Rijksuniversiteit Utrecht
KALMAN KLEIN
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\'..Jf.
-ocr page 5-• V \\ H
■Jo
O\'V . .
ou L\'ON ENSEIGNE LES MOYENS
de les entretenir -propres & faines , de les
embellir , d\'en réparer la perte & de re-
medier à leurs maladies, à cell .-s des Gen-
cives & aux accidens qiù peuventfurvenir
aux autres parties voilines des Dents.
Avec des Obfervations & des Reflexions fur
plulîeurs cas fînguliers.
Ouvrage enrichi de qmrmte Planches
en tmlle dome.
Par Pierre Fauchard, Chirurgieîi
Deatifle â Paris.
.Chez Jean Mariette, ruë Saint Jacques ;
aux Colonnes d\'Hercule.
\'dvec yif^robations 6 Privilege d\'d Roy,
-ocr page 8-f-
J \'r • ■
-ocr page 9-^ M O N s I EU K
Dodart,
CONSEILLER D\'ETAT
orciinaire, Premier Méde-
cin du Roy, Surinten-
dant des Eaux mlneraîes
^^ îloyaiime.
iONSIEUR,
La protemon que vous avez.
des dents que je mets
a ij
m jom^meflfiglorieufe, que je
we trouve trop récompenfé du terns
du travail quil ma Coûté,
^oiqu\'il foit le fruit d\'une
étude ajjidue & d\'une experience
de trente années ; faurois beau-
coup hefité â l\'expofer aux yeux
du Public, sil n\'avoit été hono^
ré d\'une Approbation auffi refpec-
_ table que la vôtre , &fije n avais
compris que la chirurgie ayant
toujours eu de vous un accueil fa-
vorable, il étoit comme impofjible
quune de fes principales parties
méthodiquement traitée vous fût
indifférente.
Cette partie , Monsieur;
qui a pour objet les dents, qui
font un des plus beaux ornemens
de rhomme , qui lui font d\'unefl
grande utilité, & qui étant fu-
jettes à un fi grand nombre de
rmladies , meritent fi bien que
Von travaille â les conferver &
4 prévenir ou réparer leur perte ^
^^tiepartie , dts~je necefalfê^,
^f^ fera plus fans doute fi negligee,
. ^^ parohra que vous njom
^f\'terejfez. à fa perfeBhn.
^erfonne dignore^ Monsieur;
V^un merite fiperieur & de ra^.,
^otinoijfances vous om mis
^«j Ie Royaume a la tète de U
Médecine , é- tout le monde fçait
^^^ heureufes qualitez^ vous
Jffit hereditair es ^ C^ que vous
\\ i^nez, de votre illujlre F ere ,
s ejl également dijiingué par
ƒ profondeur de Ja fcience, U
^^yté de fon efprit, l\'intégrité de
pie^^^^^ \' ^ éminente
r^o^y^ principal éloge ^
^^ ^^ s I E u R , confifle en ce que
j voit avec un extréme
^f^\'ff que la confervation de la
dî \' ^^^^ ^ \'votre z,ele ju-
tim^f \' ^^^^^ ^^\'^\'tirateile atten-
^ & \'VOS fçavantes lumières, de
a iïf
E P î T R
^urs garants d\'une vie fi frê-»
cieufeM
Puk-je donc, Monsieur,
\'apfféhender qu\'un Ouvrage pU"
hué fous vos auffices n\'aii fas
l\'agrément du Public ? Puis - je
douter que la fartie de Chirurgie
qu\'il contient plus ample & plus
€xa&€ quelle ne fut jamais ail-
leuYf j ne foit déplus en plus ejii-
mée? Et pourr&is-je , après l\'ex-
perience que je fais de votre bon-
té, ne pas être avec U plus vive
& la plus fincere reconnoijfance
é\' le plus profond refpeB,
Votre très^iumble & très»
obcjflant ferviteurj
FA u CH A R r». ^ -
I Es Dents font dans leur état
naturel les plus polis & les
plus folides de tous les os du
corps humain; mais elles font
fi^ même tems les plus fujettes
des maladie« qui caufent de
^ives douleurs , & deviennent
^^leiquefois très - dangereufes :
^Qtis en faifons tous la trifte ex-
périence prefque auiîi-tôt que
i^ous voyons le jour.
Ceux qui confervent toutes
leurs dents faines jufqu\'à un âge
^vancé font en très-petit nom-
^e les uns doivent cet avan-
f^ge à un heureux temperament î
es autres à une attention & à
es foins particuliers ; au lieu que
^ plus grande partie des hom-
i^ies ont les dents viciées dès le
T R M F A C E.
premier âge , ou les perdent a^
vant le tems.
Comme la variété des mala-
dies des dents 3 des caufes qui les
produifent & de leurs fimptômes^
eft infinie 5 les operations que la
Chirurgie met en ufage pour les
guérir demandent auffi différen-
tes connoiffances ^ & la pratique
feule ne fufîit pas pour porter
ces operations à leur perfedion ^
à moins qu\'elle ne foit dirigée
par une étude exade de Fanato-
niie de la bouclie : cette étude
eft abfolument neeelTaire pour
bien connoître la ftrudure , la
fituation ^ le rapport & Fufage des
differ ens organes qui la compo-
fent. Ces connoilTancesnous mè-
nent infenfiblement à la décou-
verte des diverfes maladies qui
attaquent les dents ^ & à celle de
leurs caufes & de leur curation î
cependant il faut convenir que
cette partie de la Chirurgie ^ qui
^ RE FACE.
Regarde les maladies de h hoix^
ne a été jiifqu^à prefent la plus
négligée. ^
Quoique la Chirurgie en ge-
neral fe foit beaucoup perfec-
tionnee dans ces derniers tems ;
ait fait d\'importantes dé-
couvertes dans l\'anatomie & dans
a maniere d\'opefer, & qu\'on ait
mis au jour quantité d\'Obferva-^
^ons fçavantes & curieufes, les
entiftes n\'y trouvent pourtant
pas encore à beaucoup près des
^^cours fuffifans, pour les gui-
^^ dans toutes leurs operations.
-Les Auteurs qui ont écrit de
i^anatomie, des maladies &des
Perations Chirurgiques , n\'ont
^ parlant des dents, traité que
^es - fuperficieilement de plu-
^^eurs maladies de la bouche . &
eulement pour ne paroître pas
jen omettre de ce qui pouvoir
\'^ans l\'execution de leurs
^yftèmes.
a V
-ocr page 16-Si quelques Ecrivains ont par-
lé des dents & de leurs maladies
en particulier, comme Urbain
Hemard & B. Martin ; ils ne l\'ont
pas fait d\'une maniéré affez éten-
due. Le premier, qui étoit Chi-
rurgien du Cardinal Georges
d\'Armagnac, a intitulé fon Li-
vre , qu\'il lui dédie : Recherche
de la vraye Anaumie des dents y
nature & profrietez. d\'icelles, avec
les maladies qui leur advierment.
A Lyon, chez. Benoit Rigaudi^^i,
ifi-ïz. Ses recherches, qui font
curieufes & fçavantes, font voir
que ce Chirurgien avoit lu les
anciens Auteurs Grecs & Latins^
qu\'il employe judicieufement
dans tout fon Ouvrage.
Le fécond, qui étoit Apoti-
quaire de feuë S. A. S. M. le Prin-
ce , nous a donné une DiJJcrta-
tion fur les dents , imprimée â
Paris chez, Thierry 1679. for-
mant un petit volume in-12. dans
PREFACE.
laquelle il explique la nature des
Gems, & traite de leurs maladies
^ ae leur guérifon avec affez de
méthode ; mais un peu trop fuc-
Alitement, & fans parier des o^
Pirations qui leur conviennent.
ne connoît au refte ni
com^ public, ni cours particu-
jer de Chirurgie, où la théorie
^^^ maladies des dents foit am-
plement enfeignée, & où l\'on
PWe s\'inftruireàfonddelapra-
jque de cet art fi necelTaire à la
^^^enfon de ces maladies, & de
elles qui furviennent aux parties
les dents font environnées.
^ ^es plus célébrés Chirurgiens
^ yant abandonné cette partie de
^^^ j ou du moins l\'ayant peu
^J^^tivée, leur negligence a été
aille que des gens fans théorie
^ lans experience s\'en font em-
Parez, & la pratiquent au hazard,
^^s principes & fans méthode,
e n\'a été que depuis peu que
PREFACE,
dans la Ville de Paris on a ouyéïî
les yeux fur cet abus : on y fait
à prefent fuBir un leger examen à
ceux qui fe deftinent au traite-
ment de ces maladies, après le-
quel ils prennent le titre d\'Ex-
perts pour les dentsjquoique plu-
îieurs d\'entr\'eux ne foient munis
que d\'un fçavoir au-delTous du
médiocre.
Pour fuppléer à ce défaut d\'inf-
trudion ^ il feroit à fouhaiter que
quelque habile Dentifte , par
exemple, feu M. Carmeline, qui
a dans fon tems travaillé avec
lui applaudilTement general, nous
eut fait part de fa maniéré d\'o-
perer, & des connoiflances qu\'il
avoit acquifes dans le grand nom-
bre de maladies fmgulieres qu\'il
avoit traitées avec fuccès.
Si les lumières de fefprit croif-
fent & fe multiplient dans le
commerce des habiles.gens, on
ne peut fe dédpmmager de ieuï
^ ^rbfacë:
perte que par la lefture de leurs
yLivrages ; & fi l\'on ne peut a-
^wr la fatisfadion de leur pro-
Pojerfes doutes, du moins leurs
^ees fur le papier nourriffent^\'
P^iir ainfi dire. Fefprit de ceux
W les digerent& les méditent:
les leur deviennent propres, &
louvent en font naître de nou-.
& le fuccès de ceux qui\'
nous ont précédez & dont nous
avons les préceptes, donne l\'é-^
^^ulation d\'atteindre àleurgloi-
^ & même de parvenir à de nou-
^eaux progrès.
Ce que ce célébré Chirurgien
^entifte n\'a pas fait, j\'ofe aujour-
anuy l\'entreprendre: je donne-
fai du moins l\'exemple de ce
^nil auroit pû faire,fans doute
^^ec plus d\'érudition ôcderéuf-
iite.
Deftiné dès ma jeuneffe à la
Chirurgie , les autres Arts que
pratiquez ne me l\'ont jamaiç
fait perdre de vue. Je fus l\'Ele-
vé de M. Alexandre Poteleret
Chirurgien Major des Vaiffeaux
du Roy, très - experimenté dans
les maladies de la bouche : je
lui dois les premieres teintures
des connoiffances que j\'ai acqui-
fes dans laChirurgie que j\'exerce,
& les progrès que je fis avec cet
habile homme me donnèrent l\'é-
mulation qui m\'a conduit dans
la fuite à des découvertes plus
confiderables : j\'ai recueilli ce
qui m\'a paru de mieux établi
dans les Auteurs : j\'en ai fouvent
conféré avec les Médecins & les
Chirurgiens de ma connoiflance
les plus accréditez, & je n\'ai rien
négligé pour profiter de leurs
confeiis & de leurs lumières.
L\'experience que m\'a donnée
mie pratique fans relâche de près
de trente années , m\'a conduit
infenfibiement à de nouvelles
connoiffances, & à redifier ce
îi;
illl
^ ^ E F A C E,
m\'^ paru défedueux dans
^^es premieres idées. JofFre au
i^\'blic le fruit de mes foins &
ce mes veilles, efperant qu\'il
pourra être de quelque utilité à
ceux qui veulent exercer la pro-
teflion de Chirurgien Dentifte,
plus avantageux encore aux
Perlonnes qui ont quelque atten-
tion à conferver leur bouche en
oon état.
Mais quoique j\'aye tâché de
rien avancer qui i^e foit fondé
iUr #=>0 __^ ,
. a 1 experience?
" cependant j\'avois hazardéquel-
que chofe de repréhenfible dans
ce Traité , je profiterai avec do-
ciiite des avis des perfonnes af-
ez bien intentioiinées pour me
laire connoître mon erreur. Ceft
avantage qu\'un Auteur vivant
«oit mettre à profit avec bien
au piaifir & de la reconnoiflaa-
f ^\'eft fur quoi je fonde prin-
cipalement l\'efperance que j\'ai
m
preface:
Se me rendre de plus en plus
utile au Public.
Je traite d\'abord de la nature
des dents en general, de leur ac-
croiffement, de leur ftrufture ,
de leur fituation &c de leur uti-
lité : je parle enfuite de leurs ma-
ladies : j\'en déiigne plus de cent
réellement diftindes les unes des
autres; ce qui furpaffe de beau-
coup le nombre qui en avoit été
indiqué jufqu\'à prefent par les
Auteurs. Je les partage en trois
ClaiTes. La premiere renferme
les maladies dont les caufes font
extérieures : La fécondé, celles
dont les caufes font cachées : Et
la troifiéme , contient les mala-
dies fmiptomatiques ; je rappor-
te dans cette derniere Clalfe
leurs accidens les plus fmgu-
Mers ; & je m\'étens enfin fur la
maniéré de les prévenir ou de
les guérir.
L\'affinité des gencives avec
les dents, fait que les maladies
;
I\' RE FA CE.
^es unes fe communiquent aifé-
^ent aux autres; c\'eft pourquoi
j® traite auffi des gencives & de
^^Lirs maladies.
Je paife à la maniéré d\'ope-
Rien n\'eft plus commun que
<1 oter des dents ; cependant cet-
operation demande beaucoup
P^us de prudence & de con-
noiffance que le vulgaire ne fe
1 imagine. Je parle des foins qu\'il
aut apporter, pour nettoyer les
^ents, les limer, les ruginer, les
cauterifer & les plomber. Je trai-
^es moyens deremedier à leur
^placement; de procurer & re-
ctifier leur ordonifance ; d y fup-
P^^er, quand elle eft de\'truite. &
les raffermir.
I-a perte des dents eft quel-
quefois inevitable; mais l\'art peut
I^Juppléer. J\'ai perfedionné, &
^eme inventé plufieurs pieces
artificielles, foit pour remplacer
ue partie des dents, foit pour
Wéer à leur perte totale; &
PREFACE,
ces pieces les remplacent fi bien,
qu elles fervent parfaitement aux
mêmes ufages que les dents na-
turelles : j\'en donne au préjudi-
ce de mon propre intérêt la def-
cription la plus exade qu\'il m\'a
été polTible.
Les maladies de la bouche,
ou les autres maladies qui peu-
vent y donner occafion , font
quelquefois fi opiniâtres & fi ma-
lignes, qu\'elles détruifent les al-
veoles , les os maxillaires & ceux
qui forment la voûte du palais,
foit totalement, ou en partie î
enforte qu\'une partie de la fali-
ve & des alîmens n\'étant plus
portée dans leurs conduits ordi-
naires , s\'échappe par le nez , &
que l\'excrément qui doit couler
par ce canal tombe dans la bou-^
che. Alors la voix n\'eft plus ar-
ticulée , & la refpiration ne fe
fait qvi\'avec peine. Pour reme-
dier à ces accidens, j\'ai inven-
té cinq fortes d\'obturateurs du
preface.
palais , ou cinq machines avec
le fecours defquelles le malade
recouvre prefque toujours l\'ufa-
ge de ces parties qu\'il avoit per-
^^ • j\'en donne une defcription
tres-détaillée.
Jai cru auflfi qu\'il etoit neeef-
wre de joindre à ce Traité l\'ex-
Pncation & la maniéré de fe fer-
Vir de differ ens Inftrumens pro-
pres pour operer fur les-dents:
J^en ai reftifié quelques-uns, &
Jen ai inventé d\'autres, dont je
crois qu\'on trouvera l\'ufage plus
commode.
. J ai mis à la fin de la premiere
Partie de cet Ouvrage foixante &
Pnze Obfervations fur les mala-
dies les plus fmgulieres, que j\'ai
traitées & guéries i avec quelques
enfeignemens pour fe conduire
en pareil cas.
Pour ne rien omettre de ce
m peut contribuer à l\'utilité pu-
f^iique, qui eft la feule vue que
je me fuis propofée en compo-
T R n P A c e:
rant ce Livre : j\'ai fait graver qua-
rante Planches, qui reprefenterit
les dents dans leur état naturel; des
dents difformes & mal figurées 5
differens corps d\'un volume extra-
ordinaire, foittartareux, pierreux
ou olfeux, détachez des dents,
ou de quelqu\'autre partie de la
bouche; les Inftrumens necelTai-
res pour operer ; les pieces arti-
ficielles qui fervent à remplacer
une partie des dents, ou leur to-
talité; & les cinq differens"obtU"
rateurs du palais, dont j\'ai parlé.
Enfin je donne dans ce Traité
des inftrudions nouvelles & ef-
fentiélles concernant la fituation
des parties de la bouche , celle
où l\'on doit placer le malade
pour operer , & l\'attitude que
doit prendre l\'operateur.
Au relie j\'avertis le Ledeur
qu\'il pourra fe trouver des gens,
Ôc fur-tout de ceux qui ne fe fou-
cient pas d\'approfondir ce qu\'il y
a de difficile dans l\'art du Den-
mi;
^ RE PACE.
Jifte qui ne goûteront pas la lec^
du Manuel, ni la defcription
^es Inftrumens ; que d\'autres
pourront bien auffi critiquer cet
^uvrage ; parce que je dis des
nofes qui leur paroîtront ou
^op faciles, ou trop connues >
^ais je leur réponds d\'avance,
Jïue monintention a été deffavail-.
^er pour tout le monde, & prin-
cipalement pour ceux qui veu-
-^ent apprendre la partie de Chi-
^^^rgie que je profeiTe ; que j\'ai
^oulu leur applanir tout ce qui
peut les arrêter, & leur donner
a méthode qui m\'a paru la plus
chaire & la plus aifée, afin que le
^ ubiic en reçoive plus de fatis-
^action. D\'ailleurs ceux qui ne
^ir^t pas cet Ouvrage dans le
^uem d\'apprendre à operer,
^ouveront dans le refte de ce
^ivre à s\'inftruire de mille cho-
, qui leur feront utiles & agréâ-
mes, fans s\'arrêter à lire le Ma-
^^^el ôc la defcription des Inftru-
PREFACE.
mens, dont j\'avoue que la lec-
ture peùt ennuyer ceux qui ne
veulent pas exercer cette profef-
fion : c\'eft ce qui m\'a déterminé
à mettre cette matiere de fuite,
& comme faifant un corps à part,
& diilingué du refte de l\'Ouvra-
ge.
Uniquement excité par l\'a-
mour de la vérité, & non par
un efprit d\'oftentation & de cri-
tique, j\'ai cru ne pouvoir me dif-
penfer de relever les. erreurs
d\'un Auteur moderne : j\'ofe
me flatter , qu\'en viië de l\'utilité
publique les gens fenfez me tien-
dront compte des efforts que j\'ai
faits, pour vaincre la répugnan-
ce que j\'avois à cenfurer. Etj\'ef-
pere que l\'Auteur même rece-
vra avec moderation des avis me-
furez de maniéré qu\'il n\'y entre
ni fiel, ni aigreur, & qu\'il fera
trop raifonnable pour ne pas fa-
crifier fes méprifes à la vérité &
à l\'inftmdion du Public.
^ ^onj^eur WmJIovv, Doreur Regent
^^ Faculté de Medecine de Tans,
/ ^^\'\'^àemie Royale des Sciences,
^^enfeur Royal ^ Interpreu du Roy
Th!^"^^^ dms fa Biblio-
jAi lu par ordredeMonfeigneurlc
îitiiS\'\'\'r ? "" Manufcrit in-
^esn \' ^^^rurgten Dentifle^ou Traité
ents, &c. Ayant il y a déjà plii/îenrs
fpn Auteur un
^d If connoiiTances, d\'habileté
tie de I P^\'" \'^^PP^" ^ P^r-
C eft c ^ au Public,
que , ^ ^et Ouvrage,
tenir ^^^^i^ent, & ne rien con.
fîon empêcher l\'impref-
que l\'appli-
ciits remedes qui y font dé-
fonces plufîeurs circonf-
difcernenienr d un vrai
pour ne pas nuire au lieu
de foulagei:. Fait à Paris le 8. Decembrc
WIN S LOW.
De Monfteur Hec^uet, DoBeur Regent
-en la Faculté de Medecine de Pans ,
^ ancien Doyen de ladite Faculté.
E Livre n\'eft point un ouvrage d\'i-
^ tnagination, ni un ramas de mo-
yens,d\'opérations ou de remedes à efîayef
pour la guérifon des maladies des dents :
c\'eft une méthode tirée de l\'étude, &:
fortie de l\'expérience de Monfieur Fau-
chard, communiquée d\'ailleurs au Pu-
blic avec tant de candeur, tant de bon
fens & tant de fages précautions, qu\'il
ne lui manque rien pour meriter dh-
me & la confiance qui font dues a 1 Ou-
vrage & à fon Auteur. A Paris ce 17.
juillet 1715.
HECQJJET.
APPROBATION
-ocr page 31-Monfieur Finot^ DoElenr Regent en
i\'i Faculté de Medecme de Paris,
Médecin de leurs .Alteffes Serenijftmes
^onfeigneur le Prince de Conti
■^efdamjss les Princejfes de Conu.
T Ai lu avec beaucoup de plaifir îe
J Livre de M. Fauchacd , duquel le
^ ubîic ne peut tirer que de très-folides
avantages. ïl contient en effet beau-
coup défaits exaéèemefît détaiilez, des
^^flexions judicieufes fur ies maladies
dents & fur les moyens de les guc-
Ces Reflexions fondées fur un tra-
\'^^il ajfîîdu & tirées d\'une experience
confirmée, à laquelle on ne peut rien
3)oûter, lui ont donné une connoif-
^\'^nce parfaite de ces maladies difFeren-
> à laquelle aucun Dentifte n\'étoit
encore parvenu jufqu\'à prefent. C\'eft
P^t cette connoilTance exaâre qu\'il a ré-f
otmé, invente même avec fuccès un
îces-grand nombre d\'Inftrumens, éga-
^^"Uent propres & pour operer avec sû-
fété fuc les dents, Se pour les confer-
yer en beaucoup d\'occafions douteufes.
^om L b
0n ne peut donc que le louer d\'un tra-
vail qui lui a coûté tant de peine ; auHÎ
cft^ce avec beaucoup de précifion Se de
netteté qu\'il a développé une matiere
obfcure par elle-même, & qui n\'a été
traitée jufqu\'ici que très - fuperficieile-
ment, A Paris ce 15. Janvier 172^.
De Monfieur Helvetim , DoSieur Re-
gent en U Faculté de Médecine de
fVmverJïte de Parts, Medecin ordi-
mtre du Roy, 6 premier Medecm de
h Reine, 0 4e l\'Académie Royale des
Sciences,
J\'Ai lu avec plaifir un manufcrit in-
titulé : Le Chirurgien Bentifie , cH^
Tram des Dents , des Alveoles & des
Gencives;par Monjteur Fauchard. ,IÎ m\'a
paru qu\'il n\'y avoit point encore eu de
traité fur cette matiere, où l\'on fût en-
tré dans un détail auflî exad -, & je pen-
fe que Fimpreffion de ce Livre doi£
Irre d\'pmnE plus u?ile au Public,- qu?
les ObfeiTations & les faits rap-
portez font fondez fur l\'experience lon-
:gue (5c heureufe de l\'Auteur. Fait à
ce ic?. Juillet 1715.
Monfieur Stha, DoUettr Regent en.
la Faculté de Medecine dans FUni-
TJerfité de Paris , Medecin de fon Al~
tejje Seremjpi.me Monfeignenr le Duc ^
^ Medecin Confultant du Roy.
Le Livre de M,Fauchard eft fondé
^ fur un grand nombre de faits bien
«Oiervez , dont il a tiré des confequen-
«s très-juftes & très-utiles. On doit
loiier cet Auteur des foins qu\'il a pris
•de faire un Ouvrage plus exaâ: que tous
paru jufqu\'à prefent ; & le
1 uoiic doit le remercier de ce prefent :
ne pouvoit lui être fait par un hom-
ï^e qui ait plus médité fur cette matie-
& ait tiré plus de parti de ce
qu 11 a vû. A Paris ce 24. Juillet 17 z 5.
S IL VA.
-ocr page 34-De Monfieur de fufeu, BoBeur Regent
en U Faculté de Medectne de Pans ,
Profepur ef? Botanique au -^ardrndH
Roy, de V Academic Rojale des Scten-^
ces des Soctetez, Royales de Londres
de Berlin,
Le fuccès de quelques operations
citées dam le traité de M. Fau-
chard. Chirurgien Dentifte , defquel-
les j\'ai été témoin, eft pour moi un
préjucxé fi favorable pour toutes les aa-=
i^res Obfervations qu\'il a rapportées ,
que je ne puis lui refufer ie te\'moigna-
ge d\'aifurer le Public, que perfonne n a
travaillé fi utilement, & n\'a été enco-
re fi loin fur cette matière que 1 Auteur,
iV Paris ce a <5. Juillet ly^^S-
i
m
^^ MeJJieurs les Chirurgiens Jpirez-
\' de Paris^
Ous Lieutenant du premier Chi-
f ^ rurgien du Roy, Prévôts & Gar-
Receveur en charge, après avoir
, examiné le Livre intitule : Le
J^\'^-^fgienJDentifle.ç^ut MônfieûrFau-
ard met su jour, avons reconnu que
« Ouvrage étoit très - e/fentiel â la
^niriirgie, & que cet Auteur a écrie
jec beaucoup d\'intelligence fur une
^natiere qui étoit reftée jufqu\'à prefent
^îïs l\'obfcurité. Nous regardons ce
^ivre comme la produdion d\'un hom-
au^p qui donne genereuferaent
«plie tout ce qu\'une longue pra»
fa]"^.*^.."" grand difcernement lui ont
^^it reciieillir de connoiflànces fur cet-
j de notre Art. L\'anatomie de
l-g "touche y eft expliquée d une manie-
de ^ très-jufte j les reme-
qui y fo^j propofez, les operations
ifift ^ enfeignées ; les nouveaux
«rumens & obturateurs du palais qui
\' iont décrits nous paroifTent très-di-
gncs de flofre approbation. Nons cro-
yons que nos fuffrages font diis aui
peines & aux veilles que ce Traité a
coûtées à rAu£eur,& qu\'on ne peut trop
Je loiier de l\'honneur qail fait à fa
profeffion. A Paris ce 7. Juin 1728\'
MOUTON. CHAUVET.
ROUTHONNET. MOTHEREAU.
BERTRAND.
J
De Monfieur Verdier Chirurgien Juri
de Paris & DemonfirMeur Royal eft
Anatomie^ & de Monfieur Moranà
Affocié de l\'Academie Royale des
Sciences, Chirurgien "jure\' de Fans
(j Démonfirateur Royal des opérations»
CEux qui connoiffent l\'utilité des
Traitez particuliers feront fans
doute contens de celui que M. Fau-
ehard donne au Public fur les dents
& leurs maladies. Nous nous joi-
I!
I\'"
gnons d\'aiitanf plus Volontiers an gra1n4
sombre de fes Approbateurs, qu\'il nous
^ paru contenir d excellentes chofes y
^"•la-is nous ne pre\'tendons connoître ni
de la critique qui s\'y trouve. Fais
Claris ce îî. Juin lyzg.
Monfieur de Faux Chirurgien Juré
^ Paris c^ ancien Prevot de fa
Comfagnici
jp Ar la ledure que j\'ai faite d\'urt
^ inanufciit qui contient un ample
raité de la ftrudure des dents, des
^^adies qui leur arrivent & des mo-
p^s de les guérir, compofé par Mon-
Fauchard Chirurgien Dentifte -,
] ai trouvé ce Traité écrit avec beau-
^^up d\'ordre, d\'intelligence & de ner-
; & il m\'a pai-u très-inftruétif pour
^eux qui fy propofent de faire leur ca-
pai de cette Chirurgie particulière.
es Obfervations qu\'il y a jointes de
P^wtieurs cas difficiles, curieux & fin-»
b ii|
-ocr page 38-guîkrs, qm Te foùt prefcntei dans fa
pratique, Ja defcription exa6le de tous
les inftruniens qui conviennent pour
ôperer dans la bouche en toute occa-
fion 5 les additions & changemens ap-
portez aux anciens inftrumens pour les
rendre plus commodes & plus effica-
ces 3 se l\'invention de pîufieurs antres
très-ingenieufement fabriquez, mettent
cet Ouvrage au-delFus de tout ce qu\'orf
a écrit fur cette matière, qui n\'a été juf-
qu\'à prefent traitée que fupetficielle-
ment dans les cours entiers d\'Anato-
mie ou de Chirurgie, ou dans quelques
opofcules très-abregez. Enfin un nom-
bre de figures gravées avec foin qui fe-
ront inferées aux endroits necefîàires 3
fçuviront encore à donner des notions
plus touchantes du manuel , & facilite-
ront fon execution. Aulîî je fuis per-
fuadé que ce Traité fera très-utile, non
feulement aux Chirurgiens de toute
efpece-, mais encore à tous les mala-
des , qui auront befoin du fecours de
cette Chirurgie : en un mot, j\'eflime
qu\'on a lieu de feliciter notre fîecle
de ce qu\'outre les excellens cours de
Chirurgie & d\'Artatomie dont le Pu-
blic a été gratifié par des Chirurgiens
! Ifli
«elebres, il fe trouve encore des parti-
<=tiliers qui s\'étant dévoilez à une feule
partie de la Chirurgie s veuient bien
publier fans réferve le progrès qu elle
^ fait entre leurs mains *, puifque c\'eft
le moyen de porter un Art iî utile à fa
P\'us haute perfection. A Paris ce 29,
Signé, DE VAUX.
Monjîeur Tartattfon Chirurgien ^uri
de Paris & ancien Prevot de fa
Compagnie.
T L manquoit à la Chirurgie une par-
tie qui cependant ne lui étoit pas
"Oins necelîàire que toutes les
autres 5
qui ont été perfedionnées avec tant de
oin. Monfieur Fauchard vient de la
onner cette partie, en mettant au jour
Traité fiir les dents, que j\'ai trou-
contenir les explications les plus
-aires, les operations les plus sûres,
^es remedes les meilleurs & les Refle-
^\'ons les plus judicieufes. Par cet ex-
relient Ouvrage cet Auteur rend notre
Act complet ; & pour lui en marques
îïia rccôrinolfTance » je lui donne ce
témoignage. A Paris ce i ï. Mai 17x8.
TARTAN SON.
m
D^ Monfieur Dùflejjîs, Chirurgie?^
Juré a Parti.,
Es maladies des dents, quoique
fréquentes & en fi grand nombre,
faifoient attendre depuis long-tems que
quelqu\'un par fes propres Obfervarions
pût donner des préceptes & des regies
pour remedier à ces maladies. C\'eft ce
que Monfieur Fauchard fait excellem-
ment dans le Livre qu\'il a compofé »
intitulé : Lt Chirurgien Dentifte, où
les Reflexions font iî judicieufes, ks
confequences fi bien tirées, & les re-
medes ci sûrs , qu\'il y auroit de l\'injuf-
rice à ne pas applaudir à un Ouvrage
abffi utile, auffi necelTaire, & qui man-
quoît a la Chirurgie. C\'eft le témoi-
gnage que je ne puis me difpenfer de
rendre au Public. A Paris le 16. Mai
1728.
Signé, DUPLESSÏS.
-ocr page 41-Mcjfieurs Sanré ^ de Gramond
Chirurgiens Jurez, à Paris,
Le Livre que Monfieur Faucîiarda
compofc touchant ia ftruéture des
dents, le moyen de les conferver, la,
iT^éthode d\'operer & de remedier à leurs
^laladies, eftlouvrage le plus complet
lui ait paru fur cette matière. On y
frouve une exade théorie & une pra-
tique confirmée par un grand nombre
cures & d\'obfervations, qui font les
ftuits d\'une longue experience accom-
pagnée d\'heureux fuccès , dont nous
avons été les témoins oculaires en plu»
fieurs occafions. Ceft la juftice qui eft
ïiûë à l\'Auteur & le jugemenr que nous
portons de fon traité, que nous avons
lû avec beaucoup d\'attention. A Paris
ce premier Juin 17x8,
SAURE\'. DE GRAMOND.
-ocr page 42-De Monfieur Laudumiey Chirurgie}^
Dentifie de fa Majefié Catholique
Phihpppe V. Roy d^Efpagne.
JE m\'interefle trop à ee qui peut
être avantageux au Public, pour ne
pas lui témoigner pat la prefente Ap-
probation que je n\'ai rien vij de plus
parfait fur tout ce qui peut concer-^
lier les dents, que îe Livre que Mon-
fîeur Fauchard a compofé. J\'y trouve
beaucoup de reflexions & de découver-^
tes fur notre Art, qui font auffi fen-
fées & auffi utiles que nouvelles. Le
titre de Chirurgien Déntijle qui eft à la
tête de cet Ouvrage, eft foutena. par
tout ce qu\'un genie heureux, une gran-
de attention & un travail affidu pou-
Yoiè-Lt raffembler de connoifîances.
L\'experience que j\'ai dans la profeffion
de l\'Auteur , fait que je rends juftice
avec un extrême plaifîr à l\'excellence
du Traité qu\'il a produit & qu\'il don-
Itll ne avec un défintereffement très-loiia-
ble & très - rare. A Paris ce 9. Juin
172S. Stgné, LAUDUMIEY.
T ouïs par la grâce de Dieu Roi
France & de Navarre, à nos
amez Ô£ féaux Confeillers les Gens tc-
J^^ns nos Cours de Parlement , Mai-
des Requeftes ordinaires de notre
y^tel , grand Confeil, Prévôt de Pa-
Baillifs, Sénéchaux , leurs Lieute-
^ans Civils, & autres nos Jufticiers
^^^ il appartiendra , Salut. Notre bien
le fleur Pierre Faucharo
\'^hirurgien Dentifte,Nous aïant fait
^lïiontrer , qu\'il auroit compofé ua
Ouvrage qui a pour titre : Le ChtrHr~
Dentée , ou Traité des maladies
dents ; far ledit Jteur Fauchard, &
fouhaiteroit élire imprimer &
donner au Public, s\'il Nous plaifoit lui
accorder nos Lettres de Privilège fur
Ce necefTaires -, offrant pour cet effet de
faire imprimer en bon papiei. &
\'^eaux caradteres fuivant la feiii le im-
primée & attachée pour modele fous le
«Oîitre-fceldes Prefentes. A cescaufes,
Voulant traiter favorablement ledit Ex-
pofant, Nous lui avons permis &c per-
■"^•ettons par ces Prefentes , de faire im-
ptimer ledit Livre ci-deffus expofé, ea
îjn ou plufieurs volurncâ , conjointe-
iTieiit ou féparémenCj & autant de fois
que bon lui feœbicra, fur papier ôc ca-
raderes conformes à ladite feiiiUe im-
primée & attachée pour modele fous
iiotredit contre-fcel, & de le vendre,fai-
re vendre 8c débiter par tout notre
Roïaume pendant le tems de dix an-
nées confecudves, à compter du jour
de la datte defdites Préfentes. Faifons
défenfes à toutes fortes de perfonnes?
de quelque qualité se condition qu\'elles
foient , d\'en introduire d\'impreffion
étrangère dans aucun lieu de notre
obéMance -, comme auflî à tous Librai-
res., Imprimeurs & autres d\'imprimer,
faire imprimer, vendre,faire vendre ,
débiter ni contrefaire ledit Livre ci-
defllis fpecifié , en tout ni en partie »
ni d\'en faire aucuns extraits fous quel-
que prétexte que ce foit, d\'augmenta-
tion , correétion , changement de ti-
tre, ou autrement , fans la permiffion
exprefTe & par écrit dudit Expofant ou
de ceux qui auront droit de lui, à pei-
ne de confifcation des Exemplaires con-
trefaits , de quinze cens livres d\'amen-
de contre chacun des concrevenans,
dont un tiers à Nous, un tiers à l\'Hô-
tel-Dieu de Paris j de l\'autre tiers audi?
^^\'^pofant, & de tous dépens, domina-
Se interefts ; à la charge que ces
feientes feront enregiftrées tout au
long fur le Regiftre de la Communauté
^es Libraires &" Imprimeurs de Paris
pîîs trois mois de la datte d\'icelles -, que
imprefîîon de ce Livre fera fait® dans
l^^cre Roïaume & non ailleurs, & que
Unipetrant fe conformera en tout aux
^eg emens de laLibrairie,& notamment
^ celui du lo. Avril 172.5, Se qu\'avant
^ue de l\'expofer en vente le manufcric
l^u imprimé qui aura fervi de copie à
I »nprefilon dudit Livre fera remis dans
f •■nême état ou l\'Approbation y aura
donnée, es mains de notre très-cheï:
^ féal Chevalier Garde des Sceaux de
trance le Sieur Ciiauvelin-, & qu\'il- en
^fa enfuite remis deux Exemplaires
«ans notre Bibliothèque publique, un
^ans-celle de notre Château du Lou-
cher Se féal Chevalier Garde des Sceaux
^e France le Sieur Chauvelin -, le tout
a peme de nullité des Prefentes. Du
contenu defquellcs vous mandons &
enjoignons faire joiiir l\'Expofant ou
les ayans caufe pleinement & paifible-
lïient, fans fouffrir qu\'il leur foit fait
aucun trouble ou empêchemens. Vou-
Ions que la copie defdites Prefentes
qui fera impriraée tout au long au com-
mencement ou à la fin dudit Livre, foie
tenue pour dûëment /îgnifiée, & qu\'aux
copies collationnées par l\'un de nos a-
mez & featix Confeil ers se Secretaires ,
foi foit ajoutée comme à l\'Original.
Commandons au premier notre Huif-
fier ou Sergent de faire pour l\'executioa
d\'icelles, tous ades requis se neceffai-
res, fans demander autre permiffion,
& nonobftant clameur de Haro, Char-
te Normande & Lettres à ce contraires :
Car tel eft notre plaifir. Donne\' à Pa-
ris le vingt-fixiéme jour du mois de
Décembre, l\'an de grace mil fept cens
vingt-fept j & de notre règne le trei-
zième. Par le Roy en fon Confeil ,
NOB LET.
Regfjlré enfemhle la Cejjlon fur le Regiftre
VII. ds la chambre Royale des Libraires ^
Imprimeurs de Taris , num. fol. con-
formément aux anciens Keglenj-ens confirmez,
par celui du 18. Vevrier ijx^. A Paris le
to,Feurier 17x8. Brunet, Syndic.
j\'ai cédé au Sieur Jean Mariette mon droit
au prefent Privilege, pour en joiiir fuivatjt
i\'accord fait entre nous. A Paris ce 12. Fé-
vrier 17 P. FAUCHAKD.
Table
chapitres,
contenus dans ce premier
volume.
^^hapitre Premier:
^ ^^ JiruBure ,fituanon &
connexion des dents, leur
^^^gine, leur accroifement ,
\' page I
^^ y^^^ que l\'on prend pour les
conferver^ ^g
Chapitre iii.
repme & U conduite que Von
aott tenir pur conferver les
dents,
_ Chapitre IV.
:tdamere d:entretenir les dents
hUnches, & d\'afermirles ^en-
Tome 1. r
TABLE
cives, opiates J poudres é" It\'
queurs utiles ^ ou contraires d>
cet ufage, 4Sr\'
Chapitre V.
Caufes generales des maladies ef\'
fentielles, fymptomatiques , aC\'
cidentelles é\' relatives aux
dents, aux alveoles df aux
gencives : le pronojlic ., dianof-
tic ^ dénombrement de ces ma\'
ladies,
Chapitre VL
l>e îa fenjthiliîé & de l\'agacement
des dents y loj.
Chapitre VIL
Dis différentes caries des dents
C^ des caufes qt^i les produifent,
m-
Chapitre VIIL
De la carie des dents, ce quit
faut obferver avant de ruginef
les dents cariées , m .
Chapitre ix.
D» Urtre , ou tuf, qui fe forms
fm les^ dents & les mauvais^
^es chapitres.
\'Jl^ts qu\'il y produit y i^z
Vid\' ^^apitre X
generale de la pratique con^
\'\'^e dans les Chapitres fui-
\'Uans , ^ ^ n
A 13S
la a itre XI.
J^^^atton des parties de labou^
\\ ^ égard aux dents. Lafî-^
y di, fujet fur lequel on
"^o^t opérer é- celle de l\'opéra^
\' f^^^ les differ entes atti^
derautre, i^o.
Ce. »^^^Pi-î-RE XII.
f^\'jmtôbferw avant d\'oter
j yen les étant, & après
\'\'jeßerremem des dents & de U
"^^^^ere dfouvrir la bouche ,
f^\'^rquelque accident elle
àtin.telpoim,qi^on
f d\'en venir J l\'opéra^
pour faire prendre des ali«
ens m malade , ou pour recon^
nrnm ce quiß^^jß dansjüßie
table
Péteudue de la bouche, iCo
Chapitre XIY.
He la puâure, de l\'étendue, de
la connexion & des ufage s des
^ gencives,
Chapitre XV.
Les maladies des gencives : enfre-
tmer lieu celles que caufe lafor^
ties des dents i & l\'opratiofi\'
convenable pur faciliter leuf
for tie,
Chapitre XVI.
De Vexcroiffance ordinaire auH
gencives, & l\'opération conve"
Chapitre XVII.
De réfoulis y ou excroiffance char^
, nue excedant le niveau de lafuf
face des gencives, & de Pofera,\'
tion convenable four traiter cet\'
te maladie y
Chapitre XVIïI.
Du faroulis y ou abc}s qui fe formt
AUX gencives par fluxion é\'J^\'
fiammation , quelquefois far
congejlion , epamhement & in-
fit rati on : la manière d\'opérer
four traiter cette maladie ,
Chapitre xix.
ulcérés qui furmennent aux
gencives : operation convenable
pour traiter cette maladie, 117
Chapitre XX.
fjîules qui furvlennent aux
gencives à l\'occajîon des maladies
des dents l^operation conve-
nable pour traiter cesfijîules^^iz,
Chapitre XXI.
^cs mauvais effets que le fcorhut
produit fur les dents , fur les
gencives é^ même fur les os des
mâchoires. Operation convend"
hlepour traiter les ucidens eau-
fez, par cette maladie,
Chapitre XXII.
^es accidens les plus conjiderables
quifurvienrtem en confequence
de la carie des dents, aux parties
qui en font les plus vdifims,
T A B L E
ficcefjivemem à d\'autres ftus
éloignées, z^^
Chapitre XXIIL
Dix Obfervations concernant les
dents, 2,44
Chapitre XXIV.
Six Obfervations furies dents rc^-
generées, ^gj
chapitre XXV.
Obfervatious faites fur les dents
qui viennent tard ^ ou qtù ne
viennent pint du tout ^ t^y
Chapitre XXV L
Ctnq Obfervations concernant les
dents diverfernem ré Uni es en-
femble,
Chapitre XXVII.
Douze Obfervations fur les dents
difformes & mal arrangées ,30^
Chapitre XXVIII.
j on recon-
nottra la vraïe luxation d\'une-
dent , & quelles furent les ad-
hérences qui furvinrent en con-
CHAPITRES.
Chapitre XXIX.
ObfervatioDs fur les dents
^emifes dans leur s mêmes alveo-
3 OU tranfflantées dans une
touche étrangère, } 3 4
^ Chapitre XXX.
^ux Obfervations fur des dents
^^ifurent enfoncées dans le f"
nus. maxillaire fuferieur droit,
^ dans l\'alveole ^ en voulant
les oter^ jjo
Obfe mat ions fur les excroif
fonces pierréufes formées fur
^^^ dents , ou dans leur voïjï"
Chapitre XXXIL
^ytre Obfervations fur les vio-
lentes douleurs de tète,
^mfées far les dents , 571
Chapitre XXXIII.
^^tijc Obfervations fur les dé for-
fe^ que caufe le fcorhut dfins^
^^ boucBe. îgz.
TABLE
Chapitre XXXIV.
Dûùz,e Ohfirvâtions qui concern
nent les dépôts , tumeurs é- ab-
cès occaJionnez.far les dents ,587
Chapitre XXXV.
Obfervation fur les excoriations
calleufes de la langue, des joues
& des gencives , caufées par le
frottement des chicots ou dents
éclatées , é^c^ 41 j
Chapitre XXXVI.
Sur des ulcérés calleux fttuez, aw
dedans de la joue & aux gen-
cives , caufez, d^ entretenus par
U compreffon d\'une derniere
dent molaire. 425-.
Six objérvations fingulieres^ 42,7
Fin de la Table des Chapitres
du premier volume.
^.GIEM
O 1}
traite\'des MALADIES
des Dents, des Alvéolés,
& des Gencives.
lafiruaun .fituation & conne-
xion des Bents , leur origine,
leur accroijfement, &c.
OUR donner une intelligen-
ce parfaite de îa matiere dont
, traite, il paroît necelfaire
d\'expliquer la ftruéture , la
connexion &la mecanique particulière
«es dents. ^
. la connoilTance de ces par-
tics que j\'établirai rna theorie & ma pra-
Tome /. ^
tique -, & que je tâcherai enfuke de don-;
ner une idée parfaite des maladies qu<
affligent les dents ,5 & des moïens leS
plus affurez pour les conferver.
Les dents conlîderées dans leur natu^
relie conftitution, font les os les plus
blancs, les plus durs & les plus folideS
du corps humain ^ l\'arrangement & l\'or^
dre particulier du tilfu qui les compote
contribue beaucoup à leur blancheur,
Elles font très-difficiles à entamer fur-
tout par leur partie émaillée -, folides &
maffives -, contenant beaucoup de matie^
,re olTeufe dans un petit volume,^
Toutes les dents font engagées dan§
plnfieurs cavitez nommées alveoles, qui
font creufées dans les deux os maxillai-
res -, le nombre de ces cavitez répond a
celui des dents, qui pour l\'ordinaire dans
ies adultes eft de trente - deux-, feize a
chaque mâchoire, quatre incifives, deuî^
canines & dix molaires -, tantôt il n\'y
en a que trentcr-une, d\'autrefois trente
pu vingt T neuf -, les quatre derniereS
nommées dents de fagefte ne paroiflènC
quelquefois que fort tard, ou ne vien-
nent pas toutes, ou ne paroifTent point
du tout i de-là vient que beaucoup de
pcrionnes n\'en ont que vingt-huit.
qui .v piufieurs fuiets,
avouent „ente-trois de«s bieL ar^
vel \' dans Ton ai-
que la dent qui excede le nombre de
^^nte-deux, doit être regardée comme
^imumeraire & qu elle vient pour l or~
J^naire entre les deux grandes incifive.
L,! f^iperieure, & que pour
loi , ce font les incifives qui font mul-
i u\' furnumeraire ref-
flemble affez-bien aux kterales ou
^oiennes mcifives de la mâchoire fu-
perieure. J\'ai vû même deux perfonnes
en avou- chacune trente-quatre, feize à
r inférieure & dix-huit à la
«periem-e, dont les deux qui excedoienc
^ nombre ordmaire étoient fîtuées po-
stérieurement aux incifives fuperieures.
Les alveoles font féparez entr\'eux
pr des cloifons ofleufes ; leur fubftance
^Pongieufe eft revêtue d\'une petite la-
me poreufe fort mince, beaucoup moins
ferme & folide que le refte de l\'os , fle-
^^ole, capable d\'obéir plus ou mouis fui-
^ant ces differens états. La figure de cha-
que alveole eft toujours conforme à celle
chaque dent qu\'elle reçoit, & dont
\'^he cft comme le moule.
Aij
-ocr page 58-^ £ E C H î RUR G I EN
La fubftance charnue qui revet & en-
toure extérieurement ies alveoles, eft ap-
pellee gencive -, elle eft la continuation
âe la membrane connue fous le nom de
periofte, qui couvre immédiatement les
os. & de celle qui recouvre l\'interieur
de la bouche. Les gencives au0î-bien
que les rebords oftèux des alveoles, fer-
vent à contenir & à affermir les dents.
Dans chaque dent on diftingue deuK
parties. La premiere, eft celle qui pa-
roîten dehors, n\'étant point renfermée
dans lalveole ; on la nomme le corps
de la dent. On remarque ordinairement
à fa bafe un petit enfoncement circu-
laire plus ou moins apparent, nommé
îe colet de la dent ; il eft peu couvert
de la gencive. La fécondé partie eft ca-
chee dans l\'aîveole j elle fe nomme la
racine de Ja dent,
La difFerenre conformation que l\'on
remarque dans le corps des dents, fait
qu\'on les diftingue en incifives, canines,
de molaires.
Les quatre dents qui font placées au-
devant de chaque mâchoire , font nom-
mées incifivcs , du verbe latin tnctde-
re , qui lignifie couper ; en efîet, l\'ex-
îràpité extérieure de ces dents eft trèà-
i
Foprê à couper les alimens; elle eft un
peu convexe antérieurement, cave po-
"eneurement & tranchante par lextré-
iiiite oppofee à la racine. Les deux incifi-
ves du milieu de la mâchoire ftiperieure
lont toujours plus larges & ordinaire-
J^ent plus longues que les iiicifives la-
era.es, & que routes les autres incifives ,
ies latérales font plus larges que les qua-
tre mcîlives de a macMre inférieure.
ûomme les deux premieres, grandes
inciltves j les kterales, moïennes incifi-
ves &les quatre d\'enbas, petites incifi-
ves.
î-es canines font firaées immédiate-
ment après les incifives. Leur nombre
eu: de deux à chaque mâchoire j on les
nomme canines, par le rapport qu\'elles
ont avec quelques - unes des dents du
chien. Le corps de ces dents eft plus
rond, plus ƒ pais & plus folide que ce-
lui des incihves-, l\'extrémité de leur corps
oppofée à la racine, eft taillée en pointe
émouftée.
Les dents canines par rapport à leur
i^ructare, font non feulement très-pro-
pi-\'es à percer les alimens -, mais encore
^ les tenir fermes, tandis qu\'on fait cf-
^ort à les tirer pour les rompre ou de-
A lij
-ocr page 60-é l e C h i r u r g i e n
chirer i elles fervent auffi à ronger îes an-
mens qui font propres à l\'être : de la j
vient que naturellement on îes porte
fous ces dents.
Celles qui fuivent immédiatement les-
.canines, font deux petites & trois gref-
fes molaires à chaque côré des machoi- ,
res, & poiterieures -aux précédentes.
On les divife en petites 8c en groHes
molaires, ou par rapport à ce que les
deux premieres font moins greffes dans
les adultes que leurs voifines de la me-,
me efpece, & moins garnies d\'éminen-
ces-à l\'extrémité de leur corps, ou parce
qu\'elles ont moins de racines que eeîks
c^ui leur font pofterieures.
Le corps des molaires en general e(î
prtfque quarré ; il fe troiîve applatià fon
extrémité, quoique pourtant garni de
petites éminenGes,& de petites cavitez.
Les deux mâchoires étant fermées, Jes
eminences des dents de la mâchoire in-
ferieure font reçues dans ies cavitez des
dents de la mâchoire faperieure ; & réci-
?roquemcnt les eminences des dents de
a mâchoire fuperieure font recu\'ës. dans
les cavitez des dents de la mâchoire in-
ferieure. Cette difpofîtion les rend pro-
pres à brifer, broïer & taoudre parfai-
t) E N t I s t E. 7
femenc les alimens les plus durs se ks
plus folides -, elles perfectionnent ainlt
ia trituration de ceux qui ont échapé à
^ adioii que les incifives & les canines-
ouc commencée.
On a donné au corps de chaque denC
je nom de couronne -, mais ce nom fem->
bie ne convenir qu\'à celui des molaires.
"y a que celles-là qui aient quelque
f\'ipport aux couronnes antiques, par les
eminences qui font à leurs extrémiiez.
Lorfque les enfans viennent au mon--
de, il ne leur paroit ordinairement au-
cune dent. Elles font en ce tems-là ren-
fermées dans ies gencives pour quelque
tems après quoi il en pâroîc laccelK-
vement jufqu\'à vingt, qui font huit itt-
cuives, quatre canines j & huit petites
iTiolaircs. Ces vingt premieres dents ne
^ont pas fans racines, comme quelques
Auteurs le difent-, il eft bien vrai qu\'elles
n\'en ont pas lorfqu\'elles tombent d\'el-
les-mêmes -, mais fi on les ôte avant
qu\'elles foient chancelantes, on y eri
trouve qui font à proportion de leurs
corps , auffi longues, aulfi fortes , &mê-
iTte auffi dures \'que celles qui ne font
pas dents de Uit. Cela fe confirme en-
core par la remarque que l\'on a faite
A iiij
-ocr page 62-de certaines racines de dent de lait,
qu\'on trouve dans les adultes, & qui font
iiîuées à côté des dents renouvellées
depuis plufieurs années.
Sous CCS vingt premieres dents qui
tombent fuccelïîvcment, font contenus
des germes, dont fe forment les fé-
condés dents qui paroilîènt lorfque les
premieres font tombées, & quelquefois
avant leur chute. On peut dire par con-
fequent que les enfans ont cinquantc-
deux dents, fans compter les germes
qui peuvent fe trouver par extraordinai-
re defTous les grofîès molaires, je fuis
d\'autant plus alTuré que ces germes fe
trouvent quelquefois fous ces molaires,
que j\'ai vu renaître jufqu\'à deux fois ces
dents - là, après avoir ôté la dent de
lait, & la fécondé qui lui fucccde.
Je pourrois cirer plu/îeurs exemples
femblables, contraires à l\'opinion com-
mune, qui établit que les "grofîes mo-
laires ne font point fujcttes â fe renou-
velles Ce fait eft fi confiant, que l\'ex-
perience feule fuffit pour juftifier mon
opinion.
La féconde partie de la dent nom-
mée la racine , a donné lieu à faire
beaucoup de remarques par rapport à
^ Dentiste. 9
gi-offem-, au nombre, & à la figure
ues racines des dents. Il y a des raci-
nes qui égalent le corps de la dent &
qui la furpafiènt même quelquefois en
groffeur. Quant au nombre, on obfer-
^ que les dents incifives , les canines
^ les petites molaires , n\'ont qu\'une
l\'acuie chacune j il arrive néanmoins
quelquefois , que ces dernières dents
ont deux racines fcparées dans toute
eur longueur , ou feulement à leur ex-
ttemiré. On remarque que ces racines fe
recourbent tantôt en dedans, tantôt en
dehors.
J ai tiré de petites molaires qui avoient
Jfois racines ; mais ces fortes de dents
iont affezrares, auffi-bien que des cani-
nes a deux & à trois racines : Je gar-
^ ^ eux dents canines, dont la premiere
^eux racines féparées, & l\'autre paroit
tino^?"^!\' ^^
guees 1 une de l\'autre par une goutie-
equi fe continue dans toute leur Ion-
§ueur;une de ces racines fe fépare mê--
^^^^^"^^^^-à-fait vers fon extrémité des.
^ autres, qui paroilTent confondues,
e terminer en une feule racine poin-
figures,13. delà piau-
-ocr page 64-ÏO LE CiriRtJRGlESr
tu\'ë, plus longue que lautre Ôc d\'un vo-
itiffie plus confîderable.
Les grofles molaires fituées immédia-
tement après les petites, ont pour l\'or-
dinaire deux ou trois racines, quelque-
fois quatre, ou mime cinq ; (a) cela
arrive plus fouvent aux dents delà mâ-
choire fuperieure, qu\'à celle de l\'infé-
rieure. On obfcrve que la derniere mo-
laire , tant de l\'une que de l\'autre mâ-
choire , a moins de raci nes que les deux
qui la precedent; que fon corps eft moins
gros; qu\'elle n a ordinairement que deux
racines, prefque toujours unies entr\'el-
les dans toute leur étendue : leurs extré-
mitez fe portent fouvens tantôren de-
hors, tantôt en dedans; c\'eft ce qui les
rend très-difficiles à ôter, fur-tout lorf^
quelles fe portenten dedans.
Les alveoles font divifez en autant
de loges que chaque dent qu\'elles re-
çoivent a de racines. L\'intervale de ces
loges eft occupé par une fubftance offeu-
fe & fpongieufë. Comme cette f-bftance
cftflexible, &cedc aifément, cette fle-
xibihté empêche que les dents ne fe
rompent dans les grandes comprenons.
Les dents molaires de la mâchoire fu-
(«) Yoïsz les figures 7.. & 8. de la planche 27.
Dentiste. ïï
pcrieure, ont ordinairement leurs raci-
nes plus écartées parleia: extrémité,quc
^«les de l\'inferieure.
On peut encore remarquer pîufieurs
varierez dans les dents molaires {a ) par
rapport à leurs racines. Il y en a dont les
racmes fe touclient par la pointe, & font
toi-c écartées par la bafe proche le corps
dent.Ce font ces dents qu\'on nom-
dents barrées. Ci difficiles & iî dan-
gereufes à 6ter, par la neceffitc où l\'on
^t d emporter avec elles la portion fpon-
peufe, que nous avons dit occuoer l\'in-
t«vaie des racines.
Quelques dents molaires ont une ou
ûeux racines plates. Chacune de ces ra-
cmes plates femble être compofée de
HT. enfemble & diftin-
g^iees feulement par une efpece de gou-
^re qui règne dans toute leur longueur ,
^ en marque la féparation ; quelquefois
oa trouve dans le dedans de ces. racines
\' \' ehacun à peu
Fes (emolableàcelui que l\'on voit dans
dcs\'SS^\'^\'P^\'\' & réparées les unes
fAnlV «^es dents dont les ra-
anc iont différemment recourbées eisi
W VokzlapUnchez7.
12 LE Chirurgien
crochet par leurbout; c\'eft ce qui produit
beaucoup de difficulté quand on veut
ôter ces fortes de dents, fur-tout s\'il fe
trouve deux racines crochues dans un
fens oppofé, ou Ci chaque crochet fe rap-
proche l\'un de l\'autre par fon extrémité j
il eft alors impoffible d\'ôtcr la dent, fans
intereffer les cloifons offieufes qui for-
ment chaque loge del\'alveole & font en-
gagées entre les racines ; fi au contraire
ces cloifons refiftent , les racines cro-
chues doivent necefîàirement fe cafter.
On voit quelquefois des dents mo-
laires dont les racines font ondées. On
en voit encore d\'autres dont les ^raci-
nes fe bifurquent vers le bout.
J ai vu des dents qui paroiffoient com-
pofées de deux ou trois germes (a) qui
s\'étoient comme liez & joints enfem-
ble, & dont les dents formées par ces
germes étoient unies entr\'elles à peu
près de même que deux enfans qui vien--.
nent au monde attachez par le dos j ce
qui m\'a fait porter ce jugement , c\'eft
que je remarquai le long du corps de la
dent jufqu\'à la couronne, des divifions
fort fenfîbles, &femblabies à celles dont
nous avons fait mention, en parlant des
(a) Voïcz la figure i j. de la planche 27.,
racines jointes enfembîe -, fi ces fortes
e dents n\'ont qu\'une ou deux racines,
ifaut penferque l\'union de ieiu: corps
^Jiera faite de même que celle des ceri-
s que nous nommons jumelles, parce
^^J.ieur noïau eft double, quoiqu\'elles
"aient qu\'une feule queue. .
Un de mes confreres m\'a fait voir ^
^core une autre dent, qui paroiffoit
^ompofée de deux autres dents, entre
"de laquelle il fe trouve une
\' m"\' dont la couronne
r.H T ^ ^ formoient les
racines des deux premieres dents. La di-,
form que on remarque dans la con-
^ft ^^ grande, qu\'il
mani^\' de rapporter toutes les
mam r dou, natur\'efemble fe joUer
dînai " ^"\'-p^-enantes & extraor-
d na 1 q^^ elleleur donne quelquefois.
^ contrefait. ^ ^
futeir-ov"\'^"\'\'\'\'\'^ ^^ qui
pour ^ne\'rer ? \' ^^ ^ ^^ ^^^^^^
Catholique de Sa Majefté
^r ■ dernierc
-ocr page 68-dent mokire du côté droit de la mâchoi-
re fuperieure, compofée de deux dents
unies enfemble par leurs racines. Il y a
quelque temps qu\'il ôta cette efpece de
double dent à une femme. Les couron-
nes de ces dents font divifées, & leurs
racines font au nombre de fept; elles
femblent être confpnduës entr elles ,
quoiqu\'elles ne lailîent pas d\'être bien
marquées. L\'une de ces dents eft de la
groiTeur ordinaire des autres dents, l\'au-
tre dent eft plus ,petite. Celle-ci a trois
racines, & l\'autre enaq^uatre. M.Lau-
dumiey n\'ôta ces dents, que parce qu\'el-
les étoient cariées par leurs couronnes.
Ces fortes de dents ne font pas commu-
nes , & elles ne peuvent être ainfî dif-
pofées, que patceque plufieurs germes
fe confondent enfemble, & que la cloi-
fon mitoyenne desalveoles qui devroit
îes féparer , ne fe forme pas.
Les racines des dents inciftves, cani-
nes & petites molaires,font applatiespnr
les cotez. Cette furface piate appuie fur
la cloifôn mitoïenne de l\'alveole, tan-
dis que la furface piate de la dent voi-
fîne, appuie fur le côté oppofé de la
même cloifbn.
Ce;ce difpofition fortifie ces-dents dans
-ocr page 69-Dentiste. if
f\'f^f^culation, d\'autant pins que le
coiet & le corps de chacune étant aulfî
Fats par leurs parties latérales, ces me-
^es dents étant pofées les unes contre
es autres, fe procurent un appui mutuel
^^ l-es dents font enchaffées dans les al-
par leurs racines, & affermies par
^es gencives. Les gencives ont unreflort
|aiticul,er, de même que l\'alveole. c\'eft
ce reflort que nous devons attribuer
rois caufes particulières qu\'il faut exa-
\'nîner.
Premièrement, d\'où vient que la ma-
\' ^voit au-deftîis
ble ? 1 épaift-eur affez confidera-
a i age de trente & quarante ans, de-
1 \' \' M?"" ^\'\'^"^e^^ent fort étroite dans
« viciîlards en cet endroit ^ mais mê-
mmT\'\' s effacent entiere-
Secondement, pourquoi une dent
dLl\' fon\\lveoie imme-
^\'a ement après en aroir été féparée,
J^^iafermjt, & y refte fouvent toute la
quelleVaifonle
choL f ^ & de l\'autre ma-
ïon re^ " P^"^ de dents à leur ren-
^^ntre avec lefquelle, elles puiffeat fe
î^ leChirurgien
froter, femble furpaffer de beaucoup en
iongueur les autres.
Ces trois caufès, quoique différen-
tes entr\'elles, s\'expliquent par la flexi-
bilité des alveoles. La partie fîtuée au-
defTus de la bafe de la mâchoire des vieil-
lards & la plus voifîne des alveoles, ne
devient étroite, ôc lés alveoles ne s\'af-
faiffent, que parce qu\'étant flexibles,
lorfque la racine vient à manquer, & ne
tenant plus leurs parois écartez, ces mê-
mes parois s\'approchent les uns des au-
tres -, de telle maniéré que l\'aîveole s\'ef-
facè\' entièrement ; ainfî la partie de l\'os
maxillaire la plus voifine , en devient
.moins étendue -, les gencives occupent
moins de volume ; & la mâchoire efl par
confequent moins épaifîè dans ces en-
droits.
Une dentremife dans fon même alveo-
le , s\'y raffermit par le reffort & la fle-
xibilité de l\'aîveole même & des gen-
cives , ou pour mieux dire, par l\'impul-
llon, ou compreffion occafîonnée par
l\'infiniiation du fie nourricier, qui éten-
dant en épaiffeur l\'aîveole & la gencive,
les rétrécit , & rend l\'un & l\'autre plus
propres à mieux affermir, & à mierx
«rmbrafîèr la racine de la dent.
A
-ocr page 71-? egard des dents qui n\'en ont point
J loppofite, c\'eft à-dire,furo/elles
P Uients appuïer, & qui femblent iui-
cl A \'
leur. î\'\' f^^ntplus recognées dans
Zlf\'f\'\'- fibres oifcufe de l\'ai-
du r!(r ^^ élaftique
à obligent
raHn J "" ^^ conique des
^^^^nes des dents contribue beaucoup.
cet\'\' ^^^ groffes molaires étant
ce mnf forment Dar
qui \\ J ^^\'\'^^^^^entauxcompreifions
coi^\'f"\'■■oafîderé les dents.
^eole ou ™ns 1 ouverture de Tal-
f\'en-ée qu\'^aiU ^ plus exaólcmenc
br-ic rin ^alveole, pour le lonsç
»-"ias au levier. ^ j„ . ^ . &
"Foîffs r portion qm cxcedc.
-ocr page 72-i 8 le chirurg i e f?
I\'alveole , -pour ie pent bras du levier--
On fçait par les regies de la meclianique
& par l\'experience journalière, que Ia
force du levier eft d\'autant plus grande ,
que le bras fur lequel la puiflance ou la
force majeure agit,eft long & éloigné da
point d\'appui 5 & qu\'au contraire, celui
fur lequel la réfiftance fait effort ^efî
jacourci & voifin du point d\'appui : ce
qui fe prouve par l\'exemple des te-
nailles , qui ont d\'aurant plus deforce*
que leurs branches font plus longues &
leurs extremitez plus éloignées-dû point
d\'appuistandis que les extrémités de leur^.
mâchoires en font voifînes.
Cette dtfjsofition ne contribue pas peu
à rendre les dents plus fermes & plus
stables dans leur intime union avec les
alveoles , 8c à réfifter par confequent
aux impulhoiis, aux mouvemens & aux
efforts.qui fe fant, & qui fe réïterent fi
fouvent dans la maftîcarion ; fur-tour
Ibrfqu\'il s\'agit de rompre, de divifer, oti:
de triturer avec elles certains corps durs
■âc maffifs. Cet avantage eft confiderable
pour les maintenir dansJeur état natu-
i?ei., Aîais io-rfque par quelque maladie
0« eft obligé de les ôrer de fcurs alvec5-
It\'S, cela produit un.effet rout-a-fiùt can-
traire, & en rend lexecution d\'autant
pws difficile, qu\'il fe rencontre que la
Pius grande partie de la dent, confide -
jee comme le grand bras du levier, fe
trouve fortement engagée dans une ca-
^^fe profonde , qui Fembraffe détourés
Pfrts, & qui fo^-j-^^g réfiftance, tan-
dis que la partie de la même dent la
n^oms étendue en longueur confide-
nce comme le petit bras du levier, efl
^ells fur laquelle la puilîànce agit pour
lors. ^ ^
Les racines des dents, de même que
teurs alveoles fe trouvent recouvertes ■
ûun penoflequi leur efl commun. Oa^
oWerve au colet de la dent à l\'endroit da
forps ou s\'attache la g^encive , quelques-
inegautez peu apparentes qui rendent
f^\'J^\'^JJ^\'^el adherence de k gencive i
.^L\'^r v\'"\' empêche qu\'aucune par-
f f ^ne des alimens , n\'entre da^isi al~
veoie.
^^^ mdncs de chaque denr ont cha-
cavité dans toute l\'étendue de
\' i elle eft plus confiderable
î«. ƒ s-dents qui fe renouvellenc \'
1\'" ri
„i}f ans; qu\'elle ne l\'efràdixv.
c leva toujours en diminuant de capa-
. cite a mefure quej,aent croît
en
ioa<-
-ocr page 74-2,0 le Chirurgien
gueur, en grofTeur & en épaiiTeur -, Se fa
cavité diminue, de façon que l\'on obfer-
ve qu\'elle eft moins grande à douze ans,
qu\'elle ne l\'eft à dix, à quatorze qu\'à
douze, à fèize qu\'à quatorze , à dix-
huit qu\'à feize 5 & qu\'enfin elle diminue
à mefure que l\'on avance en ige,jufques
là qu\'elle difparoitprefque entièrement
dans les vieillards. Ces cavitez vont
aboutir à une plus grande qui fe trouve
dans le commencement du corps de la
dent. Dans les dents molaires, ces cavi-
tez fe partagent prefque toujours en au-
tant de petits fînus ou conduits, que la
couronne de ces dents prefente d\'émi-
nences. Ces mêmes cavitez font tapilfées
d\'une membrane qui fert de foutien aux
petits vailîèaux far,guins,& aux nerfs qui
fe diftribuent dans l\'interieur de la dent.
Les dents incifives & canines de la
mâchoire fuperieure reçoivent leurs
nerfs de la branche de la cinquième
paire appellee maxillaire fuperieure, la-
quelle palîànt par le conduit, qui fe re-
marque au bas de l\'orbite pour aller fe
diftribuerà là facejfournit dans ce tra-
jet des rameaux qui vont à ces dents.
Les naolaires de la même mâchoire
reçoivent leurs nerfs de la même bran-.
che par des trouxqui fe trouvent pofte-
tieu rement à la face laterale excerieure
de l\'os maxillaire fuperieur , qui fait
partie de la fofTe temporale.
Les arteres & les veines accompagnent
toujours les nerfs , & fe portent aux
dents par la même route. Leurs arteres.
font des rameaux qui viennent des ca-
rotides externes » & leurs veines vont le
décharger dans ies jugulaires externes.
Les dents de la mâchoire inférieure
reçoivent leurs nerfs de la portion de la
cniquiénie paire nommée maxillaire in-
férieure. Cette portion de nerfs après
être fortie du crâne par le trou , au-
fl^el elle donne fon nom, & avoir four-
ni plufieurs gros rameaux qui vont à
difterens endroits de la face ; defcen<i
entre les deux mufeles ptérigoïdiens,
i^a e le fe partage en deux branches prin-
cipales dont lapins petite va fe perdre
dans la langue , & la plus confîdérablc
entre dans le canal de la mâchoire in-
ïerieure, par l\'ouverture qui eft ài la face
intérieure , entre les éminences" nom-
ces condiloïdes & coronoïdes. Cette
branche parcourant ce canal , donne ,
chemin faifant, des filets â toutes lès ra~
cines ûes dents, tant molaires, que car
zi l e C ht k u r g i e n
nines. Cette même branche étant par-
venue au trou nommé mentonnier, elle
fe divife en deux branches, dont la plus
confiderable fort par ce même trou pour
fe diftribuer à la lèvre inférieure , &
communiquer avec la portion dure de la
feptiéme paire j & l\'autre continue fa
route jufqu\'à la fimphyfe du menton
en fournilîànt dans- ce chemin des ra-
meaux aux dents incifives.
Les arteres qui fe diftribnent aux dents
de cette mâchoire, font aulfi des produc-
tions de la carotide externe, & les vei-
Bes qui fortentd^^s dents vont fe déchar-
ger de même que les précédentes- dans;
les jugulaires.
Outre la cavité qu\'on remarque dans
l\'intérieur de ia dent , on obferve en--
core que fon corps eft compoféde deux-
fiïbftances, qu\'on peut diftinguer en*;
intérieure , & en extérieure. La pre-
miere de ces deux fubftanccs paroît être\'
delà même nature, que celle qui com-
pofé la racine. L\'autre au contraire ,,
en différé de beaucoup: elle a à peine
MH tiers de ligne d\'épaiffeur , elle eft
Êrès-J>lànche &fi dure que le burin &
l\'a lim_e ne peuvent agir fur elle que très-?
difficilement j c\'eft cette flibftance que
dentiste, 25
ion noiTime temail delà dent, formé
avantiafortiede ladent; lequel émail
le fortifie & s\'embellit jufqu\'à l\'â^e d\'en^
^iron vingt ans -, après lequel temps il
eommence à s\'ufer par le frottement
continuel
Si l\'on examine cette fubflance à la.
rayeur du microfcope , on trouvera ,
Vivant la remarque de M. de la Hire (a}
«qu\'elle eftcompofce d\'une infinité de «
petits Êlets, qui font attachez fur la «
partie interne de la dent par leurs raci- «
«es-, à peu près comme les ongles &«
les cornes le font aux parties où elles«-
s attachent : on voit très - facilement,
continue cet illuffre Acadcmicien,certe
compofition dans une dent rompue,-
Ion remarque que tous-tes filets,-
^ui prennent leur origine vers la par-«
fnnfr f^^^he la gencive,
lont .ore inclinez, à cette partie de la «
fbip J perpendiculairesflir -
fil ^ ^ent ; par ce moyen ces «
fon \' -
M rî l\'^T en cet endroit.
" ^^ ^-^ire eft pcrfuadé que l\'asroif-
Mathématicieft&memDre de FAcadé-
-ocr page 78-14 Le Chirurgien
fement de ces filets fe faitcomme celui
des ongles ; il ajoute « qui! peu: ar-
» river que dans quelques dents ces E-
« lets qui font lemail de la dent , ne
" foient que par paquets, dont les ex-
»tréinitez s\'uni/fent enfemble -, mais
" qu\'ils ne foient pas joints exactement
» vers la partie intérieure de la dent -,
«ce qui paroit afîèz clairement dans
» la bafe des dents molaires , où l\'on
"peut voir la féparation des paquets.
»\'Sil\'extrémité des filets vient à s\'ufer ,
"peu à peu , la féparation des deux
\' »-paquets s\'augmentera affez pour rece-
»voir quelques parties dures des ali-
\' " mens ; «fe alors il fe fera une petite
■ - " ouverture fur la bafe de la dent : la
\'fr- , \'. " pai\'tic intérieure de la dent fe décou-
\' \' \' " vrira, & par conféquent la dent périra
» dans la fuite. »
Quoique l\'émail de la dent vienne a
être ufé jufqu a ce point ; il n\'arrive pas
toujours que la dent périffe pour cela r
puifque, nonobftant la perte de l\'émail,-
la dent fe conferve Se fe maintient : ce
qui fe voit fouvent dans les vieillards ,
même après avoir dépouillé, par la lime,
leurs dents de l\'émai , dans les endroits
m elles étoienr déjà cariées. On voit
encore
-ocr page 79-tS T dépourvues de leur
ann
ans \' quelquefois jufqu\'à vingc
la dent
DanstT;1 à fe cader.
ne W n alveoles
douze T \' dii ou
i-ebSrds de de bofTesUe.
minces I ^^^^^^^
par la ^"^^^-^"^-eeftauffi fermée
^^«ile teni ^^^ devient
meure\'en . vermeille ; & elle de-
imn^ ^ • o coupée on exa-
-ocr page 80-tE Chirurgien
les, on trouvé dans les premiers rempî
de la formation que chaque a Ivéole
renferme un amas de matiere molle &
vifqueufe J figurée à peu près comme
une dent -, cette matiere eft renfermée
dans une membrane vefliculaire, rendre,
poreufe & parfemée d\'un grand nom-
bre de vailfeaux -, ce font ces mêmes
vailTeaux qui fe diftribuent à la dent,
après qu\'elle efl: formée, lefquels s\'at-
tachent & fe diftribuent aufti au germe,
pour y porter la nourriture & la matière
luffifante pour fon développement, &
pour l\'accroiffement de la dent. La fa-
çon dont ces vaifleaux fe manifefèent en
cette membrane a donné occafion à quel-
ques Anatomiftes de la nommer Cho-
rion. Cet amas de matiere molle &
vifqueufe, ainfi enveloppée de fa mem-
brane 5 & arrofée par des vaiffeaux, eft
ce qù\'on appelle communément le noïau
de la dent -, quelques-uns le nomment
la coque , & d\'autres le germe de la
dent. Ce germe fournit d\'abord par fa
partie fuperieure, dans la mâchoire in-
férieure ; & par fa partie inferieure, dans
|a mâchoire fuperieure, un fuc qui fe ré-
pand fur la furÉice extérieure de la mem^
|j|:ane. Ce fuç s\'offifiant y fait une cou-^
Ae qui va former IWtrémité du corpC
eme un nouveau fuc pour faire une ft.
s etenaentpar laccroiffemenr ; la mem-
brane du germe s\'étend eu L^cut
».^ueleruedugermefefifc;:;
& leur accroiiTemLr iTeft Ä
eiuc 11 - , lra-même,&
cette
de la de , r r
Préfa avancé,
^^nt qullU\'\'"\' Anatomifl-es veu-
qui
-ocr page 82-aS LE CHIRU RGÎEN
fonpees font extérieures, & les pre-^
mieres intérieures : mais comme Topi-
niQH moderne , contraire à celle-ci me
parpît plus vrai-femblable, c\'eft celle
que j\'adopte ; c\'eft de M. Winflow (a)
que je la tiens. C\'eft lui qui m\'a fait
voir, fur un fu jet nouveau né, l\'ordre des
couches de la dent, que je viens de rap-
porter , bien oppofé à celui qu\'on avoit
établi auparavant. Il m\'a dit, qu\'avant
lui,feu M. Mery (é>) avoit donné la même
obfervatiqn,comme on le peut voir dans
rt^ifteire de l\'Académie des Sciençes,(fr)
redigée par M. Jean-Baptifte Duhamel,
3ecretaire de l\'Académie Royale des
Sciences , prédeceffeur du cclebre M.
de Fontenelle,
Enfin, à mefure que la dent prend de la
nourriture, elle croît felon toutes fcs di-
menfîons c\'eft pourquoi elle dilate l\'aî-
veole : en s\'alongeant elle pouffe la gen-
cive qui ferme l\'alvéole,par des efforts &
(a) Dodeur Regent de îa Faculté de Mé-
decine j de l\'Académie Royale des Sciences
& Interprété du Roi en Langue Teutonique
dans fa Bibliothèque.
(l\')Premier Chirurgien del\'Hôtel-E ie j dé
Paris, &Anatomifte de l\'Académie Eoy^Iç,
des Sciences.
(fj Deuxième édit. chap. 7\'
-ocr page 83-des impulfions reïterécsielle l\'étend Se le
clilate de telle maniéré qu\'elle en e\'earte
& en déchire les fibres. C\'eft ainfi qu\'elle
commence à paroître & à pouffer peu à
peu, jufqu\'a ce qu\'elle ait acquis fa gran-
deur naturelle.
Trois difpofitions font effentiellement
requifes, pour que les dents fortent fa-
cilement, dont deux appartiennent aux
dents, & la troifiérae aux gencives.
Il faut premièrement, que la dent foit
rt une confiftance affez folide pour divi-
1er la gencive qui la recouvre. Le défaut
; confiftance des dents des richais, fait
elles reftent toujours renfermées dans
les alveoles, fans en fortir, jufqu\'à ce
le vice qui entretient la moleffedes
os loit diffipé, & que leurs dents ayent
la dureté qu\'elles doivent avoir.
secondement, que fon extrémité foit
Ainn faire cette divifion.
corn pas tranchantes
coma,e les mcifives, ni pointues comme
trop épaid Toit point
Les dents percent aux enfans, plutôe
C iij
3Ô LE CHlRtjRGiEÎI
ou plus tard, fdon leur force. On en â vê
d\'un tempérament fi fort qu\'ils avoient
des dents en nai/fant -, c\'eft ce qu\'on a
obfervé en la perfonne de Louis XIV.
Roi de France, qui vint au monde avec
des dents.
Elles viennenr quelquefois à quatre
mois, se pour l\'ordinaire à £x, à fept &:
à huit j & il y a des enfans qui ne com-
mencent à en avoir qu\'à quinze mois &
par delà.
La premiere dent paroît ordinaire-
înent au devant de la bouche, à la mâ-
choire inférieure. Quinze jours ou trois
femaines après, il en paroît une fécondé
à la même mâchoire. Après que ces deux
petites incifives font forties , les deux
grandes incifives de la mâchoire fupe-
rieure paroilTent prefque en même rems j
au lieu que celles de la mâchoire infé-
rieure ne percent que Tune après l\'autre.
Il en perce enfuite deux en bas à .côté de$
premieres, & puis deux en haut. Après
les quatre premieres d\'en bas,naifïènt les
deux canines inférieures, & les deux fu-
perieures ; c\'eft là l\'ordre ©rdinairede la
•.ïôrtie deces fortes de deots.
