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HISTOIRE
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D E
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PORT-ROIAD
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^s^y/2.
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HISTOIRE
GENERALE
D E
PORT-ROIAb
DEPUIS LA REFORME DE L'ABBAIE
jufqu'i (on entiere deftru&ion. TOME SIXIEME,
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A AMSTERDAM,
Chez JEAN VANDUREN.
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M. DCC. XVI,
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HISTOIRE
GENERALE
D E
PORT-ROIAL.
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SECONDE PARTIE.
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Suite ducinquieme Livri-
J^ O us quittons a regret ledifiant 1665.
fpedacle du faint defert de P. R. des i Champs, pour en voir un bien Mc-J^%l rent dans la maifon de Paris, dont 1 or- K. dc eafc. dre des terns demande que nous par- lions a prefent. Nous venons^ de voir une nombreafe communaute , com- Tome VI. A |
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1 HlSTOIRE DE PoRT-ROl'At.
"** pofee de foixante-onzc vierges chretien-
nes , qui, au milieu de la plus violente perfecution , jouifTent dune paixpro* fonde , parnu lefquelles refide l'efpric de Dieu &C fa fagefle qui ne les aban- donne point dans les liens; & nous en allons voir une, compofee de dix ou douze religieufes, dans laquelle regnent le trouble , la confufion, Fefprit d'in- trigue & de cabale, & tons les maux que l'ambition eft capable d'introduire dans une maifon religieufe. La maifon de P. R. de Paris fe trou-
va enfin reduite , le 5 feptembre , par les grands retranchemens que M. de Paris y avoir fairs, a douze religieu- fes de choeur, dont deux eroient im- beciles , & privees depuis longtems de toute voix. Les autres eroient les fceurs Elizabeth des Anges de faint Paul , Catherine de fainte FlaviePafTart, Phi- liberte de fainte Madeleine Morelle , Jaqueline de fainre Catherine d'Oxin , Marie]de fainte Dorothee Perdreau , Madeleine de fainte Melthide Tho- mas , Catherine de fainte Pelagie Ha- melin , Marie Aimee de fainte Pela- gie de Buzenval (niece de M. de Beau- vais), Marguerite de fainte Euphrofi- ne deCreil, & Ifabellede faint Jofeph. Voila ce qui compofoit la nouvelle |
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II. Pahtie. Llv. V. 5
communaute , non de l'inftitut dufaint x(,^c Sacrement, mais de l'inftnur du for- mulaire. Voici un portrait fidele du caractere de ces religieufes. » Enfin a tout prendre, die la fceur
»' Pineau, cette communaute eft com- Quito •» pofeede douze perfonnes ( i ), def- etoiem lesre- » quelles les deux plus anciennes font ^""IZ vn » tolles au dernier degre, ll y a plus » de quarante ans, ( Scent Matie *> de la Nativite, & Soeur Cathe- w rine de faint Benoit. ) ll y en a w deux autres , ( la fceur Catherine t> de fainte Pelagie Hamelin, fceur » Elizabeth de faint Jofeph ) qui font »> a demi folles , & qui pafleroient » pour des folles achevees, fi ce n'e- »> toit que les deux premietes les font » valoir 8c leur donnent du luftre , »j parcequ'elles font encore plus folles »» qu'elles. Il y en a deux melancoli- i' ques, ( fceur Dorothee Perdreau , 5i fceur Euphrofine de Creil, ) qui »» pafleroient bien pour hypocondria- »» ques en un befoin. Il y en a » deux , ( Elizabeth des Anges de « faint Paul , fceur Philiberte de » fainte Madeleine Morel, quin'ont w gueres plus de raifonnement que |
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(i) Hift. ics Perfec., p> H<-
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Aij
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4 HlSTOIRE D E PoRT-ROlAt.
££. »> des betes : & deux autres, (four
» Jaqueline de fainte Catherine d'O- w xin , four Aimee de fainte Pelagie » de Buzenval) fi entetees & fi arretees » a leur fens, qu'il n'y a rien a leur dire, » quand elles ont une fois mis quel- » que chofe dans leur cervelle. Et »» les deux autres ( four Flavie & four „ Melthide du Foffe) font deux lege- » res,quitournentatous vents, comme » des moulins , quoiqu'avec des 5) principes difterens, Tune n'etant le- u gere & inconftante que par fcru- » pule & par je ne fais quelle facilite » a croire ce qu'on lui dit, ( four Mel- $> thide) •, 1'autre ( la four Flavie ) }> eft lcgere & inconftante par un exces » d'amour propre, qui lui renverfe le » fens & la raifon en la maniere qu'elle » l'a fait paroitre dans la conduite » qu'elle a tenue dans les affaires pre- »> fentes. » Voila une partie des rares quali-
»> tes des fujets , qui compofent la »> communaute de M. l'Archeveque : » que s'il n'a gueres gagne en les ga- » gnant, nous n'avons gueres perdu v en les perdant, Comme ce nouveau monaftere doit
iT'scrm f°n origine a la fameufe four Flavie ,
Flavie p»fr il_ eft important qu'on connoilfe pe. ra,- |
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II. Part ie. Llv. V. 5
te fujet. Elle etoit fille d'un taneur
de la Ferte-Milon. Sa mere aiant quit- re fon pais pour etre tourriere a P. R* des Champs , fa fille l'accompagna etant encore fort jeune, & demeura au dehors avec elle pendant quelque terns. Le defir qu'elle temoigna d'etre religieufe engagea les meres a la rece- voir au dedans; mais fon caractere la fit renvoi'er au bout de quatre mois. Elle avoitalors quatorze ou quinzeans. A l'age de de 19 ans , elle alia a Gif, y fut recue , fit profeilion, & reullit fort bien a tromper les religieufes , tant par les dehors d'une grande regu- larite , que par l'eclat des miracles qui s'operoient fur elle 5 car routes fes ma- ladies vraies ou faulles ne fe guerif- foient prefque jamais que d'une ma- niere merveilleufe. Apres avoir demeure quelques an-
nees dans l'abbaie deGif, elle vint avec la permiffion de fes Supe- rieures a P. R. pour y embrader la grande regie de faint Benoit. Elle y rut rec_uegratuitement & elle y eprouva tant a fon egard qu'a l'egard de quel- ques perfonnesde fafamille, combien la charite de ce monaftere etoit gran- de. " L'ambition fecrete de cette rs~ » ligieufe , comme le dit la fcenr A iij
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C HlSTOIRE DE PORT-R01AI.7
» Angelique de faint Jean, jointe 3
» un terrible jugement de Dieu fur » elle, fit qu'elle s'acquit tant d'eftime » & de creance dans l'efprit des pet- » fonnes qui gouvernoient la maifon « de P. R. , qu'on la crut d'une ca- « pacite extraordinaire pour l'educa- »» tion des enfans, a qnoi elle avoit « ete emploiee dans la maifon de Gif.» II y a bien de l'apparence que ce frit ce qui la perdit. M. Nicole parle du caradere de fon efprit dans fes Lettres Vifionnairts, furtout a la fin de la qua- trieme. La four Flavie commeiKja fa trahi-
c fon des la fin de 1661 s du au cqmmen- " cement de i66z, comme nous Tap- prenons de MademoifellePerrier, qui en donne les preuves dans une lettre , dans laquelle elle rapporte des faits qui le demontrent (1). MademoifellePer- rier avoit ete elevee a P. R., elle alloit voir fouvent la four Flavie, qui avoit ete fa maitrefie : celle-ci temoignoif a fon eleve , &c a Mademoifelle fa four , qu'elle craignoit bcaucoupque les religieufes ne fe laifTairent aller a. la fignautre du formulaire ■, elle les prioit de demander a M. Pafcal leur fi) Rec. in-u. Siipl. de Foat. du Foff. p. pjr
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II. P A R T I E. L'lV. V. 1
Oftcle j des inftrudtions pour elle, arm 1665.
qu'elle s'en fervit pour fe foutenir elie-meme & pour fortifier fes foeurs •, elle leur demanda furtout avec inftan- ce un ecrit qu'il avoir fait fur cecce ma- tiere. Les demoifelles Perrier le de- manderent a M. Pafcal, qui le donna avec repugnance, & a la condition qu'on n'en tireroit point de copie , & meme que la fceur Flavie ne le com- fnuntqueroit a perfonne, & qu'elle le rendroit dans fix femaines. Elle le ren- du en eftet , mais apres l'avoir fait voir a M. Chamillard qui en pris copie. Cela fe palTa en 1661. Trois SUUS apres , c'eft-a-dire en 1 <5cT 5 , il {>arut un ouvrage du Pere Annat, dans
equel ce Jefuite rapportoit de grands extraits de l'ecri t de M. Pafcal: alors les demoifelles Perrier allerent voir la foeur Flavie, & lui firent de grands reproches de fa trahifon , qu'elle n'ofa defavouer, Elles lui reprocherent en- core qu'elle avoit train la maifon, 8c fait iortir les feize religieufes qui avoient ere exilees ; que fon deffein etoit d'etre AbbelTe , mais que Dieu ne permetroit pas qu'elle le fCic. A tous ces reproches , auxquels la foeur Flavie ne fit aucune reponfe , elles en ajouterent un autre qui regardoit Ma- Aiv
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8 Histoire de Port-roYal.
jijj, demoifelle de Roannes, qu'elle avok fait exiler par une de fes delations : voici le fait, v. Mademoifelle de Roannes avoit a lafccurFU- {"on fervice une Demoifelle nommee
de lexii de Ratier, qui ai'ant pris l'habit & P. R. Mademoifel- avant les fepC novices qu'on fit fortir le de Roan- f . n , 3 . . r
aei. en i66\ , etoit reitee dans la mailon.
Cette Demoifelle envoia prier Made-
moifelle de Roannes de la venir reti- rer, lorfqu'on enleva les i ^ premie- res religieufes en 1664. Mademoifelle de Roannes alia a. P. R. avec les De- rnoifelles Perrier , qui demanderent d'abord la fceur Flavie, laquelle vint tout en pleurs. Ces Demoifelles ju- gerent que l'enlevement des religieu- fes etoit la caufe de fes larmes , 8c non le defefpoir oil elle etoit qu'on eut mis des filles de fainte Marie dans la maifon. Mademoifelle de Roannes interpretant de la forte le fujet des lar- mes de la fceur Flavie, lui parla ainfi: » Ma fceur, je vous prie de dire a ma j> foEur Anaftafie ( c'etoit le nom qu'on avoit donne a la Demoifelle Ratier ) » que je ne veux point la retirer fi-rot, » parcequ'il eftbon qu'elle refte encore » ici quelque terns pour obferver s> tout ce qui s'y pafTera •, & par ce >> moien nous faurons bien. des chq- |
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II. Pariie. Liv. V. 9
•» fes , que nous ne pourrions pas fa- \CG\,
»•> voir autreraent. » Huit jours apres queMademoifelle deRoannes eutpar- le de la forte a la fceur Flavie , elle re- cut une lettre de cachet qui la rele- guoit en Poitou M. le Due de Roan- nes fort furpris de cet ordre alia s'in- former aupres de M. de Paris d'ou pou- voit venir cette difgrace : le Prelat lui fit fans detour la reponfe fuivante : " Monfieur, Mademoifellevotre fceur m fe mele de chofes dont elle ne de- » vroit point fe meler. ElleauneDe- » moifelle aP.R., qui eft novice & « qui l'a priee de la retirer, & elle » lui a fait reponfe d'y refter pour « obferver tout ce qui fe paflfera & » en rendre compre. « M. de Roan- nes fort etonne pria M. l'Archeveque de faire revoquer l'ordre & l'obtinr. Enfuite il vint rapporter tout cela a ces Demoifelles , qui etant allees voir en 16(35 'a four Flavie, lui fi rent les reproches dont nous avons parle , 8c 1c r'ofn. nier le fait. Quoique la fceur Flavie efit de mau- vr.
vais deffeins depuis Tan 1 661 , comme „s?,tral"'fon ., r. .. , ., ,r. cltaecouverte
on vient de le voir , elle les degui'oit, par la fecur
afin de mieux arriver a fes fins. Le f^af'jevJ^ terns de la perfecution la demafqua -y &c il parm manifeftement en 1664, Ay
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10 HlSTOIRE 0E PoB.T-K.01AE.
iC6<S qu'elle avoir refolu de traliir la veritf.'
tic la comtnunaute. Ce flu pour cela- qu'elle fe lia d'une maniere parficu- liere avec M. Chamillard, mais d'a- bord ft fecretement que perfonne ne s'en apperc^it: enfuite elle fit tout ce qu'elle put pourfe rendre recomman- dable aupres de M. de Paris. Elle lui fit entendre qu'il falloit faire fortir i z des principalesreligieufes, & qu'apres cela, il viendroit a bout des autres. La foeur Angelique de faint Jean fut la premiere qui s'apper^ut de fes tra- hifons , & elle crut devoir avertir , lorfqu'elle fortit , quelques-lines de fes fceurs , de s'en defter. La foeur Angelique de faint Jean eprouva elle- meme de quoi etoit capable la fceur Flavie pat fes delations : car elle ac- cufa la fceur Angelique de lui avoir dit ( comme elle temoignoit de la dif- ficulte a abandonner les cinq propofi- tions , ) qu'elle ne devoitpas craindre de les condamner , parctquil n'eeoit pas encore terns de Us defendre. La fceur Angelique fe crut obligee de s'adref- fer a M. de Paris lui-meme pour fe juftifier de cette calomnie; ce qu'elle fit par une lettre du 5 novembre de l'annee 1665. Elle eft rapportee dans le journal joint aux granaes relations , |
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II. P A R T I E. Liv. P*. I I
p. 51. Des delations de route efpece 166$,
dont les ecrits publies par M. Chamil- lard & les Defmarers de faint Sorlin , les confidens de la foeur Flavie , four- nhTent lapreuve, auroient bien indif- pofe contre elle fes meres & fceurs fi elles n'eulTenE ere veritablement des Saintes. Elles conferverenr cependanr roujours vni fiour elle une grande charire , & elles fa^ra'pour8"
ui en donnerent des marques en plu- elle< fieurs occafions (2). Peu de rems apres qu'elles furenr roures chaflees de la maifon de Paris & reunies dans le de- fert de P. R., elles apparent que cel- le, qui par fes intrigues les avoit fait traiter de la forte , etoit tres dangereu- fementmalade , ai'ant ere frappee d'a~" f>oplexie ; cette nouvelle repandit l'al-
arme dans la communaute. La mere Agnes fit aufii-tot un billet pour en avertir les fceurs & la recommander a leurs prieres. Elles en furent rou- tes fenfiblement affligees, & temoi- gnerent meme la plupart par leurs lar- mes, qu'elles etoient fi eloignees d'a- voir aucun reffentiment contre elle , qu'il parut au contraire dans ce mo- ment qu'elles avoient entierement ou- |
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(1) Journal, p. fj.
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Avj
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VI HlSTOIRE BE PORT-ROl'At;
~7TTT blie le pafle, pour ne plus fe fouve->'-
nir que de lui rendre toutes fortes da devoir de charite en tachant d'attirec par leurs prieres & leur gemiffemens la mifericorde de Dieu fur elle. Le deffein de M. l'Archeveque , |
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VIII.
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ffein de apres avoir fait fortir de Paris toutes
m. dci'aris, les religieufes qui ne vouloient point t?„f%wL.r£e faire un faux ferment, etoit de nom- met cette ioeur Mavie lupeneure par commiffion ; mais il jugea enfuire , avec fon confeil ,, M.. Chamillard & la mere Eugenie , que cela ne pouvoit avoir un fucces conrorme a leurs de- firs : car il fouhaitoit faire un etablif- fement •, & la raifon leur didtoit, qu'il y auroit peu de monde qui vouliit s'en- • gager dans une maifou fi peu atTermie. C:eft ce qui le fit changer de resolu- tion , & prendre celle de faire elire vine AbbeiTe. Pour faciliter l'execur tion de fon deffein, il declara que les religieufes de Paris faifoient corps de communaute; & fans obferver aucune des formes juridiques & necelTaires , il declara celles qui etoient aux champs , privees de voix actives Sc paffives, & incapables de faire corps de communaute. Cette- fentence fur fignifiee le 6 feptembte 1665. Avant que d'ea venir a 1'execvt- |
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II. Part ie. Liv. V. 15
tion,ilvit en particulier les dix reli- i^t^ gieufes , pour favoir celle qu'elles avoient en vue ; apres quoi il prit jour pour venir faire fon ele&ion , qui devoit etre vers la Touflaint. Mais l'election fur differee , parceque le Roi, a qui M. l'Archeveque crut devoir en parler, lui dir de ne fe point hater : ce qui le morcifia beaucoup ,, parcequ'il croi'oit que fon honneur y etoit intereile. C'eft pourquoi il re- vint a la charge, & appuie du credit de la Reine , a qui la mere Eugenie en fit parler , il obtint la permillion de faire l'election d'une AbbefTe. Les deux afpirantes , la fceur Flavie & la fceur Dorothee , furent pendant cet intervalle qui ne fut que de quel- ■ques jours , dans une grande inquie- tude , par la crainte qu'elles avoient l'une &c 1'autre de ne pas avoir une place qu'elles defiroient egalement. M. l'Archeveque vint done le \6 F" n .
j TJ 1 1.11 a' La fceur DO«
novembre pour prender a 1 election. rotheeeftawj
La fceur Dorothee eut fept voix deAbbeffc* dix , & fur confirmee par le Prelat, qui fit chanter le Te Deum , que la fceur Melthide fut Ji malheureufe que de commencer , comme elle le dit dans fa relation. Cette election futun coup accablant pour la fceur Flavie qui s'at- |
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'T4 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt
r J(j(j< tendoit qu'on penferoic a elle , &
qu'on la recompenferoit de tous les iervices qu'elle avoit rendus. Cette pauvre fille n'eut pas aflez d'efprit , ( quoiqu'elle n'en manquat pas d'ail- leurs) pour penfer que fi on aime la trahifon, on n'aime pas les traitres. Elle avoit deja etc extremement fuiprife , lorfqu'elle vit, apres l'enlevement des douze premieres religieufes, qu'on eta- blilToit des fdles de lavifitation pour gouverner la maifon •, mais ce fut bien autre chofe , lorfque la fceur Dorothee fut elue Abbefle a fon exclufion ; elle en eut un tres grand chagrin , & il eft etonnant qu'une perfonne auifi vive ait pu y tenir. x Autant la fceur Flavie fut affligee de conduite voir routes fes efperances evanouies ,
l"fautDoro- autant la fceur Dorothee fut fatisfaite ihce, de voir fes defirs remplis. Ellefe mit a la place de l'Abbefle d'une maniere
aufli aifee , que fi elle l'avoit toujours occupee. Des le Jour de fon election, elle fit entrer quatre ou cinq poftulan- tes dans la maifon , qui fut bientot remplie d'un bon nombre de filles, parceque la nouvelle Abbefte recevoit fans choix tout ce qui fe prefentoit. Comme la plupart favoient a peine fere , on pria un bcneficier. de NoWt |
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II. Parti e. Llv. X M -
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Dame de leur apprendre i prononcer "~7<$<j7
le latin & le plein-chant. II leur fit chanter un motet en mufique a la prcn ceifion dii faint Sacrement , que M* 1'Archeveque avoit promis de fake le jour de 1'odlave. La conduite de la foeur Dorothea
repondit a l'irrcgularite de fon elec- tion. Elle ne fut pas plutot elue qu'elle fit divers changemens dans la maifon. Elle retrancha les deux melTes conven- tuelles, excepte les dimanches & fe- tes , parceque cela interrompoit l'orai- fon , a. ce qu'elle difoit. Comme elle etoit extremement defiante , & qu'elle vouloit que tout lui pafTat par les mains, elle ne put fe refoudre a quitter le tour, auquel elle avoit pris goiit, 8c ou elle faifoit fa refidence ordinaire depuis que M. TArcheveque l'eut nom- inee celleriere ; c'eft pourquoi elle ne regarda pas cette fonction incompa- tible avec fa nouvelle dignite-, mais elle crut qu'en qualite d'AbbelTe , elle devoit avoir un lieu plus decent pour fe placer, que celui qu'elle avoit auparavant Ainfi elle fit accommoder la petite galerie , qui etoit au-de(Tus de celle du tour , pour s'y ponvoir re- tirer pendant le jour , afin que par ce moi'en on ne fit rien au tour qu'elle ne |
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\6 HiSTOIRE »E PoRT-ROI At/
^-HiGc, le flit. La prefence de la mere Euge-
nie & de fes religieufes, qui demeo- rerent encore quelque terns a P. R. apres fon election , la retenoitun peu , & ce ne fut qu'aprer' leur depart qu'elle fe donna carriere. Elle ne les voi'ok qu'avec peine , & difoit que c'etoit iin oeshonneur pour la mailon , parcequ'il fembloit qu'elies n'etoient pas capables de fe conduire elles-memes , qu'ainfi il falloit prier M. Chamillard de les faire retourner dans leur couvent. XI. Un peu avant le depart des filles de
Rcglcmcns f j M ■ M> d p^ ^ > p R>
oeM. de Pa- '. . sis. entra au chapitre & y ht plulieurs or-
donnances; i". Que l'on fe defit de
toutes les reliques que Ton avoir des faints modernes. i°. Que Ton otat les tableaux de quelques faints , parceque Ton avoir fait tirer les portraits de quelques perfonnes mortes. 30. Que Ton 6tat la tombe de M. de faint Cy- ran , & qu'on la defit entierement; ce qui fut execute dans le moment , en eftacant route l'ecriture de la pierre. 4?. Que l'on rendit tous les livres nou- veaux , & que l'on remit les ecrits de devorion a M. Chamillard, fans l'ordre duquel on ne pourroit les gar- der. Apres ces ordonnances , chacim fe leva en confufion , & M. l'Aich&t |
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II. Part ib. Liv. V. 17
Veque s'approcha de la fceur Marie kj^c, Aimee Sc de la foeur Melthide , parce- qu'il s'apper^ut qu'elles etoient cho- quees de les reglemens, & il tacha de les adoucir. Le mere Eugenie, apres avoir fait xit.
faire ces reglemens, s'en retourna en fa La mere lot ■ r 1 & r ■ « • -J Kcnle 1ultte
mailon de laint Antoine an mois de p. R.pourre-
decembre, vers la faint Thomas , laif t1?ui'^n^ iant la fceur Flavie fort affligee de fon re. depart, & la nouvelle AbbeiTe au con- def™„*^ traire tres fatisfaite. Auffitot qus eel- ie pretendu* le-ci fe vit maitrefTe abfolue , elle Abbefle* commenca a agir d'une maniere toute differente de ce qu'elle avoit dejafair. Eile fe fit accommoder une chambre pour y coucher lorfqu'elle fe trouve- roit mal , 8c y demeurer le long du jour , avec une autre petite chambre attenante pour lui fervir de cabinet. Dans la nourriture , dans les habits , 8c dans tout le refte , elle ne s'eloigna pas nioins de la conduite des dignes fuoerieures qui avoient occupe la place qu'elle venoit d'ufurper. Mais elle s'en ecartoit encore bien davan- tage par la maniere dont elle traitoir fa communaute , Sc en particulier la fceur Flavie, qui, quoiqu'elle eut pour cette intrufe tous les egards , & meme de plus grands qu'elle n'en avoit ens |
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*8 HlSTOIRE DE PoRT-Ro'lA£.
1665. Pour les fuperieures legitimes , efluioif
de fa part les traitemens les plus durs , & en raeme terns les plus merites. Elle en fut reduite a un point quelle ne> faifoit que pleurer & gemir; mais elle ne fut pas aflez heureufe pour fentir le doigt de Dieu fur elle , 8c reconnoitte que c'etoit une jufte punition de fes' prevarications & de fes trahifons. Elle avoit fait fortir fes meres 8c fes fceurs j elle avoit fait chaffer & enlever fes. fuperieures legitimes, & le Dieu ven- geur , qui punit les homines par les- chofes memes par lefquelles ils one peche, permet qu'elle fe choififfe une fuperieure qui devient fon fupplice« Cell ainfi que les habitans de Sichem * apres avoir fait mourir les foixante-dix enfans de Gedeon qui avoit expofe fa vie a tous les perils pour les delivrer des Madianites , choifirent pour Roi Abimelech, fils de fa concubine, le- quel fut a l'egard de ceux qui l'avoient choifi, un feu qui les devora & qui les confuma, felon la prediction de Joa- than (f). Telle fut la foeur Dorothee a. l'egard de celles qui la choifirent pour AbbeiTe contre toute juftice , &c au mepris des foixante-dix religieufes qui |
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■(3) Lit. des Juges, chap, j*
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II. Part i e. Liv. V. 19
£toient dans la maifon de P. R. des i66<.^
Champs. *i Celles-ci ne firenc pas d'abord op-
pofition a l'ele&ion de l'intrufe , par- ceque l'etat de captivite dans lequel on les tenoit ne le leur permettoir (6) pas. On voit par un billet de la iceur Angelique de faint Jean , du 23 00 tobre , qu'elles defiroient favoir ce qn'on jugeoit qu'elles duilent faire an cas qu'on vouliit leur donner une Ab- be ire ; & elle ajoute : <> Pint a Dieu , » que celle qui fera fi miferable que m d'acceptet une telle charge , fe vou- m lut contenter d'ufurper notre maifon " de Paris , Sc qu'elle laiflat en pais 5> a Jefus -Chrift le troupeau qu'il a » choifi &c amene au defert. Cela » feroit jufte &c conforme a la fen- » tence , qui nous declare incapables, » de faire aucun corps de commu- n naute : car ceux qui pretendent que »» nous ne fommes pas un corps, n'ont w que faire de nous chercher de te- » te.....Cette nouvelle tentation
m va etre fort grande.....Car
„ les chofes 011 T'on ne voit point de
„ fin , font celles qui laffent davanta- „ tage la nature : mais ce n'eft pas i, de nos forces naturelles que hou* (S)Journ. p. $}, col. i,
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26 HlSTOIRF. DE PoRT-ROl'At.
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I<$6r. » prefumoris, ni pour les petites oc-
» cafions ni pour les grandes .... » Celui qui nous a foutemies un an , » nous peur nourrirquarantejours dans •> le defert du pain des Anges, ii la » rerre eft fiingrate, qu'elle ne pro- » duife plus rien pour nous. La foeur Dorothee futelue, comme
tetteiigieu-nous l'avons vu le \6 novembre: les
f« de v. r.. religieufes de P. R. des champs, ju-
des champs ■ or • ' • ir '.
formem op- geoient que certe artaire etou aliez lm-
poiniona le- portante pour y faire oppofition , fceur Doro- mals "un cote enes n aVOient aUCU-
*fe« ne voie pour s'informer fi les per-
fonnes chargees de leurs affaires
etoient en pouvoir d'agir •, & de l'au-- tre cote voi'ant qu'elles avoient les mains liees, & qu'on pourroit nean- moins prendre avantage de leur filen- ce , quoiqu'injuftement, puifque leur captivite etoit une excufe legitime , elles recommandoient cette affaire a. Dieu, afin qu'il prit la protection d'u- ne communaute, qui n'avoit point d'au* tre interet que ceux de fa gloire dans cette affaire, & qui aimoit mieux fe voir accablee & ruinee fans reffource, que d'avoir cede volontairement quel- chofe au prejudice de la verite & de, la juftice chretienne (5). Cependam le <5) Journal, p. So. m
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II. P A R T I E LlV. V. 21
terns s'avan^oit, & elles craignoient de
laiffer pafTer les quarante jours de- puis cette pretendue election, fans renouveller leurs appels & fignifier leurs oppositions. Ce terme devoit echoir a Noel ,' & Dieu permit que peu de jours auparavant la meme pen- fee vint a plufieurs religieufes fans fe l'etre communiquee, favcir qu'il eut fallu tenter la voie d'adreffer un acte d'appel a M. de Paris lui-meme & de le fui envoi'er par un des gardes. Apres avoir murement delibere fur cette af- faire & fur les fuites qu'elle pouvoit avoir, elles crurent que Dieu deman- doit d'elles qu'elles n'abandonnaflent point les droits fpirituels & temporels d'une maifon , qui alloit fe renverfer par l'intrufion d'une AbbefTe fans vo- cation , & qu'airiii elles devoient s'y oppofer. Quant au moien de faire rendre leur a£te a M. de Paris, elles jugerent qu'il n'y avoit pas d'autre parti a prendre , que de tenter fi les gar- des voudroient bien fe charger de lui rendre un paquet, fans leur donner fujet de fe defier de rien. Il y avoit une occafion favorable , parcequ'il fal- loit ecrire a M. l'Archeveque pour lui demander un confelTeur pour les foeurs converfes, qui n'en avoient point d?» puis fix mpis. |
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11 HlSTOIRJE DE PoRT-RO'lAt;
" .££* La refolution fut done prife de dref-
fer un a&e d'oppofuion a l'eleclion de la fceur Dorothee , & que la commu- naute ecriroit en corps pour le lui adref- fer , & lui demander un confefleur ex- traordinaire pour les fceurs converfes. Ce projet reuffit •, l'a£te fut drefle le 18 , la lettre ecrite , & l'un & l'autre remis le zo du mois par M. d'Arzac , l'un des gardes, a un des officiers de M. de Paris, parceque le Prelat ne s'y trouva pas. Le lendemain le garde alia a l'Archeveche pour recevoir la repon- fe, & le Prelat la lui fit telle quelle fera rapportee ci-apres. Quant a 1'acle dont il avoit ete le porteur, il etoit con^u en ces termes. AftedM re- " Nous , fouffignees , Abbefle , ligieufes de » Prieures & religieufes des deux mo- LiduS " nafteres de P. R. de Pans & des decembre „ champs, de prefent raflemblees en contre l'elec- i • 1 1 /- •
tion de la " ce dernier, au nombre de loixante-
fout Doro- „ huit profelTes de ehoeui, & detenues » en notre propre maifon dans une » etroite captivite , etant gardees » jour & nuit par des foldats qui tien- » nent toutes les portes de la maifon » & des parloirs, & meme quelques- » unes de notre cloture, comme font » celles de notre jardin, ou ils paf- « fetit une partie des jours & les nuits |
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IT. Par tie. Llv. V. 23
*> entieres jufques fous les fenetres de *' nos dortoirs, pour empecher que » nous ne puillions avoir aucune com- <» municacion avec qui que ce foit , w non pas meme avec nos domefti- » ques, afin qu'il nous foit impoffi- w Sle de chercher des fecours, de rap- s' pui ou duconfeil contre les injufti- « ces & les violences done on nous » opprime, ai'ant appris depuis peu » les nouvelles entreprifes que le » petit nombre de nos foeurs qui font » reftees dans notre monaftere de Pa- in ris , & qui fe font defunies d'avec « nous, ont ofe faire , en pfetendant » s'attribuer le droit d'elire une Ab- » befle, comme elles ont fait fins « notre participation & nos fuffrages, » & n'etant queneuf vocales I'empor- •» ter fur foixante-huit que nous fom- « mes , enfuite de quoi elles recoivent » des filles & veulent fe rendre mai- „ trefles de tout le bien & ufurper » par une conduite bien etrange & w dont il fe trouvera peu d'exemples, « la pkee & le bien de leurs meres &c v de leurs fceurs , qui les ont revues & f, traitees avec toute la charite qui leur p> a ete poffible •, nous etant fur cela „ allemblees capitulairement , pour » deiiberer fur ce que nous avions a |
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Z4 HlSTOtRE DE PoRT-ROlAl^
» faire felon Dieu & 1'engagement!
» de notre confcience pour ne point » participer a l'iniquite des autres > m en negligeant de maintenir les droits » d'une maifon confacree a Dieu, qu'il »» a mife en depot entre nos mains , » & que nous ne pouvons abandon- " ner que par contrainte ; nous avons »» cru qu'apres avoir remercie Dieu de » la grace qu'il nous a faite de fourfrir » tant de traitemens li etranges pour » cette unique raifon que nous vou- » Ions lui etre fidelles & nous expo- »> fer plutot a perdre tout & meme no- »» tre propre vie, que d'agir contre no- » tre lumiere & le mouvement de »> notre confcience , nous ne laiflons » pas d'etre obligees par juftice de »> nous oppofer jufqu'a la fin, en tou- » tes les manieres qui feront pof- j> fibles, a tout ce qui s'eft fait & fe » pourra faire a l'avenir , au prejudi- ,) ce des droits de notre communau- » te, & vd'autant que nofdites fosurs m reftantes dans notredite communau- » te de Paris n'agilTent que par l'au- » torite & les ordres de M. l'Arche- » veque, & que depuis quinze mois w nous fommes appellantes de tomes « les procedures , violences & voies n de fait qu'il a exercees & qu'il con- i» tinue
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II. Partie, Liv. V. 15
*> nue d'exercer contre nous , tendan- —77! '* n tes a une ruine entiere de notre com- »» munaute & de route la discipline , »» quil avoit reconnu lui meme s'y »> etre exa&ement maintenue , fans " qu'il air pu prendre d'autres pretex- »» tes pour nous traiter comme on »- pourroit faire les plus miferables » 6c les plus abandonnees religieu- w fes qui pufTent etre au monde , •» finon un fcrupule de confcience , » qui nous fait ref ufer de figner & de « jurer d'un fait dont nous n'avons » point d'affurance , & qui n'importe « de rien a la foi ni aux bonnes mceurs. » Nous done reconnoiflant mondit j> Seigneur l'Archeveque pour auteut « & approbateur de tout ce que nof- »> dites foeurs eritreprennent contre » nous fous fon autorite , e'eft avec j» douleur que nous nous trouvons « obligees de lui declarer , qu'en «> adherant a nos premiers appels , » nous nous portons tout de nouveau » pour appellantes de tout ce qu'il a « rait & fait faire, fera & ordonnera » etre fait contre nous a I'avenir par »> nofdites fceurs a. notre prejudice , „ comme audi de tout ce qu'il pourra » obtenir par furprife en quelque tri- „ bunal que ce loit , pour aurorifer Tome VI. B |
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1<J HlSTOIRE DF. PoRT-ROIAt.
» ou ratifier les ufurpations & entre-
» pnfes fur nos droits & fur le bien >> de notre abbaie & monaftere, tanc » de Paris que des champs, proteftanc » en outre de l'elecTion de la fceur » Dorothee en la charge d'AbbefTe , » qui ne peut etre qu'une intrufion w manifefte, la moindre partie de la » communaute ne pouvant prevaloir w contre la plus grande dans une « election canonique , & beaucoup » moins l'entreprendre route feule , w & avant que I'AbbeiTe qui eft le- « gitimement en charge fe foit vo- »j lontairement demife , ou ait ete " juridiquement depofee felon les for- » mes, apres avoir ete convaincue de " crimes qui merirent la deposition » felon les canons; ce qui ne fe ren- te contre nullement ici ; He partant » nous nous en portons pour appel- » lantes , & proteftons de nouveaii s. contre tout ce que ladite fceur Do- « rothee , ou autre , voudra entre- » prendre fous le nom 8c autorite *> d'Abbefle , & toute reception de " filles a la veture & profeffion , eta- »> bliflement d'Officieres a la maifon » & de domeftiques au de - hors , w pour avoir le maniement du bien , w partage dwdic bien , &c genera^-, |
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II. Pah tie. Liv. V. 27
» ment a tous autres a£tes non expri- T^sT,
« mes ici, & qui pourront nous pre-
" judicier; proteftant d'abondant de
»■> nous pourvoir a l'encontre de ce
" que delfus routes & quantes fois
»•> que nous le pourrons. Entendons
" que Monfeigneur l'Archeveque de-
» meurera refponfable de toutes les
» pertes, dommages, dechets & de-
» trimens du bien de notredite Ab-
» bai'e & monaftere, depuis'qu'il nous
« en a fait 6ter la libre jouiflance
»> & adminiftration , & que nous
" Ten prendrons a partie lui ou les
» fiens, aufll-tot que nous pourrons
.-> etre ouies dans une juftice re-
»» glee ; declarons au refte que c'eft
« avec un extreme deplaifir que nous
»> nous trouvons reduites a la malheu-
« reufe neceffite de nous plaindre ,
v non pas de nos propres injures ,
' car nous ne le ferions jamais , fi elles
> ne regardoient que nos propres per-
> fonnes comme particulieres,mais de
1 I'injuftice par laquelle on s'eftorce > d'opprimer fans reftburce une fa-
» mille de J. C. ,tout le monde voi'ant ,3 que celui qu'il a etabli fon miniftre » pour en avoir foin , ne s'eft applique »> depuis qu'il eft en cette charge , qu'a u chercher tous les jours des moi'ens B ij
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i8 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAE.
» nouveaux, non-feulement de l'acca-'
» bier d'affliction , mais mcme de la •i detruire tout-a - fait. A 1'erTet de » quoi U nous a reduites par une ri- >• gueur fans exemple r en un etat ov\ » il voudroit que , bien loin de pa- « roitrc religieufes, nous ne parufllons » point chretiennes : car quoiqu'ii »> n'ait pu trouver aucun pretexte de « fonder une excommunication legi- w time , iUne laiiTe pas de nous traiter » commes'iljnous avoitexcommuniees « en effet , nous tenant feparees des *» faintsSacremens, a la vie 8c a la more « depuis quinze mois, privees de tou- m te affiftance fpirituelle , qu'on ne re- »>. fuferoit pas a des criminels condam- » Ties au dernier fupplice, interdites » de celcbrer l'office diyin , & par w, confequent reduites par notre cl6- w ture a. ne pouvoir affifter au fervice v de l'eglife , non pas meme aux » plus grandes fetes , privees de voix « aikives & paflives , declarees inca- « pables de former aucun corps de u communaute a. 1'erTet de recevoir des « filles pour etre religieufes , ni pren- « dre les titres d'Abbefle , Prieure 8c u autres Officieres ; reduites a une de^ w jrlorable captivite ; npus faifant gar~ * der par des foldats dans notre cjo^ |
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. II. Parfit. Llv. P'. 19
»» ture meme , ce qui eft un fcandale 1665."
» public & un violement inoui des
" canons de l'Eglife , qui a regie avec
» tant de foin ce qui regarde la clo-
» ture des religieufes ; & pour etablif
*> tanr de violences , qui n'ont aucun
» fondement dans le droit, il s'efforce
» par de nouvelles voies de fait , de
v rendre ces vexations eternelles , en
» commettant l'autorite 8c l'adminif-'
»> tration du temporel & du fpirituel
» de nos monafteres a une pretendue
" AbbefTe elue contre toutes les for-
« mes : de routes lefquelles fentences,
» inhibitions, defenJj^Sc ordonnan-
» ces , tant verbales cp|; parecrit, Sc
» de toutes les autres chofes que mon-
» dit Seigneur Archeveque a fakes &C
■» entreprifes contre nous pendant dix-
» huit mois , &c qu'il fera &c entre-
» prendra a l'avenir , nous n'avons
» point defifte de protefter & d'ap-
n peller, comme nous faifons encore
» par le prefent adte , en adherant £
« nofdites proteftations & appella-
> tions, lequel dit acts nous avons
' ere contraintes de faire & drefler , entre nous fous nos feings prives , > n'ai'ant pu le parTer par devant No-
» taires , les gardes qui tiennent nos » portes nous aiant declare politive- |
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^0 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAI.."
» ment qu'ils ont ordre de ne lamer
» approcher aucune perfonne de juf- » tice , & nous aiant pour cette raifon »> refufe de nous faire parler a des Or- » ficiers de notre propre juftice de « Germainville , un jour qu'ils te- «• noienr leurs ailifes, felon la coutu- » me , a la porte de notre abbai'e. Fak » & delibere, & figne de nos feings , » en plein chapitre afl'emble capitu- *» lairement au Ion de la cloche , le i S » de decembre 1665. I. Sceur Madeleine de fainteAgnes,
Abbeflelji
a. Sceur CatrpRne Agnes de faint Paul. 3 Sceur Madeleine , Prieure deP.R. des champs.
4. SoeurMarie de i'Incarnation,Prieura
de Paris.
5. Sceur Catherine de faint Paul.
6. Sceur Anne de faint Auguftin.
7. Sceur Antoinette de faint Auguftin.
8. Sceur Marguerite de la Paffion.
9. Sceur Marguerite Angelique du
faint Efpnt.
10. Sceur Genevieve de l'lncarnation.
II. Sceur Agnes de la Mere de Dieu.
ii. Sceur Madeleine des Anges. 13. Sceur Madeleine de famce Can-
dide. |
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....... ■........ —.......
II. Part ie. Liv. V. $i
14. S. Francoife de fainte Agathe. 1665.
15. S. Angelique de faint Jean.
16. S.Marie de fainte Agnes.
17. S. Elifabeth Madeleine de faint
Luc. 13. S. Marie de fainte Euphrafie.
19- S. Angelique de faint Alexis. 20. S. Louife de fainte Julienne. x 1. S. MarieCharles de fainte Claire-; 22. S. Agnes de fainte Thecle.
23. S. Aniie de fainte Gertrude.
24. S. Francoife de fainte Ludgarde.
25. S. Charlotte de faint Bernard.
26. S. Genevieve de fainte Therefe.
27. S. Marie Gabriellede fainte Ca-
therine.
'28. S. Anne de fainte Chriftine. 29. S. Genevieve de fainte Thecle. 3 o. S. Elifabeth de fainte Tnne. 3 1. S. Anne de fainte Eugenie. 3 2. S. Marie Angelique de fainteThe- refe.
3 3. S. Jeanne de fainte Colombe. 34. S. Elifabeth de fainte Agnes.
35. S. Marie de fainte Therefe*
36. S. Denife de fainte Anne.
37. S. Francoife Louife de fainte
Claire. 38. S. Madeleine de fainte Agathe.
3 9. S. Jeanne de fainte Domitille. 40. S. Genevieve de fainte Madeleine-. B iv
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JZ HlSTOmE DE PoRT-ROlAt^
41. S. Sufanne de fainte Julienne.
41. S. Liee Madeleine de faince Elifa-; beth. 43. S. Annede fainteCecile.
44. S. Marguerite de faint Irene.
45. S. Catherine de fainte Suzanne.
46. S. Anne Marie de fainte Eufto-
quie.
47. S. Marguerite Agnes de fainte
Julie.
48. S. Marie de fainte Benedi&e.
49. S. Fran(joife de fainte Therefe.
50. S. Jeanne Radegonde de fainte
Fare.
51. S. Louife de fainte Eugenie.
52. S. Fran^oife Madeleine de fainte
Julie.
53. S. Jeanne de fainte Aldegonde.
54. S. Marguerite de fainte Theele.
55. S. M arie de fainte Agathe.
5 6. S. Jeanne de fainte Apolline.
57. S. Catherine de fainteAldegonde. 5 8. S. Catherine de fainte Chriftine. 59. S. Frantpifede fainte Beatrice. ' Go. S. Antoinette Catherine de faint Jofeph. G\. S. Genevieve de fainte Dorothee. 62. S. Catherine de fainte Eulalie.
63. S. Marguerite de fainte Gertrude,
64. S. Louife de fainte Fare. >
<f 5. S. Marguerite de fainte Luce. |
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II. Pa rti e. Liv. K $$
66. S. Anne de fainte Agathe. i66<
67. S. Anne Julie de fainte Syncle-
tique.
Cet adte etoit accompagne de la
lettre fuivante : " Monfeigneur , etant perfuadees
w par d'allez fenfibles & d'aflez con- L«tr'e des » tinuelles experiences, que vous etes reliBie»res. » » devenu inexorable a nos prieres, & en lui «i- 53 que vous ne daignez point vous y°^ 'aac « laifler toucher a. nos fouffrances, » il nous refteroit, Monfeigneur , a » demeurer dans Ie filence , comme « nous avons fait jufqu'ici, fi deux » raifons , l'une de charite, l'autrede » juftice, ne nous contraignoient de » le rompre , & ne nous faifoienr ef- » perer que vous pardonnerez a des » perfonnes, abandonnees de tout le ■» monde , qu'elles n'abandonnent pas » elles-memes les interets des ames, «• 2>c tous ceux de leur maifon. Pour » le premier point , Monfeigneur 9 » nous n'avons a demander pour celles » d'entre nous a qui vous n'avez pas » ore la participation des facremensr >• qu'une grace que le faint Concile » de Trente accorde a toutes les reli- » gieufes, ou plutot un droit qu'it ;> leur donne , qui eft de pouvoir B v
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3 4 HlSfOIRE DE PoRT-ROlAl.
» choifir tous les trois mois un con-
» feffeur extraordinaire. II y a pres » de fix mois que nos fours conver- » fes ne fe confeflent point du tout, » n'aiant pu obtenir depuis tout ce » terns , par les prieres reiterees que »» nous nous fommes donne l'hon- » neur de vous faire prefenter fou- » vent pour ce fujet , qu'il vous plut »> de leur donner un confefleur en ■» qui elles puftent prendre confian- » ce , & qui ne fut pas une peon- s' ne declaree contre nous , comme' » celui qui eft ici , & qui eft tout- » a-fait fans experience , n'aiant ja- « mais confefle , puifqu'il n'avoit » pas dit fa premiere meile lorfqu'on »» l'a etabli de votre part dans cette- " maifon,aufli-tot que nous y fommes ?» arrivees, fans parler de la maniere " dont il s'y eft conduit. Il y a fujec » de s'etonner , Monfeigneur , qu'e- m tant pafteur vous abandonniez foi- » xante & douze brebis dans le defert 3> fans aucune nourriture ni afliftance » fpirituelle , & de plus au milieu des m loups , puifque les foldats que nous * voions fans cefle dans notre cloture » avec votre approbation , & qui cou- w chent dans nos jardins , peuvent » pcuTer pour des ennerni? avifii redou^ |
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II. Parti e. Z,/v. V. 35
« tables a la modeftie des filles con- 1(j(jr
" facrees. Neanmoins on fait le fujet
» de votre conduite , & ileftvifible
" que ce n'eft qu'un effet de votre
» indignation •, mais on ne fauroit
» aquoi attribuet, Monfeigneur, que
>» vous traitailiez de la meme-forte
*» quelques vingt-cinq perfonnes qui
»» font avec nous dans ce monaftere ,
w 8c qui n'ont nulle part, par le bon-
» heur de leur condition , a 1'afFaire
» qui a attire tous ces triftes effets fur
w cette communaute afligee. Elles
» vous fupplient done tres humble-
» ment , Monfeigneur , & nous vous
» le demandons avec un profond ref-
» pec~t, qu'il vous plaife de leur ac-
» corder cette grace ; mais pour nous ,
» qui n'en oferions plus efpe&er au~
>j cune de votre bonte, nous fouhai-
» tons feulement que vous vous laif-
» fiez perfuader , Monfeigneur , que
•» e'eft avec la plus lenfible douleur
» du monde , que nous fommes con-
» traintes de recourir a la juftice , qui
» eft toujours l'afyle des perfonnes foi-
)» bles & innocentes , quand elles ne
,y trouvent plus de protection.Le Dieu
ts du ciel qui prende , & qui juge art
« milieu des Dieux de la terre, la ren-
1* dra cettainement a. tout le monde *
B v)
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J 6 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt.
166$. " mais lui feul fait le tems & choiiiC
» les inftrumens dont il lui plait de « fe fervit , pour fecourir ceux qui » lui adreflent leurs plaintes. Notre » plus grande joie feroit qu'il n'ert jj choisit jamais dautre que vous-me- jj me pour nous tirer de l'extreme af- " flidtion ou nous fommes tombees » par votre difgrace, afin que comme » vous tenez fa place par votre auto- m rite, vous nous le reprefentafliez « aufli par votre bonte , enforte que » nous euffions fujet de dire de vous s » Monfeigneur,comme il eft dit de lui- m meme , que vous conduifez les ames » jufqu'aux enfers , & que vous les » en ramenez. Ce qui vous feroit » aufli facile en cette occafion , Mon- w feigneur , qu'il nous feroit doux »» de nous pouvoir dire avec plus de » verite & de refped, &c. La charite des religieufes de P. R.
les porta aufli a ecrire a l'ufurpatrice , pour tacher de la faire rentrer en elle- meme , 8c elles lui ecrivirent en ces termes le 2 2 decembre : tcvi. » Ma trcs chere foeur, pour bien- iftice des „ jueer de nos fentimens , n'en jueez:
religieufes de ' °j ,,. . A J S
PortRoiaidcs " pas> sil vous plait, par les votres ,
champs a la „ & ne croi'ez pas que route votre con- fceur Doro V • ' i , ,
*hec. wdune , qui parou navoir pour but
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II. Part ie. Llv. V. 57
» que de nous opprimer entierement "~^
» pour vous elever fur nos ruines ,
" nous ait arrache du coeur la tendrefle
» qui nous fait deplorer votre malheue
>•> &c pleurer votre chute. Ce n'eft nul-
» lement l'efprit de vengeance qui
» nous porte a faire oppoiition a vos
» injuries entreprifes, c'eft la feule ne-
» ceffite de conferver les droits facres
» d'un corps qui appartient a J. C.,&
» dontvous divifez les membres en
» ufurpant une autoritequi nepeut vous
» appartenir que comme un larcin ,
» puifque votre election illegitime vio-
» le les faints canons & vous fait en-
» courir toutes les cenfures qu'ils one
m prononcees contre ceux &c celles qui
» s'elevent aux charges fpirituelles pat
» intrufion. Nous favons bien, m*
» tres chere foeur, que vous vous ap-
»> puiez fur les confeils , ou meme les
» commandemens de ceux qui vous
» y ont portee , & que nos foetus qui
" vous fuivent agifTent par ce meme
»> principe de foumiilion qu'on leur a
« perfuade qui mettoit a convert de
n tout. Mais n'avons-nous point ett
» grande raifon de temoigner des le
» commencement de cette affaire que
» nous ne trouvions pas de furete de
» confeience a figner & a jurer im faic
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38 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAI.'
» douteux contre nos fentimens, pa?
» une foumiifion aveugle au comman- » dement qu'on nous en faifoit; puif- » que fi Ton avoir une fois admis » cette neceffite d'agir contre fa lu- 7, miere par obeifTance , il n'y auroit » point de peche fi vifible qu'on ne » fe trouvat engage de commettre »» dans des occafions, fuivant ce prin- » cipe. Qui auroit pu croire alors * » ma tres chere fceur, que nous ere n duffions voir fitot dans notre propre " maifon des exemples ii funeftes I » Et qui fe feroit imagine jamais que » des perfonnes , qui avoient vecu » jufques-la dans une fi douce union ,. « dans un fi. grand defmtereffement , » & dans un tel eloignement de l'am- » bition des charges , qui font les trois » points elfentiels ou la bonne con- » duite que nous avons eue, nous avoit » le plus etablies •, que ces perfonnes, »> dis-je , auffitot qu'elles ont eu con- jr fenti a facrifier par leur fignature a » cette obeifTance aveugle , foient en » un moment devenues capables de fe » divifer de leurs meres & de leurs Sts, » & de les trailer avec mepris , avec » durete 8c avec inhumanite, & de les » chaffer par routes fortes d'efForts 8c » d'induftrie de leur maifon , de les |
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II. Partie. Liv. K 59
» IaifTer fouffrir & manquer de tout,"
» fans s'en mettre en peine , de les
« faire tenir dans une captivite fcan-
" daleufe , fouffrant fans s'en plaindte
- ( c'eft le moins que nous puiffions
» dire ) que des foldats foient les
" maitres de leur cloture, qu'elles s'at-
»> tribuent la propriete& l'adminiftra-
» tion de tout le bien •, & pour com-
» ble cTaveuglement qu'elles ne crai-
» gnent plus de faire un fchifme ma-
" nifefte , les unes en entreprenane
« d'clire une Abbefle , & l'autre ac-
« ceptant cette qualite , qui lui de-
» vroit ctre redoutable , quand Dieu*
» meme la lui auroit impofee. C'eft
» ce que perfonne n'auroit pu croire,
« &c que nous voi'ons neanmoins avec
*> une veritable frai'eur, mais avec une
" fecrette confolation , parceque s'ii*
» paroit d'un cote un effroi'able juge-
» ment de Dieu , il paroit de l'autre'
m une conduite particuliere de fa mi-
»» fericorde fur nous , qui a voulir
» nous faire eonnoitre encore davan-
» tage par cette fenfible & affligeantc
»experience les mauvais effets que
» nous avions prevus qui pouvoient
>y fuivre de l'infidelite qu'on commet
» envers Dieu , lorfqu'on agir contre
>* les moiiYemens de fa confcience «
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4« HlSTOIRE HE PoRT-RO^At.
» fous pretexte d'obeir , parcequ'eff » voulant s'aveugler par cetce maxime » que les fupeneurs respondent de »tout , on devient effe&ivement » fi aveugle qu'on ne difcerne plus » rien du tout, comme il faut bien » qu'il vous foit arrive , ma ttes chere » foeur, pour avoir ofe prendre la place » que vous voulez tenir , & qui eft fi » perilleufe a des perfonnes meme » plus fortes que vous n'etes Mais « plut a Dieu , que vous etant elevee >* fi haut, vous regardailiez en tfcs le » precipice qui eft fous vos pies. Vous m trembleriez en le voi'ant , & cette « crainte falutaire , qui vous feroit » defcendre d'une place fi dangereufe, » vous feroit auffi rapprocher de Dieu » & de celles a qui vous devez etre unie « par fa charite. Nos appels & nos » oppofitions ne feroient plus alors un » obftacle a notre reunion , puifque » nous ne nousoppofons qu'aux injuf- » tices , & qu'il n'y en a plus oil regne » la charite. Le mal eft alle bien loin » pour operer fitot cette guerifon par- » faite •, mais rien n'eft impoffible a j- Dieu, & nous ne nous laiTerons point » jufqu'a la mort de lui expofer les »> bleflures que nous fouffrons de cette wdivfion , puifqu'il eft defcendu du. |
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II. Part ie. Liv. V. 41
"» ciel pour raffembler fcui troupeau , i<j<jc,
" pour ramener ce qui etoit egare ,
" pour forrifier ce qui etoit aflbibli,
» pour bander ce qui etoit rompu , 8c
» en un mot, pour reparer routes nos
>» pertes , parcequ'il prend interet a
» notre falut. AlTurez-voUs, ma fceur,
» que c'efl; notre difpofition pour vous
» & pour routes nos fceurs qui font
« feparees de nous : nous n'en avons
» que de la douleur & non du reffen-
» timent contre elles, & elles doivent
» s'affiirer que 11 la violence a pu nous
» chaffer de la maifon ou vous etes ,
» il n'y en aura jamais, avec Taide de
» Dieu , qui ait le pouvoir de vous
» chaffer de la place que vous tenez
» dans notre cceur ; & que fi nous
« cerfons de vous le temoigner inuti-
w lemenr par nos paroles , nos prie-
»» res & nos larmes feront toujours
w de fideles temoins devant Dieu de
» la tendreffe de notre charite \ en-
» vers vous, & que nonobftant que
» vous foiez fort changee , nous fom-
» mes toujours les memes a votre
1 ' XVII.
" egard. - _ VloUs vet.
M. du Saugey ne voulut jamais fe W des tell.
charger de remettre a la fceur Doro-^"™^
rhee, cette lettre, a laquelle etoit joint »'eft pajft :
I'a&e d'oppofition a. fon intruiion. ^on & uj
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41 HiSTOIRE DE PoRT-RdlAl.'
Ce refus, & plufieurs autres griefs ?
portexent les religieufes a en dretfer un proces verbal , qui contient des farts & des circonftances particuheres. Elles declarent , que n'aiant pu (avoir dans l'extreme captivire ou elles font reduites, fi la perfonne chargee d'agir en leur nom s'en efl: acquittee , & que dans la crainte qu'on n'ait reduit tons ceux qui voudroient les ailifter , dans l'impuiifance de le faire , elles on* cru devoir faire elles- memes un ef- fort pour faire fignifier leurs appella- tions Sc proteftations contre la nouvelle entreprife de leurs foeurs- de Paris , qui ont elu Abbelfe la fceur Doro- thee avec l'approbation de M. l'Ar- cheveque , qui a prefide a cette elec- tion irreguliere , & a confirme l'ufur- patrice dans cette charge •, laquelle en confequence a re<ju plufieurs filles dans la maifon pour les admettre a l'epreuve de la religion , & enfuite a. la profef- fion •, & pretend en outre fe rendre maitrelTe de tout le bien de l'Abbai'e- > & avec le eonfentement de M. de Pa- ris faire un partage tel qu'il lui plaira, fe confervant le domaine de tout, en affignant aux religieufes de P. R. des champs une fomme pour leur nourri- ture & encretien. Sur quoi les relir |
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II. Part 11!. Liv. V. 43
gieufes confiderant que routes ces en-
treprifes font un violement manifefte des regies de l'Eglife , qu'elles tendent au renverfemenr de leurs maifons, de leurs regies & de leurs conftitutions, a la perte totale & irreparable des biens fpirituels & temporels de leurs mo- nafteres, elles oik fait ce qui etoit en leur pouvoir pour s'oppofer a i'injuf- tice ; que fi leurs efforts font inutiles, tous les tribunaux leur etant fermes , elles auroient au moins la confolation de n'avoir rien omis pour decharger leur confcience; que c'eft dans cette vue qu'elles ont fait un acte d'oppo- firion a l'eledion de la foeur Doro- thee ; que c'eft par le meme motif qu'elles ont dreffe un proces verbal portant ce qui s'etoif' pafle , tant avec le garde qui avoir remis leur acte & leur letrre a M. 1'Archeveque , qu'avec le fieur du Saugey qu'elles avoienr prie de remerrre un pared acte a la foeui: Dorothee avec une lertre , dans laquelle elles lui remontroient charitablement l'injuftice de fon entreprife ; le tout fervanta faire voir la grandeur de l'op- preilion ou on les reduifoit, & le deni de juftice qu'on leur faifoir de toutes parts. Apres cela on rapporte dans le proces verbal de quelle maniere M% |
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44 HlSTOIRB t>E PORT-ROlAt.
d'Arfac fe chargea du pacquet pout M. de Paris , & la reponfe que lui fit ee Prelat, qui l'aiant vu le lendemain , cornme il alloit pour la reeevoir, lui dit: » Vous m'avez apporte une lettre » des relieieufes de P. R. : je leur ai » mande il y a plus de quatre mots » par M. le Mafdre , que je n'en vou- » lois reeevoir aucune d'elles. Dires- » leur qu'elles ne m'ecrivent jamais r » que je ne veux avoir aucune com- » munication ni commerce avec elles , » rant qu'elles feront dans l'efprit de »> defoDeiiTance ; que je ne veux plus » entendre parler d'elles «. La mere Prieure repondit au garde qui lui fie part de cette reponfe , que M. l'Ar- cheveque oublioit done qu'il etoit leur pere. A quoi le garde repliqua : Enfin , Madame , M. de Paris ne veut plus en- tendre parkr de vous , ilm'a charge de vous le dire. La mere Prieure aiant prie le garde de mettre par ecrit cette reponfe de M. de Paris, il lui dit qu'il n'avoit charge que de la dire, &c lui demanda pourquoi elle vouloit qu'il l'ecrivit; a quoi elle repondit , que cette reponfe etoit fi importante qu'elle avoit peur de ne la pas bien retenir ; mais il refufa de le faire , & dit de la part de M. de Paris ,"que fi elles |
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II. T A R.TI E. LlV. V. 45
avoient befoin de confeffeurs, de me-
decins & de chirurgiens , il ne leur en refufoit point, pourvu qu'ils ne fuflent point janfeniftes ; & qu'elles s'adref- faflent aux gardes pour ies demander. Apres ce dialogue , auquel l'Exempt avoir affifte , fans que la mere Prieure le fut, elle fe retira ; & le garde qui venok de lui parler , l'aianr fait rap- peller auffirot, il lui dit avec empref- lement, qu'il ne favoit pas ce que M, de Paris avoir fait du paquet, s'il l'a- voit brule , ou s'il l'avoit garde. La religieufe repondit : qu'elle ne pou^- voic croire que M. de Paris 1'eu.t bride , parcequ'outre la lettre , il y avoir un a<5te qu'il etoit important qu'il gardat. A ces mots , l'Exempt fortit de fon embufcade , & prenant le haut ton , il dit que le paquet etoit dans le feu , 8c qu'il n'en leroit jamais parle. La mere Prieure lui ai'ant de^ mande lj c'etoit lui ou M. rArcheve- que qui l'avoit bride : Je vous dis , re- pliqua-r'il, que voire paquet ejl dans le feu. Puis il fit de grands reproches , fur ce qu'il pretendit qu'on avoit vou- Ju par-la furprendre les gardes du Roi, qu'il dit n'erre dans la maifon qus pour empecher routes fortes de com- piuni cation; que M. de Paris ne vou- |
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4^ HlSTOIRE DE PoRT-ROlAL.
loit plus recevoir de leurs lettres.
Sur quoi une fceur lui die : qu'elles avoienc au moins cet avantage qu'ils etoient deux temoins qui avoienc vu cet a&e ; ce qui le f acha beaucoup; 8c il ajouta qu'on le vouloit toujours meler dans ces affaires , qu'il n'etoit que pour faire executer les ordres du Roi, & empecher la communication > qu'il y tiendroic la main plus qu'il n'avoit encore fait , & ne laifferoit pafler quoi que ce fut, pas meme un petit billet. Depuis ce jour il empe- cha tous les domeftiques d'approcher du tour , & s'y tint lui-meme la plus grande partie du tems. Le proces verbal rapporte enfuite ce
qui fe pafla avec le fieur du Saugey ; qui refufa de fe charger de remettre la lettre que les religieufes avoient ecrite a la fceurDorothee , avec une copie de l'oppofition a fon election ; il ne voulut meme ni lire , ni enten- dre la lecture de cet acte, quelqu'inftan- cs qu'on lui en fit. Au contraire , il te- moigna approuver la conduitede M. 1'Archeveque & celle de l'intrufe • qu'il qualifia d'AbbeiTe , & blama celle des religieufes de P. R. des champs, traitant leurs demarches & leurs pro- cedures d'inutiles. Il les alTura quel- |
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H. Partie. Llv. V. 47
les n'avoient que faire cle rien-atten- TT77 dre de mieux de M. l'Archeveque dont il connoilToit les fentimens , & leur die que pour des conteiTeurs il ne leur en reruferoitpas-,qu'elles n'avoient qu'a choifir des Recollets , des Capucirs , des Pretres de faint Sulpice , de faint Lazare , de faint Nicolas > ( fi les I3ouics avoient ete au monde , il n'au- roit pas manque de les ajouter a cette belle lifte , dans laquelle ils figure- roient a merveille,) & joignant enco- re la raillerie a l'injuftice , illeurde- manda n elles ne voudroient pas de Jefuites , ajoutant que le Pere Annat. ne refuferoit pas fes fervices. En of- frant de tels confelfeurs a des religieu- fes de P. R. pour leurs fceurs conver- fes » a. qui les Sacremens n'etoient pas ioterdits, e'etoit donner une permif- fion qui equiyaioit a un refus. On ne vpuloit point refufer abfolument des confefleurs a ces fceurs converfes; l'in- juftice auroit ete trop criante & trop groffiere , & auroit pu attirer des re- f)roches-, mais on leur en donnoit qu'el-
es ne pouvoient accepter fans Heifer routes les regies de la prudence chre- tienne , & expofer dangereufement leurs ames. Telle etoit la polirique 4e Pjiaraon pour faire perir les Ifraeli- |
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48 HlSTOIRE DE PoR.T-R.OlAI.
~ 166?." tcs:Penite,Japienteropprimamuscum{6)y
opprimons-les avec prudence. Quelle prudence , qui ne tend a fes fins que par les voies les plus odieufes , &c les injuftices les plus criantes 1 Voila ce que c'eft que la politique humaine que l'interet retnue, & que la reli- gion ne regie pas. Oubli de toute equite naturelle , artifice honteux , violence ouverte , cruaute inhumaine, tout lui convient. C'eft par un effet de cette meme politique qu'on tenoit ces pauvres filles dans une fi grande captivite ; afin de cacher aux yeux des hommes l'injuftice du traitement qu'on ieur faifoit , & d'etoufter tellement leurs juftes plaintes que rien ne tranf- pirat de ce qu'elles fouffroient. C'eft dans cette vue que celui qui auroit du ctre leur pere & leur prote&eur, les avoit lui-meme fait conduire dans un defert, pour les laifler mourir dans la folitude , fans que perfonne fut te- moin de la rigueur qu'il exer^oit fur elles. C'eft pour cela qu'on leur avoit donne , comme a des criminelles, des gardes , qui ne permettoient a per- fonne d'approcher de leur prifon, afin tie leur oter tout moi'en de fe procu- (6) Bxod. j. #. is.
rec
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II. Parti e. Liv. V. 4^
rer l'afliftance des perfonnes fenfibles i66$>
aux larmes des innocens , & leur fer- mer toures les voies que la jufHce of- fre aux plus criminels. Quelqu'in- juftes que fuflent de tels precedes , quelques pefantes que fuflent les chai- nes dont on accabloit ces vierges chte- tiennes , la faintete de la caufe pout laquelle elles les portoient leur y fai- foit ttouvet leur joie & leur gloire » &c les engageoit a en remercier Dieu plutot que de s'en plaindre. Elles les auroient meme toujours portees en {Ilerice , fe contentant de gemir dans- le fecret, de l'injuftice des hommes , fi la neceflite de maintenir leurs droits & la difcipline d'une communaute qui appartenoit a Dieu , & qu'on vouloit ruiner fans reflburce , ne les eut obli- gees dele tompte& de'prendre tousles moiens qu'elles pouvoient avoir pour s'y oppofer en abandonnant le fucces a Dieu, qui otdonne dans l'Ecriture de iefendre la juftice jufqu'a. la mort : :'eft a quoi elles fatisfaifoient en ne -effant d'appeller & de protefter contre outes les injuftices & les violences iont on les accabloit chaque jour, ^ette fimple reflexion eft plus que fuf- ifante pout juftifiet les teligieufes dp \. R., fi elles en avoient befoin, fut la Tome VI. C |
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$Q HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt.
i<j<jCt multitude des actes d'appels & de pro-
teftations qu'elles reiteroient fi ion- vent. T<566 Depuis ce tems, jufqu'a la paix ren- due a l'Eglife par le concours des deux Puiflances , les religieufes captives eu- rent de frequentes occafions , par les injuftices continuelles qu'on leur fai- foit, de faire de nouvelles oppofitions & de nouvelles protections. N'ai'anc pas moins de zele pour la juftice que pour la verite , elles ne ceflerent de reclamer contre l'injuftice , 8c de s'y oppofer , malgre le peu de fucccs qu'elles avoient lieu d'en efperer , at- tendu les expreffes inhibitions & de- fenfes faites par le Roi a tous les Juges de quelque tribunal que ce fut, de prendre connoilfarice de leur caufe. Mais elles favoient que c'eft a 1'homme a faire fon devoir & X remplir fes obligations , fans etre ar- rete par les difficultes du fucces qui depend de Dieu. M. de Perefixe avoit charge la fceur
xvm. Dorothee de radminiftration de tous
refixe Uiargc les biens , apres fa pretendue election •,
contre tomes ^ par Une ientence du 8 fevrier 1666
fortes de re- ., .r. , i r • i
gles, la foeur u lui ordonna de rournir cnaque an-
Dorothfe de n£Q ^ port R0i'al des champs vingt 1 admmiilra- ... ,. . r v ' . r 9
tion de tous mule Uvres de pennon , a raiion ste
lei biens.
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II. P A r t i e. Liv. V. 51
deux cents livres pour chaque reli- gieufe , pendant que celles de Paris avoient chacune douze cens livres. •» Nous, Hardouin de Perefixe , See. •» favoir faifons , qu'apres avoir pour- •> vu a l'etat foirituel du monaftere de »> P. R. , Ordre de Citeaux , de l'inf- »» titut du faint Sacrement, de notre »> diocefe de Paris , nous avons juge « nece(Taire de regler le temporel •j d'icelui, & de pourvoir a la fubfif- •> tance , tant de 1 Abbefle , religieu- » fes & couvent , qui occupant la ♦j maifon fituee au fauxbourg faint *> Jacques de cette ville de Paris, qu'i *> celle des religieufes qui font prelen- *> tement dans la maifon de P. R. des champs ; a. 1'efFet de quoi nous nous |
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:
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fommes fait reptefenter l'etat du
revenu temporel de l'Abbai'e de |
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P. R. , & les pieces juftificatives
> d'icelui, par lefquelles nous avons
> reconnu que , deduction faite des
» frais ncceffaires pour la regie defdi- > tes Abbai'es , enfuite des rentes 8c
» des penfions viageres dues par icel- » les,ledit revenu temporel fe monte a" , lafomme de z88zj liv. , la quelle » voulons emploier aux befoins de l'u- i ne 8c l'autre maifon. Nous avons » confidere que dans celle de la ville , Cij
|
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5-1 HrSTOlUE DE PoRT-ROlAl.
>• la communaute eft compofee de 11
» religieufes de chceur,&de3 fceurs » converfes •, & qu'elle a dcja rec,u , » par notre permiflion , plufieurs pof- » tulantes, & en recevra encore ci- » apres , lorfque Dieu en enverra , » pour etablir en cette maifon une » communauce capable d'y celebrer » l'Offlce divin , &c y pratiquer la r,e- »> gularite. Que de plus cette com- » munaute demeurera chargee du v paiement des declines & des taxes » extraordinaires du Clerge , des frais » de tous les proces , des aumones 8c. $ des grofles reparations , tant de la v maifon de la ville , que de cells v des champs & des fermes & mai- « fons qui en dependent ; &c que, j, pour la maifon des champs, il y a w a la v^rite , en icelle foixante &c ,, onze religieufes dechceur, & dix- ,> fept converfes $ mais qu'elles ne fe- m roient chargees que des menues re> v parations de ladite maifon & des w aumones qui s'y font. Sur quoi , ?j apres avoir murement conndere » routes chofes , nous avons ordonne v & ordonnons, que fuivant la regie „ de faint Benoir , la mere Abbeffe, ?> elue par la communaute refidente f dans la maifon de Paris, fera chai;-i |
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II. Partit. Llv. V. f$ _____
» gee de l'adminiftration entiere de itS6'6.
" tout le revenu temporel de ladite » Abbai'e , eh laquelle elle pourra erri- " ploi'er fous fon autorite , les Offi- * ciers & Officieres qu'elle jugera a " propos , & qui en rendront compte. » Que pour la fubfiftance & les be- » foins des religieufes qui font en la » maifon des champs, rant qu'elles >* feronr au nombre qu'elles font pre- » fentement, il fera pris fur le re- » venu total la fomme de 20000 li- » vres par chacun an , pour etre em- it ploi'ee par l'ordre de ladite Ab- »• betfe a. la nourriture , entretien & » tous autres befoins quelconques , » rant en fante qu'en maladie defdi- w tes religieufes •, enfemble anfdites « menues reparations & aumones , » & aux gages & nourritures des Pre- « tres , des tourrieres , & des autres >» domeftiques neceflaires au-dehors » de ladite maifon des champs. La- » quelle fomme de 20000 livresfera >» diftribuee de quartier en quartier, « & par avance , en argent ou en ef- « peces, qui feront raifonnablement . m & legalement eftimees felon le terns.
», Et lorfque le nombre defdites reli- « gieufes de la maifon des champs *> viendra a fe diminuer par mort |
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54 Histoire de Port-RoYai;
" ou aurrement , il fera defalque de » ladite fomme de zoooo livres , au - prorata de 200 livres par chaque » religieufe. Et pour le furplus du- 3> dit revenu temporel , ordonnons » qu'il fera emploi'e par la meme » AbbefTe , ou par fes ordres, a la. 5. fubfiftance de la communaute de » Paris , tant pour le dedans de la » cloture , que pour le dehors , au » paiement des decimes & taxes du » Clerge , aux frais de proces , d'au- » manes , aux reparations grofTes & " menues de la maifon de Paris, 8c » des autres qui lui appartiennent , " & aux grolles reparations de la » maifon des champs , des fermes » qui en dependent, & a toutes les » autres charges de ladite Abbai'e , 4 » condition ncanmoins que s'il arrive » quelque demandede dettes extraor- » dinaires , outre & par-deiTus les » rentes &c penfions viageres qui font » a prefent dues par ladite Abbai'e , » & que lefdites Abbeffe 8c religieu- » fes fuflent tenues & condamnees « de les pai'er , en ce cas lefdites reli- » gieufes de P. R. des champs en « porteroient leur part 8c portion , *> 8c fera icelle deduite fur les >i 20000 livres; 8c d'autant que I'Ab-? |
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II. Part ie. Llv. V. 55 ______
»» beffe & la communaute refidente 1666.
» a Paris, feront chargees de tou-
*» tes les affaires & des proces de
» l'Abbai'e , ordonnons que tous
» les titres , documens & papiers
» d'icelle feront gardes en lieu fur
» dans ladite maifon de Paris ; 8c
» ce faifant, que tous ceux qui fe trou-
» veront dans la maifon des champs ,
» feront incelfament rapportes en celle
» de la ville. Enjoignons a toutes 8c
» chacune defdites religieufes , fous
>> les peines & cenfures de droit ,
» d'obeir a notre prefente ordonnan-
» ce , a quoi faire dies feront con-
» traintes par toutes voies dues 8c
» raifonnables , meme par l'implo-
» ration du bras feculier , fi befoin
m eft. En foi de quoi nous avons
» figne les prefentes. Fait a Paris le
»> 8 fevrier 1666.
Le Roi autorifa cette fentence de Arr?t' ia
M. de Paris par un arret de fon Con- confcii qui ' feil du 1z fevrier, dans lequel on fai- f°„ tence & foit dire a Sa Majefte , qu'elle vouloh m. de Pete- par tous les mo'iens legitimes detruire les pratiques qui fe faifoient dans VAbbaU de P- R- au grand prejudice de la reli- gion. (Celt ainfi que les meilleurs Prin- ces lont trompes. j Lememe arret evo- quoit au Confeil d'Etat tous les appels C iv
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5<> HlSTOIRE DE POUT-ROIAI.
~* que pourroient fake les religieufes , 5C
donnoit commiflion a M. Poncet, Maz- tre des Requetes, de recevoir les pieces qu'elles vouckoient lui remettre. L'ar- ret fut figr.ifie le i} du meme mois aux religieufes de P. R. par un Exempt & un Huiffier. La mere AbelTe n'aiant pu defcendre, parce qu'elle etoit in- commodee, elle chargea une religieu- fe de dire a rExempt, quelies avoient beaucoup de refped pour tout ce qui portoit le nom de SaMajefte. L'Exempt dit qu'il en rendroit lui-m'*'me compte au Roi. La religieufe ajouta qu'elles etoient perfuadees que fi Sa Majefte etoit informee des chofes, elle n'auroit jamais permis qu'on emploiat fon au- torite pour ruiner un monaftere , dans lequel par la mifericorde de Dieti on n'avoit trouve aucun defordre. C'eft pourquoi elles demandoient du terns & du confeil pour fe plaindre elles- memes de l'oppreffion ou elles etoient. Enfuite elle pria l'Exempr. de vouloit ecrire fur fon exploit la reponfe qu'elle venoit de faire •, mais il lui repondit que cela ne fe faifoit point, & l'Huif- fier ajouta que le Roi lui avoit defendu de recevoir aucune reponfe d'elles. n Quoi, Monfieur, reprit la religieufe, (7) Proces verbal du \e mats.
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II. Part ie. Liv. V. 57
w Sa Majefte vous a defendu d'ecrire 1 <S66.
» fur votre exploit la reponfe que nous » voudrions raire > Cela fe fait en tous » les a&es de juftice ; je ne vous de- » mande qu'une chofe jufte , que vous » ne fauriez refufer. » L'Huiffier a'iant perfifte dans fon refus, la religieufe le pria de lui en donner a&e; ce qu'il promit d'abord ; puis il dit que cela n'etoit point de fon ordre. » Puifque »> perfonne ne veut nous ecouter , re- »> pliqua la religieufe, nous n'avons »> plus qu'a nous addrelTer a Dieu » pour lui faire nos plaintes. » L'Huif- fier aiant apres cela fait fon exploit au bas de l'extrait de l'arret & de l'ordon- nance de M. de Paris, il remit 1'un & l'autre entre les mains de l'Exempt, qui un peu apres les pafla dans le tour. Rien n'eft plus etrange que la preten- due defenfe qn'un Huiffier dit lui avoir ere faice de recevoir aucune re- ponfe a un exploit qu'il fignifie. Le Sieur du Saugey , auteur non fufpect, dit lui-meme que le Roi n'avoit point fait une telle defenfe. De qui pouvoit- elle done venir > finon de la part de celui qui s'etoit tellement depouille de la qualite de Pere & de Pafteur a. I'egard des religieufes de P. R. des Champs, qu'il ne les traitoit qu'en Cv
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58 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAl.
\GG6~ e^c^aves, en juge injufte , en les con~
damnant contre routes les regies fans vouloir ecouter leurs raifons, & ne youlant pas mime entendre parier a"ti- les •, leur interdifant toutes les voies par lefquelles elles auroient pu avoir xecours a la juftice ; les empechant de faire connoitre leur e:at a leurs parens, a leurs amis &c aux perfonnes de qui elles pouvoient attendre quelqu'amf- tance, leur fermant tous les tribunaux que les loix offrent aux plus ciiminels pour s'y defendre ■, & enfin ne leur laif- fanc en apparence la liberte de recou- rirau Confeil duRoi, que pourajou- ter l'infulre a l'oppreffion ; puifqu'en meme terns qu'il leur fait ordonner de fournir leurs moi'ens dans huit jours pour tous delais , il leur 6toit toute li- berte de le fairejes reduifanr dans une impuiffance entiere & abfolue , puif- qu'elles etoient fans confeil, & qu'el- les ne pouvoient avoir aucune commu- nication avec qui que ce fut, qui put prendre foin de leurs affaires ; jufques- la que celui qui leur avoir fignifie l'ar- ret, avoir refufe de recevoir leur re- ponfe. coSe' dss Le lendemain de la fignification de reliiieuCesen l'arret du Confeil, ( 24 fev.) la mere fiLn! °"* Abbeffe tint cliapitre,dans lequel on lut |
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T—■*---------------------------------- ~
II. P ARTIE. L'lV. V. $9
cet arret & l'ordonnance de M. de I(j(j(j.
Paris. Cette lecture ne troubla perfon- ne (7 ) ; au contraire toutes firent pa- roitre de la joie , de la grace que Dieu leur faifoit de les rendre pauvres , & de les preferer a celles de leurs feurs qu'il lailfoit dans 1'aveuglement , & qu'il abandonnoit de telle fortequ'apres avoir perdu fa crainte en trahiffant la verite & leur confidence , il fembloit qu'elles euflent auffi perdu celle des hommes, & l'humanite meme naturel- le, n'ai'ant plus d'autre ambition & defTein que de fe conferver aelles feules tout le bien temporel de la maifon , Sc de dominer leurs propres foeurs & leurs meres qui les avoient recues & elevces- dans la religion, & qu'e41es traitoient avec tant de durete. Malgre un traite- ment fi dur & fi injufte , les religieu- fes de P.R. n'en appellerent point alors, elles l'ont feulement rappellc dans leur proces verbal du 3 o Mars de cette an- nee , qu'elles dreflerent a l'occafion d'une nouvelle tourriere , & d'un refus de Sacremens fait a un pauvre Gentil- homme qu'on nourriflbit par charite (7) On voit dans une tc lesdifpofitionsvraiment
lettre de la mereAngelique chretieines, dans lefquel-
de faint Jean & M. At- les e'.les re^urent ce nou-
nauld , la foi vivedesre- veau coup fans en ewe
ligieules de l'ort Koial ■ troablees,
C vj
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£o Hktoire dt- Port- RotAt.
j666. dans la maifon. Ces deux articles me- l{X_ ritent quelqne detail. |
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Arriveed'u- Quoique M. de Paris eut deja mis a.
tnoBIi"reU.Velle P- R- une tourriere a fa devotion, nom> |
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mee Dame Hotelette, il en arriva le
mardi 9 mars une autre appellee Ma- demoifelle Veillac , pour prendre la> place de la premiere. Les rehgieufes de P. R. desChamps, regardantTarrivee de cette inconnue comme une entrepri- fe de la foeur Dorothee, qui vouloit s'attribuer un droit que 1'arret meme du Confeil ne lui donnoit pas, en choi- (ilfant les domeftiques de leur mai- fon v temoignerent leur furprife a ce fujet, & dirent a l'Exempt & a M. dis Saugey , qu'elles n'avoient pas befoire de tourriere , en aiant deux au dedans & une au dehors 5 & de plus qu'elles. ne pouvoient pas fouffrir que la fceur Dorothee , dont elles ne reconnoif- foient en rien l'autorite, entreprii. de leur donner des tourrieres. L'Exempt & le Sieur du Saugey aiTurerent que la fceur Dorothee n'y avoit aucune part, & qu'elle etoit envoi'ee par M. de Pa- ris \ mais quelle foi pouvoit-on ajouter a de tels temoins, fpecialement au der- nier, qui ne voulut jamais roontrec l'ordrequ'il difoit avoir recuace fujet , quelqu'inftance qu'on lui en fit I Et |
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II. P A R T I E. L'lV. V. 61
d'ailleurs quand la tomriere euc ere en- ' 1($6<j.
voteepar M. de Paris, les religieufes declarerent qu'elles ne laiiferoient pas d'en appeller & de prorefter; & que tout ce qu'elles pourroient faire, fe- roit de la tolerer & de fouffrir cette violence comme tontes les autres. Le Sieur du Saugey n'aianr pu perfua- der de recevoir fa nouvelle tourriere , revint le lendemain a la charge , mais les religieufes perfifterent dans leur re- fus, du'ant qu'elles ne la recevroient point qu'elles ne viflfent un ordre de M. l'Archevcque, & meme que dans ce cas elles en appelleroient & protefte- roient. Le Sieur du Saugey repondic que ce Prelat ne vouloit plus entendre parler d'elles, & ajouta qu'elles avoient raifon de dire, qu'il n'y avoit pas lieu de croire que M. de Paris fe ra- baiffat jufqu'a leur cherclier des fem- mes. pour les fervir, que cela feroii indigne de lui,& qu'il avoit bien d'au- tres chofes a faire. Auquel faut-il croi^ re, cm de M. du Saugey , qui allure qu'une tourriere eftenvoieeparM.de Paris , ou de M. da Saugey qui con- vient que M. de Paris ne fe rabaifTe pas jufqu'a une pareille chofe qui fe- roit indigne de lui ? L'Exempt offrit a la mere Prieure d'envoier un garde i |
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6l HlSTCURE DE PoRT-R0l'4t»
M. de Paris, pour les aiTurer que la
tourriere venoit de fa part, & appor- ter un ordre de la recevoir. (II n'y en avoir done point encore eu de donne). Cet ordre arriva le jeudi, 11 mars, 8c confiftoit en une lertre addreflee a l'E- xempt, dans laquelle M. de Paris lui marquoit entre autres chofes , qu'il avoir appris a P. R. de Paris que la tourriere qui etoita. P. R. des Champs ne faifoit pas fon devoir. L'Exempt ne voulut point donner le&ure die la lettre &c fe conrenra d'en dire ce qu'il lui plur. Les religieufes ne voulant point recevoir la rourriere, on conclut que M. Hilaire iroir a Paris pour repre- fenter leurs raifonsa M. l'Archeveque; 1'Exempt y confenrit, mais il ne vou- lut paspermettre qu'on donnac ces rai- fons par ecrir a M. Hilaire , quoique ce ne fut que pour foulager fa memoi- re. Il permir feulement qu'on lui en fit lecture. Ces raifons coniiftoienr. ia en ce qu'il y avoir encore plus de dan- ger dans l'etabliiTement de cette fe- conde tourriere que dans celui de la fremiere , parceque e'etoit continuer
oppreffion , & que cela pouvoit plus etre tire a confequence que la pre- miere fois : 2". parcequ'il etoit vifible par la lettce de la fceur Dorothee a |
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II. Partie. Liv. V. 6j
Dame Hotelette , que c'etoit elle qu1'
la congedioit, & qu'elle s'attribuoi* un droit qu'elle n'avoit point: 3 ° par- cequ'elles n'avoient nulle raifon de re- cevoir une perfonne inconnue, qui ne leur etoit pas meme addreflee par M. He Paris , au lieu que la premiere etoit munie d'un ordre de fa part (8) : 4° parceque l'injuftice eft encore plus grande , de les obliger de prendre des gens de la main de leurs parties■>• de- puis qu'elles les obligent de les payer , apres les avoir depomllees de tout. Ou- tre ces raifons generates, elles en ajou^ terent de particulieres: 1 parcequ'ai'ant peu de bien , il ne leur falloit point de domeftiquesfuperflus. 2.0 Parceque la perfonne en queftion s'annon^antcom- me une Demoifelle de condition , les gages ordinaires d'une tourriere ne lut convenoient pas. 3* Parcequ'ai'ant fu- Jet decroire quecette demoifelle etoit fceur d'une des religieufes de Paris, qui avoient figne, c'etoit pour elles une nouvelle raifon de la refufer &c. M. Hilaire porta dans fa memoire ces rai- ibns a. M. l'Archeveque , qui 1'alTura ( 8 ) L'ordre dii Pre- cut fte qucftion de leur
lat pour faire recevoir la faire lecevoic une nouvet-
preiriere tourriere etoit le bulle.
aufii folemnel , que s'il (7)Bioc. verb, 30 mars. |
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<?4 HlSTOIRE DE PoRT-RCHAt.
que c'etoit lui qui avoit envoie ladite
Demoifelle, qu'il prioit qu'on la re^ut & qu'il- efperoit qu'elle les ferviroit bien. M. Hilaire lui demanda un or- dre par ecrit, & ne put l'obtenir. Etant de retour a P. R> le 13 , il rendu comp- te de fou voi'age a la mere AbbefTe , qui l'aiant erttendu, dit qu'il etoit impof- fible de recevoir cette demoifelle pour tourriere ; » qu'on ne l'acceptoit point » en cetce qualite , & que tout ce » qu'on pouvoit faire etoit de la tole- " rer comme une geoliere envoi'ee par *■ M.de Paris, qu'elles en appelloient » ainfi que du refte, en adherant i » leurs premiers appels; qu'on ne con- « fieroit rien a cette tourriere,& qu'on » ne la laifFeroit point entrer dans le » monaftere. » L'Exempt pfenant la parole , dit que le Medecin n'entreroit oonc point :1a mere AbeflTe repondit que les religieufes fe paiTeroient plu- tot de Medecin, & qu'une fceur qui etoit malade lui avoit temoigne qu'elle aimoit mieux mourir fans le voir, que d'etre une occafion de faire quelque ehofe contre les droits de la maifon ; & que ce ne feroit pas pour elle une grande peine de mourir fans medecin , puifqu'on la laifToit bien mourir fans Sacremens. La maladie de cette relt- |
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II. Parti e. llv. V. £5
gieufea'iant augmente, 8c la commu- 1666:
naute ne croiant pas pouvoir poufler plus loin fa refiftance fans manquer a d'autres devoirs de charite, die con- fentit que cette demoifeile entrat; & a la priere de M. Hilaire a qui d'autres occupations ne permettoient pas de veiller a tout, on lui donna le loin du linge. Trois mois apres fon arrivee a P. R.
la demoifeile de Veillac etant obligee
d'aller a Paris pour fes affaires, elle
en demanda la permiffion. En confc-
quence M. de la Brunedere envoia le
16 juillet une nouvelle tourriere, 8c
ccrivit a ce fujet a l'Exempt dans Ies
termes fuivans. » J'ai appris que la;
» tourriere qui eft a, P. R. des Champs,
m s'en veut aller pour quelques affai-
m res particulieres , » ( il ne s'agiflbit
que d'une abfence de fept ou huit
jours,) " ce voi'age me la rend fufpec-
» te , & je ne trouve pas a propos
» qu'elle retourne , parcequ'elle feroir
» trop favante. Je vous en envoie une
» autre qui eft une bonne & honncte
m veuve & definterefTee , qui m'eft
,y adreftee par des perfonnes amies ,
« vous la pouvez recevoir en confian-
3J ce , & vous en recevrez du foulage-
u jixent dans la veille que vous etes
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66 HlSTOlRE DE PoRT-ROlAt.'
i<5<j6. » oblige de faire pour le fervice da
» Roi. » Rien n'eft plus fingulier & plus extraordinaire que ce billet ; les religieufes firent contre cette nouvelle violence une proteftation dans leur ac- re du 31 jmller, ou elles font voir 1'in- juftice du procede de M. de la Brune- tiere , ainfi que le ridicule & l'inde- cence de fon billet, qui renferme autant d'impertinences que de mots. Y-a-t'il rien de plus ridicule pour un grand-Vicaire, que d'envoi'er dans une maifon religieufe une tourriere pour y faire la fon&ion d'un foldat, meme la. nuit ? Cette tourriere etoit une fern me veuve , dont la fille etoit aupres d'une bonne dame , qui mmoit, dit-elle, la devotion fous la regie des RR. PP. Je- fuius. ' xxii. M. Hilaire aiant temoigne a cette
Procura- oCcafion qu'il avoit befoin d'une pro- tion donnce a • 1 i i r •
m. Hilaire .curation de la communaute pour agir
pour agir au en {Qn nQm ponr: zff"mer: \es chofes
nom des reli- , ,... \ r i • • c t gieuies. dans 1 etat ou on les avoir miles par le
partage ; la mere AbbefTe lui repondit qu'elles avoient tant de preuves de fa fidelite & de fa bonne eonduite, qu'el- les la luidonneroient volontiers; mais ?iu'elles ne pouvoient fe refoudre a le aire s par la crainte qu'elles avoient que la four Dorothee n'en prit avanta- |
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II. P A R T I E. Liv. V. 67
ge contre elles, & qu'on ne crut qu'el- l65$
les avoient aquiefce a la fentence de M. de Paris. Neanmoins apres avoir examine murement la chofe , elles crurent devoir pafTer fur ces raifons, &c lui donnerenr le 19 de mars une pro- curation en cestermes. » Nous, Abbef- » fe, Prieure & religieufes de l'Ab- » bai'e de P. R. du faint Sacrement » fouffignees, de prefent en notre mo- » naftere de P. R. des Champs, etant ». aflurees de la fidclite & de la pro- » bite de M. Hilaire Piet , par les » grands fervices qu'il a rendus a no- » tredite abbaie depuis pres de vingt >' ans , nous I'avons fait & conftitue » notre procureur pour recevoir en »> notre nom le revenu qui nous ap- » parti ent, declarant que fans dero- » ger a nos droits & pretentions nous » approuvons pour bonnes & valables » routes les quittances qu'il en don- »» nera, comme auffi nous le prions » de nous faire la charite d'avoir foin » de l'adminiftration de tout notre »j bien , de quelque nature qu'il foit, » etant pleinement perfuadees par ex- it perience , de fa capacite & bonne *> conduite, en foi de quoi nous avons m figne le prefent adte &c. " Ce qui ie paiTa a la mort d'un pan-
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<J8 HlSTOIRF. DE P0RT-R0i*At.
1666. vre gentilhomme norrime Chartriei?,
que la mere Prieure avoit retire depuis trois ans a P. R. des champs pour le fake fubiifter, fait encore un article du proces-verbal (9). Ce gentilhomme mourut le z8 mars dans des difpoit- tions , dont M. du Saugey convenoit lui-meme qu'il etok content. Nean- moins ce fanatique ne voulut point qu'on fonnat les cloches, & ne fat au- cun fervice ni priere publique pour lui, pretendant que rien n'etoit ex- cepte dans l'ordre qvfil avoit recti de M. l'Archevcque de ne point fonner les cloches & de ne faire aucune cerei- monie. Cell ainfi, que non content d'obferver rigoureufement a- 1'egard des religieufes les ordres cruels de M. de Paris, il les etendoit fans autorke jufqu'aux perfonnes du dehors, que le Prelat n'avoit point comprifes dans la punition qu'il faifoit fouffrir a cette communaute, pour une pretendue fau- te a laquelle ces perfonnes n'avoient aucune part. Tant d'injuftices , de durete & de
violences , engagerent les religieufes a en drefTer , le 30 de mars , un pro- ces-verbal, & a. en appeler en adherant de nouveau a tous leurs appels & i, ' if) Journ. p. «8. Piocct v«rb»l du ) i juillet. |
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It. P A R t i e Liv. V. 6$
toutes kurs proteftations, tant contre i&6&, M. l'Archeveque , que contre le fieur Ghamillard 8c la feeur Dorothee; & elles conftituerent un procureur pour pourfuivre leur appel tant au Parle- ment que partout ou befoin feroit. Dix jours apres (10) avoir dreiTe cet xxn.
aete , les religieufes penferent a. faire aef^ei'ig'ieu- des demarches pour demander la com- f« a Pa^uos munion pafchale , qui leur avoir deja ere refufee l'arinee precedente. Com- me M. l'Archeveque leur avoir declare qu'il ne vouloit plus entendre parler d'elles , ni rectvoir de leurs lettres, & avoit ordonne qu'elles s'adrelFaflent aux gardes, fi elles avoient befoin de conrefTeur ou de quelqu'autre chofe que ce fut, afin qu'ils Ten avertilTent, la mere AbbefTeparla ai'Exemt le ven- dredi de la quatrieme femaine de ca- reme , 9 d'avril, & le pria de faire favoir aM. I'Archeveque,que leur otant route forte de liberte de s'adrefTer si lui, elles fe fervoient de la feule & uni- que voie qu'il leur avoit laiiTee libre, pour lui demander la communion paf- chale( 11). M. de faint Laurent s'excufa poliment de fe charger de cette com-, million, difant que cela n'etoit point (10) 9 Avtil.
