HiSTOIRE
GENERALE
■ ' D E * "
PORT-ROIAL.
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HISTOIRE
GE NERAL E
D E
PORT-RO I AL,
DEPUIS LA REFORME DE L'ABBAIE
jufqu'a fon entiere deftruftion. TOME DIXIEME,
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A AMSTERDAM,
Chei JEAN VANDUREN, M. DCC. LVII.
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HISTOIRE
GENERALE
D E
PORT-ROIAL.
TROISIEME P2RTIE.
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LIVRE TROISIEME.
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->>*<,
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E s Religieufes de Port-Roi'al de
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Fans qui avoient concouru avec ces i.
Reverends Peres a la deftru&ipn de de p AbbeTe la fainte maifon des Champs, s'em-Pads fait preflerent d'en recueillir des depouil- S^SS^ les plus folides. Madame de Chateau- Renaud leur Abbeffe , fit d'abord ve- nir a Paris , le 19 novembre, quaere charretes chargees de livres, de ta- Tome X. A |
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1 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt.'
1700. bleauoc, &c. par le fieur Defponty fon
homme d'affaires, a qui on remit ce jour-la les cles de la maifon, en me- me - tems que la Garnifon que M. d'Argenfon y avoit mife en fortit. ii. Le 17 du meme mois , la Dame JILtn? Abbeffb vint elle-meme a P. R. des
lcffion de Champs prendrepoffemon de fon nou- ch»mps. deS ve^ heritage , & en- faire tranfporter les meubles-qu'eMe jugeroit a propos , & vendre le refte fur les lieux. Elle etoit accompagnee de deux religieu- fes ,..dont une etoit fa fceur , du Pere Cyret de l'Oratoire fon confident & fon premier homme d'affaires , & du fieur Defponty. Elle prit fon loge- nient, non dans la chambre de l'Ab- beffe, mais hors de la cloture dans 1'appaTTement des femmes qui etoient au-dehors. Le lendemain le Pere Cy~ ret "alia vifiter la maifon avec le fieur Marquant, que M. d'Argenfon avoit «tabli: gardien j & afin de rendre a i'Abbefle la folitude moms ennui'eufe pendant les trois femaines de fejour qu'elle fitaPJL, il lui procura la com- pagnie d'une Dame , qui s'etoit reti- ree a quatre lieues de la. Ttlnfport Madame lAbbeffe & fes deux re- des effet de ligjeufes mangeoient avec cette Da- cbampsiPa- aie ,, avec le Pare Cyret, 8c avec M, |
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IIS.
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III. P A R T I V. LlV. III. 3
la Londe Chapelain, qui fe retira peu ~~T-jqq.
apres, voiant le peu d'egards qu'on avoir pour lui. Pendant fan fejour , l'Abbefle fit
tranfporter dans fon monaftere de Paris tons Ies meubles, les uftenfile*, lesprovifions, les omemens , les vafes d'Eglife.Centcinquante charettes fuffi- rent a peine pour ce tranfport, fans parler de ce qu'ellevendirfur leslieux. Parmi ces effets il y- avoir de belles tapifferies de haute-lifJe , dont Ma- demoifelle de Vertus avoir rait pre- fent a P. R. des Champs, pour fervir a la proceffion du Saint Sacrement qui fe faifoit rous les ans dans le cloitre le jour de l'odtave. II reftoit encore les reliqifes a tranf- iv.
porter. M. Poller depute pour faire dJ^^t ce tranfport, vinta P. R. des Champs avec deux litieres du Roi, dans lef- quelles elles furent portees a Paris. Apres les avoir depofees dans le cha- pitre de P. R. de Paris. il fit un dif- cours digne de lui, fur le refped avec lequel ces religieufes devoient rece- voir un depot fi precieux ; il preten- dit que celles qui le pofledoienr au- paravanr, s'etoient rendues indignes par leur defobeifTance a l'Eglife de le pofleder plus long-terns. « Aij
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4 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAL.'
Madame I'Abbefle , avant fon re >
tour, fie degrader plufieurs chofes en divers endroits de la maifon ; ce qui faifoit connoitre qu'elle comptoit peu fur le bruit qui s'etoit repandu qu'on alloit vendre P. R.de Paris , & qu'on en tranfporteroit la communaute a P. R. des Champs. On ajoutoit meme que les Jefuites acheteroient la mai- fon de Paris pour en faire un Semi- naire. Mais Madame de Chateau-Re- nauld & fes religieufes n'etoient pas aflfez mortes 'au monde pour quitter le fejour de Paris , & aller s'enfermer dans un defert tel que celui de P. R. des Champs. Quant au projet d'un nouveau Seminaire en faveur des Je- fuites , quoique M. de Noailles eut fi bien fervi ces RR. Peres dans la deftruition de P. R. des Champs , il n'etoit cependant pas afTez leur ami pour confentir a ce nouvel etabliflfe- ment. D'ailleurs il y auroit eu des obftacles de la part des autres Semi- naires, & en particulier des Sulpi- ciens , qui, dit-on , prenoient deja l'allarme (i). (i) Meffieurs de faint de P. R. des Champs, en
Sulpice , & ce qu'on pre- lui reprefentant que fi on
tend, optinrent par le le laiflbit fubliiler, les
credit de Madame de tems pouvant changer,
Maintenon la demolition les Janfeniftes pourioient
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IH. Partie. Liv. III. 5
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1710.
v. les difficultes les eufTent obliges d'y confeil'd'E™
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m
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tat pour la
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renoncer
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on iugea que P. R. des
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dellruaion
des |
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audi y revenir & retablir
leurseireurs. Mais feus ce pretext? de religion , un autre motif les faifoit a- gir. lis faroient que les Jefuites de/iroient depuis long-tems d'avoir un Se- miiuire i Paris, & Mef- lieurs de faint Sulpice ceoient bien peifuades que (i jamais les Jefuites reuf- fifloient dans leur projet, il leur faudroit fermer le Seminaire de faint Sul- pice. Pour detourner le coup, i!s emploi'erent le credit de Madame de Maintenon, en lui faifant entendre que tant que les batimens de P. R. des Clumps fubfifteroient, il reiteroit toujours uneidee qui reveilleroit telle du Jasifenifme. Cela fait voir que ce n'eft pointaux Jefuites qu'il faut attri- buer la demolition des batimens de P. R. des Champs, non qu'ils n'en fuffent capables , mais parceque cela etoit con- traire a letirs defieins 8c A leurs interets. lis a- voient l'ambition d'avoir un Seminaire i Paris, & la maifon de P. R. de Paris leur eut fort conve- nu, en en faifanc trans- ferer les religieufes a P. R. des Champs. De plus, ils |
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: prete en differeris 4^ P-
:s fommes confide- CharoPs |
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avoient
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terns des (
rabies aux religieufes de P. R. de Paris ; il eut etenaturel de leur donner pour paiement la maifon qu'elles auroient quittec. Auffi pourfuivirent - ils alors leurrembourfemenr. De tout cela , il faut con- clure que les Jefuites ont ete la dupe'des Sulpicicns. Mademoifelle de Joncoux contribua audi contrefon intention , & la dcftrudtioil de P. R. en vouiant le conferver. Ai'ant appris le deffein qu'alljient les Jefuites de fe former a Paris un Seminaire felon ( le plandont nous venons de parler , elle crut ne pouvoir y mettre un obf» tacle plus invincible ,. qu'en y intereilant Mef- fieurs de faint Sulpice, qui veutent bien quelque con- formite avec les Jefuites pour la doctrine , mais point de concurrence pour les Seminaires. On vit dans cette occalion ce qu'eft capable de faire V£- mulation des Corps, dont le Pere Berruyer parle ft favamment. T. ;.p. 515. C'eft A cette emulation qu'on peut attribuer la deftru&ion dos batimens de P. R. des Champs. A iij
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6 HtSTGIkE M PoRT-RplAX.
Champs n'etoit plus bona, rien , & le
Confeil d'Etat donna le % i janv. 171 o un Arret pour le demolir. Par-la on executa a la lettre ce que Clement XI avoit ordonne par la Bulle de fup- preffion de cette Abba'ie j Penitus evellatur ac eradicetur 3 qu'il foit en- tierement detruit & deracine. I -a raifon que rend 1' Arret du Co n-
feil pour la demolition de ce nio- naftere, eft que l'entretien & repa- ration des batirnens oecauonneroient trop de depenfe I P. R. de Paris, & que la vente des matetiaux pourroit fcurnir de quoi rembourfer les crean- ciers. Sa Majefte declare dans lArret, dont el'le commet 1'execution a M. d'Argenfon , qu'elle veut que ce qui fera ordonne par ledit fieur d'Argen- fon pour 1'execution du prefent Arret foit poncluellement execute , nonobf- tant toute oppofition. Gonformement a cet Arret, M. d'Argenfon donna le*. 8 fevrierune ordonnance , pour etre precede devant lui le jpremier Mars, en fon Hotel lis cul-de-fac de la vieille rue du Temple , a la publica- tion & reception des encheres des ma- teriaux du monaftere de P. R- des Champs. Cette demolition , fuivant le projet de M. le Lieutenant de Po*. |
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IH. Parti*. Lk>. It J. y
lice , devoir etre achevee en moins 1710. de fix mois, a compter du premier Mars j toutefois die dura plus d'un an , parcequ'on eut de la peine a trouver des adjudicatakes. Avant la demolition de P. R. M. _. vr- ,
i»» r ■ u 1 Eftampes de
u Argenion aiant appris que Magde- p. r. failles.
leine Hortemels, fille d'un Librake de ce nom, avoit grave en taille- tlouce en fix petites eftampes l'Eglife de cette Abbai'e, le chceur des reli- gieufes, le Chapitre , les Cloitres_, le Refe&oke, & une vue «de tou-s les batimens enfemble , envoi'a faifir toutes ces eftampes avec les planches. La mere de cette fille en aiant porte fes plaintes au Magiftrat, iUluidk, que Sa Majefte aiant ordonne la de- molition de ce monaftere , on ne de- voit pas le reprefenter en eftampes. Cependant il les fit rendre quelque terns apres a Magdeleine Hortemels , & lui fit meme donner quelque chofe pour la dedommager de la perte qu'on lui avoit pu earner en les lui enle- vant. Pour revenk a la demolition, quoi-
que l'Eglife ne fur point comprife dans 1'Arret, ou plutot, quoiqu'elle femblat avoir ere exceptee par la claufequi referve un batiment pour A iiij
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HlSTOIRI DE PoRT-ROlAt.
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1710. leChapelain pour deffervir I'Eglife on
Chapelle, neanmoins on prit auffi la refolution de l'abattre (2). Cette re- folution fut apparemment prife dans le meme terns que, par un attentat contre l'humanite meme , & par un outrage fait au faint Efprit, on for- ma le deiTein de detruire les cimetie- res & d'exhumer les faints corps dans lefquels il avoit habite, afin de ren- dre la totalite de ce lieu prophane , & d'oter l'idee qu'il y etit jamais eu la un monaftere. vn- . La fureur des ennemis de P. R. trs ennemis ,, r . r ■
de p. r. ob- n etant pas encore iatisraite par tout
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tiennent un
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ce qu'ils avoient fait jufqu'ici, foit
Hiiumc/Tei en faifant enlever les religieufes , foit «orps. en 0btenant un Arret pour la demo- lition des batimens; ils en follicite-
rent & obtinrent encore un autre dans la meme annee, pour exhumer & deterrer tous les corps qui repo- foient dans les cimetieres tant dude- dans que du dehors , & les tranfpor- ter a faint Lambert petite Paroifle pres de P. R. Non contens d'avoir devore Jacob, ils remplirent de de- folation le lieu de fa demeure (3). Sur (1) Les batimens tant fut demolie qu'en 1711.
' interieurs qu'exterieurs (3) Comedecunt Jacob, furent detruits en 1710 8c & locum ejus defolave-
J711, mais I'Eglife ne turn. Pf7«.
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III. P A R T I E. L'lV. III. 9_______
quel pretexte les ennemis de P. R. 1719.
purent-ils furprendre un ordre du Roi j pour faire une execution fi bar- bare , fi oppofee a l'humanite , fi con- traire aux loix les plus facrees de la nature & refpeclrees des nations mems les plus barbares, parmi lefquelles on regarde les lepulcres, comme quel- que chofe d'inviolable , & ceux qui les violent & les degradent, comme des gens qui ont depouille tout fen- timent d'humanite ? fur quel pretex- te , dis-je , les ennemis d^e P. R. ont- ils pu folliciter un tel Arret ? c'eft ce que nous ignorons. Mais ce que nous iavons, c'eft qu'on ne trouvera dans aucune hiitoire l'exemple d'une ac- tion audi barbare, fi ce n'efl^dans le Roi'aume de Maroc (4); & nous leur faifons hardiment le defi de citer aucun Tyran , aucun General d'une |
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(4) Les corps des Chre-
tiens furcnt traites de la meme fa^on par Mouley Ifmael Roi de Maroc & de Fez. Le P. Dominique Bufnor Trinitaire, rap- potre ce qui fuit, dans I'hiftoire du regne de ce Prince, imprimei a Rouen chez Guiliaume Behourt eni7i4,p. i<s8 , chap. 6. s> Enfin, lsur patience |
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» (des efclaves Chretiens)
3> fut encore ces derniereS a? annees exercees par le 3> deffein que le Roi fe » mit en rete de joindre » le cimetiere des chte- » tiens a fes jardins. Cat 3i fa loi lui faifant regar- » der cette terre cornme » prophane, il la fit creu- 3) fer a la profondeur de » plus de fix pies, 8f Ay
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L
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10 HlSTOIRE DE PoRT-Roi'Al.
1710. armee victorieufe , qui ait ufe des.
droits de fa vi&oire & porte la ven- geance & la fureur jufqu'a faire ex- humer des corps morts. Apres tout, qu'il foil permis de le dire, cette execution qui revoke la nature , ne doit point nous fnrprendre , en la confiderant du cote des ennemis de P. R. des Champs. Devons-nous en efFet etre furpris , que de nouveaux Apotres , qui rendent des honneurs divins aux cendres des impies, vio- lent & prophanent celles des Saints ? JL M.
Pouvons - nous nous attendre que
celui qui rend a Confucius le culte qui n'eft du qu'a Dieu, refpectera des corps qui pendant leur vie ont ete les temples du faint Efprit? Pelage refpe&era-t-il les cendres d'Auguftin? Les corrupteurs de la morale chre- tienne refpederont-ils les oiTemens de ces Dodteurs celebres , qui les ont confondus parleuts admirables ecrits? Hefpe&eront-ils les tombeaux de ces vierges chretiennes , qui condam- noient la corruption de leur do&rine par la purete de leur vie; & qui , 55 tranfporter toute la => qui ne dura que neuf
» terre jufqu'i troii :> jours, il y en eut cin-
» quarts de lieue loin. » quante qui'inoururent
*> De cinq miiie efclares » de l'mfectron Hes corps
» emploies & ce trayail » nouyelleraeut enterics.
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III. Partie. Liv. Ill- 11
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tomme Mo'ife, levoient les mains au
ciel, pendant que les Arnaulds , les Pafcals, les Nicoles } combattoient ces ennemis de Dieu ? |
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1710.
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Quoique 1'Arret pour l'exhumation
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VIII.
M. de Pom. |
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des corps rut obtenu des 1 an 171 o , p0Jine „(,.
il ne fut execute que dans les mois de t'ent F"^' novembre &c de decembre de l'annee tranfpouer fuivante , apparemment parcequ'on lesf5°^se de vouloit achever auparavant la demo^ lition des batimens, & attendre llhir •ver. Pendant cet intervalle quelques^ unes des families de ceux qui avoient des parens enterres aP. R. penferen-t a en mettre les corps a l'abri de la tempete qui les menacoit. M. le Mar- quis de Pomponne fit presenter un placet au Roi par fon Eminence Moa.- -feigneur le Cardinal de Noailles, par lequel il demandoit la permiffion de faire tranfporter les corps .de {es .pau- rens, qui etoient a P. R. des Champs, dans l'Eglife de faint Mederic a Pa- ris , ou etoit la fepulture de fes an- cetres, ou dans celle de Pomponne- On choifit ce dernier lieu preferable- ment au premier , par la crainteque l'on eut que cette tranflation n'excitat quelque murmure , fi les corps euffent cte apportes a Paris dans l'Eglife de faint Mederic. Cefutauifi pour cette A vj
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I 2. HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt."
raifon que Sa Majefte eut de la peine
a accorder cette permifllon, & elle recommanda que tout fe fit de nuit. M. de Noailles en declarant k. per- miflion , recommanda la meme cho- fe (5). On lit dans un Memoire ma- nufcrit, que M. de Pomponne avoit ajoute dans fon placet, pour un des motifs de fa demande , " qu'il defiroit » tranfporter les corps de fes parens, « afin que fa pofterite perdit la me- » 'moire (6) qu'ils avoient ete enter- *> res dans un lieu, qui avoit eu le « malheur de deplaire a Sa Majefte «•. Ces paroles ( fi elles font reelles) font bien dignes d'un courtifan, mais en meme-tems bien indignes d'un petit neveu du grand Arnauld, & d'un petit-fils du celebre Arnauld d'An- dilli. M. de Pomponne auroit mieux fait de laifTer les corps de fes illuftres |
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pout leut confolation.
(6) La mott enlevaife
jeune Comte de Pompon- ne filFainedece Marquis le 17 juillet 1711 a 1'age de 14 ou 1 f ans. Le Che> valier de Pomponne , l'unique fils qui lui refloir, mouruti l'age de 10 ans le 11 avril 1715. Ainfi toute la pofteritl de M. de Pomponne a ete tedui- te a unefeulefille. |
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(5) Cette ptecaution
etoit fage j cat celui qui eut ordte ties les faire ex- humet pout les tranfpor- *et , a dit qu'il autoit eu de la peine a l'executer, fi les PaiTans des environs , & fur-tout les Pauvtes, en avoient ete infotmes. Ces bonnes gens ctioient fans ce(Te qu'ils n'avoient plus que ces ptecieufes mines , & les reliques qu'elles renfeirnoient , |
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HI. Par tie. Ltv. Ill- x?
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parens dans le lieu ou ils repofoient, 1710.
que de demander la permiffion de les tranfporter ailleurs &de l'obtenirpar une fi lache rlatterie, & fi indigne de fon nom. On lit dans le meine t-< Memoire que M. de Noailles en lifant cet article, fe mit a fourire 8c dit * que cet endroit etoit bien imagine , que c'etoit un bon moien pour reuffir 8c obtenir la grace qu'il demandoir. Les reliques precieufes que M. de rx.
Pomponne obtint permiffion de tranf- desT™^H porter a Palaifeau, pour y etre en Atnauids 4 depot, jufqu'a ce qu'on put leur pre- Palaifeau* parer une fepulture a Pomponne , etoient fix corps 8c trois cceurs des Arnaulds. i°. Le corps de la mer«*Agnes
morte le 19 fevrier i6jr. iQ. De la mere Angelique de Sr
Jean fa niece , fille de M. d'Andilli, morte le 19 Janvier 1684. 5°. De M. Robert Arnauld d'An-
dilli , mort le 2.7 feptembre 1674. 4Q. De M. Charles Arnauld de
Luzanci fon fils, mort le 1 o fevrier 1684. 50. De Demoifelle Catherine An-
gelique Arnauld agee de trois mois , morte le navril 1676, elle etoit fille deM. de Pomponne & de Dame Ca- therine l'Avocat, |
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14 HISTOIRE DE PoRT-ROlAl.
6°. De Demoiselle Anne Conftan-
ce Simone, morte le 29 avril 1695 * agee de cinq mois; elle etoit fille de M. de Pomponne & de Dame Conilance de Harville de Pataifeau. 7°. Lecoeur de la mere Angelique
reformatrice de P. R. morte le 6 aout i66t. 8°. Le caeur de M. Arnauld le
Do6beur, mort le 8 aout 1694. 9°. Le cceur de Demoifelle Marie
Emmanuel fille de M. de Pomponne, morte agee de 2 5 ans , le 14 feptem- bre 168 6. Ces precieufes reliques furent
tranfportees de P. R. des Champs a Palaifeau (7) la nuit du 13 au 14 fep- tembre 1710 pour y etre en depot. (7) Outre Ies corps qui Maitre, morte le zi jan-
furent tranfportes a Pa- vierifiji.
kifeau , il en refta encore 30. Celui de la fceur
plufieurs a Port-roial des Anne-Marie de Sainte
Champs de la famille des Eugenie Arnauld d'Andil-
Arnaulds , n'etant pas li, morte le 7 oclobre
pfflibledelesdemelerpar- zSfio.
mi ceux avec lefquels ils 40. Celui de la fceur
etoient confondus dans Charlotte de Sainte Claire
ie Cimetiere. Ces corps Arnauld d'Andilli, morte
font: Iej feptembre 1678.
1". Celui de la fceur f". Celui de la fceur
Catherine de Sre Chriftine Marie Aiigelkjue de Sainre
Arnauld, morte Ie 3 fe- Therefe Arnauld d'An-
vrier 1649. dilli, la'derniere des re-
i°. Celui de la fceur ligicufes de ce nom, morte
Catherine Angeliquede le 8 Janvier 170c
iaiat-Jean Arnauld , le |
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III. Part i«. Liv. III. ij
Qtunze ans apres, elles onr ere in- 1710*
humees dans cette meme Eglife, le •3 o feprembre 1715. Pour ne pas feparer ces precieux Inhuxmatioir
reftes de la morralire de ranr dnluf- de ces pre- tres perfonnes, on avoir prepare une p^TesaPa. grande bierre de bois de chene parta- laifeau. gee en fix efpaces pour les fix corps. Dans chaque efpace on avoir cloue un morceau de parchemin fur le- A quel etoir ecrit ce qui y etoir renferme. Les trois boites, qui conrenoienr les cceurs de la mere Angelique , de M. Arnauld , & de Maderhoifelle de Pomponne furenr mis dans cecre bier- re , que Ton defcendit dans une fofle faite dans la Chapelle fourerraine. Au- dellhs de la fepulture , on arracha au mur une «pitaphe ., dans laquelle eft detaille ronr ce que la bierre renfer- me. Ce fur M. le Blanc , Miniftre de la guerre , qui Anna occafion a certe inhumation. Se rrouvanr un jour a , Palaifeau , & ai'anr vu ces corps qui n'etoient que fuE des <treraux dans la chapelle fouretraine ou ils eroienr en depot, ilfit remarquer a M. de Pom- ponne , qu'ils couroient rifque d'etre difperfes ou meme prophanes par quel- que Cure, qui auroit des fentimens differ ens de ceux qu'avoit M. Aucler, |
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\6 HlSTOlRE DE PORT-ROlAt,"
j 710. qui l'etoit pour lors. II ajouta qu'il
feroit plus fage de mettre ces corps & ces cceurs en furete ; que la Cha- pelle fouterraine ou ils etoient en depot j prefentoit une fepulture toute naturelle. M. de Pomponne fuivit un avis fi fage , & chargea M. le Cure de Palaifeau au mois d'aout 1725 de Fexecution. Ce qu'il fit (8). xi. L'acle d'inhumation eft ainfi concju: rinhumade " Le 3 ° feptembre 1715 , a la requi-
uon. „ fuion de Monfeigneur le Marquis » de Pomponne & de Palaifeau, ont
» etc inhumes dans la Chapelle bafle » de ce lieu , apres quinze annees de m depot depuis leur exhumation & » tranfport fait le 14 feptembre 17 i 0 ».- du monaftere de P. R. des Champs, » fi celebre dans l'Eglife par la pietd » eclairee & edifiante des religieufes « & des folitaires qui s'y etoient re- s' tires, detruit cepfendant en ladite » annee 171 o, les corps &c. L'inhu- » mation faite en prefence de M. Jac~ » ques Loyfeleur , Pretre , Vicaire de » cette Paroifle; de M. Remi Loulie, (8) Vo'i'ez la ceremonie de quatorze Ecclefiaftj-
de ['inhumation dans le ques , trois Laics, une
Supplement auNecrologe Dame 8c quatre Demoi-
de P. R. p. 108 , le dif- felles, qui etoient prefens
ccurs que le P. d'Albizi a cette pieufe cerenionie*
Dominicain prononca en Voiez les Mem. hift, T,
cette occafion enpiefeace 6.p. i8s.Sc Aiiv#
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111. P A R T I E. LlV. III. I 7
« Pretre, Chapelain tjtulaire en la- 1710.
» dice Eglife , & de M. Andre-Jofeph » Berthin, bourgeois de Paris, foulll- » gnes. Signe , Loyfeleur , R. Loulie, » & Sieur Aucler , Cure de Palai- » feau (9).________
L'exhumation des autres corps qui 1711.
etoient a P. R. commenca fur la fin 3II-„ , ,, , ~ 3 . , Tranfport
de 1 annee 1711. Un porta le coeur de des autres
corps en dif-
,, . fercnA en-;
011 on 1 avoir vu eni7io j,.0;ts
8c 1715. Cetce translation |
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qui fur fake par les foins
& le.zele d'un Gentil- homme pleinde religion , ell conftatee par deuxac- tesauchentiqucs fignts de huit perfonnes qui y a- voienr afliite. L'un de ces acres fut depofe chez les Notaires. L'autre refta entre les mains de celui qui fit faire cettt rranfla- rion. Le certificar porre , que par refpect pour Us |
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mefures que nous venons
de rapporrer, pour mettre ces temples du S. Efprit a l'abri de la profanation, en fir prendre de nouvelles en 1748 , pour lesdefen- drc plus long-tems contre la corruption. Le Samedi 10 juillet de cette annee , on les tira de la bierre de chene , pour les mer- tre dans nne auge de pier- re , qu'on fubftitua a la |
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bierre qui fe rrouva pref- faintes reliques de P. R,
que totalement pourrie. 33 enfermees dans la Cha- Les olfemens de chagurff33 pelle baffe de Palai- corps furent d'abord mis 33 feau , 8c pour la con- dans des boeres deplonb, 33 fervation d'icelles , lef- que Ton avoir prepared , ;> dites reliques aiant etc |
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8c enfuite depofees dans
1'auge de pierre , dansle meme ordre ouils etoient dans la bierre de chene . 8c on fit attacher a cha- que boete une plaque de cuivre rouge , fur laquelle etoit grave de qui etoit oil les oltemens , ou le cceur. Celui de M. Arnauld fc wouvadans le memeetat |
» tirees de la caiiTe 8c
33 grande botte de bois 3> prefque pourrie oii aj elles etoient depofees, 33 ont ete remifes dans le 33 meme ordre , 8c en ob- 33 fervant les memes nu- 33 meros dans les boires 33 de plomb , chargees 33 chacune d'une etiquet- j) tedecuivie,8ic. |
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I 8 HlSTOtRE DE PoRT-ROlAt; ""
Madame la Ducheflfe de Longueville
a S. Jacques du haut-pas: les entrail- les de Madame la PrincefTe de Conri (Martinozzi) a Saint Andre des Arcs: le corps de Mademoifelle de Vertus a Malnoue. Les corps de Monfieur le Mai-
tre, de Monfieur de Saci fon frere, ',e du celebre Racine a S. Etienne du Mont. Le z decembre , par les foins de Mademoifelle Iflali (io), qui en ob- tint la permiffion, & condition que ces tranfpom fe feroient de nuit & fans eclat, Le corps de M. le Maitre, & celui de M. de Saci qu'on allure s'etre trouve entier , furent inhumes a 11 heures du foir dans la cave de la Chapel le de S. Jean-Bap tifte •, & celui de M. Racine pres de M. Pafcal. II n'eft point fait mention dans 1'acte do) Suzanne Fran;oife jcette Demoifelleen 171?,
IfTali , foicee de fortir du elle porta tout le poids de
noviciat de P. R. des la follicitude pour ces
Champs en 1679 , quoi- faintes filles, & pour ceux
qu'elle fut admife pour qui foutfroient pour la
recevoir inceflamment verite. Vivant en reiigieu-
l'habit,&queM.deHarlai fe de P. R. au milieu du
y eut confenti lui meme , monde , elle en conferva
conferva dans le monde non- feulemcnt l'efprit,
l'efpritdecette fainte mai- mais elle en pratiqua les
fon. Unie avec Mademoi- aufterites, meme pout le
lelle de Joncoux , elle coucher, la nourriture,
partagea avec ellelefoin &c. Elle mourut le 1 jan-
des exiles , & particulie- vier 17x7 , & fut enter-
rement des religieufes de ree & faint Etienne du
P. R. des Champs. Reftee Mont, oii eft la fepuktue
fculc, apres la molt de de fafamille.
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III. P A B. T I E. B.V. HI. if _______
de tranfport, du ereur de M. Mali , 1711,
qu'on ne put fans doute decouvrir j ndn plits que du corps de M. de Se- ricourt, qui vraifemblablement eft ref- te , ainfi que plufieurs autres, ( c'eft- a-dire, tous ceux qui on.tete enterres avant qu'on eut renauffe le fol de l'E- elife de huit pieds ), fous les ruines de certe fainte maifon. Ce n'eft point ici une conjecture ^\tM
hafardee fans fondement. II paroit beaucoup & conftant que tous les corps inhumes '^'J™'" avant Pan 16 51 que Ton rehaufla. 1'E-K.deichstmpf glife , repofent encore en ce lieu \ 1 *. parceque de tous ceux qui ont ete exhumes, il n'y en a aucun qui foit de perfonne morte avant cette epo- que. i°. Parceque pour exhumer les coxps des perfonnes mortes avant \.6 5 2 , comme celui de Madame de Luynes morte en 1651 , de M. de Se- ricourt mort en 16j o, &c. il auroit faDu creufer la terre a dix ou douze pieds deprofondeur, ce qu'on ne prit pas la peine defaire. Mais une preuve conv.aincante que tous les corps ne furent pas exhumes , & par confe- quent qu'il en refte encore , c'eft que la fieche du cloeher en tombant vers la fin de l'annee ,1712 fur le cimetiere du dehors en decouvrit un qu'uij ov±- |
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2"0 HlSTOIRE DE PoRT-Roi'At.
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1711. vrier fit voir a une perfonne, de qui
on a appris ce fair. Le coeur de M. le Tourneux fur rerire par un pieux Fxclefialtique (M. Vion Diacre de Rouen) qui en avoit, dir-on , obrenu la permiffion. Le corps de M. Guillaume du Gue,
fl celebre par fa penirence , fa charite & fa faintete , confirmee par plufieurs miracles eclatans , fut rraniporte la nuit du 4 au 5 decembre a la Paroifie de S. Jean des Troux, diftanre d'en- viron deux lieues de P. R. ouil avoir fait batir une Eglife qu'il fir eriger en ParoiiTe. On tranlporta encore qua- tre corps de fa famille : favoir, 1y.de Dame Gabrielle Feydeau fon epoufe , morte le 10 juin 1648. 20. De De- moifelle Gabrielle du Gue leur fille, decedee le premier novembre 16,86. 30. De M. Bernard du Gue (deMe- liclon) decede le 18 novembre 1681. 40. De Dame Madeleine - Elifabeth- Fran^oife Charon Menars, epoufe de M. Dreux Auguftin du Gue Bagnols, Maitre des Requetes, decedee le 20 feptembre 1706. Tranfport Lorfqu'on exhuma le corps de M. w. CdepSBa- Guillaume du Gue, mort le 15 mai gnois, pro- 1657, c'eft-a-dire , plus de 53 ans digeartm. aUparavant fon cercueil s'etant un |
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III. P A R T I E. LlV. III. 21
peu defloude par le pied , il en fortit
du fang jufqu'a la quantite d'une pin- te. Deux chaiTeurs ,_que la curiofite avoit attires a P. R. virent de leurs yeux ce prodige & l'attefterent de vive voix j une perfonne de probite a allu- re par ecrit en avoir ete temoin. Enfin les FofToyeurs eux-memes certiherent ce fait. Le mane prodige fe renou- vella a. Saint Jean des Troux. A peine le corps de ce faint homme fut-il de- pofe dans l'Eglife , que le fang coula du cercueil fur le banc, qui en eft refte tachc jufqu'a ce jour (i i). Le Cure de Saint Jean des Troux ecrivit le jour meme du tranfport a M. du Gue fils , Seigneur des Troux, & attefta dans fa lettre fignee de cinq temoins oculai- res , avoir vii dans la ParoifTe des Troux fous le cercueil de M. Guillau- me du Gue de Bagnols, & fur le banc fur lequel fon cercueil fut pofe , la quantite de demi-feptier, mefure de Paris, de fang aufli vermeil & liquide qu'un fang recemment tire des veines d'un homme vivant, fans aucune mau- vaife odeur. M. Audiger (c'eft le nom (u)M. le Cure de S. ere, il nous monrra le
Jean des Troux nous a banc encore reint du fang
taconte a nous-memes fortiducercueildeM.de
cctte merveille, l'an 1747, Bagnols,
& pour nous en convain- |
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21 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAL.
77" tlu Cure des Troux) ai'ant eu la cu-
riofite de lever le plomb du cercueil pour voir le corps, il reconnut auffi- tot M. de Bagnols , dont il avoit vu fouvent le portrait dans une falle par- mi ceux de fa famille. Les autres per- fonnes le reconnurent egalement, fur- tout a fes cheveux. Son corps fe trouva fain , & tel qu'il pouvoit etre en 16 5 7. On mit ce precieux depot avec les au- tres corps dans une fofTe qu'on avoit fait creufer fous le degre du maitre autel. Us y refterent jufqu'en 1735 que M. Dreux Auguftin du Gue Ba- gnols , petit-fils de M. de Bagnols, ies en fit tirer pour les mettre dans un caveau qu'il avoit fait conftruire pour fervir de fepulture a fa famille. Le corps de M. de Bagnols fe trouva encore alors fain & entier; & on vit encore couler une liqueur fanguiue , qui rendoit ainfi que le corps une odeur agreable. Quelques perfonnes mirent meme des vafes fous le corps pout recueillir de ee fang. Enfin ea 17 5 z , lorfqu'on defcendit dans le ca- veau le corps de M. Dreux Auguftin du Gue , qui avoit demande a etre mis aupres de fon faint ai'eul, quel- ques perfonnes qui y entrerent mal- gre les precautions qu'avoit prifes M. |
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III. Partie. Liv. III. ij
Midorge pour en empecher, trduve- 17 j j. rent le corps dans le meme etat oii il etoit en 173 5 , fain , entier , exhalant une odeur agreable , &la liqueur cou- loit encore. L'Eglife de Magni-Leflarr poftede XIV-
0 ■ i- J ' I 1 J r ■ r Tranfport
une pame conhderable des precieuies de piufeurs
depouilles de P. R. qui y furent portees cotPs , & , 1 „ 111 c cceurs a Mi-
les 16 & 17 de decembre 1711 , la- gni,
voir, quaere corps, feize cceurs enfer-
mes dans des boices de plomb • &: deux autres boites qui paroifloient renfermer des entrailles. Les quatre corps, font: 1 °. le corps
de M. Grenet, Cure de Saint Benoit & Superieur de P. R. zu. Le corps de M. de la Potherie , qui avoir donne aux religieufes la Sainte Epine, qui fut Pinftrument de tant de merveil- ' les. Ces deux corps font enterres dans Paile de la Chapelle de la Vierge, &c fur leurs tombes font gravees des bier- res. -5°. Le corps de M. de Pontcha- teau.4°.Celui du Chevalier deCoif- lin fon neveu. Ces deux corps font enterres pres Pun de Pautre devant Pautel de la Vierge fous la totnbe qui couvroit celui de M. de Pontchateau a P. R. des Champs. Samain qui avoic ete feparee de fon corps & mife dans une boite, eft placee fous Pautel. |
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14 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAL.
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1711. Parmi les ccEurs, fept etoientavec
xv infcripcion , favoir ceux : i°. de M.
creurs avcc Akakia (du Pleffis) mort le 12 avril
brctiption. 170Sii,,DeM, Antoine Baudri de
Saint-Gilles d'AfTon , mort le 30 de-
cembre 1668. 30. De Catherine An- gran , veuve de M. de Beliii, morte le 24 mai 1701. 4". De M. Francois Bouilli, Chanoine , mort le 8 avril 1668 , dont le corps repofoit a. Ma- gni. 5°. De Catherine Ricouard, veu- ve de M. Benoife , morte le 17 mai 1699. 6", De la reverende mere Sui- reau , dite la mere des Anges , Ab- beffe de Maubuiflbn, puis de P. R., morte le 1 o decembre \6 5 8. 7^.De M. Fr. Retard, Cure de Magni ou fon corps repofe , mortle 30 mars 1663. ^ Cflcurs fans Les autres coeurs, au nombre de 9 , cnpuon. ^tojent fans inscription, de forte qu'on ignore de qui ils font. L'Auteut des Memoires hiftoriques de P. R. (u) entre dans un grand detail fur ce fujet, pour decouvrir dequi peuvent etre ces cceurs. Ce qui augmente la difficulte, eft que de vingt-neuf coeurs enterres a P. R. depuis 1658, nous n'en voions que vingt-deux qui aient ete retires lors de l'exhumation j iavoir trois de la famille des Arnauld j deux de Lon- (11) T.7. p. 114. 8t Aiiv. gueville,
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III. Par tie. Llv. III. 15
gueville , de la Duchefle & dir Due fon fils; celui de M. le Tourneux; & les feize de Magni. Ainu" en voila fept qui manquent, foit qu'ils foient reftes fous les mines de P. R. , foit qu'ils aient ete enleves furtive- ment, ce quine permet pas de desi- gner quels font les neuf caeurs fans infeription tranfportes a Magni. Mal- gre cette difficulte , on peut croire avec l'Auteur des Memoires , qu'ils font certainement de quelques - unes des perfonnes qui fuivent. i°. D'ln- nocent Fai, dont les religieufes vou- lurent avoir le coeur dans 1'interieur de leur Eglife. i°. De Pierre Benoife, Confeiller au Grand Confeil, mort le 11 avril KJ99. 30. De M. Singlin, mort le 17 avril 1664.. 40. De M. Hillerin, Cure de Saint Merri, mort le 14 avril \66<). 50. De M. Guil- laume Thierfault , petit - fils de M. Angran deBelifi , mortle 7 juin 167 5. 6°. De M. de Pontchateau, mort le Z7 juin 1(390. 70. De Jeanne Bernar- dot, morte le 14juillet 1684* S°.De Madeleine Potier de Buzenval, morte le 30 juillet 1671. 90. De Jean Mali, Avocat au Parlement, mort le 3 o juil- let 1707. io°. De Charles Benoife, Confeiller Clerc au Parlement, more Tome X, B |
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X6 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAE.
le 4 novembre 166 j. 119. De Pierre-
Thomas du FoiTe , mort le 4 novem- bre 1698. i2°. De Jeanne Brigalier, epoufe de M. Couturier, morte le 13 mars 1685. 13°. De Chriftophe le Couturier , mort le 31 mars 1685. 14°. De Pierre le Couturier, mortle 13 decembre 168 5. 15 °. De Sufanne Angelique Bignon , morte le xz de- cembre 1680. Les 16 cceurs transferes a Magni
font inhumes dans l'aile de la Chapelle de la Vierge , couverts chacun d'une pierre fur laquelle eft grave un ccEur, afinqu'on lesdiftingue(i 3) d'un nom- (ij) tes tombes fu- rens autres endroics , dans
rent Vendues coramc le des mailons bourgeoifes , tefte des materiaux & dif- & jufqucs dans des caba- "perfees decote 6c d'autte. retsde Tiape, village dif- II y en a beaacoup dans tant d'une lieue de Vet» FFglife de Magni{*). Mais failles, il s'en trouve dans dlffe- (*) i. Celle de M. deTontchateau.
2. Celle de M. le Charron d'Epinoy.
3. Celle, a ce qu'on croit, de M. Arnauld le
Pere. 4. Celle du cceur de. Catherine Angran, femme de
Barthelemi de Belifi. * 7- Celle du coeur de Catherine Maflon , veuve
d'Edouard Olier. 6. Celle du cceur de M. Hillerin Cute de faint
Mederic. 7. Cel!e du cceut deFraneoisEouilli, Fretre.
8. Celle du chceur de la mete Magdeleinede Ligni
Abbelle de P. R. 9. Celle du cceut de la mere Sainte-Thecle Racir.e,
Abbeffe. jo. Celle du cceut de FtansRis Retard Cure &<:
Magnj. |
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III. Pariie. Llv. III. x-j
bre d'autres tombesdeP.R.quifurent I7II< achetees lors de la demolition & for- ment aujourd'hui le fol de l'Eglife, & de quelques folitaires ou domefti- ques de P. R. qui furent enrerres a Magni pendant la grande perfecution. Outre les quatre corps & les feize
coeurs, on porta encore a Magni deux boe'tes ou barils qui renferment les entrailles d Alexandre de Bournon- * ville , mort le 8 mars 1684 , & celles du Comte de Henin fon frere , mort le 1 8 aoiit 1687. M. de Vaucocourt, Cure de Magni,
Pafteur zele , recommandable par fes lumieres, fa naiflance & fa piete , a donne, a tous ces precieux reftes de P. R. une fepulture convenable dans l'aile de la Chapelle de la Vierge, , lorfqu'il a fait reparer fon Eglife j &c a par-la repare l'outrage qui leur avoit etc fait par fon predeceifeur dans le proces verbal du tranfport (14). Lesautres corps demeurerent con- xvr.
fondus & meles enfemble. C'etoient &* "tuTes corps.
(14) M. Davril frere jjiftresdela Paroifle, fut
d'un t'ameux Jefuire , Cu- i'ur le point dc le dechirer
ix de Magni lots du tranf- dans le premier mouve-
port, en drefla un adte f\ ment.fi M. de Vaucocourc
plein de foreur, que M. ne l'avoitarrete , en lui
Goulard grand Vicaire de reptefentant fagement les
M. de Noailles, l'a'iant confequences d'une telle
vu en examinam les re- demarche.
B ii
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28 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAL.
i j 11. les corps d'un grand nombre de Pre-
tres , de Solitaires, de Vierges chre- tiennes, dont la vie pourroit remplir dignement les Annales de l'Eglife ; fans compter plufieurs Domeftiques , dont la vie n'a pas ete moins fainte & moins edifiante que celle des Soli- taires. On peut juger de la quantite des corps qui etoient enterres a P. R. des Champs, par le Necrologe impri- me a Amfterdam, quoique tous n'y foientpas, a beaucoup pres , detail- les, & par le fupplement qui ne fup- plee pas la moitie de ceux qui font omis dans le Necrologe.Tous ces corps etoient enterres en quatre ou cinq en- droits dirTerens • les uns dans l'Eglife interieure , les autres dans l'Eglife exterieure hors la cloture , d'autres fous le cloitre; la plupart l'eroient dans le preau de ce meme cloitre. M. le Cardinal de Noailles avoit
charge un Pretre de faint Nicolas nomme le Doux, de veiller a ce que l'exhumation fe fit avec quelque or- dre & quelque decence. Mais outre qu'un Pretre feul ne pouvoit fufKre a. tout, fa prefence n'etoit gueres ca- pable de faire impreffion fur des ou- vriers , qui n'etoient en etat d'ecouter M h raifon , ni la nature a caufeds |
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III. Par-tie. Liv. HI. 19
I'exces du vin qu'ils prenoient. pour 1711. travailler a un pareil ouvrage. On a fu quelques circonftances de
cette etrange expedition par unelettre dont on conferve l'original, qui fut ecrite alors par un temoin oculaire. II n'eft pas difficile de fe reprefenter tout ce qu'on y rapporte de ce fpecta- cle d'horreur : Des corps que Von tire de terre, les wis entlerement confumes^ * les autres demipourris , les autres dans leur entier, & tout cela confondu pile mele en un gros monceau 3 dans Ven- droit oh etoit le chapitre j pour etre enfuite tranjportes ailleurs avec des charettes ; les Fojjb'ieurs qui ne pren- nent pas la peine de lever un corps en- tier , quand Us le trouvent 3 mais qui le hachent a coups de beche. Deux ChafTeurs qui etoient aux en- xvn.
viions de 1J. R. s etant detournes pour i-exhuma- aller voir en quel etat etoient les cho- tion- Q^1 fes, eurent la curiofite d'entrer dans tojt.ac e l'Eglife , ouils virent tirer de terre un corps aum* entier que s'il venoit d'y etre mis. »II etoit revetu d'une foutane » & d'un furplis, & tenoit entre fes » mains une petite croix de bois. Les » travailleurs le depouillerent 8c le » trainerent par les pieds le long de ?> l'Eglife julqu'au chapitre j la avec B iij
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JO HlSTOIRE 0E PoRT-ROIAL.
» des pioches & de femblables 011-
n tils , ils mirent en pieces ce corps » que la more meme avoi t refpecte , » & des chiens en mangerent les en- w trailles. Les Chafleurs apres avoir » chafle les chiens , Torment faifis » d'indignation & d'horreur d'un tel " fpe&acle , & l'un d'enx conferva la ■» croix que Ton avoir trouvee entre •» les mains de ce faint Ecclefiafli- « que «. M. Blondel rapportant ce fait dans fon Supplement manufcrit au Necrologe de P. R. paroitle fonder fur le rapport des deux Chafleurs. On trouva encore deux autres corps en- I tiers; celui de la mere Boulard der- mere Abbefle, qui paroiflbit non com- me morte , mats comme endormie ,/ans qu'il parut rien de la mort fur fon yifa- ge ; & celui de Jean Laifne^, ferru- rier de P. R. mort le 14 fevrier 1705?. Les ouvriers le reconnoiflant, malgre l'ivrefle, s'ecrierent: ah te voila done _, Laifne ! & l'un d'eux le depouilla. Nous n'entrerons pas dans un plus grand detail, afin d'epargner au Lec- teur l'horreur d'un tel fpe&acle , qui doit tirer des larmes de fang, a qui- conque le coniiderera avec les yeux de la foi. On peut confulter le troifieme gemiflement qui en fait une peinture |
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III. Parti e. Liv. HI. ?i
tres vive ; & les Memoires , oil Ton 17n. en fait un grand detail. T. 7 p^ 84 & fuivantes. Apres I'exhumation generale , on *vm;
> . . q . ' Tranfport
tranlporta au mois de Janvier 1712 des corps ra-
tous les reftes informes de ces corps j1"1"6.5 d.ans nacnes, au cimetiere de S. Lambert, de s. iam- ou on les jetta pele - mele dans une be"* grande foiTe creufee du cote du midi. On voir aux quatre coins de cette folfe quatre pierres , en forme de bor- nes, qui la feparent du refte du ci- metiere. Dans le milieu de la foiTe eft une autre pierre, dans laquelle quelques fideles qui alloient en pe- lerinages par refpedt pour ces precieux reftes, mirent une croix de bois. Mais elle a difparu , chacun s'empreflant d'en avoir quelques morceaux. Nous ne devons pas oublier les eve-
nemens extraordinaires dont cette ex- humation fut accompagnee. lis annon- $oient la colere de Dieu , & la ven- geance qu'il fe refervoit de 1'outrage fait aux corps de fes Saints. Sans par- ler du prodige du fang qui fortit en grande quantite d'un corps mort de- puis plusde 50 aris (15); fans parler de plufieurs autres corps qu'on trou- (if) M. Dugvjp de Bagnols etoit mort en 1557.
B iiij
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Jl HlSTOIRE DE PoRT-Ito'lAl."
~~xjTx, va entiers & fans corruption (16); le
jour qu'on avoir pris pour transpor- ter a S. Lambert l'amas d'offemens 8c de frontons de cadavres qui etoient dans le chapitre, il s'eleva un orage epouvantable qui fe fit fentir par route la France (17), & rompit les mefures qu'on avoit prifes ; enforte que ceux qui etoient charges de faire cette lugubre translation , rarent obli- ges de la difFerer, & de ceder , au moins pour qiielque terns , a Dieu qui fe declaroit pour fes Saints, xix. A tous ces prodiges, on pent, avec Trodiges qui l'Auteur du troifieme Gemiffement
cS"a"res du fur la destruction de P. R. en ajouter dojgcdeDieu encore d'autres , qui portent vifible- ] injure faite ment les caracteres du doigt de Dieu. ifes saints. Cesprodiges qui marquent clairement la vengeance divine » font la defaite sj de nos armees, la prife de nos vil- « les, la defolation de nos campa- j> gnes par l'exces fucceffif du chaud & :» du froid , le derangement des fai- » fons , la mort de nos Princes 5 tous » malheurs qui paroiffent avoir pris m leur naiffance du commencement » de la derniere perfecution qu'a fouf- *• fert P. R., qui fe font fuivis, les (is) Celui de la dernie- d'un Senurier, nomme
re Abhefle Anne Boulatd Laifne. mortsl'sn >70ff,Sj celui (»7) Janyiet_i7ii. |
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III. P A R T I E. LlV. III. } $
*» derniers furpaflfant toujours les pre- "
>• miers, a proportion que les coups » qu'on portoit a P. R. etoient plus « violens, & qui fe font miferable- »» ment termines a ce grand deuil » qu'on a vu dans toute la France , » comme autrefois celui de l'Egypte, » quand elleperdit les premiers nes. » Peu apres la demolition de P. R. » le premier ne du Prince tomba a. " cote du trone meme (t8). Onar- " rache les fondemens , on ouvre les » tombeaux, & le fecond heritier de » la Couronne eft enfeveli avec ion " epoufe dans le meme tombeau( 19). » On ordonne que le temple meme » loit riune j & celui, qui a peine » venoit de recevoir le titre de fon » augufte efperance, expire & fe trou-. » ve enveloppe dans un meme deuil«. Ce troilieme Dauphin (20) mourut le 8 mars , vers le tems qu'on fit I'adju- dication des materiaux de I'Eglife , qu'on avoir aufli refolu d'abbatre ) 21) (i3) Le grand Dauphin toitmorte fix jours aupa-
moutut le 14 avtil 1711, ravant, le 11 du meme
peu apres la demolition mois.
des batimensdeP. R. (zo) Le Due de Breta-
(19) Le fecond Dau- gne. „. .
phin mourut le 18 fevner (11) 4pfes la deftruc-
pen apres l'exhumation. tiondesbatimensde P. £U
Madame la Dauphine e- -Bv4
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?4 HlSTOIRE DE PoRT-RO'lAX,
" comme on avoit deja abbatu les air*
tres batimens , afin qu'il ne reftat au- cune trace du monaftere de P. R. La liaifon de ces malheurs que Dieu a fait fouffrir a la France pendant la per- fecution qu'on faifoit a P. R. ne per- met pas de meconnoitre le doigt du Tout - PuifTant qui vengeoit l'inno- cence de ces vierges chretiennes, & ic l'exhumationdes corps, en ceuvre , ajoutoient les
on prit encore la refolu- calomnies les plus crian- tion de demolir 1'Eglife , res centre les religieufcs,
quoique l'Artet du Con- debitant fans pudeur que
feil du mois de Janvier e'etoit pour caufe de U- 1710 femblat indiquer le bertinage qu'elles eioienc
contraire , en ordonnant traireesde la forte&qu'o«
qu'on conferveroit un lo- renvetfoit leur maifon.
gement pour le Chape- 33 Ces rel'gieufes, dit un
lain. Mais on ne voulut des Ouvriers a un particu-
pas qu'il reflac rien de lier , qui etoit alle a P.
certe fainte maifon. La R. pour acheter quelques
difficulte de irouver des debris , » font bien mal-
Adjudicataires retarda 33 heuteufes, il eftvrai,
I'execution, qui ne corn- 33 mais e'eft un peu de
menca qu'au mois de fep- 33 leur faute. On a de*
tembre 1711 , & ne nit 33 couvert que des gens
achevee que 1'annee fui- 33 de la Cour venoient fe
vanre qu'on emploia la w d-ivertir avec elles , &c
poudre pour faire fauter » qu'ils y paffoient des
Jes murs de 1'Eglife. Les 33 huit jours de fuite ;
iBernardins de Paris ache- 33 qu'outre cela elles e-
terent l'aurel , laboiferic 33 toient d'une autre re-
«tu tour du fanftuaire 8c 33 ligion &c Senifles. Le
les ftales. Il ne fe com- Particulier, a'iant dit £
mit pas moins d'indecen- 1'Ouvrier , que e'eroie
ce , d'exces & de propha- peut-etre Moliniftes qu'il
nations dans cette der- vouloit dire; e'eji cela ,
aiere expedition que dans repliqua-t-il , je ne me
fes precederites. Les Ou- fouvenois pas bien du.
Triers inftruirs fans dome nom. Mem. hift. T. 7.
pa* ceva 0,111 ks meuoiem g. up.,
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III. PartiI. Liv. III. 55
puniiToit I'outrage fait a fes Saints. ijiz.
Non - feulement les perfonnes de
piece eclairees par la lumiere de la foi en jugerent ainii, mais a la Cour meme on en penfa de la forte. Ce fu- rent ces marques reiterees de la co- lere de Dieu qui firentdire a Mada- me la Duchefle douairiere d'Orleans ces paroles remarquables : On n'a point donni de coups a cette maijbn , dont nous n'a'ions fend le contre-coup. Avant meme la deftruction de P. R. xx.
Madame regardoit les malheurs qui t«ma">«ifs p. 1 arrives a la
arnvoient a la rrance comme unepu- Fiance , re
union de Tinjuftice qu'on faifoit aux f?ld" \ '* !• r »J T L- ' 11 ' x C0Ur memc
religieules. M. Lauthier etant alle a comme une
Verfailles le 9 juin 1709 , & l'aiant 0$Z£ vue en particulier pourquelques afFai- de p. r. res, lui parla de celles de ces reli- gieufes jfur quoi Madame lui dit(n):' " Ces pauvres filles croient peut-etre » que je fuis contre elles, parceque » je vais a P. R. de Paris; mais je " fuis tout-a-fait pour elles. Mada- » me de Grammont m'a dit tant de " chofes a leur fujet, que je fuis pe- s' netree de Pinjuftice qu'on leur fait^ » & je crois que tous les malheurs (til Lettre de Made- Prieure. M. S. in-^"^
moifelle de Joncoux du Part. i. p. 199. jc juin ijopii la mere „. B vj
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J(r HlSTOIRE DE PoRT-ROJAt;
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1712. " qui arrivent a la France, feme
» une punition de l'injuftice qu'on » leur fait «. Monfieur Lauthier lui aiant demande dans la fuite de la converfation , fi elle vouloit lire la letcre des religienfes : » Non , die « Madame, cela m'attendriroit trop j> & me perceroit le coeur: je ne pour- » rois pent - etre m'empecher de le jj dire au Roi, & il ne le trouveroit » pas bon j mais vous m'obligerez de » leur faire favoir , fans trop me com- » promettre , que je mis fort touchee " de leur etat, & que je fuis entiere- » ment pour elles". x T Les malheurs dont la France fut ac- Maiiieurs cablee depuis la derniere perfecution
4epdsFru"oCnde P- R" °nt "^ deS V°iX fenfiDlesr
eat jure la par lefquelles Dieu a parle. » Tout
pette de p.r. u je monde , dit un Anonyme dans-
» une lettre a M. de Noailles que
« nous avons deja citee , & qui me-
» rite d'etre encore rappellee ici, eft
« frappe de ce que depuis qu'on a
m jure la perte de P. R. if n'y a,
w plus que deconcertement dans nos
» Confeils , que lachete dans nos Ge-
*> neraux, que foiblelTedans nosTrou-
» pes , que defaites dans nos batail-
» les, de forte qu'il paroit que Dieu
» nous a rejettes, & qu'il ne jnarche
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III. Par tie. Liv. III. ?7
* "plus a la tete de nos armees autre- » fois fi redoutees 8c toujours vi&o- » fieufes jufqu'd la refolution prife » pour la ruine de cette maifon «. Qu'on jette les yeux fur les dernieres annees de Louis XIV \ qu'on parcoure les evenemens qui ont precede le def- fein de detruire P. R., & qu'on les compare avec ceux qui ont fuivi ce funefte deflein , & Ton verra que c'eft la 1'epoque de la fin des beaux jours de ce Prince fi glorieux jufqu'alors. Oui, nous pouvons le dire , depuis la perfecution faite a P. R., les armees Francoifes autrefois victorienfes ont ete vaincues & mifes en fuite par des ennemis qui auparavant ne pouvoient foutenir leurs regards (2.3). Romanus exercitus _, victor orbis & dominus 3 ab his vincitur y hospavet, horum terretur afpeclu , qui ingredi non valtnt ? qui fi terrain tetigerint ,fe mortuos arbitran- tur. Ne cherchons pas ailleurs que dans la perfecution des epoufes de Jefus-Chrift la caufe de la defaitc de nos armees & la prife de nos villes, Reconnoiflbns avec faint Jerome, & ne1 faifons pas difficulte de dire ce que difoit autrefois ce Pere; nos en- nemis font viftorieux & nos armees iH) Hisr, ad Heliod. de moite Nej>ot. |
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% *
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£§ HlSTOIRE DE PoRT-ROtAt;
font defaites, parceque Dieu a; voultff
punk nos peches -. Nojlris peccatis , Barbari fortes funt i nojlris vitiis Ro~ manus fuperatur exercitus. Voila la fource du courage & de la force de l'Allemand 8c de l'Anglois , voila la caufe de la foibleffe du Francois. Cell la ce qui a rendu le premier vi&o- rieux a Hofchtec, a Ramilly , a. Mal- plaquet,&c. Voila ce qui leur a cu- vert les porres de Tournay, de Lille , de Mons, de Douai & de tant d'au- tres villes. La prife de P. R. par M. d'Argenfon a plus fait perdre de ba- tailles & de villes aux Francois , qu'il n'y avoit de religieufes dans ce faint monaftere. En un mot , on peut dire qu'on a vii dans les evenemens arri- ves depuis la persecution deP. R. l'ac- compliifement de cet otacle du Saint Efprit: Kuina eft homini devorare fanc- tos [Proverb, to 15 }. Oui, fi nous voulons decouvrir la veritable caufe des malheurs qui accablerent alors la France, ne la cherchons pas ailleurs que dans la perfecution fake a P. R, Les Rois de la terre 3 dit Jeremie apres avoir fait une vive peinture des mal- heurs de Jerufalem , n'auroient jamais cru que les ennemis de cette ville & eeux qui la ha'iffbient j dujjent entrer |
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III. Par tie. Liv. lit $9
parfes pones (14). Cela eft arrive_, -iyiz,
ajoute le faint Prophete , k caufe des peches de fes (faux) Prophetes } & a caufe des iniquites de fes Pretres qui oni repandu au milieu d'elle le fang desjuf- tes ; c'eft-a-dire, des mauvais Pretres, qui abufoient de leur pouvoir pour perfecutercruellementles juftes, com- me on le vit en la perfonne meme de Jeremie. La vengeance divine a eclate, (qu'il x-jht.
foit permis de le dire) d'une maniere divine a'Su* encore plus terrible fur celui qui a c« f«r cu- dt ij i 1 / • r ' merit XT.
onne 1 ordre pour demure ce laint
lieu , & qui l'a traite de nid de I'er-
reur. Car peut-on regarder autrement que comme un jugemenr terrible de Dieufur Clement XI , d'avoir etc abandonne jufqu'a donner une Bulle qui frappe d'anatliemes 101 verites ,, qui font proprement l'ame de la Re- ligion chretienne ; Bulle qui a rnis le feu dans 1'Eglife de France, le fchifme dans 1'Epifcopat, le trouble dans les confcienceSjla divifion dans les Eglifes voifines , dans les Communautes ec- (14) Non crediderunt P'rophetarurn ejus & ini--
Reges terra 8c univerfi quitatesSucerdotum ejus,
habitatores orbis , quo- qui effuderunt in medio
niam ingrcderetur hoftis ejus fanguinem Juftorum.,
& iniinicus perponas Je- Lam. Jer. c. 4. yerf. Vf
lufafcm, Propter peccata &i}' /
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%6 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt^!
"471.2. clefiaftiques &c religieufes, St memd
dans les families; & qui enfin a caufe tant d'autres maux infinis, lefquels en annoncent encore de plus grands, & donnent jufte fujet aux ames chre- tiennes de craindre que Dieu ne nous enleve le flambeau de la foi pour l& porrer chez d'autres nations. La vengeance divine a encore ecla->
Sutl'Abefle tc en plufieurs autres manieres fur JJfe it les perfecuteurs de Port-Roial : i°.
n.ae Paris, fur Madame de Chateau-Renaud,
qui mourut fans Sacremens le vingt- cinq aour 1710 d'une mortaiTez fu- bite , n'aiant pas joui un an entier du fruit de fon ufurpation (15). 2=. Elle aeclatefur 1'Abba'iedeP. R. de Paris, dont le temporel fut encore dans un plus grand derangement de- puis la deftrucHon de Port-Roial des Champs qu'il ne l'etoit auparavanr. sut m. le 3". EUe a eclate fur M. le Cardinal jwilies. de Noailles , qui eut le deplaifir de
perdre pour toujours les bonnes gra- ces du Roi, dans l'efprit duquel les Jefuites le firent palter pour Janfe- nifte; & c'eft avec raifon que des per- fonnes de diftinction ont dit a ceCar- •, dinal, parlant a Son Eminence desde- (if)' Voi'ez ce qui eft la derniere perfecution j
die fur fa mort, hift. de T. 5. p. 46, |
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III. Partii. Liv. III. 41
boirs qu'elle eiTui'oit, que citoient les pierres de P. R. qui retomboient fur fa tete. 4Q. Enfin die a eclatefur les Je- fujtes eux-memes qui n'ont jamais ere plus humilies, ni mieux demafques que depuis la deftru&ion de P. R. , done on pent dire avecplus de fonde- ment encore que de M. de Noailles , que les pierres retombenr fur leurs tetes j & il faut efperer qu'elles y tomberont jufqu'a ce qu'elles les aient enfin ecrafes, ou que Dieu par un, ejfet'de fa mifericorde, & decette grace route puiflante dont ils font les ennemis, eclaire leur efprit & tou- che leurs cceurs rebelles , pour leur faire connoitre & aimer la verite qu'ils combattent. Jamais , dis-je,les Jefuites n'ont ete plus humilies , ni mieux demafques que depuis la def- trudion de P. R. Ce fut le 15 feptem- bre 1710 que Clement XI les con- vainquit a la face de toute la terre , d'etre des fauteurs obftines de l'ido- latrie de la Chine, puifque cefut ce jour-la qu'il condamna derechef les fuperftitions Chihoifes. Ce fut le 14 odbobre de l'annee fuivante 1711 qu'il prononca en pleinConfiftoire un dif- cours a la louange de M. le Cardinal de Tournon mort a Macao dans un» |
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41 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt,
prifon , on il etoit depuis cinq an§
fous la garde des Jefuites. Ce fut apres la deftru&iort de P. R. que les Jefui- tes furent couverts de confufion & convaincus a la face de l'Univers par Meffieurs des Miffions etrangeres * d'autorifer l'idolatrie Chinoife, &de le faire avec une opiniatrete invin- cible , rtialgre les decrees du fouve-' rain Pontife. Ceft ce qui eft demoh- rre dans la deuxiene lettre de MM. des Miffions du 10 fevrier 1710 8c dans Ieurs derniers Memoires publies en 171 o & 1711. Nous pourrions encore rapporter
ici les malheurs arrives dans la famille de 1'Architect (2 6) qui avoit entre- pris la demolition de P. R. , la mort malheureufe de plufieurs des ouvriers qui travaillerent a cette demolition , Sc une infinite de circonftances qui etoient autant de voix par lefquelles Dieu fe faifoit entendre aux hommes. Mais au lieu d'entendre des voix fi eclatantes , & de reconnoitre le doigt d'un Dieu qui venge le fang inno- cent , les perfecuteurs de P. R. de- meurerent dans leur endurcifTement. Tandis qu'ils faifoient renverfer le
monaftere d'oii ils avoient arrache d& .**U«) Vo'iez les Mem. hift, T. 7. p. iy, & fuiv,
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III. Parti?. Liv. III. 4?
faintes religieufes , 8c qu'ils detrui- 1-711,
foient le fan&uaire ou ces vierges chretiennes chantoient jour & nuit les louanges du Seigneur , ces impla- cables ennemis travailloient encore d'un autre core a ruiner l'amour de la verite & de la fincerite- dans le cceur de ces pauvres filles difperfees. Au lieu de les laifler au moins tnourir tranquillemenr dans les prifons oi\ ils les avoient fair enfermer, ils em- ploi'oient coutes fortes de moiens pour les feduire. Les Eveques des Diocefes 8c les x*m'
Superieures des monafteres ou elles f,,j/aux"'ei£ etoientreleguees, entrant dans les vues gieufei a«>rt» des cruels periecuteurs de ces lain-fi0n pout let tes filles, les tourmentoient pour leur c"ce c£ntt* - arracher une miferable fignature; & les traitoient avec la plus grande ri~ giteur, les privant des Sacremens, Se- les menacant de les en priver a la mort. Dans cet etat affreux , elles n'a- voient pas la confolation qu'on ne re- fufe pas meme aux plus grands fcele- rats dans les cachots , ou ils out la liberte de voir les perfonnes charita- bles qui les vifitent. Elles nevoioient foit en fante foit en maladie , que des fedu&eurs & des fedudtrices , qui par toutes fortes de moiens tachoient da |
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I
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44 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt;
1712. les abbattre. Qu'on juge par un tel
etat du cas qu'il faut faire des figna-
tures arrachees a de pauvres hlles
captives & quelquefois mourantes,
par des Eveques, des Grands-Vicaires,
des Dire&eurs , des Superieurs , qui
tantot les traitoient de rebelles a l'E-
glife,d'excommuniees, & leur crioient
aux oreiiles qu'elles etoientdamnees;
tantot parune tendreffe inconnue aux
vrais pafteurs , mais propre aux ftduc-
teiirs, les exhortoient a figner en vou-
lant bien prendre fur leur compte le
peche qu'il pouvoit y avoir dans leur
fignature (27).
xxiv. Lorfqu'une fois ils avoient arrache
M01 ns em- par menaces par artifices & par
plows poutr •• / 1 1 1 1 r v
[« fidwre. d autres moiens lemblables, une iigna-
rure a quelqu'une de ces pauvres pri-
fonnieres, c'etoit un triomphe pour ces fedudteurs. Ils propofoienta cel- les qui demeuroient encore fermes, l'exemple de cedes qu'ils avoient en- gagers dans leurs filets; ils dreffbient (17) La foeur Annede 33 fieurs vifites. La pre-
Saince Marine exilee a S. 33 miere me fut un pen
Julien d'Amiens, raconte 33 fenfible , atcendu qu'it
ainfi de quelle maniere 3) me brufqua pour me
elle fe laiifa aller a figner 33 faire Uglier le Formu-
le Formulaire. 33 Monfei- 33 laire , ce que j'ai fait
53 gneur, notre tres di- 33 en le chargeant, aulji
53 gne Prelat (M. Saba- 33 bien que le Confejpur
» rhier) m'a fait l'lion- 33 de la malfon , de mort
S> neur de me rendre plu- » falut devant Dieu*
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111. P A R T I E. L'lV. III. 45
ties proces verbaux a leur fa§on , ou
ils inferoient tout ce qu'ils jugeoient a proposes). Apres quecet acle etoit figne , on faifoit encore figner une lettre pour M. de Noailles , par la- quelle la religieufe feduite annon- <pit a Son Eminence fa foumiffion , en Iui demandant pardon de fa pre- tendue defobeiffance, & priant qu'on lui accordat la participation des Sa- cremens. L'Eveque , ou le Grand- Vicaire qui avoit rec,u la fignature , fe faifoit un merite & un honneur d'ecrire a M. le Cardinal pour lui an- noncer la conversion operee par fon miniftere. Si M. le Cardinal etoit con- tent des pieces , la religieufe etoit re- tablie dans la participation des Sacre- mens ; mais elle ne recouvroit pas pour cela la liberte , enforte qu'on ne pouvoit favoir d'elleaujufte ce qu'elle avoit figne, & a quoi elle s'etoit en-' gagee ; fi c'etoit a la creance du fait ou feulement a celle du droit; fi la (18) Les Jefuires ne fous le titre de Re'ponfe
demeuroienf point oififs d'unc Religieufe de fain?
pendant ce terns , ils Julien d'JZmiens a Vj4b~
jouoient leur perfonnage bejji de P. R. de Paris.
& ecrivoient des lectves. On trouve dans cetre let-
te Pete Lallemand entre tre tout ce qu'on peut at-
autres en ecrivic une fur tendre d'un Ecrivain de
la ptetendue fignature de cetre robe , qui ne reuflit
la freur Anne de Sainte jamais a fe cachef.
Cccjle cle Boisceivoife, |
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46 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt.
creance du fait, en cas qu'on Feut exi-
gee , etoit une creance divine ou hu- maine. Voila en general quelle fut la conduite que Ton tint a. l'egard des religieufes de P. R. pour les engager a iigner. II y en eut deux que rien ne put abbattre ; la mere Prieure 8c la foBur Gertrude du Valois, qui par leur foi triompherent de tous les efforts des perfecuteurs. Les autres fe rendi- rent, fi Ton en croit ces perfecuteurs de vierges chretiennes, qui non con- tens d'avoir mis en ceuvre pour les feduire, tout ce que 1'efpHtd'erreur eft capable d'infpirer, emploierent encore toutes les rufes & les artifices du men- fonge, pour tromper le public & lui perniader que ces religieufes captives avoient figne. Mais quelle foi meri- tent de tels temoins ? Les lettres , les a£fces, les certificats qu'ils ont pro- duits , depofent contre eux - memes , rant par les cara&eres de fuppofition qu'ils portent, que par les fauiTetes &: les contradictions qu'ils renfer- ment(ts>). (19I VoVez l'ouvrage ces par des remarquesge-
<jue M. Fouillou , alors nerales fur les fignatures;
retire en Hollande, pu- mais perfonne n'a mieux
blia en 1711 fous le litre reufli a devoiler tout le
d'Avenijjimcnt , ou il fi myiteie d'iniquite , fk &
voir 1'illuiion de ces pie- uie;ite le vrai dans tout
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III. P ARTIE. Lh. III. 47
• Pour groffir la lifte des fignatures ,
on eut loin de faire ligner les con- venes _ quoiqu'elles n'euffent aucune connoiflance de toutes ces affaires. M. de Noailles ne les avoit point com- piles pour ce fujet dans l'interdit des religieufes du chceur; leur igno- rance a cet egard eft meme atteftee par des ades publics. La Superieure de la Congregation de Compiegne ou la four Aurelie Noifeux converfe etoit exilee , parle ainfi de cette re- ligieufe dans la lettre qu'elle ecrivit pour certifier fa foumiffion. Ceft une bonne file qui n'efi jamais entree dans tout ce qui s'efi fait a P. R. Elle en etoit fipeu inftruite que tout ce qu'elle enpouvoit dire 3:d'eft qu'elle avoit vil depuis peu bien du mouvement dans leur maifon......Elle ne fait pas feu-
lenient de quoi il s'agit: Les autres con-
verfesn'etoientpas plus inftruites que' la four, Aurelie, parcequ'on les ele- vqit a; P. R. dans une grande fimpli- cite. Quelle matiere de triornphe pour ' des i Grands-Vicaires , des Eveques, & nit-me pour un Cardinal, que d'a- voir fait figner le Formulaire & la £>n jour quel'Autejir de* a. faites de chaquefigna-
Memoircs hiftoriques, par ture en particulier & d« '"ailcuffionsexactesciu'ii focirconftances. |
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48 HlSTOIRE DE PoRT^ROlAt.
Bulle, Vineanij a des fours conver-
fes! Egregiam verb laudem & Jpolia. ampla refenis! Doit - on rire ou ge- mir de voir des Eveques s'applaudir d'une telle vidtoire ? Apres tout, une telle vi&oire etoit la feule a laquelle ils puflent pretendre. Elle eft digne des Sabatiers , des Merinvilles, des Cha- millards , des Biffis , & proportionnee aux lumieres de ces Prelats. Nous avons vix Penlevement des
religieufes de P. R. des Champs , 8c le renverfement de leur fainte mai- fon. Nous avons vu conduire ces pau- vres filles dans des terres etrangeres pour y etre reduites en fervitude; & nous avons meme deja rapporte en general de quelle maniere on les a trai- tees pour les engager a figner. Suivons encore ces vicnmes de la fincerite chretienne comme nous nous y fom- mes engages , & entrons dans le de- tail des epreuyes par lefquelles la di- vine Providence permit qu'elles paf- faffent apres leur difperfion , &.dans l'examen de chaque ngnature eh par- ticulier. Nous ne repeterons point ici ce qui a ete dit ailleurs de trois an- ciennes , favoir , la fceur Anne de Sainte-Ceeile de Boifcervoife, morte agee de quarte-vingt-un ans, le 7 no- vembre
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III. P A R T I E. LlV. III. 49
vembre 1709 j la four de Sainte Eu- "TtTTT""
phrofie Robert, morte au mois d'avril 1711, agee de qnatre-vingt-iix ans ; la four Anne de Sainte Appolline le Juge , morte le premier juin 1710 , agee de foixante-douze ans. 11 en ref- toit encore douze, dont deux, la mere Prieure & la four de Sainte-Gertrude refuferent conftamment de figner. A l'cgard des autres , leur fignature fera toujours regardee comme tres fufpecle par toute perfonne equitable & de bon fens. On en jugera par l'examen que nous allons en faire. La four Marie de Sainte-Anne xxv- ,
-~, • 1 ' J j Examen de
Couturier reieguee dans un des cou- ia fignature
vents des Urfulines de Nevers iignade la fceuc 1 • • o x >r t» 1 / Couturier.
le 4 janvier 1710 j & M. oargede
Eveque de Nevers ecrivit le 7 du me- me mois a M. de Noailles pour lui annoncer la parfaite & entiere conver- Jion de cette religieufe. Elle n'ecrivit point a M. de Noailles: » Je ne pou- ' » vois pas , ce me femble , dit- » elle (30) , allier la croiance 011 nous » etions d'avoir fuivi le fentiment » de notre propre confcience en dif- » ferant de figner , avec celui de de- (30) Troifieme Lettrea niere perfecution, T. 3,"
Mademoifclle de Jon- p. 54. coux , hiftoire de la der- Tome X. C
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50 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAL.
