cklkbri\': par
LA COMMÜNAUTÈ WALLONNE DE LEYDE
POUR I.E
SOO\'1 ANNIVERSAIRE DE SON EXISTENCE.
l.os vrais adorateurs adorent en esprit et en vérité.
I, ]\'! Y I) !■:,
Dk l\'impbimkrie de 1)k Breuk amp; Smis.
J U B IL É des 26 et 37 Mars 1881.
fjo dimanoho 26 mars 1581, les Wullons réfugiés a Leyde se réunissaient pour la premiere f\'ois pour célébrer lour culte en commun sous la direction du professeur Lambert Daneau. La communauté wallonne existait.
En septembre 1584 cette communauté fut régulièrement constituée on P]glise. Ce fut un grand bien, puisque, sans organisation, il devient difficile d\'obéir a roxcellent coiiseil de l\'apotre, qui vcut que tout se fasse avec ordre et bionséance.
Toutefois la communauté importe infiniment plus que l\'Eglise, le corps vivant plus que l\'organisation qu\'il se donno ou a laquelle il se soumot.
L\'anniversaire de la naissance de notre communauté est done celui que nous avons voulu célébrer a Leyde de préfé-rence a l\'anniversaire de la naissance de notre Eglise.
Le samedi 20 mars 1881, nos diacres faisaient en consequence a nos indigents uno distribution extraordinaire, et, le soir du même jour, les régents de notre hospice donnaient dans eet établissement uno joyeuse fête a nos jouues catécliu-mènes groupés autour do nos orphelins.
Le dimanche 27 mars, la communauté se serrait a rangs presses dans le temple avec bon nombre d\'autres personnes que la solemnité du jour avait attirées.
Uno estrade élevée pres do l\'orgue reccvait un clurur de chanteurs et les membres d\'un petit orchestre, qui avaiont bien voulu apporter le concours de leurs voix et do leur talent a la célébration de la fête.
Bientót les délégués do plusieurs Eglises wallonnes et ceux du consistoire hollandais de Leyde étaient conduits aux. places qui leur avaient été réservées.
A dix heures, lo consistoire ontrait avec le pasteur 1). L\'orgue se taisait pendant quelques instants.
C. G. Chavanucs.
Prélude d\'orgue.
(Pmiume C, 1. 3. 4, cJiunté u rinatrr parlies.)
Vous tous , qui la tei re liabitoz,
Cliantoz a haute voix , cliantoz ;
Réjouissoz-vous au Seigneur Par tin saint hymne ii son honneur.
Entrez dans son temple aujourd\'hui:
(Jue chaeun vienne devant lui Célébrer son nom glorionx,
Et qu\'on l\'élève jusqu\'aux cienx.
Cost un Dieu retnpli de bonté,
D\'une 6 ter nel le vérité,
Toujours propiee ii nos souhaits:
Et sa grace dure a jamais.
L o pasteur:
Prions Dieu.
O Dieu rempli de bonté, nous voici devant toi, balbuti-ant tes louanges. Nous essayons do te bénir, puisque tu es celui qui nous as aimés le premier, dont rinconcevable majesté , la sainteté ctounante, terrible a nos ames do pécheurs , n\'est eependant que bienveillance et fidélité a notre égard. — Ce jour nous reparle de tes bienfaits sans nombre. Que serions-nous saus eux ? Quoique nos infirmités soient grandes et que, des que nous nous plafons en ta présence, notre orgueil doive fondro comme de Ia cire, combien plus lamentable encore no serait pas notre état, dans quelles ténobres spirituelles plus protbndes encore ne serions-nous pas piongés, si ta bonne parole n\'était pas venue jusqu\'a nous?
Voici, ta parole ctait grandomont obscurcie dans la bouche de ceux qui prétendaient en ctre les interprêtes. Mais olie résonnait eucoro au fond dos cccurs. Nos pères ont prcté l\'oreille; ils ont entendu en partie; ils se sont réunis pour te ehercher et t\'écouter ensemble; et c\'est pour eela quo nous avons le privilége d\'etre maintenant ici, pour to rendre graces ea toute humilité et en toute sincérité.
Quo ta parole rcsonne do plus on plus dans nos ccours a notro tour! Que I\'esprit qui ctait en iTésus grandisse en nous,
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afin que cctto Egliso, fondéo par la i\'oi do nos pcrcs, rcdo-vienne vivanto de notre foi, nous réunissant d\'un même cu;ur pour nous appliquer a t\'éeouter et a t\'aiiner; et que, deplus en plus fulèlcs disciples do Jésus , nous formions uno com-munauté do frores et de soeurs, qui tons te oonnaissenr commo son Père et notre Père , comme sou Dieu et notre Dieu! — Amen !