- (11) Journ. p. 7.0. Ptoses vetbal du 31 juillefc |
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70 HlSTOIRE BE PoRT-ROlAL
de faprofeffion, &qu'il n'etoit a l'ab-
baie que pour faire obferver les ordres du Roi : il ajoiita qu'elles auroient mieux fait d'en charger un ecclefiafti- que, qui etoit retourne a Paris depuis peu , apres avoir confefle les faeurs converles (pour la premiere & unique fois qu'on leur eiit accorde cette grace depuis un an). La mere Abbefie re- pondit que cela eut ete erTedtivement plus a propos, mais que recclefiaftique qui avoit les mains liees par M. l'Ar- chevcque, leur avoit temoigne qu'il n'ofoit rien entreprendre au-dela de ce qui lui avoit ete enjoint. Le lende- main l'Exemt & M. Hilaire vinrent rrouver la mere AbbefiTe , pour parler de cette affaire : elle leur dit, qu'apres avoir penfe aux difficultes que M. de faint Laurent avoit faites d'envo'ier de- mander la communion pafchale pour elles, elles y en avoient trouve plu- fieurs, & qu'elles penfoient qu'il fe- roit plus a. propos qu'elles ccriviflent a M. de Paris une lettre fort refpec- tueufe, dont il ne pourroit avoir lujet de s'offenfer. L'Exemt repondit qu'il ne pouvoit laifTer paflfer aucune lettre ; qu'il avoir des ordres fi expres, que cela ne lui etoit pas moins defendu jpour M, l'Archeveque que pour tout |
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II. Partie. Llv. V. 71
autre. On lui propofa de lui fairevoir 1666. la lettre; & com me il parut accepter la proportion , on en drefTa le projet, que nous inferons ici. " Monfeigneur , bien que nous
» nayons pas oubne ce que votre proj« de » Grandeur nous manda.il y a quelque \"\" „des, f*" , ., i/r 1 ■ 1 ligieulesaM.
" terns, qu elle nous derendoit de ne de t'arispour
» prendre plus la liberte de lui ecrire demander '* * 1 . r . communioa
« pour quoi que ce ioit, nous ne pafchale.
» croionspas, Monfeigneur, blefTer » le refpedt que nous portons a 1'au- » torite que vous avez fur nous, qui » nous reprefente celle de Dieu, en « vous attribuant une qualite que fa » bonte lui donne , qui eft d'etre fa- » cile a fe laiflfer appaifer, & a rela- „ cher merne la rigueur de fes mena- » ces & de fes arrets, quand la mifere » de ceux contre lefquels il s'eft irrite » l'a touchede compaffion (it).Tout » ce que nous avons, Monfeigneur, »> eprouve jufqu'ici de votre feverite » n'a pu etoufter encore de notre coeur » une fecrete confiance, que fi vous m ecoutiez d'avantage vos fentimens „ naturels, vous agiriez plutot en pere u qu'en juge envers des perfonnes a „ qui vous faites la juftice d'etre per- » made, comme vous nous l'avez de- (ii) Joutn. p. 11 Ptoces verb, ji juilUt, |
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71 HlSTOlRE DE PoRT-R01A£.
v clare a nous-memes, que la craint
» d'ofFenfer Dieu eft le feul motif qu
" les empeche, dans line feule & mal
t» heureufe occafion, de vous temoi
w gner la parfaite foumiffion qu'elle
» ieroient pretes a vous temoigne
» dans toutes les autres, felon tout
» l'etendue de leurs obligations. 1
» faut vous avouet, Monfeigneur
» que nous fommes devenues un pei
» plus hardies a former ce jugemen
» favorable de vos intentions, depui
» que nous avons appris par la lectur
» du dernier arret du Confeil, qu
» vous n'aviez pas agi envers nous pa
» le feul difcernement que votre lu
» miere & votre autorite vous ont fai
» faire de ce que nous meritions, mai
» que vous y aviez ete determine pa
» les ordres d'une autre puiflance
» que nous reverons avec un profoni
»> refpecl: comme etablie de Dieu, mai
» que nous favons bien qui ne s'ap
„ plique pas a porter jugement de
»> confciences , 8c aimpofer des peine
» fpirituelles. C'eft la raifon, Mon
» feigneur, qui nous fait encore ei
m perer, de pouvoir trouver acces
u vos pies , fans contrevenir , ni
t» -vos defenfes, ni aux intentions d
v Sa Majefte , puifque ce n'eft qu
pou
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II. Par.tie. Liv. V. 7$
». pour vous demander une grace, qui ~l($£g~ » n'elargira point nos liens , & qui » nous donnera feulement la force de n les fupporter, fi vous accordez a vos « lilies, a vos pauvres, a vos prifon- » nieres, le pain celefte qu'elles vous » demandenc avec route forre d'humi- » lire, dans un terns ou l'Eglife ne le » refufe qu'a ceux qui s'en privenc » eux-memes par le dereglemenr de » leur vie. La notre , Monfeigneur , » n'eft point fans tache, mais nous » ofons efperer de la mifericorde de » Dieu , que l'humiliation & les au- » tres peines que nous fouffrons en » l'etat ou vous nous voiez , auront »' fervi a les effacer devant fes yeux, » & a adoucir dans votre cceur la pre- « miere feverire dont il y a 20 mois » que nous portons les triftes efFets , » etant feparees depuis rout ce terns " de la participation des Sacremens. " Quelque jufte que put etre la rigueur » d'un pere, qui chaileroit un enfant » de fa table , parcequ'il ne lui auroit » pas obei , elle deviendroit cruelle , » s'il le tenoit fi long-tems enferme « fans manger, qu'il le laiffar perir " de faim : Sc la conduite fi ordinaire » des Medecins, qui retranchent uti- »> lement le pain dans le commence^ Tome VL D |
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74 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAL.
» ment des maladies , fait voir audi
» qu'il eft neceflaire de le leur rendre » quand la longue duree du mal affoi- » bliroittroplesforces,fi ellesn'etoient » foutenues par quelque aliment fo » lide. Ce font, Monfeig. des exem- m pies proportionnes au jugement le » plus rigoureux que vous puifliez » porter de notre difpoution. Car fi u notre crime etoit fi grand , qu'il ne » put pas etre expie par l'exil, par la » prifon, la ditfamation publique , le » depouillement de nos biens, & tout » le refte qu'il eft inutile de particu- « larifer , il ne refteroit plus rien fi- w non qu'il fut digne de la mort. Mais w en ce cas, Monfeigneur, il eft cer- « tain qu'il y autoit de la mifericorde » a nous y condamner, plutot qu'a » nous killer palTer notre vie dans »> cet abandonnement fi epouvantable » de toute afliftance fpintuelle, qui r> n'eft propre qu'a expofer d'une ma- il niere etrange le falut des ames, dont » l'interet eft bien plus recommanda- •> ble i un Pafteur de l'eglife que ne » le doivent etre tous ceux de la vie » prefente. Cependant, Monfeigneur, » vous avez bien voulu nous laiflfer " du pain par votre derniere ordon- n nance, qui nous 6te tout le refte, |
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II. Partie. Liv. F. 75
» Pourquoi n'aurions nous pas audi "7^667"
« fujet d'efperer, que vous nous re-
m tablirez a cette grande fete dans la
» pollfeiTion de cet autre pain qui ap-
» partient fingulierement aux pau-
» vres. Nous vous en conjurons ,
» Monfeigneur , au nom de Jefus-
» Chrift, & nous melons nos larmes
« avec nos prieres pour obtenir cette
» grace. Si vous nous la faites , elle
»» en attirera d'autres fur vous meme,
» Monfeigneur , & nous nous tien-
" drons obligees a les demander a
» Dieu fans cefih , afln qu'il vous
» comble d'autant de benedictions
» que vous en fouhaitenr , Monfei-
" gneur , &c.
M. de faint Laurent ai'ant entendu xxiv.
la le&xire de ce projet de lettre , dit L'exempt j'l , • • 1 • >•! neveut point
qu u n y avoit nen de mieux , qu u re charger de
auroit fouhaite qu'il lui fut permis de '»lettre. l'envoi'er ; mais que cela lui etoit iin- pollible. On lui reprefenta qu'il en avoit deja fait tenir quelques-unes; que M. l'Archeveque , en declarant qu'il ne vouloit plus entendre parler d'elles, avoit ordonne au'elles s'adrefTeroient aux gardes, pouV demander des con- feffeurs, & quelqi^e chofe que ce fut; que puifqn'ils le refnfoient, il ne leur leftoit abfolument aucune reifource. Dij
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7<J HlSTOIRE DE PoRT-ROlAL.
"1666. Mais quelqu'inftance qu'on fit a l'E-
xempc, jamais on ne put obtenir de iui, ni qu'il permit d'ecrire , ni me- me qu'il envoiat un garde pour parler feulement a M. de Paris. Jl confentit a la fin, que M. Hilaire iroita Paris pour cela , c'ell-a-dire pour parler a M. l'Archeveque •, on le chargea de lui demander , outre la communion pafchale pour ies religieufes , que les ceremonies de la femame fainte fiuTent celebrees feion la coutume , fpeciale- inent celles des Rameaiix , l'adoration de la Croix & la benediction du cier- ge pafchal. M. Hilaire alia done a Paris , 8c
xxv. vit M. l'Archeveque , qui lui dit plu- offre aux re- neurs rois qu ll voudroic donner la ligkufcs desmoltie de fori fang & la moitie de a^Vet'nar- fon eveche , & etre hors de cette affai- dins pout re. ( H pouvoit s'en tirer a moins de tontefleurs. r ■ \ i ' r i i i '
,. , rrais. ) La repome aux demandes des
Reponfc de ,. . r I . v ,
i'Abbdie a religieules rut a-peu-pres la meme
«s offi.es. que ce qu'^ ecrivit a M. de faint Laurent, & que celui-ci communi- qua aux fuperieures le jeudi de la fe- maine de la Paffion , e'ecoit le jour que M. Hilaire revint de Paris (t j). » M. l'Archeveque mandoit qu'a'iant »» appris le defir que les religieufes (ij) if avril.
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If. Partte. Llv. V. 77
«' avoient de lui demander la com- j<j<j<£,' » munion , il avoit penfe a. leur >■ envo'ier quelques perfonnes de piece » & de fcience , qu'il eftimoit ne leur " devoir pas etre fufpectes ; 8c qu'il « avoit pour cela deiFein de choinr " quelques religieux de faint Auguf- » tin 8c de faint Bernard , qu'il char- » geroit de leur parler a toutes , 8c » auxquels il donneroit pouvoir de " leur accorder les Sacremens , s'ils » les trouvoient dans une difpoficion " convenable. Sur quoi il voulut etre » informe au plutot de leurs fenti- » mens par l'Exempt. La mere Abbeffe repondit , que
comme cette affaire regardoit la com- munaute , elle ne pouvoit rendre re- ponfe , qu'elle ne fut auparavant le fentiment des foetus. E!le en fit la proportion , qui pa rut fort embarraf- fante a toutes,parcequ'elles avoient ap- pris par experience, qu'on ne leur pro- pofoit jamais rien que dans le deffein de les furprendre, 8c de les faire tom- ber dans quelque pieg'e. C'eft pour- quoi elles conclurent , qu'en accep- tant la proportion de M. l'Archeveque, elles declareroient leur difpofition a • egard du forrrralaire. En confequen- ce , la mere Abbeffe fit fa reponfe a D iij
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78 HlSTOIRE DE PORT-ROIAI.
M. de faint Laurent, & le ptia de
dire a M, de Paris , » qu'elles fouhai- » teroient de tout leur caeur lui p°u- » voir obeir en routes chofes , &c » qu'elles feroient toujouts difpofees 3j a lui donner des preuves de leur » foumiffion par-tout ou leur conf- >7 cience ne feroit point engagee ; » mais que n'y ai'ant que la crainte » de la blefTer & d'offenfer Dieu qui » les empechat de fe rendre a ce quit « defiroit d'eiles , le terns n'avoit pu « apporter de changement a leurs dif- » positions, & qu'elles n'avoienrpoint m autre chofe a repondre a ceux qu'il » pourroitleur envoier; qu'elles elpe- sj roient de fa bonte, qu'il auroitpitie » de la tendrefle de leur confcience, & " qu'il ne laifTeroit pas de leur permet- « tre de participer auxSacremens,dans » une rete ou l'Ealife ne refufe cette » grace a pas on de fes enfans ; qu'el- « les fe jettoient a fes pies pour le " fupplier de la leur accorder ». M. de flint Laurent , voiant bien quelle etoit la refolution des religieufes a l'egard de la fignature , entra dans leurs fentimens pour ce qui etoit des perfonnes qu'on leur propofoit , & foutint contre M. Hilaire , qui etoit d'avis qu'elles acceptalTenc 1'orFre de |
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II. Par tie. lav. V. 79
M. de Paris, que ce feroit terns per-^ du de laiffer venir ces perfonnes , qui feroient obliges de s'en retourner comme ils feroient venus , ce qui fa- cheroit M. de Paris ; qu'il falloit par- ler fincerement •, qu'il voi'oit bien qu'elles ne feroient rien , & qu'on devoir compter fur ce pie-la. Qu'ainft l'intention de M. de Paris etant allu- rement de leur perfuader do faire quelque chofe de nouveau , puifqu'el- les n'y vouloient point entendre , il valloit mieux ne lui point donner fu- jet de s'y attendre , & d'envo'fer intf- tilement des confeffeurs. Il pria la mere Abbefle de faire mettre par ecrit ce qu'elle defiroit qu'on dit a M. l'Ar- cheveque de leur part , afin de n'y rien ajouter ou diminuer , ajoatanc qu'il en feroit le porteur , & que M. Hilaire , qui alloit partir avec lui pour Paris , apporteroitla reponfe. La mere Abbefle fit drefler fur le champ un memoire (14) portant: » Que les re- » ligieufes avoient appris avec beau- " coup de confolation , qu'il ne leur » otoit pas tout-a-fait l'efperance d'ob- » tenir de fa bonte la grace qu'elles lui » demandoient tres humblement pour " la communion Pafchale. Qu'elles ('4! Joutn. p. 74. Proces verb, du jr juilleu
D iv
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So HlSTOIRE DE PoRT-RClAt.
S.C66. " ^toient pretes , s'il leur ordonnoif 1
" de dire aux perfonnes qu'il lui plaira " de leur envoier queiles font leurs dif- » pofitions ,■ mais qu'elles ne le feront » jamais avec p!us d'oavermre & de » fincerite qu 'elles fe font donne l'hon- » neur de le lui dire & de lui ecrire a « lui-meme-,que routes leurs difficultes » n'etant fondees que fur la crainte d'of- " fenfer Dieu , eiles ne pouvoieru di- " minuer par le rems ; mais qu'elles » efperoient que la longueur de leurs » fouffrances aura fervi a augmenter » fa charite & fa companion pour les >» perfonnes du monde , qui avoient » le plus de paffion de lui pouvoir te- » moigner dans tout le refte , ou leur » confeience ne feroit pas engagee , " avec quelle profonde veneration elles » honoroient l'autorite facree que Je- » fus Chrift lui avoir donnee fur elles, » & feroient pretes a lui en donner » toures fortes de marques par une » parfaire obeifiance (15). Rcfusdefii- Ce billet fut auditor remis a M. de *elescerdmo-faint Laurent, a qui la mere AbbeflTe J«es de la Se- J
waiaefaincc. <M> n parolt pat unc confefTeuts que M. l'Ar-
Ictcre de la mete A"geli- clicvcquc avoitpropofe de
quedefaint Jean a M. Ar- leur envo'ler. C'eft fur
nau!d, que quelques amis quoi la mere Angelique de
bldmerenr en certe occa- fainr Jean les jiiflifie pat
lTon le refus que fircnt les des raifons ties tolides.
icliguufes de rccevoir let |
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II. Pamie. Liv. V. 81
dit en meme tems , que les femmes qu'elles avoient au-dedans, deman- doient afortiravant Paques pour fe con- feffer a leur Cure ; ce qu'il leur refufa. On lui propofa de faire venir le Cure , & aiant appris que c'etoit celui de Magny , il le refufa encore , & parcic pour Paris avec M. Hilaire , qui revint le famedi 27 , & rapporta que M. l'Archeveque n'etoit poinr farisfait de la reponfe des religieufes. Quanr aux cerenionies de la femaine faince qu'on lui avoit demandelapermiflionde faire felon la coutume , il dit que la re- [>onfe qui avoit ere faire , etoir qu'el-
es ne les feroienr poinr, qu'elles ne recevroienr poinr de rameaux , & n'a- doreroienr point la croix. M.duSaugeyqui, paries mauvais
offices qu'il rendoit conrinuellement aux religieufes , faifoit donner tous ces ordres & routes ces defenfes, fur tres exadt a s'y conformer. Ce pretre fchifmatique ne manquoir aucune oc- cafion de chagriner ces fainres fiiles. A la fete de la purification , il avoit fait beaucoup de difficultes de be- nir les cierges , & de les difcribuer a la grille ; il era fit encore davan- tage de leur donner les cendres le premier jour de careme. Enfin le jour D v
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i>2 HrSTOIRE DE PORT-ROlAt.
des Rameaux, il refufa de les benir »
non-feulement pour les religieufes du chceur, mais meme pour les conver- fes , parceque , dit-il , comme elles ne faifoient qu'un meme corps de communaute, il n'y avoir pas d'ap- parence qu'on dut faire une eere^ monie paiticuliere pour elles. Ces faintes nlles n'ai'ant done pu obtenir d'avoir des rameaux benis de la main du Pretre , ne laiflerenr cependant pas d'imirer la piete des peuples qui en porterent ce jour-la au-devant de Je- iiis-Chrift, fans autre benediction que celle que Dieu repand fur touces les actions qu'on fait pour I'honorer. La facriiline leur diftribua a toutes les ra- meaux qui avoient ete prepares , Sc elles les tinrent en leurs mains pendanc que le pretre faifoit la benediction de ceux du dehors , & pendant la Paf- fion. A la fin de la mefle , l'Abbefle donna l'eau benite , comme cela fe faifoit tous les dimanches , depuis qu'elle ne la recevoit plus a l'Eghfe; enfuite elles firent une proceffion fo- lemnelle avec chant dans leurs dor- toirs. Le jeudi faint, 22, le fieur du Sau-
gey dit a la facriftine qu'il ne chante- roic point a l'autel pendant ces faints |
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II. Par tie. Liv. K Sj
jours, de forre que Ton vit un fpec- tacle tout nouveau dans l'Eglife de P. R.; mais qui avoit grand rap- port au myftere de la Paffion qu'on celebroit. Au lieu de la majefte des ceremonies ecclefiaftiques , & du chant des pretres , du peuple 6c du choeur des religieufes , cilii avoit ac— coutume d'accompagner le triomphe de la croix , tout y etoit dans un trifle filence, & l'Eglife quad deferte , n'y aiant au-dehors que les gens de la maiibn qu'on fit meme retirer fort loin , de peur qu'ils n'approchafTent de la grille. Deux pretres feuls,donc l'un portoit le faint Sacrement & l'au- tre l'encenfoir , tenoient la place de tous les miniftres de 1'autel qu'on avoit coutume d'y voir dans de fem- blables ceremonies. Jefus-Chrift y parut comme a fa paffion au milieu des foldats , qui portoient le dais du faint Sacrement, 8c les religieufes te- noient la place des faintes femmes de l'Evangile , qui affifterent a fon cru- cifiement, & repandoient des larmes, etant rangees devanr leur grille ou- verte , les voiles bailies & des cierges a la main , pour adorer les humilia- tions du fils de Dieu , en portant elles-memes fes opprobres. Le fieur D vi
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84 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt;
1666. ^a Saugev > q1" prenoit plaifir a les en
raflaffier, affe&a en paffant devant la grille, de tourner l'epaule afin qu'elles lie vilTenrpas le faint Sacrementqu'il portoit dans fes mains. Le jour du vendredi faint, il refufa a ces vierges chretiennes , ce que l'Eglife offre aux plus grands pecheurs, pour etre l'ob- |et deleurconfiance & le, moien de leur reconciliation , favoir de leur faire adorer h. croix. De tels exces etoient pour elles , dans l'ordre de la providence , des inftru&ions folides & Dieu, qui permetroit qu'on agit a leur egard d'une maniere fi contraire a la charite de l'Eglife , leur appre- noit par-la ce qu'elles devoient pen- fer dece qu'on exigeoit d'elles , & l'efprit donr ecoient animes ceux qui temoignoienr vouloir leur falut (16). Apres avoir afllfte a cette trifte cere- nionie , elles allerent dans leur cha- pitre faire la leur, & y adorerent la croix en chantant des hymnes BiuTdeM. Ce m&me)our» M- delaint Laurent
de Paris aux apporta de Paris un billet de M. l'Ar-
icligieufes. cheveque, porrant ce qui fuit: » Le
» deftein de l'Archeveque de Paris ,
» qui n'a que des tnttallies de charite
m pour les religieufes de Port Roial des
(i«; Jouin. p. 77 & fuiv. Pioccj veib. jj juillet
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II. Partib. Llv. K 8j______
» champs , etoit de leur envo'ier quel- 166&,
» que ecclefiaftique extraordinaire, de
*r grande piece & capacite , & qui ne
» put ranonnablement leur etre fuf-
V pect , lequel tacha par les conf'e-
" rences qu il eur avec elles , de les
» mettre en etat de recevoir les faints
•> Sacremens de I'Eglife •, mais com-
m me les billets qu'elles ont mis en-
» tre les mains de M. de faint Lau-
» rent portent qu'elles ne penvent pas
» declarer a perfonne qu'elles foient
" dans une autre difpontion que celle
» qu'elles ont ci-devant temoignee■,.
» attendu qu'elle eft fondee fur la
» crainte d'offenfer Dieu, l'Arcbeve-
» que de Paris juge qu'il feroit inu-
» tde de leur envoier perfonne , par-
» cequ'il eft perfuade que cette dif-
»» pohtion ( fondee fur la crainte d'of-
» renter Dieu) eft tres criminelle >.
» foit pour la dcfobenTance que ces
>» filles lui rendent ( en obeiflant i
.j Dieu ), foit pour la prefomption
» qu'elles ont de croire qu'il y a pe-
« che en une chofe ( qui eft d'afturer
»# avec ferment tin fait douteux & in-
» jurieux a un faint Eveque ) en la-
» quelle des gens d'une grande piete
» & capacite , & en qui elles doivent
» plutot prendreVonfiance qu'en ceux
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______*6 HlSTOIfcE DE PoRT-ROlAl.
1666. " q^i defendent une dodrine condam-'
» nee par l'Eglife , les afliirent qu'il » n'y en a point. Du terns de laint » Leon Pape , les defenfeurs du Pe- " lagianifme parloient de la meme » forte & ufoient des memes artifices » que font aujourd'hui les defenfeurs « du Janfenifme. Que fait fur cela ce * grand Pape & grand Saint * Voici » comme il en ecru dans fon epitre 8 6 » a Nicetas: Damnent aperlisprofijjio- nibus fuis erroris autores , & quidquid in doclrina torum univerfalis ecclejia ex- horruit, dtujltntur, omniaque decrtta fynodalia , ■qua ad excijionem hujus Axrefeos apoftolicz fedis confirmavit autoritas , amplecti ft & omnibus ap- probart plenis & apertis ac propria manu fubflriptis proteftationibus elo- quantur, nihil in verbis torum obfcu- rum, nihil inveniatur ambiguum. « Je » ne crois pas que les religieufes de » P. R. puifTent blamer avec fonde- » ment leur Archeveque d'imiter en » cette occafion la conduite de faint » Leon , & de fe fetvir de fes propres " paroles, les aflurant qu'il eft tou- » jours pret a leur accorder ce qu'elles » lui demandant, pourvu que dam- » ntnt &c, » ( L'application des paro- |
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II. Partie. Liv. V. t-j
les de faint Leon n'eft pas heureufe dans la bouche de M. de Perefixe , puifque le Pape , que l'Archeveque de Paris pretend imiter, defendoit la doc- trinedeS.Auguftin &vouloit qu'on con- damnat celle des Pelagiens avec leurs auteurs, au lieu que M. de Perefixe vouloit qu'on condamnat la do&rine de faint Auguftin & un auteur qui l'a- voit defendue. De plus faint Leon ne vouloit point qu'il y eut rien d'obfcur &c d'ambigu dans les profeffions de foi j. Sc M. de Perefixe, Archeveque des re- Iigieufesde P. R., leur faifoit un crime de ce qu'elles vouloient parler claire- ment). M. de Paris ajoute qu'il ne fait pas difficulte de leur envoier du latin , parcequ'il fait qu'il y en a parmi elles qui favent le latin, & qui pourront l'ex- pliquer aux autres. » Au refte , il ne » les peut quitter fans les conjurer de » tout fon cceur, de bien confulter u Dieu & leur confcience,( il n'y a pas » de doute qu'on ne confultat plus a » P. R. Dieu & la confeience , qu'a » I'Archeveche ), & de fe tenir dans » le plus grand efprit d'humilite qu'el- » les pourront, parceque fans cela il » n'y a rien a efperer , & fans cela el- » les ne peuvent etre de bonnes relir- |
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&8 HfSTOIRE DE PoRT-RClitl.
1(j(j(ji » gieufes ( 17 J. » Ce papier etoit
ecnt de la main de Monfieur l'Ar- chevcque , mais fans fignature. M. de faint Laurent te remit a la mere Abbeffe , la priantde le faire voir aux fceurs ; ce qu'elle fit le lendernain fa- medi faint, a deux heures apres midi, dans une alTemblee de communaute. Apres quoi elle parla du refus de chan- ter vepres que M. du Saugey avoit faic le matin , quoiqu'on l'en eut prie, & que lui meme leur eut dit dans quel- ques occafions , qu'elles pouvoient chanter aux feres annuelles, la regie da droit accordantcela aux perfonnes me- mes interdites. xxvrir. La communaute delibera la deffus,
Les rdi- gc fat d'avis, que la regie de droit per- eieules pren- x /• ° * ■ * j.
nem la rifo- mettant aux perionnes msmes wterdi-
lution de tes de chantsr aux fetes folemnelies . chanter rom .< >r ■ ■ r ■ i , /■
ce le joor de." n etoit pas raiionnable de ceder un
Paqu-s dans droit qui etoit incontestable de l'aveu |
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fJrglifc.
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'17) C'cfta'afi qu'on re-
fufe la participation des frints Myllcres a des vier- ges chretiennes , que leur perfecuteur aVouoit lui- m£me crre pures comrre dei Angel, dans un tems au- que! 1 Eglileinviretous les fidc'.es a en approchfr : cct fpoufes de Jefus Chrifl en •joknt d'auunt pt-is di- |
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gnes ■ qu'outre la purete
de leurs mceurs & Je leur foi, elles s'y etoicnt pre- pares par les fouitrances, par la retraite , & par la penitence, ai'ant jeune le careme comtne les Chre- tiens de la primitive Egli- fe,ne faifjntqu'un feul re- pas a la rin du jour pen- dant tout le careme. |
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IL P A R T I 1. L'lV. V. 89
meme de leurs ennemis , qui les trai- ^^c-,6.
toient avec le plus de rigueur en les' , „ .,-,„ r r ■ f P ,.,«> Fananime
iuppolant lnterdites, quoiqu ll tut raux de m. du sau-
qu'elles le fulTeiit. Elles ajonterent a B8*" cela pluheurs raifons pour confirmer leur deliberation qui fat fuivie : de forte qu'elles chanteient complies au chceur le foir du famedi faint , & le lendemain jour de Paques tout l'of- fice excepte complies qu'elles chante- rent au Chapitre (18 ). Le pauvre du Saugey fat il frappe d'entendre chan- ter les religieufes , & fi pique qu'il fut entierementmisen deroute , qu'il 011- blia de faire l'eau benite avant la grande mefTe. Les religieufes continuerent de chanter I'office dans leur chapitre les fe- tes fuivantes & pendant toute l'oclave, ce qui deplaifoit extremement au lieur du Saugey. Il n'avoitpas de plus grand crime a reprocher a ces vierges chre- tiennes, que leur chant, contre le- quel il declamoit continuellement, ne pouvant fouffrir qu'elles s'aquitaflent de ce devoir, & raifant tout ce qu'il fiouvoit pour les en empecher, jufqu'a
eur declarer qu'il ne leur donneroit point la benediction a complies pen- dant l'octave du faint Sacrement, fi ©lies chantoient pendant qu'il feroit a " (18) Jomn. 80 . Proces verbal du 31 juillet
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«)0 HlSTOIRE DE PoRT-RO'lAL,
iV<j<j. 1'Autel. C'eft pourquoi les religieufes:
confentirentdene point chanter , pour n'etre point priveesde la benediction. Le vendredi les chantres ai'ant par me- prife commence une antienne pen- dant qu'il encenfoit le faint Sacrement, il donna la benediction avant qu'elle fut achevee, & il ne fut pas plutot for- ti de l'autel qu'il fit repalFer le foleil &c tout ce qui fervoit a l'expofition du faint Sacrement, difant qu'il ne fe- roit plus rien. En vain on lui repre- fenta que c'etoit une mcprife, en vain la facriftine lui en fit des excufes, il n'ecouta rien , 8c dit que fa refolution etoit prife de ne plus donner la bene- diction ; il ajouta qu'il ne foufFroic leur chant a 1'elevation de l'hoftie > que parcequ'il y etoit contraint , ne pouvant pas quitter le facrifice ; mais que pour ce qui etoit de la benedic- tion du faint Sacrement , il aimoic mieux s'en priver lui meme que de participer a leur defobeiflance. Il pre- tendit encore qu'elles etoient excom- muniees, quoiqu'il eutlui-meme avoue que la regie de droit permettoit aux perfonnes memes interdites de chan- ter l'ofrice aux retes folemnelles, du nombre defquelles il reconnoiflbit qu'e- toit celle du faint Sacrement. Pour |
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II. P ARTIE. LlV. V. ?!
mettre le comble a fon fanatifme , il l666,
envoYa le jour de l'octave a la mere
AbbefTeun billet rempli d'injures atro-
ces & d'accufations les plus injuries ,
dans lequel il ofoit fe plaindre , qu'el-
les l'avoient empeche de continuer la
devotion qu'il avoit commencee de
rexpofuion du faint Sacrement, & il
eut a(Tez peu de pudeur pour traiter de
fatisfaclion fenfuelle , la piete qui por-
toit ces chaftes epoufcs de Jefus-Chrift
a honorer par des cantiques le myftere
adorable , par lequel il le communique
aux hommes. Il les prioit enfuite par
ce billet, de lui laifler la liberie d'en
faire 1'expofition & la benediction en
fupprimant leur chant. Qu'on juge par
ces traits du difcernement & du bon
gout de M. de Perefixe 8c de M. Cha-
millard qui avoient choifi ce rare fujet
pour fucceder aux S. Cyran , aux Sin-
glin, aux Arnauld , aux Saci, & Xxtx.
autres grands hommes qui-avoient con- Le 5 fillet
duit les religieufes de P. R. (19). _ l"nn"ve1f™c
Les grands progres quelles avoient d« let riu-
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moa.
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faits dans la piete fous ces habiles mai-
tte$, les lumieres qu'elles en avoient
rec,ues, mate plus encore la grace de
Jefus-Chrift les foutenoit dans les
epveuves de toute efpece, & les ren-
doient invincibles dans les combats
(15) Journ. p. 84.
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_______5>i Histoire de Port-roVal.
1666. qu'on leur livroit tous les jours. L'u-
nion parfaite qui regnoit entr'elles, fai- foit leur plus douce confolation au milieu des vexations qu'elles eprou- voient. C'eft pourquoi elles regar- doient le jour qu'elles furent reunies dans leur faint defert, comme Tun des phis heureux de leur vie. Ce jour s'e- toit trouve par une heureufe rencontre laveille de la dedicace de leur Eglife troifieme <k Juiliet, & pour celebrer l'anniverfaire de cem reunion , apres avoir chante folemnellementles vepres de la fete.elles chanterent le verfet Con- gngavit nos, pour remercier Dieu de les avoir raffemblees. Le lendemain, dimanche, elles chanterent encore an chceur apres la mefle folemnelle , le meme^ verfet en adtion de graces de l'arnvee de quinze cle leurs fceurs, qui etoient venues ce jonr-la l'annee prece- dent dans la maifon des Champs. |
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mort fait a la cipnfp \ foe .,->,,... T C ' 1 4
tourMargue- .eule a les, 5reux- L* fermete de cette
rite de flints vierge chretienne , qui demeura invio- Gertrude DU-lablement ^^J fc y^ & j ^
fincente chretienne , & aima mieux
mounr dans le plus grand abandonne- ment, que de bleffer fa confeience > fournit un bel exemple du zele que nous devons avoir pour la verite & la |
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II. Parti e. Liv. V. 9 j
juftice. La fceur Marguerite de fainte 1666.
Gertrude, fat la premiere qui reflentit les effets les plus violens du faux zele, oude la colere de M. de Perefixe. Elle fut attaquee le Vendredi 2 Juil- tjraen" a-hu-
let, de la malaaie dont elle mourut, m>lhi & df „, 1 j> j |) 1 ■ 1 penitence de
o£ tomba tout d un coup a 1 extremite cetcereligieu-
le lundi fuivant, 5 du mois. On ptia k- M. Poupiche (25) , Tun des Pretresque sa mort M. de Paris avoir mis a P. R.de venir *££* l* affifter la religieufe mourante ; il re- pondit qu'il ne le pouvoit fans une per- miffion expreiTe de M. l'Archeveque, qui ne lui avoit donne pouvoir que de confefler les fceurs converfes. La com- munaute jugea bien par cette reponfe qu'il n'y auroit rien a attendre de ce cote-la, & s'etant alTemblee dans la chambre de la malade , elle racha de lui procurer par d'humbles & ferventes prieres des fecours, dont la malignite des hommes n'avoit pas le pouvoir de la priver. Les fceurs eurent la confola- tion devoir queleursprieresn'etoienc pas inutiles. Car Dieu affifta la malade, d'une maniere fi particuliere dans cet Strange abandonnement , qu'il leur donna a toutes une ferme confiance (tf) M. Poupiche avoit marque' par quelques pa-
fuccede a M. Biord , qui roles <le la companion, a-Yoit etc retire pour avoit pour les religieufes, |
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94 Hktoire ds Port-roYal
i666.~ °lue ^a grace fupleeroit avec abondan-
ce a tout ce qui pourroit manquer a la malade de la part des miniltres in- juries. Elle conferva jufqu'a la fin les fentimens d'humilite & de penitence, dans lefquels Dieu l'avoit fait entrer, depuis qu'il lui avoit fait reconnoitre la faute qu'elle avoit faite en fignant le Formufaire dans fa captivite. Elle n'avoit cede de la pleurer, & de tacher dela reparer avec un zele qui edifioit route la communaute , & par des hu- miliations & des penitences que les fuperieures etoient obligees de mode- rer. Elle fouffrit les vives douleurs de fa maladie & de fon agonie, pendant laquelle elle ne perdit point la con- noiilance , avec une paix d'efprit & une patience extraordinaires. Comme elle avoit beaucoup de peine a parler, elle temoigna aux fours , qu'elle au- roit eu beaucoup de chofes a leur dire, mais fentant qu'il lui etoit impoflible, elle croi'oit que Dieu vouloit qu'elle mourut dans l'humilite & dans le fi- lence ; que tout ce qu'elle pouvoit fai- re, etoit de leur dire qu'elles favoient bien fes fentimens, que Dieu lui con- fer voir routes les difpofitions dans lef- quelles il l'avoit mife , & qu'il les flugmenroit. Apres cela elle adora pin- |
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II. Part ie. Liv. V. 95
fieurs fois le crucirix,tenioignant qu'elle ~7 mettoit route fa confiance dans le me- •rite inhni du Sang de JefusChrift. On recita aupres d'elle des prieres, aux- quelles elle eut une attention particu- liere. Un peu avant qu'elle expirat, on lui dit le refus que M. Poupiche avoit fait de l'aflilter : a quoi elk re- pondit d'une voie mourante, qu'iletoit mfte qu'elle fut la premiere traitee de la forte , parcequ'il n'y avoit qu'elle qui l'eut merite. On lui demanda en- fuite, fi elle ne pardonnoit pas de tout fon coeur a ceux qui la reduifoient dans un fi grand abandonnement: Je nai , dit elle , jamais eu un moment d'-aigreur contre pas un d'eux ,je vou- drois leur donner mon caur. Ce furent fes dernieres paroles ;& pendant qu'on achevoit les prieres de la recomman- <iation de l'ame,& qu'on chantoit, Subvenite ,JanBi Dei, elle rendit fon efprit a Dieu dans une parfaite paix &: une ferme confiance en fa mifencorde. La mere Abbefle envoi'a M. Hilaire -
a Fontainebleau , ou etoit M. de Pe- refixe, pour l'informer de ce qui ve- noit de fe pafler a P. R. & pour lui demander un Pretre pour confeffer une fceur converfe qui ctoit a. l'extre- prini , $c ne pouvoit fe refoudre a vok |
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$6 Hjstoire de Port-roial.
*~7777- ceux qui etoienr a la maifon: elle ajou- ta que ce Pretre pourroic par la meme occafion enterrer la religieufe qui etoit morte, parcequ'il etoita croire que M. du Saugey & M. Poupiche refuferoient leur miniftere , puifqu'ils n'avoient pas voulu l'ailifter a la more. Effedtive- ment la mere AbelTe ai'ant prie le me- me foir Ivi. Poupiche de dire lelen- demain la melTe des morts pour leur fcEur , il le refufa , difant que M. de Paris lui avoir defendu de prier Dieu pour routes cedes qui viendroienr a mourir fans avoir donne des marques de leur foumiilion. L'Abbefle l'aiant prie de dire au moins une oraifon pour elle , il le refufa encore, xxxi. M. Hilaire etant revenu de Fontai- Refus de u nebleau le mercredi premier de Juillet, d^fti^ue"' rendit reponfe de fa commiffion , &c pour la roeur dir qu'il n'avoit rien pu obtenir de M. Marguerite i> a i a » I
Gertrude. 1 Archeveque, tant par rapport a la re-
ligieufe definite , que par rapport a. celle qui etoit malade ; e'eft-a-dire , qu'il refufoit la fepulture ecclefiafti- que a l'une &c un ConfefiTeur a l'autre. Voila tout ce qu'on obtint d'un Prelat, qui n'avoit, a ce qu'il difoit, que des entrailles de ckarite pour Us religieujes de P. R. Si c'eft-la des entrailles de chariri, qu'on nous dife de grace, ce que
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IT. Par tie. Llv. V. 97
que c'eft d'avoir des entrailles d'enne- i(j<j<j, mi. Sur cette reponfe , les religieufes declarerentqu'elles appelloient de cette inhumanite inouie de M. l'Archeve- que, qui refufoit la fepulture a une de leurs fceurs, apres l'avoir laifTee mou- rir, par la conduite de ceux qu'il avoit mis dans leur maifon, dans un aban- donnement ou Ton feroit fcrupule de reduire un heretique , s'il avoit de- mande un Pretre(n). M. du Saugey parut enfuite; 8c dit que M. l'Archeve- que lui mandoit qu'il avoit bien du re- gret de ce que leur fceur etoit morte fans fe reconnoitre, que celaetoitcaufe qu'il ne pouvoit pas accorder pour elle ce que Ton demandoit, mats que nean- moins fa bonte paternelle le portoit a ne vouloir pas porter les chofes a la derniere extremite , comme il auroic fid faire , & qu'il leur permettoit de
'inhumer entre elles, leur defendant neanmoins de chanter ( le chant des pfeaumes etoit un tourment pour tous ces gens-la), 8c qu'il leur mandoit de plus que fi elles contrevenoient a l'or- donnance, par laquelle il leur avoit in- terdit de le faire, elles n'avoientqu'a fe fouvenir de deux mots , ipfo facto, por- • tes dans la fentence. La mere Abbeffe (ii) Froces verbal du }i juillct.
Tome FI. E
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J)8 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt.*
i<5"{j<> repondit a M. du Saugey, que bien loin
de s'en rapporter a ce qu'il venoit de dire, elles ne vouloient pas-meme fup- pofer que M.de Paris fut capable d'une telle durete;qu'ainfi elles n'avoient gar- de de deferer a ces ordres pretendus, qu'il difoic avoir regus par ecrit; & elle ajouta , que quand bien-meme il pour- roit en mohtrer, elles en appelleroient comme elles avoient deja fan de toures les procedures injuftes & violenres dudit feigneur Archeveque, La mere Prieure prenant la parole, die : » au »> moins , M. vous voi'ez que nous »» fommes routes appellantes de ce »» que Ton fait contre nous dans cette » occafion , & que e'eft au tribunal de " Jefus - Chrift que nous en appel- w Ions «. L'Abbeue le repeta encore , & routes les foeurs fe joignirent a elle. La mere Prieure lui demanda a£te de l'appel, dont il venoit d'etre remoin , & l'aflura qu'on ne defereroit point a Tordre qu'il avoir fignifie, fans le pro- duire. Il repondit qu'on ne l'avoir point charge de le monrrer; il youlut encore leur perfuader de ne point chanter en enterrant leur fceur , pretendant qu'el- les donneroient fujet a M. de Paris de porter les chofes a. de plus grandes ex- tremites, & qu'outre cela elles encour- rpient l^xcomrnunication. Mais qh |
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II. Part ie. Liv. V. 99
lui repliqua que cette menace etoit" inutile, puifqu'on les traitoit par avan- ce avec plus de durete qu'on ne fait les excommunies , n'y en ai'ant point a qui on refufat un Pretre a la mort, s'il le demandoit; & que c'etoit fe jouer d'elles de leur faire peur comme a des enfans , d'une excommunication , ipfo fa3o, en meme tems qu'on les privoit des Sacremens a la vie & a la mort, & qu'on leur refufoit la fepulture 6c les prieres de l'Eglife , qui font les plus grandes peines de l'excommunica- tion : que s'il leur difoit apres cela, que la bonte pattrndlt de M. de Paris l'em- Fechoit de poufTer encore les chofes a
extremite, elles le prioient de leur expliquer quelles etoient les peines les plus grandes que celles-la, dont l'Eglife f>ut les menacer : que fi c'etoit de les
ivrer au bras feculier pour les faire mourir, elles le prioient de croire que ce feroit une confolation pour elles , 6c une moderation de rigueur de la part de M. l'Archeveque , d'abreger par-la les peines & les perils ou il ex- f»ofe les ames en les abandonnant de
a maniere qu'il les abandonne. M. du Saugey n'eut riena repliquer, nonplus qu'a ce que lui dit une fceur, qui l'af- iura qu'on fe trompoit beaucoup, fi on E ij
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1666.
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100 HlSTOlRE DE PoRT-ROlAt.
- ,£££ fe flattoit de les abbatcre en les trai-
tant de la forte •, puifque la durete des hommes a l'egard de leur foeur , & la mifericorde de Dieu, qui avoit paru d'une manierefi extraordinaire fur elle en cette derniere extremite, les avoient tellement fortifiees & afFermies, qu'eL- les etoient plus refolues que jamais d'o- beir a Dieu & de ne le point offenfer pour complaire aux hommes. Les religieufes etant p^netrees de
douleur du traitement fait a une hum- ble fervante de Jefus-Chrift, dans la perfonne de leur foeur , & confiderant qu'elles n'avoient aucune juftice a at- tendre fur la terre , puifque tous les tribunaux leur etoient Fermes, elles for- merent le deflein de charger cette chere fceur defunte de porter elle - meme fes juftes plaintes, 8c les leurs devant l'ait- gufte tribunal , ou elles avoient fujet d'efperer que fon innocence etoit deja reconnue, &c auquel elles venoient d'in- terjetter appel tout de nouveau (zz). Elles drefTerent done une procuration en forme de lettre adreflee a la defunte, &c con$ue en ces termes. Kxxi. » La promptitude de votre depart feLsCdeepf r* " d'avec nous, ma tres chere fceur ,
chargent leur., ne nous a pas donne le tems de pen- fecur defunte * , " r
dune ptocu- f*»J Jol,rn> P- *?■ «ol> *• Proc' V«b- *» 3» ju-U'
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II. P A r. l1 f. Llv. V. i o i
S» fef a nous - memes , lorfque nous i666. '
» nous fommes affemblees pour vous ration r » recommander a Dieu. Comma nous !><>«« leur af- »> ne deiirions toutes uniquemenc que n^"^^* » fa mifericorde pour le rems 8c pour >> l'eternite, nous nous fommes con- « tentees de le prier avec larmes, qu'il » vous la fit a cette derniere heure » par les merites infinis de Jefus-Chrift » ion Fils & notre Sauveur , qui nous » l'a acquife aa prix de fon fang; &C » nous avons efpere cette grace de fa » bonte avec d'autant plus de con- s' fiance , que l'abandonnement oil » nous vous avons vue reduite de la » partdes hommes , qui vous ont re- « rufe en cette extremite toutes les gra- m ces de l'Eglife dont ils font les dif- » penfateurs, vous donnoit un droit » particulier au roiaume de Dieu, qu'il »> a promis aux pauvres & a ceux que m l'amour de la juftice expofe a la per- y, fecution & a la malediction du mon- » de. Ainfi nous n'avons relTenti que » de la confolation pour vous > quand „ nous vous avons vue echappee ft m heureufement des filets des chaf- h feurs qui cherchoient votre ame, m & nous n'avons fouhaite pour nous » qu'une auffi heureufe fin que la vo- ft tre dans une fainte perfeverance, Eiij
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IOZ HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt?
** dans une ferme confiance en Dieu »
" dans une humble penitence , dans " une fincere charite pour nos enne- " mis , & dans un amour conftant de " la verite & de la juftice. Mais fai- " fant reflexion a l'extreme peril > ou " nous demeurons expofees lorfque » vous etes paflee dans la furete & le " repos,nous ne voulons pas perdre " l'avantage que Dieu nous offre en " vous appellant a lui, & nous efpe- " rons de la parfaite union & de la ve- " ritable amide qui nous a liees avec " vous durant votre vie, que vous » porterez toujours les interets de cette " communaute devant Dieu notre juge » 8c notre pere, qui eft dans les cieux. " C'eft de quoi nous vous chargeons , " ma tres chere foeur;& apres lui avoir " demande pour nous toutes les graces » que nous venons de vous dire , que » nous preferons fans comparaifon " a toute autre chofe, & pour lefquel- »» les nous voulons tout perdre plu- » tot que d'expofer ce trefor, nous « vous fupplions de plus de prendre »> foin de tous nos interets contre l'in- » juftice de l'oppreflion que nous fouf- » frons , furtout puifque c'eft en votre » perfonne que Piniquite eft arrivee i » ion comble, & que vous etes en etat |
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fit. Partie. Llv. V. 10;
»» de demander innocemment avec —TTe '
- tous les Saints la vengeance du trai- » tement cruel & inhumain que Ton » fait a votre corps, qui eft le temple » du Saint-Efprit , en lui refufant la » fepulture ecclefiaftique. Cette injure »» retombe fur nous, puifqu'on ne vous » choifit pouretre le premier exem- »» pie de cette inhumanite fcandaleufe, « qu'afin que nous nous portions a « quelque affoibliflement par l'appr^- 33 henfion de cette ignominie,ou que » nous nous attendions toutes au me- » me traitement, auquel on nous con- s> damne en votre perfonne. Apres »» cela vous avez lieu de dire a Jefus- „ Chrift de la part de toutes fes cap- »» tives : Seigneur, il eft terns que vous w agiffiez, car ils ontdiffipe votre loi. „ On nous accufe, on nous juge , on n nous condamne , on nous execute ,> fans forme , fans loi, fans juftice j » nous appellons a tous les tribunaux , « & perfonne ne nous ecoute; nous m avons appelle meme au tribunal fu- » preme du fouverain juge , & juf- » qu'ici il demeure dans le filence : » nous nous fommes humiliees devant » lui, & il femble meprifer les prieres ,, de fes pauvres. Nous craignons qu'a ». la fin le monde ne dife , en iniul- E iv
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104 HlSTOIRE DE PoRT-Ro'lAl.
» tant a nos malheurs , ou eft - done m leur Dieu J bien que nous foi'ons « difpofees avec fa grace a entendre m ce reproche fans nous fcandalifer, » ai'ant appris de ceux qu'il a donnes » pour peres a fon Eglife , que nous m ne fommes chreriennes que pour » fouffrir les maux de la vie prefente, » & pour efperer les biens de la vie « future; ce qui nous ote tout fujet » de nous plaindre de la conduite que » fa providence tient fur nous. Ainfi » nous remettons abfolument tous nos » interets entre fes mains , & nous •> vous chargeons de le folliciter en » notre nom d'affifter fon Eglife affli- m gee , de fortifier fes faints Prelats, »> d'humilier fes ennemis j & de lui » rendre l'aififtance des bons ouvriers •> qu'il avoit envoyes dans fa maifon , n dont les uns font en fuite, ou en » prifon , ou en exil, de prendre lui- » meme la prote&ion de fes fervan- » tes reduites au dernier abandonne- » ment de leur paftetir , de les aflifter m de la conduite de fon Efprit dans la » privation oil elles font de tout con- » feil, d'entretenir entre nous routes h une parfaite union, de nous porter » dans fon fein jufqu'a la fin de notre « pelerinage, de meme qu'il vous % |
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II. Part ie. Llv. V. 105
"»» rapportee au troupeau fur fes epau- » les facrees, apres vous avoir cherche »» dans votre egarement paflager com- » me une brebis qui lui etoit chere, »» & qui etoit du nombre de celles qui »» no peuvent perir, parceque fon pere » les lui a donnees «>Cette procura- tion fut mife en prefence de la com- munaute dans le cercueil de la defunte» au moment qu'on la mit dans la ter- re (1 j). On fit pour elle , devant & apres l'enterrement, routes les prieres & les ceremonies des funerailles , ex- cepte les encenfemens. Dieu fembla manifefter fa prefence dans cette ren- contre par une evenement fingulier. Pendant que les religieufes etoient en- core au choeur chantant les prieres qui fe font fur le corps , une grandepluie commenca a tomber, mais elle s'ar- reta tout-a coup lorfque la proceilion fe mit en marche pour aller au ci- nietiere en y portant le corps; & Ton, vit les nuees fe raflembler les unes fur les autres au-deflTus du cimetiere, out elles formerent un nuage fi epais & ft obfcur , cju'il reptefentoit comme ur* (tjl Quarante joars pour relevercet appef fait
apres (le 15 aout ) les reli & Jcfus-Chrift, & charger
gkufesfirentun "econdac- de nouveau leur foeur de
re qu'elles muentdans la le pouifuivre A fon tribiv:
fofl'c delafocui. Cettiudc nal.
Ev
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105 HlSTOIRE DE PoRT-Ro'lAt."
1(j(j(ji grand pavilion noir tendu fur la the
des religieufes qui croioient a tout mo- ment que la pluie alloit fondre furel- les. Mais celui qui a leciel& laterre entre fes mains , tint les eaux fufpen- dues, enforte qu'il n'en tomba pas une feule goute pendant toute la ceremo- nie, qui fut afiez longue; & lorfqu'on retourna a l'Eglife pout achever les prie- res , celles qui marchoient les dernie- res ne furent pas plutot hots du cime- tiere & a couvert, qu'une pluie epou- vantable tomba avec une fi grande im- petuofite , qu'on peut aflurer que les religieufes euflent ete noiees , fi elle fut tombee pendant l'enterrement (^4). C'efl: ici le lieu de placer une lettre que le faint Eveque d'Alet ecrivit a. un ami fur cette mort 8c 1'etat out etoient reduites les religieufes de P. R., auquel il temoigna prendre beau- coup de part, xxxn. " Si vous me voulezbien obliger, tcttredtM. M Jit-il, aflurez nos faintes meres 8c
jet des reli- > ioeurs , que je repands rous les jours vw^RoVa* " mon ams au faint autel, enactions des champs. » de graces a Jefus-Chrift , de la fer- » mete inebranlable qu'il leur a don- « nee. J'efpere de fa mifericorde,qu'il a les foutiendra toutes & toujours. Je (24; Joutn. p. ?i. col. 1,
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II. Pahtii, Liv. V. 107
*> regarde la faeur Gertrude comme » une martyr de nos jours, que Dieu a » fandtifiee par un martyre tout nou- » veau , & autant agreable a Jefus- « Chrift, comme les gens du fiecle m qui ne connoiffent les verites de l'E- » vangile que par l'ecorce , le croienc » honteux & racheux pour fon falut. »» C'eftune parole de faint Auguftin, » qui confole merveilleufement les » amis, que le Pretre invisible qui » eft Jefus-Chrift, ne manque jamais, » quand le Pretre vifible manque ; 8c « que jamais les bonnes ames ne meu- » rent mal de quelque maniere qu'elles » meurent; comme les pecheurs ne ,» meurent jamais bien pour leur fa- » Iut, ou rarement, quoiqu'ils meu- n rent dans les larmes de la peniten- » ce. Saint Paul hermire ne laiffa pas » de monter au ciel, quoiqu'il mou- m rut fans facremens. Et comment font » morts tous les martyrs! Celui de la » fceur Gertrude me paroit autant mi- » raculeux qu'il eft nouveau. Elle a fait „ a fa mort ce que S. Jean a pratique >» durant fa vie. Il favoit que Jefus- » Chrift etoit le Meflie, & qu'il n'etoit w pas eloigne de fon defert; cependant » il n'a pas quitte fa folitude pour etre p a. lafuite de celui dont il ne s'efti- |
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103 HlSTOIRE DE PORT-ROlAE.
j~*" » moit pas digne de toucher les fou-^
» liers , parceque l'ordre de Dieu &c » l'obeillance qu'il devoir a Dieu, l'o- » bligeoienc a demeurer dans fa foli- « tude & a fe priver de cette admira- ls ble confolation. Voila ce qu'a faic » notre fainte Gertrude. Elle favoio » bien que Jefus-Chrift repofoit fur m l'autel de P. R., & que ce lui euc » ete une admirable confolation a la: » mort, de joindre fa mort a la vie » de celui qui eft mort pour nous ; » &c de voir des yeux de la foi, 86 t> mc>urir avec la vie de la foi entre * les bras de celui que fon ame paflion- n noit avec rant de defir. Mais 1'obeif- u fance qu'elle devoir a Jefus - Chrift » qui defend le menfonge , la colom- » nie&le parjure, lui a fait fourfrir » cette mortification fenfible & pleine » d'ignominie aux yeux des hommes j » & elle eft morte comme faint Jean » mourant fans voir Jefus-Chrift: , >» quoiqu'il ne fut pas eloigne de fon » defert, & qu'il n'y eut que quel- » quespas a faire pour le voir , mais » pas, qui n'etoient pas dans l'ordre » de Dieu ; mais elle eft morte con>- .. me faint Jean. Elle s'eft privee de » voir Jefus- Chrift pour un moment, * &fousle voile dvt Sacrement; de no$ |
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II. Partie. Liv. V. 109
*> autels, afin de le voir eternellement » &c a decouvert dans le Ciel. Voila » les fentimens que j'aurai de toutes" *> celles & de tons ceux qui mourront " d'une femblable mort. O qu'une tel- »> le mort eft precieufe devant Dieu , " & que la mort des pecheurs qui « meurent avec les Sacremens, eft: >• prefque toujours abominable aux » yeux de cette terrible Majefte, qui » ne regarde que le cceur & la difpofi- » tion interieure des mourans 1 Je ne w merite pas que les faintes vierges » de P. R. fachent le refpe6t que j'ai » pour leur chere morte : je fuis trop » grand pecheur pour donner quelque » poids a la veneration que f ai pour „ ce faint lieu, ou Dieu habite comme m fur fon trone, malgre les gardes &C » toutes les privations de Sacrements r « le fecours & la force de ces llluftres » fervantes de J.Ceft d'en haut.Com- » me les homm«s de la tetre ne peu^ » vent empecherla lumieredesinfluen- » ces 8c lachaleur du folei!;encore bierr n moins peuvent-ils empecher que le » foleil de juftice n'eclaire & n'echauf- » fe fes epoufes. C'eft-la ou la vigi- ls lance des gardes eft bien endormie , i* &c ou les- depofitaires & les minif- 2> tres des- Sacremens n'ont aucun pou.' |
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IIO HrSTOIRE t>t PoRT-ROlAt,"
" ,rrr » voir. II eft forti glorieux de fon torn *
4 060. , o
» beau , malgre les gardes & les lJon-
» tifs de la loi. C'eft ainfi que le fils » de Dieu tirera les faintes de P. R. »» du tombeau de leur folitude5nonobf- n tant tous les loins de leurs gardes >> & routes les privations des Sacre- » mens. Je ne rougirai point de fouf- » frir pour elles, & je ne ferois pas fa- » die que cette lettre put penetrer les » murailles. Saluez-les routes de ma » parr (24).» Dans le terns que la Soeur Gertrude
condition mourut > il y avoir beaucoup de ma-
propofee an* ladies a P. R., occafionnees par le man-
religleufes js j ^ j fUUation dans laquelle on
pour avoir la . . • !•••/■ " I
libcrce d- avoir reduit les rehgieules , auxquel-
Sansleur Jar- 'eS °n aVO't ^ depLlis le 1 J Juin la li-
iia. berte d'entrer dans leur Jardin. Dans la fuite on voulut, fait par quelque ref-
te d'humanite , foir par d'autres vues, leur rendre la liberte d'y prendre l'air; mais pour cela les gardes vouloient que les religieufes donnalTent parole qu'elles ne jetteroienr rien par deffus les murs, & qu'elles ne fe ferviroient en aucune forte de cette voie. Ce fuc (14) voi'ez dans les vies te en panie par elle meWj
edif. t. z. p. iso, celle & en partie par la fccut
de la fo:ur Marguerite de Angelitjue de faint Jean*
fainte Gertude Dupt6,eai- |
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II. Partie, Llv. K 11 r
im des gardes, ( M. d'Hauteforge) qui propofa le 9 j uillet matin cet expedient a la mere Prieure , qui ne croiant pas devoir repondre la-delTus fans coniul- ter la mere Abbefle qui etoit malade , lui temoigna feulement que cetre pro- portion n'etoit pas fans difficulte , & que ce n'etoit pas 1'ordinaire d'exi- ger des paroles des prifonniers ; qu'on fe contentoit de les bien garder fans les vouloir obliger de contribuer eux memes a leur captivite\ L'apres midi , M. d'Hauteforge revint avec deux au- tres gardes & M. Hilaire , pour favoir quelle refolution elles avoient prife touchant l'expedient propofe. M. Hi- laire prefla. beaucoup pour qu'elles. confentiflent a ce qu'on leur deman- doit, pretendant que c'etoit leuravan- tage , & qu'elles fe rendoient fufpec- tes en le refufant •, mais on repondit qu'on ne pouvoit accepter cette pro- position ; qu'elles fe rendroient encore filus captives qu'ellesne 1'etoient jqu'el- es ne pouvoient en confcience lere- duire eiles-memes dans une telle fer- vitude •, que ce feroit une folie d'a- graver leurs liens pour fe procurer une aufll petite fatisfa&ion que 1'etoit cel- le de fe promener dans leur jardin, 8c s'expofer en meme-tems. a des peines |
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Ill HlSTOIRE DE PORT-ROIAI.
epouvantables; que dans l'etrange aban-
donnementou elles etoient, privees de tous fecours & de toute afliftance, tant pour le fpirituel que pour le tempore!, il pouvoit arriver de telles rencontres , ou une fille auroit neceflfairement be- fbin d'avis & de confeil, & ou il fe- roit aife de lui en procurer fans com- promettre perfonne , & que cependant fe trouvant liees par leur parole , fi el- les l'avoient une fois donnee, il leur feroit impoffible de palTer outre, au hafard d'expofer une perfonne au de- fefpoir; qu'elles ne s'etoient point en- core tronvees dans de telles extremites, qu'elles n'en prevoioient point pour le prefent; mais que ne pouvant repon- dre pour l'avenir , elles ne pouvoient s'engager a fe priver de la liberie qui leur reftoit (15). On fit enfuite venir la mete Abbeffe qui confirma tout ce que la mere Prieii'e & la fceur Ange- lique avoient dit. M. de faint Laurent etant audi venu , on repeta encore les memes chofes ;& quoiqu'il put dire, les religieufesperfifterent dans leurre- fus; cequi fit beaucoup de peines aux gardes. Ces Meffieurs auroient fans doute ete fort charmes qu'on eut ac- cepts leur proposition, parceque comp* ' 415) Jomn. p. #4, |
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II. P A R T I E. LlV. V. 11 J
Bint aveG raifon fur une parole don- T777-'
nee par des perlonnes incapables d y manquer , outre qu'ils auroient ete de- charges de l'odieux de la fon&ion qu'ils faifoient, ils euflent ete plus allures qu'elles n'avoient aucune communi- cation , que par tous les foins& toutes les peines qu'ils fe donnoient pour l'empecher, & plus a couvert de tout reproche( 2 6).En effet quelque-tems au- paravant, M.de Gevres avoit dit aM.de S. Laurent, que les religieufes avoient allurement pafle des papiers au dehors , que le Roi le favoit, & qu'il etoit me- content d'eux , de ce que les aiant mis dans cette maifon pour empecher tou- te forte de communication , elles n'a- voient pas laifle neanmoins de palfer des letttes (27). C'eft pour cela que le meme M. de faint Laurent avoit fait precedemment de vifs reproches a la mere Abbefle. L'a'iant demandee le troifieme juin a. huit heures du foir » au retour de Paris, il lui dit en pre- fence de fes quatre gardes qui l'ac- compagnoient, qu'elles etoient defo- beiflantes au Roi, aiant pafle des papiers contre la defenfe qu'il leur en avoit faite de fa part. » Vous ne le fauriez. (is) Journ. p.ys, c»I. 1.
Ji7) Journ. p. It. |
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114 HrSTOIRE DE PoRT-ROIAt.'
' %666. " dementir, ajouta-t-il, carilsontete
» trouves; routes vos intelligences font » decouvertes, la plupart de vos gens « font pris & font a laBaftille (18); » pour cequi eft de vos ecrits, ils font » entre les mains de M. le Lieutenant » civil. » II ajouta que jamais il ne fe feroit attendu a cela, apres la parole ?|u'elle lui avoit donnee le jour qu'il
e faifit des clefs. Le fens commun di6te-t-il de faire promettre a des pri- fonniers , qu'ils n'auront point de communication ; & de leur faire un crime de donner de- leurs nouvelles lorfqu'ils en trouvent l'occafion? D'ail- leurs il etoit faux que 1'AbbelTe eut don- ne aucune parole la-deflus ^ l'exempt , puifqu'elle n'etoit pas alors a P. R. (z 9). xxxiv. * Pour revenir a la perrniffion d'en- au^reUgTe" trer c*ans *e jar<iin > les religieufes i'ob-
fesdeprendre tinrent fans s'etre engagees a rien , par (1?) L'exempt vouloit ve dans le tecueil des vies
peut-£tte patler deM.de edih'antcs. M.d« Pontcha- Saci, qui fuc atrete le 14 teau ecrivit une belle let- in ai de cette annfe avec M. tteiM.de Patis fur la A(- Fontaine & M. du Foite , tention de ce faint Pierre , & enfuite conduit a la baf- & en faveur des religieu- tille, d'oililne fortitque fes de P. R. Voiez cette plus de deux ans apres. M. lettre dans les relations in - Fontaine nous a fait la re - 40. 8c dans 1'hiftoire des lation de cet cvenement perfccutions. dans le fecond tome de fes (19) ta mere de Ligny m6moires, p. jo« & fui- B'arrira aP. R. que le If yantes. La meme relation, juillet. mats plus eieodue, fe trou- |
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II. P ARTIE. L'lV. V. 115
Un trait vifible de la conduite de Dieu 1666.
fur elles , qui leur fit connoitre l'avan- tage qu'il y a de ne rien faire contre LdhT* fa confcience fous quelque pretexte que ce foit. Le 5 o Juillet, M. de faint Lau- rent vint annoncer fur les fix ou fept heures du foir a la mere , qu'il venoit de recevoir une lettre de M. l'Arche- veque , portant qu'en confideration de w l'extreme chaleur & des maladies qui » commencjoient a regner a P. R^, le , " Roi avoit accorde qu'on donnat aux » religieufes la liberte d'entrer dans > leur jardin. » L'exempt demanda nfuite quelles etoient les heures qui eur feroient plus commodes, & afTura 'Abbeile avec beaucoup de civilite, ju'il le lailferoit libre autant de terns $C a telle heure qu'elles fouhaiteroient. /AbbefTe le remercia de fa politede , ic apres avoir pris l'heure pour les au- res jours, elle refolut d'en faire jouir es religieufes des le foir mane apres -omplies qu'on difoit au chocur. 3omme la religion regloit toutes les ftions de ces faintes filles , elles y en- rerent en procefllon , chantant des jfeaumes d'a£tion de graces. Les maladies regnoient alors a P. R.
urtout parmi les fceurs converfes. Une M***£ ie i'entr'elles, nommee CatherineTheo-i* fccutTheo-. dore.
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X I<5 HlSTOIXE ©fi PoRT-ROlAt;
1666. dore s'etant trouvee tres mal, on pria
_ . M. Poupiche de lui adminiftrer les Exhortation r .
de m. Poupi- bacremens ; ce qu 11 accorda lans au-
lhe' cune difficulte, parceque c'etoit une four converfe, qui en cette qualite
jouiflbit du privilege accorde par M. de Paris, de pouvoir y participer fans etre obligee de faire un parjure. Avanc que de lui adminiftrer le faint Viati- que, le fieur Poupiche tenant la fain- te Hoftie lui park ainfi : » ma four, » ne croiez vous pas fermement que » ce pain que je tiens & que vous al- » lez recevoir, eft vraiment notre Sei- >» gneur, fa vraie chair & fon vrai » corps comme il eft defcendu du » Ciel dans le ventre de la fainte Vier- » ge? » Le corps de Jefus-Chrift eft-il done defcendu du Ciel J N'a-t-il pas ete forme dans le fein de la: fainte Vierge & de fa propre fubftance ? C'etoit cependant la un miniftre digne de la confiance de M. I'Archeveque de Paris, & auquel il donnoit, comme il l'avoit fair dire par M. Hilaire , le mime pouvoir qu'il avoit lui-mime. Faut-il s'etonner fi les converfes me- me de P. R. avoienr fi peu de confian- ce dans un tel confeffeur, & fi elles ne ceflbient d'en demander un autre > Mais quel fujet d'econnement qu'ur» |
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II. P A R T I E. L'lV. V. II J
fucceffeur des Apotres confie des ames —'' •
a de tels miniftres, qu'il leur donne
tout le pouvoir qu'il a lui-meme 1 ,x?vr,-,
T ii- ir i Maladie deia
J-a maladie attaqua auiii la mere mere Agn&
Agnes ,. qui fe trouva {i mal d'une & I*e la.faul opprellion le z6 daout, que M. Ha- mon temoigna avoir befoin de con- feil. On penfa a M. Renaud , qui la connoiiroit , l'aiant deja traitee dans line autre maladie. Comme la foeur Euftoquie etoit auffi alors dangereufe- ment malade , on refolur d'envoi'er a M. l'Archeveque pour obtenir la per. million de faire venir M. Renauld. Le Prelat y confentit (jo). Des que M. Renauld eut vu la foeur Euftoquie , il opina , ainfi que M. Hamon, qu'il falloit lui adminiftrer les Sacremens, y aiant plus a craindre qu'a efperer des fuites de fa maladie. M, Hilaire fut depute pour aller a Paris demander a M. l'Archeveque un confefleur pour la fceur Euftoquie, & en meme terns pour la mere Agnes. On le chargea de de- mander le Vicajre de faint Medard,oua fbn defaur , quelques gcclefiaftiques des environs qui ne devoient pas etre fufpedts a. M. l'Archeveque. M. Hilaire jrevint le 2 3 de Paris, 8c apporta pour j-eponfe > que M. le Vicaire de faint; ip) Journ. p, ?j.
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T lS HlSTOIRE DE PoRT-ROlAI.'
Medard avoit refufe de venir, quoi-
que M. l'Archeveque Ten eut fort prefle ($ i). M. Arnauld, dans unelet- tre du 2 8 aout de cette annee a M. d'Alet(3z), marque que M. de Paris ne voulut point donner pouvoir de leur adminiftrer les Sacremens, qu'au cas qu'elles fignaflent; & qu'un bon pretre ( apparemment le Vicaire de faint Medard) qu'il voulut y envoier, refufa d'y aller & cette condition. » Ainfi , ajoute M. Arnauld, les voiU »» reduites a mourir fans aucune aflif- " tance de la patt des hommes : Quid » ejl aliud morhnti mortem addtre ? » comme dit un Pere; & ainfi quoique » Dieu les foutienne par fa grace , » ceux qui les traitent fi inhumaine- » ment ne laiflent pas d'etre homici- »> des : Spiritaliter homicidm funt , dit »j faint Auguftin , nam in Mis quidcm » interfeclionem nonfaciunt, fedquart- *> turn in ipjis eft, interfeclores fiunt. M. Hilaire rapporta enfuite, que
voiant le refus de M. le vicaire de faint Medard , il avoit dit a M . l'Ar- cheveque qu'on ne l'avoit pas feule- ment charge de demander M. le vi- caire de faint Medard , mais encore (51) Journ, col. i,
(}i) T. f. p. i«?-i7f |
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II. Partie. Liv. V. 119
d'autres eccleikftiques du diocefe, qui 1666*
font cures ou vicaires aux environs, & d'ailleurs nullemenc fufpe&s , Sc que M. l'Archeveque lui avoit repon- da qu'il y penferoit. Dans ce moment M. du Saugey (
s'offrit pour alfifter la malade, & lui i
adminiftrer les Sacremens , fi elle
etoit dans la difpofition qu'on deman- doif. On l'aifura que la malade etoit dans la dilpofirion necefTaire pour re- cevoir les Sacremens, erant dans celles que l'Eglife exige & qui font marquees dans le rituel. Mais M. du Saugey , appui'e de l'autorite de Monfeigneur, pretendit qu'il y avoit un autre difpo- fition necellaire, favoir, unt belle & bonne Jignature ; ce qui fit horreur aux religieufes, en yoiant qu'on exigeoit d'elles , comme une chofe eflentielle pour participerauxSacremens,ce qu'el- les regardoient avec raifon comme un grand peche & comme un parjure. A- pres cette explication de M. du Saugey, on ne jugea pas a propos de le laiffer entrer pour raire fa fon&ion de ten- tateur aupres de cette vierge chretien- ne , au lieu de faire celle d'un minif- tre de Jefus-Chrift. xxxvr. Quelques jours apres, la S. Euftoquie Refus d(*
efliua on rehjs de Sacremens plus tor- |
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110 HrsTomB de PoRT-Ro'iAt.'
1S66. me^ de la part de M. Poupiche, c'eft-a- faits pat m. dire » de ce favant ecclenaftique dont Poupiche a la nous avons deja parle, qui n'avoit re^u qui"/ ,Ea' la ^es pouvoirs que verbalement & indi- iceur Apoin- re£temenr par un garde du Roi, que turgarde?*" M. de Paris avoir charge de dire a M. Poupiche qu'il lui donnoit tout pou- voir d'entrer & de confefler les reli- gieufes , pourvu qu'il lui apportat une belle & bonneJignature. Ce M. Pou- piche etant entre le premier feptem- bre pour voir la fceur Francoife Lut- garde , & Pai'ant trouvee dans un ailbu- pinement qui lui otoit la connoifTance, commenca par refufer de lui donner l'Extreme-On&ion ; puis on lui fit voir la fceur Euftoquie , qui etoit toujours fort mal, & la fceur Apolline , aux- quelles il refufa les Sacremens. La mere Prieure , qui l'accompagnoit , lui demanda fur quelle autorite il fe fondoit pour faire ce refus , vu qu'il avoit dit quelques jours auparavant en prefence de plufieurs temoins , qu'il n'avoit rec,u aucun ordre immediat de M. l'Atcheveque , ni de vive voix, ni par ecrit , fur la maniere dont il fe devoit conduire- Il avoua qu'il n'avoit pas recu d'autre ordre de M. l'Arche- vcque , que celui qu'il avoit recu ver- bakmtnt par M. d'Hauteforge , lequel lui
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II. P A R. T I 8. Liv. V. 11 r
lui avoit die de fa part » qu'il pouvoit
» adminiftrer les Sacremens aux reli- " gieufes , a condition qu'ii lui rap- » porteroit une belle & bonne Jigna- u tun ». M. Poupiche pretendit qua cette million d'abfoudre & de con- damner les ames , qu'il avoit recue fiar l'entremife d'un homme de guerre,
ui etoit fuffifante , & qu'il n'avoic pas befoin d'autre inftru&ion pour fe conduire dans un cas tel que celui de refufer les Sacremens a la mort a des perfonnes qui ont vecu dans la piete , &c qui meutent dans la communion de l'Eglife , faifant profeffion de croire routes les verites qu'elle enfeigne , 8c d'ai'a'rhematifer toutes les erreurs qu'elle profcrit. La fosur Francoife Lutgarde Ro-
bert aianc recouvre la connoiflance le z feptembre , on fit venir M. Poupi- che j comrae la malade avoit temoi- gne le defirer , non par l'efperance qu'il exerceroit fon miniftere, mais pour qu'il fut temoin de fes difpofi- tions, 8c pour declarer a l'Eglife, dans la psrfonne de fon miniftre » qu'elle mouroit dans fon unite, dans fa foi, 8c dans la ferme refolution de prefe- rer la crainte de Dieu a celle des hom- ines. M. Poupiche entra & demanda Tome n. F |
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12 4 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAL.
1666. la fignature, comme condition prea-"
kble pour recevoir les Sacremens, &c lesrefufa conftamment a la moribonde, qui eut feulement la fatisfa&ion qu'el- le avoit defiree de rendre temoignage a la verite. En vain la mere Angelique de faint
Jean convainquit ce Pretre ignorant &c fchifmatique , de l'injuftice de fa con- duite, en lui faifant avouer deux cho- fes, 1c. qu'on ne commandoit pas aux religieufes de figner , fans croire ; ip. qu'on ne leur commandoit pas de croire , cela n'etant pas de nature a. etre commande ; d'ou elle concluoir, que n'y ai'ant point de commande- menr , il n'y avoit point de defol-iif* fance , qu'ainfi les religieufes n'etoienr, point dans le cas d'etre trainees com- me defobeiflantes. Mais que peuvent les raifonnemens les plus folides fur des efprits aveugles par des prejuges , & qui ferment les yeux a la lumiere } On ne put done rien obtenir de M, Poupiche-, & la mere Prieure voi'ant que tout ce qu'il difoit ne fervoit qu'a. fatiguer la malade , le pria de ne pas augmenter fon mal. xxxvh. S alia enfuite voir la mere Agnes, opiniatre- qui lui demanda s'il ne lui feroit pas la & SS$ gr*ce fe W recorder les Sacreraenj |
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II. Part ie. Lev. V. 12 j
<6tt cas qu'elle devint plus mal, aquoi x<j<j£ il repondit qu'il ne pouvoit les lui ac- ' * corder. bur cela , la ioeur Angehque les sacre- de faint Jean apporta le rituel, dans mens' lequel la mere Prieure lut un des f>oints de Pexamen ou il eft dit : Que
e Confeffeur demandera au penitent, s'U na point affirmi par ferment une chofe qu'il favoit etre faujfe , ou bien au fujet de laquelle il etoit dans U dome , quand mime cette chofe auroit etc peu importante. On fit plufieurs remarques la-deflus , auxquelles M. Poupiche repondit qu'il etoit vrai que cela etoit dans le rituel , mais qu'il ne pouvoit rien accorder qu'a celles qui voudroient bien figner; e'eft- a-dire, qu'a celles qui voudroient bien commettre un peche , fur lequel le rituel ptefcrit au confeflTeur d'in- terroger le penitent; ou bien, comme rnrloit la fceur Lutgarde , a celles qui voudroient bien commettre trois peches mortels. Apres quelques difcours , la mere Prieure demanda a M. Poupiche, s'il etoit done refolu de refufer les Sa- cremens en quelqu'etat que la mere Acnes & les autres fceurs malades puf- fent fe trouver, il repondit qu'oui j 8c la-defTus la mere Prieure & la foeur Angelique lui declarerent qu'elles en Fij
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1*4 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAI/
" i^ss appelloientautribunaldeJefus-Chrifc,
& que comme filles de l'Eglife & de la mere Agnes , elles demandoient juf- tice au nom de ces deux meres , &C qu'elles appelloient de la part de la mere Abbefle &c de toutes leurs fceurs , principalement au tribunal de Jefus- Chrift", auquel la malade venoit de le citer, pour y comparoitre apres elle, & y repondre de la conduite qu'il te- noit a. fon egard. xxxvni. Cette malade etoit la fceur Fran- Mortdela roife Lutearde , a qui il parut d'une coife Lutgat- maniere bien vihble que Dieu avoit de. rendu la connohTance pour faire con- noitte fes fentimens & rendre temoi-
gnage a la verite , puifque I'apres midi de ce meme jour , qui fut celui de fa mort, elle retomba dans fon af- foupiflement & n'en fortit plus (3 j). Etant entree a l'agonie , on fit avertir M. Poupiche, qui vint auflitot avec fon furplis; mais il refufa non-feule- ment de lui donner l'Extreme Oncfion, quelques prieres qu'on lui fit , mais meme de l'eau-benite , & ne voulut faire aucune priere pour elle , quoi- qu'on lui eut prefente le rituel pour faire celles de l'agonie. Pendant plus de quatre heures qu'il demeura aupres lii) Journ. 105. U fuiy. |
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II. P A r t r e. Liv. V. 115
de la malade, il ne fit aucune bene- \GG<o*
diction fur elle , n'invoqua pas une feule fois le faint nom de Jefus , ne fit aucune priere , ne lui prefenta ja- mais la croix , & ne fit pas paroitre la moindre marque de religion & de piete. Comme c'etoit la coutume A P. R., lorfqu'une fceur etoit a l'ago- nie , de reciter tout haut la Paffion , on lui prefenta le livre qu'il refufa. Sur quoi les religieufes lui direnc qu'elles croi'oient que Jefus ■> Chrifl eroit raort pour tous les hommes, & que lui fembloit vouloir les exclure de cette redemption. La mere Prieure lut done la Pailion ,' & la priere que Jefus-Chrift avoit faite a fon Pere , enfuite la profeflion de foi du Concile de Trente , qu'elles avoient fignee le ii aout 1664. Comme la malade avoit temoigne , etant en fante , de- firer qu'on lui lut, lorfqu'elle feroit a l'article de la mort, fade du 2 8 aout 1665 , qu'elle ne s'etoit pas con ten- tee de foufcrire avec les autres, mais qu'elle avoit meme figne de fon fang , la mere Prieure en lut une partie. Ce fut ainfi, & au milieu des prieres 8C des larmes de fes fceurs, & en ren- dant un nouveau temoignage a la ve- rice, que la fceur Fran^oife Lutgarde F iij
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12.6 HlSTOIRE DE PoRT-Ro'lAtl
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1666.
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' rendit fon ame a Dieu. M. Poupicfc«
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qui etoit la comme une ftatue , aufii
immobile & infenfible , refufa encore de dire les oraifons marquees , il re- fioufTa le livre qui lui fat prefente par
a mere Prieure , &c dit qu'on les laiffe- roit toutes mourir de cette forte fans Sacremens y & fans faire de prieres pour elles. La mere Prieure lui de- clara qu'elles appelloienr au tribunal de Jefus-Chrift du refus des Sacremens |
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'il venoit de faire a leur fceur, 8i
la maniere dont il l'avoit traitee ; |
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& qu'en adherant a leurs premiers ap-
Eels, elles appelloient a tous les tri-
unaux ou elles pourroient etre en> tendues. Toutes les fceurs fe joigni- rent a elle , difant qu'elles appelloient & proteftoient de cette conduite, qui, jufques-la , n'avoit point eu d'exem- ple dans l'Eglife. xxxix. Le m^me ;our on fit \e convoi fans Verm de la . >, _ , , , ™
fcrurFran^i-attendre. la reponie de M. 1 Archeve-
t«1u Robert °lue ' }e. corPs fut P°r^ auchceur ou
les religieufes chanterent folemnelle- ment les vepres des morts. La fceur Francoife de fainte Lut-
garde , qui mourut ainfi privee des Sacremens (34) , etoit une religieufe d'une grande limplicite & droiture da 114) Nect. 7. fegt. g. yg^.
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II. Part ie. Liv. V. ii-y
?<rur, infatigable au travail , exa&e \66(T~
a tous fes devoirs malgre fes infir- tnites , ferme dans la verite , tra-n- quille dans la perfecution, inebran- l»ble dans les traitemens les plus ri- goureux ; penetree des fentimens de la plus vive reconnoillance, elle difok avec admiration , qu'elle ne compre- noit pas ce que les religieufes de P. R. avoient fait a Dieu, pour les avoir pre- fervees de tomber dans 1'abime. Elle perfevera dans ces heureufes difpofi- tions jufqu'a la mort , aiant donne dans fa derniere maladie , comme nous 1'avons vu , les marques les plus afTurees. de fon attachement inviola- ble a la verite , & de fa ferroete a tout fouffrir pour elle. Avant que de continuer Ie reck des te*ei7gfCBu
refusfchifmatiques des Sacremens faits fa prcnnenc auxreligieufes malades de P. R., il faut £ r^unt° parler d'un a&e qu'elles firent quelques tout Foffic* jours apres la mort de la fceur Francoi- auchoclw* fe , au fujet de la recitation de l'ofnce au choeur. M. de Paris leur avoir fait fignifier le n Septembre ' 1665 par Nicolas , Huiflier appariteur de l'offi- cialite , une defenfe de reciter l'office au chceur. Elles defererent alors a cette fentence , 8c elles dreflerent le 13 dm jneme mois un a&e > dans lequel ell«s Fiv
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128 HlSTOIRE DE PoRT-Ro'lAir
declarerent que quoiqu'elles y deferaf-
fent pour eviter le fcandale & par d'autres vues, c'etoit fans prejudice a leurs proteftations & appels auxquels elles adheroient, fe portant pour ap- pellantes a tous les tribunaux ou elles Jiourroient are entendues , meme a ce-
ui de Jefus-Chrift notre Sauveur. Un. an s'etant ecoule depuis cet a&e , & plufieurs des fours aiant propofe de ne plus quieter le chant du choeur, & de conunuer a y chanter tout l'oflice > comme elles avoient fait pendant toute I'o&ave de la Nativite de la fainte Vierge , la mere Abbeffe aflembla la communaute le i 5 feptembre pour de- liberer fur ce fujet (35): elle reprefen- ta qu'y aiant deja un an depuis la fi- gnification de la fenterice de M. de Pa- ns> & cette fentence ne leur aiant point limite de terme, c'etoit beaucoup- d'avoir defere tout ce tems a un com- mandement auquel elles etoient en droit de ne point obeir , etant appel- lantes de toutes les fentences de M. l'Archeveque, &par confequent nulle- ment obligees d'y deferer, & particu- lierement a celle-la, qui- leur mterdi- foit une de leurs principals obliga- tions. Apres quelques autres raifons , (Jj) Journ. 108.
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II. Par.tie. Liv. V. itf
die ajouta qu'il ne fembloit pas quelles 1666,
euiTent aucun management a garder depuis le traicement qu'on venoit de faire a deux de leurs fceurs, que c'etoit les traiter comme des perfonnes ex- communiees & entierement feparees de l'Eglife j qu'ainfi n'y ai'ant aucun lieu d'efperer quelque changement y dies devoient au moins fe confoler 8c fe foucenir par ce faint exercice, qui etoit le principal devoir de leur pro- feffion , & a quoi elles etoient obligees en confcience , etant fondees pour ce- la : qu'apres tout, s'il leur en arrivoir quelque chofe , elles n'auroient pas fujet de s'en repentir , mais plutot de s'affurer qu'elles fouffroient pour une bonne caufe , en fouffrant pour avoir rendu a Dieu ce qu'il demandoit d'el- les. Apres que la mere AbbelTe eut ainfl parle, il fut conclu d'une voixunani- rne, que Ton nequitteroit plus le chant du chceur. La maniere dont le fieur Poupiche ^ui^A
avoir traite la fceur Marguerite de fain- la feur Mi- te Gertrude & la fceur Fran^oife de°£Uetcws* fainte Lutgarde , donna ixn tel eloi- gnement de lui aux religieufes conver- ts , que quoiqu'elles FiuTent afftirees qu'il n'exigeroit rien d'elles, (la figna~ fuxe duformulaire n'etoit point jugee |
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130 HlSTOtRE DE PoRT-Ro'lAr."
" 7&£s', necefTaire de neceffite de falut p©ur le3
converfes comme pour les religieufes du chceur), elles ne pouvoient prefque fe refoudre a fe confeifer a. lui (3<J)«- Neanmoins au defauc d'aurre, on fut oblige d'y avoir recours pour la foeun Michelle , qui fe trouva dangereu- fement malade le 20 de feptembre. Etant entre il s'approcha de la malade ,- qui lui dit que dans 1'erat 011 elle fa trouvoir, elle auroic bien fouhaite avoir, line perfonne a qui elle put ouvrirfon coeur avec plus de confiance ; mais que. Dieu n'aiant pas permis qu'elle eut certe confolarion , elle ne regardoit. que Jefus-Chrift en lui &: ne laiiferoit.. pas de fe confeifer. ■N^uleau Cependant on preparoit tout ce: trait de fana- qui etoit necelfaire pour donner les.
MH- de'm. Sacremens a la malade (37) ; mais on:
feupithe. fut fort furpris.de voir le fleur Poupi-
che fe lever & dire qu'il ne pouvoit les lui adminiftrer, parcequ'elle n'a- voit nulle confiance en lui, & qu'il falloit attendre que le confefTeur qu'orv avoit demande fut venu. On !ui de- manda fi c'etoit qu'elle ne fe fur point confeflee, a quoi il ne repondit que. ce qu'il venoit de dire. On demanda. |
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!«) Journ. 109. Proces verbal du 18 o&obre.
j7)Joutn. Ibid. Procw v^rb. 18 oftob.
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II. Partie. Llv. V. 131
a la malade ce qui en etoit; elle die kj<j<s. "
qu'elle s'etoit entierement confefTee, &c qu'elle l'avoit aflure que pour ce qui regardoit fes peches r elle ne fe ferpic pas accufee d'autre chofe a quelque eonfeffeur que ce fut, mais qu'il n'a- ' voir pas voulu l'abfoudre, difanc pour
raifon qu'elle ne s'accufok de rien &c qu'il n'y avoit pas matiere d'abfolu- tion a tout ce qu'elle lui difoit. La def- fus les Superieures reprefenterent a M* Poupiche la furprife oii elles etoient, qu'il refufat d'abfoudre cette malade dans un etat auffi xlangereux que celui ou elle etoit, & lui dirent que II elle venoit a mourir y il en repondroit de- vant Dieu Sc devant les hommes. Il repondit froidement qu'il ne pouvoit faire autre chofe , & que s'il lui don- noit les Sacremens il s'expoferoit a lui faire faire un facrilege , parcequ'elle n'avoit pas confiance en lui. Il ajouta qu'y ai'ant (i long-tems qu'elle ne s'e- toit confelTee, il ne pouvoir pas fe faire qu'elle neut commis des peches, que cependant elle ne. lui en difoit aur eun (38). Etrange raifonnement 1 Fauc- il done avoir commis des crimes pour meriter de recevoir l'abfolution ? Un xtirr. confelfeur eft-il done en droit de juger SuJ« M*1 (jS> Pioces verbal du 18 oftob.
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Ij-1 HlSTOrRE DT. P03.T-Ro'lAI.
~*~\666. (\aVLn penitent n'eft pas fincere , par*
li«t du refus cecLu'** ne s'aceufe que de fautes lege- dabfolmion res I Quelle apologie, &c quel eloge four converges religieufes de P. R., tires de la fepaiM.Pou- bouche de leurs ennemis ! Les reli- E'cJlc" gieufes du chcEur etoient , de leur propre aveu , puns commt dtsAngcs ,
&c n'avoienc d'autres crimes que celut de ne vouloir pas figner le formulaire ; c'eft-a-dire , de ne vouloir pas aifurer avec ferment un fait qu'eiles igno- roient, & dont elles avoient grand fujet de douter. Les fceurs eonverfes, etoient fi pures qu'un confelfeur ne trouve pss matiere d'abfolution dans leur confeffion. Mais pourra-t-on ja- mais ctoire que c'ait ete un fujet de refufer l'abfolution, & qu'un confef- feur choiii par un Archeveque de Paris , revetu de tous fes pouvoirs ,, ait refufe d'abfoudre une religieufe & la mort pour cette feule & unique raifon , que fes peches ne lui paroif- foient pas matiere d'abfolution , 8c que de plus il ait refufe de lui ad- miniftrer les Sacremens > Le fait eft neanmoins conftant, & M. Poupiche perfiftant dans fon refus , dit grave- ment qu'il ne pouvoit donner la com- munion a une perfonne qu'il ne pou- voit abJbudre ( parcequ'elle n'avoic |
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II. Part ie. Llv. K i;;
pas commis de gros peches. ) Ainfi ^j^ ' l'Euchariftie n'eit plus pour les in- nocens, mais pour les grands pecheurs. La fceur Angelique de faint Jean lui
propofa de faire ce que faifoient ert pareil cas les favans pretres de faint Nicolas , qui confiftoit a faire con- feirer une faute de la vie paiTee , lorf- qu'il arrivoit que les fautes, done on fe confefloit , leur paroiffbient trop legeres pour meriter l'abfolucion. Mais: il ne voulut point entendre a cet ex- pedient. Enfin, comme on le prefla » il repondit, qu'il falloit qu'il con- fultat M. du Saugey. Celui-ci , done 1'ignorance n'etoit pas tout-a-fait an meme degre que celle de M. Poupi- che , lui confeilla apparemment d'ac- eorder les Sacremens , car il revint Tapres-dine & les adminiftra a la ma- lade. M. leVicaire de faint Medard arriv*
Je i1 pour confefler la fceur Catherine Suzanne Champagne, qui etoit fort mal (j 9) i mais le lendemain M. de faint Laurent lui fignifia un ordre (40) (59) Journ. 115.. »-dard d'entrer dans le
(40) » E» l'abfence de » monaftere de P. R. ,
»> M. 1'Archeveque qui » pour y entendre les con-
3> eft a Romaine, je vous » feflions de quelque*
» fupplie ties humble- » fceurs converfes mala-
3> ment de permettre a M. » des; & meme des autres
& le Vicaire de faint Me- » converfes qui fe portent
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154 HlSTOXRE DE PoRT-ROrAt.
qu'il avoir re$u de M. de la Brunetiere*
portant qu'un des ecclefiaftiques de la maifon accompagneroit par-tout M. fe vicaire , enforre que M. de faint Laurent ne vouiut pas memepermettre qu'il confeflar les converfes a la grille, a moins qu'il n'y eut un ecclefiaftique. Le Vicaire de faint Medard fur fi fur- pris d'un tel ordre , donr les gardes^ eux-memes furent etonnes , que ne voulant point deshonorer fon minif- tere en fubiffanr le joug d'une fi hon- teufe condition , il monta a cbeval &C s'en rerourna fans avoir rien fair. Ce procede fi extraordinaire , fi con-
traire aux regies de l'Eglife , par lequel M. de la Brnnetiere alloir encore au~ dela de ce que M. de Paris avoir en- trepris jufqu'alors } porra les religieu- fes a appeller de cette entreprife dans leur proces verbal du z8 octobre, dans lequel elles renouvellent tous leurs ap- pels & proreftations contre M. l'Arche- veque, MM. Chamillard , du Saugey , » bien , fu:vant I'ordre » on lui permet de (e
■»■ que M. l'Aicheveque » confeffcr. Ce que Mk
si en a donne ci devant » l'Archeveque permet a
3> audit fieur Vicaire: s'il » toutescellts , dout M»
9> y a meme que'ques » le Vicaire rapportera la
5j unes des fceurs du » fignatuie , lequel fera
» chceur qui font mala » accompagne d'un eccle-
s> des , qui veuitlent Ce » fiaftique de la mai«
l» meure a fon devoir par 53 fon.
9^-une obeiiTance fincer©, |
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II. P A K T r E. LlV. V. iff
Poupiche, les foeurs Dorothee & Fla- •
vie,& tous ceux qui confpirent a abolrr l * leur maifon , & a effacer , s'ils le pou- voient, leur nom de deflus la rerre & meme du livre des vivans , ou elles efperent toutefois que leur injuftice A ne fervira qu'a leur procurer une
place plus arturee & plus certaine , puifque Jefus-Chrift qui eft la verite meme , 8c qui a promis fon roiaume a Geux qui font pauvres & qui fouffrent pour la juftice, ne peut abandonner pour toujours celles qu'il permet qui foienc hai'es du monde pour fon nom , 8c qui aiant ete depouillees de tout,. ne pofledent plus d'autres trefors fur la terre que celui de fes opprobies & de fa croix , a laquelle il les tient infeparablement attacliees par fon amour. xttVJ M. le Vicaire de faint Medard re- Refus <fc*
vint a P. R. le vj avec M. le Mafdre '»«"!"«** 8c M. Prudhomme, pour voir la iceur therine «k ste Catherine Suzanne Champagne ; mais Jj^vkS fa vifite ne fut pas telle qu'on l'efpe-des.MedM«U roit. Il avoir couturrve de faire deux perfonnages aux autres vifites , mais a Celle ci il n'en fit qu'un , qui fut le mauvais , c'eft-a-dire celui de M. de Paris , & refufa abfolument les Sa- ctemens a la. fceur Catherine Suzanne*. |
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J}6 HrSTOIRE DE PoVLT-ROlAZl
II alia enfuite voir deux foeurs con-
verfes , qui etoient malades, la fceur Michelle & la foeur Catherine ; on' le pria de demeurer le refte de la femaine pour confeifer les autres ; mais il s'en excufa fur ce qu'il ne pouvoit quitter fa ParohTe, etant feul ; il promit feu- lement de revenir , fi M. l'Archevc- que le lui ordonnoit. Le Vicaire te- moigna a la mere Prieure qu'il etoic furpris que M. de Paris leur ai'ant faic defenfe de chanter, elles ne laifTaflent pas de le faire ; fur quoi la religieufe lui dit les raifons qu'elles en avoienc* ]1 parla l'apres-dinea la foeur Leocade* converfe , qui demandoit a. retournes a Paris , quoiqu'a regret, difoit-elle,, parcequ'il lui etoit impotlible de por- ter plus long-tems l'etat ou elle etoit, & qu'a moins de fe confelTer tous les mois , elle ne pouvoit demeurer £ P. R. des champs. M. le Vicaire fe chargea d'une lettre de cette conver- fe pour M. l'Archeveque , & partita Ce Vicaire fut renvoi'e le 15 du mois. fuivant a P. R. , 011 il continua de faire l'unique perfonnage de M. l'Ar- cheveque ; il confefTa cepen'dant le jour de fon arrivee les fceurs conver- fes, difpenfees du parjure. La fceur Ju- lie de fainte Syncletique , etoic aloxs |
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II. Partie Llv. V. if?
fort mal, & M. Hilaire avoit ecrit x^6S%
a M. de Paris de la part de la mere Prieure, pour lui obtenir de re- cevoir les Sacremens; mais elle ctoit fceur de choeur, & par confequent fu- jette a. la fignature. Le refus qu'elle fit de fe foumettre alette loi, lui at- tira un refus des Sacremens de la part de M. le Vicaire. Quelqu'inutiles qu'eutfent cte tou- n^fd>^
tes les demarches qu avoient faites juf- conMeur ques-liles religieufes aupres de lent j*Jtoi£S« Archeveque , la mere Prieure ne laifla s. AuguAia, pas de le faire informer de l'etat ou etoit la foeur Antoinette de Saint-Au- guftin Legros, afin qu'il envoi'at un ConfelTeur a cette religieufe qui avoit palTe quarante ans dans la religion d'une maniere fi uniforme & fi exem- plaire, que fes fceurs ne pouvoient la regarder fans en etre edifiees. Mais la piete 8c la faintete de la vie n'etoit pas une difpofition fuffifante, aujugement de M. de Perefixe , pour participer aux facremens de l'Eglife. Il falloit que les religieufes du chceur ajoutaflfent la difpofition a la fignature , pour attefter un fait dont elles doutoient. Et comme la crainte d'offenfer Dieu les empe- choit de l'avoir , elles ne pouvoient (41) Journ. p. 114. Proces retUal du 16 iicembztt.