Les dents molaires ne paroiflent que
vers l\'âge de deux ans; %voir, quatre
Dentist Ë.\' j î
èn bas, & quatre en haut ; ainfî les en-
fans ont ordinairement vingt dents ap-
parentes & formées à l\'âge de deux ansa
ou environ ; mais quoiqu\'il fcit ordinaire
de voir fortir les dents, dont nous venons
de parler/ucceffivement êi. dans ee même
ordre , il arrive pourtant que quelques-
unes des petites molaires paroillent quel-
quefois avant les canines,, & les canines
avant les lateralesoumoyennes incifives*
Les dents précédentes étant forties,
l\'enfant demeure en cet état jufqu\'à la
feptiéme année ou environ ; alors il en
perce encore quatre autres derriere les
premieres ; à quatorze ans il en vient
quatre de plus, & enfin vers la vingtième
année, on voit paroitre les quatre dents
que l\'on nomme dents de fagelTe. La.
totalité de ces dents fait en tout le nom-
bre de trente-deux.
Quelquefois ces dernieres dents vien-\'
^ ^ de cinquante ans & plus j
^ i ai fouvent obfervé que ces dernieres
molau-es, lorfqu\'elles venoient dans un
age avancé, caufoient des fluxions, &
t^^medes abfcès aux parties voifmes ; ce
qui ne peut provenir quedu riraillemenc
qui arrive aux fibres charnues de îa gen-
cive, que la couromie de la dent force à
yi LE c H IR ÏJ R G î IN
s\'écarter. Cette obfervation fera confir-
mée par plufîeurs exemples qui feront
rapportés dans la fuite de ce Traité.
A l\'âge de fept à huit ans, les dents
încifîves , canines & petites molaires
tombent, dans le même ordre qu\'elles
font venues ; tant qu\'elles ne font point
chancelantes , elles ont des racines fo-
lides ; quoique quelques Anatomiftes
avancent, comme je l\'ai déjà rapporté,
qu\'elles n\'en ont point. Mais ce\'qu\'il y a
de fîngulier, c\'eft que îe corps de ces pre-
mieres dents, nommées dents de lait, fe
détache de leurs racines, fans que l\'on
fçache au vrai ce que ces racines devien-
nent 5 ce qui a fait conclure que ces dents
n\'avoient point de racines.
Pour concevoir la veritable caufe de
la chute de ces dents, il faudrait pouvoir
/Tendre raifon de la façon avec laquelle
leur corps fe fépare de leur racine ; mais
comme c\'eft une queftion qui jufqu\'à
préfen t refte in décife, il faut fe conten-
ter de rapporter ce qu\'on obferve d\'ail-
leurs dans leur chute, ou dans la fépara-
tion de leur alveole.
Dans le temps de la chute de ces dents,
& avant que les fécondés les remplacent,
elles fe trouvent comme doubles dans
Dentiste. $ ƒ
îeurs alveoles -, &à mefure que îa fécon-
dé croît, elle pouflè la premiere, jufqu\'à
ce qu elle lui cede la place -, la premiere
dent réfiftant quelquefois à la preffion de
celle qui lui fuccede, celle-ci perce pour
lors la gencive, tantôt en dedans, tantôt
en dehors, & paroît tortue. La premiere
étant ôtée, ou tom.bée d\'elle-même,la
dent nouvellement venue fe redrelfe,
reprend la place que la dent de lait oc-
cupoit auparavant. Il n\'en eft pas de mê-
me des molaires, parce qu\'étant plus lar-
ges & ayant plus d\'affiette que les autres,
celles qui viennent a les pouffer les élè-
vent par le milieu ; de là vient qu\'elles
fortenr droites.
Il faut remarquer cu\'il arrive quel-
quefois que certaines dents de lait ne fe
renouveLant jamais, reftent dans leurs
alveoles, prefque auffi fermes & auiîi
ftables que celles qui fe font renouvel-
lées. Elles peuvent même fervir & fatis-
faireà toutes les fondions & à tous les
"%es que peuvent produire les dents les
phisparfaites, après s\'être renouveliées.
LÊCHîRtJRÊÎE
Explication des Figures contenu\'éi
dans la Flanche premierei \'
L-A Figure L reprefente les deux mâ-
choires tronquées en haut, en bas
& pofterieurement, vûës de coté avec
ie rateher garni de toutes fes dents.
^AAAA les gencives extérieurement
vues dans toute leur étendue,
B B La furface laterale gauche du ma-
xiJlaire inferieur.
C C Le mufcle mafîèter.
D Incifîve fuperieure antérieure, oti
grande inciiive anterieute.
E Incifîve fuperieure laterale , ou
moïenne incifîve.
FF încifivcs inférieures, ou petite«
sncifives.
G G Canines fuperieures & inférieu-
res; la fuperieure recouvrant un peu Tin-
îerieure.
HHHH Petites molaires inférieu-
res & fuperieures.
IIIÎ Grofles molaires inférieures &
fuperieures.
KK Dernieres molaires fuperieures
& inférieures.
H
\' fi
De^NTïSTE. If
1 Le cordon des vaifîeaux qui fe dx-
ftribuent à la dent , compofé d\'une ar-
f ere , veine, nerf, &c.
M Le canal de la dent ouvert.
La Figure IL feprefcnte une grande
incifive vûë dans toute fon étendue par
fa partie antérieure, ou exterieure , les
grandes incifives font iîtuées à la mâ-
choire fuperieure.
La Figure IIL reprefente la même
dent vûë par fa partie pofterieure, ou in-
térieure.
La Figure IP^. reprefente encore la
même incifîve vûë latéralement.
La Figure F. reprefente une moïen-
ne incifive, vûë dans route fon étendue
par fa partie antérieure, ou exterieure«
Figure VI. reprefente une petite
ïncifive vûë dans toute fon étendue par
la partie antérieure, ou exterieure.
^ La Figure VII. reprefente la même
încifivevûë par fa partie pofierieure, on
intérieure.
La Figure VIII. reprefente encore 1»
îneme mcifive vûë par fa partie laterale.
. ^y^g^ire IX. reprefente une dent ca-
nine fuperieure vûë dans toute fon écen-
due par fa partie antérieure, ou exterieu-
■xe.
La Figure X. reprefente la même dent
canine vue par fa parde pofterieure«
La Figure XL reprefente une des pe-
tites-molaires fuperieures viië dans toute
fon étendue par fa partie exterieure.
La Figure XIL reprefente îa même
molaire vue par fa partie laterale.
La Figure XIIL reprefente une des
groOès molaires inférieures, vue dans
toute fon étendue par fa partie exte-
rieure,
I La couronne de îa dent.
M Le corps de la dent, ou partie é-
maillée.
N Le colet de la dent faifant partie
du corps.
O O Les racines de îa de nt.
La Figure XIF. reprefente une des
groîfes molaires fuperieures, vue dans
toute fon étendue par fa partie exte^
rieure.
La Figure XF. reprefente la même
molaire vûë dans toute fon étendue par
fa partie laterale.
La Figure XFI. reprefente une des
dcrnieres molaires inférieures vûé dans
toute fon étendue par fa partie exterieu-
re.
La Figure XFII. reprefente l\'entrée.
-ocr page 92-Dentiste. 37
®u ouverture d\'un alveole fepare de
fesvoifins , ayant une feule cavité,ou
loge -, Içs alveoles des grandes, moïen-
nes &: petites incilîves & des petites mo-
laires n\'aïant pour l\'ordinaire c[u\'une
feule cavité Se étant à peu près fembla-
l">les entr\'eux : on n\'a fait graver qu\'un
alveole de cette efpece.
La Figure XFIIL reprefente l\'entrée
ou ouverture d\'un alveole feparé des
alveoles voilîns j aïant deux cavitez oi;
loges.
La Figure XIX. reprefente l\'entrée ou
ouverture d\'un alveole feparé des al-
veoles voifins & aïant trois cavitez ou
loges. Les alveoles n\'en ayant pas pour
l\'ordinaire un plus grand nombre , on
n\'en a pas fait graver à quatre ou cinq ca-
vitez, quoiqu\'il s\'en trouve quelquefois^
3S LE Ch i r URGî en
De l\'utilité des Dents y & du feti
de foin que Von prend pour
les conferver.
La naifïance & la forirsation des
dents font l\'ouvrage de la feule na-
ture ; mais leur confervation dépend or-
dinairement du fecours de l\'Art.
Il n\'eft pas furprenant qu\'on négligé
de s\'inftruire de la nailîance & de la for-
mation des dents : cette negligence n\'eft
point préjudiciable ; il n\'en eft pas de
même du peu de foin que l\'on a de s\'inf-
truire de la maniéré de conferver les
dents. L\'homme naturellement attentif
au foin de fa fanté, neglige par un con-
trafte finguller, ce qui y contribue évi-
demment , je veux dire la confervation
des dents, se cette negligence peut être
très-nuifible : car enfin la fanté dépend
de la digeftion des alimens, qui ne peu-
vent être bien digerez, s\'ils ne font au-
paravant bien broyez -, ils ne peuvent l\'ê-
tre, Cl ce n\'eft par l\'action des dents,
qtii ne peuvent certainement bien agir
.qu\'autant qu elles font bonnes, & bien
confervées.
]e ne in\'amuferai poitit â faire un plus
long difcours pour juftifier ces refle-,
Jions-, ce que je viens de dire là-delfus
fuffit pour en convaincre les perfonnes
lenfées & foigneufes de leur fantc. Un
plus grand détail feroit étranger à nson
fujet, cette matiere étant plus du refîors
de la Medecine & de la Phyfique , que
fle la partie de la Chirurgie pratique
dont je fais mon principal objet.
Si les dents font très-importantes pour
la confervation de la fànté , elles font
aufli abfolument neceflaires pour l\'agré-^
.ment de la voix, la prononciation du
ttilcours, l\'articulation des mots ôc l\'or-
nement du vifage.
L\'arrangement & la f gure des dents
torment dans la bouche deux efpeces
d encemtes capables de réunir" & de mo-
rtiherlcsfonsde la voix d\'une maniéré
larmonieufe, qui charme les oreilles &
iens, lorfque la langue execute fès
mouyemens, & qu\'elle frappe l\'air à pro-
Pos. Ceft par l\'effet de cette harmonie
que le difcours eft plus intelligible &
plus gracieux qu\'il ne le feroit , fi les-
4ents croient mal arrangées,ou quel-.
40 l e Ch i rurg i eh
les kiifaflent des places vuides. PuilTant
motif pour engager ceux qui font obligez
de parler en public , & ceux qui s\'adon-
nent à la Muiique,à prendre foinde leurs
dents. On peut même ajouter à ce mo-
tif 5 celui de mienager la poitrine. Ilefl
évident , & l\'experience le démontre,
que les dents bien confervées , empê-
chent l\'air d\'entrer & de fortir trop rapi-
dement par la bouche , & qu\'elles for-
ment avec la langue une efpece de bar-
rière , ou d\'éclufe , qui ne lailTe pafîer
l\'air que par mefure : ce qui fait que la
poitrine ne s\'épuife & ne fe delîèche pas
fi-rôt, ni fî facilement.
Les dents fervent encore à foutenir les
joues & les levres ce qui n\'eft pas de
moindre importance pour les agrémens
du vifage, comme on peut s\'en convain-
cre par la difformité que leur chute y
fait appcrcevoir.
A quelles contraintes ne font point ré-
duites les perfonnes, fur-tout du beau
fexe , lorfqu\'elles ont perdu quelques^
unes de leurs dents ; elles ne fçauroient
ouvrir la bouche, dire une parole, oit
faire le moindre foûris, fans montrer des
défauts qui leur reprochent la negligen-
ce qu\'elles ont eues à les conferver.
Dentiste. 41
Je pourrois encore raporter ici plufieurs
autres mauvais effets que cette negli-
gence produitjcomme la mauvaife odeur
Sm lort de la bouche, la couleur dégou-
tante & la malpropreté des dents.La feu-
le idee de ces défauts nous afflige, il fliut
clonclesprévenir,outout au moins y
remedier. ^
\\ Le regime & U conduite que l\'on
doit tenir pour conferver les
dents,
A ^^ quelle important
conferver les dents ; il
a prefcru-e la methode que Ion doit
m ^^"lîîr. Elle confîfte princi-
i «n doit pletîre!"\' ^^^^
nous devons avoir
^ic ^^^ de vie convena-
confervation des dents, &
^Mirdesahmens dun bon flic quU
-ocr page 97-^z LE CHÎR-URGIEN
faut mâcher rrès-cxaétemenr, avant cfe
les faire paffer dans notre cftomach. Le
proverbe ancien dit : jQue le morceau
^ui longuement fe mâche , efl demi cuit
£5" rejiomach ne fâche. On ne fçauroic
affez exprimer combien l\'on peche en ce
■point. On fe neglige , on s\'abandonne
a l\'intemperance dans le manger, on en-
oloLitit fans attention, &c avec précipita-
tion les alimens. Rien n\'efi capable de
caufer de plus grands defordres qu\'une
maflication imparfaite : car fi les alimens
ne font très-bien broïez par les dents,
il eft conftant que la di/Iblution qui fe
fera dans l\'eftomach, fera longue, labo-
rieufe, & imparfaite. Ain£ au lieu d\'un
fang doux & balfamique, il en refulte-
ra au contraire «n fang épais, aigri ou
enfin en quelque maniéré vicieux. Les
dents ne manqueront pas de s\'en reflèn-
tir : foit par e fang qui paffera dans
leurs vaifîeaux 5 foit par les vapeurs qui
s\'éleveront de l\'eftiomach & de la poitri-
ne , & qui s\'attacheront aux dents , en
pafTant par la bouche.
Le trop grand ufage des légumes, tels
que font les choux, les porreaux, les ci-
boulles, les navets,Iss pois verds-,celui de
la chair de pourceau 5 des viandes &des
poHîons falez,du fromage,du iait,&c. efl:
préjudiciable aux dents , puifque toutes
ces chofes produifent un mauvais chile.
Les Confitures, les dragées & tous
les ahmens fucrez, ne contribuent pas
peu à la deftrudion des dents 5 parce
q^ie le fuc gluant qui en réfulte, s\'in-
finue dans les gencives, ôc fe colle con-
tre les dents -, ce qui y caufe tôt ou tiurd
du dérangement, comme je l\'explique-
rai ailleurs. Auffi remarque -1 - on que
«■eux qui font un grand ufage de ces
poifons féduifans , font plus fujets aux
maux de dents, & les perdent plutôt
<l"e les autres.
Ceux qui aiment les fiicreries, & qui
en uicnt fréquemment,ont rarement les
dents belles, ou ne les ont que d\'une
mediocre bonté. C\'eft pourquoi il eft
necd.a:re après avoir mangé des fucre-
ncsde le laver la-bouche avec de l\'eau
ucue ,pourdifroudre & enlever par ce
Jiiiloivant, ce qui pourroit être reiîé dans
les gencviesou contre les dents. ^
; Je ne prétens pas couclure par ce que
\' fo" abfolument
au-e de le pdver entièrement des
cnoies que j\'ai marquées être contraires .
«ux dents : on doit feulement en regief
i\'ufage, & n\'en pas faire une habitude^
que f experience journalière fait voir
être toujours préjudiciable.
Il n\'eft pas moins important d être
fobre & retenu en buvant & en m.an-
geant -, quand bien même le devoir & la
Religion ne nous y obligeroient pas : les
maladies qui font les fuites des excès
doivent fuffire pour nous rendre fobres,
rcglez, & capables de nous contenir en
tout.
Les précautions que l\'on doit prendre
d\'ailleurs pour conferver les dents, con-
fîflent à ne point rompre des alimens,
ou autres corps trop durs, & à ne faire
aucuns efforts avec elles, comme font
ceux qui follement caffent des noïaux,
çouppent des fils de chanvre, de lin, ou
de foie, lèvent par oftentation des far-
deaux très-pefans>&c. Par de tels efforts^
on ufe , on ébranle, onéclatclesdents,
on s\'expofe à les perdre, & quelquefois
on les perd en effet.
Il faut éviter de fe fervir de cure-
dents, d\'or, d\'argent, d\'acier , auffi-
bien que d\'épingles, ou de la pointe dé
couteau, pour ôter les viandes qui ref-
tent entre les dents j parce que la dure-
té & la fi-aicheur de ces inftrumens leur
eft contraire , fur-tout lorfqu\'ils font fa-
fcriquez de cuivre,ou de fer. Il faut prin-
cipalement rejetter l\'ufage de ceux-lâ ,
a caufe que la falive en détache des fels
vitrioliques, qui font capables de corro-
der les dents : les curedents de plumes
déliées , font préférables à tous les
autres.
La fumée du Tabac eft encore très-
contraire aux dents, elle les rends noi-
res 3c vilaines, & d\'ailleurs fi l\'on n\'a
pas la précaution de garnir le bout de
la pipe, le frotementVpi fe fera contre
les dents, ne manquera pas de les ufer
peu a peu , & d^ en découvrir les parties
ienfibles. L\'experience démontre ce fait,
& c eft à quoi on ne fait pas ordinaire-
nient attention. Cette fumée produit
encore un effet contraire ; elle échauffe
la bouche, & un air froid venant immé-
ctiatement à frapper les dents, ces deux
extremes peuvent donner occafion à la
hxation^de quelque humeur dans la
to même, dans les gencives, ou dans
quelques-unes de leurs parties voifines^
ce qw peut occafionner des douleurs &
a- Huxions très-incommodes, & même
la cane,qui tft le plus fâcheux deces ac-
cidens.
Ce n\'eft pas que je veuille par-là, dé-
truire r ufage que l\'on a de fumer du
Tabac. Je fçai qu\'on fe noircit les dents
en fumant, fi l\'on n\'a pas un foin exaét
de les tenir nettes & de fe rinfèr fouvent
la bouche -, mais je fçai auiîi que la fumée
du Tabac peut contribuer à la conferva-
tion des dents, en procurant l\'évacua-»
tion des humeurs furabondantes , qui
pourroient en agilîant fur elles , les dé-
truire. Mon defléin eft feulement de fii-
re remarquer, qu\'il ne faut pas immé-
diatement après avoir fumé, expoferle
dedans de la bouche aux impreffions
d\'iin trop grand froid.
Un Dentifte de cette Ville grand enne-
mi du Tabac, ne veut pas même qu\'on
en ufe par le nez, prétendant qu\'il eft
pernicieux aux dents. Il feroit à fouhai-»
ter qu\'on en modérât l\'ufage j mais à
l\'excès près, je ne crois pas qu\'il en puii-
fe arriver des inconveniens contraires
aux dents. L\'ufage même en pourroit
être utile aux perfonnes iajettes aux flu-^
xions. Le Tabac déterminant les hu-
meurs à s\'écouler par le nez, en fait une
diverfion , qui les empêche de fe jetter
fur les dents ce qui n\'eft pas un petit
avantage. ^
II arrive aux dents à peu près là mê-
me chofe, qu\'il leur furvient après qu\'on
a fumé du Tabac, & qu\'on les expofe
immédiatement à un air trop froid, iorf-
que prenant des alimens folides trop
chauds, la bouche étant encore échauf-
lee , Ton vient immédiatement „ ou peu
de tems après, à prendre d\'autres ali-
♦mens trop froids. Toutes les liqueurs
<iué l\'on prend dans ces degrez extrêmes-
de chaleur, ou de fraîcheur , produifent
le plus fouvent par un uCage inconfide-
fé des effets contraires à la confervation
des dents, & femblables à ceux dont
nous avons parlé ci-deffus. Plufîeurs per-
fonnes boivent dans le même infiant des>
jiqueurs quafi boiiillantes, & d\'autres à
la glace, fans penfer que cette diverfité
rfe liqueurs chaudes & froides, eft capa-
ble d arrêter & de fixer les humeurs, mê-
me le fuc nourricier dans les dents,
qne ces matieres amfi fixées venant à
termenter une fois & à rompre le tilTu
de la dent, caufent la carie qui le détruit
abloiument.
Tous ces effets font produits, & par-
te que la chaleur dilate les parties & ra-
relie les hquides qui coulent dans les
yaxileaux, & parce qu\'au contraire k
48 ^le Ch irurgï eît
froid concraéte & refferre les partie? 5
railentic le cours des mêmes liquides, les
fixe & les épaiffic en quelque maniéré
dans les tuïaux qui les contiennent. De-
là viennent la plupart des obftructionsî
fuivies de fuites fâcheufes qui dérrui-
fent les dents,pour peu qu\'on négligé de
fuivre un régime de vie régulier.
Maniéré entretenir les Dents
blanches , c^ d\'ajfermir les Gen-
cives,. Opiates , Poudres ^ Li-
queurs utiles, ou contraires à,
cet ufage,
LEs opiates, poudres & liqueurs dont
on fe fert ordinairement pour ne-
toïer & blanchir les dents, étant plus
capables de nuire que de produire un
bon effet-, je dois détromper ici le Pu-\'
biic , en lui indiquant les ingrediens
contraires qui entrent dans la compofî-
tion des prétendus remedes dont il s\'a-
git , & en même tems lui enfeigner ceux
qui font les plus convenables.
On ne doit point fe fervir d\'opiates
«)mpofées de brique, de porcelaine, de
p:erre-de-ponce, ni d\'aucuns ingrediens
oe cette nature : ces fortes de drogues
étant portées fur les dents, en ufent l\'é-
mari , & font contraires aux gencives
pir leurs parties mordicantes «Se corro-
laves.
Le fel d\'albâtre fî vanté pour bien
blanchir les dents, neft autre chofe que
ie talc calciné au feu, dont on fait une
pudre fort blanche, à laquelle on mêle
fos de Seche, lefel de tartre, le fel dé-
crepice>lefd de Saturne, l\'ahm calci-
ne , ou autres ingrediens femblables.
y eltpar cette compofition qu\'on a abu-
ƒ tant de monde j mais fi l\'oh examine
a tond fes effets, on trouvera fans dou-
\' ^ elle fait plus de mal que de bien.
vjcl^ ^^ i«^ de Citron;
«ut il defcl, en que%e
eiWo \'^^\'^^\' foient, ne doivent être
S n \' S^^^de cireonfpec-
fenr \'H\'" ^^ P^odui-
rf^nU., ■ fur les dents une
rZ ; " de telk
\' \' E
-ocr page 105-jo i-E Chirurgien
maniéré, que fi ces liqueurs y font appli-
quées fréquemment & pendant quelque
tems, elles le corrodent Se le rendent
comme vermoulu Se criblé de quantité
de petits trous, Si ces liqueurs produi-
fent un effet fi violent fur l\'émail des
dents, on peut juger à plus forte raifon ^
combien les gencives en doivent fouf-
frir , lorfqu\'elles en font touchées. C\'eft
néanmoins dans l\'ufage de tels remedes
que confifte tout le fecret des Dentiftes
avanturiers Se charlatans. Ils font à la
vérité difparoître le limon qui eft autour
des dents, Se ils les blanchiCenf, mais fi
l\'on examine avec une louppe & même
fanslouppe, les dents ainfi anchies plu-
fieurs fois, on a\'ppercevra fans peine le
ravage que les liqueurs qu\'ils emploient
y ont faiti puifqu\'on les verra comme
criblées Se percées de\'trous dans toute
leur furface. Enfin la carie acheve un
ouvrage fi mâlheureufement coiTUTiencé,
On voit tous les jours des perfonnes
dont la bouche gâtée montre quelles
font les vidimes de l\'ignorance de ces
Operateurs, Je fuis étpnnç qu\'on ait été
fi long-tems leur dupe ; mais on veut
guérir ; on croit aifément ceux qui pro-
|l?eErçnt pjni? gu^-ifon defirée avec af-
Dentïste. ^E
«eur, §c on ne prévoit pas les fuites fâ~
<:heufes des remedes nuifibles.
Ceux qui ufent de petites broffes, de
jnorceauxde drap, ou de iingc pour fe
f lanchir ou nettoïer les dents, s\'en fer-
vent fans concevoir que toutes ces ma-
xieres font trop rudes, & que leur fré-
quent ufage pratiqué indifcreteniexat,dé-
jruit fouvent les gencives Ôc les dent«,
^e n\'eft pas fans raifon que je confeilic
a abandonner cet ufage, & de sen te-
nu^ > après qu\'on fe fera fait nettoïer les
dents, a fe laver la bouche tous les ma-
tms avec de leau tiede, en fe frottant
les dents de bas en haut & de haut en
\' Pf \'i-hors & par dedans s avec
^nc pente cponge des plus fines trem-
m e x de avec cette eau un quart
Ü eau-de-vie pour fortifier davantage les
modT\'\'\'^™^^^^-^^ Siîacom-
nodite ne permettoit pas d\'avoir de l\'eau
en v ;\'\'"^\'\'""\' ^^ froide,
dlr n\'T"\'^"?\'\'^^^^"^ doigts pen-
de
Umn» ■ \' n ^""^edent, pour oter le
^i^on qui s eft attaché pendant la nuit
Eij
-ocr page 107-p le Chirurgien
fur les dents. Il s\'en glifîe quelquefois
entre les gencives & les dents j le cure-
dent ne pouvant pas y penetrer, il faut
en ce cas, en comprimant les gencives
avec le doigt, relever les gencives d\'en
bas & abaiiïèr celles d\'en haut.
Ce qu\'il y a de très-convenable pour
fe frotter les dents, c\'eft le bout d\'une
^-acine de guimauve bien préparée , elle
les blanchit fans offenfer les gencives.
Ces petits foins n\'étant pas toujours
fuffifans pour entretenir les dents, il faut
avoir recours aux opiates & aux poudres
fuivantes j qui font compofées d\'ingre-
diens plus convenables que ceux que
nous avons rejettez.
Prenez du corail rouge deuxonccsj
du fang de dragon en larme une oncej de
la femence, ou de la nacre de perles, ôC
de l\'os de Seche, de chacun demie on^
ce des yeux d\'EcrevilTes, du bol d\'Ar-î
menie , de la terre lîgillée & de la terre
hematite, de chacun crois gros ; de la
myrrhe & de l\'alun calciné, de chacun
un gros : le tout mis en poudre impalpa-
ble, incorporé dans une quandté fuffi-?
fanre de miel rofac clarifie, dont on £cm
une opiate d\'une confiftance mo|le ob^;
fçj:yanE que çe lîiçlange foie fait dan$ un
r
Dektîstè.
Vài/Tcau deux fois plus grand qu\'il ne
devroit être pour contenir le tout, à
caufe de la fermentation des ingredienà
qui montent eitraordinàrement, beau-
coup plus en Efté qu\'en Hiver; &pen-
fiant^ la fermentation on aura foin de
remuer cette compofition une ou deux
rois le jour avec une fpatuie de bois.
On ajoutera, fi l\'on veut, quatre à
cinq goûtes d effence de canelle & au-
tant de celle de gerofle, qui en augmen-
teront la bonne odeur & même la vertu.
Cette opiate eft admirable pour net-
toier & blanchir les dents, fortifier &
rdierrer les gencives affez fouvent relâ-
chées par des fluxions, ou par des taches
icot^utiques ou par d\'autres humeurs
acres & acides, qui s\'y font fouvent infil-
rees ; fans que cette opiate puifl^e jamaiâ
cauler aucime mauvaife imprelïïon â l\'é-
mail des dents. ^
Pour entretenir & conferver les dents
les gencives, on prend de cetteopia-
gros comme une pois fur une éponge
1\'\'\'\' ƒ " les dents de bas ea
^mt 6c de haut en bas, par dehors &
^r dedans une ou deux fois la femaine.
ç gencives ont befoin d\'être plus
rortinees, on prendra delà même opia-
C iij
-ocr page 109-5-4 ie Ch i rurg ie k
te fur le bout du doigt,aveclequel orâ
les frottera doucement deux ou trois
fois le jour, & cela pendant buit à dix
jours confecudfs. On peut encore le
fervir des deux opiates fuivantes pour Ce.
blanchir les dents elles font très-con-
venables à cet effet.
Prenez de la gomme lacque, du corail
préparé, du fang de dragon, du cachou,
ou terre du Japon, de chacun une once
de la candie, du gerofle & de la racine de
pirêtre, de chacun fîx gros j du fantal
rouge 3 de l\'os de Seche , des coquilles
d\'œufs calcinées, de chacun demie oncej
du fel décrepité un gros; le tout mis en
poudre Ôc pafTé par un tamis de toile de
foie des plus fines , fera mêlé enfuite
dans un mortier de marbre avec fufEfan-
îe quantité de miel rofat.
Pour l\'autre opiate, prenez de îa cor-
ne de Cerf, de ryvoire,desosdepied
de Mouton, du bois de romarin, cie la
croûte de pain, de chacun une once ;
îe tout brûlé féparément & réduit en
charbon ; de la terre fîgillée, de l\'écor-
ce de grenade, du tartre de Montpellier
de diacun demie once ; de la canelîe
deux gros j le tout mis en poudre très-
fine , tamifé ou porphirifé & incorpoié
avec une Tuffifante quantité de miel ro-
fat. Ces opiates feront renfermées dans
des pots de fayance bien bouchez, pour
s\'en fervir dans i\'occaiîon fuivant lufa-
ge indiqué.
Les poudres pouvant être plus com-
modes pour certaines perfonnes , j\'en
donne ici une excellente compofition.
Prenez du corail une once\', du fang de
dragon, du miel brûlé dans un creufet,
ou dans un pot de terre, de chacun de-
mie once -, de la femence de perles ôc
de l\'os de Seche, de chacun deux gros -,
des yeux d\'Ecrevifles, du bol d\'Armé-
nie , de la terre figiliée & de la terre lie-
matite, de chacun un gros & demi j de
la canelle un gros -, de l\'alun calciné un
demi gros : le tout réduit en poudre très-
iine fera mêlé enfcmble. Lorfqu\'onj/ou-
dfa le fervir de cette poudre,on en mettra
un peu fur une éponge fine , dont on fe
frottera les dents.
^ Certaines perfonnes aimant mieux fe
lervir de liqueurs , que de poudres &
«Jopiate pour fe blanchir les dents: afin
t\'-e ;r;accommoder aux differens goûts,
voici deux cottipài^rions dont on pour-
ra fe fervir avec beaucoup de prccautlôiri
5£ feulement lorfqu\'il s\'agira d\'ôter la
craffe, ou quelque noirceur, qui aura fait
pins d\'impreffion furies dents, que le
limon ordinaire.
Prenez du jus de citron deux onces j
de l\'alun de roche calciné & du fel conr-
% ^^un, de chacun fix grains ; mettez le
îout dans un plat de terre verni/Ié, ôc
lefaites boiiillir un moment ; puis l\'aïant
rire du feu, paffez-lc dans un linge blanc.
Pour fc fervir de cette liqueur, on
prend un petit bâton entortillé d\'un lin-
ge fin, qu\'on trempe dans cette eau,
on s\'en frottera doucement les dents >
prenant garde de ne pas tropmoiiiller îe
linge i afin que cette liqueur n\'agifle pas
trop violemment fur les parties voifines
des dents. On ne doit s\'en fervir qu\'une
fois feulement dans l\'efpace de deux ou
trois mois. Si cependant on veut en ufer
plus fouvent, il faut y ajouter le quaiT
d\'eau commune,pour en affoiblir la com-
pofition, en diminuant fon acidité.
L\'autre liqueur qui n\'eft pas moins
convenable au même ufage, fe fait ainfi.
Prenez du fel armoniac, du fel gemme,
de chacun quatre onces ; de l\'alun de
roche deux onces. Après les avoir pul-
verifez , mettez-les dans un alambic de
verre, pour en diftiller l\'eau que l\'an ce-
fervem pour s\'en frotter les dents avec
|fs précautions mentionnées ; obfervant
«erre aufficircohfpe^ dans fon ufage,
que dans celui de la liqueur précédente.
Qiioique tous ces remedes foient ex-
cellexis, ils ne font pas cependant d\'un
grand fecours pour ies dents, Ci d\'ailleurs
On ne prend ps la précaution de les fai-
re nettoïer avant de fe fervir de ces reme-
des. 11 arrive afiez fouvent que le peu de
foin que l\'on a eu de fes dents depuis la
jeuneffe, rend tous ces remedes inutiles,
ou peu efficaces.
Aïant propofé les racines de guimau-
ve pour nettoïer ies dents, il faut don-
ner la manière de les bien préparer.
Les uns les font boiiil ir & infu-
fcr dans du vin rouge, ou dans du vi-
naigre avec Palun, du bois de Brefii
de Fernambour & de la cochenille, pour
leur donner une couleur rou^. Les au-
tres y ajoutent des pruneaux, du miel
& du fucre, dont ils font un fyrop dans
lequel ils les laiffent confire pendant
quelque tems, afin de les rendre plus
agréables. D\'autres les font bouillir dans
de la lie de vin , Ôcc. Mais comme tou-
tes ces compofitions ne peuvent entiè-
rement penetrecces racines, ni les entre-
j8 le chirurgién
tenir fuffifâmment humedées, elles de»
viennent dans la fuite plus féches & plus
dures qu\'elles ne l\'étoient auparavant,
C\'eft pourquoi j\'ofe avancer que la pré-
paradon fuiyante eft meilleure que tou-
tes celles qu\'on a inventées jufqu\'à pre-
sent.
Pour préparer les racines de guimau-
ve ôc les entretenir douces ôc molles, il
faut les cueillir dans l\'Automne , choilîr
les plus droites & les plus unies, les cou-
per de la longueur que l\'on fouhaite ,
& les faire fécher au foleil, ou dans un
lieu médiocrement chaud , jufqu\'à cc
qu\'elles ne contiennent plus d\'humidi-
té. Il faut enfuite en ôter la furpeaa
avec une rape , ou une lime rude, pour
les rendre plus unies, plus penetrées &
plus colorées de rouge par la compoiî-
tion qui fuir,
Prenez de l\'huile d\'amande douce j
ou à fon défaut de la meilleure huile
d\'olive quatre livres ; orcanette demie li-
vre. Mettez-les enfemble dans un vaif-
{eau de cuivre étamé, fur un petit feu
de charbon , & pour empêcher qtie
l\'huile ne brûle,ajoutez-y en même tem^
un verre d\'eau commune. Faites boiiiU^
iir doucement le tout pendant un denill
dentistï; if
quart d\'Keure. Enfuite otez-le du feu,
5c l\'aïant un peu laiffé lefroidir, otez-
en l\'orcanette qui aura alors empreint
l\'huile de fa teinture. Ajoutez-y aulfi-tôt
du faffafras rape , du gerofle, de la ca-
nelle ,de l\'yris de Florence,du fouchet>
de la coriandre, du calamus aromaticus ^
^ du fantal citrin, de chacun une on-
ce -, le tout concalîe auparavant dans un
mortier. Après quoi vous remettrez le
vaifleau fur un petit feu couvert de cen-
dre pendant deux ou trois heures, pour
y entretenir une chaleur douce. L\'aïant
ôté, on mettra enfuite les racines de
guimauves dans cette compofition, pour
qu\'elles y puilfent tremper -, aïant foin
de les remuer fouvent & de remettre
le meme vailfeau tous les jours deux ou
trois heures fur un feu couvert de la ma-
cère qu\'il eft marque ci-delfus : huit à
^ix jours fuffifent pour que ces racines
r^f?^ pénétrées. Après quoi on les ôte
de 1 huile, pour y remettre d\'autres raci-
nes, fi 1 on juge à propos, jufqu\'à ce que
toute la liqueur foit confumée en pe-
netrant ainfi ces racines : à mefure qu\'on
les tirera de cette liqueur il faut les bien
efluieravecunlingl
Rien tie confecve mieux la douceur
É
60 LE CHIRÏJrgîEN
Se ia molleflè de ces racines que ces for-
tes d\'huiles, qui étantaromatifées de la
maniere qu\'on vient de le dire,Ieur don-
nent une odeur très-agréable.
Pour ies rendre plus rouges & plus
parfaites, vous prendrez quatre onces
de fang de dragon en larme, & deux on-
ces de gomme lacque choiiîe j le tout
réduit en poudre, vous le mêlerez avec
feize oBces d\'efprit-de-vin redifié, ou
pareille quantitéd eau de îa reine d\'Hon-
grie , dans un matras qui fera plus grand
de la moitié qu\'il ne doit être pour
contenir îe tout, à caufe de î\'ébullition
de l\'efprit-de-vin. Vous boucherez exa-
ftement ce matras & le placerez fur un
feu couvert de cendre pendant vingt-
quatre heures ; aïant foin de remuer ces
drogues de fois à autres, pour en faciliter
la diffblution.
Cette mixtion aïant infufé pendant
le tems prefcrit, vous l\'ôterezdu feu&
en frotterez les racines avec les doigts
cette derjiiere préparation les rendra
d\'un beau rouge vernifle. On fe fervira
de ces racines ainlî préparées pourfe te-
nir ies dents nettes.
Lotion trh ~ convenable pour rajfermir
les Gencives & corriger la mauvatfi
haleine oh pH^teur de la bouche.
Prenez vin d\'Efpagne, eau de feüil,
les de ronces diftillée, de chacun une
chopme mefure de Paris ; canelle demie
oace -, clou de gçrofle, écorce d\'orange
pere, de chacun deux gros -, gomme
jacque, alun calciné, de chacun un gros.
Keduifezle tour en poudre fubtile i pre-
nez encore du miel de Narbonne deux
onces. Mettez le tout dans une bouteil-
le de verre, placez-làau coin de la che-
mmee fur des cendres chaudes, pou?
que ce mélange infufe pendant quatre
3KHU-S, a un degré de chaleur mediocre
« a peu pi-es égal. Le cinquième jour
n pa .era & on exprimera cette liqueur
au travers d;un linge épais: on confer-
vera ce rempde dans une bouteille bien
p21 \' fervir dans l\'occa-
Lorfque les gencives ont befoin d\'être
raîtermies, on prend une cuillerée de
cette hqueuî: 1 on verfe dans un
verre : on en emploie d\'abord la moitié
pour xe rmcer k bouche j on la fait al.
îer a droit & à gauche, Se on la garde
pendant quelque tems ; enfuite on la re-
iettc & l\'on prend l\'autre moitié que
l\'on garde dans la bouche , fuivantquc
les gencives ont plus ou moins befoin
d\'être fortifiées ; on les frotte en même
tems avec îe doigt ; enfuite on fe lave
k bouche avec de l\'eau tiede. On réi-
téré la même chofe le matin en fe le-
vant Se le foir enfe couchant. On peut
continuer par propreté l\'ufage de cette
îotion auffi long - tems que l\'on veuf,
en ce cas il fuffit de s\'en fervir feule-
ment le matin à jeun.
Pour rendre ce remedc plus efficace,
on ajoute fur la totalité de cette liqueur
«ne demie chopine d\'eau de canelîe di-
ftillée avec le vin blanc.
Sx les gencives font bouffies , gon-
flées , baveufes & ulcerées, alors avant
que d\'emploïer ce remède, iî faut fe
faire nettoïer les dents, emporter avec
les cifeaux l\'excroifiànce des gencives ,
en exprimer fuffifammGnt le fmg pour
les dégorger, comme il a été dit ailleurs,
& de plus fe frotter les gencives une
feule fois avec dé l\'alun calciné tour
|î«r en poudre.
Lotion très-convendle four le
même ufage.
Prenez trois chopines d\'eau commu-
ne mefure de Paris ; mettez cette eau
dans un pot de fayance, ferrez-ià qua-
tre fois avec un fer épais rougi au feu,
mettez aufîî-tôt dans cette eau de la ca-
nelle groffierementpulverifée une once \\
ûe l\'alun calciné fix gros ; de l\'écorce de
grenade en poudre une once du miel
de Narbonne trois onces ; eau diftillée
de feuilles de mirte, eau diftillée de
feuilles de ronce, eau de rhue & eau
vuineraire, de chacune quatre onces;
eau-dejie demie chopine; le tout mêlé
ensemble , on bouchera exadement le
Pot pourleiaiffer ainfiinfufer au foleil,
ou dans un lieu médiocrement chaud,
^endantvingt-quatre heures. L\'infufion
étant finie, paffez cette liqueur dans un
imge épais, ou dans une chauffe -, ajou-
Kz-ydeux onces d\'efprit de cochlearia ;
confervez. la dans une bouteille bien
vous en fervir de même
LE C H I R U K. G I E
Caufès generates des maladies
effentielles , fympomatiques ,
accidentelles & relatives aux
Dents ^ aux Alveoles & aux
Gencives : le pronoflic , dia-
noflic & dénombrement de ces
maladies,
LEs eaufes qui produifcnt les mala-
dies des dents, font deux en gene-
ral. L une eft intérieure, & l\'autre exté-
rieure. La caufe intérieure dépend pour
l\'ordinaire des vices de la lymphe pec-
cante en quantité ou en qualité, acre
ou corrohvc, jufqu\'au point de détruire
)ar fes mauvaifes impreffions les parties
. .es plus folides du corps hmnain, telles
que font les dents, en rompant & en dé-
chirant le rilfu des lames pffeufes qui
les compofent.
La lymphe fe trouye d\'un tel caraâ:e-
re dans les fcorbutiques, dans ceux qui
font attaquez des éçroiielles, fur-tout
les verok?,
lorfquç
K
It\'i-U\'
I\'i\'l?
Dentiste. 6s
i-oifque le (lîc nourricier eft trop
aDoudant, ou d ailleurs vicié en quelaue
raçon que ce foit, ou qu\'il fe diftribuë en
flop grande quantité dans une dent qui
ZllT\'" ferrée entre L
v nr ^ alveole, alors il peut
nSi^iTf ^"f ^^--dangereux : de
" eme le fang dans une difpSfîrion in-
«ammatoire peut former un dépôt fleç-
^Pne ..refipellateux dans kcaviré
peut auffi occafionner des douleurs vio-
pe te dîr;
cuelnr r \' ordonnez par
Kuée d L^\'\' «P^^\'^^on pra-
«op fôrmir\' ^ "
f^opfedenrS \'\'^"P ^^^^^
oomrzzrt ^^-«P/^^bulente.ne
ces ƒ eft d"\'
contribuerTî importance ponr
tems qu\'elles d
Tome I \' ^ preveiï«:
-ocr page 121-éé LE CHIRDkgieit
ou à diminuer tant de fâcheux accidens
quifurviennent aux enfans, lorfque lefr
dents font difpofées à percer la membra-
ne des gencives, qui couvre en ce rems-
là leur extrémité , &quisoppofe à leur
ïfîùë..
Toutes îespaflîons violentes capables
d\'altérer la digeftion, d\'aigrir ou d\'é-
paiffir la malfe du fang, d\'occafionner
des obftruâiions, & d\'empêcher les fe-
cretions & excretions qui doivent s\'exe-
cuter journellement pour la conferva-
tion & le maintien de la fanté -, ces pa&
fions > disr-je, peuvent, lorfqu\'elles altè-
rent à un certain- point la maffe du li-
quide , être mifes au rang des caufes in-
térieures qui produifentles maladies des.
dents..
Tous ceux qui font d\'un tempera-
r-ent pituieeux ou pledorique, dans
lelqîiels la lymphe eft trop abondante,
font ordinairement très-fujcts à fouffrir
non leulement des douleurs de dents y
maia même à les perdre.
La plupart dés femmes grolfes , font
auffi très - fujettes à éprouver le même
fort,les menftruës ne coulant point, la
imd(fe du fang refte chargée defuperflui-
tei. dont,elle fe dépuroit auparavant pas:
E N T I s t E. è7
cette voïe Delà vient qu ordinairt
went ces fuperfluitez fe dépofent furies
\' ^^^ gencives, & que les
gemmes fouffrent ces incommoditez plu-
tôt dans la groifeCe que dans tout au-
foL\'\'";?-\'/\' en
ont aulïï fouvent affligées, par la mê-
n^e raifon, iorfqu\'elles cefîènt detre
feglees.
r.. r^lf^r"^\'^ ^"elon nomme jaunifTe,
caïUe de fi grands défordres dans la maf-
ç iang, que les dents même s\'en ref-
ptent a un tel point, que quelquefois
\'lonne fur ces parties.
morn! ^^\'^^"^ares ne font pas
^ ne produifenr
Fs des fuites moins fàcheufeV Les va-
bourbe t \' \' ^\'^ttachancà la
morvir \' forment unli^
^on ^fqueux qui rend la bouche pâtcu-
Ce lunon cft très-contraire aux dents.
rfuifent lemêm^ff ^ Pf^"
«^giige de ferinfer fouvent la boiche.
F
-ocr page 123-LE CH IRURG I E îf
- Le froid & le chaud eaufent encore
aux dents & aux gencives des obftruc-
cions, dont les fuites font dangereufcs:
pour les dents.
Les injures du tcms eaufent des ru^
mes 8c des cathares, dont les dents, les
alveoles & les gencives ne fe reffentent
que trop fouvent.
Les efforts que l\'on fait avec les dents
les ébranlent, les déracinent en rom-
pant les adherances &c divifant l\'unioiî
qu^elles ont avec les alveoles & les gen-
cives. Lorfque ces efforts font trop vio-
iens, ils les courbent en les luxant tan-
tôt dans un fens, tantôt dans un autre ,
enfin ils les rompent,ou les emportent
hors de leurs places.
Les remedes mêmes dont on fait un -
trop grand ufage en les appliquant fur
les dents dans l\'intention de fe les con-
ferver, fervent le plus fouvent à les dé-
truire j car ils ufent ou rongent la partie
la plus importante à leur confervation
e\'eft-à-dire, leur émail.
Le trop grand ufage de la fumée dir
Tabac, celui des fucreries & des fruits:
aufèeres leur efl très-nuifîble.
Les; chutes & les coups violens qu\'el-
les reçoivent font très-fouvent la caufe
de. leur perre>
Enfin la negligence ôc le peu de foin
que l\'on prend de les nettoïer, eft la
caufe la p us ordinaire de toutes les ma-
ladies quidetruifent les dents.
Leur plus grand ennemi eft le mer-
cure , vulgairement nommé argent-vif.
II lie l\'eft pas feulement par lui-même ;
niais encore par les mauvais effets qu\'il\'
eft capable de produire dans le corps
humain, par les corrofifs dont ia plu-
part des préparations mercurielles font
chargées, ou par les alliages qu\'il con-
trade dans nos corps avec differens prin-
cipes , par fon trop long féjour, fur-tout
lorfqu\'il n\'eft pas évacué à propos. Le
mercure fait par fes effets gonfler évidem-
ment les gencives, les ronge ôc les dé-
truit -, il agit de même fur les membranes
qui revêtent la racine des dents, foit in-
teneurement ou extérieurement-, il les
jliHeque,pourainfi dire, les déracine ,
les fait tomber, ou les détruit par les
earies qu\'il occafionnne. Ces funeftes ef-
rets ne fe voient que trop fouvent, fur-
tout dans les mauvais ufages que font du
mercure les gens peu verfez à le manierv
Les Médecins & les Chirurgiens les plus
expérimentez dans les maladies vene-
nennes, quoiqii\'ils ne s\'en feevent qu\'a-
vec grande précaution, ont aiîèz de pei-
ne en emploïant route leur induftrie &
tous leurs foins, d\'empêcher que le mer-
cure ne détruife les dents. Les Miroi-
tiers, les Plombiers, & tous ceux qui
travaillent dans les Mines, Ôcc. ne font
que trop fouvent la fatale experience
des mauvaifes impreffions que le mercu-
re fait fur eux, & particulièrement fur
leurs dents.
C\'eft parles mauvais effets qui réful-
tent de ces caufes, que les dents font at-
teintes de tant de diverfes maladies ,
»refque toi? jours accompagnées dedou-
eurs plus ou moins violentes.
Les maladies des dents fe peuvent ré-
duire à trois ClafTes, ou efpeces difte-
r en tes.
Je range dans la premiere Gaffe, tou-
tes les maladies des dents produites par
,, des caufes extérieures."
Dans la deuxième ClafTe » celles qui
attaquent les parties des dents engagées-
dans leurs alveoles, ou recouvertes\'des
gencives,Iefquelles maladies font occul-
tesou cachées.
Et dans la troifîémc ClafTe, les ma-
ladies fymptomatiques caufées par le»
deets.
Premiere Clap , (jui renferme les
»taladies des Dents prodmtes par
des cmfes extérieures.
I. Le limon blancheâtre & vifqueux
attaché aux dents.
Le limon d\'un jaune fâfrané, corn-
ue collé aux dents : l\'un & l\'autre de
ces limons précèdent ordinairement le
tuf ou le tartre des dents, & en font
comme l\'ébauche ^ puifque c eft de ce
nmon que fe forment les couches du
tartre.
3. Le tartre jaunâtre nouvellement
formé & d\'une confiftance plâtrsufe &
fortement attaché aux dents.
4- Le tartre grisâtre ou noirâtre for-
mé depuis plufîeurs années , a encore
beaucoup plus de confiftance, & eft fr
fortement adiierant & attaché à la fur-
iace de la dent, qu\'il femble ne faire
qu\'un même corps avec elle.
s • Le tartre entièrement pétrifié fur
la dent , fonne des maîTes pierreufes
d\'un volume très-confiderable.
6. La jauniffe des dents, ou le ternif-
fement de 1 email, caufé par une craf--
fe, ou par une vifcofité qui s\'attache à la
U) Voïez la Planche 2..
fill-face de Témail, fait à peti près le mê-
me effet que la pouffiere & l\'humidité
qui s\'attachent à la glace d\'un miroir né-
gligé-
7. Le rerniffement de l\'émail des
dents , caufé par une craflè grisâtre,oa
noirâtre.
8. Le rerniffement de l\'émail des
dents, caufé par une craffe verdâtre.
5>. La jaunilTe de la flibftance propre
de l\'émail de la dent, dépendante de
quelque matiere akerée qui la pénétré ,
ou du fuc nourricier vicieux.
I o. La lividité de la propre fubltan-
ce de la dent, caufée par l\'imprelïîon
de quelque coup violent, qui aura don-
né lieu au fuc nourricier de s\'extra-
vafer. \'
11. Les taches plus blanches que la
fubflance de l\'émail des dents & qui pe-
netrenc jufqu\'à la cavité du corps de la
dent.
12. L\'érofîoh, ou les tuberofîtez de
la fubftance émaillée de la dent , ir-
régulièrement détruite , accompagnée
d\'une craffe noire qui s\'engage dans
les endroits les plus enfoncez de la fur-
face de l\'émail ainiî\' délabré.
L\'émail de la dent efl encore fu-
ipt
-ocr page 128-ciéperdidon de fubftan-
-, U s ufe univerfellement dans toute
JP» etenduë ou dans partie d\'icelie ,
^^•-tout a l\'extrémité de la couronne
^"^«contre des autres dents ., &c.
M- Les dents font fujettes à plu-
heurs fortes dagacemem ; leur agace-
ment ne dépendant quelquefois que de
ufée"^\'^^ émaillée eft trop
M- L\'agacement des dents dépen-
^azu de certains fruits acerbes que 1 on "
mange. ^
nro/\'• ^\'^gf^ment des dents qui fe
Foduit par leffet de certains fous.
^^g^\'^cment des dents qui fc
in toLïe
î^h\'J\' ^-r ^^^cedant en longueur
corn vofnes doivent être regardées
comme des dents malades , étam d.f-
Poiees en partie contre nature ; puifpe
m feulement elles dépai\'ent la bouche;
caufent auffi des incom-
ieur r" qui viennent hors de
M \\
rakes,ou non, doivent être regarde\'eS
comme un défaut de conformation, &
par confequent comme une maladie.
20. La douleur des dents caufée par
l\'impreflîon des liqueurs trop chaudes
ou trop froides.
II. La carie des dents eft de deux
cfpeces en general & de plufieurs eu
particulier. La carie molle & pourriffin-
ce fait le premier genre j & la carie fé-
che fait le fécond.
Voici quelles font les efpeces parti»
culieres des caries du corps des dents.
2 2. La carie molle & pourriftânte des
dents.
2 5. La carie féche ôc comme mafti-
quée des dents.
24. La cane des dents compliquée,
étant en partie molle & en partie féche.
25. La carie des dents compliquée
■ de fraâure.
x6. La carie fuperficielle des dents,
ne penetrrait que l\'épailfeur de Témaii s
ou partie d\'icelùi.
27. La carie plus profonde, pene-^
îrant jufqu\'à la fubftance non émaillée
de la dent.
28. La carietrès-^profonde,penetrant
jufqu\'à h cavité de la dentv
La carie fîtuée à Textrémité du
î^orps des dents.
. 50. La carie fituée à la furface exté-
rieure des dents,
.31- La carie fituée à la furface inté-
rieure des dents.
32.. La carie fituée à la furface late-
rale des dents.
3 3\' L\'excroiiTance charnue ou fon-
gueufe du cordon des vaiffeaux den-
taires , laquelle excroiffance femanifef-
je dans les trous des dents confidera-
biement cariées.
Des frabïnres du corps de la dent,
, 3 4. Les dents fe fradurent fuivant leur
longueur , & l\'on peut appeller cette
«Ipece de fradure, fente ou fciffure.
3 5- Les dents qui fefradurent obli-
q\'iemeut, laiiïènt des chicots tranchans,
des efquilles pointues, qui incommo-
dent bien fouvent la langue, ou les
loues, & alors on eft obligé de les é-
mouffer avec la lime.
3 Les dents fe fradurent horifonta-
iement, & c eft la frafture qui leur eft or^
dmaire, fur-tout dans le tems qu\'on fait
aes efforts pour les ôter. Les chutes & les
Gii
-ocr page 131-y (S ie Chirurgien
coups contribuent auffi à Jts détruire.
Il y a auffi des dents qui font li fragiT
ies, qu\'elles £e callènt en mangeant.
37. Les dents font ordinairement
fujettes à une autre maladie, que l\'on
nomme ébranlement,.ou déplacement>
&que l\'on peut nommer luxaLon com-
plette, ou incomplctte.
38. Les dents fe luxent en dehors.
39. Elles fe luxent en dedans.
40. Et quelquefois fur les côt.\'z.
41. Les dents fe luxent encore en.
fe tournant dans leurs alveoles ; de fa-
çon que leurs parties latérales fe trou-
vent pour lors difpofées d un côté en
dehors, & de l\'autre en dedans,
42. Les dents fe luxent en fe déboe-
tant entièrement de leurs alveoles par
quelque coup violenr5& tiennent encore
k la gencive. Pour lors on peur tes re-
mettre en place -, & bien fouvent elles
s\'y maintiennent en bon état pendant
piufîeurs années , & quelqiiefois ai\'ffi
pendant tout le cours de la vie, reftant
auffi faines qu\'auparavant. Cette luxa-
tion eft compiette.
43. Les dents fe loxent en travers ^
de façon qu\'une de leurs extrémirez tou-»
çhe la langue 3 l\'autre les lèvres ou
J D E NT 1ST E.^ 77
joue ; & c\'eft encore une luxation
cornplette.
44- Les dents fe luxent étant pouf-
iCfs par quelques matieres qui les chai^
lent de leurs alveoles, leurfaifafttfur-
pailer le niveau de leurs voifines.
4 5- Les dents fe luxent en s\'enfon-
Çant dans l\'alveole au-delà de fa pro-
fondeur naturelle, par l\'effei de quel-
que chute, ou de quelque coup vio--
lent qui les aura frappées par leurs ex-
tréniitez extérieures.
Seconde Clap , qui renferme les ma-
ladies qui furviennent aux parties des
dents contenués dans les alveoles, ou,
entourées des gencives , lefquelles étant
cachees , ne peuvent être eonnùés le
plus fouvent que par ceux qui ont ac-
quis une grande experience,
I. La carie du colet de la dent, eft
ia premiere & la plus ordinaire de ces
maladies.
, La carie fituée à la voûte des ra-^
cines des dents.
3 • La carie attaquant la racine des
dents. ^
^ 4\' La Qrie attaquant l\'intérieur de
G iij
-ocr page 133-7S L E c H I R G I E N
la cavité du coi-ps de la dent, ou celle
de fcs racmes, fans que la dent foit
d ailleurs cariée dans aucun endroit de
toute fa furface.
5. La fraéture de la racine des dents,
ou des chicors.
6. L\'inflammation Hegmoneufe, ou
érefîpellareufe de la membrane qui ta-
pilfe l\'intérieur de la cavité des dents
& du canal des racines.
7. L\'abcès qui fe forme dans l\'inte-
rieur des dents,
g. La perte du germe de la dent.
p. L\'inflammation de la membrane
qui revêt les racines des dents exté-
rieurement.
■10. L\'ebfouélion du cordon des
vaifleaux dentaires.
11. L\'inflammation de ce même
cordon.
11. La fuppuration du cordon des
vaillèaux dentaires.
15. La douleur diften/îve de toutes
ces parties.
14. La douleur fourde des dents.
15. La douleurpoignante des dents.
ï6. La douleur pulfative des dents.
J 7. L\'atrophie , ou delféchement
de l\'alveolej de ks membranes & des
-ocr page 134-Dentiste.
gencives, qui eft fuftjfante pour eau fer
U chute de la dent, fans que la dent
foit cariée, ni tartareufe, ni quelle ait
caufé aucune douleur.
Troijîéme Claffs y qui renferme les ma-
ladies occajtonne\'es far les dents, que
l\'on peut nommer accidentelles on
fjmptomatiques.
I. La carie des alveoles caufée par
les dents.
2.. Les exoftofes des alveoles occa-
sionnez par les dehts.
5. La compreflion des alveoles oc-,
cafîonnée par le trop grand aci-oilTe-
ment de certaines dents.
4. L\'inflammation du periofte qui
revêt intérieurement les alveoles & la
lurface extérieure des racines.
5. Le gonflement des alveoles , lorf-
que leur iubftance fpongieufe eft abreu-
vée de quelque humeur furabondante
& viciée ; ce que les dents peuvent oc-
cafionner.
La fracliire fimple des alveoles,
caufée par l\'extradion de la dent, &
par toute autre caufe.
7. La fracture compliquée des al-
Giiij
8ô LE CHlRtlRGlEH
veoles, avec déperdition de fubftance:
occalionnée de niêine.
8. L\'hemorragie fiwpk , ou quel-
quefois très-violente, occafîonnée par
1 extraélîon des dents.
L hémorragie dépendante de la
rupture des vaifïèaux dentaires, rom-
pus en confequence d\'une dent frac-
turée.
I o. L\'hemorragie dépendante de la
ftaélure de i\'aveole, en confequence
ce quelque dent adhérante, Ôtée avec
violence.
II. L\'hemorragie dépendante de
quelque lambeau des gencives empor-
te, ou limpiement déchiré, en ôtanï
«ne dent.
li. Le prurit des gencives des en-
fans occafionné par la compreffion des
dents.
13. La douleur des gencives à\'la
iortie des dents.
14. Les ulcérés des gencives, occa-
iîonncz par les dents.
15. Les ulcérés de la langue, occa-
lionne2 paries dents.
JE Les ulcérés des lèvres & des
joues, occafionnez par les dents.
17- Les gonflemens des gencives .
caufez par ies dents.-
T)£NTÎSTE, KÎ
_ 18. Les abcès des gencives, ôu du pa-
«is,caufez par les dents.
19. Les fiftules des gencives,, cau-
sées par les dents.
io. Les iiftules du palais occafion-
nees par les dents.
2.1. Les fiftules des jaiies, caufees par
ies dents.
2.1. Les fiftules du menton, caufées
par les dents.
3 • Les excroiffances des gencives »
cautees par les dents.
La puanteur de la bouche, eau-
lee par des corps étrangers putrefiez aux
envn-ons des dents.
On peut encore ranger dans cette
^«fte les maladies caufées par les
dents, & que l\'on appelle fympatiques,
ourelatiyessfçavoir;
is- L avortement occafionné en con-
lequence de quelque maladie des dents,
fem^" ^^^ dents cau-
Les vomiffemens que les mala-
dies des dents eaufent.
Les diarrées que les maladies
des dents eaufent.
255- La fièvre occafîonnée par la dou.
leur des deats..
30. Uinfomnie occafîonnée par îa
douleur des dents.
5 ï. Le délire provenant des maux
^e dents.
32. Les maux de tête caufez par les
dentSv
33. La maigreur des enfans occa-
iîonnée par les dents.
3 4. Les convulfions caufees par les
dents.
35. Le ptialirme occafionné par les
dents.
3*?. L\'uîcere & les gonflemens des
parotides ôc des amigdaîes occafionnez
par ies dents.
37. Les douleurs & les dépôts aux
oreilles, caufez par la douleur des dents.
38. Les optalmies , ou inflamma-
tions des yeux caufees par les douleurs
des dents.
35». Les tumeurs, ou gonflemens des
joiies, caufées par les douleurs des dents.
40. Le poîipe occafionné ou entrete-
nu par les dents cariées.
4 î. Les fiftules lacrimales occafion-
iiées par les maux de dents.
Les maladies des dents contenues dans
ces trois Clafles font au nombre de cent
■trois ;ei\'on pourra peut-être à l\'avenir
r^J" la pratique, & en obfervant de
près ce qui fe paffe à leur égard, en
reconnoitre quelque efpece de plus. li
pai\'oit par les écrits imprimez de ceux
qui ont traité des dents, que l\'on a
jufqu\'à prefent négligé d\'établir, les
elpeces ôc les differences des maladies
qui concernent ces parties. C\'eft fans
doute parce qu\'on ne les a pas exami-
nées d\'affez près, & qu\'on n\'a point
obfervé régulièrement tout ce qui con-
cerne les dents dans l\'état contre na-
ture.
Les premieres maladies des dents ,
fe manifeftent avant que les dents pa-
roiffent, & ces maladies font fi confi-
derables, qu\'il y va quelquefois de la
vie.
La premiere maladie que les dents
font rerentir, eft le prurit, ou la de-
mangeaifon des gencives, à l\'endroit
où les dents doivent percer. Ce prurit
cft bien-tôt fuivi du ptialifme, ou de
lafàlivation de l\'enfant, c\'eft ce qu\'oa
appelle ordinairement baver.
Le gonflement de la gencive fe ma-
nifefte enfuite avec de grandes dou-
leurs , qui caufent quelquefois la diar-
J^ée, le vomiifement s les convulfionsa
k fièvre, i\'infomnie,le fomffleii iétar^
gique quelquefois h morr, à moins
que la nature, ou l\'art, ne àcomc à
propos. Pour fecourir l\'enfant dans ce
tems - là, on ouvre les gencives avec
un inftrunient convenable pour procu-
rer la fortie de îa dent.
Si l\'enfant ne périt pas , il lui fur-
vient encore quelquefois des aphtes
ou de petits ulcérés, qui ont la tête
blanche avant d\'être percez. Les amig-
dalesfe gonflent-, quelquefois les paro-
tides Ce gonflent auffi, il en refulte
des abcez confiderables.
Dans îe concours de toutes ces ma-
kdies, les germes dont fe forment les
dents courent grand rifque d\'être of-
fenfez -, de telle maniéré que venant s
périr, les dents qu\'ils doivent former, ne
paroiffient jamais ; comme il arrive lorf^
que les matieres des abcez des genci-
ves , ou celles d\'un ulcere , viennent
à confumer ce germe par leur féjour j
ou qu\'enfin il eft détruit par quelque
coup , ou chute, ou parce qu\'on aura
oté à contre-tems quelqu\'une des dents
de lait.
Ce fonr-îà les maladies ordinaires
^ui arrivent aux enfans dans leur pre-
^ler âge, dépendantes de la compref-
Jon cjue la dent fait aux gencives pour
ia div\'fer en fortant-, quelques-uns de
ces memes accidens arrivent encore à
u loi-ne des dents, qui viennent dans
des agcs plus avancez s mais ie cas eft
plus rare.
A peine les dents ont-elles commen-
ce a paroître dans la bouche, qu\'elles-
ont befoin d\'un nouveau fecours de la
Uiirurgie. la carie eft la premiere ma-
ladie qui travaille à les détruire.; &
qui leur fait le plus la guerre dans tout
le cours de la vie. C\'eft elle qui nous
occupe le plus, ou à la combattre,ou
a reparer les défordres qu\'elle a faits.
La carie des dents fe peut ranger fous
plufieurs efpeces. Si nous avons égard
aux différentes parties c^ aux dift"eten-
r P «usures qui la produifent, nous éta-
t>lirons plufieurs efpeces de carie, lef-
quelles aemandent des égards difFè-
itns ^dans ia maniéré d\'operer & dans
tous les traicemens.
foofoWe\' ^ ^
La carie molle, ou pourriffante, &
ia cane feehe.
La carie fupcrfiçiellç eft celle qui eft
-ocr page 141-ÎS IS G H I R u R G î E îï
la moins incommode, & la moins dan-
gereufe, ôc celle dont on peut le plus
aifément arrêter les progrez.
La carie profonde au contraire eft
celle qui caufe de grandes douleurs,
& qui engage fouvent à ôter les dents,
fur-tout lorlqu\'elle pénétre dans la ca-
vité du corps delà dent, ou dans celle
de la racine.
La carie féche eft reffemblante à du
maftic & ne caufe point de douleur,
à moins qu\'elle ne dégénéré en quel-
que autre efpece de carie.
La carie dépendante des caufes in-
térieures , agit ordinairement fur les
racines des dents, tantôt fur leur fur-
face extérieure , tantôt fur la furface
intérieure des racines, ou fur celle de
la cavité du corps de la dent.
La carie qui vient des caufes extérieu-
res, attaque ordinairement la furface ex-
térieure , ou la partie émaillée du corps
de la dent, quelquefois leur colet ; ra-
rement leurs racines , à moins que les
dents ne foieiît déjachancelantes,ébran-
lées dans leurs alveoles, écdiviiees des
gencives.
La carie produite par les caufes inté-
rieures, eft plus difficile à connoître,
«î^e celle qui vient des caufes extérieu-
: lur-tout lorfqu\'elle n\'attaque que
les racines, ou le colet de la dent ; par-
«e qu\'alors les gencives & les alveoles,
la cachent. On ne peut fouvent la dé-
couvrir qrue ,par des conjedures fon-
dées fur la violence 8c la permanen-
ce des douleurs pulfatives , des gon-
nemens , des tumeurs, ou des abcez
plus, ou moins confiderables, qui très-
louvent l\'accompagnent. Les fuites de
cdies.ci font plus fâcheufes que celles
de la carie provenante des caufes ex-
térieures.
_ La carie provenant des caufes exté-
rieures , eft plus aifée à reconnoitre.
Wle fe montre à découvert -, elle eft
aulii plus aifée à guérir, lorfquelle n\'a
pas été négligée ; parce qu\'il eft plus
facile den ôter la%aufe, & d\'y ap-
port^ un prompt fecours ; foit qu\'il
sagiHe d\'y appliquer quelque remede
convenable, comme de limer, ruginer,
cauterifer, ou plomber l\'endroit de la
cane de la dent malade, ôcc,
La cai-ie des dents eft incurable, lorf ■
a fait de trop grands progrès.
Alors il faut que la dent périme , en
tout, ou du moins en partie,
Les caries rongeantes , ou commç
vermoulues, caufées par un virus ve-
rolique, fcrofuleux, fcorbutique , &c.
font celles qui font en peu de tems le
j^lus de progrès : elles font les plus
à craindre, & les plus difficiles à gue^
rit.
Les progrès de la carie molle ôc pou-
tiffiante font ordina\'rement plus faciles
à arrêter. Celle qui efi: la moins à crain-
dre eft la carie féche ; puifque fon peut
fo pafîèr de ia plomber, de laruginer,
ou de la cauterifer ; qu\'elle eft indo-
lente , ôc que même il ne faut pas
Î? A • *
Oter.
La carie des dents , de quelque ef-
pece qu\'elle foit, & de quelque caufe
qu\'elle provienne, produit des effets
îlus, ou moins confiderables, fuivant
es parries de îa dent qu\'elle attaque.
Les operations qu\'il y a à pratiquer à
fon occafion, font plus aifées, ou plus
diÔxiies , fuivant la fituation des par-
tk>s de chaque dent ; ou fuivant la fitua-
tion des niêmes dents, ou que la carie
eft plus ou moins étendue dans le corps,
ou dans les racines de la dent. —
I^s tems dans lefquels la carie ra-
vage le plus les dents, font depuis l\'â-
g«
-ocr page 144-de vingr-Ginq ans, jufqua lage de
Cinquante ans. Ce n\'eft pas que dans,
tous les ages les dents ne fe carient ^
mais plus ordinairement à ces âges-là,,
qu a tout autre.
Qiioique les dents, lorfqu\'elîes font
wi^n conditionnées foient beaucoup plus
J«mes & plus folides qu\'aucun dL au-
res os, tant dans l\'homme, que dans
ies brutes ; elles ne laiffent pourtant
pas a etre fufceptibles de fradures, fur^
tout lorsqu\'elles font déjà cariées.
Les dents fe fradurent en differens
^ns , de même que tous les autres
corps, & font bien plus fujettes à ces
aradens que les autres os.
Les. dents peuvent être fradurées
lia ^^^^^^^^
l\'on P\'\' ^ff««^
\'^"^P\'^d^-\'^^ment avec elles, par
ou\'ell^ confiderables
-dan7l!o \' particulièrement
dans les efforts que l\'on eft obligé de
taire avec les inftrumens, loi^i\'îl s\'a-
tre eue 1 ■ ^^ i-e^con-
alv?nT attachées à leurs;
trop
■ ■ - H.
-ocr page 145-ordinaire, occafionné fouvent ia frac-
ture de la mâchoire dans l\'endroit des
alveoles, ou celle de la dent même.
Lorfque la conformation fe rencontre
difpofée de cette maniere, la dent ne
peut être extirpée, fi l\'un de ces deux
cas n\'arrive.
Les dents comme les autres os, fe fra-
élurent en travers, ou horifontalement,
obliquement, ou dans leur longueur.
Leurs parties étant une fois divifées, ne
fe réiinilfent jamais ; foit parce que les
vailfeaux qui s\'y diftribuent ne font pas
difpofez de maniere à fournir un fuc
fuffifant & capable d\'aglutination j foit
parce que leur propre fubflance eft trop
ferrée &compa6le pour lui donner paf-
ge-, ou que d\'ailleurs le mouvement,
l\'air & les matières qui les touchent,
font autant d\'obftacles qui concourent
encore à s\'oppofer à la réunion de leurs
parties divifées.
Quoique la réunion des parties des
dents fradurées foit impraticable, leur
fradure ne lailfe pas de donner occa-
fîon à certaines operations de chirur-
gie ; foit pour oter les efquilles, ou les
chicots qui reftent après la fraéture y
foit pour les polir & unir dans leurs
anoî 1 ^^entiste. pr
b es les plus pointus, les plus aigus ,
ies plus tranehans. Ces chicots con~
faur?"\' ^ i^s dé-
\'^f^bien qu\'il eft facile de s\'y mé-
don. \'\' ^^ de confondre fes opera^
^^ ^^ nature mê^
H^ déplacemens, que les os
dans leur articulation, doi--
ou des luxations,
corn i coœplettes, ou in-
5 P\'^ confèquent on doit ran-
Intr l\'articulation des
fac^n\' ^^ déplacent en plufîeurs
men. déplace-
îant ^"l\'^^e^^iient, comme au-
luxations, qu\'on peut appeller
corn ?"\' ^o\'^P^ettes, ou luxations in-
ou mfe ^^^^^ Pl-
" inoms déplacées.
c\'eft dent eft chancelante ,
les commencée. Lorfque
bien avoir été natureîlethent
fÙ\'r-.^. \' deviennent penchantes en
«ev\'anr, elles font luxées en devant.
W Dents à tenons, Voïez h Planche 24.
Hij
-ocr page 147-L E CH I RUK. GIEK
Lorfqu\'elles panchent en dedans de \\i
bouche, c\'eft une luxation en dedans;.
Lorfqu\'elles panchent fur l\'une , ou
fur l\'autre de leurs parties latérales,
ce font des dents luxées de côté.
Lorfqu\'une dent tourne dans fon al-
veole , enforte que les parties lateral es
de la dent répondent d\'un côté en de-
hors & de l\'autre en dedans ; c\'eft une
luxation complette.
Lorfqu\'une dent femble être allon-
gée , & qu\'elle excede par fa longueur
fes voifnes , que fon colet & partie de
fes racines furpaffent le niveau des gen-
cives, parce que l\'alveole, ou quelque
matiere contenue dans ce même al-
veole la chaiïè-, c\'eft encore une femi-
luxation de la dent de bas en haut , lî
c\'eft à la mâchoire inferieure ; & de:
h. ut en bas , fi c\'eft à la mâchoire fu-
perieure.
Lorfqu\'une dent eft entièrement dé-
placée de fon alveole par quelque cau-
fe que ce puiffe être, & refte attachée pat-
quelque endroit à la gencive; c\'eft une
dent p arfaitement luxée ; ce qu\'on peuÊ
appeller luxation complette.
Quelquefois il arrive par différentes-
caufes que les gencives fe conflunenï"
en dedans , tandis que la dentrefîe at-
tache par fon colet à la gencive du
dehors, & que ces dents ainfi déchar-
nées & déchauffées d\'un côté fe dépla-
cent de l\'aîveole, de telle façon qu\'el-
les reftent comme à travers la rangée
oes^antres dents, la tête ou couronne
ae ia dent raclant ia langue , tandis
que la racine de la même dent racle
les lèvres, ou la joiie, les perce fou-
lent, ou y occafionné desukeres. Une
«ent amfi déplacée , fait encore une
autre efpece de luxation complette ; fi
es gencives fe confument en dehors^
Z r ^^ touchera les joiies ^
^ ^s racmes toucheront la langue.
routes ces luxations, ou déplace-^
J^is de dents, peuvent fe rétabhrpar
^itterentes operations de Chirurgie in-
«iquees dans ce traité , dans lefquelles
on emploie le fecours de la main , des.
inkrumens, des liens, & autres reme-
-Les fuccès font differens fuivant,
les caufes, & f.lon les circonftances,
T .^^eompagnent les luxations , ou les,
^eplacemens des dents. 1
^ plus, ordinaire de ces déplace-
raens ^ celui qui précédé ordinaire-
«leat le« autres, c\'eft. le trembleii-ient
. des dents, ou la luxation commencée.
Les grofTes dents fe luxent en de-
dans bien plus fréquemment c|u en de-
hors. Les incilîves au contraire fe lu-
xent bien plus fouvent en dehors ,
qu\'en dedans. Qt^îo que l\'un ôc l\'autre
de ces déplacemens foient très-facheux
& très-incommodes-, & qu\'ils s\'oppo-
fent également à la maftication , la lu-
xation en dedans, eft une des plus fâ-
cheufes ; parce qu\'elle fatigue, ou bief-
fe la langue ; ce qui inquiété plus que
l\'incommodité que caufe la dent con-
tre les lèvres , ou contre les joiies, lorf-
qu\'elle eft penchée en dehors. La moins
incommode de ces luxations, c\'eft lorf-
que la dent eft luxée fur le côté, ou
qu\'elle n\'eft qu\'en partie tournée de
droit à gauche, ou de gauche à droit,
prefèntant fes furfàces latérales , l\'une
en dedans & l\'autre en dehors.
Celle qui eft la plus fâcheufe de tou-
a dent eft luxée en
tes, c\'eft lorfque
travers.
Lorfque les dents font luxées
de telle façon qu\'elles excedentpar leur
extrémité leurs voilînes , ce que nous
avons appellé luxation , ou déplace-
ment de bas en haut pour la mâchoire
Înfeneurc j & de haut en bas pour la
la mafticadoneft
r^s-difficile d faire. Dans touscescas,
raut emploïer toutes fortes de moïens
pour remboëter les dents, chacune dans
r «vité naturelle, pour qu\'elles s\'y ra-
fermiffent ,sll efr poffible.^ L\'on y réuf-
W louvent en étant les caufes qui ont
occafionné ces luxations, & en forti--
nant les gencives. En attendant, on
ailujettn-a artiftement ces dents, detel-
2 \'^^njere qu\'elles ne fe dérangent plus,
qu elles puilfent faire leurs fondions,
^ art a trouvé des moïens pour y par-
jenir, qu\'on verra dans ce, traité; iî
r^uc les épuifer dans ces occafions.
■La partie émaillée des dents, eften-
^ore iujette à une maladie qui reffem-
ort a la carie; mais qui cependant
Pomt une carie. Leur furface ex-
teucure devient quelquefois inégale &
r^boteufe, de plufieiJperits
^Tr ^f en forme de rape ; mais
f^ilpoles plus irrégulièrement. Je nom-
Jm ^H^^® la furface-
hï \' ou difpofition à la carie. EU
aepend de ce que l\'émail eft ufé par
quf Ique matiere rongeante ; qui a pL-
duit en lui le même effet en cette oc-
cahon, que h rouille produit fur lafur->
le Chirurgien
face des métaux. L\'on guérit cette ma-
ladie en poliiïant la furface de lavdcnt-
Les dents foiît encore très-fifcepti-
bles des changemens de couleur ; elles
deviennent- plus, ou moins noirâtres,\'^
ou moins jaunâtres, felon que ks di-
vers fucs qui les touchent font condi-
tionnez & que leurs pores font difpo-
pofez à en recevoir les mauvaifes im-
preffions. On peut quelquefois par l\'ap-
plication & par I\'ufage de certains re-
medes, rétablir ia couleur des dents en
fon premier état; mais il eft dangereux
de s\'y trop opiniâtrtr, lorfque les cou-
leurs accidentelks ne cedent pas à l\'ap-
plication des remedes ; en ce cas, il faut
cefîèr fbn entreprife , plutôt que de
s\'expofer à perdre ies dents en voulant
vainement ies rétablir dans leur pre^
miere blancheur.
L\'émail des dents eft très-fujet à être
recouvert d\'une matiere tartareule &.
quafî pîerreufe, qu\'on appelle tuf, oa
tartre de îa dent,laquelle s\'attache, fe
colle & s\'unit lî intimement à ia flu"-
face émaillée, qu\'elle femble bien fou-
vent ne faire qu\'un même corps avec
elle -, ce tartre eft quelquefois le pré-
curfeiir de la cari.e abfolumenc dépen-
dance:
, B E N T î s T g.
l\'^edune caufe extérieure ; ii cd J.
mala?\'\'"""\' \' prévenir .-eette
^IblT VT P^^cipale la ne,
Wnce &la malpropreté.
T â fe
bruir?\'^ impreffions que certains
elJp. raclemens font fuc
qui caufentunedouleur afTez yî-
.que Ion appelle agacement: ce qui
douleur dépend delà dif-
P ^"on des pores des dents & de h
lesrucs fe mo-
por. ^^n^^^^ent dans ces mêmes
de u Pénétrant jufqu a l\'extrémité
d\'elt \' ^^^^^die fe guérit
aucuS; rP^" de tems, & n\'a
LjX " impatient, elle œde
^es plus vulgaires.
d\'autres fortes d\'agacé."
il r dépend, fur-tout\'dans
dL lt^t^\' déhcateffe, oumolefîe
l\'extrém;; / de ce que l\'émail de
cTfivr " ^^^ des in!
tz\'t Parfuc^
-ocr page 153-ceflîon de tenis, fans ie fecours des re-
medes.
L\'on voit quelquefois des dents d\'u-
ne fubftance fî traafparente, que le jour
paroît à travers : ce que l\'on obferve
particulièrement dans les richais. De
celles-là il y en a de plus ou moins
molles, de plus ou moins folides, &
de plus ou moins fragiles.
Le vice de conformation des dents,
doit être regardé en certaines occafîons,
comme une maladie, qui non feulement
rend une bonehe difforme ; mais qui
peut encore incommoder beaucoup ôc
avoir même des fuites fâcheufes ; puis-
que dans les operations, qu\'on eft obli-
gé de faire fur ces dents contrefaites
?our lés extirper, ou les remettre dans
! eur ordre naturel, cette difformité du
corps des dents, ou des racines, eft fou-
vent la caufe de quelque déperdition
de fubftance très-confiderable , foit of-
feufe 5 ou charnue -, d\'où il peut s\'en-
fuivre des douleurs très-aiguës, des he^
moragies violentes, des abcez, des Bf-
tnles, même la carie, ôcc.
L\'on fouffre afîèz fouvent des douleurs
de dents qui font très-violentes-, quoique
les dents ne. foient nullement cariées.
