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-ocr page 2-Rijksuniversiteit Utrecht
Collectie
KALMAN KLEIN
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Traite des dents.
-ocr page 8- -ocr page 9- -ocr page 10- -ocr page 11-o u
ou l\'ON ENSEIGNE LES MOYENS
de les entretenir propres & faines, de les em-
bellir, a\'en réparer la perte & de remédier à
leurs maladies, à celles des Gencives & aux
accidens qui peuvent lurvenir aux autres par-
ties voilines des Dents.
Avec des Obfervations 8c des Réflexions fuc
plufieurs cas fînguliers.
Ouvrage enrichi ds quarante-deux flanches
en taille douce,
par Pierre Faucharo , Chirurgien
Dentifte à Paris.
Deuxième Edition revâc , corrigée & confdé.abk^
ment augmentée.
TOME PREMIER,
chez Pierre-Jean Mariette, rue s. Jacqm
Et cl,« ^\'^^Çolonnes d\'Hercule. ^
cftez I Auteur, ruë des grands Cordeliers,
m. dccnatvt
^vec Approbations & Frivilé^e du RoL
...
■BttMBii
mm
Miniftre ôc Secrétaire d\'Etat ,
Commandeur des Ordres du
Roi.
M
!
Je n\'aurois jamais ofepréfemer â
^Votre Grandeur un Traité fui-
les Dents, fi Pamour que vous avez
pour les Arts, & lafrote^ion que
\'^OUS leur accordez^ au milieu même
aesfonôlions les plus impmantes de
\'^otre Mmifiére, ne m\'eujfent fait
^Jjerer que vous ne refuferiez pas
^on hommage.Toute s les fois que des
Ârtifles ont le bonheur à^être admis
a:tpres deYorGrandeur,
les recevez avec bonté 3 vous vous
■plaifez à animer leur zélé 3 à exci-
ter leur émulation i en répandant fur
eux ksgraces du Prince. Je ne veux
point devenir fur ci fujet le foible
Echo de la voix publique, convain-
cu que plus vous méritez de louan-
ges 5 plus vous marquez de ïéloi\'
gnement à en recevoir. Je borne ma
reconnoijfance à vous ajjurer que je
ne cejferai jamais dêtre avec un
très-profond refpeB ,
MONSEIGNEUR,
de Votre Grandeur,
Le très-liumble Sctrès-obéifTant
Serviteur, F a u c h a r d.
e s Dents font dans leur état
naturel les plus polis & les
plus durs de tous les os du corps
humaui; mais elles font en même
tems les plus fujettes à des ma-
ladies quii caufent de vives dou-
leurs , & deviennent quelquefois
très-dangéreufes : Nous en fai-
sons tous la trifle expérience pref-
que auiïl-tôt que nous voyons le
jour.
Ceux qui confervent toutes
leurs dents faines jufqu\'à un âge
avancé , font en très-petit nom-
bre : Les uns doivent cet avanta-
ge à un heureux tempérament,
les autres à une attention ôc à
des foins particuliers ; au lieu que
^ plus grande partie des hom-
nies ont les dents viciées dès le
a iiij
-ocr page 16-premier âge , ou les perdent
avant le tems.
Comme la varie\'té des mala-
dies des dents, des caufes qui les
produifent ôc de leurs fimptômes,
eft infinie ^ les opérations que la
Chirurgie met en ufage pour les
guérir j demandent auffi différen-
tes connoiffanees , & la pratique
feule ne fuffit pas pour porter
ces opérations à leur perfedion,
à moins qu\'elle ne foit dirigée
par une étude exacte de l\'anato-
iîiie de la bouche : Cette étude
eft abfolument néceffaire pour
bien connoître la ftruaure, la
liruation^ le rapport & lufage des
différens organes qui la compo^
fent. Ces connoiffances nous me-
nant infenfiblement à la décou-
verte des diverfes maladies qui
attaquent les dents, & à celle de
leurs caufes & de leur curation ;
cependant il faut convenir que
cette parde de la Chirurgie, qui
fegatde les maladies de la bou-
Quoique la Chirurgie en gé-
n^al fe foit beaucoup perffc-
«otmee dans ces demi^Sems;
quonau faic d\'importantes dl\'
couvertes dansranatomie&dans
amaniére d\'opérer, & qu\'on ait
mis au jour quantité d\'Obferva-
^wns içavantes & curieufes, les
lentilles n\'y trouvent pourtant
pas encore a beaucoup près des
pourVsguide
dans toutes leurs opération!.
i^es Auteurs qui ont écrit de
lanatomie, des maladies & des
,T„:\'"™^ Chirurgiques, n\'ont
Ss^fo "fi\'!\'?,\'*^"\'- traité que
maladies de la bouche, & feule-
omettre de ce qui pouvoir en-
ftêmer^ exécution de leurs fy-
iv PREFACE.
Si quelques Ecrivains ont par-
lé des dents & de leurs maladies
en particulier , comme Urbain
Hémard & B. Martin, ils ne l\'ont
pas fait d\'une manière affez éten-
due. Le premier, qui étoit Chi-
rurgien du Cardinal Georges
d\'Armagnac, a intitulé fon Li-
vre , qu\'il lui dédie ; Recherche de-
là vraie Anatomie des dents j na-
ture propriètez d\'icelles, avec les
maladies qui leur adviennent. A
Lyon j chez Benoît Rigaud i s* 8
in-i2. Ses Recherches, qui font
très-bonnes & très-utiles,font voir
que ce Chirurgien avoit lu lès
anciens Auteurs Grecs ôc La-
tins,qu\'il employe judicieufement
dans tout fon Ouvrage.
Le fécond, qui étoit Apoti-
quaire defeuë S. A. S. M. le Prin-
ce, nous a donné une Dijerta-
tion fur les dents y imprimée à
■Paris chez Thierry en for-
mant un petit volume in-12, dans
-ocr page 19-laquelle il explique la nature (les
uents, & traite de leurs maladies
^ de leur guérifon avec affez de
rne\'thode ; mais un peu trop fuc-
cintement, & fans parier des opë-
radons qui leur conviennent.
On ne connoît au refîe ni
J:^ours public, ni Cours particu-
^er de Chirurgie, oii la théorie
«es maladies des dents foit am-
plement enfeignée, & où l\'on
Puiffe s inûruire à fond de la pra-
tique de cet art fi néceffaire à la
guénfonde ces maiadies, & de
celles qui furviennent aux parues
dont les dents font environnées.\'
ava^f f ^î^^bres Chirurgiens
ayant abandonné cette partie de
i drt , ou du moins l\'ayant peu
^\'^Itivee, leur négligence a été
caiîie que des gens fans théorie
ians expérience, s\'en font em-
1 arez, & la pratiquent au hazard>
ayant m principes, ni méthode,
^e n eft que depuis environ1700.
Xij P R E F A CE,
que dans la Ville de Paris on a
ouvert les yeux fur cet abus.
On y fait à préfent fubir un
examen à ceux qui fe deftinent
à être Dentiftes î mais quoique
Meilleurs les Examinateurs foient
très-fçavans dans toutes les au-
tres parties de la Chirurgie, je
crois, fi fofe dire monfennment,
que ne s\'appliquantpas ordinaire-
ment à la pratique de celle-ci,
il ne feroit pas mal que dans ces
occafions on admît un Dentiftc
habile & expérimenté , qui fçau-
roit fonder les Afpiraos fur les
difîîcultez qu\'un long ufage lui
auroit fait rencontrer dans foii
art , & leur communiquer les
moyens de les furmonter : Par ce
moyen, on ne verroit pas que la
plupart des Experts pour les
dents , ne font munis que d\'uni
fçavoir au-deffous du médiocre.
Pour fuppléer à ce défaut d\'inf-
tru6tion, il feroit à fouhaiter que
PREFACE, xitj
quelque habile Deiiîifte , par
exemple, feu M. Carmeline , qui
a dans fon rems travaillé avec un
applaudilTement général , nous
eût fait part de fa manière d\'opé-
rer , & des connoiifances qu\'ii
avoir acquifes dans le grand nom-
bre de maladies fmguîiéres qu\'il
avoit traitées avec fuccès.
Si les lumières de l\'efprit croif-
fent & fe multiplient dans le
commerce des habiles gens j, on
ne peut fe dédommager de leur
perte que par la ledure de leurs
Ouvrages ; & fi l\'on ne peut
avoir la fatisfadion de leur pro-
pofer fes doutes, du moins leurs
idées fur le papier nourriffent,
pour amfi dire , l\'efprit de ceux
qui les digèrent & les méditent:
Elles leur deviennent propres, ôc
fouvent en font naître de nou-
velles ; & le fuccès de ceux qui
nous ont précédez & dont nous
avons les préceptes; donne i\'é-.
mularion d\'atteindre à leur gloi-*
re, & même de parvenir à de
nouveaux progrès.
Ce que ce célébré Chirurgien
Dentifte n\'a pas fait, j\'ofe aujour-
d\'hui l\'entreprendre : Je donne-
rai du moins l\'exemple de ce
qu\'il auroit pu faire avec plus d\'é-
rudition & de réuffite.
Deftiné dès ma jeunefle à la
Chirurgie, les autres Arts que j\'ai
pratiquez, ne me l\'ont jamais fait
perdre de vûë. Je fus l\'Elève de
M. Alexandre Poteleret Chirur-
gien Major des Vaiffeaux du Roij
très expérimenté dans les mala-
dies de la bouche : Je lui dois les
premières teintures des connoif-
fances que j\'ai acquifes dans la
Chirurgie que j\'exerce ; ôc les pro-
grès que je ûs avec cet habile
homme me donnèrent l\'émula-
tion qui m\'a conduit dans la fuite
à des découvertes plus confidé-
rables : J\'ai recueilli ce qui m\'a
pam de mieux établi dans les
Auteurs : J\'en ai fouvent conféré
avec les Médecins & les Chirur-
giens de mes amis les plus habi-
les , ôc je n\'ai rien négligé pour
profiter de leurs confeils & de
leurs lumières.
L\'expérience que m\'a donnée
^3ne pratique fans relâche de plus
de quarante années, m\'a conduit
infenfiblement à de nouvelles
connoiffances ? ôc à corriger ce
qui m\'a paru défeftueux dans mes
Premières idées. J\'offre au Pu-
blic le fruit de mes foins & de
mes veilles, efpérant qu\'il pour-
ra être de quelque udlité à ceux
qui veulent exercer la profeffion
^e Chirurgien Dentifte, & très-
avantageux encore aux perfon-
nes qui ont quelque attention à
conferver leur bouche en bon
état.
Mais quoique faye tâché de
^^ rien avancer qui ne foit fondé
xvj PREFACE,
fur les principes les plus sûrs &
les plus conformes à l\'expérience ;
il cependant j\'avois hazardé quel-
que chofe de répréhenfible dans
ce Traité, je profiterai avec do-
cilité des avis des perfonnes af-
fez bien intentionnées pour me
faire connoître mon erreur. C\'efl
un avantage qu\'un Auteur vivant
doit mettre à profit avec bien
du plaifir & de la reconnoiffance ;
& c\'efl: fur quoi je fonde princi-
palement l\'efpérance que j\'ai de
me rendre de plus en plus utile
au Public.
Je traite d abord de la nature
des dents en général, de leur ac-
croiflement j de leur fi:ru£ture ,
de leur fituation & de leur utili-
té ; ôc après avoir parlé des ma-
ladies que les dents de lait cau-
fent aux enfans, avoir enfeigné
les remèdes qui y conviennent,
ôc avoir marqué ce qui peut con-
ipourir dans ia fuite à la confer-
PREFACE, xvtj.
vanon & à rembellifTement des
dents j je pade de toutes les ma-
ladies qui peuvent les attaquer
pendant le cours de la vie. J en
défigne plus de cent réellement
diftindes les unes des autres ; ce
qui furpaffe de beaucoup le nom-
bre qui en avoit été indiqué juf-
qu a préfent par les Auteurs. Je
les partage en trois clafles. La
première renferme les maladies
dont les caufes font extérieures :
La fécondé, celles dont les cau-
fes font cachées : Et la troifiéme,
contient les maladies fimptoma-
tiqUes ; je rapporte dans cette
dernière clalTe leurs accidens les
plus finguliers ; ôc je m etens en-
fin fur la manière de les prève-
^ii-\' 5 ou de les guérir.
L\'affinité des gencives avec
les dents, fait que les maladies
des unes fe communiquent aifé-
aux autres; c\'eft pourquoi
je traite aulTi des gendves de
leurs maladies.
Je pafTe à la manière d\'opé-
rer. Rien n\'ert plus commun que
d\'ôter les dents ; cependant cet-
te opération demande beaucoup
plus de prudence & de con-
noiffance que le vulgaire ne fe
l\'imagine. Je parle des foins qu\'il
faut apporter ^ pour nettéïer les
dent=^, les limer, les ruginer, les
cautérifer & les plomber. Je trai-
te des moyens de remédier à leur
déplacement;de procurer & em-
bellir leur ordonnance ; d\'y fup-
pléer , quand elle e(l détruite, &
de les rafermir.
La perte des dents eft quel-
quefois inévitable; mais l\'art peuc
y fuppléer. J\'ai perfectionné, Ôc
même inventé plufieurs pièces
artificielles, foit pour remplacer
une partie des dents, foit pour
remédier à leur perte totale ; &
ces pièces les remplacent fi bien,
qu\'elles fervent parfaitement aux
mêmes ufages que les dents natu-
relies : J en donne au préjudice
de mon propre inrérêt, la def-
cnption la plus exade qu\'il m\'a
été poffible.
Les maladies de la bouche y
ou celles qui peuvent y donner
occafion , font quelquefos fi opi-
niâtres & fi malignes, cuelles
aetruîfent les alvéoles , les os
«maxillaires, & ceux qui forment
la voûte du palais, foit totale-
"^ent, ou en partie; enforte qu\'u-
^^ partie de la falive & des ali«
fi^ens n\'étant plus portée dans
leurs conduits ordinaires , s\'é-
chappe par nez, & que lex- •
crément qui doit couler par ce
canal tombe dans la bouche. A lors
la yoix n\'eft plus ardculée, ôc la
refpiianon ne fe foit qu\'avec pei-
ne. Pour remédier à ces accidens,
î ai inventé cinq fortes d\'obtura- .
teurs du palais, ou cinq machi-
î^es avec le fecours defquelles le
malade recouvre prefque tou-
faf pre ¥ a c e.
jours I\'ufage de ces pardes qu\'il
avoir perdu : J en donne une def-
cription très-déraillée.
J\'ai crû auffi qu\'il éroit nécef-
faire de joindre à ceTraitéi\'expii-
eation & la manière de fe fervir
de différens Inftrumens propres
pour opérer fur les dents : J\'en ai
perfedionné quelques-uns , Ôc
;\'en ai inventé d\'autres, dont je
crois qu\'on trouvera l\'ufage plus
commode.
J\'ai mis à la fin de ia première
Partie de cet Ouvragefoixante ôc
douze Ôbfervations fur les mala-
dies les plus finguliéres, que j\'ai
traitées ôc guéries; avec quelques
enfeignemens pour fe conduire
en pareil cas.
Pour ne rien omettre de ce
qui peut contnbuer à l\'utilité pu-
blique , qui eft la feule vûé que
je me fuis propofée en compo-
ûnt ce Livre : J\'ai fait graver qua-
rante-deux Planches, qui repré-
Tentent les dents dans leur état
naturel, des dents difformes &
mal figurées, difFérens corps d\'un
volume extraordinaire, foit tar-
tareux, pierreux, ou ofTeux, dé-
tachez des dents, ou de quelque
autre parde de la bouche; les Inf-
trumens nécefTaires pour opérer,
{es pièces artificielles qui fervent
a remplacer une partie des dents,
ou leur totalité; & les cinq diffé--
rens obturateurs du palais 3 dont
3 ai parlé. ^
Enfin je donne dans ce Traité
aes mfîruaions nouvelles ôc ef-
lentielles concernant la fituadon
des parties de la bouche, celle
ou Von doit placer le malade
pour opérer , & Fattitude que
tloit prendre le Dentifte.
Au refte j\'avertis le Leaeur
^ a pourra fe trouver des gens,
^ lurtout de ceux qui ne fe fou-
cient pas d\'approfondir ce qu\'il y
a de difficile dans l\'art du Deui\'
xxij P R E. F A C E.
tifte, qui ne goûteront pas la lec-
ture du Manuel, ni la defcription
des Inftrumens ; que d\'autres
pourront bien aulTi critiquer cet
Ouvrage, parce que Je dis des
chofes qui leur paroîtront ou
trop faciles > ou trop connues ;
mais je leur réponds d\'avance,
que mon intention a été de tra-
vailler pour tout le monde , &
principalement pour ceux qui
veulent apprendre la partie de
Chirurgie que je profelfe ; que
j\'ai voulu leur applanir tout ce qui
5€ut ■ les arrêter, & leur donner
; a méthode qui m\'a paru la plus
claire & la plus aifée, afin que le
Public en reçoive plus de fatis-
fàdion. D\'ailleurs ceux qui ne
liront pas cet Ouvrage dans, le
deifein d\'apprendre à opérer,
trouveront dans le refte de ce
Livre à s\'inftruire de mille chofes
qui leur feront utiles ôc agréa-
bles , fans s\'arrêter à lire le Ma^
nuel & la defcriprion des Inftru-
mens, dont j avoue que la ledure
peut ennuyer ceux qui ne veulent
pas exercer cette profeflion : c eft
ce qui m\'a déterminé à mettre
cette matière de fuite, comme
laiiantuncorpsàpart, & diftin-
gue du refte de l\'Ouvrage.
^ Comme je n\'ai compolé ce Li-
vre qu après avoir recueilli beau-
coup de connoiffances puiiées
dans la bonne Chirurgie, & con-
«ornées par différens iuccès ; qu\'il
a ete approuvé par plufieurs Sca-
jans; que fa première édition a
été rapidement enlevée, & quon
lajugedigned\'êtretraduitenlar^î
^ubhcrecevraaveclamêmebon-
e ôc un égal empreifement cet-
te fécondé édition, dans laquelle
trouvera plufieurs augmenta
curieufes qu\'utiles.
- ^\'^^^c^-^evant relevé les er.
scxiv PREFACE.
reurs d\'un Auteur moderne, j\'ai
crû devoir encore faire remarquer
celles d\'un autre Auteur pofté-
rieur, y étant excité par le même
amour de la vérité, ôc j\'efpére
que les gens fenfez me tiendront
compte des efforts que j\'ai faits ,
pour vaincre la répugnance que
j\'avois à cenfurer, & que même
ces Auteurs feront affez raifonna-
bles , pour recevoir fans aigreur
les obfervations que j\'ai faites fur
leurs écrits. Je répété que je ne
les mets au jour, que pour l\'inf-
truftion générale, Ôc non pour
ma gloire particulière. Au refte
s\'il efl mortifiant d\'avoir fait des
fautes, on eft digne de louanges,
quand on a la force de les avouer.
xable
-ocr page 33-^inntntttttttntt
i)ES CHAPITRES;
contenus dans ce premier
Volume.
De ta firuBure, puation &
connexion des dents, de leur
origine , de leur accroijfement j
page I
^es maladies des Enfàns à la for\'
tie des dents de lait j & des rf-
médes qui y conviennent ;
dans lequel on far le de deux Li-
vres nouveaux fur cette matière^
^e Vutilité des dents ^ & du peti
de foin que îon prend pour les
conferver, 6q
te régime dr la conduite que l\'on.
Tome L b
-ocr page 34-TA BLE
doit tenir pour conferver les
dents 3
C;hapitre V.
\'Manière d\'entretenir les dents blaU"
ches, & d\'affermir les gencives^
Opiats 3 poudres 3 racines & li-
queurs utiles j ou contraires à cet
iifage 3 71
Chapitre VL
Caufes générales des maladies ef-
fentielles, fymptomatiques, acci-
dentelles & relatives aux dents,
aux alvéoles & aux gencives :
Leprono(iic,diagnoJlic& dénom-
brement de ces maladies , pp
Chapitre VIL
De la fenfibilité de tagacement
des dents,
Chapitre VIII.
Des différentes caries des dents 3
des caufes qui ks produifent,
Chapitre IX.-
De la carie des dents ; ce qu^ilfaut
ohferver avant quei^de ruginer les
dents cariéesp
Chapitre X.
la manière de trépaner les dents
quand elles font ufées > ou ca-
riées 5 & qu\'elles caufent de la
douleur, i^p
Chapitre XI.
i^u tartre, ou tuf, quife formefur
^^^ dents ^ & lès mauvais effets
qu^ily produit,
Chapi tre XII.
^idéegénérale de la pratique con*
^^nue dans les Chapitres fuivans^
Chapitre XIIL
^ajttuatton des parties de la bou^
, eu égard aux dents. La R-
tuatton du malade fur lequel on
don operer, & celle du Dentife,
f^ec les différentes attitudes de
fun de l\'autre, jg.
Chapitre XIV.
^^ qujl faut obferver avant que
les dents, en les âtam,^
""près les avoir êtées, jn^
Chapitre XV.
Pu rejferrement des dents ^ de la
TABLE
manière d\'ouvrir la bouche par
force 5 lorfque par quelque acci-
dent elle ejî fermée à un tel pointy
qu\'on eJI obligé d\'en venir â fo-
pération , pour faire prendre des
alimens au malade , ou pour re-
connoitre ce qui fe pajfe dans
toute l\'étendue de la bouche, 105
Chapitre XVI.
De la jiruBure, de l\'étendue , de
la connéxion & des ufages des
gencives 3 3,1 è
Chapitre XVIL
Des maladies des gencives, & en
premier heu de l\'excroijfance or-
dinaire aux gencives y & l\'opé-
ration convenable pour traiter
cette maladie3 2.20
Chapitre XVIIL
De PèpouUs J ou excroijfance char-*
nue excédant le niveau de la fur\'
face des gencives, & de l\'opéra^
îion convenable pour traiter cette
maladie y j227
Chapitre XIX.
JDu patyuliS} ou abcès qui fe formé
-ocr page 37-mx gencives par fluxion & in^
fiammation, quelquefois par con-
gejiton 5 épanchement & infiltra-
^ion. La manière d\'opérer pouf,
traiter cette maladie, 238
Chapitre XX.
^es ulcères qui furviennent aux
gencives : Opération convenable
pur traiter cette maladie,
^ Chapitre XXI.
^^ fifiules qui furviennent aux
^^civesà foccafion des maladies
^es dents, & l\'opération conve-,
^ahlepour traiter cesfifiules, z 6q
^es mauvais effets que le fcor but
Fodun fur les dents/fur les
gencives & même fur les os des
^achoires. Opération convena-
ble pour traiter les accidens eau-
Jez par cette maladie, 2 54.
\'\' accidens les plus conftdérables
Y furviennent en conféquencs
l !" àes dents y aux parties
qui en font ks plus voifines,
fucceftvement à d\'autres pîui
éloignées t 282
Chapitre XXIV.
Dix Obfervations concernant les
dents y 2,8 y
Chapitre XXV.
Six Obfervations fur les dents ré-
générées,
Chapitre XXVL
Obfervations faites fur les dents
\' qui viennent tard 3 ou qui ne
viennent point du tout, 34.0
Chapitre XXVIL
Cinq Obfervations concernant les
dents diverfement réunies en-
femble, 542
Chapitre XX VII L
Douze Obfervations fur les dents
difformes <ir mal arrangées j 5 5 î
Chapitre XXIX.
Obfervation par laquelle on recon-
mîtra la vraie luxation d\'une
dent 3 & quelles furent les ad-
hérences qui fmvinrent en con-
féquence, 375
Chapitre XXX.
Qnq Obfervations fur les dents
remifes dans leurs mêmes alvèo"
les 3 ou îranff lamées dans une
bouche étrangère , 37j
Chapitre XXXI. ^
I^eux Obfervations fur des dents
qui furent enfoncées dans le ft-
^us maxillaire fupérieur droit ^
^ dans F alvéole, en voulant
les oter j 3 p 1
Chapitre XXXII.
■^Tfois Obfervations fur les excroif^
fane es pierreufes formées fur les
dents 3 ou dam leur voifmage ^
397
Quatre Obfervations fur les vio"
lemes douleurs de tête, &c, cau^,
fées par les dents, 411
Chapitre XXXIV.
■Peux Obfervations fur les défor^
fes que caufe le fcorbut dans la
Chapitre XXXV,
i^ouzë Obfervations qm concer^
nent les dépôts, tumeurs & ah"
ces occafionnez par les dents, ^26
Chapitre XXXVL
Ohfervation fur les excoriations
calleufes de la langue, des joues
& des gencives, caufées par le
frottement des chicotsou dents
éclatées 3 &c. i
Chapitre XXXVIL
Sur des ulcères calleux fituez au-^
dedans de la joue & aux genci-
ves 3 caufez & entretenus par la
comprejjion d\'une dernière dent
molaire,
Chapitre XXXVIIL
Six Obfervations fmguîiéres,
Fin de la Table des Chapitres
du premier Volume.
Dents, des Alvéoles,
& des Gencives.
des dTnct
q«" t\'é\'ablir™\'® "" P"-
& que" »^\'\'»orie &
L/f/.^ »fuite de
-ocr page 42-\'S. xe Chirurgien
donner une jufte idée des maladies qui
affligent les dents, pour la conferva-
tion defquelles j\'indiquerai auffi les
moyens les plus aiïurez.
Les dents confidérées dans leur na-
turelle conftitution , font les os les
plus blancs, les plus durs ou les plus
compactes du corps humain. L\'arran-
gement & Tordre particulier du tilTu
qui les compofe, contribue beaucoup
à leur blancheur. Elles font très-diffi-
ciles à entamer, furtout par leur par-
tie émaillée j 5c elles contiennent beau-
coup de matiere oifeufe dans un petit
volume.
Urbain Hemard, après Ariftote, {a]
dit qu\'elles font plus dures que les au-
tres os, qu\'elles les brifent, que leur
dureté égale celle des pierres, qu\'elles
réfiftent au tranchant du fer, & ne
peuvent être brûlées, ni réduites en
cendre comme le refte des os de notre
corps. Galien qui a fuivi l\'opinion
d\'fîippocrate & d\'Ariftote, n\'a pas
non plus ignoré que les dents dife-
roient des autres os par leur naiflance,
par leur acçroilfement & par leur fen^»
fibilité,
(a) Arift. liv. ch. 9. & Ijv. j. ch, 7»
«ks ps^rties des animaïus.
font crZT "f \'
pour
trente deux r" adultes efl de
«^s & dix .\'ncifives, deux cani-
^^^nn ^ \' - ne
Outre cette ï
\'\'"gées, chJc^ l^^^nar-
la dent qui
^oitêtrerel,^^\'\' trente-deux,
^^ > qu\'elle l- rurnumérai-
les iLr \' que pour lors ce
Cette qui font mukiplSe«
«moyennes de oa
^«i mâchoire lupérieure
Aij
4 ieChirurgien
J\'ai vû même deux perfonnes en avoir
chacune trente-quatre, feize à la nna-
choire inférieure, & dix-huit à la fu-
périeure, dont les deux qui excédolent
le nombre ordinaire , étoient ficuées
à la partie poflérieure des incifives fu-
périeures.
Les alvéoles font féparez entre eux
par des cloifons offeufes : Leur fubftan-
ce fpongieufe eft revêtue d\'une petite
lame poreufe fore mince, beaucoup
moins dure que le refte de l\'os, flexi-
ble , capable d\'obéir plus ou moins,
fuivant les différens états où elle fe
trouve. La figure de chaque alvéole
eft toujours conforme à celle de cha-
_que dent qu\'elle reçoit, ôc donc elle
eft comme le moule.
La fubftance charnue qui revêt &
entoure extérieurement les alvéoles ,
eft appellee gencive. Elle eft la conti-
nuation de la membrane connue fous
le nom de périofte, qui couvre immé-
diatement les os, & de celle qui re-
couvre l\'intérieur de la bouche. Les
gencives , auffi - bien que les bords
olfeux des alvéoles, fervent à contenir
& à afferniir les dents.
Dans chaque dent on diftingue deux
parties? La premiere eft celle qui pa-
Dentiste. ~ e
en dehors, n\'écanc point reiifer-
^eedans l\'alvéole: On la nomme îa
Ps de la denc. On remarque ordi-
nairement à fa bafe un petit enfonce-
ment circulaire plus ou moins appa-
nommé le colet de la dent. Il
cnnf\'\' ^^ gencive. La fe-
Elle eft cachée dans l\'alvéole:
nomme la racine de la dent,
l\'on ^ "\'^^rente conformation que
fait "^^^^i^que dans le corps des dents,
quon les diflingue en ineifives ,
"^^"ines 5c molaires.
Us quatre dents qui font placées
nonv«mâchoire, font
hcZ \'\' «i" ^^-^be Latin
En effet,
i ex rem,ce extérieure de ces dents
nient antérieure-
la m u ^^^ ^^ milieu de
te Zll latéralesdecet-
^ncifives del t"\' ,PH\'\' ^^^ ^^^
^»omnf^ U 1 ""^choire mférieure. Je
deux premieres, grandes
A iij
6 ie chîrursieît
incifives ; les latérales, moyennes inci-
fives ; «Se les quatre de la mâchoire in-
férieure , petites incifives.
Les canines font fituées immédia-
tement après les incifives. Leur nom-
bre eft de deux à chaque mâchoire :
On les nomme canines, par le rapport
qu\'elles ont avec quelques - unes des
dents du chien. Le corps de ces dents
eft plus rond, plus épais que celui des
incifives l\'extrémité de leur corps
cppofée à la racine , eft en pointe
cmouffée.
Les dents canines, par rapport à leur
ftrudure, font non-feulement très-pro-
pres à percer les alimens ; mais encore
à les tenir fermes, tandis qu\'on fait
effort à les tirer pour les rompre ou
déchirer : Elles fervent auffi à ronger
les alimens qui font propres à 1 etre t
De-là vient que naturellement on les
porte entre ces dents.
Celles qui fuivent immédiatement
les canines, font deux petites & trois
grolTes molaires à chaque côté des mâ-
choires. On les divife en petites & en
greffes molaires, ou par rapport à ce
que les deux premieres font moins
grofles dans les adultes que leurs voi-
ïines de la même efpéce, & moias
Dent i st ê. f
prnies d\'éminences à l\'extrémîté de
leur corps, ou parce qu\'elles ont moins
de racines que celles qui leur font pof^
teneures.
Le corps des greffes molaires efl
Pfelciue quarré : Il fe trouve applati à
Ion extrémité, ayant néanmoins ex-
térieurement de petites éminences &
"e petites cavitez. Les deux machoi-
étant fermées, les éminences des
"ents de la mâchoire inférieure font
j"eçuës dans les cavitez des dents de
^ »mâchoire fupérieure ; & réciproque-
\'^ent les éminences des dents de la
j^achoire fupérieure font reçues dans
cavitez des dents de la mâ-
choire inférieure. Cette difpofition les
rend propres à brifer & moudre par-
Jaitemenc lesalimens les plus durs. El-
es perfedionnent ainfi la trituration
^ e ceux qui ont échappé à l\'adion que
-es incifives & les canines ont com-
mencée.
^n a donné au corps de chaque dent
® nom de couronne; mais ce nom
laiV ^^ convenir qu\'à celui des mo-
\'^es. Il n\'y a que celles-ci qui ayenc
quelque rapport aux couronnes anti-
lues, par les éminences qui font à
^eur excremité.
s lECHIRURGlErf
Lorfque les enfans viennent au mon-
de, il ne leur paroît ordinairemenÉ
aucune dent. Elles font alors renfer-
mées dans les gencives pour quelque
tems : Après quoi il en paroit fuccelTi-
yement jufqu\'à vingt, qui font huic
incifives, quatre canines, & huit pe-
tites molaires. Ces vingt premieres
dents ne font pas fans racines, comme
Je vulgaire & quelques Auteurs le di-
fent. 11 eft bien vrai qu\'il n\'en paroît
prefque point, lorfqu\'elles tombent
d\'elles mêmes ; mais fi on les ôte avant
qu\'elles fbient chancelantes, ou prê-
tes à tomber, on y en trouve qui font
à proportion de leur corps, auffi lon-
gues , auffi fortes, & preiqae auffi
dures que celles des fécondés dents.
Cela fe confirme encore par la remar-
que que l\'on a faite de certaines ra-
cines de dents de lait, qu\'on trouve
dans les adultes ,, & qui font fituées
à côté des dents renouvellécs depuis
plufieurs années.
Un peu par-delà l\'extrémité des ra-
cines de ces vingt premieres dents qui
tombent fucceffivemqtat, font conte-
nus d\'autres germes, dont fe forment
les fécondés dents, qui paroilfent lorf-
que les premieres font tombées, &
Dentiste. 9
quelquefois avant leur chûte. On peut
dire par conféquent que les enfans ont
cinquante-deux dents, en comprenant
^es douze greffes molaires, qui ne fe
régénèrent point ordinairement, fins
Compter les germes qui peuvent fe
\'trouver par extraordinaire à l\'extrêmi-
des racines des grofles molaires. Je
fuis d\'autant plus aifuré que ces ger-
bes fe trouvent quelquefois, qu\'il y
^ eu deux perfonnes, à chacune des-
quelles j\'ai vû renaître une groiïe denC
\'\'ïiolaire, à la place de celle qu\'elles
^voient été obligées de fe faire ôter.
Je pourrois citer plufieurs exemples
fetnblabies, contraires à l\'opinioncom-
itiune, qui établit que les grofles mo-
laires ne font jamais fafettes à fe re-
nouveller. Ce fait eft fi conftant, que
l\'expérience feule fuffit pour juftifier
nion opinion.
La fécondé partie de la dent nom-
fnée la racine j, a donné lieu à faire
beaucoup de remarques par rapport à
la grofléur, au nombre & à la figure
des racines des dents, il y a des raci-
nes qui égalent le corps de la dent ,
& qui le furpaflTent même quelquefois
en groffeur. Quant au nombre, on
obferve que les dents incïfives ^ Iss ca-
lo ie Chîrur(5ien
nines & les petites molaires , n-oni
qu\'une racine chacune : 11 arrive néan-
moins quelquefois que ces dernieres
dents ont deux racines féparées dans
toute leur longueur, ou feulement à
leur extrémité. On remarque que ces
racines fe recourbent tantôt en dedans,
tantôt en dehors.
-l\'ai tiré de petites molaires qui
avoient trois racines ; mais ces fortes
de dents font aflèz rares, auffi bien que
des canines à deux & à trois racines, {a)
Je garde deux dents canines , dont la
premiere à deux racines féparées, Se
l\'autre paroît compofée comme de trois
racines dîflinguées l\'une de l\'autre par
une goutiere,qui fe continue dans tou-
te leur longu^r. Une de ces racines
fe/épare même tout-à-fait vers fon ex-
trémité, des deux autres, qui paroilfent
confondues, ôc fe terminer en une feu-
le racine poiutuë, plus longue que
l\'autre, êc d\'un volume plus confidé-
lable.
^ Les groifes molaires fituées immé-
diatement après les petites, ont pour
l\'ordinaire deux ou trois racines , (b)
(a) Voyez les figures i i. & i j. de la plan-
cke 17,
Vojez les fig. 7. & H. de la planche a?.
-ocr page 51-B E N T î s T E. I ï
quelquefois quatre, ou même cinq : Ce-
la arrive plus louvent aux dents de la
jnachoire fupérieure, qu\'à celles de ^in-
férieure. On obferve que la derniere
"^^okii"« , tant du côté droit que du
côté gauche de l\'une & l\'autre mâ-
choire , a moins de racines que les deux
^ui la précédent ; que fon corps eft
\'iioins gros ; qu\'elle n\'a ordinairement
deux racines, prefque toujours
unies entr\'elles dans toute leur éten-
due. Leurs extrêmitez fe portent fou-
tantôt en dehors, tantôt en de-
dans ; c\'eft ce qui les rend très-diffici-
les à ôter, furtout lorfqu\'elles fe por-
tent en dedans, & que cela arrive à
mâchoire inférieure.
Les alvéoles font divifez en autant
de loges que chaque dent qu\'elles re-
çoivent a de racines. L\'întervale de ces
^oges eft occupé par une fubftance offeu-
& fpongieufe. Comme cette fubftan-
ce eft flexible, & cédeaifément, cette
flexibilité empêche que les dents ne fe
ï\'onipent dans les grandes compreflions.
Les groifes dents molaires de la mâ-
choire fupérieure, ont ordinairement
plus écartées par leur ex-
trémité , que celles de l\'inférieure.
On peut encore remarquer plufieurs
î. e c h i r u r gte n-
variétez dans les dents molaires, (a)
par rapport à leurs racines. Il y en a
dont les racines fe touchent par la poin-
te , êc font fort écartées par la bafe pro-
che le corps de la dent. Ce font ces
detîts qu\'on nomme dents barrées, fî
difficiles Se fi dangéreufes à ôter, par
la néceflité où l\'on eft d\'emporter avec
elles la portion fpongieufe, que nous
avons dit occuper l\'interyale des ra-
cines.
Quelques dents molaires ont une oa
deux racines plates. Chacune de ces ra-
cines plates femble être coaipofée de
deux racines jointes enfemble (Scdiftin-
guées feulement par une efpéce de gou-
tiere qui regne dans toute leur lon-
gueur, Se en marque la féparation :
Quelquefois on trouve dans le dedans
de ces racines ainfi figurées, deux ca-
naux, chacun à peu près femblable à
celui que l\'on voit dans les racines fira-
ples Ôc féparées les unes des autres.
^ Il 7 a encore des dents donc les ra-
cines font différemment recourbées en
crochet parleur bout ; c\'eft ce qui pro-
diiit beaucoup de difficulté quand on
veut ôter ces fortes de dents, furtout
s\'il fe trouve deux racines crochues dans
(a) Voyez la planche 17.
-ocr page 53-E N T I s T E. 15
"" lens oppofe, ou fi chaque crochet fe
^approche l\'un de l\'autre par fon estrê-
11 eft alors impoffible d\'ôter la
pnt, fans intérefler les cloifons offeu-
es qui forment chaque loge de l\'al-
Veole, dans lefquelles les racines font
^^gagées J Si au contraire ces cloifons
\'ehftent, les racines crochues doivent
^eceffairement fe cafter.
^ On voit quelquefois des dents mo-
aires dont les racines font ondées. On
Voit encore d\'autres^ dont les raci«
^es fe fourchent vers le bout.
J\'ai vû des dents qui m\'ont paru
"^otnpofées de deux ou trois germes, {a )
qui s\'étoient comme liez & joints en-
isitîble. Ces dents étoient unies entre
®lles, à peu près de même quedeux en-
cans qui viennent au monde attachez
^ un à l\'autre par le dos. Ce qui me
\'ionna l\'idée qu\'elles étoient formées de
"ifférens germes, ce fut que je remar-
quai le long du corps de la dent jus-
qu\'à la couronne, des divifions fort fen-
"bles, & femblables à celles dont nous
ayons fait mention, en parlant des ra-
cines jointes enfemble. Si ces fortesde
dents n\'ont qu\'une ou deux racines , il
faut penfer que l\'union de leurs corps
(a) Yoycz la %«re t y, de la planche a?»
14 IE Chirurgie N
fe fera faite de même que celle des ce-
ries que nous nommons jumelles, par-
ce que leur noyau eft double, quoiqu\'el-
les n\'ayent qu\'une feule queue.
Un de mes confrères ni\'a fait voir
encore une dent, qui paroiffoic com-
pofée de deux autres , entre les racines
defquelles il fe trouvoit une troifiéme
dent, (a) dont la couronne étoit unie
à la voûte que formoienc les racines
des deux premieres. La diverfité que
ion remarque dans la conformation
des dents eft fi grande, qu\'il n\'eft pas
poffible de rapporter toutes les manié-
rés dont la nature femble fe joiier dans
les figures furprenantes & extraordi-
aaires qu\'elle leur donne quelquefois.
Si elle varioit de même dans la confor-
mation de chaque partie du corps hu-
main , il feroic rare de voir quelqu\'un
qui ne fût extraordinairement contre-
fait.
M. Laudumiey le neveu, celui qui
fut envoyé en 1714. à la Cour d\'Ef-
pagne pour opérer aux dents de Sa Ma-
jefté Catholique , m\'a fait voir une
derniere dent molaire du côté droit de
la mâchoire fupérieure, compofée de
deux dents unies enfémble par leurs ra^.
( a ) Voyez la figure 1dc la planche 17.
^ines T1 r ^ ^ ^ »^^
denr à ^^P®^^ ^^ double
ta une femme. Les couronnes de
dents font divifées, & leurs raci-
bîen de • ^"es fem-
nt erre confondues entr\'elles, quoi-
qj r P\'\' d\'être bien mar-
ern?" dè ces dents eft de la
tit/r\' ordinaire, l\'autre eft plus pe-
la e ^^•^e-ci a trois racines, & celle-
^^^ ^ a quatre. M. Laudumiey ne les
p parce qu\'ellesétoient cariées
leurs couronnes. Ces fortes de
f^ts ne font pas communes, & elles
peuvent être ainfi difpofées, que
J ^ce que plufieurs germes fe confon-
Ji^t enfemble,& que la cloifon mi-
yenne des alvéoles qui devroit les
ne fe forme pas.
Les racines des dents incifives, ca-
& petites molaires, font appla-
^ par les cotez. Cette furface plate
^Ppuie fur la cloifon mitoyenne de l\'al-
tandis que la furface plate de la
fé > appuie fur le côté oppo-
se la même cloifon.
da difpofition fortifie ces dents
le e^, alvéoles, d\'autant plus que
auir° ^ ^^ de chacune étant
Ge ^ P^\'" parties latérales,
^ «îêmes dents pofées les unes cou-
i ë lechirurgien
tre les autres, fe procurent un appui
mutuel.
Les dents font enchaffées dans les
alvéoles par leurs racines, & affermies
par les gencives. Les gencives ont un
reHort particulier, de même que l\'al-
véole. ,C\'eil à ce reflbrt que nous de-
vons attribuer trois chofes qu\'il faut
examiner.
Premièrement , d\'où vienc que la
mâchoire inférieure, qui avoit au-def-
fus de fa bafe une épailTeur alTez con-
fidérable à l\'âge de trente ôc quarante
ans, devient non-feulement fort étroi-
te dans les vieillards en cet endroit ;
jmais que même les alvéoles s\'efiacenc
entièrement.
Secondement, pourquoi une dent
qu\'on a remife dans fon alvéole immé-
diatement après en avoir été féparée,
s\'y rafermit, & y refte fouvent toute
la vie.
Troifiémement , par quelle raifon
le corps des dents de l\'une 6ç de l\'autre
mâchoire, qui n\'ont plus de dents à
leur rencontre avec lefquelles elles puif
fent fe froter, femble furpaffer de beau-
coup en longueur les autres.
Ces trois chofes, quoique différen-
tes encr\'elles, s\'expliquent par la flexi-
bilité
voifine I des Vieillards 6c la plus
que na/cf \' s afFaiiTent,
racine v \' écartez, lorfque
parci. J"\' ^ manquer. Ces mè-
tres , iM . ^PP\'-ochant les uns des au-
^\'■nfi la nentièrement ;
voifine maxillaire la plu;
^Pf e danrct^e^Xt^^^"
pilTeuràr îJ\'^^-fPl-.d\'é-
rétrécit X. j,, .
alvéole, de
-ocr page 58-18 ie Chirurgien
tous cotez , ont beaucoup de part aa?
raprochement de ces parties, ou à leur
affaiffement.
Concernant la troifiéme queftion
qui regarde les dents qui n\'en ont point
à l\'oppofite, fur qui elles puiffent s\'ap-
puyer , & qui femblent furpaffer les
autres, on doit penfer que ces dents
n\'étant plus ufées par le frotement des-
autres, ni recognées par-là dans leurs-
alvéoles, les fibres oiTèufes de l\'alvéo-
le les ferrent par la vertu élaftique du
reffbrt, les expriment & les obligent
â fortir , à quoi la figure conique des;
lacines des dents contribue beaucoup.
Les racines des grolTesmolaires étant
écartées les unes des autres, forment
par ce moyen une affiette large ; ce qui
fait qu\'étant fortement enchaflees, el-
les réfîftent plus facilement aux coiii-
preffions qui leur arrivent, lorfqu\'on
mâche des corps durs.
La difpofition des racines écartées
de*ces großes molaires, empêche aulîi
qu\'elles ne foient fi facilement expuî-
fées de l\'alvéole , quand il n\'y apoins
de dents à leur rencontre.
Les racines des dents ont beaucoup
plus de longueur que leur corps n\'eiï
a ; ce qui les rend capables de réfifteJ
aiTv (T E N T t S T 19
la maftication.
Quelques uns ont confidéré les dents
^me autant de leviers, prenant pouf
^ point d\'appui de la dent, la circon^
l\'af^\'^î ^«gagée dans l\'ouverture de
^ veole/où elle fe trouve plus exa-
la^ï^"\'\' qu\'ailleurs ; la partie de
aent contenue dans l\'alvéole, pouï
ong bras du levier, & la portion
^ \' excède l\'alvéole, pour le petit bras
Jevier. On fçait par les régies de
^ lî^^ecanique & par l\'expérience
jour-
qupl f \' q"® ^^ ^^^^
j ^^mS\'ànce ou la force majeure
Pu % ^ éloigné du point d\'ap-
la \' -rn contraire celui fur lequel
rehftancefait effort, eftracourci&
Ve "" "i\'appui = ce qui fe prou-
par 1 exemple des tenailles, qui ont
ches?\'"\' \' q"® bran-
P^us longues & leurs extrê-
z plus éloignées du point d\'appui,
. Js que les extrémitez de leurs ma-
"^•^esenfontvoifines.
peu ^îfpofition ne contribue pas
piy^i les dents plus fermes &
lésai \' ^ leur intime union avec
\'^^veoles, &plus capables de réfîitef
By
-ocr page 60-JS.O LE C H I R ir R G ï E N
par conféquent aux impulfions^aux moi3-
vemens & aux efforts qui fe réïterent fi
fou vent dans la maftication; furtout lorf-
qu\'il s\'agit de rompre, de divifer, ou de
triturer avec elles certains corps durs.
Cet avantage eft confidérable pour les
maintenir dans leur état naturel ; mais
lorfque par quelque maladie on eft obli-
gé de les ôter de leurs alveoles, cela pro-
duit un effet tout contraire, & en rend
l\'exécution d\'autant plusdifficile, qu\'il
fe rencontre que la plus grande partie
de la dent, confidérée comme le grand
bras du levier , fe trouve fortement
engagée dans une cavité profonde, qui
l\'embraffe de toutes parts , & qui for-
me la réfiftance, tandis que la partie
de la même denc la moins étendue en
longueur, & confidérée comme le pe-
tit bras du levier, eft celle fur laquelle
la puiffance agit pour lors.
Les racines des dents, de même que
leurs alvéoles, fe trouvent recouvertes
d\'un périofte qui leur eft commun. On
obferve au colet de la dent, à l\'endroit
da corps oi^i s\'attache la gencive, quel-
ques inégaiitez peu apparentes, qui
rendent plus exaâ:e l\'adhérence de la
gencive à la dent ; ce qui empêche
qu\'auC\'jne partie faline des alimens
, Dentiste. -sî
^^ entre dans l\'alvéole. >
Les racines de chaque dent ont cha-
une cavité dans toute leur lon-
Sueur : Elle eft plus confidérable dans
-jj^s dents qui fe renouvellent à l\'âge de
""it ans, qu\'elle ne l\'êftà dix : Elle va
^^ujours en diminuant de capacité
année en année, & a mefure que la
croît en longueur, en grofleor &
en épaiffeur ; ]ufques-là qu\'elle difpa-
roît prefque entièrement dans les vieil-
lards. La cavité de chaque racine va
aboutir à uneplus grande , qui fe trou-
ve dans le commencement du corps
de la dent, & qui fe partage aux dents
Polaires prefque toujours en autant de
petits finus ou conduits, que la cou-
ronne de ces dents préfente d\'éminen-
ees. Cette grande cavité eft tapilTée
Une membrane,qui fert defoutien aux
petits vaiileaux fanguins & aux nerfs
qui fe diftribuent dans l\'intérieur ds
la dent.
Les dents incifives & canines de la
mâchoire fupérieure, reçoivent leurs
^etfs de la branche de la cinquième
P^ire appellée maxillaire fupérieure ,
laquelle paffant par le conduit, qui fe
remarque au bas de l\'orbite, pour aller
le diftribuer à la face, fournit dans ce
2.Z le Chirurgien
trajet des ranaeaux qui vont à ces dentS\'
Les molaires de la même mâchoire,,
reçoivent leurs nerfs de la même bran-
che par des trous qui fe trouvent pof-
térieurement à la face latérale exté-
rieure de l\'os maxillaire fupérieur qui
fait partie de la folTe temporale.
Les artères & les veines accompa-
gnent toujours les nerfs, & fe portent
aux dents par la même route. Les ar-
tères des dents font des rameaux (juî
viennent des carotides externes. Se
leurs veines vont fe décharger dans les
jugulaires externes.
Les dents de la mâchoire inférieure
reçoivent leurs nerfs de la portion de
la cinquième paire nommée maxillaire
inférieure. Cette portion de r!erfs,après
être fortie du crâne par le trou auquel
elle donne fon nom, & avoir fourni
plufieurs gros rameaux qui vont à diffé-
rens endroits delà face, defcend entre
les deux mufcles ptèrigoYdiens. Là elle
fe partage en deux branches principa-
les, dont la plus petite va fe perdre
dans la langue, & la plus confidérable
entre dans le canal de la mâchoire in-
férieure,par Touverture qui eft à la face
intérieure, entre les éminences nom-
mées coBdiloïdes k coronoïdes. Cette?
J
-ocr page 63-Din T I s T
^ranche parcourant ce canal, donne
hemin faifanc, des filets à toutes les-
racines des dents, tant molaires que
\'Canines, Cette même branche étant
Parvenue au trou nommé mentonnier,
J e fe divife en deux branches, dont
plus confidérable fort par ce même
pour fe didribuer à la lèvre infé-
^ gj communiquer avec la por-
^\'on dure de la feptiéme paire, & Tau-
® continué fa route jufquà la fim-
P"yfe du menton, enfourniffantdans
chemin des rameaux aux dents in-
cilives.
^ Les artères qui fe diftribuent aux
^^ts de cette mâchoire, font auffi des\' ^
j ^dudions de la carotide externe ; &
ff Veines qui fortenc des dents, vont f©
^charger de même que les précéden-
ts dans les jugulaires.
j„\'-\'utre la cavité qu\'on remarque dans;
^intérieur de la dent, on obferve que
corps eft compofé de deux fubftan-
^u\'on peut diftinguer en intérieu-
^^^en extérieure. La premiere pa-
^ être de la même nature que celle
J \' Compofe la racine. L\'autre au con-
^ diffère beaucoup t Elle a à pei-
^ ® U n tiers de ligne d épaiffeur à la cir-
*^^rerence du corps, oade la couron-
24 iecmirurgiek
ne, & à mefure qu\'elle va former
trêmité de ce corps ou couronne, ells
fe trouve plus épailfe. Elle eft trè^
blanche & fi dure que le burin & la U\'
me ne peuvent agir fur elle que très-
difficilement. Cette fubftance que l\'on
nomme émail ^ fe forme avant la fortis
de la dent, fe fortifie & s\'embellit juf-
qu\'à l\'âge d\'inviron vingt ans ; après le\'
quel tems cet émail commence às\'ufef
par le frotement continuel.
Si l\'on examine cette fubftance à lîi
faveur du microfcope, on trouvera, fui\'
vant la remarque de M. de la Hire ( a )
» qu\'elle eft compofée d\'une infinité de
3> petits filets, qui font attachez fur la
» partie interne de la dent par leurs ra-\'
» cinés, à peu près comme les ongles &
les cornes le font aux parties où elles
s\'attachent. On voit très-facilement,
3» continué cet iiluftre Académicien ,
33 cette compofition dans une dent rom-
puë , où l\'on remarque que tous ces
filets, qui prennent leur origine vers
la partie de la dent qui touche la gen-
as cive, font fort inclinez à cette partie,
(Scprefque perpendiculaires fur la bafe
(a) Mâthématidfc-n & membre de TAcadé-
Riic RoyaJe Jts Sciences. Mémoires de F Aca-
déîûis de lé^p,
d5
-ocr page 65-j dentiste. ^ç
eia dene: Par ce moyen ces filets i
fon ^fr ^\'"^v^n^age à I\'cffbn qu\'ils c
obligez de faire en cet endroit.
^VL de la Hire ert perfuadé que l\'ac-
^"Oïliement de ces filets fe fait comme
arri^î \' ^^ ajoute qu\'il peut ce
j^ iver que dans quelques dents ces fi- ce
s qui en font l\'émail, ne foient que ce
tjjjlP^qtiets, dont iesextrêmitezs\'u- te
pi enfemble ; mais qu\'ils ne foient cc
joints exaélement vers la partie <€
J^erieure de la dent : Ce qui paroit ce
clairement dans la bafe des ce
«ts molaires, où l\'on peut voir lace
^ Rration des paquets. Si l\'extrêmi. »
^es filets vient à s\'ufer peu à peu, «
des deux paquets s\'aug- cc
ritera aifez pour recevoir quelques ce
^^ rties dures des alimens; & alors il ce
bafe^\'^ ouverture fur la ce
de J f ^^ dent : La partie intérieure ce
lequ découvrira, & par con ce
^ ent la dent périra dans la fuite. »
l\'émail vienne à être ufé
que i f® po^^t, il n\'arrive pas toujours
f^J^bftant la perte de l\'émail, la denJ
Voit maintient : Ce qui fe
aprè.\'^^\'\'®"^ vieillards, mêriie
< ^ avoir dépouille de l\'émail leurs
-iome I. G
^^ 3L E c K 1 R. u R G I E N
dents par la lime, dans les endroits oià
elles étoient déjà cariées. On voit en-
core des dents tronquées à moitié, &
par conféquent dépourvûës de leur
émail, fe maintenir dans cet état fans
carie éc fans douleur, pendant plufieurs
années, & quelquefois pendant toute
ïa vie.
J\'avoue cependant que les fibres de
l\'émail étant une fois ufées, & ne pou-
vant plus fe réparer, la fubftance inté-
rieure de la dent étant alors pénétrée
plus aifément, elle peut devenir plus
fenfible au froid «5c au chaud ; ce qui
fait quelquefois foufFrir beaucoup, ^
eft caufe que la dent eft plus difpofée
à fe carier.
Dans la mâchoire du fœtus, les al\'
yéoles ne font pas tous formez, ou dt>
moins ils ne femblent pas letre ; puif
qu\'il n\'en paroît à chaque mâchoire que
dix ou douze. Ils ont peu de profon\'
deur, & leurs cloifons font très-minceS-
Avant la fortie des denrs, on diftingu^
ces alvéoles au dehors par autant d^
-boffes; les bords de ces petites cavi\'
tez font très-minces; leur ouverture
eft auffi fermée par la gencive qui pa^
roît pour lors tendineufe. Dans la fuii^^
la gencive devient molle, tendre ^
D E îf T r s T F
f f dans les
mX "" de ma-
cornm, figurée à peu
^^ \'^nkZ dent. Cette matiere
Oculaire , une membrane vef-
RranH Poreufe & parfemée
^«nt de vaifleaux : Ce
^\'^^nt luT^ v^\'^îeaux qui fe diftri.
lefauï"^qu elle eft for-
^ ^^ diftri-
^«n dévelop^tr^f-ffi/antepour
ïUent de la dent r ^
^aifleauxfemanif.ft "" c«
^^ coqur
Cher
^"^•\'îanskma Jc" ^"veioppciu le
-ocr page 68-IE CHIRSJÏÎ.GIEN
îa dent. Ce germe fournit d\'abord paf
fa partie fupérieure, à la mâchoire in-
férieure, & par fa partie inférieure, a
la mâchoire fupérieure, un fue qui 0
répand fur la furface extérieure de la
membrane. Ce fuc s\'oiTifiant, y fait
une couche qui va former l\'extremitc
du corps de la dent. Ce même germe
fournit encore un nouveau fuc pour
faire une fécondé couche? Ce fuc fe col-
le à la premiere couche, il s\'offifie en-
fuite entr\'elle ôc la membrane du ger-
me : Ces couches s\'étendent par l\'ac-
croiffement: La membrane du germe
s\'étend en longueur, tandis que le fuc
du germe fe filtre peu à peu à travers
les pores de cette membrane, pour for^
mer fuceeffivement de nouvelles cou-
ches. C\'eft de cette maniéré que les
dents reçoivent leur forme ôc leur ac-
croiiTement. . .
Il eft aifé de voir par ce qui vient
d\'être rapporté, qua l\'émail de la deijt
eft le premier le pits fermé, 6c que
nombre des couches augmente le vo^
îume de la dent, jufqu\'à ce que le ger-
me vienne à s\'offifier lui-même, & qu?
îa dent ait achevé de croître. C\'eft cet^
te olTification qui affaiffe les vai(reau><
le dent, dç qui yend fa cavité pe^
B E N T I s T E.
gpareilte dans l\'extremitéde fa racin^^
^, même quelquefois entièrement effa-
ce dans un âge bien avancé,
j Prefque tous les Anatomifles veu-
que l\'arrangement des couches qui
& perfedionnene les dents,
^different de celui qu\'on vient d\'é-
t).hr : Ils prétendent que les lames les
ernieres formées font extérieures, &
jf^ premieres intérieures ; mais comme
.^PJnion moderne, contraire à celle-
\' paroît plus vraifemblable, c\'eil:
pie que j\'adopte : C\'eft de M. Winf-
) que je la tiens ; c\'efî lui qui
j, fait voir, fur un fujet nouveau-né,
Ordre que je viens de rapporter des
^^ches de la dent, lequel ell bien op-
à celui qu\'on avoic établi. Il m\'a
qu\'avant lui, feu M. Mery (è)
Joit donné la même obfervation, com-
j\'A dansl\'Hiftoire de
■Académie des Sciences, rédigée paî
cjj^\'\') Oofleur-Régent de îa Fscjîîté de MéJe-
^OA Pans, Profeffeur & Démenftrateiir
tjjj^^atornie au Jardin du Roi, de l\'Acadé-
^oi ^y^Ie des Sciences, & Interprète du
iLLangue Teutonique dans fa Bibiio-
^e ^l\'^raier Chirurgien de l\'Hôtcl-Dieu
îiiie \' ^ Anatomifle de ia même Acadé~
c iij
-ocr page 70-fè ieChirurgien
M. Jean Baptifte Duhamel, alors Se-
crétaire de cette Académie.
Enfin à mefiire que la dent prend de
la nourriture, elle croît feJon toutes fes
dimenfions ; c\'efl pourquoi elle dilate
l\'alvéole ; en s\'allongeant, elle pouffe
par des efforts & des impulfions réité-
rées , la gencive qui renferme l\'alvéo-
le; elle rétend & la dilate de manière
qu\'elle enécarte&en déchire les fibres.
C\'eft ainfi qu\'elle commence à paroître
& à pouffer peu à peu, jufqu\'à ce qu\'el-
le ait acquis fa grandeur naturelle.
Trois difpofitions font eflentielle-
ment requifes, pour que les dents for\'
tent facilement, dont deux appartien-
nent aux dents , & la troifiéme auiS
gencives.
Il faut premièrement que la dent
foit d\'uneconfiftance aifez dure , pouf
divifer la gencive qui la recouvre. Le
défaut de confiftance des dents des Ri-
kais, [a] fait qu\'elles relient toujours
renfermées dans les alvéoles, fans en
fortir, jufqu\'à ce que le vice qui entre-
tient la moleffe des os foit diffipé, Sc
que leurs dents ayent acquis la dureté
qu\'elles doivent avoir.
Secondement, que fon extrémité
(a) Rikais} Enfans en chîicte.
À
-ocr page 71-DENTÏSÏ S.
^oit d\'une figure propre à faire cette
divifion. Ainfi les molaires n\'étant pa&
branchantes comme les incifives, ni
pointues comme les canines, elles ne
iont pas fi difpofées à percer la gencive.
Troifiémement il faut que la genci«
foit molle, fouple, & qu\'elle ne foie
point trop épaifîe.
^ Les dents percent aux enfans plu--
^^^ ou plus tard, felon leur force. Oo
a vû d\'un tempérament fi fort qu\'ils
^^oient des dents en naifl\'ant : C\'eft ce
qu\' On a obfervé en la perfonne de Louis
■^IV. Roi de France , qui vint au
^^onde avec des dents.
Elles vierment quelquefois à quatre
^ois, & pour l\'ordiaaire à fix, à fepc
^ à huit ; & il y a des enfans qui ne
Commencent à en avoir qu\'à quinze
^ois & au-delà.
La premiere dent paroît ordinaire-
•"^^ent au-devant de la bouche, à la ma-
^hoire inférieure. Quinze jours ou crois
Jetnaines après, il en fort une féconde
^ l^ mêrne mâchoire. Lorfque ces deux
Petites incifives font forties^ les deux
Scandes incifives de la mâchoire fupé-
^^^ure fe font voir prefque en même
; au lieu que celles de la mâchoire
inférieure ne percent que l\'une aprèi
C iii]
-ocr page 72-^ i X E C fl Ï È. u R G I E N
l\'autre. Il en perce enfuite deux en bas
à côté des premieres, 6c puis deux en
haut. Après les quatre premieres d\'en
bas, naifîènt les deux canines inférieu-
res (Scies deuxfupérieures: C\'eft-là l\'or-
dre ordinaire de la fortie de ces fortes
de denrs.
Les petites molaires ne paroilTent
que vers l\'âge de deux ans ;/çavoir,
quatre en bas, & quatre en haul: ; ainfî
les enfans ont ordinairement vingt
dents apparentes Se formées à l\'âge de
deux ans ou environ ; mais quoiqu\'il
foit ordinaire de voir fortir ces dents
fucceffivement & dans ce même ordre,
il arrive pourtant que quelques-unes
des petites molaires paroiffent quelque-
fois avant les canines, & les canines
avant les latérales ou moyennes inci-
fives-
Les dents précédentes étant forties,
l\'enfant demeure en cet état jufqu\'à la
feptiéme année ou environ : Alors il
en perce encore quatre autres derrière
celles-là. A quatorze ans, il en vient
quatre de plus ; ôc enfin vers la ving-
tième année, on voit paroître les qua-
tre dents que l\'on nomme dents de fa-
geffe. La totalité de ces dents fait en
îout le nombre de trente deux.
^ I)ENTISTEi
Quelquefois ces dernieres dents ne
jennent qu\'à l\'âge de cinquante ans &
P ps;5c j\'ai obfervé que ces dernieres mo-
^\'^es, lorfqu\'elles vendent dans un âge
^yancé, caufoient quelquefois des flu-
^\'ons, Sz même des abcès aux parties
^iiines ; ce qui ne peut provenir que
^tiraillement qui arrive aux fibres
Charnues de la gencive, que la couron-
ne de la dent force à s\'écarter, en écar-
auffi l\'alvéole. Cette obfervation
era confirmée par plufieurs exemples
feront rapportez dans la fuite de
e -Iraité.
, A l\'âge de fept à huit ans, les dents
^"eifives .
canines & petites molaires
l^inbent dans le même ordre qu\'elles
font venuës.Tant qu\'elles ne font point
pancelantes, ou prêtes à tomber, el-
es ont des racines bien formées ; quoî-
quelques Anatomiftes avancent ^
<^oninie je l\'ai déjà rapporté, qu\'elles
JJen ont point. Mais ce qu\'il y a de
^"gulier, c\'eft que le corps de ces pre-
Jpieres dents, nommées dents de lait,
e détache de leurs racines, fans que
fçache au vrai comment la plupart
e ces racines fe détruifent; ce qui a fait
eonelure à quelques- uns que ces dénis
n en a,voient point.
Ï.ECHIE.UIlGIEîf
Pour concevoir la véritable caufe ds
la chute de ces dents, ilfaudroit pou-
voir rendre raifon de la façon avec la-
quelle leur corps fe fépare de leurs ra-
cines.
L\'Auteur d\'un petit Livre fur les
dents, qui a paru depuis peu, veut (a)
» que la racine de la dent de lait s\'ufe
infenfiblement par la preffion & le
» frotement de la dent qui doit lui fuc-
w céder ; ce qui continué, dit ii, juf-
qu\'à ce que cette deuxième dent aie
» pris la place delà premiere, en con-
s\' fumant de cette forte toute fa racine,
» dont il alfure que les particules ou
3» font confumées par la chaleur de ces
mêmes parties, ou font entraînées
par la falive. »
Il eft vrai que la fécondé dent par
fon accroiflement & par fa prefîion,
pouiTe 6c chalfe peu à peu la premiere
dehors; mais pour en ufer elle-même
la racine, il feroit difficile d\'imaginer
comment cet effet pourroit être pro-
duit ; car il faudroit pour cela que la
couronne, ou extrémité de la féconde
dent, fût agitée en différens fens con-
tre la racine de la dent de lait, avec
im affez grand mouvement, pour qu\'s-
(a) Pag. 103. iign. 2 i. & fliiy.
J D E K T I s T E,
Ors le frotement qui fe feroit, fût feul
capable de l\'ufer, comme il arrive aux
•^ents des adulte, qui s\'ufent alTez fou-
^ent par le frotement mutuel qui fe fait
^fitr\'ejles. C\'eft ce qui ne fe peut faire
® même à la racine de la dent de lait ^
par la raifon que la leconde dent ne
^\'lant Amplement que la toucher Se
PoulTer peu à peu, cela ne doit point
«^aufer l\'effet d\'un frotement.
l\'égard de l\'impreffion , ou petit
^^Poncement qui fe remarque à la ra-
de la dent de lait, U. Hémard
(4) que lorfque les dents de Uirtom-
d\'elles mêmes, 9U qu\'on les ote avec
^^ fil ou autrement, elles fe trouvent j ans
racines f portant jeulement m~
^^Jfous de leur couronne la marque de
J^<^onde dent qui l\'a poufée dehors, pur
faire faire place.
^ Je conviens que cette marque peut
^\'^re faite par l\'extrémité de la couron-
^^ de la fécondé dent, qui étant beau-
plus dure que la racine de la pre-
Î^\'i\'îre , n\'a pas de peine à y faire cette
^rïipreftlon ; d\'autant plus que dans ce
benis-là cette racine eft ordinairement
"■res creufe Se prefque cartilagineufe ;
c\'eft
pourquoi on pourroit préfumeî
) Pag. 47. lign. 10. & fuiv.
3Ï.E CHIRUP,sïÊisr
que la Nature a difpofé les fucs inté^
rieurs de cette racine, ou les liqueurs
qui l\'arrofent extérieurement, de façon
qu\'ils contribuent à la difloudre & con-
fumer, plutôt qu\'un fimple attouche-
ment par laprefîion de la fécondé dent-
Si les particules de la racine de la
dent de lait étoient confumées par la
chaleur de ces mêmes parties, il feroit
encore diifficile de comprendre com-
ment cette chaleur pourroit confumer
ces particules, fans confumer auffi le5
autres parties qui les environnent, qui
^ font tendres, délicates, <Sc par confé-
quent fufceptibles d\'impreffion autant
que les particules de la racine de la
dent de lait.
Si les particules de cette racine
étoient entraînées par la falive, ilfau-
droit encore que cette falive fût deve-
nue bien pénétrante , pour pouvoir
paflèr Se repalTer ainfi au travers des
gencives & des alvéoles, afin d\'entraî-
ner avec elle les particules de cette ra-
cine , qui doivent alors être renfer-
mées dans la gencive & dans l\'alvéole,
où elles font encore alfez étroitement
ferrées dans ce tems-là. Il faut donc
que la Nature fe ferve d\'autres moyens
plus particuliers <Sc plus vraifembla-
M
-ocr page 77-y D E N T I S T I.
"5s, pour la diflblution ou la conlômp-
^^on des racines des dents de lait, que
Ceux que l\'Auteur nous donne pour
^onftans, Se qui néanmoins paroiflenc
^^nir beaucoup plus de la conjecture
de la certitude.
I^ans le tem? de la chûte des dents
® Jait J & avant que les fécondés les
, elles fe trouvent comme
^^bles dans leurs alvéolçs, & à mefu\'-
que la fécondé croît, elle poufle h
Premiere jufqu\'à ce qu elle lui c,éde la
place. ^
,Urbain Hémard (a) nousrapport^
^îppocrate nous ayant laijfé -par écrit
^^^ les premieres dents s"engendrotem &
^^ formaient dans la matrice, des alimens
Venfant y prend-, pour sajfurer de U
^^fïVe il avoit anatomijé ^ en préfence
amis capables de cette démonfira-
^^^ 5 plufieurs enfans ne%, avant terme ,
que véritablement il uvoit trouvé que
jfj^ ^^f^leres dents fe formaient dans
\'•^^^ice ^ m^is qu^aux enfans nouveaux
^iZ 111--- ^ ?
, > w w avott jmais remarque ce qu a
Htppocrate , [b] c\'eft-à-dire,
4h nouvelles dents fe formaient
^ ^ ni qu\'après la chûte de ces pre-
Pag- Sf fuir. chap. 8. 1. fmî
Uyre dçs Çhsirs,
î.e Chirurgien
mieres , il s\'en format d\'autres des ail\'
mens plus forts que prend l\'enfant ; & que
cette opinion femble plutôt conjeëurale,
qu\'une vraie recherche & démonftratioii
MMomtque des dents. Hémard ajoute,
qu\'ayant ouvert tune & l\'autre mâchoire
à des enfans nen, depuis trois ou quatre
jours, df- a d\'autres a finftant de leur
naifance, il a trouvé que les incifives f
les canines, & plufieurs molaires de cha-
que coté des mâchoires, étoient en pat tie
ojfeufes, c^ en partie mucilagineufes ^ de
médiocre grandeur & entourées de leurs
petits étuis, ou alvéoles ; qu après avoir
tiré dehors les premieres dents incifwes
& canines ^ il avoit remarqué un entre-
deux ojfeuxj {a) & qu\'après l\'avoir pa-
reillement été, il avoit rencontré defous
tout autant de nouvelles dents incifwes d
canines qu\'il y en avoit auparavant, pref-
que toutes mucilagineufes, repréfentantU
fubflance d\'un hlans-d\'œuf a demi-cuit,
m peu moins épaijfe que celle des premie-
res ; que ces dernieres dents étoient cachées
m fond des mêmes alvéoles qu\'occupaient
U ) Cefl une petite lame d\'os fort mince
qui (e remarque entre ia racine de la dent de
lait & !e corps ou la couronne de la féconde
dent, & qiu les fépare jufqu\'à ce que cetES
denûere ait percé.
h, .Ï>EN%IST£.
pommes, ^uMt aux grofes molai-
» qui ajept ou huit ans, oulongtems
, commencent a finir, il confefe
^n^votr jamais trouvé aucune trace , ni
">\'^niencement.
^^ ^fi vrmfemblahle
commencé de prendre dans la
^^^ice quelque naijfance ou forme, quoi-
J^^ moins apparente ; mais que dans la
de l f^h^\'^\'-nent & fe perfeéiisnnent
to/ ^^^ ^^^ ^^^^^^ \'
^^^ prouver que les prmieres 13 fecon-
^ ^ dents les molaires qui viennent
avancé, f oient faites d\'une
^Merente matiere. Quelques-uns diront^
^ ^tinuë-t\'il, mais Ji la matiere qui fer t
^ prcduclion de toutes les dents, efl:
^^^^^ble, ou la même, dans le lieu ^
^^^ le tems auquel elles commencent à
[ former, £ou vient que les unes font
y^\'^mes & fartent de l\'alvéole & de la
pifjf^f p Certaine-
pe\'^r ^^^^ étonner, que
P^r des rai fins, qui
Z^e leur apparence, ne peuvent être
douteufes.
dit-il 5 ne paroif~
Id longtems après la formation &
, perfeition des autres os, la matiere
■ ^^ fe forment, doit commencer en
4® ï.e Chirurgiew
même terns dans la matrice, akft que
nous le voyons par Vanatomic du corps hd-
main-, c eft pourquoi m Auteur célébré [a]
â écrit, que celui qui veut bien recher-
cher les ouvrages de la Nature f & ob-
ferver ce quelle a fait dans la compoft^
tion du^ corps humain, ne doit pas toujours
en croire ce qu\'il en trouvera dans les U\'
vres ; mais bien plutôt ce qu\'il en verrai
de fes propres jeux.
La premiere dene réfiftant quelque-
fois à la preffion de celle qui lui Tucce-
de, celie-ci perce pour lors la genci-
ve, tantôt en dedans, tantôt en de-
hors , paroît tortue. La premiere
étant ôtée, ou tombée d\'elle-même,
la dent nouvellement venue fe redref*
(e, Ôz reprend la place que la dent de
lait occupoic auparavant. Il n\'en eft
pas de même des petites molaires,
parce qu étant plus larges & ayant pluî
d^ffiette que les autres, celles qui vien-
nent à les pouffer, agiffent plus forte\'
ment par le milieu. De-là vient qu\'el-
les fortent droites.
li faut remarquer qu\'il arrive quel-
quefois que certaines dents de lait u®
fe rônouvellant jamais, relient dan«
leurs
À
-ocr page 81-;
-ocr page 82- -ocr page 83-Dentiste, 41
eurs alvéoles, prefque auffi fermes êc
^ufli ftables que celles qui fe font re-
^uvellées. Elles peuvent même fervir
^ Satisfaire à toutes les fondions & à
^ous les ufages dont font capables les
e^tts les plus parfaites, après s\'être
^^piicaiion des Figures contenues
dans la Flanche premiere.
Figure -premiere reprélènte les
deux mâchoires tronquées en haut,
oas Scpofterieurement, vûës decô-
^e avec le râtelier garni de toutes fes
AAAA Les gencives exterieure-
*lient vues dans toute leur étendue.
, ^ B La furface latérale gauche de
^ïïiachoire inférieure.
^ C Le mufcle mafleter.
^ ■L\' Incifive fupérieure antérieure,
grande incifive antérieure.
L Incifive fupérieure latérale , ou
"^^yenne incifive.
• incifives inférieures, oa petites
incifives^ ^
îes^ P Canines fupérieures &z inférieu-
i\'infér^ ^"Périeure recouvrant un peu
L B
-ocr page 84-ieChirurgien
H H H H Petites molaires inférieu-
res & fupérieures.
un GrolTcs molaires inférieure?
& fupérieures.
K K Dernieres molaires fupérieures
& inférieures.
L. Le cordon des vaiffeaux qui fe dr-
ilribuent à la dent, compofé d\'une ar-
tere, veine, nerf, &c.
M. Le canal de la dent ouvert.
La Figure IL repréfente une grande*
incifive,vûë dans toute fon étendue par
fa partie antérieure, ou extérieure. Les
grandes incifives font fituées à la mâ-
choire fupérieure.
La. Figure 111. repréfente la même
dent,vûë par fa partie poflérieure ou in-
térieure.
La Figure IV. repréfente encore la
même incifive vûë latéralement.
La Figure V, repréfente une moyen-
ne incifive, vûë dans toute fon étendue
par fa partie antérieure ou extérieure.
La Figure VI. repréfente une petite
incifive vûë dans toute fon étendue pa*
fa partie antérieure ou extérieure.
La Figure VII repréfente la mém^
incifive vûë par fa partie poftérieure oU
intérieure.
La Figure VUh repréfente encore 1«
-ocr page 85-»Ueme ïncifive vûë par fa partie laterale.
La Figure IX. repréfente une dent
canine fupérieure, vûë dans toute fon
étendue par fa partie antérieure ou ex-
terieure.
Figure X. repréfente la même dent
can ,ine vûë par fa partie poftérieure.
. Figure XI. repréfente une des pe-
^l\'^es molaires fupérieures,vûë dans tou»
fon étendue par fa partie extérieure.
La Figure XII. repréfente la même
Polaire, vûë par fa partie latérale.
La. Figure XIII. repréfente une des
grofles molaires inférieures, vûë dans
toute fon étendue par fa partie exté-
rieure.
I La couronne de îa dent. ■
, M Le corps de la dent, ou partie
N Le colet de la dent, faifant partis
ûû corps.
O O Les racines de la dent.
La Figure XIV. repréfente une des
groffes molaires fupérieures, vûë dans
toute fon étenduë par fa partie exté-«
îieure.
La Figure XV- repréfente îa même
molaire,vûë dans toute fon étenduë pat
fa partie latérale.
La Figure XVL repréfente une des
D ij
-ocr page 86-4 _ ^ECHIrurgIEN
ernieres molaires inférieures, vûë dans
toute fon étendue par fa partie exté-
rieure.
La, Figure XVII. repréfente l\'entrée,
ou_ ouverture d\'un alvéole féparé de fes
voifms, ayant une feiile cavité ou loge ;
les alvéoles des grandes., moyennes^(i
p«ites incifives & des petites molaires
n\'ayant pour l\'ordinaire qu\'une feule
cavité & étant à peu près femblables
enrr\'eux , on n\'a fait graver qu\'un al-
véole de cette efpéce,
La Figure XVIII. repréfente l\'entrée
ou ouverture d\'un alvéole féparé des
alvéoles voifîns, ayant deux cavitez ou
loges.
La Figure XIX. repréfente l\'entrée
ou ouverture d\'un a\'véole faparé des al-
véoles voifins & ayant trois cavitez ou
loges. Les alvéoles n\'en ayant pas pour
l\'ordinaire un plus grand nombre, on
n\'en a pas fait graver à quatre ou cinq
cavitez, quoiqu\'il s\'en trouve quelaue-
fois.
D E N T I s T 45
^^ynaladies des Enfans à la for-
des dents de lait, & des re-
^^^^^ qui y conviennent ; d^
^^ns lequel on par le de deux Li-^
nouveaux fur les dents.
J ? s premieres dents commencenc
fept ^ ^^^ ^ de
îlcco,?^^® environ. Cette fortie eft
^^pagnée de divers ^aceidens.
Pi"Ur\' ^ ^^^ d\'abord annoncée par le
eivef o^^démangeaifon des gen-
tle o\' bientôt fuivi âu pti\'aiif-
qu\'o ^ la falivation de l\'enfant ^ ce
prurj! appelle ordinairement baver. Ce
«Uë ^ ^^^^ > parce que la dent deve-
pjP\'^s greffe dans fon accroiffement
fép i "loins pointue, étant difpo-
& perce la
^^tion ^ "" certain degré d\'irri-
» ainfî qu\'il arrive à la peau ^
f (oUi; P- 14. jufquau chap. if.
, Liv. de h forrie des dents,
) Aph. 24.&
uui /rgîîjeîte 3 iiv. J, chap.
-ocr page 88-xe c kirurgiën
lorfqu \'une humeur acre & piquante?
Tetenuë en deflbus, ôc cherchant à fo^"
^ir, nous contraint de nous grater eU
Cet endroit jufqu\'à l\'entamer, pou^
donner iffuë à cette matiere.
Le gonflement de la gencive fe mant\'
fefle enfuite avec de grandes douleurs.^
Si l\'enfant ne périt pas , ( ^ ) il
furvient encore au-dedans ou autouf
de la bouche des aphtes (b) ou peti^^
ulcères, qui ont la convexité blanch^
avant que d\'être percez, qui font en\'
gendrez fouvent par la partie la plu®
acre & la plus féreufe du fang, & q^^
fe forment d\'autant plus aifément, qu^
la fuperficie de la membrane intern^
de la bouche eft alors molle Se tendre-
Les amigdales Se quelquefois les p^\'
rotides fe gonflent, & il en provieP*"
des abcès confidérables.
Quand les dents, ( c ) furtout les ca-
nines , font fur le point de paroître , ^
qu.\'elles vont divifer la gencive, poiJ^
fe faire jour, la démangeaifon fe coU\'
vertit en une forte douleur accomp^\'\'
gnée de fluxions- fur les jouës, fur le^
yeux, même fur tout le vifage,£i^
(â) Hippocrate, ibidem.
( h ) Corneille Celfe, liv. i. chap.
(c) Hîppocrate , aphor. x^»
tou J ^ E N T I s T E, 47
de catharres, de la fièvre, du
X de ventre ou diarrée, de naufée ,
de rinfomnie, de
léta^ • > ^^ frayeurs, de fommeil
îjjQ^ê\'que, Se quelquefois fuivie de la
îrè^^ ^\'^vre leur donne une altération
leuî?^"\'^^ quafi continuelle , qui
qu\' ^ ^^ toutes les fois
cite°- r , &xx qui les ex-
tit a P^"^® ^^ ^^^^ pe-
exc^ peutfupporter. De cet
cor^^ proviennent l\'indigeftion & la
îïiif?^\'^^®" \' ^ P^\'^ conféquent le vo-
ils ou le flux de ventre, auquel
plus fujets , que d\'ail-
fes ^ ^ . ^^ondent en férofitez bilieu-
^ OU pituiteufes, qui étant répandues
der^j"^\'"^ voifines dans l\'eftomac, &
re^ h inteftins, Bumedent &
ieu. . ^ ieurs fibres. Cette diarrée
Poufr\'"T® P""cipalemeBt quand il leur
pour i> J\' c\'efl-à-dire ,,
J ^ ordinaire à dix ou onze mois.
l\'air f ■ fijrvient à caufe de
île la poitri-
îén ^^ ^ ^^^^^ férofitez aui y font
^Panduës.,
tra. , ^^illent, parce qu\'ils ont des
«ciîees, ou qu\'ils font forcez de toufr
11 Cïîl RU ïiGïË îf ^
fer, êc leur infomnie augmente à mC"
fure que leurs dents croidènt. Les hu-
meurs qui font altérées par ces veilles
Se par l\'inflammation des gencives, ne
peuvent qu\'exciter la fièvre de plus e»
plus.
