1 Rijksuniversiteit Utrecht
Collectie
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-ocr page 5-TRAVAUX ENTREPRIS SUR LES DENTS EN FRANCE,
DEPUIS 1790.
PAR M. DUVAL ,
Membre titulaue de l\'Académie royale d« Médecine.
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-ocr page 7-DES ÎRAYAUX ENTREPRIS SUR lES DENTS EN FRANCE ,
DEPUIS 1790.
Par M, Doval , membre titulaire de l\'Académie royale de Médecine.
( Entrait de la Nouvelle Bibliothèque Médicale, tome IV, }
Les fastes de la science ne permettent pas de
douter que les Anciens^ soit comme médecins ,
soit comme observateurs de la nature, n\'aient
fait de la denture l\'objet de leurs méditations :
Hippocrate et Aristote en Grèce, Galien et Pline
à Rome, et Albucasis chez les Arabes, s\'en sont
tour-à-tour occupes. Cependant, les premières
notions acquises sur l\'organisation deutaire ne
datent que de l\'époque où l\'anatomie a été
cultivée en Europe, et ce n\'est qu\'au siècle où
les sciences et les beaux-arts ont illustré îa
France, que la médecine des dents est sortie
comme d\'une source nouvelle et par un moyen
d\'étude que présentait l\'anatomie comparée, et
par la direction que lui donnèrent les diverses
méthodes de réparer la perte des dents. Alors,
et presque dans le même temps , les travaux de
Lahire, de Perrault, de Duverney, et la pratique
de Fauchard commencèrent à éclairer une car-
rière où postérieurement Hérissant, Daubenton
et Lassonne, se distinguèrent par leurs observa-
tions ; où Bunon , Bourdet et Jourdain se firent
remarquer par leur expérience, et où Vicq-
d\'Azir et Broussonnet développèrent chacun
( 2 )
leurs vastes conceptions. Tous ont ajouté aux
connaissances que l\'on possédait sur les dents,
et sous ce rapport ils ont droit à la reconnais-
sance ; mais combien le domaine de ces con-
naissances ne s\'est-il pas agrandi et fertilisé par
des travaux postérieurs? Rendus plus faciles
par les progrès qu\'ont fait depuis trente ans
les sciences physiques et médicales, la plupart
de ces travaux ont surpassé les espérances de
ceux qui les avaient entrepris. Tous, il est vrai,
ne présentent pas le earactère dé la nouveauté;
tous également n\'ont pas le même degré de mé-
rite , et il en est même qui ont une erreur pour
base : quoi qu\'il en soit, ils doivent tous trou-
ver place dans cette notice j où la critique les
accompagnera d\'autant moins, qu\'ils ont déjà
été soumis à un jugement, soit après avoir
été communiqués à des sociétés savantes, soit
après la publication qu\'eu ont donnée leurs au-
teurs. Puisse la connaissance de ces travaux sur
les dents, considérées sous les rapports ana-
tomique et médical, démontrer l\'obligation de
s\'instruire de ce que nos prédécesseurs et nos
contemporains ont fait pour la science, afin de
savoir ce qu\'il reste à faire pour la conduire à
sa perfection 1 Telle est la méthode que prescrit
le chancelier Bacon dans ses immortels écrits ;
tel paraît être aussi le but de la Bibliotkeque-
médicale^ dont les pages rappellent à notre sou-
venir les colonnes des temples de Ces et de
Gnide, ou l\'on déposait ces tablettes qui ont
servi de base à la médecine.
I. Gomme la forme et la connexion des
dents , ainsi que le tissu de leurs substances
dures, ne sont pas les mêmes chez l\'homme
et chez les animaux, il en résulte que leur or-
ganisation offre des phénomènes différens ,
dont il appartient à l\'anatomie de découvrir la
source, soit par la simple intuition, soit à
l\'aide de diverses préparations : delà, ces tra-
vaux multipliés , qui tous, sans paraître avoir
le même but, conduisent nécessairement à la
connaissance de l\'organe dentaire.
1°. Des recherches nombreuses et des mé-
ditations profondes sur les dents du cheval
4 Tenon ) , et de l\'éléphant ( M. Cuvier ) ,
se distinguent par un esprit de méthode qui
peut les faire regarder comme d\'excellens
modèles à suivre en ce genre de travail.
2°. Les dents des mammifères sont devenues
l\'objet d\'une étude spéciale, sous le rapport de
la conformation de leur couronne considérée
comme pouvant servir de caractère zoologique
( M. Fr, Cuvier).