» mander pardon «. Apres fa figna-
ture on lui fit figner une lettre a fes fceurs poiu* les exhorter a faire la meme chofe. On lui fait dire dans cette lettre, qu'ilya long-tems qu'elle auroit fait Jon devoir _, Ji on lui eut ex~ plique les chofes comrne on a fait. Ces paroles trahiflent les perfecuteurs & ieducleurs de cette vierge chretien- ne. Car enfin ii c'eft la maniere done on lui a explique la chafes, qui l'a engagee a figner & a confentir a ce qu'elle avoit refufe , cette explication du Formulaire etoit done difterente de celle qu'on lui avoit donnee juf- qu'alors. On lui fit done entendre que fa fignature ne tomboit que fur le droit, & non fur le fair. Mais ce n!eft point ici une conjecture \ e'eft un fait certain que nous apprenons de Ma- demoifelle de JoncouXj ii celebre par fon attachement a P. R. ($ i), ou plu- |
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t ; i ) Mademoifelle
Francoife Marguerite de Joncoux , n'tle de M. de Joncoux , Gentiihomnie d'Auvergne , d"une probi- ty & d'une vertu tres rare, & de Dame Gene- vieve Dodun, Tune des plus chreiiermes veuves de fon fiecle, fu$a lapi;- te avec le lait. Une fainte educaiion jointe a tuus |
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les talens naturels les plus
lieurcux, la firent regar- der comme un prodige dans un petit corps. Ells apprit parfairement le la* Ml dans le deiiein de nourrir fa piete par l'inT telligence de ce que I'E- glil'e chante dans fes offi- ces. Ceil a elle que Ton eft redtvab.'e de ia tra- duction des notes de W en- |
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III. Par tie. Liv. III. 51
toe que nous apprenons de cette re-
ligienfe elle - meme dans les lertres qu'elle ecrivit a cette Demoifelle , & que la prudence ne permettoit pas pourlors depublier, parcequ'on l'au- roit expofee a une nouvelle tentation, |
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1712.
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drok fur les Provinciates.
Des fes plus tendtes an- nees elle fut intimemenr lice avec P. R. & elle eut toujours pour cette fainte maifon , une tendreffe de mere. Elle ne cefla pen- dant route fa vie de t'endre aux religieufes, avec uii zele infatigable , tous les fervices qu'elle put. Lorfque la derniere perfecution commenca , el!e travailloit a la tra- duction des difquifitions de Paul Irenee , mais elle ahandonna ce deffein , pour ne plus penfer qu'd fe livrer route entiere au fervice des epoufes de Je- fus-Chrifl, qui lui furent redavables de leur fub- (iflaiice dans les demic- res annees ou tous leurs biens etoient faiils a la requete des religieufes de Paris. EUe trouva moi'en de connoitre par avance tousles coups qu'onvou- loit leur porter , 8c le fecret de les parer, tant qu'elles futent en Juflice reglee, en quoi elle fut conduite par les bo.ns con- (*) Vo'iez rhiftoire de
T. 5. p. 64, & les Mem. |
feils de M. le Barbier
d'Aucourr. Elle ne cefTa. de follicicer en leut fa- veur les Puiflances, les Magiltrats , M. d'Argen- fon , dont elle eroil fort connue , & M de Noail- les meme. Souvent eile padoit jufqu'a deux ou troisheures avec fon Emi- nence dans fen cabinet, pour plaider la caufe des religieufes de P.R. (* ). Apres leur difperfion, el- le chercha tous les moi'ens de rendre fervice a. ces , innocenres viftimes. Elle parvint meme a avoir un commerce de lettres avec plufieurs d'emre elles j ce qui lui fut fort utile pour decouvrir & pour faire connoitte a toute 1 Eglife les mauvaifes voies &c la mauvaife foi qu'on em- ploi'a pour arracher de ces pauvres religieufes de pre- tendues fignatutes & re- tractations. Ce fut elle qui engagea M. Fouillou a ecrire centre le recueil de ces prerendues fignatu- res publie par les Jefuites, & elle lui ffoumitde bons la derniere perfecntjon, hill. T. 7. p. 113, Sc i'uiv- C ij
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51 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAE.
& qu'on auroit commis des perfon-
nes qu'il falloit menager. Quoiqu'il foit dit dans le recueil des lignatures, que la four Couturier a 'figne le Formulaire & la Bulle, Mademq.ifelle de Joncoux ne craint point d'affurer, quelle n'a certainement fait ni Pun n't |
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memokes pour refuter
les impoftures de ce re- cueil , ce qu'il fit par un excellent ecrit, qui a pour titre , divertijfement fur les pretendues retraila- lions des religieufes de T. R. Lorfqu'elle eut lu un autre recueil publie par M. de Noailles , elle fut indignee d'y voir les memes impoflures que dans celui des Jefuites, Sc elle ecrivit encore a M. Fouillou pour Vengager a en refuter routes les abfur- dites & les faux raifonne- mens de la bonne maniere. Hie lui marquoit , que 3) la Providence avoir 3) permis qu'elle eut en- 3; core des preuves des 33 fauiletes avanccesdans 3> le recueil (publie par 33 M. de Noailles) « , c'etoit cinq lettres qu'elle avoir revues d'une de ces pauvres filles ( la fceur Marie de Sainte Anne Couturier ). Mademoi- selle de Joncoux s'appli- qua toujours a foulager les religieufes de P. R. dans rous let lieux de leur captivire, oil fa charite |
la fit p£netrer. Elle en
ufa de meme 3 l'egard de rous ceux qui foutftoient pour la meme) caufe. Ce fut dans ces faints exer- cices de charite qu'elle confomma fa courfr. Car apres s'etre donne mille mouvetuens pour faire rendre la liberie a ceux a qui leur amour pour la verite l'avoit fait perdre , & erant arrivee a cette fin fi defiree , an commencement de la Regence , apres la mort de Louis XIV , elle fut elle-meme delivree de la prifon de cette chair mor- relle , & paffa a la liberte bienheureufe des enfans de Dieu le 17 feptembre 1715 , a l'age de 47 ans, ( £tant nee a Paris le ij ottobre is«8 ), & fut en- terree a fainr Etienne du Mont fa Paroiffe. 11 fe- roit a fouhaiter qu'on donnat au Public la vie d'une Demoifelle (i ver- rueufe , qui n'a ete oc- cupee que de bonnes cru- vres, & qui feta a jamais le modele des pcrfonnes de fon fexe, qui aimeiir. |
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III. Partil L'iv. III. 53
Vautre (31) , mais qu elle figna feule- ijtii merit un papier qu'elle ecrivit elle-me- me , & qui contenoit ajfurement une difiinclion du fait & du droit bien nette & bien claire. Pour engager cette reli- gieufe a figner, on lui dit qu'on ri'ett demandoit pas davantage. Telle ecoit la fourberie & i'arur ^JJj,,
fice , dont on fe fervoit pour les fur- maaiere on prendre: c'eft ce qui doit ^prendreJ^gSSk quel jugement on doir porter de ces des %natu- pretendues fignarures , & quel cas on j£„j|!f r^£ en doit faire. Ecoutons la four Cou- pesSSes. turier ; elle nous inftruira elle-rheme, vstitablcment Jefus-Chrift ge & dans la verite , les
& fort Eglife. L'epitaphc vertus.de cettevierge chre-
fuivante dreflee a fa me- tienne.
moire , renferrae en abre- Sub hoc marmore quiefcit
Virgo nobilis Francifca Margarita de Joncoux,
Virginum in fsculo degen'ium decus ,
Prxftanti fagacique iagenio pra:dita ,
Tempore quo abundabat iniquitas ,
Non refriguit, fed etfetbuit ejus caritas.
Pro juftitia, & veritate agonifautibus ,
Fugitivis, captivis aut exulibus
Mira dexteritate admit,
Summa benignitate confuluit.
Sanftimonialium in extremis politaruro
Arnica fidelis, mater provida , ultrix impayida,
His atque aliis opcribus intenta ,
Supremum diem obiit,
V Kal. oft. an. M DCC XV , anat. XLVII.
t«*J tettre de Made- i7ie. hift. de la dern.
moifelle de Joncoux au perfec. T.;. p. 4.1. P- Quefnel, .7 ottobre C iij
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54 HlSTOlRE DE PoRT-ROlAt,
1712. Voici de quelle maniere elle tend
compte de fa iignature dans une let- tre a Mademoifelle de Joncoux (33): » on m'envoia quelque terns apres que
•» je fus arrivee ici le Confeileur des
« filles de la Vifitation de cette ville,
» qui avoit ete du tems dans la me-
" me difficulte que nous, qui fair tout
» ce qui s'eft pafTe fur les marieres
» dont il s'agit, & qui a meme vu
» tous les ecrits de parr & d'autre,
i» a ce qu'il m'a dit. Apres l'avoir
» enrretenu plufieurs fois, malgre que
■» je le priois forr de ne fe point don-
« ner la peine de venir fi fouvent inu-
» tilement', enfin un jour, apres m'a-
r» voir parle d'une grande Force fur
» la peine que je devois avoir d'etre
« feparee des Sacremens &c des prie-
« res de l'Eglife , & que je ne parti-
" cipois a rien , je fis beaucoup de
» reflexions fur tout cela. Mais au
" lieu de m'affoiblir, je me forrifiai
j> fi bien de plus en plus , que quand
" je le revis , je lui dis qu'apres avoir
« bien confidere tout ce qu'il m'avoit
0;) Let're a Made- la focur Couturier font
moifelle de Joncoux, hift. rapportees plus correfle-
de la dern. perlec. T. 3. ment pour le texte, &;
p. 60. Voi'ei fur-tout les plus exattement pour les
Mem. hift. T. 6. p. 474 dates.
& fuiy. ou les lettres de |
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III. Par tie. Liv. III. <,S
H dit, je concluois qu'il falloit plu- rU, " tot paffer pour feparee de l'Eglife i> aux yeux des hommes qu'aux yeux a de Dieu , en faifant une chofe a " l'exterieur qui ne fe rapportoit pas « a l'interieur ; que je n'etois nulle- » ment difpofee a faire un jugement, *> ni capable noil plus. II me repon- « dit a cela i on ne volis le demande » pas non plus s mats que vous voiis » foumettie^feulement a celui qu'afait » l'Eglife. Alors toutes mes difficultes » cefferent entierement. Jem'enallai » apres me jetter entre les mains dit » bon Dieu , lui demandant avec » inftance de ne rien faire en tout » cela centre ma conference , & qu'il » ne permit pas que j'euflTe jamais de » paix , fi je faifois une chofe que je » ne duffe pas faire. II ne me reve- » noit apres cela d'autre penfee que " celle que je ne pouvois pas refu- ' » fer cette foumiflion : je fignai trois » femaines apres. J'ai bien du regret » de n'avoir pas copie de notre figna- » ture, car elle eft bien differeme de » celle qui eft imprimie (3^4) j & j'ai (54) S^lon le proces » Formulaire dans l'ef-
verbal dreile par M de » frit & dans toute l'e-
Bargede , la fceur Coutu- ■» tendue que le demande
rier , affura ■» qu'elle 6- ■» notre faint Pere le Pa-
» toic prete a %uer le » pe Clement XI ,8c elle
C iiij
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5<J HlSTOIRE DE PoRT-ROlAE.
» fouvear dit que fi nos fceurs l'a-
» voient vue , elles n'auroient pas de » peine a la faire de meme ". Ce fut ainfi que la fceur Couturier
fe laiflfa engager a la fignature , mais a une fignature bien differente de cel- le qu'on publia enfuite fous fon nom. Cell ainfi 5 dis-je, qu'on trompoit ces pauvres filles; c'eft pour cela qu'on ne leur lailTbit point de copie de ce qu'elles avoient figne j & apres cela on faifoit pafler fous leurs noms des chofes auxquelles elles n'avoient ja- mais penfe , & qui ecoient non-feule- ment rontraires a leurs difpofitions interieilres , mais meme aux fignatu- 33 demanda pardon & gne fourberie , on Iui Eft
35 Dieu , au Roi , 8c a M. un formulaire qui n'etoir.
33 Ie Cardinal de Noail- point mauvais. ( Si toute-
33 les, du refus qu'elle ibis il peut y en avoir un
3> avoit fait de fe fou- qui ne le foit pas) , 8c
» mectre aux Conftitu- qu'on lui enfitfigner un
33 tions des Souverains autre. La furprife ou elta
33 Pontifes..... elle pria fut en voiant imprime Ie
33 ce Prelat de recevoir Formulaire qu'elle avoit
33 fa fignature, qu'elle a figne, eft une prcuve fen-
3) jure etre fincere , libre fible de ce que nous a-
33 8c volontaire , 8c fur le vancons. M. de Bargede
33 champ elle a figne le- ne manqua pas d'annon-
dk Formulaire«. Ce For- cer cette pretendue vic-
mulaire , qui eft joint au toire k M. de Pontchar-
proces verbal, eft epou- train , qui de fon cote fe
valuable, 8c par confe preffa d'en faite part aux
quent ne peut etre celui Eveques, comme il fai-
que la fceur Couturier foit dans routes les occa-
crur (igner. Ainfi il eft lions femblables.
vifible que par uue iufi- |
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III. Partie. Liv. lit 57
res qu'on leur avoir arrachees. C'eft 1712.
f)our cela encore qu'on ne vouloit pas
eur permettre de dire les raifons qui les avoient determinees a figner, dans les letrres qu'on leur faifoit ecrire , parceque ces raifons auroient decou- vert la fourberie & les arrifices done on s'etoit fervi pour les furprendre. Ecoutons encore fur ce fujet la freur
Couturier (35). » Je fouhaiterois , » dit-elle , pouvoir envoi'er la ligna- » ture que j'ai faite, mais il ne m'eft » pas permis de l'avoir,$a ete raon » Confefleur qui la drefla avec M. » l'Eveque, qui ne l'a jamais voulu » faire voir a la Cour. II en a faic » une , comme il a voulu apparent » ment, quand on la lui a demandee « pour nietrre dans cet ecrit (c'eft- ' » a-dire, dans le recueil des figna- » tures) comme font celles de nos » fcEiirs. La fceur Couturier ajoute : » mais ma fenfible douleur eft d'avoir » confenti , quoiqu'avec bien des » combats & des refiftances, a ecri- » re une lettre qu'on m'avoit com- » pofee pour routes nos fecurs. L'on » ne voulutpoint m'accorder ce que (jy) Lettre de la foeur la derniere perfecutioa,
Couturier a Mademoifelle T. 3. p. 49- de Joncoiu , hiftoire de Cv
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5 8 Histoire de Port-roiAl.
jyi2> " je fouhaitois ,qui etoit deleur dire
» {implement comme Ton m'avoit » perfuadee de me foumettre , &c » qu'on m'afTuroit que ce que j'avois » fait, etoit moins fort que ce qui » etoit dans la declaration de M. de » Peiefixe. C'eft pourquoi, ce queje " mandois a nos Jceurs ne saccordoit » ras a ce que j'av oh fait, ce qui m'a « donne un regret mortel, & ce que » Ton a fait me donne fujet de le " reflentir de plus en plus«. xxvii. On decouvre dans ces paroles tout on's'di re°r"i le myftere des fignatures pretendues j pour fun-ren- & l'artifice qu'on emploioit pour les tu?e dc^di arracher , c'etoit de donner aux reli- gieufes dif- gieufes une nouvelle explication du Formulaire, de le prefenter fous une autre face, en leur faifant croire qu'on leur demandoit moins que ce qui etoit dans la declaration de M. de Perefixe, & qu'on ne les engageoit point a la creance du fait. Maisapres leur avoir furpris la fignature par cet artifice , on ne vouloit pas leur per- mettre dedire les raifons par lefquel- les on les avoit perfuadees de fe fou- mettre. Pourquoi faire un myftere de ces raifons ? Pourquoi les cacher, fi elles etoient bonnes ? Vit - on jamais rien de fi fingulier que de faire ecrire |
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HI. P a r t i e. Liy. III. 55;
tine lettre a une religieufe pour ex- ~\-jTt.
horter fes fours a fe loumettre , & a faire la meme demarche qu'elle a faire, & de ne lui pas permertre de dire les raifons qui Vont perfuadee de faire certe demarche, & de fe fou- metrre ? En faur-il davanrage pour devoiler la mauvaife foi, avec la~ quelle on agilloit a l'egard des reli- gieufes de P. R. des Champs pour Ieur arracher des fignatures ? C'eft pourquoi lorfque ces pau-
vres filles virent dans le recueil de; leurs fignarures que les Jefuires pu- blierenr, la tournure qu'on donnoit aux demarches qu'on les avoit enga- gers de faire, & les confluences- qu'on en tiroir, en leur attribuant des chofes auxquelles elles n'avoient jamais penfe , elles furentpenetrees de la plus vive douleur, & dans une furprife qui ne peut s'exprimer. » Voi'ant les chofes, dit la fceur xxvrrr.
« Couturier (3^ fur ce que l'on dosuSf* » nous fait connoitre de routes les teat coum- " conjedures que Ton tire de tout ^"qu'on'lui " ce que nous avons fair, je ne puis avoit fait fi- -> me confoler de la lettre que j'ai «^ft& " ecrite , & que Ton m'avoit com-par les jefui-
i tes,
U*) lettre a Made- de la dern. perfec, T. *. moiicilc Joncoux , hill. p. jj, jz. C vj
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60 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAI.'
~"~ » pofee pour nos foeurs j mais encore
» plus de celle de M. l'Eveque de .« Nevers , que je ne puis pas dire » que je ne l'aie pas faite , dont je » fuis dans une furprife terrible d'a- » voir exprime des fentimens fi con- « traires a mesveritablesdifpofitions, « comme je l'ai remarque dans ce » que j'aiectit; & ce qui m'eft arri- » ve en a bien donne des preuves ici, « car j'ai ere tellement renverfee " apres avoir vu cette lettre dans « l'imprime, &c qu'effe&ivement le " fens qu'on y donnoit, paroirTbit » etre celui que j'avois eu, que je » fus une journee fi etourdie, que m je ne pouvois marcher. Car Ton » m'avoit dit ce que Ton en difoit, » & j'avois repondu qu'il n'etoit » pas poffible que j'eufTe ecrit des » chofes (i eloigners de ce qui etoit » dans mon coeur «. Le meme jour la fceur Couturier aunt rencontre la religieufe qui la gar doit avant qu'elle eut figne, elle lui dit qu'elle etoit bien etonnee comment elle trouvoit fa fignature dans cet ecrit, que ft elle 1'avoit fait ainfi , elle la vouloit retrafter , & qu'il n'y avoit qu'a le . dire a M. l'Eveque de Nevers. Dans une autre lettre a Mademoifelle de |
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III. P A R T 1 E. LlV. HI- 61_______n
Joncoux, du 12 decembre 1710 » l71**
la four Couturier temoigne la dou- leur qu'elle a de la lettre qu'on l'avoit forcee d'ecrire a fes fours, & dit que fi elle avoit prevu ce qu'il lui en a coute depuis , jamais elle ne l'au- roit fair. Puis parlant du recueil des fignatures , qu'elle qualifie de libelie, elle dit qu'on eft fort etonne dans l'en- droitmeme oii elle eft, de ce qu'on y dit d'elle, parceque les religieufes/oret timoins que cela n'efl point veritable j elles ne fauroient s'en taire , ajoute la four Couturier, & le difent^ mime tout hautement au parloir. Qu'on juge parte de la bonne foi, qui regne dans ler ecueil des pretendues fignatures des religieufes de Port-Roial , & du fond qu'on doit faire fur un tel ecrit. On en jugera encore mieux par ce x»* ^
que la four Couturier ecnvit a ce la fa,ur Coa. fujet (37). »J'aiunefenfible doulsur, «f«« j™,™ » dit-elle, d'un ecrit qui court, oil ^-oniuifait » Von nous fait dire bien des chafes &£*"» * » que nous n'avons point dites 3 & » parriculierement d'une lettre qu'on *> m'a forcee d'ecrire a nos fours, » que 1'on m'avoit compofee, a quo i |
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(37) Ibid. p. 57.
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6t HlSTOIRE VE P'ORT-ROlAi,
» je me fuis rendue a mon grand re-
« gret aptes bien des combats, en » difam que j'av'oisplus de peine a le » faire dans ces termes que Ton me » prefcrivoif, qu'a fignerle Formu- » laire. Car Ton ne voulut point » accorder ce'que je demandoisavec » inftance , qui etoit de leur expli- » quer de moi-meme , comment Ton » m'avoit perfuadee que je pouvois » figner fans blefTer ma conicience j " que nous ne derogions point a la » declaration de M. de Perefixe, que » je n'avois ete non plus qu'elles fous » une autre obeiflance que celle de *> l'Eglife, ainliil n'etoit pas befoin » de les inviter a y rentrer. Je n'au- » rois jamais confenti a cette lettre „ » fi j'avois prevu ce qu'il m'en a cou- » te, & ce qu'il m'en coute prefen - » tement, voi'ant ce que je vois. Si » j'ai dit dans celle de M. PEveque , » que je foubaitois racheter le terns " perdu , ce n'eft pas que je n'aie cm » avoir toujours ete dans une bonne « voie; mais il eft vrai que je m'y 5' fuis tres mal expliquee j & certai- *> nement je n'avois point le deiTein » d'y mettre le fens qu'il paroit f. » avoir , car il feroit tout-a-fait a * condamner; & je fuis tres. facliee |
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III. Parti*. Uv. III. 6$_______
» de ne m'etre pas mieux expliquee, 1712.
» II me donne l'honneur de dire beau-
m coup de belles chofes auxquelles je
» n'ai pas penfe. Je n'ai point du tout
" regarde la communion que j'ai fai-
n te apres la (ignature, comme la pre-
» miere , ni n'ai point fait de confef-
» lion generale. Je n'ai point vu de'
» cierge. II feroir bien a fouhaiter'
» qu'on nous donnat a toutes la li~
» berte de dire en public ce que nous;
» penfons fur ce beau libelle. La pre-
» miere fois que je vis M. l'Eveque
» quelque terns apres avoir figne , il
» me dit qu'on etoit fort content de
» moi a la Cour fur tout ce qu'il avoit
» mande. Je lui repondis que je
» voiois bien qu'il m'avoit fait plus
» d'honneur qu'il ne m'en etoit du ,.
» en lui temoignant qu'il m'avoit •
» bien fait parler; & meme que je
» me regardois a l'egard de ce qu'on
* louoit en moi, comme une hypocri-
" te, puifque Ton admiroit ce qui
» n'en etoit pas. II auroit etc bien a
» fouhaiter qu'on m'eut laifTee dans
» le filence apres ma fignature , com-
» me je le denrois de tout mon cceur,
» fans m'avoir forcee a le rompre
« comme on a fait, & a mon grand
» regret -y & je crois etre bien obE-
|
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64 HlSTOmE DE PoR.T-R.01AI,.
1711. " gee de demander pardon k Dieu I
" a l'Eglife , & a nos foeurs, d'avoir » confenti a le rompre en la maniere >> que Ton me l'a fait faire, en don- » nant fujet de parler contre la ve- » rite & la charite, & a nos fceurs » une fenlible douleur. » Pour ce qui eft du catalogue ,
» dont on parle , nous ne favons du » tout ce que c'eft, ni, a ce que je » crois, pas une de celles qui font » vivanres. Je n'ai point vu nonplus » les oraifons a P. R. qu'on a mis » dans cet ecrit. II y avoit des ta- » bleaux en grande quantite & des « images de tous ceux que l'Eglife » honore & revere, & il n'y a rien » de plus faux que tout ce qui eft dit m fur cet article,auffibien qu'en beau- » coup d'autres. « J'ai ete bien furprife de ma fi-
» gnature comme elle y eft, tout- » a-fait autrement que celle que j'ai " faite, que Ton a apparemment chan- » gee , quand on l'a demandee pour » la faire imprimer avec les autres. " Car devant cela on ne me l'avoit » point envoi'ee : ce que j'aurois fou- « haite de tout mon cceur que Ton » eut fait, c'eft que 1'on n'y Chan- s' geat rien. Je vois bien que i'on. |
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III. Par tie. Liv. III. 6$
eft fache a prefent de ce que j'ai ijn, vu cet ecrit j mais il a ere prefque impoffible de me refufer de voir une chofe dont Ton parloit beau- coup dans Nevers, que les reli- gieufes apprenoient au parloir, &c dont elles me demandoient Impli- cation fur ce que Ton difoit qui etoir dedans. II y a plufieurs per- fonnes a qui il ne fera pas 1'effet > que l'Auteur s'eft propofe. II fem- ble qu'il eft bien etrange de dire des faufletes pour prouver qu'on ne foutient que la verire «. Tel eft le jusement que la foeur xxx. Anne Couturier porta du recueil tUner retrae- des fignatures ; routes les autres reli- K fa "PJ"0' r r J a „ c re, & dela-
gieuies en penierent de meme , & ieVoue l«f«h*
plaignirent qu'on leur avoit fait dire fjancjs JJ" beaucoup de chofes auxquelles elles v«s. n'avoient jamais penfe. Mais la fceur Couturier ne fe conrenra poinr de temoigner de vive voix & dans des lettres particulieres ce qu'elle penfoit de cet ecrit, elle fit le 16 Janvier 1711 une relation en forme de fa fignature, & un defaveu formel des fairs qui la concernoienr, & fur-rour de ceux que M. Bargedi avoir avances dans fa let- tre a M. de Ponrcharrrain. Nous al- lons les mettre fous les yeux du Lec- teur. ^ |
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66 MlSTOIRE DE PoRT-ftOlAt;
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1714.
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Lettre de M. de
Nevers a M. de Pontchartrairu f janv. 1710.
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Defaveu de lafaur
Couturier. ssjanv. 1711.
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vJUr les instances J~<E livre intitule,
feiterees que la foeur Recueil de pieces con- Marie-Anne le Cou- cernant les religieufes turier religieufe de de P. R. qui fe font V. R. , me faifoit de- foumifes i'l'Ega/i , puis quelque tems imprime a Paris dc pour lui permettre de rimprimerie ro'iale figner le Formulaire, en 17so, etant par- i'allai hier aux Urfu- venu jufqu'a moi. jc lines du Fauxbourg, Be puis m'empechcr & apres l'avoir encore de marquer la tres examinee & eonnu grande furprife ou je tout de nouveau, que luis de ce que Ton dit Dieu l'avovt touchde, de moi dans f article je lni pfefentai 1c qui me regarde. Bien Formulaire tel que Coin d'avcir figni a- j'ai l'honneur de vous vec une joie infinie , Fenvoier , & elle le & d'avoir protefleque Jigna avec une joie in- je navdis jamais run finie ,proteftant quel- fait plus librement & le n'avoit jamais rien plus volontairement, f.lit plus librement & eotnmeil e(lpone dans plus volontairement. ce recueil , j'aurois Enfuire je dreflai le fouhaite qu'on m'eiit proces-veibal qu'elle accordilesSacremens, figna ; apres quoi, fans m obliger afigncr. eomme elk me de- 11 n eft point vrainon mandaen grace de la plus que j'aie deman- tonduire a la commu- de en grace , d'etre naute des religieufes eonduhe a la commu- pour dctnander en leur nauti des religieufes „ |
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III. P ARTIE, LlV. III. 6f
pre1 fence pardon a pour demdnder pardon
Dieu , a VEglife, au en leur prifence a Roi, & a M.le Car- Dieu , au Roi &> a dinal de Noailles, de M. le Cardinal de fa defobeijfance, nous Noailles de ma difo- defcendimes a la falle beiffance , ni que j'aie avec elle. La elle fe condamne ma condui- mit a genoux , & dit te pajfee , comme il efl des chofes fort tou- pone par cette lettre. chances fur ce qu'elle venoit de faire , s'hu- miliant devant Dieu , condamnant fa con- duite paflee .... Elle fe retira dans // n'efl point vral
fa chambre , oil elle non plus que j'aie e-
icrivit , felon fon ge- crit felon mon genie ,
nit, une lettre a tou- la lettre quej'ai icrite
tis fes faun. a nos fimrt. Von me
I'avoit compofe'e , &
I'on m'a forcle dehur
e'crire malgri moi , &
dans laquelle on n'a
jamais voutu (oufFiir
que je marquafTe les
raifonsqui m'avoieiit
determinee a figner ,
&e.
Environ uii mois Enfin,il n'efl point
apres, elle fit une con- vrai que j'aie fait une
fejfion generate & confefpon generate,
eornmunia, aiant un que j'aie comtminiiun
cierge a la main ; a cierge a la main , que
la fin de la Mejfe on j'aie appelle cette c£--~
clianta le Te Deum , remonie ma premiere
& elle appella cette communion,
ceremonie , fa premie,.
re communion*
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68 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt.
II n'eft pas poffible de donrier mi
dementi puts net & plus formel que l'eft celui que la four Couturier don- ne a M. de Nevers fur tous les arti- cles de fa lettre. Cette religieufe aflu- re meme que toute la maifon peut rendre temoignage de la fauflete de ces faits. »Apres avoir nie tous ces faits3 » de lafaujfete dejquels toutes les re- » ligieufes de cette maifbn peuvent ren- » dre temoignage ( ce font les paroles >■> de la four Couturier) elle deman- » de pardon a Dieu , a TEglife, & a. » fes fours du fcandale qu'elle leur » a caufe par fa fignature , & par les » deux lettres qu'elle avoit ecrites, » Tune a M. de Nevers, l'autre a fes » fours «. A l'egard de fa fignature, elle dit qu'elle ne croioit nidlement en avoir figure arte telle qu'on Pa publiee ; puis elle ajoute ,je declare done de tout rnon exur que je la ritracle. Elle re- trade audi la lettre qu'on I'avoit for- cee d'ecrire a fes fours ; & meme celle qu'elle avoit d'elle-meme ecrite a M. de Nevers, parcequ'elle s'y eft mal expliquee. Je retracle done encore cette lettre , dit-elle, par rapport aux mau- vaisfens que Von peut donner aux ex- prejflons dontje me fuis fervie. Apres ces retractations , la four
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III. Parth. L'iv. III. 6$
Couturier continue ainfi: » voild ce 1712.
» que ]e me crois obligee en conf- ». ciencede declarer par cec a£te pour » etre un temoignage de mes verita- » bles fentimens , & des faufletes que ^ Ton a avancees dans ce recueil.....
" Je remets ma retractation entre les
» mains de mes amis , pour en faire " tout ce qu'ils jugeront a propos. " S'ils trouvent quelque moi'en pour » la faire favoir au public , je ne m'y » oppofe pas, ne fouhaitant en cela » que d'acccomplir la volonte de » Dieu, n'ofant pas moi-meme ex- " pofer ma foiblelFe, au moins pour « le prefent, apres les epreuves que » j'en ai faites «, Le Lecleur fera telle reflexion qu'il
jugera fur ce qui s'eft pafle a l'egard I de la fceur Couturier. La fincerite des religieufes de Port-roi'al, qui eft fi bien etablie, ne le laiflfera pas long- terns en fufpens fur le parti qu'il a • a prendre, en voiant d'une part des faits avances par M. de Bargede , 8c de Pautre ces memes fairs contredits & dementis par la fceur Couturier. II n'aura pas de peine a croire qu'un Prelat, qui eft parvenu a l'Epifcopat en faifant figner une demiffion a ion predecefleur qui croi'oit figner un de- |
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70 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAL.
miflbire , n'eft pas incapable d'a-
vancer des faits peu conformes a. la verite. D'ailleurs on fait de quoi un Jefuite (38) , qui lui fervoit de Secre- taire , & qui etoit fon homme de confiance, eft capable. Du refte, la fceur Couturier fut af-
fez bien traitee dans le lieu de fon exil, tk. elle s'en loue dans fa lettte du 1 z decembre 1710. » J'ailebon- « heur , dit-elle , d'etre dans une » maifon , oil toutes generalement » ont des bontes pour moi que je ne " puis exprimer. Mais , ajoute-t-el- « le (39) , peut-il y avoir une verita- » ble confolation pour de pauvres exi- " lees comme nous lefommes , qu'au « pie de la Croix , pour y repandre " nos cceurs penetres de tant de for- » tes d'afflidions, pour nous refu- jj gier dans les plaies d'un Dieu qui « ne les a ouvertes que pour nous y 3) recevoir. Mais je vous avoue que => ce n'eft pas fans craindre de n'en » etre pas digne , & d'etre rejettee „ comme une vierge folle , pendant » que nos fours qui font demeurees j> fermes, & que je n'eftime point » du tout qui foient hors de la fainte (58) LeP.Braflin. perfec. T. j*.p. ff, Mem,
(j«j Hift. de la (ton. hill. T, 6. p. 477.
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111. P A R T I E. LlV. III. 71
h Eglife, feront recues de 1'Epoux , 1712.
» auquel elles apprehendent rantde
w deplaire. Mais helas ! que peut-on
v faire autre chofe au milieu des epaif-
« fes tenebres 011 Ton vir aprelenr,
« que de fe jetter avec mi profond
« aneantifTement entre les bras de ce-
» lui qui promer qu'il n'abandonnera
" point ceux qui mettent toute leur
" confiance en lui ?
Les plaintes que la foeur Cou-
turier fit enfuite de vive voix & par lettres eontre les faufletes avan- cees dans ce Recueil de pieces , la ren- dirent fufpe&e , & refroidireht a Ton egard les reli'gieufes, quoiqu'elles fuf- fent perfuadees elles - memes de la juftice de fes plaintes. La prifonniere effu'ia de nouvelles attaques. M. de Nevers s'etant fait ecrire une lettre par M, de Pontchartrain, de la part du Roi , pour s'ailurer de fes fenti- mens , envoia le 17 novembre 1711 le fameux Pere Braffin lui en faire lecture. Le depute s'acquitta de fa commiflion, maisil ne put rien tirer d'elle, finon qu'elle etoit dans les fen- timens ou elle devoir etre, & dans lefquels elle avoir toujours ete. Sans vouloir entrer dans aucune difcuilion avec le Jefuite , elle fe contenta de |
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7* HlSTOIRE DE PoRT-Ro'lAL.
1711. lui dketjefuis & ferai roujours fdk
de VEglife. Un mois environ apres , aiant en occafion de voir le meme P. Braffin dans le terns qu'elle cherchoit tous les moiens de reparer la faute qu'elle avoit faite par fa fignature & fes deux lettres , elle lui dit » qu'elle » fe croioit obligee en confeience de » lui declarer fes veritables fenti- « mens plus clairement qu'elle n'a- » voit fait le jour qu'il les lui avoit » demandes ; qu'elle avoit bien eu du » regret de ne l'avoir pas fait alors; " mais que pour marque de fa fince- « rite , elle lui remettoit en main » l'acte qu'elle avoit fait auffi - tot » qu'on lui eut montre fa fignature =» telle qu'elle etoit. Je ne crois pas, « dit la fceur Couturier, parlant de » cette demarche , pouvoir trouver de 1 » medleurmo'ien que celui-la\\o) pour " m'acqmtter de mon devoir «. Depuis
ce terns elle fut plus reiTerree , & me- me privee des Sacremens, a ce que Ton croit. Elle eut une maladie dan- gereufe , dans laquelle on n'epargna rien pour la faire changer , mais elle triompha de tous les efforts du feduc- teur. Nous verrons dans la fuite cette religieufe transferee de Nevers dans (40) Lettce du ijih.tfll,
l'Abbai'e
|
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III. Partii. Liv. III. 1\
lAbbai'e de Malnoue (41), &y finit i71i, "" heureufement fa carriere dans unar- tachement inviolable a la verite. La foeur Marie Madeleine de Sain- xxxr.
te Cecile Berrrand, releguee a la Vifi- la aTnaxmc tation d'Amiens , figna le Formulaire <*e Ia fa:u* &la Bulle Vineam , leiy mars 1710, & elle ecrivir le mcme jour a M. de Noailles. L'Auteur de l'hiftoire abre- gee de la derniere perfecurion de P.R. parlanrde la fignarure de la Sr. Cecile Berrrand, dir (42) qu'onn'en marque poinr les morifs. Voici de quelle ma- niere elle raconte elle-meme la chofe dans une lettre a Mademoifelle de Joncoux , du 16 aour 1711. Apres avoir dir qu'elle avoit donne beaucoup de peines & de fatigues pendant cinq mois a M. d Amiens 3 qui riavoit rien ipargne pour la faire rendre a ■ Jon devoir 3 & qu'elle lui avoit tou- jours rejiftd, ne voulant point fe rendre a fes charitables exhortations t elle continue ainfi: » Enfin la fere de Pa- » que etant proche, Sa Grandeur me (41) L'Auteur des Me- qu'aTant ete transferee a
moires hiftoriques, T. 6. Malnoue aumoisdefep- p- 497 , nous apprend que tembre 171S , elle y pro- le nom de cetie religieufe tefta contre la violence fe trouve parmi ceux des qu'on lui avoit faite , &c IMulines de Nevers dans r£traQa ce en quoi elle uu afle d'acceptation de avoit pu avoir part. ia Bulle Uatgeuuut , & (41) T. 3. p. 19. Tome X. D
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74 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt.
» fit l'honneur de me venir voir , &
" de me donner la Bnlle de Sa Sain-
» tete , que j'avois deja lue plufieurs
" fois fans qu'elle me fit aucune im-
» predion; ll m'ordonna de la lire
« avec attention & de confiderer ce
" qu'elle demande , & les peines dont
» elle menace les perfonnes defobeif-
" fantes qui refufent de fe foumettre
» a l'Eglife. Je confiderai done de-
» vant Dieu toutes ces chofes, 8c le
» priai inftamment de me faire con-
» noitre fa fainte volonte , & ce qui
» etoit plus utile pour fa gloire &
» pour mon falux. Aiant pane quinze
» jours dans un combat qui ne fe
» peut exprimer, & voi'ant le pour
« & le contre de cette affaire , Sc
» l'impuifTance ou je fuis d'en favoir
» la verite par moi-meme, etant un
" livre latin auquel je n'entens rien 3
« j'ai cru etre obligee en confeience
« de me foumettre de bonne foi a
» ce que demandoit de moi la fainte
» Egiife ma mere, & de croire ce
" que me difent mes Superieurs ec-
» cleiiaftiques & legitimes , prefe-
» rant leurs lumieres & leur juge-
» ment a ce que je pouvois favoir.
« je me fuis foumife de bon cceur,
« etant dans une douleur extreme de
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III. P A R T I E. LlV. III. 75
•> ma longue refiftance, & du fcan- TZ
« dale que j'ai donne a l'Eglife. J'en « demande tres humblement pardon » a Dieu & a mes Superieurs. Voila, » Mademoifelle, ce qui s'eft pafTe » dans ce qui regarde ma fignature». On voit par cet expofe , que cette pauvre fille s'eft laiflee enrrainer a figner , fans aucune connoiflance dif- tindte , ni perfuafion certaine de ce qu'elle fignoit, &: Jans/avoir la veritd par elle - mime , comme elle le dit, mais feulement eblouie par des raifon- nemens. vagues de l'obeiiTance qu'elle devoir a l'Eglife & a (es Superieurs ecclefiaftiques. Nous ne repeterons pas ce que nous avons dit en tant d'endroits fur l'obeiiTance que les in- ferieurs doivent a l'Eglife fur la de- cifion des fairs , dans laquelle elle peut fe tromper j nous nous conten- tons de faire remarquer le motif qui porta cette religieufe captive a fe fou- mettre a ce qu'elle avoit refufe etant en liberte. Aufli l'eblouiiTement ne dura-t-il qu'autant qu'elle fut en cap- tivite ; & elle n'eut pas plutot recou- vre une demie liberte , qu'elle recon- nut la faufle demarche dans laquelle on l'avoit engagee , & qu'elle repara fa fame en retractant fa fignature. Drj
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7£ HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt.
Comme elie portoit toujours cette
retractation , elle tomba lift joiir de fa poche, dans le terns qu'elle etoit a P. R. de Paris, foit avec deflein , foit fans deiTein , & fut portee a Ma- dame de Montperoux Abbelfe de P. R. qui en fit tant de bruit, que la fceur Bertrand fut obligee de quitter cette maifon ou elle avoit etc- transferee en 1718 (43) ,& fut mife a Malnoue le 27 mars 1723. Pendant quatre ans |
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I71 *■•
.xxxir. Sa retract*
lion , fa molt. |
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(4;) Cette rcligieufe
tefufa en 1715 apres la mort de Louis XIV d'etre transferee comme la plii- part de fes fceurs, dans un monailcre ou cllesau- roit eu plus de liberte que dans celui de la Vifita- tion d'Amieus. Apres a- ■voir refufa cette tranfia- tion dans lc tems qu'elle lui avoit eti offerte , elle la demanda en 1717 , & euc lieaucoup de peine a 1'obtenir. Ce tie fut .'mime qu'a condition qu'elle en- treroit a P. R. de Paris, ou elle entra , dit-on, contre fon gre au com- mencement 2e juin 1718. y etant amenee pat les or- ires de M. le Cardinal de Noailles. Deux mois a- pres, comme c'etoit une fille de beaucoup de meri- te, on la fit niaitreffe des novices : mais elle ne le fut pas long-terns. Sa re- jraftation aiant ete ponce |
a Madame de Montpe-
roux , elle l'obligea de fortir. M. de Noaillcs voulut appaifer 1'AbbefTe, mais il ne put y reuffir. Tel fut le fujet de la for- tie de la fceur Bertrand 4e P. R. de Paris, felon l'Auteur de l'hiftoire de la dernieie perfccution, Au contraire, l'Auteur du recueil de pieces in-iz de 1740 marque cUns une note fur la xiv piece pa- ge 5 J 9 > que la fceur Ber- trand en fortit par le cre- dit de Madame la Prin- ceffe de Conti, qui etant ators en dirlerend avec fon mari, etoit releguee dans cette Abbaie. ia fceur Bertrand avoit-elle he- foin de credit, pour ob- tenir de fortir d'une mai- fon , d'ou l'Abbeffe la vouloit faite forrir, mcme malgre M. le Cardinal de Noailles > |
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111. Par tie. Liv. Hi- 77
qu'elle vecut dans cette derniereAb- 1712.
bate , elle edifia beaucoup par fa regularite, fon amour pour la pau- vrete, fa droirure , fa fimplicite , fon humilite , fori obeiifance , fa patien- ce , en un mot, par la pratique de routes les vertus chretiennes & reli- gieufes. Elle mourut a Mainoue le 25 decembre 1727 agee de foixante- neufans. Elle labia en mourant une odeur de vertu qui a fubfifte aufant que la maifon. Les vertus qu'on a le plus admirees en elle, etoient l'exac- titude aux obfervances religieufes &c l'amour de la pauvrete. Elle avoir tant d'eioignement du vice de propriete, que quoiqu'elle fut dans une maifon etrangere , elle vouloit tout avoir en commun, mettant exa&ement au de- pot tout ce qu'elle recevoit. La droi-. ture & la fimplicite faifoient encore fon caradtere particulier j elle y joi- gnoit une profonde humilite , voulant dans les moindres chofes dependre de TAbbeiTe & des uperieures de la mai- fon. La fceur Fran$oife de Sainte Aga- xxxin.
the le Juge ^xilee dans le monaftere i^Lt de la Vifitation de Chartres , figna le de la f^ur le * 3 avril 171 o. M. de Merinville Eve- Jugt" que de Chartres drelfa un proces ver- D iij
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________7^ HlSTOIRE DE PoR.T-R.OlAt.
j 71 z. bal de cette fignature , le fir figner par
plufieurs temoins, & L'envoia a M. de Noailles accompagne d'une lettre , dans laquelle il marqua a Son Emi- nence que c'etoit la quatrieme conver- Jion que Dieu venoit d'operer dans Jon Dioeefe. ( II parle ainfi parceque la fceur Robert & deux converfes exilees dans ion Dioeefe avoient dejafigne). Quelles converfions! Celle de la fceur Agathe le Juge ne fut pas perfeve- ranre, ou pour parler plus jufte, la fe- duftion ne fut pas de longue duree. Elle ne fut eblouie que quelques mo- rnens , comme elle le dir elle-meme dans uhe lettre du 8 feptembre 1710a Mademoifelle deJoncoux.Apeine eut- ellefigne, qu'elle fur penetree de dou- leur de fa faute \ & des le lendemain a4 avril elle la repara aurant qu'elle put par une retra&ation qu'elle drefla en forme d'amende honorable, done elle fit trois copies le memejour par la crainte d'etre pre venue par la mort. Elle en portoit roujours une fur elle ; les deux aurres furent remifes a des amis. Elle en drelTa une nouvelle plus deraillee le 18 mai fuivanr, elle fit- part de fes difpofitions a la fceur du , . Valois qui gemiflbit de fa chute, & la pria de lui drefler elle-meme une. |
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HI. Pa itie. Ik, III. fo _____
retractation en forme , ce qu'elle fit, \-jix,
8c la foeur le Juge la figna le 20 mai. Depuis le moment que Dieu lui eut fait connoitre fa faute, c'eft-adire, depuis le 24 avril, elle ne ceflfa de la pleurer , de faire pour la reparer tout ce qui dependoit d'elle, & de prefer qu'on rendit fa retractation puBlique. C'effc ce qu'on voit par toutes les let- ties qu'elle ecrivit depuis fa chu- te (44). La fceur Agathe le Juge fut transferee le 12 mai 1716 dans l'Ab- bai'e de Malnoue , Ordre de S. Be- noit Diocefe de Paris , oii elle fit pa- roitre beaucoup de piete^fur-tout une grande affiduite al'Office divin. Elle v eft morte agee de foixante-huit ans, le 10 juillet 1728. La fceur Madeleine de Sainte - Ide xxxiv.
le VavafTeur, envoiee d'abordchez les ^ig°^e' Urfulines de Nevers,transferee au mois vavafleur. d'avril 1710 chez les Filles de Sainte- Marie au Diocefe d'Autun , figna le 17 juillet 171 o , avec la declaration qui lui avoit ete fuggeree, dit-on, par le Pere Gerberon , favoir qu'elle fe foumettoit pqur rendre a l'Eglife la foumifllon que tous les vrais fide- 7(44) Vo'iezla chute, les des Mem. hift. p. jii,
leiraftations .8c les lcttres 54j. •wlafocut le juge, T. 6. D iiij
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8o HlSTOJRE DE PoR.T-R.OlAt.
les lui doivent. L'Abbe Languet, alors
Grand-Vicaire, devenu fi Fameux fur Is Siege de Soifions,&: depuis fur celui de Sens , par fes fophilmes, par le roman de Marie Alacoque , par fes declamations contre le grand precepte de l'amour de Dieu, &c. l'Abbe Lan- guet , dis-je , Grand-Vicaire & Offi- cial fe fit honneur dans le tems de la: chute de cette religieufe. II eft a propos de remarquer que le
Pere Gerberon bien loin d'engager la religieufe a la creance du fait, pre- tendoit l'exclure par la claufe qu'il lui avoit fuggeree, parceque l'Eglife n'etant point infaillible dans la deci- lion des faits non reveles , elle n'a pas droit d'en exiger, & n'en exige en effet point la creance , ni par fa decifion , ni par fes preceptes. II eft certain que le Pere Gerberon n'avoit pas d'autre fentiment (45), ni d'autre intention dans l'avis qu'il donna a la fceur Ide le Vavafleur qu'on avoit engagee a le confulter (46). Mais quelqu'intention <4f) Voi'ez l'avertifli- de Joncoux au P. Qucfnet
ment fur les retractations dans Thiftoire de la dern.
des religieufes de P. R. perfec. T. 3. p.41.
impiime en 1711, p. <o (46) Elle le confulta
&c fuivantes3 hiltoite de pat une lettre qui lui fue
la derniere perfecution, ponee par l'Abbe Bochard
T. 3. p. 35, & fuivantes. de Saron, Treforier de
lettre deMademoifelU: Vinceanss. Le MeiTaget
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HI. P a'r t i £. Liv. III. 81 _____
qu'eutle P. Gerberon , cela etoittrop 1712,
enveloppe pour que la fceur Ide le Va- vaffeur put compreridre le yrai. fens de Cet avis 5 d'ailleurs cette claufeetoit equivoque & irifuffifante. Si le P. Ger- beron avoir ere en pleine liberie , oil s'il avoit ecrit lui-meme, il eft a croi- re qu'il fe feroir exprime autremenr. Pour ce qui eft de la fceur Ide leVavaf- feur , elle crut que la decifion du P. Gerberon etoit que tous les fideles doivent la foumiffion de creance aux fairs decides par l'Eglife ; & que l'E- glife ai'ant decide le fair de Janfenius , elle etoit obligee de le croire. Elle figna dans cette perfuafion le 17 juil- let 171 o , & ecirivit le meme joUr a M. de Noailles une lerrre qui fiit en- voi'ee a fdn Eminence avec le proces verbal de la fignarure , qu'elle n'a- point retra&ee. Elle prit meme de telle forte l'efprit des Filles de la Vi- preta fa main pout la re- Triforier de Vincennes de
ponfe au Pcre Gerberon , ripondre. Ce Treforier en qu'une paralylie fur le repondanr au nom du Pere j"s. mett0't hors d'etat Gerberon , n'a c il pas pu »"re.J 8c peut-erre la le faire au gout de fes preta-t-il aux vues dsfes bons amis' Uafairpreu- aticieris confreres (les Je- ve de fon favoir faire pour fuites ) en tournant la les fervir; ainfi nous ne reponfe a fa fac,on. Car il Penfons pas que ce foup- paroit par les termes de <pn puiile etre regardS la lertre , que le P. Get- comme un jugemenr te- uton le chargea de la mciaire de notrc part. Mac : /, prierai Mt u D v
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M. HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt."
ijix. litation qu'elle vouluttoujours refter
chez elles , quoiqu'apres la mort de Louis XIV tomes les autres exilees profitaflent de la liberte , queues eu- rent de revenir dans t le Diocefe de Paris. II paroit neanmoiris par une lettre de fa fceur de Sainte - Ide (47) ecrite le 11 feptembre 1718 a Ma- demoifelle de Flefcelles fur la mort de la foeur Francoife- Agathe le Juge, qu'elle entretenoit toujours commer- ce de lettres &c confervoit de l'eftime &c de l'amitie pour fes foeurs refiden- tes a Malnoue. Elle mourut a Mou- lins agee d'environ quatre-vingt-cinq ans, le z 5 decembre 1735 > Fr a*n^ elle furvecut a. toutes fes fours (48). xxxv. La foeur Pepin qui etoit releguee u fignamre chez les religieufes de la Vifitation
ff .ia fccut d'Autun etant tombee daneereufe- ment malade de la petite verole, on fe fervit de cette occafion pour l'en- gager a figner. La petite vdrole 3 dit M. du Feu , ejl le mo'ien efficace dont il a plu a la divine mifericorde de fe fervir pour I'obliger afon devoir (49). Cette pauvre captive effra'iee de la me- nace que Ton lui fit de jetter, fitot {47) Hift. de Ia dern. hift. T. <S.p. 5S7, ?8f.
{•erfec. T. j.p.307. (49) Lettre de M. da (48) Voiez les Mem. feu, du }. de juin 1710.
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III. Partii." Liv. III. 83
qu'elle feroit morte , fon corps dans un jardin , fe foumir (50), & promit que fi elle revenoit en fanti elle don - neroir toutes les declarations qu'on defiroit;, &c qu'elle ecriroit a M. le Cardinal de Noailles. Sur cette pro- meflfe elle recut le S. Viatique. Lorf- qu'elle fut relevee de fa.maladie elle ecrivit a M. de Noailles une lettre afTez anibigiie, & dans laquelle elle ne s'humihoit pas afiTez au gre de fon Eminence. ( Effedtivement la lettre eft plutot une apologie de la fceur Pepin qu'un defaveu &c une foumiffion ). Elle y faifoit une peinture alTez vive |
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1712.
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le milieu du mois de juil-
lec : Elle efl depuis peu de jburs attaquee de la petite verole, dit le meme M. du Feu, dans une lettre a M. de Beaufort datee du 15 de juillet. Les pieces' produites par M. de Noail- les dans le recueil qu'il publia eu i7«l, cOntre- difent manifeilement cel- les du recueil Jefuitique : & rebus & verbis pugnan- tia inter fe pronuntiant, comme le difoit autrefois faint Irenee, lib. i. c, xi. n. X. D'pil viennent ces contradictions ? le Lec- teur le comprend aifemenc & en tirera les confequen- ccs. |
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(50) La premiere figna-
ture de la fosur Pepin eft du 1 de juin , felon la premiere lettre de M. du Feu Grand Vi;aire,datee du ; de juin. L'afte , par lequel elle fe foumet de cceur & de bouche a la Conflitution de Clement XI fur le cas de confcien- ce contre le Janfenifme, eft de meme date. Cell dans la premiere lettre du j de juin , produite dans le recueil des Jefui- tes, qu'il efl dit, que la petite verole efl le mo'ien dont Dieu s'eft fervi pour I'obliger a fin de- voir. Cependant la fceur Pepin ne fut attaquee de J* petite verole que vers |
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Dvj
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84 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAI."
des mauvais traitemens qu'elle avoir
efiiries, &c n'y marquoitpas beaucoup de foumiffion & de regret. C'eft pour- quoi M. de Noailles fit ecrire a M. du Feu Grand-Vicaire d'Autun qu'il n'etoit pas content, &c qu'il vouloit une autre foumiffion de la part de la fceur Pepin. Elle la fit le z 5 aout, en declarant que » pour ne laifler aucun » doute de fon obeiflance, elle fe fou- » mettoit de cceur & de bouche, fans jj aucune referve , ni reftri&ion , a la » Conftitution de Notre-Saint Pere « le Pape Clement XI fur le cas de » confcience contre le Janfenifme, " du 15 juillet 1705 , comnie auffi m au Mandement de Son Eminence w Monfeigneur le Cardinal de Noail- » les, Archeveque de Paris, fon Su- « perieur, pour la publication de la- m dite Conftitution ». La foBur Pepin ccrivit enfuite a Son Eminence une lettre datee du 18 aout 171 o pour lui temoigner qu'elle etoit fachee que fa premiere ne lui eut pas ete agreable , & de ce que fes paroles n'avoient pas bien exprime les fentimens de fon cceur. Elle ajouta que l'a&e joint a fa lettre y fuppleeroit. Le tout fut en- YOie a M. de Noailles par M.'duFen, |
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III. Partie. Liv. Ill 85 _____
& accompagne d'une petite lettre de 1711,
ce Grand-Vicaire (51). La fceur Pe- pin a retra&e depuis cette fignature, dont elle a gemi toute fa vie. Ses Pa- rens obtinrent en 1711 qu'elle flic transferee a Orleans a. caufe de fa fan- re. Elle y fut mife chez les religieu- fes de la Visitation , d'ou elle vint enfuite a Liefle, monaftere de l'Ordre de Saint Benoit faubourg de S. Ger- main a Paris. Elle y entra le 20 mai 1716, & y refta jufqu'au 3 fevrier 1719 que M. de Noailles la fit for- th de ce monaftere pour la mettre dans celui des Chanoinefles regulie- res de Picpus au fauxbourg Saint An- toine. Elle edifia beaucoup la com- munaute par fa vertu , fa prudence , & fur-tout par la patience avec la- quelle elle fouffrit, fans jamais fe plaindre , les douleurs d'un cancer ,' dont elle mourut le 25 fevrier 1720, agee de foixante - trois ans , apres a- voir recu les Sacremens avec beau- , coup de piete. On conferve a Picpus un gros ouvrage in 40. qu'elle a com- pofe fur les Pfeaumes : il eft divife en trois colomnes , dont la premiere contient le Texte , la feconde une (51) Voi'ez toutes ces letttes, T. i, des Menu
kift-F-54J>&fov. |
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8<? HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt.
"xjiz. Paraphrafe, & la troifieme fes Refle-
xions, xxxvi. ^a ^oeur Marie de Sainte-Catherine Examen de Iflali Celeriere exilee chez les Ur- deSfaurasTfulines de Meauxfigna le 10 aout raii&Benoi- 1710 j & deux jours apres la fceur (e' Celinie Benoife exilee chez les reli- gieufes de la Visitation de la meme
villefigna le Formulaire & la Bulle Vineam. Ni l'une ni l'autre n'ecrivit f»our lors a M. le Cardinal de Noail-
es. La premiere n'etoit pas en fitua- tion de le faire, etant malade. Ce fut ce qui occafionna fa fignature, n'aiant pu obtenir les Sacremens qu'a cette condition. Encore ne lui accorda-t-on d'abord qu'une demie confeflion , & non une confeflion entiere & en de- tail ,ni les autres Sacremens , parce- qu'on n'avoit pas la permiflion de M. le Cardinal. M. Chevalier Grand- Vicaire de Meaux , & depuis Chanoi- ne de Notre-Dame de Paris, qui a- voit recu les fignatures des deux re- ligieufes, fe chargea d'ecrire pour elles a Son Eminence : il le fit le 1 3 aout en envoiant les proces-verbaux qa'il en avoit drefles. M. de Noailles ne voiant point de lettres de la part des deux religieufes , & d'ailleurs n'etant pas apparemment content des proces ver-» |
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III. Par tie. llv. 111. %-j
baux voulut de plus grands eclair- iyix,
cifTemens. M. Chevalier pour raflurer Son Eminence fit ecrire les deux re- ligieufes le 27 aoik , & ecrivit lui- memeune lettte datee du meme jour, dans laquelle il rend compte de la maniere dont les chofes fe font paf- fees. C'eft par cette lettre qu'on ap- prendquela fceurlfTali etant menaces a'un tranfport au cerveau elle deman- da ^ fe confefTer, a quoi M. Cheva- lier ajoute, qu'on ne lui accorda meme la confejjion qu'en la remettant pour les autres Sacremens y & pour faire une confejjion plus entiere & plus detaillee lorfqu'on auroit recu les permijjions convenables & qu'elle SE TROUVEROtt DANS UN ETAT PLUS LIBRE. Elle n'etoit done pas dans un etatbienli-
bre lorfqu'elle figna. Quel cas doit-on faire d'une fignature faite par une • perfonne qui n'a pas l'efprit libre, & qui eft menacee d'un tranfport au cer- veau ? Ajoutons a cela que M. Che- valier fit entendre aux religieufes exi- lees a Meaux , que la fignature qu'on leur demandoitregardoit proprement le droit j & que pour le fait, tout ^'engagement qu'elles prenoient fe re- duiioit a une deference pleine de ref- pe£tj qu'il etoit allure par la deci- w
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88 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAE
fion du Papequele Saint Siege n'exl-
geoit la croiance que pour le droit, & que c'etoit tout ce qu'on deman- doit par la Bulle Vineam. M. Chevalier qui avoit catechife
les deux religieufes fur la fignature , infinue lui-meme ce que nous venons de dire dans fa premiere lettreaM. de Noailles , en difant (51) qu'elles m avoient Fait injure a l'Eglife en don- » nant lieu de penfer par leurs mau- » vais fcrupules qu'elles cro'ioient cet- « te epoufe de Jefus - Chrift capable » d'exiger de fes enfans une foumif- » fion qui pouvoit les engager dans » le menfonge &c meme dans le par- » jure «. 11 eft certain que la foumif- fion dont M. Chevalier parle en ces termes, eft celle qui regarde le fait, puifque les religieufes n'avoient au- cune peine fur le droit. C'eft done de cette foumiffion fur le fait, qu'il dit : » que c'eft faire injure a l'E- » glife de la croire capable d'exiger » de fes enfans une foumiffion qui » pourroit les engager dans le men- » fonge «. Ainfi, felon M. Cheva- lier , l'Eglife eft incapable d'exiger fur le fait une telle foumiffion. Elle ne le pourroit, que dans la fuppofi- (ji) Hift. de U detn. pctfec. T. j. p. 75.
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III. Part ie. Liv. III. 89
tlon qu'elle fut infaillible dans la de-
cifion des faits > or M. Chevalier ne reconnoilToit point en elle d'infaillibi- lite fur la decifion du fair. ClementXI luiavoit declare a lui-meme que cen'e- toitpoint lalebut de fa Bulle, & qu'il avoiteu des raifonsjuperieureSjf oui ne point fe rendre aux follicirations de quelques Eveques, qui lui avoient ecrit de tres belles lettres pour le prier de prononcer fur I'infaillibilite de CEglife dans les faits ; il eft done clair par la lettre meme de M. Chevalier, que les deux religieufes exilees fignerent fur le principe que l'Eglife n'exigeoit point d'elles la creance du fait \ 8c que ce fut par ce principe que M. Chevalier lesengagea a figner, en leur culant, que l'Eglife netoit pas capable d'exiger a leur egard une foutnijfwn qui put les engager dans le menfonge & meme dans le par/ure. II eft certain, dis-je, que fi l'Eglife exigeoitla crean- ce d'un fait avec ferment, fans etre infaillible dans la decifion de ce fait, elle pourroit engager dans le men- fonge & le parjure : or l'Eglife eft incapable d'engager fes enfans dans le menfonge & le parjure; elle eft done incapable d'exiger la creance du fait, |
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5N5 ttlSTOIRE DE PoRT-ROlXli
1-7I2>"~ Lafceur IiTali ai'ant vu ce qui etoit
xxxvif. rapporte d'elle dans le recueil des fi- tafcraruftii gnatures, que Mademoifelle fafceur ut%t££ «£ fit voir> dit que lonl'avoit ttbm- pee. pee, & que Ton lui avoit fait enten- dre que fa fignature ne tomboit que fur
le droit & non fur le fait: que d'ail- leurs elle avoir figne etant fort tnal, &fachant a peine ce qu'elle faifoit; ai'ant ete deux jours fans connoiflan- ce (53). Mademoifelle IiTali vitauffi la foeur Benoife , mais comme e'etoit en prefence de la Superieure, cette pauvre religieufe ne put s'expliquer fur fa fignature, & elle ne fit que pleurer pendant tout le tems qu'elle pit au parloir. xxxviti. La fear de Sainte Syncletique de Examen de Remicourt Souprieure de P. R. refifta
la lignatme r l -, . r aeUfaurde courageulement pendant piuneurs
ftinte sya- annees, malgre les mauvais traite- e" mens qu'elle eifuia de la part de Ma- dame de Saint-Pierre Abbeffe ou Prieure de Bellefond, & malgre les vives exhortations de M. d'Aubigne Archeveque de Rouen. Enfin , apres cinq ans de combat, le bruit fe repan- dit apres Paque de l'annee 171 5 que (fi) Cetre religieufe rnourut le i} decembra
'fut transferee dans le mo- 1713, naftere de Lieife, ou elle |
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III. Parti t. Liy. III. 91
la captive s'etoit rendue , & qu'elle 171 i. avoit ete admife a la participation des Sacremens. Mais cette vidroire fur une pauvre fille plus que feptua- senaire, affoiblie par les annees 8c les rigueurs d'une longue captivite , eft d'autant plus fufpe&e que les vi&rorjeux n'ont pas ole produire les litres de leur triomphe} & la capti- ve fut toujours depuis fa pretendue foumifllon auffi reflerree & meme plus qu'elle ne l'avoit ete auparavant. On voit par tout ce que nous
avons dit jufqu'ici fur les fignatures des religieufes, qu'on les engageoit a figner, foit en abufant de letat ou.elle's. etoient reduites par l'arroi- blifTement d'efprit & par la maladie ; foit par des menaces de privation de facremens & de fepulture ecclefiafti- que, foit en leur faifant entendre que la fignature qu'on leur demandoit, ne regardoit pas le fait ; on leur fai- foit meme fcrupule a Meaux d'avoir penfe qu'on avoit exige d'elles une croiance telle qu'elle fe 1'etoient ima- gines , & on les accufoit d'avoir fait injure a I'Eglife en dormant lieu de penfer par leurs fcrupules _, qu'elles ■ croioient cette epoufe de Jefus-Chrift capable d'exigerde Jfes enfans uhefou- |
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()2 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAl.
" mijjlon qui pourroit les engager daris le menfonge & dam It par jure. Cefut ainfi qu'otl eftgagea dix religieufes du chceur a figner le Formulaire & la Bulle Vineam, & lorfqu'on eutobtenu les fignatures, on les rendit auffi-tot publiques ; & afin de groffir la lifte , on y joignit les fignatures de fix con- verfes , qui n'avoient pas la moindre connoiffance de toutes ces affaires. Aufli n'eut-on garde de faire connoi- tre leur qualite de converfes , car les fignatures furent publiees fouslenom de feize religieufes de P. R. fans dif- tinction. L'impreffion fe fit au Lou- vre a l'lmprimerie roi'ale, en deux formes in-4.0 & in~i z. Elle parut des le commencement du mois de fep- tembre 171 o , & on eut foin d'en en- voi'er dans les monafteres 011 il y avoir des religieufes de P. R. qui refiftoient encore (54). Le detail dans lequel nous fommes
(f4) Ccfut M.de Pont- d'une fignature arraches
chartrain qui Jes envoia. a quelque pauvre fille
Jamais Mmiftre le plus prifonniere 8c quelquefois
zele pour la gloire & les nioribonde, le flattoir
/ interets de foil Souverain, plus que fi on lui avoir
ne s'y appliqua avec au- annonce le gain d'une
cant d'ardeur, que M. de bataille, ou la prife d'une
Pontcharcrain en temoi- place audi importance
gna pour faire figner le que l'eft celle de Port-
Formulaire aux rcligieu- MahoB, OU d'Ofvego,
frade P. R. lanouveile |
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III. Part ie. Liv. III. 9$ ____^i
entires fur les. fignatures fuffit pour I7i2, donneruneid.ee-de ce recueil •■, nean- xxxrx# rrioins il eft a propos d'en dire encore Id&t da re- ici quelque chofe, pour mieux raire gnatures des
comprendre ce que c'etoit que cet religieufes de
ecrit, le plus fade, le plus ridicule, p' K" & le plus ennuieux qui fut jamais. Le corps de l'ouvrage contient les acres de foumiffion des religieufes captives , avec les lettres qu'on leur faifoit ecrirea M. de Noailles, & celles des Eveques , des Grands Vi- caires & autre* qui avoient eu part aux eonverfions. Quel coup d'ceil que la production de tant de tetes dirte- rentes ! Quelle eft l'infomnie qui put refifter 1 des pieces fi admirables, fur tout des Evcques & des Grands Vicaires , qui annoncoient a M, de Noailles la converfion pretendue de 16 pauvres religieufes captives , dans des termes auffi pompeux que s'ils euflent annoncela converfion de tousles peu- pies qui n'ont pas entendu parler de Jefus-Chrift , ou celle de routes les nations qui ont eu le malheur de fe feparer de l'Eglife par le fchifme & - l'her'efie? Les lettres de faint Auguf- tin Apotre d'Angleterre a faint Gre- goire le grand •, celles de faint Boni- face Apotre d'Allemagne a Gregoi- |
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94 HlSTOIRE DE PoRT-kOlAL.
i jiz. re II, fur le fucces de leur million ,
ne renferment rien qui puifle etre compare aux lettres , dans lefquelles les Languets , les Merinvilles & au- tres exaltent leurs travaux apofto- liques pour arracher la fignatured'un fait a des religieufes captives, quel- quefois malades, & accablees de mau- vais traitemens. Le recueil d'a&es & de pieces eft
precede d'un avertiflement deftine a. juftifier la publication des pieces qu'il renferme , par les fins "qu'on s'y eft propofees. Ces fins font (non la gloi- re de Dieu), mais la gloire du Roi dans la converfion des religieufes de P. R. j Pedification & la confolation des bonnes ames ; enfin , la conver- fion future des religieufes, qui ne s'e- toient pas encore foumifes, & que l'exemple de leurs fceurs pourroit y engager. A la fin du recueil, on trouve quel-
ques extraits pris au hafard des ecrits trouves entre les mains des religieu- fes , fur lefquels il y a des remarques dignes de ceux a qui le Public attri- bue ce libelle; c'eft-a-dire des Je- fuites , & fpecialement du P. l'Alle- mand, qui etoit pour lors chefdu bureau de la Societe. |
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III. P A R T I E. L'lV. III. $ J
M. de Noailles , pour dormer plus 1712.
depoids a ce recueil, voukit bien le xl. revetir de I'autorite epifcopale , en ft ^^ atteftant lui-meme la verite de cesm«;re fon ades&de ces lettres (5 5)-Maisquoi-^e'cudU que M. de Noailles foit, fans aucune comparaifon , plus digne de foi que les Jefuites, ion autorite ne peut changer la nature de ces actes, ni par confequentles rendre plus authen- tiques. Son Eminence a bien pu at- telter qu'on lui a envoi'e reellement & veritablement les a&es & les let- tres contenues dans ce recueil, mai$ a-t-elle pu conftater la verite des faits enonces dans ces actes 8c dans ces lettres , contre lefquelles nous avons vu les religieufes reclamer & fe plain- dre qu'o/2 leur a fait dire bien des cho- fes j auxquelles elles n'ont jamais pen. • fe. D'ailleurs , que difent ces actes ^ ces lettres ? On y voit les noms j»
certain nombre de religieufes a 1
du Formulaire , ou d'un proces
(5!) l-e te&eur trou- feconde donnee au oom-
vera des differences confi- mencement de 1711 par
deriblcj entre les deux fon Eminence, qui de
Editions de ce recueil. fon core, a fupprimc
Dans la premiere publiee celles a M. de Pontcbar-
par les Jefuites , les lettres train & quelques autres,
Writes i M. de Noailles ainfi que les proces ver-
parles religieufes foumi- baux concernant tejrell-
fts onr ete fupprimees. gieufes qui ne lui ecriyi-
Elles fe trouvenc dans la rem poinr.
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' 9£ HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt.
1711, verbal, qui pone qu'elles Tone fi-
gne. Mais on ne fait pas qu'elles etoient les difpofitions interieures de celles qui ont figne , ni a quoi elles fe font engagees en fignant j favoir, fi elles fe font engagees a la creance du fait) fi cette creance eft une foi divine , ou une foi hutraine j fi e'eft une foumiflion interieure , ou fi elle confifte feulement a garder lefilence, I par refpecl: pour le Pape & par amour pour la paix. II etoit cependant ne- ceffiiire que tout cela fut marque, ainfi que les raifons qui avoient en- gage les religieufes a figner , pour juger des motifs & des difpofitions de celles qui avoient figne , & de fobjet de leur fignature & de leur foumiflion. L'affe&ation qn'on a eu de garder le fdence la-defliis j la cap- tivite dans laquelle on a retenu les religieufes, meme depuis leur figna- ture , en les empechant de parler, d'ecrire, & de recevoir des lettres, forment des foup^ons fur leur con- verfion, que l'autorite de M. de Noailles , ni meme celle de tout le facre College ne diffiperont jamais. Xll. - II eft encore important de remar- "Ntillite des > 1 t< r >
figuaturesdssquer quaucunede ces rehgieuies n a
wiigieufes. fait mention en fignant, de facte qu'elles
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III. P ARTIE. LlV. 111. - 97
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"•
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qu'elles avoient figne enfemble avant I-rl2
leur dilperfion, par lequel elles de- favouoient toute fignature qu'on pourroit leur furprendre. Cet acte n'aiant point ete revoque , il fubfifte dans toute fa force. Ainu" toutes les fignatures qu'elles ont faites depuis en captivite , doivent etre regardees comme nulles , en verm de 1'acte fait en pleine liberte par tine fage pre- voi'ance, dans lequel elles declarent d'avance qu'on ne doit avoir aucun egard a tout ce qu'on pourroit leur arracher dans la fuite. Son Eminence M. le Cardinal de xtir,
Noailles , voulant auffi avoir part au ?*• de Noai.r" • , . ...r. x les rompt le>
tnomphe de ceux qui travailloient a fiience a lew
la converfion des religieufes de P. R. egacd' rompitenfin le fiience qu'il avoittou- jours garde a leur egard, ne leur aiant jamais ecrit , ni fait de reponfe a aucune de leurs lettres depuis fix ans qu'on les perfecutoit. II ecrivit alors une grande lettre (56) a celles qui n'etoient pas encore foumifes pour les engager a la foumiflion par Pexemple de leurs fceurs. La chariti de Jejus-Chrift le prejffa de faire en- M) Cmt lettre en- dente (1710), fe trouve
voiee des le mois de de- a la tete du recueil publie ccmbre de i'annee ptece- pat M. de Noailles. Tome X. E
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98 HlSTOIRE DE PoRT-Ro'lAEV
core cet effort pour les porter a l'o«v
beiffance & a la foumiffion qu'elles devoient a. l'Eglife. » La charite de Jefus-Chrift , dit
» fon Eminence , me prefle de faire " encore un effort (57) pour vous » porter a l'obeiffance & a la fou- « million que vous devez a l'Eglife , « mes tres cheres filles, qualite que »> je pourrois vous refufer , puifque " vous ne m'avez pas traite comme » votre pere (58) , mais quejeveux " bien cependant vous donner. Ou- » tre les grands motifs qu'on vous »» prefente depuis fi long-tems , en » voici un nouveau , que la miferi- » corde de Dieu vous donne , par le » changement qu'elle vient d'operer r> dans' le cceur de vos fceurs (59). |
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17 ix.
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XLII*.
lettredeM.
rde Noailles aux religieu- fes de P. R. |
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deplac£. Nous fommes
faclies de le dire , ce re- proche tombe fur iui- meme, Carenfin , en quoi s'eft-il montre le pere de ces religiu'es! les a-t- il jamais ttaitees comme fes fills > Au contraire les religieufes ont toujours eu pour lui toU' le refpeel: & la veneration due a un Supcrieur. (?9) L'exemple de feize
religieufes tant de chceur que converfes , auxquelles. on avon arraclie une fir gnature a force de me- |
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(57) Peut-on n'etre pas
etonae d'entendre parler ainfiM. de Noailles, qui depuis fix ans qu'il tour- mentoit les religieufes de P. R.., ne leur avoit j - mais eerie ni parle , ni fait de reponfes a tant de lettrcs 8c de requetes ! ju etoit alois ce te chariti qui le prejje aujourd'hui d'ecrire > Voi'ez le, lettres de Mademoifelle de Jon- coux. Hid. de la dern. perf. T, j. p. 48 8c ffj. 58) M. de Noailles
fill id un reproche bien |
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III. P ARTIE. LlV. III. 99
*-• Vous l'avez appris par les a&es de
» leur foumiffion qui vous ont ete » communiques. |
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l/IZ.
