du 6 juillet il commenca par fond filence, faire l'apologie des religieufes de app a P. R. des Champs, contre l'accufa- tion de defobeiffance que leurs parties formoient contre elles. II le fit avec une juftefle& une delicateflfe qui char- ma les Auditeurs. » Loin de nous , " dit-il, cette idee de revoke contre » les ordres & les intentions du Roi. » Sa Majefte n'a d'autre volonte que " de fuivre en tout la difcipline de >» TEglife. Le defir du Roi eft de la >? maintenir &: de conformer fes Ar- » rets aux regies & aux conftitutions » canoniques. L'oppofition des reli- »i gieufes des Champs emportera in- • » dubitablement l'approbation , lorf- » que j'aurai demontre , comme je » l'efpere, que les demarches & l'en- » treprife des religieufes de Paris » font contraires en tout a l'efprit de » l'Eglife, aux regies & aux decrets » des Conciles. Ces faits mis en evi- w dence. onifera comme force-d'ad- ES t 1
I ?
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lot HlSTQIRE DE PoRT-ROlAX."
» mirer la fermete des religieufes
» des Champs, a s'oppofer au ren- « verfement des loix, de ies louer de « leur fidelite a fuivre les regies &c » les canons, & d'avouer enfin qu'el- « les fe font renfermees dans les bor- => nes etroites du refpecT; & de l'o- » beiflance dus au Roi. S'il s'agiflbit « a prefent du fond de 1'afFaire, l'in- ». juftice criante des religieufes de « P. R. de Paris n'auroit befoin que » d'etre expofee. Des preuves & des « demonftrations feroient fuperflues, " mais il ne s'agit maintenant que » des fins de non proceder «. Le premier moien etoit la vacance
du fiege Abbatial de Paris. , pendant laquelle les religieufes, quand meme elles auroient un titre legitime, ne pouvoient rien enrreprendre legiti- mement. Les religieufes de P. R. des Champs fe trouyoient dans le meme cas , ce qui les rendojit incapables de conclure aucurie affaire importante, 8c aucun changement efientiel a leur etat. L'habile Ayocat fe cpntenta d'in- ilnuer le troifieme mo'ien , qu'il. re- ferva pout; I'audience fuivante. II fir voir qu'o.n ne pouvoit. point proceder a l'extin<5tion du titre. de P. R. des: Champs , farjgs le cojxcours. cles. deux |
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III. P A R. T 11. Liv. L 103
pLiifTances , qui avoient fait le parta- i
ge , a caufe des Bulles qui l'avoient confirms* j que l'autorite du S. Siege etant intervenue alors a la priere du Roi, il etoit neceflaire que le S. Sie- ge j intervint de nouveau. » L'atta- » chement que nous connoiflons tous » en M. le Cardinal de Noailles , » pour le S. Siege , ce centre de l'u- » nice , me donne la liberte de dire , » que ce Prelat ne peut pas meme « prononcer entre les deux parties. « Si fon Eminence pouvoit le faire , " ajouta finement M. Hebert, nous » fommes perfuades qu'il le feroit » en faveur des GEconomes fideles » & non en faveur des Diflipatrices » d'une maifon avantageufement » pourvue de tout ". L'Avocat fit £ ce fujet un parallele entre les deux maifons de P. R. de Paris & des Champs, qui enleva tous les fuffra- ges. L'audienee finit , & fut remife an famedi fuivant 5> du mois. M. Hebert, apres avoir rappelle fuccime- tement les deux moiens precedens, Eiaffa au troifieme, & prouva queM.
c Cardinal de Noailles & fbn Offi- cial etoient Juges incompetens dans cette caufe. Il infifta beaucoup fur la neeeffite dwconcQiWs des detix Pui£- Ivj
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204 HiSroiRE' df. Por.t-k.oia£.:
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1707. fances j parceque la meme autorite qui
avoit concouru & juge lors du parta-
ge , devoit encore decider dans la
meme affaire.
xcvn. M. Nivelle le jeune parla enfuite
Nivelle le p0ur \QS religieufes de Paris , & en-
jeune plaide r . O ,. >
pour les reii- trepnt de remter les inoiens allegucs
gieufesdePa- par M. Hebert, mais fans autre fuc- ns, & eft fif-*\ ,,A rm- i> a j- •
fle de 1'audi- ces que d etre lime par 1 Auditoire.
t01re- Le mercredi 13 juillet , M. Hebert
repliqua. Apres avoir mis en poudre
les foibles objections de Nivelle , il
repouffa avec force ce qu'avoit dit ce
declamateur fur la pretendue mauvai-
fe doctrine des religieufes de P. R.
des Champs, & vengea la foi &c l'in-
nocence de ces faintes filles contre
fes vaines declamations. On plaida.
encore le 16, le 20, & le 23 \ apres
quoi les conclufions furent prifes.
xcvra. Le Promoteur etant ou feignant
I.C Vice-Pro-* '. ™
moteur faitie d'etre malade, le Vice-promoteut qui
rapport dece n'aVoit point affifte aux premieres quont du les . ,. r ,., , . .r
Ayc^w. Audiences parcequ u etoit incommo-
de, tint le 27 juillet la feptieme Au- dience , & emploia pres de deux heu- res a faire le rapport de ce qu'avoient dit les deux Avocats. Pour venir en- fuite a. fes conclufions, & les donner d'une maniere qui ne fut pas contrai- te aux vues de Mt le Cardinal de |
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III. P ARTrff. Llv. t. 205
Noailles, & qui en meme terns ne ij0j,
put bleiTer l'autorite du Pape: il en- trepot de perfuader qu'il n'etoit pas neceflaire d'entrer dans les moi'ens des rehgieufes de P. R. des Champs. II voulut meme les faire envifager comme etant etrangers a la caufe, 8c pretendit que nonobftant I'oppofi- tion , le Commiffaire de lArcheve- che pouvoit faire l'information dans les deux Abbai'es de P. R., pour y examiner 1'etat du fpirituel & du temporel , le droit des AbbelFes &c le pouvoir des Prieures , le fiege Ab- batial vacant, difficultes qu'il lui pa- roilToit important d'eclaircir , fans: cependant cefler d'inftruire an fond un proces, dans lequel on conteftoit la competence du Juge. Qui a jamais entendu parler d'urr
pareil jugement ? N'eft-ce pas violer toutes les regies ? II s'agit de juger ft le fieur CommiiTaire eft Juge compe- tent , 6c de prononcer fur l'oppofi- tion formee j c'eft ce que Ton a atten- tion d'ecarter. L'Official & fes Afleueurs (4) fa- xox.
v Sentenced
f4) L'Official avoir, prrs le Maire & Blaru. Ce der- I'Offidal,
pour AfTefleurs deux Ec- nier s'eft fait dans la fuite elefiaftiques , MM, Pirot plus d'honneur dans d'au- 5c Dorfane, & deux Avo- tres affaires qu'il ne s'en cms a!» Patlementj MM, fit daas celle-ci. |
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%a6 Histoire dePort-ro'i'ai..
rent 8 jours a deliberer fur la Senten- ce. Quelque foin que Ton eiit pris d'en choifir, au moins le plus grand nombre de favorables auxdeifeinsqu'onavoit, ils ne convenoient pas en tout. lis s'accordoient neanmoins a faire per- dre la caufe a P. R. des Champs. C'etoit l'objet de leur commiffion j mais trois ne voulurent pas qu'on ajoutat que la Sentence feroit executee nonobfiant oppofition ou appellation quelconque. Un refte de pudeur les engageoit a laifTer cette reffource aux religieufes opprimees. La Sentence fut done rendue fans cette claufe le 3 aout, & dehoutoit les religieufes de P. R. des Champs de leur oppofition. Elle portoit , que » fans s'arreter aux » fins de non-proceder propofees par » les religieufes de P. R. des Champs, » & aux oppofitions qu'elles avoient » formees a la commiflion donnee " le 11 mars a M. Vivant par M. " le Cardinal de Noailles, dont el- » les feroat deboutees, la commif- » fion fera executee, les depens com- '■ penfes , artendtt la nature de l'inf- " tance & les qualites des parties. Par cette Sentence M. de Noailles
etoit reconnu Juge competent , &c partie capable de faire la reunion fans l'autorite du Papc |
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ill. P A R. T I E, LlV. I. 10J
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Les religieufes qui n'attendoient 1707,
pas une decifion plus favorable de la s. pare d'un tribunal livre a l'Archeve- „\eu{tss "aej que, interietterent auffi-tot appel a champs ea 1 ■ -jt o 1 c r interietcent
la pnmatie de Lyon , & le hrent 11- appe(%
gnifier le meme jour au Greffier & au Promoteur. Cet appel n'etoit pas figne des religieufes , mais a leur requete , par M. de S. Claude en vertu d'une procuration des religieufes. M. de Noailles qui avoir les mains cr;
ees par cet appel , ne pouvant en-envo,ap.R. voier fon penitencier comme commif- des champs r • r ■ i>- r • pour raire
iaire pour raire 1 information pro-J,ne vifite,,,
jettee , l'envoia a P. R. des Champs ptetendue pour y faire une vifite pajiorale de fa'"" part. Apres le perfonnage que M. Vi- vant venoit de faire a l'egard des re- ligieufes de cette maifon , il femble qu'il auroit bien du (fi quis pudor) prier Tyl. de Noailles de ne le point charger d'une telle commimon. 11 l'accepta n'eanmoins , & fe rendit a P. R. le 11 aout 1707 , fans avoir in- dique fa vifite comnae il eft porte par les Canons , & fans avoir meme de Secretaire. Les religieufes ctiftinguant la. foumiflion legitime qu'elles de- voienr a leur Archeveque & rautori- te qu'il avoit re§ue pour leur edifica- tion St non. pas pour leur deftruc- |
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ie>8 Histoir« m Pok.t-roia£;
tion , recurent tres volontiers cettsr
vifite. M. Vivant arriva a fept heures du matin aP.R. & demanda d'abord la mere Prieure feule. Liu ai'ant dit fon nom , il ajoura que fon Eminen- ce lui avoit donne par ecrit un pou- voir de faire une vifite fimple & or- dinaire , que cette vifite n'avoir au- cun rapport a 1'arTaire qu'elles avoient avec les religieufes de Paris. La Sit- perieure, qui auroit pu faire des dif- ficultes bien fondees , le recur avec refpedfc comme vifiteur , pour donner par-la. a fon Eminence une marque de fa deference a fes ordres dans routes les occafions ou la confcience ne fe- roit point blefTee. La vifite dura deux jours, pendant lefquels le penitencier vit routes les religieufes en particu- lier & en commun , & fit tout ce qui fe pratique en pareille rencontre. II ne leur parla point des difputes fur le Janfeniime , & meme lui etant echa- pe quelquefois de dire a quelques unes qu'elles n'auroient pas dii met- tre la clank fans deroger } &c. il s'ar- retoit en difant, mats je ne fats pour- quoi je vous parte de cela ; car je ne Juis pas venu ici a. ce deffein. Le lec- teur jugera de la fincerite de ces pa- roles. Le foir de fon arrivee, la me- |
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III. P A R. T I E. LlV. I. 20^
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re Prieure etant allee le trouver au par- 1707.
loir pour lui clemander a quelle neu- re il feroit la vifite de l'interieur le lendemain, il lui dit qu'elles n'au- roienr pas du mettre la clauf'e fans deroger; la Prieure lui repondit que la demande qu'on leur avoit faite d'un certificat, les avoit engagees a cela. Sur quoi M. Vivant dit que M. le Cardinal affuroit qu'il n'avoit point exige le certificat 3 qu'dfalloit que M. Gilbert fe Jut mal explique , ou que M. Marignier eut mal entendu (5). Le 11 aout, apres avoir vifite le cir.
dedans de la maiion , il alia au cha-fai^a^1(jta(,n| pitre, ou il fit une exhortation fur la p. R. des foi, la charite,l'union, & l'bbeif- $ffi* »d£ fance a l'Eglife. II dit qu'il y a une donner uae voie qui paroit droite, & qui con-Citte" (;) Rienn'eft pluseton- qu'un mal entendu ait £t£
nant que ces paroles de le pretexte de la defttuc-
M. de Noailles , qui de- tion d'un faint Monafte-
clare qu'il n avoit point re? Pourquoi M. de Noail-
exigi le certificat. S'il ne les ne redifioit-il pas ce
l'a point exige, fi e'eft un qui avoit kik mal expli-
ma/mrerai&^pourquoiper- que , ou mat entendu i
fecute-t-il les refigieufes Pourquoi n'accepta -1 - il
de P. R. pour avoir refufe pas l'expedienr propofe*
ce qu'on leur a demande par M. Marigr.ier ? Pour-
mal -a-pfopos , & fans quoi ne defavouoit-il pas
qu'il I'exigeat. Si M. Gil- celui qui avoit demande
bert s'eft mal explique i mala propos un certificat
fi M. Marignier a mal qu'il n'avoit pas exigl'Fal-
entendu , cela rend-il les loit-il perdre un faint Mo-
religieufes de P. R. crimi- naftere , pour fouteni^
Belles J Eft - il croiabk une feuffe demarche J
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X i 0 HlSTOIRE DE PoRT-ROl At."
duit en enfer j & fink en temoignant
fa frai'eur fur les chofes qu'il voioit pretes d'arriver. Apres fon difcours , il alia dire la Mefie, puis il revint au parloir, ou fe trouva la Prieure. II fcrivit tout ce qu'il avoir fait au-de- dans, Sc lui en fit le&ure ; il y mit entre autres chofes, que les religieufes pratiquoient toutes les vertus de leur etat; ce que M. de Noailles a repete dans la fentence du 18 novembre 1707. M. Vivant ai'ant acheve d'e- crire , dit par maniere de converfa- tion a la Prieure , fi fon Eminence me demande fi Von ejl dans les memesfen- timens _, que lui dirai-je ? Elle repon- dit, qu'il pouvoit 1'afTurer qu'elles ne changeroient point les difpofitions 011 la fentence de M. de Perefixe du 17 fevrier 1669 , les avoit laiflees. Les religieufes ai'ant demande une carte de vifite , il la refufa , difant que quand il auroit fait fon rapport a M. le Cardinal, fon Eminence ftatueroit ce qu'elle jugeroit a-propos. Voila de quelle maniere fe paflTa la vifite de M. Vivant. On n'y trouvera allure- ment aucune inftruction donnee par ce vifiteur fur la doctrine du Janfe- nifme , fur la Bulle Vineam , &c. ni monition canpnique faite aux reiU |
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III. P A R T IE. LlV. I. Hi
f;ieufes pour les engager a retrancher 1707.
eur claufe ,Jans deroger. G'eft une re- marque donr il eft bon que le ledteur fe fouvienne. Peu de jours apres la vifite de M. ^"oail-
Vivant, M. le Cardinal de Noailles les ore aux re- Ota aux religieufes I'unique confef- ^fef^ur'sc feur qu'elles euffent. De trois Pretres leur donne z qui etoient ordinairement dans cetce ^CoTas.rte S* Abbai'e , l'un (M. Euftace) avoit ete oblige de fe retirer pour eviter la per- secution j l'aurre (M. Marignier) etoit mort en rendant un temoignage au- thentique a la purete des fentimens des religieufes , & a la faintete de leur conduite : il ne reftoit que M. Havart, qui etoit Sacriftain, pour le- quel on avoit obtenu les pouvoirs ne- cefTaires apres la mort de M. Mari- gnier. M. de Noailles fit venir M. Havart a Paris, & lui dit le 18 aout, apres lui avoir fait des reproches af- fez vifs & afiez mal fondes, qu'il le dechargeoit de la conduite de P. R. des Champs , & lui ordonna de fe re- tirer dans fon Diocefe (6). La mere . Prieure ecrivita M.leSuperieur , pour le prier de reprefenter a M. l'Arche- veque que M. Havart avoit quitte un ion pofte pour venir demeurer chez («) A Rouen. |
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111 HlSTOtRE DE Poa.T-R.OlAl.
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4707. e^es ■> qu'il etoit infirme , que c'etoit
un homme pacifique qui les accom- modoit. Le Superieur l'aiant die a M. de Noailles, il repondit qu'il perfif- roit dans fes premiers fentimens. La mere Prieure ai'ant regu cette repon- fe recrivit a M. Gilbert, pour le prier d'obtenir que M. Havarc demeurat jufqu'a ce qu'on eut trouve quelqu'un pour le remplacer- Le 10 de feptembre , M. le Cardi-
nal fit ecrire aux religieufes (*), qu'on leur envoi'oit deux Ecclefiaftiques (qui n'etoient point nommes) pour leur adminiftrer les Sacremens , ( e'eft-a- dire, pour les leur refufer , comme nous le verrons) , en attendant qu'el- les euffent un confeflfeur, & que foil Eminence s'attendoit que celui qu'el- lcs avoient (7) ne fe trouveroit plus a P. R. quand ces MM. arriveroient. La mere Prieure re^ut cette lettre le 11 , & elle ecrivit le n a M. Gil- bert, pour propofer M. Boiftel, eccle- fiaftique de merite 8c d'une probite reconnue. les^igieu- L'Abbe Gilbert en park le 13 ftp- fes deman-
dent des con- feffeurs a M. (*) Ce fur* M. Vivant (7) M. Havart. II for-
de Noailles , qui ecrivit la lettre a Tin- tit alors de P. R. ou il auilesremfe, ™ <k M. Gilbert, Supe- avoir demeuri wois ans. rieur de la maifon. |
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III. Partie. Liv. I. x\t,
tembre a M. de Noailles 5 mais fon 1707.
Eminence le refufa, fous pretexte qu'il etoit trop tard. Faux pretexte, puif- qu'il auroit ete refufe egalement , quand on l'auroit demande plutot. C'etoit un parti pris, comme M. le penitencier le dit a M. de S. Claude , de refufer tous ceux que les religieu- fes prefenteroient (8) 5 & quand on en auroit accepte quelqu'un , l'Abbe Boiftel meme , M. le Cardinal ne l?au- roit fait qu'en exigeant qu'il oblige- roit les religieufes de fe foumettre a ce que fon Eminence demandoit d'el- les. C'etoit un moi'en qu'il vouloit prendre pour miner la maifon avec moins d'eclat. M. le Penitencier ajou- ta, que cela s'etoit fait fans fa parti- cipation \ que M. le Cardinal avoit efluie depuis peu beaucoup de repro- 1 ches de la part de la Cour, de ce qu'il n'alloit pas alfez vite. 11 dit en- core , que fon Eminence difoit que fi elle venoit a mourir , elle craindroit de paroitre au tribunal de Dieu fans avoir fait tout ce qui dependoit d'el- le pour ramener ces filles. Sur quoi M. de S. Claude repondit, qu'appa- (8) Elle prefenterent etoit alors retite a Saint
encore M. Mayou, ancien Magloite, mais il fut te« Vicaiie de S, Paul, qui fiift. |
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214 HlSTOIRfi DE PoRT-ROlAL.
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1707. remment fon Eminence vouloit fe
trouver dans l'aime monde dans la compaguie de MM. de Perefixe & de Harlai. II les fuivoit malheureufement de trop pres, & mcme il encherif- foit fiir ce qu'ils avoient fait Fun & l'autre contre les religieufes de P. R. Funeftes effets de la foiblefTe des Paf teurs & de leur complaifance pour les grands an prejudice de Pinnocence ! Ge fut ce qui engagea M. de Noail- Jes dans tant de faufles demarches. Etant un jour a Verfailles, le Roi lui dit : Si I'Eveque de Chartres avoit eu l'affaire de P. R. entre les mains , en quince jours elle auroit etifinie, & il y a fix mois que vous nous tene\-la (9). Ge fut cette parole qui occafionna la million des deux Ecclefiaftiques que fon Eminence envoi'a a Port - roial, pour pouvoir dire au Roi qu'il avoit fait ce qui dependoit de lui, 6c que les religieufes ne commu- nioient plus. cv. Ces deux Ecclefiaftiques choifis
deu"iVEcdt Par M* de Noailles » etoient M. Pol-
fiaiHques de let, Vicaire de faint Nicolas du Char- l'.Ni'joUs ?u donnet & Superieur du Seminaire . Cnardoniiet. s _. f r\ r rr tm /
&M.Ghevrolat,Prorefleurde iheo-
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(>>) Lcttre de Mademoifelle de Joncoux.
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HI. P A R T I E. LlV. I. 11 j
logie au meme Seminaire (lo). lis ar- j
riverent a P. R. des Champs le 14 feprembre. M. Pollet ai'ant demande la mere
Prieuce, lui declara qu'il eroit celui que M. Vivant lui avoir annonce de la parr de fan Eminence , mais il ne dir poinr fon nom, ni celui de l'aurre Nicolaire qu'on lui avoir af- focie. Comme la Pricure lui repre- fenra qu'elles n'avoienr pas befoin de deux Prerres , pouvanr fe conrenter d'une MeflTe les jours ordinaires, M. Poller declara qu'il ne venoir pas feulemenr pour dire la MeiTe , mais pour precher & confefler , & ofFrir de monrer en chaire des le lende- niain. La Prieure lui dir, que l'ufa- ge eroir de precher le Dimanche a la MelTe ; mais le zele de ce Nicolaire ne lui permit pas d?acrend!?e ce rer- me. Des le lendemain jeudi 1 5 fep- rembre apres Tierces , il fir un dif- cours a la grille du- chceur , il en (10) Mademoifelle de fe que la maifon etoit en
Joncoux eciivit a lamere etat de faire dcpuis In fai- Piieure fur la mamere de fie de leurs biens- Je leur re'cevoir ces Bccleliafti- ai mande cet avis , die ques, &elle lui donrtaun Mademoifelle de Jon- avis pout ce qui regardoit coux', maisje ne croispas leur nourriture , qui etoit qu'elles en faffent ufage i de lent fervirdu ma'gre , car elles font trap bonnet auendu 1c pcu de de^en. pour tela. |
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21<j HlSTOIRE DE PoRT-ROlAL.
avoit prepare plufleurs , &c fait la
le&urc du premier a M. de Noailles, qui le trouva trop doux. Mais M. Poller lui dit, qu'il vouloit premie- rement emploi'er la douceur (i i) : auffi ce premier fut-il plein d'eloges & de temoignages de companion fur l'ecat ou les religieufes etoient depuis long- tems , & ceUd dont elles etoient me- nacees. » Je viens, dit-il, rempli de » de cotnpaffion pour vous,&de defir >j de vous fervir. Je n'exige point la » confiance, vous ne me connoiflez " pas. Mais eprouve^ mon\ele. Vous |
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1707-
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fn) M. Pollet paflbit
pour ie premier homme de S. Nicolas, la lumiere de cette maifon, & fi ha- bile , qu'on difoit que (i il ne reuffiflbit pas a con- vertir les religieufes de P. R., perfonne n'y reuf- firoir, Les grands talens de M. Poller echouerent cependant. Il fe rendit lui-m£me la-deflus plus de juftice qu'on ne lui en rendoic, en avouant qu'il ne croioitpaspouvoir rien fagner. II pretendoir , a
a verite , que c'etoit la Superieure , laquelle , di- foit il, emit unt terrible tite, & avoit de Vefprit comme un ange , qui rete- noit les autres. Maisquoi qu'il en foit, il ne gagna effeftivement rien, ni Air |
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la Superieure, ni fur au-
cune religieufe. M. Che- vrolat Bachelier & Pro- feiTeur enTheologie jCtOtt encore une des grandes liimiercs du Seminaire de S. Nicolas. Cependant, M de S. Claude mil rou- te leur fcience a bout, en leur demandant, fi quoi- qu'ilfoit evident que deux & deux font quatre , Us Eveques feroient en droit de faire un Formulaire Id-dejjus, & d'obliger de le figner. M. Chevrolat avoua qu'il n'avoit pas affez 6tudie cette matiere pour repondre a cet argu- ment , qui etoit fort; il ajouta qu'il y penferoit 8c qu'il donneroit reponfe un autre jour. » faut-il
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III. Partil Liv. I. iif
» faut-il dire la Meffe ? Je ferai tou- '
» jours pret a l'heure la plus com- » mode pour vous. Voulez-vous ap- ^ procher du Sacrement de Peniten- » ce ? Je vous ecouterai 8c aiderai » demon poflible, 8cc «. Mais dans ce premier difcours meme, M. Pol- let apprit aux religieufes ce qu'elles devoient attendre de lui. II s'y an- nonca comme un homme charge par M. l'Archeveque, de lemfaire rendre a I'Eglife la Joumijjion & I'obeiffance, qu'elles etoient obligees de lui ren- dre (comme fi ces faintes filles euf- fent fait dirficulte de rendre a I'Eglife I'obeiffance qui lui eft due): vous vous fignale\, leur dit-il , dans tomes les vertus + [ignale^-vous dans I'obeiffance. C'efk-a-dire , dans I'obeiffance aveu- gle aux Superieurs j car c'etoit celle- la feule que prechoit M. Pollet , 8c qu'on ne connoiffoit pas a P. R. Les difcours qu'il fit dans la fuite,
furent tous dans le meme gout, ainfi que tous les entretiens qu'il eut avec les religieufes. II voulut les premiers jours leur parler en particulier comme en ai'ant le droit; mais les religieufes repondirentqu'il n'appartenoit qu'aux feuls Vifiteurs commis par M. l'Ar- cheveque. Elles avoient d'ailleurs etc Terns IXx K.
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»
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11 & Histoire de Port -RoiAt>
1707. rebucees des le premier jour par fon difcours , & encore plus par le fecond dans lequel il avoit voulu prouveu que l'Eglife eft non-feulement infail- lible dans la foi & les mceurs , mais encore dans la difcipline j a laquelle il reduifoit le fair de Janfenius , & l'obligation de le croire ou de ne le pas croire , de le iigner ou ne le pas figner, felon que l'Eglife le jugeoit a propos. Car ce bon homme preten- doit que l'Eglife pouvoit varier , & avoit en eftet varie fur ce point ; qu'elle s'^toit contentee en 1669 du filence refpectueux fur le fait , mais qu'elle ne s'en cqntentoitplus,& qu'el- le ordonnoit de le croire interieure- lnent j qu'elle etoit en droit de faire ce commandement, quoiqu'elle eut permis auparavant de ne le pas croi- re , parceque c'etoit un point de dif- cipline , fur laquelle elle peut varier felon les terns & les lieux • de meme que Dieu a change les ceremonies & les facrifices de l'ancienne loi ,8c comme l'Eglife change elle-meme fes ceremonies. II ajoutoit qu'on etoit oblige d'obeir aveuglement aux Su- perieurs, fous peine de peche & de privation des Sacremens 5 » que quand " notre Eveque nous commande une . ■ *
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111. P A R T I B. L'lV. I. X\<)
» chofe, c'eft lui qui en repondra , 17*07.
» enforce que s'il arrivoit qu'il fe » trompat dans la chofe qu'il nous » commande , nous ferions excufa- » bles au jugement de Dieu , & que » notre foumiffion nous defendroit ; » qu'autrement nous pourrions dire » a Dieu quand nous paroicrons de- '> vant lui j Seigneur j c'ejl done vous » qui nous ave\ trompes 3 carvous nous » ave£ dit, ecoute\ , &c. Telles etoient les maximes que M. Pollet debita aux religieufes de P. R. des le lendemain de Ion arrivee (11), mais furtout dans fon fecond difcours. Ces vierges chre- tiennes qui avoient autant de lumie- re que de piete , deja fatiguees d'en- tendre a la grille du chceur de pareils difcours, refuferent d'avoir des en- tretiens particuliers avec lui comme nous l'avons dit, fous le pretexte que les Vifiteurs commis par M. l'Arche- veque avoient feuls ce droit. En con- fluence M. Pollet eut recoursau Pre- lat, & il en recut par un courier en- voie expres le 15 feptembre un ample pouvoir par ecrit, date du 24 , de parler a toutes les religieufes en gene- (n) Voiez des extraits T. 4. Mem. hift. p. 40S,
de ce difcours tires des 411, Memokes des religieufes, Kij
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110 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt.
'• X707." ra-l & en garticulier, routes les fois
qu'il le jugeroit a propos, a grille ou- verte & fans ecoute, & mane dans la cloture; avec ordre aux religieufes . de le recevoir 8c le reconnoitre en tout cela comme fon fubdelegue, 8c defenfes a elles de fe confefler a d'au- tres qu'a M. Pollet & a fon Compa- gnon, a moins qu'il ne fut porteur d'un ordre fpecial 8c par ecrit de M. le Cardinal (13). On croit que ce qui occafionna ce
dernier article de l'Ordonnance de M. de Noailles , fut que M. Pollet s'imagina que les religieufes s'etoient confeflees a quelque Ecclefiaftique qui venoit fecretement a la maifon : la raifon qu'il avoit de le penfer ain- li , c'eft que les religieufes com- munioient deux ou trois fois la fe- maine , ce qu'il ne croioit pas qu'elles puflent faire fans fe confefler. Com- me fi des vierges chretiennes qui avoient une pureti d'Anges , felon l'expreffion mane de leurs ennemis, & qui menoient une vie fi reguliere & fi penitente , avoient befoin de fe confefler fi fouvent pour recovoir la fainre Communion. Le delegue de fon Eminence , mu-
(!j) Vot'ez I'otdoflnancetibid, p, 41^, |
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III. Partxt.Uv.l. lit
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hi de ces pouvoirs , fit des le lende- \ 707.
main un difcours de cinq quarts cvr. |
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d heure , pour prouver que 1 hglile fignifie
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aux
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eft infaillible dans le dogme , dans «Ugieufe»«c
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les moeurs, & dans la difcipline. II deNoailles un
interdic des
Sacremens. |
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n
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connoifle 1'infaillibilite de l'Eglife
dans fes decifions fur le dogme & la morale \ &c les religieufes de P. R. la reconnoifToient. Mais a l'egard d'un fait comme celui de Janfenius, que l'Orateur renfermoit dans la difcipli- ne , aucun homme fenfe & eclaire n a cru que l'Eglife fut infaillible. Nous ne nous arreterons point ici fur un difcours que l'Aureur des memoi- res hiftoriques qualifie de fade plai- do'ier plus digne de mipris que d'etre rapvoni (14). M. Poller vit le jour fuivant les
religieufes , chacune en particulier , en vertu de Pordre de fon Eminen- ce j a qui il alia le lendemain (z8 fep- tembre) rendre compte des difpofi- tions dans lefquelles il les avoient trouvees. Ces difpofitionsetoient tou- jours les memes , favoir qu'elles ne vouloient point retrancher de leur certificat la claufe Jans dinger. Ef- fe&ivement toutes le lui avoient de- (14) Ibid. p. 410, 414.
K iij
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zit HistoiredePort-roiai.
. clare j & la mere Superieure lui avoir
fpecialemenr dir, qu'elle n'en oreroit aucune parole, quelque chofe qu'on pur faire conrre elle. II eft a propos de remarquer, que M. Poller ne fir alors aux religieufes aucune moni- tion, ni fommarion canonique, de la parr de Ion Eminence d'orer leur clau- fe. Cependanr M. le Cardinal lui donna la-defTus un ordre verbal de leur refufer les Sacremens \ & des le lendemain a fon retour de Paris, M. Poller lignifia a la mere Prieure l'or- dre qu'il avoir regu. II lui dir de la parr de fon Eminence. i°. » Qu'elle =» avoir le cceur perce de douleur,de ce o> qu'elles perfiftoient dans leur de- -» fobeiflance ; i°. qu'elle n'avoir •5> poinr demande de cerrificar , & « qu'elles s'eroienr jerrees elles-me- == mes dans l'embarras oii elleseroienr s> en donnanr ce cerrificar fair de .» rravers. 50. Que fon Eminence ju- »» geoir a propos de leur defendre de i> communier ; que ce n'eroir poinr » une monirion qu'on leur faifoir, " mais feulemenr comine lorfqu'un » Superieur dir a un religieux de ne " point communier, pour le punir » de fa defob&fTance. Que fon Emi- » nence alloit fe jetrer aux pieds de |
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III. Partie. Liv. I. 113 _______
» fon Crucifix pour demander aDieu 1707.
» qu'il leur touchat le coeur , &c qu'il " lui fit connoitre la maniere de fe » conduire dans cette affaire «, Son Eminence avoir ordonne a M. Pollet de prendre la clef du tabernacle. La mere Prieure fans etre etonnee ,CVIJ-
, .. r . Reponte dc
repondit iagement , que dans une u pt;eure.
chofe fi importante elle ne pouvoit *•« reiigieu- , * . . t 1 1*11 les le foumec-
s en rapporter a un ordre verbal. tile tent i u de-
aiouta que fes fceurs & elle ne fen- fenfe, iniullJ
> 1 , . . qui leur eft tant, graces a Dieu , leur conlcience fake.
chargee d'aucun crime qui dut les feparer de la fainte Table , elles ne laiileroient pas de s'y prefenter : elle dit meme obligeamment aM. Poller, qu'elle le croi'oit rrop eclaire pour ignorer qu'un Miniftre de l'autel ne pent refufer la communion publique qu'aux pecheurs publics & connus pour tels, d'autant plus qu'il n'y avoit point d'acte juridique de fon Eminen- ce qui put l'y obliger. Toute la repon^- fe de M. Poller fur que les religieu- fes pouvoient appeller , protefter,& faire ce qu'elles voudroient , mais que fi elles fe prefentoient a la fainte Table , il ne les communieroit pas; parceque fori Eminence _, dit-il , nous I'a dtfendu _, & que nous faifons vceu d'obeiv aveugliment a notre Archeve- que. K iiij |
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224 HlSTOIRE DE PoRT-R01AL.
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1707. Quelques perfonnes etoient d'avis
que les religieufes ne devoienr pas laifler de fe prefenterjmais elles aime- rent mieux fe foumettre a. cet ordre in- jufte. C'eft pourquoi voi'ant M. Poller dans certe difpofirion, elles jugerent que la charite les obligeoit a le pri- ver de la communion, pour lui epar- gner le fcandale qu'il auroir caufe en la leur refufanr. D'ailleurs elles vou- loienr faire voir a. M. de Noailles, en fe foumerranr a cer ordre , juf- qu'011 alloit leur obeifTance, & qu'eb le s'etendoit a rour ce qu'elles pou- voienc faire fans ofFenfer Dieu. cvih. Quelques jours apres, M. de Noail Leme de M. |£s mf"orm^ Je [a peme qu'avoienr
HcNoaUes A . .f 1
MonGeuiPoi- remoignee les religieuies de 1. K. de
^■;^?,"« 1a1 cetre interdiction verbale des Sacre-
v. r. mens, ecrivit a ce fujet le 3 octobre
a M. Poller une letrre dans laquelle
il lui parle ainii de ces faintes filles.
» Plus je penfe a leur conduite, plus
■» je rrouve leur refiftance inexcufa-
» ble. Elles agiffent directement con-
» tre les paroles de Jefus-Chrift me-
» me : elles meprifent ceux qu'il
h leur ordonne cFecourer , & elles
« ecoutent ceux qu'il leur ordonne
v« de meprifer. Par-la je les crois ores
« indignes des Sacremens, & je ne
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III. P A R T I E. Lh>. 1. 215
» puis permettre qu'elles les recoi- 1707.
» vent : on ne doit plus ieur donner » ni la communion , ni l'abfolution , " ni fouffrir que d'autres la leur don- » nent.....Je fuis I'homme de I'E-
" i^'fe i15) » oblige pat confequent
» a venger fon autorite meprifee, 8c » a la fake refpedter dans tous les " lieux de ma jurifdiftion : plus elles » croient que j'ai eu de bonte pour » elles, plus elles ont de tort & d'in- » gratitude a mon egard , de me re- " lifter en face auffi publiquement >' qu'elles font. Je n'ai eu cette bon- » te , que lorfque j'ai trouve en elles " de vieilles fautes en quelque faqon » reparees 8c pardonnees par M. de » Perefixe mon predecefTeur & par »> le Pape meme (16). Leur nouvelle *> defobeiflance m'a fait changer avec » raifon de fentimens pour elles, y » troavant, outre l'injure faite a l'E- » glife, qui eft le principal, une of- (it) M de Noailles fe tnus les terns, lots mime
dit I'homme de I'Eglife; qu'il les oppr'moit. Quel-'
en fait-il les ceuvres en les etoi nt ■'one ces pre-
opprirnant de fainces fil- tendues vieilles fautes en
les, qu'il nepeutconvain- quelque facon reparees 6»
ere d'aucune fame > pardonnees ? Par ce lan-
(\6 Lorfque M. dePe- gage M. de Noai'Ies ac-
refixe retablit !es rebgieu- cufe fans y'penfer M. de
fes d.- P. R., il recormut I'ertfixe, le Pape & route
la purete de leur foi , qui l'Eglife,
avoir ere la meme dans- K v
|
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12.6 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAI.
J7cy. » fenfe perfonnelle contre moi : it
" n'eft pas vrai que les peines qu'el- » les foufFrent ne viennent que de » la. mauvaife volonte de leurs enne- » mis &: non de mon mouvement. » II eft vrai que c'eft avec grande " peine que je me trouve contrainc " par leur revoke a les punir j mais » je m'y crois oblige en confcience, « & je le ferai aulli fortemenr que ■» je croirai le devoir faire , fort af- » flige veritablement par l'interet 5) que je prens a leur falut, de les voir » fouftrir, non pas pour la juftice, « qui feule rend les peines utiles 8c » glorieufes; mais contre la juftice, " & s'expofer par la a un faux mar- « tyre, puifqu'il eft conftant felon » les SS. Peres, que c'eft la caufe &c » non la peine qui fait le martyre. » Voila ce que je penfe devant Dieu » de ces pauvres nlles (17) «. Eft-it bien poffible que M. de Noailles ait penfe cela des faintes religieufes de P. R. ? Qu'il eft a plaindre s'il a eu ces fentimens ! & plus a plaindre encore, fi ne les ai'ant pas, il a parte- de la forte, & perfecuti ces epoufes; (17) M. de Perefixe , nocence des religieufes de-
aptes avoir cenu le menu P. R. par fa Sentence dut langage , recomiut Via- J7 fevrier ifiSj. |
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III. Partii. Liv.I. 117
de J. C. , connoiflant leur innocen- 1707.
ce ! car enfin quel etoit done leur crime ? Elles avoient entendu avec refpect la lecture de la Bulle & du Mandement; elles en avoient donn£ la declaration qu'on leur avoit de- mandee , quoique ni la Bulle ni le Mandement ne le prefcriviffent , & qu'on ne demandat rien de fembla- ble aux autres Communautes. II eft vrai qu'elles avoient ajoute a leur de- claration une claufe , pour marquer qu'elles ne derogeoient point a ce qui s'eioit fait a leur egard en 1669 ; mais pouvoient-elles etre regardees comme coupables en cela ? Eft-ce done un crime de recevoir d'une part la Bulle Vineam de Clement XI, & de declarer de l'autre qu'on s'attache a ce qu'a fait Clement IX ? Quel nouveau genre de crime ! fi Clement XI par fa Bulle Vineam , maintient,ainfi qu'il le declare expreflement, ce qu'a fait Clement IX, les religieufes oe P. R. peuvent-elles ^tre criminelles pour ne vouloir pas deroger a ce que la Bulle Vineam maintient ? N'auroient- elles pas au contraire fait injure au S. Pere , fi en recevant fa Bulle , elles euiTent renonce a ce qu'avoit fait fon predecefTeur ? N'auroient-eiles pas, K vi
. * ■
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—*sm
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2l8 HlSTOIRE DE PoRT^ROlAt.
1707. pour ainfi dire , donne a£te que les
Bulles fe contredifent, & que la der- niere detruit ce que la precedente avoir etabli ? Tel etoir le crime des religieufes de P. R. C'etoit des vic- times innocentes que Ton deftinoit aux anathemes , coming des rebelles a i'Eglife , quoiqu'elles eufTent pour l'Eglife & pour fes Miniftres l'obeif- fance la plus parfaite; non , a la ve- rite , aveugle , mais raifonnable, & telle que des Superieurs qui n'au- roient point voulu dominer fur la foi des fideles,en eufTent ece facisfaits. Leur foi etoit hors d^atteinte , & ayoit ete juftifiee par celui la-meme , qui avoit le plus long-tems exerce leur patience. i ctx. Vers le meme-tems que M. Pol-
a^X^let recur la lettre de M. de Noailles,
dans laquelle les religieufes de P. R. font traitees <i indignemenr , il en recut une autre d'une ame charita- ble (18), qui vouloit le detournerde prefer fon miniftere a la perfecution qu'on faifoit a ces faintes filles. Dans cecce lettre, qui fur remife a M. Pol- let le 5 o&obre, on lui reprefentoit d'abord ( par l'exemple de M. de Pe- (18) Hift de la dern. peifec. T. 1. p. 1,7. Me-
moiiehitt T-4'p-437» - .- |
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III. P A R T I E. Liv. I. ll<)
refixe) /les remords cuifans, &peut- 1707.
etre inutiles &c infru<5tueux , que fe preparent au moment terrible de la molt ceux qui ont le malheur de fe prefer a des ceuvres femblables 5 on lai prouve enfuite l'innocence des religieufes de P. R. des Champs; on lui fait voir que cette affaire a faquel- le on donne le nom de religion , n'en a aucun caradtere , la religion n'y etant intereffee que par l'injure qu'on lui fait de l'y melerfauflement j qu'el- le n'eft que l'effet des paffions des hommes j que les refforts de cette cruelle tragedie font, l'animofite des ennemis irreconciliables de eette fain- te maifon, l'entreprife d'un Prelat , (M. Paul Godet Defmarets Eveque de Chartres ) , qui foutenu par la fa- veur, veut s'eriger en Eveque uni- verfel de la France; le malheureux engagement d'un Archeveque qui n'a pas prevu les funeftes fuites de cette affaire, dont fa piete aNroit eu hor- reur j le point d'nonneur des uns & des autres qui ne veulent pas reader. L'atxteur de la lettre exliorte apres cela M. Pollet a prendre garde qu'il ne prete fon miniftere a une vexa- tion injufte, & qu'en refufant le pain de vie, fans aucun fujet legitime , a 1
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2 30 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAL.
1707. ces faintes filles, il ne fe trbuve du
nombre de ceux contre qu: elles s'e- leveront au jugement de Dieu : i\ lui propofe la patience invincible de'ces innocentes vi&imes, dont il eft lui- meme temoin, & la tranquillite tou- jours egale , avec laquelle elles fouf- frent Pinjuftice , & voient ravir , oil- ier, & miner tout leur temporel, fans aucune ombre d'equite & d'humani- te. Sur quoi la lettre continue ainfl. » Et vous pouvez dire avec le Sage : » j'ai vu les opprejjions qui fe font Jous >• le Ciel, les larmes des innocens qui " n'ont perfonne pour les confoler _, & » Uimpuiffance oh ils font de refifter » a la violence 3 abandonnes qu'ils font w de tous les hommes, vous etes te- v moins de leur patience invincible j> & de cette tranquillite toujours » egale avec laquelle elles fouffrent » 1'injuftice. Prenezgarde,Monfieur, « d'ajouter a ces plaies temporelles « d'autres plaies qui leur feroient y> bien douloureufes. Penfez aux me- » naces terribles que fait le Seigneur » a. la durete de ces cceurs impitoi'a- » bles, qui voient avec infenfibilit£ » l'accablement & Poporeffion d'lf- *> rael. De ferieufes reflexions fur It » veritable etat des chofes vous £e- |
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III. P A R. T I E. L'lV. I. 2 $ I
» ront certainement changer un zele 1707.
» qui ne feroit pas regie felon la » lcience, en une companion digne » de vous & d'elles (19). M. Pollet ne fit pas ces ferieufes ri- cx-
a o • 1 > 1 ' J Requete dej
Jiexions; & 1111 eut aucun egard aux reiigieufes de
charitables avis qu'on lui donnoit p-R;,aM-de d. 1 .... Noailles, an
ans cette lettre j au contraire 11 prit rUjet de ror-
Sour regie de fa conduite celle que <fredonnepar
, . o .., , . . - K Ion Eminence 1. de Noailles lui avoit prelcnte a u. Poiiet
dans fa lettre du ■? oc~kobre. Les reli- ^ le"r refu-
r x • • 1 fer les Sacre-
gieules, a qui ll ne manqua ^is de la mens.
communiquer , penetrees de la plus vive douleur , d'etre privees des Sa- cremens par leur propre Archeveque , & de le voir prevenu contre elles au point qu'il l'etoit, prirent la refolu- tion de lui ecrire , pour tacher d'ef- facer par un expofe iincere de leur conduite les idees defavanrageufes qu'on lui avoit donnees. Ce rut dans |
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(19) Cette lettre eftap- chant le refits de laftgnx-
paremment celle dont it ture, felon les regies de
eft parle dans la quinzie- I'Eglife & de la Morale
me lettre ds Mademoifel- chretienne : Queflion <k.
le de Joncoux. 11 eft die examiner ft M. de Paris
qu'elte fut envoiee a M. a droit de refufer les Stz-
Pollec le 6 ottoSte arec cremens a la mart, pour
les ouvrages fnivans. Les le refits de la fignature t.
Chamillardes : la defenfe Quejlions propofees pour
des reiigieufes de P. R. difcerner ft les religieufe&
& de leurs DireQeurs : de P. R. meritent la prt-
Examen de la conduite des vation des Sacremetts- d
reiigieufes de P, R, ««- Pa<pie <S- a la mart.
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1$Z HlSTOIRE DI PoRT-ROlAt.
cette vue qn'elles fignerent le zo oo
tobre une requete qu'elles hrent pre- fenter a M. le Cardinal (20). Cette requete qui contient une
hiftoire abregce des perfecutions cle P. R. depuis fon commencement , mais fur-tout cle la derniere occalion- nee par la Bulle Vineam , eft une juf- tification des pins complettes de ces faintes lilies. L'ordre de leur refufer les Sacremens , donne verbalement a M. Poll,;,':, puis confirme par la lettre du 3 Odtobre , ne leur permettant plus de demeurer dans le filence, ni de diflimuler plus long-tems la jufte douleur 011 elles font, que fon Emi- nence ait d'elies des fentimens fi pen convenables a leurs veritables difpofi- tions & a leur profond refpecl: pour elles : elles la fupplient tres humble- ment cle foufrrir , qu'en rapportant l'extrait de fa lettre , elles tachent d'effacer les mauvaifes impreffions qu'on lui a donnees de leur conduite. » En vo'iant cette lettre, difent les m religieufes apres en avoir rapporte » un extrait, il n'y a perfonne, Mon- (10) Ce fat M. Tero religieufes de P. R, del
qiti la prefema a M le Champs , oh bien on vet*-
Card , qui dit en la rece- rar
vant -Ah, ah ! c'eft des |
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III. P A R T I E. LlV. I. 1J3
feigneur, qui ne crut que nous 1707.
fommes engagees dans des deregle- mens fcandaleux que nous ne vou- lons point quitter, ou dans des fen- timens manifeftement condamnes par l'Eglife, & dont nous ne vou- lons point revenir, malgre toutes les demarches & les remontrances qu'une telle lettre fuppofe que vous aiiriez faites pour nous obliger a les abandonner. Elles difent enfuite , qu'il leur au- roit ete utile que fon Eminence eiit bien voulu leur expliquer quelles font ces vieilles fames qu'elle a bien voulu tolerer , parcequ'elles avoient iti reparees- & pardonrJes par M. de Perefixe- Sur quoi elles ajoutent, que M. de Perefixe, par fon ordonnance dont veut parler M. le Cardinal, ap- prouva leurs fentimens, & les trouva conforrnes a ceux qui avoient ete ap- prouves par le Pape , mais il ne taxa d'aucune faute leur attachement a ces fentimens : qu'ainfi , li il y a eu quel- que faute reparie , c'a ete celle du fcandale que la conduite qu'on avoit tenue a leur egard avoit caufe. Elles continuent& difent, qu'il n'au-
roit pas ete moins neceifaire que fon Eminence leur eut marque en quoi |
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134 HlSTOIRE DE PoRT-HOlAt.
~°~ conliftoit leur nouvelle defobiijfan- ce , qui I'a fait changer de fentimenl a leur egard _, & fur quel point elles fe font forme une mauvaife confcience. Elles temoignent leur furprife , fur ce que la claufe qu'elles avoient ajou- tee a leur a&e de reception de la der- niere Bulle, etant lepretexte de tout ce qu'elles fouffrent depuis un an , elles n'ont cependant pu favoir ce qui deplait a fon Eminence dans cette claufe , ni ce qu'elle y condamne, n'a'fant pas juge a, propos de leur ecrire x ni de repondre a leurs lettres. II eft vrai que les perfonnes envoiees par M. le Cardinal, leur ont temoi- gne que cette claufe deplaifoit a fon Eminence , fans leur dire precifement en quoi elle la trouvoit condamnable. Mais ces perfonnes etoient-elles in- capables de mal interpreter leurs in- tentions ? II paroit bien que non. Et d'ailleurs elles ne pouvoient faire au- cun fond fur ce qu'on leur difoit de la part de fon Eminence , puifque M. Pollet leur avoir dit, comme en a'iant ordre de M. le Cardinal, » qu'elles » s'etoient mifes elles -memes dans » l'embarras & le labyrinte ou elles » etoient, en ajoutant a la publica- m tion de la Bulle un a£te que foil |
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III. P A K f I E. L'lV. I. 2J5
» Eminence ne leur avoit pas de~ 1707.
» mande. Cependant, Monfeigneur,
» difent-elles, c'eft un fait conftant
« & qui a ete aflez public , que M.
» Gilbert votre grand Vicaire , &c
» notre Superieur, nous a fait de-
» mander cet acte de votre part, &
» en a donne le modele (21).
Les religieufes ne s'etoient done
pas mifes elles-memes dans l'embar- ras, en donnant un acte que M. le Cardinal ne leur avoit point fait de- mander , puifqu'elles ne l'avoient donne que par deference a fes ordres , & malgre la repugnance & la peine qu'elles reflentirent de ce qu'on les traitoit comme fufpectes, en exigeant d'elles ce qui n'etoit ordonne ni par la Balle, ni par le Mandement, & ce qu'on ne dennndoit pas aux an- cres Communautes. La fingularite de cette demande les mit dans la necef- fite de fe precautionner contre Tabus qu'on pouvoitfaire de leur certificate &c d'y ajouter ces mots ,fans deroger (ill Heft evident par- M.Marignier,quiontete la
Id que c'eft ta demaiide caufe deli deit ruction, de
inconiideree d'un certifi- P. R. , & chatgeront eter-
catouiln'enfalloit point, nellemetu aux yeux de la
& plus encore le refus pofterite fon Eminence <hi
qu'a fait M. de Noailles fang de taut de fain:es
de la reformer , fuivant fiiies.
1'expcdient propofe pat |
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1$6 HlSTGIRE DE PoRT-ROlAL.
1707. <* ce qui s'eflfait a notre e'gard a la
paix de I'Eglifefous Clement IX. Qu'on juge par cet expofe fimple & namrel de la conduite des religieufes de P. R., fi elles etoient coupables & criminelles, & fi elles meritoient d'e- tre traitees comme M. de Noailles les traite dans fa lettre a M. Poller, cxi. Apres cette reponfe fage & judi- Raifons qui c}eufe aux accufarions renfermees
ne les rel i- dans la letrre de M. de Noailles, les gieufes de p. religieufes font une hiftoire abregee R. a ajouter p &
ladau(e/a»w de la perfecution qu'elles avoient ef-
ddroger , &c. fcfo fe^ pann^e , gg^ jufqu'en
166<) , que la paix fut rendue a l'Egli-
fe, & qu'elles furent rerablies dans tons leurs droits par une ordonnance de M. de Pererixe. » Depuis ce tems, >• difent ces faintes filles, nous avions » toujours jotii de cette paix, qui au- » roit dii affurer notre etat pour tou- *> jours. Mais helas ! qui le potirroit » penfer ? on prend aujourd'hui fu- » jet de nous faire la guerre de ce » que , pleines de reconnoilfance » pour un 11 grand bien-fait, nous » avons ofe , dans une occafion im- « portante , en rappeller le fouvenir. » C'eft-la tout notre crime ". Cette occafion importante eft: ce qui fe pafla au mois de mars 1706, au fujet de la |
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Bulle Vineam } dont on leur deman- 1707.
da l'acceptation de la part de fon Eminence, en exigeant un ac~be figne du Confefleur , 8c un certiflcat de l'Abbefle, auxquels acTre 8c certiflcat elles crurent devoir ajouter la claufe fans deroger_, &c. pour quatre raifons. La premiere parceque la fingularite de fa demande leur fit apprehender que les ennemis de leur maifon n'a- bufalfent d'une acceptation pure 8c Ample. La feconde , parcequ'elles avoient fujet de craindre qu'on ne voulut, fous pretexte d'une nouvelle Conftitution , detruire ce qui avoir etc fait a "leur egard a la paix de Cle- ment IX. La troifieme parcequ'elles refpectoient le jugement folemnel que le faint fiege avoir rendu fur ces conteftations dans lefquelles on les avoit engagees malgre elles. La qua- trieme enfin parcequ'elles avoient une fentence de M. de Perefixe , qui rendoit un temoignage authentique a la purete de leurs fentimens. Voila les raifons pour lefquelles elles cru- rent devoir declarer qu'elles fe te- noient immuablement attachees a ce jugement. C'eft pour cela qu'en re- cevant au mois de mars 1706, la nou- velle Conftitution de Clement XI, |
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1} 8 HlSTOIRE DIPoRT-ROUt.
elles foufcrivirent en meme-tems a«
jugemenc de Clement IX , qui avoit fixe ce qu'elles devoient penfer fur ces matieres. Que pouvoient- elles faire dans de telles circonftances d^ plus refpe&ueux & de plus prudent, pour prevenir Tabus qu'on auroit pu faire de leur fignature ? Les memes raifons qui les avoient obligees a ajou- ter la claufeyons deroger dans leur ac- te, ne leur permettoientpas de l'oter, & elles n'auroient pu le faire fans pa- roitre-deroger a la paix de Clement IX. Apres un tel eclairciflement , il femble que les religieufes n'avoient pas befoin de faire leur apologie cen- tre la conduite qu'on a tenue a leur egard, fur le faux pretexte , qu'elles avoient voulu oppofer a la derniere cenf- titution des reftrictions condamnies par le jugement de tome VEglife & capa- bles d'en troubler la paix. Neanmoins, pour mieux faire connoitre a M. de Noailles leur refpe&ueufe foumiflion f>ourfon Eminence, elles entrent dans
e detail de tout ce qui s'eft pafle de- puis leur a£te du mois de mars 1706, elles rapportentfuccindtement les pro- cedes violens dont on a ufe a leur egard , & la maniere fage & moderee dont elles fe font toujours conduites. |
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III. Partiz.Liv. I- 2.39
Elles expofent le trifte etat ou elles fe 1707.
trouverent reduites , privees de per- fonnes en qui elles pufTent avoir con- fiance lorfqueM. deNoailles leur eut 6te leurs ConfeiTeurs auxquels il fubf- titua deux Pretres de S. Nicolas, & que pour comble d'afflicHon , il donna ordre aM. Pollet (12) de leur refufer la fainte Communion. " Les paroles " nous manquent, Monfeigneur, di- » fent ces faintes filles , pour expri- »> mer quel fut notre eronnement & » notre douleur de voir que fans que " votre Eminence nous eut marque » en quoi elle nous trouvoit crimi- » nelles , elle vouloit nous traiter v comme fi nous euffions ete juridi- » quemenr convaincues des crimes » les plus fcandaleux « , & cela, fans meme qu'on eut garde a leuf egard aucune des formalires que l'Eglife a jugees neceflaires avant de decernec line peine ii rigoureufe contre ceux qui la meritent par leurs crimes 8C leur opiniatrete invincible dans leurs egaremens.Et avant meme que d'en ve- (ij) M. Pollet fut tres s'emporta beaucoup con-
meccmtent de ce qui etoit tre les religieufes, &c die
dit de lui dans cere re- qu'il y avoit en France
quete ; il en fit des plain- affey ie Jefuitespour v«i-
re« tres vives en parlant ger fa caufc.
i M. le Cure de Milon ; il |
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240 HlSTOIRE DePoRT-ROIAL.
nir a cette extremite, que ne fait-elle
point pour les rainener ? Non-feule- ment elle leur marque d'une maniere claire & precife, en quoi elle les trou- ve coupables, mais elle leur reitere a differentes fois & en differens terns fes remontrances, afin de leur donner tout le tems neceflaire pour eclaircir leurs difficultes , pour prouver leur innocence, fi les plaintes qu'on a por- tees contre eux font injuftes; ou enfin pour rentrer dans la bonne voie, s'ils ont eu le malheur de s'en ecarter. L'Eglife d'ailleurs , pleine de charite pour fes enfans , eft bien eloignee d'arracher de fon fein ceux qui n'aiant que desfentimens conformes aux fiens fur la foi & fur les mceurs, refufe- roient , par la feule crainte de blef- fer leur confcience, ce qu'on leur de- manderoit fur des queftions & des matieres inutiles a. leur etat. Quand mcme leur confcience feroit erronee a l'egard de ces fortes de matieres qui ne regardent ni la foi ^ ni les mceurs , & qu'ils pourroient, s'ils etoient plus eclaires, acquiefcer a ce que leurs Su- perieurs leur demandent , l'Epoufe de Jefus-Chrift ne retrancheroit pas des ames foibles & fcrupuleufes, qui feroient foumifes dans tout ce qui eft isiTentiel & necelfaire. VoiU |
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III. Pahtij. Liv. I. i4*
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Voila quelle eft la conduite de l'E- 1707.
<dife. Eft-ce celle qu'on a tenue a l'e- cxii. card des religieufes de P. R. ? Pour ja "conduite |
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faire voir que ces vierges cnrenennes q«e »tgiifa
/ • 1 111 „ i 1 r 1 >• r tient avcc les
etoient des
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rebelles & des defobeif-erfa'T'&d
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fantes , telles qu'on les vouloit fairecdle <)ue l'°'
palter, 11 auroitrallu du moms prou-iesieiigx^.-s ver Tune de ces deux chofes , ou que dc v- K< la claufe fans deroger 3 &c. qu'elles avoient jointe a leur acfce, & qu'elles refufoient d'oter , contenoit des fen- timens contraires a la foi, aux bon- nes mcEurs , & a l'obeiifance due aux decifions de l'Eglife, ou que les Supe- rieurs font en droit d'exiger en rou- tes chofes une obeiflance aveugle des fideles qui leur font founds. Les religieufes de P. R. apres s'etre
ainfi juftihees , temoignent a M. le Cardinal la confiance qu'elles ont , qu'ai'ant connu la conformite de leurs Jentimens avec ceux de l'Eglife , 3C leur parfaite foumillion aux decifions de cette fainte mere, bien loin de lancer des anathemes contre elles , pour punir une pretendue defobeif- fance, il reprendra a leur egard les fentimens d'un pere plein de bonte , & que touche de leur etat il apporte- ra un prompt remede a leurs maux. Enfin elles concluent a ce qu'il
Tome IX, I, |
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14.% HlSTOIRE DE PoRT-ROlAI.
1707. -plaife a fon. Eminence d'agreer pour
leur ConfefTeur l'un des deux Eccle- fiaftiques qu'elles lui ont demandes, de les laiiTer jouir de la liberte qu'ont routes les autres Communautes reli- gieufes du Diocefe de fe confeflfer a tous les Pretres approuves pour les re- ligieufes, ne les plus inquieter fur l'ufage libre des Sacremens , ou leur declarer d'une maniere nette & preci- fe en quoi fon Eminence les trouve criminelles & indignes d'y participer. Enfin elles le fupplient tres humble-' mentde commettre une perfonne pour affifter a l'eledtion d'une AbbefTe. C'eft la grace qu'elles attendent de la jufti- ce & de la bonte de fon Eminence , en 1'afTurant que rien ne fera capable de diminuer leur refpecl pour elle, & qu'elles ne cefTeront jamais d'offrir leurs prieres a Dieu pour fa confer- vation (23). La requete dont nous venons de
parler fut prefentee a M. le Cardinal de Noailles le jeudi zo octobre. Le 23 du meme mois les religieufes ri- rent encore par a&e capitulaire un expofe des motifs pour lefquels elles avoient ajoute la claufe fans diroger y (13) Voiez cctte requete cntiere , T. 4.. des Mc-
lijoires hift. p. 47J , 503. |
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III. P A r.t IE. Liy. I. 14$
6ic. a Fade de reception de la dernie- 1707.
re Conftimtion. Comme ces motifs font les memes que nous avons deja eu occafion de rapporter ailleurs , nous n'en parlerons pas ici (14), non plus que de certaines negociations qu'il y eut vers ce tems pour un ac- commodement, parcequ'elles n'eurent point de fucces (15). Les Religieufes de P. R. n'ai'ant cxxtt;
recu aucune reponfe de M. le Cardi- JJ^g^ nal, crurent pouvoir approclier de la mens fait aux fainte Communion, ne fe regardant Pe_ ^'eu es e comme liees ni devant Dieu, ni de- vant les hommes, par l'ordre injufte qu'il avoit donne a M. Pollet. Elles voulurent done s'y prefenter le jour de la Fete de tous les Saints. La mere Prieure s'etant prefentee la premiere, le Pretre la communia , & alloit com- (141 Ibid , p. 507. bre depuis par fon zele
(ir) M. Moi'na, Con- contre une piece qui a
fcfreur de Gif, homme de caufe & caufe encore tanc
bicn , mais dont les lu- de troubles dans l'Eglife ,
mieres n'egaloient pas la amige de voir l'etat ou
piete , alia a P. R. vers le etoient reduites les reli-
18 o&obre, 5c ofFrit fa gieufes de P. R. vouluc
mediation a la mere Prieu- audi faite des propofitjons
re , pout procurer un ac- d'accommodement; mais
commodement , mais el- la tentative de ce refpec-
lc ne fut point acceptee. table Abbe , ( M. deBra-
Mim. kijl. T. 4. p. jo;, gelongnc) n'eut pas plus
Aumoisde novembre fui- de fucces que celle de M.
vant, un homme plus im- Moraa. lb. p. 505.
yoitant, 6c devenu cele- Lij
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244 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt.
"1707. munier la fuivante j mais celui qui
l'accompagnoit 1'aiani averti que c'e- toit une religieufe du chceur, il ne lui donna pas l'Euchariftie. Ce Pierre etoit M. Chevrolar , qui fans cet avertiiTementauroit continue decom- munier celles qui fe feroienr prefen- rees comme il le temoigna depuis. 1] faut lui rendre la juftice de conve- nir qu'il parur toujours difpofe aadou- cir les peines de ces pauvres filles. Les religieufes dreilerent un acte
de ce refus , & prefemerent requete a l'Official de Paris, pour obtenir la permiilion de faire alligner ce Pretre en reparation de fcandale. L'Official apres avoir garde cette requete quel- ques jours , la rendit, en difant que ion Eminence la repondroit elle^me- rne. Mais quelle juftice pouvoit-011 attendre de ce Prelat, qui avoit pris de malheureux engagemens , qu'il etoit refolu de pourfuivre ? cxiv. Le deflein de ion Eminence, corn- M.rleNoail- ., ,- , , n
les fait faire me on 11 vu par ia iettre du 3 octo-
des fomma-bj-g etoit d'en venir a une interdic- rions aux re- . . _ , , ,
HgieufesdeP. tion des Sacremens plus que verbaie;
&• ._ & la requete ii touchante & fi con- iionnee & cet vaincanre que les religieuies lui pre- tdet par m. fen£erent le 2.0 odobre, bien loin de au ficur poi- faire changer ce Prelat, n'avoit fait |
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III. Par tie. Liv. 1. Itf
que le confirmer dans fa reTolution. Mais comme le droit exige que les peines canoniques foienr precedees de monitions & fommations , M. le Cardinal ne voulant plus difFerer cet- te Sentence d'interdit des Sacremens, refolut de leur faire faire au moins auparavant quelque fommation cano- nique. II en donna la commiffion a M. Poller, qui avoit pafTe les Fetes a Paris, & etoit revenu le 5 novembre a P. R. des Champs. La commiffion datee du jour de fon depart, etoit ainii concue : " Nous avons commis » & commettons le fieur Pollet, Vi- » caire de faint Nicolas du Chardon- * net,pour entendre encore one fois » les r'eligieufes de P. R. des Champs, » chacune en particulier, au fujet de » la Conftitution de notre S. Pere le « Pape du mois de juillet 170 5 j les » exhorter &c fommer de notre pare " de s'y foumettre purement & fim- " plement, comme ont fait routes les » Communautes de notre Diocefe , " fous les peines contenues dans la- » dite Conftitution, dreiTer proces- » verbal de leurs reponfes , pour le " tout a nous raporte, erre ftatue ce que V de raifon. Fait a Conflans le 5 nor " vembre 1707. Sig. Louis Antoine, L iij
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i-4^ HlSTOIRE DE PoRT-ROlAI..
1707. » Cardinal de Noailles Archeveque
» de Paris. Cette commiffion n'etoit ni con-
trefignee du Secretaire de fon Emi- nence , ni fcellee de fon fceau, & n'a- voit pas ete donnee fur la requisition du Promo teur. Ainfi elle ne pouvoit £tre regardee comme un a&e valide, qui donnat pouvoir au fieur Pollet de fake des monitions ou fommations canoniques. Mais independemment de ces nullites, la conduite irregulie- re du fieur Pollet dans Pexeeution de fa commiffion, rendit encore nulles ies fommations qu'il fit aux reli- gieufes. cxy. Car i°. il pafTa fes pouvoirs. En
w™tToiteS effet !e fieur Poller aiant "^u fa
fekes par le commiffion le 6 novembre, il parla few Poll*. aux religieufes le ? & le 8 & les fomma de recevoir la Constitution
purement & {implement, & d'oter la claufefans deroger , &c, de leur certifi- cate La commiffion portoit, qu'il fom- mat les religieufes de P.R. des Champs de recevoir la Bulle comme avoient fait toutes les Communautes du Dio- cefe j or les Communautes du Dioce- fe n'avoient fait qu'entendre la lec- ture de la Bulle, fans donner de cer- tificat de fa reception. Le fieur Pol- |
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III.Partib. Liv. I. H7
let devoir done , pom: fe renfermer 1707. dans les bornes de fa commiflion, trai- ler les religieufes de P. R.des Champs comme les autres Communautes du Diocefe, leur rendre leur certificat, & fe contenter qu'elles entendiflent la lecture de la Bulle : ce qui etoit t (comme nous l'avons vit ) le projet de M. Marignier. M. Pollet exigea plus. II pafla done fon pouvoir. i°. II y eut encore d'autres nullites PfY1/ .
\ iw 1 j v lit ' Kulhte du
a 1 egard du proces-verbal. Les repon- Pr0ces - vet-
fes des religieufes furent, qu'elles ne bal- pouvoient oter la claufe/a?25 diroger, 6'c. fi on vouloit qu'elles donnaflent un certificat} elles ajoutoient qu'on ne devoit point leur demander de cer- tificat , puifque felon fa commiffion meme , elles devoient etre traitees comme les autres Communautes, aux- quelles on n'avoit rien demande de femblable. Le fieur Pollet drefla la- delTus fon proces-verbal, qui ne fut ni figne de la Communaute , ni de deux temoins a leur defaut. Les reli- gieufes offrirent neanmoins de le Ci- gner, s'il vouloit leur en laiffer un double figne de lui, mais il le refufa: fur ce refus , qui rend un Officier fufped, les religieufes refuferent avec raifon de le figner j & il fe contents L iiij
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24S HlSTOIRE DE PORT-ROIAL.
1707. de prendre la fignature du iieurEfco-
lan(z<s), qui ne fut prefent qu'a une parrie de la lecture. Enfin ce proces-' verbal ne fut point fignifie aux reli- gieufes par ecrit, ni autrement uii trois fois, ni meme une, quoiqu'il eut du 1'etre trois fois , avec les delais necef- faires, pour pouvoir fervir de mo- nitions , ou lommations canoniques- & juridiques. exvn. Le refits que M. Pollet fit de don- Uiredes reil-ner copie de fon proces-verbal aux gieufes. religieufes de P. R. , leur donna la penfee de faire un ac5te capitulai- re (27), dans lequel elles expofent elles-memes leurs vrais fentimens. Elles rapportent d'abord dans cet acte les accusations formees contre elles au fujet de la Conftitntion du Pape Cle- ment XI par des perfonnes *nal in- tentionnees, qui ont furpris la reli- gion de fon Eminence M. le Cardi- nal de Noailles Archeveque de Paris , (16) C'ecoit un PrStre Sieur Chcvrolat ai'ant
da Diocefe de Nantes , confomroe leur million ,
digne de templacer les partirent de P. R. des.
deux Pretres de S. Nico- Champs 1c 9 novembre ,,
las du Cbardonnec, aux- & le fieur Efcolan refta,
quels il fucceda , & qu'il en qualite de Chapelain.
furpafla. Il fignala ainfi (17) Voiez cet aete , T. Ion entree en fignant un 4. des Mem., bill. p. 5,1 <; y
proces-verbal fans l'avoir 513..
lu. Le fieur Pollet 8c le |
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III. P A R TIE. ItV. I. ±4$ _____
qui en a pris fujet de leur faire pin- i -?c
fieurs mauvais traitemens. Elles de- clarent enfuite, qu'a'iant re^n la Conf- t ration & le Mandement, elles one pleinement fatisfaitatout cequi etoit prefcrir par cette Conftitution & ce Mandefnent, favoir, qu'elles ont en- eendu la lecture de l'un & de Pautre a la grille de lenr choeur, y etant rou- tes aifemblees , & la plupart meme a genoux j qu'elles fe font conformees a ce que les autres Eglifes du Diocefe on fait an fujet de ladite Conftitution ; qu'elles one execute tout ce qui etoit prefcrit par le Mandement ; qu'elles ont encore fait plus que les autres Eglifes du Diocefe , etant les feules avec les religieufes de Gif,qui aienr donne deux certiiicats , l'un ngne par leur AbbefTe , l'autre par leur Confef- feur, pour attefter que la Bulle & le Mandement ont etc lus a la grille ,, & que la Bulle a ete recue avec ref- pec"b 5 qne pour mieux faire connoitre leurs fentimens, & eloigner tour foup- con fur la purete de leur foi , on a ajoutedans ces certificats, qu'elles r\e derogeoient point a ce qui s'etoit fait a leur egard a la paix de l'Eglife fous Clement IX, e'eft-a-dire, qu'elles de- meuroient toujours dans les mcraes |
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1 5 O HlSTOIREDE PoRT-ROlAT..