3°. Les différences que les dents d\'un grand
nombre d\'animaux présentent quant à leur
connexion, ont suggéré l\'idée d\'un nouvel ordre
de classification des dents, d\'après lequel on
pourrait étudier leur organisation avec plus
d\'avantage, expliquer les phénomènes variés
de leur lésion, et même en déduire de nou-
veaux caractères zoologiques (*) (i) , propres à
distinguer les animaux jusqu\'ici trop générale-
ment compris dans la même classe , tels que
le lapin et le rat parmi les rongeurs.
4°. Aux substances connues des dents et de
quelques défenses , ° on a ajouté une nouvelle
substance dentaire, le cément ou cortical, chez
(0 Tous les astérisques se rapportcnf à l\'aulenr de la
notice.
divers animaux (Tenon, M. Cuvier); et une
zone cornée qui est entre l\'émail et l\'os de la
dent, a été regardée comme une substance spé-
ciale (*). D\'une autre part, les dents ont été re-
gardées comme distinctes des os , et le tissu des
racines des dents a semblé différent de celui de
la couronne (M. Lemaire).
5\'. Des observations précieuses sur les dents
fossiles de l\'éléphant et de l\'hippopotame ont
conduit à des inductions sur la manière d\'être
des substances dures des dents (M. Cuvier).
6". Le commencement de l\'ossification des
dents sous la forme de petits points osseux
auxquels succèdent des petites coques , d\'abord
seulement osseuses, et ensuite recouvertes d\'é-
mail , a été aperçu à une époque plus rappro-
chée des premiers momens de la conception ,
qu\'on ne l\'avait yu précédemment ( M. Serres ).
•f. Les dents de l\'homme, et en général les
dents enracinées avant le développement de
leur racine, ont été comparées aux dents en-
gaîaées de divers animaux , d\'après quelques
faits d\'anatomie pathologique (*), et ensuite aux
incisives du lapin (M. Oudet).
8°. Après avoir fait macérer des dents de
l\'homme et du lapin dans de l\'acide muriatique
très-affaibli pendant plusieurs jours, on les a
trouvées conservant leur forme, mais ramollies
et composées d\'un tissu gélatineux , susceptible
de se déplier dans les molaires du lapin ( M. J.
Gloquet),
9", La chimie a voulu connaître les principes
constituans de l\'émail et de la substance osseus
des dents (Fourcroy, M. Vauquelin ^ M. Josse)
et naguères de nouvelles analyses ont été ten-
tées pour déterminer la quantité de ces prie-
cipes, suivant l\'âge des individus (M.Lassaignc).
10°. Le follicule dentaire , avec son prolon-
gement et sa continuité jusqu\'à la gencive, aux-
quels on a donné le nom de gubernacuium dentis
( M. Serres ), a été le sujet de nouvelles re-
cherches anatomiques , et décrit avec plus de
détails. Les membranes dont il se compose
ont été examinées tant chez l\'homme que chez
les animaux (M. Guvier, M. Serres); et des
fonctions spéciales ont été assignées à chacune
d\'elles, l\'une pour la formation de l\'émail et
ensuite du cément, quand il existe , l\'autre
pour la substance osseuse : bien plus , celle-là a
été destinée au développement de la racine,
celle-ci comme propre à se contracter pour
faire sortir la dent de son alvéole ( M. Dela-
barre).
11°, Diverses dissections ont été faites pour
découvrir et suivre la distribution des nerfs et
des vaisseaux dentaires : d\'après les unes , on
aurait vu une artère intermaxillaire venant de
la carotide interne, et passant dans le sinus maxil-
laire et des ramuscules artériels circulant dans
la substance dure des racines ( M. Lemaire ) ;
d\'après les autres , il ne paraîtrait pas qu\'au-
cune artère ni nerf pût pénétrer le tissu os-
seux des dents (M. Serres). La dissection du
follicule de la défense d\'un jeune éléphant n\'a
pas même permis de voir aucune continuité ni
adhérence entre le follicule et les parois de la
défense (M. Guvier)*
Des glandes dentaires ont été décou-
vertes sur le bord des gencives ; elles ont paru
formées d\'un petit kyste qui renfermerait une
matière blanchâtre propre à lubréfier les car-
tilages dont se composent les gencives avant la
première dentition , et dans la suite à sécréter
le tartre des dents (M. Serres).
De nouvelles observations ont confirmé
et le nombre et la position respective des dents
primitives et secondaires , lorsqu\'elles sont en-
core cachées sous la gencive , l\'ordre de leur
développement et de leur sortie , ainsi que les
petites ouvertures ou conduits qui répondent
aux alvéoles de la deuxième dentition { M. Le-
veillé, M. Miel, M. Serres ).