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fimi in Ecclefia , in illam
partem tranfierunt ? Com- bien de fois n'avons-nous pas entendu le meme lan- gagc ? Poutquoi ce!ui-ci, pourquoi celle-la, qui etoient R oppofcs a la fignature , ont ils figne » Mais Tertullien repond , qu'il n'efl point furpre- nant que celui qui a bicn penle, tombe. Et hoe mirum , opinor, ut pro- batus aliquis retro pofted excidat ? 11 le fait voir par plufieurs exemples; puis il ajoute , que quand un Eveque , un Diacre, une Veuve , une Vierge, un Dofteur, 8c meme un Martyr tomberoit, leur chute ne doit point nous ebranler, parceque nous ne devons point juger dc la foi par les perfoiines » mais des perfonnes par la fbi. Quid, ergo , ft Epif- copus , tfi Diaconus M fi Vidua, fi. Virgo ,fi Doc- tor j fi etiam Martyr lap- fus a regula fuerit, idea Harefes veritatem vide- buntur obtinere ? Ex per fonts probamus filem , an ex fide perfonas ? Voila la reponfe que l'on doit faire a ceux qui veulent nous engager par l'exemple des au;res a tigner ce qui eft contraire a la verte Sc a la (incerite chretienne. Vert. I. de priftr. c. 5, £ ij
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aaces &de mauvais traire-
mens,pendant la maladie, dans un terns oil elles e- toieiit captives,8c fouvent meme pen libres d'efprit, ne fait pas en faveurdela iignaiure, une grande au- torite. D'ailleurs la (igna- ture etant mauvaife, com- me elle l'eft, ni le nombte, Hi la qualite de ceux qui fi- gnent, ne peuvent enga- ger a les imiter. Ce n'efl point par les perforates , comme le dit Tertullien , que nous devons juger de lafoi ,m2is par lafoi que nous devons juger des hom- ines. Ex perfonis proba- mus fidem , an ex fide perfonas ? Ce celebre e- ctivain ( qui a fi raal pro- iite des excetlentes lemons qu'il a donnees aux au- ires, mais qui par un eflet de la Providence a prevenu le fcandale qu'il devoit donner lui-meme par fa chute ) fe moque de ceux qui fe laiffent en- trainer dans l'erreur en imitant l'exemple des per- fonncs qui changent de fentimens. Pourquoi ce- lui ci, pourquoi celle-la, leur fa^t il dire , ont-ils embraffe ce parti! Solent quidem ifii myriones de quibufdam abhxrefi captis <tdificari in ruinam, Quare Me vsl ilia, fideliifimi , vrudtmiffimi , & ufitatif- |
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100 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAE."
* j Apres ce charitable & tendre de-
but , M. de Noailles declare le motif
qui l'a porte a revetir de fon autorite Epifcopale les a&es de foumiflion de leurs fceurs & les lettres qu'elles lui ont ecrites comme a leur legitime Pafteur. II les exhorte a lui donner la confolation parfaite de les voir routes reunies dans les inemes fenti- mens. II leur demande fi elles peu- vent refifter a la voix de tant de Pa- pes _, de tant d'Eveques, de toute l'E- glife memo , qui depuis tant d'annees ne cedent de les prelTer. II leur pro- pofe l'exemple des communautes fe- culieres & regulieres , des Facultes de Theologie , & fpecialement ce- lui de leurs fours , qui apres avoir refifte long - tems fe font enfin fou- mifes. Jfun. II entreprend enfuite de refoudre ks enae-" ^es difficultes des religieufes, qui crai-
piend de re-gnoierit en fignant, i°.de s'engager ibudre les & f 0 ?-,,, , . » »
di*cuites des par un ierment terrible a croire que
«ligieuf« le Livre de Janfenius contient des tiire^&ulesberefies fur la grace & fur laliberte. elude, au lieu t<i, £)e condamner par contre - coup y lepon ie. ^ vraje grace Je Jefus _ Chrift & la
dodrine de S. Auguftin. 3U. Decon-
damner un Eveque innocent, & de sommettre un parjure en alTurant aveg |
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III. Partib. Liv. III. iol
ferment fur les faints Evangiles un 1712. fait dont elles doutoient. Pour lever ces difficultes M. de Noailles fuppofe par-tout que c'eft l'Eglife qui agit dans cette affaire. Pour ce quiregarde la grace de Jefus-Chrift, ll dit que les religieufes qui ont figne ont com- pris que l'Eglife Catholique loin de vou- loir opprimer la grace la foutient de tomes fes forces.. .. que l'Eglife e'toit toujours remplie de veneration pour S. Augufiin j & le regardoit comtne un homme fufciti de Dieu pour ladefenfe j ou felon VexpreJJion de faint Paul ,pour Vhonneur & pour la gloire de fa grace. M. de Noailles elude ici la difficulte au lieu d'y repondre. He qui feroit aflez infenfe pour croire que l'Eglife voulut opprimer la grace ? Mais ne peut - il pas fe trouver dans l'Eglife des ennemis de la grace, qui vou- droient Popprimer & aneantir la doc- trine de S. Auguftin ? Ne les connoit- on pas ces ennemis de la grace qui lui font la guerre depuis plus de deux fiecles? Jamais l'Eglife n'a voulu du terns de l'arianifme opprimer la doc- trine de la Confubftantialite , mais il y avoit des ennemis de Jefus-Chrift qui vouloient ravir au Verbe Eternel ia divinite , fa parfaite egalite avec E iij
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10Z HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt."
fon Pere. Jamais les religieufes dff
P. R. n'ont eu la penfee extravagante que l'Eglife voult.it opprimer la grace de Jefus-Chriftj mais elles ontpenfe qu'il y avoit des JeTuites ennemis de cette grace , qui a la faveur du For- mulaire vouloient etablir leur Pela- gianifme fur les mines de la grace efficace & de la doctrine de S. Auguf- rin. M. de Noailles elude done dans fa lettre la difficulte, & il abufedu ter- me d'Eglife. C'eft pourquoi tous les raifonnemens qu'il fait, & routes les conclusions qu'il tire de fa faufTe fup- pofition , tombent j 8c les objections des religieufes confervent toute leur force. En vain Son Eminence dit que les objections qu'on leur avoit appris a faire, & les difEcultes qui les ar- retoient tombent d'elles-memes : i* La » crainte du parjure, la delicateffe w de la confeience dans la condam- « nation d'un pieux Eveque dont el- j) les ne connoiflbient pas les fautes j " le facrifice de la raifon fous toute » autre aurorite que celle de la foi » , non ces objections & ces difficultes ne tombent pas d'elles-memes, elles fubfiftent au contraire dans toute leur force. La fuppofition que l'Eglife agit
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lit. V A R T 1 E. ItV. ///• I 0 J
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dans 1'affaire du Formulaire , apres 171*.
avoir fervi a M. de Noailles pour re- xliv. foudre , felon lui , la difficulte que iettur'e &, M, faifoient les religieufes au fujetdelade Noailles grace & de la doctrine de iaint Au- fes qui n'e- suftin; cette faufle fnppofltion , dis- ">ient.r Pai je, iert encore a son Eminence pour repondre a leur difficulte capitale, qui etoit la crainte qu'elles avoient de commettre un parjure en afturant avec ferment un fait doutetix. » L'E- glife , dit-il j peut-elle tomber dans cette erreur, elle qui eft l'inter- prete & la depofitaire de la loi de Dieu ? Peut-elle vous propofer de la violer ? Et ne devez - vous pas croire que tout ce qu'elle vous or- donne eft bon , jufte , & faint ? Ne devez - vous pas vous y foumettre fans raifonnement & fans repli- que, comme Jefus - Chrift vouloit que les Juifs fiiTent meme a l'egard des Scribes & des Pharifiens , par-' cequ'ils etoient affis fur la chaire de Moife « (69) ? M. de Noailles emploie par - tout la meme fuppofi- ■ tion , que c'eft l'Eglife qui a juge & decide ; comme fi cette epoufe de Je- (60) Lorfque les Scri- n'etoit pas Ie Meffie &C fe
bes 8c les Pharifiens firent foumettre a leur decilion,
mourir Jefus-Chrift , fal- parcequ'ils etoient affis
Joit-U done croke iju'il furlachaire dc Moifc !
,:>.-' E iiij
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I ©4 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAU
fus-Chrift pouvoit ordonner de com-
mettre un parjure, & de prendre le nom de Dieu en vain, en alfurant avec ferment une chofe aiifli inutile que le fait de Janfenius. Non ce n'eft point l'Eglife qui ordonne la figna- ture du Formulaire : ce qu'elle ordonne ejl bonyjuJle & faint: elle n'a jamais ordonne la ilgnature de la Formule de Rimini. Ce n'eft point d'elle que font emanees de telles decifions : le formulaire , la Bulle Vineam, &c. ne font non plus l'ouvrage de l'Eglife que 1'etoient la Formule de Sirmich, la condamnation de faint Athanafe par Xibere : a Dieu ne plaife que nous regardions jamais comme des deci- fions de l'Eglife de pareilles Formu- les. Si M. le Cardinal de Noailles s'e- toit donne la peine de faire attention aux conditions d'un jugement & d'un commandement de l'Eglife , comme il l'a fait depuis en expliquant & eta- bliffant ces conditions dans fa belle Inftruclion paftorale du 14 Janvier 3719, il auroit pu s'appercevoir de la fauflete de la fuppofition par la- quelle il pretend que c'eft l'Eglife qui ordonne la fignature du Formulaire. Monfieurr de Noailles paroit en-
fuite vouloix yenir au vrai point de |
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III. P A R T I E. L'lV. III. IO J _______
la queftion : » mais , dit-il, puifque 1711.
» votre obeiflance eft trop foible pour » aller jufques-la.... voions ce que » porte le ferment qu'on vous de- » mande«. C'eft effeftivement ce qu'il faut voir. Les religieufes voioient que par la fignature & le jugement qu'on exigeoit d'elles, on leur deman- doit une creance, finon divine , au moins humaine d'un fait dont elles doutoient; & qu'elles priftent Dieu & le faint Evangile a temoin de la verite de ce fait. C'etoit la ce que voioient les religieufes & ce qui fai- foit leur difficuke. Mais M. de Noail- les bien loin d'y repondre la met a l'ecart, & fuppofe que la peine que les religieufes avoient de figner ve- noit de deux autres caufes. 1". 11 feint qil'elles s'imaginoient qu'on leur de- mandoit qu'elles juraffent qu'elles fa- voient que les V Propontions etoient dans le Livre de Janfenius. z°. Qu'on • exigeoit qu'elles crufTent ce fait de foi divine; & il s'erforce de lever ces deux difficultes en leur difant qu'on ne leur demande ni Tune ni Pautre de ces deux chofes.» Veut-on, » dit-il, que vous juriez que vous » favez par votre propre lumiere que •» ies Propontions condamnees font Ev
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IO<J HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt;
» dans le Livre de Janfenius ?..-.< J
» Non fans doute , mais on veut que => vous adheriez au jugement de l'E- " glife, qui l'a lu , qui l'a juge. On » veut que vous prereriez fes lumie- « res non - feulement aux votres ft i> vous en avez, mais auffi a celles de » vos do&eurs. On veut que fur la j) parole de l'Eglife vous difiez en 33 meme-tems anatheme a la dodrine " qu'elle a condamnee , 8c au livre » oil elle Fa rrouvee «. Son Eminence prouve enfuite par un long paflage de faint Auguftin , de utilitate ere- dendi, cap. n & 12 , contre les Mani- cheens, » qu'il ne faut pas reftrein- »> dre fa creance a ce qu'on fait par » foi-meme, que fans cela tout feroit » renverfe dans la fociete civile ; que j> les enfans ne pourroient reconnoi- » tre leurs parens, & leur rendre ce » que la nature & la religion deman- jj dent d'eux > puifqu'ils n'en ontcon- 33 noiflance que par le temoignage 3j des fages-femmes , des nourrices , 3> des domeftiques, tous temoigna- 33 ges faillibles , qui quelquefois fe 33 font trouves faux ; que les fujets >3 n'obeiroient pas a leurs fouverains 3' legitimes ; car par ou favent - ils v qu'ils font des fouverains legitU |
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III. P A R T I E. L'lV. 111. tof
« tties, & que la naitfance , ou Pe- ' \-ji
» ledtion leura donne veritablement » cette qualite « ? M. de Noailles con- clad deli que les religieufes de P. R. doivent a plus forte raifon croire le fait de Janfenius fur le temoignage de PEglife, d'autant plusqu'elles n'ont par elles-memes aucune lumiere , ni aucune evidence prife du propre fond de leur confcience. II pretend enfuite » que ce n'eft point bleifer la charite » que de condamner un favant 8c » pieux Eveque mort dans la com- » munion de PEglife, que c'eft aa » contraire fuivre fes intentions, <S* » faire veritablement honneur a fa mi-* » moire, que de fe foumettre au ju- " gement auquel il s'etoit foumis lui- » meme d'avance..... Qu'il n'y a.
» qu'une charite mal-entendue dans
» ce rnenagement pour fa memoire j * qu'il y a meme de Pinjuftice , puif-
* qu'on ne peut avoir ce management .
» fans accufer de foiblerfe , d'igno- » ranee , de prevarication , les Doc-
" teurs, les Eveques, les Papes me- » mes. Doit-on plus , ajoute - t - il * » refpecter la reputation a un Eveque " particulier qui a eu le malheur » d'hafarder une mauvaife doctrine ,. » que eelle de tous les Pafteurs de E vj
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Io8 HrSTOIRE DE PoRT-ROlAE.''
i7iz~~ » l'Eglife« ? C'eft ainfi que M. de
Noailles repond a la premiere diffi- culte. Par un tel raifonnement les Ariens auroient demontre la necelfite de fe joindre a Libere pour condam- ner faint Athanafe. A l'egard de la deuxieme qui re-
garde la foi divine , voici ce qu'il dit :* » Craindrez-vous encore qu'on » ne vous engage a. croire d'une foi « divine un fait qui n'eft point re- » vele ? Apres les eclairciffemens que w vous ont donnes mes predeceflfeurs , » & que j'ai confirmed , vous ne pon- s' vez plus avoir ce fcrupule «. Les. religieufes favoient fort bien que M. le Cardinal ne leur demandoit pas la foi divine du fait, ni qu'elles le cruflfent fur leur propre lumiere j ainfi il etoit inutile qu'il entreprit de les Suerir d'un fcrupule & de lever des
ifficultes qu'elles n'avoient point. IL etoit queftion de lever celles qu'elles avoient fur cette foi humaine inte- rieure & certaine, fondee uniquement fur une autorite faillible. M. de Noail- les ne devoir point fubftituer de fauf- fes difficultes que les religieufes n'a- voient point, a celles qu'elles avoient veritablement. M. de Perefixe avoit fait la meme chgfe que M. de Noail- b
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III. P A R T I E, t'lV. III. 10«>
les. » Afin , difoit-il , aux religieufes
» de lever vos fcrupules , je vous jj declare bien volontiers que la fi- » gnature du Formulaire que je vous » ordonne, n'eft point un temoignage » ni un jugement que je veuille que » vous rendiez par vous - memes fur » la dodtrine de Janfenius, parceque « vous en fetes incapables , mais que » je defire feulement que par une » foumiflion fincere , refpe&ueufe &c " de bonne foi, vous acquiefciez a la » condamnation & au jugement qu'a w rendu le Saint Siege de fa dodrine, " auquel je vous commande d'obeir. Voila ce que propofoit M. de Pe- refixe de fon tems , c'eft precifement ce que M. de Noailles propofe dans fa lettre pour guerir les religieufes des fcrupules qu'elles n'ont point. » Voila un etrange remede , difoit- » on au premier j je fuis en peine , » parceque je crois que M. l'Arche- » veque me demande par fon ordon- " nance une perfuafion & un juge- v ment interieur de la verite du fait, » fonde fur 1'autorite des Superieurs » qui l'ont decide j & pour me lever » cette peine , il me declare qu'il H ne me demande pas un jugement » que je forme par moi-meme, c'eft- |
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110 HlSTOIRE 08 PoRT-ROlAt;
171z. " a-dire, qui foitfondefur ma pro-
» pre connoiffance \ mais ce n'eft pas » lama maladie. Jen'ai jamais cru » que le fait fut veritable, il eft inu- » tile de me declarer cela. Mais je » crois qu'on me. demande que je » juge dans mon cceur , & que je « temoigne apres le Pape, que je » crois que ce fait eft vrai 5 & com- » me fen doute apres le jugement » du Pape , je ne puis temoigner que » je le crois, que je le juge vrai & » que j'en fuis perfuade. Voila ma » peine & mon fcrupule , fur quoi » on ne me declare rien , 8c ce que » Ton feint meme de ne pas enten- » dre «. xtv. M. le Cardinal croiant avoir ecarte deRifkmeles difficult^s qui arretoient les re-
de m. de ligieufes , leur declare de quelle ma- oai "" niere il veut qu'elles croient le fait de Janfenius. » On n'a jamais pre- w rendu , dit - il, que vous fuffiez » obligees de croire de la meme cer- » ritude de foi les verites catholi- « ques &le fait contenu dans leFor- » mulaire : on a voulu feulement y " qu'apres avoir captive votreenten- « dement fous l'obeiffance de la foi » & fous l'infaillibilite de l'Eglife » pour tout ce qui regarde le dogme, |
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III. Partte. L'iv. III. m
i> vous fuffiez veritablement &inte- ijiz,-
» rieurement foumifes a fon autorite » pour le fait; non par un fimple fi- » lence refpectueux , qui ne fert qu'a » couvrir un fentiment oppofe a celui » de l'Eglife, mais par un fincere ac- » quiefcement d'efprit & de cceur a » fes decifions «. La creance qu'exige M. de Noailles pour le fait eft , com- me on le voit, une creance humaine qui tient le milieu entre la foi divine & le filence refpe&ueux j elle eft au^ defTous de la foi divine, 8c au-deflus du filence refpe&ueux. Cette creance qu'il leur demande eft diftinguee des deux autres qu'il a ecartees , par fon motif & fon fondement, car elle n'eft fondee ni fur l'evidence propre 8c perfonnelle, ni fur la parole & la re- velation de Dieu _, mais {implement fur l'autorite de la decifion qu'il dir que l'Eglife a faite de la queftion de fait par fa propre lumiere humaine. Quoique l'autorite de l'Eglife en ce point foit faillible , cette autorite tou- te faillible qu'elle foit, etant la plus; grande qu'il y ait fur la terre, elle doit Pemporter fur l'autorite de tous les particuliers qui fur le fait difent le contraire de ce que M. de Noail- les pretend que l'Eglife a decide ^.etv? |
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"Ill HiSfolRE BE PoRf-ROlAi:
forte que toutes les raifons qu'orf pourroit avoir de douter du fait, pri- les de l'autorite & du temoignage des particuliers , doivent ceder a l'autori- te de 1'Eglife. Puifque M. deNoailles demandok
aux religieufes une foi humaine ou ecclefiaftique du fait , comme un de- voir du a 1'Eglife, qu'il fuppofoit l'a- voir decide , Son Eminence auroit du s'appliquer a leur prouver par des raifons claires & certaines, qu'elles etoient obligees d'avoir cette foi hu- maine , & leur alleguer des motifs de certitude pour l'appui'er. Or c'eft ce qu'il ne fait point. II leur allegue bien , a la verite, la decifion de 1'E- glife , mais cette preuve eft defectueu- fe par deux endroits : i°. parcequ'il eft faux que 1'Eglife ait decide le fait de Janfenius , &c qu'elle ait comman^ de de le croire: c'eft Alexandre VII qui l'a decide, & qui a fuppofe qu'on le cro'ioit. Mais Alexandre VII & quel* ques Eveques de France n'etoient pas 1'Eglife. Pour decider ce fait en Juge, il faut avoir lu & examine le Livre: or 1'Eglife ne l'a point lu ni examine j par confequent on ne peut point dire que 1'Eglife ait juge & decide le fait de Janfenius. z°. Quand bien meme |
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III. P A R T I E. L'lV. III. I I J
1'Eglife auroit lu & examine le Livre
& decide le fait, comme elle n'eft point infaillible dans la decifiondes fairs, il ne reftoit a, M. de Noailles pour faire valoir fon jugement, que d'entrer dans la difcuffion 8c le detail de ce jugement, & de faire voir par les circonftances qui 1'avoient accom- pagne reellemenr, que les Juges de ce fait y avoient apporte toute Texadti- tude , toute la fcience & tout le de- fintereffement & la fincerite poffible; en forte que quoiqu'ils ne fuflent pas infaiilibles, on pouvoit etre morale- ment certain qu'ils avoient bien oris le fens du Livre & de l'Auteur. Cela meme n'auroit peut-etre pas encore tout-a-fait fuffi pour exiger la creance & le ferment fur un fait il obfcur, fi embarraffe , fi contefte • mais enfin c'auroit ete agir avec quelque forte de raifon , & c'auroit ete aux reli- gieufes a repondre aux fairs allegues par Son Eminence en faveur de l'e- quite de ce jugement. Mais M. le Cardinal ne propofoit
pas ainfi aux religieufes le pretendu jugement de 1'Eglife fur le fait j il n'y envifageoit que la decifion toute nue & l'autorite du tribunal auquel il 1'at- .tribuoit j enforte que felon lui il fu& |
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114 HlSTOlRE DE PoTiT-ROlAi;;
fifoit de favoir feulement que c'etoit
l'Eglife ou le Pape qui avoit decide le rait, pour etre oblige de le croire, & pour avoir un motif fuffifant de creance: en un mot, c'etoit une obeif- fance & une creance aveugle qu'il de- mandoit aux religieufes a l'egard de l'autorite qui avoit decide, fans qu'eU les eulfent droit de s'informer, fi dans cette decifion on avoit garde les regies des jugemens canoniques, ni de dou- rer qu'on les y eut gardees. C'eft la l'efpece d'obeiflance qu'on exigeoit de ces religieufes. II eft evident par 14 que ce motif de creance eft infuffi- fant j puifque I'Eglife etant faillible dans la decifion des faits, on ne peut pas avoir une affurance aftez grande u'eile ne s'eft pas trompee en deci- |
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,
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ant un fait pour en jurer, a moins
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qu'on ne facne par les circonftances
de ce jugemenr qu'il a ete rendu avec toute la maturite poffible. Alors on peut prefumer que le jugement eft equitable, fi Ton n'a point de con- noiifance contraire. Mais fi on a des doutes fur la qua-
lite meme du jugemenr, fondes fur les circonftances qui l'ont accompagne , alors on ne peut avoir cette preTom- ption j &: on peut encore moins que |
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III. Partii. Liv. III. i i 5
jamais alleguer pour motif, de croire la chofe jugee , le jugement meme confidere en lui-meme & par la feule autorite du Juge. Or c'etoit-la le cas ou fe rrouvoienr
les religieufesde Port-Roial: i". elles nioient que ce fut l'Eglife qui eut de- cide le fait de Janfenius, & qui en exigeat la creance. i°. Elles favoient que , quand bien meme l'Eglife l'au- roit decide , n'etant point infaillible en ce point, ellene pouvoit exiger la creance du fait en confideratiorr de fon autorite toute nue. 3". Elles favoient qu'Alexandre VII, qui avoit decide ce fait, avoit juge avec beau- coup de partialite & fans examem 4g. Elles favoient que ce fait etoir contefte par de pieux & favans Theo- logiens. 50. Elles favoient que lespar- tifans de la fignature etoient divifes de principes entr'eux , les uns exi- geant la roi humaine , d'autres la foi divine. 6°. Elles n'ignoroient pas que toute cette affaire etoit le fruit des intrigues des Jefuites. Ce feul article devoit etre plus que fuffifant pour rleur donner une repugnance invinci-
ble a la fignature. C'etoit-la les diffi- cultes que M. de Noailles devoit le- *rer , & ne point fuppofer ce qui n'e- |
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I 16 HlSTOIRE DE■ PoR-T-RdlAt."
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1712. toit pas en queftion. Mais au lieu
d'entreprendre de refoudre ces diffi- culties reelles , il les laifTe a l'ecart 8c en refout de chimeriques. II etablic une foi humaine qu'il place entre la foi divine & le iilence refpectueux, & pretend qu'elle eft due a l'egard du rait en vertu de la decilion de l'E- glife a qui il l'attribue ; principe ega- lement faux dans le droit & dans le fait: faux dans le droit, puifque I'E- glife etant faillible dans la decifion d'un fait, on ne pent etre oblige de le croire en vertu de fa feule auto- rite 5 faux dans le fait, puifque ce n'eft point l'Eglife qui a decide le fait de Janfenius. M. de Noailles propofe ce principe ruineux avec une confiance etonnante fans meme l'ap- puier d'aucune raifon j & comme 11 c'etoit une de ces verites qui ri'ont pas befoin de preuves & qui ne peu- vent etre combattues: il s'en fert pour repondre a. tout , pour dire tout ce qu'il juge a propos, pour declamer contre les religieufes &t leurs Di- recleurs, comme fi c'etoient des gens convaincus de revoke contre l'Egli- fe. Sur ce meme principe il enve- nime tout ce qu'on a dit aux religieu- ies contre la ugnature pour les rorti- |
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III. P ARTIE. LlV. III. 117 ______
fier & pour les confoler dans la per- iyi%$:
fecution qu'elles foufFroient a. cefujet. II leur prete la-defTus des idees contre les Pafteurs,qu'elles n'ont jamais eues: il les epouvante par ce moien pour leur faire naitre des fcrupules fur le refus qu'elles font de figner. En tout cela iln'ya aucun principe de lurniere \ 8c toute la lettre depuis le premier juf- qu'au dernier mot ne tendoit qu'a etourdir ces pauvres filles captives par des principesqui n'ont aucune ap- plication au fujet(6i). Neanmoins cette lettre ne laifla.
pas de faire impreffion & de ren- verfer deux religieufes, du nombre des cinq qui refufoient de figner 5 favoir la fceur Madeleine de Sainte- Sophie de Flefcelles exilee chez les Urfulines de Mont-cenis, &c la fceur de Sainte - Marthe releguee a Blois chez les Chanoinefles de Sainte Ve- ■ ronique. La premiere figna le xj decembre xtvr:
1 n °i 1 11 r /• La fceur Fief-
1710 un acre par lequel elle le lou- cencs figlie.
mit de tout fon coeur & fans aucune EUe kj" . £ reftriclion (6x) aux Confiitutions a"In- ies'. nocent X„ d'Alexandre VII, de Cle- (si) Voi'ez la lettre en- p. 5, 8c fui'v.
tiere dans l'hiftoire de la («i) Hid. de la dera. derniere perfecudon , & perfec. T. j. p ?;6. Mem.
dans les Mem. hilt, t. 7. hilt, T. 7. p. 47, & fuiv.
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?l8 HlSTOIRE DE PORT-ROIAL.
ment XI _, au Mandement de M. le
Cardinal, & ce taut fur la quejlion de fait que fur celle de droit, reconnoif- fant que l'Eglife avoit droit de lui demander cette foumiffion qu'elle lui rendoit de tout fon cceur fans aucune vue humaine , mais feulement pour fatisfaire a fa confcience. Cette pre- miere demarche fut fuivie de plu- Heurs autres. La fceur de Flefcelles ecrivit le meme jour a M. le Cardi- nal pour fupplier Son Eminence de lui pardonnerfalongue reflftance qu'elle ne peut attribuer qua fes pechis. Elle lui dit _, qu'il falloit une aujfi grande charite que celle de Monfeigneur pour produire la difpofltion d'une profonde foumiffion & d'un regret d'avoir tant tarde afe rendre a un devoirfi effentiel aux vrais enfans de l'Eglife. La four So- phie ecrivit auffi a M. du Feu, Grand- Vicaire d'Autun , pour lui annoncer 1'erfet qu'avoit ptoduit fur elle la let- tre qu'il lui avoit envoiee de la part de M. de Noailles. Elle lui demande pardon de fa conduite paflfee, & le fupplie delui procurer par fes faintes prieres la grace de reparer le fcandale qu'elle a caufe, & la mifericorde de jDieu pour en obtenir le pardon. La mere Superieure des Urfulines |
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III. Partie. Liv. HI. 119
de Mont-cenis (Bureau de Sainte Ro- \-j\z. fe) nemanqua pas d'informer de fon cote M. le Grand-Vicaire de la con- version de la Sr. Sophie (63), & delui faire quelque detail de la maniere dont elle s'etoit operee. Elle rapporte qu'aiant remis la lettre de M. de Noailles 8c celle de M. du Feu a la four Sophie de Flefcelles, elle les ou- vrit elle-meme, & pria la mere Prieu- re de lui en faire la lecture ; ce qu'elle fe donna la peine de faire pofement _, paroijjant tauchee de ce que la charite faifoh faire a nos Pafleurs vourle bien des ames. ( II falloit effecHvement une grande charite pour ecrire une lettre a ces religieufes difperfees, aux- quelles M. de Noailles n'avoit ni par- le, ni ecrit depuis fix ans qu'il les tourmentoit). La fcuur Sophie iccuta avec defrequens fiupirs qui furentfui- vis de larmes. La mere Prieure Tin- vita d'y faire de ferieufes reflexions , aftn de pouvoir repondre a. M. de Noailles & a M. du Feu de fes fenti- mens: a quoi elle repondit qu'il fal- loit du terns, & elle off rit fes lettres & l'imprime pour les faire voir a. la ■ (*j) I.etrre deb Sup?- T. ;. p. 139. Mem.hiil.
*ieu>e des Urfuliecs a M. T, 7. p. 60. du Feu, Hilt, de la peclec. |
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110 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt;
communaute. Mais la mere Supe-
rieure les refufa , en lui difant, que, pour le prefent il nefalloit point qu'elle fe lajfdt de la lire avec toute I'atten- tion dont die e'toit capable & que de- mandoit une affaire de cette impor- tance. La foeur Sophie fe kirTa tou- cher a la lettre de fon Prelat , 8c " ouvrant fon cctur a. la grace (64), dit *> la foeur Bureau , elle ecoura fa voix » qui 1'invitoit a fe foumettre a l'E- » glife. Enfin elle prononca ce oui, » qu'elle avoit envie de dire depuis » plus d'une heure (65) , mais que « mille confiderations, apparemment » humaines, retenoient captif fur le r> bord de fes levres «. On fe fepara a l'inftant pour en aller rendre gra- ces au Pere des mifericordes j & peu apres M. de Truchis revint pour con- venir avec elle de lamaniere dont elle feroit fa foumifllon j & la fceur Sophie le laifTa le maitre de i'exprimer dans les termes qu'il voudroit. Cette con- verfion que M. de Truchis regarde comme le premier fruit de la lettre tou- (54) Cette expreffion converfions de la nature
eft afTez aflbttie an fujet. de celle de la foeur So-
C'eit la grace qui ouvre phie.
le coeur de l'homme dans s6j);iettrede M.deTru-
la veritable conversion, chisaM.dufeu.Hift.de la
mais c'eft 1'homrae qui dem perfec. T. 3.p. 141,
ouvre fin cxur dans les Mem. hill. T. 7. p. 58.
te
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III. Partih. Llv. III. 111
tedecharite que Son Eminence atoit 1711. adreflee aux religieufes de P. R. qui ne s'etoient pas encore foumifes, rut un fujec de joie d'autant plus grande que Yobfiination de la fceur Sophie paroiQbh invincible a la mere Supe- rieure des Urfulines. « Mais den " n'eft impoffible au bon Dieu, dit- « elle (66), quand on fe confie en » lui & qu'on perfevere dans la » priere ». C'eft ce que la commu- naute des Urfulines failoit avec affi- duite pour la fceur Sophie, qui par fa longue refiftance rendit j'requentes & ameres les larmes de ces bonnes Ur- fulines (67), & leur couta bien des prieres & des bonnes ceuvres pour fa converfion. Cette converfion fut Fou- vrage de beaucoup de monde, comme l'on voit.Ce fut particulierement Pou- vrage de M. de Noailles, la fceur Sophie n'aiantpu tenir contre les rai- Jons fifolides & fiprejfantes de la lettre de cette Eminence (68). Elle fut ce- lui de M. de Truchis , qui aiant vu que ces raifons avoient fait impref- fion fur l'efprit de la religieufe , vint («5) Lettre de la mere Hift. de la dern. p rlec.
Bureau , du 17 decembre Mem. hift. T. 7. p 64.
iU.daVea,ibid. (68) Lettre de M. de (67) Lettre de la meme Truchis.
18 decembre. T.j. p. 144, Tome X. F
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Hi HlSTOIRE DE PoRT-ROlAE."
le lendemain , s'attacha a lui faire
fentir 1'obligation qu'elle avoit de ne point difterer , & 1'engagea enfin a prononcer ce oui : les Urfulines eurent aulli beaucoup de part a cette converfion par les larmes freqiientes & ameres _, & par les prieres qu'elle levr couta. En un mot, on peut dire, fans etre Pelagien ni demi-Pelagien , que ce fut une converfion toute due aux hommes , & a laquelle la grace n'eut aucune part. Le Grand-Vicaire d'Autun ecrivit a
M. de Noailles (65)) , tant pour lui annoncer le bon & heureux nieces de fa lettre , que pour lui demander fes ordres fur l'ufage des facremens pour la fixur Sophie, qui en attendant fa reponfe , fe prepara a fe confeiTer pour communier a la fete de l'Epi- phanie (70). C'eft ce que manda la mere Bureau dans une lettre du z8 decembre 171 o qu'elle ecrivit a Ma- demoifelle de Flefcelles 1'aine.e, a la priere de la foeur Sophie, pour lui (69) 19 dec. 1710. Hift. nous apprenons d'une fe-
delaperfec. T. ;. p. 141. conde lettre di 10 fevrier Mem. hift. T. 7. p. 57. 1711 , que la mere Bu- (70) Elle ne tommunia reau ecrivit a Mademai-
que le 18 Janvier, apres felle de Flefcelles la c** en avoir rec/i la permiifion dette. Hift. de la dera. de M. le Cardinal de peifec. T. 3. p. 144. Noailles. C'eft ce que |
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HI. P A R. T I E. Lip. III. ft}
apprendre que fa fceur, apres bien \jn, des combats j s'itoit enfin determinie a fe foumettre a I'Eglife (71). Elle lui marque qu'elle a ligne le Formulaire librement &fans contrainte _, que ce ne font point les mauvais traitemens } ni la perfecution j comme pourrontje I'i- maginer les perfonnes du parti, qui font portee a cette foumijjion Ji jujle, mais le ben Dieu par la voix de fes Pajleurs. La mere Bureau fink fa let- tre par ces paroles remarquables, qui peuvent faire connoitre la libert£ qu'on donnoit aux religieufes capti- ves , lors meme qu'on leur avoit ar- rache la fignature. » Je vous invite, » ma chere Demoifelle , a ne lui » rien ecrire de contraire a fa fage » conduite, pas un mot d'entente 3 » vos lettres ne lui feront pas ren- » dues ". Quoique la fceur de Sainte-Sophie xLVir,
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fin fort aimee a Moncenis, & qu'on \*
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feeur So»
des |
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y eut pour elle beaucoup d egard & peine*, fur r»
d'attention, elle demanda neanmoins f*™*^?! E!* peu de tems apres la lignature a etre transferee dans un autre monaftere. Le pretexte dont elle fe fervit fut le mauvais air du Pais ou elle etoit, qui lui caufoit de frequentes mala- (71) Ibid, hift.de la dern. perftc. p. 144.
Fij
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IJ4 HlSTOlRE DE PoRT-RO*lAI..
,/:17I2> dies j mais elle avoit une autre raifon
fecrette , favoir des inquietudes qu'el- le n'ofoit faire paroitre fur fa iigna- ture. Comme ce n'etoit point des raifons de lumiere qui l'avoient per- fuadee de la verite du fait, ni des motifs certains d'evidence qui l'a- voient engagee a figner le Formulaire & la Bulle , mais des principes con- fus fur I'obenTance due aux Paftenrs , & la crainte qu'elle avoit d'ofFenfer Dieu & de fe feparer de l'Eglife en refufant la foumiffion qu'on lui de- mandoit, fes premieres idees revin- rent bientot &c lui cauferent des doutes fur fon etat & des peines d'au- tant plus vives, qu'elle ne pouvoit les conner a perfonne. L'efperance d'avoir plus de liberte dans un autre mon after e , & de trouver quelques moi'ens de lever fes difficultes , lui fit folliciter ce changement pendant trois ans. xlviii. Dans cet intervalle elle trouva Elle trouve ■• j>/ I j i
moien d'ecri- moien d ecnre une lettre , dans la-
re unc lettre quelle elle expofoit ainfi fes peines f"fes peines. & fes inquietudes. >» Mademoifel- « le (ji) , on prend la liberte de « s'adrener a vous , pour obtenir un (71) Cette lettre fans date fut adreffee a Mads-
uioifelle de Joncoux. |
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III. Partis. Liv. JH. \i\
» mot touchant les difficultes qui fe
» prefentent fur la foumiffion qu'on » a era ne pouvoir refufer fans fe « feparer de l'Eglife. Les idees qui « avoient iti donnees fur cela , re- » viennenr j on demande fi Ton doit » s'y arreter ; & fi l'obeifTance & la » crainte d'offenfer Dieu en refiftant » aux Pafteurs de l'Eglife , ne doit » pas donnerune jufteconfiance pour " metrre la confidence en repos. On » demande fi. on ne devroit pas, fi on " fe trouvoit malade a la mort, en » demandant pardon des fautes de » fa vie , & de la refinance ou Ton » a ete , protefter que ce n'a ete que » par la crainte d'offenfer Dieu, Sc » que e'eft la meme crainte qui a fait " qu'on s'eft foumis , regardant com- » me un grand mal la feparation de » cette fainte Mere des tideles. On » croit qu'il eft de la prudence de ne » pas faire paroitre fes domes, Sc » qu'il fuffit que Dieu voie dans » le cceur qu'on ne veut que lui " obeir (73) «. Telle etoit la fitua- tion de la fceur Sophie apres fa figna- ture. Cette lettre fut mife entre les mains d'un ami fidele. La fceur So- phie avoit fait une liaifon particu- (73) Voiea cette lettte. Ibid. p. 14s-
f iij
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X%6 HlSTOIRE DE PoRT-RoVaI.
■ ijix. Here avec une religieufe Urfuline de
Moncenis, nommee Madame de Saint Francois , qui vouloit bien la fervir pour ecrire 8c recevoir des lettres fans qu'elles paiTafTent par les mains de la Superieure. C'eroit une reflource pour elle; mais elle ne l'empecha point de continuer a folliciter fon changement, dans l'efperance d'avoir plus de li- berie ailleurs. Quoique M. Languet, Grand-Vicaire d'Autun appuiat fes raifons aupres du Pere Tellier, elle ne l'obtint qu'au bout de trois ans, & fut transferee a. Soiflbns au mois d'avril 1714 , chez les religieufes de la Congregation de Notre-Dame, 011 elle fut un peu plus libre qu'elle n'a- voit ete a Moncenis. xux. Elle profita de cette liberte pour La fccur , l r t \ ' ' *
soph c trans- ecouter une perlonne (74) qui vmt
f.ree a Soil- ^& parjs pour }a voir ^ &; eUe fe fel>
confiihe m. vit de cette occafion pour confulter
louaii, & pa]- ^crit M. Louail. Elle kit auffi ttaaaUol . lu relation de la captivite de la mere Angelique de Saint-Jean , que le Pere Quefnel avoir fait imprimer en 1711. Tout celalui fit prendre la refolution de faire unq retractation publique, & elle pria M. Louail de lui en en- C74) Mademoifelle de Joncoux , qui alia de Pari*
ij Soiflbns pour yojt lafceur, Elefcelles, |
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III. P A R T I E. L'lV. HI. 117
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VOi'er un modele , quoiqu'elle en eut ijn.
deja elle-meme dreife un projet, qui revenoit prefque au meme que celui qu'on lui envoi'a. M. Louail ne fut cependanr pas d'avis qu'elle fit une retractation publique j mais il lui confeilla d'attendre que la volonte de Dieu fe manifeftat davantage par quelque occaiion qu'il feroit naitre ^ & en attendant, d'ecrire & de ilgner fa retra&ation qu'elle mettroit entre les mains de perfonnes fages qui la feroient paroitre lorfqu'elles le juge- roient a-propos. C'eft fur cela qu'elle ecrivit le 17 juillet 1714 a une de fes fours la lettre fuivante, danslaquelle elle lui parle de la maniere dont elle lit fa fignature. » Je vois bien , lui dit-elle, qu'il, r L,_, ,
r r r 1 a i /t ■ /■ " 'CEUr *'e''
» raut luipendre notre deilein , & ie c'eiies ecrk a
» foumettre au fage confeil que je ",ie dJ %| » repots , julqu a ce qu il plane a (igaauire. " Dieu de faire connoitre plus clai- » rement ce qu'il veut de nous , car " je fens une inclination du cote » contraire. Je me fuis foumife etant » preffee par la lettre du Cardinal; » mais ce fut avec bien du combat, » & dans la vue que j'eus que s'il » etoit vrai, comme on s'effor^oit P de me le perfuader , que je refif- F iiij
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Ii8 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAL.
tois a l'Eglife,je m'expofois a un ter-
rible malheur. Je penfois auffi que les Savans pouvoient foutenir fuivant leurs lumieres , & que la foumif- fion que nous devons pouvoit nous excufer. J'ai vu la relation denotre mere dans fa captivite j elle regar- de cette action coinme un crime. Je fupplie tres humblement l'ami qui me temoigne une fi ilncere cha- rite, d'emploi'er fes faintes prie- res pour m'obtenir la grace , dont je fuis perfuadee que je ne fuis pas digne , 1'afTurant de ma tres hum- ble reconnoiflance, &c. Voici la retractation que la fceur Sophie fit de fa fignature. Au nom du Pere , du Fils
& du Saint-Efprit. |
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If II.
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tl.
RSrraftation „
<de la foeur Suphie Fief- » ceUes.
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" Moi, Sceur Madeleine de Sainte-
Sophie Flefcelles Religieufe dePort- roial des champs, m'etant repre-
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» fentee devant Dieu ce qu'on m'a
» oblige de faire dans le couvent des m Urfulines de Moncenis , qui etoit » pour lors le lieu de mon exil, fa- » voir l'acte que Ton m'a fait figner » le 27 decembre 1710, & que Ton » a fait imprimer depuis, & la lettre w du meme jour que Ton me lit ecrir$ |
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III. Par tie. Liv. III. 119
'1, a M. le Cardinal de Noailles , que 171
t> l'on a faitpareillement imprimer ; ;. & confiderant devant Dieuque par » ces deux adtes , je me fuis laiflee » aller a condamner la conduiteque » nos meres_, nos fours, & moi- » meme avons conftamment tenue » jufqu'au jour de notre reparation , i> comme n nous avions manque par » la a. rendre a l'Eglife, au Pape, &c i> a M. le Cardinal de Noailles notre m Archeveque la foumifllon qui leur » eft due, je me fens par-la obligee » aujourd'hui , pour fatisfaire aux » juftes reproches de ma confcience, » de declarer que je renonce a mon- » dit acte , & a madite lettre du 27 » decembre 1710, & que je m'en » tiens aux chafes que nous avons » fignees en commun avant notre fe- » paration. C'eft pourquoi je con- » tinue a condamner les V Propofi- » tions condamnees par l'Eglife. Ec « pour ce qui eft de favoir (1 Janfe- » nius d'Ypres a enfeigne dans fon » Livre lefdites proportions, je m'en » tiens a ce qui a ete regie a notre » egard par notre S. P. le Pape Cle- » mentlX, & par l'Ordonnance don- s' nee en confequence par M. de » Perefixe , par laquelle il retablit F v
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IJO HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt;
~ i7Iit » nos meres dans la participations
» des Sacremens. Je ne crois point « que ni nos meres ni nous aions » manque en rien a. l'obeifTance que » nous devons a l'Eglife & a nos Su- » perieurs, tant que nous en fommes » demeurees dans les bornes ou je » demeure encore aujourd'hui, 8c » fouhaite demeurer le refte de ma » vie. Je fupplie qu'on n'ait aucun » egard a ce qu'on m'a fait iigner par " fuS8eftwn -> & ^ans av°ir affezcom-
m pris ce que l'on exigeoit de moi » par ledit a&e du 27 decembre » 1710 , demandant pardon a, Diea » de toat mon cceur, & i l'Eglife, de- » la part que j'ai pu avoir au fcanda- w le que lefdits actes ont pu caufer. » En foi de quoi , je remets la pre- » fente declaration entre les mains » de perfonnes fages, pour la faire » paroitre lorfqu'ils le jugeront a-? » propos , pour fatisfaire a l'Eglife « dans le fein de laquelle je veux vi- » vre & mourir. Fait ce 8 feptembre » 1714. Signi j Sceur Madeleine de . » Sainte-Sophie Flescelles. tir. Elle conferva toujours une R vive fe«°soph'edouleur de la faufTedemarche quelle
HieXcdies. avoit faite en fignant ,qu'elle la pleu- ra jufqu'au dernier moment de fa, |
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III. P A R T I f. Lip. III. I 3 I
vie, la regardant comme une fame 1712.
qui avoit eteint la lampe que la ve- nte lui avoit mife en main. C'eft ce que. nous apprenons du P. RoufTeau. de l'Oratoire fon Confeffeur (75). Deux jours avant fa mort il la vint voir dans l'Abbai'e de Sainte Perine de la Villette pres Paris , ou elle avoit ete transferee. Comme elle etoit tres mal , il lui dit en s'approchant d'elle : Voilk , ma chere feeur 3 la voix de I'e- poux qui fe fait entendre j il vient au- devant de vous. Ah, mon Pere 3 re- pondit la malade j puis-je efperer que c'eft dans fa mifericorde , ou plutot ne. dois-je pas tout craindre. Vous fave^ par quelle faute j'ai eu le malheur d'e- teindre la lampe que la veritd m'avoit mife en main. Quelle apparence que je puiffe aller avec confiance au-devant de I'Epoux. Elle n'en dit pas davantage , ajoute le Pere RoufTeau, un torrent de larmes forth de fes yeux. Elle mourut deux jours apres , le 27 Janvier 1724 dans de grands fentimens de piete , dont la communaute fut fi edifiee Sc fi touchee, que toutes les religieufes n'avoient qu'un meme defir de pou- ,(7r)] Lettre aux telv- Malnoue. Hift. -de-la'dern.
gieufei de P. JL.|exiUes i perfec. T. 3- E- i-24» E vj
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I 32 HlSTOIRE DE PORT-ROIAI':
voir mourir comme elle dans la pal*
du Seigneur. La feconde religieufeque la lettre de
M. de Noaillesrenverfa,fut la Sr. Fran- §oife Agnes de S . Marguerite de Ste. Marthe exilee chez les Chanoinefles regulieres de Blois. M. David Nico- las Berthier , Eveque de cette Ville, avoit rente plufieurs fois inutilement de l'engager a la fignarure (76), mais « a cette fois il ne fallut que repre- ■» fenter a la Sr. de Ste.Martne l'extte- » mebonte &charitedefonEminence » qui vouloit bien la rechercher en- » core elle & fes fceurs rebelles apres » tant de refus reiteres. La fceur de » Sainte-Marthe fe mit a genoux , 31 demanda pardon a M. Berthier de » fa reiiftance a. tout ce qu'il luiavoic *> dit, en temoignant tout l'emprefle- j» ment poffible d'obtenir le pardon » de fon Eminence par toute la fou- ■» million qu'elle lui devoit, & qu'el- » le etoit prete de rendre «. Le Pre- lat content de ce bon mouvement, examina a fond fes fentimens & fes difpofitions, & il trouva une fimplici- *e& une candeur dans cette bonne fille (7«) Lettre de M. de Blois a M. de Noailles,
du 8 janviet 1711. |
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III. Partis. Up. III. 13$_______
'•qui le chartna. C'eft ainfi que M. 1712.
Berthier Eveque de Blois raconte la converiion operee par la lettre de M. de Noailles. II en informa auffi-toc fon Eminence , & lui envoia la lettre que la four de Sainte-Marthe lui ecrivoit ( pour fe conformer au ce- remonial ) , & il y joignit l'a&ede la fignature du Formulaire & de laBulle Vineam. II offrit d'en drefTer un proces verbal, en faifant reitirer a la four de Sainte-Marthe fa Jignature } a la- quelle il joindroit fon feing & celui de plufieurs autres. MaisM. de Blois crut que le plus preflTe etoit que la four de Sainte-Marthe s'acquittat envers fon Eminence de ce qu'elle lui de- voit, pour miriter d'etre reflituie par elle a la participation des Sacremens. C'eft la grace que M. de Blois lui demande pour cette bonne religieufe , . en l'arTurant quelle merite qu'elle ne lui foit pas retardee. Rien n'eft plus propre a fake iuger un.
1, 1 1 jf r ■ J 1 1 lettre dela
du trouble d elprit, dans lequel on freur de Ste
jettoit les pauvresreligieufes captivesMarthe sm. ' 1 r / 1 ft , 1 V de Noailles,
en Jeur exagerant la pretendue raute
qu'elles faifoient de refufer la figna- ture du Formulaire , que la lettre de la four de Sainte Marthe a M. de Noailles : la voici. » Monfeigneur, |
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I J4 HlSTOIRE DE PoK.T-R.01AI,,
» je recois avec toute forte de forr-
» million la lettre qu'il a plu a V. E» » de me faire rendre par le canal " de M. PEveque de Blois. J'y re- » connois parfaitement les traits d'une » bonte toute paternelle pour nous, » jointe a un vrai zele pour nous ren- » dre foumifes a l'Eglife , dont pour " notre malheur nous n'avons pas » aflez connu ni refpe£te l'autorite &c » le jugement. Je m'en repens fince- » rement & en demande pardon a " Dieu & a Votre Eminence , dont » les bontes fingulieres ne m'ont ja- " mais fait perdre de vue, malgre » notre rebellion, que vous etiez ve- ■ ritablement mon pere , mon legi- » time Superieur & mon Eveque. Si » j'ai eu le malheur de me laiiler aller - au torrent d'une multitude aveugle » & entetee , ma fimplicite & meme « mon ignorance fur les points con- " teftes pourront m'excufer aupres de » Votre Eminence. Accoutumee a, » obeir depuis long - terns aveugle- «• ment, je ne voiois que par les yeux » des autres , je ne decidois que par » leurs decifions , & me croi'ois en " furete de confcience de tenir leurs- M fentimens. Mais enfin le jour eft * venu oil la grace vient de me de- |
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III. Parti % Ilv. Ill- i J $
» filler les yeux * & renoncjant pout » jamais a. tous mes prejuges, je me » foumets au jugement du Pape & » des Eveques 5 ye penfe 3 j evade j » & j'ecris enjin comme l'Eglife ); y » delirant vivre & mourir dans fa « croiance > deteftant de bonne foi " tout ce qu'elle condamne & rejette. » Voila. les fentimens de celle qui » fera toujoursttesrefpe&ueufement,, » Monfeigneur , votre tres humble ,, » obeifTante & foumife fille & fer- » vante. Signe , Sceur Francoife Agnes- » de Sainte-Marguerite , religieufe " de Port-roial des Champs. Voila un langage bien extraordi-
naire. Quand ratine l'Eglife auroit decide le fait de Janfenius, pourroit- on dire que des religieufes , qui par delicatefle de confcience n'ont pu fe refoudre a, figner le Formulaire , dans h. crainte de commettre un parjure en affurant avec un ferment terrible on fait dont elles doutoient, un fait dans la deeifion duquel l'Eglife meme auroit pu fe tromper , n'etant point, infaiilible en ee point: pourroit-on ,, dis-je , regarder ces religieufes com- me hors du fein de l'Eglife & comme; des rebelles , parcequ'elles n'auroient i>as eu une. croiance humaine de ce »
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\iji HlSTOIRE DE PoRT-ROl'A'r.
fait? Ce manque de foi humaine 1
l'egard d'un fait douteux , fut-il me- me decide par l'Eglife , peut-il deve- nir un crime & une rebellion contre l'Eglife digne d'etre punie a la vie &C a la mort par la privation des Sacre- mens , en un mot digne des peines eternelles ? Reconnoit-on l'efprit de FEglife & la charite des veritables pafteurs dans la conduite qu'on a te- nue a l'egard de ces pauvres filles , en leur faifant un monftre d'un man- que de creance pour un fait douteux qui n'interelle ni la foi ni les bon- nes moeurs ? Mais fuppofons, fi Ton veut, que ce foit une faute ; eft-elle de nature a meriter la privation des Sacremens & Pexcommunication ? Ce- lui qui par delicatefle de cpnfcience refule d'afliirer avec ferment un fait dont il doute avec fondement, rae- rite-t-il d'etre traite comme celui qui combattroit un dogme de foi, & qui refuferoit opiniatrementde fe foumet- tre a une decifion de l'Eglife fur la foi? N'y a-t-il plus de diftinc"tion entre les fautes ? C'etoit l'herefie des Nova- tiens j e'eft par cet artifice que Ton engageoit les religieufes de P. R. a figner le Formulaire & la Bulle Vi- neam. II fuffit de lire la lettre de 1* |
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III. P ARTIE. LlV. IH. I?7
four Sainte-Marthe a M. de Noailles
pour s'en convaincre. La chute ae cette religieufe paroit avoir ete fans retour. Du moins nous ne voions au- cune marque quelle fe foit retradtee. Elle mourut dans le lieu de fon exil chez les Veroniques de Blois, le 8 avril 1716 agee de foixante-fept ans. Quelle gloire, quel triomphe pour ce Cardinal & pour M. de Blois, que la vidoire remportee par ces deux Prelatsfur cette pauvrefille captive! Egregiam vero laudem, fpolia ampla refertis ,
Pontificum una dolo fi femina vitta duorum eft! Faut-il etre furpris que des filles qui craignent Dieu , qui font plemes de refped pour l'Eglife , qui aiment leur ialut, qui ont horreur du peche mortel, foient troublees & renverfees en entendant des Eveques qui par- lent avec tout le poids de leur auto- rite , qui les menacent des jugemens de Dieu & de la damnation eter- nelle? Faut-il etre furpris que ces re- ligieufes captives, quelquerois mou- rantes, fuccombent a ces menaces & fignent, dans le trouble &c dans la frai'eur qu'on leur infpire, tout ce> |
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I}8 HlSTOIRE BE PoB.T-R.OlAt.
" ijn, qu'on leur fait entendre etre necef-
faire pour leur falut ? Nous mettrons ici a la fuite de ces
fignatures une excellente lettre ecrite fur la fin de 1710 (76) & publiee en 1711 . oil Ton en fait voir 1'illuiion, & la vanite du triomphe de ceux qui les ont arrachees aux religieufes de P. R. Cette lettre etoit adrerTee a une Dame de piete (77) , qui etoit affli- gee de la deftruction du monaftere de P. R. des Champs. t,v; , » VousetesafHis;ee, Madame, de deftruSion » la deltructjon de P. K. & vous le-
m''sSdcsg"c- " tes avec ra^on- Une maifon ou
).g cufts de » Dieu a ete connu, fervi & adore
p,i*" » en efprit & en verite, merite bien
» qu'on foit fenfible a une fin fi trifte
» & fi etrange. Les ferviteurs de
« Dieu cheriffoient jufqu'aux picrres
« de Sion , & etoient touches de
» compaflion en voiant cette terre
» fainte ruinee 8c deferte. L'Anti-
» quite ne nous fournit pas de lieu ,
» ou Ton ait vu des exemples d'une
» regularite plus exadte & mieux fou-
« tenue dans fa ferveur , & d'une
» piete plus eprouvee & plus folide s
(76) Par leP.Quefnel.
(77) A Madame de Vieuxbourg,
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III. Par tie. Liv. III. 159 ______
» d'une penitence plus fincere & plus 1712.
» parfaite que ceux qu'on a vus a
» P R. dans le fiecle entier de fa re-
» forme. Cependant c'eft ce lieu faint
" contre lequel on empioie des vio-
» lences inouies. II ne refta pas pierre
» fur pierre du Temple de Jcrufalem,
» parceque cette Ville ingrate ne vou-
" lut pas reconnoitre la vifite de fon
» Liberateur • & Ton rafe la maifon
» de P. R. de fond en comble, par-
» ceque penetrees d'une vive recon-
» noiffance pour la grace de ce divin
» Sauveur , ces faintes religieufes ont
» toujoms voulu lui rendre la gloire
» due a, l'Auteur de leur falut. Que
» vos jugemens , 6 mon Dieu , quoi-
" que toujours formes par la meme
■ juftice , font neanmoins different
" en apparence pour l'efprit de l'hom-
» me j qui n'en pent connoitre tous
» les refforts & tous les defTeins!
" L' in juftice des hommesrend auf-
» fi leur conduite egalement extraor- " dinaire & incomprehenfible. On a » procede contre des Moines que " ion a reconnus coupables des der- » niers exces , a-t-on ainfi rafe leur " couvent ? Les a-t-on ainfi conduits u en exil, & menes prifonniers dans, *» des maifons etrangeres ? On, s'eft* |
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140 HlSTOIRE DE Pott.T-R01At;
" on ccntente d'en envoi'er cinq ott
» fix par obedience dans d'autres mai- » fons de bur Ordre ? & Un Moine " nouvellemenr furpris dans le crime " & ramene a onze heures ou minmt " dans certe maifon , prouve aflfez " qu'on n'en a pas ore tout le mau- " vais levain. On fair les defordres " commis depuis peu dans l'Abbaie " de. ... & clans celle de.... routes » deux du Diocefe de Paris , fans " parler de quelques autres. A-t-on " puni ces dereglemens horribles par " le renverfement de ces maifons fcan- " daleufes ? On croit beaucoup faire " dans l'une d'y reformer un peu les " parloirs & d'en renforcer les gril- " les; & dans l'aurre d'en ecarter " deux religieufes 8c de les envoi'er " ailleurs pour s'y decharger du fruit " de leur iniquite. Bien loin de faire " une punition exemplaire de ces in- " famies , on prend foin de ne les " pas approfondir & d'etouffer tout " ce qui en auroit augmente 1'hor.- " reur. II n'y a que P. R., qui uni- » verfellement reconnu d'une regu- » larite exade & perfecute pour un " phantome , ne merite pas qu'on " garde aucune mefure dans l'exem- .« pie qu'on veut faire de fa preten^ |
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III. Parti e. Liv. HI. 141
» due delobeiiTance. II faut detruire"
» jufqu'aux fondernens un monaftere » qui eioitl'edification de I'Eglife & » l'afile des pauvres; miner un tem- » pie oii les louanges de Dieu ont " ete chantees depuis cinq cents ansj » fruftrer l'intention des fondateurs , » violer & profaner leur fepulture & » celles de tant de perfonnes illuf- » tres j & ne laifTer ancun veftige » d'une maifon , oil Ton a ofe ne pas " baiiTer le con fous le joug d'une do- » mination fur les conferences inter- s' dite aux Apotres. « Mais, Madame , que nous doit
» apprendre la deftrudbon d'un lieu
» (1 faint, finon que ce n'eft point
» dans ce qui eft periiTable & pafla-
» ger que Dieu met fa veritable gloi-
» re ? Ces faintes maifons , ces edi-
" fices facres, que le Seigneur livre
» ainfi quelquefois a la paflion des
" hommes, ne doivent done point
» faire ni l'objet de notre atrache-
» ment pendant qu'ils fubfiftent, ni
» le fujet d'une trop grande douleur
» lorfque nous en voions les mines.
» Ce n'eft qu'un avancement d'une
« deftrudion qui doit arriver tot ou
« tard , & ce.tainement avant la fin
» dumonde.
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I4I HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt.
" L'etat de routes ces religieufes
» eft bien plus digne de companion » que celui de leur monaftere. Leur « difperfion eft vraiment aftligeante , » &c par la captivire ou elles font re- » duites, & par les fuites de cette •» captivite. Pendant qu'elles demeu- n roient enfemble , ['union que la » charite formoir entr'elles les ren- m doit inebranlables dans les memes » fentimens. La lumiere des unes fai^- » foitremarquerauxautres les pieges » que leur candeur n'appercevoit pas. » Des fre res foutenus par leurs freres » deviennent line v'dle imprenable. » Deux redflent a des attaques aux- » quelles unefeuleperfonnefitccombe, » lorfquelle eft fans fecours (7<j).C'eft » pour cela que Ton a pris ie violent » deftein de les feparer les unes des » autres j & plufieurs , comme vous » le favez , onr deja eprouve que c'e- » toit le plus pernicieux moien qu'on w put emploi'er contre elles. Des fil- »» les routes agees ou infirmes , la » plupart fort fimples & fort peu inf- « truites du fond deschofes , privees » de tout confeil en qui elles avoient » grande confiance, livrees a des per- s> Tonnes devouees a. leurs ennemis t (78) Prov. 18. i». tstht>4. tit- |
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III. P A R T I E. LlV. III. *4$
» qui ne cherchent qu'a furprendre
« leur iimplicite & a profiter de leur » foibleffe j des lilies , dis-je , dans « une fituation fi violence ne pou- v voient pas aifement echapper a cet » ecueil. « II s'en faut beaucoup que routes
» aient les memes lumieres pour evi- » ter la furprife. Toures n'onrpas » recu un egal don de force pour " foutenir de il etranges traitemens. « Souffrir ce n'eft pas pour des Cure- s' tiens un etat a plaindre.. lis ont » appris de Jefus - Chrift a regarder " comme un bonheur les fouffrances »» de ce monde. Mais ce n'eft qu'a la » perfeverance que la couronne eft » promife, & la perfeverance n'eft » pas donnee a tous ceux-memes qui » ont commence genereufement cette w penible carriere, Le Seigneur en " fait un difcernement, 011 nous ne » pouvons qu'adorer fes jugemens " impenetrables; c'eft poiirquoi nous » devons toujours prier notre Pere " celefte de ne nous pas expofer a " la tentation. » Mais puifque la foiblelTe humai-
" ne eft ii graudc , & que la grace " de la perfeverance eft d'autant plus " rare qu'elle n'eft due a perfonne , »
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144 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAI,.
» ni accordee a tous , doit-on s'eton-
» ner qu'entre ces filles accableespar I » une 11 longue fuite de peines, pri- » vees de tout fecours du cote des 1 » hommes, depourvues de toutes les I » confolations qui pourroient adou- jj cir les peines de leur etat, chargees » de reproches & d'infultes par tou- » tes les perfonnes qui les voient, w & intimidees par des menaces des » plus rigoureux traitemens, il s'en „ trouve qui cedent a de telles vio- « lences. Helas! il faut bien plutot >j s'etonner de ce qu'elles n'y ont pas » encore toutes fuccombe. Mais j'ef- I » pere de la mifericorde & de la 35 toute - puiflance du Dieu tres fort 55 d'Ifrae'l, qu'il nele permettra pas, >5 & qu'il rera eclater fa puiflance » dans le nombre qu'il s'eft choili. 55 A I'egard de celles qui ont figne
» je ne puis pas les excufer toutes, 55 comme je le fouhaiterois. Celles » qui l'ont fait, en perdant,faute d'un 55 Courage perfeverant , la couronne 55 d'une patience qui etoit fi admira- 55 ble, iont encore plus a plaindre » devant Dieu, que leur capnvite & >5 leurs fouffrances ne font deplora- »5 bles aux yeux des hommes. Car je >> ne puis vous dire autre chofe fur 55 leur
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III. Par tie. Liv. III. 145:
» leur fujet que ce que me die le S. T7T1 » Efprit: Malheur a ceux qui man- <> qiient de courage j qui ne Je fient » point a Dieu, & que 'Dieu pour » cette raifon ne protege plus j mal- » heur a ceux qui ont perdu la patien- <> ce , qui ont quitti les voies drones » & qui Je font detournis dans des » routes egare'es. Et queferont-ils, lorf- " que le Seigneur commencera. a exa- » miner toutes chofes ? Ces religieufes » etoient convaincues qu'elles de- » voient s'attacher aux principes de " leurs anciennes meres, & ne pren- » dre point de pare dans un juge- » ment, oix leur ignorance 8c leur » condition ne leur permettoient pas •' d^entrer, pour ne pas commettre » un parjure en faifant un ferment » fur un fait qu'elles ignorent. » Quand la chafe feroit auffi vraie
'» qu'elle eft au moins doutenfe, fl " elles n'ont pas une entiere certi- » tude de cette pretendue verite, il " ne leur eft pas permis de l'attefter >> avec ferment, fur quelque autorite " que ce foit, fi ce n'eft pas une au- " torite infaillible & incapable d'er- " reur ; autorite qui fe trouve uni- " quement dans les points que Dieu 15 a reveles a fon Eglife. C'eft fur ce Tome X. G
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I4<£ HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt.
» principe inconteftable qu'on doit
» juger de la demarche qu'elles ont » faite. » Mais quelle gloire, quel avan-
» tage leurs perfecuteurs peuvent-ils » tirer de fignatures extorquees de j) cette forte? Eft-ilfurprenantqu'on » puilTe reuffir a tromper des filles " dans l'etat effro'fable oh Ton reduit » celles-ci ? Des violences beaucoup « moins grandes firent autrefois fouf- » crire a 1'erreur les Eveques de la plus » grande partiede l'Eglife.Que fit-on " aux Eveques aflembles a Rimini , » qui ait quelque comparaifon avec « les duretes inouies que Ton exerce » contre les religieufes deP.R. ?L'Em- »> pereur Conftance zele fauteur de » i'Arianifme fe contenta de les te- la nir eloignes de leurs Diocefes , de » les fatiguer par les incommodkes » du fejour de Rimini,& de leur faire jj croire qu'ils n'en fortiroientjamais, » s'ils ne fe rendoieut a fa volonte « en s'accordant avec les Ariens. » Une perfecution fi legere ebranla » la conftance de 400 Eveques , Sc v leur fit abandonner ce qu'ils avoient » fait pour foutenir la foi. La plu- » part des Eveques Catholiques, dit » Severe Sulpice , quelques - uns fe- |
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III. Partis. Liv. III. 147
» dints par la foibleffe de leur genie ,
» d'autres laffes par un fejour fi en- " nui'eux, fe rangerent du cote des » ennemis de la foi ; & des qu'un » certain nombre eut perdu courage , » les autres fe rendirent en foule au » Parti oppofe. II n'y en eut que lo » qui refolurent de tenir ferme. Ces "io memes voulant mettre fin a cet- » te affaire , fe laifferent tromper par » la fubtilite des Ariens, de.forte que » 1'erreur fut en apparence pleine- » ment vi&orieufe. » Deux annees d'exil avoient fait
» tomber lePape Libere quelque-tems » auparavant 5 & celui qui avoir pa- s' ru une des plus fermes colonnes de » l'Eglife, devint auffi foible qu'un » roleau en fe laiffant aller a l'ennui. » La vue de quelques foldats , les » menaces de quelques Officiers de » 1'Empereur Theodofe II, $c l'exem- » p!e du mauvais trairement fait a " S. Flavien Patriarche de Conftantif » nople porterent les Eveques d'O- " rient a condamner la foi dans la » faux Concile d'Ephefe. » Mais fans recourir a des terns fi
» eloignes, que n'a-t-on pas vu dans " ces dernieres annees ? Quarante " Dodeurs fignent la decifion d'un G ij
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I48 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAL.
^tTi! " cas c^e confcience , qui ne leur pa-
" roifioit pas foufTrir de difficulte. » Certe fignature fait du bruit, on « menace ces Do&eurs, plus de 3 6 » fe retractent aiifli-tot : on en exile » -quatre qui refufoient de fe retracter; » *& de ces quatre urt feul demeure » ferme , & cherche fa furete dans la » fuite (79). » Faut-il done s'etonner que des
" moiens beaucoup plus forts 8c plus " violens emploies contre des reli- » gieufes, que leur fexe & leur igno- » ranee devoient rendre plus foibles, » puiffent enfin emporter quelque cho- » fe fur des efprits abattus par la trif- " tefle,par la longueur & l'ennui d'une » prifon que tant de rigueurs excef- » fives rendroient infurportable aux » plus forts efprits ? Qui ne s'eton- " nera au contraire qu'on ait pu » fe refoudre a avoir recours a des " moiens fi indignes 8c fi inutiles " tout enfemble ? « Car enfin, peut - on douter que
» tout ce que ces filles font dans cet » etat de captivite , ne foit entiere- « ment nul, puifqu'elles ont defavoue w d'avance tout ce qu'on pourroit ob- » tenir d'elles par cette voie? Tomes (7?) M. Pempiedt
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Ill Par.tie. Liv. HI. 149
» les loix ordonnent , qu'on n'ait au- 171 %.
» cun egard a des aftes fairs par une
» conrrainre fi. vifible. Qu'on les reu-
» niife roures enfemble, qu'on leur
» laifle une liberte enriere de decla-
» rer leurs fentimens, & Ton verra
» fi elles en onr verirablement chan-
» ge. II n'y a perfonne ailez peu |u-
" dicieufe & afTez peu equirable pour
« n'avoir pas infinimenr plus d'e-
.» gards aux declarations libres & vo-
" lontaires qu'elles ont fakes de leurs
» fentimens pendanr qu'elles etoient
» libres , qu'a ces fignatures qu'on
" arrache d'elles par furprife , lorf-
» qu'elles font arToiblies par les dure-
» tes qu'elles eprouvent deja , & par
» les menaces d'un traitement encore
" plus rude.
» L'arToiblilTement de celles qui
" ont iigne doit done moins vous fur- " prendre, Madame , que la conftan- ." ce de celles qui demeurent fermes. » Et permettez-moi de vous dire que <• " yous n'avez pas raifon de pretendre " qu'il auroit mieux valu pour elles " de ligner d'abord dans leur mai- » fon que de figner prefentement " dans leur exil. Que leur auroit fer- " vi cette fignature il y a trois ans ? " Vous vous imaginez qu'elles au- G iij |
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rjo Histoirb de PoRT-ao'iki.
1712. » roient par-la conferve ieur maifon y » a la mine de laquelle vous etes trop » fenfible. Non , Madame , elles ne " l'auroienr pas confervee. Ceux qui « le favent mieux que vous, aflurent « le contraire. M. le Cardinal de " Noailles dit lui - meme deilors £ » leur ConfefTeur, que fi elles euffent » obei elles auroienr fatisfait a ce » qu'il pretendoit etre de leur de- " voir, mais qu'elles n'auroient pas » arrete les deffeins qu'on avoit pris » contre elles, &'que leur mine etoit » refolue (80). Ainfifouhaiter qu'elles » l'euflent prevenue par leur figna- » ture, c'eft fouhaiter qu'elles euifent t> marque encore une plus grande 3> foibleflfe. On ne doit pas trouver » non plus etrange que de fi faintes » religieufes aient ere capables de « faire dans leurs prifons ce qu'elles » afluroient dans leur maifon ne pou- .» voir accorder avec leur confcience. * j> II y a peu de religieufes qui aient » autant de piete & de vertu que les (80) Voi'ez dans 1'hif- n'auroiteu aucun gretexte ■
toire de la derniere perfe- d'attaquet P. R. fi les IV
cuticm de P. R. T.;. p. Evequesavoienc tenu fer-
174, une lettre d'un Be- me , & n'avoient pasfa-
nedift'n dans laquelle il crifie leurs Mandemens a
recherche la caufe de la un amour impatient de U
deftruftlon de cette fainte paix.
waifon, & croic qu'on -
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111. P ARTIE, tiv. 111. i$t
premieres filles de fainte Therefe 17
en avoient. Elle les reprefente elle- meme comine des perfonnes par- faitement detachees de toutes les chofes du monde, & qui n'etoient pofledees que du defir de plaire k Dieu. De fi vertueufes filles fe Iaif- ferent neanmoins aller a figner des chofes faufTes & defavantageufes a leur propre mere dans l'apprehen-> ■ fion d'etre excommuniees. Et Dieu le permit ainfi afin que ce fut a la pofterite un exemple de la fragilite humaine, &c du peu d'egard que Ton doit avoir a des fignatures ar- rachees par cette voie. Le monaf- tere de Seville fonde par fainte The- refe fouffrit deux gran des perfecu- tions 5 la premiere dans le tems que la Sainte y etoit -y & la feconde depuis qu'elle fut retournee a. Avila. - Les Cannes chaufles etant alors rentres dans leur jurifdiclion vou- lurent prendre connoiflance de ce * monaftere des Carmelites dechauf- fees. Auili-tot qu'ils fe virent en autorite , ils y changerent toutes chofes. Ils depoferent la Prieure Sc en elurent une autre. Ils informe- rent contre quelques religieufes an- ciennes, & contre la Sainte nieme. |
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I5i HlSTOIRE DE PoRT-ROlAl.
» Cette Sainte fut mife entre les
» mains du Nonce , qui eleva une m grande tempete & une grande per- " fecution contre fa reforme. » Cependant cette information
» pleine de menfonges &: de calom- » nies etoit fignee des religieufes de » Seville , queces Cannes qui etoient » alors Superieurs , menacerent d'ex- " communier , fi elles ne fignoient " ces fauflfetes, comme fainte The- » refe le marque elle-meme dans fa " iettre XVII. Ces pauvres files j dit- » elle, ont bien manque de quelqu'un => qui leur donnai confeil. Les Avocats " de ce pais font etonnes des chofes " qu'on leur afaitfignerpar la crainte ■» des excommunications. J'apprehende » beaucoup qu'elles n'aient dit plu- " jieurs chofes contre leur confcience ; » peut-etre qu'elles ne fe font pas bien => expliquees. II eft certain qu'ily avoit » dans leurs depofitions des chofes tout- » a-fait fauffes. J'etois alors dans le " couvent 3 & pareille chofe n'y eftja* « mais arrivee. Mais je ne m'etonne » pas qu'on leur ait fait dire tant de » fauffetes & tant d'extravagances , » d'autant plus qu'il y eut certaines » religieufes qui furent examinies & in- » terrogees Jix heuresdurant }& qu'imc |
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i'7'iz.