La convulfion furvient enfuite ,
parce que les humeurs qui font émues
Se fondues par la chaleur de la fièvre,
s\'infinuent d\'autant plus aifément dans
3es nerfs des enfans, que ces nerfs font
foibles ; de forte qu\'en étant trop abreu-
vez , ces nerfs ne manquent pas de fe
contraâer par la crudité Se l\'acriraonie
de ces humeurs.
Ils ont des frayeurs pendant leuf
fommeil, ou à caufe du laie corrompu
dans leur eftomac, ou à caufe de quel-
que humeur vicieufe qui s\'y pourrit,
& dont il s\'éieve au cerveau de mali-
gnes vapeurs par le moyen de la conti-
nuation des nerfs. Galien dit avoir ob-
fervé, non-feulement dans les enfans
nouvellement nez, mais même dans
ceux qui font plus âgez, qu\'ils ont danS
leur fommeil d es imaginations effrayan-
tes , ôc que cela leur arrive, quand leur
eftomac eft rempli d\'humeurs altérées
Se corrompues, qui piquent fon orifî-
i"e, cette partie ayant un fentiment
fore
-ocr page 91-fort . Dentiste.
^ g^-anck- connexité
J principe des nerfs.
auxarrivent
duicr \'î "" P™-
fair " compreffion que la dent
tant^^Jgencives pour la divifer en for-
auy k ^^ "Vilement qui arrive
fibres nerveules du périofte & des
gf^Cives. Delà on doit fenrir qu\'il eft
de K Jniporraiice d\'employer
Donne heure tous les moyens que
P""^ obvier à des
^îdens fi fâcheux. Ils font d\'autant
a cramdre, que dans leur concours
germes dont fe forment les dents,
^^urent grand rifque d\'être offenfez,
nianiere que venant à périr, hs
valr c^evoient former, ne pa-
^ \'«ent jamais; comme il arrive, lorf-
les matières des abcès des genci-
celles d\'un ulcère, viennent à
Ils\'r ces germes par leur féjour.
^ont auffi fouvent détruits par quel-
chûte, ou parce qu\'on
den ^ contre-tems quelqu\'une des
\'-\'Jts de lait.
doj/ ^^ ^ remarquer que les maladies
^tta de parler, & qui
quent dans la premiere enfance
ivent encore dâJis des âges plus
Tme l, ^
50 xe Chirurgien
avancez ; mais le cas efl plus rare.
Les dents incifives étant plus peti-
tes Se plus tranchantes, percent plus
aifément que les canines, & font beau-
coup moins fouflTrir l\'enfant. Les mo-
laires , qui font bien plus grofl^es & pref-
que carrées, percent les gencives avec
plus de violence ; mais comme elles
font plus tardives, & que l\'enfant a
plus d\'âge ôc de force, ilfupporte plus
aifément la douleur.
Enfin les maladies ci-deffus rappor-
tées, f^nt plus ou moins confidérables,
fuivant que ia complexion de l\'enfant
eft plus ou moins vigoureufe.
Je crois ne pouvoir mieux placer
qu\'ici,les pronoftics d\'Hippocrate, qui
dans fon Livre de la fortie des dents
de lait des enfans, dit, que ceux à qui
les premieres dents percent enhyver,
en fupportent beaucoup mieux la for-
tie , parce qu\'ils font moins expofez à
la fièvre, ou aux convulfions dans une ■
faifon froide que dans un tems chaud :
Que lorfqu\'iis ont la diarrée ou flux de
ventre, ils font moins fujets aux con-
vulfions : Que quand ils ont la fièvre
aiguë, ils en font fort peu attaquez :
Que les enfans ^ qui à la fortie des
dents, ont de J\'eoibonpoint, de la fraî-
A
-ocr page 93-t) E N T I s T E. j-f
fon""\' ? Jormenc profondément ^
VuLlî de con!
dans ■ tombent
Dpn^ ^^^ accident, n\'en meurent ce-
inrT P^ = ie^ dents for-
^^ ^ plus tard & avec douleur, & viea-
enfa P ^ ^«"es aux
ciiW-\'^\'^V^"^ ^^ elles font
a percer.
^ev pronoftics, on peut con-
^aife \' iuivant la bonne ou mau-
res j "^^Pie^ion des enfans, la fortie
fàcii ƒ f^ P^"\' prompte
dangéreufejQue le lait de
>
des
!our..,- —. V"- Jie lait aes
^^ Urrices y efï favorable par fa doa,
fiatn\'^ «"^fi^le par l\'in-
du mauvais
excrA \' du vin, qui y eft
jj^iîîenient contraire.
\'^alad? dey
dents d ^"^^^ennent à la fortie des
que j\'en aye fait une
6c |.L , l\'intérêt du Public
gent profeflion m\'obli-
»îier ; ^^^ d en prévenir &cal-
dre la » faut tâcher de ren-
^ Plusf plus We
telle = gencive eil
\' denc qui pouflè a moins de
-ocr page 94-\'^Z \' î. E c H I ïl u R G I E N
peine à percer. Il faut donner de bo®\'
îîe heure un hochet à l\'enfant : Ce ho\'
chet par fa fraîcheur calme la douleuf
êc modère l\'inflammation pour un peU
de tems, êc par fa dureté il facilite la
divifion de la gencive en la preflant,
lorfque l\'enfant porte ce corps dur ^
fa bouche.
On peut auffi fe fervir utilement de
la cervelle de Lièvre, ou de la moelle
qui fe trouve dans les os de fon rabl^
ou de fes cuifles, de la graifle d\'u^
vieux Coq, ou du fang de fa crête fraî\'
chement coupée, pour en froter fou-
vent les gencives de l\'enfant. Ces qua\'
tre remèdes font recommandez pai^
plufieurs Praticiens célébrés. L\'extrait
qui fe fait des racines de Chiendent;
efl encore très bon.
Les remèdes fuivans font préféra"
bles.
p On prendra parties égales d\'eau
mauve de d\'eau de guimauve mêlée^
avec un peu de miel de Narbonne\'
On trempera le bout du doigt dans cc^\'
te liqueur qu\'on fera tiédir, pour
froter fouvent les gencives que
dents ont peine à percer.
On peut faire auffi des décoâiof^
ayep l\'orge mondé , îes raifins de Da-\'
Bentistë. ^^
, les figues graffes & la racine de
gUîniauve, On peut ajouter à cette dé-
eoction un peu de fucre candi, Ôc f
^emper un linge fin, avec lequel on
^tnedera fouvent la gencive.
L\'huile de Ben ou Been, peut en»
être regardée comme un bon re*
îïiede.
.^our les convulfions des nerfs du
oti\'l^^ "^aufées par la douleur des dents,
^^^ le fert de moelle de Veau, dont on
le vifâge de l\'enfant.
On
fr,
p V^ guérit les aphtes, ulcères ou
^ chancres, qui naiflent dans la
g che^ en les touchant légèrement
l\'efprit d\'alun ou avec l\'efprit de
ou celui de fel, ou celui de fou-
l\'al \' vitriol de Chypre , ou
^ Un. On peut encore les faire difpa-
fe ""^f \' ^^ fervant de l\'Eau fpiritueu-
\' ^efiicative, balfamique & antifcor-
tior^^^\' dont j\'ai donné la compofi-
^olum^ fin du Chapitre VI. de ce
die?^^*^^- ^ ^^^ concerne les mala-
tj^j^^^^\'tsî\'ieures caufées par la fortie des
^\'îîinh\' ^ reconnoît que la
dre| , il faut faire pren-
Cerr ^^ l^- gelée de corne de
* ^ dilfoute dans le lait de la Nour-
-ocr page 96-54 i-e Chiuurgïen
rice, ou dans du bouillon.
Outre ce qui vient d\'être dit, on
doit pas négliger les remèdes générau:!i
ordonnez par un bon Médecin, tels
que la faignée & les lavemens pour te-
nir le ventre libre, s\'il ne l\'efl: pas r
êc calmer ainfi la fièvre & les convul\'
fions.
Si tous Ces remèdes ne foulagent pas
l\'enfant, fi la gencive efl: rouge, gon-
flée & tendue; fi l\'on voit, oufil\'oO
fent au travers de la g-ncive, le corps
de la dent, foit avec Je doigt, foit
avec la fonde, il n\'y a aucun danger
à ouvrir la gencive en cet endroit :
faut même faire cette opération promp-
îement avec l\'extrémité d\'un Déchauf-
foir bien tranchant. Lorfqu\'elle eft fai-
te à propos, elle peut arrêter tous les
fimptômes de la maladie, & fauver 1»
vie à l\'enfant. L\'ouverture que l\'on fait
à îa gencive dans cette occafion, doit
être proportionnée au volume de la
dent. On fait l\'incifion horizontal^
30ur les incifives & les canines fuivanf
eur tranchant : Pour les molaires, o»
fait l\'incifion cruciale, «5c on obferv^
de couper exaélement la gencive qui
pofe fur les enfoncemens 6c fur les emi-
nences de la couronne de la dent. O»
BenTISTÊ.
ait cette incifion cruciale, pour évi-
qu\'il ne refte des brides dans les
«nioncemens de cette couronne. Les
jJ^des qui refteroient, feroient tirail-
fpoufîees à chaque inftant par la
ent qui doit for tir -, ce qui cauferoit
^utant de douleur qu\'auparavant. 11
^ emportant d\'obferver ces circon-
^nces : Les Auteurs qui ont écrit fur
fJt \' cependant pas
J\'ai tâché de réfuter dans le Cha-
P\'^re précédent, l\'opinion d\'un nouvel
uteur ( 4 ) fur le prétendu frotement
ufe la racine des dents de lait ; jô
rois devoir placer encore ici quelques
^^nexions fur ce qu\'il avance dans les^
fuivans : Nous avons de très-
ouvrages fur toutes les maladies des
^^ts ^ oà les caufes en font difertement
avec Vindication des remèdes.
Jufqu\'a la defcription des inftrumens
^^^fervent dux opérations d\'un Bentifie ;
ne feroit-il pas plus utile de travail-
a prévenir ces mêmes maladies, d\'aU
^^ Jufqu\'à la four ce, pour la détourner ^
^^ détruire la caufe du mal, oudel\'arrê-
nl naijfance F On fent que cela
^ doit être praticable , qu\'en remontant
Pag. ç. %n. 14. & fuiy.
E iiîj
-ocr page 98-y^ IE CHI RUReiiir
caufes les plus éloignées.
II veut que les Peres, les Mères &
ies JVournffes .foient d\'une bonne fan-
te ; que les Mères foient fans paffion^
violentes, qu\'elles obfervent un bon
regime de vivre, qu\'elles foient bien
gouveraées pendant tout le tems de leur
grolieffe ; que les Nourriffes ayent auffi
ies quahtez requifes, & qu\'ellesayent
encore des furveilians expérimentez :
il juge qu\'alors les dents de lait per-
ceront aux enfans, fans leur caufer tous
ies accidens qui leur arrivent fi fré-
quemmei^t.
Ceux qui ont un peu de Phyfique
& d\'expérience, conviendront avec
cet Auteur, qu\'il feroit à fouhaiter que
les Peres <& furtout Içs Mères & les
KourrilTes euflent les qualitez qu\'il de-
inande, & qu\'on travaillât avec grand
fom a fonner aux enfans une bonne
complexion, qui donnât à leurs dents
la facilité de percer, fans qu\'ils fulfent
expofez a des accidens fi ordinaires,
& qui les fît joiiir d\'une fanté parfaite;
mais a combien de caufes antécédentes
& éloignées veut-il inutilement remon-
ter.? Combien de caufes prochaines ne
îaudroit-il point arrêter ?
Ces caufes donc il parle , varient:
M
-ocr page 99-Dentiste. 57
^lî tant de façons, les circooftances en
ont fi multipliées & fi nombreufes „
il ne feroit prefque pas poffible de
■•ss réformer, de leur fixer un ordre
nouveau, Ôc de les tourner de raanie-
^^ qu\'elles puffent produire d\'autres
A l\'égard des pronoftics fi redouta-
•^^«s, que l\'Auteur fait fur les racines
O\'J les reftes de dents délaie, qui après
chute de ces dents, demeurent en-
celles qui font renouvellées, & fur
caries des quatre premières grolTes
Polaires, qui tout à la fois en peuvent
gâter hait autres, ce cas a fi peu de
fondement, qu\'on doit le regarder avec
Autant d\'indifférence que beaucoup
d\'autres,touchant lefquelson trouve de
Semblables exagérations.
Cet Auteur qui s\'eft fait annonce?
dans la Gazette de Hollande avec des
éloges qui le mettent au deffus de tous
^es Auteurs qui l\'ont précédé, avancé
Qu\'après avoir réitéré des expériences
^ des obfervations très-exades fur des
Sujets de tout âge, & avoir juHifié la
Conformité de fa théorie avec les preu-
ves qu\'il a fournies, tant fur des vi-
Vans que fur des morts, il efl enfin par-
^\'enu à remarquer que les dents de lâit
58 î.e Chirurgien
ont des racines, que ces racines s\'ufertC
par Ja comprefîion des fécondes dents,
que ces dernières ont des cavirez, qu\'el-
les ont des vailTeaux qui les rendent
fén^fibles, & qu\'elles font fuiettes à l\'é-
rofion comme lés dents de lait; que
cette érofion fe fait fuivant la différen-
ce de l\'âge des enfans, quelquefois fur
les dents de lait, & fouvent fur les fé-
condés, à proportion que les maladies
qui la produifent, font plus ou moins
aéhves, &c. Ce qui eft furprenant,
c eft qu\'il n\'ait indiqué aucun remède
contre cette érofion ; Il auroit cepen-
dant rendu fes obfervations utiles, en
Je faifant. \'
II prétend que l\'érofîon peut pro-
venir de la rougeole, de la petite véro-
le ôc des fièvres malignes. Cette ob-
fervation paroît fort bonnes mais cet
accident n\'eft pas ordinaire.
^ M. Petit (a] marque bien plus la
JuftelTe de fon jugement dans fon Trai-
té des maladies des Os, Tom. I L
Chap. XVII. Il y parle en habile
(a) Jean-Louis Petit, de l\'A cadémîe Roya-
le des Sciences, delà Société Royale de Lon-
dres, ancien Diredeur de l\'Académie de
Cmrurge , Chirurgien de Saint Côme, &
ancien Prevot de fa Compagnie.
A
-ocr page 101-Dentiste.
^ nyncien des caufes prochaines du Ra-
^\'"s des enfans, d\'où s\'engendre l\'é-
rofion, fe renfermant, pourainfi dire
dans la feule fphére de i\'enfant, n\'al-
lant point chercher des fources éloi-
gnées , Se attribuant feulement cette
^laladie aux régions, au mauvais lait,
^ la douleur des dents , aux vers, au
changement de nourriture & à de pa-
^siUes caufes toujours prochaines, qui
peuvent troubler la digeftion & la chî-
ification; ce qui produit un fang mal
^conditionné 6c un vice dans la limphe
^ dans les autres humeurs, 6c qui ex-
cite des douleurs , & par conféquent
des cris, occalîonne la fièvre, des in-
somnies , des convulfjons, 6cc.
M. Petit s\'explique fur cette impor-
tante matière, avec tant de folidité,
^e clarté 6c de précifion, que je ne puis
^Ue renvoyer à fon propre Ouvrage.
Je crois devoir rendre juftice ici à
l^ns Brochure qui porte le nom de M.
-^unon, 6c qui a paru en 1741. fous
■•e titre de Dijferîatim fur un préjuge
^^ss - psYniciem concernant les maux de
\'^iîs qui furviennenî aux femmes grojfes,
yn y parle avec beaucoup de bon fens
ds la ^ufTe opinion qui s\'efl répandue
ce que l\'extradion de îa dent nom>
-ocr page 102-^o^ ^E CHIRurvGIEI?
mée communément Oeillère^ pouvoîe
être préjudiciable à la vûë.
On y décide auffi avec autant de
îaîion, de la néceffité qu\'il y a quel-
quefois d\'opérer fur îa bouche d\'une
feme enceinte , & fur celle d\'une
Nourrifle, fans qu\'on doive en crain-
dre aucunes fuites dangéreufes, quand
on le fait avec de fages précautions.
L\'honnececé avec laquelle on me cite
dans cet Ouvrage , & les louanges
qu\'on veut bienni\'y donner, méritent
que j\'en marque ma fenfible reconnoif-
fance.
De r utilité des Dents, du pm
de foin que Pon prend pour
les conferver.
La nailTance & la formation des
dentsfont l\'ouvrage de la feule
-Nature; mais leur confervation dépend
ordinairement du fecours de l\'Art.
II n\'eft pas furprenant qu\'on néglige
de s mftruire de la naiffance & delà fS-
mation_ des dents ; Cette négligence
îî eitpoint préjudiciable à tous les hora-
Dentiste. ôt
pes :I1 n\'en eft pas de même du peu de
oin que l\'on a d\'apprendre la maniéré
^ conferver les dents. L\'homme na-
\'^Ujellement attentif au foin de fa fanté,
»néglige
par un contrafte fingulier, ce
y contribue évidemment, je veux
, la confervation des dents, & cec-
e négligence devient très-nuifible:Car
la fanté dépend de la digeftion
fs ahmens, qui ne peuvent être bien
^^gerez, s\'ils ne font auparavant bien
^oycz : Us ne fçauroient l\'être, fi ce
^ eft par l\'adion des dents, qui certai-
nement ne font en état de bien agir
^^\'autant qu\'elles font bonnes, & bien
confervées, c\'eft-à-dire, qu\'elles n\'ont
point de maladies qui les empêchent de
divifer les alimens.
Je ne m\'amuferai point à faire un plus
ong difcours, pour .juftifier ces réfle-
^^ons: Ce que je viens de dire là-deffus
uffit pour en convaincre les perfonnes
^î^fées & foigneufes de leur fanté. Ua
FUS grand détail feroit étranger à mon
yjec, cette matiere étant plus du reflbrt
^^ la Médecine & de la Phyfique, que
partie de la Chirurgie pratique,
^ont je fais mon principal objet.
les dents font très-importantes pou?
confervation de la fanté ^ elles font
ie Chirurgien
auffi abfolument néceiîaires pour Tagre-
menc de la voix, la prononciation da
difcours, l\'articulation des mots & i\'or-
jnement du vifage.
L\'arrangement & la figure des dents,
forment dans la bouche deux efpéces
d\'enceintes capables de réunir & de
modifier les fons de la voix d\'une ma-
niéré harmonieufe , qui charme l\'o-
reille , lorfque la langue exécute fes
mouvemens, & qu\'elle frappe l\'air à
propos. C\'eft par l\'effet de cette har-
monie que le difcours eft plus intelligi-
ble & plus gracieux qu\'il ne le feroit,
Ii les dents étoient mal arrangées, ou
qu\'elles laiffaflént des places vuides.
Puiftant motif pour engager ceux qui
font obligez de parler en public,& ceux
qui s\'adonnent à la Mufique, à prendre
foin de leurs dents. On peut miême
ajouter à ce motif, celui de ménager la
poitrine. 11 eft évident, & l\'expérien-
ce le démontre, que les dents bien con-
fervées, empêchent l\'air d\'entrer & de
fortir tïop rapidement par la bouche ,
& qu\'elles forment avec la langue une
efpéce de barriere ou d\'éclufe, qui ne
laiffe pa(fer l\'air que par mefure ; ce qui
fait que la poitrine ne s\'épuife & nefe
defleche pas fi-tôt, ni fi facilement.
Dentiste.
Les dents fervent encore à foûtenir
s joues & les lèvres; ce qui n\'eft pas
^ moindre importance pour les agré-
^ ens du vifage , comme on peut s\'en
nvaincre par la difformité\'que leur
y fait appercevoir.
réH contraintes ne font, point
^^ Uites les perfonnes, furtout du beau
Un ^ \' lorfqu\'elles ont perdu quelques-
^^es de leurs dents : Elles ne fçauroient
\'a bouche, dire une parole, ou
delV\'^ ^uoindre foûris, fans montrer
y défauts qui leur reprochent îa né-
^^\'gence qu\'elles ont eues à remédier
contre nature, qui font
\'\'jvees à ces parties,
fiç ® pourrois encore rapporter ici plu-
îié^r autres mauvais effets que cette
fç ê%ence produit; comme la mauvai-
IgJ^deur qui fort delà bouche, la cou-
dp dégoûtante & la malpropreté des
\'"S. La feule idée de ces défauts
afflige, il faut donc les prévenir ^
\'■out au moins y remédier.
le C h I e.u r g i e n"
CHAPITRE IV.
Le régime & la conduite que l\'on
doit tenir j pour conferver les
Dents, .
TRES avoir dit de quelle im-
portance il eft de conferver les
dents, il faut prefcrire la méthode que
Ton doit fuivre pour y réuffir. Elle coO\'
fifte principalement dans le régime de
vivre qu\'il faut tenir, & dans les pré-
cautions que l\'on doit prendre.
Le premier foin que nous devons
avoir par rapport au régime de vivre
convenable pour la confervation des
dents, & en même tems de la fanté, fe
renferme à choifir des alimens d\'un bofl
fuc, qu\'il faut mâcher très-exademenc,
avant que de les faire pafîer dans notre
eftomac. Le proveroe ancien dit
le morceau qui longue\'nent fe mâche,
eft demi cuit & l\'eft.omac ne fiche. ( 4 )
On ne fçauroit aîTez exprimer combieiv
l\'on pèche en ce point. On fe néglige,
en s\'abandonne à l\'intempérance dans
le manger, on engloutit fans attention,
(a) Urbain Hémard, pag. 6. l zi.
Si
-ocr page 107-o -Dentiste.
^ avec précipitation les alimens. Rien
capable de caufer de plus grands
jç l^rclres qu\'une maftication imparfai-
, \' car fi les alisaiens ne font pas bien
la^rl^P^"^^®\' dents, il eft conftant que
^^liiolution qui fe fera dans l\'efto-
p p\'. Sera longue, laborieufe & im-
^"aite. Ainfi au lieu d\'un fang doux
trai , il en réfultera au con-
quer "" ^^
^^^-que maniéré vicieux; Les dents
manqueront pas de s\'en refi^entir ,
vaii/^^ Sang qui paffera dans leurs
leve-^^"^ \' P^^\' vapeurs qui s\'é-
jie de l\'eftomac & de la poitri-
Daif ^^^ s\'attacheront aux dents, en
pai\' la bouche,
que des légumes, teîs
boyii choux, les porreaux, les ci-
de la ^ l^s navets, les pois verds ; celui
des ^ r?*^ ^^ pourceau, des viandes &
^c a ^^^^^ \' du fromage, du laie,
que P\'\'^i^diciabîe aux dents, puif-
lïiay^^^^^^s _ ces chofes produifent un
les dragées & tous
peu 4 ^ ne contribuent pas
que le ^es dents; parce
finuëri provient, s\'in-
^ans les gencives, &fe colle coïî-
-ocr page 108-ce ie Chirurgien
tre les dents ; & qu\'il y a dans le fucre
un acide pénétrant & corrofif, ainfî
que i\'analyfe Chymique le fait connoî-
tre, qui y caufe tôt ou tard du déran-
gement. Auffi remarque-t\'on que ceux
qui font un grand ufage de ces poifons
féduifans, font plus fujets aux maux de
dents, & les perdent plutôt que les
autres.
Ceux qui aiment les fucreries, 5c qui
en ufent fréquemment, ont rarement
les dents belles, ou ne les ont que d\'une
médiocre bonté. C\'eft pourquoi il eft
îieceiTaire après avoir mangé des fucre-
ries , de fe laver la bouche avec de l\'eau
tiède, pour difloudre & enlever par ce
diftblvant, ce qui pourroit être refté
dans les gencives ou contre les dents.
Jene prétens pas conclurre par ce
que je v^ens d\'avancer, qu\'ilfoit abfolu-
ment néceflàire de fe priver entière\'
ment des chofes que j\'ai marquées être
contraires aux dents:Or? doit feulement
en régler l\'ufage, & n\'en pas faire une
habitude, que l\'expérience journalière
fait voir être toujours préjudiciable.
Il n\'eft pas moins important d\'être
fobre & retenu en buvant & en man-
geant;Quand bien même le devoir &
Religion ne nous y obligeroient pas.
J t> E N T I s î É.
maladies qui font les fuites des excès
«pivent fuffire pour nous rendre fobres,
tout^^ \' ^ capables de nous contenir en
^ Les précautions que l\'on doit pren-
c p\'i^^^^^urs pour conferver les dents,
^onliftent à ne point mâcher, caifer
^ couper des alimens, ou autres corps
^\'op durs, & à ne faire aucuns efîorts
^«c elles , comme font ceux qui folle-
ent calfent des noyaux, coupent des
de chanvre, de lin ou de foie, lé-
par oftentation des fardeaux très-
^^\'ans, &c. Par de tels efforts, on ufe,
ébranle, on éclate des den^s, on
^xpofe à les perdre, ôc quelquefois ori
perd en effet,
^ il faut éviter de fe fervir de cure-
d\'or,^ d\'argent, d\'acier, auflî-
^ que d\'épingles , ou de la points
reïi^ ^°uteau ^ pour ôter les viandes qui
ret \' ï ^^^ \' \'^\'du-
îe ® a ^^ ^^^^cheur de ces inflrumens
f^/contraire, furtout lorfqu\'ils font
oriquezde cuivre, ou defer. H faut
\'^cipaiement rejetter l\'ufage de ceux-
^ caufe que la falive en détache des
ble qui peuvent êtrecapa-
s de corroder les dents : Les cure-
siîts de plumes déliées, font préfé-
F i)
-ocr page 110-<j3 le c H I R U R G I E ît
rabies à tous les autres..
La fumée du Tabac eft encore très-
contraire aux dents, elle les rend noi-
res Se vilaines, «5c d\'ailleurs fi l\'on n\'a
pas îa précaution de garnir le bout de
la pipe , le frotement quife fera contf«
les dents, ne manquera pas delesufef
peu à peu, & d\'en découvrir les parties
feniibles. L\' experience démontré cs
fait, & c\'eft à quoi on ne fait pas ordi-
nairement attention. Cette fumée pro-
duit encore un mauvais eifet ; elle
échauffe la bouche, & un air froid ve-
nant immédiatement à fraper les dent^,
ces deux extrêmes peuvent donner oc-
cafion à la fixatian de quelque humeu?
dans la dent même, dans les gencives-,
ou dans quelques-unes de leurs parties
voifines ; ce qui peut occafionner des
douleurs & des fluxions très-incommo-
des, 6c même la carie, qui eft le plus
fâcheux de tous les accidens.
Ce n\'eft pas que je veuille par là dé-
truire l\'ufage que Ton a de fumer du
Tabac. Je fçai qu\'on fe noircit les dent«
en fumant, fi l\'on n\'a pas un foin exa<^t
de les tenir nettes 6c de fe rincer fouvent
la bouche ;_mais je fçai auffi que la fumée
du Tabac peut contribuer à la confer"
vation des dents, en procurant l\'éva-
Â
-ocr page 111-Dentiste» 6-q
dation des humeurs furabondanres ,
^Uî pourroienc en agiffanr fur elles, les
Jfecruire. Mon delieinell feulement de
\'^ii\'e remarquer, qu\'il ne faut pasim-
^^eaiatement après avoir fumé, expo-
^^ le dedans delà bouche aux impref-
d\'un trop grand froid.
Un Dentifte de cette Ville , grand
^^\'\'Herni du Tabac, ne veut pas même
^^on en ufe par le nez, prétendant
^^^il efi: pernicieux aux dents. Il feroic
^ louhaiter qu\'on en modérât l\'ufage ;
Allais à l\'excès près, je ne crois pas qu\'il
"^^^puiffe arriver des inconvéniens con-
^taires aux dents. L\'ufage même en
pourroit être utile aux perfonnes fujet-
aux fluxions. Le Tabac détermi-
nant les humeurs à s\'écouler par le nez,
fait une diverfion, qui les empêche
de fe jetter fur les dents ; ce qui n\'eft
pas un périt avantage.
Il arrive aux dents à peu près la mê-
îi^echofe, qui leurfurvient après qu\'on
? fumé du Tabac, & qu\'on les expofe
^\'îimédiatement à un air trop froid ,
^orfiiue prenant des alimens folides trop
chauds, la bouche étant encore échauf-
fée J l\'on vient immédiatement, ou peu
de tems après, à prendre d\'autres ali^-
ïîîens trop froids. Toutes les liqueurs
^ ie Chirurgien
que l\'on prend dans ces dégrez extré>
mes de chaleur ou de fraicheur, produi-
fent le plus fouvent par un ufage incon-
fidéré, des effets contraires à la confer-
vation des dents, & femblables à ceux
dont nous avons parlé ci deflus. Plu-
fieurs perfonnes boivent dans le même
iriftant des liqueurs quafi boiiillantes, de
d\'autres à la glace, fans penfer que cet-
te diverfité de liqueurs chaudes & froi-
des , eft capable d\'arrêter & de fixer les
humeurs, même le fuc nourricier dans
les dents, & que ces matieres ainfi fi-
xées venant à fermenter une fois & à
rompre le tiffu de la dent , caufent la
carie qui le détruit abfolument.
Tous ces effets font produits, & par-
ce que la chaleur dilate les parties& ra-
réfie les liquides qui coulent dans les
vaiffeaux, & parce qu\'au contraire le
froid con trade & refferrre les parties,
rallentit le cours des mêmes liquides,
les fixe & les épaiffit en quelque manie-
^ dans Jes tuyaux qui les contiennent.
De là viennent la plupart des obftruc-
tionsfuiviesdefuitesfâcheufes qui dé-
truifent les dents, pour peu qu\'on né-
glige de fuivre un régime de vivre ré-
gulier.
Dentiste. 71
Manière (^entretenir les Dents
blanches , & d^affermir les Gen-
cives, Optats 5 Foudres & Li-
gueurs utiles 3 ou contraires à
cet ufage.
Le s opiats, poudres&îiqueurs dont
on fe fert ordinairement pour net-
^eïer & blanchir les dents, étant plus
^^pables de nuire que de produire us
bon\'effet, je dois détromper ici le Fn-
"lic, en lui indiquant les ingrédiens
contraires qui entrent dans la compofi-
tJon des prétendus remèdes dont il s\'a-
ê\'t, &z en même tems lui enfeigner ceux
qui font les plus convenables.
On ne doit point fe fervir d\'opiats
^^^Upofez de brique, de porcelaine,, de
Pîerre-ponce , ni d\'aucuns ingrédiens
Recette nature : Ces fortes de drogues
étant portées fur les dents,, en ufent l\'é-
, Se le rongent à peu près comme
® ftroit une lime. On peut fe fervir
^^Pendant de la pierre ponce, pourvû
elle foit mêlée avec des abforbans
^Uî en eaibarrairent les pointes,
7f IE C ir Î R TT R G Ï E ??
pèchent que leur adion ne foit trof
ï\'ude & trop mordante.
Le fel d\'albâtre fi vanté pour bien
blanchir les dents, n\'eft autre chofe que
le talc calciné au feu, dont on fait une
poudre fort blanche, à laquelle on mêle
l\'os de Seche, le fel de tartre , le fel dé-
crépité , le fel de Saturne, l\'alun calci-
ne , ou autres ingrédiens femblables.
C\'eft par cette compofition qu\'on a abu-
fêtant de monde; maisfi l\'on examine
a fond^es effets, on trouvera fans dou-
te, qu\'elle fait plus de mal que de bien.
Le fuc d\'ofeiile, le jus de citron ,
refpnt d\'alun, de vitriol & de fel, en
quelque quantité qu\'ils foient, ne doi-
vent point être employez purs ou feuls,
que très-rarement, & qu\'avec grande
arconfpedion ; parce que dans la fuite
J\'s produifent ordinairement fur les
dents une couleur jaune qu\'on ne peut
reparer. Ce n\'eft pas le feul mauvais ef-
fet que ces efprits produifent fur les
dents, ils en ufent l\'émail de telle ma-
niere, que fi ces liqueurs y font appli-
quées fréquemment & pendant quelque
tems, elles le corrodent & le rendent
comme vermoulu & criblé de quantité
de petits trous. Si ces liqueurs produi-
sent un effet fi violent fux l\'émail des
dents.
-ocr page 115-j • D E If T I s T E.
«•ents, on peut juger à plus forte raifon,
combien les gencives en doivent. fouf-
, lorfqu\'elles en font touchées. C\'eft
îieanmoins dans l\'ufage de tels remèdes
que confifte tout le fecret des Opéra-
^^ursavanturiers & charlatans. Ils font
^ « vérité difparoître le limon qui eft
^^tour des dents, & ils les blanchilfent ;
^ais fi l\'on examine avec une loupe, (a)
^ même fans loupe , les dents ainfi
^ anchies plufieurs fois, on appercevra
ans peine le ravage que les liqueurs
jl^ ils employent, y ont fait dans toute
furface. Enfin la carie achève un
^\'^^rage fi malheureufement commen-
On voit tous les jours des perfonnes
la bouche gâtée montre qu\'elles
les viaimes de l\'ignorance de ces
^^ Pérateurs. Je fuis étonné qu\'on ai tété
^ longtems leur dupe ; mais on veut
ëUerir ; on croit aifément ceux qui pro-
^^®ttent une guèrifon défirée avec ar-
cli^"^ ^ ^ on ne prévoit pas les fuites fâ-
"eufes des drogues nuifibles.
cri ? petites brofies de
de morceaux de drap, ou de lin-
s en r^\'^ Se blanchirou netteïer les dents,
Ce Servent fans concevoir que toutes
s matieres font trop rudes, <5cque leur
i Efpéce de miçiofcçpç.
jr^t i.e Chi ruk gi e n
frequent ufage pratiqué indifcrecé-
ment, détruit fouvent les gencives &
les dents. Ce n\'eft pas fans raifon que
je confeille d\'abandonner cet ufage, &
de s\'en tenir, après qu\'on fe fera fait
aetteïer les dents, à fe laver la bouche
tous les matins avec de l\'eau tiède, en
fe frotant les dents de bas en haut &
de haut en bas, par dehors & par de-
dans , avec une petite éponge des plus
fines, trempée dans la même eau : Il
eft encore mieux de mêler avec cette
eau une quatrième partie d\'eau de-vie ,
pour fortifier davantage les gencives ôc
affermir les dents. Si la commodité
ne permet pas d\'avoir de l\'eau tiède,
on pourra fe lervir d\'eau froide , en y
trempant auparavant les doigts pen-
dant quelque tems, pour en ôter la
grande fraîcheur.
11 eft à propos de fe fervîr le matirt
du demi rond du curedent de plume f
pour ôter le limon qui s\'eft attaché pen\'
dant la nuit fur les dents. Ils\'englifl®
quelquefois entre les gencives Ôc les
dents ; le curedent ne pouvant pas f
pénétrer, il faut en ce cas, en compri-
îBant les gencives avec le doigt, rele\'
ver les gencives d\'ea bas, & abailTe^
celles d\'en hauts
Â
-ocr page 117-b e n t i s T e. ji^
Ce qu\'il y aie très-convenable pour
ïe troter les dents, c\'efl le bout d\'une
j"acine de guimauve, de mauve, ou de
uzerne bien préparée, elle les blan-
\'^"ït^fans offenfer les gencives.
f fRr^^ n\'étant pas toujours
_Urhlans pour entretenir les dents, il
ut avoir recours aux opiats 6c aux
poudres fuivantes, qui font compofées
\'ngrédiens plus convenables que ceux
^ ® nous avons rejettez.
Opiat pour les Dents.
ïJu^^^^^^ du corail rouge trois onces,
IrP dragon en larme une once ; de
tie , ou de la nacre de perles, &
CP ƒ ^ Sèche, de chacun demie on-
j^jues yeux d\'Ecreviffes, du bol d\'Ar-
rg?!® \' ^^ ^^^^^ figillée & de la pier-
gros^.^?"^^ calcinée, de chacun trois
tou^ \' . ^^^^un calciné , un gros; le
poré "^\'^ en poudre impalpable, incor-
lUiel """ quantité fuffifante de
opj ^"f^t clarifié , dont on fera un
Vant confiftance mo\'le ; obfer-
VailTe^^" ce mélange foit fait dans un
devrontfois plus grand qu\'il ne
«^aufedeTr contenir le tout, à
qui ^ fermentation des ingrédiens
onteiit extraordinairement, beau-
Gij
fê IE GwiRURGlEîSr
coup plus en Efté qu\'en Hyver ; & pen-
dant la fermentation, on aura foin ds
remuer cette compofition une ou deux
fois le jour avec une fpatule de bois.
On ajoutera, fi l\'on veut, quatre 3
cinq goûtes d\'huile de canelle & au-
tant de celle de gérofle, qui en augmen-
ter&nc la bonne odeur & même la vertu.
Cet opiat efl admirable pour netteïer
& blanchir les dents, fortifier & reflèr\'
rer les gencives aifez fouvent relâchées
par des affeâions fcorbutiques, ou par
d\'autres humeurs acres, qui s\'y font
fouvent infiltrées ; fans que cet opiat
puilTe jamais caufer aucune mauvaife
impreffion à l\'émail des dents.
Pour entretenir & conferver les dents
& les gencives, on prend de cet opiac
gros comme un pois fur une éponge
fine , on en frote les dents de bas en
haut 5cde haut en bas, par dehors
par dedanSjUne ou deux fois la femaine.
Si les gencives ont befoin d\'être plus
fortifiées, on prendra du même opiat
fur le bout du doigt, avec lequel on
les frotera deux ou trois fois le jour,
& cela pendant huit à dix jours confé-
eutifs. On peut encore fefervir des deUîf
opiats fui vans poUr fe blanchir les dentsj
lis font tïès-fiooyenables à cet effet,
Autu Opiat pour les Peûts^
ï\'renez du corail préparé deux on-
; de la gomme lacque, du fang-
""^agon , du cachou, ou terre du Ja-
pon, de chacun une once; de la ca-
lie, du gérofle & de la racine de pi-«
^etre, de chacun fix gros ; du fantaî
^ouge, delWde Sèche, des coquilleis
^ ceufs calcinées, de chacun demie oh-
■> du fei décrépité un gros ; le tout
^is en poudre & paffe par un tarais
^e toile de fiaie des plus fines, fera mê-
® enfuite dans un mortier de marbre
^^ec fuffifante quantité de miel rofar.
Autre Opiat pour les Dents.
Pour l\'autre opiat, prenez de la cor-
^e de Cerf, de l\'yvoire, des os de pied
Mouton, du bois de romarin, de la
^ï\'oute de pain, "de chacun deux onces,
® tout brûlé féparément & réduit en
^"arbon ; de la terre figillée, de l\'écor-
ce féche de grenade , du tartre de
^ontpellier\', de chacun demie once;
la canelle deux gros ; le tout mis en
^udre très-fine, tamifé ou porphirifé
^ incorporé avec une fuffifante quan-
îite de miel rofat. Ces opiats feront
renfermez dans des pots de fayance
G ii]
-ocr page 120-ik Chirurgien
bien bouchez , pour s\'en fervir danî
l\'occafion fuivant l\'ufage indiqué.
Les poudres pouvant être plus com-
modes pour certaines perfonnes, j\'ea
donne ici deux excellentes compor-
tions.
Foudre pur netteïer (3 btmcbir Us Dents,
Faites calciner, ou rougir au feu
douze onces de pierre-ponce ; mettez-
les en poudre dans un mortier, 6c les
préparez fur le porphire.
Prenez encore de la lacque plate ou
commune fix onces ; os de Sèche, qua-
tre onces, bol d\'Arménie , terre figil-
lée & alun calciné, de chacun deux
onces ; canelle deux gros ; girofle u»
gros. Réduifez ces drogues en poudre
dans un mortier couvert, & les pafle25
par un tamis très-fin & auflj couvert.
Quand cette poudre fera tamifée, vous
y joindrez celle de la pierre-ponce por-
phirifée ; & afin que le tout foit bien
mêlé enfembie, & que cette poudre
foit des plus fines, vous la repaflerez
encore une fois par le tamis : Enfuite
vous la renfermerez.
On s\'en fert avec une petite épon-
ge tant foit peu mouillée.
On la peut encore réduire en opiat,
-ocr page 121-Dentiste.
^ la mêlant avec une quantité fuffi-
lante de miel rofat clarifié.
^me Poudre pour les Dents.
. Prenez de la pierre hématite ca!-
cinee 6c du corail rouge, de chacun
une livre ; os de pieds de Mouton cal-
^^\'^^ez J, coques d\'œufs, femence ou na«^
"ie perles, & yeux d\'Ecreviffes,
^^ chacun quatre onces : Préparez-les
P^rphire. Prenez encore des co-
SU\'lies d\'huitres calcinées, os de Sé-
bol d\'Arménie & terre figillée,
® chacun demie livre ; fang-dragon
^ larmes, douze onces, alun calciné
p de la canelle de chacun deux onces ;
décrépité une once. Pilez-les dans
^n mortier, & les paffez par un tamis
^•"es-fin, pour que le tout foit en pou-
impalpable & bien mêlé enfemble,
^^ le paflànt une fécondé fois par le
tamis.
■La quantité qu\'on vient de marquer
pour les dofes de cette compofition ,
peut convenir aux Dentiftesqui fe trou-
vent dans l\'occafion d\'en faire un grand
uebit. Les particuliers peuvent rédui-
ces dofes fuivant leur befoin, en y
gardant une jufte proportion. Lorf-
^u\'on Voudra fe fervir de cette pour
ie ckirurgieî^
dre, on en mettra un peu fur une époa-
ge fine un peu humedée d\'eau, dont
on fe frotera les dents.
Certaines perfonnes aimant mieux fe
^rvîr de liqueurs, que de poudres &
d opiat pour fe blanchir les dents, afin
de m\'accommoderaux différens goûts,
Voici deux compofitions dont on pour-
ra fe iervir avec beaucoup de précau-
tion , & feulement lorfqu\'il s\'agira d\'ô-
ter la craiTe, ou quelque noirceur , qui
aura fait plus d\'impreffion fur les dents,
que le limon ordinaire, & qu\'on ne
pourroit ôter autrement foi-même.
Liqueur pur les Dents.
Prenez du jus de citron deux onces;
de 1 alun de roche calciné & du fel com-
mun de chacun fix grains ; mettez le
tout dans un plat de terre vernifi:é, &
le faites bouillir un moment ; puis
ayant tiré du feu, pafTez-le dans un
linge blanc.
Pour fefervir de cette liqueur, on
prend un petit bâton entortillé d\'un lin-
ge fin , qu\'on trempe dans cette eau
on s\'en frote doucement les dents \'
prenant gaMe de ne pas trop mouiller
le linge ; afin que cette liqueur n\'agifle
pas trop violemment fur les parties
Dentiste, ^r
Conines des dents. On ne doit s\'en fer-
que très-rarement. Si cependant
^^^ Veut en ufer plus fouvent, il faut
y ajouter le quart d\'eau commune,
pour en affoiblir la compofition , en
^\'«linuant fon acidité.
■Autre^ Liqueur pour les Dents.
L\'autre liqueur qui n\'eft pas moins
^onvenable au meme ulaafe . le fait ain-
il T) . ^
• Prenez du fel armoniac, du fel gem-
J de chacun quatre onces ; de l\'alun
roche deux onces. Après les avoir
^ulvérifez , mettez-les dans un alam-
bic de verre, pour en diftiller l\'eau que
On réfervera pour s\'en froter les dents
^^ec les précautions mentionnées ; ob-
^rvant d\'être auffi circonfpeâ dans fon
^^age J que dans celui de la liqueur pré-
cédente.
Quoique tous ces remèdes foient ex-
cellens, ils ne font pas cependant d\'un
pa^nd fecours pour les dents, fi d\'ail-
eurs on ne prend pas la précaution de
faire netteïer avant que de fe fervir
\'^eces remèdes. Il arrive affez fouvent
le peu de foin que l\'on a eu de fes
^ents depuis la jeunefle, rend tous ces
■•"^médes inutiles , ou peu efficaces.
Ayant propofé les racines d\'akh^a^
il ZE Chirurgien
ou guimauve pour netteïer les deiîtS;
il faut donner la maniéré de les hk^
préparer.
Les uns les font bouillir 5c infufef
dans du vin rouge, ou dans du vinai-
gre avec l\'alun, du bois de Bréfil de
Lernambour «Se de la cochenille, pour
leur donner une couleur rouge. Les au-
tres y ajoutent des pruneaux, du miel
& du fucre, dont ils font un fyrop dans
lequel ils les lailTent confire pendant
quelque tems, afin de les rendre plus
agréables. D\'autres les font bouillir
dans de la lie de vin, Scc. JVîais comme
la plupart de ce$ compofitions ne peu-
vent entièrement pénétrer ces racines,
ni les entretenir fuffifamment humec-
tées , elles deviennent dans la fuite
auffi féches & auffi dures qu\'elles l\'é-
toient auparavant. C\'eft pourquoi j\'o-
fe avancer que la préparation fuivants
eft meilleure que toutes celles qu\'on a
inventées jufqu\'à préfent.
Préparation des racines de Guimauve.
Pour préparer les racines de guimau\'
ve & les entretenir douces & molles, il
faut les cueillir dans l\'Automne, choi-
fir les plus droites & les plus unies, les
^couper de la longueur que l\'on fouhai-
d e n t i s t e.
^ > ^ les faire fécher au Soleil , ou
ans un lieu médiocrement chaud, juf-
ce qu\'elles ne contiennent plus
fur ^^ enfuite en ôter la
3eau avec une rape, ou une lime
^, ® J pour les rendre plus unies, plus
\'^etrées & plus colorées de rouge par
^ ^^\'nipofition qui fuit,
^^yenez de l\'huile d\'amandes douces^
a fon défaut de la meilleure huile
liy "Quatre livres ; orcanette demie^
„ Mettez-les enfemble dans un
Vaiin
fe cuivre étamé, fur un petit
de charbon ; & pour empêcher que
^ ^Uile ne brûle, ajoutez^y en même
Uis un verre d\'eau commune. Faites
doucement le tout pendant un
emi quart-d\'heure. Enfuite ôtez-le
feu, & l\'ayant un peu lailfé refroi^
ôtez-en l\'orcanette qui aura alors
^^\'^preint l\'huile de fa teinture. Ajou-
.^■y auffi-tôt du falfafras rapé , dii
S^tofle, de la canelle, de l\'iris de Plo-
ç^ce, du fouchet, delà coriandre, du
\' /amus aromaticus, du fantal ci-
chacun une once rie tout con-
^ auparavant dans un mortier»
^^^pres quoi vous remettrez le vaiifeau
. ^ Un petit feu couvert de cendre pen-
due deux ou trois heures, pour y en-
84 I.E CH rRURGi ÊN-
tretenir une chaleur douce. L\'ayant
ôté , on mettra enfuite les racines d®
guimauves dans cette compofition ,
pour qu\'elles y puiflent tremper ; ayant
foin de les remuer fouvent Se de re-
mettre le même vaifl"eau tous les jours
deux ou trois heures fiir un feu couvert
de la manière qu\'il eft marqué ci-delfus\'-
Huit à dix jours fuffifent pour que ces
racines foient pénétrées. Après quoi on
ks ôte de l\'huile^ pour y remettre d\'au-
tres racines, fi l\'on juge à propos, juf-
qu\'à ce que toute la liqueur foit con-
fumée en pénétrant ainfi ces racines :
A mefure qu\'on les tirera de cette li-
queur , il faut les bien efluyer avec un
linge.
Rien ne conferve mieux îa douceur
écla moleife de ces racines que ces for-
tes d\'huiles, qui étant aromatifées dp
la maniéré qu\'on vient de le dire, leur
donnent une odeur très-agréable.\'
Fré^aration des racines de Mauve &
de Lut^erne.
Les racines de mauve & de luzer-
ne cueillies & préparées comme il vient
d etre dit, font encore excellentes pour
le meme ufage. Voici encore une com-
pofition ^ qui eft très-bonne pour l\'une
^ Dentiste. f 5:
^ pour l\'autre efpéce de ces racines.
Lorfque vous aurez cueilli les raci-
^es de mauve ou de luzerne dans l\'Au-
tomne , en choifilTant les plus droites ;
^■lUe Vous les aurez coupées de la lon-
peur convenable, fait fécher & ôté
j^ur furpeau avec la lime ou la rape ,
^^ut donner plufieurs petitscoups de
J^^rteau fur chacune de leurs «xtrêmi-
en les tournant avec la main gau-
> à mefure que de la main droite
frape deflus. Ces coups de mar-
teau fervent à rendre les bouts de ces
J^cines plus mois & plus cotonneux, êç
réduifent en forme de pinceau, ou
^.petite brofle douce 5c propre à net-
, blanchir & polir les dents, c\'eft-
dire, après que la préparation de ces
aura été achevée par la copi»
P^fition fuivante.
I^renez quatre pintes d\'eau comma-
^^Oe, mefure de Paris; mettez cette
^^^^ dans un alTez grand chaudron ;
un quarteron de bqis de Bré-»
de Fernambourg coupé par petits
^orceaux ; canelle, girofle & alun,
^ chacun une once ; cochenille deux
ë\'^os. Après les avoir concaflez, laiffe;?
^ tout infufer à froid pendant douze
«cures ; Placez enfuite ce chaudron fus
I. E c H I R u R G r E N
iin fen médiocre : Faines bouillir cetttf
compoficion environ un bon quart-
d\'heure : Otez-la enfuite du feu ; &
lorfqu\'elle fera froide, tirez-en le bois
de Bréfil avec un écumoire ; Enfuite
ajoutez-y deux pintes de vin de tein-
te, C 4 ) mefure de Paris, & quatre
pintes d\'eau-de-vie, une livre de fu-
cre, une livre de miel blanc, & trois
onces de baume noir liquide du Pérou :
Mêlez le tout avec une fpatule de bois :
Remettez cette compofition fur un feU
médiocre ; & lorfqu\'elle fera prête à
bouillir, mettez-y vos racines, de fa-
çon qu\'elles y puilîent tremper.Tenez-
ies fur un très-petit feu pendant fept à
huit ]oms, afin de leur donner le tems
d\'être pénétrées de cette compofition ;
ce que l\'on connoîtra par la diminu-
tion de la liqueur, ou en entamant
quelques-unes de ces racines. On aug-
mentera enfuite le feu, fans néanmoins
lés faire bopillir ; autrement elles de-
viendroient racornies & trop dures. On
aura foin de les remuer ôc de les tour-
ïier de tems en tems. Lorfque ce fi-
rop, ou liqueur, fera diminué de plus
(a) Gros vin noîr, a®nt les Marchands
de vm de Parss Cs fervent, poar donner Ja^
eôuieur aax autres vins.
J
-ocr page 129-, Dentiste.
trois quarts, on retirera ces raci-
jl^s, on les effuiera un peu avec un
\'"ge, .& on les lailTera fécher d\'elles-
peines, en les étendant dans un en-
fee & propre : Après quoi, on les
^nfermera dans une boëte. Elles con-
serveront toujours une agréable odeur.
On peut diminuer, ou augmenter
P^us ou moins les dofes de ces com-
Pofitions, fuivant que l\'on voudra pré-
Parer plus ou moins de ces racines,
j^ntre lefquelles les meilleures, les plus
Jjatites & les plus flexibles font celles
mauves , lorfqu\'on peut en trouver
^ Une groifeur convenable.
On doit faire attention que les do-
qu\'on vient de prefcrire pour cette
dernière compofition, font dans la jufte
^^antité qu\'il faut pour préparer cinq
^^ns racines tant greffes que médio^ \'
^^es 5c petites.
V Pour rendre ces racines plus rouges
^ plus parfaites, vous prendrez qua-
onces de fang-dragon en larme, &
onces de gomme-lacque en grain
^ choifie ; le tout réduit en poudre ,
^^us le mêlerez avec feize onces d\'ef-
Pfit-de-vin reftifié, ou pareille quan-
^^^é d\'eau de la reine de Hongrie, dans
^^^ matras qui fera plus grand de Ig
153 1. E Chirurgien
moitié qu\'il ne doit être pour contenir
le tout , à caufe de Tébullition deref-
prit-de-vin. Vous boucherez exade-
ment ce matras & le placerez fur uU
feu couvert 4e cendre ou de fable pen-
dant vingt-quatre heures, pour y rece-
voir une chaleur capable de diifoudre
ces drogues, fans néanmoins les faire
trop bouillir ; ayant foin de les remuer
de fois à autres, pour en faciliter la
dilTolution.
Cette mixtion ayant été infufée pen-
dant le tems prefcrit, vous l\'ôterez du
feu Se en froterez les racines avec les
doigts, ou avec une petite bro(re,oU
pinceau de crin : Cette dernière pré-
paration les rendra d\'un beau rouge
verniffé. On fe fervira de ces racines
ainfi préparées, pour fe tenir les dents
nettes.
Lotion très-convenable four raffermir lei
Gencives, & corriger U mauvaife
haleine ou puanteur de la bouche.
Prenez vin d\'Efpagne, eau de feuil-
les de ronces diffillée, de chacun uns
chopine mefure de Paris ; canelle demie
once ; clou de girofle, écorce d\'orange
amére & féche, de chacun deux gros;
gomro?
-ocr page 131-gomme laque, alun calciné, de chacun
j^n gros. Réduifez le tout en poudre
ubtile 5 prenez encore du miel de Nar-
onne deux onces. Mettez le tout dans
bouteille de verre, placez là an
coin de la cheminée fur des cendres
Chaudes, pour que ce mélange infufe
Pendant quatre jours, à un degré de
cnaleur médiocre & à peu près égal.
e cinquième jour on pailéra ôc on
®^Pnmera cette liqueur au travers d\'un
linge
épais : On confervera ce remède
ƒ ns une bouteille bien bouchée, pour
® fervir dans l\'occafion.
-Lorfque les gencives ont befoin d\'ê-
^^ raffermies, on prend une cuillerée
^ cette liqueur que l\'on verfe dans un
^fre : On en employe d\'abord la moi-
pour fe rincer la bouche ; on la fait:
^\'^«r à droit & à gauche, & on la gar-
. ^ pendant quelque tems ; enfuite on
^ l\'ejette ôc l\'on prend l\'autre moitié
l\'on garde dans la bouche, fuivant
^Ue les gencives ont plus ou moins bc-
oin d\'être fortifiées ; on lesfrote en mê-
j^® tems avec le doigt; enfuite on fe
^ve la bouche avec de l\'eau tiède. On
^^itere la même chofe le matin en fe
®vant & le foir en fe couchant. On
peut continuer par propreté l\'ufage de
Tome L H
90 ie Chirurgien
cette lotion aufîi longtems que l\'otî
veut ; en ce cas il fuffit de s\'en fervir
feulement le matin à jeun.
Pour rendre ce remède plus efficace,
on ajoute fur ia totalité de cette liqueur
une demie chopine d\'eau de canelle di-
ftillée avec le vin blanc.
Si les gencives font bouffies, gon-
flées , baveiifes 6c ulcérées, alors avant
que d\'employer ce remède, il faut fe
faire netteïer les dents, emporter avec
les cifeaux l\'excroiiTance des gencives,
en exprimer fuffifamment le Yang pour
les dégorger, comme il fera dit ail-
leurs , Se de plus fe froter les gencives
une feule fois avec de i\'alun calciné
tout pur en poudre.
jiutre Lotion très\'convenable pour le
même ufage.
Prenez trois chopines d\'eau commu-
ne mefure de Paris ; mettez cette eau
dans un pot de ^ayance,, ferrez-là qua-
tre fois avec un fer épais rougi au feu j
mettez auffi-tôt dans cette eau de la ca-
nelle groffiérement pulvérifèe une on-
ce; de i\'alun calciné fiy gros ; de l\'ècor-
jce de grenade en poudre une once ;
du miel de Naifbonne trois onces ;
A
-ocr page 133-Dentiste.
^au diaillée de feuilles de mirte, eau
ajitillée de feuilles de ronce, eau de
rhue 6c eau vulnéraire, de chacune
Quatre onces ; eau-de-vie demie chopi-
; le tout mêlé enfemble, on bouche-
exadement le pot pour le laiifer ainfi
^Wufer au coin de la cheminée fur des
^^ndres chaudes pendant deux fois
^^"gc-quatre heures. L\'infufion étant
, palTez cette liqueur dans un lin-
ê® épais, ou dans une chauffe ; ajoutez-
^ ^eux onces d\'efprit de cochlearia :
^onferyez-la dans une bouteille bien
ouchée, pour vous en fervir de même
Sl^e des liqueurs précédentes.
dejficative, afmngente & rafiaU
^hîjfunte de l Auteur, qui rafermit les
Gencives , calme les inflammations qui
y font caufées par des affeâions fccrh-
nques ^ & fortifie les Dents.
Prenez eau de plantin, eau rofe ^
de myrthe , eau de rhuë ^ eau de
canelle orgce, de la premiere eau de
Chaux, eau de cochlearia & jus de ci-
tons , de chacune deux onces. Ajou-
ƒ 2-y deux gros d\'alun & deux gros de
armoniac en poudre, que vous y
îerez fondre en agitant bien la bouteit
Hi^
-ocr page 134-i e C h i h u r g i it n
le, que vous aurez grand foin de bou-
cher.
Cette eau eft erhployée toute pure,
6c l\'on s\'en fert en y trempant le doigt
plufieurs fois de fuite, & s\'en frotanc
à chaque fois fortement les gencives,
ce que l\'on réïtere deux ou trois fois
par jour. On en continuera l\'ufage aur
tant qu\'il en fera befoin.
Si quelques matières groffiéres de
cette eau fe dépofent au fond des bou-
teilles où elle aura été mife, on la palfe-
ra au travers d\'un papier gris ou d\'un
linge épais, on rinfera ces bouteilles ,
& on y remettra cette liqueur qu\'on
aura clarifiée par ce moyen.
£âu fpîrimeufe ^ dejjlcative, balfamique
& antifcorbutique de V Auteur, contre\'
une grande partie des maladies de l4
Bouche,
Prenez de bonne falfepareille quatre
onces ; d\'ariftoloche ronde, d\'écorcss
féches d\'oranges améres, de citrons
& de grenades, trois onces de chaque;
de pirêtre deux onces ; de clous de gi-
rofle une once ; de graine de moutaf-
de une once; defemences d\'éruca oii
îoquette fauvage, deux onces.
. -Le tout bien concaffe dans un mor-
fera mis dans un matras à long
cou ,^ qu\'on choifira plus grand de la
^^oitié qu\'il ne le faut pour contenir
A® drogues, à eaufe de l\'ébulition
Ajoutez-y demie livre de fucre candi
poudre & autant de bon rniel ro-
clarifié & odorant. Verfez par-deC.
trois pintes de bon efprir, de vin :
■•touchez ou luttez bien ce matras, pour
rien ne puiffe s\'en exhaler, & y
l^iffez le tout en digeftion à froid pen-
dant cinq à fix jours.
Placez enfuite ce matras au Bain-
î^iarie pendant deux fois vingt-quatre
■^ures, fur un feu ménagé de façon
^Ue les drogues y reçoivent le premier
^Ur une chaleur médiocre , & le fé-
cond jour une chaleur un peu plus ar-
, fans néanmoins les faire bouii-
Mr.
Laiflèz-les refî-oidir, & verfez îa lî~
^^ur au clair par inclination dans une
^outeille de verre, qu\'on tiendra bien
bouchée. Reverfez fur le marc de ces
i drogiaes trois autres pintes du même
r^ ®^prit-de vin : Rebouchez le matras p
^ le remettez au Bain marie pendant
®eux fois vingt-quatre heures, y en-
îreteuant le feu comme ci-devant. Le
Pi ie C hi r.u rg i e îî\'
tout étant refroidi, verfez laliqueuf
comme vous l\'avez déjà fait, dans
même bouteille. Otez du matras tout:
le marc , 3c en exprimez le refte de la
liqueur au travers d\'un linge épais &
blanc , & la joignez à l\'autre liqueur.
Vous en remettrez la moitié dans
le même matras, 5c y ajouterez de l\'é-
lixir de propriété Ôc du baume du
Commandeur , de chacun quatre on-
ces , du fang-dragon en larmes réduit
en poudre / trois onces & demie ; de la
véritable gomma de Gayac auffi pul-
vérifée, Ôc du véritable baume noir &
liquide du Pérou , de chacun trois on-
ces; ôc gomme-laque en grain, deux
onces.
Rebouchez votre matras, Se le met-
tez encore au Bain marie pendant
deux fois vingt-quatre heures aux dé-
grez de chaleur déjà indiquez. Après
qu\'il fera refroidi, verfez la liqueur au
clair par inclination dans une autre
bouteille de verre que vous boucherez
bien. Remettez le refte de la premie-
re liqueur dans le matras fur le refte
des gommes ^ pour achever de les dif-
fouJre : Placez de nouveau ce matras
au B-iin marie pendant deux fois vingt-
quatre heures, Si lorf^u\'il fera refroi-
dentiste. 9f
i verfez ce qu\'il contient dans la der-
rière bouteille.- Filtrez cette liqueur
au travers des cornets de papier griâ
Jipiples, introduits dans des entonnoirs-
uofier, qui feront pofez fur des bo-
xais de verre à cerifes, qui recevront
\'a liqueur , & lorfqu\'elle fera toute fil-
^^ée, mettez-là dans une îrès-grande
bouteille de verre, d\'une grandeur à
pouvoir contenir les liqueurs fuivan-
tes , que vous y ajouterez.
Eau vulnéraire & eau premiei-e de
canelle , trois pintes de chaque.
Eau fécondé de canelle, trois cho-
pines,
, Efprit de cochîearîa tiré avec la ra-
cine deraphanus, quatre pintes.
_ Il faut que toutes ces liqueurs foient
bien fpiritueufes.
Vous agiterez fuffifamment cette
bouteille, pour que le tout foit bies
Uîêlé enfemble ; & afin que cette li-
gueur foit entièrement clarifiée, vous la
titrerez encore une fois par de nou-
veaux cornets de papiers gris doubles,&
^ous la renfermerez dans une ou plu-
ueurs bouceilles bouchées exadement,
. _ Il n\'efl pas fort néceifaire d\'avertir
, qu on peut diminuer proportion»
tellement les dofes des drogues éîiQ»^
IE CHIRURGlEïf
cées ci-deflTus, fuivant qu\'on veut moîn^
de liqueur : Cela doit fe comprendre
aifémenc. Si j\'en fais une li grande
quantité, c\'eft que le débit en eft con-
fidérable chez moi.
Cette eau, comme on vient de l\'an-
noncer dans le titre, eft fouveraine
contre les alfedions fcorbutiques des
gencives.
Elle empêche qu\'elles ne fe gonflent
Se ne faignent aifément : Elle les for-
tifie & les vivifie.
Elle émoufTe la trop grande acreté
Se la faumure des liqueurs qui arrofent
& parcourent les vaiiTeaux capillaires
qui compofent les gencives, laquelle
acreté les ronge, les ulcère, Se y pro-
duit fouvent des hémorragies. Ces par-
ties fe relâchant par la défunion de
leurs fibres , donnent occafion au fang
d\'y abonder de plus en plus, & à la fé-
rofité de s\'y amaffer en trop grande
quantité ; ce qui forme dans la fuite des
fungofitez, des ulcères Se la carie.
Par fa vertu les dents ne font pas
fujettes à s\'ébranler avant le tems : El-
le raffermit celles qui ne font pas con-
fidérablement déchauffées Se chance-
lantes, Se elle les maintient dans leurs
alvéoles : Elle les entretient plus faines.
-ocr page 139-Dentiste. cj^
^ elle en calme fouvent la douleur »
mettant dans la cavité cariée, un
petit coton qui en foit imbibé.
^ Elle guérit les aphtes, ou petits ul-
qui furviennent aux gencives &
J^î dedans des lèvres, quand on les ea
irote quatre ou cinq fois dans un mê-
jour, Se elle diminue la mauvaife
pdeur , dont la boudie pourroit être
infedée.
Enfin cette eau & la précédente font
remèdes les meilleurs Se les plas
^niverfels que l\'Auteur ait trouvez
pour la confervation & la, guérifoa
des gencives & des dents. a
Ceux qui. n\'ont les dents que-mé-
diocrement ébranlées ou mal affermies
^^lîs leurs alvéoles , & dont les genci-
ves font molles , livides , boufies ou
gonflées, prolongées & fujettes à fai-
pèr aifément, ou enfin fcorbutiques,
2 ferviront de cette eau une fois le
\'^^tin, une fois après le dîner, Se
^Qe fois le foir- en fe couchant, Se ils
Continueront jufq u a ce que les genci-
ves foient fuffifamment fortifiées : xMais
la fuite pour les maintenir en bon
^\'^at , il ne fera befoin de s\'en fervir
pu une fois tous les matins, ou tous
tes foirs en le mettant au. lit.
Tame L I
-ocr page 140-5s le. Chirurgien
Son ufage eft d\'en prendre fept â
huit gouttes dans un petit verre, d\'y
tremper piufieurs fois le bout du doigt,
& de s\'en froter fortement les gencives
^ les dents.
Les perfonnes qui ont ces parties
moins malades, ôc qui veulent les con-
ferver en bon état, en prendront tous
les matins la même quantité dans un
verre, avec une bonne cuillerée d\'eau
chaude, ôc s\'en laveront la bouche,
en fe frotant, les gencives ôc les dents
avec une éponge fine , ou avec le
4oigt.
11 eft bon d\'avertir ceux qui ont
les dents mal propres, qu\'il eft nécef-
faire de fe les faire netteïer, ôc de dé-
gorger les gencives, avant que de fe
fervir de cette eau; l\'effet en fera plus
prompt ôc plus.avantageux.
Cette eau eft encore merveilleule,
pour panfer les abcès fiftuleux ôc au-
tres qufon aura été obligez d\'ouvrir à
une bouche où il y a carie : L\'on en
imbibera alors les tentes, les tampons ,
OU les plumacéaux dont on fe fervira-
S\'il arrive que cette eau, lorfqu\'elle
eft employée toute pure, échauffe &
enflamme les gencives, ce qui eft très?
îarp, on doit en ce. cas-là mêler avec
s Dentiste. ^^
I eau commune chaude, ainfi qu\'on
^lenc de le dire, ou fe fervir de l\'eau
Pi\'ecedente, qui eft fort rafraîchiiîan-
^^ > & à laquelle pour lors on peut
Ajouter quelques goûtes de celle-ci.
CHAPITRE VI.
^mfes générales àes maladies
ejfenttelles , fympîomatiques ^
accidentelles relatives aux
Dents J aux Alvéoles aux
Gencives : Le pronojîic ydiagno-
fiic & dénombrement de ces
maladies,
Le s caufes qui produifent les mala-
dies des dents, font deux en géné-
fal. L\'une eft intérieure, &: l\'autre ex-
térieure. La caufe intérieure dépend
pour l\'ordinaire des vices delà lymphe
Peccante en quantité ou en qualité,
^cre pu corrofive, jufqu\'au point de
J^ecruire par fes mauvaifes impreffions
parties les plus compares du corps
«umain, telles que font les dents,, en.
rompant & en déchirant le tiffu des
«âmes oflêufes qui ies compofent.-
itâ lymphe fe trouve d\'an tel caràe-
too ie chi r u r g i e n
tére dans les fcorbutiques, dans ceuX
qui font attaquez des écrouelles, fur-
tout dans les vérolez.
Lorfque le fuc nourricier eft trop
abondant, ou d\'ailleurs vicié en quel-
que façon que ce foit, ou qu\'il fe diftri-
buë en trop grande quantité dans une
dent qui fe rencontre étroitement fer-
rée entre les parois de quelque alvéo-
le , alors il peut y produire des effets
très-dangéreux: De même, le fang dans
une difpofition inflammatoire , peut
former un dépôt flegmoneux ou éréfi-
pellateux dans la cavité de la dent,
pu dans fon yoifmage ; 11_ peut ^uffi
occafionner des douleurs violentes qui
ne fe terminent que par la perte de la
dent ; à moins qu\'on n\'ait le bonheur
de la fauver, ou par le fecours des re-
mèdes topiques, ou par quelque opé^
ration pratiquée de bonne heure & à
propos.
Le régime de vivre que l\'on obfer-
ve, le trop dormir, le trop veiller , la
vie trop fédentaire ou trop turbulente ,
ne contribuent pas peu à la conferva-
tion , ou à la perte des dents.
La bonne qualité du lait des Nour-
riffes , eft d\'une grande importance
pour contribuer à la fortie dçs dent?
t) E N t I s î Ê. lot
Qans le tems qu\'elles doivent paroître.
Cette bonne qualité de lait fert à pré-
venir ou à diminuer tant de fâcheux
^ccidens qui furviennent aux enfans ,
jorfque les dents font difpofées à percer
membrane des gencives, qui couvre
ce tems-là leur extrémité, <5c qui
^\'oppofe à leur ifluë.
Toutes les pafîions violentes capa-
•^les d\'altérer ladigeRion, d\'aigrir où
^ épaiffir la maffe du fang, d\'occafion-
des obftrudions, & d\'empêcher les
décrétions & excrétions qui doivent s\'é-
^ecuter journellement pour la confer-
vation éc le maintien de la fanté ; ces
Paffions, dis-je, peuvent, lorfqu\'elles
^Itèrent à un certain point la mafle du
l^quide, êtremifes au rang des caufes
intérieures qui produifent les maladies
^es dents.
Tous ceux qui font d\'un tempéra-
ssent pituiteux ou pledorique , dans
J5^uels la ly mphe eft trop abondante ,
ordinairement très-fujets à fouffrir
^oiî-feulement des douleurs de dents,
mais même à les perdre.
plûpart des femmes grolTes, font
„ très-fujettes à éprouver le même
: Les menftruës ne coulant point j,
maffe du fang refte chargée de fuper^
i02 ie C h i r u r g i e n
fluitez, donc elle fe dépuroic aupara-
vant par cette voie. Delà vient qu\'or-
dinairement ces fuperfluitez fe dépo-
fent fur les dents, ou fur les gencives,
ôc que les femmes fouflrent ces incom-
moditez plutôt dans la grolfeife que
dans tout autre tems ; & nous voyons
qu\'elles en font auffi fouvent affligées,
par la même raifon, lorfqu\'elles ceffent
d\'être réglées.
La maladie que l\'on nomme jaunifl"e ,
caufe de fi grands défordres dans la maf-
fe du fang, que les dents même s\'en ref-
fentent à un point, que quelquefois il
en périt parle dépôt qu\'elle occafionne
fur ces parties.
Les caufes extérieures ne font pas
en moindre nombre, ôc ne produifent
pas des fuites moins fâcheufes. Les va-
peurs trop épaifl\'es qui s\'élevent de l\'ef-
tomac ôc du poulmon , s\'attachant à la
bouche à peu près comme la fuie s\'atta-
che à la cheminée, forment un limon
vifqueux qui rend la bouche pâteufe.
Ce limon efl très-contraire aux dents.
Certaines portions d\'alimensqui fe ni-
chent entre les dents, dans leurs inter-
vales, ou du côté des gencives, pro-
duifent le même effet, pour peu qu\'o"
néglige de fe rinfer fouvent la bouche.
Dentiste. io|
Le froid & le chaud caufent encore
^ux dencs & aux gencives des obftruc-
^ions, dont les fuites font dangéreufes
pour les dents.
Les injures du tems caufent des ru-
nies 6c des caterres, dont les dents, les
àlvéoles & les gencives ne fe relfentenc
^ue trop fouvent.
Les efFocts que l\'on fait avec les
^ents, les ébranlent, les déracinent
en rompant les adhérances & divilant
l\'union qu\'elles ont avec ies alvéoles &
les gencives. Lorfque ces efforts font
trop violens, ils les courbent en les lu-
3iant tantôt dans un fens, tantôt dans
Un autre ; enfin ils les rompent, ou
les emportent hors de leur place.^
Les remèdes mêmes dont on fait un
trop grand ufage en les appliquant fur
les dents, dans l\'intention de fe les con-
ferver , fervent le plus fouvent à les dé-
truire ; car ils ufent ou rongent la par-
tie la plus importante à leur Conferva-
tion , c\'eft-à-dire, leur émail,
Le trop grand ufage de la fumée du
Tabac, celui des fucreries & des fruits
aufléres leur eft très-nuifibie.
Les chutes & les coups violens qu\'el-
les reçoivent font très-louvent la caufe
de leur perte.
I iiij
-ocr page 146-î 04 I. E C II I R u R G I E N
Enfin la négligence & le peu de foin
que l\'on prend de les netteïer, eft lâ
caufe la plus ordinaire de toutes les ma-
ladies qui détruifent les dents.
Leur plus grand ennemi eft le mer-
cure , vulgairement nommé argent-vif
Il ne l\'eft pas feulement par lui-même;
mais encore par les mauvais effets qu\'il
eft capable de produire dans le corps
humain, par les corrofifs dont la plu-
part des préparations mercurielles font
chargées, ou par les alliages qu\'il con-
trade dans nos corps avec différens
principes , par fon trop long féjour ,
furtout lorfqu\'il n\'eft pas évacué à pro!
pos. Le mercure fait par fes effets gon-
fler évidemment les gencives, les ron-
ge «Se les détruit ; il agit de même fur
les membranes qui revêtent la racine
des dents, foit intérieurement ou ex-
térieurement ; il les difféque, pour ain-
fi dire, les déracine, les fait tomber,
ou les détruit par les caries qu\'il oc-
cafionne. Ces funeftes effets ne fe
Voyent que trop fouvent, furtout dans
le mauvais ufage que font du mercu-
re les gens peu verfez à l\'employer.
Les Médecins & les Chirurgiens les
plus expérimentez dans les maladies
vénériennes, quoiqu\'ils ne s\'en fervent
Dentiste, loj
T ^VÇC grande précaution, ont afTez
. ® peine, en fe fervant de toute leur
^nduftrie & de tous leurs foins , d\'em-
Pecher \'que le mercure ne détruife les
Les Doreurs à l\'or moulû ., les
Miroitiers, les Plombiers, <Sc tous ceux
J^ii travaillent dans les Mines, êcc. ne
V\'^t que trop fouvent la fatale expé-
\'^nce des mauvaifes impreflions que
® mercure fait fur eux, & particuliè-
rement fur leurs dents.
C ePc par les mauvais effets qui vien-
de ces caufes, que les dents font
^^î^eintes de tant de diverfes maladies,
P\'^efque toujours accompagnées de
®\'uleurs plus ou moins violentes.
-Les maladies des dents fe peuvent
eduire à trois Clafies , ou efpéces dijP\'
^^■•entes
Je range dans la premiere Cîaffe ^
^Utes les maladies des dents -, produi-
par des caufes extérieures.
Cans la deuxième Claffe, celles qui
taquent les parties des dents enga-
dans leurs alvéoles, ou recouver-
gencives, lefqûelles maladies
Ont occultes ou cachées.
, Lt dans la troifiéme Claffe, lesmr-
f fymptomatiques caufées par les
^ents.
to6 IE ClilRURGtEN
Premiere Clajfe, qui renferme les mi\'
ladies des Dents produites par des .
caufes extérieures.
I. Le îimon blanchâtre & vifqueu^
attache aux dents.
Le limon d\'un jaune fafranné,
comme collé aux dents : L\'un & l\'aa-
tre de ces limons précédent ordinai-
rement le tuf ou le tartre des denrs,
Sc en font comme l\'ébauche ; puilqus
c\'eft de ce limon que fe forment les
couches du tartre.
3. Le tartre jaunâtre nouveliemenc
formé Se d\'une confiftance pîâtreufe
Sc fortement attaché aux dents.
Le tartre grisâtre ou noirâtre for*
Rié depuis plufieurs années, a encore
beaucoup plus de confiftance, & eft lî
fortement adhérant & attaché à la fur-
face de la dent, qu\'il femble ne faire
qu\'un même corps avec elle.
, 5. Le tartre entièrement pétrifié Ttir
la dent, forme des maftes pierreures
d\'un volume très confidérable. (a)
_ 6. LajaunilTedes dents, ou le tef
nifi^ement de l\'émail , caufé par uo^
craftè, ou par une vifcofité qui s\'atra\'
che à la furface de l\'émail, fait à pe\'-^
("î) Voyez la Planche ï.
Dentiste. toy
PJ^es le même effet que la pouffiére &
^ nutnidité qui s\'attachent à la glace
^ un miroir négligé.
/• Le terniffement de l\'émail des
^utSj caufépar une craffe grisâtre , ou
noirâtre. ^ \'
B. Le terniffement de l\'émail des
^uts, caufé par une craffe verdâtre.
9-La iauniffe de la fubftance propre
l\'émail de la dent, dépendante de
"Quelque matière altérée qui la pénétre,
du fuc nourricier vicieux.
^ o. La lividité de la propre fubftan-
de la dent, caufée par l impreffion
e quelque coup violent, qui aura don-
lieù au fuc nourricier de s\'extra-
vafer.
I r. Les taches pîus blanches que la,
fubftance de Témail des dents , & qui
pénétrent jufqu\'à la cavité du corps de
la dent.
L\'érofion, ouïestubérofitezde
a fubftance émaillée de la dent, irrégu-
^erement détruite , accompagnée d\'u-
Jje crafle noire qui s\'engage dans les en-
droits les plus enfoncez de la furface
ue l\'émail ainfi délabré.
ï 3- L\'émail de la dent eft encore
jujet à une autre déperdition de fub-
"ance : Il s\'ufe univerfellemcnt dans
Îô8 ts C h t r u r a t ê ît
toute Ton étendue, ou -dans partie d\'P
celle, furtout à l\'extrémité de la cou-
ronne , par la rencontre des autre»
dents, &c.
14. Les dents font fujettes à plu-
fieurs fortes d\'agacemens ; leur agace-
ment ne dépendant quelquefois que de
ce que leur furface émaillée efl trop
ufée.
15. L\'agacement des dents caufé
par de certains fruits acerbes que l\'on
mange,
16. L\'agacement des dents qui Ce
produit par l\'effet de certains fons,
17\' L\'agacement des dents qui naît
de l\'effet de certains corps que l\'on
touche.
18. Les dents excédant en longueur
leurs voifines, doivent être rep-ardées
comme des dents malades, étant dif-
pofées en partie contre natureî puifque
non feulement elles déparent la bou-
che ; mais qu\'elles caufent auffi des in-
commoditez aux parties voifines , Se
qu\'elles nuifenc à l\'articulation de la
voix, ce qui oblige à les limer.
19. Les dents qui viennent hors de
leur rang, foit qu\'elles foient furnumé-
raires, pu non, doivent être regardées
comme un défaut de conformation, Se
PSf conféquent comme une maladie.
^^ douleur des dents caufée
P 1 impreffion des liqueurs trop chau-
ou trop froides.
La carie des dents eft de deux
Peces en général & de plufieurs en
particulier. La carie molle «Se pourrif-
^ïite fait le premier genre ; ôi la carie
^eche fait le fécond.
y oici quelles font les efpéces parti-
^leres des caries du corps des dents.
, -^2-. La carie molle & pourriiïànte
dents,
3. La carie féche & comme maftî-
^^ée des dents.
, La carie des dents compliquée,
^tant en partie molle ôc en partie fé»
, i s- La carie des dents compliquée
fraéiure.
La carie fuperficielle des dents,
pénétrant que l\'épaiflèur de l\'émail,
^^ partie d\'icelui.
La carie plus profonde, péné-
/^iit jufqu\'à la lubftance non émaillée
^^Jadeit.
^ 8. La carie trçs-profond^e, péné»
^•"ant jufqu\'à la cavité de la tient.
La carie fituée à l\'extrémité du
^•^J^ps de§ dçnts.
jio le Chirurgien-
^ 30. La carie fituée à la furface ex-
térieure des dents.
31. La carie fituée à la furface in"
térieure des dents,
3 2. La carie fituée à la furface laté-
rale des dents.
3 J. L\'excroilTance charnue ou fon\'
gueufe du cordon des vaiffeaux den\'
taires , laquelle excroilfance fe mani-
fefte dans les trous des dents confide-
rablemenc cariées.
l
Des fractures du corps de ta dent.
34. Les dents fe fradurent fuivant
leur longueur, & l\'on peut appelle^
cette efpéce de fraâure, fente ou fcir-
fure.
3 5. Les dents qui fe fradurent obli-
quement, laifTent des chicots tran-;
chans, ou des efquilles pointues , q«\'
incommodent bien fouvent la langa^\'
ou les joues, & alore on eft obligé à^
les émouflér avec la lime.
5 6. Les dents fe fracturent horifo«\'
talement, & c\'efl la fraélure qui leUf
eft ordinaire , furtout dans le tein®
qu^on fait des efforts pour les ôter. L««
ehûces &: les coups contribuent au/fi
à les détruire. Il y a aufti des denî®
Dentiste. i i r
M«! font fi fragiles, qu\'elles fe cafl\'ent
^^ mangeant.
r .37- Les dents font ordinairement
^jettes à une autre maladie que l\'on
omme ébranlement, ou déplacement,
. que l\'on peut nommer luxation com-
P ette, ou incomplette.
3 H. Les dents fe luxent, ou déboè-
en dehors.
39- Elles fe luxent en dedans.
Et quelquefois fur les cotez.