L\'assembleo entière;
(Pscaume C.\'lll , 1. 5).
liónissons Dieu, mon ame, en tonte cliose,
Tiiii sur qui soul ton ospoii- se repose;
Chantons son nora , sans nous lasser jamais:
•Jne tout en moi célèbre sa puissance;
Surtout, mon ame, exalte sa clémence,
Et compte ici tons les biens qu\'il t\'a faits.
fgt;i , qnelquefois, abusant (lo sa grace.
Nous roll\'ensons , il s\'irrlte , it menace ;
Mais sa rigueur ue dure pas toujonrs.
II nous épargne, et sa justo vengeance N\'ógale pas les peines ii TolTenso ,
Car sa bonté vient ii notre secours.
Le pasteur:
Mon texte est Ia grande parole programme do Jesus, la parole dans laqueile il a solemnellement affirmo quel etait a ses yeux 1c but supreme oil doit tendre la pieté: „ Soi/ez parfaits, comme voire Père céleste est parfait.quot; (Matth. VI, 48).
Mes t\'rèrcs,
Soyons heuroux de co que cette grande parole a ótu pro-noncée, et soyons heuroux de co qu\'elle a trouvó do 1\'écho.
Non pas qu\'avant Jésus il n\'y ait point eu de religion, ou que cette religion n\'ait point eu de valour. Loin do la. Co n\'est point en vain que, depuis qu\'il y a eu des hommes sur la terre, ils out cherché leur Dieu. lis ont tatonné, ils out errc; lis ont appolé diou ce qui no l\'ost pas ; ils out inventé dos cultes qui n\'en sont pas; il lour est memo arrivé de servir leurs passions ct lours convoitisos on croyant servir la divi-nité. Toutofois, ce n\'est pas en vain qu\'ils ont essayé do tour-ner leurs regards en haut. 11 n\'y a pas do religion si infime,
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il n\'y a pas do superstition roligieuso si grossioro, qui no rcn-formo uil gormo du vrai culto , qui no soit un témoignage quo rhommo sent par nature quo sa volontó doit se regler sur uno autre volontó, sur la volontó souveraine. 11 n\'y a pas do religion qui n\'ait ronfermé un ólómcnt óducatif, puri-fiant, anoblissant, dont les ames les plus gónóreuses se sont nourries bion plutót que de la superstition; ot e\'est ainsi qu\'il n\'y a pas de peuple an sein duquel n\'aient pas de temps en temps paru des liommos d\'ólito, qui ont quelquo pen roctifió los erreurs et commence de tourner les ames vers I\'amour de la saintetó, qui est lo vrai cliemin menant a Dieu.
Prophetes quo Ton nomine païens et prophètes hóbreux , hommes de Dieu connus ot inconnus de tout ago et de touto langue, soyoz bónis , vous tous, qui, chacun dans la mesuro des dons que vous aviez reg.us , avez mioux aimó, ot pour cela mieux connu, le divin quo vos freres, et qui, mieux óclairós qu\'eux, avez fait luire votre lumioro a leurs yeux!
Oui soyoz bónis; car vous ótos les plus grands bienfaiteurs de l\'humanité, saus lesquels toutcs los conquctos de l\'industrie, des sciences et des arts se seraient tournees en malódiction.
ïoutefois, M. F, que sont les plus grands dos prophètes iï cótc de celui qui a prononcó la parole que tous ont cherchóe, quo quelques uns ont balbutióe, qu\'aucun n\'a su articuler ? A cotó do celui qui a dit a ses Iroros: „Soyez parfaits comme votre Pore cóleste est parfaitquot;? A cotó do celui qui, dans le dódalo des chemins que l\'on avait essayó de frayer pour moner rhomrae a Dieu, a nettement indiquó l\'unique sentier, lo sentier qui va montant toujours, excelsior, le sentier qui róellement va de la terre au ciel? „Chorchoz la saintetó et vous trouveroz ])ioua-t-il dit par cliacune do ses paroles, par chacuno de ses actions, par sa charité, par son rouonce-ment, par sa foi, par sa paix on Dieu, par sa vie, par sa sainte mort. Et quiconque l\'a ócoutó, quiconque a marchó sur ses traces, dans ia mesure dans laquelle il l\'a suivi,dans cette mesure il a trouvó Dieu.
