10 FÉVRIER 1938
LE NUMÉRO 0.75 CENTIMES
2e année - no 8
LE BI-MENSUEL FRANCO - ES P A G N O L
RÉDACTION ET ADMINISTRATION: 20, rue de la Paix, PARIS (2®]
Abonnement : 4 fr. 50 par trimestre. Tél. : OPÉra 43.23
HUMANISER LA GUERRE par J. Le Boucher.
LA SECTION FÉMININE DE LA PHALANGE;
L\'AMÉRIQUE ESPAGNOLE ET LA S. D. N.
par Camllo Barcia Trelles.
LA CONSTITUTION DU GOUVERNEMENT NATIONAL
LA PROSPÉRITÉ DE L\'ESPAGNE NATIONALE :
L\'agricuft\'jre, par E. Morales.
La réforme de Tesprit, par H. Joubert.
LA BATAILLE DE TERUEL : informations
et article du Lt-Colonel H. Mélot..
UNAMUNO ET L\'ESPAGNE : Articles de
Jacques Chevalier et Francisco Bravo.
POEME d\'Henriette Charasson.
m
Le « Pilar » de Saragosse-
de l\'histoire, avec une soumission de sujets, ceux
gui, \'ninistère de l\'IntérieUri poussent à
une épuration qui n\'est que de l\'assassinat, ceux-
là peuvent invoquer ce qu\'ils voudront, sauf des
sentiments d\'humanité dont ils ne se sont jamais
souvenus jusqu\'à ce qûë la réalité leur ait montré
l\'infériorité notoire de leurs éléments d\'attaqué
et de défense. Voilà ce que nous voulons signa-
ler ici. Il appartient à ceux qui ont Une mission
plus élevée de prononcer d\'autres paroles, de re-
cueillir d\'autres gestes.
Humaniser là guerre I... Humaniser ta guerre
ft humaniser la paix sont les suprêmes aspira-
lions nationales. Un esprit chevaleresque, la clé-
mence, la pitié, telles sont les grandes vertu-"
</( s diiikfants de l\'Espagne Nationale.
Les événements d\'Espagne occupent aujour-
d\'hui l\'activité de toutes les chancelleries et
constituent un sujet substantiel pour les commen-
taires de la Presse, en même temps qu\'une pré-
occupation pour les esprits qui cherchent à tirer
de la réalité des faits une opinion juste et une
conclusion appropriée.
On parle maintenant, après plus d\'un an et
demi de guerre très dure, après avoir eu le spec-
tacle de la révolution la plus cruelle et la plus
sanguinaire qu\'aient enregistrée les siècles, après
Mais, pour humaniser la guetre, ceux qui se
sont attribué le rôle de spectateurs auraient pu
f\'dr" mieux et ils ne l\'ont pas fait. Nous vivon.\'
duni le plus grand paradoxe. La guerre la plu.<i
acharnée qui ait jnmais eu lieu n\'est pas une
des précédents comme le sacrifice de Madrid,
condamnée par l\'obstination marxiste à servir
de camp retranché, on parle de sentiments im-
périeux d\'hujuanité.
■ Le Haut Commandement a toujours répondu
à ces sentiments à l\'opposé des dirigeants
rouges qui ont été les premiers à attaquer la popu-
lation "civile de l\'arrière ennemi, comme de
leur propre arrière. Bien mieux le Mouvement
National a son origine justement dans des raisons
humanitaires, dans le désir et le devoir impé-
rieux de défendre la population civile contre
l\'assassinat, le pillage, l\'incendie, qui avaient com-
mencé en février 1936 et que ses dirigeants
d\'une légèreté sans précédent ne considéraient
avec aucun émoi.
Lorsque les protestations pour l\'humanisation
de la guerre viennent de ceiix qui n\'y prennent
point part, elles ont droit au plus grand respect.
Il en est tout autrement lorsque ces initiatives
partent de ceux qui ont déchaîné toutes les fu-
reurs, de ceux qui ont organisé la terreur, de
ceux qui, dès le premier mornent, ont méconnu
le véritable caractère de la guerre. Ceux qui ont ;
armé les criminels de droit commun, ceux qui-
ont semé la terreur dès le début de la lutte dans
les villes ouvertes éloignées du front, par des
bombardements atroces, ceux qui ont sur la
conscience l\'assassinat d\'un demi-million de ci-
toyens, ceux qui se proposent de jeter le monde,
pour sortir de leur situation sans issue, dans une
conflagration effrayante, en simulant des atta-
ques contre les unités mêmes du contrôle, ceux
qui ont plusieurs fois survolé des territoires neu-
tres pour attaquer plus traîtreusement l arrière,
ceux qui servent les desseins du plus g and tyran
réalité officielle pour de nombreux pays d\'Eu-
rope. La guerre est un fait et la guerre a ses
lois. On a voulu nier l\'évidence et l\'on n\'a pas
voulu reconnaître que la non-intervention impo-
sait un corollaire indispensable ; la
reconnaissance du fait àe\'ta j^uerre, ae la reaiue
de la belligérance. En ifagissant pas ainsi) des
« interférences » risqucient de se produire. Qui
donc pouvait les provoquer, qui avait intérêt à
les susciter ? Ceux quVdésirent, et ils ne le ca-
chent pas, un conflit international absorbant,
dans l\'ampleur d\'une catastrophe plus vaste, le
problème espagnol ; ceux qui, à plusieurs re-
prises, ont attaqué, mns même osé arborer leur
pavillon^ les unités de contrôle, ceux qui ont
attaqué des navires mutres, par des sous-marins
sans pavillon, aux environs de leurs bases nava-
les qu\'ils n\'abandônnint que pour des actes de
piraterie, incapables i^u\'ils sont de se servir de
leurs bâtiments dans me guerre normale.
Pour que la guerre soit humaine — aussi hu-
maine que peut l\'être une guerre, — il faut
qu\'elle se déroule dam une normalité complète,
qu\'on impose aux belligérants l\'accomplissement
de leurs devoirs et qu\'on leur reconnaisse leurs
droits, nécessaires à cet accomplissement ; que
le grand paradoxe prenne fin et que l\'on recon-
naisse la réalité. Une réalité qu\'on a tardé à ac-
cepter — selon les paroles du propre ministre des
Affaires étrangères de Grande-Bretagne, M. Eden,
aux Communes — dune façon qui n\'a pas de
précédent dans l\'Histoire.
Répétons-le, humaniser la guerre est la su-
prême aspiration des mationaux. Etendre la
guerre, en faire une guerre mondiale, est la
suprême aspiration des rouges. Ceux qui déchaî-
nèrent la cruauté et lui restent fidèles, ont recours
à la dissimulation et parlent ^humanité sans en
avoir le droit ; peut-être cherchent-ils par là
d\'autres médiations. L\'Europe se rend compte
de la douleur de l\'Espagne, un peu tard peut-
être, qu\'elle juge aussi quel est le parti qui en
est responsable. Et si eUe aspire à Immaniser la
guerre. Qu\'elle n\'oublie jamais que le meilleur
moyen de l\'humaniser consiste à éviter que les
conflits ne s\'élargissent et à reconnaître les réali-
tés, de façon que la guerre se développe dans le
cadre et d\'après les règles du Droit des Gens.
L\'Espagne aspire à la poix par la victoire — qui
a déjà eu lieu — et, dans la guerre, l\'Espagne
souhaite que l\'on respecte scrupuleusement les
lois de l\'humanité, les postulats du droit des
gens, et que l\'on ne crée pas une confusion ne
pouvant favoriser que ceux qui attendent les plus
effrayants conflits pour les tirer d\'une situation
drsrsprrée.
Occident.
fai constaté qu^autour de la Séo, de nombreuses maisons avaient eu à souf-
frir des bombardements aériens... Nuestra Senora del Pilar, elle aussi, a été
particulièrement visée par les aviateurs rouges, ce qui a provoqué Vindignation
des Navarrais et des Aragonais...
Beaucoup de carreaux manquent aux fenêtres dé Sàragosse... Les vitres qui
subsistent sont renforcées de losanges de papier...,Toutesdes^entrées des caves,
transformées en abris, sont bouchées par des sacs de terre... C\'est pareillement^
avec des sacs de terre qu\'on a élevé de hautes barricades qui protègent les maga-
sins et les cafés situés sous les arcades de la calle de la Independencia...
Louis GEORGES,
La Liberté, de Bordeaux. 20 janvier 1938.
Salamanque (21 janvier 1938) : une femme blessée devant la maison détruite
par l\'aviation rouge.
Victimes de l\'attentat de l\'aviation rouge sur la population dé Valladolid.
(Les cadavres h l\'Hôpital général.)
LA DIFFÉRENCE D\'ACTION DES AVIATIONS
L\'aviation nationale n\'a bombardé les villes de l\'arrière qu\'au cas pu elle
ne pouvait faire autrement. L\'action aérienne sur les villes du Levant répond
toujours à des buts imilitaires : fabriques de matériel de guerre, dépôts de mu-
nitions, etc. Les attaques criminelles de l\'aviation rouge contrastent, avec la
généreuse attitude du gouvemenient nationaliste qui, de sa propre initiative,
a désigné des zones neutres dans la ville de Madrid que le commandement
national a toujours respectées bien que les marxistes y aient concentré des
dépôts de munitions, des stocks de matériel de guerre et des casernes.
Le gouvernement rouge ne fait aucun cas de sa propre presse, laquelle
demande que la population civile de Barcelone évacue les quartiers où des
industries de guerre ont été installées ; ce sont elles que l\'aviation bombarde
comme objectifs imilitaires.
Le journal Solidaridad Obrera insiste tous les jours pour que l\'on procède
à l\'évacuation de ces quartiers, qu\'il considère comme « dangereux », et que
les habitants soient envoyés dans d\'autres quartiers où il n\'y a pas d\'indus-
tries de guerre. La population de Barcelone proteste contre le danger constant
auquel l\'expose son gouvernement.
Les boinbardemenl.s aériens qui se répètent,
depuis quelques jours assez fréquemment en
Espagne émeuvent tout le monde. C\'est normal.
Rien n\'est plus digne de pitié que de voir de
pauvres gens occupés à prier ou à se prome-
ner, recevoir brusquement sur la tête des ton-
nes d\'explosifs...
Cela dit, l\'initiative que semble vouloir pren-
dre M. Camille Chcjuiemps nous semble mani-
fester une hypocrisie préjudiciable aux inté-
rêts de la France dans le monde et en Espa-
gne nationale d\'abord, comme il s\'entend...
Comment ! Lorsque quinze mille prêtres ont
été lâchement assassinés à coup de couteau
ou de revolver par les anarcho-communistes
espagnols, personne n\'a demandé que la
guerre, cette guerre, fut « humanisée ». En dé-
intentions de ne pas intervenir, un Blum, un
Chautemps ont laissé Cot et les autres livrer
aux rouges d\'Espagne tout le matériel de
guerre disponible !
Si profondément désirable que soit de part
et d\'autre la cessation des bombardements, au
moins autant que la canonnade, on nous per-
mettra de le dire, ou le tir au fusil ou le ter-
rible jeu du couteau de tranchée, le gouver-
nement actuel de la France est-il bien placé
pour parler « d\'humaniser » la guerre ? Qu\'il
se ïefuse d\'abord à effectuer le transit du ma-
tériel de guerre russe entre Honfleur et Bor-
deaux d\'une part, et la Catalogne d\'autre part.
I. LE BOUCHER.
{L\'Action Française.)
pit de la crédulité d\'un académicien français,
personne de sérieux ne croira jamais qu\'on
puisse assassiner l\'effectif de trois régiments
français, sur pied de guerre, sans une volonté,
un dessein, un concert, une réglementation
de la tuerie. Croit-on que le massacre des
Carmes en 1792 ait été spontané ?
Ce n\'est pas tout. Qui donc a pris l\'initia-
tive du pacte de non-intervention en 1936 ?
M. Léon Blum. Et qui donc a laissé passer en
Espagne avions et matériels de toute nature ?
Y aurait-il donc deux façons « d\'humaniser »
la guerre ? L\'une en bourrant l\'un des adver-
saires d\'explosifs, l\'autre en protestant contre
les bombardements de l\'arrière ? Où donc est
passée une partie importante de notre stock de
Vibrantes discursif de Im «litHitad«^ laboristas en Valencia
«(^lizé, no tardando, trataremos a
nues^ Gobiemo, cuva actitud nos
•*yerfirii#»n\'Ji, y a Mr.Eden, ciwno vos-
3itros a Franco y a los italianos
t
« SOLIDARIDAD OBRERA » DE BARCELONE, 13 janvier 1938, Titres du compte
rendu du banquet donné en l\'honneur des travaillistes anglais, qui eut lieu à Valence.
Ils reproduisent quelques mots de Mr. Schinwell.
Solidaridad Obrera, dans son numéro du 13 janvier 1938, rend compte du banquet
offert à Valence, en l\'honneur des travaillistes anglais, dont les photographies accom-
pagnent l\'article. Cet article fait allusion au discours de Mr Schinwell,, dont nous citons,
textuellement, cet extrait :
Nous avons honte de la conduite du gouvernement anglais, mais vous savez bien tous
que ce n\'est pas notre faute. Nous, c\'est-à-dire la classe des travailleurs anglais, que nous
représentons, nous sommes avec vous depuis le début du conflit. Pour nous, il n\'y n
jamais eu d\'autre gouvernement que celui de la République. Et peut-être n\'allons-nous
point tarder à traiter le gouvernement impérialiste anglais et M. Eden comme vous trai-
tez mointenant Franco, les Italiens et les Allemands. (Enorme ovation.)
>>
bombes de 500 kilogrammes ? On nous répon-
dra : en Roumanie ! Voire ! Par où passent
donc à l\'heure actuelle les énormes approvi-
sionnements bolchevistes à destination de l\'Es-
pagne ? A travers la France, parce que le blo-
cus nationalistê rend trop dangereux pour les
bateaux chargés de matériel de guerre l\'accos-
tage dans les ports encore aux mains des gou-
vernementaux espagnols.
Certaines initiatives risquent donc d\'être bien
plus malencontreuses qu\'heureuses !
Ne pas intervenir dans cette guerre d\'Espa-
gne était, de nôtre part, l\'A. B. C. d\'une po-
litique simplement raisonnable. Nos traditions
d\'amitié avec le peuple espagnol nous en fai-
saient un devoir.
Or, tout en protestant officiellement de leurs
Pilar Primo de Rivera.
C\'est une grande erreur, malheureusement trop
répandue encore, que de croire que les soins de
beauté ne servent qu\'à la parxife et à l\'ornement
du visage. Mais, au contraire, les soins de beauté
ne méritent vraiment d\'être appelés ainsi que s\'ils
répondent aux trois grandes nécessités que voici :
lo Purifier l\'épiderme.
2" Nourrir les tissus.
3° Mettre là peau à l\'abri des intempéries et de
la lumière. .
1» Purifier l\'épiderme. — La toilette du visage a
ceci de particulièrement important, qu\'elle ne ré-
pond pas seulement au souci de propreté, mais
qu\'elle doit encore mettre l\'épiderme en état de
respirer librement, au moins deux fois par jour,
c\'est-à-dire le débarrasser de toute trace de fard
et de toutes les impuretés reçues du dehors. (Or,
justement le visage est la partie du corps la iplus
constamment exposée à en recevoir.) L\'eau et le
savon sont nettement insuffisants, et, par surcroît,
l\'eau a une action desséchante, parce qu\'elle est
presque toujours calcaire. Le lait, au contraire,
adoucit l\'épiderme, en entraînant toutes les impu-
retés, parce qu\'il pénètre jusqu\'au fond des pores.