I l. Les dents fe déboëtent encore
n fe tournant dans leurs alvéoles ,
^ %ori que leurs parties latérales fe
^\'\'ouvent pour lors difpofées d\'un cô-
dan\'^ <^ehors, êz de l\'autre en de-
Les dents feluxentenfedéboë-
entièrement de leurs alvéoles par
H^^elque violent, & tiennent, en-
^ ^e a la gencive. Pour lors on peut les
^mettre en place , & bien fouvent
^ es s\'y maintiennent en bon état pen-
-aufT années, Se quelquefois
J. o pendant tout le cours de la vie ,,
ant auffi faines qu\'auparavant. Cet«
luxation eft complette.
de r^ \' ^^^ dents fe luxent en travers j
t qu\'une de leurs extrêmitez
"che la langue, l\'autre ies lèvres, oa
-ocr page 154-ït5, ie Chirurgien
ia jouë, & c\'efl: encore une iuxatîoH
completce.
Les dents fe luxent, étant poul\'
fées par quelques matières qui les char-
fent de leurs alvéoles , leur faifant fut\'
paifer le niveau de leurs voifines.
4.5. Les dents fe luxent, en s\'enfon\'
çant dans l\'alvéole au-delà de fa pro-
fondeur naturelle, par l\'effet de quel-\'
que chute , ou de quelque coup vio-
lent qui les aura frappées par leurs
trêmitez extérieures.
Seconde Clafe, qui, renferme les maU\'
dies, qui furviennent aux parties âê^
dents contenues dans les alvéoles, oH
entourées des gencives, lefquelles m^\'
ladies étant cachées, ne peuvent etf^
connues le plus fouvent que par ceii^
qui ont acquis une grande expérience.
1. La carie du colec de la dent, ef^
îa première & la plus ordinaire de c^^
maladies.
2. La carie fituée à la voûte dest^\'
cines des dents.
La carie attaquant la racine def
dents.
4, La carie attaquant l\'intérieur
la cavité du corps de la dent, oucell^
dë
-ocr page 155-Dentist t. itj
de fes racines, fans que la dent foit
d\'ailleors cariée dans aucun endroit de
îoute fa furface.
5 • La fradure de la racine des dents,
des chicots.
, L\'inflammation flegmoneufe, ou
^refipellateufe , de la membrane qui ta-
piiTe l\'intérieur de la cavité des dents
^ du canal des racines.
. 7- L\'abcès qui fe forme dans l\'inté-
rieur des dents.
S. La perte du germe delà dent.
9- L\'inflammation de la membrane
•^ui revêt les racines des dents exté-
rieurement.
10. L\'obflrudron du cordon des
^^ilfeaux dentaires.
11. L\'inflammation de ce même
c«>rdon.
La fupuracion du cordon des
^aiffeaux dentaires.
• 13. La douleur diftenfive de toutes
ces parties.
14. La douleur fourdedes dents.
15. La douleur poignante des dents;
ï La douleur pulfative des dents,
\\7\' L\'atrophie, ou defleehement
de l\'alvéole, de fes membranes & des
pncives, qui eft fuflSfante pourcaufer
la chute delà dent^ fans que la deaS
Tom I, Ji
114 Chirurgien
foin cariée, ni tartareuie, ni qu\'elle aie
caulé aucune douleur.
Trot fume Clajfe, qui renferme les ma-
ladies occafionnées par les dents, que
l\'on peut nommer accidentelles , ou
fymptomatiques.
1. La carie des alvéoles caufée par
les dencs.
2. Les exoftofes des alvéoles occa-
fionnées par les dents.
3. La comprcifîon des alvéoles oc-
cafionnée par le trop grand accroilTe-
ment de certaines dents.
4. L\'inflammation du périofte qui
revêt intérieurement les alvéoles <3c la
furface extérieure des racines.
5. Le gonflement des alvéoles, lorf-
que leur fubftance fpongieufe eft abreu-
vée de quelque humeur furabondante
& viciée ; ce que les dents peuvent oc-
cafionner.
La fradure fimple des alvéoles,
cauiée par l\'extradion de la dent, &
par toute autre caufe.
7. Lafradure compliquée des al-
veoles , avec déperdition de fubftance,
©ccafionnée de même.
.- - 8. L\'hémonagie fimple, ou quel- "
Dentiste. ir^
^uefois très-violente, occafionnée par
*extrad:ion des dents.
9\' L\'hémorragie dépendante de la
rupture des vaiffeaux dentaires, rom-
pus en conféquence d\'une dent frac-
turée.
I o. L\'hémorragie dépendante de la
irafture de l\'alvéole , en conféquence
de quelque dent adhérante, ôtée avec
violence.
II. L\'hémorragie dépendante de
Quelque lambeau des gencives empor-
^^, ou fimplement déchiré , en ôtanc
^ne dent.
1-2. Le prurit, ou démangeaifon
des gencives des enfans,occafionné par
compreffion des dents.
I 3. La douleur des gencives à la
fortie des dents.
14.. Les ulcères des gencives, oc-
cafîonnez par les dents.
15 Les ulcères de la langue, occa»
donnez par les dents.
15. Les ulcères des lèvres & des
jouës, occafionnez par les dents.
17. Les gonflemens des gencives^
caufez par les dents,
îB. Les abcès des gencives, ou du
palais, caufez par les dents.
19. Les fiftules des gencivesjcaufées-
par les dents. K ij
I ll) le . c h i r u r gi en
^^o. Les fiftuiesdu paiais, oceafioti-
nées par les denrs.
2.}. Les fiftules des joues, caufées
par les dents.
2 2. Les fiftules du menton, caufées
par les dents.
13. Les excroiffànces des gencives,
caufées par les dents.
^ 2 J. La puanteur de la bouche, cau-
fée par des corps étrangers putréfieïi
aux environ des dents.
On peut encore ranger dans cette
Clafle les maladies caufées par les
denrs, & que l\'on appelle fympatiques,
ou relatives ; fçavoir,
L\'avortement occafionné en
conféquence de quelque maladie des
dents.
Les naufëes que les dents caui-
fent.
27. Les vomiffemens que les mala-
dies des dents caufent,
2S. Les diarrées que les maladies
des dents caufent.
La fièvre occafionnée par la
douleur des dents.
30. L\'infomnie occafionnée par k
douleur des dents.
51. Le délire provenant des maux
sie dents.
Dentiste. 117
, 3 i • Les maux de tête caufez par les
dents.
p 3 3- La maigreur des enfans occa-
"onnée par les dents.
, 34. Les convulfions caufées par les
«ents.
1 35. Le ptialifme occafionné par les
dents. ^
3 (3. L\'ulcére Se les gonflemens des
Parotides & des amigdales, occafion-
par les dents.
Les douleurs ôc les dépôts aux
CTeilles^caufez par la douleur des dents.
. 38. Les ophtalmies, ou inflamma-
des yeux, caufées par les douleurs
dents!
, 59- Les tumeurs , ou gonflemens
, ^ joues, caufées par les douleurs des
\'ieats.
40. Le polipeoccafionne, ouentre-
par les dents cariées.
Les fiftules lacrimales occafion^
par les maux de dents.
J Les maladies des dents contenues
ces trois Clafl^es, font au nombre
, ® cent trois : L\'on pourra peut-être
^avenir par la pratique , en recon-
naître quelque efpéce de plus. Il pa^
par les écrits imprimez de ceux qui
traité des dents, q_ue l\'on a jufçj,u\'à
î 1 B LE C îl î R U R G I F- H
préfenE négligé d\'établir, les efpece*^
& les différences des maladies qui Gon-
eernent ces parties. C\'eft fans dout^
parce qu\'on ne les pas examinées d\'af^
fez près, Si. qu\'on n\'a point obfervs^
régulièrement tout ce qui concern^
les dents dans l\'état contre nature.
Les premières maladies des dents ?
fe manifeftent avant que les dents pa\'
roiffent, & ces maladies font fi confr
dérables, qu\'il y va quelquefois de l\'\'
vie. Comme nous en avons déjà traP
té au Chapitre IL de ce premier To-
me, oil nous avons prefcrit quelque^
remèdes pour les foulager & les gue\'
rir, nous ne nous étendrons point ic\'
fur cette matière, afin d\'éviter ia ré-
pétition.
A peine les dents ont- elles commerE\'
cé à paroître dans la bouche, qu\'el-
les ont befoin d\'un nouveau fecoufS
de la Chirurgie. La carie eft la prff^
mière maladie qui travaille à les àé"
îruire , & qui leur fait le plus la guet\'
re dans tout le cours de la vie. C\'e^
elle qui nous occupe le plus, ou à
combattre, ou à réparer les défordre^
qu\'elle a faits.
La carie des dents fe peut rangsf
fous plufieurs efpéces. Si nous avoiî®
êcr A ^ ^ ^ T I S T ï 19
b^rd aux différentes parties Se aus
^^Werentes caufes qui la produifent ;
établirons plufieurs efpéces de
> lefquelles demandent des égards-
^«erens dans la manière d\'opérer &
tous les traitemens.
La carie fcorbutique , vérolique ,,
^^■•oarleufé, &c. V \'
La carie molle, ou pourriffante, &
^^ carie féche.
La carie fuperfîeielle, efl celle qui
, ia moins incommode & la moins
& celle dont on peut le
P\'Us aifément arrêter les progrès.
^ La carie profonde , au contraire ^
- celle qui caufe de grandes douleurs ^
^^ qui engage fouvent à ôter les dçnts ^
lorfqu\'elle pénétre dans la ca-
, du corps de la denc, ou dans celle
^^Ja racine.
La carie féche efl refTemblantc à du
^ ^ftic, &necaufepoint de douleur ,
^ \'^oins qu\'elle ne dégénéré en quel-
autre efpéce de carie.
a carie dépendante des caufes in-
-leures , agit ordinairement fur les
\'nés des dents, tantôt fur leur fur-
• exrétieure, tantôt fur la furface
. erieure des racines, ou fur celle de
^ cavité du corps de ia dent.
La carie qui vient des caufes exté-
rieures , attaque ordinairement la fur\'
face extérieure, ou la partie émaillée
du corps de la dent, quelquefois leur
colet, rarement leurs racines, à moins
que les dents ne foient dé\'a chance-
lantes, ébranlées dans leurs alvéoles,
& divifées des gencives.
I^a carie produite par les caufes in\'
térieures, eft plus difficile à connoître,
que celle qui vient des caufes extérieu-
res , furtout lorfqu\'elle n\'attaque qu^
ks racines , ou le colet de la dent ; par\'
ce qu\'alors les gencives & les alvéoles
la cachent. "On ne peut fouvent la de«
. couvrir que par des conjedures fon"
dées fur la violence Se la permanen-
ce des douleurs pulfatives, des goii-
flem.ens, des tumeurs, ou des abce?
plus, ou moins confidérables, qui très^
fouvent l\'accompagnent. Les fuites d^
celle-ci font pîus fôcheufes que celled
de la carie qui vient des caufes exté-
rieures. ^
La carie provenant des caufes exté-
rieures , eft plus aifée à reconnoitre\'
Elle fe montre à découvert,- elle eft
aufîi plus aifée à guérir, lorfqu\'elle n ^
pas été négligée , parce qu\'il eft pli^^
facile d\'en ôter la caufe.. & dj appo^^"
tel
-ocr page 163-Dentiste. jit
er un prompt fecours; ne s\'agiffanc
u ^PP^\'^\'^er quelque remède con-
^enable, comme de limer, ruginer,
cautérifer, ou plomber l\'endroit delà
^^fie de la dent malade, &c.
-La carie des dents cO: incurable,
lorfqu\'elle a fait de trop grands pro-
gfes. Alors il faut que la dent périiïe ,
en tout, ou du moins en partie.
■Les canes rongeantes, ou comme
Vermoulues, caulëes par un virus vé-
roiique^ fcrofuleux, fcorbutique, &c.\'
nt celles qui font en peu de temi le
r^s de progrès : Elles font les plus
J.^^i\'^indre, Sc les plus difficiles à gué-
Les progrès de la carie moiîe Se pour-
X lante font ordinairement plus faciles
^rreter. Celle qui eft la moins à crain-
carie féche ; puifque l\'on peut
^^paiTer delà plomber , de ia ruginer ,
^ ^ de la cautérifer j qu\'elle eft indo-
l^t^^ * ^ même il ne faut pas
La carie des dents, de quelque ef-
T^\'elîe foit, & de quelque caufe
3lus provienne, produit des effets
» Ou lïioins confidérables, fuivant
de la dent qu\'elle attaque,
operations qu\'il y a à pratiquer à
7me L
12.2. le Chirurgien
fon occafîon , font plus ailées, ou plus
difficiles, fuivant la fituation des par-
ties de chaque dent ; ou fuivant la fitu3\'
tion des mêmes dents, ou que la carie
eft plus ou moins étendue dans le corps,
pu dans les racines de la dent.
Les tems dans lefquels la carie ra-
«page le plus les dents, font depuis l\'â-
ge de vingt-cinq ans , jufqu\'à l\'âge de
cinquante ans. Ce n\'eft pas que dans
tous les âges les dents ne fe carient ;
mais plus ordinairement à ces âges-là,
qu\'à tout autre.
Quoique les dents, lorfqu\'elles font
bien conditionnées , foient beaucoup
plus dures & plus compares qu\'aucun
des autres os, tant dans l\'homme, que
dans les brutes ; elles ne laiflent pour-
tant pas d\'être fufceptibles de fraélu-
res 3 furtout lorfqu\'elles font déjà ca"
riées.
Les dents fe fraâurent en différen«
fens, de même que tous les autres
corps; Refont bien plus fujettes à ces
accidens , que les autres os.
Les denrs peuvent être fraéturées
dans toutes leurs parties en tous fcns;
cela arrive fouvent par les efforts qu®
l\'on fait imprudemment avec elles, pa^
les chiites , ow des coups confidérable
A
-ocr page 165-qu\'elle ^^^\'^ISTE. Ï^I
d^n. 1 \' pardcaliéremenc
C . obligé de
Rit H ^"^^\'■^raens, lorfqu\'tl s\'a-
ébr. ! \' \' avant qu\'elles foient
= Enfin quand il fe rencon-
^^^ que leurs racines font unies, ad-
^ antes & fortement attachées à leurs
^ eoies ; cette forte dadhérance trop
binaire, oecafioone fouvent la frac,
alv \' î ^^ \'^^achoire dans l\'endroit de«
Lorf ^ \' ^^ ™ême.
ique la conformation fe rencontre
polee de cette manière , la dent ne
c,; «^"»-P^e, fi l\'un de ces deux
n arrive.
f t®^ ^ents comme les autres os, fe
^^^turent en travers, ou horifontale-
®ut,ou obliquement,ou dans leur lon-
feueur. Leurs parties étant une fois di-
ces, ne fe réunilfent jamais,- foie
^^^ceque les vaiffeaux qui s\'y diftri-
uenc^ ne font pas difpofezde manière
.fournir un fuc fuffifant & capable d\'a^
fuhft"^"""\' foie parce que leur propre
oitance eft trop ferrée & compare
Lr I paffage ; ou que d\'ail-
^.urs le tnouvement, l\'air & les ma-
d\'o^S\'^? les touchent , font autant
Uttacles qui concourent encore à
^oppolera la réunion de leurs parties
ees. L i;
1M4 I e c h i ru r g i e n
Quoique la réunion des parties de®
dents fradurées foit impraticable, leur
fradure ne lailTe pas de donner occa-
fion à certaines opérations de Chirut\'
gie; foit pour ôter lesefquilles, ouïe®
chicots qui reftent après la fraâureî
foit pour les polir <Sc unir dans leur®
angles les plus pointus, les plus aigus,
ou les plus tranchans. Ces chicots con-
tribuent quelquefois à remédier auî^
défauts que la fradure lailTe, &que l\'art
repare fi bien qu\'il eft facile de s\'y mé-
prendre & de confondre fes opéra-
tions (a) avec celles de la nature mê-
me.
Tous les déplacemens, que les oS
fouffrent dans leur articulation, doi-
vent être mis au rang des luxations,
ou des diflocations complettes, ou in"
complet tes ; par conféquent on doJf
ranger de même ceux de l\'articulatioii
des dents. Lorfqu\'une dent eft chan-
celante, c\'eft une luxation commencée-
Lorfqu\'après avoir été naturelle-
înent bien fituées , elles fe portent o^
en devant , ou au dedans de la bou-
che , ou fur l\'une ou l\'autre dés par-
ties latérales, ce font comme autant
de luxations.
(a) Dçnts à tenons. Voyez la Planche \'
-ocr page 167-^ Lorfqu\'une dent tourne dans fon aî-
Veole, enforte que les parties latérales
la dent répondent d\'un côté en de-
j^Ofs 5c de l\'autre en dedans ; c\'eft une
^^ation complètte.
, Lorfqu\'une dent femble être allon-
p®, & qu\'elle excède par fa longueur
p voifines, que fon colet Se partie de
^^ racines furpaffent le niveau des gen-
^\'ves, parce que l\'alvéole, ou quelque
\'îiatiére contenue dans ce même al-
^^ole la chaffe ; c\'eft une femi-luxation.
Toutes ces luxations, ou déplace-
rons des dents, & plufieurs autres
^ ^»^Ç on a déjà parlé, peuvent fe ré-
par différentes opérations de
«irurgie indiquées dans ce Traité ,
^^ns lefqûelles on emplpye le fecours
^^amain, des inftrumens, des liens,
p autres remèdes. Les fuccès font dif-
Tuivant les caufes, & les cir-
^\'"ens iLuvant les cauics, it»
cide qui accompagnent ces ac-
p!,js ordinaire de ces déplace-
^ ^^^^^ précédé ordinaire-
les autres, c\'eft le tremblement
clés de
^ \'^ts, ou la luxation commencée,
jj^^^.gfoffes dents fe luxent en de-
j Jis bien plus fréquemment qu\'en de-
Les incilives au contraire fe lu-
L iij
-ocr page 168-i zé 1 e c h i r u r € i e
xe^nt bien plus fouvent en dehors,
qu\'en dedans. Quoique l\'un & i\'autr^
de ces déplacemens foient très-fâcheu^«
& très-incomraodes, & qu\'ils s\'oppo-
fent également à la maftication , la lU\'
xation en dedans, eft une des plus fâ
cheufes, parce qu\'elle fatigue ou bief\'
fe la langue ; ce qui inquiète plus qu^
l\'incommodité que caufe la dent con-
tre les lèvres, ou contre les joues , lorr*
qu\'elle eft penchée en dehors. La moin*
incommode de ces luxations, c\'eft lorf-
que la dent eft luxée fur le côté, oU
qu\'elle n\'eft qu\'en partie tournée de
la droite à la gauche, ou de la gau-
che à la droite, préfentant lès furface^
latérales, l\'une en dedans & l\'autre ei^
dehors.
Celle qui eft la plus fâcheufe de tou-
tes , c\'eft lorfque ia dent eft luxée et»
travers. Lorfque les dents font luxée«
de telle façon qu\'elle excédent par leuï"
extrémité leurs voifines, ce que noU«
appelions luxation, ou déplacemefif
de bas en haut pour la mâchoire in-
férieure , & de haut en bas pour la m?\'
choire fupérieure , la maftication eft
très-djfficile à faire. Dans tous ces cas,
i! faut employer toutes fortes de moyer.^
pour remboèter les denrs^ chacune àd.\'a^
_ ^D E N T I s T Ë. J2f
ç cavité naturelle, pour qu\'elles s\'y ra-
Jfrnniffent, s\'il eft poffible. L\'on y réuf-
fouvent en ôtant les caufes qui ont
^ccahonné ces luxations, & en fbrti-
^fit les gencives. En attendant, on
aiiujettira artiftement ces dents, de
panière qu\'elles ne fe dérangent plus,
^^qu\'elles pailTent faire leurs fondions,\'
art a trouvé des moyens pour y par-
, qu\'on verra dans ce Traité ; iî
îaut les\' épuifèr dans ces occafions.
La partie émaillée des dents, eft en-
^ore fujette à une maladie qui reffem-
"Je fort à la carie; mais qui cependant
^ point une carie. Leur furface ex^
ïêrieure devient quelquefois inégale &
^aboteufe, quafi en forme de rape ;
^ais difpofée plus irrégulièrement. Je
jî^nime cette maladie érofion de la
^\'rface émaillée, ou difpofition à la
carie. Elle provient de ce que l\'émail
par quelque matière rongeante,
y a produit le même effet en cette
^ccafion, que la rouille produit fur la
^""face des métaux. L\'on guérit cette
jpaladie en poliffant avec k lime la
^^•■faee de la dent.
, Les dents font encore très-fufcepti-
"j\'Ss de changemens de couleur; elles
^^viennent plus, ou moins noirâtres ^
lis le Chirurgien
ou jaunâtres, felon que les divers fucs
qui ies touchent, font conditionnez &
que leurs pores font difpofez à en re-
cevoir les mauvaifes impreffions. On
peur^ quelquefois par l\'application &
^ )ar l\'ufage de certains remèdes , réta-
blir la couleur des dents en fon pre-
mier état mais il eft dangéreux de s\'y
trop opiniâtrer , lorfque les couleurs
accidentelles ne cèdent pas à l\'appli-
cation des remèdes : En ce cas, il faut
cefTer fon entreprife, plutôt que de
s\'expofer à perdre ies dents, en voulant
vainement les rétablir dans leur pre-
mière blancheur.
L\'émail des dents eft très-fujet à être
recouvert d\'une matière tartreufe &
quafi pierreufe, qu\'on appelle tuf, ou
tartre de la dent, laquelle s\'attache, fe
colle & s\'unit fi intimement à ia fur-
face émaillée, qu\'elle femble bien fou-
vent ne faire qu\'un même corps avec
elle: Ce tartre eft quelquefois le pré-
curfeur de la carie abfolument dépen-
dante d\'une caufe extérieure : Il eft ai-
fé à détruire & facile à prévenir : Cette
maladie a pour caufe principale la né-
gligence & la malpropreté.
Les dents font encore fujettes à fe
reifentir des impreffions que certains
J
-ocr page 171-Dentiste. izf
bruifs 5c certains raclemens font fur
^l\'és, qui caufent une douleur adez vi-
ve que l\'on appelle agacement ; ce qui
arrive encore en mangeant de certains
fruits. Cette douleur dépend de la dif-
Pofition des pores des dents & de la
ïïianiere dont l\'air, ou les fucs fe mo-
•^ifient & s\'infinuent dans ces mêmes
pores, en pénétrant jufqu\'à l\'extrémité
leurs nerfs. Cette maladie fe guérit
d\'elle-même en peu de tems, & n\'a
aucune fuite dangéreufe : D\'ailleurs
pour peu que l\'on foit impatient, elle
cède promptement aux remèdes les
plus communs.
Il y a encore d\'autres fortes d\'agace-
ïiiens, dont l\'un dépend , furtout dans
les rikais, de ia délicatefle, ou moleffe
«les dents,& l\'autre de ce que l\'émail de
l\'extrémité des molaires, ou la pointe,
le tranchant des canines & des in-
cifives, vient à être beaucoup ufé. L\'un
l\'autre ne peuvent fe guérir que par
fucceflion de tems, fans le fecours des
remèdes.
L\'on voit quelquefois des dents d\'u-
»e fubftance fi tranfparente, que le jour
paroît à travers • ce que l\'on obferve
particulièrement dans les rikais. De
celles-là il y en a de plus, ou moins
JJO IE CHIR URGÎ EN
molles, de plus ou moins dures, & de
plus ou moins fragiles.
Le vice de conformation des dents
doit être regardé en certaines occafions,
comme une maladie, qui non-feule-
ment rend une bouche difforme ; mais
qui peut encore incommoder beaucoup,
Se avoir même des fuites fâcheufes ;
puifque dans les opérations, qu\'on eft
obligé de faire fur ces dents contre-
faites , pour les extirper, ou les re-
mettre dans leur ordre naturel, cette
difformité du corps des dents, ou des
racines, eft fouvent la caufe de quel-
que déperdition de fubftance très con-
fidérable , foie oftèufe, ou charnue ;
d\'où il peut s\'enfuivre des douleurs
très-aiguès , des hémorragies violen-
tes , des abcès, des Mules , même la
carie.
L\'on fouffre aflez fouvent des dou-
leurs de denrs qui font très-violentes ,
quoique les dents ne foient nullement
cariées. Ces douleurs proviennent de
ce que la membrane nerveufe qui ta-
piffe leur cavité, fouffre quelque in-
flammation ; Sc alors ces douleurs font
diftenfiyes. Si cette membrane eft
abreuvée de quelqueférofité acre, oiï
rongeante , les douleurs font très vives.
dentiste. \'ï\'j\'ïï
Quelquefois des douleurs femblables
dépendent de ce que la membrane qui
enveloppe la racine & qui tapilfe l\'al-
véole, eit abreuvée & enflammée, de
ttiême que les ligamens de la dent, le
cordon des vaifleaux & les parties voi-
fines des dents. Ces fortes de douleurs
ne font point à négliger, les fuites erî
^tant fort à craindre ; Il faut avoir re-
cours promptement à la diette, à la
baignée, à quelques topiques anodins,
& réfolvans. Si elles ne cèdent point
a tous ces remèdes, il faut fe réfoudre
à ôter les dents fans différer.
Quelquefois l\'on trouve des vers
dans les caries des dents, parmi le li\'-
*non, ou le tartre : On les nomme vers
dentaires. Il y a des obfervations qui
en font foi, rapportées par des Au-
teurs illuftres. N\'en ayant jamais vû^
je ne les exclus , nine les admets. Cè-
pendant je conçois que la chofe n\'eft
pas phyfiquement impoffible ; mais je
crois en même tems, que ce ne font
pas ces vers qui rongent & qui carient
^es dents ; qu\'ils ne s\'y rencontrent ,,
Sine parce que les alimens ^ ou la fail-
le viciée ont tranfmis dans la carie des
dents des œufs de quelques infeéles ,
^ui fefont trouvez mêlez avec ces ali-
t^s. lECHIRtrRGIEN-
mens ; & que ces œufs étant ainfi dé-
pofez ont pû éclore & fe manifefter
enfuite. Quoi qu\'il en foit, ces vers
n\'étant point la feule caufe qu\'il s\'a-
git de combattre en telle occafion, leur
exiftence ne demande aucun égard par-
ticulier.
Quelquefois le tartre s\'entaffe fur les
dents de certaines perfonnes négligen-
tes Sz mal conftituées ; de façon qu\'il
recouvre & embraffe les dents à un
tel point, qu\'il s\'en forme des tu-
meurs pierreufes quafi du volume d\'un
œuf d\'une jeune poule. (4) On ne
peut ôter quelquefois ces pétriGcations
qu\'avec violence; quelquefois même il
faut ôter la dent qui ne fait qu\'un mê-
me corps avec l\'entalfement du tartre
pétrifié. Le tartre eft un des plus
grands ennemis des dents, & l\'on ne
fçauroit prendre aftèz de précaution
pour le détruire ; quoiqu\'il n\'agiffe pas
précifément fur elles, mais fur les gen-
cives.
L\'ufage de la lime indifcretement
pratiqué fur les dents, leur eft auffi con-
traire qu\'il leur eft avantageux, lorf-
qu\'on le met en pratique bie\'n à propos.
ia) Chap. 34. Obferv. j. de ce Volume.
Vo/ez la Tecende PJanchg.
Les maladies des gencives font cau-
sées par la fortie des dents. Le prolon-
gement ôc le gonflement de ces mêmes
gencives, efl une maladie qui leur eft
^ffez ordmaire, aufli bien que i\'épou-
Jj^, le paroulis, les ulcères, les excroif-
lances, les fiftules, &c. Ces maladies
iTianifeftent par des fignes particu-
Chacune d\'elles eft fujette à dé-
générer en d\'autres maladies de difle-
rens genres. On reconnoît aifément
caradére , pour peu que l\'on foit
praticien. Il eft facile d\'en tirer le pro-
îioftic ; mais bien fouvent la cure n\'eft
pas aufli aifée à faire. On en jugera
^ieux parles chapitres 17. 18.19. ^o.
- 2.1. 23. contenus dans ce volume ^
^ dans lefquels il eft traité en parti-
culier ôc amplement de chacune de ces
"maladies.
Les défavantages ôc les maladies que
J? perte desdents caufe, fonttrès-con-
hdérables : Cette perte rend la bouche
.%racieufe, elle empêche la pronon-
ciation , elle peut même incommoder
^^ poitrine. Les reftes d\'une dent cariée
^ous fojjj quelquefois foufl\'rir des tour-
^^ns infupurtables, 6c rendent 1?. bou-
puante. La puanteur de la bouche
Pi\'ûvient auffi quelquefois d\'ailleurs j
134 ^ e Chirurgien
comme de la malpropreté des dents ,
de quelque ulcere, ou hftule à la bou-
ehe, des vapeurs qui s elévent d\'un
eftoraac dont le ferment efl: vicié &
furchargé d\'alimens indigeftes , ou en-
fin des exhalaifons qui s elévent d\'un
poulmon mal (àin, & qui rend l\'halei-
ne d\'une odeur très infuportable.
Enfin les alvéoles Ôc les gencives
s\'affaiflent & fe détruifent, les dents
fe carient, s\'ufent, fe déjetcent, fe
d-épiacent, &c. On les perd avec l\'â-
ge , & fouvent plutôt, fi on les né-
gl\'ge-
Tant de différentes maladies, dont
les alvéoles, les gencives & les dents
font fi fouvent attaquées , ont befoin
pour être guéries, de divers fecours ,
dont la théorie ôc la pratique renfer-
ment un nombre infini de circonftàn-
ces, qu\'on a raffemblées dans ce Trai-
té , autant qu\'il a été pofTible.
I
À
E N T I s T E.
la fenfibilité & de l\'agacement
des Dents,
CEUX qui ont traité des dents, fe
trouvent partagez au fujet de ia
^\'^fibilité de ces parties. Les uns ont
que les dents étoient infenfibles ;
ont foûtenu le contraire. Il
vrai qu\'à ne confidérer les dents
V^plement que comme des os, on peut
qu\'elles font infenfibles , mais fi
les confidéré comme des parties
\'^unies , recouvertes «3c tapilTées de
^\'embranes, de vaiffeaux & de nerfs ,
ne doit pas leur refufer la qualité
^^re fenfibles, ainfi que toutes les au-
^^cs parties du corps.
L eft aifé de voir que cette manière
i^erente de confidérer lés dents, con-
facilement ces deux opinions qui
^roiffent fi oppofées l\'une à l\'autre :
^antïioins je crois qu\'il vaut mieux
Penfer comme les derniers, par la rat-
n que je viens de marquer, ôc qui
confirmée par l\'expérience journa-
i qui fait voir que les maladies qui
D
ï5<S xe Chirurgien
attaquent les dents , caufent de la dou-
leur , Se que par conféquent ies dents
font capables de fentiment.
Pour mieux concevoir la fenfibilice
des dents, il faut fe rappelier ce que
fai établi au commencement de cs
Traité touchant les différentes parties
qui compofent les dents ; cela fuppofé,
je crois qu\'on peut diftinguer leur fen-
fibilité en deux efpéces générales \'
L\'une fera comprife fous le nom de
douleur fixe & permanente ; ce que
l\'on exprime ordinairement , lorfque
l\'on dit que l\'on a mal aux dents ; Se
l\'autre fous celui d\'agacement , oU
douleur palfagére, auquel je crois qu\'on
peut comparer & rapporter cette fen-
lation incommode que l\'on éprouve
lorfqu\'on paffe la main fur certaines
étoffes , comme fur un chapeau ; oU
qu\'on entend froter d\'une certaine fa-
çon certains inftrumens, les uns con-
tre les autres, Sec.
Les douleurs des dents font de plu-
fieurs fortes: Les plus ordinaires font
cellesque l\'on nomme poignantes,
celles que l\'on nomme diftenfives.
Ces deux fortes de douleurs fe font
fentir dans la carie Se dans les fluxions,
êçc. Pour concevoir la. raifon de leur
dfverfité ,
-ocr page 179-J. Dentiste. J 37
aiverfité, il fuffit de confidérer ce qui\'\'
2 paffe dans ia carie 6c dans les flu-
îons qui fur viennent aux dents.
Dans la carie, l\'air deflechant, ou
•■iipant les filets nerveux (Scies tuniques
petits vaifîeaux, les rend tendus ,
® façon que ne prêtant & ne cédant
pius facilement à la liqueur qui les
parcourt, l\'effort que les liquides font
pour écarter & diftendre les parois de
Ces mêmes vaifTeaux, caufe cette efpé-
ce de douleur appellée diftenfive.
. \'Si au contraire, il fe trouve de pe-
j.ts vaiffeaux rompus, ou crevez, la
yueur qui s\'épanchera bientôt après
^altérant & fe corrompant, irritera
par fon picotement les membranes ôc
vaiffeaux qui fe trouveront à fa ren-
contre ce qui produira la douleur
Nommée poignante.
Dans les fluxions, ce font les envi-
de la dent qui fe trouvent atta-
, Sz particulièrement la membra-
^e qui les entoure. Les vaiffeaux de cet-
\'^e membrane fe gonflant la rendent
P \'-\'S épaiffe, & font qu\'elle ferre la dent
P^^s étroitement ; d\'où il s\'enfuit que
c^tte douleur efl plus difl:enfive, que
poignante ; à moins que l\'étranglement
vaifleaux ne foit fi confidérable ^
Tome /. \' M
■ïjb ieChirurgien
que leurs tuniques foient rongées pa^^
les liqueurs qui ne peuvent plus conti-
nuer leur route. Ces explications qut
paroiiTent très-vraifemblables , fervi"
ront à ceux qui travaillent aux denfs ;
elles leur faciliteront les moyens de
trouver les remèdes propres à réuffir
dans certaines conionétures, foit pour
emporter radicalement le mal , foie
pour appaifer la douleur ^ la calmer ^
ou du moins la rendre plus fupporta-
ble : Par exemple dans les fluxions où
l\'on voit que les vaiffeaux font engor-
gez, on juge que la faignée convient^
auffî-bien que certains topiques, &c.
L\'agacement efl une autre efpéce\'
de fenfation, à laquelle , quoique très-
incommode , on ne donne pourtant;
point communément le nom de douc-
eur.
L\'opinion ordinaire efl: que Taga-
cement vient des fucs acides, qui Ce
trouvent infinuez entre les fibres àe la
membrane dont la racine de la dent
efl revêtue, & que la dent venant à
être prefiée contre cette membrane ,
cette difpofition occafionne l\'aftiou
des fucs contre les filets membraneux.
Je ne difconvrens pas que les fucs
4e certaiios, fruits^ ^ tels que font les
À
-ocr page 181-Dentiste. r 3 9^
\'eiHes, les cerifes aigres, Scc. ne puiP
^ent s\'infinuer dans les incerftices des
filets qui comparent la membrane ,
dont les racines des dents fi3nt revê-
tues : Je conviens auffi qu\'ils peuvent
caufer des diftenfions à cette membra-
» intercepter le cours des liqueurs
dans quelques vailfeaux, tirailler les
^erfs j Si. caufer ainfi plus ou moins
^îie fenfation incommode & doulou-
feufe ^ [^ien différente de l\'aga-
cetiient, dont le fiége me paroît être an
Corps de la dent..
Ce qui m\'a fait juger que Tagace-
^ent fe borne uniquement au corps,
ou même à la furface de la dent, c\'efl
fi i\'oi^ fj-QEe fortement cette fur-
^^ce avec un linge chaud feulement j,
diminue pour lors l\'agacement : Il
y a encore une expérience qui prouve
^^nfiblement ce que je dis, Se qui pa-
^pit détruire l\'opinion contraire : Si
mâche de l\'ofeille , l\'agacement
pour l\'ordinaire ceÏÏë tout d\'un coup ;
^^ qui n\'arriveroit pas de même, s\'it
ctoit produit par des acides de la ma-
dont on le dit ordinairement ï
■^ofeiUeqae l\'on mâcheroit, qui efî
^\'^\'de , bien loin de faire ceffer l\'aga-
béaient ^ devrok au. eontraire Faiig-
X40 LE CwiRURGrEN
xnenter. De plus fi cette incommodi-
té venoit des fucs coagulez par un aci-
de dans les petits vaiffeaux, & fi le \'
fuc d\'ofeille dévoie enfiler la route de
ces petits vaiffeaux, pour lever l\'ob- i
firudion qu\'on y fuppofe , il feroit
bien difficile de concevoir comment
cet effet feroit auffi prompt qu\'il l\'eft.
Il eft bien plus vraifemblable que quel-
ques parties de ces fucs font affez fub-
tiles pour pénétrer l\'émail, & agir fur
les filets qui s\'y terminent , lorfque
quelque corps agiffant fur la furface de
la dent, les met en mouvement. On
peut fe confirmer encore dans cette
opinion, fi l\'on remarque que le feul
attouchement des parties de l\'air qu\'on
attire en refpirant, la bouche un peu
ouverte, eft capable d\'exciter une ien-
fation affez incommode dans l\'agace-
cement: On ne s\'avifera jamais de croi-
re que l\'air en paffant,appuye affez fort
fur la dent pour faire qu\'elle compri-
me la membrane dont fa racine eft re-
vêtue,. Il eft bien plus naturel de s\'i- i
inaginer que les particules qui fe font j
trouvées affez fabtiles & affez déliées {
pour s\'infinuer dans la dent, n\'onc
qu\'une de leurs extrêmitez engagée en-
tre les fibres offeufes^ tandis que l\'aa-
Dentiste. i4t
\'■\'errait faillie en dehors; ce qui rend
^ent comme hériflée de petites poin-
tes extrêmement fines, que l\'air en
Panant peut fans peine ébranler i ce
caule cette fenfation incommode
^^ fâcheufe à laquelle on donne le nom
^ Agacement, Des conjedures fi vrai-
semblables me donnent lieu de conclu--
Je que les dents font fenfibles, non-
^ulement par rapport à la membrane j,
^ont leurs racines font revêtues, mais
^ficore par rapport aux filets nerveux
^ membraneux qui font répandus dans
tout le corps de la dent. La feule cho-
^e qu\'on doit obferver, c\'efl; que la fen-
fibilité efl bien moins grande à l\'émail,
^u\'au refte de la dent ; parce que fon
tiffu étant très-ferré, 6c fes pores très-
étroits, rien ne peut les pénétrer faci-
lement. Delà vient qu\'il eft impoffible
^ue les mêmes caulès puiOent occafion-
tier fur la partie émaiilée, une lènfa-
tion auffi vive 6c auffi douloureufe, qu®
\'^elle qu\'on peut reffentir au refle de la
dent. La manière particulière donc les
filets nerveux fe trouvent dans l\'èniail
de la dent, peut cependant faire con-
jeéîurer affez vraifemblablement, qu\'il
efl: l\'unique fiége de l\'agacement.
Ce feroit ici le lieu d\'expliquer plus
-ocr page 184-LECHÎRITRGIEK-
au long cette efpéce de fenfation tif
commode que j\'ai rangée fous l\'agace-
ment, & qui fefait fentir furtout
incifives & aux canines, lorfqu\'on palfe
la main fur l\'étoffe d\'un chapeau , oii
fur un autre corps femblable, ou lorf-
qu\'on entend à une certaine diftance
- froter certains inftrumens l\'un contre
l\'autre ; mais comme ce font des cho-
fes pour lefquelles on n\'a pas ordinai-
rement b^oin du fecours du Dentifte ,
& que d\'ailleurs les explications qu\'on
a données à ce fujet, me paroiffenc
fort incertaines, j\'aime mieux épar-
gner au Ledeur la peine de lire de
pareilles conjedures, Se me renfermer
dans les bornes que me prefcrit ma pro-
feffion.
Des différentes caries des Dents ,
& des caufes qui les produifent.
A PRÉS avoir expliqué l\'agace-
u ^ ment & la fenfation douloureu-
le des dents, je paffe à l\'examen de
ieur carie.
1-es dents ibiit plus fujettes à la; câ-
-ocr page 185-Dentiste.
que tous les autres os du corps ha~
, foit que leur flrudure y foit plus
"pofée, foit pour une autre raifon,
■La carie des dents eft une maladie
les détruit. Cette maladie eft pro-
fite par une humeur qui s\'infinuë en-
J\'e les fibres ofieulès de la dent, qui ne
® carie, que parce que fes fibres fe
^truifent ^ les fibres ne fe détruifenr^
parce que les petites, parties qui
compofent, fe déplacent ; & ces
Parues ne fe déplacent, que parce
^^ elles font ébradées.
. Ce qui détruit le plus ordinairement
^ contexture de ia dent, c\'eft fhu-
qui eft arrêtée autour d\'elle, &
chaque particule communique à
de la dent fon impulfion parti-
î^ulierg J ce qui à la fin détache les par-
les unes des autres, & forme
cavitez qui font que toute Féten-
de la furface paroît noirâtre. A
^gard des parcelles détachées, elles;
^Uvent être froiilées & tellement di-
^ jouées de leur maffe, qu\'elles fuivent
o f^ut le mouvement de Fliumeur ^
Réchappent avec elle.
^ .^es caufes qui peuvent produire ces;
font extérieures , ou intérieu-
-Les caufes extérieures font les
t44 Chirurgien
coups, les efforts violens, l\'ufage de
lime indifcrecement pratiqué fur les
dents, l\'application de certains corps,
Fair, la falive altérée , les impreffions
du chaud & du froid & certains ali-
mens. Les caufes intérieures font cel\'
les qui fe trouvent dans la maffe dil
fang, ou dans le vice particulier de la
lymphe.
11 n\'eft pas mal-aifé de concevoir,
comment les coups & les efforts vio-
Jens fur les dents, produifent la carie-
Ils peuvent occafionner l\'épanchement
de la liqueur contenue dans les vafif-
feaux, ou par l\'ébranlement qu\'ils font
à toute la dent, dont les petites parties
peuvent comprimer, tirailler , ou dé-
chirer les vaiffeaux, ou parce qu\'ils
agiflent immédiatement fur les tuni-
ques de ces mêmes vaiffeaux. La carie
peut auffi être occafionnée par l\'adion
de la lime, îorfqu\'elledécouvre la ca-
vité delà dent, ou qu\'elle en appro-
che trop. La falive dépravée, les ali-
mens acres, certains corps rongeans
appliquez fur les dents, pour en amor-
tir la douleur, ou pour les blanchir,
Sec. peuvent auffi caufer la carie,
ce que leurs particules s\'infinuant avec
la falive le long des racines des dents
dans
-ocr page 187-Dentiste.
"ans les interftices des filets membra-
neux , peuvent afFaifièr, ou ronger let
Vaiffeaux de la manière que j\'ai expli-
quée dans le Chapitre précédent.
Les caufes.contenues dans la maffè
fang ne produifent la carie, qu\'en
Ce qu\'elles rendent le fang moins fiui-
, & le difpofent à former des obftru-
ctions dans les vaiffeaux d\'un diamé-
trop petit, & qui n\'ont pas l\'efpa-
ce fufiifant, pour céder à la liqueur
lui fait effort pour les dilater.
On pourra ainfi concevoir comment
a carie eft quelquefois accompagnée de
\'^aux de tête, de fièvre, &c. & corn-
au contraire en certaines occa-
^\'^ns, elle fait fon chemin prefque ïm-
P^î\'ceptiblement & fans douleur. Tout
Cela dépend de l\'endroit où elle fe for-
car fi des filets nerveux fe ren-
^ontrent dans fon fiége , ou fila liqueur
^ y extravafe , il eft confiant qu\'elle
^gira fur ces filets, foit à raifon de la
ermentation que le féjour de l\'hnmeur
occafionnera, foit autrement.
^^ au contraire la carie commence
^ portion émaillée, comme il ne s\'f
^^^contre que peu de filets nerveux , &
me que ceux qui s\'y trouvent font ea
■ \'iUeique manière affaiffez ; il eft évideae
Tome L M
le Chirurgien
que la carie fera fon progrès alfez ini\'
perceptiblement, êc qu\'elle ne caufera
de douleur, que lorfque l\'émail étant:
confumé , les membranes feront expo-
fées à l\'aâion de quelque matière vi-
ciée, ou à l\'impreffion de l\'air, com-
me je l\'ai rapporté.
11 peut même arriver qu\'après que la
carie aura fait quelque progrès, les fi-
lets nerveux ôc les extrêmitez des vaif-
feaux , fe trouvent tellement deiféchez:
par l\'adion de l\'air, qu\'elle s\'arrête, &
que la matière de la carie fe delTéche ôc
fe durciffe comme une efpéce de maf-
tic, ôc qu\'elle devienne d\'une confif-
tance auffi dure que le corps même de
la dent.
Nous voyons fouvent les dents atta-
quées par des caries femblables , que
nous nommons féches : 11 faut bien
garder d\'y toucher, puifqu\'elles font
fans douleur, ôc qu\'il n\'efl pas ordinai-
rement à craindre que ces caries aug-
mentent ; en ce cas l\'opération qu\'on i
feroic pourroit en augmenter le progrès*
Néanmoins fi la cavité cariée fe troU\'
voit confidérable, ôc qu\'on jugeât i
pouvoir faire tenir le plomb, il ferPi^
à propos d\'y en mettre, après avoir nef
céïé fe cavité cariée felon la métho»^
Dentiste. j^j
^lUi fera enfeignée à i\'bccafion des dents
plombées : Par cette opération, on em-
Pecheroit les alimens Se d\'autres ma-
bières de s\'y arrêtèr.
. Les dents font plus fujettes à laca-
que tous les autres os du corps, par-
que leur tiffii eft plus ferré ; d\'où il
" T^\'^ vaiffeaux y étant plus
, ^ étroit, il s\'y forme plus aifément
embarras, des obftrudions, des
^tranglemens, &c. D\'ailleurs la fitua-
des dents les expofe plus que les
^^res os , à l\'adion immédiate des
^orps qui peuvent occafionner les dé-
\'^gemens que nous venons de remar-
^ fEt ce qui peut prouver que la
P ^part des caries des dents font pro-
^ites par des caufes extérieures, c\'eft
les dents humaines Se celles des
ç^\'-\'^es animaux, dont on fe fert, pour
J\'eaiettre de poftiches Se remplacer
auir ^ manquent, font quelquefois
, " Sujettes à fe carier dans la bou-
® "^ue les autres dents ; d\'où nous de-
penfer que les caufes intérieures
aucune part, & que les caufes
ioi occafionnent prefque tou-
la carie des dents,
c\'eft ^ ^ ^ de finguîiercependant,
^ue nous obferve\' S que les dent§
Nij
-ocr page 190-î48 le chirurgien
dont nous avons ôté parfaitement
carie par les limes & par les rugines,
& celles que nous avons bien plorn\'
bées, fe confervent un tems très-con\'
fidérable, Se fouvent même toute 13\'
vie, fans fe carier davantage, furtoUt
quand on n\'a pas attendu trop tard ^
y faire remédier, Se que le Dentifte >
dont on a fait choix, eft expérimente.
On pourra dire, que puifque les ma-
tières qui carient la plupart des dents j
viennent de caufes extérieures, ces
mêmes caufes devroient continuer de
faire les mêmes impreffions Se les mê-
mes progrès fur les dents où étoit U
carie avant qu\'elle fût ôtée.
Je répons à cette objedlion, que ^
nous voyons rarement que les dent?
aufquelles un bon Dentifte a remédie
à propos, foient fujettes à cet incofl"
vénient , c\'eft parce que les furfaceS
cariées ont changé de difpofition pa^
les opérations qu\'on y a faites, ou par\'
ce que les caufes qui donnoient aup^\'
lavant atteinte à ces parties, font aS\'
venues moins capables de faire des pro-
grès fâcheux.
En effet, il eft certain que les dents
fe confervent, quand elles font répa\'
fées à propos & de la inain d\'un habif
D e n t \'l 5 t e. 140
îlorame. L\'expérience fait voir qu\'iî
y a auffi des dents plus difpofées à fe
carier les unes que les autres.
Les molaires font plus fujettes à fe
Varier que les incifives & les canines :
"^Près elles, ce font les incifives & les
•canines de la mâchoire fupérieure qui
plus fuiettes à fe gâter que celles
l\'inférieure; parce qu\'à tous les in-
llans elles font pius découvertes & plus
expofées au chaud & au froid par leur
"tuation, foit qu\'on boive , ou qu\'on
\'^^nge, foit par la feule afpiration &
^^piration de l\'air. On remarque en-:
^ore que les dernières molaires, lorf-
\'l^\'elles ne viennent que dans un âge
Avancé J fe carient fort aifément.
Il arrive fouvent qu\'après qu\'une
dent a été attaquée de la carie, la pa-
^eille de l\'autre côté de la même ma-
ehoire , fe carie auffi ordinairement,
fait tant de fois cette remarque,
ne me paroît pas que cet effec
^^Pende du feul hazard. Ce que j\'ai
trouvé de furprenant dans cet effet,
^ ®^que non-feulement la dent pareille
^^/\'nanque guéres de fe carier ; mais
elle fe carie pour l\'ordinaire en des
^«droits femblables, & quelquefois
une parfaite fimétrie. La raifon
N iij
150 ie Chirurgien ^
de cet effet paroît affez difficile à de-
veloper : On pourroit cependant pen-
fer que ces dents ainfi cariées avec fi\'
métrie, étant d\'une même confiftan-
ce, & organifées de même que leurs
pareilles, les fucs dépravez qui ont p^i
donner atteinte aux premières, n\'ont
pas plus de difficulté à attaquer leurs
femblables.
Le vulgaire & même certains Au-
teurs ont crû Se croyent encore qu®
toutes les douleurs des dents, & les ca-
ries , font caufées par des vers dentai-
res , & que ces vers rongent peu à peU
le tiffu des fibres offeufés, ou les filers
nerveux. Si cela étoit, l\'explication ds
la douleur & de la carie des dents fe-
roit aifée à donner, & par-là on épar-
gneroit bien de la peine aux Phy ficiens.
L\'on fonde cette opinion fur de pré-
tendues expériences que Ton rapporte
touchant ces infeéles, lefquels par le
moyen de la fumée de la graine de
jufquiame, nomm.ée aufîi hanebane ^
tombent, à ce que l\'on dit, des dents >
ce que M. Andry [a) traite de fable,
ainfi que d\'autres faits femblables ,
que l\'on peut lire dans le neuviéine^
(fj Dodeur-Régent Je la Faculté de Mé-
decine de Paris , &c.
Dentiste. i^r
Chapitre de fon Livre de lâ généra-
tion des vers.
Riviere (rf) admet (b) pour une des
caufes des douleurs des dents, des vers
engendrez dans leur carie, & il croie
que toute forte de matière retenue
^ pourrie dans la cavité cariée, eft
capable de ies produire, foie qu\'elle
foit excrémenteufe , ou alimenteufe ;
^^ais particulièrement les chofes dou-
ces qui s\'attachent aifément à caufe de
^eur vifcofité.
M. Andry rapporte que par le mi-
crofcope on découvre des vers qui le
forment fous une croûte amalTée fut
ïes dents par la malpropreté ; que ces
^ers font extrêmement petits ; qu\'ils
une tête ronde marquée d\'un petit
point noir; que le refte de leur corps
eft long Se menu, à peu près comme
^es vers que l\'on découvre dans le vi-
naigre à la faveur du microfcope : Il
ajoute que ces vers rongeant les dents
peu à peu , y caufent de la puanteur ;
"^ais qu\'ils\'ne font pas fentir de gran-
des douleurs : 11 croit aufli que c\'eft
"ne erreur de s\'imaginer, que les vio-
^ens maux de dents foient caufez par des
( ^ ) Qui étoit Médecin de Montpellier.
Tit. i. 1. <5. c. I. p.
N iii|
-ocr page 194-z e Chirurgien-
vers. Dans H-irticle premier du neuvié-
ine Chapitre de fon même Livre, H
marque encore que les vers des dents,
ne caufent qu\'une douleur fourde alTeZ
fon^^^ accompagnée de démangeai-
J\'ai fait ce que j\'ai pû pour me con-
vaincre par mes yeux de la réalité de
ces vers : Je me fuis fervi des exceîlens
microfcopes de M. de Manteville {a)
àc j ai fait avec ces microfcopes un
grand nombre d\'expériences, tant fur
Ja carie des dents nouvellement ôtées,
que fur la matière tartareufe de diffé-
rente confiftance qui s\'amaffe autour
d elles , fans avoir pu réuffir à y dé-
couvrir des vers.
Ce qui me rend d\'autant moins cré-
dule fur ces in fedes, c\'eft qu\'Hémard
Git, ( b) que quoique plufieurs Auteurs
ayent avancé que de la corruption des
dents il s\'engendre un ver au creux
de la dent, il n\'en a pas encore pû
trouver. ^
Je fuis très convaincu de l\'habileté
&delafincériréde M. Andry; je ne
doute pas de la vérité des faits qu\'il rap-
porte, mais il eft aifé de voir par tout
(a) Chirurgien-Juré à Paris
1 h Pag. Ugn. 30.
qu\'il dit, le peu de cas que l\'on doif
faire de ces prétendus guériffeurs de
dents avec leurs fpécifiques tant van-
nez , qu\'ils prétendent être propres à
faire mourir les vers ; puifque les dou-
leurs pour lefquelles on a recours aux
remèdes, font prefque toujours, fui-
Vant ce gavant Auteur, celles qui ne
viennent point de cette caufe.
Les dents font quelquefois cariées
par des caufes intérieures, fans qu\'on
puilfe penfer que les vers ayent en au-
cune façon occafionné ces caries,tandis
que l\'émail de la dent & fa furface font
en entier & fans aucune altération.
J\'aivû auffi des caries attaquer les
racines dçs dents & la voûte de leur
fourchure , fans qu\'il y eût aucune cou-
che détartré, ni aucune croûte amaC«
fée Se propre à loger ces fortes d\'in-
Peèles. Je fuis convaincu par ces exem-
ples & plufieurs autres, qu\'il y a des
caries qui fe forment aux dents, fans
que les vers y ayent aucune part. Je ne
fuis d\'ailleurs nullement perfuadé ,
qu\'en aucun cas, les vers foient la cau-
fe de la carie des dents. Quoi qu\'il en
foit, cela ne préjudicieroit en rien à
ce que je propofe ci-après, pour remé-
dier à la carie.
Ï54 I^E ClIIIlU-RGïEjf
De la carie des Dents j ce qu\'il faut
ohferver avant que de ruginer
les Dents cariées.
La carie eft une des plus funeftes
maladies qui puilfenc arriver aux
dents : Son progrès les détruit & îes
confume : Il faut avoir recours aux
moyens que je vais donner, pour en in-
terrompre le cours : Je vais auffi mar-
quer les cas où il eft poffible d\'en ve-
nir à bout.
Lorfqu\'il arrive que la cavité fituée
au milieu du corps de chaque dent, eft
découverte parla carie, ou autrement
nous ne pouvons ordinairement efpé-
rer la guérifon d\'une telle maladie ,
que par le fecours de diverfes opéra-
tions , & par celui des remèdes les plus
fpécifiques ; encore eft-ce un grand ha-
zard , quand par ces moyens pratiquez
méthodiquement & fuffifamment con-
tinuez , nous parvenons à guérir une
carie qui a fait de grands progrès.
Ce qui peut arriver de plus heureux
dans ces occafions, eft que les filets des
Dentiste. 155
nerfs, qui entrent dans la dent, ne
foient pas voifihs de l\'endroit cane 3
ou que tous les vaiffeaux qui vont à la
dent cariée, foient defféchez, ou con-
futnez par quelque caufe, ou qu\'ils
foient affaiffez à un tel point, qu\'ils ne
foient plus capables de fenfibilité.
De ce fait bien établi, nous devons
conclurre que les remèdes particuliers ,
dont une infinité de gens fe vantent
d\'avoir le fecret, n\'ont paru réuffir,
que lorlque les vaiffeaux de lardent
étoient déjà affaiffez , ou defléchez
par l\'effet de l\'humeur même qui eau-
foit la maladie, ou qu\'enfin cette hu-
meur rongeante foit devenue afiéz ra-
doucie, pour faire ceffer l\'inflamm.ation
êc la douleur. Pour lors ces diftnbu-
teurs de remèdes n\'ont pas manqué de
s\'attribuer l\'honneur de pouvoir gué-
rir, fans que le Public fe foit apperçu
de l\'inutiUté de leurs drogues.
Si l\'application de certaines emplâ-
tres fi certaines liqueurs que ces Char-
latans employent dans toutes les efpé-
ces de douleurs caufées par la carie &
d\'autres
indifpofitions, ont quelquefois
diminué la douleur, on ne doit pas
pour cela en atttribuer la guérifon a
ces remèdes j qui n\'empêchent pas le
i e Chi ru rg ie n-
retour de la maladie , ce qui fait qu\'lk
«ont pas longtems la vogue, <Sc que
1 on a été obligé de leur en fubftituer
fucceffivement une infinité d\'autres
avec auffi peu d\'avantage.
La qualité que ces Empiriquesattri-
buent à ces liqueurs & à ces emplâtres,
d emporter infailliblement la douleur
fans retour, eft un charme puiifant qui
perOaade ceux qui en font vivement
tourmentez. Si l\'expérience du paffé
pouvoir une fois être prife pour régie
des jugemens qu\'on doit porter de ces
fortes de gens, qu\'on entend tous les
jours proner de nouveau, & qui abu-
lent de la crédulité du Public, il feroit
munie d\'en parler; mais la facilité
qu ils trouvent à duper des perfonnes
crédules & à amaffer de l\'argent, eft
une amorce trop forte pour n\'en\'pas
faire multiplier l\'engeance; auffi en
voit on de toutes efpéces, de tout fexe
c<. de toute profeffion.
Les uns difent qu\'ils guériftènt les
, douleurs de dents par un éfixir, ou des
eliences particulières; d\'autres par des
emplâtres; quelques uns pardes priè-
res & fignes de croix, promettam de
Jiire des miracles ; d\'autres ont des
ipecifiques pour faire mourir le ver
Dentiste. 157
^^\'ils fuppofent ronger la dent «Sc être
» auteur du mal que l\'on reffent ; c\'eft
^infi qu\'avec de telles impoftures ils
aiîiufent le Public. Les vers des dents
i s il eft vrai que par hazard il s\'y en
■^encontre quelquefois ) ne caufenc
point de douleurs violentes ; ce que M.-
■^ndry a très-bien obfervé. Enfin il y
a qui prétendent être fi habiles,
^ue fi l\'on veut les en croire, ils gué-
\'\'iront les maux de dents les plus invé-
^erez, en les touchant avec les doigts
trempez , ou lavez dans une liqueur
^are & myftérieufe : Cette façon de
guérir les maux de dents, a fait afîèz
de bruit dans Paris ; mais depuis que
1 Auteur de ce beau remède n\'en a
plus fait myftére , & qu\'il eft devenu
commun, il a cefîe de faire des mi-
racles.
D\'autres gens promettent encore de
guérir toutes fortes de douleurs de
dents, en fcarifiant les oreilles avec la
lancette , ou en les cautérifant avec un
fer rouge , ce qu\'ils appellent barrer la
Veine.
Je fçai qu\'on pourroit alléguer en
faveur d\'un tel préjugé, que le célèbre
M. Valfalva, Médecin Italien , dé-
termine avec grand foin l\'endroit de
z e c h i r u k © i e n
i\'oreiîle où il faut appliquer le cautère
aduel pour appaifer le mal de dents ;
Il détermine auiîi la grandeur du fer
ôc la maniéré de Rappliquer : L\'auto-
rité d\'un Auteur fi célébré, ôc dont
l\'opinion efl; refpedable , m\'enga-
geroit volontiers à croire qu\'il peut
y avoir des cas, où ce remède feroit
employé avec fuccès ; cependant je ne
fçaurois me perfuader qu\'on guérilfe
par-là les douleurs qui arrivent com-
munément aux dents.
J\'ai connu à Nantes ville de Breta-
gne , un Turc Horloger de profeffion,
qui étoit renommé pour cette manière
de guérir les douleurs de dents. Je fçai
auffi que nonobftant ces prétendues
guèrifons, la plûpart de ceux qui fe
mirent entre fes mains, furent enfin
obligez d\'avoir recours à moi pour fou-
îager leurs douleurs. J\'aivià depuis,
plufieurs autres perfonnes fe fervir du
même moyen avec auffi peu de fuccès.
Il y a encore une infinité d\'autres re-
mèdes que l\'on vante pour les maux
de dents, dont la plûpart font fi ridi-
cules ôc fi extravagans, que le détail
en feroit inutile & ennuyeux. J\'en rap-
porterai cependant encore un, à cau-
fe de fa fingularité ^ dont M. de Bra«-
Dentiste. îçf
^ome fait mention : (a) « Je fus ( il ce
parle de lui-même ) deux jours fans «c
palier voir ( Elifabetb de France «c
Rename de Philippe II. Roid\'Efpa- «
} à caufe du rhume des dents «
i\'avois gagné fur la xMer : Elle cc
^®manda à Riberac fille, où j etois, cc
^ fi j etois malade ; & ayant fçû mon ce
, elle m\'envoya fon Apotiquai- w
qui m\'apporta d\'une herbe très- «c
"nguliére pour ce mal, que la met- «
^ant & la tenant dans le creux de la «
^\'ain J foudain le malfe pafle, corn- «
il rae paflà auffi-tôt. »
Hémard dit que la guérifon des
douleurs de dents, qui eft attribuée à
^es paroles, à des attouchemens & à
de certains billets, ou à des remèdes
appliquez dans la main, &c. n\'eft pro-
^^ite que par la force de l\'imagination,
^ il penfe que le malade croyant vi-
rement le myftére qu\'on lui propofe,
tellement émû en fon ame , que par
Cette émotion il fe peut faire que l\'hu-
*^eur fe détourne du lieu affligé, pour
fe porter à d\'autres parties du corps»
Quiconque fçaura combien peuvent
^^ nous les facukez animales, feloa
Dames illuftees, vie d\'&ifabeth ,
-ocr page 202-\'j 6o I E C H I R U R G I E ît
qu\'elles font plus ou moins agitée?,\'
ne trouvera pas cela étrange : Il verra
que par les effets de la colèreles bief-
fez ne fentent pas leur mal, <5c que fi
la peur peut caufer des maladies, elle
peut auffj en guérir d\'autres. D\'où
vient que nous rions, quand nous
voyons rire, <Sc que nous pleurons,
quand nous voyons pleurer? N\'eft-ce
pas par cette forte idée, qui nous rend
fenlibles au plaifir & à la trifteffe d\'au-
trui P On n\'ignore pas qu\'il arrive fou-
vent que ceux qui font attaquez de
grandes douleurs de dents, ayant pris
ia réfoluîion de fe les faire tirer, &
allant auffi-tôt chezle Chirurgien Den-
tifte, fe trouvent faifis d\'une crainte,
qui leur fait dire , qu\'ils ne fentent
plus aucun mal, Se qui les oblige de
s\'en retourner jufqu\'à ce qu\'ils foient
forcez de revenir par la même douleur,
qui quelquefois ceffe pour toujours.
_ Certainement, dit cet Auteur, les
hifioires & les experiences journalières
mus inftruifent ajfex. de tous ces effets ;
mais ks caufes en procèdent de la facul-
té animale, laquelle par la joie, le plat-
fir, lu crainte, la fâcherie, la colere , U
honte, en attirant, ou chafant la cba-
leur naturelle, produit en nous des opé-
ratien{
-ocr page 203-. , Dentiste. iCt
^\'^^ions merveille ufe s & extraordinaires,
_ Avec tout cela, ces moyens de gué-
par de certaines paroles, de cer-
tains lignes, attouchemens, billets 6cc.
étant très-fufpefts de fuperftition &
d\'artifice diabolique , font défendus
P^r l\'Eglife, comme des péchez con-
^\'"e le premier Commandement, tant
^ 1 égard de ceux qui les exercent, oui
^onfeillent, que pour ceux qui les ad-
mettent, ou les recherchent.
Les caries qui n\'ont point du tout,
^^ qui n\'ont que peu intéreffé la ca-
intérieure des dents, font guérif-
^9-bles par quatre moyens. Le premier
celui des limes & des rugines; le
»econd , l\'application du plomb ; le
^\'"oifiéme , les huiles, ou elfences de
eanelle & de girofle mêlées enfemble,
^^ employées féparément ; 5c le qua-
trième . Papplication du cautère ac-
tuel. ^^
Dionisf^) confeille, lorfque îa
Q^ tablette de la dent, c\'efl- \'
^■dire, à la furface qui eft à l\'extrémité
du corps de la dent, de la cautérifer
^\'^ec l\'huile de fouffre , ou de vitriol,
ont on porte une petite goûte dans
dent gâtée avec un des petits pin-
(a) iJans fon Traité d\'opérations , o. 50?»
tome i, o
-ocr page 204-l6% LE CHIRURGIEN
CeaaX , donc on fe fert pour peindre efi
mignature. Il ajoute quefi la carie aug-
mente , on doit y appliquer le cautère
aduel. Sans vouloir attaquer le mérite
d\'un aulfj habile Chirurgien, j\'ofe dire
que cette pratique eft fort dangéreufe;
parce que ces huiles étant corrofîves,
elles peuvent exciter, ou augmenter la
douleur, en rongeant <5c en déchirant
le tiifu de la dent ; outre que l\'adion
lente de ces huiles rendroit la douleur
plus vive & plus durable : De plus il eft
impolfible de borner l\'adion de ces hui"
les, lefquelles fe répandent & s\'infi-
nuent dans toute la cavité cariée, &
n\'attaquent pas moins les parties faines,^
que celles qui font gâtées. On peut en-
core ajouter que la falive qui fe mêls
avec elles, devant enfuite fe répandre
fur les gencives, peut y caufer quelque
défordre. Il vaut donc mieux s\'en te-
nir aux quatre moyens que je vien®\'
d\'indiquer.
Quand une dent eft légèrement ca-
riée, il fuffic d\'en ôter la carie, en
fervant des inftrumens dont je parlerai
^ans la fuite, &d\'en remplir lacavite^
cariée avec du plomb. Lorfque la ca-
rie pénétre un peu avant, Se qu^elIe
<raufe de la douleur, iî faut, après l\'a-
Dentiste. 163
Voir emportée , mettre tous les jours
dans la cavité cariée un peu de coton
roulé & imbibé d\'huile de canelle , ou
de girofle. Cet ufage doit être conti-
nué pendant un tems fuffifant, obfer-
vant d\'arranger & fouler le coton par
dégrez, afin d\'accoutumer à la preffion
^es parties fenfibles : Quatre ou cinq
jours après, on enlève de nouveau les
iiîatiéres qui ont féjourné dans la cavi-
•■e cariée : Cette précaution empêche
Quelquefois que la douleur ne revien-
ne : Elle produit aux fibres oflieufTes de
dent une petite exfoliation fuffifan-
: Elle empêche la continuation 6c
les progrès de la carie 6c de la douleur.
après avoir aflez longtems continué
Cette méthode, la douleur ne celfe pas,
faut y appliquer le cautère aduel ,
^ quelques mois après plomber la
dent, fi la difpofition de la cavité ca-
riee le permet ; car il fe rencontre quel-
quefois des cavitez cariées difpofées
façon, qu\'il n\'efl; pas pofllble d\'y
^^\'«•e tenir le plomb.
Lorfque la carie pénétre jufqu\'à la
^^^"édeia dent, elle peut y engen-
un abcès ; ce que j\'ai fouvent ob-
^•■yé en plufieurs perfonnes, aufquel-
es la carie des isicifives 6c canines ca^s»
1(^4 le Chirurgien
foit beaucoup de douleur. J\'introduis
alors l\'extrémité de ma fonde dans la
carie jufques dans la cavité de la dent,
pour faciliter levacuadon des matiéres^
Dès que le pus eft évacué, la douleur
ceife. Je lailfe ainfi ces perfonnes en
repos pendant deux ou trois mois : Au
bout de ce tems, je plombe leurs dents
cariées, pour les empêcher de fe gâter
davantage.
Quoique je me fois récrié avec rai-
fon en ce Chapitre, contre les promef-
fes que les Charlatans font à l\'occafion
des eifets de leurs prétendus fpécifi:-
ques, qu\'ils donnent pour infaillibles,
excluant tous ies autres que l\'art peut
fournir en cette occafion ; je ne pré-
rens pas cependant que certains topi-
ques ne puiffent contribuer en quelque
manière à calmer les douleurs des
dents , en diftîpant les fluxions, par
les dérivations & par les évacuations
qu\'ils peuvent faire des humeurs qui
fe dépofent fur les dents , fur les gen-
cives , ou fur les parties qui en font les
plus voifines. Je vais donner la com-
pofition de deux fortes de topiques ^
que l\'expérience m\'a fait reeomioître
pour les plus efficaces.
Dentiste.
Emplâtre pour les maux des Dents
^ Prenez des gommes, ou réfines de
acamaque & de Caregne de chacu-
une once. Faites-les diflbudre à une
.Valeur lente, dans une fufBfante quan-
d\'huile de rnaftic : Ajoutez-y un
^fos d\'extrait de laudanum ; le tout
len incorporé enfemble, ôtez-le do
laiffez-le refroidir, & en formez
^s emplâtres fur du taffetas, ou fur
Velours noir de la grandeur d\'un
ard. On les applique fur les artères
^eniporales, de l\'un & de l\'autre cô-
^^ > on les laiffe jufqu\'à ce qu\'elles
^tïibent d\'elles-mêmes, pour leur erî
\'^bltituer de nouvelles, & on les por-
l"® auff] lonstems qu\'on fent en .avoir
befoin. ^ ^
pour dîjjïper les fluxions \'& appaifer
les douleurs des Dents.
Prenez de la racine de pirêtre, du
F^ivre noir, du gingembre du ftaphi-
macis, du clou de girofle
^^ de la canelle, de chacun demie on»
f » fel marin une once. Le tout
^ duit en poudre fubtile, mettez-le dans
^aiffeau de terre vernifl^e ; verfe£
t deffus douze onces, de bon yinai-
Î^JI? ie Chirursien-
gre rouge ; faites bouillir le tout à
tit feu,en le remuant toujours avec un^
fpatule de bois jufqu\'à ce qu\'il foit re-
duit en confiftance de miel épais :
, Alors vous rôterez du feu. Se le gar-
derez dans un pot de fayance. PoUf
fe fervir de cette pâte, on en prend
grofleur d\'une petite féve que l\'on efl\'
velope dans un petit linge fin ; on la
met entre la gencive & la joue diî
côté qui fouffre la fluxion & la dou-
leur.
L\'effet de ce remède, eft de faire
cracher plus abondamment que ne le
feroit la fumigation, ou la maftication
du Tabac, qui a beaucoup de défagré-
ment. On ôte la pâte lorfque la dou-
leur de la dent eft appaifée, ou que la
fluxion a commencé à diminuer, & on
en remet de nouvelle dans le befoin-
Si on la tient dans la bouche un peU
trop longtems, elle échauffe le dedans
de la jouë , & y excite quelquefois de
petites ampoules, quife diffipent facile\'
ment en fe lavant la bouche avec de
l\'eau tiède.
Ces remèdes réuflîflent quelquefois ?
furtout lorfqu\'on a foin d\'appliquer en
même tems dans la cavité cariée de la
dent un peu de coton, ou de cbarpi^
» Dentiste, jfj^
^tïîbibée d\'huile de girofle , ou de ca -
^elle, mêlée avec partie égale d\'extrait
, opiuni, & qu\'on a recours à propos.
^ i ufage de la faignée & de la purga-
^lon ; ce qu\'il ne faut pas négliger, lorC-
r\'^. ^\'agit de perfonnes piétoriques &
^jettes aux fluxions.
^ J\'ai beaucoup foulage par le remède
•vivant, plufieurs perfonnes qui avoient
pfefqyg toutes les dents cariées, & que
fluxions & des douleurs tourmen-
\'ent très fréquemment.
. ÏI confifle à fe rinfer la bouche tou&
tnatins, & même le foir, avant que
f fe coucher , avec quelques cuills-
^ees de fon urine tout nouvellement
fendue , fuppofé qu\'on ne foit pas ma-
On l\'y retiendra quelque tems y
faudra en continuer l\'ufage. Ce
\'\'^^éde efl bon; mais il efl: vrai qu\'il
® peut être agréable qu\'autant qu\'il
de procurer un grand fou-
. f?ernent. Quelques uns de ceux à qui
vV ^onfeillé, & qui s\'en font fer-
j. ^ \' fn\'ont afliiré qu\'ils avoient été dé-
des fil ixions aufquelles ils étoienc
^ tic;nuellem-nt fuiets. On a un petî
peine dans le commencement à s\'y
coijt^jjjgj.. j^g fait-on pas
fon repos & pour fa fanté ?
-ocr page 210-le Ch irurgi en
Pour fe convaincre de la vertu
l\'urine, (a) ii fuffirade fçavoir qu\'ell®
eft compofée d\'une liqueur féreufe em-
preinte de beaucoup de fel volatil &
d\'un peu d\'huile. Ces fubftances aftiveS
ne peuvent manquer de lui donner plii\'
fieurs qualitez, qui la rendent propr®
à bien des maladies. L\'expérience nou®
apprend que celle d\'une perfonne for"^
faine eft très-propre pour adoucir Sc
ealraér les douleurs de la goutte, pour
lever les obftrudions, Scc. C\'eft donc
un réfolutif qui peut diffiper les engor-
gemens qui fe forment aux extrêmitez^
capillaires des gencives, Se les tumeurs
qui naifîent dans la bouche, Se peut
prévenir & détruire peu à peu plufieurs
maux qui affligent cette partie. Sur
ces principes j\'aî confeillé de prendre
de l\'urine faine, & le fuccès en a ét^
heureux.
On pourroit fubftituer à l\'urine hu-
maine, l\'efprit d\'urine reétifié, dont o^
prendroit deux gros, qu\'on mêleroî^^
avec trois ou quatre onces d\'eau-de-
vie, ou d\'eau de creflbn, ou de cocble^.\'
ria. Sec.
Le fel volatil d\'urine a les même-
(a) Nicolas Letnery , Cours de Chyro\'®\'
pag- & amres Auteur^i
vertus •
-ocr page 211-v^» Dentiste. jga
^«rtus : On en feroic fondre quinze ,
^^gt , trente grains dans Ja même
wntité des fuidites liqueurs.
CHAPITRE X.
^^ la manière de trépaner les
Dents, quand elles font ufées ,
cariées J & qu\'elles caufent
de la douleur.
r A plûpart des douleurs que cau-
W incifives & canines,
fen ^^^^^ \'
le3 ^ P\'^.^fque toujours par le trépan. Si
^^^ canes font placées dans les inter-
^ ou aux parties latérales de ces
, il faut commencer par les fé-
autant qu\'il eft néceflàire élar-
J^^cette féparation en dedans fur l\'en-
Peti"^ ; ce qu\'on doit faire avec de
Con^^ à demi rondes, & qui foient
Enfiùteon ôtera de cet-
le^ les matières cariées, avec
en bec de perroquet & les
h iui,\'\'\' \' q^\'on propolera dans
On ouv
ca, ^ élargira le cana!, ou
intérieure de k dent, avx un
Tome
î^o leChirurgien
équariflbir, ou perforatif proportionné
à ce canal : On prendra une éguille
afléz fine & affez longue, donc les
Brodeurs fe fervent, que l\'on tiendra
parle gros bout avec les doigts, oU
avec les pincettes à Horloger, & l\'ofl
introduira la pointe de cette éguille le
plus avant qu\'il fe pourra dans le fond
de la cavité de la dent ; ce qu\'on fera
deux ou trois fois de fuite, après quoi
cette cavité fe trouvera débouchée }
Se fa membrane intérieure percée : Pat
ce moyen, l\'abcès qui peut y être for-
iné, ou les humeurs qui y font épan-
chées Sc retenues, en fortiront aifé-
ment, Sc la douleur ceffera auffi-tôt ^
ou peu de tems après, par cette opé-
ration.
Il efl bon d\'avertir, qu\'avant qu«
de fe fervir de cette éguille, on doit
lui donner de la flexibilité, en la fai"
fant détremper fur le feu de la bou-
gie: En cet état, elle ne fera plus e"
rifque de fe caffer, ni de refter dans
cavité de la dent, d\'oià elle ne pour-
roit être tirée ; ce qui empêcherott
qu\'on ne guérît le malade, D\'ailleuf^
ayant ôté la trempe à cette éguille*
elle fera plus en état de fuivre la dj\'
reâion du canal de la dent, & ds
J
-ocr page 213-Dentiste. j 7 ^
^accommoder à fes variations. On
«oit encore obferver de l\'enfiler & d\'en
emr le fil en opérant, afin que le m?,-
acle ne courût pas le rifque de i\'ava-
^ » fi elle s\'échappoit des doigts, ou
fs pincettes. Il eft des cas où au lieu
*;guille,on peutfefervird\'uneépingle
^^ on nomme Camion , & dont les Da-
^es fe fervent pour leur coèffure. On
e doit point la mettre au feu comme
^ Çguilles ; mais il faut un peu en ap-
P^atir la tête, afin de la mieux tenir
pincettes, le fil fera encore
^^ceffaire ici.
la quelquefois que le canal de
^ent fe trouve fi étroit, qu\'il n\'eft
poffible que l\'éguille, quelque fine
in^ ? foit, puiffey être fuffifamment
^^^roduite : Alors on fe fervira d\'un
convenable, monté fur fon che-
cfae^\'\' on tiendra de la main gau-
ttiai\' A ^^^^^^ ^^ ^^
Can^i percera & ouvrira cé
paâr^\' opération, il faut laiffer
re à fcmaines, fans rien fai-
«lU\'elf^^^/^\'^\'^ \' ^ empêche!\'
dans L r®. davantage, on aura
ia fuite k foin d\'y mettre du c©»
171 t E c ÎI î r u R G i E N
eon roulé & imbibé d\'un peu d\'huile
de canelle,-ou de girofle. On la laif-
fera dans cet état pendant quelques
mois, ayant foin d\'y renouveller le co-
ton. Il faut obferver que lorfqu\'on
commence à l\'y mettre, ce doit être
avec légéreté, & fans le fouler beau-
coup ; afin que s\'il arrivoit encore un
écoulement de matière, elle pût s\'é-
chapper au travers de ce coton, qui
ne doit fervir alors qu\'à empêcher les
alimens d\'entrer & de gâter la dent de
plus en plus. Si on le fouloit d\'abord ,
la matière qui ne pourroit s\'évacuer ,
s\'épaiffiroit, s\'engorgeroit & pourroit
caufer beaucoup de douleur, fi les
parties nerveufes de la dent n\'étoient
pas encore deflTéchées, ou détruites.
Il arriveroit la même chofe après l\'ap-
pUcation du plomb, & l\'on feroit obli-
gé de l\'ôter , & de laiflér écouler un
tems confidérable avant que de le re-
mettre.
Il peut encore arriver, quoique ra-
rement , qu\'après avoir trépané une
dent, la douleur ne ceflê point : En c^
cas on doit juger que la maladie n\'el>
point dans fa cavité ; mais qu\'elle eti
fur la membrane nerveufe, qui eft com-
mune à l\'alvéole & à la partie este^
A
-ocr page 215-Dentiste.
fleure de la racine , ou encore fur les
Vaiffeaux qui fe trouvent au-delà de
J^extrêmité de cette racine, avant qu\'ils
loient encrez dans la cavité. Alors l\'ex-
•■renie douleur que l\'on reffent, ne peut
paître que de l\'engorgement & de l\'in-
^ammation de ces mêmes vaiffeaux
^ il n\'y a point d\'autre parti à pren-
, que d\'ôter la dent. Ce qu\'il y a
finguUer, c\'eft qu\'après fon extrac-
tion , la douleur eft plus vive, êc dure
Fus longtems que celle qu\'on reffent
l^ans toute autre circonftance. Si après
Ravoir ôtée, on confidère l\'extrémité
racine, on y trouvera une por-
tion allez confidérable de vaiffeaux,
font extraordinairement gros dans
tems là à caufe de leur tenfion
ôcde leur inflammation ; ce qui n\'ar-
^^ve guéres dans des cas différens de
^elui-ci, & dans lefquels on peut à pei-
les appercevoir fans l\'aide des Iqu-
, ou des microfcopes. Ces vaiffeaux
êotiflez, êc qu\'on remarque, fi diftinc-
tement, ont donné fans doute occa-
lon de croire, que c\'étoit un ver qui
^toit la caufe immédiate des vives dou-
^eurs^que l\'on reffentoit.
. L\'opération du trépan fur les dents
^\'^cifives êc canines, en ôte prefque
Piij
-ocr page 216-174 l-e Chirurgien
toujours la douleur, quand elie vient
4e ce qu\'elles font ufées, ou cariées,
de ce qu\'il y a abcès à leurs railfeaux,
ou que leur cavité efl: remplie de quel-
que liqueur épanchée ; parce que ces
fortes de dents n\'ayant ordinairement
qu\'une feule racine,elles n\'ont auffi qu\'u-
ne feule cavité, qu\'il ne faut qu\'ouvrir
pour en faire fortir la matière. Il n\'en
efl pas de même des dents molaires,
qui ont chacune plufieurs racines, plu-
fieurs cavitez êc plufieurs vaifleaux j
qui varient en beaucoup de façons, ôc
qu\'il n\'eft guéres poffible de pouvoir at\'
taquer avec une grande jufteflfe. Hé-
mard ( a ) juge qu\'il faut tirer ces fortes
de dents, ou pour le moins les décha-
feller, c\'eft-à-dire, les cafler ôc en em-
porter la couronne, pour donner ifiTue
à l\'humeur corrompue qui fe trouve
renfermée dans leur cavité; ce qui fait
quelquefois cefler la douleur.