14®. Il a été constaté que la racine d\'une
dent primitive offrait quelquefois deux points
de destruction, l\'un répondant à la d^nt qui doit
lui succéder, et l\'autre étant latéral et vis-à-vis
une dent voisine de remplacement ( M. Miel).
De même il a été reconnu que la substance
osseuse des dents primitives était souvent tel-
lement détruite par le travail du développe-
ment et de la sortie des dents secondaires ,
qu\'il ne restait d\'intact que l\'émail sous forme
de coque (*).
i5°. Quelques observations ont fait connaître
que les dents des cochons d\'Inde et celles des
animaux du même ordre ne se renouvellent
point (Legallois) ; et des expériences sur des la-
pins ont prouvé que leurs ir^cisives ne cessaient
de croître en raison de leur déperdition de sub-
stance , soit par usure , soit par fracture , et
que même elles se reproduisaient , lorsqu\'on
les avait extraites sans avoir enlevé ep même
temps la pulpe dentaire , phénomène qui a
donné l\'idée de comparer de nouveau les dents
aux ongles et aux cornes ( M. Oudet).
16°. Plusieurs exemples de dents qui ont
paru après la chute de celles des adultes , ont
donné lieu de croire à une troisième denti-
tioil, à une dentition senile , laquelle ne se
présente point avec la régularité de celles qui
l\'ont précédée (M. Serres).
1\'^®. Outre les cas de dents réunies ensemble
par leurs couronnes ou par leurs racines ( La-
veran ), il s\'en est trouvé où des dents étaient
comme agglomérées et représentaient une masse
iniovrae dentifere, qui occupait une place sur le
bord alvéolaire , et dont il a fallu faire l\'extrac-
tion ( M. Lemaîre , M. Oudet ).
18°. Des mesures comparatives ont été prises
aux diverses époques de la dentition, à l\'effet
de s\'assurer si l\'arc maxillaire devenait plus
grand pour l\'arrangement des dents secondaires.
Là , des figures géométriques comprennent la
largeur des dix dents antérieures , pour dé-
montrer qu\'il n\'y a pas d\'aggrandissement
( M. Miel ). Ici, pour soutenir l\'opinion con-
traire , le compas et des fils n\'ont mesuré que
les six dents antérieures, et postérieurement le
modelage en plâtre a été mis en œuvre sur ces
mêmes dents (M. Delabarre).
19". Deux modes de développement ont été
observés dans les os maxillaires : l\'un pour le
corps de chaque os, l\'autre pour la partie de l\'os
occupée par les dents ; le premier suivant les
règles générales de l\'ossification ; le second s\'en
écartant , en ce qu\'il semble s\'arrêter à une
époque où continue encore le premier; tous
les deux paraissant s\'opérer simultanément et
en même temps dans un sens inverse. La con-
naissance de ce phénomène a été le résultat de
l\'observation sur le changement de rapport de
l\'ouverture externe du canal maxillaire, du
trou sous-orbitaire et de la base de l\'apophyse
coronoïde , ayec les différentes parties del\'ar-
cade dentaire, aux diverses époques des deux
dentitions (* ).
20°. Deux canaux maxillaires, pour chaque
coté de la mâchoire inférieur(;, ont été aperçus
de nouveau chez l\'enfant, à l\'époque de sa
naissance , destinés chacun à contenir les nerfs
et les vaisseaux des deux dentitions ; l\'un d\'eux
disparaît avec les parties qui y sont renfermées,
à l\'époque du renouvellement des dents
(M. Serres).
ai". La mâchoire inférieure de l\'enfant à
terme et celle de l\'homme le plus âgé , lors-
qu\'elles ne présentent aucune dent, ont été
le sujet de diverses comparaisons, soit eu égard
à la hauteur de l\'inclinaison de l\'apophyse co-
ronoïde, soit sous le rapport de la proéminence
du menton, et par suite du caractère de la
physionomie ( M. Serres ),
§. IL Les maladies des dents ont été étudiées
avec plus de méthode et suivant un plan plus
vaste qu\'auparafvant. D\'un côté, l\'anatomie
pathologique a constaté le siège et les ravages
de quelques-unes ; de l\'autre , l\'observation
pratique s\'est portée sur les divers phénomènes
qui en sont la suite ; de là ces connaissances
précieuses dont la science s\'est enrichie.