Il le repose également parce qu\'il constitue pour
la peau une nourriture vivifiante. On fait la toilette
du visage le soir avant le coucher et le matin au
réveil, de préférence ; mais en tout cas il est in-
dispensable, pour la parfaite hygiène de la peau,
de nettoyer chaque soir son visage au lait. (Ce-
pendant le lait naturel présentant l\'inconvénient
de s\'o.xyder au contai^^e certaines peaux et de ne
pa\'s se \'garder par toiS^^s temps, il est préférable
d\'employer un lait préparé au laboratoire, ayant
par sa composition toutes les qualités du lait natu-
rel, et ne risquant ni de s\'abîmer, ni de s\'oxyder.)
2» Ifourrir les tissus. — Nous verrons, tout à
l\'heure, le rôle de la crème et de la poudre dans
la protection contre les causes extérieures d\'irrita-
tion. Mais la crème en a un autre non moins im-
La veuve d\'Onesimo Redondo Bachiller.
portant : elle doit entretenir l\'épiderme, sauvegarder
sa fraîcheur et sa santé, exactement comme un
bon régime assure le bon fonctionnement de l\'or-
ganisme. C\'est, en somme, uu rôle nourricier, puis-
qu\'on lui demande d\'apporter aux cellules l\'aliment
qui leur convient spécifiquement. Et c\'est seulement
à cette condition qu\'une crème entretient la sou-
plesse et l\'élasticité des chairs ; conserve aux traits
toute leur finesse.
D\'autre part, il y a grand avantage à choisir une
mousse, plus légère que les crèmes ; une mousse
qui s\'étale facilement et qui soit complètement
absorbée par les pores, sans jamais les obstruer,
de sorte que son action adoucissante dure toute une
journée ; et ainsi la mousse constitue un merveil-
leux support pour la poudre.
Nous en sommes donc à la troisième condition :
3° Mettre la peau à l\'abri des intempéries et de
la lumière, rôle que se partagent la crème et la
poudre (celle-ci ne devant jamais être employée
sans celle-là). Il est donc indispensable de se
servir d\'une poudre quj s\'étale uniformément, sans
laisser de plaques, afin de préserver également tou-
tes les parties du visage ; « tienne » longtemps
et en toutes circonstances ; qui constitue, par sa
composition, un véritat)le filtre des rayons lumi-
neux... C\'est beaucoup demander. Mais ce ne serait
pourtant pas suffisant encore ; il importe que la
poudre réunisse ces trois grandes qualités, sans
Ségovie (25 janvier 1938) Déléguée provin-
ciale de Tolède à l\'Alcazar de Ségovie.
irriter et sans dessécher. C\'est, pourquoi il ne faut
se servir que d\'une poudre dont on soit sûre : une
poudre qui ait été étudiée au laboratoire, et qui ne
contienne aucune substance nocive.
A
Si l\'on attache au mot de coquetterie cette va-
leur un peu péjorative que la plupart des gens lui
confèrent, il ne faut pas dire que purifier l\'épi-
derme, nourrir les tissus, mettre la peau à l\'abri
des mtemperies et de la lumière soient des préoc-
cupations de coquettes, ce sont de véritables \'préoc-
cupations d hygiène esthétique.
Jacques CHRISTIAND.
On a célébré à Ségovie
le II® Conseil National de la section féminine de la F. E. T.
Du 15 au 24 Janvier, on a célébré à Ségovie, le ir Conseil national de la Section
féminine de la Phalange espagnole iraditionaliste el des J. O. N. S., sous la présidence de
son chef national. Pilar Primo de Rivera.
Le peuple entier, en assistant aux manifestations, a contribué à donner à la réunion
la solennité qu\'elle revêtit.
L\'acte d\'inauguration du Conseil se tint à l\'Alcazar et les délégations féminines pro-
vinciales occupaient les principales places de la gronde solle. Une fois la session ouverte,
Dora Maqueda, secrétaire générale, expliqua la grande oeuvre sociale que réalise cette
organisation féminine. Elle cita d\'abord « l\'Aide sociale », dont Mercedes Sanz Bachiller
est l\'âme. Puis elle parla de l\'œuvie dans les hôpitaux et sur les fronts.
— En ce moment, il y a — dit-elle — 280.000 femmes affiliées à la Section féminine de
la F. E. T. Il faut compter GO.OOO adhésions l\'année dernière.
Elle consacra un souvenir ému à l\'héroïsme de la Section féminine de Teruel.
Les jours suivants ^ en même tempa que les sessions — eurent lieu des conférences
et des spectacles divers. Des personnalités marquantes de la Phalange, des écrivains et
artistes invités y prirent part.
L\'éloignement que
Berlin, Rome et Tokio
manifestent, de façon
si nette et définitive,
à l\'égard de l\'orga-
nisme de Genève,
soulève toutes sortes
de questions. En pre-
mier lieu, la Société
des Nations a
éprouvé une diminu-
tion dans son auto-
rité, qui est à la fois
quantitative et quali-
tative. En second lieu, s\'est accrue une inquié-
tude qui, latente depuis quelques années,
s\'était extériorisée de la façon la plus claire :
nous voulons parler de la nécessité de réfor-
mer la structure de la Société des Nations,
nécessité soulignée par l\'initiative de la Répu-
blique Argentine et qui prit forme concrète à
la réunion de l\'Assemblée extraordinaire, le
4 juillet 1936.
Ce n\'est point la première fois que se produit
cet intéressant phénomène de révisionnisme.
Nous l\'avons déjà constaté le jour où l\'Alle-
magne décida de ne plus observer les clauses
imposées par les vainqueurs, et dont elle esti-
mait la persistance incompatible avec son sen-
timent de l\'honneur, de la responsabilité et de
l\'indépendance. On n\'avait jamais parlé avec
tant d\'insistance de « peacefull change »,
c\'est-à-dire de la nécessité de procéder à des
accords de réglementations, que le lendemain
du jour où les troupes du troisième Reich occu-
pèrent la zone du Rhin. On dirait que le geste
d\'Hitler ait mis fin à l\'amnésie subie par ceux
qui s\'obstinaient à conserver intacts pour ja-
mais les résultats de la victoire. Aujourd\'hui
encore, au moment où elle risque de s\'écrou-
ler, la Société des Nations, avec cette hâte tou-
jours inhérente à la menace du danger, parle
avec une insistance notoire de réformer le
Covenant, en le dépouillant de tout esprit eanc-
tionniste. Cette nouvelle phase, aiguë, de révi-
sionnisme, a commencé aussitôt après que se
fût avérée l\'inefficacité des mesiwes -votées
contre l\'Italie, à l\'occasion dé la guerre d\'Ethio-
pie. Il est particulièrement intéressant, pour
nous autres Espagnols, d\'approfondir quelle
a été l\'attitude des républiques du Nouveau-
Monde par rapport au problème de la modifi-
cation du Pacte : car si, d\'un côté, l\'opinion de
l\'Allemagne, de l\'Italie et du Japon représente
pour l\'Espagne une orientation, d\'un autre côté
nous sommes intéressés, dans une aussi large
mesure, par tout ce qui reflète le sentiment
hispano-américain.
Quelle a été la réaction de l\'Amérique espa-
gnole quand s\'est posé le problème de la revi-
sion du Pacte de la Société des Nations ?
Avant tout, nous remarquons qu\'il y a pour
ainsi dire deux lignes dans cette orientation
de la plupart des républiques sud-américaines.
1° Supprimer la distinction établie dans le-
Pacte, comme différenciation fondamentale,
entre les principales puissances alliées et osso-
ciées et les États qui ne présentent pas cette
qualité ; et 2° délier la Société des Nations des
traités de l\'après-guerre, vu que l\'organisme
de Genève tie saurait être la conséquence
directe d\'un Diktat (et non d\'un traité) qui a
établi une distinction fondamentale entre vain-
queurs et vaincus, c\'est-à-dire entre des Etats
jouissant de toutes les prérogatives et des
Nations réduites à une condition d\'infériorité
morale évidente et inacceptable. Notez que ce
dernier point fut réclamé avec autant d\'insis-
tance que d\'inutilité par l\'Allemagne. Coïnci-
dence dialectique germano-américaine d\'une
valeur symbolique pour l\'Espagne.
La question de la réforme du Pacte ainsi
posée, celle de son universalisation devenait
l\'objet d\'une préoccupation constante. On
conclut, dans ce sens, qu\'une Société des
Nations, pour être efficace, doit englober tous
les peuples civilisés de la terre ; car, sinon, ceux
qui n\'en font point partie peuvent impunément
violer des mesures qui perdent toute vertu si
elles n\'ont pas d\'application oecuménique.
Comment les républiques américaines envisa-
gent-elles ce problème de l\'universalisation de
la S. D. N. ? Simplement, en soutenant qu\'il
faut en décentraliser les fonctions, au moyen
de la création de ce qu\'on pourrait appeler
des « intelligences » continentales, ou régio-
nales ; de cette manière, pour la solution de ces
problèmes, on tiendrait particulièrement compte
de leur signification géographique, c\'est-à-dire
des associations régionales et continentales
elles-mêmes, sans faire intervenir de» nations
géographiquement et politiquement éloignées
du Heu où s\'est produit le conflit. Les répu-
bliques du Nouveau-Monde appuient cette
thèse par deux arguments, l\'un positif et l\'autre
négatif. Au point de vue positif, les seuls
conflits qui aient été résolus sont des conflits
nettement américains, avec intervention spé-
cifique, pour leur négociation, des nations voi-
sines : par exemple la question du Chaco. Au
point de vue négatif, la thèse décentralisatrice
soutenue par l\'Amérique se justifie au moyen
des observations formulées par le délégué
panaméen à la S. D. N. :
« De nos jours, les conflits ne peuvent être
résolus, si on ne les examine pas séparément,
et si l\'on ne cherche pas leur solution en tenant
compte des circonstances spécifiques concomi-
tantes à leur étiologie. Vouloir universaliser
la solution d\'un conflit local équivaut, d\'une
part, à douer ce conflit d\'une portée qu\'il n\'a
pas, et d\'autre part, à appliquer des remèdes
qui, n\'ayant point de caractère spécifique,
restent inopérants. Toute tentative en vue de
transformer un conflit régional en problème
universel ne peut que conduire au chaos, dans
les relations internationales. C\'est là un des
grands défauts du Pacte : car, au. lieu de sim-
plifier les problèmes pour leur appliquer des
solutions simples, il a prévu une espèce de
complication mondiale pour tout problème
locaL »
Les phrases que l\'on vient de lire coïncident
essentiellement avec cette déclaration du re-
présentant de l\'Equateur à l\'assemblée de la
S. D, N., le 3 octobre 1936 : « Il est nécessaire
de faciliter et de régler notre droit d\'abstention
en ce qui concerne les conflits qui nous sont
doublement étrangers du fait qu\'ils ne nous
atteigiient point dans leurs répercussions et
dans leurs conséquences. »
L\'Amérique espagnole — il est aisé de 1©
conclure d\'après tout ce que nous venons
d\'exposer — esquisse un mouvement de rétrac-
tion vis-à-vis de Genève à deux points de vue :
en se désintéressant des problèmes européens,
et en réclamant.. une juridiction exclusive èt
sans partage en ce qui concerne Iq solution
des problèmes proprement américains. Voyez
comment le fait d\'être physiquement présent à
Genève peut équivaloir à une absence pour ce
qui regarde la participation aux activités, spé-
cialement europeénnes, de la S. D. N.
Comme on le sait, le problème des sanctions
appliquées à l\'Italie, à l\'occasion du conflit
abyssin, a déterminé, en même temps que la
cHse d\'autorité subie par la Société des Na-
tions, la retraite de l\'Italie. C\'est pourquoi, il
est intéressant de savoir quelle a été la posi-
tion dialectique de l\'Amérique espagnole
vis-à-vis des sanctions. Tout d\'abord, certaines
républiques (l\'Equateur entre autres), ont ré-
clamé pour l\'Amérique espagnole le droit de
proclamer sa neutralité, même en cas de sanc-
tions collectives. C\'est là un nouveau symp-
tôme du sécessionisme américain dans un sens
de retraite continentaliste, dont il n\'est pas
besoin de souligner l\'importance. Abondant
dans ce sens, la délégation panaméenne a
proposé : I" Aucun Etat ne participera à des
sanctions militaires auxquelles il n\'ait pas
consenti au préalable ; 2" Les sanctions éco-
nomiques ne seront pas effectives, sans l\'ap-
probation préalable des deux tiers des Etats
composant le groupe continental auquel appar-
tient la nation dont on requiert le concours
sanctionniste à Genève. » Et le délégué du
Pérou s\'exprimait en ces termes :
« Il est absurde et préjudiciable aux bonnes
relations internationales que l\'application des
sanctions s\'impose à des Etats qui, en raison
de leur commerce réduit avec l\'Etat « sanc-
tionné », ou par le fait de leur éloignement
géographique, ne peuvetit causer à ce dernier
aucun préjudice, tout en provoquant entre eux
et lui une tension morale tout à fait indésira-
ble. » , , .
En somme, l\'Amérique espagnols esquisse
un mouvement évident de retraite vis-à-vis du
Covenant, et particulièrement en ce qui
concerne l\'application des clauses inscrites
dans le Pacte et les instigations de ceux qui
avaient essayé de transformer la Société des
Nations en système de garanties pour ce qu\'ils
avaient obtenu par leur victoire militaire. Ce
sont là, pour les Espagnols, des tendances sou-
verainement importantes et dont, dans un ave-
nir immédiat, la signification ne saurait jamais
assez nous préoccuper.
D-- Camilo BARCIA TRELLES,
professeur de Droit des Gens à
l\'Institut de Droit international.
Ségovie (25 janvier 1938) : Pilar Primo de Rivera, chef national de Phalange Espagnole
Traditionaliste et des J. O. N. S., entourée des déléguées nationales.
L\'AMÉRIQUE ESPAGNOLE
ET LA SOCIÉTÉ DES NATIONS
f
LE cnnVERNEMENT NATIONAL EST CONSTITUÉ
VICE-PRESIDENCE
ET MINISTERE DES AFFAIRES ETRANGERES :
GENERAL
GOMF^ JORDANA
Fils du général du même nom, qui fut haut
commissaire de l\'Espayne au Maroc, U naquit le
février 1876. Il entra à l\'Académie militaire a
seize ans, et en sortit pour prendre part aux ope-
rations de Cuba, où sa brillante conduite lui valut
de l\'avancement. Quelques années après, il entra a
l\'Ecole supérieure et obtint le grade de capitaine
en 1903 • il fut affecté à l\'etat-major central et
nommé professeur à l\'Ecole supérieure de guerre.
Il prit une part brillante à la campagne coloniale
du Maroc, au cours de laquelle il fut nomme colo-
nel et s\'intéressa aux affaires marocaines qu il
parvint à connaître à fond, rendant de grands ser-
vices à l\'étal-major de larmée d\'Afrique et au
cabinet du haut-commissariat au Maroc. U fut nom-
mé général de brigade en 1920, puis membre du
Directoire militaire du général Rrimo de Rivera.
Il prit part, en 1925, à la conférence hispano-fran-
çaise concernant les affaires, marocaines et se mon-
tra partisan de la pacification du Maroc. Il fut élu
vrésident de cette conférence. La meme année, n
fut nommé général de division et se rendit a Paris
comme plénipotentiaire de première classe pour les
négociations au sujet du Maroc. En 1928, il fut
nomme lieutenant général et haut commissaire au
Maroc, charge qu\'il Remplit jusqu\'à l avenement
de la République. Il fut pour.<!uivi par le regime
républicain, qui le maintint en prison pendant huit
mois. Il fut condamné à deux ans de prison condi-
tionnelle En 1931, sur sa demande, il entra dans
la réserve. Au moment du mouvement national, il
se trouvait à Saint-Raphaël ; il fut nommé presi-
dent du Tribunal de justice miiitaire. puis president
du Conseil techniaiie de l\'Etat- où il accomplit une
œuvre très féconde. Il possède six grand croix et
décorations nationales et étrangères, parmi lesquel-
les la médaille du Maroc. Il est comte de Jordana.