Cet Auteur dit avoir vû beaucoup
d\'abcès dans l\'intérieur des dents, fans
qu\'elles fuifent gâtées extérieurement;
& qu\'après les avoir rompues, il y avoit
trouvé une pourriture d\'une odeur in-
fupportable i ce qui ne provenoit que
d\'une humeur épanchée, qui ne poù-
( <0 Pag. & fuivantes.
Dentiste. 175
\'vant s\'évacuer, s\'étoit corrompue dans-
^^ dent même, d\'autant plus aifément
^ue l\'artère , la veine & le nerf y étant
\'ogez à l\'étroit, ils font aulTi tôt ten-
dus êc engorgez par les humeurs qu\'il®
y apportent, 11 ne faut pas penfer qu\'il
^ y ait que cette partie qui en fouffire^
^ l\'on doit juger que les parties voi-
fines en font fortement irritées & ex-
yên:iement douloureufes. La plûparc
^^s violentes fluxions qui en provien-
nent , ne fe terminent fouvent que par
abcès ôz des fiftules aux gencives
^ aux environs, & quelquefois par
^es caries ttès-confidérables & très»
dangéreufes , comme il eft rapporté
®ans mes Obfervations.
. Quoique j\'aie indiqué les huiles de
girofle, ou de canelle, pour guérir ,
appaifer les douleurs caufées par
dents cariées, je n\'alfure pourtant
P^s que ces remèdes foient aulB eflRca-
qne ^jg^i des gens fe l\'imaginent :
■^ous en voyons louvent, qui après en
^^^ir fait un long ufage , n\'en ont pas
plus foulagez , & qui même ont
P®rdu leurs dents. Si quelques dents
été confervées par leur moyen ,
ne doit point penfer qu\'elles pro-
^^ifent toujours cette guérifon; mais
Piiij
-ocr page 218-176 ie Chirurgien
on doit plutôt juger que l\'humeur acre
qui rongeoit la dent, & qui irritoit
fes parties nerveufes, eft devenue plus
douce Ôc comme balfamique, ou que
l\'acreté de cette même humeur, après
avoir corrodé, ou carié l\'os de la dent,
a rongé , defleché, ou détruit aulTi
fes vaiffeaux qui auparavant la ren-
doient fenfible. Ce font là les princi-
pales caufes de la guérifon, ou ceffa-
tion de la douleur, comme il a été
déjà dit pag. 15 5. de ce Volume. Ce-
la peut encore être confirmé par fe-
xemple de beaucoup de perfonnes qui
ont eu des dents cariées, ôc qui pen-
dant un tems plus ou moins long, leur
ont caufé de vives douleurs, lesquel-
les ont ceffé, fans avoir employé au-
cuns remèdes. Ce que je viens de dire
doit être fuffifant pour détromper
ceux qui croyent que la guérifon de
leurs dents n\'eft dûë qu\'à l\'huile de
canelle dont ils fe font fer vis, ôc fai- \'
re connoître aux Dentiftes qu\'ils ont
tort de tant vanter ces fortes d\'effea-
ces.
Dentiste. 177
J^u tartre, ou tuf, qui fe forme
fur les Dents, & les mauvais
effets qu\'il y produit.
Le tartre, ou le tuf, que quelques
Auteurs & le vulgaire nomment
chancre, eft une matière qui s\'acumule
la furface des dents, & qui devient
par fon féjour comme une croûte pier-
reufe, d\'un volume plus ou moins con-
fidérable.
La caufe la plus ordinaire de la per-
des dents, eft la négligence de ceux
^^i ne fe les font pas netteïer lorfqu\'ils
îe peuvent, ôc qu\'ils s\'apperçoivent du
féjour de cette fubftance étrangère, qui
P\'^oduit des maladies aux gencives. Le
t^artre eft la caufe que la gencive fe con-
lUme , 6c par-là occafionne quelquefois
^^ carie de la dent.
Pour mieux connoître ce que c\'eft
le tartre des dents, il faut confi-
dérer les caufes qui le produifent, la
panière dont il fe formme peu à peu
^ prefque infenfiblement. J\'en trouve
^^ois principales.
jyî ie Chirurgien
La premiere caufe vient des por-
tions des alimens qui s\'arrêtent dans
les efpaces qui font entre les dents &
les gencives , ou entre les intervales
des dents. Ces portions détrempées
par la falive, deviennent comme uO
limon pâteux, qui ne tarde pas à fe
deffécher dans les inftans où la bou-
che ell moins arrofée de la falive, oU
ne l\'eft point du tout, l\'air que nous
refpirons enlevant pour lors les parties
les plus fluides.
La féconde caufe dépend de l\'air,
qui étant pouflie hors de la bouche paf
la refptration, & chargé d\'exhalaifons,
fait que ce qu\'il y a de vifqueux, d\'onc-
tueux ,& de péfant dans ces exhalai-
fons, s\'arrête contre les dents qu\'il tou-
che , ôc fe joint à la premiere couche
de tartre ébauché par le limon deifé-
ché dont je viens de parler.
La troifiéme caufe ne contribue pa$
moins que les deux précédentes à for-
mer le tartre. Cette caufe eft la falive ^
lorfqu\'étant viciée en conféquence de
quelque dépravation de la limphe, ^
fe trouvant chargée de fels& de beau-
coup de parties terreftres, elle les dé-
pofe contre le corps des dents. Je
vois pas comment, fans admettre cett^
, ^^ Dentiste. 179
^erniére caufe, on pourroit rendre rai-
des croûtes qui couvrent quelque-
fois la plûpart des dents, fans même
excepter les racines, comme je l\'ai
Wquefois obfervé. Ce qui m\'a for-
tifié dans cette opinion , eft la confor-
\'^ité que j\'ai remarquée entre cette
*^atiére qui avoit encroûté la dent tou-
te entière, & les corps étrangers que
P\'i a trouvez plus d\'une fois à la ra-
cine de la langue, comme on le lit dans
Journal des Savans de l\'année 17a i «
"^ette matière étoit pierreufe, de mê-
que ces corps , qui ce peuvent
^Voir été formez que par une limphe
viciée & femblable à la falive altérée.
J\'ai tiré fous ia langue d\'une fem.-
un corps pierreux femblable à ceux
^ont nous venons de parler, contenii
^\'itre l\'infertion du filet & le corps de la
^^ngue, & près des veines ranules. Ce
*^orps avoit la figure d\'une petite aman-
de. Il feroit difficile d\'en imaginer d\'au-
t/e caufe, que la matière de la limphe
^paiffie «Sc devenuë tartareufe. Ce corps
^franger n\'avoit nullement blefîe l\'ar-
ticulation , ni diminué le fon de la voix
\'^e cette femme.
. La premiere couche de tartre une
fois formée, s\'augmente tous les jours
iBo lECHIfltJRdlÉN-
par de nouvelles couches, qui s\'appli-
quent les unes fur les autres ; à petï
près de même qu\'il arrive à la pierre
dans la cavité de la veffie, & à toutes
fortes de pierres, qui croiflènt par ad-
dition de couches.
Les mouvemens de la langue dé-
truifent la plus grande partie du tar-^
tre qui s\'attache à la furface intérieur^
des incifives de la mâchoire fupérieu-
re; au lieu que les autres dents s\'en
trouvent prefque toutes recouvertes,
furtout celles de la mâchoire inférieu-
re , la matière par fon propre poids,
s\'y portant toujours, & la langue ne
pouvant la balayer de même : Si l\'ofl
tarde à fe la faire ôter , elle s\'infinue
entre les gencives Se les dents, & par
fon féjour elle gonfle & dilate les gen-
cives. De là vient que par la fuite le?\'
dents étant déchauflees, elles devien-
nent chancelantes, & cèdent au moi»\'
dre attouchement.
Le tartre n\'efl; pas la feule maladie
qui vient de la négligence qu\'on ap-
porte à fe tenir les dents nettes ; on peut
encore ajouter que cette négligence
caufe la puanteur de la bouche, puan-
teur fâcheufe à celui qui en efl: atteint,
& infupportable aux autres. Cette
r .-1
I
Timv, I ^ plcvnelu. o.
-ocr page 225-Dentiste. i8r
^adiene vient pour l\'ordinaire que des
^rtions des alimens qui relient dans
interftices des dents, & dans les
^\'"ous que forme la carie, & qui s\'y
Corrompent, ou parce qu\'on ne mâche
P^s des deux cotez.
Les moyens de remédier prompte-
n^ent à tous ces défordres, font ceux-
I. D\'obferver un régime de vivre
que celui que nous avons indiqué.
De faire netteïer fes dents, quand
®lles en ont befoin. 3. De les entrete-
nir de la manière qu\'on a enfeignée,
^ enfin d\'ôter les caufes qui les pro-
duifent.
Explication des Figures contenues
dans la Planche deuxième.
La Figure L repréfente dans fa
grandeur, ou dans fon volume
naturel, un corps tartareux & pierreux
formé fur une dent molaire du côté
droit de la mâchoire inférieure, vû
dans fa fituation renverfée.
A. Les racines de la dent
fur \'e corps de laquelle le tartre s\'eft
intimement attaché, acumulé & pé-
trifié , de fajon qu\'il ne faifoic plus
îSz i.e Chiiiurgien-
qu\'un même corps avec elle.
B. B. B. B. Les éniinences If
plus raboteufes de la furface de ce mê-
me corps pierreux, qui pofoient fur le^
gencives.
La. Figure IL repréfente le mêm®
corps pierreux vû par une autre fur-
face.
C. Les racines de la mé-
îîie dent, vûës par les cotez oppofez-
D. La furface plate ^
unie qui regardoit la langue.
E. La foife, ou enfonce-
ment formé par les dents de rencontre
de la mâchoire fupérieure.
La Figure III. repréfente le rtiênis
corps pierreux, vû par fa furface la plu«
convéxe &; la moins raboteufe.
F. La furface unie & con-
véxe, qui appuyoic fur les mufcles inaC-
feters.
G. La furface la plus ar-
rondie & la plus convéxe, qui faifoi^^
faillie en dehors, appuyant contre
jouë.
Dentiste.
CHAPITRE XII.
^^^idée générale de la pratique
contenue dans les Chapitres
Juivans,
Quoique les dents paroiflênt
d\'un volume très-médiocre, ref-
Pettivement au refte de la malfe du
belette, le grand nombre de mala-
"^les qui les attaquent, nous oblige à
^^courir fouvent aux opérations que
3 \'îîdiquerai, & que je détaillerai cha-
cune en particulier, avec le plus de
Netteté qu\'il me fera poiïible.
Voici les opérations qui fe prati-
^Uent fur les dents. C\'eft de les net-
\'^^ler, les féparer, les racourcir, em-
porter leur carie, les cautérifer, îes
plomber, les redrelTer, les arranger^
raffermir, les trépanner, les ôter
iniplement de leurs alvéoles, les re-
î^ettre dans leurs mêmes alvéoles. ou
Oter pour les placer dans une autre
bouche, & enfin d\'en fubftituer d\'ar-
tificielles à la place de celles qui man-
quent.
Toutes ces opérations demandeae
-ocr page 228-îS4 ï-e Chirurgien
dans celui qui les exerce, une mai»
légére, sûre, adroite ôc une parfait®
théorie : Elles demandent une connoif\'
fance auffi parfaite, qu\'elle efl: rare,
pour le déterminer à les entreprendre
à propos, les furfeoir, ou les aban-
donner. Une perfonne en effet pe^*-
fçavoir tout le manuel d\'une opéra-
tion , & cependant l\'entreprendre dans
un cas où il ne convient point d\'opé-
rer. 11 ne tombera dans cet inconvé-
nient que faute de connoître la véri-
table caufe de la maladie, ou le vrai
moyen de parvenir à fa guérifon.
De là il faut conclure que la fcïence
requife, pour être un parfait Dentifle»
n\'eft pas fi bornée que plufieurs fe fi\'
maginent, ôc qu\'il n\'y a pas moins d\'iiïi\'
prudence & de danger à fe mettre en\'
tre les mains d\'un ignorant, que de té-
mérité 6c de préfomption dans la pl^\'
part de ceux qui entreprennent l\'exer-
cice d\'une profeffion fi délicate, fan®
en fçavoir à peine les premiers éle\'
mens.
J\'ai établi les principes fur lefquels
la pratique dont il s\'agit, doit être fon\'
dée. Dans la fuite je décris chaque ope\'
ratioaen particulier, de même que les
inftrumens ôc les remèdes qui doivent
ferviï
-ocr page 229-Dentiste. 185
^-rvir pour parvenir à la guérifon des
*ïialadies dont je traite. Je ferai en mê-
tems remarquer autant qu\'il me fe-
poffible, toutes les circonllances auf-
quelles il faut faire attention , pour ne
f\'en entreprendre au préjudice de la
\'anté du malade, & de la réputation
de l\'art.
CHAPITRE XIII.
Jtmation des parties de la
bouche eu égard aux dents. La
fituation ou il faut que foit le
malade, fur lequel on doit opé-
rer , eîr celle que doit prendre le
Dentijle.
IL ne fuffit pas d\'avoir confidéré les
dents par rapport à elles-mêmes. Si
gencives & les alvéoles de. l\'une &
1 autre mâchoire, dans lefquelles les
«ents font enchaffées par gomphofe,
J ^ft-à-dire, comme des chevilles en
es trous. Il faut encore confidérer leuf
^tuation, eû égard à la capacité de la
ouche & aux parties qui en forment
principaux parois.
L\'arrangement des dents forme un
Tome I, Q
ie Chirurgien
demi cercle dans chaque mâchoire af-
fez femblable à un fer à cheval : Le mi-
lieu de ce demi cercle fe trouve fittie
au-devant de la bouche^ ôc les dents qu^
s\'y rencontrent, font antérieures par
rapport à celles qui fe trouvent à fes
extrêmitez : Ces dents antérieures font
f tuées entre les lèvres Sc la langue, La
furface qu\'elles préfentent du côté des
lèvres , eft nommée antérieure , oiî
extérieure ; celle qui lui eft oppofée ?
eft nommée poftèrieure, ou intérieu-
re ; elle répond à l\'extrémité de la lan-
gue , la loge & l\'embrafle :. Ces dent^
antérieures font les incifives & les ca-
nines. Celles qui viennent enfuite,
ruées aux côtez de la bouche , font le&
dents nommées petites Sc grolfes mo-
laires. Celles qui font aux extrémité^
de chaque demi cercle, étant les plus
reculées Sc les plus enfoncées dans la
bouche , font nommées poftèrieure^
refpecfcivement aux dents de devante
La furface que les dents fituées fur
eôtez de la bouche préfentent du c^
té des joues, eft nommée extérieure-
La furface qui lui cft oppoiee Sc qu^
touche la langue , eft nommée inté-
rieure. Lesfurfaces qui fe trouvent auTS
extrêmitez extérieures j, on bafes à^
D E N t i s t É.. ïg^
«ents, font nommées couronnes à l\'é-
gard des dents molaires. Elles fe ter-
\'■ninent en pointe, ou tranchant à l\'ex-
ïrêmité des canines, & des incifives. .
Les furfaces des côtez des dents, fe
^lomment latérales.
Les dents de la mâchoire inférieure,
leurs corps fupérieurs à leurs ra-
cines. Celles de la mâchoire fupérieu-
au contraire, ont leurs corps infé-
rieurs à leurs racines. On voit aHéz
Siuelle eft l\'utilité de cette difpofition
par la mécanique & la fondion des
^ents. On ne prend pas toujours garde
^Ux applications qu\'on en peut faire ,
\'orfqu\'il s\'agit de confidérer les mala-
dies , & les\'opérations que l\'on prati\'<
que fur les dents , furtout lorfqu\'on
donne des defcriptions à ce fujet. Cet-
difpofition des dents embaralTe, &
donne occafion à plufieurs de confon-
dre la partie d\'une dent avec ceile d\'u-
i^e autre. Cette méprife fe peut éviter ^
nommant les dents de la mâchoire
fupérieure, dents fupérieures, & celles
de l\'inférieure , dents inférieures. On
doit divifer & fubdivifer d\'ailleurs les
parties de chaque dent, fuivant l\'ufage
Ordinaire établi par les Anatomiftes,
Ainfi lorfqu\'il s\'agira des deiîts de la
mâchoire inférieure, on pourra nom-
mer le colet de ces dents, la partie in-
férieure du corps de ces mêmes dents ;
& leur extrémité, la partie fupérieure.
Ce qui fe trouvera entre ces deux par-
ties, fera nommé la partie moyenne,
extérieure, intérieure, ou latérale,
&c.
Lorfqu\'il s\'agira de celles de la mâ-
choire fupérieure, on nommera au con-
traire le colet de ces dents, la partie
fupérieure du corps de ces mêmes
dents ; l\'extrémité de ce même corps,
partie inférieure ; & ce qui eft contenu
entre la partie fupérieure Se la partie
inférieure des dents, fera divifé Se fub-
divifé de même qu\'aux dents inférieu-
res , Se on lui donnera les mêmes dé-
nominations , qu\'on a marquées pour
la mâchoire inférieure.
Il faut encore confîdérer les obfta-
cles que forme dans les opérations
qu\'on fait fur les dents, la fituation
des jouës, celle de la langue Se celle
des lèvres. Il faut ranger à propos ces
parties, pour mieux reconnoitre la ma-
ladie, pour opérer plus commodé-
ment , ou pour ne pas blelfer ces par-
ties en opérant.
Lorfqu\'un malade fe préfente à nous.
«ut avoir foin de le fituer avanta-
ëeuieinent pour bien reconnoitre la
^aladie.Afinde rendre l\'opération plus
r.\' > on doit le faire alfeoir fur un
uil ferme & fiable, propre & com-
^ , dont le dolfier fera garni de
. , ou d\'un oreiller molet, plus ou
jjoins élevé Se renverfé fuivant la tail-
ƒ ^^ perfonne , Se furtout fuivant
"^\'"edu Dentifte.
Le malade étant placé dans un fau-
, fes pieds portant à terre, fo»
appuyé contre le doffier, fes bras
ceux du fauteuil, on appuyera fa
contre le doffier : On obfervera de
^^•er les attitudes de fa tête, fuivant
^^ il fera néceffaire : Tantôt elle fera
l^l^s Un plan vertical avec le corps
P Us ou moins recourbé en arriére vers
du doffier, ou panché en ar-
\'ei\'e fur le côté droit, ou fur le côté
guche : Tantôt la tête fera plus ou
^ O\'ns inclinée fur le devant, de droit
gauche, ou de gauche à droit : En un
l\'attitude la moins gênante
^ e faire fe pourra, pour le malade,
^ même tems la plus commode
le Dentifte.
au il fera placé , tantôt
^oté droit, tantôt au côté gauche;
-ocr page 234-l^O LECHÎRURSIEÎÏ
quelquefois devant, ôc rarement def^
riére le malade.
Etant placé au côté droit, il fe
vira de la main droite pour tenir l\'ii^^\'
trument avec lequel il doit opérer,
fervant de la main gauche, (Scpailàn«^
le même bras par deifusla têteduiï\'f
lade, pour placer fa tête & l\'alfujettif
dans un attitude convenable, 3z po^\'\'
ranger à propos les lévrès, leurs coi^\'
railfures, les joues & la langue,
éloignant ces parties des dents fur
quelles il doit opérer : Il fe fervira
me des doigts de cette main pour ef^
braffer, foutenir, ou appuyer certaî\'
nés parties qui ont befoin de ce fecour^
pendant qu\'il agit : Il affujettira d^
même le menton, afin de moins fa^^
guer les mufcles de la bouche, que
mâchoire en foit plus fiable, ôc qu\'p\'
îe ne fe luxe pas en opérant fur
dents.
Le Dentifte étant fitué du
gauche, s\'il eft ambidextre, il fe f^^\'
vira de la main gauche pour tenir l\'f^\'\'
flrument, & opérera de la même
pafiant le bras droit par deflTus la tef
du malade,pour exécuter avec la niai^^
droite les fondions requifes en ce cas?
à l\'occafion des lèvres ^ des joués ^
D ë k t i s T e, 191
S\'il n\'eft point ambidextre , il tien-^
l\'inftrument de la main droite, fe
jervant de la gauche pour ranger, ou
^oûtenir les parties que nous avons ci-
^svant nommées. Il ne fe placera en-
levant que le moins qu\'il lui fera pofti-
I® > pour ne pas s\'ôter lui-même la
^Urté du jouï qui lui eft fi néceffaire
dans eette occafion : Cette clarté eft
P\'\'éférable à toute autre lumière, lorl>-
qu\'il s\'agit de reconnoitre les mala-
dies des dents, ou de travailler à leur
guérifon.
. Outre les attitudes que nous avons^
Indiquées, le Dentifte s\'élevera, ou-
^abailfera plus ou moins, inclinant
d ailleurs fon corps & fa tête, felon
qu\'il en fera beloin, tantôt d\'un cô-
5 tantôt d\'un autre, pour ne point
perdre de vue la partie fur laquelle il
; pendant qu\'il levera, qu\'il baif-
qu\'il portera plus, ou moins em
^dans, ou en dehors, en avant, ou
arriére, le bras, le poignet, ou la*
qui çjent l\'inftrument ; pendant
^^ d racourcira , qu\'il allongera fes^^
ou qu\'il les fera gliifer fur fin-
^rument pour parvenir par le moyen;
® tous ces différens mouvemens& de
^î^es ces attitudes^ à divifer;, gou<-
XECHIRURGÏKN\'
per, racler & emporter la derlt,
gencive, partie d\'icelles, ou les corp®
étrangers qui les environnent,
dans Je
cas de la carie, &c.
Les fîtuations & les attitudes que f
viens de propofer , font les plus ord>\'
naires, & peuvent fe multiplier à l\'if\'
fini fuivant l\'exigence des cas; c\'e\'^
pourquoi il faut les confidérer comn^!
arbitraires ; mais il y en a d\'autres
font dépendantes de la néceffité, po^J-
lefquelles il faut avoir de trcs-grand^
égards : Par exemple, lorfqu\'une p^^\'
fon ne a perdu l\'aftion des mufcles re"
leveurs, ou abaiffeurs de la tête, oiî
lorfque quelque fluxion, dépôt, ou p^\'
ralifie, rumatifme fâcheux, ou quel\'
que enchilofe, auront rendu un ma-\'
îade perclus à un tel point /qu\'il
pourra baifiTer fon dos, lever, baiifer »
ni tourner fa tête, ni la pancher
le côté. Si en même tems il s\'agit à^
travailler à fes dents les plus enfoO\'
cées dans la capacité de fa bouche,
ne fera plus queftion dans un tel cas,
ou en d\'autres femblables , de fituef
le malade dans un fauteuil ; il faudra
lui fubftituer le canapé, le fopha, oU
ie lit. S\'il eft alité, il ne fera queftio^
que de le fîtuer le plus favorablement
qu\'ïi
-ocr page 237-, Dentiste: 195
jl^ Il fera poffible , à la faveur d\'oreil-
ou couffins multipliez fuffifam-
de bien placez : On obfervera la
JJ^eine circonftance , fi on le place fur
J ^ fopha, ou fur un canapé ; & pour
^fs on opérera à fa bouche commo-
^"^nient , la fituation du fujet ainfi
^ouché à ia renverfe , étant la plus
^^antageufe.
Je fuis furpris que la plupart de ceux
W fe mêlent d oter les dents, faffienç
»eoir ordinairement les perfonnes à
®rre; ce qui eft indécent & mal pro-
P"^® : D\'ailleurs cette fituation gêne Se
^pouvante ceux à qui on ôte des dents ^
les femmes enceintes : Elle leur
d\'ailleurs très nuifible. Ce qui me
^^prend davantage, c\'eft que certains
^^teurs enfeignent encore aujour-
«ui, que cette fituation eft la plus
^^\'»venabie , quoiqu\'elle foit celle qu\'il
abfoiument rejetter.
R
Tme l.
-ocr page 238-chirurgien-
Ce qu\'il faut obferver avant
doter les dents yen les ôtant,
& après les avoir otées.
Io R 3 Q u\'u N E dent s\'oppofe à là
fortie d\'une autre dent ; lorfqu\'el-
le eft trop difforme , ou nuifible, ou
qu\'elle eft cariée 6c en danger de gâ-
ter celles qui lui font voifines, on n^
peut fe difpenfer de l\'ôter. Quant aUJî
premières dents des enfans, que l\'oo
nomme dents de lait, il ne faut pa«
en venir à cette opération, à moins
qu\'elles ne foient difpofées à tomber,
ou atteintes de quelque maladie parti-
culière, qui empêche de différer da-
vantage , & qui oblige indifpenfabls\'
ment de les ôter. L\'alvéole n\'a poin®^
aux enfans beaucoup de folidité, &
pendant les racines de leurs dents peu-
vent être plus fermes 6c plus foliû^^
qu\'on ne Tauroit crû ; ainfi en ôtanc
pour lors leurs dents, on pourroit caU\'
fer des accidens fâcheux; parce q^^
l\'alvéole n\'ayant pas affez de force >
|)Our foûtenir l\'effort qu\'on fait en eiw
Dentiste. ï^j
Poi-tant la dent , ce même alvéole pour-
l\'oit être endommagé , ôc même enle--
^^ en partie avec la dent. De plus le
ê^rrne qui doit former la fécondé dent,
^ qui eft caché à l\'extrémité de la ra-
cine de celle que l\'on veut tirer, pour-
^pit auffi être altéré, ou même détruit ;
Ou il s\'enfuivroit que la dent qui doit
Uccéder , ne paroîtroit que plufieurs
«Innées après, ou même ne paroîtroic
P^int du tout ; ou que fi elle revenoit,
feroit très-mauvaife, ainfi que je
ai vu arriver plufieurs fois. D\'ailleurs
, le rencontre quelquefois des dents
® lait qui ne tombent pas, ôc qui ne
^ renouvellent jamais.
Al faut par conféquent différer le
P\'Us qu\'il eft poffible de tirer les dents
enfans, lorfqu\'elles ne font point
pantelantes. Néanmoins la douleur
^^ elles caufent, peut quelquefois être
^®^lenient infupportable, & la carie
j^ont elles font attaquées fi confidéra-
Pj ® ^ fi dangéreufe pour les dents voij
» que l\'on ne peut remettre eette
jjyration à un autre tems. En ce cas,
aut la faire f^. jg champ, & s\'y com-
avec précaution ôc avec fagefi:e,
Ur éviter les inconvénieas fâcheux
^ ® nous avons marquez.
Ki|
-ocr page 240-lë Chirurgien
Certaines gens croyent faire mer-
veille , lorfque de deux dents mal ar-
rangées dans la bouche d\'un enfant,
dont l\'une eft tortue, l\'autre droite ,
ils choifilfent celle qui eft tortue poUr
l\'ôter, laiffant celle qui paroît droite
& mieux placée ; mais ils fe trompent »
car il arrive que celle qu\'ils ôtent, ei
iuftement celle qu\'ils auroient dû la»-
fer ; puifque ce n\'eft pas la dent qui
tortue , qui nuit à la dent qui eft droi-
te ; mais qu\'au contraire, c\'eft cell
qui eft droite, qui rend l\'autre tortue,
& la fait placer hors de rang, en n«
lui laiflant pas la liberté entière de
f • Ceux qui ont le malheur de tombed
entre les mains de perfonnes fi peu vef\'
fées dans la connoiflance des dents, n^
tardent guéres às\'appercevoir desfa^^
tes que ces mauvais Opérateurs
mettent. La dent qu\'ils ont lailfee.j
n\'eft pas longtems fans tomber, Se
n\'en revient plus d\'autre pour la rem\'
placer.
Si chacun ne fe mêloit que dun^^
feule profeffion, & qu\'il en fût bien
jnftruit, on ne verroit pas fi fouvent
af river ces fortes d\'accidens ; mais tant
de gens s\'ingérçnt de travailler ao?
Dentiste. j^y
"^ents , quoiqu\'ils foient d\'une autre
Profeffion, que je crois qu\'il y aura
?\'en-tôt plus de Dentiftes, que de per-
sonnes affligées de maux de dents.^ Il
^ ^ même certains Couteliers qui fe
l^èlent d\'ôter les dents : Apparemment
jes inftrumens qu\'ils font, leur donnent
démangeaifon de les elfayer. J\'en
^^nnois un dans cette ville qui palfe
déjà dans fon quartier pour arracheur
dents Ce particulier qui avoit vû
Opérer quelques charlatans , croyant
^^\'il lui feroit auffi facile de tirer les
que de faire des couteaux, s\'eft ,
fur les rangs, & ne manque pas,
^^anti,i\'occafion s\'en préfenie, de met-
Jfe fa prétenduë dextérité en pratique,
^ fes inftrumens à l\'épreuve ; & s\'il
*^\'emporte pas toujours la dent entié-
^^ » il en enleve du moins quelque ef-
^^ille. Il y a quelques années qu\'on
^^ amena une jeune perfonne qui avoit
^"^e petite dent molaire marquée de
^^ches noires ; ce qui fit juger à ce fa-
î^eux Operateur que cette dent étoit
^infailliblement gâtée : H tenta de la
^^^er, mais n\'ayant emporté que la
^ouronne ( parce que ce n\'étoit qu\'une
de lait qui devoit bien tôt tom-
) ce nouveau docteur, dont le dif-,
598 i-eChirurciem
cernement étoit trop borné pour eis
pouvoir bien juger, crut avoir man-
qué fon coup, & que la dent étoit caf-
fée : Afin de ne pas laifTer l\'opération
imparfaite, il tira encore la prétendue
racine de cette dent : Pour lors il fut
bien étonné de voir que c\'étoit u«®
dent entière Ôc non une racine , ôc qu®
c\'étoit précifément celle qui devoir
foccéder à la couronne de la première
qu\'il avoit ôtée; les premières dents,
comme je l\'ai fait remarquer ailleurs ,
n\'ayant prefque jamais de racines qui
îes^ accompagnent , lorfqu\'elles foflC
prêtes à tomber. Ce Coutelier eut pour-
tant aiîèz de préfence d\'efprit })0ur
n\'en rien faire connoître à ceux qui l\'e
trouvèrent préfens à cette belle opéra-
tion , ôc renvoya ainfi cette jeune per-
fonne moins riche d\'une dent, dont la
privation fera toujours un témoignage
certain de l\'ignorance 6c de îa téméri-
té de ce digne Opérateur, Ôc de l\'im-
prudence qu\'il y a toujours à fe confier
indifféremment à toutes fortes de gens.
La régie qu\'il faut fuivre, pour ne
pas tonnber dans le même inconvénient,
efl de tirer toujours la dent quia parû
îa première, ôc de laifTer la féconde
dent qui efl facile à connoître , en ce
Dentiste. 199
qu\'elle eft ordinairement d\'une plus
grande folidité, & d\'une plus belle
Couleur que la première.
Lorfqu\'une dent mal arrangée, ne
peut être redrelTée par aucun des
nioyens que je propoferai, & que d\'ail-
elle incommode , ou qu\'elle rend
^^ bouche difforme, il faut nécelfaire-
^ent l\'ôter, pour emporter avec elle
iticommoditez qu\'elle peut caufer.
Les dents cariées aufqueîles on ne
P^ut remédier par les huiles de canel-
OU de girofle, le cautère aftuel &
plomb, doivent être ôtées de leurs
alvéoles, pour quatre raifons confidé-
rables.
. La première, à caufe de la douleur
violente , qui bien fouvent ne ceiferoic
pas, fi l\'on n\'ôtoit la dent.
La fécondé, pour empêcher que la
^arie ne fe communique aux dents voi-
fines.
.La troifiéme, pour diffiper les mau-
^aifes odeurs qui s\'exhalent des matiè-
res arrêtées dans la cavité cariée, &
importer le limon tartareux qui s\'en-
pndre aux dents du même côté par
^ inadion de ces parties, fur lefquelles
on ne peut manger, tandis qu\'elles fonî;
douloureufes, ou foibles.
R iiij
-ocr page 244-zoo> ie Chirurgien
La quatrième , parce que la carie
des dents caufe fouvent des maladies
qui ne peuvent pour l\'ordinaire être
guéries, à moins qu\'on ne remonte juf\'
qu\'à leur fource, qu\'il faut néceflaire-
ment connoître, fi l\'on veut réulTir à
les détruire.
On a vû depuis peu des inflamma-
tions caufées à cette occafion, occu-
per non feulement les joues & la têteî
mais s\'étendre encore jufqu\'à la gorge,
êc former une efquinancie.
Lorique la fluxion efl; confidérable
& accompagnée d\'accidens fâcheux, il
ne faut rien entreprendre fans l\'avis
d\'un Médecin, ou d\'un Chirurgien ex-
périmenté. Lorfque le mal n\'eft qu\'au?«
gencives & à la joue du même côté,
fans être accompagné d\'aucun autre
accident, ni même d\'une douleur vi-
ve particulière à la dent, il fuffit d\'ap-
pliquer fur la j;l5irtie-gonflée quelques
topiques doux anodins. S\'il s\'y for-
me un abcès, il faut l\'ouvrir avec la
lancette ^ ou avec un dèchauflliir bien
tranchant, afin d\'en faire fortir le pus;
après quoi on fait laver la bouche da
malade avec le lait, ou de l\'eau tiède.
Lorfque la douleur caufée par la ca-
ris de la dent devient trop violente,
Dentiste. jiot
^ que le malade ne peut manger de-
puis longtems fur cette dent, il n\'y a
point d\'autre parti à prendre, que de
^\'ôter, s\'il eft poffible d\'y porter l\'inf-
^rument : Le malade fe trouve guéri
peu de tems après l\'opération par la
fortie de la dent, & du pus qui s\'étoit
^oroié par la proximité de quelque ab-
cès.
Si le gonflement 5c la tenfion ne per-
"^^ttent pas d\'approcher l\'inftrument
de la dent, il faut faire faigner le ma-
lade une, ou deux fois s\'il eftnéceffai-
\'\'e, (Se appliquer fur la gencive des fi-
gues graffes, qu\'on aura fait bouillir
Auparavant dans du lait. Le malade
doit tenir ce lait un peu tiède dans fa
Wche, &il l\'y fera rouler detem.s en
îems, pour l\'humeder & détendre la
partie malade : On fait enfuite un ca-
taplâme avec le lait, la mie de pain,
jaune d\'œuf & le fafran. Si ce cata-
plâme neifufîit pas pourdiminuer le gon-
flement & la dureté, on fe fervira d\'un
^utre cataplâme fait avec les herbes
émolliantes, que l\'on appliquera fur la
joue du même côté de la dent malade.
Après l\'adminiftration de tous ces
Remèdes, on ne doit pas tirer la dent,
fi la douleur & le gonflement ceflent ^
2.02 ie Chirurgien
fi cette douleur trop violente ne re"
vient pas, fi le malade peut manger
fur la dent, & fi c\'eft une des incifîves,
canines , ou petites molaires; parce
que celles-ci fervant à l\'ornement de
la bouche, il faut toujours éviter ds
1 Oter, quand il eft poffible.
Quoique le gonflement ait cefl^é, oU
qu\'il ne foit pas confidérable, fi la dou-
leur fiibfifte, on ne doit point héfiter à
Oter la dent, fuppofé qu\'il n\'y ait au-
cuns moyens d\'ailleurs pour ôter la dou-
leur , & arrêter les progrès de la carie.
Il furvient quelquefois aux dents des
douleurs fi vives, & fi opiniâtres, que
nous nous trouvons dans l\'obligation
d Oter les dents, quoiqu\'elles foient fans
cane êc fans difformité.
Nous voyons fouvent des femmes
groffes êc des nourriffes tourmentées
de douleurs fort vives à caufe de quel-
ques dents cariées, & nous ne fai fon s
point de difficulté de les leur tirer ,
nono|îftant la grofl^effe & contre l\'opi-
nion du vulgaire qui croit que cela
peut altérer Ôc faire perdre le lait, ôc
caufer d\'autres accidens fâcheux. Il eft
vrai que l\'imagination des femmes grof-
fes & des nourriffes, ainfi mal préve-
nues, eft quelquefois fi foible, & qu\'el-
. Dentiste. 205
\'fis^ font fi aifées à effrayer par l\'idée
qu elles fe forment de la violence qu\'el-
les ont à effuyer dans l\'opération qu\'il
^ agit de leur faire, que leur feule ap-
préhenfion peut produire les mauvais
^ffcts qu\'elles craignent d\'ailleurs fans
fondement ; & comme je ne trouve
point d\'autre caufe des accidens qui
peuvent arriver à des femmes dans un
rel état, que la frayeur qu\'elles fe font
^ l\'oGcaîion d\'une telle opération, je
^rois que l\'habileté du Dentifte en cet-
occafion , confifte à calmer d\'abord
Autant qu\'il peut, l\'imagination effa-
rouchée de ces perfonnes, & à leur
donner de la réfolution par fes exhor-
î^ations , en leur faifant envifager le
peu de durée de l\'opération , & les
accidens que peuvent leur caufer la
douleur, les veilles & les inquiétudes
qui accompagneront leur mal pendant
^n longtems j outre que l\'humanité les
engage à prendre ce parti, afin que les
enfans n\'en fouffrent pas, les mères
pouvant accoucher avant leur terme,
^ les nourriffes donner de mauvais lait
^ leurs nourriffons. Quand on les a dé-
/ terminées par des raifons fi touchan-
\'^es, je ne crois pas qu\'il y ait aucua
rffque à leur tirer les dents cariées. &
ïe Chirurgien
douloureufes ; mais (î l\'on ne peut ve-
nir à bouc de leur tranquillifer l\'efprit,
il faut temporifer & tâcher d\'adoucir
la douleur jufqu\'à ce qu\'on ait gagné
le tetns propre à opérer, pour n\'avoir
pas lieu d\'appréhender ces inconvé-
niens.
Les incifives & les canines fe tirent
avec les pincettes droites , ôc les molai-
res avec le davier, lepouifoir, ou fon
crochet. On ne doit fe fervir du da^
vier pour ies unes ôc les autres dents,
que lorfqu\'elles branlent, ou tiennent
très-peu ; mais quand elles paroilfent
tenir beaucoup, il faut avoir recours
au pélican, Se s\'y comporter comme
nous i\'enfeignerons dans la fuite.
11 faut toujours avoir la précaution,
pour ne pas effrayer le malade, de ca-
cher à fa vûë les inftrumens dont on fe
fert pour opérer à fa bouche , fur-
tout lorfqu\'il s\'agit de lui ôter quelque
aent. Se avoir en même tems plufieurs
autres inftrumens tout prêts à fervir,
pour fuppléer à ceux qui pourroienî:
manquer en opérant.
chapitre xv.
rejjerrement des dents & de la
manière âouvrir la bouche par
force , lorfque par quelque acci-
dent elk efi fermée à un tel pointy
qu\'on eft obligé d\'en venir à Po\'
pération pour faire prendre des
alimens au malade, ou pour re-
connoitre ce quife paffe dans tou-
te l\'étendue de la bouche,
Ce n\'eft pas fans fondement^ que
M. Dionis dans fon Cours d\'opé-
rations de Chirurgie , au Chapitre où
traite des dents,{ a) rangé à la
^ête de la plûpart des opérations que
^es Dentiftes font fur les dents, celle
d\'ouvrir la bouche, lorfqu\'elle eft tel-
lement fermée, & que les dents font
fi ferrées les unes contre les autres,qu\'il
^\'eft pas poftible de les ouvrir pour
prendre de la nourriture, fans mettre
^ette opération en ufage. La préémi-
nence que cet Auteur accorde ,à cette
opération, eft d\'autant mieux établie ,
ia) Pag. 5s?;.
D
Jâo5
E N T I s T E.
ie Chirurgien
qu\'il eft affez ordinaire d\'avoir recours
aux Dentiftes en femblable occafion ;
parce qu\'il y a plufieurs circonftances
à y obferver, qui les regardent uni-
quement , puifqu\'il s\'agit de ia confer-
vation des dents, ou de n\'en détruire
que le moins qu\'il eft poffible.
C\'eft pourquoi avant que.de traiter
des opérations que nous devons prati-
quer aux parties de la bouche, je fuis
d\'avis de me conformer à l\'ordre qu\'a
fuivi en ce point cet Auteur très-mé-
thodique & très-expérimenté. ( a)
Le ferrement des dents, ouiacon-
traftion des mâchoires , dépend de
plufieurs caufes. Quelquefois les dents
font ferrées par des mouvemens con-
vulfîfs provenans du défordre qui fe
îaffe dans toute la machine du corps
lumain, en conféquence de quelque
maladie intérieure, ou à l\'occafion de
quelque bleffure confidérable, qui at-
taquant le genre nerveux, met en con-
fufion les efprits animaux,& caufe ain-
fi des convulfions très-violentes qui fer-
rent à un tel point les mufcles fermeurs
( « ) M. Dionîs Chirurgîen-Juré ^ Paris,
Lïemonltratcur d\'An;ttomie & de Chirurgie
aa Jardm Royal des Fiantes, Auteur de pIh-
fieurj Livres de Chirurgie,
J Dentiste. 2of
^^ la bouche, qu\'il n\'eft prefque pas
poffible de l\'ouvrir, & de forcer leur
"■éfiftance ; parce que ces mufcles étant
\'■""es-puilTans 6c très-forts , l\'on n\'eii
peut vaincre la contradion convulhve,
ans employer une force très-confidéra-
\'e ; c\'eft pourquoi l\'on eft obligé d\'a-
^oir recours en pareille occafion à l\'o-
P^ration donc il s\'agit, qui doit s\'exé-
^^ter avec méthode, & par le moyen
inftrumens convenables. ^
Quelquefois les dents font ferrées
par la réliftance d\'un homme infenfé,
qui étant dans le délire , s\'opiniâtre
^ "^epas ouvrir îa bouche. Ces états font
^aitre la nécefiltè d\'employer la violen-
ce- Le même effet eft encore produit
P^r le caprice d\'un enfant épouvanté,
j^^^lin , ou revêche, & par les vapeurs
^iftériques des femmes, qui continuent
pendant plufieurs jours. Les catalepti-
^esfontfujets au meme inconvenient,
■^ans toutes\'ces occafions, on eft obligé
avoir recours à la même opération.
Lorfqu\'il s\'agit d\'ouvrir la bouche
Per force, on doit y procéder métho-
j\'quement, 5c avec précaution ; il faut
f plus qu\'on peut, préferver les dents
e toute atteinte fâcheufe, 6c prendre
garde en même tems de ne pas
x e C h i r u 11 g ï e ît ^
luxer, ni fracturer la mâchoire inf^\'
rieure.
Les inftrumens propres à faire cetts
opération font un élévatoire (a) tel qii®
celui dont on fe fert dans l\'opératioO
du trépan, & unfpeculum oris, [b] -A*
y a des fpeculum oris de plufieurs for-
mes & de difterente conftrudion.
faut encore employer un bâillon {ƒ)
pour tenir la bouche ouverte après l\'o\'
pération.
Pour procéder à l\'ouverture des dent^,
lorfqu\'elles font ferrées les unes contr®
les autres, il faut y introduire un
vatoire , ou quelqu\'autre inftrumeot
capable de produire le même eftèt^
On doit fe iervir, pour faire paifer cet
inftrument, de l\'intervale qui fe trou-
vera le plus confidérable entre la jon\'
dion des extrémitez des dents : Ces in\'
tervales fe trouvent quelquefois
fuffi-
làmment grands dans l\'endroit des in"
eifives & des canines, aux bouches d®
ceux dont les dents font mal arrangées^
ou d\'une longueur inégale , furtout
lorfqu\'elles n\'ont pas été égaliféespa^
les pincettes incifives, ni par la liinS\'
(a) Voyez h Figure i. de ia Planche
< t? ) Voyez la Figure a. de la Planche
( c) Voyez ia Figure 5. de la Planche 3.
w
D E N T i s î E. 509
L\'élévatoire étant introduit, on l\'en«
S^ge le plus qu\'on peut en le tournant
différens fens, ôc pour lors en l\'éle-
J^nt, ou en le baiffant, on tâche de
laire effort pour éloigner par ce moyen
|es dents inférieures, des fupérieures,
î^fqu\'aii point de pouvoir introduire
entre leurs extrêmitez, le bout anté-
f\'eur du fpeculm oris, qui fera pour
^ors fermé.
Après fon introduction, l\'on écarte
les extrêmitez de cet inftrument infi-
nuées entre les dents ; on tourne la vis
^\'igagée le long de cette machine,
^uppofé que l\'on fe ferve du fpeculurtt.
Ordinaire conftruit à vis , que je n\'ai
point fait graver dans cet ouvrage : Si
^^ contraire, l\'on fe fert du fpeculum à
•\'"^ple jonâiion qui fait la fondion du
double levier, on prefle fortement l\'ex-
\'^^êiTiité des branches en les approchant
^înfi l\'uj^g ^Q l\'autre. Leur extrémité
*^ppofée s\'écarte alors fuffifamment
pour produire l\'effet que l\'on fouhaite.
J Le fpeculum oris à fimple jonélion
«ont je viens de parler, a fes branches
\'"^es-longues, par rapport à fes machoi-
> qui doivent être extérieurement
\'^■^averfées de petite rainures, ou filions,
qu\'elles puiffent mieux s\'engagef
"Lome L S
2ÎG lE Chirurgien"
encre les extrêmitez des dents.
En faifanc cetce opération avec les
inftrumens qui fervent à ouvrir la bou-
che , il faut obferver de les appuyer fur
des dents fortes & bien affermies ; caF
fi l\'on les appuyoit fur des dents ébran-
lées , foibles, chancelantes, ou cariées,
on pourroit les renverfer, ou les caffer ;
ce qu\'il faut éviter, à moins qu\'on n\'y
foit abfolument obligé. Par la métho-
de que je viens de preferire, on ne
parvient pas toujours à vaincre la ré-
fiftance que fait la contraâion des muf-
cles : Elle eft quelquefois fi puiffante,
qu\'on fraftureroît plutôt la mâchoire,
qu\'on ne la furmonteroit. On peut voir
par îe calcul, que Stenon a fait, & plu-
fieurs autres après lui, qu\'elle eft la
puiffance de ces mufcles : L\'obftacle
qu\'ils forment dans le cas en queffion,
devient encore plus difficile, outout-
à-fait infurmontable, lorfque l\'égalité
& l\'arrangement des dents ne per-
mettent pas l\'introdudion d\'aucun inf-
îrument.
Pour lors il faut, malgré foi, fe ré-
foudre à facrifier une dent pour fauver
la vie au malade. Ayant égard à l\'utili-
té des dents, celle qui me paroît de-
voir être ôtée préfèrablement, eft
D E ]sr T I s T ET, ^ r î
première , ou la deuxième des petites
"Polaires fupérieures , ou inférieures.
L\'ornement & la maltication fouffrent
lïioins de la perte de celles là, que de
celle des autres.
Pour procéder à ôter cette dent la
bouche étant fermée, & n\'étant pas
polfible de l\'ouvrir autrement, il faut
fe fervir du poulîoir qu\'on appuyé fur
Cette dent affez près de la gencive,
fi\'appant fur le manche de cet inftru-»
i^ent, avec la maffe de plomb ( a ) ou
Un poids équivalant. L\'on fait ainfi
fauter cette dent, de dehors en de-
dans , ôc pour lors on parvient au point
d\'introduire dans la bouche du mala-
de , des alimens fufïifans pour le fub-
ftanter, en lui ferrant le nez en même
tems, pour l\'obliger à avaler l\'aliment
liquide.
Cette opération ne fe fait qu\'à îa
dernière extrémité, & lorfque fans fon
fecours le malade périroit infaillible-
îîient, faute de nourriture. Elle efl;
fujette à un inconvénient très-fâcheux;
puifque la denc une fois ôtée de cette
façon, refte dans la bouche, fans qu\'on
puiffe quafi efpérer de l\'en retirer, tant
que la.bouche fera fermée : Cette denc
OO Voyez, la Figure s, de la Planche 28»
S n
-ocr page 256-212 ie Chirurgien
y demeurera ambulante, & dans fo
danger d etre avalée de travers par k
malade. Pour éviter cet inconvénient
fâcheux , s\'il arrive que les dents fe fur-
paffent, on tâche, s\'O eft poiïible, de
fe fervir de l\'inftrument le plus con-
venable J par exemple , du pélican,
pour tirer en dehors une de celles qui
excédent en dehors ,& éviter par-là
qu\'elle ne refte dans la bouche, com-
me jI arrive lorfqu\'on eft obligé en pa-
reille occafion de l\'ôter avec lepouflibir.
Il faut obferver, lorfqu\'on veut dans
un tel cas tirer une dent en la pouflant
en dedans, qu\'elle n\'excède pas en de-
hors par fa longueur, la dent qui lui
eft oppofée, ni que le pouflbir foit plus
large que la dent qu\'on veut tirer ;
parce que li l\'on n\'avoir pas égard à
ces deux circonftances, on s\'expofe-
roit à emporterou à ébranler plufieurs
dents, au lieu d\'une feule qu\'il fuffit
d\'ôter , pour fatisfaireà l\'intentionque
1 on a. ^
Avant que de feréibudre en pareille
occafion à ôter une dent, il faut exa-
miner , y regardant de près, même
avec un ftUet, (^j s\'il ne feroit pas
Voyez la Figure i/dç la Pkmhç
ce Velurae,
-ocr page 257-Dentiste. ^Î^
P^\'iible J de découvrir entre les dents
H^^que intervale capable de donner
Pailage à un tuyau de la groffeur de la
P\'^tne de l\'aîle d\'un petit oifeau. Ce
\'•\'^yau étant ajouté à une cuillier à bec,
à un biberon, à un entonnoir, à
^ cornet, ou à quelqu autre inftru-
ment femblable, fuffiroit pour intro-
^ire du bouillon dans la bouche du
^^lade, en telle quantité que l\'on vou-
foit J & pour lors on devroit s\'abfte-
de lui ouvrir la bouche par force ^
^ de lui ôter aucune dent. Par cette
précaution , on a l\'avantage d\'avoir
^onfervé les dents au malade , fans
^oir déparé là bouché, ôc fans nuire
aucune façon à la maftication.
ies autres caufes qui nous obligent
certains cas, d\'employer la force
P^tir ouvrir la bouche iufEfamment
les cicatrices qui réfultent des ab-
^es des parotides, ou des brides cau-
ses par les ulcères du flux de bou-
= Quoi qu\'il en foit, il faut toujours
y procéder à peu près de même que
Fenfeignons, ôc fe fervir des mê~
inftrumens, en obfervant, après
^yoir ouvert la bouche, d\'employer le
a^llon en coulifie & en forme de coin ^
pour la tenir ouverte, jufqu\'à ce que
iî4 leChirurgien
les accidens ayent ceffé : Par-là on
fera pas obligé de réïtérer plufieurs foi®
la même opération, & on en retirer^
tout le fruit que l\'on en doit attendre-
Loriqu\'il s\'agit de quelque cicatri\'
ce, l\'extenfion continuée par le moye^
du bâillon, ne contribuera pas peu ^
relâcher & à étendre les fibres des mui\'
des fermeurs de la bouche, contraC\'
tez, ou racourcis , & à donner à ^^
mâchoire inférieure un mouvemen^^
fuffifant, pour qu\'elle puiffe agir aU\'
tant qu\'il efl néceflàire pour faire fes
fondions.
Ce bâillon doit être de bois de buîs»
, ou de cormier. On peut le percer de
mênié qu\'on perce certains bouchons
de bouteilles, l\'enfiler d\'un ruban, o^i
d\'un cordon de fil. Ce cordon fert a
le retirer pius facilement de la bouche t
Sc d\'ailleurs on évite par fon moye^
l\'inconvénient qui pourroit arriver ^
s\'il fe déplaçoit, Sc s\'il s\'engageoit dan®
l\'œfophage, ou s\'il étoit avalé par je
malade : On prévient tous ces acci-
dens fans gêner le malade , fi l\'on at-
tache ce même Cordon à fon bonnet ^
pour rendre le baillôn plus propre a
produire sûrement fon effet, en l\'effl-
pêchant de glifl\'er de delfus i\'extrêaîi-
^, dentiste. 21 ^
des dents. On a foin de le eouvrir
Un linge fin & propre toutes les fois.
^" on s\'en fert. Ce font-là les circon-
Alices les plus effentielles à obferves
pareille occafion : Circonftancesob-
lies parles Auteurs qui ont parlé de-
^ néceffité & de la manière d\'ouvrir
^ bouche par force.
p
^^plicmionde la Flanche IIL on
Pon voit la figure de trois In-
Jiyumens qui fervent à ouvrir-la
bouche..^
La Figure /. repréfente un éleva-
toire, fervant à ouvrir la bouche.
A. Lecorpsdecetinftrument.
B. B. Ses deux extrêmitezrecouE-
dans un fens oppofé.
lu repréfente un fpecu-
\'^^is en forme de dilatatoire.
fg L\'extrémité antérieure de
fill branches jointes enfembie &
par leurs farfaces extérieu-
L D. L\'extrémité poflérieure des
branches. ^
Figure IIL repréfente un
-ocr page 262-iï/j ie Chirurgien-
Ion fait en forme de coin à couliiî^ ?
fervant à tenir la bouche ouverte.
E. V ûë d\'une de fes parties la-
térales.
F. Sa couliife.
G. Le cordon qui l\'enfile, de*\'
tiné à i\'aifujettir.
De iaftruÛure, de P étendue} àé
la connexion des ufages
des Gencives.
A
VA N T que de traiter des mal3\'
____dies qui affligent les gencives »
il eft néceflaire de donner une idé^
de leur ftrudure ; Cette notion fet\'
vira à mieux faire connoître les acci-
dens qui leur furviennent, à les préve-
nir , ou à les corriger, en fe fervant de®
remèdes convenaWes, & en pratiquant
à propos les opérations que l\'art indi-
que.
La fubftance qui compofe les gen\'
cives eft ferme, & d\'une matière aftè?
dure : Elle eft beaucoup plus glandu-
leufe que fibreufe : Elle eft contenu^
^ enveloppée entre la peau qui revêt
intérieuremei^\'^
. ^ D E N- T I s T e; \'ijy
^ceneurement la bouche, & le périofte:
^ette même fubftance eft pénétrée &
^Tofée par plufieurs vaiileaux de diffé-
l^i^s genres, par des artères, des vei-
des nerfs & des vaifleaux limpha-
îques, prefque tous divifez & multi-
pez en autant de vaiflTeaux capillaires,
otrnez par la continuation des vaif-
«aux qui fe diftribuent aux parties les
plus voifines des gencives.
-Les gencives s\'étendent en chaque
^^achoire, depuis ia dernière dent du
Oté droit, jufqu\'à la dernière dent du
gauche, tant en la mâchoire fu~
prieure, qu\'en la mâchoire inférieure,
en dedans, foit en dehors. Elles
^ftendent encore en dehors, fur les
otez & fur le devant, depuis le coiet
^f chaque dent, jufqu\'à la peau qui re-
intérieurement les joués & les lé-
Les gencives s\'étendent au-de-
mâchoire inférieure, depuis
colet des dents, jufqu\'à la circon-
\'^••ence de la bafe de la lang ue, &au~
qq\'M^ de la mâchoire fupéfie .ire, juf-
^ a la circonférence delà voûte du
palais.
gencives s\'attachent font for-
nient adhérentes au colet de chaque
: Du côté extérieur elles adhé-
Tome /, \'j;\' \'
518 IE Chirurgien
rent à la partie extérieure des dents ; ^
du côté intérieur à leur partie inté-
rieure : Quelquefois les gencives fe pla-
cent dans les intervales des dents, par;
ticuliérement lorfqu\'une dent vient a
manquer : Pour lors les alvéoles s at-
failfant en partie & fe rétréciffant, les
gencives efFacent & occupent l\'efpace
des dents. C\'eft en s\'uniifant qu\'elles
remplilfent cet efpace, de façon que
îa portion des gencives, qui couvroit
la face intérieure du colet de la dent,
vient à la rencontre de celle qui coU-
vroit la face extérieure. S\'approchai^
par-là mutuellement., en s\'attachant ^
en fe réuniffant à l\'alvéole, elles s\'u-
niflent à la fin entr\'elles par la rencc^\'
tre de leur prolongation, ouaccroifle\'
ment. C\'^eft de cette façon que les gen-
cives remplirent en partie le vuide de«
alvéoles, & qu\'elles couvrent la place
des racines des dents, lorfque quelque
dent vient à mamiuer.
Les gencives dans les enfans fon^
Îiaturellement unies entr\'elles, & cou-
vrent entièrement les alvéoles : EU^®
font divifées par la fortie des dents ;
c\'eft pourquoi lorfque les den« torn"
bent, les gencives fe trouvent difpoiees
i fe réduire à leur premier état, en oc
D e n t i s t
cupant les mêmes efpaces qu\'elles oc~
cupoienc avant que les dents par leur
fortie les euffent divifées & éloignées
une de l\'autre dans cet endroit.
On voit par cette defo\'ription, que les
gencives tapiflent non-feulement le co-
let des dents, mais encore partie des fur-
faces de r un 6c de l\'autre os maxillaire ^
dans les endroits où les alvéoles font
placez dans ces deux os : On voit aulîi
^\'•îe l\'union de la fubftance des gencives
avec les dents 6c les furfaces des os ma-
xillaires,fe fait par le moyen du périofte.
Le principal ufage des gencives, eft
de rendre les dents plus fermes 6c plus
ftables dans les alvéoles, qui contien-
i^ent leurs racines. Les gencives font
ïes confervatrices des dents : Elles con-
tribuent aufti à l\'ornement de la bou-
che , quand elles font bien configurées
^ découpées en forme de demi croif-
fant, Lorfqu\'elles fe manifeftent à l\'oc-
cafion du ris, elles étalent un rouge ver-
îtieil, qui relève l\'éclat de la blancheur
des dents , 6c qui eft réciproquement
Relevé par cette même blancheur : Cet-
te oppofition de couleur, avec l\'ordre
6c la régularité des dents , 6c du
bord des gencives, offre à la vûë un ob-
jet des plus gracieux.
Xij
-ocr page 266-"ê-ZO LE c H I R u R s I EN
Des maladies des gencives 3 & en
premier Ueu de Pexcroijfance oï"
dinaire aux gencives y & Pope\'
ration convenable pour traitel.
cette maladie* \'
A connexion & le rapport qu\'il y
a entre les gencives & les dents,
m\'engagent à traiter en particulier des
maladies les plus ordinaires aux gen-
cives. Ces maladies détruifent le plus
fouvent le tiffu des dents, & leur cau-
fent une infinité d\'accidens fâcheux.
Les maladies des gencives font les
douleurs que les dents caufent en fbr-
tant ( comme nous avons parlé de ces
douleurs, tScc. au Chapitre II. nous
BOUS en tairons ici ) les excroifTances
ordinaires ; l\'époulis, excroifïànce très-
fâcheufe ; le paroulis, abcès très-in-
commode & très-dangéreux ; les ul-
cères ; les fiftules ; le fcorbut, Scc.
Il y a différentes efpéces d\'excroif-
fances des gencives. La véritable ex-
croiffance eft celle qui furvient à Is
fuite de quelque excoriation, pu ulcé-?
Dentiste. ±zt
^Stioh des gencives , par la prolonga-
tion ou l\'alongement que le fang êc le
^iic nourricier produifent, en s\'accu-
ïïiulant à l\'orifice des vaiffeaux fan-
S^ins, qui arrofent les gencives, dans
1 endroit où ils font rompus, ou dilacé-
^ez. Entre les excroiffances de cette ef-
Péce, il y en a de fimplement charnues,^
^ plus ou moins dures, ou molaffes :
■11 y en a d\'autres fpongieufes polipeu-
fes , fchirreufes, chancreufes, ou car-
cinomateufes, même quelquefois d\'of
feufes, ou pierreufes.
Il y a d\'autres excroifiânces im-
proprement nommées, qui dépendent
feulement du gonflement des gencives,
caufé par l\'infiltration de quelques ha-
lïieurs hétérogènes, qui caufenc de la
îenfion à leur fubflance, tendent en
inême tems, & prolongent les vaiffeaux
qui les arrofent, & leur donnent lieu
de furpaffer leurs limites. On voit de
ces fortes d\'excroiffances, ou pour
mieux dire, des prolongemens des gen-
cives, fi grands & fi étendus, qu\'ils re-
couvrent quelquefois la couronne des
dents.
Cette maladie efl une de celles quî
affligent le plus fouvent les gencives»
Nous la nommerons excroiffance,poii£
Xiij
-ocr page 268-IE Chirurgien
nous accommoder au langage ordinai-
re quoiqu\'elle ne foit qu\'un gonfle-
ment. Les gencives deviennent alors fi
molaifes, fi fpongieufes, fi tendres &
fi délicates, que pour peu qu\'on les
touche , ou que le malade vienne à
pmper fa falive, on en voit fortir du
fàng ; Les dents s\'en reifentent quel-
quefois de façon , qu\'elles deviennent
chancelantes , & qu\'elles périflent à
cette occafion , fi l\'on n\'y remédie
promtement.
La caufe la pîus ordinaire de cette
maladie, eft le tartre qui s\'accumule
autour des dents, Se s\'infinuè entr\'el-
les Se la gencive, d\'où viennent la
compreffion des vaiffeaux, Se l\'oppo- -
fîtion au pafl^age des liqueurs. Alors
ces liqueurs faifant effort, dilatent ces
vaifl^eaux , Se elles s\'infiltrent telle-
ment , que l\'abondance du fang Se des
férofitez tend par cet obftacle ces mê-
mes vaifleaux fanguins &limphatiques,
dont les parois qui ont peu de réfiftan-
ce fe rompent d\'eux mêmes, ou cèdent
aux moindres efforts : De-là vient en-
fin que les gencives fe gonflent, &
faignent fi facilenient Se fi fouvent.
Les dents étant chancelantes, les
gencives gonflées Se douloureufes ^ oa
^ ^ Dentiste. 2Z$
^vite de manger de ce côté là, par la
douleur que la maftication caufe ; ce-
pendant cette douleur augmente de
Jour en jour, lorfqu\'on en ufe ainfi ; &
elle cefferoit plutôt, fi la maftication
fe faifoit fur ces parties affligées ; parce
^ue les alimens comprimant les dents
^ les gencives tuméfiées , les dégor-
geroient, & par conféquent diminue-
^oient le gonflement, & en même tems
douleur.
Si l\'on néglige ces^excroiflances, el-
îes ne manquent pas de faire des pro-
grès plus ou moins grands, plus ou
lîioins rapides, ou lents, felon que la
compreflion du corps étranger , efl:
confidérable, ou foible, ou que l\'hu-
ïïieur eft plus ou. moins abondante,
liquide , ou épailfe, bénigne, ou mali-
gne. Pour lors il arrive que ces hu-
tneurs, par le long féjour qu\'elles font
dans la partie, foit qu\'elles foient ar-
rêtées dans leurs propres vaifleaux, ou
infiltrées dans lès interftices voifins ,
fermentant & s\'aigriflfant, rompent ,
rongent & déchirent la fubftance des
gencives ; d\'oîi il naît, outre leur gon-
flement , des excoriations, ou des ul-
cères. Si la liqueur contenue dans ia
fubftance glanduleufe des gencives, œ
. T iiij
-ocr page 270-x e C h i r u îl g ï e n
peut fe faire jour, parce que les tuyaux
excrétoires qui contiennent cette li-
queur font bouchez, êc parce que cet-
te liqueur ne peut, en fe réiblvant ,
tranfpirer, ou rétrograder dans la niaf-
le du fang, ou s\'évacuer par la fuppu-
ration ; aiors il arrive que les parties
ies plus liquides s\'exhalent, & que les
plus maffives & les plus grolîiéres s\'c-
paiffiffent parleur féjour i Ôc par confé-
quent il en vient une tumeur dure &
quelquefois fchirreufe.
II peut auffi arriver que l\'humeur qui
ie trouve ainfi infiltrée, étant fans ceflè
îrappee par les impulfions réitérées des
artères, ôc changeant de qualité, dé-
généré en une matière capable de s\'ai-
gnr par la fermentation, de devenir
corrofive, de donner lieu au fchirre, ôC
de fe convertir en carcinome, ou en
cancer : La même matière peut quel-
quefois carier dans la fuite les os voi-
lins.
Pour prévenir ces fâcheux événe-
mens, il faut de bonne.heure avoir re-
cours à tous les moyens convenables en
pareille occafion; il faut détacher avec
grand foin le tartre, qui s\'infinuë en-
tre la furface des dents & le bord des
gencives; il faut fcarifier les gencives
t) E N T I s T E.
lancette affermie & cachée dans
j^\'ie petite bandelette, qui ira jufqua
^ pointe de-ladite lancette , \\â) oii
^ecundéchauffoir bien tranchajit [b]
^ couper avec les cifeaux l\'excédent
gencives. Si les gencives ne font ^
\'^^e médiocrement gonflées, & qu\'il
^^ y ait point de tartre à ôter , il fuffira
les dégorger, en les fcarifiant par
petites incifions affez multipliées &
^uffifamment profondes. Après avoir
obfervé ces circonftances, il ne s\'agît
^Cae de réfoudre l\'humeur, qui a pû
encore refter infiltrée dans les gencives:
■11 faut, après avoir réfous cette hu-
p^eur, fortifier les gencives. Comme
ïl eft affez ordinaire, qu\'il y ait une
caufe intérieure qui produife cette forte
de maladie, il faut toujours être atten-
tif à combattre cette caufe , tandis
qu\'on fomente fouvent les gencives
Svec une décoêlion faite avec l\'iris,
la fauge, les noix de Cyprès, les feuil-
les , ou les glands de chêne, dont on
fait une dècoélion dans le vin rouge.
Lorfqu\'il s\'agit d\'extirper quelque por-
tion des gencives plus ou moins excé-
dentes, on y procède en la manière fui-
vante.
(a) Voyez la Figure }, de la Planche, f,
(/•) Voyez la Piauciie i8. tome i.
ÎS.S LE ChiruSC. lEN
Si c\'eft pour incifer, ou retrancher
gencives fur le devant de la bouche ?
on prend des cifeaux droits, (a) bien
tranchans 6c bien pointus. S\'il s\'agit de
pratiquer une ferablable opération fur
les cotez de l\'une ou de l\'autre mâchoi-
re, on prendra des cifeaux courbes,
d\'ailleurs conditionnez de mêmeq«^
les cifeaux droits ; mais un peu pl^®
courbes que ceux dont on fe fert ordi-
nairement en Chirurgie : Enfuite le
Dentifte tenant les cifeaux de la main
droite, relève, ou baifTe les lèvres Se
écarte les ?ouës avec les doigts de la
main gauche ; afin de pouvoir agir li-
brement en opérant, & de mieux exé-
cuter fon opération, fans blefler les par-
ties faines ; Pour lors il extirpe\'dans
toute fon étenduë la partie excédente
des gencives ; il comprime enfuite avec \'
le doigt indicateur de bas en haut les
gencives de la mâchoire inférieure : ait
lieu qu\'il doit comprimer celles de la
îupérieure de haut en bas ôc cela dans
l\'intention de les mieux dégorger : Il
fe fert après, pour les baffiner, des mê-
mes remèdes ci-defl^us indiquez. Par
tous ces moyens on prévient les fâcheu-
CO Voyez h Figure de la Planche y.
<«) Voyezk Figure z. de la Planche
« Dentiste.
^^ fuites que nous avons rapportées.
fe fert encore en certains cas des
C\'feaux droits ou courbes arbitraire-
•^^ent dans tous les endroits de la bou-
rbe, felon les circonftances particu-
lières.
Si nonobftant ces fages précautions,
^ rnaladie devenoit extraordinaire y
•Qu\'elle eût fait de plus grands progrès,
^^ qu\'elle eût été négligée jufqu\'au
point d\'être dégénérée en fchirre, en
chancre, en carcinome, ou en cancer ,
pour lors il faudroit avoir recours à la
Méthode qui fera indiquée à l\'occafion
de ces cas, en procédant à ce traite-
ment fuivant le confeil des plus excel-
lens Médecins & Chirurgiens.
t^e PépouUs, ou excroîjpmce char-
nue excédant le niveau de la
furface des Gencives ; & de
l\'opération convenable pour trai-
ter cette maladie.
L\'É p o u L T s eft une vraie excroif-
fance particulière à la gencive. Les
Grecs l\'ont nommée ainfi, parce qu\'el-
128 L E c H I R u R G I E N" ^
le vient hors des gencives. Elle-ne s^\'
lève point le long des interftiees deJ
dents, comme fait le prolongement oU
le gonflement des gencives, dont on
a parlé dans le chapitre précédent.
Cette exxroiffance procède d\'une eX"
coriation, d\'une ulcération des genci-
ves , ou d\'une plaie.
De ces excroifTances il y en a de deuîi
efpéces. Dans l\'une de ces efpéces, les
chairs font molles, blanchâtres & com-
me polipeufes : Elles font produites paî^
un fang chargé d\'une limphe crafTe ^
vifqueufe : Ces chairs font indolentes SC
même infenfibles. Dans l\'autre efpé-
ce, elles font dures, rougeâtres & en-
gendrées par un fang abondant en bile
ou en parties terreftres : Elles font to.i^-
jours douloureufes, & tendent à la
£ure du fchirre, ou du cancer.
^ Ces excroifTances font toujours cau-
fées par le vice des liqueurs, ou des
fucs, qui arrofent la fubfîance des gen-
cives : Dans les excroifTances qui font
rougeâtres, ce font les vaifleaux fan-
gums qui font les plus engorgez j dans
les blanchâtres, les veineslimphatiques
font les plus embarraffées: Les douleurs
que l\'on refTent à l\'occafion de celles
qui font rougeâtres ^ dépendent en par-
D E N T I s T 229
Je la tenfion des fibres, & en par-
k\'s de l\'acrimonie des matières. Les
^Xcroiffances blanchâtres, font caufées \'
P^r le vice de la limphe. Les excroiffan-
ces rougeâtres, ou noirâtres, font cau-
par le vice du fang, ou de ia biie.
quelquefois les unes & les autres en
s invétérant, acquièrent une telle con-
\'^ance, ou dureté, qu\'elles réfiftenc
^eme au tranchant des inftrumens.
^ela arrive plus fouvent à celles qui
^^t caufées par un fang bilieux «Sc ter-
j^ftre, qu\'à celles qui font caufées pas
^^ vice de la limphe.
Ces excroiffances ont pour l\'ordinaî-
^^ leur attache en forme de col ; les
^aiffeaux qui s\'y diftribuent, fournif-
^^^t continuellement de nouvelles ma-
Itères, qui augmentent infenfiblemenc
volume ; fi l\'on n\'a pas foin de les
Extirper de bonne heure, leur progrès
devient d\'une très-dangèreufe confé-
jiuence ; ce qui n\'eft que trop vérifié pac
expérience.
L\'on verra par la figure que je don-
^e de deux excroiffances {a) de cette
^ quel eft le volume qu\'elles ae-
quiérent quelquefois ; puifque la plus
Confidérable a augmenté dans i\'efpace
Voyez la Planche 4.
XE Chirurgien-
de cinq années, jufqu\'au point où elle
eft repréfentée dans ia Planche.
Lorfque l\'on veut emporter des eX"
croiifances dures, caileufes, carcino-
mateufes, ou pierreufes, le fujet fera fi\'
tué dans un fauteuil, ou dans un li^ »
Ibn dos & fa tête appuyez fur des couf\'
lins, ou contre un dofiier. Le Denti^^
doit être placé devant le fujet, s\'ile^^
dans un fauteuil ; ou à la ruelle droite
du lit, s\'il eft dans ie lie î II tient l\'ins-
trument dont il doit opérer, avec iâ
main droite, tandis qu\'avec le pouc«
& l\'indicateur de la main gauche il ran-
ge les lèvres & les joues, affujettiftànf
rexcroiifance qu\'il veut extirper , eH
îa faifiifant avec des pincettes de Chi"
furgien , ou avec une airigne, (4) fi Je®
doigts ne fuffifent pas pour emporter
cette excroifi^ance:On l\'emporte le pK\'^
près de là gencive qu\'il eft poffible,
avec les inftrumens les plus convenable^?
& on évite foigneufement de découvrir
l\'os de la mâchoire, crainte d\'occa-
fionner ia carie, en l\'expofant à l\'air,
& aux mauvaifes impreffions du limon
de la bouche. Si au contraire l\'os eiî
cane, on le découvre dans toute l\'é-
C ) Voyez les Figures 2. & 3, de ia Plan^
ehe 7.
^ Dentiste. jz^r
de la carie, & pour lors on
P\'^océde à la guérifon fuivant l\'ufage
Ordinaire. ,
P our s\'affurer de l\'état de i\'os, il faut
^^ecune fonde à Dentilîe, (a) ou bien
un ftilec ordinaire, reconnoitre ce
^^i le pafle dans la plaie qu\'on vient de
^\'re J en extirpant l\'excroiflance.
Si i\'excroiflance efl: fituée du côté
Souche, il faut fe placer du même cô-
> tenant l\'inftrument de la main gau-
, tandis qu\'avec la main droite on
.joigne les lèvres éc la joue, & que
alTujettit l\'excroiflance. On opère
ailleurs de même que l\'on a opéré au
^^^té oppofé.
Si l\'on veut opérer fans changer de
^ il ne faut que pafler le bras gau-
pe par-defllis la tête de la perfonne
^^ laquelle on opère ; en obfervant
la manière d\'opérer , les cir-
^onftances que nous venons d\'indi-
\'ÎHer.
, L\'opération faite, on fait laver la
^^Uche avec du vin tiède, appliquant
^^ \'a plaie un plumaceau imbibé de vin
^^ellé, qu\'on fait foû tenir avec le doigt
P^tidant quelque tems. Si les vaifleaux
Coupe^ en opérant, fourniffènt trop de
(«} Voyez ia Figure 3. de la Planche ê.
i-e Chirurgien\'
fang, il faut tremper un, ou plufieu\'"^
plumaceaux dans l\'eau alumineufe,
dans quelqu\'autre liqueur aftringen^\'^
ou ftiptique, ôcc. Il faut auffi les recoH\'
vrirde quelques compreffes graduées?
pour remplir fuffifamment l\'efpace cp^
fe. trouve entre la gencive & la joué?
Se procurer un point d\'appui capab^^
de faire une compreffion fuffifante, afiî\'
de fe mieux rendre maître de Thémo"^"
ragie : On peut encore, en cas qu\'elle
foit opiniâtre, appliquer des compref"
fes fur la jouë, foûtenuës par un ban-
dage convenable, & qui comprime
fifamment l\'appareil que nous avons in\'
diqué : On a par ce moyen un pois^^
d^\'appiii ferme Se folide^ capable d\'ar-
rêter l\'hémorragie, quoiqu\'opiniâtre-
^La cure de cette maladie après l\'O\'\'
pération, ne confifte qu\'à fe rinfer foU\'
vent la bouche avec les remèdes qi^^
nous avons indiquez : On trempe dans
ces remèdes des plumaceaux qu\'on ap-
plique fur îa plaie : On les renouvelle
au moins deux ou trois fois par jour,
à moins qu\'il ne fe forme de nouvelles
excroifîànces, ce qui arrive quelque-
fois : Il faut en ce cas-là confumer ces
nouvelles chairs, tâchant de s\'en ren-
dre maître par ie cautère aéluel, oU
Dentiste.
les applications réitérées de la pier-
j® infernale , que l\'on porte dans la
l^ouche du malade par le moyen de
^etui d\'argent nommé porte-pierre-in-
^ernale, [a) lequel doit être plus long
celui dont onfe fert ordinairement,
^fin de pouvoir appliquer plus commo-
"Renient la pierre infernale dans les en-
^i"oits les plus enfoncez de la bouche,
^et inftrument étant le plus commo-
8c celui qui afliijettit le mieux la
pierre infernale, on ne doit l\'appliquer
^^ns la bouche, qu\'étant montée fur
injflrument j de crainte que cette
Pjerre n\'échappe des doigts, ou des
pincettes, & qu\'elle ne falfe du défor-
■^\'\'e dans la bouche, & furtout dans
•eftomac, fi malheureufement le ma-
lade venoit à l\'avaler. Cet accident ell
Quelquefois arrivé ; On le prévient par
7 précaution que j\'indique. Si l\'on
appellé pour fecourir un malade,
fe trouveroit dans un cas auffi
^eux par l\'imprudence de quelque
^^entifte , il fiudroit faire avaler du
, ou de l\'huile en quantité au ma-
^^de, & même lui faire prendre un vo-
*îiitif, 6c derechef lui faire boire du lait,
(a ) Voyez les Figures 2. & 3. de la Pkoy
¥
Chi
-ocr page 280-254 Chirurgien
ou de l\'huile. On doit encore obferve^
par la même raifon, de bien effuye\'^
l\'humidité dans l\'endroit où cette pief\'
re doit s\'appliquer, afin d\'empêcher,
autant qu\'il eft poffible, que la falive
n\'en diifolve quelques particules, qui
50urroient caufer du défordre dan^^
a bouche, dans l\'cefophage, 8c même
dans l\'eftomac, fi l\'on venoit à avàlef
une falive imprégnée de la diffblution
de cette pierre, ce que l\'on évite tou-
jours par cette fécondé précaution. O^
fait d\'ailleurs rinfer plufieurs fois la
bouche du malade, tant pour ôter l^
mauvais goût, que pour diminuer la
douleur que cette pierre caufe. Par ce
moyen on guérit radicalement <5c ei>
peu de tems cette maladie, à moins
Cjue l\'os ne fe trouve en même terns^
carié , comme nous l\'avons dit, otJ
qu\'il n\'y ait une complication mali\'
gne d\'une caufe intérieure, qui dépen"
de de quelque mauvais levain IcorbU\'
tique, fcrophuleux, ou vérolique, Scc.
Dans ce cas il faut recourir au fecours
de la Médecine, ôc agilfant de con-
cert avec elle, réitérer les mêmes opé"
rations Se l\'ufage des mêmes remèdes
en cas de récidive; car il arrive quel"
quefois que ces fortes de maladies re-
D E N T I s tf Ë. 2 35
îaroKTent , lorfque les malades font
Atteints d\'ailleurs de quelque mal qui
^ vicié la maffe du fang univerfelle-
nienc.
Il ne fuffit pas d\'avoir donné une
^éthode pour les cas ordinaires, il faut
^udiquer encore quelques circonftances
Concernant la manière d\'opérer dans les
cas les plus extraordinaires, & lorfqu\'il
^\'agit d\'extirper quelque excroiflànce
Survenue dans la bouche , qui a acquis
par fucceflion de tems un volume énor-
me , en dégénérant en une confiftance
offeufe, ou pierreufe, fortement adhé-
rante , & ne faifant quafi qu\'un même
Corps avec la partie offeufe avec laquel-
le elle s\'eft intimement unie. On ne
peut extirper une excroiffance de cet-
\'^e nature avec le fcalpel, le biftouri, ni
^es cifeaux :\'I1 faut emporter ces ex-
croiffances avec les inftrumens qui fer-
ment à ôter les dents, en fe fervant du
: ^lus convenable, par rapport au vo-
lume & à la fituation de l\'excroiffan-
ce, ou bien même avec un petit cifeau,
ï^ommé bec-d\'âne , dont les Menui-
fîers fe fervent. On porte fon extré-
mité tranchante fur l\'excroiffance, &
l\'on frape fur fon manche avec un pe«
ïit maillet, ou bien on coupe cette ex.-
Chirurgien
croiffance avec une fcie, dont lalaiîî^
fera emmanchée comme un couteau.
Il faut proportionner le volume Se
grandeur de ces inftrumens à la dilpo\'
iicion des parties fur lefquelles on doit
opérer. Par ce moyen on peut ôter des
excroiffances, ou pétrifications fem\'
blables à celles que M. Carmeline a
ôtées à M. Houffu, (Se à celle que M\'
Baffuel m\'a communiquée, comme js
le rapporte plus au long dans mes ob-
fervations. Il ne faut pas négliger d\'ail-
leurs pour le panfement d\'une ^lle ma-
ladie , après l\'extirpation faite, les eit\'
conftances requifes, qu\'il eft aifé de re-
cueillir en différens endroits de cs
Traité.
Explication de la Planche IF. oè
font repréfemez différens corps
pierreux.
La Figure I. repréfente une grande
, excroiffance, ou époulis pétrifié,
vu par la furface qui étoit attachée auX
parties de la bouche.
A. L\'endroit où il s\'attachoit
aux parties de la bouche.
. B. B. B. Plufieurs éminences rabo:
teufes.
î, V
. .....
■ < "s
«t.
dentiste.
La Figure IL repréfente îe même
^orps pierreux, vu par fa furface l\'a
f\'^s convéxe.
C. Un enfoncement crès pro-
fOnd, donc la furface eft irréguliére Se
^•"\'égale, reiTemHaiîtaffezà une grote
."naturelle.
D. D. Éminences raboteufes &
^\'^^éguliéres de ce corps.
La Figure IIL repréfente une troi-
^^éoie furftice de ce même corps pier-
, vû par le côté oii ie cautère ac-
a porté & fait un trou profond,
calcinant une partie de la fubftance
pierreufe.
E. Le trou formé par le cau-
tère aduel.
. F, F. Éminences raboteufes Se
^^■\'éguliéres de ce même corps pierreux,
La Figure IF. repréfente une petite-
^^croiilance, ou époulis pétrifié, vû
^e façon qu\'on voir fa tête & fon at-
tache.
G. Le corps de cette excroif-
fance.
H. Son attache.
La Figure V. repréfente la même
excroifiTance, vue par fon fommet &
^ânsJâ circonférence la plus étendue.
ijS le Chirurgieh
JDu paroulis ^ ou abcès quifefor^^
aux Gencives par fluxion ^
inflammation , quelquefois p^^
congejîion, épanchement, &
filtration ; la manière dopeV^
pour traiter cette maladie.