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III. P ARTIE. L'lV. III. 153
a de celles-la jfaute de jugement ,■ aura x 712.
a figni tout ce au'iis auront voulu. » Si fainte Therefe ne s'etonne pas*
» que des religieufes tres bonnes d'ail- » leurs , interrogees pendant fix lieu- » res par un Superieur-, qui les pretle, " qui les embarafie qui les menace , » depofent & fignent des extravagan- " ces & des faufTetes , doit-on etre » furpris, non pas qu'un pareil in- >• terrogatoire de fix heures, rriais » tant de vifites & de difputes ou » Ton a emploi'e routes les menaces, » les rufes & les artifices imaginables j " qu'un etat violent qui dure depuis » plufieurs annees; qu'une perfecucion » ouverte tant de fois reiteree , tan- » tot avec plus, tantot avec moins de » rtgueur j non une fimple menace » d'excommunication , mais une » reelle feparation des Sacremens , " meme a la mort, une fi longue » privation de liberte 5 une fi dure, " & fi longue captivite , accompa- " gnee de tourmens plus durs pour " des ames timorees & religieufes, " que les genes & les tortures, fafient " enfin tourner la tete a. quelques " filles, & les engagent a faire ce " qu'elles ont toujours juge contraire » a leur confcien.ee , tant qu'elles G v
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I 54 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAll
" » l'ont pu confiderer d'une vue tran*
« quille & a couvert de toutes ce& » contraintes ? " O le vain triomphe pour les ac-
». teurs de cette cruelle tragedie!
« Qu'ils examinenr foijgneufemenc
« devant Dieu ce qu'ils feroient eux-
« memes , s'ils etoient a l'epreuve de
» la moindre partie de ces rourmens,
» & ils cefleront de s'en glorifier.
» Quelque zeles qu'ils foient pour
« extorquer cette fignature , quoi-
» qu'ils affectent de paroitre convain-
m. cus de fa neceffite , quelqu'em-
« prefTement qu'ils aient, quelques
» raifons qu'ils emploient pour la
» perfuader ; on fait afTez que fi
w le Pfince changeoit d'inclination
» 8c leur ordonnoit de changer de
» conduite, ils n'attendroient pas la
m fimple menace d'une difgrace,
» moms encore la privation ou l'ex-
» clufion des Eveches ou des Benefi-
» ces, le depouillement entier de
» leurs biens, & une dure captivite
« pour figner le contraire dece qu'ils
» prechent avec un zele fi ardent. En-
** tre pres de no Eveques qu'ily a
m en France , il ne s'en trouveroit
». peut-etre pas un feul qui fit la moin-
e» dre; rciiftance, & qui ne juftifiat
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III. Partie. Liv. III. 15 5:
*s> l'innocence de celles que Ton re- 171,2. » prefente & que Ton traite aujour- « d'hui comme des criminelles & des » rebelles a l'Eglife. Tant d'exemples » de ces terns plus heureux que les » notres , les variations continuelles » de la conduite & des fentimens des » Evequesprouvent certainement que » ce n'eft point ici un jugement te- » meraire. » Si Ton examine le caracTrere & l'e--
» tat des religieufes de P. R. dont on » publie les fignatures , rien ne fait » mieux voir la vanite du triomphe. » On foutient d'abord que l'hiftoire » de la fignature de la four Anne de » Sainte - Cecile de Boifcervoife , » morte prefqu'a. fon arrivee au lieu » de fon exil & de fa prifon , eft ab- » folument deftituee de toute preuve . " legitime. Celle de la four Euphra- " fie Robert eft plus que ridicule. Que " peut-on penfeir de ce que Ton a fait ■ faire a une fille agee de quatre- » vingt-fix ans , paralytique depuis- * plufieurs annees, qui ne peut ni
» lire , ni ecrire, a qui diverfes atta- »■ ques d'apoplexie ne laiffent pas l'u- '» fage libre de la raifon, & qui eft * incapable d'entendre, ou de dire lai ■
" moindre chofe qui foit tant foie te peufuivLe.£ G v|
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1 5<J HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt;
» A 1'egard de la fceur Apolline
» le Begue , c'eft peut-etre l'efprit le » plus borne qu'on puifle imaginer. » On lui a promis que s'il y avoit » du peche dans fa lignature on s'en » chargeoit, elle n'a pas eu befoin » d'une plus grande conviction. " On publie encore la lignature
» de plufieurs autres religieufes, mais « on ne publie pas la maniere dont on » la leur a extorquee. Celles qu'on ne » peut ebranler par des menaces , on ?> les attaque par d'autres voies qu'on » n'avoit pas encore mifes en ufage. » On convient avec elles qu'on ne " peut pas les obliger a la croiance » d'un fait non revele, & on leur dit »> que ce n'eft pas non plus l'inten- « tion de l'Eglife. On afTure meme » qu'on va jufqu'a leur donner a£te » de cette declaration par ecrit, ou » plutot apparemment a leur permet- » tre de declarer elles - memes dans ■» un ecrit particulier qu'elles ne s'en- " 8a8ent Point par ^ur lignature a « une telle croiance. » M. Chevalier Grand-Vicaire de
.»' Meaux a fait ainfi figner les deux » religieufes de P. R. qui font dans » cette ville , en leur reprefentant .» qu'il etoit allure par la declaration |
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III. Par tie. Liv. III. 157
meme du Pape , que le Saint-Siege 171 i. n'exigeoit la cro'iance que pour le droit, 8c que c'etoit tout ce qu'on demandoit par la derniere Bulle de Clement XI. Qui ne fe laiflerok furprendre par une telle fedudrion en ce qu'on veut bien recevoir leur fignature dans cette difpofition oil elles ont toujours ete, & que nean- moins on fupprime les declarations qu'on leur a faites, ou qu'on a re- cues d'elles, pour ne recevoir que leur fignature qui ne l'exprime pas ? Sont - ce done la. les depofitaires de la fincerite chretienne ? Eft-ce- la la fimplicite de la colombe dans les points ou elle eft le plus necef- faire ? N'eft-ce pas plutot la dupli- cite de cet ancien ferpent qui eft ap- pelle Diable & Satan 3 quifeduit tout le monde ? Tous moiens paroifTent bons a certaines gens pourvu qu'ils viennenr a bout de leurs delTeins: ils fe fraient par-la les voies pour arriver au but ou tend leur ambi- tion , ou leur complaifance pour les volontes & les preventions des Puif- fances. ' Mais helas! fera-ce eequijuftifiera.
devant Dieu les violences inouies exercees contre ces vierges, les ar- |
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158 HlSTOIKE DE PoRT-ROlAt. i
~ » tifices indignes qu'on emploie pour
« les feduire, la mine d'une fi fainte- » maifon, le renverfement d'une des w plus vertueufes communautes de » l'Eglife ? Mais fans cefler, Mada- » me , de pleurer fur des objets (i » dignes de nos larmes , emploions- w les auffi a. deplorer l'aveuglement » de ceux qui font ou les auteurs & » les fauteurs, ou les complices d'une » injuftice n" criante. " Une morr fubite vient d'entraJ-
■n ner au jugement de Dieu l'Abbelfe « de P. R. de Paris (Madame deCha- » teau-Renaud qui avoit toujours » langui depuis une attaque d'apo- » plexie qu'elle avoit eu dans le terns » qu'elle fut a P. R. pour en enlever » les meubles ) , pour y rendre ua » compte terrible d'une ufurpation, » que ni 1'autorite ecclefiaftique , ni « la puifTance feculiere ne pourront » jamais faire pafler pour legitime. » Si la juftice divine differe a punir m les autres, fa patience ne rendra « pas leur fort plus favorable , s'ils « ne reparent leur injuftice par d& » dignes fruits de penitence. " Et qui, a la vue de ce jugement
» redoutable,peut penfer fans frai'eur » a la lachete criminelle. de ces. idoles. 1 |
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III. Pah tie. Llv. III. 159 _______(
» de Pafteurs , de ces chiens muets , 1712.,
» comme dit le Prophete , qui voient
» les loups entrer dans la bergeri&
» & la dilperfion de tout le troupeait
» fans jetter le moindre cri, ou qui
»> ne crient que pour heurler avec les
» loups. Je mis, &c. ".
II eft a propos de donner ici a nos iv-
Le&eurs une certaine connoiflance de viJcH pett la vie du P. Gerberon, que la fceur le Gerberon. T7. rr r , ' ^ 1, Ses ecriSS.
Vavafleur confulta , comme nous Ia-
vons rapporte , & qui d'ailleurs s'eft rendu li celebre. D. Gabriel Gerberon ne le 12 d'aout 1628 a Saint Calais , petite ville dans le bas Vendomois , - entra dans la Congregation de faint Maur _, ou il fit profe'ffion le 11 no- vembre 1649 dans l'Abbai'e de Saint Melaine de Rennes. II s'y diftingua bientot par fes talens , & enfeigna . fucceffivement la Rhetorique, la Phi- lofophie & la Theologie dans les Ab- bai'es de Bourgueil, de S. Denis en Trance , &c. Comme D. Gerberon etoit un Theologien de bon gout & eclaire , il s'eleva au-deflus des pre- juges du tems , & puifa, non dans les Scliolaftiques, mais dans la Tradition, dans l'Ecriture , les Conciles & les Peres, ce qu'il enfeignoit. Des efpritsi-, tnal difpofes, ou peu eclaires, en fi- *eat contre lui. des. plaintes, qui hiu |
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l£0 HlSTOIRE DE PORT-ROlAi; !
1712. font honneur, difant qu'il enfeignoit
la Pofitive & non la Scholaftique. En 1666 il recut ordre du Chapitre ge- neral de fe rendre a Paris, ou il pu- blia I'annee fuivante l'apologie pout Rupert, qui fut bientot fuivie de beau- coup d'autres ecrits. De ce nombre font, Le Miroir de lapieti &c., ouvra- | ge excellent, qui contient en abrege toutes les verites de la grace, tirees des ecrits de faint Auguitin ; le Miroir fans cache ; le Combat des deux clefs ; VAbbe Commendataire , &c. Etant a S. Germain il publia les ceuvres de faint Anfelme, & fut un de ceux qui ap- plaudirent au delfein de donner l'e- dition des ouvrages de faint Auguf- tin , & en prefla l'execution. En 1682 , fur la delation de trois I
faux freres qui ont ete depuis chafles I de la Congregation , un Exemt accom - pagne d'Archers arriva a Corbie le 14 de Janvier pour l'enlever. D. Gerbe- ron informe de Tarrivee de cet Exemt, & fe doutant que ce pouvoit bien etre pour lui, prit le parti de la fui- te -, & etant parti de grand matin il echappa a l'Exemt, arriva a Amiens & de-la fe retira en Flandre. M. I'E- veque de Caftorie fachant qu'il etoit a Bruxelles lui fit dire d'aller en Hoi- |
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III. Part il. Liv. III. iG\
lande , & il fe rendit a Delft , ou M. Arnauld lui fit l'honneur de Tal- ler voir auffi-tot qu'il apprit fon ar- rivee. M. de Caftorie lui-meme prit la peine de venir l'y trouver , & lui donna tout pouvoir d'adminiftrer les Sacremens & d'aider les Pafteurs qui auroient befoin de lui. On peut bien croire que D. Gerberon ne derheura pas oifif j & qu'il publia plufieurs ou- vrages dans un pais de liberte. Effec- tivement il en compofa un grand nom- bre -y ce qui fait dire au Pere Da- vrigni dans fes Memoires, t. 4 p. 15 o, qu'il repandit un deluge d'icrits fur les matieres de la grace. Ajoutons qu'il parle dans tous ces ecrits d'une ma- niere fi exade fur les verites de la grace & de la predeftination, que le fougueux Jefuite qui l'accufe de n'a- voir fait aucun ecrit, ok il n'enfeignat' a dicouvert les opinions condamnees , voulant en donner des exemples , ne releve en lui que les propres expref- fions & la pure doctrine de faint Au- ?;uftin , comme il nous feroit aife de
e faire voir j tant il eft vrai que les Jefuites n'ont eu d'autre deflein en faifant condamner les V Propofitions, que d'envelopper dans la condamna- tion la doctrine de faint Auguftin. |
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I<Ji HlSTOIRE BE PoRT-ROlAt."
Les principaux ouvrages que fit Dont
Gerberon font : La virite catholique yiclorieufe , &c. , qui eft une apolo- gie de la grace & de la predeftination_, contre les erreurs du Pere Hazart Je- fuite : Reflexions chretiennes contre un fermon que le meme Jefuite avoir fait imprimer a Anvers: Difenfe de VEglife Romaine touchant les verites de la predeftination & de la grace effi- cace : Le iufie difcernement 3 &c. Non content de defendre les verites de la grace & de la predeftination contre les Jefuites , D. Gerberon fit plufieurs ecrits contre d'autres ennemisdel'E- glife. II refuta par un gros ouvrage celuideJurieu , intitule : Prejugi con*- tre i'Eglife Romaine , &c mit hors de combat ce Miniftre Francois qui fut reduit au filence. Ce fot dans ce tems que la guerre s'etant allumee entre la France & la Hollande, D. Gerbe- ron pour pouvoir refter en fiirete dans cette terre etrangere , ou il avoir ete force de fe retirer , fe fit naturaliier a. Rotterdam fous le nom d'Auguftin Kergre.Avant ce tems,outre latraduc- tionde l'ouvrage intitule : Mpnita fa* lutaria, il avoit compofe plufieurs pe- tits ecrits d'une folide piete, tels que, Le veritable devot a la Vierge, & Qc- |
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III. P A R T I E. Liv. III. I 63
cupation interieurependant la Meffe &c. Vers Pan 1690 , il donna une edi- tion tres intereflante des ouvrages de michel Bams , l'un des plus excellens Theolog'iens des derniers tems, im- primee a Bcuxelles. II acheva dans cetce ville l'hiftoire entiere du Janfe- nifme , a laquelle il ajouta les pieces juftificatives. II feroit a fouhaiter qu'on donnat au public cette importante hiftoire qui n'a point encore paru. L'hiftoire du Janfenifme en trois vo- lumes n'eft qu'un abrege de cette grande hiftoire , qui formeroit deux volumes in folio. Le Pere Gerberon fit cet abrege en fran^ois en faveur de Mademoifelle de Stempuis, a qui il avoit beaucoup d'obligation. Plufieurs autres ecrits folides & edi- fians fortirent encore de la plume fe- conde du P.Gerberon: les Traiteshiftc-' riques, ouil montre la tradition de la Predeftination gratuite & de la Grace efficace, & prouve que cette doctrine eft de foi. Cet ouvrage fitt imprime a Bruxelles , ainfi que les lettres de Janfenius avec des remarques theo- logiques & hiftoriques de fa fa^on: Lettreaun Seigneur d'Angleterre tou- chant la miffion des Jefuites: plufieurs Merits contre le Formulaire ; la cort- |
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I<?4 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAl.
1712. duke & la do&xine de l'Archeveque
de Malines: Meditations Chrhiennes fur la providence de Dieu al'egarddu falut des hommes : La Confiance chre- tienne , &c. contre ceuxquipretendent que la do&rine de la Predeftination mene au defefpoir. Le Chretien defa- huji, oil il rapporte la Doftrine ca- tholique touchant la Grace. Nouvelle Logique enfrancoi:, par dialogue. Trois Dialogues ou Conferences de Dames favantes contre le P. Alexandre. Nous ne pretendons pas donner ici une lifte exafte desouvrages du P. Gerberon : mais un des plus folides & des plus inftru&ifs que nous ne devons pas omettre, eft celui qui porte pour titre: La Regie des rrmnrs. L'an 1703 , Dom Gerberon quirta
Roterdam pour aller a Bruxelles, par la crainte que Jurieu contre lequel il avoit ecrit, n'exckat quelque perfecu- tion contre lui j mais il ne fit pas at- tention qu'il avoit d'autres ennemis, qui n'etoient pas mains dangereux pour lui a Bruxelles, a Malines & ailleurs, que Jurieu l'etoit a Roterdam. Le 3 0 de mai de cette annee , un Grand- Vicaire qui avoit trois freres Jefuites enleva lm-meme Dom Gerberon , le conduifit dans la prifon de l'Arche- |
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III. Part ie. Liv. III. itSy
spie de Malines , & faifit fes livres & papiers. L'Archeveque apres lui a- voir rait fubir trois interrogatoires, prononca le 7 feptembre une fenten- ce , dont l'accufe ou plutot l'innocent opprime, appella de vive voix, ne pouvarit le faire autrement, car on lui avoir refufe Avocat, Procureur & tout ce qu'on accorde aux plus criminels. Tout ce qu'il put faire, car que peut l'innocence contre la force & la vio- lence ? fut de dormer procurarion par ecrir pour appeller au Pape , qui recut fon appel & nomma l'Abbe de Sainre Gertrude de Louvainpour con- noitre de fa caufe. Le Juge nomme donna trois decrets , par lefquels il ordonna que l'Archeveque lui remit entre les mains tout le proces & tous les papiers & autres meubles qu'il avoit enleves. Mais le Prelat n'y eut aucun egard. Le Pere Davrigni pre* tend que ceux qui ont Id les charges du proces ,/ont bien eloignes de trou- ver la Sentence aujji vwlente & aujji injufte que I'ont publie les partifans du Pere Gerberon. Perfonne n'ignore de quel poids eft Fautorite d'un Jefuite en pareil cas •, il aflure qu'il fut con- yo-incu d'avoir enfeigni hautemem The* refie, c'eft-a-dire, d'avoir enfeigne la |
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iSS HlSTOIRE DE PORT-ROIAI,;
ijii. do&rine de faint Anguftin contreles
Pelagiens. Jamais leP. Gerberon n'eut d'autre crime, & n'enfeigna d'autre herefie. Pour ce qui eft d'avoir fubfli- tud un ha^it feculier a celui de faint Benoit, le fait eft vrai. Mais feroit- ce un plus grand crime pour le Pere Gerberon d'avoir fubflitue un habit fe- culier a celui de faint Benoit pour fau- ver, finon fa vie, du moins fa liberte; feroit-ce , dis-je , un plus grand cri- me dans le Pere Gerberon que dans un Jefuite , de fubfiituer un habit de Mandarin a la robe de Saint Ignace pour s'enrichir des depouilles de Is Chine ? tvn. En mil fept cent quatre,le Confefleur caiomniei <je Louls XIV engagea ce Prince a re- fur les fenti- demander le Pere Gerberon comme GeXton r's^on fujetj en cbnfequence il fut tranf- font confon fere de la prifon de Malines a la Ci- Gerberonm^ tadelle d'Amiens, ou il fut traite avec me. bonte par M. de Broue Prelat pacifi- que , qui occupoit alors ce Siege. Ce
rut fans doute ce qui engagea fes im- placables enneniis a le faire transferer d'Amiens au Chateau de Vincennes, ou il arriva le 6 Janvier 1707, & fut *• G. refTerre qu'il ne voi'oit perfonne que ceux qui lui apportoient a manger.
m La prifon & la folimde, dit le Pere |
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III. p ARTIE. Liv. III. 16j
■>■>. Davrigni, fans parler des aurres in- 171 i,
« commodites qui fuivent la perte de
» la liberte , ne furent pas capables,,
» les premieres annees, d'amollir le
» ccEur ou d'ouvrir les yeux de ce
» vieillard o&ogenaire, & Ton ne
» dontoit plus qu'il ne dut mourir
» dans l'herefie , impenitent & ex-
» communie , lorfquepar une grace des
» plus fpeciales il fe fentit change &
» convent. Qu'on dife a prefent que
lesjefuites ne reconnoiflent pas degra-
ces. Un vieillard age de quatre-vingr-
cinq ou quatre-vingt-fix ans , apres
fept ans d'un etroite captivite iigne
le Formulaire; c'eft au jugement du
Pere Davrigni 1'efFet d'une grace des
plus fpeciales : voila ce que les Jefui-
tes appellent des graces fpeciales.
» II demande avec empreffement,'
» continue le Jefuite, a figner le For- • » mtilaire , ce qu'il fit le 18 avril >• 1710 j retractant la doctrine de " tous fes livres, & temoignant beau- » coup de douleur de l'attachement " opiniatre qu'il avoit eu aux erreurs >• condamnees «. II faut avoir de la patience pour foutenir la lecture de tant de fauffetes , & du courage pour les tranfcrire; mais nous les rappor- tons a defTein,pour faire voir que l'ek *
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I(J8 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt.
prit de menfonge tient par - tout le
meme langage,qu'il conduit la plume des ecrivains de la Societe ; & pour faire connoitre fpecialement celle du P. Davrigni,quienparlant du P.Ger- beron ne fait que copier les faulletes qu'on mettoit dans la bouche des reli- gieufes de P.R. acres les avoir feduites. Ecoutons prefentement le P.Gerberon: il va donner lui-memele dementi a ce Jefuite fur tous les faits qu'il avance avec tant de hardietTe. » L'Archeve- ?> que de Paris ( dit-il dans un abre- ge qu'il a fait de fa vie, dont nous avons en main une copie) " s'avifa » le mois de mars de Pannee 1710 » de me contraindre, en me menafant « de me laifler mourir fans Sacre- " mens & de me faire enterrer com- " me un chien , de figner non-feule- » ment le Formulaire , mais encore » plufieurs articles. Je le fis en de- " clarant expreffement, que je ne le « faifois que pour rendre a l'Eglife " la foumiffion que fes enfans lui doi- » vent j & ce Cardinal me fit dire » qu'il ne demandoit de moi de fou- » million interieure que pour la doc- » trine condamnee dans les V Propo- » fitions". C'eft done contre toute yerite que le Jefuite Davrigni avance que I
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III. Partie. Liv. III. 169
que le Pere Gerberon demanda avec tyi t[ empreffement d Jigner le Formulaire , fmifqu'il ne le figna , comme il le die
ui-meme, que contraintpariesmena~ ces du Cardinal de Noailles, lequel lui fit dire qu'il ne demandoit de lui de foumiflion interieure que pour la doctrine condamnee dans les V Pro- pofitions. Bien loin que le Pere Ger- beron eut beaucoup de regret , comme le dit le Pere Davrigni, d'avoir eu de l'atcachement a des erreurs condam- nees, perfuade qu'il n'avoit jamais eu d'attachement que pour la verite , il ne regretta que d'etre forti de Vincen- nes. C'eft encore le Pere Gerberon qui va donner lui - meme ce dementi au Jefuite qui le calomnie. ■» Apres tou- tes ces fignatures, dit-il _, le Roi ac- corda ma liberte j & vers le com- . » mencement du mois de mai de l'annee 1710 , le R. P. de Sain- te Marthe avec le P.. .. me vint tirer de la prifon de Vincennes 8c me mena a l'Abbaie de Saint Ger- main , d'ou apres environ un mois, notre Reverend Pere General m'en- voia a l'Abbai'e de Saint Denis fous le R P. de Loo , oil je regrette tous les jours d'etre forti de la prifon •> de Vmccnies. Tome X. H |
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170 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAL.
Achevons de confondre le Pere
Davrigni & de renverfer tomes les fauffetes qu'il a avancees touchant le Pere Gerberon. » Je fupplie routes » les perfonnes qui liront ces figna- » tures que M. I'Archeveque a .ren- » dues publiques (c'eft le P. Gerbe- sj ron qui parle) de remarquer: i °. que » j'y ai declare en tennes expres que » je ne fignois que pour rendre al!E- » glife la loumiilion que fes enfans lui » doivent: & tous ceux qui font eclai- » res favent qu'on ne doit de fou- » miffion interieure que pour ce que » Dieu a revele. iQ. Que M. l'Arche- » vcque m'a fait dire tres pofitive- " ment qu'il ne demandoit de moi » nulle foumiffion interieure que » pour ce qui a ete condamne dans » les V Propofitions. 30. Que je n'ai ■point reconnu , nifigne que j'eujje ja- mais enfeigni de doctrine qui jut ve'~ ritablement une erreur. C'eft done en- core une calorhnie de la part du P. Davrigni de dire que le Pere Gerbe- ron figna , retraclant la doctrine de tons fes livres. Enfin ajoutons encore un fait que nous tenons de bonne main > & qui fait voir que , malgre la foi- blefle que le Pere Gerberon eut de fe prefer a une fignature, qui ne nous |
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III. Partie, Liv. III. 171
parent pas affez conforme a. la fince- 7' . 7 me chretienne , 11 demeura toujours attache a. la verite & ne renonca ja- mais a fes fentimens. Ai'ant appris 1'ufage que M. de Noailles avoitfait de fa fignature , en la rendant publi- que, il fit un ecrit qu'il intitula : Vain triompke du Cardinal de Noailles. Mais etant oblige de fe fervir d'une main etrangere , parcequ une paraly- lie qui lui etoit tombee fur le bras droit pendant fa captivite de Vincen- nes, ne lui laiffoit pas la liberte d'e- crire, il fut trahi par celui qui ecri- voit fous fa di&ee , & l'ecrit fupri- me. D. Gerberon mourut le 15 Jan- vier de l'annee fuivante 171 x , dans i'Abbai'e de S. Denis, ovl il repofe. Fin du Livre Troifieme.
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H
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171 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt.
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L1VRE QUATR1EME.
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1715.
1. JLjEs religieufes de P. R. demeure-
chaiipment rent ,jans l'etat violent dont nous ve- mottdeLouis nons de faire le detail , jufqu'a la |
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xiv. Frojet mort Je Louis XIV, arrivee l
de reumr les
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e pre-
:, dans |
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religieufes mier feptembre 1715. Ce Prince
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dans un mi- jes demiers momens de fa vie, dit a
ceux a qui il avoit eu le malheur de donner fa confiance (les Cardinaux de Rohan & de Biffy & le P. Tellier Jefuite) ces paroles remarquables : jefuis de la meilleure foi du monde, fi vous m'ave\ trompe , vons ites bien coupables , car je ne cherche que le bun de I'Eglife. L'on voit ici la droiture du cceur de ce grand Roi, & on voit en meme terns un trifte exemple qui apprendra a la pofterite qu'avec la meilleure foi du Monde & les meilleu- res intentions, un excellent Monarque peut faire de grandes fautes, en don- nant fa confiance a des perfonnes qui en abufent pour le tromper jufqu'au dernier moment. Apres fa mort le credit des fedudeurs de ce Prince etant diminue , les affaires de l'Eglife commencerent a prendre une autre face, 8c Ton ofoit meme efperer le |
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III. Par tie. Uv. IF. 17$
retabliflement de P. R. Ce qui don- 1715.' noit lieu de concevoir une telle ef- perance , etoit de voir M le Due d'Orleans Regent du Roiaume, rap- peller d'exil, & faire fortir des pri- sons tous ceux 5 qui fous le-regne pre- cedent avoient ete perfecutis pour la caufe de la verite. Les prifonniers qui etoient retenus
a la Baftille furent delivres , lorfque Louis XV revenant le 12 feptembre du Parlement ou il avoit term' fon Lit-de-Juftice , paffa devant cette pri- fon pour retourner a Vincennes. Les jours fuivans , les lettres de cachet fu- rent revoquees par l'ordre du Prin- ce, dont Dieu avoit tourne le caeur a la douceur en faveur des defenfeurs de fa caufe. Les Superieurs majeurs des Benedictins & autres Congrega- tions eurent ordre de rappeller ceux de leurs religieux qui par lettres, ou des obediences forcees, avoient ete obliges de. fortir de Paris. On vit alors revenir des endroits les plus eloignes du Roiaume & fortir des cachots les plus fombres, une multitude de con- fefTeursdeJefus-Chrift, ue leurs liens & tout ce qu'ils avoient fouftert pour «juflice & la verite, rendoient encore phis recommandables aupres de tou- Hiij
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V
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174 HlSTOrRE DE FoRT-ROlAt.
tes les perfonnes qui avoient de la foi
& de la piece. La liberte fuc rendue a tons les Corps, aux Parlemens , aux Univeriltes, aux Congregations fecu- lieres & regulieres. Les religieufes de Port - Ro'ial
difperfe*es , exilees , captives pour la meme caufe , meritoient fans dou- te la meme grace ou plutot la me- me juftice. Leurs amis s'intereflToient beaucoup a cette affaire j & comme leur monaftere etoit rafe & leurs biens donnes a leurs perfecutrices, on pen- fa a reunir routes les captives dans un meme lieu, qui fe trouva bientot {prepare, comme on le voit par das
ettres ecrites a cefujet. Les religieu- fes de P. R. ne defiroient rien avec tant d'ardeur que cette reunion. » Je » rends graces au Pere des mifericor- » des, difoit l'une d'entre elles (i), » ecrivant a fa fceur, & au Dieu de " toute confolation des bonnes nou- » velles que vous m'aprenez par vo- j> tre derniere lettre ; & je prie Dieu v de tout mon cceur de repandre fe_s » benedictions fur le Prince qui re- » donne a. l'Eglife cette paix apres la- " quelle nous foupirions depuis rant (i) La foeur Sophie de Flefcelles, le 8 noyembre
'7'f- |
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III. P a a. t r e. Uv. IV. *7J
>> d'annees. La liberte rendue a tant "~"
" de gens de bien me fait efperer
» que mes meres & mes foeurs difper-
» fees par les furprifes faites a la pie-
« te de notre defunt Roi, pourroient
» avoir part aux graces & aux bon-
» tes du Prince qui nous gouverne
» aujourd'hui. C'eft tout l'objet de
» mes defirs & de mes prieres,de leut
» etre reunie, pour reparer en leur
» compagnie & par leur fecours tout
» ce que j'ai perdu depuis que j'en
» ai ete feparee , & que je n'ai plus
» ete foutenue de leurs exemple}.
» Cette feparation a ete la plaie la
» plus proronde de routes celles dont
« il a plu au Seigneur de punir mes
» infidelites. Plut a Dieu que je pufTe
» les rejoindre dans le refte de vie
» que fa patience & fa mifericorde
» m'a conferve , & que je pulTe mou-
» rir au milieu d'elles ! j'oublierois
>», bientot tous mes maux. Vous me
» donnez quelque confiance, mais
» mon emprefTement n'en deviept
» que plus vif. C'eft ce qui fait, ma
» chere , que je vous prie de ne rien
» oublier , auffi bien que nos cheres
" foeurs aupres de Dieu & aupres des
» PuiiTances auxquels nous fommes
» foumiles j pour obtenir la grace de
H iiij |
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Xj6 HlSTOIRE DE PoRT-ROIAI,.
1715. " notre reunion & de notre rappel.
» Mandez-moi tout ce que vous en
» pourrez apprendre, & priez Diea
» que mes peches ne foient point un
» obftacle a la grace que nous lui
» demandons , d'avoir part a la paix
» de fon Eglife.
Placl't pre- P°ur parvenir a cette reunion des
ftntea m. lereligieufes de P. R. il etoit neceflaire
otfcnlr laTe- d'avoir l'agrement du Prince Regent
uiron des re- & de M. de Noailles. Les perfonnes
ligieufes deP. * s* / rr • v ■ n
K. difperfees. I111 s mtereiioient a cette artaire com-
m. de Noa l- mencerent par preparer un lieu pour
eonftnte- °" raflembler les religieufes difperfees,
•»«'• afin de lever d'abord les difficultes
qu'on pourroit leur faire a ce fujet.
Ce lieu etant prepare, M. de Billy (2.)
prefenta un placet a M. le Regent.,
pour le fupplier A'agrcer qu'on rajfem-
(1) Jean de Billy, Pre il avoir conriu la vertu &
rre de- la ParoilTe d'Yve- l'innocence , & leur ren-
tor, Diocefcde Coutance, dit tous les fcrvices qui
avoit connu P. R. par le dependirent de lui, avant
moi'en de M. Hamelinie & apres leur difperfion.
jeune , qui 1'avoit choifi Ce tut lui qui prefema a
pour Precepteur de fes M. le Regenr 8c cnfuite
deux fils. M. de Billy y an Cardinal de Noailles
dit fa premiere Meffe le les Placets 8c Memoires
Dimanche 14 aout 1 '94, pour leur reunion. Ce
& y alia l'annee fuivante faint Pretre mourut le 9
lemplir la place de Sa- aout 1759 , age de 75 ans,
criftain. II en fortit en & repofe a S. Germain
170? , l'an de la retraite 1'Atixerrois, ou il etoit
forcee de M. Euftace , & Pretre habitue , & 1'edi-
demeura toujours uni aux fication de la Paroine,
faintes religieufes, done Mem. hid. T. f. p. $3$■
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III. Par tie. Llv. IF- 177________
Mat les religieufes difperfees dans un 171c.
mime lieu prefque tout prepare. Le pla- cet fut favorablement recu par le Prince (3) qui le renvoi'a a M. de Noailles alors chef du confeil de conf- cience, comme etant une affaire fpi- rituelle qui le regardoit particuliere- ment tant en qualite d'Archeveque de Paris, que par rapport a la grande part qu'il avoit eue dans tout ce qui etoit arrive a. ces religieufes. Dieu offroit par-la a M. le Cardinal de Noailles un moien de reparer au moins en partie la faute qu'il avoit commi- fe a leur egard : mais il n'en profita point j & malgre les plus preffantes follicitations, il refufa de donner fon confentement a la reunion des reli- gieufes de P. R. , & fit echouer ce charitable projet , qui ne dependoit plus qUe delui feul. _ - Parmi les raifons qu'avoit fon Eml- "** ,
nence de soppoler au projet de reu-M. deNoar- nion dans un meme lieu, on dit qu'il [eessrdeeR^^ avoit un autre deffein, qui lui paroif- difperiees foit plus fur pour les religieufes, St^J^ moins expofe a l'envie : c'etoit de de Pa™. o;f- faire entrer tout ce qui reftoit des re- ^j^ dc ec (3) QuelqtKs Merits des Mem. hift. T. 7. p.
portent que ce Placet fut zij , croit qu'il {eft plus
prefente pen aptes la vraifemblable qu'il ne
"wh du, R.oi. L'Auteur fut prefente qu'en 171S,
Hv
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I78 HlSTOIRE DE PoRT-R01A£
ligieufes de P. R. des Champs , dans
le monaftere de P. R. de Paris. La vue de M. de Noailles etoit de met- tre la reforme dans ce monaftere, a quoi les religieufes difperfees pou- voient beaucoup contribuer par l'e- xemple de leur regularite. Son Emi- nence etoit tellement prevenue de cette idee , & fur-tout qu'il valoit mieux reformer un monaftere deja fubiiftant que d'en etablir un nou- veau, qu'il ne fut pas poffible de la lui 6ter de l'efprit , ni de lui fake comprendre que fa maxime n'avoit point d'application dans le cas pre- sent. Elle n'en avoir effe&ivement an- cune , puifqu'il ne s'agiftbit pas d'e- tablir un nouveau monaftere , mais d'en tetablir un ancien des plus faints qu'il y eut jamais eu dans l'Eglife, &c qui n'avoit ete detruit que de- puis peu d'annees par la plus grande de tomes les injuftices. Ce retabliiTe- ment n'etoit pas une grace , mais une reftitution commandee par toutes les loix naturelles, divines, & humaines. D'ailleurs la maniere dont M.de Noail- les pretendoit que les religieufes dif- perfees retournaffent a P. R. de Paris, n'etoir nullement propre au deftein qu'il avoitde reformer ce mcnafiere |
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III. P Artie. Liy. IV- 179____
paifqu'elles y feroient jphtrees com- 1715.
me fimples religieufes, foumifes a une Abbefie perpetuelle , & par confe- quent fans pouvoir &c fans autorite. Or comment auroient-elles pu eta- blir folidement le bien dans une maifon , ou 1'AbbeiTe 8c les religieu- fes non reformees auroient ete les maitrelTes & leur auroient fufcite chaque jour mille traverfes ? Si les Reformateurs mane , lorfqu'ils font revems de l'autorite , ont beaucoup de peine a vaincre les difficultes qui fe trouvent toujours a l'etabliffement du bien; qu'eft-ce qu'auroient pu faire dans P. R. de Paris , dix pauvres religieufes fans credit, fans autorite, la plupart agees & infirmes , & qui plus eft , decriees depuis long-tems comme des Janfeniftes ? Quel bien , dis-je, auroient-elles pu faire dans un Couvent extremement prevenu cen- tre les pretendus Janfeniftes ? Auroit- onfouffert qu'elles y euftent introduit l'efprit de defintereiTement, l'amour de la retraite & du filence, une piete folide & eclairee, la lecture des oons livres, debons Dire&eurs ? &c. L'Ab- befle de P. R. de Paris & fes religieu- fes auroient-elles ete deciles a ecou- ter les inftru&ions de ces faees ti&x- |
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l8o HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt;
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j -j i j, matrices, 3|U les mettre en prati-
que ? IV: C'eft pour de tels motifs que les re- icligkufes ligieufes difperfees furent bien eloi-
difpcrfees gnees d'entrer dans le deffein de M. confemit a de Noailles , & refuferent d'y con- Ian reunion fentir lorfqu'on le bur propofa. Elles aans la mat- r r • 1 • i
fon de p.r. lavoient parraitementcombien lamai-
de Paris. fon je paris} depuis fon fchifme , s'e-
toit ecartee de l'efprit de fon etat, 8c
qu'elles auroient elles-memes plus de
peine a. s'y foutenir dans la piete,
que dans les maifons etrangeres , ou
elles etoient prifonnieres. Elles etoient
convaincues du peu de fruit qu'elles
pouvoient y faire, fur le pied que M.
de Noailles vouloit les y faire entrer.
Quel fruit, en effet, pouvoient-elles
fe flatter de faire dans une maifon,
dont les religieufes etoient leurs en-
nemies declarees & leurs perfecu-
crices ; qui les avoient fait chaffer
de leur monaftere pour envahir leurs
biens ? Comment pouvoit-on meme
propofer a ces pauvres filles de venir
demeurer dans une telle maifon, pour
y vivre fous la domination de celles
qui les avoient traitees d'une maniere
ii c uelle , en les decriant dans l'ef-
prit de toutes les Puiffances, en ecri-
vant contte elles. au Pape & anRoi»
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III. P ARTIE. L'lV. IP'. l8l
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en les accufant d'etre heretiques & ijiQ.
rebelles a l'Eglife , enfin en leur enle- vant leur maifon & leurs biens , & les reduifant en captivite ? Pour ce qui eft des religieufes de
Paris, elles confentoient que les reli- gieufes difperfees vinlTent demeurer dans leur maifon , parcequ'elles y * trouvoient leur avantage, en ce qu'el- les auroient ete par-la dechargees des pennons qu'elles pai'oient pour elles dans des monafteres etrangers. Ces penfions confiftoienten 300 liv. pour chaque religieufe , & 200 liv. pour les converfes. Quoique ce projet n'ait pas eu fon Des' Amfs
execution , nous ne laifTerons pas de conftiHentl» ... . * „ reunion-
rapporter ici les tentatives que ion
fit, & les moi'ens que Ton emploia pour le faire reuflir. Madame de Montperoux , qui avoient ete tranf- feree de l'Abbaie du Paraclet dans le diocefe d'Amiens , a celle de P. R. de Paris apres la mort de Madame de' Chateau-Renaud, & en avoit pris poiFeffion au mois de juin 1711 , pa- tut en 1716 avoir d'aflez bonnes in- tentions (4}. M. de Noailles , qui eomme nous l'avons deja remarque^ (4) R.ec. de pieces en 1740 , p. 5,37-
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»
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l8l HtSTOIRE DE PoRT-ROlAt.
avoit refufe de confentir au rerablif-
fement de la maifon de P. R. des Champs , fur l'idee qu'il avoit con- $ue de reformer, celle de Paris s qui en avoit effedivement grand befom , eut fort fouhaite que les religieufes difperfees qui avoient conferve tou- tes les vertus de leur etat , euflent confenti a cette reunion. Le Prelat & lAbbeife ne negligerent rien pour les y engager , mais par des vues bien differentes. Son Eminence vouloit le bien ; & l'Abbefie , conduite par les Jefuites , vouloit en reunilfant rou- tes ces prifonnieres dans fa maifon , etouffer leur voix & leur reclamation cohere les violences qui leur avoient ete faites. Celles-ci ne le laiiferent point eblouir par les propofitions qu'on leur fit & refuferent unanimement & conf- tamment , malgre les offres, les pro- meifes, lesfollicitations qui leur furent faites. On continua de les folliciter pour cette reunion , meme depuis leur rappel dans differens monafteres du Diocefe de Paris. Et il y eut des amis alfez peu clairvoians, qu'il foit per- mis de le dire , & aflez imprudens pour tacher de les y engager. A les entendre la maifon de P. R. de Paris |
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III. P ARTIE. Lh'. IV. l8j
etoit changee de face, parceque les 1716,
Peres Fouquet (5) & Pouget (6) de l'Oratoire y furent introduit en 1717, & que le P. TerraiTon en fur etabli Superieur (7). II fembloit ■ que l'Ab- belle ne fe conduisit que par les avis de ces hommes fages & eclaires, quoi- que dans la realite elle ne fuivit que ceux des Jefuites. On difoit meme que la moitie de la communaute deli- roit d'entrer dans la pratique des Conftitutions de P. R. des Champs & temoignoit en vouloir prendre I'ef- Les chofes etoient dans cet etat, Madame is
lorfque Madame de Montperoux fie Momperoax f k , • u a 'ait propolec
lavoir vers le mois daouc 1717 aux aux reiigieu-
relisieufes qui vivoient encore , qu'el-f" *fperf&» 1 JP . , . * • r 1 1 • "e vemr a
le leroit men aiie de les avoir,routes p. R.de Pa-
avec elle , les allurant qu'elle les trai- tis; rEUes •" '. , K r refufent.
teroit & les regarderoit comme les
religieufes. Ces faintes filles , qui etoient alors prefque toutes dans des monafteres du Diocefe de Paris, (?) 11 etoit fits du Sue- ques & fa penitence ; &
T.tendant des Finances. qui enfin affoibli par la
W Auteur du Cathe- prifon, eft devenu un tiif-
cliifmede Montpeliier. te exemple de la fraglite
(7) Celebre d'abord a humaine par une chute
Pans par fes predications; audi deplorable que celle
etifui e a Tveigni , Cure du grand Ofius, II ell
du Diocefe d'Auxerre , mort en 1751.
par fti travaux apolloli- |
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184 Histoire de PoRT-RoiAr.
1716, ou on avoit pour elles les egard* qu'ellesmeritoient, remercierent Ma- dame de Montperoux de fes offres* en lui marquant leurs raifons avec autant de fermete que d'humilite. C'eft ce que Ton voit par la reponfe que deux religieufes (la fceur Coutu- rier &c la foeur le Juge), qui etoient alors a Malnoue firent a un ami, qui venant a l'appui de l'Abbefle de P. R. les follicitoit de donner leur confen- tement. » Pour repondre , Monfieur, » difent-elles ( 8 ) , a la propofition » qu'on vous a prie de nous faire, » elle feroit bien de notre gout, fi « les chofes etoient dans le meme » etat qu'elles etoient autrefois. Car » nous n'avons point de plus grande » paffion que de nous voir toutesreu- » nies enfemble; mais nous croions » ne pouvoir le defirer ni y confen- » tir qu'aux conditions de nous faire » en meme-tems rentrer dans tous » les droits de juftice qu'on nous doit. » Nous ne pouvons meme regarder m Madame de Montperoux comme » etant AbbefTe de P. R. de Paris r » non plus que fes religieufes, puif- » que toutes les oppofitions qu'on a (S) Lettre d'u 15 aout 1717. Mem. bift. T. 7*
f. j,j,i. Supjl. du Necr. g. xey |
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III. Parth. Liv. IF. 185 ________
» faites a. Rome a la prife de pofTef- 171 <S.
» fion de la fceur Dorothee ne font » point levees & par confequent fub- » fiftent toujours , aiant declare en » communaute & fignifie que nous » regardions comme nul tout ce qu'on » feroit a P. R. de Paris contre nos » droits. Ainfi ce feroit confentir a » l'injuftice, que d'y aller, & nous » croirions attirer la maledi&ion de » Dieu plutot que fa benedi&ion & » nous rendre complices de la mine » de notremaifon. 11 ne tientqu'aux » perfonnes qui ont la puifTance & » nos interets dans leurs mains , de » prendre les moi'ens d'agir avec " nous avec equite , & alors nous y » confentirons de tout notre casur. " Voila tout ce que nous pouvons » dire avec notre fimplicite ordinai- " re , vous afTurant, Monfieur , que » nous ne manquerons pas de redou- " bier nos prieres, concevant l'im- " portance de cette affaire, en fup- » pliant le Seigneur d'cclairer & " d'infpirer les perfonnes qui peu- " vent contribuer a cette ceuvre , &c» » Nous fommes tres obligees a, " Madame de Montperoux de l'ofFre " qu'elle a la bonte de nous fake. " Nous avons trop d'eftime de fan |
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I§<? HlSTOlUE DE PoRT-ROlAti
fj\S. " ta^ti'te pour croire qu'elle ait fii
» routes les chofes comme elles font,
» avant que de confentir a une char-
» ge ou elle ne pouvoit entrer legi-
" timement, non plus que celles qui
« ont ete avant elle. C'eft pourquoi
" nous ne doutons point qu'elle n'en-
» tre dans les railons que nous lui
» reprefentons, qui lui peuvenr fai-
>> re comprendre celles que nous
» avons de craindre d'appefantir fon
" fardeau. Nous prions Dieu qu'il
» lui donne toutes les lumieres ne-
» cefTaires pour prendre les veritables
» moiens d'attirer fur la maifon ou
» elle eft, les benedictions du Ciel
» & la profperite fpirituelle & tem-
" porelle «. De toutes les religieufes
difperfees, il n'y en eut qu'une feu-
le (9) qui pour fe rirer de l'oppreffion
ou elle etoit chez les filles de fainte
Marie d'Amiens , confentit malgre
elle d'aller a P. R. l'an 1718.
vin. On follicita de nouveau cette an-
uiks "confui- n^e > & on ptefta chacune des re-
tent le Peie ligieufes en particulier , de la part de
teponfe. Madame de Montperoux, de le reu-
nir toutes dans l'Abbaie de P. R. de
Paris. Ce fut ce qui engagea la foeut
Couturier & la fceur le Ifuge , aux-
(?) La fceur Benraad,
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III. P A R T I E. Lh. IV. 1 87. _______
quelles on avoit joint la foeur Noi- \-\6.
leux,a confulter le P. Quefnel par une lettre qu'elles lui ecrivirent le 15 juil- let 1718 (10). Elles lui demandoient fi malgre 1'appel qu'elles avoient fait a Rome contre toutes les entreprifes de la fceur Dorothee & de la foeur Flavie , elles pouvoient aller demeu- rer a P. R. de Paris , oh nous pajfe- rons peKt-errfjajoutoient-elles, le refie de nos fours dans une dure captivite. Car la precendue converjion de cette maifon nous ejl un peu fufpecte. Le P. Quefnel jConfultant plus font cceur que fon efprit, leur confeilla, par le delir qu'il avoit duretabliffement de P. R., de confentir ace qu'ondefiroit d'elles. » C'eft une ouverture , leur difoit-il, ' » dans fa lettre du 5 o&obre (1 i),qui »> me paroit venir de la Providence } » elle peut avoir de fi heureufes fui- » tes, que je craindrois de me rendre » coupable devant Dieu, fi je vous » en detournois. Les religieufes qui confultoient, ne ix.
furent point fatisfaites de cette deci- ^'autres ~ r . 11 1 r " amis detotir-
iion j au contraire, elle leurntnaitre nentles rcii-
denouvelles difficultes. Elles s'adref- g^ctdi fe reunir k
(10) Voi'tz cette lettre. (n) Suppl. p. i7>. cellcs de P. Suppl. du Meet. p. 170. Mem. p. 348. R. dePari:.
Mem. hift. T. 7. p. j}?«
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I S8 HlSTOIftE DE PoRT-ROlAL.
J7I(j# ferent done a quelques autres des an~
ciens amis de leur maifon. L'un d'eux repondit a leur derhande & a la lettre du P. Quefnel par un memoire date du 24 juin 1719 (12). L'Auteur (*) rapporte d'abord les principaux faits qui regardent les perfecutions faites aux religieufes de P. R. , & expofe quels ont etc les motifs de leur con- duite , enfuite il parle en ces termes. » II eft etonnant que des perfonnes » qui leur paroiflent affe&ionnees, » quin'ontpas blame leurs protefta- » tions precedentes, qui ont meme » gemi avec leurs anciens Direiteurs » de la divifion qa'on a faite des deux » maifons, .... que ces perfonnes , » dis-je,oubliant des faits fimemora- » bles (13), ne faflent pas difficuke » maintenant d'entrer dans les vues » de quelques amis du monaftere de » Paris, qui pour couvrir fa honte & » faire difparoitre l'injuftice & Fu- » furpation qui le rendent odieux & « meprifable , s'efForcent de perfua- » der a celles que cette communautc » a depouillees , de s'alTocier avec de (n) Vo'iezce memoire , me"m. hift. T. 7. p. ??7>
fuppl. du Necr. p. 175. in'line pour ce dmiier.
Mem. hift. T 7. p. 358. dO Recueil des pieces (*) M. Louail, on M. in-n. cie 1740 , p. 54° *
des Effarcs. L'auteur des ftjivantej.
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111. P ARTIE. LlV. IF. 189
» telles ufurpatrices,d'en obtenir quel- 1716.
» que part dans les biens qu'elles re-
» uennent & qu'elles ne voudroient
» pas reftituer ; & de les alTujectir a
» un gouvernement dont le ritre eft
» injufte & qu'elles ne fauroient re-
» connoitre pour legitime.
" Un desamis(i4) des religieufes
» difperfees , continue l'Auteur du » Memoire , demeure d'accord dans » falettredu 5 oclobre, qu'onnepeut " affe:i pkurer 1& deftruclion de leur » fainte•maifon. II avoue que le mc- » najlere de Paris ejl leur propre mai- » fin. II veut bien regarder les reli- » gieufes ufurpatrices camme fxurs de » celles qu'elles ont depouillees, mais » ilne peut leur epargner le titre d'il- » legitimes ; il leur permet de ne re- » garder I'Abbeffe de la maifon ufur~ » pee y que comme elles ont regardi » jufqua prefent les Superieures des » maifons ok on les a difperfees. II ne » nie pas en confiderant ce qui s'y » pourroit faire pour Dieu, que c'ejl » une communaute1que le monde a ufur^ » pee fur lui. II ne diffimqle pas que » les vexations & (eductions ont ete caU' v " fes de I'affoiblijfement des religieufes » difperfees & captives 3 enfignant pref- (H) Le P. Quefnel
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I
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190 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAL.
u i-Kj, " que tomes le Formulaire. IIn'ignore
» pas la douleur qu'elles en ont 3 il „ approuve la penitence qu'elles en „ jeront _, & les retractations qu'elles en „ ont fakes , & dont elles defirent don- „ ner connoijjance au Public. II pre- „ voit aflez qu'elles auront encore a „ fouffrir de mauvais traitemens pour „ expier leur faute. II reconnoit par „ confequent qu'en quelque lieu qu'el- „ lesjoient) elles feront expofees aux „ vexations & /eductions qui ont deja ,s caufi leur chute. Et cependant il „ confent a la propofition qu'on leur „ fait d'une reunion a la communaute » qui s'eft elevee fur les mines de la 3> leur, & qui perfifte dans cette in- w juftice. Quelle contradiction ! com- » ment les religieufes qui ont iigne » pourront - elles pleurer leur faute ? » comment pourront - elles en faire » penitence ? comment eviteront- » elles les vexations & les fedu&ions n dans une maifon telle que celle « de Paris« ? *• f Sur les motifs allegues dans le me- Aat (ftm^r- moire contre la reunion, les religieu-
«on deP.R. fes de Port-Roial des Champs refu- vaaouic. •ferent d'accepter les offres qu'on leur faifoit, & la fuite fit bien voir qu'el- les avoient raifon. On ne tarda pas |
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III. P A R T I E. Lfa. IF- 19 I
a connoitre que la converfion de la 17KJ,
maifon de Paris h'etoit rien moins qu'une converfion veritable , & que M. de Noailles s'etoit trop flatte en croianr pouvoir y mettre la reforme, L'experience apprit peu apres a ce Car- dinal combien il avoit ere trompe. L'etat deplorable ou il trouva cette Abbai'e , tant pour le temporel que pour le fpirituel , aiant exige de liii qu'en qnalite de Pafteur il y apportat remede , Madame de Montoeroux, cette Abbeiie qui avoit temoigne de- fner la reforme , & les religieuies dont M. de Noailles avoit autrefois tant vante la docilite & la foumiilion aux decifions de l'Eglife, lorfqu'il s'agif- foit de depouiller &: d'opprimer les faintes filles de P. R. des Champs, rnepriferent fa voix & s'eleverent con- tre fes ordonnances par des factums, des appels & des requetes. Les Lec- teurs curieux trouveront dans le VII' torne des Memoires hiftoriques, fous les annees 1715 , 17245c 172.5 , les pieces, l'arret du Parlement, &c des details fort intereflans fur cette ma- tiere. Quel fujet de reflexion pour M. de Noailles en voi'ant un tel de- loi'dre dans une communaute qu'il avoit protegee, &c en faveur de la- |
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191 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAI,.
~^iji<S, quelle il avoit renverfe la plus fainte
maifon qui fut en France , & la mieux reglee tant pour le fpiriruel que pour le temporel! Le P. TerrafTon qu'il avoit donne a P. R. de Paris pour Superieur, ne puty faire aucun bien,non plus que la Sr. Bertrand qui y entra en 1718 , & y rempl.it meme pendant quelque-tems l'emploi de MaitreiTe des novices. On s'eleva bientot contre elle a l'occa- fion de la retractation dont nous a- vons parle. Depuis ce terns , elle fut privee des Sacremens , & fouffrit une alTez rude perfecution jufqu'au jour qu'elle en fortit ( le 27 mars 1723) pour aller dans FAbbai'e de Malnoue. „ xlv Le confentement des religieufes de accordee aux Pans a la reunion , uniquement roncle 3uj$fad.for des vues d'interets,ne pouvok
rev nir dans lever les folides difficultes qui fe ren~ Paris?^fe de controient dans le projet de M. de Noailles. Mais quoique ce Cardinal ne voulut point confentir qu'on raf femblat dans une meme maifon les religieufes difperfees , fi ce n'etoit dans*elle de P. R, de Paris, fon Emi- nence ne s'oppofa pas neanmoins qu'on les fit revenir dans fon Dio- cefe y &c on n'eut pas de peine a ob- tenir de M. le Due d'Orleans Regent dtf
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III. Partie. Liv. IV. isiy-
da Roi'aume, l'agrement pour leur rap- iji6. pel. On y travailla au commence- ment de 1716; & comme la Cour ne vouloit pas les y forcer, les ordres qu'elle donna pour cela n'etoient que des permifllons accordees aux reli- gieufes de fortir des monafteres oil elles etoient , pour venir dans le Diocefe de Paris. Lorfque les religieufes ap- parent que ce n'etoit plus pour etre reunies dans un meme lieu pour y faire corps de communaute, qu'on vouloit les rappeller, elles jugerent que cela ne valoit pas la peine de quitter les couvents dans lefquels el- les etoient releguees, & oii plufieurs etoient aimees & confiderees, pour rentrer dans de nouveaux monafteres du Diocefe de Paris , fans favoir de quelle maniere elles y feroient trai- nees. Leurs amis au contraire, elperant xir.
que tout confidere, les religieufes dif- exhortcmTes perfees feroient mieux dans le Dio- reiigicufo i cefe de Paris qu'ailleurs , & que dans cecreTermlf- la fuite ce feroit un moi'en de les reu- G°n; EH«» fe nir plus facilement, leur ecrivirent aVj,,rn pour les y determiner : ils envoie- rent meme fur les lieux des perfonnes pour les y engager & les ramener. La four Ide le VavafTeiir qui avoir ere Tome X. I |
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194 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAL.
transferee de Nevers chez les religieu-
fes de Sainte- Marie de Moulins au Diocefe d'Autun, le refufa , difant : fil'Abba'ie de P. R. fubfijloit_, & qu'il me fut permis £y retourner, volontiers jefortirois de la maifon oh la Provi- dence maplacee ; maisje ne la quitte- rai pas pouraller dans une autre. Ainil elle refta a. Moulins ou elle mourut en 1735. On le fit refufer , comme nous le verrons ci-apres , a la foeur de Sainte Syncletique. La fceur Forger, converfe, qui etoit alors dans l'Ab- bai'e duParaclet au Diocefe d'Amiens, ne fut point rappellee , fans qu'on en fache la raifon , peut - etre fut - elle oubliee. Elle fut dans la fuite trans- feree a FHotel-Dieu de la meme ville, & y mourut le 24 feptembre 1738 , aiant furvecu a toutes les religieu- fes difperfees. Les autres religieufes cederent aux raifons qu'on leur alle- gua j & revinrent les unes plutot les autres plus tard , felon qu'il plut a M. le Cardinal. Nous difons, felon qu'il plut a M. le Cardinal, parceqiwl ne nous paroit pas } ainil qu'a l'Auteur des Memoires niftoriques (t 5) , qu'il puifTe y avoir d'autre eaufe de la grande difference qui fe trouve par rapport a (i'J Mem. hift. X. 7. p. 17^. & fuiy.
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III. Partie. Liv. IV. 195
l'epoquedu retour de chaquereligieu- \-i\G.
fe en particulier. Si le rappel avoir ece abfolu, elles feroient routes revenues dans le meme terns a quelques jours pres j 8c il n'y auroit pas des diffe- rences d'un, de deux , &c meme de trois ans. Laplupart furent rappellees dans le cours de l'annee 1716. La foeur Bertrand ne le fut qu'en 1718 , parce- que M. de Noailles, dont l'agrement etoit neceffaire, & de qui il falloit obtenir obedience , ne voulut l'accor- der qu'a la condition qu'elle iroit k P. R. a quoi elle avoit beaucoup de repugnance. La fceur Noifeux, con- verfe,ne revint qu'au moisdbctobre 1717 -y 8c la fceur Damon que dans celui "de decembre 1719. Lenombre de ces pauvres filles captives etoit di- minue confiderablement , plufieurs etant mortes dans les lieux de leur exil (16)) de forte qu'il n'y en eutque (16) Des 15 religieufes pour leur retour , la mere
du choeur difperfees en Prieure le 10 mars 171s, 1709 j les trois anciennes M$. 1$ fceur de Sainte Mar- etoient mortes, la fceur the le 8 avril. Des fept - de Boicervoife a Amiens converfes exilees , trois 1: 8 novembre 1709; la etoient mortes , la fceur fceur le Bcgued Compie- Barat a Loigni le 5 de- gnele premier juin 1711 j cembre 1711 i la fceur •a fceur Robert a Mantes Aurelie Noifeux 4 Com- ic is avril 1711. Deux au- piegne le 15 feptembre ties moururent a Blois, 1714 ; la foeur Marine pendant les pourfuites Laime a Amiens le 18 jau- |
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I
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\<)6 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAL.
"._,/- dix , tant de chceur que converfes, qui
revinrent. Cinq rurent transferees en
different terns dans l'Abbai'e des Be-
nedi&ines de Malnoue, l'une des plus
refpedtables communautes du Roiau-
rae par la regularite , l'efprit de pau-
vrete & de retraite _, 1'union & la cha-
rite qui y regnoient, & qui y ont tou-
jours regne jufqu'a ce que 1'ambition
d'une Abbeffe peu remplie de l'efprit
de fon etat eft venue a bout d'en faire
transferer toutes les religieufes, mal-
gre leurs larmes & leur proteftation ,
dans un monaftere etranger.
tefreUgieu- Les religieufes de Malnoue recju^
fes de p'. r. rent celles de P. R., comme on doit
i« coiuinuei recevoir les Saints , felon ce que faint
Edification Paul recommande aux Romains (*).
a Malnoue. . , , , „ _ , ,
vier 1715. II taut encore la tour Berttand exi
y joindre la tour Sainte lee a Amiens , transferee
Opportune Mouchotmor- a P. R. en 1718 , futobli-
te le iSo&obre 1715. Ain- gee d'en forriren 1713,8c
11 il n'en reftoit plus que envoiee a Malnoue , ou
treize, dont trois ne re- elle mourut le 1; decem-
vinrent point, fa voir la bre 1717.
tour de Saiiite Syncleti- La tour de Sainte Ba-
<jue , la tour le Vavaf- filiMe Noifeux , arriva de
feur , &c la tour Forget Beauvais a Malnoue le 17
converfe. o&obre 1717 & y mourut
La tour le Juge arriva le n decembre 171S.
de Chai tres a Malnoue le Lafaur Damon, tranf-
jz mai 1716, & y mou- feree le ij decembre 1719
rut le 10 juillet 1718. de Senlis a Malnoue , y
La tour Couturier exi- mourut le 5 decembre
lee a Nevers arriva a Mai- 1710.
Jioue le premier feptem- (*) Rom. c. if. v. 1.
bre 1716 6c y mourut le Vt earn fufcipiatis in Dq*
is juin 171^1- initio digns fanUis.
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III. Partie, Liv. IV. 197
Ces religieufes furent accueillies d'une T^TiiT
maniere capable de leur faire oublier les maux pailes, fi le fouvenir de la deftruction de leur fainte maifon n'a- voit renouvelle leur douleur. Elles formoient dans l'Abbai'e de Malnoue comme un petit P. R., dont la four Couturier etoit la Superieure autant par 1'exemple de la regularite que par l'anciennete. Pour Faire cormoitre combien on fut edifie a Malnoue de ces faintes filles , nous rapporterons ici la lettre d'une religieufe de cette Abbaie , a laquelle on s'etoit addrefle pour apprendre quelque detail fur les religieufes de P. R. Voici cette lettre: » je n'ai eu l'honneur de connoi- » tre ces faintes religieufes, que chez » nous. Elles etoient fi humbles qu'el- » les ne nous ont jamais rien dit des » peines & des vexations qu'on leur » a faites dans les lieux de leurs exils. » Elles auroient eu peur d'en perdre » le merite , fi elles avoient commu- » nique tout ce.qu'elles ont fourTerr. » Vous jugez en confequence que » nous ne pouvons vous doilner au- » cun detail la-defllis. Nous tachions » qu'elles ne fouffrifTent chez nous »> que du cote de la privation d'etre » dehors de leur maifon , & de la Iixj
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1^8 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAL.
~7~ » deftru&ion totale des batimens qui
» leur otoit route efperance d'y re- » tourner. » Leur fejour chez nous a ete un
» fujet conrinuel de grande edifica- « rion par une vie rres uniforme , fi- » lencieufe, prieres, lectures affidues, « exa&es a rous nos regremens, a. » 1'office , oraifon, refectoire. Elles w eroienr rres penirenres, fans rien » faire d'extraordinaire. Un air de x> fimplicire , une candeur d'ame &c » une grande humilire ; fe croiant 8c m fe difanr les plus imparfaires : elles « etoienr de grandes religieufes , fans » rien faire de remarquable , mais « elles etoienr fidelles dans les plus « petires chofes. " Ce qui eft petit eft petit; mais
» etre toujours fidele dans les plus « petites chofes eft quelque chofe de » rres grand. La mere Couturier etoit » paralyrique d'un cote, marchant » avec difficulte j. mais cek ne l'a pas » empechee de fe trainer a tout ce » qu'elle pouvoit , tant au chceur ■» qu'aux autres obfervances. Elle etoit » extremement fourde , elle avoir » une charire arrectueufe pour fon a prochain &c pour fes faintes fceurs. » Elle eroir comme la Superieure de »» routes, & avoir un grand amour |
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HI. Par tie. Lh. IV. i$$
» pour la regularite. Elle me parloit
» fouvent de la grande & refpedable » mere Angelique , & tkhoit de Pi- » miter dans routes fes vertus. Ces » fceurs ne perdoient pas la prefence .. de Dieu de vue. Voilatout ce que » je puis en dire. Tout etoit interieur, » n'aimant que Dieu &c ne s'entrete- » nant que de lui ". Nous avons dit plus haut que la
fasur de Sainte Synctetique exilee au Prieure de Bellefond a Rouen, ne re- vint point dans le Diocefe de Paris, lors du rappel des autres religieufes. II eft necefTaire d'en rapporter la cau- fe. L'Auteur de 1 hiftoire de la der- niere perfecution avance (17) qu'elle le refufa, mais cet Ecrivain ne paroit pas avoir ete bien informe. La foeur de Sainte Syncletique etoit une fille d'efprit & de merite, & la feule de celles qui reftoient qui eut vu la pre- miere perfecution. C'eft pourquoi on auroit Fo« fouhaite qu'elle fut revenue dans le Diocefe de Paris. On fit lout ce que l'on put pour l'y engager ; on obtint meme deux lettres de cachet datees du 24 odobre 1716 (18). Park premiere adrefleeal'AbbelTe (17) T. ;. p. n?.
U8) M6m. hift. T. 7. p. i«o,i«i.pii
I iiij
»
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200 HlSTOIRE DE PORT-ROlAL.
" i jits. de Bellefond, le Roiluinotifie qu'il
XIy permet a lajkur Anne Julie de Sainte
on obiient Syncletique j religieufe de I'Ordrs de
lTsUnc%an-Citea"x -> qui eft acluellement dans VAb-
tiecique la ba'ie de Bellefond de Rouen _, ok elle eft
venifl01^! religuie par lettre de cachet, defere-
pus. titer de cette maifonpourfe rendre dans
celle des Chanoineffes de Picpus au
Diocefe de Paris , ou dans tel autre
monajiere que fes Supirieurs naturels
efiimeront a propos de lui indiquer.
Nous vous faifons cette lettre pour yous
dire que notre intention eft. que vous la
laijjle^ a cette finfortir de ladite mai-
fon^fans lui faire a ce fujet aucun em-
pechement ni difficulte. La feconde
lettre de cachet ne renfermoit que la
jneme permiffion. M. le Cardinal
donna en confequence une obedience
a la foeur de Sainte Syncletique. Une
Demoifelle qui avoit demeure a P.R.
pres de trois ans, fous le nom de
Sr. Benedi&e (19), partit pour Rouen
munie de toutes ces pieces, dont elle
fit le&ure a l'Abbeue de Bellefond le
4 novembre 1716 en prefence de deux
temoins (*): mais TAbbefle n'eut au-
(19) Mademoifelle de laifeau.
la Renardiere, morte le (*) Louis Laurent Lefai-
11 Janvier 1751, dans la lier , Garde-du corps, &
quatrc-vingt-fixieme an- Romaiu Jacques Bout»
nee de ("on age, elle re po- geois, de Rouen,
fe dans le cimetiere de Pa» |
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III. Partis. Liv. IF. zoi
am egard a la lettre par laquelle Sa iji6.
Majefte lui avoir marque que fon in- tention etoit qu'elle ne fit aucun em- pechementni difficultia la forrie dela four de Sainte Syncletique \ & la pau- vre captive, affoibliepar l'age, les in- firmites & les mauvais traitemens , n'eur pas alfez de force d'efprit pour profiter de l'occafion favorable que la Providence lui offroit pour fortir de captivite. Etant venue a la grille accompagnee d'uhe religieufe , elle commenca par dire a la Demoifelle de la Renardiere, qu'on avoit bien foin d'elle , qu'on ne l'avoit point con- trainte dans ce qu'elle avoit fait, &c. La Demoifelle de la Renardiere lui aiantfait connoitre. qu'elle eroit de fes amies, lui fit ledluredesordres.qu'elle portoit j fur quoi la four de Ste Syn- cletique temoigna qu'elle etoit prete a obeir aux ordres de fes Superieurs , 8c qu'elle feroit bien aife de revoirM.Ro- bert, M. de S. Claude & M.Hecquet: car j dit- ellej ihfont mes bans amis. Ai'antappris qu'il y avoit un carofle a la porte,elle dir , d'un air content, qu'elle alloit faire fon paquet feule- ment de fes livres qui eroient en petit nombre , la plus grande partie lui ai'ant ete otee. Auffitot la religieufe |
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2.02 HlSTOIRE DE PORT-ROIAE.'
1716.. de Bellefond qui accompagnoit la pri-
fonniere dit a la Demoifelle la Renar- diere,que la fceur de Remicourt n'etoit Eoint en etat de s'en aller , etant ma-
tde. La Demoifelle la Renardiere- prenant la parole, dit qu'elle ne fe plaignoit point d'etre malade, qu'il ne paroifToit point qu'elle le rut (10), ajoutant qu'on ne leur avoit pas tate le pouls pour lesfaire fbrtir de leur mai- fon. La prifonniere s'etant retiree, on entendit beaucoup de bruit & de mou- vement dans la maifon ; une heure &: demie fe palTa fans qu'on vitperfon- ne reparoitre. Enfin l'Abbene etant defcendue au parloir, elle demanda la lettre de cachet a la Demoifelle la Renardiere , qui offrit de la donner jfi elle vouloit en donner la recon- noifTance. Sur cela 1'AbbeiTe dit qu'el- le ne le pouvoit pas ; & etant remon- tee a fon cabinet, amena avee elle les. Superieurs (*)., & une douzaine de religieufes, au milieu defquelles etoit la prifonniere route tremblante. Un des deux Ecclefiaftiques nomme Couf- tey , demanda la lettre de cachet a la; Demoifelle la Renardiere qui la lui donna. II dit I l'Abbefle que c'etoit a. elle qu'elle s'adreiToit & qu'il alloit UoJ.lbsd. p. i««, (*)_Les SieuriU Loads & Coufe^-- |
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III. Par tie. Llv. IF. 205
en faire la lecture j apres quoi la fceur \-j\6, de Sainte Syncletique fe mit a genoux & dit quelques paroles fi bus qu'elles ne furent entendues ni de la Demoi- felle la Renardiere ni des temoins. Le fieur Couftey dit enfuite que Ma- dame 1'AbbelTe ecoir prete a obeir au Roi ,8c qu'elle lui donnoir la reli- gieule. LaDemoifelle repondit qu'il ralloir la lui dormer a la porte,ne pou- vant pafter au travers d'une grille. Le fieur Couftey s'adrefTant a la fceur qui etoit a genoux 3 lui demanda fi elle vouloit fortir ? Elle repondit d'une voix bafte & entrecoupee que non. La Demoifelle la Renardiere temoigna fa furprife de ce changement , rap- porta ce que lui avoit dit la prifon- niere deux heures auparavant en pre- fence de temoins. Le fieur Couftey de- manda a l'un d'eux qui etoit refte feul, fi ce que difoit la Demoifelle etoit , vrai ? II repondit qu'oui , & ajouta que la fceur de Sainte Syncletique avoit repete plufieurs fois qu'elle feroit bien aiie de revoir fes amis , dont elle avoit nomme plufieurs. La pau- vre prifonniere dit en tremblant, qu'elle croioit que c'etoit un ordre , mais qu'on lui avoit dit que c'etoit une permifllon. La Demoifelle la Ret* • *
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Z04 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAL.
\y 16. nardiere lui fit fentir que la difference
qu'elle vouloit mettre entre un ordre & une permiffion , ne faifoit rien a la diipofition dans laquelle elle avoit para d'etre contente de fortir. L'Ab- befTe demanda encore la lettre de ca- chet qu'on lui offrit, fi elle vouloit dormer une decharge j puis elle temoi- gna douter du contenu, a quoi on lui repondit qu'elle ne pouvoit en douter, puifque la le&ure venoit de lui en etre faite par fes propres Su- perieurs , & qu'on prenoit toute fa conduite pour un refus d'obeir aux ordres du Roi. L'Abbefie dit que la fceur de Sainte Syncletique ne vouloit pas fortir. La Demoifelle la Renar- diere demanda qu'on la lui mit a la porte, 8c qu'on la laiflat un moment ieule avec elle j ce qui lui fut refufe, & on lui ferma la grille. En vain elle fit de nouvelles tentatives pour obte- nir de voir la prifonniere ; elle fut conftamment refufee , ainfi que les perfonnes qu'elle avoit priees de la voir. La Demoifelle la Renardiere , apres avoir paffe par devant Notaire une declaration datee du 9 novem- bre, de tous ces flits, voi'ant l'obfti- nation de l'Abbefle a retenir la fceur , de Sainte Syncletique y lui fit fignifier |
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III. Partie. Liv. IV. 205
le meme jour apres midi, les ordres , 171<?.
permiflion & obedience, avec fom-
mation &proteftation (21). Larepon-
fe de 1'AbbefTe a la fommation, fut
Quelle ne connoijfoit point I'ordre du
Roi; &c qu'elle etoit bien confeillee
de faire ce qu'elle avoit fait. L'Ab-
be(Te fit fignifier le lendemain 1 o no-
vembte un a6te, dans lequel elle pre-
tendoit que l'Huifller avoit mal en-
tendu fa reponfe , en lui faifant dire
qu'elle ne connoijfoit point les ordres
du Roi -y elle avance dans cet aire que
les ordres du Roi ne lui ont jamais ete
mis en main. Mais n'en avoit-elle pas.
entendu la lecture ? N'avoient ils pas
ete communiques ? Pour fe jurciner
du refus de rendre la fceur de Sainte
Syncletique , elle dit, quetant charges
de ladite faur Anne-Julie par lettre de
cachet de feue Sa Majefte 3 elle nepou-
voitla remettre que parune autre lettre
de cachet, qui defigneroit la perfonne en-
tre les mains de qui on la remettroit,,
pour fa decharge. L'Exemt qui avoir
amene de la fceur de Ste Syncletique
a Bellefond, etoit-il defigne dans lx
lettre de cachet ? II paroit par cet
afte , que la faeur Sainte Syncletique
fut prefentee a la porte , qu'elle de-
Ui)lbid. 170.
* . .
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XQ>6 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAX.