Il est l\'auteur de nombreux ouvrages accueuiis
avec faveur à l\'étranger, parmi lesquels une etude
sur l\'art militaire. Par son caractère indépendant
et énergique, par sa jeunesse spirituelle, cest une
personnalité des pins remarquables.
Le général D. Francisco Gomez Jordana, ancien président de la Junte Technique de
l\'Etat, vice-président et ministre des Affaires Extérieures du Gouvernement national.
LA PERSONNALITÉ DES MINISTRES
MINISTRE DE L\'INDUSTRIE ET DU COMMERCE :
DON JUAN ANTONIO SUANCES
Il naquit le 20 mai 1891 ; à douze ans il entra
dans la marine, puis dans le corps des ingénieurs
de la marine où il obtint le grade de capitaine.
A trente ans, il fut nommé lieutenant-colonel et
travailla depuis lors à la Société des Constructions
navales de Carthagéne et du Ferrol. De 1921 à 1932,
il fut inspecteur de cette compagnie qui était char-
gée de la construction des sous-marins. En 1927, il
fut nommé directeur de la Compagnie de Construc-
tions navales de Carthagéne et du Ferrol, ayant a
sa charge la surveillance de la construction des croi-
seurs des types Cervera et Canarias. Il remplit sa
charge avec le plus grand dévouement et nationa-
lisa la compagnie ; son grand patriotisme fit qu\'il
dut donner sa démission. Il travailla à Madrid à
la Compagnie des ascenseurs et fut emprisonné a
Huelva au printemps 1938, puis mis en liberté le
10 juillet de la même année. U se réfugia dans une
ambassade, qui l\'évacua à l\'étranger. Il passa en
Espagne nationale, travailla au quartier général et
remit à flot les bateaux coulés dans le port de
Oijon C\'est un caractère énergique, ayant une
grande capacité de travail. Il possède une forte
expérience industrielle, ainsi que des connaissances
techniques et économiques remarquables.
MINISTRE DE LA GUERRE :
GENERAL DAVILA
Il naquit en 1878 et entra à seize ans à l\'Académie
d\'infanterie. Il fut envoyé à Cuba et nommé lieute-
nant. Il gagna la croix du Mérite militaire au cours
des opérations du printemps, puis fut nommé ca-
pitaine d\'état-major. Il obtint la croix blanche du
Mérite militaire et le grade de lieutenant-colonel et
fut envoyé à Melilla comme chef de la section de
campagne. En 1929, il fut élevé au grade de général
et prit sa retraite à l\'avènement de la République.
Au moment du soulèvement national, il y adhéra,
et participé "" gouvernement de Burgos. Il prit part
au conieil de la Défense nationale et occupa la pré-
sidence du conseil technique, où il se signala par
des qualités d\'intelligence et d\'activité remarqua-
bles 4 la mort du général Mola, il fut appelé par
le qénérali^\'^i"^^ " continuer l\'œuvre du disparu.
Le message du gouvernement
Salamanque, 2. — « Radio Nacional » a diffusé ce soir le message adressé à l\'Es-
pagne par le nouveau gouvernement national :
« Au moment où il se constitue, le gouvernement national exprime sa solidarité
profonde avec l\'armée de terre, de mer et de l\'air, avec tous les chefs, les soldats, les
marins et les miliciens qui la composent. La principale preoccupation du gouvernement,
né de la guerre, sera le maintien de la communion spirituelle avec les combattants, unis
dans la même volonté de vaincre. » . \' i
Le gouvernement adresse ensuite son salut « à tous ceux qui ont verse leur sang
pour la patrie, à ceux qui souffrent, à ceux qui, en territoire ennemi, attendent 1 heure
de la libération ». ,, .
« L\'organisation syndicale s\'appuiera sur la classe ouvrière et distmgviera patrons,
techniciens et travailleurs. La liberté de penser sera assurée et la presse recevra un
statut. Une nouvelle organisation municipale sera établie pour assurer une bonne
administration locale. Une politique culturelle et sanitaire sera severement appliquée.
Les villages seront reconstruits. Les travaux publics seront actives. Le gouvernement
assurera aux fonctionnaires la dignité à laquelle ils ont droit, mais il exigera deux le
strict accomplissement de leur devoir. rj. .1
« La politique commerciale donnera lieu a une etude approfondie et le système
fiscal actuel sera conservé. . , •
« Notre politique internationale sera une pohtique de paix, mais d une paix compa-
tible avec la dignité d\'an grand peuple auquel une guerre héroïque donne le droit
d\'obtenir le respect maximum de tous les autres peuples. Le pays n oubhera pas non
plus ceux qui l\'ont aidé dans la lutte contre le communisme. Une attention speciale r.era
apportée aux relations avec les nations sud-américaines. Les intérêts matériels et spiri-
tuels des Espagnols résidant dans ces Républiques seront sauvegardes. »
Le message annonce ensuite l\'application d\'une politique de justice, ainsi que
d\'une politique agraire, pour donner aux cuhivateurs la possibilité de vivre dignement
par la revalorisation des produits de la terre, le perfectionnement des moyens de travail,
la diffusion du crédit agricole et la répartition judicieuse des propriétés toncieres.
Le gouvernement affirmera la foi de l\'Espagne et procédera a la revision rapide
de toute la législation laïque créée par la République.
En dernier lieu, le gouvernement déclare qu\'il revendiquera « tout ce qui appar-
tient au sol espagnol ainsi que les trésors qui ont été enlevés à l\'Espagne ».
En dernier lieu, « il y a les affirmations catégoriques à faire a tous ceux qui
s\'obstinent encore à traiter avec un Comité rouge qui n\'a rien de commun avec un
Gouvernement. Ces affirmations ont déjà été bien clairement exposees par le Cliet, pour
tout ce qui concernerait une hypothèque du sol espagnol. Toutes les alienations qui
auront lieu ou ont eu lieu, touchant des morceaux du sol espagnol et affectant par con-
séquent son intangible et imprescriptible souverainete, sont nulles. Nous revendiquons
jusqu\'au dernier pouce de notre territoire et également jusqu au dernier, tous les tré-
sors qui nous ont été arrachés. »
Davila prit le commandement de l\'armée du nord,
et en six semaines, termina la prise de Bilbao el
avança victorieusement sur Santan\'der et les Astu-
ries comme collaborateur fidèle du chef. C\'est un
ministre de la Guerre qui a de magnifiques quali-
tés d\'expérience, d\'intelligence, d\'activité, et un
esprit chevaleresque. Il fut nommé par le general
Franco conseiller de la Phalange espagnole tradi-
tionaliste.
MINISTRE DES FINANCES :
DON ANDRES AMADO
Il naquit le 14 décembre 1886. En 1906 il était
avocat et entra, en 1908, dans le corps des avo-
cats de l\'Etat, avec le n° 2 de sa promotion. Il fut
au service du ministère des Finances de Madrid,
puis assesseur juridique du ministère de l\'In-
térieur De 1925 à 1930, il fut directeur général
du timbre et premier délégué du gouvernement
auprès de la Compagnie du Monopole des pétroles.
Un décret de l\'année 1925 le chargea de la direction
générale du ministère des Finances, par désignation
personnelle du ministre M. CaLvo Sotelo. Il fut
nommé député aux Cortès aux élections de 1933 el
1936 avec La liste de Calvo Sotelo, qui le distinguait
spécialement pour sa droiture, son sérieux et son
intelligence. En juillet 1936, il fut nommé par le
général Mola pour prendre part au conseil des
Finances de la Défense nationale. Le conseil tech-
nique de l\'Etat ayant été créé, il obtint la prési-
dence de la commission des Finances, charge qu\'il
exerça avec une énergie remarquable. Par décision
du chef de l\'Etat, il est militant de la Phalange
espagnole traditionaliste. Le général Primo de Ri-
vera l\'avait fait grand\'croix du Mérite civique.
MINISTRE DE L\'EDUCATION NATIONALE :
DON PEDRO SAINZ RODRIGUEZ
Il naquit le 14 janvier 1897. C\'est une personna-
lilé des plus remarquables parmi les intellectuels
espagnols. Ses titres académiques sont nombreux
el il fut licencié et docteur à vingt-deux ans. Il
obtint une chaire de langue et de littérature espa-
gnoles. En 1926 il obtint, par concours, une chaire
de bibliographie à l\'Université centrale et il fut
bibliothécaire de l\'Athénée de Madrid. Il a publié
de nombreux ouvrages, notamment une Introduction
à l\'Histoire d\'Espagne et plusieurs livres de
critique II a obtenu le prix national de litté-
rature. C\'est un de nos plus remarquables érudits,
qui fait véritablement autorité en fait de biblio-
graphie. Il est disciple de Bonilla San Martin. Par
ses publications et ses discours, il contribua à
propager dans toute l\'Espagne les idées de Menén-
dez Pelayo. Il fut envoyé aux Cortès par la pro-
vince de Santander et réalisa une véritable campa-
gne nationaliste, prononçant de brillants discours
contre la Constitution de la République. Aux Cor-
tès suivantes, il fut un véritable représentant de la
pensée nationale contre les forces de la Révolu-
tion. En dehors du Parlement, il prit part à d\'ar-
dentes campagnes de propagande, qui lui valurent
de graves attentats de la part des éléments marxis-
tes. Il collabora intimement à l\'action politique de
Calvo Sotelo. Il est actuellement conseiller de la
Phalange espagnole traditionaliste et a rempli la
charge de chef national de l\'Education du mouve-
ment.
MINISTRE DE L\'ACTION SYNDICALE :
DON PEDRO GONZALEZ RUENO
Il naquit à Madrid en 1896 et entra à dix-sept
ans à l\'Ecolf des ingénieurs des ponts et chaussées
dans la même promotion que l\'ingénieur Jüan de la
Cierva, l\'inventeur de l\'autogyre. Il fit ses études
sous la direction de l\'illustre maître Sanchez Cuer-
vo, qui fut assassiné à Madrid par les marxistes.
Il poursuivit ses études à l\'étranger et entra à la
Société des industries électriques, dont il fut nom-
mé directeur général en 1930. Il prit part à de
nombreux congrès et réunions en France, en An-
gleterre et aux Etats-Unis, et visita d\'importantes
usines. En mars 1936, il fut nommé président de
la Chambre espagnole de production et de distri-
bution d\'électricité. Il resta éloigné de la politique
jusqu\'à l\'avènement de la République et, à cette
date, entra en rapports avec Calvo Sotelo, dont il
partageait le point de vue sur plusieurs problèmes
économiques. Au moment du mouvement national,
il se mit aux ordres du général Mola, à Pampe-
hine. Le Conseil technique\' de l\'Etat ayant été créé,
il fut nommé membre de la Commission de l\'in-
dustrie et du commerce. Il fut ensuite désigné
comme chef des Services techniques de la Phalange
espagnole traditionaliste et secrétaire politique de
I organisation. Il fut nommé rapporteur et rédigea
le décret sur le blé, puis se consacra à l\'étude du
problème des syndicats eh Espagne. Il connaît spé-
cialement la vie économii^\'e et les problèmes du
travail. , , . ,
Gonzalez Bueno est un homme moderne, plein de
dynamisme et très espagnol, animé du plus grand
patriotisme.
MINISTRE DE L\'INTERIEUR :
DON RAMON SERRANO SUNER
Il naquit le 12 décembre 1901. Licencié en droit
à la promotion de 1923, il entra dans le Corps des
avocats de l\'Etat, l\'année suivante, avec le n" 3.
II fut envoyé pour continuer ses études de droit
aux Universités de Rome et de Bologne, puis em-
ployé par l\'Etat. Il fut chef du contentieux à Sara-
nosse, et avocat dans cette ville. Le parti « Action
civique » lui offrit un siège pour la candidature
d\'opposition à la coalition républicaine socialiste
et il fut nommé en 1933 et en 1936 par la mino-
rité. Il défendit une politique autoritaire, contraire
au faux conventionnalisme de la politique démocra-
tique et libérale. Grand ami de Jose Antonio Primo
de Rivera, et député de Cuenca, il mérita les éloges
de la Phalange espagnole. Ses discours sur des
sujets d\'administration et d\'intérêt national sont
remarquables, spécialement ses interventions sur
la réforme de la loi de la comptabilité, sur les
tarifs des chemins de fer, sur le patrimoine fores-
tier, sur la loi municipale, etc. Syndic de la Fé-
dération hydrographique de VEbre, il protesta au
gouvernement du Frente popular au nom de l\'Ara-
gon contre l\'attribution des services hydrauliques
à la Catalogne. Spécialisé en matière de régime
local, il se signala lors de la discussion de la loi
municipale. Il proposa immédiatement la loi d^am-
nistie qui lui avait été suggérée par le général
Franco lui-même et qui rentrer dans l\'armée les
personnalités remarquable^ de Mola, Saliquet, Mil-
lan Astray, Berenguer. Losada, etc.
En contact étroit avec général Franco et José
Antonio Primo de Rivera, il prépara le glorieux
soulèvement national et fi^t de nombreux voyages
aux Canaries. Le 17 juillet, connaissant la diffi-
cile situation de Madrid. H y resta et fut arrêté
le jour de l\'attaque de la caserne de la Montagne.
Il fut emprisonné en compagnie de Raimundo Fer-
nandez Cuesta, échappa au massacre le 22 août
et réussit à être admis ait sanatorium Espana d\'où
il s\'enfuit déguisé, pour réfugier dans une léga-
tion.
Il parvint dans la zone blanche à la fin du mois
de mars. Pour se venger qu\'il leur eût échappé,
le* - marxistes assassinèrent ses frères José et Fer-
nando, ce dernier secrétaire de la Phalange des
Baléares. Il est conseiller de la Phalange tradi-
tionaliste et fut chargé, par le chef, de l\'unification
du mouvement ; il réalisa cette mission au secré-
tariat politique du chef de l\'Etat, se livrant en
même temps à d\'intéressantes études de droit. Il
est l\'auteur d\'importantes études parues dans des
revues de droit et de sciences. C\'est un homme
d\'un caractère indépendant et ferme.
MINISTRE DE L\'AGRICULTURE :
DON RAIMUNDO FERNANDEZ CUESTA
Il naquit à Madrid le 5 Octobre 1897. Docteur en
droit à l\'Université centrale, ,7 entra dans le corps
juridique- de la Marine, il a actuellement le
Le Généralissime Don Francisco Franco, chef de l\'Etat, Président
Gouvernement national.
grade de lieutenant-colonel. Il publia un manuel
de droit Ayant pris part au concours du notariat
et renoncé A plusieurs postes, il obtint celui d\'Hos-
talrich {province de Gérone). Une étroite amitie
l\'unissait à la famille du premier marquis d\'Es-
tetla, et il connaissait José Antonio depuis son en-
fance. Au cours du meeting du 29 octobre, au théâ-
tre de la Comédie, il se mit à la disposition de
José Antonio Primo de Rivera, qui lui offrit une
place de direction à la Phalange. Il en était secré-
taire général depuis 1934, écrivait dans le journal
Phalange, et prit part à de nombreuses
Aprè.^ le triomphe du Frente Popular, il fUt em-
prisonné à Madrid en mars 1936, comme faisant
partie du Conseil politique de la Phalange espa-
gnole. Au moment de la mort de Calvo Sotelo, it
fut arrêté et conduit à la prison modèle. Au début
du mouvement, il connut le terrible calvaire de la
prison marxiste, fut transféré de la prison modèle
à celle d\'Alcala de Henarés, puis à la tchéka de la
calle Serrano, et à la prison de Valence. Sur l\'ini-
tiative du chef, il put être échangé, et libère de l Es-
pagne marxiste. Le général Franco le nomma secre-
taire de la Phalange et conseiller national. Il a
l\'esprit d\'un avocat militaire. C\'est un homme di.s-
cipliné, dur à lui-même comme aux autres Un
caractère énergique et un travailleur infatigable.