Le paroulis tire fon étimologie
deux termes Grecs, qui lignifient;
proche & gencive, quoiqu\'il vienn®
aux gencives mêmes, entr\'elles &
dedans des joués. Il commence à p^\'
rotcre par une inflammation, prefqi^^
toujours occafionnée par la carie de
quelque dent, de quelque chicot, oU
racine qu\'on a négligé d\'ôcer, ou
l\'alvéole carié. L\'humeur acre & cor-
rofive qui ronge l\'os, fermente & agi^^
avec violence, non-feulement fur l\'o®
qu elle détruit, mais encore fur Tes
enveloppes membraneufes & nerveU-
fes, & y caufe des divulfions qui foft^
fentir des douleurs très-fenfibles : Le®
efprits animaux ainfi irritez, refluent
irrégulièrement & donnent occafio^
aux liqueurs qui circulent dans les vaif\'
- B e n t i s t
\'eaux voifins, de s\'arrêter en quelque
J^aniére dans leurs tuyaux ; parce que
filets nerveux devenant plus tendus
^\'à l\'ordinaire, les vaiffeaux fanguins
p limphatiques qui fe rencontrent par
diilribution, comme croifez &
^J^trelaffez avec eux, font comprimez
P^r les nerfs ainfi tendus. Cela fuffit
pour arrêter , ou intercepter en quel-
Jl^e façon le cours des humeurs : De-
^^ vient qu\'il fe forme des obftruc-
^\'ons, qui gonflent tellement les vaif-
, qu\'ils fe rompent à ia fin. Il en
^^ent une tumeur avec épanchement,
P^Us ou moins confidéraHe, étendue,
profonde, felon que les hurneurs
plus ou moins difpofées à s\'aigrir,
^ fermenter, ou à fe dépofer, par rap-
port à la cacochimie du fujet, ou a la
plénitude de fes vaiffeaux. Il peut en-
core arriver que Fhumeur même qui
^•^tt de la carie, venant à s\'infinuer
les interftices des fibres de ia gen-
\'^ive, & les écartant les unes des au-
^\'\'es , peut caufer l\'inflammation, le
gonflement, &:c.
Il peut y avoir encore d\'autres cau-
ses du paroulis ; comme quelque vice
particulier de la maffe du fang _, ©u biett
^^elque caufe extérieure , qui dépea-
240 IE CmtiURGrÊîif
de des injures du teiris, des chirts^/
ou de quelques coups reçus. Quoi q^
en foie, cette tumeur eft prefque toi^\'
jours la même, à quelque circonftaf
ce près ; ce qui ne change pas de beat!"
coup la manière de la traiter.
Le paroulis occafionné par l\'un^ \'
ou l\'autre de ces caufes, doit être r^\'
gardé dans fon commencement, co^^\'
me une inflammation fimple ; dansff
progrès, comme une tumeur difpoi"^^
à s\'abcéder ; dans fon état, comme
abcès confirmé, capable d\'avoir des C^^\'
tes très-fâcheufés, puifqu\'il peut
fouvent occafionner la carie des os d^^
mâchoires ; car les gencives étant p^^
épaifles, la matière a bientôt péné"^^^
& détruit l\'enveloppe, ou le pério^^
de ces os, Se fucceflivement leur p^*^
pre fubftance.
Lorfqu\'on eft appellé à l\'occafion ^^
ces fortes d\'abcès, il faut reconnoî^\'\'^
leur fituation : Ils font fituez tantôt p\'^^
bas , tantôt pîus haut, tantôt plus
avant , tantôt plus en arriére : Qp^
quefois l\'inflammation, ou le goî\'^r
mène, que le paroulis occafionné, s f\'
tend dans toute la joue depuis l\'ofS"\'
le , les yeux, le nez, jufqu\'aux lévreS\'^
tïîême jafqu\'a« îïîsnton. Jlfeutencoî
24Î
tâcher ,
^ uer de reconnoitre au vrai, quelles
les caufes qui produifent ces ab-
; Il faut examiner furtout les dents
^ s affurer de leur état. S\'il y en a de
y"ees, & qu\'il foit poffible de les ôter,
faut pas différer de le faire, à
^oins que la tenfion & la douleur des
parties ne s\'y oppofent. L\'extradion
es dents, ou des chicots, lorfqu\'elle
praticable-, efl (buvent fliffiiante
Pjur faire difparoître le dépôt. Elle
p au contraire capable de l\'augmen-
I fi l\'on s\'opiniâtre à la faire m.al-
~propos, 6c avec trop de violence.
Si les dents font cariées, & qu\'il
laille différer de les ôter, on a recours
attendant, à la faignéefufîîfammenc
aux lavemens tempérans ,
^\'^ollians &: laxatifs ; obfervant ia diet-
^ <Sc le régime de vivre convenable :
y^i examine fouvent la maladie, pour
j^ger de fon progrès : On a foin de
piîiner fouvent les gencives avec du
dans lequel on a fait bouillir des
^gues graffes, des feuilles de mauve
^ de guimauve & un peu de pariétai-
On applique fur l\'endroit de la gen-
CiVe gonflée & tendue, une ou deux
Jgues des plus grafiès , bien cuïtes
\'^ans du lait, tandis qu\'extérieuremenc
2me L X
LE CHIKURGIEN
On fait des onûions fur toute l\'éteu-
duë de la jouë, avec un liniment coiu-
pofé feulement de parties égales d\'on-
guent d\'altea & d\'huile d\'hypericuin *
appliquant par-deffusun papier brouil\'
lard & une compreffe fimple , foute-
nant le tout fans compreffion par
moyen d\'un bandage contentif. Ce
font-là les moyens capables d\'appaifef
îa douleur, de détourner la fluxiou ?
de réfoudre les matières difpofées à
réfolution, de cuire Se de digérer cel\'
les qui tendent à la fuppuration, en
relâchant Se en ramolliflant les fibres
de la partie malade.
Si malgré tous ces moyens la mala-
die fait un grand progrès ; fi la tunieUf
s\'éléve en quelque endroit plus qu\'ail\'
leurs , pour peu que l\'on y fente de If
fluduation, il ne faut point héfiter
donner promtement iflTuè à la mati^\'
re qu\'elle contient, quand bien mêin^
la violence de la douleur feroit dinii"
nuée, ou tout-à-fait calmée. Lorfque ^^
tumeur eft prête à abcèder, il faut
percer fans attendre que la matière pe\'"\'
ce d\'elle-même, parce qu\'on donne"
Toit le tems à la matière de pénétre^
jufqu\'à l\'os, ou de s\'étendre jufqu\'au^
parties extérieures du vifage ; ce
-ocr page 291-Dentiste,
cauferoit ainfi une maladie, dont ies
Suites feraient longues & fâclieufes ,
peut-être même accompagnées de quel-
que difformité très-difgracieufe. Cela
arrive que trop fouvent, lorfqu\'on
obligé, pour avoir trop longtems
l\'opération , de percer la tu-
meur en quelque endroit de la jouë,
^^ du menton, ou que la matière fe
jaifant jour par elle-même, foit en de-
, (oie en dedans, occafionne des
^«ules accompagnées de carie.
C\'eft pourquoi, je le répété encore,
lorfqu\'on fera convaincu par la fludua-
^îon de l\'exiftence d\'une matière dépo-
sée par épanchement, on fera l\'ouver-
ture de l\'abcès fans attendre davanta-
8e, afin de procurer promtement l\'é-
^\'\'acuacion du pus, & de prévenir les ac-
cidens qui pourrôient furvenir, fi l\'on
faifoit pas cette opération de bon-
heure, en obfervant de faire l\'ou-
Vertuve affez étendue, Se dans la par-«
la plus incUnée.
Cette opération fe peut faire avec
déchaufl^oir bien tranchant, ou avec
\'^f^e lancette dont on affermit la chafl^e
J^\'ec la lame, au moyen d\'une bande-
ette. Cette bandelette fert auffi à ca-
^«er la lame, pour moins effrayer le ma-
Xij
-ocr page 292-^4.4 ie Chirurgien
îade. Il ne faut laiifer à découvert de
ia lame de cet inftrument, vers fa po^-
te, que ce qu\'il en faut pour faire l\'in-
cifion. Le Dentifte tient cette laiicette
avec fa main droite. Le malade étant
fitué de façon convenable, le Dentifte
eft placé devant, ou au côté droit d^i
malade pour opérer avec la main droi-
te, foit fur le devant-, ou fur le côte
droit de l\'une ou de l\'autre mâchoire?
tandis qu\'avec la main gauche, il écar-*,
tera des dents les lèvres & la jouë avec
l\'indicateur & le pouce. l\'ouverture
étant faite, il preffe les environs de l\'ab\'
cès, pour exprimer & faire fortir le pus,
qui peut être niché dans quelque fmtis
voifin. On fait enfuite rinfer la bouche
avec une décodion de fauge, faite dans
du vin miellé, que l\'on peut encore in"
troduire dans toute la cavité de la plai®
avec une moyenne feringue à abcès,
dont le tuyau fera fuffifamment long,
& courbé s\'il eft néceifaire ; afin de
pouvoir porter l\'injeftion jufqu\'au fond
de la bouche fans incommoder,
feringue de cette façon la liqueur poi^r
mieux déterger la cavité, en obfervant
de feringuer doucement Ôc fans viO\'\'
lence, pour ne pas augmenter la àr^^\'
(a) Voyez la Figure i. de la Planche
Dentiste.
^on des parties. On continue de mê-
l^e de rinfer les gencives, de baffmer
•a plaie , ou de la feringuer jufqu\'à la
guérifon parfaite, & on applique à cha-
panfement un plumaceau trempé
^ans la même liqueur, à l\'endroit de
plaie.
Quand il faut opérer au côté gau-
, le Dentifte fans changer de place,
P^flant fon bras gauche par deffus la
du malade, écarte la jouë avec
^ette main, tandis qu\'il opère de l\'au-
Il peut encore paflTant du côté
"foit au côté gauche, opérer de la
ïîiain gauche, en écartant les parties
^vec la main droite, agiflant d\'ailleurs
^^ même qu\'il vient dêtre indiqué.
^ Si les dents cariées ne font point
otées, on les ôte le plutôt qu\'il eft pof-
^^ble. Si les alvéoles ne font point alté-
, non plus que le périofte , & que
Ja tnafle du fang ne foit point viciée ^
\'a guérifon fuit de bien près cette pe-
tite opération.
Lorfque ces abcès font fituez aux
gencives de la mâchoire fupérieure,leur
guérifon eft plus prompte que lorfqu\'iis
.ont fituez aux gencives de la mâchoire
inférieure; parce que l\'humeur fuivant
pente, s\'évacue plus facilement par
X iij
-ocr page 294-î,e Chirurgien
l\'ouverture de l\'abcès, vers laqueîk
elle eft entraînée par fon propre poi Js =
Ce qui n\'arrive pas de même à la mâ-
choire inférieure ; parce que la matiè-
re retenue dans le fac de l\'abcès pa?
fa péfanteur Se par fa fituation, ronge
par fon féjour & par fon acrimonie le«
parties qu\'elle touche , & caufe ain^ï
quek|uefois des fiftules Se même la ca-
rie. C\'eft pourquoi il faut être attentif
à ouvrir au plutôt ces fortes d\'abcès,
particulièrement ceux qui furviennent
aux gencives de la mâchoire inférieu-
re. Il faut prelTer plus fouvent en ceuî£-
Cl les gencives de bas en haut, pour
procurer une évacuation plus exadte
de la matière qui eft contenue dans
leur cavité. On fe fert d\'ailleurs pour
en procurer plus promtement la réu-
nion, de compreftès qu\'on applique
extérieurement fur le vifage dans l\'en-
droit du finus , en comprimant tou-
jours de bas en haut : Il faut foûtenir Se
embralTer ces comprefies avec un ban-
dage compreffif ; c\'eft le moyen le plus
affiiré pour procurer une promte gué-
rifon , & pour éviter les défordrésèque
la matière pourroit faire par fon trop
long féjour., nonobftant l\'ouverture de
fabcès, fi \'on n\'ufoit de cette précau-
tion.
JI
-ocr page 295-Dentiste. _
Comme nous devons convenir que
caufe la plus ordinaire de ces fortes
d\'abcès, eft la carie des dents, & qu\'on
peut affez prendre de précaution ,
pour prévenir le paroulis, dont les fui-
\'^es font quelquefois fi fâcheufes, nous
^^ fçaurions trop recommander dene
pas négliger pour le prévenir , de fe
faire ôter de bonne heure les dents ca-
riées , ou les chicots , furtout à la mâ-
choire inférieure ; puifque c\'eft en cel-
^e-là qu\'il arrive plus fréquemment.
L\'os de cette mâchoire étant un des
plus folides du fquelette humain, on
eft fouvent obligé , pour guérir les ca-
ries qui l\'attaquent, non - feulement
d\'avoir recours aux applications réité-
rées du cautère aduel, [a) mais même
de détruire en partie les mufcles qui
fervent à fermer & ouvrir la mâchoire
inférieure ; tantôt en les détruifant par
des incifions faites avec le biftouri, (è)
tantôt en appliquant le cautère poten-
tiel , pour fatisfaire à la fâcheufe nécef-
fité à laquelle on fe trouve réduit dans
Un tel cas, de découvrir l\'os dans tou-
te l\'étenduë du progrès de la carie,
laquelle s\'étend quelquefois fi loin s
( a ) Voyez la Figure 4- ^ie la Planche 8.
( b ) Voyez la Figute I. de h Planche 5.
Xm\\
-ocr page 296-xe Chirurgien
qu\'il eft arrivé qu\'on a été obligé d\'em-
porter des portions trés-confidérables
de l\'os carié de la mâchoire inférieure,
^ous en avons un exemple en la per^
WdeM. Hollande, Concierge du
Chateau de Meudon, qui avoit des
dents molaires du côté gauche de la
mâchoire inférieure, cariées ; leur carie
le communiqua aux alvéoles ; des al-
veoles elle s\'étendit au corps de l\'os ;
des dépôts très-confidérables fe formè-
rent , & je mirent en peu de tems dans
un très pitoyable état. Le Koi étant
venu pour quelque tems réfider aU
Chateau de Meudon, M. de la Pey-
ronie^) fur prié de vifiter ce mala-
de : Il le trouva dans une telle fitua-
tion , qu\'il fut obligé, pour le fecourir,
d avoir recours à de grandes opéra-
tions , & a des applications réitérées
du cautère potentiel.
A/r^" L^™bert(^;afait au fils de
M.deBarcos, (fj il y a environ vingt
ans, une femblable cure : Il eut à peu
près recours aux mêmes voies : Il fut .
meme obligé d\'emporter une partie de
( a) Premier Œirurgien du Roi.
p ) Chirurgien du Roi en furvivance.
( O Intendant de xM. le Maréchsl de Vil-
maxillaire : Ce malade a été guéri
/\'iicalement, & la cicatrice n\'eft que
lore-- \'
\'\'^peu apparente.
deux obfervations font de noto-
publique : Elles ont fait beaucoup
^t^ruità la Cour , & elles m\'ont été
^^■^^itiuniquées par M. Anel, (^j qui
^\'un & l\'autre malade.
^ •\'/i vû plufieurs de ces tumeurs très-
.^Udérables qui n\'avoient été produi-
g ^ que par la carie des dents : Je n\'i-
^^^\'^e pourtant pas qu\'il y a des tu~
J, , qui\' font fuivies de caries par
^^^tres caufes. Mais il eft très-impor-
j d\'être attentif à examiner de près
^^^es les circonftances qui accompa-
une telle maladie.
^ien n\'eft plus fréquent que de voif
fortes de tumeurs plus ou moins
jP\'^fidérables , & dont les fuites font
J^\'^es, ou fâcheufes fuivant les dif-
Jentes caufes qui les produifent, oa
^ \'oins que l\'on prend pour les pré-
les diftiper & les guérir radica-
^>ent lorfqu\'elles font formées : J\'en
l^^^\'^^ité avec fuccès un très-grand nom-
Lorfqu\'on veut faire des incifions
^cSa\' Chirurgien de feue Madame P.oyals
2-50 le Chirurgien ,
aux gencives, à l\'occafion de ces Toft^
de tumeurs, ou les entretenir ouvett^^"\'
on doit faire des dilatations fuffiran\'^^^
avec les infirumens tranchans, &
tretenir la dilatation de l\'ouverture
l\'on a faite, (Se qui ne fe bouche of»\'^
nairement que trop tôt. Pour ne pf\'
effrayer le malade, en introduifa"\'^
nouveau un inflrument tranchant
fa bouche, on aura recours à l\'of^f
des bourdonnets Se des tampons
de charpie, ou de coton , ou bien à ^^^
tentes proprement faites, recouvet"^^
de cire, de quelque cérat, ou erop^^^^^
convenable, qui ne foit point dég^^^\'
tant par fa faveur, ni par fon
On peut encore fefervir, mêmea^^^
plus de fuccès, des tentes faites d^/^\'
cines de guimauves. Il faut préférf^
furtout en femblable occafion ,
ge de l\'éponge préparée , comm\'^
plus convenable à remplir Pintenti\'^\'
que l\'on a. On obfervera néanmoins ^
fage précaution de diminuer les ten\'^^
à mefure que la profondeur de la p^^\'l
diminuera ; fans quoi l\'ufage des
tes trop longtems continué, dev\'ie^J
droit très-dangereux, ce que je fçai P^
expérience, & ce qui n\'arrive que
fouvent.
dentiste. 251
J, n\'eft pas fans fondement que M,
^^uofte ) dans fon Traité intitulé le
^nirurgien d\'Hôpital, a fi fort corn-
^^tu l\'ufage inconfidéré des tentes ,
®près le célébré Magathus. {h) Leses-
P^fiences de M.Belloftel\'avoienc con-
à fe rencontrer du même fenti-
fans fçavoir, comme il nous l\'af-
^^^^ lui-même , que Magathus en eût
avant lui. En effet Magathus n\'a-
^oit été fuivi de perfonne en cette mé-
J!)ude J cet Auteur étoit inconnu aux
Uirurgieus François ; il avoit écrit
une langue différentede la nôtre; il
][^Voit plus d\'un fiécle qu\'il étoit mort.
. \'OrCque M. Bellofte fit fa découverte,
p livre de Magathus étoit déjà devenu
? \'^^ï\'e , qu\'à peine ceux qui ont fait
plus grandes recherches,ont pû par-
à en trouver deux exemplaires ;
n\'ont-ils pû faire cette acquifi-
que longtems après l\'impreffîon
livre de\'M. Bellofte. Ce livre con-
^\'eiit les obfervations & lés nouvelles
découvertes que le célèbre M. Bello-
ws a faites de lui-même, à l\'occafion
1 («) Premier Chirurgien de Madame"Rsya-
Je Savoye.
Médecin Italien, lequel vivoit en
réputation il y a plus d\\in fiécle.
n
1
pt ÎE CHIRURGrËN
des mauvais effets des tentes &
tamponnage des plaies ; & quoiqu\'A«^\'
broƒe Paré eût déjà parié de cet ab\'JS^
c eft pourtant à M. Bellofte que nof
en fommes redevables, & c\'eft à fon
vre que tous les Chirurgiens, qui agif\'
ient avec réflexion, & qui tendent »
perfedionner leur arc, doivent lego^\'\'^
qu ils ont pris de s\'abftenir de
des tentes, hors les cas où il eft imP\'\'\'\'
lible de s\'en pafl:ér.
Quand les tumeurs des gencives f^^^
un peu confidérables, on doit dila^^^
Juffifamment l\'ouverture occafionn^f
par 1 extraftion des dents, ou des raci-
nes, avec lebiftouri,Ie déchauflbir,
les cifeaux. On eft obligé quelquefois
aufli d\'enlever, de ruginer & d\'empo^\'
ter quelque portion, non-feulement
la gencive, mais même de l\'alvéole c»\'
ne, ou non carié, pour procurer «n^
ouverture fuffifante qui ferve à l\'éco^\'
lement des matières & à l\'introduaio^
des médicamens. -
Lorfque la tumeur eft médiocre, ^
qu die ne fait que de paroître , fe^"
nfon " ^\'uffit pour fa ga^\'
_ M. Winflow m\'a envoyé plufieufS
fois des perfonnes attaquées deccsfo^"
J
-ocr page 301-tumeurs ; M. Dufaur {a) amena,
ttioi, ii y a environ dix-liuit ans,
I \'/e Chevalier de Selve / demeurant
J-atRpes, iequel étoit attaqué d\'un
cette nature, caufé par ia
çf la moyenne dent incifive du
gauche de la mâchoire fupérieu-
■ uns & les autres ont ete radi-
j \'®tîîent guéris, après leur avoir ôté
ç^M^nts cariées qui caufoient ces ab--
j, ^ J f\'ans que j\'aye été obligé d\'avoir
^ \'^oiirs à aucun remède ^ ni à aucune
aut ■
opération,
ies os des mâchoires fe carient à
^^^•cafiondeia carie des dents, il fau^
traiter cette carie avec différens
^^ards, fuivant la malignité des dif-
caufès qui l\'auront produi-
, \' félon qu\'elle fera plus ou moins
^^enduë,,profonde, cachée, ou dé-
^ouverce. Si ces caries font confidéra-
& accompagnées de circonftances
eheufes, il faut fe munir d\'un bon
Qofeil. Cette reiTource eft aifée à trou*
dans cette Ville, fi bien pourvûë
j^e^cellens Médecins & Chirurgiens :
O\'S agiffant de concert avec eux, la
J\'^ie fera traitée & guérie, fi elle n\'eft:
P^\'^ abfolument incurable, par l\'ufage
v^) Chirurgien-Juîé à Paris.
2 54 i H C H I R u R G î E N
des remèdes expérimentez tant de
avec fuccès en des occafions femb^^\'
bles, & communiquez au Public
différens Auteurs , tant anciens qj.^
modernes : C\'eft pourquoi je me
penfe d\'en faire ici l\'énumération.
indiquerai pourtant quelques-uns p^*^^
les caries moins confidérables, quip\'^\'
vent convenir d\'ailleurs à toutes for^^^
de caries.
Les huiles de girofle de canei!^\'
dont on trempe des plumaceaux, qu^*^
applique fur l\'os carié, font fouvent
remède fufïîfant pour procurer ïe^^^\'
Jiation. L\'efpric-de vin dans lequel\'\'"
fait infufer l\'iris de Florence & un
d\'euphorbe, produit encore le luêP\'^
effet. L\'application de la pierre inf^"^\'
-nale, eft très recommandable pour^^^
caries fuperficielles ; elle borne lep^"^\'
grès de la carie, en pénétrant l\'os
rié, jufqu\'à la partie faine; elle pcoC^^\'
re l\'exfoliation , 6c elle agit à peupi"^^
de même que le cautère aétuel ; néai^\'
moins avec cette différence, que f
pénétration ne va pas fi avant. Se q^\'^^\'
le n\'abforbe pas fi bien la fanie.
peut encore fe fervir pour les mêm^^
caries, de l\'efprit-de vin camphré,
baume de Pioraventi, même du caucs\'
y Dentiste. ^255
^ ^^tuel, De quelque caradtére
ye foie la carie, tel remède qu\'on y
appliquer , & telle opération
% on mette en pratique, on ne réuif-
^^ jamais^ je le répété expreffément,
. ^^paravant on n\'ôte avec grand foin
dents (Se les chicots cariez ; non plus
y® lorfque la carie eft dépendante
caufe vénérienne, fcorbutique ,
à moins qu\'auparavant on ne gué-
la maladie efièntielle , dont ces
de caries ne font que les fimptô-
Jj^ss. C\'çf^ faut bien exammer
les fiftules qui viennent aux gen-
, aux jouës & au menton , &
^\'ai dépendent ordinairement de quel-
4Ues-uues des dernières caufes que nous
J-noiis de nommer, dont la carie des
eft toujours le précurfeur le plus
ordina\'
D
fîaire.
CHAPITRE XX.
^^ ulcères qui furviennent aux
Gencives : Opération convenable
pour traiter cette maladie.
L
it s gencives , quoique naturelle-
ment d\'une confiftance un peu fer-
deviennent fouvent néanmoins
2\'y6 lechirurgiên ^
cendres, moUes «Se délicates : Cela î«^
arrive lorfque ies vaiffeaux qui ferve\'^^
à porter les liqueurs qui ies arrofe"^^\'
font étranglez, ou qu\'il furvient ov\'
ftradion aux glandes dont elles
pariémées. Le gonilement de leur^^^\'
îlaace , par robflrudion, ou par
filtration des iiumeurs qui s\'arrêc^\'\'^
pour lors, tant dans ies vaiifeaux
les glandes, que dans les interftices
leurs fibres, eft d\'autant plus ordi^f\'\'
re, que les gencives étant appuy^j^
d\'un côté fur des parties folides, ^
l\'autre étant enveloppées par une
tendue les nerfs qui font auffi tend^J
à l\'occafion de quelque douleur, écra\'^\'
glent par leur compreffion plus Caà^^\'
ment & plus fortement les vaKfea^;\'\'
qui fe rencontrent dans leur trajet;/-?
qui n\'arriveroit pas fi aifément,
fréquemment, fi les rameaux des va\'\'\'
féaux pouvoient fléchir dans un f^\'^\'\'
ou dans un autre ; parce qu\'ils cé^^®\'
roient en quelque manière à îa c^\'J^\'
preffion que caufe la tenfion des nerf^\'
au lieu que par la mécanique qn^
viens de faire obferver, les vaillê^\'^^
languins, ou limphatiques étant
fois comprimez, d\'un côté par la
fîon des nerfs. ils ie font auffi de
tf^
-ocr page 305-Dentiste. .257
par la furface des os des mâchoires ,
^^ par la cenfion de la peau qui recou-
Jre les gencives dans toute leur éten-
de. Si nous joignons, à ces circonftan-
S ^^ plénitude des vaiffeaux, l\'épaif-
"«eiîient du fang 6c des humeurs, il
fera aifé de comprendre, d\'oii
que les gencives fe gonflent fi or-
J\'pairement, 6c qu\'étant une fois gon-
, ilyfurvient desérofions, ou des
^\'\'^ptions qui dégénèrent facilement
en des ulcères plus ou moins confidè-
^ables, quelquefois produits par une
Caufe fcorbutique, vénérienne, fcro-
Phuleufe, &c.
Je ne prétends pas m\'étendre fur le
des circonftances que cette forte
maladie renferme ; je n\'en parle,
qu\'autant que fon effet eft relatif aux
^^aladies dont je traite,
„ Ily a des ulcères des gencives, qui
»ont quelquefois caufez par le limon
la bouche , par la falive dépravée ,
ou par quelque coup qui a comprimé ,
Ou meurtri la gencive, 6cc.
.Ces fortes d\'ulcères font quelque-
fois de peu de conféquence, furtout
jorfquc l\'on a foin de les traiter d\'a-
oord, en détruifant en même tems la
caufe univerfelle, 6clacaufe locale. Il
Tqvm L Y
-ocr page 306-^58 ie Chirurgien
s\'en rencontre d\'autres, donc lesacc\'\'
dens font fort à craindre, tels que ^^
gangrenne, le fphacelle, des douleuf^
très-vives ôc très-violentes, l\'infomni^
ôc même le délire, &c. C\'eft pourqi^\'J\'^
il ne faut rien négliger, pour préve^i\'^
ces fortes d\'accidens. Dès qu\'on s\'ap\'
perçoit de quelques-uns de cesfache^^
fîmptômes, il eft de la prudence d\'^\'
voir recours au confeil des Médecins ^
des Chirurgiens les plus expérimenté^
en ces fortes de maladies.
Lorfque ces érofions, ou ces ulcère-?
ne font point fuivis de ces fâcheux
ptômes, ou qu\'ils n\'ont pas fait enc^r^
un grand progrès, l\'os n\'étant pas
couvert, ni altéré, il eft facile de i^®
guérir en fe fervant de la lotion
vante.
Prenez du gayac rapé deux gt^^^
racine d\'ariftoloche ronde trois gr^\'^/
de tormentille un gros, de la véroni\'
que, de la fauge, de la fleur de
guftrum , de chacun une poignée ; f^f
tes bouillir le tout pendant un deffît\'
quart d\'heure, dans une chopine d\'ea^
commune , mefure de Paris :
l\'ayant pafle 6c exprimé, on ajouter»
dans la colature de la teinture de my^\'
rhe trois gros, de l\'efpric de fel dd^^\'
r
f
Dentiste.
demi gros, colcochar , oa vitriol
muge un Icrupule.
. On fe fert de cette mixtion, pour
^infer fouvent la bouche, & on en fe-
immédiatement fur i\'ulcére, ou
on y en porte avec un peu de lin-
ge fin propre & net , roulé au bout
petit .....
:^âton ; renouvellant le linge
fois qu\'on voudra toucher
ère, ou du moins ayant foin de la-
le linge ; appliquant fur l\'ulcère , fi
\' on veut, un petit plumaceau imbibé
^^ même remède , que l\'on aura foin
d® tenouveller fouvent ; & obfervant
^^ le faire ôter de la bouche chaque fois
^lue le malade prendra quelques ali-
mens, pour que ce plumaceau ne foit
P.^s entraîné avec eux par la dégluti-
; ce qui pourroit lui caufer quelque
[jaufée , ou vomilTement, incommoder
* sftomac, rebuter le malade, ou alté-
de plus en plus fa fanté. Il faut par
•^etts raifon, avoir le même égard cha-
^^e fois qu\'on applique quelque remé-
^^ dans la bouche ; car il eft très à-pro-
pos de la faire rinfer avant chaque re-
pas, pour emporter les mauvaifes im-
Preffions que les gargarifmes, ou au-
tres remèdes auroient pû y lailfer, Se
pour mieux la netteïer des parties li-
Yij
-ocr page 308-r e Chirurgien .
monneufes «5c vifqueufes, dont elle n e
que trop chargée dans ce tems-là.^ ^
Lorfque ce n\'eft qu\'un ulcère kf^
& d\'un caradére bénin, il fuffit de
toucher avec la pierre infernale ,1e\'
prit de vitriol, ou efprit de fel. Au f^^\'
te on fait obferver au malade un regt\'
me de vivre tempéré &: rafraîchiifao\'^\'
CHAPITRE XXL
Des fiftules qui furviennent
Gencives, à J occafion des m^\'
ladies des Dents, & hpératio^^
convenable pour traiter ces fif
îules.
Toutes les parties du corps h^"
■main font fujettes à êtreattaquée^
de cette maladie que les anciens on^
nommée hftuie, que nous appellor\'
du même nom par ie rapport que fo^
entrée & fon fond ont avec l\'entrée^
la cavité de l\'inftrument appellé
te en François, & en Latin Fipi\'^\'
Les gencives ne font pas moins fujet\'
tes aux atteintes de cette maladie. C^
iîftules ne font pas à la vérité auin
. fréquentes, que le font les fiftules la\'
Il
J
-ocr page 309-"ir
dentiste, i^^r
^"^\'lî^ales (Se les fiftules de l\'anus ; mais
^^elquefois elles font d\'une plus gran-
j ® conféquence, par les défordves qu\'el
caufenc aux os des mâchoires qu\'el-
^^ attaquent jufques dans leur fmus,
^omme je l\'ai flut remarquer à l\'occa-
du paroulis & ailleurs : Ces fiftules\'
ordinairement la fuite de la carie
dents, de l\'époulis & du paroulis ;
^^ un mot elles font la fuite de quel-
que ulcère, ou de quelque excroilfan-
\' ^^ ) de quelque tumeur, ou d\'un ab-
qu\'on a négligé , ou qui n\'a point
traité méthodiquement.
La fiftule des gencives eft de même
les autres fiftules; c\'eft un ulcère
dont l\'entrée eft étroite , <Sc le fond lar-
ê®, fouvent accompagné de quelque
J^nus caverneux, de durerez, de callo-
de la carie, &c.
La cavie des dents étant la caufe la
ordinaire qui produit ces fiftules,
^ Jlui les entretient, on ne peut rèul-
a les guérir, qu\'auparavant on n\'ait
les dents, ou les racines cariées,
examine après cela l\'état des gen-
cives&des parties olfeufes leurs voifi-
nes ; oi^ f^jg enforte de connoître par-
laîternent toutes les complications de
fiftule, ôc quelles fonç les circonftan-
z6i lË Chirurgien .
ces qui accompagnent chaque comp^
cation, & qui rendent le caradére
la fiftule plus ou moins mauvais. -
Quand la fiftule eft fans carie, il
fit, pour la guérir, de la bien dil^
jufques dans fon fond ; enforte qu\'i^*
lefte aucune bride, ni finus : On enl^^
enfuite les callofitez , ou bien on
confume par l\'application de la pi^*^"?
infernale fuffifamment réitérée. Lo\'\' \'
que cette pierre eft fuffifante pour pf\'^\'
duire cet effet, elle eft préférable ^^
cette occafion , & en toutes les mal^\'
dies de la bouche, où il s\'agit de coi^\'
fumer, à tout autre cauftique. On
obferver avec foin , quand on l\'app\'^\'
que en cette partie , les circonftances
que nous avons marquées à fon occ^^^
fion dans le chapitre de l\'époulis,
excroiffance charnue des gencives.
pierre infernale eft un cauftique , d^^^
on dirige l\'effet comme l\'on veut. ^^
plus elle opère dans l\'inftant même
fon application ; au lieu que les autr^^
cauftiques agiffent plus lentement \'
avec plus de violence, & attaq^e^^
quelquefois les parties faines,
que celles qu\'on veut détruire. Outf^
cela , comme l\'on ne peut
par aucun bandage , ni appareil,
\'^emédes qu\'on applique dans la bou-
il feroit imprudent d\'avoir recours
^ mut autre cauftique, qu\'à la pierre
^"fernale. Il vaudroit mieux, en cas
elle ne fût pas fuffifante pour détrui-
quelque callofité opiniâtre , avoir
^^\'^ours à l\'ufage du cautère aèluel.
l\'on peut diriger avec le même
^^antage.
I La callofité détruite , ôc le fond de
lîftule étant dilaté Ôc à découvert ,
! ^^ut la bien déterger, pour faciliter
} réunion des chairs & leur confoli-
^ation.
Les remèdes que nous avons indi-
^^ez à l\'occafion du paroulis, ou ab-
> font convenables & fuffifans pouï
Pmduire ces effets.
J. Si c\'efi: une fiftule aux gencives qui
opiniâtre & très-compliquée, on
peut la guérir, fans avoir aupara-
les mêmes égards que nous avons
\'\'^eommandez dans le chapitre du pa-
mulis
, par rapport à la carie des dents.
Jr^ égards confiftent à donner toute
application, à ôter les caufes qui
produit ces fiftules, ou qui les en-
tretiennent. Au refte ces fiftules fe trai-
^^nt de même que celles qui furvien-
^^"nc ailleurs, par l\'application des re-
LE CHIRîfRGIËN\'
médes fuffifamment connus de toU^
ceux qui profeffent l\'art de la Chiruf\'
gie, du confeil defquels on ne mart\'
quera pas de fe munir dans ces occa-
fîons. Ce font-là les véritables moye^^^
de guérir radicalement ces fortes d^
fiftules, fans avoir recours à l\'ufage ^^
ces prétendus fpécifiques tant vante^
par certains empiriques, pour la gi^^\'
rifon de toutes fortes de fiftules.
CHAPITRE XXII.
Des mauvais effets que le fcorh^^
produit fur ks Dents, fur
Gencives & même fur les
des mâchoires. Opération con\'V^\'
nable pour traiter les accide\'^^
caufez par cette maladie,
JE ne prétens pas entrer ici dans
détail fort étendu de cette maladie;
Mon deffein n\'eft feulement que de trai\'
ter des mauvais effets que le fcorbu\'\'
produit furies gencives , furies dents,
iur leurs alvéoles, & fucceffivement fn\'^
les parties qui leur font voifines, ^
d\'enfeigner les principaux moyens d ƒ
remédier.
-ocr page 313-D E N T I s T E. ±65
^^ -Les accidens que le fcorbut occa-
aux gencives, font des enflures
Widérables, la lividité, la couleur
, la démangeaifon importune
J infuportable, des ulcères fordides ^
\\ortie d\'un fang féreux & très-puant,
4^1 s écoule pour peu qu\'on touche les
§®iîcives, des hémorragies quelquefois
j^^fidérables, enfin la gangrène, ou
fphacelle.
J Ce mal cruel ébranle les dents ,
6s déracine, les rend chancelantes,
p. leur caufe des caries, d\'où il s\'ew-
qu\'elles font en danger de fe dé-
^cher totalement, ou en partie ; ce
arrive fouvent. Tous ces ravages
r^® font pas fans faire fouffiir au ma-
^^e de grandes douleurs , que l\'on
appellor pour lors des douleurs
^\'^Ofbutiques.
^ Le défordre que la dépravation da
ou de la limphe, produit furies
.^eoles Se fur le corps des deux os ma-
j^laires, n\'eftpas moins confidérable.
^es parois des alvéoles font très-fou-
ent rongez & cariez par la fanie fcor-
utique; d\'où s\'enfuit non-feulement
perte de l\'alvéole, mais encore celle
ia dent. Si l\'aàion de l\'humeur fcor-
^^^ue, corrofiYC& rongeante, pèné-
Tome L Z
\'j2.6s le Chirurgien
îre plus avant, elle carie les os maxil-
laires dans toute l\'étenduë de fa pénf
tration. Suivant que cette humeur agjf
ôc s\'avance plus ou moins, la carie el
aufTi plus ou moins étendue, profon\'
de & confidérable. On voit quelque\'
fois des exfoliations des caries occaCton-
nées par le fcorbut, dont la pièce
foliée contient non-feulement une bo!^\'
ne partie des alvéoles, mais encore U^^
partie du corps de l\'os de la mâchoire j
même jufqu\'à fon finus. De là nailfe^^^
quelquefois des fiftules diflficiles à gU^\'
rir, <5c très-fouvent incurables, dont ^
cicatrice eft toujours accompagnée d
ne difformité très-défagréable.
Quoiqu\'il s\'agifle principalein^J^
pour prévenir tous ces défordres,
combattre la caufe univerfelle contej
nu€ dans la mafle du fang, ôc
par conféquent recours aux MédeÇ»
les plus expérimentez, les opératio ^
êc les applications des remèdes qui^\'^.\'J^^
viennent en pareille occafion, ne lai,^
fent pas d\'être d\'une très-grande ut
lité, pour défendre & conferver j ^
dents, les alvéoles ôc les gencives,
■mauvaifesj\'mprefrions que la caufe
butique a déjà produites, ou qu ^ _
peut produire dans la fuite. C\'eft po"
qy . e n t i s t e. l6y
ee. . êcreinaruic des circonftan-
an" doit obferver pour remédier
vices locaux des parties de ia bou-
tie^ \' lorfque ces vices dépendent d\'u-
^^^aufe fcorbutique. L\'on ne fçauroit
recommander à ceux qui ont la
fc ^ k ulcérée & endommagée par le
^^orbut^ de fe laver la bouche très-
» ^ de prendre au-
^^ aliment, foit folide, foit liquide,
ec l\'eau de canelle orgée. L\'onem-
P ^he non-feulement par ce moyen,
la falive des fcorbutiques n\'agilfe
®c autant de violence fur les genci-
es6c fur les dents, qu\'elle le feroit;
\' ais on évite que la falive fanieufe
^J^^butique defcende dans l\'eftomac,
le ƒen déprave le ferment, & qu\'el-
Iç Irj^ite les fibres. On évite encore
s dépravations que le mélange d\'une
\'ive fi corrompue peut produire au
pancréatique, à la bile & au chi-
> enfin à toute la mafle des liqueurs \\
^ s\'infinuant par la route du chile
^^ns tous les vaiffeaux fanguins, infec-
ainfi de nouveau la totalité des
4Ueurs i ce qui ne manqueroit pas de
rir p le l^^orbtit plus difficile à gué-
rar les précautions que nous venons
indiquer, on peut prévenir tous ce$
"Piordres. Z ï\\
LË "C H I R u u G I E N
Si les gencives font gonflées & ch-
gorgées d\'un lang, ou d\'une liumeut
Scorbutique, il faut, pour les dégorgetj»
faire des fcarifications multipliées &
fuffifantes, avec la lancette, ou le dé-
chaufl!bir bien tranchant. On fait ces
fcarifications en fuivant l\'ordre des
dents.
Lorfque les gencives font telîemeflC
gonflées, ou excroiflantes, qu\'elles eS\'
cèdent leur niveau naturel, on empor-
te le plus près que l\'on peut, tout ce
qui efl: détaché des dents, ou des al\'
véoles, avec des cifeaux droits ou cour-
bes bien tranchans. Nous avons déjà
fait remarquer dans le dix-feptiéni<î
chapitre de ce Traité, dans quel cas
les cifeaux droits font préférables aU3£
cifeaux courbes, & dans quel cas les
cifeaux courbes, font préférables auJ£
cifeaux droits.
Si les gencives font ulcérées, fan5
rtre excroiflântes,ni excédantes, il nY
a pas d\'autre opération à faire, que l\'ap"
plication des remèdes que je vais do»"
ner ci-après. On introduit ces remède«
dans la bouche,en les feringuant direc-
tement fur la plaie, ou fur l\'ulcére, Se
en appliquant defl!us des plumaceauX ?
OU de petits linges imbibez de la
1
Dentist
^^eur convenable , ou bien en baffi-
^ant la partie avec de petits linges
roulez au bout d\'un petit bâton. On
panfe de même les gencives où l\'on a
lit l\'extirpation de quelque excroif-
ance, ou prolongement : Ces fortes de
Panfemens doivent être fouvent réïté-
On doit fouvent rinfer la bouche
dans l\'intervale d\'un panfement à l\'au-
pour empêcher par ce moyen l\'ac-
îion des fels acres Se corrofifs, beau-
coup plug ^ craindre dans cette occa^
que dans toute autre. Ce que je
tiiseft vérifié par l\'expérience de ceux
font employez à traiter ces fortes
de maladies ; par exemple, fur les Vaif-
eaux, dans les Ports de iWer, & dans
J^s grands Hôpitaux, de même que
«ans certaines Villes marécageufes Sz
^\'luatiqaes , ou cette maladie conta-
ê\'eufe eft familière & caufe des rava-
ges terribles. Quoiqu\'elle ne foit ni fi
lïialigne, ni fi commune à Paris Sc en
plufieurs autres endroits, elle ne laifle
Pourtant pas d\'exercer fa violence fur
oien des fujets mal conftituez.
-Le faignement des gencives, leur
gonflement , leur démangeaifon ac-
compagnée de douleur, l\'opiniâtreté
\'^e tous ces fymptômes, ou la récidkf
Z iij
-ocr page 318-ie Chirurgien
fréquente, indiquent évidemment, que
Ja caufe qui les produit eft pour l\'or-
dinaire une caufe fcorbutique, qui par
conféquent ne doit pas être négligée,
& exige l\'ufage des remèdes univerfels
oc particuliers.
Pour baffinerles gencives gonflées r
on fera une lotion avec les feuilles d\'hf
fope, de fauge, de cochlearia, de ro-
man n, de nicotiane, de creflbn de fon-
taine , de chacun une petite poignée ;
dé racinés de biftorte une demie poi-
gnée. On fera bouillir le tout dans une
quantité fuffifapre de vin blanc Ôc d\'eaU
commune, parties égales: On ajoute-
ra dans une demie chopine de cette li-
queur , un gros & demi d\'efprit de
cochlearia : On s\'en fervira pour bafll-
ner ôc rinfer fouvent les gencives.
^ Lorfque les gencives feront dégon-
flées , on fe fervira, pour les fortifier,
du remède fuivant.
Prenez de l\'efpric de vitriol, & du
fel commun , de chacun un fcrupule ;
d\'efprit de cochlearia deux gros ; le
tout mêlé dans de l\'eau de rofe Ôc de
plantain, de chacun quatre onces, dont
on baiïinera les gencives pour les affer-
mir <5c les fortifier.
Pour les petits chancres des genci-
-ocr page 319-dentiste. ijt
, 5c pour les plaies qui réfultent de
Quelque opération , ou y)ar une déper-
dition de fubftance caufee par la gan-
gréne, il faut froter fouvent les gen-
^îves avec le miel rofat, dans lequel on
^Ura incorporé quelques goûtes d\'efprit
de fel ^ Se quelques grains de tartre vi-
\'^nolé. Dans l\'application de ces remè-
des il faut éviter, autant que l\'on peut,
d\'en toucher les dents, de peur d\'en
intereGTer l\'émail.
Le remède fuivant, fans être con-
^faire aux dents, eft auflî convenable.
Prenez du camfre un gros ; du fucre
, deux onces ; de l\'alun de roche
poudre, deux gros ; de la teinture
de myrrhe, une once. Mêlez le tout
dans une chopine d\'eau-de vie: On fe
de cette lotion pour baffiner de
\'^snas en tems les parties des gencives
gangrenées par lefcorbut, chancreufes,
ulcérées par la même caufe. On s\'en
^ert auftl pour animer les lotions, ou les
S^fgarifmes compofez des décodions
^Mentionnées ci-deffus, auffi-bien qu\'à
fJnfer la bouche de ceux qui font at-
^ints dç quelque affedion fcorbutique.
^utre tous ces remèdes, dont l\'effet
^ft prefque toujours affuré, lorfqu\'on
obferve les circonftances que j\'ai indi-
Z iiij
-ocr page 320-ie Chirurgien
quées, on peut encore avoir recours aU
baume deiïicatif du Pérou, de feu M»
Helyetius , .( comme à un excellent
remède, dont voici la compofition.
Fréparaîîon de ce Baume.
Mettez dans un matras à long coU ?
deux pintes, mefure de Paris, d\'efprit
ardent de cochlearia : Ajoutez-y deuX
onces & demie de falfepareille , fi)î
dragmes de racines d\'orcanette , &
autant de racines de ferpentine virgi-
Bienne ; le tout réduit en poudre fub-
tile. Lailfez-le en digeftion fur un feiï
lent, au bain-marie, pendant quaran-
te-huit heures, & ayez foin de bien
boucher le matras. Enfuite l\'ayant laif-
fe repofer, verfez par inclination la li- ,
queur dans un autre matras ; & met-
tez-y en même tems quatre onces de
veritable gomme de gayac , pulvérifèe.
-Laifiez le tout en digeftion pendant
quarante-huit heures ; afin de donner
le tems à l\'efprit de cochlearia, de
pouvoir difl"oudre une bonne partie de
la gomme. Pour lors ajoutez-y une
once de véritable baume noir & liqui-
{a) Médecin de fon Alteffe Royale Mon-
fe!pnet.r le Duc d\'Orléans, & Infrefteur gé-
néral des Hôpitaux de Flandres. \'
Dentiste.
du Pérou, Refaites continuer la cïi-
geftion encore pendant quarante-huit
heures. Ayez foin de bien remuer le
*^^tras deux ou trois fois par joar. Fil-
trez votre teinture encore toute chau-
^^ par le papier gris, & la gardez dans
^"e bouteille bien bouchée, pour vous
s» fervir, comme il eft marqué.
Ce baume eft très-propre à mondi-
«er ôc déterger ; il fuffit feul pour gué-
la plupart des ulcères fcorbutiques,
\'^rfqu\'ils ne font point invétérez. li
Arrête l\'hémorragie des gencives, &
^elle qui fuit quelques opérations : Il
bedonne du reifort aux fibres, dont le
^^ïâchement entretenoit la fungofîté :
p affermit les dents dans leurs alvéo-
= Enfin il émouffe l\'acrimonie de la
*^atiére , qui entretenoit l\'ulcère des
gencives, & les fait cicatrifer, enforte
Qu\'elles fe rètablififent en peu de jours,
dans leur état naturel.
^^T^gmpne du même Auteur pour les
maux de bouche dans le fcorbut.
c ^^"^nez racines d\'ariftoloche ronde
^ écorces d\'orange féche & amére,
de chacune demie once : de canelle ,
—viwmiu once ; de canelle ,
deux gros; de clouds de girofle, un
gros ; de gomme-laque, fix gros j de
^74 i-e Chirurgien
camphre, un gros ; alun brûlé, & vî\'\'
triol de Chypre calciné à blancheur,
de chacun un demi gros, {le cout ef\'
poudre fubtile,) & de miel rofat, qua-
tre onces. Ajoutez y une pinte d\'eaU\'
de vie, mefure de Paris, ôc chopi\'^®
d\'eau commune. Faites digérer le toUf
au bain-marie pendant trois fois ving^\'
quatre heures. Filtrez enfuite la It\'
queur, & la gardez dans une bouteil\'
le bien bouchée. Le malade fe lavef^
îa bouche de quatre heures en quatre
heures avec une cueillerée de cette lî\'
queur : Il aura foin de l\'y tenir &
s\'en gargarifer pendant quelques mi\'
nutes.
Par le moyen de tous ces topique??
l\'on fe rend maître des accidens que
fcorbut caufe à ia bouche, pourvu qu^
d\'ailleurs le malade ait recours à rufa-\'
ge des remèdes intérieurs, prefcrits
adminiftrez à propos, ôz qu\'il obfer^^
un bon régime de vivre, fans quoi
guérifon ne peut être radicale.
Les mauvais effets que le fcorbu^
produit dans la bouche, n\'étant que le^
fymptômes de la caufe eifentielle con\'
tînuë dans la maffe des humeurs, ^
faut indifpenfablement recourir au^
puîlfans fecours que la Médecine noU^
J
-ocr page 323-Dentiste. ^75
fournit en femblables occafions ; parce
^ue le fcorbut eft une maladie très-
rebelle & très-opiniâtre ; c\'eft par-là
^Ue l\'on peut efpérer d\'être délivrez
^es accidens funeftes qui l\'accompa-
gnent ordinairement.
ïl eft encore une efpéce de fcorbut,
^f laquelle je penfe qu\'aucun Auteur
point encore pris le foin de parler,
^ qui fans intéreffer les autres parties
du corps, attaque les gencives, les al-
véoles Se les dents. Non feulement les
pncives qui font molles, livides, pro-
longées Se gonflées, y font fujettes ;
^■ais celles qui n\'ont point ces vices ,
^ Ibnt pas exemtes de cette affeûion.
la reconnoît par un pus alfez blanc
^ ^n peu gluant, que l\'on fait fortir
des gencives, en appuyant le doigt un
P®^ fortement de bas en haut fur cel-
j^® de la mâchoire inférieure , & de
v^aut en bas fur celles de la fupérieure.
. Ce pus fort fouvent d\'entre la gen-
^\'ve Se le corps de l\'alvéole, Se quel-
pefois d\'entre l\'alvéole & la racine de
^ dent ; ce qui arrive plus fréquem-
\'^^nt à la partie extérieure des ma-
^noires qu\'à leur partie intérieure , &
plutôt aux dents incifives & auxcani-
^es de la mâchoire inférieure, qu\'à cel-
L E G H I R U R,G I £ N
les de la fupérieure, qui font cependant
plus ordinairement affligées de cet aC\'
cident, que les molaires.
On peut rapporter la caufe de cette
maladie à la rupture, ou défunion de®
petits vaiffeaux, que la dépravation
des liqueurs qui y circuloient, a pr\'^\'
duite. Ces liqueurs alors épanchees
dans les ioterftices, ou dans le voili\'
nage de ces mêmes vailfeaux qu\'elle^
ont rongez, ou fait crever, ne man\'
quent pas d\'y fermenter, de s\'y cor\'
rompre, & de former de petits uleS\'
Tes plus ou moins fiftuleux entre
gencive & le corps de l\'alvéole , oiî
entre l\'alvéole & la racine de la dent»
C\'eil de-là que vient cette matière pii\'
rulente qu\'on voit fortir d\'entre le^
dents & les bords, ou extrêmitez de®
gencives, furtout lorfqu\'on y appuyé
le doigt.
Ce qui eft fmgulier. Se que j\'ai ob\'
fervé, c\'eft que ceux qui ont été traite^
de cette maladie par des remèdes inte\'
rieurs , foit qu\'ils fuifent anti-fcorbiî\'
tiques, foit qu\'ils fuifent différens ?
n\'en ont point été guéris ; ce qui pouf\'
roit donner lieu de croire qu\'elle ne
provient point d\'une fource interne ^
ou univerfellement répandue , ©aiS
Dentiste. 277
^^\'elle naît de la caufe locale , ou ac-
^\'^ientelle occafionnée par les dents,
i our m\'en afiurer mieux, j\'ai encore
^^marqué , que lorfqu\'on avoir perdu
<ies dents par cette maladie, leurs al-
^eoles Se leurs gencives s\'étoient fi bien
\'Réunies , cicatrifées Se confolidées ,
^U\'il n\'y paroilfoit plus aucune matière
purulente. ^ ,
, On doit conclurre de ce que je viens
^ 5 dire, que cette maladie ne fe gué-
radicalement que lorfque les dents
H^i en font affedées, font hors de la
®Uche. On peut néanmoins éloigner
^ette perte par les moyens fuivans, qui
^nt de tenir fes dents bien nettes, d\'en
égorger les gencives, quand elles en
^f^t befoin, de les froter fortement tous
jours avec le bout du doigt trem-
pa dans l\'une ou l\'autre des deux eaux
^®Uicatives, aftringentes & anti-fcor*
.^tiques, dont j\'ai donné la compofi-
y^^y pag. 91. & 92. de ce premier
olume. Il faut encore avoir foin de
^ bien laver la bouche après le repas
fj^? P®"^ à\'em ôe de vin mêlez en-
etr.ble, & obferver à chaque fois d\'ap-
PUyer fortement le doigt fur les gen-
Cîves en les frotant, afin d\'en expul»
iepus, qui fans cela les coafurae=-
zyt ie Chirurgien
Toic, & rongeroic les alvéoles, devn^\'
niére que les dents deviendraient bï^^\'
tôt chancelantes, Ôc enfin tomberoiei^\'^
faute de foûtien.
Explication de la Flanche V- ^^
y on donne les figures de trois Iw
trumens qui fervent aux mal^"
dies des Gencives,
La Figure L repréfente un bifî^^\'
ri droit, mince, ouvert & trè^\'
pointu , vû de côté dans toute
étendue.
La Figure IL repréfente une pa»""^
de cifeaux droits, pointus ôc un
ouverts, dont les lames font fort étr^^\'
tes.
La Figure III. repréfente une
cette, dont la chafTe <Sc une grande
tie de fa lame efl recouverte d\'une bai^"
delecte.\'
J
Tort^.I^r
^^plication de la Planche VL
^menant la figure de trois Infi-
^fumens qui fervent au maladies
^es Dents, des Alvéoles & des
Gencives.
La Figure I. repréfente un ftilet
d\'argent, ayant un bouton à l\'un
bouts, l\'autre bout n\'en a point. _
La Figure II. repréfente une paire
jf ciieaux courbes, dont l\'extrémité
^\'^ne des lames eft en forme de bou-
^^^, & l\'autre lame eft pointue.
, La Figure III. repréfente une fonde
Dentifte recourbée de la gauche à
7 droite du côté d\'en haut, & de la
à la gauehe par fa partie d\'en
bas.
A. Son corps, ou fon manche.
B. Son extrémité fupérieure moins
f,^courbée, & beaucoup plus mince que
inférieure.
C. L\'extrémité inférieure plus re-
\'^^Urbée & plus grofte que la fupérieure.
2.ÎO le chirurgien
Explication de la Planche ^ \'r
qui contient la jigme de trois
trumens nècejfaires dans les ^^
ladies des Gencives.
A Figure 1. repréfente nn^^^^
• P^l\' ^^
A. Sa lame tranchante d\'un
té, pointuë par fon extrémité an^^\'
rieure.
B. Son manche.
Lit Figure //. repréfente une p^^^
de pincettes à Chirurgien.
La Figure IIL repréfente une ai^^\'
C. Sa tige.
D. Son extrémité antérieure
courbée.
JE. Son manche.
mÊam
-ocr page 331- -ocr page 332- -ocr page 333-^\'^plicaîion de la Plançhe FUI
fe trouve la figure de quatre
*pjlrumens qui fervent aux ma-^
ladies des Dents, des Alyêoies
^ des Gencives*
j Figure I, repréfente une moyen-
w ^^ feringue avec un tuyau recour-
^ la b > fervir
Le corps de la feringue.
■ \' L\'anneau du pirton,
». Le tuyau recourbé de cet^
\'^fenngue. \' "
^^Figiire II. repréfente
-D. Le porte-pierre infernale,
La pierre infernale,
. \' Le porte-crayon de la pier-
\'^female. ^ ^
ferr ^t ^""^^.u fervant à
\' ^^ le porte-crayon.
\' La vis du porte pierre in-
2§î
^^\'^^kwe IIL repréfente la partie
tui à-."\'^\'^ÎPierre infernale fervant d\'é-
a la pierre & au portecrayon.
^wî-f IV. repréfeptele cautère
Tme L
-ocr page 334-zSJI XE CHIRtrRGlEM
I. Sa tige.
K. Son extrémité recourbée»
L. Son bouton.
M. Son manche.
CHAPITRE XXIII.
£)es acciderts ks plus confidérable^
qui furviennent en confèquenç^
de la carie des dents, aux parti^^
qui en font les plus voifines, ^
fuccejjivement à d\'autres
éloignées.
L
E S caries des dents & les fluxion®
__ qui y furviennent, y caufent fï^\'
quemment , furtout lorfqu\'eDes fo^^^
négligées, des tumeurs, ou des abces»
dont la matière ferpente non-feulemen\'-
entre les gencives & les alvéoles, ncia^
même entre le corps des mufcles de
face & le périofl:e, & entre le période
6c les os. Tantôt ces abcès s\'étenden!^
du côté de la mâchoire inférieure, tan-
tôt du côté de la fupérieure ; jui\'ques;
là que l\'on voit fouvent des abcès q^*
forment des fifl:ules accompagnées d
ne carie, qui s\'étend fouvent depuis
les alvéoles jufqu\'au zigoma , mêm®
, Dentiste,
jusqu\'à l\'angle fupérieur de l\'os maxil-
aire lupérieur , ou jufqu\'au conduit:
^crimal, & quelquefois jufques dans
finus de l\'une ôc de l\'autre ma-
clîoire.
. La carie des dents de la mâchoire
"^\'Srieure caufe quelquefois des rava-
las , qui ne font pas moins fâcheux :
a caufé plus d\'une fois la perte
Une grande partie de cette machoi-
Ce qui eft encore pire, c\'eft qu\'iî
^^ a coûté la vie à quelques-uns, qui
^ ^^^^ ^^^ ^^^ maladies fem-
. La carie des dents ne borne pas tou-
fon progrès aux feules parties que
I® ^iens d\'indiquer : Lorfqu\'elle fe com-
*^Unique aux alvéoles de l\'os maxillai-
fupérieur, fouvent la voûte que for-
cet os à la partie fupérieure de la
j^uche, en eft détruite; les osdupa-
j. \'s ôc le vomer ont pour lors le même
, & il s\'y fait un tel délabrement,
il en arrive fouvent une grande dé-
P^^\'dition de fubftance ofi^eufe, fans que
es parties puifitnt jamais fe régénérer;
niorte que la falive & les alimens s\'é-
j appent par le nez, & la morve pas-
bouche. L\'articulation de la voix
fouffre à un tel point, que le ma-
A a il
5,84 ^^ Chirurgien
lade ne peut plus prononcer diftincîe\'
5?, nS
ment îa moindre parole, & qu\'il
fait pîus quenazonner-, rinfpiration«^\'\'\'
l\'expiration s\'en reifentent de plus à\'^\'
ne manière.
Je ne prétens pas pour cela que
carie des dents foit la feule caufe
tous ces accidens : Je n\'ignore pas (f^
la vérolle , le fcorbut, les maladie^
fcrofuleufes, & les mauvais eifets ^^
mercure, &c. en font des caufes afl^^
ordinaires; mais il faut auifi que
convienne, queîa feule carie des denj,^
n\'eft que trop fouvent l\'unique cau|®
de tous les défordres que je lui atfJ"^\'
buë, & que je viens de marquer.
Je me bornerai feulement à rapp^""\'
ter dans les Chapitres lo. 2.1. 2.2.. ^
^3. du Tome If. de ce Traité la def"
cription & l\'ufage de plufieurs oU^\'
rateurs du palais, que j\'ai imentetf
& qui me paroiffent plus propres ^
plus convenables à boucher
ment la brèche-du palais, que toU^
ceux dont on s\'eft fervi jufqu\'à pf^\'
fent.
Dans le cas où la déperdition de
fubftance des os palatins forme
trou, ou une brèche à la voûte du pa-
lais par l\'exfoliation de ces mêmes os
Dentiste. z.Î$
palatins, ou de quelque portion de$
^^ lïiaxillaires, qui leur font voifins ,
dans ce cas, dis-je, l\'intention de la
Chirurgie a été de boucher ce trou le
P\'us parfaitement qu\'il feroit poffible;
jufqu\'ici fes vues n\'ont été rem-
plies que très-imparfaitement. C\'eft ce
m\'a engagé à travailler à la recher-
de quelques inftrumens capables
lurmonter toutes les difficultez qui
Peuvent fe rencontrer en de pareilles
Occafions. Je crois être parvenu à ce
Poînt par le moyen des cinq différens
^"î^urateurs, dont je parlerai 6c donc
donnerai les figures aux Chapitres
l^e je viens de citer.
CHAPITRE XXIV.
^îx Obfervations concernant les
Dents,
Concernant l\'ufage indifcret de la lime j
pratiqué mal à-fropos par un Bentifie
peu verfé dans la pratique.
IL y a environ dix-huit ans qu\'un
Dentifte de cette Ville très-renom-
\'^é J iima deux dents incifives de la
S-Ss ie Chirurgien ^
mâchoire inférieure à une jeune
moifeile âgée d\'environ quatorze ans ^
êc découvrit avec la lime leur cavit
intérieure ; ce qui caufa à cette
moifeile, peu de tems après, une ào^\'
leur fi cruelle & fi infupportable, qi^
le rèfolut defe les faire ôrer. Elle s^\'
drefla à moi ; j\'examinai ces deux dents?
êc je ne jugeai pas à propos de l\'en p^^\'
ver, efpérant que je pourrois fans ce"
îa la foulager de fa douleur. Je recoP\'
nus une fluduation dans la cavité
chacune de ces deux dents ; ce qui m®
fit juger qu\'il y avoit un petit abcès,
Se que lorfque îa matière feroit fortie?
je pourrois par fon ifîuë la guérir. Dan^
ce deffein j\'introduifis l\'extrémité
ma fonde dans la cavité de la dent -
Je perçai la membrane qui tapiffe l\'io\'
térieur de cette cavité, Se qui cou^
vroit la matière que je reconnus pa^
le moyen de ma fonde, laquelle ma-
tière enfortit auffi-tôt: La malade
fut très-foulagée , Se quelques jours
après elle ne fentit plus de douleur. A\'^
bout de deux ou trois mois, ces deu^
mêmes dents caufèrent à cette Demo^\'
felle une fluxion à la gencive , qui d^"
généra en abcès: Je fus obligé de
percer , afin de pouvoir dans la fuit^
. Dentiste. J^Ëy
Plomber les deux dents qui avoient oc-
^afionné ce défordre. Dans cette in-
Jention, je laiffai paffer quelque tems,
P^iir voir quelles feroient les fuites de
maladie i N\'ayant rien apperçû
contraire âmes vues, je les plom-
pour empêcher l\'air, les alimens Se
^ Salive d\'y entrer,
t ^^ Demoifelle dont je viens de par-
\' P^^ vidime de ce
Jjeiuifte ; puifqu\'un Abbé âgé d\'en-
J quarante-huit ans , très-incom-
odé par la longueur des incifives &
^ s canines de la mâchoire inférieure ^
^ ^ peu près le même fort après s\'ê-
j^® adrelfé à lui. Il lima fes dents de
^ ^^enae manière, & lui caufa beau-
de douleur, & des accidens à peu,
femblables à ceux que je viens
ƒ rapporter dans la précédente Ob-
servation.
^ Cette Obfervation fait voir quiî
pos P^s limer les dents mal-à-pro-
guli\'\' ^^ ^^ ^^^^ avoir une attention fin-
R\'eft ^ P®^"^ remédier à un mal qui
la , ? P^"^ l\'inadvertance, ou
Dentifte peu ex-
^ ^^^ Les mêmes Obfervations fosE
ie Chirurgien
connaître, qu\'il faut conferver auta®®
qu\'il eft poffible, les dents qued\'o»
peut guérir fans les détruire. Ces fo^\'
tes de cas n\'arrivent que rarement, ^
toujours par la malhabileté, ou l\'ii^\'
prudence du Dentifte ; puifqu\'on pe^®
toujours limer les dents, fans qu\'il ^^
furvienne aucun accident , ôc qu\'a\'^
contraire on peut en retirer l\'avantagé
de les mieux conferver, ôc de les reJ^"
dre d\'un afped plus gracieux.
II. O B s E RVAT I O N.
Sw une Dent molaire otée ave\'^
le Pélican ordinaire.
En lyie. l\'époufe de M. Vieux
Maître Boulanger à Paris, étant à Soif"
ions, fut attaquée d\'un cruel mal d^
denrs,caufé par la carie de la premier®
des groffes molaires du côté droit àf
la mâchoire inférieure, & par la carie
de îa première des greffes molaires dij
côté gauche de îa même mâchoire:
le trouva fur le lieu une perfonne d®
fes amis qui s\'offrit à lui ôter ces deu>£
dents, fe vantant d\'en avoir ôté pl\'^"^
de deux mille, & l\'affurant qu\'elle ne
deyoit nullement douter de fa dexté-
rité. Ses promeifes, jointes à la doo-
Jk
-ocr page 341-leur M £ N r I î T E.
c T, ^^"lalade rellencoit, achevé-
^iii Opérateur
le r côté droit, avec tout
^àis^T^ pouvoir attendre ;
duc"^" pas tie même de celle
^^ cote gauche; il la manqua plufieurs
il s\'e r ^^ ^^ pouvoir ôter ; d\'où
eniuivit un déchirement fi confidé-
h gencives & à
^ commilTure des lèvres de ce même
le cette malade en eut bientôt
^bc/ T f • d\'un
ble douleur fi infiipporta-
fon It • ahmens que ceux que
n^âc^\' f\'T ^^ complaifance de lui
chsÎM \' . mtroduire avec un
Poi?^" bouche, qu\'elle ne
pas ouvrir. Cette ma-
ce trille état pen-
elle f ■• Heureufi^ment pour
tt. i ^^ Ville
ta ienaflez entendu en Chirurgie,
Reflexion.
^^^tlr^lT\' Obfervation quel-
îont les fuites fâcheufes qui peuvent
l\'extraaion d\\ne de^r
-ocr page 342-^«jo î-E Chirurgien
êc qu\'il eft par conféquent très-impof"
tant de ne fe confier, lorfque l\'on doic
s\'aflujettir à une telle opération, q^\'^
des perfonnes adroites êc expériniei^\'
tées, 6c par conféquent capables de
donner au malade un fecours promts
& prefque toujours sûr, en c^s que
chofe foit difficile par elle-même, ^
qu\'il arrive des accidens.
Cette malade doit fa confervation ^
fon mari, ôc fa guérifon à l\'habile Ita-
lien qui pratiqua en cette occafion.»
qu\'il ne faut jamais manquer de feir^
en pareil cas, «5c qui confifte à biet\'
prefler les parties, & à les rapproeh^i^
le plus près que l\'on peut les unes
autres.
III. O B S E RVAT I O N.
Dans laquelle on rapporte leco^\'
cours des accidens fâcheux
caufa une dent qui fe paéi^^^
en mangeant.
En Décembre 1721. M. O^avie^
Peintre de l\'Académie Royale
Peinture à Paris, mangeant d\'une
caffée de p eds de Mouton, trouva e»
tre fes dents un petit os qu\'il ignorai
D E N Î I s r E, lor
dans la bouche, & fur lequel il
Preffa fortemenc par la maftication fans
y penfer.^ Ce petit os par la réfiftance
^^ il fit à l\'effort des mâchoires , lui
faftura la première groflfe molaire du
eoté droit de la mâchoire inférieure :
y éclat qui s\'y fit, caufa une déper-
dition de fubftance qui s\'étendoit de-
P^is la furface fup érieure de cette dent,
j\'^fqu\'à fon colet du côté de la langue ;
e finus, ou la cavité étant à décou-
^e^\'t, cette dent fradurée, fans être
^riée, lui occafionna des douleurs in-
„^,P^portables, caufées par la fradure &
^ébranlement qu\'elle avoit reçu. Ce
J^alade fe réfolut à fe la faire ôter,
l\'efpérance d\'être promtement dé-
^•"é des tourmens qu\'il fouffroit. Dans
^ette yûë il s\'en alla chez un de mes
^^fifréres, qui malheureufement ne fuc
P« de cet avis, ôc lui dit au contrai-
^ que ce feroit dommage d\'ôter une
ent qui n\'étoit point cariée, fe con-
J^tant de lui donner un remède, du-
eès T ^^ aucun fuc-
• La fluxion & l\'inflammation aug-
furtr li confidérablement, qu\'il
fecn^ \'ie recourir à dé nouveaux
„ "urs ; Il me fit appeller, j\'allai le voir
^e trouvai dans un fort trifte état. 11
Bbij
ie chirurcïiîn
avoit les dents ferrées à un tel point,
qu\'il avoit toutes les peines du monde
à recevoir les alimens les plus liquides»
îefquels on étoit obligé de lui fair®
prendre avec un biberon ; il avoit le
vifage fi défiguré, qu\'il étoit mécoP\'
noilfable ; il étoit accablé d\'une fiévr^
fimptomatique des plus aiguës, pr^\'"
duite par la violence de la doule^^"\'
Je lui confeillai de fe faire promt^"
dent faigner, d\'appliquer fur la pa^^\'
tie tuméfiée des cataplâmes faits av^^
le laie, la mie de pain, le jaune d\'oei^\'\'
le fafran &: l\'hui e de lis, de renoû"
veller ces cataplâmes foir & mât\'n^ f
j5c de prendre des lavemens. Je
dis que je craignois que nonobftant
fage de tous ces remèdes, fa fluxioO ^^
fe terminât par un dépôt fuivi d\'un
cès : En effet quoiqu\'on les lui eût ap\'
pliquez, il refta en ce trifte état pe^^.\'
dant quelques jours : On réitéra la
gnée , ^ on continua les mêmes ea\'
taplâmes , fans que le malade fût
cuncment foulagé. Quelque tems apr^
allant pour le revoir, je rencontrai
Juton iVIaître Chirurgien à Orgeretî\' f
qui connoiffoit le malade, & qui
compagna chez lui : Nous examinâni®^\'
gnfeipble fa bouche, & n\'ayant tt^i^^-
Jk
-ocr page 345-Dentiste. JÎ^I
^ Aucune diminution dans la maîa-
> nous fûmes d\'avis de changer les
^ataplâmes, ôc d\'en fubftituer d\'autres,
aits avec les herbes émoliantes : Ces
^rniers cataplâmes opérérent avec
beaucoup plus de fuccès que les prècé-
; la tumeur s\'ouvrit d\'elle-même
pïes quelques applications de ce der-
^^er remède: Néanmoins on fut obligé
® dilater avec la lancette l\'ouverture
cette tumeur, de laquelle il fortie
® palette de matière : Quelque tems
près il fe £t; un nouveau dépôt, qu\'on
^ut encore obligé d\'ouvrir, d\'où il for-
fe^ff^\'^^ beaucoup de matière : Enfin iî
«t au bout de plufieurs jours un troi-
dépôt, \'
1 au-deflfus de l\'ouverture
deuxième. Ce dernier dépôt prit
eureuiement fon cours par les incifions
4« on avoit été obligé de faire aux dé-
P^ts précédens. Ce malade fut cruelle-
ment tourmenté par toutes les fuites fâ-
«eufes de cette maladie, faute d\'avoir
jait: tirer fa dent fradurée à l\'heure mê-
j^e qu\'elle commença à lui caufer de
douleur. Il relia dans ce pitoyable
fot- J de deux mois, fans
QU ^ r \' ^ pouvoir va-
luer a fes affaires. Dès que les acci-
^^ turent fuffifamment calmez, je lui
15b iij
-ocr page 346-1^4 ï-® Chirurgien
ôrai la dent qui lui avoit caufé eetteloff\'
gue fuite d\'accidens, ôc par-là je teriuî\'
nai heureufement la cure d\'une mala-
die,qui l\'avoit tourmenté pendant long-
tems,
Certains cas nous caufent des accî\'
dens que l\'on ne peut prévoir, ni préve-
nir , quelque précaution que l\'on puiu®
prendre: Il fe rencontre quelquefois
parmi les alimens des corps nuifible® ?
tantôt par leur qualité, tantôt par leUt
figure, & quelquefois par leur folidité\'
On a vû plufieurs fois des perfonne^
fe caffer une dent par la rencontre d\'il"\'
ne petite pierre contenue dans le nior"
ceau qu\'ils mâchoient. D\'autres fefonc
caffé des dents en caffant des os, o^
des noyaux, &c. Mais il n\'eft pas or"
dinaire de voir fuccéder à des cas fem-
blables au précédent, des accidens tels
que je viens de les rapporter. Il eft vrai
que fi le malade avoit été fecourtJ
promtement, on auroit pu les préve-
nir tous ; puifqu\'il ne s\'agifîbit que d\'ô-
ter cette dent, avant que les douleujî
eulTent caufé les dépôts dont j\'ai parle ^
ôc les accidens qui les ont fuivis, q^®^
l\'on ne peut imputer qu\'à l\'adion d®
I
. Dentiste.
air Sz des matières mordicantes, qui
pénétrant cette dent par la fradure, ir-
""\'toient <Sc déchiroient les parties ner-
^euCes ôc membraneufes qui entrent
pns la compofition des dents, & cau-
|Oient ainfi des divulfions violentes, qui
"■ritantde plus en plus, & prelfanr les
Jj^\'^ft J donnèrent lieu à ia compreffion
^^ vaiffeaux fanguins & limphatiques,
^ ^ la fuppreffion du cours des liquides
ces parties, d\'où réfultérent les dé- \'
P\'^ts dont le malade fut affligé fi long-
, ôc qui furent fi rébelles aux re-
cèdes généraux ôc particuliers qui ne
feulîirent que par un long ufage, ôc
^^and les nerfs & la membrane de la
^ent J furent en partie confumez; pour
^ors la dent & les parties voifines de-t
tinrent moins fenfibles, ôc ce ne fur
P\'^e dans ce tems-là que l\'on vit naître
Occafion de pouvoir ôter la dent fra-
^urée, Ôc de redonner la tranquillité
le repos à un malade qui avoir été
^ la veille de fuccomber aux tourmens
^^l\'il avoit foufferts, par la négligence
^ un Dentifte peu expérimenté.
Bbii^
-ocr page 348-iip^ i-e Chirurgien
I V. O B S E RVAT I O N.
Sur le défordre que caufa une def"
nière Dent molaire , qui ne f^\'
rut qua Page d\'environ quaranîf
ans du coté gauche de la machoi\'
re inférieure.
En 1716. M. Meufnîer Procurent
du Roi à Tours, fe trouva attaqué d\'«\'\'
cruel mal de tête, accompagné d\'un^
inflammation fi confidérable , qu\'elle
affeéloit les mufcles de la déglutition»
& l\'empêchoit d\'avaler les alimens ?
même les plus liquides. Le Médecin
& le Chirurgien qui le voyoient, n^i"
rent en ufage tout ce que la prudenc«
& les régies de la Médecine puren^
leur fuggcrer dans un tel cas ; mai^
voyant que la maladie ne cédoic poir>!^
aux remèdes, ils examinèrent enfin
bouche du malade, & ayant recon^i^
que l\'inflammation fe continuoit \'P^"
qu\'à la gencive qui s\'attache à la def\'
nière dent du côté gauche de la n^^\'
choire inférieure, ils jugèrent que cet^^
dent, ou l\'alvéole qui la contenoit >
étoit attaquée de carie, & qu\'il fai^\'\'^\'
par conféquent ôter la dent, perfuade;^
Dentiste.
la maladie pouvoir provenir de
caufe. Je fus mandé pour en fai-
l\'extraftion. Après l\'avoir exami-
^ée, j\'alfurai qu\'il ne s\'agiffoit d\'au-
J^Çe carie. Je convins néanmoins que
maladie pou voit être occafionnée par
cette dernière dent, fans qu\'elle fût
Cariée, n\'étant pas encore tout à-fak
fortie, 6c n\'ayant commencé à paroî-
^\'^e qu\'à l\'âge d\'environ quarante ans.
^omtne on ne pouvoir faciliter fa for-
f® par l\'incifion faite à la gencive fus
dent même, je ne balançai pas à
loter, 6c n\'ayant pas jugé le pouvoir
faire avec le pélican pour la raifon que
f^i marquée ailleurs, je me fervis du
Pouffoir & de la maife de plomb , coin-
des inftrumens les plus convenables
cette occafion; je m\'y conduifis de
la manière que je l\'ai dit, en parlant de
la manière de tirer avec cetinftrument,
les racines 6c les dents qui paroilfent
ï^enir beaucoup, 6c qui ne peuvent être
otèes par d\'autres moyens. Lorfqu\'elle
eut été tirée, elle fuc trouvée fort fai-
^e, au(îi-bien que l\'os de la mâchoire :
L\'inflammation qui étoit furvenuë,fut
luivie d\'un abcès après fa fortie, cepen-
dant le malade fut promtement guéri.
Tous les accidens qui furvinrent ^
ce malade, rapportez dans cette obk^\'
vation, ne furent caufez que par la com-
preffion que fouffi-oient les parties meiïi\'
braneufes & nerveufes qui fe rencon\'
trent entre la dent & falvéole. Ce«
parties étoient fortement comprimée®
par l\'accroiUement de la dent & parl^
réfiftance de l\'aîvéole : Ces fortes de ca^
ne font pas communs, Lorfqu\'on re\'
connoît que les douleurs des dents, le^
maux de tête, &c. font dépendans àe
ces circonftances, qui confiftent en
que la dent en croiiTant ne peut p^^
fufiifamment s\'étendre, parce qu\'elle fe
trouve contenue & environnée d\'un al-
véole , dont la cavité eft trop étroite ;
Se les parois trop peu flexibles, ii fauc
nécelTairement fe réfoudre à facrifief
une telle dent, & l\'ôter fansdiflerer?
afin de faire cefllérles accidens qu\'elle
caufe, à moins qu\'on ne veuille tenter
une autre voie, qui confifte à rompre
l\'alvéole, en ébraiilant fortement la
dent avec le pélican, ou avec le da-
vier ; ce qui pourroit fuffire pour fairs
ceffer les douleurs, fuppoféqu\'on réuf-
lifîe fans cafifer la de nt ; parce que l\'ai-
^^oie étant une fois rompu, ou écarté ,
pourroit acquérir un accroiffemenc
»ufïifant, fans caufer aucune douleur s
fi elle vient à fe caflTer, il faut
^^ire fes efforts pour en tirer les raci-
ales. ^
V. o B s E RVAT I O N.
^^^ plufieurs accidens caufez par
^ne dent faine & non cariée y qui
cependantfaifoitfoufrir des dou-
ceurs infupportables , lefquelles
Couleurs cejférent aujji-tot que
(^ette dent fut otée,
L\'année \'1722. M. l\'Abbé de Ro-
pelin m\'envoya chercher pour lui ôter
la dernière dent molaire du côté gau-
de la mâchoire fupérieure, qui lui
des douleurs fi violentes, qu\'il
pouvoit plus les fupporter, J\'exami-
\'^^i fa bouche , je trouvai fes dents fort
^^ines , même celle dont il fe plaignoit j
qui fut caufe que je ne voulus pas
^ôter, quelque inftance qu\'il m\'en fît.
* iufieurs de mes confrères à qui il s\'a-
dreffa , refuférent auffi de l\'entrepren-
dre. Il fit pendant huit à dix jours tout
qu\'il put pour foulager fa douleur ^
^OÙ XE CHIRURGrEN
mais voyant qu\'elle fubfiftoit toujour^
dans toute fa violence, il me mand^
une fécondé fois, & voulut abfolumenC
que je lui tiralTe cette dent : Il ajout»
même, que fi ce n\'étoit pas celle-là q«\'
lui causât de la douleur, je lui en tire"
rois une autre s\'il étoit befoin : Je
rendis à fes inftances : Cette dent Te
trouva entièrement faine & fans carie*
La douleur cefiTa dès que je l\'eus tirée,
& depuis ce tems-là il n\'a plus refiêotî
aucune douleur de dents de ce mêin^
côté.
La dent dont je viens de parler, étao^
une de celles qui font les plus tardive®
à venir, elle n\'avoit peut-être pas troU- ■
vé un efpace fuffifant pour fe loger dafl^ ;
fon alvéole. Il eft cependant à préfu\'
mer que la Nature réferve à chaque
dent un vuide fuffifant pour la loger .