Wtimens, que Melleigneurs !es Eve-
ques d'Alet, de Beravais, d!Angers,, de Pamiers , que les dix-nenf Eve- ques dans leurs lertres au Pape & au- Roi, & que M. de Petefixe lui-me- me dans la Sentence rendue en leur faveur ont affure ctre leurs fentimens, ceux des Theologiens & de l'Eglife „ & que ie Pane Clement IX a approu- ves & reconhus pour tels ; que com- me dans ladite Conftitut'ion de notre S. Pere le Pape Clement XI , il s'agit des memes queftions agitees & deci- ders clairement a la paix de l'Eglife fous Clement IX , elles ont cru en recevantla nouvelle Conftitution, de- voir rappeller cette paix, pour faire: connoitre leur fidelite a s'attacher aux decifions de l'Eglife , etant perfuadees qu'elle ne varie point dans fa doctri- ne, & qu'elle ne pent pas obliger fes enfans a croire dans un tems, ce qu'el- le a declare dans un autre qu'ils n'eV toient pas obliges de croire} que c'eft neanmoins cette declaration qu'elles ont faite que leurs fentimens font aujourd'hui les memes que ceux. que l'Eglife a approuves en \G6<) , que quelques perfonnes veulent faire palfer pour uiie rejtriclion condamnea par le jugement de tcute l'Eglife & |
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III. PARTIE. L'lV. I. 25I
capable d'en troubler la paix. 1707.
Eiles declarent de plus , que M.
Firmin Poller, Pretre de S. Nicolas du Chardonnet, les aiant voulu voir toutes en particulier les 6, 7, & 8 , du prefent mois de novembre 1707 , fans aucun ordre juridique ni en for- me, mais feulement avec un ordre fimple par ecrit de fon Eminence M. l'Archeveque de Paris , pour les in- terroger fur les matieres fufdites, ei- les y ont entierement defere & repon- du conformemenr a cette declaration, fans neanmoins que leurs reponfes &c leurs fignatures particulieres leur puif- fent etre prejudiciables : qu'elles one juge necelTaire de faire cet adle de declaration pour etre fignifie en tout ee qu'il contient audit fieur Pollet, 1'aiant ainfi arrete en leur Chapitre & figne de toutes pour etre un te- moignage public & authentique de la purete de leur foi & de leurs fen- timens, de leur lidelite a fe tenir atta- ches aux decisions de l'Eglife , & de la maniere dont elles ont recu la Conftitution de notre S. Pere le Pape Clement XI , & le Mandement de; M. l'Archeveque. Cet a&e fut drefle par les reli—
gieufes le 8 novembre , & fignifie le L vj
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Z <jZ HlSTOIRE DE PoRT-ROl At.
lendemain a M. Pollet, parlant a fi
perfonne , par J. B. Floquet, Sergent general de l'Amiraute de France , re- fidant a Chevreufe, qui lui en laifla copie. Le meme jour M. Pollet alia a Paris pour rendre compte a fon Emi- nence de l'execution de facommiffion, lui en porter fon proccs-verbal , & Paite que les religieufes venoient de lui faire fignifier. Monlleur Pollet muni de routes ces pieces n'eut pas. de peine a. lui prouver que les reli- gieufes etoient fermes dans la refo- lution de ne pas retrancher la claufe fans diroger. Son Eminence, a la vue de preuves fi convaincantes , n'en douta point , & refolut d'interdire publiquement les Sacremens aux reli- gieufes , par une Sentence qui les de- clarat contumaces & defobeiffantes aux Conftitutions apoftoliques. Elle fut lignifiee le zz novembre au foir, a la mere Prieure par le Vicaire de Magni : il etoit acccmpagne de l'Ec- clenaftique (28) refident a P. R. des Champs par ordre de M. de Noail- les, &c an Bourelier de Magni, qui fignerent Tun & l'autre comme te~ moins. Voici cette fameufe Ordoa- |
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Ci8) le Sieur Eftolant
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III. Part lb. Liv. I. 15 j
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nance il deshonorante pour M. de 1-707*
Noailles (19). » Lours - Antoine de Noailles , cxviii.
1. ,-r* r~\ • • /~i 3' 1 Ordonnancs'
a permititon Divine Cardinal do Monfieur
« Pretre de la fainre Edife Romai- 4e .^°?illes
i i r • * r ■ r 1 hgmnec le 12
" ne , du tnre de iamte Mane iur la „ov. aux «-
» Minerve , Archeveque de Paris, Jjs»eufcs ^e
» &c. fur la requete a nous preien-champs rpar
*> tee le 20 ocbobre de la prefente laTacllfl[ 'cs
/ 1 rv • ■ 1- Pnvc* "es **"""
" annee 1707, par les Prieure , reli - aemcus..
» gieufes & communaute de P. R. » des Champs Ordre de Citeaux ,, » tendante a ce qu'il nous plut leur " lailTer la liberte de nous prefenter » leurs ConfeiTears ordinaires, leur » permettre l'ufage des Sacremens, &: " commettre quelqu'un pour affifter » en norre nom a 1'elecHon d'une » AbbeiTe^o). Vulecertiricaten date (19) Vo'iez les Obferva- de I'expofe ou l'enonce.du1
tlons fur cette ordonnan- pretendu crime des reli- ce , dans les Memohes fur gieufes de P. R. felon la deftruction de P. R. pi qu'il tefulte du vu dc& 309 , }fi* Les memes ob- pieces. La troilleme Is ii-rvations fe trouvent, p. prononce de la peine. i°. ?^8,.?9i ,.du T. 4. des A l't-gard du vu des pie- Mem, hift. , avec les re- ces, il eft certain qu'il ne flexions de M. Pinaulc faur fairc aucun fond fur fur la mtille ordonnance , les proces - verbaux des- p. ^.)5 , ?(8 (Lesobfer- fieurs Vivanr £c Poller , vations four de M, Ma- n'etant point fignes, nfe bille ). par confequent avout-s des; (jo) On pent divifer religieufes Quanr aux au—
cette ordonnance en trois ties pieces dont l'ordon-
partics. La premiere eft le nance lair l'enumeration ,
vu. dej pieces. La. {ecoiir il eft. vilible rjiie M., fe.
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2 54 HlSTOIR.ED-EPoRT-R.0lAt,
" du 22 mars du fieur Marignier,
» Pretre ConfeiTeur ordinaire defdi-
" tes religieufes , & rnis au bas de
» notre Mandement du 20 feptem-
» bre 170 5 , pour la publication de
» la Conftitucion de notre S. Pere le
» Pape du 16 juillet 1705 , par le-
» quel certificatleditfieiu" Marignier
» declare qu'il a public a. la grille de
» l'Eglife de i'Abbai'e de P. R. des
» Champs notre Mandement avec
» les Bulles & les Confutations y
« jointes, & que lefdites religieufes
" lui ont declare qu'elles recoivent
» avec le refpecl: du a Sa Saintete &
m a nous , yS/z^ diroger a ce qui s'ejl
» fait a leur egard a la paix de I' E~
» glife fous Clement IX (31), la let-
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Catdinal n'a trouve a y
reprendre que la claufe fans diroger. (;?) Cctte claufe feule
eil le prctendu crime des religieufes de P. R. M. de Noailles lui-meme le re- duit a cela dans la fecon- de partie de fon ordon- nance ; ainli il etoit inu- tile qu'il fit une fi longue Enumeration de pieces , fur lefquclles il ne peut faire aucun reproche , n'y trouvant uniquement a redire que la claufe rap- portee. Quoique M. de NoaiUei traite (i dure- |
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ment les religieufes de
Pcrt-roial, a caufe du re- fus de rettancher cetre claufe, i! ne la qualifie ni d'heretique , ni d'erro- nee , ni- r>eme de faulTe. Oii feroit en eiFet l'he- refie ,. l'erreur ou la fauf- fete de dire nu'on ne veut pas deroger a ce qu'a fait Clement IX pour la paix de l'Eglife , il ce que ce Fapc a fait n'cft ni her£- tique , ni errone, ni faus? M. de Noailles n'a done pas ofe dire que cette e'aufe fut fauffe j au con- traire, il a lueme fupgofe |
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III. Partie. Liv. I. 2.55
» tre que la mere Elifabeth cle fainte » Anne, AbbeiTe cludit monaftere , » nous a ecrite ledit jour 11 mars , « pour nous certifier la reception cle *> ladite Conftitution & de notre » Man dement, avec lafufdite clanfe « & reftricHon : autre lettre du zo " juillet 1706,par laquellc les Prieure » & religieufes nous marquent, que |
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qu'elle etoit vtaie en elle-
meme , puifqu'elle fe ik- duit a ne vouloir point deroger au Btef de Cle- ment IX-, & qu'il fuppo- fe dans le meme endroit qu'il n'y a lien que de vrai dans le Bref de Cle- ment IX du 15 Janvier. Comment done une clau- fe qui rappelle un Bref dans lequel il n'y a rien que de vrai , pourroic- elle etre fauffe ! Pat la meine raifon on ne pent point dire , comrne le fait M. de Noailles, que eette claufe foit illufoite , te- meraire , injurieufe an faint Siege , ni qu'elle ca- che des fentimens con- traires a la Bulle Vineam. Mais les Jefuites ennemis declares des Arnauld Sc de P. R. d'ou etoient fortis tant dlecrits acca- blants pour eux, avoient jure fa peite , Sc avoient perfuade a Louis XIV que cette maifon etoit Janfe- niite. M. le. Cardinal iio'a |
malheureufement persua-
de qu'il y avoir des JanL fcniltes , £c envifageoit comrne relies les religieu- fes de P. R. L'envie d'ex- tirper dans P. R. cette chimerique bereiie , 5c de deferer aux volontes da Roi en fatisfaifant a fa ccnfcience erronee fur cet article , lui fit voir l'er- reur dans le fein de la faintete 8c de l'orthodcr- xie ; 8c fans s'affujettic fcrupuleufement aux for- mality , il fit quelques procedures informed pour parvenu a fevircontre ces fainres filles. Heureux,s'il eut examine par lui - ma- me , mais Dieu permit qu'il s'en rapportat a des ignorans ou a des gens feduits 8c gagnes , 8c la droiture de ies intentions ne fervit qu'a le rendre le perfecuteur d'un Mo- naftereprecieux aux yeux des hommes 8c de Die.U: meme. |
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2 5 6 HlSTOIRE DE PoRT-KOlAI.
1707. " quoique le fieur Gilbert leur Sir--
» perieur & norre Vicaire general % » leur ait ete envoi'e de notre part » pour les exhorter a re'cevoir ladite » Conftitutiou purement & fimple- »• ment & fans aucune reftridtion » quelconque , cependant elles ne » peuvent en conscience .la recevoir » fans l'exception & reftridtion fiif" » dite : lettre du 30 Janvier 1707 , » par laquelle lefdites Prieure & re~ » ligieufes paroiflent toujours dans » la merae difpofition 5 le Bref de » Clemenr IX du 19 Janvier 1 G6<) : r, l'Ordonnance de M. de Perefixe , « un de nos predc-cefleurs du 17 fe- » vrier 1669 : le proces-verbal de » viiite fait par le fieur Vivant, « Dodteur de Sorbonne , penitencier « de notre Eglife de Paris , & notre ?> grand Vicaire , que nous avons » commis pour viiiter ledit monaf- » tere, tant au fpirituel qu'autempo- » rel, qui a reprefente fortement aux- » dites relig+eufes , que fi elles ne « joignent a leur purete & a leurs- » mortifications & aux autres vertus » de leur etat qu'elles pratiquent*" r> exadtement, une obeifTance parfai- » te & une fouimffion entiere a la » dodtrhie de l'Eglife\ leurs. lampes- |
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III. P A R. TI E. Liv. I. 157
fe trouveroient eteintes a 1'arrivee
de l'epoux, elles n'entrerpnt point avec lui aux noces , & la porte leur fera fermee : oui le rapporr du fieur Pollet, Vicaire de faint Nicolas du Chardonnet, que nous avons en- voie plufieurs fois audit monafte- re pour continuer les exhortations commencees par nofdits Vicaires generaux , donner auxdites reli- gieufes des confeils de falut & tous les fecours neceffaires, & en cas de refus de fe foumettre a ladite Conf- titution, les fommer de notre part de larecevoir fous les peines y con- tenues : vu le proces-verbal que le- dit fieur Pollet a fait a fon dernier voi'age les 7 & 8 de ce mois, par lequel il paroit que nonobftant les fommations & monitions reiterees par led. fieur Pollet, lefdites Prieu- re & religieufes perfiftent dans leur reiiftance , & que par un aveugle- ment deplorable elles croient ne pouvoir en confcience & fans of- fenfer Dieu obeir a ceux qu'il leur a donne lui-meme pour conduire leurs confciences 5 l'afte capitulai- re defclites religieufes & commu- naute du 2 novembre fignifie le mane jour, par lequel a6te lefdites |
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1707.
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sanii-.T
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1 5 8 HlSf OIRE t>t PoRT-ROlAI..
» religieufes coniirment avec une
» nouvelle opiniatrete leur premiere
» resolution , la Conftitution de no-
» tre S. Pere le Pape Clement XI, du
» 16 juillet 170 5, notre Maildement
" en confequence du 30 feptembre
" !7°5 '■>
» ReconnoilTant par tomes ces pie-
» ces, & encore pins paries propres
» adtes des religieufes qui tous ne
» marquent que de la prefomption
« & de l'entetement, aulieude Fhu-
m milite & de 1'obeiiTance que leur
» profeffion demande d'elles; qu'elles
« refufent de fe foumettre purement
« &MTipIement a ladite Conftitution,
33 comme ont fait routes les commu-
« nautes de notre Diocefe, meme la
« Facnlte de Theologie de Paris, fi
» remplie de fcience & de piete, &i
" depuis , toutes les Univerfites du
>' Roiaume & toutle Clerge deFran-
« ce j que la reftridtion que lefdites
« religieufes ont mife a ladite Conf-
» titution eft illufoire , puifqu'elle
« ne tend qu'a. eluder la loi (31),
(31) La claufe des reli- &: ne tend point a eluier
gieufes de P. R. qui rap- la loi , c'eft a-dite la Bul- pelle la paix de l'Eglife le Vineam, a moins qu'on. fous Clement IX , n'eft ne fuppofe que cetce Bul- poinc illufoire comme le le ell contraite au Bref de pretend M. de Noaiiks , Clement IX , mais M. it. |
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III. P ARTIE. LlV. I. 10
» temeraire (33), injurieufe au faint
» Siege (34) puifqu'elle fuppofe qu'il » y a de la contradiction (35) entre |
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1707.
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Cardinal allure apres le
Pape , qu'il y a line par- faite conformite entre ces deux aitcs ; rappeller Fun de ces a£tes dans une clau- fe , n'eft done pas eluder l'autre fuivant M, le Car- dinal lui-menie. (5 j) La qualification de
temeraire ne convient pas plus a la claufe des reli- gieufes de P. R. que celle d'illufoire : comme il n'y a point d'illufion a rap- peller le principe du Bref de Clement IX &c de la paix de l'Eglife , il n'y a point de temerite a rap- peller ce meme principe qui avoit ete approuve par le Pape agiilant avec grande fageffe &c circonf- pefiion, comme Clement IX avoit agi dans ceue affaire. (54) Comment une clau- fe , qui marque le ref- pe& des retigieuf.s pour le Saint Siege , a t-e!le pu erre regardee par fon Emi- nence comme injurieufe au Saint Siege ? (;(} Il ell faux ( qu'il
foit permis de le dire ) que cette claufe fuppofe de 'a contradiction entre le Bref 8c la Bulle ; mais ce qu'elle fuppofe e'eft que la Bulle n'eft pas Ci claire que le Bref dans fon pro- jionce, 6c qu'on pent abu- |
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fer de cette obfeurite com-
me effe&ivement on en abufoit, 8c comme on en abufe encore aujourd'hui, en pretendant que la creance du fait eft necef- faire pour rendre aux Conftitutions la foumif- fion qui teur eft due. M. de Fenelon en abufoit pour etablir la pretendue infaillibilite de l'Eglife dans la decifion des faits doctrinaux. Mais quand bien meme la claufe au- roit fuppofe de la con- tradiction , feroit-ce un crime allez grand pouc imerdire les Sacremens a des Vierges chretier.nes ? Les Papes font ils incapa- b]es de fe contredire ? manque t-on d'exemples qui prouventle coutraire > Cependant les religieufes n'ont point fuppofe de contradiction entre le Bref de Clement IX 8c la Bulle de Clement XI , car 6. elies I'avoient fuppofe el- les n'auroient point recti la Bulle j elies n'etoient pas filles a deguifer 8c a mentir en recevaut une Conftitution qu'elles au- roient cru contraire a un Bref qu'elies refyecloient. Lorfque M. de Noailles publia fon appel de la Bulle Unigenitus, le X4 feptembre 1718, piufieui's |
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l6o HlSTOlRE DE PoRT-ItOlAt.
» le Bref de Clement IX du 19 jan-
» vier 1669 , &: la Conftitution de
» Clement XI, quoique le Pape de-
» clare qu'il y a une conformite par-
« faite entre ces deux a(5tes & tous
» ceux qui font emanes du S. Siege
» apoftolique fur cette affaire , dont
»» la Bulle eft une confirmation. En-
« fin que fous cette reftri&ion lefdi-
*> res religieufes cachent des fenti-
" mens manifeftement contraires a
w ladite Conftitution (36) : na po'u-
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corps y adhirerent; plu-
fieursle fircnt avec cette claufe , fins deroser d lew adhejion a I'appeldes qua- trc Eveques ; la Sorbon- ne le fit ainfi. Cependant fon Eminence ne s'eft point choquee de cette ciaufe comme S e!le eut ete injurieufe & fon fiegc ou & (a perfonne, ou com- me fi on eut voulu dire que fon appel etoit con- tradicioire & celui des qua- tte Eveques. Cela vouloit dire feulement qu'il etoit moins fort & moms clair contre les defauts inuin- feques de la Conftirution que celui des quatre Eve- ques. (;6) M. de Noaillesn'a
pu accufer les religieufes de P. R. de cacher des fentimens manifeftement tontraires a la Bulle de Clement XJ,, qu'en fup- |
pofant que cette Bulle de-
cidoit manifeftement I'o- bligation de croire le fait; car fon Eminence ne pou- voit ignorer que e'eroit le refus feul de s'engager a la creance de ce fait, qu'cl- les cachoient fous la clau- fe fins deroger. Ces fain- res titles n'auroient jamais fait aucune difficulte fur le droit. Toutes les pei- nes qu'elles avoient fur cette Conftitution. ne re- gardoient que le fait, He {'obligation qu'elles ap- prehendoient qu'on ne voulut leur impofer de croire ce fait. Pourquoi M. de Noailies, au lieu- de s'envelopper dans de grands tetmes generaux r ne leur parloit-il pas clai- rement dans ce qu'il de- mandoit d'elles > Ou ce Prelat croi'oit la creance du fait d'obligation » qul |
|||||||
III. P AR TTE. LtV. I. 2tTl
■>» vant plus efperer que des ames ,
» qui s'appuient fur leur propre pru- " dence contre le confeil de Salo- » mon , & fonr fages a leurs propres " yeux, fe foumerrent aux lumieres " 8c a la fagefle de 1'Eglife, a qui » elles refufent une foumiffion qu'el- " les rendent a. des Do&eurs que » Dieu ne leur a point donnes, qu'el- » les n'ont eu que par leur propre » choix, & qu'un efprit de revoke » leur fait preferer a leurs Pafteurs le- » gitimes (-37) ; apres avoir epuife » tous les moiens que lacharite (38) |
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il ■ne la croi'oit pas d'obli-
gation. S'il la croi'oit d'o- bligation , que ne le di- foit-il neitemenc & fans detour> S'il ne la croi'oit pas d'obligation, que ne difoit-il a ces faintes fil- lcs que ce n'etoit point la creance du fait qu'il exi geoit d'elles > Poutquoi donne-t-il lieu pav ces ter- mcs generaux de ctoire qu'il exigc la creance du fait ? (47) Les rctnarques pre-
cedences fuffifent pour faire voir ce qu'on doit penfer de ces accufations d'ejprit de revoke , &c. que M. deNoailles forme centre les religieufes de P. R. ()S) On ne voir pas
comment M, de Noailles |
a pu dire qu'il a epuife A
I'egard des religieufes de P. K. tous les moiens que la cliarite qu'il doit aux ames confiees a fes foins lui a infpires. Tout ce qu'il a fait fe reduit i avoir envoi'e a P. R. MM. Gilbert, Vivant, 8c Pol- let ; nous avons vu ce que ces MM. y ont fait &. die de fa part. Ces MM. ne d'.foient pas meme preci- fement en quoi M. de Noailles trouvoit con- damnable la claufe fins derogct: D'un autte cote foil Eminence ne vouloic point s'expliquer; a-t-elle meme jamais fait reponfe a aucune des lettres dont il fait l'enumetation dans fon ordonnance > II eft furprenant , difenc a ce |
|||||||
i6i Histoire de Port-roial.
" que nous devons aux ames confiees » a nos foins , nous a infpires, &at- i> tendu inutilement avec toute la » patience que notre cara&ere exige » de nous , que lefdites religieuies » rentrafTent en elles-memes ; » Le faint nom de Dieu invoque,
» & pris l'avis de plufieuxs Theolo- w giens egaleraent pieux <k favans, » nous declarons lefdites Prieure & v religieufes contumaces & defobeif- » fantes aux Conftitutions apoftoli- " ques, & comme telles incapables » de participer aux Sacremens de l'E- » glife (39). Defendons a tous Pre- |
|||||||
fujet les religieufes de P.
R. , ecrivant a fyi. de Noailles, quenous riaeons pu favoir de vocre Emi- nence ce auelle condamne dans cette claufe. Elle na fas jugt d-propos de nous en ecrire , ni de repondre a nos lettres. Qu'on juge par-la li foil Iminence a epuife , comme elle le ait, tous les moiens que la charite quelle doit aux ames confiees a fes foins , lui a infpires. (39) Comment tin Pre-
lat lei que M. de Noail- les , a-t-il pu priver des Sacremens pour un fujet fi leger , la plus fainte Communaute de vieiges chre:iennes , qui futdar.s 1'Eglife > Quand bien me- |
rae elles auroient eu tort,
ce qui n'eft pas, de ne pas vouloir rerrancher la claufe fans deroger , etoit- ce-la une faute qui meti- tat d'etre punie par la pri- vation des Sacremens clans de faintes filles, dont la foi etoit aulH pure que les mccurs. Qu'auroien1- pen- fe d'une telle conduite les Peres du grand Concile d'Orleans, tenu l'an 549 , par orccre du Roi Cliilde- berr I > Ces fages Pielats defendirent autrefois a tout Evequc ou Pretre, de priver de la Communion pour des caufes legeres aucun de ceux dont la foi eft pure , 8c d'aller plus loin que les faints Peres , qui out determine les fan- |
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III. P ARTIE. Jlv. I. %6$
tres feculiers & reguliers, meme 1707.
a ceux qui ont pouvoir de nous, de confeffer les religieufes, de leur adminiftrer aucun Sacrement juf- qu'a ce qu'elles fe foient foumifes a ladite Conftitution,qu'eIIes l'aient recue purement &funplement,fans exception ni reftridtion quelcon- que , & fans une permiffion ex- preflfe de nous & par ecrit. Decla- 1 rons de plus lefdites religieufes in- ■ capables de voix active & paffive > dans les elections , leur faifons de-
• fenfes exprefles de s'alTembler pour > elire une Abbeffe , & voulons que
> norre prefente Ordonnance foit
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ses pour lefquelles on doit
ecre fepare de la Cornmu- nion de I'Eglife : Ut nul- lum Sacerdotum quemquam red* fidtl hominem pro parvis & Uvibus caufis a communione fufpendat , prater eas culpas tpro qui- bus SanUt Patres ah Ec- clefid arceri jujferimt com- mittenus. Les Saints Pe- res auro:ent-i!s ptive de la Communion des vicr- g:'s chrec enncs audi f.iiu- tes que las religieufes de P. R. pour un fujet audi ftivole que celui pour Is- quel M. de Noailles les en a prsvees ? Et pliit d Dieu que ce Prelat n'eiir. pas eu rant d'imitafeurs |
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d'une conduite fl irr£gu-
liere & fi oppofee a cclle des Peres j nous ne ver- rions pas rant de troubles dans I'Eglife & dans l'E- tat. De plus , comment M.
de Noailles a-t il pu in- fliger une telle peine par une iimple ordonnance , au lieu de le faire par une voie jjdiciaire , fervato juris ordine , comme le prefcrit Innocenc III, 8c comme la nature de la peine le demandoit! Car ce n'etoit point-la le re- fus d'une grace lion due , mais l'interdit d'tin droit aquis. |
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2(?4 HlSTOIRE DE P0RT-ROIAL.
» executee fous peine d'excommuni-
» cation. Donne a Paris dans norre
m Palais Archiepifcopal le 18 no-
s> vembre 1707. Signe Louis-An-
» toine , Cardinal de Noaiiles , Ar-
v cheveque de Paris , & plus bas,
" par fon Eminence , Chevalier.
» Signifie le it novembre 1707 ; 8c
» bailie copie auxdites religieufes ,
» en parlanr a la Prieure, par Fran-
« gois Berrin, Vicaire de la paroifle
» de Magni l'EfTart, en prefence de
» Julien Efcolan Pretre, demeurant
n dans ladite Abbai'e , & de Francois
» Lagneau, Bourelier de Magni (40).
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(40) n L'etonnement, la
31 home,8c la douleunpour nous fervirdesexpreffions energlques de 1'Auteur des memoires hijloriques fur P. R. des Champs , T. 4. p. 541 ) j> fe livrent 3j ici un mutuel combat, 31 8c fourniffentune mul- 33 ticude de reflexions. On 31 ne fait fi on a lu jufte , 33 011 fi Ton a mal ptis le 3j fens de cette ordcnnan- 33 ce, qui falfifie les let- 3) tres des religieufes , & 33 leur fait dire ce qu'on j> ne irouve point dans 33 leurs ectis. On ne peut 3> s'imaginer qu'elle ait 33 ete vue 8c examinee par si le Cardinal de Noail- » les avail! de la ligner , |
33 Sc on eft reduit a de-
33 liter avec un Auteur 33 cite dans les Memoires 33 fur la deftruction de 31 P. R.. , imprimis en 33 1711, qu'il fut arrive a 33 cet Archeveque apres 33 avoir rendu cette or- 33 donnance, ce qui ar- 31 riva autrefois a 1'Eve- 3i que Prudence , l'un de 33 fes PredecelTeurs , qui 33 devint muet pour avoir 33 faitfoueter injuftement 31 8c par envie un jeune 33 Clerc de fon Eglife , 33 age de 10 ans. Pru- 33 dence lui avoir defcn- 31 du de chanter; l'Archi- 33 diacre qui avoit foin 31 de ces Clercs lui or- 31 donua au contrairc de Tandis
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III. P ARTIE. L'lV. I. itfj
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Tandis que M. l'Archeveque de iy0j.
Paris privoit ces vierges chretiennes cxix. de la nourritiue fpirirueUe de Fame , ,f* ^f^; en leur interdifant les Sacremens j des reiigku- d'un autre cote leurs parties (les reli- ^ Cha^tf," gieufes de P. R. de Paris ) leur arra- choient la nourriture du corps , & fembloient avoir forme ie deuein de les faire perir de faim. Elles avoient obtenu , comme nous l'avons vu , un Arret du 9 fevrier de cette annee , qui ordonnoit un fequeftre de 6000 hv. par an du revenu des religieufes de P. R. des Champs , a quoi fe re- duifoit prefque tout ce qu'eiles avoient de revenu clair & net , toutes char- ges deduites. Elles formerent oppo- sition a l'execution de cet Arret *, mats leurs parties obtinrent le 11 mai un nouvel Arret qui deboutoit les reli- gieufes de P. R. des Champs de leur oppofition. Depuis cet Arret leurs parties firent faifir leur revenus , pour etre pai'ees de ces 6000 liv. fous le npm de fequeftre. Car cet argent leur |
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t» faire fa fon&ion, & fl ■» impericufe que s'arro-
jj chanta. L'Eveque fit 31 gent trop fouvent les
s> punir l'enfant, mais il « Superieurs eccleliafti-
» devint muet aulfi-:6t. ■» ques. S. Mattel, jeu-
5> Dieu montiant pat cet s> ne CIerca!ors,pria pour.
» exempli l'horrear qu'il » cet Eveque, qui fut de-
K a pour la domination 9 livre de cette affliftion.
Tome IX. M
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1
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166 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAL.
1707, etoit deftine , quoique l'Arret ne le
portat pas. En verm de cette faifie, les
biens de P. R. des Champs furent
comme mis au pillage & livres en
proie ; & quand les domeftiqaes de
cette maifon vouloient s'y oppofer ,
ils eto'lent maltraites par les gens da
leurs parties , qui exercoient impune-
ment toutes fortes de violences &de
brigandages.
cx$. On ne voit pas que les faintes fil-
fiikf "fouf- ^es de ?• R« des Champs aient jamais
iticnj Icjs plus ouvert la bouche pour fe plaindre de
pran.ies in- • • n- o > f *
juiiiccs fans ces injustices & pour s y oppoier me-
i> plaindre. me par VGie de juftice , depuis l'Ar^ ret du 11 mai. On les voit feulement rompre le iilence a l'occafion d'un Arret du Confeil d'Etat du 8 o&o- bre de cette ann^e, que les religieu- fes dp Paris avoient obtenu contre M. Tero & M. de S. Claude. La juftice &■ l'equit^ exigeant qu'elles ne laif- faflent pas opprimer deux charitables amis, qui fe facrifioient pour elles , ^elles intervinrent (41) &fepourvurent 411 Confeil en leur faveur, le 15 d'oc- fobre. L'ade qu'elles firent en cette ocT (41) Voicz la re^uere 44S. Voi'ez ib. p. 449 ,
d* W Tero & de M. faint VIntervention, des reli'gieu?
Cjaude , du t? cftobre , fe? de P. R. des Champs.
*/. 4i des Mem. hift. p. |
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III. P ARTIE. Liv.I. l6-J
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cafioii, les mit dans la neceffite d'en 1707.
faire un autre au fujet de 1'Arret du 4 odobre precedent, obtenu par les religieufes de Paris, afin de detrom- per le Roi , dont on avoit furpris la religion \ ce fut le motif qui les en- tagea a prefenter une requete a Sa
lajefte le 20 de ce mois (41). Du refte, les religieufes de Port-Ro'ial des Champs fouffioient dans un profond fdence toutes les injuftices & les mauvais traitemens de cedes de Pa- ris. Enfin elles etoient traitees avec tant d'inhumanite que M. Pollet lui- meme en fut touche & en porta des plaintes a M. de Chartres. Ce Prelat en fit meme du bruit , & dit haute- ment que M. de Noailles en fouffrant tela faifoit tort a la bonne caufe. Ce fut fans doute ce qui engagea fon Eminence a charger M. Pollet de de~ mander aux religieufes des memoires fur cette affaire. M. Pollet en patla a. la mere Prieure \ mais elle lui re- pondit genereufement que M. VAr- cheveque leur otant le pain du del _, elles fe mettoient peu en peine qu'on leur otat le peu de pain temporel quel- les pouvoient avoir. CXXT. La perfecution ne fe borna pas en- ^tT^aux (4t) Voi'cicette Requete, ib. p. 454, 4S4. <lul ^oient
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i.68 HlSTOIRE DE PoRT-Ro'l At.
\-jQ-j, core la. II fembloit que tout ce qui
appartenoit, ou avoit quelque rela- tion avec cette fainte maifon , due participer a. fes difgraces. Par cette rat- ion , M. le Noir .( M. de S. Claude) 4ie pouvoit manquer d'y avoir plus de part qu'aucun autre , n'y ai'ant pet> fonne qui fut plus attache a ces fain- tes filles que cet homme de bien. II demeuroit depuis quatorze ans chez filles , dans la maifon qui portoit le nom de Monfieur de fainte Maiv ihe (43). 11 y menoit une vie tres rer tiree & tres penitente a l'exemple des premiers foluaires de P. R. auxquels il avoit fuccede. 11 prenoit en meme temsfoin du temporel des religieufes, .&etoit£ommeleur homme d'affaires. En cette qualite il avoit parii pour .elles & eii leur nom dans le dernier proces qu'on leur avoit fufcite , & y avoit defendu leurs interets, ce qui lui attira d'a.bord une lettre de cachet qui l'exiloit a Gien. Mais cette pu- jiition ne paroiflant pas aux perfecu- teurs atlez grande pour un tel crime, on changea auditor fonexil en une pri- son j & le Dimanche 20 novembre ,0:1 enyoiaa P.R.un Exempt, un Ca- (4;) Hi!l. de la dern. perfec. T. i.p. 318. Hift.«
i« Css <k cwofcieoce. T. 7. p. 36c.', |
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III. P A R f I E-. LlV. I. Z6<)
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pi'taine de brigade, trois Hoquetons 1707.
8c trois Archers, pour fe faifir de lui & de fes papiers, & le conduire a la Baftille. II fut arfetc au fortir de- l'Eglife cxxir.
dans la cour de P. R. 011 il y avoir ^diZ quelques paifans qui attendoientqu'on thi & coa- dn la MelTe pour y affifter. Ces bon-Jg#4taBaC" nes gens voiant avec peine enlever tin homme pour lequel ils etoient pleins de veneration , voulurent a lexemple de S. Pierre , frapper les Archers , non avec des epees mais avec de groifes buches qu'ils trouve- rent fous leurs mains j mais ce faint Solitaire imitant Jefus-Chrift fon mai- rre leur dit de remettre ces buches a leur place , & les appaifa le mieux qu'il-puf; apres quoi il traita ceux qui- venoient pour l'arreter avec la meme politerfe que faint Policarpe traita autrefois les Archers qui le vinrent prendre pour le conduire au martyre. Apres que Monfieur de S. Glaude les e ut fait dejeuner,il partit avec eux. On rapporte de lui, que s'etant un peu attendri en fortant de la maifon , ou dans le chemin , & ai'ant verfe quelques larmes , l'Exempt qui les attribuoit a toute autre caufe qu'a la veritable, voulut le confoler M iij
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170 HlSTOIRE M PoRT-ROlAL.
en l'affiirant qu'il feroit bien rraite i
je ne pleure point de ce que vous pen- fe\ j luidit M. de Saint Claude, mais de joie & de reconnoiffance de la grace que D'teu me fait aujourd'hut defouf- frir pour une Ji bonne caufe. II fur ainfi amene chez M. de Ponrcharrrain , puis chez M. d'Argenfon, par les Ar- chers , qui marchoient autour de lui le long du chemin , comme s'ils euf- fent craint qu'on ne le leur enlevat de force. Enfin il fut conduit a la Baftille. Cet illuftre prifonnier a paffe tout
le tems de cette epreuve, qui a dure f>res de huir ans, c'eft-a-dire , jufqu'a
a mort de Louis XIV, dans les exer- cices continuels de la priere & de la le&ure, & a ete le fujet d'une edi- fication extraordinaire pour le Gou- \erneur, qui quoique fortprevenu, ne pouvoit fe laiTer d'admirer une ver- tu n egale, & une patience fi conftan- te. II venoit quelquefois trouver M. de S. Claude pour lui propofer de prendre l'air & de fe promener , com- me on le permet de tems en tems aux prifonniers. Mais le faint prifonnier le prioit de Ten difpenfer, en lui re- prefentant que tout fon tems etanc regie depuis quaere heures du matin |
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III. Par tie. Liv.I. ifi _____ .
Cjh'il fe levoit jufqu'au foir ^ celui x jQ~,, '
qu'il emploieroit a la promenade le cierangeroit, & qu'il feroit oblige de le reprendre fur le fommeil pour va- quer a fes exercices ordinaires. Le Gouverneur avoir peine a compren- |
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dre cette excufe, n'etant pas accoutu-
me d'entendre dire aux prifonniers de la Baftille , qu'ils etoient tellement Occupes, qu'ils ne pouvoient trouver le moment pour fortir de leur prifon &: profirer de la permiffion qu'on leur offroit de prendre un peu Fair , & diillper ou plutot diminuer un peu l'ennui qu'un ll trifte fejour caufe naturellement. Ce faint. Prifonnier eut dans fa captivite une confolation femblable a ceiie qu'eut autrefois faint Paul dans fa prifon , ai'ant ete 1'inftrument dont Dieu fe fervit pour converrir un Proteftant, qui joignoit a 1'herefie les paffions les plus vio- lentes.* Nous nous refervons a parler ailleurs plus amplement de ce faint homme. En enlevant aux religieufes de P. R. cxxin.
des-Champs , 1'homme de confiance ,Les re!w=u- , ,, l . i-i les oppnmees
qu elles avoient pour condiure leurs appeilont i. h
affaires, dans la perfonne de M. de PriniaJai=d" c r^\ 1 l 7- • Lyon de 1 or- 1
o. Claude,on leur otoit un des moiens donnance de
des plus necefTaires pour fe defendre \ }£ de Noai1" M iiij
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1J1 HrSTOIRE M PoRT-ROIAt;
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1707. liberre qu'on lie refufe pas aux plus
grands criminels, & aux plus grands fcelerats. Ces faintes filles qu'on trai- toit d'une maniere fi cruelle & fi con- traire a routes les regies de L'equite natucelle. 5c mcme de i'humanite , ne laiiTerent pas de faire toutes les de- marches qui dependoient d'elles, en reclamant contre l'injuftice. Pour ne pas manquer a. ce qu'elles devoient pour la defenfe de leur caufe , elles appellerentle premier decembre 1707 ala Primatie de Lyon,del'Qrdonnan- ce de M. de Noailles du 18 novembre par laqnelle fon Eminence leur avoit interdit les Sacremens. Leurs parties procedoient deja a cette Primatie fur 1'appel de la Sentence de l'Official de Paris du 3 aout, & comparoiflbient par leur Procureur nomine Defchamps, & Gillet leur Avocat. -----------Comme l'Official de Lyon differa
17°°- long-rems a donner aux religieufes
Elks prcfcn- de P. R. des Champs un relief fur tcm requite l'appel qu'elles avoient interjette de pour avoir la . i * . l , - , . -T '... ,
communion 1Ordonnance de M. de JNoailles du
Pafcaie. 1 g novembre, elles lui firent plufieurs desreiigieufts fommations: elles prefenterent auffi Jans leurs e-reqU^te pour 0t)tenir la Communion
pteuves. K. . r . Palchale pour 1 annee 1708. Mais
i'Officiai lailfa pafler la fete de Pa-
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III. PArtie. Up: I. 273
que, qui cette annee la arrivoir le 8
avril, fans relever leur appel, & fans repondre- a leur requete \ enfor.te qu'el- les furent privees de la communion pafchale. Au milieu de ees epreuves & dans
l'atrente de l'avenir , les religieufes fe foutenoient avec beaucoup de ferine- te fur-tout leurdigne Prieure, qui joi- gnoit une profonde humilite a fon grand courage. Voici de qu'elle ma- niere elle parle d'elle-meme &: de fa Communaute dans une letcredu 13 fe- vrier 1708 a un ami (44) , >> je ne » puis me plaindre de la fterilite de » notre defert , puifque vous m'y » nourifTez de rems en terns d'une j> maniera fi folide qu'elle pent » foutenir les plus foibles. Je vous » en remercie tres humblement y " & des prieres dont vous Faecom- « pagnez, qui attireront fur moi la »» grace d'en profiter. Mes filles & » moi joniflbns d'une aflfez bonne » fame. Tout paroit biert dilpofe a »- fnpporter le mal, lorfqu'il plaira a » Dieii de laitTer les hommes maitres » de notre fort. Mais que font nos » refolutions les plus fermes, quand » les fecours d'en haut nous qmttent ifti M. Mabille,
M v
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174 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAL.
' » un moment , & que nous ceflbns
» de trembler en voiant notre foi- » blefTe ? C'eft cette foiblefTe que je » crains : nous n'avons encore rien »> fouffert en notre corps. Tout fe « pafle exterieurement, & le foin que » la Providence a eu jufqu'icide nos n befoins nous aexemptees d'une ten- » tation alTez difficile a porter gala- s' quelle j'anprens avec douleur que " des gens plus forts que nous , iuc- >j combenttous les jours (45)- Cepen- " dant nous avons aflez de confiance » en la mifericorde de Dieu , qu'il ne » nous abondonnera pas, en quelque » fituation que fon ordre nous met- " te. II y va de tout , puifqu'il y va " de la verite -y & je dis fouvent a ma " famille & encore plus a. moi-me- » me, que fi nous perdions cette oc- » cafion, il n'y auroit plus de falut w pour nous «. Voila les veritables difpofitions oii doivent etre ceux a qui Dieu fait la grace de connoitrela ve- rite , & qu'il appelle au glorieux mi- niftere de la defendre. II faut toujoiirs qu'ils aient devant les yeux le befoin de f on fecours pour remplir cette honora- ble fon&ion, le dear d'y etre fideles, & Utf Elle yeat parlet de M. le Cute de Cheyreufey
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III. Parti e. Liv. J. 175
la vue de leur foiblefle 8c de leurim- \-j0!&7~ puilTance fans ce fecours. Telles etoient les difpofitions des cxxv.
religieufes de P. R. des Champs. C'eft c°»^|f ce qui faifoit leur force &c ce qui lesnon - feuie- foutenoit dans l'etat 011 elles eroientj)^^"* reduites, privees de tout fecours fpi- mais meme a It • / t 1 1 leurs DoiUwf-
rituel. La communion paichale leur ti _
fut refufee cette annee , comms nous l'avons dit. Les Pretres de faint Ni- colas executoient a la lettre les ordres rigoureux de M. de Noailles , & les traitoient avec la plus grande durete, jufqu'a refufer meme la communion a leurs domeftiques. C'eft: ce que fit M. Efcolan le troifieme Dimanche de careme, au nomine Laifne qui fe pre- fenta a la fainte Table 5 & apres la MelTe il lui dit qu'il avoit ordre de ne le point communier jufqu'a ce qu'it fin a qui il alloit a. confeiTe. Le meme M. Efcolan dit au jardinier nomme Leonard, qu'il ne lui donneroit pas * les Sacremens , parcequ'il ne vouloit
pas declarer qu'il condamnoit les fceurs , & il refufa de le confefler par cxxvr, cette raifon. Trouveroit-c/n quelque Depart cfe exemple d'une pareille tyrannie ? ^rcouT.' Ce M. Efcolan quitta P. R. desles rcl^icu-
Champs le itfaviiL Son compagnon |"jsonf^;^ ' ties.
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IJ6 HrSTOIRE DEpORT-ROlAt.
nomme Cerot (46) avoitquitte quin-
ze jours auparavant, veille des Ra- meaux. lis ne donnerent ni l'un nf l'autre, lieu de les regretter. Apres le depart de M. Efcolan , les religieufes fe trouverent fans aucun Pretre pour leur dire la MeflTe. Huit jours apres „ le 1 3 avril, la mere Prieure ecrivit a M. de Noailles- pour le prier de trou- ver bon qu'elles lui prefentafTent un Pretrefelon le droit qu'elles en avoient, Elle dit qu'elle eft perfuadee que ce n'eft pas l'intention de fon Eminence qu'elles demeurent privies de tout fe- cours. Elle ecrivit en meme-tems a M. Gilbert, pour le prier de prefen- ter fa lettre a M. TArchevcque. M. Gilbert fut charge par le Prelat de repondre qu'il leur enverroit bientot nn Pretre , & qu'en attendant elles f'ouvoient fe fervir des Vicaires de
eur voifinage. On dit que le deiTem de M. de Noailles etoit de leur en~ voi'er un Pretre Iriandois qui n'enter:- dit point lefrancois 3 afin _, difoit fon Eminenc x qu'il tieJe gacat pas avec elles. (46) ta fonftion du de Otvir d'efpion aa Car-
fieur Cerot a P. R, de- dinal, & de I'informer
puis !e commencement de des perfonnes qui yenokat
I'ianh i^u'il y vim, etok * la maifon.
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111-. P ART 11. LlV. I. 277
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Enfin , apres que M. de Noaillcs 1708.
eut laifle pendant plus de deux mois cxxvn. les religieufes de P. R. fans Piretre l oniie ^e(,r&, pour leu r dire la Meflfe , M. Tron- « a rendre 1. . Tr. . -j iervue a IV
chai trouva un Vicaire ae campagne b. &,eit agree
nomme la Londe , qui voulut bien fe Par **■ d<* prefer a venir rendre ferviee a lamai- fon. 11 fut agree de M. de Noailles, & fe rendit a P. R. dans la femaina d'apres l'octave du S. Sacrement. La communaute aiant voulu ( contre l'a- vis de la mere Prieure) que cet Ec- clefiaftique demandat aM. de Noail- les, de qu'elle maniere il fe condui- roit envers les religieufes profeiTes err cas de maladie dancereufe , il alia a, Paris, & propofa fa queftion a M. le Cardinal qui repondir charitablement- qu'il ne falloit point qu'il adminiftrac ies Sacremens j c'eit ce qtie fon Emi- nence confirma dans la fuite & ce qu'elle fit executer a la rigueur. Car. au mois d'aout fuivant, une religieu- fe etant tombee dangereufement ma- lade , M. la Londe ecrivit a fon Emi- nence pour expofer le danger , & elle fit reponfe le 3 aout qu'elle n'avoit exxvirr. rien a dire que ce qu'elle avoil deja. , Mim'.,ire d-ll. fts fur Ieitv
Quelques jours apres le depart de $££*$
Momieur Efcolan, done nous avons i^ pnvoit &• |
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Sfttremera^
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1J% HlSTOIftE E>E P0R.T-E.01At;
parle ci-defTus,lesreligieufes de P. R-
des Champs au nombre de dix-fept de chceur , qui compofoient la com- munaure , ngnerent le 29 avril uit ample & excellent memoire qui avoit etc dreiTe pour etre produit a Lyon , & inftruire rOfficial qui devoit ju- gerleurappel de 1'Ordonnance deM. de Noailfes du 18 novembre de l'an- nee precedente , par laquelle il leur avoit interdit les Sacremens. Ces faintes filles commencent par
temoigner la douleur qu'elles ont de fe voir obligees de-rompre le fdence, pour fe juftifier contre l'Ordonnan- ce de M. l'Archeveque de Paris , par laquelle il l«ur a interdit les Sacre- mens (47). Plus elles ont de refpe£fc & de foumiffion pour les ordres de kur Archeveque , plus elles ont de peine a entreprendre une defenfe ou elles ne pourront fe difpenfer de fai- re voir les furprifes qui ont ete faite a fa religion , en le portant a les trai- rer comme des lilies contumaces & de- fobdijfantes aux Confiitutions apojlo- liques, & comme teltes incapables de participer aux Sacremens de I'Eglife. S'il n'etoit queftion que de la perte
(47) Memoires fur la deftrnflion , p. x\S. hift.
ft la dein. perf, T. j. p. }<)«. Mem, bift. T. 4 p. 4j» |
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III. P ARTIE. LlV.I. 275J
ties biens temporels, elles aimeroient 170S.
mieux fuivre le confeil de l'Evangile,. Ji quelqu'un veut vous oter votre robbe , donne^-lui encore votre manteau, que de fe plonger par la pourfuite d'un pro- ces dans mille foins qui conviennent peu a leur etat & encore moins a leur inclination. Mais le bien fpirituel dont on les prive, eft de nature £ ne pas permettre de l'abandonner. On leur Ate le fecours des ConfeflTeurs ~y on leur arrache ce pain celefte qui faifoit leurs plus cheres delices , & dont la privation feule fait leur. uni- que douleur. La feule idee d'un trai- tement li fenfible a des ames chre- tiennes , & fur-tout a des perfonnes confacrees a Dieu d'une maniere par- ticuliere par leur etat, feroit capable de les faire fremir d'horreur. Elles fe croiroient done tres criminelles , ii elles ne faifoient pas tout ce qui eft en leur pouvoir pour detruire les ac- cufations qui ont fervi de motifs a l'interdit des Sacremens. Apres ce modefte debut, les reli- exxix.
r r • 1 La premiere
gieuiesrapportentlommairementdans -ante duMe-
leur memoire , tout ce qui a precede m°irc &*« l'Ordonnance de M. de Noailles, de- ^°ae rordon- puis le mois de mars 1706 que la nance deM. JJuIle Fineam leur tut envoiee avec quant a I* for-
me.
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l8o HlSTOIRE DE PoRT-Ro'lAI.
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' 1708, ^e Manderaent de fon Eminence &:
le-modeledu certific-at qu'on exigeoit d'elles , jufqu'au 18 novembre 1707 ; enfuite elles entrent en matiere pour fe juftifter centre les accufations de- ladite Ordonnance. Pour le-faire aveo plus d'ordre & de nettete , elles di- vifent leur ecrit en deux parties , dont la premiere expofe les nullites de l'Ordonnance par rapport a la for- me j .& la feconde en demon trei'in- juftice quand au fond. L'Eglife, attentive a preveilir les"
furpriles dont elle fait que fes Minif- tres les plus faints ne font pas tou- jours exempts, & regardant l'interdir des Sacremens comme- tine • des plus ■ fenfibles p'eines dont on pmfTe punir les fideles , a' etabli de certaines re- gies pour 1'impofer , qu'aucun Eveque ne pent fe difpenfer d'obferver j & en violant ces faintes regies,-on fe rend fufped & incapable de rendre un jugement legitime fur une caufe tres importante. exxx. Ces regies veulent que l'Eveque he Les regies °c ,,•l , • ■*, v
*Kibites par porte une Sentence d intercut qu apres
rtgiife jou des informations juridiques, & apres canoniques , pluheurs procedures etablies par les onr etc vio- Can0ns. Le Promoteur doit, (e met- lees a leur e- r . . ,.
jard. tre o» cauie comme parae pubhque
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III. P A R T I E. LlV. I. tt I
Be neceffaire. C'eft a fa requete que
Ton fait les monitions & fommations canoniques, dont on dreffe des pro- ces-vetbaux , qui doivent etre figni- fies aux parties avec les delais conve- nables. Rien detour cela n'a precede l'Oidonnance qui interdit les Sa- cremens aux religieufes de P. R. des Champs j c'eft ce qu'elles demontrent d'une maniere inconteftable par l'ex- pofe des faits, des cornmiffions, des pieces, en.faifantvoir qu'il rt'jrarien qui ptiiffe etre regarde comine urie procedure reguliere , dans rout ce qui a ete fait par MM. Gilbert , Vivant, Poller envo'ies a. P. R. par M. de Noailles. Les religieufes ne peuvent s'empecher d'admirer en cela la divi- ne Providence , qui a permis que dans une chofe qu'elles regardent comma tres injufte dans le fond , on ait eu fi peu de foin d'obferver les regies qui regardent la forme. Maisce n'eft pas fur cela qu'elles inftftent princi- palement; & fi l'Orddnnance etoit auili jufte au fond qu'elle eft defec- tueule dans la forme, le.refpect qu'el- les ont pour M. I'Archeveque auroit pu les porter a pafTer pardeflus les defauts de formalites, qui auroient cte en quelque fa^on repares par U |
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i8i Hisxoire 6e Port-roiXl.
*" j-.0g"#. juftice du fond. Mais TOrdonnancd
rendue contre elles eft encore moins
foutenable au fond qu'elle ne Teft
dans la forme. C'eft ce qu'elles prou->
vent dans la deuxieme partie.
exxxi. L'Ordonnance accufe les religieu-
totsdT panie fes de P. R. des Champs d'avoir mis
du Mimoire, 4 ja Constitution une reflriclion illu~
les tcligieufes r . . , , ,J. , , , .
•Umomrem Joire y qui ne tend qu a eiuaer La Lot 3
linjuftice de timeraire . injurieufe au S. Siege.. . < I oiuoiinsn"*
ce quant au /o«J laquelle elles cachent des fentimens
fonds. manifeflement contraires a ladite Conf- ikution, i9. en confequence de cette
accufation on les y declare contuma- ees & difobiijfantes aux Conjlitutions apoftaliqu.es} & cotnme telles incapa- bles de paniciper aux Saeremens de I'Eglifc, Voila ce qui fait ie fond de l'Ordonnance & ce que les reli- gieufes detruifent dans la feconde partie de leur menioire , en faifant voir rinjuftice des accufations for- mees contre elles au fujet de la clau- fe, qui rappelle la paix de Clement IX , & en juftifiant invinciblement cette meme claufe : elles rapportent les principaux a<5fces de cette paix , favoir la declaration envo'i'ee au Pape Clement IX par M, l'Eveque de Cha- lons j le Bref du meme Pape aux quatre Eveques, l'Ordonnance de M. |
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HI. PartirI/v. /• i»J
de Perefixe du 17 fevrier 1669, ren-
due en faveur des religieufes de P. R. Ces differens aclres font foi que la bafe & la condition de la paix de Clement IX etoit le filence refpeo tuenx fur le fait , dont ce Pape etoit fatisfait : il fut parfaitement content des fentimens des quatre Eveques j Sc M. de Perefixe ne le fut pas moins de ceux des religieufes de Port-Roi'al des Champs, qu'il regarda comme autori- fes par le S. Siege , & les retablit dans leurs droits. La fimpie leclure de ces adtes fuffit pour la juftification des religieufes. Pour trouver de 1'oppofi- tion entre les actes fur lefquels eft ap- pm'ee la paix de Clement IX , & le certificat que les religieufes ont don- ne de Tacceptation de la derniere Bulle , il faudroit que ce certificat renfermat quelque chofe dont on pat conclure raifonnablement , qu'il eft contraire aux fentimens exprimes dans la declaration envoiee a. Rome en 1668 , & approuvee par le Bref de Clement IX, & par l'Ordonnance de de M. de Perefixe : or on ne peut fans renverfer les veritables notions des rermes, tirer cette confequence d'un certificat, qui bien loin de contenir rien de contraire a ces acftes, eft lui- meme un temoignage clair & precis |
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2^4 HlS-fOIREDE PoRT-ROl'At.
1708. qjae les religieufes y adherent, qu'el-
ks s'y conferment entierement , & qu'elles y font inviolablement atta- ehees : or c'eft ce qu'elles ont voukx temoigner par ce term'e fimple, >ans dimmer, qu'elles ont joint aleur cer- [cxxxi'r. tificat. vof!^^! .. II eft ^tonnant que M. de Noailles
de Noailles interdife les Sacremens aux religieu- toe'oppofte ^es ^e P". R, des Champs fur le vu i ce!ic de des pieces qu'elles ont rappellees pour- Clement IX, 1 r , ,, J- . • I ■ 1 f
& de m. de *eur derenie bien loin de les vou-
Perefixe. l0jr contredire, & fur lekj'uelles un des ptedecelTeurs de M. de Noailles- leva autrefois l'interdit qu'il avoit au- paravant porte contre elles. Allure- ment fon Eminence paroit avoir eta bien mal confeillee de donner le nom de rejiriclion illujoire'3 temeraire, in* jurieufe au S. Siege, a un certificat fur deux a&es dont la lecture feule fufEt pour autorifer ce certificat , & le mettre a couvert de tout reproche. On pourroit a plus jnfte titre repro- cher a. M. de Noailles, qu'il- tientune conduite tome oppofee a ce qui a etc fait en 166<) par le Pape ClementIX, & par M". de Perefixe. En effet le Papa declara par un Btef qu-'il etoit tres content des fentimens des quatre Eve- ques , fentimens qui etoient pour lors $c qui ont toujours etc depuis fans |
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"III. "P A R T I E. L'lV. I. ZS 5 __
ftucune variation ceux des religieufes 1708..
tie P. B.. ties Champs. M. de Perefl- xe declara de mime par une Ordon- nance , qu'il approuvoit & recevoit leurs fentimens comme recus & ap- prouves pir le Bref de Clement IX; que leur obeiflance au S. Siege etoit entiere & veritable, & enfin qu'il les retabliflpit dans la participation des Sacremens , parcequ'elles en font di- gnes : & aujourd'hui par une condui- te route oppofee , M. de Noailles at- tribue aux religieufes de Port-Roi'al des Champs des fentimens contrai- res a ceux de l'Eglife , fur les me- mes acles (quel contrafte ! ) qui ont fait approuver leurs fentimens j & il ote a ces vierges chretiennes les Sa- cremens fur les memes ades qui les leur ont fait rendre. PafTant enfuite a la Bulle Vineam cxxxwr,
£l au Mandernent deM. de Noailles, E,Ies fon* les religieufes font voir , que ni l'un B°ifeq^n^n» ni l'autre ne font oppofes a leur cer- ni le Man4e- tincat. i . Pour ce qui regarde la de NoaMc* Bulle, le Pape y -condamne deux for-nef.moppo- I r 11 r f« a I1-"1 cel>
tes de perlonnes, dont les unes lou- tificat.'
tiendroient que pour rendre aux Conf- titutions apoftoltques I'obeifTance qui leur eft due, il n'eft pas neceffaire de fondamner in^erieuremenp les cinq |
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2 8<? HlSTOIRE DE PoRT-ROlAL.
propofitions comme heretiques, mais
qu'il fuffit fur cela de garder un filen- ce refpe<5bueux j les autres oubliant la fincerite chretienne, pretendentqu'on peut figner le formulaire purement & fimplement, quoi qu'on foit perfuade que le Livre de Janfenius ne contient fioiut les erreurs condamnees dans
es cinq propofitions. Voila les deux fortes de perfonnes que la Bulle Vi- neam condamne. Les religieufes de P. R. n'examinent pas, fi ceux qui ont follicite cette Bulle , ont ete bien on mal fondes a faire entendre a Sa Sain- tete, comme il paroit qu'ils l'ont ex- pofe , qu'il y avoit beaucoup de per- fonnes en France, engagees dans Tune ou l'autre de ces mauvaifes maximes, c'eft-a-dire , qui croi'oient ne devoir aux Conftitutions apoftoliques qu'un (ilence refpeilueux } & n'etre point obli- gees a condamner interieurement les cinq propofitions ; ou qui fignoient le formulaire fans juger interieurement que le Livre de Janfenius contint une doctrine herdtique ; les religieufes , dis-je , n'examinent point fi l'expofe fait au Pape eft jufte, mais elles affu- rent a la face du ciel & de la terre , qu'elles ne font point du nombre de ces deux fortes de perfonnes que la |
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III. Part ie. Liv. I. 287
Biille condamne , & qu'on ne peut 1708,
avec juftice leur attribuer de rels fen- timens. Elles declarent qu'elles ont toujours cru & qu'elles croient encore que le fdence refpe&ueux ne fuffit pas pour rgndre aux Conftitutions apoftoliques d'Innocent X & d'Ale- xandre VII, 1'obeiiTance qui leur eft due 5 & qu'on eft oblige -non - feule- ment de les refpe&er , mais encore de coftdamner fincerement, fans ex- ception , ni reftriction quelconque, les erreurs des cinq proportions que le S. Siege y a condamnees , le filen- ce & le refpect ne pouvant fuifire touchant ce qui regarde la foi : elles croient de meme , que e'eft commettre un parjure que de figner le formulai- re purement & funplement fans croL- re interieurement que le Livre de Janfenius contient une doctrine here- tique. Tels font & tels ont toujours ete les fentimens des religieufes de P. R. , &c e'eft ce qu'elles ont voulu temoigner en rappellant ce qui s'eft pafte a la paix de l'Eglife 5 oil Ton approuva fi folemnellement la fince- rite avec laquelle elles avoient con- damne les cinq proportions-, & la imcerite avec laquelle elles s'etoient fxpliquees fur ^'attribution de ces er- |
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aS-8 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt.
1708. reurs au Livre de Janfenius.
II faudroit done pour qualifier leur
certificat, de rejlnction ilhifoirt a te- meraire , injurleufe au S. Siege j faire voir que les religieufes y donnent lieu de les accufer ou de n'accorder aux Conftitutions apoftoliques que le fi- lence refpectueux ,011 d'etre pretes de figner le formulaire purement & fim- plement, fans croire que le Livre de Janfenius contienne une doctrine he- retique ; or e'eft ce qu'on tenteroit inutilement. I.eur certificat ne mar- que autre chofe, finon qu'en recevant la. Conftitution de Clement XI, elles ont rappelle le Bref de Clement IX, pour temoigner qu'elles font dans les fentimens de ceBref que laderniere Bulle elle-meme rappelle, loinde les condamner. Eft-ce la foutenir que Ton rend aux Conftitutions apoftoliques l'obeiflance qui leur eft due, par le feul filence refpectueux , fans con- damner interieurement les erreurs qu'elles condamnent ? Eft-ce la dire qu'on peut figner le formulaire pure- ment & (implement, fans croire que le Livre de Janfenius contienne une doctrine heretique ? On ne pourroit tirer une telle confequence qu'en pre- tendant, que le Bref de Clement IX Sc
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111. P ART IE. L'lV.I. i§9
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Be l'Qrdonnance de M. de Perefixe 1708.
que les religieufes rappellent par leur certificat , autorifent les fennmens que la Bulle Vineam de Clement XI condamne. II n'y a point de milieu. II faut exxxtv.
neceilairement , ou avouer que les ment fans re- qualifications queM. de Noailles don- f'VK c,°,?»a ne dans Ion Ordonnance aucertmcat tionsdo-.m^w des religieufes de P. R. , ne lui con- ^ai": ^ viennent en aucun fens , & que e'eft certificat des |
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sales.
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fans fondement qu'on les y declare
contumaces & defob<ei(j"antes aux Confu- tations apofloliques ; ou demeurer d'ac- cord que la Conftitution de Clement XI condamne le Bref de Clement IX, & rOrdonnance de M. de Pere- fixe. Mais les religieufes de P. R. font perfuadees , qu'un Archeveque revetu de la pourpre romaine ne fera jamais cette injure a une Conftitution qu'il a acceptee a la tete du Clerge de France , de la croire contraire a un Bref qui eft cite avec eloga dans cette Conftitution, & a une Ordon- nance d'un de fes predeceffeurs entie- rement conforme a ce Bref. Ce feroit d'ailleurs s'expofer au reproche de fuppofer de la contradiction entre le Bref de Clement IX & la Bulle de Clement XI. Tome IX. N
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15)0 HlSTOIRE DE PoRT-R-OlAt.
1708. A l'egard du Mandement de fon
Eminence pour la publication de la Bulle , les religieufes ont fatisfait exaitement a tout ce qu'il prefcrit, par la lecture qui en a ete faite a la grille, car il n'oblige a rien autre chofe. On ne peut done s'en fervir contre elles, a moins que de pretendre que leur certificat eft contraire aux fentimens de ce Mandement. Mais fon Eminen- ce y ai'ant declare qu'elle fe renferme ahjolument dans la dicifion contenue dans la Constitution , & le certificat ne contenant rien de contraire a cette decifion, comme elles l'ont demon- tre, il ne peut rien contenir de con- traire au Mandement. exxxv. Apres une juftification fi parfaite qui de*xP°objec- ^enable nerien laifler a defirer ,les reli- tions. gieufes, pour lever jufqu'aux moindres auLacertificat ioupcons , repondent encore a deux
neft point objections qu'on pouvoit faire. La une reftiic- • r 1
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tion
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premiere lur ce que les pieces, par
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rapport auxquelles elles ont examine
leur certificat, condamnant toute ref- tri&ion, la claufe qu'elles ontajoutee audit certificat, pourroit etre regar- ded comme une reftricKon. La deu- xieme objection eft que , puifque les religieufes pretendent que la claufe ne contient rien de contraire a la Conf- |
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III. Partie. Liv. I. 191
tkution,elle eft done inutile, &le refus
de F6ter un entetement de leur parr. La premiere objection tombe par
ce raifonnement fimple , qui fait une veritable demonftration. On ne peut nommer reftricHon aux Conftimtions apoftoliques une claufe , qui par elle- merne n'exprime autre chofe que la conformite du fentiment des reli- gieufes avec le Bref de Clement IX, ik avec FOrdonnance de M. de Pe- refixe, a. mo ins que le Bref & FOr- donnance ne contiennent eux-memes quelque reftriction a ces memes Conf- timtions : or ces deux a£tes ne contien- nent aucune reftridtion aux Conftim- tions apoftoliques, puifque Clem. IX & M. de Perefixe, latisfaits de la de- claration des quatre Eveques & de ceU le des religieufes y declarent exprefTe- ment qu'ils n'auroient jamais admis aucune reftriction dans la condamna- tion des cinq propofitions, & que d'ail- leurs Clem. XI cite avec eloge dans u Conftitution le Bref de Clement IX : done la claufe des religieufes ne peut etre nominee une reftricHon. Com- ment M. de Noailles peut-il apres cela qualifier cette claufe , non-feu- lement de rejlricilon , mais de rejlric- tion. illufoire, qui ne tend gu'a eluder |
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XJl HlSTOIRE DE PORT-ROIAL.
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1708. ^a l°l j teme'raire 3 injurieu/e au S. Sie-
ge ? Comment fort Eminence a-t-elle pu encore imputerauxreligieufes,com- me elle femble le faire , de l'avoir qualifiee elles-memes de reftridion, quoiqu'elles aient toujours declare , loit dans leurs ades, foit dans leurs lettres a M. l'Archeveque, qa'elles con- damnoient les cinq propolitions fans exception, ni reftridion quelconque. 'cxxxvi. Quant a la deuxieme objedion , Reponfeala qU'on pourroit faire en pretendant fcconde ob- T. r . r
jxtioafurli- que la claule eit inutile , des quelle
iimitite de la contient rien de contraire a la clauie. Uull- .
tj de la dan- Gonftitution , qu'ainn le rerus de 1 o-
u ^oAduil: ter , quoique M. l'Archeveque le fou- des reii^ieu- haite & l'ordonne, ne peut venir que d'un entetement condamnable ; les religieufes pourroient, difent-elles , fe difpenfer de repondre a. cette ob- jedion , jufqu'a. ce qu'on leur eut bien {>rouve , qu'il eft permis d'interdire es Sacremens a toute une commu- naute , de la priver de voix adive, de lui defendre d'elire une AbbelTe , & enfin de la traiter avec la meme rigueur que fi elle foutenoit des er- reurs manifeftes , pour avoir feule- ment ajoute a un ade une claufe uni- quement inutile. Mais pour montrer qu'elle n'eft pas inutile , & pour fe |
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III. P A ft t i t. Liv. /. i$)$
jtiftifier clu reproche d'entetement, 170S,
elles expofent les circonftances & les motifs cle leur concluite, & les rai- fons qu'eiles ont eues d'ajouter cette claufe : elles les reduifent a cinq. 1 °. On s'effor<joit depuis long terns de renouveller les anciennes difputes , dans lefquelles les religieufes de P. R. avoient ete engagees tnalgre elles, 8c qui avoient ete neureufement termi- nees par la paix rendue a l'Eglife par le concours des deux puiffances en 1668 & 1669. z°. Les ennemis de cette paix travailloient a en mi- ner le fruit , ils en revoquoient en doute la verite , ils accufoient de dif- fimtilation & de mauvaife foi ceux qui y avoient eu part, & ils autori- foient memeleur temeritepar defauf- fes interpretations qu'ils donnoient a la nouvelle Conftitution : 30. Quoi- que cette Conftitution eut ete recue avec beaucoup de refpecl par tous les Eveques de France , ils ne conve- nient pas tous dans 1'explication de ce qu'elle condamnoit. : 40. On ne demandoit aux religieufes de P. R. un acre particulier de la reception de cette Conftitution , que' parcequ'on avoir pris foin de rendre leurs fenti- inens fufpe&s, quoiqu'elles n'en euf- N iij
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2>?4 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt.