MINISTRE DE LA JUSTICE ;
DON THOMAS DOMINGUEZ AREVALO
Il a 54 ans. C\'est un ancien parlementaire espa-
gnol appartenant au parti traditionaliste et chef
de son groupe à la Chambre. Il a représente les
éléments nationaux de la région du Levant. Pen-
dant les derniers jours de la république, aussi
bien qu\'aux autres périodes parlementaires, il a
réalisé aux Cortès une action brillante et efficace
contre la démagogie marxiste. Ayant adhere au
mouvement national, il a contribué à la prepara-
tion du mouvement et a aidé le général Mola pen-
dant les premiers mois, collaborant avec le chef
Franco dans l\'œuvre d\'unification. Il fait partie
du Comité politique et du Conseil national. C\'est
travaux publics, auquel il a travaillé au cours des
derniers mois.
MINISTRE DE L\'ORDRE PUBLIC :
DON SEVERIANO MARTINEZ ANIDO
Il naquit le 21 mai 1862. Il entra en 1880 à l\'Aca-
démie d\'infanterie, et six ans plus tard, fut affecté
à l\'armée d\'Afrique, où il se signala par ses acies
d\'abnégation. En 1896, il partit comme volontaire
dans l\'expédition aux Philippines, et y fut nommé
commandant d\'infanterie. Après avoir pris part à
de nombreuses opérations, il revint dans la pénin-
sule à cause d\'une maladie contractée aux Philip-
pines, fut nommé lieutenant-colonel et décoré de
la Croix de Marie-Christine. Il revint en Afrique
et eut de l\'avancement pour les services qu\'il ren-
dit. Il fut nommé en 1910 aide de camp de Sa Ma-
jesté, et deux ans plus tard, directeur de l\'Acadé-
mie d\'infanterie, puis général de brigade. Pendant
la Grande Guerre, il visita le front anglais. Il fut
décoré de l\'ordre du Mérite militaire. En 1918, il
fut nommé général de division et, l\'année suivante,
il sauvait la Catalogne de l\'anarchie à laquelle elle
était soumise, et des crimes qui s\'y perpétraient.
En effet, nommé gouverneur militaire de Barce-
lone,\' charge où il manifesta ses qualités d\'homme
de gouvernement, il y accomplit, malgré de grands
risques, une œuvre pleine d\'abnégation, et donna
le. coup de grâce au terrorisme catalan. Il fut
nommé sous-secrétaire du ministre de l\'Intérieur
du gouvernement du général Primo de Rivera. En
1925, il est ministre de l\'Intérieur et vice-président
du Conseil ; il remplace le ministre de la Guerre
pendant sa maladie, et le général Primo de Rivera
pendant ses absences. Au départ du général Primo
de Rivera, Martinez Anido suit fidèlement son ami
et s\'exile à l\'étranger, .iu moment du mouvement
national, il revient dans sa patrie, est nommé en
octobre 1936 président de l\'OEuvre nationale anti-
tuberculeuse et, en 1937, chef de la Sûreté inté-
rieure.
un historien remarquable qui s\'est occupé f ^ 1 • — J«.
lement de l\'histoire traditionaliste et de I hu- IQJ OrSdlllQUC QC 1 Liât
t^ir.^ i„,ir1,n,ip et nénénlnnin„p dP In Navarre. *** o T —
toire juridique et généalogique de la Navarre.
Ses principaux ouvrages sont : Théobald de Na-
varre, Temps passés, Charles VII, La propriété
privée en Navarre. Il est fondateur et directeur de
la Revue d\'Etudes historiques et généalogiques.
C\'est un orateur célèbre ainsi qu\'un historien scien-
tifique éminent.
MINISTRE DES TRAVAUX PUBLICS :
DON ALFONSO PENA BOEUS
Il est ingénieur des Ponts et Chaussées, des Ca-
naux et des Ports, et âgé de 50 ans. Il était profes-
seur à l\'école de Madrid, dont le prestige fut formé
par plusieurs générations d\'ingénieurs. Il honorait
le corps auquel il appartenait. Ses études sur les
constructions en ciment armé sont spécialement re.
marquables. Il est l\'auteur de nombreux ouvrages
publiés en Espagne et à l\'étranger, et on lui doit
le projet du pont de Lisbonne au-dessus du T âge.
Il a construit l\'aqueduc de Tardienta, de 840 mè-
tres de longueur, le plus grand d\'Europe. Il est l au-
teur de nombreux ouvrages scientifiques parmi les.
anels ; Le Traité du ciment armé, La Mécanique
électrique. Les Problèmes de l\'électricité, L\'Etude
de la vibration. Il a en outre publié maints tra-
vaux dans des revues professionnelles et ses ou-
vrages sont employés dans les écoles espagnoles
et étrangères. Au point de vue politique, (\' " seu-
lement fait partie du Bloc national, dont \'^"ef
était Calvo Sotelo. Il parvint à s\'évader de la zone
rouge et à gagner l\'Espagne nationale. Franco le
chargea de la préparation du plan nat\'ona\' "f.v
La Loi Organique de l\'Etat Espagnol a été
promulguée en date du 30 janvier.
Dans le texte de la loi, on établit la struc-
ture de l\'Administration centrale de l\'Etat qui
sera divisée en Ministères, ayant à leur tête un
ministre, assisté d\'un sous-secrétaire.
Les ministères dépendant de la Présidence,
qui constitueront un portefeuille spécial, sont
les suivants :
Présidence : Services de politique générale et
de coordination.
Affaires Etrangères : Politiqfae extérieure,
traités internationaux, rapports avec le Saint.
Siège, Protocole.
Justice : Justice, Notariat, Prisons et Affaires
Ecclésiastiques.
Défense Nationale : Défenses de Terre, de Mer
et de FAir, dirigées par des sous-secrétariats
administratifs. Indépendamment des fonctions du
ministre chargé de ce portefeuille, le Généralis-
sime conservera le commandement suprême des
armées de terre, de mer et de l\'air.
Ordre Public : Sûreté, Frontières, Inspection
de la Garde Civile, des Postes et Communica-
tions, Police du trafic.
Intérieur : Politique intérieure, administra-
tion locale, presse, propagande, tourisme, ré-
gions dévastées et réparations, bienfaisance et
santé.
Finances : Finances, trésorerie, budget, pro-
priétés et contributions territoriales, dette pu-
blique et retraites, douanes, timbre et mono-
poles, contentieux de l\'Etat, banques, monnaies
et change, assurances, régime juridique des so-
ciétés anonymes.
Industrie et Commerce : Industrie, commerce
et politique douanière, mines et combustibles,
tarifs de transports, communications maritimes,
pêches maritimes.
Agriculture ; Agriculture, reboisement des
montagnes, pêche fluviale, élevage, réforme éco-
nomique et sociale des campagnes.
Education Nationale : Enseignement supérieur
et secondaire, enseignement primaire, enseigne-
ment professionnel 6t technique, beaux-arts.
Travaux publics ■\' Ports et signaux maritimes,
travaux hydrauliq"®®\' routes et chemins de fer.
La Présidence est assumée par le Chef de
l\'Etat. Les ministres, se réunissant avec lui,
constitueront le Gouvernement National.
C\'est au Chef de l\'Etat qui, en vertu du décret
du Conseil Défense Nationale du 29 sep-
tembre 1936, assuma tous les pouvoirs, qu\'il
appartient les règles juridiques d\'un
caractère général.
-ocr page 4-légumes, aux conserves de fruits, etc., la produc-
tion est également de beaucoup supérieure à la
consommation nationale. Grâce à ce phénomène,
les prix d\'avant-guerre ont pu être maintenus
pour tous les articles et l\'on a pu nourrir parfai-
tement tous les habitants des provinces libérées.
En outre, cet excès de production permet les
échanges de produits avec l\'étranger et l\'appro-
visionnement, lorsque c\'est nécessaire, des
régions ou règne la famine et que les troupes
nationales arrachent à la domination moscovite.
Une autre préoccupation du Gouvernement na-
tional a été d\'améliorer les conditions d\'existence
des agriculteurs et des cultivateurs. Gest ainsi,
qu\'en pleine guerre civile, on a créé le « Service
national du Blé >>, chargé de réglementer l\'éco-
nomie de cette céréale par l\'organisation syndi-
cale de la Phalange Espagnole Traditionaliste.
Ce « Service du Blé », comme chacun sait,
achète toute la production du territoire national
et la stocke. L\'agriculteur a donc la certitude
de vendre à un prix rémunérateur et n\'a pas à
s\'occuper de la vente. Les minotiers sont obliges,
même quand ils sont producteurs directs, à ache-
ter du blé au « Service national ». Toute possi-
bilité de spéculation est ainsi éliminée.
La surface destinée à la culture du blé sera
fixée tous les ans d\'après ces règles par le minis-
tère de l\'Agriculture suivant les besoins du pays.
En somme, la campagne espagnole a fourni,
non seulement des combattants pour la guerre
de libération, mais aussi les aliments qui leur
sont indispensables. C\'est également aux champs
qu\'aura lieu la plus grande transformation so-
ciale, qui assurera aux nouvelles générations le
bien-être qu\'elles méritent. Le chef a dit : « Il
faut élever à tout prix le niveau de la vie rurale,
source vitale permanente de la patrie espa-
gnole. »
E. MORALES Y FRAILE.
La guerre — est-il besoin de le dire ? — existe aussi bien à Varrière
que sur le front : car aucune des activités d\'un peuple en armes
n\'échappe au rythme exceptionnel qu\'impose la lutte militaire. La vie,
à tous les points de vue, subit une modification profonde ^pendant que
l\'on se bat. Ou bien son intensité augmente, s\'accélère, èntre en période
fébrile, pour répondre aux nécessités de la campagne, parce que le
globule de la guerre circule dans le torrent sanguin du peuple entier.
Ou, dans le cas contraire, la vie de l\'arrière languit, ralentit sa cadence
et subit les graves collapsus de l\'appauvrissement organique.
En Espagne nationale, à côté de l\'armée puissante et triomphante,
il existe un arrière en état de tension patriotique, qui travaille et pro-
duit avec l\'optimisme que donne la certitude de la victoire. Dans la zone
rouge, au contraire, la désastreuse situation économique dont on souffre,
et dont on souffrira jusqu\'à la libération par Franco, va de pair avec le
pessimisme de troupes qui conçoivent la déroute comme une consé-
quence naturelle de l\'idéal négatif qui les anime.
Pas de jour qu\'il ne paraisse, dans la presse quotidienne et dans des
publications de toute espèce, des données, des chiffres et des statistiques
confirmant cette affirmation, et capables de convaincre le plus impéni-
tent des partisans de la révolution marxiste de Valence. Et les Espagnols
de cette zone irrédentiste, gémissant sous le joug de la barbarie commu-
niste, n\'ont plus qu\'à comparer leur faim croissante de chaque jour avec
les chiffres astronomiques du prix des rares subsistances trouvées sur le
marché.
Nous n\'insisterons donc point sur cette différence, hélas ! si évi-
dente, de la vie dans les deux camps espagnols. Nous nous bornerons à
montrer {dans cette page et dans celles du milieu) quelques belles photo-
graphies, choisies au hasard, de scènes surprises dans la zone de l\'arrière
national. Car, non seul^ent elles constituent la preuve documentaire
que la vie civile y est normale, mais encore elles reflètent l\'optimisme
d\'une population heureuse et confiante en le triomphe définitif et pro-
chain.
ment le cours des travaux agricoles et contrôle
leurs résultats.
En résumé, la production totale du blé, de
l\'orge, de l\'avoine, du seigle a augmenté dans
une proportion variant entre 41 et 106 %. La pro-
duction par hectare a été également supérieure
à la moyenne des dix dernières années. Tout cela
est dû à l\'amélioration sensible des systèmes de
culture.
Voici donc les résultats de cette œuvre magni-
fique du général Franco : après avoir couvert
tous les besoins du pays, celui-ci disposait en-
core dos quantités suivantes : 800.000 tonnes de
blé, lOO.fUiii de sucre, 200.000 veaux et 45.000 co-
dions. Quant aux autres céréales, à la farine, aux
De l\'air, du soleil et de la propreté, joints à des mets sains. C\'est
ainsi que « L\'Aide sociale » de Salamanque soigne ses pupilles.
On voit ici ses réfectoires.
NAVARRE. Vallée de Baztan.
Phot. du Marquis de Santa Maria del Villar.
L ^organisation agricole de la nouvelle Espagne
ce but, tous les centres agricoles ont entrepris une
campagne active dont les résultats ne se feront
pas attendre. Déjà, tous les syndicats agricoles
ont augmenté l\'installation des couveuses, ce qui
a permis d\'augmenter rapidement le nombre des
poules et, par conséquent, celui des œufs.
Le marché des bananes, qui occupe la troi-
sième place dans les exportations espagnoles, a
été réglé et contrôlé par la nouvelle Confédéra-
tion exportatrice située aux Iles Canaries. Une
nouvelle Fédération nationale, composée de pro-
ducteurs d\'oranges amères et chargée de leur
exportation, a été également constituée.
La culture du houblon a passé de l\'état expéri-
mental à l\'état d\'application naturelle, ce qui
permettra à l\'Espagne d\'arriver à en supprimer
l\'importation. En outre, dans les marais du Gua-
dalquivir, près de Séville, la cuhure du riz a été
commencée avec d\'excellents résultats.
La superficie consacrée à la culture du blé a
augmenté de 62.167 hectares et celle destinée à
l\'avoine de 3.500 hectares. La culture du four-
rage et des légumes a augmenté également.
En revanche, pour ne citer qu\'un exemple, dans
la province de Malaga, qui ftit libérée lorsque
les semailles étaient déjà faites, la superficie
ensemencée non seulement avait diminué, mais,
en outre, la récolte, du fait de la mauvaise exploi-
tation, se trouva réduite de 40 %.
Au contraire, dans toutes les provinces libé-
rées, les agriculteurs ont ensemencé normale-
ment, même sur les terrains abandonnés par leurs
propriétaires combattant dans les rangs nationaux.
Le ministère de l\'Agriculture possède une liste
de ces propriétés contenant des indications pré-
cises sur ceux qui jçg cultivent actuellement.
C\'est ainsi que le Gouvernement suit attentive-
Tandis que la zone réduite en esclavage souffre
de la famine et de la terreur, l\'Espagne libérée
jouit d\'une prospérité matérielle que le comte
de Saint-Aulaire, dans un récent article, interpré-
tait comme une conséquence de la solidarité spi-
rituelle et d\'une foi partagée par tous, dans les
destins de la patrie espagnole.
La principale préoccupation du Gouvernement
du général Franco a été, en effet, d\'assurer une
alimentation abondante et saine à tous les habi-
tants du territoire national et d\'augmenter la
production pour approvisionner à nouveau la
zone libérée, en venant en aide aux agriculteurs
par tous les moyens possibles.
L\'année dernière, le Gouvernement national
fit aux agriculteurs un prêt de 100 millions de
pesetas. Il leur donna, en outre, les semences,
les engrais, les machines agricoles et l\'instruction
indispensable à augmenter leur capacité de pro-
duction agricole.