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I $8 tflSTCftRE DE VoSiT-KOlAti
rien obtenir de M. de Paris. Voici U
reponfe qu'il fit de vive voix le 17 novembre a M. Hilaire : » Dites aux « religieufes , qu'il eft: inutile qu'elles » demandent deformais de Confef- » feur lorfqu'elles feront malades, » a moins qu'elles ne changent les dif- » positions dans lefquelles elles ont ete » jufqu'ici". La foeur Antoinette re* <jut cette reponfe avec tranquillite, mettant toute fa confiance & fa joie en Dieu. La mere Prieure crut cepen- dant devoir faire une nouvelle ten- tative, & charger M. Hilaire , qui de- voir aller a Paris, de dire a M. l'Ar- cheveque l'etat ou etoit Gette fceur, &c le denr quelle avoit de recevoir les facremens. La mere Agnes fe trouvanc. audi fort mal, on renouvella aupres de M. de Paris les inftances pour avoir u« Confefleur, mais tout cela fat inutile. La four Antoinette paroiflant a 1'ex- tremire le4 decembre , la communaut6 s'affembla pour faire les prieres ordi- naires (42). L'apres dine, M. Hamon Vint pour la voir accompagne de la tourriere > la malade »les prit a temoin m Pun & l'autre>. qu'elle defiroit de » tout fon cceur fe confeffer avantque » de mourir , & recevoir l'Extreme- (41) Journ. p. lie. Pioces verb, du 18 dec.
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Jl. Par. tie. Liv. V. 139
fc On&ion & le Saint Viatique •, mais 1 £<J6»
» que puifqu'on ne vouloit pas lui ac-
»» corder cette grace, fi elle ne fignoit,
*> elle aimoit beaucoup mieux en etre
- privee que d'ofFenfer Dieu pour 1'ob-
w tenir, etant perfuadee qu'elle ne
» pouvoit figner fans blelfer beaucoup
*> fa confcience , & fans commettre
» une infidelite contre la grace de Je-
» fus-Chrift ; ce qu'elle etoit refolue
y de ne faire jamais avec l'afliftance
» de Dieu, efperant qu'il ne l'aban-
» donneroit pas jufqu'a ce point «.
Elle dit cela d'un ton fi haut & fifes-
rne , que M. Haraon en etant furpris »
dit a celles qui etoient prefentes , qu'il
lui fembloit qu'elle parloit plus libre-
ment, & qu'elle etoit moins oppreflee
que les jours precedens. » Ce n'eft
»» point cela, dit la malade , car j'ai
» autant de peine a parler que j'en
*> avois hier, mais c'eft que j'ai une fi
n grande horreur de la fignature , que
» quand j'en parle , je fens en moi
v une fermete qui me donne de la
u force «.
Le mercredi 8 du mois , la malade
fe trouvanta l'extremite,elle pria qu'oa fit les prieres de la recommandatioa de Tame pendant qu'elle avoit la con- noifiance, & qu'elle pouvoit y avois |
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t^O HlSTOlRE DE PoRT-ROlAl.
atrention. La communaute s'aflembfai
pour ce fujec apres la mefie , & aiilB- tot qu'elle vie les religieufes dans la chambre, elle leur demanda pardon des fautes qu'elle croi'oit avoir faires a leur egard ; enfuite elle leur parla ainfi au Jfujet de la fignarure. •» Je » vous fupplie de croire, mes faeurs » » que dans l'etat ou je fuis, j'en ai » plus d'horreur que jamais. Je vois » de plus en plus que je ne la faurois « fairefans commettre untres grand » mal; & je fuis perfuadee que Dieu » m'a fait une tres grande grace de » m'en avoir prefervee. Je vous fup- » plie de leprier qu'il me donne la m perfeverance jufqu'a la fin «. Elle te- moigna aulli, que puifqu'on ne vouloit point lui accorder d'Ecclefiaftique qui rut difpofe a lui adminiftrer les facre- mens felon Dieu & fans la vouloir obli- ger a l'ofFenfer pour les obtenir , elle n'avoit point defire qu'on en appeMt, croyant que ce ne feroit qu'un fujet de tentation pour elle de voir leur manie- re d'agir. Enfuite on fit les prieres ordinaires,
auxquelles la malade , quoique deja dans les douleurs de l'agonie , eut l'ef- prit applique avec une paix & une tran- quillite parfaite. Les prieres ecant fl- |
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II. Part ie. Liv. V. 141
rues , on la pria de porter devanc j^ST
Dieu les interets de la communaute , de le prier de conferver entre elles la paix 8cJ'union , de leur faire la grace de ne point fe lafler de fourfrir, & de ne jamais manquer a. la fidelite qu'elles lui devoient (43); la malade ajouta, & de perfeverer jufqu'a la Jin. Chacune des religieufes voiant cette chere foeur prete a partir pour la terre des vivans , la chargeoit d'y porter fes commifllons , qu'elle acceptoit vo- lontiers Sc avec fimplicite , envifa- geant audi tranquillement la more qu'elle auroir fait un voi'age. Les unes la prioient de prier pour elles-niemes , les autres pour la converfion de ceux qui les perfecutoient , particuliere- ment pour celle de M. l'Archeveque, 6c du petit nombre de leurs fours qui s'etoient feparees d'elles. Quelques- f ^0"„fjj~ autres connderant la grace que Dieu netce de faint faifoit a cette heureufe agonifante q"^"1 " de mourir dans de fi faintes difpofi- tions , portoient envie a fbn bonheur & Ten felicitoient. Le moment de fa delivrance etant arrive , elle rendit tranquillement, vers le midi, fon ame a celui qui 1'avoir creee, au fervice du- qitel elle s'etoit confacree d^puis plus fa)) Jpurn. »ij. Proc. yerb. du 18 dec. |
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14* HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt.
■ de quarante ans, pendant lefquelselle
fin un modele parfait de regularite. Le foir du meme jour le convoi fefit, on porta la defunte dans l'Eglife ; oil les vepres des morts furent chantees folemnellement fur le corps , & on lui rendit tous les honneurs qu'on avoit rendus a la fceurMarguerite de Stc Ger- trude, & a la foeur Fran^oife deSie Lut- garde. Le lendemain on commenca a chanter laudes immediatement apres la mefTe , le corps prefent, & on leva le rideau de la grille felon la coutume. M. du Saugey , qui etoit a la facriftie, fut fi irrite d'entendre chanter , que fans prendre letems de fe deshabiller, ai'ant feulement quitte la chafuble , il fortit pour chaffer tous ceux qui etoient dans l'Eglife. Il fit enfuite de grands reproches a un des gardes du Roi, l'accufant de negligence dans fa charge , parcequ'il etoit dans l'Eglife lorfqu'on avoit commence le fervice , Sc qu'au lieu de faire fortir le monde , il avoit lui-meme pie Dieu avec les autres. Quel crime ! Des ce jour, M. du Saugey ferma les portes de l'Eglife, & ne les voulutplus ouvrir qu'a l'heure de la meffe, jufques-la que le diman- che fuivant il renvo'ia tous les gens de la naaifon qui venoient a vepres; ce |
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II. Parti e. Liv. V. 14$
quHl continua de faire jufqu'aux envi- rons de NoeL La fcEur Antoinette Euphrafie de
faint Auguftin Legros , a qui on fit Ip traitement que nous venons de rap- porter, etoit une des vingt-quatre no- yices que la mere Angelique avoit ame- nees de Maubuiflbn a P, R. » Dieu, dit » la mere Angelique de S. Jean (44) , » lui fit la grace a accomplir l'avis de v faint Bernard , de commencer par- v faitemmt; elle entra des lors dans le » veritable efprit de la religion , 8c » elle etoit du nombre de ces ames , » en qui I'accroiftement de la vertu v eft imperceptible , parcequ'il con- m fifte proprement dans Tuniformite » 8c dans une perfeverance qui ne fe ,, relache jamais ». Jamais la fceur Le- gros ne fe relacha de fa premiere fer- yeur, & elle continua jufqu'a la mort a fervir Dieu avec le meme zele 8c la meme fidelite. Elle etoit d'une fim- plicite 8c d'une innocence extraordi- naires ; d'une docilit^ parfaice pour (qs fuperieures ; d'une resignation qui ne lui faifoit envifager que Dieu dans tous les evenemens ; d'une douceur nue rien n'etoit capable d'alterer; d'un (44) Rel. des vertus & de la mort de la fceur let
#r»s. Voi'cj vies cdif. T. ». p. 17, |
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144 HlSTOIRI DE P0RT-RO1AI?
1(j(j(ji attachement a la verite & a la fince-
rite chretienne , qui la fit refifter cou- rageufement aux menaces & aux trai- temens les plus dnrs;d'une modeftie qui edifioit tous ceux qui la voi'oient j enfin d'une patience admirable au mi- lieu des douleurs prefques incroiables qu'un cancer lui fit fouffrir pendant les trois dernieres annees de fa vie. La foeur Angelique de faint Jean re- marque que la folidite de fa vertu parut dans cet etat , en ce qu'elle pro- fita de tous les avantages qu'elle pou- voit trouver dans les fouffrances , fans fe retTentir des pertes que les perfon- nes memes vertueufes font fouvent <lans la maladie , qui leur eft un fu- jet de tentation a caufe du divertifle-. ment qu'elles peuvent etre obligees de donner a leur efprit pour foulager la nature. Telle etoit la religieufe que M. de Perefixe jugea indigne de re- cevoir les Sacremens. XLVII Le jour de la mort de cette fainte Mon de U fille , la mere Prieure dit a M. Hilaire
S^JS* qui alloit a Paris, d'informer M. l'Ar- cheveque du deces de cette religieufe , & de lui dire que puifqu'il ne vouloit plus entendre parler d'elkspendant leur vie, elles lui donneroient au moins avis de la mort de celles qu'il lahoit a Diea
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II. Partus. Liv. V. 145
Dieu de retirer du monde. Elle le "
chargea en meme terns de demander un confefleur pour une foeur converfe qui etoit a l'extremite , ( c'etoit la four Michelle de fainte Melanie , dont nous avons deja parle) qui de- firoit recevoir les Sacremens , & ne pouvoit fe refoudre a avoir confiance a M. du Saugey ; le feul confelTeur qu'euflent les fceurs converfes , M. Poupiche ai'ant ete revoque le 2 3 de novembre. M. de Paris envoi'a un docteur deSorbonne nomme Hodencq, qui n'etoitpas moins prevenu contre les religieufes de P. R., ni moins in- jufte que M. du Saugey & M. Poupi- che ( quoiqu'il fut neveu d'un hon- nete hornme , c'eft-a-dire de M. Ho- dencq cure de faint Severin, dont nous avons parle ailleurs): il arriva le 17 , confefla routes les converfes, &c ad- miniftra les Sacremens a la fceur Mi- chelle. Elle mourut le 21 , & M. du Saugey , qui etoit pour lors a Paris , en revint avec des inftructions fur ce qu'il avoit a faire. Ces inftruclrions donnees par M. le grand Vicaire , portoient que (i la fceur converfe ve- noit a mourir, comme elle mouroit dans la communion de 1'Eglife & avoit recu tous fes Sacremens , on ne pou- Tome VI. G |
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1666.
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146 HlSTdlRE Dl P0R.T-R01*At."
i<j(j(j voit pas lui refufer la fepulture ecclefiaf*
tique , qu'ainfi il pouvoit faire fon- ner les cloches , encenfer le corps dire toutes les prieres , pourvu qui ce fut fubmiffa voce fine cantu : Qu fi les religieufes vouloient chancer il ne laifleroit pas de dire les priere avec fes affiftans fubmijfa voce , &c qu'i fe retireroit enfuite ; que c'etoit a(fe' qu'il ne donnat pas occafion a. leur de fobeifTance. Le fieur du Saugey notifia alix reli
gieufes les ordres qu'il avoit appor tes lui-meme , & qui furent execu tes. Au fortir du parloir il fit fon ner la groffe cloche > il fit les ceremo nies accoutumees , & recita les orai fons. Mais pour les religieufes , elle chanterent les antiennes , repons & pfeaumes , felon leur ufage. xtvi. Apres la ceremonie de Pence rre Ugi'eufesau'&rment > e^es allerent chanter vepres
ia Sangey. enfuite defquelles ai'ant appris qu< M. du Saugey devoit partir pour Pa ris, elles lui ecrivirent le billet fui vant. » Puifque M. du Saugey retour- « ne a Paris , il faudroit favoir dt «• lui s'il ne prendra pas la peine d< » s'informer de ee qu'on fera le jou »» de la fete de Noel, comme il a ei » foin de le demander pour Tenter |
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II. Partie. Liv. V. 147
W rement , & s'il y aura difficulte de X6667 » former les cloches pour la naifTance *> de Jefus-Chnft , que Ton a bien » fonnees pour la mort d'une de nos » fceurs converfes , & d'ehcenfer fon « corps a l'autel, puifque Ton a bien « encenfe celui de notre defunte. L'on » a encore moins de fujet d'apprehen- « der que nous voulions nous attri- i> buer quelque chofe des honneurs » qu on rendra a Dieu, que de ceux " qu'on a bien voulu rendre a une " perfonne qui fait partie de notre » corps , qui a vecu & eft morte dans » une parfaite union avec nous. Le « privilege des fetes annuelles don- » neroit auffi lieu de demander, fl »> Ton ne pourroit point chanter les » grandes mefles ce jour-la. M. du Saugey aVant regu ce billet, XLVir.
xepondit par un autre , dans lequel il &$%?'£_ temoignoit que ce feroit une grande g=y- fatisfadion pour lui de leur accorder ce qu'elles demandoient, & qu'il fou- haitoit pour cela que les chofes fuf- fent de leur cote en etat de l'obtenir , comme elles y etoient du fien. II ajouta qu'il feroit inutile qu'il le de- mandat a M. de Paris fur les raifons qu'elles apportoient, que c'etoit me- me leur rendre fervice que de les fup- Gil
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I48 HlSTOIRE DF PoRT-ROlAt.
primer , n'etant capables que de I'ai-
grir contre elles. II les pria , par l'af- redion qu'il avoir pour elles ( le motif etoit preflant ), de n'etre pas (i abondantts en raifons, & de laijjer la liberie a ceux a qui elles s'adrejfent d'en fubjlituer , oujoindre de plus accommo- dantes aux fentimens ties fuperieurs. Inexpedient eft fingulier. Que diroit- on de la pretention d'une perfonne , qui voudroit que fa partie lui laiiTat la liberte de fupprimer fes raifons , d'en fubftituer ou joindre d'autres plus accommodantes aux fentimens des ju- ges \ M. du Saugey etant revenu de Paris , ne parla de rien , & les reli- gieufes firent la rrieme chofe de leur cote,demeurant dans le filence & l'afe* tente de ce qu'il feroit. Le jour de la fete , il fe contenta de dire des meftes baffes, fans aucune ceremonie ni en- cenfemens , & fans qu'on fonnat les cloches. Le lendemain de la fete , vet.- 16 decembre, les religieufes drefTe- ' rent un proces verbal, dans lequel el- les fe plaignent de cette conduite ir» reguliere du lieur du Saugey , & re*- nouvellent tous leurs appels & leurs proteftations contre ceux qui confpi- roient a la ruine de leur maifon. Elles rappeilent dans ce proces verbal ce qui |
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II. P ARTIE. Liv. V. 149
tfetoit paffe a la more & a l'enterre- nS66. " ment de leur fceur Antoinette de faint Auguftin pour en conferver le fouve- nir a. la poflerite , qui defirera favoir la verite de tout ce qui s'eft fait dans cette affaire , &c qu'on taclie d'etouf- fer : ce n'eft pas qu'elles efperent par ces appels & ces proces verbaux obte- nir reparation de l'injuftice qu'on leur fait, mais e'eft pour ne point couvrir {>ar leur filence un mal qui n'a pas feu-
ement rapport a des perfonnes parti- culieres , mais qui tend a la deftruc- tion d'une communaute confacree a Dieu *, ce qui doit etre un fujet de ge- miffemens & de larmes pour tous ceux qui ont du zele pour fa gloire. C'eft yue Acs re- dans cette vue qu'elles font refolues''cf^ocl$w^- de continuer a conferver la memoire Jj«»* qu'elles des evenemens femblables , & a endteffoient- informer par des monumens authen- tiques , afin de faire voir que fi la paffion & la malice des hommes qui voudroient les chaffer hors de l'Eglile, ont eu affez de pouvoir pour les faire traiter comme fi elles en etoient ef- fe&ivemenr bannies, ils n'ont pas eu celui de les arracher du fein de cette mere unique de tous les fideles, &c que l'impitoi'able durete de fes minif- tres , qui leur refufent routes les G nj
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150 HlSTOIRE DE PoR.T-R.01Ai
666. graces dont elle leur acommisla dif-
penfation , n'eft pas capable d'alterer en rien 1'union qu'elles onr avec elle » ni de leur faire perdre quelque cho- fe de 1'aifecTion & du refpecT: qu'elles portent a tous fes miniftres 8c a toutes fes loix. On vou la preuve de ces dif- pofitions h chretiennes des religieu- fes de P. R. dans la conduite qu'elles tenoient. Malgre les refus reiteres qu'elles elfu'ioient de la part de M. l'Archeveque; malgre la durete de ce Prelat, qui, au lieu de leur donner le pain qu'elles lui deniandoient, le leur arraehoit de la main , & leur donnoit un fcorpion aulieu de poiflbn , en leur envoiant des confelfeurs , ( lorfqu'il jugeoit a propos de leur en accorder ) qui ne cherchoient qu*a les feduire &c a les faire agir conrre leur confcien- ce; malgre, dis-je, toutes ces raifons,. qui etoient capables de les convain- cre de i'inutilite de toutes les demar- ches qu'elles pouvoient faire , & qu'a- pres tant de refus, elles n'avoient qu'a demeurer tranquilles, a'iant entiere- ment fatisfait a leurs devoirs -, qu'ainfi elles n'avoient plus rien a faire qu'a* fe refoudre a mourir en paix , fans rien demander davantage aux hom- ines , tant que dureroit cette tempetej| |
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II. Parti*. Liv. V. 151
fe coiitentant de s'adrefler a Jefus- 7&$$? Chrift leur fouverain Pretre & leur Pafteur •, cependant, le defir extreme qu'elles avoient de participer autf faints Sacremens les faifoient pallet par-dellus toutes ces raifons , &c les engageoit a* faire dans toates les occa- fions de nouvelles inftances pour fe pro- curer cette faveur (45).Nous en avons vu plufieurs exemples dans les annees de captivite qui precedent , & nous en verrons encore d'autres dans la fuite. , L'annee dans laquelle nous entrons 166 j.
offre au le£teur le meme fpectacle que la precedente. Il verra & admirera , d'une part, la patience invincible des religieufes de P. R., qui » bien loin de le laifler affoiblir par les mauvais traitemens , n'en font que plus fer- mes & plus refolues a tout foufFrir , plutot que de rien faire de contraire a la verite & a la fincerite chretienne, D'un autre part, il verra avec eton- nement 1'inflexibilite du cara&ere d'un Prelat, qui, abufant de l'autorite qu'it a regue de Jefus - Chrift pour edifier & non pour detruire, trouble , perfe- cute 8c opprime une communaute de vierges chretiennes, qu'il avoue lui- j^.$.) Iourn. p. 118 Scfuiv. G iv
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151 Histoire de PoRT-ao'iAr."
_ i<j 67. m^me ^tre pures comme des Anges. Il
verra des ecclefiaftiques ignorans 8c
prevenus , faire les fonctions de fe-
duiteurs & de perfecuteurs 5 rour-
menter au lit de la mort de faintes fil-
les,& leur refufer les Sacremens qu'el-
les defirent avec ardeiir , & qu'elles
font audi dignes de recevoir par la
faintete de leur vie que par la purete
de leur foi. Entrons en matiere.
xtym- m. de Paris envoi'a le 4 Janvier
gneval refufe 1667 un pretre Eudifte , nomme de
les sacremens Lonsuevaf, pour remplir la place de
aunerehgieu- o . r . r r
fi malade. M. Poupiche. II etoit digne du choix
de M. de Perefixe , & ne tarda pas
beaucoup a faire voir de quoi il etoit
capable pour feconder les vues de ce-
lui qui Pavoit envoie. Une religieufe
ctant tombee malade , on jugea a pro-
pos de le faire entrer le 12 de fe-
vrier pour la voir. Cet ecclefiaftique
ai'ant declare a la malade qu'il falloit
qu'il fut qu'elle etoit fa difpofitiort
pour la confefler , elle lui repondit
que fa difpofition etoit de ne rien fi-
gner & de ne rien faire contre fa conf-
cience. Surfareponfedeprerre Eudifte
dit qu'il ne peut lui adminiftrer les
Sacremens , qu'elle n'eft pas en etat de
falut, & qu'elle fera damnee comme
tous les diables. S'etant enfuite retire*
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II. Partie. Llv. V. iy?
d'aupres de la malade , il entra en \C6-i converfation avec les religieufes qui ,„„.„„.,* etoient prelentes , & voulut leur per- avec les teu- fuader que ce n'etoit point pour le fait 8ieufef" qu'on leur demandoit le ferment: il leur dit qu'on flgnoit par-tout fans diftin&ion du fait & du droit, parce- au'on ne favoit ce que c'etoit que ces
ifputes ; que comme les conteftations s'etoient elevees a Paris , ou etoient tous les fa vans , il avoit fallu faire quelque chofe de plus pour contenter tout le monde ; que pour cela M. l'Ar- cheveque avoit trouve un temperam- ment admirable , en declarant qu'il ne demandoit la foi divine que pour les dogmes. II pretendoit qu'elles ne faifoient difficulte de figner que par attache pour leurs amis , qu'ils les avoient rellement prevenues de toutes leurs maximes , qu'elles fe feroient crucifier pour M. Arnauld & Janfe- nius; que fi M. Arnauld leur confeil- loit de figner , elles le feroient. Les religieufes lui repondirent que biera loin de figner, fi M. Arnauld leur con- feilloit de le faire, elles ne figneroient pasmemequand M. Arnauld I'auroit fair; que fon exemple en cela ne leur donneroit qu'une plus grande appre- henfion d'une tentation auffi grand© Gv
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1*4 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAI.4
que celle-la paroitroit l'etre,fi elle avoir
abbattu les plus forts , pour faire trem- bler & humilier les foibles. Apres quelques - autres difeours , il fe leva en difant, que puifqu'on ne vouloit rien faire, ii ne donneroitpas les Sa- cremens a la malade. Puis s'appro- cbant d'elle , il lui dit la meme cho- jfe , ajoutant qu'il feroit fon juge au j'ugement de Dieu. » Peut-etre, Mon- » fieur, repliqua la malade , que ce m • fera moi qui veus jugerai, puifque »» voiis ne me refufez les Sacremens » que parceque Dieu me fait la grace- « de demeurer ferme dans 1'amour « de la verite. J'efpere que ce fera » ce qui m'aidera a obtenir encore » plutot mifericorde , quand je ferai j> devant Dieu «-. M. de Lonmieval temoigna neanmoins par les paro- les , de la douleur du refus qu'il lui faifoir, il librement & fi injuftement, de lui adminiftrer les Sacremens , &c il' l'exhorta a croire le fait de Janfe- nius, qu'ell'e devoir croire , difoir- iT,. comme il croi'oit qu'elle etoit uns bonne, fllle {<\6). Oui, M. lui dit la fceur Angelique , &cvousLulrefufe^les, Sacremens, »ISPetes-vous point fiirpris „ »• luit dir-elle encore,. de ce que vous. V«) Joum, uo, 8C fwv |
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II. Partie. Llv. V. x$$
*> vo'i'ez & de ce que vous faites > kT^/,.
» Vous avez fouvent affifte des perfon- » nes mourantes; a-t-on jamais enten- » du parler, qu'au lieu de les exhorter »» a efpereren Dieu , a lui demander n pardon de leurs peches» & a im- » plorer fa mifericorde , il n'y a au~ »» tre chofe a leur dire, qu'a leur par- »» ler de fignature & de formulai- » re , de diftindtion de fait & de » droit, de chercher des termes Squi- rt voques pour s'expliquer I Cela eft- » il bien convenable a l'etat d'une » perfonne qui fe meurt "i A-t-on. » change de foi & de religion , pour » qu'il faille croire que e'en eft la le « premier article > & le plus eiTentiel » au falut I On tacha encore de lui faire voir xnx:
l'injuftice qu'il y avoit dans le refus ££%£ qu'on leur faifoit des Sacremens ; que LonguewU- quand meme elles feroient dans l'er- reur , le moien qu'on emploioit pour les en tirer ne ferviroit de rien, puif- que quand elles auroient figne ,, y etant contraintes partant de violent ces , elles n'en feroient pas plus ink truites dansla foi,ni le monde plus pet- fuade qu'elles euftent change de fenti- ment, cette action n'aiant etc nulle— naeru Ubre: Qu'une preuve qu'il ne s'a«~ Gvj<
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i$6 HlSTOIRE DE PoRT-ROi'AE.
,j_# giffoit point de la foi , etoit qu'on n©
demandoit rien de femblable aux fceurs converfes , bien qu'elles euflenc ete inftruites de la meme maniere. Que fi cette fignature etoit fi necef- faire au falut , & la feule marque de la vraie foi, on l'exigeroit de tout le monde , & autant des laics que des re- ligieufes de P. R. Toutes ces raifons ne perfuadetent point le fieur de Lon- gueval, qui perfifta dans fon refus , & fe. retira en difant qu'il leur reftoit encore beaucoup a fouffrir , qu'elles n'etoient pas au bout, que cette af- faire irqit plus loin , & qu'il y auroit du changement. Il difoit cela en mar- chant ; & la mere Prieure de Paris » qui le fuivoit d'un pea loin , ne l'en- tendant pas bien , lui dit •, » Mon- » fieur , vous dites qu'il y aura du » fang de repandu ; je m'y attends » bien que cette affaire ne finira " point qu'elle n'en foit venue juf- *> ques-la«. Non pas cela , reprit le to fieur de Longueval , ne vous flattez » point de cette penfee , vous n'etes «• point encore aflez bonnes pour me- » riter d'etre martyrs «. LafceurAn- gelique prenant la parole lui dit : » Monfieur , les graces font fi gran- » des qu'on ne les mirke point; mais |
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II. Parti t. Liv. r. 157_____
m Dieueft fi bon qu'il peut les don- 166 f*
» ner fans qu'on les ait meritees. Le fieur de Longueval die enfuite ,
qu'il ne pouvoit agir d'une autre forte , qu'il ne pouvoit douter que M. de Paris n'eut de grandes raifons de faire ce qu'il faifoit •, qu'il feroit bien mal- heureux , fi une autre chofe que le devoir de fa charge & le defir du fa- lut des ames le portoit a une fi etrange rigueur ; que ce feroit un tyran , urt bourreau, de laiflfer mourir fans affif- tance & fans Sacremens,des religieufes qui ne l'auroient pas merite. II ajouts qu'il ne pouvoit pas avoip,de telles penfees de ce Prelat , & qu'il n'avoic aucun fcrupule de faire ce qu'il fai- foit en fuivant fes ordres; qu'il avoit grande companion de les voir dans f'etat ou elles etoient. Deux jours apr£s , le 14, il de- t; ^^
manda a parler a la mere AbbefTe , tienUdeM.de «u a auelqu'une de celles qui l'avoient Longueval. accompagne , lorlqu il etoit entre. La ae reftime de mere Prieure & la foeur Angelique de la maiTo«, faint Jean fe rendirent a une des pe- tites grilles des tribunes , ou elles eu- rent un nouvel entretien , dans le- quel il s'efforga inutilement de leur perfuader que le ferment qu'on leur demandoit, ne regardoitque le droit |
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ij* HrsTorKB de Port-roiak;
TgZl &: non le fait. Voiant qu'il ne tenC fiflbic pas par fes raifonnemens , il f>ric un autre tour pour chercher par
a douceur une entree, ou il ne pouvois arriver par fes foibles raifons ; il te- moigna etre tres fatisfait des religieu- £es, & de la fageffe de leurs reponfes j &c dit qu'il voioit quantite de chofes dans la maifon qui lui en donnoient de l'eftime , qu'il y en avoit neanmoins une dont il n'etoit pas edifie , c'etoit de voir les fours converfes commu* nier fouvent, quoiqu'elles n'allaffent point a confelle, & il declara que fl elles vouloient s adreffer a lui, il n'e- xigeroit autre chofe d'elles , finon qu'ellesnepriirent aucun parti, qu'elles ne jugeaffent de perfonne , & ne con- damnarTent ni les religieufes deParis ni eelles de P. R. des champs. Mais on lui repondit, que ce feroit exiger d'el- les une chofe egalement impollible & injufte ; que connoiflant par leur pro- pre experience Tinnocence des unes , &c la conduite criminelle des autres , il ne leur etoit pas poflible de demeu> rer dans cette indifference., 8c de ne pas condamner le mal. rr. On lui donna enfuite un eclaircif*.
on lui don- fement fur ce qu'ii ieur avoit dlt d
ne dts eclair- . . ,t ,
«uranens fut,,uiventions qu elles avoient raites il
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II. Partte. Liv. V. ifji
P. R. de Paris, out elles fe confef- j%$7** foient par un rrou , & aurres chofes c iemblables. La four Angelique lui moiens don?^ raconta qne vo'iant les affaires de la & ^'S'"63- ■ r f , . . r -r • »ewient ftr-
mailon dans un etat qui leur rauoit vies pour fe
juger qu'elles alloient etre affiegees au-g"™"1 £* dedans 8c au-dehors , & abandonneesrur les kffai- fans aucun fecours fpirituel ni tem- f" temP°"^ . f les que 1UC-
porel , elles avoienr cru que la pru-ceiksde lews
dence permetroir d'en ufer a la guerre confcien(:** comme a la guerre , & de faire en cc tems ce qu'elles n'auroient pas fait dans un autre. Qu'ainfi il etoit vrai qu'elles avoient menage plufieursr moiens pour fe procurer quelquesr avis , foit pour les affaires temporel- les, foit pour celles de leur confcien— ce, & qu'on avoit fait entre autres une- invention dans un grenier. Mais cc qui etoit bien etrange , & ce qui marquoit une malice bien noire dans la four Flavie , qui faifoit tous ces rapports , &: cherchoit a noircir fes fours, c'eft quece fut elle-meme qui follieita pour qu'on rrrit routes ces inventions en ufage ; fur quoi ellc avoit peut-etre des lors delfein de les' trahir , & de s'en fervir contre elles , comme elle ne tardapas de faire. Celt ce qui engagea la mere Abbeffe a fup- primer routes ces inventions peuavant |
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iSa HrsTomE de Por.t-r.oiae.
que les religieufes fortifTent de Paris *
parcequ'elles s'apper^urent qu'on les trahifloit, & que ce qu'elles avoienc menage pour une bonne fin , fervoit a une route oppofee. La meme faeur Flavie entra dans une etrange colere , lorfqu'elle vit qu'on avoit fupprime les routes par lefquelles elle tramoit fes cruels & noirs deCTeins contre fes foeurs. La fceur Angelique , apres avoir rapporte tous ces faits, juftifia la conduite des religieufes de P- R. par l'exemple de David & des Apotres , 8c fie voir que la calomnie n'en etoit pas moins odieufe, quoiqu'il y em quel- que verite dans les faits, qu'il n'y avoir que plus de malice a cacher ainfi les circonftances qui rendent une action ties innocente , pour les rendre cri- minelles ; que la foeur Flavie & les au- tres faifoient en cela ce que feroit une perfonne qui, pour perdre une reli- gieufe , diroit qu'on la vue en pleine nuit fe fauver de fon couvent, fans ajouter que le monaftere bruloit. Le fieur de Longueval voulant juftifier les calomniatrices , repondit gravement , que ce qu'elles faifoient etoit ordinaire a tous ceux qui ont des proces , qui difent tout ce qu'ils peuvent contre leur partie, fans peier les chofes * |
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II. Par.tie. Liv. V. \Ci
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pourvu qu'ils arrivent a leur fins. Re- i 667,
ponfe digne d'un homme , qui dam- noit avec tons Us diables des vierges chretiennes , parcequ'elles faifoient fcrupule de mentir par obeilTance , 8C d'aiTurer avec ferment un fait, dont elles doutoient. ... Ce rare fujet ne fit pas long fejour Les reiigfen*
a P. R., il retourna a Paris , d'ou il k'{°m **!"* _ - . r -•! plufieurs de-
nt lavoir par une perionne, qui! nemandesiM.
reviendroit plus (47). Le fieur du Sau-dc Sat&a'
gey apprit le 14 mars cette nouvelle aux religieufes , & leur dit que c'etoit a elles a voir fi elles vouloient un autre ecclefiaftique a. fa place.La merePrieure lux repondit qu'eliess'enpaiTeroientai- fement, s'il vouloit continuer de pren- dre foin de la facriftie ; ce que le fieur du Saugey refufa. Il fallut done en de- mander un autre , d'autant que la fete de Paque approchoit. M. Hilaire de- vanr aller a Paris le 28 , la mere Ab- belTe le chargea de demander un ec- clefiaftique , tant pout l'Office de la femaine fainte, que pour confelTer les fceurs converfes. Elle chargea encore M, Hilaire de favoir de M. l'Arche- veque fes intentions touchant l'ado- ration de la croix , qui leur avoit ete refufee l'annee precedente ( par l'ordr$ (47) Joutn. p. 114.
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\6l HrSTOIRE DE PoRT-ROi'At."
* 1667, meme de M. de Perefixe, qui avoir dlt
a M. Hilaire qu'il ne fe devoit faire au- cune ceremoniedans leur Eglife (48).) La mere ajouta, qu'elle avoit une grace- a demander a M. de Paris, 11 elle ofoic le faire, qui etoit de participer aux faints Sacremens ; mais M, Hilaire faifant quelque difficulte de fe charger de cette derniere commiflion , elle le pria de vouloir au moins faire fouve- nir M. l'Archeveque du delir qu'el- les luienavoienttemoignetant de fois, &c l'afiurer qu'il n'y avoit que le refpect qui les empechat de les lui demander encore , feur ai'ant defendu de lui ecrire, mi. M. Hilaire etant de rerour de Paris, Reponfe de j • t • I A r
M. de Paris rendu le 4 avnl compte de la com-
i. queues miflion a. la mere AbberTe (49). Sur demandes des. . . . »x J r» • i *
leiigieufes de« premier article, M. de Pans lui
'• *► repondit qu'il enverroit au premier jour l'eccleiiaftique qu'on deraandoit j, fur le fecond il dit, qu'il avoit man- de a M. du Saugey , qu'apres qu'il Vauroit fait adorer (la croix) au de- hors , il pourroit la repajfer aux reli- gieufes , afin qu'elles Vadorajjent en ft- cret. Sur le troifieme, qu'il n'avoit jamais defendu aux religieufes de lui US) Jourtup. 114, &c.
J4j) Jouni. p. uj- |
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II. P AR.TIE.IiV. V. IS}
ecrire , & qu'elles n'avoient qu'a le 1667,
faire. On peut jnger quelle fut la fur- prife des Religieufes fur la reponfe au troilleme article , apres ce qui leur avoir ere ft fouvent repete par M. de S. Laurent & les gn rdes du Roi, que M, C Archive que. nt vouloit plus enten- dre purler d'e/les , ni recevoir aucune de leurs lettres. Tout le fucces des demandes des m. <fc I»
Religieufes fut d'avoir un ecclefiafti- ?urie fuc«de o ,,. , A . .. 1M. default
que que M. 1 Archeveque leur envoia Lament,
le mardi fainr (5 du mois). Il arriva vers le midi, 8c commenc,a des le foir a. confeffer les ScEurs converfes. Pour les Religieufes du choeur , elles furent privees de la participation aux faints Myfteres ; privation qui etoit pour ces vierges chretiennes, la plus grande de leurs peines. Une autre » qui leur etoit encore bien fenfible , e'eroit le violement de leur cloture autorife par Monfieur l'Archeveque lui-meme. Elles avoient fait tous leurs efforts pour s'oppofer a cet abus ; elle9 s'etoient adreflees au Prelar, comme nous l'avons vu , pour lui reprefenter combien cela etoit contraire aux re- gies de Teglife. Mais que pouvoienr- elles attendre de celui qui ordonnok lui-uieme aux gardes d'entret dans '^ |
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I(?4 HlSTOIRE DE PORT-ROIAI.
' 1667. jardin ? Cell ce que M. de la Burie
temoigna a la mere Abbefle , qui l'a- voit prie d'en parler a M. de Paris. Cet Exemt des gardes , qui avoit fuc- cede, le 9 mars, a M. de S. Laurent,re- pondant a la Mere AbbefTe fur la com- miffion dont elle l'avoit charge aupres de M. de Paris , au fujet de l'entree des gardes dans leurs jardins , lui dit: il m'a ordonne d'y entrer, & je vous ajfure que fans cela je ne le jerois pas {^o). Cependant ces faintes filles ne ne-
Ptojet d"u- gbgeoient aucune occafion de recla- im lettre 4m. mer contre cer abus , & de tacher d'y Colbert. 1 , \ \- • apporter remede ( 5 1 ;. Aiant appns
que M. Colbert devoir pafler pres de
leur abbai'e pour aller a Dampierre » ellesprirent la refolutionde lui ecrire une lettre en forme de requete , pour le prier de jetter les yeux fur leurs ba- timens & d'en confiderer la firuation , (afin d'informer le Roi de ce qu'il au- roit vu., & de le porter a revoquer un ordre, qui ne pouvoit s'accorder avec la piete de fes intentions , & a com- mander que fes gardes n'entraflent plus dans leur cloture. » Nous nous 3} taifons, difent-elles dans ce projet (fo) Ibid. p. in col. 1.
JJ51) Ibid, p. 116, 117. |
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II. P ARTIE. L'lV. V. I <?5
>» de lettre, de nos autres fouffiran-
» ces •, elles font publiques •, & quand » il plaira a Dieu, il touchera le caeur » de Sa Majefte pour en avoir com- » paffion ; mais celle - ci eft d'une » telle nature , que nous ne faurions » nous en taire routes les fois que » nous trouvons occafion d'en parler, m & qu'il y aura fujet d'efperer que » nos tres humbles prieres puhTent >» etre portees jufqu'aux pies du trone , •» oil nous nous jettons pour deman- « der notre delivrance. M. de la Burie avoir d'abord pro-
mis de tendre le paquet; mais le len- demain , 7 mai, il le rendit a la mere AbbefTe, en lui difant qu'il n'avoit pas penfe, en s'en chargeant, qu'il avoit ordre de ne laifler palTer aucune lettre. Ainfi celle-ci ne rut point re- mife , & Tabus du violement de clo- ture fi fagement etablie par TEglife , continua avec l'approbation & par les ordres d'un Archeveque , qui, au liea d'emploier , comme il auroit du , toute fon autorite pour s'y oppofer , fermoit les oreilles a routes les prieres & reprefentations que de faintes re- ligieufes lui faifoienr a ce fujet. Mais l'inutilite de leurs demarches ne ra- lentit point leur zele ; nous allons voit |
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l66 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAl."
r 7771 jufqu'ou elles le porterent, par la fce-
ne qui fe paffa le vendredi i 3 mai. Ce jour-la M. de la Burie, ayant lvi. demande a parler a la Mere Abbefle , ^Rof'rom^ f^heures du matin) lui dit qu'il televisparun alloit etre reieve, qu'il venoic de Saint- grXan7pr£v6t Germain pour ce fujet, & qu'il en & par quatre avoir une grande joie , parcequ'il n'e- toit pas d'humeur a denieurer dans un lieu ou il pouvoit fake de la peine a des perfonnes dont il connoifToit le sttierite : il ajouta qu'il avoir regret de ne les avoir pas traitees comme il au- roit fouhaite , mais qu'il avoit ete oblige de fuivre fes ordres , & qu'a- vec cela il n'avoit pas laifle d'effuier des reproches ; qu'il n'alloir point aS. Germain qu'on ne lui fit des plaintes de ce que lui & fes gardes ne faifoient pas bien leur charge , & qu'on ne fa- voit pas ce qu'ils laifoient, puifqu'il fe paflbit des lettres &c des papiers , quoiqu'ils fulTent pour l'empecher ; qu'amirement rien ne lui avoit fait plus de tort que cette commiflion. Il dit enfuite que le Roi partoit le lun- di fuivant pour le Brabant, & qu'il vouloit avoir tous fes gardes aupres de fa perfonne : qu'en leur place, on al- loit mettre un Exerot du grand Pre- yor avec quatre archers; qu'ils avoient |
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II. Par tie. Liv. V. 167
recu leur ordre le mercredi precedent,
8c qu'ils ne manqueroient pas d'arri- ver le vendredi (52). Dans ce meme entretien , M. de la
Burie fit part a l'Abbeife de celui qu'il avoit eu avec M. l'Archeveque , le dernier voi'age qu'il avoit fait a Paris. Le Prelat dit a cet Exemt 5 que le Roi lui avoit demande s'il avoit encore befoin de fes gardes ( c'etoit done M. l'Archeveque qui emploi'oit les gardes , puifque le Roi lui demande s'il en a encore befoin ); a quoi fa Grandeur avoit repondu , que ce n'e~ toit rien d'avoir commence, Ji on n'a- chevoit, (voila qui eft clair, & n'a pas befoin de commentaire). M. de Paris, voulant done achever fon ouvrage , 8c aiant encore befoin de gardes , de- manda a M. de la Burie , s'il pouvoit garder les religieufes avec deux gar- des feulement. L'Exemt repondit qu'il pouvoit le faire facilement, puifqu'il fufKfoit d'avoir feulement un garde a Ja porte , pour empscher les carofles & les vifites ; mais il ajouta que pour d'autres communications, fi elles en vouloient avoir & pafler des Lettres & des papiers, tout le Regiment des gardes ne les en empecheroit pas. {51) Journ. p. u8 8c fuiv. Ptoces verb, du 30 Juk; |
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I<J8 HlSTOIRE DE PoR.T-R.OlAt."
~7T Au fortir du parloir, les religieu-
1667. c r > & ies commencerent a deliberer iur ce
Les reiigieu-Q,u 11 y avoi: a raire dans ce nouveau fes ptEnnentchj^CTej^gj-,!. &- £ el|es n£ trouve_
des mefures . ° - •• J r J T oour retabiir loient pas queique moien de le deu-
|cur cloture. Vrer en partie de l'etrange captivite dans laquelle elles etoient reduites de- puis fi long-tems, furtout a l'egard de la cloturedeleurjardin(5 3). La premiere chofe par 011 elles crurent devoir com- mencer, fut de faire oter du pallier qui etoit dans le jardin , les lits 8c les hardes qui fetvoient aux gardes du Roi, afin de ne point donner de (>retexte de s'y etablir a ceux qui al-
oient venir. Mais comme il ne leur fuffifoit pas d'etre delivrees de cet etrange fpedacle , qu'elles avoient eu fous les fenetres de leur dortoir de- puis plus de 18 mois que les gardes couchoient dans ce batiment, fi elles ne rentroient en pofleffion de leur clo- ture auffi-bien le jour que la nuit, elles prierent M. de la Burie de leur rendre les clefs du jardin. Il temoi- gna qu'il auroit eu bien de la joie de leur accorder ce qu'elles demandoient, mais que cela lui etoit impoffible. Il refufa auffi les echelles , dont les gar- des s'etoient empares, &c qu'ils te- ({}) Joura. ibU. Proces veibal. noient
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II. P A R T I E. Liv. V. 169
noient enfermees dans la cave du pal- 1667.
lie. Ces refus firent juger aux religieu- fes qu'il falloit qu'elles prifTent d'au- tres mefures pour s'enfermer elles- memes dans leur jardin le mieuxqu'el- les pourroient. Pour cet effet, elles fi- rent venir deTrapes un menuifier & un Serrurier pour mettre des barres a la porte du jardin qui rend dans la cour du dehors. Ces deux ouyriers entre- rent avec l'agrement de M. de la Bu- rie , qui ignoroit le fujet pour lequel on les avoit fait venir, & firent ce qu'on leur demanda,avec beaucoup de diligence. L'Exempt du grand Prevot etoit deja arrive avec fes quatre ar- chers ; mais ils demeuroient dans l'i- naifcion , n'ofant rien entreprendre en prefence des gardes du Roi, qui n'e- toient point encore partis. Sur les deux heures apres midi, M. de la Burie de- manda a. dire adieu a la Mere Ab- befle , a qui il fit beaucoup d'offres de , fervice : il lui temoigna qu'il avoit
cru qu'on leur donneroit des archers de la Connetablie, que Ton a coutume de donner aux gentilshommes qui ont quelque querelle , mais que ceux qui etoient venus , etoient archers du grand Prevot de l'hotel; ce qu'il di-v ioit par compaflion pour ces pa,uvres Tome VI. H~ ' |
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170 HlStOIRE DE PoRT-ROlAt,
' 166j. &ues (54-)* L'Abbefle lui ai'ant de-
mands s'il ne favoit pas de quelle ma- niere ils en agiroient, & ce que por- toient leurs ordres , il lui dit qu'il ne penfoit pas que leur ordre fut plus particularife que celui des gardes du Roi, mais qu'ils avoient d'autres or- dres d'ailleurs ; ce qu'il repeta deux pu trois fois pour leur faire entendre de quel part venoient ces ordres , & que Ton emploioit fouvent le nom du Roi pour autorifer des violences dont Sa Majefte n'avoit aucune connoif- fance. Lvm. Les religieufes, toujours inquietes its religUu- fur particle de leur cloture , apres
lis tr.ivail- r . . . . j l .
lenceiies-me-avoir rait barrer la porte qui donnoit
ines i lew fa jardin dans la cour de dehors ,
penferent a fe fermer du cote de la
folitude , 011 il y avoir deux portes par
lefquelles il etoit facile d'entrer , les
, gardes s'etant faifis des clefs de ces
portes, ainfi que de toutes les autres.
Elles prirent done la refolution de
murer elles-memes les deux portes
qui communiquoient du jardin dans
l'enclos : toute la communaute s'af-
fembla & mit la main a l'ceuvre ; les
unes portoient des pierres dans des
hottes, des panniers ou des brouettes j
(;*) Pcocfs yertuldw 50 )>"Wf
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II. Partii. Llv. V. 171_______
d'autres faifoientle mortier, d'autres 1667.
ma^onnoient; elles paflerent le refte du vendredi a ce travail, & le famedi fuivant elles le continuerent. .tIX- , _ A . . . x . Lc nouvel
C-e meme jour (14 mai; apres le Exempt figni-
depart de M. de la Burie & des gar- fie fes ordreli- des de Sa Majefte , le nouvel Exempt nomme de Bellebat, accompagnc de deux archers , demanda a parler a la Mere Abbefle, & lui fit le compli- ment fuivant, fans 1'appeller, ni ma mere , ni madame. » Je fuis bien fa- ff che , dit-il, de venir ici pour vous w rendre un mauvais fervice, a ce « que vous pretendez ; mais je vous » afliire qu'en ce qui dependra de moi »> & qui ne fera point contraire a mes » ordres , je vous rendrai routes for- » tes de fervices «. La mere Abbefle, apres avoir temoigne qu'elle avoit pei- ne a fe perfuader que le Roi lui eut donne ordre de venir dans une mai- fon de religieufes , telle qu'etoit la leur , demanda a voir cet orclre, dont elle ne put obtenir que la le&ure. L'Exemptdit quel'ordre portoitqu'ils feroient les memes chofes qu'avoient fait les gardes du Roi qui les avoient precedes; qu'ainfi ils devoient fake garde dans les jardins, dont il de- manda qu'on leur laiflat l'entree libre Hi;
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171 HlSTOIRE BE PORT-ROYAL.
166j, &c qu'on ouvrit la porte, faute da
quoi il informeroit du refus & en chargeroit fon proces - verbal ; & de ce que venant de faire le tour des murs, ils avoient rrouve des religieu- fes, des petites filles & routes fortes de perfonnes occupees a murer les por- tes. L'AbbelTe repondit qu'elles s'e- toient crues obligees de faire ceia pour conferver leur cloture , & qu'elles of- fjenferoient Dieu fi elles contribuoient a la faire violer en leur ouvranr les porres. L'Exempt propofa l'exemple des gardes du Roi qui etoient entres dans le jardin , & menaca d'enfoncer les portes fi on refufoit de les liu ouvrir. Il n'en vint pas cependant ce jouAla a une telle violence ; il alia aupara- vant prendre fes inftruiStions a Paris , d'ou il revint le zo mai. Les religieu- fes a'iant appris fon retour, Sc ne doutant pas de l'objet de fon voi'age , travaillerent a augmenter les fortifica- tions de leur cloture', nonqu'elles cruf- fent pouvoir arreter la violence des archers , mais afin de faire voir l'hor- reur qu'elles avoient du violement fcandaleux des loix de l'Eglife , qui-a etabli par tant de canons la cloture & l'immunite des monafteres des vier- gss cpnfacriesaJefus-Chrift. L'exempt |
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II. Part ie. Liv. V. 17$
s'etant apper^a que les religieufes tra-
vailloient a. fortifier la porce da jar- din pour en empecher l'entree , s'y rendir, & pafTant fa canne, il leur dit qu'elles n'avoient que faire de pourfuivre leurs travaux , & que tout cela ne ferviroit de rien. Au fortir de- la i il fut au tour demander a parler a la mere Abbeffe, qui avant que de s'y rendre , fit aftembler la commu- naute, prevoi'ant bien ce qui devoir arriver, afin d'en avertir les foeurs (55). Enfuite elles allerent en proceflion dans le jardin avec la croix & l'eau- benite , difiint a voix baffe le pfeaume ut quid Deus repulijii in Jinan , & au- tres femblables. Apres cette ceremonie, 1'AbbefTe
alia trouver 1'Exempt , qui ordonna d'ouvrir la porte du jardin ; faute de quoi, difoit-il, il avoit ordre de l'en- foncer ; ordre qu'il ne voulut point montrer, & qu'il y a meme grande apparence qu'on ne lui avoit pas donne. L'AbbetTe repondit a l'Exempt qu'el- le n'etoit point obligee de le croire fur fa parole, qu'elle ne pouvoit fe perfuader qu'un tel ordre rut emane (55) Le proces verbal I'AbbelTe avec l'Exempt ;
du jo juin place cetrece- & le journal la place avanc remoiiie aprcsl'emreticnde I'emreiien, p, ijj.eol. 3. Hiij
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174 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt.'
166j. du ^°i > 9ai avoit crop de religion
pour ordonner qu'on violat la cloture des religieufes , & elle leur demanda au moins du tems pour informer Sa Majefte de toutes chofes , avant qu'ils entrepriflent, fous fon nom, de vio- ler, par un fi etrange attentat, les regies & les canons de l'Eglife, qui excommunient tous ceux qui violent la cloture des vierges confacrees a Dieu, & furtout avec un fcandale fi extraordinaire que d'en rompre les portes (56). Malgre les inftances que lAbbelTe fit pour obtenir du tems afin d'envoier au Roi ou a M. l'Archeve- que, eile ne put rien obtenir; 2c voi'ant que leur refolution etoit prife -, elle les quitta pour aller au chceur , ou on alloit dire Tierce & la MefTe , a laquelle les religieufes aflifterent dans l'attente de l'execution dont elles etoient menacees. A une heure apres midi l'Exempt fe
tx prefenta a la porte du jardin accom-
Les archers pagne de trois archers , la Ferte, le
te'dTdEui- Camus & Borin; le quatrieme nomme
re & fe ren- Beneteau , ne s'y trouva point , etant
fiSt" tombe malade des le lendemain de
fon arrivee. lis prirent avec eux les
<<«) Proces verbal du j» juin. Journal, pag, 1 jj Se
fuiy antes. |
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It. Part it. Liv. V. 1^5
trois jardiniers de la maifon , qu'lis obligerent d'etre fpedfcateurs de leur expedition. Aucun des autres domefti- ques ne parut , la tourriere meme ne bougea pas de fon tour ; M. Hamon etoit en priere, & M. Hilaire monta a cheval auffi-tot qu'il vit les prepara- tifs. L'Exempt aiant donne le premier
coup t les autres continuerent : ils voulurent obliger les jardiniers a leuf preter la main , & le leur ordonne- rent de la part du Roi •, ils ajouterent meme a. cet ordre les menaces de la prifon & les mauvais traitemens. L'un d'eux , nomme Chariot , leur refifta genereufement. Un autre , nomme Louis , n'eut pas la meme fermete, & leur obeit. La porte fut ainfi for- cee , & apres cette expedition , qui dura plus de deux heures , ils entre- rent dans le jardin & en demeure- rent maittes , y entrant jour & nuit comme il leur plaifoit. L'Exempt aiant demande le lendemain , 11 , a parler a 1'Abbeffe , lui temoigna du regret de ce qu'il avoit ete oblige de faire , & l'afTura que routes les fois que les religieufes voudroient entrer dans le jardin, il leur en laifleroit une entiere liberte , qu'il en donnoit H iv
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1-/6 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt.
T77Z fa parole , &C qu'on n'auroir qua le
faire avertir. L'AbbelTe lui repondit, qu'on ne l'importuneroit point pour cela, &c qu'apres un attentat &c une a&ion auffi fcandaleufe que celle qu'elles venoient de voir fous leurs yeux , elles etoient bien refolues de ne pas mettre le pie dans le jardin. Elle lui fit enfuite des reproches de ce qu'ils avoient contraint les domef- tiques de la maifon de les aider dans une expedition fi odieufe. Que des archers aient fait ce que
nous venons de rapporter , on n'eft pas furpris de les voir faire leur me- tier ; mais qu'un Archeveque , qui devoir etre le protecl:eur de ces vier- ges chretiennes & 1'obfervateur des regies de l'Eglife , foit demeure dans le filence fur un tel attentat; que dis- je , qu'il l'ait , finon ordonne , du -moins approuve , c'eft ce qui palfera pour un paradoxe & pour incroi'able. Il eft cependant certain que tomes les violences qui s'exer^oient contre les religieufes de P. R. des champs , ne s'exercoient que par les ordres & avec l'approbation de M. de Perefixe , qui s'etoit tellement charge perfonnelle- ment de cette horrible manceuvre , que les religieufes n'avoient pas me- |
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II. Part ie. Llv. V. 177
me la liberie de s'adrefTer au Roi pour "\C6jT
lui reprefenter leur etat (57) : car la mere AbbefTe ( a qui le fieur de Belle- bar refafa de faire tenir des letcres aux perfonnes auxquelles elles pouvoienc s'adrefTer )ai'ant demande a cer Exempt, fi elles ne pourroient pas au moins s'adrefTer a Sa Majefte meme , pour Tinformer de ce qui fe pafToit, & des juftes raifons qui les obligeoient d'im- plorer fa juftice •, il repondit abfolu- menr, qu'ilne recevroit aucune lettre, nonpas meme pour Sa Majefte. C'etoit done a M. de Perefixe feul que les re- ligieufes pouvoient s'adrefTer ; e'eft a- dire , a celui qui etoit lui-meme leur perfecuteur , a celui qui ne vouloit plus entendre parler d'elles (58) Elles crurenr neanmoins devoir lui
donner avis de ce qui s'etoit pafTe , & txi. la mere AbbeflTe char^ea M. Hllairede rLes teli&«~ . . , . . o , les en tone
lui en ecrire , en lui annon^ant la mort donner arisi
d'une religieufe. M. de Paris ne dai- *i" rA-rci>?~ gna pas raire reponle a M. Hiiaire , ponfc. contre fa coutume , & ecrivit au fieut du Saugey la lettre fuivante : » Je fuis » bien fache de ce que cette religieufe » eft morte fans fe reconnoitre , & (j7) Proces verbal du 15 du ij mai , fig. Ie }» ,
mai, figne le 30 juin. juin. Journ. p. 156.
<5*) Pr.ee, VMb, MS.
Hy
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■ - --■■ ■■--■■J.
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iyi HisTOiftE de Port-roi'ai.
i06j. n d'aurant plus que je penfe qu'il n'y- » en aura pas une a qui Dieu faiTe » cetce grace. II fauc ie prier pour " elles , afin qu'il les eclaire & qu'il » leur faffe connoitre fa fainte volon- » te , quoique je n'efpere pas quecela » arrive fans une efpece de miracle. » Pour Hilaire qui m'a ecrit les plain- » tes des religieufes, vous lui direz » que je crois que ces Meflieurs ( ar- » chers ) n'ont pas manque de dire » l'ordre par lequel ils one agi. C'eft " pourquoi je ne fuis pas en etat d'y » mettre ordre , qu'au prealable je » n'en aie averti Sa Majefte ; & de » plus j'ai peine a croire qu'ils aienc » entrepris quelque chofe de plus w que ce qu'avoient fait ceux qui les « ont precedes. Je vous fupplie de » vous en informer, & de m'eh man- » der la verite , afin que je voie ce » que j'aurai a faire ». Telle fut la reponfe de M. de Paris ; & voila tout le remede qu'apporta un Archeveque au violement fcandaleuxdes regies de 1'Eglife, &c a l'enorme attentat fait con- tre fa difcipline dans ce qui s'etoit ixn. pafTe a Port-Roi'al. ia fccutca- La religieufe, dont il eft parte dans thenne de S. . f> , . . . r. .
Paul. cette lettre > etoit la plus ancienne de
urf^fJf i'abbaie, nominee Catherine de faint
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II. P A r f i e. Liv. K i'79
Paul Goulas (50). Cette bonne reli- gieufe etoit profelfe de P. R. des champs , ou elle fut la premiere, qui, quoique la plus jeune alors , embrafla la reforme , & qui contribua le plus a y faire entrer les autres. Lorfque le formulaire paruc, elle en eut au- tant d'horreur que le refte de la com- munaute; mais apres l'enlevement de 1'Abbefle , & de plufieurs autres reli- gieufes, les etranges terreurs que Ton jetta dans fon ame, en lui faifant en- tendre qu'elle feroit damnee 6. elle n'obeiflbit en cela a fon Archeveque » la firent fuccomber. Toutefois le triomphe de ceux qui avoient abufe de la fimplicite & de la foiblefle d'une fierfonne octogenaire ne fut pas de
ongue duree. Elle avoit figne le 28 Janvier del'an 166$ , & Dieu lui fit la grace de fe releverdeux mois apres » & de reparer fa faute par un acte ecrit de fa main, date du jour de faint Be- noift 21 mars de la meme annee > dans lequel elle protefte devant Dieu , qu'elle retracte de tout fon coeur la fi- gnature du formulaire qu'elle a Faite par la crainte de l'excommunication * & par l'aflurance qu'on lui avoit don- nee que cette fignature n'etoit qu'ua. (y?) Nxtolv 11 mat,
Hvj
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l8o HlSTOIRJE DE PoRT-RbiA!."
Tq71 a&e d'obei fiance & non une attella-
tion du fait. Depuis qu'elle eut fak cette retractation , elle s'unit de telle forte avec les religieufes fidelles, qu'el- le ne put les quitter , & voulut les fui- vre lorfque M. de Paris les envoi'a a P. R. des champs , quelqu'inftance que PArcheveque fit pour la retenir dans la maiibn de Pans (60). LXiii. Le Prelat lui ptomettoit qu'elle fe^
Son attache- •■ -iftx.' o t
mcntaux re- roit aliiltee & entretenue avec tout le
jigieufesfide- fQin p0ffible dans la maifon de Paris ;
sadouieur il luitemoigna qu'il etoit a. craindre ,
d'avoir figiie qU'etant malade & paralytique de la
le rormulai- J . . , , ..» J ^ r /
re. moine cut corps, elle ne purians pe-
ril faire ce voiage , dont il apprehen-
doit d'etre refponfable, s'il lui arrivoit quelqu'accident. Mais cette bonne Jalle n'ecouta point routes ces raifons, & craignant plus les dangers auxquels fon ame feroit expofee , que ceux qui n'expofoient que la vie du corps , elle importuna tant M. de Perefixe qu'il lui accorda fon obeiflfance pour P. R. des Champs. Dans l'apprehenfion qu'elle avoit que le Prelat ne chan- geat d'avis , parcequ'il n'y avoit con- fend qu'avec peine , elle eut foin de ie faire defcendre de l'infirrnerie haute pour fe trouver proche de la ports , i(o) Pieces ycib, M S, du }e juia. |
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II. Partie. Liv. V. 181
lorfqu'il arriveroit au monaftere, ou
il devoir venir le lendemain pour faire parrir celles qui eroienr deftinees pour la maifon des champs. Ainii fon cou- rage lui obtinr d'etre de ce nombre. Il fallur la porter dans le carofle , com- me on auroit fait un corps morr. Elle fit le voi'age heureufement, & avec une grande joie , & arriva le 4 juillet 1665. Elle ne fe contenta pas de re- moigner a routes les fceurs, en general & en particulier , le regret qu'elle avoir de fa fignature , elle fe fit por- ter quelques jours apres au chapitre , 011 elle s'en accufa de nouveau , &c en demanda penitence avec tant d'humi- lite & de douleur , qu'elle tira les larmes des yeux de routes les fours , qui s'efForcerenr de la confoler , en l'aflurant qu'elles fe chargeoient tou- tes de fatisfaire a Dieu pour elle ; mais cela ne l'empecha pas de con- ferver route fa vie un fentiment fi vif de cette faure, qu'elle ne pafTa pas un feul jour fans la pleurer. Elle avoir toujours eu unegrande apprehenfion des jugemens de Dieu ; mais environ fix femaines avanr qu'elle mourut, Dieu la remplit d'une fi grande confolation , que depuis ce terns-la elle eut une telle confian.cc en, fa mifericorde > qu'elle |
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______ I Si HlSTOlRE St. PoRT-KOIAt.
1667. defira le moment de la more aurane
qu'elle 1'avoic apprehende (61).
lxiv. Des le commencement de fa mala- r^des^acre- ^e> comme f°n grand age donnoit lieu mens. de tout craindre , la mere Abbelle fit ^«dirpo/i-dire ^ M> de Parispar Hilaire , quel- le le fupplieroit d'envoier un eonfefleur a la malade, s'il n'avoit fait defenfe de lui ecrire , & fi elle n'avoit lieu de croire que fa demande feroit inutile- Effeclivement il ne fit aucune'j re- ponfe fur cet article. La malade foutint cette epreuve avec foi & courage , elle temoigna meme defirerqu'on n'infiftat pas davantage , etant perfuadee que quand bien meme on obriendroit un confefTeur pour elle, ce ne feroit jamais uneperfonne en qui elle put prendre connance •, & elle dit, que fe voi'ant pres de fa fin , elle ne vouloit point expofer la paix de fon efprit en pretant l'oreille aux difcours feduifans de ces fortes de perfonnes , dont elle ne con- noiffbit que trop les mauvais defFeins par la funefte experience qu'elle en avoit faite. Le jeudi , 12 mai de cette annee 1^7, fon mal ai'ancaug- mente , les religieufes s'aflemblerent aupres d'elle pour dire les pfeaumes de la penitence , & autres prieres (*i) lown. p. j }J. Ptoe, verb, M i, du jo juia» |
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II. Par.tie. Llv. V. 183
qu'on a eoutume de reciter lorfqu'on adminiftre l'Extteme - Onction , fans rien omettre de tout ce qui dependent d'elles, de toutes les affiftances qu'el- les pouvoient rendre a celle qu'on privoit fi injuftement des Sacremens de I'Eglife. Le jour de l'Afcenfion , 19 du meme mois, la malade fe fen- tant fort affoiblie , elle pria qu'on lui fit les prieres de la recommandation de l'ame, pendant qa'elle confervoit la connoiflance , afin de les pouvok entendre. Il y avoit deja plufieurs jours qu'elle avoit temoigne defirer , que quand elle feroit a T'agonie, on lui mit a. la main, avec le cierge be- ni, la profeffion de foi du Concile de Trente qu'elle avoit fignee, 5c la retractation qu'elle avoit faite de fa fignature du Formulaire, laquelle elle voulut qu'on enterrat aufli avee elle, afin qu'elle lui fervit de defenfe au jugement de Dieu , fi le demon , qui eft un calomniateur , entreprenoit de I'accufer de cette fignature qu'elle avoit defavouee & pleuree depuis le moment que Dieu lui avoit fait la grace de reconnoitre fa faute (61). Comme cet a£te avoit ete fecret dans le terns qu'elle le fit, elle le ratifia (<i) Aftes joints au procss verbal da jo jatay |
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I84 HfSTOIRE DE PoRT-ROlAt,
1661. & le (igna de nouveau en prefence de
toutes les fceurs , qu'elle pria de vou- loir fignsr elles-memes , afin d'avoir des temoins pour elle devant Dieu &c devant l'Eglile , de la fincerite de fon repentir , & des difpofuions dans lef- quelles elle mouroir. Elle ligna done un noiivel acte confirmatifdu premier, quoiqu'elle pariit tout-a-fait hors d'e- tat de le pouvoir faire. Avant que de le figner , elle en fit faire la le&ure , pendant laquelle cette bonne mere , qui etoit deja toute mourante , & ne pouvoit quali plus parler , frappoit fa poitrine & donnoit des marques auifi fenfibles de fa penitence que fi e'eut ete le premier jour qu'elle eut com- mence a pleurer fa faute. Les reli- gieufes en drelferent auffi un acle qu'elles fignerent , dans lequel elles rendent temoignage des demiers fen- timens de leur fceur; qu'elle mouroit pleine de confolation 8c de joie de ce qu'elle alloit a Dieu, dont elle avoit rant eprouve la mifericorde ; qu'elle reflfentoit vivement la privation des Sacremens que M< l'Archeveque lui refufoit dans cette derniere heure , apres Ten avoir tenue feparee pendant deux ans ; mais qu'aiant un fincere re- gret de fes;peches? quelle a Yoit ton- |
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II. Partie. Liv. V. 185
. jours accufes a. D ieu & a fa fuperieure, ""7^67? & pour l'expiarion defquels elle lui offroir rour ce qu'elle pouvoir faire & fouffrir jufqu'a la mort, elle avoir une ferme confiance que les merites du fang de Jefus-Chrift les effaceroient en fon jugemenr; que la grace la for- tifieroir dans cerre derniere heure , Sc que fon Efprirfainr la conduiroir par le droit ehemin en ce grand vo'iage de l'eternite , jufqu'a ce qu'elle fut ar- rivee a cette fontaine de vie , done fon ame eroir alteree , apres un fi long pelerinage & rant d'afflictions qu'elle avoir foufFertes en fes dernieres an- nees. Le dimanche , 22 du mois , lama- sLXV"t
lade qui s'afFoiblifToit toujours , entra dans fonagonie. Lorfqu'on lui mitle cierge beni dans la main, avec lapro- feffion de foi & fa retractation , on lui demanda fi elle ne defiroit pas que cette lumiere exterieure fut une mar- que qu'elle confervoit la lumiere de la foi dans fon cceur, & qu'elle mou- roit fille de PE^Ufe. Elle repondit qu oiu •, & loriqn on ajouta que cette retractation qu'elle vouloit empor- rer devanr Dieu, feroit un temoigria- ge de la douleur fincere qu'elle avoic de, fa fame>au cas que fon ennerni en« |
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18(3 HiSTOIRE T)t PoRT-ROlAt.
667. treprit de la lui reprocher, elle frap-
pa fa poitrine avec le meme fentimenc qu'elle avoit temoigne tant de fois fur ce fujet. Elle fit encore la meme chofe a ces paroles : tibi foil ptccavi du Mi~ ferere , qu'on recita aupres d'elle. Mais cette humble reconnoiflance de fes fautes ne diminuoit en rien la grande confiance qu'elle avoit en Dieu, qui lui faifoit defirer avec ardeur d'al- ler a lui , 8c repeter fouvent ces pa- roles : Vmi Domirie, & nolitardare , qui furent les dernieres qu'elle pro- non^a intelligiblement (6$). Quoi- que fa langue fut alors route deffe- chee , & qu'elle ne put prefque plus fe faire entendre, elle ne laifioit pas de remuer toujours les levres pour prier, & elle ne cefTa point de donner des marques des faintes difpofitions dans lefquelles Dieu la mettoit, & d'unir fes fouffrances & fon facrifice a celui de Jefus-Chrin: crucifie, qu'elle adora une infinite de fois , prenant conti- nuellement la croix avec fa main toute tremblante, pour la porter a fesyeux & a fa bouche , & la baifer avec une affection toute pleine de refpect & de piete. Enfin elle s'aflbupit tout-a-fak vers le midi, 8c fur les quatre heures (tfj) Joum. p. ijs, 137. Ptoc. vetb. du 30 juin,
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II. Part ie. Llv. V. 187
elle rendit l'efprit au milieu de fes Kjgy,
fceurs , les laiflant plus remplies de confiance de voir de quelle forte Dieu affifte les perfonnes que les hommes abandonnent, que de douleur de fe voir expofees a mourir toutes dans le meme abandonnement, fi fa providen- ce ne changeoic les chofes avant que de les appeller a lui. L'enterrement fe fit en la maniere
?[ii'on avoit fait celui des trois religieu-
bs qui etoient mortes comme la foeur Catherine foils I'anatheme injufte, privees par les hommes des Sacremens & de la fepulture ecclefiaftique, par- cequ'elles craignoient d'offenfer Dieu & de bleflfer leur confcience. Quoique tous les tribunaux fuflent
fermes aux religieufes de P. R. , & que toutes les demarches qu'elles pou- voient faire devant les hommes , folt pour demontrer leur innocence , foit pour demander juftice , fuffent non- feulement inutiles , mais donnaftent meme fujet a leurs ennemis de leur infulter , & de les traiter encore plus mal ,elles fe croioient neanmoinstou- jours obligees de fuivre les loix eta- blies pour faire rendre juftice aux per- fonnes opprimees , en appellant, en proceftanc > en dreflanc des proces \per-? |
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188 HlSTOIRE DE PoRT-rvOlAt.
\SGn. kaux des injuftices & des violences
exercees contre elles. C'eft ce qu'elles firent a 1'occafion du refus des Sacre- mens fait a la fosur Catherine de faint Paul , & elles joignirent dans le meme proces verbal du z 5 mai, relu 8c figne le 30 juin , tout ce que nous avons rapporte des violences commifes par les archers qui avoient pris la place des gardes du Roi. A cet acte eft jointe la retractation de la foeur Catherine de faint Paul, du 2.1 mars 166 5 & du 19 mai 166 j , avec 1'atteftation des religieufes , qui cer- tifient, comme temoins, la retracta- tion & les difpofitions de leur foeur mourante. Quelle fituation que celle de ces
Etrange fi- pauvres lilies I De l'aveu de leurs en- tuationdesre-nernis 5 eUes font purtSCOtnmt des
Anges, 8c on leur refufe les Sacre-
mens & la fepulture ecclefiaftique ; leur Pafteur lui-meme , qui les traite de la forte , n'a pas fait dirHculte de declarer & de reconnoitre publique- ment,qu'elles ne font retenuesque par la crainte d'ofFenfer Dieu par un men- fonge & un parjure ; & pour un tel crime, il les tient dans la plus arfreufe captivite , fous la garde d'un Exempt Qc de quaere archers, comme des va- |
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II. Parti e, Liv. V. 189
leurs & des fcelerats , avee cette dif- ference que les malfaiteurs ont la con- folation de voir dans leurs cachots & leurs prilbns , des perfonnes charita- bles qui viennent les visiter ,8c qu'ils peiwent fedefendre devant les tribu- naux ; au lieu que les religieufes de P. R. n'ont pas meme la liberte de fair© connoitre leur etat & leur filia- tion , ne pouvant voir , ni parler , ni ccrire aperfonne. Eft-il d'etat au mon- de plus penible a la nature que celui- la i Les premiers chretiens avoient dans leurs prifons la fatisfaclion d'e- tre vifites par leurs freres, qui en ob- tenoient aifement la permiffion des gardes , tout pai'ens qu'ils fuifent. Mais les religieufes de P. R. font pri- vees de cette eonfolation , dans un roi'aume chretien, fous l'autorite de leur Archeveque & par fes ordres , aiant des gardes qui n'agiffent que par fes intentions , &c conformement a fes volont^s. Il faut que les ordres &c les inftructions fuifent bien feveres 8c bien precis pour que les gardes aient ete plus intrairables a l'egard de ces yierges chretiennes , que ne l'e- toient les foldats pai'ens qu'on don- noit aux martyrs pour les garder. Les Ecclellaftiques avoient encore |
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IpO HlSTOIRB DE PoRT-ROlAL.'
(j^7< plus de durete pour ces faintes filles
que i les gardes memes qui etoient leurs geoliers. Non - feulement ils fuivoient a la lettre tout ce qui leur etoic prefcrit, mais ils ajoutoient en- core ririfulte &c les outrages les plus fanglans aux ordres barbares & injuries dont ils etoient charges. Le fieur du Saugey , entre autres ,
fe porta jufqu'a. cet exces de faire a la mere Agnes ^application de ces pa- roles de faint Chryfoftome : Qu'au- cun Judas n'approcke de VautU , an- cun avare , aucunt perfonne impure & corrompue. Ce qui donna occafion a ce pretre fanatique de faire une ap- plication aufli odieufe & aufli injufte a cette fainte religieufe, fut une rufe innocente dont elle fe fervitun jour, en prenant un habit de fceurs con- venes (64) qui avoient la liberte de communier, pour fe procurer a elle- nieme cet avantage. M. du Saugey n'eut pas lieu de s'applaudir de fon bil- («4) Parmi les teligieu- un de fes fucceffeurs. Ce
les de P. R. , il y en eut qui donna occafion a M.
encore d'aurres qui pri- Hamon de trailer la quef-
jent l'liabit de convene , lion dans un petit ecrit,
•*■ four jouir du privi'ege ou il rajjporte les raifons
qu'avoient celles ci de depart & d'autre , & la
communier. La fcene ar- decide en faveur de celles
tivie du terns de M. du qui emploioieM cettt tufe
Saugey , fe renouvella fix innoceiue.
jajois apres, fous H. Rey, |
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II, P A R. T I E. LlV. V. ipi
let, en vo'ianc la replique que les re- \(,(,-j.
ligieufes y firent par un autre billet.
Celui-ci portoit, » qu'il etoit etonnant
w que M. dii Saugey ne fe fouyint des
» religieufes que lorfqu'il trouvoit
w dans fon office qu'il etoit parle de
» Judas , des avares, des perfonnes
» impures ; qu'il devoir faire reflexion
» fur lui-meme , & penfer que faint
*> Chryfoftome rejette auili-bien de
» 1'autel les ames dures & impitoi'ar
w bles qui traitent leur prochain
» avec injuftice 9 que les Judas & les
w perfonnes impures , ce que, par la
« grace de Dieu , elles n'etoient pas.
Peu apres cette fcene M. du Sau- ^Yl!^
gey , cet homme de confiance de M. gey quiue p. l'Archeveque & de M. Chamillard , R-M cierfon fur retire de P. R. Avant que de par- lui fwced?. tir, il demanda a faire fes adieux , le 16 juin, & etant monte au parloir avec M. Cierfon, qui etoit arrive la veille pour lui fiicceder , il s'adreffa d'abord a la mere Abbeife , a qui il fit compliment, la priant de l'excufer s'il ne lui avoir pas donne toute la fatisfadrion qu'elle auroit pu defirer. Puis il temoigna (temoignage non fuf- pe&) qu'il n'avoit rien reconnu dans la maifon qui ne fixt tres edifianr , excepte , dit-il, pour ce qui regard? |
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\*>X HlSTOIRE DE PoR.T-R.OIAI.
I(j57, la foumiffion aux fuperieurs, auxquels
il pretendit qu'il etoit a fouhaiter qu'elles vouluflent deierer davantage, & changer de conduite , pour ne les pas obliger a les trailer comme ils iaifoient; qu'au refte , il efperoit que celui qui venoit prendre fa place leur donneroic peut-etre plus de fujet de fatisfaction qu'il ne leur en avoit don- ne , parcequ'il ne fe rencontreroit pas des occasions femblables a celles oil il avoit ete oblige de faire des chofes qui leur avoient deplu.M. Clerfon qui etoit prefent , prit la parole & dit: qu'il iouhaitoit de tout fon coeur de les fervir, & qu'il efperoit de fe conduire de telle forte , qu'elles n'auroient pas fujet de fe plaindre de fon procede ; qu'il prioit qu'on demandat a Dieu qu'il lui fit la grace de fe bien ac- quitter de fa commiflion. L'Abbeffe lui repondit qu'elles avoient prevenu fa demande depuis quelques jours , en s'adretfant an faint Efprit pour ce fujet. M. Clerfon etoit du diocefe de Limoges , & venoit de chez Madame la Ducheife de Vantadour, ou M. de Paris l'avoit connu , & avoit prie cette Dame de trouver bon qu'il allat a P. R. pour quelque terns. Ce terns ne UUy fuc- ^C Pas 'onS : car il ne fiC Pas un 'WW.
entier
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II. Par tie. Llv. V. 19 j
entier de fejour dans ce monaftere , T^T"
en etant parti le 25 de juillet, apres
avoir pris conge de 1'AbbeiTe , & pre- "hrfoi M'
fence M. Rey , qui devoir le rempla-
cer. Celui-ci declara cju'il venoit de
la part de M. de Paris, quoiqu'il n'eut
point d'ordre expres , mais feulement
une permiflion generate de confefler
dans le diocefe, particulierement dans
le monaftere de P. R. , & cela pour
trois ans. Cette permiflion etoit en
latin , & fut lue par rEcclefiaftique.
Comnie elle ne fpecifioit point la mai-
fon de P. R. des champs , &c qu'elle
pouvoit avoir ete donnee pour celle
de Paris , les religieufes propoferenr
la-deflus leur difEculte au fieur la Fer-
te, qui temoigna qu'il n'y en trouvoit
aucune. Les religieufes en demeure-
rent la , & recurent M. Rey.
Les maladies regnoient ordinaire- ML^.Vj*
ment a P. R. dans les chaleurs du eft envoiV mois d'aoftt (65) , la mere Abbefle ^\J0fsi:' chargea M. Hil aire de demander a M. vcrfa & les de Paris un confefleur pour les fours mal*<*« qu» r 1 r* r 1 ■> . m voudront
convenes avant la fete de 1 Aflomp- H:a figaer.
tion, & de lui dire en meme terns qu'il y avoit des malades a la maifon , en- tr'autres, la foeur Agathe , qui etoit dans un etat dangereux. Six jours (<>i) Journ. p. 140.
Tome FI. I
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i<?4 Histoire de Port Roi'At.
166-j~ apres , le 8 d'aout, l'Abbeffe avertit encore M. Hilaire que la foeur Candi- de etoit dans un grand danger , & qu'elle pnoit inftammenc M. de Paris de lui envoier un confefTeur. Le len- demain M. Hodencq arriva. Etant monte au parloir, accompagne de M, Rey & de M. de la Ferte, il dit a la mere Abbeffe , qu'il venoit lui 6f- frir fon miniftere , s'il lui eroit agrea- ble. L'Abbefle lui repondit qu'elle etoit furprife que M. l'Archeveque lui eut donne la peine de venir, apres qu'elle l'avoit fait fupplier de ne le point envoier , parceque la pkipart des converfes avoient temoigne qu'el- les ne pouvoient avoir con fiance en lui. Ce difcours le furprit beaucoup , & aiant prefle pour favoir le fujet qu'on avoir de fe plaindre de lui , on lui dit que c'etoit parcequ'il avoit tra- vaille a ruiner la paix & l'union qui regnoient dans la maifon , par les dif- cours defavantageux qu'il avoir terms aux converfes touchant les religieufes Sc leur conduite. Il voulut s'infcrire en faux , maisonlui foutint que rien n'etoit plus vrai. tyrant La ftsur Candide aiant ete infor- pandiderefa-niee par la mere Abbefle de l'arriv<£e.
t%n.pC°'>0''1' de M, Hodencq & des conditions art**
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II. Partie. Liv. V. 195
quelles il offroit de laconfefler, lie 1667.
la pria de l'engager a dire a M. 'Ar- cheveque qu'elle auroit fouhaite de tout fon cceur de recevoir les Sacre- mens avant que d'aller a Dieu ; mais que puifqu'on ne vouloit point les lui accorder fans la fignature , elle aimoit beaucoup mieux en etre pri- vee , que de faire une chofe qui etoit contraire aux commandemens de Dieu pout les recevoir. La mere Ab- bede rendit compte a M. Hodencq des difpofitions de la malade , &rajou- ta que c'etoit une fille , qui ai'ant ete exilee a faint Denis, s'etoic laiifee aller a figner fur des raifons qui n'avoient pu calmer fa confcience ; que depuis elle avoit reconnu fa faute 6c s'etoit retractee de rout fon cceur , meme en prefence de M. PArcheve* que, qu'ainfi il etoit inutile de lui propofer une nouvelle fignature. M. Hodencq ai'ant demande comment la fceur Candide avoit re^u ces lumieres apres avoir figne, on lui repondit, que c'etoit par la connoiffance de la loi de Dieu & de fes obligations, & par le temoignage que fa propre confcience lui avoit rendu ; que n'etant point per- fuadee du fait, eile n'avoit pu 1'at- tefter a la face de l'Eglife fans men- |
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19 <J Hist oire de Port-roYai.
KSSj. tir- Cette reponfe donna lieu a 1'En* voie de M. de Perefixe de raifonner fur la croiance des faits , fur la condam nation des Auteurs fur les trois Chapitres , fur l'attachement a 1'Eglife , & de dire plufieurs chofes , qui firent voir que fes connoiffances eroient trop bornees & fa theologie trop rcuillee,pour difputer contre des perfonnes audi intimites de leur re- ligion que celles a qui il avoit a faire. Auili fut-il bientot oblige de changer de batterie, & il eut recours a l'obeif- fance aveugle , qu'il pretendit qui etoit clue aux fuperieurs par leurs in- ferieurs. C'eft effe&ivement la mcil- leure raifon qu'on puiffe donner pour engager a la lignature : car il faut etre Arrangement aveugle pour s'y preter. M. Hodencq etant encore chafie de ce pofte , le prit fur nn autre ton , & dit, en s'adrefTant a la mere Abbeffe : » Pourquoi croirai-je que la mere de « Ligny a plus de lumieres & de » confcience , que quarante commu- " nautc's religieufes, qui ont toutes » figne dans Paris fans aucune diffi- « culte ? Comment feroit-il poiTible « que tant de bonnes religieufes , t> taut de perfonnes vertueufes 8c emi- « nentes en dignice , fe fuflerir rrom, |
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II. Partie. Liv. V. i§7
t> pees , & que vous feules fuffiez i66f, » dans la bonne voie , en ne voulanc » point obeir & vous foumettre a. » vos fuperieurs .... J Done , felon » vous, plus de quarante commanau- » tes edifiantes ; done tous les dec- » teurs de Paris •, done tous les Eve- » ques ; done tous les Papes, qui one » condamne Janfenius, fe font trom- » pes & ont figne le menfonge ! « Si M. Hodencq avoir ete au monde du tems de Jefus-Chrifl:, & membra, de la nation qui condamna le Fils da Dieu a mort, il auroit pu par un fem- blable raifonnement juftiner cet hor- rible deicide. Un Scribe , un Pharifieni, ne pou-
voit-il pas dire corame lui : » Pour-^ » quoi croirai-je que Pierre, qu'An- » dre , que Jacques, ont plus de lu- " mieres & de confeience que la » grand-Pretre , que le Sanedrin , » que tous les Scribes & les Phari- » liens 1 Comment feroit-il poflible " que tant de perfonnes vertueufes » & eminentes en dignite fe fuiTent f trompees , & que douze p~cheurs , » qui n'ont ni fcience , ni etude , " fuiTent les feuls dans la bonne voie , » en ne voulant point obeir & fe fou- » mettre a leurs fup erieurs , qui one Iiij
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19? HlSTOIRE DE PoRT-R01A£.
1667. » condamne Jefus-Chrift ? Done, fe~
» Ion eux, tous les doc-teurs de la " loi , tous les fcribes , tons les pha- " riiiens , ont condamne le Mellie > j> done le grand-Pretre s'eft trompe , j> & a condamne l'innocent en con- « damnant Jefus-Chrift 1 « Les reli- gieufes de P. R. , fans refuter ainfx le raifonnement du fleur Hodencq, fe contenterent de lui repondre mo- deftement qu'elles ne condamnoient perfonne , mais qu'elles craignoient pour elles memes de fe fairecondam- ner de Dieu , fi elles commettoient un rnenfonge & un parjure a la face de l'Eglife- Mais tout ce que parent dire ces faintes filles ne fit aucune impreflion fur l'efprit de M. Hodencq. ixvni. £.e nombre des malades, & le dan- ton coSef- ger augmentant chaque jour, les re- fer pour pni-]nneuJ(es chargerent M. Hilaire d'ert f £ kn.aUdes informer M. l'Archevcque, & lui don- nerent le z 3 aout un billet portant : » Qu'elles avoient plufieurs de leurs » fceurs malades , 8c meme que la » mere Agnes etoit de ce nombre, 3> ai'ant depuis trois jours une fievre » double tierce ; ce qui ne pouvoit » etre fans un grand danger a. ion age, » Qu'il y avoit encore trois de leurs |
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II. Part ie. Llv. V. 199
* foeurs dangereufement mklades > 1667. » les fceurs Anne Cecile, Louife Eu- » genie , & Louife Fare , lefqueiies « fouhaitoient de tout leur ccrar, &: » demandoient avec une humilite » profonde , que M. l'Archeveque » eiit pitie de leurs ames, & qu'il ne » leur imputat point a defobeiflance » ce qu'elles lui proteftoient avec « (Incerite , comme etant pretes d'en » aller rendre compte a Dieu , qu'elles »* nefaifotent que par confcience,dans » l'apprehenfton de dcplaire a Dieu ; » qu'elles fupplioient tres humble- » ment fa Grandeur de s'en laifTer » enfin perfuader, & d'ufer de la cha- " rite a'un pafteur envers eiles , en " ne les privant pas dans cette der- »» niere extremite des demieres gra- » ces de PEglife , & de leur envoier » quelque Ecclefiaftique de piete 8c " fans paffion, pour les confeiler «. M. Hilaire s'acquitta de fa commiffion, & M. de Paris ne fit pas de reponfe & n'envoia point de confefleur. M, Je ^,j, Les relirneufes ne crurent pas de-r-fufeui,c°r'-
voir inhiter davantage, aiant remph me„ Agna, leur devoir , &c d'ailleurs etant perfua- dees que les malades ne tireroient pas grand avantage de ceux qu'on pourroit Iv
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lOO HlSTOIRE DE PoRT-ROiAt.
leur envoier ; mais la mere Agnes
ai'anr eu le 13 feptembre un acces de fievre fi fort, que M. Hamon dit qu'il ne pouvoit pas repondre des fuites d'un autre acces, s'il etoit auffi violent, & M. Hilaire craignant que M. de Paris ne lui fat mauvais gre de ne I'avoir pas averti, il ecrivit au Prelat, qui lui fit enfin la reponfe fuivante , datee de faint Germain en Laye le 15 feptem- bre (66) : » J'ai recti votre lettre a » faint Germain , d'oiiil m'eftimpof- " fible d'envoi'er un confefleur a la « mere Agnes, quand bien meme elle « feroit dans la difpofition de le re- m cevoir tel que je voudrois lui en- w voier. Je voudrois avoir donne de » mon fang , & qu'elle fut en cet « etat. Si Dieu permet qu'elle y vien- » ne, ne manquez pas de me le man- « der auffi-t6t, afin que je fatisfafTe " a mon devoir. Je fuis tres marri de » fon mal. J'ai deja prie Dieu pour « elle, & je continuerai de le faire » de tout mon cceur. Je vous donne *> le bon jour , & je me recommande » a vos bonnes graces « , Hardouin. Les religieufes rurent fi penetrees de douleur en voi'ant le traitement fait a une religieufe du merite de la mere (ee) Journ. p. 145. |
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II. Part ie. Liv. V. 201'
Agnes , qu'elles ne purent s'empecher idG-j. de l.e temoigner. Le moment de la delivrance de la
mere Agnes & des trois autres reli- gieufes,pourlefquellesonavoitdemari- de un confefteur a M. de Paris , &C- dont il n'avoit pas daigne dire un mot dans fa lettre a M. Hilaire , n'etoit point encore arrive , & Dieu les rendit a la communaute. Mais il delivra quelque terns apres un des plus grands fujets de cette maifon, qui, apres avoir ete dans le monde Texemple des per- fonnes de fon fexe qui veulent y vivre chrctiennement, etoit devenue dans le cloitre un modele parfait de regularite pour celles qui fe confa- crent a Dieu en renoncant au fiecle. Avantque derapporter ce qui fe paila dans la derniere maladie de cette ex- cellente religieufe , il eft necelTaire de la faire connoitre. C'eft de la fceur Anne Eugenie , qui laLf^| An.
s'eft diftingnee , meme parmi les re- ne Eugenie ligieufes de P. R. ,par fa piete & fon fe°t°sns^ zele pour la verite, dont nous vou- Ange. Ions parler. Ce que nous en dirons eft tire, partie d'un memoire ecrit de fa prope main , 011 elle rapporte par quel degres Dieu V aVoit attiree a la vie religieufe , partie d'un memoire Iv
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202 HlSTOIRE CE PoRT-ROIAI..
drefle par M. d'Andilly (67), qui l'a-
voit connue dans le monde, & avoit pour die une eftime particuliere , comme on en peut juger par la ma- niere dont il en parle : « foit qu'on » la confidere , die il, comme fide , » comme mariee, comme veuve , ou » comme religieufe, dans la maifon « de fon pere, a la Cour , dans fa » famille , ou dans la religion , elle " a ete eminente en vertu dans tous » ces divers etats ; jamais fille ne » revera da^antage fon pere & fa me- " re ; jamais femme n'eut plus de » reipect pour fon mari; jamais mere » n'eut plus de foin pour fes enfans > " ni ne fouhaira leur falut avec plus » d'ardeur; jamais veuve ne renonca *> de meilleur cocur a toutes les chofes » du fiecle , pour ne penfer qu'a fer- » vir Dieu 5 jamais religieufe ne fut " plus exacte dans l'accomplifTemenc » de tous fes devoirs «. M. d'An- dilly dit qu'il n'a jamais remarque aucun defaut en elle , quoique le (tj) Ce me'moire fut de confervera celles qui
drefle par M. d'Andilly & leut fucceJeroient, la me-
la priere des religieufes de moire de fes verrus.
P. R. , qui des que la («<>) Vies eslif. T. %. feur Anne Eugenie fut p. 401.
raorte , eatent la penfee |
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II. Par tie. Liv. P*. iof
fondde fan cceur lui fut aufli coniiu i(,Gi. "
que le Men propre. La four Anne Eugenie , qui fut Lxx'-
une des premieres religieufes deP. R. sapiete lit exilees pour le formulaire, & qui raou- l'en&nce. • < i r 1 I f Son manage.
rut privee des sacremens dans le tort
de la perfecution, etoit fille de M. de Boulogne , Capitaine au regiment de Champagne , Gouverneur de Nogent- le-Roi dans le Bailigny. Elle naquit &c fut baptifee a Nogenr. Des l'age de fix ans , Dieu lui infpira de fi grands fentim;ns de piete, qu'il parut des- lors qu'il vouloit lui-meme lui fervir de guide dans le chemin de la vertu > dont elle ne s'eft jamais ecartee , &c dans lequel elle n'a cede de faire des progres jufqu'a fa mort (69). A mefure qu'elle avancpit en age ,
elle croiffoit en vertu. A douze ans , la lecture de la vie de fainte Therefe lui donna envie d'etre Carmelite. Ce defir fe fortifioit tellement de jour en jour , qu'a quinze ans elle ne penfoit plus qu'a chercher les mo'i'ens d'exe- cuter fon delTein. Mais M. Boulogne fon pere, craignant que lorfqu'il fe- roit eloigne, elle n'entrat dans quelque monaftere , la maria en 1611 , avec precipitation , a. M. le Charron , Baron («?} Vies edif. T. i.p. 405.