^ Dentiste.
mt^u\' P\'^^viennent de ce que k
membran^e nerveufe qui tapiiTe la cavi-
> louffre quelque inflammation ; &
\'ow ces douleurs font diftenflves. Si
eft abreuvée de quei-
lin r \' rongeante, ies dou-
ca^ poignantes & très - mordi-
b! kf ■ Ql^^^uefoii^ des douleurs fern-
fiables dépendent de ce que la meml
t.ni\'ï enveloppe la racine & quj
abreuvée & enflaL
den!\' r^ ligamens delà
nt, ie cordon des vaiflèaux & les par-
J\'^^mcs des dents. Ces fortes de
avo fort à craindre r il faut
4 recours promptementà ladiette.
dins ^ topiques ano-
ins ôc refolvans. Si elles ne cedent
^^"dre aoter les dents, fans diff rer.
^elquefois l\'on trouve des vers
ans les caries des dents, parmi le li-
\'ou parmi le tartre : on les nom-
tions ? - ^^ ^
qm en font foi, rapportées par
^|^auteurs iiiuftres. N\'en aïant jamais
Cen T «i ne les admets,
pendant je conçois que la chofe n\'eft
-ocr page 155-îoo LE Chirurgien
pas phyfiquement impoffible -, mais je
crois en même rems, que ce ne font
pas ces vers qui rongent & qui carient
les dents -, qu\'ils ne s\'y rencontrent,
que parce , que les alimens , ou la fali-
ve vicie\'e ont tranfmis dans la carie des
dents des œufs de quelques infedes,
qui fe font trouvez mêlez avec ces ali-
mens -, & que ces oeufs étant ainfi dé-
pofez ont pû éclore & fe manifefter
enfuite. Quoi qu\'il en foit , ces vers
n\'étant point la feule caufe qu\'il s\'a-
git de combattre en telle occafion , leur
exiftence ne demande aucun égard par-
ticulier.
Quelquefois le tartre s\'entafTe fur les
dents de cj^rtaines perfonnes négligen-
tes & mal conftituées ; de telle façon
qu\'il recouvre & embrafle les dents à
un tel point, qu\'il s\'en forme des tu-
meurs pierreufes quafi du volume d\'un
œuf de poule, (a) On ne peut ôter quel-
quefois ces petrifications qu\'avec vio-
lence -, quelquefois mêm.e il faut ôter
ia dent qui ne fait qu\'un même corps
avec l\'entaffement du tartre pétrifié. Le
tartre eft un des plus grands ennemio
(a) Chap. 31. Obferv. 3. Tome premiei\'»
-yOie?, la féconde Piaiii;he,
^^ dents, & Tan ne fçauroit prendre
^ ez de preVaution pour le de\'truire;
quoiqu\'il n\'agllTe pas précifément fur
«ies, mais fur les gencives.
L ulage de la lime indifcretement
pratiqué Pur les dents , leur ell auffi
contraire qu\'il leur eft avantageux ,
ioriqu on le met en pratique bien à
P ropos. ^
Les maladies des gencives font cau-
ses par la fortie des dents. Le prolon-
gement & le gonflement de ces mêmes
gencives, eft une maladie qui leur eft
aaez ordinaire, auffi-bien que l\'épou-
f\' le paronlis, les ulcérés, les excroif-
iances, les fiftules, &c. Ces maladies
je manifeftent par des fignes particu-
"ers. Chacune d\'elles eft fujette à de-
genres. On reconnoît aifément
^eur caradere, pour peu que l\'on foit
praticien. Il eft facile d
en tirer le pro--
noitic; mais bien fouvent la cure n\'eft
auft, aifée à faire. On en jugera
mreux par les Chapitres 17.18.%.
o- i l. & 22.. contenus dans le Tome
premier de ce Livre, dans lefquels il eft
uaite en particulier & amplement de
chacune de ces maladies.
Iiij
-ocr page 157-Les défavantages & les maladies que
ia perte des dents caufe , font très-
conuderables : cette perte rend la bou-
che difgracieufe 5 elle empêche la pro-
nonciation, elle peut même incommo-
der la poitrine. Les reftes d\'une denr
cariée nous font quelquefois fouffrir
des tourmens infuportables ; ils rendent
la bouche puante & même fœtide. La
puanteurde la bouche provient auffi quel-
quefois d\'ailleurs , comme de la mal-
propreté des dents, de quelque ulcere,
ou fiftule à la bouche, des vapeurs qui
s\'élèvent d\'un eflomach " dont le fer-
ment eft vicié & furchargé .d\'alimens
i|j indigefles, ou enfin desexhalaifonsqui
î\'élevent d\'un poulmon mal-fain , &
qui rend l\'haleine d\'une odeur très-in-
commode.
Tant de différentes maladies, dont
les dents font fi fouvent attaquées, enr
befoin pour être guéries de divers fe-
cours , dont la théorie & la pratique
renferment un nombre infini de cir-
conftances, qu\'on a raflemblées dans
ce traité autant qu\'il a été poffible.
la fenfibilité é\' de l\'agacement
des Dents.
CEux qui ont traité des dents fe
A partagez au £ujet de la
lenfibiiité de ces parties. Les uns ont
cru que les dents étoient inlenfibles ;
d autres au contraire ont crû qu\'elles
«oient ^ capables de fentiraent. Il eft
vrai qu\'à ne confîderer les dents fim-
pienient que comme des os , on peut
dire qu\'elles font infenfibles -, mais fi
A on les confidere comme des parties
|nunies,recouvertes& tapiftées de mem-
branes , de vailfeaux & de nerfs -, on ne
f Tki^\' leur refuler la faculté d être
du co \' ^^^^ qu\'aux autres parties
Il eft aifé de voir-que cette manière
tlifterente de confîderer les dents, con-
_:^cilement ces deux opinions qui
Paroilfent fî oppofées l\'une à l\'autre,
l^ir kur fenfibilité ou infenfibilité: néan-
moins je crois qu il vaut mieux penfer
comme les derniers par la raifon que
j,e viens de marquer. On s\'y confor-
I iiij
-ocr page 159-Î04 LE CHIRURGIEN
mera davantage par l\'experience jour*
naliere,c|ui fait voir que les maladies qui
attaquent ies dents, caufent de la dou-
leur 5 & que par confequent les dents
font capables de fentiment.
Pour mieux concevoir la fenfibilité
^^enK, il faut fe rappeller ce que
j\'ai établi au commencement de ce trai-
té touchant ies différentes parties qui
compofenties dents; cela fuppolé, je
crois qu\'on peut diftmguer leur fenfibi-
lité en deux efpeces generales : l\'une
fera comprife fous le nom de douleur
fixe & permanente; ce que Ton expri-
me ordinairement, lorfque l\'on dit que
î\'on^ a mal aux dents ; Ôc l\'autre fous
celui d\'agacement,ou douleurpaflkge-
re, auquel je crois qu\'on peut compa-
rer & rapporter cette fenfation incom-
mode que Ion éprouve lorfqu\'onpaf-
fc la main fur certaines étoffes, ou qu\'on
entend frotter d\'une certaine façon cer-
tains inflrumens, les uns contre les au-
tres , &c.
Les douleurs des dents font de plu-
fieurs fortes ; les plus ordinaires font
celles que l\'on nomme poignantes ôc
celles que l\'on nomme diflenfîves, &c.
Ces deux (ortes de douleurs à font
foitir dans la caric & dans les fluxions,
Pour concevoir la raifon de leur
diverfité, il {uffit de conflderer ce qui
ie paffe dans la carie & dans les flu-
xions qui furviennent au:^ dents.
Dans la carie, l\'air deiféchant, ou
crefpant les filets nerveux & les tuniques
des petits vaiffèaux, les rend tendus de
telle façon, que ne prêtant ôc ne cé-
dant plus facilement à la liqueur qui
I5S parcourt, l\'effort que ies liquides
ront pour écarter &diftendre les parois,
de ces mêmes vaiffeaux, caufe cetteef-
pece de douleur appellée diftenfive.
. Si au contraire, il fe trouve de pe-
vaiffeaux rompus, ou crevez-, la li-
queur qui s\'épanchera bien-tôt après>
s alterant &fe corrompant, irritera par
ion^picottement les. membranes Ôc les
vaiffeaux qui fe trouveront a fà ren-
contre ; ce qui produira k douleut nom-
inee poignante.
Dans les fluxions, ce font les envi-
rons de la dent qui fe crouvent atta-
quez , ôc particulièrement k membra-
ne qui les entoure. Les vaifleaux de cet-
te membrane fe gonflant la rendent
P us èpaifre,& font qu\'elle ferre k dent
plus étroitement; dou il s\'enfuit que
ïoé LE CH IRÎÎRG lEN
cette douleur eft plus diftenfîve , que
poignante -, à moins que l\'étranglement
des vaiftèaux ne foit û confiderable 3 que
leurs tuniques fbient rongées par les li-
queurs qui font empêchées de conti-
nuer leur route. Ces explications qui
^aroiflènt très-vrai-femblables ferviront
à ceux qui travaillent aux dents, elles
leur faciliteront les moïens de trouver
les remedes propres à réuflîr dans cer-
taines conjonctures ; foit pour empor-
ter radicalement le mal, foit pour ap-
paifer la douleur, la calmer, ou du
moins la rendre plus fupportable : par
exemple dans les fluxions où l\'on voit
que les vaiftèaux font engorgez, on ju-
ge que la fâignée convient aulîî-bien
que certains topiques, ôcc.
L\'agacement eft une autre efpece de
fenfâtion, à laquelle quoique très-in-
commode , on ne donne pourtant point
communément le nom de douleur. Je
me contenterai du peu que j\'en ai dit
pour le définir, & le faire comprendre :
on fçait mieux par experience ce que
c\'eft, qu\'on ne e pourroit expliquer.
L\'opinion commune, eft que l\'aga-
cement vient des fucs acides qui fe trou-
vent infinuez entre les fibres de la mem-
otane donc la racine de la dent eft re-
vetuë , & que la dent venant à être
preftee contre cette membrane, cette
oifpofition occafionne l\'aétion des fiics
contre les filets membraneux.
Je ne difconviens pas que les fucsdc
, ccrfains fruits,tels que font lesgrofeil-
ies, les cerifes aigres , &rc. ne puiftent
s\'infînuer dans les interftices des filets
qui compofenc ia membrane, dont les
racines des dents font revêtues. Je con-
viens auffi qu\'ils peuvent caufer des dif-
jenfions à cette membrane, intercepter
îf cours des liqueurs dans quelques vaif-
leaux, tirailler les nerfs & caufer ainfi
pus ou moins une fenfation incommo-
«e & douloureufcs maisbien différen-
te de-l\'agacement dont ie fiege me pa-
roît être au corps de la dent.
Ce qui m\'a fait juger que lagace-
ment ƒe borne uniquement âu corps,
ou meme à la furface de la dent, ceft
que fi l\'on frotte fortement cette fur-
face avec un linge feulement, on di-
«iinuë pour lors Fagacement ùl y a en-
core une experience qui prouve fenfi-
blement ce que je dis, & qui paroît
détruire l\'opinion contraire : fî 1 on
«ttache de l\'ofeiUe > l\'agacement pouE
Fordinaire ce/Te tout d\'un coup; ce qui
n\'arriveroit pas de même s\'il étoit pro-
duit par des acides de la maniere dont
■on le dit ordinairement : l\'ofeille que
I on mâcheroir , qui eft acide , bien
loin de faire cefler l\'agacement, de-
vroit au conn-aire l\'augmenter. De plus
fi cette incommodité venoit des fucs
coagulez par un acide dans les petits
vailfeaux , & lî le fuc d\'ofeille devoit
enfiler la route de ces petits vaifleaux,
pour lever l\'obftruélion qu\'on y fuppo-
fe. Il feroit bien difficile de concevoir
comment cet effet feroit auffi prompt
qu\'il left. Il eft bien plus vrai-fembla-
ble que quelques parties de ces fucs
font affez fubtiles pour penetrere l\'é-
mail , & agir fur les filets qui s\'y termi-
nent , lorfque quelque corps agifîant fur
la furface de la dent ies met en mou-
vement. On peur fe confirmer encore
dans cette opinion, fi l\'on remarque
que le feul attouchement des parties
de l\'air qu\'on attire en refpirant, la bou-
che un peu ouverte, eft capable d\'ex-
citer une fenfation affez incommode
dans l\'agacement : on ne s\'avifera ja-
mais de croire que l\'air en pafîànt ap-
puie affèz fort fur k dent pour faire
elle comprime la membrane dont fa
racuie eft revêtue. Il eft bien plus na-
de s\'imaginer que les particules
font trouvées aflez ftibtiles &
yez déliées pour s\'infinuer dans la
eut, n\'ont qu\'une de leurs extrémitez
engagée entre les fibres ofteufes, tan-
Qis que l autre fait faillie en dehors -,
ce qui rend la dent comme heriffée de
>etites pointes extrêmement fines, que
air en paifant peur fans peine ébran-
er ; ce :qui caufe cette fenfâtion incom-
mode & fêcheufe à qui on donne le
iioni d\'agacement. Des conjectures û
Vfai-lemblables me donnent lieu de con-
que fenfîbles; non
l^^iiement par rapport à la membrane,
^ oiit leurs racines font revêtues ; mais
picore par rapport aux filets nerveuît
^ ^^embraneuxqui font répandus dans
tout le corps de la dent. La feule cho^
le qu on doit obferver, c\'eft que la fen-
libilite eft bien moins grande à l\'émail,
q-fau refte de la dent; parce que foa
tmu étant très-ferré & fes pores très.
roits, rien ne peut les penetrer faci-
iement. Delà vient qu\'il eft impoflîbla
^pe ks mêmes caufes puift\'ent occafion-
iur la partie émaillée, une fenfa-
tion auffi vive & auffi douloureufe, que
celle qu\'on peut reiîèntir au refte de la
dent. La maniéré particulière dont les
filets nerveux fe trouvent dans l\'é-
mail de la dent, peut cependant faire
conjedurer afîèz yrai-fembiablement,
qu\'il eft l\'unique fiege de l\'agacement.
Ce feroit ici le lieu d\'expliquer plus
au long cette efpece de fenfation in-
commode que j\'ai rangée fous l\'agace-
ment , & qui fe fait fentir fur-tout aux
încifîves & aux canines, lorfqu\'on pafîè
la main fur l\'érofte d\'un chapeau, ou
autre corps femblable , ou lorfqu\'on
entend à une certaine diftance frotter
certains inftrumens l\'un contre l\'autre ;
mais comme ce font des chofes pour lef-
quelles on n\'a pas befoin du fecours
du Dentifte , & que d\'ailleurs les ex-
plications qu\'on a données à ce fujet
me paroifTent fort incertaineis, j\'aime
mieux épargner au Leéleur la peine de
lire de pareilles conjectures & me ren-
fermer dans les bornes que me prefcrit
sna profeffion.
différentes Caries des Dents
& des caufes qui les produifent,
A Près avoir expliqué l\'agacement
J ^ la fenfation douloureufe des
dents, je paffe à l\'examen de leur carie,
La carie des dents eft une maladie
m détruit leur fubftance. Cette ma-
«die eft produite par une humeur qui
s mlinuë entre les fibres offeufes de la
r^^^L ^^ dent ne fe carie, que parce que
dJtr T ^^ fi^^es nefe
ruUent, que parce que les petites
parties qui les compofent, fe dépla.
^^ \' ^ ces parties ne fe déplacent,
que parce qu\'elles font ébranlées.
»-e qui détruit le plus ordinairement
ïa contexture de la dent, eft l\'humeur
y eft arrêtée autour d\'elle, & dont
^^laque particule communique à celles
^^ ia dent fon impulfion parriculiere,
un^^V^ ^^ détache les parcelles les
ƒ es autres, & formas des cavitez
qui tont^que toute l\'étendue de la fur-
ace pai-oit noirâtre. A l\'égard des par»
l
ïï% L E -C HIR Xî RG ï EN
ceiles décachées , elles peuvent être
froiffees & tellement diminuées de leur
mafîe ,-qu\'elles fuivant en tout le mou-
vement de l\'humeur, & s\'échappent
avec elle.
Les caufes qui peuvent produire ces
défordres font extérieures, ou intérieu-
res. Les caufes extérieures font les
coups, les efforts violens, I\'ufage de la
lime indiforetement pratiqué fur les
dents » l\'application de certains corps,
ia falive alterée , & les alimens. Les
caufes intérieiu-es , font celles qui fe
trouvent dans la maffe du fàng , ou
dans le vice particulier de la lymphe.
Il n\'eft pas mal-aifé de concevoir,
comment les coups se les efforts vio-
iens fur les dents ,.produifent la carie,
ils peuvent occasionner l\'épanchement
de a liqueur contenue dans les vaif-
feaux J ou par l\'ébranlement qu\'ils font
â toute la dent, dont les petites parties
peuvent comprimer, tirailler, ou dé-
chirer les vaiiïèaux, ou parce qu\'ils agif-
fent immédiatement fur ies tuniques de
ces mêmes vaiffeaux. La carie peut aulîi
être occafîonnée par l\'adion de la hme,
lorfqu\'elle découvre la cavité de la
dem, ou qu\'elle en approche de trcîf
près
-ocr page 168-1,11\' ^^ ^aUve dépravée , les alimens
fur 1 appliquez
ies dents, pour en amortir la dou-
J^es blanchir, &c. peu-
\' \' f\'-\'f^\'^^les s\'infinuant avec lafali-
Ip" ; des dents dans
des filets membraneux,
E, ? \' ^«"g^^ Jes vaif-
eaux de la nianiere dont je l\'ai dit dans
\' Chapitre précèdent.
du f contenues dans la maffe
ccc^l^V ia carie, qu\'en
ce qu elles rendent le fang moins flui-
ZnT/ ^ forme?des obftruc
J>ons dans, les vaifi-eaux d\'un diametre
fant ^ pasl\'efpace fuffi-
effor; r^ ^^ qui fa^t
le dilater.
la r^H ƒ concevoir comment.
mern nn ^ \' & com-
die s occafions,
déoend 5 . douleur. Tout cela
dans fon fie«;\' rencontrent
trav^iff. a " ^^ hqueur s v ex-
* K
-ocr page 169-IÏ4 Î-E C H î R U R GIEN
ces filets, (oit â raifon de la fermenta-
tion que le fejour de l\'humeur fixée
occafionnera, foit autrement.
Si au contraire la carie commence a
la portion émaillée, comme il ne s\'y
rencontre que peu de filets nerveux , ôC
même que ceux qui s\'y trouvent font en
quelque maniéré affaïffcz ; il eft évident
que la carie fera fon progrès affez im-
perceptiblement, & qu\'elle ne caufera
de douleur, que lorfque l\'émail étant
confumé, les membranes feront expo-
fées à l\'adtion de quelque matière vi-
ciée J ou à l\'impreffion de l\'air, com-
me je l\'ai rapporté.
Il peut même arriver qu\'après que la
carie aura fait quelque progrès, les fi-
lets nerveux ôc les extrémitez des vaif-
feaux, fe trouvent tellement deftéchez
par î\'acftion de l\'air, qu\'elle s\'arrête, &
que la matiere de la carie fe delféche ôC
fe durcit comme une efpece de maftic,
Se qu\'elle devient d\'une confiftancc
auffi dure que le corps même de
Nous voîons fouvent les dents atta-
quées par des caries femblables quiî
nous nommons féches : il faut bien fc
garder d\'y toucher , puifqu\'elles font
latis douleur, & quil n\'eft pas ordinai-
renient i craindre que ces caries aug-
mentent ; en ce cas l\'opération qu\'on y
j^ro^t pourroit en augmenter le progrès.
Néanmoins fi U cavité cariée fe trou-
confiderable , & qu\'on jugeât y
pouvoir faire tenir le plomb , il fera à
5!-opos d\'y en mettre après avoir nettoie
cavité cariée felon la méthode qui
lera enfeignée à l\'occafion\'des dents
plombées : par cette operation, on em-
pêche les alimens & d\'autres matieres
ae s\'y arrêter.
. ^cs dents font plus fujettes à la ca-
rie que tous les autres os du corps ; par-
Cf que leur tilfu eft plus ferré; d\'où il
s ensuit y étant plus
etroit.j il s\'y forme plus aifement
des embarras , des obftrudions , des é-
tranglemens,&c. D\'ailleurs la fituation
des dents les expofe immédiatement à
action des corps qui peuvent occafion-
ner les dérangemens que nous venons
de remarquer. Ainfi les dents peuvent
«re cariées par un grand nombre de
aules extérieures, qui ne peuvent in-
rerelier de même les autres os. l\'expe-
voir qu\'il y aaulfidesdents
plus difpofées â fe carier les unes que
ies autres. \'
ïié LE CHîRÏJRGïëN
Les molaires font plus fujmes â fe
carier que les incifives & les canines:-
les incifives de la mâchoire fiiperieure
fc gâtenr plutôt, que celles de ia mâ-
choire inférieure. On remarque encore
que les dernieres m-olaires, lorfqu elles
ne viennent que dans an âge avancé,
fe carient fort aifément,.
Il arrive fouvent qu\'après qu\'une
dent a été attaquée de la carie, la pareil-
le de l\'autre côté de la même mac loire ,
fe carie auffi ordinairement. J\'ai fait
rant de fois cette remarque, qu\'il ne
me paraît pas que cet effet dépende du
feul hazard. Ce que j\'ai trouvé de fur-
prenant dans cet effet, c\'eft que non
/eoîemenr la dent pareille ne manque
gueres de fe carier ; mais qu\'ellefe ca-
rie pour l\'ordinaire en des endroits
fèmblaBles, & quelquefois avec une
parfèite fimetrie, comme je l\'ai obfer-
vé. La raifon de cet effet paroît afiea
difficile a déveloper : on pourroit ce^
pendant penfer que ces dents ainfi ca-
riées avec iîmetrie étant d\'une même
eonfiftance, & organifées de même que
leurs pareilles , les fucs dépravez qui"
ont pu donner atteinte aux premieres
a\'snt pas plus de difficulté à attaquer:
fubftance des autres : c\'eft la con-
forme\'e jufqu\'à prefent
Ce ne font point là les feules caufes
qu on croit pouvoir produire les caries
les douleurs des dents.
Le vulgaire & même certains Au-
eurs ont cru & croient encore que
«outes_les douleurs des dents, & les ca.
rj^es, font caufées par des vers dentai-
ces vers rongent peu à peu
ciflu des fibres ofteufes, ou les filets
«eijeux : fi cela étoit, l\'explication de
^a doideur & de la carie des dents fe-
roic affée à donner, & par-là on épar-
gneroit bien de la peine aux Phificiens.
L on fonde cette opinion fur de préten--
ues experiences que l\'on rapporte tou-
cftant ces infedes, lefquels par le moïen
«e la fumée de la graine de jufquiame .
«ommee auffi hanebane, tombent , à
ce que l\'on dit, des dents.; ce que M.
^ndry (a ) traite de fable . ainfi que
«autres faits femblables, que l\'on peut:
î;!. T, ^^uviéme Chapitre de foa
de la, generation des,vers.
dJll^^S\'"\' de la Faculté-de Me^
iX /\'r \' Profeffeur-Roial, Se l\'un de^:
Auteurs du lournal desfçavaas.
Riviere ( a ) admet ( b ) pour une des
caufes des douleurs des dents, les vers
^ engendrez dans la carie des dents, & il
croit que toute forte de matiere rete-
nue & pourrie dans la cavité cariée, eft
capable de les produire , foit qu\'elle
foit excrementeufe , ou alimenteufe ;
mais particulièrement les chofes douces
qui s\'attachent aifément à caule de leur
vifcoflté.
M. Andry rapporte que par le my-
crofcope on découvre des vers qui fc
forment fous une cronte amaiîée fur
les dents par la malpropreté ; que ces
Vers font extrêmement petits -, qu\'ils
ont une tête ronde marquée d\'un petit
point noir; que le refte de leur corps
eft long & menu, à peu près comme
les vers que l\'on découvre dans le vi-
naigre à la faveur du mycrofoope : il
ajoute que ces vers rongeant les dents
peu à peu, y caufent de la puanteur ;
mais qu\'ils ne font pas fontir de gran-
des douleurs : il croit auffi que c\'eft
une erreur de s\'imaginer , que les vio-
lens maux de dents foient caufez par des
vers. Dans l\'article premier duneuvié-
{d) Qui étoit Medecin de Montpellier.
{b) Tu. I.l 6.c. j. i\'..46i. .
If
ï^e Chapitre du même Livre, il mar-
ine encore que les vers des dents, ne
caufent qu\'une douleur fourde affez le-
gere & accompagnée de demangeaifon.
J\'ai fait ce que j\'ai pû pour me con-
vaincre par mes yeux de la réalité de
ces vers : je me fuis fervi des excellens
^îycrofcopes de M. de Manteville (a) &
j ai fait avec ces mycrofcopes un grand
nombre d\'experiences > tant fur la carie
^les dents nouvellement ôtées , que
fur la matiere tartareufe de différente
confifbance qui s\'amaffe autour d\'elles,
fans avoir pu réuflîr à y découvrir des
Vers.
Je {Iiis très-convaincu de l\'habileté
^ de la fmcerité de M. Andry , je ^
ne doute pas de la vérité des faits qu\'il
rapporte : il eft aifé de voir par tout ce
qu\'il dit, le peu de cas que l\'on doit
faire de ces prétendus guérilfeurs de
dents avec leurs fpecifiques tant vantez ,
qu\'ils prétendent être propres à faire
«courir les vers -, puifque les douleurs
pour lefquelles on a recours aux reme-
aes, font prefque toujours, fuivant ce
Içavant Auteur, celles qui ne viennent
pomt de cette caufe.
W Cl^iïurgien Juré à Paris.
-ocr page 175-Les dents font fouvent cariées paîf
des caufes intérieures, fans qu\'on puiC-
fe penfer que les vers- a\'rent en aucune
façon occafionné ces caries, tandis que
l\'émail de la dent & fa furface font en
entier & fans aucune alteration.
J\'ai vû auffi des earies attaquer les
racines des dents & la voûte de leur
bifurcation , fans qu\'il y eut aucune cou-
che de tartre, ni aucune croûte amaf-
fée & propre à loger ces fortes d\'in-
feétes. Je fuis convaincu par ces exem-
ples & pluiîeurs autres , qu\'il y a des-
caries qui fe forment aux dents, fans
que les vers y aient aucune part. Je ne
fuis d\'ailleurs nullement perfuadc, qu\'en?
aucun cas, les vers foientla feulecaa-
fe de la carie des dents. Quoi qu\'il en
foit, cela ne préjudicieroit en rien à-
ce que je propofe ci-après pour reme^
dier à- la carie.
\'DE\'N T I;S:T.E. IZÏ
u .carie des dents , ce qu\'il
jam ffhferver avant de ruginer.
les dents cariées.
J A carie eft une des pks funeftes
maladies qui puifTent arriver aux
^ents-, fon progrès les détruit & des
^onfume : il faut avoir recours aux
JJOïens que je vais donner pour enin-
rrompre le cours: je vais auffi mar-
H que la cavité fîtuée
Zr \' ^^i^que dent eft
découverte mr i • ^
-none ^ ^^ cane, ou autrement -,
ZJl d^erfes opera-
-fiec fi 4esremedes les plus
Spécifiques : encore eft-ce un grandJaa-
méthnl"\'\'\'\' "loïcns pratiquez
nntz rrr ^ ^^^^^^^^^^
rarif^ n / P^\'"Venons à guérir une
qui a fait de grands progrez.
q^^^peut arriver de .plus heureux*
Qf»e J. L "
î21 le Chirurgien
dans ces oCcafions , eft cjue les filets des
nerfs, qui entrent dans la dent, ne foient
5as voifins de l\'endroit carié,ou que tous
es vaifi\'^eaux qui vont à la dent cariée,
foient deflechez par quelque caufe, ou
qu\'ils foient affailfez à un tel point,qu\'ils
®e foient plus capables de fenfibilité.\'
De^cé fait bien établi , nous devons
conclure que les remedes particuliers
dont une infinité de gens fe vantent
d\'avoir le fecret, n\'ont paru réuflîr ,
que lorfque ces remedes ont rencontré
les vaifièaux de la dent déjà afKtiflèz,
:OU deflechez par l\'eflèt de l\'humeur mê-
me qui caufoit la maladie : pour lors
ces diftributeurs de remedes, n\'ont pas
■manqué de s\'attribuer la guérifon, fans
que le public fe foit apperçu de l\'inu-r
tilité de -ces prétendus remedes.
Si l\'application de certains emplâ-
tres , fi certaines liqueurs que ces ven-
deurs de remedes emploient dans tour
tes les efpeces de douleurs caufées par
la carie & d\'autres indilpofitions, ont
quelquefois diminué la douleur, on ne
doit pas pour cela, en attribuer la gué-
rifon à ces remedes qui n\'empêchent
pas le retour de Ja maladie, ce qui fait
que ces fortes de remedes n\'ont pas
Ion ^^ntiste. îij
obifj??\'/^ & q^e ion a été
fubffituer fucceffive-
e d autres avec auffi peu
buL^\'^"^^^\'^ ces Empiriques attri-
Moeurs & à ces emplâtres,
«^porter infailliblement la douleur
rnn,-. ^ont vivement
to imauez. Si l\'experience du paffé
P^voit une fois être prife pour rc-gle
forri doit poLrde ?es
ortes d Empiriques qtfon entend tous
Sll , decesCharlatans,qui
Jbufen de k crédulité du public; mais
on r!^ ^ ^ |,engeance-, auffi en voit-
emplâtres;
de cÀîv ^^^ ^^
V P\'^^\'^ettant de faire des mi-
acles d autres ont des fpecihques pour
^^ire mourir le ver,qu\'ils fuppofeL&
L ij
-ocr page 179-124 I-E c HI R u RG I EK
qu\'ils difent ronger la dent & être Ian-
teiir du mal que l\'on relîènt-, c\'efiainfi
qu\'avec de telles impoftures ils amufent
I ; le public. Les vers des dents (fuppofé
que par hazard il s\'y en rencontre quel-
quefois ) ne caufent point de douleurs
violentes -, ce que M. Andry a très-bien
obferve. Enfin il y en a qui pre\'tendent
être fi habiles, que fi l\'on veut les en
croire, ils guériront les maux de dents
■les plus invéterez, en fcarifiant, ou cau-
■terilànt les oreilles avec un fer rouge,
ce qu\'ils appellent barrer la veine.
Je fçai qu\'on pourroit alleguer ea
faveur d\'un tel préjugé, que le célébré
M, Valfalva (a^ détermine avec grand
loin l\'endroit de l\'oreille où il faut ap-
pliquer le cautère aéi:uel pour appaifer
e mal de dents : il détermine auffi la
grandeur du fer Se la maniéré de l\'apr-
pliquer : l\'autorité d\'un Auteur fi cé-
lébré & dont l\'opinion eftrelpeélable,»
me détennineroit volontiers à croire
qu\'il peut y avoir des cas, où ce re-
mede feroit emplctté avec fuccès 5 ce:-
(«) Doâeur en Philofophie & en Médeci-
ne, Profefleur d\'Anatomie dans rLyniveriîté
^e Bologne & Chirurgien de l\'Hôpital des
-Incurables à Bologne. \' \'
pendant je ne fçautois me perfiiader,
qu on guérifle par-là les douleurs qui
arrivent communément aux dents.
J ai connu à Nantes ville de Bretagne*
Turc Horloger deprofeffion qui étoit
renommé pour cette maniéré de guérir
ies douleurs de dents. Je fçai auffi que,
nonobftant cesprétenduës gaiérifons, la
p upart de ceux qui £e mirent entre fes.
^\'ams, furenr enfin obligez d\'avoir re-
C\'^^urs a moi pour foiilager leurs dou-.
eurs. depuis plufieurs autres-
Perionnes fe fervir du\'même moïen-
avec auffi peu de fuccès. Il va encore-
"i^e infinité d\'autres remedes que Ion.
vente pour les maux de dents, dont la
Plupart font fi ridicules & fi extrava-
gants, que^ i^. détail en feroit inutile:
J ennuyeux. J\'en rapporterai cepen-
dant encore un .dont parie M. de Bran-
tome, a caufe de fa fingularité : Je
(Il parle de lui-même) deux jours«
wns i ader voir ( Elifiibeth de France ce
^emme de Philippe H. Roi d\'Epagne ) «
^J^aufe du rhume des. dents oue j\'a-«
^^ ^îer; elle demanda«
C^? vied\'Elifabeth.pag.
Liij
-ocr page 181-îl^ LE CHTRURGIEN
»malade; & aïant fçû mon mal, elle
» m\'envoïa fon Apotiquaire, quimap-
»»porta d\'une herbe très-jfinguhere pour
ce mal, que la mettant & la tenant
«dans le creux de la mam, foudain le
"le mal fe paife, comme il me paffa
«aulîî-tôt.
Les caries qui n\'ont point du tout^
ou qui n\'ont que peuinterelfé la cavi^
ré des dents font guériffables par trois
moïens. Le premier eft celui des elfen-
ces de canelle. & de gerofle mêlées en-
femble, ou emploïées féparément; le
fécond, le cautere aftuel ; ^létroilié-
me, l\'application du plomb.
M. Dionis (a) confeille lorfque la
carie eft fur la tablette de la dent, c\'eft-
à-dire à la furface qui eft à l\'extrémité
du corps de la dent, de la cauterifer
avec l\'huile de fouifre,- ou de vitriol ^
dont on porte une petite goûte dans
la dent gâtée avec un des petits pin-
ceaux dont on fe fert pour peindre en
mjgnature. Il ajoute que fi li carie aug-
mente, on doit y appliquer ie cautere
aÇiuel. Sans vouloir attaquer îe mérité
d\'un auffi habile Chirurgien, j\'ofe dire
que cette pratique eft fort dangereufe j
(fi) Dans fon Traité, d\'opérations,\'pag. 5 oj?.\'
dentlste. ï2.7
parce que ces huiles étant corrofîves,
elles peuvent exciter, ou augmenter la
douleur, en rongeant & en déchirant
le tifîh de la dent ; outre qUe l\'adioa,
lente de ces huiles rendroit ia douleur
plus vive & plus durable : de plus ileft
ïmpoffible de borner l\'aétion de ces li-
queurs, lefquelles fè répandent &s in-
luuient dans toute la cavité cariée, ôc
n attaquent pas moins les parties faines,
^\'^e celles qui font gâtées. On peut en-
core ajouter que k falive qul femêle
avec ces huiles, devant enfuite ie ré-
pndre fur les gencives, elle peut y cau-
îer quelque défordre. Il vaut donc
mieux s\'en tenii- aux trois moïens que
je viens; d\'indiquer.
. 5^\'îand une dent eft légerêment ca-
ïiee, il fufjc çj\'gj^ ^ gj^ f-g
lervant des inftrumens dont je parlerai
dans la fuite, & d\'en remplir la cavité
cariée avec du plomb. Lorfque la ca-
fîe pénétré un peu avant , & qu\'elle
caule de la douleur, il faut après avoir
emporté la carie , mettre tous les jours
Clans la cavité cariée un peu de coton
rouxe & in,bihé d\'eftl\'nce de caneile „
ou ae gerofle. Cet ufage doit être con-
tinué pendant un temsYuffifant, obfer-
Liiij,
-ocr page 183-LE CHlRtîRGrEIf ,
yanfd\'arranger & foulerle coton, afin
d\'accoutumer à la preffion les parties
fenlîbles : quatre ou cinq\' jours après on
enleve de nouveati les matieres qui ont
lejourné dans la cavité cariés : cette
précaution empêche fouvent quela dou-
leur ne revienne j elle produit aux fi-
bres oiTeufes de là dent une petite ex-
foliation fuffifante j elle empêche la con-
tinuation & les progrès de la carie Si
de la douleur. Si après avoir afi^ez long-
tems continué cette méthode la dou-
leur ne ceife pas, il faut y appliquer le
cautere ââuel, êc quelque tems., après
plomber h dent, fi la difpofition de k
cavité cariée le permet ; car il fe ren-
contre quelquefois des cavitez cariées-
difpofées de telle façon , qu\'il n\'eft pas
pofiîbie d\'y faire tenir le plomb.
Lorfque la carie pénétré jufqu\'à la-
cavité de la dent, elle y caufe quelque-
fois un abcès; ce que j\'ai fouvent ob-
fervé en plufieurs perfonnes, aufquel-
lès la carie des incifives Ôc canines eau-
foit beaucoup de douleur. Dèsquej\'ap-
perçois la fortie du pus, je me contents
d\'emporter les portions cariées qui peu-
vent s\'oppofer à fon ifiùë : j\'introduis-
l\'extrémiré de ma fonde dans la caris
jerques dans la cavité de la dent, pour
faciliter l\'évacuation des matieres : dès
que le pus eft évacué la douleur ceife.
Je lailTe ainfi ces perfonnes en repos
pendant deux ou trois mois : au bout de
ce. tems, je plombe leurs dents cariées
pour les empêcher de fe gâter davan-
tage.
Quoique je me fois recrié avec rai-
fon en ce Chapitre, contre les promef-
: / fes que les Charlatans font à l\'occafioii
;i des effets de leurs, prétendus fpecifi-
I ques, qu\'ils donnent\' pour infaillibles >
I & qu\'ils promettent être fufîîfàns pour
ii gu<^rir radicalement les maladies des
; dents, excluant tous les autres que l\'art
I peut fournir en cette occafion j j e ne pré-
i tens pas que cependant certains topiques.
ne; puiflènt contribuer en quelque ma^
$ niere à calmer les douleurs des dents, en
diffipant les fluxions, par les dérivations
& par les évacuations qu\'ils ■ peuvent
faire des humeurs qui fe dépofent fur
les dents, fur les gencives, ou fur les
parties qui en font les plus voifines.
Je vais donner la compofition de deux
fortes de topiques, que l\'experience m\'a^
fâit reconiioître pour les plus eftic\'aces.*
Emplâtre four les maux des dents.
Prenez des gommes ou re\'/înes de Ta-
camaque & de Caregne de chacune une
once. Faites-les dilfoudre à une clia-
leur lente, dans une fuffifante quanti-
té d\'iiuile de maftic : ajoutez-y un gros
d\'extrait de laudanum ; le tout bien
incorporé ensemble, ôtezde du feu ;
laiffez-le refroidir , & en formez des^
emplâtres fur du taffetas, ou fur du
velours noir de la grandeur d\'un liard.
On les applique fur les arteres tempo-
rales , de Pun & de l\'autre côté. On les
laiffe jufqu a ce qu\'elles tombent d\'el-
les-mêmes, pour leur en fubftituer de
nouvelles, & on les porte auffi long-
rems qu on croit en avoir befoin. ^
Pâte pour dijfi^er les fluxions appaifer
les douleurs des dents.
Prenez de la racine de pirêtre,du poivre
noir, du gingembre, du flaphifaigre, du
macis,du clou de gerofle & de la canelîe,
de chacun demie once, du fel marin une
once. Le tour réduit en poudre fubtile 5
mettez-le dans un vaiffeau de terre ver-
nifîe ; verfez par defîlis douze onces de
bon vinaigre rouge ; faites boiiillir le
DENTISTE.
rout à petit feu en le remuant toujours
avec une fpatuie de bois jufqu\'à ce qu\'il
foit réduit en confiftance de miel épais v
alors vous l\'ôterez du feu, & le gar-
derez dans un pot de fayance. Pourfe
fervir de cette pâte , on en prend la
grofleur d\'une petite féve que l\'on en-
veloppe dans un petit linge fin -, on^la^
"^et entre la gencive & la joiie du coté
qui fouHl-e la fluxion & la douleur.
L\'effet de ce remede , eft de faire-
eracher plus abondamment que ne fe-
roit la flimigation , ou la maftication
™ tabac, qui à beaucoup de défagré-
"^ent. On ôte la pâte lorfque la dou-
leur de la dent eft appaifée, ou que la
fluxion a commencé"" à diminuer ,& on
en remet de nouvelle dans le befoin.
Si on la tient dans la bouche un peu
trop long-tems, elle échaufïe le dedans,
de la joiie & y excite quelquefois de
petites cloches\', qui fe difTipent facile-
ment en fe lavant la bouche avec de
l\'eau tiède. \'
Ces remedes réiiffifl^ent quelquefois,,
lur-tout lorfqu\'on a foin d\'appliquer en-
meme-tems dans la cavité cariée de la
dent, un peu de coton,ou de charpic
imbibée d\'huile» ou d\'eftence de gero-
fie, ou de cahelle,& qu\'on à recours
a propos à i\'ufige de la faignée & de
la purgation; ce qu\'il ne faut pas né-
gliger, lorfqu\'ii s\'agit de perfonnes ple-
toriques & fujettes aux fluxions.
Z)^ tartre , ou tuf, qui fe ferme
fur les dents , & les mauvais-
effets quil y produit,
Le tartre, ou le tuf, que quelques-
Auteurs & le vulgaire nomment
chancre, eft une matiere qui s\'acumule
fur la furface des dents, & qui devient\'
par fon féjour comme une croûte pier-
reufe, d\'un volume plus ou moins^con-
-fiderable.
La caufe la plus ordinaire de la per-
te des dents, eft la negligence de ceux\'
qui ne fe les font pas nettoïer lorfqu\'ils
le peuvent, & qu\'ils s\'apperçoivent du
féjour de cette fubftance étrangère, qui
produit des maladies aux gencives, Se
quelquefois même la carie. Le tartre
fft la caufe que la gencive feconfume».
T) e;n t ,i.s j:e. i j^
par-là occafionné quelquefois la ca- ■
\'^ie de la dent. cfue.
Pour mieux connoître ce^c\'eft que îe
\'^^■rtre des dents, il faut confiderer les
caufes qui le produifent, la maniere
• ^^ forme peu à peu & prefque
? ^^îement. Ten trouve trois prin-
■cipales.
premiere caiûe vient des portions
fles ahmens qui s\'arrêtent dans les ef-
Taces qui font entre les dents &,lcsgen-
^ves, ou entre les intervales des dents,
■^es portions détrempées par la falive,
deviennent comme un limon pâteux ,
S"! fte tarde pas à fe defieclier dans\'les
Gitans où la-bouche eft moins arrofée
.e la falive, ou ne l\'eft point du tout-,
an- que nous refpiron^ en enlevant
pour 1prs les parties les plus fluides,
i-a leconde caufe dépend de l\'air ,
étant poulfé hors de la bouche par la
re.pisation, & chargé d\'exhalaifons ^ fai^t
^ue ce qu\'il y a de vifqueux, d\'ondueux,
^ de pefant dans ces exhalaifons ,s\'ar-
routine, & fe
^L , ^ ^ Premiere couche de tartre
et)auche par le li^on defl^éché dont je
r^iens de parler.
U troifiéme caufe ne contribue pa^
-ocr page 189-134 i- e c h I r u r g i e n
moins que ies deux précédentes à for-
mer le tartre ; cette caiîfe eft la falive ,
lorfqu\'étant viciée en confequence de
de quelque dépravation de la lymphe ,
& fe trouvant chargée de fels & de beau-
coup de parties terreftres, elle les dé-
pofe contre le corps des dents. Je ne
vois pas comment, fans admettre cette
derniere caufe, on pourroit rendre rai-
fon des croûtes qui couvrent quelque-
fois la dent entiere, fans mêm.e en ex-
cepter les racines, comme je l ai quel-
quefois obfervé. Ce qui m\'a fortifié
■dans cette opinion, eft la conformité
-que j\'ai remarquée entre cette matiere
<jui avoit encroûté la dent toute entiè-
re, & les corps étrangers que l\'on a trou-
vez plus d\'une fois à la racine de la lan-
gue , comme on le lit dans le Journal
des Sçavans de l\'année 1721. Cette
tnatiere étoit pierreufe , de mêm? que
ces corps, qui ne peuvent avoir for-
mez que par une lymphe viciée & fem-
blable à la fàlive akerée.
J\'ai tiré\' fous la langue d\'une fem-
me un corps pierreux femblable à. ceux
dont nous venons de parler, contenu
entre l\'infertion du filet, le corps de la
iangue, & près des veines ranules. Ce
Dentiste. i^f
corps avoit la figure d\'une petite aman-
«e. Il fej-oii: difficile d\'imaginer d\'au-
tje caufe , que la matiere de la lymphe
«paiffie & devenue tartareufe. Ce corps
étranger n\'avoir nullement blefle l\'ar-
ticulation 3 ni diminué le fon de la voix
de cette femme.
La premiere couche de tartre une;
fpis formée, s\'auginente tous les jours
"par de nouvelles couches, qui s\'appli-
quent les unes fur les autres -, à peu
Fes de même qu\'il arrive à la pierre
^ans la cavité de la veffie, & à toutes
fortes de pierres, qui croilfent par addi-
tion de couches.
Les mouveinens delà langue détrui-
sent la plus grande partie du tartre qui
s attache à la furface intérieure des in^
-cifives de la mâchoire fuperieure^ au lieu
les autres dents, s\'en trouvent pref-
pe toutes recouvertes , fur-tout celles
, enbas-, la matiere par fon propre poids.j
® y portant toujours, & la langue ne
Pouvant la balaïer de même : fi l\'on
tarde 4 fe k faire ôrer , elle s\'infinuë
entre les gencives & les dents, & par
ion iepur elle gonfle & dilate les gen-
cives. De là vient que par la fiiite les
«ents .étant, déchauffées , elles devien.
XE "CHl:RUB..GfïEN
îienc chancelantes & cedent au moindre
attouchement.
Le tartre n\'eft pas la feule maladie
•qui vient de la negligence qu\'on ap-
porte à fe tenir les dents nettes; on peut
encore ajouter quecette negligence cau-
fe la puanteur de la bouche , puanteur
fâcheufe à celui qui en eft atteint in-
fupportable aux airtres. Cette maladie
ne vient pour l\'ordinaire que des por-
tions des alimens qui reftent dans les
interftices des dents, & dans les trous
que forme k carie, & qui s\'y corrom-
pent.
Les^ moïens de remedier prompte-
inent à tous ces défordres, font ceux-ci.
i.D\'obferver un regime de vie tel que
celui que nous avons indiqué, i. Faire
-nettoïer fes dents, quand elles en ont
•befoin. Les entretenir de k maniéré
-qu\'on a enfeignéç.
Explication des Figures contenues
d\'ans la Flanche deuxième,
La Figure L reprefente dans -fa
grandeur, ou volume naturel, un
,«orps tartareux & pierreux formé ftir
tïèe
-ocr page 192-^ ^ plattdte- \'J-
-ocr page 193- -ocr page 194-Dentiste.
»»■^e dent molaire du côté droit de la
\'Mâchoire inférieure.
ç Les racines de la dent
."r ie corps de laquelle le tartre s\'eft
Jptiniement attaché,-accumulé & pétri-
ne, de telle façon qu\'il ne faifoit plus
un même corps avec elle.
, B. B. B. Les éminences les plus
raboteufes de la furface de ce même
corps pierreux, qui pofoient fur les gen-
cives; ^ ^
La Figure 11. reprefente le même
^orps pierreux vii par une autre furface.-
1 Les racines de la même
ent, vues par les cotez oppofez.
^ . La furface plate & unie
«l^regardoit la langue.
„ Lafolfe, ou enfonce-
enr formé par les dents de rencontre-
"e la mâchoire lliperieure.
^ La Figure ///. reprefente le même
-«rps pierreux, vû par fa furface la plus
convexe & la moins rahoteufe.
y " , La furface unie & con-
fjl W"oit fur les mufcles maf-\'
icccrs.
r Mj- pitis convexe qui railoït
^ en dehors,appuïant contre la joiie, \'
-ocr page 195-Vidée generale de la pr/ftique
contenue dans les chapitres
fuivans.
Uôiqiie les dents paroiffent d\'un
\' volume très-médiocre , refpedi-
vement au refte de la mafte du fque-
let, le grand nombre de maladies qui
les attaquent, nous oblige à recourir
fouvent aux operations que j\'indique-
rai , & que |è détaillerai cKacune en par-
ticulier, avec le plus de netteté qu\'il me
fera poffiblel
Voici les operations qui fe pratiquent
fur les dents. C\'eft de les nettoïer,les
féparer , les racourcir, emporter leur
carie , les cauterifer, les plomber, les^
redreftèr, les arranger, les raffermir,
les ôter fîniplem.ent de leurs alveoles ,
les remettre dans leurs mêmes alveo-
les , ou les. ôter pour les placer dans
iipe autre boucKe, & enfin en fùbfti-
tiier d\'artificielles à là place de celles
qui manquent;
Toutes ces operations demandent
-ocr page 196-Den 11 s\'T E. îj c?,-
celui qui les exerce , une mainle-
gerej sûre , adroite & une parfaite théo-
rie : elles demandent une connoiiîànce
aulfi parfaite, qu\'elle eil rare, pour le
determiner à les entreprendre à pro-
pos, les furfeoir, ou les abandonner»
bne perfonne en effet peut fçavoir tout
e manuel d\'une operation , & cepen-
dant l\'entreprendre dans un cas ou il
j^e convient point d\'operer. Il ne tom-
bera dans cet inconvenient que faute
"e connoître la veritable caufè de la
riîaiadie, oû le vrai moïen de parve-
nu- à fa guérifon.
f^eîà il faut conclure que la feience
i^equife , pour être un parfait Dentifte,
^ eft^ pas fî bornée que plufieurs fe l\'i-
maguient, & qu\'il n\'y a pas moins d\'im-
prudence & de danger à fe mettre en-
rre les mains d\'un ignorant, que de té-
menté & de préfomption dans ia plu-
part de ceux qui entreprennent l\'exer-
cice d\'uneprofeffion fi délicate, fans en
f peine les premiers élemens.
I J ^^ établi les principes fur lefqueîs
^a^pi-anque dont il s\'agit doit être ïon-
e- Dans la fuite je décris chaque ope-
particulier, de même que les
«1 \'-tinicns (Se les remedes qui doivent
M ij
-ocr page 197-i4ô le chirurgien
fervir pour parvenir à ia guérifon cîe5\'
maladies dont je traite. Je ferai en mê-
me tems remarquer autant qu\'il me fe-
ra pofîible , toutes ies circonftances auf-
quelles il faut faire attention , pour ne^
rien entreprendre au préjudice de la
fanté du malade. Se. de la réputation
de l\'art.
XL
Za fituaîïon des farties de la
bouche eu égard aux dents. La
fituatîon du"fujet fur lequel on
doit operer & celle de. l\'Ope^
rateur , avec les dijferentes at-
titudes de run & de. l\'autre.
IL ne fuffit pas d\'avoir confideré les-
dents par rapporta elles-mêmes,
lés gencives & les alveoles d^ l\'une
de fautre mâchoire , dans lefquelles les,
dents font enchaifées par gomphofe.:
Il faut encore confiderer leur fîtuation ,
eu égard à la capacité de la bouche Se
aux parties qui en forment les. princi-
paux parois.
L\'arrangement des deîxts forme u.a
-ocr page 198-demi cercle dans chaque mâchoire af-
ftz femblable à un fer à cheval : le mi-
iieu de ce demi cercle fe trouve, ftué.
^W-devant de la bouche, ôc les dents qiri
® y rencontrent", font antérieures à celles
<jui fe trouvent à fes extrémitez : ces
«ents antérieures font fituées entre les
lèvres & la langue. La furface qu\'elles
pi\'efentent du côté des lèvres, cÛ: nom-
ii^ée antérieure, ou extérieure -, celle
qui lui eft oppofée 5 eft nomméepofté-
ï^ieure, ou intérieure ; elle répond à l\'exr.
trémité de la langue, là loge & l\'em-
prafte-, ces dents antérieures font les^
ïucifives ôc les canines. Celles qui vien-
nent enfuite,iîtuées aux cotez, font les
«ents nommées petites,& grolfes, molai-f
i-es. Celles qui font aux extrémirez. de
chaque demi cercle, étant les plus re--
culees Ôc les plus enfoncées dans la bou-^
^he, foi^it nommées poftérieures refpec-
îivement- aux dents- de devant. La fur-
^•ce que les dents fîtuées fur les cotez
de la bouche préfentent du côté des
joues,eft nomnmée extérieure. La fur-
ace qui lui eft oppofée Ôc qui touche
Ja langue, eft nommée intérieure. Les
i-irraces qui fe trouvent entre ces deux
pîemieresj foiic nommées couronnes à
l\'exrrémité des dents molaires. ElîeS^^
fe terminent en pointe, ou tranchant
à rextréraité des canines, & des inci-
fives. Les furfàcés des cotez des dents,
fe nomment latérales.
Les délits de la mâchoire inférieure,
ont leurs corps fuperieurs à leurs ra--
cines. Celles de la mâchoire fuperieu-
re au contraire, ont leurs corps infe\'--
rieurs à leurs racines. On voit afîèz
qu\'elle eft l\'utilité de cette difpofîtion
par la mécanique & la fbnéèion des
dents. On né prend pas toujours garde
aux applications qu\'on en peut faire
iorfqu\'il s\'agit de confiderer ies mala-
dies , & les operations que l\'on prati-
que fur les dents , fur-tout lorfqu\'on
donne des defcriprions a ce fujet. Cet-
te difpofîtion des dents embarafïe, &
donne occafion à plufieurs de confon-
dre la partie d\'une dent avec celle d\'u-
ne autre. Cette méprife fe peut éviter ,
en nommant les dents de la mâchoire
fuperieure, dents fuperieures, & celles
de l\'inferieure , dentS inférieures. On
doit dîvifer ôc fubdivifer d\'ailleurs les
parties de chaque dent, fuivant Tufag©
ordinaire établi par les Anatomiftcs.
Ainfi Iorfqu\'il s\'agira des dents de là
I
macRoire inférieure, on pourra nom-
mer le colet de ces dents, la partie in-
térieure du corps de ces mêmes dents;
^ leur extrémité, la partie fuperieure.
^e qui fe trouvera entre ces deux par-
ties, fera nommé la partie moïenne
extérieure, intérieure , ou laterale, &c.,
Lorfqu\'il s\'agira de celles de la mâ-
choire fuperieure, on nommera au con-
traire le colet de ces dents , la partie
foperieure du corps de ces mêmes dents;
: extrémitt; de ce même corps, partie
inférieure-, & ce qui eft contenu entre
k partie fuperieure & la partie infericu-
te des dents , fera divifé & fubdivifé
de même qu\'aux dents inférieures , &
•^n lui donnera les mêmes dénomina-
ttons, qu\'on a marquées pour la mâ-
choire inférieure.
Il faut encore confiderer les obfta-
«es que forme dans les operations
qu\'on fait (lu- les dents, la lituation
^es joiies, celle de la langue Se celle des
lèvres.. H faut ranger à propos cespar-
, pour mieux reconnoitre la mala-
die, pour operer plus commodement,
pour ne pas blelTer ces parties en
Lorfqu\' un malade fe prefente a nous 9
-ocr page 201-î"44 le Ch i r tîr g î e î?.
il faut avoir foin de le fituer avanta-
geufement pour bien reconnoitre la ma-
ladie. Pour rendre l\'opération plus ai-
fée, on doit le faire alîèoir ordinaire-
ment fur un fauteiiil ferme & liable,
propre, ÔC commode, dont le doffier fera,
garni de crin , ou. d\'tm oreiller molet,
plus ou moins élevé & renverfé fuivant ;
ia taille de la perfonne,,& fur-tout-fui-; :
vant celle de l\'operateur.
Le fujet étant placé dans un fàu-
reiiil, fes pieds portant à terre , fon
corps appuie contre le doffier, fes bras
fur ceux du fauteiiil , on appuiera fa-
tête contre le doffier : on obfervera de
varier les attitudes de fa tete , fuivant\'
qu\'il fera iteceffaire tantôt elle fera
dans un plan vertical avec le corps
plus ou moins recourbé en arriéré vers
le milieu du doffier,ou panché en ar-
riéré fur le coté droit, ou fur le côté
gaucbe ; tantôt la tête fera plus ou moins
inclinée fur le devant, de droit à gaa-
cKe, ou de gauche à droit : tantôt pen-
chant fur le côté de droit à gauche, ou
de gauche a droit : en un mot dans l\'at-
titude la moins gênante que faire fe
pourra pour le fujet, & en même rems-
li plus commode pour l\'operateur.
Pou«\'
-ocr page 202-DE\'NTISTE. 145\'
bien operer , il ne fulSt pas
d obferver ces feules circonftan.ces : iî
^ut encore y joindre celles qui con^
^ernent la fituation du Dentifle, fes dif-
férentes attitudes, les mouvemens de
es bras, de fon poignet, de fes mains
fes doigts.
Pour pperer il fera placé, tantôt au côté
^roit, tantôt au côté gauche j quelquefois
evant, & rarement derriere le fu jet.
, Efant placé au côté droit, il fe fer-
^^ra de la main droite pour tenir Tinf-
jrument avec lequel il doit operer, fe
jervant de la main gauche, & paliànc
le meme bras parde/fus la tête du fujet,
pour placer fa tête & 1 aiTujettir dans
^îUe attitude convenable, & pour ran-
pr a propos les lèvres, leurscommiffu-
, les joiies & la langue, en éloignant
^esparties des dents fur lefquelles il doit
«perer ; il fg fervira même des doigts de
■cette main pour embracer, fouteniroii
^ppuier^certaines parties qui ont befoin
e ce fecours pendant qu\'il opere : iî
^l^yettira de même le menton, afin de
"îoins fatiguer les mufcles de la bouche,
la mâchoire en foit plus ftable^
^es ^^ ^^^^ P^® operant fur
\'^me L
-ocr page 203-1L E C H î R U R G I £ -N
L\'operateur étant iîtué du côté gatif
^he J s\'il eft ambidextre, il fe fervk\'a de
Ja main gauche pour tenir l\'inftrument,
opérera de la même main, paflànt
le bras droit pardeflus la tête du fujet
pour executer avec la main droite les
fondions requifes en ce cas, à l\'occafîoiî
4f!es lèvres & des joiies, &c.
S\'il n\'eft point ambidextre, il tien-
dra l\'inftrument de la main droite, fe
fervant de la gauche pour ranger, ou
foutenir les parties , que nous avon$
ci-devant nommées. Il ne fe placera en-
<ievant que le moins qui lui fera poflî-
ble, pour ne pas s\'ôter lui-même la
clarté du jour qui lui eft Û neceflaire
dans cette occafion : cette clarté eft pré-
férable à toute autre lumière, lorfqu\'ii
s\'agit de reconnoitre les maladies des
■dents, ou de travailler à leiu: guérifon,.
Outre les attitudes que nous avons
indiquées, lePentifte s\'élevera, ou s\'a-
baiffèra plus ou moins, inclinant d\'ail-
leurs fon corps «Sefa tête plus, ou moins ,
fantôt d\'un côté , tantôt d\'un autre,
pour ne point perdre de viië la partie
fur laquelle il opere ; pendant qu\'il le-
:vera, qu\'il baiftèra , qu\'il portera plus,
jm moins en dedans, ou en dehcjr?«
^^ ^ dentiste. 147
avant, ou en arriéré, le brasjlepoi-
ô "^et, ou la main qui dent rinftrumenr î
pendit qu\'il racourcira, qu\'il allon-
fur I " q^\'iJ Jes feragliffèr
moïe ^^^\'"\'^^^ent pour parvenir par le
c ƒ ^ tous ces clifferens mouvemens
^^ cte toutes ces attitudes, à" divifer ,
^\'aeler & emporter la dent , la
^encive, partie d\'icelles, ou les corps
TJ.^j^T ies environnent, dansk
^as delacarie, &c.
Les fituations &les attitudes que fe
^^ens de propofer, font k^ plus ordi-
fini r • P^^\'^ent fe multiplier à l\'in-
nn» l\'exigence des cas ; c\'eft
IrU^\' Jes confiderer comme
ceiî ; ^««t dépendantes de lane-
^eihte pour lefcpelles il ne faut point
Pk égards : par exem-
don d a perdu l\'ac-
^^on, """ J«^%equeiqueflu-
fâcheux Pai-alifie , rumadfme
■rendus un?\'\' enchilofe, auront
qu\'il ne perclus à un tel point,
iiffe, ^^^^^er fon dos, kver-,
cote. eu même tems il
Hij ■
14S le Chirurgien
s\'agit de travailler à lès dents les. pîiTS
enfoncées dans la capacité de fa bou-
che , il ne fera plus queftion dans un tel
cas, ou dans d\'autres femblables de fî-
tuer le malade dans un fauteuil; il fau-
dra lui fubftituer le canapé, le fopha,
ou le lit, en cas que le malade ne foit
pas alité. S\'il eft alité, il ne fera plus
queftion que de le fituer le plus favorar
blement qu\'il fera poffible, à la faveur
d\'oreillers, ou couffins multipliez fuffi-
fâmment Ôc bien placez : on obfervera
!a même circonftance , fi l\'on le fitue
fur un fopha, ou ihr un canapé ; ôc pouf
îors on operera en fa bouche auffi com-
modément que s\'il étoit fitué fur un
fauteiiil, Ôc peut-être encore mieux : la
fituation du fujet ainfi couché à îa ren-
verfe, n\'eft pas la moins avantageufe.
Je fuis furpris que la plupart de Ceux
qui fe mêlent d\'ôter les dents , falfent
afieoir ordinairement les perfonnes à
terre ; ce qui effc indécent ôc mal pro-
pre: d\'ailleurs cette fituation gêne ÔC
épouvante ceux à qui on ôte des dents ?
fur-tout les femmes enceintes : cette fi-
tuation leur eft d\'ailleurs très-nuifible»
Ce qui me furprend davantage, c\'eft que
certains Auteurs enfeignenc encore
, .Dentists. î49
jouird\'hui, que cette fituation eft la plus
convenable, quoiqu\'elle foit celle qu\'il
«ut abfolument rejetter.
CHAPITRE XIL
qu\'\'il faut obferver avant d\'ote^h-
les dents , en les étant, & - iSi
après les avoir otées.
T Orfqu\'une dent s\'oppofe à la fortie
d\'une autre dent^lorlqu\'elle eft trop
«iÇîorrne ou nuifible, ou qu\'elle eftca-
riee Se en danger de gâter celles qui lui
lont voihnes , on ne peut fe difpenfer
^^ 1 ôter. Quant aux premieres dents-
enfans, que l\'on nomme les dents de
^if 5 il ne faut pas en venir à cette ope-
«^ation, à moins qu\'elles ne foient dif-
polees a tomber, ou qu\'elles ne foient
jrtemtes de quelque maladie particulie-
\' qui empêche de difterer davanta-
le/ indifpenfablement de
Oter, L\'alveole n\'a point aux enfans
^^eaucoup defolidité, & cependant les
acmes de leurs dents peuvent être plus
^niies & plus qu\'on ne l\'auroic
5 ainfi en ôtant pour lors leurs dents »
N lij
on ponrroitcaufer des accidens fâclieuxî
parce que î\'aiveole n\'aïant pas afîèz de
force 5 pour foutenir l\'effort qu\'on fait
en emportant la denr, cette même al-
veole pourroit être endommagée ôc mê-
me enlevée en partie avec la dent. De
plus le genne qui doit former les fé-
condés dents J & qui eft caché fous la
dent que l\'on veut tirer, pourroit aufli
être altéré, ou même détruit j d\'où il
s\'enfuivroit que îa dent qui doit fuc-
ceder, ne paroîtroit que plufieurs an-
nées après 5 ou même ne paroîtroit point
du tout ; ou que fi elle revenoit elle fe-
roit très-mauvaife, ainfî que je l\'ai vû-
arriver plufieurs fois j d\'ailleurs il fe
rencontre quelquefois des dents de lait
qui ne tombent pas & qui ne fe renou-
vellent jamais.
Il faut par confequent différer le plus
qu\'il eft poffible de tirer les dents des
enfans, Iorfqu\'elles ne font point chan-
celantes. Néanmoins îa douleur qu\'el-
les caufent peut quelquefois être telle-
ment infupportable, & la carie dont
elles font attaquées fi conderable ôc H
dangereufe pour les dents voifînes, &c.
que l\'on ne peut remettre cette opera-
tion à un autre tems. En ce cas, il faut
BEÎ^TISTE. ïyî
îâ faire fur le champ, & s y comporteï
avec précaution & avec fagelfe , pour
éviter les inconveniens fâcheux que
nous avons marquez.
Certaines gens croient faire merveil-
le , lorfque de deux dents mal arran-
gées dans la bouche d\'un enfant, dont
î\'une eft tortue, l\'autre droite, ils choi-
fiflent celle qui eft tortue pour l\'ôter ,
laifTànt celle qui paroît droite & mieux
P\'acée -, mais ils fe trompent »car il arri-
ve que celle qu\'ils ôtent, eft juftemenc
celle qu\'ils auroient dû laifler -, puifque
ce n\'eft pas la dent qui eft tortue,qui nuit
à la dent qui eft droite; mais au contrai-
re , que c\'eft celle qui eft droite , qui
rend l\'autre tortue & la fait placer hors
^e rang, en ne lui lailfant pas la-liber-
té entière de fortir.
Ceux qui ont le malheur de tomber
entre les mains de perfonnes fi peu ver-
gées dans la connoiiTance des dents, ne
tardent gueres à s\'appercevoir des fau-
fes que ces mauvais operateurs commet-
tent. La dent qu\'ils ontlaiffée n\'eft pas^
fong-tems fans tomber, & fans qu\'il en
revienne une autre pour la remplacer.
_ Si chacun ne fe mêloit que d\'une
-eme profelfion,, & qu\'il en fut biea^
N iiij;
-ocr page 209-îf^ LE CH IR tlR GIEN
îiiftruir, on ne verroit pas fi fouvent arri^
ver ces fortes d accidens ; mais tant de
gens s\'ingerent de travailler aux dents ,
quoiqu\'ils foient d\'une autre profeffion j
que je croi qu\'il y aura bien-tôt plus
de Dentiftes , que de perfonnes affli-
gées de maux de dents. Il y a même
certains Couteliers qui fe mêlent d\'ôter
les dents -, apparemment les inftrumens
qu\'ils font leur donnent la demangeai-
fon de les eftàyer. J\'en connois un dans
cette ville qui pâffe déjà dans fon quar-
tier pour arracheur de dents. Ce par-
ticulier qui avoit vu operer quelques
charlatans, croïant qu\'il lui feroit auffi
facile de tirer les dents que de faire des
couteaux , s\'eft mis.fur les rangs , & ne
manque pas quand l\'occaiiofi s\'en pre-
fente de mettre fa prétendue dextérité
en pratique, & fes inftrumens à l\'épreu-
ve ; & s\'il n\'emporte pas toujours la
dent entiere, il en enîeve du moins
quelque efquille. Il y a quelque tems
-qu\'on lui amena une jeune perfonne
qui avoit une petite dent molaire mar-
quée de petites taches noires ; ce qui
fit juger â ce fameux operateur que cet-
te dent étoit infailliblement gâtée : il
tenta delà tirer,mais n\'aïant emporté
la couronne ( parce que ce n etoit
^«une dent de lait qui devoir bien-tôt
tomber ) ce nouveau dodeur dont le
"cernement étoit trop borné pour
en pouvoir bien juger, crut avoir man-
^né fon coup, & que la denr étoit caf-
afin de ne pas laifler l\'opération
»^parfaite, il tira encore la prétendu\'é
ïaane de cette dent: pour lors il fut bien
étonné de voir que c\'étoit une dent entie-
ie & non une racine, & que c\'étoit pré^
cilément celle qui devoir fucceder à k
couronne de la premiere qu\'il avoic
; les premieres dents , comme j\'ai
ait remarquer ailleurs, n\'aïant prefque
jamais déracinés qui les accompagnent
iorfqu\'elles font prêtes à tomber. Cet
operateur eut pourtant aflez de prefence
^iptit pour n\'en rien faire connoître à
ceux qui fe trouvèrent prefens à cette
eJie operation , 8c renvoïa ainfî cette
d P^^\'^onne moins riche d\'une dent,
ont la privation fera toujours un té-
jno^ignage certain de l\'ignorance & de
a témérité de ce digne operateur, ôi
^ ympmdence qu\'il y a toujours à fe
conuer nidifîeremment à toutes fortes
«e gens.
La regie qu\'il faut fuivre:. pour m
-ocr page 211-Ï\'5\'4 Î-È CHI&urg\'IEM
pas tomber dans ie même inconvenient ?
eft de tirer touiom-s la dent qui a per-
cé la premiere, & de laiftèr la fécon-
dé dent qui eft facile à connoître, en
ce qu\'elle eft ordinairement d\'une plus
grande folidité, & d\'une plus belle cou-
leur que la premiere.
Lorfqu\'uné dénr mal arrangée, ne
peut être redreftee par aucun des moïens
que j\'ai propofez, & que d\'ailleurs elle
incommode, ou qu\'elle rend la bouche
difforme, il faut necefTairementToter,
pour emporter avec elle lesincommo-
ditez qu\'elle peut caufer.
Les dents cariées auxquelles on ne
peut remedier par les efîènces, le cau-
tere a£tuel & le plomb , doivent être
ètées de leurs alveoles., pour qaatr«
taifons confîderables.
La premiere , à caufe de la douleur
violente , qui bien fouvent ne ceflèroit
pas J fî l\'on n^ôtoit là dent.
La fécondé, pour empêcher que h\'
carie ne fe communique aux dents voi-\'
fines.
• La troifiéme, pour difftper les maiî-
vaifes odeurs qui s\'exhalent des matie-
res arrêtées dans la cavité cariée, ôC
«mporter le limon tartareux qui s\'en-
pètîcire aux dents du même coté par
\' inaélion de ces parties, fur lefquelies
ne peut manger, tandis quelles font
douloureufes.
La quatrième, parce que la carie des
ents caufe fouvent des maladies qui ne
peuvent pour lordmaire être gueries^
l i^oms qu\'on ne remonte jufqu\'à leur
ou^ce, qu\'il faut necelTairement con-
"oitfe, fî 1 on veut réuffir à\'détruire la-
caule de ces maladies.
On a vû depuis peu des infîamma-
tions^aufées à cette occafion, occuper
»on leulement les joues & la tète -, mais
retendre encorejufqu\'au TOzier&for-
«^e-uneefquinancie.
Lorfque la fluxion eft confiderable &
accompagnée d\'accidens fâcheuxil né
J J entreprendre fans F avis d\'un
mS"^^" \' ^ Chirurgien experî-
ente. Lorfque le mal n\'eft qu\'aux gen-
cives & à la joiie du même côté, fans
e re acompagné d\'aucun autre accident,
ineme d\'une douleur vive particu-
iâpart-^ d\'appliquer fur
partie gotifl^g quelques topiques doux
? S\'il iy un abcès , il
«i ^^^^ lancette, ou avec
«n ciechaufî^eir bien tranchant ; afin d\'ea
-ocr page 213-ifé le Ckirurgîen"
faire fortir le pus ; après quoi on- faî?
laver la bouche du ma ade avec le lait?
ou de l\'eau tiede.
Lorfque la douleur caufée par la ca-
KÎe de la dent devient trop violente ?
& que le malade ne peut manger de-
puis long-tems fur cette dent, il n\'y a
>oint d\'aiître parti à prendre , que cfe
-\'ôter, s\'il eft poffible d\'y porter l\'inf-
tr8imenr:4e malade fe trouve guéri peu
de tems après l\'opération par la fortie
de la dent & du pus , qui s\'étoit for-
mé par la proximité de quelque abcès.
Si le gonflement & la tenfion ne per-
mettent pas d\'approcher l\'inftrument de
la dent, il faut faire fatgner le malade
une ou deux fois , s\'il eft neceiîaire ,
Se appliquer fur k gencive des figues
gra^s, qu\'on aura fait bouillir aupara-
vant dans du lait doux. Le malade doi&
tenir ce lait un peu tiede dans fa bou-
che , qu\'il y fera rouler de tems en tems,
pour î\'humeéler & détendre la partie
malade : on fait enfuite un cataplafme
avec le lait, la mie de pain, le jaune
d\'œuf & le fafran. Si ce cataplafaie nc
fufït pas pour diminuer le gonflement
& la dureté, on fe fert d\'un autre ca-
taplafrae fait avec les herbes émoliarî-
3 que l\'on appliquera fur la joiie dti
înemecôté de la dent malade.
■^près l\'adminiftration de tous ces
temedes, on ne doit pas tirer la dent ^
J la doiileui: & le gonflement celTent ,
lorfque cette douleur trop violente ne
revient pas, que le malade peut man-
ger fur la dent, & que c\'eft une des in-
cifives, canines , ou petites molaires;
parce que celles-ci fervant à l\'ornement
•■le la bouche, &c. il faut toujours évi-
ter de l\'ôter, quand il eft poflîMe.
^oique le gonflement ait cefle, oa
qu\'il ne foit pas confiderable ; fi la dou-
i^ur fubfifte, on ne doit point hefîter à
Oter la dent , fuppofé qu\'il n\'y ait au-
cuns moïens d\'ailleurs pour ôter la dou-
"t & arrêter les progrès de la carie.
Il furvient quelquefois aux dents des
couleurs fi vives, & fi opiniâtres, que
nous nous trouvons dans l\'obligation
•loteriesdents -, quoiqu\'elles foient fans
& fans difformité.
Nous yoïons tous les jours des fem-
greffes & des nourrices tourmen-
tées de douleurs fort vives à caufe de
quelques dents cariées, & nous nefai^
ions point de difficulté de les leur tirer,
«onobftant la groffeife & conçr® l\'opi-
558 L E Chi R U R G I -E
nion du vulgaire cjui croit que cela
peut altérer & faire perdre le lait ôC
.\'Caufer d\'autres accidens fâcheux, il eft
vrai que Tiinagination des femmes grof-
■fes & des nourrices , ainfî mal préve-
nues, eft quelquefois Ci foible, & qu\'elles
.font fî ai fées à effrayer par l\'idée qu\'el-
les fe forment de la violence qu\'elles
ont à effuyer dans l\'opération qu\'il s\'a-
git de leur faire, que leur feule appre-
îienfîon peut produire les mauvais ef-
fets qu\'elles craignent d\'ailleurs fans
fondement ; & comme je ne trouve
point d\'autre caufe des accidens qui
peuvent arriver à des femmes dans uiî
tel état, que la frayeur qu\'elles fe font
à l\'occafion d\'une telle opération; je
croi que l\'habileté du Dentifte en cette
occafion confifte à calmer d\'abord au-
tant qu\'il peut i\'imaginarion eftàrou-
-chée de ces perfonnes, & à leur don-
ner de la réfolution par fes exhorta-
tions, en leur faifant envifager le peu
de durée de l\'opération, & les acci-
dens que peuvent leur caufer la dou-
leur , les veilles & les inquietudes qui
accompagneront leur mal pendant un
long-tems ; outre que l\'humanité les en-
gage à prendre ce parti^ afin que
DïENTISTE. \'ÎJ^
•«nfans n\'en foufFrent pas, les meres
g^uvant accoucher avanr leurs termes,
^es nourrices donner de mauvais lait
^ ieiirs nourriflbns. Quand on les a dé-
^«tmmées par des raifons fi touchan-
Je ne crois pas qu\'il v air aucun
ilque a leur tirer les dents cariées &
^ouloureufes -, mais fi l-on ne peut ve-
ÎJir a bout de leur tranquillifer l\'efprit,
I faut temporifer & tâcher d\'adoucir
j ^^o\'jleur jufqu\'à ce qu\'on ait gagné
e tems propre à operer, pour n\'avoir
P^s lieu d\'appréhender ces inconve-
niens.
Les incifives & les canines fc tirent
^^ec les pincettes droites les molai-
« avec le davier, le poufïoir, ou fon
"ochet. On ne doit fe fervir du da-
^ pour ^ ^^^ ^^^^^^^
l e lorioyelles branlent, ou tiennent
tent^K" \' ^^^^^ quand elles -paroiiîent
mi 5 il faut avoir recours
"imi \' comporter comme .
>ous lenfeignerons danslafiiite.
non jours avoir la précaution,
cher ^^
^ ^^^ inftrumens dont on fe
-^nn^Tr en fa bouche, fur-
lorfqu il s\'agit de lui Ôte.r quelque
-ocr page 217-ïï êo l e C =h i r u r g i e n
•denr,&avoir en même tems plufieurs au-
tres infîrumens tout prêts à fervir, pour
fupple\'er à ceux qui pourroient manquer
en operant.
Ptt rejferrement des dents de
ia manier e d\'ouvrir la bouche j
lorfqu€ far quelque accident
elle efl fermée a un tel foint,
quon efl obligé d\'en \'venir a
l\'oferation four faire\'^ f rendre
des alimens au malade , ou four
reconnoitre ce qui fe fajfe dans
uute l\'étendue de la bouche.
CE n\'efî: pas fans fondement que
M. Dionis dans fon Cours d ope-
rations de Chirurgie , au chapitre oû.
il traite des dents , (a ) a rangé à la
tete de toutes les operations que les
Pmdûës font fur les dents, celle d\'ou-
vrir la bouche ; lorfque les dents font
tellement reflerrées les unes contre les
autres, qu\'il n\'efï pas poifible deles ou-
Page
•vrir
-ocr page 218-. BENTÎSTË. Î^Î
^Jîi\' pour prendre de la nourriture, fans
. cette operation en ufage. La pre\'-
^minenceque cet Auteur accorde àcet-
operation, eft d\'autant mieux éta-
qu\'il ^^ ordinaire d\'avoir
^-cours aux Dentiftesen fembiable oc-
^^ ion i parce qu\'il y a plufieurs cirçon-
ances à y obferver , qui les regardent
^niquement, puifqu\'il s\'agit de la con-
eivation des dents, ou de n\'en détrui-
^ «^oins qu\'a eft polfxble.
C eit pourquoi, avant que de traiter
es operations que nous devons prati-
f aux parties de la bouche ; je ftiis
^jvis de nie conformer à l\'ordre qu\'à
Pom^ cet Auteur très-mé-
^\'^-^odiquejc très-expérimenté, (a)
x-e refferrement des dents dépend de
fontOnelquefois les dents
vuUr ^ P^"^ mouvemens con-
provenans du défordre qui fe paf-
Juré à
cLv,, ^^^\'"onllrateur d\'Anatomie &
Pendanf i\'^r R°ïal des Plantes
ordiï! \' Chirur-
gien de M-T^ Reine, premier Chirnr-
«^e France • p c ^ Dauphine & des Princes
ïez d\'Anato " \' plufieurs Trai-
iome A \' ^
-ocr page 219-îi E CHIRURG I E N
fe dans toute la machine du corps hU"
main, en confequence de quelque ma-
ladie intérieure ; ou à l\'occahon de
quelque blelTure confîderable, qui at-
taquant le genre nerveux, met encon-
fîifion les elprits animaux, caufant ain-
fi des convulfions très-violentes qui fer-
rent a un tel point les mufcles fermeurs
de la bouche,qu\'il n\'eft prefque pas poffi-
ble de l\'ouvrir, & de forcer leur réfiftan-
ce 5 parce que ces mufcles étant très-piif-
fans & très-forts, l\'on n\'en peut vain-
cre la contradion convuifive,fans em-
ploïer une force très-confiderable -, c\'eft
pourquoi l\'on eft obligé d\'avoir recours
en pareille occafion à l\'opération dont
il s\'agit, qui doit s\'executer avec métho-
de, & par le moïen des inftrumens
convenables.
Quelquefois ie? dents font relTerrées
par l\'oppofition d\'un homme infenfè ? ■
ou qui étant dans le délire, sopiniâtre
à ne pas ouvrir la bouche. Ces états font \'
fia\'itre la neceffité d\'emploïer la violeti-
ce. Le même effet eft encore produit
par le caprice d\'un enfant épouvantés
malin , ou revêche, & par les vapeurs
Kifteriques des femmes, qtii continuent"
|)end3jir plufieofs jours. Les cataiepti--
-ocr page 220-DENTîSrf. î^î
A ^^ lonï fujets an même inconvenient,
tontes ces occafions, on eft oblige\'
^\'^^J^^\'ecours à la même operation,
orfqu\'il s\'agit d\'ouvrir la bouché par
^^ce, on doit y procéder méthodique-
^^nt , &avec précaution ; il faut le plus ■
Pon peut préferver les dents de toute
J^einte fâcheufe, & prendre biengar-
fr ^^
_ ^-\'rer la mac-hoire inferieure j car
^^oiqu\'iî paroiflé impoffible de eau-
arr" ^^\'-\'idens , ce a eft cependant
fioi^\'^ ^""^^\'\'^fois en pareille occa-
^ Les inftrumens propres à faire cette-
Peration font un élevatoire (a) tel que
dont on fe fert dans l\'opération
V a ?\'\'"" \' "" fpeculum oris, f^)\'il
mes oris de plufieurs for-
faut differente, conftruélion. Il;
\' ^ore emploïer un bâillon (r^
Pemtio!^^^ ^^ bouche eaverte après l\'o-
lofr U\' ?•^\'ouverture des dents,
Igj ^ ^^^ ferrées les unes contre
"^^es ; il f^yj. inj-j-oduire entre les-
Cb) Figure x. de k Planche 5.