Les ingénieurs agronomes ont été magnifique-
ment secondés par les agriculteurs. Le prêt dont
nous avons parlé subvint à tous leurs besoins
sans être versé totalement. Les semailles, non
seulement ont été normales, mais, dans quelques
secteurs, comme dans les provinces de Tolède et
de Madrid, elles sont arrivées jusqu\'aux pre-
mières lignes du front.
La production de l\'huile est elle aussi nor-
male, car les fabriques ont été également toutes
ouvertes. D\'autre part, la prochaine récolte
d\'olives s\'annonce magnifique.
Le bétail, composé de races sélectionnées, uni-
\\erspllement connues pour la bourherie, le lait
et le travail, a énormément souffert sous la domi-
nation anarcho-communiste, mais le Gouverne-
ment national est en train de le reconstituer. Dans
Les seuls qui soient contents dans le camp rouge, ce sont les porvenus, bandits et
meurtriers, qui se sont enrichis des dépouilles de leurs victimes; les vagabonds et les bri-
gands qui se sont enrôlés dans l\'armée et sont arrivés à se parer d\'une étoile ; les jeunes
communistes, les nouveaux « senoritos .,, qui se sont emparés des postes les plus impor-
tants de l\'administration. Mais ceux-là même sont en proie à l\'angoisse et, de plus en plus
au fur et à mesure que l\'épée de Franco les menace de plus près. Jusqu\'à présent, ils
avoient éprouvé une émotion semblable à celle que leur procurait une grande course de
taureaux. Mais maintenant, leur soif de sang apaisée, ils regardent leurs mains souillées
de sang. Ils n\'ont plus qu\'une obsession, faire disparaître la tache totale. Ils n\'y parvien-
dront jamais. Leur drame est celui de Macbeth,
Et c\'est aussi le drame de Macbeth, qui torture les hommes du gouvernement rouge.
Pourquoi leur propagande par la presse, par la radio, par des allées et venues à la Société
des Nations et à Paris, pour se montrer à l\'opinion universelle sous l\'aspect d\'une démo-
possible ? Pourauoi leurs invitations à visiter l\'Esnrrrrn«. ..«„rr A ÛT M-I» A iT« A A •• Jw J A i-a
Madrid, centre nerveux le plus sensible de toute la zone rouge, est le lieu où l\'on peut
Je mieux constater cet esprit d\'hostilité, de méfiance, de découragement, d\'angoisse qui
s est emparé de la population. La misère, la détresse ambiantes contribuent à l\'exaspérer
davantage. Passez dans les rues : vous né voyez que maisons de commerce vides et fer-
mées, jardins foulés, voitures délabrées, longues files de gens abattus, faméliques, mal
hobillés, qui attendent des heures et des heures, avec une patience asiatique, de pouvoir
acheter enfin un kilo d\'oignons cinquante grammes de riz, seule nourriture peut-être
dune famille pendant trois jours,
Emile DELFIN,
échappé de Madrid.
« La Nation belge »,
9 janvier 1938.
-ocr page 5-Mais le plus frappant n\'est pas dans ces constatations matériel-
les, ni dans les articles des journaux, ni même dans les propos des
passants. Pour moi, U réside dans les attitudes, la démarche, le
regard : miroirs où s\'inscrit le moral d\'une nation. Pendant trois
semaines et der^ie, chez les gouvernementaux, f avais vainement
cherché dans les yeux de mes interlocuteurs ou des inconnus, ce
je ne sais quoi qui exprime la confiance. J\'avais vu des gens
résignés, patients, insouciants ou braves. J\'avais cru discerner des
lueurs d\'espoir, cet emprunt sur l\'avenir. Personne qui témoignât
d\'une certitude.
Même pas, surtout pas chez les enfants, à qui les années n\'ont
pas encore appris l\'art de la dissimulation. A Madrid, leurs jeux
avaient quelque chose de tendu, d\'inquiet, où ne se marquait pas
seulement la crainte du bombardement, mais bien une anxiété plus
prolongée dans le temps. Surtout, il manquait cet éclair de certitude qui illumine le regard
des gosses de Saint-Sébastien et d\'Irun, les premiers dont Vattitude m\'ait frappé. Certes, le
moral est fonction des conditions matérielles. Il y a chez les rouges beaucoup de misère. A
Madrid, quand j\'y passai, des poupons mouraient de faim. Pourtant, les terres occupées par
les gouvernementaux sont parmi les plus fertiles de l\'Espagne. Alors ? Mauvaise répartition
des produits du sol ? Evidemment.
A Irun, à Saint-Sébastien, je me suis trouvé en présence de quelque chose de vraiment
neuf. Non que j\'y aie découvert des petits saints. Certes, non ! Mais des enfants, des femmes,
des hommes qui ont davantage confiance en eux-mêmes parce qu\'ils suspectent et abusent moins
autrui.
0. TREYDAUD (1).
(1) Ce journaliste suisse a visité les deux zones espagnoles. Sous le titre « Deux carnets de
route », il vient de publier ses Impressions dans la « Feuille d\'avis de Lausanne ». Nous déta-
chons quelques fragments de son entrée chez Franco.
La carriole du paysan a été assaillie par ces fillettes qui, par leur espièglerie, mettent
une note de joie dans la vie des champs.
La réforme de l\'esprit
le groupement des sommités intellectuelles de
l\'Espagne, par la réorganisation générale de l\'en-
seignement.
A Séville, un aimable recteur m\'a fait visiter
l\'Université. Elle avait retrouvé son calme stu-
dieux, plusieurs fois violé par des bandits armés
sou.^ le régime, je ne dirai pas le gouvernement,
du Frente \' popular.
Daris la chapiéUè fât\'^fëconnu, avec émotion, la
Vierge de la Macarena, soustraite pendant des
mois, par des mains pieuses, à la fureur des ico-
noclastes. Cette présence m\'a paru symboliser
l\'union de l\'âme populaire, qui s\'est retrouvée,
atec la haute culture espagnole.
A Salamanque, dans la vieille Université de
cette ville que les Castillans nommaient jadis ;
« Mère des Vertus, des Sciences et des Arts »,
je me suis assis sur des bancs faits d\'une poutre
fruste, en face de la chaire où le P. Victoria
fonda le droit international, et j\'ai compris le
rayonnement rnondial de la culture espagnole.
Déjà les universités d\'Espagne, terrorisées par
la vague de destruction menaçante, s\'étaient réu-
nies à celle de Salamanque, et s\'étaient adressées
au monde, pour lui dire qu\'elles faisaient la
guerre à la Révolution.
La jeunesse universitaire, si indépendante
d\'idées, si républicaine de tendances, le jour où
elle n vu l\'abime ouvert à l\'Espagne par les adhé-
^ Grenade où les
fondateurs de l\'Espa-
gne moderne : Ferdi-
nand et Isabelle, dor-
ment dans d\'humbles
cercueils de plomb,
sous la table somp-
tueuse qui supporte
leufs èffi\'giès de\' niar-
bre, à Saragosse, dans
la caserne qui fut leur
palais, aux plafonds
rutilants de l\'or vierge
d\'Amérique, aux deux
extrémités du méridien axial de la péninsule,
comme dans toutes les villes nationales, j\'ai vu
le « Joug et les Flèches » des rois catholiques,
symbole de fidélité et d\'union, adopté par la
Phalange espagnole comme Vemblème des forces
traditionnelles unies pour repousser le marxisme
dévastateur.
Aujourd\'hui, la fureur de destruction paraît
suspendue, d\'un côté par la protection des armées
victorieuses, de l autre parce qu\'il ne reste plus
grand\'chose à piller et parce que l\'ordre est venu
de manifester de nouveau du respect pour ce que
Von n\'a pu abolir ; car il faut se concilier les
modérés hésitants et les catholiques abusés.
Les pointes des flèches restent offensives, car
la libération n\'est pas complète ; mais le faisceau
qu\'étreint la main de Franco est tendu vers
l\'édification d une Espagne nouvelle, où les
valeurs anciennes s\'intègrent avec les acquisitions
de l\'expérience et de la science moderne, dans
une création résolument tournée vers l\'avenir.
Des hordes sauvages, pour dresser dans sa
pureté asiatique l\'Espagne des soviets, ont voulu
faire table rase du passé chrétien. Elles ont
anéanti des trésors d\'art et de pemée ; des chefs-
d\'œuvre de peinture ont été lacérés ; de merveil-
leux rétables transformés en bois à brûler ;
des bibliothèques sans prix, comme celle de la
Casa Velasquez, livrées aux flammes. Artistes et
écrivains de tous les pays se sont émus, la
Société des Nations est intervenue, le Gouverne-
ment français a offert un abri aux œuvres qui
n\'étaient plus en sécurité et dont une débâcle
rouge aurait achevé le désastre.
La culture espagnole était menacée de dispa-
raître, entraînant l\'écroulement de la civilisation
latine.
Le gouvernement de Franco a compris que
l\'Espagne nouvelle devait s\'établir avant tout sur
des asJses spirituelles et rassembler les forces
dispersées. A une nation, dont un furieux désor-
dre, le déchaînement des bas instincts provoqué
par une propagande multiforme, avait obscurci
la voie, il fallait re.ftituer un idéal nouveau.
C\'est Vœuvrë qui s\'accomplit aujourd\'hui par
10 Février 1938
rrntf du Komintern, a donné un magnifique
(wmple d\'abnégation et de patriotisme, et s\'est
enrôlée en masse dans l\'armée de Franco. La
plupart des professeurs de la zone rouge avaient
rallié la zone blanche ; ceux mêmes qui, figures
notables de la République, professaient les théo-
ries les plus avancées, ont dû fuir persécutions
et menaces, à l\'étranger, où leur silence constitue
une accusation.
Telle était la situation quand, dans l\'Espagne
nationale, tranquille et sûre de l\'avenir, en face
d\'une zone rouge, où un ordre relatif ne règne
que par la terreur, le foyer de la culture espa-
gnole a été magnifiquement rallumé.
L\'effort des dirigeants révolutionnaires depuis
les premiers temps de lu République jusqu\'à
l\'apogée du Frente popular, avait tendu à
détruire tout ce que l\'enseignement gardait d\'es-
pagnol et de chrétien, pour le remplacer par une
culture internationaliste et anticatholique. Tout
symbole religieux avait été retiré des écoles ; des
difficultés de tout genre étaient opposées au
fonctionnement d\'instituts d\'enseignement pri-
vés.
L\'enseignement officiel répudiait tout spiritua-
lisme, pour s\'orienter vers le positivisme ou un
matérialisme total, et vers là « désespagnoUsa-
tion » de la culture.
C\'est sous le signe de Menendez Pelayo, qui
fut le plus grand champion d\'une culture espa-
gnole nourrie de spiritualité chrétienne, d\'une
science inséparable de la tradition et de la foi
catholique, que le renversement s\'est opéré.
Il est impossible de t^îer ces jalons de l\'histoire
d\'Espagne et du christianisme qui s\'appellent :
Covadonga, las Navas de Tolosa, Lepante.
La découverte et la conquête dé l\'Amérique ont
pu donner lieu à des abus et à des cruautés,
mais le moteur primordial de l\'expédition aven-
tureuse de Colomb était l\'évangélisation d\'un
autte monde, et les violences du tempérament
espagnol ont trouvé leur frein et leur contre-par-
tie dans l\'ardeur et l\'oub^ de soi-même des saints
et des missionnaires jaulis de cette terre exces-
sive.
C\'est pourquoi le sentaient national n\'y peut
être séparé du sentiment\' Religieux.
Franco l\'a compris, "^ec ceux qui se vouent
autour de lui à la résurrection de l\'Espagne.
La vie normale des ^\'^^^ersités a naturellement
souffert de l\'état de ««erre, mais les écoles
n\'avaient pas cessé de f\'"^tionner à plein rende-
ment.
Pour infuser à l enseignement une essence nou-
velle, pour donner une nouvelle orientation à la
formation spirituelle de l\'Etat, des cours brefs
ont été institués dans l^^ Universités pendant la
deuxième quinzaine d\'août. Soixante leçons en
quinze jours. Leçons /"\'\'es par des professeurs
universitaires ou des homnies de lettres éminents.
Des milliers de maîtres hs suivies avec en-
thousiasme. Thèmes relf^^ieux, historiques, péda-
gogiques, artistiques ont été abordés, de manière
à préparer les maîtres " la mission que Franco
leur a ainsi définie :
« C\'est à vous qu\'il appartient de cultiver les
idéaux nationaux, ô voU^s revient la mission
extraordinaire et sacrée «e forger la grandeur de
l\'Espagne. Votre mission, Maîtres, est de créer ;
du premier plan que vOUs occuperez, vous devez
vous consacrer de toute vqij.^ ^ éduquer les
générations, pour créer l^Enipire que le peuple
demande, .
« Sur les fronts de bfUQÎUe on combat par les
armes, mais notre victoire là^f^^^ importerait peu,
si nous ne remplissions Pas notre obligation de
désarmer moralemerit l Ennemi, de former sa
conscience jusqu\'à éle^^^ son cœur, dans cette
autre bataille dont vous devez être les officiers
et les généraux. C\'est a i^ous qu\'U appartient de
désarmer l Espagne roue^. »
Pour faciliter la transuion, pour que l
soit solide et définitive, k réforme totale prévue
pour l\'enseignement secondaire ne s\'exécute en.
core que partiellement Progressivement, d après
les mêmes principes.
C\'est ainsi que les commissions présidées par
les recteurs des universités procèdent à une réor-
ganisation des Bibliothèques, en rapport avec la
nouvelle orientation de l\'Etat et avec le carac-
tère universitaire, scolaire ou populaire de ces
établissements.
Un ordre du président de la commission tech-
nique, en date du 16 septembre, a décidé torga-
nisation dans toutes les universités dune série de
leçons groupées en deux cours semestriels, em-
brassant les divers aspects de la littérature, de
l\'histoire, et de la science espagnoles, sous les
auspices du grand polygraphe et patriote espa-
gnol : Menendez y Pelayo.
Ces cours, qui ont attiré un nombre extra-
ordinaire d\'auditeurs, étudient le mouvement na-
Académie espagnole, académies de médecine,
d histoire, des sciences morales et politiques, des
Beaux-Arts, et des sciences exactes.
La constitution solennelle en a été célébrée le
6 janvier, à la vieille Université de Salamanque,
en présence du corps diplomatique et de toutes
les autorités civiles, militaires et ecclésiastiques.
C est ainsi que s\'achève l\'édifice, c\'est ainsi que
Franco, avec une volonté calme et opiniâtre, ras-
semble, en un faisceau unique d\'ardentes flèches
toutes les forces qui formeront l\'Espagne de Vave-
nir. A cote des œuvres sociales libératrices de la
inisère et de la haine, dont il a déjà, été parlé
dans Occident, il organise un système d\'éduca-
tion et de culture nationales, destiné à élever
l esprit de la race, à fournir à l\'Espagne nouvelle
dfuu sa marche la colonne de lumière qui gui-
dait les Hébreux dans les ténèbres du désert Et
l œuvre sereine et définitive qu\'il poursuit
contraste avec les convulsions de l\'Espagne de
Moscou.
Un pays qui ressuscite ainsi et dont la force
latente éclate en générosités sociales autant qu\'en
actes d\'héroïsme guerrier, est un pays sauvé de-
vant lequel s ouvrent les plus magnifiques pers-
pectives d avenir.
Plût à Dieu que la France, échappant à
l étreinte de ceux qui V épuisent pour des fins
personnelles ou par servitude aux ordres de
l etranger, retrouve un jour, comme l\'Espagne
de tranco, i union des cœurs pour la paix sociale,
tZni\'^\'^\'J" "" d^ l\'histoire le
çnampion de toutes les causes généreuses, et que
nh/.^ extrêmes ou moyens, comprennent la
ThérèJ^^ de Staline, sainte
i nerese de Margarita Nelken et Jeanne d\'Arc
ae la Pasionnaria.
tional dans ses antécédents et sous ses aspects
présents et futurs.