1°. Diverses coupes de dents primitives ou
secondaires ont fait connaître que la nature,
par un nouveau mode d\'ossification » remplis-
sait la cavité dentaire du côté de l\'usure de ces
dents, et en raison même de cette usure , de
manière que cette cavité n\'était ouverte par la
détrition que lorsque les progrès de celle-ci
étaient trop rapides; de même la nouvelle sub-
stance ossifiée y a paru distincte de l\'os de la
dent. ïîn même temps ou a remarqué que l\'usure
( 9 )
était moins le produit de la mastication des
alimcns, que la suite des mouvemens de la
mâchoire inférieure contre la supérieure, sou-
vent réitérés, involontaires ou non ( * ).
2°. Des observations surl\'entamure des dents,
soit qu\'elle se bornât à l\'émail, soit qu\'elle com-
prît une partie de la substance osseuse , sans
que la cavité dentaire enfûtouverte, ont prouvé
que cette espèce de lésion n\'entraînait nullement
l\'altération ni la carie des syrfaces entamées (*).
L\'exemple très-rare , ajouté à quelques
autres, d\'une fracture des dents au-dessous
du collet, laquelle, existant sans déplacement,
s\'est consolidée par îe repos, a reçu sa confir-
mation des observations faites sur des défenses
d\'hippopotame et d\'éléphant ( * ), ainsi que des
expériences sur les incisives du lapin (M. Ou-
det ).
4°. Après avoir scié ou limé des dents atro-
phiées , il a été facile de voir que l\'émail était
d\'autant moinsépais, qu\'on s\'approchaitdu fond
des dépressions et sinuosités qu\'elles pré-
sentent ; que parfois il y manquait complète-
ment; et que la substance osseuse n\'y avait ,
quoique plus rarement, ni la même forme ,
ni le même volume. Les racines des dents
ont offert aussi des traces d\'atrophie, et on en
a vu ne pas prendre de développement (*).
5°. La carie, ce fléau de la denture, a été
l\'objet de nombreuses observations. Son siège,
sous l\'émail, ou du côté de là racine, ainsi que
sa marche sous la forme d\'un rayon qui s\'étend
à la cavité dentaire, ont été indiquées d\'une
manière précise. Les différens aspects sous
lesquels elle se présente en ont fait distinguer
plusieurs espèces, dont une a fait voir un phé-
a
-ocr page 16-noniène encore inconnu , savoir, la guérison
spontanée de la carie (*).
6°. L\'extrémité de la racine des dents a
offert trois espèces de destruction désignées
sous le nom de consomption : la première cir-
conscrite par un bourrelet ; la seconde ac-
compagnée d\'aspérités très-aiguës ; et la troi-
sième avec des inégalités arrondies (*).
y". Deux sortes d\'intumescence de l\'extrémité
de la racine des dents ont été décrites avec soin ;
l\'une, sous le nom de spina ventosa , creuse ,
avec des parois fort minces, ressemble à une
noisette tronquée par un de ses bouts; l\'autre ,
non moins grosse , mais plus pesante et plus
solide , représente une exostose (M. Oudet
ou plutôt une périostose formée par l\'ossifi-
cation du périoste alvéolo-dentaire , comme
on peut le présumer d\'après les nuances de
tissu que présentent les coupes de quelques
dents dont les racines étaient également affec-
tées de périostose (*).
8°. Des ostéoïdes ou osselets (M. Surrirey) (*)
ont été trouvés dans la cavité des dents qui
avaient été douloureuses, en même temps
que cariées , ou usées. Le tissu ni la nature
n\'en sont pas les mêmes que ceux de l\'os de la
dent.
Des kystes contenant une matière blanche,
plus ou moins épaisse , ou un fluide de cou-
leur citrine, ont été remarqués à l\'extrémité des
racines des dents cariées. On en a vu distendre
l\'alvéole d\'une manière extraordinaire (*).
io°. Les os de la mâchoire , à la suite d\'ul-
cères fistuleux des gencives , ou après des fis-
tules dentaires , ont offert des traces d\'une dé-
perdition de substance , soit avec des dépres-
( ) _
sions et des inégalités arrondies, soit avec des
trous , ou même des conduits qui répondaient
au fond d\'un alvéole, et dont les bords mousses
et unis annonçaient une sorte de cicatrisation
de l\'os; ccqui a permis d\'expliquer pourquoi une
ancienne fistule dentaire se guérit très-prompte-
ment après l\'extraction d\'une dent malade qui y
correspond (*).
1 r. Aux cas d\'aberration des dents que les
anatomistes avaient remarqués , des praticiens
en ont ajouté d\'autres dont la connaissance n\'a
eu lieu qu\'à l\'occasion d\'une maladie des os
maxillaires, pour laquelle ils se trouvaient ap^
pelés (M. A. Dubois, M. Laforgue) ; et une pièce
(l\'anatomie pathologique a mis en évidence l\'é\'-
tendue du désordre qu\'entraîne parfois l\'aber-
ration des dents ( M. Oudet ).