1708. fent donne aucun fujet, &c que l'Or-
donnance de M. de Pereflxe en leur faveur , qui etoit une fuite du juge- ment de Clement IX, due les metcre entierement hors d'atteinte. 5°* Cette fingularite dont on ufoit a leur egard, etoit un piege de la part de leurs en- nemis , qui ne cherchoient qu'un pretexte, tel qu'il fut, pour leur faire perdre le fruit de la paix qui leur avoit ete rendue , & rendre inutile l'approbation que le Pape & leur Ar- cheveque avoient donnee a leurs fen- timens. Comme ces ennemis fecrets abufoient de la nouvelle Conftitiv- tion pout publier fans fondement qu'elle condamnoit ces fentimens , il leur auroit ete encore plus aife d'a- bufer d'un certificat concu en termes vagues & generaux , pour pretendre qu'elles avoient renonce elles-memes a tout ce qui avoit ete regie en leur faveur au terns de la paix de 1669. iuifon qui Apres avoir bien peie routes ces a determine raifons, les relieieufes penferent qu'el- Jesichgicules . , i> i i
a donnc-f ce les n avoient que i un de ces deux par-
ceccificat & a tis ^ prendre ; ou de refufer abfolu- ajouter la r, , ' • r
eUufe. ment de donner ce certincat, comme
etant une fingulariti qui leur eroir
injurieufe, ce que leur profond ref- ped pour M. 1'AichevSque qui ie de- |
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III. P A R T I E. LtV. .t 29 J
inandoit , tie leur permettoit pas de
faire j ou d'y ajouter la claufe qu'elles y ont mife , aftn de ne pas s'expofer au foupcon d'avoir abandonne des fentimens ou le S. Siege & leur Ar- clieveque les avoient fixees en 1669 , au-dela. defquels elles ne voioient rien que d'incertain & de confus ; &c d'avoir ainfi autorife la temerite de ceux qui pour y donner atteinte , re- nouvelloient les anciennes difpnres, conteftoient la verite de la paix ren- due a l'Eglife , 8c abufoient meme de la nouvelle Conftitution. Pour eviter ces pieges , elles jugerent que le plus fur pour elles, etoit de rap- peller dans leur certificat le Bref de Clement IX rappelle par Clement XL Mais bien loin de vouloir marquer qu'il y a de la contradiction entre le Bref & la Bulle , elles ont voulu au- contraire temoigner qu'il n'y en avoit point j bien eloigners en cela de la conduite de ceux , qui par cette fauf- fe fuppofition , veulent miner la paix de l'Eglife. II leur parut meme que ce moien etoit le plus propre pour arre- ter les mauvais defleins de leurs en- nemis; & qu'il n'etoit pas a prefu- .mer qu'ils ofaffent leur faire un cri- me , de ce qu'elles temoignoient dans N iiij
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%<)6 HistoiredePort-roial.
J70g_ un acte qu'on leur avoir demande, leur fincere attachement au jugement que le Pape Clement IX avoit deja porte fur cette affaire , & auquel Cle- ment XI ne donne point d'arteinte. Voila les juftes motifs qui out por- te les religieufes de P. R. a ajouter au certificat qu'on leur dernandoit, une elaufe qui eft une preuve fans replique de leur perfeverance dans des fenrimens approuves par le S. Siege. En faut-il davantage pour les juftiner du reproche d'entetement ? cxxxvni. Le memoire dont nous venons de Les cnnemis 1 t,. *
de p. r. fans rendre compte , met 1 innocence des
attend™ le religieufes de P. R. des Champs, & j'Vimat, Por-l'injuftice de l'Ordonnance de M. de aRom''l ™ Noailles contre elles , dans une evi- mwifs. dence , a laquelle il eft impoffible, qu'un efprit fenfe fe refufe. Ce me- moire avoit ete dreffe pour etre pre- fente au tribunal du Primat, & pour faire conno'itre a. leurs Juges les rai- fons qu'elles avoient eu d'appeller de l'Ordonnance de leur Archeveque. Mais l'affaire ne rut pas plaidee a. la Primatie. Les ennemis de Port-Roial etoient trop impatiens de voir cette fainte maifon detruite , pour fouffrir rant de delais, & fuivre les loix & les canons qui ont regie Pordre des ju- |
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III. Partii. Liv. I. 197
gemens & les differens degres de ju- 1708.
rifdi6tion dans la jiiftice contentieu- fe , ou 1'afFaire de P. R. avoit ete por- tee. lis eurent recours a Rome, pour executerplus protnptement leur mau- vais defteins, en coupant court a tous les obftacles , qui pourroient fe ren- contrer. En cela les ennemis de ces faintes filles etoient d'autant plus coupables & d'autant plus inexcufa- bles, qu'ils violoient l'ordre judiciai- re fans en retirer d'autre avantage que celui de fatisfaire plutot leur paffion. En effet que rifquoient-ils, s'ils euf- fent attendu le jugement de la Pri- matie de Lyon ? avoient-ils fujet de craindre qu'il ne leur fut pas favora- ble ? avoient-ils affez bonne opinion de l'Archeveque de Lyon , pour croi- re que ce Prelat pourroit avoir le cou- rage de fe declarer en faveur de Pin- nocence, & refifter a la Cour, qui avoit pris malheureufement des en- gagemens dans cette affaire ? Si Cle- ment XI accorda une Bulle contre les religieufes de P. R. des Champs, 8c dit pour raifon a leur Agent , qu'iL n'avoit pii la refufer a un aujji grand Prince que le Roi de France , y avoit- il lieu de craindre que l'Archeveque de Lyon refufat aux ennemis de ces Nv
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198 HistoiredePort-roiai:
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. j
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1708. faintes filles, appuies de tout le cre-
dit de ce grand Prince dont Ton avoit furpris la religion, de rendre un jugement tel qu'ils le defiroient ? II n'y avoit allurement aucun rifque a courir de ce cote. La conduite de ce Prelat fur l'article du Fonnulaire & de la Bulle etoit un prejuge favora- ble pour eux , ou plutot un garant allure de ce qu'il feroit en cette oc- caiion (48). Mais le proces a l'Officia- lite de Lyon auroir pu dnrer long- temps , & la cupidite n'aime point les delais. Louis XIV etoit vieux, il falloit fe prefler pour proliter de l'oc- cafion favorable , qui pouvoit echap- per, de perdre P. R. Ainfi on paffa par delTus les formalites ; & fans at- tendre le jugement duPrimat, onfol- licita une Bulle pour l'extin&ion de l'Abbai'e de P. R. des Champs , & la reunion de fes biens a P. R. de Pa- ris. Si l'autorite de M. de Noailles avoit ete furlifante pour cette reu- nion , pourquoi recourir a Rome pour |
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(48) Ce PrJlat au com- vu le parti qu'avoit. prij
mencement de l'affaire du la Cour , il changea de
cas de confc'ence , s'etoit conduite , 8c la fit lire &
declare affez publique- figner danstouteslesCom-
men- en faveur du. pre- munautes de l'un 841'antre
mier a. ticle , mais depuls fexe.
la Bulle yintam , aianr |
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III. P ARTIE. LlV. L l^O
tela ? C'etoit done reconnoitre fon
incompetence, & juftifier lesreligieu- fes cle P. R. des Champs , qui en avoient appelle par ce motif. C'etoit reconnoitre la validite de leur appel, & la nullite de la fentence de TOffi- cial de fon Eminence. Mais ces con- tradictions n'embaraffoient pas les adverfaires de P. R. des Champs , pourvu qu'ils vinfTent a bout de leurs deflems. Pour y reuffir plus facilement, ils
firent encore deux chofes plus irregu- lieres, & qui furent peut-etre la prin- cipale raifon pour laquelle ils voulu- rent fe fouftraire au tribunal de Lyon. Ce frit i°. d'empecher que les religieu- fes des Champs ne fuffent entendues par le Pape; i°. d'avoir la liberte de dire an Pape tout ce qu'ils voudroient fous le nom des religieufes de Paris , fans craindre d'en etre dementis. Ils ne pouvoient pas avoir cet avantage a Lyon , oil les chofes devant fe flat- ter en juftice reglee , ils ne pouvoient empecher que les parties ne fuffent entendues contradictoirement. Mais ils traiterent autrement l'affaire a Rome. Ils folliciterent done une Bulle a
1'infu des religieufes de P- R. des N vj
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■JOO HlSTOIRE DE PORT-ROIAL.
1708. Champs , qui en aiant ete informees ,.
ecrivirent la lettre fuivante au Pape.
cxxxix. u Tres S. P. nous avons apptis avec
Xcs rclf{;ieu- if
fes de i\ r. » une extreme douleur que les reh-
SntChJ!3! » eieufes de Paris on t engage le Roi aiant appis ?/.,,.. > , ° o
qirun foiiid- » a ioluciter aupres de votre iainte-
wcBuUe"omn! " *£ la foppreffion du titre de notre tree!les,<;cri. » Abbaie & la reunion de nos biens. Ttan.au Pa- „ s ^ ^ Nqus ayons tQut fujet de
» craindre qu'apres avoir furpris la
» religion de fa Majefle , elles n'aient >» encore ufe de leurs artifices ordi- » naires pour furprendre celle de vo- » tre Saintete, en lui deguifant le » veritable etat des chofes , & nous » reprefentant comme des filles re- » belles & defobeiffantes au faint » Siege. » C'eft ce qui nous oblige, T. S. P.
» de nous profterner tres humble- " ment aux pieds de votre Saintete 9 pour la prier de ne nous pas con- » damner fans nous avoir entendues. » Nous favons que celui que nous » avons charge d'agir pour nous au- » pies de votre Saintete, neveutplus » fe meler de nos affaires dans f'ap- # prehenfion de s'attirer quelque dif- » grace. Cette nouvelle n'a pas dii " nous furprendre, une longue expe- >> rience nous aiant fait eprouver |
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III. Pahtih. Liv. I. 50 r
» plufieurs fois combien il eft diffi- iyoS1*
m cile de trouver quelqu'un qui ofe
» prendre la defenfe des innocens ,
« quand ils ont pour parties des per-
" ioniies accreditees aupres des Puif-
» fances. Mais une telle conduite
« nous met dans la neceffite d'avoir
« recours a la juftice de votre fain—
» tete, en lni demandant tres hum-
» blement en grace de ne pas termi-
» ner une affaire fi importante pour
» nous, avant que nous aions pu trou-
» ver un autre Agent, qui,inftruit de
» toutes les raifons juftes & legiti-
" mes que nous avons de nous op-
» pofer a la demande des religieufes
» de P. R. de Paris , puifTe en infor-
« mer votre Sain tete des qu'il nous
» fera libre de comparoitre devanc
» fon tribunal. Car votre Saintete
" n'ignore pas que nous fommes-
» dans une facheufe conjonclure ,
» norre affaire etant encore devant le
» Primat de Lyon. Le defir que nous- .
» avons qu'elle y foit promptement
» jugee, nous a fait faire toutes les
» diligences pombles & neceffaires.
» pour l'obtenir , mais rros parties
» plus ecoutees que nous, n'oublient
» rien pour l'empecher.
» Nous, avons trop de confiancs
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3 02 HlSTOIRE M PoRT-ROlAt.
» en votre bonte paternelle, T. S. P.
» pour craindre que votre Saintete » condamne la liberte que nous pre- » nons de la fupplier de vouloir bien » ne rien decider qu'elle ne foit exac- » tement informee , & nous ofons » meme lui reprefenter que les ecrits « que nous avons ete obligees de » faire , felon les occasions, 8c qui .» aiant cte imp rimes peuvenr etre « tombes entre fes mains , ne doi- » vent etre regardes que comme de3 » preliminaires qui peuvent feule- .» ment donner quelque idee au pu- » blic de notre affaire, & non l'inf- » truire entierement. lis ne contien- » nent point , T. S. P. , tous nos » moiens de defenfe & les raifon3 ^ efTentielles que nous nous refer- » vons d'expofer a votre faintete , » quand il s'agira du fond de l'af- .*> faire , & que nous ferons aflez heu- « reufes de pouvoir comparoitre de- » vant elle & lui produire nos ritres, » qui font adluellement devant le 3> Primat. » Si nous ne craignions point, T.
» S. P. , de fatiguer vorre Saintete » par un trop long detail, nous pi-en- s' drions encore la liberie d; lui ex- m pofer le irifce etat ou l'on nous a |
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III. P A R T I E, LlV. I. }0$
» reduices, & nous fommes perfua-
« dees que fes entrailles en feroient » emues de companion , notre op- » predion etant generale & fans coii- " folation d'aucun cote. Car nous « fommes dans une privation entie- » re de tous fecours temporels & " fpirituels ; privees de pain mate- " nel & obligees de vivre d'aumo- " nes, , les religieufes de P. R. de » Paris s'etant mifes en poffeflion de « tous nos revenus ; privees des per- " fonnes qui nous feroient les plus « neceffaires pour la conduire de nos » affaires, par l'emprifonnement d'un » homme (49) qui nous rendoit de .» grands fervices depuis longtemps , » & par la retraite d'un autre (50) , » dont nousavons mieux aime nous « paffer que de le voir expofe a un » pareil traitement y privees enfin y » & c'eft ce qui nous eft plus fenii- « ble que tout le refte, du pain du " ciel , par une ordonnance de fon « Eminence M. le Cardinal notre » Archeveque , qui nous interdit l'u- » fage des Sacremens fur de famTes (49) M. de S. Claude. femblable a celur de M.
i 0) Apparemmem M. de Saint Claude. Nobs le
Tero , qui s'etoit retire verrons reparoitre daas. i*.
pour cviter uu uaitcnuui flute.
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504 HistoiredePort-koia£,
1708. " fuppofitions , fans aucun fonde-
" ment legitime , & contre toutes les » formes canoniques , comme nous le " demontrerons devant le Primat, out » l'affaire eft pendante; »> Si quelque chofe peut adoucir
» nos pemes , T. S. P., c'eft l'efpe- » ranee ou nous fommes que votre « faintete en fera touchee, & que " quand nous pourrons nous, jufti- " fier devant elle , elle fera tres con- « vaincue de l'injuftice de la deman- » de des religieufes de P. R. de Pa- « ris, de la purete de nos fentimens, » de notre attachement an faint Sie- » ge , & de notre fincere refpect pour » les decifions. C'eft avec ces fenti- =' mens , T. S. P. , que nous nous » profternons aux pieds de votre fain- w tete , pour lui demander humble- » ment fa benediction Apoftohque ,. « en 1'afTurant que rien ne fera ca- » pable de diminuer notre profonde » veneration pour elle , ni la confian- » ce que nous avons en fa juftice & » fa bonte pour des filles tres foumi- » fes, tres obeiflantes, & tres aftli- " gees ". Cetre lettre etoit clatee du 18 mars.
Xes religieufes 1'adrelTerent par une autre lectre au Cardinal Sacripanti, |
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III. P A R T I E. Ihl. 1. |05 ________
En meme-temps elles firent renouvel- 170S,
!er Toppofition qu'elies avoient deja formee a la Datterie. Avant cette lettre , les religieufes
de P. R. n'avoient fait aucune demar- che aupres du Pape , pour arreter les Sourfuites & les procedures de M. de Toadies concre elles. La raifon pour laquelle on n'avoit pas informe fa Saintete de ce que M. le Cardinal fai- foit contre fon autorite dans cette af- faire, c'eft qu'on penfoit que le Pape craignant que M. de Noailles ne de- ferat pas a fes plaintes (51) , & vou- lant mettre fon autorite a couvert, of- friroit de lui donner tous les pouvoirs necefTaires pour terminer comme deli- gue du faint Siege } ce quit avoit com- mence de fa propre autorite1 (52). Ce qui auroit mis les religieufes hors d'etat de pouvoir jamais revenir par voie d'appel du jugement que M. de Noailles auroit rendu contre elles. (yi) Premiere lettre de foils I'adreffe de Made-
M. du Vaucel, du 14 juin moifelle Petit, qui etoit
1707. la celcbre Mademoifelle-
Seconde lettre du me- de Joncoux. On fait que
me,du 19 juillet 1707. M. Valoni etoit M. du
((l) Tous ces faits font Vaucel, qui s'interoifToit
atteitts par M. Valoni, aux religieufes de P. R.»
dans les lettres qu'il ecri- des Champ:.
voic de Kome a MJ.ouail3 |
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$o£ HlSTOtRl DP. PoRT-ROlAt.
L 1708. Cette raifon empechoit d'agir aupres
du Pape , qui d'ailleurs etoit prevent! contre les religieufes, au point que des le commencement que cette affai- re eclata , il avoit ete d'avis que M. de No-ulles devoit les excommunier, Cepeadant fon Eminence lui aiant fait reprefenter les raifons pour lef- quelles elle ne croi'oit pas devoir en venir a eette extremite , Sa Saintete" panic les approuver. cxt. Les religieufes de P. R. ne deman- Les relieieu- , . P. . . ,
fes de p. r. cloient, comme on le voit par leur
des champs letcre au pape qUe ce qu[ eft fa droit fontcondam- . „ r»
nees fans kre nature!, & ce que Kome paienne ne
emeaducs. refufoit pas aux accufes , favoir de n'etre pas eondamnees fans avoir ete entendues (53). Cela leur fut nean- moins refufe, comme nous le verrons, &c comme la copie de la Bulle envoi'ee a rOfficial en rait foi. Le Pape ne fit pas dire6tement reponfe aux religieu- fes de P. R., mais il dit a leur Agent qu'il leur rendroit juftice. Cette pro- meffe n'empecha pas Sa Saintete de (?jl Nontfi confuetudo qui accufatur, prajintes
Romanis , difoit autre- habeat accufatores,locum-
fois Feftus aux Juifs qui que defendendi accipiat
voutoient faire mourit S. ad abluenda crimina. A£t»
Paul , damnare aliquem Apoft, c. 15. f 16,
hominem , priufqtmm is |
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III. P A r. t i e. Liy. I. 307
dormer le 27 mars 1708 (ii meme el-
le ne l'avoit pas deja donnee (54) , une Bulle contre ces faintes filles. Elle die a ce meme Agent, qu'elle n'avoit pu la refufer aux foHi citations d'un aujji grand Prince que le Roi de France. On n'avoit cependant rien ou- |
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{54) I-a lettre des reli-
eieufes eft du 18 mars, & la Bulle du i8. Il ne pa- roit pas que le Pape ait rec,u la lettre avant de donner la premiere Bul- le , mais il l'avoit re$ue avant la feconde , datea du meme jour que 'a pre- miere , 6c avoit faital'A- gent la reponfe que nous avons rapportee. II faut croire que le Pape avoit deftein , lorfqu'il la fit , de rendre juftice aux re- .ligieufes,. que dans la fui- te il n'eut pas le courage de refifter aux folliclca- tions qu'on lui fit contre elles. foes 1707 , M. Va- loni ( du Vaucel > qui etoit alors a Rome, ecrivit le 8 o&obre a Pads, 8c man - da qn'a'iant envo'ie 1*A- gent a deux Orfiders du Pape , pour decouvrir' ii l'avis qu'on lui avoit don- ne fur P. R. etoit vrai, ces Offi-ies lui avoient dit que 1'aSaire etoit fi- nie , Sc que fa faintete avoit accorde la fuppref- fion ou reunion, a la prie- jre du Roi; que tout ce qu'avou fait 1'Agent ne |
S'empccheroit point, par-
ceque fa faintete s'y etoit engagee. VAgent ai'ant dit qu'il avoit mis un nihil tranfeat a la Datterie , 8c qu'ainfi fa faintete ne pou- voit accorder ce qu'on lui demandoit de la part du Roi', fans citer fa pattie 8c Scourer fes taifons; le Sous - Dataite repliqua qu'on les ecouteroit, mais que cela n'empecheroit pas que ce que le Roi avoit demaiide ne fut accorde. 33 J'ai toujour1; cru , ajou- 33 te M. Valoni, 011 pour 33 micux dire, j'ai tou- 33 jours apprehende, qu'a 3) la fin on prendroit ce 33 parti , pour ruiner la. 33 fa'nte famille (le mo- 33 nalteredeP R.) & que 3) le Pape , qui eft d'ait- 3j leurs prevenu contre 33 elles, y donneroir les 33 mains- Il le fera d'au- 33 tant plus facilement 33 qtt'il croiia que sll 33 n'y confentoit pas, la 33 chofe fe f roit fans lui , 33 par la frule autorite de 33 i'Ordinaire ou du Roi. Trorfieme lettre MS. du 8 otlobre 1707. |
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308 HlSTOIRE DE PoRT-R01AL.:
" J708, blie (55), ni rien neglige des qu'ott
cxli. fut que les religieufes de Paris agif-
Toutcs iesf0ient ^ Rome pour inftruire le Pape
demarches r, . , _. . ^
qu'on fait a & pour s oppoier aux mjuihees &
Rome font pr(ivenir ies furprifes. On follicita n'y a aucunoa baintete, on lui communiqua des egard. ecrits fur ce fujet entre autres un, dans lequel on prouvoit » que les *> Papes ne peuvent & ne doivent » accorder des Bulles de cette nam- » re fans le confentement des parties, » & que ce confentement eft necef- « faire en France pour qu'elles foient » recues «. Le nihil tranfeat fut re- nouvelle exactement (56). On fit rou- tes les demarches neceffaires pour s'oppofer a cette affaire & tacher de la faire echouer ou du moins de la trai- ner (57) en longueur a Rome : elle y fouffroit de grandes difficultes. L'Agent des religieufes parla avec beaucoup de force & de vigueur au Pape en leur faveur dans une longue audience; & comme il dit au Pape que les Jefuites etoient les grands adverfaires de P. R., Sa Saintete lui repondit, qu'il n'etoit pas queftion |
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(5c) Cinquieme lettte M. du Vaucel, du 14 d6-
de M. du Vaucei,du 11 cembre 1707.
■novembre. (57) Septieme lettrc deM..
(i«) Sixieme lettre de Valoni, du 14 janv. 17Q&+
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III. P A R T I E. Liy. I. 309
de Jefuites dans cette affaire, & que "T^sT"
ces Peres, operava.no in quejlo , (fa- voir dans l'affaire du Janfenifme) fxnta mente e con retta intentione. Le Soudataire fie auffi entendre , que quand meme le Pape auroit rerafe ce qu'on lui demandoit , l'autorite lai'que l'auroit execute , 8c qu'il en etoit informe de bonne part. II dit a" l'Agent qui faifoit valoir les raifons de P. R. des Champs: vole refifiere alia monorchia della Francia 3 a un Re tan- to potente. Ce Soudataire traita la claufe des religieufes d'extravagante 8c intolerable. ' II eft aife de juger par la quel foe- L™des
ces leur affaire pouvoit avoir a la religieufes de Cour de Rome , ou leur Agent meme ckamm deft refufa d'agir pour elles depuis la re- imimide par primande qui lui fut faite par le Car- ^ faar-rre- dinal de la Tremoille. Ce Cardi- moiiie, & nal ai'ant ete informe du nihil tran- p^ufeiies?81' feat , du memorial prefente par M. le Vage (e'eft le nom de l'Agent) 8c de tout ce qu'il avoit dit en raveur des religieufes (58), » l'envoi'a cher- » cher le 15 Janvier 1708 , 8c lui » fit uneverte reprimande dece qu'il » ofoit faire contre les interets du (5") Hiiitieme lectrc de M. du Vaucel, du 11 ja*»
vier 1708. |
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JIO HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt.
» Roi fon maltre , qu'il avoit li fort
» a coeur qu'il avoit reitere fes or- » dres pour obtenir la Bulle, & qu'il » fe plaignoit dans fa derniere let- » tre que fon Eminence tenoit en " main , qu'elle ne fiit pas encore » expedite, quoiqu'elle dut l'etre de- » puis trois mois ". Le Cardinal n'ecouta aucune des raifons de l'A- gent(55>), & l'effraia tellement qu'il s'engagea a ne plus fe meler de cette affaire. L'Agent craignoit qu'on ne maltraitat fes parens, qui etoient a Dinan. Ce fut ce qui occafionna la lettre que les religieufes de P. R. des Champs ecrivirent au Pape le 18 mars, par le confeil de M. Valoni , pour prier Sa Saintete de ne pas ter- miner cette affaire , avant qu'elles euflent trouve un autre Agent. M. le Vage reconnut peu apres qu'il s'etoit engage mal a propos avec le Cardi- nal de la Tremoille, & ne parut pas s'eloigner de faire une demarche d laqueile M. Valoni voulut le porter. Mais la peur l'ai'ant repris, il renon- $a entierement a l'afraire des reli- gieufes de P. R. des Champs (60), & refufa de faire ce que M. Valoni lui |
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({?) Neuviemc lettre du 5 fevrier.
<so) Dixieme lettte du 5 mars. |
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III. P A R T I E. L'lV. I. jll
propofoit. Un homme de bien {61)
voulut bien y fuppleer, & rendre aux religieufes de P. R. les memes fervi- ces qu'il avoit tache de rendre aux filles de l'Enfance. Les egards que l'on avoit a Rome
( non a la verite pour M. de Noail- les, qui malgre tout ce qu'il faifoit, pafToit encore pour Janfeniite, & con- tre lequel on etoit pique a caufe de ce qui s'etoit pafle dans l'aflemblee ou il |
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(<fi) Cet homme de
1 :en etoit Meffire touis Mai'le , Pretre du Dioce- fe d'Aix , & Direfteur du Seminaire , a qui fon z<"le •8c fa charge pout la de- fenfe des filles de l'enfan- ce , avoient attire un I au- nilfement de France pour fept ans. S'etant refugie a Rome, il y remplit avec un applaudiiTement ge- neral 8c l'approbation nieme de Clement XI , une Chaire de Profeffeur de l'Hiftoire ecclefiaftique a la Sapience. II y eut pour difciple & dans la fuite pour protecteur , l'Abbe Lambcrtini, au- jourd'hui Pape ( Benoir XIV ). Ce fut lui qui fit fortir le to juillet 1715 , M. Maille du Chateau S. Ange , ou les Jefuitcs l'a- voienj fait enfermer en 1710, pour fc vanger de ce qu'il avoit fait, tain dans les iftkires du Quie- |
tifme & des ceremonies
ou plutot des Idolatries Chinoifes, auxqucllcs les Jcfuites font fi opiniatre- ment attaches, qu'en qua- lite d'Agent pour les reli- gieufes de P. R. L'inno- cence deM. Maille ai'ant ete reconnue par un de- cret du S. Office, il repa- rut avec eclat dans fa Chaire de PtofclTeur. En 171s , il courut rifque d'e- tre arrete de nouveau , a caufe de fes liaifons avec M. Chevalier , envo'ie a Rome pour les affaires de la Bulle ; mais il fut aver- ti a terns, & quitta l'lta- lie pour revenir en Fran- ce , ou il mourut retire a la Doctrine chrerienne, le 3 aout 1758 , ag6 de Si ans. 11 legua une partie de fes Livres au Cardinal Lambertini, fon protec- teur. Nouv. Ecclef. z% nov. 1758. Mem, h<ft; T- 7-i7- 5J7. • |
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JIZ HlSTOIRE DE PoRT-ROlAL.
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i7o8. prefidoit, pour la receptionde la Bui--
le Vtneam), les egards , dis-je, qu'on. avoit pour le Roi de France & fbn Miniftre (le Cardinal de la Tremoil- le) l'emporterent dans l'efprit du Pa- pe fur tout autre motif, & le deter- minerent a accorder la Bulle qu'il follicitoit contre les religieufes de P. R. des Champs. C'eft pourquoi el- le fut accordee en forme gracieufe, & ad inftantiam R.egis, malgre routes les raifons les plus folides. F cxLin. La perfuafion ou Ton etoit a Ro- |
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contre
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les re. me, que l'affaire fe confommeroit a
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ligicufes deP. paris fans la participation du S. Sie-
eft accordTeP! ge (61) , i\ le Pape refufoitplus long adinftanuam tems d'accorder ce qu'on demandoit, ^on a'ofe fut la principale raifon qui determi- parier a Ro- na Clement XI a pafler outre. Com- me en raveur .. ,, . ,. >■ , , .
des reiigieu- me ll s etoit deja engage de parole ,
fo de p. r. &- qU'on le prellbit vivement, il ne desChamps. r l ,, * ,.. J. . ,
taut pas s etonner qu il ait conlenti a
ce qu'on defiroit. D'ailleurs M. du
Vau«,el ne put trouver perfonne qui
ofat parler a Sa Saintete , pour lui
dire vrai. Et quand il auroit trouve
quelqu'un , cela auroit ete inutile ,
parceque quiconque lui auroit parle
le feroit rendu fufped , & fe feroit
<«i) Douzicme lettre de M. da Vaucel , du 14
avril 1708. peut-etre
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III. P A R T I t. LlV. I. } I J
peut-etre attire quelque mortifica- ~I708,
tion. ties Miniftres etoient encore moins traitables que le Pape; le Da- taire dit nettement a l'Agent, qu'il ne falloit avoir aucune communica- tion avec les Janfeniftes. M. du Vau- eel lui-meme auroit eti perdu fans ref- fource (63), comme il le dit, ft on avoit fit ou'il fe melat de cette affaire: il ne laiffoit pas d'agir fecretement, & de faire tout ce qu'il pouvoit.Mais malgre routes les peines qu'il fe donna , & quelque diligence qu'il fit, il ne put trouver perfonne qui voulut paroitre dans cette affaire, pour parler en fa- veur de Finnocence opprimee. / En France les amis de P. R. n'e- cxtrV.
toient pas mieux traites. II s'en trou- donnl fa'j^f voit neanmoins en qui la probite &mie,re B»He la religion prevaloient fur les crain-raj" ,u70!j7 tes & les vues humaines. Les uns vou-Eile, cft e!- loient bien preter leur miniltere , & ce qUi [a pot. • d'autres emploier leur credit pour lateauRoi. defenfe de ces vierges chretiennes opprimees par leurs ennemis. Non- feulement ils agiffoient en France, imis ils tachoient encore de le faire a Rome en cherchanrles moi'ens d'a- voir acces aupres du Pape, & en lui faifant prefenter des ecrits & des me- , (Sj) Quinzieme lettre du 4 Septembre 1708.
Tome IX. O
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J I 4 HlSTOIRE DE PoRT-ROl AL.
moires. Mais rout fut inutile,, & le
Pape donna le 17 mars uneJBulle oii Bref addrefle a l'Official, .pour reunir les biens de P. R. des Champs a P. R. de Paris. II ordonnoit qu'on donneioit 100 liv. de penfion a cha- cune des religieufes , lefquels refte- roient dans leur monaftere de P. R. des Champs , dont on auroit fain d'entretenir les hatimens, jufqu'a ce que la derniere fut morte. Le Nonce aiant re^ule Bref le 11 mai, le porta au Roi, a qui on le traduifit fur-le- champ rant bien que mal. Sa Majefte en parut tres mecontente, difant que s'il recevoit ce Bref » qui ordonne » que jufqu'a la derniere converfe , » toutes les religieufes mourront dans « le monaftere , il n'auroit pas le " plaifir de voir durant fa vie la def- trutlian de P. R. «. Si ce Prince a tenu un tel langage , il falloit qu'on lui eut inipire d'etranges preventions contre P. R. II ne determina cepen- dant rien , &c envo'ia le Bref au Car- dinal de Noailles , avec ordre de le iaire traduire exa&ement. Ce Bref etoit accorde en forme gracieufe adinfi tantiam Regis. Les religieufes de P. R. des Champs n'y etoient chargees d'au- cune accufation. Le Pape mettok |
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III. P a a t i e. Liv. I. 315
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feulement, rationabilibus caujis nobis 170S.
cognhis. Sa Saintete y fuppofoit qu'il y avoir une Abbefle a Port-Roi'al des Champs. II faut remarquer que le Pape n'envoia qu'une copie collation- nee de certe Bulle & non l'original; & ce fut fur ce fondement que les Italiens dirent que ce n'etoit qu'un projet. Dans cetce premiere Bulle, le Pape cxlv.
fuppofoit comme un fait certain que nren^ere"u!- l'union & la fuppreflion requifes ,le > les «- etoient utiles, parceque ians cela 1 un Pf R. je, & l'autre monaftere periroient; celui champs font 1 t\ ' r 1 1 ^ 1 • traitees avec
de Paris, raute de biens : ( pqurquoi moins ae ri.
Pavoient - elles diflipe ? ). Celui des gueut« Champs , faute de novices, ( pour- quoi les empechoit-on d'en recevoir ?) En confequence, le Pape fans ordon- ner felon l'ufage , une information de commodo & incommodo , eteint & fupprime le monaftere des Champs; il en reunit les biens au monaftere de Paris, a la charge de donner aux re- ligieufes qu'ildepouilledeleurs biens, zoo liv. de penfion a chacune, d'en- tretenir les lieux reguliers, & ce qui etoit du fervice divin. Quelqu'injufte que fut cette Bulle , elle laiflbit au moins aux religieufes des Champs la confolation de mourir dans le lieii O ii
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3 I 6 HlSTOIRE DE PORT-RO'lAl.
" i-t03." ou elles avoient fait a Dieu leur fa-
crifice , & de pouvoir l'y fervir juf- qu'a la mort. Elles n'etoient point traitees de rebelles aux Conftitutions apoftoliques j &c pour ce qui eft du tempore! , leur condition auroit ete plus avantageufe qu'elle ne l'etoit au- paravant. Etant vingt-fix religieufes, dix-fept de choeur & neuf converfes, & ai'ant chacune zoo liv. de penfion , elles auroient eu 5000 liv. fans etre chargees de depenfes pour l'entretien des batimens & des domeftiques, ce qui faifoit un revenu plus confidera- ble que celui dont leur monaftere jouifloit , au moi'en de quoi elles au- roient pu vivreplus commodement. cxlvi. II ue faut pas s'etonner fi cette Bul- ie»en«mts le ne fut pas du gout des ennemis de for.c pas con- P. R. La fatisfadion dont ils defi- tei 5 de la roient depuis fi long-tems de jouir , Bu'le & en ., r r o I .»
foiudtem u- en voiant renverler cette lainte mai-
»e autre. fon ^ 1'objet de leur haine , auroit ete trop reculee, s'il eut fallu attendre pour cela la mort de toutes les reli- gieufes qui reftoient encore. Ainli ils lolliciterent vivement, com me nous le verrons , une autre Bulle. Le Pape la refufa long-tems , mais enfin apres quelques mois de refiftance , il teda aux injuftes & preflantes follici- |
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III. Par. t i.e. Liv. I. 317 _______
tations,& en accorda une nouvelie' 1708.
Des le 9 o&obre , on apprit a Paris que la minute de la Bulle etoit fignee. Nous ne pouvons en fixer la date, par- ceque le Saint Pere lui en donna une faiuTe (64) , en la datant du meme jour que celle du 27 mars precedent. C'eft toutefois le moindre de fes de- fauts. Mais ce qui eft contraire a rou- tes les loix divines & humaines, c'eft d'avoir donne cette Bulle fans que les religieufes de P. R. euftent ete appel- lees ni entendues, ni qu'elles euuent donne leur confentement a la fup- preflion de leur Abbai'e. Le Pape le declare lui-meme dans fa premiere Bulle envoiee a l'Official , qui. porte cette claufe ( qu'on a retranchee dans la feconde adreffee a M. de Noail- les) » Nous voulons qu'on ne puifle » fur quelque fondement que ce foit... » attaquer , revoir & contefter en » droit les perfonnes.... fous pretexte » d'obreption, fubreption, nullite.... » ou parceaue les Abbeffes & reli- » gieufes du monaftere de P. R. des » Champs n'auroient point ete appel- " lies ou entendues, ou que les parties, - » interejfees n'y auroient point donni (64) Lettte de Madame de Vieuxbourg du ? oc;
tobre , a Mademoiselle Joiicoux. O iij
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3 I 8 HlSTOIRE DE POR.T-R.01AI.
1708. " ?eur confentement«. Sa Saintete don-
ne par ces paroles a£te a tome la pof- terite de fon injuftice , & reconnoit que les religieufes de Port-Roial des Champs n'ont point ite appellees ni entendues : il ne veut pas meme qu'une injuftice fi criante ferve de fondement pour revenir contre fa Bulle , & il leur defend de fe juftifier. Non-feulement les religieufes de
P. R. des Champs ne furent point en- tendues , & ne donnerent point leur confentement, mais elles furent me- me horriblemenr calornniees dans la fupplique pleine d'obreption & de fu- breption , des religieufes de Paris. II eft dir entre autres chofes dans cette fcandaleufe fupplique que les religieu- fes deP.R. des Champs cm fait voir leur chjlination, & leur attach ement opinici- tre a fomenter I'herifie Janfenienne. gxlvii. Ce fut fur une telle fupplique, pre- adreiicc "ae fentee par les ennemis & les parties rofficial eft des religieufes de P. R. des Champs, vaU?qiJr«h que Clement XI donna contre elles tre> fans les avoir entendues (65) la pre- miere Bulle du 27 mars 1708 , qui
toute injufte qu'elle fut, etoit cepen- dant moins mauvaife comme on l'a deja remarque, que celle qui fut adref- (65) Lcttre de M. Valoni du 31 mats 1708. |
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III. P ARTIE. L'lV. I. fl?
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fee depuis a M. l'Areheveque de Paris. 1708.
Car i°. le Pape tt'y attaquQit point cxlviii.
1 c • -• 1 rr -tr 1 ■ v • BulIedePaul la roi, m la iounfiiiHon des rehgieu- u fui raii(,.
fes aux Conftitutions apoftoliques j »ation &* x°. il les confervoit, leur vie durant, CiM^nes , dans leur monaftere , avec la liberte fm m°mn'- dy oblerver leur regie, dy celebier&c, l'oflice divin , & d'y fatisfaire a l'in- tention des fondateurs. 30. II leur laiiToir l'ufage libre de Ieurs biens meubles, & pourvoi'oit a leurs befoins fur le revenu des immeubles, dont il leur otoit injuftement 1'adminiftra- rion. 40. II ouvroit meme a I'Ofricial une porte pour ne point executer fa Bulle, en lui propofant ce que pret- erit Paul II dans fa Bulle du 1 o mai 1465 , fur l'alienation des biens eo clefiaftiques. » Si Ton eft oblige, dit " ce Pape , de fuiv re les regies de la » juftice , &: d'agir avec une conf- " cience pure dans tous les jugemens » que Ton rend , cette obligation » devient encore plus etroite, lorf- « qu'il eft queftion d'ordonner Pa- » lienation des biens ecclefiaftiques, » parce qu'alors il ne s'agit pas de " difpofer du bien propre de quel- « queparticulier, mais duparrimoi- " ne de Jefus-Chrift , & d'un bien « qui doit etre diftribue aux pauvre*. O iiij
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3 io Histoire de Port-ro'i'al.
» C'eft pourquoi les Juges ecclefiaf-
» tiques, que le S. Siege apoftolique « deiegue pour examiner les caufes » de ces fortes d'alienations , dont il » charge leur confidence avec cette » claufe/? I'utiliti en e(l evidente, doi- » vent bien prendre garde que la fa- " veur ne gagne rien fur eux , que la " crainte ne leur arracherien, & que " l'efperance des recompenfes ne leur " faffe violer la juftice & bleCTer la " confcience. Nous avertiifons done " tous nos Commiffaires & delegues » pour ces fortes d'affaires , & nous » leur enjoignons tres etroitement, " en les menacant du jugement de « Dieu , d'apporter une . attention " particuliere aux raifons expofees « par les fuppliques qui font conte- *> nues dans les Lem/es apoftoliques, » de les examiner & de les appro- " fondir avec tout le foin poflible , » d'entendre les temoins, de rece- » voir leurs preuves fur la verite des " faits allegues , n'aiant que Dieu » feul en vue , & fe mettant au-def- " fus de tout motif de crainte; & de » ne porter aucun decret qui puifTe « bleffer leurs droits, on leur caufer 33 quelque prejudice. Et s'il arrive »• qu'un Commiffaire ou Deiegue ne |
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111. P A r t i e. Liv. I. 32 r~"
» comptant pour rien de trahir fa \-oi « confcience , ait confenti par crain- » te , par faveur , ou par un fordide » interet, a une alienation onereufe ft: & prejudiciable a une Eglife , qu'ii .» ait fur cela porte quelque decret, » on interpofe fon autorite, s'il eft " dans un degre inferieur a un Evc- » que , il encourra la peine d'ex- « communication ; s'il eft Eveque , « ou fuperieur a l'Eveque , qu'il fa~ " che qu'il eft fufpens pour un an « des fondtions de fon miniftere, 8c » qu'il fera de plus condamne a repa- » rer le tort qu'il aura fait a cette » Eglife j & que fi etant aufli cou- » pable , il s'ingere d'exercer les « forxStions pendant la fufpenfe , il " tombera dans l'irregularite , done » il ne pourra etre abibus que par le » fouverain Pontife. Et celui qui par » dol , ou fraude, ou fciemment aura « procure une alienation prejudicia- » ble aux Eglifes, ou qui par argent » ou par violence aura extorque un » decret d'alienation , encourra la « peine d'excommunication, dont il " ne pourra etre abfous que par le » fouverain Pontife ; & des qu'il au- » ra ete convaincu de ce que delTus, » il fera encore condamne a la reftl- O v
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521 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAL.
1708, " tution des biens ainfi alienes , Sc
» des fruits qui en fsroient provenus. » Nous voulons que lefdits Delegucs « & Commiflaires foient fpeciale- « ment avertis des peines portees » par notre prefente Conftitution ,, » qui fera inferee dans route lettre » portant pareille commiflion. Que w perfonne ne foit aflez hardi pour » enfreindre ce decret, ni aflez te- » meraire pour s'y oppofer. Et ft « quelqu'un ofe y donner atteinte, » qu'il fache qu'il encourra l'indi- " gnation du Dieu tout-puiflant & ■» de fes Apotres S. Pierre & S.Paul. » Donne a Rome a S. Pierre , Tan de *> notre Seigneur 146 5 , le 1 o mai, " la premiere annee de notre Pon- » tificat. exnx, II faut avouer que cette Bulle de dei^'ii uUeft Paul II, rappellee par celle de Cle- une bdie ic ment XI, etoit une belle leeon pour Jon pour ceux r\cr • \ • • ■ < l i*
quidetruirent un Official qui auroit aime le bien y
fes Monafte- &- qu'elle lui donnoit beau champ res. t: . . . -/r
pour ne point executer la commiflion
donr il etoit charge par la Conftitu- tion de Clement XI. Qu'il fbit per- rnis d'ajouter ici que cette Bulle de Paul II meriteroit bien d'etre propo- fee. dans les. malheureux fiecles ou nous vivonSia. certains Prelats qui |
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III. P A R T I E. LlV. L J 2 J _____
font aufli ardens aujourd'hui adetruire , 70g.
les monafteves, que l'etoient autrefois les SS. Eveq. des beaux jours de l'Eglife, a etablir & a fonder ces aziles deftines a mettre l'innocence a. couvert de la corruption du fiecle, ou a la reparer par une ferieufe penitence. Mais on ne doit pas etre mrpris qu'apres avoir condamne lesfaintes maximes de l'E- glife fur la penitence, on detruife les lieux deftines a k faire. On ne fait pas attention que c'eft
adopter & approuver le fyfteme de l'Auteur de Vefprit des loix, de Vol- taire , & de tant d'autres impies , qui voient avec plaifir les Miniftres du Sanduaire preter leurs mains a l'execution de leur projet, & mettre en pratique ce qu'ils n'ont enfeigne qu'en fpecularion dans leurs libelles contre la religion chretienne. Les gens de bien en gemiflent, en fe rap- pellant que c'eft par la deftru&ion des monafteres qu'on a commence a de- truire la religion dans an roiaume voifin dela France, qui eft aujourd'hui plonge dans les plus epaifles tenebres, ex. & dans l'ombre de la nuit. iwennenrff La Bulle de Clement XI a l'Offi- tiennent une
cial de Paris parut imprimee en latin f^V^^ qc en rrancois au commencement de .ikdiee a m~ |
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_______ 3*4 HlSTOIRE DE PORT-ROIAI;
I708. juillet 1708 j mais les menagemetis
que le Pape y gardoit a l'egard des religieufes de P. R. des Champs,, deplurent comme nous l'avons dit, a leurs ennemis , qui fe voioient trop genes , par les conditions que nous avons rapportees, & arretes dans les detTeins qu'ils avoient de renver- fer cette fainte maifon. C'eft pour- quoi ils folliciterent avec ardeur , & obtinrent enfin une Bulle telle qu'ils la fouhaitoient. Cette Bulle. adreilee a M. l'Archeveque de Paris ;, & datee comme la precedente (par une fauflete fnanifefte ) devint publique a Paris au mois de novembre (66). On peut la divifer en trois parties , dont la premiere contenoit la fuppliqne des religieufes de P. R. de Paris, qui eft pleine de deguifemens & de fauftetes qui font voir que le Pape avoit ete trompe , mais en mane terns qu'il avoit eu tort de ne pas vouloir enten- dre les religieufes de la maifon des (6S) Cette feconde Bui- R. its Champs le 17 ou
te fut fignee & expedite a 18 de ce mois pour luj
Rome au mois de feptem- dire qu'il y avoit un Bre£
bre, & envo'ieepeu a pres, contre elles. Mais ce Bref
en France en forme de n'£toit encore alois connuv
Bref. On commen9a & en que de la Cour & de ceuxr
parler au mois d'o&obre. qui avoient travaille a
M. de Noailles fit meme l'obteuir ; mais bien-to,t:
■veair le Chapclain de P. on ea eut des copjss.
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III. P A R T I E. LlV. I. ]Z f
Champs , qui auroient pu detromper
Sa Saintere en lui expofant la verite des chofes. La feconde partie contienr la difpofition que fait le Pape du titre de l'Abbai'ede P.R. des Champs qu'il fupprime*, de fes biens qu'il ote aux religieufes qui les poflfedoient legiri- mement, pour les dormer a celles qui n'y avoient aucun droit ; enfin des religieufes memes de Port-Roial des Champs qu'il fuppofe coupables fans preuves, qu'il chaiie de leur maifon ; livrant ces innocentes vicftimes a la, fureur de leurs ennemis, & les aban- donnant a la difcretion de Monfieur de Noailles, pour les difperferou il juge- roit a propos. » Et afin, dit le Pape, " que cettefuppreflion &cette appli- » tation aientpluspromptement leur " effet , & que le nid oii l'erreur a *> pris de fi pernicieux accroiflemens, » foit entierement ruine & deraci- » ne (67) j (c'eft ainfi que Clement (S7) Ut nidus , in qua » reur , comme on fait,
trror prava fufcepit in- « tin Monaftere qui a ete
crementa , penitus ev'ella- n comme le berceau , ou
tur & eradicetur. Le nid » la- purete de la morale
de l'erreur .'difons plutot, » chretienne ,. de la dif~
te nid de la verite, le nid « cipline ecclMaftique &
oii- la Tourterelle avoic » de la vie religieufe a
place fes petis , oii tant » reprisnatflance; unlieu
de Colombes g£mi!Toient r> qui a fetvi de retraite
dans 1'attentedu Seigneur. » aux defenfeurs de la
» Appellor le nidde I'er- » grace de:J. C.,. & a ua
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J2<j HlSTOfRE DE PoRT-ROlAT..
» Xlqualifioit la faints maifon de
» P. R. des Champs) 5 les religieufes, " rant du chceur que converfes qui .. font prefentement au monaftere de » P. R. des Champs, peuvent & doi- » vent Stre transferees enfemble, ou » feparemenr, dans le terns , la ma- » niere & la forme que vous jugerez » a propos, fuivant votre difcretion » & confcience, en d'autres maifons " religieufes ou monafteres que vous » choifirez , &c «. Les fiecles a venir pourront-ils croire que le Succefleur de faint Pierre , le Vicaire de Jefus- Chrift ait rendu un tel jugement con- tre des vierges chretiennes, fans avoir voulu meme les entendre ? La troifie- me partie de la Bnlle contient une ample derogation a routes les loixna- turelles & humaines, qui prefcrivent les conditions & formalites , qui doi- |
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» fi grand nombre de » foit un nioindre hlaf-
3j faints folitaires 8c d'il- 33 pheme que celui que'
33 luftrcspenitens; unlicu 33 les Scribes & les Pha-
n ou le S. Efprit s'eft ma- » rifiens commetioient %
3> nifefte en tant de ma- 33 en attribuant au De-
33 nieres & par des ope- 3> mon l'operation di-vine
33 rations & des ocuvrcs 33 du S. Efprit, qui chaf-
33 ii eclatantes de fa ver- 33 foir les Demons des-
33 tu ; qu'on ofe , dis-je , 33 corps qu'ils poile-
33 appeller le nid de I'tr- 33 dcieut. Lettre du Pere
33 reur ce fanttuaire de la Quefnel du 17 fepttmbr&
33- vcrite & de la chariie , 1715.
» k ne uois pas que ce |
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III. P A R T I E. LlV. I. 327____
vent eftentiellement preceder de pa- 1708,
reils jugemens. Le Pape poar y fup- f>leef , declare qu'il deroge a routes
es loix qui les prefcrivent. L'expe- dient eft admirable. La conduite du Pape a l'egard des Ctr.
religieufes P. R.des Champs eft d'au- foancg°enJu£ rant plus furprenanre , que ces filles clement xi & • a 1 / l'esard des re-
ne pouvoient etre regardees comme lig]eufes dc:
coupables d'aucune faute dans l'affai- ?• R. de» re pour laquelle on les perfecutoit ft c am£S* eruellement. En effet M. de Noailles ne les avoit privees des Sacremens , & ne leur avoit fait tous les autres traitemensinhumains dontnous avons. parle, que parcequ'elles avoient ajou- tc la claufe Jans deroger a ce qui avoit ete fait en leur faveurala paix de Cle- ment IX, dans le certificat qu'on leur avoit demande. Or M. de Noailles avoit pafle fes pouvoirs, & etoit alle- au-dela de ce qui etoit porte par la Bulle Vineam , en exigeant des reli- gieufes de P. R. une fignature & un certificat que cette Bulle n'exigeoit pas. z°. La claufe qu'il rejettoit etoit une marque du profond refpecT: que les religieufes de P. R. coniervoient pour tout ce qu'avoit fait un fouve- rain Pontife predecefleur de Clement XI j & fon Eminence en les privanr |
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528 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAI,.
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1708. des Sacremens pour cette pretendtie
faute, puni(Toit line exa&e obeiifance aux decifions des fouverains Pontifes. 30. Le Pape ai'ant defendu d'ajouter a fa Conftitution , de l'interpreter & d'aller au-dela de ce qu'elle prefcrit, il etoit en droit de fe plaindre de M. de Noailles, & de lui demander par quelle autorite il avoit excommunie des fitlles qui avoient obei a cette Conftitution comme les autres com- munautes du Roi'aume , & qui avoient meme ete plus loin qu'il n'etoit pref- crit par la Bulle, le certificat qu'el- les avoient donne pour obeir a leur Archevcque etant inutile , puifquele S. Siege ne l'exigeoit pas. Qui ne s'e- tonnera que des raifons li folides n'aient fait aucnne impreflion fur l'ef- prit du Vicaire de Jefus-Chrift,& qu'il ait livre les epoufes de ce divin Sau- veur a la fureur de leurs ennemis, au lieu d'etre touche des ttaitemens bar- bares & inhumains qu'on leur faifoit foufFrir fi injuftement, & de prendre la defenfe de l'innocence opprimee dans leur perfonne ? Qui ne s'eton- nera, que non content d'avoir donne fon confentement a la fuppreffion de leur monaftere, il ait encore ordonne qu'on enlevat clepauvres filles foibles |
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III. P A R T I E. LlV. L }±9
&infirmes, accablees la purpart par
le poids des annees & des innrmites, d'un lieu ou elles s'etoient confacrees a Dieu dans l'efperance d'y finir leurs jours , pour les difperfer de cote & d'autres dans des monafteres Gran- gers , & les reduire dans une dure captivite fous des Superieures ou pre- venues contre elles , ou pour le moins indifferentes a leurs maux & a leurs befoins ? Qui ne s'etonnera du mepris qu'a fait le Pape par une telle Bulle , du vceu de ftabilite fi religieux & fi faint, de 1'impuiflance ou il a reduit de faintes filles de garder leurs regies & leurs Conftitutions j de l'extinction de tout fervice divin dans un monaf- tere , ou il fe faifoit avec tant de di- gnite & d'edification ? Qui ne s'eton- nera , quele fouverain Pontife ait aim! traite des vierges chretiennes, qui n'etoient coupables que parcequ'elles avoient des ennemis puiflans qui ne pouvoient fouffrir l'eclat de leurs ver- ms , & de malheureufes fceurs qui vouloient envahir leurs biens, & ne vouloient pas attendre leurmortpour s'en emparer ? Qui ne s'etonnera en- fin que le Miniftre de Jefus-Chrift fur terre, ait ete le miniftre d'une li gran- de injuftice , & ait fait une chofe 11 |
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$}0 HlSTOlRE DE PoRT-ROlAI.
L h-708. contraire a fes obligations , dont la
principale confifte a proteger la piete
& la verm lorfqu'elles font oppri-
mees(<J8}?"
cm. Avant que cette feconde Bulle pa-
Letreano- . 1 ,, r . ,. -.. ,l ,
nymekiitearut3 on-homme d eiprit & deplete,
m. de Noail-touche de voir M. de Noailles s'en- gager de plus en plus dans cette mal- heureufe affaire, lui ecrivit unelet- tre des plus folides & des plus rou- chantes (69) pour tacher de lui ou-- vrir les yeux fur les fauffes demarches qu'on lui faifoit faire. « Ce qui me ■• fait trembler, dit 1'auteur de cette » lettre , c'eft de voir votre Eminence
: ........... .
(«8) Voi'cz cette fecon- ibid. Nous nous conten-
de Bu'Ie( ainfi|que U pre- tons d'indiquer ce" pieces miere) dars les Mcmoi- qui font ties im['or>an- res fur la deihu&ion de tes, n'etant pas poffible P. R. dans l'hifloire dela de leur donner place dans derniere perfecutiim , oil une hiiloire , ni nieme dies fe ttouvent en latin d'en donnet des extraits. & en fran<;ois, 8c dans les (C?) Voi'ez cette lettre M^moires hift. T. <j , cu en entier , patmi les pie- elles font fculement en ces fur la deftru&ion de francois, mais accompa- P. R. p. 440. I/Auteur pnees d'examens , de con- Acs Memoires hill. 1'a in* fiderations , ou Memoire fereedans fon 5T. p. n8> fur la feconde Bulle tou- 13 -, & il nous apprend chant la fuppreffion de dans une note , p. 131 > VAhbait de P. R. des qu'elle a ere ecrite pat Champs , par MM. Ala- MM, Mabille 8c Berlin , bille & Benin. Les exces qui avoient foin de re- de cette Bulle y font ex- cueillir tout ce qui fe paf- pofes 8c reduits a dix-huit foit fur cette gtande af- ettentats , ibid, p. i«i , faire. 541. Reflexion gene'rale , |
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III. P A K T I E. L'lV. I. JJI
engagce avecfes propres ennemis _, pour
la confommation de cette ceuvre de te- nures' II lui remet devant les yeux la trifle fin de fes deux predeceffeurs, dont le premier qui avoir en parrie repare le tort qu'il avoit fait, etoit mort dans des regrets cuifans de ce qu'il avoit fait contre les religieufes de P. R. ;•& l'autre au moment qu'il meditoit l'execution de fes cruels & injuftes defTeins contre elles, avoit ete frappe d'une mort fi terrible qu'elle fit horreur aux perfonnes les moins touchees de religion. » Quel juge- » ment, continue l'auteur de la let- »> tre, ces deux morts portent-eiles » contre vous, Monfeigneur, fi vous » mortez la derniere main a ce qui » peut-etre a fait le fceau de leur » condamnation ? Depuis plus d'un » an votre Eminence prive des Sa- » cremens des vierges faintes , qui " font la bonne odeur de Jefus-Chrift » dans tout le monde chretien, & » qui, pour me conformer a. ce que » vous m'avez dit autrefois, font la » plus faine partie de votre trou- » peau «. Tout eft mis en ceuvre dans cette lettre , pour tacher de tou- cher le Prelat : on emploie la vue du jugement de Dieu s auquel il alls- |
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3 J i HlSTOrRE DE PoRT-ROlAt.
j 708. guera en vain fa pretendue impuif-
lance de faire ce qu'il fouhaiteroit pour l'appui de l'innocence j on lui reprefente » que la timidite eft un » defaut dans un Eveque des plus en- s' minels & des plus dangeieux pour " les fuites; que fa foiblefTe ferr de » fondement a fes ennemis pour le « decner dans l'efprit du R01 j que " par fa fermete il leur fermeroit la » bouche; qu'en fatisfaifant a fa conf- » cience & au devoir de fon minifte- » re, il fe feroic un honneur infini j » que l'hiftoire de cette affaire fera » ecrite,&qu'ellecouvrirad'uneeter- " nelle ignominie , tous ceux qui au- » ront prete leur miniftere a une fi hor- » rible injuftice; qu'il attirera far lui " la malediction de Dieu, en perfecu- » tant & detruifant la maifon la plus » reglee & la plus edifiante,non-feule- »• ment de fon Diocefe,mais peut-etre ■» de tout le Roiaume & de toute l'E- " glife de Dieu ; qu'on abandonne a " fa difcretion le choix des moi'ens » pour detruire cette maifon, arm de " rejetter fur lui toute l'horreur d'une » entreprife fi odieufe; que les obf- » tacles & les difficultes qui fe ttou- » vent dans l'execution de tous Les » moi'ens qu'on a pris jufqu'a prefent, |
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■ III. P A R T I E. L'lV. I. J}} _______
font autant de voix qui lui crient 1708.
quele doigt de Dieueft laj que c'eft une chofe digne de l'attention de fon Eminence de voir un petit nombre de perfonnes fans force 8c fans appui, invincibles aux mena- > ces, aux attaques & aux efforts des
1 demons encore plus que 'des hom- ■ mes ^ que ce font des voix qui fe ' font entendre a tous ceux qui veil-
• lent les ecouter ; & malheur a ceux 1 qui ferment les oreilles; que Dieu » parle aujourd'hui, & que peut-etre > il ne parlera pas demain. L'Auteur
joute que » les malheurs dont la > France eft accablce font encore
> d'autres voix qui ne font pas moins
> fenfibles; que tout le monde a la
> cour & a la ville eft frappe de ce
> que depuis qu'on a jure la perte de
> P. R., il n'y a plus que deconcer-
> tement dans nos Confeils , que la-
> chete dans nos Generaux , que foi-
> bleffe dans nos troupes , que defai-
> te dans nos batailles 5 qu'il paroit
> que Dieunousarejettes, & qu'il ne
> marche plus a la tete de nos ar-
> mees, autrefois fi redoutees & tou-
' jours vidorieufes jufqu'a la refolq- >' tion prife pour la ruine de cette " maifon «. Qu'il feroit a fouhaitec |
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3 34 HlSTOIRE DE PoRT-ROl AL.
1708. <llie M. de Noailles eut profite des
lages avis que cette lettre contient! Mais la fuire ne nous fera que nop voir le conrraire, clans la conduite qu'il tint a l'egard des innocentes vic- times de la jmeur du Molinifme , & dans l'execution de la feconde Bulle qui lui fat adreifee. ciiii. Les religieufes de Port-Ro'ial des
testeligteu- o. n~ j
Us de p. r. Champs aiant eu connoiliance de
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tape.
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*" cette Bulle , par une copie que la me-
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re Prieure en recur le xo novembre ,
elles fe preparerent a confommer leur facrifice (70), tandis que celles de Pa- ris fe rejouiifoienr comme font des viclorieux qui partagent des depouil- les apres avoir remporte la vi£toi- re (71). Quoique ces faintes filles ne doutaffent point que la mine de leur maifon ne flit arretee, & que toutes les demarches qu'elles pourroient fai- re ne fuflent fans fucccs , elles ecrivi- rentle 25 de novembre au Pape (72} (70) Lettre de la mere tnent applaudie , & clle
Prieure a Mademoifellefa eprouva de la conuadic- l'ucur. Mem. hift. T. 5 , tion , mime de la part de p. 190. quelques gens dc hien qui (71) On dit qu'il y eut trouverent a redire A la
un Tt Deum chants a ce declaration que les reli- fujet a P R de Paris. gieufes y faifoient deleurs (71) Voi'ez cette lettre l'entimens , pretendant
T. j. p. 169, 180 , des qu'elle etoit obfcure, 8£
Mem. hift. la lettre au renfermoit des expreflions
I'ape ne fut pas generale- qui pouvoient cue wai
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III. P A r t i JL Llv. I. 335
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une lettre dans laquelle apres s'etre 1708.
juftifiees, elles conjurent Sa Saintete par les entrailles de Jefus-Chrift de ne pas permettre qu'on derruife un monaftere de religieufes, le premier de l'Ordre dedteaux qui air pris la rcforrae en France, dans lequel par la grace de Dieu, la regirlarite fe maintient encore en vigueur •, qui dans roures les occafions a donne des preuves inconteftables de la purete de fa foi & de fon refpect uucere {iour le S. Siege, & contre lequel el-
es defient qui que ce foit de pouvoir allcguer une feule caufe canonique fur laquelle on pii'iife appui'er 1'gxtuic- tion du tirre de leur Abbaie. Les re- ligieufes finifloient leur lettre en fup- pliant Sa Saintete de raifiirer le Roi contre les faufles allarmes qu'il a pri- fes a leur fujet, en lui temoignant qu'elle eft contente de leurs fenti- mens & convaincue de leur innocen- ce par tout ce qu'elles viennent de lui expofer. Les raifons convaincan- tes par lefquelles les religieufes re- pouuoient les accufations formees contre elles & juftirloient leur con- intcrpt£tees.Ma:s la Prieu- 1709. foi'ej ib. p, 181,
re leva leurs difficulty par &s, line kvtti du 15 feyrier |
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}}6 HlSTOIRE DF. PoRT-ROlAt;
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1708. duite& la purete de leur foi, ne fu-
rent pas capables de toucher le Pape, ni de le leur rendre favorable. La ca- bale de leurs ennemis etoit 11 puiffan- te qu'on ne daignoit pas meme les ecouter. LeftdTgicu- Quelqu'engagement que M. de fcs de v. r. Noailles eut pris contre les religieu- de"Noaiiies' ^es de P- R* des Champs, elles ne &auRoi. laiflferent pas de lui envoier la lettre qu'elles avoient ecrite au Pape pour fe juftifier contre l'accufation d'he- refie formee contre elles. Elles ecri- virent en meme-tems a Son Eminen- ce (73) , & joignirent a leur lettre celle qu'elles avoient ecrite a SaMajef- te (74); mais qu'elles n'avoient point encore ofe faire prefenter, ne fachant fi cette demarche convenoit dans l'e- tat oii etoient les chofes. » Le vif » fentiment de leur innocence , di- » fent ces faintes filles, les a obli- » gees de faire ces demarches, afin " de n'avoir rien a fe reprocher. Car « quoique les juftifications paroiffent (7 j) Cetre lettre fe trou- bre. M. de Noailles afTu-
ve dans les Mem. bifti T. ta depuis,le Cardinal d'Ef-
5. p. 19; , 500. trec6 , qu'il l'avoii remife
(74) Voi'ez la lettre au au Roi; mais les treyen-
Roi, ib. p. :oo, 104 El- tions de ce grand Prince
le eft du meme jour que etoient fi grandes, qu'il
fdle au Pape, ij noyera- n'en lint comptc.
aflez
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HI. P artie. Llv.I. 337
aflez inutiles , quand les differen- "TtoST" tes paffions des hommes fe reunif- fent tellement pour obfcurcir la verite & lui fermer tout acces au- pres des puiflances, qu'elle tie trou- ve plus de defenfeur qui ofe s'ex- pofer pour elle; cependant dans ce cas-la meme les perfonnes accufees n'en font pas moins obligees de faire tout leur poffible pour faire connoitre leur innocence. Elles ajoutent que fi les cris redoubles de ceux qui abufent de la confian- ce des Princes les plus pieux, etouf- fent leurs voix , elles auront au moins la confolation d'avoir prou- ve a toutes les perfonnes deiinte- reflees & non pre/enues, qu'elles fouffirent fans etre coupables 5 8c que leurs juftes defenfes , rejettees ici-bas, feront portees au tribunal de Dieu, ou tout fera juge au poids du fan£buaire; qu'on pourra bien detruire un Monaftere ou elles ofent dire que Dieu a ete fervi en efprit & en verite depuis cent ans que la reforme y eft etablie j mais que les cendres de tant de faints qui y repofent, demanderont fans ce(Te au tribunal du Dieu vivant juftice d'une telle vexation ; qu'e - Tome IX. P
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5 3 S HlSTOIRE DE PORT-ROIAI.
» les auront toujours cette confola-
" tion qu'il ne.fera detruit, & qu'el- » les n'en feront chaffees , ni pour » s'etre relachees dans leurs mceurs, » ni pour avoir laifTe aftoiblir la dif- ■>■> cipiine reguliere , ni pour avoir •> fait aucunes depenfes faftueufes & » fuperflues.... mais feulement par- » ceque les religieufes de Paris , en- « vieufes de la benediction qu'il a " phi a Dieu de repandre fur la mai- m fon de P. R. des Champs, jugent » a-propos d'emploi'er routes fortes » d'artifices pour reparer les ruines » de la leur par la deftruction de cel- » le des Champs. Helas ! quel trifte >> partage pour les religieufes de Pa- » ris , que cette grailTe de la terre ! » 11 n'y a rien que celles de P. R. des y> Champs ne fuftent pretes de faire » & de foufFrir pour obtenir que » Dieu leur ouvrit les yeux & leur m fit concevoir que la diffipation de » leurs biens , fans parler de tout le » refte, eft une punition vifible de » la maniere dont elles les ont eus , » & de leur feparation d'avec leurs « fours. C'eft-la ce qui touche plus » fenfiblement les religieufes de P. R. » des Champs ; car au fond , difent- » elles, etantprefque toutes a la pone |
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III. P A R T t E. LlV. L |J9
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s> de I'eternite par leurs infirmites & 1708.
» par leur age , il leur importe afTez » peu de quelle maniere elles ache- s' veront leur courfe , pourvu que » Dieu leur fafle la grace de lui etre » fidelles jufqu'au bout j mais elles » ne fauroient etre infenfibles au j> tort que leurs fceurs qui fe font fe- " parees d'elles , fe font elles-memes, 'j & au trefor de colere qu'elles s'a- » malfent pour le jour de la ven- « geance «. Une lettre fi rouchante ne fit au- civ.
cune impreffion fur l'efprit de M. de SaSe^md" Noailles, & il eut la durete de faire une reiigieu- refufer les Sacremens a une religieu- e mouiantt fe qui mourut peu apres. Cette reli- gieufe etoit la foeur Marie Michelle de Sainte Catherine le VavafTeur , paralytique depuis long-tems. Des le mois d'aout precedent, M.
de la Londe avoit ecrit a M. Vivant pour favoir fi on la laiflTeroit mourir fans Sacremens. M. Vivant envo'ia la lettre a. M. le Cardinal, qui 6toit a Conflans. Sa reponfe fut qu'il n'avoh rien a dire que ce qu'il avoit deja dit. M. Vivant en rendant cette reponfe au Domeftique , a qui il la donna par ecrit , lui dit de prier Dieu pour la converfion des faun. Le Domeftique Pij
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34° HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt.