On espère faire surgir de la paix universitaire
un climat spirituel, une nouvelle « Hispanité ».
Pour assurer la solidité de Fœuvre et l\'har-
moniser avec l\'organisation de l\'Etat, le général
Franto a ordonne la fusion du Syndicat espagnol
universitaire, b. E. U., antérieur au mouvement
et du Groupement scolaire traditionnel A. E. f!
fusion parallèle à celle des Phalangistes et des
Requêtes.
Le travail d\'unification d\'où est sorti un nou-
veau syndicat espagnol universitaire, a été dirigé
par un homme éminent, une des figures les pl^g
remarquabl^ du rnouvement intellectuel espa-
gnol: Don Pedro Sainz Rodriguez, titulaire d\'une
chaire a l Université de Madrid, aujourd\'hui mi.
nistre de l Instruction publique.
La vitalité du Syndicat s\'est affirmée au cours
des trois conseils nationaux qu\'il a réunis en
1935, et depuis le début du mouvement Hbéra-
en ce moment plus de 30.000 mem-
bres, chiffre remarquable si l\'on considère que
/ inscription n\'est pas obligatoire, et que ce chif.
fre ne comprend que les affiliés des provinces
nationalistes. Mille affiliés nouveaux ont demandé
leur inscription après la libération de Bilbao et
de bantander.
dernier congrès s\'est préoccupé d\'assurer
aux professeurs une situation indépendante ; u
a préconisé la création d\'une Université nationale
ouvrière, destinée à élever Ze niveau intellectuel
"es classes laborieuses, a assurer dans tous l^s
TnUieux la sélection des plus aptes, dont l\'Etat
"-\'\'\'■a garantir les études et le placement ulté-
neur. le Syndicat prépare ainsi le travail de la
\'commission technique de l\'Etat, qui concentre
La traditionnelle Pf\'*\'\'\'® de la béné^^^\'On de la table n^ r.»,.» j r-
bon vg jugqu^a p nsç^ ^^^ oiseau* sans nourriture.
les informations et s\'efforce de réaliser après
étude une révision de l\'enseignement conforme
aux vœux reconnus légitimes des universités et
des organismes culturels.
Syndicat concourt directement à l\'œuvre par
Za création de bourses, la surveillance du centre
d\'enseignements, la proposition d\'échanges inter-
scolaires avec les étudiants étrangers, en organi-
sant l\'hygiène et la culture physique et diverses
manifestations intellectuelles telles que le Jour du
Livre, le Théâtre national universitaire, etc.
Au sommet de cette Espagne de l\'esprit.
Franco vient de placer, par un décret de créa-
tion récent, un Institut d\'Espagne, comprenant, à
l\'exemple de celui de France, les six Académies
dépourvues ju.^quici de lien commun :
f
Carfô
UTILITÉ D\'UN VOYAGE EN ESPAGNE
Dans son numéro du 22 janvier, le « Travail », de Genève, publie une vue de Teruel,
qui surprendra autant les admirateurs de lo vaillante petite ville aragonaise que les
fervents de Tolède.
Les uns et les autres se demanderont comment l\'Alcazar de Tolède a pu venir se loger
dans la photographie de Teruel, publiée par le « Travail ». Le voyage de M. Nicole en
Espagiie, n\'aura pas été inutile : ayant glané chez les brûleurs d\'églises des renseigne-
ments de cet acabit, on peut juger par cet exemple de la valeur du reste de sa documen-
tation.
FRONT D\'ARAGON. Secteur Teruel. Sentinelle nationale supportant près des barbelés la température de 12 degrés au-dessous.
qui forme le contrefort et de la défense naturelle
de la ville, exactement au nord. Ce massif se
trouve placé entre la grande route qui mène
de Teruel à Saragosse et la vallée du Rio Alfam-
bra ; c\'est un massif imposant, hérissé d\'aspéri-
tés, dont les côtes oscillent entre 1.000 et 1.200 m.
Ces positions se trouvèrent, depuis le début de
la guerre, entre les mains des marxistes, qui les
avaient puissamment fortifiées avec des abris de
ciment armé, des réduits aménagés contre le tir
de l\'aviation et de l\'artillerie, des galeries sou-
terraines et des nids de mitrailleuses à feux croi-
sés. Des sommets fortifiés de Alto de las Cela-
das, les marxistes pouvaient a?ir, non seulement
contre les positions de la ville de Teruel, mais
aussi contre les lignes nationales de Caudete et
La grande bataille
(le Teruel, qui a eu
plusieurs phases, vic-
torieuses en fin de
compte pour l\'armée
nationale, rappelle,
par son ampleur et
par les pertes très
lourdes éprouvées par
le gros des forces
marxistes, la bataille
de Brunete.
L\'une et l\'autre
rommencent par l\'in-
filtrat\'on de colonnes marxistes entre les positions
nationales d\'un front discontinu. Cette infiltra-
on a pu remarquer deux tendances : d\'un côté
l\'armée nationale a brisé la poussée des rouges
qui, profitant de l\'inaction relative des forces du
général Franco, avaient déclenché des attaques dé-
sespérées et inutiles contre les positions qui en-
tourent Teruel, à une certaine distance, dans l\'in-
tention de distraire l\'attention du commandement
national de l\'objectif de la ville elle-même. De
l\'autre côté, l\'action de l\'aviation a été intense
et elle a eu lieu principalement contre l\'arrière,
l\'aviation du général Franco bombardant les con-
centrations marxistes et les objectifs militaires
de l\'arrière, et le commandement rouge organi-
sant des expéditions dites « de représailles »
comportant le bombardement de villes ouvertes
de l\'Espagne nationale et entraînant la mort de
femmes et d\'enfants qui appartenaient à la
population non conibattante. Examinons ces dif-
férents aspects de la guerre.
Un calme relatif, disions-nous, a régné aux
alentours de la ville de Teruel et eur les mon-
tagnes qui la dominent ; il ne s\'est pas agi d\'une
stabilisation à proprement parler, mais plutôt
d\'une reprise de la guerre de tranchées qui avait
eu lieu jusqu\'ici sur le front d\'Aragon. Cette
accalmie s\'est produite au moment où l\'armée de
Franco, ayant repris l\'initiative de la bataille,
enveloppe les lignes adverses et occupe totale-
ment les hauteurs de Celadas, le massif de la
Pedriza et les hauteurs de Mnleton, portant la
ligne du front jusqu\'aux abords du Rio Alfambra.
Pendant quatre jours, les secteurs situés axi
nord de Teruel, près des sommets de la Sierra
Palomera, ont été le théâtre d\'attaques désespé-
rées de la part des forces marxistes.
Ces attaques eurent lieu sur plusieurs points,
aux environs de? villages de Buena et de Singra
et à la hauteur du village de Santa Eulalia. Flu-
tion marxiste est immédiatement contenue et
paralysée par l\'armée nationale, qui lui oppose
une digue contre laquelle rebondissent et se bri-
sent toutes les tentatives rouges. Et on en arrive
finalement à la troisième phase, c\'est-à-dire à la
contre-offensive victorieuse de l\'armée nationale.
de Concud et le passage par la route de Teruel
à Calamochb.
Tout ce système de défense est tombé entre
les mains de l\'armée nationale.
sieurs divisions de renfort avaient été amenées
de divers fronts rouges et jetées en masses com-
pactes contre les lignes nationales, dans l\'espoir
de les briser. L\'avance était protégée par des
compagnies de chars russes qui cherchaient à
neutraliser la supériorité de l\'artillerie nationale.
Ces vagues d\'assaut marxistes, lancées avec un
élan désespéré, se brisèrent invariablement contre
les lignes nationales.
Au cours de la semaine dernière, l\'activité de
l\'aviation contre l\'arrière a été intense.
Il faut signaler que l\'aviation nationaliste s\'est
Dans ces circonstances, alors que la bataille
de Teruel entrait dans sa phase décisive, qu\'il
n\'était plus nécessaire de se préoccuper de por-
ter secours à sa garnison, le mouvement envelop-
pant sur les ailes, qui caractérise cette campagne
si dure depuis son début, se complétait.
Teruel est virtuellement aux mains du général
Franco qui, non seulement l\'encercle par l\'ouest
et le nord-ouest, mais, du fait de l\'avance de ces
jours derniers, empêche aussi toute progression
rouge par le nord et le nord-est. A la suite de la
manœuvre qui a eu lieu, les nationaux peuvent
prendre à revers les positions de Santa-Barbara
et El Mansueto, qui protègent la ville par l\'ouest.
Se trouvant presque complètement cerné, ses
meilleures forces de choc ayant été détruites au
cours des batailles très dures de Las Pedrizas et
El Muleton, le commandement marxiste voulut
faire une diversion stratégique et, le 25, il atta-
qua les lignes nationales qui protègent la route
de Saragosse à Teruel, entre Singra et Torre La
Carcel, au nord de Celadas. Partant des sommets
de la Sierra Palomera, et fortement appuyés par
un grand nombre de chars d\'assaut, les marxistes
arrivèrent à peu de kilomètres de la route dans
le secteur de Singra ; mais ils s\'y heurtèrent à
l\'inflexible résistance de la ligne nationale. Depuis
lors, leurs tentatives se sont renouvelées, arri-
vant au nord jusqu\'à Buena, et au sud jusqu\'à
C.eladas, sans obtenir sur aucune de ces posi-
tions un résultat plus favorable. Les attaques
marxistes ont été littéralement repoussées sur
toute la ligne, alors que les communications du
général Aranda avec l\'arrière sont intactes.
Après les dernières semaines de lutte acharnée
sur le front de Teruel, la semaine passée a été
luarqurc par un calmc relatif. Ce= jour\' dernier".
Schémas el maquettes d\'un moteur d\'avion
ruese pris par les nationaux.
qui rétaWit ou dépasse les positions primitives
et met en fuite l\'ennemi, poursuivi et démoralisé.
***
Dans notre chronique précédente, nous lais-
sions l\'armée nationale victorieuse à nouveau,
après les rudes journées des 17, 18 et 19 janvier.
Les opérations de cette phase se sont dérou-
lées exclusivement sur l\'aile gauche du front
national, tandis que les précédentes se dérou-
laient sur l\'aile droite. Ce fut alors le corps d\'ar-
mée du général Varela, qui, dépassant et occu-
pant El Campillo, entourant les positions
marxistes de Villastar, se lança, dans un vigou-
reux assaut, jusqu\'à toucher la capitale. C\'est
maintenant le corps d\'armée du général Aranda
qui, avançant d\'ouest en est dans la région nord
de Teruel, a occupé des positions que les
marxistes possédaient depuis le début de la
guerre.
La zone nord de Teruel, où ces opérations ont
eu lieu, est constituée par un fort massif monta-
gneux connu sous le nom de Alto de las Celadas,
toujours bornée à des oibjectifs militaires de l\'ar-
rière; cherchant à les atteindre de façon précise
pour éviter de faire des victimes parmi la popu-
lation civile ; elle a bombardé les dépôts d\'es-
sence de Valence, les principaux centres de fabri-
cation et les industries de guerre de Barcelone ;
les barrages de Tremp et de Noguera, qui four-
nissent le fluide électrique à toute l\'industrie
militaire rouge, la gare de Puigcerda, où étaient
entreposés plus dec inq cents wagons de matériel
de guerre et des concentrations militaires mar-
xistes.
Devant cette attitude, nous constatons que le
lendemain du bombardement des industries de
guerre de Barcelone et de l\'incendie des dépôts
de Valence, le ministre de la Défense du gouver-
nement de Barcelone annonça publiquement que
les avions marxistes allaient bombarder, à titre
de représailles, les villes ouvertes de l\'arrière
national. Les avions rouges ont causé des vic-
times innocentes à Salamanque, à SéviUe et à
Valladolid.
Au moment de fermer cette édition, 6 fé-
vrier, nous apprenons les premiers résultats de
la bataille de mouvement qui commença le 5. Les
nationaux ont défoncé le front marxiste sur une
longueur de 50 kilomètres. Seize villages et mie
quarantaine de positions ennemies ont été oc-
cupées.
Hier 6, le nombre de prisonniers se montait à
3.000 : 11 officiers supérieurs et officiers, dont
1 officier d\'état-major, portant de très intéres-
sants dV)cuments, et de très nombreux commis-
saires politiques. Les morts rouges recueillis par
les nationaux dépassent 2.000 ; la 46\' brigade
internationale a été complètement détruite. Le
premier matériel pris comprend deux batteries
complètes, des centaines de mitrailleuses, 300 fu-
sils mitrailleurs, des camions, des mortiers, des
dépôts de munitions, des tanks et du matériel
de fortifications. La quantité en est énorme et
il est encore impossible de le dénombrer.
Les pilotes nationaux
ne sont pas des mercenaires
« La flotte aérienne nationale se maintient
dans l\'offensive, en causant à l\'ennemi des per-
les Qu\'il ne répare pas dans la même propor-
tion, ne sachant d\'ailleurs garder invulnérables
la plupart de ses centres. Dans un combat aé-
rien qui eut lieu Ze 12 octobre, trente-quatre
aviateurs nationaux offrirent le combat à qua-
rante-cinq rouges et leur descendirent vingt-
quatre appareils, n\'en ayant perdu eux-mêmes
que quatre. Une preuve que les centres natio-
naux sont les plus forts, c\'est le \'\'"s de Sara-
gosse, ville qui n\'est située qu\'à 7 rnilles du
front de bataille... »
... « Cette immunité des centres urbains est
due, en partie, à l\'efficacité des prises en chasse
chez les nationaux, à leurs canons <^titiaériens
,\'t à leurs réflecteurs. Mais la principale cause
est la supériorité de leurs équipages sur ceux
de leurs adversaires et l\'habileté qu\'ils dé-
ploient pour leur infliger défaites et repré-
sailles. »
... « L\'as de l\'aviation espagnole (^t je parle
ici pour l\'ensemble des deux camps aux prises
dans la guerre civile), est un Espagnol natio-
naliste, qui, à cette heure, a remporté officiel-
lement trente victoires. On assure -7 et aucune
preuve n\'a été fournie du contraire — qu\'il
est parvenu à descendre vingt-qu<itre appareils
ennemis.
« Les pilotes nationaux sont presque tous
des volontaires- Leurs adversaires sont, pour
la plupart, des gens qu\'on oblige à combattre,
ou des étrangers qui se sont engagés sous la
promesse de grosses sommes à toucher en cas
de succès. »
... « Des hommes ainsi contraints et des
étrangers, ne sauraient avoir aucun enthou-
siasme : on ne peut pas les assimiler é des
volontaires. C\'est là une des raisons de l\'é-
norme supériorité des nationaux, supériorité
qui leur a valu leur suprématie dans l\'air. Il
faut tenir compte aussi de leur conviction me,
en combattant la terreur rouge en Espagne,
le général Franco dirige une croisade chré
tienne et défend en même temps la morale et
la c-\'vilisation. »
General P. R. C. Grover.
« The Observer »
-ocr page 7-Catalogne et d\'Aragon : il interdit lu contrebande
maritime de guerre et il bombarde Barcelone,
Tarragone, Castellon, Sagonte, Valence...
Telle est la situation dé l\'heure présente...
Je ne saurais mieux conclure qu\'en comparant
la situation de Franco après Teruel à celle
du maréchal Foch au moment (juillet 1918) où,
ayant brisé à la deuxième bataille de la Marne
toutes les velléités d\'attaque de l\'adversaire, il
se disposait à entamer la grande offensive conver-
gente des armées française, belge, anglaise et
américaine. 27 janvier 1938.
Lieutenant-colonel Henry MELOT.