I vi
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"04 HlSTOIRE DE PoRT-Ro'lAl.'
de faint Ange , Treforier , premier
Maine d'hotel de la Reine Anne d'Au- triche femme de Louis XIII, & par- tit deux jours apres pour l'e fiege de Montaubati , laillant la fille dans une grande douleur de fon abfence , &c dans la crainte d'avoir manque a ce qu'elle devoit a Dieu en fe mariant par obeiflance pour M. fon pere. Madame de faint Ange , quoiqu'en-
gagee dans le manage , confervoit toujours une affection particuliere pour la vie religieufe, &c ne pouvant l'em- brafler , elle forma le deifein de fe re- tirer dans un monaftere comme bien- faitrice. Son confeffeur qui eroit urr Jefuite, approuroit ce defTein , & elle etoit fur le point de Pexecuter. Mais le Pere Suffren, autre Jefuite , a qui elle en parla, fut d'un avis contraire , & I'arreta , en lui reprefentant fage- ment qu'elle ne le pouvoit en conf- cience, parcequ'une femme mariee ne pouvoit rien donner fans la permiffion de fon mari. Madame de faint Ange lui aYant temoigne qu'elle prendroit la fomme dont elle etoit convenue, fur fon entretien. Le Pere SufFren lui d«t que fi elle vouloit obferver les vceux de ton bapteme, il luiferoit bien difficile de rien epargner fur fes habits, pui£ |
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II. P A rt i e. Llvr F. 205
qu'elle ne pourroit en porter de trop nS6j, fimples. II ajouta, comme par efpnt de prophetie: Ne penfe^ qua. vivrt chre- tiennement dans L'itat ouvous etes, & il arrive ra un jour que vous entrere^ en religion fans quil vous en coute rien. Cet avis renverfa tous les defTeins de Madame de faint Ange , qui s'en con- foia en voi'ant prefque tous les jours des Carmelites & des religieufes de fainte Marie (70). La charge de M. de faint Ange obli- LX™\
geant Madame fon epoule de paroitre Cou£ a la Cour, elle s'y fit aimer & eftimer par la beaute & la folidite de fon ef- prit, & par toutes fes excellentes qua- Iites; elle plut fur-tout extrememenc a la Reine. Mais ni le credit qu'elle eut aupres d'elle, ni les temoignages de bonne volonte dont cette Princefle I'honora, ni le luxe , ni les plaifirs de la Cour , ne corrompirent fon cceur , & ne firent impreffion fur fon efprit. Sa vie fut toujours toute chretienne. Elle n'alloit prefque jamais que le matin rendre fes devoirs a la Reine » & jamais elle ne l'accompagnoit qu e Iorfqu'elle le lui commandoit.Ainfi elle vivoit a la Cour fans prendre part aux funeftes plaifirs qui corrompent le caeur <70) M£m, ccrit pat elle-mteie, ibid. p. 407.
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iO<> HlSTOlRE DE PoRT-ROl'At;
i667, de la plupart de ceux qui onr le mal-
heur d'y vivre. Elle conferva dans fes habits la plus grande fimplicite, &C toute la modeftie que la bienfeance pouvoit permettre. Ennemie de toute euriofite , elle ne kit jamais un ro- man , ne voulant remplir fon efprit & fon cceur que des verites qui pouvoient l'enflammer d'ardeur pour l'eterneile verke qui eft Dieu meme. txxni. Les affaires de M. de faint Anee s'e- re en Baf- tant trouvees rort derangees par les hnY- dettes qu'il avoit contractees avant fon manage , & que M. de Boulogne
ignoroit alors, elle fe retira en Baffi- gny avec fes enfans chez M. fon pere , qui, plein de tendreflfe pour une fille fi vertueufe , traita avec les creanciers de fon mari, & accommoda les affai- res. Lorfqu'elles furent arrangees, elle revint a Paris avec M. de faint Ange, & vecut toujours depuis avec lui dans Funion la plus parfaite qui puiffe etre entre une remme 8c fon mari. Elle ne lui temoigna jamais fa peine du de- rangement de fes affaires , quoiqu'elle n'eut que dix-huit ans lorfqu'elle ert eut connoiffance , & qu'elle fe vir ex- pofee , elle & fes enfans, a etre ruinee fans reffource. Elle s'appliqua unique- ment aux rno'iens d'acqakcer fes det- |
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II. Par tie. Llv. V. 107________
tes •, mais tandis qu'elle fe retranchoit j 667.
tout a elle-meme,& qu'elle fe reduifoit au plus e-troit neceiiaire, elle laiflbit faire a fon mari toute la depenfe qu'il jugeoit a propos, fans s'y oppofer, ni lui en marquer aucun mecontentemenr. Dieu lui fit la grace de n'avoir de LXXIV>
liaifon patticuliere qu'avec desperfon- sesiiaifoaa; nes de piece , parmi lefquelies Mada- me d'Andelot tenoit le premier rang. Cette Dame vouloit engager fon amie a faire connoiflTance avec la mere An- gelique; mais elle s'en excufoit fur le pretexte qu'elle ne vouloit pas faire de nouvelles connoi (lances. Lagrande fer- mete de Madame de faint Ange fai- foitcroirea Madame d'Andelotqu'on ne la tireroit jamais de la conduite des Jefuites , dont elle auroit voulu la voir delivree. Mais lorfque le moment que Dieu avoit marque rat arrive , la chofe fe fit fans aucun obftacle. M. d'An- dilly fut l'inftrument dont Dieu fe fervit pour cela.Comme il alloit en Al- lemagne Tan 16 3 5 , en qualite d'ln- tendant des armees du Roi, il pafla par Chaumont en Baffigny , ou Madame d'Andelot demeuroit alors , 8c fut oblige d'y faire quelquefejour. 11 etoit fort ami de Madame d'Andelot & de M. Boulogne, pere de Madame de faint |
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%oi HlSTOIRE DE PoRT-ROi'AI.
i<j£7t Ange, laquelle fe trouvoit auffi pour lors a Chaumont. La connoiffance fut bientot faite : dans les entretiens qui etoient auffi agreables qu'edifians, M. d'Andilly ne manqua pas de parler de fon heros, le celebre Abbe de faint Cyran, defes deux admirables foeurs, la mere Angelique & la mere Agnes ; il lifoit leurs lertres a Madame de faint Ange, qui etoit dans l'admiration de tout ce qu'eile entendoit dire d'eux. Enfin elle pria M. d'Andilly de les lui faire connoitre : & elle ne fut pas plu- tot de retoura Paris, qu'eile alia avec luileur rendre fes premieres vifites. Dans celle qu'eile rendit a M. de
faint Cyran, elle fut li fatisfaite de ce pieux Abbe, que des ce jour la meme elle ne penfa plus qu'a fe metrre fous fa conduite. Il fe pafla. une chafe trop extraordinaire dans fa premiere vifite a P. R. pour l'omettre ici, La mere Angelique, apres avoir recu fort froi- dement le compliment de Madame de faint Ange, ferma !e rideau & lui dit adieu. Cette bonne Dame fort etonnee, ne pouvant faire autre chofe, fe recommanda aux prieres de fa mere Angelique , qui lui repondit : Les pen foanes qui deferent que nous prions pour elks , nous doiyent laijfer dans |
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II. Par tie. Liv. V. 109
flotrefolitude; auffl-bien les parloirs ne 1667. fervent de run aux gens du monde , & Us Jont fort nuifibles aux religieufes. Madame de faint Ange fut mortifiee antant qu on pouvoit 1 etre de cette re- ception ; & pour fe confoler elle alia raeonter fon aventure a Mde. d'Andil- ly , qui lui dit : Ne vous rebute^pas, jc vous affure que la mere Angelique ref- femble aux bons Anges , qui ejjraient d'abord & qui confolent apres. En effet depuis qu'elle eut appris que Madame de faint Ange penfoit ferieufement a fe donner totalement a Dieu , elle lui temoigna une grande charite & une coniiance particuliere , dont elle lui donna une grande marque dans la fuite, en lui mettant entre les mains Made- moifelle de Luzancy fa niece. Madame de S. Ange entra avec ar-
deur fous la conduite de M. de S. Cy- ran, dans routes les fainres verites que ce celebre Abbe lui apprit fur les obli- gations du chriftianifme. Sa vie paffee lui paroiflant alors un tems qu'elle etoit obligee depleurer comme perdu, elk ne fongea qu'a faire de dignes fruits de penitence (71). La forte per- fuafion ou elle etoit qu'on ne put retourner a Dieu que par cette voie % <7». Vifs eJif. p. 405..
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110 HlSTOiRE DE PoRT-Roi'AL.
i66~y, la porta a en perfuader pluiieurs au- tres perfonnes. Semblable a ces fain- tes femines , ciont 1'Apotre die qu'el- les l'aidoient dans fon miniftere (71)5 elle fervit d'inftrument a la grace de Jefus-Chrifi pour les fake entrer dans cette fainte carriere, foit en engageant M. de faint Cyran a leur ecrire de fa prifon des lettres , dont pluiieurs font imprimees , foit en les retirant a. fa maifon de campagne pour y ecouter la voix de Dieu. On jpeut voir la let- tre 154 que M. de faint Cyran lui a ecrite fous ce titre : A uiu Dana de grande vertu. txxv. Dieu fe fervit auffi de cette fainte Elle fe met r . , . . , r .
fous la con-remme pour aturera lui M. de laint
duitedeM.de,Ajige fon mari. Ce Seigneur, touche
par les bons exemples &c les difcours
de fa femme, refolut de killer a fon
fils la charge de premier Maitre d'ho-
tel de la Reine , & de fe retirer a
faint Ange, arm de n'y penfer le refte
de fes jours qu'a fervir Dieu. A peine
eut-il emploie quelques mois pour fe
preparer a la mort auffi ferieufement
que s'il eut he allure qu'elle etoit
proche , qu'il mourut fubitement le
17 fevrier 1651 , (non i6$t , com-
me on lit dans le necrologe). Madame
(;i) Rom. i« Philip. 4.
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II. P ARTIE. Liv. V. HI
I
Ion epoufe , qui avoit defTein de fe i66y.
retirer a P. R. de Paris , y fit porter fon cceur, afin d'engager plus particu- lierement les religieufes a prier pour lui (73). La mort de M. de faint Ange la fur- Elle forms
prit comme un coup de tonnerre ; & le <^fir flm dans le moment Dieu lui donna une rc 's e "'' fi foite penfee d'etre religieufea P. R., qu'elle n'hefita pas a en prendre la re- folution (74). Elle communiqua fon fecret a M. d'Andilly , qui vint lui rendre vilite a faint Ange , 011 elle etoit avec Mademoifelle de Luzancy , vi- vant avec elle depuis quatre ans dans la plus grande union (75). Elie en ap- pric un autre de M. d'Andilly , a qui la mere Angelique avoit fait promet- (7!) M. de faint Ange Fontaine, T.i. p.^jff&c.
*voit fait batir un loge- (74) la mort foudalne
meat a P. R. des Champs, de M. de faint Ange qui
pout s'y retirer ds tems fut fort extraordinaire pat
en tems. M. d'Epinoy fon les eirconftanees quoit
plus jeune fils alia demeu- pent voir rapporries dans
rer dans cette folirade peu les memoire's de M. de
de tems apres la mort de Pontisqui s'y trouva pre-
M. fon pete, prefeiant fent, contribua a la con-
une vie penirente a eelle verfion 8c d la retraire de
qu'ilauroitpumenercom- cet Officier , 8c infpira a
modemenrdansle monde, un des fils de M. do faint
II mourut le 11 feptem- Ange & i Mademoifelle
bre r£7« cntre les bras de de" Luzancy le deffein de
M. de Saci, qui avoit pour renoncer au monde. Vies
lui une grande affe&ion. edif. T. 1, p. 41 r.
Vertex le Necrologe , p. (75) Ibid. P.^qj*
}5S & les Mem. de M. |
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Hi HlSTOIRE DE PoRT-ROlAl.
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1667. tre ^e ne ?0im p^ler de P. R. a Ma^
dame de faint Ange •, parcequ'elle ne vouloit pas qu'on la portat a choifir un lieu plutot qu'un autre. Peu de jours apres , elle alia a Melun voir fa. fille qui etoir religieufe a fainte Ma- rie, & lui dit fon deiTein , ce qui l'af- fligea beaucoup,mais elle fe foumit(a la volonte de Dieu ; & connoifTanc le merite de P. R. , ou elle avoir ete elevee , elle demeura d'accord que Madame fa mere ne pouvoit fake un meilleur clioix. txxvin. Madame de faint Ange etant de re- fon detoT tour * Pa"s ' ne Penfa qu'a executer
ledeffein qu'elle avoit d'enrrer a P. R. Le feul obftacle qu'elle y voi'oit, c'eft qu'il lui reftoit un fils fort jeune , &£ qu'elle avoit peine a quitter Made- moifelle de Luzancy. Dieu leva cet obftacle en infpirant a. l'un & a l'autre un fi grand denr de quitter le monde , que fans meme vouloit attendre Ma- dame de faint Ange, bien loin de la re- tarder , Mademoifelle de Luzancy en- tra a P. R. , & M. fon fils fe retira a la campagne avec plufieurs perfon- ties qui ne penfoient qu'a fervir Diett dans la retraite. Ainfi Madame de faint Ange fe vit precedee par ceux qu'elle craignoit qui ne la retardafTent, |
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II. Pa rtie.IjV. fT. 113
& elie ne put les fuivre que fix mois apres. Elle entra a P. R. le ltT mars 1651. Sur la fin de certe annee, Ma- demoifelle de Luzancy recut l'habic de novice , qui fut donne le 3 juin 1653 a. Madame de faint Ange (76). Enfin elles firent profeilion enfemble le jour de la Presentation de la fainte Vierge de 1'an 1654, entre les mains de la mere Angelique , qui avoir dit au fujet de Madame de faint Ange , lorfqu'elle declara fon defTein d'etre religieufe : SI celle-ci me trompe , je Ht recevrai plus de Dames. Mais ne pourroit-on pas dire qu'elle l'a trom- pee , aiant porte l'humilite, la fimpli. cite, l'amour pout la pauvrete au-de la de ce qu'elle pouvoit attendre 3 C'e- toit en toutes chofes un model e par- fait; mais elle fe diftinguoit fur-tout par un "amour extraordinaire pour la mortification , par une humilite ii |
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mot d-2 fes befoins , la
mere Agnes envoi'a fur le champ chercher le contrat 8c le donna a la Marecha- le en lui difant: Dius- lui que voila ce que nous lui eirvotom pour le con/oler. Cell la de ces traits de generofite, de definteref» femcnt qui caracterifeftt. Port Roi'al. lbftl.pl>. 419 |
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(76) Madame de S. Ange
voulut dormer 10000 li- v<es en argent a P. R. 8c un contrat de rooo Hvres de rente viagere. Quelques jaurs avant fa profeilion, la Marechale du Pleflis etant venue voir la mere Agnes, lui parla de M. de f?int Ange , qui pojrroit venirvoir lefacriricede fa W*K i 8c lui aiant dit un |
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2 14 HlSTOIRE DE PoK.T-R.OAli.
J 1661. gran<^s ' qu'elle fe conlideroit commc
la derniere de routes , par un zele pour la regularite qui la rendoit exa&e aux moindres chofes comme aux plus grandes , par une egalite d'humeur que les evenemens les plus facheux , tels que le renverfement des affaires de M. fon fils aine , & les longues per- fections qu'elle eiTui'a , ne furent ja- mais capables d'alterer. lxxix. £jje j.m cju nombre des douze pre- ^dansicmo-mieres religieufes que M. de Paris en-
naflere de ste ]eva J'une maniere fi cruelle le 16 Mane de „ i r i
chailiot. aout 166\ , pour les renrermer dans
differens monafteres. Elle fut en- voice chez les lilies fainte Marie de Chailiot, oli elle palTa dix mois ea captivite. Elle a ecrit elle-meme une relation en forme de lettre, adrellee a la fceur Angelique de faint Jean , ou Ton voir de quelle maniere Dieu la conduifoit par la feule lumiere de fa grace , lui faifant eviter les pieges les plus fubtils , dont il etoit difficile qu'une perfonne feule & fans confeil put fe defendre dans une tentatiort capable de feduire les Elus me- raes. Avant que de partir pour le lieu de
fon exil, elle alia fe profterner au pie de l'aurel pour offrir a Jejus-Chrijl un |
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IT. P A R T I E. Liv. V. 2 15
facrifice , fans comparalfonplus grand, ~l(,(,~,
ciit-elle , qui ctlul qu'dle avoit fait U jour de fa profeffion. On vine lui dire qu'il falloitpartir 8c qu.'on l'attendoit. M. d'Andilly la conduifitau carofTe , 011 elle fe rrouva feule avec des vifa- ges inconnus fans favoir 011 elle alloir. M. d'Andilly le demanda a un aumo- nier de l'Archeveque , qui lui die qu'elle alloit a Chaillot. La mere de la Fayette , qui l'avoit demandee, la recut avec beaucoup de cordialite, 8c la trairaavec aflez d'humanite, lui per- mettant de recevoir des lettres , d'y repondrc, de voir fes proches & Tes amies particulieres- Mais M. l'Arche- veque en etant informe fit des plaintes a la mere de la Fayette, & lui recom- manda de ne la laiffer parler a per- fonne , ajoutant qu'il ne vouloit pas qu'elle reciit aucune lettre. La riviere qui pafTe au pie do monaf-
tere de Chaillot, lui donna de la devo- tion au pfeaume SuperfluminaBabylo- ms ; &lamaifon etant fituee vis-a-vis de P. K., e'etoit pour elle un fujet de confolation de pouvoir fouvent regar- der un lieu ou fon cceur eroit refte. Elle defiroit fort d'en apprendre des nouvelles ; & la mere de la Fayette , flierchanc a l'cbliger , lyi en difoif |
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il£ HlSTOIRE DE PoRT-Ro'iAI..
y6(,n, fans fac_on , fur - tout de la mere
Agnes. Elle eut un jour un entretien avec !a
mere de la Fayette , dans lequel celle- ci lui parla d'une maniere ties raifon- nable •, & comme elle defiroit fort que la four Anne Eugenie commu- niat, elle la prefifa de voir quelque perfonne pour cela. Elle confentit de voir M. Chamillard, qui vint la con- fefler, & lui permit de communierle jour de la Nativite de la fainte Vierge 5 mais il pria la mere de la Fayette de ne la laifler jamais communier , qu'il ne l'eut vue auparavant. Cette douceur feinte de M. Chamillard ne fe foutint pas long-tems, & il refufa a. la four Anne Eugenie , pour la faint Michel, la permiffion qu'il lui avoir accordee pour la fete de la Nativite de la Vierge. La mere de la Fayette en fut fi touchee , qu'elle pria la foeur Anne Eugenie de voir une perfonne pour qui elle avoit beaucoup d'eftime •, elle y confentit, & en fut tres fatisfaite. Elle apprit de lui la chute de deux rdigieufes , outre les fept premieres qui avoient deja figne , & peu apres elle fut encore celle de la foeur Ca- therine de faint Paul &de la foeur Ger- trude. Ces triftes nouvelles lui per- c,oienc .
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II. Parti e. Llv. V. z\y
^oient le cceur , & la faifoit trembler pour elle-meme. La perfuafion de fa foibleffe faifoit fa plus grande tenta- tion. Lorfqu'elle apprenoit quelque nouvelle fignature , elle defiroit de fuir, toute infirme qu'elle etoit, & fe feroit eftimee heureufe d'etre dans quelqu'endroit ou elle n'eut ete con- nue de perfonne. Elle auroit fouhaitc changer de Diocefe pour pouvoir com- munier. C'etoit 1'avis de la mere de la Fayette qui le lui temoigna , en ajoutant que c'etoit une affaire a bien pefer & a tenir bien fecrete s & qu'il falloit beaucoup prier Dieu. M. de Paris etant venu a Chaillot
fur la fin d'Oclobre , la mere de la Fayette lui demanda la permiflion de communier pour fa prifonniere a la fete de tous les Saints. Le Prelat la refufa ; & la mere de la Fayette ,ju- geant qu'il n'y avoit rien a efperer, &c etant tres affligee de ce refus, dit a la foeur Anne Eugenie , qu'elle voi'oit bien que le mieux pour elle etoit de changer de Diocefe. La prifonniere entroit dans ces raifons, & en avoic encore une particuliere , qui etoit de quitter les avantages qu'elle avoit dans une maifon , ou la fuperieure lui te- »oignoit tant de bontes, & d'en faire Tome ri. K |
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2i8 Histoire de Port-roYau
~— un facrifice a notre Seigneur , pour lui '' temoigner qu'elle faifoit tout ce qui etoit en fon pouvoir pour participer a fes divins myfteres. Dans l'incertitu- de ou etoit la fceur Anne Euge- nie de la refolution qu'elle devoit pren- dre, elle ouvtit le nouveau Teftament, iSc ai'antmis le doigt fur une ligne, elle; trouva ce paflage : Ne fajfe{ pas de maifon en maifon. Elle ne douta pas que la volonte de Dieu ne lui fut ma- nifeftee par ces paroles , qu'elle lut a la mere de la Fayette , qui en flu fort touchee, Comme la fete de la Prefentation ,
M^^aris Jour auclue^ ^a ^CEUr Anne Eugenie
lui tefufede avoit fait profeffion , approchoit, elle cmnmu- 'a prkla mere de la Fayette de demander eioa. encore pour elle la communion. Elle ecrivit pour ce fujet a M. l'Archeve-r
que , qui fut inflexible. Le jour de la Prefentation , la fceur Anne Eugenie rappellant dans fon fouvenir, que de quatre religieufes quiavoient fait pro*- feflion avec elle ce jour - la , deux etoient mortes , & les deux autres avoient eu le malheur de figner, elle ne put s'empecher de repandre des larmes. La mere de k Fayette la voYant dans I'afflidion , & jugeant que c'etoit a. caufe qu'elle n'ayoic pas comjnunie j |
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II. Part i e. Liv. V. 119
lui dit, qu'elle en etoit plus affligee
qu'elle, mais que puifqu'il n'y avoit rien a efperer, il falloit qu'elle pen- fat a changer de Diocefe. A quoi la fceur Anne Eugenie repondit, qu'elle croiroit manquer a fon vceu de ftabi- lite , fi elle faifoit par elle-meme quelque chofe pour fortir d'un lieu ou elle avoit ixh mife par fon Superieur. Ainfi elles refolurent de n'en pluspar- ler: la mere de la Fayette ne 1'avoit fait que pour obliger la fceur Anne Eugenie , a qui elle tachoit de rendre tous les bons offices qu'elle pouvoit , 8c n'en perdoit jamais aucune occafion. Malgre tous les refus qu'elle avoit deja effuies, elle ecrivit encore a Noel > route malade qu'elle etoit, a l'Arche- veque , pour lui demander qu'il ac- cordat les Sacremens a la fceur Anne Eugenie : mais toutes fes tentatives furent inutiles. Le Prelat etant venu a Chaillot une des fetes , eut une con- ference de deux heures avec la prifon- niere , qui fe mit deux fois a genoux , lui demandant avec larmes la fainte Communion , & ne put rien obtenir. Au mois de Janvier fuivant, 16C-, 5, la mortenleva la merede la Fayette, qui temoignoit tant de bontes a la fceurAn- fle Eugenie. Elle en fut tres touchee, Ki;
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210 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt.
i<SCj. mais ni cetce affliction , ni toutes Ie$
autres peines jointes a fa captivite , ne l'accabloient pas. Dieu la foutint tel- lement par fa mifericorde , qu'elle fuc toujours dans une profonde paix, 8c que fa confiance en iui croiffoit a me- fure que fes afflidtions fe muMplioient, La mere Belin fat elue Superieure a, la place de la mere de la Fayette. M, de Perefixe , qui etoit venu faire l'e- lection, demanda des nouvelles de la fccur Anne Eugenie , & chargea li fceur de Mortemar , qui etoit la feule religieufe a qui elle parlok , de faire lecture a la prifonniere de la lettre qu'il avoit ecrite a M. d'Angers. Ce qui aiant ete execute , elle reports ait gravement , que pour bien ju- ger de cette lettre , il auroit fallu voir celle de M. d'Angers a laquelle on repondoit , & la replique qu'il y avoit fujet de croire qu'il feroit. La- deffus , on regarda la fceur Anne En- genie comme une endurcie , pour la- quelle il fallok fe concenter de prier Dieu. Mais la nouvelle Superieure , fe croi'ant par le devoir de fa charge obligee a quelque chofe de plus que la priere , harangua la prifonniere , & eut un long entretien avec elle ? dans lequel elle fit connoitre qu'elle |
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It. Parti e. Llv. V. lit___
avoit des impreffions bien defavan- 1667.
tageufes de P. R. , & de ceux qui avoient conduit cetce fainte maifon. Elle ne laifTa pas neanmoins de traiter la fcEur Anne Eugenie avec beaucoup de politefTe ; elle ne lui retrancha rien de ce que lui avoir accorde la mere de la Fayette , & elle eut grand foin de pourvoir a fes befoins. Elle s'interelfa meme aupres de M. de Paris , pour tacher de lui procurer la Communion a Paque , mais ce fut fans fucces. Apres ce refus , la fceur Anne Eugenie jugeanrqu'elle n'avoit'plus rien a efpe- rer , & aiant des incommodites affez confiderables pour lui faire croire qu'elle n'avoit point de tems a perdre, elle ecrivit fes difpofitions , qu'elle llgna , afin de les pouvoir donner an lit de la mort; les voici : Gloire a Jefus au tres faint Sacre-
meat. » Je , fceur Anne Eugenie , reli- Elle Sait
» eieufe indiene de P. R. du faint Sa- & %ne fcs 0 ° v ,k •/• 1 (brnietej dif-
» crement , apres m etre mile en la pofitjom.
» pt efence de Dieu, que j'adore com-
» me le maitre de ma vie & de ma
» mort, & avoir demande la protec-
» tion & le fecours de la fainte Vier-
« ge , des faints Anges , & de tons
» les Saints ; je declare qu'etant nee >
Kiii
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212 HlSTOIRE DE PoRT-ROIAE?
» &t ai'ant roujours tache de vivre
» comme fille de l'Eglife catholique , » apoftolique & romaine , je meurs w dans la meme difpofition , que je » fuis foumife avec un tres profond « refpecl: aux fouverains Pontifes > » aux Eveques , & a toute l'Eglife ; » que j'embrafle fincerement & de » coeur, tout ce que les Papes Inno- » cent X & Alexandre VII ont de- » cide touchant la foi, & que je re- s' jette toutes les erreurs qu'ils ont « jugees y etre contraires ; que pour » toutes les autres chofes qui font « au-defTus de notre connoiflance , >• de notre profeflion , & de notre » fexe, ou M. de "Paris a temoigne « defirer que nous priflions quelque » part, je fuis refolue de demeurer » toujours fur ce point dans le ref- » pe6t &dans le filence, conformes a » notre profellion & a notre etat, fe- » Ion que nous l'avons toutes declare « par nos acles du 3 decembre 1661 , w & du 10 juillet 16(14. » Que fi je n'ai pu me refoudre
w a faire ce que M. l'Archeveque a » defire de moi , je le fupplie tres » humblement de confiderer qull n'y 5> a que la feule crainte d'offenfer " Dieu quim'en ait empechee, parce- |
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II. Part ie. Llv. V. 12.3
« que j'aurois cru mentir , felon le [~j » fentiment de notre Pere faint Ber- » nard , en ailurant une chofe que je » vois etre conteftee par des Eveques » & des theologiens d'une grande » piece , & dont il m'eft impoffible » d'avoir aucune affiirance par moi- » meme. » J'efpere que Dieu, qui voit la fin-
» cerite & la nmplicite de mon cceur , » aura egard en cette rencontre au » defir que j'ai eu depreferer fa crain- » te a toutes chofes,& qu'il n'aura pas » defagreable le facrifice queje lui ai m fait, en me privant de la compagnie » tres chere de nos meres 6c de nos » fceurs , & enfuite de notre monaf- » tere , & ce qui eft plus que tout, » de la participation du tres faint Sa- » crement de l'autel , & enfin de » toutes les confolations divines » &c humaines que l'Eglife a accou- *» tume de donner a fes enfans, pour » garder une fidelite inviolable a « les preceptes , & pour n'expofer » point la verite &c la juftice, ou ma » confcience , ni la moindre chofe. » Et comme je me vois dans Fetae
» d'etre bien-tot prefentee devant » vous , 6 mon Sauveur & mon Dieu, " je me fens obligee de vous rendre |
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2,24 HiSTOIRE DB PoRT-ROlAI.
» auparavant de tres humbles acTdofls
« de graces que je vous dois , & d'in- " viter toutes les creatures a louer »♦ avec moi les mifericordes inn- s' nies que vous m'avez faites en 5j me tirant du monde , oil je n'ai vu »> qu'une infinite de perils pour ceux « memes qui veulent vous iervir , &c » en me conduifanr dans le monaftere » de P. R. » Je me fens obligee , mon Dieu ,
» de rendre temoignage en votre pre- i> fence , que j'ai trouve cette maifon » remplie d'une charite finguliere, » queje n'y ai jamais rien remarque » que de faint & d'edifiant; que nos » meres & ceux qui nous conduifoient » etoient remplis d'une vertu & d'une » capacite extraordinaires, & qu'ilsne » nous ont jamais rien enfeigne que » de conforme aux regies les plus put— » res de l'Evangile ; que j'attribue a 5> la fairitete de Teur conduite tout l'o- »> rage qui s^eft eleve contre eux, par- »» ceque le demon ennemi de Telprit " & d§ la grace de Jefus-Chrift etoic « jaloux du bien qu'ils faifoient, £c » de celui qu'ils faifoient pratiquer » aux autres. C'eft le temoignage que » je leur rends au lit de la mort, qui n ne doit pas etre fufpect > puifqu'e- |
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II. P A R T I E. LlV. V. llj
si tant prete d'etre prefentee devant le
" tribunal de Jefus-Chrift pour y etre » jugce , je ne voudrois pas dire une » chofe dont je n'aurois pas une eiv » tiere certitude. » Je me fens auffi obligee d'avoir
m une reconnoiflance tres particuliere » de la charite que les meres Superieu- » res & les religieufes de ce monaftere » de la Vifitation de Chaillot m'onc « temoignee depuis tant de tems. Je » prie Dieu de tout mon cceur qu'il " les recompenfe de toutes les bontes » qu'elles ont eues pour une pauvre " religieufe bannie de fa maifon, dans » la difgrace de fon Archeveque , 8C » ainil qui n'avoit rien ni dans elle , » ni hors d'elle , qui les put porter a » lui rendre les affiftances qu'elles lui » ont donnees , dont elle eft d'autant. » plus redevable a leur charite. » Je leur demande audi tres htrm-
» blement pardon de routes les fames " que j*ai pu commettre contre la re- » gularite qui doit paroitre dans lx m vie d'une religieufe, depuis que je? » fnis dans leur monaftere , & je les » fupplie de me dormer part a leuxs »» prieres & au faint facrifice qui s'oa^ *» fre dans leur eglife. » Que fi je n'ai pas le bonheur erf
K v |
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Zl6 HlSTOIRE DE PoRT-RoYaL.'
» mourant de recevoir le ties faint
» Viatique , felon que je le defire de » tout mon coeur, j'efpere neanmoins, » avec la grace de Dieu, que cela ne » m'empechera pas de mourir avec " une grande paix, parceque je fuis » perfuadee qu'il n'y a point de terns » auquel on foit plus oblige de ne » point offenfer Dieu qu'a l'heure de » la mort, & qu'il m'eft fans cora- » paraifon plus fur d'etre feparee » maintenant exterieurement du corps « de Jefus-Chrift, que de m'expofer « a etre pour jamais condamnee de jj lui & retranchee de la communion » de fes Saints, pour lui avoir manque » de fidelite dans une chofe que je 33 crois certainement ne pouvoir faire » fans violer fa loi & fans bleiTer ma « confcience. Mon Dieu , fi je n'ai » pas le bonheur en mourant de re- » cevoir votre facre corps 8c le fang » que vous avez repandu pour moi, m donnez-moi votre efprit, & ne re- » fufez pas votre paix , votre grace 8c » votre mifericorde, a la plus indigne » de vos creatures. La fceur Anne Eugenie ne donna
point ce papier , parceque l'abces qu'elle avoir a la tete aiant pris fon cours par le nez , elle fut heureufe- |
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IWM a .*.,.,.?in pi...., 11..1.1 i..V^^l«-
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II. Partu. IzV. r. ii-?______
ment delivree de fa maladie, & elle i66j.
demeura tranquille jufqu'a. ce que M. Chamillard lui apporta le nouveau mandement de M. de Perefixe, avec la bulle & le formulaire d'Alexandre VII, qu'elle ne figna point. Comme la bulle accordoic trois mois de de- lai pour la llgnature , on preila la foeur Anne Eugenie de demander la commuion pendant ce terns. Elle y confentit, 8c Mademoifelle Tetu en park a M. I'Archeveque , qui vint pour lors a Chaillot: le Prelat dit a cette Demoifelle, qu'il accorderoit a la fceur Anne Eugenie ce qu'elle deman- doit, fi elle vouloit ecrire fes difpofi- tions en la meme maniere que la fceuc Agnes l'avoit fait. Le lendemain il ecrivit ce qui fuit a Mademoifelle Te- tu : » Je vous envoie la lettre que m'a " ecrite la mere Agnes, fur laquelle je » lui ai permis de fe confeffer : fi ma » fceur Anne Eugenie m'en veut en- » voi'er autant , je lui accorderai la » meme chofe. Elle n'a qu'a pren- " dre garde de parler fincerement 8c » de cceur; car elle me peut tromper „ » mais elle ne trompera point celui » qui en voit tous les replis , & de- » vant lequel il n'y a rien de plus »» dangereia que d'ufer d'artifices*. |
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2Z8 HrSTOIRE DE PoRT-ROl At.
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1667. LafceurAnne Eugenie , a qui Ma>
demoifelle Tetu lut ce billet, s'arreta
£^™^feulementa la lettre de la mere Agnes,
u commu-fans faire attention au billet: elle fe
nionen fai-tr d'abord dans un grand eloi-
faut la meme . , &
demarche que gnement de loulcrire la lettre , puis
La„i,mete A"fe mit a genoux 8c pleura beaucoup ; mais enfin le grand refpedt. qu'elle avoir pour la mere Agnes > joint au deiir de communier , 8c la perfuafion que l'indifference que promettoit la mere Agnes, n'engageoit a rien, firent refoudre la fceur Anne Eugenie a fouf- crire la lettre,&a declarer que fes fend- mens etoient entierement conformes a ceux de la mere Agnes. En confequence le Pere de fainte Marthe vint la con- fefTer ; il lui donna l'abfolution , & voulut qu'elle communiat le lende- main jour de la Trinite , quoiqu'elle lui eut declare plus d'une fois , que s'il falloit qu'elle fignat pour le pre- fent , elle ne le feroit pas. Peu apres , la four Anne Eugenie
lut avec attention la lettre par laquelfe M. l'Archeveque lui avoir accorde les Sacremens; elle fut frappee de ce qu'il demandoit d'elle une gtande fincerite, slmaginant qu'il y avoir la-deflous quelque chofe qu'elle ne camprenoit pas : cela lui donna un grand deiir de |
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II. Par tie. Liv. ?'. 223
Voir le Pere de fainte Marthe , & il
s'en ofFric une occaiion. Ce Pere erant venu a Chaillot,lafceur Anne Eugenie, apres lui avoir d'abord parle du fujet pour lequel elle avoir pris pretexte de lui ecrire, lui die qu'elle fe trouvoit fcxtremement embarraffee fur la lertre di M. l'Archeveque a Mademoifelle Tetu , & que fi elle l'avoir bien con-- fideree , jamais elle n'auroit foufcric celle de la mere Agnes. Le Pere de fainte Marthe lui repondit qu'il n'y avoit rien dans la lettre qui dut Fin- quieter ; que cette grande fincerite que demandoit M. de Paris ne devoit point l'allarmer , ni lui faire foup- <jonner qu'il y eiit quelque chofe de cache •, qu'elle 'ne devoit point craindre qu'on l'accufat de diflimulation , puif- qu'elle lui decouvroit fes fentimens meme avec trop de facilite. Mais tout ce que dit le Pere de fainte Marthe ne put guerir l'extreme delicatefTe de cette pieitfe religieufe fi fcrupuleufe fur l'article de la fincerite. En confe- quence elle ne put fe refoudre a com- munier depuis, malgre les inftances que lui fit le Pere de fainte Marthe , pour 1'engager a le faire le jour de faint Pierre & ala fete de la Vifita- liofi, & malgre celles de la mere Agnes* |
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2JO HlSTOIRE BE PoRT-Roat."
1""1^<j qui lui ecrivit qu'elle apprenoir avec
douleur qu'elle ne communioit plus.
La fceur Anne Eugenie lui fit reponfe
que la lettre de M. 1'Archeveque l'a-
voic fait entrer dans un fcrupule qu'il
lui etoit impoffible de vaincre ; qu'elle
lui rendroit cornpte de fa difpontion ,
parcequ'on lui raifoit efperer qu'elle
auroit bien-tot l'honneur de la voir.
I xiii EfFectivement, le moment de la
La fceur reunion de toutes ces faintes exilees
nienforEtUSdedans 1'Abbaie de P. R. des champs
chaiilot. approchoit. Le foir du 3 de juillet ,
sa joiedere- Mademoifelle Tetu apporta l'obedien-
▼oir la fceur , . kf
jEuftoquie. ce de la lceur Anne Eugenie pour al-
ler au monaftere de fainte Marie du fauxbourg faint Jacques. La prifon- niere partit apres s'etre profternee au pie de l'autel , s'offrant a Dieu pour fouffrir toutes les afflictions qu'il lui preparoir. Elle fut fort attendrie en quittant la fceur de Mortemar , de qui elle avoit re$u beaucoup de mar- quede bonte , ainfi que de route la communaute & des bienfai&rices de la maifon. Madame de Motheville & Mademoifelle Tetu , qui etoient de ce nombre , prirent grande part a fa joie & voulurent I'accompagner. Elles avoient un extreme deilr de profiter de cette occafion pour voir la mere |
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II. Partie. Llv. V. %%i
Agnes & fe recommander a fes prie-
res , a caufe de fa grande reputation. Ces charitables condu&xices ne vou- lurent point quitter la foeur Anne Eu= genie , que la mere Prieure qu'ora attendoit, ne futarrivee. Tandis qu'el- les etoient au parloir , la foeur Eufto- quie , qui revenoit triomphante de fon exil, y entra. Ces deux genereu- fes epoufes de Jefus-Chrift ne pouvanc retenir la joie qu'elles avoient de fe revoir apres une fi longue abfence 8c un fi glorieux combat T elles la temoi- gnerent reciproquement avec une effu- lion de caeur & des paroles, dont rou- tes les perfonnes qui etoient prefen- tes furent extremement edifiees. Leur joie s'augmenta a l'arrivee de la me- re Prieure ; & elle fut a fon comble lorfque toutes ces faintes filles fe trou- verent reunies dans leur defert de P. R.- des Champs, comme nous l'avons rap- porte. La foeur Anne Eugenie y arri- va le 4juillet 166$. Depuis fon re- tour , on remarqua en elle un accroif- fement vifible de grace. II n'etoit pas- poilible de voir une plus grande hu- milite, une plus grande fimplicite v, plus de recueillement & de filence. Mais fon exil avoir beaucoup affoibli fa fante, en augmentant fa ferveur ? |
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iji HlSTOIKE DE PoltT-ROfAI.
XGG-j. & elle fiit toujours depuis languifTaiT-
te, fans cefTer neanmoins de fuivre la communaute autant qu'eile le pou- voit. Comme elfe aimoit les croitf, Diea
ses difpo'fi-lui en prepara une bien fenlible par
tions en rece- Ia le&ure d'une lettre de M. fon fils
vant une let- 'A , , . ., ■ , _ . . ■ ,
tre affligean-aine (77). M. de Pans, qui tenon les
«e deM. fonreljgieufes de P. R. dans l'etrange
ffls. Q . , . ., o captivite clout nous avons parle , oC
donf nous parlerons encore , & qui
faifoit de fi etroite defenfe de leur per- mettre de recevoir, ou d'ecrire des Iettres , donna un autre ordre , mais qui n'etoit point contraire a fes vues , en chargeant l'Exemp't qui comman- doit a P. R., de remettre a la four Anne Eugenie ( Madame de fainte Ange ) une lettre de M. fon fils aine, fi pleine du recit de fes malheurs, qu'eile etoit toute propte a l'accabler d'affli6tion,d'autant qu'il lui avoit tou- jours ete plus cher qu'aucun autre de fes enfans. Ce fils , dont les affaires etoient tenverfees, & avec des circonf- tancestres affligeantes, rendoit compte dans cettelettrede routes fes infortunes, de la maniere du monde la plus capa- ble de percet de douleur le cceur d'une friere. fl lui difoit adieu, & lui de- 1 (77) V»" edif- t- »■ P< 4U & 41 j»
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II. Part ie. Liv. V. ajj
mandoit fa benediction , avant que de TiGji
s'en aller comme un inconnu ou fa mauvaife fortune pourroit le conduire. Il lui mandoit qu'il avoit fait tous fes efforts aupres de M. de Paris, pour obtenir la permiffion de la venir voir, fans avoir pu rien gagner. On appre- hendoit de lui donner cette lettre , 6c on tacha de l'y difpofer ; mais cela n'etoit pas necefTaire , fon cceur etoit prepare a tout : elle en fit elle-meme la lecture tout haut, en repandant a la verite beaucoup de larmes , mais avec une douceur & une egalite d'ef- prit fi grandes , qu'il ne lui echapa pas une parole qui marquat la moindre al- teration , ni aucune inquietude. Elle dit meme aux religieufes qui etoient prefentes, que Dieu 1'avoit mife dans une difpofition, ou elle etoit fort peu touchee des difgraces temporelles de M. fon fils •, qu'elle y avoit ete autre- fois plus fennble , mais qu'alors elle les regardoit comme des moi'ens de le degager de 1'amour du monde &C de fe convertir tout-a-fait a Dieu ; que fi elle refTentoit tant de douleur, ce n'etoit que parcequ'elle fe cro'ioit indigne de lui obtenir cette grace qu'el- le demandoit tous les jours a Dieu avec tant de larmes, & qu'elle lui |
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1J4 HlSTOIRE DE PoRT-ROl'At;
avoir demandee fans cefle depuis qu'il
etoit au monde ; qu'elle n'avoit ja- mais fouhaite de plus grande fortune a tous fes enfans que celle la, & qu'el- le auroit eu de la joie de les voir por- ter des crochets, pourvii qu'ils fuflent a Dieu & qu'ils aimaflent l'Evangile. Comme il fallut envoi'er la reponfe a M de Paris, pour la faire tenir a M. de faint Ange , uneperfonne aYant temoigne a la fceur Eugenie qu'elle auroit fouhaite qu'on eut cherche quel- qu'autre voie , ne jugeant pas celle-ct bien fare , elle repondit , que fi fa lettre devoir etre utile a M. fonfils, Dieu feroit qu'elle lui fur rendue, Sc que ft elle ne devoit pas lui fervir, il n'etoit pas neceflaire qu'il la recitr. Depuis elle n'en eut aucune nouvelle, & ne temoigna ni inquietude ni defir d'en apprendre. Elle difoit quelque- fois a des perfonnes avec qui elle par- loit avec plus de liberre , que fi Fori comprenoit bien quelle grace Dieu fait a ceux qu'il engage a fouffrir pour fa. caufe , on ne defireroit jamais de for- cir de cet etat ; que pour elle , c'etoit le plus heureux moment de fa vie » & que malgre fes infirmites elle fe fen- toit difpofee a aller au bout du monde, fi Dieu eut permis qu'elle y eut etc releguee. |
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II. Partie. Liv. V. 135
Elle tomba malade peu apres avoir 166-1. re<ju la lettre dont nous avons parle ; txxxv. c'eft-a-dire , au mois de feptembre sa derate* x66j ; 8c des le commencement de fa maladie". maladie, elle fut perfuadee qu'elle n'en releveroir point (78): elle repetoit fouvent ces paroles du Prophete : Jc me puis rejoui a caufe de ce qui ma etc dit j nous irons dans la maifon du Sei- gneur. Au mois de decembre , une facheufe dyffenterie fe joignit a la fievre & la reduifit a. l'extremite. On en avertit aufli-tot M. de Paris , qu'on pria de lui envoi'er yn confelfeur. M. Hilaire fe chargea lui-meme de la commiffion , & on lui recommanda de reprefenter au Prelat quelle etoit celle qui demandoit les Sacremens , & a. qui il ne pouvoit les refufer que le fcandale ne retombat fur lui, puifque c'etoit une perfonne qui s'etoit acquis l'eftime & la veneration de tout le monde , & de la Cour meme. M. Bail arriva alTez tard a P. R. le l£*gft.
mercredi 7 de decembre , & vit le len- refute lessa- demain matin les Superieures , avec "etf.enV ... r ' Belle repon-
leiquelles il eut un aiiez long en- fe de u <<em:
tretien fur la fignature , & s'en tira *^'aX^ fort mal. Les religieufes lui reprefen- terent l'injuftice de la conduite qu'on, (78) Viesedif. t. i. p. 4if.
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-f~,_....l.-..
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ijfj FilSTOtRE DE PdR.T-fi.6lAt.
i<j<j7« tenoit a leur egard , puifque raridis
qu'onpermettoitl'ufage des Sacremens aux converfes, on en privoit les reli- gieufes du chceur, quoique les unes &c les autres euflenr les memes fenri- mens ; ce que M. de Paris n'ignoroit pas. Elles lui demanderent par quelle raifon ce Prelat fe cro'i'oit ainfi l'arbi- tre & le makre du falut des ames , en pretendant perdre & damner les unes fiar un commandement qu'il lui eroit
ibre de ne point faire, en meme terns qu'il fauvoit les autres , parcequ'il ne leur faifoit pas ce commandement. La partie n'etoit pas egale, aufll M. Bail n'eut-il pas 1'avantage dans cette dilpute. Apres midi, il alia voir la malade,
qui, route afFoiblie & accablee qu'el- le fut par la maladie , triompha aife- ment de ce foible adverfaire. Ce doc- teur emploi'a routes les raifons qu'il jugeoitplus propres pour la perfuader, les accompagnant des menaces des jugemens de Dieu ; » qui, difoit-il, » infulreroita la folie dime religieu- » fe qui facrifioit l'honneur &Te re- » pos de fa maifon a un fcrupule fi » mal fonde , qui meprifoit I'autori- ,) te des Pafteurs de 1'Eglife , a qui (78) Journ. p. 14^. Vies edif. p. 41s. |
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Ik Part ie. L,iv. V. 2.37
» J. C. a promis que ce qu'ils lieront ^^ » fur la terre , fera lie dans le Ciel. » Oui certainement, repondit la ma- jj lade, je crois que Dieu leur a mis »■> fa puiffance en main , mais ce n'eft » pas pour en abufer ; & pour mon » particulier je fuis perfuadee , que n puifqu'ils ne me refufent la grace » des Sacremens, qu'a caufe que je ne " veux pas agir contre ma confcien- " ce & blefTer la verite, Dieu faura » bien par fa mifericordefuppleerau >' refus qu'ils me font, & m'accor- " der l'effet des graces dont on me pri- » ve. » M. Bail infifta , alleguant plufieurs raifons tirees de la politique luimaine > & non de 1'Evangile. Fai- tes quelque chofe , lui difoic-il, pour vous cirer de l'etat ou vous etes : y a-t-il rien de plus pitoyable ?......
N'eft-ce pas-la un etat deplorable ? Il
eft: vrai , repliqua la malade , qu'a parler humamement , notre etat eft deplorable ; mais, fi on en juge par la foi , il. n'y a pas au monde un etat plus heureux que le notre. M, Bail vo'iant qu'il ne gagnoit rien , fe retira fans lui adminiftrer les Sar cremens (79 ). Il eut enfuite une con- verfation avec la fceur Angelique de (7;3) Ibid.^i. ijo. col. t,
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138 HtSTOIRE DE PoS.T-R.01AI.
J(j£7i faint Jean.; & comme la difpute n'e-
toit pas a fon avantage , il la termi- na en difant , que e'en etoit affez , £>c qu'il valoit mieux qu'/V leur prechdt le fermon de la bonne Vierge, qui leur feroit peut-etre plus utile. Ce bon hom- rae precha done fur XAlma Redemp- toris mater, qu'il expliqua mot a mot *, 8c en faifant la recapitulation de fon fermon , il leur dit : foment^ vous done } mes cheres foturs, toutes lesfois que vous chantere^ cette belle antien~ ne avec vos belles voixjiharmonieufes , de toutes ces petites reflexions que je viens d'y /aire. En parlant ainfi , il ne penfoit pas qu'il autorifoit en quel- que forte le chant des religieules , contre les Sentences de M. de Paris , qui leur avoit defendu de chanter. Apres fon fermon , on le pria de confefler les converfes; ce qu'il ac- cepta, & y emploia le refte du jour. ixxxvii. La fceur Angelique crut encore de- Aveu que voir faire quelque reprefentation a la 'fijwt An- M. Bail avant qu'il s'en allat, & lui gdique de temoigna avec larmes , la douleur |
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■iiiut Jean.
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qu'avoit la communaute, de voir une
perfonne da merite de la fceur Anne Eugenie , reduite dans un tel aban- don , &que cefutM, Baillui-meme, «jui leur avoit toujours dit avoir de |
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II. Parti e. Liv. V. 2.39
l'affe&ion pour elles qui fut le mi-
riiftre d'une telle durete. M. Bail at- tendri par les larmes & les paroles de la four Angelique , die » Ne vous » affligez point , confolez vous, car » elle n'y perdra rien , je vous af- » fure; au contraire , ii elle eft bien » avec Dieu, comme je crois qu'elle »> y eft, car e'eft une bonne ame, il lui » redoublera fes confolationsfpirituel- » les, au lieu de celles de i'Eglife » qu'elle ne re^oit pas. Helas ! M. « repliqua la four Angelique , je » n'en doute point du tout; e'eft de- h quoi nous avons toutes une ferme » confianceen labontedeDieu. Mais » comment d'une autre cote n'etre » point touchee de voir ces injufti- >» ces; Et comment fe peut-il faire » que vous vouliez bien vous en char- " ger devant Dieu, etant perfuade , » comme ce que vous yenez de dire w le montre, que vous liez une per- » fonne qu'il ne lie pas. M. Bail dit, pour toute raifbn , que
e'etoit M. l'Archeveque , qui ne lui avoit pas donne le pouvoir d'en ufer autrement. Sur quoi la four Angeli- que le prefla, en lui difant qu'il te- noit fon pouvoir de Her & delier de Jefijs-Chrift; que c'?toit i lui a qui |
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2 4° HlSTOIRE DE PORT-ROlAt.
" jtjgy, il en rendroic compte auffi-bien que
l'Archeveque. Elle lui rappella qu'il avoit dit lui-meme en arrivant, qu'il venoit revetu de route l'autorite de M. l'Archeveque, de forte qu'etantperfua- de de l'innocence de la perfonne a qui il refufoit les Sacremens , il fe con- damnoit lui-meme. Il n'etoit pas aife de repondre a de relies raifons •, auffi Monfieur Bail ne l'entreprit-il pas ; 8c pour faire diverfion , il fe jetta d'un autre cote : il eut recours a des rai- fons , qu'il appelloit lui-meme bon- nement des raifons de politique, 6c qui etoient ties oppofees a l'efprit de l'Evangile. » Ne faut-il pas un peu » s'aider, difoit -il, & vous laifTerez " vousruiner, aiantun fi beau moi'en &c » fi facile ( en fignant ) de defarmer txxxyni. „ vos adverfaires } j, toutln- La fceur Angelique , apres avoir geiique de s. combatu toutes ces faufles raifons » BaiU C ' ProP0^"a ^ M. Bail Un moi'en de fatis- faire a. fon devoir , fans fe compro- mettre avec M. l'Archeveque. Ce moi'en etoit d'adminiflrer fecretement les Sacremens a la malade : fur quoi on lui promettoit le fecret. Elle lui cita le droit canonique qui permet meme a ceux qui font excommunies injuftement, de dire la MelFe s'ils font Pretres
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II. Par tie. Llv. V. 141
Pretres , ou d'y affifter & d'y commit- —,/ "r
,.i /• 1 •■ ' 1067.
mer s lis iont laics , pourvu que ce-
la fe fafTe en particulier & fans fcan-
dale. M. Bail crut echaper en difant
qu'il ne convenoit pas que rexcom-
munication fin injufte. Mais on lui
repliqua qu'il difoit vrai , parcequ'il
n'y avoit aucune excommunication \
& que quand bien merne il y en au-
roit une, les Sentences par lefquel-
les on les avoit priveesdesSacremens,
avoient ere tenement rendues contre
les regies , qu'une excommunication,
3uand bien meme elle feroit jufte
ans fa caufe , qui feroit auffi irre- guliere dans les formes, pafleroit pour nulle. M. Bail, pour fe debarrafler , dit qu'il vouloit partir , & qu'il falloit qu'il allat diner ; ce qu'il fit: mais etant revenu apres fon diner , la fceur Angeliqne 1'entreprit encore , & le pretTa vivement fur la proportion qu'elle lui avoit deja faite. Pour la prouver par les faits, elle lui cita ce qui s'etoit pafle dans fa propre Ville d'Abbeville , au fujet des Minimef- fes. Ces Religieufes furent perfecutees lxxxix-
dans leur premier etabliffiement(com- ^rimefe" me ileftrapporte dans l'hiftoire d'Ab-d'AbbevUk. beville approuvee par M. Bail lui- Tome VI. L |
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241 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt.
1667- m^me) jufqu'au point que leur So*
perieur , le Provincial ties Minimes , M. l'Eveque d'Amiens les excommu- nierent fucceffivement , les devoile- rent, leur oterent le S. Sacrement, & les tinrent deux ans dans cec etat , quoiqu'elles euiTent appelle au Pape. Mais bien que la caufe des Minimef- fes rut beaucoup moins favorable que celle des Religieufes de P. R. , & le fujet de leur refiftance beaucoup moins important, elles trouverent de bons ecclefiaftiques de la Ville , qui, fans avoir egard a une excommunication prononcee dans les formes, publiee & affichee» ne laiflerent pas pendant tout ce tems de venir leur adminif- trer les Sacremens en cachette & de nuit, &c de leur laifler meme le S. Sacrement en fecret dans leur chceur, pour leur canfalation. Cette hiftoire etourdit M. Bail ; mais il le fut en- core bien plus , des juftes conclusions qu'on en tira ; favoir que la charite que Ton doit aux ames , peut faire pafler par-delfus des Sentences injuf- tes, pour les aflifter ; qu'il falloit bien que hu-meme , M. Bail , 1'eut pen- fe ainfi , puifqu'il avoit donne fon approbation a l'hiftoire d'Abbeville , |
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II. Par tie. Liv. V. Z43
dont 1 'hiftoire des Minimeffes fait
la plus confiderable partie. On remar- qua de plus , que ces religieufes y font extremement louees de la fernie- te & du courage qu'elles avoient te- moignes dans leur perfecution,jufques- la qu'elles y font qualifies de mar- tyrs de la juftice. Monfieur Bail n'avoit fans doute jamais eu affaire a. fi forte partie, & jamais il ne s'etoit Eeut-etre trouve li embarraffe fur les
ancs de Sorbonne. Auffi le bon hom- me ne put-il s'en tirer, qu'en difant tout rondement , quoiqu'aflez bruf- quemcnt, avec la franchife picarde , que lorfqu'il avoit donne fon approba- tion a ce livre, il n'y avoit point de confequence a tirer, & qu'il ne feroit plus la meme chofe. Une telle re- ponfe ne demeura pas fans replique ; & M. Bail fe voiant accable ne put dire autre chofe , finon : Ho b'un , ho bien , dites ce que vous voudre^,/'e fouffrirai tout: Je I'ai dit a M. VAr- cheveque quand il m'a envo'ie ici : il penfoit bun queje ne gagnerois gueres aupres de vous autres. » Vous voi'ez, " dit encore M. Bail , vous-me- » mes a quoi en eft cette affaire : le »• Pape , le Roi & M. l'Archeveque y |
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Z44 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAL.
» font engages; ils ne fe dediront pas,
» il fauc bien qu'ils la poulfent (80)... Il ajouta a cela un exemple , dont il avoit, dit-il, entendu un Pere Je- fuite faire ufage dans un fermon. Ce bel exemple , appui'e d'une fi bon- ne autorite , etoit un conte de deux chevres qui venoient l'une d'un cote, l'autre de l'autre , pour pafler une pe- tite riviere fur une planche , au milieu de laqiielie elles fe rencontrerent; & comme elles ne vouloient reculer ni l'une ni l'autre , elles furent long- tems a fe difputer le paflage en fe heur- tant de leurs cornes, & elles y feroient peur-etre encore , dit gravement M. Bail , » fi enfin l'une d'elles n'eut pris » un bon confeil, qui fat de fe cou- »» cher toute plate fur la planche , afin w que l'autre put fauter par-defius elie, » & elle-meme apres cela continua fa « route. He bien, conclut le dodteur » Bail, ne voila-t-il pas comme il vous " faut faire 5 Voila M. l'Archevequa >» d'un cote, vous voila de l'autre, tant « que chacun ne voudra pas fe dedire, » il n'y aura pas moi'en de s'aceorder. " Ce n'eft pas a lui a en avoir le de- " menti, mais c'eft a vous a vous hu- t> tpilief ; &puis quandil vousventa (So) IbiJ, cah ».
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II. Par tie. Liv. V. 245
" huniiliees il vous lahTera en paix «. 16 6j. En entendant un do£beur faire de pa- reils raifonnemens , on ne peut s'em- pecher de fe rappeller ces paroles de I'Ecriture , dont on voir raccomplif- fement en lui (81) : Je detruirai la fageffe des /ages , & je rejetterai la fcience des favans. Que font devenus les fages ? Que font devenus les docleurs de la loi ? . . . Dieu n'a-t-il pas con- vaincu de folie la fagejfe de ce monde ? Et en confiderant d'un autre cote la fa- gefTe & la folidite des reponfes des religieufes deP. R., on y voit l'accom- pliflement de ces autres paroles de l'E- criture (8 2) : Dieu a choifi les foibles felon le monde ,pour confondre lespuif- fans. Pour ne pas lairTer fans repli- que I'exemple propofe par M. Bail , tout ridicule qu'il etoit, elles dirent : que » M. l'Archeveque n'avoit qu'a » palTer , qu'il avoit de quoi fe fatis- » faire , les ai'ant tenues quatre ans » humiliees fous {es pies , & traitees « avec plus de durete qu'on ne traite » les plus grands fcelerats ".On ende- meura la, & M. Bail partir. Pour revenir a la malade , elle edi-
fioit routes fes fours par fa patience (Si) I. Cor. i. ■$>, j^ 10.
<Sij Ibid. *. i7. L iij
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24^ HlSTOIRE DE PoRT-ROlAL.
1667. dans fes maux , par fa foumiffiona.la
volonte de Dieu dans cetre derniere epreuve : elle ne foupiroit qu'apres fon dernier moment, difant fans cefle ces paroles : Verity, Seigneur, ne tar- de^pas. Elle n'avoit pas de plus gran- de confolation que d'entendre reciter aupres d'elle des pfeaumas par fes cha- ritables fceurs, qui fuppleoient, au- tant qu'il etoit en elles , aux fecours que les hommes lui refufoient ,.enre- citant les prieres dont l'Eglife accom- pagne lVlminiftration des Sacremens. xci. Le lundi, 12. decembre , M.'Ha- Anne f^ige-mon entra ^lu' ^es &x heures du ma-
nie apMcchetin , & jugea qu'il n'y avoir plus rien ' a faire. Ii etoit accompagne de la tour- riere de M. de Paris , a qui la malade dit adieu fort tendrement (85) , &c demanda meme pardon G. elle avoir fait quelque faute a fon egard , la priant de ne s'en pas fouvenir , & d'etre perfuadee qu'elle avoir pour e lie & pour routes les perfonnes qui avoient parr a leur oppreffion , tous les fenti- mens de tendrefTe & d'affe&ion qu'un cosur peut avoir. Elle la pria de la croire, & qu'elle mouroit fa fervante •, en difant cela , elle tira fes bras a demi (8?) Vies edif. T.i. p. 431,-Vie de M. Hamoa p. <<(.
8c faiv. |
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II. Part ie. Liv. V. 247
morts , & 1'embralTa. Quelqu'infenll- " i-s'cTT
ble que fut cette famme , elle s'atten- drit jufqu'aux larmes , & fe recom- manda a fes prieres (84). Quelque terns aprec, la malade prit fon crucifix, l'embrafla avec une devotion extraor- dinaire en difant a Dieu : » Mon » Dieu, vous favez que je vous ai tou- w jours demande la converlion de mon » fils , je vous la demande encore a » prcfent avec plus de ferveur & de » defir que jamais. Elle ajouta : Je « remets entre les bras de la croix » tout ce que j'ai de plus cher au mon- » de «. La mere Agnes , qui n'avoit point vu la four Anne Eugenie pen- dant fa maladie , parcequ'elle etoit elle-meme malade, & que le medecin craignoit qu'elle ne gagnat la dylTente- rie,ai'ant appris qu'elle etoit a, l'extremi- te,fit demander au medecin la permif- fion de la venir voir. Mais la four Anne Eugenie pria qu'on n'expofat point pour fa confolation une fante fi pre- cieufe , & dit qu'elle avoit deja com- mence d'offrir a Dieu cette privation. Eijf^wsri* Ce meme jour on recut, malgre la une leure' ric vigilance des gardes, une lettre quejy" Slot* M. d'Epinoy fon fecond fils lui ecri-remplic de voit pour lui demander fa benedic- c°ttoT (84) Ibid. p. 43 is
Lir
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_________248 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAL.
1667. tion (8 5). Elle etoit pleine de tous Ies
fentimens de refpect & de tendrefle , qu'un bon naturel peut infpirer a un fils qui perd une fi bonne mere. Mais ■ ce qui la toucha le plus > ce fut ce qu'il lui mandoit de fes difpofitions & du defir qu'il avoit de fervir Dieu avec fidelite & perfeverance en la condition ou il etoit, fans jamais prendre part au monde qu'il avoir quitte depuis plufieurs annees, Cette npuvelle lui caufa une telle joie, qu'elle ne fentoit plus fon mal, toute mourante qu'elle etoit. Une fceur lui aiant demande Ci elle fouffroit beaucoup; elle repondit avec un vifage gai, I'abondance de ma joie abforbe toutes mes douleurs. On pafla toute la journee aupres d'elle a reciter des pfeaumes & des prieres, auxquelles elle s'appliquoit avec la meme ferveur & la meme liberte d'ef- prit, que fi elle eut ete en parfaite lante. Elle arretoit fouvent a de beaux endroits celle qui lifoit , & difoit : Quelle confolation ! & autres paroles femblables , avec un vifage fi fe- rein , & n" ravi en Dieu, qu'elle por- toit plutot l'image de la vie bienheu- reufe 011 elle alloit entrer , que celle de la mort qui etoit prefente. Toute <8j) Vies cdif. T. 1. p. 45).
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II. Partie. Liv. V. 249
la journee fe pafla de la forte , & fur \CGi.
les neuf ou dix heures du foir , elle entra en agonie. La communaure s'af- fembla auffi-t6t aupres d'elle pour reci- ter les prieres des agonifans , &c diver- fes autres ; ce qui dura jufqu'a quatre heures du matin qu'elle expira au mo- ment que les foeurs qui venoient de dire marines, rentrerent dans l'infir- merie.. Elle eut avant fa mort quel- qu'efperance que la paix feroit bientqt rendue al'Eglife , car elle futque des- lors on en formoit quelques projets ; mais elle n'ent aucun regret de ne pas vivre jufqu'a ce terns , s'eftimant plu- tot heureufe d'etre l'hoftie pacinque qui feroit la derniere immolee a Dieu dans cette perfecution, pour attirer fa mifericorde fur fon Eglife & fur la communaute. En effet il n'en mourut aucune jufqu'a la paix de l'Eglife. Le mercredi, 14 decembre , on fit xcm.
les prieres & Penterrement en la me- ,„Sc,tvicc cf" r . ., • r • 1 lebre poutel-
me mamere qu on avoit rait pour les ie a rJgiife
quatre autres fceurs qui etoient mor-defa*tyves" tes auparavant dans le meme aban- donnement. M. Rey refufa non feu- lement de dire la MeflTe pour elle , mais meme une oraifon ; quoique la veille il n'eut point fait difficulte d'en dire une a la Mefle. Mais. apparein- L v
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1$0 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAI..
ment qu'il n'avoit point encore ete
au Confeil, pour favoir ce qu'il de- voir faire. La fceur Anne Eugenie de faint
Ange fut extremement regrettee , dir
la mere Agnes, de route la commu-
naute, qui perdit en elle le modele
d'une parfaite religieufe; & il ne s'eft
trouve penonne qui n ait ete tres em-
fie de route la conduite de fa vie, oii
I'on n'a rien vu , qui n'ait foutenu
l'eftime que meritoit fa vertu. M. de
Paris lui-meme la regardoit comme
une fainte : c'eft en ces rermes qu'il
en parla a M. d'Epinoy fon fils , lors
meme qu'il refufa ce qu'il lm deman-
doir pour fa fainte mere , c'elt-a-dire
de permettre qu'elle recur les Sacre-
mens: le Prelat lui repondit qu'il n'en
devoir nullement etre en peine , par-
ctqui Madame fa mere etoit une Sainte ;
a quoi il ajouta qu'il voudroit bitn
etre a fa place. Ce defir ecoir louable.
M. d'Epinoy ne voulant pas qu'on dit
que fa mere etoit morte hors de 1'E-
glife, parcequ'elle avoit etepriveedes
Sacremens, alia commander un grand
Service aux Auguftins , & la veille il
fit diftribuer fix cens billets qui por-
toient que e'etoit pour Madame de
(tt) Ibid. p. 4H«
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*»
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II. P A R T I E. Liv. P~. i\\
faint Ange, morte religieufe a P. R- ~~^Xgt7
des Champs. M. l'Archeveque enetanc
averti le loir, fit defenfe aux Auguf-
rins de faire le fervice. Le Prieur le
dit a M. d'Epinoy , qui fans s'emou-
voir, alia faire tendre l'Eglife de faint
Yves, & mit deux hommes a la porte
de l'eglife des Auguftins, pour envo'ier
tous ceux qui le prefenteroient > a
celle de faint Yves , ou le Service fe
fit tres folemnellement (87).
Le famedi, 17 , M. Rev vint an- xcw-
lgieuies que 1 ouverturenonce iou- du Jubile fe feroit le lundi fuivant, ""'"" tu arm qu elles avertilient les iceurs con- verfes de s'y preparer. L'AbbeflTe lui ai'ant demande de leur faire voir la bulle , ou le mandement, il repondit qu'il lui etoit defendu de leur donner; mais que pour leur prouver fa bonne volonte pour elles , il les leur paMe- roit pour une heure de tems feule- ■ ment: » Car je n'oferois davantage , » dit-il, il m'a ete expreffement de- » fendu de vous rien dire du Jubi- » le. " On lui demanda a cette oc- cafion , s'il avoit recu ordre depuis la mort de la fceur Anne Eugenie , pour refufer de dire feulement une oraifon (87) Voi'ez fon doge M. Hamon, Necrologe,
& fon epitaphs faite pat p. 47^-48;. L vj
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,------------, 252 HlSTOIRE DE PORT-ROlAt;
1 v' pour elle a la Mefle. Il repondit que
non , mais qu'il avoit eu fes ordres par eerie pour tout cela avant que de venir. Il ajouta qu'il etoit plein de bonne volonte^ pour elles , mais que fes ordres etoient tres precis, qu'il ne pouvoit faire que ce qu'on lui com- mandoit: qu'il etoit un baton entre les mains deM. 1'Archeveque , qui le tournoit a fon gre. Il pria enfuite la mere Abbefle de l'eclaircir fur un fait, favoir, s'il n'y avoit point de fceurs du chceur qui communiaflenr. L'Ab- beffe lui repondit qu'elle n'avoit rien a lui dire la-defTus. Comme il infif- toit toujours , en repetant fans celTe la meme chofe, rAbbefTe prit conge XCV- de lui & fe retira. lesreligieu- Le Jubile ai'ant ete publie dans le dent & m. de diocefe de Paris le dimanche 13 de- bris Ja grace cembre, M. Hilaire fut charge le me- Reponfe' de me jour d'aller trouver M. l'Archeve- M.j-Archev'a. qUe? £e ja part je 1'AbbefFe & des reli- gieufes de P. R., pour lui dire » qu'el—
» les efperoient que l'occafion etoit " venue ou il leur feroit fentir les ef- « fets de fon indulgence, en meme » terns que le S. Pere accordoit un Ju- » bile univerfel a tous les fideles, du » nombre defquels , on ne pouvoit » par la mifericorde de Dieu les fe- |
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II. Partie Llv. V. 153"
» parer; qu'ainfi elles lui demandoient' » tres humblement 1'efFet de la grace « qu'il leur avoit deja accordee par le » fecond article de fon ordonnance, » conformement a ce que portoit auffi » la bulle , qui etoit qu'il leur fut per- » mis de choifir, pour fe confeffer, » quelques-uns de ceux qui exercoient »» ce miniftere dans—le diocefe avec » fon approbation, foit entre les cu- » res & les vicaires des environs, ou » d'autres pretres habitues dans les pa- » roiffes de Paris «.Cette demande des religieufes, drefTee en forme de rae- moire , fut remife a M. Hilaire pour la prefenter au Prelat , qui refufa ab- folument de la lire. Ce fut-la la re- ponfe que M. Hilaire rapporta le 20 du mois. La mere Abbefle ne pou- vant croire que M. de Perefixe voulut comprendre dans ce traitement les fceurs converfes, & les autres perfon- nes qui etoient a la maifon ; elle pria M. Hilaire d'ecrire a ce fujet a M. de Paris ; il le fit, & voiant qu'il ne rece- voit point de reponfe » if ecrivit une feconde lettre > a laquelle M. de Paris fit enfin la reponfe fuivante , le 18 de decembre : » 11 m'eft impofiible d'en- a voi'er prefentement aucun pretre aux » foeurs converfes de P. R. des champs. |
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154 HlSTOIRE DE PoRT-RCUAl.
■ .. » parcequ'ils font tellement occupes
i66f. „ Jans paris qu'ils ne peuvenr point » quitter les lieux oil ils font. M. Bail » m'a dir qu'il les avoit routes con- » fefTees lorfqu'il y etoit, c'eft-a-dire 5» il y a dix ou douze jours ; & cela »> etant, M. Rey qui eft la ne fuffit-il » pas pour les reconcilier; Et de plus, » ces Donnes filles s'imaginent-elles « que je fois oblige de leur envoier un » confeffeur extraordinaire routes les » fois qu'il leur plaira de me le de- » mandert J'entens qu'elles fe confef- » fent a celui que je tiens expres pour » cela chez elles , &pour leur dire la » mefle. Et je vous prie, M, Hilaire , » de leur faire entendre fur cela mes » intentions. Quant aux religieufes » du chceur, Dieu m'eft temoin , que » je voudrois avoir donne de mon w fang, & qu'elles fuflent en erat que » je puiTe les aider a gagner le Jubi- » le. Mais qu'elles confiderent que » je ne dois pas moins etre egal dans » ma conduite , qu'elles le font dans w la leur , & que j'ai un peu plus de » raifon dans 1'obeiflTance que je rends » & que je veux rendre a l'Eglife , » qu'elles n'en ont d'etre dans la re- » volte ou elles font encore contre » cetce commune mere des fideles » |
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II. Part ie. Liv. V. 255
» laquelle elles doivent reconnoitre
" preferablement a quelques particu- » Iiers que ce puifTent etre. Enfin, fai- » tes leur favoir que leur mal me tou- » che mille fois plus que je ne faurois >> dire; & que s'il falloit mourir pour » les en retirer , je crois que par la m force que Dieu m'en donneroit , » je le ferois bien volontiers ; je viens » de dire la MelTe , ou j'ai prie Dieu » pour elles , je le ferai toute ma vie ?3 & du meilleur de mon cceur. Adieu, » je vous remercie des marques que » vous m'avez envoi'ees de votre af- » feilion , foiez afTure de la mien- » ne ". La mere AbbefTe ai'anr en- tendu la leclure de cette lectre , te- moigna a M. Hilaire qu'il ne falloit plus faire d'autres pourfuites ; que cette reponfe fuffifoit pour faire voir qu'il n'y avoit rien a efperer de M. l'Archeveque , & pour les mettre de leur cote fort en repos , d'avoir fait tout ce qu'elles devoient en conf- cience pour fe procurer la grace que PEglife offroit a tous les fideles. Que pour ce qui regardoit les fceurs con- vetfes , ce que M. de Paris exigeoir d'elles, en voulant qu'elles fe confef- fafTent a M. Rey , etoit un refus ab- foiu , vu la repugnance qu'il n'igno- |
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X$6 HlSTOIRE DE PoRTCROiAi;
i66j. rolt Pas qu'elles avoient routes poor
ce dire&eur. Tous les gens de bien gemiflbient
MXdePo t-^ etoienc dans l'etonnement de voir
chateau ectit de fi faintes filles traitees d'une ma-
r'-M en Pfa- mere ^ cruelle par leur propre Pafteur;
ycut de p. r. on fit meme, pendant le cours de cette
annee , aupres des Puiffances, quel-
ques demarches en leur faveur (88).
Madame la Duchefle de Longueville ,
prenant occafion de l'exaltation de
Clement IX fur le liege de faint Pierre,
crut devoir ecrire a ce nouveau Pape ,
pour iui faire connoitre l'innocence
des religieufes de P. R. Elle executa
ce genereux deflein par une lettre du
8 Juin.
Vers le meme terns, ou peu apres,
M. l'Abbe de Pontchateau, eut le cou- rage de prendre ouvertement la de- fenfe de l'innocence opprimee,. & d'ecrire une grande lettre a M. de Perefixe , dans laquelle apres avoir parle en faveur de M. Saci, qui de- puis 15 mois etoit enferme a la Baf- tille , il plaidoit la caufe des religieu- fes de P. R. Eiog^'des R*en neft Plus beau, plus noble,
religieufes de & plus edifiant, que ce que dit ce
pieux & genereux Abbe en faveur
(88) Rel, de la paix de Clement IX, T,. i, p. «?►
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II. Part ie. Llv. F. 257
des religieufes , dont il follicite lali- 1667.
berte. Rien de plus convaincant que ce qu'il avance pour fake voir leur innocence , & enmeme-tems l'injuf- tice de la conduite qu'on tient a leur egard. Ecoutons cet eloquent apologifte des
chaftes epoufes de J. C. plaider leur caufe devant leur perfecuteur. » Trou- » vez bon,s'il vous plait,Monfeigneur, » dit-il,que je continue de vous parler » avec la meme liberte des Religieu- » fes de P. R. qui font captives de- " puis fi long-tems. Je vous avoue « que j'ai toujours eu beaucoup d'ef- » time pour elles ; mais je n'en ai » jamais rant eue, que depuis qu'elles » font dans l'exercice de la fourFran- « ce. C'eft une chofe fi extraordinaire » de voir un fi grand nombre de fil- » les conferver l'union, la paix , la » tranquillite dans une tentation fi « efFroi'able , qu'il n'y a perfonne qui » les confidere , qui n'ait fujet de les » admirer. Il faut que leur paix in- » terieure foit bien grande, pour re- » filter a tous les troubles qu'on leur » fufcite •, il faut que l'union qu'elles » ont avec Dieu., foit bien intime " pour la conferver au milieu de tant » de tempetes.il faut qu'elles poflederu |
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258 HlSTOlRE DE PoRT-ROlAL.
1667. » bien l'efprit de religion , pour ns
<» le pas perdre dans une n grande
» epreuve. Je les trouve fi heureufes
« de fouftrir avec tant de patience,
m que felon la penfee de S. Bafile ,
» je fouhaiterois que leurs fouffran-
» ces augmentaflenr pour rendreleur
" charice parfaite, & pour les ren-
» dre plus femblables a J. C. fi cela
« fe pouvoic faire , fans que ceux
« qui enfontlesauteurs en devinflent
» plus criminels devant Dien. La pri-
» vation des Sacremens & des fe-
» cours fpiritueis oil vous les re-
« duifez, ne peut etre prejudiciable
» a des ames innocentes; & cette
» croix qui eft fi dure , & fi fenfi-
» ble, en les faifant fouftrir jufqu'a »> la mort , les foutient en meme-
» terns, les purifie , & les rend plus
» conformes a J. C. crucifie qu'el- »> les ont choifi pour leur epoux.
cxvm » Puifque ces religieufes fe fanc-
injuftke » tifient , 8c fe fauvent dans cetce
duiJadeC°M" " voi? ' Je n'ai garcle 4e les Plainc|re;
de Paris a » mais permettez - moi de vous dire , ligfmfcf'df " Monfeigneur, que je plains beau-
p. R. » coup ceux qui ont pour elles tant
« de durete & de rigueur. Je crains
5> que la voix de leur fang n'accufe
u les perfecuteurs devant le Tribu-
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II. P A R. T I E. LlV. Vi 2 59
rial de Dieu. »> Apres ce debut , no- ^GGn.
tre pieux Abbe entrant dans le de- tail , reprefente an Prelat t°. l'in- juftice de fa conduite a 1'egard des religieufes qn'il tourmente , qnoi- qu'il foit perfuade de la purete de leurs mceurs & de lour foi , puif- qu'ii convient lui - meme qu'il ne s'agit point de la foi dans ie refus qu'elles font , & qu'elles n'agiiTent que par la crairite de Dieu. Cependant ces epoufes de Jefus - Chrift font vexees , tourmentees , & portent tout is poids de fon indignation & de fa colere s tandis qu'il fer- ine ' les yeux fur mille defordres , qui regnent dans les Cures , & les Monafteres de fon diocefe. II tolere les plus grands pecheurs, & de mau- vaifes religieufes , qui vivent dans une entiere iecunte, tandis qu li n a que des rigueurs pour les religieufes de P. R. qui font exemptes de tout crime & de tout dereglement. 20. Il lui fait voir combien il y a xcix.
d'injuftice a les abandonner a. la ty- ,Mn-4e.pi?" rannie d un nomme , tel que M. L>na-en abandon- millard , qui eft: prevenu de l'herefienant"sfain: aes Jeluites , etant periuade comme leurs enne- |
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. mts.
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eux , de l'infaillibilite des Papes dans' "
la decifion des fairs; & d'autorifer |
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1<jO HlSTOIRE »E PoRT-ROJAl.
1667. touces les violences qu'il exerce con-
tre ces faintes filles. » Les religieufes,Monfeigneur,font
» vos brebis, dit M. de Pontchateau , » &c vous etes leur Pafteur. Vous » n'avez pas droit de les abandon- » ner a un ennemi fi declare ; & » quelques grandes que puifTent etre » vos occupations, elles ne peuvent » empecher que vous ne repondiez » devant Dieu de toutes les injuftices " dont on les opprime fous votre au- " torite. Confiderez, je vous prie , »» que le mal que ce docleur a fait a m ce Monaftere , retombe fur vous, » & que Dieu vous en demandera » compte. Les perfecutions que ces » religieufes fouffrent , les font re- » garder de la pliipart du monde com- » me des faintes ; & c'eft mainte- » nant un langage ordinaire, que le » refus de la fignature n'empeche « pas qu'on devienne faint. f• 30. Il indique au Prelat un moi'en ft tiret d'em-de fe tirer de 1'embarras que lui caufe
bartas. route cette affaire. Ce moi'en eft de fe mettre une bonne fois au deffus du P. Annat , & de M. Chamillard , qui abufent de fon antorite , & s'em- barraflent peu de le rendre odieux. Pour rendre les religieufes de P. FL |
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II. Par tie. Liv. V. 161
parfaitement foumifes , il n'a qu'a i^ci.
avoir pour elles une charite ordinai- re , a. les difpenfer d'une loi dont il eft le maitre, a 6ter de deffus leurs tetes le joug que les Jefuites leur ont impofe , a les tirer des mains de M. Chamillard leur ennemi declare , & a. leur donner des Pretres raifonna- bles. 43. Notre genereux apologifte ne
craint point de donner des avis au cr. Prelat, 8c de lui parler avec beau- de Paris, fur coup de liberte fur la vocation a l'e- ce . iu'aer<-? -,-1 , . i /- avoir refufe
pilcopat, n y aiant nen de 11 rare que cetre piace.u
d'y etre bien appelle ; fur les juee- l'ay°" en- ' r irr-r-.- • i f"'te accep-
mens iecrets de Dieu , qui , quel- t&.
quefois dans la ,-olere eleve a des di- gnites eminentes des perfonnes dont il punit l'injufte cupidne par un jufte aveuglement. Comme M. de Beau- mont de Perefixe avoit dit autrefois a M. de Pontchateau, que c'etoit mal- gre lui qu'il etoit entredans l'Arche- veche de Paris, & que le Roil'avoit voulu abfolument, quoiqu'il l'eut con- jure de ne Ten point point charger: » fi vous parliez fincerement, lui » dit l'auteur de la lettre,ce fentiment » ctoit de Dieu. Si en effet vous vous •» reconnoiffiez trop foible pour un « fardeau, qui doaue de la fraieur |
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lijl HlSTOIRE DE PoRT-ROlAI.
1667. " aux Per^onnes memes les plus fain-
>• tes , n'avez vous pas a craindre que j) vous ne foiyez entre en cette charge, n qu'en etouffant en vous la lumiere » que Dieu vous donnoit ; 8c que » vous ne vous foiyez charge de l'Ar- » cheveche de Paris , dans la colere ..- de Dieu. .. . Qu'il eft aife , Mon- » feigneur, de fe porter par cupidite jj a. pofteder une dignite auffi riche » & auffi honorable que celle ou » vous etes I Mais, il eft certain que »> cette cupidite injufte eft prefque » toujours punie d'un jufte aveugle- » ment , & qu'il arrive fouvent que. » ces tenebres font palpablesprefqu'4 » tout le monde , firjon a ceux qui y » font le plus engages. »»M. de Pont- chateau ne fait pas de difficulte de dire a M. de Perefixe , fans exa- miner fes autres actions , mais le feul traitement qu'il fouffte qu'on faffe aux religieufes de P. R. , que s'il veut confiderer les chofes par la foi , comme cela fe doit faire , qu'il petit reconnoitre que Dieu exerce deja ceju- gement fur lui. Puis il continue ainfi. cu. „ C'eft le plus erand malheur qui M. de Paris * l • ° i> it
choifi pour " vous put arriver , que d avoir ete
miner une ,, choifipour miner une tnaifon fainte, fen* ma'" w pour tourmenter des religieufes in- |
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II. P A R T I E. LlV. V. Z<j$
nocentes, pour erre le miniftre de iC6i.
la vengeance des Jefuites & de M. ■ Chamillard.....Soiez furpris de > ce que vous faites a l'egard des re-
• ligieufes de P. R. Soiez furpris ,
• que vous ayiez pii, pendant plufieurs
> annees, leur refufer les Sacremens,
> & laifTer meme mourir plufieurs
> d'entr'elles fans ce fecours , parce-
> qu'elles ne vous obeiflbient pas,
» & qu'elles refufent de figner un > fait de foi humaine , qui ne fart
> de rien a leur falut , &; qu'il ne
> tient qu'a vous de ne point deman-
> der. Soiez furpris d'avoir ete le pre-
' mier de tous les Eveques, non feule- > ment de ce terns , mais depuis la
» naiflance de l'Eglife , qui ait fait •> une action fi extraordinaire. Crai- <>„ gnez que ces perfonnes mortes, qui « font a prefent aupres deJefus-Chrift, » ne vous accufent devant fon trone » de la mort de leurs ames, puif- » qu'encore qu'elles vivent, vous ne " laiftez pas de les avoir tuees , au- " tant qu'il eft en vous : Et ilia vivunt, " & tu homicida es. Je fais bien , " Monfeigneur , que pendant qu'on " eft tout occupe des affaires du mon- " de , environne de perfonnes qui » nous flattent, & qui ont dela com- |
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Z&4 HlSTOIRE DE PoRT-RO'iAI,.
"~ » plaifance pour tous nos defirsd'on ne
» rait gueres de reflexion fur le terns
» de la mort & fur l'eterniri , & qu'on
» tache meme d'en eloigner les pen-
» fees. Mais cette mort ne laifle pas
» de venirbien vite , encore que Ton
» n'y penfe pas. Ces dignites , ces
» grandeurs ,. ces pompes , ces affai-
» res ,. ces flatteurs , ces courtifans
» nous quittent, St la maladie nous
» met enfin en etat de nous trouver
» feul avec Dieu. C'eft alors que nos
m injuftices fe reprefentent vivement
»> a nous malgre nous; que le fouve-
» nir des innocens que nous avons
« fait fouffrir, nous inquiete (90).
» C'eft alors que ces perfonnes que
» nous meprinons , a caufe de leur
»» foiblefle , nous accufent devant
» Dieu; & enfin c'eft dans ce dernier
» moment que notre confcience s'ele-
» ve contre nous, qu'elle porte te-
>» moignage devant notre juge pour
« nous convaincre , & qu'elle eft le
m bourreau pour nous tourmenter -.
SEn parlant de la forte , M. de Pont- chateau protefte qu'il n'a d'autre vue que de rendre au Prelat le plus im. (jo) Ce que M. de grands regrets de ce qu'il
Pontchareau predit ici a avoir fait contre les reli-
M. de Percfixe, lui arri- gieufes de P. R.
va. Il cut a la mort de portant
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II. P A R T I E. LlV. V. 16$
portant fervice, qu'il puiflfe recevok
de qui que ce foit. 4°. II refute enfuitelesraifons qu'on
alleguoit pour juftifier la conduite de ce Prelat , favoir qu'il n'eft pas raifon- nable qu'un Archeveque cede a des re- ligieufes, & qu'il en ait le dementi. " En verite, dit-il , ces perfbnnes , »> (qui parlent de la forte) favent peu » ce que c'eft que d'etre Archeveque, jj que d'etre Pretre, que d'etre chre- » tien «. Il fait voir an contraireque le caractere du bon Pafteur eft d'avoir de la condefcendance pour les foibles. » Un pere , dit il , cede tous les
» jours a fes enfans par condefcen- => dance ; les forts cedent tous les jours « aux foibles; & fl dans cette occafion » particuliere vous avez agi parprin- » cipe de confcience, &que vous ai'ez » cru que ces religieufes meritoienc »> tous ces traitemens , parcequ'elles » ne vous refiftoient que par opinia- » trete &c par fantaifie , maintenanr » que de n longues fouffrances vous » font affez voir que ce n'eft que la " confcience qui les empeche de vous » obeir , ce n'eft pas une foiblefle de » leur ceder ; mais c'eft une charite » de cefTer de les tenir dans un etae » de fouffrance •, & il n'y a rien do Tome VI, M |
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__________1(j(? HlSTOIUE DE PORT-ROIAL.
If>"7« „ plus honorable pourvous, que de
» vous laiiler flechir a leurs larmes.
cut. 5s ■ M. de Pontchateau fait une def-
image de cription vive & pathetique de l'etat
rijuite11 u" ou etoient reduites les religieufes de
maifon de p. p. R. , de la douleur qu'elles avoient
de voir leur cloture profanee par des
gardes , & de tous les maux qu'elles
.fouffroient. » Leur monaftere ne fern-
» b!e plus etre qu'un fepulchre , ou
w elles font comme enfevelies dans
» les renebres de la mort.....On
" a eloigne d'elles tous leurs proches;
« on a tache de donner a tout le » monde de l'horreur de leur conduite. » Elles font reflferrees comme des cri- » minelles; &: elles ont vu le temple » de Dieu , qui a ete jufqu'ici un lieu » d'oraifon , devenir la demeure des »v gens de guerre ; & comme fi ces « maux n'etoient point aflfez grands , i, leurs ennemis les couvrent tous les » jours d'opprobres...... Elles font » deftituees de toute affiftance humai-
« ne ; mais il y a un Dieu dans le »» Ciel , qui ne meprife pas la priere t> des humbles .... Elles font fans » confolation de la part de la terre ,
w ou elles ne rencontrent que des epi- «» nes •, mais l'efprit qui gemit en el- * les ne les laifle pas fan? confola-» |
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II. Part ie. Liv. V. 167
*> tion.....Cetre maifon ne femble '
» etre qu'une grande mine , & un
» peu rle poufliere; mais les ferviteurs » de Dieu aiment jufqu'a la pouffiere " de Jerufalem. Enfin l'auteur de cette admirable let-
ire , pour attendrir le Prelat a qui il icciz, lui adreffe ces paroles fi tou- chantes, & fi capables de faire impref- (ion fur un cceur , dans lequel les fen- timens d'humanite & de companion- ne four pas entierement eteints. » Juf- » qu'a cette heure , Dieu a permis par » un fecret impenetrable de fa provi- dence , que vous les ayiez traitees comme des perfonnes etrangeres du peuple de Dieu , & comme indi- gnes du pain des enfans. Vous leur avez meme refufe les miettes qui tombent de votre table. Mais vous vous fouviendrez enfin de votre bonte, & vous ne refuferez pas tou- jours aux. epoufes ce que vous etes fouvent contraint d'accorder aux chiens. Et ii la main de Dieu , qui les a frappees , les met a votre porte au meme etat qu'etoit Lazare a la porte du riche, vous n'aurez pas a leur egard la durete de ce mifera- ble , pour n'etre pas condamne avec lui, au meme tems qu'elies feront Mij
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1667
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1 •
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l6§ HlSTOIRE DP. PoRT-ROiAl.
■-----------» portees par les mains des Anges dans
1667• „ ie fein d'Abraham......J'ofevous
» conjurer par lacharite & le fang du
» Sauveur , qui eft more pour elles " auffi-bien que pour vous , c!e leur » donner la paix qu'elles defirent il » y a fi long-tems,.....Donnez-
" leur maintenantvotre benediction...
» & pour une benediction que vous » leur donnerez , leurs continuelles » a&ions de graces en attireront mille » fur vous «. Une lettre ii touchante, dictee par la charite meme , n'euc aucun effet. M. de Saci refta a la baf- tille jufqu'a la paix de Clement IX , que nous i'en verrons fortir glorieu- fement 5 & les religieufes continue- rent d etre periecutees , comme nous ^_______1'allons voir, jufqu'a Tan i66<).
166S. L'inutilite des demarches que ces
civ. faintes filles faifoient depuis quaere tesrciigieu-ans p0ur obtenir les Saeremens , ne
Jes (email- . l A . . ,
dent la com-les empechoic pas de continuer tou-
mrnon paf-,ours de les demander dans les occa- ehale. L . *r ■ to lions qui s en prelentoient. Le 18
mars de l'annee \66% , en chargeant M. Hilaire de prier M. l'Areheveque d'envoier un confefleur pour les con- verfes , elles lui remirent un billet, dans lequel elles les demandoienr pour elles, > de la manjere la plus tou- |
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II. Part ie. Liv. V, x6<)
cliante & la plus chretienne. » En » parlant pour les autres , difoient- » eiles , nous ne pouvons pas nous » oublier ; & quoiqu'il fembie qu'a » 1'egard de fa Grandeur nous foions » deja au rang des morts , depuis » qu'on nous tient enfermees dans » un tombeau, nous ne laiiTbns pas » de conferver l'efperance de nocre » refurrection , s'il plait a. la miferi- » corde infinie de celui qui rendit la :j vie a nn mort de quatre jours , de >» rendre enfin le coeur d'un pere fen- » fible a la mifere de fes fiiles , qui » comptent cette annee la quatrieme » Paque qu'elles palfent dans l'amer- » tume , dans les larmes & dans les » liens ; quoique ce foit un tems de » joie , de feftin & de liberte pour •-> tous les enfans de 1'Eglife , & que » I'indulgence foit fi fort en ufage a » cette fete , qu'on y delivre pluiieurs » criminels. Nous voulons done ef- »» perer que quand il plaira a Sa Gran- » deur de ne confulter que fa bonte » naturelle & la tendrefle d'un Paf- » teur des ames , il fe portera a re- » lacher quelque chofe de la feverite " qu'il exerce envers nous, & a don- " ner au moins a fes enfans le pain » celefte, qui peut leur tenir lieude M iij
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_________i7° HlSTOIRE DE PoRT-RCUAI.
j 6 6 8. •' toutes chofes, & qu'elles preferent}
» fans comparaifon, a toutes les confo-
» lations numaines & a. leur liberte ,
« dont la privation leur feroit aifee a
m fupporter, ft elles avoient ce foutien.
» Elles Ten fupplient de toute raffec-
» tion de leur coeur, & avec toute l'hu-
*> milite qui leur eft poffible.Leurs lar-
« mes n'ont point merite jufqu'ici d'e-
» tre exaucees, mais elles Ten conju-
€5> rent a prefent par le fangdeJ. C.
» dont la voix s'entend jufques dans
*» le ciel en ce tems , ou il demande
» la mifericorde de fon pere pour les
» pecheurs qui mettent en lui leur
» confiance. C'eft norre dernier re-
» fuge , d'ou nous ne fortirons ja-
» mais , avec la grace de Dieu; &c
» nous efperons jufqu'a la fin fa bonte
» pour nous & pour tous ceux qui
" caufent notre aflli&ion, ne ceftant
» point furtout de le prier qu'il fafle
" connoitre a M. l'Archeveque qu'il
»* n'y a rien de plus fincere que la
» foumifllon que nous avons dans le
» cceur pour fon autorite facree, &C
» que la joie la plus fenfible que nous
» pourrions avoir au monde , feroit
» que Dieu eut diffipe tous ces nua-
" ges qui cachent a. fa Grandeur no-
" tre veritable difpofi on , arm
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II. P ARTIE. Liv. V. 171
» qu'elle put elle - meme faire l'ex-
» perience , qu'elle n'a point de re- » ligieufes dans fon Diocefe plus » obeiflantes & plus foumifes, quand »> leur confcience n'eft pas troublee , " que le feront toujours fes tres hum- » bles filles & fervantes «. Cette re- quire eut le meme fucces que les pre- cedentes. Dieu affligea encore dans ce terns ,
d'une autre maniere , les religieufes de P. R., qui perdirent dans l'efpace de quinze jours fept perfonnes , tant amis attaches a la maifon que domef- tiques. Le premier que la mort enle- va fut M. Pierre de Pertuis d'Eragny de la Riviere. Ce quiy contribua beau- coup , fut le crime de deux miferables perfonnes dont il eut connoiflance ; il en fut ii touche, & en conc^t tant d'hor- reur , qu'auffitot il fut attaque de la fievre. Il mourut le jeudi faint, audi faintementqu'il avoit vecu, fans avoir rien relache de la rigueur de la peni- tence dans laquelle il vivoit depuis vingt-deux ans a P. Pv. Les religieufes defirant d'etre les depofitaires du corps de ce faint penitent, prierent M. Hi- laire d'ecrire a. M. de Paris pour de- mander la permiffion de Fenterrer dans <?J> Voi'ez Necrol. p. u8.