12°. Les divers états morbides de l\'organe
dentaire de plusieurs animaux ont été notés et
rapprochés des maladies du même organe chez
l\'homme : carie des dents du cheval et du chien ;
troncature et fracture des défenses de l\'éléphant
et de l\'hippopotame; atrophie et usure des dents
du cheval, du bœuf, de l\'éléphant et autres
animaux ; ostéoïdes dentaires d u bœuf, et pé-
trifications dans les anfractuosilés ou sinus de la
surface triturante des molaires des ruminans (*).
i3°. Enfin la pathologie s\'est éclairée par des
expériences faites sur les incisives des lapins :
reproduction, fractures consolidées; ossifica-
tion irrégulière du coté de l\'extrémité radicu-
laire ( M. Oudet ) ; phénomènes observés aussi
après quelque lésion des défenses des grands
animaux (*), et qui paraissent dépendre de l\'ac-
croissement continu de leur organe dentaire.
§. III. L\'observaiion ne s\'est point arrêtée aux
-ocr page 18-divers états pathologiques des dents ; elle s\'est
étendue jnsques aux causes d\'où ils dérivent :
c\'est en effet de leur connaissance qu\'on peut
déduire les principes d\'une médecine dentaire ;
quelques anciens et les modernes ne les ont
point méconnus ; mais trop souvent l\'ignorance
et les préjugés , peut-être plus encore le besoin
de soulagement, ont empêché d\'en faire l\'ap-
plication au-delà de la sphère de la partie af-
fectée.
1°. La séméïotique a reçu une extension
nouvelle des signes que peut fournir l\'inspection
des dents saines ou malades , soit pour juger
de la constitution physique des individus, soit
pour reconnaître les maladies qu\'ils ont éprou-
vées , ou celles dont ils ressentent les effets dans
d\'autres parties du corps. ( MM. Mahon, La-
forgue , Hernandez , Landré-Beauvais , Double
et Fournier. )
2°. Les maladies des parties qui constituent
la connexion des dents ont fait connaître l\'in-
fluence que les affections locales exercent sur
le développement, la structure et l\'arrangement
des dents ; et par suite quelques considérations
médicales tirées de l\'observation ont eu pour but
de déterminer jusques à quelpointles désordres
de la denture peuvent être liés à des maladies
de tout le système , et combien il importe de
chercher dans celles-ci la vraie source de ceux-
3°. Les causes de la carie ont fixé 1 attention
des praticiens ; les uns l\'ont fait dépendre de la
pression que les dents exercent quelquefois les
unes sur les autres (M. Pascal); d\'autres ont
avancé que la perte de l\'émail en était la cause
( M. Cuvier) ; il en est enfin qui, aidés de l\'ex-
( )
périence et de Tobservation journalière , ont
pensé que la carie tenait à quelque irritation
locale ayant sa source dans une disposition
morbide de tout le système , soit héréditaire ,
soit éventuelle (*),
4°. Pour réfuter l\'opinion qui faisait regarder
la carie comme une cause des douleurs de
dents , il a été suffisant de faire observer que
s\'il en était ainsi , les douleurs se feraient né-
cessairement sentir sans interruption, depuis
les premiers momens de la carie ]usqu a ce
qu\'elle eût détruit l\'organe, et qu\'il est, pr
conséquent , plus convenable de les rattacher
aux causes mêmes de la carie , lesquelles aug-
mentant ou diminuant d\'énergie à diverse«
époques , donnent lieu à des alternatives de
douleur et de calme. Delà ces grands principes
de curation médicale appliqués aux maladies
des dents (*). . j i
5°. Quelques malades qui souffraient de là
poitrine ou d\'une autre partie du corps , en
ayant été soulagés lorsque des douleurs se sont
manifestées à l\'organe dentaire, on s\'est demandé
si ces sortes de douleurs n\'étaient point cri-
tiques, et si,, dans certains cas, il ne fandrait
point les exciter ( M. CofFinières ), Delà des
réflexions sur le rapport de l\'odontalgie avec
diverses autres affections , et sur les mutations
réciproques qui peuvent en être la suite (*).