FRONT D\'ARAGON. Secteur de Teruel. 29 décembre 1937. Le général Aranda parlant
avec l\'infant don José de Bavière, capitaine du génie.
le temps. Du point de vue moral, d\'un côté, la
discipline, l\'enthousiasme, l\'idéalisme, une foi
inébranlable dans l\'avenir, la restauration, la
liberté et l\'union de la noble et fière Espagne
des siècles passés... De l\'autre, une idéologie
matérialiste et internationaliste, d\'où sont ex-
clues l\'idée de patrie et l\'idée religieuse.
Entre les deux partis. Tissue n\'est~ pas dou-
teuse.
— Comment le généralissime Franco a-t-il réus-
si à créer cette situation de fait ?
Patiemment, méthodiquement, il prit d\'abord
de l\'air sur ses deux ailes : au nord, à Saint-
Sébastien, Bilbao, Santander, Gijon; au sud,
à Malaga et vers Almeria.
...Au centre, il eut la sagesi^e de ne pas s\'achar-
au défi ceux-ci de déboucher !... Depuis le début
des opérations devant Teruel, les Rouges ont
perdu cent cinquante avions...
Pendant ce temps. Franco a monté une manœu-
vre, une manœuvre d\'enveloppement: car ce n\'est
pas à Teruel que se dénouera la crise, c\'est en
rase campagne...
L\'échec à Teruel a fortement ébranlé le moral
et la confiance du gouvernement de Barcelone...
et de ses milices; déjà de nombreuses unités se
rendent chaque jour avec armes et bagages ; il se
confirme que des feux de salve meurtriers partent
des lignes de soutien rouges dans le dos des
premières lignes. Enfin, de multiples sources
Don José Maicas, maire de la ville de Teruel,
qui prit l\'initiative de la" sortie héroïque de
la dite ville.
et la Catalogne comme une vaste place forte, il
se rappelle qu\'une place investie est une place
prise... et il en poursuit l\'investissement intégral :
au nord, il fait bombarder Puigcerda, Seo-de-
Urgel et PoruBou, et il fait mitrailler par ses
peindre que des monstres propres à décourager, à
dégoûter le lecteur, à susciter la haine. Et la jeune
littérature, qui le rejette aujourd\'hui, approuvera
Massis disant que Proust ne pensa qu\'au présent,
ne sacrifia rien pour l\'avenir. La réplique nous
venait depuis six ans d\'Allemagne, dont la jeune
poésie est orientée vers "le futur. Les écrivains de
doctrine phalangiste, en Espagne, affirment par
leur souffle lyrique qu\'eux aussi réhabiliteront le
goCit de lire, parce qu\'ils construisent, c\'est-à-dire
ils prévoient. Louons le romancier cherchant à faire
le bilan d\'une société pourrissante : il devient
l\'avocat du diable, en s\'imposant la tâche de liqui-
der une ère. Mais le raffineur de petitesses, d\'en-
nuyeuses condescendances, ce malade qui gonfla des
baudruches avec l\'air empesté de sa chambre,
comment le relire en un temps où la plume est une
épée, où la tour d\'ivoire doit être la plate-forme
d\'où s\'élance l\'archange qui va combattre le dé-
mon ? Massis a fait œuvre saine, et pourtant sans
rancune, sauvegardant l\'art là où il fut compromis
en même temps qu\'adoré. Bref, Henri Massis ré-
serve la technique, vieil héritage d\'Occident, pour
mieux porter le fer rouge dans le thème ignoble.
Proust ne fut peut-être qu\'un obsédé vertueux,
mais il eut peur, s\'il réalisait ses appétences, de
voir tomber du visage du vice le masque rouge
dont, en esthète, il s\'inspirait.
Adoliuii; de FALGAIROLI.E.
Le. fait littéraire de la quinzaine est le nouveau
retirage du livre d\'Henri Massis sur Le Drame de
Marcel Proust, preuve que notre public prétendu,
inconsidérément, léger s\'attache de plus en plus
aux problèmes graves de la littérature. Le maître
philosophe qui, le premier, lança l\'appel en faveur
de l\'Occident et de sa civilisation, semble avoir
cimé d\'un fronton définitif le monument à Proust,
fait par tant de glossateurs et non des moindres,
à l\'aide des plus divers matériaux. En préface,
l\'éditeur Bernard Grasset dispute de l\'utilisation de
la souffrance, confirme la nouvelle école du Doïo-
risme qui n\'est, peut-être, que la contribution de
l\'écrivain au portement du poids de l\'universelle
douleur. Henri Massis juge Proust en soi et dans le
monde des personnages qu\'il nous présenta. Force
nous est de conclure que s\'écroule à sa clarté toute
une littérature pseudo-mystique, d\'après laquelle
les grands saints n\'auraient été que des anormaux.
Si une physiologie extraordinaire suffisait à expli-
quer l\'élévation suprême et le style d\'un grand
homme d\'Eglise, pourquoi un être anormal, comme
Proust, ne sut-il jamais, dans ses seize gros volu-
mes, entrevoir Dieu ? Une constitution exception-
nelle, au contraire, porte aux complaisances. Donc
un Saint Jean de la Croix, s\'il eût été un cas cli- \'
nique comme le voulait un critique, eut un mérite
énorme à ne pas succomber à un atavisme \'pernicieux
et donc son élévation est volontaire. Tandis qu\'un
Proust, non semblable au commun, a consenti lâ-
chement à la peinture du vice. Egoîsme de bour-
geois muni, timidité d\'un orgueil que sa faiblesse
physique refuse d\'imposer, hérédité chargée, milieu
ambiant pourri, et lui-même deux fois privilégié :
riche de naissance, puis désigné à la solitude par
une maladie qui n\'atteint pas le cerveau, Proust a
refusé de voir que la main dc la Providence lui
FRONT DARAGON. Secteur Teruel.
L\'heure de la soupe chaude, réconfort au
milieu de tant de neige.
ner à la conquête onéreuse et stérile d\'une Ma-
drid démolie : il se contenta d\'y tenir la dé-
fense en haleine par de fréquentes attaques par-
tielles, de vigoureuses canonnades, des bombar-
dements aériens massifs. Bref, il y immobilisa
l\'ennemi : Il l\'y fixa, faisant de Madrid, pour
les rouges, une vraie tunique de Nessus... Et les
rouges ne semblent pas encore avoir compris
le sens profond de cette habile décision... Et
c\'est alors que Franco poussa une extrême pointe
sur Teruel, où est concentrée l\'attention générale
actuelle. Qu\'est-ce que Teruel ? Pour Franco, ce
FRONT D\'ARAGON. Secteur Teruel. Les
donner les ordres
sûres, il revient que les villes et la campagne de
Catalogne regorgent de citoyens qui n\'avaient eu,
sous un régime de terreur, que la solution de se
travestir en miliciens pour pouvoir manger et
vivre... et qui guettent la première occasion pour
franchir le front, courir au-devant des colonnes
nationalistes, se jeter dans les bras de leurs libé-
rateurs et poser leurs lèvres sur les plis du dra-
peau rouge et or !...
Reportons-nous par la pensée vingt ans en ar-
rière, à l\'époque (1914-1918) de la Grande Guerre
appareils de transmission fonctionnant pour
de commandement.
FRONT D\'ARAGO.N. Secteur de Teruel. Poste de commandement et vue du champ
d\'opérations.
FROM D\'ARAGON. Secteur Teruel,
La barrière de neige.
escadrilles les convois de ravitaillement qui peu-
vent descendre des Pyrénées, car il sait fort bien
que la fiction de la non-intervention n\'empêche
[ms le paösage de munitions, de tanks, de canons
et d\'avions démontés, ni même celui de cette lie
de la population cosmopolite qui vient former ou
ravitailler les brigades internationales. A l\'est, en
Méditerranée, grâce à sa flotte libérée de la sur-
veillance de la côte cantabrique, et grâce à ses
escadrilles d\'avions attachés au port de Palma,
il réalise le blocus effectif de toutes les côtes de
Une protestation des Hauts-Alpins de Paris
au Ministre des Travaux Publics
Les « Hauts-Alpins à Paris », dont un des rôles est de défendre leurs Alpes natales, ont
le regret de vous adresser une protestation motives au sujet de l\'enlèvement du tracteur chasse-
neige de la vallée Drac-Haut-Champsaur.
Cette magnifique vallée de nos Alpes se trouve, dv la sorte, extrêmement lésée pour ics
communications et même sans communication possible.
Or, notre région des Hautes-Alpes, à force d\'efforts et de sacrifices méritoires, avait droit
pour cette saison de villégiature et de sports d\'hiver, à être mieux favorisée ; on semble, nu
contraire, s\'ingénier à la desservir.
Est-ce parce qu\'elle compte le plus grand pourcentage de victimes de la guerre ? Est-ce à
cause de l\'oubli qui lui a nui jusqu\'à maintenant ?
Le tracteur aurait été expédié à la frontière espagnole, }>our des besoins que nous voulons
Ignorer. Nous sommes aussi département frontière et nous n\'avons pas appris que la France
soit en guerre avec l\'Espagne, pas plus qu\'avec I\'ltalie.
U ne s\'agit donc pas de défense nationale, mais d\'offense à notre pays.
Nous vous prions donc, Monsieur le ministre, de louloir bien rendre le tracteur de Champ-
saur à sa fonction utile et pacifique.
Signé : Le président.
Emile ROUX-PARASSAC. ,
10 Février 1938
DE TERU
Le sens stratégique de Fopération
de Teruel
Quelle est la situa-
tion en Espagne ?...
J\'écris ce qui suit
fl\'après les rapports
d\'observateurs qui
rentrent d\'une sérieu-
se tournée discrète
chez les deux partis :
A l\'ouest du méri-
dien Saint-Sébastien-
Almeria, les trois
quarts de l\'Espagne,
an pouvoir des natio-
nalistes : il y règne
l\'ordre, l\'esprit d\'organisation sage et prévoyante,
la sécurité, la méthode pour une exploitation
rationnelle de toutes les ressources. Chez les
républicains, au contraire, l\'incohérence, l\'im-
pulsivité ! Un fait indéniable, c\'est qu\'à l\'ouest
du front de bataille on mange o sa faim et l\'on
boit à sa soif ; de l\'autre côté, on jeûne tout
n\'est pas un point névralgique ; c\'est une simple
antenne orientale géographique... C\'était, sur-
tout, une amorce, un appât, un piège tentateur
habilement offert à l\'adversaire par ses facilités
d\'enveloppement. Quelle aubaine, s\'imaginèrent
les gens de Valence et de Barcelone !... Un
séminaire de plus à piller dans ses richesses cul-
tuelles et artistiques : ils n\'en étaient pas à leur
coup d\'essai. Alors ils se ruèrent sur Teruel, avec
70.000 hommes, avec plus de 160 tanks... Et, dans
les premiers chocs, ils ont vainement sacrifié
12.000 hommes de leurs meilleures formations...
Le séminaire de Teruel, comme l\'Alcazar de
Tolède, tenait toujours...
...Puis, par le fait d\'une demi-trahison, par une
défaillance, le séminaire de Teruel est tombé :
c\'est un de ces accidents qui surviennent à la
guerre.
Franco a rétabli la situation, largement, à son
avantage.
Résultat: Franco a u?é les Rouges ; el je mets
Celui qui se décidait alors à une vigoureuse
offensive décisive en faisait précéder le déclen-
chement violent, pendant les jours précédents,
par l\'investissement brutal de la zone à attaquer;
il écrasait sous ses tirs à longue portée et ses
bombardements aériens toutes les voies d\'accès
(ferrées et routières) de ravitaillement possible
de l\'adversaire; il semait dans les arrières de
l\'adversaire le désordre, la terreur, la panique.
...C\'est ce que fait en ce moment le généralis-
sime Franco : considérant à juste titre l\'Aragon
le luxe et ses gages de débauche. Sans aller jus-
qu\'à transmuter Sodome en religion, il s\'est bien
gardé de nousî faire tirer une morale de l\'imbécil-
lité du vice. Il s\'est complu à le parer. Certes, il
n\'a pas chû dans « le spiritualisme équivoque »
de la douleur voluptueuse, comme dit excellemment
Massis. Mais ayant étudié complaisamment le péché
il ne voulut le sublimer que par l\'art. La chute de
l\'œuvre de Proust, aujourd\'hui, condamné même
par ses thuriféraires d\'hier, et le mépris des
snobs ! montre que son art était faux. Car on a
découvert que si l\'on pardonne à un heureux de
ce monde de fuir les responsabilités sociales pour
ne se consacrer qu\'au beau, on ne comprend plus
la dérobade d\'un riche artiste devant son devoir
de nous embellir la vie. Proust ne peignit, n\'aima
mm^m^^^^^mÊmmm^mm^^^ Les armes exigent de l\'esprit, tout comme les lettres. CERVANTES (DON QUICHOTTE, J/e P., Chap. XXXVIIJ. «■KHMMH^MM^Hl^^W
i VWVVWW\'VVVS<VVV* t I T D \' E \'^r E
Le vieux recteur aimait se promener aux alentours de « son » Salamanque. Le photo-
graphe le fit poser sur une éminence, sur la rive droite du fleuve Tormès, pour avoir
comme fond le paysage évocateur de « la Flécha » où Fray Luis de Léon vécut et
écrivit des poésies.
UNAMUNO
que nous nous soyons trompés. Je ne pourrais
point me mettre en uniforme.
— Bien entendu ! On ne se change pas comme
ça. Mais vous voyez bien — et cela, José Antonio
vous Va dit le jour où je vous l\'ai présenté —
que nous sauverons l\'Espagne, et que nous res-
pecterons la dignité de l\'homme et de l\'Espagnol.
— A propos, savez-vous quelque chose de José
Antonio ? Je crois qu\'aujourd\'hui, avec sa bonté
et son intelligence, il nous serait bien nécessaire.
Notre chef avait produit sur Unamuno une
forte impression. Je le lui avais présenté dans sa
vieille maison, dans son propre cabinet de tra-
vail, un jour de février 1935, quand nous organi-
sâmes le premier meeting de la Phalange à
Sahunanque. Et, malgré ses contradictions, le
dimanche.
vieux maître éprouvait une profonde sympathie
pour le fils de ce général dictateur qui l\'avait
fait expatrier.
Le 20 septembre, don Miguel publia son fa-
meux message, ^\'adressant comme recteur de
Salamanque aux universités et aux académies du
monde entier, à propos de la guerre civile d^Es-
pagne. L\'Occident à publié ce document. Una-
muno y montre toute sa préoccupation pour la
culture et pour le sort même de l\'Espagne, enga-
gée dans une véritable croisade pour la défense
de tout ce qui est « chrétien et occidental »,
suivant sa propre expression.
Le jour même de sa mort, le 31 décembre 1936,
eut lieu un incident familier, rapporté par sa^ fille
Maria, et qui montre quelle lutte acharnée se
livrait en cet esprit, attaché depuis tant d\'années
aux idées du xix\' siècle, mais qui pouvait si bien
comprendre quelles routes idéologiques suivait le
monde. Pendant le dîner, son fils Rafael, parlant
de la guerre civile et de la politique de l\'arrière,
ne put s\'empêcher d\'exprimer sa sympathie pour
la Phalange. Don Miguel se tut. Mais, quand le
jeune homme se fut retiré, il pronoma cette
phrase qui, pour nous qui le connaissions, pré-
sente une signification indiscutable :
— Il aime la Phalange, ce petit, dit-il, à sa
fille. Eh bien ! moi aussi. Mais je ne le dis pas !