M iv
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271 HlSTOIIU DE PoRT-ROlAI.
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I<J{J8. leur Eglife; ce qui fut refufe , & le
corps flit porte a Magny.
cvi- M. Bouilly j qui ne s'eroit point Morts de ; / , ,-1 , ,. 1 w j
plufieurs per-epargne psndant la maladie de M. de
fonnesip. r. [a Riviere , le fuivit de pres, 8c mou- M. Morcau , r ■ ! „ f ^ o
m. Bouiiiy, rut lamtement le 8 avnl. Savertu cc
Michel Baton fon nierite , joints au stands fervices c^thenne,M. ,i J \ 1 /- J r> n
fefUnitej. I11 " avoit rendus a la manon de i\ K.«
le rendoient lui-meme tres chet aux re- ligieufes , qui defirerent d'avoit fon corps dans leur Eglife , mais elles ne purent Pobtenir de M. l'Archeveque ; ainfi il futporte aMagny le 9 avril (9 2). Ce mcrae jour un domeftique de la maifon , nomme Michel Baton, mou- rut; &Ielendemain M. Moreau , qui avoit ete frappe d'apoplexie le jour precedent, expira fur les deux heures & demie du matin (93). Son corps hit porte a Magny pour y etre encerre. Corame on le portoit , le berger des Granges hit fi frappe de ce fpedtacle , (91) Le jour que mou- s'etant lade, il les avoit
tut M. Bouilly, une re- quittes. Dieu l'ai'ant tou-
ligieufe de P. R. euc un che depuis peu , il etoit
fonge , qui a quelque clio- revenu dans ce faint de-
fe d'exttaordinaire. Voi'ez fert, refolu de quitter en-
Ie Journ. p. 166. tierement le monde : il
(9;) M. Moreau etoit avoit meme deja rendu
un Chirurgien , qui avoit fon cheval, &c ne cachoit-
iti uni aux premiers fo- pas fon defTein : Mais a
litaires de P. R. , 8c etoit peine y eut il paile quinze
entte avec eux dans la car- jours, qu'il fut enleve par
tiere de la penitence. Mais une attaque d'apoplexie.
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It. PARTlE.ItV. K 173
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que M. Deflandres fut oblige de le 1668.
faigner , parcequ'il etouffoit. Cathe- rine , fervante des Grange* , fut tel- lement effrai'ee , que la fievre la prit le foir , ainfi que M. Deflandres > &c 1'un & l'autre moururent: la premiere le 16 , le fecond le 17 du mois. Les religieufes furent accablees d'affliction en voiant cette mortalite , qui empor- ta fept perfonnes en moins de qumze jours. Il fembloit que Dieu ne vou- lut leur laiffer ni amis, ni domefti- ques. Un mois apres, elles perdirent encore un jardinier nomine Charles Doucet, fort afledionne a la maifon , qui mourut le 17 de mai. Nous ne joindrons pas a de teiles morts , qu'on peut appeller bienheureufes, celle du mifcrable Maria , qui , apres avoir trahi & calomnie les religieufes de P. R. , qui avoient eu la charite de le nottrrir pendant fept ou huit ans , eut la meme fin que le difcipleiqui livra notre divinSauveur aux Juifs (94). Ce fut au milieu de ces defaftres, cvn.
que les religieufes de P. R. des champs L,a,f(E"r,?<'' T. o r rothee fatt des
novices.
(94) Voi'ez l'hiftoire tta- vant dans fa poch: : Ma-
gique de ce malheureux na , pawvre garfon nourri
dans la lettre de M. Colle, depms ton^temi a P. R. par
p. 114. T. 1. des Mem. cb,trite , a trahi &• da A
hift. & chron. On trouva M. de Paris tj'ufieurs fauf-
apres f* mott le billet fui- fite'i de cctte maifon.
My
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274 HlSTOIRE DE PoR.T-R01*AL.
apprirent pour furcroit d'affli&ions >
que la fceur Dorothee ctoit nominee AbbeiTe titulaire , que le Roi lui en avoit donne le brevet , & qu'on at- tendoit fes bulles. Avam que de rap- porter cette nomination irrcguliere, il eft a propos de reprendre de plus haut la conduite de cette A'obeiTe in- trufe, que M. de Paris avoit faiteli- re contre routes les regies en 1665 , apres avoir fait fortir plus de cinquan- te religieufes de la maifon de Paris. Notre deflein n'eft point de nous eten- dre beaucoup fur le caradlere & les qualites de cette fille , cela fervi- roit peu a edifier nos lecfeurs. Nous nous bornons a parler de fa conduite en qualite d'Abbefle : ceux qui detire- ront la connoitre plus a fond, peu- vent fe fatisfaire en lifant le memoi- re drefte par trois religieufes , qui apres avoir demeure quelque tems a P. R. de Paris , allerent rejoindre leurs meres & leurs fceurs a P. R. des champs; mais fur-tout , les memoires hiftoriques & chronologiques , torn. 1. page 184, jufqu'a la page 111 , oil Ton trouve un grand detail fur fa vie. La foeur Dorothee voulant repeu-
pler le monaftere, avoit donne l'habit |
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II. Part ie. Liv. V. iff
a quatre filles fur la fin dumois d'a- "~Tk7%T vrii, ou au commencement de mai, del'an 1666. Elle fit encore quatre novices de ciiceur le 16 ottobre de la nieme annee , & plufieurs novices converfes. Le 10 fevrier de l'annee 166 j, elle donna encore l'habit a deux jeunes filles , dont l'une nominee Vautrain , etoit niece d'un Jefuite, fameux dans fon ordre. Ce fut un Jefuite qui fit le Sermon , & qui pre- cha en vrai Jefuite (95 )• Ileutl'im- pudence de dire aux novices , qu'el- les etoient heureufes de remplir les places des anges tombes. Cette fcan- daleufe & odieufe application fie murmurer la communaute, quoique compofee de fujets, dont on connoic le merite & les fentimens. On mut- mura, dis-je , Sc d'autant plus libre- ment , que l'Archevcque lui - merae avoir ordonne expreffement, qu'on ne dit rien dans la chaire, quipinocca^ fionner des difputes, & avoit charge la foeur Dorothee d'en avertir les Predi- cateurs. II avoit fait cetteordonnan.ee a 1'occafion d'un fermon prcche le jour del'AfTomption par un Jefuite. (C'etoit pour la premiere fois, qu'on avoit vu un Predicateur de cette robe dans la- (?$.) Rec.de pieces de 1740 in-n.p. 47" 8c fisf*
M vi
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Ij6 HlSTOIRE DE PoRT-ROl'dt.
i66~6.~ cruire de P. R. ) ceJefuite avoit de-
bits; dans fon fermon , mie lettre ad- dreflee a. la fainte Vierge(5>S) , &C datee de cette forte : de cette chain , qui fcra deformais didiie a precher la. veriti. Pout dire vrai, il auroit fallu dire a precher le menfonge. Il y eat en- core quelques autres lermons dans le meme gout, qui cauferent de la di- vifion dans la maifon , ou il n'y en avoit deja que trop par la conduite dure 8c imperieufe de la fceur Doro- thee. ( C'eft aflez la maniere d'agir des perfonnes intrufes). Celle quief- fuioit plus de mauvais traitemensde la part de cette Abbefle , etoit la fceur Flavie, qu'elle traitoir fi durement , que les Religieufes memes qui n'a- voient aucune affe&ion pour elle , en ctoient quelquefois touchees de companion. Da refte , il n'y avoir que du plus &c du moins, car eile n'epar- gnoit perfonne. Pour les novices , el- le les harceloit continuellement, ne celTant de leur parler , & de crier apres el les par-tout ou elle les ren- controit. cVi'fi. Ces novices furent plus d'un an Elle les ad- avant que de f aire profeilion , parce-
met a la pro- ' r
teuton. (96) On voitquecen'eft Jefuites font tcrire des let-
pas d'aujourd'hui que les tics i la fainte Vierge,
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II. Partie. Liv. V. 277
que la pliipart d'elles n'avoient point \GGl.
apporte d'argent, & que les autres en avoienttres pen : & com me Ton avoir donneefperance a la farurDotothee,que le Roi lui feroit donner une penfion fur quelques benefices, on lui confeilloit de ne point faire de profefles avant que cette penfion fut afluree. Mais ai'ant appris que Madame de Can fou- haitoit de s'ctablir a Paris , & fol- licitoit pour avoir la maifon de P. R., fur lepretexre qu'il y avoit pen de religieuies (97) , elle prit la refo- lution de faire des profefles , fans at- tendre la penfion done on l'avoit vai- nement flattee , & qu'elle ne put ob- tenir par toutes fes follicitations. Elle en fit quatre le 19 Janvier 166% ; ce fut M.Hodenk qui les precha. ll y en avoir encore deux autres de revues , mais leur profeffion fut retardee : celle de la premiere ( Anne de fainte Dorothee Deferts) le fut, parceque , quoique lapretendue Abbeffe l'aimatbeaucoup, elle vouloit avant que de l'admettre £ profeffion , que M. Deferts fon pere lui fit fatisfa&ion pour quelques pa- roles niquantes , dont l'mtrufe avoit ete offenfee. La profeffion de l'autre fut retardee , patcequeile avoit un * (97) *<•«• de Pieces in_I1 ^ '74°'p' 77^8t fuiY' |
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lyS Histoihe be PoRT-Roi'^r.
r Vgg parent qui lui promettoir iinepenfiony
& Ton vouloit que le contrat fe (it avant la profeflion. On ne reconnoic guercs dans cecte conduite ce noble definterelPement, qui faifoit le carac- tere des veritables religieufes de P. R., 8c dont la fceur Dorothee avoit fait elle-meme Pexperience , comme on le peut voir dans la relation qu'elie dreifa en 166} , ou elle rapporte la maniere dont elle fut recue , & la charite qu'on exerca a fonegard (9^). Deflcin de Cette annee ( 1668 ) , qui etoit la faiie une Ab- troifieme de Selection irreguliere de la.
iueik. pelpe" fceur Dorothee , on commenca a par-
ler beaucoup de donner une Abbefle perpctuelle. L'Archeveque y etoit tout difpofe, etant fi ennui'e des affaires de la maifon , & de toutes les plaintes qu'on lui faifoit continuellement con- tre la fceur Dorothee (99), dont il avoit lui-meme fujet d'etre mecontent, qu'il eut etc fort aife d'en ctre debarraffe. Pour la fccur Dorothee , comme elle ignoroit que fon rnerite hu procureroit cette place , il n'y a rien qu'elie ne fit pour empccher l'execution de ce deffein: elle difoit aux religieufes , que quand 1'Abbeffe nominee feroit f?S) Mem. pour fcrvir de ce Prelat contrc la Ccnit
a 1'Wft. de P. R. T. 3. Dorothee , Mem. hill.
p- »ff. T. 1, p. 1S4 l8>
(??) Voi'ez les piaiates
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II. P A R T I E. L'lV. V. 17 J>
une fainte , il ne faudroit pas la re- 161S8."*
cevoir. La faeur Flavie, qui avoit de-
ja ete jouee une fois , fecondoit la fceur
Dorothee , &c ecrivoit continuelle-
ment a. AS. de Paris , pour le prier
6c le conjurer de prendre la maifon
fous fa protection. Eniin, le Prelat m. dePere-
flcchi par les importunites de plulieurs Jxe °btie?.j
perfonnes, quineceflbient delefollici- norame la
ter fur ce fujet,obtint du Roi qu'il nom- fJ=,ur . P"\?'
a 1 /■ r» 1 ' all ir • thfe Abbelta
mat la Iccur lJorothce , Abbelie ntu- titulaire.
laire ( 1 ). Mais avant que d'en faire
donner le brevet , il envoi'a M. Cha-
millard a. P. R. pour favoir li on
l'agreeroit. La fceur Dorothee qui avoit
fait la chofe, & qui la favoit avant
l'arrivce de M. Chamillard , commen-
ca a faire bonne mine aux religieu-
fes, >& a lent montrer un vifage gai
qui les furprenoit. Le depute etant
arrive , il vit cliaque religieufe en par-
ticulier , enfuite il les vit toutes en-
femble , & leur propofa la foeur Do^
roth.ee de la part de M. de Paris. La
crainte qu'avoient les religieufes cTune
Abbelie etrangere , fit que routes con-
fentirent a. ce qu'on leur propofoit ,
excepte la foeur Marie Aimee ( de
Buzenval) qui die tout haut , que
(1) Rec. in-nde 1740 p. 476. Rel. d« la feast
MeltMde. |
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ISO HfSTOIRE DE PoRT-ROlAt;
1C68, jamais elle n'y confentiroit, & qu'oti
en avoir aifez fouffert. La foeur Fla- vie propofa enfuice d'ecrirea M. de Pa- ris pour le remercier ; & dreffa elle- meme la lettre qui fut fignee de ton- res les religieufes , excepte de celle qui n'avoit pas confenti a la nomina- tion de la foeur Dorothee. Celle - ci voulut eifai'er de gagner la foeur Ai- mee, mais inutilement; &en la quit- tanr, elle lui dit que fon refus n'em- pecheroit pas qu'elle ne fut AbbelTe. Tout cela fe paflTa vers le 2 5 d'avril (2). Aumois de mai fuivant, M. l'Ar- cheveque engagea le Roi a donner des lettres parentes en forme de declara- tion, par lefquelles faMajefte marquoit qu'elle vouloit ufer du droit de no- mination al'Abbaie de P R. , auquel le Roi Louis XIII avoit renonce en faveur de la reforms par lettrespatentes cx de 1619 Motifpoiir » Bien que le principal motif, dit
veut^rentrf" ^e ^°* C'anS ^eS 'ecu'es patentes ,
«lans le droit» qu'a eu notredit feigneur & pere
«n=XrTJ (Louis XIII) de donner fon con-
a p. R. " fentementa ladite election , ait ete
/S" df maintenir & augmenter de
XiV. " plus en plus parmi lefdites religieu-
» fes l'obeiifance a leur Superieure ,
(1; Ibid. p. 478, 507 8c fuir. |
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II. Pah.tie. Liv. V. 2S1_______
» 3e la regularite qu'elles obfervoient 1668.
" lors deiaices letrres en fa premiere
» ferveur & purete (3), ii eft arrive an
» contraiie anotre tres grand regret ,
» que la foeur Madeleine de S'e. Agnes
" de Ligni, qui aiuoit ere elue Abbeffe
» dudit monaftere , fe feroic trouvee
» avec plufieurs defesreligieufes</tfzz5
« une adherence formelle a la doctrine
" des Vproportions de Janfenius, con-
» damnee par les conftitutions du Pape
» Innocent X& Alexandre VII, d'heu-
55 reufe memoire (4 ) ; & qu'au lieu
» d'obeir aufieur Archeveque de Pa-
» ris leur Superieur , en foufcrivant
» le formulaire de foi par lui ordonne
» en confequence defdites bulles ,
» elles feroient demeurees dans une re-
» bzllton ouverte a PEglife univerfel-
» le ; ce qui auroit oblige ledit Ar-
" cheveque de les declarer defobeif-
» fames & excommuniees (s),con-
» tumaces , incapables de participer
» a l'ufage des Sacremens & privees
» de toute voix active & paffivepour
» lefdires elections 5 meme de pou-
(;) Le principal motif reconnutauthentiquement
de Louis XIH , etoic la re- par fa fentence du mois de
forme. fevrier its?.
(4) M. de Paris lui- (y) I[ n'y a jamais eii
m£me avoir reconnu plu- de fentence d'excommu-
fieurs fois la purete de la nication comie elles.
foi desreligieufes, & ilU |
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Sgj HlSTOIRE 0E PoRT-ROlAtr
» voir former aucun corps de com-
» munaute religieufe, &commeteI-
" les, les auroit mifes hors dudit mo-
» nailere , & envoi'ees a P. R. des
" champs , membre dependant de la-
» dite Abbaie...... Mais d'auranc
» que nous avons reconnuviiiblemenc
» que la caufe de la defobeiflanca
n defdires religieufes provient prin-
» cipalement du mauvais choix qui
*> ay oil its fait de leur Abbejje (6 ) ,
" nous avons eitime que pour preve-
»» nir a l'avenir la continuation d'un
*> fi grand mal, il etoit neceflaire de
» rentrer dans notre premier droit de
» nomination , & de prendre un foin
» ties particulier de remplir cerre
» Abbaie deperfonnes nouries&ele-
» vees dans de bons fenrimens , lef-
» quelles par leur vie ex^mplaire , &c
» par leur prudence & fage condui-
» te, puiiTent infpirer aux religieufes,
» le relpecT: & lobeifjance qui eft due
|
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on des Abbeffes titulaires
qui aient plus de merire que celles de P. R. ? Qu'on compare feulement lerat de P. R. d'aujourd'hui fous les Abbeffes titulaires avec celui ou il itoit fous les Abbeffes clues par la com- munaute , y en trouw roit,-onl'ombre i |
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(g) Ceux qui out dreffe
cette declaration ont bien peu refpefie la verite & menage l'honneurdu Sou- verain en avancant une it grande fauffete. Jamais communaute a-t-elle etc gouvernee avec tarn de fa- gcffe, que 1'etoit celle de P. R. , par les Abbeffes tlucs jufqu'alors f Vou- |
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II. Partie. Liv. V. 28$
t> aux ordresdel'Eglife. Pour ces cau- """TJjJiT*
» fes &c. Tel fonc les motifs pour lefquels le Roi voulut rentrer dans fon droit de nomination , &c don- na fa declaration. En confequence , la fceur Dorothee(pretendue) Abbefle fit fa demiflion entre les mainsdu Roi, de tout le droit qu'elle pouvoit avoir \ cette Abbai'e,a caufe defon election^). Auflitot elle fut nominee Abbefle par un brevet , qui fuppofoit faufle- ment que l'Abbaie de P. R. etoit va- cante, tant par le deces de la mere Angelique Arnaud ancienne titulaire, que par l'incapacite de fa fceur & co- adjutrice , la mere Agnes, fans qu'on y fit mention de 1'Abbefle qui demeu- roit alors a P. R. des champs, qui etoit la mere Madeleine Agnes de Ligni. » Sa Majefte , dit ce Brevet , a Brevet d*
» fait don a la fceur Dorothee de 1'Ab- Roi. » bai'e de notre-Dame de P. R. Ordre » de citeaux, transferee au fauxbourg " S. Jacques de ladite Ville de Paris, « laquelle eftaprefent vacante , tant » par la demiflion qu'en ont volon- » tairement fait , fceur Marie An- m gelique Arnaud Abbefle , & fceur » Catherine Agnes coadjutrice de la- (7) Recucil de pieces in-n, de 1740 page j.aj
& Mr. |
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1?4 RflSfOfkE DE PoRT-ROlAt.
1668. » dite Abbai'e ( 8 ) , & par le deces de » ladite Abbefle , arrive depuis la* " dite demiflion , que par Fincapa- »» cite (9 ), ou inhabilite de ladite » coadjutrice , caufee par fa defo- w beiflance confommee, & fesrefus " formels de foufcrire le formulaire » de foi dans le terns exprime par les » bulles des Papes innocent X 8c Aie- « xandre VII, &c par les declarations » de Sa Majefte donnees pour 1'exe- " cution d'icelles. On voit par le Brevet du Roi, com-
me par les lettres patentes , que ce
fut fur deux fuppolitions egalement
faufles, fa voir , la vacance du Siege
Abbatial, & la pretendueincapacite
de la mere Agnes , qiiel'Abba'ie de P.
R. fut remile dans fon etat de per-
petuite, & de nomination Pvoi'ale.
Apres cela,!a fceur Doroth.ee ne fe fit
BuU^de'pro- auc"n fcrupule d'obtenir des bulles de
viiiuu. proviiion du 7 Juin 166$, dans lef-
(8) La mere Agnes en fon ordonnance du 17 fe-
fe demettam de fon titre vrieri««j, la pretendue
de C»adjutrice , y avoit incapacity de la mereAgnes
mis cettte claufe , que ce eft diflipee ; & par confe-
feroit, pour autant ne terns quent tous les motifs tant
que I'Abbn'ie feroit c'leclive des lettres patentes que du
& en etat de rcforme. A in- Brevet, fe trouvent anean-
R elle rentroit dans fon tis; d'ou il s'enfuit par
droit. uneconfequenceneceflTaire
(<>) M\ de Perefixeai'ant que la nomination de la
ieconmi l'innncence des fceurPerdreau etoitabfolu-
relijjicufcs de P. R., par mem nulle.
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II. Par.tib. Llv. V. 28$
ojuelles on trouve les memes fuppoii- T&6t. '
tions, & deux conditions , qui prou- vent manifeftement l'intrulion de cetce religieufe & de toutes cedes qui lui ont lui fuccede (10) ; ces bulles n'ai'ant ete accordees qu'a deux condi- tions , qui n'ont ete ni l'une ni 1'autre remplies. La premiere etoit, que les deux tiers au moins de la commu- naute confentiroient a la nomination dela fceur Dorothee; &ladeuxieme, que ce fetoitau cas, qu'il n'y eut point alors d'autre AbbefTe canoniquement pourvue : )e dis , que ni l'une ni 1'au- tre de ces deux conditions , n'a ete remplie , puifqu'il y avoic une Ab- belTe tres canoniquement pourvue : 2°. bien loin que les deux tiers de la com- munaute confentiiTent a la nomination de la fceur Perdreau, plus des trois- quarts reclamerent , comme nous le verrons ; c'eft-a-dire , toutes les reli- gieufes de P.'R.des champs, qui fai- foient veritablement le corps de la commiinaute-, ptiifque laetoientl'Ab- beffe, les Prieures, les Souprieures, toutes !es Officieres, & plus des trois-* quarts des religieufes. cxni. La Providence qui veille I tout. f£SS
fio) Vo'i'ez le Memrire parmi les Memoires fur la
Jurl'c'tabliffemehtil'uneAb- deitruflion de P. R, YO« fiejfe f>erpe'tnelte. a, Paris , lume in-i». |
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l§6 HlSTOrRE »E PoRT-ROlAt.'
" k;58. permit que les religieufes de la mai-
{on des champs appriflent cette nou- apprenncntU n 1 iw ■ • • / \ i
nomination velle dans 1 etroite captmte oil on les
de.iafccuvDo-tenoit (n) , par le moi'en d'une da xothee, 5c en i r ' i . - . v .
portent ieurs ieurs iaeurs, qui penloit a les quit-
fhiates. ter pour aller fe joindre a. celles de Pa- ris (n). M. Collard , pere de cette religieufe , etant venu ia voir le 22 de mai, lui dit ce qui fe palfoit touchant la nomination de la foeur Perdreau ; 8c la four Marie Therefe ( Collard) fit part de cette nouvelle a quelques-unes des fcEurs. M. de la Brunetiere aiant accompagne M. Collard , lorfqu'il vint le 5 juin a P. R. des champs pour re- tirer fa fille , la mere Abbefle & la mere Agnes lui parlerent de cette af- faire , & fe plaignirent de ce qu'on entreprenoit de renverfer 8c de detruire tout le bien 8c toute la difcipline qui ctoient a P. R. , en leur 6tant le droit d'election, en etabliflimt une Abbefle titulaire & perpetuelle ; & encore une Abbefle telle que la foeur Dorothee , qui etoit entierement incapable de cette charge. Le grand Vicaire tacha de juftifier M. de Paris de la maniere que le peut faire l'avocat d'une mau- vaife caufe. Les religieufes lui repre- (xi) Proces. verbal
(iz) Journ. p. Up, |
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II. Partie. Llv. V. 187
fenterent enfuite Tabus de ces fortes
de nominations , Sc lui direnc une partie des raifons qu'elles avoient de s'oppofer a ce qu'on l'etablit dans leur monaftere , au prejudice de tout bien fpirituel. Elles lui declarerent , qu'aiant fait depuis long tems leurs proteftations contre de femblables changemens de difcipline, elles per- fifteroient encore dans les memes pro- teftations & oppositions. M. de la Brunetiere repondit , qu'il leur etoit permis de defendre leurs droits, com- rae elles jugeroient bon etre, & qu'on ne les en empecheroit pas. Reponfe bien peu digne d'un pretre, qui fa- voit bien lui-meme que depuis trois ans on tenoit ces pauvres filles dans la plus ctroite captivite , que toutes fortes de voies leur etoient fermees pour fe plaindre 8c pourfuivre les affai- res de leur maifon; n'aiant la liberie de communiquer avec qui que ce fut au monde, foit de vive voix,foit par ecrit. Les religieufes ne croi'ant pas que les plaintes qu'elles venoient de faire a. M. de la Brunetiere fufTent fuffifan- tes, d'autant qu'elles n'avoientpas lieu de penfer qu'il en feroit part a ceux , a* qui il auroit fallu le faire; elles firenc le 11 jain un a&ed'opposition a la no- |
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i83 Histoire de Port-roVal.
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166$, mination de la fceur Dorothee, qu'on
peur voir a la fin de ce volume. L'acte fat tela & figne le 1 5 juin
par la mere AbbelTe & la communau- te : il fuc envoi'e le 18 a la fceur Do- rothee par une occafion qu'elle four- nit elle-meme (> }) > enredemandant les hardes de la foeur Marie Therefe Collard } qui avoir quitte la maifon des Champs pour aller dans celle de Paris. Les religieufes qui , dans la captivite ou elles etoient reduites , n'avoient aucun moi'en de rendre leurs actes publics, firenr plufieurs copies de celui-ci , qu'elles mirenr dans le paquer, afin que les religieufes de Paris ne pulTent manquer de le trou- cxTV. ver> EHes joignirent a cet acte, dans DotothiePer- le mcnie paquet, une lettre aareiiee tZ*u^?oi"& leurs fceurs de Paris , remplie de fcrupuie. tcmoignages d une amine chretienne , & d'avis falutaires pour tacher de les faire rentrer en elles-memes. Voi'ez cette lettre a la fin du volume, Les mefutes que les religieufes
avoient prifes pour que cette lettre &c Fade d'oppontion tombalfent entre les mains de leurs fceurs de Paris , nepermettent pas de douter que ces pieces ne foient erfe&ivement venues ft}) Journal pag. 170, col. z.
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II. P ARTIE. LlV. K 289
a leur connoiflance ; mais on ignore
1'erFet qu'elles produifirent fur leur efpric. On fair feulement qu'uneper- fonne , dont le nom nous eft inconnu > vint vers ce tems-la a P. R. de Paris » Sc parla avec beaucoup de liberte a la {ceur Dorothee, remoignant ne le faire que par charite & pour fon bien. Il lui reprefenta a quel peril elle alloit s'exppfer , & qu'il faudroit etre fainte pour foutenir une telle charge (19). La foeur Dorothee parut frappee de ce difcours , Sc meme difpofee a tout quitter a ce qu'elle difoit; elle ecri- vit meme a M. de Paris pour lui re- mettre I'abbaie ; mais elle envoi'a la lettre a M. Chamillard , en,lui man- dant ce qu'elle contenoit, fachant bien qu'il ne fe prelTeroit pas de la faire tenir. La foeur Flavie, a qui elle avoir dit tout cela, alia trouver la foeur Mel- thide ( qui rapporte ce fait) & lui dit qu'il falloit ecrire a M. Chamillard fiour le prier de ne pas envoi'er cette
ettre a M. l'Archeveque, & d'ordon- ner en meme tems a la foeur Dorothee d'accepter cette charge. La foeur Mel- thide y confentit , 8c la foeur Flavie fit la lettre qui fut iignee de toutes, excepte de la foeur Catherine de fainte * Rec, de Pieces ia-ti, de 1740, p. 47?.
Tom. VI. N
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IpO HlSTOIRE DE PoRT-ROlAl.
1668, Pelagie. La four Dorothee temoigna
etre fort fatisfaite de cette demarche des religieufes : ce qui leur donna lieu de croire que ce qu'elle avoit fait n'e- toit qu'un jeu , ou que c'etoit au plus un fcrupule bien fuperficiel. M.Rey, qui alia a. Paris au rhois
de juillet, fe chargea aufli de parler a la fceur Dorothee fur fon intruiion. II offrit encore d'en parler a M. Cha- millard , & meme a Monfieur de Pa- ris , & de lui faire voir I'aite d'oppofi- tion des religieufes , & de I'aiTurer de leur part qu'elles ne confentiroient jamais a l'intrufion de la foeur Doro- thee > & qu'elles feroient toujours tout ce qui dependroit d'elles pour s'y oppofer. Nous ne voi'ons point dans nos memoires fi M. Rey s'acquitta de fa commillion. II quitta peu a pres P. R. , & eut pour fuccelTeur un Pre- tre nomme Paftour. oC?pIfition Les religieufes de P. R. des Champs de la ^ mere ne croiaat pas que ce qu'elles avoient trufion de'la &n jufqu'ici fur fuffifant, firent un four Dorp- nouvel ade date du 24feptembre (15), par lequel elles donnerent procuration pour s'oppofer en leur nom , tant a Rome que par-tout ailleurs , a toures Jes entreprifes de la fceur Dorothee. (15) Voi'ez ces aftes dans lej Mtjiir, tiift. Si Chron,
T. 1. p- uiScfuir, |
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II. P A r t i e. Liv. V. 2.5 r
De plus , la mere Agnes en donna une particuliere en fon nom , datee du me- me jour, dans laquelle elle declare , que s'etant demife trente-huit ans au- paravant de fon titre de coadjutrice , pour le bien fpirituel & le maintien de la reforme nouvellement etablie dans le monaftere de P. R., elle s'e- toit refervee une entiere puiifance 8c liberce d'y rentrer an cas de divzrtif- fcment, & que l'abbaie eut a rerourner a nomination (16) ; qu'etant notoire que c'eroit contre tout droit & juftice que la four Marie de fainte Dorothee Perdreau , qui s'etoir intrufe depuis pres de trois ans dans la charge d'Ab- beiTe triennale, avoir de nouveau ob- tenu par furprife un brevet de Sx Majefte pour fe faire nommer a ladite abbai'e, qu'elle follicitoic encore des bulles pour s'y faire confirmer, a rai- fon dequoi la mere Agnes donne pro- curation pour empecher que la four Dorothee ne puifle etre continues , n* (is) L'afle par lequel la n ment,pour, au cas de
mere Agnes donna le ix » divertiflemem » ( ce
juillet i«io,etanta Di- » qu'4 Dieu ne plaife )
jon , fa demiffion du ti- j> rentrer de nouveau pat
trede Coadjutrice, por- » ladite fceur Catherine
toit cette claufe : » A va- 3) Agnes dans fon droit de
■» loir n6anmoins ladite j> Coadjutrice, comme (i
» demiffion tant & fui- n jamais elle n'en amit
3j vantque durera ladite » faitaucune demiffion.
» reforme, 8c non autre- Nij
|
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1<)1 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt^
I(S6§/ enrrer en pofteflion du titre 8c charge
d'Abbefle , dont elle (la mere Agnes ) m avoit ete ci-devant pourvue ; atten- » du que fa demiflion n'ai'ant ete que » conditionnelle, elle n'avoit de va- » leur qu'au cas que le droit d'eleclion » d'une AbbefTe triennale fiit conferve » au monaftere ; ce qu'elle delire d« » tout fon coeur ; & des a prefent re- w nonce encore de nouveau & tres » librement, pour le lui maintenir, a « tout le droit qu'elle pouvoit preten- « dre avoir de rentrer dans I'abbai'e , » ne voulant s'en fervir que pour s'op- " pofer a une intrufion injufte qui al- » loit a la ruine de la difcipline & de » tout le bien fpirituel , qu'on tra- » vailloit depuis foixante ans a etablir » dans le monaftere (17). cxvi. Des oppofitions fi fages & fi legiti- ta rrxur mes uniquement fondees fur l'amour
vahic l-Ab- ete la vente , de la juitice «du bon or- bai= de p. r. ^re } ne furent pas capables d'arreter la foeurDorothee. Cette fille ambitieufe recut enfin le trois de novembre les bulles qu'elle defiroit & attendoit avec tant d'impatience ; & quoi- (17) Outre cet a&e , dans les Mini. hill. &
la mere Agnes ecrivit en- chtonol., T. i. p. 147.
core le 17 novembre, une te Roi 1'ai'ant lue , dit 4
ires belle lettre au Roi fur M. de Lyonne qu'elle £toit
lbn droit a l'Abbai'e de P. iris belle & ttcs bien fait?.
l\* Cetts lettje, f« tr°.uv« |
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II. Part ie. Liv. P". i<)^
que ni ces bulles ni la declaration dans
laquelle le Roi marquoit qu'il vou- loit rentrer dans fon droit de nomina- nation , ne fuflent point enregiftrees au Grand-Confeil, (ce qui etoit ce- pendantneceffaire pour donner la qua- lite d'AbbeiTe a la fceur Dorothee , parceque l'oppoiitition des religieufes de P. R. ne fut point levee ) elle fe difpofa a prendre pofTeffion de l'Ab- bai'e des le lendemain. M. Chamil- lard fe rendit le meme jour a P. R. pour preparer les voies. 11 parla a rou- tes les religieufes pour fonder leurs diipofitions ; il en trouva trois , (les fceurs Melthide du Fofle , Margue- rite de fainte Euphrofine de Creil , Marie Aimeede fainte Pelagie de Bu- zenval, ) qui lui declarerent nette- ment qu'elles ne reconnoitroient ja- mais la foeur Dorothee. Il fit ce qu'il put pour les gagner , & n'ai'antpu y reumr, il les pria de ne point fe trou- ver a la prife de poiTeffion , ce qu'elles lui promirent fans peine. L'Official fe rendit a P. R. pour cette trifte cere- monie ( 18 ) accompagne des fieurs Chamillard, du Saugey, &c. tous gens (18) Cette ceremonie fe Mem.hift. Jc chron. T.I.
fit Ie 4 novembre felon le P. J J J. 6««. Cbr. U t felon lej |
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Niij
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2 94 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAl.
1668. choifis. Etant entre dans le chapitre
011 il n'y avoir que fix des anciennes religieufes,& quatre nouvellesprofeffes avec la fceur Dorothee, il fut furprisde ne voir qu'urie carcaflfe de communaute £c demanda s'il-n'y en avoir pas da- vantage. On lui fir reponfe qu'il y en avoir encore rrois; & M. Chamil- lard lui aianr dir un mor rour bas , il en demeura-la , & fir la ceremonie j pendanr laquelle les rrois Religieufes oppofanres fe rinrenr enfermees dans la facriftie , & y demeurerenr jufqu'a ce que rout fur fini & le Te Deum chante. Depuis ce jour, les rrois reli- gieufes declarerenr abfolument qu'el- les ne reconnoirroient poinr la fceur Dorothee pour AbbefTe , 8c elles n'af- lifterenr plus au chapirre. Cela leur arrira bienror des mauvais rraitemens de la part de l'inrrufe; ( car perfon- ne n'eft d'ordinaire plus jaloux des prerogatives d'une charge ou dignite , que celui quil'a ufurpee;) chaque jour, elle leur donnoir quelques nouveaux chagrins , jufqu'a ce qu'enfin elles eurent le bonheurd'erre nonfeulement delivrees de fa ryrannie , mais encore de rentrer fousl'heureux gouvernement de leurs legitimes meres, & reunies a leurs fcetirs fidelles; ce qui arriva, |
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II. P A R. T I E. LlV. V. Z9 5
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comme nous le verrons, a la fin d'a-
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1(568.
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vril de l'annee fuivante.
Les religieufes de P.R. des champs
voyant que la four Dorothee avoit ufurpe l'Abbaie de P. R., fans avoir aucun egard a toutes les fages mefu- res qu'elles avoient prifes pour Ten detoutnerSc Ten empecher , elles fi- rent enregiftrer le 15 novembrei668 au greffe du Grand-Confeil, leur op- position , qui fut fignifiee le 17 du meme mois a M. le Procureur gene- ral , & le quatre decembre a la four Dorothee elle meme. Lei parens des religieufes de P. R., cxvir.
intervinrenr audi dans cette affaire , (typofitioa & prefenterent au Roi, au Pariement, religu-ufcs de & au Grand-Confeil, des requetesfi-I?0U-R-0>al / D 1 /_ ;• 1 des Champs
gnees d eux contre les pretentions de aux emrepti-
la four Dorothee , dans lefquelles ils fes de la r°»« 11 1 • ft 11; ■ ■• Dorothee.
declaroient, que vu 1 etroite captivi-
te ou etoient reduites les religieufes leurs parentes, & l'interet pamculier qu'ils avoient a la confervation du temporel & fpirituel d'une maifon ou ils les avoient placees 5 ils fe croi'oient obliges de s'oppofer a. la verification des lettres patentes accordees a. la four Dorothee , par lefquelles on l'etablif- foit Abbeffe perpetuelle , a la recep- tion des fujets dont elle furchargeok la maifon dec. N iv |
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1$6 HlSTOIRE DE PoRT-RoiulI.
i66$, Dans un placet au Roi du 18 de-
cembre , ils prioient Sa Majefte de vouloir bien prendre par Elle-mertie connoiflance de cette affaire. » Et par- s' ceque , difoient-ils , les parentes des » fupplians ont eu le malheur de tom- » ber dans la difgrace de M. l'Arche- » veque de Paris pour des differends » qui parohTent termines par la paix » de l'Eglife , il plaife a votre Ma- s' jefte , ou de prendre par elle-meme » connoiflance de ces differends , en » donnant moi'en auxdites religieufes » qui font dans la maifon de P. R. m des Champs, de lui reprefenter par » elles-memes leurs raifons , ou de >> les renvoi'er devant les juges ordi- « naires; Votre Majefte, fans doute, » n'entendant pas qu'elles foient les m feules de vos fujets a qui route juf- w rice foit deniee. Comme auffl de » donnerliberte aux fupplians de voir » les religieufes leursparentespourleur » donner confeil dans leurs affaires; » & cependant faire defenfes a la fceur » Dorothea de recevoir aucune fille » a profeflion, on a la veture en la- »> dite abbai'e, &c. «. Ce placet etoic iigne par un grand nombre de parens des religieufes , entr'autres , par Mef- fieurs Bignon, par M. le Feron , M. le |
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II. Par tie. Liv. V. 297
Roi de la Potherie , M. Chouart de "\66%l
Buzenval , MM. Lombert , Girard , Langlois,Robert le pere,Robert le doc- teur , Girard de Villethiery, Catherine JofTe , Claude le Roi de la Potherie -, Hamelin , Marguerite de Faverolles , Pierre Champagne, &c. Le placet fut remis le 18 decembre par M. de Bu- zenval a M. le Tellier, qui lui dit fort haut, en prefence de plufieurs perfon- nes , qu'il le prefenteroit au Roi, & qu'il tacheroit de le fervir. Antoine Baudry charge de procuration par foi- xante & dix religieufes, prefenta aulli unetequeteau Roi.Mais toutes cesop- pofitions, toutes ces requetes n'eurent aucune force pour arreter les injuftes deffeins des ennemis de P. R. -.l'iniquite prevalut , & l'intrufe fut maintenue. L'injuftice faite aux religieufes de cxvin.
P. R. des Champs etoit tresgrande jdamedeLon- mais ces faintes filles n'avoient que gwville 4 u des fentimens de pais & de refigna-mere £nes* tion a la volonte de Dieu, & ce n'e- toit qu'avec peine qu'elles fe vo'ioienc obligees de faire ces oppofitions pout conferver leur droit. Tous ceux qui leur etoient unis furent extremement furpris de ce qui venoitde leur arriver, & plufieurs s'emprelTerent de le leur te- moigner.La pieufe DuchdTe deLongue- |
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298 HlSTOIRE DE PORT-ROIAI.
jjjjg, ville le fit par une lettre digne de £t
piece , adreifeeala mere Agnes. » Ma » tres chere mere, qaand on eft auffi 3j peu avance dans la voie de Dieu » que je fuis, on n'eft gueres accou- » tume a regarder par les vues de la » foi les diflferens evenemens de la » vie , & il n'eft pas etrange qu'on aic » ere touche de 1'injuftice qu'on vienc » de vous faire en vous depouillant de » votre abbai'e. Je penfe que je vous « dois faire la-deffus plutot ma con- » feffion que mon compliment , en » vous avouant que j'ai fend trop hu- » mainement ce qui vient de vous ar- ia river. II faut pourtant que je vous » dife pour mon excufe , que j'ai bien- « tor defavoue mon premier fenti- » ment , & qu'un autre plus juftelui « a promptement fuccede. Ce der- » nier m'a oblige de louer Dieu de » tout mon cceur de la grace qu'il » vous fait, en vous mettant au rang « des faintes 8c illuftres perfonnes , » qui, apres avoir recu celle de de- « fendre la verite dans un terns 011 n* » peu de gens la connoilfent, ont en- » core recu de fa bonte la mifericorde » de fbuffrir pour elle. Je me rejouis » done avec vous , au lieu de vous » donner des marques de mon deplai- « fir j & j'eiperc que vous ferezcon- |
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II. Part ie. Llv. V. 199
»> viee par cette raifon , plus que par kJ68.
» toute autre , de me continuer l'a- » mitie que vous m'avez promife , & » le fecours de vos prieres , dont j'ai » plus befoin que jamais > Sec. Anne de Bourbon. £$£'ie Cette pieufe Princefle, qui prenoit transferer!»
grande part a tout ce qui regardoit P. |. aans \c les religieufes de P. R., etoit entree diocefe dc quelques mois auparavant dans le pro- jet qu'on forma de les transferer dans le diocefe de Sens. L'origine de ce projet venoit d'une perfonne * amie de M. de Paris , laquelle defirant le voir hors de la facheufe affaire dans laquelle il s'etoit engage , lux avoir propofe de faire une echange de l'ab- bai'e de P. R. avec l'abbaie du Lys , dans le diocefe de Sens. La propofition ne deplut pas au Prelat, & l'Abbefle du Lys ne s'en eloignoit pas. Neanmoins, ce defTein echoua par les difficulties qui fe rencontroient dans l'e xecution; mais la propofition qu'on en avoir faire, donna ouverture a. quelques amis de P. R. d'en faire une autre , qui etoit de transferer la communaute de P. R. dans un autre diocefe , fans s'attacher a aucun echange , mais par forme <S'ur» nouvel etablilTemenr. L'Archeveque * La Duchefle d'Aiguillon. N vi
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J00 HlSTOIRE DE PoRT-ROlA£,
1668. de Sens de ce tems-la, qui connoiflok
& refpectoit le merite , & protegeoit les afyles des epoufes de Jefus-Chrift , bien loin de les detruire , temoigna un grand defir que ce nouvel eta- bliffement fe fit dans fon diocefe , le regardant com me une abondantz be- nediction pour lui & pour fon Eglife. Et comme les religieufes de P, R. avoient la terre de Mondeville dans ce diocefe, on penfaque ce pourroit etre un pretexte pour elles de deman- der qu'il leur futpermis d'aller s'y eta- blir, ou dans tel autre diocefe qui paroitroit le plus propre a ce deflein. Les religieufes ne favoient encore rien de ce fecond projet, & avoient ignore rotalement le premier. Mais comme on prenoit plus feu pour le dernier, & que Ton en croi'oit l'execution beau- coup plus facile, il falloit pour l'en- gager , avoir le confentement de la. communaute ; & Ton ne doutoic point que cette affaire ne put reuffir, pourva qu'elle fut traitee avec tant de fecret que les Jefuites n'en euflent point de cxx. connoiffance &: ne la puilent traverser. On k pro- La mere Abbefle la propofa le ven- 'ieufejX "" dredi , j aout, a la communaute , dont on demandoit la refolution pour le lendemain matin; & arm que les fosurs entraffent plus facilement dans |
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II. Par.tie. Liv. V, 301
ce projet , elle fit lire un memoire 166%*
dans lequel on en expofoit les avanta- ges (19) : i°. Les religieufes fe ti- reroient de la fuperiorite d'un Prelar, dont la conduite dans la prevention ou il etoit, leur feroit toujours in- commode , quand meme la difficul- te de la fignature feroit ceffee. iQ. El- les ne feroient point obligees de vi- vre avec leurs fceurs dyfcoles , qui avoient figne & reffigne; ce qui fe- roit pour elles la plus trifte & la plus miferable chofe du monde , d'etre avec des filles mal inftruites , mal in- tentionnees, liees avec des Jefuites & des Capucins, foutenues de toute l'au- torite de l'Archeveque , & qui feroient de continuelles efpionnes. 30. Elles n'auroient point a leur tete une Ab- befTe titulaire , (la fceur Dorothee ) dont elles ne devoient attendre qu'une horrible perfecution , & une guerre qui ne fe termineroit que par la mort. Les religieufes en changeant de dio- cefe eviteroient toutes ces difficultes , elles vivroient dans une grande paix fous la protection & la conduite de M. de Sens qui le deliroit extreme- ment. Le memoire ajoutoit, qu'a la verite il faudroit faire un partage des (ij) Joura, p. ;77 8c fiviv. |
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_________'$02. HrSTOIRE DE PoRT-ROlAi;
A i(j<j8. biens , &c en ceder une partie a Is
maifon de Paris , mais qu'elles ne de- voient pas fe faire un fcrupule de cette ceflion, comme ii elles contribuoient a l'etabliflement d'une mauvaife com- munaute; parceque cette communautc etant deja etablie , elles ne pouvoient l'empecher ; deforte que ce n'etoic qu'un bien temporel qu'elles leur ce- doient, ce qui ell toujours perniis fe- lon l'Evangile, nonobftant 1'injuftice de ceux qui Potent. Jefus-Chrift me- me commande d'en ufer ainfi dans ces rencontres. Enfin on reprefentoit aux religieufes que par ce moi'en elles contribueroient a la paix de i'Eglife j la paix des Eveques n'etant difficile qu'a caufe qu'ils ne vouloient point d'accommodement que les religieufes de P. R. n'y fuffent comprifes; & qu'ii ecoit certain qu'auffi-tot qu'elles fe- roient en paix, tout le refte fuivroir. cxxr. La communaute fut fort furprife Reponfedes Jg cette proportion, 8c excepts: deux
icjgicues ^^ tro's feuiementj qui y entrerent
fans aucune repugnance , toutes les
autres n'en eurent pas une idee avan- tageufe, craignant toujours quelques pieges; mais comme elles avoient juf- qu'au lendemain matin pour fe deter- miner , elles parlerent peu dans cette |
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II. Part ie. Liv. V. joj
premiere aflemblee. La mere Abbeflfe
exhorta les fceurs a prier beaucoup. Elles temoignerent, que puifqu'on ne leur donnoit qu'une nuit pour delibe- rer , elles croi'oient que le moins qu'elles pouvoienr faire, etoit d'em- ploier ce rems en prieres & de le paf- fer dans l'Eglife , en fe fuccedant les unes aux autres.Ellesdemanderent aufll qu'on y expofat le coeur de la mere Angelique , qui avoit eu tant de zele pour le retabliiTement de la maifon. Le famedi fur les fept heures , 1'Ab- beflfe raflembla la communaute , qui fe trouva toute reunie a demander du rems pour prier Dieu •, avec cette feule difference, que les unes confentoient qu'on traitat l'affaire, fi le delai qu'el- les demandoienr, pouvoit la faire echouer •, les autres au conrraire de- mandoient abfolument trois jours au moins pour prier Dieu , quand me- me ce retard devroit rompre le projet. Il y en eut cinq ou fix qui n'y vou- lurent concourir en rien. La commu- naute temoigna aufll qu'elle defiroit favoir ce que M. de Sens exigeroic d'elles par rapport a, la fignature , 8c meme qu'il en donnat des aflurances par ecrit. Les Superieures crurent qu'il etoit a propos de mettre par ecrit le |
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J04 HfSTOIRE TfT. PoRT-ROMI.'
refultat de leur deliberation, &_firene
un billet portant , que : » La mere » AbbefTe temoigneroit a M. l'Arche- » veque de Sens 8c a Madame de Lon- » gueville , qu'elles avoient la plus » grande reconnoifTance de l'extreme » bonte avec laquelle ils avoient tra- » vaille a leur procurer une paix , « qui leur paroi/Toit tres avanta- » geufe , fi Dieu permettoit que w leurs bons defTeins reuffifTent. m Que neanmoins cette propofition , » quelque favorable qu'elle flit, n'a- » voit pas laifTe de furprendre la com- » munaute , plufieurs des fasurs ap- » prehendant qu'il n'y eut quelques » pieges de la part de leurs ennemis ; » mais confiderant qu'etant faite par « des perfonnes qui avoient rant de » fagene & de difcretion, elles s'e- » toient un peu rafliirees-, de forte " que prefque toute la communaute » s'etoit trouvee difpofee a accepter » cette ofFre, en demandant feulement " quelque terns pour prier Dieu fur » un fujetfi important , s'il etoit pof- » (ible de differer un peu 1'arFaire fans w la rompre ; car en ce cas elles ne » voudroient pas en empecher le fuc- <» ces par leur retardement. Elles * ajoutent , qu'avant toutes chofes, |
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II. Par tie. Llv. V. 505
53 elles defirent avoir quelqu'affurance i<j<jg,u' m par ecrit de ce que M. de Sens de- » firoit d'elles touchant la fignature ; » que c'etoit de ce point que depen- 5) doit leur veritable repos , & toute »> la resolution qu'elles avoient a pren- » dre en cette occafion ; que pour ce w qui regardoit les biens temporels , » comme par la grace de Dieu, ja~ » mais elles ne s'y etoient attachees, » elles s'en remettoient entierement » a la prudence des perfonnes qui m avoient la bonte de traiter pour el- » les «. La reponfe des religieufes fut fort goutee de ceux a qui on la communiqua a Paris •, on jugea feule- ment que pour ce qui regardoit la fi- gnature , it n'etoit pas neceflaire d'en parler a M. de Sens , d'autant qu'on etoit allure de fes difpofitions fur ce fujet. Les parens des religieufes drefle- cxxrr.
rent enfuite une requete (21) a M. Requete des l'Archeveque , pour lui demander la Figieofcsp'ow tranflation des religieufes de P. R. demander la. Ce projet aiant ete communique aux religieufes, la mere Angelique de faint Jean ecrivit auffi-tot que c'avoit ete un avis commurt , que la requete ne de- (11) Voi'ez cette requete dam les Mem. hift. & cjj£
X. t p. 4;. n. 30. |
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$06 HtSTOIRE EE PoR.T-R.OMt.'
*" i66q. vo'lt Pas re^er commeelle eroic. Ce
qui deplaifoit a ces faintes fiiies , c'eil qu'on aileguoit 1'air mal Tain tie P. R. pour motif' de la tranflation qu'on cle- mandoit. Cette raifon leur paroifloit trap foible & trep peujincert pour I'al- liguer fur un eel Jhjet, On voir ici , comme par-tout ailleurs , la dclica- tefi'e de confeience &J'eiprit quiani- molt les religieufes de P. R. dans tou- tes leurs demarches. On n'eut point d'egard a leur remontrance; mais elles fupprimerentcet article dans la requete qu'elles furent obligees de prefenter elles-memes (it). M. de Meaux , qui follicitoit avec
zele la reuffite de cette affaire, figna
le premier la requete des parens, & la
prefenra a M. de Perefixe. Le Roi,
en la recevant des mains de ce Pre-
lat, lui dit qu'il ne pouvoit pas fe ti-
rer plus heureufement de cette affaire.
Ces paroles etonnerent un pea PAr-
cheveque, qui, loin de s'y attendre ,
croi'oit que Sa Majefte la rejetteroit;
mzis elles ne le firent pas changer.
exxirr. Quoiqu'il eut marque quelques dif-
£tt£vZ pofitions aconfentir a la tranflation des
ris fur cette religieufes, elle n'etoit pas cependant
tmfladra. de fon go{k f parcequ'ii pent0K qu>el_
{itj Vote cette requete Ibid. p. 64.
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II. P ARTIE. L'lV. K 3O7
le lui feroit peu d'honneur dans le
monde. C'eft pourquoi dans une vi- fite que M. Hikire lui rendu le 14 d'aoux , voulant temoigner clique peine de voir ces religieufes fcrcir de fon diocefe, il lui deraanda plufieurs fois s'il cro'ioit qu'elles ne feroient ja- mais rien de ce qu'on leur demandoic pour la fignature : a quoi M. Hilaire repondit , qu'il cro'ioit que non , & lui reprefeina qu'il lui etoit avanta- geux de fortir de cette affaire d'une
0 i> 1 ,1 maniere ou d autre •, qu il y avoit en-
core quatre-vingt religieufes, foixante cinq du chceur 8c quinze converfes , dont fa Grandeur ne verroit pas la fin; qu'ainfi la propofition prefente etoit peut-etre le meilleur moien de fortir de i'embarras ou il etoit. M. de Paris repondit, qu'il n'y confentiroit point que les religieufes ne lui demandaf- ient leur tranflation •, qu'il valloit pour cela qu'elles lui prefentaflent une re- quete , qu'elles obtinflent des lettres patentes pour leur etabliffement dans le diocefe de Sens; que le partage du bien rut fait entre elles & les reli- gieufes de Paris , & qu'elles renon- c^afTent aux deux maifons de Paris & des Champs •, qu'a. moins de cela il ne donneroit point fon confentement,. |
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1
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JOS HlSTOlRE DE PoRT-ROlAl
* 1668. M. Hilaire alia enfuite faire part a*
M. de Meaux de l'entretien qu'il ve-
cxxiv.' noit d'avoir avec M. de Paris. Ce Pre-
Difpodtions 1 11 i- •
de Monfeuriat aiant entendu les conditions pro-
ie Meaux. pofees par M. de Paris , dit que, quoi- qu'il fouhaitat beaucoup latranflation, il n'y confentiroit jamais qu'a la con- dition que les religieufes garderoient la maifon des Champs , & qu'il ne la leur confeilleroit jamais autrement; que pour le bien , cela ne regardoit pas M. de Paris, qui n'en pouvoit dif- pofer, ni erre juge de cepartage , puif- qu'il devoit fe faire par arbitres choi- iis de part & d'autre ; que le grand nombre des religieufes etant a P. R. des Champs, elles devoient au moins avoir les deux tiers. Il temoigna en- fuite beaucoup d'eltime pour la mai- fon , & un grand defir de la fervir, non-feulement par rapport aux reli- gieufes , mais encore parcequ'il con- fideroit que leur accommodement pouvoit contribuer a la paix univer- fellede I'Eglife. cxxv. M. de Sens , a qui M. Hilaire ren- de>iM°onfienS ^C aU^ v&te &S ^a Part ^es fuperieu-
& seas. res de P. R, le z i d'aout, ne temoigna
pas moins d'eltime pour cette fainte communaute que M. de Meaux: il dit fju'il les regardoit comme les premie- |
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IT. Partie. Liv. V. j©$)
ires teligieufes de l'Eelife , & qu'il ne —T71— ■ a rr ■ I • • >-i 1665..
pouvoit aiiez exprimer la joie qu 11
auroit deles voir dans fon diocefe ; qu'il n'y avoir rien qu'il fouhaitar da- vanrage que de pouvoir conrribuer a les tirer de l'oppreffion ou elles etoieno depuis fi longrems. Il chargea M. Hi- laire de leur dire qu'elles ne fe mif- fent point en peine de la fignature , que quand elles feroient dans fon dio- cefe, elles figneroient comme elles vou- droient. M. de Meaux , qui avoir pris fort cxxvr.
a cceur la tranflacion , conrinua de fe vaip. &™* donner beaucoup de mouvemenr pour champs pout la faire reufllr. Le jeudi 2 3 d'aout, il compte' de allaj a P. R., & rendir compte de tour1'39*1"- ce qu'il avoit fait depuis le commen- cement decette affaire. L'Abbeffe ai'ant affemble le lendemain la communaute lui fit part de l'entretien qu'elle avoit eu avec M. de Meaux , & fit lire une requete , dont ce Prelat s'etoit charge, pour demander leur tranflarion, Cette requete ai'ant ete lue & agreee de la communaute, elle fut fignee de rou- tes les fceurs , apres y avoir fair quel- ques corrections. Elles drelTerent en meme tems un a&e , ou memoire, dans lequel etoient expliquees toutes jles conditions auxquelles elles deman- |
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jIO HlSTOIRE DE PORT-ROIAI,;
doient leur tranflation (i 5); favoiryi °. que cecte tranflation ne pafleroit point pour un nouvel etabliflement , 8c qu'elles conferveroient tous leurs droits & privileges; z°. que la mai- fon de P. R. demeureroit dans leur f>artage pour en difpofer felon qu'el-
es le jugeroient; 30. que le droit d'ele£tion d'uE s AbbeiTe triennale leur feroit confervc, &c. Elles joignirent encore a ce me^noire une proteftation pour obvier aui: confluences qu'on pourroit par la fuite tirer de la reque- te , par laquelle elles confentoient & demandoient une tranflation qu'elles n'auroient jamais imaginee dans tout autre tems. La requete des religieufes, datee du 14 aout, fut remife entre les mains de M. de Meaux pour en dif- pofer felon qu'illejugeroit apropos ; axais aux conditions que nous avons rapportees, dont les Religieufes etoient convenues avec lui, & que le Prelat fouhaita qui ruflent mifes par ecrit. Avant que de partir il vit toute la communaute; & au fortir du parloir il entretint M. Hilaire, a qui il dit qu'il ctoit parfaitement fatisfait de toutes (ij) Voi'ez ce memoire & la proteftation d*nt kf
Mem. hill. & chrenol. T. J. p. $8. |
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II. Part ie. Llv. V. jn
les religieufes : qu'il ne croi'oit pas que "^66$
dans toute l'Eglife il y eut une com- munaute auffi unie que celle-la : que jamais il n'avoit vu une fi grande moderation dans une affaire de l'im- portance de ceile qu'il venoit de pro- pofer : qu'il fembloit qu'il n'y eut qu'une feule perfonne, tant il y avoit d'union : qu'il lui avouoit qu'il n'avoit pu dire la Mefie fans repandre des larmes. La difficult^ de reuffir dans le pro- cxxvir.
jet de tranflation etoit principalement , ^ntretien du cote de M. de Pans (24). M. de de Meaux Meaux lui rendit vifite le premier fep- *veF *f^t <j° tembre & eut un entretien avec lui tranflation fur ce fujet, aflez long & affez vif. £* reli6ieu* M. de Perefixe propofa d'abord pour condition , que les religieufes renon- ^afTent a tous leurs acles & appels. M. de Meaux apres avoir dit que les a£tes & appels des religieufes avoient deux objets, 1'un de fe juftifier con- tre la conduite que leur Archeveque avoit tenue a leur egard ; l'autre de fe relever & de pourfuivre des de- dommagemens de la perte qu'elles avoient foufferte dans leurs biens, con- vint que quand au fecond objet,. elles • pourroient renoncer a leurs a£tes . {14) Journ.Ibid. p. 181-18j.
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JIZ HlSTOIRE 0E PoRT-ROlAr;
$$%t mais que pour l'autre , qui regardoit
leur juftification, il ne falloit pas feu- lement le propofer. M. de Paris en ai'ant demande la raifon, M. de Meaux lui repondit, que fi les religieufes re- nonjoient a leurs aftes & appels, elles autoriferoient route la conduite que lui Archeveque de 'Paris avoir tenue a leur egard, que ce feroit la reconnoirre comme jufte , & s'avouer elles-memes coupables & dignes de tous ces traitemens. Il ajouta que fi elles avoient figne cette renonciation a leurs a&es , M. de Paris n'auroit plus que faire de leur demander d'au- tre fignature. L Archeveque 1'avoua , & vine enfuite a fon autre difficulty, favoir qu'ilne confentiroit jamais que les religieufes des Champs confervaf- fent l'Abbai'e dudit P. R. des Champs. »» Vous devez confiderer, lui dit M. » de Meaux, que les religieufes qui » font a prefent a P. R. des Champs » ont porte de dot plus de 45 0000 li- » vres qui ont fervi a batir le monaf- » tere de Paris & a groffir le revenu » de l'Abbai'e, qui monre aujourd'hui » a plus de 30900 livres, au lieu *» qu'il n'alloit auparavant qu'a huit » ou neuf mille. Quoi, Monfieur , •» continua-t-il, vonlez-vous que les religieufes
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II. Partie. Liv. V. j i j
m religieufes s'en aillent la comme de » pauvres filles profcrires } fans ti- » tre & fans qualite \ Cela feroit- >» il raifonnable, & penfez-vous que « nous autres » qui avons donne la « plus grande partie du bien que pof- »» fede cette maifon , puffions nous *» refoudre a killer ainfi aller nos pa- " rentes ? M. de Paris erant emb'ar- raffe , ■ traita les religieufes de defo* beiflanters , & s'emporta en parlant de ces faintes filles. M. de Meaux le pria de ne fe point emporter, parce- que cela ne fervoit a rien , & que pour lui il etoit perfuade que les religieu- fes n'agiffoient point par entetement, mais par principe de confcience.»Mais, » continua-t-il , laiflbns a part la fi- » gnature , & revenons a la maniere » dont on les a traitees. Croi'ez-vous > « M. , qu'il n'y ait rien a redire a la » procedure que vous avez tenue con- » tre ces religieufes 3 Et penfez-vous » que'jii la chofe etoit devant des j uges> » vous la pufliez foutenir ? Ce qui a » empeche jufqu'a prefent que Ton » n'ait pourfe cette affaire, eft le ref- » peel que Ton a pour 1'autorite du » Roi dont vous vous etes fervi, 8C » que Ton efperoit toujours qu'elle fi- Tome fl. O |
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J14 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAL.
» niroit (15) ; mais prefentement je
" ne puis plus refifter ; & fi les pa- » rens voient que vous rejettiez cetce " propofirion & le moi'en qu'ils vous » offrent , ils font refolus de poufTer » l'affaire dans tous les tribunaux oilf » ils pourront etre entendus; & je me " crois oblige en confcience de me »» joindre a eux ; j'y fuis refolu. Nous » n'avons pas fi peu d'affection pour m nos parentes & pour leur falut, que " nous foions infenfibles a Ferat ou" » elles fonr ; car nous les avons fakes « religieufes pour vivre dans 1'Eglife - avec Dieu , & mourir avec Dieu ;
» & vous les feparez de Dieu. Je vous » avoue que toures les fois que j'ai ap- » pris qu'ilmouroit une religieufede » P. R. fans Sacremens , cela m'a fait » une peine incroiable. Enfin , Mon- » fieur, il faut faire une fin a cette af- m faire , ou que vous declariez ces » religieufes excommuniees , ou que « vous les abfolviez. Nous ne pou- - vons plus fouffrir de les voir dans
» cet abandon de toures confolations w fpirituelles & temporelles , qui eft » tel, que fi Dieu ne les foutenoit , » il feroit capable de les jetter dans m le defefooir. (ij) Joutn. p. 185 & fuir.
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II. Parti e. Liv. V. 315
M. de Paris pour toute reponfe , 166S.
demanda trois jours a M, de Meaux pour y penfer & avoir le tems d'en deliberer avec fontonfeil. Il n'atten- dit pas que le terme fut expire , car etant alle trouver M. de Meaux le trois feptsmbre , il lui die que plus il penfoit a la propofition de la trans- lation , plus il croioir ne la devoir pas permettre •, qu'il falloit chercher ?[uelque moi'en d'accommoder les cho-
es , & de fake refter les religieufes dans leur maifon •, qu'il avoir penfe pour cela a un projet de requcte (x6) qu'il lui lailToit entre les mains pour le leur faire voir. M. de Meaux le lut & temoigna qu'il y avoir beaucoup de termes qui ne paiTeroienr pas, 8c qu'il ne falloit pas feulemenr propo- fer aux religieufes. EfFeclivemenr, lorf- qu'elles lurenr (le 5 feprembre) ce pro- jer, elles furenr fort furprifes de voir que M. de Paris leur demandoitles me- mes chofes qu'il leur avoit demandees quarre ans auparavant,& qu'elles avoienr refufees. L'affaire de la tranflation des reli- cxxvui.
gieufes ne furpasporteeplusloin (27). Ce P.toi« (is) Voi'ez ce projet p. i?7 & fuiv. oil cetteaf-
p. 184 iet Jotirn. fsireeft t>icn deiaillee ; p.
(17) Vui'ez les Mem. 141 le memoircd'M. 1'Ar-
hift, & chionol. T. !• cluveque tie Sens lui les
Oi;
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3 I (J HlSTOJRE DE PoRT-ROlAt.
Ainfi le diocefe de Sens n'eut pas Ie
bonheur de fervir d'afyle aux religieu- fes de P. R. des Champs perfecutees par leur Archeveque. II eft vrai-fem- blable que fi ce deffein eut reufli , cette fainte communaute auroit fubfif- tc au moins quelques annees plus long- tems qu'elle n'a faic ; & qu'au lieu qu'elle a ete detruite dans le diocefe de Paris en 1709 , elle ne l'auroit ete dans celui deSens qu'apresl'an 173 1, epoqae de la tranflation de M. Lan- guec Eveque de SoiiTbns a 1'Archeve- che de Sens. Le Diocefe de Sens ne fur pas le
feul oil Ton projecta de transferer les religieufes de P. R. des Champs : il fut encore queftion de celui deTroies. L'Abbefle du Paraclet, Abbai'e fituee dans ce diocefe , offric un echange de fon Abbai'e avec celle de P. R. a des conditions tres avantageufes. Mais il etoit arrete dans les deifeins de Dieu qu'aucun de ces projers n'auroit lieu. Us echouerent tous , non-feulement par la difficulte que fit Monfieur de Pa- ris de n'y confentir qu'a des conditions qui ne pouvoienr etre acceptees ; mais ofcftacles que M. de Paris faint Prelat temoigna ne
apportoit d la tranflation ; point approuvcr Ja tranf-
p. if9 unc kirre de M. iation poor plufieuts tai»
d'Akc, dans Iaouelk « fons ttesfolidcs.
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II. Partii. Llv. V. 317
encore par l'oppofition de plufieurs
des parens de ces faintes filles , & fur- tout par l'accommodement des qua- tre Eveques, qui donna lieu a celui des religieufes. Avant que de rappor- ter de quelle maniere Finnocence de ces faintes filles fut enfin reconnue apres une fi cruelle perfecution , & comment elles furent retablies dans la fiarticipation des Sacremens , dont el-
es avoient ete 11 injuftement privees, il eft necefTaire d'entrerdans quelque detail fur Fevenement celebre , qui donna lieu a cetheureux changemenr, je veux dire de la paix de Clement IX, 8c deFaffaire des quatre Eveques, qui fut terminee par cettepaix. |
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O iii
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318 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAZ,.
1 66 8, _______„___________________
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L1VRE SIXIEME.
JL Andis que toute une nombreufe
Affaire des communaute Je Vierges chretiennes quaere Eve- donnoit un fi beau fpecEide, qui ia"' faifoit la confolation de l'Eglife liir la terre, & la joie des Anges dans le
Ciel, quatre Eveques de France , par- mi 130, animes du meme efprit, s'op- poferent au fcandale de la feconde bulle d'Alexandre VII, dans laquelle ce Pape prefcrivoir un nouveau formu- Jaire avec ce terrible ferment; ain- Ji JDieu me foil en aide & Jes faints Evangiles , pour attefter un fait inu- tile & douteux, & meme plutotfaux <jue douteux. Cette fcandaleufe bulle, fource d'une divifion qui dechire l'E- glife depuis plus d'un necle, obtenue par les intrigues des ennemis de la grace de J. C. & de la doctrine de faint Auguftin, fut donnee le 15 fe- vrier 166$ , & envoiee en France , 011 le Roi Louis XIV donna une de- claration pour la faire recevoir : il l'a fit enregiftrerauParlementle 29 avril de la meme annee. Les ordres abfo- lus du Roi, qui vouloitque cette bulle |
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II. Parti b. Liv. Vl. 319
tut rec,ue , & qui avoit donne le 2 5 ~~^%~
avril une declaration , par laquelle il • enjoignoit a rous les Archeveques 8c Eveques du Roi'aume , de figner & faire figner le nouvean formulaire par tous les Ecclefiaftiques feculiers & re- guliers , & meme par les maitres d'e- coles, fans aucune diftincHon , reduc- tion , ou explication , ( quoique la bulle ne defendit point de diftmguer le fait, du droit) ces ordres , dis-je , du Roi obligerent tous les Eveques a recevoir la bulle & a donner des man- demens pour la faire recevoir ; mais tous ne la recurent pas de la meme maniere, & tous ne s'expliquerent pas de la meme fac,on dans leurs mande- mens. Les uns propofoient purement & (implement la fignature, en fe con- Ir> formant a la declaration du Roi; les conduite autres diftinguoient expreflement leEygq^, »« fait & le droit, demandant une fou- «ppon a u miflionde foi divine pour le droit,& un fo^mulaW1, fimple refpect exterieur pourle fait : quoique la ., L c -r ■ ■ J'n- Plupart fiiC-
d autres ne rauoient point cette diitinc- ftntperfuades
tion dans leurs mandemens , mais dansd.e l* diftjnc- des aftes & des proces-verbaux fepa-du dtoit. res , ou feulement de vive voix , declarant qu'ils n'entendoient point en faifant figner le formulaire , ob- liger a la creance du fait. O iv
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JZO HlSTOlAE DE PoRT-nOlAt.
166S. Francois de Clermont, Eveque de
Noi'on, declara pofitivement dans fori ordonnance , que 1'Eglife demandoit une foumiflion de foi au dogme, &c une deference refpe&ueufe pour lesfaits non reveles : mais les partifans de la fignature pure & fimple lui ai'ant fait des affaires en Cour, il eut la foiblef- fe de faire une nouvelle ordonnance. Francois de Medavy Eveque de Sez , fit un mandement pour la fignature pure & fimple, dans lequel il avan- $oit une herefie , difant que ceux qui fe feparent de 1'Eglife, n'ont jamais etc dans fa tiffure qui eft indivifible. Ce qui eft de plaifant , c'eft qu'il y en avoir de fi peu inftruirs du livre de Janfenius qui eft l'objet du formu- laire, que les Grands- Vicaires de Bour- deaux prirent le titre du livre pour le furnom de 1'auteur: le Pope Inno- cent X, difoient-ils dans leur mande- ment , a'iant prefque opprime fhirefiz Ttaijjante de Cornelius Janfenius >Jur- nomme AUGUST1NUS. &c. u}- Nicolas Pavilion Eveque d'Alet pu- Mandement, ... ... 3 \
deMM. d'A-blia le premier jum 1665 unmande-
lec & dcBeau- menc ^ Jans lequel il declara expref-
fement i°. que 1'Eglife demandoit un
acquiefcement de foi divine pour la
doctrine , & un rejpecl de difcipline
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-«, ,,_,—- .,_.,., l.^-^|!i»'u^.»jvrw^!'wWWS!W"
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II. Par.tie. Liv. Vl. $n
pour les faits contenus dans les bulles ufiiti?"
des Papes innocent X & Alexandre VII -, 2 c. Que la cenfure des V propofi- tions n'avoit donne aucune atteinte aux fentimens de faint Auguftin & de faint Thomas fur la neceffite de la grace efficace. Les ennemis de cette divine grace en con^urent un tel depit, qu'ils remuerent routes les puifTances contre ce Prelat, & contre trois autres qui crurent devoir l'imiter, commenous le verrons ( i). Nicolas Choart de Buzenval ,
Eveque de Beauvais trouva le man- dement de M. d'Alet fi jufte & fi exa£t, qu'il l'adopta & le publia en fon nom le z 3 juin avec la meme diftinction du fait & du droit, la meme decla- ration en faveur de la doctrine de faint Auguftin : auffi s'attira-t-il la meme perfecution que M.d'Alet. Henry Arnauld Eveque d'Angers pu- Iv
blia le huit juillet fon mandement Mandemcnt dans lequel en demandant la fignatu-d! M- d An" re, il explique diftin&ement les de- voirs auxquels on eft oblige felon l'efprit & les regies de l'Eglife: le premier devoir eft un devoir de foi (r) Voi'ez le mantle- nifme,&T. 3. p. ?j de
mentde M. d'AUt, T. 3 , l'hift. Eccl. du dix-feptie- p. 171 de l'hift. du Janfe- me fiecle par M. Duptn. O v
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}IZ HlSTOIRE DE PoRT-ROiAt.
\(,^t & de creance, qui ne regarde que let
dogmes condamnes , qii'on eft oblige decondamnerabfolument: iQ, » Mais » 1'Eglife, dit-ilj etant crop juftepouc >' exiger par autorite la creance d'u- « ne chofe , fur laquelle elle n'a point » de revelation divine, qui peut feule » etouffer tous les doutes de 1'eiprit, « elle defire neanrnoins que fes en~ » fans lui rendent un autre devoir ne- » ceflaire a la confer vation de la paix, « qui eft une foumiflion fmcere de " refpe£b& difcipline , qui conferve » aux Pafteurs la reverence qui leur » eft due 5 qui maintient les chofes }> dans 1'ordre & la fubordination ne- ,r ceilaires, & empeche qu'on ne trou- " ble 1'Eglife par des queftions fuper- » flues, obfupzrjluasquteftiones,comme „ parle le Pape Pelage II. M. d'An- gers avance enfuite , que la doctri- ne de faint Auguftin n'a recti aucu- ne atteinte par la condamnation des V propositions. Comme la diftinition du fait & du
intrigue d=s droir j 8c la declaration que faifoient ,BfftM co,n~ dans leurs mandemens MM. d'Alet, de Beauvais & d'Angers en faveur de faint Auguftin , renverfoient tous les defteins des Jefuites, qui vouloient fai- re retoraber fur la doctrine de ce faint |
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■v,^.'~.m-,— > - ■--
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II. Part ie. Lly. VI. 31$
dodteur la condamnation de celle de ""l(,6$,
Janfenius, qui etoit la meme , ils mi- rent tout en mouvement a Rome & en France pour les faire revoquer 8c caffer. Ils obtinrent par leurs intrigues un arret du Confeit du Roi contre ces trois mandemens, &c contre ce- lui de M. Noyon, qui fe reglantfur les volontes de la Cour en fit un nou- veau. Mais ce coup n'etonna pas les trois autres Prelats , qui eurent bien- tot la confolation de voir M. dePamiers fe joindre a eux par une ordonnance datee du 3 1 juillet, dans laquelle il te- noit le meme langage qu'ils avoient tenu fur le droit & le fait, & fur la dodbrine de faint Auguftin. Ces qua- tre Prelats devinrent les colomnes de la verite , que rien ne put abattre : &par unevigueur v raiment epifcopa- le , ils procurerent la paix a l'Eglife. Mais ils eurent bien des combats a eiTuier de la part des ennemis , qui emploierent contr'eux tous les moiens dont ils font capables , pour les de- crier a Rome & en France comme des feditieux , des rebelles a l'Eglife & a - l'Etat, & des heretiques declares. Ils eurent meme aflez de credit , vr.
non-feulement a Rome pour faire met- J^^fi!* tie a Pindex les mandemens des quatre eommiflaucj |
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^14 HlSTOIRE DE FoRT-Ro'lAL.
i<j68, Eveques (i) , mais encore pour enga-
ger Louis XIV a demander par fon Ambafladeur a Alexandre VII des com- miftaires pour faire le proces a ces qua- tre Prelats ( j ) ; ce qui etoic egale- ment contraire aux loix de 1'Eglife, & auxmaximesduRoiaume. Mais que ne facrifie-t-on pas, lorfqu'on eft rc- folu d'opprimer la verite & l'innocen- ce ? il faut toujours que ce foit par le vi*. violement de toutes les loix. Reponfe du Le pape fo r^ponfe au R0i qu'il
avoit ete dans le deiiein de nommer
V' Archevique de Paris tout feu' (Sa Sain- tete favoit de quoi le Prelat etoit ca- pable ) afin que comrne Jimple executeur, (i) Ce decret de I'lnqul- pofa a cette refolution, 8c
fition aiant ete envoi'e a l'Eveque de Montauban l'Archeveque de Toulou- fut charge par ceux qui fe pendant lesEtatsdeLan- etoientdecetavisde dref- guedoc , qui fe tenoient a fer la lettre. voi'ez Dupin CarcafTonne , il le lut le hill, ecclef. du dix- feptie- 20 fevrier 1(67 dans une mefiecle, T. 3. p. 80. aflemblee de 15 Pfelatsde ($) Le Roi fit demander la province. I.'avis de la au Pape deux brefs, l'un plurality fur, que Taffem- par lcquel Sa Sainted or- blee ecriroit une lettre au donneroit aux quatre Eve • Roi pour fe plaindre de ques de revoquer leuis 1'entreptife de la Congre- mandemens & de faire li- gation de l'lndice, 8c pour gner puremenr & fimple- demander la protection de ment fans aucune rcftric- SaMaje/le pour avair juf- don, l'autre par lequel il lice de l'injure que ce pre- nomraeroit douze Prelats rendu decrer faifoita l'au- de France pour faire le torite Rotate 8c aux droits proces aux quatre Eve- del'fgiife gallicane. L'Ar- ques. cheveque deXouloufe s'op- |
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II. P A R T I E. LlV. VI. J1 J
il intlmat aufdits quatre Eveques, que i£<5g.
dans le terme de deux mois , Us euffent afoufcrire leformulairepurement &Jim- plement : & qu'en cas de coutumace , illes declardt fufpens des fonclions Pon- tificates. Cependant , le Pape ajou- tuit, quil holt prcs de deputer trois Eveques en qualite de Jimples execu- teurs ; mats il refufa d'en nommer dou^e. Quelqu'infenfible & aveugle qu'on parut etre en France par les preven- tions qu'on infpiroit au Roi contre les quatre Eveques , on fut neanmoins furpris & picque de ce que le Pape vouloit fe rendre feul juge des affai- res eccleiiaftiques, & que les Eveques ne fuffent que les fimples executeurs de fes volontes; outre que Ton trou« voit mauvais qu'il remit cette affaire entre les mains de trois Eveques feu- lement. En confequence , le Pape en- vo'ia deux Brefs en date du n avril 1667: le premier etoit adreffe aux Archeveques de Touloufe & de Bourges , & aux Eveques de La- vaur , de Mende , de SoifTons, de Lodeve , de Dol, de faint M alo & de I ombez , par lequel il commettoit en vertu de l'autorite Apoftolique ces neuf Prelats , afin qu'ils euffent a ordonner aux quatres Eveques > de retirer leurs |
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$1<3 HlSTOrRE DE PoRT-ROlAt.
166%. mandemens des mains de tous leurs
Diocefains com me ai'ant ete condam- nes par le faint Siege : » a quoi s'ils » n'avoient point obei dans deux mois » apres la fignification qu'ils leurau- » roient fait faire de ces brefs , ils » procederoient contre eux par les » peines canoniques , comme contre » des rebelles aux decrets du faint » Siege , & cela fans que ces qua- >> tre Eveques pufient appeller en au- >> cune maniere de leur jugement , » ni recufer aucun d'eux. Dans le deuxieme bref, le Pape
commet ces neuf Prelats pour enjoin- dre aux quatre Eveques dans 50 jours apres la fignification qui leur feroic faite de ce bref, de foufcrire & de faire foufcrire dans leurs diocefes le formulaire purement & /implement, fansaucune proteitation,reftri6Hon See. fous peine de fufpenfe de l'exercice de leurs fonitions pontificales, inter- dit de l'entree de l'Eglife, &d'autres peines plus grieves qu'il remmettoit aleur jugement. Le Papeotoit aufliaux quatre Eveques par ce bref, route faculte d'appeller du jugement de ces commiffaires a aucun autre tribunal,ni d'en pouvoir recufer aucun. Quelques- «ns des commiflaires, comme MM. de |
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II. P A R. T I E. Llv. VI. 317
Lodeve (Roger de Harlay de Celi ) jggg,
&c de SoifTons ( Charles de Bourbon) , refuferent de fe charger de cette com- miflion. l'Archeveque de Touloufe , { Charles d'Anglurre de Bourlemont ) chef des commillaires , fit aufli quel- que difficulte , & fongea a terminer cette affaire par accommodement. Pendant que le Pane Alexandre tra- vn* _
• 11 ■ v r ■ ■ xi T*- Alexandre
vauioit a raire juger les quatre bve- Vu meim.
ques par les commiiraires qu'il avoit Son &"? x \ „• , . 1 • i ., r contre lar.e-
nommes , Dieu le cita Im-memeaion Ceflue de l'a-
tribunal le zo mai 1667 pour y ren-moucdeDku* dre compte de fon formulaire , & de toute fon adminiftration. Ce Pape, qui avoitdonne une fi grande atteinte au premier article du fymbole en condam- nant dans le fens de Fauteur, la doc- trine de Janfenius , qui n'eft autre que celle de faint Auguftin fur la grace & la toute puilfance de Dieu , ne fit pas une moindre plaie au pre- mier article du decalogue , par un de- cret qu'il donna au lie de la morr. Par ce dangereux decret, Alexan- dre VII defend de cenfurer l'opinion qui nie qu'il faille avoir quelque amour de Dieu pour etre en etat de recevoir la remiffiofi de fes peches dans le Sa- crement de penitence. Il declare me- me que 1'opinion qui n'exige point |
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Ji8 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt.'
i<?(j8. d'amour de Dieu dans le Sacrement
de penitence , eft Ja plus commune dans Jes ecoles. Ainfi, felon cedecret, voila une des verites des plus necef- faires au falut, desplus clairementre- velees , des plus evidences , mife au rang des problemes, tandis qu'on veut faire croire & aiTurer avec ferment, comme une chofe neceflaire au falut & dont il n'eft pas permis de douter , un fait pour le moins douteux. Quel aveuglement ! Quelle horreur ! 11 ell permis de douter n* Ton eft oblige d'ai- mer Dieu pour fe reconcilier avec lui; & il n'eft pas permis de douter li Janfenius a enfeigne cinq propositions fauiles, qu'on nepeut meme faire voir dans fon iivre. vnr. Alexandre VII etant mortavantque Ey?queslcd- ^'on eut Pu conimencer aucune pre-
vent a cie- cedure contre les quatre Eveques , tout frveur'^e/" demeura en fufpens jufqu'a l'exal- quatte £ve- ration du Cardinal Rofpigliofi , qui ques. £nt ^jey^ aJ Pontificat au mois de juillet de la meme annee fous le
nom de Clement IX. Ce fut alors que dix-neufEveques, touches de Pinjure qu'on faifoit a leurs illuftresCollegues, & dans leurs perfonnes a tout l'epif- copat, fe crurent obliges d'ecrire au nouveau Pape une lettre , dans la- |
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II. P A R T I E. LlV. VI. 319
quelle ils juftifienc leur dodtrine fur
la diftindtion du fait & du droit (4). » L'eminente vertu de ces Eveques » ( eft il dit dans la lettre) oblige » leurs ennemis memes de reconnoi- » tre qu'ils font un des plus grands » ornemens de notre ordre, & qu'il »> n'y en a point qui edifient davan- » tage l'Eglife , qui veillent avec plus » de foin au falut des ames qui leur » font commifes , qui s'aquitent plus » parfaitement de tons les devoirs de » la charge epifcopale. » Les dix-neuf Eveques , apres avoir parle d'une ma- niere fi avantageufe & fi veritable de leurs confreres, juftifient leurs man- demens. Qu'y-a-t-il, difent-ils , dans ces mandemens qui s'eloigne tant /bit peu, ou de la regie de la doctrine ca- tholique , ou de la reverence qui eji due au faint Siege ? » Il s'etoit troxve des » gens parmi nous , qui avoient eu la » hardielTe de publier ce dogme nou- » veau & inoui, que les decrets que » l'Eglife fait pour decider les faits » qui arrivent de jour en jour , Sc » que Dieu n'a point reveles, eroient » certains & infaillibles , & qu'ainil » Ton devoit avoir la foi de ces faits « auffi-bien que des dogmes revelea (4) Dupin 17. fiede T. 3. p. $7 jufqu'a n. |
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330 J-frsToiRE m Port-roj'al.
^^g^ » de Dieu dans l'ecriture & la tradi- » tion ; & Jes memes perfonnes qui » avoient introduic ce dogme , qui " eft egalement condamne par tous " les theologiens anciens & nouveaux, » avoient Ja temente de l'etablir par w Ja conftitutionde votrepredecefteur. » Ces Eveques , done il s'agit, vou- » Jant s'oppofer a ce mal , remedier » aufliaux fcrupulesdequelques-uns, » one cru devoir erablir dans leurs » mandemens la doctrine tres com- » fnune& ties certaine qui eft oppo- " fee a une eireur ii manifefte ; fa- s' voir que l'Egiife ne derinit point » avec une certitude entiere & infail- » lible ces fairs humains que Dieu » n'a point reveles ; & qu'ainfi tout » ce qu'elle exige des fidelesen ces " rencontres, eft qu'ilsaientpour ces " decretsle reipeci qu'ils doivent.... » Ainu", tres Saint Pere , continuenc » les Eveques, Ji e'etoit un crime de- » ire dans cefentiment, ce ne feroit pas » hur erreur particuiure ; mais ce feroit » le crime de nous tous, ou plutdt celui de » toute I'Eglife.YLt e'eft-pourquoi il y a " eu plufieurs Eveques despluscelebres *> d'entre nous , qui ont fait la meme » chofe qu'eux, ou par des niande- » mens publics, quoique non impri- |
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II. P A R T I E. L'tV. Vh 3 J I
» mes , on, ce qui n'a pas moins de "TiTiT"
*> poids, dans des proces-verbairx, qui » demeurent dans leursgreffes,& dans » lefquels lis ont exprime fort au long » certe doctrine, &c. » Cette lectre fuc dreffee par M. Felix Vialart Eveque de Chalons , & fignee par M. de Gondrin Archeveque de Sens &c par dix- huic Eveques. Elle fur ecrite en latin, datee du premier decembre i66j , &envoyee a Rome en 1668. Ces memes Eveques ecrivirentune rx.
lettre au Roi , dans laquelle ils difent *•" d,x-,netf , I - ., Eveques em-
que, tout le crime deslr Eveques ejt d a- veutau Rot.
voir parte comme L'Eglife s'eji expliquee dans eous lesjiecles (5). Apresles avoir juftifies, &c remontre que lanuniere dont on en a agi a leur egard eft con- traire non feulement aux loix de l'E- glife , dont on ne peut pas legitime- ment fe difpenier a l'egard des plus coupables , mais encore aux premiers principes de'l'equite naturelle recon- nue par les pai'ens memes , ils prient Sa Majefte d'ecouter favorablement les tres humbles fupplications qu'ils lui fonr , non-feulement pour leurs confreres, mais aufli pour les droits communs de I'epifcopat que Ton vou- (O Voi'ez la lettre T. 3. de l'hifl. eccl. du dix-fef«
ticrae fiecle de M. Dupin, p. ji & fuiv. |
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3J1 HlSTOIRE DE PORT-ROIAL1
loit detruire en leurs perfonnes , &
pour le repos de route l'Eglife Galli- cane. Cette letrre au Roi, dit M. Du-
pin (6) , ai'ant ete rendue publique , il intervint, fur les ordres de la Cour , un arret (7) rendu au Pailement de Pans le 19 mars 1668 , dans lequel , fur la remontrance du Procureur du Roi au Parlement de Paris faite par ordre du Roi, que » Sa Majefte etanc " informee des cabales & alTemblees » illicites qui fe faifoient dans fon » Roiaume pour faire figner a des » Eveques en cette ville une preten- » due lettre a lui adreilee , dans Ia- » quelle il y avoir des maximes 8c « des propofitions capables de trou- » bier la paix de l'Eglife, d'affbiblir » l'autorite des declarations & des » bulles enregiftrees dans le Parle- » ment touchant les opinions de la » doctrine de Janfenius, « la Cour ordonna, » qu'il feroit informe def- » dires cabales & aflemblees illicites; » cependant defenfes faites a tous Im- » primeurs , colporteurs , & autres i6) Ibid. p. 101 fur la lettre des Eveques au
(7) Le pere Gerberon , Pape 8c non Ait celle du
Tom. 3, hift. du Janf. p. Roi.
its, fait tombet l'atret
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II. Partih. Liv. VI. 535
« perfonnes > d'imprimer, de faire \CC%,
» imprimer , vendre ou debiter la- » dice lettre , ni autres ecrits fembla- » bles. M. de Chalons, le plus ancien des
Eveques qui avoient figne la lettre, en ecrivit une au Roi au fujet de cet arret , & une autre au Procureur gene- ral datee du Z4mai 166& , dans la- quelle il lui reprefente les juites rai- (ons que les Eveques ont eues de fe plaindre d'un bref qui contenoit des claufes extraordinaires pour faire le prods a quatre Eveques , non-feulement contre les loix canoniques , mais au prejudice mime des premiers principes de requite naturelle. Ii lui rappelle la vigueur avec laquelle le Parlement de Paris a maintenu de tout tems les loix de l'Eglife & les ufages du Roiaume* qui font violes par ce bref, &c com- ment M. du Mefnil, Avocat general de Charles IX , avoit ete autrefois charge par ce Prince d'envoi'er une inf- rrucHon a fon AmbaflTadeur a Rome pour faire connoitre a Pie IV , qu'il ne permettroit pas qu'on inftruisit le proces de quelques Eveques accufes de calvinifme contre l'ordre des Ca- nons qui les renvoi'oient au Metro- politain & aux Comprovinciaux pour |
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354 Histoire de Port-roYal.
1,(568. etre juges. Et il le fit avec tant de force , qu'il arreta abfolument le cours de cetce procedure irrcguliere , deja bien avancee par la Cour de Rome. M. Vialart venant a l'accufation de ca- bale , dit que ce feroit traiter indigne- ment des Eveques , de croire que leurs fignatures one ete mandiees, &c qu'il aic fallu les engager par des bri- gues & des follicitations a une de- marche qu'ils ont efhmee ne pouvoir refufer a. leur cara&ere , a leur hon- neur &a leur confeience. Il protefte au Magiftrar a qui il ecrit, que la ca- bale n'a eu aucune part a la lettre , qu'elle eft la pure production des mou- vemens qua excites en lui & fes con- freres la necellite de defendre la di- gnite commune. Plufieuts Eveques , qui avoient figne la letxre, ecrivirent auifi, foit au Roi, foit au Miniftre j pour fe juftifier. *• Les quatre Eveques, intrepides en tettte circu- •• j i> r i a
laire desm,a- voiant gronder 1 or-age iur leur tete ,
treEvecjucs. ne penfoient qu'a remplir leur devoir j mais quoiqu'infeniibles a ce qui les re- gardoit, confiderantneanmoins qu'en opprimant leurs perfonnes , on ren- ve.rfoir les loix les plus faintes de la difcipline ccclefiaftique , ils crurent devoir faire une tentative pour enga- |
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II. P A r t i e. Liv. VI. 5 3 5
ger les Eveques de France a fe join-.
tire a eux pour en prendre la defenfe. Pour cec effet, ils ecrivirent en leur nom une lettre eirculaire , datee du 2 5 avril 166$ , adreflee a tous les Evc> ques , dans laquelle ils leur reprefen- toient » qu'il ne s'agifToit pas feule- " ment dans cetce caufe de leur op- i> preflion particuliere 5 mais du ren- » verfement des plus faints Canons > » du violement des premiers princi- » pes de l'equite naturelle , & du der- » nier aviliffementdela dignitecom- » mune des Eveques «. Apres avoir prouve que les Eveques ne peuvent etre juges en premiere inftance que par les Eveques du Roiaume , ils font voir combien le bref eft contraire £ cette maxime , & donne atteinte aux droits de l'Etat & des Eveques : ils concluent en demandant aux Prelats de France leurs avis & leurs lumie- res fur les cinq points fur lefquels il leur femble qu'ils ne peuvent fe *aire fans une lachere criminelle j fa voir, » i°. Si les Eveques peuvent foufFric
» en confcience qu'on renverfe les Ca- »• nons qui ont regie l'ordre que Ton " doit tenir .pour faire le proces a des «j Eveques > & qu'on introduife un |
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', ...i ,J!»>>li»l»ll. " I---------------——-n
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3 3<J HrSTOIRE DE PoRT-ROlAt.
77g~ « ordre nouveau (8), contraire a nos
» liberies, done il feroit facile d'abu-
» fer pour opprimer les plus faints
« Prelats; 8c fi nous ne ferions pas
w coupable d'une honteufe prevarica-
» tion , en manquant par fbibJefle a
" ce qui a ete fi fagement ordonne
« fur ce fujet dans les aifemblees ge-
»> neralesde 1645 & de 1650.
» 11°. Si ce ne feroit pas encore
»> une negligence plus criminelle de
» ne pas s'elever contre cette nou-
» velle forme de jugement, ou Ton
»> ne peut que condamner & non pas
*> abfoudre , ni meme rien ecourer
» de ce qui peut fervir a la juftifi-
» cation des accufes ; ce qui eft le
» plus etrange renverfement qu'on
»> puifle imaginer, de route equite.