" 17I(j# c'.ara qu'elle etoit bien dans ce mo
naftere tant pour le temporel que pour le fpirituel qu'elle defiroit y finir fes jours, & qu'elle n'avoit point requis ces ordres. On voit par tout ce recit peu de droiture dans 1'Abbeffe & peu de tete dans la pauvre prifonniere, qui prefere une dure fervitude aune fainte liberte , & qui moutut captive le 2.4 Janvier 1718. Tous ces faits font conftates par des acfes authenti- ques, que nous avons obligation a l'auteur des memoires hiftoriques d'a- voir donnes au public. C'eft de cette fource que nous avons tire tout ce que nous rapportons de la fceur de Sainte Syncletique. *v- Dans le tems qu'on travailloit a *Heure de obtenir les ordres de la Cour , pour
Jes" " ^"al faire revenir les religieufes de P. R- son cxii. des Champs dans le Diocefe de Paris, la mort en enleva deux qui etoient exilees a Blois, favoir la mere Priea- re , & la fceur Francoife-Agnes de Sainte Marthe. L'ordre pour faire re- venir la mere Prieure dans le Dioce- fe de Paris, etoit deja donne lorfque Dieu la retira dans fon fein , apres l'avoir rendue par fa grace , vifto- rieufe de tous les efforts que firent les homines pour la feduirc Le triom- |
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III. P ARTIE. LlV. IV. 207 _______
plie de cette vierge chretienne , la iyi<j.
vie edifiante qu'elle menoit dans le lieu de fon exil, la fermete avec la- quelle elle repoufla tous les traits en- flammes de l'ennemi, enfin les cir- conftances de fa bienheureufe mort, exigent de nous que nous entrions dans un detail qui eft trop intereflant pour etre omis. Cette fille admirable fut enlevee xvr,
comme les autres religieufes de P. R...tg, fa'&aer le 2.9 octobre 1709 , & conduite a .«*• Blois, ou elle fut mife chez les Ur- fulines de cette ville. La communau- te dirigee par les Jefuites, & pre- venue contre elle, la regarda d'abord a-peu pres comme une damnee; mais fa fageife, fon humilite, fa douceur,. fa piete & fes autres vertus lui atti- rerent bientot l'admiration de fes h6- tefles. Elles ne purent meme s'empe- cher de le temoigner aux Reverends Peres , qui repondirent charitable- ment que hors de l'Eglife il n'y avoir f>oint de vertu,(ces ReverendsP. en re- connoiftent cependant dans lesPai'ens}? que cette fille etoit excommuniee „ & meme heretique j que tout au plus, elle pouvoit etre l'objet de leur com- panion &de leurs prieres , mais qu'il ae falloit ni L'admirer, ni lui parley •
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208 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt.
1716. Malgre les preventions ou etoienc
xvii. Ies Urlulines de Blois , & les fenti- ies urfu- mens que des Diretteurs tels que les lines ne peu- 1'/; .• '• it t 1 *' • t>
vent s'empe- Jeluites, ecoient capables deleunnf-
chet, maigi-6 pirer a l'egard de la mere Dumefnil, Jeurs preven-. .. ° , , , , »
tions.d'admi-nous voions par des lettres de la mere
rer fa verm. Infirmiere a M. fon neveu , que la Sa maniere , , . ,,.,., , ,' »
ck vivredans communaute etoit edifiee de la vertu
facapdvue. & de l'exemple de cette prifonniere. » La Dame , dont vous demandez » des nouvelles, mon cher neveu, » difoit cette Infirmiere (22), eftune " perfonne fort accomplie , d'une » vertu eminente, & dont l'exemple » nous edifie beaucoup «. Nous ap- prenons par la meme lettre le plan de vie que cette priforiniere dej. C.fui- voit dans fa captivite. Elle fe levoit a quatre heures du matin,difoit fon bre- viaire jufqu'a fix , qu'elle affiftoit a la demie heure d'oraiion des religieufes. Elle difoit avec elles le chapelet, &c les quatre petits Offices de la Vierge, ce qui duroit jufqu'a huit heures. Enfuite elle fe retiroit dans fa cham- bre, ou on lui allumoit du feu en hy- ver; mais comme elle fe mortifioit en tout, elle l'auroit eteint fi 1'obeifTan- ce ne l'eut retenue. Elle travailloit des (n) Premiere lettre, T. 5. de la deraiere petfectf-
tioa, p. iu. |
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III. Pariie. Liv. IF. io^
mains, s'occupant a coudre ou a filer
jufqu'a onze heures qu'on lui portoit fon diner. Elle jeiinoir route l'annee ,• excepte les Dimanches 8c le terns Paf- chal, & faifoit toujours niaigre. Apres fon repas la Prieure, ou la Souprieure, qui feules avoient permiflion de la voir, paflfoient une heure de terns avec elle. Lorfqu'elles s'etoient retirees , la prifonniere lifoit ou travailloit jufqu'a trois heures qu'elle alloit dcvant le Saint Sacrement, ou elle paflbit cinq quart d'heures avant les Vepres de la communaute. A fix heures on lui por- toit fa collation , apres laquelle les rnemes religieufes l'entretenoient un peu. Elle fe couchoit a huit heures , & fe relevoit routes les nuits pour donner un tems confiderable a Tado- ration du faint Sacrement. » fon ef- prit etoit doux j tranquille & ferme ;elle paroiJJbitfenfible& tendre pourfes amis & d'une grande tranquillite d'efprk & de cceur. La mane fceurlnfirmiere, dans une
feconde lettre a M. fon neveu fait encore Peloge de la vie edifiante 8c auftere que la mere Prieure de P. R. des Champs avoit menee chez elle pendant fix ans 8c trois mois , c'eft-a- dire, jufqu'A fa mart. Elle lui rend |
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210 HlSTOIRE DE P0RT-R01AI.V
1716. ce temoignage , que la mere Sainte-
Anaftafie a toujours vecu chez elle » d'une maniere tres edifiante & tres » auftere , ai'ant obferve fa regie avec » autant d'exaclitude & de fidelite,que » fi elle eut ete dans foii monaftere , " 1'Office de nuit, les jeunes , le fi- " lence, & jufqu'a. la confeffion de " fes fames qu'elle ne manquoitpas " de faire tous les vendredis aux » pieds d'un Crucifix «. J!??]' , Pendant une eaptivite de plus de
Elle fait re-- . - r r
f hni'e a ia let-iix ans , rien ne rut capable a ebranler
Noai!!«' du ^ d'afroiblir cette vierge chretienne. »z dkembreLa lettre de M. deNoaillesdu 12 de- cembre 1710, qui avoit fait tomber x de fes fceurs^& meme celle qui etoit a Blois, ne fit aucune impreflion fur cet efprit folide qui y demela aifement le faux des raifonncmens, bien loin d'en etre eblouie. Elle la recut nean- moins avec le refpecl du a l'autorite dont elle etoit emanee ; & l'ai'ant lue avec 1'attention dont elle etoit capa- ble , elle y fit une reponfe vraiement digne d'une epoufe de Jefus-Chrift & remplie de fon efprit. Elle commence par temoigner a M. de Noailles, que puifque c'eft le defir de fon falutqui' a engage Son Eminence a lui ecrire, elle ne fouhaite uniquement que ce |
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III. P ARTIE. LlV. IV, III
qu'il lui defire, & qu'elle n'a point 1716.
d'autre but dans tout ce qu'il lui plait de qualifier de defobeiflance a. l'Egli- fe , denotement, d'attachementa des Directeurs. Apres cette fincere pro- teftation, elle avoue ingenuement que les motifs allegues dans la lettre de M. de Noailles, favoir, 1 °. l'autorite de l'Eglife fur la decifion des faits, i°. & Pexemple de fes foeurs qui s'e- toient foumifes , ne lui paroiffent point capables de lever la difficulte qui l'a toujours empecbee de figner. Cette difficulte confiftoit en ce qu'elle avoit toujours cm (& qu'elle croioit encore) que 1'on ne pouvoit , fans blelTer la fincerite chretienne & fans fe parjurer, figner le Formulaire ou aucun acte equivalent, a moins qu'on ne fiit perfuade de la verite du fait de Janienius, & qu'on n'en eut une creance ferme fondee fur la certi- tude. Elle ne voioit que deux motifs qui puffent obliger a la creance du rait contefte & non revele. i°. Ou l'evidence de ce fait par l'examen qu'on auroit fait du Livre de Janfe- nius. 20. Ou l'autorite de l'Eglife dans « decifion fur le fait. Voila le prin- cipe furlequel la mere de Sainte Anaf- tafieditque les religieufes de P. R. Cst |
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nz Histoi're de PoR-r-RoiAi.
T font toujours conduites; d'oii il eft aire de conclure qu'elle eft fort eloignee de figner, puifque les deux motifs ne- celfaires pour obliger a la creance du fait de Janfenius lui manquent. Car d'un cote elle ne reconnoit point l'in- faillibilite de l'Eglife dans la decifion des faits douteux & non reveles; & de l'autre l'evidence lui manque & lui manquera toujours. Sur quoi elle demande a M. de Noailles la permif- iion de lui dire que tous les raifon- nemens qui ne detruifent point ce principe , lui paroiffent tout - a - fait etrangers & l'affaire dont il s'agit. ( C'eft-a-dire, que tous les raifonne- mens de la lettre de M. de Noail- les portoient a faux). La mere Sainte Anaftafie reconnoit cependant qu'il y a beaucoup de faits qu'on croit avec une certitude entiere , quoiqu'on n'en ait pas l'evidence par foi-meme; mais ce ne font pas les faits douteux & conteftes , comme eelui de Janfenius; ce font des faits notoires, evidens &£ tellement avoues de tout le monde, qu'on n'en pourroit douter fans extra- vagance. Elle eft don*perfuadee que leurs actes, lettres , & les requetes des religieufes de P. R., auxquelles ja- mais Son Eminence n'a repondu, con- |
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III. Partie. Liv. IF. nj
tiennent route la foumiflion que Pan peut exiger des Fideles fur la decifion des fairs. Elle prie enfuite M. de Noailles de trouver bon qu'elle rap- pelle ces a&es qui contiennent leurs veritabies fentimens , qu'elles ont fairs en pleine liberte , en fuiyant unique- ment le mouvemenr de leur conferen- ce, & fans y etre conrraintes par au- cun de ces Doclcu s, donr Son Emi- nence parle tanr dans fa lerrre. C'eft » peu Paurorire de ces Do&eurs qui arretejamere de Sainre Anaftafie 8c Pempeche de figner le Formulaire con- tre Janfenius, que s'il etoir queftion d'en figner un autre ou il faudroit attefter que les V Propofirions ne font pas dans Janfenius , elle refuferoit egalement de le figner ; parcequ'elle n'auroit pas plus d'evidence de ce rait, qu'elle en a de celui qui caufe «epms fi long-tems tant de troubles dans PEglife. . Enfuire la mere de Sainte Anaftafie vient a Pexemple de Ces fceurs que M. e Noailles lui propofoir pour Penga- ger a figner , & elle parle ainfi a Son Eminence. " Les fignarures de mes fcrurs peu-
" venr bien m'affliger , mais elles ne - font pas- capables de m'ebranler, |
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214 HlSTOIRE DE PORT-ROlAL.
» parceque de tels exemples ne de-
» truifent point le principe qui me » fait agir. Et puis , Monfeigneut, » quand ces fignatures feroient auffi " reelles que vous les fuppofez , de « quelle autorite peuvent-elles etre, » etant extorquees par des menaces » & une importunite de raifonne- » mens captieux &c d'entretiens fans »» fin , qiu feroient capables de faire » devenir folles de pauvres filles fim- w pies , infirmes, quelques-unes me- » mes dangereufement malades, pri- » veesde toutesperfonnes &retenues » dans une tres dure captivite. Car « on me permertra, dit-elle , de ju- » ger de la conduite qu'on tient a l'e- » gard de mes foeurs, par celle qu'on » tient avec moi. Un acte dans une » matiere civile arrache de cette ma- » niere d'un captif, ou d'un mou- » rant, ne feroit d'aucune valeur j & » celui qui l'auroit pafle feroit bien » fonde a. revenir contre, en prou- » vant la captivite & la fuggeftion •'• La mere de Sainte Anaftane eft pef' fuadee que fi fes foeurs etoient niifes en liberte , elles retraclreroient bien- tot de telles fignatures. Elle declare que les lettres qu'on leur a fait figner etant une fuite de leur captivite , on |
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III. Par tie. Lip. IV. 115
ne doit pas y avoir plus d'egard qu'a leurs fignatures; & que l'autorite ref- pe&able dont elles font revetues par M. de Noailles,qui les a publiees & les lui a envoi'ees , n'empeche pas que de telles fignatures ne foient tres fufpec- tes de n'avoir pas etc fait.es avec ce fincere acqaiefcetnent d'ejprit & de cceur que M. de Noailles demandoit pour la decifion du fait. La lettre de M. le Cardinal & Pe-
xeraple des fignatures qu'il propofoit a la mere de Sainte Anaftafie ne fu- rent pas neanmoins fans effet. Elle exprime ainfi elle-meme celui qu'elles produifirent far elle. » Je ne puis » vous diflimuler, Monfeigneur, que => 1'imprellion que me font les figna- » tures de mes foeurs , a etc de de- »• mander a Dieu avec inftanee qu'il » ne permette pas que j'imite jamais » leur exemple j & la crainte oii me " jettent pour moi - meme les afFoi- " blifTemens des autres , me fait nai- " tre la penfee de defavouer ici par » avance route fignature contraire a « nos a6tes, qu'on pourroit extorquer » de moi foit dans la fante foit dans » la maladie , vous proteftant que " mon intention eft , fi je tombois » dans un tel malheur, que ma figna- |
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2I(> HlSTOIRE DE PoRT-ROlAL.
iyI(j> » ture ne put etre regardee que com-
» me un efFet de la furprife qu'on » m'auroit faire , ou de l'accablement « dans lequel je pourrois etre redui- » te , foit par la maladie , foit par la » conduite que Ton tient a mon e- » gard. Ce font la les fentimens dans » lefquels je fuis , & dans lefquels " j'efpere que Dieu me fera la grace » de mourir «. Enfin elle finit en repondant a un
reproche que M.. de Noailles faifoit dans fa letrre au fujet de cerraines maximes qu'on avoit frouvees dans les lettres des religieufes de P. R. M. de Noailles rapportoit celle-ci entre autres : qu'il faut fouffrir en paix /<* privation des Sacremens.... . , a quol il oppofoit ces paroles de faint Chry- foftome: I'unique douleur des Fideles doit itre d'etre prives de la Chair & du Sang de Jefus - Chrifi. La mere de Sainte Anaftafie repond a cela que, » la paix & la tranquillite avec la- s' quelle on fupporte la privation des » Sacremens , lorfqu'on n'y a pas »» donne lieu , s'accorde tres bien » avec une vive douleur d'en etre » feparees «. Puis elle ajoute , *> j'°fe » vous fupplier de faire attention, »> que ces paroles de faint Chryfof- tome
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III. P A R T I E. LlV. IV. 117
» tome que Votre Eminence nous 171 <f. """
« applique , ne peuvent regarder les
« perfonnes, qui comme nous en font
» feparees malgre elles, & fans au-
» cun fondement legitime. Dieufait
» la peine que je refTens de cette
" privation ; mais vous favez, Mon-
» feigneur, que ce feroit une devo-
» tion tres rrral entendue, que de
» faire une chofe qu'on croit mau-
» vaife, pour obtenir la liberte de
» s'approcher de Jefus-Chrift«.
On voit par cette lettre quelle*
etoient les lumieres & la fermete de la mere de Sainte Anaftafie ; & on reconnoit a ces traits une digne eleve des meres du Fargis & Angelique de Saint Jean. Dieu lui fit la grace de perfeverer jufqu'a la fin , & de triom- pher dans fa derniere maladie de tous les efforts que l'Eveque de Blois 8c fon Grand-Vicaire firent fucceffive- ment, pour arracher une fignature a cette vierge chretienne. Elle fut attaquee des le mois de Derniere
Janvier 1716 d'un gros rhume fur lama,adiecdela ' . . '";■', 1. ° a • r mere S'uutc
poitnne , quelle traina environ liXAnaiUfie.
femaines \ apres quoi fe trouvant fou- lagee, elle fe crut en etat de faire le careme, & elle jeuna fort exa&ement Tome X. K . |
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21 8 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt.
(j> jufqu'au vendredi de la feconde fe-
maine, 13 du raois de mars, qu'elle fe fentit fort incommodee. La nnit du famedi au Dimanche, la maladie fe declara plus ouvertement par une grofFe fievre jointe a un vomiflement. On la fit voir le lendemain au Me- decin, qui 1'ai'ant fait faigner, jugea pur fon fang,que la maladie etoit dan- gereufe. Auflitot la mere Prieure des Urfulines en donna avis a M. de Blois, qui envoial'Official Superieur de la maifon pour la voir. » II l'ex- => horta de fon mieux , dit la mere « Infirmiere (13) j n'aiant pu. la fle- " chir, il lui dit de faire reflexion « qu'elle alloit bientot paroitrs de- « vant Dieu. Monfieur, lui repondit » la mere Sainte Anaftafie j mes re- » flexions font toutes fakes _, j'enai eu " tout le terns ». Apres l'Official, le Confefleur de la maifon entra dans la chambre de la malade, & la fatigua long-tems, fans autre fucces que d'au- gmenter le mal de tete de cetrepau- vre fille, qui le pi'ia de vouloir bien parler plus bas, ajoutant que tout ce qu'il diroit ne ferviroit de rien , fa |
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(xj) D;uxieme lettre T. 3. derniere petficutioj
|>. 113 8c zi6. |
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III. Partie Llv. IV. 219
confcience criant plus haut, & tie lui ' x ^J"
permettant pas de fe rendre a ce qu'il difoit. M. de Blois vint lui-meme le 17 xx.
exercer fon zele, & etant entre chez vjjmi.exhwt. la malade il lui dit d'un ait de bon- t« i la figna- 1 ~k g r . • cure , mats
te : » Ma lceur , je viens vous voir ; fans fUCCes.
» prions Dieu enfemble qu'il m'inf- » pire ce que je dois vous dire. Prions, " Monfeigneur, dit la malade, je le » veux de tout mon cceur. Le Prelat » fe mit a genoux; & ai'ant fait fa » priere, il fe le-ra & lui dit: je viens » de demander a Dieu qu'il vous » eclaire. Je lui ai fait la meme prie- " re pour vous & pour moi , Mon- » feigneur, car je ne fouhaite rien » tant que de connoitre la verite. Le » Prelat s'etant affis aupres de fon » lit, lui dit: ma foeur, voila l'Eglife " qui vient au - devant de vous, au » lieu que c'eft a vous a aller au- » devant d'elle. Ah! Monfeigneur, » dit-elle , je ne crois pas l'avoir » quittee j j'ai vecu 8c je veux vivre " & mourir dans fon fein, hors du- » quel je crois qu'il n'y a point de " falut. Cependant vous ne croi'ez " pas tout ce qu'elle croit, dit l'E- » veque. Moi, Monfeigneur , je ne " crois pas tout ce que croit l'Eglife ! K ij
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HO HlSTOIRE DE PoRT-ROlAL.
J 71 <S. " Pouvez - vous le penfer ? Je fuis
» prete a faire ma profefficn de ioi » devant vous. Je crois tout ceque l'E- » glife croit; je veux vivre & mourir » dans fa foi. Mais eft-ce pour rien (dit »» le Prelat) qu'elle vous a retranche « les Sacremens ? Ce n'eft pas elle, *> Monfeigneur (dit la malade) ce font » les hommes, & Dieu y a fupplee *> par fa grace. Au moins, ma foeur, *> ce n'eft pas moi qui vous ai inter- « dite, je ne fuis pas votre Superieur, » c'eft M. de NoMles. Je l'honore, jj lui repondit-elle , je le refpedte, « c'eft un bon Prelat pour qui je ne » ceflfe de prier & de demander a w Dieu qu'il le foutienne dans la *> defenfe de la verite. II y a long-tems » que Dieu le purifie \ s'il a fait quel- » ques fautes, j'efpere que Dieu les => lui pardonnera. La-defTus elle vou- « lut lui faire un narre de la paix de « l'Eglife , & comment la maifon de » P. R. avoit ete retablie dans la par- » ticipation aux Sacremens : il n 'eft » pas queftion de cela j repartit le » Prelat _, il faut vous foumettre a ^ tout ce que l'Eglife demande de « vous. Oh de tout mon cceur, dit- 31 elle, je vous l'ai deja dit, je fuis t> fon enfant. Mais embrafTez - vous |
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III. Par tie Llv. IV. ill
« toutes fes decifions ? Je vous l'ai i » deja dit , Monfeigneur , que je » crois tout ce qu'elle croit. Vous ne » ine repondez pas, lui dit le Pielat, w je vous demande fi vous vous fou- » mettez a toutes fes decifions ? Com- » me elle ne repondit rien , il reprit: » qui eft-ce done, ma four , qui vous " prefentera a Jefus-Chrift ? Ce ne » fera pas 1'Eglife , ce ne fera pas » moi , puifque vous n'en etes pas » un membre. La plus part de vos » fours font rentrees dans fon fein ; » il n'y aura done que vous, fur qui » le mauvais fort fera tombe , & qui " porterez feule la peine devant » Dieu de leur avoir infpire votre » defobeiflance & votre entetement. " Monfeigneur, lui dit-elle d'un air " tranquille, les jugemens de Dieu » font bien differens de ceux des hom- •> mes j enfuite elle ajouta ces paro- » les :inte, Domine j fveravi _, non " confundarin Aternum. Oh , mafceur, " que je plains votre aveuglement! " ce font mes peches qui font caufe >» que vous etes ici, & qui attirent " ce fleau fur ce Diocefe. Tel fut Pentretkn de M. de Blois
avec la mere de lainte Anaftafie au «t de la mort. La mere infirmiere des Kiij ,
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222 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAI.
jj# Urfulines , de qui nous apprenons
tout ce detail , ajoute que le Prelat dit plufieurs autres paroles de cette force , qui excitoient les larmes de celles qui etoient a la porte de la chambre ; mais qu'elles ne virent au- cun retour dans la malade , ce qui les penerra de douleur , parcequ'elles l'ai- moient beaucoup. Si les preventions avoient laiiTe aux Urfulines le libre ufage de leur raifon , au lieu de ver- fer des larmes fur la religieufe mou- rante , elles en auroient verfe fur elles-memes & fur le Prelat qui avoit la durete de refufer les Sacremens a une epoufe de Jefus-Chrift , dont la verm etoit un fujet d'admiration & d'ediiication pour route leur commu- naute : elles auroient juge que cette fainte nlle, traitee dune maniere u cruelle, n'etoit coupable d'aucun cri- me ni d'aucune erreur , puifque le Prelat lui-meme avec tous fes grands termes , par lefquels il tachoit de t'i- tourdir, n'ofa lui propofer aucun ar- ticle de foi a croire qu'elle ne crut point , ni l'accufer d'aucune erreur a laquelle elle fut attachee. Quelle injuftice, quelle barbarie , quelle in- humanite , de priver des Sacremens, de perfecuter , 8c de regarder comm^ |
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III. P A R T I E. LlV. IV. 113
hprs du fein de l'Eglife , une vierge ~7tT<J^
chretienne d'une piete reconnue par fes ennemis memes j qui fait proref- fion de croire tout ce que l'Eglife croit, qu'on n'ofe meme accufer de rejetter aucun dogme , ni d'etre atta- chee a aucune erreur ! La privation des Sacremens , dans xyjk-r l
laquelle la mere fainte Anaftafie vi- ae cette vier- voit depuis plufieurs annees , etoit se chr&ienne * r <*t 1 \ • i / • a la privation
tres ienhble a cette vierge chretienne. ass sacrem.
Elle ne pouvoit meme s'exprimer fur cela, fans repandre des larmes j mais elle ne put fe refoudre a acheter cette faveur aux depens de fa confcience. L'amour de la verite , le refpe£t pour le faint nom de Dieu , rendirent cette ame vraiment chretienne vi&orieufe de tous les efforts, de tousles artifices & de toutes les menaces que M. de Blois emploi'a pour l'abbatre. Les longs & ennuieux raifonnemens de ce Prelat, repetes fans fin , purent bien fatiguer la malade, mais ils ne purent affoiblir fa conftance, ni diminuer la ferme confiance qu'elle avoit , que Dieu fuppleeroit par fa grace au de- faut des Sacremens (14). C'eft pour- (14) Les faits Ativans Anaftafie faite an mois de
font tires d'une relation mai 171S, par une per- °e la more de la mere Ste fonne qui alia fur les lieux, K iiij
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2J4 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt.
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1716. quoi, fatiguee de tous ces raifonne-
mens vagues & imporruns, elle pria
le Prelat de la laifler mourir en paix.
u ™kai» ^" ^e ^lois voi'ant que tout etoit
tonfusdci'i- inutile, & qu'iln'y avoit pas d'appa-
prMiratfcf/" rence de la pouvoir perfuader, ior-
dcfead de tit tout en colere,& defendit de Ten-
1*
%tm tow!" terrer en terre fainte. Dans ce mo-
ment le Medecin entra ; & le Prelat voulant favoir ce qu'il penfoit de l'e- tat de la ma lade refta encore quel- que tems. On ne fait pas bien fi ce fut le Medecin , qui lui expofa le pre- mier le danger prefiant ou etoit la malade, & la neceffite de lui donner promptement Ies Sacremens ; ou fi d'abord ce Prelat marqua la refolu- tion ou il etoit de ne les lui point accorder qu'elle n'eut obei. Mais on fait que le Medecin lui demanda d'un ton afTez vif, en quelle confcien- ce il pouvoit refufer les derniers Sa- cremens a une fi fainte religieufe & pour un fujet fi frivole; qu'il ne com- prenoit pas comment il pouvoit vivre en repos en tenant une conduite, ou il paroiflbit fi peu d'equite , de chari- te & de douceur. On n'a pu favoir & s'informa exaftement la derniere perftcut. T- 3*
dausla maifon de tout ce p. zu , 8cc, gu'elle rapporte, Hift. de |
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III. P ARTIE. LlV. IV. 12 5
ce que M. de Blois repondit a de fi 1716.
juftes reproches. II eft feulement cer- tain qu'il demanda, combien il refioit encore a la maladc de terns a vivre : a quoi le Medecin repondit, qu'elle pourroit aller jufqu'au troifieme jour ; mats une converfe qui avoir toujours etc aupres de la malade, affiira qu'elle n'avoir pas un jour a vivre. On dit que M. de Blois fe fiant fur i'avis du Medecin, avoit defTein de la faire communier fans rien exiger d'elle da- vantage , mais il fut trompe. Avant de palTer outre , il ne faut xxhi.
pas oublier une circonftance confide- cJ^ffs \a rable qui fera encore plus connoitre Wiquemenc la vertu de cette fainte religieufe. Se trouvant fort mal , & voiant qu'il n'y avoit pas d'apparence qu'on lui donnat les Sacremens , elle voulut elle-meme y fuppleer, en faifant en prefence de plufieurs religieufes , oil ffieme de la communaute , une con- feffion publique de fes peches. Elle le fit avec tant d'humilite , que routes les affiftantes en furent extremement tdifiees malgre leurspreventions. Une aclion fi chrerienne, qui montre fi vifiblement que l'efprit de Dieu etoit le principe de fa conduite , fe trou- ve foutenue dans tout le refte de fa Kv •
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ltd HlSTOIRE DE PoRT-Ro'lAt.
tjisT" vie '■> car l'exces de fon mal ne chan-
gea rien dans l'egalite de fon ame.
xxrv. Depuis la vinte du Prelat , fon Mort de la i 1 i
mere sainte mal augmenta beaucoup , ce qui ne
Aoaftafic. 1'empecha point de s'occuper de Dieu prefque fans relache. Elle recitoit , ou fe faifoit reciter des Pfeaumes avec une prefence d'efprit etonnante. C'eft dans ces faints exer- cices qu'elle attendoit le moment au- quel l'epoux fraperoit , afin de lui ouvrir aufli-tot j ce qui arriva le mer- credi 18 mars vers une heure apres minuit. Elle mourut ( dans une paix diii nous fit trembler 3 dit la mere in- firmiere, paix toutefois d'une bonne confcience , qui auroit du. au contrai- re les toucher &c les faire revenir de leurs preventions ), fans agonie , &£ dans tous les fentimens de piete,.. qu'on pouvoit attendre d'une perfon- ne qui n'avoit ete toute fa vie occu- pee que de Dieu , & qui avoit recu de fa main dans une parfaite foumif- ilon , toutes les peines, toutes les hu- miliations, 8c toutes les epreuves, par lefquelles il avoit voulu la purifier & perfectionner fa vertu. xxv. Apres fa mort, la communaute en- nes pit m. de voia le ConfefTeur de la maifon pour
Biota pour fa annoncer cette nouvelle a M. de Blois* Kpuiumv
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J
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III. P ARTIE. £iv. IK. IZf
Le Prelat parut etonne , & ordonna
qu'on I'enterrat en terre fainte, mais clans un lieu fepare des autres reli- gieufes, & qu'on fit les funerailles fans chanr & fans fon de cloches. Ce qui fut execute le meme jour fur les csnq heures du foir par le Chapelain de la maifon. Son corps fur po§re au ehceur dans le cercueil couvert j la comrnunaute s'affembla , recita les Vepres des marts & chanta un Libera. Apres quoi on la porta dans 1'ancien cimetiere proche de l'enclos, oh font inhwnies plujieursfaintcs religieufes de nosfaurs, dit la mere infirmiere dans fa feconde lettre (15). Le confefTeur fit l'enterrement a voix balTe , fans dire aucune oraifon particuliere pour elle. Toutes les oraifons qu'il dit etoient du comnmn , fans y join- dte,/ororis noflrs.. » 11 eft dit dans » une relation _, que le Chapelain en " la mettant en terre chanta le Libera, " n'ai'ant qu'un petit garcon qui por- " toit la croix, pour itti repondre». Cependant une autre relation porte, " qu'on avoit permis aux religieufes » qui le voudroient (z<J) d'aflifter a ,t*ri Seconde lettre de 1'lnfitmiere. T. j. p. 218.
Rift, de laderniere perftcution. |
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Il8 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAI.
1716Y " l'enterrement «. Et la mem e rela-
tion ajoute, que, » d'environ qua- » tre-vingt religieufes , il y en eut » trente qui eurent le courage de voir » inhumer une fille excommuniee «. On ne laifTa pas neanmoins de faire dire plulieurs Melles pour elle. xxvi. l„ mere Anaftafie laiiTa en mou- Temo.gna- *
ge rendu a la rant dans toute la mailon , quelque
L"re Atft£ Revenue qu'elle fut, une grande ef- fic par ksur-time pour favertu, & on lui rendit Biois!S unanimement ce temoignage , qu'on n'avoit remarque aucun defaut en elle, mais au contraire un attachement in- violable a tous fes devoirs , une dou- ceur qui la rendoit aimable a tout le monde , une charite attentive a tout ce qui pouvoit faire plaifir , un grand amour pour la pauvrete 8c la peni- tence , dont elle fut la victime. Lorf- qu'elle mourut , l'ordre etoit donne pourla faire fortir de Blois. Elle avoit ere tres fenllblement touchee, de voir, pendant que tous les exiles & les pri- ibnniers fortoient de leurs exils & de leurs prifons , apres la mort de L ouis XIV , que les religieufes de P. R- fuflfent les feules qu'on eut oubliees & qui ne jouiifent point d'une faveur commune a tous les autres. Mais neanmoins elle ne voulut jamais faire |
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III. Par tie. Lh. IV. 119
la moihdre demarche pour fe delivrer 171 <j,
de la captivite, & fe procurer la li- berie. Elle attendoir avec parience les motnens de Dieu , ne croiant pas qu'il fur permis de prevenir fes def- feins toujours adorables ; & elle Iui abandonnoit entierement le foin de ce qui la regardoit, ne s'occupanrque de celui de lui obeir en routes chofes. On apprir a Paris la morr de cette xxvir.
fainte nlle le jour meme (17) que ,"* ^Noai'- Mademoifelle Dumefnil fa fceur de- point qu'on voir fe rendre a l'hotel de Madame la ™Yp. r? PrmceiTe de Conde qui la proregeoit, pour en recevoir l'ordre qu'elle avoir obtenu du Roi pour la rranfporter a l'Abbaie de l'Etree (z8). L'AbefTe de P. R. ( Madame de Monrperoux } dans le deflein qu'elle avoir d'etein- dre les penfions des exilees, en les re- cevanr dans le monaftere de P. R. voulut dans certe occafion donner quelques marques d'affection pour el- les, arm de parokre entrer dans les vues de M. de Noailles & dans le projer qu'avoit cetre Eminence de les y reunir pour rerablir la reforme. En confequence elle voulur faire un fer~ vice pour la Prieure ; mais en aiant (17) 11 mars.
(18) Suppl. du Nect.
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_________11° HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt.
i7i6. demande la permiffion au Prelat, if
repondit de ne rien faire , foit par la crainte de l'eclat qu'aaroit fait ce fervice, auqael tout Paris, fe feroit prefle d'aflifter ; foit a caufe de la re- ponfe ferine & vigoureufe que cette vierge chretienne avoir faite autre- xxviw. d la letcre de fon Eminence.
Mondeia Ce ™t cette lettre qui occafionna,
faur^de stc comme on l'a vu, la chute dela four Francoife-Agnes de Sainte Margue- rite de Sainte Marthe , transferee en 1709 a Blois avec la mere Prieure, & releguee chez les Chanoineffes de cette yille : elle mourut le 8 avril 1716 agee de foixante-fept ans. C'eft tout ce que nous pouvons dire de cette religieufe, n'ai'ant aucune con- noilTance de ce qui la concerne de- puis la funefte epoque de fa fiena* ture. 6 XXTX t
Recour'des r68 autres religieufes difperfees ,
autres reii- qui comme la four de Sainte Mar- gieuks dans „i i t ri t • ,, < r
des monafte-tne avoient ete fediutes, s etoient de-
tesdu Dioce- ja relevees dans les lieux memes oii
K oe Pans, ' 11 , • ' -, elles etoient retenues pnfonnieres ,
& en fortirent toutes a 1'exception
de trois, pour revenir dans differens monafteres du Dioeefe de Paris. Nous . ne repeterons point ici ce qui regar- ds cinq de ces religieufes. difpsriees? |
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III. Par tie. Liv. IV. x;r
qui furent transferees dans l'Abbai'e de Malnoue. Nous ajouterons feule- ment pour ce qui concerne les cinq autres prifonnieres, que deux furent transferees chez les Chanoineffes de Sainte Perrinede la. Villette(i9) pres de Paris, la foeur Flefcelles & la four Benoife : elles y font mortes fainte- ment l'une & l'autre j la premiere le 27 Janvier 1724, la feconde le 24 Janvier 1725. Deux autres furent transferees dans le monaftere des Bene- dictines de Lieffe , la four Pepin & la four IfTally. La premiere y entra le 20 mai 1716 , & en fortit le 17 avril 1719 pour aller chez les Chanoinef- fes de Picpus ou elle mourut le 25 fevrier 1720, dans la foixante-qua- trieme annee de fon age , la quaran- te-troifieme de fa profeffion. La four IfTally etoit entree a Lieffe
le premier mars 1716, 8c y mourut le 13 decembre 1723 agee de 66 ans, dansfes premiers & anciens feritimens , comme on l'a appris des religieufes de Lieffe. Ce qui fait voir , quoique nous n'aions point de retractation d'el- le, qu'elle n'a point perfevere dans la fignature qu'on lui avoit furprife. ' (19' Ce monaftere eft.aujaurd'huidetniit, comma
bien d'auues.. |
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2$ 2 HlSTOIRE DE PoRT-ROIAt.
17 l 6. en lui faifant entendre lorfqu'on Ten"
gagea a figner dans une maladie }' ainli qu'elle le dit a Mademoifelle IlTally fa fdeur, qu'elle ne figneroit que le droit. Peut-etre eft ce la raifon pour laquelle elle ne fit point de re- tractation. Mais la plus celebre de toutes les
religieufes difperfees qui furent rap- pellees, etoit la foeiir de Sainte Ger- trude du Valois , a qui Dieu avoit fait la grace finguliere , ainfi qu'a la mere Prieure, de refifter a. toutes les epreuves qu'elles eut a eiTui'er dans fa captivite a. Cfiartres & a Mantes , Sc de conferver fa main pure , fans l'a- voir fouillee par aucune fignature. C'eft ce qui nous engage a entrer dans le detail- de la vie de cette vierge chretienne. xxx. La faeur Magdeleine de Sainte Ger- ftwr'VV*- truc^e ^u Valois eut a peine goute le
lois. monde, qu'elle en connut la vani- te (30): fur le point de contrader uti
engagement qui l'auroit mife dans la. trifle neceffite de partager fon cceur, elle refolut de fe donner a Dieu fans partage. La connoifTance qu'elle eut de M. Arnauld , & la lefture qu'elle |
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fjo) Hifloire de la dctniere petftcution. T- )•
p. 173 & fuiv. |
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III. Partie. Liv. IF. 133
■fit des Conftiturions de P. R. lui inf- i 71 <s. pirerent le defir d'entrer dans ce mo- naftere. Elle s'y prefenta remplie d'ar- deur de fe confacrer a Jefus-Chrift. La peinture vive que la mere Ange- lique de Saint Jean, alors maitrefTe des novices, lui fit des faintes rigueurs de ce monaftere ne fit qu'enflammer fon zele. Elle y entra avec une joie & une fermete , qui firent prefumet qu'une vocation fi folide ne pouvoit avoir que d'heureufes fuites. En effet tomes les difhcultes s'applanirent de- vant elle j le filence , les veilles , l'o- beiffance , les humiliations , devin- rent fes devices. Elle porta fi loin l'a- mour de la penitence , qu'elle obtint la permiffion de continuer les jeunes du careme qui etoit commence j lorfqn'elle entra a P. R. comme on les obfervoit dans cette fainte mai~ fon. Elle ne put fourfrir que dans ce commencement d'epreuve , on ufat d'aucun adouciflement a fon egard. Cependant quelque grand que futfon courage , il fallut ceder ; les forces de fon corps ne repondant point a fon zele, elles furent bientot epuifees. Peu de tems apres fon entree , elle *XX1-
rut attaquee d une groile nevre & gra„ae mala- d'une fluxion de poitrine, qui la cpu-<*<«♦ |
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iJ4 HlSTOIRE DE PoRT-RCHAt."
duifirent aux portes du tombeau. Elle
etoit en cet etat dans une paix & una tranquillite qui faifoient connoitre combien elle etoit foumife a celui qui eft maitte de la vie & de la mort. Elle fe prepara a, ce terrible paflage avec route la foi & la religion pofli- bles. Elle accepta la mort en elprit de penitence , recut tous fes Sacre- mens, & attendit en paix le moment de fon facrince. II n'etoit pas encore arrive , & le danger pafla aflez promp- tement. Mais fa poitrine alteree nit long-tems a fe retablir $ elle demeura languuTante , & Ton douta meme d jamais elle pourroit porter le poids de la Regie Cette raifon fir impref- fion ; & quoique Mademoifeile dii Valois eut d'ailleurs routes les quali- tes qu'on pent defirer , fa delicareue efFraia, & Ton balanca fur ce que Ton feroit a fon egard. La jeune Poftulan- te vivement affligee de ce que Ton penfoit a. l'exclure d'une fi fainte mai- fon , alia repandre fon cceur aux pieds des Autels, & demanda a Jefus-Chrift avec toute l'atdeur poffible de la tire1' de cette vie plutot que de permettre qu'elle retournat dans le fiecle. Ses vceux furenr exauces. M. Arnauld, qui vint a P. R. raflura les efprits } |
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III. Parti e. Liv. IF. i J 5
&apres l'avoir entretenue, il lui die 171 <j.
qu'il aimeroit mitux la voir porter en terre, que de la voir fortir de ce faint afyle. II affiira la mere Angelique &: 1'AbbefTe , que fon infirmite ne feroit que pafTagere, & qu'elle foutiendroit toute l'aufterite de la regie. Peu de terns apres , elle recouvra la *jKXI1-
r / 'r. - in t • 1 . 1 r • E"e P"
iante, & pnt 1 habit le jour de iaint rhabit.
Simon & faint Jude 1677 , avec une piete & une ferveur extraordinaire. Elle pafla le tems de fes epreuves avec toute la fidelite que Ton pou- voit defirer j & lorfqu'elle fut fur le point de confommer fon facrifice, la mere Angelique de Saint Jean alors Abbefle, lui reprefenta avec force les perils auxquels le monaftere de P. R. etoir expofe, les combats qu'elle fe- roit peut-etre obligee de foutenir : elle lui dit qu'il falloit une foi non commune pour s'expofer a de tels dangers, qu'elle fondat bien fes for- ces devant Dieu , & qu'elle ne s'en- gageat pas temerairement a ce qu'elle ne pourroit pas foutenir. La foeur du Valois toute brulante de zele, repon- dit fans balancer , qu'elle mettroit fon bonheur & fa gloire a partager de telles fouffrances , & qu'elle le trouveroit heureufe de repandr^ fon |
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ijf? HlSTOIRE DE PoRT-ROlAL.
1716. fang pour Jefus-Chrift. Ce fut dans
des difpofitions fi faintes, qu'elle fe confacra au Seigneur a l'age de 22 ans le 8 novembre 1678. II ne pou- voit manquer de repandre fes bene- dictions les plus abondantes fur une victime qu'il s'etoit lui-meme pre- pared, scs proves Les preuves en furent fenfibles de- dans iavmu. puis l'heureux moment de fon enga- gement. L'on vit en elle routes les vertus reunies enfemble. Elle ne mit de bornes a fa penitence que celles que l'obeiflance lui prefcnvoit j &. fouvent meme fon zele & le defir d'i- niiter fon celefte epoux 1'emporroient fans reflexion dans des aufterites , que les perfonnes du monde qui n'ont point l'efprit de Jefus-Chrift, regar- deroient comme des indifcretions condamnables, mais que Dieu rece- voit comme un facrifice agreable a fes yeux , puifque c'etoit fon efprit qui le lui mfpiroit. On l'a vue pen- dant des hi vers tres rigoureux , non- feulement fe priver d'approcher du feu, mais s'expofer meme pendant la nuit aux injures de l'air pour fentir toutes les rigueurs de la faifon, cou- • cher fur le plancher de fa chambre, fe priver du fommeil, ne repofant |
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III. PARTIEiXzV. IV. 2,37
fouvent que cinq hemes. Quoique \-j\6.
d'une complexion foible & delicate , el!e embraflbit avec joie les travaux les plus pembles & les plus humilians. L'humilite 8c Pamour des humilia- tions , fans lefquels la penitence & les aulterites font des vices traveftis, n'etoient ni moins vifs, ni moins agiflans chez elle. Elle ne fe conten- toit pas de s'aneantir devant Dieu dans le fouvenir de fes infidelites qui lui etoient toujours prefentes , elle en etoit fi touchee qu'elle embraf- foit avec joie toutes fortes d'humilia- tions pour y fatisfaire : elle cher- choit a fe rendre meprifable a fes fceiirs. Ce fut dans ce fentiment 11 humble, qu'elle demanda avec inf- tance a la mere Angelique de S. Jean, quelques annees apres fa profeffion , de faire une revue au Chapitre en prefence de la communaute, de toutes les infidelites qu'elle avoit commifes depuis qu'elle etoit religieufe; exem- ple d'humilite qui n'etoit pas rare a P. R. Telle fut la fceur du Valois pen- dant les vingt-cinq ans que Dieu lui conferva la fame. Elle remplit tous e s devoirs avec une ferveur toujours nouvelle. xxxiv. Dans un terns de perfecution , ow 0per?eue"fu"
* cflc.
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2 3? HlSTOIRE DE PORT-ROIAL.
~"f—UT" ^eu ^oxtlt de fon fecret pour faire
connoitre 1'innocence des religieufes de P. R., il choifit la fqsur du Valois pour faire eclater fa route puiflance fur elle par une guerifon miraculeufe le £aout 1689. C'etoit le jour de l'an- niverfaire de la mort de la M. Angeli- que, a. laquelle notre religieufe faifoit une neuvaine pour obtenir la gueri- fon d'un pied , dont elle etoit eftro- piee par une faignee mal faite. Cecte merveille eft conftatee non feulement dans une relation du 30 aout 1689 faite par la fceur du Valois elle-me- me , mais encore par les atteftations des Medecins ( Meflieurs Hecquet & Dodard) & le temoignage de toutes les religieufes de P. R. date du 17 avril 1690 , & figne d'elies au nom- bre de quarante-huit (31). 3ra«r fait ■^'a^s ^ ^eu a ^a" eclater & tou"
Materfagra- te - puiflance fur la foEur du Valois ce en e e. ^ une gU^rjfon corporelle , il a fi- gnale la puiflance de fa grace en
elle d'une maniere encore plus ecla- tante paries victoires qu'il lui a fait remporter dans les combats & les epreuves auxquelles ilapermis qu'el- le fut expofee pendant une captivi- (51) Vo'fez toutes ces pieces. T. ;. p. 151- 8c M"
Yances de l'hift. de la derniere perfecmion. |
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III. Parti e. Liv. IV- %}$
te & une perfecution de fept ans. 1716. Tandis que les colomnes eroient ebranlees 8c meme renverfees par l'effort de l'orage, le Seigneur for- tifia fon epoufe & lui conferva la main &; la conscience pures au milieu de la perfecution la plus violente. Elle fe vit arrachee d'une maifon qu'elle avoit regardee comme un port de falut, feparee de la compagnie de fes meres & de fes fceurs, privee du fecours de leurs exemples, captive dans une mai- fon etrangere, perfecutee par les per- fonnes du dehors , fans foutien ni confolation au - dedans , infirme. & manqiiant de tout dans fon infirmite, dans une folitude affreufe. Mais qui peut arracher des mains de Jefus- Chrift ceux que fon Pere lui a don- nes ? Et qui peut les feparer de fon amour ? La violence de la perfecution ne fert qu'a faire briller d'une nou- velle lumiere les elus de Dieu. Celt l'effet qu'elle produifit dans la fceur du Valois, qui fe fit egalement ad- mirer & aimer dans les deux maifons ou elle fut exilee fucceflivement. Elle v edifia par fa piete, & gagna tous les cceurs par fa bonte & fa douceur malgre les preventions qu'on avoic contr'elle.
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I40 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAI.
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i7i<S, Aiant ete enlevee de Port-Roial
xxxvi des Champs le 29 odbobre 1709 jour
Elle eft exi- de la difperfion generate, jour mal-
Ue a chat- neiireux pour la France , elle fut con-
tres, ou cue . . . J, , . ,
eft reduke a duite a Cnartres, ©centra a nuit neu-
'diCm^'T-m. res ^U ^0*r ^ ^eux novembre chez les
pour le tem- Filles-Dieu, lieu de fon exil. Elle y porel que manqua Jg tout tant p0ur le tem-
pourlefpin- Jl » . . r wei. porel que pour le lpirituel. Un peut
juger de I'ecat ou elle fut reduite pour
les befoins temporels, aiant pafle I*hi- ve* de 171 o fans avoir d'habit de la faifon , n'aiant rec,u fon paquet que huit mois apres fon depart. Quelqu'un lui aiant donne de la laine pour fe fi- ler des chemifes , elle n'en eut qu'a- pres les avoir filees. xxxvii. A l'egard du fpirituel, c'etoit en- son tot core pjs puifqu'elle etoit privee de pour le fpitt- f -nT • f T ' r 1
tuel , peine 1 huchariitie j ce qui tailoit la plus
feUnf1Cde "la gran(^e & meme fon unique peine.
privation de Void de quelle maniere elle s'en ex-
J'Euchatiftie. pliqUe elle-meme. » La privation ou
» je me trouve m'afflige fenfible-
» ment. Je me remets dans l'efprit
» tout ce que je puis pour m'en con-
» foler , & je dis a Notre-Seigneur:
» vous voiez 1'impuilTance ou Ton
« me met de participer a ce banquet
» facre ou je trouverois toute ma
» confolation , & ou je trouverois
,, routes
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III. P A R T I E. LlV. IF. 241
toutes les autres fouffrances dou-
ces. Cependant je regarde cette peine dans l'ordre de Dieu , & je tache de m'y conformer. J'efpere que fa bonte regardera ma dou- leur,& que par elleje communierai aux fouffrances de Jefus-Chrift qui font tous nos merites, parcequ'eiles font la fource de toutes les graces que nous recevons. C'eft par elles que nous fommes les membres vi- vans de Jefus - Chrift, & c'eft par l'union a ce divin chef que Ton eft un meme corps 8c une meme hof- tie avec lui. II eft vrai qu'il y a quelques-uns de fes membres qui ne participent pas exterieurement a cette vi£time divine, parceque Dieu les met dans un etat 011 ils ne peuvent pas manger avec les autres l'Agneau fans tache , qui eft 1'etat oix je me trouve. Mais fa tres grande mifericorde me fait voir 8c me fait fentir que Ton n'en recoit pas moins l'efprit de facrifice que ceux qui y participent felon la chair; » car n'eft-il pas vrai que ceux qui dans Pancienne loi offroient a Dieu > un holocaufte, ne mangeoient point
> de la victime parcequ'elle etoit toute
» confumee par le feu ? Ce facrifice Tome X. L ,
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%\1 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAE.
» n'etoit pas neanmoins fans fruit
» pour eux j car s'ofFrant eux-memes » avec leurs vi£kimes, ils devenoient »> eux-memes un holocaufte & un fa- s' crifice d'une agreable odeur, dont » 1'efFet etoir leur fanc"tiiication,ce qui » eft aufli le fruit de la communion.Je » tache done , lorfque j'ai le bonheur » d'aflifter a la fainte mefle , de m'im- » moler a Dieu en me donnant toute « a lui, en lui demandant la grace » de ne me referver rien pour l'ufage » de l'amour propre & du vieil hom- » me j & je crois avec cette difpo- » fition communier, non au Corps » mais a l'Efprit de mon Sauveur. Je u tache aufli de penfer que ne pou- » vant communier commeles autres, « je dois ofFrir le facrifice pour le » peche , auquel ceux qui l'offroient « ne participoient point. La feule « partqu'ilsyavoient, etoitcelle que }> la douleur de leurs peches leur don- « noit, laquelle leur en obtenoit le » pardon : e'eroit la fin de leur obla- « tion. J'efpere pouvoir obtenir de »> la mifericorde du Seigneur la me- » me grace , en ofFrant Jefus-Chrift la » vraie victime pour l'expiation du => peche , en y uniflant la douleur de » l'avoir offenfe j qui plus elle feia » grande , plus elle m'obuendra de |
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III. Partii. Liv. IF. 243
forces pour ne le plus offenfer, ce ijkS. > qui ne m'obtiendra pas moins de graces que ceux qui ccrnmunientj non que je ne defirafTe de toute l'etendue de mon cceur de le faire reellement, & que je n'eftime tres heureufes celles qui ont ce bon- heur -y mais je m'occupe de cette maniere pour moderer la douleur que je fens d'en etre privee ; & je tache de trouver dans ma mifere de quoi me rendre heureufe en communiant a 1 Efprit vivifiant de Jefus-Chrift. Je me fouviens que la Madeleine ne cherchoit dans le tombeau que le Corps de Jefus- Chrift ; 8c ne l'y trouvant pas elle s'affligea & fe troubla, par- ceque fa roi n'etoit pas aflez vive pour la faire fouvenir que, fi les nommes lui avoient ote fon Corps, ils ne pouvoient lui oter fon Dieu, qu'elle aimoit & qu'elle avoit dans fon cceur. C'etoit cet amour qui la refloit de le chercher dans le tom- eau ou il n'etoit point; ce qui lui fit meriter de le trouver vivant & relTufcite lorfqu'elle le croi'oit per- du pour elle. C'eft ce que j'efpere pour moi: fi j'aime Dieu que je defire de pofieder, & ne le trouve |
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£44 HlSTOIRE DE PoRT-Ro'lAr..
pas dans l'Euchariftie ou il eft com-
me mort a. mes fens, je le trouve- rai dans le Ciel, je l'y verrai, je l'y aimerai, & l'y louerai pendant tome l'eternite. Cette verite calme toutes mes inquietudes, & me fait porter en paix les peines de l'etat ou je fuis. Je tache de me nourrir d'un pain de larmes, & je dis avec le Prophete : mes larmes m'ontfervi de pain le jour & la nuit , lorfque j'entens qu'on me dit, ok ejl votre Dieu ? Je dis pendant la commu- nion le pfeaume IV , profternee & tres affligee de n'y pas participer, Mais je me confole par la penfee du Centenier , qui fe reconnoiflant indigne que Jefus - Chrift entrat dans fa maifon , merita par fon hu- milite qu'il entrat dans fon coeur, & obtint la guerifon de fon fervi- teur «. On voit par la la vive douleut
qu'avoit la fceur de Sainte Gertn d'etre privee de l'Euchariftie. Mais quelque grande que fut fa douleur> elle auroit mieux aime en etre fep3' ree le refte de fes jours, que d'achetet cette grace par la moindre demar- che oppofee a la verite &: a la chants u S'il faut, difoit-elle(j2), la rece- |
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j 16.
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III. Partie. Llv. IF. 245
ji voir au prix d'un menfonge & d'un \-i\($. » par jure, c'eft ce que j'efpere ne faire » jamais. Ce feroit une terrible dif- » poiidon que celle qu'on exige pour » recevoir celui qui eft la fouveraine » verite ". Et fur ce qu'on lui difoit qu'elle etoit dans l'erreur, & qu'elle devoit reformer fa confcienee , elle repondoit : » ce n'eft point fur Topi- » nion des homines que je dois for- » mer ma confcienee. Si cela etoit j " il faudroit changer a tout moment, » & avoir une confcienee verfatile » qui tournat a tous les vents de la » doctrine des hommes: ce feroit une » plaifante confcienee que d'etre tou- » jours changeante , 8c de n'avoir » d'autres principes que ceux de la » politique & de l'inreret. Je fuis » perfuadee que la verite feule , qui " eft Dieu meme , eft le fondement « inebranlable de notre foi ; elle ne » change point: c'eft fur ce fonde- » ment qu'il faut batir ; tout autre » fondement eft ruineux , parcequ'il » n'eft pofe que fur le fable mouvant » de l'opinion des hommes. Voila. ce " que jepenfe lorfque je m'entens dire " qu'il faut reformer ma confeien- » ce ; c'eft ce que Dieu me met dans » l'efprit. Peut-il y avoir, dit-ell© L iij
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24<> HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt.
1716. " dans un autre endroit, du peche
» mortel dans une action qu'on ne » fait pas dans la crainte de com- » mettre un menfonge , un parjure, » une calomnie ? « Elle fait une Malgre le courage dont on voit proteitatioa qUe [a four du Valois etoit animee, conttetoucce £ 1 r > 11 • 1
qu'on pour- & la conhance qu elle avoit en la
roic lui faire grace toute-puilTante de fon Sauveur, faire pat fur- °lt ■, t , . , r
ptife. elle redoutoit neanmoins beaucoup la
propre fbiblefle. Elle ne croioit pas
pouvoir prendre trop de precautions contre la fragilite & les artifices qu'elle craignoit qu'on n'emploiat pour la feduire. Ce fut ce qui l'engagea a faire devant Dieu, feul temoin des fenti- mens de fon cceur , une proteftation contre tout ce qu'on pourroit lui faire faire par furprife; 8c a renouveller la proteftation folemnelle qu'elle avoit faite le 8 mai 1707 avec la commu- naute: elle etoit con$ue en ces ter- mes. » Je fouffignee fceur Marie Made-
« leine de Sainte Gertrude du Valois, » religieufe profefTe de P. R. des » Champs, Ordre de Citeaux, de » prefent releguee a. Chartres , mo- » naftere des Filles-Dieu , par lettre » de cachet fignifiee par M. d'Ar- " genfon Lieutenant general de pc~ |
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III. Par tie. Liv. IV. 247
lice le 29 octobre 1709 , declare que l'amour de la verite que Dieu m'a donne , me faifant craindre ma foiblefTe naturelle , augmentee par la prifon ou je fuis renfermee & par la persecution continuelle que j'y fouffre, ou par quelque fur- rife dans laquelle je pourrois tom- er en cas de maladie, n'etant pas » alors affez forte d'efprit pour de- » couvrir les pieges que Ton me ten- " droit pour m'obliger a figner le For- » mulaire, ou quelqu'autre a&e que " Ton me prefenteroirpourderogera* » celui que nous avons fait en plein » chapitre . & avec une entiere li- » bene dans notre monaftere de P. R. » des Champs le 8 mai 1707 , & le- » galife le meme jour par les Notai- » res de Chevreufe «.... Apres avoir rapporte cet a£te , la focur du Valois continue ainfi : » c'eft en adherant a " cet atte que j'ai figne avec toutes » mes fceurs, & que je figne encore » aujourd'hui apres y avoir mure- » ment penfe devant Dieu, en revo- " quant des a prefenr, comme alors, " tout ce que Ton me feroit figner " qui pourroit y etre contraire. De- " clarant cependant que je veux vi- » vre & mourir dans la foi dc l'E- L iii|
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248 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAI.
« glife catholique , Apoftolique &
« Romaine , etant perfuadee que » hors de fon fein il n'y a point de A falut. C'eft dans cette union que ». j'efpere obtenir de Dieu fa grace » en cette vie & fa gloire dans le » ciel. Et apres avoir lu 8c relu cette « declaration de ma derniere volon- » te , je perlifte a vouloir qu'elle foit » tenue pour vraie & que Ton y ajou- » te foi. Fait a Chartres dans le mo- " naftere des Filles-Dieu, le 24 mat » 1711. Signe j Sceur Marie Made- « leine de Sainte Gertrude duValois, " religieufe de P. R. des Champs. Elle portoit toujours cet ecrit fur
elle , & elle le renouvelloit fouvent aux pies des autels pour effacer de fa memoire ce que des perfonnes qui fervoient de miniftres aux ennemis de la verire , tachoient vainement de lui infpirer..C'etoit au fortir de ces con- verfations il onereufes, qu'elle repan- doit fon cceur devant Dieu, &
qu'elle
lui demandoit avec larmes de mounr
plutot que de manquer de fidelite a la verite , & qu'elle reprenoit de nou- velles forces pour combattre ceux qui en etoient les ennemis. Les injures , les menaces, les traitemens les plus durs ne l'ebranlerent jamais, parce- |
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III. Par tie. Liv. IV. 249
qu'elle ne tenoit qu'a. Dieu & a la 1716. verite. » Faites tout ce qu'il vous plaira , difoit- elle a M. de Char- tres, j'eipere que la verite me de- livrera de tout j fi on me met en prifon, elle y defcendra avec moi; 11 on me fait mourir, elle me deli- vrera & me couronnera «. Par ref- ped pour ce Prelat on fupprime ici les paroles injurieufes dont il tachoit de l'accabler, auffi bien que les pro- ftierTes pueriles qu'il lui faifoit pour l'engager a trahir fa confcience. Un jour , apres avoir fait 6ter toutes les images de fes breviaires , il lui difoit fadement :figne\ & je vous rendrai vos images. La religieufe captive repondit gravement, » qu'on l'avoit reduite a. faire bien d'autres facrifices , & 3 fouffrir de plus dures privations , 8c que pourvu. qu'elle eut la liber- , te de dire fon Pater, qu'on ne pouvoit lui 6ter, cela lui fufHfoit». Elle fut fort fatiguee dans le com- xxxix. men cement de fa captivite par les fre- J^6"^." quentes vifites de ce Prelat (3 3). Com- cours de m. me il ne faifoit que rebattre les me- ^prmd'fo mes chofes, elle prit le parti de ne Parti d.e n,e (;?) Voiez dans leT. 6. voit ce iju'elle eut i ef- poncilc
des Mem. hid. 1'extrait de finer de la part de ce Pre-
plufieurs letcres de la Iat. p. no&fuiv.
fceur da Valois, ou Ton Lv.
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IjO HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt.
1716. plus repondre ; & lorfqu'il venoit k
voir , elle portoit fa quenouille pour filer tandis qu'il parloit. Qielquefois le Prelat la menacoit de l'envoier dans les lieux les plus recules j alors il la trouvoit difpofee a obeir a ces fortes d'ordres. D'autres fois il la me- nacoit de la privation des Sacremens a la mort, & de fepulture. » Pourvu » que mon ame foit dans le ciel, di- » foit-elle, qu'importe ou foit mon » corps ; le fouverain Juge faura bien » me le rendre au dernier jour, je « n'en fuis point en peine ; & fi Ton » me prive injuftement en ce terri- » ble pafTage des fecours que l'Eglife » donne a fes enfans , Dieu y fup- » pleera 'y fa puiffance n'eft point fi- »> mitee par la volonte des hommes. » II vaut mieux que je meure fans » Sacremens, que d'acheter cette gra- » ce par un parjure«. S'il lui annon- coif la flgnature de quelques-unes de fes foeurs, alors oubliant fes propres maux , & accablee de la plus vive douleur, elle ne s'exprimoit que par fes larmes, mais fans etre afroiblie. S'il la prefToit de fuivre l'exemple de celles qui avoient figne , elle repon- doit avec courage & fermete que , quand tout le monde abandonneroit |
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III. Par tie. Liv. IV. 25'f
la verite, ce ne feroit pas une raifon pour elle de lui manquer de fidelite, qu'elle eiperoir que Dieu lui feroir la grace de plutot mourir que de tra- hir fa confcience. Son efperance ne fut pas vaine. M. de Chartres voiant Ie neu de fucces de fon entreprife, fe laffa & cefTa de la voir, ou du moins la vit plus raremenr. Mais il envoi'a. a fa place un Grand - Vicaire , qui par fes difcours & par la lefture qu'il lui fit fare d'un ecrit fur la fignature du Formulaire , ne fit que 1'afFermir de plus en plus dans fes fenrimens. Quelque terns apres , le Prelat reprit courage \ & la vi&oire qu'il remporta le 2 3 avril 171 o fur la fceur le Juge exilce a la Vifitation de Chartres , lui donnant efperance qu'il en pourroit remporter une femblable fur la fceur du Valois , il ranima fon zele, & re~ doulla fes Joins pour cette cinquieme brebis igarie qui rietoit point touchie de I'exemple defes quatrefzurs que S. M. avoir placdes dans fon Diocefe. Ce font ies expre/TIons du Prelat dans la let- tre qu'il ecrivit a M. de Noailles pour lui annoncer la pretendue converfion de la fceur Francoife de Sainte Aga- the le Juge j mais il eur Ie chagrin de voir encore echouer tous fes efforts. Lvi '
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1$X HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt:
i -j 1 <j. Alors defefperant de pouvoir faire
XL. cette conquete , & fe rendant juftice,
M. de char- il penfa qu'il falloit mettre la fceur
tres juecanc 1 ir 1 • 1 • i>
qu'ii iertuf- du Valois entre les mains duneper-
firok jamais forme qui auroit plus de talent que lui, a faiie dener r tr 1 -r
la focur du pout reuliir dans une entrepriie qui
vaio_s,iafait eto'lt au-deffus de fes force-., La mere Mantes. Catherine Chartonnet des Seraphins, Superieure des Urfulines de Mantes, pafToit pour avoir un don particulier pour perfuader la fignature. Elle en avoit donne une preuve admirable a. l'egard de la fceur de Sainte Euphrafie Robert, paralyrique, agee de quatre- vingt-fix ans, qu'elle avoit fait figner en lui conduifant la main, parcequ'elle n'etoit pas en hat de figner feule , comme portoit le proces verbal de cette fignature. Ce rut fur cette four Chartonnet que M. de Chartres jetta les yeux pour qu'elle apprit a figner a la fceur du Valois , qui en confe- quence fut envoiee a Mantes. Mais comme la fceur du Valois n'etoit ni paralyrique, ni agee de quatre-vingt- fix ans , & qu'elle avoit toute fa rai- fon & beaucoup de lumiere & de re- ligion _, la mere Superieure des Urfu- lines n'eut pas le meme fucces qu'elle • avoit eu a l'egard de la fceur de Sainte Euphrafie Robert. |
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III. Partie. Liv. IV. 155
Dans le voiage de Chartresa Man- \-j\G. tes la fceur du Valois eut une avan- XLi, ture extraordinaire , que nous ne . Rencontre r »• cr 1 ' 1 • • finguliere de
terons pas dimculte de rapporter ici , ia °[aat ju
en laifiant au Le&eur la liberte d'en ,VaIois»<*™s , . ,.. i T la route de
porter tel jugement quil voudra. La chartres 4
four du Valois l'a racontec elle-meme Mantes, a une perfonne tres digne de foi (34). Un foir etant arrivee a l'auberge avec la perfonne qui la conduifoit & la gardoit a vue comme une prifonniere, on vit arriver dans la meme auberge en grand equipage une jeune Demoi- selle d'environ dix-fept ans. Elle de- manda a. parler a la religieufe deP. R. qui venoit d'arriver. Comme cette- Demoifelle etoit vetue magnifique- ment, richement paree ? & ornee de pierreries & de diamans a. fa coefFure, & qu'ainfi elle paroiilbit d'une grande diftinftion , perfonne n'eut la har- . dieffe de s'oppofer a fa demande. Elle entra done dans la ehambre 011 etoit la fceur du Valois , fans fe foueier de fa garde qui s'etoit j'ettee fur un lit pour fe repofer j & ai'ant tire la reli- gieufe en particulier y elle commenca a lui parler avec une telle dignite de (34) M» Pinault affiire" meme en 171*, pendant1
tenir ce fait d'une perfon- le fejour qu'elle fit a Pa- ne a qui la fceur du Va- ris. Hift. de la derniere lois l'avoit raconte elle- perftcution. T.3- p-14*- |
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________ 254 HlSTOIRE DE FoRT-ROlAL.
1716. toures les affaires de l'Eglife, que h
four du Valois en eWt dans l'admi- ration , rant pour fon air majeftueux , que pour la grace avec laquelle elie parloit, & pour les chofes qu'elle di- ioir. Cette admiration fut £ grande dans la religieufe qu'elle n'ofa Iui re- pondre ni 1'interroger fur ce qu'elle lui difoit, ni meme pour favoir qui elle etoit, quel etoit le motif qui l'a- voit portee a venir, & autres chofes femblables dont il etoit naturel de s'informer en pareil cas. Comme la four du Valois avoir
ete retenue dans une fi grande capti- vite aux Filles-Dieu de Chartres, qu'elle ne favoit rien des affaires de l'Eglife , ni meme de P. R. depuis environ quatre ans qu'elle en etoit fortie , la Demoifelle les Iui apprit routes en fubftance , jufqu'a lui dire des nouvelles de la Bulle (35) Uni°t- nitus ,qui etoit arrivee depuis veu (}6). Elle confola en meme - terns la reii- jjf) Ibid. p. 242. Ainfi |a per(-onne qm- a
(J<) L Auteur des Ml- parle a la four du Valois
«<«ra,h1ft.T.7.p.170j dao, fa route, »'a pfi
fcxe11,arrives de la foeur lui dire des nouvelles de
da Valois a Mantes, le 6 cere Bulle comme etanr
leptembre j7,1: fj ceia ^^ depuis peu, mais
«lt, la Bulle qui n'a £,£ feulement comme d'iine
donnee que 1« jj feptem- piece , <fo« OR parloit
' • '/'I ' n'^roit point fburdemeia depuis pea.
arrivee depuispeu , com- Ceftainfi qu'on lit ce faic
we le du M. Pinaulc. dans les Memoires biito-
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III. Partie, Llv. IV. i5j
gieufe & l'exhorra a demeurer ferme iyi<j.
dans le refus qu'elle faifoir de figner. Elle difoir routes ces chofes comme en eranr parfaitement inftruite, & avec rant de zele pour la verire, que la four du Valois s'en trouva route confolee & encouragee. Et meme dans la fuire elle n'avoit qu'a fe fouvenir de cette Demoifelle pour fe fentir forrifiee dans les peines & les com- bats qu'elle eur encore a efluier a Man- tes pendanr rrois ans. L'idee qu'eur la foeur du Valois de
cew demoifelle, fur que c'eroir une xirr. perfonne qui avoir ere envoiee par les vatoisihitiey amis de P. R. & de la verire pour l'inf- <kHeei de 1* i r \ » i» Communau-
rruire , la conloler & 1 encourager. ci &Mantes,
Dans cetre idee, lorfqu'elle vinra Pa- & encft Ie~ ris en i j 16, elle en demanda des nou- & v«w. velles , la depeignanr par fon age, fa figure & rour le refte. Mais perfonne ne la connoiiroir, &c la demoifelle eft demeuree inconnue jufqu'a prefenr. La foeur du Valois apres certe ren-
conrre ilinguliere 8c exrraordinaire , continua fa roure & arriva a Manres , tiques; 8c il eft n;ce.(Taire point une chofc Hen-met"
de lire de cere force (i veilleufe que la Demot- ion adinet la verire de felle euc parle A la <ceur cette rencontre; a moius du Valiis de la Bulle qu'oa ne place l'arrivee de Unigenitus, & cette Bulle la Prifonniere a Mantes eroit artivee. Elle ne lui apres le S feptembre 1715. auroit dit que ce que tour Mais alors ce ne feroic autre eut jm lui dice* »
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i$6 Histoire de Port-rotal.
oii pendant pres de trois ans de cap- tivite elle fut l'exemple de la com- munaute par fa verm , & en fit les delices par fon heureux naturel & fes grandes qualites. Voici le portrait qu'en fait une religieufe. » Quand » Madame du Valois (5 7) fut envoiee jj aux Urfulines de Mantes , on la » propofa comme une perfonne qui » n'embarrafleroit point , qui etoit » d'une humeur commode & aifee a « vivre. En efFet fon application fut » de fe conformer en tout aux regies » & aux ufages de la maifon , fe con- » ciliant la bienveillance des grands " & des petits. Elle pouvoit remer- » cier Dieu comme Salomon,d'avoir » rec,u une bonne amepar fort, & fon » heureux naturel etoit perfeition- » ne par un long exercice de vertu. » Elle fe trouvoit exaclement a l'E- » glife avec les religieufes pendant » la fainte MeiTe , elle ne manquoit » jamais de s'y profterner tout le terns » que Ton communioitj & il etoit aife » de penetrer fes fentimens interieurs " qu'elle accompagnoit de beaucoup » de larmes. Elle fortoit la derniere " de l'Eglife & y faifoit de frequen- (37) Lettre d'une reli- ta demiete perfec. T. J>
gieufe de Mantes fur !a p, z^j. ftxut du Valois. Hift. de |
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III. P a r t r e. Liv. IV. 257
S» tes profternations. Ordinairement 1716. » apres Vepres elle difoit le petit » Office de PAnge gardien , quantity « d'oraifons pour toutes les necefiltes » de PEglife &c des membres qui la » compofent. Elle ymettoit fes en- " nemis au meme rang que fes amis , » priant tous les jours en particulier » pour les uns & pour les autres. " Elle ne manquoit point a. dire le " grand Breviaire, & a fe relever a >' deux heures de nuit, a moins qu'elle " ne fut tout-a-fait malade. Les jours " de grande fete ou la communaut^ " dit le grand Office, elle ne fe levoit " qu'a quatre heures pour fe trouver " a la demie a PEglife, corpmen^ant » avec les religieufes par trois quarts " d'heure d'oraifon , & Papres midi " demie heure tous les jours; & com- " me fi les terns deftines a la priere " ne lui fuffifoient pas , elle en fai- " foit encore de particulieres dans " fa chambre.Les pfeaumes lui etoient " familiers. Elle etudioit fa regie " tous les jours dans fes constitutions. " Pour les jeunes & abftinences , " elle pafloit fes forces. Patiente dans " ks maux , elle les fouffroit avec " resignation , ne fe plaignant jamais " de la nourriture, mais feulement " qu'on avoit trop d'egards pout |
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I58 HlSTOlRE CE PoRT-ROlAt.