V I voiez la Figure i. de la Planche a,
V^ ; ^ oiez\'la Fgure de h Planche
O ij
-ocr page 221-î(?4 lechiuïïrgîeh
dents 5 un éîevatoire, ou quelqu\'autri
inftrument capable de produire ie mê-\'
iiie effet; on doit fe fervir pour intro-
duire cet inflrumentjde i\'intervale qui
fe trouvera le plus confiderable entre
la jonétion des extremitez des dents ^
ces intervales fe trouvent quelquefois
fuffifâmment grands dans l\'endroit des
încilîves & descanines, aux bouches de
Ceux dont les dents font mal arrangées ?
ou d\'une longueur inégale , fur - tout
lorfqu\'elles n\'ont pas été égalifées pas
les pincettes incifives, ni par la lime.
L\'élevatoire étant introduit, on l\'en-
gage le plus qu\'on peut en le tournant
en,differens fens, &pour lors en l\'éle-
vant 5 ou en le baiiîànt, on tâche de
faire effort pour éloigner par ce moïen
les dents inférieures, des fuperieures,
jufqu\'au point de pouvoir introduire
entre leurs extremitez, le bout anté-
rieur du fpeculum oris, qui fera pout
lors fermé.
Après fon introducfticn 5 l\'on écarte
l\'une de l\'autre les extrémitez de cet
inftrument engagées entre ies dents ; on
tourne la vis engagée le long de cette
machine, fuppofé que l\'on fe ferve du
ipeculum ordinaire conft^uit à vis ; fi a».
fcntraire, l\'on fe fert du fpeculum à
fiiT^ple jondtion qui fait la fonftion dit
double levier, on prelfe fortement l\'ex-
tfémité des branches en les approchant
ainfi l\'une de l\'autre. Leur extrémité
oppofée s\'écarte alors liiffifammént pouE
produire l\'effet que l\'on fouhaite.
Le fpeculum oris à fimple jonétiori
"Ont je viens de parler, a fes branches
ttes-longucs, par rapport à fes mâchoi-
res , qui doivent être extérieurement
^■^^verfées de petites rainures,ou filions.,
^nn qu\'elles puifTènt mieux s\'engager
^^ns l\'extrémité des dents.
. En faifant cette operation avec les
inftrumens qui fervent à ouvrir la bou-
; il faut obferver de les appuyer fur
^es dents fortes & bien affermies ; car
fi l on les appuyoit fur des dents ébran-
lées , foibles, chancelantcs, ou cariées,
pourroit les renverfer, ou les caffer;
ee qu\'il faut éviter à moins qu\'on n\'y
^oit abfolument obligé. Par la métho-
de que je viens de prefcrire , on ne
Parvient pas toujours à vaincre la ré-
hftance que fait la contraclion des mufl\'
elle eft quelquefois fi puifTante,
S\'a\'on fradureroit plutôt la mâchoire ,
S^\'on ne la furmontcroit. On peut voii
rsé l e C H I R- U R G I E N
par le calcul que Srenon a fait, & plu-
iîeurs autres après lui, qu\'elle eft la puif-
fance de ces mufcles j l\'obftacle qu ils-^
forment dans le cas en queftion devienf
encore plus difficile, ou tout-à-fait in-
furmontable , lorfque l\'égalité & l\'ar-
rangement des dents ne permettent pas
fintroduélion d\'aucun inftrument,
Pour lors il fiut malgré foi fe rc-
foadre à facrifier une dent pour fauver
la vie au malade. Aïant égard à l\'utili-
té des dents, celle qui me paroît de-
voir être otée préferablement, eft la
premiere, ou la deuxième des petites\'
molaires fuperieures , ou inférieures,
l\'ornement Se la maftication, fouffrent
moins de la perte de celles-là, que de
celle des autres.
Pour procéder à ôter cette dent, h
bouche étant fermée, & n\'étant pas
poffible de l\'ouvrir autrement;\'il faut
fc fervir du poufîbir qu\'on appuyé fur
cette dent afïêz près de la gencive^ frap-
pant fur le manche de cet inftrument,
avec la maffe de plomb (â) ou un poids-
équivalant. L\'on fait ainii fauter cette
dent , de dehors en dedans, & pour
lors on parvient au point d\'introduire
( ,-î ).. Voïez la Figure i,.de la Planche z^.
DENTISTE. t^f
«ans la bouche du maiade, des alimens
^^ffifans pour le fubftenrer, en lui fer-
\'^nt le nez en même tems , pour l\'obli-
à avaler l\'aliment liquide.
Cette operation ne fe fait qu\'à la-
derniere extrémité, & lorfque fans fon
Recours le malade périroit infaillible-
ment faute de nourriture. Cette ope-
ration eft fujette à un inconvenient
^^^es-fâcheux ; puifque la dent une fois
Otée de cette façon, refte dans la bou-
■phe, fans qu\'on puifte quafi efperer de
retirer, tant que la bouche fera
fermée-, cette dent y demeurera ambu-
iante, & dans le danger d\'être avalée de
gravers par le malade. Pour éviter cet
jttconvenient fâcheux, s\'il arrive que
dents fe furpafi\'enf, on tâche s\'il
Jft poifible , de fe fervir deFinftrument
plus convenable; par exemple , du
Pehcan, pour tirer en dehors une de
celles (jui excédent en dehors & éviter
par-là qu\'elle ne refte dans la bouche ,
comme il arrive lorfqu\'on eft obligé en
pareille occafion de l\'ôrer avecle pouf-\'
ibu-. ^
Il faut obferver , lorfqu\'on veut dans
«n tel cas tirer une dent en la pouflànt
s^« dedans,. qu\'elle. n\'excede pss en dfo
hors par fa longueur, la dent de ren^
, contre, ni que le pouflbir foit plus lar-
ge que la largeur du corps de la denc
qu\'on veut tirer 5 parce ce que Ci l\'on
n\'avoir pas égard à toutes ces circonP
tances, on s\'expoferoit à emporter oa
à ébranler plufieurs dents, au lieu d\'u-
ne feule qu\'il (liffit d\'ôter, pour fatis-
faire à l\'intention que l\'on a.
Avant que de fe réfoudre en pareille
Occafion à ôter une dent, il faut exa-
miner , y regardant de près ,même avec
un ftilet ,(a-) s\'il ne feroit pas poffible,
de découvrir entre les dents quelque
intervale capable de donner paffage à un
tuyau de la groffeur de la plume d"e l\'aile
d\'un petit oifeau. Ce ttiyau étant ajouté
â une cuillier àbec, ou à un biberon»
à un entonnoir, à un cornet, ou à quel-
qu\'autre inllrumeiit femblable,fiiffiroic
pour introduire du boiiillon dans h
bouche du malade, en telle quantité
que l\'on voudroit, & pour lors on de-
vroit s\'abftenir de lui" ouvrir la bouche
par force,& de lui ôter aircune dent. Par
cette précaution , on a l\'avantage d\'a^
voir confervé les dents au malade , fins
(a) Voïez la Figure i. de îa Planche
de ce Volume..
avoir
-ocr page 226-^Voîr déparé fa bouche & fans nuire
en aucune façon à ia maftication.
Les autres caufes qui nous obligent en
Attains cas,d\'emploïer la force pour ou-
^l^ir la bouche plus qu elle n\'eft ouver-
font les cicatrices qui réfukent des
des parotides, ou des brides cau-
lees par les ulcérés du flux de bouche :
^^oi qu\'il en foit, il faut toujours y pro-
céder à peu près de même que nous
leiifeignons , Ôc fe fervir des mêmes
inftrumens , en obfervant, après avoir
ouvert la bouche, d\'emploYer le bâillon
en coulifle & en forme de coin pour-
ra tenir ouverte, jufqu\'à ce que les ac-
aient ceffé j par-là on ne fera pas
*^Wigé de réïterer plufieurs fois la mê-
operation, & on en retirera tout le
mut que 1 on en doit attendre.
Lorfqu\'ii s\'agit de quelque cicatrice ,
, cxtenfion continuée par le moïen du"
^illon, ne contribuera pas peu à relâ-
cher 6c à étendre les fibres des mufcles
l^ermenrs de la bouche, contractez, ou
f^^^^tcis, & à redonner à la mâchoire
eneure un mouvement (uflifant pour
qu elle puiiPe ^çi, ^.^^^ut qu\'il eft ne-
■î^eliaire p^our faire fes fondions,
^e bâillon doit être de bois de buis^
L P -
îyo le Chirurgien
iou de cormier. On peut le percer de
même qu\'on perce certains bouchons
de bouteilles, l\'enfiler d\'un ruban, ou
d\'un cordon de fil. Ce cordon fert à
le retirer plus facilement de la bouche j
& d\'ailleurs on évite par fon moïen l\'in-
convenient qui pourroit arriver, s\'il fe
déplaçoit, ôc s\'il s\'engageoit dans l\'œfo-
phage, ou s\'il étoit avalé par le malade »
on prévient tous ces accidens fans gê-
ner le malade, fi l\'on attache ce même
cordon à fon bonnet,pour rendrele bail-
Ion plus propre à produire sûrement fon
effet, en l\'empêchant de gliffer de delfus
l\'extrémité des dents. On a foin de le
couvrir d\'un linge fin ôc propre toutes
Jes fois qu\'on s\'en fert. Ce font-là les
circonftances les plus effentielles à ob-
ferver en pareille occafion : circonftan-
c^s obmifes par les Auteurs qui ont pari»
ie de la maniere d\'ouvrir la bouche.
z
-ocr page 229- -ocr page 230-Explication de U Planche IIf.
contenant la Jîgure de trois In-
Jlrumens fir^t^am À OMvrir la
bouche.
La Figure /. reprefeiite un éîeva-
toire , fervant a ouvrir la bouche.
A- Le corps de cet inftrument.
^ B. B. Ses deuK extrémit-ez recour-
dans un fens oppofé.
Fa Ftgnre II. reprefente iirt fpecu-
"un oris en forme de dilatatoire.
C. L\'extrémité antérieure de fes
deux branches jointes enfemble de iii-
^nnées par leurs furfaces extérieures.
D. L\'extrémité poftérieure des
\'hanches.
La Figure III. reprefente un bail-
lon fait en forme de coin à coulilfe, fer-
Vant a tenir la bouche ouverte.
, E- Vtié d\'une de fes parties laté-
rales.
F- Sa coulifïe.
G. Le cordon qui l\'enfile j defti-
à l\'afiRijectir.
Pij
-ocr page 231-De U JlruEîure, de r étendue , de
U connexion & des ufages
des gencives.
AVant que de traiter des mala-
dies qui affligent les gencives ?
il eft neceifaire de donner une idée
de leur fttuâure : cette notion fer-
vira à mieux faire connoître les acci-
dens qui leur furviennent, à les préve-
nir , ou à les corriger, en fefervantdes
remedes convenables, & en pratiquant
à propos les operations que l\'art indir-
que.
La jdibftance qui compofe les gen-
cives eft ferme, & d\'une matiere allez
dure : elle eft beaucoup plus glandu^
leufe que fibreufe : elle eft contenue
& enveloppée entre la peau qui revêt
intérieurement la bouche, & le periofte :
cette inême fubftance eft penetrée & ar-
rofée par plufieurs vaiftèaux dé differens
genres, par des arteres, des veines, des
& dçs vaiffeaux lymphatiques >
Dentiste. ijf
prefque tous divifez & muitipliez en
âutant de vaifTeaux capiliaires, formez
par la continiration des vaiffeaux qui fe
^iftribuent aux parties les plus voifines
«es gencives.
Les gencives s\'érendent en chaqu<ï
mâchoire depuis la derniere dent du
Coté droit, jufqu\'à la derniere dent du\'
Coté gauche, tant en la mâchoire fiipe-
rieute, qu\'en la mâchoire inférieure, foit
en dedans, foit en dehors. Elles s\'é-
tendent encore en dehors, fur les co-
tez Se fur le devant, depuis le côlet de
chaque dent, jufqu\'à la peau qui revêt
intérieurement les joiies & les lèvres.
|-es gencives s\'étendent au-dedans de
niachoire inférieure, depuis le colet
«es dents, jufqu\'à la circonférence de
J bafe de la langue, & au-dedans de
-a mâchoire fuperieure, jufqu\'à la cir-
conference de la voûte du palais.
Les gencives s\'attachent Se font for-
^^ment adhérentes au colet de chaque
^•-nt ; du côté extérieur elles adherent
^Ja partie extérieure des dents; & du
^térieur à leur partie intérieure
quelquefois les gencives fe placent dans
intervales des dents , particuliere-
lorfqu\'uné dent vient à man-\'-
P iij
Î74 I-E CHIRURGIEIf
quer / pur lors les alveoles s\'afFaiïîànt
en partie & fe retrécilTant, les genci<-
ves effacent & occupent l\'efpace des
dents. C\'efl en s\'iinilîànt qu\'elles rem-
pliiTent cet efpace ; de façon que la
portion des gencives, qui cou vroit la
face intérieure du colet de la dent j
vient à la rencontre de celle qui cou-
vroit la face extérieure. S\'approchant
par-là mutuellement , en s attachant
en fe i\'éunilTant à l\'alvéolé\' , elles
s\'uniffent à la fin entr\'elles par la ren-
contre de leur prolongation , ou ac-
eroifièment. C\'eft de cette façon que
les gencives rempii/Tent en partie le vui-
de des alveoles, ôc qu\'elles couvrent la
place des racines des dents, lorfque
quelque dent vient à manquer.
Les gencives dans Ifs, enfans font
naturellement unies entr\'elles, & cou^
vrent enriérement les alveoles : elles
font divifées par la forde des dents j
c\'eft pourquoi lorfque les dents tom-
bent , les gencives fe trouvent difpoiees
à fe réduire à leur premier état, en oc-
cupant les mêmes efpaces qu\'elles oc-
cupoient avant que les dents par leur
fortie les enfilent divifées & éloignées
l\'une de l\'autre dans cet endroit.
On voit par cette defcription, que
ks gencives tapiflent non feulement le
^olet des dents ; mais encore partie des
jurfaces de l\'un & de l\'autre os maxil-
^^\'re J dans les endroits où les alveoles
iont placez dans ces deux os : on voit
aulTi ^ que l\'union de la fubftance des
gencives avec les dents & les furfaces
ys os majdliaires, fe fait par le môïen
QU periofte.
Le principal ufage des gencives, eft
de rendre les dents plus fermes & plus
ftables dans ies alveoles, qui contien-
nent leurs racines. Les gencives font
ies confervatrices des dents : elles con-
tribuent aufli à l\'ornement de la bou-
^e quand elles font bien configurées
^ découpées en forme de demi croiftànt.
Lorfqu\'elles fe manifeftent à l\'occafion
du ris, elles étalent un rouge vermeil,
qui releve l\'éclat de la blancheur des
*ients, & eft réciproquement relevé par
cette même blancheur cette oppofi-
eouleurs, avec l\'ordre & la ré-
gularitt^ des dents , & du rebord des
gencives, offre à la vue un objet des^
Les maladies des gencives : en
premier lieu celles que caufe U
fortie des dents ; é\' l\'opération
convenable pêur faciliter leur
fortie.
La connexion & le rapport qu\'il y
a entre les gencives & les dents,
m\'engagent à traiter en particulier des
maladies lesplus ordinaires aux genci-
ves. Ces maladies détruifent le plus
fouvent le tiffu des dents,& leur cau-
fent une infinité d\'accidens fâcheux.
Les maladies des gencives, font les
douleurs que les dents caufent eri for^
tant ; les excroiffances ordinaires j l\'é-
poulis , excroiffance très - fâcheufe ; le
paroulis, abcès très-incommode & très-
dangereux ; les ulcérés ; les fiflules & le
fcorbut, &c.
Les douleurs qui accompagnent la
fortie des dents, fur-tout celle des mo-
laires & des canines, font très-crueilss V
les accidens qu\'eiles caufent font très-
Dentiste. ^ I77
«dangereux-,il en coûte même la vie à plu-
fieurs enfans : ces accidens eaufent une
douleur très - aiguié, accompgnée de
fièvre, de fluxions fur les joiies, fur les
yeux & fur le vifage, de convulfîonsy
de toux, de catharres, de naufée,^
Vomilfement, de diarrées & d\'infomnie.
On voit que tous ces fimptômes ne
^ont que l\'effet du tiraillement, qui ar-
î^ivé aux fibres nerveufes du periofte&
des gencives ; ceft la fortie de la dent
qui caufe ce tiraillement ; de-là vient
qu\'if efl d\'une grande importance d\'em-
ploïer de bonne heure tous les moïens
que l\'art nous prefcrit, pour prévenir
des accidens fî fâcheux.
Pour prévenir & calmer la violence
de ces accidens, il faut tâcher de ren-
^e la gencive plus molle, plus fouple
^ plus flexible : lorfque la gencive eft
^clle , la dent qui poufle â moins de
peine à la percer : il faut de bonne heu-
ïe donner un hochet à l\'enfant -, ce ho-
chet par fa fraîcheur calme la doulenr,
J modéré l\'inflammation pour un peu
«e tems; & f^ dureté il facilite la
\'«ivnion\'de la gencive en la preffant ^
lorfque l\'enfant excité par la douleur,,
porte çe corps dur à fa bouche. Enfuits
îyî LE CrtlRURdlEÎÏ
il faut frotter la gencive de l\'enfanf
avec la racine de guimauve , trenfr
pée dans l\'eau de mauve, ou dans le
miel de Narbonne : on peut aulïî\' fe
fervir utilement de la moelle, ou delà
cervelle de Lièvre y de la graifTè d\'un
vieux coq, ou de fa crête fraîchement
coupée & teinte de fon fang; ces qua-
tre derniers remedes font très-recom-
mandei par plufieurs praticiens célébrés.-
l\'extrait qui fe fait des racines de chien-
dent eft préférable aux précedens re-
medes.
On peut faire auflî des décodions?
avec l\'orge mondé, les raifins de Da-
mas, les figues gralfes & la racine de
guimauve^ on peut ajouter à cette décoc-
tion un peu de lucre Candi, & y trem-
per enfuite un linge fin, dont on hu-
meélera fouvent la gencive : l\'huile de
Ben peut encore être regardée comme
tm très-bon remede.
^ Pour les convulfions des nerfs dti
vifage, caufées par la douleur des dents,
on {c fert auifi de moelle de veau, don-c
on fe frotte Iç vifage.
Quant à ce qui concerne les mala-
dies intérieures caufées par la fortie des
dents,.fur - tout fi l\'on reconnoit que
Dentistê. 17^\'
ia lymphe foit aigrie , il faut faire
prendre à Tenfant de la gelée de corne
^le Cerf, dilfoute dans le lait de la nour-
rice , ou dans du boiiillon.
Outre ce qui vient d etre dit, on ne
"Oit pas négliger les remedes généraux
ordonnez par un Médecin, tels que la
iaîgnée, les lavemens pour tenir le ven-
dre hbre ; afin de calmer la fièvre & les
convulfions. Si tous ces remedes ne
Soulagent pas l\'enfant, fi la gencive eft
gonflée & tendue; fi Ton voir,
ou fi l\'on fent au travers de la gencive,
ie corps de la dent , foit avec le doigt
on avec la fonde ; il n\'y a aucun danger
à ouvrir la gencive en cet endroit-, il
faut même faire cette operation promp-
JP^ient avec l\'extrémité d\'un déchauf-
Jprt bien tranchant : cette operation
soulageant le malade fur le champ ,
iojqu\'elle eft faite à propos, peut faire
^eUer tous les fimptômes de la mala-
die , ôc fauver la vie à l\'enfant. L\'ou-
verture que l\'on fait à la gencive dans
^ecte occafion , doit être\' proportion-
née au volume de la dent : on fait l\'in-
^non longicudinale pour les incifives
ies canines fuivant leur tranchant :
pour ies molaires on fait l\'incifion cm-^
cialcj & on obferve de couper exacft^"*
ment la gencive qui pofe fur les en-
foncemens & les eminences de lacou-
Ironne de la dent : on fait eette ind-
£ion cruciale, pour éviter qu\'il ne reft^
des brides dans les enfoncemens de
couronne de la dent dont on vient de
parler. Les brides qui refteroient feroienC
tiraillées, & pouffées a chaque inftant
par la fortie de la dent ; ce qui caufe-
roit plus de douleur qu\'auparavant. Il
efl: important d\'obferver ces circonl^
tances j ce que les Auteurs qui ont écrit
for ces maladies, n\'ont cependant paS\'
fait.
ÏÏexcYoiffance ordinaire attU
gencives , é" P operation cori\'^
\'venable pour traiter cette m^\'
ladie,
JE reconnois différentesefpecesd\'eX-
croiiîànces des gencives. La verita-
ble excroiffance eft celle qui flirvient
à la fuite de quelque excoriation, o^
Den t i s t e. îSî
deration des gencives, parlaprolon-
l^tion on Talongemenr que le fang ôc
^ lUc nourricier produifent, en s\'accu-
ulant à l\'orifice des vaifieaux fanguins,
J^i arrofent les gencives, dans l\'en-
Oit ou il font rompus, ou dilacerez.
les excroifl\'ances de cette efpece ,
y en a de fimpîement charnuës,par une
plus ou moins folide ou molafie :
y^en a d\'autres fpongieufes , poli-
Ftues, fchirreufes, chancreufes , ou
f anomateufes , même quelquefois
"loîleufesoupierreufes.
^^ y a d\'autres excroifiances im-
r premen\'t nommées, qui dépendent
caufi^\'\'^^ cju gonflement des gencives,
e par l\'infiltration de quelques hu-
eurs heterogenes , qui tiennent en
mion leur fubftance., tendent enmê-
P . ôc prolongent les vaiftèaux
g ƒ ^ ƒ W\'ofent, & donnent lieu à leurs
de "^^.^"tpafter leurs limites. On voit
mie\'^^rl\' d\'excroiifances, ou pour
civ des proîongemens desgen-
couvre fi étendus , qu\'ils re-
dents^"^ quelquefois la couronne des
"^^ladie eft une de celles quiaffli-
^^ plus fouvent les gencives ; nous
la nommerons excroilîànce, pour nous
accommoder au langage ordinaire j
quoiqu\'elle ne foit qu\'un gonflement.
Les gencives deviennent alors Ci molaf-
fes, lî fpongieufes, û tendres & fi dé-
licates, que pour peu qu\'on les touche»
ou que le malade vienne à pomper fa
falive, on en voit fortir du fang ^ les
dents s\'en reflèntent quelquefois de telle
façon, qu\'elles deviennent chancelantes»
& qu\'elles périfîènt à cette occaflon j
fi l\'on n\'y remedie promptement,
La caufe la plus ordinaire de cette
maladie , eft le tartre qui s\'accumule
autour des dents , & s\'iniînuë entr\'el-
les & la gencive ; d\'où rélùltent la com-
pjeflion des vaiflèaux. Se l\'oppo/îtion
au paflàge des liqueurs ; qui font que
ees liqueurs faifant effort , dilatent ces
vaifleaux., & qu\'elles s\'infiltrent telle-
ment , que l\'abondance du fàng & des
ferofitez tend par cet obftacle ces mê-
mes vaifleaux fanguins & lymphatiques,
dont les parois qui ont peu de réfiftan-
ce fe rompent d eux-mêmes, ou cedent
aux moindres eflortsit^c de-là vient enfin
^jue ies gencives fe gonflent, fe diften-
dent ,
"v^ent^
faignent fi facilement & fi fou-
, Les dents étant chancelantes, les gen-
\'^^ves étant gonflées & la partie étant
^uloureufe, on évite de manger de ce
^oté-la, par la douleur que la raaftica-
caufe, & qui augmente de jour en
, lorfqu\'on prend cette précaution ;
douleur celîèroit p ûtôt, fî la
^Aftication fe faifoit fur ces parties af-
-gees-, parce que les alimens compri-
les dents & les gencives tnme-
^es, les dégorgeroient, & parconfc^
plient diminueroientle gonflement, ôc
même tems la douleur.
J \'Si 1 on négligé ces excroifîànces, el-
es ne manquent pas de faire des pro-
^\'es plus ou moins grands, plus ou
Oins rapides > ou plus ou moins Ignts^
SUelacomprefïîon du corps étran-
eft plus ou iTioins confîderable,
que l\'humeur qu\'elle arrête eft plus
fe abondante, liquide ou épaif^
^\'^î benigne ou maligne, Pour lors il
^ ^^ve que ces humeurs, parle long
qu\'elles font dans la partie, foit
q cil es foient arrêtées dans leurs pro^
pes Vaiffeaux , ou infiltrées dans les
^ juices voifins , fermentant ôc s\'ai-
to-riflant, rompent, rongent & déchi-
la fubftance des gencives ; 4\'qÙ ijl
184 LE CHI RUR gî E N
réfulce , outre leur gonflement, des
excoriations ou des ulcérés plus oU
moins conliderables. Si la liqueur con-
tenue dans la fubftance glanduieufe des
gencives ne peut fe faire jour -, parce que
ies tuyaux excretoires qui contiennent
ces liqueurs font bouchez, & parce que
ces liqueurs ne peuvent en fe reTol-
vant, tranfpirer, ou rétrograder dans
la înaftè du fang, ou s\'évacuer par la
jfiippuration -, alors il arrive que les par-
ties les plus liquides s\'exhalent, & que
les plus maffives & les plus groffiereS
s\'épaiffiflent par leur féjour -, & par con-
fequent il en réfulte une tumeur dure
& quelquefois fchirreufe.
Il peut auffi arriver que l\'humeur qui
fe trouve ainfî infiltrée, étant fans ceiîè
frappée par les impulfîons réïterées des
arteres, & changeant de qualité, dégéné-
ré en une matiere capable de s\'aigrir
par la fermentation, de devenir cor-
rofive, de donner lieu au fchirre, ^
de fe convertir en carcinome ou en can-
cer : la même matiere peut quelquefois
carier dans la fuite les os voifins.
Pour prévenir ces fâcheux évene-
anens, il faut de bonne heure avoir re-
cours à tous les moïens convenables en
pareille
-ocr page 244-DENfîSTË.\' ■ iSy*
Pareille occafion ; il faut détacher avec
p\'andfoin le tartre, qui s\'infinuë en-
ia furface des dents & le bord des
gencives ; il faut fcarifier les gencives
Jec la lancette affermie & cachée dans
ne petite bandelette, qui ira jufqua
^^ pointe de ladite lancette , ) ou
^\'ec un déchauilbirbien tranchant (^^
couper avec les cifeaux l\'excedent
-«gencives. Si les gencives ne font
médiocrement gonflées, & qu\'il n v
point de tartre À ôter, il fuffira de
« degorger, en les fcarifianr par de
Htites incifions afl^ez multipliées & iuf-
profondes. Après avoir ob-
circonflances, il ne s\'agit que
- reiotidre l\'humeur, qui a pû encore
\' V "\'^^Ifrée dans les gencives : il faut
fieH \'■\'éfous cette humeur, forti-
dinS^^"^^^\' ileft afl^ezor^
j-ç \' y ait une caufe intérieu-
.\'j produife cette forte de maladie v
cett. être attendf à combattre
Vent ?" \' ^û\'on fomente fôu-
fàite av^^ g^^cives avec une décoaion\'
Tij-is fauge, les noix de
\'^W îa Figure 3. de la Planche y..
-ocr page 245-.184. le^chirurgien
Cyprès , les feuilles ou Jes glands cÎ0
chêne, dont on fait une décodion dans
le vin rouge. Lorfqull s\'agit d\'extirpeC
quelque portion des gencives plus oH
moins excedentes, on y procédé en
înaniere fuivante.
Si c\'çfl pour incifer ou retrancher le®
gencives fur le devant de la bouche >
on prend des cifeaux droits, (a) bien
tranchans & bien pointus. S\'il s\'agit de
pratiquer une femblable operation ^^
ies cotez de l\'une ou de l\'autre machoi-^
rejon prendra des cifeaux courbes,
d\'ailleurs conditionnez de même qf^
les cifeaux droits ; mais un peu ph\'^
courbes que ceux dont on fe fert orcîi"
jiairement en Chirurgie : enfuite l\'p^
perateur tenant les cifeaux de la main
droite , releve ou bailïè les lèvres
écarte les joiies avec les doigts de
main gauche -, afin de pouvoir agir H\'
Bremen t en operant & de mieux eX«^
cuter fon operation, fans bleflèr lesp^f""
\'des faines : pour lors il extirpe dan^-
toute fon étendue la partie excédent®
des gencives ; il comprime , enfui te ave^
( a ) Voïez la Figure a. de la Planche
- (.i) Voïez Ja : Figure i. de ia Planche
li
w.
J doigt indicateur de bas en haut les
\'Mâchoire inférieure: au
« quil doit comprimer celles de la
"^neure dehautenbas, & cela dans
ntention de les mieux dégorger : il
lert après pour les baffiner, des mè-
"es remedes ci-deffus indiquez. Par
ferf"^^^ on prévient les fâcheu-
On f r ^ avons rapportées.
^ n e lert encore en certains cas deS\'
leaux droits ou courbes arbitrairemenÉ^
tous les endroits de la bouche,
^on les circonftances particulières,
la ^ ces fages précautions,
on\'^iî «Jevenoit extraordinaire;
P eiie eu, f^i, de plus grands progrès,
^ qu elle eut été négligée jufqu au point
^^jre degenerée en fchirre, en chan-
lors l\'/^\'ï"\'^™^ \' en cancer-, pour
thoJ ^^"«oit avoir recours à la mé •
cesT indiquée à l\'occafionde
ftiivn\'S^i ^^ P^\'oeedant à ce traitement^
decin?^ Pl^s excellens Mé-^
^ \'^ Chirurgiens..
-ocr page 247-ïSS le Chirurgien
De Vcfoulis ou excrolj/ame char-\'\'
nu\'é ex cédant le niveau de U
furface des gencives : de
l\'opération convenable pour
traiter cette maladie.
I
Tpoulis eft une vraie excroifTance
particulière à ia gencive; les Grecs
l\'ont nommée ainlî, parce qu\'elle vient
hors des gencives. Elle ne s\'éleve point
le long des interftices des dents, comme
fait le prolongement ou le gonflement
des gencives, dont on a parlé dans le \'
chapitre précèdent. Cette excroiftàncc
procédé d\'une excoriation, d\'une ulce-
ration des gencives J ou d\'une plaïe.
De ces excroiffances il y en a dè deiBC
«fpeces. Dans l\'une de ces efpeces, les
chairs font molles, blanchâtres & com-
me polipeufes : elles font produites par
im fang chargé d\'une lymphe craÛcoC
vifqueufe : ces chairsfont indolentes
même infenfiblès. Dans l\'autre efpece,
files.font dures, rougeâtres & depe«\'
p
i
«antes d\'un fang abondant en bile ou
^n parties terreftres : elles font toujours
douloureufes,. tendantes à la nature du
\'cliirre ou du cancer.
Ces excroiflànces font toujours eau-
^^es par le vice des liqueurs, ou des
qui arrofent la (ubftance des gen*
cives : dans les excroilîànces qui font
^"ougeâtres, ce font les vaiffeaux fan-
piins qui font les plus engorgez : dans
ç^ blanchâtres, les veines lymphatiques
les plus embarralTées : les douleurs
yie l\'on reffent à l\'occafion de celles
^ cette féconde efpece, dépendent en
partie de la tenfîon des fibres, & en paiv^
de l\'acrimonie des matieres. Ces
^^croifFances blanchâtres, font caufées
ÏÏ^ ^^ lymphe. Les excroiffan^
s rougeâtres ou noirâtres, font eau-
ces par yi^e du fang ou de la bîle.,
^elquefois les unes & les autres en
mveterant, acquièrent une telle confi-
ance ou dureté, qu\'elles refîftent même
tranchant des inftrumens. Cela arrive
p us fouvent à celles qui font caufées
cell bilieux & terreftre, qu\'à ,
^ymph*^"^ font caufées par le vice de Jâ .
Ces excroiffances ont pour l\'ordinafe
-ocr page 249-r^« le Chirurgien
re leur attache en forme de col j
vaiffeaux qui s\'y diftribuent, fournif-
fent continuellement de nouvelles ma-
tières , qui augmentent infenfiblement
leur volume 5 û l\'on n\'a pas foin dele^
extirper de bonne heure, leur progrès
devient d\'une très - dangereufe conle-
quence -, ce qui n\'eft que trop vérifié par
l\'experience.
L\'on verra par la figure que je-don-\'^
ne de deux excroiflànces de cette
efpece, quel eft le volume qu\'elles ac-
quièrent quelquefois -, puifque la plus
confiderable a augmenté dans l\'efpacC
de cinq années, jufqu\'au point où ell®
eft reprefentée dans la planche.
Lorfque l\'on veut emporter des eX-
croijffances dures , calleufes, carcino-
mateufes ou pierreufes, le fujet fera fi-
tué dans un fauteiiil ou dans un lif\'
fon dos & fa tête appuïez fur des couf-
fins ou contre un dollîer. L\'operateur
doit être placé devant le fujet, s\'il eft
dans un fauteuil ; ou à la ruelle dw\'i^^
du lit, s\'il eft dans le lit : il tient l\'in^"
rrument dont il doit operer, avec
main droite ; tandis qu\'avec le pouce
3c l\'indicateur de la main gauche il
Vo\'iez. la Planche 4,
ifij ^
Jà
DENTISTE. 151
les le\'vres & les joiies , alTujetriflant
^ excroilîanee qu\'il veut exftirper, en
^ laifilfant avec des pincettes de Chirur^
S\'en ou avec une airigne. (a) Si les doigts
fuffifeut pas pour emporter cette ex-
^■■"oilîàncejon l\'emporte le plus près de la
8encive qu\'il eft poflible, avec les inftru- \'
ies plus convenables -, & on évite
^igneufement de découvrir l\'os de la
"^achoire , crainte d\'occafîonner la ca-
^"\'éi en l\'expoiant à l\'air, Ôc aux mau-
^\'ks impreffions du limon de labou-
j Si au contraire l\'os eft carié, on
^ découvre dans toute l\'étendue de h
\' ^ P^ur lors on procédé à fa gué-
fuivant l\'ufage ordinaire.
Pour s\'alfurer de l\'état de l\'os, il faut
^^ec une fonde à Dentifte, ) ou bieii-
^^ec un ftilet ordinaire, reconnoitre cc.
qui le pafli; dans plaïe qu\'on vient
^ faire en extirpant l\'excroiflànce.
Si l\'excroifTance eft fituée du côté
g^che, il faut fe placer du même cô-
ch\' i\'^^rument de là main gau-
tandis qu\'avec la main droite on
ioigne les lèvres- & la joue, & que,
che^^ Voïez les Figures 2. & 3. delaPlan--
Voïez la Figure:3, de laPUache,«..
BBS
le Chi rurg i e n
i\'on alTujecric I\'excroiflance. On ope^^
d\'ailleurs de même que l\'on a opéré aU
côté oppofé.
Si l\'on veut operer fans changer de
place, il ne faut que palfer le bras gaii"
che pardellus la tête de la perfonne fuf
laquelle on opere-, en obfervant d\'ail-
leurs dans la maniéré d\'operer les cir-
eonftances que nous venons d\'indi-
quer.
L\'opération faite , on fait laver
bouche avec du vin tiede , appliqn^i^\'-
fur la plaïe un plumaceau imbibé de vin
miellé, qu\'on fait foutenir avec le doigt
pendant quelque tems. Si les vailTeauX
coupez en operant fournilTent trop d^
fang, il faut tremper un, ou pluheurs
plumaceaux dans l\'eau allumineufe oU
dans quelqu\'autre liqueur afoingentS
ou ftiptique 5 &c. Il faut auffi les recou-
vrir de quelques compreffes graduées ?
pour remplir fuffifâmment l\'efpace qts^
fe trouve entre la gencive & la joiie s
ëc procurer un point d\'appui capable
de faire une compreffion fuffifante i afi^
de fe mieux rendre maître de l\'heBRor-
ragie : on peut encore en cas qu\'elle
foit opiniâtre, appliquer des comprei\'
fes-fur la joiie, foutenuës par un ba«\'
dâge
-ocr page 252-que : on a par ce moïen un point
appui ferme & folide, capable d\'ar-
ter l\'bemorragie quoiqu opiniâtre.
La^ cure de cette maladie après To-
peration, ne conlifte qu a fe rinfèr Cou-
^ent la bouche avec les remedes que
nous avons indiquez : on trempe dans
ees remedes des plumaceaux qu\'on ap-
Phque fur la plaïe : on les renouvelle
moins deux ou trois fois par jour ;
^ lîioins qu\'il ne fe forme de nouvelles
jxcroiffances, ce qui arrive quelque-
il fiut en ce cas-là confumer ces
Nouvelles chairs, tâchant de sen ren-
dre maître par les applications réïte-^
ees de la pierre infernale, que l\'on
porte dans a bouche du m^alade parie
de l\'étuy d\'argent nommé por- ,
e-pierte-infernale, { aj lequel doit être
^ us long que celui dont on fe fertor-
^iuairement,afin de pouvoir appliquer
^us commodément la pierre infcrna-
^^\'^^ins les endroits les plus enfoncez
- la bouche. Cet inftrument étant le
P Us commode, & celui qui afîùjettit le
che V ^^^ Figures z. & 3.de ia Plaiï^^^
^me l R
D
NT I ST E.
^ag,
^age
convenable, & qui comprime fuf-
, lainment I appareil que nous avon$
indi,
d:
tet\'er i\'bei-
J LE C H t R U R G I E N
mieux la pierre infernale, on ne doif
l\'appliquer dans ia bouche, qu\'étant
montée fur cet inftrument ; de crainte
que cette pierre n\'échappe des doigts»
.ou des pincettes, & qu\'elle ne fafîe ûU
défordre dans la bouche , & fùr-tou£
dans l\'eftomach,fi malheureufementle
malade venoit à l\'avaler. Cet accidenC
eft quelquefois arrivé, cette pierre étanç
échappée des doigts , ou des pincettes
on prévient ce trifte accident par la pre-
caution que l\'indique. Si l\'on étoit ap-
pellé pour fecourir un malade, à ^qni
«n tel accident feroit arrivé par l\'im^
prudence de quelque operateur, il fa«\'
droit faire avaler du lait, ou de l\'huila
en quantité au malade, & même luj,
faire prendre un vomitif, & derechef
lui faire boire du lait, ou de l\'huilé\'
On doit encore obferver par la mêm®
faifon,de bien effuyer l\'humidité dan?
l\'eKQtoir ou cette pierre doit s\'appii;
, ^qiier ; afin d\'empêcher autant qu\'il e
pofiible que lafalive n\'en diflblve quei"
ques particules, qui pourroient cauiei
du défordre dans ia bouche, dans l\'cs;:
iophage\', & même dans l\'eftomach , »
. l\'on venoiî à avaler une falive imprei-
|née de la diftoliiïion de cette pieff^»
a
îdentî\'ste. î5>|
<ï"ac l\'on évite toujours par -cette fe-
précaudon. On fait d\'ailleurs
ufieu-rs fois la bouche du inala-
■j tant pour oter le mauvais goût ,
\'^Ue pour diminuer la douleur que ;cette
f^erre caufe. Par ce moïen-on guérit ra-
icaleinent & eo peu de temscette ma-
adie J à moins que îos ne & trouve en
^leme tems carié, comme nous l\'avons
^t, ou qu\'H n\'y ait une complication
^auvaife d\'une caufeintérieure, dépen-
\'ie quelque mauvais levain fcor-
«onde
^infer p
de. ^
\'«tique , fcroplruleux, ou verolique
■b,
^ e, Dans -ce cas il faut recourir au fe-
de la Mc^ecine, & agiffant de
\'Concert avec elle, réïterer les mêmes
^perations & l\'ufage des mêmes reme-
^ en cas de récidive ; car il arrive
J ® ces fortes de maladies
^Jparoinènt , lorfque les malades font
d\'ailleurs de quelque maladie
a vi-cié la mafle du ûne univerfel«
ierncnt.
i^l ^^ p3S d\'avoir donné une
jj pour les cas ordinaires -, il faut
^ \'quer encore quelque circonftance
^cernant la maniéré d\'operer dans les
^ les plus extraordinaii-es, & lorfqu\'iî
d\'extirper. quelque excroiflance
R ij
le Chirurgien
furvenuë dans la bouche, qui a acquis
par fucceffion de tems un volume énor-
me , en dégénérant en une confiftance
ofteufe ou pierreufe , fortement adhé-
rante 3c ne faifant quafi qu\'Un même
corps avec la partie oftèufe avec laquel-
le elle s\'eft intimement unie. On ne
peut extirper une excroiiïànce de cette
nature avec le fcapel, le biftoury, ni les
eifeaux ; il faut emporter ces excroif-
fances avec les inftrumens qui fervent
à ôter les dents, en fe fervant du plus
convenable, par rapport au volume ^
à la fituation de l\'excroiftànce, ou bien
avec un cifeau femblable à celui d\'uo
Menuifier, en frapant deflus avec un
petit maillet , ou en en fciant avec une
fcie dont la lame fera emmanchée com-
me un coiiteau. Il faut proportionner
ie volume & la grandeur de ces inftriï"
mens à la dilpofition des parties ft\'f
îefquelles on doit operer. Par ce moïe^
on peut ôter des excroifi\'ances ou pC\'
trifications femblables à celles que M-
Carmeline a ôtées à M. Houfïû, & ®
celle que M. Bafluel m\'a communiquée »
comme je le rapporte plus au long dans
mes obfervadons. Il faut obferver d\'ail- -
leurs pour le |)anfenient d\'une telle mS"
jl
-ocr page 256- -ocr page 257- -ocr page 258-Dentiste. 197
Wie après l\'extirpation faite, les cir-
conftances requifes, qu\'il eft aifé de re-^
cueillir en differens endroits de ce traité.
Explication de la Planche IV^
contenant la figure de differens
corps pierreux.
Y A Figure L reprefente une grande
excroiffance, ou époulis pétrifié, vii
par la furface qui étoit attachée aux
parties de la bouche.
A. L\'endroit ovi il s\'attachoit
^üx parties de la bouche.
B. B. B. Plufieurs éminenceS rabo-
^eufes.
La Figure IL reprefente le même
^\'^rps pierreux, vû par fa furface la plus
convexe.
C. Un enfoncetnent très-pro-
fond , dont la furface eft irréguliere &
illégale, relfemblant alfez à une grotte
naturelle.
D. D. Eminences raboteufes & ir-
"régulières de ce corps.
La Figure IIL reprefente une trot-
*éme furface de ce même corp piei-
R iiiî
-ocr page 259-î ^ S L E C H ï R o R G I E- M
reex, vu par le coté où le cautère aC\'
îuel a porté & fait un trou profond ?
en caîcinant une partie delà fubftance
picrreufe. ,
£. ï.e trou formé par le caU\'
lere a:<îïue|.
F. F. Eminences raboteufcs SC
Hrégulreres de ce même corps pierreux.^
La Figure IV. reprefënte une petite
excroilîànee , ou époulis pétrifié , vil
de façon qu\'on voit fa tête & fon at-
tache.
G» Le corps de cette excroif*
Ênce..
H. Son attache.
La Figttre F. reprefente la mêm^
cxcroiflàncej vûë par fon fommer
4ans. fà circonférence la plus étendu^
I
I \'
■S.
E paioulis ainfi nommé des Grecs ^
- tire fan édmoiogie de deux ter-
\'nes Grecs , qui fignifient , proche &
gencive, quoiqu\'il vienne aux genci-
yes mêmes, entr elles & le dedans des
plies. Il commence à paroître par une
^iflammation, prefque toujours occa-
\' sonnée par la carie de quelque dent ^
quelque chicot, ou racine qu\'on a
\'^fgligée doter, ou par l\'alvéolé carié.
E\'humeur acre & corroiîve qui ronge
^\'os en le cariant, fermentant & agif-
fant avec violence, non feulement fuc
^\'os qu\'elle détruit, mais encore fur fes^
enveloppes mem.braneufes & nerveu-
ses , caufe des divulfions qui font fen-
^ des douleurs très-fenfibles : les
R iii}
DENTÏSTE.
__________-
chapitre xvin.
fâfoulis , ou- abcès qui fe
forme aux gencives par fluxion
& infiamniatton , quelquefois
far congeftion , épanehement,
& infiltration ; la maniéré d\'o-*
pererpour traiter cette maladie^
L
200 Î.E CHïltcrRGl Eïf
prits animaux ainfi irritez, refluant ir-
régulièrement , donnent occafion aux
liqueurs qui circülenc dans les vaiiTeaux
voifins, de s\'arrêter en quelque ma-
niere dans leurs tuyaux ; parce que ies
filets nerveux devenant plus tendus qu\'à
l\'ordinaire , ies vaifTeaux fanguins 8c
lymphatiques qui fe rencontrent par leur
diftribution, comme croifêz & entre-
Mez avec eux, font comprimez par les
nerfs ainfi tendus. Cela fuffit pour ar-
rêter, ou intercepter en quelque façon
le cours des humeurs : de-là vient quil
fe forme des obftruftions, qui gonflent
tellement les vaiffeaux , qu\'ils fe rom-
pent à la fin. Il en réfulte une tumeur
avec épanchement, plus ou moins con-
fiderable , plus ou moins étendue, &
plus ou moins profonde, felon que les
îiumeurs font plus ou moins difpofées
à s\'aigrir, à fermenter, ou à fe dépo-
fer, par rapport à la cacochimie du fu-
jet , ou à la plenitude de fes vaiffeaux.
Il peut encore arriver que l\'huirseur
même qui fort.de la carie , venant à
s\'infinuer dans les interftices des fibrès ■
de ia gencive, & les écartant les unes
des autres, peut caufer rinflamniation?
le gonflement, &c.,.
-ocr page 262-H peut y avoir encore d\'autres cau-
ses du paroolis 5 comme quelque vice
particulier delàmaffe du fang^ ou biea
quelque caufe extérieure, dépendante
^es injures du tems , des chûtes , ou
quelques coups reçus. Quoiqu\'il en
^oit, cette tumeur eft prefque toujours
ia même, à quelque circonftances près î
qui ne change pas de beaucoup la
Manière de la traiter.
Le paroulis occafionné par l\'une ou
i^autre de ces caufes, doit être regardé
«ans fon commencement, comme une
inflammation fimple -, dans fon progrès,
^omme une tumeur difpofée à s\'abceder,
^aiis fon état, comme un abcès con-
firmé, capable" S\'avoir des fuites très-
fâcheufes-, puifquil peut très-fouvent
^ccafionner la carie des os des mâchoi-
res -, car les gencives étant peuépaiffès,
ia matiere à bien-tôt pénétré & détruit
i enveloppe, ou le periofte de ces os,
^ fucceftivement leur propre fubftance,
Lorfqu\'on eft appellé à l\'occafion de
«^es fortts d\'abcez , il faut reconnoitre
ieur fituation : ils font fituez tantôt plus
\'^as , tantôt plus haut, tantôt plus en
avant, tantôt plus en arriéré : quelque-
fois l\'inflammation ou le gonflement;.
%ÛL LE CHlRtJRGlEH^
que leparoulis occafionne, s erend dsns
^toute la joiie depuis- l\'oreille, les yeux j
(j\'I «ez, julqu\'aux lèvres, même jufqu\'aii
rnmton. 11 faut encore tacher de recon-\'
I nojtre âu vrai, quelles font les caufe«^
i! qui produifent cesabcÊz: il faut exami-
lier fur-tout les dents, & s affurer de
leur état. S\'il y en a de cariees, & qu\'il
foit pofhble de ies ôter, il ne faut pa®
différer de le faire j à \'moins que la
tenfîon & la douleur des parties ne s\'y
oppofent. L\'extraction des dents, ou de»
chicots, lorfqu\'elle eft pratiquable,
fouvent fufhTante pour faire difjîarojtre
le dépôr. Elle efï au contraire capable
de l\'augmenter , fi l\'og s\'opiniâtre à
faire mal-à-propos, avec trop de n^^
lence.
Si ies dents font cariées, & qu\'il
faille différer de les ôter, on arecourf
en attendant, à la faignée fuffîfamment
ï?éïterée,aux lavemens temperans, émoi-
lians Se laxatifs 5 obfervant la diette ^
le regime de vie convenable : on exa-
mine fouvent la maladie, pour juger de
fon progrès : on a foin de baffiner fou-
vent les gencives avec du lait, dans le-
quel on a fait boiiillir des figues graA
ês., desfeiiilles de mauve & de guimau-
Mi
i M
Dentiste..
un peu de pariétaire ; on applique
^ur l\'endroit de la gencive gonflée &
Rendue J une on deux figues des plus
SrafTes , bien cuites dans du lait, tan-
qu\'extérieurement on fait des onc-
ïionsfiir toute l\'étendue de la joiie, avec
linimenr compofif feuleraenrde par-
^^es égales d\'onguent d\'Altea & d\'huile
ppliquant pardelTusun pa-
_ ypericum-^a
pier brouillard & une com.prefle fim-
ple, foutenant le tout fans compreflion\'
pat le moïen d\'un bandage contentif.
Ce font-là les moïens capablesd\'appai-
la douleur, de détourner la fluxion ,,
cle réfoudre les matieres difpofées. à la.
réfolutîon , de cuire & de digerer cel-
les qui tendentà lafuppuration, en re-
lâchant & en ratîîoliflant les fibres de k
partie malade.
Si malgré tous ces moïèns la mala-
^^\'e fait un grand pr-ogrès ; fi la tumeus
s élevé en quelque endroit plus qu\'ail-
leurs , pour peu que l\'on y fente de la
fitiéluation, il ne faut point héfiter è
donner promptement iffu\'é à la. matie-
l^e qu\'elle contient -, quand bien même
violence de la douleur feroit dimi-
nuée ou tout-à-fait calmée. Lorfque Ik
^îieuE eft prête i abceder,. il faut 1®
d\'h
mm
204 LE CHlRURGrEW
percer fans attendre que la madere perce
d elle-mêmej parce qu\'on donneroit lé
tems a la matiere de pénétrer jufqu\'à l\'os,
ou de s\'étendre jufqu\'aiix parties exté-
rieures du vifage; ce qui cauferoit ainl» -
une maladie, dont les fuites feroient lon-
gues & fâcheufes , peut-être même ac-
compagnées de quelque difformité très"
difgracieufe ; ce qui n\'arrive que trop
fouvent, lorfqu\'on efl obligé , pour
avoir trop long-tems différé l\'opération?
de percer la tumeur en quelque endroit
de la joiie , ou du menton, ou que la
matiere fe faifant jour par elle-même »
foit en dehors, foit en dedans, occa-
fionné des fiftules accompagnées de
carie.
lorfqu\'on fera convaincu par la Ûa-
^tuation de l\'exiftence d\'une matiere
dépoféepar épanchement, on fera l\'ou-
verture de l\'abcès fans attendre davan-
tage ; afin de procurer promptemenf
l\'évacuation du pus, & deprévenir les
accidens qui pourroient furvenir, fi l\'on
ne faifoit pas cette operation de bon-
ne heure , en obfervant de fake l\'ou-
vertnre afîèz étendue, & dans la par-
tie la plus inclinée.
Cette operation fe peut faire avec
déchauflbir bien trancliant, ou avec ^
^^ne lancette dont on affermit la chafle
l^ec la lame , au moïen d\'une bande-
ette. Cette bandelette fert auffi à ca-
, "er la iame pour moins effrayer le ma-
Il pjg laifler à découvert de
a lame de cet inftrument, vers fa poin-
» que ce qu\'il en faut pour faire l\'in-
eiiion. L\'operateur tient cette lancette
fa tnain droite. Le malade étant
\'tué de façon convenable, l\'operateur
placé devant ou au côté droit du
^""^alade pour operer avec la main droi-
te 1 foit fuf le devant, mi fur le côté
•^oit de l\'une ou de l\'autre mâchoire ,
fanais qu\'avec la main gauche, il écar-
l^fa des dents les lèvres & la jolie avec
indicateur & le pouce. L\'ouverture
\'^tant faite, il prefte les envii\'ons de l\'ab-
5 pour exprimer & faire fortir le pus
peut être niché dans quelque fînus
^oifin. On fait enhiite rinfer la bouche
^ec une décoction de fauge, faite dans
^ ^in miellé, que l\'on peut encore in-
*^tOcmire dans toute la cavité de la plaïe
^^ec une moïenne feringue à abcez
«ont le tuyau fera fuflfifamment long &
eourbé s\'il eft neceflaire -, afin de pou^
i^) Voîçzia figure i. de la Planche i.
le Chirurgie m
-voir porter l\'injeaion jufqu au fond d^
la bouche fans incommoder. On rerin-
gue de cette façon la liqueur pour mieu«
<iéterger la cavité, en obfervant de fe^
xinguer doucement & fans violence »
pour ne pas augmenter la diviiîon des
parties. On continué de même de rin-
■fer les gencives, de baïfmer la plaiei»
ou de la feringuer jufqu a ia guérifo»
parfaite, & on applique à chaque pan-
■iement un pluraaceau trempé dans k
même liqueur, à fendroit de la plaïe*
Quand il faut operer au côté gaU\'
che, Toperateur fans changer de placef
paifant fon bras gauAe parde/fus la tê-
te du malade, écarte la joiie avec cette
main; tandis qu\'il opere de l\'autre. IÎ
peut encore paifant. du coté droit au cô-
té gauche, operer de la main gauche ^
en écartant les parties avec la main droi-
te , agiiJànt d\'ailleurs de même qu\'il
vient d\'être indiqué.
Si les dents cariées ne font point
ôtées, on les ôte le plutôt qu\'il efl: pof\'-
iîble. Si les alveoles ne font point alte-
cez, non plus que le periofte, & que
la maîfe du ûing ne foit point viciée?
ia guérifon fuit de bien près cette f e-
i\'ke operation, \' ,
^orfque ces abcez font fituez aux
Seocives de ia mâchoire fuperieure, leur
périfon eft phis prompte que lorfqu\'ils
fituez aux gencives de la mâchoire
rerieure-, parce que l\'humeur fuivant la
petite, s\'évacue plus facilement par l\'ou-
. u^\'e de l\'abcès vers laquelle el e eftren-
"["aînée par fon propre poids : ce qui n\'ar-
pas de même à la mâchoire inferieu-
^^ \' parce que la matiere retenue dans le
ac de l\'abcès par fa pefanteur & par fa
^"^"adon, -ronge par fon féjour & par
^ acrimonie les parties qu\'elle tou-
3 Se caufe ainfi quelquefois des fi-
ll f ^A ^^ pourquoi
faut être attentif à ouvrir au plûtôt
-^es foj-fgj d\'abcez,particulièrement ceux
\'\'îui furviennent aux gencives de la ma-
^joire inférieure. Il faut preffer plus
tii^I^\'^^ en ceux-ci les gencives de bas
, ^aut, pour procurer une évacuation
fexaéte de la matiere qui eft conte-
dans leur cavité. On fe fert d\'ail-
^^^ts pouj. çj^ procurer plus prompte-
Jent la réiinion , de compreifes qu\'on
\'Pphque extérieurement fur le vifage
^^\'is l\'endroit du finus, en comprimant
_®ujours de bas en haut : il fau\'t foute-
embraffçr ces çomprefîc.s avee ua
loS I-E CHIRURGïEîf
bandage comprefllfi c\'eft le moïen
plus aftîird pour procurer une proinp^^
guerifon, & pour éviter les défordr^^
que la matiere pourroit faire par
trop long féjour, nonobftant l\'ouve^
ture de l\'abcès, fi l\'on n\' ufoit de cette
précaution.
Comme nous devons convenir
îa caufe la plus ordinaire -de ces forte^
d\'abcez 5 eft la carie des dents ; & qu\'o^
ae peut aftèz prendre de précaution\'
pour prévenir le paroulis, dont les fin-
tes font quelquefois fi fâcheufes, noUS
ne fçaurions trop recommander de n^
■pas négliger pour le prévenir , de
feire ôter de bonne heure les dents ca-
riées , ou les chicots, fur-tout en la mâ-
choire inférieure -, puifque c\'eft en cd-
le-là qu\'il arrive plus fréquemment-
L\'os de cette mâchoire étant un desplu^
folides du fquelet humain, on eft fôiî-^
vent obligé pour guérir les caries
l\'attaquent, non feulement d\'avoir r^\'
cours aux applications réïterées du cau-
tere aduel-, (a) mais même de détrui-
re en partie les mufcles qui fervent ^
fermer & ouvrir la mâchoire inférieu-
re tantôt en les detruifant par des in- ■
(a) yoïez la Figure 4. de la Planche S.
cifipns
-ocr page 270-DENT I S T E. 109
faites avec le biftoury, (a) tantôt
r .^PP^uant le caùtere potentiel, pour
• qu II ^ ^^ fêcheufe neceffité à la-
^^ trouve réduit dans un tel
t^^ J découvrir l\'os dans toute l\'é-
jnduë du progrès de la carie, laquelle
tiyf"^,quelquefois fi loin, qu\'il eft ar-
e qu\'on a été obligé-d\'emporter des
Xilf "es-confiderables de l\'os ma-
aire inférieur. Nous en avons un
ernpîe récent en la perfonne de M.
^ollande Concierge du Château de
^^eudon,qui avoit des dents molaires du
ca ^e la mâchoire inférieure ,
^ "lees -, leuj. ç^j-jg f-g communiqua aux
eoies- cies alveoles elle s\'étendit au
tab \' dépôts très-confide.-
es fe formèrent, & le, mirent en
Le R ■ un-très-pitoyable état.
étant venu pour quelque tems
la p Château de Meudon, M. de
fiit prié de vifiter ce
îij, • \' ^^ trouva dans une telle fi-
\' qu fût obligé pour le fecou-
> d avoir recours à^de grandes ope-
Voïei la Figure i . de la Planche f.
Viv^atL^\'®®\'"\' Chirurgien du Roi en fut-
21 O L E C H I R WR GI E H<
radons, & à des applications- véïtei\'é^^
dn cautere potentiel.,
M. Lambert ( a-) a fait■ au fils de M*;
de Barcos, Y ^ / il y a environ deii^
ans, une femblable em-e : il eut à p^^
grès recours, aux mêmes voïes : il
même obligé: d\'emporter Los maxillai"\'
ise depuis la fympKife du menton s j\';\'^\'\'
qu\'a rangle inférieur de la machoir^
inférieure : ce malade a été guéri radi\'
ealèment , & la cicatrice n\'eft que f^^\'^
peu apparente,,
Ces deux obfervations font de notO\'\'
lîeté publique : elles ont fait beaucoup,
de bruit à a cour, ôc elles m\'ont
communiquées par M. Anel,.( } qui
vû run.&\'Dautre malade.
J\'ai vu plufieurs de ces tumeurs très-
confiderables qui n\'avoient d\'autre®
caufes que la carie des dents ; je wi"
g0ote pourtant pas-qu\'il y a des
meurs , qui font, fuivies de carie p^^\'
{ Chirurgien du Roi en furvivance-
() Ïïitendans de.M. le Maréchal de Vil-^
( c ) Ci-devant Chirurgien - Major^^n
- îés armées de France & d\'Allemagne , D« .
aeiœ sa Chirurgie.,,& Chirurgkn dç
M^iame J.oial\'Çt^Ç-SaYoy &
DEÎ^ÎTISTE. 211
■^\'autres caufes. Mais il eft très-iropor-
tant d etre attentif à examiner de près^
\'toutes les circonftances qui accompa-
§nent une telle maladie.
Rien n\'efVplus fréquent que devoir
^es fortes ^le tumeurs plus ou moins
confiderables & donc les fuites font
plus ou moins fâclieufes fuivant les dif-
férentes caufes qui les produifent, ou
les foins que l\'on prend pour les pré-
"^enir, les dilfiper & les guérir radica-
lement lorfqu\'elles font formées ; j\'en
^ traité avec fuccès un o:ès-grand nom--
ore.
Lorfqu\'on vêtit faire des incifions^
aux gencives, à l\'occafion de ces fortes*
"^^e tumeurs, ou les entretenir ouvertes-,
doit faire des dilatations fuffifantes:
^Vcc les inftrumens tranehans, entre-
Jf^ir la dilatation de l\'ouverture que-
^ cin a faite, & qui ne fe bouche ordi-
nairement que trop tôt. Pour ne pas^
effrayer le malade , en introduifant de
^ouveauun inftrument tranchant dans-
la bouche; on aura recours à l\'ufage
\'^es bourdonnets & des tampons faits
charpi,:ou de coton, ou bien à des-
centes proprement faites, recouvertes?
«e cire, de <jueique cerat, ou emplâtr«
S ij? .
-ocr page 273-ZTZ LE C H r R u K G 1 E W
convenable, qui ne foit point dégoiî-\'
tant par fa faveur, ni par fon odeur--
On peut encore fe fervir,.même avee
plus de fuccès, des tentes faites de ra-
cines de guimauve. Il faur préférer fur-
tout en femblable occafioii, l\'ulàge de
l\'éponge préparée , comme la; plus con«\'
^enable à remplir l\'intention que Ton
av On obfervera néanmoins la fage pré-
caution de diminuer les tentes à mefu"
£e que la profondeur de la plaïe dimi-
nuera; fans quoi l\'ufage des tentes trop
îong-tems continué > deviendroit très-
dangereux , ce que je fçai par expérien\'-
ee, & qui n\'arrive que trop fouvent.
Ce n\'eft pas fans fondement que K\'fc
l\'ellofte (4) dans fon traité intitulé 1«\'
Chirurgien d\'Hôpital, a fi fôrt, com-
iattu l\'ufage inconfideré des tentes.5
après le célébré Magathii^ ; ( ^ ) les ex^-
^erienccs de M. Bellofte l\'aiant con-
duit à fe rencontrer du même fenti--
ïïient, fans fçavoir, comme il nous l\'af-
ffire lui-même, que Magatbus en eut
^arlé avant lui., Magatbus n\'avoir éts-
(a) FremierChirurgien.de MadameRoïale\'
de Savoyc», \' _ _,
Medecih ItaHen ,, ï\'cquet virok e®\'
fpauda: i!:.é£ttîaâoia- il y. ft. Ei«s- d\'un .Eecls»-
mr\\\'
Dentiste. - iff
^ivi de perfonne en cette méthode 5 cer
tuteur étoit inconnu aux Chirurgiens^
François -, il avoit écrit dans une lan-
différente de la-nôrre i il y avoit plus
\' ^^un fiecîe que cet Autenr étoit mort, ,
f-otlque M. Belloffe fit fa découverte s.
livre de Magathus étoit déjà devenu fi
^■^re, qu a peine ceux qui onrfair les plus^
E^andes recherches, ont pû parvenir à\'
trouver deux\'exemp aires^; encore
^\'ont-ils pû faire cette acquifîtion que-
long-tems après l\'impreffiondu livre de
Bellofte. Ce livre contient les ob-
^rvarions. & les nouvelles découvertes-
^Ue le célébré M. Bellofte a faites de lui^
^eme, à l\'occafion des mauvais effets des
^entes&du tamponnage des plaies-, Se
^Uoiqu\'Ambroife Paré eut déjà parlé de
•^et abus, c\'eft pourtant à M. Bellofte que
J^ous en fommes.redevables-,& c\'eft à fon
^vre que tous les Chirurgiens, qui agit
^ent avec réflexion & qui tendent^à:
Perfedionner leur art, doivent le goûf
. ^^\'ils ont pris de s\'abftenir de i\'ufage
tentes, hors les cas où il eft impoiv
fible de s\'en paffer.
Quand les tumeurs dés gencives font-
peu eonfiderables, on doit dilater
^ffifamment l\'ouverture, oocarioiiuée?
par l\'extraétion des denrs ou des raci-
nes avec le biftoury, le déchau/îbir, o^
ies cifeaux. On elï obligé quelquefois\'
auffi d\'enMever, de ruginer &d\'empor"
ter quelque portion, non feulement àe
la gencive, mais même de 1 alveole ca-
rié, ou non carié -, pour procurer un^
ouverture fuffifante qui férve à l\'écou-\'
lément des maderes & à l\'introduélioU\'
des médicamens.
Lorfque la tumeur eft médiocre,
qu\'elle ne fait que de paroître, l\'extrac-
tion de la dent fuffit pour fa guérifon.
M. Winflovsr m\'a envoie plufieurs
fois des perfonnes attaquées de ces for-\'
res de tumeurs ; & en dernier lieu IV^»
Dufaur amena cHez moi il y a en-
viron: un an, M. le CHevalier de Sel-
ve, demeurant à Etampes, lequel étoit\'
attaqué d\'un abcès de cette nature ?
eaufépar la carie de la petite dentincifi\'
v-e du coté gauche de la mâchoire fupe-;
rieure : les uns & les autres ont été ra-
dicalement guéris, après leur avoir oté-
les dents cariées qui caufoient ces abcez?\'
fans que j\'aie été obligé d\'avoir recourt-
à aucun, remede ni àaucune autre opS\'\'
i:ation„.
Chinirgièn Juré à PariSj.
-ocr page 276-DEîTTrsrËv 2;rf
Si les os des mâchoires Te carient a;
^\'OGcafionde la carie des dents-^ il faudra .
Waiter cette carie avec differens égards j,
tiivant la malignit6des différentes cau-
es qui l\'auroient produite j felon que
^ carie fera plus ou moins étendue s.
P^tis ou moins profonde , plus ou?
^oin.s cachée , ou plus ou moins- dé-
couverte. Si ces caries fönt confidera-
bles 8c accompagnées de circonflances
^eheufes, il faut fe munir d\'un bons
eonfeil. Cette refîource efl aifée à trou-
ver dans cette Ville, fî bien pourvue
d excellens Médecins & Chirurgiens : •
agifîànt de concert avec eux, la
<^arie fera traitée & guérie, fi elle n\'eft:
pas■ alsfolumeur incurable, par l\'ufage
remedes expérimentez tant de fois»
?^ec fiiccès en des occafions fembla-
oies, communiquez au public par:
vifferens Auteurs, tant anciens que mo-
dernes-, c\'eft pourquoi je me difpenfe.
^ en faire ici l\'énumeration. J\'en indi—
^tierai pourtant quelques-uns, pour lesv
taries moins- confiderables Si fuperfi-
■^lelles, qui peuvent convenir d\'ailleurs.
® toutes fortes de caries.
i\'effence de gerofle & de canelle^..
^oiir 00 trempe des plumaceaux qu\'oir
i E C H I R URG ï E îî
applique fur los carié, eft fouvenr
remede fuffifant pour procurer l\'exfo"
liation. L efprit-de-vin dans lequel on
fait infufer Tiris de Florence & un
d\'euphorbeproduit encore le mêm\'^
effet. L\'application de la pierre infef
nale, eft très-recommandable pour
caries fuperfîcielies ; elle borne le pro\'
grès de la carie, en penetrant l\'os ca-
rié, jufqu\'à la partie faine; elle procu-
re l\'exfoliation,: & elle agit à peu près
de même que le cautere aétuel ; néafi\'-
moins avec cette difference , que f^
penetration ne va pas û avant, & qu\'el-
le n\'abforbe pas fi bien la fanie. 0«
peut encore fe fervir pour les mêines
caries, de l\'efprit-de-vin camphré, du
baume de fiora venti, même du cautè-
re aâuel , &c. De quelque caractère
que foit la carie, tel remede qu\'on ƒ
puiffe appliquer , & telle operation
qu\'on mette en pratique , on neréul"
fit jamais , je le répété expreffément »
fi auparavant on n ote avec grand foin
les dents & les chicots cariez ; non plus
que lorfque la carie eft dépendant^;
d\'une caufe venerienne, fcoroutique >
&c. à moins qu\'auparavant on ne guérifTe
h iBaladie elfentielle, dont ces. foite^
dç
-ocr page 278-dentiste. 21
4e
2 caries ne font que les fimptômes.
eft ce qu\'il faut bien examiner dans
es nftules qui viennent aux gencives ,
aux joiies & au menton, qui dépendent
orduiairement de quelques - unes des
ernieres caufes que nous venons de
^^mmer, dont la carie des dents eft
•toujours le précurfeur le plus ordinaire.
ulcérés qui furviennent aux
gencives : operation convena-
nte pour traiter cette maladie.
I Es gencives , quoique naturelle-
p^uient d\'une confiftance ferme &
^^de, deviennent fouvent néanmoins
^^udres, molles & délicates : cela leur
^rrive lorfque les vaiffeaux qui fervent
porter les liqueurs qui les arrofent,
^ut étranglez, ou qu\'il furvient ob-
ruétion aux glandes dont elles font
|arfemées. Le gonfîeraenr de leur fub-
"ance, par l\'oÈftruction ou par l\'infil-
|fation des humeurs qui s\'arrêtent pour
ors, tant dans les vaifïèaux, dans les
/
^ î-8 LE c H I R-S I E N
glandes, que dans les interllices de leuf®
ïbres, efl: d\'autant plus ordinaire, q«^
2cs gencives étant appuyées d\'un cbt<^
fur des parties folides, & de l\'autre
«tant envelopées par mie peau tendue»
les nerfs étant auffi tendus à l\'occafion
de quelque douleur, ils étranglent pa^
leur compreffion plus facilement Se nlus
fortement les vailfeaux qui fe rencon-
îrent dans leur tr?4et.-, ce qui n\'arrive-
ïoit pas il aifément, ni fi fréquemment»
fi les. rameaux des vaiiTeaux pouvoieo^
fléchir dans un fens ou dans unautre»
parce qu\'ils .çederoient en quelque "ma-
niéré à ia compreffion que caufe la teu\'
fion des nerfs 5 au lieu que par la mé-
canique que je viens de faire obferver,?
ies vaifièaux fanguins,oulymphatiq»i^v
eraat une fois comprimez , d\'un core
par la tenfiondes nerfs, ils le font au^\'
fi de l\'autre par ia furface des os de?
mâchoires, ou par la tenfion de la pe^^\'
^qui recouvre les gencives dans toute
leur étendue. Si nous joignons à cê^
.circonftances la plénitude des vaifièauX \'
ï épailMèment du fàng, & des humeur-?^
il nous fera aifé dé comprendre, d\'oit
yient que les gencives fe gonflent fi of-
^jnaireîp.ept, §ç qu\'çtA.nt une foi? gp^?^
Hé \'1 ^ ï-^S T E, \'Zl-f
- es il y furvient- des érofions, ou des
^ upnons^, dégenerent facilement
raM " P^"^ confide-
■anf^ r produits par une
, venerienne:, fcro-
Pr^ends pas m\'étendre fur le
^jail des circonftances que cette forte
maladie renferme ; je n\'en parle
VI alitant qne fon effet eft relatif aux
\' jpies dont je traite.
^^ y a des ulcérés des gencives, qui
de^l caufez par le limon
^ bouche, par la falive dépravée„
^ par quelque coup qui a comprimé ^
^\'^leurtri la gencive, &c. • \'
Foi^? ^^^^^^ d\'ulceres font quelque-
lorf*^^ Pp de confequence, fur-tout
^o ^ ^^ traiter d\'a-
cai r\' ^^ detruifant en même tems la
univerfelle,& la caufe locale. Il
1 rencontre d\'autres, dont les acci-
ns font fort à.craindre, tels que la
llis^\'"""^\' ie fphaceile, des douleurs
^ "^\'^ves & très-violentes, l\'infomnie
il . délire,&c C\'eft pourquoi
çç^ ^ien négliger, pour prévenic
i>erc d accidens. Dès qu\'on s\'ap-
S^it de ; quelques-uns de ces fâcheux
JiJ
W
I- E C H I R U R G r E î^ ^
fimptomes, il eft de la prudence d^^^
si^oir recours au confeil des Médecins ^
.des Chirurgiens les plus experimenreZ
«n ces fortes de maladies.
Lorfque ces érofipns, ou ces ulceres,»
ne font point fuivis de ce^ fâcheux Cm^"
ptomes j ou qu\'ils n\'ont pas fait encore
un grand progrès, l\'os n\'étant pas dé-
couvert , ni altéré, il eft facile de le®
euérir en fç fervant de la lotion fui"
to
vante
Prenez du gayac-rapé deux gros»
i-acine d\'ariftoloche trois gros-, de toi>
mentille un gros, de la veronique,cj^
la fauge, de la fleur de iiguftrum, ad
chacun\' une poignée ; faites boiiillir le
tout dans une chopine d\'eau mefure de
Paris. Puis l\'aïant pafl^é & exprimé, o^î
îijoûtera dans la colature de la teintui\'^
de myrrhe trois gros -, de l\'efprit de (à
dulcifié demi gros-, colcothar ou vitri^
rouge un fcrupule.
On fe fert de cette mixtion, poof
rinfer fouvent la bouche, & on en por-
te immédiatement fur l\'ulcère , en fc"
ringuant, ou bien avec un peu de liU\'-
^re fln propre & net, roulé au bout d\'uft
petit bâton -, renouvellant ie linge ^
chaque fois qu\'on voudr^ touchiEr i\'P^
DËN-fistE.\'
ou du moins aïant foin de laver
linge j appliquant delfus l\'ulcere fi
l\'on veut , un petit plumaceau imbibe
du même remede , que l\'on aura foin
\'le renouveller fouvent ; & obfervant
le faire ôter de la bouche chaque fois-
^ue le malade prendra quelques ali-
niens, pour que ce plumaceau ne foit
pas entraîné avec eux par la dégluti-
tion-, ce qui pourroit caufer quelque
naufée ou vouiilîement , incommoder
1 eftomach , rebuter le malade ou alte--
^er de plus en plus fa fanté. Il faut par
la même raifon, avoir le même égarJ
\'^aque fois qu\'on applique quelque re-
niede dans la bouche-, car il eft très-à-
propos de la lui faire rinfer avant cha-^
"î^e repas, pour emporter les mauvai--
^es impreffions que ies gargarifmes, ou ■
autres remecfes auroient pû laifter dans
-a bouche ôc pour mieux la nettoïer des
parties limoneufés vifqueufes , dont
^lle n\'eft que trop chargée dans ce
tenis-Ià.
Lorfque ce n\'eft qu\'un ulcere leger
d\'un caraétere bénin, il fuffit de le
toucher avec la pierre infernale, l\'ef-
Ptit de vitriol ou efprit de fel. Au ref
^n fait obferver au malade un régi--
Z.11; LE c h I R u K G T S \'0
me de vie tempcré &. rafraîchi/Tarir»
Bes fftules qui furviennenî âuX
gencives, à Voccajion des ma-\'
ladies des dents r& tcperatiof^^
convenable pour traiter c&sJJ"
mies,.
Onres lès pardesdu corps humain
font fujettes à être attaquées de
cette maladie que les anciens ont nom-
mée fiftule, & que nous appelions diî
même nom par le rapport que fon en»
Èrée fon fond ont avec l\'entrée & la
eavîté de l\'inftrument, appellé flûte en
François & en Latin Fiftkli^. Les genci-
ves ne font pas moins fujettes aux
seintes de cette maladie. Cès-fiftulesne
font pas à la vérité auflî fréquentes,
que le font les fîllules lacrimaies & ks
hllftles de lanus-, mais quelquefois el-
les font d\'une plus grande confequen-
ce, par les défordres qu\'elles caufenc
aux os des m.achoires qu\'elles attaquens
jufques dans,leur iînus j comme je l\'af
J
-ocr page 284-Deî^tïsté. itf
^ait remarquer à roccafion du paroulis-
^ ailleurs -, ces fiftuies font ordinaire-
lïienc ia fuite de la carie des dents, de
i cpouîis &du paroulis ; en un mot el-
ies font la fuite de quelque ulcere "oa
quelque excroiffance , de quelque
f\'iimeur, ou d\'un abcès qu\'on a néglige,
qui n\'a point été traite méthodi->
5\'^ement.\'
ta fiiUile des gencives eft de même:
l^e les autres Êftules -, c\'eft un ulcere
l\'entree eft étroite , ce le fond lar-
ge > fouvent accompagné de quelque il-\'
«us caverneux, de tluretez y de callo•
fiCez,- ou de la carie, &c.
ù carie des dents étant la caufe k
ordinaire qui produit ces fiftuies,.
qui les entretient ; on ne peut rélif-
à les auérir , qu\'auparavant on n\'aiC
Stèles dents, ou les racines cariées, s\'il
en a que l\'on n\'ait pas déjà ôtées. On
examine après cela l\'état des gencives-
^ des parties olfeufes leurs voifmes ;
enforte de connoître parfaite-
nient toutes les complications de la fi-
ft^de ; qu\'elles font les circonftances qui
accompagnent chaque complication , ôC\'
^iii rendent ie caradere de la fiftule plus
«aoins inauvais.
. T iiij.
-ocr page 285-2 24 Chirurgien
Qr;and la Mule eft fans carie, il Tuf"
fit pour la guérir, de la bien dilateî
jurques dans Ion fond enforte qu\'il n^
, refte^ aucune bride, ni finus ; on enlevé
enfiaire les callofitez, ou bien on les con-
ftmie par l\'application de la pierre in-
fernale fuffifamment réïterée. Lorfque
cette pierre eft fiiiEfante pour produire
cet effet, elle eft preferable, en certes
occafion, & en toutes les maladies de
ia bouche, où il s\'agit dfeconfumer,a\'
tout autre cauftique. On doit obferver
avec foin, quand on l\'applique encetr&
parrie, les circonftances^que nous avons
marquées à fon occaiion dans le chapi-"
tre de répoulis, ou excroifiànce char-
nue des gencives. La pierre infernale
eft un cauftique, dont on dirige l\'effet
comme l\'on veut. De plus elle produis
fon eftet dans l\'inftaîit même. deYon ap-
plication 5 au lieu que les autres caiîfti-
ques ^iffent plus lentement, avec plus
de violence, & attaquent quelquefois
les parties /àjnesjplûrôrqae celles qu\'on
veut détruire. Octre cela.\'com_me l\'on
ne peut affnjettir par un bandage, ni
appareil les remedes qu\'on applique
dans la bouche , il feroit imprudent\'
d\'avoir recours à torn autre cauftique ?
J
-ocr page 286-Itfâ la pierre infernale. Il vatidroiî
•^ieux en cas qu\'elle ne fut pas fuffifante
pour détruire quelque callofité opiniâ-
tre 5 avoir, recours à i\'ufage du cautere
^éluei , que l\'on peut diriger avec le
■^eme avantage.
O
La callofîté détruire, & le fond de
fiftule étant dilaté & à découvert ,
faut la bien déterger, pour ficiliter
\'a téiinion des cHairs & leur confolida-
tîon.
Les remedes que nous avons indi-
\'ïuez à l\'occafion du paroulis , ou abr-
^es 5 font convenables &c fulfifms pour
produire ces effets.
Si c\'eft une fiflule aux gencives qui
oit opiniâtre & .très-compliquée, on
peur la guérir, fans avoir aupara-
^\'^Ut les. mêmes égardsque nous avons
recommandez dans le chapitre du pa-
•\'\'oulis, P3J. rapporta la carie des dents.