1708. plus fage (75) & plus equitable que
I'Ecclehaftique qui lui parloit de la force , repondit humblement qu'il at- tendoit Ja converfion de leurs prieres. La malade languit jufqu'au 8 decern- bre fuivant, qu'elle retoraba en apo- plexie & dans une efpece de lethar- gie. Le Chapelain en ecrivit a M. Gilbert, Superieur de la Maifon , qui ai'ant re$u la lettre partit aufll-t6t pour Conflans. Son Eminence fit reponfe qu'i'Z falloit la laijfer mourir fans Sa- cremens , a moins qu'elle ne fignctt , & qu'il riy avoit rien d ejperer de lui tant que les religieufes demeureroient dans I'etat ok ellesietoient. L'Auteur de l'hif- toire de la derniere perfecution de P. R., apres avoir dit que M. le Car- dinal fut inflexible & ne voulut ja- mais permettre qu'on lui adminiftrat les Sacremens , ajoute que la Provi- dence y fupplea, & que la malade eut la confolation de les recevoir par le {75) Ce Domeftique , che toute la nuit autour
nomme Jean Laifnc , fer- de Paris fans pouvoir y
voit a P. R. en qualite entrer , a quoi il ajoii'A
de Serrurier. Lorfqu'il y que Dieu le vouloit a P.
vint, il etoit d'un carac- K On fe laiiTa flechir par
tere (I difficile qu'on flit fes larmes , il fut recu , &
oblige de le renvoYer. donna depuis ce jour juf-
Mais on fut fort etonne qu'au derniet moment da
de lc voir revenir le len- fa vie un exemple admi-
demain , & de lui enten- rable dc douceur, de rno-
dre dire qu'il avoit mar- deftie , d'humilite, d'Q'
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III. P ARTIE. L'lV. I. J4i
lno'i'en d'un bon Pretre (76), qui ren-
du quelqiie-rems apres le meme fer- vice a line autre religieufe (77). II eft difficile de concilier ce fait avec l'etat de la malade , qui etant tombee en apoplexie & en lethargic le 8 , ne pouvoit recevoir les Sacremens , ii ce n'eft celui de rExtreme-ondion. Elle |
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avoit de quitter fa chere
folitude qui le faifoit pleil- rer. L'ami en fut edifie Sc le renvois. Ontrouvafon corps entier lots de l'ex- humarion. (76) Ce bon Pretre etoit
M. Jaques Gres, du Dio- cefe de Bayeux , Chape- lain de S. Jaques de i'Ho- pital, ami de P. R. Il fut oblige de s'enfuir pout avoir adminiftre les Sa- cremens a ccs faintes fil- les, qui en etoient injuf- tement privees, & alia fe confacter au fervice des pauvres de l'Hopital de laval , oii il refta 11 ans fans etre connu. Force par I'ennemi de tout bien d'en fortir , il fe refugia a .Palis , oii il eft mort le 1 i mars 1744 > & repofe au Cimetiere de S. Eticnne du Mont. Mem. hijt. T. 6. p. 606. T. 7. p. 543. Nouv. EccUf, 13 juillet 1744. (77) La Soeur de Sainte
Ringarde Ferrier , morte le 1^ mars 170?. Piij
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beifTance , de penitence ,
en un mot de routes les Venus < hretiennes. ll don- noit aux pauvres lout ce qu'il avoit, en forte qu'on tut oblige de donner ks gages a une perfonne pour tas lui garder. Pendant fon travail il etoit tout occupe de la priere ; 6c lorfqu'il ne pouvoit le quitter pour venir a l'E- gl'.fe , lorfqu'il entendoit lonnet la Meile , i} y.af- iiftoit en efprit. Si quel- qu'un venoit lui par'er pendant ce tems, laiffe%- moi , je vous prie, difoit- il , j'entens la Meffe. Il mourur le ij fevr. 1709 , age de 58 ans, dont il en avoit paffe is a P. R. (ans en fortir, rant il avoit de gout pour cette fa'nte folitude. Un jour qu'on 1 avoit charge de condui- le a Paris un ami, lorf- qu'il fut a quelque diftan- ce de la maifon , l'ami s'apperc;ut qu'il pleuroit; & lui en aiant demande le fujet, Laifne lui avoua que e'etoit le regret qu'il |
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J4* HlSTOIRE DE PoR.T-R.01AI..
ijo$. n'etoit point non plus en etat de fi-
gner les lettres a M. de Noailles & au Cardinal d'Etrees , quoique fon nom fe trouve parmi les aurres : c'eft une meprife de la part de 1'Auteur de l'Hiftoire de la derniere perfecution. t^iLVI' .• Dans le meme-tems que les reli- vent le 14 gieufes de P. R. des Champs ecnvi- SVtrent a M- de Noailles , elles fe cru- uces. rent obligees de rendre compte a M. le Cardinal d'Etrees de leur lettre au
Pape , en confideration des foins qu'il s'etoit donnes autrefois , etant Eveque de Laon, pour la confommation de la paix de l'Eglife en 166S. Elles lui parlent dans leur lettre de cette paix & lui temoignent le defir qu'elles ont que ce foit encore par fon moien que Dieu falfe connoirre la verite , comme il fit en i G6<) que la purete de leur foi & leur innocence fut folemnellement reconnue. Elles lui marquent qu'il fuffiroit peut-etre que fon Eminence fe fervit de leur lettre au Pape pour faire connoitre qu'etant encore dans les memes fentimens qui avoient ete 11 folemnellement approu- ves , on ne pouvoit les traiter comme on les traitoit fans miner une paix qui avoit fait tant d'honneur au Saint Siege & au Roi, & qui avoit ete fi |
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III. Partis. Llv. I. J43________
utile a l'Eglife. C'eft fur quoi elles 1700.
n'ofent cependant rien demander a fon Eminence, ne fachant ce qui peut lui convenir ; mais elles font trop perfuadees de fon equite & de fes lumieres pour ne pas efperer qu'elle leur rendra au moins dans les occa- fions qui fe prefenteront toute la juftice qu'elles ont lieu d'attendre de fa piete & de fa generoiite (78). Le Cardinal fut touche & attendri
de cette lettre , & fon cceur le portoit a fe preter au fecours de l'innocence, mais la crainte de deplaire au Roi 1 arreta. Tandis que les religieufes de P. R. Slvlh
des Champs juftifioient leur innocen- ment de u ce , leurs Parties appuiees de l'auto- Bulls du 017 rite des 1'uiHances contmuoient de pour la ftm- travailler a leur deftrudion. Elles p1?S°" ¥ . . , lAbbaie de
avoient obtenu ie 14 novembre des p. r. des
Lettres patentes pour faire enregiftrer chamPs< au Parlement de Paris la Bulle du 27 mars 1708 , qui fupprimoit l'Abbai'e de P. R. des Champs & en reunifTcit les biens a P. R. de Paris. Les Let- tres patentes pour l'enregiftrement de la Bulle furent fcellces le 9 decem- bre, malgre les abus & les attentats (78) Voi'ez cette lettre, T. 5. des Mem, hift. p.
30T » uo.
P iiij
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5 44 Histoire de Port-R. oi At.
de cette Bulle contre les libertes de l'Eglife Gallicane, & malgre la refif- tance du Chancelier ( de Pontchar- train) qui relifta long-tems. On avoit expofe ces abus & ces attentats dans un memoire qui frit mis dans l'anti- chambre de ce Magiftrat le 30 no- vembre. On lui envoi'a encore le me- me jour (79) un memoire ou on lui reprefentoit l'obligation qu'il avoit comme chef de la juftice , d'emploier fon autorite pour que les loix de l'E- glife & du Roi'aume ne fulfent pas violees dans 1'afFaire des religieufes de P. R. des Champs. En vain ce Ma- giftrat reprefenta au Roi l'injuftice fake aux religieufes de P. R. des Champs par une Bulle qui les con- damnoit fans qu'elles euflent ete en- tendues, & qui les diffamoit. En vain il lui remontra qu'elle renfermoit des abus intolerables jufqu'a deroger aux Conciles (Ecumeniques. Rien ne fut ecoute , tant on avoit prevenu l'efprit du Roi ; & l'iniquite prevalut. Le Chancelier fe rendit & fcella les Let- tres patentes qui furent envoi'ees avec (79) On croit que ce court mais tres folick.
fut Madame la Marquife Vdi. Mem. hift. T. %• p>
de Vicux-bourg , qui en- 187.
voi'a ce Memohe , qui eft |
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III. P ARTIE. LlV. I. 345
la Bulle le 9 decembre a P. R. de Pa-
ris , 011 on chanta le Te Deum. Ces religieufes etant munies des
Lettres patentes qu'elles avoient ob- renues , prefenterent requete a la Grand'Chambre du Parlement le 14 decembre fuivant, demandant l'enre- giftrement de la Bulle & des Lettres patentes. Sur cette requete (80) , M. d'AguerTeau, Procureur general, (de- puis Chancelier) donna des conclu- fions favorabies (81). Sur ces conclu- fions, la Cour donna le 19 decem- bre 1708 un Arret , qui ordonnoit l'enregiftrement de la Bulle & des Lettres patentes pour jouir par les im- petrantes de l'effet y contenu (82). Le Requifitoire du Procureur ge-
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708.
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(80) Mem. hift. T. 5.
P- in. C81) Les religieufes cie
P. R. des Champs avoient fait remettre le 9 decem- bre a ce Magiftrar le Mi- moire des ahus c? atten- tats , Jonr le Chancelier avoir ete frappe ; mais le Procureur general ne le fur poinr , du moins il ri'y eut aurun egard. On le porta auffi le 18 de ce mois, veille de l'enrcgif- trement, a\i Premier Pre- sident , au Raporteur , & auttes. Mais tow cela filt inutile. |
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(Si> Voi'ez ces- Lettrej
patentes, ib. p. ; 1 j ; l'at- ret d'enrcgiftrement, ib. p. 528 II eft bon de re- mirquer que l'enregiftre- ment fe fit avec la mo- dification fuivante : Sans approbation de la claufe , portant derogation aux Conciles generaux, &fans que ladite claufe puiffe en aucun cas etre tiree d con- Jequence, comme aujfifans prejudice de Vautorite &■ jurifdittion desOrdinaires & des liberies de I'EgliJe Gallicane. |
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V v
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J4<j HlSTOIRE DE PoRT-ROlAI..
""".jVoST" neral etoit ainfi con$u : » Requiert
» pour le Roi que la Bulle du xy » mars 1708 , &c les Lettres patentes » de Sa Majefte, foient enregiftrees » au Greffe de la Cour pour etre exe- » cutees felon leur forme & teneur , » fans prejudicier neanmoins aux » droirs & privileges de la Couron- » ne & aux libertes de l'Eglife Cat- si licane «. Nous ne voions pas que les religieufes de P. R. des Champs aient forme opposition a l'enregiftre- ment des Lertres patentes. Cepen- dant on en trouve une parmi les pa- piers des religieufes , que l'Aureur des Memoires hiftoriques a inferee dans fon cinquieme Tome , p. 321. Peut-etre qu'apres l'avoir drefTee , on aura cru devoir la fupprimer. CLvni. Le courage de ces vierges chretien- rehgieufes Ines "oit admirable dans la cruelle fi- ta vue dcstuation oil elles fe trouvoienr , a la X" font me-veille d'etre difperfees & reduites en «acees. captivite dans des monafteres etran- gers & preVenus contre elles. Mais la vue des maux dont elles etoient menacees ne les abbattoit point. Le fouvenir des mifericordes de Dieu , Joint a l'efperance qu'il ne les aban- donneroit point, & qu'il ne permet- uoit point qu'elles fuffent ten tees au- |
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III. P A R t i e. Liv. I. H7'
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deli de leur force , les foutenoit (83). 1708. '
Leur confiance etoit telle , qu'elles . croioient devoir attendre de pied -fer- ine tous les plus mauvais traitemens rmxquels elles pouvoient etre expo- fees , plutot que les eviter par la fui- te, comme un ami le leur propofa dans un ecrit qu'il avoit fait pour les foutenir dans leur epreuve. Malgre les exemples qu'on y alleguoit, ce par- ti ne leur paroifToit convenir , ni a leur fexe , ni a leur vosu. Je vols des exemples confiderables , dit la mere Prieure a qui. cet ecrit avoit ete en- voie & qui le trouvoit trks beau & tres folide; mais 3 ajoute-elle , il me femble qu'il y a encore bien de la diffe- rence par le fexe & par le vxu. Atten- dons & ne cedons qu'a la violence. » J'efpere que Dieu nous foutiendra, » puilque nous ne pouvons en cette " affaire chercher que lui. II eft le " moderateur de routes chofes, & ne » pennettra pas qu'on nous rente au- ^ctlx; „, w deia de nos forces. aux reiigieu- L'ecrit dont nous avons parle etoit foSrt|°tur \
bien propre a fortifier les religieufes dans Jeg&rL dans de h faintes difpofitions, par les °"J% ™Jl belles maximes que l'auteur y propo- mis aune re- liaeufe fie fe
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(8;) Lettre de la mere Prieure du 17 dfcembre. fouftraire a la
Mem. bift, T. j. p. 514. perf-cucion |
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p vj parlafuiic
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34& HlSTOIRE DE P0RT-R0lAt:
1708. f°it d'abord & par l'exemple de leurs
anciennes meres qu'il leur remettoit devant lesyeux (84). Enfutte M. Ma- bille ( c'eft le nom de Fauteur) , fupo- fanr que les religieufes auxquelles iL parle., avoient les memes fentimens de droiture , de fincerite , de fou- miffion & de patience , leur dir , » qu'elles n'ont plus qu'a ajouter les « maximes de prudence que la necef- » fire prefente les oblige de mettre » en pratique dans l'extremite 011 on ■» les reduit « j fur quoi il entre dans le detail de la maniere dont elles doivent fe conduire , i°. a l'egard des perfonnes qui blament leur con- duite & les trairent d'opiniatres &c d'entetees, z°. a l'egard de leur Ar- cheveque auquel elles ne doivent que l'obeiflance generate comme a leur Eveq. diocefain &leurfuperieur,rnais qui ne concerne point leur affaire prer fentQ , fur laquelle il ne peut rien leur prefcrire etant appellantes de fes Or- donnances. 30. enfin par rapport aux traitemens qu'on pourroit leur faire fubir en vertu de la Bulle. » Com- » me les rigueors de cette Bulle font »- exceflives, dit-il, & qu'elles font (84) On- rapportoit dans l'ecrit un long extrait cfe
EaQe llgnele. usaoiu ifi^j, pat les religieufes de P. R» |
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III. Partie. Liv. I. 349_______
» conformes a celles que prefcrit le 1708.
» Tribunal de l'inquilition romaine >. en fait d'herefie, qui eft le crime » qui fert de principal fondement a » cette Bulle, il peut venir dans 1'ef- » prit des religieufes condamnces, " des reflexions capables de leur don- " ner une jufte crainte d'etre expo- " fees aux plus grandes foufFrances «. Apres avoir rapporte ces reflexions, notre Auteur continue ainli. » Tout " cela done peut former dans l'efprit » une crainte capable d'ebranler les » plus conftantes, & de leur faire » prendre la refolution de fe fouf- » traire a une 11 grande vexation , fi « l'occafion s'en prefentoit «. Mon- fieur Mabille , bien loin de> blavner celles qui prendroient une telle refa- lution, dit , qu'on n'a rien a oppofer qui puijje abfolument condamner ces fortes de forties. II remarque que e'eft un exces dans Tertulien, dans lequei cet Auteur n'eft tombe qu'apres ctre devenu Montanifte , d'avoir fonte- nu qu'il n'eft pas permis de fair dans la perfecution , & qu'il avoit recon- nu etant catholique , dans fon livre de la patience, que cela eft permis., » On peut remarquer de plus _, dit-il•„ « que les religieufes, ne font pas plus. |
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3 50 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt.
» obligees a leur cloture s ni a leur
" Jiabilite j que les Eveques a la con- » duke immediate de leur troupeau, » Or i'on fait que faint Cyprien con- » fiderant que les paiens avoient une » haine toute particuliere pour lui, & » que fa presence au lieu de fervir a « ion troupeau lui nuiroit plutot, ne » fit pas difriculte de fe retirer. M. Mabille , apres avoir cite plu-
iieurs autres exemples d'Evcques, qui ont fui pour fe fouftraire a la perie- cution , tire cette conclufion : " Par routes ces confiderations ,
» on ne voudroit pas blamer la con- » duite d'une des religieufes dont il » s'agit, ii elle prenoit la refolution " de mettre fa perfonne en furete » par ces motifs-ci, favoir r » i°. Parceque ce font des vexa-
» tions d'un genre tout particulier , » & qui peuvent etre pouflees jufqu'a » routes les peines qu'on fait fouf- » frir aux heretiques condamnes. » i°. Parceque ce font des vexa-
» tions qui dureront toute la vie , & m dont on ne peut voir la fin fans » miracle. " 3°. Parceque Ton peut craindre
?> de fuccomber a la fin par ennui , *> par la privation abfolue de toute |
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III. P A R TIE. L'lV. I. J 51
5. confolation fpirituelle & tempo-
» relle. » 4°. Parceque ce petit etre pour
» avoir plus de moi'en d'etre utile aux » autres , de les fecourir par foi-me- » me on par autrui, & de faire tout « ce qui fera neceffaire pour le bien « de cette affaire , s'il y a quelqu'oc- j; cafion. => 5*. Que la cloture & la ftabilite
» font rompues par la violence & -» par une force etrangere. » 6°. Parceque ce n'eft pas pour
« rentrer dans une vie feculiere, •» mais pour fe renfenner auflltor » qu'on le pourra dans une cloture » inconnue , mais reguliere, ou Ton » puifTe etre attentive a tout ce qui » fe prefente pour le bien des per- il fonnes dont on eft feparee. » 70. Parcequ'il n'y a point de
» fcandale a l'egard des perfonnes » qu'on quitte, puifqu'on en fera fe- » pare malgre qu'on en ait, &c. » 8°. Parceque les etrangers qui en
» pourront prendre fcandale , font « des gens qui font fcandalifes de » la pretendue opiniatrete oil ils: » croient que ces religieufes penlf- » tent, qui leur en font un crime , » & qui ne cefleront pas de fe. fcan.- |
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351 Histoir^dePort-RoYal.
» dalifer , quand elles fouffriroient
» le martyre & la mort.
» 5>°. Parceque cette refolution
« n'eft prife qu'a la derniere extremi- » te,& lorfque tous les autres-moiens » humains manquent. " Qui douce done, concluc Man-
» fieur Mabille , qu'en ce cas une « telle conduite nefoithors debla- »> me, & qui feroit aflez imprudent » pout la blamer ? «■ Les circonftan- ces des terns prefens 3 ou tant de vier- ges chretiennes gemiflent dans l'op- preflion & les cachots , 8c ou plufieurs memes ont eu le malheur de fuo- combet j ces circonftances , dis-je , exigeoient que nous rendiffions comp- te d'un ecrit ou fe trouve juftifiee la conduite de celles qui ont pris le parti de la fuite , par la crainte de leur foiblefTe. Mais fi l'amour de la verite les a forcees a une demarche ii extraordinaire , elles ne doivent ja- mais perdre de vue les obligations de leur etat, 1 attention a en confer- ver l'efprit, & le defk d'y rentrer. Aucune des religieufes de P. R. des
Champs ne crut devoir fe fouftraire par la fuite aux vexations dont elles etoientmenacees j & elles attendoient toutes. dans une grande tranquillite., |
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III. P ARTIE. Liv. I. 35*
que Dieu difpofat d'elles. Les parens 1708.
de quelques-unes fkent des demar- ches aupres du Cardinal pour obte< nir la liberte de les mettre dans quel- ques couvens a leur choix. De ce nom- bre farent MM. Benoife & Robert , Confeillers au Parlement , qui de- manderent cette grace pour leurs foeurs mais fans leur participation: fon Eminence repondit que cela ne preflbit pas, & qu'elle -auroit egard a leur demande. Le premier etoit d'avis, comme il le temoigna dans une vifite qu'il fit a P. R., qu'on laif- fat agir le Cardinal fans faire d'op- pofition , pretendant qu£ ce feroit le moien d'eviter la difperfion. Mais la mere Prieure penfoit bien differem- ment. llfautfie difendre jufiqu'a la fin, & faire Jon devoir, dit-elle dans une lettre du 31 decembre. Nous eprou-. vons depuis troh ans 3 qu'on eft trop heureux dans quelqu'etat que les hom- ines riduifent, quand la confidence ne reproche rien. J'ai repondu j difoit-elle dans une autre lettre (85) que je ne portois pas fit loin I'amour £une maifion de pierre ; que nous etions obligees de faire voir qu'on nous accufioit injufte- (80 Lettre du premier Janvier £ MademoifeUe
fie Joncoux. |
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J J 4 HlSTOIRE DE PoRT-K.01 At.
1708. merit fur notre foi} & que nous feroiu
notre devoir jufqu'au dernier Jdupir.
Ces difpofitions n'^toient point par-
ticulieres a la Prieure , elles fe trou-
voient dans routes les religieufes, qui
attendoient avec un courage & une
tranquillite admirables le moment au-
quel elles devoient etre facrifiees.
L Les difficultes que le confeil deM.
cix. " de Noailles trouvoit a l'execution de
Bdie Lettre la Bulle contre les religieufes de P. R.
im'1 M.C°"e des Champs cauferent de l'embarras,
Noailles fur & fufpendirent quelque terns les ope-
lamalheureu- ■ i-» • 11 •
fe affaire ou rations. Dans cet intervalle un mcon-
" . Carnalnu attache a la maifon de Noailles, etoit engage. ., ,.. . r a.
croiant qu il» manqueroit au reipect
& a la reconnoiflance que devoit a fon Eminence un de fes anciens fer- viteurs, s'il ne lui parloit avec liberte fur l'affaire de P. R. lui ecrivit une longue & excellente lettre , qui fut remife au Prelat le 3 de Janvier 1709. Cet inconnu , quel qu'il foit (86) , lui donne avec beaucoup d'efprit des avis trcs fages , & fait des reflexions bien judicieufes fur la malheureufe affaire 011 il s'etoit engage , & dans laquelle en avanc,ant par degre , il s'eroit deja porte aux memes extremites que M. (8s) On croit que e'eft l'Auteur du Memoire des
(tix-huic attentats de la Bulk. |
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III. Parti e. Liv. I. } $$
de Perefixe. II infinue d'abord avec 1703. beaucoupde delicateffe, que fon Emi- nence pardes confidlrations defamille, s'etoittrop relachee de la fa mete qu'elle auroit peut-etre eue plus grande fans cela dans les affaires ecclefiafiiques de- puis fon elevation fur le Siege de Pa- ris : il lui fait envifager que la Pro- vidence divine Ten a deja puni, en lui enlevant un frere, dont I'age n'e- toit pas trop avanci. Paflant enfuite a ce qui concerne cxxi,
le monaftere de P. R. il lui fait envi- fait ennvCj°"gec fager le fort de M. de Marca, qui &Monfleurde inourut lans pouvoir le mettre en poi- fortdefcsPti- feilion du Siege que fon Eminence i*«ffea*i. occupe : les tourmens que fe donna M. de Perefixe , qui avouoit que cette affaire le faifoit mourir , & qui fut enleve de ce monde lorfqu'il eut re- tabli les religieufes de P. R. corame fi Dieu ne lui eut accorde la vie que fiour juftifier celles qu'il avoit fi cruel-
ement perfecutees: enfin la trifte fin de M. de Harlai , opiifinitfes jours la veille de celui qu'il avoit definipour mettre la derniere main a fon injufie czxti. entreprife contre la maifon de P. B. , R^^ions •La leconde renexion de notre-ln- futknouvei. connu eft fur la nouvelle Bulle 4^\?BHV& Rome & la commiffion adreflee a fon a fon Emi^ |
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ncnce.
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3 $6 HlSTOIRE DE PoRT-RcUAL.
"" x-70a. Eminence pour fon execution. Apr£s
avoir releve les defauts de la Bulle, qui font tels, qu'on ne pent afje^ s'c~ tonner _, dit-»il , qu'elle ait pit etre en- regijlree au Parlement 3 nonobjtant des raifons fi importantes qui ne perniet- toient pas de la recevoir , il fait voir combien elle eft injurieufe a fon Emi- nence par la commiffion qu'elle lui donne de la faire executer au mepris de fa qualite d'Ordinaire & de Tap- pel interjette a Lyon par les religieu- fes de P. R. des Champs. AwJ tifle- " La troifieme reflexion regarde xion ds l'n-» l'interet que M. deNoailles prend
» fans doute a tout ce qui concerne » TEglife de France , fur-tout le dio- » cele dont la Providence divine " lui a donne la conduite «. En con- fequence il ne doit point concourir a procurer aux Jefuites , par la def- truftion de P. R., une maifon oil ils etabliroient bien-tot im Seminaire , & formeroient de jeunes ecclefiafti- ques auxquels ils infpireroient des fentimens contraires a la doctrine de l'Eglife fur les mceurs & anos libertes. Cette reflexion eft fondee fur le def- fein qu'avoient les Jefuites d'acheter la maifon de P. R. de Paris, pour y former un Seminaire, |
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III. Part ie. Liv. I. $57
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A certe reflexion , l'lnconnu en 1709
joint une autre qui en eft la fuite \ " elle confifte en ce que fon Eminen- » ce, par les termes de la commiffion, » a entierement en fa liberte le choix » du terns , des lieux & de tous les » autres moiens propres a executer la » tranflation des religieufes de P. R. » des Champs 5 de forte qu'en diffe- » rant fous differens pretextes l'exe- " cution d'une commiffion fi defa- » greable , il fe dechargeroit envers le " public d'une par tie de la haine que » ces executions violentes ne man- » quent pas d'exciter,non-feulement » centre les auteurs, mais auffi con- » tre tous ceux qui font obliges d'y » prendre part (87). Le refus des Sacremens fait aux re- clxitw
ljgieufes par une Sentence qui les de- ae rLcbnnu clare contumaces & defobeiflantes ,{"* le refus r ■ \ t 1 • des Sacre-
rournit a notre Inconnu la matiere raens fait aux
d'une reflexion particuliere, & lui ou-r1eli6ie"fe!.,» vre un valte champ pour julhher ces momre l'ia- faintes filles ; ce qu'il fait de la ma-"0™' niere la plus evidente , en rappor- tant lliccintement tout ce qui s'eft pafle a leur egard depuis le premier Mandement des grands Vicaires de (87) Voi'ezcetcc Lettre en enticr, Mem. hift. T. j,
P'*fO, 380.
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3 J 8 HlSTOIRE DE PORT-ROIAL.
jyop. " Paris jufqu'a cette derniere affaire.
Mais une lettre fi touchante, fi capa- ble de perfuader , rant par la folidite & la jufteffe des reflexions , que par la moderation, les egards & les me- nagemens avec lefquels elle etoit ecri- te , n'eiit pas plus d'effet fur M. de Noailles qu'en eut autrefois dans une femblable occafion, celle de M. d'An- gers fur M. de Perefixe. Son Eminen- ce perfifta dans la resolution de fui- vre fa pointe, & fe chargea de l'exe- cution d'une Bulle pleine d'abus ef- fentiels , qui le rendoit juge dans fa propre caufe , &c dont le but etoit de detruire le plus faint monaftere de la France. clxv. Les Avocats de fon confeil (88), v£cVatsfur1aPour epargner a fon Eminence la manure d-e- home de n'agir que comme com- 2" lamiffaire du Pape , deciderent qu'en agiifant, il joindroit fa qualite d'Or- dinaire a celle de delegue. Pour ce qui eft des autres difficultes , l'avis fut que l'autorite du Roi les leve- roit, qu'elle fuppleroit a tout, dans ce qui regardoit les procedures , & feroit agreer a Rome ce qui pour- roit lui deplaire dans la maniere dont fa Bulle s'executeroit en France. Plu$ (88) Le Maite 6c Nouet.
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111. P ARTIE. L'lV. I. 359
d'un mois de deliberation fut em- j-0„ "
ploie a la decouverte d'un fi rare ex- pedient. Voila ce qui retardoit les operations contre les religieufes de P. R. des Champs. Ces faintes fill es ne favoient quelle clxvi.
pouvoit etre la caufe de ce filence, des^rXgieu- mais elles demeuroient tranquilles fe fes en atten- a \ / ti dant leut
tenant pretes a tout evenement. » 11 fort>
■» y a plus de trois femaines, ecri- » voir la mere Prieure (8 9), que nous " fommes ici renfermees fans enten- '■ dre aucune nouvelle du proces. On » ne fait ce qui peut caufer ce grand » filence de la part de 110s parties » apres un Arret rendu avec tant de » precipitation. Le terns nous apren- » dra le tout & les deffeins de Dieu. « La communaute eft toujours tran- » quille & plus portee a l'efperance » qu'a la crainte. II eft vrai,difoitune '> autre religieufe (90), qu'a regarder " les chofes humainement, c'eft une ^ affaire bien terrible que 1'injuftice » avec laquelle on nous traite, & il ■» femble que naturellement on ne » pourroit pas porter la vue d'un » etat fi penible. Cependant nousfom- (89) Lettre du n jan- Ccllcriece. Lettre du 1}
vien • jaavier. (?.i) La four Iflaly,
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$60 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAI..
1709. " tnesdans line palx qui me Jurpreni
» quelquefois. Ce font fans doute les » prieres des bonnes perfonnes, qui « gemiiTent pour nous aupres de « Dieu. Nous ne favons pas ce qu'on m medite depuis un mois qu'on ne dit « plus rien. Nous attendons rout ce 5. qu'il plaira a Dieu, etant fures qu'il jj preiide a tout, & qu'il ne permet- » tra pas que nous foi'ons ten tees au- » dela de nos forces. clxvii. La mort enleva dans ces circonf- Requete des tances \e p\us cruel etinemi de Port- rehgieufes de , r . ,
p. r, de i;a Roial (91), qui avoit declare qu ll ne
ris' mourroit content qu'apres avoir vu Port-Roial detruit. Iln'eutcependant
pas cette fatisfaction , Dieu l'aiant cite a fon tribunal le zo de Janvier de cette annee. Mais fa mort n'ap- porta aucun changement aux affaires, parcequ'il s'etoit choifl un fuccefTeur digne de le remplacer & capable de confommer l'ouvrage qu'il avoit com- mence (92.). Les difficultes qui avoient arrete
pour l'execution de la Bulle, etant levees de la maniere qu'on vienr de le rapporter , les ennemis de P. &• (91) Le P. la Chaife , (91) LeP. Tellier, l'on
Confeileur de Louis XIV des plus violens Jefuites depuis trejjee-cinq ans. qu'ait eu la Societe. des
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III. Par tie. Liv. /. $6i
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des Champs rompirent le filence. Le 1709
25 ianvier les religieufes de Paris prefenterent requete a M. l'Arche- veque(93) > 4 ce <\vl'i1 lui plut accep- ter la commiflion portee par la Balle du z7 mars 1708 adreflee a Son Emi- nence , & ordonner que conforme- ment a fon Ordonnance du zz mars 1707 j il fitt fait defcente par M. Vi- vant dans les deux maifons, arm que les parties appellees , il fut informe de commodo & incommodo des fup- preffion & reunion , & qu'il dreflat proces-verbal de ladite information & enquete. La requete etoit fignee de la Dame de Chateau-Renaud Abbefle, & de trente & une religieufes (94). Quoique les appels portes a Lyon cixvnr.
par les religieufes de Port-Roial des d°r'm ""'de Champs , tant de fon Ordonnance Noailles pour du 18 novembre 1707, que de la±£& % Sentence de fon Official du 3 2.0m.,incommodo. ne fuflent pas encore juges , M. de Noailles ne fit cependant point diffi- culte d'accepter la commiflion de cet- te Bulle. Enconfequence il rendit le meme jour , tant en vertu de la (95) Voi'ez cette reque- ze jours, la trr.rt erueva
te , T. 5. des Memoires huit ou neuf des religieu-
hift. p. 584. fes qui avoient figne cette
(?4) E" moins de quia- requete.
Tcme IX. Q
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$6l HlSTOIRE DE PoRT-ROlAl.
commiffion que lui clonnoit la Bulle,
que de fon autorite d'Ordinaire , une Ordonnance portant qu'il feroit fait defcentedans les deux maifonsparle fleur Vivant, pour informer de com- modo & incommodo defdites fuppref- fion & reunion. Cette nouvelle procedure remet-
toit l'affaire au meme point qu'elle ctoit au xx de mars deux ans aupa- ravant, lorfque fon Eminence ordon- na que le proces-verbal feroit fait par M. Vivant. Convenoit-il a un Archevcque de
Paris de fe charger d'une commillion f»orcee par une Bulle contraire a tous
es droits de l'Eglife Gallicane, qui demandenc qu'apres le jugement de Lyon , l'affaire foit portee a Rome , d'ou Ton envoie des CommifTaires fur les lieux ? Quant a l'autorite d'Or- dinaire , M. de Noailles ne pouvoit connoitre de cette affaire , puifqu'il avoit les mains liees par l'appel des religieufes. Enfin cette nouvelle pro- cedure etoit contraire aux difpofitions memes de la Bulle fur laquelle on vouloit la fonder. Mais rien n'arre- toit les ennemis de P. R. L'autorite levoit toutes ces difficultes, & d'ail- leurs la Bulle derogeoit a toutes 'es |
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HI. Partie. Liv.I. 36}
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loix , meme aux Conciles generaux. 1709.
Pour 1'execution de la nouvelle clxtx.
Ordonnance de M. de Noailles , des £"/„£" les religieufes de Paris prefenterent fts de Paris. Ie 11 fevrier une requete au delegue de fori Eminence, le fieur Vivant, qui en rendit une le meme jour , portant permiffion d'affigner les parties a com- paroitre le 15 du mois en la falle du grand parloir de P. R. de Paris. Le 13 fevrier fuivant, elles firent figni- fier aux religieufes de Port-Roi'al des Champs la Bulle , les Lettres paten- tes , 1 Arret d'enregiftrement, la nou- velle commiffion donnee au fieur Vi- vant par M. l'Archevcque, &c l'Or- donnance du fieur Vivant, & les affi- gnerent a comparoitre a. P. R. de Pa- ris le 25 fevrier (95). L'Ordonnance que M. Vivant avoit ^{j*^
rendue le 11 fevrier fur la requete des d'un incoami religieufes de Paris , par laquelle il * M- Vlvanc« acceptoit la commiffion de M. de Noailles, icelle acceptant avec refpeci 3 lui attira une tres belle lettre dat.ee du 18 du meme mois ecrite par un Doc- teur en Theologie , (C'eft la qualite (95) Voiez dans les iS fevrier, fur les affaires
Mem. hift. T. f. p. 410 , de P. R. Elle eroit accom-
une converfation de Ma- pagnee de Mademoifelle
demoifelle de Joncoux Iflali.
avec M, de Noailles. du |
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J(?4 HlSTOIR.EDEPoRT-R.01AI,.
que prend l'Auteur de la lettre). Ce
Do£teur en Theologie , qui vrai-fem- blablement eft le meme qui avoit ecrit le 3 Janvier a M. de Noailles l'excellente lettre dont nous avons parle , communique dans celle-ci a M. Vivant les reflexions que Von fait Jurfa conduite a Vigard de la commif- jion qu'il vient d'accepter contre les re- ligieufes de P. R. des Champs. La pie- ce eft tres belle & merite d'etre lue {96). Tandis que les ennemis de P. R.
des Champs confpiroient enfemble a l'aide des Puiflances, a detruire cette fainte maifon , les vierges chre- tiennes qui l'habitoient jouiflfoient, comme on l'a vu , de la paix que don- ne une bonne confcience , ne penfant qu'a mettre Dieu de leur cote , & a remplir toute juftice en faifant ce qui dependoit d'elles pour s'oppofer a I'm- juftice. Le principal, difoit la merePrieu-
re (97) , eft de mettre Dieu de notre cote1pour nous foutenir contre tout eve* nement 3 qui /era toujours favorable fi nous demeuwns attachies a la verite, (9<0 Voi'ez cette Lettre T. j. des Mem. hill. pp.
J9S > 3S>8- jgp Lettte du 8 fevriet, |
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III. Partie. Liv. I. 565
Les menaces qu'on faifoit a des per- 1709. fonnes en qui la grace avoit mis de relies difpofitions , n'etoient pas ca- pables de les empecher de faire leur devoir & de s'oppofer autant qu'il dependent d'elles, a. la violence & a l'iniquite. Les religieufes de P. R. des Champs exxxr.
firenc done fignifier leur oppofition a des ^Jjgieu* la nouvelle procedure , le 2,1 fevrier fes de p. r. au lieur Vivant > & aux rehgieules sentence a= de P. R. de Paris, tant a leur domi- m- l'Atche-. cile que chez leur procureur , & la ve'lue, fbnderent fur l'incompetence dujuge, tant en fa qualite de Commiffaire qui le rendoit juge & partie , qu'en fa qualite d'Ordinaire,attendu les appels a Lyon qui fubfiftoient. M. l'Archeveque renvoia l'oppoil-
tion devant fon Official, & rendu le 2 2 fevrier fur requete des religieufes de Paris , une Ordonnance portant que la commiffion par lui donnee art fieur Vivant yfera executie nonobftant I'oppofition des religieufes de P. R. des Champs j & Jans y prejudicier. Cette Ordonnance eft digne d'un juge char- ge de l'execution d'une Bulle qui de- rogeoit a toutes les loix de l'Eglife , fans en excepter les Conciles geniraux. Le lendemain i$ fevrier les reli-
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$66 HlSTOIRE DE PoK.T-R.01Al.
jy0o# gieufes de P. R. de Paris firent en
confequence afligner les religieufes de P. R. des Champs pardevant l'Of- ficial , les fommant d'abondant de comparoitre le x 5 dans le grand par- loir de Paris , pour proceder a l'exe- cution de la Bulle & de la commif- fion, avec declaration qu'il fera paff£ outre tant en prefence qu'en abfence. CLXxii. Pendant le tems de ces procedures, feur Wngar- Dieu mit en fared ( c'eft l'expref- *■ fion (98) de la mere Prieure) la four Ringarde en la retirant a lui le 19
mars. » Nous n'en avons aucune in- » quietude, ajoute la mere Prieure j 3> car elle etoit toujours prete a par- si tir, & ne defiroit que d'etre unie a » Dieu. La veille de fa mort je lui » dis : je viens me rejouir avec vous 3 » car en vous trouveplus mal j & ilpa- » roit aue vous avance^ vers votre pa- « trie. Elle me repondit en fouriant, s> oui ". 11 faut avoir bien de la foi pourfaire un pareil compliment a une perfonne malade, & il faut que la malade en ait beaucoup pour le rece- yoir de la forte. La mere Prieure lui dit enfuite; qu'il n'y avoit pas lieu d'efperer qu'on lui accordat les Sacre- (<>8) iettre du 10 mars.
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III. P A R T I E. LlV. I. $67
tnens dans les conjonctures prefentes j
a qnoi elle repondit » que cela etoit >> facheux , mais qu'il valoit encore » mieux aller a Dieu , que de refter » en ce monde. C'etoit une fille mor- » tifiee generalement en toutes cho- » fes,qui aimoit la pauvrete & les pau- » vres a un point qu'elle fe feroit de- » pouillee de tout pour les affifter,fi on » le lui avoit permis «. Et dans l'etat ou la maifon etoit reduite , fa plus grande & fon unique peine etoit de ce qu'elles ne pouvoient plus donner aux pauvres ce qu'elles leur donnoient auparavant. Autant elle etoit auftere pour elle-meme, autant elle etoit in- uulgente pour fes foeurs , craignant toujours qu'elles ne nunquaiTent de quelque cnofe (99). C'etoit a. de telles filles que M. de Noailles faifoit refu- fer les Sacremens a la mort. Le ix mars les religieufes deP.R.
des Champs appellerent de nouveau a Lyon de l'Ordonnance de M. l'Ar- cheveque de Paris du 22 fevrier , & en aiant obtenu un relief d'appel de M. PArcheveque de Lyon lui-meme , elles le firent ngnifier le 30 mars aux <??) Voiez le Suppl. au Necr,
Q iiij
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5^8 HlSTOIRE DE PoUT-ROlAt."
" 1709. Parties intereflees & en particulier X
M. Vivant (1). clxxiii. Le fieur Vivant conrinuoit cepen- te CfnrVt dant fon information a P. R. de Pa- vant fait fes . #
informations ns , malgre les appels & oppohtions,
a p. r. de Pa- ^ fans a as rouche des reflexions qu'on faifoit fur fa conduite , & qu'il
ne pouvoit ignorer. Pour l'arreter, les religieufes de P. R. des Champs firent intimer le Promoteur de 1'OfKcialite de Paris, le premier d'avril, lui de- clarant que ce n'etoit que pour l'obli- ger de requerir , que la procedure cef- fat a raifon de l'appel. Le Promoteur n'avoit garde de raire cette requifi- tion. M. Vivant continua done fon proces-verbal d'information a. P. R. de Paris, & tes religieufes de ce mo- naftere en firent flgnifier le finito a celles des Champs le 9 avril, portant continuation Vindication de feance en la maifon de P. R. des Champs, au famedi 13 du meme mois d'a- vril (1). Mais les religieufes deP. R. (1.) Ce relief d'appel de- par M. de Torcy, Secr£-
vint inutile aux religieu- taire & Miniftre d'Etat,
fes opprimees , parceque intimida tellement l'Of-
leurs ennemis qui avoient ficial primatial, qu'il ne
furpris la religion du Prin- voulut plus fe meler de
ce , firent ccrire de ta part cette affaire,
de Sa Majefte une lettre & (i) Voi'ez la fignifica- J'Archeveque de Lyon, en tion de la vifite a P. R.
faveur des religieufes de des Champs. Mem. bift),
Jaris. Cette lettte ecrite T. 5. p. 403.
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III. Par tie. Liv. I. }^9
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3es Champs firent fignifier les 11 & * 7°5>-
11 d'avril oppofition a cette Ordon- nance du fieur Vivant. Nonobftant cetre oppofition , le ^x^'nt
fieur Vivant fe tranfporta a P. R. des va a'p.R. dc» Champs le 13 avril (3). II arriva a chamls- huit heures du matin , avec le Vice- promoteur ( Thomaffin &c le Greffier Decombes). lis monterent au parloir ou M. Vivant fit aflembler la com- munaute, &c lui expofa fa commiffion, La mere Prieure dit a M. Vivant , qu'elles avoient eu toutes bien de la joie d'etre entre fes mains , que ce- pendant elles etoient affligees qu'il fut charge d'une telle commiffion. M. Vivant fit voir par fa reponfe qu'il n'y trouvoit point d'inconvenient , He! pourquoi j dit-il, s'affliger ? je ne prens point de part a tout cela 3 ce ne font que des formalitis qui ne font rien. D'ailleurs etant a la place oil je fids _, ilfaut bien quej'obeiffe a M. le Cardi- nal. (Avec de tels principes on peut mettre fa confidence bien au large). 11 s'etendit enfuite beaucoup fur l'o~ beifTance due aux PuifTances : & il (3)LeDoaeurenTheo- qu'il alia a P. R. des
logie qui avoit ecrit une Champs. Elle eft audi in-
Iettre a M. yivant le 18 tere flame que la premie-
Jevtier, lui enectivit une re, & fe trouve dams Is*
feconde le uieine jour Mem. hift. T. y. p. 410,
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$70 HlSTOIRE DePoRT-Ro'iA£.
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17o<?. temoignaque la fienne etoitfi grande,'
que s'll avoit lii un Livre dans lequel il n'auroit rien trouve de condamna- ble, il le croiroit mauvais , & en fi- gneroit la condamnation , fi M. l'Ar- cheveque le condamnoit. ( cela s'ap- pelleetrede bonne compofition). La mere Prieure fe contenta de lui dire , que la raifon etoit done un meuble bien fitperflu }puifqu'il n'en falloit plus [ai- re ufage j & que S. Paul a eu tort de dire que I'obeijfance doit etre fondle fur la raifon. clxxv. Apres que M. Vivant eut parle de oppofition l'0beifl*ance fur ce ton, & fait fes ef- fes de p. r. rorts pour engager la Communaute fiacCommff! d fe foumettre, il notifia fa commif- fion de m. fion. La Communaute lui dit qu'elle VlYant* avoit prie la mere Prieure de repon- dre au nom de toutes, & qu'elle fa- voit leurs fentimens fur cette affaire. Enfuite elles lui prefenterent un acte , le priant de le fake inferire fur fon proces-verbal , apres quoi elles le fi- gneroient. II y confentit , lut Facte tout haut, le fit ecrire par le Greffier , & apres l'avoir relu, il le paffa aux religieufes qui le fignerent. L'adte portoit » qu'aiant interjette appel de » l'Ordonnance de M. de Paris du « xx fevrier dernier, en ce que le- |
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III. Partie.IzV./. tft
»> dit Seigneur Archeveque renvoi'ant 1705?. »» par cette Ordonnance a fon OfE- »> cialite l'oppofition par elles for- » mee le 19 fevrier pour etre fur » icelle ftatue , ordonne cependant » que fans prejudice a ladite oppofi- » tion,il fera pafle outre au proces- » verbal de la defcente j lequel ap- » pel a ete fignifie & releve parde- » vant M. TArcheveque de Lyon , » donr le relief a ete fignifie pareil- » lenient le 3 o mars audit fieur Vi- » vant , elles s'etonnent que ledit » fieur Commiffaire ait pane outre, » & foit venu pour continuer fon » proces-verbal , nonobftant encore » Ieur oppofition fignifiee les 11 Sc » 1 z a fon ordonnance , qui indique » cette feance j lefquels appels & op- » pofitions elles reiterent autant que » de befoin, & en ajoutant a ladite » oppofition , elles ajoutent qu'elles » proteftent de nullite en cas qu'on » pafle outre , attendu qu'il n'y a » rien de provifionnel , ni qui re- » garde la difcipline , s'agiflant au " contraire d'un appel fonde fur la » competence , laquelle aux termes » de l'Ordonnance , doit etre termi- » nee avant qu'on puifTe pafler outre » a l'inftrudion du proces-verbal, Qvj
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3.71 HlSTOIRE DE PoRT-RCTlAi;
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1.709.
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& qu'elles fe pourvoiront contr£
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ce qui a ete fait ou pourroit erra
fair par la fuite au prejudice def- dites oppofirions & appel,par les voies de droit & par les autres mo'iens qu'elles deduiront en tems & lieu. CmXvVI- t ^a mere Prieure pria encore M.
en donne ac- Vivant de leur en donner ac~te par te. n emend une COp'ie entiere fignee de lui. II fit les temoins. , r P , ,
leurs depofi- cl abord quelque dirhculte , mais u
t,ons" Tem°b l'accorda enfuite. Le Promoteur des rendem aux parties demanda que nonobftant les tchgieufes. oppofitions, on paflat outre au pro- ces-verbal ; fa requifition fut ecrite par le Greffier, & fa demande accor- dee par M. Vivant. Enfuite le Com- milTaire demanda aux religieufes fi elles vouloient lui faire ouvrir leurs portes, & lui faire voir leurs papiers. La mere Prieure repondit qu'elles ne pouvoient faire ni l'un ni l'autre, & qu'elles n'avoient rien de plus a. dire que ce qu'elles avoient iigne. Sa reponfe fut ecrite au nom de route la Communaute qui etoit prefente. On paffa le proces-verbal a la mere Prieu- re qui figna fa reponfe, apresl'avoir bien lue. Cela dura jufqu'a onze heu- res & demie que M. Vivant alia dire la MefTe j apres laquelle il entendit, |
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.;.T-^;.-^--7^:~T-
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..._- -
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III. P ARTIE. L'lV.I. 37$
inalgre l'a&e qui lui avoir ete figni- 1709*
fie , les temoins affignes pour depo- fer fur le commotio aut incommode lis etoient au nombre deneuf (4). Les te- moins depoferent, » en general pour « le plus grand nombre , qu'ils ne » voioient poinr pourquoi on vou- y> loit detruire cerre maifon j que les » religieufes vivoienr avec beaucoup " d'edification & de piete, & qu'el- » les etoient ties necelTaires au lieu « par l'edification, les aumones & » charites abondantes qu'elles y fai- » foienr «. M. le Cure de S. Lambert comparut le premier , on ne fait qu'elle f tit fa depolition , non plus que celle de M.. de Beauregard, qui fur interroge le fecond j on fait feulement que celui-ci etoit tin honnete horome, & par confequent que fa depofition dut etre favorable a Port-Roi'al des (4) On avoir affigne entre Milon & S. Lam-
pout depofer , les Cure & bert; la Chapelle.Fermier, Vicaire de Magni , les demeurant a la Broffe, Cute 8c Vicaire de Mon- Les Depofans furent les tigni, le Cure de Voifins, Cures du Mefnil, S, De- qui alia demander a P. R. nis , de Montigni , de des Champs ce qu'ilavoit Voifins , de S. Lambert, a faire pour rendre fervi- M. de Beauregard , Du- ce a la maifon , le Cure clos Chirurgien de la de Trappes , le Cure -de maifon , & la Chapellt , S. Lambert, M. de Beau- Fermier. Les Cures de Ma- regard , Gentilhomme , gni 8c de Trappe ne cow- qui vivoit de fon bien , parurent point. |
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J74 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt;
J70o, Champs. M. le Cure de Voifins renJ dit un temoignage tres avantageux aux religieufes. Celui de Montigni fit la meme chofe , & s'etendit da- vantage fur les grandes charites qu'el- les faifoient , difant que fans el- les , les pauvres mourroient de faim & de mifere ; que c'etoient elles qui les habilloient, les nourriflbient, les chauffoient, leur fournillbient les re- medes, & qu'on fentoit deja bien , l'impoffibilite ou elles etoient de con- tinuer ces charites. M. Vivant l'in- terrompit en lui difant, que ce n'etoit pas ce dont il s'agijfoit s mats qu'on lui demandoh s'il etoit d propos de faire la reunion. C'efi 3 repondit-il , ce que je laiffe aux Puiffances. On en- tendit enfuite le Chirurgien, a qui on demanda fi l'air etoit bon. II re- pondit qu'a la verite il avoit vu mou- rir a. Port-Roi'al des religieufes fort jeunes, mais qu'il en avoit aufll vu mourir de fort agees. (il y en avoit meme encore alors). II parla enfuite de leur charite, & dit qu'elle s'eten- doit a. plus de vingt lieues a la rondej qu'il lui feroit aife d'en donner des preuves;qu'etant Chirurgien, il voioit tous les jours des pauvres qui venoient quelquefois de plus de vingt lieues le |
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III. Partit.Liv.I. *75
trouver; que les uns lui difoient qu'on
leur donnoit a P. R. du pain , d'au- tres du linge , d'autres de l'argent, d'autres des remedes ; & qu'il voioic tous les jours cela. Le fermier de la BrofTe , dit bonnement a M. Vivant, qu'il ne favoit pas ce que c'etoit que le commodo &c Yincommodo , mais que les religieufes avoient une charite qui paflbit tout ce qu'on pouvoit dire j qu'il l'avoit eprouvee lui-meme dans fes befoins, & en toute forte d'occa- fions. Ellesfont de meme a tout le mcn- de j a)outa-t-il, & on n'en dit par-tout que du bien. Qu'on juge par ces depositions fi le
monaftere de P. R. etoit une maifon qu'il rut avantageux de detruire, 8C qui le meritat. Quel compte au juge- ment de Dieu pour ceux qui aiant etc temoins de ces depositions auffi glo- rieufes pour ces faintes filles en fa- veur delquelles elles etoient rendues , que veritables en elles-memes, & fin- ceres de la part des temoins qui les rendoient ; quel compte , dis-je, au jugement de Dieu, pour ceux qui ont concouru a la deftruftion d'une d fainte maifon , etant convaincus de la regularite qui y regnoit 8c de la charite qui s'y exer^oie plus qu'eii |
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11& HlSTOIRE DE PoRT-ROlAli
1700. aucune autre maifon religieufe etui
monde chretien ! Ces depositions ne favorifoient pas le deffein que Ton avoit de fupprimer P. R. des Champs & de reunir les biens a la maifon de Paris. Auffi M. Vivant dit-il aux temoins, que ce n'etoit pas la ce qu'on leur demandoit j qu'il s'agijfoit de fa- voir s'il n'etoit pas convenable de reu- nir les biens de P. R. des Champs a la maifon de P. R. de Paris. Les temoins repondirent, que ne connoifjant point les religieufes de Paris, ils n'avoient ni bien ni mal a dire _, mais qu'ils s'en tenoient a ce qu'ils avoient depofe. ctxxvii. Toutes ces operations faites,on pref- M.n"evivant ^a M. Vivant & fa compagnie de di~ ayec les ieliner. lis le refuferent d'abord ( par de- licatefTe de confeience ) a caufe de leur qualite de Juges , puis ils l'ac- cepterent. Apres le diner , M. le Com- miflaire monta fur les deux hemes au parloir , ou il trouva la merePrieu- te avec toute la Communaute. Com- me la mere Prieure lui avoit temoi- gne le matin fa furprife de ce qu'il avoit accepte une pareille commif- fion, il les afTura que s'il avoit cru qu'il y eut la moindre injuftice dans cette affaire , il ne s'en meleroit pas. M. Vivant les exhorta enfuite a conien- |
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III. P a r t i e. lav. I. 577
tit a la reunion de leurs biens , en di-
fant que leur maifon alloit s'etein- dre , puifqu'elles ne recevoient point de fujets , & qu'elles etoient toutes agees; qu'il etoit plus convenable de donner leurs biens a ces pauvres filles de Paris , que de laifler ces biens ex- poles au pillage; que M. le Cardinal en feroit une fl fage diftribution que tout le monde feroit content. Le bon homme difoit tout cela avec tout le feu qu'il faifoit paroitre en chaire , lorfqu'il debitoit fes mauvais fermons. La mere Prieure lui repondit, qu'a- pres leur mort M. le Cardinal feroit tel uf;^|e & telle diftribution de leurs biens qu'il jugeroit a propos. " Mais » repnt M. Vivant, M. le Cardinal » n'eft pas allure de vivre afTez long- » terns, & il m'a dit de vous aflfurer » qu'il aura foin de vous donner " toutes chofes en abondance. II m'a v meme ordonne de vous demander » fi vous ne manquiez de rien. Quelle tendrefle ! cependant de-
puis deux ans que les biens de P. R. etoient faifis , & qu'on leur avoir tout ote, jamais elles ne s'etoient ap- per^ues que M. de Noailles eut pris part a l'etat ou elles etoient reduites. C'eft ce que la mere Prieure repondit a M. Vivant. |
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tf% HlSTOmE DE PoK.T-ft.01 At.
j 709. Ce Commiffaire reromba fur it
foumiffion, & fit tout ce qu'il put pour perfuader les religieufes qu'elles devoienr fe foumettre. De leur cote les religieufes preflerent le Commif- faire, fans fucces malgre la folidite de leurs raifons , de changer de fentimens. La converfation s'etant ainfi engagee, elle fut aflez longue pour donner le terns a. l'Huiffier Lieu- vin de dreflfer une fignification qu'il devoit faire a M. Vivant avant fon depart, 8c meme d'en faire un dou- ble , qui fur figne de routes les foeurs, fans que M. Vivanr s'en apper^ut. Du refte tout fe paffa avec b<J|Mcoup de politeffe de part & d'autre. M. le Vice-promoteur vint enfuite , & tout fe pafia comme auparavant forr civi- lement. Celui-ci dit tout bas a la me- re Prieure en la quirranr, qu'il auroit bien voulu avoir une demie heure d'audience pour l'entretenir , mais qu'il n'y avoit pas d'apparence ; qu'au- refte il la prioit d'etre perfuadee qu'il n'avoit aucune parr a cette affaire &C qu'il n'avoit point ere confulte la- defTus. AaTd-appel Lorfque M. Vivant fut fur le point de la conti- de parrir, ai'ant apper^u l'Huiffier qui ?aae!n de k veille au foir lui avok %nifie l'op-
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III. Parti e. Liv. I. 37?
fiofition a la vifite, il fe roit a rire &
ui die : je penfe que vous me Juivre^ par-tout. C'eft vous } Monfitur, repon- dit I'Huiffier, qui me mene\ par-tout. Cefont des peines que vous m'epargne- ries{ bienfi vous voulie\. Lieuvin figni- fia enfuite au nom de la Communau- te un nouvel appel au Commiflaire , de la continuation qu'il venoit de faire du proces-verbal au prejudice de l'ade qu'il y avoit infere. Cet acte des religieufes rec^u parM.
Vivant, prouvera eternellement que dans cette violente procedure on a fou- le aux pieds toutes les regies. Apres la vifite de M. Vivant, les religieufes ai'ant rec,u un nouveau relief d'appei de POfficial Prima rial de Lyon date du 8 avril & une commiffion du meme datee du 1 o , portant defenfe de paf- fer outre, & qui ordonnoit cepen- dant que les chofes demeureroienten etat y elles les firent fignifier le 1 5 avril a leurs parties. Mais les religieufes de P. R. de
Paris ne s'accommodant point du tout d'une procedure reguliere & ne voulant pas plaider a Lyon, elles ap- pellerent comme d'abus au Parlement de Paris non - feulement dudit relief d Appel delivre par l'Oificial de Lyon*, |
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380 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAl.
' 1709. pretendant que ce Juge avoit paflS
fon pouvoir, a caufe que l'Ordon- nance, done etoit appel, etoit emanee non d'un autre Official, mais d'un Eveque ou Archeveque , auquel cas il n'appartient qu'a 1'Archeveque de Lyon de juger l'Appel, ce qui eft en effet un fentiment affez fuivi de- puis ce tems-la ; mais elles appelle- rent encore de la Bulle de Clement X, du 13 feptembre 1671 , portant repa- ration des deux maifons de P. R. & confirmation du partage des biens ordonne par PArret du Confeil d'E- tat du 13 mai 1669. Elles obtinrent deux Arrets du Parlement (5), qui les recevoient appellantes comme d'a- bus fur ces deux chefs j & elles les firent fignifier les 8 & 1 o de mai aux religieufes de P. R. des Champs, qu'elles aflignerent pour proceder a la quinzaine. "™;e Ce fut pendant le cours de ces pro- emploie pour cedures du mois d'avril, que pour en yeS'x^du p" impofer au public,& juftifier a les yeux |
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blic les vio- la conduite violente qu'on tenoit a
cTcs" comre 1'egard des religieufes de P. R. des Jes religieufes
deP. R. , ,
(5) Ces deux Arrets fu- avoir ete communiques *
lent rendus les 13 avril & celles de Poi't-roi'al des 3 mai, fur les Requetes Champs. <le P. R. de Paris, fans |
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III. Partie. Liv, J. 381
Champs, on entrepritde les fairepaf-
fer pour des perfonnes qui etoienr reellement dans l'erreur. Le ftratage- me dont on fe fervit pour les en con- vaincre , fut de publier une vieille lettre que M. Bomiet avoit ecrite (6) dans fa ieunefle (fi toutefois il l'avoit jamais ecrite ) a l'AbbelTe &: aux re- ligieufes de P. R. par laquelle il vou- loit refoudre leurs difficultes fur la creance du fait, & la fignature pure & fimple du Formulaire, & faire voir qu'elles avoient tort de refufer l'un & 1'autre. Comme les religieufes de P.R. ne ceflbient de rdclamer la paix dc Clement IX , en faveur de leurs anciennes meres , declarant toujours qu'elles n'avoient point d'auties fen- umens qu'elles, on fe flattoit de per- fuader au public qu'elles ecoient dans 1'erreur , en faifant voir que leurs an- ciennes meres, & par confequent el- les-memes,avoient des fentimens con- traires a ceux d'un homme celebre, qui s'etoit acquis une grande reputation par fes folides ecrits contre les hereri- ques des derniers fiecles. Mais ce qui (6) M. Vivant dit un qui etoit de cc tems , af-
mot de cette lettre dans fura qu'elle n'avoic ja-
I'encretien qu'il eut avec raais yu M. l'Abhe Bof-
lcs religieufes de P. R. le fuet a P. R., ni aueune
); avril, avant fon de- lettre de lui.
part. La l'ccur Syncletiq,ue |
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... .. . .
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j8i HlSTOIRE DE PoRT-ROlAI.
derangea ce projet,c'eftque i °. la let-
tre etoit, non du grand Bofluet Eve- que de Meaux, n connu par fes ex- cellens ouvrages contre les Calvinif- tes , mais du jeune Abbe Bofluet, qui, depuis qu'il fut Eveque de Meaux , & eut acquis ces grandes lumieres qui ont rendu fon nom immortel, ne rappella jamais cette production de fa jeunefle , foit qu'elle ne fut pas de Jui (7), comme plufieurs raifons |
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1709-
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L'Auteur de la lettre te-
moigne ette connu de P. R., & il eft certain que les religieufes ne connoif- foient point l'Abbe Bof- fuet dans le terns que la lettre , qu'on lu' attribue, a ete ecrite. Il y a beau- coup d'apparence que ja- mais cette lettre n'a 6te" envoiee aux religieufes de P. R. des Champs. Eft-i! poffible que fi elles l'euf- fent re$ue , cl'es n'en euf- fent jamais fait mention dans aucune de leurs let- ttes & de leurs relations! Eft ■ il poflible qu'elles n'euflent jamais parle d'u- ne tongue conference , que l'Auteur de la lettre dit avoir eue avec elles ! L'exaft;ttide prodigieufe iiu'avoier.t les religieufes de V. R. a ecrire tcut ce qui regardoit l'affaire du Formulaire , ne permet pas de croire qu'elles euf* |
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(7) Perfonne n*a ja-
mais patle de cette lettre avant 1709 , c'eft-a-dire, quarante-cinq ans depuis qu'elle a ete ecrite. z°. On ne ptoduit aucun ori- ginal autbentique de cet- te piece. L'original n'au- roit-il pas du fe trouver, on a P. R. de Paris, ou a P. R. des Champs , ou parmi les papiers de M. Bofluet > Cette lettre eft publiee fans qu'on dife fur quel original , fur quelle copie, fur quel brouillon; en un mot , fans indiquer aucune per- fonne connue , des mains de laquelle on l'ait rec.ue. 30. II y avoit encore a P. R. iorfqu'on publia cette lettre , quatre an- ciennes religieufes du terns de l'epoque de la lettre , mais aucune d'el- les n'avoient connoiflan- ce qu'on 1'eut recjue. 40. |
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III. Part
pourroient le perl
Hefavouat dans la fent manque de rapporter
une longue conjerence qu'elles auroient eue avec l'Abbe Bolluer , & une gr.mde lertre qu'elles au- roient re$ue cie lui. Cell ce qu'onneperfuadera ja rnais a quiconque aura vu l'exacticude des reli- gieufes de P. R. fur cer artitie. Avec quel derail, par exemple , ne rappor- tentelles pas roures leuts conferences avec M. Cha- millaid, &c. Ce n'eft pas cepcnriai.r , il fauc l'a- vouer , que M. l'Abbe BofTuct ne Fut capable a- lors d'ecrire une fembla- ble letrre aux religieu-ee de P. R., puifqu'il en ex- horra peu a-pres une a la fignature , Sc qu'd reuilit malheureufement a faire comber la fceur Angeli- que de fainre Therefe Ar- nauld, avec laqaelle il eur pour cela , de ia ;arr de M. de Perefixe , un en- tretien de trois heures pour lui perfuader la ne- ceflite de fe rendre a I'o- benTance. Mais en accor- dant que M. l'Abbe Bof- fuet a pil , etant jeune Do&eur , avoir ecrir cetre lertre , la caufe des reli- gieufes n'en devienc pas plus mauvaife. Nous ad- mirons, nous rcconnoif- fons les grands talens de M. Bollu-t, les grands Services qu'il a rendus a |
i e. Liv. I. j 8 3
iader , foit qu'il la
iiite & la renon^at
l'Eglife par fes adrrirables
ecri:s conrre 'es Froref- tans depuis fon Epifco- pac ; mais cela ne doic juftifier ni cerre lertre is'il l'a ecrire) ni les confe- rences qu'il a eues pout exhorter a Iafcnarure du Formulaire. 1 eitime que Ton a pour les grands hommes ne nous oblige pas d'approuver tout cc qu'ils ont fait, ecrir , ou dit. Quelque mente que Ton reconnoilie dans le Cardinal du Perron , urj Francois , un fidele l'ujet de fon Prince , approuve- ra-r-il jamais la haran- gue que ce Cardinal fit dans fa vieilleffe aux E» rsrs de 1615 , 8c lesprin- cipes qu'il y avance,fi con» traires a l'autorite rorale , 8c a l'independance des Souverains par rapporr a leur couronne 8c au rem- porel > L'eftime que me- rite M. de Meaux ne doit done point non plus nous engager a adopter une lertre qu'il femble qu'il a defavouee lui meme par le'filence quM a garde pendant quarante ans , e'eft-i-dire peniant tout le refte de fa vie , 8c qui l'auroit defavouee fans dome plus expreffement, fi on 1'eut fair paioitre de fon vivant, 8c qu'on cut voulu en faire l'ufage qu'ena pretendu faire H.. |
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3$4 HlSTOIRE DE PORT-ROIAL.
comme indigne de fa plume, &con-
traire aux lumieres qu'il acquit de- puis. 2°. La lettre decoree du nom de M. BofTuet, n'a pu ecre ecrite qu'en- tre le 15 juillet 1664 &c le 21 du mois |
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le Cardinal de Noailles.
II n'auroit pas masque furtout de defavouer le faux principe avance dans cette lettre , toucham l'o- bligation de croite un fait fur la decifion d'une autorite qui peut fe trom- per. Ce que nous venous de dire elt iurrifant pour apprendre au Lecteur ce qu'il doit penfer de la lettre publiee avec l'ap- probacion de M. le Car- dinal de Noailles fous le nom de M. Boffuet. Ceux qui defireront quelque chofe de plus etendu & de plus approfondi, peu- vent confulter l'examen que M. Pinault a fait de cet eerie dans fes Memoi- res pour l'Hittoire de la derniereperfecution deP. R. 8c les Memoires hilto- riques, T. 5. p. 438 8c fuiv. Quant au fond de la !ettre,leLe£teur en con- noitra tout Ie merite par les eclaircijfemens qui fu- renr envoi'cs aux religieu- <"es le 18 avril, fur le Mandement de M. de Noailles , 8c fur la lettre attribute a M. Boffuet, ib. p. 4?i , 497. Ajou- tons pour ce qui concet- |
ne l'Auteur de la lettre,
que M. Boffuet, a qui el- le eft at^ri: uee par M de Noailles , n'a jamais a- vance dans fes ouv ages, qui font en ii grand nom- brc, les Maximes 8c les principes etablis dans cet- te lettre; au contraire, il en a coujours etabli de tout eppofes. Mais ce qui doit frapper , Ceft que M. Bolluet qui vit renaitre les difputes fur la figna- ture, a l'occaiion du cas de confeience , n'y ptic aucune part 8c ne publia point de Mandement, quelqu'attache qu'il fut i M. de Noailles , qui etoit fori Metropolitan!. Ce fi- lence dans une telle oc- cafion peut a jjfte title etrc regarde comme un defaveu de la lettre, d'au- cant que M. Boffuet ne prit le parti de Is garder qu'apres avoir examine les pieces dont il pouvoit tirer des lumieres fur cette affaire ,8c s'etre convain- cu par lui - meme de la verite. L'Auteur des Me- moites hiftoriques , T. ?. p. 4S4 , rapporte a ce fu- jet une anecdote confide- ruble, d'aout
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III. Partie. Liv. I. „ 3S5
d'aoftt fuivant, c'eft - a - dire , dans Tjo'f.
le plus grand feu de la perfecution contre P. R., & par confequent avant la paix rendue a l'Eglife & aux reli- gieufes, dont l'innocence & la purere de la foi fut folemnellement recon- nue j or cette epoque renverfe de rond en comble routes les confequences qu'on pourroit tirer de cette lettre contre les religieufes de P. R., & fuf- fit pour lui faire perdre route fa for- ce j d'autant que le fond & le but de cette lettre font entierement oppofes au principal article de la paix. Le but de l'Auteur de cette lettre
eft de prouver aux perfonnes aux- quelles elle eft adredee, que lacrean- ce huinaine que M. de Perefixe leur demande fur l'autorite feule de la decifion du Pape, & la fignature pu- re & fimple du Formulaire, n'eft point mauvaife en foi, que ce n'eft point un peche ; d'ou il conclud qu'elles font obligees de figner avec cette foi humaine. Tel eft le grand objet de la lettre de x 3 pages , imprimee fous le nom de M. Boffuet, cinq ans apres fa mort. Le but de cette lettre eft done, comme Ton voit, entierement oppo- fe a la principale condition de la paix rendue a l'Eglife ; de meme Tome IX. R |
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3 8(J HlSTOIRE DE PoRT-ROlAI..
que les pieces produites avant la de-
cifion d'une affaire deviennent fans force lorfque l'arret eft rendu. M. le Cardinal de Noailles , fans
fake affez d'attention a ces raifons & a d'autres qu'on pouvoit oppofer a cette lettre fans date, fans conclufian, & fans fignature & qui ne pouvoit au plus etre regardee que comme un pro- jet de lettre, en permit &en ordonna meme I'impreffion par fon Mandement du 15 avril 1709. » Louis-Antoine de Noailles, &c.
" Quelques Communautes religieu- » fes,& autres perfonnes depiete,plei- » nes de refpect & d'obeiffance pour » l'autorite de l'Eglife, defirant pour » fortifier en elles cette difpofition » fi jufte & fi neceffaire, s'inftruire da- » vantage des motifs qui doivent por- ter fes vrais enfans a. une foumif- fion parfaite a fes decifions , ont decouvert une lettre (8) qui com- mence a fe repandre dans le pu- blic , fous le norri de feu M. l'E- veque de Meaux , & l'o'nt lue avec beaucoup de confolation & dedi- cation. Mais comme les amas fim- |
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1709.
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CI.XXX.
Mandement de Monlieur de Noailles , Hrcheveque de Paris, por- tant permif- iion d'impri- mer unc let- tre de feu M. de Mcaux , dans laquelle il declare re- connoitre fa doctrine en- tiere & celle de fes Pcede- ceireurs. |
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(8 ) Pourquoi ne pas nes de pietS qui avoient
faire connoitre ces Com- fait cette decouverte. munautes & les perfoa- |
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III. P ARTIE. LlV.I. 387
» pies & foumifes craignent toujours
» & fur-tout dans les terns de conten- » tion & de difpute d'etre trompees » fur la doctrine , elles nous ont prie » d'examiner cette lettre pour la re- » connoitre & l'autorifer fi nous le » jugions a propos (9). » Le feul nom de l'auteur , dont
" on peut dire, felon les termes de » faint Paul , que la louange eft re- » pandue dans toutes les Eglifes, &c » qui etoit un il grand ornement de » notre province, fuffifoit pour nous » en donner une grande idee j mais » la lecture que nous en avons faite » avec toute l'attention qu'elle meri- » te par elle - raeme & par la ma- " tiere qui y eft traitee, a furpalfe " tout ce que la prevention que nous " avons pour l'Auteur, nous en fai-^ » foit attendre (to). Nous y avons » crouve partout une lumiere , une » force , une douceur, une charite (?) M. de Noailles en lettre, a laquelle M. de
reconnoiflant & en auto- Noailles donne de fi gtan- rifant cette lettre , auroit des louanges , on peut dii donner des preuves bien aflurer que jamais qu'elle eft une veritable fon nom n'auroit ete re- production de M. Bof- pandu dans toutes les fuet. Cell ce qu'il ne fait Eglifes , & quU feroit Pas- aujourd'hui enfeveli dans • (id) Si M. BolTuet ne loubli avec fon Succef- s'etoit fignale que par des feur. ccrits de l'efpece de la Rii
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'"-—-
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388 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAL.