Des douleurs périodiques et fixes pen-
dant quelques heures sur des dents saines ou
malades ont été reconnues pour n\'être quelle
symptôme d\'une maladie larvée, dont le quin-
quina ou le sulfate de quinine ont seuls opéré
la guérison (MM. Chaussier, Hamel, Méglin),
et contre laquelle l\'observation a démontré
l\'inutilité de l\'extraction des dents ( * )•
Quelques affections douloureuses de la
face ont été examinées dans leur rapport avec
l\'organe dentaire. D\'un côté l\'état morbide de
celui-ci a été reconnu comme la source des
douleurs de la face ou de la tête , et l\'extraction
d\'une dent malade en a fourni la preuve ; de
l\'autre, des dents saines ou cariées sont deve-
nues douloureuses pendant les courts accès
d\'une névralgie maxillaire ou sous-orbitaire.
L\'extraction a eu lieu ; mais de nouvelles dou-
leurs ont démontré son inutilité, et parfois
même ses inconvéniens (*).
8°. Quoique l\'action du fluide galvanique
sur les dents ait été proposée comme un moyen
de reconnaître leur état morbide, de nouvelles
expériences et des observations pratiques ont
prouvé que dans plusieurs circonstances les
dents plombées étaient susceptibles de l\'in-
fluence galvanique, et par conséquent d\'éprou-
ver une douleur passagère, lorsque, par hasard
ou volontairement, on avait établi avec de l\'or,
du platine ou de l\'argent, une chaîne entre
l\'étain dont ces dents étaient plombées , et la
langue , les lèvres , l\'intérieur des joues ou
d\'autres parties : de plus, la conservation et
l\'usage de ces dents ont démontré que , dans
ce cas , il fallait s\'abstenir de les extraire (*).
9°. L\'opinion généralement reçue sur les ac-
cidens attribués à la dentition , a été d\'une part
mise en problème et combattue comme erronée,
sur ce principe que la sortie des dents étant une
fonction naturelle , elle ne devait nullement
produire d\'accidens (M. Laforgue), D\'une autre
part, elle a été soutenue sur ce fondement, que
le développement des dents peut être précoce ,
tardif et même laborieux, et que, par consé-
quent, une affection locale ou de tout le sys-
tème pouvait en être la suite comme la cause
(MM. Murât, Guersent, François-Talma ) (*).
îo". Ilaété démontré par l\'observation, que
des dents n\'avaient pu sortir de leur alvéole ,
soit par cause d\'aberration, soit par la présence
d\'une lame osseuse qui obstruait en partie
l\'entrée de l\'alvéole (MM. Huilier , Marjolin) ,
soit aussi parce qu\'elles ne s\'étaient pas déve-
loppées. La débilité des individus a été aussi
reconnue comme une cause de l\'apparition
tardive des dents (*).
11°. L\'action mécanique qui résulte d\'une
succion contre nature, autrement de la mau-
vaise habitude de téter, a été signalée comme
principale cause d\'un vice de conformation des
arcades alvéolaires et dentaires : d\'où il résulte
que dès la plus tendre enfance , les incisives
supérieures et inférieures prenant une direc-
tion vicieuse, ne se trouvent jamais suivant ce
rapport parfait qui en constitue la beauté (*)-
12°. La science n\'a point négligé les grands
principes de l\'hygiène, comme propre à favoriser
et améliorer l\'organisation dentaire ; et consi-
dérant la thérapeutique des maladies\'des dents
sous le rapport de leurs causes , el^ en a tiré
de grands moyens pour prévenir ou arrêter
les effets de celles-ci.
IV. — L\'appareil dentaire est, sans con-
tredit, une des parties du corps sur laquelle
on pratique le plus souvent des opérations
chirurgicales : tantôt, c\'est pour en prévoir ou
corriger les désordres, ettantôtpour en ré aarer
les pertes. Delà les occasions fréquentes de ré-
fléchir sur les cas où ces opérations conviennent;
de là ces combinaisons sur les moyens propres
à garantir le succès de celles-ci ; de là, aussi ,
cette union de la science et de l\'art, qui a con-
tribué aux progrès de la chirurgie des dents.
1°. Pour faciliter la sortie d\'une dent, l\'art a
démontré et conseillé l\'excision de la gencive qui
la couvre , de préférence à l\'incision , ainsi que
la résection du bord alvéolaire et l\'ablation de
la lame osseuse qui fermerait en partie l\'al-
véole. ( MM. Lefrançois-Talma, Delabarre. )
2°. On a posé en principe , qvi\'avant de faire
aucune opération pour prévenir ou corriger
l\'obliquité d\'une ou plusieurs dents , il fallait
connaître et prendre en considération l\'espèce
de rapport ou d\'engrenage qui existe entre les
dents supérieures et inférieures, afin de juger
si l\'opération peut ou non réussir (*).