» III". S'il n'y a rien qui rut plus
» capable de donner lieu d'autorifer
»» l'erreur, le relachement & le de-
» fordre dans 1'Eglife , que d'y laifter
»» un exemple auiTi pernicieux que fe-
» roit celui de fix ou fept commiiTai-
>• res, qui auroient eu la hardietfe
» de faire un crime a des Eveques
m d'une conduire approuvee publique-
■ , ; ■
(8) Cette nouvelle for- par M. de Marca ferns le
medefaire Ieprocesil'iii- Ordinal de Richelieu tc
nocent, avoir hi inventee a fa priere.
ment
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H. P a r t i e Liv. VI. 357
» ment par plus de vingt autres , w fans qu'il sen foit trouve aucun qui » l'ait ofe improuver ouvertement. » IV°. S'il n'eft point a. propos de
m reprefenter au Pape, que les Eve- » ques tiennent un rang aftez conii- » derable dans l'Eglife , pour meriter » qu'il life les lettres qu'ils addreffenc » an faint Siege (9), qu'il y falTe at- » tention & qu'il y reponde , a moins m qu'il ne veuille bien que Ton pren- » ne fon filence pour une approbation » de ce qu'ils lui auroient ecrit ; » puifque , s'il y trouvoit a redire , i> il les en devroit avertir & leur faire " voir en quoi ils auroient manque, « & non pas ufer envers eux d'une » domination auffi imperieufe & auffi 5> injufte que feroit celie de les vou- » loir obliger de fe croire coupables , « fans daigner feulement leur appren- »> dre quel eft leur crime. « Vp. S'il ne faudroit pas auffi fal-
si re favoir a Sa Saintete , que c'eft » trailer les Eveques, qui ont l'hon- » neur d'etre fes freres, avec une » indignite qui n'eft pas fupportable, » que de mettre leurs actes publics , » qui portent leur nom & le Carac- al tes quatre IvSques ayoient £crit une ietue a Clement IX. Tome ri, P
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3 3§ HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt.
idO^o. " rere de 'eur autorire (i o), au meme
" rang que routes forces de medians " livres, fans leur en avoir fait au- » paravant la moindre plainte a eux- " memes , ni leur avoir donne aucun » lieu de reconnoitre leur faute s'ils » en avoient commis quelqu'une , ou » cle fe juftifter , fi Ton avoit'mal pris :> leur penfee. Cette lettre des qua- tre Eveques fut fupprimee par un arret du Confeil du Roi , du 4 juillet 1668. Tel etoit l'etat des affaires de 1'E-
0v^Ta"clesiglife de France, lorfque M. Bargel- i.i pais. Imi, Nonce du Pape Clement IX , ar- riva a Paris. Les premieres fondtions de fon miniftere , comme il le dit lui-meme, furent d'exciter de tout fon zele les commifiaires nommes par le Pape, afuivre 1'afiaire des quatre Eve- ques. D'un autre cote les quatre Eve- ques paroiflbient refolus de ne point retradter leurs mandemens. D'en ve- nir a. un jugement contre des Prelacs d'un merite fi diftingue &c fi connu, la chofe n'etoit point facile & pou- voit avoir de grandes fuites. Deja dix- (10) /UcxandreVH avoit le 9 arril tin decret cflai
(ait mettre a 1'Inuex les ordonnoit dc brOlet le JU-
jr.andemens des IvJ^ues. tusl d'Alet.
GHmeiu IX avoic tjonijc |
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II. Par tie. Liv. VI. 539
neuf Eveques prenoient hautement la
defenfe & de leurs perfbnnes & de leur doctrine , declarant n'en avoir point d'autre que celle de leurs mandemens; & ajoutant meme que c'etoit celle de tous les Eveques de France; & enun mot , que le crime des quatre Eve- ques n'eioit autre que d'avoir parlc comme [Eglife s'etoit expliquie dans tous les fiecles. Les affaires etoient done dans un
ecat tres difficile a concilier. La Cour de Rome ne fait ce que e'eft que de reader ; fon infaillibite ne le lui per- metpas.Laconfciencedes quatre Eve- ques ne le leur permettoit pas non plus, & ils etoient refolus a tout , plutot que de trahir la verite & de man- quer a ce qu'ilsluidevoient: les Eve- quesde France, touches de Finjuftice faite a quatre de leurs confreres qu'on vouloitopprimercontretouteslesregles, & fenfibles au renverfement des loix les plus faintes de FEglife & a l'honneur de Fepifcopat , commencoient a agir en leur faveur, & a reclamer contre la violence. Enfin la Cour de France avoir pris
des engagemens qui formoient un grand obftacle a la conciliation des efprits. Les Princes font expofes a Pii
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340 Histoire oe Port-ro'ial.
etre trompes par ceux qui ont acces aupres de leurs perfonnes; ilscommen- cent par leur infpirer l'erreur 8c leur fontenfuite emploi'er l'autorite & la violence pour la faire recevoir. Com- bien l'hiftoire ne nous en fournit-elle pas d'exemples?N'a-t'onpas vu legrand Conftantin premier Empereur Chre- tien , trompe par les Ariens , exiler S. Athanate , l'intrepide defenfeur de la foi > C'eft ce qui arriva en France au
fujet du formulaire ; & comment cela ne feroit-il pas arrive ? Si les Prin- ces ont ete li fouvent trompes dans des fiecles ou il n'y avoit pas des feducleurs aufli habiles que ceux qui font venus depuis dans le monde , comment eviteroient-ilslespieges que leur tendentaujourd'hui ces nouveaux maitres d'erreurs , qui ont trouve moi'en de fe rendre maitres de leurs confciences, & qui ont etabli leur re- fidence dans le Palais memedes Rois ; C'eft le cas de dire avec faint Auguf- tin , qu'il faudroit une grande grace, Magna gratia opus tfl. Dieu ne la fit pas a Louis XIV. Il permit que le P. Annat leduifit ce grand Prince , &c abufat de fa confiance pour l'enga- ger a demander au Pape, & appuier |
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II. P A R T I E. LlV. VI. 34I
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de toute fon autorite , les bulles fa-
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I 66b.
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vorables aux erreurs de fa fociete, &
qui ont jette toute la France dans le trouble &c la diviiion. Les sens de bien gemiflbient de ,,,XI"-.
q o Negociation
ces troubles, & des maux que cau- pour l'affairs
foit cette divifion ; fur-tout de la ^ V£m £" perfecution qu'on faifoit aux plus ha- biles theologiens qui etoient obliges de fe tenir caches , & aux Religieu- fes de P. R. qu'on tenoit dans la plus dure captivite , privees de tous les fecours fpirituels. Cela fit penfer fe- rieufement a chercher quelques moi'ens de procurer la paix a l'Eglife de Fran- ce. M. de Chalons etant venu expres a. Paris pour informer le Roi de la conduite des quatre Eveques , & des raifons qu'ils avoient eues de foute- nir les droits de l'epifcopat , fut ren- voie a M. le Tellief Miniftre & Se» cretaire d'Etat , qui lui dit qu'il fal- loit accommoder cette affaire. Il en parla a. quelques-uns de fes confre- res, & particulierementaM. de Sens, qui s'y interefloit le plus. Cet Arche- veque conduifit en chef toute cette " affaire , & prit des mefures pour me-
nager un accommodement avec le Non- ce Bargellini , Archeveque de The- bes , afin de terminer cette querelle: Piij
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342- HlSTOIRE DE PoRT-ROlAI.
1668. au contentement du Pape 8c du Roi.
» Ce Nonce,dit M. de Villefore (11) , » etoit un bongentilhomme,que fa po- « lirefle & fa probite faifoient eftirner; »» mais peu eclaire; ce qui le rendoit " defiant & fouvent irrefblu; deforce •» qu'il n'etoit habile qu'en certain » manege naturel a ceux de fa nation. L'Archeveque de Sens Jui rendit vi- fite , & lui parla de l'affaire des quatre Eveques (1 i).Lq Prelatfe propofant de » penetrer dans 1'eiprit de ce minif- » tre, eut bientot force les dehors " qui en defendoient les approches , w & s'en empara tellement, que le « Nonce flatte de s'etre fait un ami « de cette importance , fe rendit fa- » cile a tous les expediens 3c tous les » temperamens propofes. » M. de Gondrin reprefenta au Nonce coni- bien il feroit glorieux a Clement IX d'appaifer les troubles de l'Eglife & dedonnerla paix a celle de France comme il venoit de la donner a rou- te 1'Europe ( i}). Le Nonce ecouta d'autant plus volontiers les propo- rtions faites par M. de Sens , qu'il (11) Vie de Madame de f 13) Par le Traite d'Aix
Longueville liv. VI. pag. la-Chapelle de 1668 , au-
10). quel il ayoit eu beaucoup
(jjJ IbiJ. p. J04. depart.
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II. Par.tie. Liv.Vl. 345
avoit recti des lettres des Cardinaux \cG%. Ottoboni & Azzolin, par lefquelles on l'avertuToit de terminer cette affaire a l'amiable en mettant a couvert l'hon- neur du S. Siege, & il promit d'en ecrire a Rome. Mais une des condi- tions que M. de Sens demanda au Nonce, fut qu'on gardat le fecret fur cette negociation pour en fouftraire la connoillance aux ennemis de la paix , qui s'y feroient oppofes: c'eft- a-dire , comme le remarque l'auteur de I'Hiftoire des cinq propofuions , qu'on cacluroit ahfolumtnt cette affaire, au confejfeur du Roi (le Pere Annat) & a ceux de Jon parti, ( futtout a M. de Perefixe ). Comme les Cardinaux Ottoboni &
Azzolin avoient recommandeauNonce de ne rien faire , fur-tout pour ce qui regardoit les quatre Eveques, fans confulter M. l'Eveque deLaon , cele- bre depuis fous le nom de Cardinal d'Eftrees, ce Prelat entra dans le fe- cret & negocia en bon Cito'ien Frangois. Ainli M. de Sens, M. de Chalons & M. de Laon furent les mediateurs de cette grande affaire. Tout ce que ces trois » Prelats ecrivoient ou recevoient »> de lettres des IV Eveques , tout » ce qu'ils avoient d'entretien enfem- |
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544 Histoire de Port-roiai,;
1662T" ^e ' ou avec ^e Nonce dans la
» journee, ils alloient les foils en » faire le rapport a l'hotel de Lon- » gueville , ou la Princefle avec fa « compagnielesattendoit (14). Rien " ne leur manquoit alors pour tenir » confeil , dit Monfieur de Villefore » ( p. 404 ). L'etendue & 1'adivite « du genie dans 1'Archeveque de Sens, « la prudence & l'equite dans I'Eveque « de Chalons, la nobleiTe des fenri- " mens 8c la dignite des manieres *> dans l'Eveque de Laon , la pro- •> fondeur 8c la force du raifonnement » dans M. Arnauld , la juftefle & la « precifion des idees dans M. Nicole, » le bongoik& le difcerjgiejjifint dans » Mademoifelle de VerruS ," & le char- =» me infinuant de la perfuafion dans » Madame de Longueville ; de tous « ces difFerens caradteres reunis pour « deliberer , il devoir refulcer d'heu- " reufes conclusions. » Pr?jet d'ac- Les negociateurs (15), apres bien
(14) Cetce PrincefTe I'impreflion que feroit fur
avoit ecrk an Pape apres l'efprit du Pape une lettrc ion 61e£tion , une letcre de cette Princeife, la con- ties plus touchantes en fa- firmadansledelleinqu'cUe veur des religieufes de P. avoic de 1'ecrire : elle eft R. M. de Villefore dit, datee du i? juillet 1*67. livre VU p. 93, que Ma- (if) Hift, du Janfenif- dame de Longueville fut me, T. 3. p. 119 Dupin encouragfe pat l'exemple hift. eccl. du dixfepcieme & par les projets de M. iiccleT. 3 p. 130 &C fuiv. de Seas , qui preVoi'ant Relation de la paix. |
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II. Par tie. Llv. VI. 345
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des recherches & des reflexions, ne 161S8.
trouverent pas de meilleur mo'i'en que comm0(j,,. d'engager, ft cela etoit poffible , les menr. quatre Eveques a faire une nouvelle fignature pure & Ample du formulaire, fauf a eux a drefler des proces ver- baux, comme avoient fait MM. de Sens & quelques autres Prelats, dans lefquels iis donneroient les explica- tions qu'ils jugeroient a propos , & de- clareroient qu'en exigeant la Signature des bulles des Papes de la part de leurs ecclefiaftiques, ils ne leur demandoiem la creance qu'a 1'egard des dogmes, 8c que pour les faits , ils demandoient feulement une fourniilion de refpecl: & de lilence: par ce mo'i'en le Pape, qui s'etoit declare contre les mande- mens des Eveques, devoir etre fatis- fait, puifque par deference pour le faint Siege, ils auroient de nouveau figne & fait figner le formulaire. D'un autre cote les Eveques ne blefleroienr ni l'honneur de leur caraclrere, ni la verite , puifque ce qu'ils feroient, fe- roit entierement conforme a leurs mandemens. M. d'Alet, a qui M. de Chalons fit xiv.
faire la proposition de ce projet d'ac- commmi^Jt- commodement par M. de Commin- * M- d'Ai" > P v
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34<J HlSTOIRE DE PoRT-ROiAl.
io(J8. ges (16), temoigna d'abord quelque
qui y metd esdefiance de ces propofitions,& ditqu'a- conditioD$. vant que de les accepter, il falloitles MM. dAn- *■ ■ x •»,»/ 1, a o i
gers & de commumquer a MM. d Angers & de
B'-!UValslai,*Beauvais&auxdieologiensqui etoient dans la meme cauie ; & il ajouta les conditions fuivantes : » i°. Qu'on » laiflar la liberte aux quaere Eveques >» de faire leurs proces-verbaux com- » me ils voudroient : 2°. Qu'ils fe- » roient auffi les maitres de la lettre " qu'ils ecriroient au Pape, laquelle » ieroit refpeclueufe ; mais qu'on ne " pourroit les obliger d'y mettre au- « cuns termes obfeurs , ambigus & » equivoques ; que toutes les expref- « lions en feroient tres claires & qu'il » n'y pourroit rien avoir, qui fenrit » tant foitpeu la retractation: 5°. Que « 1'accommodement feroit general, » e'eft-a-dire qu'il embrafleroit 8c les >i docteurs & les religieufes de P. R. m qui etoient dans la meme caufe, fans » quoi il ne pouvoir y avoir de verita- » ble paix. Les Eveques de Beauvais & d'An-
f;ers temoignerent qu'ils approuvoient
e projet d'accommodement en la ma- (itf) Il fe rfndic pour cslai Aletle jj juia avec
M. de Pamiers, |
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II. Par tie. Liv. VI. 347'_______
niere que M. d'Alet en etoit convenu. 166%.
On eut plus de peine , dit M. Du- pin (17), a tirer le confentement des theologiens qui etoient dans la me- me caufe , parcequ'ils ne parol flbient: pas, & qu'ils faifoient plus de difficu'.te de donner les mains a cet accommo- dement. La refiftance ne fut pas lon- gue, & ils y acquiefcerent auffi-toc que MM. de Sens & de Chalons en eurent confere avec M. Arnauld & M. Nicole. Les Prelats negociateurs voi'ant que n ^crom.
les IV Eveqites & les theologiens con- mimiquS an fentoient au projet d'accommodement jc0L^nne,M' ne penferent plus qu'a agir & faire agir M. de Lionne aupres du Nonce, pour qu'il 1'agreat & le fit agreer au Pape. M. de Lionne, qui defiroit fort la paix, entra fans peine dans routes les raifons qu'on lui allegua , & les reprefenta tres vivemenr a. M. le Non- ce , pour lui faire voir la neceffite de terminer ce differend , 8c les difficul- tes qu'il pourroit y avoir , fi on pour- fuivoit a la rigueur le jugement des quatre Eveques (18). II lui fit fentk que leur caufe etoit infeparahle de celle des dix-neufs Prelats qui avoient (17) Tom. ?. hift. cccl. da dix-fept. fiecle p. ijj.
(18; Hift. du janfenifme T. 3. p. 1 ji. P Vj
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34§ HiSTOIRE D E PORT-ROIAL."
6-(j§# dcja ecrit en leur faveur au Pape > &
de beaucoup d'autres qui etoient pres de fe joindre a eux ; que les perfon- nes non paffionnees avoient une extre- me indignation contre les commiifai- res nonimes pour faire le proces aux quatre des plus faints Prelats qui fuf- fent dans l'Eglife ; que quelques-uns memes des commiiTaires fentant l'o- dieux de certe commiflion 1'avoienc refufee; que tous les honnetes gens avoient de la veneration pour le me- rite des quatre Eveques accufes , & une eftime finguliere pour la capacite de ceux qui fe croi'ant obliges de les defendre s'en acquittoient avec rap- probation de toutes les perfonnes non prevenues : qu'ainfi il etoit de la gloi- re du Pape d'eteindre un feti qui avoir deja fait un grand mal, & quine fe- roit jamais aucun bien , &c. Enfin , il lui propofa : » Que Sa Saintete " fe contentat que les quatre Prelats, » pour lui dormer des marques de « leur refpect 8c de leur foumi/Iion , » fiffent figner de nouveau le formu- » laire au bas des proces-verbaux, 8c » qu'enfuite ils ecrivillent a Sa Sain- « re re une lettre pleire de refpedt & " de foumiflion (1$>). Le Miniftre lt&- (1?) Dupin, hid. eccl. du dixfep. Cede T. j. t \
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II. P A R T I E. LlV. VI. J 49 _______
lien entra dans les raiforis de M. de 1668..
Lionne , & promit d'ecrire a. Rome de bonne forte. Il ecrivit effective- ment au Cardinal Rofpiglioli , neveu du Pape, d'un ftyle qui engagea cette Cour a fe preter a un accommode- ment. Avant que le Nonce eut recu repon- xvr_
fe a fa lettre , les Prelats negociateurs Protet aff 1 1 -j' 1 la lettte des
parlerenc du projet d accommodement qUatres Eve-
aux Miniftres, qui temoienerent fou-q«« au i>aPe, 1 - rC • r • a drefle par M.
haiter que cette artaire le terminal an Amauid,
gre du Pape & des Eveques de France. M. le Tellier propofa a. l'Archeveque de Sens de dretfer le projet de la let- tre que les quatre Eveques ecriroient au Pape , afin de prevenir l'ere&ion du tribunal des commilfaires , qui fe de- voit faire auffi-tot que ceux qui etoient abfens , feroient arrives a Paris. Ce projet fut dreffe par M. Arnauld & fes amis, & revii par les Eveques de Sens & de Chalons qui le firent voir aux Miniftres. M. de Lionne le montra meme au Roi , Sc temoigna que Sa Majefte l'avoit agree (10). Vers le commencement du mois xvir.
d'aoCxt, le Nonce recut reponfe de Ro- .J*, f onc5 me , lur les propolitions d accommo- de Koraet dement qu'il avoit faites. Le Pape (to) Hill, du janfcnifmc T. j. p. 1}J
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3 5° HlSTOTRE DE PoRT-ROJUI.
1668. temoignoit agreer 1'expedient d'une
nouvelle fignature , & donnoit pou- voir a fon Miniflre de convenir avec l'Archeveque de Sens & les Eveques de Chalons & de Laon des termes de la lettre que les quatre Eveques ecri- roient. Le Nonce tint quelque-tems cette reponfe fecrete ; mais les com- miilaires etant tous arrives a Paris, & leur chef commencant a prefler l'erec- tion de leur tribunal, M. de Sens alia trouver le Nonce pour fa voir s'il n'a- voit poinr recu de reponfe de Rome. Le Nonce lui avoua franchement qu'il l'avoit recue , 8c qu'elle lui donnoit pouvoir de convenir avec lui des ter- mes de la lettre que les quatre Eve- ques ecriroienr. if ajouta qu'il avoit renu cela fecret, parcequ'il falloit qu'il continuat toujours de parler centre les |
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f
du
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atre Eveques pour cacher fa con-
ite aux perfonnes mal intentionnees |
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pout la paix , & il demeura d'accord
qu'il ne falloit pas differer davantage d'en donner avis au Roi & aux Mi- niftres: ce qu'il fit (21). xviii. Le Roi, qui avoit refolu de n'ap- On lui don- * , r
ne commu- prouver aucun accommociement que
nication du [e pape ne fut content, etant informe itttreauPape.de la reponfe de Sa Saintete, ordon- (ii; Dupin, p. J}7.
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II. Parti v.. Liv. VI. 351
na a M. de Lionne de dire de fa part
a M. de Sens, qu'il communiquat au Nonce le projec de letrre qui avoit ere dreiTe pour le Pape. Le j d'aout Monfieur de Sens alia trouverle Mi- niftre Italien , & lui communiqua le projet , auquel il fit quelque change- menr. M. de Sens promit au Nonce que les quatre Eveques la figneroient, & le Nonce de fou cote s'engagea de la faire agreer au Pape. Enfuite M. de Sens propofa au Nonce de parapher la copie ou il avoir fait quelque chan- gement, comme il le feroit lui-meme arin qu'elle fervit d'original : ce qui fut auffi-tot execute , 8c ce qui caufa. une extreme joie a l'Archeveque qui voioit la conclufion d'une affaire , qui alloit donner la paix a l'Eglife , puif- que le Nonce avoit tout pouvoir pour la terminer. M. de Sens promit d'envo'ier en di-
ligence un courier a M. d'Alet, pour avoir fa fignature & celle des trois Eve- ques qui lui etoientunis dans la me- me caufe. Il alia a l'Hotel de Longue- ville porter cette nouvelle auxtheo- logiens interrefles dans cette affaire , qui eurent -beaucoup de joie de la reuflite de fa negociation. Le lende- main il en rendit compte au Roi > |
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$5* HlSTOIRE DE PoRT-ROlAI.
i662. lui niontrala lettre paraphee , & re~
cjut ordre de l'envoier aux quatre Eve- ques. On depecha un horn me de con- fiance , nomme du Laurent, a M. d'A- let, a qui M. de Sens ecrivit pour le determiner a figner fur Je champ la lettre au Pape. Meilieurs de Beau- vais & d Angers la fignerent fans diffi- culte. xix. If n'en fut pas de meme de M. d'A- Repugnancelec qlu' eut d'abord beaucoup de re-
de M. d Alet L - , . 1 1 , , 1 r> pour/igneriaPlignance. M. Arnauld , M. de rsarcos
lerireauPape.Abbe de faint Cyran,lui ecrivirentdes lettres tres fortes a ce fujet. MM. de Comminges 8c de Pamiers fe rendi- rent a Alet, le 22 Aout, alapriere de MM. de Sens & de Chalons , pour l'engagera la figner telle qu'elle etoit. Neanmoins il ne voulut la foufcrire qu'apres y avoir fait deux changemens dont il rend railon dans une lettre , qu'il ecrivit a M. de Sens en date dix 22 aout 1668. Il avoitpafle dans cette lettre fur plufieurs autres dirficultes, qu'il avoit expofees dans un memoi- re, & fe reduifoit dans la lettre a deux additions qu'il croioit elTentielles & abfolument neceffiires. « L'eflentiel » pour nous dans cette affaire , dit » M. d'Alet, eft que la doctrine de » nos mandemens ne receive point |
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II. Part ie. Liv. VI. 555
» d'atteinte, & que nous ne donnions 1($6<3.
» point fujet de croire , que nous y » ayions renonce par I'acccommode- » ment. » On repondit aux difficul- tes de M. d'Alet, &£ enfi.11 vaincu |
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ar les lettres que lui avoient ecrites
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Archeveque de Sens, MM.les Eve-
ques de Chalons , d'Angers & de Beau- vais, il fe rendit & foufcrivit la let- tre fuivante ( u). » Ties Saint Pere , comme iln'eft tetue'dei
•» pas moins du devoir des Eveques, qua«e Eve- » de conferver 1'union de la charite"111^au ape* » que la verite de la foi, tous ceux » qui nous connoilTent , favent que » dans toute notreconduite nous avons » toujo&tjjitache de ne nous ecarter » jamais de ces deux regies fi impor- « tantes. C'eft une difpofition que » nous avons toujours apportee dans »> le coeur •, mais nous nous fommes » trouves fingulierement animes a en » donner a. toute l'Eglife une preuve m eclatante dans l'afiaire prefente des » foufcriptions , en nous perfuadant » que les mefures que nous allions m prendre en cette occafion , feroient » un temoignage de refpeft honora- » ble au S. Siege. Car, a'iant appris » que dans la maniere d'execute: U. («) Dupin T. 5. p. «}S.
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554 MlSTOlRE DE PoRT-ROlAL.
6~6FT " conftitution du Pape Alexandre VII,
« & de foufcrire un formulaire de » foi , plufieurs des Evequesde Fran- " ce nos confreres $ quoiqu'unis avec " nous dans les memes ienrimens , » avoient neanmoins fuivi dans la » difcipline une conduite differente » & qui avoit ere plus agreee de votre « Saintete, nousavons cm les devoir » imirer en ce point, (13 ) en chan- » geant de conduite fur la maniere » d'exiger la Jignature du Formulaire , » parceque nous n'avons rien plus a « caeur que de conrribuer a la paix » & a 1'union de 1'Eglife , & de don- » der des marques de notre relpe<5fc - pour le Siege Apoftoliqtie. C'eft- » pourquoi , aiant comme eux » aflembie les Synodes de nos Dio- « cefes , nous avons ordonn^ une » nouvelle foufcriprion, ( & nous l'a- « vons auffifake ( 24 ) nous - memes) » nous avons donne a nos ecclefiafti- » ques les memes inftructions que »> ces Eveques avoient donnees aux » leurs ; nous leur avons preterit la « meme deference pour les conftitu- w tions apoftoliques qu'ils avoient (ij. Ce qui e/l ici en (14) Ces paroles furent
italique fut retranchi ajoutees parle Nonce. par le Nonce. |
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II. Par.tie. Liv. VI. 555
1 prefcrite a ceux qui leur font fou- 166Z. • mis ; &c comme nous avons ete tou-
1 jours unis avec eux dans la meme 1 dodtrine & dans les memes fenti- 1 mens, nous nous fommes encore > unis a eux dans ce point de difci-
1 pline & dans la maniere d'agir. > Nous ne defavouons pas,tres S. Pere,
> que ce n'a pas ete fans peine & fans
■ difficulte que nous en avons ule de
> la forte , parceque nous n'ignorions
> pas combien ce changement de con-
> duite & de difcip'ine donneroit
> occafion a des perfonnes mal inten-
> tionnees de parler de nous d'une
■ maniere defavantageufe : mais quel-
• ques uns des Eveques nos confre-
» res , qui travaillent avec beaucoup > de zele a calmer tousles troubles de
> l'Eglife , nous a'iant reprefenteque
' c'etoit - la le moi'en d'y retablir la > paix , & que cette conduite etant
> plus refpedueufe envers votre Sain-
> tete lui feroit aufli plus agreable,nous
j n'avons pu rien refufer a des con- > fiderations fi chretiennes, etant re-
" folus comme nous fommes, d'em- ■> ploYer non - feulement tout ce que " nous polfedons en ce monde , mais » notre vie meme, pour affurer la paix " de l'Eglife. Car quelques bruits ^ |
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55^ HlSTOIRE DE PoRT-ROlAr.
» tres S. Pere, qu'aienc femes de nous
» ceux qui ne nous aimenc pas , nous
» pouvons prendre Dieu 8c norre
" confcience a temoin, que nous avons
» roujours eu a l'egard de 1'Eglife de
» Rome la meme diipo/ition d'efprit " & de cceur , qu'ont eue les Eve-
» ques de 1'Eglife Gallicane des pre-
" miers iiecles de 1'Eglife, & qui a
" toujours ete fort agreable au S. Sie -
» ge. Car comme nous favons que la
« foi eft inutile fans la charite, nous
» favons auffi que la charite ne feroit
" pasagreable,/! elle refufoit de rend re
» aux Puiflances ecclefiaftiques ce qui
« leur eft du , felon le degre d'hon-
» neur oil Dieu les a etablies ; fi
m elle ne reconnoiftbit dans les fuccef-
» feurs de faint Pierre, la primaute
» de 1'Eglife, que Jefus-Chrift a don-
« nee a cet Apotre, & fi elle ne con-
» fefloit que les Eglifes repandues dans
» tout le monde doivent etre necef-
» fairement & infeparablementunies
m a 1'Eglife Romaine comme a la four-
» ce de 1'unite. Nous porterons cette
* foi, tres S. Pere, jufqu'au tribunal de
" Jefus-Chrift. Nous en donnerons des
» marques publiques, tant que nous
» vivrons , & nous ne manquerons
v jamais a aucun des devoirs aux-
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II. P A R. T I E. L'lV. VI. 357
» quels des Eveques Cacholiques font
» obliges par la profelfion de cette foi. » Cette deference religieufe , tres » S. Pere, qui eft fondee fur la foi y> meme , & qui eft gravee profon- » dement dans notre cceur, n'eft pas » feulement un refpect generalement » du a tous les fouverains Pontifes,qui » ont rempli le Siege Apoftoliquejc'eft » encore undevoir particulier,quenons » rendons a votre Saintete , qui aiant » donne des preuves fi fingulieres de " fon zele pour retablilfement de " la paix temporelle & fpirituelle de » l'Eglife, exige de nous une affec- >» tion finguliere , & une veneration » que nous lui rendons avec autanc « de joie qu'elle l'a meritee avec » juftice. Nous efperonsaufti en meme " terns , que les nuages que quelques » fotipgons avoient pu former etanc »» dilnpes , votre Saintete fe portera » d'elle - meme a repandre fur nous » des effets de fa bonte & de fa cha- » rite Apoftolique. Ainfi , apres avoir » deracine avec tant de gloire routes » les femences de divifion qui pour- » roient troubler ou la tranquillite " des Etats, ou l'union des fideles , " votre Saintete pourra s'appliquer a » 1'avenir avec tout fon zele Sctoute |
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35 8 HlSTOIRE DE PoRT-ROiAl..
i(j55< " ^a lumiere a la guerifon des plaies
35 de l'Eglife univerfelle, dont le foin » lui a ete confie. C'eft pour ceJa , « tres S. Pere , que nous demande- " rons fans -eerie a Dieu par nos prieres » 8c nos facrifices, que pour le bien de » fon Eglife il conferve long-terns » votre Saintete, qu'il rendc fon Pon- » tificat durable, & qu'il la comble » elle-meme de fes benedictions & de » fes graces les plus abondantes. » Le premier feptembre 1668. jJxJ'Alet Comme il falloit un terns cor.fide- Cgneiaiettre. rable pour recevoir reponfe d'Alet , joiedu N<M1"cette longueur donnoit beaucoup d'im- patienceaM.le Nonce, qui envo'ioit fouvent demander fi le courier n'etoit pas encore de retour. Enfin il arriva le 14 de feptembre; & auili-tot que M. de Sens eut recu la lettre avecl'exem- plaire de celle qu'il ecrivoit au Pape, conforme au projet qu'on lui avoit envoi'e , il courut en donner avis au Nonce , qui en embraflant l'Arche- veque avec de grands fenrimens de joie faflura que la nouvelle qu'il lui apportoit, lui faifoit plus de plaifir que n'auroit fait celle d'unchapeau de Cardinal. M. de Sensne pouvantalors entretenir plus long-terns le Nonce , lequitta pourallerai'Hotel deLongue- |
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________j ^ ______ ,,----------------' ! —m---------1-----1--- MN" , ,IJi|ipppi
II. Partii. Liv. VI. 359
ville , ouiaDuchefle l'attendoit avee—T7Z— Mademoifelle de Vertus , & leurs pri- fonniers,MM. Arnauld, Nicole & La- lane. Ii feroin difficile d'exprimer quels furent les tranfports de leur joie. Les Prelats mediateurs donnerent xxII-„
avis de cette nouvelle aux Miniftres, mediates pour les avertir de preparer le Roi a °nt au.dience I audience du Nonce. Ce miniftrepar- cit de Paris pour faint Germain en Laye , le 16 feptembre (15). Les deux Prelats ( MM. de Sens & de Chalons ) qui l'avoient precede , prierent M. de He Lionne & M. le Tellier, de leur iaire avoir audience. lis y furent ad- mis avec les diftindtions les plus fla- teufes. Apres qu'ils eurent rendu com- pte au Roi de l'heureux fucces de la negociation , a laqueile il leur avoit fak l'honneur de les emplo'ier, Sc qu'ils lui eurent reprefente la gloire qu'il auroit de tirer tant d'habiles gens de l'obfcurite pour les mettre en etat d'emploi'er ieurs talens a la defenfe & a l'^dification de 1'Eglife , ce Prince qui les avoit recus feuls dans fon Cabinet, dit tout haut lorf- qu'ils fortirent , aiin que tout le mon- de l'entendit , Meflimrs , vous aure^ Uy) Vie de Madame de t-onfpifflriile L. 6 p. m.
JJift. du Janfenifme T. 3. p. 157. |
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3 (Jo HlSTOIRE DE PoRT-ROlAI.
i<5<jg. urtegrande gloire de cet accornmodement.
xxlII Le Nonce eut enfuite fon audience,
Le Nonce eft & declara a Sa Majefte que le Pape
teS'Ro-etoic fatisfait & que l'affaire desqua-
tre Eveques etoir finie, mais que com-
me il ne vouloit manquer a aucune
des mefures de refpecT: qu'il devoit
avoir pour fa Saintete, il fupplioit trcs-
humblemenr Sa Majefte de trouver
bon que toutes chofes demeilra'rent
fulpendues jufqu'a ce que le Pape eut
re§u la lettre des IV Eveques, 8c que
Je courier qu'il alloit faire partir fur
de retour ( z6 ). Le Roi y confenrit ,
&c les commifTaires furent congedies
& renvoi'es dans leurs diocefes. Le
Nonce fur fi rouche des marques de
bienveillance que le Roi lui temoigna,
qu'en forranr, fansfonger que la paix
n'etoit pas encore divulguee , il re-
peta plufieurs fois , efinito , epiu eke
xxiv. finito.
piaimcs du Pendanr que la joie que caufa
V. Annat au II ' ■ • c fl 1
Nonce & au cette nouvelle , etoit univerfelle dans
Roi. Paris, comme elle le fur bientor dans Retonfes \ r ...
qu'ii en re- toure la trance , ceux qui aimoient
foh. le trouble & la divifion en furenr ex-
rremement allarmes, EccUJi&pax, bel-
(i6) Dup. T. 3. hift. p. 137. Vie de Madame
eccl. du 17 Cede p. 14$. de Longuevilie liy. 6. p. Hift. du Janfenifnu* T. 3. 111. lum
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II. Part ie. Llv. VI. $61
ium eJlDiabolo & Angdis ejus. Quel- 166S,
ques jours meme auparavanr, fur le bruit qui avoit couru de cet accom- modement, le P. Annat alia trouver le Nonce pour le prefler delui en de- couvrir la verite, & fe plaignit qu'il lui cachoit une chofe ou toute fa compagnie etoit fi fort intereflee , le menacant en quelque fac_on de fon reflentiment &c de celui de fa fociete, & lui reprochant avec aflez d'infolen- ce, qail avoit mini par la foiblejfc d'un quart d'heure , I'ouvrage de ZO annees. Le Nonce , qui etoit alors dans fon acces de force & de cou- rage , lui ditd'unton aflez ferme qu'il l'allat demander au Roi. Le Perene manqua pas d'yaller, & il tacha fe- lon fa coutume de faire entendre & Sa Majefte que cet accommodement alloit a la ruine de la Religion & de l'Etat. Mais le Roi lui repondit aflez froidement: » pour ce qui eft. de la » religion, c'eft 1'affaire du Pape. S'il » eft content , nous le devons etre » vous & moi, Et pour ce qui eft de » monEtat, je rie vous confeillepas » de vous en mettre en peine, je » faurai bien faire ce qu'il faudra. « Le Jefuite ne fe rebutant point ,
s'adrefta enfuite aux Miniftres ; mais Tom. VI. Q
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;6i HrsToiRK de Port-ro'ial.
i6<jS, il effui'a de la part de M.deColbertune
reponfe telle qu'il la meritoit. Quel~
Us font done vos pretentions , mon
Pere ? lui dit ce grand Miniftre. Elks
nefontautres , repondit le Jefuite, que
de procurer la paix de I'Egli/i. He-bien ,
mon Pere , repliqua M. Colbert, foie^
done content, puifque vous ave[ cequc
vous pritende^.
xxv. Les quatre Eveques qui avoient man-
tvh\:vT(om de au Pape dans !eur lettre qu'ils avoienr
%ncr le for- fait figner le formulaire dans leurs
dr'dftm des fynodes,fuppofantqu'avantquelalettre
proch - vet- fat en vo teeou recue a Romeda chofe fe«
quels thS<iiC- roitexecutee, tinrentleur aflembleej ou
tinguem le Us firent figner le formulaire a leurs ec-
au i u ion. ci^fJafl;iqUes au Das Jgs proces-verbaux,
dans lefquels ils declarerent (2.7) » i".
a Que par la signature, on s'obligeoit n a condamner fincerement, pleine- « ment & fans aucune referve ni » exception, tous les fens que l'Eglife « & le Pape avoient condamnes 8c » condamnoienr dans les cinq propo- » iirions ; enforte qu'on fit profemon » de n'avoir point de doctrine fur »» ce fujet, que cellede l'Eglife catho- m lique, Apoftolique & Romaine : •> iy. Que ce feroit faire injure a 1'E- (17) Dupin,hift. cccl, da i7.fiecle. T. }. p. ifo,
if 1 & fuiv. |
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f
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II. Partie. It'v. VI. 363
>» glife que de comprendre enrre ces 1668.
» lens condamnes par l'Eglife dans ces » propoficions la doctrine de faint » Auguftin & de faint Thomas tou- » chant la grace efficace par elle-me- " me neceilaire a. toutes les actions " de la piete chretienne, & la pre- » deftination gratuite des elus, a la- » quelle toute l'Eglife convient que » les Papes n'ont donne aucune at- » teinte : 3°. lis declarent, qu'a I'e- » gard du fait content! dans le der- » nier formulaire, on etoit feulement » oblige par cette fignature a une fou- » million de refpect & de difcipline, » qui confide a ne point s'elever con- » tre la decifion qui en a ete faite, » 8c a. demeurer dans le filence pour » conferver I'ordre qui doit regler » en cette matiere la conduite des » inferieurs a. Tegard des Superieurs » ecclefiaftiques, ( parce que l'Eglife »» n'etant point infaillible dans ces for- » tes de faits, qui regardent les fen- » timens des auteurs ou de leurs livres, » elle ne pretend point obliger par la " feule autorite de fa decinon , fes » enrans a. les croire ( z8 ). Cependant le courier que le Nonce (;8) Cette addition eft dans le proces verbal de
M. d'Alet & non dans les autres. Qij
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3^4 HlSTOIR'E DE PoRT-Roi'At.
i66S. avoit depeche a Rome, yarrivale 25
fepcembre , 8c rendit les lettres du Nonce 8c du Roi au Pape, qui en te- moigna une grande joie , auffi bien que les miniftres de Sa Saintete; & on encendit les Cardinaux Azzolin 8c Rofpigliofi fe dire l'un a 1'autre : graces a Dieu , nous fommes jortis d'une me- chanic affaire. Le Pape tinr le 2S une congregation de Cardinaux , dans la- queile on examina les depeches du Nonce , la copie de la leitre des qua- rre Eveques, 8c celle de M. de Lionne a Sa Saintete, dans laquelle ceMinif- tre avoit marque tout au long les rai- ibns pour lefquelies le Roi ne croi'oit pas que Sa Saintete dut rejetter cette. voie de terminer des differends qui n'auroient pu fe pouder plus loin fans caufer de grandes divisions & de grands troubles. Ceux qui compofoient la congregation approuverent ces raifons, 8c aiant beaucoup loue l'accommode- ment, on depecha le lendemain 29 im courier, qui fut charge d'un bref du Pape au Roi, par lequel Sa Sain- tete lui temoigna etre tres contente de l'accommodement & de la foumifiion des Eveques. Ce Bref arriva a Paris le imit octobre. Le bruit ferepandit guffi-tot que Paffaire des quatre Eve- |
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IT. Par tie. Liv. VI. $(.$
nues etoit finie : cependant le Nonce T777, fit dans cette circonltance une propo- fition qui troubla la joie , & caufa de l'allarme. Ce miniltre , foit qu'il flit inquiete par fes irrifolutions ordl- naires, comme dit M. de Villefore (29) & par les difcours que lui tint em les ennetnis de la paix ; foit qu'il eut re- cu des ordres fecrets, comme le dit M. Dupin, de tirer, s'ilpouvoit, quel- que plus grand eclaircijjement fur ce qui s'etoit pajje dans les Synodes des quatre Eviques, & un certificat quils y avoient Jigne & faitjigner le jormu- laire ; ce Miniftre , dis-je , fit dire par M. de Lionne aux Prelats media- teurs , que l'accommodement ne pou- voit etre folide , a moins que les qua- tre Eveques ne donnaflent ce certifi- cat. Cette difficulte furprit M. de Sens, i*^ITc'Cu.
mais elle fut levee par M. de Chalons clue j jo;e 3ui donna ce certificat figne de lui & X'
e M. Arnauld. (On peut voir ce cer- tificat a la fin du volume.) II fut re- mis entre les mains du Nonce, qui mit en meme-tems dans celles de M. de Lionne le bref du Pape pour le Roi, comme on en etoit convenu : puis il dit a MM. de Sens &de Cha- (ij) Vie de Longuev. liv. VI, p. 114.
Qiij
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}66 HlSTOIfcE DE PoR.T-K.01At.
166%, Ions, que le Pape etoit entierement fa-
tisfait de la foumiflion des quaere Eve- ques qu'ils pouvoient publier que ces conteftations etoient finies , &c que la paix etoit dans 1'Eglife (30). Etpour preuve que le Pape ne mettoit point de diltin&ion entre les quatre Eve- ques & les autres Prelats de France> il donna a M. de Sens des brefs, ad- drefles a eux comme aux autres Pre- lats , pour demander des prieres con- tre le Turc. II ajouta qu'avec le tems il leur en enverroit de particuliers fur l'accommodement, mais qu'on n'avoit pas eu le loifir de les expedier, tant on avoir ete preiTe de renvoi'er le cou- rier pour apprendre une fi bonne nouvelle. Le Pape ecrivit aux quatre Eveques le 19 Janvier de l'annee fui- vante , & leur donna des marques du retour de fa bienveillance pour eux. Il adreffa auffi un bref aux Prelats mediateurs pour leur temoigner la re- connoifTance qu'il avoit de leur heu- xeufe negociation. La paix ne fut pas plutor annoncee
de la forte, que la nouvelle s'en re- pandit ce meme jour dans tout Paris, ou elle caufa Une joie inexprimable. f;o) Dupinibid p, 170: Hift. du Janfenifnw T. j.
p. Z40. |
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II. Part11. Lh. VI. 357_______
Tout le monde s'empreiTa d'aller fe- 1($6S.
liciter le Nonce. Tous les fuperieurs ecclefiaftiques , tous les Superieurs re- guliers , Benedi£fcins , Chanoines re- guliers , Jacobins, Auguftins » Capu- cins 5 &x. Tous , ( excepte les Je- fuites ) lui firent compliment & te- moignerent leur joie. Mais il y eut encore plus de concours chez les deux Prelats mediateurs. L'Archeveque de Sens, pour affer- xxvn.
mir davantage la paix de 1 bgule par rcll(j vil-lte au des demonftrations exterieures , ima- Nonce. gina de faire voir au Nonce M. Ar- nauld. Le Nonce l'agrea, &c M. de Sens conduific chez lui ce grand hom- me avec fes deux amis , M. Nicole & M. de la Lane. L'entrevue fe fit avec tous les agremens imaginables, & le Nonce fut tranfporte de joie en embraffant M. Arnauld, & lui temoi- gna l'eftime qu'il avoir pour lui, pat ce compliment : Monfitur, lui dit-il, vous ave^ ufie plume d'or pour la de- fcnfe de I'Eglifc de Dieu: Signor rnio, voi havete una pennad'oro, per defen- fa de la Chiefa. di Dio. xxviu. Le bruit de cette vifite alia jufqu'a u Nonce
Chambor , ou etoit alors le Roi qui *^""e k£* eut la bonte de dire , que puifque le *u farisfau |
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Q iv * dc.s VXin* E"
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vequcs.
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3<jS HlSTOIRE BE PoRT-ROlAI
Nonce avoit vu M. Arnauld , il defi-
roit audi de le voir lorfqu'il feroit a faint Germain. Sa Majefte y arriva le 21 oclobre , & elJe donna des ie len- demain audience a M. le Nonce, qui l'aftura que le Pape etoit pleinement fatisfait des quaere Eveques ; qu'il croi'oit que Sa Majefte en avoit deja ete informee par le bref de Sa Sainte- te , & qu'il n'avoit rien a y ajouter , finon qu'il lui pluc de continuer de donner fa protection a l'Eglife, alin d'y maintenir cette paix. M. de Paris vit ce meme jour le Roi , qui en le prevenant arreta les plaintes que ce Prelat venoit lui faire. Sa Majefte l'af- fura qu'elle l'avoit eu particulierement en vue dans cette paix, & qu'elle avoit fonge a lui procurer du repos en le tirant de l'embarras ou il etoit. M. de Paris fut oblige de changer fes plaintes en remerciemens ;de forte que ie Roi ai'ant ajoute qu'il ne reftoit que les religieufes de P. R. a tirer d'affaire, & qu'il fallok qu'il vitbon- nement ce qu'il pourroit faire fur le pie de ce que le Pape avoit fait au fujet des quatre Eveques , M. de Pa- ris ne pouvant reiifter a des propor- tions ft equitables 6c n" bien appuiees, |
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II. Par tie. Liv. Vl. 3^5?
die a Sa Majefte plufieurs vues qu'ii j^jTiT"
avoir fur cela (31). Le meme jour , le Roi ai'ant temoi- *XJX'
gne qu'il vouloit voir M. Arnauld 3 fire dc voir M. de Lionne en avertit M. de Pom- u- fo™uli- ponne. Le confrere de Brienne nous apprend a ce fujet un trait admirable de ce grand homme > qui fait bien connoitre quelle etoit fa modeftie &c fon humilite ( 31 ). Quelques jours avant qu'il fut prefente au Roi, M. de Brienne qui fe trouva dans fa charn- bre a l'Hotelde Longueville , s'appet- cevant qu'il avoir quelque peine d'ef- prit,lui endemandale fujet. » Je vous " avoue, mon cher Monfieur , repon- » dit M. Arnauld, que je me trouve » fort embarraffe , parce que n'ai'ant » jamais vu le Roi , je ne fais pas » bien comme il faut lui parler. » Plus j'y penfe , &c moins je trouve " en moi de paroles dignes de ce » grand Prince, & qui repondent A » la reputation bien ou mal fondee » que m'ont acquife mes ouvra- " ges 5 voila le fujet de mon inquie- » tude dont vous vous etes appenju » le premier. Mais , ajouta-t-il avec (51) Hill. dujanfenif- progtes du Janfcnifme.
me T. 3. p. 141. Vo'iezMem hift. & cbro-
(;i) Memoires ma- nolog. T i. p. 181 8C
suifcrits fur l'origine 5c le fuiv.
Q.v
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37© HlSTOIRE DE PoRT-ROlAL.
une humilite qui me fit rougir &
& me couvrit de confufion, fi vous vouliez, vous qui avez tant d'ufa- ge de la Cour ( }}), me tirer de la peine & de J'embarras oii je me trouve , je vous en aurois la der- niere obligation. Jel'embraiTaicor- dialement a cette parole Ci humble & fi humiliante pour moi , &C je lui dis : vous vous moquez , mon tres cher maitre, de votre pauvre & foible ami. Moi, faire une haran- gue pour M. Arnauld ! Ma foi ! pour le coup , fi vous n'avez d'au- tre foufleur que moi, vous pou- vez bien demeurer muet fur la fcene, qui vous eftraie de loin, & qui vous paroitra de pies moins terrible. Mais que voulez vous dire au Roi ? Figurez vous que je ie fuis, & parlez moi fans aurre pre- paration , comme nous faifons en- femble des affaires du pretendu Jan- fenifme.. Il trouva l'espedient fort bon , & aiant pris fon long man- teau , fes gands , & fon chapeau, je me mis gravement dans fon, |
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()l) M. de Brienne avoit Etant devenu veuf en
herein 1 an i«ti, 3 Page M64 , il cnira a l'Ora-
de feize ans en lurvi ance toire polity cue iimpje
de fon pefc dans la char- confrere,
ge de Secretaire a Eut. |
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II. Par.tie. Liv. VI. 371
» fauteuil , &c lui s'etant retire dans 166%. " l'antichambre, afin de faire toutes » les ceremonies done jc voulus bien » etre fon maitre, apres qu'il m'eut » fait trois profondes reverences qu'on » a coutume de faire au Roi , de la » maniere dont je lui appris ales faire, » en quoi feul je pouvois lui etre uti- « le , je me levai de mon fauteuil, " & fans 6ter mon chapeau, j'ecou- » tai fort ferieufement ce qu'il avoit »> a me dire, lui en qualite de fup- » pliant, & moi a lui repondre en. » Roi de Theatre. II me park a fon » ordinaire de fort bon fens •, & fur » le champ , fans lui donner le terns » d'oublier ce qu'il venoit de me dire , » je l'obligeai a prendre la plume St » a le mettre par ecrit. Rien de mieux, « ni de plus fimple & de plus natu- » rel : if en fut content & moi char- » mi. » On voit au nsturel dans ce recit le caradfcere original de l'au- teut qui parle ,8c la profonde humt- lite de M. Arnauld , qui auroit et6 afTez humble pour apprendte par coeur un compliment d'autrui & le debiter devant le plus grand Roi du monde > fi le confrere de Brienne avoit bien voulu fepretera ce qu'il lui demandoit. Le jour auquel M. Arnauld devoit Mx^'aui,
Qvi |
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$Jl HlSfOIRg DE PoRT-AOlAt.'
1*568. "re prefente an Roi, M. de Pompon-
eft admis a n? a^a ^e prendre a l'Hotel de Lon- raudience du gueviile, pour le mener a faint Ger- main. A l'heure de l'audience mar- quee pour eux , M. de Lionne lesfic paflfer dans le cabinet , ou fe trouva M. le Prince qui fut ravi de le voir, & fortit quand le Roi entra. M. Ar- nauld parla en ces termes : •> Sire, je » regarde com me le plus grand bon- » heur qui me foit jamais arrive, » l'honneur que votre Majefte me " fait de me foufFrir devant elle. Il jj falloit allurement, Sire , une auili " grande bonte que la votre , pour " avoir bien vouluoublierles medians » offices qu'on m'a voulu rendre au- « pres de votre Majefte, pour laquelle « je n'ai jamais eu que des fentimens- « de refpe<5t, de veneration & d'ad- » miration, ai'ant appris dans ma fo- » litude les grandes chofes qu'elle a » faites. Comme celle qui m'en fait a. fortir eft le comble de fa gloire , * parcequ'il n'ya rien de plus grand » que la protection que votre Majefte »» donne a l'Eglife en cette occafion, x il n'y a rien auffi que je ne fois » pret a faire pour lui facrifier la » liberte qu'elle me rend. » Le Roi l'ecouta. fans linterrorripre ; & quand |
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II. Par tie. Liv. PL ?7J _
il eutfini,il iuiditd'unairobHgeant, l6«S. qu'il avoir oui faire beaucoup dettj lie de lui , & q»'il fouhaitoit qu putemploier les talens que Dieului avoitdonncs,adefendrel'Eglife.Ces paroles , qui auroient flatte tout autre
que M. Ainauld, humilierent profon- dement ce favant & humble dofteu , qui temoigna a Sa Majefte que c etoit avec peine qu'ils'etoit trouve engage dans routes les conteftations paflee*. Celaeflpafi^^Roi, i nenfauc plus purler. M. Arnaud alia enfuue,
avec lapermiflionduRoi, voir Mon- feigneui , Monfieur, &M.le Prince. Comme apr,es tons ces honneurs, cha- cun s'emprefToitdelui rendre vmte , il eneaaea fes amis a lui faire eviter routes ces felicitations, pour ne point irriter fes ennemis , quine voioient fon triomphe qu'avec depit. . xxxr. Le meme jour ( z 3 oflpbte) le R01, Ar£ fc
a la priere du Nonce , donna un arret Confci^ celebre, dans lequel il marquoit.que„£«* I* le Nonce l'aiant afture que ba SMp^iwitafa tete etoit fatisfaite, il vouloit *uffiia«^ la priere du meme Nonce, emploier ^ fon autorite pour empecher que les conteftations qui avoient ague 1 Lghie de France depuis quelques annees, ne puflent fe renouveller fous quelque |
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J74 HlSTOIRE DE PoR.T-R01A£.
iC>6S.'' " P'^texte SIlie ce ^ut' &• (3ue Pour
» cec effet, il defendoit a tons fes » fujers de s'attaquer & de fe provo - * quer a l'avenir les uns les autres m fous coaleur de ce qui s'etoit paile , » ni ufer des rermes injurieux d'he- » retiques, de janfeniftes & de fe- » mipelagiens , ou de quelqu'autre » nom de parti, ni meme d'ecrire ou » de publier des libelles fur ies ma- « rieres conteftees , ou de blefler par » des rermes in/urisux la reputation »» de qui que ce foit. » Quelques (ours apres cet Arret, le 27 octobre , le Roi ecrivit une lettre tres obli- geante aux quatre Eveques fur le re- tabJillement de la paix , dans laquelle il tcmoigne toute la bonne volontipour hurs perfonnes , avec beaucoup d'eflimt pour leur vertu & pour leur merite (5 4). Le Roi voulut encore donneraM. V Y VTT
M. dc saci de Pomponne I agrement de voir la
forcdelabaf-Jiberte rendueaM. deSaci. (Le Pere Gerberon marque dans fon hirroire dit Janfenifme (3 5) que M. de Paris folli- cita 8c obtint fa fortie : la meme cho- fe eft rapportee dans le Journal de P. R. de cette annee , neanmoins M. Fontaine dit que M. de Paris n'y eut (54) Dupin , torn. 3. pag. 171.
as) t. 3. p. 143-
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II. Partib. Llv. VI. 375
aucune pare.) Celui qui y contribua "^SsT
beaucoup s ce fut M. de Sens. M. de Pomponne alia le 31 o£tobre prendre ce faint priionnier a la baftille , oil il etoit, non depuis cinq ans comme le dit M. de Villefore ( 36), rnais depuis deux ans & demi. Le meme auteur fe trompe encore lorfqu'il dit que M. de Pomponne an fortir de la Baftille Vamena falutr h Roi , qui le tegut obligeamment,enfuitechei VArche- veque de Paris. M. Fontaine le com- f>agnon de M. de Saci , & qui fut de-
tvre en meme-tems que lui, &c par confequent bien inftruit de ce qui fe paflaalors, nous apprend que M. de Saci etant forti de la Baftille , alia d'abord a Notre-Dame rendte graces a Dieudefa delivrance(37) ; que M. de Pomponne le mena enfuite. cnez M. » l'Archeveque pour lui tcmoigmr fa » rtconnoiffance d'une grace , oil dans « le fond il navoit aucune part : qu » M. de Paris dit obligeamment k » M. de Saci, qu'il lui accordoit la w grace qu'il lui demandoit, de le » mener Ini-meme an Louvre le pre- s> fenter au Roi pour lui faire fori (56) Vie de Madame pag. 118. Ibid. p. 119.
dc fconguevillc , liv. VI. (37) Mem, T. 1. p. 585. |
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'"376 HlS'TOIRB DH PoRT-ROl'At;
166$. " remerciement; qu'il fe pafla nean-: » moins quelque-tems, parceque le » Roi n'y etoit pas; mais des quele Roi, fur de retour, ils y allerent tous- trois, ( M. de Paris, M. de Pom- ponne & M. de Saci ). Aptes que M. de Saci eut rendu,
vifite a M. de Paris , le jour de fa de- livrance , M. de Pomponne le con- duifir a l'hotel de Longueville , ou la Princeflel'attendoitavec route l'impa- tience qu'on peut s'imaginer. » Je fus. " temoin de la joie qu'euc cette adm ira- » ble Princefle , dit M. Fontaine, de- » voir enfin l'heureux fucces de rant de » mefures li fagement prifes, fi fecre- » tement conduites, & foucenues par » les prieres li ferventes & li perfeve- ;> rantes de tant de faintes ames. » Elle regarda M. de Saci comme un » nouveau Jonas qui fortoit de la. » baleine , ou il etoit entre pour fai- » re cefler la tempete. Elle lui fit fes, » 'complimens & re$ut les liens Le » ccetir allurement parloit de part &, » d'autre plus que la bouche .... » Je ne dis rien de Mademoifelle de. » Vertus , qui etoit avec Madame de. » Longueville. Toutes les paroles me » manquent pour un tel fujet. La delivrance de M. de Saci futrJ
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II. P A n t i e. Llv. VI. 577_______
comme le fceau de la paix (38). Les 1668.
religieufes de P. R. des Champs en apparent la nouvelle le jour meme par ane perfonne envo'iee expres, quileur dit , » que c'etoit M. l'Archeveque » qui avoit obtenu fa liberte , l'ai'ant » demandee au Roi de fort bonne » grace le jour d'auparavant. » Elles furent extremement fenfibles a. cetce nouvelle , & en eurent une fi grande joie , que la mere Agnes ecrivant i ce fujet a Madame de Longueville , lui marqua quelle n'avoit pu fi re- jou'irpleinement de la paix , quaprls la liberie de M. de Saci , » & que « c'etoit ce qui avoit retarde les tres » humbles reconnoiflances qu'elles » devoient a fon Altefle d'avoir tra- » vaille a ce grand ouvrage avectant » de zele §c d'affection. II reftoit encore deux chofes pour
rendre cet ouvrage parfait, favoir, de retablir dans la faculte de theologie M. Arnauld & les autres docteurs qui en avoient ete exclus a l'occafion de fa lettre en 1656 •, &c de mettre en paix les religieufes de P. R. Quant au premier point, on ne crut pas pou- voir y reulfir(3S>). Pour ce qui eft de 08) Journ. p* j3*co- (;?) Les ennemis de la
Ion. 1. paix, c^ui ne l'aroicnt g*. |
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$7% HisTorRK ci Port-ro1'aI.«
i(j<j8. P> R- 5 le caJme y fut retabli de la maniere dont nous allon's le rappor- rer. DiTc^ursde ^a nOUVeIle <^e ^a Paix Slant COItt-
J'AbhefTe demence a fe repandre auffi-tot apres
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Iigieufes fur
la nouvelle de U paix. |
I arnvee au courier qui etoit revenu
de Rome le 8 d'oclobre, on envo'ia |
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un expres a P. R. pour 1'apprendre
aux religieufes & leur faire favoir qu'on alloit travailler inceflamment a" la leur procurer. En confequence la mere Abbe/Ie fit aflembler les faeuri au chapitre le vendredi it d'oclrobre, & apres leur avoir annonce cetre nouvel- le,elle leur dit: »Qu'il falloit beaucoup « prier Dien , & lui demander qu'il " donnat fa lumiere aux perfonnes qui |
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ernpgciier parcequ'ils igno-
iroient la negociation , irouverent Is moi'en d'em- pecber qu'on ne re- cueillit de cette paix les fruits qu'on devoir en at- rendre. Ainu" M. Arnauld qui etoit en communion avec le Pape, le Nonce & les Eveques, demeura e.xclu de Sorbonne; & on continua d'y faire foufcri- re fon injuite condamna tion a tous les Bacheliers, tc de dcbiter conrre lui des calomnies , juf- qu'a dire qu'il rravailloit de concerravec le Miniftre Claude. C'aroitalors qu'il travailloit i la Pcrpc-tuite |
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de la Foi , c'eft-a-dire a
faire un ouvrage, qui a euaflez de force, par la mifericorde de Dteu, pour convertir leslieretiquesles plus opiniarres, & qui n'a pd defromper des catholi- ques des injnftes preven- tions qu'on leur avoit don- nees contre M. Arnauld. Peur-Stre m^me que ces ecrits admirable!, dans Ief- quels la foi de l'Eglife ell fi dignement foutenue , n'auroient jamais vu le jour, lionl'avoit oblige de les faire approuver par les dncteurs de la Faculle de Paris. |
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II. V a «. t i i. ItV. A7. 379
» conduifoient cette affaire, afin qu'iis xcjgg,
" ne fiffent rien qui ne fut felon fa
» volonte : qu'elle avoit penfe de faire
» les prieres de quarante heures, &c
» que ti'ai'ant pas la liberte de faire
» expofer le faint Sacrement , elles
5« expoferoient les faintes reliques ;
» qu'on regleroit les prieres qu'on
» feroit en general, & que chacune
» en particulier devoit avoir foin d'at-
» tirer la mifericorde de Dieu par fes
» prieres & par toutes ks bonnes
»» ceuvres qu'il luiinfpireroit, & la fi-
» delite|a celles auxquelles elles etoient
» obligees : que pour ce qui etoit des
»» Eveques, lis n'avoient point revo-
u que leurs mandemens , mais qu'iis
»» avoient fait chacun un proces ver-
« bal, qui y etoit conforme , & dans
» lequel tout le monde favoit qu'iis
j> faifoient la diftin&ion du fait & du
»» droit, mais que le formulaire s'y
»» trouvoit auffi. L'Abbeffe ajouta
m qu'elle croioit que fes fceurs fe fou-
»» venoient bien de ce que contenoit
« ce formulaire , qu'on juroit fur les
*> faints Evangiles, & qu'on prenoit
»> Dieu a temoin qu'on croioit ce
» qii'on difoit. Elle remarqua qu'il y
» avoit une tres grande difference
>» entre les Eveques > & elles; parce-
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58(5 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAL.
166)$, " que, ourre que les Eveques avoient
» des raifons qu'elies n'avoient pas , n & que la paix de l'Eglife ne dcpen- » doir pas de leur fignature comme » de celles des Eveques, ils avoient » explique bien plus au long leurs » fentimens dans les inftrudtions qu'ils » avoient inferees dans leurs man- » demens 8c proces verbaux ; ce cju'el- » les ne pouvoient pas faire : qu'ainfr » il etoit a fouhaiter qu'on les de-> » chargeat de toute fignature , n'y » aiant pas d'apparence qu'on fe » contentat de ce qu'elies auroienc » pu faire; & que ceux qui traitoient » de leur part avec Monfieur de Paris » travailleroient a lui perfuader que « le Pape etant content qu'on fit des « diftin&ions , il devoit etre fatisfaie » de la fignature qu'elies avoient deja « faite. " La mere AbbefTe rinit en exhortant les foeurs a prier beaucoup Dieu qu'il difpofatM. l'Archeveque a leur accorder cette grace (40). xxxiv. Madame deLongueville,quiavoiteu demCecn0tm2J°"fantr de part a. la paix de l'Eglife}ne vou- reiigieufes de lant pas hifTer ce grand ouvrage impar- fait, continuoit de faire tout ce qui dependoit d'ellepourque les religieules (40; Joutn. p. lis.
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II. Partie. Liv. VI. 381
deP. R. eulTenr part a ce bonheur ge-
neral ; les quatre Eveques , furtout M. d'Alet, avoient toujours declare qu'ils ne vouloient point d'accommodemenr, que les religieufes n'y fufTent compri- fes. Les Prclats mediareurs etoienr en- tres dans leurs vues ; & le jour qu'ils firent confidence de la paix aM.de Paris, ils le conjurerent d'affermir cette paix generale en la donnant en par- ticulier aux religieufes de P. R. En- fin le Roi meme avoir parle d'elles a M. de Paris •, & il lui avoir recom- mande de voir ce qui pourroit fe {aire pour ces religieufes. Ce Prince parlant encore a M. l'Eveque de Char- tres fur le meme fujet, lui avoit te- moigne >j que M. de Paris ne devoir w pas fe rendre plus difficile que le Pa- » pe; & que le Pape etant content " de ce qu'avoient fait les quatre Eve- » ques, il devoir fe contenter que les » religieufes fiflent la meme chofe. Mais ce n'etoit point une chofe facile d'engager ces faintes filles a. quelques nouvelles demarches. La de- licatefle de leur confcience leur inf- piroit uneaverfioninfurmontable pour route fignaaire. M. Arnauld l'avoir de- ja eprouve avant & pendanr le cours |
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j8i HlSTOIRE DE PoRT-Ro'lAL.
des negociations pour la paix (41).
Elles lui avoient ecrit, 8c aux autxes difciples de faint Auguftin , qu'elles ctoient refolues de voir plutot detruire leur maifon, & de fouffrir tous les maux dont on les menacoit, que de figner quoi que ce fut qui eut rapport au formulaire. » J'ai conqu, dit une d'entr'elles
» ecrivant a M. Arnauld, uneji gran~ » de horreur de toute Jignature \ & il » y a fi long-tems que nous medr- » tons fur cette miferable affaire , » qui a tant fait de maux & de cri- »# mes, & qui a fait fi fort changer » les perfonnes, comme nous en avons u vu de fi malheureux effets dans le » changement de nos foeurs depuis " l'avoir fait, qniln'y a pas moien d'y >» prendre pan en fagon du monde. •> Cette opposition des religieufes a tou- te fignature & atoutaccommodement fut defaprouvee par les amis ; ce qui leur caufa un furcroit d'affli&ion. No- tre croix n'etoitpas ajfe^ pi/ante, dit a cefujet la mere Prieure, il falloit en- core celle de voir que nos peres & nos veritables amis font mal fatisfaics de (41) Am. Let. ?/. T. 8. 183.Ibid, let,)?. »j juia
%. 16}. Ibid. Let. 38 p. p. 110 |
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II. Partib. Liv. VI. 3Sj
nous ( 42 ). C'eft ce que marquoit a i<j£8, M. Arnauld dans une letcre du 19 avril 1668 , la faeur Angelique de faint Jean, a qui ces paroles avoient tire les larmss desyeux. Cela montre avec combien peu de fondement on ac- cufoit les religieufes de P. R. , de fuivre aveuglement les avis de leurs dire&eurs. Elies ne fuivoientqueleur confcience. M. Arnauld mcme, qui ef- faia de difliper leur fcrupule & de le- ver leurs difficultes , lenr devinr en quelque forte fufpect (43) par la crain- te qu'elles avoient que le defir de les tirer de l'oppreffion ne l'eut afFoi- bli. Quelque penible & affligeant que
fut pour des vierges chretiennes l'etat 011 elles etoient reduites, iletoitdoux pour elles en comparaifon des pro- positions d'accommodement. Elles ne craignoient point le rugijfement du Lion (44), mais elles trembloient de peur de la deception du ferpent. On eft dans Petonnement & dans 1'admiration de voir le courage, la fermete & les lumieres qu'elles font paroitre dans les difFerentes lettres qu'elles ecrivirent a (41) Rec. de 1754 p. T.i. p. 485.'
4»9 fur le formulaire. (44) Leitre de la mere (43) Am. let. ij«. Agnes a M. Arnauld.
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384 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAI.
ce fujet. Le ledteur les trouvera dans
les grandes relations in-40 .,publiees en 1 714 , dans Vhifloiredes pcrfecution s; mais furtout dans le recueit de pieces fur le formulaire, imprime en 1754(45). Ces fainces filles regardoient le bon- heur de foufFrir pour la verite, comme la plus grande grace de Dieu, & la plus grande marque dejon amour. 11 eft fort naturel, difoient-elles (46) , que nous craignions de hafarder notre couronne, pour enfaire un echange con- tre une mauvaife paix qui ne la vaudroit pas , & que nous nobtiendrions pas mime , quoique nous eujjions fait cette infidelite pour y arriver. La fceur An- gelique de faint Jean ecrivant a M. Arnauld fur les projets d'accommode- ment, qui furent les preliminaires de la paix, lui marquoit fans detour (47): Pour vous parler de Vabondance de man cceur, rien ne fera capable de guerir la mienne ( ma peine ), quandje faurai que vous fakes un pas que vous riavie^ point faitjufqu'ici. Je tremble depeur, dit-elle dans une autre lettre, que la condefcendance ne ruine tout ce que la fermete inflexible avoitfait (48). (45) Voi'ez dans la Ce- (4S; Ibid. 4S0.
cunde panic, let. 40. p. (47) 17 mai. Ibid. p.
4S«. Let. 44, 415, 47, 4<n.
4S, 4p, Sec. , (48) lbid.p.4?j.
Ces
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II. P artie. Liv. FT. 3S5
Ces fentimens n'etoient point par-
ticuliers a. la faur Angelique de faint Jean, c'etoient ceux de l'AbbelTe , de la mere Prieure , de la mere Agnes , en un mot de toute la communau- te (49); ce qui fait dire a. la mere de Ligny : que quand bien meme elles feroient refolues elles-mimes de Jigner le formulaire, quoiqu'avec explication , elles ne pourroient pas le perfuader a la plus grande panic de leurs foeurs. La nouvelle de l'accommodement des quatre Eveques ne fut pas pour des perfonnes qui etoient dans de telles difpolltions, un, fujet de joie, mais de douleur & de chagrin , par la crain- te qu'elles eurent qu'on ne leur de- mandat quelque chofe pour avoir part a la paix , & fe voiant par-la au hazard de rentrer dans de nouveaux combats , & de la maniere la plus aftligeante, puifque ce ne feroir pas feulement avec leur Pafteur , mais avec des perfonnes pour qui elles avoient tant d'eftime & de ref- pecl: (50), c'eft-a-dire, avec les per- fonnes en qui elles avoient le plus de confiance , avec leurs fages diredteurs, (49) Voi'ez les let. 59 504 let. 54. p. 507. lettre
p. 497. let. 51 p. 500. let. f«. p. J14. 51 p. 505. let. 5j. p. (50; Ibid, p- 497- Tome FL R
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J 86 HlSTOIRE DE PoRT-Ro'lAI."
i66i. & avec M. Arnauld meme. Cette af-
faire , la plus epineufe oil fe foit trouve ce grand homme , lui donna beaucoup d'exercice ; & il eur befoin de tout fon courage & de toutes fes lumieres , pour venir a. bout de lever les difficultes des religieufes ( U ) > 6c de les engager, malgre leur averfion extraordinaire pour tout accommode- ment, a. faire les demarches necef- faires pour avoir part a celui des qua- tre Eveques. _______ Les amis de P. R. aiant dreffe a
1669. cet effet une requete con^ue a-peu-pres
xxxy. dans les memes termes que les pro- foCS Temol" c^s - verbaux des quatre Eveques, pour gnent de la etre prefentee a M. de Paris , ellefut ^"requite" portee le cinq fevrier aux religieufes, itl.de Pads, qui l'a'iant vue , la trouverent emba- raflTee , & temoignerent qu'il y avoit quelques termes qui leur faifoient pei- ne & qu'elles fouhaitoient que Ton put changer, ne pouvant fans cela fe refoudre a la figner ( 52). M. de Paris aiant eu communication de cette re- quete , n'en fut point fatisfait, tant parcequ'elle n'eroit pas conc.ue & ex- primee dans les termes de la declara- tion que les quatre Eveques avoient (51) Am. let. ij«. T. 1. p. 483.
(ji) Journ. p. 188. col. 1. |
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II. Part ie. Liv. VI. 387
eiivo'iee au Pape, que parcequ'il en idcy,
avoir drelTe une lui-meme. Comme les amis de P. R. ne trouvoient pas de difficulte a la requere dreflee par M. de Paris, & qu'elle leur paroiiTbir. auffi bonne que celle qu'ils avoient propofee eux-memes , ils furent d'a- vis que les religieufes devoienr fe ren- dre dans cerre occafion, ou leur re- fus feroit, difoienr-ils , fcandaleux & un obftacle a la paix de l'Eglife. Cell ce que M. Hilaire rapporta aux reli- gieufes le 12 fevrier , au rerour de Paris : il ajouta que M. de Meaux de- voir venir le lendemain apporter la requete de M. de Paris, & qu'il ame- neroir avec lui en fecrer M. Arnauld & M. de Saci, qu'il croioir avoir plus de pouvoir pour les perfuader & levee les diflicultes qu'elles pourroienr avoir a figner cetre requere. Les religieufes s'etant affemblees le foir , elles firenc la le&ure de la declaration envoiee au Pape par M. de Chalons, fur le mo- dele de laquelle etoit drelTee la requere que les amis fouhaitoienr qu'elles fi- gnalTent. Elles lurent aufli une letrre de M. Arnauld (53), dans laquelle (55) Cetre lettre avoit de les faire jouir de la
Ste preccdee d'une autre paix. T. ?. p. iRy. in 7 fevrier fur les rnoi'ens Rij
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J S S HlSTOIRE DE PoRT-ROlAI.
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i66g.
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ce dodeur faifoit fenrir les fanes fa-
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cheufes que pourroit avoir leur re-
fus. xxxvr. " II parolt bien , dit-il, que nous
LmrcdeM. „ fommes dans le travail de l'en-
Arnaulu aux r r»i i > i
reiigieuftsfur " rantement. Plus le terme s approche
ee'ujet. „ & plus nos peines redoublent; & fi » cela duroir encore longtems je ne » fais fi je pourrois y refifter,tant je fuis « accable par la feule apprehenfion => des maux qui arriveroienc, fi ce qui " eft pret a nnir venoit a fe rompre , »> parcequ'il ne peut plus fe rompre « qu'on n'en rejette fur nous toute » la faute , M. de Paris s'etant reduit » a un point ou tout le monde fe- » roit pour lui, fi nous ne nous ren- » dions pas a ce qu'il deiire. Car, qu'y » a-t-il de plus plaufible que d'avoir jj donne parole au Roi, comme il a » fait, de fe contenter a votre egard « de ce dont le Pape s'eft contente a » l'egard des quatre Eveques ? Qui » nous pourroit fourfrir, fi nous re- « fufions cette proposition ? Il eft vrai » aulli que nous n'avons qu'a nous « loner de vous, puifque vous y etes » tout-a-fait entrees, en promettant >, de flgner la requete , dont nous » vousavons envoi'e le projet. Mais w comme on n'eft pas maitxe de |
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II. P artie. Liv. VI. 3 S9
" l'efprit de M. de Paris, la condi- ■
» tion qu'il a mife a cette offre , qu'on *> lui donna en forme authentique & » comme avec une atteftation deM. de » Lionne ou de M. le Nonce la de- » claration qui a ete envoiee a Rome , » nous a fait juger que fon deffein ecoic " de s'attacher fervilement a tous les » termes de cette declaration , en ne » fe contentant pas qu'on en mette la » fubftance, comme on avoit fait dans » le projet de la requete que vous avez » approuvee. Tous ceux qui le con- » noiflent n'en doutent point, & ils » apprehendent de plus qu'il ne nous » jette dans un plus grand embarras, » fi on ne le fait point. Car etant « foup^onneux comme il eft, s'il y » appeicoit du changement, il s'i- » maginera qu'on le veut furprendre, » & ainfi ne voudra rien conclure fur « le champ,mais demandera qu'on lui » laifle la requete, qu'il rnontrera a w des' Grandins, a. des Chamillards » » qui ne penferont qu'a y met- » tre des mots qu'ils croiront que » vous ne voudrez pas pafter, pour n empecher votre retabliffement. Voi- » la dans la verite ce qui nous a fait » juger a tous, qu'il valoit mieux fai- »> re une chofe alfez ridicule, qui eft |
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5 9° HlSTOIRE DE PoRT-Ro'lAt.
» de vous faire citer tant de doc"beurs ,
» que de perdre l'avantage que ces » citations donnent, en vous expo- » fant en meme-tems aux bizarres ad- « ditions que M, de Paris pourra fai- « re a cet article , fi on s'eft une fois » ecarte des termes de la declara- « tion. » Ce n'eft pas que nous n'ayions fen-
» ti en meme terns une extreme pei- " ne de celle que ce changement vous *» pourroit donner ; & pour moi je » donnerois de bon cceur la moitie de >j mon fang pour vous Fepargner, & y pour faire que M. de Paris fe con- » tentat de la requete en l'etat que » vous l'avez vue. Mais nous efpe- « rons que quand vous aurez confi- 3) dere devant Dieu & fans preven- « tion le memoire que j'ai joint a » cette lettre3 vous reconnoitrez que ce « qu'on vous propofe maintenant, non « feulement n'eft pas moins bon que ce »> que vous avez accorde, mais qu'il « etablit beaucoup plus fortement les »> verites. importantes pour lefquelles " on combat depuis dix ans , qui font » la diftinction du fait & du droit , w &c la faillibilite de l'Eglife dans la » decifion des faits ; ce qui fait que » I'obeiftance qu'on lui doic ne va, |
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II. Par tie. Liv. VI. 391______
s» pas a. les croire par fon autorite- 1669.
» Pour bien juger combien cette
»> declaration vous eft avantageufe, » il fuffic de favoir que M. de Cha- « Ions l'ai'ant fait voir aM. de Lom- « bez l'un des plus emportes des Eve- » ques qui font contre nous, il avoua » franchement que cette declaration » etoit juftement ce qu'ils avoient » voulu faire condamner par le Pape ; » & M. Kilaire vous dira, que M. de » Paris ne trouva pas de meilleur » moi'en de fe fauver, qu'en difant » qu'on a arrache cette approbation » du Pape par l'apprehennon qu'on » lui a donnee, que quatre-vingts Eve- w ques etoient pres de fe foulever , » s'il ne finiifoit bientot cette af- » faire. » Mais la principale confideration
» eft celle du fcandale horrible que » cauferoit votre refiftance , & du pre- » judice que la caufe de la verite en » fouifriroit. Car d'une part vous paf- " feriez pour les plus opiniatres &c les » plus deraifonnables perfonnes du » monde , fi vous ne vouliez pas faire « ce qui a ete approuve par ceux,!aqui " vous avez jufqu'ici eu plus decon- » fiance •, & de l'autre, les ennemis » de la verite tireroient un grand avan- Riv
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59i HlSTOIRE DE PoRT-ROlAI.
» tage de ce que vous auriez refuf|
» de fortir de 1'etat ou vous etes, par jj cette forte de fignature , parcequ'ils " en conclueroienc qu'il faut bien que " cette declaration ait quelque chofe » de nouveau & de different de ce » que les janfeniftes avoient offert » jufqu'ici, puifque les religieufes de « P. R. n'y avoient pas voulu entrer. » Enfin je ne fais ce que nous pour- s' rions repondre a ceux qui nous de- » manderoient quel exemple nous » pourrions apporter d'une compagnie » de filles, qui dans une affaire im- w portante, rant pour la confidence « que pour le bien fpirituel 8c tem- » porel de leur communaute, fe fe- " roient conduites par leur feul avis , » fans prendre confeil d'aucun eccle- »» fiaftique j tous ceux en qui elles au- « roient eu tout fujet de prendre con- » fiance, y etant contraires, ou pour « mieux dire , tous les Eveques 8c » tous les ecclefiaftiques de l'Eglife « de Jefus-Chrift. C'eft ce qui arrive- « roir, fi vous refufiez de vous ren- » dre a ce que Ton vous propofe main- « tenant; & c'eft en verite ce que Ton v ne fauroit regarder que comme la » voie du monde la plus oppofee a « l'ordre que Jefus-Chrift a etabli |
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II. P artie. Llv. Vl. 393
» dans l'Eglife , <k la plus propre a. {g$?^ » conduire dans l'illufion & dans l'er- » reur. C'eft pourquoi fi nous vous » fommes fufpe6ts dans le confeil que »> nous vous donnons , cherchez done w d'autres perfonnes de qui vous pre- » niez avis, mais ne demeurez pas , » au nom de Dieu, dans une route » auffi ecartee que celle que vous fui- » vriez, fi fans confulter aucun Pretre » ni aucun Eveque, vous vous enga- » giez dans une refolution, qui feroit » improuvee generalement de tous » les pafteurs de l'Eglife. M. de Meaux vint a P. R. le n xxxyn.
evner comme M. Hilaire 1 avoit an- fes fignent
nonce la veille , & parla des le foir une "quote i
aux religieufes,fans difficulte de la pare Requete des
des gardes; car toute cette neeocia- retigieufes a
O • , . o M. dePans.
tion le railoit de concert avec M. de
Paris. Le lendemain , M. Arnauld & M. de Saci, qui etoient auffi arrives le foir avec le Prelat, fe rendirent au parloir de grand matin & en fecret; toute la communaute s'y etoit rendue pour entendre la ledture de la requer te drelTee par M. de Paris. Ce meme jour , M. de Meaux dit la MelTe , & envoia la paix aux religieufes par un de fes Aumoniers. La negociation de ce Prelat fut heureufe, les religieiv- Rv
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3 94 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt.
fes fe rendirent , & ficjnerent la re-
quete fuivante, que M. cle Meaux rap- porta & remit a M. de Perefixe ieiS fevrier. » Monfeigneur, toutes vos filles,
»j les religieufes de 1'Abba'ie de No- » tre-Dame de P. R. , qui font a pre- « fent au monaftere de P. R. des » Champs, reprefentent en route hu- « milite a votre charite patetnelle , « que leur veritable difpofition eft de « n'avoir jamais eu que des penfees » d'un tres grand zele pour confer- » ver la foi de 1'Eglife & d'une pro- »> fonde foumiffion pour le S. Siege ; " qu'elles condamnent les cinq pro- » pofitions avec toute forte de fin- « cerite, fans exception ni reftri&ion y> quelconque , dans tous les fens que » 1'Eglife les a condamnees; qu'el- » les font tres eloignees de cacher *' dans leur cosur aucun delfein de » renouveller ces erreurs fous quel- s' que pretexte que ce foit , ni de » fouffrir qu'aucune d'entr'elles les m renouvelle & donne atteinte a la » condamnation qu'en a fait 1'Eglife, » n'y ai'ant perfonne qui foit plus » inviolablement attachee a fa doc- » trine fur ce point &c fur tous les »» autres. Et quant a 1'attribution de |
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II. Parti e. Liv. VI. 395
ces propofitions au livre de Jan- 1669.
fenius , elles rendenc encore auS. Siege route la deference & obeif- fance qui lui eft due, comme tous les Theologiens conviennent qu'il la faut rendre au regard de tous les livres condamnes, felon la doc- trine catholique foutenue dans tous les fiecles par tous les doc- teurs, Sc meme en ces derniers tems par les plus grands defenfeurs de l'autorite du S. Siege, tels qu'ont ete les Cardinaux Baronius, Bel- larmin , de Richelieu , Palavicin, les Peres Sirmond & Petau, & me- me conformement a l'efprit des bul- les apoftoliques, qui eft de ne dire, ni ecrire , ni enfeigner rien de contraire a ce qui a ete decide par le Pape fur ce fujet. » Ce confidere, Monfeigneur, & eu egard a notre fufdite declara- tion , laquelle nous apprenons etre conforme a eelle qui a ete envoi'ee a notre S. Pere le Pape au nom de quelques-uns de nos Seigneurs les Eveques, & dont Sa Saintete , a ete fatisfaite , il plaife a votre Grandeur d'avoir la bonte d'oublier » ce que nous aurions pu faire in- <> difcrettement dans la fuite de cette R vj
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$<)6 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAI.
TT7Z » facheufe affaire, & de nous reta-
» blir dans 1 etat ou nous ecions avant » vorre difgrace , vousproteftant tou- » tes, que nous emploierons nos " prieres 8c nos voeux pour attirer » fur vous routes fortes de benedio n tions. Fait en notre monaltere de » P. R. des Champs ce 14 fevrier » 1669. xxxvni. M. de Paris fut fatisfait de cetre R6tal?li(5e* declaration, & d'une lettre des reli- ment des re- . . » , . ,
ligieufes de gieuies dont elle etoit accompagnee.
P rrf urs en marciua nieme de la joie, 8c de Monffeur ne tarda pas a envoi'er M. DupleiTis !e grand vi-jg ja Brunnetierre fon grand Vicai- caire en cette , . o
rencontre, re pour retablir les rehgieiues dans
la participation des Sacremens & de rous leurs droits. Ce grand Vicaire etant arrive fur
le midi le 18 fevrier, fit affembler la communaute dans l'Eglife, &• fit un difcours aux religieufes en prefen- ce du P. Bouchard del'Oratoire, de M. Paftour (54) & de M. Hilaire, qui furent les feuls qui. ailifterent a cette ceremonie, n'aiant point voulu qii'aucnn autre en fut temoin. (f4) Ce M. Paftour religieufes avec plus de
avoir fuccede k M. Rev moderation qu'aucun de
le 18 juillet i«sS. 11 fe ceux qui l'avoient ptece-
conjuiiit £ 1'egard des de,
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II. Par tie. Liv. VI. 397
» Comme il n'y a rien , mes cheres 1 <j,ja. » fours, dit le grand Vicaire , qui « foit fi precieux aux veritables en- w fans de l'Eglife , que la paix qu'elle » leur donne, ce doit etre auffi un •> fujet de joie univerfelle de voir » que la divifion qui partageoit les ef- » prits depuis rant d'annees, eft au- » jourd'hui entierement ceftee par la » fage conduite & par les foins de » notre S. Pere le Pape & du Roi, " qui fe font unis enfemble pour ren- » dre la paix a l'Eglife. C'eft cette » paix , mes cheres fours, que je » viens vous apporter de la part de » M. l'Archeveque : vous la devez re- » ce'voir comme un don de Dieu,puif- » que lui feul pouvoit vous la don- » ner aufft facilement qu'ib Fa fait, » ai'ant difpofe les chofes en telle forte » par un effet de fa providence par- » ticuliere, que le Pape a ete fatis- » fait de la foumiffion qui lui a ete » rendue •, & qu'apres avoir ete infor- » me de toutes chofes , il a juge fa- » vorablement les Eveques qui avoient » ete ac<rafep, & s'eft contente cle ce » qu'ils oni! fait, fans rien exiger da- » vantage , eftimant qu'il etoit a pro- " pos d'en ufer ainli a prefent pour » le bien de la paix. Je ne m'arrete- |
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J9& HlSTOIRE DE PoRT-Ro"lAt.
^da, " rai point a vous dire ici quelle a
» ete cette foumiffion des Eveques , w ni en quoi elle confifte , puifque » vous l'avez appris par la viiite que » M. de Meaux vous a rendue ces " ♦> jours pafies, & que vous vous y » etes parfairement conformees. La « conduite de M. l'Archeveque a toil- s' jours ete la meme : comme il n'a » rien fait dans cette affaire que fui- »> vre pas a pas fon unique fuperieur, »> & accomplir les intentions & les » volontes de fon chef, il fait encore i> aujourd'hui la meme chofe. C'eft- " pourquoi ai'ant reconnu par la re- >» quete que vous lui avez prefentee, » que vous rendez auffi a l'Eglife la i> meme foumiffion que les Eveques » lui ont rendue, il en a ete fatis- >y fait, & il y a repondu par une or- » donnance , dont voici la teneur, &c m qui eft auffi con^ue dans les memes f» termes que la declaration qui a ete » envoi'ee au Pape, afin qu'il parut » que dans toute la fuite de cette af- » faire , il n'a rien fait qu'obeir a » l'Eglife,& s'attacher inviolablement t> a fuivre les traces de fon Chef. » Apres ce preambule, & ce difcours
apologetique de M. de Paris, le grand Vicaire lut tout haut la fentence du Prelat: |
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II. P A r t 11. Liv. VI. 399
» Hardouin de Perefixe , par la 166*," » grace de Dieu & du faint Siege apof- » tolique Archeveque de Paris, fa- xxxix. 1 _ ,f» 1 /v • / / Sentence de
» lut. Vu la requete qui nous a ete M, de Paris
" prefentee par les relieieufes de P. pour le reta-
il 1 /->u 1 11 •! bliliement - K. des Champs, par laquelle llnous aes reiigiea-
» paroit que les fuppliantes , con- fes <k f- R-
» formement aux bulles & conftitu-
■» tions des Papes Innocent X & Ale-
» xandre VII, condamnent les pro-
» pofuions avec toute forte de ilnce-
» rite , fans exception ni reftri&ion
»» quelconque, dans tous les fens que
» l'Eglife les a condamnees, & qu'elles
» font tres eloignees de cacher dans
» leur cceur aucun deflein de renou-
» veller ces erreurs fous quelque pre-
w texte que ce foit, ni de fouffrir
» qu'aucune d'elles les renouvelle &
»> donne atteinte a la condamnation
» qu'en a fait l'Eglife > n'y a't'anl per-
» fonne qui foit plus inviolablement
» attachee qu'elles a. fa doctrine fur
» ce point & fur tous les autres ; 8c
w que pour ce qui regarde l'attribu-
» tion de ces propontions au livre
» de Janfenius , elles rendent en-
» core au faint Siege toute la defe-
»> rence & l'obeiflance qui lui eft due,
» comme tous les theologiens con-
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466 HlSTOlRE DE PoRT-ROlXti
» viennenc qu'il la faut rendre au re- » gard des livres condamnes & merae » conformement a l'efprit des bulles u apoftoliques, & qui defenders ex- » preflement de dire , ni ecrire, ni » enfeigner rien de contraire a ce qui » a etc decide par les Papes fur ce » fujet ; nous ne pouvons recevoir » qu'avec une extreme joie cet a£te » nouveau & authentique de leur ve- » ritable & entiere obeiifance. ( Car » defirant nous attacher inviolable- » ment aux conftitutions des fufdits » Papes Innocent X & Alexandre VII, » nous n'euffions jamais voulu admet- »> tre aucune exception ni reftriclion " a cet egard. ) Mais nous paroiflanc » par ledit acte , qu'elles condamnent » les cinq propositions avec toute for- « te de nncerite, fans exception ni » reftriction quelconque, dans tous » les fens que. le faint Siege les a » condamnees, & qu'etant entiere- » ment foumifes aux conftitutions des " fufdits Papes Innocent X & Ale- s' xandre VII, elles font tres eloi- » gnees de renouveller fur ce fujet » les erreurs condamnees par le fainc » Siege ; ce nous eft une joie fans » pareille d'avoir occafion par la de " leuf donnar des marques de notre |
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II. Part ie. Liv. VI. 401
s> affe&ion pacernelle. A ces caufes, &:
» apres qu'il nous eft apparu par
» la communication que nous avons
» de la declaration qui a ete en-
s> vo'iee a notre faint Pere le Pape ,
» & du bref par lequel Sa Sain-
" tete a temoigne en etre contente ,
» que la declaration des fuppliantes eft
» en effet la raeme que celle qui a ete
s> recue & approuvee par Sa Saintete ,
» Nous , fufdit Archeveque , rece-
» vons & approuvons, en fuivant
» l'exemple de notre faint Pere le Pa-
» pe, leur dite declaration & requetey
» & y aiant egard , nous les refti-
» tuons a la participation des faints
» Sacremens, dont nous leur avions
» interdit l'ufage par notre ordonnan*-
» ce du 6 feptembre 166 5 , les ab-
» folvant pour cet effet de toutes les
» cenfures qu'elles pourroient avoir
» encourues par la contravention a nos
»> ordonnances precedentes. Com-
w me aufli nous levons la defenfe
» que nous leur avions faite par la
» meme ordonnance, de chanter leur
» office dans le chceur; & les decla-
» rons capables , tant de former corps
»> de communaute, que de jouir du
» droit de voix active & paffive ,
» quand befoin fera, nous confiant
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40 i HlSTOIRE DE PoRT-ROtAI.
\6G<). " qu'elles feront tous leus efforts a
» l'avenir pour nous dormer de plus " en plus des preuves de la finceritede « leurobeiiTance, & de la foumiffion « qu'elles nous ont rendue par ce der- »> nier a6te : donne & Paris, ce 17 fe- » vrier 1669. xl. M. le grand' Vicaire aianr ache- Suite du dif-v^ Je lire certe fentence > il pour-
grand vicai- fuivit fon difcours, 8c parla ainfi. **• m Je nedoutepas, mes cheres fceurs , » de la joie avec laquelle vous rece-
» vez cette paix que Dieu vous donne, » & je n'ai pas befoin de vous ex- » horter a le remercier. Il me refte » feulementa. vous dire en deux mors, » quelle eft ladifpofitionou vous devez » entrer pour en profiler,&ceque vous » devez faire pour la conferver. La w premiere chafe qui eft necelTaire »» pour cela , eft d'avoir toujours une *' grande foumiffion pour l'Eglife , » & de recevoir avec un tres profond » refpedt tout ce qui vient de fa part » fans ofer jamais fe meler d'y trou- »> ver a redire , & d'examiner les rai- w fons de fa conduite dans les chan- " gem ens qui y peuvent arriver; car " on doit croire qu'elle agit toujours » avec lumiere & avec fageflfe, 8c » que fi dans la fuite des terns ellc |
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II. Partii. Liv. VI. 4©5
»> vient a changer de conduite, & a » n'exiger peut-etre pas les memes »» chofes qu'elle auroit demandees, »» c'eft parcequ'elle le juge plusapro- » pos pour le bien des fideles , qui » n'ont rien a faire qu'a lui obeir &C » a la refpe£ter en toutes chofes. La » deuxieme chofe que vous devez » faire pour conferver cette paix , » eft de garder un grand lllence fur » toutes ces conteftations , & de ne w jamais parler de ce qui s'eft paffe , " qui ne pourroit fervir qu'a exciter de » nouveaux troubles. Il ne faut point » vouloir en venir a des cclaircifle- » mens , & approfondir les chofes »> pour voir fi Ton a pu , ou fi Ton t» a du faire tout ce qu'on a fait, Il » ne faut pas dire:Ha ! mais on a done » change; il y a plus de quatre ans » que nous aurions bien voulu faire is ceque nous avons fait aujourd'hui. »> Pourquoi demandoit-on autre choje » en ce terns - la plutot quen celui- » ci ( 5 5 ) ? Tout cela , mes cheres (f?) Ces paroles mon- leur refufant les Sacre-
Uent bien clairement que mens a la mort 8c la fe-
les religieufes de P. R. pulture ecclefiaftique. Ce
n'avoient accorde par leur n'eft point allurement l'E-
requete , que ce qu'elles j»life qui autorife une telle
avoienttou jours often pat conduite; c'eft une injuf-
leutsaftes ptecedens, pour ike 8c un abus vilible de
lefquels on les avoit trai- l'autorite dans fes Minif-
tiis conime des heretiques, tres.
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464 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt.
» fceurs, ne ferviroic qu'a troubler
» la paix , & a nous faire perdre le » terns inutilement a parler de chofes^ » done il feroit a fouhaiter que nous » n'euffions jamais parle. " II ne faut point faire de retour
» fur le pafTe , & tacher feulement » de bien ufer a cette heure de cette >i paix que PEglife nous offre, croi'ant » que le refpe<5l &c Faffection que » nous devons avoir pour elle , nous » oblige a nous contenterde lagra- » ce qu'elle nous fait a prefent, fans « vouloir penetrer dans les raifons » qu'elle avoit eues de tenir une autre » conduite, puifque nous devons etre » perfuades que n la difcipline n'eft " pas toiijours la meme, & qu'il y » ait quelque changement, e'eft pour » le bien de fesenfans qu'elle en ufe » ainii, & parcequ'elle juge qu'il eft jo plus expedient pour la gloire de » Dieu ; 8c que quand meme il feroit » poffible qu'elle fe fat trompee (ce » que nous ne devons pas croire ) ce » n'eft point a nous a le juger , ni a « parler de nouveau de ce qu'elle au- >> roit fait; de meme qu'un bon enfant w qui auroitete chaiieinjuftementde » la maifon de fon pere, s'il venoit » enfuite a le rappeller 8c a le rece- |
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II. Partie. Liv.' VI. 40 5
m voir en grace , ne voudroit point
» entrer dans les eclairchTemens, & » approfondir les chofes pour favoir » qui a eu droit ou qui a eu tort ; » mais croiroit que le refped: qu'il doit » a fon pere , l'obligeroit d'enfevelir >- tout cela fous le filence pour ne plus » penfer qu'a l'honorer & qu'a le » bien fervir , s'eftimant trop heureux » d'etre rentre dans fes bonnes graces. » Voila., mes cheres foeurs , ce que » vous devez faire pour bien ufer »» de la paix que l'Eglife vous donne , m qui eft de conferver toujours un » profond refpecl; pour elle , & de » garder a l'avenir un grand filen- » ce fur ces matieres de contefta- » tions. M. de la Brunnetiere , continuant
fon difcburs , parla fur ce qui reftoit encore a faire pour Tender recablirfe- ment des religieufes : cela confifte , » dit-il, en deux chofes , la premiere, » eft votre reunion avec vos fceurs » de Paris , & la feconde , le retablif- » fement de votre ancien gouverne- » menr. » Quant a la reunion, il les exhorta a la commencer elles-memes en levant les obftacles qui pourroient s'y rencontrer, en oubliant tout le pafTe , & ne s'eloignant pas d'elLes. |
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40(J HlSTOIRE DE PORT-ROIAL.