Mais comme elle varie fi fouvent, on ,
peut conjedurer que l\'efpace qui doit
contenir ces fortes de dents, eft quel-
quefois trop reffierré , pour pouvoir les
contenir en liberté : Lorfqu\'elles ont
crû fucceffivement, le fuc nourricief
vient à les groffir jufqu\'au point qu\'elles "
fontprefiées parles parois de leurs al^
y Dentiste. ^or
eoles : Tandis que leurvolunae ainfi
sWi par ce fuc , écarte les parois de
mêmes alvéoles, il fe fait des tirail-
^ttiens & des déchirures, qui compris
^eiit les parois de la racine de la dent :
nerfs qui fe diftribuent dans ces
peines, peuvent être aufïï comprimez,
ces comprefTions peuvent être plus
fuffifantes pour caufer des douleurs
Pl^f ou moins vives. Par cette Obfer-
ation on peut expliquer comment les
®nts peuvent quelquefois être doulou-
J,^ufes ^ fans être cariées. 11 y a encore
Autres cas , dans lefquels les dents
^aufent des douleurs, fans être cariées ;
•Çavoir, lorfqu\'elles font ufées, ou que
^^ gencives font confumées à un point,
les dents deviennent chancelan-
^^^, Ôc que Tair pénétre fous la voûte
la couronne, entre leurs racines : Il
® ^Qfuit de-là des inflammations & des
douleurs très-violentes qui fe commu-
\'^\'quent aux parties voifmes, fans néan-
î|^oins que dans l\'un & dans l\'autre cas,
y ait aucune carie , ni qu\'on puiffe
^^tnédier à ces fortes de douleurs pat
d autres moyens que celui d\'ôter la
dent. J\'avoue que je ne devois point
balancer à ôter la dent de M, l\'Abbé
Rothélin ; mais je crus devpir dif-
^oz ie Chirurgien
férer, parce que je craignois qu\'il p^^
fût dit dans le monde que j\'euflê th^
une dent faine à une perfonne de cette
confîdération, fans que l\'on fçût le®
raifons indifpenfables qui m\'y avoief^
obligé.
VI. O B S E RVAT I O N.
Sur les acciàens fâcheux occafto^^^
nez far les mauvais effets dît
tartre fur les Dents,
Il y a environ dix-huit ans que M\'
Hecquet {a) m\'envoya une Dame at-
taquée d\'une très-grande douleur au^
dents incifives de la mâchoire inférieu-
re. Je vifitai la bouche & les dents de
cette Dame, fans en trouver aucune
de cariée. J\'apperçûs cependant une
croûte tartareufe qui comprimoit
gonfloit la gencive confidérablement.
Je conclus de-là que ce corps étranger
étoit la caufe de fa douleur. J\'ôtai ce
tartre, & j\'emportai les portions des
gencives que ce corps étranger avoit
détachées ; ce qui occafionna une pe-
eite évacuation de fang : Je lui fis fuf
(a) Dodeur-Régent en la Faculté de Mé-
decine de Paris, & ancien Doyen de ladite
Faculté,
s T E. 3©!
J -—ulci uc ^uc^ques lotions : Dès
lendemain cette Dame fut très-fou-
ë^e, Se trois jours après entièrement
guérie. Cette Dame n\'ayant pas eu
j® loin de faire celfer de bonne heure
^ caufe de ce mal, le tartre avoit fi
^rt détruit les gencives, que fes dents
^ trouvèrent chancelantes ; ce qui m\'o-
^\'gea de les raffermir avec le fil d\'or,
^onittie je l\'expliquerai dans la fuite.
^ I^e tels exemples font plus que fuffi-
» pour exciter l\'attention d\'un cha-
^^ti à veiller à la confervation de fes
: Les difformitez que le tartre
^^ufe fur elles ^ fo^t capables de cho-
la vûë de tous ceux qui s\'en ap-
^^rçoivent; d\'ailleurs le tartre rend la
jj^^fbe puante, il ronge les gencives,
^découvrepar conféquent les racines
IC,^ dents, les rend chancelantes, &
fait fouvent périr ; c\'efl pourquoi
ne fçauroit prendre trop de précau-
, pour tenir fes dents nettes, afin
^lïîpêcher que le tartre ne fe forme
^ s\'accumule fur leur furface : fur-
..il faut être attentif à ne pas né-
de faire ôter ce tartre , loriqu\'iî
r déjà formé, & qu\'on a négligé de
j D E N T I J
® champ ufer de quelqi
XE Chirurgien
VIT. O B s E RVAT I o N.
Sur une Dent, dont les rac^^^
étoient dune grojfeur extraoràt-^
naire j ér occajionnerent
que cette Dent fut otée 3
hémorragie ft violente 3 que ^^
malade courut grand rifque ^^
perdre la vie.
M. Anel m\'a communiqué cette Ob\'
fervation. Ce Chirurgien étant établi^
Gennes en l\'année 1692. fut manci^
pour fecourir un Banquier de cett^
même Ville, qui perdoit tout fon fa^»
par une hémorragie violente, à l\'occ^\'
iion 4\'une dent que le nommé Ducl^^
Perruquier, ci-devant Garçon Chiruf
gien, lui avoit ôtée. Cette dent étoi^
une de ces molaires de la mâchoire fiJ\'
périeure , qui ont les racines extrême\'
ment écartées les unes des autres p^^
leur extrémité : Elle fe trouva forte*
ment adhérente à l\'alvéole, ce qui
caufe que l\'on emporta avec elle en l\'o"
tant, une partie de ce même "alvéole
Se une portion confidérable des genfi\'
ves, fans qu\'on pût en attribuer la fau-
|e à celui qui avoit ôté cette dent >
► ^ Dentiste. 305
^tant inevitable d\'opérer autrement ,
°r^qu\'une femblable difpofition fe ren-
contre par un défaut de conformation.
Dès que M. Anel fut arrivé chez le
^■alade, il fe mit en devoir d\'arrêter
^^\'^te hémorragie : Ileut recours fuccef-
\'veinent aux aftringens,aux ftyptiques,
^ bouton de vitriol, & à l\'application
^ cautère aâuel : Il remplit la cavité
ja déperdition de fubftance avoic
^ce, de bourdonnets & de pluma-
^^aux. Il appliqua par-deffus des com-
pelTes graduées, le tout imbibé de re-
^^edes convenables : Cet appareil excé-
îit de beaucoup le niveau de l\'extrê-
o ^^e des dents voifines, il fit approcher
^^ ierrer les mâchoires l\'une contre Tau-
j, > & les entretint ainfi fermées par
^application du bandage appellé fron-
Ce même Chirurgien voyant qu\'a-
P^f plufieurs tentatives, cette hémor-
g\'e avoit redoublé cinq ou fix fois de-
ps dix heures du matin, jufqu\'à fept
jeuresdu foir, & qu\'il ne pouvoir pas
rendre le maître, il penfa que le
feO^^^ Succès provenoit de l\'imper-
les \'^«la compreffion, attendu que
J, aents d\'en bas qui appuyoienc fur
^\'Appareil J ne pouvoient comprimer
Une partie de l\'étendue de la plaie J
^fmt\' /. Ce
^os le Chirurgien
tandis que quelque partie de la mêff^
plaie reftoit Tans compreffion, la
che de la mâchoire fupérieure étafl"^
beaucoup plus étendue, que ne l\'ét^"^
la largeur des dents d\'en bas qui conp
primoient l\'appareil Ayant ainfi pai"^
l\'hémorragie dont il eft queftion, ^
applatit unegrofîè balle de moufque^(
il en fit une plaque de plomb ovale
fuffifamment épaiftepour faire réfift^\'^\'
ce, 6c aftez étendue pour qu\'elle coi^\'
primât Sc embrafsât l\'appareil :
lors il panfa de nouveau fon malad^\'
il appliqua la plaque par-delfus ^f^ \'
l\'appareil, Sc retourna du côté
haut fes bouts recourbez. Il fit enfuif
appuyer fur cette plaque les dents o®
la mâchoire inférieure qui y répo\'^\'
doient : La bouche étant fermée,
l\'appareil fe trouva fuffifamment aHf
ïetti, & aftez également comprii^^\'
pour fe maintenir en ce même ét^\'^
auffi longtems qu\'il fut néceiraire;^^
qui ne pouvoir pas marK}uer de réulîîf/
parce que ce Chirurgien prit la p^^\'
caution d\'embrafler derechef la
choire inférieure avec une fronde, cp \'^
alfujettic par les extrêmitez au bonJief
U): Voyez îa Figure a., de la Planch©
Toaie IL
-ocr page 359-çj Dentist E, 307
lîialade, de façon que la mâchoire
^^^ Pouvoit plus s\'ouvrir. Ce fuc par ce
ceff "^o^yen que cette hémorragie
p^^ansl\'inftant,& ne reparut plus,
^voit"\' ^près cet homme qui
menr/^! efi\'rayé, tour-
fan \' P^"^ l\'eifufion de fon
îet^\', d\'ailleurs d\'un très-bon
f. • P^rament, fut rétabli dans une par-
jt^g^^^^ues mois auparavant, le mê-
dan ^^ mourir
que ^.^P^\'^alcle Gennes un Domefti-
1 Or \' P^^\'d" ft^« fang à
d\'une femblable dent qu\'on
à ^ P^*^
xuo^ par aucune voie d\'arrêter l\'hé-
^ orragie que la perce de cette dene
^^oit caufée.
"^^/.^^fervations, & parcelles
I faîtes par ma propre expérien-
. Ion voit combien il eft important
rnen^\'\'^ ^\'occafions, non-feule.
à f Wiquer des reméde-s propre^
^^ encore de bies
par?? \' & comprimer fon ap-
fe f P^^\'tout également ; ce que les
^ies dems d\'en bas, ni cdles d\'eiQ
î^oS ie Chirurgien
haut réciproquement, ne peuvent
toujours exécuter fans le fecours u
ne plaque figurée de même, ou à p\'^^
près , que celle dont on vient de p^^
1er.
De tous les moyens convenables ^
arrêter les hémorragies, le plus afi^\'f
c\'eft la ligature du vaifléau : Cette
gature eft impraticable aux hémorf^\'
gies occafionnées par l\'extradion
.dents; c\'efi: pourquoi il ne faut
ignorer la moindredes circonftances
peuvent contribuer à produire un etf^^
lëmblable ; quoique pour l\'ordinaif^
l\'hémorragie qui fuccéde à l\'extirpé\'
tion des dents, foit de fi peu de conl^\'
quence qu\'elle s\'arrête quafi d\'elle-n^^\'
rue, en preflant fuffifamment la gei^
cive avec les doigts, 6c en fe rinfai^\'\'
la bouche avec un peu d\'oxicrat : H
faut pourtant pass endormir là defl\'u^ \'
On feroic fouvent trompé, fi l\'on Pf
fçavoit pas comment il faut fe condui^
re dans des cas épineux & embarra»^
fans , tel que celui qui eft rappoî^\'^
dans cette Obfervation,
dentiste. 3 of
deux tumeurs , ou chairs
excroijfantes j fur venues
dans la bouche.
En l\'année 1727. M. le Comte de
^orneillan âgé de quarante-neuf ans ^
\'^fidant à Villefranche, Diocéfe de Ro-
des en Rouërgue, avoit depuis long-
\'^eins une tumeur carcinomateufe aux
gencives intérieures des deux petites
^ents molaires du côté gauche de la
Mâchoire inférieure, 6c une autre tu-
teur fur les gencives extérieures de
^es mêmes dents. La première tumeur
du volume d\'un œuf de Pigeon ;
J l\'autre tumeur étoit de la groffeur
d\'une féve d\'haricot. Ces deux tumeurs
SlUoiqu\'indolentes, incomraodoient af-
ce malade ; parce qu\'elles augmen-
\'^oient en grolfeur, & l\'empêchoient de-
puis quelque tems de manger de ce mê-
\'^ecôté; ce qui lui rendoit la bouche
^^ès-mauvaife par des couches confidé-
rables de tartre qui environnoient fes
dents. Enfin craignant les fuites fâ-
cheufes que ces tumeurs lui auroient
pû occafionner , il fe détermina à venir
^ l^aris pour fe faire guérir. Ayant ave«
310 ieciîirurgieît
Taifon beaucoup de confiance en M\'
de la Peyronie, à préfent premier Chi-
rurgien du Roi, & qui pour lors étoïc
à Verfailles, le malade fut obligé àe
s\'y tranfporter : J\'y fus appellé ôc je m ƒ
rendis le 27. Avril de la m.êrae anne«
pour confulter fa maladie avec M-
Mailhes (rf) & M. de la Peyronie\'\'
Lorfque je fus arrivé , ôc que noUS
eûmes examiné la bouche du malade j
nous fûmes tous d\'avis de commencer
par emporter le tartre de fes dents ?
d\'emporter de même les gencives que
ce tartre avoit gonflées, ôc d\'en biei^
exprimer le fang pour les dégorger
Enfuite nous conclûmes qu\'il faloïC
tirer ia deuxième petite dent molaire
du côté gaucbe de la mâchoire infér
rieure, quoiqu\'elle fût faine ôc fans ca-
rie; & cela dans l\'intention de voif
mieux l\'endroit de l\'attache de ces tU\'
meurs, ôc en même tems d\'avoir la It\'
berté de les extirper plus aifément.
Nous conclûmes de même de tiref^
la racine de la deuxième petite dent
molaire du côté gauche de la machoir^
(a) Confeiller, Médecin du Roi, D^^"
îeur en Médecine de J\'Univerfité de Mor\'J^\'
peliicr, & ProfeiTeiir Royal en celle às-
Caliors.,
i
-ocr page 363-„ ^ Dentiste. ^ 511
Supérieure j parce qu\'elle étoit très-
^ariée , qu\'e le entretenoit une chair
^^ngueufe à fa gencive, & qu\'elle au-
\'^oit empêché le malade de manger de
te même côté. Lorfque j\'eus fait ces
opérations qu\'un Dentifte n\'avoit ofé
t\'ntreprendre, nous remîmes pour l\'a-
P\'"ès-midi l\'extirpation de ces tumeurs,
de ne point fatiguer le malade. ^
cinq heures M. de la Peyronie
® -tant rendu chez le malade , il prit
petit biftouri courbe, avec lequel il
^^ïirpa ces tumeurs avec toute l\'adrefîe
SiU\'on en pouvoir attendre.
Pendant quelques jours nous ne mî-
fur la gencive que de petits plu-
^^^-"eaux trempez dans un digeftif faitr
Jy^c le miel de Narbonne & le jaune
^ o^uf ; & pourconfolider cette partie ^
la fîmes fouvent laver avec le vin
\'O\'^^ge ferré, le miel rofat & l\'eau de
■"^abel, le tout mêlé enfemble ; & efi
P^u (Je jours le malade fut parfaite-
guéri
3r2 LE Chirurgien
IX. o B s E RVAT 1 O N.
Sur une chair excroijfante )
volume confidérable j furven^^
en conféquence de deux
cariées ; laquelle excroiff^^^^
après fon extraBion, donna t^^^
forte hémorragie.
Le nommé Claude Cusfaut, Vîg^^\'
rort à Saint-Bri, près d\'Auxerre, âg^
de quarante fix ans, eut en ïjz\'^-}^^
deux dernières greffes dents molai^^^
du côté droit de ia mâchoire inférie^J"
re fi cariées, qu\'il ne reftoit plus
quelques-unes de leurs racines : Le*^^
carie occafionna aux gencives qui ^^^
environnoient une chair excroiffaur^
très-confîdérable , qui en moins d\'n^
an devint à peu près de la groffeur d\'i^^i
œuf d\'une jeune poule. La tumeU?
qu\'elle formoit étoit aiîèz dure, & etn-
pêchoit ce malade de fermer la boucft®
fuffifamment pour mâcher les alimens >
parce que les dents molaires de la ma"
choire fupérieure du même côté, heut"
toient & appuyoient fur une partie de
cette chair excroiffante. Le naala^^
en ce trifte état, confulta M. de Li"®
\' foP
l) e n t i s t e.
n Chirurgien , qui lui confeilla d\'il-
trouver les Chirurgiens de l\'Hôcd-
ce^p\'^\'A^xerre, & de les confulterà
ujet : Ces MefTieurs trouvant cette
mï^f confidérable, confeillérent au
xTî ? ^ l\'Hôpital des Fré-
^•^sde la Charité de Paris. Le Religieux
il étoit adrefie & les Infirmiers
® cet Hôpital trouvèrent fa maladie
^raordinaire , & la croyant conta-
We & incurable , refuférent de le
cevoir. Pour lors un des Chirurgiens
Jf cet Hôpital dit, qu\'il feroit d\'avis
exurper cette tumeur. Ce malade fut
^mte trouver M. Frémont Chirur-
Juré à Paris, qui fencant le befoia
J^n bon coniéil, le fit aller â Saint
otïie pour confulter avec lui & avec
pfieurs de fes confrères. Ces Mef-
îïr après avoir dit leur fentiment,
j^^olurent de m\'envoyer ce malade,
examinai fa maladie , & je trouvai
^ elle étoit en effet de conféquence,
^ qu\'il n\'y avoit rien à négliger. Je
J ^ au malade que fi ces Mefîieurs vou-
m\'en abandonner le traitement,
Wérois de le guérir parfaitement.
VI, Frémont eut la bonté de lui dire
il pouvoir en toute sûreté fe mettre
®ûtre mes mains. Le lendemain
^mel, Dd
L.
-ocr page 366-3ï4 LE CHÏRUR GI EN
l\'heure indiquée, ce malade fe rendit
chez moi, ou iVleffieurs
Dupleiî^s ,
Sauré ôc Verdier, Maîtres Chirur-
giens, que j\'avois prévenus, fe trou-^
vérent. I^orlque nous eûmes exaini\'^5
îa maladie, nous fûmes tous d\'av»®
qu\'il falloir extirper cette excroilfanc^\'
Pour procéder à cette opération,
malade étant afîis dans un fauteuil,
lui fis alfujettir la tête contre le dofiier \'
je pris un fil ciré en plufieurs doubla®
dont j\'embrafilii la tumeur par fa partit
poftérieure Se par fes deux parties lat^^\'
raies ; afin de la tirer un peu antérieU"
rement : Tenant les deux bouts de
fil de la main gauche, je pris avec
droite un petit biftouri courbe, ave\'-
lequel je commençai de couper cett^
chair excroiflânte par fa partie pofte\'
rieure Se par fes parties latérales.
pris enfuite uneairigne, avec laquelle
j\'alfujettis ces chairs déjà divifées, ^
je continuai de les couper avec les ci\'
ieaux courbes : Par ces moyens j\'enï"
portai la plus grande partie de cett^
tumeur carcinomateufe. L\'état du va^\'
lade Se l\'effufion du fang furent le®
caufes qui m\'empêchèrent de l\'extir^
per entièrement : J\'arrêtai pour lors
cette hémorragie avec les ftyptiques
.A
-ocr page 367-_Dentiste.
^fainaires. L\'opération avoit comment
a dix heures du matin, à onze ie
tnalade s\'en retourna à fon Auberge
^ans IKle S. Louis. Il revint chez
le même jour à quatre heures après
après avoir bû de ia bierre &
^ vin, fort effrayé de voir que fon
^"g couloit abondamment : Je le raC.
^rai d\'abord par de bonnes efpéran-
> & en même tems je travaillai à
^\'re celfer cet accident fâcheux.
Ce jour-là un Chirurgien fc rencon-
^^ chez moi, il m\'affifta de fes confeils,
" Voici ce que nous fîmes de concert :
^ près avoir en vain appliqué plufieurs
"is diiférens flyptiques, employé le
^^ponnage , la compreffion, & mê-
j^^^^\'^ernativement le cautère aduel,
e lang couloit toujours de nouveau :
^ huit heures nous délibérâmes de fai-
e relier ce malade chez moi ; je lui
^onnai une chambre & un lit, fur le-
H^el nous le fîmes alTeoir appuyé con-
des couffins ; après quoi nous ne fû-
l^es occupez qu\'à chercher les moyens
^splus efficaces pour le fecourir prom-
einent. Nous fîmes de nouveau plu-
^i^ifs applications confidérables du
^futere aduel, tant dans l\'intention
Ureter l\'hémorragie^ que pour coa-
IE Chirurgien
Ibmer en même tems ce qui reltoit a ^
chairs careinomateufes. Sur ces chaii
& fur ces vaiffeaux tant de fois caUj
térifez , nous appliquâmes des bout\' -
donnets bien appuyez & des plum^^
ceaux trempez dans mon eau ftyptiqt^^?
dont je donnerai ladefcription,au c"\'
12. du t. 2. & nous eûmes grand fo^
de tenir cet appareil bien affujetti ^
bien comprimé. Par tous ces moy^f
nous nous rendions quekpefois mai\'
très du fang, de manière qu\'il fei«\'^
bloit que cette hémorragie fut arrêtée=
Enfuite elle recommençoit avec pl^^
de violence qu\'auparavant ; ce qui nou5
détermina à ^voir recours à l\'applica"
tion du vitriol de Chypre : Nous ef
ynîmes en poudre, nous en fîmes des
boutons, nous en poudrâmes des bour\'
donnets & des plumaceaux ; le touc
fut appliqué avec ordre ôc circonfpec\'
tion, ôc recouvert de petites compref\'
fes en plufieurs doubles, trempées dan*
mon eau ftyptique. Cet appareil frî\'^
foutemi & comprimé avec les doigté
pendant uogros quart d\'heure -.Voyan\'\'
que cette hémorragie étoit arrêtée»
îious abandonnâmes la compreffion ^
la preffion des mâchoires, & nous fS-
çaîiinaiidâmeî au maUde de fermer
D e n t i s t é. 517
Continuellement & fortement la mâ-
choire inférieure, afin d\'entretenir la
J^mpreffion égale & fuffifante : Cette
hémorragie fut arrêtée à une heure
^pî\'ès minuit. Nous ne quittâmes ce ma-
jade qu\'à deux heures, & nous n\'al-
^^nies nous repofer que lorfque nous
^ûixies alfurez de fon état. Nous lui
^^comniandâmesde refter affis pendant
^oute la nuit, de ne point dormir, &
de ne point ouvrir la bouche : Sa fem-
^ & la fervante de la raaifon ie veil-
lèrent , pour faire exécuter au malade
Ce que nous lui avions ordonné. Nous
le fûmes voir à fept heures du matin,
^ous le trouvâmes dans la même fitua-
tion que nous l\'avions laiffé , fans hé-
ïiiorragie , fans fièvre & fans douleur ,
^yant feulement grand envie de dor-
lîiir. Nous examinâmes fa bouche ,
^ous la fîmes bien rinfer, il ne vint
pas une feule goûte de fang, Tappa-
teil s\'y étoit comme maftiqué. Nous
lui fîmes boire du lait, tant pour le
fourrir , que pour ôter les mauvaifes
Ifnprefiions que le vitriol avalé avec la
lalive, avoit pû faire dans fa bouche &
dans les premières voies. : Après toutes
ces précautions nous fûmes tranquilles
^ nous lui dîmes de fe coucher touc-
518 ie Chirurgien
à-fait , de ne s\'inquiéter de rien, &
de repoferà fon aife : Je le gardai deuS
jours chez moi ; le troifiéme il fut en
état de retourner à fon Auberge fa«®
rien craindre ; j\'attendis que l\'appareil
fe détachât de lui-même : Les efcare«
que nous avions fait par les cauftiques,
ou par le cautère aduel, fe détachè-
rent le cinquième jour fans qu\'il fuf
vînt le moindre accident. Il reftoiî
encore quelques chairs carcinomateU\'
les que j\'achevai de confumer par
cautère aduel.
Comme ce malade n\'avoit pas fouf-
fert beaucoup de douleur dans les ap-
plications précédentes du cautère ac-
tuel qu\'elles l\'avoient moins incom-
mode que les inftrumens tranchans,
cela me détermina d\'achever de con-
fumer ces chairs en les cautérifant à
plulieurs reprifes.
_ Lorfque les efcares furent tombées,
je tirai les racines des dents cariées qui
ayoïent occafionné cette maladie. J\'ap-
pliquai de nouveau & pour la derniè-
re fois le cautère aftuel fur quelques
chairs qu II falloir encore confumer ; Se
lorfque les efcares furent tombées, l\'os
de la mâchoire fe trouva à découvert
^ fans carie; après quoi je ne mis plus
p. !
Br ?
. Dentiste» 519
la partie que quelques compreffes
•mbibées du baume du Commandeur,
^ la cicatrice fe fit parfaitement en
^\'"oisfemaines. Après ce tems les mêmes
Qiirurgiens qui avoient été préfens à
^\'opération, revirent le malade& le
|\'"ouvérent entièrement guéri. Pendant
cours de ce traitement ce malade eut
Musique accès de fièvre, il fut faigné
^ purgé, & cette fièvre fe guérit fans
""^tour : Depuis fa guérifon il eft reve-
nu plufieurs fois à Paris pour quelques
Jffaires, j\'ai examiné fa bouche, & je
^^i toujours trouvée en bon état.
Il n\'eft pas ordinaire que la carie
des dents produife des excroiffances :
I-es accidens qu\'elle caufe différent les
^ns des autres, fuivant les difpofitions
fe rencontrent dans la maffe du
^ang ^ ou dans les parties qui environ-
iient les dents. Si l\'on avoit extirpé ,
confumé cette excroiffance ,.dès
Qu\'elle commença à paroître, & que
^\'on eut ôté les racines des dents ca-
\'\'iées, l\'on auroit prévenu par-là cette
grande maladie, fujette à de fâcheux
p\'Ccidens & à des opérations violentes
^ périlleufes.
D d iiij
-ocr page 372-le Chirurgien
Si ce malade avoit pû me donner k
tems néceiïaire pour opérer avec toute
l\'attention êc felon la méthode requife
en pareil cas, je l\'aurois préparé pa?
le repos , la diète, les lavemens & Ja
purgation ; je l\'aurois fait mettre au lit ;
je lui aurois ordonné un régime con-
venable ; j\'aurois extirpé la tumeur tout
de fuite autant qu\'il m\'auroit été poB\'
ble. Ce que je n\'aurois pû extirper, je
l\'aurois confumé fur le champ avec le
cautère aduel, Se s\'il n\'eût pas été fu^"\'
£fant pour arrêter l\'hémorragie, j\'au-
rois eu recours à l\'application du vi-
triol ; Se par cette méthode je lui aurois
procuré une guérifon plus promte &
plus aifurée.
Sur une hémorragie furvenuë aux
Gencives, après les avoir cou-
pées pour les dégorger & hs
raffermir.
M. Bretonnier Avocat confultant
au Parlement de Paris, âgé d\'environ
foixante-cinq ans, s\'apperçut au mois
d\'Odobre 1725. qu\'il avoit une gran-
de dent incifive de la mâchoire fupé-
D I N T ï s T E. J2 Ï
fleure & une petite incifive de îa mâ-
choire inférieure , fi chancelantes qu\'el-
les ne tenoient prefque plus dans leurs
alvéoles, furpailiint les autres de beau-
coup en longueur. La rencontre de ces
deux dents chancelantes & trop lon-
gues qui fe heurtoient, lorfqu\'il voulok
mâcher, ou parler, l\'incommodoit con-
sidérablement. 11 me vint trouver pour
fçavoir s\'il n\'étoit pas poffible d\'y remé-
dier fans qu\'il perdît fes dents : je lui
dis que pour y réuffir, il falloit com-
mencer par ôter beaucoup^ de tartre
qui les environnoit, & qui les avoit
mifes dans ce mauvais état ; qu\'il étoit
néceflaire de les racourcir pour les ren-
dre égales aux autres dents, & de les
affujettir à leurs voifines par le moyea
d\'un fil d\'or, plus convenable que tout
autre en cette occafion ; qu\'il étoit a
propos d\'emporter avec les cifeaux tou-
tes les crêtes, ou extrémitez des gen-
cives livides & gonflées qui s\'étoient
détachées des dents, 5c que dans la
fuite elles fe raffermiroient. ïl confen-
tit à cette opération : Je commençai
par lui nettéïer les dents & par racour-
cir celles qui étoient trop longues &
chancelantes. Enfuite je coupai avec
les cifeaux toutes les mauvaifes genci«
122 L E C H I R U R G î E N
ves : Je comprimai avec le doîgt kS
autres gencives, afin d\'en exprimer le
fang fiiperflu, cSc quand elles furent
fuffifamment dégorgées, je celfai de
les comprimer. Je crus alors que le fang
devoir s\'arrêter auffi-tôt, ou peu de
tems après, comme il arrive ordinaire-
ment après cette opération ; mais je
fus trompé dans mon attente; le fang
continua toujours de fortir des genei\'
ves que j\'avois coupées : Pour lors î^
dis au malade qu\'il étoit impoifibl^
d\'afllijettir avec le fil d\'or ces dents
chancelantes, à moins que le fang ne
fût arrêté ; qu\'il pouvoits\'en retourner
chez lui, & fe rinfer la bouche avec
l\'oxjcrat, ce qui pourroit fuffire pour
arrêter cette hémorragie ; mais elle
continua, &le lendemain il m\'envoya
chercher. Je trouvai que le fang qui
fortoit des gencives n\'étoit pas abon-
dant ; que même ri ne venoit que par
incervale ; ce qui me fit juger que cette
hémorragie ne pouvoir pas être impor-
tante. Je dis au malade que je croyois
qu\'il n\'avoit rien à craindre ; que la
tranquillité & le repos lui étoient né-
ceffaires, & qu\'il ne devoit rien pren-
dre qui fut rapable de l\'échauffer ; mais
quoiqu\'il eût obfervé le régime que je
, dentiste. 321
avois ordonné, & qu\'il eût ufé de
plufieurs remèdes aftringens qu\'on lui
^^oit confeillez pour fe rinfer la bou-
, l\'hémorragie continua plus ou
l^ioins abondamment pendant quatre
îours & quatre nuits. Cette hémorra-
gie perfiftant toujours, le malade en
®tant alFoibli, je fus mandé de nou-
veau ; je propofai de porter le cautère
^ftuel fur les gencives qui fourniifoient
le fang; M. de Juflieu Médecin, qui
^\'y trouva préfent, fut du même avis ^
^ lorfque cette opération fut faite ^
l\'Hémorragie celfa & ne revint plus.
Cette Obfervation fait voir qu\'il fe
trouve quelquefois des cas nouveaux,
dans Iefquels il faut procéder d\'une
façon particulière. Je traitois d\'abord
cette hémorragie de bagatelle, &
ïiégligeai d\'y remédier, parce que j\'a-
Vois fait un grand nombre d\'opéra-
tions de cette efpéce fur différentes
perfonnes, fans avoir jamais vû un pa-
reil accident. Quoique je fois perfua-
dé qu\'il n\'y a rien à craindre dans de
pareilles opérations, parce que les vaif-
feaux fanguins de ees parties ne font
pas confidérables, & que d\'ailleurs ces
j24 xe Chirurgien
forces d\'hémorragies arrivent rarement?
celle-ci auroit continué jufqu\'au poi\'^^
d\'exténuer le malade, ôc de le faire fu^\'
comber, fi on eût négligé plus long\'
îems d\'y remédier. Il y a apparence
que cette hémorragie étoit occafioU\'
née par une caufe univerfelle Sc par un^
caufe locale ; foie que le fang étant IcoJ\'
butique, fût trop fluide ôc trop
fous, ou que les tuyaux, ou petits vail\'
féaux des gencives fulfent devenus va-
riqueux : Quoi qu\'il en foit, il eft ab-
folument néceflàire en pareil cas à\'ei^\'
porter les mauvaifes gencives, lof^"
qu\'elles font, comme celles-ci l\'étoieflf?
livides, gonflées, molles, prolongé^
confidérablement, prefque toutes dé-
tachées des dents, 6c fujettesà faign^f
aifément d\'elles-mêmes ; c\'eft pourquoi!
lorfque l\'on fçait remédier à des hé-
morragies femblables, 6c que les gen-
cives fe trouvent en pareil état, il
faut jamais négliger de les couper ^
de les dégorger; puifque c\'eft funique
remède qui peut le mieux les fortifier ;
Ci raflTeriijir les dents.
^ peu près femblable à la
précédente.
îly a quelques années que M. B..,
^yant la bouche très-malade, vint me
^l^ercber, & ne me trouvant pas, s\'a-
"fefla à un Garçon qui étoit alors chez
^oi, (5c fe mit entre fes mains. Ce Gar-
après les premiers, fecours qu\'il
^fut néceflaires, s\'avifa de lui empor-
ter avec les cifeaux les excroiflànces
des gencives gonflées, pour dégorger
^ fortifier les autres gencives ; opéra-
tion qui a ordinairement ce fuccès.
^omme le malade ne fut pas plutôt
Strive chez lui, qu\'il eut une hémor-
ragie confidérable , 6c qui continua
Jufqu\'au lendemain, il revint trouver
Celui qui avoit travaillé à fa bouche,
lequel fit plufieurs appfications du cau-
tpre aétuel, pour arrêter cette hémor-
""agiq ^ qui recommença peu de tems
^près. Le malade redemanda du fe-
cours , 6c les applications du cautère
^ftuel lui furent réitérées par le mê-
ïi^e, qui lui ordonna la faignée, la
diette 6c le repos; mais quoique ces
Remèdes fufleiit convenables, U ma-*
ie chirurgien\' ^
nœuvre qu\'on avoic tenue, ne fut p3
fuffifante pour arrêter l\'hémorragie\'^
qui exténua & fatigua le malade pe"\'
dant trois jours, après lefquels el
ceffa heureufement d\'elle-même.
Reflexion.
Si ce Garçon avoit été mon Ej^^^^j
fans
comme il ne l\'eft pas , quoiqu\'il s
vante mal-à-propos , il auroit ,
doute, appris à mieux arrêter l\'héni\'^^
îragie, dont nous venons de parler, ^
s\'il m\'eût averti de ce qui fe paftbi\'-
ce fujet, & qu\'il eût demandé
avis, je lui aurois confeillé de fe Isiy
de petits cautères aftuels un peu poi\'^
sus, applatis par le bout, & P^^P^f
à paffer dans chaque intervale de
dents : Par ce moyen les gencives qui /
furent coupées, & d\'où fortoit le fang
au/oient été cautérifées , & cette
morragie auroit bientôt celfé. ^
En cas que cela n\'eût pas été fui^^"
fant, je lui aurois dit de faire de pj
îits tampons de charpie fine, oU ^
coton, de les imbiber de l\'eau ftypti\'î\'^^
de Rabel, ou de celle dont j\'ai donne
les compofitions au Chapitre XH- ^^
Tome IL de ce Traité, de lcs_roulcr
dans de la poudre de fimpathie , oU
Dentiste. 327
^^ns celle de vitriol de Chypre, de
placer un de ces tampons dans chacjue
jntervale des dents, d\'où fortoit le
^ng^ d\'appliquer de petits plumaceaux
chargez des mêmes remèdes , fur les
Parties extérieures & intérieures des
gencives , de les aflujettir pendant
^^elque tems avec les doigts, ou avec
J\'i fil pafl"é dans une éguille, & qu\'il
^Ut faire entrer de dehors en dedans
^de dedans en dehors à l\'aide des pin-
^sctes à Horloger, dans les intervales
^es dents, po,ur embraffer & contenir
appareil en place pendant un tems
Je ne fçai pas pourquoi la plupart
^es Dentiftes affedent de ne faire au-
Elèves ■. Malgré ma bonne volon-
j®, j\'ai cependant penfé tomber dans
même cas, m\'étant arrivé de n\'a-
J^ir chez moi que des Garçons très-
^ornez, fans principes & fans aucune
\'difpofition à devenir bons Dentiftes ,
^ qui par conféquent n\'ont pû y refter
^ngtems.
Pour éviter cet Inconvénient , Se
^ans le défir de marquer au Public
■^^on extrême reconnoiilànce, je me
f^is attaché tout entier dèpuis plufieurs
^nées au Sieur Duchemin mon Beauj
5:^8 l e C h i r it rg i e n"
frère. Après qu\'il a eu achevé fcs et^
des Latines, j\'ai commencé par ^
faire faire tous fes Cours d\'Anaton:iie
& de Chirurgie , & je lui ai donn^
toutes les inftrudions néceiîaires
être un Dentifte habile. Il a parfa\'*^^\'
ment répondu aux foins que je mefj^^
donnez je fuis perfuadé que le *
Mie me fçaura bon gré de lui lailfe^^ ^^
feul & unique Elève de ma façon, ^^
eft devenu très-capable de lui rendrf
fervice dans les opérations les plus
ficiles.
Six Obfervations fur les pef^f^
régénérées.
D\'une Dent régmérée à une perj
âgée de foixante-neuf ans.
Le 19.de Décembre 1713.
trouvai chez M. de Mantevi^^®.\'
où M. Hallé Peintre ordinaire du K^\'\'
êc Profelfeur en l\'Académie Royale »e
Peinture, aftura, en préfence de ^^
îe Curé de faint André des Arcs, ^
çie plufieurs autres perfonnes notable« \'
Dentiste. 529
^u\'il lui étoic venu une dent au devant
de la bouche à l\'âge de foixante-neuf
ans. Je le priai de me permettre d\'exa-
ttiiner fa bouche, ce qu\'il m\'accorda^î
^ je reconnus que cette dent régéné-
rée étoit une canine de la mâchoire
fupérieure. Cette dent me parut à la
Vérité plus nouvelle par fa blancheur ,
que toutes fes autres dents ; ce qui me
perfuada de la vérité de ce fait, qui
n\'eft certainement pas commun ; étant
plus ordinaire qu\'à un tel âge on n\'ait
plus de dents dans la bouche, que de
Voir qu\'il en revienne pour lors de
nouvelles.
Il y a quelque tems que le même M,
Hallé & moi nous nous rencontrâmes
chez M. Tartanfon Chirurgien-Juré à
Paris: Il nous affura qu\'à l\'âge de foixan-
te-quinze ans, il lui étoit venu une au-
tre dent au devant de la bouche & du
côté droit de la mâchoire fupérieure.
J\'examinai cette dent, & je trouvai
qu\'elle étoit la pareille de ia précéden-
te qui s\'étoit cariée.
La régénération des dents qui vien-
nent fi tard , eft difficile à expliquer.
Si elles fe régénèrent par des germes^
Tome L E e
iE Chir urgi ew
cornaient ces germes ont-ils pu fe con-
ferver fi longtems fans fe manifefter ?
ou bien fans s\'endurcir dans les alvéo-
les, jufqu\'au point de ne pouvoir pins
être en état de végéter, & de percer
les gencives, de même que les dents
s\'endurciiTent après leur fortie ? Si ces
dents au contraire fe régénèrent fanS
germe, qu\'elle eû donc la matière q^i
lert à les former, Se par quelle route
eft-elle portée dans l\'alvéole ? Je crois
qu\'il vaut mieux attendre pour l\'expli-
cation d\'une telle reproduélion , que
l\'on ait mieux découvert quelles en font
les véritables caufes ; ce qui pourra fe
faire par le moyen de quelque Obfer"
vation , en fouillant dans les machoi\'\'
res des vieillards. Si l\'on eft aifez heu-
reux de faire là delTus quelque nouvel\'
le remarque, on fe fera fans doute u«
vrai plaifir d\'en faire part au Publie.
II. O B S E RVAT I O N.
Sur une grojfe Dent motaits
régénérée.
En 1708. Mademoifelle Deshayes â
préfent époufe de M. de Séve demeu-
rant à Paris^ rue de Baune^ étant pouï
D E N T I s T Ê. 5 3 r
lors âgée de quatorze ans, eut la pre-
mière groffe den: molaire du côté droit
de la mâchoire inférieure cariée. La
douleur (^ue cette dent lui caufoit, la
fit réfoudre à fe la faire ôter. Pour cet
effet elle me vint trouver, & je la lui
tirai. L\'année fuivante elle revint chez
moi pour fe faire nettéïer la bouche ,
& i\'obfervai, en la lui nettéiant, que
cette dent étoit entièrement régéné-
rée.
Concernant me deuxième grojfe
Dent molaire régénérée,
En 1721. le fils aîné de M. Duche-
min Comédien ordinaire du Roi, pour
lors âgé de feize ans, vint chez moi
pour fe faire tirer la deuxième große
dent molaire du côté gauche de la nia^
choire inférieure, laquelle étoit très-
cariée. Je la tirai, & au bout d\'un an &
demi, elle fe régénéra parfaitement.
Sur une grojfe Dent molaire
régénérée deux fois.
En 1723. M. Larchevêque très-ha^
E eîj
-ocr page 384-3 3-2 IE Chirurgien
bile Médecin de Roüen, étant pouf
lors à Paris, envoya chez moi le nom-
mé le Duc Domeflique du Collège du
Pleflis , auquel je tirai la deuKiéiîîe
große dent molaire du côté gauche d<2
la mâchoire inférieure. Cette de^î
avoit été calfée auprès du colet parus
Dentifte qui avoit eifayé de loter, ^
qui manqua fon opération, parcequ®
la couronne de cette dent lui échappf
fans doute de l\'inflrument avec lequel Ü
l\'avoit embraifée : Cette couronne fe
nicha entre la gencive & l\'alvéole, oö
elle refta plufieurs mois: Ce corps étran-
ger caufa beaucoup de ravage en la bou-
che de ce garçon ; ce qui rendit fon ha-
leine très-puante, empêchant ia réunion
des gencives , entretenant un vuids
qui fe remplilîbit des reftes des ahmend
éc de limon pourri. Dès que ce m®"
me corps étranger fut ôté , les gen"
cives fe réunirent & la puanteur ceffa»
Je ne fçai ce que les racines de cette
dent font devenues ; mais je fuis alfur^
qu\'il eft parfaitement guéri. Ce Dome-
ftique qui pour lors avoit environ qua-
rante ans, nous dit, à M. Larchevêque
& à moi, que c\'étoït pour la deuxième
fois que cette dent s\'étoit régénérée,
iz qu\'il faifoit ôter.
Dentiste.\' 3 3,5
V. o B s E RVAT I O N.
Sw une große Dent molalrs
renouvellèe fort tard.
. M. Fauchard ci-devant Chirurgien^
^ à préfent Marchand de Toile, rue
Déchargeurs, m\'a aifuré depuis
, qu\'une des premières groifes
molaires de la mâchoire infé-
\'^\'^Ure lui étant tombée fort tard, s\'é^
^oit régénérée à l\'âge de vingt-fept
RE FLEXIO N.
Quoique la plûpart des Anatomiftes
î^^étendent qu\'il n\'y ait que vingt dents
H^ife renouvellent; fçavoir, les huit
\'\'^cifives, les quatre canines&leskm
f^tites molaires, l\'on^voit par ces qua-
Obfervations, & par plufieurs au-
tres
à peu près femblables, que ces
■^efîieurs ont négligé de bien exami-
\'^ßr ce fait, puifque les grolfes molai-
l^^s fe régénèrent, non-feulement une
^is, mais quelquefois deux. Ce fait
^^ inconteflable ; je l\'ai vû arriver plus
^ Une fois , & je m\'étonne qu\'il y ait
Iques Anatomiftes qui ne foient pas
\'^ftruits de la régénération de ces ibî-
334 ^^ ch îrurgien
tes de dents. Je ne prétens pas
cer qu\'elles fe régénérent toujour®^
mais feulement faire obferver qu^ ^^^
la arrive quelquefois aux grolTes
laires. Pour la régénération des g^^ \'
fes molaires, il n\'y a pas un tems \'
qué , comme pour celle des aut^^
dents. Les grolTes molaires peU^^Jj.
fe régénérer en tout tems, & à
âge : Quelquefois elles paroiifent ap\'\'^
la cîiûte de celles qui les précéde»^\'^
D\'autrefois elles ne paroiifent que
fleurs années après que les prenji^\'^f]
ont manqué. Si les dents fe régef»^.]
rent en tout tems par des germes, [
y a donc de ces germes qui font
tardifs à manifefter leur produéti^®^
Sans doute plufieurs germes périlf^\'\'^
fans former une dent ; 6c de-là vi^^\'
que certaines dents ne fe régénére^^
jamais.
dentiste. 335
^^^ un abcès confidérable foudai-
bernent formé y promtement gué-
ri ^ fuivi de la régénération
d^une petite dent molaire qm
périt par dijfolution , & de la
régénération d\'une grande inci-^
five.
En 1712. Madame Martinet, veu»
de feu M. Marion Marchand Joua-
\'ler à Paris, fe trpuva attaquée d\'une
Scande fluxion fur la gencive du côté
îj^oit de la mâchoire inférieure dans
^ndroit des petites molaires. Cette
jj^xion fut fi violente, qu\'elle lui cau-
des douleurs infupportables. Elle
dégénéra en moins de douze heures 3,
un abcès qui s\'étendoit jufqu\'à feC-
Pace vuide d\'une des petites molaires
^"Je cette Dame s\'étoit fait tirer une
^\'^née auparavant par le Frère Paf-
^lial Religieux de la Charité de Paris :
mal fut fi douloureux, qu\'elle fuc
^l^ligée d\'avoir recours à M. Baifuel
^^i après avoir examiné cet abcès, ju-
ê^a à propos d\'en faire l\'ouverture avec
(■«J Chirurgieu-Juré à Paris,
IE CllIRURGïEîï
une lancette ; ce qu\'il exécuta itJf
champ: Il fortit par cette ouvertu^
plus d\'une demie palette de pus r
ïa malade fuc par-là délivrée ào
douleur qu\'elle fouffroic : Elle ba«\'"^
enfuite fa bouche plufieurs fois par ^
avec le vin chaud, elle prefla fouvefl
la partie , pour exprimer la matier^^
Se approcher les gencives > ^ ^
jours de tems la cicatrice fe ferni^
la guérifon fut parfaite. Le lendern^^^
il parut une dent nouvellement t^èf
nérée au même endroit où le
Pafchal avoit tiré celle dont no^
avons parlé. Cette Dame étoit âg^^
d\'environ quarante-quatre ans, l^"-\'
que cette dent fe régénéra. Aprè» ^^
événement fingulier, il lui perça ^^
core une autre dent fans aucune doiJ^
leur : Ce fut la grande incifive do
té gauche de la mâchoire fupérieti\'\'^
qui lui manquoit depuis deux ans^ ^lî
environ ; ces deux dents parurent egj\'
lement formées. Les autres dents pS
cette Dame ne différoient des derrfi^;
res percées, que par leur couleur
étoit moifts blanche. Ces deux depts
régénérées ne fembloient pas être hi^n
cmaillées : La première le confuma pa^
diifoiution en moins d\'un an, f^J^
caufe»
-ocr page 389-Dentiste. 337
^ufer aucune douleur & fans être ca-
riée: Son corps & fa racine difparu-
^ent infenfiblement, fans que perfon-
ne y ait mis ia main pour ôter ia moin-
"^re de fes parties : Elle s\'eft entiére-
lïient confumée, & la gencive s\'eft par-
faitement cicatrifée.
Quant à la fécondé de ces deux
dents régénérées, elle ne fubfifta qu\'en-,
viron un an, enfuite elle tomba par
ftiorceaux fans caufer de douleur : Ii ne
refta de cette dernière dent qu\'un chi-
cot que je tirai au commencement de
Janvier 172^. Ce chicot n\'incommo-
doit la perfonne que depuis peu de
jours, quoiqu\'il y eût environ onze an»
qu\'elle le gardât. Il eft fi vrai que cette
dent s\'étoit régénérée, qu\'on n\'a pû
Soupçonner en aucune manière que ce
fût une dent de lait ; puifque cette Da-
tïie avoit été obligée de fe faire ôter cel-
le à laquelle la nouvelle dent avoit fuc-
eedé, par un Dentifte qui la lui cafta, &
de laquelle il refta un chicot que ie fieur
I^umont lui ôta : Ce ne fut que quel-
<lue tems après l\'extradion de ce chi-
cot , que cette dent fe régénéra.
R E F L E X I O N.
Il y a apparence que la compreffipje
Tome L F f
5?!? tECHIRURGTEN
que la première dent régénérée pre*^®
à percer, faifoic à la gencive, occalion-
na cet abcès. Il s\'y joignit fans doute
une difpofition prochaine à la fluxion^»
qui dépendoic de la plénitude des va»-
feaux. Ces deux circonfi;ances furent
fuffifantes pour former fi foudainement
ce dépôt. La guérifon ne fut fi proiu"
te , que parce que l\'ouverture de cet
abcès fut faite à propos, & avant qu®
la matière eût eu le tems de carier l f^\'\'
L\'inondation de la matière ne fit poin^
périr la dent prête à fe régénérer, P^^\'
ce que la dent avoit acquis fans doU\'
te, avant que de comprimer la gencj\'
ve, une confiftance fuffifante, capab-
de réfifter à l\'adion de la matière p^\'
tride. Si l\'on avoit panfé cet abc^®
avec des bourdonnets & avec des ten\'
tes ; qu\'on eût fondé & feringué
playe, on auroit non-feulement retaf
dé la guérifon , mais on auroit pû faJ^\'®
périr cette dent avant qu\'elle eût p\'"^\'
rû.La féconde dent régénérée ne pef?^
fans douleur , que parce qu\'elle ren\'
contra une heureufe difpofition daf\'®
la gencive, Se que l\'évacuation de^
matières fupurées par Pabcès de la p^^
miére, défemplit les vaiffeaux; ce q
^t que U dent qui fortit la dernière ^
-ocr page 391-Dentist ê.
caufa aucun mal devant ni pendant
\'a fortie. Ces deux dents régénérées
pour la fécondé fois, ne paroiffoienc
P^s émaillées, ou ne l\'étoienc que très-
Peu ^ ou très-mal, & leur offification
^ étant pas parfaite, elles ne pouvoient
pas manquer de périr, comme elles
^tîc péri en s\'ufant Se en fe diffolvant
^•Cément, tant par l\'adion de la maf-
^cation , que par l\'impreffion de l\'air
^ du djifolvant qui arrofe la bouche ,
jequel efl plus ou moias adif, fuivanc
2s différentes difpofitions dans lefquel-
on fe rencontre.
^ Le peu de durée de ces deux dents
\'^^générées pour la deuxième fois Se un
Psu tard, fait voir combien ii eft impor-
que les dents foient très folides ,
^ bien recouvertes d\'un bon émail ;
Puifque fans ces deux conditions, les
jfnts ne font pas d\'un grand ufage, ni
Une longue durée.
ie chirurgie??
CHAPITRE XXVI.
ObfeYvations fur les Dents \'
viennent tard ^ ou qui ne vien-
nent point du tout,
ON apperçoit fouvent des bouche®
dégarnies de dents ; ce qui pr^^
vient quelquefois de ce que les dents n
font jamais venues, ou de ce qu\'elles n^
fe font point régénérées. J\'ai obiery
plufieurs fois en ceux qui ont été rikai^?
ou en charte, que les dents ne leUîf
font venues que fort tard. J\'ai encore
obfervé en des fujets femblables, qu\'e^\'
les ne fe régénérent qu\'en fort peti
nombre. J\'ai vû à Tours un petit ga«\'
çpn âgé d\'environ cinq à fix ans,
quel la plus grande partie des den^^
n\'avoit jamais parû: Il n\'en avoit feuie^
ment que quelques-unes au devant o
la bouche. .
J\'ai remarqué diverfes fois en p^\'
fleurs adultes, que quelques-unes de®
dents incifives de la mâchoire inférieu-;
re, ne s\'étoient point régénérées. J\'^^
obfervé aulfi en d\'autres adultes, q^^.
les dents latérales, ou moyennes \'
fiyes, ne Içur manquoient que parc?
Dentiste. 54Î
qu\'elles ne s\'écoienc jamais renouvel-
lées. Enfin j\'ai vû de plus qu\'en cer-
tains fiajets quelques unes des canines
^ petites molaires, ne s\'étoient nulle-
îtient régénérées après la chûte des
dents de lait ; quoique celles-ci fufifenc
tombées d\'elles-mêmes.
R E F L E X I O N.
Il eft ordinaire de voir que les vingt
dents de lait fe régénèrent après qu\'el-
les font tombées d\'elles-mêmes , ou
qu\'on les a ôtées à propos j & même
fans qu\'elles foient tombées, ni qu\'on
les ait ôtées ; On en voit quelquefois
reparoître d\'autres à côté des dents de
lait qui doivent tomber, lorfque.celles-
ci manquent de le faire ; mais il eft
rare de voir que la nature ne repro-
duife pas de fécondés dents. Lorfque
ce cas arrive, cela ne peut dépendre
que de ce que le germe des fécondes
dents a péri par quelque caufe qui ne
nous eft pas toujours connue ; ou bien
parce qu\'il n\'a jamais été formé de ger-
me pour reproduire les dents qui au-
î\'oient dû fe renouveller fuivant le cours
Ordinaire. Quoi qu\'il en foit, l\'on ne
peut fournir en cette occafion d\'autres
fecours, que de fuppléer au défaut des
i
iechikurgien
dents qui manquent, en fubftituant a
leur place des dents poftiches, natu-
relles ou artificielles.
CHAPITRE XXVII-
Cinq Obfervations concerna^f ^^^
Dents diverfement réunies
enfembie.
De deux Dents cariées & réunies enf^\'
ble ^ ne faifant prefque qdun tne^^^
(orps, toutes les deux ôtées à la foii\'
Ï\' N 1705. un R. P. Récolet,
; la ville du Lude en Anjou , vi^\'\'
chez moi pour fe faire ôter une grou^
dent molaire qui lui caufoit beaucoup
de douleur. J\'examinai fa bouche, j®
reconnus que cette dent étoit treS\'
gâtée, êc qu\'il n\'y avoit point d\'autre
parti à prendre pour le Ibulager, q^^
celui d\'exécuter fon defléin. QuoiqU^
je n\'euflé faifi avec l\'inftrument don^
je me fervis pour faire cette opération >
que la dent qu\'il s\'agiflbit d\'ôter, j ^^
tirai néanmoins deux à la fois. Je crus
dans le moment avoir fait une grand®
Dentiste.
faute ; mab je trouvai que la dent qui
âvoit fuivi la premiere, étoit gâtée de
ïnême que l\'autre, & qu\'elles étoient
foutes les deux fi adhérentes enfemble,
^ unies de telle manière par leurs ra-
cines , qu\'elles ne faifoient prefque
qu\'un même corps.Ce Récolet croyant
toujours que je m\'étois trompé, eut la
curiofité d\'examiner fi ce que je lui di-
fois étoit vrai : Pour nous en alTurer
ïnieux, nous prîmes un couteau, du-
quel nous mîmes la lame fur les deux
dents : Nous frapâmes fur cette lame
avec une pierre, & nous ne pûmes ja-
mais venir à bout de féparer ces deux
dents, qu\'en les calfant par morceaux,
ce qui fut fuffifant pour perfuader ce
Keligîeux , qu\'il étoit impoffible d\'ôter
î\'une, fans l\'autre. La peine que je me
donnai pour inftruire ce Religieux
d\'un fait qui nous intéreifoit égale-
ment , fit que nous nous quittâmes
bons amis.
REFtEXION.
Lorfque les dents font unies entre
^lles feulement par leurs racines, on
ne peut s\'en appercevoir qu\'après les
^voir ôtées. Il n\'en efl pas de même
lorfque les dents font jointes par leur
F f iiij
-ocr page 396-544 lECHIRirRGSEN
corps : Dans ce dernier cas on doit
avant que d\'opérer, avertir ceux q""
ont de relies dents, qu\'on ne peut ôter
l\'une fans l\'autre : Par ce moyen on
évite toute difcuffion ; mais lorfqu\'<\'^
n\'a pû reconnoitre une adliérence ca-
chée , que par l\'examen de ia dent
ôtée, il faut aufli-tôt qu\'on apperçoit
l\'adhérence, en informer la perfonne
pour fe juftifier dans fon efprit, & po^f
éviter qu\'il n\'impute à l\'art, ou au dé-
faut d\'expérience, un accident qui de\'
pend uniquement de ia difpofition
turdle.
IL O B SE RVAT ION.
Sur deux Dents réunies énfemhU )
ne faifant quun même corps.
Le zo. Décembre 172 3. Madem^i\'
feiie Le JVloyneâgéede huit ans, de\'
ineurarit à Paris près Saint Magloire >
fut amenée chez moi : Elle étoie fos^
incommodée des douleurs qu\'elle fouf
froit aux dents : En examinant fa bou-
che , je trouvai que la canine & i\'jn^^\'
fîve fa voifine du côté droit de la ma\'
éhoire inférieure, étoient fi étroitemeo*^
unies enfemble qu\'elles ne formoiei^
qu\'un même corps. Encre l\'une & l\'a^\'
Dentiste.
tre de ces dents, il paroiffoit une efpé-
ce de goutiére peu profonde, qui ré-
gtioit tout le long de leur corps , &
Un petit intervale vers leur extrémité.
Cette double dent étoit formée de
deux dents de lait : Elle étoit encore
bien affermie. Je ne l\'ôtai point, de
Crainte d\'endommager les germes ,,qui
doivent naturellement produire les
dents qui leur fuccédent,
III. O B s E R7AT ION.
A peu près femblable à la
précédente.
Le 16. Janvier 17^.4. je me trans-
portai chez M. Auger Marchand Epi-
cier en gros, rue de la Verrerie : J\'e-
xaminai les dents de fa fille âgée d\'en-
viron huit ans. Je remarquai qu\'elle
avoit la dent de lait latérale, ou moyen-
ne incifive du côté droit de la mâchoi-
re fupérieure, unie avec la canine fa
voifîne, ce qui n\'efl point ordinaire.
Je fis remarquer ce fait à M. fon pere,
à Madame fa mere, à M. Dandreau
Auditeur des Comptes, & à plufieurs
autres perfonnes qui fe trouvèrent pré-
fentes.
Il n\'eft pas aifé de diftinguer, fi
nîon des dents qui fe trouvent jointes
enfembie , dépend de ce que deuX
germes fe font confondus : La cloifon
mitoyenne de deux alvéoles n\'ayant
pas été formée, ces deux alvéoles ne
forment qu\'une feule cavité, & par con-
féquent une dent double, ou deux ju-
melles. CM toujours un grand défa-
vantage que d\'avoir de pareilles dents;
parce que fi l\'une de ces dents jumelle^
vient à périr par quelque accident,
1 autre eft en grand danger d\'avoir le
même fort.
Sur une dent faine, quon fenfi
tirer avec une dent cariée fi
VDiJine ^ parce que l\'une & P au-
tre étoient adhérentes àlacloifin
de l\'alvéole.
En 171 r. un Maître Cordonnier de
Nantes, me vint trouver pour lui tirer
ia premiere petite denc molaire du cô-
té droit de la mâchoire fupérieure. Cet-
te dent étoit cariée & lui caufoit une
Dentiste. 3^7
Couleur infupportable : Quoiqu\'elle
me parût affez difficile à ôter, je ne
^aiffai pas de Tentreprendre , ôc d\'y
îéufîir. Heureufement jem\'apperçus en
opérant, que la fécondé petite molaire
fortoit de fon alvéole, de même que
celle que je voulois ôter. Dans Pinflant
je lâchai prife, jugeant par-là que la
portion extérieure & la cloifon mi-
toyenne des alvéoles fe trouvant forte-
ment adhérentes à ces dents, cette
cloifon s\'étois rompue & féparée du
refle de l\'alvéole, par l\'effort que j\'a-
Vois été obligé de faire : Dès que je
m\'en apperçus, je fis rentrer les deux
dents dans leurs cavitez, je les afl^u-
jettis, ôc je féparai avec la lime les par-
ties des alvéoles qui les tenoient unies
enfemble. Par ce moyen j\'achevai d\'ô-
ter aifément la dent cariée ; ôc fa voî-
fine qui avoit été ébranlée, fut raffer-
mie de même qu\'elle l\'étoit auparavant.
Si je ne m\'étois pas avifé d\'avoir re-
cours à cet expédient, j\'aurois fait une
très-grande brèche à l\'os maxillaire fu~
périeur dans l\'endroit des alvéoles ,
aufîi-bien qu\'aux gencives, & déplus
j\'aurois ôté une bonne dent, qui n\'au-
roit pas manqué de fuivre la mau-
vaife.
5 4.8 XECHIRURGÎEÎÎ
Reflexion.
Il arrive tous les jours que Ton ren^
contre en ôtant une dent, de nouvel
les difficultez que l\'on ne peut pas pré-
voir. S\'il y a un moyen pour éviter le®
accidens qui peuvent les fuivre, c\'eft
d\'opérer avec prudence & fans précipi-
tation. Il faut ménager les premières
fecouffes que l\'on donne à une dent, ^
bien obferver ia réfiftance qu\'elle fai^
à ces premiers efforts, furtout être at\'
tentif à ce qui fe pafîe pendant ce tem®\'
là aux dents voifines. Si l\'on voit que
celles-ci s\'ébranlent, on doit inféref
de-là que ces dents fe touchent paf
quelque endroit. Si leur ébranlement
eft plus confidérable, il y a grande ap-
parence que les dents voifines fooe
unies entr\'elles, qu\'elles adhérent à la
cloifon mitoyenne, ou en quelqu\'aU-
tre partie de l\'alvéole : En tel cas, il
faut procéder de même qu\'on l\'a fait
remarquer dans cette Obfervation, Se
qu\'il eft plus amplement enfeigné page
194. chap. 14. de ce volume. Quand
on eft bien inftruit, circonfpea, avife
«3c ingénieux, on eft en état non-feule-
ment d\'éviter plufieurs accidens, niais
encore d\'inventer par la pratique, de
Dentiste. 349
Nouvelles manières d\'opérer, donc ie
Public peut retirer de grands avan-
tages.
V, o B s E RVAT ION.
Sur deux Dents unies far un
corps moyen.
En 1712, -un Archer de la IHaré-
chauflfée de Nantes, à qui ia deuxième
grofle dent moiaire du côté gauche de
îa mâchoire fapérieure caulbit beau-
Coup de douleur, s\'adreiïa à moi pour
la lui ôter. J\'examinai fa bouche, 6c
ayant trouvé cette dent gâtée, j\'en-
trepris de la tirer ; mais comme j\'ai
toujourseu la précaution de ne\'pas tirer
trop rapidement les dents que je dou-
te être adhérentes, je m\'apperçus en
ôtant cette dent, que la der niére mo-
laire fa voifine ne vouloir pas l\'aban-
donner , 6c qu\'elle la fuivoit : Je fuf-
pendis pour lors l\'extradion delapre-
npjére , croyant pouvoir la détacher de
la dernière avec la lime, ou autrement ;
ïiiais fon éloignement des autres ne
permettant pas de pouvoir la confer-
ver, je fus obligé de prendre le parti
de les ôter toutes deux. Je remarquai
Enfuite que l\'alvéole leur éioit aufii
IsChirurgien
întimemenc attaché qu\'il le pouvoit
être aux précédentes.
R E F L E X I O N.
Cette Obfervation nous fait voir
que l\'on doit être toujours circonfpe\'S
en étant les dents ; parce qu\'il s\'en ren-
contre , qui font très-forcement enga-
gées dans les alvéoles par la configura^
îion de leurs racines ; ce qui cauleroit
de grands éclats, fi l\'on n\'y prenoit
garde : Il s\'en rencontre encore d\'au-
tres qui fonc unies encr\'elles par leurs
racines, ou par leur corps, fans qU®
cette adhérence paroifle : Quelquefois
même les dents voifines font unies par
un corps moyen, c\'eft-à-dire, par quel-
ques portions des alvéoles, aufquelles
elles adhérent réciproquement : Dans
tous ces cas, fi l\'on peut reconnoitre
les adhérences , après avoir ébranlé
une dent, ayant que de loter tout-à-
fait , l\'attention & le ménagement que
Fon apportera , pourront fervir de
beaucoup à mieux réufîîr.
^ouze Obfervations fur les Dents
difformes & mal arrangées.
% des Dents inégales, gâtées & diffar-
mes , lefquelles après beaucoup de
foins, font devenues très-belles & très^
bonnes.
55Î
BN 172.3. M. Feydeau alors âgé
d\'environ quatorze ans, avoit les
^ents mal arrangées , très-inégales ,
minces & pointues à leur extrémité ,
Pilonnées, parfemées d\'une infinité de
petits trous & de taches noires, cou-
vertes d\'un grand nombre de tubérofi-
tez 6c comme hériflfées fur la furface
Extérieure de leur émail, & fes gen-
\'^ives étoient fort gonflées. Il avoit la
touche fi défagréabie, qu\'il ne fembloic
pas qu\'il eîàt des dents, ou du moins
ne paroilfoit les avoir que très-mau-
^aifes. Ce jeune homme faifoit fes étu-
des au Collège du Plelfis où je m\'étois
franfporté pour d\'autres perfonnes : Il
^e fut préfcnté par M. de Gaallon
L.
-ocr page 404-3 ie,Chirurgien ^
îre, fon Précepteur, pour fyavoîr s\'u
étoit poffible de remédier à fa bouche :
Ayant jetté les yeux fur fes dents, je
fus furpris au premier afped de les
voir dans un (i trifte état ; je penfa^
qu\'elles étoient toutes cariées & hofS
d\'état de pouvoir être confervées »
mais les ayant examinées de près, J^
jugeai que je pouvois y apporter beaU\'
coup de remède: Je dis à M. de Gaa^
Ion, & à ceux qui fe trouvèrent pré\'
fens, que j\'efpèrois. avec.le tems
rendre d\'une telle beauté, qu\'elles fui"
prendroient tous ceux qui les avoieH^^
vûës, & qui les voyoient dans cet état ••
Son Précepteur manda au père & à
mère de ce jeune homme ce que je
faifois efpérer à ce fujet: Ils ordonnè-
rent à leur fils de venir chez moi & às
fe mettre entre mes mains. Pour lor-^
je commençai par lui emporter le fù\'
perflu des gencives, & à en exprime"^
fuffifamment le fang pour les dégor\'
ger. Je lui nettéïai les dents, & les
limai fur toutes les furfaces, qui eii
avoient befoin, j\'arrangeai celles qui
étoient hors de rang avec les fils & 1»
lame d\'argent ; de manière qu\'ayant
opéré chaque jour, ou de deux jours
J\'un, aux dents de M. Feydeau, ï®
Dentiste. 355
les rendis en moins de deux mois tel-
les que je I\'avois afllu\'é ; ôc elles font
îtujourd\'hui aufTî belles & auffi bonnes
qu\'elles avoient paru auparavant dif-
formes Ôc mauvaifes.
Les dents de ce jeune homme n\'é-
toient devenues dans un fi mauvais
état, que parce que l\'on avoic négligé
d\'en avoir foin. Si on les avoit nettéiées
de bonne heure, le limon & les parties
des alimens n\'auroient pas fait de tel-
les impreffions fur leur émail, ni fur la
fubftance fpongieufe des gencives. Dif-
férant plus longtems à y apporter du
remède , il auroit été impoffible d\'opé-
rer avec fuccès ; les gencives même au-
roient été rongées & confumées, de fa-
çon que les dents auroient été ébran-
lées ôc comme détachées des gencives
& des alvéoles, & que la plûpart des
dents auroient péri par-là, & les autres
auroient été entièrement détruites par
la carie. Les reparations que je fis à la
bouche de ce jeune homme,. quoiqu\'un
peu tard , ont prévenu heureufement
tous ces fâcheux accidens, & ont fi
bien rétabli fes dents, qu\'à pein^ s ap-
perçoit-on qu\'elles ayent été gâtées.
Tms ^ g
354 E C H I R u E G î E 7C
II. O B S E RVAT I O N.
Sur des Dents mal arrangées ? ^ont
Pextrêmité du corps inclinoit
vers le palais.
En 1723. la fîlle de M. Rolland
Auditeur des Comptes, demeurant ^
Paris, âgée d\'environ quatorze ans,
avoit les dents latérales, ou moyen-
nes incifives de la mâchoire fupérk^\'
re confidérablement dérangées ; l\'e^"
trémité de leur corps inclinoit vers le
palais. Je commençai d\'abord par le®
réparer de leurs voifines, ce que je f ^
avec la lime, pour y donner un paf
fage libre : Cette opération me ferv\'i^
à les ramener & à les placer dans leUf
ordre & dans leur état naturel, en f
employant de plus le fecours du fil f
& celui de îa lame d\'argent : Par ces
Kioyens je parvins à les mettre en boi^
état en moins de trois femaines.
III. O B s E RVAT ION.
[/i peu prés femblable à la
précédente.
En la même année M. Dafîuarr âgé
d\'environ douze ans, fiJs de M. ie Mar-
D E N T I s T Ê. 5 ç
^^îs de Murs & petit-fils de M. le Pré-
vôt des Marchands de Paris, avoit les
^pux dents latérales, ou moyennes in-
l^\'fives, dérangées & très inclinées vers
I® palais ; je les arrangeai avec le fil &
^ lame d\'argent ; ce qui me réuffit par-
^\'tement bien, en cinq femaines de
^ems.
Concernant plufieurs Dents incifi-
ves dérangées & inclinées
en différens fens.
En la même année 1723. on ame-
chez moi le fils de M. de Verville
^^cuyer de la petite Ecurie du Roi.
^e jeune homme étoit âgé d\'environ
î^ix à douze ans : Il avoit deux dents
^\'^cifives de la mâchoire inférieure fort
^érangées Se inclinées du côté de la
\'^ngue, une troifiéme incifive de la
\'^ême mâchoire panchée & un peu
^^oifée fur l\'une des deux dents pré-
cédentes : Le dérangement de fes
\'^ents ne fe bornoit pas feulement
défordre & à la confufion de
belles de la mâchoire inférieure 3
^^ dents de la mâchoire fupérieu-
rs étoient aulTi mal arrangées que ctL
Ggi\'î
k.
-ocr page 408-lECHIRUTvCrSN- _ ,
les de l\'inférieure : La moyenne in^ï"
five du côté droit de cette machoir^
étoit inclinée vers le palais : L\'une de^
parties latérales de la grande incifi^^
étoit un peu tournée en dehors, ^
l\'autre partie latérale de cette
dent étoit tournée en dedans : ^^
rétablis parfaitement toutes ces
dérangées; ce qui me réuffit en qui^\'
ze jours par le moyen de fept app^\'\'
cations de fil, fans employer auc^\'^
autre fecours.
Depuis peu j ai encore arrangé
dents du fils de M. de Pleurre Confeil\'
ier au Parlement de Paris. Ce jeuï\'^
Monfieur âgé d\'environ douze ac^/^
avoit toutes les denrs incifives cofli\'"
dérablement dérangées & difform^^ \'
L\'extrémité des unes inclinoit en de\'
dans, l\'extrémité des autres inclin^\'^
en dehors ; ce qui lui rendoit la bouch^
très-défagréable & défedueufe.. Apf^^
les avoir nettéïées, égalifées & fép^t \'
lées avec îa lime, je les lui arrangeai
par i\'ufage des fils ; ce qui m\'a parfaJ"
tement bien réuffi en m^ns de fix
maines.
Peu de tems après Madame Joly
Fleury époufe de M. le Procureur ge-
péraî au Pai-Iement de Paris, m\'envo)\'^\'
Dentist E.- 557
Couvent des Religieufes de Lieffe,
près la barrière de Sève, pour vifiteir
la bouche de Mademoifelle fa fille,
%ée d\'environ quatorze à quinze ans,
^ qui pour lors étoit en penfion dans ce
Couvent : Je trouvai fes dents inciii-
Ves ôc canines très en défordre, dé-
rangées ôc inégales en longueur, fil-
lonnées Ôc parfemées d\'un grand nom-
bre de taches ; les unes fe portant pat
leur extrémité, en dedans , & les au-
tres exceffivement en dehors : Je re-
médiai à tous ces accidens de même
que je viens de l\'enfeigner, & j\'eus
grand foin de les féparer fuffifamment,,
pour qu\'il me fût plus facile de les re-
drelïer & de les arranger; ce qui me
réuffit à merveille en douze applica--
tions de fils de foye.
V. O B S E RVAT I O N.
•Sur la fraBure d\'une grande Dent
incifive à fon extrémité infé-
rieure ^ & fur celle de la moy en-
ne incifive voifine , qui étoit
cajfée entièrement.
Au mois de Janvier 1727. îe fils de
M. le Préfident Amelot de Gournay,
ie Chirurgien\' ^
âgé de treize ans, tomba fur une pief-
re, il fe cafla une portion alTez conlj-
dérabie de l\'extrémité inférieure de la
grande dent incifive du côté gauche de
ia mâchoire fupérieure, & fe rornpf-
entièrement la moyenne dent incifiv®
voiiîne, de manière qu\'il n\'en reçoit
plus que la racine. Ce jeune homu^®
fut amené chez moi ; je lui tirai cette
racine , & j\'approchai la dent canine
& la première petite molaire vers le
grand intervale que la dent calfée en-
tièrement avoit laiJTè ; j\'approchai de
même les trois autres dents incifives i
de façon que cet intervale efl; fi bien
rempfi, qu\'il ne paroît pas aujourd\'hui
qu\'il ait perdu une dent au devant de
la bouche. Cette opération m\'a réuflî
par le moyen des fils que je mettois de
deux jours l\'un , & cela pendant i\'ef-
pace de cinq femaines : Après quoi j\'ai
limé les dents trop longues , ainfi que
la dent calfée à fon extrémité ; de ma-
îîiére qu\'il ne paroît prefque pas que
cette denc ait été fracturée.
■Dentiste.
VI. o B s E RVAT 1 O N.
^ur des Dents mal arrangées &
très-difformes ^ par laquelle m
reconnoîtra la poffibilïté de re-
dreffer & replacer avec le pé-
\' lican , ces fortes de Dents dans
leur état naturel.
3f9
En 1712. l\'époufe de M. Maziére^
&lors premier Commis de M. de la Ser-
re , Diredear des Aydes & Gabelles à
Angers, demeurant à Paris, rue du
Renard , m\'envoya Mademoifelle fa
fille , pour lors âgée d\'environ onze
ans, à préfent Religieufe dans le Cou-
Vent des Filles-Dieu, rue S. Denis.
Cette jeune Demoifelle avoit deux
dents au-devant de la bouche & du
côté droit de la mâchoire fupérieure y
fort mal arrangées & inclinées en de-
dans du côté du palais- Pour arranger
Ces deux dents, je me fervis du péli-
can , ?e les dreflai & les mis dans leur
^lace naturelle, fans lui faire fouffrir
\'»eaucoup de douleur. J\'affujettis ces
deux dents avec du fil à l\'ordinaire ,
Pour les maintenir en place, & pour
^■viter que le reflTort de l\'alvéole 6c des
35o ie chirurgien ^^^
gencives ne les renversât de nouve^i _
Je réuffis fi bien,qu\'il ne paroît en auc
ne manière qu\'elle ait eu les dents ^
formes.Huit jours après j\'ôtai le ni,
les dents de cette Demoifelle
bien affermies <Sc bien arrangées. ^ ^^^
fonne n\'avoir confeillè à Madanie ^
mère de faire faire cette opération ^
fa fille ; ce qui n\'empêcha pas que cet^
te Dame ne fe déterminât à
l\'envoyer, à Pinfçû de plufieurs
mes qui étoient chez elle, lefqueU^^
furent agréablement furprifes
changement fi promt & fi avantS-"
R E F L E X I O N.
La Chirurgie n\'a point d\'opération/
donc le fuccès fuive l\'exécution de
près, lorfque le Dentifte eft adroit ?
ingénieux & expérimenté. Eft-il quel\'
tion d\'ôter les corps étrangers qui s\'at-\'
tachent & s\'unifient très-fortement
aux dents, de les nettéïer & blanchir,
il ne faut que le tenis d\'opérer, poU^
mettre les dents dans un fi bon état f
qu\'elles femblent avoir été renouvel"
lées. S\'agit-il de limer les dents, poUf
les féparer les unes des autres, ou pou^
leur donner une forme convenable f
i\'opémïof^
-ocr page 413-^ _ D E N T I s T
1 operation finie, elles ne font pas re-
tonnoililtbles, ôc paroifTenc beaucoup
plus uniformes & plus régulières
Qu\'elles n\'étoient auparavant ? Com-
bien de fois arrive-t\'il que l\'on délivre
lur le champ ceux qui font tourmen-
tez de violences douleurs de dents,
• par des opérations promtes & aflurées ?
Les dents font-elles mal placées , ren-
dent-elles par-là une bouche défedueu-
fe, vilaine & infupportable aux yeux,
on n\'a qu\'à fouhaiter de fe défaire de
cette difformité, recourir à un habile
Dentifte, fc confier à lui & le laiflTer
faire ; l\'arrangement des dents change-
fa de telle maniéré, qu\'on aura le plaifir
de furprendre ceux qui ne feront pas
accoutumez à voir ces petits prodiges
de l\'art. C\'eft ce qui arriva à cette
Compagnie que Mademoifelle Maziére
fut rejoindre deux heures après que
j\'eus redrelfé fes dents.
II
Tome L
-ocr page 414-IE ChIRURGÏEM
VIL o B s E RYAT I O N.
Sur des Dems difformes &
arrangées 3 par laquelle on veï^
ta comment fe produit le de"
rangement des Dents ^ corrh
ment on répare cette diffor-:
mité*
M. de Crcfpydela Mabiliére, de-
meurant à Angers, n\'ayant jamais vou-
lu confentir dans fon bas âge, qu\'ofl
lui ôtât les dents de lait qui s\'oppofoient
à la fortie des fécondés dents incifives
& canines, fa répugnance fut caufe que
fes dents de lait relièrent trop long-
tems en place, èc que les fécondes
dents incifives & canines vinrent
hors de rang , & lui rendirent la bou-
che très-difforme. Ses parens & feS
amis lui ayant fait faire attention auJf
conféquences de cette difformité, il fe
réfolut de fe faire ôter celles qu\'on ne
pourroit lui conferver : Ce ne fut qu\'à
l\'âge de vingt-deux ans qu\'il fe déter-
mina entièrement à cette opération.
J\'avois l\'honneur d\'être connu & aime
de lui & de fa famille ; je fus mandé en
Fa^anée iCcjô. pour rétablir fes dents
D E N T I s T E. iC^
«ans leur ordre naturel. J\'examinai
avec attention l\'état de fes dents, que
]e trouvai dans un grand dérangement,
& ne pouvoir être arrangées lans en
Oter quelqu\'une : Je commençai par
Oter les dents canines , tant de la
înachoire inférieure, que de la fupé-
îieure, qui s\'oppofoienc à l\'arrange-
lïienc naturel des autres dents : J\'en
ôtai trois d\'une grofléur & d\'une Ion.
gueur fi confidérables, qu\'elles fe por^
toient exceffivement au dehors de la
bouche, tandis que la plûpart des in-
cifives étoient panchées du côté de la
îangue, <Sc croifées les unes fur les au-
tres derrière les canines. Après que
4 eus Oté ces trois dents, j\'ébranlai avec
le pélican les incifives dérangées, pour
les ramener, ôc les arranger ainfi les
Unes après les autres, dans le même
ordre qu\'elles doivent être naturelle-
ment : Après quoi je me fervis de leurs
Voifines pour aflujettir les dents que
javois redreifées , par le moyen duli!
Ciré , que je laiiïài environ quinze
jours ; après lequel tems , ayant ôté ce
«1, ces dents fe trouvèrent fi bien raf-
fermies & fi bien arrangées, qu\'il ne
paroît pas aujourd\'hui que les dents en
queftionayent jamais été difformes Les
le CHIRURGIËÎ?
Sconftancesquilyaaobferverp^
raffermir les dencs, feront lapportees
au chapitre tom,
reflexion.
On ne fçauroit prendre affez de pre-
€aution,pour empêcher ledérangemeii
des dents, prefque toujours cauie pa
l\'obftacle que forment les premierej»
dencs, à la fortie des fécondés. Lori-
que les premières dencs ne tombeur
pas, les fécondés ne trouvant pas
la place vuide , au lieu de percer en
■ ligne direde , percent obliquement:
On les voit paroître à travers les gen-
cives tantôt en dedans, tantôt en
dehors, tandis que les dents de l^t le
mainciennenc dans leur ecat : C ei
dans ce cems-là qu\'il ne faut pas man-
quer d\'ôter les premières dents, pour
leur faire céder la place, qu\'elles ne
céderoient pas autrement aux iecon-
des. Si l\'on ne procède pas amii, »
arrivera qu\'elles feront la caufe que.
les fécondés dents feront panchees ,
de-là il arrivera que les unes & les au-
tres feront confufément placées, 1««
unes panchantes en dedans, & les au-
tres en dehors ; ce qui rendra la bou-
jhe diffoirae. Oa ne pourra reme^iieî ,
-ocr page 417-D E N T ï s T
à cet inconvénient, qu\'en ôtant quel-
quefois certaines dents, qu\'en redref-
fant & raffermiifant les autres. Plus on
attendra, plus cette opération fera dif-
ficile , ôc plus longtems on aura le mal-
heur de fouffrir ôc de déplaire. On n\'i-
gnore plus à préfent la poffibilité de
cette opération , ni le bon fuccès\' qui
l\'accompagne.
y 111. o B s E RVAT I O N.
Sur deux Dents incifives ma!
arrangées.
En 1719. Madame Oneii, demeu-
rant à Saint Germain en Laye, amena
thez moi Mademoifelle fa fille âgée de
dix ou douze ans. Cette Deraoilelle
avoit les deux moyennes incifives de
la mâchoire fupérieure confidérable-
ment dérangées. Je les redrelfai avec
mon pélican, ôc les remis dans leur état
naturel, en préfence de Madame famé-
re ôc de l\'époufe de M. Duval Chirur-
gien-Juré à Paris : Enfuite je les atta-
chai avec du fil, que j\'ôtai quelques
jours après. Les dents de cette jeune
Demoifelle font reliées parfaitement
bien raflfermies, & fi bien arrangées qu\'il
•ne paroît nullement qu\'elles ayant ete
H h nj
-ocr page 418-^ le Chirurgien
jamais autrement. Elles n\'étoient hors
de rang, que parce qu\'on avoit attend»
trop tard à ôter les dents de lait.