5°. Arrêter la déviation des dents dans
son principe, est un précepte sur l\'application
duquel l\'expérience a insisté, en proposant, soit
de faire l\'extraction d\'une dent primitive ou
même secondaire, voisine de celle qui se dévie
(M. Mielj , soit de limer le bord tranchant
ou le sommet de la dent opposite (*), soit dn
tenir les arcades dentaires écartées au moyen
d\'une sorte de bâillon (Lavéran, M. Bousquet, (*),
soit enfin%e forcer les dents à reprendre leur
direction naturelle , à l\'aide d\'un plan incliné ,
fixé sur les dents opposites (M. Catalan).
4°. Lorsque des dents parvenues à leur par-
fait accroissement sont restées obliques, des
moyens mécaniques et des opérations ont été
proposées pour les redresser ; là, un levier à cric
sert à ramener les incisives en avant( M. Dubois ) ;
ici, une pince droite ou des fils métalliques sont
destinés à faire faire un mouvement de rotation
à une dent qui présente eu avant ou l\'un de ses
côtés ou sa face postérieure (M. Delabarre ) : ail-
leurs, pour en ranger une sur le devant, on a
parlé de limer plusieurs dents sur les côtés,
d\'exciter leur mobilité par des fils, et ensuite de
les tirer en arrière: on a même imaginé d\'intro-
duire entre les dents de petits morceaux de
bois, afin de forcer l\'arc maxillaire à s\'allonger
et à donner plus de place aux dents pour leur
arrangement (M. Delabarre).
5°. Une nouvelle manière de plomber les dents
a été ajoutée à l\'ancienne, elle consiste à faire
fondre dans le creux d\'une dent carriée un petit
lingot de l\'alliage de Homberg ou deDarcet, que
qu^elques-uns amalgament encore avec un hui-
tième de mercure (M. Regndr^").
6°. Limer les dents est une opération qui a
paru susceptible d\'être perfectionnée sous le
rapport de la forme de l\'instrument. Ici, la
lime est taillée en écouenne; là, elle a la forme
d\'une lance très-aiguë (M. Delabarre) ; ailleurs,
elle est courbe sur le plat ( M. Maury ) ; enfin,
il en a été fait en forme de roue, pour limer
par le moyen d\'une manivelle ( M. Pascal ).
7". L\'expérience a de nouveau constaté que
des dents extraites et tenues hors de la bouche
pendant deux heures et plus, ayant été remises
dans leur alvéole , s\'y étaient parfaitement con-
solidées et redevenaient propres à la mastication
( Londe) ; maisdes faits même cités en faveur
de la replantation ( M. Delabarre ), il a été facile
de connaître qu\'il y avait des cas où elle ne
devait pas réussir et où on devait s\'en abstenir.
8°. On serait tenté de croire que la trans-
plantation des dents s\'est perfectionnée, puis-
qu\'au lieu de belles et bonnes dents arrachées
à quelque malheureux, pour les transporter
<lans la bouchï- d\'un riche, des dents extraites
d\'un cadavre et non encore sèches^ auraient été
employées avec succès pour cette opération.
( MM. Delabarre père et fils, j
9°. Plusieux^s modifications et corrections ap-
portées auxinstrumens qui servent à l\'extraction
des dénts, ont eu pour but d\'ajouter quelque
perfection à cette opération ; les uns, parais-
sant propres à tirer les dents, suivant une di-
rection qui se rapproche le plus de l\'axe de
celles-ci ; les autres ayant un point d\'appui tel,
qu\'il offre beaucoup de surface et qu\'il com-
prime le moins possible les parties sur lesquelles
il repose. (MM. Dubois, Laforgue, Pédela-
borde, Mortet,iMaréchal, (*).
10°. Des accidens plus ou moins graves pou-
vant troubler le succès de l\'extraction des dents,
et en même temps compromettre la réputation
de celui qui l\'a faite, ils sont devenus l\'objet
de méditations spéciales, par suite desquelles
il est facile de distinguer l\'accident qui dépend
du mode d\'opérer, de celui qui est inhérent à
la conformation des parties, et de celui qui
vient d\'un état pathologique local ou uni-
versel (*).
11°. Les avantages de l\'emploi du platine
dans les arts ont détérminé à le substituer
fréquemment à l\'or pour en faire soit des liga-
tures , soit des lames propres à redresser l\'es
dents obliques, ou à contenir celles qui sont
mobiles , soit aussi sous forme de tenons, de
crochets ou de plaques destinés à monter et à
fixer les dents artificielles, ioit enfin comme
pièces d\'altente dans la confection des dents de
composition (MM. Dubois, Fonzi ).