Cher vieux don Miguel, qui voulait mourir en
libéral, et à qui la vie et l\'histoire jouèrent
l\'épouvantable tour de le faire vivre assez long-
temps pour voir que ses idées avaient déchaîné
sur l\'Espagne la barbarie et la haine et qu\'elles
avaient aidé le crime et la destruction à montrer
au monde que l\'Espagne ne sera jamais un pays
libéral et démocratique !
Francisco BRAVO.
Le dimanche, 19
juillet 1936, à Sala-
manque, une compa-
gnie d\'infanterie, avec
drapeau et musique,
déclara l\'état de
liuerre. C\'était la ten-
tative que faisaient
les militaires — avec
lu Phalange, les tra-
ditionalistes et au-
tres noyaux populaires
— pour sauver l\'Es-
pagne de la barbarie
soviétique. Don Migwl de Unamuno se trouvait
avec quelques amis à la terrasse d\'un café de la
fameuse Plaza Mayor de cette ville. On respirait
déjà une atmosphère qui faisait prévoir le soulè-
vement national. La présence de la troupe dans
la rue, cela voulait dire que le rachat du pays,
que le salïit de la nation étaient commencés. Et
le vieux recteur de l\'Université, député consti-
tuant de la République, se leva et se mit a
applaudir le défilé, tout en criant :
— Bravo, soldats / Vive l\'Espagne ! A bas le
« Pharaon » du Pardo !
C\'est que, depuis quelques semaines, don Mi-
guel adressait de terribles injures à Azana qui,
tandis que le pays flambait de tous les bûchers
de l\'anarchie, restait au Pardo, à lire et à bavar-
der avec des intimes, comme si le drame de sa
patrie ne l\'intéressait pas.
— C\'est un véritable Pharaon ! le plus dange-
reux des dilettantes de la politique ! répétait,
chaque jour, don Miguel, dans ses entretiens du
casino de Salamanque, déduignant la démagogie
de la rue qui en était venue à décider de le pour-
suivre. Et il racontait qu\'un libraire de ses amis,
à Madrid, lui avait dit que, dans ces derniers
mois, son meilleur client était le président de la
République qui, négligeant tout ce qui n\'était
pas son égolâtr.e, se réfugiait dans les classiques,
tandis que, jour après jour, la vague communiste,
déferlant sur l\'Espagne, la rendait de plus en
plus inhabitable.
Après le 19 juillet, l\'auteur de cet article eut
plusieurs fois l\'occasion de causer avec don Mi-
guel. Celui-ci, nommé par Vautorité militaire,
avait pris possession de la charge de conseiller à
iilôtel de Ville. Avec la passion qui le caractéri-
sait, il essayait de se mettre au courant de la
marche de la guerre. L\'acharnement de la lutte
faisait souffrir son vieil esprit libéral. Et quand
on divulgua les sauvageries commises par les
rouges en Andalousie et en Extremadure, il
levait ses belles mains et, les passant sur sa che-
velure argentée, il s\'écriait :
— C\'est le satanisme ! le règne de l\'infra-
humain ! Que Dieu ne nous abandonne pas !...
Une après-midi d\'août, nous évoquâmes une de
nos promenades sur la route de Zamora, vers le
Prado de Panaderos.
— Vous rappelez-vous, don Miguel, ce que
vous me racontiez, certains soirs, d\'il y a quel-
ques années ? lui demandai-je un peu malicieu-
sement, pour savoir ce qu\'il pensait, au fond, du
grand échec du libéralisme et de la démocratie
auquel il assistait et dont il était, non seulement,
le spectateur désolé, mais encore l\'acteur. Vous
me disiez que vous aviez traduit Hegel, étant
étudiant à Madrid, et qu\'en le relisant, plus
tard, vous aviez été sur le point de devenir des
nôtres, c\'est-à-dire jasciste.
— Oui, c\'est vrai. Hegel est dangereux. M^is,
malgré tout ce qui se passe, je veux mourir en
libéral, même quand je suis en proie au soupçon
Nous avons par-
couru (1) la terre
espagnole, au cœur de
la péninsule, accom-
pagnés par un écri-
vain espagnol qui est
d\'abord un homme,
et l\'un des plus pro-
fonds interprètes de
sa patrie ; nous che-
minions à pied avec
nos deux mulets et
leur guide, par lon-
gues étapes, dans le
soleil, en pleine lu-
mière, parmi une atmosphère emplie de feu et
de fraîcheur tout à la fois, dans le sable, dans
la pierraille, dans les buissons odorants de thym,
de ciste et de genêt.
L\'impression la plus forte, la plus immédiate
et, sans doute, la plue décisive que produise cette
Caslille, est une impression d\'immutabilité.
A l\'immutabilité des formes répond l\'équili-
bre de la vie, fondé sur la perpétuité des tradi-
tions et sur la stabilité vraie de la société. Ce
qui frappe tout d\'abord, dans cette société, c\'est
le sentiment démocratique profond qui règne, et
qui se traduit par une familiarité de très bon
aloi ou, plus exactement — puisque le mot a
pris chez nous une nuance de vulgarité — par
un sens familial très fort, que nous semblons
avoir perdu, et qui a été remplacé chez nous par
l\'âpreté ouverte de la lutte des classes, ou par
l\'âpreté mal dissimulée des compromis et des
contrats empreints de méfiance.
Ici, rien de semblable : peu de protocole, et,
dans le peuple du moins, nulle trace de cant.
Voici à Madrid un homme couché sur le trot-
toir, dans une rue très passante, auprès d\'un
marché montant ; un peu plus loin un autre
compte sa correspondance dans le ruisseau : et
ne croyez point que ce soit un miséreux ; tout
Espagnol possède la distinction native des hom-
mes appartenant à une très vieille race et le plus
pauvre porte ses haillons rapiécés, son chapeau
de forme invraisemblable avec une dignité qui
nous fait oublier la misère de l\'accoutrement
pour n\'en retenir que le pittoresque : il est rare,
d\'ailleurs, que sa veste de velours ou sa culotte
courte ne soit ornementée de quelque vieux bou-
ton où se lit un passé glorieux. Cet homme ne
craindra pas de se présenter, dans cette tenue,
chez le premier ministre ou chez le vicaire géné-
ral, dans l\'antichambre duquel il coudoiera sans
nulle gêne de hauts personnages, tandis qu\'en
leur présence deux gamins sautent et luttent sur
les dalles de pierre ou sur le parquet de chêne.
Il n\'y a ici, à proprement parler, ni riches ni
pauvres ; on mange à la même table, on boit au
même cuartillo, on prie à la même église.
Tous ces menus signes, qui frappent le voya-
geur, ne sont pas trompeurs ; ils ne sont que
l\'expression la plus superficielle d\'un sentiment
très profond, très réel, qu\'un de ces paysans cas-
tillans nous traduisait en termes d\'une émou-
vante simplicité, durant une de «ces longues
étapes de nuit propices aux entretiens du cœur,
en présence des étoiles, tantôt brillantes d\'un
extraordinaire éclat, tantôt voilées par les grosses
nuées que nous envoyait l\'Atlantique par-dessus
l\'Extremadure enfiévrée et l\'enchevêtrement
inouï des montagnes des Kurdes, que veille
Notre-Dame de France. Il nous disait, avec force,
avec insistance, reprenant, maintes fois, sous une
forme renouvelée, la même pensée : « Nous
sommes tous égaux, todos somos iguales : tous
nous sommes fils d\'un même Dieu, et notre corps
-■etoumera à la même poussière. Sans cette pen-
•^ée, nous ne serions rien, que des brutes régies
par la force... Une seule chose importe : la vie
en Dieu. Du jour où j\'ai eu des enfants, où j\'ai
(1) Miguel de Unamuno, Maurice Legendre et moi-
même, accompagnés du tic Ignacio de La Alberca.
commencé à souffrir, je l\'ai comprise, aimée et
voulue, cette vie avec Dieu sans laquelle nous
ne pourrions vivre. Sans elle, le talent n\'est rien,
il s\'égare et l\'orgueil le pourrit ; si elle manque,
tout manque ou tout dépérit... » Le paysan se
recueillit et, comme le soleil émergeait de l\'hori-
zon, il se découvrit et récita l\'Angélus en nous
demandant de lui répondre en français ; Dieu
nous comprendrait bien ! Nous devinons ici les
raisons profondes du sentiment démocratique qui
règne en Espagne : les raisons économiques et
sociales, l\'absence complète d\'une « bourgeoisie »
issue de la grande industrie, l\'expliquent en
partie : mais il est dû surtout à la christiani-
sation profonde de la société.
La religion espagnole, quoi qu\'on en dise, est
très peu formaliste ; il ne faut pas la juger avec
notre mentalité quelque peu puritaine d\'hommes
du Nord. Les formes et les symboles qu\'aiment
les Espagnols sont des formes qui lui représen-
tent quelque chose, des symboles qui signifient.
Leur adoration ou leur vénération, ne va pas à
la forme, mais à la chose, à l\'invisible, que le
symbole appauvrit ou déforme beaucoup moins
que ne le font nos théories : elle va même très
bien à la chose directement, s\'il le faut, sans
le symbole. De là le mysticisme espagnol, que
nul mysticisme, dans les temps modernes, n\'a
égalé pour la profondeur ni pour le don de
vision directe et humble (nous songeons ici aux
admirables relations de sainte Thérèse à ses
directeurs) : de là, aussi, ce besoin impérieux
de vie intérieure, de perfectionnement et d\'im-
mortalité, que Miguel de Unamuno a signalé
comme le trait le plus caractéristique de la reli-
gion espagnole, et qui remplace fort avantageu-
.-ement pour les Espagnols la notion prussiani-
sée de l\'obligation conçue à la manière d\'une
contrainte quasi extérieure. C\'est pourquoi, en ce
pays, nul ne perd jamais de vue l\'essentiel, la
vida con Dios. La vie religieuse et la vie natio-
nale sont si intimement unies que beaucoup
d\'esprits très libéraux déclarent inadmissible la
loi récente qui rend l\'enseignement du catéchisme
non obligatoire, créant ainsi de « nouveaux
droits à l\'ignorance religieuse ». L\'Espagnol con-
naît sa foi avec précision et profondeur ; il n\'est
pas de ceux qui croient qu\'un homme d\'action
peut se contenter de la pratique ; tout homme
d\'action, en Espagne, se double d\'un mystique,
d\'un contemplatif, mais d\'un contemplatif qui
connaît la doctrine, la médite et la vit. Les
œuvres sociales sont toutes animées d\'un esprit
profondément chrétien : tels les syndicats agri-
coles catholiques qui pullulent en certaines
régions, protégés par une législation très libérale,
et dont l\'initiative est due à Severino Aznar, à
ces carlistes qui ont donné au catholicisme
social les meilleures recrues et chez qui la foi
démocratique s\'allie très bien au légit.imisme,
les deux étant vivifiés par un christianisme
ardent. Leur œuvre n\'est pas seulement une
œuvre d\'amélioration sociale, mais une
œuvre d\'apostolat moral et religieux ; la société,
sinon chaque individu en particulier (dont elle
n\'a pas à juger le for intérieur), a une person-
nalité catholique. Nul n\'a compris comme ces
L ESPAGNE MAITRESSE DE CIVILISATION
Madame Charasson.
hommes la parole : « L\'homme ne vit pas seu-
lement de pain, mais de toute parole qui procède
de la bouche de Dieu » (Mat. IV, 4). Aussi bien
il n\'y a pas de pauvres en Espagne ou plutôt
s\'il y a des pauvres, la pauvreté y règne et y est
a\'mée, la sainte pauvreté du Poverello d\'Assise,
qui est une vertu, non la misère hideuse qui
écrase les déchets de nos civilisations partielles.
La misère est un mal moral : notre civilisation
a trop promis pour tenir ses promesses à tous.
L\'ouvrier anglais a besoin d\'un salaire élevé pour
connaître la douceur du home : et si parfait que
soit l\'idéal de la vie anglaise, lorsqu\'il peut se
réaliser, je préfère l\'idéal de la vie espagnole,
parce qu\'il ne réclame rien d\'extérieur pour se
réaliser, rien que la tempérance au sens profond
que prenait ce mot chez les anciens. L\'Espagnol
se satisfait d\'un peu d\'eau claire, de pain et de
garbanzos ; il sait goûter le luxe d\'une ciga-
rette. Mais il a tout le soleil, sans compter.
L\'Espagne est pour nous comme une sœur, à
la forte originalité : nous avons beaucoup à
apprendre d\'elle, mais sans qu\'il soit besoin de
transposer ses leçons en une langue étrangère.
En attendant peut-être que nous trouvions le
moyen de nous affranchir des liens où nous
enserre notre civilisation et d\'échapper à sa
complication et à son instabilité croissante,
l\'Espagne nous enseignera ce qu\'il y a de factice
dans nos concepts de « civilisation » et de « pro-
grès » ; elle nous révélera les sources vives où
nous devons nous régénérer ; elle nous aidera
à retrouver l\'esprit de la terre, l\'esprit de pau-
vreté et de simplicité et, dans le christianisme
intégral, le sens de l\'éternel.
Jacques CHEVALIER.
Béjar, 29 ju\'.llet. La Pena , de Francia,
6 août 1913.
16 août 1936.
Nuit de campagne sans bruit, sans souffle, où l\'on oublie l\'existence de l\'homme,
Tout a sombré, bêtes et gens, partout, dans un opaque somme.
Pourtant dans le jardin les crapauds tintent comme une coupe de cristal,
La douce petite note pure et monotone résonne finement dans le silence total.
La journée fut chaude et soleilleuse sous un ciel bleu aux rares nuages
El l\'on a joui d\'autant plus de cet été subit que la pluie froide avait longtemps
[fait rage.
Les fleurs, les arbres, les fruits, l\'herbe même avec nous remerciaient du soleil.
Et maintenant, voici la grande nuit, avec son merveilleux cadeau de sommeil.
Il n\'y a plus pour veiller avec moi que ces crapauds tout chargés d\'une musique
[naïve.
Qui la dégorgent dans les plates-bandes parce qu\'après tout c\'est bon de vivre.
Tout est en paix dans mon petit domaine et dans les prés voisins.
La terre respire calmement et l\'on croirait qu\'elle se soulève avec la douceur
[rythmique d\'un sein.
Il semble que la campagne avec moi prie et silencieusement salue le Maître
El que nous sommes au bord d\'un grand mystère où un monde nouveau va naître,
Et que les hommes ont vaincu le Mal el que le Paradis sur terre est pour demain...
Alors, du fond de mon recueillement, émerge le serpent qui montre son venin :
El! je me souviens en tremblant de l\'atroce et sombre besogne
Que les bourreaux font à toute heure à tout venant en Catalogne
El des blasphèmes, et des hontes envers les morts, des sacrilèges et des abjectes
[obscénités
Dont le démon conduit la sarabande avec des rires désespérés.
Car il sait bien, dans la lutte maudite, qu\'il est vaincu d\'avance.
Même quand il réussit à faire entrer ces misérables dans son horrible danse...
Et plus il outrage l\'Hostïe, présence auguste et tendre de notre unique Sauveur,
Et plus il Le souffleté pour la millionième fois sur la face de ses serviteurs
Et plus se répercute au fond de l\'éternité, comme le tonnerre à travers les montagnes
[et les vallées.
Le retentissement des offenses mortelles et redoublées...
Mon Dieu, mon Dieu, je pense à vos prêtres là-bas, à vos croix, vos ciboires, à
[tant d\'affronts !
El pourtant ce n\'est pas possible, n\'est-ce pas, qu\'ils sachent ce qu\'iis font ?
Ah ! tout l\'enfer recrû de haine qui bout au cœur de cette malheureuse Espagne
Tandis que les crapauds confiants et cristallins chantent tout clair ici dans la
[campagne !
Henriette CHARASSON.
(Extrait d\'un recueil sous presse chez Flammarion : Sur la plus haute branche.)
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