" capable de convaincre tous les ef-
" prits, &c de toucher tous les coeurs
" que l'orgueil ou une prevention
" deplorable n'aura pas endurcis.
" Nous y reconnoijjbns notre doctrine
" tome entiere. Nous y trouvons ton-
» tes les maximes que nous avons
3j enfeignees dans nos Mandemens
« fur la loumiflion due a tous les ju-
» gemens de l'Eglife , & nous y
» voi'ons avec une extreme confola-
" tion, que notre doctrine eft: celle
n de nos predecefTeurs fondee fur
" une tradition claire & conftante
» dans notre Eglife (n).
(n) Trouveroit - on ligieufes de P. R. des
bicn dans la tradition Champs la croi'ance du
claire 8c conftante de I'E- fait, 8c a abandonne la
glifc de Paris depuis fa fot humalne done il n'a
fondation dans le troifie- plus ete queftion depuis
me fiecle jufqu'en 1664 , cette paix. Que devienc
quelque cxemple de la done le fyfteme de M. de
conduite qu'on a tenue a Noailles? Evanefcit. Ce
regard des religieufes de n'eft pas tout j en adop-
P. R. > Trouveroit -on tant la doctrine de M. de
qu'avant M. d: Perefixe Perefixe comme fa fienne,
on ait voulu oSliger des M. de Noailles s'en rend
religieufes a ailurer avec refponfable , ainii il faut
ferment un fait douteux qu'il reponde a tous les
done elles ne pouvoiene cents qui out ete fails
avoir connoifiancc pat contte lui, au ttaite de
elles - memes ? De plus, la foi humaine, aux ima-
cette ptetendue tradition ginaites , a l'apulogie
a ete interrompue , puif- pour les religieufes de P.
que M. de Perefixe lui- R , aux lettres qui lui fu-
meme qui en etoit Tin- rent ecrites pour la de-
ventcur, n'a plus cxige. a fenfc de ces faintes filk s,
ia paix de l'Eglife, des re- par MM. les Evcques
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III. pARTlE.Zw /• 585>
» Car l'Auteur cle cetce lettre qui
» n'etoit alors que Pretre & Doc- » teur, mais des ce terns diftingue >, par un merite extraordinaire , ne d'Aleth & d'Angers. Voi- En 16C9 le PtiHt l'aban-
la bien de l'ouvrage , dc donna lui-meme , & rcn- |
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dit la paix Sc les Sacre-
mens aux religieufes qui en ont joui depuis, fans avoir lafoi humainc pen- dant quarante ans , tant fous le refte de l'Epifco- pat de M. de Perefixe , que pendant tout celui de M. de Harlai, &c les pre- mieres annees dc M. de Noailleslui-meme. Com- ment fon Emm. fe tireta- t-elle encore de ce pas J Les religieufes de P. R*
ont ete pendant quarante ans fans avoir la foi hu- mainc ; etoient-elles obli- gees de l'avok ? Si on les y a ctues obligees, pour- quoi ne la leur a-t-on pas demandee ? Si ellcs n'y e- toient pas obligees, pour- quoi M. de Noailles la leur detnande -1- il >. Si la doctrine queM. de Noail- les adopte par fon Man- dement eft la regie de la. foumifion que tons les fi- dcles doivent aux dici- fions de I'Eglife dans les faits contends , comment cette regie a-t-elle ete in- connue jufqu'a M. de Perefixe , l'invenreur de cette regie ? comment eft- elle morte avec lui, & meme avant lui ? Car ce Prelat a furvecu quelques annees a la foi humaine. R iij |
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plus que toutie facte Col-
lege reuni enfetr.ble n'en pourroit faite. En adop- nnt lafoi humaine de M. de Perefixe, comme la tra- dition claire & conjlante de fon Eglife , il faut que M. de Noaillrs la fatfe temonter depuis M. de Perefixe jufqu'aux pre- miers fiecles de 1'E^life. Comment fera t i! ? puif- que M. de Perefixe eft le premier qui ait exrge cet- te foi humaine ? Comment fera M de "Noailks jour faire enfaite d:fcenire ceite tradition depuis M. de Perefixe jufqu'd fon Eminence} puifque M, dc Perefixe apres avoir ete le feul Eveque qui la fou- tint , l'abandonna en ifi^j. F.n fait de tradi- tion fur le dogine , U ne peut y avoir 3'interrup- tion. Il ne s'agit pas ici d'un point v.iria' lededif- cipline, mais d'un point invariable de dogme ; fa- voir (i Ton doit la foi hu- maine , oufion ne la doit pas aux fails non-reveles decides. M. de Perefixe voulut l'exiger d'abord 8c perfecuta ctuellement les religieufes de P. R. fur le refus qu'elles firent d'a- voir cette foi humainc. |
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3 9° HlSTOIRE DE PORT-ROIAL.
> fait qu'etablir dans cet ouvrage la
■ dodirine de M. de Perefixe alors Archeveque de Paris ; il parle en fon nom & par fon ordre expres, pour tacher de foumettre des filles qui ne vouloient pas entendre la voix de leur Pafteur , & il ramafle dans cette lettre tout ce qu'il leur avoit dit inutilement dans plufieurs conferences , & ce que M. de Pe- refixe lui-meme lui avoit expofe auparavant. Elle ne fit pas fur elles Pimpreffion qn'elle devoir faire , parcequ'elles n'eurent pas d'oreil- les pour entendre. Mais elle en a tant fait fur les autres perfonnes qui Pont vue , que nous efperons qu'elle fera grand bien dans le pu- blic ; qu'eiie confolera & fortifiera les ames foumifes,&ramenera a leur devoir celles qui ne le feroient pas encore ailez. » A ces caufes non-feulementnous
en permettons Pimpreffion , mais nous Pordonnons , la regardant comme un ouvrage qui appartient d'une maniere particuliere a notre Diocefe j enjoignons a notre Pro- moteur d'en faire diftribuer les exemplaires avec notre Man de- ment a toutes les Communautes de |
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III. Partie. Liv.I. 391
a religieufes , foit difant exemptes » ou non exemptes , comme etant » principalement faite pour les per- » fonnes de leur etat & de leur fexe ; » & recommandons a routes les Ab- => beffes & Superieures de la faire lire » en prefence de leurs Communau- » tes & la garder avec foin comme » contenant la Doctrine qui a tou- » jours ete enfeignee dans notre Dio- » cife , & la regie *de la foumiffion » que les fideles doivent a fes deci- " lions dans les faits conteftes. >■ Plaife a Dieu que celles pour qui
» cette lettre a ete faite , ouvrent en- » fin les yeux a la verite, & qu'elles w comprennent qu'il n'y a de furete " pour les brebis qu'en ecoutant la » voix de leur Pafteur ; que c'eft re- » noncer a la qualite d'enfans de l'E- " glife que de ne vouloir pas fe fou- » mettre a fes jugemens j que J. C. » ne reconnoit plus pour fes epoufes » celles qui ont fecoue le joug de » 1'obeirTance, qui meprifent l'auto- » rite de fes Miniftres, & qui font » venues a un tel exces d'obftina- » tion , que d'ofer fe glorifier d'etre » les feules qui ne font pas foumifes " aux Conftitutions des Papes. Nous » ne cefTons de prier celui qui parle R iiij
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39* HistoiredePort-roiai,.
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1709. " au coeur , & en connoit les difpo-
" fitions les plus cachees, de leur fai- » re connoitre a quoi les expofe un » pareil egarement, & nous exhor- " tons routes les bonnes ames de join- « dre leurs prieres aux notres pour « obtenir le retour de celles qui fe » feparent ainfi malheureufement du " reile de l'Eglife. Donne a Paris « dans notre Palais Archiepifcopal " le 15 Avril '1709. L. A. C. de " Noailles , Archeveque de Paris. clxxxi. Les religieufes de Port-roi'al des rcii'gVcufes de Champs ne croiant pas devoir garder v. r. des le filence fur un Mandement dans le- <ieiai>jPoailies 1ue^ e^es etoient fi durement & fiin- au fujet de juftement traitees, ecrivirent le 30 menu *" *' avi'ii 'a lettre fuivante a M. de Noail- les. » Monfeigneur , nous avons lu le
« Mandement que votre Eminence » vient de publier pour autorifer & » pour adopter une lettre fans date « & fans fignature , que Ton attribue » a feu M. Bofluet , Eveque de |
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appart
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» de penetrer les raifons particulie-
» res qui ont pu porter votre Emi-
" nence a donner cette lettre au pu-
» blic, mais nous ne faurions vous
» diffimuler, Monfeigneur , que nous
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HI. Partie. Liv. I. 39 3 ___
a fommes tres furprifes de voir que 17057.
» nous fervons de pretexte a la pu- » blicatipn d'un ecrit dont on tie » fauroit rien conclure contre nous. » Nous vous fupplions de faire at-
>. tendon que fi cecte lettre eft veri- » table , elle n'a pu nous etre adref- » fee que dans la plus grande cha- » leur des conteftations : qu'elle n'e- » claircit point la difticulte qui nous » a toujours arretees, & qui confifte » a favoir fi on peut attefter avec fer- » ment la verite d'un fait douteux & » non revele dont on n'a aucune con- » noiffance. » Que dans les exemples rappor-
« tes dans cette lettre , il ne s'agif- " foit point de fignatures accompa- » gnees du ferment j qu'on ne de- " mandoit ces fignatures que fur la >> notoriete des faits qu'on fuppofoit " evidens ; qu'on ne les demandoit " qu'a des perfonnes qui pouvoient " avoir connoiflance de ces faits, 8c " qu'on ne les exigeoit point des fil- » les, qui par leur etat font difpen- » fees d'entrer dans ces difcuffions. » Qu'on ne peut recevoir le prin-
» cipe etabli dans cette lettre qui » fuppofe que le ferment n'eft point » une affaire d'intelligence 3 tnais une Rv
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5>!4 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAr..
» affaire de foumiffion & d'humiliti 3
» fans s'ecarter de la droiture qui » nous apprendqu'on doit jurer dans » la virile _, I'iquiti } & lajujllce. Je- » rem. 4. » Qu'errfin cetre lettre roule toute
» fur /a /of humaine que le Mande- » ment de M. de Perefixe exigeoit, & » qui fut folidement refute par une " infinite d'ecrits publics, furtout par » le traite de la roi humaine de M. » Nicole , & par nos apologies qui » font demeurees fans reponfe. On » peut encore remarquer que fi la " lettre eft vraie &c quelle nous ait •» ete adreflee , nos meres fans dome » & les perfonnes qui fe joignent a » nous pour nous defendre en ont en » connoiifance. Ainu on ne fauroit » douter qu'on n'y ait fait alors une » reponfe particutiere , qui vraifem- » blablement aura ere confervee dans » les papiers de M. de Meaux. " Mais ce qui eft certainement de-
al cifif pour nous, Monfeigneur, c'eft » ce qui fe pafla depuis a la paix de » i'Eglife, oil le S. Siege n'autorifa » point la foi humaine oeM. de Pe- » refixe , mais la foumiffion expliquee " dans la declaration des Eveques & » des Docteurs , envoiee a Rome par |
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III. P a r t 11. Liv. I. }$<;
i> feu M. Vialard votre Predeceflfear 1703.
„ de fainte memoire dans I'Evecbc „ de Chalons, & fignee de lui & de » M. Arnauld , en prefence de M. » de Harlai votre PredecefTeur im- » mediat dans le fiege de Paris. Cet- J3 re. declaration qui contenoit les " lentimens des Eveques contenoit » audi les notres , & des qu'elle fut i) rec,ue par le S. Siege, M. de Pere- » fixe chars gea en tout de conduite a » notre fujet; car au lieu que depuis » qaelques anneesil nous privoit des » Sicremens , nous regardant , ainli » que fait aujourd'hui votre Eminen- » ce, comme defobeilfantes aux Conf- » titutions Apoftoliques , parceque » nous perfiftions dans les fentimens » exprimes dans cette declaration , » il nous rendit ce temoignage par » une ordonnance du mois de fe- » vrier 166y , que nous rendons au » S. Siege toute la deference & l'o- » beiiTance qui lui eft due , que notre »> obeilfance eft veritable & entiere , « que la declaration que nous lui » avons prefentee eft en effet la me- » me que celle qui a ete recue &c " approuvee par le S. Siege ; qu'en " fuivant l'exemple de notre S. Pere, » il re^oit & approuve notre decla- R vj
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}<)6 HistoiredePort-roiai.
» ration, & qu'y ai'ant egard il nons
» reftitue a la participation cles Sa- il cremens. » Ce font, Monfeigneur, ces ac-
" tes fi publics & ii authentiques ren-
» dus apres une difcuflion exacle de
" toutes les queftions qui agitoient
» l'Eglife de France depuis ii long-
« terns, qui doivent, preferablement
" a la lettre de M. Bofliiet, etre re-
» gardes comme contenans la doclri-
» ne qui a toujours hi enfeignee dans
» votre Diocefe, & la regie de lafou-
" miffion que wits les fideles doivent
" aux decijions de l'Eglife dans les
« faits contefies. Car il eft d'une en-
» tiere notoriete que la paix de l'E-
" glife , comme nous venons de le
" remarquer, n'a point ete faite fur
» le Mandement cfe M. de Perefixe ,
" mais fur la declaration envoi'ee a
» Rome j que ce Prelat en agiiTant
» lui-meme contre fon Mandement,
» lui fit perdre toute autorite , & que
» la tradition en fut fi peu fuivie , que
» lafoi humaine qui avoit paru nou-
" velle la premiere fois qu'elle fut
" propofee dans le Mandement en
" 1664, fut entierement abandonnee
» des 1668 , & qu'ainfi elle n'eut pas
» plus de duree que l'infeparabilite
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III. P A r 11 e. liv. I. 3 97_______
» du fait & du droit, enfeignee par 1709,
" M. de Marca fori PredeceiTeur j a
" quoi Ton peut encore ajouter que
» M. de Harlai etant ArcheVeque de
" Paris , engagea M. l'Eveque de
" Coutances en 1675 , de recevoir la
" fignature de M. Vibert, Cure de
" fon Diocefe, entierement confor-
» me a la declaration envoiee au
« Pape.
» II eft difficile apres cela , Mon-
» feigneur, de concevoir qu'une let- " tre fans date, fans fignature, fans » marque d'authenticite , & qui dans " une telle forme ne feroit pas foi en » juftice, puifie etre alleguee comme » jaifant preuve de la Doctrine qui a " toujours ice enfeignee dans votre » Diocefe , etant evident qu'elle ne " prouve rien , fi-non que fous M, " de Perefixe on n'y exigeoit point la " foi divine pour les faits tels que " celui de Janfenius. " Nous fommes pe;"fuadees, Mon-
» feigneur , que fi M. l'Eveque de » Meaux vivoit encore, fon refpecl » pour le Bref du Pape Clement IX » aux 4 Eveques & pour la memoire » de M. de Perefixe, ne lui permer- " troit pas de donner au public un » ecrit dctruit par un fi grand Pape, |
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35)8 HlSTOIRE DE PoK.T-R.OlAt.
» & par une Ordonnance du Prelat
» meme qui l'avoit engage a le com- " pofer. Nous ofons meme avancer » que n'y ai'anr pas lieu de douter w qu'il ne fe foit conforme, ainfi que " M. de Perefixe, aux fenrimens re- » cus & approuves par le S. Siege , » il n'eut alTez de droiture pour ne » pas foufFrir que Ton fir aucun ufa- » ge de ceux qu'il avoir eus dans fa » jeuneflfe. » L'eftime qu'il a toujours eue
» pour MM. Arnauld , Nicole , de- » puis la paix de PEglife, & furtout » depuis qu'il a ete eleve a l'Epifco- » par, la liaifon qu'il a confervee » avec eux jufqu'a leur morr, le cas » qu'il faifoir de leurs lumieres, les » confulranr fur les ecrirs qu'il- a pu- » blies conrre les heretiques, la de- » mande que ces MM. avoienr faire » au Roi de 1'avoir avec le Cardinal » le Camus pour Examinareur de « leurs ouvrages conrre les Protef- « rans ; l'approbarion pleine d'elo- » ges qu'il a donnee a leurs Livres , » font autant de preuves qu'il ne « croioit pas qu'ils fe feparajfent mal- » heureufement de VEglife , quoiqu'il » fur de nororiete publique qu'ils » perfiftoient dans les memes fenti- |
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III. Part ie. Liv. I. 399
mens que nous, oppofes veritable- lnent a fes premiers fenrimens ex- primes dans fa lettre, mais approu- ves folemnellement par le S. Siege , par notre Archeveque &c par Sa Majefte meme fuivant l'Arret du Confeildu 23 06tobre 1668. » Nous croi'ons, Monfeign eur, que ce que nous prenons la liberte de vous reprefenter, fuffirpour effacer les mauvaifes impreffions que des perfonnes iimples & peu inftruites pourroient prendre conrre nous a t'occaiion d'un ecrit publie fous le nom d'un Eveque recommandable par fa grande erudition , & autori- fe par un Mandement expres de Votre Eminence. Nous ofons me- me efperer que pour peu que Ton fafle reflexion, rien ne juftiliera da- vantage nos fentimens & notre conduite, que la neceflite 011 Ton eft d'avoir recours, pour nous con- damner, a des ecrits fondes fur des opinions ruinees prefque des leur naiflance par des lettres que les 19 Eveques ecrivirent pour la defen- fe du Mandement des 4 Eveques , 011 ils declarent qu'il n'y a rien dans ces Mandemens qui s'iloigne tant foit peu de la regie de la Dcclrine |
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4-00 HlSTOIRE DE PoRT-RO'lAl.
» catholique ou de la reverence due k
" la Chaire de S. Pierre _, & par le » jugement que le S. Siege rendit en » confequence de ces lettres & de k » declaration dont nous avons parle » ci-de(fus. " Ce n'eft pas un petit avantage
" pour nous, Monfeigneur , que no- » tre caufe foit tellement liee a tout " ce qu'il y a de plus grand dans l'E- » pifcopat, & meme aux decisions » du S. Siege, qu'on ne puifTe nous » trouver criminelles & pretendre » que nous nous feparons du refie de » VEglife, fans faire retomber cette jj accufation fur le Pape Clement IX, » qui autorifa nos fentimens par fon « Bref aux 4 Eveques, fur M. de Pe- » refixe & fur tous les autres Eve- " ques qui fe conformerent au juge- » ment du S. Siege. » Ne peut - on pas dire , Monfei-
» gneur, que cette accufation retom- » be auffi fur les celebres Cardinaux » & les favans Jefuites qui font nom- » mes dans les a&es que nous venons » de citer, & qui avant ces difputes » ont cru pouvoir contefter par des " ecrits publics (commenous appre- » nons qu'on le fait encore tous les » jours dans les Thefes de Sorbonne ) ■
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III. P A R T I E. LtV. L 401
» des faits femblables a celui de Jan-
» fenius & decides meme par des » Conciles generaux. » Nous ne doutons point, Monfei-
" gneur, que fi on vous eut fair faire » attention a ces confequences , qui » fuivent naturellemenr du reproche » que Vorre Eminence nous fait dans » fon Mandement, que nous nousfe- » pawns de I'Eglife j elle n'auroir ja - " mais voulu emplo'fer contre nous » une telle expremon. " Si on compare la conduite de ces
» grands hommes a la notre, on les » trouvera beaucoup plus criminels » que nous, puifqu'ils conteftoient la » verite de ces faits & foutenoient » que I'Eglife s'etoit rrompee j au lieu " que nous demeurons a cet egard » dans le filence, & que tout ce qu'on » pent nous obje6ter fe reduit au re- » fus que nous avons fait dans tous » les terns d'atefter par ferment un " fait dont nous n'avons aucune con- » noifTance, 8c fur la decifion duquel » vous reconnoiflez vous - meme , " Monfeigneur, que I'Eglife a pu fe " tromper. » Oferions-nous ajouter , Monfei-
" gneur, que fuivant ce principe no- » U'e refus eft hautement juftifie par' |
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402 HlSTOmE DE PoRT-ROlAL.
» les Ordonnances d'un Prekt (12)
» qui condamne en termes tres forts |
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(12.) Les re'igUufes en- » ait & qu'on jure une
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33 creance entiete des
3) points qu'elle decide s> fans infaillibiUte ; elle 33 n'exige cette creance 33 entiere aiteltee par tin 33 ferment . que pour les 33 po nts fur lefquels elle 33 ell inf'aillible C'eft 3) pourquoi il n'eft pas 3; poffibl qu'elle falfe ju- 33 ret les deux contradic- |
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tendent ici M. de Cam-
brai. Ce Prelat raifonne julte en ce point, lorf- qu'il qual:fie de maxune inouie & incroiable , la maxime de la letcre de M. BolTuet, art. 10. non- Jeulement qu'on peut crot- re & jurer une croiance d'un fait fur la feule au- torite de i'Eglife , qu'on |
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fuppofe faillible & tombee 3> toirrs .... Cet abus du
dans I'erreur, mais mime 33 S. nom de Dieu pour- qu'on efl dans I'obligation 11 roitneanmoinsarriver, |
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d'avoir cette creance en'
tiere & de la jurer. M de Cambrai remarque qu*on n'eft guere avance contre ceux qu'il appelle Janfenifles , avec cette maxime inouie , qu'ils re- jettent avec raifon : apres avoir montre par quel- que exemple , qu'en fup- pofanc le ptincipe de 3a lercre de M. Boftuet , qui allie l'obligaiion d'. cioi- >•• &c de jurer un fail avec la faillibilite de I'Eglife, il pourrok arrivcr qu'on exigeat d'uiie meme per- fonne des fermens con- |
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31 continue M. de Cam-
33 brai, ii on vuloit fai- 3) re application de la 33 maxime de l'art. 10 , 33 au fait de Janfenius. 33 L'erreur defait, dit cet 33 article , ne doit dimi- 33 nuer en rien Vautoriti 3) des jugemens de I'E- 33 glife, ni par confe'quent 33 t'obligation qu'vnt tou- 33 jours euefes enfans d'y 33 prendre une entiere 33 creance. Voi'a les fl- 33 diles obliges a '-roire 3> encierement & a jurer 33 l'erreur du fait. Sup- 3) pofons que I'Eglife |
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tradictuires, doml'unpar- 33 mieux informee de-
confequent aflirmeroit le 33 couvre fon erreur , en
menfonge , ilajoute : 33 a 33 ce cas elle portra un
53 Dieu ne plaife que l'E- 33 jugement contradic-
33 glifc oblige jamais a 33 roire au premier , 8c
33 appeller Dieu en t6- 33 fes enfans feront obli-
33 moignage du menfon- 33 ges d'y avoir une en-
» ge comme de la verite j 33 tiere creance , & de la
S3 elle n'exige pas qu'on 33 jurer, car ils ne fetoat
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III. Partie. Liv. I. 40$
if les fignatures qu'on exige touchant » les faits non reveles , mr d'autres » principes que celui de l'infaillibi- » lite de 1'Eglife. » Avant de finir cette lettre, pet-
s' metcez nous , Monfeigneur , de » nous plaindre d'un autre reproche « que nous faitVotre Eminence, d'e- » tie venues a un tel exces d'obflina- » don j que d'ofer nous glorifier d'etre » les feules qui ne Jo'ions pas foumifes » aux Conjiiiutions des Paves; nous » ne pouvons deviner, Monfeigneur, » fur quel fondement on a avance » une telle faufTete a Votre Eminen- » ce. Elle peut retire nos lettres, nos " requetes, nos actes; elle n'y trou- « vera rien qui ne foit eloigne d'une » difpofition fi fcandaleuie. Nous " nous glorifions aucontraire d'etre |
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33 pas moins obliges d'a- » vre de Janfenius , 8c
33 voir une entiere crean- 33 demain la catholtci-
33 ce au jugemenc qui eft 53 te «. Ces raifonnemens
33 fans erreur, qu'au ju- font accablans conrre
3) gement ou il y auroit ceux qui fignent le For-
33 eu par futprife, de l'er- mulaire, quoiqu'ils foieat
33 reut de fait. L'Eglife perfuades que 1'Eglife n'eft
33 felon cette maxirae pas infailtible dans les
33 pourroit done obliger fails non reveles 4. Tnflr.
S3 I croire &c a jurer fuc- 1. Part.... Lettres du me-
3) ceffivement le oui 8c le me contre les Reflexions
33 noa , le vrai & le faux, fur le Manlement de M.
33 en un mot les deux de Noailles du « aout
33 contradi&oires.aujour- 170? , 8c imprime en
J3 d'hui l'hetencite du Li, 1710.
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404 HlSTOlRE DE PoRT-ROlAt.
" i70g. " tres foumifes au Saint Siege, ainfi*
» qu'il eft porte dans l'Ordonnance » de M. de Perefixe j & bien loin » d'affe&er de nous diftinguer par » des fentimens particuliers , nous » fommes perfuadees que tons ceux » qui aiment la paix & qui favent » fur quel fondement elle a ete ren- » due a l'Eglife , ne peuvent avoir » d'autres fentimens que nous. Nous » ne pouvons meme nous empecher » d'efperer que Votre Eminence, tou- » chee de nos tres humbles remorv » trances & du trifte etat ou nous out » reduites des calomnies trop ecou- » tees , fuivra en fin l'exemple de M. » de Perefixe , qui revinr de fes an- » ciens prejuges , & nous rendit la » participation des Sacremens , dont " nous avons toujours joui fous M. » de Harlai. Nous fommes, &c. cLxxxn. Quoique cette lettre des religieu- roeiu JteM. fes ^e ?• $■• des Champs contienne de Noaii:csune pleine & folide refutation du par un'ano-Mandement de M. de Noailles , il jiyme. fllt encore attaque par un anonyme 5 qui publia le 8 d'aout des Reflexions
Jur le Mandement dans un ecrit de 3 9 pages (13). Outre la refutation de la (ij) Vo'fezcct Ecrit, T. 4. des Mem. hift. p. J00»
Si fuivances. |
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III. Par.tie. £iv. it 405
pretendue Tradition atteftee par M. 1709.
de Noailles, on fe fervoit adroite- ment dans cet ecrit de la contrariete des principes de la lettre adoptee par M. le Cardinal avec ceux de M. de Cambrai, pour les combattre les uns les autres & renverfer les uns par les autres. M. de Cambrai fondoit, com- me Ton fait, l'obligation de croire le fait fur l'infaillibilite qu'il attribuoit a l'Eglife dans les faits , & il traitoit meme de tyrannie l'obligation de croi- re le fait, fi on la fondoit fur une autorite faillible. La lettre de M. BofTuet adoptee par M. de Noailles enfeignoit au contraire que l'Eglife eft faillible & peut fe tromper dans la decifion des raits non reveles j mais l'Auteur de cette lettre pretendoit que cela n'empechoit point qu'on ne fut oblige de la croire , foit qu'elle fe trompat ou non j principe fort etran- ge que M. de Cambrai traitoit avec raifon de tyrannie. L'Auteur de I'Ecrit fur le Mande- clxxxiii.'
ment de M. de Noailles tire de ces Raif?,n?S: ct 1 ri ment d:.iiif
principes oppoies , des coniequences, en favear de
& fait un raifonnement decifif pour ""x V$ r£
la juftification des religieufes de P. R. gn^r le For-.
& de tous ceux qui font difficulte de n^"-
croire interieurement le fait de Jan-
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406 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAl.
fenius. » L'obligation, dit-il, de croi-
» re interieurement le fait en vertu » de 1'autorite de l'Eglife , ne peut » etre fondee que fur l'infaillibilite j> de l'Eglife dans ces fortes de juge- » mens j c'eft ce que M. de Cambrai firouve invinciblement dans toute
a feconde partie de fa quatrieme » Inftru&ion paftorale : or l'Eglife » n'eft point infaillible fur ies raits » de la nature de celui dont il s'a- " git ; M. de Paris vient d'en faire » un aveu authentique : done, con- » clut l'Auteur des Reflexions, quel- >i que decifion de l'Eglife qu'on alle- " gue fur le fait de Janfenius, on » n'eft point oblige de le croire inte- » rieurement. Ainfi, ajoute-t-il, les " religieufes de P. R. fe trouvent » pleinement juftifiees par les pnnci- » pes des deux Prelats qui leur font » egalement oppofes; & pour fe de- » fendre contre eux deux 8c contre » leurs femblables , elles n'ont qu'a » reunir leurs principes & repondre » par le principe de M. de Cambrai » a ceux qui leur parlent comme le » Cardinal de Noailles ; & par le » principe de cette Eminence, a ceux » qui leur parlent comme M. de » Cambrai«. C'eft ainfi que l'inno- |
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111. Partie. Liv. I. 407
cence eft juftifiee par la bouche de ~~Tjo^T
fes ennemis. II faut encore remarquer que quoi- clxxxiv.
que ces deux adverfaires , partialis cL0"tS" de la fignamre , femblent fe reunir «s de ceux pour accufer ceux qui refufent de^j'Tnt croire le fait; cependant ils les iufti-rfcure do&it 6e 1 ■ dc Janfenius,
ent , parceque ce iont deux crimes toBtnem ;.ga-
direrens dont ils les accufent: de forte lement a la
1.1 , ■ , iultificacion
que chacun de ces deux partis, en les de ceux ^ui
accufant, les declare innocens du cri- tefiifem cette |
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creance.
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me dont l'autre parti les accufe. M.
de Cambrai & ceux, qui comme lui, pretendent que l'Eglife eft infaillible dans la decition des faits, accufent ceux qui n'ont pas la croiance inte- rieure du fait de Janfenius , de ne pas rendre a l'autorite divine la fou- mifllon qui lui eft due j & ils avouent en meme-tems que fi l'Eglife eft fail- lible dans la decifion des faits, on a tort de vouloir obliger de les croire : ainli ils ne croient pas coupables du pecbe contre la foumiffion due a l'au- torite humaine, ceux qui refufent de croire les faits decides. D'un autre cote les Partifans de la foi humaine , qui conviennent que l'Eglife n'eft pas infaillible dans les faits, & accufent feulement ceux qui refufent de croire le fait de Janfenius, de ne pas rendre |
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408 HistoiredePort-roial.
*" 1700." * l'autorite humaine la foumiffion qui
lui eft due, les dechargent du crime dont M. de Cambrai les charge, en les accufant de manquer de foumif- fion a l'autorite divine. De cette for- te les religieufes de P. R. & ceux qui refnfent de croire le faitde Janfenius, ne font coupables d'aucun crime. lis ne pechent point contre la foumiffion due a l'autorite humaine , felon M. de Cambrai, puifqu'une autorite fail- lible ne peut point exiger la creance d'un fait fur lequel elle peut fe trom- per. lis ne pechent point non plus contre la foumiffion due a l'autorite divine, felon M. de Noailles &c 1'Au- teur de la lettre qu'il a adoptee, puif- qu'en refufant de croire le fait, ils ne refufent pas de fe foumettre a l'auto- rite divine, l'Eglife n'a'i'ant point re- £U de Dieu une autorite infaillible pour juger de ces fortes de faits. clxxxv. Quelle confufion ! quelle contra- tJondes Par- didtion parmi les partifans de la fi- tifans de la fi- gnature ! lis font allurement moins fondufion d'accord entre eux , qu'ils ne le font i]u'on doit en avec ceux qUi refufent cette fignatu- tirerell,que ,.. » , 1 , >„rt.
le parti le re j ou s ll y a quelque accord, ce n eit
pint rage efl que £}e nom qU'ils conviennent com- %ner. me autrefois les Moliniftes & les Tho-
miftes, au fujet du terme de grace
fuffifante ,
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III. Par.tie. Liv. I. 409_______
fuffifante , & de pouvoir prochain. 170^.
Les uns exigent une foi liumaine , les autres une foi divine a 1'egard du fait de Janfenius : ceux-ci exigent une foi divine, fur le principe que 1'Eglife eft infaillible dans la deci- sion de ces faits ; ceux-la convenant que 1'Eglife petit fe tromper dans la decifion des faits de cette nature , fe contentent d'une foi humaine. Cette contradiction n'eft pas. une iimple di- verfite de fentimens qui puiiTefecon- cilier ; elle confifte dans ce qu'il y a de plus eftentiel, favoir i°. 1'objet mane du commandement de ligner, qui confifte dans la difpofition d'ef- prit, qui en eft le principal objet 5 i°. dans la nature de robeiftance que fon exige, laquelle eft un facrifice rendu a Dieti ou a I'homme fuivant les differens fyftemes 5 a Dieu, li 011 exige une foi divine 5 ou aux hommes fionn'exige qu'une foi humaine. j°. Dans le motif fondamental de cette obeiflance & le principe de l'obliga- tion qu'il y a de croire ; qui felon les nns eft une autorite infaillible , felon les autres une autorite faillible. Cette contradiciion des partifans de la fi- gnature infiue dans tout ce qu'ils di- fent fur cette affaire j de forte que ce Tome IX. S |
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410 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt.
que Tun entend dans un fens, l'autre
l'entend dans un autre j l'un tire un$ confequence „ l'autre une autre j ce qui paroit vrai a. l'un paroit faux a l'autre. A qui faut-il croire ? Que conclure d'une telle contradi&ion ? Quel parti prendre ? C'eft de prier les partifans de la fignature de s'accorder enfemble avant que de les ecouter: ou de les refuter les uns par les autres en prenanc acte de ce qu'il y a de yrai dans les principes de chacun ; & de conclure enfin, que le parti le plus fur eft de ne point attefter avec ferment un fait inutile au falut , fur lequej. l'Eglife meme peut fe tromper , felon M. de Noailles & l'auteur de la lettrej & dont elle ne peut point exiger la croi'ance , felon M. de Fenelon, fi el- le peut fe tromper. C'eft le parti fage que les religieu-
fes de P, R. des Champs out toujour? pris dans cette affaire , ou on les a engagees malgre elles, en les forcant de parler , lorfqu'elles ne penfoient qua garder un profond filence. Reprenons la fuite des procedures
•faites par l'ordre de M. le Cardinal de Noailles contre ces faintes fides. M. Vivant charge par fpn Eminent
eg de fake les informations de corn* |
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III. P A R T I E. LlV. I. 411
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wodo & incommodo, s'etoit tranfpor- 1709.
te a P. R. des Champs le 1 $ Avril, clxxxvi. pour entendre les deponnons des te- pt0c6duret moins qu'il avoit fait aflignet, fur connep. r. lavantage ou 1 inconvenient de la t6moins fu- fuppreffion de l'Abba'i'e de P. R. des homk' Champs, & de la reunion de fes biens a P. R. de Paris. Mais ces premieres depositions n'etant pas conformes au delfein qu'avok pris Jezabel de s'em- parer de la vigne de Naboth, on fit encore affigner les 11 & 12 de juin les Cures de Dampierre, Levi, faint Forget , S. Remi, Magni , Trappes ( ces derniers avoient deja ete aflignes le 13 avril , mais ils n'avoient pas comparu) pour aller encore depofer fur le commodo & incommodo a Paris chez le fieur Vivant. Mais pour ne pas tornber dans le meme inconve- nient d'une declaration fincere & na- turelle de ce qu'ils pouvoient penfet fur cet article, telle que les premiers temoins l'avoient faite , on donna a chaque temoin ailigne fa lecon par ecrit. La le^on etoit ainfi eoncue. » Dire que le bien qui eft a. P. R. " des Champs a ete demembre du » titre qui a ete transfere a P. R» de » Paris. Que les religieufes des » Champs font defobeiilantes a tou~ Sij
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41 % HlSTOIRE DE PoRT-ROlAL.
1709, " tes les puiflances, au Pape, au Roi,
» & a M. l'Archevtque. Que leur » defobeiffance leur a attire des de- » fenfes de ne recevoir deformais » aucune fille, & qu'elles n'en one » point effectivement recu depuis » tres long-tems. Qu'il y a apparen- « ce qu'etant toutes vieilles & cadu- " ques , cette maifon va bientot tom- " ber, & qu'il eft plus jufte que leurs " biens qui ont ere demembres de P. R, " de Paris , y foient reunis qu'a des » etrangers qui pourroient s'en em- w parer , & qu'ainfi la reunion def- " dits biens eft tres raifonnable ". Telle etoit la lecon que porta auxte- moins aflignes, l'homme d'affaire des religieufes de P. R. de Paris. II ajou- toit nieme de vive voix, que e'etoit de la part de M. le Cardinal de Noaii- les. Nous avons peine a croire que M. le Cardinal ait eu part a une ao tion fi oppofee a la juftice : & 1'hom-. me d'aftaire a pu parler ainfi fans fa clxxxvii. participation,
gisufts des Quoi qu'il en foi.t, les religieufes de
champs de- p r jes Champs ai'ant la preuve de
mandent par ■ . 1 , .1 r une Requete la mbornation de temoins , prelen-
la permiflion terent requete a M. le Comte, Lieu-
d informer \ . . . . comre la fu- tenant criminel , pour obtenir per-
le!antn50,lJcS "Jiffi0" d'en informer. La Prieure. U4 |
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III. P A R T I E. ZiV. /. 41 J
ecrivit meme deux fois ice fujet. Le 1705J.
Lieutenant criminel embarafTe de cet- te requete , dit d'abord qu'il ne pou- voit la repondre fans en ecrire 1 M. Voifin , dont la reponfe fut que lb Lieutenant criminel ne devoit point fe meler de cette affaire , & qu'il de- voit la renvoi'er au Parlement ou a l'Officialite, ou ces religieufes avoienc des inftances. M. le Comte fuivant cet avis repondit enfin la requete en mettant au bas que l'affaire etant au Parlement & a TOfEcialite , ces reli- gieufes devoient fe pourvoir a l'un on, a l'a'utre Tribunal. II fe tira ainfi d'embarras par un deni de juftice, qui mit les religieufes de P. R. des Champs hors d'etat de fe pourvoir contrela fubornation (14). |
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(n) Voiezla lettre de refus de repondre la r«K
la mere Prieure au Lieu- quete. Mem. hill. T. j» tenant criminel, fur fon- p. 458. |
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%^
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S iij
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...
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414 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAlJ
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J70?.
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LIVRE DEUXIEME.
»«renduii le Cardinal de Noailles rendit le n
Juillct i7op .... 11, • / 1 r>
E6creta-;fuj)-juillet 1709, de 1 autorite du rape
F-Abbaie de & ^e'^ &enne>*°n Secret portant ex- p. r. des unction du titre de l'Abbai'e de P. R. champs. fes Champs , & reunion de fes biens a celle de Paris. Apres un long narre du cours du proces & le vu des pie- ces (1) , M. de Noailles prononce ainfi. » Et tout confidere, le S. Norn m de Dieu invoqut! , Nous Archeve- ••» que de Paris, tant de notre auto- » rite 'ordinaire, que dm faint Siege w apoftolique , avons fupprime & « eteint , fupprimons & eteignons »• par ces prefentes, a perpetuite, le •w titre de ladite Abbaie & monaftere » de P. R. des Champs,' & en con- » fequence avons reuni & applique, » reuniflbns 8c appliquons par ces « memes prefentes , a. l'Abbai'e & » monaftere de P. R. de Paris, tons w les biens meubles & immeubles &C ti revenus generalement quelconques (i ) Vo'iez la piece en entier, T. 5. dej McMi
tift. p. J74, Co}. |
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Hi P artie. Liv. II. 41 J' ______
*'» de ladite Abbaie & monaftere de 1709.
" P. R. des Champs, tant ceux qui y> Iui ont ete ailignes par ledit par-^ » tage ordonne par Arret du Confeil « du 13 mai 1669 , que tous autres' » que lefdites religieuies de P. R. des » Champs pofledent, foit qu'ils leur » aient ete legues, ou donnes, ou £ " leur maifon, ou a l'Eglife , par tefta- » ment, donation, ou autre a&e de » quelque maniere que ce foit , ou " qu'elles les aient acquis de quel- s' que autre fa^on, ou a quelqu'au- » tre titre que ce puifle etre } pour » qua Pavenir POffice canonial du- * dit monaftere des Champs puifle » etre acquite dans celui de Paris, » &c jouir par ledit monaftere de Pa- » ris de tous lefdits biens & droits « ainfi reunis \ a la charge par lefidi- " tes Abbeffe & religieufes de P. R. » de Paris, d'acquitter ou faire ac- » quiter confotmement a ladite Bui- » le, les Mefles & autres fondations » particulieres faites depuis la fe- " paration defdites deux maifons » qui ne pourront etre aequittees pat " le Pretre ci-apres denomme, defler- » vant l'Eglife dudit monaftere desi " Champs, & generalement de pa'i'ef *» routes les autres charges, comm© S iiij
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4l£ HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt.
.1705. » les dixmes & taxes du Clerge , &
. » tous aurres dont lefdits biens reu- » nis peuvent etre tenus j & qu'il fe- " ra pris & diftrait par preference fur » les fruits & revenus defdits biens » &c revenus, pour la nourriture, en- s' tretien , & autres befoins defdites " religieufes qui reftent en ladite " maifon de P. R. des Champs , a fa- s' voir, pour chacune religieufe de » chceur la fomme de 300 liv. par » chacun an j .& pour chacune des m converfes 200 liv. auffi par chacun » an j & que lefdites Abbefle & re- in ligieules de P. R. de Paris, leur » paieront ou leur feronr tenir en " quelque lieu, qu'elles foient leur w vie durant de quartieren quartier « & par avance ; h ce n'eft que lef- ?> dites religieufes des Champs euf- *> fent des penllons de leurs families *» de pareilles fommes, auquel cas le » monaftere de.Paris en fera dechar- « ge ; & arrivant que lefdites pen- s' fions fe trouvafTent au-deflbus de w ladite fomme de 300 liv. pour les » religieufes de chceur & de 200 liv. « pour les converfes, le furplus leur » fera fourni par lefdites AbbelTe & » religieufes de Paris; & lorfque def- jp dites religieufes des Champs 4 |
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III. P A R T I E. LlV. II. 417
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viendra a en mourir quelqu'une, 1709.
fa penfion demeurera eteinte au profit de ladite Abbai'e de P. R. de Paris. Comme auffi qu'il fera pris fiar chacun an , par preference
efdits fruits & revenus, autre fom- me de 300 livres pour l'entretien d'un Pretre feculier chapelain refi- dant audit P. R. des Champs, le- quel fera tenu de dire tous les jours la MefTe en ladite Eglife des Champs pour les fondateurs & bien- faiteurs: plus z 5 o 1. pour l'entretien d'un jardinier, 2 001. pour l'entretien d'un portier ou concierge j 150 livres pour l'entretien a une fer- vante j lefquels chapelain , portier ou concierge , jardinier & fervante feront agrees par nous, & demeu- reront audit P. R. des Champs juf- qu'a ce que nous y ai'ons autrement pourvu. Ordonnons qu'aufli-tot apres la fignification de notre pre- fent decret, il fera fait audit P. R. des Champs, en prefence dudit le ' Normand notre Official (1) , que 1 nous commettons a cet eft'et , & > d'une autre perfonns qui fera de-
i putee par ladite Abbefle & reli- > gieufes de P. R. de Paris, deux in-
(1) Il fut recompenfe de l'£veche d'Evreux. t
S V
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41 8 MlSTOIRE DE PoRT-RoiAt:
» ventaires exacts , un de tous les tU
» tres, chartres , papiers & enfeigne- »» mens que lefd. religieufes de P. R. » des Champs ont en leur pouvoir, » concernans les biens , droits & re- » venus dudit monaftere des Champs j » lefquels titres 8c papiers feront de- » livres a l'inftant audit depute de » l'Abba'ie de P. de Paris, pour etre » remis & gardes dans les Archives » d'icelle \ duquel inventaire copie » nous fera fournie , pour esfe gar- » dee dans norre fecretariat , & f *> avoir recours quand befoin fera y » l'autre,de tousles vafes facres Sc *> prophanes j reliquaires , argenterie, » pierreries , joiaux , tableaux , li- » vres, linges & ornemens d'Eglife, » meubles meublans , uftenfiles & « autres efFets , duquel auffi copie 5> nous fera fournie , pour icelle vue, » etre ordonne 8c ftatue fur ce, ce » que nous jugerons devoir refter en » la pafTeilion defdites religieufes » des Champs pour leur ufage j nous » refervant am. furplus de ftatuer en » terns & lieu fur les autres chofes » portees par ladite Bulle 8c autres ~* *ainfi que de raifon. Donned Paris -*» en notre Palais Archiepifcopal le » onzieme :jour de juillec 170?. Signi |
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III. P A R. T I E. LlV. II. 41 9
ift Louis-Antoine Card. de Noailles, 1709.
» Archeveque de Paris , & plus bas , » par fon Eminence , fignd Cheva- » lier , avec paraphe. Tel fut le decret rendu pour 1'ex- IT-,
tindfcion du faint monaftere de P. R. otaei de m. des Champs par M. de Noailles : & de Noaiile*, , i * A ' / quant a la for-
ce qui doit encore etre remarque , me & quaus
c'eft qu'il le rendit ai'ant les mains au ioad-
liees par l'appel porte a la Primatie deLyon,tant al'egard defon autorite ordinaire , qu'al'egard de fon autorite de Delegue, & apres que I'Official de Lyon eut re$u 8c releve l'appel, &C defendu' de pafifer outre -y enfin avant meme que l'appel comme d'abus, que les religieufes de P. R. avoient in- terjerte au Parlement de l'Ordonnan- ce de I'Official de Lyon, eut ete. juge" ai contradi£toirement, ni par defjtutj car l'Arret par defaut qui juge qu'il y a abus, nefut rendu que le 3 aout 1709.- Ainlile decret deM. de Noailles eft mil de plein droit, non-feulementiparce- qu'd eft rendu fur une' enquete, par- tie contraireau decret, partie vicieu- fe , partie frauduleufe ; mais encore parceque le Juge qui l'a rendu, avoit les mains liees par des appels legiti- mes , & par des defenfes du Juge fti» peaeur non declarees abufives. Sv)
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"410 HlSTOIRE BE PoRT-Rd'/At.
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jjop, Mais,quand meme routes les forma.'
lites poffibles auroienr ere obfervees dans le decret de M. de Paris, il y a un aurre defaut que la plus exa&e obfervarion de toures les regies & formalites humaines ne peur couvrir. C'eft le defaut de caufe ou de crime dans les religieufes de Porr-Roial des Champs. Toute peine infligee contre des innocens eft injufte , quand on y obferveroit toures les formalites imaginables i or les religieufes de P. R. des Champs eroienr innocenres & avoient ete jugees relies par Clement IX,'& par M.de Perefixe dans le point meme, fur lequel on vouloir les rrou- ver coupables j ainfi le decret de fon Eminence eft nul tant pour le fond que pour la forme. hi. Quelques jours apres le decret, M. S«ES-*e Noailles alia a P. R. de Paris, fis
ligieufes de aiTembler la Communaute , & apres ehampS, p^ avoir dit que le decret de reunion m. deNoaii etoit pret, & que l'Official alloirfi- nir, if leur fouhaita autant de. regula- rite & de vertu qu'en avoient les reli- gieufes des Champs ,.qui itoient de hon* nesfilles & Men r2gulieresyen qui,,a I'ex* ception deleur defbbeijjance <& leuropi- niatreti il n'y auroit rien que delouable* Sou Eminence wuloit engager les leg
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III. P A R. T I E. LlV.lL 4*-%
ligieufes de Paris a vendre leur mai- 1705.
Ion pour fe retirer dans celle de P. R. des Champs •> mais il ne put rien ga- gner fur l'efprit de ces filles,qui avoienc ti'op de gout pour le fejour de la ville , pour confentir a vivre dans un defert qu'elles regardoient comme I'exil.le plus affreux. L'injufte decret de.M. de Noailles iv.
futfignifie auxreligieufes de P. R. desd-f^X« Champs par un Huiffier du Chatelet lemew coa-4 nomme Marquanr , refidant a Che-tte p* ^ vreufe, le 7 aoiit, c'eft-a-dire, le me- me jour qu'on leur fignifia 1'Arret par. defaut, que le Parlement avoit rendu contre elles le 3 de ce mois a, la pour- fuite des religieufes de Paris. Celles- ci avoient, comme nous Pavons dit, appelle cornme d'abus au Parlement,, du premier relief d'appel de 1'OfH- eial de Lyon, & de la Bulie de Cle- ment X du 23 feptembre 1671J 8t elles en avoient obtenu deux Arrets qui les recevoient appellantes de ces deux chefs (3): elles firent fignifier le 8 mai ces deux Arrets , aux religieu- fes de P. "R. des Champs, les~ faifant (■)) L'Arret du Patle- 1'atrSt du 3 aofit de Ik
ment de Paris du ij a- meme annee declare It
»ril en faveur des reli- defaut bien & duement ob-
gieufes de Paris etoit un tenu, **
airgc £ar defaut puif<jue
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4i£ HlSTOIRE DEpORT-ROlAl.'
en meme terns afligner pour proc£-
der a la quinzaine. Mais les religieu- fes de P. R. des Champs voi'ant bien qu'elles ne feroient pas mieux trai- tees a ce Tribunal qu'aux autres, laif- ferent ecouler tous lesdelais pourga- grfer les vacances , dans l'efpefance que le tems pburroit apporter quel- que changement. Tous lesdelais etant ecoules fans qu'elles eufTent comparu, le Pari, renditle 3 aout arret par defaut qui declare qu'ily a abus dansl'Ordon, & cornmiffion de l'Official Primatial de Lyon des 8"' & 1 o avril 1709 , en ce que ledit Official recevant l'appel de l'Ordonnance de l'Archeveque de Pa- ris du 22 fevrier 1707 , ordonne que cependant les chofes demeureront en &at. Le meme Arret declare aufli, que fur l'appel comme d'abus de la fulmination 5c execution de la Bulls du 23 feptembre 1671 , (qui avoit fepare les biens) il a ete mal, nulle-- ment & abufivement execute (4) j ce faifant ordonne que lefdires Abbefle & religieufes de-P. R, de Paris feront U) Comment un Par- fante<, foirtement follid-'
lement autfi eclaire que te a Rome pat les ordres
eelui de i'aris a-[-i( pu du 'oi , accotde par Iff
declarer nulls & abttfive Pape comme juitc 8C 1**^
ee qui avoit ere fait par foiiiMblet'
k contours des deux guif- |
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III. Part in. Liv. II. 41 f
&: demeureront dans la pofTeffion & 1705*,
jouiffance de tous les biens , droits , revenus dudit fnoriaft-ere de P. R. des- Champs, pour en joilir & les admi- niftrer comme les autres Mens & re- venus de ladite Abbaie de P. R. de Paris, fuivant les Lerrres patentes du- mois de decembre 161^ regiftrees en. la Cour le 16 fevrier i6£6, cotntri&r' aufli maintenues dans la polTeffion , dans laquelle elles etoient avant la- dite Bul'le & fnlmination d'icelle, d'exercet la jurifdidtion &: autorite fpirituelle fur le monaftere de P. R» des Champs (5). Les re'ligieufes des Champs firent r.
oppofition a. cet Arret par defaut dans aftflfj* la huitaine y ce qui fufpendoit fon des champ* execution felon les regies du Palais j J^gJ °^ & l'affaire devoit etre plaidee contra-1'Arret. diftoirement le iendemain de la faint Martin , ne pouvant l'etre avant les vacances. On ne pouvoit done agir regulierement en verm d'un Arret, auquel 1'oppofition faite dans la hui- taine avoit ote toute fa force, fi les Arrets par defaut pouvoient en avoir If ) M. de Noaifles ment donne la jurifdic~
avoit des le n juiflet tion & autorite fpiritue'l-
precedent eteint 8c fuppri- le fur ce monaliere fup-
me le monaftere de P. R. prime 8c eteint , i l'£|j-
&sChamjjs, &; hS&kr_ beffedep, R.ds Paris/
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414 HlSTOlRE DE PoRT-RdlAt.
ii-joy. quelqu'une , etant toujours rendus
pour l'ordinaire au gre comme a la requifition de lapartie qui les obtienc D'ailleurs il eft dit dans cet Arret, qu'il y a des abus confiderables dans la Bulle de Clement X 5 mais ces abus bien loin d'etre prejudiciables aux re^ ligieufes de P. R. des Champs fe tour- noient contre celles de Paris j & fi le Parlement avoir juge cette affaire contradidtoiremenr, il auroit du, en declarant cette Bulle abufive , decla- rer en meme tems le monaftere & les religieufes de P. R. de Paris foumifes a 1'AbbefTe ele&ive , & aux Officieres refidentes a. P. R. des Champs, & refti- ruer a celles-ci le monaftere de Paris, en aneantilTant la Communaute de Paris qui ne faifoit Communaute in- dependante de P. R. des Champs qu'en vertu d'une Bulle que le Par- lement declare abufive par fon Ar- ret. Ainfi des qu'il aneantifloit ce qui avoit ete fait par cette Bulle de Clement X en 1671 , en la.declarant abufive , la Communaute de Paris etoit detruite & aneantie $, & 1'Ab- befTe ele&ive de P. R. des Champs avec fes religieufes devoient rentrer en pofleflion de tous leurs droits & «le tous leurs biens, & par confequent |
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III. Par tie. Liv. II. 41 J'
clans le monaftere de Paris , dont M. 1709 de Perefixe ne les avoit fait fortir pour les envoier dans celui des Champs, qu'a caufe de leur preten- due defobeiflance. Comme ce Prelat les avoir lui-meme juftiriees authen- tiquement par fa Sentence du 17 fe- vner 1669 , avant la Bulle, elles au- roient du des ce moment y renrrer. Mais la Bulle de 1671 leur 6ta injuf- tement le tiers des biens pour le don- nera fept religieufes revoltees,qui n'a- voient d'autre titre pourfaire commu- naute que cette Bulle. Puis done que le Parlem. aneantiffoit par fon Arret,cet- te Bulle & la feparation desdeux mai- fonsde domaine du rout devoitrevenir aux religieufes de P. R. des Champs auxquels_tout appartenoit auparav ant. Les religieufes de P. R. des Champs vr.
voiant que M. de Noailles par fon {£*£??'£ Ordoiinance du n millet, qui leur appeilem a la f^ r • r 1 1 r, • /1 Prirnatie de
ut fignifiee le 7 aout , avoit juge le. Lypn de ror.
fond du pvoccs & fupprime leur Ab- doaaance de
baie, qu'ii les en avoit rake chaffies £.de NoaiU
&les avoit depouillees de leurs biens,. ,Dfei d«
crurent devoir s'oppofer en confeien- i^el'gitS
ce a une telle injuftice par routes les f:s s"mma-
voies que la juftice leur permettoit. "uffidair
files n'en avoient point d'autres que
celle d'interjetter appel a la Prima-.
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A,.iS HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt;'
tie de Lyon. Elles interjetterent done*
cer appel , & firent prefenrer a cet eflfer requete a l'Official de Lyon par M. Madignier leur Procureur. Mais le Juge ecclefiaftiq ue qui avoit rec^u des plaintes de la Cour (6) du relief qu'il avoit accorde aux religieufes de P. R. des Champs les 8 & jo avril precedens, ne voulut pas s'expofer & de nouvelles plaintes, & refufa d'ac- corder le relief qu'on lui demandoit fur ce nouvel appel. Ce qui obligea M. Madignier de lui faire des fom- macions les 28 aout, Sen feptembre. L'Official repondit alors a la requete & a la fomrhatioii, qu'il fe recufoit comme fufpect aux parties.- Le Procureur ai'ant refute cette re-
ponfe dans une feconde requete, fom- ma derechef l'Official le 2 fepteni- bre d'aecorder le relief d'appel & lui declara qu'il prendroit fon refus pour un deni de juftice. Nonobftant cela, (f) M. de Torci avoit fenrer une requite £ M.
tctit par ordre de ia Ma- l'Archeveque de ■ Lyon je^te , dans le mois d'a- pout qu'il uommic un Vril precedent , a l'Ar- autre Official pour cette cheveque de Lyon, en fa- affaire , que pour lui il veur des religieufes de ne vouloit pas fe faire des Paris , ce qui avoit telle- affaires. Lettre de Made- merit intimide l'Official moifelle dejoncouxal* qu'il ditnettement que les mere Sainte Anaftafie dll I religieufes de P. R. des j juin 170$, Champs pouyoieiu pee |
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III. Partis. Liv. It 41 f -
rOiFicial perfifta dans fon refus \ 8c il Vj,&ij„ ajouta a fa. premiere raifon , que s'a- giifant d'une union faite des biens d'une Abbaie a une autre par M. l'Ar- chevcque de Paris , c'etoic a M. l'Ar- cheveque de Lyon qu'il falloit s'a- drelTer & 11011 a lui. Par ce deni formel de juftice les re- vrf.
lieieufes de P. R. des Champsne pu- *•«reikietf* D , ,. . , 1 \ T fes font dgni-'
rent plus pourimvre leur appel a Lyon»fier 4 ieuij
pardevant l'Official Primatial; & ne v/'^s . le* r . 1 r lie fomma ions
jouvant raire autre choie, elles firent qU-eres a-
e 11 feptembre un ade capitulaire ,y°f"£ .fa.",e* dans lequel elles expolent qu aiant Lyoa,_ prefente requete a .I'Orncial de Lyon a ce qu'il lui plut les recevoir oppo- fantes de rQrdonnance.de M. leCar-- dinal de Noailles du 11 juillet, il n'a- voit pas voulu l'appointer, ce qui les avoit obligees de lui faire des fom- mations malgre lefquelles il auroit perfifte dans fon refus , qui eft un de- ni de juftice, & qu'ami de juftifier de leurs diligences aupres de l'Official. de Lyon, elles auroient refolu de fai- re fignifier & denoncer lefdites fom- mations a fon Eminence M. le Card, de Noailles, a M.leNormand Official diocefain de Paris , au Promoteurs aux religieufes de P. R. de Paris , jifervazu a fe pourvoir centre U re* |
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Ifi8 HlSTOIRE DE PoRT-Ro'lAt.
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j 709. fus & deni de juftice de l'Official de
Lyon. En effet des le lendemain iz fep-
tembre , elles firent fignifier par un- Huiflier , cet a£te capitulaire (7) & les fommations faites a l'Officiai de Lyon, plutot afin de ne rien omet- tre de ce qui etoit en leur pouvoir pour fe defendre , & ne pas paroicre ^onfentir a la perre de leur Abbaie & de leurs droits , qu'afin d'arreter leurs adverfaires, que les regies les plus in- violables de la juftice ne pouvoient arrerer ni pour le fond ni pour la forme. u VIIJ- . Dans le meme terns les religieufes
Requete des ■. n . .... °<
religieufes de de iJaris,qui chercnoient routes lesoc-
Pai.is co"tte cafions d'opprimer celles des Champs, champs. prefenterent contre elles une requete au Roi,difant qu'elles avoientcoupe beaucoup plus de bois qu'il ne leur en falloit pour leur chauffage ( voita jufqu'ou alloit la fureur de leurs par- ties contre elles), & qu'elles avoient auffi coupe quantite d'arbres , noiers, &c. fous pretexte qu'ils etoient morts. Elles demandoient qu'il plut au Roi d'ordonner aux religieules de P. R- des Champs de rendre compte ae (7) Voiez ces aftes, H;ftoire de la derniere ipeife-
iqjtion, T. 1. p. 117. Memoires hift. T. e. |
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111. P A R T I E. L'lV. II. 419 ______
1'emploi des bois coupes & vendus, 1709,
& leur defendre d'en couper vifs ou morts. Sa Majefte rendu fur cela un Arret conforme aux conclufions des fuppliantes , qui le firent fignifier le 18 feptembre. Cet article fit un pen de peine aux religieufes des Champs, comme le marquoit la mere Prieure ecrivant a un ami , mais cependant elles efferent, dit-elle, que le Seigneur aura Join de tout 3 comme il a fait jufqu'a prifent. Les affaires etoient en cet etat , ps»
lorfque Madame de Chateau-Renaud je Pi R, jc AbbeiTe de P. R. de Paris, fe croiant Pai«s va i fuffifarhment autorifee pour prendre champ's pour pofTeflion du monaftere de P. R. des prendre pc^ Champs, par l'Ordonnance de M. de maifon. Noailles dont il y avoit appel , & par un Arret par defaut auquel on avoit forme^ oppofition dans la hui-r taine, prefenta requete a M. le Car- dinal pour lui demander permiflion de fortir de fon monaftere a cette fin. on Eminence fe donna la peine d'al- er elle-meme en perfonne a P. R. de Paris le famedi 28 de feptembre, iour donner fes ordres & prendre des. nefiues pour le voiage. II fut conclu jue Ton devoit garder un grand fe- ;rer, de crainte, dit Madame de Cha-, |
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430 HistoiredePort-roui.
j 705). teau-Renaud dans fa relation , que le
parti de P. R. des Champs ne dreflat
quelques obftacles qu'elle craignoit,
& on fit des prieres pour detourner
ces obftacles. ( Voila une crainte &
des prieres bien deplacees).
■a. Madame de Chateau-Renaud arri-
I-aS' de va d P- R- des Champs le 1 odtobre
p. a. de Paris aunt avec elle dans un caroflTe deux
champs'. " religieufes de fa maifon, la Celeriere
Relation de & la Sous-maitreflTe des novices, une
•eau-renaudT religieufe Bemardine (8) & une fille
ieculiere (9). II y avoit dans un autre
caroflTe des homines, dont deux etoient
Notaires , les fieurs Mac,on & Bou-
ron. lis fe prefenterent les premiers
fur les onze heures , & annoncerent
^Madame 1'AbbeiTe de P. R. La mere
Prieure en etant avertie , fe rendit au
parloir , 011 elle n'ouvrit point le chaf-
lis de la grille ; ce qui donna occafion
a Madame TAbbefle de lui demander
s'il n'y avoit pas moien de fe voir ,
. &: elle la pria d'ouvrir. La mere Prieu^
re lui dit, que la regie ne le permet-
toit pas , & la pria de Ten difpenfer.
L'Abbefte repondit ( comme elle le
lapporte dans fa relation de prife de
pofleffion) que les regiesn'etoieni point
,<8) Sa Sccur.
If) SaFeramedeChamtwa,
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III. Parti!. Liv. II. 451
pour les Abbeffes de P. R. (il falloic 1705^
ajouter de Paris). Elle avoit raifon de parler ainfi, car fa conduite a l'e- gard des faintes filles de P. R. des Champs ne verifioit que trop fes pa- roles. Les oracles ont quelquefois die des verites contre leur intention, 5c fans les entendre. Caiphe ne compre- noit pas tout le fens de cette parole , il ejt utile qu'un homme meure pour tout le peuple. La mere Prieure aVant dit qu'elle
avoit entendu des voix d'hommes, ce qui Tavoit engagee a en ufer ainfi , la Dame Abbeue les fit retirer auffi- lot j apres quoi la mere Prieure ou- vrit la toile de la grille , & leva for* voile. La. mere Prieure avoit une parole
a(fe% tremblante{io), dit la Dame de Chateau- Renaud , qui ajoute que pour elle de fon cote , elle n'etoit me- re plus ajfuree _, mais qu'elle fe fit efir fort pour furmonter fa timidite {11). » La Dame AbbetTe lui expliqua _ *'T- .
> 11 • 1 ri {1 Imwtiea de ■*' qu elle venoit avec un or are de M. Madame de
£haieau - re-
# . , ,. ,, ,„ , , ,, naud avec la
,<io) II n'cfl pas furpre- dcpouiHe de lears biens , mere pt e.,re
Pint iiu'une Brebis foic charge de calorunies hor- feion]a ^eU-
.tremblante a la gusule du riides, & enfin qui vient t;Q„ fe p_ u
loup., charter de leur maifon des »»*>*
In) Vaine timidke vierges jchtcliennM.,
<Up$ urte peifonoe ^itj
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431 Histoire de Port-roiai.
» l'Archeveque de Paris, qui, enfuite
» de la requete qu'elle lui avoit pre- » fentee, lui avoit permis de fortir » de fon monaftere , &c enjoignoit •> aux religieufes des Champs de la » recevoir comme Abbeffe. Elle lui » demanda en merae tems, fi elle 8c » fa communaute n'etoient pas dans » la difpofition d'obeir a leur Supe- u rieur commun. » La mere Prieure repondit , que
« la communaute etoit appellante a 3> Lyon de tout ce qui avoit ere or- *> donne a leur prejudice dans 1'afFai- « re dont il etoit queftion^qu'elles n'i- *> gnoroient pas l'obeiflance qu'elles )' devoient a leurs Superieurs & en » particulier a M. l'Archeveque, &c » qu'elles ne s'en ecarteroient jamais; » mais que dans les affaires conten- » tieufes les faints canons & les loix » oht regie les devoirs des inferieurs » envers les Superieurs, & de quelle » maniere ils fe doivent conduire les » uns envers les autres. » La Dame Abbelfe dit alors ,
« qu'elle n'etoit pas feulement pour- >» vue du decr§t de M. l'Archeveque » de Paris , mais qu'elle etoit auto- »> rifce par un Arret du Parlement, j» <jue la communaute ne pouvoit ,> pas
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III. P A R TIE. L'lV. II. 43 J
» pas ignorer puifqu'il lui avoit ete
« fignine (le 7 aout) que cet Arret » etoit du 3 aout dernier j & qu'aiant » declare la Bulle de notre S. P. le » Pape Clement X de 1'annee 1671 , » mal & abufivementobtenue, &c tout » ce qui s'etoit fait en confequence » nul & abufif, le partage des deux » monafteres ne fubfiftoit plus , & les n chofes avoient ete remifes au me- » me etat qu'elles <!toient avant cette m Bulle; enfin que les deux tiers de « l'Abbaie etant reunis prefentement <> en fa perfoline , elle vehoit en vet- s' tu de cette Arret prendre poflef- » Hon de ce. monaftere , & qu'elle » prioit la mete Prieure d'alTembler la » communaute, afin qu'etant recon- »» nue en cette qualite d'AbbefTe, elle w put faire inventaire de tout ce qu'il » y avoit dans la maifon. " La mere Prieure repliqua , en
■•> remarquant que P Arret , dont la » Dame AbbefTe avoit parle , n'avoit » ete obtenu que par defaut, & que » fa communaute y avoit fait oppo- » fition «. (il eft bon de fe rappeller ici ce que nous avons dit de cet Arret). » Oui ma mere, reprit la Dame
" Abbefle ; mais toutes vos prbce- Tome IX. T |
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434 HlSTOIRE DE PoRT-Ro'lAI.
" » dures ne valent rien, & votre op-
» pofitipn n'eft pas dans les formes, »j c'eft pourquoi nous ne laifTerons " pas depafTer outre. La merePrieu- » re repondit, que leurs procedures » etoient fort bonnes , & que les »» Juges en decideroient quand on w voudroit les ecouter. » Sur les nouvelles inftances que
» fit l'AbbeflTe d'aiTembler la commu- » naute (12) pour fa voir fes difpo- » fitions : ia mere Prieure lui die »» qu'elle connoiiToit les difpofitions jj de toutes les religieufes , qu'elle " pouvoit repondre pour toutes, etant » toutes tres unies ; & qu'elle s'op- »> pofoit en fon nom & en celui de » toute la communaute, a ce que la » Dame AbbefTe entreprenoit pour fe |
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[705;.
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j> accompagne fes dif-
» cours d'un air obli- 3) geant & des manieres 33 nobles, tout cela peut 33 plaire a cettaines pet- 33 fonnes, leur faire faire 3> des reflexions , & les si tenter de fe foumettre > 33 non pas a figner, mais 33 a fubir le joug d'une u 33 bonne Dame. Une feu- i3 le qui tomberoit pour- 33 roit en entrainer d'au- 33 tres : on fe lalfe quel- 33 quefois de fon etat, 8C » on voudroit un Rot, |
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(iz) La raifon pour la-
quelle la mere Prieure ne crut pas devoir faire ve- nir la Communaute, c'eft que , ditclle , (lettre a Mademoifelle de Jon- coux du 3 oclobre 1709 ) 53 quand on voir une Ab- s> beffe de qualite dont 53 l'exterieur paroit ref- 53 pe&able , qui dit qu'el- s> le vient avec des en- 53 trailles de mere ,qu'el- s> le veut fe conduire a- 5) yec cordialite, chari- ■ te 8c amitic , & qui |
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III. Partie. Llv. IT. 4$ 5
fake reconnoitre. Elle ajouta nean- 1709.
moins qu'elle favoit rendre ce qui eft du. a. des perfonnes de fa qualite & de fa condition, qu'elle avoit oui parler de fon merite j & que fi Ton pouvoit feparer Madame de Cha- teau-Renaud d'avec l'AbbefTe de P. R , & mettre a. part fes preten- tions , elle fe feroit un plaifir & un honneur de la prier d'entrer dans la maifon , & de l'y recevoir com me on a coutume de recevoir les AbbefTes. Ho ! pour cela non , reprit la Dame Abbefte \ auffitot elle fit entrer les Notaires, &c le prenant d'un ton plus haut, parla de fon autorite , & du pouvoir qu'elle avoit de depofer la mere Prieure , comme il lui plairoit. Elle l'accufa de prendre plus d'empire qu'elle ne devoit fur la commu- naute , & elle lui reprocha en ter- mes durs & amers d'etre opiniatre & de ne vouloir fe foumettre a. au- cune autorite ni Ecclefiaftique ni feculiere. » La mere Prieure ne repondit
rien , fi-non que tout le monde ne
voi'oit pas les chofes de la meme
> maniere ; elle dit encore que l'Ab-
» baie de P. R. des Champs etoit
Taj
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""'<
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4$£ HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt.