12°. L\'altération que subissent parfois les
dents artificielles faites de substaiices aiiiiria-
( 19 )
ies , ayant donné l\'idée d\'en confectionner en
pâte de porcelaine ^ peu à peu leur composition
s\'est améliorée par des combinaisons nouvelles
de terres et d\'oxides métalliques inconnus ,
fournis par la chimie. Ces combinaisons, sou-
mises au feu de fours particulier.^ ou des fours
à porcelaine, ont donné des dentiers, et des
dents seules, ou par série, soudées entre elles
par traverses et agraffes , et dont les nuances
variées s\'accordent avec la couleur des dents
naturelles, et quelquefois en partie avec le ton
rosé des gencives. ( MM. Dubois, Fonzi,
Audibran, Delabarre, Maury. )
13°. Les différentes manières de maintenir en
place les dents artificielles ont reçu d\'heureuses
modifications, soit du côté du tenon, soit du
côté des ailettes ou des crochets, mais surtout
quant aux ressorts qui servent aux dentiers,
tant pour la forme que pour le point d\'appui.
(Mm. Dechemant, Maggiolo, Laforgue, Ricci,
Delabarre. )
i4°. Comme la stabilité des dents artificielles
ne tient pas moins au rapport parfait qui doit
exister entre elles et l\'espace qui ies reçoit, qu\'à
la manière de les y fixer, non-seulement on a
pris des modèles de ces dents , mais encore on
a eu recours aux empreintes en cire pour l\'es-
pace , aux moules en plâtre, et aux contre-
moules en métal, afin d\'estamper les plaques
sur lesquelles on jnonte les dents artificielles,
( Tous les dentistes. )
i5°. Les dents ont aussi paru propres à four-
nir uu bon point d\'appui pour maintenir en
place les obturateurs simples, ou composés
d\'une partie du dentier, ainsi que les obtura-
teurs du voile du palais. (MM. Dubois, Cide-
rier, Touchard, Laforgue. )
En terminanl celte notice, il importe de faire
remarquer que les cabinets du Muséum d\'his-
toire naturelle et ceux de la Faculté de Méde-
cine de Paris se sont enrichis de diverses pré-
parations qui tendent à jeter quelque lumière
sur l\'organisation des dents et sur leur patho-
logie. Peut-être serait-ce aussi le cas de rap-
peler ici les titres des ouvrages ex-professo, pu-
bliés sur les dents, ainsi que ceux des mé-
moires ou observations insérés dans les écrits
périodiques ou autres, et même toute commu-
nication sur ce sujet faite auprès des sociétés
savantes. Mais ce serait passer les bornes d\'une
notice, qui peut-être n\'a déjà que trop d\'éten-
due , et dans laquelle il est possible encore que,
malgré toute mon attention, il se soit glissé
quelque erreur ou omission , pour laquelle je
réclame l\'indulgence au nom d\'une science dont
on ne peut méconnaître que les Français ne se
soient occupés, depuis une trentaine d\'années ,
avec autant de distinction que d\'avantage.
Additions au î.
22°. Les dents des mammifères , des reptiles
et des poissons, ainsi que les substances qui
les remplacent chez beaucoup d\'autres ani-
maux , ont été soumises à un examen parti-
culier , et tout à la fois comprises dans le même
tableau (M. Cuvier) ; ce qui semble avoir sug-
géré l\'idée de diviser les dents en dents osseuses
et en dents cornées, et avoir aussi donné lieu à
des considérations spéciales sur l\'existence , la
nature , la forme et la position des dents , sui-
vant les diverses classes d\'animaux. (M. de
Bîainville. )
La science vétérinaire s\'est livrée à de
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nouvelles recherches sur l\'organisation et l\'u-
sure des dents du cheval, afin d\'en tirer des
documens plus certains sur l\'âge de cet animal.
( M. Girard fils. ) Ces recherches rappellent ici
des observations judicieuses qui démontrent
que l\'usure des dents du cheval varie en raison
de la nature des aliraens dont il se nourrit.
(M. Huzard.)
24°. 11 n\'y a pas enfin jusqu\'au bec des
oiseaux, dont on ne se soit occupé : déjà, de-
puis long-temps, les dentelures qu\'on remarque
parfois sur ses bords avaient été envisagées
comme de véritables dents ; mais cette partie
des oiseaux ayant été soumise à diverses pré-
parations anatomiques, on a observé dans son
organisation beaucoup d\'analogie avec celle des
dents de l\'homme et de l\'éléphant, ainsi qu\'avec
celle des fanons de la baleine. (M. Geoffroy-
Saint-Hilaire. }
Impiimerie de GUEFFIER , rue Guénégaud , n» 3i
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