Ces égards confiftent à donner toute
On application, à ôter les caufes qui
produit ces fiftules ou qui les en-
tretiennent. Au refte ces fiftu es fe trai-
de même que celles qui furvien-
t^ent ailleurs, par l\'application des re-
\'■^ledes . fuffifamment connus de tous
\'^^ux qui profeffent l\'art de la Chirur^
LE C « I R U R G I E ÎC
gie j du confcil defquels on ne mart"
quera pas de fe munir dans ces occa-
iions. Ce font-là les véritables raoïco^
de guérir radicalement ces fortes de fi\'
ftules, fans\' avoir recours à l\'ufage
ees prétendus fpecifiques tant vantez
certains empiriques, pour ia guérilo^\'
de toutes fortes de MuleSi
Des mauvais effets que le fcorhuf
produit fiir les dents, fur U^
gencives ^ même fur les (î^
des mâchoires. Operation con"
venahle pour traiter les acci-
dens caufez. par cette maladie\'\'
JE ne prétens pas entrer ici dans uu
détail fort étendu de cette maladie r
mon delîéin n\'eft feulement c]ue de trai-
ter des mauvais effets que le fcorbut
produit fur les gencives, frir les tients >
fur leurs alveoles, & fuccelîîvement fu^
les parties qui leur font voilines,
d\'enfeigner les principaux moïens cl\')^:
mnedier,.
DEN f\'I ST E.- ^^"f
îes maladies que ie fcorbut occafioii-
aux gencives, font des enHurescon-
«derables, la lividité, la couleui" jau-
nâtre , la démangeaifon importune &
ihfuportable , les ukeres fordides, la
d\'un fang fereux & très - puant >
f^i s\'écoule pour peu qu\'on touche les
gencives, les hémorragies quelquefois
<^<^nfiderables, enfin la^^grene oU k
^hacelie.
Les maladies que le fcorbur occa-
^onne aux dents, confiftent en ce qu\'il
ébranle, les déracine, les rend chati-
felantes & leur caufe des caries, d\'où
s\'enfinc qu\'elleS\'font endanger de fe
détacher totalement ou en partie ; ce
^ni arrive fouvent parles mauvais effets-
cette maladie. Tous ces ravages n\'ar-
^\'^ent pas , fans faire fouffrir au malade
grandes douleurs, que l\'on doit ap-
P^ller pour lors des d,ouleurs fcorbuti-
q\'Jes.,
f e défordre que la dépravation du
^ang, ou de la lymphe, produit fur les al-
veoles & fur le corps des deux os ma-
xillaires , n\'eft pas moins confiderable,
^es parois des alveoles font très - fbu-
"^ent rongez & cariez par la fanie fcor-
^ntique j\'d^\'QÛ s\'enfuit non feulement
lit le Chirurgien
k perte de l\'aîveole -, mais encore celle
de la denr. Si l\'aétion de l\'humeur fcot\'-
butique, corrofîve & rongeante péné-
tré plus avant, elle carie les os maxil"
laires dans route l\'étendue de fa pene-
fration. Suivant que cette humeur agit
& pénétré plus ou moins, la carie eft
auffi plus ou moins étendue, plus orî
moins profonde, ou plus ou moins con-
fiderable. On voit quelquefois des ex-
foliations des caries occafion nées parle
fcorbut, dont la piece exfoliée contient
non feulement les alveoles d\'un côté)
mais encore une partie du corps de l\'os
des deux maxillaires, même jufques dans
leurs fînus. De-là il réfiilre quelquefois
des fiflules difficiles à guérir & très^ou-
vent incurables , dont la cicatrice
toujours accompagnée d\'une difformité-
très-défâgreable. ■
Quoiqu\'il s\'agiffe principalement pour
prévenir tous ces défordres , de com-
battre la caufe univerfelle contenue dans
la maife du fang , ôc d\'avoir par confe-"
quent recours aux Médecins ies plus ex-
périmentez, les operations & lesappli-\'
cations des remedes qui conviennent
en pareille occafion , ne kiffent pas d\'ê--
ae d\'une, très-grande utilité , pour dé^-
■Dentiste,
Rendre Se conferver les dents, les al-
veoles & les gencives, des mauvaifes
inipreflîons que la caufe fcorbutique a
<léja produites, ou qu\'elle peut produi-
^^e dans la fuite. C\'eft pourquoi il faut
être inftruit des circonftances qu\'il faut
\'Obferver pour remedier aux vices lo-
^eaux des parties de la bouche, lorfque
^es vices dépendent d\'une caufe fcor^
■^utique. l\'on ne fçauroit aifez recom-
lîîander à ceux qui ont la bouche ulce-
■^"ée & endommagée.par le fcorbur, de
^e laver très - fouvent la bouche. L\'oa
-empêche non feulement par ce mox\'en,
\'que la falive des fcorbutiques n agiftè
^\'vec autant de violence fur les genci-
\'■ves Se fur les dents, qu\'elle le feroit-,
mais on retire encore un autre avanr
\'^age qui n\'eft pas moins confiderable,
l\'on eft attentif à fe bien rinfer la
touche, avec une liqueur convenable
^\'^■\'ant de prendre aucun aliment, foiç
Solide, foit liquide 5 Se à n\'y pas man^
•^\'^er à chaque fois que l\'on veut en
prendre -, l\'on évite par-là que lafalive
f^nieufe fcorbutique defcende dans l\'efr
-omach, qu\'elle en déprave le ferment
^ qu\'elle en irrite les fibres. On évite
^CLcorç le? dépravations que le mel,?.a"
^ JO i e C.h I\'K\'V K:G i e m
.;oe d\'une faiive û corrompue peut pf"
/duire au fuc pancréatique, à la bile ^
au ch\'ile, enfin i toitre la mafle des li-
queurs , en.s\'infinuant par la -route "tï
cbîle dans tous les\'vaifièaux fanguins »
infedant ainfi de nouveau la totali^^
des liqueurs-, ce qui ne manquerpit P\'^^
.de rendre le fi:orbut plus difficile à gti^\'"
rir. Par les précautions que nous ve-
nons d\'indiquer, on peut prévenir toU®
;Ces défordres.
Si les gencives font gonflées & e^"
-gorgées d\'un fang, ou d\'une humeuf
icorbutique ; il faut pour les dégorg^
faire desfcarifications n>uldpliées& ftu."
iifantes, avec la lancette , ou le déchaui-
foir bien tranchant. On fiiit ces fcad-
iîcations en fuivant l\'ordre des dents-
Lorfque les gencives font tellement
-gonflées ou eKcroiflàntes, qu\'elles ex-
cédent leur niveau naturel, on empof--
•te le plus près que l\'on peut, tout ce
qui eft détaché des dents , ou des al-
veoles 3 avec des cifeaux droits ou cour^
bes bien tranehans. Nous avons déjà
fait remarquer dans le fiiziéme chapi"
■tre de ce traité , dans quel cas les ci-
feaux droits font préférables aux cifeaii^
,courbes, & dans quel pas les cifeau.^
D E -N T 1 s T E., 2, 3 €
î^ontbesj font préférables aux cifeaux
Weits.
^ Si les genciyes font ulceréesfans
»être excroilîantes ni excedantes, il n\'y
^ d\'autre operation â faire j que l\'ap-
fucation des remedes foivans. On
^ticroduit ces remedes dans la bouche
les feri-ngiiant directement fur la
\' flaye, ou fur l\'ukere , &,en appliquant
^effus des plumaceaux ou de petits lin-
S^s imbibez d\'une liqueur convenable,
ou bien en baffinant la partie avec de
; Petits linges roulez au bout d\'un petit
\'aton. On panfe de même les genci-
■^es où l\'on a fait l extir|3arion de quel-
le excroiffance , oii prolongement
^es fortes de panfemens doivent être
fouvent réïterez. On doit fouvent rin-
et la bouche dans l\'inrervale d\'un panr
^^\'îienc à l\'autre, pour empêcher par ce
^?Oïen l\'aclion des fels acres Se corro-
■ J beaucoup plus à craindredans cet-
Occafion, que dans toute autre. Ce
je dis eft vérifié par l\'experience
ceux qui font emploïez à traiter ces
■Oî-\'tcs de maladies; par exemple, furies
yaiflêaux, dans les Ports de Mer, &
^ans les grands Hôpitaux , de même
^^^e dans certaines Villes marecageufe?
& aquatiques, où cette maladie conta"
gieufe eft familière & caufe des rava\'
ges terribles. Quoiqu\'elle ne foit ni \'\'
maligne, ni iî commune à Paris &
, îlufieurs autres endroits, elle ne lailïê
pourtant pas d\'exercer fa violence fut
îien des fujets mal conftituez.
. Le faignement des gencives , k^f
gonflement-, leur démangeaifon accoin\'
pagnée de douleur , l\'opiniâtreté ^^
tous ces fymptomes, ou la récidive fré-
quente, indiquent évidemment, que
.caufe qui les produit eft pour l\'ordinal\'
re une caufe fcorbutique, qui par coO\'
fequent ne doit pas être négligée, ^
exige l\'ufàge des remedes univerfels ^
particuliers.
Quoique les remedes qui conviefl"
nent le mieux pour dégorger les genci-
ves , en réfolvant & faifant tranfpiref
les humeurs infiltrées dans leur tifth\'
foient indiquez dans plufieurs Auteui\'S
qui ont fait des ouvrages exprès po\'J^
traiter à fond de cette maladie ; je nS
laifierai pourtant pas d\'en indiquer quel\'
ques-uns des plus fpecifiques.
Pour baffiner les gencives gonflées^
-on feratme lotion avec les feiiilles d\'hy
e, de fâuge, de çochlearia, de tO-
.marin »
-ocr page 294-Dentiste. 2.35\'
, de nicotiane . du crefTon de
, de chacun une petite poignée -,
^cine de biftoite une demie poignée,
fera bouillir le tout dans une quan-
fuffifante de vin blanc & d\'eau com-
\'^une 5 parties égaies j on ajoutera dans
demie chopine de cette liqueur
gtos Se demi d\'efprit de cochlearia ;
s\'en fervira pour baffiner & rinfer
ouvenr ies gencives.
Lorfque les gencives feront dégon-
•^es, on fe fervira pour les fortifier da
^^"^lede fuivant.
î\'renez de l\'efprit de vitriol , & .dîV
commun, de chacun un fcrupule?,^
\'pi-\'it de cochlearia deux gros-, îe tous
dans de l\'eau de rofe & de pian-
3 de chacun quatre onces, dont on
^.Ifinera les gencives pour les affermir \'
^ -s fortifier:
Pour les petits chancres des genci- -
® 5 ôc pour les playes qui réfuirent d®
^pelque operation, ou par une déper--
^•^lon de fubftance caufée par la gant--
^l-\'^iie , il faut frotter fouvent les gen--
^^Ves avec le miel rofat, dans lequel.
aura incorporé quelques goutes d\'ef^
P\'-\'^t de fel, & quelques grains de tar-
vitriolé. Dans 1\' application de ces
Vf.
es
2- J4 t E\' C H\' l\'K 11 R Û I E
remedes il faut éviter autant que
peur, d\'en toucher les dents , de pe^^
d\'en interelfer l\'émail.
Le remede fuivant, fans;être contrai"
le aux dents, eft auffi convenable.
Prenez du camfre un gros ; du fucr^
sandit deux onces^de l\'alun déroche
en poudre 3. deux gros -, de la teinture
de myrrhe , une once. Mêlez le toUf
dans une chopine d\'eau-de-vie ; on ^^
fèrt de cette lotion pour baffiner de
rems en rems les parties des gencives
||ï| gangrenées par le fcorbut, chancreufe^
ou ulcerées par la même caufe. Qns\'ei^
I \' fert auffi pour animer les lodons, ou le^
ilj gargarifmes compofez des - décoctioi^^
mentionnées ci-deiîus, auffi-bien qi^^
i\' rinfer la bouche de ceux qui font
f ■ teints, de quelque aiïedion fcorbutiq\'J/\'
^J Outre tous ces remedes, dont l\'efl-^
eft prelque toujours affijré , lorfqu\'oi\'
iî obferve les circonftances que j\'ai indi\'
quées, onpeut encore avoirrecoufs»\'^
baume defficatif du Pérou, comme
un excellent remede, duquel on voit\'^
recette dans le Reciieil des méthode^
de M. Helv,etius\'(/i.) pag. 410.
C,,;« X Medecin de fon Altcffe Roïale Mot^\'
ftigneur.is-Duc d\'GrIeans Inlpedeur gf\'^
BicraLûsî: Hcpitaus.-de.Ei3Jidrss..,,
Dentiste. 2,55
^<3fficîne édition. Get Auteur rapporte
grand foin les vertus de ce rémé-
ré en traitant du fcorbur.
Par le moïen de tous ces topiques ,
Ion fe rend maître des accidens que le
icotbut caufe à la bouche; pourvu que
ailleurs le malade ait recours à Tufa-
des remedes intérieurs 5 prefcrits &\'
adminiflrez à propos, & que le malade
obferve un bon regime de vie , fans quoi
^ guérifon ne\' peut être radicale, nï-
^^ême fort heureufe.
Les mauvais effets qu^ le fcorbut\'
Pïoduit dans la bouche, n\'étant que les •
vmptomesde la caufe effentielle conte-
î^^ë dans la maffe des humeurs, il faut
^ndilpenfablement recourir aux puiffans
Recours que la Médecine nous fournit
femblables oc€afjons-j parce que le\'
^eorbut eiî une maladie très-rebelle &
^i\'es-opiniatre ; c\'eft par-là que l\'on peut\'
^Iperer d\'être délivrez des accidens fu-
neftes qui i\'accompagnenr ocdinaire--
^nent...
^ i| 1
-ocr page 297-2;: 3 LE CHIRURGIE N
Explicaiion de la Flanche V. coM^\'
tenant les figures de trois Inf-
trumens fervant aux maladies
des gencives,.
A Figure I. reprefente un biftou-
jn droit, mince, ouvert & très-
pointu , vû de côté dans toute fon c-\'
tendue.
La Figure IL reprefente une-pair^
de cifeaux droits, pointus, & un pe^
ouverts, dont les lames font fort é-
troites.
La Figure llL fcpxeCcnte une lao"\'
cette, dont la chaffe & une grande paï\'
de de fa lame eft:recouverte d\'une baB"
delette,,
il
kfi \'
Î.V.- ^
7
i
-ocr page 300-^^ptication de la Flanche V /i-
<^omenant la figure de trois Infi-
trtimens fiervanf aux maladies-
des dents ^ des alvéolés des>
gencives,.
A Figure I. reprefente un ftilet
— d\'argent, aïant un bouton à l\'un:
•^«s bouts, l\'autre bout e\'tant mouffe.
Fil Figure II. reprefente une pairs
cifeaux courbes, dont les extrémi-
^^^ des lames font un peu moulfes,
La Figure III. reprefente une fon^
p Dentifte recourbée du côté d\'en
^^ut de gaucbe à droit, du côté d\'en
de droit à gauche.-
A. Son corps, ou fon manche.
B.. Son extrémité fuperieure moins
Recourbée, & beaucoup, plus mince que.
^inférieure. -
C. L\'extrémité inférieure plus re--
®0Urbée & plus grofte que la fuperieurev.
Mxflkatim de la Planche rl^\'
contenant lafgurede troisTfij\'
trumens fervant aux maladU^
des gencives,
La Figure /. reprefente nn fcaî\'
pel.
A. Sa lame tranchante d\'un côré%
pointue par fon extrémité antérieure?
aïant un dos\' oppofé à un tranehantv
b;, Son manche.
La Figure II. reprefente une paif®
de pincettes à Chirurgien.
La. Figure III. reprefente une airi"\'
gne.
C. Sa., tige.
D: Son extrémité antérieure
courbée.
E. Son manche.-
-ocr page 304- -ocr page 305- -ocr page 306-D\'-Ë^-bTT rs\'rr,
^xflicat\'mn de ia Planche VIIL-
contenant la fgure de quatre-
Infirumens fernjant aux wala-
elles des dents- y .des^al\'v&oles \'
des genci\'ves. .
Figure /. reprefente
ne feringue avec un ti.^ „
l^é & fuffifammenr longv pour fervir à
^ boucHe.
A. Le corps de la féringue.
B. L\'anaeau du piton.
C. Le tuyau recourbé de cette
féringue,.
La Figure IL reprefente a décou-
^\'ert la principale-partie du porte-picr-
ïe-in female, muni de fa pierre.
D. D. Porte-pierre-infernale.
E. Pierre infernale.
F. Eorte - crayon de la pierre
«ïfernaîe.
G. Petit\'anneau fervanf à fèi-
fer le porte-crayon.
H. La vis du porte-pierre-in^
férhale.
IIL reprefente lag^de
une moien-i\'
tuyafci recour*
l e C h i r u r g\'î e
du poi-te-pierre-inferxiale fèrvanc
my à ia pierre & au porte-crayon.
Zâ Figure IF, reprefente. le cautei\'^
atluel.
I. Sa\' tige..
K. Son extrémité recourbée.
L. Son bouton,
M. Son manche.
Des accidens les plus confiderahle^\'
qui furviennent en confequen-
ce de la carie des dents, au^
parties qui en font les plu^^
Doifnes , fuccejfivement ^
d\'autres plus éloignées.
A Près avoir affez amplement trai-
té de tout ce qui concerne les
differens états des dents & des genci-
ves j je dois rapporter quelques-uns de^
plus fâcheux\' accidens qui furviennent>
en confequence des maladies des dents »
aux parrie^offeufes.qui lem* font les plus
voifines.
Le5 caries des dents & les Euxions ;
.À
-ocr page 310-y furviennent, y caiifènt fréquem-
\'^ent, fur-tout lorfqu\'.clles font negli-
, des tumeiurs, ou des abcez , dont
^ rnatiere ferpente non feulement en-
les gencives & les alveoles ; mais
^eme entre le corps des mufcles de la
^ice Se le periofte, & entre le periofta
^ les os. Tantôt ces abcez s\'étendeiu
Coté de la mâchoire inférieure, tan-
tot du côté de la fuperieure ; jufques-
^^ que l\'on voit fouvent des abcez qui
■*5rment des Êftules accompagnées de
eatie, laquelle s\'étend fouvent depuis
^es alveoles jufqu\'au zigoma , même
l\'angle fuperieur de l\'os maxil-
^Ji\'e fuperieur, ou jufqu\'au conduit la-
, & quelquefois jufques dans les
«nus de l\'une Se de l\'autre mâchoire.
La carie des dents de la mâchoire
^■^ferieure caufe quelquefois des rava-
qui ne font pas moins étranges ;
^^e a carffé plus d\'une fois la perte de
^ette mâchoire,totalement ou en par-
Ce qui ell: encore pire , c\'eft qu\'il
a coûté la vie à quelques-uns, qui
f^ont péri que par des maladies fem-^
blables.
. La carie des dents ne borne pas tou-
jours fon progrès furies feules parties.
Tom L X
2.42. le Chirurgien
que je viens d\'indiquer -, lorfqu\'elle
communique aux alveoles de l\'os ma-^
xillaire fuperieur, fouvent k voûte qu^
forme cet os à k partie fuperieure de
k bouche, en eft détruite -, les os du p^"
kis & le vomer ont pour lors le mêm?
fort, & il s\'y fait un tel délabrement\'
qu\'il en réfulte fouvent une grande dé^
perdition de fubftance ofteufe i fans qii®
ces parties puiftènt jamais fe regenerer »
cnforte que k falive & les alimens s\'é-
chappent par le nez , & k morve p^^f
la bouche. L\'articulation de k voixe^^
fouffre à un tel point, que le malade
ne peut plus prononcer diftindlemenf
îa moindre parole, & qu\'il ne fait qU®
mzonner 5 l\'infpiration & l\'cxpiratioi^
s\'en reflentent de plus d\'une maniere.
Je ne prétens pas pour cela que k cs"
rie des dents foit k feule caufe de ton®
ces accidens : je n\'ignore pas que
verolle, le fcorbut, les maladies fcro^
fuleufes,& les mauvais effets du mer-«\'
eure , &c. n\'en foient des caufes afte^
ordinaires; mais il faut aufîi quel\'on con-
tienne 3 que k feule carie des dents n\'e^
que trop fouvent l\'unique caufe de touS
les défordres que je lui attribue, &
p mm de rapporter, Cette matief?
sianc été déjà traitée ipar des Auteurs;
^eîebres, je n\'en parlerai pas davanta-
ge •• je me barnerai feulement à rap-
porter dans les chapitres %o. xi. 22,
^ 2.5. du Tome I L de ce Traité la
^efcription Se l\'ufage de plufieurs ob-
\'\'^urateurs du palais, que j\'ai nouvelle-
^îient inventez, & qui me paroiffenc
propres & plus convenables à bou-
^^^er plus exactement la breche du pa-
, que tous ceux dont on s\'eft fervî
^^fqu\'à prefent. Dans le cas où la dé-
perdition de ia fubftance des os pala-
dins forme un trou, ou une breche à
Voûte du palais par l\'exfoliation de
^es mêmes os palatins, ou de quelque
portion des ©s maxillaires , qui leuxfont
Voifins 5 dans ce cas , dis-je , l\'inten-
■tion de la Chirurgie a été de boucher
^^ trou le plus parfaitement qu\'il feroit
. Poifîble -, mais jufqu\'ici fes vues n\'ont
remplies que trèsimparfaitement.
^ eft ce qui m\'a donné lieu de travail-
a la recherche de quelques inftru-
mens capables de furmonter toutes les
^iihcuitez qui peuvent fe rencontrer en
?«eilles occafions. Je crois être parve-
à-ce point par le moïen des cinq dif-
^î^ens obturateurs, dont je parlerai &
X ii
-ocr page 313-donc je donnerai les figures aux cha-
pitres que je viens de citer.
Dix Obfervations concernant
Içs Dents,
Premiere Observatioi?.
Concernant Fufage indifcret de la tinte*
pratiqué mal-a-frofos par un Dentijie
peu ver fe dans la pratique.
L\'EIeve d\'un très-habile Dentifte?
héritier de la réputation de fon
maître, nous a fait connoître par quel-*
qu\'une de fes operations qu\'il n\'a pas
hérité de même de toute fa capacité.
ïl y a quelques années qu\'il lima deux
dents incifives de la mâchoire inférieur
re à une jeune Demoifelle âgée d\'en-?
viron quatorze ans, & lui découvrir
avec la Mme la cavité quife trouve dans
l\'intérieur de la dent j ce qui cau/a a
cette Pemoifelle peu de tems après une
douleur fi cruelle & R infiipportable »
gu\'file réfohit dç fe Iç§ fdre ôter.
-ocr page 314-Î5 E ÎÎT I S T £. 24j
defTein elle s\'adrefTa à moi ; | exa-
lîïmai ces deux dents, & je ne jugeai
pas à propos de les lui ôter, efperanc
je pourrois les conferver par d\'au-^
^\'^es moïens & la foùlager en même
fems de fa douleuf. Je reconnus une
^^â:uation dans la cavité de chacune
ces deux dents j ce qui me fit juger
avoit un petit abcès, & que lorl^
matiere^ feroit fortie, je pour-
^ois^ par fon iffiië k guérir. Dans ce
^efïèin j\'introduifis l\'extrémité de ma
^onde dans la cavité de la dent : je per«
Ç^i la membrane qui en tapiife la cavi-^
ôc qui Gouvroit la matiere contenue
«ans cette même cavité, laquelle ma-
^^ere en fortit aufiî-tôt : la malade en
très - foulagée , Ôc quelques jours
?pTès elle
ne fentitplusde douleur. Ait
oout de deux ou trois mois, ces deux
Jpemes dents cauferent à cette Demoi-
elle une fluxion à la gencive, qui dé-
S^nera en abcès : je fus obligé de le
percer , afin de pouvoir clans la fuite
plomber
les deux dents qui avoient oc-
cafionné ce défordre. Dans cette in-
\'■^ntion, je laifiai pafièr quelque tems,
pour voir quelles feroient les fuites de
maladie j n\'aïant rien apperçû ds
Xxij
14^ LECfiriRÏÏRGlEN
contraire à mes vues, je les plombaf
pour empêcher lair, les alimens &
falive d\'y entrer.
La Demoifelle dont Je viens de p^^"
Jer 5 n\'a- pas été la feule viétime de l\'in^"
peririe de ce même Dentifîe j puifqu\'ui^
Afc|)éâgé d\'environ quarante-huit anSr
îrès-incomraodé par la longueur des io\'
cifives Se des canines de la mâchoire
inférieure, eut à peu près le même fol*^
après s\'être adreflé au même Dentifte y
qui lima ces dents de la même maniere 5
ce qui lui caula beaucoup de douleu^ ^
& des accidens à peu près fembiable®
à ceux que je viens de rapporter dan^
ia précédente Obfervation.
REÎ LEXION.
Ges Obfervations font voir, qu\'^*
ne faut pas limer les dents mal-à-pr<3\'
pos -, qu\'il faut avoir une attention iîf \'
guliere pour remedier à un mal q^^
n\'eft caufé que par l\'inadvfertance, oU
la préfomption d\'un Dentifte peu ex-
pert. Ces mêmes Obfervations font
connoître, qu\'il faut conferver autanr
qu\'il eft poffible , les dents que
peut guérir, fans les détruire. Ces for-
tes de cas n\'arrivent que rarement, ^
ÎDentîstè.
toujours par l\'ignorance ou l\'impruden-
fe de l\'operareur -, puifqu\'on peut tou-
jours limer les dents, fans qu\'il en fut-\'
tienne aucun accident, Ôc qu\'au con-
traire on en retire l\'avantage de pou-
voir les mieux conferver ôc les rendre
^\'un afpedt plus gracieux.
il. Observation.
U Felican ordinaire ^
tt
En 1716.J\'époufe de M. Vienxjd
^îaître Boulanger à Paris, étant à Soif^
^ons, fut attaquée d\'un cruel mal de
^ent, caufé par la carie deja premiere
\'^es grofles molaires du cote droit ôc
par la carie de la premiere des grolfes
\'îiolaires du côté gauche de la machoi-^
inférieure : il le trouva fur le lieu
perfonne de fes amis qui s\'offrit à
l\'Jiôter ces deux dents ,,fe vantant d\'en
5Voir ôté plus de deux mille, & l\'affu-
îant qu\'elle ne devoit nullement dou-^
ter de fa dexterité. Ses proinefTes, join-
tes à la douleur que la malade reffen^
toit, acheverent de la déterminer. Cet
operateur lui ôta celle du côté droit »
X iiij
-ocr page 317-248 Ï-EChirurgîeî?
avec tout le fuccès qu\'on en pouvoir
attendre ; mais il n\'en fur pasdemêm-
de celle du côté gauche, il la manq";^
plufieurs fois avant que de la pouvoir
ôter j d\'où il s\'enfuivit un déchirem^^^^
fi confiderable aux alveoles, aux gef
cives & à la commilfure des lèvres
ce même côté, que cette malade eneU^
bien-tôt îe vi/àge affreux, ce qui f^*-
fuivi d\'un abcès Se d\'une douleur fi
fupportable, qu\'il ne lui étoit pas pet"
mis de prendre d\'autres alimens qu^
ceux que fon mari avoit la complaifa«\'
ce de lui mâcher, & de lui introduira
avec un chalumeau dans la bouche»
qu\'elle ne pouvoir prefque pas ouvrir»
Cette malade demeura dans ce trift^
crat pendant fix femaines; heureufc-
ment pour elle il fe trouva dans la mê-
me Ville un Italien alfez entendu eO
Chirurgie, pour rapprocher les parties
qui fe trouvoient divifiies.
On voit par cette Obfervation quel-
les font les fuites fâcheufes qui peuvent
accompagner l\'extraétion d\'unexient, SC
qu\'il eft par confequent très-importanj
de ne fe confier, lorfque l\'on doit s\'al-
^"jettir à une telle operation, qu\'à des
perfonnes adroites & expérimentées j
^ par confequent capables de donner
malade un fecours prompr & pref^
^We toujours sûr, en cas que la chofe
^^it difficile par elle-même qu\'il ar-
^^ve des accidens.
Cette malade doit fa confervation à
^on mari, & fa guérifon à l\'habile Ita-
lien qui pratiqua en cette occafion,ce
^ti\'il ne fiut jamais manquer de faire
pareil cas, & qui confifte à bien
Teffier les parties & à les rapprocher
e plus près que l\'on peut ies unes des
«utres.
m. Observation.
^afts laquelle on rapporte le eon^
cours des accidens fâcheux que
eau fa une dent qui fe fraéiura
en mangeant.
En Décembre lyzi. M. O^avietî
ï^eintre de l\'Academie Roïale à Paris,
niangeant d\'une fricaffée de pieds ds
^îouton, trouva entre fes dents un pe-
dt os qu\'il ignoroit avoir dans la bou-
che , Se fur lequel il prefla fortemenï
par la maftication fans y penfer. C^
petit os par la réfiftance qu\'il fit à l\'ef*
fort des maciioires, lui fradura la pre-
miere groffe molaire du côté droit de
mâchoire inférieure : l\'éclat qui fe fit
cette dent, caufa une déperdition de
fubftance qui s\'étendoit depuis la furfa-
ce fuperieure de cette dent, jufqu\'à fon
colet du côté de la langue; le finus oii
la cavité de ia dent étant à découverte
cette dent fraélurée fans être cariée *
lui occafionna des douleurs infupporta-
bles, caufées par la fraciure & l\'ébran-
lement qu\'elle avoit reçu. Ce malade
fe réfolur à fe la faire ôter, dans 1 \'eP
perance d\'être promptement délivré des
tourmens qu\'il fouffroit. Dans cette vûe
il s\'en alla chez un de mes confreres?
qui malheureufeffient ne fut pas de cet
avis 5 & lui dit au contraire qUe ce fe-
toit dommage d oter une dent quin\'é-
toit point cariée, fe contentant de lui
donner un remede \\ duquel le malade
fe fervit fans aucun fuccès. La fiuxio«
& l\'inflammation augmentèrent fi con--
fîderablement, que le malade fiiit obli-
gé de recourir à de nouveaux fecours ;
il me fit appeller, je le fus voir &
trouvai dans un fort trifte état* Il avoir
Dentiste. zyi
îes dents ferrées à un tel point, qu\'il
avoit toutes les peines du monde à re-
cevoir les alimens les plus liquides
îefquels on étoit obligé de lui faire pren-
dre avec un biberon ; il avoit le vifa-
§e fi déiîguré, qu\'il étoit méconnoiffa-
We ; il étoit accablé d\'une fièvre fimp-
îomatique des plus aiguës, produite par
ia violence de la douleur. Je lui con-
seillai de fe faire promptement faigner,
d\'appliquer fur la partie tumefiée des
eataplafmes faits avec le lait, la mie de
>ain, le jaune d\'œuf, le fafran & l\'hui-
e de lis, de renouveller cescataplaf-
mes foir ôc matin , & de prendre des
lavemens. Je lui dis que je craignois
que nonobftant l\'ufage de tous ces re-
medes, fa fluxion ne fe terminât par
Un dépôt fuivi d\'un abcès -, en effet quoi-
qu\'on les lui eut appliquez, il refta en ce
trifte état pendant quelques jours • on
réitéra la faignée ôc on continua les
mêmes cataplafmes, fans que le mala-
de fut aucunement foulagé. Quelque
tems après allant pour le revoir, je ren-
contrai M. Juton Maître Chirurgien à
\' Orgereus, qui connoiftbit le malade &
qui m\'accompagna chez lui-, nous exa-
tainâmes enfemble fa bouche, & n\'aïant
l É Ch i rurg r en
trouvé aucune diminution dans la nia^
ladie, nous fûmes d\'av s de changer
cataplafmes, & d\'en fubftituer d\'autres?
faits avcé les herbes émoliantes : ces
derniers cataplafmes opererent avec
beaucoup plus de fuccès que les préce^
dens-, la-tumeur s\'ouvrit d\'elle-mêm^
après quelques applications de ce der^
Jiier remede ; néanmoins on fut obligé
de dilater avec la lancefte l\'ouvertur^^
de cette tumeur, de laquelle il fortîc
une palette de matiere : quelque tcm^
après il fe it un nouveau dépôt, qu\'oîî
fut encore obligé d\'ouvrir, d\'oiiilfQf"\'
tit auffi beaucoup de matiere : enfin i^
fe fît au bout de plufieurs jours un troi-
fiéme dépôt, au-deffus de l\'ouverture
du ^uxiéme. Ce dernier dépôt pris
heureufement fon cours par les incifîonS
qu\'on avoit été obligé de faire aux dé-
pôts précedens. Ce malade fut cruelle-
ment tourmenté par toutes les fuites fâ-
cheufes de cette maladie , faute d\'avoir
fait tirer fa dent fradurée a l\'heure mê-
me qu\'elle commença à lui caufer
la douleur. Il refta dans ce pitoyable
état pendant près de deux mois , fanS
fortir de fa maifon & fans pouvoir va-
quer à fes afaires. Dès que les acci^
deï\'it i s te. xn
\'^ens furent fuffifâmment calmez , je lui
la dent qui lui aveit caufé cette Ion-
E\'ie fuite d accidens, 6c par-là je termi-
heureuiement la cure d\'une mala-^
qui l\'avoit tourmenté pendant long-
Sertis.
Reflexion,
Certains cas nous caufent des acc!-^
^fns que l\'on ne peut prévoir ni préve-
quelque précaution que l\'on puille
Prendre: il fe rencontre quelquefois par-
les alimens des corps nuifibles, tantôt
P^r leur qualité, tantôt par leur figure»
^ quelquefois par leur folidité. On a viî
plufieurs fois des perfonnes fe cafièr une
"^etit par la rencontre d\'une petite pierre
^^ntenuë dans le morceau qu\'ils mâ,-
"^hoient. D\'autres fe font caffié des dents
cafiant des os ou des noyaux, &e.
^ais il n\'eft pas ordinaire de voir fucr
^^^er à des cas femblables au préce-.
put, des accidens tels que je viens de
rapporter. Il eft vrai que fi le malade
Al T «-V».* --- \'—— —
^^oit été fecouru promptement, on au-
^pit pû les prévenir tous ; puifqu\'il ne
^^gifioit que d\'ôter cette dent, avant
les douleurs eulfent caufé les dér
dont j\'ai parlé > se les accidens
1-54 Chirurgien
les ont fuivis , ^que l\'on ne peur imf^\'
ter qu\'à l\'adion de l\'air & des matière®
snordicantes , qui penetrant cette denc
par la f radure, irritoient & déchiroien
les parties nerveufes & membraneuie
qui entrent dans la compolition de
dent 5 & caufoient ainfi des divuliio«^
violentes, qui irritant de plus en pU^^
Se prefïant les nerfs, donnèrent lie«^
la compreffion des vailfeaux fanguins ƒ
lymphatiques , & à la fuppreilion ^^
cours des liquides en ces parties , d\'o^
réfulterent les dépôts dont îe malade
fut affligé fi long-tems, & qui furent
Cl rebelles à ceder aux remedes ge"^\'
raux & particuliers qui ne réiiffirent q^^
par un long ufage, ôc quand les nerf®
& la memk\'ane de la\' denr, ont été e^
partie confumez -, pour lors la dent ^^
les parties voifînes font devenues moi^^
fenfibles ,\\Ôc ce n\'a été que dans «e
tems-ià que l\'on a vu renaître l\'occafioi^
de pouvoir ôter la dent fraélurée, \'\'
de redonner la tranquillité & le rep^
à un malade qui avoit été à la veille de
foccomber aux tourmens qu\'il avo»^
fouffertg, par la neghgence d\'unDe^^\'
îifle peu expérimenté.
^^r le défordre que caufi. une der^
niere molaire qui ne parut qu\'à
l\'âge d\'environ quarante ans dt^
Coté gauche de la mâchoire iîH
férieure.
En \\-ji6. M. Meufnier Procureur
^^^ Roi à Tours fe trouva attaqué d\'un
^■■■^lel mal de tête, accompagné d\'une
^^flammation li confîderable, qu\'elle af-
Moit les mufcles de la déglutition^, &
^mpècîioit d\'avaler les alimens même
plus liquides. Le Médecin & le Chi-^
\'\'^tgien qui le voïoient, mirent en ufa-
Se tout ce que la prudence & les regies;
7 la Médecine pin-ent leur fuggeref
î^^\'^s un tel cas ; mais voïant que la ma-
^^die ue cedojt point aux remedes, ils
^^ai-ninerent enfin la bouche & les dents
malade, & aïant reconnu que l\'in-
timation fe continuoit jufqu\'à la gen-
qui s\'attache à la derniere dent du
J^té gauche de la mâchoire inférieure ^
j jugèrent que cette dent,ou l\'alveo-
la contenoit, étoit attaquée de ca-
qu\'il falloir parconfçquentptes
le Chirurgie
la dent, perfuadez que la maladie çoiî\'^
voit provenir de cette caufe. Je fus inafl\'
dé pour faire i\'extraélion de cette dent^
que j\'examinai d\'abord-, après quoijf\'
furai qu\'il ne s\'agiiîbit d\'aucune cariÇ\'
Je convins néanmoins que la maîa"\'
pouvoit être occafionnée par cette de^"
niere dent, fans qu\'elle fut cariée ; cett^
dent n\'étant pas encore tout-à- faitfof:
tie, & n\'aïant commencé à paroître ^^^^ ^
l\'âge d\'environ quarante ans. Conit^^^
on ne pouvoit faciliter la fortie de cet\'
te dent, par l\'incifon faite à la g^^^K
ve fur la dent même. Je ne
pas à l\'ôter, & n\'aïant pas jugé le
voir faire avec le pélican pour k raii^^
que j\'ai marquée ailleurs, je me fervis "
pouiîbir & de la maffè de plomb, co^\'
me des inftrumens les plus convenabi^
en cette occafion 5 je m\'y condnifts de p
manière que je l\'ai dit, en parlant "
],a maniéré derirer avec cet inftrument^
les racines & ies dents qui paroi/f^^\'\'
tenir beaucoup ôc qui ne peuvent etf^
orées par d\'autres moïens. -Cette dcP^
aïant été ôtée, fur trouvée crès-faio^*
aufli-bien que l\'os de la mâchoire :
i^ammation qui écoit furvenue, fiit^^^"^
^e d\'un abcès après h fortie de la
DENfïSTE. IfJ
«^pendant le malade fut promptement
guéri.
Reflexion.
Tous les accidens qui furvinrent â
nialade, rapportez dans cette obfer-
^ation 5 ne furent caufez que par la com-
pefîîon que foufProient les parties mem-
"faneufes & nerveufes qui le rencon-
^•■■ent entre la dent & Talveole. Ces
P^U\'des étoient fortement comprimées
P^r l\'accroilTement de la dent & par la
\'■\'\'^fiftance de l\'alvéolé : ces fortes de cas
foîît pas communs. Lorfqu\'on re^^
^ounoît que les douleurs des dents, les
de tête, &c. font dépendans de
circonftances, qui confiftent en ce
la dent en croiffant ne peut pas
^uffifamiTient s\'étendre, parce qu\'elle fe
trouve contenue & environnée d\'un
•.^^eoie, dont la cavité n\'eft ni fuftî-
^^mment étendue, ni les parois affez
^éxibles pour permettre à la dent de
^ étendre en croiifant, il faut necelïài-
^euient fe réfoudre à facrifier une telle
J^ut, & l\'ôter fans differer -, afin de
faire cefier les accidens qu\'elle caufe, à
\'^oins qu\'on ne veiiille tenter une autre
3 qui confifte à rompre l\'alvéolé, eiï
T^oms /. Y
ébranlant fortement ia dent avec le
lican ou avec le davier ; ce qui pouf
roit fuffire pour faire ceffer les douleurs»
fuppofé qu\'on réiiffiile fans caller
dent, parce que l\'aîveole étant une foJ^
rompu ou écarté, la dent pourroit aC"
quérir un accroiffement fuffifant, TaO^
caufer aucune douleur ; mais fî la àen\'^
vient à fe cafîèr, il faut faire fes efToî^^^
pour en tirer les racines.
V. Observation.
Sgr flufteurs accidens caufez, f^^
une dent faine & non cariés^
qui cependant faifôit fotifff^^
des douleurs infupportablés ?
lefquelles douleurs cejferef^^
mjji-tot que cette dent fut ête^\'
M. l\'Abbé de Rothelin m\'envoi^
chercher l\'année 1722. pour lui ôte^
la derniere dent molaire du côté ga\'J\'
che de la mâchoire fuperieure , qui i^f
caufbit des douleurs fî violentes, qw
ne pouvoir plus les fupporter. J\'exanri\'\'
mi fa bouche, je trouvai fes dentsfof^
faines , même celle dont ilfe plaignoit»
ce qui fut caufe que je ne vouliîSf^
A
-ocr page 328-. DÊNTÎSTÉ, Zf^
.^ter, quelque inftance qu\'il ift\'en fît.
yufieurs de mes conférés à qui il s\'a-
^■-efla, refuferent auffi de l\'entrepren-
Il fit pendant huit à dix jours tout
^^ ^u\'il pût pour foulager fa douleur -,
lirais voïant qu elle fubfiftoit toujours
^^s toute fa violence , il me manda
féconde fois > & voulut ablôlument
je lui dralfe cette dent : il ajoûta
^-erne, que fî ce n étoit pas celle - là
lui causât de la douleur , je lui
^^^ tirerois une autre s\'il étoit befoin i
|5 nie rendis à fes inftances : cette denr
^ trouva entièrement faine 8c fans ca-
La douleur cefia dès que je l\'eus ti-
& depuis ce tems-là il n\'a plus
ïeifenti aucune douleur de dents de ce
^^êinecôté.
La dent dont je viens de parler, étant
de celles qui font leS plus tardives
^ ^^enir, elle n\'avoit peut-être pas trou-
^^ un efpace fuffifant pour fe loger dans
^^^ alveole. Il eft à préfumer que la
^^fure referve à chaque dent un vnide
\'^ïffifant pour la loger : mais comme la
\'^etne nature varie û fouvent, on peut
^^^njeaurer que l\'efpace qui doit con*
zgo LE CHTRURGÏEN
tenir ces fortes de dents, eft quelq^^\'^"
fois trop reftèrré , pour pouvoir
contenir en liberté : lorfqu\'elîes
cru fucceffiveinent, le fuc nourrie^
vient à les groffir julqu\'au point qu ^
les font preiîees par les parois de let\'^
alveoles : tandis que le volume cle |
dentgroffie par ce fuc,écarte les pafOi^
de ces mêmes alveoles , il fe fait
tiraillemens & des déchirures, qui cofl^\'
priment les parois de la racine àe ^
dent : les nerfs qui fe diftribuent
ces racines, peuvent être auftî comp"^^\'
mez 5 & ces compreffions peuvent e^f®
plus que ftiflSfantes pour caufer desdo^\'\'
leurs plus oti moins, vives.. Par cet^^
Obfervation on peutexpliquer commet\'\'
les dents peuvent quelquefois ètredo^\'
loiireufes, fans être cariées. Il y a enc^"\'
re un autre cas dans lequel les dents cai^^
fent des douleurs , fins être cariées ?
Içavoir, lorfque les gencives font co^\'
fumées à un tel point, que les dent®
deviennent- chancelantes de, manière *
que l\'air pénétré fous la voûte cie
couronne, entre leurs racines ; il s\'eU\'
ftîit de4à des inHammations & des doU\'
lœrs très-violentes qui fe communi"
qiîeut aux parties YoilMiçs, fans
DENT IS ïE.
^^^oins dans Tun ôc dans l\'autre cas, qu\'i!
y ait aucune carie, ni qu\'on puifTe re-
•^edier à ces fortes de douleurs par d\'au-
^tfs moïens que celui d\'ôter la denc.
VI. Observation.
^^^ les accidens fâcheux occafon«
par les mauvais effets d0 ,
tartre fur les dents.
. M. Hecquet {a ) m\'envoïa il y a en-^
^iron un an, une Dame attaquée d\'une
îtès-grande douleur aux dents incifives
p la mâchoire inférieure. Je vifîtai îa
oouche & les dents de cette Dame, fans
trouver aucune de cariée. J\'apper-
-tis cependant une croûte tartareuie qui
J;°Uiprimoit & gonfloit la gencive con-
"^lerahlement. Je conclus de-là que ce
CDrps étranger étoit la caufe de la dou-
^Ur. ce tartre & j\'emportai les
P^rdonsdes gencives que ce corps étraiv
avoit détachées -, ce qui occafionna
^Ue petite évacuation de fàng : je lui £3
le champ ufer de quelques lotions 3,
. C«) Doftenr Regent en la Faculté de Mé-
pcine de Paris, & ancien Doyen de ladit«
dès ie lendemain cette Dame fut très-
foulagée, & trois jours après entière-
ment guérie. Cette Dame n\'aïant p^®
eu le foin de faire détruire de bonne
beure la caufe de ce mal, le tartre avoii^
û fort détruit les gencives, que fes dents
fe trouvèrent chancelantes-, ce qui
bligea de les raffermir avec le fil d\'or»
comme je l\'ai expliqué ailleu-rs.
Reflex ion.
De tels exemples font plus que fi^^\'
fans, pour exciter l\'attention d\'un cha-
cun à veiller à la confervation de fe® |
dents ; les diiformitez que le tartre caU\' I
fe fur elles, font capables de choquer
la viie de tous ceux qui s\'en apperçoi"
vent -, d\'ailleurs le tartre rend la bou-
che puante, il ronge les gencives, l
couvre par confequent les racines dçS
dents, les rend chancelantes & les fei^\'
fouvent périr ; c\'eft pourquoi on
fçauroit prendre trop de précaution »
pour tenir fes dents nettes, afin d\'eiri-
pêcher que le tartre ne fe forme Se ne
s\'accumule fiu* leur furface : fur-tout i^
faut être attentif, à ne pas négliger
faire ôter ce tartre, Iorfqu\'il efl déjà
formé 5c qu\'on a négligé de le prévenî^\'
D E N T I s T\'E. £<> I
VII. Gbservatioh.
^^^ une dent , dont les racines
étoient d\'une grojfeur énorme ,
& occajionnerent après que cette
dent fut kée , une hémorragie
fi violente, qtte le malade cou-
grand rîfi^ti^ ^^ perdre U
\'vie.
M. Anel m\'a communiqué cette Ob-
servation. Ce Chirurgien étant établi à
bennes en l\'année fut mandé
pour fecourir un Banquier de cette me-
Ville, qui per doit tout fon fang par
hémorragie violente, à l\'occafion
\'^\'"ne dent que le nommé Duclos Per-
[^.quier , ci-devant Garçon Chirurgien,
avoit ôtée. Cetre dent étoit une de
ftiolaires, qui ont les racines extré-
Jî^etnent écartées les unes des autres,
par leur extrémité ; elle fe trou-
^^ fortement adhérente à l\'alveole, ce
S^i fiit caufe que Ton emporta avec elle
^^ l\'ôtant, une partie de ce même al-
^^ole, & une portion confîderable des
gencives, fans qu\'on pût en attribuer la-
faute à celui qui avoit ôté cette dent»
étant inévitable d\'opeter autrement ?
lorfqu\'ane femblable diljaoiiriort fe
contre par un défaut de conformatio^^
Dès que M. Anel fut arrivé chez
malade, il fe mit en devoir d\'arrete
cette hemorragie ; il eut recours fucc^
fivement aux aflringens,
au bouton de vitriol, & à l\'applicatio^^,
du cautere aduel il remplit la cavit^
que la déperdition de fubftance avo
laiftée, de bonrdonnets & de pluH^^\'
ceaux. Il appliqua pardefîiis des ccrt"\'^\'
preffès graduées, le tout imbibé de
medes convenables : cet appareil exc^"
dant de beaucoup le niveau de l\'extr*^\'
mité des dents voihnes, il fit approch^^
& ferrer les mâchoires l\'une contre
tre, & les entretint ainfi fermées
l\'application du bandage appellé fi^^f""
de. Ce même Chirurgien voïant qu a-
près plufieurs tentatives, cette hemoi-\'^
ragie avoit redoublé cinq ou
fix fois de-
puis dix heures du marin, jufqu\'à fept,
heures du foir, 8c qu\'il ne pouvoir
s\'en rendre le maître, il penfa que ^^
défaut de fuccès provenoit de l imps^\'\'
feétion de la comprelîîon , attendu q^\'®
les dents d\'en bas qui appuïoiènt
i\'appareil , ne pouvoient comprii"^^^^
qu\'un®
-ocr page 334-^ une partie de l\'étendue de la playe,
"jUdis que quelque partie de la même
PUye reftoit lans compreffion, îa bré-
^^ de la mâchoire Aiperieure étant
eaucoup plus étendue, que ne l\'étoic
a largeur des dents d\'en bas qui compri-
\'^oient l\'appareil. Aïant ain/î panfé l\'he-
^^^orragie dont il eft queftion , il aplatit
groffie balle de moufquet, il en fie
plaque de plomb ovale ( a ) fi.iffi-
^■^ment épaifie pour faire refiftance,
^^afiez étendue pour qu\'elle compri-
Se embrafsât l\'appareil; pour lors
..panfa de nouveau fon malade, il ap-
iqua la plaque pardeffiis tout l\'appa-
& retourna du côté d\'en haut fes
^outs recourbez. Il fit enfuite appuïer
cette plaque les dents de la machoi-
inférieure quiy répondoient: la bou-
étant fermée, tout l\'appareil le trou-
fuffifâmment affiijetti, & afiîezéga-
^\'^ent comprimé pour fe juaintenir en
même état auffi long-tems qu\'il fut
^^effiiire • ce qui ne poiivoit pas man-
de réliflir , parce que le même
Vuiturgien prit la précaution d\'embraf--
derechef la mâchoire inférieure avec
Voiez la Figure a. de la Planclie if.
^ottie IL ^
Tme h Z
-ocr page 335-une fronde, qu\'il affujettit par les
mitez au bonnet du malade, de te
façon que la mâchoire ne pouvait p\'^^
s\'ouvrir. Ce fut par ce dernier ^moie ^
que cette hémorragie celïa dans l\'inl»
& ne reparut plus. e
Peu de jours après cet homme q^^
avoit été k violemment effraie, t^ui
menté & abattu par l\'effufîon de
fang, étant d\'ailleurs d\'un très -
temperament, fut rétabli dans une
faite fanté, . "-nô
Quelques mois auparavant ce niei
Chirurgien dit avoir vû mourir dan.
l\'Hôpital de Genes un Domeftique,
avoit perdu tout fon fang à l\'occah^
d\'une fembiable dent qu\'un Chirurgie^
lui avoit ôtée, fans que l\'on pût venl^
à bout par aucune voie d\'arrêter 1 ^.
morragie quela perte de cette dent avo
caufée.
Reflex ion.
Par ces Obfervations, se par celî^®
j\'ai faites par ma propre experie^^
ce, l\'on voit combien il eft impqrtao^
dans ces fortes d\'occafions, non leui -
ment d\'appliquer des remedes P^^^Pf^^.
^ arrêtjîr le fang j mais encore de ^^^
Dentiste. " 1-^7.
îanger, contenir & comprimer Ton ap-
pareil -pai\'tGUf également -, ce qoe les
Seules, cients d\'en bas, ni celles d\'en haiiç
réciproquement,\'ne peuvent pas toù-
JOLirs exeaîter fans le fecours d\'une pla~
iigurée-de même, ou à peu près,
q-e celle dont on vient de parler.
^ L>e tous les moïens convenables à ar-
î^rer les lieraorragies, le plus aifuré, c\'efi;
î^ ligature du vailfeau : cette ligature eft
impraticable aux liemorragies occaiîon-
\'^ées par l\'exiradion des dents -, c\'eft
pourquoi il ne faut pas ignorer la moin-
dre des circonftances qui peuvent con-r
tribu er à produire un effet femblable ;
quoique pour l\'ordinaire l\'iiemorragie
S^ù fuccede à l\'extirpartion des dents ,
foit de fî peu de confequence qu\'elle
^■arrête quafi d\'elle-même, en pveftanr
^^\'ffifamment k gencive avec les doigts ,
^ en fe rinfint^la bouche avec un peu
^\'oxicrat : il ne faut pourtant pas s\'en-
^ormir U - delfus : on feroit fouvent
rtompé, fî l\'on ne fçavoitpas comment
faut fe conduire dans des cas épineux
^ embarraffans, tel que celui qui cft
^^pporté dans cette Obfervation.
Zij
-ocr page 337-1,^8 le Chirurgien
VIII. Observation.
deux tumeurs , ou chahs
excroijfantes, furvenues
dam la bouche,
- En l\'année 1717. M. le Comte de
Gorneillan âgé <le quarante-neuf ans >
réfidant à Villefranche, Diocefe de Ro^
dez en Roiiergue, avoit depuis long-
tems une tumeur carcinomateufe au^
gencives intérieures des deux petites
dents molaires du côté gauche de
mâchoire inférieure, & une autre tu-
meur fur les gencives extérieures de
ces mêmes dents. La premiere tumeiîf
e\'toit du volume d\'un œuf de Pigeon >
ôc l\'autre tumeur étoit de Ja grolfeu^-
d\'une féve d\'haricot. Ces deux tumeurs
quoiqu\'indolentes inçommodoient af*
fez.ce malade; parce qu\'elles augmen-
toient en groiïèur ôc l\'empêchoient de-
puis quelque tems de manger de ce mê-
me côté ; ce qui lui rendoit la bouche
très-;nauvaife par des couches confide^
rabies de tartre qui environnoient feS
dents. Enfin craignant les fuites facheu-
fes que ces |:umeurs lui auroient pÛQCî
î) eî^ t i s î ë.
^afionner, il fe déteumina à venir à Pa-
^ïs pour fe faire guérir. Aïant avec rai-
fon beaucoup de confiance en M. de
Peyronie, qui pour lors étoitàVfîr-
, le malade fut obligé de s\'y tranf-
\'orter -, j\'y fus appellé & je m\'y rendis
^ iy. Avril de la même année pour
^onfulter fa maladie avec M. Mailhes
^ ) & M. de la Peyronie : - lorfque je .
J^\'s arrivé 8c que nous eûmes examiné
bouche du malade, nous fûmes tous
^ avis de commencer. par emporter le
dartre de fes dents, d\'emporter de mê-
les gencives que ce tartre avoit gon.-
^-es, & d\'en bien exprimer ie fang
les dégorger; enfuite nous con-
\'^lûmes qu\'il falloir tirer la deuxième
Petite dent molaire du côté gauche d^
niachoire inférieure, quoiqu\'elle fût
&c fans carie -, & cela dans Tinten-
^\'on de voir mieux l\'endroit ou l\'atta-
\'^J^e de ces tumeurs, & en même tems
^\'avoir la liberté de les extirper plus
^^fenent.
Nous conclûmes de même de tirer
, («) Confeiller, Médecin du Roi ,Doc-
en Médecine de l\'Univerfité de Mont<
Pellier , & Profeffeur Roïal en celle dé
Mhors. *
17© LI Chirurgien
la racine de la deuxième pedte deiif
molaire du côré gauche de la machoir^
fuperienre ; parce qu\'elle droit très-ca-
riée 5 qit\'elle entretenoit une chair fon^
gueufe à fa gencive &: qu\'elle auroir ei^\'
pêche le malade de manger de ce î^^\'
me côté. Lorfque j\'eus fait ces
îions que le fieur C . . . n\'avoit
entreprendre ; nous remîmes pour l
près midi| 1 extirpation de ces tumeurs ?
afin de ne point fatiguer le malade- ^
A cinq heures M. de la Peyronie
tant rendu chez le malade > il prit
petit biâouri courbe, avec lequel il ^^
rirpa ces tumeurs avec toute l\'adreli^
qu\'on en pouvoit attendre. ^
Pendant quelques jours nous ne
mes fur la gencive que de petits pl\'\'^"
maceaux trempez dans un digeftif f\'ai^
avec le miel de Narbonne & le ja«^
d\'œuf; & pour confolider cette partip
nous la fîmes fouvent laver avec leVîi"^
touge ferré , le miel rofiit & l\'eau ^^
Rabel j le tout mêlé enfemble : Se
peu de jours le malade fut parfaitemen\'^
guéri.
iX. Observation.
^fir une chair excroifante , d\'m
volume conjîderable firvemé
en confequence de deux dents
cariées, laquelle excroiffance
après fon extraUion donna um
forte hemorragie.
Le nommé CUuae Cnsfâiic, Vigne^
ton à Saint-Bri, près d\'Auxerre, age
quarante-^fix ans eut en 1715;
»Jeux dernieres grolïes dents moiaires
du côté droit de la mâchoire mfeneu-
re fi confiderablement cariées, qu i 1 ne
reftoit plus que quelques-unes de leurs
racines : leur carie occafionna aux gen-
cives qui les environnoient une chair
excroiffante très - confiderable ,^qui en
moins d\'un an devint A peu près de ia
groiTeur d\'un œuf de poule. La tumeur
qu\'elle formoit étoit afiez dure & em-
pêchoit ce malade de fermer la bouche
fiiffifamment pour mâcher lesahmensi
parce que les dents molaires de la mâ-
choire fuperieure du même cote lieur-
toient & appuïoient fur la crête ou emi-
nence de cette chair excroiflante. L^
Z iiij
-ocr page 341-malade en ce trifle état, confulta M.
Line fon Chirurgien, qui lui confeiH^
d aller trouver les Chirurgiens de l\'Hô-
tel-Dieu d\'Auxerre & de les confulte^
a ce fujet; ces Meffieurs trouvèrent cet-
te tumeur coniîderable , confeillereni:
au rnalade devenir â l\'Hôpital des Ft^\'
res de la Charité de Paris. Le Religieux
a c|iu il étoit adreffé & les Infirmier«
de cet Hôpital trouvèrent fa maladie
extraordinaire, &la croïantcontagieU\'
le Se mcurable, refuferent de le rece-
voir. Pour lors un des Chirurgiens de
cet Hôpital dit, qu\'il feroit d\'avis d\'ex-
tirper cette rumeur. Ce malade fur en-
luite ^trouver M. Fremont Chirurgie»
Juré à Paris, qui fentantle befoin d\'un
bon confeil le fit aller à Saint Cofiî^e
pour confulter avec lui & avec plufieurs
de fes confreres. Ces Mefîîeurs après
avoir dit leur fentiment, reTolurentde
menvoier ce malade. J\'examinai
imfadie & je trouvai qu\'elle étoit e»
effet de confequence , qu\'il n\'y avoir
rien a négliger. Je dis au malade que
il ces Mefîîeurs vouloient m\'en aban-
donner le traitement, j\'efperois de le
pierir parfaitement. M. Fremont eut la
bonté de lui dire qu\'il pouvoit eu to»-
siîfeté fe mettre entre mes mains,
^ lendemain à l\'heure indiquée, ce
î^aladefe rendit chez moi, oii Meffieurs
JC^pleffis , Sauré ôc Verdier, Maîtres
Chirurgiens que j\'avois prévenus, fe
trouvèrent ; lorfque nous eûmes exa-
"^^méla maladie,nous fûmes tous d\'a-
^^^ qu\'il falloir extirper cette excroif-
lance.
Pour procéder à cette operation, îe
l^alade étant aflîs dans un fauteiiil, je
lui fis aflîijettir la tête contre ledoffier -,
pris un fil ciré en plufîeurs doubles
j\'embralîài la tumeur par fa partie
pofterieure & par fes deux parties laté-
rales ; afin de la tirer un peu antérieu-
rement: tenant les deux bouts de ce fi.1
^e la main gauche, je pris avec la droi-
^^ un petit biftouri courbe, avec lequel
^e commençai de couper cette chair ex-
etoiiTante par fa partie pollerieure ÔC.
par fes parties latérales. Je pris enfuite
^ne airigne, avec laquelle j\'alfujettis ces
pairs déjà divifées, ôc je continuai de
^es couper avec les cifeaux courbes : par-
ées moïens j\'emportai la plus grande
patrie de cette tumeur carcinomateufe.
L\'état du malade Ôc i\'effufîon du fang
durent les caufes qui m\'empêcherent dç
174 le Chirurg iésr
l\'extirper entieremenc : j\'arrêtai po^\'\'
lors cette hémorragie avec les jftyptiqu^®
ordinaires. L\'opération avoit commen-
cé à dix heures du matin , à onze
malade partit de chez moi, pour s\'eP
tetourner à fon Auberge dans l\'Ifle 5\'
Louis. Il revint chez moi le même
à quatre hetïres après rhidi, après avotf
bû de la bierre & du vin, fort effraye
de voir que fon fang couloit de nou-
veau abondamment ; je le raffurai d\'a-
bord par de bonnes efperances, en
inême tems je travaillai à faire cc0
cet accident fâcheux.
Ce jour-là M. Anel fe rencontra
moi, il m\'affifta de fes confeils voi-
ci ce que nous fîmes de concert -, ap^^f
avoir en vain appliqué plufieurs fbî^
differens ftyptiques, emploie îe tai\'O\'
ponnage, ia compreffion & même al-
ternativement le cautere acèuel, le/âng
couloit toujours de nouveau : à hui^^
heures nous délibérâmes de faire reftef
ce malade chez moi ; je lui donnai une
chambre & un lit, fur lequel nous le
fîmes afieoir appuyé contre des couf-
fins ; après quoi nous ne fûmes occu-
pez qu\'à chercher les moïens les pli^®
«iîîcaces pour le fecourir promptement*
DÊ-NTISTE»
^OUS de nouveaTi plufieurs ap
plications confiderables du cautere ac-^
juel , tant dans l\'intention d\'arrêter
Ineuiorragie , que pour confiimer en
même tems ce qui reffioit des chairs car-
cinomateufes. Sur ces chairs & fiir ces
Vaiffeaux tant de fois cauterifez, nous
appliquâmes des bourdonnets bien ap-
puïez & des plumaceaux trempez dans
mon eau flyptique, dont j\'ai donné la
«lefcriprion, chap. li. rom. i. & nous-
eûmes grand foin de tenir cet appareil
^ien afiujetti bien comprimé. Par
fous ces moïens nous nous rendions
quelquefois maîtres du fang , de ma-
nière qu\'il fembloit que cette hémorra-
gie fut arrêtée ; enfuite elle recommen-
Çoit avec plus de violence qu aupara-
"^ant; ce qui nous détermina à avoir re-
cours â l\'apphcation du vitriol de Chy-
pre : nous en mîmes en poudre, nous
^n fîmes des boutons, nous en pou-
drâmes des bourdonnets ôc des pluma-
ceaux, le tout fut appliqué avec ordre
^ circonfpe£l:ion & recouvert de peti-
tes comprefi^es en plufieurs doubles »
trempées dans mon eau ftyptique. Cet
appareil fut foutenu & comprimé avec
Jes doigts pendant un gros quart d\'heu-
h\'jé lë Chirurgien
re : voïanc que cette hemorragie étOif
arrêtée , nous abandonnâmes Ja com-
preffion à la preffion des mâchoires,«^
nous recommandâmes au malade de fer-
mer continuellement & fortement la
mâchoire inférieure, afin d\'entretenir
la compreffion égale & fuffifante : cette
hemorragie-fut arrêtée à une heure fl-
orès minuit. Nous ne quitâmes cé ma-
. ade qu\'à deux heures & nous ne fûmes
nous repofer que lorfque nous fumes
a/furcz de fon état. Nous lui recom-
mandâmes de refter affis pendant toute
la nuit, de ne point dormir, & de «e
point ouvrir la bouche : fa ftmme &
la fervante de la maifon le veillèrent
pour faire executer au malade ce que
nous lui avions ordonné. Nous le fû-
mes voir à fept heures du matin , nous
îe trouvâmes dans la même fituation que
nous l\'avions laiffé, fans hémorragie >
fans fièvre & fans douleur, aïant feu-
lement grande envie de dormir. Nous
epminâmes fa bouche , nous k fîmes
bien rinfer, il ne vint pas une feule
goûte de fang, l\'appareil s\'y étoit com-
me mafliqué. Nous lui fîmes boire du
lait, tant pour le nourrir, que pour
pter les mauvaifes impreffions que le
\'^îtrîol avalé avec la falive avoit pu fai-
dans fa bouche & dans les premie-
res voies : après toutes ces précautions
\'îous fûmes tranquilles & nous lui dî-
"^es de fe coucher tout-à-fait, de ne
^/Uquiéter de rien & de repofer à foti
.■ je le gardai deux jours chez moi-,
® troifiéme il fut en état de retourner
^ fon Auberge fans rien craindre ; j\'at-
^^udis que l\'appareil fe détachât de lui
^^enie : les efcares que nous avions fait
far les cauftiques ou par le cautere ac-
^^el fe détacherent le cinquième jour
ans qu\'il furvint le moindre accident.
reftoit encore quelques chairs carci-
^oiTiateufes que j\'achevai de confumer
f^r le cautere aduel.
^ Comme ce malade n\'avoit pas fouf-
^rt beaucoup de douleur dans les ap-
rUcations prçcedentes du cautere aébuel,
Qu\'elles l\'avoient moins incommodé
^Ue les inftrumens trandians, cela me
^termina d\'achever de confumer ces
^uairs en les cauteriHant à plufieurs re-^
Prifes,
. Lorfque les efcares furent tombées y
rirai les racines des dents cariées qui
^ypient occafionné cette maladie. J\'ap-
^^^^uai de nouveau & pour la demie-
%y% leChirurgien
re fois le cautere aâiiel fur quéq^^^
chairs qu iPfaîloît encore confumer, ^
îorfque les efcares furent tombées,
de la mâchoire fe trouva à découvef^ \'
& fans carie ; après quoi Je ne misfî^\'®
fur la partie que quelques compreil\'^
imbibées du baume du Commandeur
& la cicatrice fe fit parfaitement en trois
femaines. Après ce tems les mêmes Chi-
rurgiens qui avoient été prefèns à
peration ont revu le malade & l\'o^^^
trouvé entièrement guéri. Pendant
cours de ce traitement ce malade eiif
quelques accès de fièvre, iî fut laig"\'^
Se purgé, & cette fièvre fe guérit TauS
retour ; depuis fa guéri/bn il eft reveo^
pluiieùrs fois à Paris pour quelques af-
faires, j\'ai examiné fa bouche &
toujours trouvée en bon état.
Reflexion.
Il n\'eft pas ordinaire que îa carie
des dents produife des excroiftànces >
ies accidens qu\'elle caufe different
uns des autres fuivant les difpofitior\'^
qui fe rencontrent dans ia maffe du fan.?\'
ou dans les parties qui environnent ie^
(dents. Si l\'on avoit extirpé ou cor/n-
eette excroiffance dès qu\'elle co"^"
î^^nça a paroître, & que l\'on eut ôté
es racines des dents cariées , l\'on au-
roit prévenu par-là cette grande mala-
de 5 fujette à de fâcheux accidens ôc à
^es operations violentes & périlleufes»
Si ce malade avoit pû me donner le
jetïis necelfaire pour operer avec tout?
■ attention ôc felon la méthode requife
pareil cas , je l\'aurois préparé par
e repos , la diete, les lavemens ôc la
P^^rgation j je l\'aurois fait mettre au lit i
le lui aurois ordonné un regime con-
\'^enable-, j\'aurois extirpé la tumeur tout
fuite autant qu\'il m\'auroit été poffi-
^^e. Ce que je n\'aurois pû extirper, je
1 aurois confumé fur le champ avec le
cautere aâ;uel, & s\'il n\'eut pas été fuf-
"\'ant pour arrêter l\'hémorragie , j\'au-
rois eu recours à l\'application du vi-
rriol -, ôc par cette méthode je l\'aurois
^.^itée, ôc je.lui aurois proairé une gué-
^^fon plus prompte & plus aiTurée ; cai.
^oilà comment il faut traiter une i:el|e
Maladie.
X. Observation sinculiere.
Sur une hemorragie furvenue ati^
gencives après les avoir coU"
pées pour les dégorger & ^^^
\'raffermir.
M. Bretonnîer Avocat confultanta«
Parlement de Paris, âgé d\'environ foi-
xante - cinq ans, sappcrçut an mo^®
d\'Oélobre 1725. qu\'il avoit une gran-
de dent incifîve de la mâchoire Tupe-
rieure & une petite incifîve de la J-n^\'
choire inférieure, fî chancelantes qu\'el-
les ne renoient prefque plus dans leur®
alveolesfurpafïant les autres de beau-
coup en longueur. La rencontre de ces
deux dents chancelantes & trop lo"^\'
gues quifeheurtoient,lorfqu\'ii vouloir
mâcher ou parler l\'incommodoit con-
fiderablement. Il me vint trouver po\'^î^
fçavoir s\'il n\'étoitpaspolfible d\'yreme;
dier fans qu\'il perdît fes dents je
dis que je pouvois le faire j mais q"^
pour y réiiffir il falloir commencer paf
êter beaucoup de tartre qui les envi-^
ronnoit & qui les avoit mifes dans ce
mauvais ctatj qu\'il étoit nece/faire de
le
ah ^\'^^^tu-cir pour les rendre égales aux
ydents, & de les aiïujettirà leurs
pjJ^^es par le moïen d\'un fil d\'or,
Op^^ convenable que tout autre en cette
tç^ \' qu\'il étoit à propos d\'empor-
avec les cifeaux toutes les crêtes on
^^ témitez des gencives livides & gon-
^ qui s\'étoient détachées des dents,
dans la fuite elles fe raffermi-
j ^ut. 11 confentit à cette operation :
Commençai par lui nettoïer les dents
par racourcir celles qui étoient trop
& chancelantes. Enfuite je cou-
avec les cifeaux toutes les mauvai-
Igj S^ucives je comprimai avec le doigt
jç ^autres gencives, afin d\'en exprimer
f^i^^g fuperflu, & quand elles furent
-laminent dégorgées je cefiïài de les
^^■^^ptimer. Je crus alors que le fang
s\'arrêter aufiî-tôt, ou peu de
iliç ^ \' \'^ornme il arrive orciinaire-
après cette operation; mais je fus
tjj^\'^pé dans mon attente i le fang con-
fortir des gencives
J 1 ^vois coupées : pour lors je dis au
tjf ^^^ qu\'il étoit impoffible d\'afitijet-
tçj^^^e le fil d\'or ces dents chancelan-
Voit:\'^"»^ le fang ne fut arrête ; qu\'il pou-
^ en retourner chez lui & fe rin-
/. A a
£ 1 E C H ï K Xr R G I E N
fer la bouche avec l\'oxicrat, ce H^^
pourroit fuffire pour arrêter cette ^^
morragie ; mais elle continua, ^
lendemain il m\'envoïa chercher.
trouvai que lefang qui fortoitdes g^^^
cives n étoit pas abondant -, qUÇ ^ ^^
îne il ne venoit que par intervalc\'^.^
qui me fit juger que cette hemorr^^^^j,
ne-pouvoir pas être importante,
^u malade que je croïois qu\'il
irien à craindre ; que la tranquillité
repos étoient neceCaires, & q^^J jj
devoit rien prendre qui fut capab^^ j^
l\'échauffer-, mais quoiqu\'il eut ^jl
regime que je lui avois ordonné
eut ufé de plufieurs remedes ^ .(c
geans qu\'on lui avoit cônfeillez p\'
rinfer la bouche, l\'hémorragie
mia plus ou moins
«lant quatre jours & quatre nuits-
îe hémorragie perfiftant toujours^^^^
malade en étant affoibli, je fus «J^j. je
de nouveau i je propôfai de P^^r^jif-
•cautere afluelfur les gencives qui ^
îîiifoient le fang^ M. cîe j^ê-
«in qui s\'y trouva prefent, fut
me avis, & lorfque cette op^^^^^g«^
faire > l\'hemorragie ceffa ^ ^^
plus.
Dentiste; zîf
Reflexion.
Cette Obfervation fait Voir qu\'il fc
i^toiive quelquefois des cas nouveaux
^^iis lefquels il faut procéder d\'une
^Çon particulière. Je traitois d\'abord
hémorragie de bagatelle , & je
\'^^ghgeai d\'y remedier, parce que j\'a-
fait un grand nombre d opera-
^lons de cette efpece fur differens fu-
fans avoir jamais vû un pareil ac-
Quoique je fois perfuade qu\'il
a rien à craindre dans des bpe-
^ations femblablesj parce que les vaif-
^aux fanguins de ces parties ne font
eonfiderables, & que d\'ailleurs ces
^ft^es d\'hemorragies arrivent rarement,
^^^^e-ci auroit continué jufqu\'au point
^xtenuer le malade & de le faire fuc-
tomber, fi on eut négligé plus long-
d\'y remedier. Il y a apparence que
hémorragie étoit occafionnée par
caufe univerfelle & par une caufe
^^cale -, loit que le fang étant fcorbuti-
5 fut trop fluide & trop diffous, od
l^e les tuyaux ou petits vaiffeaux des
gencives fufifent devenus variqueux :
^\'loiqu\'il en foit, il eft abfolument ne-
aa ij
-ocr page 353-2,s4 lechikurgien
ceflaire en pareil cas d\'emporter les mâi^"
vaifes gencives, lorfqu\'elîes font con^"
me celles-ci l\'écoient, livides, gonflées >
molles, prolongées confiderablemeut^
prefque toutes détachées des dents > ^
fujettes à faigner aifément d\'elles-ni^\'
mes ; c\'eft pourquoi lorfque l\'on
remedier à des hémorragies femblable
& que les gencives fe trouvent ^^
pareil état, il ne faut jamais neghg^^
de les couper & de les dégorger ;
que c\'eft l\'unique remedé qui peut
mieux fortifier & raftermir les àct^^
chancelantes.
^tx obfervations fur les dents
régénéré es.
Premiere Observation.
^^me dent regenerée a une perfome
âgée de foixante-neuf ans.
Le 1de Décembre 17 2.3. je me trou-
vai chez M. de Manteville, où M.
Peintre ordinaire du Roi,& Pro-
feifeur en l\'Academie Roïale de»Peintu-
alTura en prefence de M. le Curé de
André des Arcs , & de plufieurs
autres perfonnes notables, qu\'il lui étoit
^^nu une dent au devant de la bouche
^ lage de foixante-neuf ans. Je le priai
me permettre d\'examiner fa bouche,
^^ qu\'il m\'accorda j & je reconnus que
^^tte dent regenerée étoit une canine
^^ la mâchoire inférieure. Cette dent
parut à la vérité plus nouvelle par
blancheur, que toutes fes autres dents;
qui me perfuada de la vérité de c®
le ôhirûrgïeîï
fait, qui n\'eft certainement pas coiîj\'
mun -, étant plus ordinaire de voir q^\'^
un tel âge on n\'ait plus de dents dan®
la bouche, que de voir qu\'il en revier»\'
ne pour lors de nouvelles.
Il y a quelque tems que M. Halle
moi nous nous rencontrâmes chez M\'
Tartanfon Chirurgien Juré à Paris :
Hallé nous affura qu a l\'âge de foixafl\'
îe-quinze ans, il lui étoit venu uneaiî\'
tre dent au devant de la bouche Se ^^
côté droit de la mâchoire fuperieut\'S;
J\'examinai cette dent. Se je trouva^
qu\'elle étoit la pareille de la précède«^®
qui s\'étoic cariée.
refl e xi on.
la regeneration des dents qui vieî^\'
nent fi tard, eft difficile â expliquer- ^^
elles fe regenerent par des germes ; coin\'
ment ces germes ont-ils pii fe conser-
ver fi long-tems fans fe manifefter, o«
bien fans s\'endurcir dans les alveole?\'
Jufqu\'au point de ne pouvoir plus être
en état de vegeter, & de percer lesge"\'
cives, de même que les dents s\'en-
durcifi\'ènt après leur fortie î Si ces dents
au contraire fe regenerent fans germ^ ^\'
quelle eft donc la matiere qui fert à
les former, Se par quelle route eft- elk
portée dans l\'alveole î Je crois qu\'il
Vaut mieux attendre pour l\'explication
une telle reprodu6tion , que l\'on ait
mieux découvert quelles en font les
Véritables caufes ; ce qui pourra fe fai-
re par le moïen de quelque Obferva-
tion , en fotiillant dans les mâchoires
des vieillards : fi l\'on eft a/fez heureux
de faire là-delfus quelque nouvelle re-
marque , on fe fera fans doute un vrai\'
plaifir d\'en faire part au public.
IL Observation.
Sur une grojje dent molaire
regenerée.
En 1708. Mademoifelle Deshayess
prefent époufe de M. de Seve demeu-
rant à Paris, rué de Baune, étant pour
lors âgée de quatorze ans, eut la pre-
miere^groflè dent molaire de la mâ-
choire inférieure cariée. La douleur que
cette dent lui caufoit, la fit réfi>udreà
fe la faire ôter, pour cet effet elle me
Vint trouver:, & je la lui tirai. _ L\'année
fuivante elle revint chez moi pour fe
faire nettoïer la bouche , & j\'obfervai
en la lui nettoïant, que cette dent éroïc
«ntierement regenerée.
-ocr page 357-lît LE CfîtRURGîEN
III. Observation.
Concernant une deuxîê?ne gyojf^
dent molaire regenerée.
En i7zr. le fils de M. Ducheinin
\' Comedien ordinaire du Roi, pour loi\'S
âgé de feize ans vint chez moi pour le
faire tirer la deuxième grofi\'e dent mo-
laire du côté gauche de la mâchoire in-
férieure , laquelle étoit très-cariée. J®
la tirai, & au bout d\'un an & demi?
«Ile fe régénéra parfaitement.
IV. Observation.
Sur une große dent molaire
regenerée deux fois.
En 171^. M. Larchevêque très-ha-
bile Médecin de Roiien , étant pour
lors à Paris, envoïa chez moi le nom-
mé le Duc Domeftique du College dû "
Pleffis, auquel je tirai la deuxième gref-
fe dent molaire du côté gauche de la
mâchoire inférieure. Cette dent avoit
été cafiee auprès du colet par un Den-
äfte qni ftvoit effaïé de loter, & q^
manqua
-ocr page 358-Dentiste, is^
atiqua fon operation , parce que ia
^ui-onne de cette dent lui échappa fans
^«ute de l\'inftrument avec lequel il la-
embralTée : cette couronne fe ni-
^jja entre la gencive & lalveole, ou
e refta plufieurs mois : ce corps étran-
o^r caufa beaucoup de ravageen la bou-
J 5 ce garçon ; ce qui rendit fon ha-
très-puante , empêchant la réii-^
des gencives, entretenant cm vuî-
e qi,î fe rempliffoit des relies des ali-
^i^s & de limon puaiit pourri. Dès
JJ^c ce même corps étranger fut ôré «
gencives fe réiinirent & la puan-
ceffa. Je ne fçai ce que ies racines
ç cette dent font devenues ; mais je
alîuré qu\'il eft parfaitement guéri.
.Ç.]^ i cil paiiaueraenr gueri
IJomeftique qui pour lors avoit en-
^ifon
--quarante ans, nous aflîira, à M.
I^^IJ^^^^eque & à moi, que c\'étoit pour
deuxième fois que cette dent S
^S^iierée, c^c qu\'il la faifoitôter.
^^^nxiéms fois que cette dent s\'étoit
-ocr page 359-V. O.bser vati on.
Sur une grojfe dem molaire
renowvellie fort tard.
M. Fauchard ci-devant ChirurgjfJ
& à prefent Marchand de Toile, rue
Dechargeurs, m\'a aifuré depuis p^\'\'^^
qu\'une des premieres groifes
laires de la mâchoire inférieure luief ^
tombée ford tard, s\'étoit regeneree
l\'âge de vingt-fept ans.
Reflexion.
Quoique la plûpart des Anatonji ^
prétendent qu\'il n\'y ait que vmgt ^ ^^
qui fe renouvellent -, fçavoir , les
incifives, les quatre canines ëc
petites molaires -, l\'on voit par ces q ^
tre Obfervations, & par plufieurs aU ^
à peu près femblables, que ces UcH^^.^.
ont négligé de bien exannner ce r^ ^^
puifque fouvent les groffes jg -,
régenerent non feulement une ,
mais quelquefois deux, & mem
qu\'à trois fois. Ce fait eft inconte^.^^
ble: je l\'ai vû arriver plus ^
§i jc m\'étonne qu\'il y ait quelques
Jomiftes qui ne foienr pas inftruits de
^ regeneration de ces fortes de dents.