» elle. Qu'onlafervitfroidouchaud,
« tot ou tard , on la trouvoit toujours » la meme. Elle fe rendoit tous les » fervices qu'elle pouvoit , faifant » fa charabre avant qu'on eut pu le » prevoir ; 8c etoit auffi utile a la » fceur qui la fervoit qu'elle le pou- » voit etre, induftrieufe a prevenir » fes befoins, bonne , familiere SC » reconnoiffante , en forte que cette » pauvre fille croi'oit avoir tout per- » du quand Madame du Valois la » quitta. Son refpect pour la Supe- » rieure etoit accompagne d'un ait » de deference qui ne fe dernentoit » jamais. Elle ne fe pardonnoit pas " les plus petites fautes a fon egard ; » quand elle croi'oit l'avoir contrif- " tee en la moindre chofe, elle lui » en demandoit humblement pardon " a genoux ; & fans y regarder de " trop pres , elle le faifoit meme a » d'autres perfonnes ; rant elle avoit » d'amour pour la paix , expiant ainfi " fes fautes les plus involontaires. Sa " charite embrafloit egalement tout " le monde ; chacune croi'oit avoir » une egale place dans fon cceur. » Son plus grand plaifir etoit d'en " faire ; naturellement prevenante &Z " polie, mais fans affe&ation dans » l'efprit de l'Evangile, bonne & par~ |
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III. Par tie. Liv. IF. 159
» fake amie ; elle aimoit la retraite 1716,
» & fa chambre ; on ne la voi'oit
» point aller & venir dans la maifon,
» fi ce n'etoit pour la confolation
» des malades. Elle avoir uh talent
» particulier pour entrer dans les pei-
» nes des perionnes fans affoiblir leur
» vertu. On favoit y etre bien recue
» & on n'en fortoit que plus confo-
» lee, fortifiee & plus portee a fon
" devoir ; ce qu'elle faifoit avec une
» douceur & une moderation qui a
» toujours fait fon caractere particu-
" Her. Tout etoit bien regie en elle
» jufqu'au fon de fa voix. Elle avoit
» fame droite, le cneur excellent, le
» difcernement jufte , mais porte a
" excufer le prochain & a y compa-
» tir. Sa devotion n'avoit rien de fa-
» rouche \ & toute folide qu'elle e-
» toit, les enfans l'approchoient aife-
» ment. Elle fe privoit des douceurs
" qu'elle pouvoit avoir, pour leur
» donner. Dan» les jours de fetes
» qu'on la menoit a la communaute ,
» ou elle etoit demandee 8c defiree ,
» elle en faifoit la joie & 1'edifica-
" tion \ loin d'y apporter la contrain-
" te, on la trouvoit a redire ou elle
" n'etoit pas. Un cceur fi bon ne pou-
55 voit pas fe refufer aux fiens, audi
" regardoit-elie fes parens comma
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X<So HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt;
» fes premiers prochains, leur rea-
» dant tous les fervices d'ami tie qu'el- » Je pouvoit, fouvent dans la vue de
" leur parler de Dieu & de les fou-
» tenir dans les peines de la vie. Les » lettres qu'elle ecrivoit, ecoient tou-
" tes chretiennes. Elle fe louoit de
» tout le monde, etoit extremement
<> refervee a parler des peines qu'elle
•> pouvoit avoir , non pas par diffi-
> mulation , mais de crainte de don-
« ner trop a la nature. Affidue au tra- > vail des mains elle ne perdoit point
> de terns , filant ou travaillant a
> quelque ouvrage de devotion ,
» qu'elle fe faifoit im plaifir de dif- » tribuer, n'ai'ant rien a elle. On s'y " adrefToit en toute occafion, fachant " qu'elle n'avoit acception de perfon- » ne. Enfin la conduite qu'elle a te- » nue, pent fervir d'exemple aux re- » ligieuies, qui font obligees de vi- » vre hors de leurs maifons. Quand » elle fortit _, la confolation etoit " qu'elle devoit etre heureufe par » tout, ce qu'avoit penfe la mailon » qui avoit ete obligee de la eeder a " Mantes. Son depart y fut tres fen- » fible. Chaque religieufe croioit per- » dre fa mere & fa foeur , & Ton » conferve a fa memoire , le refpecT: » 8c l'attachement qui lui eft du. |
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III. Partie, Liv. IV. 161
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Apres lamort de Louis XIV , com- \-j\G.
me on travailloit a faire revenir les xnir. religieufes de Port - Roi'al dans le' i»Princef- D° i r f -n ■ »• /T fe douaine-
loceie de Paris, on s interrella parti- Ie de conde
culierement a la four du Valois, s'""en:effe
/ , r i l • 1 Pour la f<EUC
qui etoit la leule , depuis la mort duValois,&
de la mere Prieure , qui demeuroit ohu^ fon privee des oacremens , parcequeile avoit conftament refufe de figner j ce qui faifoit craindre qu'on ne put ob- tenir pour elle ce qu'on follicitoit pour les autres. Mais Dieu lui fuf- cita une puiflante protectrice dans la perfonne de Madame la Princefle douairiere de Conde. Ce flit une des Demoifelles d'honneur de la Prin- cerTe , qui procura a la four du Va- lois cette puiflante protection; com- me nous l'apprenons d'une lettre de la four du Valois (38) auP. Quefiiel, Cette Princefle , &c les autres per- fonnes qui prenoient les interets de cette religieufe captive , firent tant aupres de Monlieur le Regent &c du Cardinal , qu'ils confentirent l'un & l'autre a fon rappel. Mais fon Eminence n'ai'ant pas voulu qu'elle vint dans fon Diocefe , elle lui fit expedier 1111 ordre pour aller de- meurer dans l'A'bbai'e de Notre-Da- me de l'Etree , Diocefe d'Evreux j (38) Hift. de lajderniefe perfec. T. j. p. xfS.
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l6l HlSTOIRE DE PoRT-ROIAL.
I7i6, ordre qui n'etoit pas fi rigour eux ,
que M. le Cardinal ne fut le maitre
de la mettre par-tout ailleurs oii il
voudroit. On manda cela a la four
du Valois, fans lui dire ce que c'e-
toit que cette maifon , qui eft de l'or-
dre de Citeaux & fous la jurifdic-
tion de l'Abbe, & fans lui appren-
dre fi fon Eminence laretabliroit dans
la participation des Sacremens , ou
non. En confequence elle lui ecrivit
la lettre fuivante pour lui demander
la communion.
xtlV- » Monfeigneur , on m'a donne
Letue de » avis que votre Eminence avoit eu
vaJuilt - la bonte de penfer a moi, &qu'el-
m. le card. » le avoit meme bien voulu prendre
pour'iu'i "e- " ^e f°'n de faire expedier les ordres
mandet la „ necefTaires pour me transferer a
communion. ^ rAbba»e Je pg^ mhs , ou
j) m'envoie-t-on ? Mais comme j'ap-
» prens auffi que ces ordres laiuent
» a votre difpofition de me mettre
j> ailleurs, ne pourrois-je pas , Mon-
5> feigneur, obtenir de votre Eminen-
=> ce la grace d'etre placee dans quel-
s» que maifon de votre Diocefe ?
» Si elle avoit la bonte de m'ac-
jj corder cette grace , j'aurois fujet
» d'efperer que votre charite pafto-
. « rale ne me refuferoit pas celle de
« me retablir dans la participation
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111. P A R T IE. L'lV. IV. i.6$
» des Sacremens dont je fuis privee \-j\d,
» depuis plus de neuf ans. Vous fa-
» vez , Monfeigneur , quelle dou-
» leur me doit caufer une fi longue
» privation, &c je puis aflurer votre
» Eminence que c'eft l'unique que
» j'aie reffentie dans l'etat ou je fuis
» reduite. Non, Monfeigneur, rien
» ne m'a ete fenfible que cette priva-
« tion, & rien ne me peut confoler
» dans la douleur qu'elle me caufe ».
j. Permettez-moi done de me jet-
» ter aux pieds de votre Eminence,
» pour la conjurer au nom de Jefus-
» Chrift que vous offrez tous les
» jours a fon Pere pour la fandifica-
»> tion des juftes &c pour la conver-
» lion des pecheurs de votre Dioce-
» fe : je fuis done bien affiiree que
» vous m'y offrez , puifque j'ai le
» bonheur d'etre une des brebis de
" votre bercail: permettez done a
» cette pauvre brebis de vous de-
» mander par fes belemens, par fes
- cris & par fes larmes, le pain fans
>» lequel elle ne peut vivre , ni com- " me un des enfans de Dieu , ni » comme une des epoufes de J. C. » Donnez-lui done ce pain , Mon- - feigneur , afin qu'elle puilfe man-
" ger a la table de fon divin Epoux. » Vous feul la pouvez admettre dans |
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Z<?4 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt.
5 »> la falle du feftin. Ne la laiflez pas
» pluslong-tems a la porte , nelui en „ refufez pas Fentree. Accordez-lut » cette grace , Monfeigneur , afin „ qu'elle foit plus en etat de prier » avec plus d'inftance le prince des » Pafteurs pour la confervation & la » fandfcification du pafteur que Dieu u lui a donne dans fa mifericorde. » Mais fi je fuis afTez malheureu-
» fe de voir que vous n'ecoutiez pas „ la voix de mes gemiflemens , je » prendrai la liberte de reprefenter » a votre Eminence, qu'il feroir inu- » tile que je changeafle de maifon, » puifque je ne ferois pas plus heu- » reufe ailleurs , etant privee par- „ tout de la feule chofe qui peut faire » mon bonheur , & mon unique con- » folation. » Profternee a vos pieds , Mon-
« feigneur, je conjure les entrailles » de votre charite paternelle , d'a- » voir compaffion d'une pauvre re- » ligieufe, qui fe fouvient toujours « devant Dieu qu'elle eft votre fille. » Ecoutez done fa voix, exaucez fa m priere j elle vous demande le pain » de vie, 8c la grace de refter dans s» votre Diocefe. Si vous me Faccor- w dez cette grace, ce fera un nouvel w engagement |
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III. Parti e. Lb. IF. nS$
»> engagement pour moi de vou's aflu- \-j\^
» rer que je ferai route ma vie , &c. Cette lettre eft un monument bien
authentique de la tendre piete de la four du Valois , de ia flerniete ine- branlable dans Pamour de la verite , & de fon attachement a la fincerite chretienne. On n'y voit aucun affoi- blifTement; 8c quelque defir qu'elle eut de recevoir fon divin Epoux dans l'Euchariftie , il ne lui echappe aucu- ne parole, qui marque qu'elle vouliit acheter la communion, en fe rela- chant tant foit peu de fes premiers fentimens. Elle demande la partici- pation aux Sacremens, mais fans au- cune condition. Aufli M. deNoailles n'eut garde de joindre cette lettre a"u recueil qu'il avoit fait imprimer en 1711 j mais jugeant par-la , & par la longue patience de la fceur du Va- lois , de l'extreme & infurmontable repugnance qu'elle avoit pour leFor- Riulaire, il lui rendit la participation aux Sacremens fans rien exiger d'elle, comme nous le verrons. La Princeflfe douairiere de Conde contribua beau- coup par fes follicitations a lui ob- tenir cette grace , ou plurot cette juf- tice , de M. de Noailles. Ce fut dans cette vue , que la PrincefTe prote&ri- Tome X. M
»
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i.66 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt.
iji6. ce demanda & obtint que la religieu- |
fe prifonniere en fortant de Mantes, 1 pafieroit par Paris & y feroit quelque I iejour , avant de fe rendre a l'Abbaie f de 1'Etree. La femme d'un Avocat fe 1 chargea avec plaifir d'aller a Mantes J pour l'amener a Paris. Cette Dame fe 1 trouva flattie, & avec raifon, d'une I telle commiffion , & de concourir a I tirer de l'oppreulon une religieufe de I P. R. & meme celle de routes , qui ai'anr ete la plus fidelle a. Dieu etoit la I plus opprimee. Les reiigieufes de Mantes firenr d'abord quelque diffi- | culte de laifTer fortir la fceur du Va- lois , difant qu'il falloit en avertir M. de Chartres. Mais la Dame re- ponditavec fermete qu'on n'avoit que faire de l'Eveque de Chartres, quand le Roi declaroit fa volonte par une Lettre de cachet, & qu'il falloit lui remettre la religieufe entre les mains. Ce qui fut faitle z novembre 171^, a huit heures du matin. La Dame remena ainfi la fceur du Valois a Pa- ris , ou elle la garda trois jours chez elle : le fecond jour elle re^utordre de ne la laiffer voir ni parler a perfonne , hors elle & Mefdemoifelles fes filles qui lui tenoient compagnie. Au bout de ces trois jours elle fut |
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III. Par tie. Liv. IF. z6j
transferee aux Hofpitalieres de faint 171 <y. " Marceau, 011 elle paifa encore fept 011 hint jours au-denors, ians que per- Ene eft 3d- fonne le fut , que la Superieure & mife a la Par- r-T^ 11 r ' • ticipation ess
une 1 ounere de confiance qui avoit saacmens.
foin d'elle. Pendant qu'elle y etoit , M. de Noailles la mit entre les mains du P. Polinier (39)5 & en le char- geant de fa conduite , il voulut lui dire quelque chofe fur la religieufe. Mais l'Abbe , qui avoit de la tete , pria M. le Cardinal de le laiffer entie- rement le maitre, & de fe contenter de lui donner les pouvoirs. L'Abbe l'alla voir aux Hofpitalieres j & ai'ant. pris jour avec elle pour l'entendre , il la confeffa , l'abfout, fans exiger aucune retra&ation ni fignature , &c lui donna jour pour venir communier a fainte Genevieve a quatre heures du matin. Quoiqu'une telle heure fut fort peu commode dans le mois de novembre , il s'y trouva beaucoup de perfonnes qui vinrent expres a fainte Genevieve pour etre temoins de cet evenement, & joindre leurs actions de graces a celle de cette bon- ne religieufe. La joie qu'eut la fceur du Valois (?9) Mort Abbe de fainte Genevieve au mois de
"'MS J 717,
M ij .
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l$% HlSTOIRE DE PoR.T-K.OlAi.'
~j«j(jf de participer au divin Sacrement de
nos Autels, apres avoir ete Ci long- tems nourrie d'un pain de douleur &c de larmes , ne fe pent exprimer. C'eft alors, qu'etant au comble de fes vceux, elle die a Dieu dans l'effufion de fon coeur , qu'elle ne defiroit que le moment de fa difTolution , afin qu'apres l'avoir poflede fur la terre, eile put s'unir a lui pour l'eter- nite. II differa neanmoins d'exaucer fon deflr ; il voulut qu'elle edifiat encore l'Abbai'e de l'Etree par fa pie- te , qu'elle y repandit la bonne odeur de Jefus-Chrift, & qu'elle y attirac plufieurs perfonnes au fervice de ce aivin Maitre. XLVI> Madame la PrincefiTe fa proteclri- tafosurdu ce voulant l'avoir aupres d'elle, dans
JSJiT* le refte du terns qu'elle devoit de- jours au cai- meurer a Paris , avoit demande la lembouJg1^ Permiffi°n de la faire conduire au Cal- eiie reSoit les vaire du Luxembourg. C'eft pourquoi fieuts petfon- lnimediatement apres Ion action de «* graces , elle la fit reconduire dans fon earofTe aux Hofpitalieres , d'ou elle la
fit mener 1'apres midi au Calvaire. Ce fut-la qu'elle recut les vifites &C congratulations d'un grand nombre de perfonnes diftinguees par leur naif fance , leur piete & leur merite. Tous |
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I 111. P ARTIE. Uv. IV. 1<?9
intent edifies de fa modeftie, de fon
amour pour le filence, ne parlant que pour repondre aux queftions qu'on j lui faifoit , de fa retenue en parlant de fes persecutions & de fes perfecu- teurs , des maifons ou elle avoit ete prifonniere. Cette retenue n'etoit pas particuliere a. la fceur du Valois : on a remarque que toutes les autres reli- gieufes de P. R. onr eu cela de com- raun , de ne jamais fe plaindre des maifons ou elles ont ete: exilees. Bien plus , il ne leur echappoit meme au- cune plainte de la deftruction de la maifon qui leur etoit fi chere ; 6c leur Bumilite leur faifoit regarder cette deftruclion , moins comme un efFet de la haine de leurs ennemis , que comme une jufte punition de leurs infidelites, & un effet de la miferi- corde de Dieu , qui vouloit les pu- rifier , pour les rendre plus con- formes a l'image de fon Fils. Au Calvaire la fceur Gertrude da
Valois s'informa qui etoit cette jeune Demoifelle qui lui avoit parle dans fon voiage de Chartres a Mantes ; mais on ne put lui en donner aucu- ne connoiflance. Elle demanda des nouvelles de toutes fes fceurs , & elle aila voir celles qui etoient revenues M iij . |
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%-JO HlSTOIRE DE PoRT-ROlAl.
ijt6, a Paris & aux environs. Elle alia aufll
dans quelques monafteres, entre au- tres dans celui des Carmelites de faint Jacques, on la PrincefTe prote&rice la conduiiit elle-meme. Tel fut le rappel de la fceur du j
Valois apres fept annees de captivite; ' tel fut fon retabliflement dans la par- I ticipation des Sacremens , apres une privation de neuf annees ; tel fut le triomphe de cette vierge chretienne, apres tant d'annees de combats j triomphe qui ne peut etre attribue qu'a la puiffante grace de J. C. II falloit en effet que cette vierge chre- ~r tienne , reduite dans une affreufecap-
tivite, privee non-feulement des Sa-
cremens , mais generalement de tout fecours exterieur, fut foutenue d'une grace bien puiffante pour refifter aux violentes attaques qu'elle efluia pen- dant tant d'annees, de la part de tant de perfonnes, furtout revetues d'une autorite refpedtable en elle-meme,atta- ques d'autantplus dangereufes,qu'elles renverfent fous le pretexte meme de piete , d'humilite & d'obeilfance ; attaques qui firent tomber, comme nous 1'avons vu , fes fours difperfees. C'eft done ici, qu'on peut dire avec iaint Auguftin, magna gratia opus eft* |
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III. Par tie. Liv. IV. 171
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Mais il eft bon de remarquer que 1715-.
la grace de Jefus-Chrift, qui a fou- XLV1I, term la fceur du Valois dans fes zeie de u epreuves & fes combats , l'y avoit f*g\da^l preparee par le zele qu'elle lui avoit s'infttime infpire,de s'inftruire par la ledure. p^nla dl1" Elle le faifoit en fecret, parceque la mere Prieure ne vouloit pas, meme depuis 1706, permettre a fes religieu- (es de lire les ecrits fur les matieres comeltees, cro'i'ant qu'il leur fuffifoit de favoir en general que ces clifputes ne les regardoient pas , & qu'elles n'y devoient prendre aucune part , foit par la creance du fait, foit par la 11- gnature des Formules qui atteftent ce rait. La fceur du Valois n'en jugea pas de meme j & , perfuadee que cette fimplicite a I'egard du Formulaire , qui auroit ete bonne dans un tems de paix , etoit dangereufe dans un tems de guerre , elle mit une partie de fa piete a s'inftruire par la lecture des ecrits qu'on lui apportoit en fecret. Un autre ecueil tres dangereux que ^"I"^!*-
la fceur du Valois eut la fage precau-". tion d'eviter , fut de ne pas ecouter ceux qui l'exhortoient a faire une chofe qu'elle etoit bien perfuadee qu'on ne pouvoit point faire. Quand on eft. une fois allure qu'on a l'avan- M iiij |
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_________ 47* HlSTOIRB DE PoRT-ROlAt
if 16. tage d'etre dans le parti de la verke ;
line faut plus rien ecouter, ni entrer en difpute avec ceax qui penfent au- rrement, & qui veulent nous engager dans leursfentimens. II eft inutile aux forts, & dangereux pour les foibles, d'ecouter le menfonge , quelquefois deguife fous de belles couleurs. Cela Dorte a dourer,puis a deliberer, enfin a renoncer a la verke. Quand on connoit le fruit defendu , & qu'on ne veut point en manger, il ne faut poinr s'amufer a le regarder, ni entrer en converfarion avec le ferpent. » II » ne faut plus de curiofite , dit Ter- " tullien, apres avoir re$u les inf- » mictions de Jefus-Chrift, ni de re- « cherche apres l'Evangile. Lorfque » nous croions , nous ne defirons » point de croire quelque chofe au- *> dela. Car nous croions d'abordque » nous ne devons plus rien croire de » plus que ce que nons croions. Mais, » difent-ils, il eft ecrit, cherche^ & » vous trouverei... il faut chercher juf- » qu a ce que vous aiez trouve , lorf- =» que vous avez trouve , il faut croi- » re ; lorfque vous croiez , il ne faut » plus penfer qu'a conferver ce que » vous croiez. Car fi lorfque je crois , n ce que je dois croire, je penfe qus |
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lit. PahTii*. Liv. IV. 273
'» je dois encore faire de nouvelles ijks. *> recherches , j'ai l'efperance de trou- w ver quelque chofe de nouveau ; ik « je n'aurois point cette efperance, » fi ce n'eft que , ou je ne croi'ois pas, » quoique je paruffe croire , ou que » j'ai cefle de croire. Ainfi j'abandon- » ne la foi & je m'en joue. En un mot, » perjonne ne cherche que ce qu'il n'a " jamais eu j ou ce qu'il a perdu (40). C'eft ce que la fceur du Valois eut la prudence d'eviter , & ce qui, avec la grace, la rendit vi&orieufe. Apres qu'elle eut demeure quinze
jours ou trois femaines au Calvaire du Luxembourg , elle partit pour l'E- tree , accompagnee de la dame qui l'avoit amenee de Mantes a Pans, & de Mademoifelle fa fille. La fceur duValois, toujours foumife aux ordres (40) Nobis curiofitate At enim fi quod debut
opus non eft poft Chriftum credere , credidi , & aliud
Jefum , nee inquifitione denuo puto requirendum,
poft Evangelium. Cum fpero utique & aliud ejfe
credimus , nihil defidera- inveniendum , nullo mo~
mus ultra credere. Hoc do fperaturus iftud, nifi
enim prius credimus non quia aut non credideram t
ejfe quod ultra credere de- qui videbar credidijfe, aut
beamus. Scriptum eft , defii credidijfe. Itafidcm
mquiunt, qu<erite & in- meam deferens nugator
venietis. Quterendum eft inventor Semel dixerim,
donee invenias , & ere- nemo quxrit y nifi qui aut
dendumubi inveneris s & non habuit, aut perdidit.
nihil amplius nifi cufto- Tettul. de prefcript. c. 8.
diendum quod credidlfti. & ?,
Mv
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i74 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAr.
~ iji6, de la Providence, quitta cette grandc
ville ou elle avoit ete rappellee, & ou Dieu permit qu'elle re^ut des hon- neurs extraordinaires , avec aurant d'indifFerence que fi elle n'y avoit connu perfonne. Ravie de s'enfevelir de nouveau avec Jefus-Chrift, tout le tems qu'elle fut obligee de refter a Paris elle ne cefToit de foupirer vers le defert, qui fut le lieu de fa der- niere retraite. XLIX L'Abbaie de PEtree etoit compo- Etat de i-Ab-fee de trente-cinq religieufes, dont
fcai"e ile l'E | 1 * / • . °
tree, la fceur la PlllS agee *YOl\ trente " ""9. anS >
du vaiois y & PAbbeffe ou Prieure n'en avoit que
eft bien re- • t t t • ■ i>
sue. vingt. JLes Jeluites , qui, comme 1 on
fair, ont une paffion demefuree de
s'introduire par-tout, avoient tente 3uelque-tems auparavant des'ingerer
ans la direction de eette commu- naute , mais PAbbefle s'en etoit excu- fee avec efprit. Les religieufes etoient la-de(Tus dans les memes fentimens que leur Abbelle, ce qui devoit etre un prefage que la fceur du Vaiois feroit bien recue dans une maifon oil Pon avoit de Peloignemenr pour les Jefuites. Neanmoins elles parurent d'abord furprifes qu'on leur envoiat une religieufe de P. R. Mais la Da- me qui accompagnoit la fceur du Va- |
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III. P A R T I E. LlV. IV. ZJ"f
lois s'en etant appercue , elle les eat "j^kJ.**
bientot railurees en leur faifant con- noitre les excellences qualites de la religieufe qu'elle leur amenoir. Inex- perience qu'elles en firent elles - me- mes , leur fit bientot connoitre la ve- rite de ce que la Dame leur avoit dit, de forte qu'elles refpederenr la fceur du Valois , s'eftimerent heureufes de la poffeder, & tacherent de lui faire outlier par les bons traitemens qu'el- les lui firent, tous les mauvais qu'elle avoit efluies pendant fa longue cap- tivite. Elles lui laifTerent route liber- te , foit pour les Sacremens , foit pour les livres, foit pour les lettres, 8c la traiterent en routes chofes comme l'une d'entr'elles. Dieu les en recompenfa , car la ElledeVient
fceur du Valois fur pour leur maifon lf bjn^!''c" , . , , r . ,, , tion de 1E-
ce qu avoir ete autrefois 1 arche pour tree.
celle d'Obededom : elle en devint la benediction, &fut 1'inftrument dont Dieu fe fervit pour y repandre la con- noiiTance & l'amour de la verite, non feulement par rapport aux difputes prefentes , mais encore par rapport aux obligations chretiennes & reli- gieufes. Les religieufes de l'Etree etoient de bonnes filles qui n'avoienc aucune oppofition a la verite & au M vj '
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1-J6 HlSTOIRE DE PoRT-ROl^t;
1716. bien , mais fans lnmiere. Le fejour dc
la fceur du Valois leur fut utile. Ses exemples, fes converfarions edifian- tes , les relations qu'elle leur fit, firent une impreffion vive fur elles. Elles devinrent tout autres. M. de Noailles changea lui - mcme entiere- ment de difpofition a fon egard ; il fe faifoit recommander a fes prieres, lui envoi'a quelques-uns de fes ouvra- ges, fpecialement fon appel & fa belle Instruction de 1719 j il devint fon prote&eur, de perfecuteur qu'il avoir ete. *•!• Ce fut lui qui avec Madame la lesdevient U Princelle arreta le faux zele de M. le
p-o edeur de Norinand Eveque d'Evreux , qui dans la fceur du . -1 , ■ r i
valois, &at-le commencement saviia de trouver
iere le faux mauvais que la fceur du Valois ap-
Noimand. prochat iibrement des bacremens ians
avoir rien figne. Madame la Prin-
cefTe & M. de Noailles lui firent dire
que cette religieufe etoit fous leur
. protection , & qu'il ne fe melat point
de fes affaires , puifqu'elle etoit dans
ton monaftere indep;hdant de fa ju-
rifdi&ion. Cela modera le zele de M.
le Normand.
■u?"' • Quelque-tems apres que la fceur du
an p.* Quef-Valois hit a l'Erree , elle apprir qup
a~l le P. Quefnel avoic remereie la Prin-
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III. P A R T I E. L'lV. IV. X77_______
cefiTe de la protection dont elleavoit 1716,
bien voulu l'honorer ; cela l'engagea a ecrire a ce Pere , pour lui en faire fes tres humbles remercimens (41). Elle lui dit dans fa lettre , qu'etant membre d'une communaute qu'il a honoree de fa bienveillance , elle ef- pere qu'il ne lui refufera pas le fe- cours de fes faintes prieres, dans lef- quelles elle a une parfaire confiance, & auxquelles elle attribue la grace que Dieu lui a faite de la foutenir y le pliant de les lui continuer, afin qu'elle ne fe rende pas indigne de ces gran- ges mifericordes de Dieu fur elle. Elle lui marque les obligations qu'elle a a une des Demoifelles d'honneur de la PrincefTe protec"brice de la maifon ou elle etoit, qui avoit mille bontes pour elle. Cette Demoifelle dtoitMa- demoifelle d'lliers, qui connoiflfoit & honoroit le Pere Quefnel. La foeur du Valois lui temoigne que s'il vou- loit bien marquer la reconnoiffance a Madame la PrincefTe & a cette chere Demoifelle,cela feroit bien , & qu'el- le lui en auroit une grande obliga- tion. Pour elle, quoiqu'elle denrar ardemment un mot de fa main , elle n'ofe , dit-elle, fe flatter de cet hon- (4J) Hift. de la derniere perftc. T. ). p. i««.
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278 HlSTOIRE DE PORT-ROIAL.
1 1716. neur , dont elle auroit crop de con-
folation. Enfin elle marque au Pere Quefnel la part qu'elle a prife a tout ce qu'il a foufFert, l'aflurant qu'elle l'a toujours eu prefent devant le Sei- gneur , qu'elle continue a. lui deman- der de le defendre, qu'elle Pen prie- ra route fa vie, eftimant infiniment le bonheur qu'il a de foufFrir pour la verite. tin. Le Pere Quefnel ne recut cette let- ndeiui'faitre-tre qui etoit datee du 15 juillet 1717,
ponfe. que le 21 feptembre fuivant, & y fit reponfe le 25. II lui parle d'une maniere trop touchante & trop chre- tienne de la deftruction de P. R. pour ne pas rapporter ce qu'il dit a. ce fu- jet. » Jene fuis pas capable,dit-il (42),
« ni de vous oublier, ni de negliger » rien de ce qui a appartenu a la n fainte maifon qui n'eft plus. Mais « je ne pourrois vous ecrirefans vous " en parler, & je fuis accable quand » je penfe a ce que l'Efprit de Dieu y » avoit fait & foutenu durant un fiecle » entier , & que l'efprit du monde Sc » 1'enfer y ont detruit. " On s'en confoleroit, dit le Pere
m Quefnel, fi on ne confideroit que (•(i) Hift. de la derriiere perfec. T. j. p. J.6&
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III. Far tie. Llv. IV. 279
» le paflfe. Les murs & tout l'ediflce 1716,
» materiel font renverfes, a la verite,
" mais les pierres qui en ont com-
» pofe l'edince fpirituel ont ete tranf-
» portees de la terre , apres y avoir
» ete polies , tunfionibus plurimis ,
» dans la celefte Jerufalem, pour y
» etre mifes chacune a leur place, 8c
" compofer avec les autres elus le
» temple eternel ou Dieu doit etre a
" jamais adore. Rien n'eft plus con-
» folant 5 & 1'efperance que vous a- >
» vez, ma tres chere mere , d'etre a
» votre tour tranfportee dans cette
v region des vivans, & d'y remplir
» la place que la mifericorde de
» Dieu vous a preparee dans fon
» temple, femble devoir efiiii'er tou-
» res vos larmes. Cependant, quand
» on jette les yeux fur 1'avenir, &
» que Ton confidere les biens infinis
» qui pouvoienc encore lortir de
» cette fource \ quelle douleur de la
» voir fermee & detruite , toutes les
" efperances eteintes & arrachees
" jufqu'a la racine!
" Mais a quoi penfai-je, ma reve-
" rende mere , de r'ouvrir vos plaies
'*• 8c de vous remettre devant les
*• yeux Pobjet de votre douleur ? Car
» quoique ce foit une fainte triitefTe,,
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*§0 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt?
» une heureufe mifere , head qui nunc I j« fleas, que de gemir fur les peches ! » & fur les pecheurs, & d'affliger fon I « cceur fur les maux de l'Eglife, il » eft neanmoins de la charite d'en \ » adoucir l'amertume j & le Saint- I « Efprit, qui nous doit conduire & I » animer, a voulu pour notre inftruc- I » tion, s'appeller l'Efprit de confola- I » tion,qui confole ceux qui font dans J » l'abbatement & dans l'hurriiliation. | " Je le fupplie done , ma reveren-
» de mere, de continuer a repandre j » abondammentfes confolations dans I " votre coeur , & je lui rends graces " de celles qu'il vous a donnees en " particulier en relachant un peu » vos liens , 8c en vous rendant la » liberte de vous nourir & de vous « confoler par la communion du « Corps & du Sang adorable de no- * tre divin Sauveur. Vous avez ac- « quis, pour ainfi dire , un nouveau " droit d'y communier, en commu- " niant^comme vous avez fait durant » tant d'annees, a fes foufFrances & » a fa mort j & je ne doute pas qu'en « vous rafTafiant des delices que les « faintes ames goutent a la fainte « Table , vous ne vons foi'ez recriee »> avec 1'Apotre : ficut abundant pafi |
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III.Par.tie. Liv.IF. 1S1
'» Jiones Chrifti in nobis , ita & per 171 <j.
» Chrijtum abundat confolatio nofira. » Sicut focii pajfwnum ejiis ,Jic eritis » & confolationis. " C'en eft une grande que de n'a-
» voir eu devant les yeux que la vo- » lonte de Dieu , d'etre toujours de- » meuree attachee a Jefus-Chrift, le » temoin fidele, & d'avoir tache d'i- » miter fa fidelite , en ne prenant » aucune part a ce qui eft contraire a » fa verite. Que toute la gloire lui >> en foit donnee , & rendez - lui - en » graces en lui ofFrant fans ceffe le » facrifice d'une humble reconnoif- » fance & d'une humilite xeconnoif- » fante, en lui difant, comme l'Eglife » le fait dire aujourd'hui aSteThe- » cle, tenuijii manum dexter am meant » Domine _, & in voluntate tua dedu- » xijli me j dans Pefperance d'y ajou- » ter avec cette fainte : cum gloria. » fufcepijli me «. Le Pere Quefnel ajoute, que ces
paroles ont deja leur verite par rap- port a la glorieufe protection que Dieu lui a procuree dans la perfonne de la fereniffime Princeffe de Conde j qu'il en a eu de la joie non-feulement pour elle , mais encore pour cette <?p- |
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fait
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nereufe prote&rice dont Dieu a
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i8i HlSTOIRE DE PoRT-KOlAL.
~£~ choix comme d'un inftrument de faf
{•rovidence 8c de fa mifericorde 3 pour
ui en faire fentir les effets dans fon befoin \ que c'eft une marque fingu- liere de la bonte de Dieu fur les Grands, lorfque celui qui a eu def- fein en fa naifiance de rendre fa gran- deur humaine meprifable, & de met- tre les richefles de la terre au decri en naiflant pauvre , en s'aneantiflant dans fa chair , femble faire une exce- ption de faveur & dejjraces pour une PrincefFe en la choififfant entre tou- tes afin de la faire fervir a quelqu'une de fes ceuvres , & a relever , pour ainfi dire , de la pouffiere une arne que les Grands & les Puiffances de la terre avoient humiliee ; que cette gra- ce eft peut-etre la femence d'une plus grande : que ce grain de feneve de- viendra un grand arbre, & pouffera de fi grandes branches que les oifeaus du ciel repoferont fous fon ombre. Quoique le pais (la Hollande) oil
fe trouvoir le Pere Quefnel, & les af- faires auxquelles il avoit part, le dif- penfafTent de beaucoup de devoirs, 8c femblalfent meme les ltd interdi- re , fur - tout a l'egard des perfonnes d'un rang eleve, il marque a la fceur du Valois qu'il tachera de paffer fur |
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III. P ARTIE. LtV. IV. 1% j
cette confideration, puifque cela lui \-j\6.
fait plaifir & qu'elle le croit utile d 1'egard de la fereniffime PrincefTe & de Mademoifelle d'llliers, fa demoi- felle d'honneur , dont il connoit de- puis long-tems la piete , le zele & fa Donte pour lui. Enfin il finit en remoignant qu'il
eft confus des fentimens que la cha- rite de la four du Valois lui infpire fur fon fujet \ qu'il craint fort pour lui ce reproche du Sauveur a l'Eve- que de Sardes : vous ave% la reputation d'etre vivant, & vous etes mort: mais qu'il efpere que Dieu ecoutera le cri que fa charite pouffera pour lui vers le ciel. La fceur du Valois fut un exemple liv.
de verm dans l'Abba'ie de l'Etree de- . vie ,de,/a puis le moment de ion arnvee julqu a lois .dans celui de fa mort: elle porta avec edi- f.wf* de fication tout le poids des obfervances de cette maifon. On la trouvoit tou- jours la premiere a tout. Sa memoire Yfera a jamais en benedi&ion. Tou- jours on fe fouviendra qu'elle etoit la confolation des affligees & la force des foibles. Les trois dernieres an- nees de fa vie fe paflferent dans des foaffrances continuelles. Dieu la vou- lut fan&ifier en la faifant paflTer par |
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i. 84 HlSTOIRE DE PoRT-Ro'lAfc>
j7I(j# toures fortes d'epreuves. Elle etoitltt-
jette ades coliqaes d'une violence ex- traordinaire , qui ne lui donnerent prefque plus de relache j les acces en etoient longs & violens, & la met- toient toujours en peril de mort. lis etoient fi frequens qu'elle ne paflbit quelquefois pas quinze jours fans ref- fentir quelqu'une de ces violentes at- taques, qui duroient fouvent trois & quatre jours avec un vomiflemenc continuel. Elles etoient quelquefois moins longues , mais toujours egale- ment violentes & dangereufes j meme dans les intervalles que lui donnoit le mal, elle en refientoit toujours quelque douleur. Cette maladie , qui la mit abfolu-
ment hors d'etat de fuivre la regulari- re, l'affligea beaucoup ; elle ne cefToit de fe reprocher les foulagemens que fes infirmites l'obligeoient de prendre. Elle difoit fouvent qu'elle n'etoit plus religieufe , que fes meres qui l'avoient prec^dee ne voudroient plus la re- connoitre. Souvent, malgre la Ian- gueur ou elle etoit reduite, elle fe trainoit au chceur pour s'unir avec des perfonnes qu'elle croi'oit plus agreables a Dieu qu'elle. Elle a fou- vent ete a Matines , meme depuis |
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III. P A R. T I E. LlV. IF. 185
qu'ofi les a dites a deux heures dans x-x ^
cette communaute , avec un com- mencement d'attaque de colique 8c ai'ant prefque la mort peinte fur le vifage. Elle a pone cet etat d'infir- mite avec une patience invincible ; & an plus fort de fes douleurs qui etoient cruelles , elle n'ouvroit la bouche que pour prier Dieu de la foutenir. Telle a ete la fceur du Valois , aufli edifian- te dans fes etats de fouffrance par fa patience & fa foumiflion a. la volonte de Dieu , que par fon exactitude lorf- qu'elle etoit en fante. Enfin apres trois annees de fouf- tv.
frances continuelles Dieu voulut finir maiadfe"'^ les travaux de fa fervante, & couron- m°" de •* net fes dons en recompenfant les me- i0is, rites de cette fainte religieufe. Elle tomba dans une fievre continue avec une oppreffion de poitrine & les dou- leurs de fa colique. Sa maladie qui dura fix femaines fut tres doulou- reufe j elle fut douze jours aux portes de la mort, mais fa foi la rendit tou- jours fuperieure a fes maux 5 & com- rc»e , des qu'elle fut attaquee de cette ttaladie, elle fe fentit frappee a mort, ion unique application hit de fan£ti- fier fes dernieres fouffrances en les ftniflant a celles de notre divin Re- |
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286 HlSTOIRE DE PoRT-ROMX.
dempteur. Au plus fort de fes doit-
leurs elle n'ouvrit pas la bouche pour fe plaindre. Elle s'oublioit en quelque forte elle - meme & routes fes fouffrances, pour ne s'occuper que de 1'eternire. Elle fit paroirre un de- tachement parfait de routes les cho- fes de la terre & routes £es penfees e- toient dans le ciel. Elle re^ut imme» diarement avant l'Extreme - onclion, le Saint Viatique avec une foi & un amour que toute expreflion ne fau- roit exprimer ; & pendant douze jours qu'elle fut pour ainfl dire a 1'agonie , toute fa confolation etoit de jetter les yeux fur un Crucifix qui eroit rou- jours fur fon lit, & d'en baifer les pieds avec foi. Elle fe faifoit lire de terns en tems quelque chofe de la Paffion de Notre Seigneur, ou des pfeaumes, 6c elle alloir fans eerie au- devant de fon celefte epoux par l'ar- deur de fes defirs. Que ce dernier mo- ment ejl long a venir ! difoit-elle; Sei- gneur , ne me delivrere\-vous pas bien- tot ? Elle eut une parfaire connoif- fance jufqu'a la mort, & elle ne cefla de faire a Dieu le facrifice de fa vie. La furveille de fa mort, fe croi'ant plus proche de fa fin, elle fe fit dire hs prieres de 1'agonie arm d'avoir la. |
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III. Pas.tie. liv.IV. z$j
confolation de les fuivre. Elle confo- ~T~~r~m loit & foutenok les perfonnes qui s'af- fligeoient defa mort,d'une maniere egalement forte &chretienne , & Ton n'ofoi c prefque paroitre attendri de fon etatdevantelle. Sa paix & fa tranquil- lite ont ete fi conftantes, qu'on ne peut les regarder que comme un heureux prefage de celle dont elle jouit mainte- nant dans le fein de Dieu meme. Elle mourut faintement, a l'age de foixante &: fept ans , fept mois & dix - huit jours, le 7 novembre 1722, veille du jour auquel 40 ans auparavant elle s'etoit confacree a. Jefus - Chrift par les voeux de la religion 5 & elle alia s'unir a fon celefte epoux , & celebrer fes noces dans l'eternite bienheureufe. Si les autres religieufes de P. R. tvi.
exilees n'eurent pas l'avantage de per- au^e°rt J". leverer comme la fceur du Valois dans gieufes'de p. les fentimens qui leur etoient com-R" muns avant leur difperfion , Dieu leur fit la grace de fe relever, comme nous 1'avons vu, &: de reparer la faulTe demarche qu'elles avoient fai- te (43). Elles ont edifie par leurpiete (43)H faut excepter la miere par gout, la fecon-
fffiar le VavafTeur , 8c de parceque 1'AbbelTe de
Peut ecre la foeur de Ste Bellefond s'oppofa a fa
tyncletique , qui refterenr fortie.
daus leur c&il , la pre- |
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l88 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt.
"TT77 & leur reeularite toutes les commii-
J71"- > •■ u c c i \ nautes ou elles rurent transferees aprcs
la mort de Louis XIV, & elles ont
termine leur carriere par une mort
auffi fainte que leur vie l'avoit ete.
Rien n'eft plus edifiant que les mo-
numens & les relations qui nous ref-
tent de la mort de quelques-unes.
Le Pere RoiuTeau de l'Oratoire , qui
demeuroit dans la maifon des Ver-
tus , nous a conferve, dans deux let-
tres ecrites aux religieufes de P. R.
exilees a Malnoue , les circonftances
de la derniere maladie & de la mort
de deux de ces faintes lilies, dont il
etoit le Diredeur ; favoir , de la four
de Flefcelles morte le 17 Janvier 1714
dans l'Abbai'e de fainte Perine pres de
Paris; & de la four de Sainte Celi-
nie Benoife , morte dans la mcme
Abba'ie le 14 Janvier 1725. Nousne
repeterons point ici ce que nous
avons dit ailleurs de chacune en par-
ticulier, en parlant de leur exil, de
leur fignature & de leur rappel.
lvii. Pour ce qui eft des converfes, il
CoLnverfeUrS &*« d ajouter a ce qui en a deja ete
n'ont ^ pas dit, qu'elles n'edifierenr pas moins les
S» Ui teU. communautes ou elles furent mifes,
gieufes de que [es religieufes de choeur. La four
chaur• Catherine dAfflon de Sainte Thar-
file
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III. Partie. Liv> IF, %%9_______
file aiarit ete transferee de la Prefen- I71£g
tation de Senlis dans l'Abbai'e de
Malnoue le 13 decembre 1719, y
mourut le 5 decembre de l'annee fui-
vante. Pendant l'efpace d'une an-
nee (44) qu'elle y vecut, » eiie edifia
par fa fimplicite , fon huniilite &c
fa piete ( ce font les termes dans
lefquelles il eft parle d'elle dans un
memoir* qui vient de l'Abbai'e de
Malnoue). Elle avoitde TefpritSc
des lumieres au-dellus des filles da
fon etatj mais fon attention etoit de
n'en rien faire paroitre, & de ne
laiiler voir que ce qui convenoit a
la fimplicite d'une religieufe con-
verfe , 8c pour cela elle ne parloit
que pour les chofes abfolument
neceffaires. Lorfqu'elle approchoit
des Sacremens , c'etoit avec une
piete capable d'en infpirer aux au-
tres & de ranimer leur foi & leur
devotion. Sa mort ne fut pas moins
edifiante que fa vie.
Une autre converfe nominee De- Tvnr
nife Noifeux de Ste Bafilifle, tranf- u feut S* feree de l'Abbai'e de S. Paul de Beau- S*f£*fiu# vaisa Malnoue, le 27 odobre 1717, e (44) Elle avoit deman- qu'elle avoit faite eu fi-
de a Dieu une annee pom gnant. "ire penitence de la faute • Tome X. N
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IfO HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt."
i7I(j, edifia pendant neuf ans qu'elle y de-
meura,par fon afliduite a remplir tous les devoirs de fon etat, par fon amour pour le travail & pour la retraite qu'elle gardoit fi exa&ement qu'on ne favoit qu'elle etoit dans la maifon, qu'en la voi'ant a l'Eglife. Elle mou- rut le ii decembre 1716 agee dej} ans. tIX# La four Agnes de Sainte Blandine
la focur- b r
i-orgtt. Forget, autre convene, partagea avec
fes fours tout ce qu'elles eurent a
foufFrir , l'exil , les mauvais traite-
mens, les follicitations des fcducFeurs;
mais il y eut cette difference que fes
fouffrances furent plus longues , &
qu'elle n'eut pas comme fes fours dif-
perfees la fatisfacFion d'etre rappellee,
fatisfacFion qui fivt un adouciffement
confiderable pour ces faintes filles. La
four Forget apres avoir ete d'abord
mife en depot a S. Denis , lors de la
difperfion , fut transferee a Rouen ,
puis dans l'Abbaie du Paraclet, Dio-
cefe d'Amiens , oii elle eut beaucoup
a foufFrir depuis fon entree Tan 1714
dans une maifon extremement preve-
nue contre P. R. jufqu'en 1731 qu'on
la transfera le u du mois d'aotit a
l'Hotel-Dieu de la meme ville. Elle
y fut recue & traitee avec beaucoup de
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III. Partie. Llv. IF. 19r
charite par les religieufes, dont elle I7i<j,
fut edifiee & qu'elle edifia elle-meme. Ce fuc fon dernier exil: elle y confom- ma fon facrifice le 24 leptembre 1738 a Page de quatre-vingt- qaatre ans , dont foixante de profeilion, ai'ant fur- vecu a toutes les religieufes de P. R. rant du choeur que converfes. Nons nous etions engages a fuivre
ces victimes de la fincerite chretienne dans tous les endroits ou elles ont et6 transferees depuis la difperfion gene- rale en 17051, jufqu'au moment ou Dieu les a delivrees lui-meme de la main des hommes en les retirant de ce monde. Nous voila arrives a notre but par la mort de la derniere reli- gieufe de P. R. qui doit etre le terme de cette hiftoire. Fin du Line Quatrieme\
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Nij
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2<?2 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt.'
LIVRE CINQU1EME.
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I7i6.
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Nous croi'ons neanmoins devoir
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encore entrer dans quelques details
fur la vie edifiante de plufieurs do-
meftiques qui furent chafles lors de
la difperiion, & dont nous n'avons
point parle afin de ne pas interro'nv
pre la fuite de notre hiftoire. Ce
que nous rapporterons de ces faints
domeftiques, quelqu'abrege qu'il foit,
fervira a faire connoitre a la pofte-
rite, qu'il n'y avoitrien a. P. R. qui ne
repandit la bonne odeur de jefus-
Chrift, & qui ne rappellat lapiete des
j. fideles des beaux jours de l'Eglife.
AbiegeJe la Louis l'Epargneur, ne en Thierra,-
l-Epargncu"',8 che 5 cordonnier de P. R. des Champs
cordonnier pendant plus de dix ans , fut un des
de P. R. desr, •» r, , , J • / V c J»
champs , plus grands modeles de piete &c de
mort le n toutesles vertuschretiennes (4<)-Pen- dan- ion travail 11 avoit toujours ion nouveau Teftament ouvert devant lui fur un pulpitre, & fon pfeautier qu'il recitoiten travaillant. II les avoit fi fouvent lus & avec tant d'atten- tion qu'il les favoit par cceur. Jamais (41) Hill, de !a derniere perfecution. T. }• p. 3*7'
Mem. hift. T. 7. P. j»8. |
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III. Partib. Liv. F. l$i
ll ne parloit que par neceffite &par 1716. charite. GhalR de P. R. en 1709 , if fe retira a Ste-Pelagie dans le fauxbaurg de S. Marcel a. Paris, ouil continuala meme maniere de vivre. Mais l'amoar de la retraitelui fit quitter cette mai- fon a caufe de la dillipation que lui occcafionnoit l'emploi de portier , & il alia demeurer dans la rue de la Truanderie chez les Freres Cordon- niers, qu'il edifia jufqu'a. fa mort ar- rivee le 11 juin 1711?, jour de la fete du Saint Sacrement. II repofe dans le cimetiere des Saints Innocens. Bouchier ( dit le grand Pierre) ne
a GrefTet village de Gafcogne, vigne- Abregi d£ u ron de profeilion , remplifToit dans ™ ^'"^ cet etat tous les devoirs d'un verita- ble Chretien (46). Les jours ouvriers il travailloit en efprit de penitence ; & fan&ifioit les Dimanches 8c les jours de fetes en alliftant r^guliere- ment aux offices. II s'affocia trois ou quatre jemnesgarcons, fifflples comme lui, d'un meme efprit. lis avoient tous une faim infatiabie de la parole de Dieu , qu'ils devoroient, pour ainfi dire , lorfqu'ils en trouvoient l'occa- fion. Elle fe prefentoit rarement, le (4«) Hift.dela dermce perfecution. T. ;.p. 31&.
M«n. hift. T. 7. p. }>7. , N iij
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J(?4 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAL.
1720. Cure du lieu ne prechant jamais j de
forte qu'ils n'avoient d'inftruction que lorfqu'il etoit malade oil abfent. Alois quelque Pretre venant tenir fa place lifoit le faint Evangile & prechoit. Dans cette famine fpirituelle ils ne ceffoient de demander a Dieu la gra- ee de le fervir felon le veritable ef- prit de l'Evangile. _ ni. Cette penfee etoit toute la confo- foUun'hom" lation de Pierre dans fes travaux con-
jne apoftoii tinuels. Toute fon ambition etoit de 2'sVttaci?e!e connoitre l'Evangile: ce fut dans cet- te vue qu'il entreprit a l'age de trente ans d'apprendre a lire. Pour cela il s'adrenoit a ceux de fon village qui pouvoient lui donner des lemons. Ne pouvant pas y donner beaucoup de terns a caufe de la neceflite ou il etoit de travailler pour gagner fa vie, il n'avanc,oit pasbeaucoup. Lorfqu'il eut un peu appris a lire, il lifoit l'Evan- gile a fes compagnons & s'en entre- tenoit avec eux, foit pendant le tra- vail , foit apres , fe reunilfant enfem- ble pour ce faint exercice fans perdre un inftant pour s'inftruire. Enfinil pluta la bonte de Dieu de
leur envoier un homme apoftolique pour leur rompre le pain de fa divine parole 8c les en nourrir pleineraent. |
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III. P ARTIE, liv. V. 295
Ce Miniftre dont Dieu fe fervit etoit TTtol
le Pere Vincent Comblar Cordelier , qui rempli d'un zele eclaire alloit de village en village precher l'Evangile, Ce zele , & fur-tout la purete des ma- ximes qu'il annoncoit conformement a l'Evangile , lui attira fouvent des perfecutions tant de la part de fes propres confreres que de celle des Ecclellaftiques. Dieu Pa'fant conduit a GreflTet, Pierre & fes compagnons furent des plus ardens a profiter de cette grace , regardant le Pere Vin- cent comme un Ange envoie de Dieu, & fes inftructions comme une manne dont ils ne laiiToient pas perdre une miette. Ce bon Miffionnairenon con- tent de precher tous les jours des le matin , & le foir lorfque chacun etoit revenu de fon travail, alloit encore pendant la journee a la campague , tant pour travailler lui - meme que pour inftruire les Ouvriers. Pierre en fut fi touche qu'il ne voulut plus quitter le Pere Vincent, & s'attacha a lui, le fuivant par-tout. Pierre tra- vailloit a ce qu'il pouvoit dans les lieux oii il fe trouvoit j le Pere Vin- cent travailloit aufli lui-meme lorf- qu'il n'etoit pas occupe a inftruire les peuples. Ainu" tous les deux vivoient N iiij
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%<)6 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAL.
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xjzo. du travail de leurs mains pour n'etre
a. charge a perfonne. Une conduite fi definterefTee edifia beaucoup & pro- cura grand nombre de converfions, Dieu repandant fa benediction fur des travaux fi apoftoliques. lv; Le Pere Vincent etant oblige de II vient & ■ \ p. , B .
t. r. aye: le vemr a Fans pour quelque affaire ,
«^Wfcr?nt ne maiKlua Pas d'aller s'edifier a P. R.
des Champs, & y mena Pierre , qui
fe crut dans un nouveau monde, ou
la juftice habitoit, ou la verite etoit
connue & adoree , & ou la charite
xegnoit plus qu'en aucun lieu du
monde. II en fortit a regret , mais
w: dans l'efp4sa&ce d'y revenir tin jour,
, & continua d'accomp^gher le Pere
Vincent jufqu'a ce que ce faint horn-
me fut refferre dans un Couvent de
fon ordre par fes Supetieurs , qui lui
interdirent la predication.
Alors force de quitter fon cher
maitre , fon cceur le porta a P. R. & il y alia avec quelques-uns de fes an- ciens compagnons. 11 y fut recu avec la charite qui faifoit le cara&ere par- ticulier de ce faint monaftere. On le chargea du foin du moulin ; & dans les momens qu'il n'y etoit pas occu- pe, il travailloit au jardin. Dans cette occupation il fut un fujet d'edificatjon |
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- III. P ARTIE. LlV. V- 197
pour route la maifon. Apres fon tra- 1710.
vail il etoit uniquement occupe a la p"iere, ou a la mediation des fain- tes emtures; il s'en entretenoir avec fes tompagnons, & elles lui etoient fi pre'.'entes qu'il fembloir les avoir etudiees route fa vie. On ne peut porter plus loin le de-- v.
rachement que Pierre le portoit. Ja- So° <^fin* ■ -i » 1 • -i tereflement.
mais il n a voulu nen recevoir des
religieufes que la nourrirare & le ve- tement; il recevoir encore moins des autres. Quelqu'inftance qu'on lui fir, il ne fut pas poffible de lui faire ac- cepter vingt-cinq ecus que M. le Dau- phin avoit ordonne qu'on lui donnat pour le recompenfer de ce qu'il avoir fair forrir de l'etang un cerf que le Prince charToit. II repondit que; » les fainres religieufes qu'il avoir le » bonheur de fervir , prevenoient » rous fes befoins avec rant de cha- » rire que rien ne lui manquoit ; » ajoutant que la Providence ne l'a~ » voit jamais abandonne , qu'il fe re- » pofoit fur elle ; que tant qu'il fe- » roit fidele a Dieu , elle ne l'a- » bandonneroit jamais «. Les OfE- ciers du Prince pleins d'admirarion le prefferent encore 8c lui dirent, que s'il n'avoit pas befojn de cet argent, N v
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29S HlsTOIRE DE PoRT-ROlAI.
"liio. ^ pouvoir le donner aux pauvres.
« vous pouvez , dit-il , le donner « vous-m;ine , cela fera m eux. Dans une autre occafion , Pierre
ai'ant ece force par le Comte de Tou- loufe, auquel il avoir rendu fervice en lui facilitanr la prife de ce qu'il pourfuivoit, de recevoir de l'argent^ il alia fur-le-champ le porter au rour du monaflere , & dit : je n'ai que fai~e de cet argent _, cell rri'embaraffe, achecez en du beure fi vous voulez. Enfin fon detachement alia fi loin, qu'il ne voulut jamais que les religieu- fes de P. R. qui prevoioient ce qui pouvoit arriver a leur maifon, lui af~ fiirafTent une petire penfion : il rc- pondit ^enereufement que » quoi- » qu'il fut devenu caduc, & dans un » age tres avance, la Providence ne » feroir jamais detruite, qu'elle etoit » plus afluree que tout ce qu'on vou- » droit lui donner ; que fon Pere , qui » etoit dans le ciel, avoit foin des » petits oifeaux, & qu'il ne lui man- » queroit pas; que le faint Evangile » etoit fa caution j que fon unique » inquietude etoit de n'etre pas aflez » fidele a Dieu , qui lui avoit fait » tant de graces , & particulierement » celle. d'ayoir pu apprendre a lire |
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III. Partie. Liv. V. 199'
r> le faint Evangile & d'avoit connu 172.0.
» la maifon de Port-Roi'al. Son recueillement continuel & fa vi.
modeftie edifioient & charmoient .Sa rmof!ef* • , ... T r ,., tie, fa riew..
tous ceux qui le voioient. Lorfquil
alloit a la lainte table , il otoit fes fouliets pour marquer fon profond refped pour nos faints Myfteres. La condune de cette homme admirable etoit telle , qu'on ne pouvoit le voir fans fe rappeiler ces paroles de notre Seigneur , dont on voioit l'accomplif- fement parfait en lui : je vous rends graces > Seigneur _, Pere du del & de la terre j de ce que vous ave\ cache ces chofes aux fages & aux prudens du fie- cle _, & que vous les ave% decouvertes aux fvnples & aux peats* II y avoit pres de trente ans que
Pierre demeuroit a P. R. lorfque Ten- Ses demie- nemi de tout bien vint a bout de de- »s ana6es » mure ce fanctuaire. II en fut chafTe a en 1709 , ainfi que tous les domef- tiques, 6c on lui oftrit pour trente an- nees de fervice , la fomme de cin- quante fols, qu'il refufa. II fe retira chez un ami de P. R. au Fauxbourg Saint Antoine a Paris , ou il refta cinq ans, menant la meme vie qu'il avoit menee a P. R. Les religieufes de Notre-Dame de Lieflfe ai'ant tc- N v^
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}0O KlSTOIRE DE PoRT-ROIAE;
' ,-io ' moigne du defir d'avoir chez elle cer
homme refpe<5table , fon hote n'ofa $?y oppofer. Mais il regard a la fortie de Pierre comme une perce confide- rable & comme une punition den'a- voir pas aiTez piofite de (es exemples. Pierre fur traite a Lie.Te avec toute h. charite & la confiderarion qui etoit due a fa piete. II y travailla au jardin aucant que fes forces le lui per- mirent pendant environ quatre ans; apres quoi on lui procura une place aux Incurables ; oii il porta la bonne odeur de Jefus-Chrift, & edifia rou- te la maifon pendant trois ans envi- ron qu'il y vecut. Enfin plein d'ar- deur pour aller jouir de la presence de Dieu , apres lequel il foupiroit depuis tant d'annees, & qu'il avoit fervi avec tant de fidelite, il termina faintement fa carriere au mois de decembre 1720, age de pres de qua- tre-vingts ans. V1^- Moliac, (dit le Petit Pierre ), ne («?ie d'pier-doit pas etre fepare de Pierre Bou-
se Moliac. chier, dont Dieu s'etoit fervi pour le gagner. L'un & l'autre furent difciples du Pere Vincent (47). L'un & l'autre eurent l'avantage de demeu- rer a P. R. Lors de la deftruction de U7) Hift. die la derniere perfec. T. j» p. &fo |
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III. Partte. Llv. V. jot
cette faince maifon, Pierre Moliac fe 1724, retira , avec deux autres domeftiques chaiTes comme lui de P. R., chez un ami qui logeoir au Fauxbourg Sainr An tome j oil apres avoir refte quel-- que tems , iis fe feparerent. Pierre Moliac refta avec cet ami , qui le mena avec lui dans une maifon atte- nant l'Eglife de Saint Nicolas des" Champs , dont il fit l'acquifition. It J fut attaque du fcorbut 8c transfere „ malgte fori charitable hote, a l'Hotel- Dieu, dans l'efperance qu'il y trouve- roit des remedes plus convenables que chez un particulier : il y edifia les religieufes & tous ceux qui le voioientr par fapiete, & mourut le 25 juillet- 1724, dans les fentimens d'un vrai chretien , qui a toujours ete nourri de l'Evangile. L'ami prit foin de le- faire enterrer aux Saints Innocens , ou on lui fit un fervice. Ce faint Jardinier avoit fait un teftament qui eft trop edifiant pour ne pas le rap- porter ici. Au nom du Pere , & du Fils, &
du Saint Efprit. Ainfi foit-il. ~ Je foufllgne , Pierre Moliac an- TJ^(Bt
» cien Jardinier de l'Abbaie de P. R.aePieiteMo- •p des Champs, jouiiTant d'une fynte fae* |
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JOl HlSTOIRE OS PoRT-KOIAt.
"1724. » p.irfaite , & occupe ferieufement ?
» vu mon grand age , du ccmpte que » je dois rendre au tribunal de J. C. n mets en ecrit mes dernieres vo- » lontes & les eonfacre a la gloire » de la tres fainte & adorable Trim- » te , d un feul vrai Dieu en trois » Perfonnes , Pere } Fils , & Saint » Efprit , avec un tres grand defir s» d'etre par fa mifericorde dans rou- » re l'eternite avec Jefus-Chfift 8c » par Jefus-Chrift, l'adorateur de ce » myftere ineffable. » J'ofFre a la Majefte de Dieu ma
» mort, comme un facriflce de jufti- » ee, dont je lui fuis redevable & » la derniere penitence qui par fa *> grace detruira en moi le peche »> pour jamais. Je me foumets aux » arrets de la divine Providence m pour le lieu , le terns , l'heure 8c » la maniere de mourir , quelques r> rigoureux qu'ils puifTent etre a mon " egard. Profterne de coeur & d'ef- » prit aux pieds de mon Sauveur Je- » fus-Chrift, mon Diea & mon Ju- « ge, je condamne par avance tout » ce qu'il condamnera en moi. Je » fuis comble des dons de fa grace: » qu 11 n'entre point en jugement » avec foa ferviteur fur les abusque- |
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III. Partie. Liv. V. 30?
» j'en ai faits \ mais qu'il fe fouvien- iji^,
» ne qu'il m'a tout remis pour la
» louange de fa meme grace dans
" l'ouvrage de mon falut. Je fupplie
» la fainte Vierge Mere de Dieu de
» prier pour moi Notre Seigneur fon
" Fils a f'heure de ma mort. J'implore
» a cette derniere heure de ma vie , la
» protection de S. Michel archange,,
» de mon S. Ange Gardien, de faint
" Pierre mon patron, contre les pie-
» ges & les tentations du Demon
» notre ennemi commun. Je fupplie
» tous les Saints & Saintes du Para-
- radis j en particulier les Saints &c
» Saintes, qui par la grace de No-
» tre Seigneur Jefus-Chrift fe font
» fandtifies dans la maifon religieufe
" oil la Providence m'a fi heureufe-
» ment conduit pour etre inftruit de
» ma religion, & edifie par tant de
" bons exemples , de s'unir a moi,
" pour obtenir de la clemence de no-
» tre bon Dieu , par les merites 8c
» palfion de fon Fits Notre Seigneur,
» Ie pardon de mes peches & la vie
» eternelle dans la fociete des Bien-
» heureux.
» Je demande inftamment dans
» ma derniere maladie , a la fainte p Eglife catholique , apoftoliqug Sc |
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5°4 HlSTOIRE Dfi PoRT-Ro'lAt.'
~ " Romaine ma me-e , dan- le feirf
» de liquelle je veux vivre & mou- » nr, les dermers Sacremens de Pe- » nitence, d Extienie-on&ion & de *> Viarique. » Si lors de ma mort je dois quel-
» que chofe a quelqu'un , je defire » qu'on le paie , & la depenfe de ma " fepulture. Apres ma mort, je veux » que mon corps foit en terre dans » le cimetiere de la ParoirTe comme » celui d'un pauvre , & qu'il foit ce- >> lebre, autant qu'il fe pourra , une » Mefle bafTe, mon corps prefent a" " 1'Eglife , & vingt MelTes baffes » pour le repos de mon ame, dont » fa derniere fe dira au jour de 1'an- » niverfaire de ma mort. ,/ « » Je donne aux Pauvres, comme le
» fruit de mon travail, ce qu'on trou- « vera m'appartenir d'argent , avec « les efFets, livres , linge, hardes , &C » generalement quelque chofe que f je puifle donner, afin que la valeur « du tout foit emploiee pour la plus » grande gloire de Dieu , & pour les » plus preflans befoins des pauvres » felon le jugement de la perfonne „ que je prierai ci-deflbus d'executer m mon prefent teftament. » Je fouhaitefois toutefois que 1*
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. III. Par.tie. Liv. V. 305
» valeur du total de ce que je laiffe- 172,4.
» rai, quelque modique qu'il foit,
» fut emploie pour acheter des nou-
» veaux Teftamens pour etre diftri-
» bues gratuitement dans les Paroif-
m fes des Villes , ou de la Cam-
" Pagfie du Roi'aume, ou elle croira
» qu'ils feront plus neceffaires pour
» l'inftrudtion & la confolation des
» pauvres. Si elle pouvoit en faire
» paffer dans le Diocefe de Bazas ,
» dont je fuis originaire, j'y aurois
» de l'inclination. Je laifte cet article
» precedent comme les autres a fa
» difpofition.
» Je nomme & prie M. Potherie }
>» Rretre de la paroiffe, Sainte Mar-" » guerite , fauxbourg faint Antoine, » oii je refide a&uellement, de vou- » loir bien fe charger de l'execution de » mon prefent teftament. Les mar- » ques d'affecTrion & de charite qu'il » m'a toujours donnees me font ef- » perer qu'il ne me refufera pas cette » grace en faveur des pauvres. » Voila mes dernieres volontes,
» & je revoque tout autre teftament » que je pourrois avoir fait. line me » refte plus que de prier Notre Sei- >» gneur Jefus-Chrift de recevoir mon p ame en paix, d'attendre avec pa.- |
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$06 HlSTOIRE DE PORT-ROIAI,
1756. " tience fa venue. Fene^ Seigneur
» Jefus. Amen. Fait a Paris, ce 14 » Janvier de l'an 1713. P. Moliac. aiw de Leonard Fournier ne le vingt mai la vie de Leo-1669 a Vauvrai fur Loire , ParohTe nT«,faFp°4r6du Di°cefe de Tours fans inftruc- des fes pre- tion,& plongeedans l'ignorance & la |
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mieres an-
nees. |
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corruption des mceurs, conferva par
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un eftet de la grace l'innocence de
fon bapteme, quoique prive des fe- cours qui fervent a conferver ce pre- cieux trefor. Dans un age oii les en- fans font le jonet de leurs paffions , il etoit fidele a, obferver ce qu'il con- noiiToit de la loi de Dieu. II refpedtoit fes parens , leur etoit foumis & leur obeiffoit en ce qui etoit felon le Sei- gneur(48), fans jamais s'ecarter en rien du refped qui leur eft du , quoiqu'ils fuffent d'une humeur difficile, qu'ils euflent peu d'amitie pour lui & qu'ils le maltraitalTent (*). II les honoroit par paroles, par adions & par routes fortes de patience j & perfuade que la benediction du pere affermit la maifon des enfans, il fe jettoit quel- quefois aux pieds du fien, le conju- rant au nom de Dieu de le benir. II ' (48) Eph. S. f. i.Filii (*) VoYez fa vie T. 3.
Vbedne parctttibus veftris de I'hifroire de la derniere %a Dawno^ petfemtion. g. ;jo»
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. J
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III. Part ie. Liv. V. 507
fat le feul de fa farnille qui l'affifta 1736.
dans fes dernieres annees j & il re- gardoit cette grace que Dieu lui avoit Faite, comme la fource de celles qu'il re§ut depuis de fa divine mifericorde. A l'age de trente ans on fongea xi.
a le marier, & on lui avoit trou- J^^'mSI ve un para tort convenabie 5 mais bue fon biea dans le moment que le manage al-aux Pauvres' loit fe conclure , il prit la refolu- tion de vivre dans le celibat, afin de ne point divifer fon cceur , & de s'occuper uniquement du foin de plai- re au Seigneur. En confequence ii prit le parti, pour fe fouftraire a la tentation , d'abandonner fa patrie , &c vendit le peu de bien qu'il avoit, &c en diftribua aux pauvres tout l'ar- gent, qui montoit a la fomme de cinq cents livres j il s'en referva feulement deux fols pour fon vo'fage , mais ai'ant rencontre un pauvre il les lui donna. II ne quitta point comme faint Pau- lin des biens immenfes , mais a. l'e- xemple des Apotres il quitta tout} &c comme la veuve de PEvangile, il don- na de fon indigence meme tout ce qui lui reftoit pour vivre (*). Decharee du fardeau des chofes de xtr.
0 Rencont**!
(**) Omnem vitiumjuum g««n habuit mifit. Luc* finSuli«e-
*». if. 4,- *•?.•■ |
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J 68 HlSTOIRE DE PoRT-AOlXt.
^T~ la terre pour fuivre plus librement
Jefus - Chrift , & etant ford de foil pais comme Abraham , fans favoir ou il alloit, il eut comme Jacob la rencontre d'un Ange confolateur. Un liomme habille en paifan l'aborda , fit une partie du chemin avec lui. & Fen- tretint de Dieu d'une maniere fi roa- chante , que le coeur de Leonard etoit tout bmlant en lui en l'entendant parler. Cet homrne l'inftruifit fur le myftere de Jefus-Chrift, fur la necef- fite , la gratuite & la force de la gra- ce ; & apres l'avoir defrai'e' dans une auberge le quitta fans que Leonard s'appercut de ce qu'il devint. Le Lec- . teur penfera ce qu'il voudra de cette
rencontre; mais ce que nous ne de- vons pas omettre , c'eft que Leonard qui n'etoit point credule, & qui etoit auffi fage dans le bien queiimple dans le mal, croioit qu'il y avoit quelque chofe d'extraordinaire dans cet eve- nement. Penetre de reconnoiflance pour toutes les perfonnes qui lui a- voient ete utiles pour fon falut, il s'expliquoit volontiers fur leurfujet; mais il fe repentoit d'avoir fait con- noitre cette circonftance de fa vie , 8c il rougiffoit lorfqu'on la lui rap- pelloit.Depuis cet entretien il eut uner |
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TIL P A R T 1 E. LlV. V. % 09
eonnoiflance tres etendue des plus fu- 1736.
blimes venres de la religion, qu'il connoifTok peu lorfqu'il fortit de fon pais. La Providence le conduifit a Beau-
genci, ou il arriva le 29 mai 1700, HvaaBeau- veille de la Pentecote, pafTa la nuit pe.nci- .Ce iui lous un portique, le conreila le len- demain au Prieur de faint Firmin , & fe prefenta a la Sainte - Table pour communier. Une femme qui l'avoit pris pour un fou, parceque Leonard l'aiant rencontree la veille difputant avec beaucoup de chaleur , lui avoir reprefente que c'etoit fort mal fe dif- pofer a recevoir le Saint Efprit, fit avertir le Prieur que celui qui fe pre- fentoit n'avoit pas afTez de raifon pour recevoir la Sainte Euchariftie. Sans autre examen, le Prieur le palTa deux fois j mais aiant remarque le recueillement & la modeftie, avec kquelle il avoit efluie cet affront, il le fit venir apres la MefTe & fe de- fabufa par l'entretien qu'il eut avec lui. Comme il deraanda entr'autres cliofes a Leonard ce qu'il avoit penfe du refus qui lui avoit ete fait , il repondit qu'il s'en etoit humilie de- vant Dieu , lachant qu'il etoit un grand pecheur & bien indigne d'une |
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L
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$IO HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt.
fi grande grace. Le Prieur le renvois,
en lui dormant deux fols qu'il par- tagea auditor avec les pauvres, ne s'en refervant que la moitie pour foil diner. II refta quelque-tems a Beau- genci, ou le meme Prieur le fit tra- vailler a une terrafle. Lorfque l'ou- vrage fut acheve , Leonard ne voulut rien recevoir, difant que c'etoit aifez d'avoir ete nourri. Comme on infifta, il demanda par maniere d'aumone une chemife & de quoi avoir une faucille pour travailler chez de pau- vres gens qui neferoient point en etat de paier un moiffonneur. Il executa ce projet chez une pauvre veuve de la Paroifle de Crevan , ou fa patience fut eprouvee par la mauvaife humeur du fils de cette veuve. Mais il fut dedommage par l'avantage qu'il eut de faire connoifiance avec Francois Compagnon (49) j qui commence par (49) franco's Compa- du nouveau Teftament,
gnon, etoit un Vigneron ( voi'ez fa vie dans l'hif
du Village de Baule , Dio- toire de la derniere perfe-
cefe d'Orleans , d'une cution. T. 5. p. jfo &
grande piete, fort inftruit fuiv. ). C'etoit quelque
de fa religion , dont Dieu chofe de merveilleux "e
s'etoit fervi pour artirer voir la maniere de viyre
a fon fervicc un grand de ces pauvres gens. Rien
nombre de perfonnes, en n'approche plus de la fim*
leur infpirant le gout de plicice, de la piete & de la
la parole de Eieu par la foi des premiers Chretiens,
le&ure qu'il leur faif»it lis jeunoient exa&emeat
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HI. P ART IB. LtV, V- JII
lui apprendre a lire , le mit fous la ijt6.
conduue du Pere de Gabaret Cha- noine regulier de Pamiers , exile pour 1'afFaire de la Regale , a qui M. de de Coiflin , Eveque d'Oileans , avoit confie la Cure de ChafTonville, & le placa en qualite de ferviteur chez un rermier de fes amis, nomme Pierre Fleuri de la ParoiiTe de Poilly. Leo- nard trouva de grands fecours pour la piece dans cette maifon , 011 Ton faifoit des prieres & des le&ures de piece marin & foir & lorfqu'on ecoit ralFemble pour diner. Fleuri regardoit Leonard comme fon frere, & Leo- nard obeififoic a fon mairre avec crain- te & refpe£fc dans la fimplicite de fon cosur comme a. Jefus-Chrift me- me. II emploi'oir fidelement fon terns, afin que le Demon le trou- vant toujours occupe eut moins de prife fur lui. Les famedis au foir, apres avoir fini fon ouvrage, ilalloit quoiqu'ocupes des travaux la charite, & I'amour de
penibles de la campagne. la leclure de l'Ecriture
I)es enfars de dix a douze Sainte. Cette lefiure fai-
ans vouloient jeuner en- foit tout leur repos &
tierement le careme. leur dclafTement pendant
Grand nombte de jeunes la journe'e. Dans les in-
Rens de l'un & i'au're tervalks de leurs occupa-
ftxe ne penfoient plus au tions, on voioit les Vi-
fariage. Mais ce que Ton guerons au milieu de
remarquoit 8c ce qui edi- leurs vignes le nouveait
£ oit le plus, etoit l'union, Teftamem, a la maim
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$11 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt."
chez Francois Compagnon , y palTok
la nuit & fe rendoit ie lendemain avec grand nombre de perfonnes de Baule a Meun qui en eft eloigne d'une lieue , pour y entendre fur les cinq heures la conference de M. Pacori (5 o). |
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ve; fans qu'il ait jamais
eu lieu , a-t-il dit depuis, de s'en repentir , tant il recevoit de Dieu de lumie- res 6c de difcernement pour juger fainement. M. Pacori a procure non-feu- lemem au DioceTe d'Or- Icans, mais meme a tou- te 1'Eglife , des biens con- fiderables, par l'etablifle- ment d'un grand nombre d'excellentes Ecules qui ne fubfiftent plus, par ft- ducation des pauvres Clercs, 8c par une multi- tude d'ouvrages de piece, qu'il n'a cede de dormer an public , fur-tout de- puis que la mort deM.de Coiflin l'eut oblige de for- tit duDiocefe d'Orleans. Il a vei u vingt-trois ans depuis fa fortie dans une grande retraite , n'etant prefque connu que de Dieu feul, Il eft mort age de quatre-vingt un ans, le ii fevtier 1750 , 8c a ere enterre a S. Jacques du Haut pas fa paroi/Te. M. Pacori n'etoit que Diacre , la haute idee qu'il avok du facerdoce Ten ai'ant toujours eloi-: gne. |
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({ o) Ambroife Pacori ,
Diacre, ne a Ceauce dans le bas Maine , fit fes pre- mieres etudes dans le Col- lege nouvellement eta- bli dans fa patrie , puis il fit fa Philofophie 8c fa Theologie a Angers; ou il fe forma fous les yeux de M. Henri Arnauld, qui en etoit Eveque, dans le gout de la folidepiete & de la vraie fcience. A 1'age de vingt-trois ans il fut fait Principal du College de Ceauce pat M. Treilan, Eveque du Mans , 8c y epuifa fes forces par fes travaux, fa penitence 8c les perfections qu'il ef- fui'a; ce qui l'aiatit oblige de quitter, il fe retira en Anjou. Ce fut dans ce tems que M. de Coiflin Eveque d'Orleans,le choi- fit pour elever dans un Seminairc des Sujets pro- pres a inflruire les pau- vres de la campagne, & l'obligea enfuite de con- duke fes Clercs jufqu'au faccrdoce. 11 fe pafta en- viron dix ans avant qu'il en prefentat un.feul aux Ordres; 8c ilen renvoioit an grand nombre apres plunVdis annees d'epreu- |
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ApreS
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III. P A R T IE. LlV. V. 313
Apres cela ils revenoient enfemble \ji6.
entendre la grande MefTe a Baule. Apres Vepres Leonard affiftoit aux inftruclrions & aux le&ures que Com- pagnon faifbit chez lui avec la per- miffion de fes Superieurs , & s'en re- tournoit enfuite chez fon maitre. II y demeura iufqu'au mois de mai XIV_
1704 que Madame de Fontpertuis Fowni« va 1 envoia a 1J. K. des Champs en qua- Port. Rovai lite de jardinier. Compagnon voulut<*« champs, l'y conduire lui meme. Les religieu- uons.°CCUpl" fes de P. R. edifiees de fa vertu ne tarderent pas a remercier cette Dame du trefor qu'elle leur avoit procure. Pour le conferver on lui propofa de faire un engagement reeiproque, par lequel il s'obligeroit a reiter roujours dans la maifon pour y rendre fervice, & la maifon s'engageroit a le nourrii: &: l'entretenir le refte de fes jours. Mais on eut de la peine a le faire en- trer dans cet engagement , parcequ'il craignoit qu'une telle precaution ne fut contraire a la confiance que Ton doit avoir a la providence. II emploi'oit tout le terns que fon
travail lui laiffbit libre a prier & a fe former a la ledure. Mais comme il ne lifoit alors que fort imparfaite- ment & avec peine, lorfqu'il retjcon- Tome X. O
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3I4 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt.
g- troit quelqu'un il lui prefentoit fon
nouveau Teftament, le priaht de lui en lire quelque chofe, & ecoutoit a genoux avec de grands fentimens d'a- mour & de reconnoifTance , & un profond refpe6t pour la parole de Dieu. II mettoit en pratique les inf- tru&ions qu'il entendoit, & il don- noit de grands exemples de vertus, en meme-tems qu'il etoit attentif a pro- filer de ceux qu'il voi'oit dans cette fainte maifon. II merita d'avoir part a la perfecution : car un Eccleliaftique envoi'e par M. de Noailles a P. R. des Champs , lui refufa l'abfolution a. Pa- que de l'annee 1709 a caufe de fon attachement inviolable aux religieu- fes de P. R. dont il foutenoit l'inno- cence. Ai'ant ete chaflfe du faint de- fer t au mois d'odtobre de la meme annee, il paffa d'abord quelques jours ' chez un Cure des environs , puis fix mois dans une maifon qu'avoit M. de Champfleuri pres de Poiffi ; mais rebute de voir fi peu de piete dans la famille du jardinier, il quitra ce fejour & alia rejoindre fon cher ami Francois Compagnon a. Baule, oil il arriva le neuf juin 1710. Quelle joie pour ces deux faints amis de fe revoir apr^s fix ans de feparation ! Compagnon fit |
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III. Partie. Liv. V. 515
enrrer Leonard chez Pierre Fleuri fon 1 j$6. anciea maitre , ou il rut attaque peu apres d'une maladie qui le priva de la confolation de recueillir les der- niers foupirs de fon ami & de l'affif- ter a la mort (51). L'annee fuivante Leonard fut recu
le 1 1 fevrier (171 j ) jardinier dans II eft re$u l'Abbai'e de Voifins au Diocefe d'Or-en i?3;-* °f 1 N , . . , JaMmiei a
leans _, ou pendant vingt-cmq ans devoiims , fa
fejour il mena une vie qui fit Pad-pi6t6, miration de tous ceux qui le voi'oient, fur - tout par l'unifbrmite de fa con- clude. II marcha toujours d'un pas egal (ti) Francois Compa- jufqu'au dernier foupir ,
gnon mourut le ijaout avec une foi & une gene- 1710, dans la trente-fixie- rofiteque tous les afltftans me anne; de fon age. Sa admirerent, fit fon facri- mort fat auffi fainte que fice avec une conftance 8c l'avoit ete une vie pail'ee une refolution quifurpri- daas 1'innocence, dans la rent encore d'avantage. penitence & dans les bon- 5) II eft vrai, mon Dieu , ' nes oeuvres. Ce faint Gar- r> difoit cette genereufe con etoit d'une humilite » femme, comparable a fiprofonde qu'ilne croioit « !ameredesMachabe>s, p,ss qu'il y eut dans le » & a celles des faints monde un auffi grand pe- y> martyrs Simphorien & cbeur que lui. La foi & le « Melithon, que je perds courage de la mere de j> un Saint, mais e'etoit Compagnon furent un » de vous que je l'avois fpeftacle digne d'admira- » rec,u ; jc vous le rends tion , qui attendrit les » a-prefrnr, puifque vous coeurs les plus durs , & » mt le redernandez , & fit repandre des larmes a j> e'eft avec plaifir que je tous ceux que la faintete « vous en fais un facrih- du malade avoir attires a r> ce «. Ce fut dans ces la maifon. Cette femme fentimens qu'elle ferma vraiment cbretienne, a- les yeux a fon fils. pres avoir exhotte fon fils Oij
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ll6 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAL.