« elective, que c'eroir fous une Ab-<
». befle de ce titre & non perperuel- » le, quetouce la Communaure avoir « fair vceu ; & que pour elle, fi l'Ab- » baie de P. R. n'avoir pas ere fous » ce gouvernemenr , elle ne fe feroir » pas faire religieufe. Madame de Chareau-renaud vo'ianr
que la Prieure renoir ferme dans le refus d'aiTembler la Communaure , lui dir » qu'elle eroir furprife qu'une » Prieure qu'elle pouvoir revoquer, u quand il lui plairoit (13), repondir » feule pour une Communaure fans » 1'aiTembler pour prendre fes avis; » que ce gouvernemenr lui paroif- » foit bien defporique; que pour el- " le qui eroir AbbeiTe rirree, & qui » par confequenr avoir plus d'auro- « rire & de pouvoir, elle ne vou- " droir pas en des chofes bien moins » imporranres agir fans prendre avis ?» ,8c confeil de fes fceurs «. Enfuire elle dir a la Prieure » qu'elle voi'oir » avec douleur que dans les chofes < 15) Cette focon de n'eft p.is permis dans l'B-
parler ne s'accorde gue- glife de commander pat
res avecl'Evangile& avec autorite.c'eft a dire , fans
ce que difent les Peres autre raifon que l'autoij-
touchant le gouverne- re, 8c parcequ'il plait ain-
aicnt Ecclefiafticjue, Il fi a celuj qui commands.
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III. Parti e. Lb. II. 437
les plusfimples (14), elles (les re-
ligieufes de P. R. des Champs ) ne vouloient reconnoitre aucun Su- perieur ni EccleTuftique ni Secu- lier. Elle ajoute dans fa relation qu'elle trouva toujours le meme ef- prit d'opiniatrete, dont les racines prifes depuis fi longtems etoient trop profondes pour pouvoir efperer de les arracher. Elle dit encore a la Prieure (15) qu'il etoit bien trifte que par leur defaut de foumiffion, elles rendiflent inatiles tant d'a&ions de piete & de regularity & de faintes pratiques & d'aufterites de vie. La mere Prieure ai'ant repondu que tout le monde n'en jugeroit pas de meme , la Dame Abbeile ne voulur rien repartir, de crainte , dit-elle , |
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1709.
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(14) Madame de Cha-
teau-renaud a-t-elle pu etre aflez fimple & alfei ignorante pour regatder comme une chafe des plus fimples de renverfei: un rnonaftete , de charger de calomnles de faintes fil- les , de les decrier dans l'efptic des Princes, fou- ler aux pieds toutes les loix, pour venir a bout de les opprimer , afm de s'enrichir de leuis de- pcuilles? Elle a bonne gra- ce apres cela de calom- |
niet les relif.ieufes de P.
R. parcequ'elles refufent' de fe preter k toutes ccs injullices. (if) II eft dit dans !a
relation de P. R. que ce fut au Sacrilrain que l'Ab- belfe paria ainli de la re- gularity des religicufes ; on voit pat-la que les en- nemis meme de P. R. etoient forces de parler de la piete qui y regnoic comme on en parloit pat- tout. T iij
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438 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAL.
" de s'emharquer dans une controver-
sy fe de Iaquelle elle pouvoit fe met- » tre en etat de fe tirer trop mal , m cela etant au-deiTus de la capacite » de fon fexe & de fa portie particu- » Here (16), & d'ailleurs n'ai'ant nul- » le liaifon avec le fujet qui la faifoic |
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1709.
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xit.
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» Les Notaires commencerent a.
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LesNotaires „ dreflTer leur Proces-verbal, & apres
dreflent leur ,, . r . ,. ,.. ,, *
iToces - yer- » 1 avoir am, aiantdit qu lis s etoient
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bai
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» tranfportes au Monaftere de P. R.
» des Champs, la Dame AbbefTe les » interrompit pour dire qu'il n'y « avoit point deux P. R. differens , » mais qu'il n'y en avoit plus qu'un « (17) dont elle etoit AbbefTe, & el- s' le voulut leur fuggerer d'autres » termes. lis lui reprefenterent que |
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elle pas craint d'y entrer
dans fa fupplique au Pa- pe, contre les religieufes de P. R. des Champs! (17) L'oracle parte en-
core ici fans entendre la force de ce qu'il die : H n'y a point deux Port- roial, driy en a qu'un. Si Portroial de Paris fub- fifte , ce ne font que les pierres; mais pour Port- roial des Champs , tout detruit qu'il foit, il fub- (iftera eternellement, 8c fa memoire (era a jamais en veneration. |
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(is) Voila qui eftbien
modefte, mais cela etoit- il bien fiacere > Les pro- cedes de cette AbbefTe en font juger. Elle fait ici la modefle & ne veui: point s'embarquer dans une controverfe ,- elle qui n'a point craint d'accufer les religieufes de P. R. des Champs d'objlination, d'attachement a fomenter Vhirifie Janfenienne, 8cc. Si la Dame de Cbateau- renaud cralgnoir de s'em- barquer dans la contro- verfe , pourquoi n'avoic |
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III. P ARtie. Lh. If. 449
»» cela ne fe pouvoit mettre autre-
» ment j apres en avoir donne la rai-
» fon , ils continuerent de lire & fi-
« rent mention de rompre les portes
» pour faire entrer la Dame AbbefTe,
» fur le refus que la mere Prieure fai-
» foit de la recevoir a la maniere
» qu'elle pretendoit. Mais la Dams
» AbbefTe fe recria, & dit la-defTus ,
» qu'elle venoit avec des entrailles
« de charite ; que ces manieres ne
« convenoient point au cara&ere de
» fon efprit j que puifqu'on en pou-
» voit prendre de plus douces avec
» autant de furete , elle les prioit de
" vouloir bien s'en fervir , qu'il ne
" falloit point faire de fcandale.
Quelle moderation! » On demanda enfuite a la mere
» Prieure qui etoit demeuree dans
" an grand iilence pendant tout ce
» qu'avoient fait les Notaires, fi elle
" avoit quelque chofe a. dire , & fi
» elle figneroit ce qu'elle voudroit
» repondre, apres la lefture qu'elle
» venoit d'entendre. Elle repondit
» qu'elle figneroit fa reponfe pourvu
" qu'on lalui fit voir apres qu'elle
» feroit ecrite. Les Notaires y ac-
» quiefcant & ai'ant dit que cela etoit
» de droit, elle fit fon oppofition
- T iiii |
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440 HlSTOIRE DE PoRT-ROUZ.
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1703. » pour elle & pour fa Communaute,
» & les requit de lui en laifier co-
» pie , apres quoi elle figna.
» Une des religieufes qui accom-
» pagnoient la Dame Abbefle de-
» manda alors a voir les foeurs. La
" mere Prieure ne put repondre qu'un
v mot pour s'en excufer , parcequ'en
» ce terns la Dame Abbefle fe red-
» roitaffligee, difoit-elle, de voir que
" ces religieufes voulufTent fe perdre.
» Elle alia de ce pas a l'Eglife y
xni> » prendre pofleffion des principaux
pofferoH de " endroits qu'elle toucha, & en der-
Porcnialdes.,, nier lieu elle fit la ceremonie de
Champs par r 1 1 1 t~\ 1
Madame de " lonner la cloche. Lomme les gens
chateau - re- „ de fa fuite prirent apres elle cette m cloche , & le mirent a la lonner a » tours de bras, un domeftique de la » maifon monta au clocher & coupa » la corde , de crainte qu'ils ne caf » faflent la cloche enfonnantfifortj w apres les avoir avertis.. " Ce fut-la lafeule marque de viva->
» cite1, dit la Dame de Chateau-re- » naud dans fa relation , qui me pa-> " rut dans cette rencontre j car du ref- " te j ajoute t-elle j toutfe pajfa avec » douceur & avec une Igale modern-^ » t'wn j & jufqu'aux domejliques tout « fut dans un grand JUence. Aucun |
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III. P A R T i e. Liv. II. 441
n mouvement tie fe fit remarquer qui
» iroublat tantfoit peulapaix. (Voi- la un aveu bien glorieux aux religieu- fes de P. R. des Champs dans la bouche d'une ennemie ) » ce qui me » fit juger que Ji cesfilles avoient la » foumijfwn a I'EgliJe _, elles feroient •> capables de beaucoup edifier. Auffi ont-elles beaucoup edifie , &
quoiqu'en puiffe dire Madame de Chateau - renaud , perfonne n'avoit |
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lus de refpedt & de foumiffion pout
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Eglife que ces fainres filles.
« La Dame Abbefle alia enfuite
« prendre poflTeffion des appartemens » de la cour , & ai'ant rencontre M. « le Chapelain nomine de la Londe , '■• elle l'informa du fujet pour lequel « elle etoit venue, & lui dit qu'il » etoit bien difficile de ne pas ref- " fentir beauconp de peines , de ce " que tant d'aufterites 8c de faintes " pratiques qu'il y avoit dans cette *> maifon, etoient inutiles aux reli- " gieufes par leur defobeiffance. » Apres cela les Notaires etant
» montes alachambredu Chapelain, » le prierent de figner comme te- » moin , leur proces-verbal ; mais il » s'en excufa , non-feulement fur ce » qu'il n'avoit pas etc. prefent a ces ") T v |
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44Z HlSTOIRE DE PoRT-ROlAI.
» qui s'etoit pafTe, mais auffi parce-
» qu'etant venu avec l'approbation » de M. l'Archeveque, a condirion »» qu'il ne fe meleroit que de dire la » Merle dans le monaftere, y confet- ti fer les perfonnes qui lui etoient defi- » gnces, il fe croi'oit oblige de s'en te- « nir a ce qui lui etoit prefcrit. » La Dame Abbefie fortit alors
jj &c monta a la ferme des Granges , » pour en prendre auffi pofleffion: » elle y dina j & lorfque les Notaires » eurenr fait copie de leur proces- » verbal, ils revinrent l'apporter a la » mere Prieure fur les cinq heures " du foif. Elle leur prefenta en me- » me-tems un adte figne de toutes les » religieufes de la communaute, por- » tant qu'elles confentoient a l'oppo- »> fition faite en leur nom. La mere » Prieure requit les Notaires de le » recevoir & de l'ajouter a leur pro- » ces-verbal j ce qu'ils refuferent, » parcequ'il etoit conclu. » La Dame Abbefle partit des,
■» Granges a cette meme heure, & » alia coucher a. Saint Cyr , 011 le len- » demain elle rendit compte a Ma- » dame de Maintenon de ce qu'elle •> avoir fait la veille a l'Abbai'e de » P. Pv. des Champs , d'une maniere |
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1709.
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XIV.
Madame de Chateau - re- jiaud va a S- Cyr, ou elle ini'orme Mad. «ie Maimenon <ie cc cju'eHe a fait a P.R. deiChajitps. |
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111. P A A TIE. LlV. 11. 44$
» conforme a fes preventions & a fes
» interets ». Madame de Main tenon demanda a Madame de Chateati-Re- naud (* ), fi elle avoit fend a P. R. des Champs 3 cette onciion que I'on di- foit s'y trouver; je lul repondis j dit la Dame Abbeffe , que je n'itois pas ajje\ bonne pour avoir de ces fortes de mouvemens j & je lul dis que je n'avois run fend de vardculier. La vertu, lorf- qu'elie excelle & qu'elle eft conftante 8c uniforme , laiile une odeur & une efti- me qui gagne le cceur de ceux qui en ont connoifTance, e'eft en ce fens que Saint Paul parlant de lui-meme & des autres Apotres, dit i nous fommes de- vant JDieu la bonne odeur de J. C. Les SS. PP. parlant des Vierges facrees , les appellent les lys de l'Eglife & la bonne odeur de Jefus-Chrift. Qu'y a- t-il done d'etrange , que Ton ait dit de l'Abbai'e de Port-roi'al, depuis fa reforme , qu'on y trouvoit une Donne odeur & une onciion qui edifioit? Y a-t-il jamais eu de monaftere plus cdifiant, & ou on ait vu une piece plus folide, plus eclairee, plus conf- tante & plus uniforme ? Une Dame (Madame de Sevigne ) d'auffi bon gout & qui avoit autant d'efprit que V*) Relation de Madame deChatea'.i-miaud.
Tvi
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444 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt.
j -703. Madame de Maintenon & que Mada-
me de Chateau-renaud , n'a-t-elle pas dit en parlant de P. R. par l'experien- ce qu'elle en avoir faire & fur ce qu'elle y avoir vu & fend , que » c'e- « roir un paradis ou toure la devo- « rion du cnriftianifme s'eroir rangeej » que c'etoir une fainrete repandue » dans rour le pais a une lieue a la •» ronde ? Si Madame de Chateau- Renaud n'a rienfenti de paniculier , & fl la bonne odeur de P. R. 11 long- tems & ll generalement repandue ne Va point touchee, c'eft que la preven- tion & l'interet font les plus grands obftacles qui fe trouvent a rendre aux autres la juftice qu'on leur doit, & a voir en eux le bien qui y eft efte&i- vement. Mais c'eft qu'elle n'etoit pas affe\ bonne, comme elle le' dit, pour avoir de ces fines de mouvemens. Madame de CMteau-Renaud ajou-
ta, en repondanta Madame de Main- tenon , » qu'elle pouvoit avoir l'hon- » neur de lui dire & de L'ajfurer fans " flatterie, qu'elle avoir trouve dans: » Saint Cyr veritablement cette onc- » don ,. en voi'ant la modeftie, le »» iilence, le recueillement de tant » de perfonnes aflemblees , & la *>. maniers edifiante avec laquella |
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III. P A R TIE. LlV.- IT. 445;
%> Dieu eft fervi.... & par l'ordre mer- Tjoy',
•■> veilleux qui y regne , & fe fait re- « marquer par-tout, on eft perfuade » que celle qui a forme & conduit » cet ouvrage, eft un des genies fu- w perieurs qu'a peine un fiecle peut » produire •>. Ainh" parloit Mada- me de Chateau - renaud a Madame de Maintenon. II feroit a fouhai- ter pour l'honneur de cette Ab- belfe qu'elle eiit laifle a d'autres ces baffes flatteries, on du moins qu'elle. ne les eiit pas emploiees en cette oc- cafion. Non que ces chofes ne puiflent etre vraies a un certain point & qu'el- Ies ne foient eftimables; mais parce- que l'oppofition qu'elle en fait eft odieufe & injufte. Quoi qu'il en foit, le bien que Dieu a fait par fa grace dans le monaftere de Port-roial des Champs, & celui qu'on peut remarquer dans S. Cyr, font des chofes indepen- dantes l'une de l'autre > & qui ne font pas de leur nature incompatibles. Voila de quelle maniere les chofes , XY.:. .
fe pafferent le mardi premier oclobre fes de p. r,. a la prife de poffeffion de P. R. des ^ f«gg Champs par Madame de Chateau- un actc d*op— Renaud (18). La mete Prieure y avoit jS^}*? ii$) Le tecit que nous en avons fail eft tire ds.I».
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■■-■-■-:■ ■■'■--^-•■.-
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44(j HlSTOIRE DE PoRT-ROlAI,.
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1705." fait oppofition , comme nous 1'avons
vu, tant en fon nom qu'en celui de fa Communaute. Neanmoins comme les Notaires avoient refufe de rece- voir l'a&e figne de toute la Com- munaute & d'en donner adte, fous . pretexte que leur Proces-verbal etoit conclu, les religieufes de P. R. des Champs firent fignifier le 2 du meme niois d'octobre a l'Abbeffe & aux re- ligieufes de Paris un a6te en forme, fortant qu'aiant forme oppofition a Arret du Parlement du 3 aout pre- cedent , elles proteftoient contre tout ce qui avoit ete fait & pourroit etre fait au prejudice de cette oppofition. xvi. L'Abbeffe de P. R. de Paris pre- Corfe!" qui fenta de fon cote fa requete au Con-
*tdonne aux feil, ou elle expofa le refus qu'on Iui pe. is;'r" "de, avoit fait a P. R. des Champs de la champs de reconnoitre pour AbbefTe , & l'oppo- reconnoure r ■ < 1 .. . r t '
Madame de lition que les religieuies avoient rai-
chaceau - re- te 4 fa prife ^e poffeffion les premier Abbcfle. & fecond o&obre. Sur fon fimple ex-
relation des religieufes res fur la relation de Ma-
de P. R. des Champs 8c dame de Chateau-renaud, de celle dt Madame de p. 77 8c fuiv. On pevft Chateau-renaud. Le Lee- encore confulter l'Hiltoi- reur peut les confultei re de la derniere perfecu- dansfes Memolres fur la tion, T. %.. p. no 8c fuiv. deitruttion de P. .R.. fies 5c les Mem. hill, T. 6- p» Champs, ainfi que les re- 14, &c, marques qui ont ece far- |
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III. P A R TIE. Liv. II. 447
pofe , elle obtint Ie 8 un Arret qui enjoignoit & ordonnoit a la Prieure &aux religieufes deP.R. des Champs- de reconnoitre pour Abbeffe & Supe- rieure la Dame de Chateau-renaud , &c en cette qualite lui ouvrir les por- tes, lui remettre les clefs des Archi- ves & du depot, & lui obeir. L/Ab- beffe fit fignifier cet Arret le 19 oc- tobre aux religieufes de P. R. des Champs j & en confequence dudic Arret 8c de fa prife de poffeflion du premier octobre, elle fit publier fur les lieux que tous les Fermiers deP. R. euffent a fe rendre a Paris pour re- nouveller leurs Baux, & en meme- tems on publia trois coupes de bois a vendre. ( On avoit fignifie des le 18 feptembre aux religieufes de P. R. des Champs un Arret du Confeil d'E- tat, portant qu'elles rendroient com- pte de l'emploi des bois coupes &c vendus , avec defenfe d'en couper vifs ou morts. Le 15 juillet prece- dent on leur avoit deja fignifie un Arret qui ordonnoit que la fomme , qui devoit leur revenir du legs de feu M. de Pont-chateau (19), feroit mife. (19) M. de i'ont-chat- elles en avm:tit recite
teau avoit lcgue aux reli- ijoao liv., ii :ie reftoit
gieufes de Port-roial des plus queSooo liv. a iete-
Champs nooo liv. fur voir.
I'Ifte (te NQotfttajid, dortc |
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448 HlSTOrRE DE P'oRT-ROlA-t,
~'x-joy. en fequeftre entre les mains du fieuf
Defcure Notaire , pour l'emploier a l'acquifition d'un fond ;. on prit les memes precautions par rapport a ce qui devoir leur revenir de l'affaire de llfle deNoorftrand). C'eftainfi qu'on accabloit d'Arrets du Confeil d'Etat les pativres religieufes de P. R. des Champs, xvii. Ces faintes filles , voiant que la're- Ihi'df pf"! Solution de les opprimer etoit irrevo-
des champs cablement prife , jugerent qu'il etoit wute^esp""- inutile d'y former davantage oppofi- rfdures pour tion , & mane de prefenter des Re- ne plus pcnfcr a r> • o 11 r qu'a fouifdr quetes au Roi, & elles ne pemerent
tapak. plus qU'^ foufFrir en patience l'injuf- tice & la 'perfecution. Elles ne firent done aucune oppolition a l'Arret du 8 oftobre qui leur avoir ere fignifie le 19 ; & elles attendirent en paix & en patience ce que la divine Provi- dence voudroit faire d'elles. Cepen- dant la nature ne laiflbit pas que de foufFrir de violentes fecoufles dans 1'incertitude ou elles etoient de ce qui pourroit leur arriver j mais elles s'abandonnoient entierement entre les mains de Dieu. » Nous fimmes entre » fes mains „ difoit une d'elles (io)j. (io> La. foEiir Sophie Fiefcelles. Mem. hift, T»
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III. P A R. t i e. liv. II. 449
» il efl un bon pere 3 tl faut efperer
» que s'il nous frappe , cefera pour » nous guerir.... Nous tie pouvons rien » prevoir j ilfaut fuivre Dieu & s'a- » bandonner a lui, efperant qu'il n'a- » bandonnera pasfes enfans quife con- » fient en fa providence. Nous ne pou- » vons mieux faire que de le prier beau- » coup qu'il nous donne les forces ni- » cejfaires pour accomplir fes dejfeins » fur nous, afin qu'ils tournent a notre » falut. Xelles etoient les difpofitions des
religieufes de P. R. des Champs dans 1'incertitude & l'attente des evene- mens dont elles etoient menacees. L'orage etoit pre-t a fondre. Louis XIV , prevenu depuis long-tems con- tre la roi de ces faintes filles par les. calomnies de leurs ennemis , fans avoir jamais vonlu les entendre , re- folut de diffiper entierement cette Communaute. La relation faite pea apres la deftrudion , attribue cette re- folution aux intrigues du Pere le Tel- lier. Ce Pere avoir engage Madame de Chateau-Renaud a prendre pofTef- fion de P. R. des Champs , comme elle fit le premier octobre de la ma- niere dont nous l'avons rapporte. Le, Pere ConferTeur dit devotement au 7
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45o HrsToiRfi t>fi PoRT-Rc*iAt;
1709. Roi j que Madame de Chateau-renauc!
n'ofoit retourner a P. R. des Champs, perfuadee qu'elle y trouveroit encore des obftacles, & que ces filles ente- tees , defobeiffantes & rebelles , fe moqueroient de l'Arret du Confeil du Roi, comme elles avoient deja fait de celui du Parlement J & qu'a moins que Sa Majefte ne voulut bien accor- der des ordres precis &c emploier tou- te fon autorite^ pour les dilperfer , on ne pourroit jamais en venir a. bout. Le Roi prefle de cette forte accorda enfin au R. P. Confeffeur , la grace que la Societe follicitoit depuis fi long- tems, 8c la refolution de detruire en- tierement P. R. des Champs fut ar- retee felon leur defir. L'Arret portoit que le Roi a'iant rifolu pour des con- Jiderations importantes qui regardent le bien de fon fervice & la tranquilliti de fon Etat, de releguer en differens lieux les religieufes qui compofent la Cotntnu- naute de P.R. des Champs _, &c. Ceft ainfi qu'on trompe les meilleurs Prin- ces , & qu'on leur fait regarder com- me le bien & la tranquilliti de I'Etat, ce qui en eft la mine, & ce qui eft capable de le renverfer. Le Roi avoit, dit-on , fi fort a cceur la deftruclion de P. R-, que peu de jours avant d'en venir |
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III. Part m.Liv.II. 451
aux efFets , il dit, qu'ilavoit rifolu une 1709.
chofe, apres quoi il auroit I'efprit & la confcience en repos (z 1). Quelle paix! Pour executer fans delai cetce re- xvin.
folution , le Roi tint le 16 odtobre Con(eT d'E- un Confeil d'Etat, ou il rendit un Ar- tat du i« oc- ret contre le Monaftere de P. R. des aifperlon de» Champs , par lequel il donnoit com- reiigieufesde miifion a M. d'Argenfon Lieutenant champs, de Police , de fe tranfporter fans de- lai a P. R. des Champs , d'y entrer de gre ou de force , y vifiter toute la maifon , en particulier les Archives, s'y faire reprefenter les titres & pa- piers, & en drefTer Proces-verbal. Apres quoi Sa Majefte ordonnoit que dans le jour meme de cette vifite, les reiigieufes fortiroient du Monaftere pour etre conduites en differens Dio- cefes, &y etre mifes feule a feule dans des Couvents fepares. - On drefla le meme jour , fi cela n'e- xix.
toit deja fait, la lifte de tous les Cou- cachet? " vens ou Ton devoit envoi'er les reii- gieufes ; & M. de Pontchartrain, Se- cretaire d'Etat, eut ordre d'envoi'er des lettres de cachet, & d'ecrire lui- meme en fon nom, tant aux Supe- rieurs des monafteres qu'aux Eveques des Diocefes ou etoient ces Monafte- (u) Mem. fur la deftr. p. 149.
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45 * HlSTOIRE DE PoRT-ROlAl."
1709. res , avec un Memoire ; le tout con-
cernant les Dames religieufes & la maniere dont on devoit fe com- porter a leur egard. Toutes ces Let- tres etoient datees du 16 odtobre 1709. Les originaux furent mis entre les mains de M. d'Argenfon , qui de- voit les remettre a chaque Exemt con- dudteur des religieufes, pour les ren- dre a leurs adrefles. 11 eft a. propos de tranfcrire ici ces lettres & le Memoi- re inftrudtif, pour juger de la fervi- tude dans laquelle on vouloit reduire ces pauvres filles , 8c oil elles furent en efFet reduites. !««« du " Chere & bien araee , ai'ant donne Roi a la su- „ mes ordres pour couduire en votre Sionafcre. " " monaftere fceur. . . . religieufe de » l'ordre de Citeaux, nous vous man- » dons & ordonnons de l'y recevoir & » retenir jufqu'a nouvel ordre, vous » avertiflant qu'il fera regulierement » pourvu au paiement de fa pennon » par l'Abbai'e de P. R. de Paris. Si » n'y faites faute; car tel eft notre » plaifir. Donne a Verfailles , le 16 » odtobre. M. de Pontchartrain joignit a cette
lettre de cachet la fuivante en fon nom , quoique par ordre du Roi. w Le Roi ai'ant juge a propos. , |
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III.Partib. Liv. II. 45j
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Madame, de relegner dans votre 1709.
couvent la fceur.....religieufe XXJ-
de l'ordre de Citeaux , Sa Majefte cr/taire d'E-
m'ordonne de vous recommander tataiamerae de fa part ce qui fuit : 1 °. de tenir up" une cnambre prete pour ladite re- ligieufe , done Sa Majefte aura foin que la penfion vous foit pai'ee par l'Abbefle de P. R. de Paris. 2 °. D'a- voir foin de traiter & faire traiter ladir* religieufe avec douceur 8c charite , mais de ne la laifler par- ler a perfonne du dehors , fans une permiffion expreiTe de M. PEveque de.... j°. De prendre l'ordre de lui fur la maniere dont vous devez en ufer a l'egard de votre religieufe; & fi vous decouvriez dans la fuire qu'elle eut lie quelque commerce avec quelques perfonnes du de- hors dire&ementouindire&ement, vous en donnerez avis a ce Prelat, afin que Sa Majefte puifle en etre informee par lui. Que les Princes font a plaindre !
Louis XIV veut etre informe de la conduite qu'on tient, ou plutot de la perfecution qu'on fait a une quin- zaine de pauvres filles injuftement opprimees, apres avoir refufe d'ecou- ter leurs juftes plaintes & les raifons |
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454 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAI.
ij0a, par lefquelles elles faifoient voir leur
innocence ! Quel malheur pour ce Prince feduit! Quelle occupation,dans un terns ou la famine defoloit fon Roiaume j ou par un jufte jugement de Dieu , les Ennemis aiant force les barrieres , ravageoient les Provinces & menac,oient meme la capitale ! Outre ces deux lettres, it y en avoit
une adreffee a l'Eveque diocefain : voici celle a l'Eveque de Chartres. 'XXI'-. » Monfieur, le Roi aiant juge a vcque Dioce-» propos de releguer dans le monaf- fam. „ tere des religieufesde laVifitation » de Chartres , la fceur Frangoife de
» Sainte Agathe le Juge j dans le cou- m vent des Carmelites de la meme » Ville , la fceur Marie de Sainte » Opportune Mouchot j dans le cou- » vent des Filles-Dieu , la fceur Ma- 5. rie-Magdeleine de Sainte Gertrude » du Valois; & dans celui des Bene- » dictines de Loigny, fceur Louife » de Sainte Juftine Barrat, routes » quatre de l'Ordre de Citeaux ; Sa » Majefte m'a commande de vous le » faire favoir, & de vous recomman- » der de donner par ecrit a la Supe- » rieure de chacun defdits Monafte- » res, les ordres que vous jugerez »» convenables a ce que ces perfonnes |
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III. P A r.ti e. Liv. II. 455
»> n'aient aucun commerce avec les 1705.
» perfonnes du dehors capables de
w romenter leur obftination, & qu'el-
»» les ne puifTent rien gater dans les
» couvens ou elles feront envoiees.
» Sur quoi Sa Majefte s'etant fait lire
» le memoire cy-joint, elle a ete d'a-
« vis que je vous l'envoie, faufa vous
» d'augmencer aux articles qu'il con-
» tient, ce que vous trouverez de-
» voir prefcrire de furplus pour les
» fins fufdites. Le Roi fe promet de
» votre zele pour la religion & pour
» fon fervice (2.*), que vous appor-
« terez tous vos foins a. ce qu'il fou-
» hake de vous en cette occafion ,
» d'autant plus que vous devez de-
»> formais regarder ces religieufes
« comme du nombre de vos ouailles,
" 1'intention de S."M. etant qu'elles
« demeurent pour toujours dans vo-
» tre diocefe, Sec.
Le memoire joint a cette lettre xxur.
prefcrivoit aux eeolieres de ces pau- M61™"™^ o r la mamere
vres lilies la mamere dont elles les de- done les reii-
voient traker. |ieuff * p; s^. 1 • r ,(• . R- devoient
» i °. Un ne doit point iouftnr que erre naitees
dans leur cap-
(11) Pour le fervice de ment rrompS, qu'il op- tivitf. la Religion , du Roi, & primoit l'inuocence & at- de l'Etac, un Eveque ze- tiroit par-li fur fon Etat 16 auroit du reprefencer a toutes les catamites done « Prince maliieureufe- le poids l'accabloit alors. |
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456 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAL.
« cette religieufe parle a perfonne du
« dehors , foit a la grille ou ailleurs t » fans un ordre expres du Prelat, » notifie a la Superieure par ecrit. » x°. On doit defendre tres feve-
" rement aux tourieres, aux facrifti- w nes & autres religieufes de rendre » a cette religieufe quoi que ce foit » qui vienne du dehors j & fi quel- » qu'une fe trouve 1'avoir fait, elle » doit etre reprimee d'une maniere a » l'empecher elle & les autres de » tomber dans une pareille faute. » 3°. Si cette religieufe , au juge-
» ment du Prelat, ne fe rend pas in- » digne par fa conduite de tout com- » merce avec celles du monaftere, la w Superieure deputera pour 1'entrete- » nir dans le terns de recreation per- » mife , quelques religieufes des plus » difcretes , & qu'elle faura n'etre » pas fufceptibles des mauvaifes im- » preffions qu'elle pourroit leur don- » ner , fans permettre a cette reli- » gieufe de parler aux autres, ni a >• elles de lui parler. » 4°. II faut recommander a celles
» qui lui parleront, qu'elles evitent » furtout dans les commencemens de » lui parler des matieres conteftees, » de s'engager entr'elles dans des dif- » putes 1
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III. Partie. Liv. IL 457
» putes qui pourroient ne fervir qu'a
" aigrir fori efprit & la rendre plus
» indocile. Qu'elles laifl"ent a leur
»> Prelat le foin de l'inftruire & de
" l'exhorter fur cela, ou par lui-me-
» me , ou par les perfonnes qu'il de-
» putera pour cet effet dans le tems
•> &c de la maniere qu'il jugera con-
» venable.
» 50. Le refus fcandaleux que fait
» depuis deux ans cette religieufe de
» fe foumettre, comme le refte de
" l'Eglife , a la Bulle de notre Saint
» Pere le Pape Clement XI fur la fi-
» gnature du Formulaire , ai'ant obli-
» ge M. le Cardinal de Noailles,
» Archevcque de Paris a lui inter-
» dire les Sacremens , Sa Majefte
" fuppofe qu'aucun des Prelats ne la
" relevera de l'interdit, qu'elle n'ait
" donne des preuves de fa foumiffion,
» c'eft-a-dire , qu'elle n'ait figne pu-
» rement & {implement le Formulai-
» re au pie & dans le fens de la Conf-
>> titution de Clement XI, & qu'el- ■
" le n'ait ete eprouvee affez long-
" tems (13), enforte que Ton puiue
(1;) L'epreuve qu'on hommage h la verite de
demande ici pour s'afTu- cette propofition , c'eft
rer de la fincerite du cha:> une conduite pleine de fa-
gement eft remarquable. gejfe , de tumiere & de
Enlaprefcrivant, on tend charite , de donner aux
Tome IX. V
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45 S HlSTOIRE DE PoRT-ROlAI,.
» s'aifurer que fa foumiffiom fera fin-
» cere & fa conversion fans retour. » 6°. En attendant cela, M. 1'E-
» veque prefcrira ce que ladite reli- » gieufe doit pratiquer des obfervan- m ces de la maifon ou elle fera me- » nee , fans lui faire violence, & plu- » tot par la voie de perfuafion que »> d'autorite. Ce font-la les lemons que les Jefui-
tes donnoient, fous le nom & l'au- torite du Roi, aux Eveques , pour perfecuter &feduireles religieufes de P. R. des Champs. Qu'un Prince puifTe etre trompe
jufqu'au point ou Pa ete Louis XIV, cela n'eft pas furprenant j mais que les Eveques foient les auteurs & les miniftres de la perfecution , qu'ils fe chargent de l'horrible commiffion de tourmenter des epoufes de J. C., & cela parcequ'ils font fervilement de- vours a. une fociete redoutable , c'eft ce qu'on auroit peine a croire , (i l'e- vidence n'y for^oit. A quel fiecle fommes - nous refer-
ves ! ou font ces anciens prote&eius ames le terns de porter mencer au moins de fatis-
avec humilite & de fentir faire a la jujlice de Vieu
Vitat du pichi, de deman- avant que de les reconci~
der I'efprtt de pinitence & Her. prop. 87.
de coiftrition , if de com- |
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III. P A R T I E. LlV. II. 459
des Vierges chretiennes , ces peres 1700.
des orphelins , ces defenfeurs des veu- ves ? ou font ces faints Prelats qui portoient leur zele & leur charite paf- totale jufqu'a aller trouver les Ju- ges , fe jetter a leurs pies pour obte- nir la grace du criminel, du voleur meme & de l'homicide ? Ou font les Ambroifes, les Auguftins , &c. ? Que diroient-ils , s'ils voioient des vierges chretiennes privees des Sacremens , chaflees de leurs maifons , perfecu- tees , livrees entre les mains de geo- lieres impitoi'ables , traitees meme de la forte par des Eveques, & cela , parcequ'elles craignent de blefler leur confcience en aflurant avec un fer- ment terrible un fait douteux , un fait dont elles ne peuvent avoir con- noifTance , un fait enfin inutile a leur falut ? C'eft-la leur feul crime, crime ce- xxiv.
pendant pour lequel nous verrons ces 'Bftifirattea 1 • r,- 1 / 1 1 des religieu-
mnocentes vichmes arracnees as leurs fes de p. r.
maifons & trainees en camivite , fans'1" champs, que perionne ole le prelenter pourres de lews |
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eansmii.
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les fecourir & pour les delivrer. Ce-
lui qui fufcita autrefois Daniel pour delivrer Sufanne de la mort, femble endormi & laifle triompher la ca- lomnie j mais leur innocence n'en Vi)
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4<?0 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAL.
fera pas mains prouvee , & leur con-
duite fera juftiftee par leurs perfecu- teurs memes. Separons ces calomnia- teurs , a Texemple de Daniel : de- ma ndons-leur quel eft le crime de ces religieufes de P. R. des Champs ? demandons-le a M. le Cardinal de Noailles. Vous qui les acciifez de n'etre pas foumifes a l'Eglife , preten- dez-vous qu'elles font rebelles a l'au- torite de Dieu ? » Non , repond foil Eminence , ce
« n'eft point la leur crime, & ce ne » peut l'etre. Dieu n'a pas parle dans « le fait dont il s'agit j mais elles rc- » fiftent a l'autorite des hommes j ils » peuvent a la verite fe tromper , ce- »> pendant elles doivent les croire. w Qu'elles atteftent, en invoquant le « nom du Dieu vivant, qu'elles » croient dans le fond du cceur ce » que leurs pafteurs aflurent : des « qu'elles le refufent, elles font cou- « pables. Demandons a prefent a M. de Cam-
brai quel eft le crime des religieufes de Port-Roial ? » Elles font coupa- » bles d'herefie , dit-il j elles refufent " de fe foumettre a l'autorite de Dieu: » elles refiftent a Dieu & a fon ef- » prit, en refufant de croire There- |
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III. Partie. Liv. IT. 4<fi
s- ticite du livre de Janfenius, com-
« me elles croient i'hereticite des « propositions. Dieu a parle fur l'un » comme fur l'autre. S'il n'y avoir " que les homines, elles ne pour- » roient fans temerite leur rendre » l'homage d'une croi'ance qu'elles ne » doivent qu'a Dieu, & elles refu- ■•> feroient avec juftice le ferment que " Ton leur demande, de peur de » tomber dans le parjure «. L'on voit, par ces deux reponfes dif-
ferentes, les religieufes de P.R. pleine- ment juftifiees des accufations formees contr'elles. Par la reponfe de M. de Noailles , elles font juftifiees de l'ac- cufation formee contr'elles par M. de Cambrai j & par la reponfe de M. de Cambrai, elles font reconnues inno- centes du crime dont M. de Noailles les accufe. En un mot, elles ne font coupables ni de revolte contre l'auto- rite divine, felon M. de Noailles, puifque Dieu n'a point parle dans le rait qu'on veut les obliger d'attefter par ferment ; ni de revolte contre I'autorite des Pafteurs , felon M. de Cambrai, puifque les Pafteurs n'ont pas droit d'exiger d'elles qu'elles at- teftent un fait fur lequel ils ont pu fe tromper. Comment les perfecuteurs |
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462. HlSTOIRE DE PoRT-ROlAL.
"iy0o. des religieufes de P. R., qui fe com-
battent ainfi les uns les autres par leurs depofirions , ont-ils pu faire femblant d'etre d'accord pour condamner ces faintes filles? C'eft done juftement que leur menfonge devroit retomber fur leur tete. Mais non; quelqu'evidente que foit leur injuftice a l'egard de ces religieufes, quelque certaine que foit l'innocence de ces Vierges chretien- nes, quelqu'exemplaire que foit leur vie par la putete de leurs mceurs , leur regulante & leur aufterite , leur perte eft juree , l'arret en eft pronon- ce , il va etre mis a. execution, xxv. Les ennemis de P. R. aiant obtenu fM'ch«Kce 1uils defiroient depuis pres d'un
[:ex6cuadon ' fiecle, par l'arret du Confeil du 16 <i2 x-ht&i du Q^obrg iis ne differerent pas long- cowre p. R. tems a le faire executer. L arret rut
mis entre les mains de M. d'Argen- fon, choifi pour le mettre a execu- tion. M. de Pontchartrain lui remit en meme tems vingt lettres de cachet & les autres pieces dont nous avons parle. Ce Miniftre , en lui recom- maiidant d'executer ponctuellement les ordres du Roi , lui dit cependant de traiter les religieufes avec route la douceur & la charite poflibles, fi elles ne refiftoient pas aux commandemens |
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III. P A R T IE. LlV. H. 46}
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de Sa Majefte. II ajouta que fi elles 1705?.
refufoient & refiftoient, il devoit agir a force ouverte. La eonduite que les religieufes de
P. R. des Champs avoient renue, eon- duite qu'elles tinrent 11 conftamment dans cette derniere revolution, auroit du difpenfer M. de Pontchartrain de tenir tin pared difcours. M. d'Argenfon , muni de l'arret & Mx^en
des lettres de cachet, fe mit en de- fon' fairies voir d'executer fa commiiKon- II fit F*Para"fs , , , ■ r 1 r Pour executec
pour cela tous les preparatirs necel- fa commif-
faires & non necefiaires. Je dis non fion- necejfaires , car qu etoit-il befoin de faire marcher environ trois cens hom- mes (14) pour enlever & difperfer une vingtaine de pauvres religieufes, qui n'avoient pas plus de defenfe qu'en auroient eu vingt brebis contre trois cens loups ? Mais il falloit que ces epoufes de Jefus-Chrift euflent ce |
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(14) L'Auteur de l'a ?.oo Cavaliers qui inveftl-
brege de l'Hiltoite de P. rent leMonaftere-M.d'Ar-
R. dit qu'il y avoit pres genfon avetric aufii les
de joohommesen comp- Commifiaires Cailli & le
tant les Exempts 8c les Breton , ou Borthon , 8c
Archers, qui accompa- le (ieur Gaudion, Gteffiet
gnoient M. d'Argenfon. des commiffions extraor-
Selon le Supplement, la dinaires de fe tenir prets
Marechaufiee avoit ete pour le 18 cctobre , jour,
commandee avec d'autres fixe pour l'expedition.
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gens de main , & environ
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V iiij
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4<?4 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAI,.
1709. tralt de conformite avec leur divin
epoux. xxvir. Le dimanche ij oftobre , M. oAr-
il va a i'At-oenfon ana a lArcheveche , ou il flit longtems en conference avec son Emi- nence (z 5),qui lui donna lapermiffion d'entrer dans tous les lieux reguliers de lAbbai'e de P. R. des Champs pour y executer les ordres du Roi : ce qui montre que M. de Noailles rut infor- me de cette fanglante execution, a laquelle il avoit malheureufement tant de part. Neanmoins quelques jours apres 1'enlevement, Son Emi- nence parut furprife que toutes les religieufes eufTent ete enlevees , & elle dit a MM. Robert & Benoife , Confeillers du Parlement , qui lui demandoient 011 etoient leurs fceurs, . qu'elle ignoroit cela , & qu'elle avoit feulement fu qu'on en devoit enlever trois ou quatre. Cela eft encore plus difficile a concilier avec ce que M. d'Argenfon dit aux religieufes , que Son Eminence lui avoit donne leurs obediences j il eft vrai que ce Mi- giftrat ne les montra pas, & que per- (15) H eft dit dans line M. U Cardinal de NoaiU
relation faite peu apres la les, Archeveque de Paris x
defltuction , que M. d'Ar- qui refufa de dormer unt.
genfon eut plufiews con- obedience pour la difper-
ferences tres tongues avec fion..
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III. P A a t i e. Liv. II. 465
j fonne ne les a jamais vues ; ce qui x
fait dourer qu'il les ait eues par ecrit. M. d'Argenfon aiant fait tous fes
preparatifs avec un grand fecret, 8c pris tomes fes mefures pour executer fa commiffion , voulut, au jour qu'il avoit marque pour cela , faire fon ex- pedition ; c'etoitle lundi 2.8 o&obre, fete de S.Simon &S. Jude. Mais Dieu les arreta d'abord, non en les renver- fant par teire,comme il avoit renverfe autrefois les Archers envoies pour fe faifir de J. C., mais en faifant tomber du ciel une fi grande quantite de pluie, que le Chef de l'execution fut oblige de difFerer au lendemain. C'eft pourquoi il envoia des ordres de fejour aux Exemts & aux Archers qui etoient partis felon les premiers ordres. Les caroffes furent places le plus adroite- ment qu'on put fous difrerens pretex- tes , les uns a Magni, les autres a Montigni, &c. Les Gardes, les Ar- chers & plufieurs Exemts paflerent la nuit dans le bois de P. R. , & firent grand feu en attendant le jour j pen- dant que les Vierges condamnees , ne fachant rieil de ce qu'on tramoit con- tr'elles, paffoient la nuit aux pies de Jefus-Chrift. Cette meme nuit, les V v
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4&6 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAE.
"1709. ^eux lampes du dortoir fe trouverent
eteintesaufortirdeMatines;cequin'e- toit jamais arrive dans ce monaftere. xxvin. Enfin, le moment etant venu au- Aruvee de . ,^. * . . , ,.
m. d'Atgen- quel Uieu avoit permis que le lieu
fon a p. r. famt fut profane , & que les Vierges des Champs. r . r. > . 1 &
laintes qui I habitoient rutlent enle-
vees & difperfees , M. de Voyer d'Ar- genfon , Lieutenant de Police, arri- va a P. R. le 29 odfcobre fur les fept heures & demie du matin avec d'am- ples pouvoirs pour cette trifte expe- dition. La Communaute ne faifoit que de fortir du Chapitre , oil elle venoit de dire le Preuofa j felon la coutume , & de finir la lecture du Necrologe } ce qui avoit ete precede de la MefTe, qui fe difoit ordinaire- ment apres Primes depuis qu'elles n'eurent plus qu'un feul Ecclefiafti- que. Une fi grande diligence du Ma- giftrat donna lieu de croire qu'il avoit couche a Verfailles ou dans quelqu'en- droit du voifinage ( z6). xxrx. II fe prefenta a la porte de l'Abbai'e de^'d'Ar- ^"ans ^ane & &ns equipage; en for-
EfafonaP.R. te que fon caroile n'entra qu'apres **ch8mf lui (27), lorfqu'il eut donne le fignal (is) It avoit couche a ques relations qu'il entra
Trappes, ou i Montigni. dans fon catoffe a fixche- UZ) II eft dit dans, quel- vaux*. |
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III. Partie. Liv. II. 4<5/
pour fe faifir de cette porte , & qu'il 1.709.
eut pofe des Gardes a tous les en- droits de la cour qui avoient com- munication avec le dedans. En en- trant il fit donner la cle du dehors £ un Garde qu'il y etablit. II prit en- fuite le nom & la fonction des Do- meftiques qu'il rencontra , leur or- donnant en meme- terns de ne pas branler du lieu qu'il leur marquoit. II alia enfuite au tour demander la Prieure , Souprieure & Celleriere , fans dire fon nom , mais dit feule- ment qu'il venoit de la part du Roi. On le conduifit au grand parloir oii ces religieufes fe rendirent. La mere Prieure n'ouvrit d'abord que les vo- lets de la grille, & ne tira point le rideau. M. d'Argenfon s'en etant plaint & s'etant nomme , la mere Prieure tira auffi-totle rideau, & lui fit fes gxcufes de ne l'avoir pas fait d'a- bord,parcequ'elle ne le connoiffoit pas. M. d'Argenfon fit enfuite lire le xxx.
commencement de 1'Arret du xG oc- ""otI™ tobre , par lequel il etoit ordonne aux religieufes, de la part du Roi, de lui ouvrir les partes & de lui remettre entre les mains tous le'urs titres & pa- piers. Aiant demande a entrer dans la, maifon pour executer fes ordres » la, V vj
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4^8 HlSTOIRE DEPoRT-ROtAt.
1709. Prie'ure lui repondit qa'elles etoieiit
pretes a obeir aux ordres du Roi, 8c qu'elles les recevoient avec refpect. Elle le pria de defcendre a la porte du tour & alia l'y recevoir. 11 entra avec les deux CommilTaires (Cailli & Breton) & le Greffier (Gaudion)qui portoit une calTette. xxxi. M. d'Argenfon monta de-la auCha- 11 fe faifitpjtre gr orcJonna qu'on fit alTembler la
:spapiers. r 1
Communaute. loutes les rehgieuies
s'etant rendues au Chapitre avec leurs grands voiles baiflfes , il les compta plulleurs fois & fe placa dans la chai- re de FAbbelTe. Les CommilTaires fe .mirent a fes cotes. 11 dit qu'il ne ve>- noit point revetu d'une puiflfance ec- elefiaftique , mais feulement de l'au- torite du Roi: il expofa le fujet de fa commiffion , ne lifant toutefois de PArret que ce qu'il ayoit deja fait lire au parloir ; c'eft-a-dire , l'endroit ou le Roi ordonnoit aux religieufes de lui remettre tous les titres & papiers. II ajouta qu'il declareroit la volonte du Roi fur le refte, lorfqu'on auroit fatisfait a cet article , & demanda fi .Pon n'avoit point detourne de pa- piers. La Prieure lui repondit que non 5 & que s'il vouloit fe donner la peine de fe tranfporter ou ils etoiexit» |
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III. P A R T I E. Liv. It 469
elle les lui remettroit; ce qui fut fait. 1703.
On le mena done a 1'armoire ou etoient ces papiers, & il y mit le feeb- le. II fit tranfporter trois cofFres rres lourds dans le petit choeur au - deflus du Chapitre , ou il appofa auffi le fceile de meme qu'au coffre fort. II demanda alors a la Prieure fi elle vou- droit figner fon Proces-verbal ; elle lui dit que, s'il vouloit lui en don- ner une copie, elle le figneroit. M. d'Argenfon lui dit que ce n'etoit pas la coutume d'en donner , & qu'on fe pafleroit bien de fa fignature \ ce qui fit plaifir a la Prieure fort contente de ne rien figner. Pendant cette premiere expedition xxxrr.
il n'y eut que la Prieure, la Souprieu- ^"chaS re & la Celleriere qui fuflfent prefen- Tierceenfem- T 1 ■ • /• j V ble pour la
tes. .Les religieuies entendant ionner dernjere fois_
l'heure de Tierce s'en allerent les di- M- d'Argen- . r r • fonleurfigni"
re an chosur , ians iavoir encore que fie roidre du
e'etoit pour la derniere fois qu'elles Roidelesdi£- y chanteroient les louanges de Dieu. Apres Tierces elles fe retirerent les unes a leurs obediences, les antres a leurs cellules (18). A peine y furent- elles arrivees que M. d'Argenfon fit rappeller la Communaute. II les- . (18) Il eft dit dans une relation, iju'eUes etoient
encore au choeur. |
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470 HlSTOlRE DE PoRT-ROlAt.
1709. compta encore & fit venir auffi les
Converfes (19). Lorfqu'elles furent Mates alTemblees au nombre de vingt- deux , il leur dit qu'il avoit fujet de fe louer de la foumiifion avec laquel- le elles avoient obei aux ordres du Roi, mais que c'etoit avec peine qu'il fe trouvoit contraint de leur declarer qu'il y en avoit de beaucoup plus ri- goureux & plus penibles dont le fa- crifice leur couteroit davantage , a quoi il falloit neanmoins fe rendre. Puis il fit lire la fuite de PArret qui portoit que le Roi pour plufieurs rai- fons blcn confiderees y & pour le Men de fori Etat j ordonnoit que toutes les re- ligieufes de P. R. des Champs feroient incejfamment fepare'es les unes des au- tres , & difperfees dans des maifons re- ligkufes hors du Diocefe de Paris. xxxin *"a Prieure prit la parole & temoi- ta Prieure gna fa peine fur deux chofes , 1 °. fur
temoigne fa [eur difperfion hors du Diocefe de peinelurdeux . i- , ,. , . -
chofes. Fans , & elle dit qu elle etoit lurpn-
ou leur don- f M j Cardinal etant leur Su-
ne un demi- > ,.A , „
quart d'heure peneur , il les envoiat dans d autres
wiSrDioctfes- M< d'Argenfon repondit |
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(19) Ce qui eft dit dans tre airs , favoir que M»
nne relation au fujet de d'Argenfon la fit apporrer
la fccur Euphralte Robert, au Chapiire, ne paroic pas.
%ce de quatK-vingr.-qusi- etre viai*
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III. P A R T18. Liv. II. 471
qu'il y avoir des raifons pour cela. i-joy,"*
z°. La Prieure dit qu'elle croioit qu'on les auroit du mains mifes deux a deux etanr vieilles & infirmes. M* d'Argenfon repondir que cela ne fe- roit pas ainfi pour le prefenr ] qu'au refte elles pouvoienrforrir fans peine, parcequ'il avoir poufle le fcrupule li- defTus jufqu'a aller demander leur obe- dience a M. le Cardinal, qui la lui avoir donnee. La Prieure lui deman- da quand ce feroir, & quel rems on leur donneroir pour fe preparer a urr rel voiage. LeMagiftrar repondir que ee feroir fans delai. Quelques religieufes lui reprefen-
rerenr qu'a peine avoienr - elles pu monrer a leur chambre depuis la Mef- fe, 8c qu'elles avoienr befoin de quel- que -rems pour prendre ce qui leur eroir necelTaire. M. d'Argenfon fe laif- fa flechir jufqu'a leur accorder un de- mi-quarr-d'heure -y mais il dir qu'il les fuivroir pour voir ii elles n'empor- roienr poinr de papiers , car les pa- piers lui tenoienr forr au cceur. Voila de quelle fa'con cerre difper- XXXIV\
- • „ * ' 1 r ' Vertu «e» lion ennere & generale rur annonces religieufes de
fans nul menagemenr & fans efpoirj!,- R- d"
o A r Champs &
de retour* comme a ion eur compreieur conftan-
uniquement fur la vertu & la pari en- S^^a |
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471 HlSTOIRE DEPoRT-ROlAI,.
ce de ces faintes filles, & que Ton ne
crut pas devoir dourer de leur par- fake difpofition a rour endurer fans fe plaindre & fans ceffer de benir Dieu dans leurs maux : (on avoir, a la verire , fujer de le prefumer). Elles re^urenr en effer cette nquvelle ii du- re &: fi douloureufe plutot comme un Arrer de la Providence & un de- cret du Ciel, que comme un juge- ment des homines; & elles s'y fou- mirenr avec un calme & une paix qui roncherenr celui meme qui en etoir l'executeur. II leur avoua qu'il reffentoir combien ce calice devoir leur erre amer, & qu'aiant deja fair a Dieu plufieurs facrifices , il leur ref- toir & faire le plus grand de rous (30). Cependanr elles demeuroienr roures dans le meme etar qu'auparavant & dans la meme modeilie , c'eft-a-dire , entieremenr cachees fous leurs grands voiles. On n'entendir ni murmures, ni gemiftemens, on ne vit meme au- cunes larmes. En un mot on peur di- re qu'eiles imiterent toutes & accom- plirenr a la lertt e- ce que l'Eglife chan- re a la gloiredes Martyrs, dans 1'Hym- ne qui leur eft commune.. (3.0) Mem. fut la deftr. Second rich touchant I'en-
levement des religieufa j, g. 114,, 148. |
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III. P a r t i E. Liv. II. 47 3
» Plus doux que des brebis, ils 1709.
« fouffrent en filence. Pendant que toutes ces chofes fe x*xv-
paflbient au-dedans du Monaftere & paiToit a re* dans le Chapitre, ce qui fe pafToit **ri?"1 dc u au-dehors n etoit pas moins etrange ni moins touchant. A peine M. d'Ar- genfon fut-il entre dans l'Abbaie que touce la montagne fe trouva couverte d'un grand nombre de Cavaliers dont une partie s'etendit le long des mars du Monaftere, pour en occuper toutes les avenues. Ainfi il parut tout-a- coup invefti comme une place qu'on venoit attaquer ou comme une retrai- te de voleurs qu'il auroit fallu forcer. (Un grand Seigneur (31) qui en ren- contra plufieurs corps en chafTant dans ces quartiers-la , fut furpris d'appren- dre le fujet pour lequel ils etoient commandes & ne put retenir quel- ques marques de fa companion pour ces faintes filles.) 11 etoit arrive dans ce meme-tems plufieurs caroiTes def-» tines pour l'enlevement j & comme leur pafTage & celui de tant d'Archers & d'Exempts qui les accompagnoient, avoient atare de la Campagne une foule de Paifans qui accouroient de- tous les lieux circonvoifins, toutes les (3 j) Le Comte de Touloufe.
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474 HlSTOIRE DE PoRT-AOlAt.
1700. hauteurs etoient bordees de monde ,
de forte que dans la Situation ou Ton voi'oit routes ces perfonnes, il fem- bloit qu'elles fuffent affemblees pour un fpedtacle pareil a ceux ou Ton fait fouffrir le dernier fupplice. X?2f-I*' Cette multitude s'etoit encore ac-
Amichons . , . • i \
«ies pauvres. crue par quantite de pauvres, qui des
le matin etoient venus avec leurs pots pour recevoir le potage & le pain qu'on avoit coutume de leur diftri- buer. Leur affliction etoit extreme , voiant que ces fecours leur alloient manquer. lis etoient aupres des murs ou fur la mcntagne , & crioient : mi- fericorde j il faui done que nous mou- iions de faint. Ces plaintes dont les Bois retentifToient fe faifoient enten- dre dans la maifon , & cela dura ainfi jufqu'au dernier carofTe. Repre- nons la fuite de ce qui fe pafla au- dedans. M. d'Argenfon , apres avoir figni-
fie aux religieufes leur difperlion , ou- vrit la caflette qu'il avoit apportee , d'ou il tira la lifte des Villes & des lieux d'exils : il y avoit audi de l'ar- gent pour pai'er le premier quartier de la penfion des religieufes, & les frais de voi'age. La mere Prieure voiant que ce Magiftrat commen^oit |
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III. P A a t i e. Liv. II. 47 5
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a donner fes ordres pour le depart &c 1709.
preflbit beaucoup , lui demanda s'il n'etoit pas a-propos que les fours al- laflent au Rereclroire pour prendre un peu de nourriture (j»). 11 repondit que non , mais qu'elle pouvoit faire apporter a manger. La Prieure lui re- prefenta que cela ne fe pouvoit, par- ceque les fours converfes etoient-li afTemblees avec elles 5 mais il n'y eut aucun egard, & dit qu'on apportat ce qui fe trouveroit. D'aurres foins qui regardoient les hardes faifant oublier celui - la , on apporta feulemenr dans la fuite un pain & un peu de vin y dont perfonne ne prit que la Soii- f>rieure , que M. le Lieutenant de Po-
ice prefTa de le faire , parcequ'elle fe trouvoit mal. M. d'Argenfon travailloit a regler xxxvrr.
le depart de chacune ; & tenant deux fon' regie le* liftes, l'une des berfonnes & l'autreV6"?dcl£xil 1 *V \f o h> -1 r • dechaque re-
des Dioceles & L-ouvents , il le mit ligieufe.
a dreiTer un etat des lieux ou chaat- ne devoit etre envoi'ee. La mere Prieu- re qui prevoioit combien ce voi'age feroit incommode aux plus agees a" (51) Ce qui eft dit fur cachet, ic dans l'abrege'
l'article de la nourriture d'hiftoire il eft dit que ce
eft marqu6 dans une au- fut lorfque les religieufes
tre relation apres la dif- etoient fur le point da
Uibution des Lettres de partir.
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47^ HlSTOIRE DE PoR.T-R.OlAt.
caufe de leurs infkmites, lui repre-'
fenta la difficulte qu'il y auroit de les tranfporter trop loin. 11 recut favora- blement cet avis & lui dit qu'il y au- roit egard. Comme les lettres de ca- chet n'etoient pas remplies des noms des perfonnes , M. d'Argenfon qui avoit la liberte de les remplir comme il jugeroit a-propos , offrit a la Prieu- re de choifir pour elle & pour les au- tres, les lieux qn'elle croiroit conve- nir a chacunes. Elle repondit , que des que la Communaute etoit feparee & difperfee , il lui etoit indifferent en quel endroit on 1'envoiat , puif- qu'elle efperoit trouver Dieu partout, qu'elle penfoit feulement qu'il etoit a-propos que les infirmes fufTent mi- fes dans les maifons les moins eloi- gners , afin qu'elles fufTent moins fati- guees du voi'age j que pour elle , elle etoit prete d'aller partout. » He bien, » dit M. d'Argenfon , mettons Blois » & ce fera au Couvent des Urfuli- » nes ". Comme il y avoit encore une foeur qui devoit etre envoiee dans la meme ville , M. le Lieutenant de Police continua de demander a la Prieure quelle feroit l'autre qui iroit avec elle. La maniere dont il s'expri- ma donna lieu, a la Prieure de lui dire |
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III. Partie. Liv. II. 477
que s'il avoir une grace a lui accox- i-joy.
<ler, il lui feroir beaucoup de plaifir de lui donner la fceur Francoife-Agnes de Sainre - Marrhe •, il y confenrir , mais non de la merrre dans le mane Couvenr. 11 remplir enfuire routes les autres lerrres de cacher. Ces pauvres filles etoient-la a atrendre leurs Sen- rences, comme autrefois les Confef- feurs devant les Prefers du Pretoire & les Gouverneurs des Provinces , fans dire un feul mor & fans meme avoir la liberre de fortir du Chapirre. Voici quelle fut la diftribution des Couvens & des Diocefes. Lijle des exilies , des Diocefes , & des
Monajleres ok elles font envo'iies. i La mere Louife de Sainte Anaf- xxxvur.
tafie Dutnefnil, Prieure .... chezug^cJ5 "J les Urfulines de Blois. chaur. 2 La fceur Francoife de Sainte-Mar-
i
the ,. . .. chez les, Veroniques de
Blois. 3 Anne Julie tie Ste Syncletique de
Remicourr , Souprieure .. .. chez les Benedictines de Belle-fonds, a Rouen. 4 La fceur Marie de Sainre Gerrrude
du Valois .... chez les Urfulines de Chartres. |
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478 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAL.
5,. La fceur Francoife de Sainte Aga-
the le Juge .... chez les religieufes de la Vifitation de Chartres. 6 Soeur Marie de Sainte Euphrafie-
Robert.... chez les Urfulines de Mantes , Diocefe de Chartres. 7 Sceur Marie de Sainte Catherine
Iflali, Celleriere .... chez les Ur- fulines de Meaux. 8 Sceur Marie-Catherine de Sainte
Celinie Benoife.... chez les filles de Sainte Marie de Meaux. 9 Sceur Anne de Sainte Cecile de Boif-
cervoife .... a S. Julien du Tiers- ordre de S. Francois, a Amiens. I o Soeur Marie-Magdeleine de Sainte
Cecile Bertrand.... chez les filles
de Sainte Marie , a Amiens. II Soeur Jeanne de Sainte Apolline le
Begue.......chez les filles de Sainte
Marie de Compiegne , Diocefe de
Soiflons. 11 Soeur Marguerite de Sainte Lucie
Pepin.... chez les filles de la Vifita-
tion, a. Autun.
13 Sceur Marie-Magdeleine de Sainte Sophie Flefceles .... a Moncenis,
Diocefe dAutun.
j 4 Soeur Magdeleine de Sainte Ide le Vavafieur.....chez les Urfulines de
Nevers.
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III. P A r t i e. £z'v. II. 479
S 5 La fceur Anne Couturier .... aux 1109. Urfulines du Fauxbourg de Nevers. Lifle des Saurs Converfes.
1 Soeur Anne de Sainte Marine Laif- xxxrx.
me , deftinee pour les Annonciades Exil de*
de Saint Denis.
z Soeur Agnes de Sainte Blandine Forget.... aux Urfulines de Saint
Denis , Diocefe de Paris.
3 Soeur Catherine de Sainte Tarfdle
dAfflon , aux Urfulines de Saint Denis, Diocefe de Paris. 4 Louife de Sainte BafilifTe Noi-
feaux .... chez les filles de Sainte Marie de S. Denis. 5 Soeur Magdeleine de Sainte Aure-
lie, fa foeur .... chez les filles de Sainte Marie de S. Denis. 6 Marie de Sainte Opportune Mou-
chot.... chez les Carmelites de Chartres. 7 Louife de Sainte Juftine Barat....
dans l'Abbai'e de Loigni, Diocefe de Chartres. Apres que les liftes furent dreflees xt.
& que les relieieufes eurent appris Lesreiigieu- , • f ii-ii m r^i fes fe font le
chacune le lieu de leur exu , » elles'detniet adieu.
» fe reunirent comme un petit trou- » peau fans pafteur , fe difant reci-' |
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480 HlSTOIRE DE PoRT-ROiAl,.
» proquement adieu jufques dans
» l'Eternite (33) , s'embraflant ten- » drement, & fe mettant a genoux » pour fe demander humblement par- » don les unes aux autres, s'animant » avec une foi vive , une charite ar- w dente & une ferme efperance , qui » devoit etre tout leur foutien , fe » recommandant a une parfaite union " de coeur , & a. leurs prieres reci- » proques, perfuadees qu'ctant bien » unies en Dieu & pour Dieu, elles » trouveroient P. R. par-tout ". M. d'Argenfon ne put s'empccher d'e- tre attendri d'un fpecT:acle fi tou- chant (34). He! qui pourroit ne le pas etre ? Elles etoient toujours au Chapi- tre , fans avoir la liberte d'en fortir. Deux fe trouverent mal, la foeur Apolline, qui Bit attaquee d'une co- lique j & la foeur Fran^oife de Sainte Agathe, qui perdoit fon fang (elle avoit ete iaignee le jour precedent, & fon bras s'etoit r'ouvert); ce qui obligea M. dArgenfon de leur per- mettre de fortir, & a. quelques autres fours avec elles , pour les foulager. (33) Hiftoire de lader- que M. d'Argenfon euc
nierc perfecution. T. z. p. fouffert que les religieu- 1*4. fes cuffem tenu de tels (34) L'Auteur dts Me- difcouis en fa prefence.
ftioiies hiftoiiques dome Lorfqu'il
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•III. P ARTIE. LlV. II. 481
Lorfqu'il eut marque l'exil de cha- 1709.
que religieufe, il demanda les reli- xli. ques. La Prieure lui dit que s'il voo-^^SSS loir prendre la peine d'aller au lieu les Reiiques. ou elles etoient, elle l'y conduiroir. w Dieu me garde, dit- il, de mettre » la main a l'encenfoir, mais faites » venir votre Ecclefiaftique , a qui " vous montrerez toutes chofes «. En meme-terns il dit a un Commif- faire d'accompagner l'Ecclefiaftique. Cet homme ne put s'empecher de te- moigner a la religieufe qui le condui- foit, qu'il etoit feniiblement touche de leur etat 8c de la peine qu'on leur faifoit (35). Les religieufes eurent enfin la li- xlii.
berte de fortir du Chapitrepour a^erfeLsefo1f'ii-uU* prendre leurs hardes dans leurs cellu- paquets. les (36). M. d'Argenfon fe tint dans (}f) Nous trouvons la ■» quelques religieufes le
chofe rapportee de cette » fuivirent. On lui ou- i
forte dans une autre rela- s> vrit Us retables des
tion : « Ce fut apres avoir » deux Autels 6c les ar-
j) acheve cette Lifte de la » moires d'en - bas ; 8c
3> difperfion des iz pro- » apres avoir examine ce
=> fefles qui compofoient » qui y etoit contenu , it
3> encore la Communau- » en chargea fon Proces-
3i te , que M. le Lieute- » verbal. Mim. fur Id
3> nant de Police voulut dejlr. de P. R. i Recit,
» aller voir la Chapelle p. 135.
s> des Reiiques dans le (36) M. Pinault rap« » veftibute, qui eft au- porte que la Cellerierc
» devant du-chceur, ou ( Marie-Catherine Iflali)
» la mere Prieure avec etaut fortie comme les
_ Tome IX* X
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4$i HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt."
" 1709.' ^ parage du Dortoir , & dit qu'il vi-
fiteroit les paquets. Ces pauvres fil- les etoient accablees d'un tel coup, & il prellees qu'elles ne prirent pas la moitie de ce qui leur etoit le plus ne- cefTaire. M. le Lieutenant de Police, dont les ordres prefTans ne permet- toient pas de mieux faire, s'appercut de l'incommodite qu'en recevoient les fceurs , & il dit qu'on y remedie- roit par la fuite. Ce fut en cette oc- cafion principalement, & en d'autres encore, qu'il temoigna etre fache d'a- voir a executer des ordres fi rigou- reux (37). II ajouta qu'il les adouci- roit autant qu'il lui feroit poflible , & qu'il etoit edifie de la modeftie & de la tranquillite ou il avoit trouve la Communaute. Enfin il dit qu'il ren- droit compte a Sa Majefte du refpecl: qu'on avoit temoigne pour tout ce qui avoit ete ordonne de fa part } & autres pout faire fon pa- ne a la maifon. Mais
quec , voiant qu'illui ref- cette Touriere a'l'ant ou-
toit un fac d'environ 400 blie de prendre cet argent,
liv. le porta au tour , & il tomba entre les mains
dit & la Touriere du de- des Archers qui le parta-
hors de partager cet at- gerent entre eux. L'Au-
gent a ceux de Ieurs Do- teut des Memoires hifto-
meiliques qui n'avoient riques combat ce fait, que
point de gages, 6c qui nous ne garantiiTbns pas.
vrai-femblablement ne fe- (17) Mem. fut la deftr. roient pas recompenses du. p. ijff,
terns qu'ils avoisnt don- |
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III. P A R TIE. L'lV, II. 483
de la foumiilion avec laquelle on y 1709.
avoir obei. Les religieufes avant de partir, al- ^'"udic
loient faire leur priere a l'Eglife de- maniere elles vant le Saint Sacrement pour s'y of- <°lKnt * rnr a J. t. en lacnnce j puis elles re- tere. venoient au Chapitre , ou fe jetrant aux pieds de la Prieure elles lui fai- foient le dernier adieu, & lui de* mandoient fa benediction. La mere Prieure les relevoir en les embraf- fant avec beaucoup de tendrefle ; mais neanmoins, pour ne les pas a£- foiblir, elle ne mettoit dans les pa- roles rien de trop tendre, & les ex~ hortoit feulement avec une grande fermete a etre fidelles a leur regie , a leur confcience, & a. ne fe pas laifler abbatre par les afflictions (38). Quelque fenfibles que dMent lui
etre ces adieux, elle les foutint avec la meme egalite & la meme conftan- ce jufqu'au bout, etant partie la der- niere. Cette fermete etonna les Ar- chers memes qui etoient prefens a un fpe£fcacle fi touchant. Mais fi ce fpec- tacle etoit fi touchant pour des etran- gers, fi les forets & les montagnes retentifloient des cris des pauvres qui fe voioient enlever leurs meres , (38) Ibid, pp. j 37 , j 38,
X ij
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- ■ ■ . ; ■-,,,-.