Je ne pre\'tens pas avancer qu\'elles fe
^^generent toujours ; mais feulement
aire obferver, que les grolfes molaires
^ regenerent fouvent, & qu\'enfin on
^ ^ pas raifon de dire, qu\'elles ne fe ré-
génèrent point. Pour la regeneration
greffes molaires, il n\'y a pas un tems
^"iarquQ, comme pour la regeneration
autres dents. Les groffes molaires
peuvent fe regenerer en tout tems, Se
tout âge : quelquefois elles paroifl-
lent après la chute de celles qui les pré-
^\'^dent : d\'autrefois elles ne paroiffenc
plufieurs anne\'es après que les pre-
^^ieres ont manqué. Si les dents fe re-
F\'ierent en tout tems par des germes»,
^^ y a donc de ces germes qui font bien
^^rdifs à manifcflcr leur produétion.
ptîs doute plufieurs germes périfïènt
^ns former une dent; & de-là vient
^«e certaines dents ne fe regenerent
Jamais.
Bbij
-ocr page 361-VI. Observation.
Sur un abus confiderable fioudaî\'
nernem formé , prowpement
guéri é- fuivi de la régénérai\'
tion d\'une ftnte dent moU^^^
qui périt par difolution &
la regeneration d\'une gran^^
incifive.
En 171Madame Martinot, veuvc
«le feu M. Marion Marchand JouaiiUe^
à Paris, fe trouva attaquée d\'une
de fluxion fur la gencive du côté dro_^
de la mâchoire inféneure dans l\'endi o _
des petites molaires. Cette fluxion
f, violente, quelle caufa à cette Dai^^
des douleurs infupportables. Elle de^
nera en abcès en moins de douze heuie J
& cet abcès s\'étendoit jufqu\'à
vuide d\'une des petites molaires q\'
cette Dame s\'étoit fait drer "^e ann ^^
auparavant par le Frere Pafchal Reu
gieux de la Charité de Paris; ce fre^
avoit ôté cette dent toute entiere. ^ ^^
te Dame fut fi tourmentée par h do
km de cet abcès, qu\'eUç fut obhg
^\'•IVOÛ- L-ecOlu-s à M. BafTuel (a) qui
i^près avoir examiné ce même abcès ,
j^gea à propos d\'en faire l\'ouverture
l^vec une lancette -, ce qu\'il executa fur
champ: il fortie par cette ouverture
plus d\'une demie palette de pus ; la ma-
ade fut par - là délivrée de la douleur
J^i\'elle fouffroit î elle ne fit enfuite que
Miner fa bouche plufieurs fois par jour
^^ec le vin chaud & preffer fouvent la
partie, pour exprimer la matiere & ap-
procher les gencives: en cinq jours de
la cicatrice fe ferma Se la guéri-
fut parfaite. Le lendemain il parut
^^le dent nouvellement regenerée au
\'^eme endroit où le Frere Pafchal avoic
\'^^ré celle dont nous avons parlé. Cet-
^^ Dame étoit âgée d\'environ quarante-
\'ï^atre ans lorfque cette dent fe rege-
^^fa. Après cet événement fingulier, il
P^rça encore une autre dentà cette même
^ame, fans lui caufer aucune douleur -,
^^ fût la grande incifive du cc)té gau-
de la. mâchoire fupérieure qui lui
\'^anquoit depuis deux ans ou environ j
^es deux dents parurent également for-
^^ées. Les autres dents de cette Dame
diiferoient des dernieres percées ?
( « ) Chirurgien Juré à Paris.
Bb iij
-ocr page 363-±49 LE Chirurgien
que par leur couleur qui étoit moifl®
blanche. Ces deux dents régénérées
fembloient pas être bien émaiilées,
premiere fe confumapar diiTolutiotï-eii
moins d\'un an, fans caufer aucune doU"
îeur & fans être cariée ; fon corps & ^^
racine difparnrent quafi infeniîblemeiif ^
fans que perfonne ait mis la m.ain po^^^
ôter la moindre de fes parties : elle s\'à^
entièrement confumée & la gencive s\'à^
parfaitement cicatrifée.
Quant à la fécondé de ces deux dent^
régénérées, elle ne xùbfifta qu\'envirof^
un an, enfuite-elle tomba par morcea«^
fans caufer de douleur ; ii ne refta d
cetre derniere dent qu\'un chicot q^c^
lui tirai au commencement de Janvi^^
17 2 4. Ce chicot ne l\'incommodoit
depuis peu de jours, quoiqu\'il y
environ onze ans qu\'elle le gardât. *
eft Cl vrai que cette dent s\'étoit rege»^\'
rée, qu\'on n\'a pû foupçonner en aW"
cune manière que ce flit une dent à^
lait ; puifque cette Dame avoit été obli-
gée de fe faire ôter celle qui la pre^C\'
doit, par un Dentifte qui la lui callà>
de laquelle il refta un chicot que le
Dumont lui ôta à la fin ; & ce ne ^^
que quelque tems après l\'extraolion
Dentiste. 2.9 s
chicot, que cette dent fe
Reflexion.
Il y a apparence que la compreffion
^Ue la premiere dent regenerée prête à
percer faifoit a la gencive, occafionna
\'^et abcès. Il s\'y joignit fans doute une
^ilpoiition prochaine à la fluxion, dé-
pendante de la plenitude des vaiffeaux.
Ces deux circonftances Rirent fuffifan-
^es pour former fi foudainémentce dé-
pôt. La guérifon ne fut fi prompte^,
^^ie parce que l\'ouverture de cet abcès
% faite à propos, & avant que lama-
^^ere eut le tems de carier l\'os. L\'inon-
dation de la matiere ne fit point périr
dent prête à fe regenerer, parce que
^^^ dent avoit acquis farts doute, avant
de comprimer la gencive, une con-
%nce fuffifante, capable de refifter à
^\'aétion de la matiere putride. Si l\'on
^voit panfé cet abcès avec des bour^
•bonnets & avec des tantes -, qu\'on eut
^ondé & feringué cette playe, on au-
^oit non feulement retardé la guérifon ;
^ais on auroit pu faire périr cette dent
^Vant qu\'elle eut paru. La fécondé dent
^"egenerée ne perça fans douleur, que
parce qu\'elle rencontra une heureufe
Bb iiij
-ocr page 365-Le Chirurgie^
difpofîîion dans la gencive, & que
vacuadon des madcres fupurées p^f
l\'abcès de la premiere defemplitles vail-
feaux ; ce qui fit que la dent qui for^^^
îa derniere ne cau/à aucun mal devant
ni pendant la forde. Ces deux dent®
tegenerées pour la fécondé fois, nef^\'
roifi^oient pas émaillées, ou ne l\'e\'toieiit
•que très-peu ou très-mal, & leur olfifi\'
canon n\'étant pas parfaite, elles ne poU\'
voient pas manquer de périr, comm^
elles ont péri en s\'ufànt & en
vant aifément, tant par l\'aélion de ^^
maftication , que par Timpreffion ^^
l\'air & du difl^olvant qui arrofe la boU\'
che, lequel eft plus ou moins aâifj^^\'
vant les différentes difpofitions dan®
lefquelies on fe rencontre.
Le peu de durée de ces deux dentS
régénérées pour la deuxième fois &
peu tard, fait voir combien il eft impoï\'
tant que les dents foient très-lbhdes»
& bien recouvertes d\'un bon emailipn""
que fans ces deux conditions, les dent^
ne font pas d\'un grand ufage, ni d\'un^
ïongue durée.
CHAPITRE XXV.
^fffervations faites fur les dents
qui viennent tard , ou qui ne
viennent point du tout.
ON apperçoit fouvent des bouches
dégarnies de dents j ce qui dé-
fend quelquefois de ce que les dents
Ibnt jamais venues ou qu\'elles ne
font point régénérées. J\'ai obfervé
Plufieurs fois en ceux qui ont été richais
en chartre $ que les dents ne leur
^ont venues que fort tard, l\'ai encore
«>bfervé en des fujets femblables, qu\'el-
les ne fe regenetent qu\'en fort petit
îiombre. J\'ai vû à Tours un petit gar-
Çon âgé d environ cinq à fix ans, au-
quel la plus grande partie de fes dents
t» avoit jamais paru j il n\'en avoit feu-
lement que quelques-unes au devant de
la bouche.
J\'ai obfervé diverfes fois en plufieurs
adultes , que quelques-unes des dents
incifives de la tnachoire inférieure, ne
s\'étoient point régénérées. J\'aiobfervd
auiîî en d\'autres adultes, que les dents
latérales ou moïennes incifives, ne
manquoient que parce" qu\'elles ne sé-
toient jamais renouvellées. Enfin j\'ai d£
plus remarqué qu\'en certains fujets quel-
ques-unes des canines ôc petites mo-
laires, ne s\'étoient nullement regene\'
rées après la chute des dents de lait 5
quoique les dents de lait fullènt tom-
bées d\'elles-mêmes.
Reflexion.
Il eft ordinaire de voir que les dents
fe regenerent après qu\'elles font tom-
bées d\'elles-mêmes, ou qu\'on les a otées
à propos, ôc même fans qu\'elles foient
tombées, ni qu\'on les ait ôtées : on en
voit quelquefois reparoître d\'autres a
côté des dents de lait qui doivent tom-
ber, lorfque ces dents de Jait manquent
dele faire; mais il eft rare de voir que
la nature manque de reproduire de fé-
condes dents. Lorfque ce cas arrive,
cela ne peut dépendre que de ce que
le germe des fécondés dents a péri pat^
quelque caufe qui ne nous eft pas tou-
jours connue-, ou bien parce qu\'il n\'a
été jamais formé de germe pour repro-
duire les dents qui auroient dû fe re-
nouveller fuivant le cours orclinjiire.
^loiqu\'il en foir, l\'on ne peut four,
^ir en cette occafion d\'autres fecours,
que de fupléer au défaut des dents qui
^^anquent, en fubftituant à leur place
:ents poftiches, naturelles ou arti-
. es.
Cinq obfervations concernant les
dents diverfement réunies
enfemble.
Premiere Observation.
^e deux dents cariées & réUmes enfem^
ble, ne faifant prefque^ ad m même
corps, toutes les deux otées a ia fois.
BN 1705. un r. p. Recolct, de la
ville du Lude en Anjou, vint chez
moi pour fe faire ôter une groffe dent
molaire qui lui caufoit beaucoup de
douleur. J\'examinai fa bouche, je re-
connus que cette dent étoit très-gâtée,
^ qu\'il n\'y avoir point d\'autre parti a
prendre pour le foulager, que celui d e-
des c
ficiel
xecuter Ton de/Tein. Quoique je n\'eU"^
•faifî avec l\'inftirument dont je me fer-
vis pour faire cette operation, que
dent qu\'il s\'agilfoit d\'ôter, j\'en tirai
néanmoins deux à la fois. Jecrusdan^
le moment avoir fait une grande faute )
mais je trouvai que la dent qui avoic
fuivi la premiere, étoit gâtée démêle
que l\'autre, & qu\'elles étoient toutes
les deux fîadlierentes enfemble, & unie®
de telle maniéré par leurs racines, qu\'el-
les ne faifoient prefque qu\'un memtJ
corps. Ce Recolet croïant toujours q«^
je m\'étois trompé, eut la curiofîté d\'^\'
xaminer , fi ce que je lui difois étoic
vrai : pour nous en afîlu-er mieux, nou^
prîmes un couteau, duquel nous mî"
mes la lame fur les deux dents nous
frappâmes définis cette lame avec une
)ierre, nous ne pûmes jamais venir ^
jout de féparer ces deux dents l\'une de
\'autre, qu\'en Jes caflànt par morceaux /
ce qui fut fuffifant pour perfuader ce
Religieux, qu\'il étoit impoffible d\'ôter
l\'une, fans l\'autre. La peine que je
donnai pour inftruirece Religieux d\'un
fait qui nous interefi^it également, fit
que nous nous quittâmes fatisfaits l\'u»
de l\'autre.
Reflexion.
Lorfque les -dents font unies cntr el-
feulement par leurs racines, on ne
P^Ut s\'en appercevoir qu\'après les avoir
^î^es. Il n\'en eft pas de même lorfque
dents font unies par leurs corps.-
^ans ce dernier cas on doit avant que
d\'operer avertir ceux qui ont de telles
^ents, qu\'on ne peut Q.ter Tune fans
^ autre -, par ce moyen on évite tou-
difcuifion ; mais lorfqu\'on n a pu re-
connoitre une adherence ƒ açhée, que
par l\'examen de la dent ôtée, il faut
^"ffi-tôt qu\'on apperçoit l\'adherence,
informer la perfonne pour fe jufti-
dans fon efprit, & pour éviter qu\'il
à l\'art ou au défaut d\'experieii-
, un accident qui dépend unique-
ment de la difpofîtion naturelle.
II. Observation.
deux dents reünies enfemble ^
ne faifant qu un même corps.
Le zo. Décembre 1723. Mademoi-
selle Le Moyne âgée de huit ans , de-
meurant à Paris près faint Magloircj
fut amenée chez moi -, elle étoit f^i^
incommodée des douleurs qu elle fo^i\'
froit aux denrs .• en examinant fa boii"
che, je trouvai que la canine
five fa voifine du côté droit de lain^\'
choire inférieure, étoient fi étroitemei^\'-
unies enfemble qu\'elles ne formoie^\'^
qu\'un même corps. Entre l\'une &
tre de ces dents il paroiffoit une efp^\'
ce de goutiere peu profonde, qui
gnoit tout le long de leurs corps, ^
un petit intervale vers leur extrémité\'
Cette double dent étoit formée de deU^
dents de lait .■ elle étoit encore bien ai\'
fermie. Je ne l\'ôtai point, de crainc^
d\'endommager les germes, qui doivcîi^
naturellement prodiùre les dents «l\'-"^
leur fuccedent. Le hazard fit que
jour-là M. And fe rencontra chez inoi\'
je lui fis voir cette fingularité; ce
lui parut curieux, de même qua pl^\'"
fieurs autres Meffieurs qui s\'y rencon-
trèrent auffi dans ce moment.
m. Observation,
•d peu prés femblable a. lé
le 16. Janvier 1714\' \'P
Pprtai chez M. Auger Marchand £pi-
en gros, rue de la Verrerie : j\'e-
xaminai les dents de Mademoifelle fa
^lle âgée d\'environ huit ans. Je remar-
quai qu\'elle avoir la dent de lait laté-
rale ou moyenne incifîve du côte droit
de la mâchoire fuperieure, unie avec
^a canine fa voifme , ce qui n\'eft point
^idinaire. \'Je fis remarquer ce fait à M.
fon pei-e ^ ^ Madame fa mere, à M.
^andreau Auditeur des Comptes, & à
plufieurs autres perfonnes qui fe trou-
vèrent prefentes.
Reflexion.
Il .n\'eft pas aifé de diftinguer, fi l\'u-
\'^ion des dents jointes enfemble dépend
de ce que deux germes fe font confon-
dus : la cloifon mitoyenne de deux al-
"^eoles n\'aïant pas été formée, ces deux
alveoles ne forment qu\'une feule cavi-
& par confequent une dent dou-
504 I-E CHI RURG IE H ,
ble ou jumelle. C\'eft toujours un gJ-\'^" _
défavantage d\'avoir dépareilles den^ \'
parce que*"lî l\'une de ces dents juine^
vient a périr par quelque accident, i ^^
tpe eft en grand danger d\'avoir le
me fort.
IV, Observation singulier®\'
Sur une dent faîne , quon
tirer avec une dent cariée J
voifine , farce que l\'une f^
l\'autre étoient adhérentes ^ ^^
doifon de lalveoU,
En 1711. un Maître Cordonnier
Nantes, me vint trouver pour lui tire
la premiere petite dent molaire du co"
té droit de la mâchoire fuperieure.
te dent étoit cariée & lui caufoit Ui^
douleur infupportable : quoique cett^
dent me parût aftèz difficile à ôter ■>
ne laiftài pas de l\'entreprendre i Se
réiiftir. Heureufement je m\'apperçus
operant, que la fécondé petite molaïf®
fortoit de fon alveole,de même que ceU
que je vouloisôter. Dans l\'inftant
chai prife, jugeant par-là que la portioj^
extérieure & la cloifon mitoyenne des a j
Dentiste. 50 j
isoles fe trouvant fortement adheren-
\'■es à ces dents , cette cloifbn s\'étoit
l^ompuë ôc féparée du refte de l\'alveo-
J par Tefiort que j\'avois été obligé de
\'aire ; dès que je m\'en apperçus, je fis
auiîî-tôt rentrer les deux dents dans
^eurs cavitez, je les aflujettis, & je fé-
parai avec la lime les parties des alveo-
les qui les tenoient unies eniemble. Par
ee moyen j\'achevai d\'ôter aifément la
^eut cariée , ôc fa voifine qui avoit
été ébranlée, fut raffermie de même
elle l\'étoit auparavant. Si je ne m\'é-
pas avifé d\'avoir recours à cet ex-
pedient, j\'aurois fait une très-grande
^^eche à l\'os maxillaire fuperfeur dans
endroit des alveoles, aufîi-bien qu\'aux
.gencives, & de plus j\'aurois ôté une
®onne dent, qui n\'auroit pas manqué
^e fuivre la mauvaife.
Reflexion.
11 arrive tous les jours que l\'on ren-
eontre en ôtant une dent, de nouvel-
es difïîcultez que l\'on ne peut pas pré-
voir. S\'il y a un moyen pour éviter les
^Çcitiens qui peuvent les fuivre , c\'eft
^ operer avec prudènce & fans précipi-
^^fion. Il faut ménager les premieres fe-
"^ome I. Ce
coufTes que l\'on donne à une denf>
bien obferver la rclïftance que les dent»
font à ces premiers efforts, fur -
être attentif à ce qui fe paffe penda"^
ce tems-là aux dents qui leur font voi-
fines. Si l\'on voit que les dents voifi"^^
s\'ébranlent,on doit inferer de-là que e
dents fe touchent par quelque endro^f^
Si leur e\'branlement eft plus confidej\'^^
ble , il y a grande apparence que ^^^
dents voifînes font adhérentes entr e_
les, qu\'elles adherent à la cloifon
toyenne, ou en quelqu\'autre partie
l\'alveolè : en tel cas, il faut procède
de même qu\'on l\'a fait remarquer da»^
cette Obfcrvation, & qu\'il eft plus
plement enfeigné dans le douzième eh
pitre de la manière d\'ôter les dents?
prefent Tome de ce Traité.
eft bien inftruit, circonfped:, avife ^
îngenieux, on eft en état non fei-\' ,
ment d\'éviter plufîeurs accidens
encore d\'inventer par la pratiqnej
nouvelles manières d\'operer, dont le p^
blic peut retirer de grands avantages-
V- Observation.
^m deux dents unies far un
corf s moyen.
En 1711. im Archer de la Maré-
\'^haufTée de Nantes à qui la deuxième
pofle dent molaire du côte\' gauche de
mâchoire fuperieure caufoit beaucoup
douleur, s\'adrelfa à moi pour la lui
^\'^er. J\'examinai fa bouche, & ayant
trouvé dette dent gâtée, j\'entrepris de
a tirer ; mais comme j\'ai toujours la
précaution de ne pas tirer trop rapide-
\'^ent les dents que je doute être adhé-
rentes , je m\'appercus en ôtant cette
ent 3 que la derniere molaire fa voifî-
l^e ne vouloir pas l\'abandonner & qu\'el-
e la fuivoit : je fufpendis pour lors l\'ex-
\'■^aétion de la premiere, croiant pouvoir
^ détacher de la derniere, avec la lime
^^ autrement ; mais fon éloignement
^es autres ne permettant pas de pou-
^^ir la conferver , je fus obligé de pren-
ne le parti de les ôter toutes deux. |e
Remarquai enfuite que l\'alveole leur é-
auffi intimement attaché qu\'il le
Pouvoir être aux précédentes.
Cette Obfervation nous fait voirqii^
Ton doit être toujours circonfpeét ^^
ôtant les dents-, parce qu\'il s\'en rencoi^\'
tre, qui font très-fortement engagejf
dans les alveoles par la configuration û
leurs racines ; ce qui cauferoitde gi\'a^
éclats, fi l\'on n\'y prenoit garde : il^
rencontre encore d\'autres qui fi^nt unie
entr\'elles par leurs racines oupar leU^
corps, fans que cette adherence paro^f
fe : quelquefois même ies dents vol"\'
nés font unies par un corps moye" \'
c\'eft-à-dire, par quelques portions
alveoles, auxquelles elles adherent
ciproquement : dans tous ces cas, n ^ ^
peut reconnoitre les adhérences, af^^
avoir ébranlé une dent, avant que
l\'ôter tout-à-fait, l\'attention Se h
nagement que l\'on apportera , pour^
ervir de beaucoup à mieux réiiflîï^\'
^ouz£ obfervations fur les dents
difformes & mal arrangées.
P«.emiere Observation.
^^r des dents inégales, gâte es & diffor-
mes , lefquelles après beaucoup de
foins, font devenues très - belles ^
très-bonnes.
YjN 1715. m. Feydeau alors âgé
XI d\'environ quatorze ans, avoit les
^ents mal arrangées, très-inégales, mui-
ees & pointues à leur extrémité, Tillon-
^ées, parfemées d\'une infinité de petits
^rous «Se de taches noires couvertes d\'un
grand nombre de tuberofitez & com-
ble heriffees fiir la fiirface extérieure de
W émail, & Tes gencives étoient fore
gonflées. Il avoit la bouche fi défagréable,
qu\'il ne fembloit pas qu;ii eut des dents,
ou du moins il ne paroifi!bit les avoir
S.ue très - mauvaifes. Ce jeune homme
faifoit fes études au College du Pleflis
où je m\'étois tranfporté pour d\'autres
perfonnes ; il nie fut prefenté par IVÏ\'
de Gaallon Prêtre, fon Précepteur, poii[
fçavoir s\'d étoit poffible de remedicr ^
fa bouclie : ayant jetté ies yeux fur ^e®
dents J je, fus furpris au premier afpe*^
de les voir dans un fî trifte état ; je p^"\'
fai qu\'elles étoient toutes cariées & nors
d\'état de pouvoir être coiifervées j mal®
les ayant examinées de près, je juge^-^
que je pouvois y apporter beaucoup
remede -, je dis à M. de Gaallon, & ^
ceux qui fe trouvèrent prefens, que j\'e^\'
perois avec ie tems les rendre d\'uo^
telle beauté , qu\'elles furprendroie«^
tous ceux qui les avoient vues, &
les voyoient dans cet état : fon Précef
teur manda au pere & à la mere de ce
jeune homme ce que je faifbis elpere"^
à ce fujet : ils ordonnèrent à leur
de venir chez moi Se de fe mettre en;
trémes mains. Pour lors je commenÇiî\'
par lui emporter le fuperflu des gencives
Se à "en exprimer fuffifâmment le ù^ê
pour les dégorger. Je lui nettoyai les
dents, Ôc les limai fur toutes les f^r\'\'
faces, qui en avoient befoin, j\'arran"
geai celles qui étoient hors de rang a ve^^
les fils Se la lame d\'argent : de maniè-
re qu\'ayant opéré chaque jour, ou de
Dentiste. 511
^ux jours l\'un aux dents de M. Fey-
je les rendis en moins de deux
l^ois telles que je l\'avois aflure\'; & el-
Tont aujourd\'hui aufli belles & àuf-
^ bonnes qu\'elles avoient paru aupa-
\'^^Vant difformes & mauvaifes.
Les dents de ce jeune homme n\'d-
devenues dans un fi mauvais
que parce que l\'on avoit négligé
^\'en avoir foin. Si on les avoir net-
^\'^yées de bonne heure, le limon & les
Parties des alimens n\'auroient pas fait
J-e tellesimpreffîons fur leur émail,ni
la fubftance fpongieufe des genci^
Si l\'on eut différé plus long-tems
^ y apporter du remede, il auroit été
d\'operer avecfuccès j les gen-
^ives même auroientété rongées 8c con-
T^mées, de façon que les dents auroient
ébranlées Se comme détachées des
gencives & des alveoles , & que la plû-
des dents auroient péri par-là, &
es autres auroient été entièrement dé-
truites par la carie. Les réparations que
\'e fis à la bouche de ce jeune homme,
l^oi qu\'un peu tard, ont prévenu heu-
reufement tous ces fâcheux accidens.
& ont fi bien rétabli fes dents,
peine s\'apperçoit-on à prefent qu\'ell^^
ayent été gâtées.
IL Observation.
Sur des dents mal arrangées, do^^
l"extrémité du corps inclind^^
vers le palais.
En i7i3. la fille de M. Rolland
diteur des comptes, demeurant à Pf^^\'
âgée d\'environ quatorze ans, avoit
dents latérales ou moyennès incifi^^^
de la mâchoire fuperieure confiderabl^\'
ment dérangées ; l\'extrémité de
corps inclinoit vers le palais. Je coî^^
mençai d\'abord pat les féparer de le\'\'"
voifines, ce que je fis avec la H«^^^
pour leur donner un paffàge libre j
te operation me fervir aies ramener^
à les placer dans leur ordre & dans le^
état naturel , en y employant de p^\'^
le fecours du fil, & celui de la lan^f
d\'argent-, par ces moyens je parvins,
les mettre en bon état en moins de tiO^^
femaines.
dentistb. 51 j
ni. Observati o m.
^ pen près fembiable à U
préeedeme.
,, En la même amiée A4. Daftnart âgé
environ douze ans, fils de M. le Mar-
de Murs & pedt-fils deM. iePre-
^^t des Marchands de Paris , avoit les
dents lata-ales ou moyennes in-
dérangées & très inclinées vers
^ palais -, je les arrangeai avec le fil &
^^ ame d\'argent j ce qui me réiiiîît par-
Jiuement bien, en cinq femaines de
IW Observation.
Cûn
cernant plufeurs dents încîf-
\'^es dérangées ^ inclinées
en differens fenjs.
En la même année 172^. on amenâ
moi le fils de M. de Verville Ecuïer
l^e la petite Ecurie du Roi. Ce jeune
^ornme étoit âgé d\'environ dix à dou-
3ns, il avoir deux dents incifives de
îîuchoire inféricui.e- fort dérano-ées
/. D d "
^î 4 l e C h i r u r G I e n
& inclinées du côré de la langue? un^
troifîéme incifîve de la même machoi"
re panchée & un peu croifée lur I ^^
des deux précédentes denrs ; le.dérai\'\'
gement des dents de ce jeune hoini^^
ne Ce bornoit pas feulement au "^ j
dre i & a là confufîon de celles
mâchoire inférieure, les dents de
choire fiîperieure étoient auflî ^^^
rangées que celles de l\'inférieure :
moyenne incifîve du côté droit de c
re mâchoire étoit inclinée vers le
lais -, Fune des parties latérales de
grande incifîve étoit nn peu
en dehors, & l\'autre partie latérale ^^
cette même dent étoit tournée ^
dans : je rétablis parfaitement
ces dents dérangées j ce qui me
en quinze jours par le moyen de
applications de fil, fans employer
cun autre fecours. ,
Depuis peu j\'ai encore arrange^
dents au fils de M. de Pleurre
1er au Parlement de Paris. Ce
Monfîeur âgé d\'environ douze ans,
toutes les dents incifives confîdefa^^^^
ment dérangées & difformes .• 1
mité des unes incHnoit én dedans ? ^
Uçm^é des autres inclinoit en deflo
«es qui lui rendoit la bouche très-défa-
gréable & défectueufe. Après les avoir
nettoyées , égalifées & féparées avec la
linie, je les lui arrangeai par l\'ufage des
fils : ce qui m\'a parfaitement bien réiif-
fi en moins de fix femaines.
Peu de tems après Madame Joly de
Pleury époufe de M. le Procureur ge-
neral au Parlement de Paris, m\'envoïa
^u Couvent des Religieufes de Liefie,
^rès la barrière de Seve, pour vifiter la
touche de Mademoifelle fa fille, âgée
d\'environ quatorze à quinze ans, qui
pour lors étoit en penfion dansceCou-
\'Vent: je trouvai fes dents incifives &
canines très en défordre, dérangées 3c
Illégales en longueur, fillonnées & par^
lemécs d\'un grand nombre de taches:
^es unes fe portant par leur extrémité
dedans, ôc les autres exceffivement
dehors, je remedial à tous ces acci-
dens de même que je l\'ai enfeigné ail-
leurs, ôc j\'eus grand foin de les fépa-
\'^er fijffifamment pour qu\'il me fût plus
facile de les redrefièr ôc de les arran-
ger : ce qui me réiifiit à merveille en
douze applications de fil.
Ddij
-ocr page 385-V. Observation.
Sur UfraBure d\'une grande dent
inçijhe à fon extrémité if^fi\'
rieur e ^ & fur celle de la moy^^\'\'^
ne incifinje voifne qui étoit
cafée entièrement.
Au mois de Janvier 1727. le fils de
M. le Prefident Amelot de Gournay^
âgé de treize ans, tomba fur une pie"-\'\'
re, il fe cafia une portion afiez confi"
derable de l\'extrémité inférieure de
grande dent incifive du côté gauche
la mâchoire fuperieure, & fe caflà eO\'
tierement la moyenne dent incifive VOI-"
fine, de maniéré qu\'il n en reftoit pl^^
que la racine. Ce jeune homme fur ^^
mené chez moi , je lui tirai cette lad\'
ne, & j\'approchai la dent canine &
premiere petite molaire vers le gran<^
intervale que la dent cafiee entiereme^\'\'
avoit laifi^ -, j\'approchai de même le^
trois autres dents incifives de faÇ^u
que cet intervale eft fi bien rempli, qi^^
ne parojt pas aujourd\'hui qu\'i ait peP
du une dent au devant de la bouche.
Çyette operation m\'a réuiîî par le mp?0
pes fils que je nietcois de deux jours
\'m , ôc cela pendant l\'efpace de cincj
Semaines : après quoi j\'ai limé les dents
trop long ues & limé de même la denr
^aflee à fon extrémité : de maniéré qu\'il
paroît prefque pas que cette dent ait
«^té fraéfuife. ,
vi. ofiservatlon.
^^r des dents mal arrangées ^
tres-^dijformes , par laquelle ûn
reconnoitra la pojf.hilité de re-
drejfer ^ replacer avec le pe-
lican J ces fortes de dents dans
leur état natureL
Hn 1712. l\'époufe de M. Maziere,
^^ôrs premier Commis de M. de la Ser-
^e» Direéteur des Aydes & Gabelles à
"^rigers, demeurant à Paris, rue du Re-
gard, m\'envoïa Mademoifelle fa fille,
pour lors âgée d\'environ onze ans , à
prefent Religieufe dans le Couvent des
^lues-Dieu, rue S. Denis. Cette jeune
yemoifelle avoit deux cients au devant
la bouche & du côté droit de la ma-
^hoire fuperieure , fort mal arrangées
^ inclinées en dedans du côté du pa-
Ddîij
-ocr page 387-pî L E c H ï R tl R G î E H
lais. Ponr arranger CCS deux denrs>
me fervis du pelican , je les dre/faî Sc
les mis dans leur place naturelle, fa"^
lui faire fouifrir beaucoup de douleur-
J\'afîiijettis ces deux dents avec du fil ^
l\'ordinaire , pour les maintenir enpl^"
ce 8c pour éviter que le reflort de l\'ai\'
Veole ôc des gencives ne les renversât
de nouveau. Je réufiis fi bien, qu\'il ne
paroît en aucune maniéré qu\'elle aires\'
les dents difformes. Huit jours apre®
i\'ôtai le fil , & cette Demoifelle reft^
avec fes dents bien affermies Ôc bieij
arrangées. Perfonne n\'avoit confeill^
Madame fa mere de faire faire cette
operation à fa fille j ce qui n\'empêcii^
pas que cette Dame ne fe déterminât »
me l\'envoyer, àl\'infçii de plufieurs Da-
mes qui étoient chez elle, lefquelles ft^\'
rent agréablement furprifes d\'unchan"
gement fi prompt & fi avantageux.
Reflexion.
LaChirurgîe n\'a point d\'opération donf^
le fuccès fîiive l\'execution de
fi près, lorf-
que le Dentifte eft adroit, ingénieux ^
expérimenté. Eft-il queftion d\'ôter je«
corps étrangers qui s\'attachent ôç s^"
niffent très-fortement aux dents, de le®
& blanchir? Il ne faut que le
^ems d\'opérer,pour mettre ies dents dans
fi bon état, qu\'elles femblent avoir
renouveliées. Sagit-il de limer les
^ents, pour les féparer les unes des au-
^■^es, ou pour leur donner une forme
^^nvenable, l\'opération finie, elles ne
^^nt pas reconnoiffables, & paroilTent
beaucoup plus uniformes & plus régu-
lières , qu\'elles n\'étoient auparavant?
Combien de fois arrive-t-iî que l\'on dé-
livre fur le champ ceux qui font tour-
mentez de violentes douleurs de dents,
par des operations promptes & alfurées ?
Les dents font-elles mal pkcécs, ren-
dent-elles par-là une bouche défeclueu-
^e, vilaine & infupportable aux yeux ,
n\'a qu\'à fouhaiter de fe défaire de
eette difformité, recourir à un habile
L>entifte, fe confier à lui & le laiffer
faire, l\'arrangement des dents changera
^e telle maniere, qu\'on aura le plaifir de
furprendre ceux qui ne feront pas ac-
coutumez à voir ces petits prodiges de
l\'art. C\'eft ce qui arriva à cette com-
pagnie que Mademoifelle Maziere fut
rejoindre deux heures après que j\'eus
redrefiTé fes dents.
D d iiij
-ocr page 389-VIL Observation.
Sur des dents difformes &
arrangées ,par laquelle on l\'cr-
ra comment fe produit le àc\'
rangement des dents ^ é\'
ment on répare cette diffof
mité.
M. de Crefpy de la Mabiliere, àc"
Jneurant à Angers, n\'ayant jamais vou-
lu Gonfentir dans Ton bas age ,
iui ôrât fes dents de lait qui s\'oppofoieiiE
à la fortie des fécondés denrs inciiiV^^
& canines, fa repugnance fur caufe q^^
fes dents de lait refterenc trop long"
tems en place & firent que les fccoo-
des dents incifives & canines vinrent
bors de rai^, & lui rendirent la bou-
che très-difforme. Ses pafens Ôc fes a-
mis lui ayant fait faire attention au^
confequences de cette difformité, il ^^
réfolurde fe faire ôter celles qu\'on ne
pourroit lui conferver : ce ne fut qu\'^
■ \'âge de vingt-deux ans qu\'il fe déter-
mina entièrement à cette operation. J\'a-
vois l\'honneur d\'être connu & aimé de
lui & de fa famille ; je fus mandé e»
^antîée 16^6. pour rétablir Tes derits
Qans leur ordre naturel, jf\'exaraimi
attention l\'état de fes dents, que je
trouvai dans un grand dérangement, &
pouvoir être arrangées fans en ôter
Jî^^elqu\'une : je commençai par lui oter
dents canines , tant de la mâchoire
*^^férieure, que de la liiperieure , qui
^^ppofoient à l\'arrangement naturel de
es autres dents : j\'en ôtai trois d\'une
S^ofTeur & d\'une longueur iî confîde-
•■ables, qu\'elles fe portoient excellîve-
\'^ent au dehors de la bouche, tandis
^^le la plupart des incifives étoient pan-
ehées du côté de la langue & croifées ks
^ties fur les autres derriere les canines,
^près que j\'eus oté ces trois dents, j\'é-
branlai avec le pelican les incifives dé-
rangées pour les ramener, & les arran-
pr ainfi les unes après les autres, dans
même ordre qu\'elles doivent être
Naturellement arrangées 5 après quoi j^e
nie fervis de leurs voifines pour aflii-
Jettir les dents que j\'avois redrefîees ,
par le moyen du fil ciré, que je laiffai
environ quinze jours -, après lequel tems,
®>ant ôté ce fil, ces dents fe trouvèrent
^^ bien raffermies & fi bien arrangées,
^ri\'il ne paroît pas aujourd\'hui que les
dents en .queftion ayenr jamais ère\' dii"
form es. Les circonftances qu\'il y a à ob-
ferver pour raffermir les dtnts feront
rapportées au chapitre 9. tom. l.
Reflexion.
On ne fçauroit prendre alTez de pr^\'
caution pour empecher le dérangeme»^
des dents, prefque toujours caufè p^"^
lobftade que forment les premier«^
dents , à la forde des fécondés. Lorfq«^
les premieres dents ne tombent pa^ \'
les fécondés ne trouvant pas la pl^^,^
vuide, au lieu de percer en ligne àij\'
reéke, percent obliquement .- on les vo^
paroître à travers les gencives, tanr^
en dedans, tantôt en dehors, tandis
que les denrs de lait fe maindenne)^^
dans leur état c\'eft dans ce tems -
qu\'il ne faut pas manquer d\'ôter
premieres dents, pour leur faire ce^^\'
■ a place qu\'elles ne çederoient pas
trement aux fécondés. Si l\'on ne pr*^"
cede pas de même , il arrivera qu\'elle®
feront la caufe que les fécondes dcntS
feront panchées 5 de-là il rèfultera q^\'^
les unes Scies autres feront confufe\'inen"^
placées, les unes panchantes en dedans »
& les autres en dehors j ce qui rcndr«
Denti ST E.
bouche diffoirme. On ne pourra re-
"^edier à cet mconvenient, qu\'en ôtant
^^elquefois certaines dents , qu\'en re-
^refTant & rafFerniiflànt les autres. Plus
^J} attendra, plus cette operation fera
\'^^fficile, & plus long-tems on aura le
\'Malheur de foufFrir & de déplaire. On
\'^\'ignore plus à prefent la polfibilité de
operation, ni le bon fuccès qui
^accompagne.
VIII. Observation.
Sur deux dents incifives mal
arrangées.
En 1719. Madame Onfil, demen-
^^fit à Saint Germain en Laye, amena
^(lez moi Mademoiie\'Jefa fille âgée de
dix ou douze ans. Cst-te ^mo-f:lle
J^oit les deux moyennes-incifives de
^ mâchoire fuperieure confiderable-
\'^^ent dérangées. Je les redrefifai avec
^on pelican , & les remis dans leur état
Naturel, en prefence de Madame fa me-
re & de l\'époufe de M. Duval Chirur-
gien Juré à Paris enfuite je les atta-
ehai avec du fil , que j otai quelques
J^uts après. Les dents de cette jQune.
324 Cmirurgïeîï _ .,
Demoifelle ont refté prfaitcmenc bîc\'j
raffermies, & fî bien arrangées
ne paroîc nullement qu\'elles aient éc^
jamais autrement. Ellesne ravoientct\'\'\'|
que parce qu\'on avoir attendu trop
à ôter les denrs de lait.
IX. Observation.
Sur une dent qui faroijfoit fit^^^^
m palais , laquelle fut placed
au rang des autres.
La même année 1719. M. de la
•fe âgé d\'environ trente ans,
la défit canine du côté droit de la
choire fuperieure placée vers lepal^i^\'
& cette dent ie faifanr paroître con^
me ébreché, il me pria de la lui arra»\'
ger, ce que je fis avec le pelican5 ^
iaffujettis fî promptement avec le *
que j\'eus beaucoup de peine à lui Ff\'
fuader que cette dent redreffée étoit
même qui fe recourboit auparavant vet^
fon palais ; il me foutenoit toujours qi\'^
je lui en avois mis une pofliche;
opiniâtreté alla fî loin, que nous no^s
fâchâmes tous deux. Je penfai me
pentir cette fois d\'avoir Ci bien reiii^^\'
fe pût fe perfuader de l\'exiftence de
e^tte dent, qu\'au bout de huit jours,
jl^e j Otai ce fil 5 & qu\'il vit fa dent fi
^eti raffermie, qu^il ne difcon vint plus
ce ne fût fa dent naturelle.
X. Observation.
^ peu près fembiable à la.
précedeme.
la même année Mademoifelle Ma-
^\'e-Amîe Renoult, mece de M. Du-
^•^emin, Comédien ordinaire du Roi,
®yant une fembiable dent placée^de mê-
j^e que l\'étoit eeile dont nous venons
e parler , vint ebez moi pour fe la fai-
arranger : ce que je fis dans le mo-
\'^■»ent avec le pelican. J\'employai les
\'^ênies moyens dont je m\'étois fervî
P^Ur arranger celles de M. de la Barre -,
qui me réuffit de même.
Ref ls xi on.
L\'on voir par ces cinq Obfervations,
il eft fiDuvent fort aifé de redreffer cer-
jaities dents : pourvu néanmoins que
oti foit muni des inftrumens cpnye-
^^Hes, qu\'on lesT^ache bien manier,
LE CHIRURGIEÎ^ p
èc que l\'on obferve toutes les circo^
tances qu\'on rapportera au chapitre
torn. 1. où l\'on verra qu\'il fe troU^,
des dents, qui rje font pas fi facile^ .j
redreffer qu\'il y a en d\'autres, ^î^
ne faut point entreprendre deredrefle^ \'
parce qu\'il fe rencontre quelquefois ^
celles-là des difficultez infurmontabl^ \'
XI. Observation.
Concernant des dents mal aff^^\'
gées é" tres-dîfformes.
En 1719. M. l\'Abbé Morin de Ch^^^
très en Beaulîè» âgé d\'environ vitig^
deux ans, ayant les dents canines
incifives très-dérangées & très - di^
mes, fut voir à ce fujet plufieors
mes confreres, pour fçavoir d\'eux ^^^
étoit pofîîble de les lui-arranger.
ques-uns trouvèrent la chofe fi
le, qu\'ils lui confeillerent de n\'en rie^
faire : le hazard voulut qu\'il vint
moi, dans le tems qu\'il s\'y rencop\'^^^
un de mes confreres : nous exaini^^^
mes tous deux fa bouche avec be^^^
coup d\'attention. Comme ce Dentr.
«toit mon ancien, & que je le ero/*^
plus expérimenté cjne moi, je le priai
de me donner fon avis fur la méthode
il falloit fuivre pour réulTir dans un
^as femblable : foit que mon confrere
voulut pas m\'inftruire , ou qu\'il ne
pas en état de m\'aider de fon con-
feil , il ne me répondit pas comme je
I aurois fouhaité ; ce qui m\'obligea de
^^i dite, que j\'efperois que dans trois
^^ quatre jours les dents de ce Mon-
teur feroient parfaitement bien arran-
gées. Ce Dentifte ignoroit que cela fe
P^^t faire fi promptement. Au bout de
ee tems , fa curiofité l\'obfigea de reve-
nir chez moi, & il fut tout étonné de
\'^oir les dents deM. l\'Abbé Morin par-
faitement bien arrangées : il refta pour
convaincu de la vérité que je lui
^Vois avancée.
Reflexion.
Les chofes les plus aifées â executer s
Paroilfent impraticables à ceux qui ne
font pas fufiifamment inftruits. Tous
es jours nous voyons des exemples qui
Confirment cette vérité. Ce que l\'un
\'^ient pour impoffible, eft facilement
^^ecuté par un autre. M. lAbbé Mo-
^"iîî a fait cette heureufe experience par
3 2,8 L E G H I R u R G I E N
îui-mêine. S\'il s\'en emit tenu au
ment de plufîeurs Dentiftes, fes
feroient encore difformes ôc hors d
cat de bien executer toutes leurs fbo^\'
\'rions,
XÎI. Observation-
Sur i4ne dent inciftve dérangée ^
redrejfée en tres-feu de terns
Anjec le felican.
r Ac
Il y a quelque tems que l\'epoufe o.
M. Goftèt Correcteur des Comptes,
demeure rue Bourlabbé, m "aïant
dé pour examiner les dents de Ma"
moifelle fa fîlle, alors âgée de doùf
ans, je trouvai que cette jeune DeJ^\'^/"
felle avoir la moyenne dent
incifîve ^
côté gauche de la mâchoire fuperieUf\'\'^
fort dérangée ôc inclinée vers le pap\'^. \'
Madame fa mere me demanda s\'il
poffible de donner â cette dentfoi^^^
rangement naturel , & d oter
moyen la difformité qu\'elle caufoit a
bouche de la jeuioe Demoifelle : F
pondis que je le pouvois faire faC\'^\'^"
ment dans huit ou dix jours de tetTiS \'
par ie moyen des fils ; pourvu
envoy^^
-ocr page 398-^»^voyât Mademoifelle fa fille tous les
jJ^f chez moi ; mais comme differens-
ajtres d\'exercices fe trouvoienc cha-
îne jour chez elle à certaines heures
finftruire, ma propofition né fut
^oint acceptée, parce qu\'on ne vouloir
as l\'en détourner ; cela m\'obligea de
^idire que fi elle fouhaitoit, je pla-
^etojs cette denr dérang:ée dans fon état
aturei en quelques minutes.
, ^"î^prife du peu de tems que je de-
andois pour executer cette operation,
^ Je confentit fans balancer que j\'ope-
^Jiie fur le champ. Je commençai par
parer avec la linie ia dent dérangée,
^Jtce quelle étoit fort preffée par fes
i"nes, & qu elles avoient un peu di-
^ ^nué l\'efpace que ia dent dérangée
evoit occuper. Cela fait, je redreffai
j^^fe dent avec mon pelican, & la re-
^ \'s dans fon arrangement naturel ,
^JJïime je l\'avois propofé ; ce qui fur-
j^r beaucoup cette Dame, Madame fa
^ & plufieurs autres perfonnes qui
trouvèrent prefentes, se qui medi-
S"\'dies avoient fouvent vû re-
j^^^^er se arranger des dents par feu
j^- Carmeline & par plufieurs autres ^
a^ qtie ce n\'avoir jamais été par une
Eg
-ocr page 399-3 3© ie Chirurgien
méthoae femblable & en fi peu ^^
tems. Si - tôt que j\'eus mis cette den^
au rang des autres, je l\'alfujettis a^^
dents yoifines par le moyen d\'un ^
• 1 * /V
commun que j\'y lailfai huit jours;,
pendant ce tems-là je fis rinfer la bo -
che de la Demoifelle quatre à cinq
par jour avec l\'eau ferrée mêlée aye^
moitié d\'eau vulneraire. Cette dent s e ^
fi bien raffermie, qu\'il ne paroît
qu\'elle ait été jamais dérangée de
fituation naturelle.
CHAPITRE XXVin
Obfe-Yvation par laquelle
commtra la vraie luxation
ne dent y & quelles furent \'
adhere me s tpi furvinrent
" queuesjuf(if*
qui furvinrent
confequence.
Le 15. Janvier Je^n^^j^f,
rien femme du nomme Jean n
dit la Garenne, Soldat aux Gardes Fra^^
çoifes. Compagnie de M. deVde,^^.^
meurant Fauxbourg S. Germain ?
dentiste. 351
^ la Corne, amena chez moi Catherine
«uet fa fille , âgée d\'environ neuf
aus 5 elle étoit très-tourmentée des dou-
ceurs qu\'elle fouffroit à la bouche, oc-
^fionnées par Ja luxation complette
d une petite molaire du côté gauche de
fa mâchoire inférieure : j\'examinai la
"Ouche de cette enfant ; j^obfervai que
^ette dent étoit entièrement hors de
alveole, & renverfée de telle façon
eiitre les deux dents voifines, que l\'ex-
trémité de fon corps touchoit la lan-
^rie; -que fon colet & partie de fa ra^^
étoient recouverts de la gencive
^lîe l\'extrémité de fa racine avoir prcé
^ lardé la gencive, & que l\'extrémité
cette même racine perçoit & lardoit
5^core la furface intérieure de la lèvre:
friferieure près le commencement delà
^"^iie. Il ne me fut pas difficile d\'emoor-
^er cette dent, en k pinçanr par fon
^orps ; je le fis fans violcnre, ^îprcs
J^^e cette dent fot ôtée , j\'exami\'iai
J endroit où elle s\'étoit logée depuis
ong-tems. Je trouvai l\'alveole atfai/f;e
. ^ gencives déchirées <& ulcérées en cti-
frs endroits, & même la gencivr- ex-
^tieure fe rencontra fortement adhe-
^f« avec la lèvre; ce qui m\'obligea de
Ee ij
-ocr page 401-332. xechïrurgieî^ ^
couper cette adherence avec un biftoU-"
ri : je fis laver la bouche à cette enfa"^
avec de l\'oxicrat, & pour empêcher que
î.a gencive ne fereiînîtdenouveatiayeC
la lèvre, daiîs l\'endroit où rulceration
réciproque de la fiirface de la genci^\'^
& celle de la joiie fe rencontroient» j^
mis entre la lèvre & la gencive, un p«^^
de linge trempé dans le miel rofat. Cetr^
enfant fut panfée de même foir &
tin Se guérie en très-peu de jours. L
déplacement de cette dent dépendoit
d\'une caufe intérieure^ fi l\'aveole n\'avoi^
pas été effacé, j\'aurois tenté de rep^t
cer dans cet alveole cette dent , \'î\'^*
d\'ailleurs n\'étoit nullement cariée ;
l\'alveole étant rempli, il n\'étoit p-\'
poffible d\'entreprendre ce remplaée"
ment, fuppofé qu\'elle n\'eut pas étédeU\'\'
de lait.
Reflexion.
Cette dent ne s\'étoit ainfi déplacée»
qu\'en confequence d\'une caufe intérieu-
re : les fucs qui abreuvent la gencive
& la membrane qui enveloppe la deuf »
étant devenus corrofifs, avoient poU^
ainfi dire difi^equé la gencive & fépar^ ^
dent de 1 alveole; de telle façon que
vent venant à fe déboëter, inclina vers
a langue, Se perça par fes racines la
§encive extérieure. Cette dent reftant
Placée dans cette fituation, fut recou-
verte des gencives, incommoda la lan-
par lextrémité de fon corps & uî-
^fra la jolie par l\'extrémité de fès ra-
Ailles-, ce qui occafionna l\'adherence
jï^î s\'étoit formée entre la gencive &
^ joiie. Si l\'on avoit négligé plus long-
^^s doter cette dent, elle auroit ul-
^^ré la langue, & donné occafion aux
gencives de s\'ulcerer d\'avantage, & aux
^^airs excroifiàntes déjà formées à fon
l\'ccafion, d\'acquérir un plus grand vo-
^tîîe. D\'où nous devons conclure, que
.^rfqu\'on trouve des denrs ainfi luxées,
ne faut pas différer à les ôter, en pro-
•^^dant de même que je l\'ai fait en cet-
occafion. En fuivant cette méthode s
P\'î fera certain de délivrer entièrement
^ perfonne à laquelle il fera arrivé un
Pareil accident.
554 ï^ e Ch i r tj b.g i e
Cinq Obfervations fur les Ve^^j
remifes dans leurs mêmes ^^
veoles , ou tranfflantées
une bouche étrangère.
Premiere Observatioî^\'
Sur une dent cariée , otée ^ remifi ^^^^
fin même alveole, laquelle dent ref
fort heureufement.
Vill^
N 1721. je remis en cette
^ une dent incifive de la machoirj
inférieui-e à M. le Fort, duquel je ne iÇ^
fii la qua lite\', ni la demeure. Cette de^J
étoit reftée fur ma table près d\'un q«^"^
d\'heure après avoir été otée, avant q^^
je la lui remiffe; cependant elle s\'eft
bien réiinie & raffermie dans fon mêo^f
alveole, qu\'elle efl encore aujourd\'h«^
aufîî fiable qu\'elle l\'étoit auparavant j
quoiqu\'elle fut cariée. Je m\'étois p^^"
pofé de la plomber ; mais ne cauf^"\'^
pas de douleur , ce Monfieur a negj
gé de me venir voir. Depuis peu
^efïis raïant rencoiicré plufieurs fois, je
\'^ai pas manqué dexaminci: dans-quel
^tat étoit cette dent ; je l\'ai trouvée dans
^elui où elle étoit avant l\'opération.
II. Observation.
feu près femblable à la
Le ro. Avril 1725. la fille aînée de
Tribuot Facteur d\'Orgues du Roi j
^int chez moi : elle étoit attaquée d\'u-
grande douleur caufée par une ca-
de la premiere petite dent molaire
côté droit de la mâchoire fuperieu-
\' cette Demoifelle balança fur lepar-
^^ <iu\'elle avoit à prendre -, elle fouhai-
. foit de fe faire ôter fa dentpour fe dé-
livrer de la douleur qu\'elle fouffroit -,
\'^ais elle avoit beaucoup de peine à s\'y
^éfoudre , par rapport à la difformité
S^î auroit caufee la perte de cette dent :
qui l\'engagea à me demander, s\'il
\'^\'étoit pas poffible de lui remettre cette
dent après l\'avoir orée, comme je l\'a-
V^is fait à fa fœur cadette.
Je lui répondis que cela pouvoit fe
faire aifément ; pourvu néanmoins qu€
le Chirurgien ,
cette dent pût être ôte\'e fans fe cane^ »
fans faire éclater quelques portions_ d
l\'alveole, Ôc fans faire q uelque déchit^\'
ment confîderable à la gencive.
lors ellefe détermina entièrement. Je/\'^
Gtai cette dent avec tant de précautioO
ôc fî heureufement, qu\'elle ne fût ni"\'
lenient caffée, ëc que l\'alveole & ^^
gencives ne furent point offenfés j ^^
qui m\'engagea à remettre
fur le champ
cette dent cariée dans fon alveole\'
Ainfi je lui fis occuper la même pl^^
ce qu\'elle remplifToit auparavant :
fîiite j\'eus foin de l\'attacher aux deij
voifînes avec un fil commun & de w
affujettir pendant quelques jours.
Cette dent s\'eft fî bien raffer^^,^
qu\'il ne paroît pas qu\'elle ait été tif^
de fon alveole » & qu\'on l\'y ait reif "^^
Elle caufà feulement quelques douleu ^
pendant deux jours après avoir été ^^
mifej ce qui pouvoir procéder de q^^ ^
que irritation dont fe refîèntoitla
brane qui tapiffe l\'alveole : peut - e^^
que cette douleur pouvoir encore et^^
produite par !a comprefîîon que la
cine de la dent faifoit contre quelq^^\'^^
petirs lambeaux ou quelque petite
tion de cette même membrane. Q^^ît
quii
-ocr page 406-dentiste-. 5 57
\'^ti\'il en foie, ce remplacement a réiifïï,
*ans qu\'il foit arrivé aucun autre acci-
dent , & la dent fait ia fonction accou-
tumée comme les autres : elle eft infen-
"We , & j\'ai plombé foa trou carié,
pour la mieux conferver.
^ur une dent cariée ôtée de
alveole ér rernife av-ec fuccès.
Le 29. Avril 1717. Mademoifejle
^e la Roche, Gouvernante des enfans
M. de Blanc-Mefnil de Lamoignon
réfident à Mortier ^ demeurant àl\'Hô»
de Lamoignon, rué Pavée au Ma«
^ais J âgée de trente ans, vint chez moi
Pour fe délivrer d\'une douleur occa-
j\'onnée par la premiere pedte dent mo-
^^re du côté droit de la mâchoire fa-
î^deure, cariée à fa partie latérale &
Pofterieure. Ayant examiné cette carie,
^^ dis à cette Demoifelle qu\'il n\'y avoit
^int d\'autre moyen pour îa guérir, que
^ tirer cette dent ; mais comme elle
^oit toutes les autres dents fort belles
J fort faines, & qu\'il lui étoit fâcheux
^^ perdre celle-ci par la difformité que
le Chîrurgieîc
fon extradion auroit faite à ia bouche»
je iui dis que fi je pouvois ôter cett^
dent fans la rompre & fans caufer trop
de eieçhirement à l\'aîveole & à lage^^""
cive, il me feroit aifé de la lui remet"
tre & la bien affermir : à quoi aya»^
confenti, je tirai cette dent cariée, ^
la remis dans le moment dans fon m^T
me alveole ; je l\'afîùjettîs avec un y
aux dents voifines , & je fis rinfer ^^
bouche de cette Demoifelle cinq à
fois le jour avec une lotion faite d\'u^^^
chopine de vin rouge ferré , une onc^
de miel rofat & une bonne cueille^-\'\';^
de mon flyptjque aflringent, le tout
lé enfemWe. Le douzième jour
la ligature de fil qui avoir fervi à afW\'
jettir cette dent, qui fe trouva très-biej
raffermie. Quelque tems après j\'e^
nettoyé le trou carié ôc l\'ai plombe^ \'
depuis ce tems-là elle n\'a
caufé aucune
douleur, & lui fert de même que
©litres dents. .
J\'ai fait dans ia fuite une femblaP^
operation à une Demoifelle de
d\'envirQH vingt-trois ans, ÔC je ~
afi^iirer qu\'elle m\'a encore mieux PCIi*
que la préçedenre,.
IV, Observation.
^^r une dent faine , qui fut otée
far la faute de la malade
frompement remife_ aveâ fuccès
dans fon même aheole , fans
que la malade s\'en affermât.
En r722. la fille cadette du même
Tribuot dont j\'ai parlé , . alors
d\'environ dix-huit ans / vine
^«ez moi pour fe faire tirer la deuxié-^
petite molaire du, côté droit de la
\' ^^achoire inférieure. Cette dent étant
. ^ caufoit des douleurs infuppor-
, abies. La jeune perfonne qui les fouf.
/Oit appréhendoit tellement de fe faire
^ter cette dent, qu\'elle eut toutes les
pines du monde à s\'y déterminer. Cet-
^ dent étoit très-petite, extrêmement
^Pplatie par fes parties latérales fort
^eftée entre ies autres dents. Ces cir-
onftances m\'obligerent de me fervir
_ Une des branches du pelican des plus
^froites, & capable de pafi\'er librement
, J^tre les deux dents voifines, pour ne
Pas les interelfer, en tirant celle qu\'il
^gifîbit d\'ôter. J\'avertis cette jeune
i4p le chirurgien
perfonne que cette dent n étoit
pius aifées â tirer j que je la ptiois d
fe ti-anquillifer, de bien prendre ga^\'d?
à ne pas remuer fa tête ., ni porter
mains fur les miennes ; ce qu elle ^^^
foit, lorfque j\'introduifois rinftruine\'\\
en fa bouche -, que c\'étoit m\'expotei" J
manquer fa dent, ou de s\'en faire tjfe^
une autre ; que j\'aimois mieux ne p?-
l\'entreprendre que de l\'expofer à un
inconvenient. Elle me prpmit de f
tranquiilifer ; mais lorfque j\'eus poi\'t^
î\'inftrument fur fa dent, & <^ue je vo^\'J
jus donner le mouvement de
pour l\'ôter, fa crainte la porta a ui^
faiilr le bras avcc force, à tourner
retirer fa tête ; ce qui fit que
ment glilTà malgré moi fur la petite mP
kire fa voifine , & qu\'il i j
ne me déconcertai point, je redout
dans le moment mon coup de maiu >
& j otai aulfi celle qu\'il s\'agilîbit do-
ter. Cela fit croire à cette perfonne q^^
cette denr avoit été manquée la p^^^
miere fois. Je lui remis prompteuieii
fa dent faine que je tcnpis dans
main, fans néanmoins lui dire pQ _
iofs qu\'elle avoit été tirée entieremeu^J
j^ hii fis cfoire qu\'elle n\'étoit feuki^^\'^-.
Si^i\'ébranlée. J\'alîujettis cette dent à fa
^oifîiie par le moïen d\'un fil ciré , &
®près que ce fil y eut refté huit à dix
Jours, cette dent fe trouva fi bien raffer-
\'^-fie 5 fans avoir changé de couleur, qu\'il
paroît pas aujourd\'hui qu elle ait été.
\'^irée de fort alveole. Environ un an
après, cette perfonne revint chez mol
fiire accommoder les dents, je li-
\'\'"lai de même que celle que j\'avois ôtcé
^ remifedans fon mêiîie alveole, les
autres i pouf les rendre égales en lon-
gueur : cette dent fe trouva aufli fer--
^lè ôc atfffifenfible, quefi_ellen\'avoir
Jamais été tirée. Ce fur alors que je dis
a cette Demoifelle ce qui s\'étoit pa/fé i
^He me dit qu\'on lui avoit ôté a pa-
reille du côté gauche de la même ma-
nière, fans que celui qui lui avoit ôtée
^rit pris la fage précaution de la remet-
tre dans fon alvéolé.
Quand par quelque accident on ôte
^ne dent faine, il faut toujours la re-
^^ettre le plus promptement qu\'il eft
poffible dans fon même alveole, ôc le
pius fouvent elle s\'y raffermit.
Ffii|
-ocr page 411-542- ï-e ch ïrurgïeî?
V- Observation singitziïR^\'
Sur la finfhiUîé d\'une dent étr^f
gère, laquelle atant été flace^
dans une autre bouche ,
feu de tems après des doulen-^^
eonfiderables.
En ï715. me trouvant à Angers. M\'
île Romatet Capitaine dans ie feconà
Bataillon de Bourbonnois, vint che2
moi, pour fe faire oter une dent cani-
ne du côté gauche de la mâchoire ui-
perieure : cette dent étoit très - gâtée :
ii me demanda s\'il n\'étoit pas polfibl^
d\'en remettre une autre recemment ■
rée d\'une autre bouche. L\'ayant airut\'^
que chofe fe pouvoir, il envoya chef\'
cher fur le champ un Soldat de ù Com-
pagnie qu\'il avoit déjà prévenu.
minai la pareille dent de ce Soldat,
quelle je trouvai trop large & trop c-
paiife fur la furface intérieure. Ne\'a"\'
moins comme nous n\'avions point ^
choiiîr, je fus obligé de m\'en fervir »
me propofant de la diminuer avec
lime J je tirai la dent de ce Soldat, j^
limai ce qu\'elle avoit de trop en lo»-
Dentiste,
loueur Se en épailTeur. Cela n\'aïant pu
être execute, fans découvrir l\'intérieur
de la cavité de cette dent, je me pro-
pofai de la remplir de plomb, fi-tôt que
cette même dent feroit raffermie dans
l\'alveole où je la tranfplarttai ; elle fut
affermie douze à quinze jours après s
Se pour lors je la plombai cette denc
étrangère ne foî pas plutôt plombée
«Ju\'il furvint une douleur inllipportable
à Mide Romatet. Cette douleur dura juf-
qu\'au lendemain, que je fus obligé de
déplomber cette dent. Je ne pouvois
^\'imaginer qu\'une dent transférée d\'u-
ne bouche dans une autre, fut fufcep-
tibîe de douleur, attendu que le nerf
Se les membranes en avoient été fépa*
fez -, cependant lorfque j\'eus ôté le
plomb la douleur ceffa dans ie moment,
de même que fi je lui avois ôté cette
dent, laquelle lui a fervi ainfi que fes
autres dents naturelles.
M. de Romatet étant venu à Paris
Vers la fin de l\'année 17 z 3. m\'a afi:uré s
M. Anel prefent, Se plufieurs autres
Meffieurs dignes de foi, que la dent que
je lui avois tranfplantée, lui avoit du-
ré fix ans, & qu\'il l\'auroit encore, fi
ie corps de cette dent ne s\'étoit point
^ Ffiiij.
544 ie Chirurgie^
altéré & rompu par la carie que là
couverte de la cavité y avoit occalîon-
»ée, & qu aïant voulu en faire ôter
lacine pr M. de Grand - Champs f
Bayonne» il ne piir lui ôter cette\'raci-
ne fans ouvrir auparavant la gencive?
fans caufer beaucoup de douleur eU
tirant ectre racine.
Reflexion.
Q^îe penfer de la douleur que M-
Romatet a reflentie au fujet de cette
dent que je tranfplantai dans la bou-
che , fi nous n\'admettons que quelques
filets nerveux de l\'alveole ont trou-
vé quelques conduits clans les racines
de eetta dent ^ propres à les laifier pal-
fer jufques dans la cavité à les ren-
dre capables par leur réijnion à donnef
de la fenfibilitéà la dent » de mêmeqU®
fi c\'eût été fa dent naturelle ?.
On dira fans doute que les canauX
des dents, Ôc les vaiffeaux qui y en-
trent , font très-fins ; que les liqueurs
qui entrent dans les vaiffeaux divifeZ y
ne tardent gueres à être coagulées pa^^
l\'impreffion de l\'air qui les a touchées
ôc que cela doit être un obftacle à l^t
circulation des fucs de la dent, f\'^"
D ENT I STf.
^Gue que de telles difpofirions forment
grandes difficultez -, mais lorfque Fef-
Pace du tems n\'eft pas confiderable, il
rie faut point craindre que ia réiiniori
banque de fe faire. Les liqueurs quivien-
^ent du côté de l\'alvéole, fuffifênt pour
fiirmonter ce même obfîacle, & parce
^ïioyen commercer de l\'aîveole à la dent
^ de la dent à l\'aîveole, à peu près de
même que fi ces parties n\'a voient jamais
été divifées. La réunion &c la diftribu-
tion des nerfs dans une telle dent paroît
ttes-certaine puifqu\'on remarque qu\'u-
dent fortie de fon alveole, qu\'on y
remet ou qu\'çn tranfplantefijrle champ^
^ft quelquefois aufîî fenfibfe à l\'aition
la lime, après qu\'elle efl reprife 8c
raffermie, que celles qui ont toujours
^efté dans leur place naturelle.
Il peut encore arriver que quoîqu\'a«
dent fembiable à celle dont ii s\'a-
n\'ait point de liaifbn avec les par-,
\'^^es fenfibles de l\'aîveole, le plomb in«
produit dans fa cavité caufe la dou-
ceur dont nous venons de parler, en
que remplifîànt la cavité de la dent,
empêche l\'ifîiië de la liqueur qui s\'é-
Panchoit par les extrémitez des tuyaux
^•^nipus ; & il arrive de-là, que eetteli\'^
34^ L E CHIRURG I E N
queur devient un corps étranger,
comprimant lesvaifTeauxde toutes parr^\'
produit cette douleur-
Cette liqueur arrêtée, s\'aiteranrP\'»
fon féjour, & agilfantfur les filets
veux qu\'elle picote, caufe des div«"
£ons qui produifent ainfi les douleurs
que l\'on relTent. Quoiqu\'il en foir?
douleur doit cefier lorfqu\'on a otQ ^^
plomb ; parce que la liqueur retenue\'
ayant la liberté de fortir, ce qu\'il y
d\'acre & de corrofifeft emporté par l\'j\'
fuë de cette même liqueur, & par ^
le que fournijQTent les alimens Se l^i
iive, laquelle s\'infinuant dans la
de ia dent, en relTort de même, lave ^^
déterge fuffifâmment l\'endroit qtie .
matiere renfermée par îe plomb
toit i cela fuffit à la vérité pour ôter
douleur , mais non pour guérir la
rie : c\'eft pourquoi il faut veiller à to^
ce qui fe pafi^ en pareille occafion 3
tâcher de prendre fon tems à propos >
pour ruginer & plomber la dent de noU\'
veau, de même qu\'on le fait aux dents
cariées qui ne font pas remplacées ^
tranlplantées.
On avoit au , & plufieurs croye«
encore, qui! n\'eft pas poffible que ^^^
dents fe réiiniffent & fe raffermilfent
dans leurs mêmes alveoles, lorfqu\'elîes
^n ont été entièrement {eparées -, on
svoitçncore plus de peine à concevoir,
qu\'une dent tranfplantée dans une bou-
che étrangère > pût fe réunir ôc s\'y raf-
fermir.
Certains Auteurs avoient confeillé de
\'uivre cette méthode , tandis que d\'au-
\'^res y étoient tout-à-fait oppofez. L\'heu-
^eux fuccès que nous avons vû par la
pratique de cette même méthode, nous
Confirme la poffibilité de la réiiffite.
M. Mauquets fieur de la Motte Chi-
\'iirgien à Valognes, dans fon Traité
Complet de Chirurgie, tom. i. Obfer-
Jation deuxième, rapporte dans la re-
"exion qu\'il fait concernant cette deu-
xième Obfervation, ce qu\'il a remarqué
^ l\'occafion des dents ôtées & remifes
dans leurs mêmes alveoles. Il fait re«
\'parquer d\'abord, qu\'il eft très-préjudi-
enable d\'ôter une dent qui n\'eft point
Variée, ôc dont la douleur ne dépend
que de r irritation de la membrane qui
Jriveloppe la racine de la dent. Il con-
l\'on a ôté une telle dent, de
a remettre promptemenr en fa place,
affure, qu\'elle s\'y reprend aifément 5,
leChirurgiei^
pourvu néanmoins qu\'on ait foin cîe 1 /
conferver ies premieres jours ; il die s-
voir vû plufîeurs experiences d\'un fei
fait, enrr\'autres celle faite fur un Ge^f
tilhomme de Valognes » auquel on avoît
arraché une belle" dent qu\'il fe Bc
jmettreàl inflant, laquelle reprit fap\'^j
ce, ôc fe rétinit parfaitement bien ; [
efperoit que le petit nerf qui la retenoiî^
dans le fond de l\'alveole étant rompu >
ii ne fouffliroit plus de douleur dans ^
fuite ; mais cependant ii fut trompé da^^
fon attente ; pzùfqùe quelques annee|
après il en refTentit de fî cruelles, qu/
fut obligé de prendre le parti de fe
faire arracher une fecondeTois ; cela
fut eXecuté qu\'après plufîeurs repr^^
& en entraînant une portion de la
choire inférieure avec elle, d\'où il s eU"
fuivit des douleurs outrées ; ce qui
conclure à M. de la Motte, qu\'il ne
gueres de plaifîrs fans peine ; cependai^^
il confeille de pratiquer la même op^
ration en pareil cas , c\'efï-à-dire »
remettre une dént faine en fa pl^ee »
lorfqu\'on l\'a ôtée ^r inadvertance ;
ce que, dit-il, il y a tout lieu d\'eff^^
rer que les fuites n\'en feront pas eg^"
lemenE fâcheufes. Il affore qu\'il a V.
^eiîfïîr cctte pratique avec fuccès , &c.
Le même Auteur explique enfuite de
^stte façon le défordre qui arriva à l\'ex-
traction de la dent de ce Gencilhom-
« La membrane, dit-il, ayant
Souffert quelque déperdition d\'une 5.5
Partie de fa fubftance, & k partie de «
I alveole s\'en étant trouvée dépoiiillée, «
dent fe réiinit à cette portion d\'os
■^^çuvert qui ne fit plus qu\'un corps «
^^ec elle ; fe qui fut caule qu\'on ne «
P^tt arradier cette dent, fans emporter f«
^\'He portion de cette mâchoire, & ce «
\'lui arriveroit toujours par la même «
\'^ifon en Cas pareii\'^mais comme elle «
a lieu que par hazard , cette réii- «
»Hou n\'eft: point à craindre. » Par ce
^^ifennement cet Auteur nous fait
^^Voir 5 que quand on remettra une denc
\'î^i fexa revêtue d\'une membrane, ou
^i^e lalveole fera tapifle de quelque
Membrane, pour lors on ne doit point
^"aindre, que l\'os de la dent fe réii-
avec celui de l\'alvéolé ; parce qu\'il
\'^.y aura que les membranes quiferéiî-
jjont entr\'elies, & qu\'ainfi on pourra
une fécondé fois, fins craindre
emporter aucune porrioîj de l\'ai-
Les Obfervations que M. de la Mot^«
vient de nous communiquer à ce Tujet »
confirment la poffibilité de remettre
avec fuccès les dents dans leur plac^ \'
& même celle de les tranlplanter à^\'
ne bouche dans une autre bouche : ^
vérité elles ne réiiffifl^c^nt pas toutes >
car il s\'en trouve qui ne font pas delo^^^
gue durée.
Deux Obfewations fur des de^^l
qui furent enfoncées dans le
nus maxillaire fuperieur
dans l^aveole , en vûtil^^^
les oter.
Premiere Observation\'
Sur une dent qui fut enfoncée par ^^
Charlatan dans le Jînus
fuperieur droit, ^ fur les fuites ^
cet accident.
P
Our faire fentir combien il eft
portant de ne fe fier dans des caS
de confequence qu\'à des perfonnes eX-
^erimentécs, je rapporterai ici î\'état fâ-
f.heux dans dans
eqiiel fe trouva en
année lyzo. M. Henri Amariton fils
M. Amariton Ëcuyer, Seigneur de
^eaurecœiiii, demeurant dans fon Châ-
\'■^au de Beaurecoeiiiî, Paroifiè de No-
"^pf^fe 5 fur la riviere d\'Allier , près la
^ille d\'Ififoire en la Limagne d\'Auver-
pour s\'être mis entre les mains
Un Charlatan. Il s\'agifixùt d\'une denc
\'Janine qui l\'incommodoit beaucoup
Pat fon volume ôc par la fituation. Elle
fituée fur la lurface intérieure de
a premiere petite molaire du côté droit
e la mâchoire fiiperieure, & elle in-
hnoit confiderablement vers le palais,
embaras ôc la peine que cette dent
^ifoit à ce Monfieur le déterminèrent
J la faire ôter, & dans cette réfb-
^^tion, au commencement du Carême
e la même année, il fe mit entre les
^ains du nommé la Roche Operateur j
^eJneurant audit Nonette, qui le plaça
^ la maniéré qu\'il jugea la plus con-
enable; enfuite il appliqua une clef
jy\'^Çèe fur la couronne de la dent, puis
rtappa à grands caups avec une pier-
^ fiir cette clef : par cette manoeuvre
enfonça la dent prefque de travers
^rz le c h i r urgl eî^
^ J ■ < A ^fà
,4ans.ie finus maxillaire fupa\'ieiir .
même côté , de mani,ere qu\'on ne _
voyoit pius. Lorfque,cette dent eutaiP^
(i difparu, cet empirique alTura les a ^
fiftans que le malade l\'avoir avalée j
îa paroilfoit aflèz vai-femblable 5
qu\'on avoit ciierché .cette dent fans ^^
pouvoir trouver. Quelgue tems aJ
le malade dont il s\'^igit, fentit une do^.
leur affez grande en cet endroit 5 ^ -
robligea d\'envoyer quérir M. ^^ -
fon Medecin, lequel trouva «ne f
te tumeur dure, fans inflammation 5 ^^^
s\'étoit manifeftée fur la joiie près
nez , & ayant examiné ie dedans ds
bouche, il y apperçut trois trous W ^^
îeux très-petits qui donnqient p^"^
à une hurleur fereufe très-fœtide j
que tems après il fe fît deux autres P^
tits trous fifl:uleux fur ia tumeur. * ^^
fleurs conful tarions furent faites
fujet J par les Chtirurgiens de la ^^ ^
de Clermont,, oùle malade s\'étoit
porté, & à Paris, par Meilleurs ^ ^
Bault (a) Se Petit. ( b ) Ces dernier
{a) Chirurgien Juré à Paris, Se ancj?**
Prévôt de fa Compagnie. - pj-g-
(ê\') Chirurgien Juré à Paris, an^je"^^^^
vêt dfiQ. Compapie & Aiiatoinifte à ^^
^emie des Sciences.
^yant examiné le mémoire qui conte-^
\'^oit le détail de la maladie, reconnu-
rent qu\'elle étoit affèz confîderable pour
^fre traitée dans les formes. Ils don-
\'^erent leur fentiment, lequel fut en«
"^oyé à Clermont -, les Chirurgiens de
Cette Ville n\'ayant pas entrepris la cu-
^Cj foit que îe cas leur parût trop dif-
^cile, ou qu\'on n\'eut pas aïïèz de con\'-
^ance en eux, le malade dans le mois
\'-le Juillet de k même année vint à Pa-
; il eue recours aux mêmes Meffieurs
^\'-\'J\'iault & Petit. Ces deux Chirurgiens-
^^terent bien-tôt le malade d\'affaire. Au
"out de dix à douze jours de panfe-
\'^^ent, M. Petit tira la dent heureufe-
ment, ce qu\'il executa par une inci-
f-on qu\'il avoit été obligé de faire à la
îiimeur, qu\'il jugea occaiîonnée par l\'ex-
trémité de îa racine de la dent. Ayant dé-
couvert cette racine, il lafaifit avec les
Facettes droites & tira îa dent entiere.
^fïfin peu de jours après le malade fut
gî^iéri par les remedes ordinaires, fans
\'lu\'il ait le vifage difforme en aucune
\'^aniere, à peine peut-on connoître
*3--î\'on lui ait fait une inci/îon. Cette
^bfervation m\'a été communiquée par
Aniariton du Plaiiîr, parent de M.
Toms L . G g
Amariton de Beaurecœiiil au quel le ciS
que je viens de rapporter eft arrivé
elle m\'a été confirmée par M. Pedc»
IL Observation.
D\'me dent enfoncée dans un
alveole voifin.
Me trouvant à Angers en. 1717-^\'^
Cardeur de laine de la même ville? ei-i^
le malheur d\'avoir un accident fembl^\'
ble à celui dont nous venons de parlef j
à la difference près que la dent du Can-
deur de^laine fut logée dans l\'alveole
d\'une dent voifine qui avoit été\'ôtee\'\'
& que ce malade eur plus prompteineu\'^
du fecours. Il me vint trouver fept
après fon accident. Je lui ôtai fa
avec les pincettes droites, quoiqu\'auf^\'
ravant if n\'y eut aucune apparence de
dent en cette endroit, à caufe du g^^"
flement qui y étoit fïirvenu.
Cette den/
ne fut pas pliitôt ôtée que le malade
trouva guéri, comme fi je n\'avois fait
que lui tirer fimplemenr une autre àc^^\'
r e fiex i on.
Rien n efl plus ordinaire ? «^ue de ^^
-ocr page 424-^^vrer au premier que l\'on rencontre
pour fe faire ôter une dent : on au-
toit même de la peine à comprendre
danger que l\'on court quelquefois
dans l\'execution d\'une operation qui
paroît d\'abord fi fimple & fi commune^
fi les exemples des accidens fâcheux quï
.Arrivent à ce fujet, ne nous faifoient
appercevoir les rifques que l\'on court
en pareille occafion fur-tout lorfqu\'on
^e confie à des ignorans, ou à des im-
pofteurs, qui pour en impofer, font ca-
pables de tout entreprendre témeraire-
inent. Les deux Obfervations ci-de(fus
confirment ces fâcheufes veritez. L\'u-
ïie & l\'autre de ces deux perfonnes qui
Ont enfoncé les dents dont nous ve-
nons de.parler, n\'ont procédé de mê-
me que parce qu\'ils fe font fervis d\'in-
ftrumens non convenables. Ces préten-
dus operateurs ne pouvant ôter ces
dents, ôc voyant qu\'elles avoient di(-
5aru, voulurent perfuader que les ma-
ades les avoient avalées, & l\'on ne
pût s\'appercevoir que trop tard du con-
traire. Si les Chirurgiens qui furerit ap-
peliez les premiers en confultation ,
après ces accidens furvenus, avoient été
inftmits par quelques Obfervations à
peu p>rès femblables ; qu\'ils euifent ét>^.
bien informez de la ftrudure de ces
parties, ôc qu\'ils eulTent réfléchi férieU"
fement fur la manœuvre qu\'on avoi^
executée en operant fur ces dents ? "
leur auroit été aifé de reconnoitre
fait dont il s\'agiffoit ,ôc d\'y remedied*
avant que la maladie eut fait de ^^
grands progrés; ce qui auroit été d\'u-
ne tres-grande utilité; ils auroient p^P
îa foulagé les malades, ôc guéri radi-
calement leur maladie dans fon coi^^î
jnencemenc.
"^rois Obfervaîîons fur les ex-
croi fance s pierreufes formées
fur les dents, ou dans leur
*voifînage,
Premiere Obsekvatioi?
très - remarquable.
une excroiffance fierreufe, formée
■3 lendroit des dents molaires Jaquet-
te excroiffance fut précédée d\'un abch
du concours de plufieurs accidens
fâcheux qui fe fuccederent les uns aux
*tHtres pendant l\'^fpace de vingt mois>
M, HoufÏÏi neveu de M. le Coin-
tre Mu/îcien &c Penfionnaire de
^cademie Roïale de Mufîque, demeu-
^^nt ruë (Jes Poitevins, proche S. An-
■^ré des Arcs, tomba de cheval avec fa
^\'Ourrice, étant alors âgé de quatre ans î
^^ tombant il fe heurta le côté droit
la mâchoire inférieure, & dans le
endroit il parut quelques joura
^Prè« une contulîon qui fe termina pas
LE C HIRURGÏEN ^
an abcès. Trois ou quatre ansapre®?
partie inférieure de la joue du ipeine
côté fe gonfla peu à peu : la matiere
\\ filtrée caufa une tumeur diire &
lente ç ce qui fit préfumer aux Chii^^"
giens qui vifiterent pour lors le »na a-
de, que fa mâchoire avoit été ff^t^^
rée lors de fa chûte : ils préfumereo^
aufli que cette tumeur n\'étoit qr^e
matiere du calusentaffée dans l\'eno^^^.