1-72,6. da«s> chemin de la verm, & avec
une terveur qui fe renouvelloit de jour en pur & qui ne fe d^menrit jamais, loutes les heures de la nuir on l'en- tendoit pner lorfqu'on paflbit devant la chambre. Car il prioit a haute voix, croianrn'etre point entendu parcequ'il couchou dans un endroit tres <karte. • li confacroit principalement a ce faint exercice les Dimanch.es & les fetes quilpafToitdans l'Eglife, dont il ne iortoit que pour prendre fes repas. xvi. Les jours.ordinaires, il emploi'oit
sa Pri„e a la leclure & a la priere le terns erne
•ontrauelle. |~c -„,„„ • j- • * , wans que
les autres jardiniers donnent aufom-
meil apres le diner. Le travail meme ne 1 en detournoit pas : tout le rappel- loit A Dieu. Ce que le Seigneur fait dans lordre de la nature etoir pour lui une vive image qui lui reprefen- toit les merveilles incomparablement plus grandes qti'il opere dans l'ordre de la grace. II voioit dans la ftekilite de certains arbres , celle dun ccEur qui fans Jefus-Chrift & kifK a lui- meme, ne pent rien fake ; dans la fe*- condite d'autres arbres ,'la mifencor- de de Dieu qui fait porter par fa grace des fruits de juftice a fes ferviteurs qu il a choifis pour les creer dans de bonnes ceuvresj dans la difficult* d'ar- |
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III. Partie. Liv. V, 317
racher de mauvaifes herbes, la peine TT*% que nous eprouvons a deraciner de nos cceurs la concupifcence. Comme le travail ne prejudicioit xvn.
en nen a iapriere, la pnere auili nepour je [ra. faifoitque fan&ifier fon travail fans vail> le Pre- 1 interrompre. Un 1 a vu metne reruier prjt de peni- la permiilion qu'on lui oflfroir d'affifter tence> a une partie de l'Office les jours 011- vriers. II s'excufoit fur ce que le tra- vail etoit la penitence que Dieu lui avoit impofee. Car il etoit fortement occupe de la fentence qui condamne riiomme a manger fon pain a la fueur de fon front. Ce travail aflidu & pe- nible ne l'empechoit pas de fe mor- tifier en tout ce qu'il pouvoit. Son fommeil etoit fort court, & (es jeu- nes fi aufteres qu'il fe refufoit une goute d'eau dans les plus grandes cha- leurs de l'ete , perfuade que celui qui jeune doit fouffrir de la foif comme de la faim. Tout ce qui ne lui paroif- foit pas abfolument neceflaire , etoit rettanche de fon entretien & de fa nourriture. 11 recevoit memecet etroit necefTaire avec une humble reconnoif- fance & comme une aumone. Jamais il ne fe plaignoit que de ce qu'on le traitoit trop delicatement. Les biens & les maux de cette vie 3 difoit-il feu--. Oiij
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J }6 HlSTOIRE DE PORT-ROIAL.
ij $6. vent ,fint troppeu de chofes pour qu'on
s'en occupe. Si le terns de la vieprefente ejl un terns de noces pour les pecheurs j il en doit etre un de jeune & de peni- tence pour les Chretiens. F.fpiit de Attentif a ne rien faire pour le plai- nioitifica- fir, & a refufer les moindres fatisfac-
lions a fes fens, il paffoit tous les hi- vers fans fe chauffer,. quoiqu'il rut rres fenfible au froid. II ne fortoit ja- mais de l'enclos de la maifon. Son de- tachement de fes parens etoit tel, qu'aiant ere trois fois dans fa patrie pour le fervice du monaftere, il ne voulut jamais faire un pas pour voir fa farnille. La curiofue aapprendre ce qui ne le regardoitpas paroifTok etein- te en lui. II ne parloit jamais que de Dieu, ou de ce qui avoit rapport a fon emploi. On eut aurant de peine a Voifins qu'on en avoit eu a P. R. pour le faire confentir que Ton s'en- gageat a, le garder route fa vie. Enfin on peut dire qu'il etoit mort a tout defir du fiecle; qu'il etoit crucifie au monde , & que le monde avec fes richelfes , fes grandeurs & (es plai- firs, etoit crucifie pour lui. Autant il etoit dur a lui-meme,
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Sa charity
fon huin.lici. |
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autant il etoit tendre &" compatilfant
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pour le prochain. II eut voulu fe char-
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HI. Par tie. Liv. V. J19
ger feul de ce qu'il y avoit de plus TjJisT"
penible , pour en decharger les autres. 11 excufoit leurs defauts, & fouffroit fans fe plaindre la mauvaife humeur & les railleries de ceux avec qui il avoit a vivre. Toujours porte a juger favorablement du prochain , il s'edi- fioit du bien qu'il voioit. line jugeoit & ne condamnoit que foi - meme : il ne parloit de foi que pour s'accufer. II exageroit fes fautes & pleuroir ame- reraent les plus legeres. II fe regardoit comme le plus indigne & le plus mi- ferable des pecheurs. Et comme la pla- ce la plus rabaiffee eft celle qui con- vientle plus au pecheur , il aimoitfon ecat humble & pauvre , ne cherchant qu'a, fe cacher & a fe faire oublier. Continuellement en garde conrre les furprifes de l'amour propre , il crai- gnoit les moindres diftinctions. Une profonde humilite faifoit fon carac- tere j & a la vue de la grandeur & de la faintete de Dieu il s'abimoit pro- fondement dans la vue de fon neant & de fon indignite. II avoit puife ces grandes idees dans xx.
la ledture & la meditation aflidue du Son zeIe T-. n ti > ■ /- pout la lettti-
nouveau 1 eitament. 11 n avoit lur- re du nou-
monte les peines qu'il lui avoit falluveau Tdlav efluier pour apprendre a lire j que pour O iiij •
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________ 3i0 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt;
17 3 6. trouver tous les jours dans la lecture
de ce faint Livre la nourriture defon ame. II y ecoutoit Jefus-Chrift qui lui parloit: & avec quelle attention, quel refpe6t & quel amour ne Pecoutoit-il pas ? II avoir recu dans un haut degre 1'mtelligence de ces paroles vivifian- tes; 8c il les cachoit dans fon caeur pour en fake la regie de fa conduite. II y avoir appris la faintete de la re- ligion , la dignite & les devoirs du Chretien, & la grandeur des biens qui lui font prepares. Quand il en parloit, c'etoit avec des tranfports que Ton ne peut exprimer. XfXI|ibr Un homme qui fait fe bonheur qu'il y
it I™™™ J d "re par le bapteme enfant de l'Egli- derEgiife. fe,nepeut etre infenfible auxmauxqui Son attache- „(f\; r ■ ^ ^
mem pour P.
amigent cette iainte mere. Ces maux
K. faifoient le fujet continuel des larmes de Leonard, & il prioit Dieu avec
inftance d'y apporter remede. II s'in- terreffoit particulierement a la caufe de la grace toute-puiffante de Dieu , & des autres verites efTentielles a la religion , defendues avec tant de cou- rage par MM. de P. R. & par ceux qui font entres dans leurs travaux. Le fouvenir de P. R. demeura tou-
jours grave dans fon cceur.Une demie fceure avantfamort, lorfqu'il avoic |
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III. Partii. Liv. V. 321
deja perdu la parole , au feul nom de 1736. P. R. qu'il entendit prononcer , il fembla reprendre une nouvelle vi- gueur j & levant les mains au ciel il donna des fignes de cette profonde veneration dont il fut toujours pene- tre pour une maifon qui le meritoit a tant de titres. Enfin , le moment auqnel une vie xxir.
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Sa mort
aux |
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fi fainte devoit etre couronnee, etant pr^
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arrive , il fut attaque d'une fluxion de yeux du s«
poitrine & d'une fievre continue qui gneur' le conduilit au tombeau. Les premiers jours la violence du mal abforboit toute fon attention j mais il fuffifoit de lui parler de Dieu pour le faire re- venir de fon afloupiflement. Les deux jours fuivans il eut toute la liberte de fon efprit, & il ne s'en fervit que f>our s'occuper de Dieu &c du defir de .
e pofleder. II recut les derniers Sa- cremens avec fa piete ordinaire , & demeura dans un grand filence , a'iant le cceur & les yeux eleves vers le ciel jufqu'au moment qu'il pafla de cette vie a une meilleure , le cinquieme jour de fa maladie, 20 juin 1736. II etoit age de 6j ans. La majefte qui parut fur fon vifage
apres fa mort infpiroit du refpedt a ceux qui le voioient. Ses yeux ^ui fe O v
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yil HliTOIRE DE PoRT-ROlAI.
- g rouvrirent , confervoient route leur
vivacite & leur douceur ordinaire. Les perfonnes qui etoient prefenres _, & que fa vie & fa mort avoient ega- lement edifiees, s'empreilerent d'avoir quelque chofe qui lui eur apparrenu. II fut inhume au bas de l'Eglife pres de la grille , a un demi pied du mur du cote gauche. C'etoit l'endroit out il fe pla9oit ordinairement, ou il of- froit aDieu fes ferventes prieres, & qu'il avoir fi fouvent arrofe de fes lar- mes. Qui ne s'ecriera avec faint Auguf-
tin (51): Qu'ejl - ce que nous venons d'entendre ? Quoi des ignorans s'ele- vent & s'emparent du Ciel, & nous avec toute notre fcience nous fommes affe\ miferables & affe\ laches pour demeu- rer abimes dans la boue & dans lefang? Ejl-ce que j parceque de tels gens ont pris le devant 3 nous avons honte de les fuivre & defaire ce qu'ils ont fait? M.y/Lnt Nous joindrons encore aux faints Claude, abre- domeftiques y dont nous venons de sc e ivie- parler, un folitaire des derniers rems, qui merire par fon inviolable arrache- ment pour les religieufes de P. R., par les fervices qu'il leur a rendus , Sc par la part qu'il a eue a leurs fouf- ($1) Aug. 1. 8. Com. c. 8. n.. i&.
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III. Par tie. Liv. V* fi.$
fiances , d'avoir une place dans leur 1742. hiftoire. Nous parlons de M. le Noir, dit de S. Claude, mort en odeur de> faintete le 30 decembre 1741, age d'environ quatre - vingts ans, apres avoir furvecu non-feulement a toutes les religieufes, mais meme prefque a tous les folitaires. II eft d'autant plus flatteur pour nous d'avoir a par- ler de ce St. nomme, que nous avons eu l'avantage de le connoitre, d'etre temoins de fa vie exemplaire , & no- notes de fon amitie, dont nous re- connoiflbns tout le prix : Bead qui te viderunt j & in amicitia tua decorati funt. M. de S. Claude etoit encore , dit xxm.
t- m 1 / \ i Sa maniere
un hcnvain celebre (53), dont nous de vivre a i\
empruntons la plume pour faire fon R* eloge , un de ces hommes cherts de , Dieu , qui ont donne dans la folitude de P. R. des exemples de penitence & de vertu fi precieux a l'Eglife. Aiant quitte le Barreau a l'age de trente-trois a trente-quatre ans pour fe confacrer entierement a la retraite & a la piece dans cettefainte maifon, il y remplit avec une conftante regularite tous les devoirs d'un parfait folitaire. II alloic (f5) L'Auteui des nouvelles Ecclefiaftiques ii»
macs 1744. • O v|
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_________ 3M HlSTOIRE DE PoRT-ROlAlJ
. 1741. a deux heures a Marines, paflbit plu-
fieurs heures a. l'Eglife, & ne fe re- couchoit point. Tout le tems qui lui reftoit apres la priere, la lecture & la meditation des Livres faints, etoit emploi'e ou a recevoir les hotes ou a diftribuet les abondantes aumones qui fe faifoient dans cette maifon, ou au travail des mains. L'hurnilite, la dou- ceur , & je ne fais quoi d'admirable & de touchant, dont routes fes actions etoient accompagnees, faifoient de- couvrir en lui, malgre lui , quelque chofe de plus que ce que fon exterieur de fimple domeftique annon^oit. Sa piete avoit fpecialement le caraelere decifif de 1'uniformite. C'eft un temoi- gnage que lui ont rendu ceux qui avoient eu l'avantage d'habiter avec lui cet heureux fejour. Le voir un jour c'eroit le voir toute l'annee. On peut dire auffi pourabreger fon eloge, qu'il fuffit de favoir la vie des premiers fo- litaites de ce faint defert; pour favoir celle de M. de S. Claude pendant les onze ou douze annees qu'il lui fut per- xxtV; mis d'y faire fes delices du filence, de j,,s reiigieufes la priere & des humiliations. <ie p.r., eft jrn 1707 il fe ttouva oblige de re- iiaBaftiiie'ie prendre en quelque forte fon ancienne xo novembre fbn&ion d'Ayocat. pour defendre les |
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III. P A R T I E. Liv. V. }l$
religieufes de P. R. a qui on fe difpo- 1741.
foit de porter le dernier coup, & que Ton alloit enfin immoler a la paffion des Jefuites leurs implacables enne- mis. Les charitables demarches que fit en cette occafion le genereux defen- feur de ces vierges opprimees , le ren- dirent digne de participer a leur op- preflion (54). II avoit entrefes mains les titres de l'Abbai'e: on fe faifit de lui 8c de fes papiers ; 8c on le con- duifit a la Baftille, 011 il a ete enfer- me jufqu'a la morr de Louis XIV , c'eft-a-dire , fept ans 8c plus. Ce n'e- toit pour tin penitent comme lui que changer de folitude. Sa piete augmen- ta dans cette longue prifon jufqu'a lui attirer le refpe£t & 1'admiration de ks perfccuteurs. Tout fon terns n'y fut pas moins rempli qu'a P. R. quoi- - qu'il fallut le partager tout entier en- tre la le&ure & la priere, & qu'il en accordat tres peu au fommeil, ne fai- fant fouvent qu'appui'er fa tete fur fon lit fans fe coucher. II eft fi exa&emene vrai qu'il ne lui reftoit pas un moment (H) Vo'i'ez la 4. col. Mem. hift. T. 4. pag,.
desHex. T. 1. p. 4tfj. J23.
Hift. du Cas de conf. Apel. eel. p. .550.
t. 7. p. j66. Hift. Ecclef. de Racine,
Hift. de la dern.per- T. it, p. 467. ibid. £»
fre.T, 1, p. jr8. $<j. •
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Jitf HlSTOIRE DE FoitT-ROlAt,
1741. de vuide , que feu M. d'Argenfbri
( alors Lieutenant de police) lui aiant permis de fe promener une heure par jour dans la cour 8c fur les terrafTes, M. de S, Claude le remercia , en lui difant qu'il n'en auroit pas le loifir j Sc en erfet il ne fit jamais ufage de certe permiflion (55). Audi le meme Magiftrat qui le voi'oit quelquefois par confideration pOur fa vertu, di- foit-il, qu'il n'avoit jamais vu un pa- red prifonnier : il ajoutoit en bon connoifTeur qu'il n'y en avoit point de femblable dans le monde. Le trait fuivant fera voir combien le juge- ment de M. d'Argenfon etoit fonde. xxv. ^ y avoit dans le meme terns a la Hcftrinf-Baftilleun Calvinifte . d'un cara&ere
Dieu ft fen" reroce &c ii brutal, que perionne pour conyer-n'ofoit l'approcher. II ne parloit que nr im Calvi- r rr„ ,, ,f, 1„,
sifte, par lermens & par blafphemes ; &
routes les refTburces pour 1'humani-
fer, paroiiTbient epuifees , lorfque le Gouverneur propofa a Moniieur de Saint Claude de fe charger de cette bonne ceuvre. II s'en defendit d'abord avec humilite. Le Gouver- neur infifta . & le pieux Captif re- pondit que s'il le lui ordonnoit ab- folument il obeiroit , le regardant <5S) Voi'ez ce qui a etc dit de lui fur l'annee 1707-
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III. Partii. Llv. V. $i-f
(difoit-il ) comme un fuperieur, en- 1742- Jre les mains de qui la Providence ''avoit mis. Le Gouverneur qui ne refpe&oit pas moins M. de Saint- Claude que rous ceux qui le connoif- foienr, ufa de tres bonne grace de la voie qui lui etoit ouverte : il ordon- ne , & Fhumble prifbnnier fur enfer- me avec cette efpece de leopard. Ce- lui-ci 1'accueillit par les maavais trai- temens que fa ferocite lui put infpi- rer jufqu'aux coups inclufivemenr.. Tant que cela dura, c'eft-a-dire_, tour le terns que ce furieux fut intraira- ble, le fllence , la patience & la dou- ceur furent la feule defenfe exterieu- re de l'homme de Dieu : fes ferven- tes prieres firent le refte. Le monftre s'adoucir , &c bientot le charitable Miffionnaire le vit a. fes pieds , le confola, Pinftruifit , le convainquit meme de la neceflite de rentrer dans le fein de l'Eglife , 8c le mit ainff dans la voie du fahir. A peine cette oeuvre d'une charire digne des plus beaux jours de l'Eglife, fut-elle ebau- Aee, que le Calvinifte eut fa liberte. Mais ne pouvant fe refoudre a fe fe- parer du trefor qu'il avoir trouve dans fa prifon , il n'en voulbit pas- forth-. Surquoi M. de Saint-Claude |
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3 2.8 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt;
• lui ai'ant reprefente que la volonte de
'* ' Dieu fe declaroit, il s'y conforma , & le faint Prifonnier l'adrefla a M. le Noir fon frere, Chanoine de No- tre-Dame de Paris, fous la conduite 6c par les foins duquel le Proteftant fit fon abjuration. C'eft de c-e dernier que Ton tient
cette anecdote. On l'auroit apparem- ment ignoree fans lui j car M. de Saint-Claude etoit l'homme du raon- de le plus difcret & le plus referve fur fes bonnes ceuvres. Outre le Cha- noine de Notre-Dame , il avoit en- core un autre frere appelle M. le Noir du Roule , qui au commence- ment de ce fiecle fut envoie par Louis XIV a l'Empereur d'Ethiopie, & que le Roi de Sannaar fit mafla- crer, comme on le voit dans la rela- tion hiftorique d'Abiffinie par le PereLobo , traduite par M. le Grand, &c imprimee a Paris en 172.7, chez Couftelier & Guerin. xxvi. A Pavenement de Louis XV a la Baftuu. deCouronne, notre refpe&able Prifon- nier fortit de la Baftille avec tous ceux qui y etoient detenus pour les affaires de PEglife ( & dont on peut voirlalifte. §-45. du premier Tome de l'Hiftoire des Reflexions morales |
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III. Partib. Liv. V. 319
& de la Conftitution). II fe retira alors chez Ion frere le Chanoine qui avoit ete comme lui fort attache a P. R. (56). Apres la mort de ce di- gne frere , il alia loger au College de Laonavec un pieux vieillard (57) qui |
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(f6) Melfire Jacques le
Noir , Chanoine de No- tte-Dame, mourut le ii Janvier i -17 , age de foi- xante-trois ans. 33 Sa me- » inoire , dit l'Aweur du :> Necro'.ogedeP. R.doic » ctre en benediction » dans tojce la potlerice » pour les fecours qu'il » a procures en touces » forces d'occafions aux 11 gens de bien petfecut£s , » qui trouvoient tou- i) jours dans l'abondance » de fa chatite une four- » ce de confolation a » leurs difgraccs. Nocre i> monafterc , dont il » etoit ami particulierSc » bienfaitteur , a fouvenc » fenti les effets de fa » pieufe generofite & a » ece temoin de fon atta- » chement a la verite & » a la jullice «. M. le Noir avoit neanmoins fi- gne en 1S97, purement 8c (implement le Formulai- k; ce qui donna occa- fion a pluffeurs Lettres. Les uns blaroerent, les au- tres defendirent ce Cha. noine. D'autres enfin , comme M. de Tillemont, & M. Tronchai taciieieiu |
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par un efprit de paix &
pour empecher la divifion entre les amis , de dimi- nuer fa faute , fans ap- prouver la (iguature. M. Chertems , Chanoine dc Saint Thomas du Louvre, moins indulgent que M, de Tillemont, fie une rr- ponfe a fa lettre. ( Suppl. du Ne\:r. p. 304. ) L'Au- teur des Mem. hill, nous apprendT. 7. p. i;c,que ce fut a l'occalion de M. le Noir , que M. Eullace drelTa le premier article du fameux cas de conf- erence. (57) Ce pieux Vieillard
etoit M. DefefTarts, » Pre- 33 tre habile 8c pieux , die j> I'Auteur des Mem. hid. 33 T. 7. p. 470, excluJ 33 par le moien du P. la 33 Chaife du monaftere 33 de Juvigny , 011 depuis 33 dix ans qu'il le coudui- 33 foit, il avoit etabli une 3> grande regularite 8c un 33 grand defimereiTement. 33 Retire avecM. Arnauld 33 a Bruxelles, il le fou- 33 lageoit en ecrivant fous lui «.. Ce qu'Ufait de tris bon Cfxur 3 ectivoic M. Arnauld 1 m<m txil |
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t, } 0 HlSTOlR.fi DE PORT-R.01 At.
"'""■*""— avoir afllfte M. Arnauld dans les der-
nieres annees de fa vie , & que fon grand atrrair pour l'hofpiralire avoir fair furnoiftmer le Pete aux hotes. II perdir encore ce precieux ami (5 8): & ce qui etoir pour lui une perre rour au- tremenrprejudiciable,ilfurroralement prive de la vue , que Fhumidite defa prifon avoir aftbiblie au poinr de ne plus appercevoir que les plus gros ob- jets, & de voir a peine pour fe con- duire des le rems qu'il en forrir. xxvn. Dans cer erar il fe rerira en fon 11 peed la particulier; car fon cceur fe porroic tu« , it fe te- r . ', , r , r
tits en fon roujours a la plus proronde rerraire.
^s^tfe*dJ- *"a P"ere & quelques le&ures qu'il fiaote. fe faifoit faire , devinrenr abfolu- |
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tranfporta chez M. Defef-
farts, au College de laon, l'obligea de declarer oil etoiem les Livres du Pere Quefuel, dora il etoit le depofitaire , 8c y mit le fccllc. Ce fut lui qui en 1701S confeilla a la der- niere Abbeffe de P. R. qui etoit au lit de la mort de nommer une Prieure. (t8) On ne fait ni le
jour , ni l'annee de la mort de M. Defeflarts , ni le lieu de fa fepulture, L'Auteur des Mem. hift. ctoit qu'il eft mort en 1717 , & qu'il repofe 4 Saint Etienne du Mont> |
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m'efl bien plus doutc de-
puis qu'il e/l avec mat 3 c'ejl un de mes anciens amis . M. Defeflarts apres avoir recueilli lesderniers foupirs de M. Amauld , accompagna M. Ruth- d'Ans en 1694, lorfqu'il apporta a P. R. le cceur de ce grand homme. Il eat part en 1701 au pre- mier article du cas de confeience. En 170^, le 77 mai, un CommifTaire accompagne d'unExemt, & d'un pretendu Bour- geois de Paris, nomme Lallemant, autrefois cor- te&mt des Jefuites , fe |
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III. P a a t i e. Liv. V- $$i
ment fes uniques occupations. Pour 1742,
fe rendre neanmoins autant qu'il etoit en lui utile a fes freres , il faifoit acheter des Livres de piete pour les diftribuer aux pauvres. Mais Thorn- me ennerai traverfa bientot cette bonne ceuvre. On fit une defcente chez lui:, & on lui enleva non-feu- lement les Livres deftines aux pau- vres , quoiqu'imprimes avec privi- lege & approbation ^ mais meme une partie afiez confiderable de fa propre bibliotheque. Cette vexation fut la derniere a laquelle il fut expofii, & fa vie devint de plus en plus touts cachee en Dieu. II ne paroiflbit que pour aller a 1'OfEce les Dimanches & les Fetes a Saint Etienne du Mont fa paroiffe , & les jours ouvriers d Sainte Genevieve \ ce qu'il n'a jamais interrompu jufqu'au dernier jour de fa vie. On voi'oit ce venerable Vieil- lard affifter aux catechifmes des en- fans avec une humilite 8c une fim~ plicite qui faifoient proprement fon caraclere : vetu comme un artifan, donnant tout aux pauvres , recitant des Pfeaumes en allant a. PEglife -y y attirant lorfqu'il y etoit, le refpecV He l'attention religieufe des fideles I par fon recneillement j autant pe#ie- |
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Jjt HlSTOIRE DE PoRT-ROlAi;
"" r-rAt tr^ de la grandeur de Dieu que de
I742> c , & /r- r Ion neant j menant une vie aulii aul-
tere qu'uniforme, couchant fur la du-
re j ne s'accordant aucune recreation j toujours occupe de fes miferes \ & l'entendre & a n'en juger que par fes profonds gemiiTemens,iln'etoit qu'un grand pecneur qui n'avoit point pro- fite des exemples de vertu qu'il avok vus a p. r.
xxvin. Quoiqu'il fut prefque ignore dans
Combien i 1* - > ir -r r *
i! etou lenfi- le monde , & qu en ettet 11 ne le me-
¥e4"5 ™ux lat point de ce qui s'y paffoit, il etoit infiniment fenfible aux maux de l'E- glife , & ne negligeoit point de fe mettre au fait de tout ce qui y arrivoit d'interefTant. II repetoit fouvent d'a- pres M. Godeau Eveque de Vence , que » CEgliJe Jeroit toujours dans Id » douleur , tant qu'elle porteroh les " Jefuites dans Jon fein «. Toute di- vifion parmi les amis de la verite lui percoit le coEur. II difoit (8c on le favoit d'ailleurs ) qu'un des principes de P. R. etoit d'etre en garde contre les voies extraordinaires: & la folide piete qu'il avoit puifee dans cette fource II pure , lui infpiroit une op- pofition tres declaree a tout ce qui eft contraire aux bonnes regies lors meme que des cvenemens furnaturels paroiflent l'autorifer. |
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III. Partij. Liv. V. 353 _
Une fi fainte vie pouvoit-elle n'e- 1742.
tre pas fuivie d'une fainte mort ? M. XXIX. de Saint-Claude etoit deja fort in- sa fainte commode pendant les Fetes de Noel 1742 j & il n'en alia pas moins a la Meffe de minuit de fa paroiife, oii il communia. II affifta pareillement a tous les Offices des quatre Fetes. Noel etoit cette armee-la le mardi. Le famedi 25? , on s'appercut qu'il etoit fort mal , & on le fit coucher le foir de bonne heme. Cette nuit-la- ffieme il rec^ut fes Sacremens avec toure fa prefence d'efprit &c avec fa ferveur ordinaire, repondant a tout, &temoignant qu'il n'envifageoit dans cette circonftance decifive d'autre ob- jet que la grande mifericorde de Dieu, dont l'infinie faintete faifoit difpa- toitre a fes propres yeux routes fes bonnes ceuvres. II mourut ainfi de la rnorr des Juftes a cinq heures du ma- tin de ce meme jour. Des que le bruit en fut repandu , xxx.
le concours fut fi grand & fi continuel . Con"'ur? dans la chambredu defunt, qu'il fal-fa~moit. loit atcendre long-tems pour y pene- trer. Cette devotion, que celui qui fait les Saints, infpiroit aux Fideles, engagea de le laiffer aflis fur fon lit, »e vifage decouvert jufqu'au lende- |
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3 34 HlSTOIRE DE PORT-ROIAI.
main midi qu'il fut inhume dans le
petit cimetiere de Saint Etienne. II etoit deja en quelque forte canonife pat la voix publique , comme les Saints l'etoient dans les premiers tems. L'emprefTement univerfel d'avoir de fes reliques , fit mettre en pieces tout ce qui avoit touche a fon corps. On ne lui laifla pas un feul de les che- veux. Ses draps , la planche fur la- quelle il coucnoit, le matelas fur le- quel il avoit celfe de vivre, tout ce qu'on put enfin enlever , fut faift avec une pieufe avidite. On baifoit refpectueufement les pieds du fervi- teur de Dieu •, on y faifoit toucher des livres, des images, des chape- lets : une voix univetfelle le combloit de benedictions , & Ton n'entendoit que des Cantiques d'actions de gra- ces. La pfalmodie y fut continuelle, mais on recitoit le Pfeautier de fuite ou Ton choifiiToit des Pfeaumes d'al' legrefle qui annon^oient plutot un jour de fete qu'un jour de deuil. Per- fonne ne put fe refoudre a dire pout lui les prieres que l'on a coutume ae dire pour les morts ; & fans qu'on ft fut concerte fur cet article comme fut tout le refte, tout le monde fe txou- va porte a implorer fa protection au- ! pres de I)ieu, |
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7
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III. Part is Liv. V. 335
Que dirons-nous davantage (59) ? 1742.
Le terns nous manquera fi nous vou- lons parler de quantite d'autres per- EjFec qUe fonnes qui fe font fanctifiees dans le do>tpr°duire J/- Jnrj • , ... en nous les
deleft de P. 1\. ou qui ont eu des hai- exempies de
fons avec cette fainte maifon. II n'eft vertus sue , /r. . ., - . A r nous avons
point neceliaire , 11 leroit meme lu- vfis dans «t-
perflu, d'entrer dans un plus grand de-te h»ft°we«
tail. Les exempies que nous avons
propofes en tout genre font fuffifants
pour ceux qui voudront en profi-
tet (60). II n'eft perfonne de quel-
qu'etat & condition qu'il foit , qui
ne trouve des modeles a imiter. Qu'il
nous foit done permis d'adrefler a nos
Le6beurs,en finifiant,ces paroles qu'a-
drefloit autrefois Saint Paul aux He-
breux , apres leur avoir remis devant
les yeux les anciens Peres, les Patriar-
ches & les Prophetes, qui par leur
foi fe font rendus agreables a. Dieu ,
& ont recu un temoignage Ji avanta-
geux (<Ji). Puis done que nous fommes
environnes d'uneji grande nuie de te~
moins, d'un fi grand nombre de vier-
ges chretiennes, de pieux Solitaires,
(5?) Quidadhucdicam? tafunt , ut voti compotes
deficit' enim me tempus fiant.
enarrantem. Heb. n. }i. \6i) Inhac enim I, fids)
(60) Us enim , qui uti- tejlimonium confecuti funt
litatem aliquam capere cu- ftnes.
P'tmt, fufficiunc qua die- t
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3 3<? HlSTOIRE DE PoRT-ROlAI.
~ de faint Penitens , de favans Doc-
reurs , de faints domeftiques, qui fe font fanctifies dans la retraite & la penitence , & ont tout facrifie pour la verite , degageons-nous de tout ce qui nous appefantit, & des liens dupe- che j qui nous ferre Ji etroitement, & courons par la patience dans cette carriere qui nous ejl ouverte ; jettant les yeitx fur J ejus 3 comme Jur VAu- teur & le ccnfomtnateur de lafoi; qui au lieu de la vie tranquille & heureu- fe dont il pouvoit jouir 3 a Jbuffert la croix j en meprifant la home & I'igno- minie, etant maintenant ajjls a la droi- te du trone de Dieu (61). PuifTent les Lecteurs, en voi'ant de
II grands exemples de vertus & de penitence, & en lifant des chofesfi merveilleufes arrivees depuis fipeu de terns , & prefque de nos jours, dans la. vraiefoi & dans la religion catholique, entrer dans les difpofitions ou etoit Auguftin avant fa converfion , & fen- tir en eux-memes ce qu'il fentoit en entendant ce que lui racontoit Po- (61) Ideoque & nos tan- slfpUientes in auSo-
tam habentes nubcm tef rem jidei & conjummato'
xlum , deponentes omne rem Jefum , qui propofito
pondus & circumjlans pec Jibi gaudio fujlinuit cru-
catumper patienticm cur* cem, &c. Heb. c. !*•
ramus ad propofuum no- f. i & i.
its certatmn. • mien
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III. P a r t i e. Liv. V. 337
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tirien de la vie de Saint Antoine &
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i74*«
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des autres Solitaires d'Egypte (63)!
Mais ce n'eft point aflez d'etre rem-
plis d'admiration en entendant, ou ce n'eft point en lifant les merveilles que la grace ~fei diladf™j a operees dans le defert de P. R., il imiter ces faut qu'elles nous fervent de modeles, J*?*"*exem" 1 _ ■ piGS«
& que les actions de ces grands ler-
viteurs de Dieu & des epoufes de Jefus - Chrift foient comme une lu- miere , a la clarte de laquelle nous obfervions l'irregularite de notrevie, nos defaut & nos imperfections, afin de concevoir de la haine de nous- mimes en nous comparant a eux. Celt I'effet que faint Auguftin encore alors eloignede Dieu, tira des merveilles qu'il entendoit raconter des premiers Peres des deferts (64). » Mais vous, » Seigneur, pendant qu'il (Pontitien) » nous parloit ainfi, vous me rame- » niez a moi-meme, & vous m'ex- » pofiez a ma propre vue, afin que » je vifle combien j'etois laid, fale » &c difforme......Que fi je m'effor-
» c,ois de detourner ma penfee de mes
» peches , vous vous ferviez des pa- fS; ) Stupcbamus autetn catholica Ecchfia. Aug. audientes tarn recenti me- Lib. 8. conf. c. 6. n. 14. moria & prope noftris tem- (64) Ibid, c. 7. n. i« porous tefiatijfima mire- & 17. hilia tua in fide retia & Tome X. P *
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338 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt.
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1742-
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» roles de Pontitien dans la fuite de
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» fa narration , pour m'oppofer de
» nouveau moi-meme a moi-meme , » & me reprefenter a. mon efprit tel w que j'etois. Alors plus je me fen- » tois touche d'un ardent amour pour « ces Chretiens dont j'entendois ra- » conter des mouvemens de piete fi » faints & fi falutaires , & qui s'e- " toient mis entierement entre vos j> mains pour recevoirleur guerifon, " plus en me comparant a eux je con- » cevois une horrible averfion de » moi-meme «. xxxui. Nous ne devons done pas nous con- C eft ieP&tenter d'etre des admirateurs fteriles nos aaions, de P. R. il faut marcher fur les traces &: non par <Je C£ux (font }a y[Q nous paroit fi ad-
nos paroles r & nos dif- mirable , en y conrormant la notre ,
nou" devonlen aimant ^a verite & en la pratiquant. lairevoirl'ef-C^lui-la. feul aime la verite qui la ro;fde0p!pratique par la charite : fans celaon R. ne fait que fe rendre plus coupable. Que fert-il d'honorer P. R., d'en en-
tendre parler avec joie, de temoigner par fes difcours de la veneration pour cette fainte maifon; de vifiter par ref- pe6fc le defert ou elle etoit, la re- garder comme le berceau ou la pure- • te de la morale chretienne , de la dif- ppline ecclefiaftique §c de la vie re- |
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III. P Ar t ie. Liv. f. 539
ligieufe , a repris naifTance , comme " un lieu ou le Saint Efprit s'eft mani- fefte par des operations 8c des reuvres eclatantes de vertu ; que fert-il, dis- je, d'avoir dans l'efprit & dans la bouche tous ces fenrimens de P. R. s'ils ne font dans le cceur 8c dans les osuvres ? Louons ces grands hommes, louons-les , mais que ce ne foit pas par nos difcours feulement, louons- les par la conformite de nos mceurs. Que notre langue les loue , mais louons-les par une vie qui refTemble a la leur {64). Malheur a nous li nous ne profitons pas des grands exemples de vertu que P. R. nous a donnes , 8c fi nous ne fommes que de fteriles ad- mirateurs de ces grands modeles. Mal- heur a nous, fi nous ne marchons pas fur les traces de ces grands ferviteurs de Dieu & de ces fidelles epoufes de Jefus-Chrift! Les fentimens d'eftime que nous avons pour les uns 8c. les autres, les eloges que nous faifons de leur vertu ne ferviront au jugement de Dieu qu'a notre condamnation. Le Seigneur nous dira alors comme a ceux qui auront prophetife fans mener la (<;) Laudemus, laude- Laudet lingua , laudet vi«
mus ; fed non folis voci- ta. Aug. Serm. 154. *<«. laudemus & mor'tbus. T. 5. p- ioyo. • P ij
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34° HlSTOIRE DE PORT-ROIAL.
" 1741. vie des Prophetes : jamais je ne vous
ai connus : nunquam novi vos.
xxxiv. Penfons ferieufement que fi c'eft un
Motifs qui avantage pour nous de connoitre les
fnglger"0"! afticms & la vie fainte des religieufes
profiret de & des falitaires de P. R., ii cette con-
«« temples. noj{fance ne fert point a notre falut,
elle tournera a notre condamnation,
» Dieu ne fort pas moins de fon fe-
m cret lorfqu'il reflufcite en quelque
» forte les miracles de fa grace, en
» permettant que Ton faffe revivre
u ceux qui en ont ete les objets , par
« le recit de leurs actions & de leurs
» verrus , que lorfqu'il eclate par des
« operations furnaturelles.Or de quel-
« que maniere qu'il forte de fon fe-
« cret, il ne le fait jamais envain j &
« quelque nom que l'on donne a ces
» merveilles , on doit en conclure
jf qu'elles endurciront fi elles ne con-
» vertitTent pas (65).
xxxv. Hatons-nous d'eviter ce malheur,
,.VnnePcuten profitant des grands exemples de
ahegsier au- r . r° -, * _
<sia ptetexte vertu qui nous lont propoles. fccotlr
pour fe dif- tons ia vo[x qUi fe fait encore enten- penlerdimt- .: , _ „ * „ . ,.
mi ccs mode- dre de P. K., & qui nous cut ce que
ft de peni- ja vertu elle-meme difoit autrefois a |
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teac
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S. ^.uguftin ; Qiioi, ne pourre\ - vous
(6<) Pitface flit les vies des religieufes de ?qtf,
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III. Partie Liv. V. 341
pas faire ce que ceux-ci & celles-la ont ' 1741. fait ? Non poteris quod ifti & ifix, ? Etes-vous d'un temperamment plus
foible , avez-vous ete eleve plus deli- catement que tant de perfonnes du plus haut rang qui ont habite ce da- ferr, & qui ont fait une fi dure peni- tence ? Avez-vous moins befoin de la faire qu'eux ? Etes-vous moins coupa- bles & moins redevables a la juftice divine, que ces vierges chretiennes qui ai'ant apporte leur innocence dans ce fandtuaire, n'ont pas laiffe d'exer- cer fur elles routes les faintes rigueurs de la plus fevere penitence ? . Que cette voix falutaire nous re- xxxvr.
veille done de notre fommeil, & nous doiTfor- nous falfe fortir de notre lethargie. "*'? f* vie T . r 1 fur ces beaux
Jettons les yeux lur ces beaux mo- modeies, en
deles de vertus qui fe prefentent dans fh.oifi(ra.mce; , r j r A lui qui lui
des perlonnes de tout age , de tout convient.
fexe , de toute conditon {67). Que (S7) Idcirco enim di- pi&otes in archerypum
verfas vitas expofuimus, intuentes, 8c oculos itni-
& feminavum narratio- tantur , 8c nafum, 8c os ,
nem ad eas qua; virorum 8c genas, & aures Scvul-
erant adjecimus; ut ha- tus, 8c ipfos capitis bar-
beant & fenes Scjuvenes, basque pilos, ac praiteiea
8c femina: , exemplaria felTionem 8c ftationem, 8c
philofophiac, gratamque geftus ipfos oculorum vel
fibi vicam quifque expri- hilares vel rervibiles : fie
mens, vita; fua: regulam eorum , qui fcriptionera
ac normam habeat earn hanc legunt, unumquem-
qua: in narratione conti- que oportet , ubi vitam
netur. Et queraadmodum aliquam imitandam fibi
P iij .
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J4Z HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt.
iy4Z cnacun de nous s'arrete a celui qui
lui plait davatitage, &c s'eftorce de
lui devenir femblable; a l'exemple
des peintres qui voulanc copier un
original,le confiderent attentivemenr,
afin d'en imiter parfakement toutes
les parties , les yeux, le nez, la bou-
che, les joues, les oreilles , le vifage ,
les cheveux, la barbe , l'attitude du
corps, le regard gracieux ou terrible.
C'eft ainfi qu'en lifant cette hiftoire,
chacun doit faire choix du modele
qui eft propre a fon etat, & y confor-
mer fa vie en corrigeant fes propres
defauts, & en imitant les vertus de
fon modele.
xxxvn. " Le fruit des bons exemples que
rm.ls des„ £)ieu demande de nous (68) n'cft
bons exem- . . , .,v ' ,r
pks que Dieu » pas une admiration fterile & out-
lemande de „ ye ? majs une ficelle & courageufe |
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nous
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»» imitation des Saints «• Tous doi-
vent entrer dans ces difpofitions j mais s'il en eft quelques-uns qui doi- vent y entrer d'une maniere plus par- propofuerit , ad illam imitari velit, earn fibi re-
quam delegit, fuam ipfius guls loco applicare , ac
conformare. Et quemad- vitii quod redundat am-
modum fabri qui ad a- putare, & virtutis qua; de-
muilim tabulas dirigunt, funt apponere- Theod.
& ufque fnperflua detra- hlft. Relig. cap. ult. T. )•
hunt , quoad appofita; p. 896-
regula: tabulam confenti- (*8) Refl. Mor. Ep. ad
re videanc; fie ilium opor- Heb. C. it. f. i>
tet , qui vitam aliquam |
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III. Partis, th. V. 34$
ticuliere , ce font ceux auxquels Dieu *"
a fait la grace de les appeller a la de- fenfe des grandes verites que P. R. a defendues avec tant de courage con- „ tre les nouveaux Pelagiens & les cor- rupteurs de la morale de l'Evangile. Ce font encore ceux, qui en lifant cette hiftoire auront la fatisfa&ion & l'avantage perfonnel de reconnoitre parmi les faintes epoufes de Jefus- Chrift , ou parmi les folitaires & les amis de cette fainte maifon , des per- fonnes de leur famille. C'eft pour ceux - ci fpecialement une nouvelle obligation & un nouveau motif d'i- miterces exemples de vertus, qui de- viennent pour eux des exemples do- meftiques qu'ils doivent perpetuer dans leur famille , en faifant voir par leur conduite qu'ils n'ont point deger nere de la vertu de leurs ancetres, & qu'ils font les enfans des Saints felon l'expreffion du faint homme To- bie(<?'9). Autrement, ce qui fait au- jourd'hui leur gloire fera un jour leur confufion , & ces faints parens s'eleve- ront eux - memes contr'eux au juge- ment de Dieu , s'ils n'ont point ete leurs imitateurs. II ne nous refte plus qu'a renou-
(«?) Tob. z. f. 18, Filii San&orwrifumus,
P iiij
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544 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAL.
j_ % veller la priere que nous avons deja
faite a nos Lecteurs, de vouloir bien en profitant de nos travaux (69), de- mander a Dieu qu'il nous faife la gra- ce de marcher nous-memes fur les traces de ceux dont nous avons fait l'hiftoire pour I'inftrudion & l'edifi- cation de nos freres. Puiffent ces ad- mirables vierges chretiennes , ces Sts folitaires, ess zeles defenfeurs de la grace de Jefus-Chrift, jetter du fein d'Abraham ou ils repofent, un re- gard favorable fur celui qui a ofe en- treprendre d'ecrire leur vie, tout indi- gne & incapable qu'il fut d'un tel ou- vrage ! Puiuent-ils lui obtenir de l'Au- teur de tout don parfait,l'efprit depe- nitence , 1'amour de la verite & le zele pour fa defenfe , dont ils ont ete animes pendant leur vie mortelle, 8c (70) Oro autem lefto- nas folum opes laudeni,
res , qui aliotum labori- fed ipfe etiam laudis ma- bus fine labore fruun- teriara aliquam confe- tur , ut laboribus preces quae , opere , verbis , rependant. Simul & illos mentc glorificans univer- precor , quorum vitam forum fervatorem Chrif' conf.ripfi ne me procul a turn Deum noftrum, cum Ipiiituali eorum chorea quo Patri gloria , cum pofitum defpiciant , fed f'anito Spiritu , nunc 8c infra jacentem rrahant & femper & in fscula fai- ad culmen virtutis per- culorum. Amen. Theod. ducant , choroque fuo hifl. Relig. cap. ult. • adjungant, ut non alie- p. 8<>tf. |
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III. Par tie. Liv. V. 345
qui les ont fait arrivera ce Roi'aume 174Z. qui a pour roi la verite , pour loi la charite , 8c pour duree l'eternite. Ainfi foit-il. |
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FIN.
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P %
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P R I E R E
A Voccafion de la difperfion & capti-
vitd des Religieufes de Port-ro'ial des Champs arrivee le 2q d'oclobre 1/op : avec des Reflexions dries de VEcriture & des Peres de I'Eglife- I.
\^j Onfiderez, Seigneur , ce qui vient d'ar-
river a la plus pure & a la plus precieufe portion de votre troupeau. Vous etes le bon Pafteur : vous connorflez vos ouailles , elles vous connoiffent: fouvenez-vous d'elles. Re- gardez l'opprobre dont le monde accable ici vos chers enfans. Votre heritage & votre maifon paffent a ceux d'un autre pais. Vos filles font devenues comrne des orphelines, vos vierges font devenues captives. L'ennemi n'a donne aucun repos a celles qui etoient Causes de vieilleffe : c'eft pourquoi la joie de nos cantiques eft changee en lamenta- tions fur ce que Sion eft defoke , que les renards y courent en furete. Et notre feule confolation au milieu de nos pleurs , c'eft que vous demeurez eternellement, que vo- tre trone fubfiftera dans la fuite de tous les fiecles. Pafteur d'Ifrael, vous vous paiflez vous-
mjsme; pourquoi maltraitez-vous raon trou- |
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Comment votre Sion autrefois fi folenv!
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Priere. ?47
tielle eft-elle maintenant folitaire & defoleeJ
Nous ne ceffons point de pleurer duranc la nuit, & nos joues font trempees dc nos larmes. Les perftcuteurs de la ve'rite , les ennemis de la charite fe font empares de vos vietges au tems de notre extreme dou- leur. Les voies de Sion pleurent parcequ'il n'y a perfonne qui vienne a fes folemnites , & que le voifinage eft prive de fa lumiere.' Yos Pretres ne font plus que g^mir: les peu- ples d'alentour font dans Tamertume : les filles font toutes defigurees par l'exces de leur douleur, & tous vos faints accables fous un poids fi pefant. Vos ennemis cependant triomphent au-dehors ; ils s'elevent tous les jours contre l'Eglife. Ceux qui haiflent la faintete de votre juftice s'enrichirTent de leurs depouilles. Les vierges qui font vos enfans font menees captives devant 1'enne- mi qui leschafle. Seigneur, confiderez no- tre affliction , parceque l'ennemi s'eleve con- tre vous avec orgueil. Pafteur d'Ifrael, vous mangez le lait de
mon troupeau , vous vous couvrez de fa laine, & vous ne vous mettez pas en peine de defendre vos ouailles. III.
Vous tous qui paflez par les fentiers de
Sion , confiderez, & vol'ez s'il y a une dou- leur pareille a la fienne. L'ennemi du Sei- gneur l'a traitee dans ce jour du monde comme une vigne vendangee par des archers & des foldats. On l'a route defolee, j'en fuis epuifee de triftefle pendant le jour; je fonds en pleurs toutelanuit ; mes yeux re- pandent des ruifleaux de larmes. Le Partem P vj
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348 Priere.
vifible que vous m'avez donne , Seigneur, me
devoit confoler , & c'eft lui qui m'a frappee le premier, au lieu de me proteger & de me rendre la vie. II s'eft retire de moi quand il a vu votre ennemi dans fa force. Com- ment a-t-il oublie de chercher en vous feul fon appui ? Pourquoi faut-il qu'il ait com* pte fur un bras de chair ? c'eft la d'oii vient fa foiblefle. Peuples ecoutez tous, je vous en conjure, confiderez ma douleur. De fain- tes vierges , l'ornement de l'Eglife, font menees en captivite, & leur pere ne s'eft pas mis en devoir de defendre leur caufe. It les a abandonnees aux loups raviffans. Pafteur d'Ifrael, vous n'avez point tra-
vails a fortifier mes brebis qui etoient foi- bles : vous n'avez pas gueri celles qui etoient malades : vous n'avez pas bande les plaies de celles qui Etoient bleffees. Vous vous etes contente de les dominer avec une rigueur fevere & pleine d'empire. I V. Seigneur,, confiderez que je fuis dans I'af-
flidHon; mes entrailles font emues, mon cceur eft renverfe dans moi meme, parceque je fuls lemplie d'un breuvage d'amertume. La puif- fance du monde ecrafe vos enfans au-dehors, & Ton voit au - dedans une image de la mort. Vos ennemis ont fait tout le mal, ils fe rejouiflent de m'avoir reduite en cet etat. Quand arrivera le jour que vous devez me confoler ? jufqu'a ce terns mes foupirs fe re- doublent fans ceffe, & mon cceur eft acca- ble dc douleur. Pafteur d'Ifrael, mes brebis ont ete difper-
ftes , parceque vous n'avez point fait la fon&ion de Pafteur. Elles ont ete difperfees |
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Pr'iere. $4.$
en divers lieux } & font devenues la proie
de toutes les betes farouches. V.
Seigneur, vous avez renverfe au-dehors
ce qu'il y avoit de plus faint & de plus beau dans la maifon de Jacob : car vous vous etes referve' pour vous-meme leurs ames St leurs coeurs. L'ennemi n'a rien epargne de ce qui tombe fous les fens ; mais la beaute de la maifon de Juda eft int^rieure. Le De- mon voudroit ravager dans fa fureur cette fainte maifon, profaner fon roiaume, brifer dans le tranfport de fa rage toute la force d'Ifrael. II a beau tendre fon arc centre fon ennemi , repandre fa colere comme un feu : s'il a pu renverfer la maifon exterieure d'une maniere deplorable, enfoncer fes portes , brifer fes barrieres , perfecuter les princefles du fang de l'Epoux , bannir fes nlles , les confondre parmi les nations, ilne detruira pas ce que vous avez edifie dans le cceur de Sion; vous en etes le fondement folide. Pafteur d'Ifrael, mes troupeaux ont err£
par-tout fur les montagnes 8c fur les collines tlevees; mes brebis ont £te difperfees fur la face de la terre, fans que vous vous foiea mis en devoir de les aller chercher. V I.
Pretres du Seigneur, qui dans une vive
foi courbes en terre , demeurez en filence , adorez les voies de Dieu fur fes Saints ; fit dans ces jours vous couvrez vos tetes de cendres ; fi vous vous revetez de cilices, Voiant la mine de fes murailles, vous favez *
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3 5 o Priere.
que le Seigneur fe batit des temples & des
xnaifons dans les coeurs. Ses fondemens font dans le Ciel, la main de rhomme n'y peut atteindre ; c'eft ce qui nous confole dans les mauxprefents , quoique femblables au-dehors au debordement d'une mer. Pafteur d'Ifrael, je jure par moi-meme qne,
puifque mes troupeaux ont ete devores n'aiant plus de Pafteur, je viendrai bientot moi- meme chercher mes brebis. V I I.
Voi'ez neanmoins, Seigneur, & confiderez
quel eft le peuple que votre ennemi ravage de cette forte. II le perfecute fans aucune companion. Tous fes adverlaires ont ouvert la bouche contre lui, ils ont die : nous le devorerons; voici le jour que nous atten- dions, nous l'avons trouve; nous l'avons vu : fouvenez-vous de la pauvrete deleurcoeur; delivrez-le des maux dans lefquels 1'ennemi voudroit le plonger. Vous etes l'objet de leur foi, vous etes leur amour : vous etes le fou- venir continuel qu'ils ont de vos anciennes mifeiicordes. Ce fouvenir entretient en leur coeur la reconnoiffance, & devient le fujet de leurs efpe'rances. O Pafteur d'Ifrael, puifque mes brebis
font devenues la proie des betes farouches 5 puifque vous n'avez pas deTendu mes trou- peaux , vous paiflant vous-meme, je xepren- drai mes brebis d'entre vos mains. VIII.
' Vous nous avez fait, Seigneur , tous les
jours de notre vie de nouvelles graces. Vous |
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Priere. 3 51
etes fidele dans vos promeffes: vous etes no-
tre partage, difent nos ames en nous-me- mes; c'eft pour cela que nous vous atten- drons. Vous etes bon a ceux qui efperent en vous : vous etes mifeiicordieux a 1'ame qui vous cherche. II eft bon d'attendre en pais & en filence le falut que vous promet- tez. Je m'afleoirai done , je me tiendrai foli- taite , & je me tairai. Je tendrai la joue a celui qui mefrappe; je me raflafieiai d'op- probres jufqu'a votre jour. Car vous ne nous rejetterez pas pour toujours : vous aurez com- panion de nous felon la multitude de vos mifericordes. Pafteur d'Ifrael, dit le Seigneur, je ferai
que vous ne vous paitrez plus vous-me'me > je delivrerai mon troupeau de la violence des loups j il ne deviendra plus leur proie. I X.
Seigneur , vous ne favez ce que e'eft que
de perdre ceux que vous aimez d'un amour eternel. Le monde ne peut rien contre ceux qui font a vous, fans que vous lui aiez com- mand^. Les biens & les maux fortent de vo- tre bouche. Comment ne ferions-nous pas en paix au milieu des traverfes de cette vie fi nous fommes a vous ? Elevez de plus en plus nos cceurs & nos mains vers vous: qu'elles foientpures en votre preTence. Si nos yeux repandent des ruifleaux de larmes, qu'el- les procedent d'une vive reconnoiflance. Il vous plait de detruire en nous ce qui pour- roit y refter d'humain , & cela jufqu'au fon- fement. Mon ceil, ne t'afflige done plus; que mon ame fe taife & fe repofe ; puifque vous avez jette" les yeux fur nous, Seigneur, & •
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J 51 Priere.
que vous nous regardez du plus haut des
Cieux. Pafteur d'Ifrael, void ce que dit le Sei-
gneur : je viendrai moi-meme chercher mes brebis, 8c je les vifiterai. X.
Si mon ceil pleure, ce fera fur le malheur
de ceux qui me perfecutent. Je ne ceflerai point de prier pour ceux qui me haiffent fans fiijet. J'invoquerai votre nom, Seigneur , du plus profond de mon coeur , quoiqu'ils m'aient pris pour me jetter dans leurs filets comme un oifeau qu'on prend a la chafle. Entendez ma voix , je vous en conjure. Ne detournez pas vos oreilles de mes cris &c de mes gdmiflemens. Vous avez dit: ne craignez point : adorez mes voies, elles font juftice & miftricorde. Et moije vousdis, Seigneur, approchez-vous d'eux au jour que je vous invoque pour eux. Pafteur d'Ifrael, comme un Pafteur vifite
fon troupeau, lorfqu'il fe trouve au milieu de fes brebis, je vifiterai mes ouailles , je les delivrerai de tous les lieux ou elles avoient etd difperfees pendant les jours de nuages & d'obfcurite. X I.
O Seigneur, que vois-je ! vous prenez la
defenfe de la caufe de mon ame, vous qui etes le rddempteur de ma vie. Vous avez vu 1'injuftice des hommes contre moi; faites- vous voits-meme raifon,leur faifant voir leur iniquite. Vous avez vu toute leur fureur, 1" mauvais traitemens &C les defleins pervert qu'ilstramentdepuis tant d'anneescontie moi# |
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Priere. 353
Vous avez entendu les injures qu'ils m'oiit
faites & tout ce qu'ils ont dit contre leurs penfees. Vous avez oui les paroles de ceux qui m'ont perfecutee, & ce qu'ils out medite contre moi pendant tout le jour. Confide- rez-les, & vous trouverez que je fuis devenue leur jouet. Ne repandez pas fur eux ni vo- tre fureur ni l'indignation de votre colere : ne les pourfuivez pas felon la juftice de leuts oeuvres ; mais convertiifez-les dans votre mi- fericorde. Et vous Pafteur d'Ifrael, fachez que jc
reviendrai bientot ; je retirerai mes brebis d'entre les peuples; je les raffemblerai de di- vers pais , Sc les ferai revenir dans leur pro- pre terre. X I I.
Qui eut jamais cru que les ennemis de Je-
rufalem Sc ceux qui la haiffent duffent an jour entrer par fes portes; C'etoit un lieu de terreur pour l'enfer; cela eft arrive1, mais c'eft pour accomplir les mifericordes de Dieu fur les pierres vivantes de fon fancluaire. Si Ton a tcndu des pieges dans le defert aux vierges de Sion, c'eft pour perfe&ionnerl'ou- vrage du Seigneur en elles. Faffe aujourd'hui fa bonte' que dans le meme defert les loups foient changes en agneaux. Que l'effufion de vos mifericordes, dont vous gratifiez qui il vous plait, y fafle gemir ces pecheurs de lcurs injuftices. Pafteur d'Ifrael, je ferai paitre mes brebis
fur les montagnes d'Ifrael, le long des ruif- fcaux & dans tous les lieux du pais les plus habites. XIII.
Pour vos Juftes , Seigneur, que vpus
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j j 4 Priere.
avez formees dans votte juftice , qu'ellcs
foient la beaute de votre temple eternel ; qu'elles vivent en vous , vous etes leur re- compenfe; leur penfee & leur volonte eft en vous : votre grace qu'elles ont airnee plus que leur vie, eft en elle. Vous les avez pro- tegees de votre droite , vous les defendez toujours par la force de votre bras : elles re- cevront de votre main le roiaume (kernel; vous leur en avez deja donne les arrhes St les premices. Si les confolations dont vous les gratifiez ici-bas font fi fenfibles a l'ame, quelles feront celles que vous leur diftribue- rez dans le Ciel ? L'oeil n'a point vu, l'oreille n'a rien entendu , il n'eft rien entr£ dans le coeur de l'homme qui egale ce que vous avez prepare a ceux qui vous aiment. Re- jouilTez-vous done , juftes , dans le Seigneur, & mettez en lui toute votre gloire. Pafteur d'Ifrael, je menerai mes brebis
dans les paturages les plus fertiles , & les plus hautes montagnes d'Ifrael feront leur pature. XIV.
Apres tant de travaux 8t de perfections
fouffertes , la charite de Jefus - Chrift vous lemplira fans fin : vous jouirez de la verite , qui eft Dieu meme. Vous vivrez en lui, & lui en vous , fans crainte de le perdre: le terns de votre bonheur fera l'eternitd. Le com- prennequi pent le comprendre, quelle felicite d'avoir pourRoi la verite , pour loi la cha- rite , pourdur^e i'^ternite. Notre Roi fe com- muniquera a nous dans l'etendue de fon a- mour. Bien different de l'homme, il ne fera point de commandement impoffible. Il n'exi- gera de nous que le meme amour dout il |
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Priere. 355
nous aime dans fon eternit^. Vous vivre^
dc fon Efprit, & du fang de l'Agneau fans tache , marque fur les portes de vos cceurs > pour vous preferver de la mort; fcellees de ce fceau vous ne ferez point dans l'oubli, lorfque l'Ange exterminaceur frappera la terre de l'Egypte. Pafteur d'lfrael, voici ce que dit le Sei-
gneur : mes brebis fe repoferont fur l'herbe verte; je les ferai coucher moi - meme , dit le Seigneur notre Dieu. X V.
Dieu nous a predeftine'es en fon Fils bien-
aime' pour etre conformes a fon image. II eft en nous comme le premier ne entre les freres; il efluiera nos larmes, il nous donnera la paix apres taut de travaux & de peines. Soions en repos dans les mains du Seigneur , la les tourmens ne penetrent pas jufqu'a l'ame. Pafteur d'lfrael, je ferai paitre moi-meme
mes brebis, je les ferai coucher moi-meme , dit le Seigneur notre Dieu. XVI.
S'il eft permis a la Bete de nous faire la
guerre encore pour peu de terns, elle fera bientot enchainee. Soions fermes dans le Sei- gneur : c'eft ici oii doit eclater la patience des SS. Gardons les pre'ceptes de l'Agneau. Confions-nous au Seigneur : contemplons 8c aimons fa v^rit£. Rendons - nous y par fa chatit^. Pofledons nos ames vidtorieufes des ^uifTances du monde. Les elus de Dieu ne travaillent poinc en vain 5 c'eft le pliant |
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3j<? Priere.
& le germe du Seigneur; c'eft le fiuit Sc
l'ouvrage de fes mains ; 8c c'cft en quoi ecla- tent les richefTes de fa gloite. Pafteur d'Ifrael, j'irai chercher celles que
par votre condnite vous cherchez a perdre ; je defendrai celles que vous expofez a tom- be-r. XVII.
Le Dragon mis en liberte pour peu de
tems n'ert pas a craindre , ft Ton poflede dans fon cceur le temoignage de Jefus Chrift. Si l'ennemi peut faire la guerre , nous favons que les Saints vainqueronr a caufe du fang de l'Agneau; c'eft la joie du Ciel & de la terre. Le Seigneur aura foin de fes elus, il les delivrera de la tribulation. II fera juftice de fes Saints, & reprendra dans fon jugement les impies. II jettera dans 1'etang de foufFre & de feu les laches , les timides avec les abo- minables. Tafteur d'Ifrael, rentrez dans mes voies,
fans vous je banderai les plaies de celles que vous avez blcfiees : je fortifierai celles qui feront foibles :je conferverai celles qui feront graffes & fortes. Je les conduirai dans la droi- ture & la juftice. Appreliendez que je n'ote le chandelier de fon lieu. XVIII.
Nous poffederons le ro'iaume que Dieu
nous a prepare avant la conftitution du rnon- de , fi nous gatdons fur nos fronts le nom du Fils bien-aime , portant fa croix dans nos cceurs. Et vous anges de Dieu qui prefentez devant le Seigneur Tencens & les prieres des |
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Prlere. 357
Saints furl'autel, portcz-y nos vocux. Vous
etes fpeitateurs des vicloires de la grace; vous procegez ceux qui ne fe glorifient qu'en elle. Pafteur d'lfrael, apres tvoir bu de l'eau
claire , pourquoi avez - vous trouble le refte avec vos pieds ? X I X.
La gloire du Seigneur paroit en ce jour a
toute la terre. Car le feu de la charite con- fomme l'holocaufte. V entablement le Sei- gneur habitoit ce lieu , & le monde ne l'a pas connu. C'etoit la maifon de Dieu &c la porte du Ciel. Les pierres n'avoient aucune faintete : ceux &c celles qui habitoient ces lieux etoient la faintete du Tout- puiffant par Habitation du S. Efprit; leurs corps a caufe de lems ames, la maifon a caufe des corps faints qu^ y habitent & qui y repofent. Pafteur d'lfrael, ne favez - vous pas ces
chofes ? que mes brebis y etoient dans tin bon paturage 3 pourquoi avez - vous foule aux pieds ce que mes brebis paiffoient ? pourquoi avez- vous avec vos pieds trouble l'eau qu'elr les buvoient. X X.
La deftruction exterieure de cette maifon
de Dieu eft une confervation de fa maifon interieure. Le Seigneur abandonne a des etran- gers les murailles de Sion. Nous ne favons quelles en feront les fuites : peut-etre ache- ve-t-il la confommation de fes elus : peut- etre la difperfion de ces reftes precieux d'une pidce fi eclatante eft-elle une lenience d'en- fans de la verite. Pafteur d'lfrael, voici ce erne dit le Sei*
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3 5 8 Priere.
gneur : je viens juger moi-meme & difcerner
les brebis graffes que vous egorgez , & les brebis maigres que vous laiffez. XXI,
Peut-etre n'eft-ce point alTez pour ces vier-
ges d'avoir renonce a tout le monde pour fijivre Jefus-Chrift dans le defert & fur la Croix. Elles tenoient peut-etre a leur chere folitude ; mais pour les purifier encore da- vantage , Dieu les tranfporte en d'autres lieux inconnus pourqu'elles n'y voient plus que lui des yeux de la foi. O veritablement vous e"tes un Dieu jaloux, vous qui etes la por- tion , le feul veritable heritage de vos Saints. Vous privez ces vierges , des initructions ex- t^rieures, parceque vous voulez vous-meme les inftruire dans le cceur , du plus haut du Ciel. Vous leur otez la participation vifible du Sacrernent augufte du Corps de votre Fils: mais vous les nourrifTez de votre Efprit & de fon corps , comrae nous le ferons pour ainfi dire dans le Ciel. C'eft vous qui etes le con- fervateur de ce pain divin. Pafteur d'Ifrael, vous avez frappe mes
brebis , fouffert qu'elles fuflent frappees SC chaflees dehors , parcequ'elles etoient mai- gres , dites-vous: mais je fauverai mon trou- peau, je vous Toterai des mains , & la terre verra qu'elles etoient grafTes. X XI I.
Sans croix on nc fuit point le Seigneur;
fans l'ondtion interieure de la grace, on ne fupporte pas le poids des fouffrances. Mais , Seigneur , puifque vous xegniez dans le cceur |
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Priere. 359
de vos epoufes avant cette tribulation , c'eft:
une marque que vous ne voulez pas mettre la lampe fous le boifleau mais fur le chan- delier. II eft tems qu'elle ^claire les hommes qui font dans les tenebres. Pafteur d'lfracl, je fauverai mon troupeau,
il ne fera plus expofe en proie. Je jugerai entre les brebis & les brebis. XXIII.
Nous admirons , mon Dieu , vos bene-
dictions fur vos fervantes. Donnez-nous de fuivre les voies par ou vous les perfeclion- nez : aidez nos infirmites. S'il faut quitter des maifons faites par la main des hommes , gravez dans nos cocurs cette verite, que no- tre habitation eft en Jefus-Chrift; qu'il nous tient lieu de maifon, qu'il eft notte nourri- ture , notre feul & unique bien; que c'eft lui qui fait none unique bonheur; puifque c'eft par lui & en lui feul que nous fommes a vous & avec vous. Pafteur d'Ifrael, je fufciterai mes ouailles.
Le Pafteur unique , a .votre defaut, en aura foin : il aura foin de les paitre : il leur tiendra lieu lui-meme de Pafteur vifible. XXIV.
Comprens bien aujourd'hui, mon ame,
fi Dieu daigne t'en faire la miftricorde , ne l'oublie jamais : comprens que la demeure d'un Chretien eft dans les Cieux ; que toute la terre eft pour lui un exil : que la mali- gnite de I'homme ne peut atteindre la oil tu I dois fixer le lieu de ton repos. Mais pour lc comprendre, & le comprendre autant qu'il Is |
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560 Prierct "
faur pour tout fouffrir, 6 , mon Dieu! re-
pandez aVec plenitude votre fandification au milieu de nous, etabliflez toujours votre tabernacle au milieu de nos cceurs : fandi- fiez le tabernacle avec l'autel: foiez en nous ■vous - meme la vidime & l'holocaufte par Jefus - Chrift. Habitant ainfi au milieu de nous comme avec vos vrais enfans, dont Ifrael n'etoit que la figure, toute la terre reconnoitra le Seigneur qui nous fandifie. Pafteur d'Ifrael, fachez que c'eft moi qui
fuis le Tout-puiflant. Je ferai leurDieu,& le vrai David fera au milieu d'elles comme leur Prince. Ceft moi qui fuis le Seigneur «jui ai parle. XXV.
Vierges rachetees par le Sang du Seigneur,
courez vers la veritable Sion , dont la vc- tre n'etoit que la figure. La il n'y aura plus ni douleurs , ni gemiffemens, ni clameur, ni mort. Toutes ces chofes feront paflees. Heu- rcufes alors d'avoir conferve la purete du cceur3 puifque la vous verrez Dieu. Plus de tchiebres, parceque Dieu fera votre lumiere en fon plein jour. On ne le connoit ici quimparfaitement, la on le connoitra en lui-meme. La les Juftes refplendiront de gloire , ils jugeront les nations , le Seigneur regncra en eux. Ils font ici fouies dans le prelloir de douleur , meprifes , juges injufte- ment. Le Seigneur viendta bientot dans fa gloire: notre Dieu viendra juger le monde & fa juftice. Tous les Saints viendront avec lui. Pafteur d'Ifrael, je ferai avec mes brebis
une alliance de pais ; j'exterminerai de la tetre les betes les plus cruelles. Celles qui habitoieni;
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Priere. ' ■$&!
bitoient dans le deiert dormiront en aflu-
ranee ail milieu des bois. XXVI.