IX. o B s E RVAT 1 0 N.
Sur une Dent qui paroijfoit fitué^
au palais, laquelle fut placée
au rang des autres*
La même année 171M. de la Bar-
re âgé d\'environ trente ans, ayant
dent canine du côté droit de la mâ-
choire fupérieure placée vers le palais»
Si cette dent ie faifant paroître com-
me ébréché, il me pria de la lui arran-
ger , ce que je fis avec le pélican, &
l\'affujettis fi promtement avec le B #
que j\'eus beaucoup de peine à lui per-
fuader que cette dent redreifée étoit la
même qui fe recourboit auparavant
vers fon palais : Il me foutenoit tou-
jours que je lui en avois mis une pofii-
che ; fon opiniâtreté alla fi loin,
nous nous fâchâmes tous deux. Jepen-
fai me repentir cette fois d\'avoir fi bien
réuffi. Il ne pût fe perfuaderde l\'exi-
ftence de cette dent, qu\'au bout de
huit jours, que j\'ôtai le fil, & qu\'il vit
fa dent fi bien raffermie, qu\'il ne dif-
I) E N T ï s T E.-
Convint plus que ce ne fût fa dent na-
turelle.
X. o B s E RVAT ï O N,
^ peu près femblable à h
précédente.
La même année Mademoiffelle Ma-
fie-Anne Renoult, nièce de M. Du-
chemin, Comédien ordinaire du Roi,
ayant une femblable dent placée de
même que l\'étoit celle dont nous ve-
nons de parler , vint chez moi pour fe
îa faire arranger; ce que je fis dans le
moment avec le pélican. J\'employai
les mêmes moyens dont je m\'étois fer-
Vi pour arranger celle de M. de la Bar-
re; ce qui me réuffit de même.
RE FLEXION.
L\'on voit par ces cinq Obfervations,
qu\'il efl; fouvent fort aifé de redrefîèr
certaines dents, pourvû néanmoins que
l\'on foit muni des inftrumens conve-
nables , qu\'on les fçache bien manier,
^ que l\'on obferve toutes les circonf-
tances qu\'on rapportera au chapitre 8.
tom. z. où l\'on verra qu\'il fe trouve
des dents, qui ne font pas fi faciles à
redreffer, <3c qu\'il yen a d\'autres qu\'il
5<î§ XE Chirurgien
ne faut point entreprendre de redref-
fer ; parce qu\'il fe rencontre quelque-
fois en celles-là des difficultez infur-
Hiontables.
Çoncernant des Dents mal arran-
gées & très-difformes.
En 1719. M. l\'Abbé Morin àe
Chartres en Beauffe, âgé d\'environ
vingt-deux ans, ayant les dents canine-\'
& les incifives très-dérangées & très-
difformes , fut voir à ce fujet plufieurs
de mes confrères, pour fçavoir d\'eux
s\'il étoit poffible de les lui arranger-
Quelques-uns trouvèrent la chofe fi
difficile, qu\'ils lui confeillerent de n\'en
rien faire : Le hazard voulut qu\'il vinî
chez moi, dans le tems qu\'il\'s\'y ren^
contra un de mes confrères : Nous exa^
minâmes tous deux fa bouche avec
beaucoup d\'attention. Comme ce Den-
tifte étoit mon ancien, ôc que je le
croyoïs plus expérimenté que moi, je
le priai de me donner fon avis fur la
méthode qu\'il faîoit fuivre pour
réuffir dans un cas femblable : Soit
qu\'il ne voulût pas m\'inftruire , ou
qu\'il ne fût pas en état de m\'ai-
^sr de fon confeil, il ne me répondit
P^s comme je l\'aurois fouhaité ; ce qui
^\'obligea de lui dire, que j\'efpéroïs
\'î\'ie dans trois ou quatre jours les dents
îj? ce Monfieur feroient parfaitement
"\'en arrangées. Ce Dentille ignoroiî
^^e cela fe pût faire fi promtement.
bout de ce tems, fa curiofité l\'o-
" de revenir chez moi, & il fut
|out étonné de voir les dents de M,
l\'Abbé Morin parfaitement bien ^ ar-
\'"^ngées : Il refta pour lors convaincu
^e la vérité de ce que je lui avois
^^ancé.
Les chofes les plus aifées à exécuter,
Piroifleht impraticables à ceux qui ne
pas fuflSfamment inftruits. Tous
l^s jours nous voyons des exemples qui
^^pnfirment cette vérité. Ce que l\'un
pour impofllble, eft facilement
Exécuté par un autre. M. l\'Abbé Mo-
a fait cette heureufe expérience par
l^i-même. S\'il s\'en étoit tenu au fenti-
\'^ent de plufieurs Dentiftes, fes den«
^®roient encore difformes & hors d\'é-
de bien exécuter toutes leurs fonc-
tions.
^^ CHIRURGIES-
XII. O B s E RVAT ION.
Sur une Dent incifive dérangée
redrejfée en très-peu de terrfS
avec le pélican.
Il y a plufieurs années querepoT^^"^
de M. GolTet Corredeur des Compt«^\'
qui demeure rue Bourlabbé, ro\'ay^^^
mandé pour examiner les dents de Ma-
demoifelle fa fille, alors âgée de doU\'^®
ans , je trouvai que cette Demoifti^^
avoit la moyenne dent incifive du cf
té gauche de la mâchoire fupérieur^
fort dérangée & inclinée vers le palais\'
Madame fa mére me demanda s\'il étoi*^
poffible dé donner à cette dent fon ai"\'
rangement naturel. éç d\'dter par
moyen la difformité qu\'elle caufoit 3-
la bouche delà jeune Demôifelle•
répondis que je le pouvois faire facile\'
ment dans huit ou dix jours de tenis,
par le moyen des fils; pourvû qu\'el\'-^
envoyât Mademoifelle fa fille tous le®
jours chez moi ; mais comme différent
maîtres d\'exercices fe trouvoient cha\'
que jour chez elle à certaines heures
pour l\'infîruire, ma propofition ne fti\':^
point acceptée, parce qu\'on ne vouloir
pas l\'en détourner ; Cela m\'obligea d«?
D E n t i s t ê.
^^ dire que fi elle fouhaitoit, je pla-
^^ifois cette dent dérangée dans fon
naturel en quelques minutes.
Surprife du peu de tems que je de-
^^ndois pour exécuter cette opération^
confentit fans balancer que j\'opé-
JCe fur le chauip. Je commençai pat
\' Tarer avec la lime la dent dérangéé,
^^tce qu\'elle étoit fort preflTee par fes
Voifines.
qui avoient un peu dimi-
J^é l\'efpace que la dent dérangée
"^^Voit occuper. Cela fait, je redrelfai
"^^tte dent avec mon pélican, Se la re-
dans fon arrangement naturel ,
je l\'ayois propofé ; ce qui éton-
beaucoup cette Dame, Madame fa
Sr
6c plufieurs autres perfonnes qui
trouvèrent préfentes, 6c qui me di-
j^nt, qu\'elles avoient fouvent vû re-
^i"elfer 6c arranger des dents par feu
Carmeline 6c par plufieurs autres ;
^ïiais que ce n\'avoit jamais été par une
^\'éthode femblable 6c en fi peu de
; ^\'^ms. Si-tôt que j\'eus mis cette dent
I ^^ rang des autres, je raffujettis aux
^ents voifines par le moyen d\'un fii
! \'■\'ommun que j\'y laiiïài huit jours ; &
Pendant ce tems-là je fis rinfer la bou-
de la Demoifelle quatre à cinq fois
jour avec l\'eau ferrée mêlée avec
37Ï
57-2 ie Chirurgién-
moitié d\'eau vulnéraire. Cette dent
s\'eft fi bien raffermie , qu\'il ne paroît
pas qu\'elle ait été jamais dérangée de
îa fituation naturelle.
Obfervation par laqtfflk on
connoîtra la vraie luxation à\'^\'
ne dent, & quelles furent
adhérences qui furvinrent
conféquence.
I E 15. Janvier 172^. Jeanne Va-
urien femme du nommé Jean Hue^^
«ït la Garenne, Soldat aux Garde«
pâaçoifes , Compagnie deM.de Vi-
le, demeurant Fauxbourg S. Germaiir?
rue de la Corne, amena chez moi Ca-
therine Huec fa fille, âgée d\'environ
neuf ans : Elle étoit très-tourmenrée
des douleurs qu\'elle fouffroit à la bou-
che, occafionnées par la luxation coni\'
plette d\'une petite molaire du côte
gauche de la mâchoire inférieure: J\'e-
xaminai la bouche de cette enfant;
j obfervai que cette dent étoit entiére-
rement hors de fon alvéole, Se renver-
de celle façon entre les deux dents
^ifines, que l\'extrémité de fon corps
^^lichoit la langue ; que fon colet &
Wrtie de fa racine étoient recouverts
gencive; que l\'extrémité de fa
^cine avoit percé & lardé la gencive,
. perçoit Se lardoit encore la furface
^\'^t^érieure de la lèvre inférieure près le
J^tïimencement de la joue. Il ne me
pas difficile d\'emporter cette dent,
„■^ la pinçant par fon corps, & je le
„^ lans violence. Après que cef te dent
ôtée, j\'examinai l\'endroit ou elle
^toit logée depuis longtems. Je trou-
ai l\'alvéole aflailfé, les gencives dé-
sirées 6c ulcérées en divers endroits,
^ même la gencive extérieure fe ren-
contra fortemenc adhérente à la lé-
^^^ ; ce qui m\'obligea de couper cette
. ^liérence avec un biftouri : Je fis laver
^ bouche de cette enfant avec de l\'o-
^i^rat, 6c pour empêcher que la gen-
I^JVe ne fe réunît de nouveau avec la
dans l\'endroit où l\'ulcération
^ciproque de la furface de la gencive
.c^lle de la jouë fe rencontroienc, je
entre la lèvre 6c la gencive, un peu
^^^ linge trempé dans le miel rofat. La
fut panfée de même foir 6c ma-
J 6c guérie en très-peu de jours. Lç
374 I. E C I-II R u R G I E N
déplacement de cette dent dépendoi
d\'une caufe intérieure : Si i\'alveo^
n\'avoit pas été effacé , j\'aurois ten-
té d\'y replacer cette dent, qui
ieurs n\'étoit nullement cariée ;
l\'alvéoie étant rempli, il n\'étoit
polTible d\'entreprendre ce refflpf\'
cement, fuppofé qu\'elle n\'eût pas
dent de lait.
Cette dent ne s\'étoit ainfi déplac®®^
qu\'en conféquence d\'une caufe ^
rieure : Les lues qui abreuvent la
cive & la membrane qui envelopp" .
dent, étant devenus corrolifs, avoi^
pour ainfi dire, diiîéqué la gencive
léparé la dent de l\'alvéole ; de te-*^
façon que ia dent venant à ie débc^\'
ter, inclina vers la langue. Se pe^^
par fes racines la gencive extérie\'^\'\'^\'
Cette dent reliant placée dans cet"^®
fituation, fut recouverte des gencive!"»
incommoda la langue par l\'extrênii\'^^
de fon corps, & ulcéra la jouë par l\'e^\'
trêmité de fes racines ; ce qui occ^^"
fionna l\'adhérence qui s\'étoit fori^e®
entre la gencive «Se la jouë. Si
avoit négligé plus longtems de l\'ôter»
elle auroit ulcéré la langue,
Dentiste.
^cafion aux gencives de s\'ulcérer da-
antage^ & aux chairs excroilTantes
formées à fon occafion, d\'acqué-
un plus grand volume. D\'où nous
^^Vons conclurre, que lorfqu\'on trou-
® des dents ainfi déboîtées, il ne faut
différer à les ôter, en procédant
p même que je l\'ai fait en cette occa-
"on. Par cette méthode , on fera
^^rtain de délivrer entièrement la per-
à laquelle il fera arrivé un pareil
Accident.
CHAPITRE XXX,
^^nq Obfervations fur les Dents
remifes dans leurs mêmes al-
véoles , ou tranfplantées dans
une bouche étrangère.
une Dent cariée, otée & remife dans
[on même alvéole, laquelle Dent reprit
fort heureufement.
P N ijzi. je remis en cette Ville
une dent incifive de la mâchoire
^•^^erieure à M. le Fort, duquel je ne
ni la qualité, ni la demeure. Cçttc
37^ IE CHIRURGrEîT
dent étoic reftée iiir ma table près d\'un
qaart-d\'heure après avoir été ôtèe,
avant que je la lui remiffe; cependant
elle s\'eft fi bien réunie & raffermie dans
fon même alvéole, qu elle eft encore au-
jourd\'hui auffi ftable qu\'elle l\'étoic au-
paravant , quoiqu\'elle fût cariée. J^
m\'étois propofé de la plomber ; mais
ne caufanc pas de douleur, ce M^i^\'
fieur a négligé de me venir voir.
puis peu de tems l\'ayant rencontré pl^^\'
fleurs fois, je n\'ai pas manqué d\'e^^\'
miner dans quel état étoit cette den^,\'
je l\'ai trouvée dans celui où elle éto^\'^
avant l\'opération.
II. O B s E RVAT I O N.
A peu pm femblable à
précédente.
Le Io. Avril 172 5. la filîe aînée à^
M. Tribuoc Fadeur d\'Orgues du V^f
vint chez moi : Elle écoic actaquée à\'^\'
ne grande douleur caufée par unecarl\'^
de la premiere petite denc molaire
côté droit de la mâchoire fupérieure\'.
Cette Demoifelle balança fur le
qu\'elle avoit à prendre ; elle fouhairo«\'^
de fe faire ôter fa dent, pour fe
Dentiste. 577
^\'fer de la douleur qu\'elle rouffroit
^lais elle avoit beaucoup de peine à s\'y
\'"éfoudre, par rapport à la difformité
qu\'auroit caufé la perte de cette dent ;
^e qui l\'engagea à me demander, s\'il
^étoit pas poffible de la lui remettre,,
^près l\'avoir ôtée , comme je l\'avois
fait à fa fœur cadette.
Je lui répondis que cela pouvoir fe
faire aifément ; pourvu néanmoins que
Cette dent pût être ôtée fans fe caffer,
fans faire éclater quelques portions de
^\'alvéole, 5c fans faire quelque déchire-
ment confidérable à la gencive. Pour
Ws elle fe détermina entièrement. Je
lui ôtai avec tant de précaution &
fi heureufement, qu\'elle ne fut nulle-
ment caffée, ôc que l\'alvéole 6c les
gencives ne furent point offenfées; ce
"îui m\'engagea à remettre fur ie champ
Cette dent cariée dans fon alvéole.
Ainfi je lui fis occuper la même pla-
ce qu\'elle rempliffoit auparavant : En-
fuit; l\'eus foin de l\'attacher aux dents
Voifines avec un fil commun, & defy
^Ifujettir pendant quelques jours.
Elle s\'eft fi bien raffermie, qu\'ii ne
paroît pas qu elle ait été tirée de fon
alvéole, & qu\'on l\'y ait rem;fe. Elle
caufa feulement quelques douleurs pen-
Tome L I i
ie chirurgien
dant deux jours après avoir été renii-
fe; ce qui pouvoir procéder de quel-
que irritation dont fe reflentoit la mem-
brane qui tapiffe l\'alvéole : Peut-être
que cette douleur pouvoir encore être
produite par la compreffion que la ra-
cine de la dent faifoit contre quelques
petits lambeaux , ou quelque petite
portion de cette même membrane-
Quoi qu\'il en foit, ce remplacement
a réuffi, fans qu\'il foit arrivé aucun au-
tre accident, & la dent fait fa fonc-
tion accoutumée comme les autres •
JElle efl infenfible, & j\'ai plombé fon
trou carié, pour la mieux conferver.
11 î. O B s E RVAT ION.
Sur une dent cariée otée de fon
alvéole, & remife avec fuccès.
Le 29. Avril 1727. Mademoifelle
de la Koche, Gouvernante des enfans
de M. de Lamoignon de Blanc-Mefnil
Préfident à Morticr,demeurant à l\'Hô-
tel d^ Lamoignon, rué Pavée au Ma-
rais âgée de trente ans, vint chez moi
}30ur fe délivrer d\'une douleur occa-
fionnée par la première petite dent mo-
laire du côté droit de la mâchoire fu-
périeure, cariée à fa partie latérale &
A
-ocr page 431-Dentiste.
poftérieure. Ayant examiné cette ca-
rie, je dis à cette Demoifelle qu\'il n\'y
avoit point d\'autre moyen pour la gué-
tir , que de tirer cette dent : Mais com-
me elle avoit toutes les autres dents
fort belles & fort faines, & qu\'il lui
étoit fâcheux de perdre celle-ci, par la
difformité que fon extradion auroit fai-
te à fa bouche, je lui dis que fi je pou-
Vois ôter cette dent fans la rompre &
fans caufer trop de déchirement à l\'al-
véole & à la gencive, il me feroit ai-
fé de la lui remettre & de la bien af-
fermir : A quoi ayant confenti, je tirai
cette dent cariée, Se la remis dans le
moment dans fon même alvéole ; je l\'at-
fujettis aux dents voifmes avec un fil ,
ôc je fis rinfer la bouche de cette De-
moifelle cinq à fix fois le jour avec une
lotion faite d\'une chopine de vin rou-
ge ferré, une once de miel rofat &
Une bonne cueillerée de mon flyptique
aflringent , le tout mêlé enfemble.
Le douzième jour j\'ôtai la ligature de
fil qui avoit fervi à afTuiettir cette
dent, qui fe trouva très bien raffermie-
Quelque tems après^j\'en ai nettéïé le
trou carié & je l\'ai plombée : Depuis ce
teras4à elle n\'a caufé aucune douleur, &
elle fert de même que les autres dents,
lui
-ocr page 432-3 8o 1 E C H I R u R G ï E N _
J\'ai fait dans la fuite une femblabis
operation a une Demoifelle de l\'âge
d\'environ vingt-trois ans, & \'e pui®
aflurer qu\'elle m\'a encore mieux reuH^
que la précédente.
I V. o B s E RVAT I O N.
Sur une Dem faine 3 qui fut ête^
par la faute de îa malade ^
promtement remfe avec fuccè^
dans fon même alvéole ,fans
que la malade s\'en apperçût.
En 1722. la fille cadette du méin^
M. Tribuot donc j\'ai parié, alors âgee
d\'environ dix-huit ans, vint chez nioi
pour fe faire tirer la deuxième petite
molaire du côté droit de la mâchoire
inférieure. Cette dent étant cariée, lu^
caufoit des douleurs infupportable^.
La jeune perfonne qui les fouffroic,
appréliendoit tellement de fe la faire
Oter, qu\'elle eut toutes les peines du
monde à s\'y déterminer. Cette dent
étoit très-petite, extrêmement appla-
tie par fes parties latérales, & fort fer-
rée entre les autres dents. Ces circon-
fiances m\'obligèrent de me fervir d\'une
des branches du pélican la plus étroite^
A
-ocr page 433-J> E M T I s r E. jSr
pus capable depafler librement entre
deux dents voifines, pour ne pas
intérelTer, en tirant celle qu\'il s\'a-
Silïbit d\'ôter. J\'avertis cette jeune per-
^®nne que cette dent n\'étoit pas des
Mus aifées à tirer ; qu\'elle devoit
tranquiUifer, & bien prendre garde
^ ne pas remuer fa tête, ni porter fes
^ains fur les miennes ; ce qu\'elle fai-
^ît, lorfque j\'introduifois l\'iiiftrument
fa boucke ; que c\'étoit m\'expofer à
\'Manquer fa dent, ou de s\'en faire tirer
autre; quej\'aimois mieux ne pas
.entreprendre que de rifquer un tel
\'•^convénient. Elle me promit d\'obfer-
^\'er ce que je lui demandois ; mais lorf-
^\'Je j\'eus porté î\'inflrument fur fa dent,
^ que je voulus donner le mouvement
poignet pour l\'ôter, fa crainte l\'en-
S^gea à me faifir le bras avec force, à
I^Urner ôc retirer fa tête ; ce qui lit que
^f^ftruraent glilfa malgré moi fur la
Petite molaire fa voifine, & qu\'il l\'em-
P^i\'ta. Je ne me déconc rtai pointy
Jf redoublai dans le moment mon coup
" ? main , ôc j\'ôtai auffi celle qu\'il s\'a-
Eîfloit d\'ôter. Cela fit croire à cette
l^^rfonne que cette dent avoit étéman-
la première fois. Je lui Fên:iis
^^^ititement la denc faine que je te-
382 XE Chirurgien"
nois dans ma main, fans néanmoins
lui dire pour lors qu\'elle avoit été en\'
tiérement tirée j je lui fis croire qu el-
le n\'étoic qu\'ébranlée, J\'affujettis cette
dent à fa voifine par le moyen d\'un n^
ciré, & après que ce fil eue refté finie
à dix jours, elle fe trouva fi bien rai\'
fermie, làns avoir changé de couleur,
qu\'il ne paroît pas aujourd\'hui qu\'elle
ait été tirée de fon alvéole. Enviru^^
un an après, cette perfonne revint
chez moi fe faire accommoder le®
dents, je les limai de même que celle
que j\'avois ôtèe&remifedans fon mêf^^
alvéole , pour les rendre égales en Ion\'
gueur : Cette dent fe trouva aullî fet"\'
me & auffi fenfible, que fi elle n\'avoi^
jamais été tirée. Ce fut alors que je d^
à cette Demoifelle ce qui s\'étoit pafl\'é \'
elle me dit qu\'on lui avoit ôté la p^"
reille du côté gauche de la même n32\'
niére, fans que celui qui la lui avos^
ôtée eût pris la fage précaution de
remettre.
Quand par quelque accident on ot-^
une dent faine, il faut toujours la re\'
mettre le plus promtement qu\'il ei
poffible dans fon même alvéole,
plus fouvent elle s\'y raffermie.
Dentiste. 383
V. Observation singulière.
^ur la fenfibilité d\'une Dent étran-
gère J laquelle ayant été placée
dans une autre bouche 3 caufa
peu de tems après des douleurs
confidérable s.
En 1715. me trouvant à Angers^
M. de Romatet Capitaine dans le fé-
cond Bataillon de Bourbonnois, & à
préfent Lieutenant de Roi à Bayon-
vint chez moi, pour fe faire ôter
^ne dent canine du côté gauche de la
Mâchoire fupérieure : Cette dent étoit
^rès-gâtée ; Il me demanda s\'il n\'étoic
pas poffible d\'en remettre une autre
\'"écemment tirée d\'une autre bouche.
L\'ayant affuré que la chofe fe pouvoir,
envoya chercher fur le champ un
Soldat de fa Compagnie qu\'il avoit
\'^éja prévenu. J\'examinai ia pareille
^ent de ce Soldat, laquelle je trouvai
^î\'op large & trop épailfe fur la furfa-
ce intérieure. Néanmoins comme nous
^avions point à choifir, je fus obligé
m\'en fervir, me propofant de ia di^
^\'nuer avec la lime. Je tirai la dent
^^ ce Soldat, ie limai ce qu\'elle avoit
L.
-ocr page 436-384 le chirurgien ^
de trop en longueur & en epa-i\'
feur. Cela n\'ayant pû être exécute j
fans découvrir l\'intérieur de
de cette dent, je me propofai de ^^
remplir de plomb, fi-tôt que cette r^e^
me dent feroit raffermie dans
le où je la tranfplantai\': Elle fu-^^^^
mie douze à quinze jours après,
pour lôrs je la plombai : Cette
étrangère ne fut pas plutôt plombée >
qu\'il furvint une douleur infupportab
à M. de Romatet. Cette douleur d^
ra jufqu\'au lendemain , que je fus obu\'
gé de déplomber cette dent. Je nf
pouvois m\'imaginer qu\'une dent trafic\'
fèrée d\'une bouche dans une autre ?
fut fufceptibie de douleur, attendu
que le nerf & les membranes en avoie^^
été féparez; cependant lorfque j\'e^J®
ôté le plomb, la douleur ceffa dans le
moment, de même que fi je lui avo^®
ôté cette dent, laquelle lui a fervi aî^"
Çi que lès autres dents naturelles»
M. de Romatet étant venu à Par^
vers la fin de l\'année 172-?. m\'a affure,
en préfence de plufieurs Meffieurs d®\'
gnes de foi, que la dent que je Ip^
avois tranfplantèe, lui avoit duré
ans, & qu\'il l\'auroit encore, fi le corp^^
de cette dent ne s\'étoit point
Dentiste. 3 3 j
rompu par la carie que la décou-
verte de la cavité y avoit occafionnée,
& qu\'ayant voulu en faire ôter la raci-
ne par JM. de Grand-Champs à Bayon^
ne, il ne put lui ôter cette racine fans
ouvrir auparavant la gencive, ôz fans
lui caufer beaucoup de douleur.
R e f l e x i o n.
Que penfer de la douleur que M. de
Romatet a reffentie au fujet de cette
dent que je tranfplantai dans fa bou-
che , fi nous n\'admettons que quelques
filets nerveux de l\'alvéole ont trouvé
de certains conduits dans les racines de
cette dent, propres à les laifîer palfer
jufques dans la cavité, & à les rendre
capables par leur réunion de donner de
la fenfibilité à la dent.
On dira fans doute que les canaux
des dents, &; les vailfeaux qui y entrent,
font très-fins ; que les liqueurs qui
s\'infinuent dans les vaiflTeaux divifez,
ne tardent guéres à être coagulées par
l\'impreffion de l\'air qui les a touchées ;
& que cela doit être un obftacle à la
circulation des fucs de la dent. J\'avoue
que de telles difpofitions forment de
grandes difficultez ; mais lorfque l\'ef-
Tme Z, K k
I
L
-ocr page 438-pace du tems n\'eft pas conhderabie
ne faut point craindre que la reunion
manque de fe faire. Les liqueu^ q"»
viennent du côté de l\'alvéole, fuftiie^
pour furmonter ce même obftacle , ^
par ce moyen commercer de l\'alveoie
à la dent, Sc de la dent à l\'alvéole, »
peu près de même que fi ces parties
n\'avoient jamais été divifées. La reu^
nion Sc la diftribution des nerfs dans
une telle dent paroît très-certaine î
puifqu\'on remarque qu\'une dent fortie
de fon alvéole, qu\'on y remet, ^jj
qu\'on tranfplante fur le champ, ei\'^
quelquefois auffi fenfible à l\'adion de
îa lime, après qu\'elle eft reprife &: rai-
fermie, que celles qui font toujour«
reftées dans leur place naturelle.
Il peut encore arriver, que quoi-
qu\'une dent femblable à celle dont u
s\'agit, n\'ait point de liaifon avec les
parties fenlibles de l\'alvéole, le plomb
introduit dans fa cavité caufe la dou-
leur dont nous venons de parler, e^
ce que rempliflànt la cavité de la dent,
il empêche Tiftlie de la liqueur qui s\'è-
panchoit par les extrêmitez des tuyau*
rompus.; & il arrive de-là, que cette li-
queur devient un corps étranger, qui
pmprimanc les yaifteaux de toutes
Dentiste.
parts , produit cette douieur.
Cette liqueur arrêtée, s\'altérant par
fon féjour, &: agiffant fur les filets ner-
veux qu\'elle picote , caufe des divul-
fions qui font naître les douleurs
que l\'on refiént. Quoi qu\'il en foit, îa
douleur doit cefi"er lorfqu\'on a ôté le
plomb ; parce que la liqueur retenue,
ayant la liberté de fortir, ce qu\'il y
avoit d\'acre & de corrofif eft empor-
té par l\'ilfuë de cette même liqueur,
& par celle que fournirent les alimens
& la falive, laquelle s\'infinuant dans
la cavité de ia dent, en reflbrt de mê-
me, lave & déterge fuffifamment l\'en-
droit que la matière renferm.ée par le
plomb irritoit ; cela fufifit à la vérité
pour ôter la douleur , mais non pour
guérir la carie ; c\'eft pourquoi il faut
veiller à tôut ce qui fe palTe en pareil-
le occafion, <Sc tâcher de prendre fon
tems à propos, pour ruginer Se plom-
ber la denc de nouveau , de même
qu\'on le fait aux dents cariées qui ne
font pas remplacées , ou tranfplan-
tées.
On avoit crû, Se plufieurs croyent
encore , qu\'il n\'eft pas\'poffible que les
dents fe réuniffent Se Ce raffermif-
fent dans leurs alvéoles, lorfqu\'elles
588 le chirurgien^
en ont été entièrement féparées ; on
avoit encore plus de peine à concevoir,
qu\'une dent tranfplantèe dans une bou-
che étrangère, pût fe réunir s\'y rai-
fermir. ^
Certains Auteurs avoient confeiHe
de fuivre cette méthode, tandis qu®
d\'autres y étoient tout-à-fait oppoie^\'
Les heureux fuCcès que nous en ayons
vus, nous en prouvent inconteflable*
ment la polfibliité,
M. Mauquets fieur delà Motte Chi-
rurgien à Valognes, dans fon Traite
complet de Chirurgie, tom. i.Obret\'
vation deuxième, rapporte dans la re"
flexion qu\'il fait concernant cette deti"
xiéme Obfervation, ce qu\'il a reniât\'
qué à l\'occafion des dents ôtées 6c re-
mifes dans leurs mêmes alvéoles. Il faJ^
connoître d\'abord, qu\'il efl; très-pre\'
judiciable d\'ôter une dent qui n\'e^
point cariée, Se dont la douleur
dépend que de l\'irritation de la men:^\'
brane qui enveloppe fa racine. Il cofl\'
feille , fi l\'on a ôté une telle dent f
delà remettre promtement en fa pla"
ce. Il afllire qu\'elle s\'y reprend aife\'
mentpourvû néanmoins que dans
les premiers jours , on ait un grand-
foin de l\'y maintenir. Il dit en avoif
D e n t î s t 3S9
plufieurs expériences , entr\'au-^
^res fur un Gentilhomme de Valo-
ïnes , auquel on avoit arraché une
>elle dent qu\'il fe fit remettre à l\'inf-
ftant , laquelle reprit fa place, & fe
réunit parfaitement bien : Il efpéroit
que le petit nerf (]ui la reteiioit le
fond de l\'alvéole étant rompu , il ne
Jouffriroit plus de douleur dans la fuite ;
\'nais cependant il fut trompé dans fon
Attente ; puifque quelques années après
■ Ce gentilhomme en reffentit de fi cruel-
"îes, qu\'il fut obligé de prendre le parti
de fela faire arracher une fécondé fois :
Cela ne fut exécuté qu\'après pkifieurs
reprifes, & en entraînant une portion
de la mâchoire inférieure avec elle,
d\'où ii s\'enfuivit des douleurs outrées;
ce qui fait conclurre à M. de la Mot-
te , qu\'il n\'eft guéres de plaifirs fans
peine i cependant il confeille de pra-
tiquer îa même opération en pareil cas,
c\'eft-à-dire, de remettre une dent fai-
ne en fa place, lorfqu\'on l\'a ôtée par
inadvertance; parce que, dit-il, il y
a- tout lieu d\'efpérer que les fuites n\'en
feront pas également fâcheufes. Il affu-
ré qu\'il a vû que cette pratique a fou-
Vent réufîi.
Le mêms Auteur explique enfuite
Kkiij
1
-ocr page 442-IE Chirurgien
de cette façon le défordre qui arrn^
à l\'extradion de la dent de ce Gen-
tilhomme. La membrane , dit-il ,
» ayant foulTert quelque déperditioi^
* d\'une partie de fa fubftance, &
yj partie de l\'alvéole s\'en étant trouvée
dépouillée, la dent fe réunit à cette
>5 portion d\'os découvert qui ne fit pl^®
33 qu\'un corps avec elle ; ce qui fut caU\'
i>3 fe qu\'on ne pût arracher cette dent,
fans emporter une portion de
33 mâchoire, & ce qui arriveroit toU-
jours par la même raifon en cas p^"
reil ; mais comme elle n\'a lieu q^^
33 par hazard, cette réunion n\'eft points
à craindre. 39 Par ce raifonnemen^
cet Auteur nous fait concevoir, qn^
quand on remettra une dent qui fef^
revêtue d\'une membrane, ou quel\'ab
véole fera tapiffé de quelque membra-
ne , pour lors on ne doit point crain\'
dre, que l\'os de la dent fe réuniff®
avec celui de l\'alvéole ; parce qu\'il n\'/
aura que les membranes qui fe réuni-
ront entr\'elles, Se qu\'ainfi on pourra
t\'ôter une fécondé fois, fans craindre
d\'emporter aucune portion de l\'ai\'
véolè.
Les Obfervations que M. de la Mot-
te vient de nous communiquer à ce
Dentiste. jçf
fujet, confirment la poffibilité de re-
tnettre avec fuccès les dents dans leur
place & même celle de les tranfplan-
ter d\'une bouche dans une autre.
A la vérité elles ne réuffiffent pas
toutes ; & il s\'en trouve qui ne font
pas-de longue durée, par le défaut
d\'une juile proportion entre la figure
des racines de ces dents, & la eapaate
ou forme intérieure des alvéoles ou 1 oa
veut les placer.
CHAPITRE XXXI.
Deux Obfervations fur des Dents
qui furent enfoncées dans le fi-
nus maxillaire fupérieur droit
& dans r alvéole, en voulant
les
oter.
Sur me Dent qui fut enfoncée far un
Charlatan dans le finus maxilUire
fupérieur droit, & fur les fuites de
cet accident.
POUR faire fentir combien il eft
important de ne fe fier dans des
cas de conféquence qu\'à des perfonnes
^ Kkiiij
592 LE C h i r u r 6 ie n ^^
expérimentées, je rapporterai ici i\'etaî
fâcheux dans lequel îe trouva en l\'an\'
née 1720, M. Henri Amariton
de M. Amariton Ecuyer, Seigneur de
Beaurecœuii, Paroifîe de Nonette,
fur la rivière d Allier, près la vill®
d\'îffoire en la Limagne d Auvergne,
pour s\'être mis entre les mains d\'un
Charlatan. 11 s\'agiflbit d\'une dent ca-
nine qui l\'incommodoit beaucoup pa^
fon volume & par fa fituation. Elle
étoit fituée fur la furface intérieure de
îa première petite molaire du côté droit
de la mâchoire fupérieure, ôc elle in-
clinoit coriidérablement vers le palais.
L\'embarras & la peine que cette dent
caufoit à ce Monfieur le déterminèrent
à fc la faire ôter , & dans cette réfo-
lution, au commencement du Carême
de la m-ême année, il fe mit entre les
mains du nommé ia Roche Opérateur,
demeurant audit Nonette, qui le playa
de. la manière qu\'il jugea la plus con-
venable : Enfuite il appliqua une clef
percée fur l\'extrêniitè de la couronne
de la dent, puis il frapa à grands
coups avec une pierre fur cette clef:
Par cette manœuvre il enfonça la dent
prefque de travers dans le liinus ma-
xillaire fupérieur , de manière qu\'us
Dentiste.
ne la voyoit plus. Lorfque cette
dent eut ainfi difparu , cet empiri-
que alTura les affiftans. que le ma-
lade l\'avoit avalée : Cela paroiffok
affez vraifemblable , puifqu\'on avoit
cherché cette dent fans la pouvoir trou-
Ver. Quelque tems après le malade
fentit une douleur alfez grande en cet
endroit ; ce qui l\'obligea d\'envoyer
quérir M. Duver fon Médecin, lequel
trouva une petite tumeur dure, fans
inflammation, qui s\'étoit manifeftée
fur la jouë près du nez, & ayant exa-
miné le dedans de fa bouche, il y ap-
perçut trois trous fifluleux très-petits
qui donnoient palfage à une humeur
féreufe très-fœtide:Quelque tems après
il fe fit deux autres petits trous fiftuleux
fur la tumeur. Plufieurs confultations
furent faites à ce fujet, par les Chi-
rurgiens de la ville de Clermont, oil
le malade s\'étoit tranfporté, & à Pa-
ris , par Meilleurs Arnault {a) &. Pe-
tit. Ces derniers ayant examiné le mé-
moire qui contenoit le détail de la
maladie, reconnurent qu\'elle étoit af-
fez confidérable pour être traitée dans
les formes. Ils donnèrent leur fenti"
(a) Chirurg!ei!-Jnré à Paris, & aaciesi
Prévôî de fa Compagnie.
is Chirurgien
nienc, lequel fut envoyé à Clermont
Les Chirurgiens de cette Ville n\'ayant
pas entrepris la cure, foit que le cas
leur parût trop difficile, ou qu\'on n\'eût
pas alfez de confiance en eux, le ma*
lade dans le mois de Juillet de la mê-
me année vint à Paris ; il eut recours
aux mêmes Meneurs Arnault & Petit-
Ces deux Chirurgiens tirèrent bien-
tôt le malade d\'afïaire. Au bout de
dix à douze jours de panfement M«
Petit tira la dent heureufement j ee
qu\'il exécuta par une incifion qu\'il
avoit été obligé de faire à la tumeur,
qu\'il jugea occafionnée par l\'extrémi-
té de la racine de la dent. Ayant dé-
couvert cette racine, il la faifit avec
les pincettes droites, & tira la dent
entière. Enfin peu de^ jours après, le
malade fut guéri par les remèdes ordi-
naires, fans qu\'il ait eu le vifagedifTor
me en aucune manière, à peine a t\'on
pû connoître qu\'on lui ait fait une in-
cifion. Cette Obfervation m\'a été com"
muniquée par M. Amariton du Plai-
fir, parent de M. Amariton de Beau-
recœuil, auquel le cas que je viens de
rapporter eft arrivé, Se elle m\'a été
confirmée par M. Petit.
D\'une Dent enfoncée dans un
alvéole voifin.
Me trouvant à Angers en 1717. un
Cardeur de laine de la mênae ville, eut
le malheur d\'avoir un accident fembla-
ble à celui dont nous venons de parler;
à la différence près que la dent du Car-
deur de laine fut logée dans l\'àlyéole
d\'une dent voifine qui avoit été ôtée ,
& que ce malade eut plus promtement
du fecours. Il me vint trouver fept jours
après fon accident. Je lui ôtai fa dent
avec les pincettes droites, quoiqu\'aupa-
ravant il n\'y eût aucune apparaice de
dent en cet endroit, à caufe du gon-
flement qui y étoit furvenu. Cette
dent ne fut pas plutôt ôtée que le mala-
de fe trouva guéri, comme fi je n\'avois
fait que lui tirer fimplement une autre
dent.
Rien n\'eft plus ordinaire, que de fe li-
vrer au premier venu pour fe faire oter
une dent ; & l\'on réuffiroit difficile-
ment à faire comprendre le danger
ou l\'on eft quelquefois expofé dans
ie chirurgi
l\'cxécucion d\'une opération qui paroit
d\'abord fi fimple ôc fi commune, fi le®
exemples des accidens fâcheux qui arri-
vent à ce fijjet, ne nous faifoient appet"
cevoir les rifques que l\'on court en pa-
reille occafion ; fiircout lorfqu\'on fe con-
fie à des ignorans, ou à des impofteurs»
qui pour en impofer, font capables de
tout entreprendre témérairement. Les
deux Obfervations ci-deffus confir-
ment ces fâcheufes véritez. L\'une &
l\'autre de ces deux perfonnes qui ont
enfoncé les dents dont nous venons de
parler, n\'ont procédé de même que
parce qu\'ils fe font fervis d\'inftrumens
qui ne convenoient pas. Ces préten-
dus Opérateurs ne pouvant ôter ces
dents, Ôc voyant qu\'elles avoient dif-
paru, voulurent perfuader que les ma-
lades les avoient avalées, ôc l\'on ne
pût s\'appercevoir que trop tard du con-
traire. Si les Chirurgiens qui furent ap-
peliez les premiers en confukation ,
après ces accidens, avoient été inftruits
par quelques Ob\'èrvations à peu près
femblables,- qu\'ils euflènt été bien in-
formez. de la ftrufture de ces parties,
& qu\'ils euflent réfléchi férieufement
fur la manoeuvre dont on s\'étoit fervi
en opérant fur ces dents, il leur aurois
Dentiste.
^té aifé de reconnoitre le fait dont il
s\'agifToit, Se d\'y remédier, avant que la
maladie eût fait de fi grands progrès ;
ils auroient par-là foulagé les malades ^
& guéri radicalement leur maladie
dans fon commencement.
CHAPITRE XXXII.
Trois Obfervations fur les ex-
croiffànces pierreufes formées
fur les dems j ou dans leur
voifmage.
premiere Observation
très-remarquable.
Sur une excroijfance pierreufe, formée
a l\'endroit des Dents molaires, laquel-
le excroijfance fut précédée d\'un abcès
& du concours de plufieurs accidens
fâcheux qui fe fuccédérent les uns aux
autres pendant Vefpace de vingt mois.
Monsieur Houlfu neveu de
M. le CointreMuficien & Pen-
fionnaire de l\'Académie Royale de
Mufiq ue , demeurant rue des Poite-
vins , proche Saint André des Arcs ^
tomba ds cheval avec fa nourrice, n\'é-
59B I E C H I H U R G I E N
tant alors âgé que de quatre ans : ii«
tombant il fe heurta le côté droit de
la mâchoire inférieure, & dans le mê-
me endroit il parut quelques jours après
une contufion qui fe termina par un
abcès. Au bout de trois ou quatre ans.,
la partie inférieure de la jouë du même
côté, fe gonfla peu à peu ; la matière
infiltrée caufa une tumeur dure & in-
dolente; ce qui fit préfumer aux Chi-
rurgiens qui vifitérent le malade, q^^
fa mâchoire avoit été fraélurée par i®
chute : Ils préfumérent auffi que cette
tumeur n\'étoit que la matière du calu»
entafTée dans l\'endroit & aux environs
de l\'os maxillaire, qu\'ils fuppofoienÇ
avoir été fràéluré : Ils conclurent qu\'n
étoit néceflàire d\'ôter les dents qui
étoient proche de cet endroit, & qu\'il®
foupçonnoient d\'être cariées : Ils cru-
rent par-là prévénir les fuites que
carie des dents auroient pû occafion-
ner. Cette opération fut f^ite à ce ma-
lade, fans qu\'il en reçût aucun foula-
gement ; il arriva même qu\'à l\'âge de
feize ans la dernière dent molaire dU
côté droit de la mâchoire inférieure
voulant paroître, occafionna un fécond
abcès caufé par les tiraillemens qne
Ibuffrirentles gencives & l\'alveole dans
Dentiste.
^Stte occafion. Cet abcès fut plus con-
fidérable que le premier, par rapport à
la compreffion que faifoit la dureté de
Cette excroilfance pierreufe > que les
gencives enveloppoient.
La matière de cet abcès eut fon if-
fuë par le dedans de la bouche, la tu-
teur dure & infenfible ne fe diffipa
point ; ce qui obligea un Chirurgien de
Cette Ville, de tenter par l\'application
des cataplâmes, la réfolution , ou la
Suppuration des matières dépofées. Ces
remèdes n\'ayant pas eu plus de fuccès
que les précédens, ce même Chirur-
gien s\'avifa de percer la tumeur en de-
hors , il ne fortit que du fang des lèvres
de la plaie. Cette mauvaife réuffite
devoit fuffire pour rendre ce Chirur-
gien plus retenu j mais fon opiniâtreté
fit qu\'il ne pût s\'empêcher de faire Ip
troifiéme jour une fécondé incifion :
Î1 ne fortit pareillement de cette fé-
condé incifîon , que du fang ; ce qui ne
pût encore le détourner de pourluivre
Ibnentreprife: Il tourmenta vainement
fon malade. Au bout de fix femaines
il opéra de nouveau, il fit une incifion
Cruciale dans le même endroit, & par
Cette incifion il coupa un rameau d\'arr
tére, qui caufa une hémorragie que
L.
-ocr page 452-ie Chirurgien-
fon n\'arrêta qu\'avec beaucoup de pei-
ne. Ces différentes incifions faites rnal-
à propos, ne donnèrent ifiiië qu\'au fang
qui fortit des vaifleaux, fans diminuer
aucunement le volume de la tumeut
qu\'il croyoit attaquer par ces opera\'
dons.
Pendant le cours des panfemens
durèrent dix-huit mois, on appliq^^
plufieurs fois le cautère aduel pour di^
fiper cette tumeur. Toutes cesopèr^\'
tions furent inutiles. Enfin on aban"
donna ce "malade, qui refta cinq aP^
dans ce trifte état, fans aucun fecourï
ni foulagement : Au contraire pendaîi\'\'
ce tems-là le volume de ia tumeur aug\'
raenta confidérablement. Les pare^^^
de ce jeune homme ennuyez de la d^"
rée de cette maladie, confuitérent fe^
M. Carmeline Chirurgien Dentifte»
qui reconnut que cette tumeur n\'éto^\'\'
attachée à la gencive que par une fo^l
petite baze, d\'où il conclut qu\'il
feroit fort aifé de l\'extirper : Elle n\'e\'
toit point d\'ailleurs adhérente àla jou^*
11 exécuta ce qu\'il s\'étoit propofé qui^\'\'\'
ze jours après fa première vifite. L\'e^"
tirpation étant faite, ia jouë fe rapp\'"\'?\'
cha de ia gencive. La plaie qu\'on avfi\'^
ci-devant faite à cette même joue
des
-ocr page 453-Dentiste. ^oi
des ope\'rations inutiles & mal enten-
dues, fut légèrement panfée, &; ne
tarda pas à fe guérir : Celle qu\'on avoit
faite à la gencive , en extirpant cette
excroilfance, fut bientôt guérie pareil-
lement.
Ce fut par cette opération , bien
différente des prémiéres, que M. Car-
meline termina avec uri heureux fuc-
cès une maladie qui avoit duré tant
d\'années, & qui avait expofé ce mala-
de à des dangers dont les fuites avoient
été fifâcheufes. Cette excroilfance {a}
péfe aftuellement une once cinq gros ;
Elle doit avoir été plus pefante & d\'un
plus grand volume lorfqu\'on l\'extirpa.
Ï1 ne fut pas poifible de cicatrifer l\'ul-
cère de la jouë occafionné en confé-
quence des opérations pratiquées indif-
crétement, fans qu\'il reftât une cica-
trice difforme & incommode, qui for-
tnoit un trou dans lequel on pouvoit
introduire le petit doigt : Ce trou écoic
cicatrifé dans toute fa circonférence ,
il perçoit d\'ailleurs la jouë depart en
part /& occafionnoit par cette difpo-
fition la fortie de la falive & des ali-
îtiens mâchez. Le malade par fon in^-
duflrie trouva le moyen de remédier
( a ) Voyez îa Planche 4- àc Ce Volnme.
Jme L ■
-ocr page 454-j{ox ie Chirurgien
à cet inconvénient : Il imagina de boi>
cher ce trou avec un tampon de cire
introduit par le dedans de la jouë ; en-
Ibrte que rien ne piàt paffer du dedans
de la bouche en deiiors, cachant d\'ail-
leurs la difformité extérieure avee
une mouche bien gommée. Je fuis
poflelTeur de ce corps pierreux :
Houffii ayant eu recours à moi pour
faire quelque réparation confidérable
à fa bouche , m\'en a fait préfent avant
fon départ pour un voyage de long
cours.
Le corps pierreux dont il s\'agit dans
cette Obfervation, eft d\'une telle con-
texture, qu\'il ne paroît pas être forffie
par une matière tartareufe j mais bien
plutôt par un fuc olTeux qui s\'eft écha-
pé de îa fubftance de l\'os même, pat
îa rupture de quelques fibres offeufés ;
à peu près de même qu\'il arrive dans
la formation des exoftofes. Les caufeS
qui peuvent avoir donné lieu à une ma-
ladie auffi bizarre & auffi finguliére, ne
me font pas fuffifamment connues; pat-
ce que je n\'ai point fuivi cette mala-
die, & que je n\'ai pas même eu occa-
fion d\'en conférer avec les Méde-
r3 e n t I S t e.
cîns & Chirurgiens qui ont traité ie
niaiade. C\'efl pourquoi, fans faire de
longs & vagues raifonnemens fur ce
fujet, je me fuis borné à ne rapporter
ici que les principales circonflances que
cette Obfervation renferme, êc celles
qui m\'ont été les mieux vérifiées ; ce
qui m\'a parû fulïfant pour pouvoir par-
venir à reconnoitre une femblable ma-
ladie, Sc pour procéder à fa guérifon,
en cas que dans la pratique on vint à
en rencontrer une à peu près du même
caradére.
II. O B S E RVAT ION.
Sur une excroiffance devenue pier
reufe, rejfemblant à peu près
à un petit Champignon.
En 1721. l\'époufe de M," Begon
Banquier, ruë de Clery à Paris, me
Confulta fbr une tumeur excroiffance
qui lui étoit furvenuë à la gencive du
côté droit de la mâchoire inférieure-
Cette excroilfance étoit à peu près de
la même nature de celle dont j\'ai parlé
dans la précédente Obfervation : Je
remarquai qu\'elle étoit très-dure, &
que fon attache , ou baze étoit peiï
Ui
-ocr page 456-404 xe chikurgien
étendue, & figurée en forme de col.
Son corps avoit à peu près la figure
d\'un champignon, & il étoit du volu-
me d\'une noifette. Je ne jugeai pas^
qu\'aucun médicament fût capable de
détruire ce corps étranger ; je fus d\'avis
d\'en faire l\'extirpation. Je préférai l n^\'
Itrument tranchant à la ligature, d\'agi-
tant plus que ces excroiflTances ne fou"^\'
niifent ordinairement que très-peu
fang. Cette Dame ne fe rendit poin!^
alors à toutes les raifons dont je me
fervis, pour la réfoudre à fouffrir cett^
opération, qu\'elle éluda jufqu\'à l\'an\'
née fuivante ; au bout duquel tems s\'e\'
tant apperçuë que cettetumeur s\'étoïc
de beaucoup augmentée, elle me man\'
da de nouveau , étant entièrement
réfoluëà fe la faire ôter: Ce que jen^
à l\'inftant, au grand étonnement de
malade , qui ne fouftrit que très-peU-
L\'opération faite , j\'examinai à lou\'^
cette excroifïànce ; je la trouvai très-
dure, comme ofTeufe, ou pierreufe?
d\'une confiftance à peu près égale à
folidité de celle que M. Carmefin^
avoit ôté au malade dont j\'ai parle\'
Celle que j\'extirpai à cette Darne ,
quoiqu\'à peu prèidumeffle caraété^ ?
n avoit pas rejû. un fi grand accroiii-e\'
Dentiste. 405
Rîeiît, parce qu\'elle avoir été empor-
tée de bonne heure. Le iuccès en fuc
très heureux ; il ne fortit que très peu
de fang de cette extirpation Se la gué-
rifon en fut promte. Cette Dame n\'a
depuis relfenti aucune incommodité,&
il n\'y a aucune apparence de récidive.
Du fuccès heureux de cette Obfer-
vation Sc de celui de plufieurs autres
à peu près femblables que la pratique
nous a fournies, nous pouvons conclur-
re que le moyen le plus certain pour
guérir promteincnt, radicalement &
avec moins de violence ces fortes d\'ex-
croiffances oifeufes, c\'eft celui de les
extirper, en fe fervant à fon choix d\'un
fcapel, dont la lame foit à dos, à peu
près femblable à celle d\'un biftourioa
Dien de cifeaux, fuivant qu\'il convien-
dra le mieux, par rapport à la fitua-
tion, au volume, à la figure, Se à la
confiftance de ces fortes d\'excroilTan-
ces.
Il n\'eft pas furprenant de voir qu\'iî
fe forme des corps pierreux , Se même
de véritables pierres dans la bouche ,
puifque l\'on en a rencontré fouvent:
qui s\'étoient formées dans toutes les
i^ify ie chirurgien
parties da corps. Cela dépend des cau-
fes qui donnent occafion aux matières
plâtreufes, ou pierreufes de fe dépo-
fer , tantôt dans une partie, tanto"^
dans une autre. Quelquefois ces caufes
font intérieures, quelquefois extérieu-
res , Se d\'autres fois les caufes extérieu-
res & intérieures concourent égalemeu
à la formation de ces corps durs.
Lorfque c\'ed dans la bouche que l\'o^
apperçoit ces fortes de tumeurs, fi c\'e^
dans leur commencement que l\'on fait
cette découverte, il faut tâcher de les
réfoudre, ou de les faire fuppurer le
plus promtement qu\'il efi: poffible ; & fi
l\'on ne peut par ces voies-là venir a
bout d\'en terminer heureufement la
guérifon, il faut fans héfiter en venir
à l\'extirpation. Si l\'on diffère de la fai-
re, il arrivera que leur progrès de-
viendra de jour en jour plus confi-
dérable. Pour éviter alors les fuites
qu\'on en doit appréhender, il ne fuffit
pas toujours que le Dentifte fe déter-
mine à prendre ce parti, il faut auffi
que le malade & ceux qui s\'intérefiènt
à fa fanté y confentent ; mais fouvent
il fe rencontre qu\'on les trouve fort
peu difpofez à prendre une bonne rè-
folution ^ parce que chacun craint kî
Dentiste. 407\'
opérations qui fout inféparables de la
douleur. C\'eft pourquoi ceux qui fonc
appeliez auprès de ces malades timi-
des , doivent faire tous leurs efforts
pour diffiper leur crainte ôc leur répu-
gnance , en leur faifant comprendre le
danger où ils s\'expofent, en éludant
des opérations dont leur guérifon dé-
pend uniquement.
Touchant une pétrification formée
fur une des dents molaires.
Feu M. Baifuel , Maître Chirur-
gien , qui étoit curieux de ce qui con-
cerne fa profeffion , me fit voir une piè-
ce tartareufe, ou pierreufe , très - rare.
C\'étoit fur une dent molaire du côté
droit de ia mâchoire inférieure qu\'elle
s\'étoit formée , étant prefque toute
couverte d\'un tartre pétrifié.
Ce corps étranger qu\'il ôta il y a
nombre d\'années, à une femme fort
âgée, eft prefque du volume d\'un œuf
de jeune poule; (a) il eft convéxe &
affez arroxidi par fes parties fupérieu-
res , à quelques éminences près, con-
cave, raboteux & très.irrégulier pax
( ) Voyez ia Planche î,,de ce Vclume.
I E c H I R u R G I E
fes parties inférieures : L\'endroit de ce
corps fur lequel les dents oppofées ap-
puyoient, eft un peu concave & en-
foncé : Il a fa furface affez polie ■ La
partie de ce corps qui touchoit la lan-
gue eft unie & égale : Celle qui tou-
choit la peau de la bouche du côté
mufcle maffeter & de l\'apophife coro-
noïde eft un peu enfoncée, cependant
affez unie; s\'étant figurée ainfi parla
preffion des parties : La furface tout-
née du côté de la jouë eft la plus fail\'
{ante , la plus convéxe , la plus rabo\'
teufe ôc la plus arrondie. La dent a
fuivi ce corps pierreux, fes racines re--
ftant entièrement à découvert. Le corp®
de la dent eft enchaffé ôc caché dans
cette fubftance pierreufe , à laquelle il
eft intimement uni ôc fortement atta-
ché. Cette matière tartareufe ou pier\'
reufe, s\'étoit étendue fur les gencives>
tant antérieurement, que poftérieure-
ment. Ce corps étranger eft actuelle-
ment du poids de fept gros Sans doU"
te il pefoit davantage lorfque ce Chi-
rurgien rôta delà bouche de cette fem-
me , la matière ayant dû fe defféchef
depuis ce tems-là. Quant à la groffeur
& à la figure, il faut remarquer que
peut-être il n\'a pas été ôté en entier ^
qu\'iï
-ocr page 461-D E M T ï s T E. . ^O^\'
qu\'il peut en être refté quelque partie
dans la bouche, & que l\'inftrumenc
qui a fervi pour le tirer peut en avoir
détruit quelque portion. Ce corps,
avant que d\'être ôté, faifoit paroître
la jouë tuoiéfiée par fa predion : On
auroit crû à voir cette jouë , qu\'elle
étoit attaquée d\'une tumeur humora-
le d\'un volume confidérable. Ce même
corps empêchoit encore que les dents
delà mâchoire fupérieure & celles de
l\'inférieure ne s\'approchalfent les unes
des autres par leurs extrêmitez, com-
me elles s\'approchent ordinairement.
Ce corps tartareux, ou pierreux, ne
s\'eft augmenté jufqu\'à ce point, que
parce qu\'on a négligé de l\'ôter dans fon
commencement. Les perfonnes que
cette femme a d\'abord confultées ,
ont ignoré quelle en étoit la nature,
ôc quel étoit le moyen de le détruire ;
ce qui a été la caufe que cette mala-
die n\'a pas été guérie, avant qu\'elle
eût fait de tels progrès. Le Public
éprouve tous les jours des avantures
femblables, fans s\'appercevoir que les
maladies ne deviennent le plus fouvent
fi invétérées, que par la négligence ^
Tome L M m
^ro ITE CK\'îrt^^gien
ou l\'ignorance de ceux à qui il fe con-
fie fans difcernemenc. D\'ailleurs la
crainte mal fondée que l\'on a pour les
opérations, fait que le malade eft toU\'
jours porté, à fuivre l\'opinion de celui
qui les élude. On ne fe réfout à fouf-
frir aucune opération qu\'à la derniers
extrémité, & fouvent lorfqu\'il n\'eft
plus tems de la faire avec fuccès, oO
fans encourir de grands dangers. Il ei^
difficile de concevoir comment cette
femme avec ce corps pierreux entre
les dents , a pû faire la maftication ?
fans que fa mâchoire fc foit luxée en
quelque manière; ôc l\'on doit conve-
nir que jamais opération n\'a été mieu^
indiquée , ni plus heureufement exé-
cutée que celle que M, Balfuet fit
cette occafion.
D E N T I s T E. ^îj
CHAPITRE XXXIII.
Quatre Obfervations fur ks vio-^
kntes doukurs de tête,
caufées par ks Dents,
Sar la carie d\'une Dent, qui caufoit une
douleur d\'oreille très-violente, Jans que
la Dent fut douloureufe, laquelle dou-
leur cejfa après que la Dent fut otée,
IL 7 a nombre d\'année que Made-
moifelle de la Gibonnais demeu-
rant à Nantes, étant venue à Paris,
■fti\'envoya chercher pour lui nettéïeir
ies dents. J\'apperçus en vifitant fa bou-
che , qu\'une groffe molaire du côté
droit de la mâchoire inférieure étoit
cariée. Je m\'informai d\'elle , fi cette
dent lui feifoit quelque douleur , elle
lïie dît qu\'elle ne lui en caufoit aucu-
ne ; mais qu\'elle avoir du côté de la
dent cariée une douleur à l\'oreille qui
^ubfiftoit depuis longtems , fans y avoir
pû trouver aucun foulagement, quoi-
qu\'on y eût fait plufieurs remèdes. Je
îie jugeai pas que la dent fût la caufe
Mîîiîj
L
-ocr page 464-412 LE cH IRUIIGIEN
de cette douleur ; ainfi je me contentai
de la plomber, pour l\'empêcher de fe
gâter davantage. La même douleur
lubfiftant toujours, quoiqye la den^
fût plombée, cette Demoifelle conful-
ta M. Courier [a] qui lui dît que la
dent cariée pouvoit être la caufe «e
fon mal d\'oreille, & qu\'ainfi il fal^!^
commencer par la faire ôter. L\'aVi^
fut fuivi, Se cette Denioifelle fut gu^\'
yie entièrement peu de tems après»
Par cette Obfervation & par pl^J\'
fleurs autres, on voit que la carie de«
dents peut être le principe de différen-
tes maladies. Quelquefois la douleuf
que cette carie caufe, fait fouffrir ton-
te la tête : D\'autrefois elle n\'en affligé
qu\'une feule partie ; ce qui fe paffe
vent d\'une manière fi cachée, qu\'à pe"\'
ne penfe-t\'on qu\'un tel effet provienne
de fa véritable caufe, C\'eft pourquoi n
ne faut pas manquer en des cas à pe^
près femblables , de bien examiner \'e\'
tat des dents, de les facrifier s\'il le faU^^
pour fe délivrer plutôt des maladif®
qu\'elles occafionnent, & dont les Tui"
tes pourroient être très-fâcheufes.
{ a) Î4é(iecin de la Faculté dç Pan\'?,
-ocr page 465-t) E n t i s T E. 411
IL Observation.
t>ans laquelle on verra que lei,
douleurs dé Dents caufent des
maux de tête, qui guérijfent
■par la feule extraction de la
Dent.
En 1715. Madame de Maubreiiil^
demeurant à Nantes, étant afRigée
d\'un très-grand mal de tête , confulta
à cette occafion fon Médecin & fon
Chirurgien, qui lui ordonnèrent plu-
fieurs remèdes. Cette Dame fut fai-
gnée & purgée plufieurs fois ; mais
comme fon mal ne diminuoit point,
ces Meffieurs lui ordonnèrent le bain
& l\'application des fangfuës à la tête -,
elle exécuta de point en point leur
ordonnance. Tous les remèdes qu\'elle
fit, ne la foulagérent nullement. Cet-
te Dame avoit deux dents gâtées, quii
depuis longtems lui caufoient de la
douleur, & l\'empêchoient de manger.
Cela lui fit penfer qu\'elles pouvoient
être la caufe de tous les maux qu\'elle
fouffroit. Comme j\'avois l\'bonneur d\'ê-
tre connu d\'elle particulièrement, elle
fe réfolut de me venir trouver à Aïs-
M m iij
L.
-ocr page 466-^^^ Chïrurcieîï
gers où je demeurois pour lors. Etant
arrivée chez moi, je vifitai fa bouche.
Se trouvai qu\'elle avoit deux dents mo-
laires très-cariées, l\'une au côté droit
de la mâchoire inférieure , ôc l\'autre
au côté gauche de la même mâchoire :
^e jugeai que ces deux dents étoient
Ja feule caufe de fon mal de tête, Se
F la déterminai pour lors à fe les faire
ôter ; ce que je n\'eus pas plutôt fait,
que cette Dame fe trouva entièrement
délivrée d\'une douleur qui Ta voit tour-
mentée pendant plus de fix mois. Cet-
te Dame que j\'ai vûë plufieurs fois de-
puis mon établiffement à Paris, m\'a
aifuré n\'avoir plus fouffert du mai de
tête.
Il n\'y a pas de maladie plus com-
mune que celle que l\'on nomme mal
de tête, dont les caufes font infinies.
Quelquefois il eftoccafionné par la ca-
ne des dents, & pour lors on n\'en peut
yre délivré qu\'en ôtant les dents mala-
des. L\'Obfervation fuivante en fervira
encore de preuve.
D 1 N T I s t É. 415
lIL Observation.
Sur un grand mal de tête caufé
par plufieurs Dents cariées ;
ce que l\'on n avoit pendant
longtems, ni reconnu, ni foup"
çonné*
Madame la Marqulfe de Trans, de-
meurant en Bretagne, étant incommo-
dée depuis longtems d\'une douleur qui
lui occupoit toute la tête, confulta plu-
fieurs Médecins & Chirurgiens habiles,
qui l\'affurérent que fon mal de tête ,
n\'étoit qu\'un rumatifme. Fondez fur
cette opinion, ils lui firent beaucoup
de remèdes, dont elle ne reçut aucun
foulagement-. Cette fituation fâcheufe
la fit réfoudre , il y a quatre ans, d\'al-
ler aux eaux de Bourbon qu\'on lui
ayoit ordonnées : Dans ce delfein cette
Dame vint à Paris , 011 elle confulta
un Médecin célébré, qui fut d\'abord
de l\'avis des premiers, traitant fon mal
de rumatifme. Les remèdes qu\'il em-
ploya pour la guérir, furent inutiles.
La Dame fe plaignant toujours de la
douleur exceffive qu\'elle fentoit à la
tête & aux dents, ce Médecin conje-
M ra iiij
^lô îe Chirurgien
aura à la fin, que le grand mal de tefe
donc elle fe plaignoit, pouvoit être
occafionné par les dents ; Sc fur cette
conjedure, il confeilla à cette Danae
de voir un Dentifte. Comme j\'avois
l\'honneur d\'être connu d\'elle depuis
plufieurs années, je fus mandé pour la
voir. Ayant examiné fes dents, je trou-
vai une groffe molaire du côté gauche
de la mâchoire inférieure , & deuX
dents de la fupérieure du côté droit,
cariées confidérablement. Les gen\'
cives de ,ces trois dents , étoient
gonflées Sc enflammées : Après a-
voir fondé ces dents , je dis à
cette Dame que leur carie étoit par-
venue à un tel point qu\'il étoit impof-
fible de les conferver, Se que je ne
doutois nullement que cette même ca-
rie ne fût la feule caufe de fon mal de
tête ; qu\'enfin je croyois qu\'il faloit
les lui ôter. Elle répugna d\'abord à
mon avis ; mais ayant fait attention
qu\'il étoit conforme à celui de fon Mé-
decin , elle me permit enfin d\'en tirer
deux. La douleur n\'étant pas entière-
ment paflee par leur excraîiion, elle
me fit appeller cinq jours après, pour
lui ôcer la troifiéme : Ce fut la der-
nière grofle molaire de la mâchoire
Dentiste. 417
Supérieure que je lui ôtai. Son mal fe
tiiffipa promtement, Ôc depuis ce tems-
là cette Dame n\'a reffenti aucune at-
teinte de douleur de tête, ni de dents.
Le mal de tête de cette Dame étoit
fimptomatique Ôc tout-à-fait dépendant
de la carie de fes dents ; puifqu\'il a
ceffé lorfqu\'elles ont été ôtées. Tels
remèdes que l\'on eût pû pratiquer, ce
mal de tête n\'auroit jamais celfé de la
tourmenter : îl ne s\'agilfoit pas de com-
battre une caufe univerfelle, mais une
caufe locale qui confiftoit en la carie
de ces trois dents. Sans avoir fait de
telles obfervations, on auroit delà pei-
ne à s\'imaginer que la carie des dents
fût capable de produire un mal de tê-
te , dont la fource étoit fi équivoque,
qu\'il a trompé pendant longtems plu-
fieurs Médecins & Chirurgiens habi-
les , ôc qui auroit fait traîner à cette
Dame une vie languiiïànte, (i j\'avois
balancé à exécuter une telle opéra-
tion , qui la délivra entièrement de ce
rumatifme prétendu, & qui lui épargna
la peine ôc les frais d\'un voyage, fans
compter que par-là elle fut garantie de
courir le rifque des effets dangéreux
IE CHIRUR SI EPT
que lés bains pris mal-à-propos auroicrtC
pû produire.
IV. o B s E RVAT I O N.
Sur de trh-grandes douleurs auX
dents y à la temple, à t oreille >
du coté gauche 3 au ment m, ^^
palais & à la gorge , fans qt^^
Pon pût fçavoir ce qui pouvoir
ks occafionner.
En l\'année 1727. MademoifeH^
Chabot, demeurant à Orléans, fuc
attaquée à l\'âge d\'environ vingt-fepc
ans, de douleurs très-violentes à tou-
tes les parties qu\'on vient de nommer-
Cette malade confulta M- Euftache
habile Médecin, & M. Noël Maître
Chirurgien dans la même Ville. Ces
Meffieurs crurent que ce ne pouvoic
être qu\'un rumatifme; parce que cette
Demoifelle difoit ne fentir pas plus de
douleur à une feule dent qu\'à toutes
les autres de ce même côté, & que
d\'ailleurs il ne paroiffoit aucunes par-
ties tuméfiées ni enflammées. Ils or-
donnèrent les faignées, les lavemens,
les purgations & les cataplâmes : Elle
fut faignée deux fois au bras & deus
fois au pied , reçut plufieurs lavemens ^
fuc purgée deux fois, Se continua les
cataplâmes , fans en recevoir aucun
foulagement. Pendant le cours de ce
traitement, elles\'apperçut qu\'elle avoit
îa deuxième petite dent molaire du
côté gauche de la mâchoire fupérieu-
re cariée. Elle la fit voir au Garçon
Chirurgien de M. Noël, qui la lui ti-
ra. On crut alors avoir trouvé Se em-
porté la caufe de cette maladie ; mais
une heure après elle recommença avec
autant de violence qu\'auparavant, &
dura encore quelques mois, après quoi
elle fe diffipa d\'elle même. Au^ com-
mencement du mois de Février de
l\'année 17:28. cette perfonne étant ƒ e-
nuë à Paris, fut atteinte du même
mal, fans fçavoir encore d\'où il pou-
voir provenir. Elle alla trouver M,
Petit, pour le confulter ; Cet habile
Chirurgien confeilla à la malade de me
voir à ce fujet, vû que ces douleurs
pouvoient être caufées Se entretenues
par quelque dent cariée, Se que les
remèdes qu\'on feroit d\'ailleurs pour-
roient être plus nuifibles à fa fanté que
falutaires. La malade m\'ayant fait ve-
nir chez elle, Se m\'ayant fait le détail
de fa maladie, j\'examinai fa bouche ^
4^0 l e Chirurgien\'
où je trouvai la deuxième grofle dent
ïholaire du côté gauche de la mâchoi-
re inférieure aflfez cariée peur lui cau-
fer tous les défordres dont elle fe plai-
gnoit , Ôc je reconnus que pour les ter-
miner, il n\'y avoit point d\'autre parti à
prendre que d\'ôter cette dent. La ma-
lade ƒ confentit, & la dent ne fut pas
plutôt ôtée, que toutes les douleurs
fe diflîpérent entièrement êc fans au-
cun retour.
Ce que je viens de rapporter dans
cette Obfervation eft à la connoiftànce
de M. le Chevalier de Louville, qui
s\'eft trouvé préfent à cette opération.
Il n\'eft pas ordinaire de fentir des
douleurs femblables, fi équivoques êc
h compliquées, caufées par les dents ;
cependant on ne voit encore que trop
fréquemment de ces fortes de cas, Se
perfonne ne peut être sûr de n\'y pas
tomber, â moins qu\'on n\'ait la pré-
caution, Sc qu\'on ne foit à portée de
les prévenir. Si cette malade s\'étoit
miCe d\'abord entre les mains d\'un Den-
tifte expérimente, elle auroit évité les
douleurs cruelles qui l\'ont tourmentée
longtems, auffi bien que l\'ufage de pliJ-
fleurs remèdes qui pouvoient plutôt
être contraires que propres à fa fanté.
Sur cet exemple & fur plufieurs autres
qui font rapportez dans mes Obferva-
tions , nous devons conclurre qu\'il na
faut rien négliger pour notre inftruc-
tion, ni pour prévenir , ou guérir les
maladies qui peuvent nous affliger i [\'
qu\'il ne faut point méprifer ce que nous
jie connoiifons pas, ni ce que nous ne
pouvons exécuter par nous-mêmes ;
parce qu\'il n\'eft point de parties qui ne
foient fujettes à des accidens, qui pour
l\'ordinaire font accompagnez d\'une in-
finité de circonftances, & qu\'il faut
une longue expérience & une très gran-
de application pour en connoître 6c ea
çpmbattre toutes les maladies.
,1
e. e C h i e. u r g 1 e îl
Deux Obfervations fur les défor-
dres qut le fcorbut caufe dans
la bouche.
Sm le ravage que le fcerbut fit à li
bouche d\'une pauvre femme.
f\' N 1711. une pauvre femme àe
, Nantes, âgée de cinquante-cin^î
ans, étant attaquée du fcorbut qui lui
avoit fort endommagé la bouche, en-
tra à l\'Hôtel-Dieu de la même Ville,
où elle fut traitée pendant près d\'un
mois. Après ce traitement, elle en for-
tit fans être parfaitement guérie ; ce qui
l\'obligea quelque tems après de s\'adref-
fer à moi. Elle fe plaignoit d\'une gran-
de douleur qu\'elle fouffroit dans la bou-
che : cela me donna de l\'attention, &
fit que j\'examinai fa bouche avec grand
foin : Pour lors je trouvai deux trous
fiftuleuxaflez confidérables, qui per-
çoient du dedans de la bouche en de-
hors , fous le menton. Je fondai ces
deux trous, & je découvris par-là qu\'il
De n t i s t e.
y avoit une grande partie des alvéoles
^arriée ; ce qui me détermina à lui ôter
quelques dents molaires chancelantes
qui lui reftoient encore : Je lui tirai
auffi hors delà bouchetrois exfoliations
des alvéoles, dont la plus confidérable
étoit de la longueur d\'un pouce & de-
ïtji, ôc large d\'un demi pouce : J\'em-
portai de même toutes ies chairs pour-
ries. Je panfai cette pauvre femme avec
le baume defficatif du Pérou, dont je
faifois injedion deux fois le jour dans
les trous fiftuleux : Au bout de vingt-
feuit jours, cette femme fut parfaite-
. ment guérie.
Cette femme fortit de cet Hôpital
fans être guérie, ni foulagée des defor-
dres que le fcorbut avoic faits en fa
bouche ; parce qu\'on avoic négligé d\'e-
xaminer la caufe locale, Se de ia com-
battre par les opérations Se les remé-^
des convenables. Si je n\'avois fait des
incifions pour découvrir la carie,afin de
donner jour à la matière de s\'évacuer ,
Se de l\'empêcher de féjourner dans des
fînus ; fi je n\'avois pas ôté les chairs
Corrompues Se les pièces d\'os cariez ,
je n\'aurois jamais pu foulager, ni gué-
424 I-E C^î I E.U KG I E M ^
rir cette malade, & cette cure ne m â
réuffi, que parce que j\'y ai apporté une
grande attention.
II. O b s e rvat i o n.
Sur les excroiffances i les caries f
les ulcères & les abcès > que
fcorbut avoit produits dans
bouche d\'un jeune homme.
En 171 3. un Domeftique de M.
Curé de la Paroiffe de faint GermaiiJ
de Rennes en Bretagne, , fut attaque
du fcorbut à la bouche. 11 fe mit en-
tre les mains d\'un Maître Chirurgien
des plus habiles de la même Ville, qui
le traita pendant un tems aifez confi-
dérable , fans pouvoir le guérir : Ce
Domeflique voyant que fa maladie con-
tinuoit toujours, s\'adrelfa à moi. Je
commençai par vifiterfa bouche: En-
fuite je lui ôtai quelques mauvaifes
dents & plufieurs petites exfolia-
tions & efquilles des alvéoles cariez :
Je coupai avec les cifeaux toutes les
chairs excroiffantes, ulcérées & pour-
ries qui lui rendoient l\'haleine d\'une
odeur infupportable ; j\'en exprimai
beaucoup de fang ; je lui nettéïai en-
fuite
-ocr page 477-D Ë N T I s T E. 415
fuite les autres dents. Je ie lis iaîgner
& purger une fois, & lui fis ufer de
fois à autres pendant quelque jours pour
fe laver la bouche, d\'une lotion faite
avec une pinte de vinaigre du plus fort,
dans lequel j\'avois fait infufer fur les
cendres chaudes, une once de graine
de moutarde concaffée. Je continuai
enfuite à lui faire laver la bouche tous
les jours plufieurs fois, avec une autre
lotion faite d\'une chopine de vin blanc,
d\'une chopine d\'eau de plantain, d\'un
verre d\'extrait de crelfon, de deux on-
ces d\'efprit de cochlearia , de deux on-
ces de miel rofat, & de quatre gros
d\'alun calciné, le tout mêlé enfemble.
Ayant traité ce malade de cette façon
pendant trois femaines, ii fut parfaite-
ment guéri.
R E F L E X I O N.
On ne peut s\'empêcher de conve-
nir que le Chirurgien avoit négligé
dans fa pratique la connoilfance des
maladiesde la bouche; car ilnes\'agif-
foit, pour faire cette cure, que de di-
later de petits finus, d\'emporter des
excroiffances, de procurer l\'exfoliation
de l\'os carié, de déterger, de mondi-
fier les ulcères, & d oter les mauvaifes
Tome L N a
a26 i é chiritrciêh
dents -, ce que les Chirurgiens prati-
quent journellement avec fuccès en pa-
reille occafion : Il n\'étoit queftion que
de fuivre la même méthode dans le
cas dont il s\'agiifoit, pour terminer
heureufement la guérifon de cette ma-
ladie : Par conféquent on ne peut ira\'
puter l\'inutilité de fon premier traite-
ment qu\'à beaucoup de négligence.
CHAPITRE XXXV.
Douze Obfervations qui concernent
ies dépots, tumeurs & abcès ^
occajtonnez par les Dents.
Sur un dépôt caufé par une dent canine ^
tien cariée, mais ufée par U rencontre
d\'une dutre dent.
T E 19. Décembre rys?. M. l\'Ab-
^ bé Cherier Licentié delà Faculté
de Paris, avoit la dent canine du côté
gauche de la mâchoire fupérieure, fai""
ne, très-foiide & fans carie ; mais feii\'
lement ufée par la rencontre & le fro"
tement des autres dents & des alimens.
Cette dent lui caufa néanmoins une
doLiîeur fi confidérable, qu\'il fut obli-
gé d\'appeller M. de Manteville Chirur-
gien , qui examina fes dents, Se n\'en
trouvant aucune de cariée, lui confeilla
de me faire venir. J\'allai voir cet Ab-
bé, j\'examinai fes dents, & je recon-
nus que la fluxion dont il s\'agilToit,
étoit fi confidérable, qu\'elle tendoità
former un abcès. Je confeillai à M.
l\'Abbé Cherier de couper par mor-
ceaux une racine de guimauve & deux
ou trois figues grafles, de les mettre
bouillir dans du lait, d\'en tenir de tems
en tems dans fa bouche du côté de la
douleur, ce lait étant un peu tiède ,
& par intervale d\'appliquer une por-
tion de ces figues fur la gencive tumé-
fiée ; de faire des cataplâmes avec le
lait ôc la mie de pain , les jaunes d\'oeufs
6c le fafran , de les appliquer fur la
jouë enflée, & de fe tenir chaudement.
Cela ayant été exécuté, l\'abcès fe for-
ma très-promtement fur la gencive de
la dent ufée, & dès le lendemain au
foir le Chirurgien perça cet abcès. Il
comprima fuffifamment par dehors Se
par dedans les gencives ; par ce moyen
il fit fortir beaucoup dé matière. Nous
confeillâmes au malade de faire bouil-
lir de l\'orge & de l\'aigremoine dans
L E C H r R u R G I E N
de l\'eau, d\'y joindre un peu de miei-
rofat, & de s\'en laver chaudement la
bouche de tems en tems, ce qui ayant
été fait, il fat en peu de jours par-
faitement guéri.
IL O B s E RVAT I O N.
Sut une tumeur & une fiftuk\' -
caufées par la carie d\'une
Dent molaire.
En 17^0-. le fils de M. Clezié Mar-
chand Quinquaillier, demeurant à Pa-
ris , ruë des Mauvais-Garçons, pour
lors âgé de vingt-cinq ans, ƒ voit la
deuxième.grofie molaire du coté droit
de la mâchoire inférieure cariée très-
confidérablement ; ce qui lui caufa un^
tumeur de la grofléur de la moitié
d\'un jaune d\'oeuf ; laquelle étoit fituée
à la partie extérieure de la joué du me^
me côté» Cette tumeur ayant abcéde
& percé d\'elle-même,, fuppuroit pa?
intervale. Le malade s\'adreffa- d\'abord
à un Maître Chirurgien de cette Ville*
qui crut que pour le guérir, il ne fa-
loit qu\'ouvrir davantage la tumeur
avec la lancette, & y mettre quelque
emplâtre ce qu\'il exécuta ; mais il fut
trompé dans fon efpérance car il\'reft^..
après ce traitement un trou fiftuleux à
la jouë, par où il fortok tous les jours
Une matière fameufe. Enfin au bout de
quelque tems, ce jeune homme s\'étanc
adrefle à moi, je vifitai fa bouche , &
je reconnus que fon mal ne pouvoit
provenir que de la carie de fa dent î
Je ne balançai point à la lui ôter ; 6c
cette dent étant hors de fa bouche,,
ce malade fut parfaitement guéri es
peu de tems.
t
Sur m abcès furvenu à la pm*
mette de la jouë, en conféquen-
ce de trois racines j ou chicots y
dune groffe dent molaire cariée
du coté \'gauche de la mâchoire-
fupérieure.
En 1712. le fils du fieur Saint Mi^
chel, Tambour des Moufquetaires ,,
ayant un abcès fiftuleux fur la pommet-
te de la jouë du côté gauche, fa mère\'
s\'adreffa à un Chirurgien de cette Vil^
le. Ce Chirurgien ayant examiné la-
maladie de ce jeune homme, crut qu\'iï
ne s\'agifloit que d\'y donner quelques^
coups de cifeaux , & d\'y appliqu^er
L
-ocr page 482-IE Chirurgien-
quelques remèdes ; ce qu\'il fit Ians au-
cun fiiccès. La maladie continuant
toujours, cette femme confijka iVÎ.
Turfan Chirurgien-Major des Gen-
darmes , qui lui confeilla de s\'adreifet
à moi. Elle m\'amena fon fils, pour lors
âgé de quatorze à quinze ans, Se js
trouvai qu\'il avoit trois racines d\'une
dent molaire du même côté, très pro-
fondes Se cachées dans les gencives
qui étoient fort gonflées ; ce qui ren- .
doit ces racines très-difficiles à ôter ;
néanmoins j\'y réuffis. Il fut guéri peU
de^tems après, il ne lui eft refté qu\'u-
ne cicatrice dans le même endroit ; ce
qui arrive ordinairement à ces fortes
de maladies, Se ce qui provient du trop
long féjour de la matière, qui confu-
mé les cellules graiftèufes, Se y laiflè
toujours une perte de fubftance, pour
peu que ces maladies foient négli-
gées.
dent istë.