& aux environs de Ios maxillaire rq^^ * ^
fuppofoient avoir été fraéturé : ils
durent qu\'il étoit neceflaire d oter ^
dents qui répondoient à cet endroir^^
qu\'ils foupçonnoient cariées : ils cr^^
rent par-là prévenir les fuites qr^®
carie des dents auroit pû occafionné \'
Cette operation fut faite à ce mala" \'
fans qu\'il en reçut aucun foulageineo\'^^
îl arriva même qu\'à l\'âge de feize ^
la derniere dent molaire du côté «ro^
de la mâchoire inférieure voulant P^^
toître, occafionna un fécond abcès ea
fé par les tiraiilemens que fouffri^
les gencives dans cette occafion. ^ ^
abcès fut plus confiderable que le
mier, par rapporta la compreffion^
faifoitla dureté que les gencives
^ppoisîiî.
La matiere de cet abcès eut fon if-
Juë par le dedans delà bouche; la tumeur
dure Ôc infenfible ne fe diffipa point î
qui obligea un Chirurgien de cette
^ille , de tenter par l\'application des
ea-aplafmes, la réfolution, ou la fup-
Purationdes matieres dépofées. Ces re-
\'îiedes n\'ayant pas eu plus de fuccès que
\'es precedents, ce même Chirurgien
favifa de percer la mineur en dehors y
lie fortir que du fang des lèvres de la
playe. Cette mauvaife réuffite devoir
Tiiffire pour rendre ce Chirurgien plus
Retenu -, mais fon opniâtreté fit qu\'il ne
put s\'empêcher défaire le troifiemejour
^Ue féconde incifion : il ne fortit pa-
reillement de cette fécondé incifion,
que du fang; ce qui ne pût encore ie dé-
tourner de pourfiiivre fon entreprife :.
tourmenta vainement fon malade.
Au
bout de fix femaines il opera de
[Nouveau, il fit une incifion cruciale dans
fe même endroit, & par cette incifion
d coupa un rameau d\'artere, qui caufa
^Ue hemorragie que l\'on n\'arrêta qu\'a-
vec beaucoup de peine. Ces differen-
ces incifions ne donnèrent ilfuë qu\'à du
^i^g qui fortit des vaiffeaux mal-à-pro-
Pos s fans diminuer aucimement k vo
\'^^O LE GHlRVRGïEfT ^
îume de Ia tumeiur qnil croyoit atta-
quer par ces operations. .
Pendant le cours des panfemens qu
durèrent dix-huit mois, on appl^^V
plufieurs fois le cautere aduelpour" ^
fiper cette tumeur. Toutes ces ope^^
tions furent -inutiles. Enfin on aba r
donna ce malade , qui refta cinq ^
dans ce trifte état, fans aucun ieco^
ni foulagement -, au contraire pencil ^
ce tems-là le vokmie de la tumeur aUg^
menta confiderablement. Lesparens^^
ce jeune homme ennuyez de la
de cette maladie, eonfulterent feU
Carmeline Chirurgien Dentifte, qui^ ^
connut que cetre tumeur n\'étoit atî^^^
chée à la gencive que par une ^ott P^.
ti-te baze , d\'où il conclut q«\'" ^^^
feroit fort aifé de l\'extirper. Elle
toit point d\'ailleurs adherente à
Il executa ce qu\'il s^étoit propofé q^
ze jours après fa premiere vifire. L ^^
tirpation étant faite, la joiie fe ^\'^Pl\'^jj
eha de la gencive. Laplaye qu\'on ^
ci-devant faite à cette même joiie p
des operations inutiles & mal ent ^^^
dues, fut legerement panfée, & ue
^da pas à fe guérir. La playe qu\'on av
faite à la gencive? en extirpant ce
excïoiw^\'^
-ocr page 430-"^^cfoiCançe guérie bien - tôt pareille-
ment.
Ce fut par cette operation, bie®
\'différente des premieres, que M. Car-
feline termina avec un beureux fuc-
, une maladie qui avoir duré tant
^ années, & qui avoit expofé ce mala-
de à des dangers dont lesfuites avoient
\'^té /î facbeufes. Cetteexcroifïàncef
Psfct aéluellement une once cinq gros:eL
^ doit avoir\'été plus pefànte & d\'un plus
l^-\'and volume lorfqu\'on l\'extirpa. Il ne
pas poflîble de cicarrifer l\'ulcere de
^ joiie occafionné en confequence des
pperations pratiquées îndifcretement,
^^Us qu\'il reftâr une cicatrice difforme
^ incom.mode , qui formoit un trou
•^aiis lequel on pouvoir introduire le
l^^tit doigt ce trou étoit cicatrifé dans
l^tite fà circonf-erence 5 il perçoit d\'ail-
^•Jts la joiie de part en part, & oc-
^.^fionnoit par cette difpofîrion la for-
J® de la falive & des alimens mâ-
Le malade par fon induilrie trou-
^^ le moven de remedier à cet in-
convenient î il s\'imagina de boucher
^^ tr©u avec un tampon de cire in-
•■"^duit par le dedans de la joiie ; en-
(«) Voïezla Planche4. Tome I.
^me L H h
-ocr page 431-le Chirurgien ^^
forte que rien ne pût paffer du d^^îj^
de la bouche en dehors, cachant d ai
leurs la difformité extérieure avec u
mouche bien gommée. Je fuis dcve
poffeffeur de ce même corps
M. Houffu ayant eu recours à moi ^
faire quelque réparation confiderab ^
fa bouche, men a fait prefent avant fo ^
départ pour un voïage de long coU
r e f l e x i o n.
Le corps pierreux dont il s\'agit cJa^^
cette Obfervation, eft d\'une^ telle
texture, qu\'il ne paroît pas êfte
par une matiere tartareufe 5 mais
plûtôt par un fuc ofTeux qui s\'eft ee ^^
îé de la fubftance de l\'os mêroe? P ,
a rupture de quelques fibres
à peu près de même qu\'il arrive ^^^^
la formation des exoftofes. Les ca«^^^
qui peuvent avoir donné lieu à une
ladie auffi bizarre & auffii finguliere?^^^
me font pas fuffifâmment connues\'? Pj^^^
ce que je n\'ai point fiiivi cette
die, Se que je n\'ai pas même eU
fion de confeïer à ce fujet avec le« ,
decins & Chirurgiens qui ont
malade. C\'eft pourquoi je me di
fç de raifonner, Sç de former deS\'^
Dentiste.
Jedures fur l\'origine & les progrès de
l^e mal. N\'étantpas, comme je viens de
e dire , fulfifamment informé de tou-
tes les circonftances qui regardent cû
ait, je craindrois de faire un raifon-
Ijcment vague & indéterminé, qui loin
uinftruire le Leâeur, pourroit l\'indui-
_ re à erreur. Ainfi je me fuis borné à ne
rapporter ici que les principales circon-
^ances que cette Obfervation renferme,
^ celles qui m\'ont été les mieux veri-
^ées ; ce qui m\'a paru fuffifant pour pou-
J^oir parvenir à reconnoitre une fem-
lable maladie, & pour procéder à fa
^^érifon, en cas que dans la pratique
vint à en rencontrer une à peu près
■•U même caradere.
II. Observation.
une excroiffance devenue fier"
\'\'^eufe , reffemhlant à feu frès
â un fetiî chamfignon.
En 17 i I. Tépoufe de M. Begon Ban-
q^ier, rue de Clery à Paris, me con-
pta fijr une tumeur excroilfante qui
étoit furvenue à la gencive du côté
roit de la mâchoire inférieure. Cette
Hhij
-ocr page 433-3^4 le Ch i r u el g len
excroiffance e\'toir à peu près de laui^\'
me nature de celie dont j\'ai parlé tla»^
la précédente Obfervation ; je rciuai-\'\'
quai que c\'étoit une excroiilànce treS\'
dure , dont l\'attache eu baze
peu étendue, êc figurée en forme
col. Le corps de cette excroiffance avo^^
à peu près la figure d\'un champigno^^ \'
ce corps étoit du volume d\'une noife"^"
te. Je ne jugeai pas qu\'aucun médie^
ment fut capable de détruire ce eoi\'P
\'étranger: je fus d\'avis d\'en faire le^
tirpation. Je préferai I\'inftrument trai^\'
chant à la ligature, d\'autant plus q^p
ces excroiftànces ne fourniflènt of"
nairement que très-peu de fang, Ccf\'^^
Dame ne fe rendit point alors àtoii\'^,
les raifons dont je me fervis pour la^\'\'j
foudre à fouffrir cette operation, e
le éluda jufqu\'à f année fuivante; ^
bout duquel tems s\'étant apperçue^li^
cette tum^eur s\'étoit de beaucoup ^^\'ê
mentée, elle me manda de nouveau |
étant entièrement réfbluë à fe la |
Oter : ce que je fis à l\'inftant au g^^\'^r
étonnement de la malade,
frit que très-peu. L\'opération faite
jcaminai à loifir cette excroiffance ;
la ty^uyai très-dure, çQmmç ofTèufe ^^
-ocr page 434-Hcrreiife, d\'une confiftance à peu près
%aie à la folidité de celle que M.Car-
\'^tline avoit ôtée au malade dont j\'ai
P^rléw Celle que j\'ai extirpée .à cette
■^ame, quoiqu\'à p^u près du même ca-
t^ftere, n\'avoit pas reçu un fî grand
^^croiftement ; parce qu\'elle avoit été
^\'ïiportée de bonne heure. Le fuccès en
très-heureux -, il ne fortit que très- .
P^ti de fang de cette extirpation & îa
S^érifon en fut prompte. Cette Dame
a depuis reflènti aucune incommodi\'-
> ni n\'a aucune apparence de récidive.
Ou fuccès heureux de cette Obfer-
vation & de celui de plufîeurs autres
^ peu près femblables que la pratique
^^Hs a fournies 5 nous pouvons conclu-
que le moyen le plus certain pour
S\'^érir promptement, radicalement &
^^ec inoins de violence ces fortes d\'ex-
^.^oiffances offeufes, eft celui de les ex-
|,\'tper, en fe fervant à fon choix d\'un
^^Ipel J dont la lame fera à dos , à peu
\'fès femblable à celle d\'un biftouri, ou
en fe fervant des cifeaux, fuivant
conviendra le mieux, par rapport
fituation , au volume, à la figure 5
3 la Gonfifîance de ces fortes d\'ex-
\'\'^»iflinces.
H h iij
-ocr page 435-LE CHÏRURGIEÎÏ
Reflexion.
uii
îl n\'eft pas furprenant de voir q\'
fe forme des corps pierreux, &
de véritables pierres dans la bouc J
puifque l\'on en rencontre fouvent 1
fe font formées dans toutes ^^^ Kg
ties du corps. Cela dépend des cau^^^
qui donnent occafion aux
matieresP
treufes ou pierreufes de fe dépo-
tantôt dans une partie, tantôt dans u^^^
autre. Quelquefois ces caufes font^^^ ^^
rieuresj quelquefois extérieures, & ^ ^^^
très fois les caufès extérieures &
t ^ la fOf
rieures concourent egàlement a i«*
mation de ces corps folides.
Lorfque c eft dans la boucheqw^^^^
apperçoit ces fortes de tumeurs, u
dans leur commenceitient que 1
cette découverte , il faut tâcher de ^^
réfoudre, ou de les faire fupp^^*-\'^^ft
3lus promptement qu\'il eft poifiblej ^^
\'on ne peut par ces voïes-là venir a f .
d\'en terminer heureufement la
fon, il faut fans hefîter en venir a 1 .j
tirpation. Si l\'on différé de la ^^Jf^^^t
arrivera que leurs progrès devient
de jour en jour plus eonfiderables-
éviter alors ies fuites qu\'on en doit
Dentiste. 5^7
\'téhender, il ne fuffit pas toujours que
opcrareuL- fe dcrennine à prendre ce
Patti ; il faut auffi que le malade & ceux
qui s\'interelfent à ia fanté y confentent j
\'ïiais. fouvent il fe rencontre qu\'on les
^fouve fort peu difpofez à prendre une
bonne réfolution, parce que chacun
Craint les operations qui font infépa-
rables de la douleur. C\'eft pourquoi
Ceux qui font appeliez auprès de ces
\'ï^alades timides , doivent faire tous
leurs efforts pour diffiper leur crainte
^ leur répugnance , en leur faifant
Comprendre autant qu\'il eftpoffible, le
Ranger où ils s\'expofent , en éludant
^es operations dont leur guérifon dé
pend uniquement. _ .
ÏII. Observation singulière.
^ftr une petrif cation formée fur
une des dents rnolaires,
M. Baffiiel, curieux de ce qui con-
cerne fa profeffion , m\'a fait voir une
piece tartareufe ou pierreufe très-rare,
^\'eft fur une dent molaire du côté droit
la mâchoire inférieure qu\'elle s\'eft
H h iiij
-ocr page 437-le Chirxîrgieî?
formée, étant prefque toute couverC"^
d\'un tartre pétrifié.
Ce corps étranger qu\'il a ôté il 7 ^
nombre d\'années , à une femme fo\'^\'^
âgée , eft du volume d\'un œuf de Po^\'
le ( ^} convexe & aftèz arrondi p^i" ^^^
parties fuperieures, à quelquesémineU\'
ces près, concave, raboteux & très-i^-
régulier par fes parties inférieures : l\'e^^"
droit, de ce corps fur lequel les denfS
«ppofées appuyoient, eft un peu c^^\'
cave ôc enfoncé il a fa furface afîe^
polie : la partie de ce corps qui
choit la langue eft unie & égale : c^y
qui touchoit la peau de la bouche dU-
côté du mufcle maïfeter Ôc de l\'apop^^"
fe corqnoïde eft un peu enfoncée j ce-
pendant afîèz unie ; s\'étant figurée aiu-
fi par la prefîîon des parties : la fu^\'^"
ce tournée du côté de la joiie eft la P\'^^
failîante, îa plus convexe, la pl"^
fcoteufe & la plus arrondie. La dent ^
fuivi ce corps pierreux, fes racines re^
ftant entièrement à découvert. Le cofp
de la dent eft enchafîe & caché
cette fubftance pierreufe à laquelle
intimem.ent uni & fortement attaché-
Cette matiere tartareufe ou pierreufe ^
C ^ ) Voïez la Planche z. de ce voi"»\'^\'
® ètoit étendué fur les gencives, rant
antérieurement, que poftérieuremenr.
Ce corps étranger eft a6luellement du
poids de fept gros : fans doute il pefoic
^avantage lorfque ce Chirurgien l\'ota
la bouche de cette femme, la ma-
tière ayant dû fe dellècher depuis ce
tems-là. Quant à la grofîéur & à la fi-
gure j il faut remarquer que peut-être
corps étranger n\'a pas été ôté en en-
tier; qu\'il peut en être reft\'é quelque
partie dans la bouche. Se que l\'inftru-
\'ï>ent qui a fejvi pour le tirer peut en
ûvoir détruit quelque porrion. Ce mê-
^e corps avant que d\'être ôté, faifoie
paroître la joiie tumefiée par fa pref-
^on : on auroit crû à voir cette joiie ^
Qu\'elle étoit attaquée d\'une tumeur hu-
\'Morale d\'un volume confiderable. Cc
\'^Ofps empêchoit encore que les dents
la mâchoire fuperieure Se celles de
ynférieure ne s\'approchaffent les unes
autres par leurs extrémitez , corn-
ue elles s\'approchent ordinairement. ,
Ce
R ep lexion.
corps tartareux ou pierreux, ne
® augmenté jufqu\'à ce point, que
-ocr page 439-parce qu\'on a négligé de 1 oter dans lo ^
commencement. Les perfonnes que cet
te femme a d\'abord confultées ,
ignoré quelle étoit la nature de ce corP
étranger, & quel étoit le moyen ac
détruire ; ce qui a été la caufe que ee^
te maladie n\'a pas été guérie , ava
qu\'elle eut fait de fels progrès. Le
\'blic éprouve tous les jours des.ayantiî
tes fem.blabies, fans s\'appercevoir ^
les maladies ne deviennent le pli^s io
vent fî invétérées 5 que par la neglig^"^
ce, ou l\'ignorance de cfux à qui ib ^
confient fans difcernement. D\'aiU^ ^
îa crainte nrai fondée que l\'on a po^^j^
les operations , fait que le malade e ^
toujours porté à fuivre l\'opinion de ee^
lui qui les élude. On ne fe rérouc a
fouffrir aucune operation qu\'à la
niere extrémité , & fouvent lori^"-^
n\'eft plus tems de la faire avec fucces^|
ou fans encourir de grands dange\'^^\'
eft difticile de concevoir comment ee
te femme avec ce corps pierreux e»
les dents, a pû faire la maftication, ^^
que fa mâchoire fe foit luxée en
que maniere ; mais li eftaifédes\'appe^^,
cevoir que jfamais operation n a -
mieux indiquée, ni plus heureufeiî\'^
dentiste. 371
executée que celle que M. BalTuetfità
cette femme en cette occafion.
^atre obfervatiom fur les vio\',
lentes douleurs de tète,
caufées par les dents.
Premiere Observation»
Sur la carie dune dent, qui caufoit une
douleur d oreille très-violente, fans que
la dent fut doulourenfe , laquelle dou-
leur cejfa après que la dent fut otée.
MAdemoifelle de la Gibonnais,
demeurant à Nantes, étant ve-
ïiuë à Paris, m\'envoïa chercher il y a
environ un an & demi pour lui net-
toyer les dents. J apperçus en vifitant
fa bouche, qu\'une grolfe molaire du
côté droit de ia mâchoire inférieure
étoit cariée. Je m\'informai d\'elle , fî
cette dent lui faifoit quelque douleur,
elle me dit qu\'elle ne ui en caufoit au-
cune -, mais qu\'elle avoit du côté de la
dent cariée une douleur à l\'oreille qui
572^ LE CHI RURG fEî?
fubfiftoic depuis long-tems, fans yavoi^
pû, trouver aucun foulagement, quf^"
qu\'on y eut fait plufîeurs remedes. Jf
ne jugeai pas que la dent fut la caulÇ
de cette doideur ainfi je me
contentât
de la plomber ., pour l\'empêcher de le
gâter davantage. La même douleur
fiftant toujours , quoique la dent fût
plombée, cette Demoifeille confulta M*
Courier ( a ) qui lui dit que la dent ca-
riée pouvoir être la caufe de fon iB^i
d\'oreille , & qu\'ainfl il falloir commen-
cer par faire ôter cette dent. L\'avis f^c
fuivi & cette Demoifelle fut guérie en-
rierement peu de tems après.
Reflexion^
Par cette Obfervation & par p^^"
fleurs autres, on Vdit que la carie des
dents peut être le principe de différen-
tes maladies. Quelquefois la douleu^
que cette carie caufe , fait fouffrir tou-
te la tête : d\'autrefois elle n\'en afflig*^
qu\'une fêule partie ; ce qui fe paffe fou-
vent d\'une maniéré fî cachée, qu\'à pei-
ne penfe-t-on qu\'un tel effet dépend®
de fa veritable caufe» C\'eft pourquoi u
ne faut pas manquer en des cas à pei^\'
( a) xMédecin de la Faculté de Pari®\'
dentïste, 373
prè^ femblables, de bien examiner l\'en-
tât des dents, de les facrifier s\'il ie faut,
pour fe délivrer plutôt des maladies
qu\'elles occafionnent, êc dont les fui-
tes pourroient êrre très-fâclieufes.
^ans laquelle on verra que les
douleurs de dents caufent des
maux de tète , qui guérifent
par la feule extra cl ion de U
dent,
"En 171Madame de Maubreiiil,
demeurant à Nantes, étant affligée d\'un
irés-grand mal de tête, confulta à cette
\'Occafion fon Médecin & fon Chirur-
S^cn, qui lui ordonnèrent piui]eurs re-
^^edes. Cette Dame fuc faignée & pur-
plufîeurs fois ; mais comme fon
înal ne diminuoir point , ces Mef-
;ieurs lui ordonnèrent le bain-, ÔC
^ j^pplication des fangfuës à la tête i
•^Ue exécuta de point en point leur
ordonnance. Teas les remedes qu\'el-
^ fit 3 ne la foulagerent nullement,
^ette Dame avoit deux dents gâ-
^^sso qui depuis Ipng-rems luf eau-\'
foient de\'la douleur , & rempêchoiei""^
de manger. Cela lui fit penfer que ces
deux dents pouvoient être la caufe ^ ®
tous les maux qu\'elle fouffroit.
me j\'avois l\'honneur d\'être connu d e ^
particulièrement, elle fe réfolut de ^^
venir trouver à Angers oû je deinfiJ
rois pour lors. Etant arrivée chezmo^l
vifitai fa bouche, & trouvai qu\'elle avo^
deux dents molaires très-cariées, l
au côté droit de la mâchoire infe\'i"^^^
re , & l\'autre/au côté gauche de
me mâchoire : je jugeai que ces de ^
dents étoient la feule caufe de fou ^
de tète. Je la déterminai pour "
fe les faire ôter ; ce que je n\'eus p ^
plûtôt fait, que cette Dame fe ^
entièrement délivrée d\'une do^^\'^
qui l\'avoit tourmentée pendant _ F
de fix mois. Cette Dame que j\'ai ^ ^
plufieurs fois depuis mon établilfenje\'^^
à Paris, m\'a afi\'uré n\'avoir plus fou""\'
du mal de tête.
Re flexi on.
Il n\'y a pas de maladie plus cor^J
mune que celle que l\'on nomme ^^
de tête, dont les caufes font
Quelquefois il eft occafionné par ^^
^le des dents, &poui- lors on n\'en peut
délivré qu\'en ôtant les dents mala-
des. L\'Obfervation fuivante en fervira
preuve.
m. Observation.
^ur un grand md de tête caufé
par plufieurs dents cariées j
ce que Pon n\'avoit pendant
long - tems , ni reconnu , ni
foupçonné.
Madame la Marquife de Trans, de-
\'^eurant en Bretagne, étantincommo-
depuis long-tems d\'une douleur qui
occupoit toute la tête, confulta plu-
_^eurs Médecins & Chirurgiens habiles ,
l\'allurerent que fon mal de tête,
^ etoit qu\'un rumatifine. Fondez fur cet-
^ opinion, ils lui firent beaucoup de
."^^niedes, dont elle ne reçut aucun fou-
^^gement. Cette fituation fâcheufe la
réfoudre il y a quatre ans, d\'aller aux
^«tux de Bourbon qu\'on lui avoit or-
pnnées : dans ce defîèin cette Dame
^^nt à Paris, où elle confulta un Mé-
^^cin célébré, qui fut d\'abord de l\'avis
premiers, traitant fon mal, de ru-
de
niatifme. Les remedes qu\'il empl®\'^^
pour la guérir 5 furent inutiles. LaD^\'
me fe plaignant toujours de ia doule^^^
excelîive qu elle fentoit à ia tête
dents, ce Médecin conjeélura à la h" \'
que le grand mal de tête dont elle
olaignoit pouvoir être occalîonne p^f^
es dents; & fur cette conjedure? ^
confeilla à cette Dame de voir un
tifte. Comme j\'avois Thonneur defi-\'^
connu d\'elle depuis plufieurs années ?
fus mandé pour îa voir. Ayant exai""!\'
né fes dents, je trouvai une grolfe n^^
laire du côté gauche de la mâchoire^
férieure, & deux dents de lafupei"^^^^
re du côté droit, cariées confiderabi^^
nient. Les gencives qui touchoient et-^
trois dents étoient gonflées & enflai\'\'\'\'
mées : après avoir fondé ces trois
je dis à cette Dame, que leur carie
parvenue à un tel point qu\'il étoit
poflible de les conferver , que je
doutois nullement que cette même
rie ne fût la feule caufe de fon
tête ; qu\'enfin je croyois qu\'il falloi^^, ^
ôter ces trois dents. Elle répugna d ^^
borda mon avis; mais ayant fait atteo
don qu\'il étoit conforme à celui de a _
l^lédecin ^ elle me permit enfin d\'eo
DENTISTE. 377
deux. La douleur n\'étant pas en-
\'ereiîienr paflee par l\'exrradion de ces
eux dents, elle me firappeller cinq jours
près, pour lui ôter la troijfîéme : ce fut
^ derniere grolfe molaire de la machoi-
"je ftiperieure que je lui ôtai. Son mal fe
J\'flipa promptement, & depuis ce tems-
^ cette Dame n\'areftenti aucune attein-
^ de douleur de tête, ni de dents.
Reflexion.
P Le mal de tête de cette Dame étoit
^\'^ptomatique & tout-à-fait dépendant
^ ^ la carie de fes dents j puifqu\'il a
■ l\'^^é lorfqu\'elîes ont été ôtées. Tels
j^\'^edes que l\'on eut pu pratiquer, ce
de tête n\'auroit jamais ceffé de la
jl^UriTienter : il ne s\'agiftoirpas decom-
■\'ttre une taufe univerlHle, mais une
^^Ufe locale qui confiftoit en ia carie
e ces trois dents. Sans avoir fait de
J^^les obfervations, on auroit de la pei-
a s\'imaginer que la carie des dents
Capable de produire un mal de tê-
®3 dont la fource étoir fi équivoque,
P ii a trompé pendant long-tems plu-
j\'^Urs Médecins & Chirurgiens habi\'-
^^ \' & qui auroient fait traîner à cette
^^ïie dne vie languiflante, ii j\'avois
"^ome I i
balancé à executèr une telle op^^^^^
tion, qui la délivra entièrement de^c^
rumatifme prétendu, & qui lui
la peine &, les frais d\'un voïage,
compter que par-là elle fut garantie
courir le rifque des effets dangereux
les bains pris mal - à - propos auroi^
pû .produire.
IV. Observation.
Sur de tres-grandes douleurs^^^^^
dents , à la temfle & à l\'o^^
le du coté gauche , au rntn\'\'^.^^
au palais & à la gorge ,
que Von put fçavoir ce qui î
voit les occafionner.
En l\'année 17 2 7. Mademoifelle ^^^^
bot, demeurant à Orleans, fut attaq ^^
à lage d\'environ vingt-fept J^^^j\'^j^rs
douleurs trés-violentes à toutes les <-
du coté gauche, à la temple 8c ^
reille de ce même côté, au P^^^\'^f^ae
menton & à la gorge. Cette \' ,
confulta M. Euftache habile Me^e^
& M. Noël Maître Chirurgien d^
même Ville. Ces Meffieurs crurent
-ocr page 448-ce ne pouvoit être qu\'un rurnatifme ;
parce que cette malade difoit ne fentir
pas plus de douleur à une feule dent
^ri\'à toutes les,autres de ce même côté,
^ que d\'ailleurs il ne paroifîdit aucu-
ries parties tumefiées ni enflammées. Ils
Ordonnèrent les faignées , les lave-
r^ens, les purgations ôc les cataplafmes :
^a malade fut faignée deux fois au bras
^ deux fois au pied, reçut plufieurs la-
^emens, fut purgée deux fois ôc conti-
riua les cataplafmes , fans en recevoir
\'^Ucun foulagement. Penciant le cours
\'^e ce traitement, cette malade s\'ap-
perçut qu\'elle avoit la deuxième pe-
dte dent molaire du côté gauche de la
\'îiachoire fuperieure cariée. Elle la fit
"Voir au Garçon Chirurgien de M. Noël i
r[ui la lui tira. On crut alors avoir trouvé
^ emporté la caufe de cette maladie.-,
^ais une heure après elle recommença
^^ec autant de violence qu\'auparavant,
^ dura encore quelques xiiois, après
^Uoi elle fe difiipa d\'elle - mxême. Au
Commencement du mois de Fevrier de.
^ année 172.8. cette perfonne étant
^enuë à Paris , fut atteinte de la mê~
^■"e maladie, fans fçavoir encore d\'où
^^^e pouvoit provenir. Elle fut trouver
580 LÊ CHIktJRGÏEH ,
M. Petit, pour le eoufulter : cet habifc
Cliirurgien confeilla à cette malade
de me voir à ce fujet -, attendu
ces douleurs pouvoient être caufées ^
entretenues par quelque dent cariee »
êc que les remedes qu\'on feroit
leurs pourroient être plus nuifibles a^a
fanté que falutaires. Cette malade m a-
yant fait venir chez elle, & m\'ayant fa^^
le détail de fa maladie, j\'examinai &
bouche, où je trouvai la deuxième
fe dent molaire du côté gauche de ^^
mâchoire inférieure afîèz cariée p®"^\'^
hii caafef taus^ les défordres dont eU®
fe pîaignoit, & je reconnus que poU"-\'
îes terminer il n\'y avoir point d\'autf^
parti à prendre que d\'ôter cette dcnf-
La malade y confentit, & cette deo«^
ne fiflr pas plutôt ôtée , que les douletU-\'^
vives Ôc extrêmes qui avoient tourineU"
ré cette perfonne fe diffiperent entie-
îement & fans aucun retour.
Ce que je viens de rapporter dan^
cette Obfervation, efl: à la connoiflànee
<fe M. le Chevaher de Louville, q"^^
s\'eâ trouvé prefent à cette operatio^^
R e b l ex i o- n.
îl n\'eft pas ordinaire de Icntir d^^
-ocr page 450-couleurs femblables, fi équivoques &
\' compliquées, caufées par les dents : ce-
Pendant on ne voit encore que trop fré-
quemment de ces fortes de cas, & per-
jonne ne peut être sûr de n\'y pas tom-
"^er , à moins qu\'on n\'ait la précaution
qu\'on ne foit à portée de les préve-
l^^it. Si cette malade s\'étoit mift d\'à-
®otd entre les mains d\'un Dentifte ex-
périmenté , elle auroit évité les douleurs.
^l\'Uelles qui l\'onr tourmentée long-
^ems V elle auroit évité l\'ufage de pin-
ceurs remedes qui pouvoient plûtôt ê-
contraires que propres à fa fanté,
^Ur cet exemple & fur plufieurs autres-
\'lui font rapportez dans mes Obferva-
tions, nous devons conckiFe qu\'il ne
^aut rien négliger pour notre inftruc-
\'"^^n, ni pour prévenir ou guérir les
\'Maladies qui peuvent nous affliger ; qu\'if
faut point méprifer ce que nous ne
\'•onnoifibns ps, ni ce que nous ne pou-
^\'ons executer par nous-mêmes ; parce-
^^l\'il n\'eft point de parries qui ne foient
\'Jjettes à des accidens, qui pour for-
maire font accompagnez d\'une infini-
de circonftances, & qu\'il faut une
experience & une très-grande ap-
\'\'ication pour en connoître & çn coco^»
^tie toutes les maladies.
Deux obfervations fur les difi^\'
dres que caufe le fcorbut dans
la bouche.
Premiere Obse rvat i o n.
Sur le ravage que le fcorbut fit à
bouche d\'une fauvre femme.
En 171 i. une pauvre femnie_
Nantes, âgée de cinquante -
ans, étant attaquée du fcorbut qui
avoit fort endommagé la bouche ? ^^
tra à l\'Hôtel-Dieu de la mêmeVilJ^\'
où elle fut traitée pendant près
mois. Après ce traitement elle en
rît fàns être parfaitement guérie ? ee ^-
l\'obligea quelque tems après des adi\'^
fer à moi. Elle fe plaignoit d\'une
de douleur qu\'elle fouffroit dans la
che: cela me donna de l\'attentionj ^
fit que j\'examinai fa bouche a.vec gra"
foin : pour lors je trouvai des trous
ftuleux aiîèz eonfiderables, qui pf^
voient du dedans de la bouche en ^^^
Dentiste. 383
hors, defToas le menton. Je fondai ces
deux trous, ôc je découvris par-là qu\'il
y avoir une grande partie des alveoles
cariées ; ce qui me détermina à lui ôter
quelques dents molaires chancelantes
qui lui reftoient encore ; je" lui tirai
auffi hors de la bouche trois exfoHations
des alveoles , dont la plus conlîderable
étoit de la longneur d\'un pouce & de-
mi , ôc large d\'un pouce : J\'emportai
de même.toutes les chairs pourries. Je
panfai certe pauvre femme avec le bau-
me defficatif du PerOu, dont je faifois
mjeiïtion deux fois le jour dans les trous
fiftuleux : au bout de vingt-huit jours,
cette pauvre femme fut parfaitement
guérie.
Reflexion.
^ Cette femme fortit de cet Hôpital fans
ctre guérie, ni foulagée des défordres
que le fcorbut avoit fait en fa bouche ;
\'arce qu\'on avoit négligé d\'examiner
a caufe locale, & de la combattre par
^es opérations ôc les remedes convena-
bles. Si je n\'avois fait des incifions pour
découvrir la carie, afin de donner jour
^ la matiere de s\'évacuer & l\'empêcher
de féjourner dans des finus j G je n\'a-
LEChirUKGIEPT
vois pas oré ies chairs corrompues
pieces cfos cariez , je n\'aurois jamais
pû roùlager ni guérir cette pauvre ftm-
me, & cette cure ne m\'a réiiflj ?
parce que j\'y ai apporté toute mon aC-
Eention.
Il, Observation.
Sur les excroijfances , les carks y
les ukeres les ahcez,,
le fcorbut avoit produits dâ^^
la bouche d^un jeune homme-
En 1713. un Domeffique de
Guré de la Paroiffe de faint Germai^
de Rennes en Bretagne, fut attaque
fcorbut à îa bouche. Il fe mit entre je^
mains d\'un Maître Chirurgien des p^".
habiles de k même Ville ; qui le trai-
ra pendant an tems a/fez
conficlera-\'
ble , fans pouvoir le guérir : mais ce
Domeffique voyant que fa maladie con-
tinuoit toujours, s\'adre/ïa à moi. j
commençai par vilîter fa bouche : _eu-
fuire je iui ôtai quelques mauvail
dents & plufieurs petites exfoliations ^
petites efquilles des alveoles caries.
je coupai avec les eifeaux toutes le
chaïc^
-ocr page 454-D e n t r s t e.
c-îiairs excroiiîances, ulcerées & pourries
-^uilûi rendoient i\'haleine d\'une odeur
infupportabie ; j\'en exprimai beaucoup
de fangj je lui nettoyai enfuite les au-
tres dents. Je le fis faigner & purger
line fojss & lui fis ufer de fois à au-
tres pendant quelques jours pour fe la-
Ver la bouche, d\'une lotion faite avec
^ne pinte de vinaigre du plus fort, dans
lequel j\'avois fait infufer fur les cendres
chaudes, une once de graine.de mou-
tarde concaflec. Je continuai enfuite à
^ui faire laver la bouche tous les jours
plufieurs fois, avec une autre lotion far-
^e d\'une chopine de vin blanc, d\'une
chopine d\'eau de plantain, d\'nn verre
d\'extrait de crefi<)n, de deux onces d\'ef-
prit de cochlearia, de deux onces de
^nieî rofat, & de quitre gros d\'alun cal-
culé , le tout mêlé enfemble. Ayant trai-
té ce malade de cette façon pendant
^tois iemaines, ii fut parfaitement guéri.
Reflexion.
On ne peut s\'empêcher de convenir
^Ue ce Chirurgien avoit negligé dans
pratique la connoiflànce des mala-
dies de la bouche -, car il ne s\'agiffoit
poiir faire cette cure, que de dilater de
"^m^ i. kk
y
petits finus, d\'emporter des excroifi^^^"
ces, de procurer i\'exfoliation de 1 ^^
carié 3 de déterger, de mondifier les ri "
ceres ôc d\'ôter les mauvaifes dents j e
que les Chirurgiens pratiquent journe -
lement avec fiiccès en pareille occafion^
il n\'étoit queftion que de fijivie la.
me méthode dans le cas dont il
foit , pour terminer heureufemént ^
guérifon de cette maladie ; par ^on^
quent on ne peut imputer l\'inutilite^^,^
fon premier traitement qua la neg
gence de ce Chirurgien,
t)ouze Obfervations.qui concnne m
j les dépôts y tumeurs & abcez,,
occafonnez, par les dents.
Premiere Observati on.
j Sur un dépôt caufe par une dent canine y
; non cariee.; mais ufée par la rencontre
dune autre dent,
Le 19. Décembre 171^. M. i\'Ab«
bé Cherier Licencie\' de la Faculté
<ie Paris, avoit ia dent canine du côté
gauche de la mâchoire fuperieure, fai-
jîe, très-folide & fans carie ; mais feu-
bernent ufée par la rencontre & le frot-
^ment des autres dents & des alimens.
^ette dent lui caufa néanmoins une
^ouieur fi confiderable, qu\'il fut obli-
ge d\'appellerM. de Manteville Chirur.
qui examina fes dents,& n\'en trou-
vant aucune de cariée ; il lui confeilla de
^e faire venir. J\'allai voir ce malade,
\' examinai fes dents & je reconnus quç
jSB LE GH IRU-RGÎEN
îa fluxion dont il s\'agilToit, étoit ficon-
fiaeraBle, quelle tendoit a formel" ^
abcès. Je çoufeiilai i M- l\'Abbé Che-
rier de couper par morceaux une raci-
ne de guimauve & deux ou trois fîg^j
■ |»rafles, de les mettre boiiillir dans^d^
lait doux, ce lait étant un peu riede^^
d\'en tenir de tems en tems dans fa bou-
che du côté de la douleur, & par
tervale appliquer une portion de ces ^
gués fur la gencive tumefiée 5 de fa^^
des cataplafmes avec le lait & la in
de pain , les Jaunes, d\'œufs & le fafrai^\'
& de les appliquer fur la joiie enflée
de fe tenir chaudement.Ce qiùayante
executé, l\'abcès fe forma très-pro^r
tement fur la-genciv.e de.la dentufe^^\'
& dès le lendemain au foir le CnJr.^^^
gien perça cet abcès. Il comprima
. -fifamment par dehors & par dedans ^^
gencives ; par ce moyen il fit fortir bea^^^
f-coup de matiere. Nous confeillâm^ ^^^
maiade de faire boiiiilir de l\'orge\'
l\'aigremoine dans de 1 eau,
un peu de miel rofat, & de s\'eniaV^^
chaudement labouche de tems en tein^\'
cç qui ayant été fait, le maladefut^^,^
^n peu de jours•prfaitement bien g"-
I L o b s e r v a ti o n.
. Sur une tumeur & une Jfiule
caufées^-par la carie d\'une
dent molaire.
En 17 i o. le fils de M, Clezié Marcfiand
Qinnquaillier, demeurant à Paris, ruë
des Maùvais-Garçôns, pour lors âgé de
vingt-cinq ans j avoit la deuxième grof-
fe molaire du côté droit de la mâchoi-
re inférieure cariée très - confiderable-
\'îiènt i ce qiti lui caufa une tumeur de
^a grolfeur de - la moitié d\'un jaune
d\'œuf. \'Cette tumeur étoit fituée à ia
partie extérieure de la joiie du même
côté. Cette même tumeur ayant abce-
dé & percé-d\'elle.même, fuppuroit par
îiitcrvale. Ce malade s\'adrefiîa d\'abord
^ un Maître Chirurgien de cette Ville ,
crut que pour guérir cette tiuiieurj
^ ne falloii^que l\'ouvrir d\'avantage avec
^ lancette , & y mettre quelque em-
plâtre , ce qu\'il executa; mais il fuc
■ ^ompé dans fon efperance, car il refta
■^près: ce traitement un trqu fiftuleux à
^ joué , par où al fortoit tous les jours
^ne matiere fahieufe. Enfin au bout de
K k iij
-ocr page 459-LE CHÏRURCÏEN
quelque tems, ce jeune homme s\'étant
adrefîë a moj, je vifitai fa bouche? ^
je reconnus que fon mal ne pouvoit
provenir, que de la earie de fa dent s
je ne balançai point à la lui ôter i ^
cette dent étant hors de fa bouche,e»
peu de tems s ce malade fut parfaite^
ment guéri,
III. Observation.
Sur un ahces furvenu à U
mette de la joue , en confiqucfi"
ce de trois racines ou chicots i:
d\'une groffe dent molaire
riée du coté gauche de la
choire fuferieure.
En 17x2. le fils du fieut SaintMi\'
chel Tambour des Moufquetaires, ayant
un abcès fiftuleux fur la pommette
la joiie du côté gauche , fa mere ƒ ^^
dreifa à un Chirurgien de cette Vil|^\'
Ce Chirurgien ayant examiné la mala-
die de ce jeune homme, crut qu\'il^^^
s\'agilîbit que d\'y donner quelque coup®
de cifeaux, & d\'y appliquer quelques
medes ; ce quil fit fans aucun fucceS-
Cette maladie continuant toujours» cet-
te femme confulta M. Turfan Chirur-
gien - Major des Gendarmes , qui lui
Confeilla de s adrefîèr à moi. Elle m a-
, \'nena fon fils, pour lors âgé de quator-
ze à quinze ans : j\'examinai fa mala-
die , & je trouvai qu\'il avoit trois ra-
cines d\'une dent molaire du même cô-
té J très-profondes & cachées dans les
gencives qui étoient fort gonflées ; ce
qui rendoit ces racines très-difficiles à
Oter ; néanmoins je les lui ôtai. Ce gar-
Çon fut guéri peu de tems après , & il
tîe lui a refté qu\'une cicatrice dans le
inême endroit -, ce qui arrive ordinai-
tement à ces fortes de maladies, & qui
dépend du trop long féjour de la ma-,
tiere, qui con fume les celkiles graiffeus-
^es, & y laiffe toujours une perte de
fubftance, pur peu que ces maladies
Soient négligées.
Kk iiij
-ocr page 461-Sur un. abcès furvenu au-defoUS
du maxillaire inférieur par
Carie d\'une grcjje dent molaif e ^
& guéri far la feule extraâi^i^
de U dent cariée.
En 1722.. la fiile de M. Verneiiii
Marchand Tapiffier, demeurant à l\'Hô-
tel de l\'Ailiance près ia Comédie fran-
çoife, pour Jors âgée de douze an«^
avoit une gro/Te dent molaire du
gauche d-e la mâchoire inférieure très\'
cariée. Cette carie caufa à cette
fille un petit abcès qui dégénéra en
ftule au-deiTous du maxillaire inferie«!^^
Elle vint chez moi pour fe faire ôt^\'
cette dent gâtée. Je la lui ôtai à l\'I^T
rant; & cetre petite operation fut fi\'^"
fame, pour faire difparoître prompt^"
ment l\'abcès , & guérir radicalement
cette maladie. ■
V. Observation.
Sur une fflule furvenue aux gen-
cives du devant de la bouche
à la mâchoire inférieure.
te li. Decembrc 17z5. M. duRou-
l\'et Moufquetaire, me fuc adreffé au
fujet d\'un ■ effort très-violent qu\'il avoit
fait avec les dents du devant de fa bou-
che. Cet effort lui occafionna quelque
tems après une fiflule, fituée entre la
l\'acinç de la petite incifîve & la cani-
ne du côté droit de la mâchoire infé-
rieure. Cette fiftule étoit allez profon-
de -, il en fortoit des matieres putri-
des à la moindre prefîîon. Je fondai cet-
te fiftule : j\'y fis une petite incifion de
haut en bas, de la longueur d\'environ
trois ou quatre lignes -, &c lorfque j\'eus
découvert l\'alveole , je trouvai qu\'il
étoit percé d\'un petit trou, .qui com-
mençoit à fa partie fuperieure & moyen-
ne, & qui fe terminoit vers la partie
latérale de l\'extrémité de la racine de
la dent incifîve. Je panfai cette fiftule
foir & matin pendant huit jours avec
de très-petites tantes de charpie, que
393
194 ^ E CHIRURGIEN
j\'introduifois jufqu\'au fond dé lafiflulej
après les avoir imbibées dans deux par-
ties égales d\'eau de rhiie & de vin blane j
dans lequel je mêlois quelques gouttes
d\'huile de vitriol ; après quoi je me Cet-
vis du beaume du Commandeur pout
imbiber mes petites tantes, lefquelies je
diminuai à chaque panfement ; ce
dura encore huit autres jours, aptes
quoi le malade fut radicalement gu*^^^
de fa fiftule.
re flexi on.
Il eft rare devoir guérir cesfiftuks?
foit parce que la plupart de ceux qui eo
font atteints , les negligent,. ou bien»
parce qu\'ils s\'adreffent à des perfbnoeS
peu verfées dans la pratique de pan^^^
ces fortes de maladies, qui d\'ailleurs n®
font pas incurables par leur propre ea-
radere -, puifqu\'il ne s\'agit pour les ^^^
rir, que de les traiter comme j\'ai
ré celles-ci.
DEHTÎSTE,
VI. Observation.
Sur l\'effet de la carie de deux: ra-^
cines d\'une dent, qui occafion-
na une tumeur\'& un abcès dtt
coté gauche de la mâchoire in^
fé rieure.
Le 6. Decemk-e 1715. l\'époufe de
M. Brizard Concierge & Garde meuble
de l\'Hôrel de Conty, ayant les deux
racines de la deuxième grofle molaire
du côté gauche de la mâchoire inférieu-
re cariées depuis plufieurs années , la
carie de ces racines lui caufa une tu-
Jîîeur confiderable du même côté. Je
fus appellé pour examiner cette tumeur »
^ pour extirper ces deux racines ^ ce
^Ue je fis en prefence de M. Finot ( a )
^ de M. Darmagnac. (i^" ) Le vuidcque
^es deux racines lailferent, me facilita
^\'introdudion de mon ftilet, que j\'in-
ïtoduifis dans la tumeur : par ce moyen
Ça) Doaeur Relent de la Faculté de Mé-
«Jecirte de Pans & Médecin de S. A. S. Mada-
"ne la Princeffe de Conty Doiiaifiere.
(b) Apotiquaire de S. A. S.Monfeigneuï
Prince de Conty .
r-
^^é LE CiîiRtJRGiÉN^
je m\'afTuL-ai de fa profondeur, q^i
rendoit jufqu\'à la bâze de Vos maxii^
Jaire inférieur. Je reconnus pour loti
que cet os éroit découvert : je fis
incifion fiiffifante à la partie Tuperieiï\'\'
re de la gencive, afin de donner pl"®
facilement iffue à la matiere ; & P*^^
empêcher que l\'ouverture de la playe iis
fe àrmât trop tôt, je panfai cette Da-
me avec une tante de charpie couverte
d\'un peu de cire blanche. Je renouve -
lai cetre tante foir & matin, & je
guois le dedans de la playe toutes
fois que je la panfois, avec une loti\'^^^
faire de deux onces d\'eau vulnéraire *
d\'eau de canelle orgée, de beaume "
fioraventi & de miel rofat, de chacU^
une once , le tout mêlé enfemble :
quatrième }om)e ce/fai l\'ufage de^ran-
tes,.& je continuai de feringuer lap^f^^
comme auparavant, jufqu\'au vingf-ei^^
quiéme jour que la malade fut parfai^^"
ment guérie.
Reflexion.
Si l\'on avoit différé davantage d o
ter ces deux racines cariées, Se de dila-
ter fliffifamment cet abcès, le féjour de
cette matiere auroit formé de.nouveaLi\'\'*\'
Den T I S T E. 397
iimis, ôc fait de plus grands progrès ;
alors il n\'auroit peut-être pas été pofli-
tle de terminer auffi lieureufement la
cure de cette maladie-
VÎI. OBSERVATI ONT.
Sur un abcès fjîuleux caufé par
une dent cariée & guéri promp-
tement par U feule extraBion
de la dents,
En .1712. le fils aine\' de M. Petit Pro-
■cureur à Nantes, ayant une groffe dent
rnolaire cariée du côté droit de la mâ-
choire inférieure, & cette dent lui ayant
caufé plufieurs fluxions, il lui furvint
à la joiie droite un abcès, qui dégene-
i"a bien-tôt en fîflule, de laquelle il for-
toit plufîeurs fois le jour de la matiere
putrefaite & fanieufe. Ce malade s\'étoit
fait traiter par un des plus habiles Chi-
rurgiens de la même Ville, lequel fit
à cette fïHule plufieurs incifîons Ôc la trai-
ra par differens panfemens. De tous ces
rraitemens il ne refulta que dps cicatri-
ces apparentes, fans aucun fuccèsj ce
qui détermina ce malade à venir me
confulter. J\'examinai fa bouche j & je
39^ le Chirurgien
reconnus que cette fiftule n\'étoit entre-
tenue que par la dent cariée , &que p^^f
obtenir une prompte & parfaite gueti\'
fon, il s\'agifibit de lui ôter cette dent. ^^
malade eut peine
à fe perfuader
cette fimple operation pût être capab*
de le guérir 5 Ce qui l\'engagea à confu^^
t-tat* /-j\'/^nf-l-ziac /an Itao -iVlS
ter d\'autres perfonnes, dont les avis
rent oppofez au mien. Cependant qu^f
que tems après ce malade revint à iT»®^\'
Se me pria de vouloir encore confuî^^^
fa maladie avec M. Boutin très-ba^ll
Chirurgien de la même Ville. Ap"-\'^®
avoir examiné fa bouche , nous coo\'
vinmes qu\'il falloir abfolument ôtefce^
te dent; ce que jefîs à l\'heure même^ ^
quelques jours après ce malade fetrou^^^
parfaitement guéri de fa fiftule : ii f\'
fura que les^remedes inutiles qu\'on
avoit faits auparavant, lui avoient co^^"
té beaucoup d\'argent fans en retirer
cun avantage.
Reflexion.
S\'il y a des circonflances dans
quelles il faille éluder le plus long-tO^^
que l\'on peut d\'ôter certaines dents c^
riées, le fait rapporté dans cette Q^\'
îervation, fait voir qu\'il y en a de con\'
Dentiste.
lirakes, où il ne faut point héfiter à
ôter ces fortes de dents comme lorf-
qu\'ii s\'agit de guérir une fiftule qu\'el-
les entretiennent. Dans un pareil cas,
on ne doit pas avoir regret de perdre
Une dent ; puifqu\'on fe délivre à peu de
frais d\'une fiftule qui défigure le vifa-
ge, ôc qui pourroit à la fin devenir in-
curable, lailfer des diffbrmitez aftreu-
fes, faire fouffrir long-tems un malade
Bc épuifier fa bourfe.
VIII. Observation.
\' Sur un ahces occafionné far une
dent cariée.
Le fils de M. Galois Marchand Epi-
cier , rue des Boucheries , Fauxbourg
S. Germain , avoit la première grolfe
dent molaire du côté droit de la mâ-
choire fuperieure cariée à un tel point,
qu\'elle lui occafionna une tumeur fituée
fur le milieu de la furface externe du ma-
xillaire fuperieur, s\'étendant jufqu\'au-
prés de l\'orbite : elle étoit du volume
d\'un jaune d\'œuf de poule. La perma-
lience Ôc la durée de cette tumeur obli-
gèrent le pere & la mere de ce jeune
400 le Chirurgien
enfant âgé de douze ans de confultet
M. Pedt Chirurgien , qui ayant exami-
né cette maladie , connut qu \'elle de-
pendoit de la dent cariée. Il leur con
leilla de me confulter auflî fur ce
Madame Galois fuivit l\'avis de M-
tit -, elle accompagna fon fils chez îï\'O^
ie 5. Mai 1724. Je remarquai que c^f\'
te tumeur contenoit une manere ép^^\'
chée, & je jugeai que ce dépôt av^^
été caufé par la carie de la dent- j
n\'héfitai pas pour lors à déterminer cÇj\'
te Dame à confentir que cette dent
ôtée, pour prévenir les fâcheufes fui*-^
qui arrivent prefque toujours dansée
fortes de maladies, & je l\'aflîirai (f^
c\'étoit le feul moyen qu\'il y avoit à pi^^^\'
tiquer en cette occafion pour obtei\\
une prompte & sûre guérifon, fans avoi
recours à aucun autre remede.
Dame y confentit d\'autant plus volo"^\'
tiers, que mon fentiment fe trouva co^"
forme à celui de cet habile Chirurgie^\'
L\'extraction de cette dent ne f\'it
plûtôt faite qu\'il fortit une qu^n^i^
aflez conficierable de matiere fereufe^
jaunâtre par l\'endroit que les racines
cette même dent occupoient avant I
tradion : j\'introduifis mon flikf ^^^^
\' Vakcok
-ocr page 470-l\'alveole, & je trouvai que cet abcès
s\'étendoit jufques dans le finus maxil-
laire fuperieur. Enfi-iite je comprimai
la région de cette tumeur en tous fens,
Se par-là je procurai l\'évacuation d\'un
refte de matiere fanguiriolente, épaijfïe
& noirâtre. L\'extirpation de, cette dent
5c la totale évacuation de la matiere
firent auifi-tot difparoître certe tumeur,
Se cette maladie fut en peu de jours
guérit parfiiitement.
ÎX. Observation.
Sur deux dents molaires tres-ca^
fiées qui cauferent une fluxion ,
fuivie d\'un abcès , dont les ac-
cidens furent très - dangereux.
En l\'année 1719. le fieur Nicolas
de Louviers Relieur de Livres à Paris,
eut les deux dernieres dents molaires
du côté gauche de la mâchoire inférieu-
re tres-cariées-, elles lui cauferent une
fluxion fi extraordinaire, & des dou-
leurs fi infupportables , qu\'il penfa en
perdre la vie; fi^n vifage en devint
monftruelix ; trois glandes fous ie men-
ton fe tumefierent, paroillànt chacune
de la grofleur d\'un œuf de Pigeon vfà
Tome L L1
tE CHIRURGIEN
gorge & fa bouche fe gonflèrent à urf
tel point qu\'il lui étoit prefque impoffi-
ble de 1 ouvrir, & de faire paifer
alimens les plus liquides dans fon eflo\'
mach. Se voyant dans un fi trifte érat ? ^
envoya prier M. Chauvet Chirurgie!^
Juré à Paris, de le venir voir : y éta^c
venu, il examina fa maladie, jugea à
pos de le faigner fur le champ, & l^ii
fit appliquer un cataplafme émo fiant f^\'-\'
les parties les plus tuméfiées 5 mais mal\'
, gré ces remedes la maladie augmenta àe
telle forte, &-les parties de la bouche
& de la gorge fe gonflèrent fi confidÇ\'
rablebent, que le malade ne pouvo^f
plus avaler, ni retenir fa falive qui
couloir auflî abondamment que s\'il
eu un \'pthyalifme occafionné par l\'elfe\'^
de quelques remedes mercuriaux.
M. Chauvet étant retourné voir ce
malade, fut fi furpris de le trouver e«
ce pitoyable état, qu\'il crut que cette ma-
kdie étoit une efquinancie confirmée >
ce qui l\'obligea de confeiller au mal^
de d\'appelîernn Médecin. Onallaauf"
fi-rôt prier M. de Juflîeu (a) àe le ve-
(« ) boâeur en Médeçîne de la Faciiîté de
Paris, de l\'Academie Royale des ScienceS\'
& ProfelTeur en Botanique au Jardin
des PJjates,
^ir vificer. Ces deux Meflîeurs qui le
\'•^rent enfemble eurent affez de peine à
Examiner fa bouche ; parce qu\'il ne pou-
l\'oit l\'ouvrir fuffifamment pour donnêr
heu de connoître la caufe de fà mala-
^ie; néanmoins M. dejuffieu jugea qu\'el-
le n\'étoit occafionnée que par des dents
Cariées. La gencive du même côté étoit
^ tumefiée, qu\'elle furpafilbic ces mê-
^i^es dents -, ce qui leur fit juger qu\'il y
^voit un abcès formé à cette partie, &
<3u\'il falloir l\'ouvrir pour donner promp-
tement iiïlië à la matiere. M. Chauvet
9yant ouvert cet abcès, il n\'en fortit
^ue très-peu de pus, parce que la plus
grande quantité de cette matiere étoit
^enfermée dans le fond des alveoles,
^ aux environs de l\'angle de cette ma--
choire : cependant cette petite évacua-
\'^\'on, donna lieu de détendre tin peu
Ces mêmes parties, & de faciliter d\'a-
vantage l\'ouverture de la bouche. M.
^e Juflieu confeilla au malade de m\'en-
^oyer chercher, pour fe faire tirer les
^ents qui caufoient tout fon mal, s\'il
^toit poffible d\'y porter l\'inftrument.
p étant donc tranîporté chez ce ma-
ade, je trouvai en examinant fa bou-
^^e, que c\'étoit les deux dernieres dents
i 1 ij
-ocr page 473-4^04 I- E G H î R tJ R G r E N ^
molaires du côté gauche delà machoifS
inférieure qui étoient cariées &
avoient c^ufé tout ce défordre, comi^^
M. de Jufîîeu l\'avoit tres-bien obfervC\'
j\'eus beaucoup de peine à ouvrir affe^
la bouche de ce malade, pour j intro-
duire la branche de mon pelican. J^
choifs une de celles dont le crocheT^
étoit moins long ôc le plus large pou^\'
le pouvoir porter plus aifément
furface intérieure des deux dents ca- ■
liées i afin de les pouvoir rirer d\'un
coup, & d\'éviter" par ce moyen la téc^"
dive de l\'effort & de l\'ébranlement j
qui me réuffit tres-bien, Auffi-tôt q»^
ces deux dents furent ôtées , il fc ^^
une évacuation de pus fî confiderable
par les alveoles qui contenoient les ra-
cines de ces deux dents,qu\'il en forr\'*^
plus de trois palettes : ce pus étoit ver-
dâtre ôc d\'une puanteur infupportab|e»
Ce malade avoit été tourmenté de tre_s-
cruelles douleurs pendant huit à
jours, defquelles il fut déhvré bien-f\'\'\'\'
après\' l\'extraftion de ces deux dents ca-
riées Ôc l\'évacuation de cette quantité
de pus ; ce qtii procura îa prompre g«^\'
Jtifon dune maladie fi confiderable»
X, Oe se rvation.
Sf^r U curie d\'une denj: ^ qui pour
avoir été, négligée cauja des
accidens funeftes ^ donna lietê
à de tr es-grande s operations de
chirurgie,
François le Blanc Compagnon Ma-
Çon à Ville-Neuve-le-Roi 5 près Paris »
à lage de cinquanre-fept ans, au mois
d\'Octobre 17Z5. s\'apperçûr par des
douleurs fi violentes , & une fluxion
fi confîderable, qu\'il ne,pouvoit plus
y refifter, qu\'il avoit la derniere grofTe
dent molaire du côté droit de la mâ-
choire inférieure cariée ; il eut recours
a fon Chirurgien ordinaire, qui le fai-
gna & lui ordonna des cataplafmes.
Ces remedes furent inutiles ,1a fluxion
perfifta, & il fe forma un abcès à cô-
té de la dent cariée. La douleur & k
fiuxion parurent diminuer ; mais la ma-
tière renfermée qui n\'avoit point été
évacuée reflua dans la mafife du fang,
^ caufa une fièvre violente avec délire >
qui mit le malade en danger de perdre
vie : dans cet état il fut encore fal-
gné deux ou trois fois, & même pufgj*
Peu de tems après, l\'abcès s\'ouvrit de
lui-même dans la bouche -, mais la ma"
tiere qui en fortoit continuellement n e-
toit que la plus féreufe ôc la plus Bd\'
de, & elle étoit d\'une fœtidité infup-
portable.
L\'évacuation de cette matiere fît cei-
fer la fièvre & le délire -, mais comice
la joiie du malade reftoit toujours tres-
tumefiée, à caufe que la matiere la pl"^®
cpaifi^ n\'en avoit point été évacuée > i®
Chirurgien qui le voyoit employoit deS
cataplafines ôc des embrocations dans
l\'intention de réfoudre cette tumeur.
Il le traita de même pendant un mOi®
entier fans aucun fuccès.
Monfieur Montant Maître Chim\'^\'\'
gien au même lieu, fut appellé : il exa-
mina la joiie de ce malade, il la trouva
tres-dure ôc grofie comme un pain d\'u-
ne livre. La mâchoire inférieure avol^
perdu fon aâion ôc les dents inférieu-
res n\'étotent écartées des fiiperieui\'es
que d\'un travers de petit doigt, ce ma-
lade remuoit à peine les lèvres pour cra-
cher ôc prendre du boiiillon.
Ce dernier Chirurgien jugea qne la
partie la plus épaiffe de la matiere éto-^^
^ftée dans le fac, tandis que la plus flui-
de fortoit continuellement. •
Le Chirurgien ordinaire du malade
•^e fut point de cet avis, ôc foutenoit
^ii\'il n\'y avoit point de matiere ; parce
^u\'ii n\'y fentoir point, difoit-il, de fluc-
tuation -, mais le Chirurgien Confultant
Conclut qu\'il n\'y avoir point d\'autre
\'^oyen pour guérir ce malade , que
^\'ouvrir cette tumeur par !e dedans de
bouche 5 ce qu\'il falloir faire abfolti-
\'^ent, afin que fi par hazard l\'os de la
•Mâchoire n\'étoit pas carié , cette tu-
i^eur pût fe guérir par cette fimple ou-
verture.
Tandis que le Chirurgien ordinaire
Perfiftoit dans fon fentiment & qu\'il re*
^•foit de faire cette operation , Mon-
teur- Montant prit une lancette à ab-
cez & la plongea dans le fac : il fit une
Ouverture alfez grande horifontalement,
^e laquelle fortit une matiere fort épaif-
J mais en petite quantité ; ce qui l\'o-
bligea de prendre un biftoury avec le»
\' H^el il agrandit l\'ouverture déjà corn-
\'ïiencée avec la lancette.
Enfuite il appuya avec la main gau-
^He fur la joiie : par cette compreflîon il
fortir toute la matiere, laquelle étoit
très-dore & en forme de caillots
comme des noifettes.
Après avoir vuidé ce fac, il appliq"^
un bandage expulfif fur la joiie du
lade. \'
Le foir il îe pan fa de nouveau : ^^
prit alors un ftilet qu\'il introduilîtp^
l\'ouverture qu\'il avoit faite le matin ? ^
il le conduilîr jufques fous l\'angle
rieur de la mâchoire : ce qui le
mina à faire une contre-ouverture
lendemain au matin.
Il introduifit par cette derniere oij;
verture une fonde, qu\'il fitpenetref j^,/
ques fous l\'angle de la mâchoire
rieure, & avec un rafoir il incifa
cette même fonde, à la faveur de
quelle il introduifît encore une atiti-^
fonde, & il divifa tranfverfalement âve^
on biftoury les tégumens & les chaî^
qui couvroient les finus. ,
Ayant découvert la mâchoire, d
trouva cariée : il reconnut par le moye«?
de îa fonde que la carie s\'étendoit ^
qu\'au rondille & jufqu\'à la cavité g\'e"
noïde de l\'os temporal : ce qui î\'ob^\'
gea à continuer fes incifions\' qui
moient la figure d\'un T. renverfé\'
En faifant cette deroiere
dentiste. 405?
il ne put éviter de couper un rameau
■ confiderable de la carotide externe ; ce
qui caufa une forte hemorragie : il s\'en
rendit maître par la ligature & le point
d\'appui.
îl tamponna la playe autant qu\'il lui
fut poilibie, afin de pouvoir dans la fui-
te porter les médicamens necefi^àires fijr
l\'os carié : dans cette intention il fe fer-
Vit d\'injedions fpiritueufes, deiîjcatives
Se vulnéraires: il fit principalement ufage
de l\'efprit de vin, dans lequel il faifoit
. Uifufer de la canelle & du gerofle. Il
panfoit cette playe deux fois le jour
avec des bourdonnets trempez dans cet-
. te liqueur , -avec un digeftif pardeiTus.
Quinze jours après l\'opération,l\'ex-
foliation fe fit, & il tira quatre pieces
d\'os très-confiderables, qui confifi:oient
cn une portion de l\'apophyfe coronoï-
de, le condille entier de la mâchoire,
\'ine moyenne portion de fon angle, &
^ne autre portion plus confiderable du
\'">^ême angle. Lorfque cette derniere pie-
i fe détacha, elle entraîna avec elle la
^ent cariée, qui avoit caufé ce défor-
dre.
L\'exfoliation faite, ce Chirurgien eut
liberté de voir ce qui fe paflbit à la
\'Lome /. Mm
4îo le Chirurgien
partie inférieure de l\'os temporal? o^^
ce malade difoit fentir depuis long-
tems une grande douleur avec ciuati"^
on cinq barreurs de ciment ; c\'étoit ain-
fi qu\'il s\'exprimoir. \'
Dans cette partie fi douloureufe
fenfible, fon Chirurgien reconnut (p^
les os étoient à découvert , que la ca-
vité glenoïde étoit\'découverte & de mê-
me l\'apophife zigomatique & le ftiH\'^^\'
de 5 que tous ces os étoient dépoiiiU\'^^
jufqu\'au trou auditif externe; ce
ce Chirurgien découvrit au moyeu "
fon ftilet 5 avec lequel il rencontra 1 "
temporal carié à un tel point, que ^
ftilet le traverfa jufqu\'à la\'dure mef^/
il le pafiTà pardefious l\'arcade zigom^\'^^"
que 5 ôc il pénétra jufqu\'à la fente ^^
bitaire externe : comme il ne faut
mais défefperer entièrement
dans les cas
les plus fâcheux, il fe fervit en con^\'
nuant le traitement de cette malafi^^J
de fon injeclion qu\'il jetta dans le .
des finus , tamponnant autant qu d ^^^
fut poffible. Craignant toujours qu u
fe fît quelque forte exfoliation du
poral & du fphenoïde, accompagn\'^^ ^^
quelque accident mortel, ôc naïa^nt p
la liberté de porter le remede dans ta\'
Dentist s. 411
de cavitez, tout ce qu\'il pouvoit faire,
c\'étoit de feringuer îa playe avec îa mê-
me injeélion deux fois lé jour ; ce qui
téiiffic Cl bien, que les battemens ceffe-
rent & la douleur fe diffipa.
Apres toutes ces operations & deux
ïîiois de panfement, -tous les accidens
difparurent j mais il refta une fiftule in-
curable, le canal excréteur de la glan-
de parotide ayant été coupé par le mi-
ueu. La liqueur que cette glande filtroit
prit fon cours par dehors, à l\'endroit
Oil l\'opération Ait faire : cet accident
fut la principale caufe de cette fiftule,
«Jui eft une de celles qui ordinairement
^e guériftènt point.
^La paupiere inférieure de i\'œil du
•^ême côté eft reftée erraillée, & eft de-
JJïeurée paraiitique par la deftru£tion
^\'un rameau du nerf de ia cinquième
paire qui fe diftribue à la face : il paroîc
^\'tie cataraéle qui commence à fe for-
JJer, qui felon toute apprence eft cau-
\'ée par l\'obftruélion qui s\'eft commu-
J^iquée au corps graiifeux & aux vaif-
^aux fanguins , qui fe diftribuent au
S\'obe de i\'œil. A ces accidens près,le
^^alade joiiit à prefent d\'une parfaite |
411 LE CH IRURGIEN
Reflexion.
On voit par cette Obfervation
danger où a été expofé ce malade pa^
la negligence de fon Chirurgien ordi-
naire : elle nous apprend que l\'on »loi^
toujours remedier promptement aui-
maladies qui paroiflènt les plus legf\'
res dans leur commencement ; prévoii-
les accidens qui peuvent arriver j ^
apporter fes foins pour les prévenir,
arrive fouvent , ou que ceux qui ^^
font affligez fe flattent ôc croyent qn ^ "
les paflèront d\'elles - mêmes, ou
les Chirurgiens peu experimenteZjati^\'
quels ils s\'adrefllent, n\'en prévoïant p^®
les fuites & n\'y apportant point
medes neceflàires ? elles deviennent d ^
ne très-grande confequence dans
progrès, mettent les malades en dan^
ger de la mort, comme on vient de
voir. J
Meflîeurs Winflow, de Manrevine \'
Verdict, de Saint Yves (a)ôc moi avon^
vû & examiné le malade après iS gn
rifon, Ôc les pieces d\'os qui fe font e
foliées de fa mâchoire. ^
. C\'eft M. Montant qui a fait cette en
( a ) Chirurgien Ociilifte à
-ocr page 482-DEN T I ST È^ 4ï3
til Se qui ma communiqué cette Ob-
fervation,
Sur une petite dent incifive , qui
fans être cariée , avoit caufe
plufieurs fluxions ^fuivies d\'un
ahces confiderable.
En 1714. M. Pierre Mathieu de Nî-
mes en Languedoc, étant à Paris, fut
attaqué à lage de vingt ans d\'une flu-
xion fi confiderable, qu\'il fut oblige
d\'avoir recours à M. de Jufliieu mais
comme fes occupations de Médecine ne
iui perraettoient pas alors de pouvoir
fe tranrporter chez ce malade, il me fie
dire de m\'y rendre de fa part, pour exa-
miner la maladie, & voir ce qui pou-
voit caufer la douleur & la fluxion dont
ill étoit attaqué: je m\'y rendis, j\'exa-
minai fon vifage & fa bouche, & je
remarquai qu\'il avoit le mentoa enflé
Se farci de plufieurs glandes grofles
comme des pois. J\'examinai avec rou-
te l\'attention polfible fes dents, fans en
trouver une feule de cariée; l\'incifive
du milieu, & du côté gauche delà ma-
4Ï4 L E Ch I ». VR G ï Ê w
choire inférieure fe trouvoit très-fen^\'
ble lorfqu\'on la touchoit, & même
peu chancelante; ce qui étoit caufépa/
l\'engorgement de l\'humeur qui avoïc
écarté l\'aveole & les gencives qui
vironnoient cette dent. Jedemandaia«
malade s\'il avoit reçû quelque coup 5
fait quelque effort violent fur cette dent î
il me dit, que non ; mais qu\'il y avoi\'^
quatre ans qu\'elle lui avoit fait un pej^
de douleur, & que huit mois après, el-
le lui avoit caufé une fluxion & une
douleur affez confiderable pendant trois
ou quatre jours -, mais bien différente
de celle qu\'il reffentoit depuis cin^/
lîx jours. Quoique cette dent ne fût
point cariee, je ne laiflai pas de foup-
çonner qu\'elle caufoit tous ces défor-
dres , par l\'effet de la liqueur épanche\'e
& arrêtée dans les vaifleaux de fa ea-
viré, ou fur la membrane de l\'alveoîe »
qu\'ainfi cet engorgement caufoit lui fe^^
la douleur vive, & l\'inflammarionq"^
toutes les pardes du menton reffen-
toient ; ce qui pouvoit caufer un abeès»
Ce malade avoir été faigné à propos paÇ
le confeil de fon Chirurgien. \' Je
confeillai pour topique une lotion faire
avec deux figues grafi!es ôc une racin®
d e nt i st e. 4ï j
de guimauve coupée par morceaux j
boiiillies deux ou trois bouillons dans
tine cbopine de lait doux, avec une pe-
tite poignée de feiiilles de mauves &
une cueillerée d\'orge, & de tenir fou-
vent dans fa bouche, une portion de
cette lotion, après l\'avoir fait tiédir-,&
l\'application d\'un catapiarme fait avec
la mie de pain, le lait, le jaune d\'œut
& le faifran foir & matin fur la partie
tumefiée, ce qui fut executé : jeius le
lendemain avec M. de Juiïîeu chez le
malade ; nous trouvâmes qu\'il avoit la
lèvre beaucoup plus enflée qu\'aupara-
vant , le menton de même ôç fort ten-
du-, ce qui étoit acçompiigné d\'une pe-
tite rougeur dans un feul endroit : nous
jugeâmes par tous ces fignes , que l\'abcès
pouvoit être formé dans le fond de l\'aî-
veole, & que le féjour de la matiere
cauferoit infailliblement quelque défor-
dre en cette partie, & fe porteroit juf-
qu\'au dehors\', fî l\'on n\'y- donnoit or-
dre promptement. Nons conclûmes de-
là , qu\'il falloir fans differer ôter la dent ;
afin que la matiere s\'évacuâtce qui
arriva comme nous l\'avions penfé. Cet-
te dent étoit tout-à-fait hors de rang,
& portée vers la langue. Les deux dents
M m iiij
-ocr page 485-Voifînes remplirent en partie l\'elpacc
qu\'elle devoit feule occuper. Une dent
ainfi fituee, ne pouvoir être sûrement
Otée qu\'avec le pouvoir; ce fut pont
cette raifon, qu\'après avoir fîtué ce ma-
lade fur mie chaife ordinaire, & qnej®
me fus fitué avantageufement derrière
iui, fa tête étant affermie contre mon
corps, je portai l\'extrémité dentée dn
poufi^oir fur la furface extérieure & mo-
yenne de la dent qui caufoit la douleur ;
je frappai un feuî coup fur l\'extrémit\'^
du manche de cet inftrument avec une
livre de plomb en maffe ; ce qni futfuf\'
fifant pour ôter cette dent > & pour pr\'^\'
curer x\'évacu^tion de beaucoup de pn®
par ralveole, qui renfermoit la racine
de la dent même. Nous confeillâmes ail
malade de fe faire faigner une féconde
fois J de continuer fon cataplafme ? ^
de tenir fouvent dans fa bouche du mê-
me lait, dont il s\'étoit fervi ; ce qui
continué jufqu\'au lendemain ; & pen ds
jours après, il fut entièrement guéri
délivré par cette operation, des douleurs
qui le tourmentoient, & d\'une dent in-
•commode & hors de rang, qui éroit
non feulement inutile ; mais même dé-
feélueufe.
Lorsque cette dent fut tirée, il ne
s y trouva aucune carie ; mais nous re-
marquâmes , que depuis le milieu de fa
racine jufqu\'à fon extrémité, elle étoît
intérieurement très-livide ; & pour em-
pêcher que cette dent ne fe delféchâc
trop-tot, je l\'enveloppai d\'un papier
moiiillé, & dès que je fus rentré chez
moi 5 je limai jufqu\'à la cavité l\'endroit
de la racine qui paroilîbit livide ; alors
il fortit de la cavité de cette racine une
odeur très-fœtide, fans que j\'apperçuiïe
aucune carie, ni aucune matiere puru-
lente. Je penfe que cette puanteur dé-
pendoit de quelques foufres, qui s\'é-
toient exhalez d\'une matiere fermentée
dans le voifinage de l\'extrémité des ra-
cines de cette dent, & qui s\'étoient infi-
nuez dans la cavité par le trou qui don-
ne pafiàge aux vaiffeaux -, Se que s\'y
étant introduits, ils y étoient reftez en-
fermez , jufqu\'à ce que limant cette dent,
j\'euffè ouvert la cavité qui ies contenoit.
i\'iH
>
y
XIL Observation.
Sur un ah ce s caufé far une ptiîi
dent molaire f frécedé d\'unê
fluxion très - douloureufe , &
fuivi d\'une ffiule.
Le 20. Deceiïibre 17 2,5. M. îe
Lieutenant de Roi de ia Province
DmiKerque & Colonel d\'Infanterie, àc-
meurant à Paris, ruë Saint André àes
Arcs, ayant la deuxième petite molaire
du côté droit de la mâchoire inférieU"
re un peu ufée, cette dent lui cau^^
une fluxion & une douleur fi confide-
rable , que la joue du même côté
devint extrêmement tumefiée : ilm\'e»\'
voya chercher : ayant examiné fa bou-
che, je trouvai fa gencive un peu ten-
due Se fort enflammée 5 ce qui me
juger, qu\'elle avoit de la difpofitio" ^
s\'abceder. Je lui confeillai de fe fair?
faigner , de prendre une demie poig"^^
d\'orge, une poignée d aigremoine,
de feuilles de mauve, deux figues graj"
fes, & une racine de guimauve coupée
par morceaux, & deVaire boiiiHir ie
tout dans une pinte d\'eau commui^^®
dentiste. 419
«î\'eii tenir fouvent dans fa bouche, après
l\'avoir fait un peu tiédir, & de faire
nn cataplafme avec la raie de pain , &c.
comme ci-devant, & d\'en appliquer
chaudement foir & matin fur la jotie
cnHéej ce qui ayant été fait pendant
deux fois vingt-quatre heures, M. Sauré
Maître Chirurgien, & moi, nous étant
rendus chez ce malade, nous trouvâmes
l\'abcès en état d\'être ouvert : ce Chirur-
gien en ayant fait l\'ouverture, il en for-
tit beaucoup de matiere : le lendemain
le malade fut encore faigné : il conti-
nua quelques jours à tenir de la même
liqueur de tems en tems dans fa bou-
che cela le délivra de fa flpxion & de
Ta douleur, mais n\'emphêcha pas qu\'il
ne reftât une fiftule accompagnée d\'in-
flammation à la gencive , d\'où il for-
toit une matiere purulente à la moindre
preffion qu\'on y faifoit, & même fans
y toucher. Cette fiftule obligea M. le
Nain trois femaines après, de me faire
revenir chez lui, afin de fçavoir ce qu\'il y
auroit à faire pour guérir cette maladie :
je lui dis qu\'il n\'y avoit qu\'à ôter la
dent qui lui avoit occafionné fa flu-
xion , ôc qu\'il feroit bien-tôt délivré de
fa fiftule, ou que s\'ii vouloit conferver
\'410 le chirurgien ^
fa denc, il falloit faire quelques incilt"
fions à l\'endroit de la fiftule, & la pa^i\'
fer reguliereinent tous les jours ; ^
3ar ce moyen j\'efperois que cetre ni
e feroit guérie parfaitement : il an^a
mieux prendre le dernier parti q^^
perdre fa dent. Je commençai après
fondé la fiftule, à y faire une incifion cru-
ciale jufques dans fa profondeur ; P\'\'
empêcher que les lèvres de la playe
vinflènt à fe réiinir trop-tôt, j\'en cou^
?ai les angles avec des eifeaux , & P^.\'
a panfer, je me fervis d\'égales
de vin blanc , d\'eau de rhu\'é ôc
vulnéraire , d\'un peu de miel ro>ar \'
& de quelques goûtes d\'huile de \'
triol, dont je fis un mélange, ponî 7
imbiber un petit tampon de charpie?
j\'introduifois dans l\'ouverture de la
ftule, & que je renouvellois foir
tin j ce. que je fis pendant cinq a ^
jours, après quoi je m\'apperçûs q« \' ^^
avoit un peu au-deffiis de la fiftule qu^^
que portion de l\'alveole, qui avoir ^
la difpofition à s\'exfolier ; ce qui ni ^
bligea d\'y faire une fimple incifion,
de continuer le même panfement. ^ ^
bout de trois ou quatre jours il
lia trois petites portions de l\'alveole.
continuai enfuite d\'appliquer pendant
neiîf à dix jours dans cette fiftule de
>etits tampons de charpie, imbibez du
saume du Commandeur, lefquels tam-
pons je diminuois toutes les fois que je
panfois cette fiftule. Le malade fut par-
faitement guéti par cette méthode, Se
ii a confervé fa dent.
Reflexion.
Cette Obfervation de même que les
précédentes , fait connoître , que la
douleur & la carie des dents occafion-
nent ordinairement des tumeurs , des
abcez & des fift:ules, non feulement aux
gencives, mais encore en plufieurs au-
tres parties du vifage -, & que ces acci-
dens n\'arrivent le "plus fouvent, que
îarce qu\'on a négligé de remedier d\'a-
3ord à la carie des dents *, que l\'on s\'eft:
fervi de remedes contraires pu inutiles;
ou que l\'on n\'a pas ôté aflez - tôt les
dents ou les chicots ; que l\'on n\'a pas
faigné & purgé le malade à propos -,
ou que l\'on n\'a pas eu recours à des
remedes dérivatifs & évacuans, avant
que les dépôts fe fuflîent formez ; ou
bien parce qu\'étant une fois formez, on
^ négligé de les réfoudre ou de les ou-
4i2 le Chirurgien.