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484 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAL.
" i7oo. combien cette journee dut- elle etre
dure & penible pour ces faintes fil- les , qu'on arrachoit fi cruellement & pour toujours de leur cher P. R. fans Iefperance d'y revenir ni de jamais fe
revoir ? Pour ne point fe laifler aller a aucune plainte contre un traitement fi cruel, & contre les auteurs d'une injuftice ii criante , il falloit qu'elles fufTent exercees a regarder en tout la volonte de Dieu de quelque manie- re qu'il la fit connoitre, & de quel- que inftrument qu'il fe fervjt pour Texecuter : il falloit qu'elles fufTent bien foumifes a tous les evenemens, quelque facheux qu'ils fufTent , & qu'elles eufTent bien profite des excel- lentes lecons qu'elles avoient recues dans cette fainte ecole. xliv. La Prieure appella enfuite la Cel- trifte11SfiCtu"-leriere & la mena a M- d'Argenfon ,
tion les reii- qui lui demanda ce qu'on devoit aux Iftfoubte domeftiques. Elle le lui die. La Prieu- pas kut ch»- re l'ecrivit & lui en donna le memoi- me ordinal- {^ Leur ^tat ne Jeur £r pomt oublier
leur charite ordinaire, ni perdre l'at-
tention aux befoins des autres. Elles parlerent a M. d'Argenfon d'une pau- vre femme impotente nommee Char- lotte Tardiveau , attachee a la mai- fon depuis cinquante ans. » Cela eft |
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III. Partii. Llv. II. 48 5
» facheux , dit-il , que faire d'une
» femme comme cela ? II faudra tou* » jours la mettre dehors, & puis Ton » vena. «. II ajouta qu'il y avoitune litiere pour la foeur Euphrafie Ro- bert , & qu'elle pourroit lui fer- vir (39). Elles lui parlerent encore d'une
vieille fille infirme qui avoit ete au fervice de Mademoifelle de Vertus , a qui cette Demoifelle avoit donne un appartement dans la maifon qu'el- le avoit fait batir a P. R. II demanda ou etoit cet appartement, & dit » nous » verrons cela quand vous ferez par- s' ties j mais je voudrois bien qu'on » fe depechat «1 11 demanda enfuite les livres de compte. La Prieure le mena au tour , ou laCelleriere les lui remit. En meme-tems il prit les cles de la porte de cloture, & les mit en- tre les mains d'un Archer qui ouvroic & fermoit felon fes ordres ; en forte que les fceurs n'eurent plus de com- munication avec le dehors que pour etre enlevees d'une maifon 011 leur age & leur regie leur avoient fait efpe- rer de fervir Dieu le refte de leurs; jours. (; 9) Elle fervit en effet a la tranfponer a Montignf,
ce qui fe fit le meme jour apres le depart des_ religieufesi X iij
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4$ 6 HistoiredePort-roiai,.'
_ 1-709. Jufqu'a cette heure les caroffes
xlv. etoient demeures dehors j mais auffi- acSnt°"tot que M- le Lieutenant de Police siies. eut dit qu'on les fit defcendre , toute la cour en fut remplie auffi-bien que
d'Archers & d'Exempts & meme de quelques femmes (40) que ce Magif- trat avoit eu la precaution de faire venir pour accompagner quelques- unes des fceurs dans le voiage. M. d'Argenfon rentra enfuite dans le Chapitre, & avec lui une troupe de fes Archers & Exempts. On y en compta jufqu'a trente. Les religieufes fe voi'ant fi pres de fortir & tous ces Archers entrer en foule dans leur Chapitre pour les enlever , quelques- unes s'approcherent de la Prieure & lui demanderent fi elles fortiroient ainfi fans protefter & fans faire au- cun a&e : elle leur repondit que com- me tout fe faifoit par lettres de ca- chet , il n'y avoit point de protefta- tion a faire, & que le feul parti qu'el- les avoient a prendre etoit d'obeir avec foumiflion. (40) Il eft parlS de ces netes femmes, dont quef-
femmesd'unemanierepen ques - unes meme rendl-
avantageufe , dans le fe- rent de fort bons offices
cond recit des Memoires aux religieufes, & firent
fur la deftruftion de P. R. l'eloge de ces faintes lilies
p. 157. Mais c'eft mal-i- a leur retour.
proposj c'etoieat d'hon- |
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III. Par tie. Liv.II. 437
f M. d'Argenfon contiiiuoit de don- J709.
her fes ordrespour faire parcir promp- xlvi. tement les exilees. Mais malgre fon pre^r"cl- activite , l'operation du depart neroflepowAu- commenga que vers les onze neures s tnn* ou meme fur le midi. (Car les me- moires varient fur l'heure, & plufieurs la mettent plus tard). Tout etant dif- pofe , ces pauvres prifonnieres forti- rent proceflionnellement du Chapitre & allerent a la porte de cloture , ou M. d'Argenfon fit d'abord venir la voiture qui devoit en conduire deux dans le Diocefe d'Autun. Ces deux religieufes furent les fceurs So» phie de Flefcelles, agee de 5 8 ans, & la fceur Lucie Pepin, agee de 5 3. El- les entrerent dans le carofle comme de pauvres viclimes qui ignoroient ou on les alloit mener (41). La premiere en difant adieu a fes
fceurs leur cria : » Allans, mes fceurs , « armons~nous du houclier de la foi «. M. d'Argenfon chargea un Exempt deles conduire, &recommandaqu'on en eut bien foin , qu'on les conduisit a petites journees, & qu'on ne les laif- fat manquer de rien. II leur oflrit de plus les fervices d'une femme qu'il (41) Lettre de la faut Pepin du n Janvier
1710. X iiij
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488 HlSTOlRE DE PoRT-Ro'lAI..'
leur prefenta, les aflurant qu'elle eroit
de bonnes mceurs. Mais les fceurs le remercierent & dirent qu'etant accou- tumees a fe fervir elles-memes , elles n'avoient befoin de perfonne (41). II eut la bonte de leur repondre qu'il ne vouloit pas les contraindre , & que cette femme iroit avec un autre ca- rofle. Ainfi il n'y eut que la femme de l'Exempt qui les accompagna. Si- tot qu'elles furent montees dans leur carofle on les entendit non pas fe plaindre ni murmurer, mais fe dif- pofer a dire Sextes enfemble, parce^ qu'elles n'avoient pas eu la liberte de les dire a l'heure ordinaire. L'Exempt qui les accompagnoit fut charge des lettres dont nous avons parle , favoir de k lettre adreflee a la Superieure du Monaftere dans lequel on les en- voioit, de celle de M. de Pont-char- train adreffee a l'Eveque du Diocefe , & du memoire pour fervir a ce Prelat de regie de conduite a l'egard de ces pauvres filles pour les perfecu- ter & les feduire. II y a apparence que c'etoient-la les obediences que M. d'Argenfon avoir dit qu'il leur donneroit, ear il n'en montra point (41) Second reciu Memoite fur la deftru&ion. p;
538. |
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III. Pariie. Liv. II. 489
d'autres. A mefure que les carofles 1709.
parcoient (43) , un Exempt venoit chercher ces obediences que M. d'Ar- genfon lui remettoit. II y avoit au- pres de lui un homme qui tenoit ua fac de cuir , d'ou ce Magiftrat tiroit a chaque fois deux petits paquets d'argent qu'il donnoit a chaque Exempt (44) j dans l'un etoit le pre- mier quartier de la penfion des fosurs ,' & dans l'autre la fomme neceflaire pour les frais de voiage. » M. d'Ar- " genfon conduifoit & accompagnoit « lui-meme les religieufes a chaque » carolFe pour voir fi tout alloit » bien (45), & il fe comportoit en- » vers elles avec beaucoup d'honne- » tete. 11 les recommandoit aux « Exempts &: autres perfonnes entre » les mains defquelles il les mettoit , " afin qu'on eut bien foin d'elles (46)* » Outre les Exempts &c autres Cava- » Hers ou Archers , c'etoient d'honne- (45) Les relations ne (46) On voft par-la que
s'accordent point fur rot- fi M. d'Argenfon hoit
dre qu'on garda dans le cl)at'g£ d'une mauvaife
depart des exilees ; mais commilfion , au moins il
cela n'eft pas fort impor- ne s'en acquittoit pas avec
tant. une mauvaife volonte.
(44) Ibid. C'eft une jufticc qu'il me-
(45) Hiftoire de la det- rite exclufivement d tous
Eicre perfecution. T. i. ceux qui euretit part £ v. 172-. cette cruclte expedition, X v
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490 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAE.
"" » tes femmes qu'il avoit fait venir
». pour les accompagner dans le ca- » rofle le long du chemin pendant le » voi'age. II parloit auili au Cochec » pour l'avertir d'eviter les dines & « les couches dans les lieux trop ex- » pofes au grand monde (47), fur- » tout dans les paflages voifins de » P. R., comme Vemilles. En tout » cela, il ne paroifloit inquiet que » lorfqu'il furvenoit quelque retarde- » ment au depart des religieufes j car » alors il paroiflbit chagrin & impa- » tient. Il fortoit du Cnapitre, ou il |
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*705>.
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(47) Le dcflein de ce
Magiftrat 6toit d'eviter, aucant qu'il lui etoit pof- fible , 1'eclat qu'une ex- pedition de cette nature ne pouvoit manquer de faite ; mais quelque pre- caution qu'il pnt, etoit- il poflible , je ne dis pas d'empecher , mais de di- minuer tant foit peu l'e- clat d'un eVenement <i ex- traordinaire?Le fujet 8c les, circonftances de la deduc- tion de cette fainte Maifon font trop frapans pour pouvoir etre derobes a la connoiflance du public , & il pafferont a celle de la pofterite la plus recu- Jee. Quelque precaution done que prit M. d'Ar- genfon par fes arrange- imens en executant cette |
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terrible commiflion , it
n'en empecha, ni meme , n'en diminua l'folat. Il femble meme que la des- truction de ce faint Mo- naflcre n'ait fait qu'aug- menter la bonne odeur qu'il repandoit, comme lorfqu'on brife un vafe qui renferme des parfums, il remplit toute la cham- bre de fa bonne odeur. Toute la France , pour ne pas dire tout le monde Chretien , ne l'a-t-elle pas £te de la bonne odeur de P. R. > Les faints qui ont habite ce defert ont-ils jamais ete plus en vene- ration aux gens de bien & plus redoutables aux en- nemis de la verit6, qu'ils le font encore aujouir d'hui, |
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III. P A R T I E. LlV. IT. 4<)t
» fe tenoit ordinairement, pour aller 1709.
» voir dans la cour ce qui empechoit » qu'on ne parrit, afin d'y mettre or- » dre, puis il y revenoit. » Les religieufes de leur cote, apres
» avoir faitleurs adieuxaux fceurs&: v leurs paquets.... lorfqu'elles etoient » fur Ie point de partir , alloient fai- » re leur priere a. l'Eglife devant le » Saint Sacrement, pour s'oftrir a J. » C. en facrifice , enfuite elles reve- w noient au Chapitre fe jetter aux: » pieds de la mere Prieure pour lul » dire adieu , 8c lui demander fa be- » nedi&ion (48) , comme nous l'a- » vons deja rapporte. Apres avoir parle de ce qui regar- xlvit;
de en general le depart des carofles , sophfe ?i"r- reprenons ce qui les regarde en parti-ceIles & tu- V /-> 1 • j'A cie Pepin font
culler. Celui d Autun , comme nous envo\ees, u
I'avons dit, partit le premier. Auffi p^miere i , . . .* • 1 1 j 1 Mont-ccms ,
etoit-ce celui qui avoit le plus de che- ja record- 4
min a faire. Les fceurs Flefcelles & AutU11, |
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(48) Nous rappellons ficile de croire que M.
ici cette circonftance edi- d'Argenfon , qui preffoit
fiante, parceque c'eft la beaucoup le depart, ait eu
place qui lui eft donnee ,1a patience de petmettre
dans l'hiftoire de la der- cette eeremonie d'allet a
niere petfecution, 8c qui TEglife , de revenir an
lui conviertt allez , fi tou- Chapitre prendre la bene-
tefois on pouvoit la con- diction de la Prieure , ce
eitier avec les auttes cir- qui retardoit beaucou-p»
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eonilances; cat it eft dif-
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Xv|
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4?2 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt.*
1709. Pepin , qui etoient dans ce carofTe J
vinrent a Paris ce jour-la fous la con- duite de l'Exempt Pelletier , qui les logea dans fa maifon pres la porte de Montmartre. Le lendemain elles par- tirent pour Melun , & continuerent leur route. La veille de la TourTaint, la foeur Pepin demanda a la femme de l'Exempt qui les conduifoit, fi el- les n'entendroient pas la Mefle le jour de la Fete. Elle en parla a. fon mari qui lui dit qu'il n'avoit pas cou- tume de faire entendre la Meffe aux prifonniers qu'il conduifoit. Sur cette reponfe la fceur Pepin rendit graces a Dieu de la faveur qu'il lui faifoit d'avoir part a la qualite de prifonnie- re, que fon fils avoit bien voulu fu- bir pour notre falut. La femme de l'Exempt en ai'ant reparle a fon mari, il y confentit, & convint qu'elles en- tendroient la MeiTe avant de partir , ce qu'elles firent dans I'Eglife de Vil- leneuve la Guerre. Elles Fentendirent encore le trois du mois a- Auxerre dans I'Eglife de Saint Germain. Enfin elles arriverent a Autun le fix novem- bre. Le lendemain la foeur Lucie Pe- pin entra dans le Monaftere de la Vifrtation, ou elle trouva, dit-elle , was abondance de chariti x tout le lot-. |
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III. Partie. Liv. II. 49}
fir de fie repofier de fesfatigues } & non i-ioy.
la fin defies peines, cela ne dependant pas defies charitables hotefifes (49). L'apres midi ces deux pauvres fil-
les eurent encore un facririce a faire en fe feparant l'une de l'autre, parce- que la foeur Flefcelles devoit etre con- duite a Montcenis.L'adieufut des plus tendies de part & d'autre, meme du co- te de la foeur Lucie Pepin qui etoit d'un naturel pius froid , mais qu'elle ne fit nullement paroitre en cette occa- fion. Mais quoique feparees , elles eurent au moins la confolation de rece\oir reciproquement des nouvel- les l'une de l'autre. La proximite des lieux & la bonne volonte des Supe- rieures pour elles confpiroient a leur procurer cette fatisfaction. La foeur Sophie Flefcelles ecrivantaMademoi- felle fa foeur lui marque qu'elle fie trou~ veavec de bonnes religieufies qui ne de~ Jirent que de faire tout ce qui ejl en leur pouvoir pour adoucirfies maux par une- vraie charite. Dans une autre lettre elle rend ce temoignage , quon s'in-' commoderoit plutot que de la laiffier manquer. D'un autre cote la Superieu- re (Marie de fainte Rofe Bureau) fe (4?) Lettre du U [anyier 1710, a MademoUelle &
fiK«tt»
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494 HlSTOIRE 0E PoKT-ROTAI.
1 j -joyT louoit beaucoup de cette religieufe I
& elle marquoit dans une lettre (du 31 decembre 1709 , a Mademoifelle Flefcelles } que la Providence qui leur deftinoit une de ces Dames de P. R. les avoit partagies heureufement dans la perfonne defa cherefxur. Dans une lettre du 11 feptembre 171 o, elle di- foit, que Jl lafoumijjion que Von de- mandoitalafxur de fainte Sophie etoit jointe a fes autres bonnes qualites , on nc pourroit rien ajouter a [on merite. ^ifbJrfion Apres le depart du carofle pour Au- des teiigieu- tun , on en fit partir deux autres pour ttoiriemeldc£ conduire a faint Denis cinq Conver- tofc pour fes : i°. la foeur Anne de fainte Ma- foquWn>ine Laime , agee de 74 ans, au Con- duit a s. De- yent des Annonciades celeftes. 20. La ,is cu France. fcEUr j^^ d& ^^ g^fo Noj_
feux , agee de 56 ans. }°. La fceur
Marie-Magdeleine de fainte Aurelie Noifeux fa four, agee de 64 ans , a la Vifitation. 40. La freur Agnes de fainte Blandine Forget, agee de 5^ ans. 50. La foeur Catherine de fainte Tarlille dAfflon , agee de 57 ans, aux Urfulines (50)* (to) Parmi les gens qui (lite. Cet Officier etant
etoient venus avec M. arrive a Montigni, vo'iant
d'Argenfon ,. it y en avoit qu'on prenoit la route de
un nomme d'Afflon frete P. R-., craignit qu'on ne
de la foeur de Saints Tat - le menat pour quelquc ex»
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III. P A R t i e. Liv. II. 49 f
On ne laifla pas long-temps ces
cinq Converfes dans le Diocefe de Paris y & des le mois de decembre fuivant, on les en fit fortir. iff. La fceur Anne de Sainte Marine Laime fut transferee chez les Cordelieres d'Amiens, oil elle entra le z8 novem- bre. 2°. La fceur Aurelie , chez les filles de la Congregation de Compie- ne, Diocefe de Soiffons. 30. La fceur e fainte Bafiliife Noifeux, fceur de la precedente, dans lAbbaie des Be- nedictines de S, Paul, pres Beauvais. 4°. La fceur de fainte Tharfille d'Af- flon a la Prefentation de Senlis. 50. La fceur de fainte Blandine Forget , chez les religieufes de la Vifitation de Rouen. Ces exilees ne furent pas fi bien traitees dans les Couvents ou on les transfera, que l'avoient ete £ faint Denis celles qui furent envoiees; chez les Urfulines (51). Car on com- pfdition violente contre bord qu'on I'eur refufat
te Monaftere, &c fit prier les Sacr'emens ; mais le
M. dArgenfon de le dif- Vifiteur homme fage 8c
penfer de continuer fa prudent, ftant alle a S»
route. Ce Magifttat le lui Denis en l'abfence du Su-
accorda , 8c arec fa per- pfrieur qui etoit rnalade ,,
million il refta a Monti- s'y oppofa , & dit que
gni. M. l'Archeveque les leur
(51) Le Confcfleur du ai'ant permis i P. R., oru
Couvent des Urfulines ou ne pouvoit faire diflficul-
l'on avoit mis deux de te de les leur adminiftreri
ces Akuis , vouloic d'a- 11 exhorta les religieuiss
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49<S HlSTOIRE 0E PoR.T-R.OtAl."
1709. men§a par les priver des Sacremens I
&c on les en tint privees jufqu'a. ce qu'on les eut forcees de figner. xlix. sj [es fffiUrs Converfes le laiflerent
Sccur Lai- T - ., r
tnc.j abattre & lignerent, 11 ne taut point
en chercher d'aurres caufes que les
mauvais traitemens que Ton fit fouf- frir a. ces pauvres filles, & fur-tout la privation des Sacremens. M. de Ponr- chartrain fe rend ridicule lorfqu'il dit dans fa lettre circulaire du r 2 fe- vrier 1710 , qui a ete inferee dans le recueil des Jefuites , que la fceur Lai- me fut fi frapee de la lecture qu'elle entendit faire a table de la relation de la converfion de lafaurfainte Cecile 3 qu'elle ne fut pas long-terns fans fe ren* de la Maifon a ne leur les autres. Mais on igno-
parler de rien Sc a les re ft ce changement fe Pre
Iaifler dans l'etat ou el- par l'avis de M. de Noail-
les 6toient Iorfcju'on les les, ou par l'ordre de M.
leur avoit envoiees. L'e- de Pontchartrain , que
tatdecesreligieufcschan- M. de Chartres confulta
gea dans les monafteres fur ce fujet. Ce Miniftre
ou elles furent transferees, s'adrefla a M. de Noail-
On les y traita conforme- les; & ai'anr rec,u fa re-
ment aux Inftruitions & ponfe , it en envoia copie
aux Memoires envoies a I'Eveque; afin , dit le
aux Ev£ques & aux Supe- Miniftre , que vous en
rieures des monafteres ou puijjie^ faire I'ufage que
les religicufes du chceur vous jugerey d -propos.
avoient £te exilees. II n'y Ces paroles infinuent que
eut plus alors de difte- fon Eminence ne deci-
rence , & on crirt la ft- doir paslaqueftion. Quoi
gnaturc necefTaire de nS- qu'il en foit, les Conver-
eeflite de falut pour les fes furent priyees des Sa*
Ccnyerfes comme pour, creraens.
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III. P A R T I E. LlV. II. 497
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dre elle-meme. La fceur Laime man-
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1709.
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geoit dans fa cellule & non a la table
des religieufes , comment auroit-elle entendu la le&ure qui fe faifoit a ta- ble ? cette foeur effrai'ee des menaces de l'excommunication dont on lui faifoit fentir les effets par la priva- tion des Sacremens, figna avec beau- coup de repugnance le z decembre 1709 , fe decnargeant devant Dieu fur la confcience du Prelat & du ConfefTeur (51). Elle n'ecrivit point a M. de Noailles. Cette religieufe fut l'edification des Cordelieres de faint Julien d'Amiens , ou elle mourut le 18 Janvier 1715 , agee de 79 ans. Nous ne voi'ons point de fignature t.
de la foeur Aurelie Noifeux. II eft ***£™°- feulement dit dans la lettre fans date de la Superieure de la Congregation, ou cette Converfe eft reprefentee com- me une bonne jille _, d'une efprit doux & paifible , qui n'eft jamais entree dans ce qui s'eft pajfe a P. R. _, & qui en eft peu inftruite 3 que M. de SonTons si- tant affure de fa foumijjion a I'Eglife _, lui permit L'ufage des Sacremens (53). Ce Prelat qui etoit un homme fenfe n'exigea point de fignature d'une Con- (52,) M^motte hiftorique , T. 6. p. 434.
(}})/Wi. pp. 449,450, |
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" " .
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498 HlSTOIREDEPoRT-ROlAt.
1709. verfe (peut-etre meme rien du tout)
& ne crut pas devoir ecrire a M. de Pont-char train fur un fujet fi frivole. Ce Miniftre, dont le zele etoit extre- me , furpris de ce fdence lui ecrivit jufqu'a trois fois , le 4, le 9 , & le 1 5 Janvier, pour /avoir de lui ce qui s'etoit pajfi a I'egard des deux religieu- fes de P. R. qui etoientaCompiegne, le priant de vouloir blen lui en faire favoir le detail le plutot qu'ilfe pour- roit. 11 n'eft point fait mention de la fceur Aurelie Noifeux dans le recueil de M. de Noailles, non plus que de la fasur Laime , parceque ni l'une ni l'autre n'ecrivirent a cette Eminence. Cette religieufe mourut a. Compie- gne le 2 5 feptembre 1714, dans la foixante - neuvieme annee de fon age , la trente-nxieme de fa profef- fion. 11. . Dans le Proces-verbal de la figna- SnU(fSNnteture ^e ^a ^0EUr ^en^e de fainte Ba-
feux! e iiliffe Noifeux du 15 avril 171 o , il eft dit que cette foeur a declare ne favoir ecrire ni figner aifement; plus bas on ajoute , qu'elle a fait fa figna- ture quoiqu'imparfaitement, du mieux quelle a pu. Cependant M. Pinault, homme droir & fincere , temoigne avoir yu defoa icriture affe\ bienfoi-. |
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III. P A r. t i E. Liv. II. 499
te (54), » fur-tout dans une lettre du "^
» 2 5 juillet 1718 ecrite au P. Quef- >» nel conjointement avec deux de fes » foeurs du choeur, avec lefquelles el- » le demeuroit alors a Malnoue «. Que conclurons-nous de-la ? M. Pi- hault eft fort pond a croire qu'on vio- lenta cette foeur. L'Auteur des Me- moires hiftoriques 3 apellant les cho- fes par leurs noms , ne balance pas a prononcer que le Proces-verbal eft faux. Effedtivement il en porte par lui-meme les caracteres ; & de plus la foeur Sainte BafilifTe en donne a&e par fa lettre a Mademoifelle de Jon- coux de la fin de cette annee, ou elle lui parle ainfi : vousfave^fans douce que prefque tomes nosfceursfe fontfou- mifes a ce que Von fouhaitoit ctelles. Von m'a laiffee participer aux Sacre- mens fans me tourmenterni me chican- ner comme mes compagnes ,. & fur-tout mafceur _, ce qui m'a fait bien plaifir. La foeur BafilifTe ne parleroit pas de la forte fi on I'avoit cnicannee & obli- gee de figner pour participer aux Sa- cremens. (On fait que ce n'etoit point I'efprit du Cardinal de Janfon Eve- que de Beauvais, ni celui des Bene- (t4) Hift. de la dem. perf. T. 3. p. »o. Mem. bift.
T. 6.f. jio. |
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5<30 HlSf OIRE DE PoRT-ROlAl."
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1705). dictines de S. Paul, ou la foeur de
Sainte Bafiliffe etoit releguee, de tour- menter une religieufe pour un tel fu-^ jet). Elle n'a done point figne ni par- faitementni imparfaitement, comme il eft dit dans le Proces - verbal, qui confequemment avance faux, a moins qu'on n'en accufe la fceur <le Sainte BafilifTe. Mais la fincerite des religieu- fes de P. R. la met a l'abri de tout foupcon. Celle-ci fut transferee a Malnoue le 27 oetobre I7i7,&yeft morre le 11 decembre 172,6. in. La foeur Catherine de Sainte Tar- dea*"'fille d'Afflon releguee au Monaftere
fiun. de la Prefentation de Senlis, figna le 4 odobre 171 o le Formulaire, la Bul-
le Vmeam ■> & une lettre a M. le Car- dinal de Noailles. M. Chamillard tout triomphant de cette conquete , envoi'a a Ion Eminence Vabjuration de la foeur Tarfille _, de laquelle il de- fefperoit (55). tin. La fceur de Sainte Blandine Forget tasirurde fat feduite par un Jefuite, qui lui re-
Sainte Blan- <• *■. - »£ • t V 1
<iine Forget, prelenta que riennetoit plus ltmple
3ue ce qu'on exigeoit d'elle. Ce fe-
udteur apres lui avoir dit pour la tromper, que Janfenius etoit un faint & favant Eveque, qu'elle avoit raifon (jj) Mem. hift. T. 7. p. 44 8c fuiyv
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III. Pa r. t i e. Llv. //. 501
de le regarder comme tel, 8c de re-
fufer de le condamner, il ajouta que ce n'etoit point ce qu'on lui deman- doit, & qu'on exigeoit feulement d'elle une marque de fon obeiflance a l'Eglife. La fceur Blandine ne fir aucune difficulte de donner cette mar- que. Ceci fe pafTa fur la fin de mars 1710. M. l'Archeveque de Rouen ( d'Aubigne) qui etoit alors malade, ne fut pas plutot releve de fa mala- die , qu'il alia trouver la prifonniere pour mettre la derniere main a. ce que le Jefuite avoit commence, 8c lui prefenta la Bulle Vineam a lire. La iceur Forget le refufa, difant qu'elle n'y entendoit rien , 8c qu'elle fe con^- tentoit de donner la marque d'obeif- fance a laquelle on difoit qu'elle etoit obligee ($<>)• L'a&e de fignature du Formulaire 8c de la Bulle Vineam, drefle fans doute d'avance , fut auffi- tot figne le 18 avril 171 o, & copie envoiee a M. de Pont-chartrain avec une lettre du Prelat. La fceur deSainte Blandine fut dans la fuite transferee de Rouen dans 1'Abbaie du Paraclet a. Amiens, maifon fort prevenue con- tre P. R., 8c du Paraclet a 1'Hotel- Dieu de la meme Ville, oil elle effc fjS) Mem, hift. T. S. p. Ji8.
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50t HlSTOIRB DE PoR.T~R.OlAL.
"1705. morte le 24 feptembre 1738 (57).
Voila de quelle maniere furent
traitees les Converfes. Reprenons la
fuite de la difperfion & du traitement
fait aux autres religieufes.
~1V-. La four Anne de Ste Cecile de Boif-
caroire, d'A- cervoife agee de 81 ans, Profefle du 11
miens. juin 1656, & la four Marie-Magde-
Boifcervoife leine de Sainte Cecile Bertrand, agee
& la foeur jg -1 ans partirent enfemble dans
Mort de la le quatneme carofle, qui les condui-
premiete. flt ^ Amiens ; la premiere dans le
Monaftere de Saint Julien , ordre de
S. Fran$ois; la feconde dans celui des
religieufes de la Vifitation. La four
Boifcervoife qui avoir vu la premiere
perfecution de 1664, & y avoit eu
part, ai'ant accompagne la mere de
Ligni Abbefle dans fon exil, crai-
gnoit beaucoup cette difperfion. Elle
hit fi fatiguee du chemin, & d'une
chute, qu'etant arrivee a Amiens le
2 novembre, elle tomba malade le 4
ou le 5 d'une fluxion de poitrine ,
dont elle mourut a quatre neures du
matin, le 8 du mois. M. Pierre Sab-
bathier, Eveque d'Amiens, la vit trois
fois pendant fa maladie. II la trouva
les deux premieres fois fort objli"
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(S7) Ibid. T. 7. p. iou
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III. P A R T I E. L'lV. II. 50 J
ttee (58), c'eft-a-dire fort eloignee de
route fignature. Mais il n'en fut pas de meme a la troifieme vifite qu'il lui rendit le 7 novembre , fi Ton en croit le Prelat. La religieufe l'attendoit avec grande impatience, & difpofee a faire tout ce qu'elle avoit refufe juf- qu'alors. Le zele Prelat lui griffona y he fur un motceau de papier ce qu'el- le devoit dire, pour fatisfaire a la Bul- le du Pape & au Mandement de M. le Cardinal; la religieufe l'aiant lu 8c entendu, le figna, apres quoi M. Sab- bathier lui accorda les Sacremens & lui donna fa benedidion. Pour juger de la demarche de cette religieufe 8c apprecier au jufte fa fignature , il fau- droit avoir vu le griffhnage qu'elle figna , 8c favoir les circonftances & les motifs qui purent Fy engager. Quelque refpecl; que nous ai'ons pour le cara&ere epifcopal , nous favons que , parmi ceux qui en font revetus, il en eft qui font capables de faire ufage des figures de Rhetorique (59), ((8) Lettre de M. d'A- d'avoir fuppofe unc lettre
miens aM.Pollet.du i? des Cures & Chanoines
novembte. d'Auxetre , n'a pas trou-
(59) M. Languet, Ar- v6 d'autre moien que de
cheveque de Sens, vou- dire que c'etoit une figure
Uut fe juftifier de l'accu- derhitorique.
faiion fotmee contte lui, |
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504 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt.
& qu'au moi'en de ces figures on peut
fuppofer & avancer bien des chofes peu conformes a la verite. Ce qui augmente ici nos foupgons, ce font les variations & memes les contradic- tions qui fe trouvent dans las diffe- rentes lettres que M. d'Amiens ecri- vit alors fur cette converjion (60). Ce Prelat rapporte encore un fait
qui, outre qu'if auroit befoin de con- firmation & d'explication en le fup- pofant vrai, eft fufceptible d'une bon- ne interpretation. Le Prelat ajoute que la religieufe aiant demande fon Breviaire, elle en tira une image qui etoit le portrait de M. Arnauld , & qu'elle pria la religieufe qui avoit loin d'elle de le bruler. La mourante |
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cees dans le recueil de
pieces; tout celay eft dif- cute , developpe, & mis dans une evidence qui convainc tout homme lenfe & qui couvre de confulion tous ceux qui ont eu part ^ cette ccuvre d'iniquite : e'eft le cas de leur dire ce qu'ecrivoit autrefois S. Cyprien au Pape S. Corneille : Atqi:e hac eft vera dementia now cogitate nee fcire quad mendacia non diufallant, noctem tandiu cjje donee illufcefcat dies. fit
|
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f<Ir>) Ce que nous di-
fons ici des variations & contradictions qui fe trou- vent dans les difRrentes Jettres de M. d'Amiens , eft demontre dans le fixie- me volume des Memoi- res hiftoriques, dans le- tjuet l'Auteur diicute les iignatures des religieufes d'une manierequi nelaif- fe rien a defirer. L'illu- fion de ces fignatures, les fourljeries & les moi'ens indignes qu'on a emploi'es pour les arracher a de pauvres filles captives, enfin les fauiTetes avan- |
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III. P A R T I E. LlV. II. 50 J
fit alTez connoitre quel eroit foil mo- *" i70o.
tif, par ce qu'elle ajouta en ces termes rapportes par M. d'Amiens lui - me- me : Afin 3 dit-elle, que cela ne don- nat pas lieu de parler apresfa mort [61). C'etoit done pour eviter les mauvais difcours & les mauvaifes reflexions que des religieufes prevenues pour- roient faire , foit contre M. Arnauld a l'occafion de fon portrait, foit con- tre les religieufes de P. R. a. l'occa- fion des fentences qui pouvoient etre ecrites derriere ce portrait, comme c'etoit leur ufage. Rien n'eft done moins certain que le changement de la mere de Boifcervoife , ni plus equi- voque que fa pretendue conversion mi- raculeufe , quelque trophee que M. d'Amiens & les Jefuites en aient vou- lu faire en la publiant partout, me- me dans le Mercure galant _, en 1'afE- chant dans les Sacrifties par des bil- |
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(fii) M. Bignon, Con- 33 toujouts pour M. Ar-
fciller d'Etat, die dans le 33 nauld l'eftime 6c la
terns a Mademoifelle Du- 33 confldetation qu'il me-
mefnil foeur de la mete 3) limit, maisqu'ellepre-
Ptieute de P. R. , qu'il 33 noit cetce precaution
avoit vu tine lettte ecrite 33 afin que cette eflampe
d'Amiens , dans laquelle 33 ne combat pas entte les
on marquoit que la fecur 33 mains de gens qui
de Boifcervoife avoit fait 33 pourroient la traiter
jetter au feu cette eftam- 33 indigucment «. Mem.
pe, en difant 33 que ce hift. T. 6. p. 550.
53 n'ctoit pas qu'elle n'eut Tome IX. Y
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$0(J HlSTOIRE DE PoRT-ROlAL.
1705). lets imprimes, & en faifant (61) la
relation dans un ecrit public, impri- me avec permiffion de M. d'Argen- fon, approbation du fameux Tourne- li, & aux frais du Chevalier de Pont- carre (63), Apres la mort de la fceur de Boif-
cervoife , M. d'Amiens s'empreiTa d'annoncer a. la Cour la victoire qu'il avoit remportee , & ecrivit le meme |
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(St) lettre d'une reli-
gieufi ( du Pere Lalle- mand Jefuite ) de S. Ju- lien d'jimiens a Madame V^Lbbeffe de P. R.fur la. mort d'une de fesjilles , decidee dans ledit monas- ter e de S. Julien le 8 no- vembre jto? , chez Simon langtois. Un Pretre de S. Etienne-du-Mont , nom- ine Saint Come en fut le Colporteur. (63) M. le Chevalier de
Pontcarre s'etant converti ji Malthe i l'occauon de la mort d'un ami, dont Dieu fe fervitpour le tou- cher , s'attacha dans le commencement de fa con- verfiona MM. de P. R., 8c alloit meme faire des retraites dans le faint de- fert. Mats lis conferences qu'il eut dans la fuite avec un Jefuite a l'Hotel-Dieu .ou ii alloit tcJgulietement deux fois le jour fcrvir les tjauvrcs , lui tournerent tellement I'efprit, qu'on |
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ne vit jamais parmi les
Laics un homme fi eppo- fe a P. R. , 8c li devoue a la Societe, Son zele etoit ii outre contre les pretendus Janfeniftes, qu'il dit un jour a un Pretre, qu'il fe- roit d-prepos de faire une croifade contre les Janje- niflts pour les exterminer, C'etoit patler en brave Chevalier de Malthe,dont la vocation eft de faire la guerre contre les Infide- les. II avoit des efpions qu'il pai'oit bien pour al- ler & la decouverte des Janfeniftes. II fut ravi de joie a la nouvelle de la deftruaion de P. R. Il y furvecut peu , etant mort le 17 novembre fuivant, Apres avoir re<;u les Sacre- mens dans de grands fen- timens d'humilite & de piete. Car il faut lui reo- dre cette juftice , qu'il avoit d'ailleurs beaucoup de pi£t£. |
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III. P A R. T I E. LlV. II. 507 1
jour a M. de Pontchartrain. Le zjle 1709.
Prelat ne manqua. pas d'en porter la nouvelle a fa compagne , la freur Ce- cile Bertrand qui etoit au Couvent de la Vifitation , & de lui apprendre la pretendue converfion miraculeufe avec les circonftances : mais cela fit peu d'impreflion fur fon efprit, com- me le Prelat le marque dans fa lettre a M. Poller. Elle perfevera jufqu'au mercredi-faint 27 mars 1710 , que le defir de faire la communion Pafcale la porta a figner le Formulaire & la Bulle V'meam entre les mains de M. d'Amiens , & a ecrire a M. le Cardi- nal de Noailles pour lui demander par- don defa difobeiffance. M. Sabathier envoi'a la lettre de cette religieufe a fon Eminence, & lui ecrivit aum, mais il garda l'original de la figna- ture- , lv.
Aprcs le depart du carofTe pour cinquieme
Amiens , on en fit partir deux pour j^sieme c*"
Chartres, pour y conduire quatre re- Pour char-
ligieufes , deux du choeur , 8c deux tte; r
o ' * I_a 1 ecu *
Converfes. Les religieufes du chceur Gertrude du
etoient la foeur Marie de Sainte Ger- Y '2 &'* trude au V alois, agee de 5 3 ans , & le juge. la fceurFrancoife de Sainte Agathe le ™£u£ Juge, agee de 50 ans. La premiere chot, & la etoit deftinee pour le Couvent des *£&££ Y ij «f.
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508 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAl. *'
j ,7Qo# Filles-Dieu ; la feconde pour celui de
la Visitation. Comrpe la fceur Agathe avoit beaucoup de peine a. marcher , a caufe de la quantite de fang qu'elle avoit perdu, comme nous l'avons dit, M. d'Argenfon qui prefloit le depart, dit : hi bicn qu'on la pone. Lorfque ces deux religieufes furent
montees dans le caroflfe , on les arre- ta plus d'une demie-heure a la porte pour attendre les deux Converfes , qui devoient audi aller a Chartres ; favoir la fceur Oportune Mouchot , Agee de 80 ans , & la fceur Louife de Sain re Juftine Barat, agee de 60 ans, profelTe par permiffion exprefTe du Roi, obtenue avec beaucoup de pei- nes & d'inftances par Madame la Du- chefTe de la Feuillade , fceur du Due de Roannez. Elle etoit deftinee pour les Benedidtines de Loigny , dans le Perche 5 & i'autre , la fceur Oportune Mouchot pour les Carmelites, ( d'ou elle fut transferee le zp novembre fui- vant aux Hofpitalieres de la Provi- dence dans le ineme Diocefe ). Elle fut fort long-temps a defcendre du Chapitre, ce qui impatienta beaucoup M. d'Argenfon, qui voiantqu'ellene pouvoit fe fbutenir que fur des be^ quilles en eut pitie, he demandaune |
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III. P A R T I E. LiV. II. 509
Couverture pour l'envelopper (64) , 1709.
repetant plufieurs fois qu'oii en eut grand foin. Lorfque ces quatre religieufes arri-
verent a Chartres, une perfonne qui avoit dn bien pres de P. R. (65) vou- lut leur parler, & leur offrir fes fer- vices pour les befoins qu'elles pou* voient avoir , mais il ne put en avoir la liberie. Les deux fceurs Converfes furent traitees comme les religieufes du choeur, &c privees des Sacremens , jufqu'a ce qu'on leur eut arrache la iignature du Formulaire & de la Bul- le. La foeur Mouchot fe foumit le 7 de mars 171 o , & declara ne favoir figner. Une fille agee de 80 ans ,qui declare ne favoir ftgner , etoit-elle bien inftruite des matieres fur lef- quelles on lui faifoit rendre temoi- gnage ? En verite il faut avoir perdu toute pudeur pour faire trophee d'une pareille fignature. Cette bonne fille mourut le 18 odtobre 1715 , agee de 8<J ans, chez les fllles de la Providen- ce , qu'elle avoit beaucoup edifiees , 8c 011 elle ne ceflTa de regretterya ben- ( 64) Elle ctoit nus qu'oa put de cette pet**
Fieds 8c avoit coutume de epaigne foulager quelquc
£'re , afin , dtfoit-elle , pauvre.
fie moins ufet dc bis, 8c («;) M. de Coubmiu,
Yiij
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510 HlSTOIRE DE PoR.T-R.OlAL,
tie mere Angelinue de Saint Jean 3 dont
les morales , difoit-elle , etoient bon- nes (66). La four Barat feduite par M. Vivant, qu'elle avoit confulte , figna le 6 du mois de mars de la me- me annee. C'etoit d'ailleurs une tres bonne religieufe qui edifia les reli- gieufes de Loigny par fon humilite , fa patience, fon amour pour Dieu , jufqu'a fa mort arrivee le 5 decembre 1712. La fceur Agathe le Juge figna le 13 avril fuivant, & ecrivit le len- demain a M. le Cardinal de Noail- les. M. de M^rinville, nomme Eve- que de Chartres , ecrivit le meme jour a fon Eminence en lui envoi'ant le Proces-vcrbal, & lui marqua que c'e- toit la quatrieme converfion que Dieu yenoit d'opirer dans fon Diocefe. II y eomprenoit celle de la fceur Euphrafie Robert exilee a Mantes , dont nous parlerons. Quant a la fceur Sainte Gertrude du Valois ( qui fut depuis transferee aux Urfulines de Mantes) tous les efforts du Prelat echouerent contre le courage de cette vierge chre- tienne , qui fut inebranlable aux ca- reffes , aux exhortations , aux mena- ces & aux raifonnemens du feduc- teur : enfin Dieu lui a fait la grace de («<) M£m. hifl, T. «. p. Joo.
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111. PaktH. Llv. 1L $u
perfeverer jufqu'a la fin fans fouiller 1709. la main par aucune fignature. Le carofle de Nevers partit enfuite, ivi.-
Be conctuifit la four Fran$oife - Ma- 6itoff^l\t deleine de Sainte Ide le Vavafleur fStmt de s.im- £ 1 1 r 1 1 1 te Ide le Va-
agee de 5 9 ans, tort incommodee des vaffeur t ia
yeux : &c la feur Marie de Sainte An- f«"r A"ne !f s-i' ■ 1 i, Couturier,*
ne Couturier, attaquee d une para- Nevers.
lyfie au bras $ pour etre mifes chacune , calomnies dans un Couvent des Urfulines. Peu apras leut at- apres leur arrivee a Nevers , on fittlv4e" courir un bruit dans cette Ville qu'on avoit trouve dans ledrs hardes des Romans, des Comedies , & autres mauvais Livres. Cela fut meme man- de a Paris. C'eft ainfi que non content de perfecuter de pauvres filles , on cherchoit encore a noircir leur repu- tation par d'horribles calomnies. Peut- etre cela venoit-il aufli du petit peu- ple , qui ne pouvoit pas s'imaginer qu'on put traiter de la forte des reli- gieufes , fi elles n'etoient coupables de quelque grand crime. La fceur An- ne le Couturier figna le Formulaire & la Bulle V'meam le 4 Janvier 1710. M. Bargede ecrivir a M. de Noail- les pour lui annoncer la parfaite & entiere converfion de cette religieu- fe , qui etoit fon ouvrage. La foeur de Sainte Ide le VavafTeur fut transferee Y iiij
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5 11 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAL.
i yoy. de Nevers a Moulins, Diocefe d'Au-
tun ou elle fe foumit le 17 juillet
171 o , ( par une declaration verbale
faite au Parloir , & qu'elle ecrivit le
meme jour pour l'envoi'er a M. de
Noailles) aux Bulles d'Innocent X ,
d'Alexandre VII, & de Clement XI,
rant fur le fait que fur le droit.
La chute de cette religieufe paroit
avoir ete fans retour, aiant renonce
aux fentimens & a l'efprit de P. R.,
pour prendre l'efprit des filles de la
Vifitation , chez lefquelles elle eft
reftee.
ivn. II reftoit encore quatre carofTes a
caro"e'.tl=ILa/aire Partir ce jour-la. Le premier qui
four saintc fe mit en route fut celui de Rouen ,
sememe; de(ilni * conduire la fceur Anne-Julie
cnvoice a de Sainte Syncletique Souprieure ,
Rouen* De * i j - „ \ : c
oaelUmanie- agee ae ^9 ans & tres inhrme , au
re eiie y eftPrieure de Bellefond, ordre de Saint *«cae & trai- d » t i • ' l
^,Ci ±5enoJt. La prevention contre les re-
ligieufes de P. R. etoit fi grande dans
ce monaftere, qu'on refufa de la re- cevoir , & il fallut que M. d'Aubigne Archeveque-, leur envoia dire qu'elles ne pouvoient fe difpenfer d'obeir aux ordres du Roi. On peut juger par-la de Paccueil qui lui fut fait , & de l'agrement qu'elle eut pendant fon fejour dans cette maifon. Nous ayons |
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HI. P A R. T I E. L'lV. II. 515
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entre les mains une lettre qui nous 1705;.
met en etat d'apprendre au Lecleur quelques particularites fur les traite- mens que la four de Sainte Syncleti- que efiuia a Bellefond. Nous les rap- porterons fur le temoignage d'une Dame refpectable , alors Penfionnaire dans cette maifon, qui eft encore ac- tuellement pleine de vie. » L'Abbefle ou Prieure , nommeer.'%■
» Madame de Saint Pierre , apres Pa- » voir recue avec beaucoup de diffi-^ » culte, comme on l'a dit, la fit lo- " ger dans une petite maifon feparee » du monaftere. Elle y fut tellement » renfermee, qu'elle ne voi'oit que la » Converfe qui lui apportoit a. man- » ger. Aucune religieufe ne lui par- » loit ; elle etoit privee de tous les » offices & de la Metfe, par confe- ss quent de livres , de papier , plume » & encre, de chandelle, de feu, &c. « On ne lui permettoit pas de pren- » dre Pair, elle n'en avoir que par la » cheminee. Enfin dans un hiver tres » rigoureux, la Converfe n'ofant pas » lui apporter du eharbon de la cui- » fine, pria les penfionnaires de re- « ferver la braife de leurs cheminees » & de l'eteindre pour la lui porter » en cachette > mais fans dire a ces Y v
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p4 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt:
j 709. " Demoifelles l'ufage qu'elle en vou-
» loit faire. Elles s'imaginoient que » c'etoit pour dormer a des pauvres » du dehors. Mais elles ne rarderent » pas a favoir l'ufage qu'en faifoit " cette Converfe , parcequ'elle fut » decouverte & mife en penitence «. Nous ajouterons a ces faits une fcene qui fe pafifa a Bellefond entre PAb- beflfe & les Penfionnaires, au fujet des traitemens faits a la prifonniere. » L'AbbefTe etant un jour venue a la » recreation avec les Penfionnaires , » apres avoir caufe familierement » avec ces jeunes filles, s'avifa de » leur demander fi elles n'avoient , » point envie de fe faire religieufes *> dans cette maifon, 8c exalta le bon- » heur de cet etat. La plupart repon- « dirent felon les vues de PAbbefTe. w Mais une d'entre elles (qui eft au- » jourd'hui une Dame tres ehretien- » ne) repondit un non bien pofitif. » L'AbbefTe Iui en demanda la rai- w fon. La jeune fille repondit fans « hefiter que c'etoit parcequ'elle & » fes religieufes n'avoient point de » charite. La Dame furprife deman- » da explication. On lui repondit en » montrant la prifon de la religieu- » fe de Pk, R., qu'il y avoir la-dedans |
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III. Parti*, tiv. If. ftf______
a une religieufe enfermee depuis 1705.
» longtems, que Ton ne menoit ni a
» la Mefle ni a l'Office , que perfon-
» ne ne vifitoit, fi ce n'etoit fa foeur
» Converfe qui lui apportoit a man-
» ger j que Ton ne laiflbit point for-
» tir pour prendre l'air; que les be-
» tes les plus farouches etoient de
» terns en terns tirees de leur loge
» pour le prendre j qu'on I'avoir pri-
» vee de feu pendant rout l'hiver
» precedent, qui avoit ere fort long
» & fort rude. Comment favez-vous
» cela ma fille ? dit 1'AbbefTe. Mada-
»» me, repondit la jeune fille, c'eft
» que j'ai entendu dire que .le feu ne
» va pas fans fumee , Sc nous n'ert
» avons ni vu ni fenti mes Compa-
» gnes 8c moi. Enfin les barbares les
» plus craels, aputa-t-elle, ne tsai-
» tent pas leurs efclaves de la facort
» dont vous traitez une religieufe
» comme vous , qui doit etre une
« grande fainte , puifque des trathe-
« mens fi inhumains ne Yoat pas por-
» tee au defefpoir.
» Ce difcours mortifia fort l*Ab-
n befle, qui chercha a s'exeufer fur » les ordres du Roi, de M. PArehe- » veque , &c. Mais les autres Peft- i> fionnaiies s etaot f»ifes de kt partie, Yvj
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5 I 6 HtSTOIRE DE PoRT-ROlAt.
» l'Abbefle fut obligee de fe retirer,
» Le lendemain elle donna la liberte »j a la fceur de Sainte Syncletique de » fortir & de fe promener a l'heure " de la recreation avec ces jeunes fil- » les , qui l'examinerent, comme on " peut le penfer, depuis la tete juf- » qu'aux pies; elle leur fit des ami- » ties & des politefles , mais fans » leur parler , craignant qu'il ne lui » fut tendu quelque piege. » Le lendemain on ne la laifla
» point paroitre devant les Penfion- » naires, a qui on voulut faire croire >» qu'elles avoient encouru l'excom- » munication pour lui avoir parle,. "■ parceque cette religieufe etoit ex- « communiee , heretique , &c. Mais » les jeunes filles s'en moquerent. On » la fit cependant fortir a d'autres » heures, & elle eut la liberte d'al- » ler a l'Eglife, mais dans une tri- » bune> M. d'Aubigne vint la precher art
commencement, mais avec fi peu de fucces qu'il defefpera quafi de fa con- verfion. Effedivement elle refifta plu- fieurs annees , & elle fut la derniere qui fe rendit \ fi toutefois elle fe ren- du , car jamais on n'a ofe produire I'a&e. de fa prerendue foumiffionu |
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III. P ARTIE. LlV.lL ■ 517
Apres la Souprieure , M. d'Argen- 1709*
fon fit partir la four Jeanne de Sainte Lvni. Apolhne le Begue, agee de jt ans , caro(re. La pour aller a la Vifitation de Compie-fcc"1<ie.Sain- gne , Diocefe de Soiflbns. Cetre bon- B^u^aConv ne four, qui etoit d'un efprit tres p«gne. borne , figna le Formulaire le 17 de- cembre 1709 , fur l'afliirance que kit donna M. de Silleri, Eveque de Soif- fons , que s'il y avoit du peche _, il le prenoit fur lui. Ce motif de lignature apprend le cas qu'on en doit faire. On publia, peu apres, quelle avoit eerit a. M. de Noailles le 24 du me- me mois , pour lui demancter pardort de fa refiftance & la permiffion de communier , mais on ne fit point pa- roitre cette lettre. On fuppofe enfuite qu'elle en ecrivit une a la four Pe- pin , pour l'inviter a fuivre fon exem- ple, & qu'elle en envoi'a des copies a cbacune de fes fours. Peut-etre les figna-t-elle , c'eft tout ce qu'elle put faire. Le Re&eur des Jefuites de Compiegrie eut auffi part a cette con- verfion ; & parlant de la four le Be- gue , il dit 1 qu'il n'y avoit trouve au~ cun entetement _, mais feulement une crainte humble d'offenfer Dieu par un menfbnge _, & qu'il.regrettoitla dejlruc— tion d'une maifon ok ily avoit de,$,. |
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J I 8 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAl.
1705?. faintes filles (67). Eft-ce-la le langagei
d'nn Jefuite ? Efaii prend ici la voix de Jacob. lix. Le caroffe de Meaux fuivit celui |
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fleSf^de^Compiegne & conduifit deux re-
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iflaii, & ia ligieufes , la faeur Marie de Sainte
iMeaux.°ife'Catherine IfTali Celleriere , agee de 5 x ans , & tres infirme, chez les Ur- fulines de Meaux j & la foeur Marie- Catherine de Sainte Celinie Benoife, agee de 50 ans , chez les Filles de Sainte Marie de la meme ville. La fceur Mali etoit fi infirme &: fi incom- modee d'un deboitement des deux hanches , qu'elle ne pouvoit fe met- tre a genoux ni fa relever fans fe- cours. Neanmoins malgre fon infir- mity continuelle elle travailloitatout, pourvu qu'elle fut affife & que fes migraines accompagnees de fievre la laiffafTent libre. Elle etoit meme in- fatigable pour le travail. Elle faignoit, faifoit des onguents pour les mala- des & pour les pauvres , s'oecupoit a* la cire, a la chandelle , &c. C'^toit un efprit jufte, folide, au-deflus des vains fcrupules. Lorfqu'elle fentoit qu'elle avoit befoin d'etre a la vie commune, elle ne faifoit point dif- ficulte de demander la nourriture quer <«7) Aveitiflement, page 106.
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III. Partib. Liv. II. 519
la regie de S. Benoit permet aux ma-
lades & aux infirmes. Sa raifon etoit y ainfi qu'elle le difoit, qu'il faut evi- ter d'augmenter fes infirmites , afin d'e- tre mains a charge aux autres. Aufli- tot que ces prifonnieres furent arri- vees a Meaux , M. de Bifly ne man- qua pas d'aller exercer fon zele. Mais cette conquete etoit refervee a M. Chevalier fon grand Vicaire , qui vint a bout de les faire figner, en les aflurant que le Pape Clement XI lui avoit declare a lui-meme etant a Ro- me , Iorfqu'il fut a fon audience peu apres la publication de la Bulle V't- neam, que le Saint Siege n'exigeoit la creance que pour le droit, 8c que c'etoit tout ce qu'on demandoit par cette Bulle. La iceur de Sainte Celi- nie Benoife figna la premiere, le 8 aoiit 1710 ; & la foeur Mali le 10 du meme mois (<J8). Ce fut la condition fous laquelle elle obtint la permiflion de fe confefTer dans une grande ma- ladie , dont elle fut attaque*e au com- («8) t'Auteut de l'hif- auparavant. Selon l'Au-
teire de la derniere peif£- teut des Mem. hid. T. 6.
cuciou, T. 5. p. 69 , pla- p. 588 , la foeur IffaH fe
ce la iignature de la foeur foumit It 10 t 8c la fcear
lflali le 10 d'aout, & Benoife... fe ditermina d
ajautccpie la foeur Benpi- fuivte. cat exatfU U ij,
k avoit figiie deux jours aoiit.
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$10 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAI.
iy0qt mencement d'aoiit : circonftance qui
releve encore le merits de cette figna- ture. lx. Enfin le dernier caroiTe qui partit roffi-? Lanie-le jour de l'enlevement 29 o&obre ,.
re Prieure &c fin celui qui etoit deftine a conduire saint?" Mar- Ja mere. Louife de Sainte Anaftafie the, a Biois. du Mefnil, Prieure, agee de 60 ans , chez les Urfulines de Blois , & la fceur Francoife-Agnes de Sainte Mar- the , agee de Go ans, chez les Chanoi- nefTes regulieres de la meme ville. Le Prevot de la Marechaufiee , nomme d'Auvergne, accompagnoit a cheval les priionnieres, & la belle-fceur etoit dans le carofle avec elles. M. dAr- genfon recommanda que Von eut tou- tes les honnetetes pojjlbles pour la Re- virende mere Prieure; c'eft ainfi qu'il la nomma toujours , ne pouvant, fans- doute , s'empecher de refpe&er &c d'eftimer une perfonne qui montroit tant de courage & de fermete, avec tant de foumiffion a des ordres aufll rigoureux que ceux dont il etoit char- ge. Cette vierge chretienne compara- ble a la mere des Machabees par la conftance avec laquelle elle vit arra- cher d'entre fes bras fes filles fpiri- tuelles pour etre conduites dans des terres etrangeres, ne s'abbatit point j |
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III. P A R T I E. LlV. 11. 5II
& fa foi la rendant fuperieure aux
impreffions des fens , elle vit avec tranquillire l'enlevement de fes reli- gieufes & le renverfement de fa fain- te Maifon. Sa foi fut meme mife a une plus grande epreuve que celle de la mere des Machabees , par la jufte crainte qu'elle pouvoit avoir que ces pauvres filles que Ton arrachoit fi cruellement de leur fainte retraite , ne fuffent livrees a des loups & a des fedudeurs qui leur enleveroient le precieux treior de la verite & de la fincerire chretienne, dont elles etoient les vi&imes. Apres done que la mere Sainte
Anaftafie eut vu partir fes religieufes, & qu'elle eur deja fouftert dans fon cceur autant de fois la peine de l'e- xil qu'on avoir enleve a fes yeux de. fes filles , elle parrir avec le meme courage dont elle avoir donne taht de marques dans cette terrible jour- nee. II etoir pres de cinq heures du foir lorfque la mere Prieure partir : on la mena ce foir-H coucher a Ver- failles , d'ou M. d'Argerifon recom- manda bien qu'on la fit partir de grand matin, afin que cela ne fur point appercu. Les deux prifonnieres arri- verent a Blois le. 4 de novembre , 6c. |
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$iZ iJlSTOIRE DE PoRT-lLoTAt*
1709. eonime il etoit de bonne heure, M.
d'Auvergne vouloit les conduire dans leurs couvens ce jour-la , mais elles- le prierent d'attendre au lendemain \ ce qu'il leur accorda. Ainfi elles paf- ferent encore cette nuit enfemble. Le lendemain la Prietire alia- aVec fa compagne aux Veroniques , qui la recurent avec bonte. La fceur de Sain- te Marthe en fe feparant de fa Prieu- re, fe jetta a fes pieds pour lui de- mander une derniere benedi&ion. Ce fut ainfi qu'elles fe quirterent pour ne fe Jamais revoir. La mere Pneure fe rendit enfuire aux Urfulines , ou fa regularite & fes autres vertus lui atti- rerent l'eftime & l'admiration , mais fans rien faire changer aux rigoureux traitemens qu'on lui fit fouftrir juf- qu'a la mort, comme nous le ver- rons ailleurs. II ne reftoit plus a Port-roial des
La tocur de Champs que la fceur Marie de S^inte
phrafie Ro- Euphrafie Robert, la plus ancienne
bsrc. de la maifon , agee de $6 ans. Elle
avoit eu plufieurs attaques d'apople-
xie , qui l'avoient rendue paralyrique.
Cette paralyfie jointe a fon grand age ,
lui avoit prefque ote entierement l'u-
fage de la raifon , totalement celui de
lire & d'ecrire, & encore plus celui
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III. P ARTIE. LlV. II. 52 J
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de marcher. M. d'Argenfon , qui 1709.
avoit pourvu a tout, avoit fait venir une litiere pour la tranfporrer. Elle n'etoit point en etat, comme on voit, d'aflifter au Chapitre, lorfque M. le Lieutenant de Police Ies fit aflem- bler. II recommanda meme qu'on ne dit rien a cette religieufe des ordres dont il etoit charg£ & qu'il avoit fignifies, fe refervant a le faire lui- meme : elle fut neanmoins I'enleve- ment general avant le depart des ca- rofies, & eut aflez de prefence d'ef- prit pour dire : c'eft aujourd'hui le jour de I'homme , bien-tdt viendra le jour de Dieu. On ne fit partir la fceur de Sainte Euphrafie que le lendemain de l'enlevement general, comme nous le rapporterons apres avoir acheve le recit de la journee du 29 o&obre. Lorfque toutes les religieufes fu-r.,1?1/'
rent parties , M. d Argenlon emploia fon congedie le refte du jour a faire fortir les do- 5csdomefti" meftiques qu'on avoit retenus prifon- n dcpeche niers route la journee. En vain ils re-£n0^uti"en prefenterent qu'ils ne favoient ou fe retirer , n'y ai'ant pas pour trois quarts d'heure de jour , il fallut for- tir. Pour les fervantes , celles qui avoient dans le voifinage quelques parents ou quelques lieuxpour fe re~ |
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5I4 HlSTOIRE DE PoRT-n.b'lAl.
1709. tirer, furent congediees •, &: pour eel*
les qui n'en avoient point, M. dAr- genfon leur affigna une chambre hors * de la cloture des lieux ieguliers pour y pafler la nuit. Aufli-tot apres que les domeftiques eurent ete congedies, ce Magiftrat depecha un Courier en Cour pour porter la nouvelle de l'ex- pedition qu'il venoit de faire, comme feroitun General d'armee apres la pri- fe d'une ville. txin. Le lendemain il fit partir la fceur UD^u"eu- Enphrafie Robert dans la litiere qui
fehra(ie Ro- lui etoit deftinee , dans laquelle on plac,a la femme de Pommereuil , qui devoit la conduire a. Mante. Comme la femme de cet Exempt no ponvoit aller en arriere, elle prit le fond de la litiere , & la religieufe fut mife fur le devant. Malgre cette precaution elle fe trouva fort mal, & la religieu- fe encore plus mal , ce qui fut caufe qu'a la feconde journee on les fit chan- f;er de place. Ilfaut rendre juftice a
'Exempt & a fa femme. Us eurent pour la foeur Robert tous les egards poflibles. Elle arriva aux Urfulines de Mantes le 31 o£fcobre fort tard, &c fi fatiguee du voiage, qu'elle penfa mourir en entrant dans le Couvent, & qu'il fallut faire venir le Medecirx |
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HI. Partie, Liv. II. 515
entre dix & onze heures du foir. Mais elle revint de certe foiblefTe les jours fuivans, & on ne manqua pas de pro- firei" du peu de terns qu'elfe avoit en- core d vivre, pour lui arracher le 17 novembre une fignature malgre l'etat ou elle etoit. Cette fignature ne pa- roilfant pas fuffifante , on lui prefenta le 14 du meme mois un papier qu'on lui fit figner , la mere'- Chartonnet lui conduijant la. main \, ainfi que le Pro- ces-verbal de cette fignature en fait foi en ces termes : Et actendu que la- dite mere Robert ne s'ejl pas trouvee en etat de figner Jeule , elle a prie la Dame mere fuperieure de lui conduire la main. Comment cette pauvre fille paralytique & en enfance auroit-elle ete en etat de figner feule ? C'eft ici le cas de dire avec S. Auguftin : Dor- mientes tefl.es adhibes _, tu vere obdor- mifti. On ne craint pas neanmoins d'attefter dans ce Proces-verbal, figne de la mere Chartonnet & de deux Ecclefiaftiques, que la fceur Robert etoit fame d'efvrii & de jugement. La meme chofe eft atteftee dans un acTre du 21 decembre, par lequel on lui fit ratifier fa fignature du 14 novem- bre. Le lefteur doit remarquer ici trois a-des differens. Dans le premier du 17 |
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5 Z6 HlSTOlRE DE PoRT-ROlAt.
J70n novembre , la four Robert figne fan* .
qu'il foit parle qu'on lui ait conduit la main. Dans le fecond, du 14, elle prie la Superieure de lui conduire la main. Dans le troifieme, du z 1 decem- bre, elle declare ne le pouvoir faire a caufe de fon grand age & foibleffe de main droite. Quel fond peut-on faire fur des pieces de cette nature qui fe contredifent fi groffierement , dans lefquelles on refpeile fi peu la verite, & 011 Ton avance des raits notoire- ment faux & dementis par des ecrits publics, qui font demeures fans re- plique ? M. de Merinville envoi'a ce~ pendant fon Proces - verbal en Cour comme une preuve de fon zele pour faire rentrer dans la voie Jure de I'o- beiffance les religieufes de P. R. exi- lees dans fon diocefe. M. de Pont- chartrain en fit promptement tenir des copies aux Eveques qui etoient dans le meme cas, & les accompagna d'une lettre oii il leur difoit grave- ment : je vous I'envoie par qrdre du Roi j afin que vous puijjie^ vous enfer- yir en la maniere que vous jugere% a- propos, pour exciter celles qui font dans votre diocefe afuivre unji bon exemple. Voila de quoi s'occupoient des Mi- niftres dans un terns ou les ennemis |
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IIL P A R TIE. L'lV. II. 517
vi&orieux , apres avoir force les bar- 1709.
rieres de la France, mena^oient la Capitale meme. Apres avoir conduir toutes les re- >lxiv.
ligieufes dans leur exil , revenons adOI^erfliqeue P. R. pour voir ce qui s'y fit apres congedies. leur depart. M. d'Argenfon y refta encore deux jours , & acheva de net- toier la maifon. II avoit congedie le 29 prefque tous les domeftiques j le lendemain il congedia le refte , ex- cepte quelques malades , pour qui il falloitdes voitures. Ce meme jour 30 octobre, les domeftiques qui avoient ete congedies la veille revinrent pren- dre leurs hardes & leurs meubles , &c fe retirerent, ainfi que ceux qui etoient reftes , emportans ce qu'on voulut bien leur laiffer, car on ouvrit &c on vifita leurs paquets. Les Archers voi'ant Jue la plupart avoient beaucoup de
,ivres de piete , les maltraitoient de paroles, les traitant de fripons , de FriponeSjs'imaginantqu'ils les avoient voles aux religieufes. M. d'Argenfon lui-meme ne pouvoit fe perfuader qu'une des fervantes (Marie de For- ge ) fille de l'ancien jardinier , eut tant de chofes a elle : mais elle lui dit qu'etant depuis fon enfance a P. R., elles les avoit amaflees peu-a-peu. U |
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5 2.8 HlSTOIRE DE PoRT-ROlA!.
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170?.
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lui permit de les charger fur tine cha-
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rette qu'elle avoir fait venir pour ce-
la , ce qui n'empecha pas les Archers de la chicaner & d'en retenir une partie. Madame Botttard faeur dtt fanieux
Dofteur Dumas, aufli attachee a Port- roi'al ou elle avoit occupe une cham- bre au-dehors, que fon frere l'etoit attx Jefuites , eut beaucoup de peine a retirerfes meubles (69). Mademoi- felle de Chambors, pennonnaire au- dehors , fit emporter les liens le 31. L,xv# , Le Cordonnier de P. R., & Jean-
Depart du T i . . , , Cordonnier ne Lancelot qui avoit ete portiere
de p. r. , & (}u dehors , etant tous les deux mala- de la Pome- , r . , , ,,
re. Mort de «es, ne purent iortir le jour de 1 en-
run & de Jevement, & furent obliges d'atten- are une voiture , qu lis prirent a leurs depens pour fe raire tranfporrer a Paris. Le Cordonnier fe fit porter a. l'H6tel-Dieu , oil il fut refpecte com- me tin homme dont la vertu faifoit connoitre la fainte ecole oil il avoit ete inftruit. Malgre les foins qu'on prit de lui, on ne put le guerir, & il mourut faintement parmi les pauvres, ai'ant vecu de meme parmi les faints. (£9) Cette refpeitable Dame fe retira fur la Paroifle
de Saint Rod) , ou elle mourut le ii decembre fui- T*nt. Jeanne
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III. P A R TIE. Liv. IL 519
Jeanne Hibert, veuve Lancelot, agee 1709,. '
d'environ jx ans , fe fit defcendre au Faubourg Saint Jacques dans la mai- fon ou elle demeuroit avant de fe re- tirer a P. R. Elle y mourut trois jours apres. M. Defmoulins , fon Cure , lui adminiftra les Sacremens , & ne put retenir fes larmes en voiant l'etat ou on l'avoit reduite. Telle fut la fin du faint Monaftere
de P. R. » C'eft ainfi que finit cette maifon (70), dont Dieu s'etoit fer- vi pour repandre une odeur de vie dans fon Eglife. Dieu, apres s'en etre fervi pour executer fes def- feins, l'enleva du milieu d'un fie- cle qui n'en etoit pas digne ; & en permettant qu'elle fut immolee a la verite & a la fincerite, il la preferva des relachemens qui fuc- cedent aux oeuvres les plus ecla- tantes &c qui les deshonnorent. Cette conduite de Dieu, qui eft fi incomprehenfible aux yeux de la chair, eft, quand on la confidere des yeux de la foi, le comble 8c comme le couronnement des mife-^ ricordes de Dieu fur P. R. txvI Pendant le tems que M. d'Argen-* m. d'Argen-
r rT S li ■ t» • 1 : ° fon reite ti ois
fon palla encore a P. R., il invento- j0urs $ P. R.