La reunion auroit ete bientot faite >
11 les conditioas auxquelles le grand Vicaire fembloit l'attacher de la part des religieufes de P. R. des Champs euiTent ete fuffifantes pour la procurer. Mais celles de Paris etoient plusdif- pofees a y former des obftacles qu'a les lever. Pour ce qui eft de la deuxie- me chofe qui regardoit le retablifTe- ment de l'ancien gouvernement, le gtand Vicaire dk qa'ilfaMoit patienter qvelques momens , parceque la refor- me d'un changement fait par l'au- torite du Roi ne pouvoit pas fe faire fipromptement. La Mere AbbefTe pria M. le grand
Vicaire de temoigner a M. l'Arche- veque leur joie & leur reconnoiflan- ce ( 5 6 ) de la grace qu'il venoit de leur accorder , & de l'aflurer en me- me -terns de leurobeiflance &deleur foumiffion a fesordres. Elle ajouta,que s'il lui plaifoit de les retablir dans leur maifon de Paris,il reconnoitroit & leur fceurs aufli, 1'arTedlion qu'elles avoient pourelles,&combien elles fouhairoient de pouvoir etre reunies avec elles , (\6) Les religieufes t£- m4me (our , qu'elles prie-
moignerent ellcs-memes rent fon grand Vicaire de
leur reconnoiflance a ce lui remettre. Mem. hift.
Ftelat pac une lettre du T, i.p. Ki,
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IT. PAR.TIE. L'lV. VI. 4C7
•ubliant de bon cceur tout le parTe. lffjj -
11 repondit qu'il ne manqueroit pas d'en aflurer M. de Paris; mais, qu'il fal- loit attendre le retour du Roi. Le difcours etant fini on chanta le t,xi.
Te Diiim , on fonna les cloches, les Te Ptimf portes fluent ouvertes; & a peine le chant etoit-il acheve , que Ton vit ar- river les pauvres gens des villages des environs, qui accoururent en foule au fon des cloches , jugeant bien qu'il y avoit quelque chole d'extraordinaire a l'Abbai'e puifque depuis pres de qua- ere ans on n'avoit rien oui de fem- blable. Apres le Te Deum , M. le grand
Vicaire dit l'oraifon d'action de gra- ces , puis tout le monde fe retira. Mais ce fut avec une telle modeftie & un tel recueillement, qu'une perfonnequi n'auroit pas fu ce qui fe paffbit a. P. R., n'auroit jamais put penfer qu'il y eut quelque chofe d'extraordinaire. Cette modeftie & ce recueillement Venoient des fentimens que Dieu avoit mis dans ces faintes ames , qui etoient dans la difpofition de paffer leur vie, s'il i'eut ordonne , dans l'etat d'011 on les tiroit ; & qui par cette raifon ■ etoient perfuadees que leur joie Sc leurs actions de graces nepouvoient |
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_______ 4°8 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAL.
10651. ^tre troP numbles , puifque leur de-
livrance avoit pu etre accordee a leur foiblelTe qui les rendoit peut-etrein- dignes d'une telle fouffrance. xlii. Auffitot que M. le grand Vicaire fur icmnene f°n Par"' ^e ^' Bouchard commenca a
aitions de' confefTer les religieufes: & le lende- graces. main 19 , on chanta la premiere gran- de MefTe, qui flit de la Trinite, en
actions de grace. Ce fut M. deBois- buiflbn qui officia : il eut pour Diacre, M. Eart, & M. Paftour pour Soudia- cre. On y prefenta le pain beni com- me a une fete folemnelle; & les fceurs qui s'etoient confeffees y communie- rent. Quoique ce fut un jour de tra- vail , beaucoup de gens des environs y affifterent , attires par le bruit de la delivrance de cesvierges chretien- nes. Comme Ton fortoit de la grande MefTe , l'exemt arriva avec un ordre du Roi pour fe retirer lui & fes trois gardes. Ce fut ainfi que les relisieufes de
rinnocence "• **•• > apres avoir e.e traitees 11 cruel- des reiigieu- lement, & comme on auroit fait des juftifiL "pfr perfonnes convaincues des plus gran- leur retablif- des erreurs, furent retablies fans ab- juration d'aucune herefie , &fansfai- re d'autre profeflion de foi, que cel- le qu'elles avoient toujours faite. Pour- roiton
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II. Partie. Liv. VI. 409
voit-on reconnoitre d'une maniere plus authentique l'innocence de ces fainres lilies, & 1 injuftice de la conduite qu'on avoir tenue a leur egard > Car enfin , ces fainres religieufes
avoient figne avanr qu'on leur inter- dit lesSacremens de l'Eglife , dans le meme fens qu'elles fignerent pour y ctre retablies. Celles qui avoient etc decriees comme des hetetiques, com- me des rebelles , comme des vierges folles, dc traitees avec la derniere m- dignite , font reconnues maintenanc bonnes catholiques & foumifes a l'E- glife. On les retablit dans la partici- pation des Sacrernensdont on lesavoic privees,quoiqu'ellesn'aient rien faic de nouveau qui ait donne lieu de croire qu'il foir arrive aucun change- ment en elles ; ai'ant toujours ete dans les memes fentimens , & ai'ant tou- jours temoigne la meme foumillion de foi pour les dogmes condamnes , & la meme foumirlion de refpedfc& de fdence pour le fait qui regardoit Janfenius. Leshommes ont change de conduite a leur egard , quoiqu'elles aient toujours ete innocentes : on les a traitees,pour me fervir de la compa- raifon de M. le grand Vicaire, done les paroles meritent une attention fin- Tome VI. S |
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4tO HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt.
~~~iC6<T~g-uiere , commeauroit fait un Pere ,
qui chafe injuftement un ion enfant de fa malfon, 8c qui le rappelle en- fttite. Quoique bonnes lilies de l'Eglife, on les a voulu chaffer injuftement , en les privant des Sacremens, meme a la more; enfuite on les retablit. Cet- te difference deconduite ne vient point d'elies •> puifqu'elles ont toujours ete les memes , & qu'elles ont toujours fait les memes profeffions de foi , foit avant que d'etre privees des Sa- cremens, foit pendant cette privation, foit pour y etreretablies j enunmot, femblables a. ce bon enfant chafe in- jufemtnt de la malfon de fon pere & enfuite rappelle , elles ont ete privees des Sacremens tres injuftement, &c par un effet du zele amer de leurs en- nemis, qui faifoient agir les PuiflTan- ces contre ces vierges innocentes.Dans la fuite ces Puiflances s'etant reunies , a l'infu de ces memes ennemis, pour rendre la paix a. l'Eglife , elles ont ete retabiies dans la participation des Sa- cremens. Voila tout le myftere de la differente conduite qu'on a tenue a l'egard des religieufes de P. R. Lorf- que les ennemis de ces faintes hlles ont cefTe de feduire & de faire agir contr'elles les Puiffances, elles ont ete |
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II. Parti e. Liv. VI. 41 1
trouvees innocentes , & dignes de par- ^^ tkiper aux faints myfteres. Celt ce qu'il ne faut pas perdre devue , d'au- tant que nous reverrons dans quelques annees les memes ennemis de ces fainces filles les decner de nouveau comme des heretiques & des rebelles, les noircir par leurs calomnies, &c en- fin les faire traiter auffi cruellemenc qu'elles l'avoient ete avant la paix; fans avoir rien fait qui put les rendre dignes d'un pareil traitement, & fans y avoir donne la moindre occafion.Funef- tes efFets ducredirenormequ'a la focie- teaupresdesPuiffancesdumondeSCette redoutabie fociete , apres avoir fait pafifer dans l'efprit des Papes &c des Kois de la Terre le phantome du jan- feoifme pour une herefie reelle, & les meilleurs catholiques pour des here- tiques qu'il faut pourfuivre a feu 8c a fang , aura encore le pouvoir de leur fafciner les yeux jufqu'au point de leur perfuader qu'une paix qu'ils ont fagement concerted eux-memes, &c qui eft conftatee par des monumens au- thentiques, n'eft qu'une chimere. |
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Perfonne n'ignore que M. Colbert ,
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XL IV.
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ce Mflfiftre fi zele pour la gloire de Mcdailic
fon Souverain , fit frapper une me- frapp-e»u!u" j ... r • 1 1 r- i \ l«cUlapai.v.
daille au fujet de la paix rendue a
Sij
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411 HlSTOIRE DE PdrT-RoYaI.
l'Eglife, la regardant comme un des
plus glorieux monumens du regne de Louis XIV. » Les grands evenemens , die un
» Jefuite , auteur non fufpect , font » ordinairement marques par des mo- » numens publics, entre lefquels les » medailles tiennent un rang confide- » rable. On en frappa une cette an- » nee-la meme , pour etre mife dans » les fondemens des batimens du Lou- " vre, auxquels on travailluit alors. » Le nom & la figure du Roi etoient » fur un des cotes. Sur le revers on « vo'ioit un livre ouvert fur un autel,& » fur ce livre les cles de faint Pierre, le " fceptre roi'al & la main de juftice » pafles en fautoir •, au-deflus de » tout cela etoit un faint Efprit talon- 's nant avec ces mots a. l'entour : » Gratia & pax a Deo , & ceux-ci s> fur le devant de l'autel : Ob rtfii- » tutam Ecchji&, concorilam. Voila. « qu'elle etoit la medaille frappee au » fujet de la paix de'Clement IX (57). (57) C'eft le pere Davri- teur de ttiiftoire des cinq
gny lui-meme qui en par- Propolitions. On fait que
le 2!n(i dans fes Memoi- le veritable auteur de cette
res. En vain ce Jefuite hiftoire eft le gj^e Tellier
tstche-c il apres cela d'obf- auquel M.Dumas a bien
curcir cet evenemene, en voulu prtter fon nom.
s'appui'ani fur ur.ecircpnf- ( C'etoittoutce qu'ilpou-
uiice rappone'e par l'au- voit prttet, car pour ce
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II. P ARTIE. LtV. VI. 413
Apres quatre annees environ paffees
dans la plus dure capdvite , les reli- |
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10
XI
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iidon s
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Difpi
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qu'il ne refte rien a defirer
fur ce fujet. Nous ne pouvons cepen-
dant nousempechetde t£- moigner notre etinnemenc fur ce que dans le recueil des meda lies duRoi, dref- fe par Meflieurs de l'/i ca- |
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qui eft de fa plume >
quelque bonne volonte qu'il eut de fervir la So- ciete , a laquelle il etoit tout devoue , il etoit en core plus incapable de lui lendre aucun fervice en ce genre ). Pour ce qui eft |
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de la circonftance qui demie des Infcriptions par
prouve, felon le pere Da- ordre du Roi, imprime ail |
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Louvre en 1701 , on a >n-
fere la fauffe medaille pour la veritable. Comment a- t il pu arriver que ces Meffieurs, (i verfes dans la connoiflance des an ■ ciens monumens, foient tombes dans une pareills me'prife touchant une me- daille de (1 ftaiche date ? On n'eft gueres moins fur- pris dec; qu'ilsajoutenr: On nentend plus varler de ces noms de partis capa- bles d'entretenir la difcorde9 & I'Eglife jouit d'tine phi- nepaix. Le volume ou l'oa parie ainu" eft de l'annee 1701; 8c e'etoit alors qu'on pourfuivoit ft vivement les quarante Do&eurs qui avoient figne le fameux cas de confeience, dans lequel its prenoient la paix de C16ment IX pour fon- dement de leur decifion. C etoit alors que les enne- mis de la paix, abufant |
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vrigny , que la medaille
ne tut point du gout de Louis XIV , ce Jefuite iui-m«me n'ofe pas la ga- rancir. Cette eitconftance prouve le cor.traire , dit-il, // eile ejl vraie. Mais (1 elle n'eil point vraie , que prouve-t- elte ? que le pere Davrigny eft un ecrivain fans confequence , qui fur des Si veut dittuite & ebfcurcir des faits incon- teftables. Nousne nous ar- recerons point ici 4 rehi- terles vains raifonnemens par lefquels on a pretendu donner atteinte a la paix de Clement IX , ni a dif- cuter ce qui regarde la faufle medaille qu'on a voulu fubftituer i la ve- ritable. L'auteur des Me'- moires bijiyriqnes &cbro- nologiques fur I'Abba'ie de P. ^?. des Cbamps., a ft folidement rraite cette ma- tiere, en demontrant la |
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realite de la paix , & en de leur credit aupres du
retabliffant la veritable grand Prince qui avoir medaille contre la fauffc, lui • meme concouru & (*) Voit\UT<im,-L.des Mem.p. i-n.f 11 &fviu.
S iij
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414 HtSTOIRE DE PoRT-ROlAE.
kj^o. gieufes de P. R. commencerenr done
ies reii^ieu- a refpirer un peu & a jouir des fruits |
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its pour ieurs
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applaudi a la paix , com-
me on vknt de le voir , iui faifoient emploi'er fon autoriie pour renverferfon propre ouvra0c. Enfin e'e- toit alors qu'en France 6v a Rome on prenoit des me- fures (1 efficaces pour mi- ner entkrement ce qui avoit ece fait par le con- cours des deux PuifTances; 8c renverfer le faint me- naftere de P. R., qui fur detruit quelques annees a- pres, uniquement parce- que les religieufesne vou- lurent point ftc'riger a ce qui s'e'tcit fait a leur e'gard tors de la paix de Clement IX. II y a fujet d'etre fur-
pris que les religieufes de V. R., dont l'innocence 8c la purete de la foi fu- rent fi folemuellementre- connueSj aient ete dans la fuite expofees comme au- paravant aux traits de la calomnie. Toutefois cela ne furprendra point ceux qui confidereronc, que ni les Jefuites, enuemis de- clares de ces faintes lilies, rti ceux qui etoient unis a cette Societe , ne change- rent point de difpofitions aleuregard. lis fuivoient la mSme morale fans s'em- bairafTer de toutes les cen- futes qui la profcrivent. lis avoient la meme fu- leur contre les theologiens |
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qui combattoient leurs a-
bominables maximes ; its avoient les memes raifons 8c les memes ddleins de les opprimer : a quoi il fant ajouter qu'ilsavoient le meme credit aupres des Grandr j qui eleves au def- fus des autres homines , peuvent moins que les au- tres hommes refifter aux follicitations de ceux qui les environnent , & re- coivent plus aifement tou- tes les impreflions etran- geres. Les Grands ne font que ce qu'ils peuvent faire lans peine; il n'y en a poinc a croire des impoftures -, il y en a a s'in former de la verite. Ainu" ils rece- voient fanspeine les calom- nies contre P. R. , contte M. Arnauld , &c. Les Grands font a peu pres dans la meme irrpuiiTan- ce & la meme lachere par rapport aux aft ions de l'ef. prit, dans laquelle ils font a l'egard des actions du corps: ils ne peuvent s'ha- biller , fe lever , fe cou- cher, s'ils n'ont des do- meftiques pour les aider : De meme, ils n'agifTent prefque jamais par leur propre raifon, ils ne voient & ne jugent que par les yeux des gens qui font au- pres d'eux. Le monde e- tant ainfi fait, il nefaut pas s'etonner, u" les enne- |
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II. Par tie. Liv. VI. 415
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dela paix. Leur innocence ai'ant ete 1669.
ft folemnellement reconnue , tant a-caan j;;^. Rome qu'en France, il etoit de lales- juftice que leur retablifTement fut en- tier , & que routes chofes fuffent mi- fes dans l'etat oil elles etoient avant la perfecution. Qui n'auroit cru que tout alloit rentrer dans l'ordre, que la maifon de Paris feroit rendue a |
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de la retractation des deux
proportions de falettreaun Seign. de laCour, condam- n6esem6c6parlaSorbonne par un jugement qui fcra a jamais fa honte de ceux; qui le rendirent--: qu'on n'oublie point quele grand Arnauld & les religieufes de P. R. out toujours ete les memes , fo.'t clans les perfections avant la paix de l'Eglife, foit dans le terns de cette paix, ou toute la France s'accordoit a reconnoitre leur inno - cence , foit dans les trou- bles qui fuccederent a cette paix. Cette remsrque im- portante fait fentir par avance t'injuftice de ceux qui n'ai'anc point en de parr a la paix , qui derangeoic leurs d^ffeins, eurentdans la fuite aflez de credit pour rallumer le feu de la divi- fiofl & opprimer par la violence & la calomnie, des perfonnes qui etoienc depuis longtems l'objec de leur haine implacable. S iv
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mis de la paix firent tant
pat leurs intrigues , qu'ils engage rent dans la fnite Its puillances a agir centre leurs adverfaires, comme Ci cette paix n'avoir ete qu'un piege &c qu'une a- rfreiTe pour endormir ceux qui s'y confioienr de bon- ne foi , 8c pour les accu- fcr enfuite plus facilement. Qu'on fe fouvienne, nous le repetons encore , de cette epoque, ou les reli- gieufes de P. R. furcnt re- connues innocentes Jc r6- tablies dans la participa- tion des Sacremens, fans avoir fait d'autre profef- fion de foi que celle qu'el- les avoient toujours faite. Qu'on fe fouvienne que M. Arnauld a ete reconnu pour bon catholique par le Pape, par le Nonce qui l'a qualiHe de Cliryfofto- me de fon fiecle, par le Roi & 8c les plus guilds Prelats , fans qu'il ait et6 oblige de reconnoitre Jan- fenius pour heretique, fans qu'on lui ait raeme deman- |
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4l£ HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt.
j(?<jp™ ceiles qui faifoient veritablement la
communaute de P. R., & que les religieufes qui s'etoient feparees , fe foumettroient avec plaifir a leurs legi- times Superieures, a qui elles avoient fait vceu d'obeir; Mais les fruits de la paix n'allerent pas jufques-la. Nean- moins 9'auroit-ete alors , que lajujii- cc & la paix fe ftroient vraiment em- braces i 8c ces filles revohees auroient eprouve que leurs meres avoient ve- ritablement des entraiiles maternelles, i\ elles avoient ecoute leur voix, 8c la tendre invitation qu'elles leur firent, des le lendemain de leur retablirTe- itient, de venir prendre part a la joie en fe reuniftant a elles. Ce fut le mo- tif de la lettre que les religieufes de P. R. des Champs ecrivirent le 19 de fevrier, a celles de Paris. Le lec- teur peut la voir a la fin du vo- lume. Elle eft pleine de charite & de ten-
dreffe, 8c fait bien connoitre quel etoit l'efprit qui animoit les religieu- fes de P. R. des Champs : elle n'euc cependant pas Feffet qu'elle auroit du avoir ; & bien loin que la reunion fe fit, on travailla peu apres a une en- tiere feparation des deux maifons , comme nous le verrons bientot. |
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II. Partie. Liv. VL 4tf
Tous les gens de bien prirent beau- TTiFoT"
coup de part au changement arrive a. P. R. des Champs , & plufieurs s'em- pa« que ks prefTerent de temoisner a ces fainres sens ie bicn £ . . & . , . . prenncnt au
rules la joie qu us avoient de les voir recabiiffe-
forties de captivite , & retablies dans meiudesrch- r gieufes de P.
la participation des Sacremens. M. r...
l'Eveque d'Aulonne leur ecrivit a ce , L"'re. \T
r . * . i • • i 'eut ecnt M- lujet, non une lettre pleine de com- d'Aulonne a
plimens > mais une lettre pleine d'avis ce *">"• .
tres Chretiens, & d'inftru&ions tres folides fur le changement de leur etat , & fur la maniere de reconnoi- tre les dons de Dieu en elles, & de les faire remonter a. leur fource. 11 leur temoigne , que comme il s'etoit uni a leurs foufFrances pendant leurs per- fections , il s'unit a elles pour re- mercier Dieu des faveurs qu'il leur a faites. » Mes tres cheres fours , dit » ce refpedfcablePrelat (59 ), pendant » que les hommes vous out humiliees » d'une maniere terrible ( a. laquelle » neanmoins il ne faut jamais penfer, » que pour gemir & prier pour ceux " qui en ont ete les auteurs) , Dieu » vous a relevees par des graces fin- » gulieres que vous feules connoifTez , » parceque vous feules les avez revues (58) Ce Prelat Ev£que ceTe de Chalons far mars*
in partibiU) fixe au dio- avoit cti RjeeoUet. S v
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4i8 Histoire de Port-roi'al"
» & goutees , & par la fermete hie- » branlable qu'il vous a donnee pour " la defenfe de la verite, qui a ete Sc " qui fera dans tous les fiecles l'eton- » nement & l'admiration de tous ceux " qui aiment la verite. Mais main- » tenant que les homines vont vous re- » lever par leurs louanges , & par les " temoignages de leur joie pour v6- » tre liberte , je fuis oblige de dire , " pour la part panic uliere que je prens « a tout ce qui vous touche , que vous " avez fujet de craindre plus queja- » mais que Dieu ne vous rabaiile » devant fes yeux , fi(pourufer des » paroles de M. deS.Cyran, quine » vous feront point fufpedtes) vous » ne lui rendez tout ce que vous avez » fait & fouffert pour la verite , en " le reconnoiflant pour le feul auteur » de tout par une foumiflion fl » profonde, qu'il ne refte rien dans » vos ames qu'une confeflibn inte- n rieure de ce qu'il lui a plii de faire » par vous des ceuvres fi merveilleu- » fes, fl eloignees de vos forces na- » turelles, & fi peu proportionnees « a votre indignite & a votre neant. » Comme l'une de mes devotions » pendant votre perfecution a ete de » rn'unir en efprit a vos fouffrauces , |
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II. Par.tie. Llv. VI. 4x9
» vous voulez bien que je m'unifle " \(,Gj. » avec vous , pour remercier Dieu » de fes extraordinaires faveurs, & » que je lui dife avec vous dans Fa- » neantillement demon cceur: Helas! » Seigneur, eft-il poffible que vous , » ayiez fi fort rabaifle votre grandeur , » que de vous fervir des creatures , » pour faire des ceuvres qui furpaf- » fent toutes les forces humaines 8c » naturelles , & qui ne peuvent etre » produites que par votre toute-puif- » fance infinie ! Voila, mes tres cheres » fceurs , les fentimens de mon cceur » au fujet de votre liberte, que vous » recouvrez devant les hommes , » & que vous n'avez jamais perdue » devant Dieu & fes Anges. Priez- » le pour moi, afin qu'il accompagne » de fes graces toutes les fonclionsde- » mon miniftere. Je fuis en lui 8c >» pour lui mes tres cheres fceurs &c. Jean Eveque d'Aulonne. De Chalons ce 11 fevrier 1669 (55>). Les religieufes de P. R. ne man- tcs reiigievs-
querent pas de !faire reponfe a M. {es <k p- v~ J' a 1 011 • 1 font repoiife'
a Aulonne , & de le remercier «es a m.rEve^s
falutaires avis qu'il leur avoit donnes. d'Aulonne <*
Ell 1 c 1 J t cement swift uiles le nrent par une lettreduji 4 mars. aux quwreF-
Eiiesavoient ecrit precedemment auvalues1-uis£~ (fj) Le 16 felon les Mem. hid. p. 171._ S vi
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410 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt.
1669^ famt Eveque d'Alet , pour le reiki-
to;,mia:eref-ter df k Paix de ?*■&& , & pour
im pour dies, lui temoigner leur jufte reconnoillan •
fcc" ce tie la part qu'il avoit prife a cc qui les regardoit. Elles font mention a la
fin de leur lettre datee du 1 s fevrier, de trois de leurs fceurs, qu'elles di~ fent leur etre deja reunies de cceur : ce qui fait voir que des lors , cesre- ligieufes etoient en relation avec elles. C'etoient les fours , de S. Melchide, de fainte Eufrofine , de fainte Peia- gie j qui vinrent effe&ivemenr pert apres les rejoindre dans la maifon des Champs, Elles joignent encore les fours converfes au nombre de 18 , auxquelles elles rendent le glorieux temoignage qu'elles etoient demeurles unies a la communauti avec une fide- lite toute entiere. M. d'Alet fit reponfe aux religieufes par une lettre du 8 mars, oa il temoigne I'ejlime & Vaffection que Dieuiui a do nneespour leur fainte maifon, Les memes raifons qui avoient enga- ge les religieufes de P. R. a ccrire a. M. d'Alet, les porterent a ecrire auffi a M. d'Angers, a M. de Beauvais , & a M. de Meaux, qui s'etoient donne tant de mouvemens pour leur retablif- fement. Elles recurent des reponfes auffi obligeantes qu'edifiantes, a ton- |
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II. Parti e. Liv. VI. 411
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tes ces leccres. La mere Agnes ecri- \6(>q.
■vie auffi a. M. de Sens fur le meme fujet: nous ne trouvons point la re- ponfe du Prelat , foit qu'il n'en ait point fait, ce qui eft difficile a. croi- re , foit qu'elle fe foit perdue ( 60 ). Morifieur le Cure de Magny , qui xlvitt.
• , , V ■ r ' r, ti M. le Cure
avoit donne aux rehgieuies de P. R. ,je Magny
des marques fi eclatantes de fon efti- view en pro-
0 / r » - c >\ ceffionaP.R. me & de Ion attachement , juiqu a
les recommander fouvent en public
dans fes prones , & a faire dans fa
ParoifTe des fervices folemnels pour
les religieufes qui mouroient privees
des Sacremens , ce digne & genereux
Pafteur alia en procefllon a P. R»
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le premier volume des Mi-
moires hijioriques C7* chro- nologiques [«? I'AbbaYe de P. R. ties Champs pag. 445 4SS. Mais ilfauc lurtout lire la 159 lettre (*) de M. Amauld aux re.'igieu- fes de P. R. des Champs , datee du 7 mars XS69 J dans laquelle cet incom- parable dofiteur donne des inftruftions admirables i ces faintes filles. U faut dis-je , lire 8c mediter at- tentivement cette lettre r pour apprendre ce que la reconnoiilance des gra- ces que nous avons revues de Dieu exige de now. |
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(So) Toutes ces lettre;,
auxquelles on pourrok encore en joindre une mul- titude d'autres & en affcz grand nombre pour for- mer un volume confidera- ble, auroient merite d'a- voir place dans 1'hift.oirede P. R. Notre deflein ecoit de les y inferer, du moins en panie, mais lacrainte ds furcharger le public , en multipliant les volumes & de pauer les bornes que nous nous fommes pret- erites , nous a fait chan- ger d'avi'. Le tefteur trouvera celtes que nous venons d'indiquer,$c quel- ls autres encore , dans C*) T. i.
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J>. JOJ-JKR
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422 Histoire db Port-ho'iax.'
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i66 p. He 3 mars) en a&ion de graces du
retablillementdes reJigieufes. La pro-
ceiTion entra dans 1'Eglife en chan-
ce rant ces paroles : onirics qui de trno
pans. & de uno caliceparticipamus(6i). La rencontre de ces paroles avec la reunion de rant de perfonnes , dont une fi longue perfecution n'avoir pu divifer le cceurs ni les fentimens, & cela arrive a l'lieure & dans 1'action meme du premier facrifice que M. Arnauld, qui etoit arrive la veille , offroit dans l'Eglife de P. R. , tout cela dis-je , avoit quelque chofe de remarquable & de frappant. M. le Cure de Magny dir la grande Meile ». 8c a l'Evangile il fie un difcours aux religieufes. xhx. Non-feulement les amis de P. R. Fiufearspec- prirent part £ leur retablifTement, &
tonnes preve- j„ , r . . .
nues contre hrent eclater leur joie*, mais on vie
les religieufes mkme Jes perfonnes, qui avoient ere ebangenc de , I ' J . ..
difpoStions a prevenues contre ces laintes rules ,
leuregard. revenir de leurs prejuges, &. changer de difpofitions a leur egard. Tel fut M. Paftour, qui avoit fuccede a M. Rey. Il quitta P. R. apres le retablif- ement des religieufes; mais avant que de partir,prenant conge des fuperieures, (6i) Nous tout qni par- met qu'itn meme pain &:
ticipcjis it unniemepain& untnemc corps*. i un tticine calkc t. ne jom~ |
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II. Partie. Liv. VI. 415
il leur temoigna toutes fortes de re-
grets de la peine qu'il leur avoit faite, fur - tout en deux ou trois occafions qu'il fpecifia , & dontil demanda plu- fieurs fois pardon , s'accufant du tort qu'il avoit eu de ne s'etre pas detrom- pe plutot. 11 avoua qu'enfin il avoit reconnu par fa propre experience qu'on l'avoit trompe •, qu'il etoit fi edine de la maifon , qu'il n'avoit que du bien a en dire •, & que c'etoit une grane que Dieu lui avoit faite de l'y avoir ame- ne. Il paroifloit fort touche & meme attendri en tenant ce difcours. Il te- moigna enfuite beaucoup de joie du raablilTement des religieufes , & fit. entendre qu'il avoit recu quelque gra- ce particuliere en entendant chanter le Te Deum. Il ajouta , qu'il avoic voulu fervir a la premiere MefTe , qui s'etoit dite le lendemain , quoique ce ne fut pas fa coutume, ( M. Hamon le faifant toujours), afin d'etre le pre- mier qui leur apportat la paix , & qu'il l'avoit fait de grand cceur. Il dit plu- lieurs autres chofes femblables , pour marquerfon affection, fon edification, & le regret qu'il avoit de n'avoir pas fait un meilleur ufage du terns qu'il avoit palle a P. R. Lcs religieufes de P. R. des Champs |
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4*4 HlSTOIRE DE PoRT-Ro'lAt.
i66q. n'eurent pas la confolation devoirusi
dcS(leuxma;.pareil changemenr dans leurs fceurs fom de i'. r. quis'etoient feparees d'elles;aucontrai- re la conclusion de la paix leur donna de grandes inquietudes, par la crain- te qu'elles eurent que les fuperieures legitimes qui etoient dans la maifon des Champs, ne fuiTent rappellees a Paris ( 61). Ces inquietudes durerent jufqu'au 2 5 de mars que M. de Pa- ris les raffura en leur difant que ce- la ne feroit pas. Ce fut alors que la foeur Dorothee revenue de fa fraieur fit lire la lettre que les fceurs de la maifon des Champs leur avoient ecrite apres leur retabliffement •, ce fur a la conference que cela fe fit, & comme pour fe moquer. Ainll , la lettre fi f>leine de tendrefTe par laquelle elles
es invitoient a rendre la joie de leur retabliifement parfaite en fe reunif- fant a elles pour ne plus faire qu'une communaute comme auparavant, ne fit aucune imprefiion fur l'efprit de ces vierges folles. Bien-loin d'ecouter la voix de leurs charirables fceurs » qui oublianttoiulepafleJeur tendoienc les bras pour les faire rentrer dans la voie de la juftice & de la paix > |
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la) Rcc. de pieces in-11, p. 488*
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II. Part ie. Liv. VI. 415
elles ne penfereat qu'aux mo'i'ens de confommer le fchilme , & de met- tre entre les deux inaifons une bar- riere qui rendu a jamais la reunion impoffible : & elles eurent lemalheur d'y reuffir par le credit de leur pro- tedfceur , nous verrons dans la fuite le pretexce dont il fe fervit. Le Roi avoir remis a la premiere
femaine de Careme la concluhon de l'affaire de P. R. , & on avoir deja concu de fi belles efperances , qu'on fe promettoir qu'elles retourneroient a Paris a la mi-careme; mais ces ef- perances s'evanouirent bien-ror. M. Hilaire etanr alle a Paris le 1 z mars, pour les affaires qui devoient s'y trai- ler , vit bien des-lors qu'on vou- loit feparer les deux maifons. Il en parla a M. de Meaux, pour l'en-
gager a s 'oppofer a cette feparation y &c a M. le Tellier,qui lui dit que leRoi ne feroit rien dans cette affaire que ce que defireroit M. de Paris ; qu'ainfi il etoir a propos qu'une perfonne de confideration comme M. le Prince, e prevint pour le rendre favorable. La mere Agnes ecrivit le 19 mars au Prince , pour le remercier de la bonte qu'il avoit eue de s'emploier pour elles. |
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42<J HlSTOIRE DE PoRT-ROTAE.
166f. aupres de M. 1'Archeveque - (6j) mais
M. de Paris eut pea d'egard a une follicitation qui en meritoit cependant. Il vit le Roi le to mars, & die an retour a M.Hilaire, que le Roi fe- roit juger 1'afFaire par fon Confeil. Le 2 5 du meme mois , les religieufes apprirent par M. Hilaire, que la re- paration etoit refolue , &c que le Roi avoit donne ordre au Chancelier d'avifer avec M. Colbert aux moiens de faire le partage. La mere Agnes ecrivit le 15 a M. Colbert ( 64. ) , pour le prier d'etre favorable aux re- ligieufes dans cette affaire. Elles fi- rent prefenter par M. de Lionne un placet au Roi. La maniere dont Sa. Majefte le recut, fit refoudre a fup- primer la requete qu'elles avoient def- feinde prefenter aux Juges, qui ecoient M. le Chancelier , MM. le Tellier , de Lionne , Colbert, Villeroy , d'A- ligre , de Seve, Poncet, Boucherat, PufTort. confeiipour Ces Commiflaires s'aiTemblerent le la reparation trois avril: mais par la commiffion, foL<deUp.nR.i'ils n'avoient que le pouvoir de con- |
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(<l)Joum. MS dei««9 (64) Voi'ez cette let. T.,
jufqu'en i«j« Mem. hift. 1. p. 310 des Mem. hid. p. 4fS. |
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II. Part ie. Liv. VI. 42.7
damner les religieufes des Champs. Le Roi avoit ordonne la veille aM. Ie Chancelier, de farmer la bouche a tous ceux qui voudroient entrer en connoiffance du fond de l'affaire , 8c pour cela de leur declarer d'abord , qu'ils n'etoient affembles que pour deliberer fur la forme & non fur le fond. C'eft ce que M. Hilaire manda de Paris le trois avril. Monfieur Colbert ne fe trouva pas
a ce Confeil, dans lequel M. Pufforc, qui faifoit la fonction de Rapporteur, eut le courage de parler en faveur des religieufes , quoiqu'en fuppofant la volonte du Roi notifiee par le Chan- celier. MM. le Tellier & de Lionne, firent audi affez - bien , 8c tacherent d'embaraffer l'affaire pour qu'elle trai- nat en longueur. M. le Chancelier opi- na a rendre M. de Paris maitre de l'affaire. C'etoit le rendre juge dans fa propre caufe : cet avis neparoit pas digne du chef de la juftice, neanmoins il conclut qu'il feroit fon rapport au Roi en prefence de MM. Puffort 8c le Tellier. Les Commiffaires fe trou- verent de differentes opinions par rap- port au partage des biens ; les uns » commeM. de Villeroy , voulant que chaque vnaifon eut la moitie , c'eft- |
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______ 42^ HlSTOIRF. DE PoRT-ROlAt.
1669. a-dire, que 12 religieufes qui etoient a
Pariseuuentautantqueceliesquietoient aux Champs au nombre de quatre- vingt-dix. Les autres plus equitables furent d'avis , que la maifon des Champs devoir avoir les deux riers. M. de Paris propofa un autre moi'en d'accommodement; du moins il man- da a M. le Prince , que , fi Ton vouloit laiiTer la maifon des Champs a la fceur Dorothee avec dix-mille livres de ren- te , il ne s'y oppoferoit pas. Ce qu'il difoit, felon les apparences , pour contenterMadamedeLongueville,par- ceque M. le Prince avoit tcmoigne au Prelat qu'elle avoit deilein de fe retirera P. R. de Paris, fi les chofes fe retablilfoient. Monfieur Hilaire alloit continue!-
lement a Paris , & voi'oit M. Pufforr, qui agiflbit le plus dans cette affaire , etant charge de faire le partage. Il I'en- tretint le 26 fort long-tems fur les pretentions de la fceur Dorothee, qui vouloit tout envahir. Le Commiflaire ecouta de bonne grace les propofitions qu'il lui fit pour mettre des bornes aux. deffeins ambitieux de l'intrufe \ &pour affurer a perpetuire la trien- nalite , & le refte des biens qu'on laiflfoit a la maifon des Champs, il |
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II. Par tie. Liv. VI. 419
iui promit de garder les regies de la juttice dans ce partage , autant qu'il dependroit de lui •, c'eft-a-dire , com- me il l'expliqua lui-meme , fans for- tir d'un pas des ordrcs que Sa Majefli lui prefcriroit. Madame de Longue- ville ne manqua pas d'ecrire a M. Puflbrt de la maniere la plus obli- geante en faveur des religieufes de P. R. M. Hilaire eut pluiieurs au- tres enrretiens avec lui, & il en eut un entr'autres le fept demaiau grand parloir de P. R. de Paris. La fceur Do- rothee & la fecur Flavie etoient au dedans. M. Puffort temoigna etretres tnal fatisfait de ce qui fe paflTa de la pare des religieufes de Paris , & fur. au conrraire tres content de la ma- niere dont on aghfoit pour celles de P. R. des Champs, & en particulier de la conduite de M. Hilaire , qui les convainquit de plufieurs articles de faux emplois, dont elle ne parent fe defendre. M. Chamillard & la fceur Dorothee fe trouvant fort embarraf- fes demanderent un delai de fix fe- maines a M. Pufiort, qui le leur refu- fa. M. de Perefixe vouloit executer
fon projet & tenir la parole qu'il avoit don-nee a la fceur Dorothee & a. la |
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4JO HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt.
j<j(jo. four Flavie , que jamais leurs me-
res ne reviendroient a Paris. M.dePere Ce Prelat des I'an 166'; , par un fixe engage le mandement du huir fevrier , avoit fait Roi a donner ■ ■ a. J L' J 1'al
un arret qui un partage lnjulte des biens de 1 Ab-
partage ks bai'e de P. R. , entre les relieieufes biens des deux , i ■ r , _. „° , i
snaifons. de ia mailon des Champs, & celles
de la maifon de Paris : au lieu d'a- neantir en consideration de la paix , & comme la juftice l'exigeoit, ce qui avoir ete fait precedemment contre les regies , il voulut au contraire l'eta- blir de nouveau d'une maniere qui parut juridique. Pour cela il fit en- tendre au Roi (comme Sa Majefte le declare elle-meme ) que d'un cote » les religieufes qui etoient aux champs " fouhaitoient de continuer l'obfer- » vance de leurs vceux fous la con- » duite & direction de 1'Abbefle qu'el- » les avoient elue & de celles qu'el- » les elifoient fucceffivement de trois " ans en trois ans, conformementaux " lettres patentes du mois de Janvier » 1619; & que d'un autre cote, il » etoit avantageux au Roi d'ufer du » droit de nomination, dans lequel " il vouloit rentrer par fa declara- » tion du mois de mai de Pan 1668. Par ce rftoi'en , M. de Perefixe enga- gea le Roi a donner le 13 mai 1669 un |
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II. Part ie. Llv. VI. 431
arret du Confeil d'Etat, qui partageoit
les biens, &: feparoit les deux maifons en deux Abba'ies independantes Tune de l'autre. » Lwbbefle Perdreau , » dit l'arret, continuera la poflfeffion, » regie & gouvernement du monaftere » & Abbai'e de P. R. de Paris , jouira » des fruits & revenus qui y demeu- » reront annexes •, & a perpemite il y « fera pourvu d'une Abbefte perpe- » tuelle a la nomination du Roi. Nean- " moins Sa Majefte, pour de bonnes » & juftes confiderations, ordonne » que le monaftere de P. R. des » Champs avec fes annexes & de- » pendances fera diftin6fc, fepare & » independant de celui de Paris, du t> confentement du fieur Archeveque » & de ladite Perdreau , pour etre » etabli a perpemite en titre d'Ab- => baie ele&ive & triennale , fous » le nom d'Abbaie de P. R. des » Champs, regie & gouvernee a. per- « petuite par une Abbefte, qui fera » elue de trois ans en trois ans par » les religieufes qui y font prefente- » ment & feront a l'avenir. Et afin » d'oter tout fujet de conteftation en- « tre les deux Abba'ies fur le fujet » des biens &c revenus , Sa Majefte » ordonne qu'ils feront partages en |
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________ 431 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAL.
1669. „ deux lots, l'un defquels fera com-
» pofe d'un tiers , qui appartiendra » a perpetuite aux Abbefles & religieu- » fes de P. R. de*Paris; & l'autre » compofe des deux tiers appartien- » dra aufli a perpetuite aux Abbeffes » & religieufes de P. R. des Champs, » &c. » Avant que cet arret fut rendu , la
veritable AbbefTe de P. R. & la com- munaute des Champs avoient donne a M. Hilaire leur agent une procura- tion en date du 4 avril 1669 (65), pour s'oppofer a Rome a l'expedition des bulles que la fceur Dorothee ( qui en avoit deja obtenu pour fe mainte- nir dans Ion usurpation ) pourroit de- mander pour permuter , comme on difoit qu'elle en avoit le deflein , fon titre d'AbbefTe avec quelqu'au- tre, comme aufli a. la divifion qui pourroit etre faite des deux maifons de Paris & des Champs , partage de biens,erec"tion d'un nouveau titre dans l'une ou l'autre des deux maifons. liii. Les religieufes a'iant recu avis , fcsdeschamps quon alloit en erret travailler mcel-
proteiiem fament au partake du bien & fepa- contre la fe- . \ t> . r
paration. ration des deux mailons, nrent une
nouvelle proteftation en date du 24 (65) Voi'czceca&e mSm. hift, T, 1. p. jii. avril
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II. Parti e. Liv. VI. 45}
avril(<J6) , fignee de 65 religieufes
dans laquelle apres s'etre plaintes de ce que ceux qui depuis long - tems ont conjure la perte de leur Abbai'e, con- tinuenc leur mauvaife volonie a leur egard, bien que le pretexte dont ils s'etoient fervis jufqu'alors pour les perfecuter , eutcefle par l'acceptation que M. de Paris leur Superieur avoir fair de leur foumiffion ; elles protef- rent contre la nouvelle injuftice qu'on leur fair en portanr les Puiflances A divifer leurs maifons & leurs biens, pour maintenir l'ufurpation d'une de leurs fours. Comme aucun OfBcier da juftice ne vouloir recevoir leurs acles, 6c que rous les rribunaux leur etoienr fermespar lapuilTance deleurr ennemis , qui les menacoient meme de maux encore plus grands que ceux qu'elles avoient deja foufferts ; pour faire ce qui etoit en elles dans l'e- tat ou elles etoienr reduites , & pour conferver leur droir, elles rappellent tous leurs a&es precedens, toutes leurs proceftations (66) , qu'elles renouvel- lentpar celle-ci ,dans laquelle elles de- (66) Vo'iezl'actedepro- iS decembre i«Sj ; la
teftation, mem. hift. T. i. uoilieme le it juin is<s8 p. jij-jitf. la quatrieme du 14 fep- (67) La premiere du 11 tembre 16*8 ; lacinquie-
aout 1SS4; la feconde du me du 24 avril 1669.t Tome VI, T
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434 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAt.
I(j^o. clarent , pour la decharge de leut
confciersce , qu'elles proteftent de nul- lite de la pretendue divifion & fepa- racion qu'on vouloit faire de leurs mai- fons & monafteres de Paris &; des Champs, partage des biens, & de tout ce qu'en confequence feroit fait, tant par autorite ecclefiaftique que lai'que ; qu'elles entendent fe pourvoir contre cette violence & injuftice qui leur eft faite , fans que le filence qu'elles fe- ront peut-etre obligees de garder une ou plufieurs annees , puiffe leur nuire ni prejudicier a leurs droits , ni pafter pour un confentement, attendu qu'il leur eft impoffible d'agir autrement dans l'etat ou elles font reduites. uv. Ces oppafitions fi bienfondeesn'ar- Eliesfontun reterent point les defieins de M. de Pe-
rfe craiTatUdu refixe & de la fceur Perdreau, quiob- ConfeU. tinrent du Roi l'arret du Confeil done nous avons parle, pour la feparation des deux maifons. Cet arret du 13 rnai 1669 a'iant ete fignifie le 7 juin fuivant aux religieufes de P. R. des Champs , la premiere chofe qu'elles firent lut d'adorer la divine Providen- ce dans cet evenemenr, & de prier M. Vallon de Beaupuis , qui fe rrouvoit alors a P. R. pour la premiere fois de- puis la paix , de celebrer une MefTe |
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II. Part i e. Liv. VI. 435
d'a&ions de graces , & d'y joindre une exhortation. Ce qu'il fit, en prenant pour texte ces paroles: Nolijlcre, que le fils de Dieu adrefla a la veuve de Nairn, avant que de reffufciter fon fils. Cependant, les religieufes ne croiant
pas devoir garder le lilence fur l'in- juftice qui leur etoit faite par un pa- red arret , qui contenoit des chofes peu avantageufes pour elles, elles cru- rent qu'il etoit neceflaire de drefler entre elles une proteftation en forme d'apologie pour y avoir recours & s'eti fervirdans un terns plus favorable (67). Dans cette proteftation du 8 juin, elles reitererent & confirmerent l'acte du 24 avril , qui contient leurs oppoii- tions faites par avance a tout ce que portoit 1'arret; c'eft-a-dire , a la fepa- ration des maifons & biens de P. R. Par cet arret, on donnoit un tiers des fonds , avec tous les batimens, mSu- bles , reliques , pierreries , argente- rie , a la maifon de Paris , compofee feulement de fept profefles vocales , deux anciennes imbeciles , & deux ProfeiTes converfes , qui , toutes en- fembie , n'avoient pas apporte plus de (67. Voi'ez cetafte im- m. hid. & la let. 141 de
potuntT. 1, p, 351, MS- M. Atnauld T. i.p. 511. Tii
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436 HlSTOIRE DE PORT-ROlAt.
" i £<jo, 6000 livres au monaftere, & quipref-
que toutes avoient etc recues par cha- nce. C'eft ainfi qu'on livra a une re- ligieufeambideufe, & a une ufurpatri- ce, la maifon de P. R. de Paris, qui valoit plus de 500000 livres, & qui avoit ete fondee 6t batie , tanc des de- niers qu'avoient fournis les parens des religieufes qu'on en avoit chailees , que des bienfaits de leurs amis , qui avoient donne du bien a ce monaftere en confideration de la regularite qu'ils y voioient regner , voulant contribuer a l'y maintenir , & donner moi'en de faire fubfifter une grande communaute qui put fervir d'afyle a de pauvres fil- les qui cherchoientt)ieu& rui'oient les perils du monde. Les religieufes des Champs confiderant done qu'elles etoient obligees de remplir les inten- tions faintes & chretiennes de leurs bienfaiteurs , prorefterent centre l'e- xecution de l'arret qui ordonnoic la re- paration des deux maifons , & le par- tage des biens. LV, Les ennemis de ces faintes lilies qui tcs reiigieu-profitoient de toutes les occaiions pour
fes font obli-1 j rr • /-">
gees de retuc-les deliervir en Cour , ne manquerent
ter ieur a&e pas de l'informer de l'oppoiition qu'ei- d'oppoution f • r • \i f • j i
au jaccage. les avoienrlaite a iaiepararion des deux
Eiles ftm unmaifons §r au partage des biens , 6^ |
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II. Par tie. Liv. VI. 437-----------
de la procuration qu'elles avoient don- J '°-7'
nee a M. Hilaire Piet, pour former op- afts fccrer r ■ /-1 l-n o _■•» conrre ce ash
polition en Cour de Rome ec par-tout {iemcm,
ailleurs oil befoin feroit, a cette divi- fion & a ce partage , ainu" qu'a l'ex- pedition de toutes bulles , &c. M. de Lionne Miniftre & Secretaire d'E- tat, 6c ami de P. R., fut eftrai'e, & fie favoir aux religieufes qu'il falloit ab- folument qu'elles revoquafTent leur acle du 24 avril , & qu'elles fe defiftaffent de leur oppofition , finon qu'elles s'at- rireroient la colere du Roi, & caufe- roient la ruins de leur monailere. En confequence , les religieufes confide- rant qu'il y avoir tout a craindre pour elles, & nul bien a efperer de la de- marche qu'elles avoient faite , elles revoquerent par un a&e du 28 juin \66<) (68) la procuration qu'elles avoient donnee a M. Hilaire par leur acte du 4 avril , & fe defifterent de leur oppoiition. Mais neanmoins com- me leur oppofition etoit jufte(quoi- qu'elle fut par les circonftances plus perilleufe pour elles qu'avantageufe ) elles drelTerent en meme terns un au- tre acte fecret date du meme jour, dans lequel elles declaroient qu'elles ne pre- («S) Voi'ez l'a&e fecret p. 397 8c 1'siSe d'evocadon
dans les Mem. hift. T. 1. p. ;?<(. Tiij
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43° HlSTOIRE DE PORT-ROIAL.
tendoient point prejudicier a leurs
droits ni a leur oppofition , par une revocation forcee qu'elles ne faifoient que malgre elles & pour eviter la rui- ne totale deleur monaftere. MM. Ar- nauld & de Saci etoient pour lors a P. R. , & ce furent eux qui perfuade- rent aux religieiifes de fe conduire dans cette affaire comme elles le fi- rent. Quoique 1'arret du i 3 mai fut tout
en faveur des religieiifes de Paris (69), cependant ces filles denaturees & in- fatiables , n'etant point encore fatisfai- tes, folliciterent une interpretation de ce meme arret pour fe procurer de plus grands avantages.Elles l'auroient meme («9) Pat ce partage on enfin une fomme de quin-
donnoit a la communaut£ ze mille livres d'argenc ,
de Paris, compose d'envi- qui etoit d£po(ee chez le
ron douze religieufes, rant Notaire Gallois. Au con-
de chceur que converfes , traite, les religieufes des
unemaifonde 600000 liv. Champs, au nornbre de
en y comprenant les meu- foixante-huil de choeut 8c
bles & uftenfiles; dans la- de feize converfes avoient
quelle tien ne manquoit par ce parrage des fonds,ef-
pour loger & meubler timSs 10000 l.de rente.qui,
dans 1'interieur plus de evalu£s a leut jufte valeur
quatre-vingt religieufe;, n'en rapportoient pas neuf,
Les dehors, qui n etoient fans parler de la charge
point comptis dans le par- qu'on leur laifloit, de
rage, moncoienci 4000 li- paier 40000 liv. d'amor-
vres de rente au moins. tiflements, & de la necefli-
Aveccela onleuraflignoit t£ oii elles fe trouvoient
dix mille livres de rente , de faire quantite de depen-
choifies dans le meilleur fes pour loger un (i grand
bien des deux maifons, Sc nornbtc de relig fes.
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II. P A R. t i e. Liv. VI. 439 ^^____
obtenue, fi M.PuiTbrt& quelques Mi- 1669. niftres, piques d'une telle injuftice , n'avoient fait echouer leur deflein. M. Puftort recut a ce fujet une lettre de remerciment de la mere Agnes. ApreS avoir ainfi depoilille de faintes lilies de leur maifon & de leur bien , on prit encore des mefures pour les en exciure & jamais. On fit pour cela de nouveiles pourfuites ; mais l'affaire ne fut confommee qu'en 1(571, comme nous le verrons. L'Acte du 8 juin , dont nous avons- Trois rdi-
parle plus haut , fiVne de foixante- g'=«tes »bin- 4 . S. . r r ■ ■ 1 • donnent la
huit religteuies, rait mention de trois r<J.at doio-
fours proteiFes qui avoient quitte la thee pout- fe maifon de Paris pour fe reunir a leursjeirsfoeursde fours des Champs, & d'une four con- U maifon dcs r , L ■ \ r. ■ Champs,
verie quon avoit retenue a Pans
malgreelle depuis long-tems. Les trois
fours de choeur etoient la four Marie Aimee de fainte Pelagie de Buzenval, Magdeleine Melthide du FofTe , Mar- guerite Euphrofine de Creil. Ces trois religieufes , apres avoir eprouve pen- dant quelques annees la difference qu'il y a entre le gouvernement d'une Ab- beffe legitime & celui d'une ufurpa- trice , fe lafferenr du joug pefant de la four Doroth.ee, & ecrivirent a M. l'Archeveque fur la fin de mars 1669 , Tiv
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44° HlSTOIRE DE PoRT-ROlAL.
pour lui demander qu'il les renvoiac
avec lenrs meres de P. R. des Champs. Elles ignoroient encore alors la con- clufion de la paix. La lettre fignee des trois religieufes fut remife a M. de Bu- zenval par la foeur Aimee fa fille , a qui on voulut faire un crime de l'avoir fait fans permiflion. M. de Buzenval, n'ai'ant pas trouve M. de Paris, la mit cntre les mains de M. de Lamothe fiour la luirendre. Cependant le Pre-
at ne la recut point (70). Les trois religieufes, voi'ant que M. l'Archeve- que ne leur envoi'oit point leur obe- dience , malgre routes les peines que M. de Buzenval fe donnoitpour cela, demanderent un confeffeur pour faire le Jubile , & en indiquerent trois , le Cure de faint Jacques , le P. Bou- cher de l'Oratoire , ou un autre de la rneme Congregation ; lefquels leur fu- rent refufes par la fceur Dorothee. Les trois religieufes, en demandant leur fortie a M. de Paris , avoient auffi de- roande la meme grace pour deux fceurs converfes , la fceur Nicole & la fceur Marie Magdeleine de fainte Marthe Charon. M. de la Brunetiere vint en- fin le 18 avril pour donner l'obedience (70) Rel. de la fceur Melthide du Forte, Rec. de
pieces in 11 p. 453 8c f« iv. |
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II. Part ie. Liv. Vl. 441
fi defiree •, il fie neanmoins tout ce qu'il
put pour engager la four Melthide a demeurer. Elle avoue qu'elle fut ebran- lee par la crainte qu'elle avoit qu'on ne lui fit de la peine a P. R. des Champs fur la fignature , ( car Dieu ne lui avoit pas encore ouvert les yeux pour connoitre cette faute qu'elle re- para dans la fuite ) ; mais elle eut le bonheur de triompher de cette tenta- tion , & partit le lendemain 29 avec les deux autres religieufes & une four converfe , pour P. R. des Champs. » Ce jour heureux, dit la four Mel- m thide , nous doit etre d'nne memoi- » re eternelle pour la mifericorde in- » finie que Dieu nous a faite , & par- » ticulierement a moi, de nous avoir » retirees de cette maifon & de nous » avoir ramenees avec nos tres cheres i> meres & fours , lefquelles nous » ont recues a. bras ouverts , &c nous » ont fait reffentir les effets de letir » grande charite. Pouvoient-elles s'attendre a une au-
tre reception de la part de leurs me- res , qui les avoient toujours fi tendre- ment aimees, & qui depuis leur trifle feparation n'avoient cerfe de gemir fur elles j & de demandera. Dieu leur re- tour ? Ecoutons la mere Angelique de T v
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44i HlSTOIRE DE PoRT-ROUX.
faint Jean temoigner fa joie a M. Ar-
nauldde l'heureux changement de ces filles egarees des le moment qu'elle apprit le defir qu'elles avoient de re- venir a P. R. des Champs. « N'avez- » vous pas , lui dit-elle , bien de la » joie, aufli-bien que nous , du re- » tour de nos pauvres faeurs (71) J » Pour moi, ajoute cette grande ame , » c'eft celaque je regarde commeno- » tre veritable retablillement ; nous » aurions pii etre retablies dans no- » tre rnaifon & y recevoir autant de » filles qu'autiefois, que nos brcches » n'auroient pas ete reparees pour ce- " la , fi nos propres enfans etoient » demeures divifes d'avec nous, 8c » en un etat capable de nous caufer " une continuelfe douleur par l'appre- " henfion de leur peril. Des le com- » mencement de notre perfecution , » nous avons dit cent fois a Dieu , » que nous abandonnions le vaifleau, » pourvu qu'il nous confervat les '» ames. S'il nous accorde done 1'erTec » de cette priere, nous n'aurons point » fujet de nous plaindre des autres » pertes; & il femble que fa miferi- » corde commence d'y travailler : car (71) Let. du 18 d&embte zteS. Rec.de i7J4j
let. cf p. cio. |
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II. Partis Liv. Pi. 443
» ces trois etant revenues , qui font m les plus confiderables , j'efpere " qu'elles en gagneront d'autres , ex- » cepce peut-etre celles qui n'onr ja- » mais ete du troupeau , quoiqu'elies " fulfent dans les memes paturages , »> parcequ'elles ne reconnoiflToient » point la voix de leur pafteur , &: » qu'elles fe paiflbient elles me- m mes(7i).Comme la fceurCoIlard qui avoit quitte P. R. des Champs pout" fe joindre aux dyicoles , avoit inti- mide les trois qui vouloient fe reunir a leurs meres , en leur parlant de la {>enitence de la fceur Gertrude Dupre ,
a mere Angelique dit a ce fujet : » Plut a Dieu que ces pauvres filles » fuflTentcapables de la fuivre dans cet » example de penitence qu'eile a don- » ne .... Mais nous n'en efperons pas » tant, & ce n'eft pas a nous de l'exi- » ger. Dieu fe fera rendre ce qui lui » eft du , & de bon cceur nous les ai- » derons a lui paier leurs dettes, en » remettant de notre part tout ce » qu'elles peuvent nous devoir par » toutes les chofes qu'elles ont faites » contre nous depuis notre feparation. Quelque terns apres qu'elles furent (71) Les fauts Doi'OtWe, toient jamais entrees dan*
Flavie & Collard qui n'e- le vrai efprit de la maifon. T Vj
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444 HiSTOiRE DE FoRT-ROlAt.'
~~J(j(j"cT~ainvees , elles demanderent tcutes
lvii. trois pardon a la Communaure des
.E11"A:,ina"'fautes qu'elles avoient faires en la (c-
dencpardon A j> II o ii,/
la toramu-parant d elle , & en prenant part a 1 e-
nauce- le&ion de la four Dorothea & a la reception de fes rules. Comme c'etoit
la fceur Melthide qui portoit ia parole , elle fe crut obligee de le faire plus particulierement pour elle , a caufe de tout ce qui lui etoit arrive •, mais elle ne pretendit point parler de la figna- ture , fur laquelle elle h'avoir pas en- core l'ombre du moindre fcrupule ; & meme avant que d'aller a la maifon des Champs, elle avoit fait vceu a Dieu , que li on la laidoit dans le parfait repos de confcience ou elle etoit fur ce fujet, elle jeiineroit neuf jours au pain & a I'eau , & feroit plu- fieurs autres mortifications. C'eft-pour- quoi, Iorfqu'elle revit fes meres & fes foeurs, la joie qu'elle en eut, etoit melee de la crainte qu'elle avoit qu'on ne lui dxt quelque chofe qui la trou- blat. » J'avois pourtant beau faire , m dit-elle , leur exemple me fervoit " d'un reproche continuel. C'eft ce qui fit que la premiere fois qu'elle rut a confelle , elle s'accufa de plufieurs fautes qu'elle avoit faites depuis fa fcparation ; a quoi elle ajouta : » que |
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II. P a r. t i e. Liv. VI. 445
}> ft elle avoit fait quelque faute en \C6q.
» fignant , quoiqu'elle ne la connut " point , tile s'en accufoit. La fceur Mekhide refta encore quel- ,LV"1-.
. , , i Retratiauoit
que terns dans cet etat, ne voutant pas je ia cxac
meme qu'on lui parlat de la fignature. Melihide. Mais enfin Dieu lui defilla les yeux ; elle commenca au mois de Janvier de l'annee 1670, a avoir quelque peine fur la fignature. Quelques paroles di- tes par la mere Agnes &c la fceur An- gelique de faint Jean , & le livre de la frequente Communion dont on faifoic lecture au refecloire , contri- buerent a lui faire ouvrir les yeux ; enfuite de quoi elle fut extremement agitee. Enfin elle alia trouver la mere Agnes, a qui elle declara qu'elle recon- noiflbit la faute qu'elle avoit faite en fignant , & qu'elle avoit befoin de faire une bonne confeffion. Comme M. Arnauld etoit a. Paris , la mere Agnes pria M. de Saci de la confefler y & dit a la fceur Melthide qu'il fau- droit qu'elle fit une nouvelle retracta- tion par ecrit, a quoi elle eut d'abord de la repugnance. Neanmoins elle en drefla une que M. Arnauld & M. de Saci trouverent bonne. Elle etoit con- cue en ces termes : » Gloire a Jefus. >' au trcs Saint Sacremeni, Puifque. |
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44<> HlSTOIRE D E PORT-ROIAL.
660. » j'ai ete fi malheureufe de fcandali-
» fer l'Eglife par les trois fignatures » que j'ai faites, abandonnant lache- » ment la verite que Dieu m'avoit fait » connoitre , m'etant lailfee tromper » par de faufles raifons , je me {ens » obligee de temoigner que Dieu » m'ai'ant enfin ouvert les yeux apres » un fi long egarement pour voir l'a- » bime de raifere ou je me fuis redui- » re , il me fait la grace d'en avoir » une douleur extreme , & fait que je « me retra&e fincerement & de tout >. mon cceur par ecrit, de ces trois fi- m gnacures ; lequel ecrit, quoique fe- w cret prefentement, pourra quelque " jour faire connoitre mes veritables " fentimens , & le defir que Dieu me « donne de m'expofer a toutes cho- » fes pour rendre remoignage a la » verice , & reparer par-la le fcandale » que j'ai caufe , fi l'occafion s'en » ptefenre de nouveau. Mais comme » la miferable experience que j'ai fal- si te de ma foibleflfe me donne tout » fujet de craindre , je fupplie tres " humblement les perfonnes qui ver- » ront ceci, de m'obtenir de Dieu par » leurs prieres les graces dont j'ai be- » foin pour ce fujet , &auffide faire » un bon ufage de ^humiliation pro* |
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II. Part ie. Llv. IF. 447
» fonde qui me revient d'une con- x&$T,
» duite (i inconftante &c d indigne de la
» fermete chretienne & d'une verita-
» ble religieufe. Je reconnois que
» c'eft avec bien de la juftice que Dieu
» a permis tout ce qui m'eft arrive
a pour le mauvais ufage que j'ai fait
m de la grace de la religion , & a caufe
« de mon extreme orgueil , qui avoic
» befoin d'une aufli grande humilia-
» tion que celle ou je fuis maintenanc
» reduite. Fait dans notre cellule en
» notre monaftere de Port Roial des
» Champs, ce 2.6 mars 1670.
Apres le depart de la fceur Melthide, 1[Xt
& des deux autres relive ufes qui fe Deu* con* , • \ 1 °. ■ 1 • 1 verfes deman-
reumrent a leurs meres le 19 avni, ildenta retour-
reftoit encore a Paris deux converfes , "er * p- R* . 1 r 1 , r ■ des Champs.
qui deliroient ardemment de les iui-
vre, & de fortir d'une maifon 011 el- les fe regardoient comme en captivite. On les defiroit dans celle des Champs , & M. de Paris avoit donne parole de les y envoi'er. Ces deux converfes > Marie Nicole , & Marie Magdeleine de fainte Marthe Charon, etoient deux bons fujets. La feconde, etoit une fille d'une grande fimpiicite ; mais a qui le Saint Efprit parloit vraiment au ccenr. La mere Angelique de faint Jean a fait une petite relation de fa |
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__ 44^ HlSTOIRE DE PoRT-ROlAl.
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i66y. converfion qui fut extraordinaire. Elle
arriva le 24 Mai 1669 a. P. R. des Champs, fous la conduite de M. du Saugey , de M. Feuardenr , Vicaire de faint Medard , & de Mademoifelle Defcaffier^ mais on fat bien etonne de la voir accompagnee de la foeur Marie de fainte Blandine Charpentier, fille tres fufpecte , que la foeur Doro- thea avoir fubftituee a la foeur Nicole, & qu'elle envoxoit pour lui fervir d'ef- pionne. En vain M. duSaugey fit des inftances pour la faire recevoir ; en vain la fceur Blandine jouant fon role prioit elle meme & verfoit des larmes pour obtenir d'entrer dans la maifon ; on tint ferme , & l'efpionne fut obli- gee de s'en retourner avec ceux qui l'avoient amenee. Quant a la fceur Marie de fainte Marthe Charon , elle fut re§ue avec toutes les marques d'a- mitie, de tendrelTe & de bonte qu'elle pouvoit attendre de fes vraies meres. Par tous ces nouveaux rerranchemens faits a P. R. de Paris , la communaute fe trouvoit prefque reduite a rien , rant pour le nombre que pour le me* tx rite des fujets qui la compofoient. EtatdeP. R. Pour ce qui eft de P. R. dss Champs,, Mndatulecal.cette mai^on > apres le feu de la perfe- mequi fuivit cution, reprit un nouveau luitre a la la paix.
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II. Parti e. Liv. V I. 449
faveur du calme qui fuivit la paix de Clement IX. » Cette folitude , dit » le pieux auteur de la preface du Ne- " crologe deP. R. auparavant deferte, » privee d'une partie de fes habitans , » & prefqu'innacceifible , fut bien-tot w plus peuplee que jamais. » Alors on la vit rerleurir ccmrae
» le lys, & la joie prit la place de la » triftelTe. Le Seigneur fir a Ion egard » ce qu'il avoit autrefois promis a » Sion. II confola d'une maniere ad- » mirable lesfaintes Vierges qui l'lia- » bitoient, en reparant fes mines avec » avantage , & en la rendanr d'un » lieu de defert unjardin dedelices, « ou Ton n'entendoic que des cantiques » de louanges & d'a&ions de graces. » Les illuftres folitaires qui en avoient 53 ete chalfes s'y reunirent auilitot avec » de nouvelles conquetes qu'ils avoient » faites pour la piete dans leur dif- » perfion. La plupart des vifbimes 33 que Ton en avoit arrachees, y re- 33 tournerent confommer leur facrifi- » ce; & la bonne odeur de ce facre 33 defert qu'ellesavoientrcpandue dans >3 le monde pendant leur exil, y en 33 attira grand nombre d'autres. Les. »3 peres & les meres de famille, qui (73) Nectol. pref. p. <}«.
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4JO HlSTOIRB DE PoRT-ROlAt.
"~~77T~ » aimoienr la vertu , & qui vouloient
» faire eviter a leurs enfans la car- s' ruption da fiecle, choifirent P. R. » preferablerhent a tout autre endroit, » pour le lieu de leur education. Plu- » fieurs veuves chretiennes de la pre- « miere naiffance , le choifirent auf- » ii pour le lieu de leur retraite. C'eft « ce que firent entr'autres Madame » la Ducheffe de Longueville , Prin- » ceiTe du Sang, Madame de Buzen- » val, Madame de Nointel &c. Les " femmes mariees , qui ai'ant le me- » me deflein ne pouvoient rompre » leurs liens qui y formoient obfta- » cle , vouloient ait moins participer » a la grace que Ton recevoit dans » cetteiainte folitude , en la vifitant '» tres frequemment, & en y paflant w plufieurs jours , comme Madame la » DuchefTe de Liancour & tant d'au- » tres.. •.....Des Seigneurs de la
" Cour, des Eveques, des Pretres ,
» des Dodteurs , des hommes d'epee, » des Magiftrats y alloient admirer » les grands exemples de vertu; & » apres les avoir fait palTer dans leurs » moeurs, endevenoienteux-memes « les modeles pour ceux avec qui » ils vivoient dans le monde & a la » Cour. |
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II. Part ie. Liv. VI. 451 -----------
Mais ce qu'il y eut encore de plus i 9'
glorieux pour P. R., & ce qu'on peut lxi. 1 l ' • U1 • Retractation
regarder comme un veritable tnom-de taugnaw.
phe , ce fuc de voir une multitude" d« formu- de perionnes qui avoient hgne le ror-a P, Ri mulaire } revenir fur leurs pas , re- trader leur fignature , & envoier leur retradtton pour etre mife en depot dans les archives de ce faint monaf- tere. Ces retractations envoiees a P. R. font une marque bien eclatante de l'eftime que les religieufes s'etoient acquife par le bel exemple qu'elles ve- noient de donner du courage avec le- quel des chretiens doivent defendre la verite & demeurer inviolablement attaches a la fincerite chretienne. Ce- lui qui a donne au public I'an 1714 les edifiantes relations de ces faintes filles , s'etoit engage a publier a. la fuite des relations , les retractarions dont il temoigne avoir les originaux entre les mains , les regardant comme une fuite des manufcrits de P. R. ( 74 ). Nous ignorons ce qui a empeche l'exe- (74) Rel. in-40. dans » du formulair.....
une note qui eft a la fin des » On les donnera i la fui-
relations de la foeur Eufto- » te de ces relations ,
quie de Brcsy Sc de la » puifqu'elles font panic
fceur de la Mete de Dieu » des manufcrits que lej
deChoui, p. ?{• col. i. » religieufes ont donnes
5) On a entre les mains les » avant leur difperfian ,
3> originaux d'un grand » &c. »
» Hombrc de retractations |
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45 2. HlSTOIRE DE PoRT-ROlAE.
l6(5 ciition de ce projet , & pourquoi apres
un tel engagement pris avec le pu- blic, on ne lui a pas encore donne La fatisfadtion de voir ces temoignages rendus a la verite.TJous y lupplerions ici avec plaifir , & nous nous en fe- rions meme une obligation, fi les gar- diens de ce precieux depot avoient eu la complaifance de nous en donner communication, comme nous les en avons fait prier par des perfonnes de merite, aixxquelles nous n'avions pas lieu de croire qu'on put refufer une chofe qui paroit fljufte. De ce grand nombre de retracta-
tions nous en donnerons une qui a deja pant dans le recueil des rela- tions (75 ). G'eft celle clu celebre P. Maliebranche , qui merite d'autant plus d'attention que perfonne n'igno- re les differencls qu'a eu ce Philofo- phe avec le grand Arnauld. » Apres avoir reconnu de vant Dien,
„,txI1-. " dit-il , la faute que j'ai faite en ii-
de la fignam-» gnant deux ou trois rois en dirre-
ie. du focmu-„ rens tems le formulaire , contre
Jairepar Icpe» r ■ . h .'
re Maliebran-» M. Janfenius Eveque d'Ypres ,
» contre ma confeience , fans connoif- ,y fance , &c ce me femble avec une ,1 croYance contraire a l'aclion que je (75) Ibid. p. J} 8c 3«.
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II. Pa rtie. Liv. VI. 453
» faifois ; 8c apres avoir ete, depuis » ma derniere fignature aflfez fouvent " dans le trouble & dans l'inquietu- " de pour cette action •, quoique j'aie » ete en partie delivre de mes pei- » nes par les perfonnes , auxquelles " je me fuis ouvert la deiliis , a* » caufe que la paix ai'ant ete rendue » a l'Eglife, ils ont cru que je n'e- " tois pas oblige de me dedire publi- " quement; cependant j'ai cru que je » devois faire ce defaveu, ne fachant " pas (i les chofes ne changerontpas » de face &c fouhaitant de tout mon » coeur de ne pas contribuer a la con- » damnation de M. Janfenius. » Je retracie done par cet ecritle
" temoignage que j'ai rendu par mes " Signatures contre ce Prelat en le con- ■>' feflant auteurdes cinq propositions » condamneespar lePape& lesEveques •> defenfeurdes herefies qu'elles ren- » ferment, 8c corrupteur de la docrri- » ne de faint Auguftin, & jeconfefle » aujourd'hui que j'ai figne contre M. " Janfenius des faits , dontjene fuis » point perfuade, & qui me paroiffenc » au moins des faits fort douteux & » fort incertains. Je protefte done que » je n'ai foufcrit au formulaire > fim- " plement &c fans reftri&ion, ptin- |
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454 HlSTOIRE BE PoRT-ROlAL.
"J^T- » cipalernent la derniere fois , qu'a-
» vec une extreme repugnance , par » une obeiflance aveugle a mes fupe- » rieurs , par imitation, & par d'au- » tres confederations humaines, qui » ont vaincu ma repugnance ; qu'ainfi » j'ai figne par foibleffe la nouvel- » le formule , comme on a voulu , » fans excepter les faits qu'elle attefte » contre cet auteur , bien que je ne » fiuTe pas perfuade qu'ils fiuTent » vrais " Si je ne puis faire paifer cet ac-
>» te par devant Notaire a caufe des » declarations du Roi , j'entends » qu'il foit confidere comme la prin- » cipale & la plus importante partie « de ma derniere volonte ; & pour » cet effet je l'ecris & le figne de ma » main propre , afin que ceux qui » le verront ne puiftent prendre mes » foufcriptions , qui font au bas des » formiilaires , pour un temoigna- » ge de ma creance quant aux faits » enonces contre M. Janfenius, mais »> qu'ils regardent au contraire cet » ecrit comme une reparation de » l'injure que j'ai faire a la memoi- » re d'un grand Eveque, en lui at- » tribuant par ma fignature des er- » reurs dans la foi, lefquelles je ne |
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II. Par tie. Llv. VI. 455
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» penfe pas qu'il ait enfeignee^n quoi-
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» qu'alorsje n'eulTe rienvu de fon livre
" inritule Auguftinus. Je prie ceux » entre les mains de qui cet eerie » tombera, par c§ qu'il y a de plus »> faint "dans la religion 5 jeleurcom- « mande felon le pouvoir quej'aifur » eux en cette rencontre; enfin je les j> conjure felon toutes les manieres » poffibles , s'il eft necelTaire pour " la defenfe de la verite & 1'honneur « de M. Janfenius , de faire que ce » temoignage ait tout 1'erFec que je » fouhaite. Fait a Paris, rue du Lou- i» vre, le famedi 15 de juillet 167$. .. N. Mallebranche Pretre de l'Ora- » toire. A peine commen^oit-on a jouirdu txm.
calme dans le defert de P. R. , que^*"^*1" les calomniateurs & lesennemisinfa-p. r. de con- ri^ables de ces faintes filles les ac- u*ve!">on * ar \ 1 ti • 1 Une declara-
cuierent aupres du Roide contraven-tionduRoi.
tion a une declaration , par laquelle Sa Majefte avoit fait defenfe a toutes les communaures en general de rece- voir des novices fans permiffion. Auf- fi-t6t le Roi fit ecrire a M. de Paris> pour lui temoigner qu'il etoit tres mal fatisfait de ce qu'on recevoit des filles a P. R. contrefa declaration; ajou- tant qu'on l'avoit aflure que Ton en ^* |
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4J <J HlSTOIRE BE P0R.T-R.01 At.
"" ijjjjo, avoit ri$uquinze,& qu'on devoir en-
core en recevoir. Sur quoi le Roide- mandoit a. M. de Paris , fi cela fe faifoit par fes ordres En confequence, lePrelatenvoiaM-JDuplellis fon grand VicaireaP. R. des Champs'pour y faire lecture de la lettre du Roi aux fuperieures de la maifon , & drefler un proces - verbal de la reponfe qu'el- les feroient pour la montrer a fa Ma- jefte. 1XIV Le grand-Vicaire fe rendir a P. R. M.Duplef-le premier de juin , expofa le fujetde
CsvaiP.R. £Qn voiagg & dreffa (76) proces-
pour favour fi 6 » , . v/ . ' r - . .
on y revolt verbal de lareponie qui liu rut raite.
des novices. j^es Superieures repondirent , » que
« quoiqu'elles n'eiiilent encendu par-
» ler de la declaration du Roi, que
» depuis peu & confufement, parce-
« qu'elle ne leur avoit pas ete noti-
» nee, elles n'avoient cependant rien
» fait qui y fur contraiie, n'ai'ant don-
» ne l'habit a aucune fille, & n'aiant
" pas une feule novice. En quoi il
» paroit alTez , dit le proces - verbal,
» par le faux rapport qu'on en a fait,
» qu'elles ont toujours le mallieur ,
» quoique dans la paix , que des per-
» fonnes mal affectionnees cherchent
m a redire a leur conduite, & a indif-
I76) Voi'ez ce pcoc. verb. Mem. hift. T. 1. p. 3 ji.
pofer
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II. Par tie. Llv. VI. 457
»> pofer contr'elles 1'efprit de-Sa Ma- » jefte ; qu'elles fe prcmettent nean- » nioins de la juftice & de la cle- » mence du Roi, qu'il confervera a » unecommunauteodeja aifez affligee., n la tranquillite dont elles fouhaitent « pouvoir jouir dans leur folitude 8c » qu'elles tacheront toujours de rae- » riter en demeurant invioiablement » attachees a l'obeiflance & an refpecl: » qu'elles doivent a Sa Majeftc & a w leurs Superieurs Eccleiiaftiques : » qu'elles fe promettent auffi ae la » bonte de M. 1'Archeveque , qu'il » voudra bien informer le Roi de leur » conduite, & fe rendre aupres de Sa » Majefte le protecteur d'une maifon >> religieufe qui a rrop d'ennemis pour " jouir long-tems deia paix qu'il lui « a accordee , s'il ne lui fait la grace » de travailler lui-meme a la lui » conferver ; declarant meme , que » bien loin de recevoir de nouveau » quelques filles a l'habit, elles n'ont m pas voulu le rendre a celles qui l'a- » voient autrefois porte, l'ai'ant regu » folemnellement, mais qu'elles font " en routes chofes comme les autres " peniionnaires qui font huit en tout: » que pour lefdites penfionnaires, elles f< en ont revues, croi'ant que depuis Tom. VI. V |
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45° HlSTOIRE DE PoRT-Ro'lAL.
t ££~ » que Monfeigneur les avoit retablies
» dans leurs droits , elles pouvoient u agir comme auparavant fuivant leurs » conftitutions , qui leur permettent » de recevoir des penfionnaires, en- » core que pour temoigner leurref- » pe& a Monfeigneur , elles avoient » voulu difierer a en prendre jufqu'a » ce qu'il leur ait donne une permif- « fion expretfe, en leur ordonnanc =j d'en recevoir deux qui fe prefen- " terent les premieres , depuis quoi « elles avoient ete prefixes d'en re- « cevoir d'autres , qui defirent feule- " ment la folitude de leur maifon , » fans aucun engagement niempreflfe- » ment d'etre religieufes «. Telle fur la reponfe de la mere Madeleine de Sainte-Agnes de Ligny AbbetTe } que M. Dupleills ecrivit a mefure qu'elle di&oit, fur fon proces-verbal, qui fut relu & figne de I'AbbefTe , des deux Prieures , de la fceur Angelique de S. Jean Sou-prieure , & de M. Hilaire Piet en qualite de temoins. lxv. Depuis long-tems , c'eft-a-dire de- rf,,,r,1Ll^dbcbe^ puis l'an 1661 que M. Singlin avoit
superieur a ete oblige de fe retirer , les religieu- M. deparii. fe de p R ^em fans Superieur le- gitime : car elles ne pouvoient regar- der comme tels, ni M, Bail , ni M. |
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II. Part ie. Liv. VI. 459
Chamillard , qui leur avoient ere don-
nes fans choix de leur part , & fans election , & qu'ellesn'avoient point ac- cepts. Elles penferent done apres leur retablirlement a prendre des mefures pour en avoir un qui Fur eiu confor- mement a leurs conftitutions. Les cir- conftancesl'exigeoient, parcequ'il etoit neceffaire deproceder a Telethon d'une nouvelle Abbefle, qui devoit fe faire felon leurs ftatuts, en prefence du Su- perieur. En confequence la mere AbbefTe
ecrivit le 8 de juillet a M. de Paris pour lui demander un Superieur. M. Hilaire porteur de la Lettre etoit char- ge d'en nommer un , & dit au Prelat que les meres avoient d'abord jette les yeuxfur M. le Doi'en, qui l'avoit deja. ete : mais prevoi'ant que fon grand age & fes infirmites ne lui permettroient pas de Taccepter, elles penfoienta M. Porcher. M. I'Archeveque fit difficulte d'y confentir, & dit qu'ajfurement elles ne le connoifToient pas. Il propofa en- fuite M. Grenet, Cure de faint Benoit, qu'il dit erre un trh bon hommt, & chargea M. Hilaire d'eii donner avis aux religieufes de P. R.; ce qu'il fit par une lettre du 10, dans laquelle il rend compre de fon entretien avec M. de Paris. V ii |
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\G0 HlSTOIRE DE PORT-Ro'lAt.
X6J9. Vraifemblablement M. l'Archeve-
ixvi clue ne c011110*^^ Pas M. Grenet, m. Grenet lorfqu'il le propofa pour Superieur aux £™£ft&eUg\eufes- Cependant ce digne paf- ncf.oursupe- teur s'etoit fait bien connoirre par deux iS-ufcsX de" actions d'eclat, qui font honneur a fa i;.k. memoire. ip. Un Jefuite ( le P. d'An- jou) prechant le careme dans fa pa-
roifle l'an 16 5 5 > aiant avance (7 7) en pleine chaire , » qu'il favoit de fcience " certaine , que les Janfeniftes, fous => pretexte d'affifter les pauvres, amaf- " foient de grandes fommes qu'ils » etnplo'i'oient a faire des cabales con- « tre l'Etat « ; le Cure de faint Benoit apres avoir rente inutilement d'enga- ger le Jefuite a. fe retra&er, eut le courage de monter en chaire avec l'c- role , le Jefuite prefent, de detruire la calomnie & de confondre le calomnia- teur. Ce genereux pafteur declara 3 que le predicateur etant dans la chaire de faint Benoit, ne devoit parler que com- me fon organe & fon delegue , qu'en confequence il montoit en chaire ex- traordinairemenr pour rendre a la ve- rite ce qu'il lui devoit , & juftifier l'innocence de plufieurs perfonnes cha- ritables; qu'on n'avoit pu les Calom- el Racine hift. de P. hjft. T. i. p. 408 ou c: R. p. 80 yoVjz les mem. fait eft bien riiconftancic. |
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II. Part ie. Liv. VI. 461______
nier que par envie > &c. Bel exemple 1669.
pour les Cures'. S'ils le fuivoient, on les verroit monter autant de fois en chaire, qu'ils permertroient aux Jefui- tes de precher dans leurs Eglifes (78). Une autre a&ion eclatante de M. Gre- net , eft ce qu'il fit l'annee fuivante 1655, dans l'affaire de M. Arnauld. Ai'ant vti que M. le Chancelier affiftoic aux aflemblees de Sorbonne pour ocer la liberte des fuffrages , il fe retira. Puis y etant revenu , il opina tres vi - vement le 11 avril en faveur de M* Arnauld, quoique le Chancelier fut prefect. Eniin lorfque la Sorbonne eut chafle de fon corps cet illuftre docteur, il refufa de figner la cenfure. Tel etoit le Supeiieur que M. de Perefixe pro- pofa aux religieufes de Port-Roial des Champs. Peut-on croire qu'il l'ait fait avec connoiffance de caufe > Quoi qu'il en foit, il fut agree a P. R. Des le len- demain M. Arnauld accompagne de MM. Bourgeois & Boileau alia la prier d'accepter; ce qu'il fit. II fe ren- dit le 14 a l'Archeveche , oil il avoit ete mande la veille, & fut fort bien (78) Le pered'Anjou ne demoifelle Viole , fiUc
fut pas convaincu de ca- devote 8c de qualite entire ]
lomnie fur cet article par les mains de laquelle on
1? feu! Cute dcS. Senoit ; avoit mis ess aumones.
U le fut encore par Ma- Racine Ibid.
Viij
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4^i HlSTOIRE DE PoRT-ROlAL.
j66"« recu de M. de Paris, qui le nomma
Superieur de P. R. Il a drelfe une re- lation de ce qui;fe paila en cette oc- casion entxe lui & M. de Perefixe. Cette relation fait voir que M. le Cure de faint Benoit etoit reeliement un tres ban homme, comme l'avoit dit M. l'Ar- cheveque, mais dans un autre fens. Lxvir. Elle etoit concue en ces termcs.
son emre- „ Aujourd'hui Dimanche 14 de juil-
it:h avec M. 1 ' r 1 t- 1 1 •
<£ Paris. •' iet > 1Lir les ■ iept heures du maun ,
» M. Grenet, fuivant l'ordre verbal » qu'il avoir regu de M. 1'Archeveque » de Paris, s'eft rendu a l'Archeve- « che , ou il l'a trouve qu'il entendoit »» la mefTe , laquelle etant rime , M. " l'Archeveque l'a pris par la main & " lui a dit qu'il etoit bien aife de le " voir , & qu'il avoit fait mettre en » parchemin la commiuion qu'il lui » vouloit donnerde Superieur de P.R. »> M. Grenet lui a rcpondu qu'il fe » trouvoit fort incapable de cet em- » ploi, & qu'il ne l'acceptoit que dans « la penfee de fervir l'Eglife , 8c par « le refpecl qu'il avoit pour fes or- » dres. On eft venu dire a M. 1'Ar- » cheveque que M. Grandin le de- » mandoit; il l'a fait entrer , & a fait » pafler M. Grenet dans une autre » chambre ou il lui a mis en main |
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II. Partie. Liv. VI. 465
» ce parchemin. M. Grenet l'a'iant pris, ~~~^f » lui a die : Monfeigneur, j'efpere que » Dieu me donnera des forces pour " m'acquitter de cet emploi ; & fe » mettant a genoux , il l'a prie de lui » donner fa benediction, qu'il lui a •• accordee tres volontiers «. Enfuite M. Grenet lui a dit: Monfeigneur ,je ne dois plus me regarder a. Vegard des religieufrs de P. R. comme It commun des hommes ; je fuis maintenant leur ptre & elks font mes files , par voire grace & par voire ordre: permette^-moi done , Monfeigneur , que pour ma pre- mierefonction , Je fife line fonclion de pere. Vous fave^ tout ce qui s'ejl pafje depuis plufieurs annees entre vous & tiles. N'en ave^ vous plus rien fur le cceur, ni dans tefprit ? & fi par malheur il vous en rejioit quelque chofe , ne puis- je pas les ajfurer que tout cela ejl au- jourd'hui efface de voire memoire ? » Oui » de tres bon cceur, a replique M. de » Paris. Je les en affurerai done , a re- » pris M. Grenet; & fe remettant a » genoux , il a dit • donne^-moi done , » Monfeigneur , encore voire benedic- » tion pour elles , que je leur porterai » au plutdt devotre part. M. l'Arche- » veque la tut a donnee , en difant : »» de tout mon cceur, je la leur donne » V iv
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4<j4 Histoire de Port-roiAi.
" tout lepaffe eft oublie; & relevant M. » Grenet, qui avoit les larmes aux » yeux, en le priant d'etre debout, il » luia dit qu'elie pouvoient etre a(Tu- » rees de fon amitie , & qu'il le " croi'oit tres propre pour cet emploi. » M. Grenet lui a dit: Vous voider
i, done , Monfeigneur , queje Us ajfure » (Tunc amide entiere & generate ? Oni n de tres bon cxnr, a dit M. de Paris. „ Apres cela, M. Grenet a dit .• Mon- „ feigneur, voild ce que je vous de- » mande pour ces bonnes fillts. Pour » mol, je vous fupplie que ceci foit fort „ fecret. Jefuis un homme age de 64. „ ans , qui ne cherche point d me fairs » de nom , & qui apprehende f eclat. n Alle^ , Monfleur, a replique M. de M Paris, je n'en dirai rien a perfonne ; „ pas meme a cet homme-la, montranc » M. Grandin qui etoit au bout de la » chambre vers la porte , qui pouvoit » voir, mais qui ne pouvoit les en- « tendre , parcequ'ils parloient trop w bas. lis fe font ainil fepares paroif- „ fant fort contens Tun de l'autre «. Les ReligieufesdeP. R. des Champs
apprirent le 15 de juillet , que M. le Cure de faint Benoit etoit nomme fuperieur de leur maifon. Le meme jour la mere AbbeiTe qui attendoit |
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II. Partie. Liv. VI. 465
avec impatience ce moment pour fe 1669.
demettre d'une charge qu'elle avoit remplie fi dignement pendant des tems fi orageux , lui ecrivit pour le prier de fe donner la peine de venir dans leur maifon au premier jour de fa commodite , recevoir & confir- mer leur election. Aianr. re^u le 21 une reponfe du nouveau fuperieur , par laquelle il lui promettoit de fe rendre a P. R. le lendemain , elle fie commencer les prieres de quarante heures pour demander les lumieres du faint - Efpric. M. Grenet arriva au jour marque; & le mardi fuivanr, qui etoit le 23 , apres avoir chante folemnellement la Meife , il prefida a l'elecTrion. Lesreligieufes , quietoienc au nombre de 64 , reunirent leurs fuffrages en faveur de la mere Marie de fainte Madeleine du Fargis, Prieu- re de la maifon des Champs , qui s'e- toit diftinguee pendant la perfecution par fon amour pour la verite & par fafermete. La mere Marie-Madeleine du Far- lxvih.
gis (79 ), nominee Henriette au bap- La mere da f. 1 • J J' U /■ o Fargis eft clue
teme , nee au mois de decembre 161 8, Abbeffe.
avoit ere elevee des l'age de feptans savie,fes (79) Ret. de la vie Sc, T. i. p. 107. & fuiv. ytItas'
des vercus de la mere Ma- Necr. p. a 6 & fuiv. lie du Fargis. Vies edif. Vv
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4<J6 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAL.
!jcj9> a P. R., ou la reformatrice de cetce
Abbai'e avoit pris un foin particulier cle fon education. Lorfqu'eile fut en age de faire choix
d'un etat de vie, elle forma la refo- lotion d'etre relipieufe & recut 1'iiabit de novice le 24 fevrier 16"5 5 , elle le porta fix ans , parcequeM. du Far- gis fon pere s'oppofoit a fa profeffion, depuis qu'elle fut devenue fille uni- que par la mort de M. le Cornte de la Rochepot fon frere tue au Siege d'Arras. La tendrefTe que M. fon pere avoit
pour elle, fut une tentation quil'e- branla; mais ai'ant confulte M. de S. Cyran , elle fut rellement fortifiee par les avis que cet homme de Dieu lui donna dans une lenre qu'il lui £cri- vit ( 80 ) , que ni les follicitations , ni les menaces , ni les carefles ne purent rien gagner fur fon efprit. Elle eut le courage de refifter a M. du Fargis , qui fe mettant a genoux devant elle, la conjura avec larmes, de fe rendre a la volonte d'un pere qui fe voi'oit fans enfans. Elle foutint cette attaque qui fut la derniere, avec une fermete qui ne peut s'exprimer. Apres cette vi&oire, elle alia trouver la mere An (80) Latere 80 T. 1.
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t r-
\\. PARTIE. VlV. VI. 4^7
gelique , qui fachant ce qui s'etoit
pafle, & craignanc qu'elle ne s'en ele- vat, bien loin de la carefTer, lui die avec toute la force que fon zele lui infpiroic : humilie^ vous , ma fille , humility vous , vous his trop forte. Enfin M. du Fargisai'anrdonnefon
confenrement, elle fit profeffion le 11 novembre 1640. Depuisce tems,elle fit toujours paroitre une ferveur ex- traordinaire pour routes les pratiques de la vie religieufe : jamais on ne vir une obeiflance plus pondtuelle ; fa foumiflion & fa docilite pour fes fu- {ierieures , & pour les perfonnes qui
a conduifoient, furent fes dons par- ticuliers , ainfi que l'humilite. Elle £toit fi eloignee de s'elever des avan- tages qu'elle avoir du cote de la nailfance & de la nature par les ta- lens qu'elle en avoit recues , qu'elle fembloit avoir oublie fon origine. Aprcs avoir pafTe avecjoie dans les exercices les plus bas , comme de fairedupain, raccommoder les fouliers , &c. elle fut fake Souprieure de la maifon de Pa- ris,enfuite Prieure de celle des Champs en 1660. La mere Angelique, qui faifoir fa principale refidence dans cel- le-ci, etant morte l'annee fuivante , la mere du Fargis eut feule tout le V vi
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4.68 Histoire be Port-roYai
gouvernement de cette maifon. Apresr ['enlevement de l'Abbefle & des au- tres meres en 1664, elle fe vit feule chargee des deux communautes , 8c foutint ce poids avec une fermete admirable , fans etre ebranlee ni in^- timidee par les menaces continuelles qu'on kit faifoit de la fake enlevec pour la transferer dans une terre etran- sere- ,
Dieu la conferva , contre route ap-
parence , pour le bien & la confola- tion des deux maifons qu'elle fou- tint par fon exemple & fes avis. Sort courage male 8c fon amour pour la ve- rke etoient la regie de fa conduite , fe mettant fouvent au delTusdes menage- mens qu'on lui confeilloit de garder.Le lecleur a vu divers traits defa fermete, de fa fageffe, de fa prudence & de fa modeftie dans les difFerentes occa- sions oil elle s'eft trouvee pendant ces terns orageux. Elle avoit une follicitu- de extraordinaire pour les religieufes exilees ; 8c arm d'attker la miferiror- de de Dieu pendant ces jours d'afflic- tions , elle redoubla les aumfines , nourriflant des families entieres,6c pie- nant des rilles au dedans pour Je> metcre a couvert des mauvaiies occa- fions. |
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II. Parti e. Liv. VI. 469
Pendant qu'elle s'exercoitdans toir l^^aM tes ces bonnes oeiivres, elle eut la con- folation de voir revenirles exilees dans fa maifon , & d'y recevoir la mere Agnes avec fes trois nieces , & plus de quarante autres religieufes de la communaute de Paris. Telle etoit celle que les religieufes de P. R. elu- rent pour Abbeile (81). Elle rut inf- tallee dans fa charge par la mere Agnes, Sc pafla les premiers jours de- puis fan election dans le iilence & la priere. Apres quoi elle en donna avis a M. l'Archeveque par une lectre , qui marque dans quel efprit elle recut |
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ttedignite
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» Monfeigneur , quoique 1'etonne- LXix.