. vrir dès que cette matiere a
été formée;
ce qui a donné occafion à la matiere de
découvrir & de penetrer l\'os, Se P\'f^\'
confequent de produire une maladie
dont la guérifon eft très-difticile. Ain»
pour n\'avoir pas panfé méthodiqueme"*^
ces fortes d\'abcez , il fe forme à
fiin des fiftules. Or la plupart de ces fi-
ftules reftent incurables^, non qu\'e lies le
foient par elles - mêmes 5 mais parce qu^
peu de perfonnes fe font appliquées a
les bien traiter ; & que ceux qui en ont
été attaquez, n\'ont pas toujours eu\'i^
bonàeur de rencontrer des Praticien®
afl!ez expérimentez dans le traiteinei"\'^
de cette efpece de fiftules. D\'où il f^^\'\'-
conclure qu\'il y a de certains moye"®
feuls efficaces, pour guérir certaines ma-
ladies, qui ne font connus que de pe^\'
de perfonnes ; quoique la connoifian-
ce de ces mêmes maladies. Se de ees
mêmes moyens ne foit pas difficile a
ceux qui fe font férieufement attachez
à acquérir la capacité, l\'experience Se
l\'adreffe necefîàire. Sans le fecourS de
tels Dentiftes, les perfonnes atteintes
de ces maladies fe trouvent expofées a
courir de très - grands rifques ; parce
qu\'étant négligées, le progrès de leur
mal a fouvent des fuites fi fâcheufes,
qu\'elles fontobhgées d\'elfuyer des ope-
rations longues & douloureufes -, enfor-
te que des fujets foibles ôc cacochimes
font quelquefois en danger de perdre
ia vie.
Obfervation fur les excoriations
c alleu fes delà langue, des joiie s
& des gencives , caufées par
le frottement des chicots eu
dents éclatées, é\'c.
Le 12. Janvier 1724.M.Helvetius
le pere, m\'envoya une pauvre fem-
me qui avoit le côté de la langue & le
dedans de la joiie du côté gauche de la
mâchoire inférieure, très - calleux, ôc
même excoriez par des dents cariées ôc
rompues : leurs chicots frottant fans cef-
fe contre ces parties avoient occafion-
né ces excoriadons calleufes. Je limai
les pointes aiguës de ces chicots, & en
peu de tems , cette pauvre femme fe
trouva parfaitement guérie.
Le 13. Janvier de la même année»
M. le Mercier Imprimeur & Marchand
Libraire, ruë S. Jacques à Paris, aya^t
des excoriations à peu près fembl^l^
à celles que j\'ai rapportées ci-delfts,
caufées par le frottement de la dernie-
\' re dent molaire du côté droit de la mâ-
choire inférieure , confulta le me\'^^
Médecin, qui lui confeilla encore àc
s\'adrelTer à moi. Ce malade m\'étant ve-
nu trouver, j\'examinai fa bouche
je remarquai que la derniere mo^^}\'
re du côté droit cie la mâchoire
rieure étoit cariée, qu\'il s\'étoit romf"\'
une portion de fon-corps, &
refte de cette dent avoit des pointes tres-
tranchantes, qui lui avoient excorie
côté de ia langue du côté de la même
dent, & y avoient fait un petit trou ;
limai les parties aiguës de cette dent ■
ce qui lui procura en peu de jours une
guérifon parfaite.
Sur des ulcérés calleux fîtuez. au
dedans de la joue é" aux gen-
cives , caujèz, dr entretenus far
la comfrejjion d\'une derniers
dent molaire,
Le 18. Mars 172.4. Mademoifelie de
Neuf-Chaife lîlle d\'un Gentilhom-
ine de Poitiers, vint chez moi après avoir
foufferr pendant un an des douleurs
violentes, occafionnées par la derniere
dent molaire du côté droit de la mâ-
choire fuperieure. Cette dent avoit cau-
fé des ulcerations & des excroiiîances
calleufes aux gencives & à la joiie , pro-
che les mufcles fermeurs de la mâchoi-
re , qui étoient extrêmement rendus &
qui lui empêchoient d\'ouvrir la bouche.
Près de ces mufcles il y avoit un en-
foncement dans lequel la partie exté-
rieure du corps de cette dent fe trou-
Voit logée : j\'ôtai cette dent & je la
trouvai^ un peu cariée à fon colet, &
meme à la partie extérieure de l\'extré-
Torm I. N n
-ocr page 495-LE Chirurgien
mité de fon corps. Cette Demoifelle
fut un mois entier fans pouvoir ouv»)«
la bouche, ôc fut obligée pendant ce
tems de fe nourrir avec les alimens les
plus liquides : peu de jours après l\'e^\'
traârion de cette dent, elle fut parfai-
tement guérie, en fe lavant fouvent la
bouche avec du vin rouge tiede, dan®
lequel on dilîblvoit un peu de «lie
rofat.
Reflexion.
On doit conchire de ces remarques
de pratique, qu\'il fe rencontre dese^^
coriations ou des ulcérés calleux a
furface de la langue, ou à la furface J^^
térieure des joiies ou des lèvres, q«^
dépendent que du frottement des dent^»
des chicots , ou de quelqu\'unes de le^
efquilles, contre les parties charnue \'
puifque la feule extraélion du corp^
étranger fuffit pour guérir ces
dons, qui fans cette operation,
guérir, ne manqueroient pasd\'aug^""
ter par le frottement aéèuel de ces c
raboteux, po^gnans ou tranehans, co^
tre des pardts molles &
tels cas nous engagent à examin^er ^^^
attennon les ulcérés de la bouche?
-ocr page 496-cîe reconnoitre quelle eft la veritable
caufe qui les produit, & qui Jes entre-
tient; parce qu\'il eft très-important de
ne pas s\'y tromper, pour ne pas con-
fondre ces ulcérés fimpies, avec les ul-
cères veneriens ou les fcorbutiques, &c.
Cela eft d\'autant plus de confequence,
que fi l\'on prenoit l\'échange en pareil-
le occafion, l\'on engageroit fans neceffi-
té un malade à faire des remedes dont
i\'ufage lui feroit plus nuifible que pro-
fitable. ^
Six Obfervations fngulicres.
Premiere Observation.
\'SWy excroiffance fongueufe ^ char-
nue , fitu^e dans une cavité cartée de
la couronne d\'une greffe dent molaire,
& contigiic au cordon des vaiffeaux
dentaires.
T E 5. Avril 1724. l\'époufe de m.
iiouret Lieutenant general de Gi-
" ï amena chez moi Mademoifelie fa
Nnij
4i8 ts Chirurgien _
fille âgée de quinze ans, pour lui &rf
accommoder l\'es dents-, je remarquai
en operant qu elle avoit la premiere des
grofles molaires du côté gauche de ia
mâchoire inférieure fi confiderablement
cariée à l\'extrémité de fa couronne j
quelle ne pouvoir depuis long-temS
mâcher fur cette denf, ce qui caufoit que
le tartre s\'accumuloit beaucoup fur le^
dents de ce même côté. Je confeilla\' a
cette jeune Demoifelle de confentir que
je la lui ôtafîê -, afin qu\'elle eut la liber^
té de mâcher aifément des deux cot^-
J\'avois déjà remarqué dans la cavité*-^
cette dent une excroiflànce charnue ^
fongueufe, de la groflêurd\'un pojs»^
que cette chair étoit très-fenfible a^
moindre attouchement -, je crus néan-
moins que cette excroiflànce
qu\'un prolongement de la gencive q ^
s\'étoit dilacerée 3c étenditë par fon gon-
flement dans la cavité cariée de la
comme iî arrive quelquefois , lorfiji o^^
ne peut faire îa mafl:ication fur les den^^
cariées i mais après avoir tiré cette de ^^
se l\'avoir examinée, j\'obfervai que
te excroifl^ance charnue ne proveno ^
que du cordon des vaiffeaux dentaire
qui s\'étoient dilatez se gonflez juiq"
-ocr page 498-Dentiste. \'42,9
point que je viens de le rapporter.
Reïlexion.
Il n\'eft pas ordinaire de voir en pa-
reil cas des excroiflànces femblables.
Pour expliquer de quelle façon celle-
ci a pû fe former, il n\'y a qu\'à fe rap-
peller qu\'il eft poffible que toutes les
parties charnues & membraneufes pro-
duifent des excroiiîances fongueufes ,
lorfqu\'uné fois elles font rompues, di-
lacerées ou ulcerées , & qu\'elles font
abreuvées de quelque fuc vicié : c\'eft par
rapport à ces circonftances que les ex-
croiftances ordinaires fe produifent, ôc
c\'eft auffi par des caufes à peu près fem-
blables que celle-ci s\'eft formée. Lorf-
qu\'uné dent eft auffi confiderablement
cariée, que l\'étoit celle dont je viens
de parler, ôc que fes vaiffeaux occafion-
nent une excroiftance dans fa cavité
cariée, on tenreroit vainement de vou-
loir guérir ces deux maladies & de con-
ferver la dent -, c\'eft pourquoi il faut
l\'extirper promptement, pour prévenir
les accidens fâcheux qui en pourroient
furvenir.
I I. O B S E R VAT I ON, -
Sur une dent cariée par une carie
féche , qui dégénéra fucccfjl\'ve"
njement en carie molle , & qf^
pénétra jufqu â la cavité de U
dent par une route impercep-
tible.
M. îe Marquis de Parabere, Briga-
dier des Arme\'es du Roi, avoit depuis
nombre d\'années la premiere grofle
dent molaire du côté gauche de la mâ-
choire inférieure, cariée d\'une carie fé-
che , fans qu\'il eut reifend à cette deuÊ
aucune douleur.
Cette carie changea en partie de ca-
radîrere: elle devint peu à peu mollet
pourri/îànte dans un pent endroit, & pé-
nétra a/fez avant dans le corps de la
dent pour découvrir les parties fenfî-
bies, & permettre à l\'air de lesfrappe^
afîèz rudement pour caufer au malade
beaucoup de douleur.
Ce Marquis me fît appeller le 18\'
de Juillet\'17 24. Etant arrivé chez lui
j\'examinai fa dent avec attention j la ca-
rie en queftion étoit fi peu apparente
qu\'il me fut difficile de la connoître ,
6c quoiqu\'à la fin jje m\'en fufrealTuré,
je ne pouvois me perfuader qu\'elle fût
capable de lui canfer une douleur auflî
vive que celle qu\'il reflentoir: la carie
ne me paroiflant pas allez confiderable
pour la produire, ôc cette dent étant
très-necçflaire à la maftication , je ne
pouvois me réfoudre à la lui ôter : quoi-
que le malade y fut déterminé par la
violence des douleurs qu\'il fouftroit.
Après avoir mûrement refléchi fur îa
fingularité de cette maladie, je jugeai
que quoique cette carie fut peu appa-
rente , elle pouvoit par quelques petits
conduits s\'être communiquée dans la
cavité du corps de la dent, par où l\'air
s\'étant introduit, avoit pénétré les par-
ties membraneufes & nerveufes renfer-
mées dans cette cavité, qu\'il avoit irri-
tées ôc enflammées en alterant les li-
queurs qui y circulent ; de maniere qu\'il
s\'y étoit formé un abcès.
Je jugeai encore qu\'en ouvrant da-
vantage la cavité, je donnerois par ce
moyen ilfu\'é à la matiere; que le ma-
lade fe trouveroit guéri , ôc conferve-
roit fa dent.
Pour fatisfaire à mon intention, je
-ocr page 501-431 LECHlktJllGIlH
pris une de mes plus petites fondes cour-
bes , j\'appuyai fortement Ton extrémi-
té pointue dans la petite carie ; cette
fonde fut fuffifante pour penerrer la ca-
rie jufqu\'à la cavité de la dent, &
n\'eus pas plutôt retiré mon inftrument
de cette cavité , qu\'il en fortit du ^^s
& du fang, comme je l\'avois*prevvi\'
Je dis à ce Marquis & à d\'autres per-
fonnes de diftindion qui fe trouvèrent
prefentes, que j\'étois perftiadé que
caufe de cette douleur étoit entièrement
emportée , & que la denc fe conferve-
roit : ils eurent beaucoup de peine a
m\'en croire, ils vouioient même qn^
j\'ôtaffe cette dent fans difterer davanta-
ge. Pour les tranquiilifer, gagner len^^
confiance & fortifier mon pronoftic 5
leur dis que j\'avois quantité d\'experien-
ces femblables, & que fi le fuccès nf
répondoitpas à mon attente, j\'en ferois
fort furpris j qu\'enfin, il feroit toujours
tems d\'en venir à cette operation ; que
je les priois d\'attendre jufqu\'au foir ?
se que fi la douleur n\'étoit point cefiee 5
on me le fit fçavoir. Cela ne fiit pasne-
ceffaire , car la douleur ne revint point.
J\'allai voir ce Marquis plufieurs jouts
après, & je le trouvai entièrement
n n\'y a point eu de récidive, & cette
dent ne lui fert pas moins que les au^,
très.
m. Observation.
Sur une dent canine , ^ fur le
fus qui s étoit formé dans fa.
cavité , lequel fut évacué far
un trefan ferforatif.
Le II. de Novembre 1724. M. Tar-
ranfon Chirurgien Juré à Paris & an-
cien Prévôt de fa Compagnie, fut at-
taqué d\'une cruelle douleur aux dents
inci/îves & canines de la mâchoire in-
férieure ; il me manda pour fçavoir d\'où
pouvoit |x-ovenir une douleur fi vive,
fans que fes dents fufi^ent cariées, n\'é-
tant feulement qu\'un peu ufôes à leurs
extrémitez. Après les avoir examinées
^ touchées avec ma fonde, je remar- ■
quai ce qui en étoit, 3c jel\'affurai qu\'il
tî\'y avoit que la Cede canine du côté
droit de la même mâchoire qui fut la
^lus fenfible & qui |ui causât cette dou-
eur, ce qui provenoit de ce que cette
^ent étant plus ufée que les autres par
^on extrémité, le nerf qui entre dans fa
Tarife I, O o
454 Chirurgi EN
eâvité avoit été plus ftappé de Fait
ceux des autres dents. . ^
Je lui dis, que j etois perfuadé q")
y avoit une luatiere purulente épanchee
dans cette cavité, & qu\'il falloir per-
forer cette dent pour l\'évacuer; qu
par, ce moyen la douleur cefferoit bien-
tôt èc qu\'en en ufant ainfi, on lui con-
ferveroit fi dent. Lorfque j\'eus pe""^^\'
dé M. Tarcanfon de l\'utilité de cett^^
operation, je pris un burin qui me if
vit de perforatif, dont je portai la poin-
te fur l\'extrémité de\'la dent dansiez-
droit de fk cavité , & en le tournan
de droit à gauche & de gauche a droi^»
" fe commençai l\'ouverture de -cette ^ ^^
me cavité-, enfuite je pris un j-
foir, dont je me fervîs en le too^a^
de la i-nême maniere, pour agwnd^^^^
approfondir rouvert:nre que j\'avois ^^^
ia commencée, & auif-tôt que la
■ Vité de cette dent abcedée fut ^tveitc.
il en fortit du pus & du fang allez
i^derablemcnt ; ce que jêfis voirait ^
Me par le moyeri d\'un miroir,
fence du fleur Larreyre fon Gapon ^ ^^^
rurgien. Ce feit pamt^fing^^^
Tartanfon, quoique très - ^aWie ^
ibnart;afà kveriiéilneftpas ordina ,
re de voir «ne femblable maladie. Qiiel-
qués Auteurs ont rapporté ayant moi
des cas à peu près femblables 5 mais je
ne crois pourtant pas que I on ait pen-
fé auparavant de mettre en ufage les
-moyens convenables pour les guérir,
dont le principal eft de trépaner la
dent, comme je le fe en cette occa-
fion , pour donner iffue à la matiere
renfermée dans fa cavité.
M. le Nain dont j\'ai déjà parié, a eu
plufieurs dents attaquées de maladies
femblables, qui lui ont caufé beaucoup
de doqleur; je les ai toutes guéries par
îe moyen que je viens d\'indiquer. Quel-
ques mois après j\'ai plombé fes dents,
fans que depuis elles lui ayent caufé la
moindre douleur, & elles lui fervent
comme les autres dents.
Depuis peu Madame de Saint-Benoît
Religieufe au Couvent du Chalfe-Mi-
^i 5 étant attaquée d\'une grande dou-
leur occafîonnée par une femblable ma-
ladie à la premiere petite dent molai-
re du côté droit de la mâchoire fupe-
ï^teurc, elle eut recours à moi ; je me
wis de la même , méthode qui me
réiiffit avec tant de fmcès, que ladoU-
\'^eur cefla prefqu\'aulfi - tôt, & cette
O o ij
-ocr page 505-43^ î-e chirurgien
Reiigieufe a confervé fa dent.
Il ne faut donc jamais négliger de
trépaner une dent en pareille occa-
fion -, de même qu\'on fait cette opera-
tion fur le crane & fur d\'autres os, poi«
donner ilfue aux matieres qui fo^^^
chées dans les cavitez de ces os, ou eii
fe font formées contre l\'ordre naturel-
IV. Observation.
Sur une exojlofe carcinomateufi
des plus confiderables, accorrif^\'
gnée de U perte de phfa^\'^^
, dents,
Nicolas Bataille,fils d\'un Vigner^«
de Nogent-fur-Marne, âgé ^env ^^^
dix-huit ans , fut atteint de vio^\'^^a^^
douleurs aux dents molaires du ^^^
gauche de la mâchoire inférieure. ^^^^
douleurs furent bien-tôt fuites «
fluxion confiderable qui
du même côté. Cette fluxion le di
en partie-, mais ilrefta
petite tumeur fixe, dure & ^"^^j^aef-
qui augmenta peu à peu. Les^ ^^^
nieres dents molaires de la mem
choire & du même côté où la douleur
& la fluxion s\'étoient manifeft:ées, fe ca-
rierent en même tems : la carie de ces
deux dents fit un fi grand progrès en
«ne année, qu\'il ne refta que leurs ra-
cines : la tumeur augmenta de telle
forte, qu\'elle devint de la grofi^eur du
poing. Cette tumeur occupoit toute la
bafe de l\'os de la mâchoire inférieure
& toute la joiie gauche, fans néanmoins
caufer au malade d\'autre incommodi-
té que celle de lui empêcher d\'ouvrir
la bouche à fon ordinaire.
Voyant que cette tumeur s\'augmen-
toit de plus en plus, il prit le parti de
fe tranfporter chez M. Helvetius le pe-
te , pour îe confulter. Les occupations
de ce célébré Medecin ne lui permirent
pas pour lors d\'examiner ce malade. M.
Verdier Chirurgien Juré à Paris , s\'é-
tant trouvé-Ià par hazard, examina fon
mal, & jugeant qu\'il demandoit un
prompt fecours, il lui confisilla de me
Venir trouver, & de fe faire ôter les
dents qu\'il croyoit être la caufe de ce
défordre. Le malade vint chez moi le
19- d\'Août 1724. j\'examinai la bou-
che, où il me foprefqu\'impoflible d\'in-
troduire mon pelican , ne la pouvant
Oo iij
\\
xe ChîrîirgiëN\'
èuvrir fuiSfamment. Les racines ou cB-
cors qu\'il s\'agi/Toit d\'ôcer, éfoient tQ^f
cachez par l\'élevadon des gencives go"^
fle\'es. Nonobftant routes ces
je réiiffis à les ôter, & il ne s\'ccowâ
qu\'un peu de fang à l\'ordinaire. J
troduifîs enfuite une fonde courbe dan$
les cavitez des alvéolés des racines qu^
favois ôtees, pour connoître d ces c^\'
virez avoient quelque communic^^^®"
avec îa tumeur , les ayant pour
foupçonnées d etre cariées j mais ayai^^
reconnu qu\'il n\'y avoit aucune comff"^"
nication des cavirez des alvéolés
îa tumeur, j\'examinai les autres dents ^^
je découvris aux gencives un pe^^^^
trou fiftuleux, fîtuè près lafecondef-
îite molaire, quoiqu\'elle ne fût P^^\'
cariée. Ce trou penetroit jufqua
partie la plus déclive de la tumeur 5
s\'étendoit jufqu\'à la bafe de l\'os de
mâchoire inférieure. 1 J
Je fis entendre au pere du mala"^.\'
que î\'extraétion des racines que j^^
ôtées, contribueroit peu à ia gueril
de fon fils, & que pour mieux con-
noître cette maladie, il falloir nece^^^
rement ôter la fécondé petite dent ^
laire, quoiqu\'elle ne fût point carre ?
.pëhtis.tê.
h. lîicme emporter la portion de l\'ai«
veple où étqk le trou ji^uieux 5 aiin qu?
l\'on eût uiie ouverture ruffifante pour
voir ee qui paflbit dans |a tumeur. Je leur
dis d\'aller trouver M. Verdier & de lui
communiquer ce que j\'avois obfervé &
ce que je propofois de faire à ce fujet ;
M, Sauré ëi M. Verdier vinrent enfuirq
enfemble chez moi -, ils examinèrent la
maladie ôc fe trouvèrent de mon fen-
timent.
Pour lors j\'ôtai la dent dqnt je viens
de parler, & une portion de l\'aîveole,
d\'où il ne fortit qu\'un peu de fang à
l\'ordinaire, & cette operation ayant pro-
curé une ouverture fuffifante à y pou-
voir introduire l\'extrémité du doigt,
elle donna le moyen de reconnoitre l\'é-
tat de la maladie, que nous reconnû-
mes être une vraye exollofe des plus
eonfiderables. L\'ouverture que l\'extracr
tion de là dent ^ la portion de l\'aîveo-
le avoient faite , n\'étant pas fuffifam,-
nienr grande pour .guérir cette ma^r
die, de laquelle ces Meffieurs voulurent
bien me laiffer le rraitemenr, je fis pour
lors une incifion depuis ia fynphife du
menton , jufqu\'au mnfclemaffeter, dans
l\'endroit où les gencives s\'unilfent avec
O o iiij
-ocr page 509-la joiie i ce que j\'executai avec
biftouri & des eifeaux courbes bien
rranchans. Enfuite j\'introduife mo«
doigt par cette ouverture dans la tU\'
nieur, ou je trouvai beaucoup de chairs
fongueufes & calleufes contenues dans
la capacité d\'une exoftofe carcinoma-
teufe. Cette -exoftofe éroit figurée de
lelle maniéré qu\'elle reprefentoit afte^
bien une efpece de calotte. Elle éroit
concave du côté des gencives & co®-
t^exe du côté de la joiie, & fon épaif-
feur étoit à peu près de lepaifi^eurd\'an
îiard. Cette exoftofe s\'étendoit dep«i®
i\'angle de la mâchoire inférieure ,
qu\'à la fynphife du menton , ôc de-
puis la bafe de la même mâchoire jn\'"
qu\'au zigoma du même côté. J\'empof"
tai quelques portions de ces chairs fon-
gueufes que je détachai avec le doigt V
enfuite j\'appuyai fortement le pouce de
la main gauche fur la convexité de la
joiie ; de façon qu\'ayant fuftîfami«enc
enfoncé du côté de la bouche c^®
exoftofe, j\'introduifis en même tems
dans fa capacité avec la main droite,l\'e^^"
trémité tranchante d\'un petit cifeau en
forme de bec d\'âne ; avec cet inftru-
ment en dédolant un peu, je fis fi bien?
que je vins à bout de rompre cette exo-
ftofe & d\'en ôter quelques portions ÔC.
quelques parties des chairs calleufes qui
étoient adhérentes à la furface conca-
ve de la calotte qui formoit l\'exoftofe :
enfuite je panfai îe malade avec plu-
fieurs gros bourdonnets chargez d\'un
digeftif fait avec le miel de Narbonne
êc le jaune d\'œuf Je continuai ce pan-
fement une fois le jour pendant huit à
dix jours ; toutes les fois que je trou-
vois l\'occafion de détacher des chairs
fongueufes ou caîleufes, & même des
?ortions d\'os, je le faifoisà mefure que
a fuppuration m\'en procuroit îe moyen;
ce que j\'executois quelquefois avec le
doigt, ôc quelquefois avec les pincettes
droites ou avec les pincettes courbées
en bec de Grue , ou de Corbeau. Lorf-
que j\'eus ôté à plufieurs reprifes les por-
tions les plus confiderables de l\'exofto-
fe ôc des excroiftànces carcinomateufes,
je changeai de remede ôc je me fervis
de la teinture de mirrhe Ôc d\'alo\'és, dont
j\'imbibois mes bourdonnets , ôc j\'en
continuai l\'ufage environ douze à quin-
ze jours. Je fus attentif à ôter les
portions des corps étrangers exoftofcz
ou carcinomateux , à mefure qu\'elles
étoient difpofées à fe détacher.
Après tous ces panfemens., ces ejdo-
, Hâtions , ces extirpations
fuppura-
tions de la tumeur ; je panfai le maia-
de deux fois le jour avec le baume dit
Commandeur , dont j\'imbibois mes
bourdonnets, les diminuant en nom-
bre en volume, à mefure que la ca-
pacitéde la tumeur diminuoit. Je pan-
fai de même le malade pendant douze
à quinze jours ; mais m\'étant apperçû
que ce baume feul de/Iechoit & racor-
nifîbit en quelque maniéré les cbaii\'S»
je ne mis plus qu\'un ou deux bourdon-
nets dans le fond de la tumeur, imbi-
bez du même baume , Ôc pardelîiis d\'ati-
îres bourdonnets imbibez dans le vi»
rouge boiiilli avec le miel de Narbonne»
Je continuai ainfi de panfer le nia-
lade pendant quinze autres jours, de
maniéré que par ces opérations ôc ce
traitement, l\'exoftofe difparut prefqu\'cn-
tierement en d\'eux mois de tems? jf
joiie fe trouva dégagée, les gencives i\'-
rétablirent dans leur état naturel?
mâchoire conferva fon mouvement, ^
qu\'il n\'efi: refté d\'autre;s veftiges confi-
derables de cette maladie, qu\'un pe"
d\'éievadon à la partie extérieure de
Dentiste. 441,
bafe de la mâchoire inférieure, dans le
même lieu où cette exoftofe avoit fans
doute pris fon origine : d\'ailleurs le vi-
fage du convalefcent reprit fon teint &
fa forme naturelle -, ce jeune homme
recouvra fon embonpoint ordinaire j
fans fentir aucun mai, il travailla com-
me il fîifoit auparavant, & parut jouir
de la meilleure fanté.
Je n\'ai pourtant regardé cette cure
que comme palliative, & je n\'ai poinr
entrepris la cure radicale ; parce que ce
Vigneron n\'étoit poinr en état de fup-
porter les frais qu\'il auroit fallu faire
pour avoir un lieu commode, des ali-
mens convenables, une garde, quanti-
té de bons remedes, &c. toutes chofes
abfolument neceffàires, fî l\'on eut en-
trepris de plus grandes operations, &
que l\'on eut aufîî travaillé à purifier
la maffe de fon fang, des vices de la-r
quelle dépendoit fans doute Torigine
de cette maladie. Quoique ce Vigne-
ron fiit dépourvu de tous ces fecours ^
les foins que j\'avois pris charitablement
pour lui, avoient de beaucoup furpafïe
mon attente.
Sa fanté paroiffbit bien rétablie ; mais
quelque tems après il mourut d\'un«
444 ^^ Chirurgien
maladie aiguë : quoiqu\'elle n\'ait paru
avoir aucun rapport avec celle dont je
l\'ai traité, on peut cependant conjec-
turer que le levain cancéreux pourroit
bien avoir caufé cette derniere mala-
die, & par confequent la mort.
V. Observation.
Za/re adrejfée a l\'Auteur par M^
Juton Mahre Chirurgien à Or-
gereus , fur un abcès conjide-
Table furvenu en confequence
d\'une carie de dents négligée-
Monsieur,
Je fuis perfuadé que vous êtes très-
curieux des faits qui concernent votre
profeffion, & que je vous ferai plaife
de vous faire l\'hiftoire d\'un abcès con-
fiderable qui a fuccedé à une douleur
de denrs.
Le XI. Aoiit 17x4. je fus mandé
pour voir le nommé Louis Anjauran
Kabitant du Hameau du Moutiers. If
trouvai ce malade avec un peu de fie\'-
vre, affligé d\'une tumeur beaucoup plu®
d e N T ï s T e. 44 J
grofTe qu\'un œuf de Poule d\'Inde, fi-
tuée du côté droit de ia mâchoire in-
férieure tout le vifage de ce même côté
étoit gonflé,& fur-tout les paupieres.
A peine ce malade pouvoic-il ouvrir
la bouche pour qu\'on y put introduire
l\'extrémité du petit doigt , au moyen
duquel on fentoit le dedans de la bou-
che gonflé, plus dur que l\'extérieur de
la joiie, & fans que la douleur fût vi-
ve. Cela me fît juger que cette tumeur
avoit pour caufe quelque mal de dents
je fus confirmé dans mon opinion ,
lorfque le malade m\'avoiia qu\'il avoit
reffenti quelques douleurs aux dents
avant fon accident. Je touchai la tu-
iîieur faillante en dehors, je diflinguai
la fîuduation & je m\'appercus qu\'il étoit
tems de donner ifliieà a matiere qu\'el-
le renfermoit. Je propofai d\'ouvrir cet-
te tumeur par une incifion, l\'on n\'y
conféntit pas ; mais le lendemain le
malade & fes amis furent fâchez d\'a-
voir différé, & bien furprisde voirque
la matiere avoit tout d\'un coup chan-
gé de place, & qu\'elle étoit defcendue
e long du col, entre les tégumens ôc
es mufcles , oû elle avoit formé une
tumeur dont le volurne étoit fix fois
44^ LE Chirurgien
plus confîderable que ne l\'e\'roic celui de
la tumeur qui avoit paru le jour précè-
dent, laquelle par la fîtuation & P^^
Tabondance de la matiere étouifoir le
malade. Lorfque ces accidens furent
parvenus à ce point, on me vint cher-
cher au plus vite : dès que je fus arrive
fis l\'ouverture de cet abcès ; je fus fi^r-
ïris de voir jaillir une matiere prefq"^
imphatique & d\'une odeur infuppor-
table, dont la quantité firt d\'une pin-
te, ou environ , mefure de Paris. Je
m\'appêrçus à chaque panfement qu\'el-
le couloit abondamment; & elle ne
commença à diminuer & à perdre fb"
odeUr puante, qu\'au bout de quatre
jours. Les évacuations ôc les cataplas-
mes convenables, n\'ayant point ramolli
ni relâché les mufcles & la peau qn^
étoient extrêmement engorgez, il nie
fut impofTible d\'ouvrir la bouche dn
malade &.d\'appercevoir oùétoitla dent
que je foupçonnois être la caufe du
mal, qu\'un mois après l\'opération.
mufcles Se la peau s\'étant réduits pen
à peu à leur état naturel, pour lors je
vifitai la bouche du malade, & je m\'^P"
perçus que depuis la premiere molaire
jufqu\'au fond de la\'bouche, il neref-
D E T I s T E. 447
toit à la mâchoire inférieure du même
côté de l\'abcès^que les racines des quatre
molaires fuivantes -, que la racine de la
derniere dent étoit vacillante,& que fon
alveole étoit carié-, j\'ôtai la racine de cet-
te dent & je laiflai les racines des trois
autres. Je vis enfuite l\'injeâion que j\'in-
îroduifois par la playe, fortir par cette
nouvelle ouverture que laiffoit la raci-
ne ôtéê, qui bien-tôt après i\'exfoliatiou
fe cicatrifa & fe guérit parfaitement ,
en mêm.e tems que l\'ouverture de l\'ab-
cès fe termina par un fuccès auflî heu-
reux.. Cette guérifon m\'a paru aflèz fur-
prenante j car il étoit à craindre qu\'il
ne reftât une fiftule après les fuites d\'un
abcès aufli compliqué -, d\'autant plus que
l\'abondance des matieres qui fe font éva-
cuées dans les divers panfemens & dans
les intervales des uns aux autres , tiroic
fa fource en partie de quelques vaif-
feaux falivaires ouverts.
J\'efpere , Monfieur, que vous ac-
compagnerez cette Obfervation de vos
Judicieufes reflexions & que vous ferez
connoître incefîamment au Public le
danger auquel il s\'expofe en négligeant
les maladies qui arrivent aux dents. Je
^ Orgereus, ce 17.;
-ocr page 517-Réponfe de l\'Auteur â M. Juton-
Monsieur,
Je vous fuis très-obligé de votre at-
tention , & je vous remercie de la bon-
ne opinion que vous avez de moi. L ap-
dication que j\'ai donnée à la pardetle
a Chirurgie que j\'ai embralfée , m a
engagé dans une entreprife qui nia
coilté plus que je ne l\'avois cru. ^H Y^
plufieurs années que je travaille à fair^
un Traité des maladies des dents. J
augmenté mes cahiers depuis que
n\'ai eu l\'honneur de vous voir, de pws
des trois quarts. J\'ai été fort attenti
à ne rien obmettre de tout ce qui pe"^
contribuer à la confervation des dents
& à la guérifon d\'un très-grand nom-
bre de maladies qui arrivent à la bou-
che , lefquelies font prefque toujou«
relatives aux dents. J\'avois cru d\'aboi\' ^
que je donnerois moins d\'étendue a
mon Ouvrage-, mais je tentoisen vain
de me prefcrire des bornes j plus je v^^
lois ne faire qu\'un petit Livre, pins ^
tendue de la mariere m\'offroit de nou-
-ocr page 518-\' B E N T I s T e: 449
Velles occafions de l\'augmenter. En-
fin de peur d\'être trop difFus, j\'ai fixé
l\'étendue demon Livre a deux volu-
mes in - douze. J\'ai fini le premier
Tome par un Reciieil d\'Obfervations
fur les maladies des dents, auxquel-
les je joindrai la vôtre avec bien du
plaifir ; elle fera accompagnée de quel-
ques autres qui ont un grand rapport
avec elle. C\'eft avec raifon , Mon-
fieur, que vous me confcillez d\'enga-
ger le Public à faire attention aux grands
accidens que peuvent caufer les mala-
dies des dents, lorfquelles font négli-
gées. La méthode que j\'ai fuivie en é-
crivant mon Livre, vous fera connoî-
tre que jê l\'ai informé des confequences
fâcheufes qui peuvent naître du peu de
foin qu\'on prend pour prévenir de bon-
ne heure ces accidens. J\'ai enfeigné
fans referve les moyens de les éviter j
& par-là j\'ai réglé mon zele pour le bien
public, fur le votre. L\'Obfervation que
vous me communiquez, eft: affurément
digne de reflexion, par la violence des
accidens qui ont fuccedé à la maladie
dont il s\'agit, par les difficultez que
V0U5 avez rencontrées à les furmonter,
^par un fuccès fi heureux, qu\'il a pref-
Tûme L P p
45\'© LE CH lELns-GiiEK
-que farpaCé voTce atteme. iLaffiafied^
dents aV\'Oit donfâéiOCcaTion àiaca^ie ^
I\'alveole -, une fanie aroit fans cioute
fermenté entre la gencive & l\'alveole V
elle avoit diffequé fes parties Se fotrne
un abcès : ;la matiere a fufé , eile s^«*
étendue &-.âugmentée par le continue
dépôt qui s\'eft fait d\'une lymphe acre
ëc irritante, en confequence des vai -
féaux falivaires rongez Se corrodez.
Le dépôt de cette lymphe augtnen^
rée jufqu\'à un certain point., s\'eft
nifefté au dedans de la bouche Se a^^
-furface extérieure de la joiie.: vous n a-
■vez pas été le maître -d\'évacuer cette
matiere aulfi-tôt que vous l\'avez ^PP^^!
çuë : par fa qualité, par fon poids àc
par fa quantité, elle a changé de place»
en fe gliiîànt dans les interfticesdes
des ; elle s\'eft portée fur une partie pli-^
décHve J elle a comprimé la trachée al-
téré Se les mufcles du lannx ; enfoU
qu\'elle étoit prête à fuffoquer le mala-
de ,, Il vous ne l\'aviez pas fecouru à pro-
pos par l\'ouverture que vous iites _ ^
ce grand abcès. Le traitement q«\'^^^
fsccedé à votre operarion, a dégage
parties -, les mufcles de la boucheon^
r épris leur ton natucel -, pour lors il v
i été facile d\'cxaroiner la bouche , de
découvrir l\'endroit de la carie, ôc de dé-
truire la caufe de tous ces défordres.
Vous avez par-là donné lieu à la natu-
re de rétablir promptement les parties
lezées dans leur premier état. Voilà
l\'idée que je conçois de îa maladie ,
dont la ouérifon eft due à la bonne cou-
duite que vous ayez tenue dans ce trai-
tement.
Je fouhaite , Monlîeur , que vous
réuffiifiez de même dans toutes vos en-
treprifes, & je Vous prie inftamment de
continuer à me faire part des,Obferva-
tions que la pratique de votre Art vous
donnera occafion de faire. Je fuis,&c,
A Taris , ce if.
Avrtl 17^7. \'
VI. Observation.
Sur y àtAgnoJîic cfM fe tire de
f infpeciion des dents.
Il ne fuffit pas d\'avoir enfeigné dans
ce Traité comment fe fait la généra-
it ion des dents, leur accroifTement, la
maniere dont elles fe regenerent, quelle
Pp i|
-ocr page 521-4St LE CHIRURGIEN
eft leur ftrudure, quelles fönt les cau-
fes qui les décruifent} ce qu\'il y a de
plus convenable pour leur conferva-
tion , en combien de façons l\'art peut
réparer leurs difformicez & remedier
aux maladies qui les attaquent.
Il faut encore que je falle remarquer
certaines circonftances qui concernent
les diagiioftics & pronofticsjqui fe pren-
nent de l\'infpeftion des dents, lelquei-
îes fervent à acquérir une plus parfaite
connoiftance de plufieurs maladies qui
furviennent au corps bumain. , .
Hippocrate, Galien, Avicenne,
ce. Riviere , Lommius, (a) Gordon
dans fa Pratique , & plufieurs autre?
Auteurs célébrés, rapportant les fig"^^
de certaines maladies aiguës, ontgran»
foin de faire obferver, non feulement
les fignes que l\'on peut prendre de l\'ini"
pedion des yeux, des temples, des o^
reilles, du nez, de la langue ÔC des lè-
vres , ôcc. mais encore ceux que donne
la difterente couleur des dents.
Souvent dans des cas femblables, «
couleur des dents eft un indice de f
grandeur d\'une maladie, ou de fon ^F^\'
(a) Dans la traduftion du Tableau d^®
maladies par M. Je Breton.
nlâtreté, & quelquefoi.s elle eft un in-
dice d\'une mort prochaine.
C\'eft par l\'in^edion des gencives
& par celle des dents, que l\'on recon-
noît combien le fcorbut eft plus ou
moins invétéré.
L\'on tire auflî de cette infpedion ,
des indices pour mieux connoître les
differens temperamens.
Ceux dont les dents fe confervent
le mieux, font ordinairement les plus
fains, les plus robuftes, les moins va-
létudinaires , & ceux qui vivent le plus
long-tems.
L\'infpedion des dents fert encore â
reconnoitre les difterens âges de cer-
tains animaux.
Lorfque l\'on neglige d\'avoir foin de
fes dents, ces mêmes indices devien-
nent équivoques. La negligence détruit
fouvent des dents qui auroient duré
long-tems, pour peu qu\'on fe fût don-
né le foin de les conferver.
Si les dents ne font pas bien nettes 3
lorfque l\'on vient à être attaqué de
quelque grande maladie, leur couleur
ne peut rien indiquer de polîtif j l\'on
peut fe tromper en imputant aux effets
de la maladie ies mauvaifes couleurs des
454 l e\'chirurgiëbi
dents, âépéndanties d\'ailleursd\'une niaî-
propreté liabkuelle, occafionnée par ie
lirnon ou par te tartre, qui féjournanC
fur leur furface depuis long-tems, s\'y
eft coUé, ou y- a fait une iraprelîion
fuffifante, pour en varier la couleur/^
Pour éviter de fe méprendre en ce5
occafions, ii faut s\'informer dans quel
état étoient ies dents du malade avant:
fa maladie 5 s\'il n\'a point pris du nier-
cure ; fi fa bouclie n\'a pas été depuis
peu gargarifée ou rinfee avec quelques
ingrédiens capables de colorer les dents?
de même que le font les préparations
de Saturne, plufieurs autres remedes
& certains alimens ; & par-là l\'on évi-
tera de fe tromper & de faire un fau^
pronoftic.
Puifque l\'infpeéiion des dents cjtie
l\'on a confervées en bon état fert a
mieux connoître des maladies confide-
rables , de quelle importance n\'eft - "
point de les entretenir toujours pf®"
près ■& bien nettes ?
J\'ai cru que pour intereiîèr les ne-
gligens à la confervation de leurs dents
je divois joindre ce motif à rant d\'au-
tres que j\'ai indiquez dans ce Traite \'
qui - tendent-Eous à faire voir qu\'on»«
doit rien négliger pour la confecvatiott
des dents & des parties qui les envi-
ronnent.
Ceux qui negligent îa propreté de
leur bouche , Ibnt du moins ama-
teurs de la vie, & ils pourront s\'ap-
percevoir par la leéiure de ce Traité,
combien les dents fervent à la confer-
vation, ou au rétabiilfemenr de la fan-
té , ôc combien il importe d\'en pren-
dre un foin tout particulier.
J\'aurois pû encore grolfir ce Traité ?
fi j\'avois voulu rapporter les fables que
)lufieurs Auteurs racontent concernant
, es dents.
Il y en a qui ont prétendu que l\'on
pouvoit par la connoiffance des iîgnes
rirez de l\'infpedion des dents, prédire
l\'aveuir & apprendre à chacun quel fe-
roit fon fort. Il eft étonnant que des
Auteurs fenfez fe foient lailfez préve-
nir par de relies erreurs, dont l\'expé-
rience a découvert la fauifeté.
Au furplus , j\'ai pris grand foin de
n\'avancer rien dans ce Traité, que ce
que j\'ai exaétemenr vérifié par la pra-
tique. Pour cette raifon je me fuisab-
ftenu d\'expliquer un grand nombre de-
iiuts très - curieux qui concernent fe
dents & leurs maladies; parce que cet-
te difculîîon auroit pû m\'engager à ba-
zarder des conjeâures vagues fur des
cliofes qui ne font pas encore fuffifam-
ment connues. Ces confiderations m\'ont
détermine à me renfermer dans de ju-
ftes bornes, dans lefquelles je croirai
cependant avoir reciieilli une moilfon
aflez abondante, lorfqu\'àcette premie-
re partie j\'en aurai joint une féconde,
oû je vais expliquer avec le plus de clar-
té & de jufliefle qu\'il me fera poflîble,
)lufieurs maniérés d\'operer pourrem-
5elliflement,la confervation & la guéri-
fon des dents, ôc oû je décrirai plufieurs
inftrumens & machines qui étoient déjà
en ufage ^ ce fujet, & quelques autres
plus commodes &plus utiles, qui font
de mon invention.
Je fouhaite néanmoins que ceux qui
me fuccederont travaillent encore avec
plus de fuccès fur cette matiere.
iv« du premier Tome.
-ocr page 526-■........
^ TABLE
conteîiuës dans ce premier
volume.
Agacement
ties denes.
Ce que c\'eft. Dif-
ferens ag-acemens.
73. 97. Opinion
commune fur le
fîege & fur la cau-
fe de l\'agacement,
lo^. 107. Didèr-
tation fur cette o-
pinion. 107. Opi-
nion différente de
l\'Auteur & l\'ex-
plication phifîque
qu\'il en donne.107.
108. 109. 110.
Alimens qui font
nuifîblesaux dents;
41-42-4?-
Alveoles. Ce que
c\'efl ; leur fitua-
tion ; leur ufage ;
leur nombre. 2. 5.
Divifez en autant
de loges qu\'il y a de
racines aux dents.
I o. Leur reffort.
15. 16. Comment
ils font dans le fœ-
tuSi Comment ils
fe diflinguent a-
vant la forde des
dents. 25.
Arteres des dents,
aq
-ocr page 527-TABLE
Quelles elks font, à connoître. 8 S.
2.1. 11. 87. Elle eft incu-
rable quand elle a
B. fait un certaiii pro-
grès. 88. Quelle
BAillon en eft celle qui eft la
éôuliflè & en plus ou la moins à
forme de coin. Son craindre. 8 8-
ufage & la maniéré auquel elle fait
de s\'en fervir. 16ç. plus de ravage- 88.
17G. 89. Sa formation
Brops , Scc. dan- & fes caufes, tanC
gereufes pour les extérieures, qu\'in-
gencives & les térieures. 11 ^ •
dents. 51. 112 115. Caufée
par les coups &
G. efforts violens.
Pourquoi. ï ^
CA N I N E s Occaiionnée par
( Dents ) leur l\'adion de la lime,
fîtuationileur nom- Comment. 11
bre ; leur figure & Par la falive dépra-
leur ufage. 5.6. vée, les alimens a-
Carie des dents & cres, les corps ron-
fesdifterentes efpe- geans. De quelle
ces. 8 5. 8 Celle façon. 113- ^^^
qui provient des caufes provenant
caufes intérieures de lamaffedufang-
eft la plus dijaicile 113. Son progrès
-ocr page 528-fenfible ou infenjfi-
ble. Les raifonsde
cette fenfibiiité ou
infenfibilité. uj.
114. Il n\'y faut
point toucher à
moins qu\'elle ne
foit confiderable.
Ce qu\'il y faut fai-
re en ce dernier
cas. 114. 115. Les
dents y font plus
fujettes que les au-
tres os. Pouçquoi.
115. Les molaires
plus que les autres.
11 ô. Quand une
dent eft cariée, fa
pareille de l\'autre
côté eft fa jette à la
devenir. Conjeétu-
re fiir la caufe de
cet effet. i r Dif-
ficulté de ia guérir
quand la cavité fî-
tuée au milieu du
corps de chaque
dent eft découver-
te. jzx. Pourquoi
certains remedes
particuliers, dont
on fe vante mal-à-
propos, ont paru
réuffir.i2 2. Impo-
flure des empiri^
ques à l\'égard des
liqueurs , emplâ-
tres, &c. qu\'ils di-
rent emporter la
douleur des dents.
1x3- IM- 125.
Opinion très-fuf-
peéèe de M. Valfa-
va fur la manière
de guérir les dents
en fcarifiant ou
cauterifant les o-
reilles. 124. Re-
mede ridicule pour
guérir la douleur
des dents , dont
parle M. de Bran-
tôme. 125. Trois
moyens de guérir
la carie, quand el-
le n\'a point , ou
qu\'elle a peu inre-
relfé ia cavité de
.lij
ladetit, Re- 208. ^
mede dangereux exemples la-delius^
que M.Dionis con>- Z09. 2.10. ^
feille quand la ea- qu\'on doit faiij »
rie eft fur la tablet- quand les os des
te de la dent.Pour- mâchoires font ca-
Quoi il eft danse- riez, m 5-
S. -7. Neceflité d\'bterle«
Ce qu\'il faut faire dents cariées,
quand la carie eft 217. f"
Lere, ou quand la carie fait fur je«
elle pénétré un peu parties voifines des
avant. 117. dentsfes mau-
215.116. Quand vais efets.
la carie a caufé un
abcès \'dans la ca- Chancres des gcn^
viré de la dent, cives. Remedes
topiques peuvent
conti-ibuerà calmer L effet de
les douleurs des
dents. Comment
ils le peuvent. 12 9
fon jus fur k«
dents. 4?\'
Conformation vi-
ns le peuvent. ^ ^ y J rs
Remedespourcela. xieufe des dei
130.151. Moyens peut avoir de r
de leur donner plus cheufes fuites. ^
d\'efficacité. 131.
i3 2.Suitesdange- changée.Pourquo;
reufes de la carie. Elle peut feretabhf.
-ocr page 530-Iî eft dangereux de
s\'y opiniâtrer. 96.
Curedents d\'or,
d\'argent, d\'acier &
de fer , nuifibîes
aux dents. 44\'45\'
Echaussoir.
_ Son ufage &
fadefcription 124.
125.
Dents. Leur def-
cription dans leur
état naturel. 2. 3.
4. j.&c. Leur fitua-
tion j leurs noms
en particulier; la
fituation & le nom
de leurs parties.
140. jMjtjuà 143.
Dents furnurae-
raîres. 3 •
Dents compofées
de deux ou trois
germes. 12.14.
Dent née entre les
racines de deux au-
tres. 13.
Dents comparées
aux leviers. Pour-
quoi. 17. 18. Leur
refiemblance au le-
vier les rend diffi-
ciles à ôter de leurs
alveoles. 18. 19.
Elles font compo-
fées de deux fub-
ftances. 2 2. Les pe-
tites ornent davan-
tage , font plus de
durée ôc plus fer-
mes que les gran-
des & longues. 25.
Trois difpofitions
requifes pour que
les dents fortent
facilement. 29."
Dents des richais.
ne fortent point.
Pourquoi. 25Ï.
Dents necefiaires
pour l\'agrément de
la voix , pour la
prononciation , le
ménagement delà
poitrine ôc le fou-
tien des joUes ôc
Qq iij
des îévres. 55). 40. pas être negligees.
Leurs maladies 58- DifFeren-
produites par des ces de ces douleurs,
caufes extérieures. Leurs caufes, foit
71. Celles qui fur- dans la carie, foit:
"viennent aux par- dans les fluxions,
îies des dents con- 104.105.1®\'^\'
tenues dans les al- Douleur qui ac-
veoles, ou entou- compagne lafoi\'tic
rées des gencives, des dents eft une
77. Celles occa- maladie des genci.
fionnées par les ves. Ses fîmptomes
dents, que l\'on & fes remedes.
peur nommer acéî- i -jS. jufejuà 1
dentelles, ou flm- Drap. Dangereux,
ptomaciques. 75). pour les gencives
/ufquàSi. & les dents.
Digejiif^topte à
pan fer une playe
où re trouvent des "^Au tiede. Bon-
chairs fongueufes JLj ne pour n^^-
& calleufes. Autres toyer les dents.
remedes à ce ftijet. Efforts faits avec
441.441. les dents, leur font
Douleurs des très-nuiflbles. 44*
dents fans qu\'elles
foient cariées.D\'ou Ernail des dents,
elles proviennent. Son épaiflèur; Ces
Elles ne doivent qualitez. xi. ^î*
E.
de la Hke fur les
filets qui le com-
pofent , fur leur ac-
eroiflèment & leur
deftruâ:ion. z 3.
^ 4. La dent ne pé-
rit pas toujours ,
Emplâtre pour les qui quelquefois ne
maux des dents, fe renouvellent jà«
130. mais. 33. Lait des
Enfam. Com- nourrices propre
ment les premieres par fâ bonté à fai-
Qq iiij
ne fè réparent plus.
Accidens qui en
furviennent. 25.
La partie émaillée
des dents eft fujet-
te à une maladie
qui refTemble à la
carie. Ce que c\'eft,
& le remede. p j.
5) 6.Email des dents
fufet au tartre. Ce
tartre eft facile à
détruire. Sa caufe
principale.
nent. Qu\'elles ne
Tont pas fans raci-
nes. Germe ex-
traordinaire lous
leurs dents molai-
res , qui peuvent
renaitre.7. S.Leurs
des matieres.
in arques de M. dents leur vieni
quoiqu\'il s\'ufe. 14. dents percent plâ
25. Ses fibres ufées tôt ou plûtard fui-
vant leur force. 2^.
3 o. Tems differens
auxquels elles leur
percent. L\'ordre
que Ja nature gar-
de en cela. 30. 51.
Tems de la chiite
des dents de lair.
Caufe de cette chu-
te ignorée. 3 2. Ma-
nière dont les fé-
condés remplacent
les premieres. 32^
3 3. Dents de lair
re fortir les dents
des enfans. 65.
Prurit ou déman-
geaifon des genci-
ves -, premiere ma-
ladie des dents.gj.
Pdalifme ou faiiva-
tion de l\'enfant,
quand les dents
doivent percer.
ibidem. Gonfle-
ment qui furvient
alors à fes genci-
ves. Maladies dont
il efl: fuivi. Gonfle-
ment des amigda-
les & des paroti-
des. S3. 84. Aph-
tes ou petits ulcé-
rés qui furviennent
aux enfans lors de
la fortie de leurs
dents. 84. Germes
dont fe forment les
dentscourentgrand
rifque dans ces ma-
ladies. ibidem. Se-
cours qu\'on donne
aux enfans pour la
forde de leurs
dents. 84. Il ne
faut point ôter de
dents de lait à
moins qu\'elles ne
foient difpofées à
tomber, ou qu\'il ne
fe rencontre quel-
que cas indifpen-
fable. Pourquoi.
145». 150. Erreur
de ceux qui de
deux dents mal ar-
rangées dans la
bouche d\'un en-
fant , dont l\'une eft
tortue,l\'autre droi-
te, choihffent la
tortue pour l\'ôter.
151. Regie pour
ne pas fe mépren-
dre en drant des
dents de lait pour
d\'autres. 153.154\'
Les gencives des
enfans font unies
entr\'elies avant la
fortie de leurs
dents. 174. Dou-
leurs qui accompa- tirpation, & pouE
gnent la fortie des en procurer i\'en-
dents. Accidens tiereguérifon.192.
qui en arrivent. 193. Maniéré d\'o-
Leurs caufes ôc perer pour ie gué-
leurs remedes. 177. rir dans des cas ex-
jffft^uà 179. Ce traordinaires. 195.
qu\'il faut faire 19^\'
quand les accidens JÊfprit de vitriol
qui accompagnent & celui de fel.
la fortie des dents Leurs effets fur les
ne fe peuvent ar- dents. 49.
rêter par des reme- Excroijfmces des
des doux. 179. Ma- gencives. Quelle
niere d\'ouvrir les eft celle qu\'on peut
gencives des en- nommer la verita-
fans. 179.180. ble excroiffance.
Eponge fine, pro- & comment elle fe
pre aux dents. 51. produit. 180.181.
Epoulis. Ce que Quelles font leS
c\'eft.Ses différentes excroiffances im-
efpeces. Caufe qui proprement nom-
le produit. 188. mées. Leur caufe.
189. Maniéré de 181. 182. 183.
l\'extirper en quel- On ne doit point
que endroit qu\'il les négliger. Quels
foit. 190. 191- en font les mauvais
192. Ce qu\'il faut effets. Ce qu\'il faut
faire après fon ex- faire pour les pré-
-ocr page 535-venir. 183.jufqua ves. 185. 186\'.
î8j. Maniéré de FraSlures des
les incifer, & les dents. Comment i
inftrumens necef- & en combien de
faites pour cette maniérés elles fc
operation. i8(J. font. 75.8i?.5\'o-
187. Les parties des
F. dents une fois di-
vifées ne fe réunif-
\'PI s T u L E des fent jamais. Pour^
gencives. Son quoi. 90. Chicots
origine. Sa défini- qm reftent à la dent
tion. Ce qu\'il faut fradurée fervent à
faire avant d\'en la réparer.
tenter la guérifon. Froid & chaud
iz 9. Maniéré de la cónfécutifs, nuifi-
guérir. 224.225. bies aux dents.
Fluxion fur ies Pourquoi. 47. 48.
<^ents. Ce qu\'il faut éS.
faire fi elle eft con- G.
/îderable ; fi le mal
îî\'eft qu\'aux genci- E n ci v e s.
ves 8c à la joue du VJ Ce que c\'eft.
même coté ; s\'il s\'y & leur ufage. 4«
forme un abcès. 175. Leur reftort
155. 15*?. &feseffets. 15-IÓ.
Fomentmon pour 17. Cruelles font
arrêter le gonfle- leursmaladies.ior.
*>ent des genci- 17^?* Leur defcrip-
quer. 173.174.
Pourquoi elles de-
viennent molles ,
gonflées & ulce-
zi;.
219.
Grojfejfe des fem-
mes peut endom-
mager & faireper-
dre leuis dents.
Pourquoi. 66, 6j,
Gmmmve. Sa ra-
cine propre à net-
toyer les dents. 5 2.
Diverfes prépara-
tions qu\'il efl: à
propos de lui don-
ner. ^j.jufquaÔQ,
rees.
EmorragiE.
Operations
& rémedes pouf
l\'arrêter. 264,;»/-
qnà x6-j. 275.
2S2,
Jaunisse très-
contraire aux
dents. 67.
Incifives ( dents )
leur fituation ; leuE
ufage ; leur figure}
leurs différences,
4. 5\'
InjeBton fpiri-
tueufe, deflîcativc
& vulneraire pour
baflîner une p aye.
409.
Injures du tems
nuifibîes aux dents.
68.
Infiruntens pro-
pres à ouvrir la
non -, leur fitua-
tion. ryz. 17^. PL
Quelquefois elles
fe placent & s\'u-
nifient dans les in-
tervales des dents,
quand quelque
dent vient à man-
table
bouche de force. & corriger la puaii-
I 5. Ceux qui font teur de la bouche,
neceffaires pour 6i. Aurre_pour le
couper les excroif- même ufage. f>3-
fances des genci- Autre pour guérir
ves. 18 6\'. Ceux qui les ulcérés des gen-^
fervent pour le pa- cives. 220. Autre
roulis. . 205. pour baffiner les
gencives gonflées
L. par le fcorbut , &
remede dont il faut
L I M E. L\'ufa- fe fervir enfuite.
ge indifcret en 232.233. Autres
eft dangereux pour Lotions propres à
les dents. i o i. nettoyer la bouche
Lîmphe viciée, quand il s\'y eft for-
Elle caufe des ma- mé quelques ulce-
ladies aux dents, res ou abcès. 385-
66. 416. Lotion &ca-
Linge. Dange- taplâme pour faire
reux pour les gen- percer un abcès &
cives & les dents, calmer une inflam-
51. mation. 388. 414-
Liqueur pour blan- 415. 418. Lotion
chir les dents. Au- propre à feringuer
tre liqueur pour le une playe. 3516\'.
même ufage. 5 6. Autre pour baffiner
Lotion pour raf- une fiftule. 420.
fermir les gencives Luxations ou
Molaires ( dents )
leur fîtuation; leurs
differences ; leur
figure, leur ufage.
6. 7." Elles rélif-
tent plus facile-
ment aux compref-
, fions. Pourquoi. 17,
Elles font plus dif^
ficiles à fortir par
leur configuration.
2 9. Les quatre der-
nieres , ou dents de
fageffe , ne vien-
nent quelquefois
qu\'à cinquante ans,
Accidens qui peu-
vent alors furve-
nir , & pourquoi.
Négligence
de faire net-
toyer fes dents leur
eft pernicieufe. Se
caufe ie tartre & la
puanteur delabou-
déplacemens. De
combien de fortes.
C« que c\'eft que
luxation complette
&incomplette.7(3.
77. 91. 95.
Quelles dents le
luxent le plus fou-^
vent en dedans ou
en dehors, & quel-
les font les moins
incommodes ouïes
plus fâcheufes lu-
xations. 94. 9«;.
Ce qu\'il faut faire
pour y remedier.
95-
M.
Mastication
imparfaite
caufe des défordres
dans la fanté. 4Z.
Mercure, ou vif-
argent, grand en-
nemi des dents.
Pourquoi , & fes
effets à cet égard.
69.70.
die. 69.1^6. Mo-
yens de remedier
â ces défordres.
135.
Nerfs des dents.
10. il.
o
Bservation
concernant
i\'ufage indifcret de
la lime , pratiqué
mal - à - propos par
un Dentifte peu
verfé dans la prati-
que. 244. 245.
I4<j. Reflexion à
ce fujet. 246\'. 247.
Autre, fur une
dent molaire ôtée
avec le pelican or-
dinaire. 247. 248.
Reflexion là - def-
fus. 248. 249.
Autre, dans la-
quelle on rapporte
le concours des ac-
ddens fâcheux que
caufa une dent qui
fe fraétura en man-
geant. 249../^/^«\'\'*
255. Reflexion.
25^254.
Autre, fur le dé-
fordre que caufa
une derniere mo-
laire qui ne parut
qu\'à âge d\'envi-
ron quarante ans
du. côté gauche de
la mâchoire infé-
rieure. 255. Z)^\'
Reflexion. 257*
258.
Autre, fur plu-
fieurs accidens cau-
fez par une dent
faine & non cariée,
qui cependant fai-
foit fouffrir des
douleurs infupor-
tables , lefquelles
douleurs ceflerent
aufl!î-t©t que cette
dent fut ôtée. 258-
259. Reflexion.
259. 2<jO. 2.6Î\'
-ocr page 540-Autre 5 fur ies
accidens fâcheux
occafionnez par les
mauvais effets du
tartre fur les dents.
261. z6z. Refle-
xion. Z(3Z.
Autre J fur une
dentj dont les ra-
cines étoient d\'une
grolTèur énorme 3
& occafionnerent
après que cette
dent fut ôtée, une
hemorragie fî vio-
lente que le ma-
lade courut grand
rifque de perdre la
vie. jup^u\'à
6. Reflexion.
z66. z6j.
Autre, fur de«x
tumeurs, ou chairs
excroifl^ntes, fur-
venues dans la bou-
che.z68.z6ç).zyo.
Autre, fur une
chair excroiflante,
d\'un volume con-
flderable, furvenuë
en confequence de
deux dents cariées,
laquelle excroifl!àn-
ce après fon extrac-
tion donna une for-
te hemorragie.zji.
Mf^fà 278. Re-
flexion. z-jS.zj^c
Autre Obferva-
tion fïnguliere, fur
une hemorragie
furvenuë aux gen-
cives après les avoir
coupées pour les
dégorger & les raf-
fermir. z8o. z8i.
z 8 z. Reflexion.
iSj. Z84.
Autre, fur une
dent regenerée â
une perfonne âgée
de foixante - neuf
ans. Z8 5.Z86\'. Re-
flexion. zSö". zSj.
Autre , fur une
groflè dent molai-
re regenerée. 287.
Autre, concer»
liant une deuxième viennent point du
grofle dent molaire tout. Z97.
regenerée, i88. Reflexion, z 9 S-
Autre, flir une 2.99-
grofle dent molai- Autre, flir deux
re regenerée deux dents cariées Sc
fois. z88. 289. réiinies enfemble j
Autre, fur une ne faifant prefque
grofle dent molai- qu\'un même corps,
re renouvellée fort toutes les deux o-
tard, 290. Refle- tées à la fois, 299-
xion. 290.291. 300. Reflexion.
Autre , fur un
abcès confiderable Autre, fur deux
foudainement for- dents réiinies en-
mé , promptement fembie, ne faifant
guéri, & fuivi de la qu\'un même corps,
regeneration d\'une 3 o i - 3 o
petite dent molaire Autre à peu près
qui périt par dilfo- femblable à la pte-
lution, & delate- cedente. 303.
generation d\'une flexion. 303.3
grande incifive. Autre Obfetva-
292.293.194.Re- tion finguliere
flexion. 295.29^. une dent fune >
Autres Obferva- qu\'on penfa tirei-
tions faites fur les avec une dent ca-
dentsqui viennent riée fa voifine,patce
tard, ou qui ne que l\'une & l\'autre
^ étoient
-ocr page 542-croient,adhérentes incifives, dcran-
à la cloifon de lai- gees & inclinées ea
veoie. 304. 305. differens rens,313.
Reflexion. 305. 314.315.\'
306. Autre, fur lafra-
Autre, fur deux éture d\'une grande
dents unies par un dent incifive à fon
corps moyen. 307. extrémité inférieu-
»Reflexion. 308. re, & fur celle de
Autre , fur des la moyenne incifi-
dents inégales, gâ- ve voifine, qui é.. ■
tées & difformes , toit caflee entiere-
lefquelles après ment. 31^. 317.
beaucoup de foins, Autre , fur des■
font devenues très- dents mal arran-:
belles & très-bon- gées & très-diffor^
nés, ^ 309,310, mes, par laquelle-;
Reflexion. 31 f. on reconnojtra la
Autre, fur des poffibilité de re-
dents mal arran- dreflei- ôc replacer
gées, dont 1 extré- avec le pelican ces
mité du corps in- fortes de dents en
clinoit vers le pa- leur état naturel.
^ 317. 318. llefle-
Autre a peu près xion. 318.315».
femblableàlapré- Autre, fin des
cedente. 313, dents difformes & -
Autre, con cer- mal arrangées, par
nantpiufîeursdents laquelle on verra
Tome /. \' Rï
-ocr page 543-comment fe pro-
duit le dérange-
ment des dents 5 &
comment on répa-
re cette diiformité,
310. 311.
Reflexion. 312.
325.
Autre, flu- deux
dents incifives mal
arrangées. 323.
324.
Autre, fur une
dent qui paroiflbit
fituée au palais ,
laquelle fut placée
au rang des autres.
324. 325.
Autre à peu près
femblable à la pré-
cedent®4_ 325. Re-
flexion iPur les cinq
Obfervations qui
precedent. 3 î 5.
32^.
Autre, concer-
nant des dents mal
arrangées Se très-
^fformes.
327.
Reflexion.
317.328.
Autre, fur ujie
dent incifive àc-
rangée Se redrefl^e
en très - peu
tems avec le p^"\'
cam 328.
Autre par laquel-
le on reconnoîtra
la vraye luxation
dune dent,& quel-
les furent les ad-
hérences qui Cay
vinrent en confe-
quence 330. 3 5^\'
332. Reflexion.
Autre, fur urie
dent cariée, ôtee
& remife dans fon
même alveole,
quelle dent reprit
fort heureufement.
334- 335;
Autre à peu près
femblable à la pre-
cedence.
Autre, fur une cce par un charia-
dent cariée, ôtée tan dans le iinus
de fon alveole & maxillaire fupe-^
remife avec fuccès. rieur droit, ôc fur
337.558. les fuites de cet
Autre, fur une. accident. 5 ^cx.Jufi.
dent faine, qui fut \' ^è\'a 554,
ôtée par la faute Autre fur une
de la ma:lade , & dent enfoncée dans
promptement re-
mife avec fuccès
dans fon même al-
veole, fans que la
malade s\'enapper-
çiit. 359. 340.
34Î.
Autre, fur lafen-
un alveole; voifîhv
3\' 5 4. Reflexion,
554. 3:5:5-
Autre: très re-:
marquable, fur une
excroiflànce pier-
reufe , forméé à
l^endroit des dents;
fîbilité d\'une dent molaires, laqneile.
étrangère J laquelle excroifl^ance fut
ayant été placée\' précédée d\'un ab-
dans une autre\' ces & du concours
bouche, caufa peu de plufieurs acci-
de tems après des. dens fâcheux, qui
douleurs confide- fe fuccederenr es
râbles.^ ^ 4 - \' 343\' uns aux autres pen-
3 44. Reflexion, dant- l\'efpace\' de
344. jufqjià 3 50. vingt mois. 557.
Autre, fur une 36z.Refle-
<kïit qui fut enfon- xion.
R r i j
-ocr page 545-Autre > fur une cients caufent des
excroidàncc deve- maux -de tête, qni
Buë pierreufe ref- fe guériffent par la -
femblant à peu près feule extradion de
à un petit cHampi-^ la dent. 373. 374-
gnonp 363;. 3 <Î4i Reflexion. ■ 3 7 4\'
3^:5;. R.efl[exion. 375*
\' ^66.167. Autre , fur un
Autre, fur une grand mal\'de tete
pétrification for- caufé par plufieurs
iiîée -tfur . une des dents cariées ; ce
dents molaires, - que l\'on n\'avoit
3^7. -368. pendant long-tems
Reflexion. 3(^9. ni reconnu , ni
370. foupçonné. 5 7 5\'
Autre, fur la ca- 37(5. 377. Rede-
rie d\'une dent, qui xion. 377. 37^\'
caufoit une dou- Autre fur de
leur d\'oreille très- trèsrgraades dou-
violente, fans que leurs aux dents, a
la dent fût doulou- la temple &àl\'o-
reufe , laquelle reille du coté gau-
douleur cefTa après che, au menton >
que la dent fut ô- au palais, & à la
tée. 371. 37Z. Re- gorge , fans. _q"e
flexion. 372. 373. Ion pût fçavoir ce
: Autre , dans la- qui pouvoir les oc-
quelle on verra que cafîonner. 3
les douleurs de 579. 380. Refl^H-
-ocr page 546-xion. 380. 381. molaire. 389.35»o.
Autre, (ur le ra-
vage que le fcor-
but fit à la bouche
d\'une pauvre fem- joiie , en confe-
me, 3 82.383. Re- quence de trois ra-
flexion. 383. 384. cines ou chicots
Autre, fur les ex- d\'une grolTe dent
croilfances , les ca- molaire cariée du
ries, les ulcérés & côté gauche de la
les abcès , que le mâchoire fuperieu-
fcorbut avoit. pro-, re. 390. 35)1.
duits dans la bou- Autre, fiir un ab-
che d\'un jeune ces furvenu au-def-
homme, 3 84.3 8 5. fous du maxillaire
.Refiexioru 38^ inférieur par la ca-
; - 3 8,6>; rie d\'une grolïe
Autre Obferva-, dent molaire , &
tion , fur un dépôt guéri par la feule
caufé par une dent extradion de la
canine, non cariée, dent cariée. 392.
mais ufée par la Autre, fur une
rencontre :; \' d\'une fiftrdefurvenueaux
autre dent. : 3 87. gencives du devant
\' 388. de la bouche, à la
Autre, fur une mâchoire inférieu-
tumeur & une fif- re. 393.394. Re-
tule caufées pat h flexion. 3 94.
cai-ie. d\'une dent Autre, fur l\'effet
Autre, fur un ab-
cès fiirvenu à la
pommette de la
perte de plufieurs la langue & des lé-
dents. ^^G.jnfqtià vres, ôcc. 143. Si-
444. tuations difFeren-
Autre Obferva- tes ou doit être le
tion dans une Let- fiijet, pour que les
rre adrefit\'eàl\'Au- operations fiaient
teur, fur un abcès plus aifées. 145\'
confiderable furve- 144. Attitudes de
nu en confequen- l\'operateur , foit
ce d\'une carie de qu\'il foit placé aU
dents négligée. côté droit, ou au
444. jafqua 448. côté gauche pour
Réponfe. 448.7>^/- operer. 145. 14^-
quà 451. 147. Situations
Autre, fur le dia- dépendantes de la
gnoflic qui le tire necefijté par rap-
de l\'inlpeélion des port aux incom-
dents. 4 51 .jufqua moditez & aux mâ.-
45^- ladies du fujef-_
Operations qui 147. 748-On doit
fè pratiquent fiir fe mêler d\'une feu-
les dents. 138. le profefiîon. Gens
Qualitez qu\'elles qui paffent les bor-
démandent dans nés de la leur en
l\'operateur. 138. travaillant aux
13 5?. Il y faut con- dents. Exemple de
fidererles obftacles la mal - habileté
que caufe la fitua- d\'un de ceux - la.
ù©n. desjoijes, de 151, 152. 15 3*.
Opiates-
-ocr page 548-opiates. Quelles
font celles qui nui-
fent aux dents. 49.
Opiate excellente
)our les dents «Se
es gencives. 52.
5 3. Maniere de
s\'en fervir. 5 3.
Deux autres opia-
tes bonnes pour les
dents. 5 4.
Ofeme. L\'effet de
fon fuc fur les
dents. 49.
Oter les dents.
Dilferens cas oû il
faut les ôter. 145),
Ce qu\'il faut faire
quand une dent
îTial arrangée ne
peut être redreffée.
154. Quand la ca-
rie des dents ne
peut être guérie.
Quatre raifons de
les ôter. Quelles
font ces raifons.
154- 15 5-Ce qu\'il
faut faire lorfque
Tonjs /.
la douleur eft trop
violente & que le
malade ne peut
-manger fur la dent
cariée. 15 Quand
le gonflement ne
permet pas de l\'ô-
ter, 1^6. 157.
Quand la douleur
& le gonflement
cefl"ent. Qiiand la
douleur relie quoi-
que le gonflement
ait ceflé. 157,
Quand les dou-
leurs des dents
font violentes Se ■
opiniâtres , quoi-
qu\'elles foient fans
carie & fans diffor-
mité. 157. Si l\'on
peut ôter les dents
aux femmes grolFes
& aux nourrices.\'
Ce qu\'on doit faire
en pareille occa-
fion. 157. T 58.
159. Quelles dents
& en quelles occa-
Sf
avec tel ou tel inf-
trument. T 5 5?. Cir-
conftances qu\'il
faut obferver à ce
fujet. 15 9. i<?o.
Ouvrir la bou-
che, eft une des
principales opera-
tions entre toutes
celles des Dentif-
tes. 160. i(ji . Pré-
cautions qu\'il faut
prendre lorfqu\'il
Faut l\'ouvrir de
force. 16?. Manié-
ré de procéder à
l\'ouverture des
dents. 16^. 164.
1^5. N\'appuyer les
inftrumens que fur
des dents fortes.
j6s. Méthode
prefcrite par l\'Au-
alors. 166. Iƒ7•
L\'opération d oter
une dent pour ou-
vrir la bouche, ne
fe doit faire qu\'à
l\'extrémité. Incon-
venient qui s\'y ren-
contre. Maniéré de
l\'éviter. i6y. Ob-
fervations qu\'il
faut faire , quand
on ôte une dent
pour cela, en la
poulTant en de-
dans. i6j.
Ce qu\'il faut exa-
miner avant d\'ôter
une dent pour ou-
vrir la bouche.
Moyen de couler
du boiidlon dans la
bouche pour
point ôter la dent.
TABLE
fions elles fe cirent, Ce qu\'il fâut faire
teur peut n\'être 168. Ce qu\'il fau£
pas toujours fuffi- faire lorfque les cl-
faute pour ouvrir catrices qui réfjl-
les dents. Pour- tent des abcès des
^uoi. 165. 166. parotides, 0«
brides caufées par
le flux de bouche ,
la fiennenc fermée.
PAroulis. En
que! endroit il
naît. Comment il
fe forme. Ses diflîe-
rentes caufes. 199.
200, zo i. Obfer-
vations qu\'il faut
faire pour fa guéri-
fon. zo 1.20 2. Ma-
niéré de le guérir
& remedes. 202.
203. Operation.
204. jufqu a 207.
Ce qu\'on doit fai-
re pour îe prévenir.
208. 209.
PaJJlom violentes
peuvent caufer des
maladies aux dents.
Comment. 66,
Pâte pour diflîper
les fluxions des
dents U en appai-
fer les douleurs.
L\'effet de ce reme-
de. 130. 131,
Perte des denrs.
Les défavantages
qui la fuivént. 10 2.
Pierre infernale.
Maniéré de s\'en
fervir pour la gué-
rifon de l\'époulis.
193. Ce qu\'il fau-
droit faire fî par
malheur un mala-
de r avoit avalée
dans le tems de ro-
peration.194.195,
Poudre propre â
nettoyer les dents.
Puanteur de la
bouche. D\'où elle
provient. loz.
Racines des
dents. Ce que
c\'eft. 4. Leurgrol-
feur j leur nombrci
Sf i;
leur figure. 8. 9. izp. Ce qu\'il fauc
Elles ont cha- faire quand les
cune une cavité qui gencives font gon-
diminue à mefure fiées d\'une humeur
qu\'on avance en fcorbutique. ijO"
âge. 19. Cette cavi- Q,uand elles font
té efi: tapiflee d\'une ulcerées, fans être
membrane. 20. excroifi^ntes. 2.3
Régime de vie Indicationsdufcor-
pour la conferva- but. 252. Reme-
tion des dents. 41. des qui y convien-
La mamiere de vi- nent pour le réfou-
vre peut contribuer dre & en faire tran-
à leur perte. <^5. fpirer l\'humeur.
Rejferrement des 252. jn/quà 235-
dents & de la bon- Sel d albâtre. Sa
che. Ses differen- compofition. Il eft
res caufes. i^i. plus nuifible que
î6z. 16j. 16p. profitable aux
denrs. 49\'
S. Senftbilité_ des
dents. Opinions
Se o r b u t. Ses diverfes à ce fujet-
mauvais eftèts Ses difterences.
fur les gencives, les 104*
dents & les alveo- Sobriété. Elle eft
les. 227. 228. Ma- neceflaire pour
niere d\'en prévenir conferver les dents»
les défordres. 228, 44\'
-ocr page 552-nourricier Ses effets. 132:
133. 135. Trois
caufes principales
du tartre. 133.
134. Corps étran-
gers & pierreux
trouvez à la racine
T.
"\'Abac enfu-
mée. Nuifible
aux dents. Com-
ment. 45. 68.
Avantageux pour
leur confervation.
Comment. 4 <5".
Tabac en pou-
T
bles aux dents. 43. de ia langue. 134.
13 5. Formation du
tartre. 135. Il efî:
moins fujet à s\'at-
tacher à la furface
intérieure des inci-
fives de la mâchoi-
re fupérieure qu\'e-
aux autres dents.
Pourquoi. 135.
Tentes & tam-
ponnages des
dre ne peut leur playes font dange-
nuire que par l\'ex- reux. Plufieurs o-
cès, & peut leur pinions à ce fujet.
être utile. 4^. 211. 213.
Tartre. Il forme TranfforenCe des
quelquefois des tu- dents. 98.
meurs pierreufes Trepaner une
fiir les dents. 100. dent. En quelle oc-
Ce que c\'eft que le cafîon. Utilité de
tartre QU tuf. 132, ce remede. Exem-
DES
Suc
trop abondant ou
vicié, Ii produit
des effets dange-
reux pour les dents.
Sucreries, nuifî-
piés. 434» 435. penfe, roo. Opi-
43^. nion du vulgaire Se
Tfimeurs aux gen- dé certains Auteurs
cives. Gomment fur ces vers, iiy*
Sentiment de Ri-
viere à ce fujer.
118. Celui de M.
Andry & la def-
cription qu\'il fair
de ces vers. 118-
Experiences faites
par l\'Auteur pour
en découvrir , qui
ont été inutiles.
119. Raifons qui
démontrent que la
carie s\'engendre
fanç ces vers. izo.
XJlceres des gen-
cives. Leurs diffe-
rences & leurs ac-
cidents. z 1
on doit y faire des
jncilîons & ies en-
tretenir ouvertes.
r.HZ. Cequ\'il
faut faire quand
elles font confide-
rables. ZI 3. ZI4.
Quand elles font
médiocres l\'extrac-
tion de la dent fuf-
fit. Exemples à ce
fujet. 114.
V.
VApeurs de
l\'eftomac &
du poumon, nui-
fîblesaux dents,tf 7. Moyens de guérir
Fei»es des denrs. ceux qui n\'ont pas
ii.zz. fait beaucoup de
Vers des dents, progrès, izo. ii\'»
Ce que TAuteuren
Fin U Table des Matieres,
-ocr page 554-PAge 53. ligne 24. une, Ufez. un.
Page 15)6. ligne 9. fcapel, Ufe^
fcalpel. Et lig. 17. en en fciant, Hfez
en ia fciant.
Pag. 257. lig. I 3. après une fonde, ajm-
tez. de.
Pag. 239. lig. 11. piton, lifez. pifton.
Pag. 28 5. lig. 20.inférieure, hfez. fupe-
rieure.
Pag. 308. lig. derniere, ervir, Itfez, fer-
vir.
Pag. 3 2 5 • lig. 18. celles , lifez. celle.
Pag. 3 5 ï. Ijg. i. dans dans, hfez. dansJ
Pag. 377\'%• pénultième, auroient,
/éz. auroit.
Pag. 3 88. lig. penultiéme & derniere
en en, h/ez en.
PAge 2.7. ligne 17. de ce volume, H-
fez. du premier volume.
Pag. 117. lig. 8. fa , äfez. fon.
Pag. 140. lig, 15). montre, Itfez. monte.
Pag. 148. lig. 15). effacez, de.
Pag. 1^8. lig. î (3. rous, lifez. tous.
Pag. 184. lig. 2 3. après les incifives ?
joHtez les canines.
Pag. 185). lig. 12. dans, Ufez. de.
Pag. 228. lig. 14. forme, hfez. ferme.
Pag. 255. lig. 24. ajoute, Ufez ajufte.
Pag. 3 28. lig. 4. démontré , hfez, dé-
monté.
Nota , que page 302. dans le titre
qui eft à la tête du chapitre 2 2. on nom-
me par mép&ife quatrième petit obtura-
teur , celui qui eft appellé cinquième
obturateur page 3 3dans l\'explica-
tion de la planche 40. & qui y eft re-
prefenté fous la figure 18.
3U
J-.
1\'
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■ i\'r
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-ocr page 559- -ocr page 560- -ocr page 561-