IV. O B s E RVAT î o N.
Sur un abcès furvenu au-dejfom
du maxillaire inférieur par la
carie d\'une grojje dent molaire ^
guéri par la feule extraëfiom
de la dent cariée.
Eh lyzi. la fille de M. Verneuil
Marchand Tapiffier demeurant à l\'FI6-
tel de l\'Alliance près de la Comédie
Françoife, pour lors âgée de douzp
ans, avoit unegroflTe dent molaire du
côté gauche de la mâchoire inférieure
très-cariée. Cette carie caufa à cette
jeune fille un petit abcès qui dégénéra
en fiftule au-delTous du maxillaire infé-
rieur. Elle vint chez moi pour fe faire
ôter cette dent gâtée. Je !a lui ôtai à
l\'inftant ; & cette petite opération foc
fufiSfante, pour faire difparoître prom-
tement l\'abcès, & guérir radicalement
cette maladie.
432 IE CH IRXJRGÏ SN\'
Sur une fifiule furvenue aux gen",
cives du devant \'de la bouche >
à la mâchoire inférieure^
Le 11. Décembre 1723. M. ^lî
Rouret Moufquetaire, me fbt adrefle
au fujet d\'un effort très-vîolcnt qu\'j\'\'
avoit fait avec les dents du- devant de
fa bouche. Cet effort lui occafionn^
quelque tems après une fiftule , fitu^
entre la racine de la petite incifive ^
îa canine du côté droit de la mâchoire
inférieure. Cette fiftule étoit affez pro^
fonde ; il en fortoit des matières pu;
trides à la moindre preffion. Je fondai
eette fiftule : J\'y fis une petite incifioï\'
de haut en bas, de la longueur d\'en-
viron trois ou quatre lignes ; 6c lorfqu^^
j\'eus découvert l\'alvéole, je trouvai
qu\'il étoit percé d\'un petit trou, qiJ\'
commençoit à là partie fupérieure ^
inoyenne, & qui fe terminoit vers la
partie latérale de l\'extrémité de la ra-
cine de la dent incifive. Je panfar cet-
te fiftule foir & matin pendant hui«^
jours avec de très-petites tantes de
charpie , que jïntroduifois jufqu\'ai^
fond de la fiftule, après les avoir im-
bibésS\'
-ocr page 485-D E N ï ï s T e: >
tîbées de deux parties égales d\'eau de
îhuë ôc de vin blanc, dans lefquelles
je mêlois quelques gouttes d\'huile de
vitriol; après quoi je me fervis du
baume du Commandeur pour imbiber
mes petites tentes, lefquelles je dimi-
nuai à chaque panfement ; ce qui dura
encore huit autres jours. Le malade
fut enfuite guéri radicalement.
Reflexion.
Il efl: rare de voir guérir ces fiftules,
foit parce que la plûpart de ceux qui
en font atteints, les négligent, foie
parce qu\'ils s\'adreflênt à des perfonnes
peu verfées dans la pratique de panfer
ces fortes de maladies, qui d\'ailleurs
ne font pas incurables par leur propre
caractère ; puifqu\'il ne s\'agit pour les
guérir, que de les traiter comme j\'ai
traité celles ci.
VI. o b s e rvat ion,
Sur l\'effet de la carie de deux ra^
cines dune dent, qui occafionna
une tumeur & un abcès du coté
gauche de la mâchoire inférieure.
Le 6. Décembre i7;2j,répoufede
^ome L O o
454 ^^ CiriRURGïENr
M. Brizard Concierge & Garde-meu-
ble de l\'Hôtel de Conti, ayant les deux
racines de la deuxième grofle molaire
du côté gauche de la mâchoire inférieu-
re cariées depuis plufieurs années, la
carie de ces racines lui caufa une tu-
meur confidérable du même côté. Je
fus appellé pour examiner cette tu-
meur , ôc pour extirper ces deux raci-
nes ; ce que je fis en préfence de M.
Finot ( ^ ) »5c de JVI. Darmagnac. {b )
Le vuide que ces deux racines laifle-
f ent, me facilita l\'introdudion de mon
ftilet, que j\'introduifis dans la tumeur :
Par ce moyen je m\'aifurai de fa pro-
fondeur , qui s\'étendoit jufqu\'à la bafe
de l\'os maxillaire inférieur. Je reconnus
pour lors que cet os étoit découvert :
Je fis une incifîon fuffifante à la partie
fupérieure de la gencive, afin de don-
ner plus facilement iffiuë à la matière ;
& pour empêcher que l\'ouverture de la
plaie ne fe fermât trop tôt, je panfaî
cette Dame avec une tente de char-
pie couverte d\'un peu de cire blanche.
{a) Doaeur-Régent de la Faculté de Mé-
decine de Paris, & Médecin de S, A. S. Ma-
dame la Priiiceffe de Cond Douairière.
(b) Apotiquaire de S. A, S. Monfdgneuf
ïe Prinçç de Çonti,
D E N T i s T EJ
Je renoLiveilois cette tente foir Se ma-
tin , Se je feringuois le dedans de la,
plaie toutes les fois que je la panfois^
avec une lotion faite de deux onces
d\'eau vulnéraire, d\'eau dei:anelle or-
gée , de baume de fioraventi Se de
miel rofat, de chacun une once , le
tout mêlé enfembie : Le quatrième
jour je celfai l\'ufage des tentes, Se je
continuai de feringuer ia plaie comme
auparavant, jufqu\'au vingt-cinquième
jour que la maladie fut parfaitement
guérie.
Si l\'on avoit différé davantage d\'ô-
ter ces deux racines cariées, Se de dila-
ter fuffifamment cet abcès, le féjour de
cette matière auroitformède nouveauK
finus, & fait de plus grands progrès ;
alors iln\'auroit peut être pas été poffi-
ble de terminer auffi heureufement la
cure de cette maladie.
VII. o b s E rvat i o n.
Sur un abcès fifiuleux caufé par une
dent cariée guéri promtement
par la feule extraction ds la dent.
En I7IZ, le fils aîné de M. Pecis
O o il
LE Chirurgien
Procuceur à Nantes, ayant une groffe
dent molaire cariée du côté droit de la
mâchoire inférieure, & cette dent lui
ayant caufe plufieurs fluxions , il lui
furvint à la jouë droite un abcès, qui
dégénéra bientôt en une fiflule , de
laquelle il fortoit plufieurs fois ie jour
delà matièreputrefaite 6c fanieufe. Ce
malade s\'étoit fait traiter par un des
plus habiles Chirurgiens de la même
Ville, lequel fit à cette fiftule plufieurs
Incifions, & la traita par différens pan-
femens. De tous ces traitemens il ne
yéfulta que des cicatrices apparentes,
fans aucun fuccès ; ce qui détermina
ee malade à venir me confulter. J\'e-
xaminai fa bouche, 6c je reconnus que
eette fiftule n\'étoit entretenuë que par
la dent cariée, 6c que pour obtenir
une promte 6c parfaite guérifon, il s\'a-
giffoit de la lui ôter. Le malade eue
peine à fe perfuader que cette fimple
opération pût être capable de le gué-
rir ; ce qui l\'engagea à confulter d\'au-
tres perfonnes , dont les avis furent op-
pofez au mien. Cependant quelque
tems après ce malade revint à moi, ^
me pria de vouloir encore confulter ft
maladie avec M. Boutin très-habile
Chirurgien de la même Ville. Apr^
Dentiste.
âvoir examiné fa bouche, nous con»
vinraes qu\'il faloit abfolument ôter cet-
te dent ; ce que je fis à l\'heure même, &
quelques jours après iife trouva paràî-
temenc guéri de fa fiftule : Il m\'alfura
que les remèdes inutiles qu\'on lui avoit
faits auparavant, lui avoient coûté
beaucoup d\'argent fans en retirer au-
cun avantage.
S\'il y a des circonftances dans let
quelles il faille éluder le plus longtems
que l\'on peut, d\'ôter certaines dents
cariées, le fait rapporté dans cette Ob-
fervation , fait voir qu\'il y en a de con-
traires , où il ne faut point héfiter à les
ôter ; comme lorfqu\'il s\'agit de guérir
une fiftule qu\'elles entretiennent. Dans
un pareil cas, on ne doit pas avoir re-
gret de perdre une dent ; puifqu\'on fe
délivre à peu de frais d\'un mal qui dé-
figure le vifage, & qui pourroit à la
fin devenir incurable, laiifer des dif-
formitez affreufes, faire louffrir long-
tems un malade, ôc épuifer fa bourfe.
43s ie chirurgieî^
VII L OBSE RVAT I 0 N.
Sur un abcès occafionné par une
Dent cariée.
^ Le fils de M. Galois Marchand Epi-
cier, ruë des Boucheries, Fauxbourg
S. Germain , avoit la première grofle
dent molaire du côté droit de la mâ-
choire fupérieure cariée à un tel point,
qu\'elle lui occafionna une tumeur fituée
fur le milieu de la furface externe da
maxillaire fupérieur , s\'étendant iuf"
qu\'auprès de l\'orbite : Elle étoit du vo-
lume d\'un jaune d\'œuf de poule. L»
longue durée de cette tumeur obli"
gea le père & la mére de ce jeu-
ne enfant âgé de douze ans de con-
fulter M. Petit Maître Chirurgien ,
qui ayant examiné cette maladie, con-
nut qu\'elle dépendoit de la dent ca-
riée. Il leur dît de me\'confulter
auffi fur ce fait. Madame Galois fuivit
l\'avis de M. Petit ; elle accompagna
fon fils chez moi le 5. Mai Je
remarquai que cette tumeur contenoic
une matière épanchée, & je jugeai que
ce dépôt avoit été caufé par la carie
de la dent. Je n\'héfitai pas pour lors
à déterminer cette Dame à confentir
Dentiste. 439
que cette dent fût ôtée, pour préve-
nir les fâcheufes fuites qui arrivent pref-
que toujours dans ces fortes de mala-
dies, & je l\'affurai que c\'étoit le feul
moyen qu\'il y avoit à pratiquer en
cette occafion pour obtenir unè prom-
te & sûre guérifon, fans avoir recours
à aucun autre remède. Cette Dame y
confentit d\'autant plus volontiers, que
mon fentiment fe trouva conforme à
celui de cet habile Chirurgien. L\'ex-
tradion de cette dent ne fuc pas plu-
tôt faite qu\'il fortit une quantité allez
confidérable de matière féreufe &: jau-
nâtre par l\'endroit que les racines de
cette même dent occupoient avant l\'ex-
tradion : J\'introduifis mon ftilet dans
■l\'alvéole, «Se je trouvai que cet abcès
s\'étendoit jufques dans le fmus maxil-
laire fupérieur. Enfuite je comprimai
h région de cette tumeur en tous fens,
Se par-là je procurai l\'évacuation d\'un
refte de matière fanguinolente , épaiffe
& noirâtre. L\'extirpation de cette denc
6c la totale évacuation de la matière
firent aufîi-tôt difparoître cette tumeur.
Se cette maladie fut en peu de jours
guérie parfaitement.
O o iiij
-ocr page 492-440 X.E CHIKUUCIEST
IX, O B S E RVAT 1 O N.
Sur deux Dents molaires îùs-câ-
riées qui cauférent une jîuxion >
fuivie d\'un abcès 5 dont les at\'^
adens furent très-dangereux.
En l\'année 1719. le fieur Nicole
de Louviers Relieur de Livres à Paris,
eut les deux dernières dents molaires
du côté gauche de la mâchoire infériei*\'
le très cariées ; elles lui cauférent un2
fluxion fi extraordinaire, & des dou-
leurs fi infupportables, qu\'il penfa en
perdre la vie ; fori vifage en devint
monflrueux ; trois glandes fous le men-
ton fe tuméfièrent, paroifTant chacune
de la grofîèur d\'un œuf de Pigeon ;
gorge & fa bouche fe gonflèrent à u»
tel point qu\'il lui étoit prefque impoffi-
ble de l\'ouvrir, & de faire pafTèr les
alimens les plus liquides dans fon eflo-
mac. Se voyant dans un fi trifle état, il
envoya prier M. Chauvec Chirurgien-
Juré à Paris, de le venir voir : Il exa-
mina fa maladie, jugea à propos de le
faigner fur le champ , & lui fit appli-
quer un cataplâme émolliant fur les
parties les pîus tuméfiées ; mais malgré
ces remèdes, la maladie augmenta de
telle forte, & les parties de la bouche
& de la gorge fe gonflèrent fi confidé-
lablement, que le malade ne pouvoît
plus avaler, ni retenir fa falive, qui
couloit auffî abondamment que s\'il eût
eu un pthyalifme occafionné par l\'effet
de quelques remèdes mercuriaux.
M. Chauvet étant retourné le voir ^
fut fi furpris de le trouver en ce pi-
toyable état, qu\'il crut que cette mala-
die étoit une efquinancie confirmée; ce
qui l\'obligea de confeiller au malade
d\'appeller un Médecin. On alla auffi-
tôt prier M. de Juffieu {a) de levenix
vifiter. Ces deux Mefîieurs qui le vî«
lent enfemble eurent aflTez de peine à
examiner fa bouche ; parce qu\'il ne pou-
voit l\'ouvrir fuffifamment pour donner
lieu de connoître la caufe de fa mala-
die; néanmoins M. de Juffieu jugea
qu\'elle n\'étoit occafionnée que par des
dents cariées. La gencive du même
côté étoit fi tuméfiée , qu\'elle furpaf-
foit ces mêmes dents ; ce qui leur fit
juger qu\'il y avoit un abcès formé à
(4) Dodeur en Mé<5ecine de la Faculté de
Paris, de l\'Académie Royale des Sciences,
& Profefleur en Botaniciue au Jardin Royal
des Piantcï.
44^ ie Chirurgien
cette partie, & qu\'il faloit l\'ouvrir pour
donner promtement ifTuë à la matière.
M. Chauvet ayant ouvert cet abcès ,
il n\'en fortit que très-peu de pus, parce
que la plus grande quantité de cette
matière étoit renfermée dans le fon^i
des alvéoles, êc aux environs de l\'an-
gle de cette mâchoire : cependant cet-
te petite évacuation donna lieu de dé-
tendre un peu ces mêmes parties, êc
de faciliter davantage l\'ouverture de
la bouche. M. de Jufîieu confeilla aU
malade de m\'envoyer chercher , pour
fe faire tirer les dents qui caufoient
tout fon mal, s\'il étoit poffible d\'y
porter l\'inftrument. M\'étant donc
tranfportè chez lui, je trouvai en exa-
minant fa bouche, que c\'étoient les
deux dernières dents molaires du côte
gauche de la mâchoire inférieure qui
étoient cariées, Se qui avoient cau(é
tout cedéfordre , comme M. de Juf-
fieu l\'avoit très-bien obfervé. J\'eus
beaucoup de peine à ouvrir aflez la bou-
che de ce malade, pour y introduire
la branche de mon pélican. Je choifis
une de celles dont le crochet étoit
snoins long Se le plus large pour le pou-
voir porter plus aifément fur la furface
pncérieure des deux dents cariées, afin
Dentiste. 445
de les pouvoir tirer d\'un feul coup, &
d\'éviter par ce moyen la récidive de
l\'effort & de l\'ébranlement ; ce qui
me réuffît très-bien. Auffi-tôt que ces
deux dents furent ôtées , il fe fit
une évacuation de pus fi confidérable
par les alvéoles qui contenoient leurs
racines, qu\'il en fortit plus de trois
palettes : Ce pus étoit verdâtre &
d\'une puanteur infupportable. Le
malade avoit été tourmenté de très-
cruelles douleurs pendant huit à dix
jours, & il en fut délivré bientôt après
l\'extradion de ces deux dents cariées 5
l\'évacuation de cette quantité de pus
aïant procuré la promte guérifon d\'u-
ne maladie auffi confidérable.
X. o B s E RVAT I O N.
\'Sur la carie d\'une Dent, qui pour
avoir été négligée, caufa des
accidem funejîes y & donna lieu
à de très-grandes opérations de
Chirurgie.
François le Blanc Compagnon Ma-
çon à Ville-Neuve-le-Roi, près Paris ;
à l\'âge de cinquante-fept ans, au mois
d\'Oaobre 1725. s\'apperçut par des
444 i.e Chirurgien
douleurs fi violentes, & ufle fluxiofl
fi confidérable qu\'il ne pouvoit plus ƒ
réfifter, qu\'il avoit la dernière gr\'ofTe
dent molaire du côté droit de la ma-
ehoire inférieure cariée : Il eut recours
à fon Chirurgien ordinaire, quilefai-
gna, & lui ordonna des cataplâmes.
Ces remèdes furent inutiles, la fluxion
perfifta, & il fe forma un abcès à cô-
té de la dent cariée. La douleur & h
fluxion parurent diminuer ; mais la ma;
tiére renfermée qui n\'avoit point ét€
évacuée, reflua dans la mafl~e du fang,
Se caufa une fièvre violente avec défire,
qui mit le malade en danger de perdre
Ja vie : Dans cet état il fut encore fai-
gné deux ou trois fois, Se purgé.
Peu de tems après, l\'abcès s\'ouvrit
de lui -meme dans la bouche ; mais 13\'
matière qui en fortoit continuellement,
Se qui étoit d\'une fœtidité infuppofta-
ble , n\'étoit que la partie la plus féreu-
fe&Ia plus fluide.
L\'évacuation de cette matière fie
ceflfer la fièvre & le délire ; mais
la jouë du malade re/îoit toujours
très-tuméfiée, à caufe que la matière
^ la plus épaiflen\'en avoit point été éva-
cuée. Le Chirurgien qui le voyoit, era-
pîoyoit des cataplâmes Se des embro-
Dentiste.
eatîons dans l\'intention de réfoudre
cette tumeur. Il traita ainfi fon mala-
de même pendant un mois entier fans
aucun fuccès.
M. Montaut Maître Chirurgien au
même Heu, fut appellé : Il examina la
jouë de ce malade, il la trouva très-
dure 6c groffe comme un pain d\'une
livre. La mâchoire inférieure avoit per-
du fon adion. Se les dents inférieures
étoient écartées des fupérieures d\'un
travers de petit doigt, ce malade re-
muoit à peine les lèvres pour cracher
Si prendre du bouillon.
Ce dernier Chirurgien jugea que la
partie la plusépaiffe de la matière étoit
reliée dans le fac, tandis que la plus flui-
de fortoit continuellement.
Le Chirurgien ordinaire du malade
ne fut point de cet avis, Se foutenoic
qu\'il n\'y avoit point de matière; parce
q u\'il n\' y fentoit point, difbit-il, de flu-
âuation ; mais ie Chirurgien Conful-
tant conclut qu\'il n\'y avoit point d\'au-
tre moyen pour le guérir, que d\'ou-
vrir cette tumeur par le dedans de la
bouche, ce qu\'il faloit faire abfolu-
ment, a.fin que fi par hazard l\'os de k
mâchoire n\'étoit pas carié, cette tu-
meur pût fe guérir par cette fimple 0U7
ferturc.
ie Chirurgien
Tandis que le Chirurgien ordinaire
perfiftoic dans fon fentinaent, ôc qu\'il
refufoic de faire cetce opération, M.
Montant prit une lancecce à abcès, ôc
îa plongea dans le fac : Il fit horifiDnca-
iemenc une ouverture alfez grande, de
laquelle fi^rcic unemaciére fort épaiffe,
mais en petite quantité ; ce qui l\'obli-
gea de prendre un biftouri avec lequel
il agrandit l\'ouverture déjà commen-
cée avec la lancette.
Enfiiite il appuya fa main gauche
fur la jouë : Par cetce compreftion il fie
forcir toute la matière, laquelle étoic
très-dure Ôc en forme de caillots gros
comme des noifettes.
Après avoir vuidé ce fac , il appli-
qua un bandage expulfif fur la jouë du
malade.
Le foir il le panfa de nouveau : Il
prit alors un ftilet qu\'il introduifit par
l\'ouverture qu\'il avoit faite le matin, ôc
il le conduifit jufques fous l\'angle infé-
rieur de la mâchoire ; ce qili le déter-
mina à faire une contre-ouverture le
lendemain au matin.
Il introduifit par cette dernière ou-
verture une fonde , qu\'il fit pénétrer
jufques fous l\'angle de la mâchoire infé-
rieure, ôc avec un rafoir il incifa fur
Dentiste.
Cette même fonde, à Ja faveur de la-
quelle il introduific encore une autre
fonde, & il divifa tranfverralemene
avec un biftouri les tégumens ôz les
chairs qui couvroient les fi nus.
Ayant découvert ia mâchoire, il la
trouva cariée:Il reconnut par le moyen
de la fonde que la carie s\'étendoit juf-
qu\'au condilie & jufqu\'à ia cavité glé-
noïde de l\'os temporal ; ce qui l\'obli-
gea à continuer fes incifions qui for-
inoient la figure d\'un T renverfé.
En faifant cette dernière ouverture,
il ne put éviter de couper un rameau
confidérable de ia carotide externe ; ce
qui caufa une forte hémorragie : Il s\'en
rendit maître par la ligature & le point
d\'appui.
Il tamponna la plaie autant qu\'il lui
fut poffible, afin de pouvoir dans la fui-
te porter les médicamens néceffaires fur
l\'os carié : Dans cette intention il fe fer-
Vit d\'injedions fpiritueufes, defficati-
Ves, & vulnéraires : Il fit principale-
tïient ufage de l\'efprit de vin , dans le-
quel il faifoic infufer de la canelle 6c
du girofle. Il panfoit cette plaie deux
fois le jouravec des bourdonnets trem-
pez dans cette liqueur , avec un dige-
iiif par-deifus. \'\'
s-^ ie c hi r ur gie n
Quinze jours après l\'opération, l\'ex-
foliation fe fit, & il tira quatre pièces
d\'\'os très-confidérables, quiconfiûoienc
en une portion de l\'apophyfe coronoi-
de, le condille entier de la mâchoire,
une moyenne portion de fon angle, &
une autre portion plus confidérable di^
même angle. Lorfque cette dernière
pièce fe détacha, elle entraîna avec
elle la dent cariée, qui avoit caufé ce
défordre.
L\'exfoliation faite, ce Chirurgieii
eut la liberté de voir ce qui fe palfoi\'\'
à la partie inférieure de l\'os temporal,
où ce malade difoit fentir depuis long-
tems une grande douleur avec quatre
ou cinq batteurs de ciment ; c\'étoit ain-
fi qu\'il s\'exprimoit.
Dans cette partie fi douloureufe Sc
fi fenfible, fon Chirurgien reconnut
que les os étoient à découvert, que
cavité glénoïde étoit découverte & de
même l\'apophife zigomatique & le ftil\'
loide, que tous ces os étoient dépou?!\'
lez jufqu\'au trou auditif excerne ; ce
que ce Chirurgien découvrit au moye»
de fon ftilet,avec lequel il rencontra l\'o5
temporal carié à un tel point, que Cou
ftilet le traverfa jufqu\'à ia dure mére :
il le paffapar-deffous l\'arcade zigomati*
queii.
-ocr page 501-que, & il pénétra jufqu\'à la fente or-
bitaire externe : Comme il ne faut ja-
mais défefpérer entièrement dans les
cas ies plus fâcheux, il fe fervit en con-
tinuant le traitement de ^ cette mala-
die , de fon injedion qu\'il jetta dans le
fond des fmus, tamponnant autanc
qu\'il lui fut poffible. Craignant tou-
jours qu\'il ne fe fît quelque forte ex-
foliation du temporal ôc du fphénoi-
de, accompagnée de quelque accident
mortel, & n\'ayant pas la liberté de
porter le remède dans tant de cavitez,
tout ce qu\'il pouvoit faire, c\'étoit de
feringuer la plaie avec la même injec-
tion deux fois le jour; ce qui rèufTît fi
bien, que les battemens ceflérent, &
la douleur fe diffipa.
Après toutes ces opérations & deux
mois de panfement, tous les accidens
difparurent ; mais il refta une fiftule in-
curable , le canal excréteur de la glan-
de parotide ayant été coupé par le mi-
lieu. La liqueur que cette glande fil-
troit prit fon cours par dehors, à l\'en-
droit où l\'opération fut faite : Cet ac-
cident fut a principale caufe de cette
fift.ule, qui eft une de celles qui ordi-
nairement ne guériffent point. ^
J.a paupiéce inférieure de l\'œil du
-ocr page 502-xe Chirurgien
même côcé eft reftée éraillée, & eft de-
meurée paralitique par la deftruétion
d\'un rameau du nerf de la cinquième
paire qui fe diftribuë à la face : Il pa-
role une catarade qui commence à fe
former, qui felon toute apparence eft
caufée par l\'obftruétion qui s\'eft com-
muniquée au corps grailfeux & auX
vaifleaux fanguins, qui fe diftribuent
au globe de l\'oeil. A ces accidens près ?
le malade joiiit à préfent d\'une parfaite
fanté.
Reflexion.
On voit par cette Obfervation le
danger où a été expofé ce malade par
la négligence de fon Chirurgien ordi-
naire : Elle nous apprend que l\'on doit
toujours remédier promtement aux
maladies qui paroiiTent les plus légè-
res dans leur commencement ; prévoie
les accidens qui peuvent arriver, &
apporter fes foins pour les prévénir. H
arrive fouvent, ou que ceux qui en
fortt affligez fe flatent croyent qu\'el-
les pafferont d\'elles-mêmes ^ ou que
les Chirurgiens peu expérimentez, auf^
quels ilss\'adreffent, n\'en prévoyant pas
les fuites, & n\'y apportant point les re-
mèdes iiéceiîàires, elles deviennent
dentiste. 451
d\'une très-grande conféquence dans
leurs progrès, & mettent les malades
en danger de mort, comme on vient
de le voir.
Meffieurs Winflow, de Manteville,
Verdier, de Saint Yves (a) 6e moi
as\'ons vu & 6c examiné le malade après
fa guérifon, & les pièces d\'os qui fe
font exfoliées de fa mâchoire.
C\'eft M. Montant qui a fait cette
cure, 6c qui m\'a communiqué cette
Obfervation.
XL O B S E RVAT ION.
Sur une petite Dent incifive ^ qui
fans être cariée > avoit caufé
plufieurs fluxions j fuivies âun
abcès confidérable.
En 1724. M. Pierre Mathieu de
Nîmes en Languedoc , étant à Paris,
fat attaqué à l\'âge de vingt ans d\'une
fluxion fi confidérable, qu\'il fuc obli-
gé d\'avoir recours à M. de Juffieu ;
mais comme fes occupations de Méde-
cine ne lui permettoient pas alors de
pouvoir fe tranfporter chez ce malade ,
il me fit dire de m\'y rendre de fa part,
pour examiner la maladie, 6c voir ce
( a ) Chirurgiea Ocuulle à Paris.
Ppi)
-ocr page 504-IE CHIRURGIEN
qui- pouvoit, caufer la douleur & la flu-
xion dont il étoit attaqué : J\'examinai
fon vifage & fa bouche , êc je remar-
quai qu\'ii avoit ie menton enflé êc far-
ci de plufieurs glandes grofles comme-
dès pois. Je regardai avec toute l\'at-
tention pofliblefes dents, fans en trou-
ver une feuie de cariée ; l\'incifîve du
milieu, Sc du côté gauche de la mâ-
choire inférieure fe trouvoit très-fenfi-
ble lorfqu\'on ia touchoit, Sc même un
peu chancelante ; ce qui étoit caufé par
l\'engorgement de l\'iiumeur qui avoit
écarté l\'alvéole Sc les gencives qui en-
vironnoient cette dent. Je demandai
au malade s\'il avoit reçu quelque coup,
ou fait quelque effort violent fur cette
dent: Il me dît, que non, mais qu\'il
y avoit quatre ans qu\'ellé lui avoit fait
un peu de douleur. Se que huit mois
après, elle lui avoit caufé une fluxion
êc une douleur aflez confidérable pen-
dant trois ou quatre jours ; mais bien
différente de celle qu\'il reffentoit de-
puis cinq à fix jours. Quoique cette
dent ne fût point cariée, je nelaifl^a»
pas de foupçonner qu\'elle caufoit tous
ces défordres, par i\'eflfet de la li-
queur épanchée Se arrêtée dans les
vaiifeaux de fa cavité, ou fur la mem-
Dentiste.
brane de l\'alvéole; qu\'ainfi cet engor-
gemenc caufoit lui feul la douleur vi-
ve , & l\'inflammation que toutes les
parties du menton reflentoient ; ce qui
pouvoir caufer un abcès. Ce malade
avoit été Cligné à propos par le con-
feil de fon Chirurgien. Je lui confeillai
pour topique une lotion faite avec deux
figues grafl"es ôc une racine de guimau-
ve coupée par morceaux , bouillies
deux ou trois bouillons dans une cho-
pine de lait, avec une petite poignée
de feuilles de mauves & une cueillerée
d\'orge, ôc de tenir fouvent dans fa
bouche, une portion de cette lotion,
après l\'avoir fait tiédir ; Ôc l\'application
d\'un cataplâme fait avec la mie de
pain, Je lait, le jaune d\'œuf 6c le faf-
fran foir& naatin fur la partie tumé-
fiée , ce qui fut exécuté : Je fus le len-
demain avec M. de Juffieu chez le ma-
lade ; nous trouvâmes qu\'il avoit la lè-
vre beaucoup plus enflée qu\'aupara-
vant , le menton de même & fort ten-
du ; ce qui étoit accompagné d\'une pe-
tite rougeur dans un feul endroit : Nous
jugeâmes par tous ces fignes, que l\'ab-
cès pouvoitêtre formé dans le fond de
l\'alvéole, ôc que.le féjour de la matière
cauferoit infailliblement quelque défoi-
454 i-e C hîrurg ie n
dre en cette partie, & fe porreroit Jul-
qu\'au dehors, fi fon n\'y donnoit ordre
promtement. Nous conclûmes de-là ;
qu\'il faloit, fans différer, ôter la dent,
afin que la matière s\'évacuât ; ce qii^
arriva comme nous l\'avions penfé. Cet-
te dent étoit tout-à-fait hors de rang»
Se portée vers la langue. Les deux dent®
voifines remplifîbient en partie Vefp^^^
qu\'elle devoit feule occuper. Une dent
ainfi fituée, ne pouvoit être sûrement
ôtée qu\'avec le pouffoir ; ce fut pout
cette raifon, qu\'après avoir fitué ce m^.\'
Jade fur une chaife ordinaire, 6c que j®
me fus placé avantageufement derrière
lui, fa tête étant affermie contremoîi
corps , ie portai l\'extrémité dentelée
du pouvoir fur la furface extérieure
moyenne de ia dent qui caufoit la doU"
leur ; je frapai un feul coup fur l\'ex"
trêmité du manche de cet inftrument
avec une livre de plomb en maffe ; Ç^
qui fut fuffifant pour ôter cette dent,
Se pour procurer l\'évacuation de beau-
coup de pus par l\'alvéole, qui renfef\'
moit fa racine. Nous confeillâmes aU
malade de fe faire faigner une féconde
fois, de continuer fon cataplâme, ^
de tenir fouvent dans fa bouche du mê\'
me lait donc il s etoit fervi ; ce qui fuc
concinué jufqu\'au lendemain ; 6c peu de
jours après il fut entièrement guéri Se
délivré par cette opération, des dou-
leurs qui le tourmentoient, & d\'une
dent incommode & hors de rang, qui
étoic non-feulement inutile, mais mê-
me défeélueufe.
Lorfque cette dent fut tirée, il ne
s\'y trouva aucune carie ; mais nous re-
marquâmes , que depuis îe milieu de fa
racine jufqu\'à fon extrémité, elle étoic
intérieurement très-livide ; Se pour em-
pêcher qu\'elle ne fe delTéchât trop tôt ^
je l\'enveloppai d\'un papier mouillé, &
dès que je fus rentré chez moi, je li-
mai jufqu\'à la cavité l\'endroit delà ra-
cine qui paroilfoit livide : Alors il for-
tit de la cavité de cette racine une
odeur très-fœtide, fans que j\'apperçulfe
aucune carie, ni aucune matière puru-
lence. Je penfe que cette puanteur dé-
pendoit de quelques foufres, qui s\'é-
toient exhalez d\'une matière fermentée
dansie voifinage de l\'extrémité des ra-
cines de cette dent. Se qui s\'étoient inli-
nuez dans fa cavité par le trou qui don-
ne paflage aux vaifleaux. Se que s\'y
étant introduits, ils y étoient reflez en-
fermez,jufqu\'à ce quelimant cette dent^
j\'euife ouvert h cavité qui ies contenoiî,
45^ IE Chirurgie
XII. O B s E RVAT I O N.
Sur un abcès caufé par une petits
Dent molaire , précédé d\'une
fluxion très^douloureufe J
vi d\'une fiftule.
Le zo. Décembre 17.23. M- ^^
Nain Lieutenant de Roi de la Pr\'\'\'
vince de Dunkerque & Colonel d\'In-
fanterie, demeurant à Paris, ruë Sain^
André des Arcs, ayant la deuxième
petite molaire du côté droit de ia mâ-
choire inférieure un peu ufée, cette
dent lui caufa une fluxion «S: une dou-
leur fi confidérable, que ia joue du
même côté en devint extrêmement tu-
méfiée : Il m\'envoya chercher : Ayan^
examiné fa bouche, je trouvai fa gen-
cive un peu tenduë & fort enflammée ;
ce qui me fit juger, qu\'elle avoit de la-
difpofition à s\'abcéder. Je lui confeil-
lai de fe faire faigner , de prendre
une demie poignée^d\'orge, une poi-
gnée d\'aigremoine, ou de feuilles de
mauve , deux figues grafl^es, 6c une
racine de guimauve coupée par moî"
ceaux , 6c de faire bouillir le tou^
dans une pinte d\'eau commune, d en
tenî?
-ocr page 509-Dentiste. ^^^
tenir fouvent dans fa bouché, après
l\'avoir fait un peu tiédir, & de faire
un cataplâme avec la mie de pain, (Scc.
comme ci-devant, & d\'en appliquer
chaudement foir & matin fur la jouë
enflée ; ce qui ayant été fait pendant
deux fois vingt quatre heures, M. Sau-
ré Maître Chirurgien, & moi, nous
étant jendus chez ce malade , nous
trouvâmes fabcès en état d\'être ouvert:
Ce Chirurgien en ayant fait l\'ouver-
ture , il en ibrtir beaucoup de matiè-
re : Le lendemain le malade fut enco-
re faigné : 11 continua quelques jours
à tenir de la même liqueur de tems en
tems dans fa bouche : Cela le délivra
de fa fluxion & de fa douleur, mais
n\'empêcha pas qu\'il ne reftât une fi-
ftule accompagnée d\'inflammation à la
gencive, d\'où il fortoit une matière
purulente à la moindre preffion qu\'on
Y faifoit, ôc même fans y toucher. Cet-
te fiftule obligea M. le Nain trois fe^
maines après, de me faire revenir chez
lui, afin de fçavoir ce qu\'il y auroit à
faire pour fa guérifon : Je lui dis qu\'il
n\'y avoit qu\'à ôter la dent qui lui avoit
occafionné fa fluxion , & qu\'il feroit
bientôt délivré de fa fiftule, ou que
s\'il vouloir conferver fa dent, il faloic
pm I, Q q
458 lechirurgien
faire quelques incifions à l\'endroit de
la fiftule, & la panfer régulièrement
tous les jours ; que par ce moyen j\'ef-
pèrois que cette fiftule feroit guérie
sarfaitement : Il aima mieux prendre
e dernier parti que de perdre fa dent^
Je commençai, après avoir fondé la
fiftule, à y faire une incifion cruciale
jufques dans fa profondeur, pour em-
pêcher que les lèvres de la plaie ne
vinftent à fe réunir trop tôt, j\'en cou-
pai les angles avec des cifeaux, & pour
la panfer, je me fervis d\'égales parties
de vin blanc , d\'eau de rhuë & d\'eau
vulnéraire, d\'un peu de miel rofat
ôc de quelques goûtes d\'huile de vi-
triol , dont je fis un mélange, pour y
imbiber un petit tampon de charpie ,
que j\'introduifois dans l\'ouverture de
îa fiftule, & que je renouvellois foir
& matin ; ce que je fis pendant cinq^à
fix jours ; après quoi je m\'apperçus qu\'il
y avoit un peu au-deifus de la fiftule
quelque portion de l\'alvéole, qui avoit
de la difpofition à s\'exfolier, ce qui
m\'obligea d\'y faire une fimple incifion ,
Se de continuer le même panfement.
Au bout de trois ou quatre jours il s\'ex-
folia trois petites portions de l\'alvéo-
le. Je continuai enfuite d\'appliquer-
Dentiste. xe^
pendant neuf à dix jours dans cette fi-
Iblede petits tampons de charpie, im.
bibez du baume du Commandeur
lefquels tampons je diminuois toutes
les fois que je la panfois Le malade
fut parfaitement guéri par cette mé-
thode , & il a confervé fa dent.
Cette Obfervation de même que les
precedentes, fait connoître que la dou-
leur & la carie des dents occafionnent
ordinairement des tumeurs, des abcès
& des hftuies, non-feulement aux gen-
cives , mais encore en plufieurs autres
parties du vifage, & que ces accidens
n arrivent le plus fouvent, que parce
qu\'on a négligé de remédier d\'abord à
la cane des dents; que l\'on s\'eft fervi
de remèdes contraires, ou inutiles ; ou
que l\'on n\'a pas ôté affez tôt ies dents
ou les chicots; que l\'on n\'a pas faigné
& purge le malade à propos ; ou que
l\'on n\'a pas eu recours à des remèdes
dérivatifs & évacuans, avant que les
depots fe fulfent formez ; ou bien parce
quêtant une fois formez, on a négli-
gé de les réfoudre, ou de les ouvrir
dès que cette matière a été formée; ce
qui a donné occafionà la matière\'de
QqiJ
-ocr page 512-^60 IE Chirurgien
découvrir & de pénétrer l\'os, 5c par
conféquent de produire une maladie
dont la guérifon eft très-difficile. Ainft
pour n\'avoir pas panfé méthodique-
ment ces fortes d\'abcès, il fe forme à
îa fin des fiftules. Or la plûpart de ces
fiftules reftent incurables, non qu\'el-
les le foient par elles-mêmes; mais
parce que peu de perfonnes fe font ap-
pliquées à les bien traiter ; & que ceux
qui en ont été attaquez, n\'ont pas tou-
iours eu le bonheur de rencontrer des
Praticiens aftez expérimentez. D\'où
il faut conclurre qu\'il y a des moyens
pour guérir certaines maladies, qui ne
font connus que de peu de perfonnes ;
quoique la connoiflance de ces mêmes
maladies, 5c de ces mêmes moyens
fie foit pas difficile à ceux qui fe font
férieufement attachez à acquérir la ca-
pacité, l\'expérience 5cradreffe nécef-
faire. Sans le fecours de tels Denti-
(les , les perfonnes atteintes de ces ma-
ladies fe trouvent expofées à courir de
très-grands rifques ; parce qu\'étant né-
gligées , le progrès de leur mal a fou-
vent des fuites fi fâcheufes, qu\'elles
font expofées à eftuyer des opéra-
tions longues 5c douloureufes 5 enfpr-
|eç^ue <ies fujets foibles ^ cacoçhjme?
M,
D E N T I s T E.
ibnt quelquefois en danger de perdre
la vie-
ObferUation fur les excoriations
calleufes de la langue ^ des joués
& des gencives i caufées far
le frotement des chicots , on
dents éclatées, &c.
Le 12. Janvier 172^. M. Helvs»
tius le pére, m\'envoya une pauvre
femme qui avoic le côté de la langue
& le dedans de la jouë du côté gau-
che de la mâchoire inférieure, très-
calleux, & même excoriez par des
dents cariées & rompues : Leurs chi*-
cots frotant fans ceife contre ces par-
ties avoient occafionné ces excoriations
calleufes. Je limai les pointes aiguës
de ces chicots, & en peu de tems , cet-
te pauvre femme fe trouva parfaite-
ment guérie.
Le 13, Janvier de la même année ,
M. le Mercier Imprimeur & Marchand
Libraire, ruë S. Jacques à Paris, ayant
des excoriations à peu près femblables
XE Chirurgien
à celles que j\'ai rapportées ci defTus^
caufées par le frotement de la derniè-
re dent molaire du côté droit de la mâ-
choire inférieure , confulta le même
Médecin, qui lui confeilla encore de
s\'adrelfer à moi. Ce Libraire m\'étant
venu trouver, j\'examinai fa bouche ,
Se je remarquai que la dernière molai-
re du côté droit de la mâchoire infé-
rieure étoit cariée , qu\'il s\'étoit rompù
une portion de fon corps, ôc que le
refte de ce^te dent avoit des pointes
très tranchantes, qui avoient exco-
rié le côré de la langue du côté de
la même dent, ôc y avoient fait un pe-
tit trou : Je limai les parties aiguës de
cette dent ; ce qui procura en peu^de
jours une guérifon parfaite.
Sur des ulcères calleux fîîuez au
dedans de la joué & aux gen-
cives, caufez & entretenus par
îa compreffion dune dernière denî
molaire,
Le i 8. Mars 1724. Mademoifelle
de Neuf Chaife fille d\'un Gentil-
Dentiste.
homme de Poitiers, vint chez moi ,
après avoir fouffert pendant un an des
douleurs violentes, occafionnées par
la dernière dent molaire du côté droit
de la mâchoire fupérieure. Cette De-
moifelle avoir été un mois entier fans
pouvoir ouvrir la bouche , ni prendre
pour fa nourriture que les alimens les
plus liquides : Après ces accidens, j\'e-
xaminai la bouche de la makde, &
je trouvai que cette dent avoic caufé
des ulcérations, des excroilfances cal-
leufes aux gencives & à la joue, proche
les mufcles fermeurs de ia mâchoire,
& un enfoncement dans lequel la par-
tie extérieure du corps de cette dent,
fe trouvoit logée : j\'ôtai cette dent, &
je la croavai un peu cariée à fon co-
lec &: à la parcie extérieure de l\'extré-
mité de fon corps. Peu de jours après
en avoir fait l\'extradion, la malade
fut parfaitement guérie , en fe lavant
fouvent ia bouche avec du vin rouge
tiède , dans lequel on diffolvoic Un peu
de miel rofat,
On doit conclurre de ces remarques
de pratique, qu\'il fe rencontre des ex-
coriations, ou des ulcères calleux à la
4^4 LE Chirurgien
furface de la langue, ou à la furface iV
térieure des joués, ou des lèvres, qui
ne dépendent que du frotement des
dents, des chicots, ou de quelqu\'unes
de leurs efquilles, contre les parties
charnues puifque la feule extradion
du corps étranger fuffit pour guérir ces
ulcérations, qui fans cette opération,
loin de guérir, ne manqueroient pas
d\'augmenter par le frotement aduel
de ces corps raboteux, poignans, ou
tranchans, contre des parties molies
& fenfibles. De tels cas nous engagent
à examiner avec attention les ulcères
delabouche; afin de reconnoitre quel-
le eft la véritable caufe qui les produit,
& qui les entretient ; parce qu\'il eft
très-important de ne pas s\'y tromper,
pour ne pas confondre ces ulcères fim-
3les, avec les ulcères vénériens, oa
les fcorbutiques , &c. Cela eft d\'au-;
tant plus de conféquence, que fi l\'on
prenoit le change en pareille occafion,
l\'on engageroit fans néceffité un mala-
de à faire des remèdes dont l\'ufage lui
feroit plus nuifible que profitable. -
Dentiste.
Sur une excroifance fongueufe & char-
nue , [nuée dans une cavité cariée de
la couronne d\'une groffe dent molaire,
contîgué au cordon des vaifeaux
dentaires
Le 5. Avril 1724. l\'époufe de M.
Bourec Lieutenanc général de Gi-
fors, amena chez moi Mademoifeille
fa fiile âgé de quinze ans, pour lui fai-
re accommoder fes dents 5 je remar-
quai en opérant qu\'elle avoit la premiè-
re des groffes molaires du côté gauche
de la mâchoire inférieure fi confidéra-
blement cariée à l\'extrémité de fa cou-
ronne , qu\'elle ne pouvoit depuis long-
tems mâcher fur cette dent ;_ce qui
caufoit que le tartre s\'accumuloit beau-
coup fur les dents de ce même côté. Je
confeillai à cette jeune Demoifelle de
confentirque je la lui ôtaflé, afin qu\'elle
eût la liberté de mâcher aifément des
deux côtez. J\'avois déjà remarqué dans
^66 LEChiRURGÎEM
la cavité de cecce dent une escroiiïàn-
ce charnue & fongueufe, de la grof-
feur d\'un pois, ôc que cette chair étoit
très-fenlible au moindre attouchement;
je crus néanmoins que cette excroif-
fance n\'étoit qu\'un prolongement de
la gencive qui s\'étoit dilacérée & éten-
duë par fon gonflement dans la cavi-
té cariée de la denc, comme il arrive
quelquefois, lorfqu\'on ne peut faire la
maflication fur les dents cariées ; mais
après avoir tiré cette dent, & l\'avoir
examinée, j\'obfervai que cette excroif
fance charnue ne provenoit que du cor-
don des vaiffeaux dentaires, qui s\'é-
toient dilatez Se gonflez jufqu\'au point
que je viens de le rapporter.
Il n\'efl pas ordinaire de voir en pa-
reil cas des excroiffànces femblables.
Pour expliquer de quelle façon celle-
ci a pu fe former, il n\'y aqu\'àferap-
peller qu\'il efi poffible que toutes les
parties charnuës ôc membraneufes pro-
duifent des excroiffànces fongueiifes ,
lorfqu\'une fois elles font rompues, di-
lacérées, ou ulcérées, & qu\'elles font
abreuvées de quelque fuc vicié : c\'efl
par rapport à ces circonfhnces que les
D E N T I s T E. 467
excroiflances ordinaires fe produifent ^
& c\'eft auffi par des caufes à peu près
femblables que celle-ci s\'étoit formée»
Lorfqu\'une dent eft aufli confidérable-
ment cariée, que l\'étoit celle dont je
viens de parler, & que fes vaiffeaux
occafionnent une excroiffance dans fa
cavité cariée, on tenteroit vainement
de vouloir guérir ces deux maladies ^
êc de conferver la dent ; c\'eft pourquoi
il faut l\'extirper promtement, pour
prévenir les accidens fâcheux qui ea
pourroient furvenir.
II. O B S E RVAT I O N.
Sur une Dent cariée far une carie
féche, qui dégénéra fuccejfive-^
ment en carie molle , & qui
pénétra jufqu^â la cavité de la
Dent par une route impercep-
tihle,
M. le Marquis de Parabére , Briga-
dier des Armées du Roi, avoit depuis
nombre d\'années la première grolfe
dent molaire du côté gauche de la mâ-
choire inférieure, cariée d\'une carie fé-
che , fans qu\'il eût reflfenti à cette dent
aucune douleur.
IE CHïRlTRGIËÎf
Cette carie changea en partie de ca-
radére : Elle devint peu à peu molle &
pourrilTante dans un petit endroit, ôc
pénétra alFez avant dans le corps de
la dent pour découvrir les parties fen-
fibles & permettre à l\'air de les frap-
per affez rudement pour caufer au ma-
lade beaucoup de douleur.
Il me fit appeller le i8. de Juillet
1724. Etant arrivé chez lui, j\'exami-
nai fa dent avec attention : La carie en
quertion étoit fi peu apparente, qu\'il
nae fut difficile de la connoître; &
quorqu\'a la fin je m\'en fuffe afîliré, je
ne pouvois me perfuader qu\'elle fût
capable de Jui caufer une douleur auiîi
vive que celle qu\'il relîentoic : La ca-
ne ne me paroiffant pas allez confidé-
rable pour la produire, & cette dent
étant très-néceffaire à la mafîication ,
je ne pouvois me réfoudre à la lui ôter ,
quoique le malade y fût déterminé
pat la violence des douleurs qu\'il fouf-
froit.
Après avoir mûrement réfléchi fur
la fingularicé de cette maladie, je ju-
geai , que quoique cette carie fût peu
apparente, elle pouvoir par quelques
petits conduits s\'être communiquée
dans la cavité du corps de la dent,
Dentiste.
par où l\'air s\'étanc introduit , avoic
pénétré les parties membraneufes &
nerveufes renfermées dans cette cavi-
té , qu\'il avoit irritées ôc enflammées
en altérant les liqueurs qui y circulent ;
de manière qu\'il s\'y étoit formé un
abcès.
Je jugeai encore qu\'en ouvrant da-
vantage la cavité, je donnerois par ce
moyen iflùë à la matière; que le ma-
lade fe trouveroit guéri, & conferve-
roit fa dent.
Pour fatisfaire à mon intention, je
pris une de mes plus petites fondes
courbes, j\'appuyai fortement fon ex-
trémité pointue dans la pecice carie ;
cecte fonde fuc fuffifante pour pénétrer
la carie jufqu\'à la cavité de la dent, 6c
|e n\'eus pas plutôt retiré mon inftru-
ment, qu\'il en fortit du pus 6c du fang,
comme je l\'avois prévû.
Je dis au malade ôc à d\'autres per-
fonnes de diftinélion qui fe trouvèrent
préfentes, que j\'étois perfuadé que la
eaufe de cette douleur étoit entière-
ment emportée, 6c que la dent fe con-
ferveroic : Ils eurent beaucoup de pei-
ne à m\'en croire, ils vouloienc même
que j\'ôtaffe cecte dent fans différer da-
vantage. Pour les tranquillifer, gagner
470 i-e chiritugiem
leur confiance , & fortifier mon pro-
«oftic, je leur dis que j\'avois quantité
d\'expériences femblables, ôc que fi le
fucccs ne répondoit pas à mon atten-
te , j\'en ferois fort furpris ; qij\'enfin , il
feroit toujours tems d\'en venir à cette
opération ; que je les priois d\'attendre
jufqu\'au foir, & que fi la douleur n\'é-
toit point ceifée, on me le fitfçavoît»
Cela ne fur pas néceifaire, car la dou-
leur ne revint point. J\'allai voir ce
Marquis plufieurs jours après, & je le
trouvai entièrement guéri. Il n\'y 3
3oint eu de récidive, & cette dent ne
ui fert pas moins que ies autres.
ï 11. O B s E RVAT I O N.
Sur une Dent canine, & fur le
pus qui s était formé dans fi
cavité J lequel fut évacué par utt
trépan perforatif.
Le 12. de Novembre 1724. M.
Tartanfon Chirurgien Juré à Paris &
ancien Prévôt de fa Compagnie, fut
attaqué d\'une cruelle douleur aux dents
incifives & canines de la mâchoire infé-
rieure j ii me manda pour fçavoir d\'oà
pouvoit provenir une douleur fi vive,
Dentiste. 471
fans que fes dents futTent cariées , n^é-
tant feulement qu\'un peu ufées à leurs
extrémitez. Après ies avoir examinées
& toucliées avec ma fonde, je con-
nus ce qui en étoit, êc je l\'aflurai qu\'il
n\'y avoit que ia feule canine du côté
droit de ia même maciioire qui fût
fenfible, êc qui lui causât cette vive
douleur ; ce qui provenoit de ce que
cette dent étant plus ufée que les au-
tres par fon extrémité , le nerf qui en-
tre dans fa cavité avoit été plus fra-
pé de l\'air que ceux des autres dents.
Je lui dis, que j\'étois perfuadè qu\'il
y avoit une matière purulente épan-
chée dans cette cavité, & qu\'il faloit
perforer cette dent pour l\'évacuer ;
que par ce moyen ia douleur cefferoit
bientôt, éc qu\'on lui conferveroit fa
dent. Lorfque j\'eus perfuadè M. Tar-
tanfon de l\'utilité de cette opération,
je pris un burin qui me fervit de per-
foratif, dont je portai ia pointe fur
Textrêmité de la dent dans l\'endroit
de fa cavité, & en le tournant de droit
à gauche ôc de gauche à droit, je com-
mençai l\'ouverture de cette même ca-
vité ; enfuite je pris un équarrifloir ,
donc je me fervis en ie tournant de la
même manière, pour agrandir & ap-
47^ i-E Chirurgien\'
profondir i\'ouvercure que j\'avois déjà
commencée, & auiii-tôc que Jâ cavité
de cette dent abcédée fut ouverte, il
en Ibrtit du pus ôc du fang aifez con-
fidérabiement ; ce que je hs voir au ma-
lade par le moyen d\'un miroir, en pré-
fencedufieur JLarreyre[a](on Gardon
Chirurgien. Ce fait parut lîngulier à
M. Tartanfon , quoique tres-habile
dans fon art ; & à la vérité il n\'eft pas
ordinaire de voir une femblable mala-
die. Si quelques Auteurs ont rapporté
avant moi des maladies à peu près fem-
blables , je ne crois pas que l\'on ait
penfé auparavant à mettre en ufage les
moyens convenables pour les guérir,
dont le principal eft de trépaner la
dent, comme je le fis en cette occa-
fion, pour donner iffuë à la matière
renfermée dans fa cavité.
M. le N ain dont j\'ai déjà parlé, a eu
plufieurs dents attaquées de maladies
femblables , qui lui ont caufé beau-
coup de douleur : Je les ai toutes gué-
ries par le moyen que je viens d indi-
quer. Quelques mois après j\'ai plom-
bé fes dents, fans que depuis elles lui
ayent caufé la moindre douleur , Ôc
( « ) II eft devenu depuis Chirurgien de
f«« S. A. S. M. le Duc de Çondé.
elles
-ocr page 525-Dentiste. 473
elles lui fervent comme les autres
dents.
Depuis peu Madame de Saint-Be-
noît Religieufeau Couvent du Chalfe-
Midi, étant attaquée d\'une grande
douleur occafionnée par une femblable
maladie à la première petite dent mo\'^
laire du côté droit de la mâchoire fu-
périeure , elle eut recours à moi : Je
me fervis de îa même méthode qui me
réuffit avec tant de fuccès, que la dou-
leur ceffa prefquaufîî-tôt, & que cette
Religieufe a confervé fa dent.
Il ne faut donc jamais négliger de
trépaner une dent en pareille occafion ;
de même qu\'on fait cette opération fur
le crane & fur d\'autres os, pour don-
ner iffuë aux matières qui font épan-
chées dans les cavitez de ces os, 012
elles fe font formées contre l\'ordre na-
turel.
IV. O B s E RVAT I o N»
Sur une exoftofe carcinomateufe
des pîus confidérables , accom-
pagnée de la perte de plufieurs
dents*
Nicolas Bataille, fils d\'un Vigneron
Tame L B. t
474 ^^ chirurgien
de Nogent-fur-Marne, âgé d\'environ
dix-huit ans, fut atteint de violentes
doulears aux dents molaires du côté
gauche de la mâchoire inférieure. Ces
douleurs furent bientôt fuivies d\'une
fluxion confidérable qui gonfla la jouë
du même côté. Cette fluxion fe difli-
pa en partie ; mais il refta aux genci-
ves une petite tumeur fixe, dure êc in-
dolente,qui s\'augmenta peu à peu. Les
deux dernières dents molaires de la
même mâchoire & du même côté où
la douleur êc la fluxion s\'étoient ma-
îjifeftées , fe carièrent en même tems :
La carie de ces deux dents fit un fi
grand progrès en une année,qu\'il ne re-
fta que leurs racines : La tumeur s\'aug-
menta fi confidérablement, qu\'elle de-
vint de la grofleur du poing. Cette tu-
meur occupoit toute la bafe de l\'os de
îa mâchoire inférieure & toute îa jouë
gauche, ians néanmoins caufer au ma-
lade d\'autre incommodité que celle de
l\'empêcher d\'ouvrir la bouche à fon or-
dinaire.
Voyant que cette tumeur s\'augmetî-
toît de plus en plus, il prit le parti de
fe tranfporter chez M. Helvetiusle pè-
re , pour le confulter. Les occupations
lie ee célébré Médecin ne lui permirenc
Dentiste.
pas pour lors d\'examiner ce malade. M.
Verdier Chirurgien-Juré à Paris, s\'é-
tant trouvé là par hazard , examina
fon mal, & jugeant qu\'il demandoit un
promt fecours, il lui confeilla de me
venir trouver, ôc de fe faire ôter les
dents qu\'il croyoit être la caufe de ce
défordre. Le malade vint chez moi le
19. d\'Août 172^. j\'examinai fa bou-
che, où il me fut prefqu\'impoffible d\'in-
troduire mon pélican , ne la pouvant
ouvrir fuffifamment. Les racines, ou
chicots qu\'il s\'agiflbit d\'ôcèr , étoient
fort cachez par l\'élévation des genci-
ves gonflées. Nonobftant toutes ces
difficultez, je réuffis à les ôter , & il
ne s\'écoula qu\'un peu de fang à l\'ordi-
naire. J\'introduifis enfuite une fonde -
courbe dans les cavitez des alvéoles
des racines que j\'avois ôtées , pour
connoître fi ces cavitez avoient quel-
que communication avec la tumeur,
les ayant pour lors foupçonnées d\'être
cariées; mais ayant reconnu qu\'il n\'y
avoit aucune communication des ca-
vitez des alvéoles avec la tumeur, j\'e-
xaminai les autres dents , ôc je décou-
vris aux gencives un petit trou fiftu-
leux , fitué près de la fécondé petite
molaire^ quoiqu\'elle ne fût point ca-
IE CHlRiriiGïErî
liée. Ce trou pénétroit jufqu\'à la par-
tie ia plus déclive de la tumeur, qui
s\'étendoit jufqu\'à la bafe de l\'os de la
mâchoire inférieure.
Je fis entendre au pére du malade,
que l\'extradion des racines que j\'avois
ôtées, contribiieroit peu à la guérifon
de Ibn fils, que pour mieux connoî-
tre cette maladie, il faloit nécefiTaire-
ment ôter la fécondé petite dent mo-
laire , quoiqu\'elle ne fût point cariée ,
& même emporter la portion de l\'al-
véole où étoit le trou fiftuleux ; afin que
l\'on eût une ouverture fuffifante pour
voir ce qui fe palToit dans la tumeur.
Je leur dis d\'aller trouver M, Verdier,
& de lui comm.uniquer ce que j\'avois
obfervé & ce que je propofois de faire
à ce fujet : M. Sauré <5c M. Verdier
vinrent enfuite enfemble chez moi-, ils
examinèrent la maladie, 6c fe trouvé-
îent de mon fentiment.
Pour lors j\'ôtai la dent dont je viens,
de parler, 6c une portion de l\'alvéole^
d\'où il ne fortit qu\'un peu de fang à l\'or-
dinaire , 6c cette opération ayant pro-
curé une ouverture fuffifante à y pou-
voir introduire l\'extrémité du doigt ,
elle donna le moyen de reconnoitre l\'é-
tat de la maladie^ que nous reconnu-
Dentiste. 477
nies être une vraie exoftofe des plus
confidérables. L\'ouverture que l\'extrac-
tion de la dent Se la portion de l\'alvéo-
le avoient faite, n^étant pas fuffifam-
ment grande pour guérir cette mala-
die, de laquelle ces Meftieurs voulurent
bien me laiifer le traitement, je fispouï
lors une incifion depuis la fymphife du
menton, jufqu\'au mufcle malfeter ,
dans l\'endroit oii les gencives s\'uniifent
avec la jouë ; ce que j\'exécutai avec utî
biftouri Se des cifeaux courbes bien
tranchans. Enfuite j\'introduifis mon
doigt par cette ouverture dans la tu-
meur , où je trouvai beaucoup de chairs
fongueufes Se caileufes contenues dans
la capacité d\'une exoftofe carcinoma-
teufe. Cette exoftofe étoit figurée de
manière qu\'elle repréfentoit aifez biea
une efpéce de calotte. Elle étoit con-
cave du côté des gencives & convéxe
du côté de la jouë, Se fon épaifieur
étoit à peu près de l\'épaifteur d\'uri
liard. Elle s\'étendoit depuis l\'an-
gle de la mâchoire inférieure , juf-
qu\'à la fynphife du menton, Se depuis,
labafe de la même mâchoire jufqu\'au
zigoma du même côté. J\'emportai
quelques portions de ces chairs fon-
gueufes que je détachai avec le doigt î
478 i e Chirurgien
enfaice j\'appuyai forcement le pouce de
îà main gauche fur la convexité de la
jouë >• de façon qu\'ayant fuffifamment
enfoncé du côté de la bouche cecce
exoftofe, j\'introduifis en même tems
dans fa capacité avec ia main droite,
l\'extrémité tranchante d\'un petit ci-
feau en forme de bec d\'âne : Avec cet
inftrumenc en dédolanc un peu , je fis
fi bien , que je vins à bout de rompre
cetce exoftofe, Se d\'en ôter quelques
porcions Sc quelques parcies des chairs
ealleufes qui étoient adhérentes à la
furface concave de la calotte qui for-
moit i\'exoftofe : Enfuite je panfai le
malade avec plufieurs gros bourdon-
nets chargez d\'un digeftif fait avec le
miel de Narbonne Sc le jaune d\'œuf.
Je continuai ce panfement une fois le
jour pendant hait à dix jours: Toutes
les fois que je trouvois l\'occafion de
détacher des chairs fbngueufes, ou cal-
leufes, Sc même des portions d\'os, je-
le faifois à mefure que la fupparation
m\'en procuroic le moyen ; ce que j\'e-
xécutois quelquefois avec le doigt, &
quelquefois avec les pincettes droites,
ou avec les pincettes courbées en bec
de Gruë , ou de Corbeau. Lorfque
j\'eus ôté à plufieurs reprifes les portions
DE N T I S TE. 479
les plus confidérables de i\'exoftofe ôc
des excroiflTances carcinomaceufes, je
changeai de remède , ôc je me fervis
de la teinture de miirhe 6c d\'aloës,
dont j\'imbibois mes bourdonnets, &
j\'en continuai l\'ufage environ douze à
quinze jours. Je fus attentif à ôter les
portions des corps étrangers exoftolez,
ou carcinômateux , à mefure qu\'elles
étoient difpofées à fe détacher.
Après tous ces panfemens, ces exfo-
liations, ces extirpations & fuppura-
tions de la tumeur, je panfai le mala-
de deux fois le jour avec le baume do
Commandeur , dont j\'imbibois mes
bourdonnets, les diminuant en nom-
bre Ôc en volume , à mefure que la ca-
pacité de la tumeur diminuoit. Je con-
tinuai pendant douze à quinze jours?
mais m\'étant apperçû que ce baume
feul defféchoit & racorniffoit en quel-
que manière les chairs, je ne mis plus
qu\'un ou deux bourdonnets dans le
fond de !a tumeur , imbibez du même
baume, & par deffus d\'autres bourdon-
nets imbibez dans levin rouge bouilli
avec le miei de Narbonne.
Je panfai ainfi le malade pendant quin-
ze autres jours, de manière que par ces
opérations ôc ce traitement ^l\'esofta^
4So ie Chirurgien
difparut prefque entièrement en deux
mois de tems, la jouë fe trouva déga-
gée, les gencives fe rétablirent dans
leur état naturel, la mâchoire conferva
fon mouvement, & qu\'il n\'eft refté
d\'autres veftiges confidérables de cette
maladie, qu\'un peu d\'élévation à la
partie extérieure de la bafe de la mâ-
choire inférieure, dans le même lieu
où cette exoftofe avoit fans doute pris
fon origine : D\'ailleurs le vifage du
convaleïcent reprit fon teint & fa for-
me naturelle ; ce jeune homme recou-
vra fon embonpoint ordinaire, fans
fentir aucun mal, il travailla comme
ïl faifoit auparavant, & parut jouir de
ia meilleure fanté.
Je n\'ai pourtant regardé cette cure
que comme palliative, & je n\'ai point
entrepris la cure radicaleparce que ce
Vigneron n\'étoit point en état de fup-
porter les frais qu\'il auroit falu faire
pour avoir un lieu commode , des ali-
mens convenables , une garde, quanti-
té de bons remèdes , &c. toutes chofes
abfolument nécefiaires, fi Ton eût en-
trepris de plus grandes opérations, &
que l\'on eût auffi travaillé à purifier
la maflê de fon fang , des vices de la-
^asiic dépendait Ipis doute l\'origine
de
-ocr page 533-Dentiste. ^^g
de cette maladie. Quoique ce Vigne-
ron fût dépourvû de tous ces,fecours ■
les foins que j\'avois pris charitablement
pour lui, avoient de beaucoup furpalfé
mon attente.
Sa fanté paroiffoit bien rétablie ç
mais quelque tems après il mourut d\'u-
ne "maladie aiguë : Quoiqu\'elle n\'ait pa-
ru avoir aucun rapport avec celle donc
je l\'ai traité, on peut cependant con-
jcï^rer que le levain cancéreux pour-
roit bien avoir caufé cette dernière ^
Se par conféquent la mort. \'
Lettre adrejfée à F Auteur par M.
Juton, Maître Chirurgien à Or--
gereus , fur un abcès confidéra-
ble, furvenu en conféquence d\'u^
ne carie de dems qui fut négli-^^
gée.
Monsieur,
Je fuis perfuadé que vous êteà très-
curieux des faits qui concernent votre
profeflion, & que je vous ferai plaifir
vous faire i\'hifloire d\'un abcès cor.^
TomeL Sf "
LE CniRtinGiiN
fjdérable qui a fuccédé à une douleur
de dents.
Le 2.1. Août 1724- je fus mande
pour voir le nommé Louis Anjauran
habitant du Hameau du Moutiers. Je
trouvai ce malade avec un peu de fiè-
vre, affligé d\'une tumeur beaucoup
plus groflTe qu\'un œuf de Poule d\'Inde,
fituée du côté droit de la mâchoire in-
férieure : Tout le vifage de ce mêm®
côté étoit gonflé, & furtout les pau-
pières. A peine ce malade pouvoit-il
©uvrir la bouche pour qu\'on y pût in-
troduire l\'extrémité du petit doigt,
au moyen duquel on fentoit le dedans
de la bouche gonflé, plus dur que l\'ex-
térieur de la jouë, & fans que la dou-
leur fût vive. Cela me fit juger que
cette tumeur avoit pour caufe quelque
mal de dents ; je fus confirmé dans
mon opinion , lorfque le malade m\'a-
voua qu\'il avoic reflénti quelques dou-
leurs aux dents avant fon accident, je
touchai la tumeurfailiante en dehors,
je diftinguai la fluftuation, & je na ap-
perçus qu\'il étoic tems de donner iflue
a la matière qu\'elle renfermoit. Je pro-
pofai d\'ouvrir cette tumeur par une
incifion, l\'on n\'y confentit pas; mais
|ç leiidemain le malade & fes amis la-
-ocr page 535-îent fâchez d\'avoir différé, bien fur-
pris de voir que la matière avoit touc
d\'un coup changé déplacé, qu\'elle
étoit defcenduë le long du cou, entre
ies tégumens Ôc les mufcles, où elle
avoit formé une tumeur dont le volu-
me étoit fix fois plus confidérable que
ne l\'étoic celui de la tumeur qui avoic
paru le jour précédent, & que la derniè-
re par fa fituation & par l\'abondance de
la matière étouffoit ie malade. Lorfque \'
ces accidens furent parvenus à ce point,
on me vint chercher au plus vice : Dès
que je fus arrivé, je £s l\'ouverture de
cet abcès ; je fus fupris de voir jaillir
une matière prefque limphacique & d\'u-
ne odeur infupportable, dont la quan-
tité fuc d\'une pinte, ou environ, me-
fure de Paris. Je m\'apperçus à chaque
panfement qu\'elle couloit abondam-
ment; 6c elle ne commença à dimi-
nuer 6c à perdre fon odeur puante
qu\'au bout de quatre jours. Les éva-
cuations 6c les cataplâmes convena-
bles, n\'ayant point ramoli, ni relâché
les mufcles 6c la peau qui étoient ex-
trêmement engorgez, il me fut im,
poffible d\'ouvrir la bouche ^u maLde
6c d\'appercevoir oit étoit la dent que
foupçonnois être la caufe du mal
5fi| \'
-ocr page 536-le Chirurgien
qu\'un mois après l\'opération. Les mut
des & la peau s\'étant réduits peu à
peu à leur état naturel, pour lors je
vifitai la bouche du malade, & je m\'ap-
perçus que depuis la première molaire
jufqu\'au fond de la bouche, il ne ref-
toit à la mâchoire inférieure du même
côté de l\'abcès , que les racines des
quatre molaires fuivantes; que la ra-
cine de la dernière dent étoit vacillan-
te, & que fon alvéole étoit cariée.
J\'ôtai la racine de cette dent, & je
lailfai les racines des trois autres. Je
vis enfuite l\'injedion que j\'introduifois
par la plaie, fortir par cette nouvelle
ouverture que laiifoit la racine ôtée, &
\' qui bientôt après l\'exfoliation fe cica-
trifa, & fe guérit parfaitement , en
même tems que l\'ouverture de l\'abcès
fe termina par un fuccès aulfi heureux,
Cette guérifon m\'a paru affez furpre-
nante ; car il étoit à craindre qu\'il ne
refiât une fiflule après les fuites d\'un
abcès auffi compliqué ; d\'autant plus
que l\'abondance des matières qui fe
font évacuées dans les divers panfe-
mens & dans les intervales des uns aux
autres , tiroit fa fource en partie de
quelques vaiffeaux falivaires ouverts.
J\'efpére, Monfieur, que vous ao^-
-ocr page 537-Dentiste. 485
compagnerez cette Obfervation de vos
judicieufes réflexions, & que vous fei;ez
connoître inceflàmment au Public le
danger auquel il s\'expofe en négligeant
Jes maladies qui arrivent aux dents.
Je fuis, &c.
A Or ger eus ce 27«
Mars 17^7\'
Monsieur,
Je vous fuis très obligé de votre at-
tention , je vous remercie de la bon-
ne opinion que vous avez de moi. L\'ap-
plication que j\'ai donnée à la partie de
îa Chirurgie que j\'ai embraflee, m\'a
engagé dans une entreprife qui m\'a
coûté plus que je ne l\'avois cru. Il y a
plufieurs années que je travaille à faire
un Traité des maladies des dents. J\'ai
augmenté mes cahiers depuis que je
n\'ai eu l\'honneur de vous voir, de plus
des trois quarts. J\'ai été fort attentif
à ne rien omettre de tout ce que j\'ai
fçu devoir contribuer à la conferva-
tion des dents & à îa guérifon d\'un
très-grand nombre de maladies qui ar.
Sfiij
-ocr page 538-IE Chirü-KGIEN
«vent à la bouche , lefquelles fone
prelque toujours relatives aux dents.
J avûis cru d\'abord que je donnerois
moins d etenduë à mon Ouvrage ; mais
je tencois en vain de me preferire des
bornes ; plus je voulois ne faire qu\'un
petit Livre, plus l\'étendue de la ma-
uere m\'offi-oit de nouvelles occafions
öe 1 augmenter. Enfin de peur d\'être
trop diffus^ j\'ai fixé l\'étenduë de mon
l^iyre a deux volumes in-douze. J\'ai
hni le premier Tome par un Recueil
d Ublervations fur les maladies des
dents aufquelles je joindrai la votre
avec bien du plaifir : Elle fera accom-
pagnée de quelques autres qui ont un
grand rapport avec elle. C\'eft avec rai-
lon Monfieur, que vous me confeil-
lez d engager le Pubfic à faire atten-
tion aux grands accidens que peuvent
caufer les maladies des dents , lorf-
qu elles font négligées. La méthode
que J ai fuivie en écrivant mon Livre,
vous fera connoître que je l\'ai informé
des confequences fâcheufes qui peuvent
«aitre du peu de foin qu\'on prend pour
prévenir de bonne heure ces accidens.
J ai enfeigné fans réferve les moyens
de les éviter, & par-là j\'ai réglé mon
zele pour le bien public, fur le vôtre.
Dentiste.
L\'Obfervation que vous me commu»
îiiquez, eft afturémenc digne de réfle"
xion , par îa violence des accidens qui
ont fuccédé à la maladie dont il s\'agit ^
par les difficultez que vous avez ren-
contrées à les furmonter, & par un
fuccès fi heureux , qu\'il a prefque fur-
palTè votre attente. La carie des dents
avoit donné occafion à la carie de l\'al-
véole ; une fanie avoit fans doute fer-
menté entre la gencive & l\'alvéole ;
elle avoit diftéqué fes parties êc formé
un abcès ; la matière a coulé, elle s\'eft
étendue & augmentée par le continuel
dépôt qui s\'eft fait d\'une fimphe acre
& irritante, en conféquence des vaif-
feaux falivaires rongez êc corrodez.
Le dépôt de cette limphe augmen-
tée jufqu\'à un certain point, s\'eft ma-
nifefté au dedans de la bouche & à la
furface extérieure de la jouë : Vous n\'a-
vez pas été le maître d\'évacuer cette
matière aufii-tôt que vous l\'avez apper-
çuë : Par fa qualité , par fon poids Se
par fa quantité, elle a changé de place^
en fe gliffant dans les interftices des
mufcles ; elle s\'eft portée fur une partie
plus baffe ; elle a comprimé la trachée
artère êc les mufcles du larinx ; en
forte qu\'elle étoic prête à fuffoquer la
S f iii|
-ocr page 540-îe Ch lïltjrgien
palade, fi vous ne l\'aviez pas fecouru
à propos par l\'ouverture que vous fîtes
de ce pand abcès. Le traitement qui
a fuccédé à votre opération , a déga-
gé les parties; les mufcles de la bou-
che ont repris leur ton naturel ; pour
lors il vous a été facile d\'examiner la
bouche, de découvrir l\'endroit de la
carie, & de détruire la caufe de tous
ces défordres. Vous avez par-là don-
né lieu à la nature 62 rétablir promte-
ment les parties malades dans leur pre-
mier état. Voilà l\'idée que je conçois
de la maladie, dont la guérifon elî: due
à la bonne conduite que vous avez te-
nue dans ce traitement.
Je fouhaite, Monfieur, que vous
yeuffiffiez de même dans routes vos en-
treprifes, ëc je vous prie inftamment
de continuer à me faire part des Ob-
servations que la pratique de votre
Art vous donnera occafion de faire.
Je fuis, 6cc.
Paris ce i f.
Avril 1717,
-ocr page 541-VI. O B S E RVA ti Ô N.
Sur k diagnojlic qui fe tire de
PinJpe5iion des dents.
Il ne fuffit pas d\'avoir enfeigné dans
ce Traité comment fe fait la généra-
tion des dents, leur accroilfement, la
manière dont elles fe régénérent, quel-
le eft leur ftru^are, quelles font les
caufes qui les détruifent, ce qu\'il y a
de plus convenable pour leur conferva-
tion , en cosnbien de façons l\'art peut
réparer leurs difformitez & remédier
aux maladies qui les attaquent, ii faut
encore que je faffe remarquer certai-
nes circonftances qui concernent les
diagnoflics & pronoftics, qui fe pren-
nent de leurinfpedion, leiquelles fer-
vent à acquérir une plus parfaite con-
noiffance de plufieurs maladies qui
furviennent au corps humain.
Hippocrate, Galien, Àvicenne j,
Aëce, Riviere, Lommius, [a) Gor-
don dans fa Pratique, & plufieurs au-
tres Auteurs célébrés , rapportant les
fignes de certaines maladies aiguës, ont
(a) Dans la traduftion du Tableau des
maladies par M. le Breton.
49° l^E CHIRtTlGlEfr
grand foin de faire obferver , non-fea\'»\'
lement les fignes que l\'on peut pren-
dre de I\'infpedion des yeux, des tem-
ples, des oreilles, du nez, de la lan-
gue & des lèvres, mais encore ceuîi
que donne la différente couleur des
dents.
Souvent dans des cas femblables, la
couleur des dents eft un indice de îa
grandeur d\'une maladie, ou de fon
opiniâtreté.
Suivant Gordon, (a) ceux qui font
tourmentez d\'une fièvre continue, &
qui ont les dents livides, ou noires,
ne font pas hors de danger; mais s\'ils
les ont noires Se en même te.ms féches
comme du bois , c\'eft un figne de
mort. >
C\'eft par i\'infpedion des gencives
«Scparcelle des dents, que l\'on recon-
noît combien le fcorbut eft plus oit
moins invétéré.
L\'on tire auffi de cette infpedion ;
des indices pour mieux connoître les
différens tempéramens.
Ceux dont les dents fe confervent
le mieux, font ordinairement les plus
fains, les plus robuftes, les moins va-
létudinaires , Se ceux qui vivent le plus
(a) Part. 3. ch. ly. de fa Pratique.
-ocr page 543-D e n t i s t e,
longtems. C\'eft le fentiment d\'Hé-
mard, qui dit, j que le bon état &
la blancheur des dents, font un figne
dé la bonne difpofition des parties
principales , de la tête & de l\'eftomac.
Le même Auteur aioute, d\'après
Ariftote , Liv. 2. ch. 2. des parties
des animaux, &en la Sedion 34. des
Problêmes, que les dents bien rangées,
bien ferrées & de grandeur médiocre ^
marquent dans les hommes de la for-
ce Ôc une longue vie.
L\'infpedion des dents fert encore
à reconnoitre les différens âges de cer-
tains animaux.
Je dois rapporter ici la citation
qu\'Hémard fait d\'Ariftote, qui dit
que la blancheur des dents fe perd avec
l\'âge dans les animaux, excepté dans
les chevaux, dont les dents deviennent
plus blanches, à mefure qu\'ils vieil-
îifîent.
Lorfque l\'on néglige d\'avoir foin de
fes dents, ces mêmes indices devien-
nent équivoques. La négligence dé-
truit fouvent des dents qui auroienc
duré longtemps, pour peu qu\'on fe fût
(a) Pag. 10. I. 9.
(è ) L. 2. ch. 2. & J. des patties des ani-
maux.
49^ i-è chiuurgîen
donné le loin de les conferver.
Si les dents ne font pas bien nettes ^
lorfque l\'on vient à être attaqué ds
quelque grande maladie, leur couleur
ne peut rien indiquer de pofitif; l\'on
peut fe tromper en imputant aux effets
de la maladie la\' mauvaife couleur
des dents, dépendante d\'ailleurs d\'u-
ne mal propreté habituelle , occafion-
née par le limon, ou par le rartre, qui
féjournant fur leur furface depuis long-
tems , s\'y efi collé, ou y a fait une im-
preffion fufîîfante, pour en varier la
couleur.
Afin d\'éviter de fe méprendre en ces
occafions, il faut s\'informer dans quel
état étoient les dents du malade avant
fa maladie ; s\'il n\'a point pris du mer-
cure ; fi fa bouche n\'a pas été depuis
peu gargarifée, ou rinfée avec quel-
ques ingrédiens capables de colorer les
dents, de même que le font les prépa-
rations de Saturne, plufieurs autres
remèdes & certains alimens ; &: par-
là l\'on évitera de fe tromper & de fai-
re un faux pronoftic.
Puifque finfpedion des dents que
l\'on a confervées en bon état, fert à
mieux connoître des maladies confidé-
rables, de quelle importance n\'eft-il
D Ë N T r s T E. 49 J
point de les entretenir toujours pro-
pres *Sc bien nettes ?
J\'ai cru que pour intérefler les né«
gligens àla confervation de leurs dents,
je devois joindre ce motif à tant d\'au-
tres que j\'ai indiquez dans ce Traité
qui tendent tous à faire voir qu\'on ne
doit rien omettre pour la confervation
des dents & des parties qui les envi-
ronnent.
Ceux qui négligent la propreté de
leur bouche, font du moins amateurs
de la vie, 6c ils pourront s\'appercevoir
par la ledure de ce Traité, combien
les dents fervent à la confervation,
ou au rétabliflement de la fanté, &
combien il importe d\'en prendre un
foin tout particulier,
J\'aurois pû encore groflir ce Traité,
fi j\'avois voulu rapporter les fables que
plufieurs Auteurs racontent conèer-«
nant les dents.
Il y en a qui ont prétendu que l\'on
pouvoit par la connoiflance des fignes
tirez de l\'infpedion des dents, prédire
l\'avenir 6c apprendre à chacun quel fe-
roit fon fort. Il efl: étonnant que des
Auteurs fenfez fe foient laifîez préve-^
îiir par de telles erreurs, dont l\'expé-
|-ience a décttuverc la faulfeté»
494 ^ ^ C h i r u r g i e pr
Au furplus, j\'ai pris grand foin de
n\'avancer rien dans ce Traité, que ce
que j\'ai exademenc vérifié par la pra-
tique. Pour cette raifon je me fois ab-
ftenu d\'expliquer un grand nombre de
faits très-curieux qui concernent les
dents & leurs maladies ; parce que cet-
te difculîion auroit pû m\'engager à ba-
zarder des conjedures vagues fur des
chofes qui ne font pas encore fuffi-
famment connues. Ces confidérations
m\'ont déterminé à me renfermer dans
de jufles bornes. Je croirai cependant
avoir recueilli une moiffonaifezabon-
dante, lorfqu\'à cette première parcie
j\'en aurai joint une fécondé, où je vais
expliquer avec le plus de clarté ôc de
juftelfe qu\'il me fera poffible, plufieurs
manières d\'opérer pour l\'embellifiê-
ment, la confervation Se la guérifon
des dents, ôc où je décrirai plufieurs
înflrumens ôc machines qui étoient dé-
jà en ufage à ce fujet, «Se quelques au-
tres plus commodes ôc plus utiles, qui
fonc de mon invention.
Je fouhaite néanmoins que ceux qui
me fuccéderont , travaillent encore
avec plus de fuccès fur cette matière,
^in du premier T^m^.
-ocr page 547- -ocr page 548- -ocr page 549-te ,
1 :
• • -A.
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