Celui qui eft de toute eternite vient bien-
tot. II a donne fon jugement a fes Saints. Le terns approche , & ies Saints entrent en pofledion de fon roiaume. II fe repofera dans fon jugement, afin de donner au peu- ple de fa faintete le regne , la puiffance, & la grandeur de fon empire. AneantifTez-vous, Fideles, devant le trone du Seigneur. Penetre's d'une vive reconnoiflance , adorez celui qui eft dans tous les fiecles. Vous , 6 Lion de la Trib'u de Juda, ouvrez bientot les fceaux du Livre, vous qui feul etes digne de les ou- vrir, vous qui etes en vos Saints le victo- rieux du monde. Pafteur d'Ifrael,je comblerai mes brebis
de benedictions autour dc la colline ou j'ha- bite. Je ferai tomber des pluies, ce feront des pluies de benedictions £c d'abondance. XXVII.
L'Agneau mis a mor,tdebout au milieu du
trone prendra le Livre de la main de celui qui y eft affis ; il l'ouvrira , il portera fon juge- ment dans Tequite\ Plus de paffions, plus de timidite, plus d'aveuglement. II rendra a cliacun felon fes oeuvres. Enfans de verite , chantons avec les faints vieillards ce Canti- que nouveau : » Vous etes digne, Seigneur, » de recevoir & d'ouvrir les fceaux du Livre, » parceque vous avez ete mis a mort, 8c » que vous nous avez rachetds pour Dieu « au prix de votre fang, de toute tribu , de Tome X. Q »
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3<?i Priere.
u toute langue , de toute nation ; que vous
»> nous avez fait pour etre le regne & le fa- 33 cerdoce de Dieu. Nous regnerons avec j) vous dans votre roiaume cc. I Pafteur d'Ifrael, alors les arbres des champs porteront leur fruit dans leur maturite ; leur terre fera feconde ; mes brebis habiteront fans crainte dans leur pais , & vous faurez que je fuis leur Seigneur. xxyiii.
Beni foit Dieu qui nous a choifis en Jefus-
Chrift pour entrer dans fon corps d'eledtion & de predeftination. 11 l'a tire de la mafTe des enfans d'Adam , pour le faire faint & fans fouillure dans fa charit£. II nous a crees de nouveau en fon Fils bien - aime. II nous a choifis dans 1*adoption de fes enfans a la louange de l'honneur de fa grace , en laquelle il nous a gr tcifies. Pafteur d'Ifrael , je briferai les chaines
dont vous avez voulu charger mon trou- peau; je romprai le joug que vous avez voulu lui impofer. Je les arracherai d'en-« tre les mains de ceux qui vouloient leg dominer avec empire. XXIX.
Etant enfans des Saints, nous attendons
cette vie que Dieu doit dormer a ceux qui pe s'ecartent point de la fidelite qu'ils lui doivent. Ceil pourquoi nous rendons graces a Dieu le Pere , qui nous eclairant de fa lu- piiere, nous a rendus dignes d'avoir part au fort & a l'hdritage des Saints. C'eft lui qui tgous a ajtrjches ds la puiifjUlce. dss tfrebre^ |
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Priere. 3 G $
pour nous transferer dans le roi'aume de fon
Fits bien-aime, de fon Fils qui nous a ra« ctietes par fon Sang en nous m^ritant la re- million de nos pecnes. Pafteur d'Ifrael, mes brebis ne feront plus
en proie aux nations. Les betes de la terre ne les devoreront plus. Elles habiceront bien- tot dans une pleine affurance fans avoir plus rien a craindre. XXX.
Race d'ele&ion , Sacerdoce roi'al, Nation,
fainte, Peuple d'acquifition, vous annonce- rez etemellement les vertus de celui quivousr a appelles dans fa lumiere admirable. II vous a aim£s d'un amour eternel, il vous a fait fon Regne Sc fon Sacerdoce. C'eft lui qui a lave vos vetemens d?ns fon Sang ; audi fe- rez-vpus devant le trone de Dieu, vous le fervirez jour & nuit dans fon temple. Celui qui eft affis fut le trone vous fervira lui— meme de maifon pour vous couvrir; il n'y aura plus ni faim nl foif; le foleil ni fes ar- deurs ne vous incommoderont plus. I/Agneau du milieu du trone feta votre Pafteur : II vous conduira aux fontaines des eaux vivan- i:es. Dieu effuier^ tputes les larmes de vos yeux. Pafteur d'Ifrael, mes brebis ne feront plus
confumees par la famine fut la terre. Jo leur fufciterai parmi elles une plante d'un grand nom. XXXI,
Tout fera confommc' en Jefus-Chrjft lorf*
qu'il aura reuni fon roi'aume a Dieu fon Pere, Jout empire fera detiuit, toute domination Q1)
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3/?4 Pr'iere.
& toute puiflance. Alors ces corps corrupt!-
blcs pour qui nous apprehendons feront re- vetus de l'incorruptibilit£. Ceifons de craindre. les maux d'ic'i-bas. Bientot cette parole de l'Ecriture fera accomplie : La mott a e^e ab- forbee &c detruite par une entiere vicloire. C'eft dans cette foi, que nous travaillons de plus en plus a l'ceuvre de Dieu : c'eft dans cette foi, que nous favons que notre travail ne fera pas fans recompenfe devant le Sei- gneur. Pafteur d'lfrael, je ferai que mes brebis
ne feront plus en opprobre parmi les nations; qu'elles feront regardees comme la plus chers portion de mon heritage. X X X 1 I.
Inconnus aux fiecles paffifs, connus de
Dieu , nous vivrons comme n'etant pas de ce monde : nous y ferons comme des citoiens du Ciel par l'Efprit de la fagefle du Pere de gloi- le. Et vous, mes brebis, dit le Seigneur, vous qui etes le troupeau de mon paturage, ■vous l'ouvrage de mes mains : je fuis votre Seigneur & votre Dieu, vous etes mon tem- ple , je me repoferai en vous. Pafteur d'lfrael, cherchez ma force, & pleu-
rez amerement. Je ferai le Pafteur de mes brebis : je ferai avec elles ,moi qui fuis leur Seigneur & leur Dieu; elles font mon peu- ple, elles qui font de la maifon d'lfrael. An- noncez-le a ceux qui l'ignorent : parlez avec un front d'airain a ceux qui les accablenr. Ce changement fera le grand miracle la grace. XXXIII. Bienheureufe Cite de Jerufalem , c'eft en
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Priere. 365
VouS que nous voi'ons la paix. Votre fonde-
menr & votre edifice eft dans les Cieux : vous n'etes conftruite que de pierres vivan- tes : vos forterefles font la veiite : vos murs font la charite : vos fondemens , c'eft l'hu- milite : votre hauteur & votre etendue , c'eft l'erernite. La foi en couvte les portes , la perfe'cution & les fotiffrances taillent les co- tonnes de cet edifice. Architecte divin.d'une eonftruttion fi fainte , ouvrez les yeux de nos Coeurs fur ce qui vient d'arriver: faites que nous voiions quelle eft l'efperance de no- tre vocation , & qu'entrant dans la conftruc- tion de la Sion celefte, nous gofttions quelle eft la gloire de votre heritage dans vos saints in aternum. Amen. |
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TABLE
ALPHABETIQUE,
Par les noms de bapteme & de religion 2
des Religieufes de Port-Ro'ial j tant di chceur que converfes 3 depuis la reforme. [ Les Ledteurs qui potirroient hit embar-
rafles pour diftinguer de quelles families font les Religieufes de Pore - RoYal, dont lis ne trouvent, en lifant leurs Ades , leurs Reque- tes, leurs Relations , que les noms de reli- gion qui font communs a plufieurs , leveront aifement leurs difficultes en confultant cette Table, dans laquelle on a joint les noms de famille a ceux de bapteme & de religion. C'eft le but qu'on s'eft propofe , fans d'ail- ieurs pretendre que cette lifte folt fi exacte qu'elle renferme toutes les Religieufes fans exception : il feroit difficile, quelque recher- che que Ton fit, d'en donner une qui cut cette exactitude; le Necrologe, le Supple- ment , les Obituaires manufcrits ne les ren- ferment pas toutes ]. A
i^ (S u R Agnes de Sainte' Blandine Forget;
converfe, morte le i4feptembre 1758.
Agnes de la Mere-Dieu Chouy de Penfieres , morte le 16 dexembre 1687.
Agnes de Sainte Thecle Racine , Abbefle de
P. R. morte le 19 mai 1700,
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Table alphabetique. $67
Angelique de Sainte Agnes de Marie de. la
Falaire , morte le 9 oftobre 1698.
Angelique de Saint Alexis d'Hecaucourt de
Charmont, morte le 11 o&obre 1671.
Angelique de S, Jean, feconde fille de M.
Arnauld d'Andilly, morte le z<> Janvier
1684.
Anne de Sainte Agathe le Bon, morte le 19 mars 1^79- Anne-Catherine de Saint Jofeph MuirTon ,
morte le 17 feptembre 1686. Anne de Ste. Cecilt de Boifcervoife , morte
li 8 nov. 1709. Anne de Sainte Chriftine Graillet , morte le
11 octobre 1683, 'Anne de Saint Denis .. .., converfe, morte
le 18 avril 1649.' Anne de Sainte Eugenie Boulogne de Saint
Ange, morte le 13 decembre 1667. Anne - Eugenie de l'lncarnation Arnauld ,'
morte le premier Janvier 1653- Anne-Francoife de la Mere de Dieu le Gai ,
morte le 30 avril 16JO. Anne de Sainte Genevieve du Boulai, morte
le 14 feptembre i6J><5. Anne-Gertrude de Saint Auguftin Gamier,
morte le 11 novembre 1669. Anne de Sainte Gertrude Robgrt, morte le
9 oftobre 1694. Anne-Julie de Sainte Syncletique de RemH
court, morte le 14 Janvier 1718. Anne de Sainte Lidie Levi, converfe , morte
le 13 avril 1700. Anne de Sainte Madeleine Halley, le 14
fevrier 165 f. Anne de Sainte Marie Johannet ^ morte le
14 avril 1634. Anne-Marie de Sainte Agathe Soupl^t, mor-
Q iv
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5 68 Table
te le i4feptembre i£J7«
Anne-Marie de Sainte-Eugenie Arnauld ,
cinquieme fille de M. d'Andilly , morte le
7 oftobre 1660.
Anne-Marie de Sainte Euftoquie de Ilefcclles
de Bregy , morte le premier avril 1684.
Anne de Sainte Marine Laime- , converfe , morte le 18 Janvier 171 J.
Anne de Sainte Monique Nicole , converfe,
morte le 3 Janvier 1657.
Anne de Saint Paul Arnauld, coufine de la
mere Angelique, morte le 11 feptembre
Anne, de S. Paul Renard , converfe , morte
le Jo Janvier 1670. Anne de Sainte Ringarde Ferrier, morte le
19 mars I70y. Anne de Sainte Thccle Thomas, morte le pre-
mier janvier 1661. Anne de Ste. Urfule purer, converfe , morte
le 14 mars 1704. Antoinette Catherine de S. Jofeph de Beau-
clair de S. Cyr, morte le 18 aout 1669. Antoinette de Sainte Chriftine de Rebergues,
morte le 11 mars 1766. Antoinette Euphrafie de Saint Auguftin le
Gros, morte le A decembre 1666.
Antoinette de Jefus le Chapelain , morte le
13 decembre j (<3 5. Antoinette de Saint Robert le Sueur, morte
le 5 juin 1641. B
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B
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Rigitte de Ste Maure Pichard, morte
le z6 avril 1699. C
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C
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Atheriiie Agnes de Saint Paul Arnaulcf«
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Alphabetique. 369
AbberTe , morte le 1.9 fevrier 1671,
Catherine de Sainte Agnes Arnauld d'Andil- iy , premiere fille de M. d'Andilly , mortc
le 13 decembre 1*43.
Catherine de Sainte Agnes Couteau , conver-
fe, morte le iSavril 1660.
Catherine de Saint Alexis Marion de Drui,
morte le 7 decembre ifi34-
Catherine de Ste Angelique du Pont, Prieu-
re, morte le I7feptembre i6iy.
Catherine de FAflbrnption Guillard, morte
le 4 juin 1657.
Catherine de Sainte Eugeni'e Guellart, con-
verfe , siorte le 30 Janvier 1664.
Catherine de Sainte Eulalie Veillard, morte
le 14 fevrier 1684.
Catherine de Sainte Fabronie des Cofteaux,
converfe, morte le $ Janvier 1704.
Catherine de Sainte Fe'licite Marion , veuve
de M. Antoine Arnauld , morte religieufe
de P. R. le 2.8 fevrier 1641.
Catherine de Sainte Gabrielle de Nouveau ,
morte le n mars 1617.
Catherine Hcnriette de Saint Auguftin de ,
Lorraine d'Elboeuf, morte le n odrobre
Catherine de Sainte Hildegarde Fontaine ,
morte len feptembre 1676. Catherine de Saint Jean Arnauld, veuve de
M. Ifaac le Maitre, & fa;ur de la mere Angelique, morte religieufe de P. R. le xi Janvier Jtfyi. Catherine de la Paffion Lanternier , morte le
6 decembre i*)3- Catherine de Saint Paul Goulas, morte le
xi mai 1667. Catherine de Sainte Sufanne Champagne ,
, morte le 16 mars ' 1686. Q v
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370 Table
Catherine de Sainte Tharfile d'Aflon , con-5
vetfe, mortc le 5 decembre 1710. Catherine de Saint Theodore Corbillon, con-
verfe, morte le i avril 1678. Charlotte de Saint Bernard de Saint Simon ,
morte le 10 Janvier 1671. Charlotte de Herelle, converfe , quinevou-
lut pas embrafler la reforme, morte le 6 mars 1*17. Claire de Sainte Martine de Maurifle , m. le
15 Janvier 1694. Claire de Sainte Martine Pinot, morte le zj
decembre 1610. Claude Louife de Sainte Anaftafie du Mef-
nil, derniere Prieure de P. R., morte le 18 mars 1716, D
D
Enife de Sainte Anne Coflart de Flan ,
morte le z6 decembre l69h
Denife de Sainte BafiliffeNoifeux, converfe,
', morte le 11 octobre 1716.
E
Ji Lifabeth de Sainte Agnes leFeron , mor-
te le 16 avril 1706. Elifabeth de Sainte Anne Boulard , derniere
Abbefle de P. R., morte le 10 avril 1706. Elifabeth de Sainte Claire Cottier , poftu-
Iante converfe, morte le zo Janvier 1707. Elifabeth de Sainte Genevieve le Baftier,
morte le 19 novembte i6$t. Elifabeth de Sainte Ludgarde Maitteland,
morte le 9 fevrier 16$6. Elifabeth de Sainte Ludgarde Odierne, con-
verfe, morte le 17110V. \<>%6. Elifabeth Ludgarde de Saint Alexis Pajot,
moite leiojuin i<m* |
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'Alphaletique. 371
' Elifaheth Madeleine de Saint Luc Midorge ,
morte le 3 janviet 1707.
Elifabeth de Sainte Marcelline Walon , morte
le 18 decembre 1681.
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JT Rancoife de Ste. Agathe le Juge , morte
le 10 juillet 1718.
Francoife de Sainte Agathe de Sainte Mar-
the , morte le 6 feptembre 16jf.
Francoife de Sainte Agnes Rouvet, morte
le premier Janvier 1665.
Francoife Agnes de Sainte Marguerite de Ste.
Marthe , morte le 8 avril 171*?.
Francoife de Sainte Beatrix Foi, morte le 18
mars 170 }•
Francoife de Sainte Catherine Fatiere , con-
verfe , morte le premier Janvier ifij j.
Francoife de Sainte Catherine , Simonain , converfe , morte le 15 mai 1676.
Francoife de Sainte Claire Soulain, morte le
iy avril 166J.
Francoife de la Croix de Villume de Bar-
mont, morte le 8 juillet 1^84.
Francoife de Sainte Darie Walon, morte le '
z? mars \6tz.
Francoife Louife de Sainte Claire le Camus
de Bulloyer de Romainville , morte le 17
mai l679-
Francoife de Sainte Ludgarde Robert, le 7
feptembre i666i
Francoife Madeleine de Sainte Ide le Va-
vaifeur, morte le zj decembre 17 jy.
Francoife Madeleine de Sainte Julie Bau- drand, morte le ix avril 1706,
Francoife de Sainte Marthe Bouteroue, con-
verfe, morte le 10 Janvier 167s. Fian^oife Msi'the de Tous lcs Saints Cheron, Q vj. ■
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37z Table
converfe, mortele H fevrie'r 16^6.
Iran^oife de Saint Paul le Fevre Chante-
reau , morte le 17 mai 1676'.
Irancoife Scholaftique de Sainte Barbe Ge-
nin , converfe , morte le 30 Janvier 16$6.
Francoife de Ste. Theodore Mezieres, morte lei! Janvier 1617.
Francoife de Sainte Therefe Maignart de
Bernieres , morte le 14 avril 1706.
G
G
Abriellle de Saint Francois de Ruben-
tel, morte le 5 octobre 1638. Gabrielle Marie de Sainte Catherine Houel ,
morte le 16 feptembre 170?. Gabrielle Marie de Sainte Juftine de Confeil,
morte lei 1 mars 1664. Genevieve de Sainte Darie , poftulante con-
verfe , morte le n mars 169 j. Genevieve de Ste. Domiulle Dadeflb, morte
le 9 aoftt i^zj. Genevieve de Sainte Dorothee Lombert,
morte le 11 novembre 1697. Genevieve Euphemie de Saint Jofeph Nico-
las , morte le zi fevrier i&]6. Genevieve de l'lncarnation Pineau , morte
le premier decembre 1681. Genevieve de Sainte Madeleine de la Haye ,
mortele n avril I679- GenevieVe de Sainte Thecle Midorge , morte
lei j decembre 1676- Genevieve de Sainte Therefe du Yal, morte
le zj Janvier i<88. H
JtlElene de Sainte Agnes de Savonieresj
aflbciee a P. R., morte le 17 decembre |
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Alpkabetique. 57$
Helene de Ste. Demetriade, Benoife, mortc
le 19 avril 1699 |
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J Acqueline de Sainte Euphemie Pafchal j
morte le 4 oftobre 1661. Jeanne de Sainte Aldegonde des Champs des
Landes, m. le %y fept. 1676. Jeanne Antoinette de Sainte Azelle le Cou-
turier , m. le i janv. 1701. Jeanne de Sainte Appolline le Begue , m. le
premier juin 1711. Jeanne de Sainte Colombe Leuillier, m. le
2. aout 1698. Jeanne de la Croix Moriii
Jeanne de Sainte Domitille Perfbnne , m. Ie
19 av. 1694.
Jeanne de Sainte Julienne Guerin, converfe5
m. le 16 aout 1669.
Jeanne Marie de Sainte Perp^tue Hurlot, m.
le 30 aout 1678.
Jeanne de Sainte Pelagie Veillard, converfe,
m. le 17 janv. 1691..
Jeanne dePilliers, m. le 18 mars itfn.
Jeanne Radegonde de Sainte Fare Lombard ,
m. le 19 av. 1671.
Jeanne Urfule de Saint Andre1 Gueret, m.
le 16 fev. 1656.
I
X Sabelle de Sainte Agnes de Chateau-neuf,
m. le 4 juin 1616.
Ifabelle de Sainte Chriftine de Ronfieres , m.
le ifinovembre 162.J.
Ifabelle Marie de la Trinite de Murat, m.
le 8oftob, t 16 J4.
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$74 rulle
L
JLl lee Magdeleine de Sainte Elifabeth Bo-
chart de Champigni de Chaze, m. le 6 decemb. 1669. Louife du Hameau de la Charonniere , m.
le 24 mai 1 £7}. Louife de Sainte Barthelmi Fortier , conver-
fe , m. le 16 janv. 1670. Louife de Sainte Eugenie Girard , m. le 11
aout 1706. Louife de Sainte Pare de la Bocnerie , m.
le ii mars 1690. Louife de Sainte Julienne Robert, m. le 6
feptemb. 1701. Louife de Sainte Juftine Barat, converfe ,
m. le j decemb. 1711. Louife de Sainte Madeleine Boyeau de Vicri,
m. le 1 fepc. 1691. Louife de Sainte Madeleine le Camus de Bul-
loyer de Romainville, m. le if Janvier 164.(1.
Louife de Sainte Praxede de Lamoignon, m.
le i«>janv. i6}8. Louife Therefe de l'Afcenfion Fortier, con-
verfe j m. le x} fev. 1641. |
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M
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M
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Adeleine de Sainte Agnes de Ligni,
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AbbefTe de P. R., m. le 11 mai 167 f.
Madeleine de Sainte Alexis de la Grange ,
m. le 3. odtob. 1641. Madeleine des Anges Marion de Drui, m.
le 17 av. 1671. Madeleine de Sainte Aurelie Noifeux, con-
verfe, m. le ij fept. 1714- Madeleine de Sainte Caniide le Cerf, m, 1c
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Alphahetique. J7f
premier mars 168?.
Madeleine de Sainte Chriftine Arnauld, m.
le 3 fev. 1641;.
Madeleine de Sainte Chriftine Briquet, m.
le 30 novemb. 1689.
Madeleine de Sainte Chriftine Vialart, m.
le 28 janv. 1 619. Madeleine de Sainte Eulalie , converre , m.
le 21 mars 1690.
Madeleine de Sainte Euphrafie Cocherel, m.
le zo juillet l6?3-
Madeleine de Sainte Hildegarde de Combes,
foeur au voile blanc , m. le 11 mars 1707.
Madeleine de Jefus-Chrift du Ruble , m. le 5 fev. 1633.
Madeleine Marthe de Louvieres , m. le onze
fev. 1613.
Madeleine de Sainte Meltide Thomas , m. le
15 odtob. 1696.
Madeleine de Sainte Monique Bergevin , pof-
tulante converfe , m. le 1 fev. 1684.
Madeleine de Ste. Opportune Rouftel, con-
verfe novice , m. le 18 janv. 1670. Madeleine Scholaftique de la Croix , m. le 7 decemb. 1(1-9.
Madeleine de Sainte Scholaftique Graillet,
m. le 18 odtob. 1670.
Madeleine de Sainte Sophie de Hefcelles,
m. le 17 janv. i'I7l4.
Marguerite Agnes de Sainte Julie Hamelin ,
m. le 11 juin 1701.
Marguerite Agnes de la Trinite Mauroi, m.
le 18 o&ob. 1*44.
Marguerite de Saint Benoit Boulai, converfe.
m. le 16 janv. I6J7.
Marguerite de Sainte Blandinede la Grange,
m. le 15 odob. 162-4.
Marguerite de Sainte Cki" is Sueur j w, le
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37<? Table
i& fev. i6;6.
Marguerite du Saint Efprit Girouft des Tour-
. neiles, morte le ii fept. 1691.
Marguerite de Sainte Euphrofine de Creil,
m. le 12. janv. i6$6.
Marguerite de Sainte Gertrude Boucher, m.
le 1 j av. 161J.
Marguerite de Sainte Gertrude du Pre , m. lc
5 juillet 1666.
Marguerite de Sainte Irene Hucqueville , m.
le 9 juin I6yu
Marguerite de Sainte Juftine Lancelot, pof-
tulante converfe , m. le 19 decemb. 1676.
Marguerite de Sainte Luce Gamier , m. le 15 janv. 1670.
Marguerite de Sainte Luce Legros, m. le 13
mars 1616.
Marguerite de la Paffion Guimar, m. le $
o&ob. iff 80.
Marguerite Prifque de l'Afcenfion Suireau ,
m. le 3 fev. l6$5-
Marguerite de Sainte Romaine Levi, con-
verfe, m. le 17 aovit 1709. Marguerite de Sainte Thecle JofTe, m. le 4 janv. Iftji.
Marie de Sainte Agathe DefTeaux , m. le zj
mars 1690.
Marie de Sainte Agnes de Rubentel, m. le 3
feptemb. 1677.
Marie Aim^e de Sainte Pelagie Choart de
Buzenval, m. le j av. 1697.
Marie de Sainte Albine Auvri, converfe %
m. le 4 nov. 1690.
Marie de Sainte Aldegonde des Pommares ,
m. le 4 janv. i£f7-
Marie Angelique de Saint Bernard de Joigny ,
m. le zi juin 1641.
Marie Angelique de Sainte Madeleine Ag»
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Alphabetique. Uj
iiauld , AbbefTe & ReTormatrice de P. R.
morte le 6 aout 1661.
Marie Angelique de Saint Paulde Thou de
Bonoeil, m. le 10 av. ifi57>
Marie Angelique de Sainte Therefe Arnauld,
quatrieme fille de M. d'Andilly , m. le 8
janv. 1700.
Marie des Anges Suireau, AbbefTe de Mau-
buiflbn & de P. R., m. le to dec. ifijSS.
Marie des Anges Feu, m. le zi odob. 1646. Marie de Sainte Anne Couturier, m. le 16 juin 1719.
Mane de 1'Annonciation Sandoine, conver-
m. le 14 av. 1657.
Marie Antoinette de Blond , m. le 6 janv.
16J4.
Marie Auguftine de Sainte Genevieve Gi- rard de Helm, m. le 17 av. 1663.
Marie de Sainte Beatrix de Neufbourg, m.
le 18 mai i«33-
Marie de Sainte Benedifte Foucher , m. le
11 nov. !^95-
Marie Catherine de Sainte Celinie Benoile ,
m. le 14 janv. 1715.
Marie de Sainte Catherine Iflaly , m. le ij
decembre i7ij.
Marie Charlotte de Sainte Claire Arnauld ,
troifieme fille de M. d'Andilly, m. le 9
feptemb. 1678.
Marie de Sainte Claire Arnauld , m. le ij
juin , 1641.
Marie de la Croix Hervd , converfe, m. le
x8 janv. 1671.
Marie Dorothee de l'lncarnation le Comte ,
m. le 17 decemb. J'i74-
Ivlarie de Sainte Elifabeth du Belloy, m. le
14 aout 1^34.
Marie de Sainte Elifabeth Coneath-Mazuel,
|
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■f]t Table
convetfe, morte le 17 o&ob. 1708.'
Marie de Sainte Euphrade Robert, m* le
16 av. 1711. Marie Fran^oife de Sainte Fare d'Anquetil
de Ruvai, m. le 18 fept. '679. Marie de Saint Francois Grimoult, m. le
z; mars 161J. Marie de Saint Gabriel de la Barre, m. le 19
fev. 1656. Marie Genevieve de Saint Auguftin le Tar-
dif, premiere Abbeffe triennale de P. R. m. le 18 mars 164S. Marie de Sainte Genevieve Philippe, poftu-
lante converfe, m. le 15 mars '703. Marie de Sainte Genevieve Racine, m. le 31
mai 1687. Marie de Sainte Genevieve Richer, in. le £
fev. 1659. Marie de Sainte Ignace Pougin , converfe,
m. le 14 fev. 1684.. Marie de Saint Jofepli Loifonne , converfe,
m. le xi av. 1689. Made de Saint Jofeph Midorge , m. le 4
juin 1656. Marie de Sainte Leocade Chevalier, poltu-
Iante converfe, m. le 11 nov. 1696. Marie de Sainte Leocade de Neuilly, con-
verfe , m. le 4 juillet 167 j-. Marie de Saint Louis Bernard, m. le 11 av. 1657.
Marie de Sainte Luce le Fevre , m. le 1 mai ifijS.
Marie Ludgarde de Saint Benoit Lallemand,
m. le 1} mai iiJjo.
Marie de Sainte Madeleine d'Angennes da
Fargis , Abbeffe de Port - Ro'ial, m. le 5
juin 1691.
Marie Madeleine de Sainte Agathe Choart
|
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^Iphaleuque'. 5 79
it Buzenval, morte le 14 avril 15<jiJ
Marie madeleine de Saint Auguftin Renau-
dot, m. le 10 av. 1657.
Marie Madeleine de Sainte Ce'cile Berttand ,
m. le 15 decemb. 1717-
Marie Madeleine de Sainte Gertrude du Va-
lois , m. le 7 nov. 1711.
Marie Madeleine de Sainte Marthe Charon ,
converfe , m. le % mai 1670.
Marie Madeleine de Saint Paulin Baron ,
m. le f mars 1656'.
Marie Madeleine de Sainte Vicloire Tron-
chai, m. le 5 fev. 1684.
Made Marguerite de Sainte Lucie Pepin, m.
le x; fev., 1710.
Marie de Sainte Marcelle Bernardin , con-
verfe , m. le ij fev. i6j£. Marie Marche de Saint Jerome Lafnier, m. le 18 aout 1640.
Marie de Sainte Maxime Friquot, conYerfe,
m. le 29 mai 1700.
Marie Michelle de Sainte Catherine le Va-
vafleur , m. le t? decemb. 1708.
Marie de Sainte Natalie Frefnot , converfe ,
m. le 10 o&ob. \6tj.
Marie de Sainte Natalie de Rubentel, veuve
de M. le Camus , Seigneur de Buloyer,
m. le 19 juillet i6y8.
Marie Nicole de Sainte Eugenie Cuvillier %
m. le ; 1 Janvier 1689.
Marie de Sainte Opportune Mouchot, con-
verfe , m. le 18 ocTrob. 171 j. Marie de Sainte Theodore de Mezieres, m. le 8 janv. 1617,
Michelle de Sainte Melanie Aniquet, m. le
■li decemb. 1666.
Michelle de Sainte Suzanne Aubrai, m. le 10
mai i6jj.
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3 So Table
v
J. Hilippe de Sainte Engracie Palfart, m. le
7 nov. 1630. S
^ Ufanne de Sainte Cecile Robert, m. le y
novembre 1669.
Sufanne Julienne de Saint Pauldes Moulins,
m. le 30 juillct i«47-
Sufanne de Sainte Julienne Olier, m. le 13
juillet 1705-.
Sufanne Tlierefe de Saint Auguftin de la
Pailleterie , m, le 6 nov. 1691.
T
HP
J, Herefe de Saint Denis des Emetets,
eonvetfe, m. le 11. oftob. 16 \1,
Louife de Sainte Valerie - Sur - Seine, poftu-
lantcconverfe, in. le 14 fept. 1689.
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TIN dela Table Alphabetltjiie par les noms
de bapteme 6* de religion. |
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L I S T E
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ALPHAB ETIQUE,
Des Religieufes de Port - Ro'ial des
Champs j depuis la re forme jufqu'a la dejlruclion _, par les noms dt leurs families. Vj Ette feconde Lifte he fera pas inutile
au Le&eur. Les religieufes y font placets fe- lon l'ordre alphabetique des noms de fa- irulle. Voici l'explication des lettres qui fc trouvent a cote des noms. P. marque les religieufes qui compofoient
les deux maifons de P. R. Pan 1664 lorfque M. de Perefixe commenca la cruelle perftcu- tion qui dura plus de quatre ans. P *. Les religieufes qui furent arrachees
de la maifon par ce Prelat pour etie reunites en fervitude dans des monafteres etrangers. S. Celles qui fignerent.
R. Celles qui apres avoir figne fe retrafte-
rent. On ne trouvera pas dans cette Lille les feptou huit difcoles, qui a'iant abandonne la verite & trahi leurs fceurs, fe rendirent mai- trelTes de la maifon de Paris, d'ou eft fortie cette racine amere qui a fait perir P. R. des Champs. PP. marque les religieufes du terns de la
perfecution de 1664, quivirentle commen- cement de la derniere perfecution, & mou- rurent avant la difperfion. P. D. P. Les religieufes du terns de la perfe-
cution de 1664 qui vecurent jufqu'a la dif- |
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38z Wfte
perfion en 1709 , & fureat difpetfees elles^
memes. D. p. Les Religieufes difperfees en 1709, A
J\. Llemand, Sr. Marie de Ste.Ludgardc de
Saint Benoit, morte le 15 mai 1650. P. Angennes du Fargis ( Marie de Sainte Made-
leine ), Abbefle de P. R. des Champs, m. le 5 juin 1691. P. Aniquet, Sr. Michelle de Sainte Melanie m.
le zi decemb. i66(, Anquetil de Ruval, Sr. Marie Francoife de
Sainte Fare d' , m. le 18 fept. 1 <>7S' Arnauld , Sr. Anne de Saint Paul, coufine de
la mere Angelique, m. Ie 11 fept. i*3J. Arnauld, Sr. Catherine de Saint Jean (Mada-
me le Maitre ), premiere fille de M. Ar- nauld, m. le zi janv. 16ji. Arnauld, Sr. Jacqueline Marie Anglique ,
Reformatrice de P. R. , lecpnde fille de M. Arnauld, *i66i. P*. Arnauld, Sr. Jeanne Catherine de Ste. Agnes
de Saint Paul, Abbefle de P. R. troifieme fille de M. Arnauld , m. 1671. Arnauld, Sr. Anne Eugenie de l'lncarnation ,
quatrieme fille de M. Arnauld , m. 165 J. Arnauld, Sr. Marie de Sainte Claire , cin-
quieme fille de M Arnauld, m. 1641. Arnauld , Sr. Madeleine de Sainte Chriftine ,
fixieme fille de M. Arnauld , m. 1*49. Arnauld , Sr. Catherine de Sainte Agnes,
premiere fille de M. d'Andilly,m. 1645.
p *, Arnauld, Sr. Angelique de Saint Jean, fe-
conde fille de M. d'Andilly , Abbelfe de
P. R. m. T6S4-
*. S. R. Arnauld, Sr. Marie Charlotte de Sainte Clai>;
|
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Alphabebique. J 8 j'
re , troifieme fills de M. d'Andilly , m»
1678.
Arnauld, Sr. Marie Angelique de Sainte The- p*. S. R, refe , quatrieme fille de M. d'Andilly m. 1700.
Arnauld, Sr. Anne Marie de Sainte Eugenie,
cinquieme fille de M. d'Andilly , m. 1660.
Aubray,Sr.Michelle deSte.Sufanne,m. 1653.
Auvri, Sr. Marie de Sainte Albine , conver-
fe, m. 1630.
B
|
||||||||
B
|
||||||||
Arat, four Louife de Sainte Juftine , D. P.
|
||||||||
converfe , m. le 5 decemb. 1711.
Baron, Sr. Marie Madeleine de Saint Pau-
lin, m. le 5 mars i£j£.
Barre, Sr. Marie de Saint Gabriel de la , m.
le 19. fev. 16$6.
Baftier , Sr. Elifabeth de Sainte Genevieve le,
m. le 19 nov. 1691.
Baudrand, Sr. Franqoife Madeleine de Sainte pp.
Julie, m. le 11 av. 1706.
Beaaclair , Sr. Antoinette Catherine de Saint P.
Jofeph de Saint Cyr , m. le 8 aout I66y.
Begue,Sr. Jeanne de Sainte Appoline, m. £>, P. S. le 1 juin 171 r.
Belloi, Sr. Marie de Sainte Elifabeth du ,
m. le 14 aout 1634.
Bcnoife , Sr. Helene de Sainte Demetriade ,
m. le 1$ av. l699-
Bcnoife , Sr. Marie Catherine de Sainte Ce- D. P. S. R.
linie, m. le 14 janv. I'/iJ.
Bergevin , Sr. Madeleine de Sainte Monique ,
poftulante converfe, m le z fev. 1684.
Bernard, Sr. Marie de Saint Louis, m, le nav. 16 f 7.
jBernardin , Sr. Marie de Sainte Marcelle ,
jPftyerfe, m. le j.^ fev, \b}6.
|
||||||||
"
|
||||||||||
? 8 4 Lijle
D. P. S. R. Bertrand , Sceur Marie Madeleine de Sainte
Cecile, morte le ij decemb. 1717.
Blond, Sr. Marie Antoinette le, m. le 6
janv. I6J4-
p. Bochart de Chanipigni de Chaze , Sr. Lie'e
Madeleine de Sainte Elifabeth , m. le 6
decemb. 1669.
P. D. *. P. Boifcervoife, Sr. Anne de Sainte Cdcile de ,
m. le H nov. 1609.
P. Bon, Sr. Anne de Sainte Agathe le, m. le
19 mars 1679.
P. Bonnerie , Sr. Louife de Sainte fare , m. le
11 mars 1690.
Boucher, Sr. Marguerite de Sainte Gertrude ,
m. le 15 av. 161J.
Boulai, Sr. Marguerite de Saint Benoit, con-
verfe, m. le 16 janv. 1657.
Boulai, Sr. Anne de Sainte Genevieve du
m. le 14. fept. i6H6.
PP. Boulard, Sr. Elifabeth de Sainte Anne, m.
le 10 av. 170^.
P *. Boulogne de Saint Anges, Sr. Anne de Sainte
Eugenie , m. le 15 de"cemb. 1667.
Bouteroue , Sr. Francoife de Sainte Marthe,
converfe , m. le 10 janv. 1 ^7J.
Boyau de Vitry, Sr. Louife de Sainte Made-
., leine, m. le 1. fept. 1691.
r ' Briquet, Sr. Madeleine de Sainte Chriftine ,
m. le 50nov. 1689.
|
||||||||||
c
|
||||||||||
Amus de Eulloyer de Romainville ,"
|
||||||||||
Sr. Louife de Sainte Madeleine le, m. le
„ ij janv. 1646. Camus de Bulloyer de Romainville, Sr. Fran-
coife Louife de Sainte Claire , m. le 17 p# mai 1679. 1 • a- k. Cer£-} Sr Madeleine de Ste. Candide le, m. Ie
premier
|
||||||||||
'Atphabetique. 385
premier mars 1683
Champagne , Sr. Catherine de Sainte Sufan- P.'
ne , morte le 16 mars 1686.
Champs des Landes , Sr. Jeanne de Sainte P.
Aldegonde des, m. le 17 fept. 1676.
Chapelain, Sr. Marie Anne le, morte le 18
aout itfji
Chapelain , Sr. Antoinette de Jefus lc , m. le
xj decemb. 16)5.
Charon, Sr. Marie Madeleine de Sainte Mar-
the , converfe , m. lei mai 1S70.
Chateauneuf, Sr. Ifabelle de Sainte Agues ,
m. Ie4juin 1*16.
Cheron , Sr. Fran^oife Marthe de tous les
Saints, converfe, morte le 1 6 fev. 1656.
Chevalier, Sr. Marie de Sainte Leocade , poftulante converfe, m. le 11 nov. i6t>6.
Choart de Buzenval, Sr. Marie Madeleine p_ de Sainte Agathe,m. le 14 av. 1691.
Choart de Buzenval, Sr. Marie Aimee de p, s R Sainte Pelagie , m. le 3 av. M<?7-
Chouy de Penfieres, Sr. Agnes de la Mere- p #
de Dieu , m. le 16 decemb. 1687.
Cocherel, Sr. Madeleine de Sainte Euphra-
fie , m. le to juillet l63 3- *
Combes , Sr. Marie de Sainte Hildegarde de,
poftulante de choeur , m. le 10 fev. 1707.
Comte , Sr. Marie Dorothee de lTncarnation „ ^ le, m. le 17 decemb. 1674.
Conheath Mazuel, Sr. Marie de Sainte Elifa- pp
beth , converfe, m. le 17 oftob. 1708.
Confeil, Sr. Gabrielle Marie de Sainte Jufti-
ne de, m. le n mars 1664.
Corbillon , Sr. Catherine de Saint Theodore,
converfe, m. lc i av. 1678.
CofTart de Flan , Sr. Denife de Sainte Anne, p
m. le 16 decemb. . 1693-
Cofteaux, Sr. Catherine de Sainte Eabronie
Tome X. R
|
||||||
3 86 Lijk
des , m. le y janv. *7«4."
Cottier , Sr. Elifabeth de Sainte Claire, pof-
tulante converfe, morte le 10 janv. 1707.
Coutteau, Sr. Catherine de Sainte Agn£s , converfe , m. le irav. 1660.
D. P. S. R. Couturier, Sr. Marie de Sainte Anne , m.
le 16 juin 1719'
Couturier, Sr. Jeanne Antoinette de Sainte
Azclle le , m. le 1 janv. 1701.
P. S. R. ^re''» ^r- Marguerite de Sainte Euphrofine
de, m. le 11 janv. i6%6.
Croix , Sr. Madeleine Scholaftique de la , m.
le 7 decemb, 1619.
Cuvillier , Sr. Marie Nicole de Ste Eugenie,
m. le 31 janv. i68j,
D.
|
||||||||||||||||
D
|
||||||||||||||||
Adeflb, Sr. Genevieve de Sainte Domi-
|
||||||||||||||||
tille, m. le 9 aout 161s.
P. p, Daflon , Sr. Catherine de Sainte Thariile ,
m. le j decemb. 1710,
Darie, Sr. Genevieve de Sainte, poftulante
converfe j m. le n mars 1695.
Denis, Sr. Anne de Saint Denis, converfe,
m. le 18 av. 1649.
pt * Defleaux, Sr. Marie de Sainte Agathe , m. le
2? mars 1690.
Defemerets, Sr. Therefe de Saint Denis,
converfe, m. le 22 oftob. 165y.
p Duval, Sr. Genevieve de Sainte Therefe , m.
le 13 janv. 1688,
F-
|
||||||||||||||||
E
|
||||||||||||||||
tiere, Sr. Francoife de Sainte Cathe*
|
||||||||||||||||
rine, converfe , m. le 1 janv. 165 J *
J>P, Feron , Sr. Elifabeth de Sainte Agnes le, m.
lezfiav. 170*.
Ferrkr, Sr. Anns de Sainte Rhingarde, m»
|
||||||||||||||||
Alphabetique. 387
!e ij mars 1709-
Feu , Sr. Marie des Anges de, morte le 11
o&obre \6±6.
Fevre , Sr. Marie de Sainte Luce le, m. le
1 mai 1656.
Fevre Chantereaux , Sr. Francoife de Saint
Paul le,m. le x"i mai 1676.
Flefcelles, Sr. Madeleine de Sainte Sophie de, p# p. $. R;
m. le 17 janv. I?24-
Flefcelles de Bregy, Sr. Anne Marie de Sain- p *#
te Euftoquie de , m. le 1 av. 1684.
Foi, Sr. Francoife de Sainte Beatix, m. le p^
18 mars 1705-
Fontaine, Sr. Catherine de Sainte Hilde- pp_
garde, m. le 11 fept. 1676,
Forget , Sr. Agnes de Sainte Blandine , con- -q. P.'
verfe,m.lez4 fept. 1738.
Fortier, Sr. Louife Therefe de TAfcenfion ,
converfe,m. le i;fev. 1641.
Fortier, Sr. Louife de Saint Barthelemi, con-
verfe,m. le i( janv. 1670.
Foucher , Sr. Marie de Sainte Benedide , P.
m. le 11 nov. 1693.
Frefnot, Sr. Marie de Sainte Natalie , con-
verfe, m. le 10 octob. ifiij.
Friquot, Sr. Marie de Sainte Maxime , con-
verfe, m. le 19 mai 1700.
Furet, Sr. Anne de Sainte Urfule , converfe ,
m. le 14. mars 1704.
G.
|
||||||||
G
|
_rAi,Sceur Anne Francoife de la Mere
deDieulc, m. le 30 av. i6;o. Gamier j Sr. Anne Gertrude de Saint Auguf- p_
tin, ro.le n nov. 1669,
Gamier , Sr. Marguerite de Sainte Luce , m. p#
le 19 janv. 1^70.
Genio > Sr. Francoife Scholaftique de Sainte
R ij
|
|||||||
j88 Lijle
Batbe, converfe, morte le ;o janv. \6J6.
Girard, Sr. Louife de Sainte Eugenie, m. lc ii aout ■ 170S.
Girard de Helin , Sr. Marie Auguftine de Ste.
Genevieve, m. ie 17 av. 1665.
Girouil: des Tournelles , Sr. Marguerite du.
Saint Efprit, m. le 12 fept. 1691.
Goulas, Sr. Catherine de Saint Paul, m. le
11 mai 1667,
Graillet, Sr. Madeleine de Sainte Scholafri-
que , m. le 18 o&ob. 1670.
Graillet, Sr. Anne de Sainte Chriftine, m. le
11 oclob. i68y.
Grange , Sr. Marguerite de Sainte Blandine ,
de la,m. le iy oclob. 1614.
Grange, Sr. Madeleine de Sainte Alexis de la ,
m. le 3 oftob. 1641.
Grimoult, Sr. Marie de Saint Francois, m. le
15 mars i6ij.
Gros, Sr. Marguerite de Sainte Luce le , m.
2} mars itfitf.
Gros , Sr. Antoinette Euphrafie de Saint Au-
guftin le , m. le 8 decemb. 1666.
Guellart, Sr. Catherine de Sainte Eugenie ,
converfe , m. le 30 janv. 1664.
Gueret , Sr. Jeanne Urfule de Saint Andr£,
m. le 16 fev. i6;tf.
Guerrin,Sr. Jeanne de Sainte Julienne, con-
verfe, m. le \6 aout 1669. Guillard, Sr. Catherine de rAflbmption , m. le 4 juin 1657.
Guimar , Sr. Marguerite de la Paffion , m. le
8oftob. 1680.
H.
|
||||||||||
H
|
||||||||||
Alley, Sr. Anne de Sainte Madeleine ,
|
||||||||||
m. le 14. fev. 1&S5-
Hameau de la Charonniere, Sr. Louife du »
aftulante converfe, m. le 14 mai . 161 ~ |
||||||||||
rAlphabettque. 385
Hamelin, St. Marguerite Agnes de Sainte Ju-
lie, m. le iz juin 1701. Haye, St. Genevieve de Sainte Madeleine de
la, m. le 11 av. i&79- Hecaucourt de Chaimont, Sr. Aftgelique de
Saint Alexis d', m. le 11 o#ob. 1671. Herelle, Sr. Charlotte de, converfe, m. le
6 mars 1617. Herve, Sr. Marie de la Croix , converfe,
m. le 18 janv. 1671. Houel, Sr. Gabrielle Marie de Sainte Cathe-
rine, m. le 16 fept. 170J. Hucqueville , Sr. Marguerite de Sainte Irene ,
m. le 9 juin *<>95- Hurlot, Sr. Jeanne Marie de StePerpetue,
m. le 30 aoijt 1678. |
|||||||||||||
J.
|
|||||||||||||
J
|
Ohannet, Sr. Anne de Sainte Marie , rri.'
le 14 av. 1634.
Joigni Boutheaume , Sr. Marie Angelique de
Saint Bernard , m. le it juin 1641.
JofTe, Sr. Marguerite de Sainte Thecle , m. le
4 janv. 1691.
Juge , Sr. Fran^oife de Sainte Agathe le, m.
le io juillet 1718.D
I.
J. Sfali, Sr. Marie de Sainte Catherine , m.
le 13 decemb. 171.3. L.
|
||||||||||||
L
|
Aime , Sr. Anne de Sainte Marine , con-
verfe , m. le 18 janv. 1715. Lamoignon, Sr. Louife de Sainte Praxedede, m. le 19 janv. 1638 Lancellot, Sr. Marguerite de Sainte Juftine R ii)
|
||||||||||||
39° ■ Lifie
poftulante converfe, m. le 19 dec. I £74?;
Lanterniet, Sr. Catherine de la Pafllon, m. le fidecemb. ' 1633.
Lafnier, Sr. Marie Marthe de Saint Jerome ,
m. le 18 aout 1440.
Levi , Sr. Marguerite de Sainte Romaine ,
converfe, m. le 17 aout 1709.
Levillier, Sr. Jeanne de Sainte Colombe j m.
leiaour 1698.
Ligni, Reverende mere Madeleine de Sainte
Agnes de , m. le 11 mai i^7f-
Limoges , Sr. Madeleine de Sainte Eulalie de,
converfe, m. le n mars 1650.
Levi, Sr. Anne de Sainte Lidie, converfe ,
m. le n av. 1700.
Lombard, Sr. Jeanne Radegonde de Sainte
Fare,m.lei9 av. 1*71.
Lombert,Sr. Genevieve de Ste. Dorothea, m.
le n nov. i697-
Lorraine d'Elboeuf, Sr. Catherine Henriette
de S. Auguftin de , m. le n oft. i<4J.
Lorfonne, Sr. Marie de Saint Jofeph, con- verfe, m. le ti av. 1689. Louvieres, Sr. Madeleine Marthe de, m. le 11 aout ltftj. M. M Aignart de Bernieres, Sr. Francoife de
Sainte Therefe , m. le 14 av.. 170$. Maitteland , Sr. Elifabeth de Sainte Ludgar-
de , m. le 9 fev. 16 $6, Marion , Sr. Catherine de Saint Alexis, m.
le 7 decemb. ?*.'*" Marion, Sr. Catherine de Sainte Felicit^,
veuve de M. Arnauld & mere de fix lilies religieufes, m. le 18 fev. 1641. Marion de Drui, Sr. Madeleine des Anges,
in. 1c 17 ay. 1*7 *• |
||||
Alphabetique. $$t
Marie de la Falaire , Sr. Angelique de Sainte P.
Agnes de, m. le 9 oftob. i6j8.
Marthe , Sr. Francoife de Sainte Agathe de P.
Sainte, m. le 6 fept. 1^75.
Marthe, Sr. Fran cone Agnes de Sainte Mar- D. P.
guerite de Sainte , m. le 8 av. 17115.
MaurifTe, Sr. Claire de Sainte Martine de ,
m. le 1J janv. 16114. Mauroi, Sr. Marguerite Agnes de la Trini-
te , m. le 18 o&oc. 1644. Mefnil, Sr. Claude Louife de Sainte Anafla- D. P.
fie du , derniere Prieure de Fort-Roial des Champs , m. le 18 mars 1716. Mezieres, Sr. Franqoifede Sainte Theodore
de , m. le 8 janv. 1617. Midorge, Sr. Marie de Saint Jofeph, m. le
4 juin 1656. Midorge, Sr. Genevieve de Sainte Thecle , p_
m. le 1 j decemb. 1676.
Midorge, Sr. Elifabeth Madeleine de Saint p
Luc, m. le 3 janv. 170;.
Morin, Sr. Jeanne de la Croix , m. lei8 fept.
1664. D. P.
Mouchot, Sr. Marie de Sainte Opportune , convcrfe, m. le iS oftob. '71?- Moulins , Sr. Sufanne Julienne de Saint Paul
des, m. le jojuillet 1647. P.
MuhTon , Sr. Anne Catherine de Saint Jo-
feph , m. le 17 fept. 1686. Murat, Sr. Ifabelle Marie de la Trinire , m. le 8 o&obre . 1634. N. N
Eufbourg, Sr. Marie de Sainte Beatrix
de , m. le 18 mai 1633.
Neuilly, Sr. Marie de Sainte Lcocade de,
converfe, m. Ie4 juillet 1675-
Nicolas, Sr. Genevieve Euphemie de Saint
R iiii
|
||||||
391 Lijle
Jofeph , m. le 11 fev. l6$6l
Nicole , Sr. Anne de Sainte Monique, con-
verfe, m. le 3 janv. r^J7" tj p_ Noifeux , Sr. Madeleine de Sainte Aur^lie ,
converfe , m. le ij fept. 1714- jj p Noifeux, St. Denife de Sainte Baiiliffe , con-
verfe, m. le 11 octob. i-ji6. Nouveau , Sr. Catherine de Sainte Gabrielle
de, m. le n mars 1617. |
|||||||||||||||||
o.
|
|||||||||||||||||
o
|
|||||||||||||||||
Dierne, Sr. Elifabeth de Sainte Lud-
|
|||||||||||||||||
garde, converfe, m. le 17 nov. 1686.
P, Olier, Sr. Sufanne de Sainte Julienne, m.
leijjuillet i7°5-
P.
|
|||||||||||||||||
P
|
|||||||||||||||||
Ailleterie , Sr. Sufanne Therefe de Saint
|
|||||||||||||||||
Auguftin de la , m. le 6 nov. 1691.
Pajot, Sr. Elifabeth Ludgarde de St. Alexis ,
m. le 10 juin i*54-
Pafcal, Sr. Jacqueline de Sainte Euphemie ,
m. le 4 odob. . l66t.
Parian, Sr. Philipe de Sainte Engracie, m.
le 7 novemb. 1630.
S. R. D. P. Pepin , Sr. Marie Marguerite de Sainte La*
cie , m. leijfev. 1719.
P. Perfonne, Sr. Jeanne de Sainte Domitille,
m. le 19 av. i^94-
Philippe , Sr. Marie de Sainte Genevieve ,
poftulante converfe, m. le 1; mars 1703.
Pichard , Sr. Brigitte de Sainte Maure , m.
le z6 av. 1699.
Pilliers , Sr. Jeanne de ,m. le 18 mars i6iz.
p Pineau , Sr. Genevieve de l'lncarnation, m.
le premier decemb. 1681.
Pinot, Sr. Claire de Sainte Martine, ro. le
|
|||||||||||||||||
— - -
|
|||||||
Alphabetique. J 9 3
t} decemb. I610.
Pommares, Sr. Marie de Sainte Aldegonde
des , m. le 4 janv. '6j7.
Pont, la mere Catherine Angelique du,Prieu-
re deP. R. ,m. le 17 fept. ifizy.
Pougin, Sr. Marie de Saint Ignace , conver-
fe , m. le 14 fev. 1*84.
Pre", Sr. Marguerite de Sainte Gertrude du , p #, 5. %i
m. le j juillet 1666.
|
|||||||
R
Acine, Sr. Marie de Sainte Genevieve ,"
m. le 31 mai 1687.
Racine , Sr. Agnes de Sainte Thecle , Ab- p.
befle de Port-roial, m. le 19 mai 1700.
Rebergues, Sr. Antoinette de Sainte Chrifti- nede, m. le umars 1706. Remicourt, Sr. Anne Julie de Sainte Syncle- D. P. S."1
tique de , m. le 14 janv. 1718.
Renard , Sr. Anne de Saint Paul, convcrfe ,
in. le 10 janv. 1670.
Renaudot, Sr. Marie Madeleine de Saint Au-
guftin , m. le 10 av. l6S7~
Richer, Sr. Marie de Sainte Genevieve , m.
le 6 fev. 1659.
Robert, Sr. Fran^oife de Sainte Ludgarde > p;
m. le 7 fept. 1666.
Robert, Sr. Sufanne de Sainte Cecile, m. le P.
6 no v. 1669.
Robert, Sr. Anne de Sainte Gertrude, m. le p. S. R.1
9 odobre I^M-
Robert, Sr. Louife de Sainte Julienne , m. le p.
6 fept. 1701.
Robert, Sr. Marie de Sainte Euphrafie , m. P. D. P.
le 16 av. 1712.
Ronfieres, Sr. Ifabelle de Sainte Chriftine de,
m. le 16 novembre 161J.
|
|||||||
m Lift*
Rouftel, Sr. Madeleine de Sainte Opportune t
converfe novice', m. le 18 janv. 1670.
Rouvet, Sr. Fran$oife de Sainte Agnes , m.
le t janv. 1663.
Rubentel, Sr. Gabiielle de Saint Francois de,
m. le 5 odtob. 1638.
Rubentel , Sr. Marie de Sainte Natalie de,
veuve de M. le Camus Seigneur de Bou-
loyer,m. le 1.9 juillet K58.
_ Rubentel, Sr. Marie de Sainte Agnes de, m.
™' le 3 fept. 1677.
Ruble , Sr. Madeleine de Jefus - Chrift du ,
m. le ) fev. 163 3.
S.
O Andoine , Sr. Marie de l'Annonciation ,
converfe , m. le 14 av. i<> J7.
p^ - Savoniere , Sr. Helene de Sainte Agnes de ,
aflociee a P. R. des Champs , renvo'iee
apres fa fignature dans fa maifon , oil elle
eit morte le 17 dec 1681.
P. Simon , Sr. Charlotte de Saint Bernard de S.
m. le zo janv. 1671.
Simonain , Sr. Fran^oife de Sainte Catherine,
converfe, m. le 15 mai 1676.
P. Soulain, Sr. Fran^oife de Sainte Claire , m.
le If av. 1665.
Souplet, Sr. Anne Marie de Sainte Agathe;
m. le 14 fept. 1657.
Sueur , Sr. Antoinette de Saint Robert le ,
m. le c juin 1641-
Sueur, Sr. Marguerite de Sainte Claire le,
m. lei<5 fev. y liS6-
Suireau , Sr. Marguerite Prifque de l'Afcen-
fion , m. le 3 fev. '^5 J*
Suireau , la rdverende mere Marie des Anges,
AbbefTe de Maubuiflon & de Port-roial ,
m. le lodecembre J658«
|
||||
'
|
||||||||||||||
"
|
||||||||||||||
Alfhabetique, 395
T.
|
||||||||||||||
T
|
Ardif, la reverende mere Marie Gene-
vieve de Saint Auguftin le , premiere Ab- befle triennale de Port - loial, morte le x8 mars 1646. Thomas , Sr. Anne de Sainte Thecle , m. le
premier janv. \66i. Thomas , Sr. Madeleine de Sainte Melthide, * p- s- R»
m. le ir oftob. 1696. '. R> Thou de Bonceil, Sr. Marie Angelkjue de
Saint Paul de , m. le 10 av. 1657. Tronchai , Sr. Marie Madeleine de Sainte
Vi&oire,m. le 5 fev. 1*84, |
|||||||||||||
v
|
Alerie fur-Seine , Sr. Louife de Sainte ,
poftulante converfe , m. le 14 fept. 1689. Valois , Madeleine de Sainte Gertrude du , jj_ po m. le i7ix.
Vavafleur, Sr. Marie Michelle de Sainte Ca-
therine le, m. le 1 J decemb. 1708. Vavafleur, Sr. Francoife Madeleine de Sainte D-P- &•' Ide le , m. le if ddcemb. 17??.
Veillard , Sr. Catherine de Sainte Eulalie, P«
m. le 14 fev. 1684.
Veillard , Sr. Jeanne de Sainte Pelagie , con-
verfe, m. Iei7 janv. 1691. Vialar , Sr. Madeleine de Sainte Chriftine , m. le 18 janv. 1619. Villume de Barmonte , Sr. Francoife de la P *» Croix de, m. le 8 juillet 1684.
Wallon , Sr. Francoife de Sainte Darie , con-
verfe , m. le 19 mars 1681. Wallon , Si. Elifabeth de Sainte Marcelline , m. le 1 % decemb. 16% 1. FINde in Lijie Alphabellque des Rdig'uufes
de Pp R. par Us noms de kurs families, |
|||||||||||||
3+W++++^+++£:T*^^^?T^Fj;?
|
|||||||||||||||||||||
I
|
|||||||||||||||||||||
|l-**^*li^^*J-JL±fcfc*:*+++**+++-f-+1''
|
|||||||||||||||||||||
TABLE
ALPHABETIQUE
Des principals Matieres contenues
dans ce Volume. |
|||||||||||||||||||||
c.
|
|||||||||||||||||||||
A.
|
|||||||||||||||||||||
ateau-Renaud, Ab-
|
|||||||||||||||||||||
genfon (deVoyer d',
|
|||||||||||||||||||||
beffe de P. R. de Paris,
fait tranfporter a Paris tou» les effets 6c meubles de P. R. des Champs, 1 , i : prend pofTeffion de P. R. des Champs, z. faittranf- porter les Reliques , 5 : y fait degrader plufieurs cliofes, 4 : la vengeance divine eclate fur elle , 40. Compagnon (Francois)
ce qu'il etoit, fa vie edi- fiante , jio , note : f» morr, 515 , note. Couturier ( Marie de
Sainte Anne ), examen de fa fignature, 49-65: re- trace fa fignature, Sc de- favoue les fairs avances par l'Eveque de Nevers, 65 , &c. |
|||||||||||||||||||||
eftcommis pour fairede-
molirlesbatimens deP.R. des Champs, 6. Fait faifir les eftampes de P. R. des Champs, 7. B
Jj Enoife ( Matie Cathe-
rine de Ste Celinie) examcn de fa fignature , 86, 90. Bertrand ( Marie Made-
leine de Ste. Cecile), exa- men de fa fignature , 73- 75 : fa retractation , fa mort , 76, Billy ( Jean de ) ami de
P. R., notice de fa vie , fa mort, 171? , note. Bouchier, dit le grand
Pierre , domeflique de P. R.; abregede fa vie, 193: Dieu lui envoie un hom- mc apoftolique , 194: il vient a P. R. avec Ie Pere Vincent Cordelier , 196 : fon defintereffenient, 197: fa modcftie , ra piete, fes ierniercs annees, fa m. i ? j. |
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D
EfefTarts, traits de fa
vie , 31? , note 57. |
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' r'fT^W
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MATIERES. j'97
priere continuelle , 3 r 6
fon ardeur pour le tra- vail ,517: fon efprit de mortification , 318 : fa charite , fon humilite , 318 : fon zele pour la lec- ture du nouveau Tefta- menr, 319: fa feniibilit£ aux mauxde l'Eglife , fon attachement pout P. R,, 3 to : fa mort ,311. G
VJ Erberon f Dom Ga-
briel ) , abrege de fa vie , fes ecrits n<> : confeil qu'on lui fait donner a la foeur Ide le Vavafleur , 79, 80, 81 : eft calom- nie fur fes fentimens pat les Jefuites; ils font con- fondus pat le Pere Gerbe- ron mSme , 1S6 , 8cc. fa mort, 171. J
J Oncoux ( Francoife-
Marguerite de ) , amie de P. R., abrege de fa vie , fervices importans qu'elle a rendus a P. R., <o, note. Juge( Fran9oife de Stc. Agathe le ) , examen de fa fignature , 77 : eft tranf- firee a Malnoue, fa mort, 79- I
J. Sfali (Marie de Sainte
Catherine) , examen de fa fignature, H6 , 89: decla- re qu'elle a ere trompee , jo. Iflali ( Fran$oife Su-
fanne j, [anecdotes de fa vie , fa moit ,18. Note. |
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TABLE DES
E A
E*
Pargneut ( Louis 1') , cordonmerdeP. R., abre- ge de fa vie , fa more , F
J7 Lefcelles (Madeleine
de Sainte Sophie de ) , (i- gne ; ecrit a M. de Noail- les, 117 : a des peines fur fa fignature , confulce , 115: trouve mo'ien d'ex- pofer fes peines pat ecrit, 114 : transferee a Soiflons confulte M. Louail, figne une retractation , 116 : ictit a une de fes fceurs fur fa fignature, 117 : fa retractation , 118 : tranf- feree a la Villette,fa mort, IJO.
Forget, Agnes de Sain-
te Blandine) , ce qu'elle a eu a fouffrir dans fes differens exils, fa mort, 190. Fournier ( Leonard ) ,
domeftique de P. R., fa piete des l'enfance, 30S: quitte fa patrie; diftribue ion bien anx pauvres, 507: rencontre finguliere qu'il fait en route, 507 ( va & Beaugenci; ce qui lui ar- rive , 309 : fecours qu'il rrouve pour la piete, 31 r: fon ardeur pour entendre la parole de Dieu , 311: va demeurer a P. R. des Champs, fes occupations, 513 : on lui refufe l'abfo- lution pour fon aitache- mentaux Reljeieufes, 314: eft challe Am. R. 314 : va etre jardinier a Vot- fins , fa piete , j 1 j ; fa |
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j?s t a :
M
JV1 Arthe ( Francoife
Agnes de Sainte Margue- rite de Sainte ), eft fe- duite, pat quels moieris, iji, &c. fa lettte i M. de Noailles, i j 3 : fa more, 137. *3°-
Mefnil ( Louife de Ste.
Anaftafte du) , Prieure de P. R. des Champs, fa captivite , fa fermeie, zo6, 107: fa vettu eft admi- ree pat fes geolieres, fa maniere de vivte dans fa captivite , xo8 : refute la lettte de M. de Noailles aux religieufes captives, no , &c. fa detniete ma- Jadie, i«7 : fon entretien avec l'Evequc de Blois fut lafignatute, 119 ,&c. fa fenfibilitS a la ptivation des Sacfemens, 113. L'E- veque outte de n.avoir pu la gagner pour la fignu- tute defend de l'enterret en terrc fainte, Z14: elle fe confefle publiquement, 125 :famortn«. Ordres donnes pat M. de Blois pour fa fepulture, 116 : temoignage rendu a fa vertu pat fes geolietes , 118 M. de Noailles em- peche qu'on fafle un fet- vice pour elle a P. R. de Patis, 119. Moliac (Pietre ), abre -
ge de fa vie, 300: fon teftament, 301, &c. Montperoux, Abbefle
deP. R. de Paris, fait pro- pofer aux religieufes de V. R. des Champs difpei- fees de venir a P. R. de Paris, 18 j; hipocrifie de |
! L E
fes defleins de tcforme i
N
N
Oailles (Louis An-
toine de), Archeveque de Paris, la vengeance divi- ne eclate fur lui pour la perfecution faite a P. R. , 40: publie le Recueil des aftes & pieces concernans les iignatures des religieu- fes non foumifes , 95 : rompt le filence a leur e- gard , 97 : fa lettre aux teligieufes captives, 98 , &c. la refutation de fa let- tre , 1 io» 6cc. no, tefufe de confentir a la reunion des religieufes de P. R. dif- perfees, 177 : fon deficit! de les mettre a P. R. de Paris,i77: il permetqu'on les fafle revenir dans des couvens de fen Diocefe, ifi : s'oppofe a ce qu'o» fafle un i'ervice a P. R. de Paris pour la mere Prieure morte en exil a Blois, 119 : admet a la participa- tion des Sactemens la Sr. du Valois, 165, 167 ■ de- vient le protedeut de 1* fceur du Valois, tjS, Noir ( le ) dit de Saint
Claude, folitaire de P. R. fa maniete de vivre a P. R., 3x3 : rendfervice aux religieufes , eft arrete 8c mis a la baftille, 314 : eft l'infttument dont Dieu fe fctt pout convettir un Calvinifte, 3 zS : fort de la baftille, 318: perd la vue; fa vie privee & retiree , 31 j , 8cc. combien il e- toit fenlible aux maux de l'Eglife, }jti fa fawts
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TIE RES. is?
reperl, 10 , &c. tranfport
de p'ufieurs corps & cceurs a Magni, zj , &c. exhu- mation des corps confon- dus enfembles , 17 : defor- dre de l'exhumation ; quel fpedtacle, 18 , &c. tranf- port des corps exhumes dans le cimetiere de Saint Lambert, 31 : prodigesqui portent les caracteres du doigt de Dieu qui venge 1'injure faite a fes Saints, 31 , 8cc. les malheurs ar- rives a la France , regarded a la Cour meme comme unepunition de ladeftruc- tion de P. R. , 35 : mal- heurs de la France depuis qu'on eutjute la pette de P. R., 3«, &c. la ven- geance divine eclateifur Clement XI, 3ji:furl'Ab- beffe 8c les religieufes de P. R. de Paris, 40 : fur le Cardinal de Noailles , 40 : fur les Jefuites, 41. Port - Roi'al (les Reli-
gieufes de) des Champs ; traitemens qu'on leur fait apres leur difperfion pour les faite figner,4; : mo'i'ens employs pour iesfeduire, 44, Sec. J3 , &c. 91 : idee du Recueil de leurs figna- turcs, 95, £cc. nuUite de leurs fignaiures, $6, 138, &c. Projet de les reunir dans un meme lieu, 171, &c. placet prefente a M. le Regent pour obtcnir cet- te reunion, le Cardinal de Noailless'y oppofe, 176: M. de Noailles veut les reunir a P. R. de Paris , diftkulte de ce projet , 177: elles refufent: leuts motifs, 1S0 : des amis leur |
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DES MA
mort; concours de mon-
de & fon deces, 5)5. Noit (Jacques le ),ami de
P.R.; anecdotes de fa vie , fa mort, 519 , note f S. *>Joifeux ( Denifede Ste.
BafililTe ) , eft transferee a Malnoue ; fon afEduite a rsmplir tous fes devoirs, famoit, iSj , zjo. P
JL Acori ( Ambroife ) ,
fommaire de fa vie, fa mort, in ,Note. Pepin (Lucie) examen
de fafignature, 8i, 8cc. retradle fa (ignaturc , fes differentes tranflations, fa moti , 8f. Pomponne ( Nicolas-
Simon ) obtient permif- fion de faire tranfporter i Pomponne les corps & cceurs de fa famille inhu- mes I P. R. des Champs; 11 : flatterie lache & indi- gne de fon nom par la- quelle il obtient cette per- miflion ,11. Port Roi'al des Champs,
ondemolit cette Abbai'e, jL, 6, 7: les corps y font exhumes, 8, &c. les corps & cceurs des Arnaulds transfers iPalaifcau,13: inhumation decesprccieu. fes depouilles a Palaifeau, j ?: a&e de 1'inhumation, 16: transports des autres corps en diffirensendtoits, 17 : corps de Meflteuts lc Maitre , 18 : beaucoup de corps font relies fous les ruines ,19: tranfport du orps de M. du Guet de cagnols; ptodige auive 5c |
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'400 T A :
confeillent cette reunion,
181: l'AbbefledeP. R. de Paris la leur propofc, elks la refufent , 185 : elles confultent le P. Quefnel, fa reponfe, 18s : elles en font d^tournees par des amis, 187: il leur eft ac- corde de revenir dans le Diocefe de Paris , 191 : leurs amis les exhortent a profiler de cette permif- fion; elles fe rendent a cet avis, 19j : eelles qui one £te transferees a Malnoue y ont ere un fujet d'edifi- cation , 196 , Sec. retour de quelques Religieufes dans le Diocefe de Paris, 130 : mort de plufieurs d'entre elles , 187 : les eonverfes n'ont pas moins cdific que les Religieufes de choeut, 188. Porr - Roi'al (les Reli-
gieufes de) de Paris, fe metttent en po*Teflion de P. R. des Champs, 1 , &c. leur pretendue convetfion, j8z: leur converfion s'e- vanouit, 1 «o : fe foule- vent contre le Cardinal de Noailles, 191. R
R
Emicourt (Anne Ju-
lie de Sainte Syncleiique de ) 5 examen de fa figna- ture , 90 : on obtient per- miffion de la faire revenir dans le Diocefe de Paris, 199 : l'Abbefle de Belle- fonds refufe de la rendrc; artifices dont on fe fert pour la retenir dans les fers, 100 > 8cc. |
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I L E
T
X Erraflbn , Cure de
Treigny au Diocefe d'Au- xerre, Superieur de P. R. de Paris, celebre par fes predications, afFoibli par la prifon , fa chute deplo- rable , 183 , note 7. V V Alois ( Marie Made-
leine de Sainte Gertrude du), fa vie ijx : fon ar- deur pour prendre l'habic de religion a P. R. 13} : on le lui donnne, 135 : les progres dansiavertu, ljs: guerifon operee fur elle,x37: la grace eclate en elle, 138 : eft exilee a Chartres; difetre ou ellc s'y trouve pour le fpiri- tuel & le tempotel, 140 , &c. protelle contre tout ce qu'on pourroit lui faire faire par furprife , 14* : prend le parti de ne plus repondre a M.de Chartres, 249 : eft transferee a Man- tes, 151: rencontre fingu- liere qu'elle fait dans la route, ij3 : fait les deli- ces de la communaute de Mantes, & en eft l'exem- ple par fa vertu , z 1 f, Sec. on obtient fon rappel, z<Si : fa lettre a M. le Car- dinal pour lui demander la communion , z«z : eft admife a la participation des Sacremens, Z67: palfe quelques jours au Calvaire du Luxembourg, y re$oit les vifii.es de plufieurs per~ fonnes, z«8 : fon zele pour s inftruire avant la difperfion, 171: fa pru- acne* |
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D E S M A
dence, ibid, eft envoVee &
l'Etree, etat attuel de cetie AbbaVe, 174 i en eft la benediction 27; : a pour protedteur M. de Noailles, Z7« : ecrit au P. Quefnel , ibid, en recoit reponfe , 17* : fa vie dans l'Abbai'e |
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T I E R E S. 401
de l'Etree, 185 : fa der-
niere maladie , fa more, 185. Vavafleur ( Madeleine
de Ste. Ide le ) , elle figne , 79: refte dans lelieu de foil exil, fa more, 82., |
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C O N C L U S 1 0 N.
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ter de ces grands mode les,
340. On ne peut alleguer aucun pretexte pour fe dif- penfer de les imiter, 340. Chacun doit choifir celui qui lui convient pour y confotmer fa vie , 341. Fruits des bons exemples que Dieu demande de nous, 341. Priere de l'Auteur aux
Lefteurs, 343. Priere fur la deftru&ion
de Port-Roi'al, 34s. |
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J2j Ffet que doivent pro-
duire en nous les exem- ples de vertus qu'a donnes P.R. 335. On ne doit pas fe concenter de les admi- rer , il faut les imicer, 337. C'eft par la vie & les actions, & non pas feule- ment par des paroles que Ton doit faire voir l'efti- me que Ton doit avoir pour P.R. ,338.Motifs qui doivent engager & profi- |
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FIN de la Table des Matieres.
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Tome X. S
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Fautes a corriger dans ce dixiemc
Volume. |
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X Age 18. ligne 10. efface^ Upoint.
Page 46. not. col. 1. ligne j.fi, Ufa ,fit.
Page 49. ligne 4. Anne, Ufa Jeanne. Ibid, ligne J 4
Juge,Ufa Begue. 1710, i/ej 1711.
Page ffl.Iig. 17. lerecueil, Ufe% le recueil. Page 76. not. col. 1. ligne 6. elles, /i/ej elle. Page 79. ligne 14. Marie , ajouter de Moulins. Poge 118. ligne 13. reprefent£e , life reprefence. Page i8j. not. col. i. ligne 3. tiifte, Ufa trifle. Page zoj. ligne 16. dela , Ufa la. Page 3 37. ligne 13. defaut, Ufa defauts. Page 348. ligne if. fuls, Ufa fuis. Page 3y«. ligne 29. Die, tify Dieu. Page 361. ligne 13. mor, t tifataottn Page 3157. ligne 1. i«;8 ,Ufej i6jS. |
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