» ment oil ie me trouve , du choix ta mere do
. ' , . 1 r ■ Fareis ecritii
» que la communaute vient de raire m. de Paris
» d'une perfonne auffi incapableaue ie fut fon «lec-
>, luis,pour me charger de la fuperio
y> te de ce inonaftere, me mette pref-
» que dans I'impuilTance d'ouvrir la
» bouche , je fuis convaincue que
» je manquerois au premier de-
» voir dont je fuis obligee de m'ac-
» quitter danscette occaiion , fi je ne
» me profternois, Monfeigneur, aux
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(81) Cone cleflion eft & le Gall. C!m(l. T. 7.1a
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placce le 15 juiHet dans m.t.ui: lc iS.
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les jounuux. Le Netjol.
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47° HlSTOIRE DE PoRT-ROlAL.
» pies de votre grandeur , pour lui
» demander tres humblement de me » fortifier par fa fainre benediction, » afin que je puifTe porrer le poids » done on m'accable par fon aucorite. » Je le reflens fi fort au deffus de mes « forces , que je ne faurois envifa- « ger mon peril fuis tremblement ; » & je ne trouve rien qui me puifle » confoler , que l'efperance que Dieu » aura plus d'egard a la difpoiition » des perfonnes, qui ont fait ce choix, « & a la foumifllon que je rends a une « puiflance qui vient de lui , qu'a » mon indignite & a mon incapacity » pour un tel cmploi. J'ofe dire , Mgr. » que vous etes oblige a lui deman- » der cette grace pour moi, ainfi que « je vous en fupplie rres humblement, » puifque fi je m'en acquittois mal , » vous en feriez en quelque forte char- » ge devant Dieu , de meme que de » toutes les autres pertes qui pour^ » roient arriver dans ce grand trou- » peau , dont il vous a confie la con- » duite. De ma part je ne defire rien " avec tant de paffion que de pou- » voir rendre a Votre Grandeur des " remoignages fi finceres de mon pro- » fend refpect & de ma foumifljon, » que vous ne puifiies douter , Mon- |
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II. Part ie. Liv. VI. 471
m feigneur , de ce que M. Ie Cure de « faint Benoi t nous a fait la grace de « nous promettre qu'il vous diroit fur » ce fujet, pour vous affurer des fen- » timens de toute notre communaute » & de la reconnoiifance oil nous » fommes de la bonte que vous lui » avez fait paroitre pour nous. C'eft » auili a Votre Grandeur que nous » fommes obligees de celle que lui- » meme nous temoigne. Notre com- » mnnaute , qui difcerne davantage " le merite de cette perfonne apres » l'avoir vu «is;ir , vous rend denou- « veau, Monteigneur, de tres hum- » bles actions de graces du don que » vous nous en avez fait; & en mon „ particulier je me promets de ren- ,.. contrer dans fa charite & dans fes » foins de quoi m'aider a porter une „ chofe qui me rend par un titre- „ nouveau , & avec plus d'obligation que jamais, &c.
Quelques jours apres , elle crut de-
voir ecrire a M. PuiFort pour le re- mercier de la maniere dont il avoit foutenu leurs interets, dans la com- mislion du parrage don't il avoic ete charge , & pour le prier de vonloir bien continuer {es Son? offices dans la fuite de cette affaire > parcequ'on |
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471 HlSTOIRE DE PoRT-ROiAt.
kj^o, leur faifoir de nouvelles difficultes.
La nouvelle AbbeiTe tint le trois
d'aoiit fon premier chapitre , & nonv* ma Prieiire la fceur Angelique de S. Jean , qui en temoigna autantde pei- ne & dedouleur, que la communau- te en marqua de joie & de fatisfac- tion. lxx. Le mcme jour elle recut de la part de Paris a la de M. de Pans une reponie tres ob-
mere Ju Far- ligeante a la letcre qu'elle avoir ecrite fccftion. °" le 15 du mois precedent. » J'ai eu,lui » ditle Prelat, beaucoupde joie d'ap- » prendre par M. le One de faint » Benoit, & par la lettre que vous « m'avez ecrite, que lacommunaute » de P. R. des Champs ait jette les >» yeuxfur vous, pour vous elirefon » Abbefle. Comme je n'ignore pas m les talens que Dieu vous a donnes , » je ne puis dourer que moi'ennant » la grace que je me promets » qu'il vous fera de vous les conti- » nuer, routes chofes n'aillent tres » bien dans ce lieu-la fous votre con- » duite ". Apres ce compliment , M. de Perefixe promet de demander a Dieu pour elle tous les fecours, dont elle a befoin. Depuis que les religievtfes de P. R.
^.ayoi2iu cte re'tablies dans leutsdroirspar |
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II. P A r t i e. Liv. VI. 473
ce Prelat, elles n'avoient encore reed \G&c\~ aucune novice , quoiqu'on eut voalu raire entenare au Roi , comme nous Reception l'avons vu , qu'elles en avoient recu de ciJKi J1 |
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R.
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un grand nombre au prejudice d'u-deschanp
ne declaration de Sa Majefte. les Su- LamereAjjaes ,. / • • f ' r . lu ecnt a ce fu-
peneures ecrivirent lur ce iujet a M. jetdM. rAr-
te Cure de faint Benoit , qui leur fit cheyiiue., reponfe le ^d'aout, qu'aiant exami- ne ferieufement ce qu'elles lui avoient propofe touchant les Novices , en con- sequence de la declaration du Roi , il etoit perfuade que la defenfe d'en recevoir n'etoit point particuliere pour leur maifon , & qu'elle regardo.it ge- neralement routes les religieufesjqu'ain- fl il ne doutoit point qu'elle ne puf- fent faire ce que les autres faifoient, en en recevant. Il ajoutoit que nean- moins il etoit d'avis , qu'elles ne fe preflaflent point; &c qu'elles devoient, avant que d'en recevoir , confulter M. l'Archeveque pour avoir fon appro- bation ; & cela afin de temoigner leur foumiflion anx volontes du Roi, juf- tifier leur conduite, &c oter toute pri- fe fur elles & fur ceux qui prenoient leurs interets. Ce fut fans doute apres avoir pris routes ces precautions que la mere Abbeile propofa le 15 de fep- tembre de donner l'habit a cinq Or |
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474 HlSTOIRE DE PoRT-ROIAt.
~ les, done trois avoient ete novices
avant la perfecution; favoir , les fceurs Benoife, Bazin ( 82 ) &Ratier ( 85 ) , les deux autresetoienr, Mefdemoifelles Cuvilliers , & le VavaiTeur. Elles re- $urent l'habit le deux d'O&obre des mains de M. le Cure de faint Benoit. Ce fut la mere Agnes qui fit la cere- monie , parceque la mere AbbeiTe ecoit incommodce ; & le lendemain elle ecrivit a M. de Paris pour lui te- moigner combien routes les religieufes lui etoient redevables , de ce qu'il les avoir mifes en etar , en augmentant leur famille , d'augmenter le nombre des perfonnes qui feroient apphquees route leur vie a lui rendre avec eiie, foit aupr£s de Dieu par leurs prieres, foir envers lui par la foumifiion de leur conduite, tous les devoirs de ref- pect & d'obeiflance , qu'il pouvoit ar- rendre des plus humbles de fes filles 8c des plus reconnoiflantes de fes fa- veurs. Elle temoigne a la fin de fa lettre, qu'ellesdefirenr routes de le voir dans leur folitude , &c elle le prie de leurdonner cette farisfac~rion. M. de Paris fir une reponfe tres
(81) C'Stoit une veuve (83) Dieu ne lui accor-
agce de foixantc ans. Elle da pas la gtace de la
fit profeflion & mouiuc perfeverance.
huir ans apres. |
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II. Part ie. Llv. VI. 475
prompte & ties obligeante a la mere K^r^- Agnes. » J'ai bien de la joie, difoit Lyxn » le Prelat, que vous foyiez perfuadee R»?on:b -ie » de l'afTe&ion que j'ai pouc route vo- ^' ^r^A- » tre communaute,& pour vous en par- gnes. » ticulier, en quij'avoueque j'ai tou- » jours reconnu, nonobftant routes les » chofesfur lefquelles nous n'avons pas » ete ci-devanr d'accord,des qualiteS » qui m'ont fait beaucoup eftimer vo- » tre perfonne. Je vous fuis oblige » du defir que vous me cemoignez » avoir que je vifite votre folitude ; » je vous puis affurer que je ne le fou- » haite pas moins que vous. &c. Les chofes etoient bien changees,
comme on le voit par ces lettres , entre M. l'Archeveque de Paris & les religieufes de P. R. Ce n'etoit plus de la part du Prelat quedespoIitefTes, des temoignages d'eftime, d'arfe&ion, de defir dobliger; & de la part des religieufes , que des afllirances d'un profond refpecL (qu'elles avoient ce- pendant toujours eu, & dont ellesne s'etoient jamais ecanees), des marques d'uneentierefoumiffion,& d'une parfai- re confiance. La mere Agnes aiant ap- pris que le neveu de M. de Paris avoit ete tue au Siege de Candie, elle lui ccrivit au nom de toute la commit* , |
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47^ HtSTOIRE DE P0R.T-ROIAI.
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1669. naute pour lui marquercombien elles
txxm. etoienttoutes fenfibles a fajufte douleur.
u m«eAb- Lorfque la mere AbbelTe commen-
tx-ite cent a ( ,» , ,.. , - , ,. „
m. do Paris ca a le retabhr de la maladie , oc
noviJeS^efesq"'e!Ie f"ut en ctat d'agir , elie crut auffi devoir ecrire a. M. de Paris tou- chant la reception des novices , quoi- que la mere Agnes eut en celarem- pli fes intentions ; & elie le fit par une lettre du 17 o&obre , dans laquelle elie fe juftifie de quelques plaintes qu'il paroit qu'on avoit faites au fix- jet des novices. Elie lui marque , » qu'elle efpere, que lorfqu'elles pdur- » ront avoir 1'honneur de 1'informer » de vive voix de quelle forte elles » ont agi, & fur quel principe elles » fe font fondees pour croire qu'elles » pouvoient recevoir des novices , » fans contrevenir a ladefenfe gene- s' rale de Sa Majefte, ni aux inten- « tions particulieres de fa Grandeur , » elie demeureraperfuadee,que jamais » une action ne fut plus mnocente » que la leur,& plus conforme a toutes » les regies du refpedt qu'elles doivent » a ces deux PuilTances, dont elles w honorentfiparfaitement raurorite." La joie que caufa le retabliiTement des religieufes de P. R. , fut troublee par la mort de plulieurs de ces fain- |
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II. Parti e. Llv. VI. 477
tes fiiles, & de quelques amis & fo- ~~1669,
litaires, done nous n'avons point par- le pour ne pas incerroinprele recitde ce grand evenement & de fes fuites. Une des plus confiderables pertes
que fit P. R. cette annee , fut celle J1^ de M. Hamelin , Controleur general Hamelin*. des Ponts & chauflees de France, qui avoit donne retraitechezlui a M. Ar- nauld dans la perfecution que lui attira fon excellent ouvrage de la fre- quence communion. Cenouvel Abdias mourut le fix juillet 1669 , age de 66 ans (84 ). L'afyle qu'il donna dans fa maifon au Prophete perfecute, fut pour lui & toute la famille une fource de benediction. Non-feulement il en- tra avec fon epoufe dans la voie etroite, §C embraffa la vie penitente , mais il eut encore l'avantage d'avoir part a la perfecution. Il eut la confolation de voir la paix rendue a l'Eglife, & le calme retabli a P. R., oil il avoit une fille religieufe; apres quoi Dieu l'appella a lui par une mort precieufe a fes yeux. M. Hamelin fut inhume a" S. Euftache. La fceur Antoinette deS. Jofephde txxv.
„ 1 • 1 /■ • ,-• \ Antoinette
Beauclair de iaint Cyr mourut a 11 & fai„t j0.
heures 8c demie du foir le fept aout r?P.h de Bea»- (84) Nee. p. i6i'iyo.
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47 8 Histoire de Port-ro'Yal.
i^iSq. %^e de 69 ans. Elie avoit donnede
grands exemples de verm clans tous les etats par lefquels Dieu l'avoitfait fialTer. D'abord elle fut mariee a Mef-
ire Francois de Rochechouard , Che- valier deS. Cyr ,aveclequel elle vecut en femme vraimenc chretienne.Enfuite la morr l'aiant privee de ce mari, elle paffa quelque tems dans la viduite, dans laquelle elle mena une vie ties edifiante. Mais voulant rompre entie- rement avec le monde & ne vivre que pour Dieu feul, elle fe retira a P. R. en qualite de bienfai&rice , & afin que Ton facrifice fiit parfait, elle embraiTa la profeilion monaftique. lxxvi. Le ii feptembre mourut Charles Mort de m. Savreux Libraire a Paris , qui avoit R^ieTAp- toujours eu un grand attachement pour tembre. P. R., ou la Providence permit qu'il vint mourir , par un accident impre- vu. .. Comme il venoit de Paris dans ce S. defert avec trois Peres de l'Ora- toire , qui defiroient de voir la mai- fon , le carofle verfa a Joui , & il fut blelTe a mort , fans qu'il parut rien au dehors. On Pamena a P. R. ou il mourut le lendemain. Son epou- fe , qui avoit appris est accident, s'y rendit, & edifia toute la communaute par la fermete vraiment chietienne, |
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II. Par tie. Liv. VI. 479
avec laquelle eile foutint cette afflic- " i<5(jn,'
tion. Comme M. Savreux n'avoit point d'enfant , il avoit defTein de donner fon bien a l'Abbai'e , croi'ant qu'il ne pouvoic en faire un meilleur ufage , que de le mettre entre les mains de ceux qui avoient le plus contribue a le lui faire acquerir par les excel- lens livres fords de leurs plumes , qu'il avoit imprimes. Mais la mort I ai'ant prevenu , il ne put l'executer.
II fut enterre dans l'Eglife, vis-a-vis de
1'Autel de S. Laurent. Le 16 odobre on enterra le cceur
de M. Hillerin ancien Cure de faint ^c^it'de Merry ( qui etoit mort des le 14 m. Hillerin, |
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avril), vis-a-vis de la grille de la Cha- j^,™, mm
pelle de la fainte Vierge. Au milieu" eft enterrf |
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i P. R. le is
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I
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es applaudiffemens que luiattiroientoaot>re
fes predications, il avoit quicte fa Cure, renoncant genereufementa toutce qu'il pouvoit pretendre au monde pour fuivre la voix de Dieu qui l'appelloit dans la retraite, perfuade qu'il lui etoic plus utile d'embrafTer la peni- tence que de la precher aux autoes. Il y perfeverajufqu'ala mort,non pas feulement pendant plus de huit ans, comme il eft marque dans le necro- loge de P. R.; mais pendant environ 25. Les grands coups de la grace qu'il |
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480 HlSTOIRE DE PORT-ROIAL.
vit dans la maifon de M.d'Andilly,
qui etoit fur fa ParoiflTe , & ou venoient MM. de P. R. , firent tant d'impref- fion fur fon efprit , qu'au lieu que comrne Cure il auroitduleur donner Pexemple , il mit fa gloire a les fuivre, & refolut de fe deraire de fa Cure , pour fe retirer dans la folitude. On doit aufli regarder Faction heroique de ce Pretre penitent, & fa converfion , comrne nn des fruits de la prifon de M. de S. Cyran qui lui ouvrit infen- fiblementles yeux par lafageflfe de fes entretiens dans le Chateau de Vin- cennes , ou il le voi'oit par l'entre- mife de M. d'Andilly. AulU voulut-il par fon teftament etre enterre a fes pies dans l'Eglife de faint Jacques du Kaut-Pas. M. Fontaine fait un recit bien touchant de la converfion de ce faint Pretre ( 85), dece qu'il eprouva en quittant fa Cure , de fa penitence, de fes occupations dans fa retraite. Apres s'etre demis, il partit le cinq fevrier 1644 pour fe retirer dans un Prieure en Poitou , menant avec lui le jeune Fontaine ; mais craignant qu'il ne perditlafajeunefle, illecon- duifit lui-meme quelque terns apres a P. R. des Champs. Il em l'avantage (St) Mem. T. i. 6. Si fuiv.
d'y
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II. Part ie. Liv. VI. 481
d'y rrouver M. Litolphi Maroni Eve- \&(,y.
que de Bazas , qui penfoit lui-meme
a faire un facrifice encore plus grand
que celui qu'avoit fait M. Hillerin.
Ce fut dans la folitude du Poitou ,
que M. Hillerin fit une belle conquete
pour P. R. dans la perfonne de M.
de S. Gilles Baudry d'AiTon , qui fut,
comme le dit M.Fontaine (87), la con-
» folation de M. Singlin par les voi'a-
t> ges qu'il entreprit , celle de M. Ar-
» nauld par fes ouvragcs , celle des re-
w ligieufes par fes negociations , celle
jj de tous fes amis par fes bons offices>
» & celle des Anges par fa penitence,
» qu'il portoit a T'exces. Pour revenir a
M. Hillerin , ce qu'il vit a P. R.
lui donna de la confufion en compa-
rant ce qu'il faifoit avec ce qu'il voioit
faire. Cela lui infpira une nouvelle
ardeur pour la penitence, dans laquelle
il perfevera conftament jufqu'a fa mort.
Il laiffa par fon teftament is00 liv.
aux religieufes de P. R. avec fon calice
8c fes burettes , & les rendit les de-
pofitaires de fon cceur , qui fut porte
far M. Hilaif e , & enterre comme nous
avons dit dans leur Eglife. Le fix de novembre la fceur Suzanne ixxvnr. de fainte Ceeile Robert mourutagee ^tTceci[c (87) T. i. p. jjj. Roben.
Tom ri. X
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4SZ Histoire de Port- roYac.
~~~ de 45 ans. Des fon enfance el-le eut un grand eloignementde routes les chofes oe la terre , & un ardent defir de vi- vre inconnue dans quelque condition humiliante. Elle fe fit religieufe a P. R. & regretta toute fa vie de n'avoir pas embraffe I'etat de four converfe. Mais elle y fupplea en s'appliquant toujours a tout ce qu'il y avoit de plus bas & de plus penible : 1'amour de la pau- .vrete etoit exceflif en elle. La vue de 1 'etat de fon ame, que fon huinilite lui faifoit regarder comme deplorable, lui faifoit repandre des torrens de lar- jnes. Elle regardoit la more, comme un f>rifonnier regarde le moment de fa de-
ivrance ; cefutdans fes fa intes difpo- J xxix. fitions qu'elle mourut (S 8).
i, Huque-. M. Huqueville, Parifien, mourut
a P. R. le 3 o novembre. Des fes pre- mieres annees, il n'eut d'inclination que pour le bien. L'exemple de fa fceur , qui entra a P. R. pour y etre celigieule, fit tantd'impremon fur lui, qu'il renon^a a tous les avantages du fiecle pourfuivre Jefus-Chrift & porter fa croix. Il n'avoir que dix-neuf ans lorfqu'il fe mit fous la direction d'un . (-88) » Nout avons une ,> le recueil des vies edif,
35 belle relation de la vie » par la mere Angelique
si & des vertus de cette » de faint Jean T. »• p.
v faints religieufe dans » ioj-^S,
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II. P A R T I E. LlV. VI. 4S3
confefleur des religieufes de P. R. ■
Enfuite il fe retira a. faint Jean des Troux aupres de M. Burlugay fon frere , dodteur dc Sorbonne, qui en etoit Cure , dans le deflein de s'appli- quer a fon fervice & a eel ui. des pau- vres. De-la il vint fe cacher dans la folicude de P. R. , 011 il fe fentit auffi- tot attaque d'un mal de tete qui fut prefque continuel. Mais comme il avoit entierement renonce a lui-meme, il avoit fi peu d'egard a cette incom- rnodite , qu'encore qu'on l'afTurat que le changement d'air etoit 1'unique re- mede a fon mal, il ne voulut jamais penfer a une autre demeure , jugeant que les avantages fpirituels qu'il y trou- voiEetoientaiTezconiiderablespouretre preferes a la fante & a la vie meme. II perfevera d'une maniere unifor-
me & conftante dans les exercices de 1'humilite , de la charite & de la peni- tence. Il polfedoit tellement fon ame, que jamais il n'etoit furpris par aucu- ne paflion , ni mauvaife humeur ; & n'aiant rien en lui qui put etre incom- mode aux autres, il fupportoit volon- tiers tout ce que les autres avoient de plus facheux. Enfin le terns que Dieu lui avoit
donne pour faire penitence etant fini, Xij
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484 HlSTOIRE DE PoRT-ROlAl.
il fut attaque d'une violente maladie
a Paris, ou il etoir alle pour quelques affaires: il fe preffa de revenir par le defir qu'il avoit de mourir dans le faint defert. Lorfqu'on lui annonca que fa mort etoit proche , il recut cette nou- velle, non-feulement avec cette paix& cette egalite d'efprit qui ne le quit- toient jamais ; mais encore avec une joie ties fenfible. L'afFection qu'il por- toit au monaftere de P. R. , & la con- fiance qu'il avoit en routes les perfon- nes qui y etoient-, lui donnoient une confolation merveilleufe de fe voir mourir entre leurs bras & avec le fe- cours de leurs prieres. M. Burlugay fon frere , fe rencontra heureufement pour lors a P. R. pour l'aflifter dans ce dernier combat , & ce fut lui qui lui adminiftra les derniers Sacremens , qu'il re^ut avec une pieteexemplaire , furtout avec une pretence d'efprit qui le tint applique a Dieu.prefque fans in- terruption jufqu'au dernier foupir de fa vie. Il avoit toujours defire de mou- rir pendant qu'on celebreroit la MeiTe : Dieu I'exau^a, Car prefque tout le monde l'ai'ant quitte pour y affifter , il s'y appliqua lui-meme , & en fuivit les parties les plus confiderables , com- me l'lntroit , le Gloria in expel/is , |
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II. Par tie. Liv. VI. 4S5
1'Epitre , l'Evangile , le Cation : & en- "TTTjT
fin aiant adore Jefus-Chrift au fon de la cloche qui annonce l'elevation , il termina fa vie par cette action fain- te, pour la continuer dans le Ciel avec tous les Saints. Il fut enterre le pre- mier decembre devant l'autel de faint Laurent. M. Burlugay fon frere officia an convoi & al'enterrement, & chanta la grande MerTe avec une conftance tjui edifia d'autant plus , qu'on favoit Fextreme tendrefTe qu'il avoit pour ce digne frere. La foeur Lie , Magdeleine de fainte
Elifabeth Bochard de Champigny > La foeur u'-e mourut le 6 decembre. Elle avoit deCh-izaJ'- epoufe Meffire Henri de la Guette , Seigneur de Chazai , maitre des re- quetes. Avant que de s'engager dans le monde , elle avoit en un grand de- fir d'etre religieufe , & elle l'auroit fuivi fi M. fon pere ne s'y fut oppofc. Mais elle vecut tres faintement dans l'etat du mariage , pratiquant avec zele cette maxime qu'elle avoit apprife de M. de faint Cyran,qu'il faut /aire tout le Men qu'on peutftp). Si-tot qu'elle fut veuve , elle penfa a executer le deflein qu'elle avoit eu autrefois, & tourna fes vues du cote de P. R. ou |
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(8^) Let. XI. 44.
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Xiij
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4§(> HlSTOIRE DE PoRT-ROlAI^
~~ elle prit l'habit religieux a l'age de
foixante & un an , pafla le noviciat dans la plus grande ferveur , 8c fit profeffion avec un courage admirable. Depuis fa profeflion , elle vecut en- core treize ans , pendant lefquels elle fit toujours de nouveaux progres. La pauvrete , la retraite , le filence , la mortification , faifoient fes delices. Elle avoitun zele pour la verite, qui animoit & foutenoit les fceurs timides dans la perfecution. Pendant les der- nieres annees de fa vie, elle eut de grandes peines d'efprit; mais Dieul'en delivra dans fa derniere maladie: car elle fut dans line profonde paix, ne penfant qu'aux graces que Dieu lui avoit faites , dont elle etoit penetree de reconnoiflance , 8c au bonheur qu'elle avoit de mourir religieufe de P. R. La veille de fa mort, elle die a, une des fceurs qu'il lui etoit venu dans l'eiprit ces paroles que Dieu adreflea fon peuple : Monpeuplefoie^ faint y comme moi, qui fuis le Seigneur votre Dieu fuis faint. » Je me fuis, « ajouta-t-elle , profternee en efprit • » devant Dieu > pour le fupplier de » graver ces paroles dans le cceur de " nos fceurs. Non que je croie qu'el- » les n'en foient deja touchees, mais |
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II. P A R T I E. L'lV. VI. 4S7
n parceque moi-meme en fuis extre- '"\^Q,y,"
» mement frappee : car ee que k'ora » penfe au moment de la more fait «< unebienplusgrandeimpreffion(5)o). Le 31 decembre on enterra dans le bas cote de la Chapelle de faint Lau- Amoine Ban- rent le cceurde M. Antoine Baudri de dridc la;ur faint Gilles d'Alfon , avec celui de M. ^a" Bouilly. lis furent mis enfemble dans une merae boite ,' & enterres dans la folfe de M. le Maitre. M. de faint GiU x les eroit more le 30 decembre de fan- nee precedente fur la Paroirle de fainte Marguerite , ou il fut enterre. Com- me nous n'avons point parle de ce faine Penitent a l'annee de fa mort , nous allons y fuppleer ici en peu de mots , en renvoiant nos ledteurs a ce qui eft dit de lui , foit dans le Necrologe de P. R. , foit dans un memoire de M. de Pontchateau , qui contient plufieurs particularites de fa vie, & dans une lettre de M. de fainte Marthe a l'occa- fion de fa mort (91), foit enfin dans les memoires de M. Fontaine , & dans l'hiftoire litteraire du Poitou (91). M. de faint Gilles frappe de l'exemple da (j>o) Voi'ez la relation de (51) Sup. au Necr. de
fa vie & de fa mort , P. R. p- S8.-8.
par la mere Angeliquc de (9i)Bib!ict. hift.& ctii. faint Jean, vies edif. T. 3. du Poitou par M. Dreuof ,
p. 1 64. du Radier T. 4.
Xiv
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4S8 HlSTOIRE DE PoRT-Ro'lAl."
^*~* M. Hillerin, qui avoit quitte fa cure
pour vivre dans la retraite , & touehe de la lecture du livre de la frequence Communion , renonca a toutes les ef- perances du fiecle prefent. Etant venu a Paris avee fon Ananie , il eut occa- jfion de voir M. Singlin & de connoitre P. R. Auffitot il fe mit fous lacondui- te de ce fage Diredteur, & voulut ba- biter le faint defert. " On fuc furpris, dit l'auteur de la bibliotheque hif- torique du Poicou (9}) , » de le voir » tout d'un coup abandonner fon be- » nefice & fa patrie , avec tous les au- » tres avantages qu'il pouvoit preten- » dre, pour fe retirer a Port Roial des « Champs , 011 vivoient alors plufieurs « perfonnes qui s'y etoient prefque » toutes confacrees a l'etude «. (Tou- tes ces perfonnes etoient encore plus confacrees a la penitence.) Ce fut en Pan 1647 qu'il prit ce parti , a Page de trente ou trente-cinq ans. » Il ftii- » vit I'exemple de ceux avec qui il vi- « voit. Les uns avoient paffe du Bar- » reau, dont ils etoient les oracles , « a l'emploi de jardinier ; les autres a m des offices plus vils encore, d'un » rang plus eleve ». M. de faint Gil- les apprit le metier de menuifier; il ha- (>>3) T. 4 p. 10 & fuiir.
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II. Par tie. Liv. VI. 4?^
bitoitpour cela une petite maifon coa- 1669. Verte de chaume , conftruite par fes foins au bout du petit P. R., 011 il tra- vailloit avec un menuifier qu'il avoit fait venir pour apprendre ce metier. Le logis, ou la petite cabane qu'il ha- bitoit , ftu appelle U palais de faint Gilles. Dans la flute il fat attire au grand batiment , & travailla avec M. Arnauld a la concorde de l'Evangile. Il eut l'avantage d'accompagner ce ce- lebre do6teur, lorfqu'en 1655 il fur oblige de fe tenir cache , & lui fervit de fecretaire. Il rendit de grands fer- vices aux religieufes de Port Roial des: Champs pendant la perfecution , fans craindre les perils auxquels il fat expo- fe en faifant face a leurs ennemis, & fe chargeanr courageufement de pre- fenter des requetes pour elles. Enfin , epuife de fatigues & d'aufterites, il mourut faintement a la fin de Tan 1668 , apres la paixrendue al'Eglife; mais fans avoir eu la confolation de voir le retabliifement des faintes reH- gieufes de P. R., qui n'eurent part a\ cette paix qu'un mois & demi apres fa more Fin du Livrt VL
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X y
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49°
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Acle d'oppojition des religieufes de.
P. R. des Champs a la nomination de la fceur Dorothee Perdreau. » V_/E s t nommeinent a vous meme ,
« ma chere fceur, que nous nous adreflbns , 03 pour vous ternoigner d'abord la compaf- 3i fion que nous avons de l'etrange juge- m ment que Dieu exerce fur vous. La fa- k geffe s'etoit batie une maifon, elle l'avoit » affermie fur les colonnes, qui par la force =3 de leur zele & l'exemple de leur verm , m que Dieu a deja couronnee, ^toient capa- 33 bles de loutenir la piete1 & la r^gularite dans » ce monaftere beaucoup plus longtems que 33 leur vie. Un grand nombre d'ames avoient 33 ete invitees de tous cotes a venir recevoir « gratuitement la grace qu'on y ofFroit a x routes, fans rien exiger d'elles qu'une bon- 33 ne volonte. Mais comme toutes chofes 33 ont leur tems , apres que ce tems d'edi- 33 fier a ete accompli, & que la maifon a ete i> remplie , le tems de detruire eft venu , Sc » il ne s'eft trouve que trop de gens, qui ont M mis la main a cet ouvrage. II leur falloit m neanmoins un inftrument, dont ils ne fe so pouvoient pafler, & il a fallu cherchcr. 33 Le monde eft rempli de ces vafes de colere: 33 prepares a toutes fortes de mal; & nean- » moins parmi ce grand nombre, oil il y 33 avort tant a choifir, vous avez eu le mal- 3o heur que le fort foit tombe fur vous. Ii » falloit bien que Dieu fut fort en colere , |
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Acli cVoppojition des rellg. 40
x quand il a fait un telchoix ; &s*il reftoic » quelque chofe de fa crainte dans votrecoeur, » vous auriez du ouvrir les yeux a ce mo- » ment, & penfer au moins,quoique tard, a jj echapper de ce dernier peril parune fage fu i- 3) te en renoncant volontairement a la charge, ■>■> oii vous etes mal entree , & a la nouvelle » nomination qui va perpetucr votre crime , » en rendant perpetuelle l'ufurpation d'une n dignite", qui ne vous fauroit appartenir le- *> gitimement en la mauiere que vous y avez » e'te elevee. Ne vous imaginez pas que ce " Tort le refundment de notre oppreffion Sc 33 de la ruine temporelle d'une maifon qui 33 nous appartient, qui nous fafle parler dc 33 la forte. La maifon, dont nousd^plorons 33 la mine, eft un temple fpirituel & batide » pierres vivantes, qui devoient sMlever 33 de jour en jour, par une fucceffion de >3 perfbnnes qui auroient fervi Dieu dans 33 la faintete & la juftice pendant la fuite dc 33 pkifieurs ages. Vous e"tiez deja placee , »3 vous & celfes qui vous adherent, dans o» cet Edifice faint; maisn'dtant pasdemeu- 30 rees fermes dans la v^ritd , vous etes 33 tombies de votre lieu, & avez fait par-li 33 une breche a notre union, pour donner 3» une libre entree a ceux qui ne refpiroienc 33 depuis trente ans qu'a demolir jufqu'aux 33 fondemens une place , dans laquelle its 33 n'avoient pa venir a bout de eomman- 33 der. C'eft vous a preTent qui les y in- 33 troduifez , & it s'en faudrapeu, que vous oo ne vous rendiez digne par votre nouvelle 33 qualitd de participer a eelle que le faint Ef- » prit donne a l'un d'entre les Apotres, qu'il »» appelle le chef de ceux qui prirent Jefus- » Ohrift , puifqiul eft ordinaire dans l'Ecri- X vi
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192. Acle eToppo/itldn des rtligie'ufes
» rure d'egaler la perfecution que Ton fait 3
*> fcs membres a celle qu'on lui fait a lui-- 33 meme, & d'en parler en commun com- 33 me ne faifant qu'un meme corps. Vous 33 voi'ez bien par cette idee que nous avons 33 de votre elevation, que nous fommes fort 03 eloignees de vous l'envier, & que notre 33 condition nous paroit aulfi heureufe que as la votre eftdigne de larmes. Nous pouvons 33 vous alTurer, ma chere foeur , que nous en 33 repandons devant Dieu fur vous & fur nos 33 cheres foeurs, qui periiTent avec vous, ft >3 elles confentent a- votre intrufion. Pour 33 etre du troupeau de Jefus-Chrift,. il 33 faut avoir egalement les deux qua- 33 lites qu'il attribue a fes brebis , dont l'uiie 33 eft de connoitre la voix du pafteur & de 33 le fuivre , & l'autre de ne point connoitre 33 l'etranger & de s'enfuir de lui. Or elles *>3 ne fauroicnt fe mdprendre en cette occa- »3 (ion, fi elles veulent fuivre la lumiere qua 33 donne l'Evangile pour les difcerner , puif- 33 qu'il declare nettement que quiconque 33 n'entre pas par la porte de la bergerie , 33 mais y monte par quelqu'autre endroit, eft 33 aflurement uiv voleur; e'en eft aiTez pour 33 faire peur a des brebis de Jefus-Chrift ; 33 e'eft-a-dire a des ames fimples & droites t» qui cherchent Dieu fincerement, & qui 33 au moins s'apperceveront a cette heure 33 que vous n'emrez, pas par la porte, mais 33 que vous ne montez fi haut, que pour 33 chercher a voler l'aatorkd que Dieu ne 33 vous a point donnee dans fa maifon & 33 fur fon troupeau. Nous prions avec toute 33 l'ardeur dont nous fommes capables ce- 33 lui qui eft appelle le grand Pafteur y & x> qui fe nomine lui-rneme le bon Pafteus, |
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de P. R. des Champs, &c. 49 j
« que, felon la grandeur de fa puiiTance Sz » l'etendue de fa bonte , il ralTemble les bre- »= bis & les vifite par fa grace pour les deli- " vrer d'un fi grand peril, pour guerir routes » leurs langueurs , & pour les tenir en fure- » ti fous fa divine protection , afin que fe- 33 Ion fa divine promefle, pas une d'elles ne 33 lui foit ravie & ne periife, mais que nous » ai'ons quelque jour la joie de nous voi* " toutes reunies dans le fein fi large de la 33 charire, qui enfermeles forts & les foibles, 53 les innocens & les penitens, & qui egale 33 fouvent par rhumilite ceux qui font venus » les detniers a ceux qui avoient travaille 33 plus long-tems qu'eux 3 & porte le poids 33 d'une longue arHic"tion. Ce font-la nos 33 fouhaits, ma chere fceur,, & les vceux 33 les plus ordinarres de notre ccEur dans nos 33 prieres. Mais comme il femble que vous 30 vous oppofez en toutes les manieres poffi- 33 bles a un fi heureux efFet, continuant plus 33 que jamais a dechirer la robe de Jefuv 33 Chrift par le fchifme que vous faites dans 33 notre communaute en ufurpant une au- 33 torite , laquelle ni par le droir d'eledtion, 33 ni par le titre de nomination ne vous favt- 33 roir appartenir, ni a qui que ce foit , 33 rant que notre mere AbbefTe & notre mere 33 Agnes ne fe feront pas volontairement 30 demifes de la pofTerfion de cette charge , 33 ou elles ont ete etablies parTEglife felon 33 toutes les formes, & dont eltes n'ont » point ete deftituees felon les formes ; 33 nous fommes auifi obligees de notre cote 33 de nous oppofer de tout notre pouvoir a Ix 33 mine totale d'une maifon de Dieu, dont » cette nomination va faper les fondemens. 33 en ce qui regarde principalement le bien |
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494 Acl&cToppofttion des rttig.
33 fpirituel, ce qui eft fans comparaifon c6 33 cjui nous touche davantage : a raifon dc »j quoi nous vous declarons, ma chere fceur, jo & a toutes nos fceurs qui font avec vous, 33 que nous n'avons point defifte & ne nous 33 defiftons point encore de faire toutes nos 33 proteftatiorts & oppositions, tant a l'en- 33 contre de ce que M. l'Archeveque a fait 33 & continue de faire dans notre monaftere 33 depuis quatre ans , contre tout droit &C » juftice , qu'a regard de toutes les entre- 33 prifes non moins injuftes du fieur Chamil- 33 lard,& autres ci-devant designees dans nos 33 aires precedens ; & nommement nous op- 33 pofons & appcllons de nouveau , en adhe- » rant a nos premieres appellations, de l'u- 33 furpation que vous four Marie de fainte 33 Dorothee avez faite , & en larjvtclle vous 33 pretendez vous maintenir, de ta qualite 33 d'Abbeffi de notredit monaftere , foit fous 33 le titre d'eledtion , nomination ou autre- x ment, comme audi de toutes elections > so admiffions a profeflion , pa&ions , ac- *> cords ou autres chofes quelconques, de- 3o rogeant en quelque maniere que ce £bk » a notre droit, &c |
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tfeJP. R. des. Champs , &c. 49*.
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Lettre des religUufes da Port-Roial de*
Champs a lews feeurs de Paris , fur la nomination de la faur Do~ rothee Perdreau. |
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* jiYt E» ties cheres fcrurs , quelque
*> lpimueUe que foit une veritable amine" fon- » dee fur la charW , elle ne peut pas fe » deponiUer entierement de certains mou- *> vemens fenfibles de tendreife , qui lui cau- » lent ou dc la joie , quand elle a occaiion » de commumquer avec les perfonnes qu'el- » le atme j ou de la trifteiTe , quand' elle fe *> trouve entierement prive'e de cette con- * iolation. Si votre amitie etoit au merne
» degrequelan6tre, vous demeureriez d'ac- » cord par votre experience de ce querious » ne difons auffi qu'apres l'avoir reffentL » Car il arrive par une conduite de Dieti » aflez particuliere , qu'encore qu'on ait ax » denein de faire une dHRrence entre vous » & nous, & que 1'on ait emploie ce moien y cornme le plus puirTant pour nous porter » a nous de'funir, en vous promettant que » votre obeiflance vous mettroit a couvert de » tous les maux que notre refiftance allok » amrer fur nous, & quelle vous donneroit. o» la pair , fe liberty, fe confervation de » vos droits & la protection de toutes les y puiflances de ITglife & de'l'Etat pour vous; *> y maintenir ; vous eprouvez des-a-pre- *> lent combien U y a peu d'aflurance dans: |
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49 6 Let des rellg. de P. R. dtt Ch.
53 les promefles des hommes , puifque vous
» n'avez pas joui un moment de cette paix 33 & de cette Jiberte que Ton vous faifo-it m efperer, & que vous voila fur le point » de perdre le plus important de nos droits 33 pour ce qui regarde le maintien de la dif- 33 cipline & de la reforme de notre monaftc- 33 re , qu'il faut preferer fans comparaifon a 33 tout ce qui n'appartient qu'au temporel , 03 puifque le falut des ames en depend. Si 33 nous pouvions voir les chofes de plus pres, 33 & favoir ce qui fe pafle parmi vous, il fe- 33 roit fans doute afiez facile de juftifier que 33 la paix n'a pas etc mieux etablie entte 33 vous, quoique vous foiez un fi petit nom- 33 bre , depuis que vous avez cru la pouvoir 33 feparer d'avec la verite, au lieu que Dieu 33 nous commande de les aimer toutes deux 33 enfemble & inieparablement, comme l'E- 33 glife nous le fait fouvent repeter dans 33 notre office pacem & veritatem dilipite , 33 afin que ces paroles fi importantes foient 33 toujours gravees dans notre ceeur. Mais 33 il eft encore plus vifible, que bien loin 33 que vous ai'ez joui de la liberte apres 33 avoir engage1 celle de votre confcience , 33 qu'au contraire votre captivite eft deve- 33 nue en une maniere plus infupportable 03 que celle que nous fouffrons, parcequ'elle 33 eft moins volontaire, & qu'elle n'eft point 33 fbutenue par la confolation , qui adoucit 33 la notre , de nous y voir reduites, pour 33 avoir prefer^ Tint^ret de Dieu a tous nos „ propres inteiets ; ce qui donne au moins un grand repos a la confcience > laquelle eft toujours libre , lorfqu'elle n'a 33 point de pafllon & de remords qui trou- as blent fa paix. Cependant, nos ties cheres |
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a hursfaurs de Tarts, &c. 497
» foeurs, vous devez confiderer comme une « mifericordc de Dieu fur vous , que des ef- « pdranceshumaines qui avoient aidd a vous » feduire, vous aient (1 peu riuffi. C'eft ura »j des fujets qui vous donnent plus de con- » fiance que Dieu vous aime encore, puif- 33 qu'il vous chatie , 8c que c'eft une mar- 33 que qu'il veut vous afutjetir a fon fceptre 33 & vous faire rentrer dans les liens de fon 33 alliance par une heureufe contrainte, en 33 vous faifant eprouver la pefanteur de cet 33 autre joug, & reconnoitre par vous-me- 33 mes qu'il n'y a rien de moins folide que 33 l'appui que Ton fonde fur la creature. Si 33 cette lettre que nous expofons au hafard, 3j pouvois etre ft heureufement conduite par 33 la providence divine qu'elle tombat entre fj vos mains, regardez-la , mes tres cheres 33 foeurs, comme un temoignage de la cha- 33 rite (ulcere qui nous fera toujours pren- 33 die part a tous les biens & a tous les manx 33 qui vous arriveront, en tout ce qu'ils 33 pourront avoir de rapport avec votre falut. « lit comme la nouvelle que nous avons » apprife de la nomination d'une Abbefle , 33 eft la chofe du monde que vous devez le 33 plus apprehender, Sc qui peut etre k plus 33 prejud;.table au veritable bien de notre 33 monaftere , nous avons cru ne devoir pas 33 laifTer paffer cette occafion, fans vous fup- 33 plier de faire quelqu'effort pour vous re- 33 veilter a ce coup de tonnerre , d'en pren- m dre fujet de faire reflexion fur ce que Dieu >3 veut vous dire par-la , & de tacher de ren- 33 dre utile pour le falut de vos ames, ce qui 33 va etre dans fes fuites la perte de notre 33 maifon. C'eft la conduite de Dieu la plus » ordinaire dans le monde , que de titer 1.4 |
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498 Let. des rellg. de P. des Ch,
ii bien du mal; & c'eft meme l'ufage qu'il t> veut que nous faflions de nos peches , ■n quand il fe fert de la douleur & de la con- » fufion qu'ils nous caufent, pour guerir » la plus grande maladie de notre ame qui » eft fon orgueil, & la reduire a chercher le =» fecours de fon medecin, & la mifdricorde r> de fon juge par une humble penitence. x Nous vous fupplions done de tout notre » cocur , mes tres cheres foeurs , de vou- 33 loir feulement faire un peu d'attention a x ce qui fe pafle a cette heure , & de vous 33 fouvenir en meme terns de ce qui s'eft 33 pafle autrefois dans votre efprit, lorfqu'il 33 etoit agite entre la repugnance de votre 33 confeience a faire ce que Ton demandoit » de vous, & les diverfes craintes des fui- 33 tes qui arriveroient de ce refus , & meme 33 les fcrupules qu'on s'efForcoit de vous don- 53 ner de cette prerendue defobeiflance. N'eft- M-ilpas vrai que pour lors, quand vous vous n femites pietes a tomber , vous ne vous » appuiates que fur I'aiTurance qu'on vous 33 donnoit que vous ne vous bleileriez pas , » parceque M. l'Archeveque qui vous faifoit » ce commandement, repondoit de votre 33 ame, qu'il fe chargeoit de votre peche y 33 s'ilyen avoir, 8c qu'il vous uefendroit 33 devant Dieu ? On vous a dit tout cela , » car on nous l'a dit a nous-memes, & Ton >j y ajouroit encore les promelTes de la vie 33 preTente aufli-bien que celles de la vie fu- 33 ture, en alTurant toutescelles d'entre nous 33 qui obdiroient, qu'elles n'auroient rien a 33 craindre fous la protection d'un fi puiflant 33 Archeveque , qu'elles devoient tout attcn- » dre de fon affedtion , & qu'il entreprenoit » de rendre leur maifon plus floiiflante qu'et- |
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a leurs fceurs de Paris •, &c. 499
m le n'avoit jamais ete. Que Tun vous lbit » done a prefent la preuve de l'autre. M, » 1'Archeveqne a certainement beaucoup de » pouvoir aupres du Roi, qui l'honore de 33 fon amitie, & Ton ne fait pas auffi-bien 33 jufqu'ou va le pouvoir qu'il peut avoir 33 aupres de Dieu. Cependant il n'a pu a ce 33 que Ton dit, ou il n'a pas ofe, ce qui eft 33 plus vraifemblable , foutenir devant Sa » Majefte les interets de fon petit troupeau , 33 ainfi qu'il l'appelk , quoiqu'il ne lul eut 33 pas ete difficile ; puifque la piete de Sa 53 Majefte fe feroit aifement perfuadee des « fortes raifbns qu'un Archeve'que avoit a. 33 lui reprefenter fur ce point. Vous tien- 33 drez-vous apres cela fort afTWes, que dans 33 le terrible compre qu'il aura a rendre de- 33 vant Dieu d'une aulTi grande adminiftra- 33 tion que celle qui lui eft commife , il 33 lui refte encore, apres avoir pai'e fes det- 33 tes, de quoi fatisfaire pour la votre done 33 il s'eft rendu caution ? Et trouverez-vous 33 l'affurance de votre falut alTez bien fondee 33 fur fa parole, qui vous manque deja fur »3 un point, qui fans dome en dependoit da- 33 vantage ? II vaut mieux, mes ties cheres 33 fceurs, en croire a la parole de Dieu , qui 33 nous allure qu'il n'y a point de Roi, ni de 33 Puiflant qui ofent faire aucune recherche 33 de ceux que Dieu aura perdus, ou s'op- w pofer en rien a la juftice de fon juge- m ment. Ainfi ne mettons point notre con- so fiance en l'homme , car notre falut ne 33 peut venir que de Dieu; & fi nous ne 33 tachons de la (filter par la penitence de 33 nos peche's & par raccompliflement 33 de fes commandemens , e'eft inutile- 33 ment qu'on s'efforce d'afTurer! nos conf-. » ciences par des efperances uompeufes» |
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500 Let. des rclig. de P. R. des Ch.
•» Et vous feriez au hazard , mes tris che-
ss res fceurs , de vous trouver a la fin de 33 votre vie avec aurfi peu de pouvoir de 3) vous defendre de la colere de Dieu , que 33 vous en avez peu aujourd'hui de mainte- 33 nit un droit qu'on va vous faire perdre M avec tous les avantages qui en depen- 53 dent. Pliit a Dieu que vous fu/Iiez du nom- as bre de ceux , au bien defquels toutes =3 chotes cooperent; car fi cela etoit, cette 33 occafion-ci vous deviendroit un fujet de 33 retourner a lui dans votre affliction , & de 33 rentrer dans la jufticeen ne confentant point 33 a une intrufion fi injufte. Vous y etes dcja » obligees par fade de proteftation que vous 33 avez figne avec nous, & qui porteroit te- 33 moignage de votre prevarication , ,fi vous 33 donniez les mains a la perte du plus beau 33 droit d'une communaute reformee. Lafer- 33 mete que vous temoignerez en cette oc- 33 cafion fera voir qu'il y a eu plus de fur- 33 prife que de foiblefTe dans tout ce qu'on »» vous a obligees de faire contre vous juf- 33 qu'a prefent; & nous aurons tant de joie, 33 de voir revivre parmi vous quelque etincel- 33 le du zele de la juftice , que cela nous en- 33 gagera plus que jamais a redoubler notre a> affection & nos prieres envers Dieu pour »3 obtenir une rdunion parfaite entre nous , 33 qui feroit raccompliffernent de notre bon- 3o heur fur la terre & le plus grand gage de la 33 connoiflance de la mifericorde que Dieu 33 nous voudroit faire a toutes dans l'eter- ■» nite. Nedoutez pas que nous ne vouspar- 3j lions avec une veritable fincerite, & qu'en- »3 core qu'il y en eut entre vous , dont les 33 fentimens font fort eloignes de ce fouhait 33 que nous faifons , nous ne laiffons pas de »3 leur pardonner & de les aimer, etant tou- » jours fans changement de notre part, 8cc» |
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5oi
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Certificat de M. Vialart s Eveque dc
Chalons. n I i E s quatre Eveques & les autres ec-
33 clefiaftiques ont agi de la meilleure foi du 33 monde, & n'ont allurement que des pen- j3 fees d'un tres grand zele pour conferver la 33 foi de 1'Eglife & d'une profonde foumif- » fion pour le faint Siege. lis ont condam- 35 ne & fait condamner les cinq propofltions 33 avec toute forte de fincerite, fans excep- 3> tion ni reftridtion quelconque dans tous les 33 fens que 1'Eglife les a condamnees. lis font 33 tres eloignes de cacher dans leur cceuir >3 aucun deffein de renouveller ces erreurs , 33 fous quelque pretexte que ce foit, ni de 33 foufFrir que perfonne les renouvclle & don- 35 ne aucune atteinte a la condainnation qu'en 33 a fait 1'Eglife , n'y ai'ant point d'eccleliaf- 5) tiques qui foient plus inviolablement atta- 33 ches a fa do&rine fur ce fujet (Sc fur tous 33 les autres. 33 Et quant a rattribution des propofltions
33 au livre de Janfenius Eveque d'Ypres, ils 33 ont encore rendu & fait rendre au faint 33 Siege toute la deference & la foumiMion qui. ,33 lui eft rcndue ; comme toils les theologiefls 33 conviennent qu'il la faut rendre au regard 33 des livres condamnes, felon la dodrine ca- 33 rholique foutenue dans tous les flecks par 33 tous les dofleurs ., & meme en ces der- 33 niers tems par les plus grands defenfeurs dc 33 I'aotorite du faint Siege , tels qu'ont 6t6 33 les Cardinaux Baronnius, Beilarmin, de 3; Richelieu } Palavicin, & ks peres Pcteau |
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50i Certificat de M. Vialart
« &Sirmond,& meme conformement al'efprit 35 des Bulks apoftoliques , qui eft de ne dire , » ni ecrire, ni enfeigner rien de contraire a cc »3 qui a etc decide par les Papes fur ce fujet. 33 A quoi ils ont ajoute qu'ils procederoient 3) par les voies canoniques dans leurs diocefes « contre ceux qui manqueront a l'un &a 1'an- sa tre de ces devoirs. - si Nous declarons & certifions qu'a'iant eu
3i communication & connoiffance particuliere » des fentimens des quatre Eveques & de ce m qui eft contenu dans leurs proces verbaux, 3) que la dodtrine qui eft contenue dans cet 33 ecrit eft entierement conforme a celle def- sj dies proces verbaux, & qu'ils ne contien- n nent rien de contraire a cette doftrine. 3» C'eftaufli macreance & celle des dix-neuf 33 Eveques, qui ont exrit a Sa Saintete. Ainfi 33 figne, Fplix Eveque de Chalons & Antoine Arnauld. »■
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Lettre des rellgleufes de P. R. des
Champs a leurs foeurs de. P. R.de Paris pour les inviter a fi reunir a. elles apres la paix de Clement IX. Me s tres cheres foeurs, dans la con-
33 folation & la reconnoiflance ou nous fom- 3i mes de la grace que Dieu vient de nous fai- j) re, n'eft-il pas jufte que vous foyiez les ,33 premieres que nous invitions, comme nos 33 plus proches , felon la parabole de l'Evan- ,33 gile a venir prendre part a notre joie ! <•■> II eft meme fi ne'eeflahe que nous la Palla- s' gions enfembk, que fans ccla elk feroit |
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Let. desrelig de P. R. desCh. 50j
x> imparfaite ; puifque le bonlieur de la paix jj qui eft uu des fruits de la charite, confifte 33 dans l'union des cceurs , & que ceux que 3> Dieu a joints aufli etroitement que les 116- 33 tres, doivent etre incapables de fe (Sparer 33 jamais par aucun interet hurnain. C'eft , 33 mes cheres foeurs, ce que nous eprouvons 03 en nous-memes, n'ai'ant rien perdu de l'af- 33 fedtion que nous avons pour vous toutes , 33 nonobftant votre eloignement. & l'impuif- 3> fance od nous avons ete jufqu'ici de vous 3> en donncr des preuves. Il vous fera facile 33 d'en faire 1'experience quand vous voudrez; 3= car il ne tiendra plus qu'a vous deformais 33 que nous ne faffions qu'un mcme corps , 33 comme nous fommes nourries d'un rneme 33 pain ; & pour vous avouer la verite, notre 33 retabliflement ne nous donneroit qu'une 33 confolation fort imparfaite , fi nous ne re- 33 trouvions pas tout ce que nous avons quitte 33 & que nous avons toujours aime dans le 33 lieu od vous etes, c'eft-a-dire toutes les 03 pcr&naes a qui Dieu nous avoit unies, 8c 31 dont la reparation a toujours ete la plus 33 fenfible de nos peiues. Nous vous ferions » tort fans doute , mes tres cheres fceurs, ft 33 nous vous croyions capables de n'etre pas 3) dans ces memes fentimens a notre egard. 33 Cette inclination de la charite", qui tend 33 toujours a l'union & qui apprehende la di- ss virion , eft dans les ames comme dans les « corps la marque la plus certaine qu'elles vi- a> vent 5 & Ton pourroit afTurer qu'une per- 33 fonne feroit deja morte qui n'auroit nul 33,fentiment de douleur , quand on fepare ua 33 de fes rnembres. Mais ce qui pourroit bien 33 etre arrive fans que vous eulTiez certe de » nous aimer, c-eft que Ton vous auroit don- |
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$04 Let. des relig. de P'. des Ch.
3> ne de nous des impreflions fauffes, en vous » faifant croire que tout ce qui s'eft palfe dc- « puis ces dernieres affaires, nous auroit re- 33 froidies divers vous, &c que nous ne pour- 33 rions plus vivre enfemble dans la meme 53 union qu'autrefois & fans conferver quelque =3 fouvenir des chofes paffees, qui feroit r> aux unes & aux autres une occafion conti- 33 nuelle de peine & de troubles. Sur ce point, »j mes cheres feurs , vous nous feriez injuf- 33 tice , fi vous ne nous donriiez pas plus dc 33 cteance, qu'a toutes les ■perfonnes qui pour- 33 roient vous avoir prevenues de ces foup- >3 cons fans fondement. II n'y a que nous- 33 memes qui fachions ce qui eft dans notre 33 cccur, & nous vous affurons devant Dieu, •» qu'il eft tout rempli d'affeftion & de tendref- 33 fe pour vous, que le comble de notre joie 33 feroit de vous embraffer toutes, & que ce 33 que nous fouhaitons avec plus d'ardeur eft 33 de voir nos mines reparees par votre reu- 33 nion ; jufques-la que pour ne pas faire dif- 33 fkulte a votre retour, nous n'en ferious 33 pas de recevoir avec vous celles que vous « ne fauriez plus abandonner, & que nous 33 aimerons comme nos verirables foeurs fi =i nous reconnoifTons qu'elles font de verita- 33 bles religieufes. Trouvez bon que nous 3» les en ailurions ici elles-memes, afin qu'el- 33 les commencent a nous connoitre par ce te- J3 moignage que nous leur rendons de notre 33 coeur & qu elles puiffent fe porter enfuite a 33 faire un choix qui leur foit avantageux. 33 Car apres avoir confidere les obligations de 33 la charite & le danger qu'il y a d'introduire 3> la divifion oii Dieu avoit etabli de tout 3> terns une union fi parfaite , il eft pcrmis oj audi de rcgarder avec prudence, quel eft |
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a kars fcenrs de Paris , &c. f o 5
» le parti que Ton prend en fe feparant, &
»ii 1'on ne fe jette point dans les difficultes » & k-s embarras qui ruinent taut de commu- m nautes, dont l'etabliffcnient n'eft pas affii- « re. II y auroit meme fujet de craindre que « cette ctmduite nc donnat lieu de juger 33 nioins favorablement de celle que vous 33 avez tenue dans l'affaire qui nous a fepa- » rees ; puifque toutes lcs raifons, dona *> vous pouviez tirer avantage alors, ne fub- »fiftantplus, comme tout le monde le voit 33 clairement, on pourroit peut-etre attri- 33 buer a d'autres intetets qu'a l'amour de l'o- 33 bei(Tance,ce qui vous a portees a vous divi- 33 fer ; au lieu qu'il n'y auroit perfonne qui j3 ne flit cdifie; de voir parmi nous toutes cet- 33 te charite fineere par laquelle Jefus-Crhift a 33 voulu que Ton difcernat fes difciples, & qui »3 paroitroit vifiblement en cette occafion , nilcii meme-rems qu'une caufe extericure »3 cefle, qui nous avoit fait violence en »3 nous ftparant, nous reprenions comme na- 33 turellement le cours ordinaire que nousdon- 33 ne la pente de notre cceur, qui va toujours 33 a nous unir de corps & d'efprit, pour nc 33 faire toutes enfemble qu'un feul ccenr, une 33 feule ame & une meme communaute, com- 33 me Dieu nous a jointes par fa charite dans 33 une meme vocation & une meme efperan- 33 ce. Nous ne pouvons douter que le fouhait 33 que nous faifons, ne foit fort jufte, puif- 33 qu'il eft conforme au deifein de Jefus-Chrift 33 qui n'a donne fa vie, qu'afin de reunir les 33 enfans de Dieu , qui etoient difperfds , 8C 33 ralTembler dans une feule bergerie & fous ir> uh feul pafteur toutes fes brebis rachetees 33 de fon fang. Mais de votre cote1, mes tres »j clieres fceurs, vous ne pouvez non plus Tom VI. Y
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jo<j Let. des rel'ig. de P. R. des Ch.
35 douter que M. l'Archevequc notre commun *> Superieur n'agreat fort de vous voir dans ce '> fentiment. II eft pere, comme ii nous l'a 3? ditplulieurs fois; & en cette qualite il ne =) fauroit qu'il n'ait de la douleur de voir la =» divifion parmi fes enfans. Mais Ton peut 33 dire qu'il adeja commence a y retablir la 3j paix , lorfqu'il r.ous a rappellees a la parti- 33 cipation de la meme table , pour manger 33 enfemble cet Agneau divin qui a reconci- 33 lie le ciel 8c la terre, & qui s'eft rendu dans 33 ce Sacrement le figne de I'unite des fideles, 33 & le lien de la charite qui les unit entr'eux 33 & avec Dieu. Apres cela, quel pretexte nous 33 refteroit-il encore, pour nous feparer les 33 unes des autres ; &c tout le monde n'auroit - 33 il pas plutot fujet de s'etonner que Diea 33 aiant pacifie fi heureufement les troubles 33 qui agitoient l'Eglife de prance, il ne fe » trouvat qu'entre nous de la difficulte a 33 nous reunir ? Ce que nous pouvons vous as affurer , mes cheres foeurs, c'eft qu'elk ne 33 vicndra jamais de notre part, & que nous 33 aurons toujoursla plus grande joie du mon- 33 de de vous pouvoir temoigner encore plus 33 par des eflets que par nos paroles , que 33 nous fommes fans changement & avec une, 33 affe&ion ties finceie, &c. |
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TABLE
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5°7
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TABLE
ALPHAB ETIQUE
DESPRINCIPALIS MATIERES
Conunues darts cefixieme Tome.
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oppofition a l'intrufion
de la foeur Dorothee Perdreau , 190. Elle ^crit a Madame de Longueville pour la remercier de fes foins a procuter la paix dc l'Eglife, 577. Arnauld ( M. Antoi- ne ) Dodteur de Sor- bonne, II a part a 1'accommodement des quatre Eveques, 344. 11 fait le projet de la lettre des quatre Eve- ques au Pape, 349. Il dcric a M. l'Eveque d'Alet pour le porter a figner la lettre au Pape, j jz II rend vifite an Nonce, 3^7. Le Roi tdinoigne de l'envie de le voir, 369. II eft ad- mis a l'audience du Roi, fon compliment, Yij , |
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Ndilly ( Ange-
lique de faint Jean A maul J d' ) Elk eft calomniee par la fceur Tlavie, elle fe juftifie, io. Elle convainc d'ignorance M. Pou- piche confefleur des convevfcs, nz. Elo- ge qu'elle fait de la four Antoinette Le gros, 144. Son en- tretien avec M. de longueval, 1/4, i$6, 159. Son entretien avec M. Bail, 137 ,. 24;. Ses fentimens fur les projets H'accom mo- dement, 584. Arnauld ( Agnes )
Elle tombe malade , on demande un con- felTeur pour elle, 117. On refufe de lui en cnvoier un, 195. Son |
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5©8 TABLE DES
37z. Sa lettre aux re-
ligieufes de P. K.. pour les determiner a figner une requete a M. de Perefixe 388 , &c. B
JtlAa ( M. ) II re-
f u'.c les Sacremens a
la Ioeur Eugenie Bou- logne, Son entretien avec les religieufesen eette occafion , 135, &c. Aveu qu'il fait a la four Angelique de faint Jean , 138,14J. Baudri ( M. Antoi-
ne ) de faint Gilles d'Aifon ; fa conver- fion , fa retraite, fon occupation a P. R. des Champs, fa vie aufte- te, fa mort, 487 , &c. Beauclair ( Antoi-
nette de faint Jofeph de) religieufe de P. R. Sa mort, 477. Bochard ( foeur Liee
Madeleine de fainte Elifabeth ) de Cham- pigny, veuve Chazay, religieufe de P. R Sa vie edifiance dans 1c mondc ; elle prend Fhabit a P. R. fa fer- veur dans la religion, fa mort fainte, 48j, 48$. |
MATIERES.
Boulogne ( four
Anne Euffenie ) de faint Ange , reli- gieufe de P.R. Sa naif- fance , fa piete des l'enfance , fon mana- ge, 203. Sa vie a la Cour, 20 J- Elle fe retire en Baffigny , 206.Ses liaifons, 107. Elle fe met fous la cou- duite de M. de faint Cyran , 105. Elle ga- gne fon mari a la pie- t6, no, Elle forme le defir d'etre religien- fe, & 1'execute, 2 1 r, Hz. Sa vie dans le eloitre, 113. Sa cap- rivite dans le monaf- tere de fainte Marie de Cbaillot, 114. On lui accorde les Sacre- mens , enfuite on les lui refufe , ir6, Sec. Les fignatures de fes fours lui percent le coeur, 116,117 , it8. Elle penfe a changer dediocefe , mais eile eft arretee par la crain- te de ne pas fuivre en eefa la volont^ de Dieu, 217,118. Elle ecrit 8t ilgne fes der- nieres difpofitions , iii,&c.EUeobtientla communion en fe fer* |
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MATIERZS. f69
pleflls de la ) Grand- Vicairede Paris. Billet indecent qu'il ecrit a P. R. des Champs , en envo'iant une nouvelle tourriere, 6j Ordre indecent qu'il fait don- ner a un Vicaire de S. Mddaid envo'ie a P. R. des Champs pour confefler, par un Gar- de du Roi, 1 i3 , 134. Difcours qu'il fait aux religieufes en lesreta- blirfant dans leurs droits de la part de l'Archeveque , 396- 406.Il vaaP. R. pour favoir fi on recoit des novices, 456. Burie ( M. de la )
Exempt des Gardes ; il fuccede a M. de S. Laurent; il declare aux religieufes que M. de Perefixe lui a ordonne d'entrer dans leur clo- ture , 164. II refufe de remettre une lettre des religieufes a M. Colbert Miniftre d'E- tat, i6f. Dcftrele-- vi a P. R. par un £- xempt du Grand Pre- vot , 166. Entretien qu'il a a ce fujet avec M, de Perefixe , 167. y iij
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TABLE DES
Varit du terme d'indif ■ ference comme avok fait la mere Agnes , (es inquietudes fubites fur ce fujer, i.t.6, &c. EUe fort de Chaillot pour aller a P. R. des Champs, fa joie en revoiant la foeur Euf- toquie, ijo, 151. Ses difpofitions en rece- vant une lettre affli- geante de fon fils afne, 2.31. M. Bail lui re- fafe les Sacremens , belles reponfes qu'elle lui fait, 235, Sec. Ses fentimens & fes dif- pofitions a l'article de la mort, 24?^ &c. El!e recoit une lettte de fon fecond fils qui la remplit de confola- tion , 147. Sa mort fainte, 149. Service c&ebre pourelle al'E- glifc de faint Yves , 149. Son (Sloge par M. d'Andilly, 202. Bregy ( fceurEufto-
quie de Flefcelles de ) Elle tombe mnlade , 117. EllcefTuie un re- fus de Sacremens de la part du fieur du Sau- •gey, &du fieur Pou- piclie, 119 , 120. 1 Branetiere (M. Du- |
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Jlo TABLE DES
C
\^v Hampa gne
( fceur Catherine de fainte Suzanne) les Sa- cremens lui font refu {is en maladie par un Vicaire de faint Mi- dard , 13;. D
D
U p r e' ( foeur
Marguerite de fainte Genrnde ) On lui re- fufe les SacretiKns a la mort> fes fcntimens chretiens, fa niort , 91, &c. On lui refufe la fepulture ecdefiafti- que,96, &c. E
JCjVesques ( affaire
des quatre ) 31 8. Con- dune difference des Eveques de France par rapport a la Signa- ture du formulai- je d'Alexandre VII , 319. Mandemens de Meilieurs d'Alet & dc Beauvais , 310. Man- dement de M. d'An- gers , 311. Intrigue des Jefuites conrre les |
MATIERES.
quatre Eveques , 31*. lis font demander an Pape par Louis XIV des commifTai res pour faire leurproces, 313. Reponfe du Pape, 314, Mort d'AlexandreVII, fon decret contre la neceffite de 1'amour de Dieu, 317. Dix- neuf Eveques ecrivent vigoureufementa Cle- ment IX en faveur des quatre Eveques , 318 , &c. Les memes e'erivent au Roi fur le meme fujet, 331. Ar- ret renJu contre cetce lettre ; vigueur de M. de Chalons pour la foutenir, & la caufe des quatre Eveques , 331, 3;f. Lettre cir- culate des quatre Eve- ques , 3 3 4, &c. Obf- tacles a la paix, 3 j8, &c.Negociations pour 1'afFaire des quatre E- veques, 341, &c. Pro- jet d'accommodement, 344. Le projet eft communique aM. d'A- let , qui y met des conditions; Meffieurs d'Angcrs 5c de Beau- vais l'approuvenr , 34f, 34S. Heft com- munique! au Nonce * |
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TABLE DES
547. Projet de la let- tredesquatre Eveques au Pape , 349. Rome fe prete a l'accommo. dement, 3 49. Le Non- ce approuve 8c para- phe la lettre au Pape , 350. Repugnance de M. d'Alet pour figner cette lettre 5 il la figne enfin , 351, 353. Let- tre des quatre Eveques au Pape, 353 , &c. Joie du Nonce , 558. Les Prelats mediateurs ont audience du Roi qui les felicite, 359. Le Nonce eft admis a l'audience duRoi, 3 60. Plaintes du pere Annat au Nonce & au Roi ; reponfes qu'il en re- coit, 360 , 361. Les quatre Eveques font figner le formulaire en diftinguant le fait du droit dans des proces verba ux , 361 , &c. Rome fait quelques nouvelles difficult^ qui font levies, 364. Paix conclue ; joie qu'elle repand , 3«$. Le Pape ecrit aux qua- tre Eveques , $66. Le Nonce affiire le Roi que le Pape eft fatisfait 367. Arret duConfeil |
MATIERES jit
d'Etat pour niain'.enir
la paix ; le Roi eciit aux quatre Eveques , 373. Medail'.e frap- peeau fujet de la paix, 411 ; voiez aufli la note page 411. F
JF Argis ( la mere
Marie-Madeleine du ) Sa naiflance , fon edu- cation, 46}. Elle veut entrer en religion ; M. fon pere s'y oppo- fe j fa conftance a ce fujet; elle prend Fha- bir a P. R. , 4(16, 467. Elle eft faite Prieure de P. R. des Champs', fon courage & fa fer- metc dans le terns de la perfecution , 467, 468. Elle eft elue Ab- beffe 465 , 469. Sa lettre a M. de Paris fur fon election, 469. reponfe qu'elle en re- cent, 472.. Elle Merita M. de Paris au fujet des novices qu'elle a recues, 476. Fontaine ( la mere,
Eugenie ) religieufc de laVifitation , geo- liere desreligieufcs de P. R. de Paris : pr£- Y jv |
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5ir TABLE DES
tendus reglemens qu'- elle fait faire a M. de Pavis; elie s'ea retour- ne dans (on couvent , 16, 17, FofK ( fear Mel-
thide du ) Elie aban- donne !a fceur Doro- thee pour fe foumettre a fes Supcrieures legi- times , 439. Elie de- mande pardon a la •communaute de fa fe- paration, 444. Elie xecra&e la fignature du formulaire)44j. G
VJTOndrin ( M.
de ) Archeveque de Sens ; il confent avec plaifir a recevoir dans fon diocefe la com- munaute de P. R. , $08. Heft un des dix- neuf Ev£ques qui c'cri- vent a Clement IX , 331. Ileftun desme- jiateurs de la paiz de Ck'ment IX; fa nego- ciatien, 341 - 359, 3*7- Goulas ( foeur Ca-
therine de faint Paul) Elie ale malheur de fi- gner le formulaire die rcpare fa faute , |
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MATIERES.
178, 179. Elie <fa* mande d'etre transf£- rieaP R. desChamps avec fes feurs fideles, 180. Elie y demande pardon & penitence de fa faute en pieia cbapitre ,181. Elie eft privet des Sacremens a la mort, fes difpoft- tions, 181 , Sic. Sa mort , 185. Elie eft privee de la fcpulturc ecclefiaftiquej 187. Grenet ( M. ) Cure'
de faint Benoit a Pari* dl donn£ pour Sup^- rieur aux religieufes de P. R. 460. Actions eclatantes de ce bon pafteur , 460, 4*1, Sa relation de fon en- tretien avec M. de Pe- refixe fur les religieu- fe,s de P. R. 4<5i, &c. Il vaaP.R. pourpr£~ fider a l'eledion d une AbbeiTe, 4.6}. H XxAmeiin ( M. )
Contr61eurg£neral des Ponts & Cnauflees ; donne retraite chez. lui a M. Arnauld per- feaite') entre dans la voie ctroitc, f* motr,. 417- |
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TABLE DES
Hillcrin ( M. ) Cu- re1 de faint Merry a Pa- ris,eft touche de Dieu, quitte fa cure , fe re- tire dans la folitude , fa vie penitente , fa mort, demande a ecre entene aux pies de M. de faint Cyran , fori coeur eft pone a P. R. des Champs , 479 , 4S0. Hodencq ( M. )
eft envoie a P. R. des Champs pour confcf- fer, fon enrretien avec les religieufes , 195 , &c. Hucqueville ( M. )
fa pi£ce des l'enfaoce , 4S1 ; il returnee au monde , 481 , 483. H rncurt a P. R., od il eft inhume , 48 4, L
JLEcerf (fceur Can.
dide ) refiife de si- gner pour rece voir les Sacremens , paroles fages qu'clle dit en cet- te oceafion, i94> ivS- Legros ( fceur An- toinette de faint Au- guftin ) refus tju'ao lui fait d'un confeffeur a la mort, 137. Scs |
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MATIERES. ri?
difpofitions a cet <?gard
158. Son horreur pour le formulaire , 139 , 140. Elle fe charge de porter au tribunal de Dieu differentes de- mandes de fes faeurs , fa mort, 141. Lafe- pulture ecclefiaftique lui eft refufee, 141. Son <£loge par la foeur Angeiique de S. Jean ,, »45-
Ligny ( Madeleine
de fainte Agnes de ) Abbeflede P. R, fait demandcr a M. de Pe- refixc un Pretre pour confelFer une conver- fe , & enterrer une re* ligieufc , elie eft re - fufte, 95 , $6. Elle prend la refolution de reprendre le chant au choeur malgre la <3e- ftnfe de 1'Archeveque, 118 , 119. Demaridc* quelle fait faire a M. de Perefixe , 8c qui font refuftes , itfi '> X 6z. Son enrretien avec {'Exempt d» grand Prevot, elle re- Fufe de lui donnet les clcs de cloture , 171 , &c. Sondifcours aux religieufes fur la noa- velle de la paix , 37*, Y v
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514 TALE DES
Sec. Elle demande un
Superieur a M. de Pa- ris, 4fS. Elle deman- de 1'election d'uneAb- be/Te pour fe de"char- ger de Con cicrc, 4j 8. Ligny ( M. ) Eve-
que de Meaux , folli- cite aveczele la trans- lation des religieufes de P. R. dans le dio- cefe de Sens,3 06. Son eftime pourP. R. 308. II va a Port-Ro'ial des Champs pour rendre compte de cette affai- re, 309. Entretien de M. de Meaux avec M. dePerefixe fur la tranf- Iation, jii, &c. Longueval ( M. )
Pretre Eudifte envo'ie pour confe/Teur a P. R. des Champs , il y refufe les Sacremens, I)T , Sec. Son entre- tien avec les religieu- fes, 1J3, &c. Second entretien, 157 , &c. Longueville ( Ma-
dame la Ducheife de ) Salettre a la mereA- gnes fur l'injufte no- mination de la four Dorothe'e a l'Abbai'e dePR. 197. Les nego- tiations pour 1'aceom- rnodement des quajre |
MATIERES.
Eveques fe font a fbs hotel , 344. Elle ecrit a Clement IX en fa- veur des religieufes de P. R. ,344. Ibid. note. M
M
(le pere ) retraitc la
fignature qu'il avoit faite plufieurs fois du formulaire & depofe fa retractation aux ar- chives de P. R. des Champs, 452, Michelle fecur con-
verfedeP. R. Les Sa- cremens lui font refu- C6i par le fieur Poupi- che, pourquoi, 119. &c. On les lui admi- niftre, 133, 145. Sa mort, 14/. Minime/fes (les re-
ligieufes ) d'Abbeville trait de lew hiftoirej Z41. P
X A s s a r t ( four
FJavie ) fon caracte-' re, 4. Recue religieur fe de P. R. comment, j. Sa trahifon, 6 , 7. Elle eft canfe de l'exil de Mademoifelle de Roan nes , 8. Sa tra- |
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TALE DES
hifon eft decouverte , 9. Elle calomnie la fceur Angelique de S. Jean, 10. Charite qu'on a pour elle, 11. Mauvais traitemens qu'elle recoit de la fceur Dorothee , 1 8. Pavilion (M. )Eve-
qued'Aletjlettrequ'il ecrit au fujet des religieufes de P. R. en captivice dans leur monaftere, 106, Sec. Comment il fait figner le formulaire d'Ale- xandre VII, jzo. On veut lui faire Ton pro- ces, 313 , &c. Il met des conditions au pro- jet d'accommodement qu'on lui communique 34J , 346. Sa repu- gnance pour figner la lettre au Pape, 352. II la figne, 355. II fait figner de nouveau le formulaire , com- ment, 361. Perdreau ( foeur Do-
rothee ) Elle eft dlue Abbeffe centre route regie ; fa comluite ir ■ regnliere, 14, ij, 17> 18. Elle fait des no- vices , X73 , &c. Elle les admet a profeflion, 176, &c. Elle eftnom- |
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MATIERES. irj.
m£e Abbeife titulaire
de P. R., 179. Elle ob- tient fes bulles de pra- vifion , 184. Elle te- moigne quelque fcru- pule paflager 011 feint de fon intrufion, z88, 189. Elle envahitl'Ab- bai'e de P. R. 191, &c. Fraieur qu'elle a que fes meres & fceurs des Champs ne reviennenc apres la paix ; elle eft ratfuree par M. de Pe- refixe , 414. Elle eft convaincue de faux emplois des biens de P. R. 419. Elleenvoic une efpionne a P. R. des Champs, 448. Petefixe (Hardouin
de Beaumont de ) II obtient un ordre pour faire exiler Mademoi- felle de Roannes , pourquoi, il le fait re"- voquer , 9. Son def- fein pour faire e^Iire une Abbefle, it. II fait &ire contre les re- gies la foeur Dorothee 13. II fait de preten- dus reglemens a P. R. de Paris. l<. Il char- ge par fentence cort- tre toutes les regies la foeur Dorothde , dc 1'acUniniftratioa Ac Y vi |
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-ji<? Table des
tous lcs biens, jo, &c.
II fait confirmer fa fentence par un arret de Confeil, jj. II en- vois a Port- Ro'i'al des Champs une nonvelle tourriere , <5o. II of- fre aux religieufes de P. R. des Champs des Auguftins & des Ber- nardius pour confef- feurs . mais a qui il jmpofe des conditions j6. II letir refufe de fai re les ceremonies Je Ja Semaine fainte, go. Billet du Prelac aux religieufes , faulTe ap- plication d'un paflage de faint Leon qu'il lent fait, 84, &c. II refufe les Sacremensa la fceur Gertrude Du- pr^ 91. II lui refufe la fepultureecclefiaftique $6. II donne pouvoir a un Vicaire de faint Medard de confeflcr & d'adminiftrer le S. Viatique a des reli- gie malades, mais fous la condition de la (i- gnaturc , 117. II leur en voie un Eudifte pour confefleur , rjr. Sa l£ponfca quelques"de- mandes des religieufes 161. Ilaatorifc&or- |
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MATIERES.
donne meine le vio- lement de cloture des religieufes, 16;, 164. Les religieufes lui en font donner avis, la reponfe, 177. II re- fufe un conrefTeur a la mere Agnes, 199. II refufe pluficurs fois la communion a la fceur Anne Eugenie Boulo- gne , exilee a fainre Marie de Chaillot , xi7 , Scr.. II refufe la grace du Jubile aux religieufes de P. R. , it3, &c. Lettre qu'il recoit de M. de Pont- chateau en faveur des religieufes, z$6 , &c. II fait nommer par le Roi la fceur Doroth^e AbbefTe titulaire de P. R. 179. Ses difpofi- tions fur le projet de la traflation des reli- gieufes de Port-Roi'jl des Champs dans le diocefe de Sens, jotf. Son entrecien avec M. de Meaux a. ce fujer , 5 11. II dreffe lui-m$- me la requite par la- quelle les religieufes de P. R. demandene leur r^tabliirement , j 81. II envoie fon Grand - Vicaire pour |
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TALE DIES MATIERES. ji7
les retablir , 596. Sa des religieufes de P. R.
femence pour ce reta- lllui fait l'eloge des re- btiuement, 59?, &c. Iigieufes,i56. Illuire- II promet aux dif- pieTente l'injtiltice dc coles de ftpaier les faeondukealeiiregard deux maifons de P. R. iy8 , 159. Lui donne 414. II engage le Roi des moiens de fe tirer a donner un arrSt qui d'embarras, k;o. Des partage lesbiens, 4?o. avis fur ce qu'apres 11 envoie a P. R. des avoir refufe" l'Arche- Cliamps fon Grand- veche de Paris il l'a ac- Vicaire pour favoir fi cepte , 161. Deplore on y recoit des novi- fon malheur d'avoir ces , 45<f. Il donne til choifi pour ddtrui- M. le Cure" de faint re une maifon faintej Benoit pour Srtperieur i6i, &c. II refute les a P. R. fon entreticn raifons qu'on allegue avec lui , 460 , cVc. pour joftifier la con- Sa lettrea la mere du duite du Prelat, itff. Fargis fur fon elcc- Image qu'il fait dela- tion , 471. Reponfe tat aftuel de P. R. , ebligeante qu'il fait a 166. II tache d'atten- la mere Agnes, 475. dtir le Prelat fur l'etat Perruis M.Pierre) des religieufes, 167. d'Eragny de la Riviere Port-Roial; etat dc folitaire de P. R. , fa P. R. de Paris eni6*4, niort, 171. 1 , 1. Quelles font les • Piet ( M. Hitaire ) religieufes qui ont fu-
ll eft charge de procu bi le joug de M. de ration pour agir au Perefixe, 3. Charite; nom des religieufes de des religieufes de P. P. R.,66. Ses difK- R. desCnamps pour la lenres d-marches pour fa:ur FlaviePaflart qui empecher la fepara- les a trahies , 11. Les lion des deux maifons religieufes de P. R. dc de P. R., 4* J , &c, Paris ellfent contreles Pontcbareau ( M. regies uneAbbefTe, 13. rAbbdde')ll<?critaM Les religieufes de P. de Perefixe en faveurR. desChamps s'oppo- |
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TABLE DES MATIERES.
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yi.8
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feat a cette eledion
zo. Leur acle d'oppo- fition , ii, &c. Leur lcttre a M. de Perefi- xe en lui envmaiit cet afte ,53, &c. Leur lcttre a la Sr.Dorothee fur fon intrusion, 36 , &c. proces ve rbal fur cc qui s'eft pafK dans re- jection de la pretendue ■AbbefTc, 41, &c. R<£- ponfe qu'elles recoi- vent de M. de Perefi- xe par M. d'Arfac un des gardes, ce qui fc die par l'Exempt des gardes & par les reli- gieufes , 44 , &c. El- ks fe plaignent de. la conduite qu'on tient a leur egard, reflexion fur cette conduite, 46, &c. On leur ote l'ad miniftration de leurs biens, jo, &c. On leur fignifie un arret du Confeil du Roi qui au- torife cette ufurpation, ce qui fe pafle a cette occafion, 5j,&c.Con- duite des religieufes !ors de cette injuftice: j8. On leur donne une nouvelle tourrie- re , elles s'y oppo- fent , 60, Sec. On leur envoie une troi- iieme tourriere, bil- |
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let indecent icth en
cette rencontre par un Grand-Vicaite , les re- ligieufes proteftent contre cette nouvelle injuftice , 6/ , &c. El- les donnent procura- tion a M. Hilaire Pier, pour agir en leur nom 66. Scandale donne a P. R. par le fieur du Saugey a la morr d'un gentilhomme qu'on y nouriffoit par charite, 6%. Les religieufes ap- pellent de nouveau de toutes les injuftices &c violences cxercees a leur egard 68. Elles demandtnt la commu- nion pafchale , proiet de lettre a ce fujet , l'Exempt des gardes re- fufe dc s'en charger apres l'avoir d'abord promis, 69 , &c. El- les la font demander de vive voix a M. de- Perefixe par M. Hi- laire, reponfe qu'el- les en resolvent, 76. Rfylique des religieu- fes aux ofltcs de M de Paris fur les confef- feurs qu'il veut leur envoier, 77, &c. On leur refufe les chimo- nies de la Semaine faintc, fanatifmc fcan- |
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TABLE DES MATIERES. si9
daleux du fleur du Leurs demarches pour
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obtenir les Sacremens
pour plufieurs fceurs malades , 1 ij , &c. Horreur qu'elles ont pour la condition qu'on exigeoit des malades, 119 , &c. Elles proteftentcontre, cette conduite fchif- matifque , 116. Elles prennent la refolution de chanter tous les jours l'office au checur 127 , &c. Billet des religieufes de P. R. an fleur du Saugey pour lui demander quelle conduite il tiendra 1c jour de Noel au fujet de 1'ofEce , reponfe qu'elles en recoivent, 146, &c. Leur pro- ces verbal touchant la conduite irn!gulierc du fieur du Saugey a leur egard ,148. Leur vue dans les proces verbaux qu'elles dref- fenr, 149. Leur entre- tien avec un Ptctre Eudifte nomme Lon- gueval , ijz , &c. Autre entretien avec le meme, eftime qu'il t^mois;ne avoir pour les religieufes , 1^7. EcIaircifTement qu'on lui donne fur certains mo'iens done les re,U- |
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Saugey en ce terns
8o,&c. Ellesrecoivent unbilletdeM.de Pere- fixe , fauffe applica- cation faiteparce Pr^- lat d'un pafTage de S. leon aux religieufes de P. R. 84, &c. Elles prennent la refolution de chanter Poffice le jour dePaquedans Ieur Eglife, 88, &c. Elles celebrent l'anniverfai- re de leur reunion 91. Onleurrefufepourune de leurs fceurs un con- feffeur & la f^pulture ecclefiaftique, 9i,&c. jfi.&c. Elles chargent leur fceur defuntc d'u- ne procuration pour porter leur affaire au tribunal deDieu, 100, &c. Elles font elles- memes l'enterrement de leur fceur , ioy. Louanges donndes a la conduite des religieu- fes par M.d'Aler, 106. Condition propose aux religieufes pour avoir la Hbertd d'en trer dans leur jardin, re'ponfe des religieu- fes a cette proposi- tion , 110, Sec. On permet aux religieufes rje prendre fair dans Jeur jardin, 114, Sec. |
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jio TABLE DES
gieufes s'etoient fervis pour fe procurer des fecoiirs temporels & fpirituels, 158 , Sec. Differentes demandes qu'elles font faire a M. de Perefixe , reponfe qu'elles en recoivent, 161, 161. Elles drcf- fentun projetde lettre pour M. Colbert Mi- niftre pour l'initruke de leur fituation , l'E- xempt des gardes refu- fent de la lui preftn- ter , 164, 165. Onles fait garder par des ar- chers, 166. Elles pren- nent des mefures pour retablir leur cloture , Elles y travaillent el- les-memes , 168, tec. le nouve!Exempt leur fignifie fes ordres, me- naces qu'il leur fait , 171, &c. Les archers forcent la porte de cloture & fe rendent maitres du jardin,i74, &c. Les religicufes en font; donner avis a M. de Perefixe, fa repon- fe, 177. Elles dreffent tin a£te pour rendre t^moignsge des der- niers fentimens de leur fceur Catherine de S. Paul Goulas, 184, &c. Elks appellent du re- |
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MATIERES.
fus des Sacremens fait a la foeur Catherine de faint Paul & de la violence commife par les archers, 188. E- trange fituation des religieufes , 188 , Sec. Leur reponfe a un bil- let impudent du fieur du Saugey , 190. De- mande dun confeffeur pour les converfes Sc pour pltifieurs mnlades 193, i</8. Entrctien des 1 eligieufes avec M. Hodencq envois de M rArchevei]ue,i<)4> &c. On leur annonce lejubile, ileftdefen- du a M Rey de leur donner la bulle & lc roandement de l'Ar- cheveque, 151. Lilies demandent a M. dc Perefixe la grace du Jubile1 ; elle leur eft refufee , zji , Sec. Leur eloge par M. dc Pontchateau. 15 6, Sec. Elles demandentlenco- re inutilement la com- munion pafchale,z68, &c.Pertesqu'elles fonc par la mort de plufieurs perfonnes qui etoient attachees a leur fervi- ce , 171 , &c. Elles appxenncnt la nomi- nation |
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MATIEREi fit
Eiles recoivent la nou- velle de la paix de l'E- glife, 378. On tra- vai !le a leur accommo- dement , repugnance u'elles ont pour fairc e nouvelles demar- ches, 380, &c. Elles temoignentde !a peine a figner une requete a M.'l'Archeveque, 386 Elles recoivent une let- tre de M. Arnaulda ce fujet , 388. Requete des religieufes a M. de Perefixe, 595, Sic. Elles font nkablies , 396 , &c. Mefle fo- Iemnelle enaclionsde graces, 408. Leur in- nocence eft reconnue par leur retablirTement 408. Difpofitions des religieufes pour leurs foeiirs difcoles apres la paix , 413 , ice. Part que les gens de bier* prennent a leur re"ta- bliiTement, M. I'Eve- que d'AuIonne leur efcrjt a ce fujet, 417 ,.' Elles lui font reponfe , 419. Elles ecrivent aux quatre Ev£qnes, 419. M. le Cur^ de Magny va en proceflion a Pi R. 4*i. Pfufieuts peY-' formes prevcnue* con- Z |
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TABLE DES
nation de la faeur Do- rothee a l'Abbai'e de P. R. Elles en pottenc leur plainte, en appel- lent de vive vaix , font un adte d'oppofi- tion a cette nomina- tion irr£gu!iere, & le font tenir a leurs fceurs difcoles avec line lec- tre furcefujet, i8; , Sec. Elles font enregif- trer leur oppofition au Grand-Confeil & fi- gnifier au Procureur general , 195. Leurs parens s'oppofent aux entreprifes de la fceur Dorothee, 19 f. On projette de les transfe- rer dans le diocefe de Sens, 199. On leur propofe ce projet .• re"- ponfe qn'elles font , 300, &c. Leurs parens etemandent ia tranfla- tion, 3Of. M.de Sens 8c M. de Meaux la de- firent, M. de Perefixe s'y oppofe , 3 06, &c. M de Meaux fait voir aux religieufes la re- trace par ta querle elles doivent dfemander leur tranflation; conditions auxquetles elles la fi- gnent, 30?, fio. Ce projet n'a pas Heu, j 1 f. Tome VI. |
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MATIERES.
envoie line fceur pour fervir d'elpionnej elle eft conftamment refu- fee, 44S. Etat de P. R. des Champs pen- dant lc calme qui fui» vit la paix ; il refteurie de nouveau, 448 , &c. On y envoie en depot plulieurs retractations' du formulaire , 451. On accufe ies religieu- fes de contravention a une declaration da Roi, reponfe qu'elles font auGrand-Vicaire de M. de Paris a ce fu- jet, 45j,8ic. Elles de- mandent un Superieur a M. de Paris qui nom- ment le cure1 de faint Benoit,4j8, &c. Elles clifent une Abbeife , 465. Elles re^oivent des novices, 473. Per- tes qu'elles font par la mort de differentes. perfoimes, 476 , Sec. Poupiche ( M. ) Exhortation qu'il fait a une converfe en lui adminiftrant les Sacre- mens,n<S. Refusdes Sacremens qu'il fait a plufieurs malades, 119, SCc. II eft convaincu d'ignorance, 112. Son fauatjfinc , lif, &e |
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ft% TABLE DES
trc ellcs changent de difpofitions a leur e- gard , 4iz. On fepare Tes deux maifons de P. R. 414. Commif- faircs nommes pour f'aire le partage des birns, 416, &c. Arret du Confeil donne a cet effet, 430. Les reli- gieufes protcftent con. tre la reparation, 431, Sec. Elles font unade au fujet de cet arret , 434, Elles font obli- gees de retracler cet afte, elles font un afte fecret centre ce ddfif tement, 4j6,&c.Leurs fceurs difcoles follici- tentune interpretation de l'arret pour fe procurer de plusgrands avantages, 438. Trois religieufes difcoles fe rejoignent a leurs \i- gitimes Superienres , 43 9. Joie 8c affeftion avec lefquelles on les re^oit a Port - Roial des Champs, 441. Ces rrois religieufes de- mandent pardon a la communaute' , 444. Deux fceurs conver- fes demandent a re- tourner a P, R, des Champs, 447. On y |
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MATIERES. %v*
Saci ( M. Ie Mai- tre de ) II fort de la baftille , va rendre vi- fne a M. de Perefixe', eft prefente1 au Roi , 374 > 57 J- Comment il eft re$u a l'hotel de Longueville, 57 6. S
^Augey (M. du)If
prefente une tourriere aux religieufes de P. R. qui la refufenr } contradictions dansfes paroles, 60 , 61. Re- fufe de faire les cere- monies de la Semaine fainte de 1666 , trait de fon fanatifme, 80- 84. Autres traits de fon fanatifme 86, &c.i 19,. I42- . '45 1 146. R^-
ponfe qu'it fait a un billet des religieufes , 147. Nbuveau trait de fon fanatifme, 190, II quitte P. R. , adieu qu'il fait aux religieu- fes, 191, 191. II veut faire recevoir a P. R. des Champs une fceur efpionne envoie'e par la foeurDoroth^e,448^ Savreux ( M. Char- les ) Libraire a Paris* fa mort imprevue a P. |
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TABLE DES
Noaveau trait de fa- natifme qu'il donne , 130. Sujct fingulier qui lui fait refufer l'abloludon a unefoeur converfe, 131,131. JLILOanne's ( Ma-
demoi Telle de ) eft exi- lee, pourquoi, 1'ordre eft revoque, comment Robert( fccurFran-
£oife Lutgarde ) On lui refufe l'Extreme- Onction , enfuite le faint Viatique, 1 zo , in. Elle demande M. Poupiche font rendre te'moignage a la verite en fa prelen- ce, m.Sa morr, 114. Elle eft priv^e de la (6- pul tu re ecclefiaftique, fes v.ertus, ntf , 117. Robert { fbeur Su-
zanne de fainte Ceci- Je ) fa piece1 des l'en- fance, fa vertu dans le cloitre , fa mort , 481, 481. Rey ( ML ) Pretre
envoie1 par M. de Pe- refixe a Port-Roi'al des Champs, 191. II an- nonce a P. R. l'ouver- turedu Jubile^ *JI. |
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Ti4 TABLE DES MATIERES.
R. des Champs, 478. therinc ) four con- verfe, exhortation que T lui fait !e fieur Poupi" T,> che en l'adminiftrauc
Heodore ( Ca- cnraaladie, 115.
Fia de la Table.
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ERRATA.
Pi ■:
Age 8 , tig. ifi , tout, lif. toute. P. 5. 1. ij , U, lif. elk.
P. 31, I. 19, Tnne , lif. Anne.
V. 40, dern. I. divjion , lif. divifiott,
P. 8l. 1. jr , 27, lif. 17.
P. 89 . 1- 14 , quit, Kf. C>.
P. 18} , 1. J , de tout, lif. en tout.
P. zo>> ,1. 19, put y lif. pent.
P. 170 , dern. \. difpofion, lif. difpofition.
P. 313,1. 14. S'quepour, lif. & dit que pour.
P. 437, not. col*, t. d'e'v&ayon, lif. «r reVo-
cation.
P. 438 , not, col. 1. k% ./£•*, lif. religieufes. P. 441- not. z^fftf, lifT t668. 3f. 4*4» 1. 4> fkp^j lif. qu'tllcs.. |
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