(70) Catal. hiftor. T. 1. p. 141. «« q"''1 Z
Tome IX. Z hlu
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530 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt.
ria les papiers & acheva de faire fon
Proces-verbal. II fit auili inventaire des principales chofes avec le Gref- iier, les Commiflaires , les Exempts 8c les Archers qu'il avoit gardes au- pres de lui, pour la furete de fa per- fonne , comme s'il avoit eu des enne- mis a craindre. II fit enfuite partir pour P. R. de Paris trois charettes chargees de livres , de papiers j de tableaux , d'eftampes 5 & il fit mettre le refte des livres , hardes & meubles Eortatifs par paquets dans une cham-
re , ou il mit fon fcelle , aufli-bien qu'a. la Bibliotheque. II etablit le fieur Marquant , Huimer de Chevreufe , gardien de tout ce qui etoit dans la cloture, & une garnifon compofee de deux Exempts, & de douze Archers , pour garder toute l'Abbai'e au-dedans & au-dehors. II fit auffi refter le Chapelain, qui
confomma le 4 novembre , par ordre de M. de Noailles , toutes les hofties, tant celles de la fufpenfion que celles du tabernacle , afin que le S. Sacre- ment ne reftat plus dans une maifon ou depuis le 29 octobre, il fe com- mettoit autant d'irreverences & de licences qu'il s'y etoit auparavant pra- tique d'actes de religion & de peni • tence. |
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III. P ARTIE. LlV. II. 531
Enfin , M. d'Argenfon aunt mis I70(, "
ordre a tout, partit de P. R. le ven- lxvii. dredi jour de la Touflaint apres la/.M,d'AtSena it re a 11 1 r ■ \it /--if lonvaaVer-
Meiie , & alia le loir a Verfailles ren- failles rendre
dre compte au Roi de fa commiffion. cc°Xtffio«'* II lui raconta avec quelle foumiflion au Roi. les religieufes avoient obei aux or- dres de Sa Majefte , qui en parut , dit-on , touchee. Mais il ne paroit pas que ce Prince foit jamais revenu des preventions qu'on lui avoit inf- pirees contre ces faintes filles. M. d'Argenfon fut recu a Verfail- lxviu.
les comme s'il eut rendu le fervice le p^bi™contre plus important a l'Etat , en fe ren- le traitemenr dant maitre de P. R., & en difper- JffiT p" fant vingt deux pauvres filles infir-R- mes , qui par leurs prieres & la fain- tete de leur vie, attiroient la bene- diction fur le Roiaume ? Le Due de Guife rendit-il jamais un ii grand fer- vice a la France en chafTant les An- glois de Calais ? Les gens de bien n'en penferent cependant pas de meme, & les cris du public contre cette expe- dition , au moment qu'il en fut inror- rae, firent aflez connoitre qu'il ne la regardoit ni comme glorieufe au Roi, ni comme avantageufe a fon Etat. Les plus indifFerens memes en furent touches. Zij
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5Jl HlSTOIRE DE PoRT-ROlAI."
En effet: Quel fpeclacle, pour nous
fervir des expreflions de ces grands Magiftrats que la France & toute 1JE- glife a eu la confolation de voir dans ce ilecle elever courageufement leurs voix contre de femblables fcandales , &c en porter des plaintes aux pies du trone : Quel fpectacle affligeant pour la religion , tou chant pour I'humani- te (71)..... que la difperfion d'une mul~
titude infiiie de religieufes arrachees a.
ces afiles /acres dont elles avoient fait a Dieu le vceu de ne jamais fortir, con- duites avecfcandale de ville en ville, de province en province 3 jufqu'aux extre- mites du ro'iaume j gimiffantes dans la captivite la plus dure , de la privation de ces biens precieux pour lefquels elles avoient renonce a tous les autres , re-r duites en mourant afe voir refufer, mal- gre leur entiere foumiffion a I'Eglife & I'innocence de leurs mxurs 3 tous lesfe- cours fpirituels, ceux memes qu'on ne refufe pas aux criminels avant leurfup- plice ! M. d'Argenfon en executant la trif-
te commiffion dont il etoit charge „ avoir fait, corame nous l'avons deja remarque, tout fon poffible pour en derober la connoiflTance & eviter (71) Rem. du Pari, de 17;3, p. 141.
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III. PaRtie. Liv. IL $}}
1'eclat. II avoit fait partir les carofTes l'un apres 1'autre , &c recommande aux Exempts de ptendre des mefures pout ne fe pas rencontrer, & de choifir des lieux peu connus (72) pour s'y arre- ter. Mais etoit-il poflible avec toutes ces precautions de cacher aux yeux du public un evenement fi extraordinai- re ? Oa etoit-il poffible qu'aiant con- noifTance d'un traitement fi barbare fait a vingt-deux pauvres filles infir- mes , dont la moms agee avoit plus de cinquante ans, il n'en fut point indigne & revoke ? Auffi le mur- mure & l'indignation eclaterent juf- qu'a Verfailles meme. Un homme de qualite qui s'y trouva le jour meme de l'expedition , etant alle chez un grand Officier de la Couronne ( M. d'Armagnac) comme il venoit d'ap- {irendre qu'on avoit vu pafTer des re-
igieufes de P. R. dans deux caroflTes , il lui demanda ce qu'il penfoit de cet enlevement ? Le Gentilnomme un peu (71) lorfque le dernier droit dans les derrieres oa
caroiTe qui etoic celui de I'on pouvoit toucher fans
Blois partit, M. d'Argen- fe faire remarquer ; M.
fon demanda au Conduc- d'Argenfon lui die , hi
teur ou il iroit coucher ee bien parte? - en done de
foir-la, & fur ce qu'il lui grand matin , & tdchej
repondit qu'i/ ne pouvoit qu'on ne vous apperco've
aller qua Verfailles, mais pas,
,if.*;/ Cnv" "» vetit en— *7 Mi
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534 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAL,
1709. embarralTe de la demande repondit
fimplement que la chofe ne lui pa-
roiflbir pas trop bonne, au moins en
partie. Dices hardiment 3 reprit le
grand OfEcier, que tout cela ne vaut
rien. Ces filles font des faintes.
Non-feule- Si dans Verfailles meme il fe trou-
ment les a- voit des perfonnes qui penfoient ainli
"e'ufp^de l'enlevement des religieufes de
fonnes les p. R. & enparloient de la forte , on
rentes en font Peut bien croire que par-tout ailleurs
touchees. Cn n'en avoit pas une opinion plus
avantageufe , fur-tout a Paris, ou la
nouvelle rut fue des le premier jour ,
8c meme d'afTez bonne heure (73).
Cette nouvelle s'etant repandue en
peu de terns, on ne peut dire com-
bien tous les honnetes gens en furent
furpris 8c affliges. Ceux meme qui ne
connoiiToient pas auparavant d'une
maniere partieuliere le monaftere de
P. R. s'etant inftruits a cette occafion
de ce que c'etoit, joignirent leur dou-
leur a celle des amis de cette fainte
maifon. Leur difgrace & leur enle-
(75) Au moment de valiers & les carofles, il
l'atrivee de M. d'Argen- . revint fur fes pas pour en fon , la Celleriere envoi'a dormer avis a la maifon ,
a Paris un Pai'fan pour mais n'a'iant pu entrer
apptendre cette nouvelle parceque la porte etoit
a quelques amis ; ce Pai- deja gardee par les Ar-
fan fe mit en route , & chers, il alia a Paris de-
alhnt appercu tous les Ca- biter toutes <■<•» »™w"-"
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III. P Artie. Liv. It. 535
vement toucherent les plus indiffe- rens, & fouleverent tour le monde contre les Auteurs (les Jefuites ) d'un traitemenc fi criant & ii injufte , fait a de fi faintes filles. On n'entendit par- tout que plaintes & gemiflemens , on ne vit que Vaudevilles & autres Pie- ces j temoignages de Peftime & de la compaffion du public pour les faintes religieufes de P. R., & de fon indi- gnation contre leurs perfecuteurs. D'autres repandoient leur cceur dans la priere & gemiflbient devant Dieu de ce que les prophanes etoient entres dans fon heritage , l'avoient ravage , & avoient fait de cette precieufe por- tion du partage du Seigneur un de- fert affreux. De - la font venus les ge~ miffemens d'une ame vivement touchee de la deflruclion du faint monaflere de P. R. des Champs. De-la cette priere & ces effufions de cceur fur I'enlevement des religieufes de P. R. des Champs. Ce font des pieces auxquelles nous renvo'ions (74) non pour y apprendre ce qui s'eft paffe a la deftrucKon de P. R., mais pour s'y inftruire de quel- le maniere des chretiens doivent en- vifager de pareils traitemens, & dans quelles difpofitions ils doivent etre' {74) Hift. de la dern. petfec. T. i. pp. M*» 5«7>
Z iiii
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53^ HlSTOIRE DE PoRT-ROtAE.!
~~ijoy. * 1'egard de femblables evenemens.
lxx. II manqueroit quelque chofe a l'hif-
tfer notami toue <*e l'enlevemenr des religieufes
Madot va a de P. R. des Champs & du pillage trompe' m. ^e ce rnonaftere , fi nous ne parlions d'Argenfon. pas du perfonnage que fit en cette oc- cafion un certain avanturier qui vint trouver M. d'Argenfon , fe difant en- voi'e de la part de M. Voifin , pour chercher & examiner les papiers qui pouvoient etre a P. R. Cet avanturier etoit un Pretre, nomme Madot, hom- me d'apetit pour les benefices, inquiet de cara&ere, brouillon pour les affai- res , envo'i'e, comme Ton croit, par le P. Doucin Jifuite, & non par M. Voi- fin. Peut-etre meme venoit-il de fon propre mouvement regardant la def- traction de P. R. des Champs comme une occafion de faire une fortune fem- blable a celle de fon frere, Evcque du Bellai, mort dermis peu Eveque de Chalons-fur-Saone. Quoi qu'il en foit, il eut le talent de tromper M. d'Ar-r genfon. A ne juger de cet Abbe que par ce trait, on peut dire que lAbbe Madot n'etoit pas un fot : il etoit parti de Paris des le 29 odtobre , jour de l'enlevement, & alia coucher a Saint Lambert. Comme il etoit pret d'y arriver fur le foir , il rencontra |
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III. Partie. Llv. II. 5J7
quelques fervantes de P. R. qu'on ve- " 1709. noit de congedier , & qui alloient fe retirer a S. Lambert, chez une femme de leiir connoilTance. L'Abbe Madot accofta ces femmes , leur fit plufieurs queftions, & leur parla comme un homme qui leur portoit companion & aux religieufes. Lorfque ces fervan- tes revinrent le lendemain chercher leurs hardes, elles furent fort furpri- fes de voir ce meme Abbe avec M. d'Argenfon , & dans* le premier trans- port elles s'ecrierent: Voila le fripon qui vouloit hier nous faire croire qu'il itoit ami de la maifon (75). M. d'Argenfon trompe par L'Abbe LXXT\
Madot lui donna plein pouvoir de de lAbbe faire tout ee qu'il trouveroit bon , & Madot. meme de fe fervir de fes gens. Auffi- tot i'Abbe alia fureter par-tout dans les cellules des religieufes , dans les obeifTances ou offices , mais fur-tout dans la chambre de Madame de Lon- gueville, ou il efperoit faire quelque decouverte importante. Rien ne lui echappoit, il ramaffoit avec foin les (75) Le Revifeur des te de cet homme, mats it
Memoires fur la deftruc- ne nous a point apris. te- non de cette jibbaie , dit fecret de nepoin: voir ce: l'Auteur des; M6moircs qui eft »uffi clair que Ur- Hftoriques, T. 6. p. 11 j, jour.. «- voulu diminuer. Viniqui- |
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538 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAI.
T700. P^us petits chiffons de papier qu'il
trouvoit dans les cellules & ailleurs. Mais il avoua lui-meme qu'il avoir trouve bien des chofes auxquelles il ne s'attendoit pas, & qui l'avoient edifie , comme des chapelets , des images de la Sainte Vierge , & diffe- rens inftrumens de penitence. II fit un grand degat dans les cham-
bres des obeiffances ou offices. Com- me la communaute avoit ete autre- fois fort nombreufe, & qu'on y tra- vailloit a toutes fortes d'ouvrages, on avoit conferve dans les armoires tout ce qui concernoit ces ouvrages. II voulut tout voir, & mit tout en de- fordre , par la crainte de laiffer quel- que chofe d'important. II faifoit en- foncer les portes des armoires , vui- doit les boites & les corbeilles pour voir s'il n'y avoit point de papiers caches , deplioit les hardes, & jettoit tout pele mele dans les chambres. II vifitoit les livres, & fe faififloit
des petites fentences qu'il y trouvoit. II declamoit contre la verfion du Nouveau Teftament de Mons , con- tre l^s Reflexions morales, & l'imi- ration de Jefus-Chrift de M. de Beuil. Les po traits d; M. Arnauld , de M. de Saint Cyran , des meres Angeli- |
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III. P Ar tie. Liv. II. 539
que & Agnes lui faifoient lever les 1709.
epaules j on dit meme qu'il en dechi- ra plufieurs. U faifoit ouvrir les pa- quets des domeftiques, & rien ne pouvoit fortir fans fon vifa. Enfin apres avoir furete par-tout, il empor- ta tous les papiers qu'il put trouver. Mais comme il n'avoit rien trouve lxxii.
de ce qu'il efperoit, & n'avoit pas vi- Cherchedc de fite quelques appartemens des feculie- I'Abbi Ma- res , il demanda quelque - tems apres °:" a M. d'Argenfon permiffion de reve- nir faire une nouvelle vifite. L'aiant obtenue , il vint accompagne d'Ar- chers , enfon§a toutes les ferrures des portes, des armoires , des bureaux , des coffres des feculieres , qui avoient des appartemens dans la maifon. II defit les paquets, bouleverfa tout , prit tout ce qu'il lui plut d'emporter , & laifTa le refte expofe au pillage. Mais il ne trouva point ce qu'il cherchoit, ce qui lui fit dire en s'en allant : lis font plus fins que nous. II trouva dans le cabinet d'une Da-
me qui avoit un appartement dans le dehors du monaftere , une petite boi- te quarree ou il y avoit des morceaux de linges teints du fang de M. de Saint Cyran } on dit qu'il en fit grand z r
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540 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAir
j 705?. bruit, mais on ne marque pas s'il
emporta ou laifla la boite.
ixxni. Le fruit de ces recherches fe re- v^Pp«SrrAb- duifit i°. a quelques petits papiers , beMadot. fur lefquels les religieufes avoient jscherches. ^crit ^es reponfes qu'elles devroient faire a ceux qui leur precheroient la fignature. 20. A quelques billets ou elles avoient ecrit des fentences des Peres fur L'obeirTance qu'on doit a Dieu preferablement aux hommes. 30. A de petits Calendriers ou Necro- loges, ou elles avoient place a cer- tains jours les noms des principales f>erfonnes de P. R. , les graces fingu - ieres que Dieu leur avoir fai tes , com- me le miracle de Mademoifelle Pe- rier & autres evenemens confidera- bles. 40. A quelques reliques ou ef- tampes des principales religieufes de P. R. & des principaux amis de la maifon. Voila a quoi fe reduifit tout le butin que TAbbe Madot put faire a P. R. Car tous les reproches que les Jefuites ont fait a P. R. des Champs, dans les libelles qu'ils ont publies de- puis l'enlevement des religieufes , fe bornent a ces quatre articles, comme on peut le voir par la leclure du re- cueil des retractations de feize de ces religieufes qu'ils firent imprimer an. |
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III. P ARTIE. LlV. II. 54f
Louvre, fur-tout dans rAvertilTement
qui eft a. la tete , & dans les remar- ques aftez courtes qu'ils ont ajoutees a la fin. II eft bien certain que fi les Jefui-
tes avoient trouve dans les papiers que l'Abbe Madot enleva , d'autres reproches a faire aux religieufes , ils n'auroient pas garde le filence. Ainfi ce filence eft une preuve convaincan- te qu'ils n'ont rien trouve de plus. Nous ne croions pas qu'il y ait per- fonne au monde qui penfe que les Jefuites ont voulu epargner les reli- gieufes & les Theologiens de Port- roial (76). |
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1709.
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{?«) L'infame Auteur
du DiUionnaire Janfemf n , ouvrage qui n'.eH qu'un tiffu d'erreurs & de calomnies , comme s'il vouloit mettte le comble a l'iniquite de les Peres, vient de renouveller rou- tes celles qu'ils publie- rent contre P. R. aptes la deftruclion de cette fainte maifon , & il en ajoute encore de nouvel- les. Remontant rneme plus haut , il rerablit la fable de l'lmprimerie. s> Il y avoit,, dit-il T. ».. » p. 187 , une Imprime- » tie qui n'etoit emploi'ee » que pour les ouvrages 5> du patti U gout d'in.- |
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33 jurieux libelles. Les
33 chambres des religieu- 33 fes, lorfqu'on les vifi- 33 ta apres le depart de 33. ces filles- rebelles , fe 33 trouverent abonrlam- 33 ment pourvues de tous 33 ces pernicie.ux ecrits «. L'inutilite des recherches de l'Abbe Madot, & l'a- veu que fit cet Efpion de la Societe, donne ici le dementi au Calomniateur 8c le couvre d'opprobre. Il continue cependant, 8c. ajoute, 33 qu'on remar- 33 qua aulfi des reliquai- 33 res attaches au chevet 33 du lit de ces faufTes 33 devotes avec des inf- » criptions " qui mai- |
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54z HlSTOIRE DE PORT-ROlAL &C.
» quoieat que c'etsit du le-meme, 8c qui n'a d'au-
3> fang de S. Cyran ou de tre fondement que la ma-
« M. Arnauld. Mais, lignite de celui qui l'a-
» dit il, ce qui furpric le vance. Mais en fuppofant
« plus, ce fut de trouver meme le fait vrai, feroit-
s> dans l'Eglife meme un ce a l'Auteur du Diclion-
j) grand reliquaire avec naire Janfenifte a y trou-
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j> une image du Sauveur
» au milieu , dans la- 3i quelle on avoit ecrit : 3> Cette pate eft du fang ij de M. Singlin. Attifi- a> ce impie pour faire ren- 3j dre a ce Dofteur les 3) honneurs qui ne font 3> dus qu'a Dieu «. 11 n'eft pas neceftaire de s'ar- reter a detruire une ca- lomnie qui fe dettuit d'el- |
ver a redire ! Seroic-ce t
dis je , a un Jefuite mem- bre d'une Societe oil Ton defend les idolatries Chi- noifes, & oil on enfeigne qu'on peut legitimement rcndre d un Philofophe pai'en le culte qui n'eft du qu'a Dieu , a faire de femblables reflexions & a former de telles accufa- lions contte Port-roial I |
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Fin du Tome neuvieme.
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P R I E R E
De la Sctur Frangoife de Sainte Iherefe
Maignard de Bernieres j pour obte- nir de Jejiis-Chrijl la force & le cou- rage dans la perfecution , afin de demeurer fidelle jufqu'a la fin dans I'amour & I'attachement a la verite aux depens mime deja vie (i). Gloire a Jesws au Tres S.
Sacrement. M O N Seigneur Jefus - Chrift, qui nous
avez dit : Venez a moi, vous tous qui etes charges, & je vous foulagerai, & qui avez, choifi les chofes les plus foibles pout con- fondre les plus fortes, je viens a vous dans l'extreme befoin oii je fuis , que votre grace toute - puiflante m'affermifle & me fortifie dans la volont^ que vous me donnez de mar- cher toute ma vie dans le chemin de la v6- rite", dans lequel il vous a phi de nous enga- ger par une mife^ricorde finguliere: faites-moi la grace d'y etre fidelle juiqu'au dernier fou- pir de ma vie , fans qu'aucune tentation ou furprife me puiffe rien faire faire contre la volonte" que vous me donnez ( Sc que je re- mets entre vos mains, de peur qu'elle ne s'affoiblifle entre les miennes ) de ne jamais obeir au commandement que Ton nous a faitde fignetle Formulaite , parceque je vous dois obeir plutot qu'aux hommes. Que sil (i) Vies edifiantes , T. i. p. 4S1. |
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J44 Priere.
atrivoit par quelque maniere que ce puiffe
etre, foit dans la maladie , ou a la mort, ©udans la fame, foit dans la captivite, ou. dans la liberte , foit par contraintc ou par furprife , ou de bonne volonte , que je fiffe quelque chofe tant foit peu contraire a la verite ou a la juftice pour laquelle on nous perfecute , ( ce que je vous fupplie tres hurii- blement dene pas permetttre ), j'y renonce dcs a prefent devant vous , mon Dieu, & vous fupplie de toute l'affedtion de mon coeur de ne me le point imputer, & de n'entrer point en jugement avec votre fervante. Je le retratte & le defavoue. Je declare audi, a tout le monde que je veux qu'il foit tenu pour nul, Sc protefte de nullite comme j'ai Seja fait & figne avec toutes mes meres Sc mes fceurs, auxquelles je defire avec votre fainte grace etre toujours parfaitement unie dans l'amour de votre verite. Je vous fupplie. ties humblement d'agreer que je m'offre a vous pour en etre une vidtime en la maniere qu'il vous plaira. Rendez-moi digne d'un fi grand bonheut. Je vous fupplie de me faire la gra- ce de conferver toute ma vie une tres gran- de horreur du peche que je commettrois en. affvuant par une fignature a la face de l'Eglife, une chofe coeteftee, que je ne puis favoir par moi-nieme , & que je ne crois point, Sc qui eft fi defavantageufe a l'honneur d'un faint Eveque. Je vous demande la grace de fouffrir plutot jufqu'a la fin de ma vie tou- tes fortes d'afflictions & de peines de corps Sc d'efprit, que de confentir jamais a cette infidelite, qui me rendroit coupable d'un faux temoignage, d'un menfonge & d'un parjure, & de prendre vptre faint nom en \ain % & tout cela.fui les faints Evangilesj, |
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Priere. 545
oil vous m'apprenez que vous etes la veri-
rite , de forte qu'en l'abandonnant je vous abandonnerois vous-meme. Ne permettez pas que je profane ainfi ce Livre facre, dans lequel vous m'enfeignez encore que vous etes la voie. Je vous conjure done de me faire marcher &c courir dans cette divine voie qui eft celle de vos commandemens pour arriver a la veritable vie que vous etes encore vous-meme. Vous etes aufli la lu- miere qui illumine tous les hommes, mais qui n'eu point connue par les perfonnes qui fuivent les maximes & la fageite du monde qui ne font que des folies devant vous. Pre- tervez-moi de cette fauffe fageffe qui ne fer- viroit qu'a me mettre au nombre des men- teurs & des timides qui auront leur part dans l'etang de feu & de foufFre avec les idolatres, les meumkrs & les execrables. Prefervez-moi des artifices du pere du men- fonge, qui n'a point perfevere dans la vd- rite, qui pourroient m'eblouir & nVdbranler, pour me faire tomber dans I'abime de l'er- reur 8c du menfonge. Je vous fupplie auffi de me donner des forces proportionndes aux occafions od vous permettrez que je fois en- gagee, &c la fidelite que je vous dois en toutes chofes. Que ce foit votre Efprit Saint qui parle en moi; & pour mdriter cette grace , faites que je ne le fafle point inutile- ment, mais que je me tienne toujours au- tant qu'il fe pourra dans la retraite & dans le filence que je dois tacher de ne jamais rompre , que lorfque la v£rite ou la charitd le demanderont de moi, afin que ne par- lant point aux creatures je m'entretienne fans ceffe avec vous. Que ce filence foit la pourriture & la force, la joie, la paix 8c |
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54<? Priere.
l'entretien de mon ame 4 qui ne fera jamais
feule & abandonnde tant qu'elle prendra plai- fir a demeurer avec vous, qui parlez ail coeur de vos epoufes dans la folitude. Faices que je reconnoifle veritablement la .
grace fi extraordinaire que vous faites a ce monaftere , & que je n'en perde jamais le fouvenir: retiiez-moi du monde plutot que de permettre que je fafle rieu de contraire a la fidelity que je dois a la verite. Que je fois audi ferme dans les plus perites rencon- tres de l'etat ou ncus fornmes que dans les plus grandes : que je n'aie jamais d'autre crainte que celle de vous ofFenfer jufques dans les moindres chofes , etant tres afluree que rien ne me pourra jamais dbranler , tant que votre grace fera avec moi^ que je ferai auffi contente dans une prifon comme dans la plus grande liberte, & que les langueurs 8c les maladies ne me pourront etre un fujet d'affoibliiTement. Vous feul me pouvez te- nir lieu de toutes chofes, au lieu que rien ne me pourra jamais etre utile , fi vous n'e- tes avec moi : que s'il vous plait de ren- dre mon coeur pur & droit devant vous, je vous ferai beaucoup mieux unie etant fepa- ree des Sacremens meme a la mort, que fi je m'en approchois fans cette droiture & cette fimplicite de coeur, qui ne regarde que vous en toutes chofes, fans avoir aucun dgard aux creatures; & qui fait juger de toutes chofes, non pas felon qu'elles paroiffent , msis felon qu'elles font devant vous, c'eft- a-dire, dans la verite , qui nous enfeigne que ce qui paroit grand devant les hommes eft une abomination en votre preTence : qu'il faut etre humiliee en ce monde pour etre &evee en l'autre; que c'eft uu bonheur qu'on |
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Priere. 547
ne peut aflez comprendre & affez eftimer,
que d'avoir quelque conformity avec vous , mon Sauveur, 8c d'etre ha'i du monde com- me vous l'avez ere , & que ceux qui vivent felon fes maximes ne penfent a nous que pour nous maltraicer & nous Eloigner d'eux. Cell encore la lumiere que nous donne la meme verity , qui nous fait reconnoitre que l'dtat oii nous lommes eft le plus avantageux |
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I
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ue nous paiflions fouhaiter , toutes les cho-
s qui nous y arrivent e"tant autant de moiens |
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pour nous approcher de vous, & pour faire
notre falut, & non pas des fcandales pour nous faire tomber, comme ils nous le de- viendroient v^ritablement, fi nous les regar- dions d'une maniere toute humaine & con- forme aux inclinations de la nature. Vous nous faites la grace, mon Dieu, de per- fe£tionner les vceux de notre profeilion ; a'iant fait celui de la pauvretd, vous nous mettez en un etat qui nous rend plus depen- dantes de votre Providence que les plus pau- vres. Vous nous faites pratiquer celui de l'obeiflance, en nous mettant en etat de la rendreavos commandemens, aux dipens de tous nos interets & de notre propre vie. Nous avons quitte nos parens, & vous per- mettez que nous ne puiffions pas meme fa- voir de leurs nouvelles. Rendez-nous dignes de recevoir le centuple que vous promettez a ceux qui quitteront quelque chore pour l'a- mour de vous, dont les perftcutions font une partie : faites-nous les regardertoujours en cette maniere par une vraie foi, qui nous faffe comprendre & croire certainement que cc ^ue le monde appelle des maux font des ve'ritables biens pour ceux qui font £clair^s de cecte divine lumiere, qui fait que ne nous |
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548 Priere.
arretant point aux chofes paflageres, nous
ue regardons que les eternelles & le roiaume des Cieux qui appartient aux pauvres d'ef- prit & a ceux qui fouffrent pour la juftice , & qui eft ravi par ceux qui fe font violen- ce. Faites-nous la grace de remporter par cet- te merne foi la viftoire du monde, & de re- fifter par elle a ce lion rugiflant qui tourne fans cefle autour de nous pour nous empe- cher de profiter de tout ce que vous per- mettez qui nous arrive , &-qui s'efforce de nous ravir la couronne qui n'eft donnee qu'a. ceux qui perfeverent jufqu'a la fin. Faites- nous la grace de tenir toujours ferme la con- feflion de notre efperance, afin que la mul- titude des rencontres de cette vie , & les experiences de notre propre foiblefle, nc nous empechent point d'efperer de la pou- voir obtenir. Fait a Port - Roial des Champs , dans no-
tre cellule ce 15 juin mil fix cent foixante- fix, Sceur Franqoife be Sainte Therese , Religieufe indigne du monaftere de Port- Roial du Saint Sacrement. |
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MAN DEMENT
DE M. LE CARDINAL
DE NOAILLES,
ARCHEVEQUE DE PARIS,
Pour la publication de la Bulk Vineam
contrele Janfenifme. » JLiOUIS-ANTOINE...... Nous
» avons vu avec une veritable douleur les
m efforts que des efprits inquiets ont faits 33 depuis quelques annees pour renouveller » les contestations fur ie Janfenifme, & pour =5 affoiblir par des Merits remplis de fauffe- » tes & de dangereufes maximes l'autorite' m des Conftitutions des Souverains Ponti- 33 fes, qui doivent apres l'acceptation fo- » lemnelle que le Corps des Pafteurs en a » faite, etre regardees comme la loi & le M jugement de toute l'Eglife. D'abord que ces so Merits ont paru dans notre Diocefe, nous 33 les avons condamnes comme nous de- 33 vions : quelques autres Eveques en ont fait 33 autant dans leurs Diocefes. s? Mais pour 6ter tome occafion de rap-
si peller les erreurs profcrites par l'Eglife, 33 il itoit a. propos que les Conititutions » des Papes Innocent X & Alexandre VII , 3> auxquelles on vouloit donner atteinte, 33 fuffent confirmees & renpuvellees par la 33 decifion du Saint Siege. II falloit pour jj leunir tous les efprits, que la meme au- |
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5 jo Mandement
m torite qui avoit condamne', dans la naif-
m fance de ces conteftations, les V Propo- 3j fitions extraites du Livre de Janfenius » ( dans lequel elles font invifibles ) , con- 33 damnat encore aujourd'hui les detours 8c m les fubtilites que Ton avoit inventus pour » mettre la docirine de ce Livre a couvert » des cenfures de TEglife. M Pierre a done parle par la bouche de
33 fon digne fuccefTeur. Celui qui doit affer- 33 mir la foi de fes freres a rejette' toutes » les nouveautes profanes, qui pouvoient 3. alterer la verite & troubler la paix. Le Chef » des Pafteurs, excite par les prieres du Roi, i3 a diffipe par fa Constitution du 16 juillet 33 dernier tous les vains pretextes auxquels n on avoit recours pour fe difpenfer d'oWir » aux decisions de l'Eglife. II rappelle les 33 Brefs de Clement IX 3c d'Innocent XII , n dont il fait voir la parfaite conformite »> avec les Bulles d'Innocent X & d'Alexan- »3 dre VII «. Sa Saintete prononce en ces termes , que, ne pas condamner intirieure- ment comme heretique le fens du Livre de Janfenius', condamne dans les cinq Propor- tions y mais pretendre que lefilence refpeilueux fuffit , ce n'efl pas renoncer a I'erreur , mais la cacher; ce n'eft point obe'ir a l'Eglife, mais s'en mocquer. J3 Sa Majefte a'iant fait n l'honneur a rAffemblde du Clergd de M lui envoi'er cette Conftitution , les Eve- » ques qui la compofoient , ont reconnu 33 dans la decision du Souverain Pontife 33 la doftrine que le Clerge de France a » toujours fuivie, & la conduite que l'E- 33 glile a gardee dans tous les tems. C'eft »» dans cet efptit qu'ils l'ont re^ue avec ref- m pecT: & foumiflion,& d'un confentement |
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de M. de Noailles. 5 51
» unanime. Et le Roi, toujours attentif a ce
» qui peuc aflurer la paix de l'Eglife , nous » a fait l'honneur de nous ecrire pour nous » exhorcet a faire publier & executer cette 35 Bulle dans notre Diocefe. *> ^A ces caufes , aprcs avoir fait de fe-
m rieufes reflexions fur cette importante af- *> faire , & le faint Nom de Dieu invoque , » nous declarons par notre prefente Ordon- s> nance , que nous nous conformons au ju- » gement que les Eveques aflembles ont 33 deja porte ; que nous acceptons comme » eux avec refpect & foumiflion la Confti- " tution du Saint Siege , & en nous renfer- »j mant abfolument, a leur exemple, dans 33 la decifion qu'elle contient. 33 Nous declarons qu'on ne fatisfait
»j point par le filence refpeftueux a l'obeif-
33 fance qui eft due aux Conftitutions des
33 Souverains Pontifcs Innocent X & Ale-
33 xandre VII; qu'il faut s'y foumettre inte-
33 rieurement; rejetter non - feulement de
»3 bouche , mais meme de coeur, & condam-
33 ner comme heretique le fens du Livre de
33 Janfenius condamue dans les V Propofi-
33 tions. C'eft la dodtrine que nous avions
33 deja enfeignee par notre Ordonnance du
33 ii fcvrier 170 5 ; & nous avons la con-
33 folation de la voir en tout conforme a la
33 Conftitution de N. S. P. le Pape. Nous
33 declarons de plus, que nous procederons
33 par les voies de droit contre ceux qui ofe-
33 ront parler , enleigner, oil ecrire contre
33 la prefente Conftitution, & que nous de-
33 cemerons contr'eux les peines qui y font
33 portees. Enfiu , nous ordonnons que la
33 Bulle de N. S. P. le Pape, avec no-
3» tre prefente Ordonnance, foit enregiftr^e
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5 5s- Mandement deM. deNoa'dles*
33 au Greffe de none Officialite, afin qu'oti
53 s'y conforme dans les jugemens ecclefiaf- »3 tiques. 33 Que le difpofitif de ladite Conftitution
» foit lu avec notre Ordonnance aux Pro- as nes des MeiTes Paroiffiales; & qu^l'on. 33 fafle la ledture de la Bulk en fon encier 33 dans toutes les communaut^s fecuiieres 33 & regulieres de notre Diocefe , foit difant »3 exemtcs ou non exemtes. Si mandons aux M Archipretres , &c. d'envo'ier & lignifier ces 33 prefentes a tous Abbe's, &c. a ce que nul 33 n'en prekende caufe d'ignorance. Donne 33 a Paris le trente feptembre mil fept cent 33 cinq «. |
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ANECDOTE
Importante touchant M. Boffuet,tiree des Me-
moires hiftoriques 6* chronologiques ,fur VAbbaie de Port-Roial. M . Boffuet touche de ce qu'il voi'oit 8c de ce
53 qu'il lifoit (a l'occafion du Cas de confcience ) s'a- 3) drefTa cinq ou fix mois avant fa more au Secretaire » d'Etat depofitaire des papiers 8c des pieces qui pou- 33 voient lui donner des lumieres furcette affaire. 33 La conviftion de la verite des chofes 8c de la ma-
5j niere dont elles s'etoient paffees le perfuada. II prit 33 auffitot la refolution de ne point donner de Man- 3> dement contre le Cas de confcience, 8c effefiive- 33 ment quoique tres lie avec le Cardinal de Noailles 33 iln'en donna point, C'etoit en 1703 , 8c il mourut » le 11 avril 1704 On tient ce fait d'une perfonne 33 qui.eioit prefentc lorfqueM. Bolluer remit les pa- ss piers auMiniitreS; luiparla de fes fentimens 8c de 9> fa refolution. Mdmoires hifl. T.^.p, 500. Fin des Pieces du neuvieme Tome.
T A B L E
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TABLE
ALPHABETIQUE
Des principales Matieres contenues
dans ce Volume. |
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jf\ F F l o N , { Catheri-
ne de Ste Tarfille d') eft transferee d'abord a Saint Denis en France , 494. enfuite releguee a Senlis au monaftere de la Pre- fentation, figne le Formu- laire , . la liulle Vintam Domini, s/00. Argenfon,( de Voyer d')
Lieutenant de Police, eft charge de l'execution de 1'Arret portant la difper- lion des Reiig. de P. R. , 4S1. fait fes preparatifs pour executer fa co.nmif- fion, 4*;- a plulieurs conferences a ce fujet avec M. de Noailles, 464. fait inveftir P. R., 4«5 , 473- arrive a P. R., 466. Com- mencement de foil expe- dition < 4*6- fignifie une partie des ordtes du Roi, 4S7. fe faifit des papiers, 468. notifie l'ordre pour les difperfer , 469. accor- de un demi-quart d'heure aux Relig. pour feprepa- Tome IX.
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rer k partir, 470. Precau-
tions qu'il avoir prifes pour la difperfion, 474. regie les lieux de l'exil de chaque Religieufe , 47^. eft attendri des adieux que les Relig. fe font, 480. demande les Reliques , Temoignage qu'il rend aux Relig. 481. fe faifir des livres de comptes 8c des cles de cloture ,485. fait partir les exiles; fa conduite envers elles,487. &c. veut eviter l'edat, 490. congedie les Domef- tiques, 51?. depeche un Courier en Cour pour porter la nouvelle de fon expedition , 514. fait par- tir la fceur Robert dans une litiere, 514. acheve l'expulfion des domefti- ques ,, 5x7. refte trois jours i P. R. apres la dif- perfion , ce qu'il y fair , f Z9. va a Verfailles ren- dre compte de fa commif- fion au Roi, 551. eft Aa
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B I %
mort , 89. Ivenemenr
merveilleux arrive a 1^ nrort, 90, fon cotjs ell trouve fans corruption J ans apres fa fepuluire, fon epitaphe donne otcar fion de former une accu- fation grave contre les Religieufes, 91. C
Vj Hateau - Renaud ,"
Prieure ou.Abbelle de Monfors a Alencon , eft nommee Abbefle de P. R. de Paris, eft obligee de rccommcncer fon Novj- ciat, 198. va a P. R. des Champs prendre pollef- fion de la maifon , 429. fon entretien avec la Prieure des Champs, 450. 8cc. fait drefler Proces- verbal de fa pnfe de pof- fellion de Pprr - Roial das Champs, 438, &c. va a S. Cyr , informe Mad. di Maintenon de ce qu'elle a fait a P. R. des Champs , 441. fades adulations de cette AbbefTe pour Mad. de Maintenon , 44 j, pre- fertte rcijuete au Confeil pour expofer le refut qu'on lui a fait a P. R. des Champs de la recon- noitre pour AbbelTe, 445. obtienr Arret conformc 4 fa requete , ibid. Chcvrolat, Pretre du
Seminaire de S. Nicolas, eft envoi's pour Confeffeur aP.R- des Champs, 114; Confcience, ( Cas de ) eft l'origine de la deihuc» tion de P.R. Abrege de lua iiiUoire, 7. .. )i. |
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554 T A
trompe par un Avan-
mrier liomme Madot, B
JO A rat, (touife de Ste
Juftine ) eft exilee chez les Benedi&ines de Loi- gny , jo3. feduitepar M. Vivant, figne le Formu- laire , no. Baftier, ( Marguerite )
ft retire a P. R. ou elle fett de Tourriere, fa mort ,151. note 7?. Baudran , ( Fran$oife-
Madcleine de Ste Julie ) i'a vie, fa mort, 94. Segue , ( Jeanne de Ste
Appolline le ) fori exil , ft lignature du Formulai- r'e ; circonftances de fa chute, 517. Bv-noife , ( Marie-Ca-
tlierine de S:e Celinie ) fa verm , fon exil, 518. fe- tjuite , figne le Formulai- re, 519- Bernieres, ( Francolfe
ie Ste Theiefe ) fa vie, fa verm , fa morr, 86. Bertrand, ( Marie-Ma-
deleine de Ste Cecile ) fon exil a Amiens, ?oi. figne Je formulaire 5c la Bullc Vineatn, pour faire la £ommun. Fafchale, 507. Boifcervoife , ( Anne
»}e Sainte Cecile ) eft rcle- guee a Amiens, eft fedui- (c dans fa derniere mala- <lie, fa mort, 501, 503. Billiard, (Elizabeth de
$te Anne ) derniere Ab- fcelle de P. R. fon zele pour la regularite , fon juaoui pour la vi'tite, fa |
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DES MAT
CoUtutier, ( Marie de
$te Anne ) ell exilee a Ne-
Vcr$ j calomnies repan- duescontr'elle , f 11. ligne 1e Forroulaire , ibid. £
iLuftace, Confeffeurde
Pore - Koial , caufe la «lerniere perfecution con- tre ce Monaftere , 4«- fe retire a Vttri-le-Fran- c,ois, ejiftmc a Orval, ou H eft mort, 47. note jfi. F
jL,Erc.n,(Ifab=llele)f»
Tie , fa mort, 96 8cc. Ferrier, ( Sceur de Sre
Ringarde ) fa vertu , fa uiort, j«<>, Flefcelles, ( Sophie de)
eft exilee , fon courage en dtfaat adieu a fes fecurt , 487. Circonftances de fon roiage a Autun , lieu de foil exil, 491, &c. Forget, ( Agnes de Ste
Blandine ) fon exil, 494. feduite par un Jefuite , figne le Formulaire 6c la Bulle Vineara; transferee i Amiens, 500, jqi. G
VJ Ilbert, Superieut de
P. K.., envoie aux Relig. la Bulle yinsam & l'Or- donnanpe de M de Noail- les, en exige !a leaure 6c un certifeat, qu'clles re- joivent avec re pe<3 , 48. 49. eft prie de faire agteer au Cardinal la ciaufe fans dgrvger ,{*< Yient a P. R., |
IERES. fff
& prefTe les Religieufe*
de rctranchercetteclaufcj 53. en demande l'explt-
cation , on la lui donne, 54. fes divers en retien*
avec les Rebgieuies, ff. eft envoi's a 1' K. pout rcpondre de vive voix i une lettre dss Religieufes au Cardinal, 115.il de- clare la refolution prifo de drtruire P. R. ifi;. Gies, {Jacques) Cha-
pclain de i Jacques l'Ho- pital, ami de P. R. rend icrvice aux Religieufes , 341. fa mort, ibid, note 7«
Grenet, Cure de Saint
Benoit, Superieurde P. R. Beau temoignage cju'il rend aux Relig. de P. R, 57 » &=• J
J Oncoux , (Francoife-
Marguerite de) amie de P. R. Confeil qu'elle don- ne aux Religieufes pout la reception de deux Ni- colaires qu'on leur donne pour ConfeiTcut , 11 j. note. iffili, ( Jean) Avocat
au Parlement; Trait de foiblelTe de fa part, fa Tie, fon cloge , fa mort, 81 & ibid. note. Iflati, ( Marie de Ste
Catherine ) fon ardeut pour lc travail *, fon exit a Meaux , si*, fa chute caufee pat I'Abbe Cheva- lier, 519. Jugc , ( Franjoife do
Ste Agathe le ) eft enlevfe pout ecre conduite en exil A a ij |
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5J(J TABLE
a Chartres, 507. fa figna- vice a Rome aux Rctig*'
ture du Formulairc, 510. de P. R. , fa vie, fa more, ibid. note. L Marignier , fuccede 4 LM. Euftace pour etreCon-
Aime , ( Anne de Ste feiTeur de P. R. , 47. j33. Marine ) eft exilee , 494- eft mande a Paris par or- figne par la menace de drede M. de Noailles , eft l'cxcommunication , eft charge de porter la Bulle l'edification du Couvent Vintam & le Mandemenc oil elle eft releguee , fa de l'Archeveque,8c de les jnon , 496 , 497. lire aux Religieufes , 48. Laifne , ( Jean ) Do- prcpofe im accommode-
roel'tique de P. R. fa vie- nient, 75. eft mande a edifiante , fa fainte mort, Paris par M. de Noailles, 34D,nore. qui lui annonce d'avance Lancelot , ( Jeanne ) la perte de P. R. 12.1.
Portiere a P. R. eft chaf- prend la defenfe des Reli- iee de ce lieu apres la dif- gieufes, 114. fa vie, 134. perlion des Religieufes , remoignage cju'il rend a 51S. ['innocence des Religieu- Lancri, (Marie ) veuve fes , 13 3 &c. 11 a un pref-
Huaut, fe retire a P. R. , fentiment de fa mort , fa. fa vie chretienne , fa mort fainte ,135. mort, 151. note. Marthe , ( Franc;oife- Londe , ( de la ) Pre: re Agnes de Sainte ) relegate
fe prete a rendre fervice a a Blois, 510. fe jette aux
V. R., eft agree de M. de pies de la Prieure , $c lui
Noailles, 177. demande fa benedi&ion ,
511.
M Mefnil , ( Louife de Ste
MAiialtafic du ) eft nominee
Abille , (Nicolas) Prieure pari' Abbeflemou- ami de P. R. , fa vie , fa rante , fon affliction de mort, 51 ,note. confeille cette nomination , 93. aux Religieufes d'ajouter ecrir a M. de Noailles, Ja claufe fans d&roger , pour lui denwndet l'elec- jo. rion de l'Abbeffe , 1:6, Madot, Avanturier qui 109. fa coriduitelorsdela
va a P. R. lors de la dif- vitite de M. Voilm ordon- perfion 8c rrompe M. nee par leRoi, 147. fafoi d'Argenfon , 536. fa pre- en cette occaiion , i4f. jiiiere recherche dans le Reponfesdignes de fa f'oi, monaftere, 537. fa fecon- 353. fes enrretiens aveg de recherche, 538. pa- M Vivant , 349 , &c. piers qu'il y trouve ; fruit 37S , &c. comment elle de fes recherches, 540. rc^oit l'Abbcfie de P. R. MiUk,(Lo»isj rendf«- de Paris, 439. fes etwie-
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TlERES.
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DES MA
titns avecelle , 4)1 &c. re^oit M. d'Atgenfon qui va les entever, 467. fa condulte , fon courage dans ce trifle moment, 468 &c. fe voit arracher toutes fes filles ; fa conf- tsnce , 485 , &c. eft con- duite a Blois, fon voi'a- ge,fio. Morelle , { Philibcrtc
de Ste Madeleine ) Rdig. difcole de P. R. , a le roalbeui de fe trouver a la tete de celles.qui de- mandent la deftruclion de V. R. des Champs , 140. Mouchot, ( Opportu-
ne ) exilee a Chartres , 508. fe foumet au joug du Formulaire ; cas qu'on peut faiie de cette ugna- ture, joj. N
,l\ Oailks , ( Ixuis-
Anroine de) Archev. de Paris. Part qu'il prend au fameux Cas do Confckn- 11. . . .53. protege d a- bord P. R. & l'abandoiine en'ui:e , 41. ex'ge la li- gnature de la Iiulle Fi neam,des Relig. de P.R. 4!!. dcl'approuve la Claufe Jans dirogir, 71. rejette i'accommodcment propo- fe par M Matigniet, 77. occalioune l'arret du Con- feii qui defend de rece- yoir des Novices a P. R. 101. rcfufe l'elettion d'li- ne Abbeffe , 106 , 109, 115. confeil fingulier qu'il donne a Mad. de Chi- teau-Renaud , 109. en- yoje a P. R. M. Gilbert, |
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tsf
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pour faire de vive voix
fes reponfes aux Lettre3 des Religieufes, ri-f. re- volt une lcttre apologeti- que des Relig. 116. man- de M. Marignier , fait des plaintes de la conduite des Relig. 111. declare la mi- ne prochaine de P. R. , 111. Etrange raifonne- ment de cette Eminence , 114. reproches quil laic aux Religieufes,i$o. rend line Ordonnance pour in- former de commodo & in- commodo fur la fuppref- fion demandee de Port- Roial des Champs, J7r. renvoie les oppositions c\i:s Relig. des Champs par-devant fon Official, 187. ell embarrafle par la fermete des Religieu- fes de Port - Roial des Champs, i8<». envoie a P. R. des Champs M. Vivant faire line viji.ee pretenduc paftorale, 107. ore aux Religieufes leurs Confefleurs, leut envoie deux Kicolaites ,111. re- fufe M. Boiftel pour Cou- feikur des Relig. ills or- donne pat ecrit de rece- voir les deux Nicolai'te's , comme fes Subdelegues , 11 j. fait frgnifier aux Re- ligieufes un interdit des Sacremens, 111. fa lettie a M. Pollet contre les Relig. 114. fait faire des fommations aux Relig. ; la commiilion en eft don- nee a M. Pollet, 144. reni une Ordonn. par laquelle il les prive des Sacremens, 155. fait refufcr les Sa- cremens a leurs domelti- A aiij
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5l E
Noifeux , ( Benlfe «S
Ste Baiiliie) enlevee de P. R. 494. examen de fa, fignatute , 498. eft tranf- feree a Malnoue, fa moil, 500. P
JL Epin , ( Lucie) foil
exil au Didcefe d'Amun , 487. circonftances de fori voiage,49t. Pitant, [ Marie ) fe re-
tire a P. R, , fa mort, 'H-
Pollet, { Firmin ) SupC-
ricur du Seminaire de Si Nicolas, envoie a P. R. par M. de Noailles ,114. comment il s'y annonce, 115 , &c. flgnifie aux Re- Hgieufes un interdit des Sacremens, xu.refufede les adminiftrer , fur quo! fonde , ii;. recoit uric lettre anonyme qui l'ex- horte a ne pas vreter fon miniftere a la perfeciuion faiteaP.R 118 eftcohi- mis par M. de Noailles pour faire des fomma> tions aux Relig. de P. R, 144. nullites de fes forri* mations , 14s. refufe de donner copie de fon pro- ces-verbal, 1^7. fe retire de P. R. 148 , note 16. Pontcarr6, (le Cheva-
lier de ) fa conversion, fe» liaifons avec les gens de bien , enfuite avec les Je* fuites, fa niort, toS, note «3-
Port-Roial, (les Reli-
gieufes de ) des Champs, font prefque toujouts per- fctmccs , i, Dcilcin de le»
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jj$- *r a :
ques , ty%> spit M. de
la Lalonde pour deilfervir l'Eglife de P. R 177. ac- cepte la commillion du ?ape pour la deflru&ion <JeIJ. R. 314, )«i. re^oit une let re anonyme fur fa conduits contre P. R- , 330 , 5)4 , &c fait refu- fer les Sacremens a une .Rclig. mourante , 339. Avis des Avocats de Ton Confeil fur fa commif- iion , 358. ordonne qu'il fera informe de commodo ft incommodo de la fup- preffion de Port Roial des Champs, 361. rend une Sentence dans fa propre caufe , 3<S{ ftratageme qu'il cmploie pour jufti- fier aux yeux i!u Public fa conduite contre P. R. , 380. fon Mandem. pour publierune pre:enJue let- ire deM.de Mcaux, 3S<>. fon decret de fuppreflion de 1'Abbai'e de P R. des Champs, 414. nullire de ce decret, 419. rend te- moignage aux Religleufes qu'il vient de condamner, 4to. Noir, fie ) ditde Saint
Claude , prend la defenfe des religieufes de P. R. , 14* , 150 ,168. fa vie pe- nitentc ; eft peifecute , a«8. arrete & conduit a la Baftille , 169. Circonf- tance de fa detention, 170. Confolation que le Sei- gneur lui donne, Z7i. Noifeux , ( Marie-Ma-
deleine de Ste Aurelie) eft enlevee de P. R. 494. An- te de fon Hiftoire , fa |
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feES lVtATIERES, $f$
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Ifitruire; defenfe de rece-
Voir des Novices, i. leurs enncmis lcs voient fub- fifter a regret, its en vien- fient a la force ouverte, 4. tour confpire contre elles, 5. Origine de la derniere perfecution con- tr'elles, 7 &c. font perfe- eutees a caufe de leur pie- te, 33. Beau temoignage qu'on leur rend, 37...41. font d'abord protegees, enfutte abandonnees par M.de Noailles, 4Z , &c. On commence a les per- fecuter , 46. on leur de- mande la fignature de la Uulle Vintam Dohiini^y. conduite qu'elles tiennent a cet egard, 49. re<;oi- Venr la Bulle & le Man- dement de M. de Noail- les , en donrient certificar, en ajoiitanr la claufe yanj deroqer , 50, &c. leur fer- mete a ne point retran- icher cette claufe , 5 3 &c. donnerit explication de la claufe , {4. leurs divers entretiens avec M. Gil- bert, cf. Juftification de la claufe fans deroger, ?6, &c. leur conduite eil ap- prouvee du P. Quefnej, SI.. . . 71. leur Abbefle ecrit a M. de Noailles, jour lui faire agreer la claufe ; juftifie leur con- duite par un raifonnement fans replique , 7! , Sec. elles confentent avec re- pugnance a un accommo- «lement propofS par Mon- fieur Marignier, 7f. Qua- ttieme lettre de l'Abbelle a Monfieur de Paris fur la claufe , 77. Extreme |
affliaion des Religieufcs y
79. font abandonnees de leurs parens 8c folliciteei par de faux amis , 80. vexees par leuts ennemij de toute maniere, 8f. perdent, par la more , quatre de leurs fecurs, ibid. Arret du Confeil qui leur defend de recevoir des Novices, 101. elles ecrivent & M. de Noailles pour demarider 1'eleition d'une Abbefle , i0«. Le» deux maifons de P. R. fans Abbefle ; ce qui rend nul tout ce qui s'y eft fait pendant la vacance , 107. Les Relig. des Champs re- nouvellent leurs inftances pour l'eleaion d'une Ab- befle, & fe juftifient fur toutes les accufatidns de leurs ennenvs, 109, &c. Lettre apologetique de leur conduite a M. de Noailles, 116, &c. elles jcrivent a Clement XI, pour lui faire connoltre , leur innocence ,115, Sec. donnent procuration pour faire toute pourfuite 4 Rome en leur nom , 130. Temoignage qui leur eft rendu par Monfieur Mari- gnier ,, n5, 134. £crj_ vent de nouveau a M. de Noailles fur la reponfc verbale qu'il avoit raite A leur lettre par le canal de M. Marignier ,137 font attaquees de nouveau pat leurs Sceurs de Paris ,139, &c. recoivent une vifite de leur monaftere of- donn£eparun Arret, 144. ce qui fe piffe dans Cette rifite , 147. Plaintcs elf A a iii] |
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"^1
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fgo
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TABLE
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M de Noailles contr'el-
les , no elles repondenr i ces plaiutes ,151, &c. leur requete an Roi au fujet de deux Arrets du Confeil rendus conrr'ef les, ijf. invent a M. de Noadles, pour le prier de- les foutenir contre Ieurs ennemis, 160. Arret du Cofifeil contt'elles qui les prive d'tlnepartie de leurs biens , & leur ordonne de faire fortir tout's les per- fonnes feculieres ; elk's font condamntes fans avoir ete entendues, i<>;. Xifte des perfonnes qui fore'renr alors de leur maifon, 166. leur fou- miffion a cet ordre de la Providence, 168. Leurs Sceurs de Paris prefentent requete a M de Noailles contr'elles, 170. Reponfe qu'elles font tant a cette requete qu'a celle prtfen- tec au Roi ,171. On afifi- che un placa'd i la porte de leui monaltcre, 173. forment oppofirion a l'e- xecution des Arrets du Confeil & prefentent re- quete au Roi, 175. font figuifler a leurs Sceurs de Paris leur oppoficion,i8o, &c. Senrence par defaut contr'elles •, font debou- tees de leur oppofition par Arret du Confeil , 185. leur oppofition a l'Or- donnance par defaut du 9 Mai, 18s. leur fermete embarrafle M. de Noail- les, 189. proceftent con- tre route fignature qu'on jpourroir extorquer d'elles, i%?, See, leur affaire eft |
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renvoi'ee par-devant l'OF-
ficial, 197. Ieurs moiens d'oppofitions, 197. pu- blienr un Memoire juftifi- catif, 198. recufent les deux Promoteurs, 199. M. Hebcrr plaide leur caufe contre M. Nivel le jeune : difcours qui fe riennenr a. l'Auctience, zoo, &c. injuftice de leurs Jugt-s, 104, 10c. elles font deliouteej de leurs oppositions, icf. inter- jettentappel de la Senten- ce , 107. re'eoiyenr M. Vivant pour faire line vi- fite pretendue paftorale , 107, &c. On leur ote leur ConfefTeur; on' leur en- voic deux Nicola'i'tes.l 11.« demandent des Confeff, , font refufees, m. recoi- vent les deux Prettes de S; Nicolas. On leur figni- fie verbalement un inter- dir des Sacremens, 11 r. e'les fe foumetrent a cette defenfe injuite , 113. fonr traitees indignement dans une lettre deM.de Noail- les , 114. leur requete a M. de Noailles au fujet de 1'ordre donne de leur refafer les Sacremens : raifons qu'elles ont cues d'ajouter la claufe fans deroger , x^6 , &c. Paral- lele de la condtiite de l'Eglife envers fes enfans , H de celle qu'on a tenue a l'egard des Religieufes de P. R. 141. Elles effuient un refus public des Sacre- mens, 143. On leur fait des fommations pour leur interdire par Sentence leg Sactcmens, 144. Nuliitc |
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DES MA'
des fommations , 146.
nullite du proccs- verbal, 147. elles font un afle ca- pitulaire pour expofer leurs vrais fentimens, 148 , Sec. On leur fignifie une Ordonnance qui les privedesSacremens, 15 j> &cc. on pille Ictus biens , 16c. elles (buffrent les plus grandes injuft ces fans (e plaindre , 166. leurs amis meme font in quieres, 1S7. elles appel- lent a la Primatie de Lyon de l'Ordonnance de M. de Noailles , 171. prefentent requete au Hoi pour avoir la Communion pafchale; leur courage dans les epreuves, 171, &c. On refufe la Communion i leurs domeftiques, 175. elles font deux mois fans avoir de Prcttes , ibid. Leur memoire fur leut ap- pel de l'Ordonnance qui les privoil des Sacremens, 177. prouvent la nullite de l'Ordonnance quant a la forme , 179. font voir que toutcs les regies pour les jugemens caiioniques ont etc violees a leur egard , 180. demontrent l'injufticc de l'Ordonnan- ce quant au fond.iSi. que M. de Noailles tient a leur egard une conduite oppofee a celle de Cle- ment IX &: de M. de Pe- refixe, 184. que leut cer- tificat n'eft oppofe ni a la Bulle Vintam, ni au Man- dement du Cardinal, 185, &c. J unification pleine & entiere du certificat des JUligieufes, iS?. Kcpoa- |
' IE R E S. \it
fe a deux objections qu'on
pent faire contre : la clau- fe du certificat n'eft point une reittictron , 190. uti- lite de la clauie ; motifs de la conduite des Relig. i$x. raifon qui les a de- terminccs a donner le cer- tificat & a ajouter la clau- fe , X94. leur affaire eft portce a Rome ; motifs de leurs enncmis en cela , 196. leurs enncmis folli- citent une Bulle contr'el- les, 199. elles ecrivenr au Pape a ce fujet, 300, &c. elles font condamn£es fans etre entendues, 306. routes les demarches fai- tes pour elles a Rome font iuutiles; on n'y a aucun egard, 30S. leur Agent, intimidc , refufe d'agir pour elles, 309. la Bulls contr'elles eft accordee ad infiantiam Regis 3 on n'o- fc parlcr a Rome en leur faveur, 311. premiere Bulle de Clement XI con- tr'elles ,313. elles y font traitees moins tigoureufe- rnent que dans la fecond*, 315 , 318. leurs ennemis n'en font pas contens, en follicitent une autre, 316. Bulle de Paul II fur 1'alie- nation des biens ecclefiaf- tiques , 319. Reflexions fur cette Bulle, 311. Les ennemis des Religieufes de P. R. des Champs ob- tiennent une nouv. Bulle, ; 1;. Injuftice qu'on com- met contre elles a ce fu- jet , 317. elles ecrivenr de nouveau au Pape , 334. 4 M. de Noailles & au Roi, jj6. en refufe les S»cre« |
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L E
la continuation dti pro**'
ces-veibal du Commiffai- re, 379. On entreprentt de IcS faire paffer pout Ass perfonnes reellemenc dans I'etrcur, 380. on pu- blie pbtir cela une lettre pretendue de M. 1'Abbe Boffuet aux Relig. de P. R. des Champs; Hiftoire de cette lettre , 381, ice. ecriveht a M dc Nuaillej au fujet de fon Mande- ment pour la publication de la letrre , 3 91 On fu- borne des Tenloins cori« tr'elles ,411. elles deman* defit par requete d'infor- mer centre cette fuborna- tibn, 4'1- leur Sentence eft prononcee contre rou- tes les regies, 414. nullite du decret de fuppreffion , 419 Temoignage qui leur eft tendu pal- M. de Noail- les apres fon decret ini- que, 4J0. On obtient con- tr'elles un Arret par de- faut coritre leiirs appels & oppofmons , qui donne gaiii de caufe aux Relig. He Paris, 411. elles fof- ment eppofi ion & cet Ar- ret, 413. appellent a la Primaie de Lyon du de- cret de fuppreflibn de M. de Noailles i on refufe de recevoir leur appel; pour- quoi, 41 j, 415. elles font fignifier a leurs I arties les fommations faites a l'Of- ficial de Lyon , 417. l'Ab> befle de Port-Roial de Pa- tis prend poffeflion de leur monaftere; ce qui fe paira alors enrre ladire Abbeffe & la Prieure des Champs j 430, ficc. lost |
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)*t T A :
mens i tine Relig. mou-
tante ; 559- ecrivent ill Cardinal d'Etrees , 3*1. La Bulle de leur mine eft enregifttee , 34;. elles Font remettre a M. d'A- gueffeau , Procureut Ge- neral , un Memoire des abus 5c des fttcchtats com- mis contr'elles ,545. le'ttt fermete. £ la vue des iii.iux qui vont les acca- bler, 346. elles iec;oivent une lettre anonyme ten- dame a les fortifier , & & leur faire voir qu'il eft permis a tine Religieufe de fc fouftraire & la per- fection par la faite j 347, 8cc. leur tranquilli- te dans l'attente de leur fort, 359. On leur figni- fie la Bulle , les Lettres- patefires, l'Arret d'enre- giftrement, la nouvelle eommiflion donnee au fieur Vivant., 5«5- elles y font oppofition, 36*. el- les en font deboutees in- juftement, J6<. font afli- gnees pardevant l'Official par les Relig. de Paris , 3««. appellent de nou- veau a Lyoh de rordonrt. de M. de Noailles, 367. Malgre leur appel, le fieur Vivant fe tranfpotte daris leur monaftere pi ur exe- cuterfa eommiflion, 369. •Uesfbrment oppofition & la eommiflion du fieur Vivant, 370. s'en font donnera&e, 371. Seiiti- rnens des TembinS afli- gnes, fiir P. R. des Ch., 373, tec. leur entretien »vec le fieur Vivant, 37S; font un nouvel appel de |
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rlERES. fff
epreuve, 47 r. ce qui fef
paiToir au - dehors de lit maifon, 475- Affliction1 des pauvres, 474. Lifte des Exilees.des Diocefes 8c des monafteres o'li elles font envoiees ; les Relig. de Chceur , 477- les Conver* fes, 479. Elles fe font !e dernier adieu , ibid. La Prieure rriontre le lieu oil font les Reliques, 481. elles font leurs paquers, ibid, de quelle maniere elles fortent dc leut 1110- naftere ,48}; leur chari- te ordinaire n'eft poini! oubtiee dans cette trifle ficuation , 484. elles font difperfees, 48 s. depart des1 carofTes, 487...513. leurs domeltiques font conge- dies apres leur difperfion , <i; , itCi Murmiire dec Public centre le ttaite- ment qui leur eft fait, 551. les perfonnes memes les plus indifferentes en font touchees , n4- Pott-Roial, ( les Reli-
gieufes de ) dc Paris fer- vent d'infttument pout la ruine de Port-Roi'al dei Champs, 6. deviennent Partie contre les Relig. des Champs, 159 , 8cc. demandent la deftruction du monaftere des Champs' par unc requete au Roi , 141. ArtSt du Confeil qui ordonne une vidte dans les deux maifons, 144. ptefentent nouvelle requ4J te au Roi pour la fuppref- lion de P R- des Champs, itx. obttennentun Arret qui depouille leurs fcelirg de lews bieas, iSj. ptc* |
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D E S M A
•ppoficion par leur Prieu-
re a la prife tie poileffion, 440. f\>nt figiiifiet aux Re- ligieufes dc Paris un afte en forme , porrant pro- tefta.ion 8c oppofition a tout ce qui s'etoit fait au prejudice de leuis appels , 44-;. 11 leur eft ordonni par tin Arret du Confeil de reconnoi.re l'Abbefl~e de P. R. dc Paris, 44S. elles abandorment toutes les procedures pour ne plus penfer qu'a fouftrir en paix , 448. Arret du Confeil qui ordonne leur difperfion , 4(1. Lettres de cachet pour les enle- vtr , ibid. Lettre du Rol A la Superieure du monaf- tere oil on les envois , 4?i. Lcttre du Secretaire d'Etat a la meme Supe- rieure , 4<;. Lettre du meme ;i l'Eveque Dioce- fain , 454. Memoire de la maniere dont elles de- voient etre traitees dans leur captivite, 4^5. Elles font juftifices par les re- ponfes de leui'S ennemis, 459. on leur ilgnifie les ordres du Roi; elles lej feijoivent avec refpeft , 4S7. elles livtent leurs pa- piers au Commiifaire d6- IegUe , 4S8. chantent Tierces enfctnble pour la derniefe fois , 4*9. on leur notifie l'crrdre pour leur difperfiort , 470. La Prieure tcmoigne fa peine fur deux chofes : elles ont Un demi - quart d'heufe pour fe preparer a partir, ibid. Leut vettu & leur tonftancc daus uue telle |
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JG4 T A
fentent requete a M. de
Noailles contt'elles, 171. obtiennent fur requete un Arret du Confeil, qui de- boute de leur oppoiltion les Relig. de P. R. des Champs, i8f , 188. pre- fentent requete a l'Archc- Veque contre l'oppolition des Relig. des Champs a l'Ordonnance par defaut du 9 mai, 18*. obtiennent un defaut contre celles des Champs, 197. font plai- dcr leur caufe parM.Ni- vel Ie jeune , 200 .. 104. fe rejouiiTeat de la ruine prechaine de leurs fceurs; prefentent requete au Par- lement pour demandet l'enregiftiement de la Bul- le & des Lettrespatentes obtenues contre P. R. des Champs, 54;. prefentent requete a M. de Noailles tendante a le fupplier d'e- xecuter la Bulle a lui adreilee contre P. R. des Champs, 360. pourfui- vent leurs intrigues con- tre leurs fceurs, & leur font iignifier la Bulie , les Lettrespatentes & l'enre- giftrement d'icelles , &c. 363. font affigner celles des Champs pour proce- der a l'execution de la Bulle , 366. elics obtien- nent deux Arrets du Par- lemenr contre les appels & oppolitions des Relig. des Champs ,379. ptefen- tent nouv. requete au Roi contre celles des Champs, 418. prennent pofTeffion de P. R. des Champs par leur AbbeflTe , 419. ce qui qui fe pafTa en cette OC- calion, 430, Sec, |
BLE
R
R
Ebergues, ( Antoi-
nette de Ste Chriftine de ) fa mort , 8j, 6c ibid, note 43. Remicourt , ( Anne-
Julie de Ste Synclctique de) eft exilee a Rouen au Prieure de Bellefond j mauvais traitemens qu'el- le y efliiie , f 11, See. Robert , ( Marie de Ste
Euphrafie ) fon etat d'in- firmite lots de la difper- fion , fii. eft exilee a Mantes, 514. examen de fa pretendue fignatuie , V
V Alois, ( Marie de Ste
Gertrude du ) exilee a Amiens, ^07. VavafTeur, (Francoife-
Madeleine de Ste Ide le ) eft exilee a Nevers ; ca- lomnies repandues contre elles, 11 .transferee a Mou- lins, fe foumet aux Bul- ks d'innocent X , &c. jii. Vivant , ancien Cure
de Saint Leu , accepte la commiffion dc proceder contre P. R.*, 171, 174. eft envoi'e a P. R. pour y faite une viiite preten- due paftorale, 107. refufe d'en donner une carte , 109 recoit une lettre ano- nime fur fon acceptation de la commiffion contre P. R. , 563. fait fes in- formations a Port-RoVal de Paris, 368, vales fairs |
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DES MATIERES- jCj
a P. R. des Champs , ligieufes > 376.
jSj. Faux pliacipes de ce Voilin , Confeillcr d'E-
Dotteur, 369, 570. don- tat; fa vitite a P. R. or-
ne ade aux Religieafes de donnee par le Roi en fon
Icur op^oiition a fa com- Confeil, 144, 147 , &c.
million, 372. emend les Aveu qui! fait fur la re»
Temoins allignes , 383. folution de detrnire P. R.
fon cattetien avec les Re- 16c.
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Fin de la Table des Matieres
de ce Folume. |
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Fautesa corriger dans leneuviemc
Volume. X Age 81 , ligne S , leur , lifi-{ leur|.
Pag. Si. ligne y , reduife , lifi-r fedmfe. Pag. 91, not. col. 1 ligne 11, accuierei.t, fc/ij nfaCq cufalTent.
Pag. i)o, nor. col. 1 , ligne 16 , Maill, lift\ Maille,. lb. col. 1 , lig. 7 , Maill.fi/lj Maille. Pag 147 , lig. y , crus, uft\ trues. Pag, 151, lig. 10 , elles, lifey eile. ?*$■ i" j, dcrniere ligne , a l'Egliii , lifey : ainfi cetts Lettre pad toute fa force par la paix rcndtn 4
I'Eglifc.
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■*. !
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