Soyons heuroux de co qu\'a retenti la grande parole: „Soyez parfaits, comme votre Pèro cóleste est parfait.quot;
Soyons heuroux aussi de co que cette parole a trouvó do l\'écho.
L\'ócho de la parole do tlósus, c\'est le christianisme.
Cet órlio n\'est pas identique a la parole qui l\'a réveille;
cck n\'est quo trop évident. L\'écho mème do la parole do Jósus a ótó, il est, trop souvent, affalbli, denature — mèlé et eonfondu avec d\'autres éclios provenant d\'origines bien moins pures, Dans ce que Ton appelle lo christianisme so font entendre mille voix discordantes, qui, hélas ! bien fréquemment, sont tellement bruyantes que les dernièros vibrations dues a la parole do Josus semblent etouffees, éteinteamp;. Aussi, quell(!s divisions, (picllos rivalitós, que d\'orgueil, que d\'amertume au sein do la chrétientó ! Moius lo christianisme est chrétien, plus Ton s\'évertuo a crier a tuo tote pour mieux ne s\'ontendre quo soi et mieux persévérer dans sou orreur, tout on y entrainant ses frères.
Mais il y a progrcs dans lo christianisme, do memo qu\'il y a progrès dans lo monde on general. La parole de Jesus mal écoutée, mal aimóe, mal ronduo, cause dos luttos et dos misères sans nombre; mais do la justement nait le bosoin de la mieux entendre et do la mieux faire revivre.
Témoin — témoin, co qu\'a juste titro nous nommons la glorieuse reformation.
Jja reformation est nóe do co que la religion dovonait de moins en moins roligieuse, do ce que la religion donnait do moins en moins Dieu aux hommes, paree quo ce qu\'elle nour-rissait dans lo cocur dos hommes, c\'était de moins en moins le besoin, la soif de la sainteté. „Cette religion no peut pas otre la vraio religion chrétiennequot; , s\'écriaiont les Ames cpor-dues; et, ce cri grandissant, c\'était le „Soyez parfaits, commo votre Père céleste est parfaitquot; de Jésus qui so réveillait dans les consciences. Nos encotres , quoique no percevant encore que d\'une maniere indistincto lo sens de cette voix intérieure — comment auraient-ils pu tout d\'un coup so défaire de tous les faux principes qui avaient régné tant de siècles durant et qu\'ils avaient sucés avec le lait ? — nos encctres se séparè-rent de Rome, au prix de luttos inouïos, pour chercher Dieu libremont.
Voila pourquoi, M. F., nous célébrons aujourd\'hui un anni-versaire, qui nous invite d\'une manière pressante a clever avec une grande reconnaissance nos camrs vers Celui dont l\'esprit reste vivant et pulssant au milieu do toutes les folies et los inconséquoncos humaines. La communauté qui, lo 2(5 mars 1581 (il y a cu hier trois cents ans), se réunissait pour
la première fois pour s\'édifier cn commun dans une chapello faisant actuellement partie do 1\'édifice ou se conservent los tresors littóraires appartcnant iï notrc umvcrsitó , cclto com-munautó s\'est formco de personues quo Tocho do la parole do Jósus avait róveillées, ofc qui, no pouvant y resistor, avaiont tout quitté pour taeher d\'y répondro, paree que dans leur patrio on no lo lour permottait pas.
C\'ótait un noblo speetaelo qu\'offrait alors la Hollande, Encore ollo-mome engagée dans la lutte presque séculaire , aussi doulourouse et pórilleuse qu\'ollo a été longue, (ju\'ollo a du traverser pour conquérir son indépendanco, elle s\'ouvrait déja do toutes parts pour sorvir d\'asilo aux victimes do la persecution roligiouse. Ello en accueillit un grand nombro venant des provinces néerlandaises móridionales, et tout par-ticulièremont du pays wal ion, dont l\'idiome était lo francais. Et ici, a Loydo , dos qu\'il so trouva dans la personne du pro-fesseur Daneau quelqu\'un do capable do prochor dans cotto languo, les autorités de la ville s\'empressèrent do mettre a sa disposition la chapelle dont je viens do parlor. Une petite brochure, due a la plume active d\'un membre do notro Eglise 1), raconte comment les choscs se sont passées et reproduit un dessin do la chapelle. Plusieurs d\'entre vous , a co que j\'ap-prends, la trouveront dans lour demeuro cn rentrant choz eux, et, du reste , il sera facile do so la procurer. J\'y ren-voio done pour tons les détails matériels. Maintenant, dans co lieu , c\'ost oxclusivemont le fait spirituol qui doit nous occuper.
Or, précisément le fait spirituel est do nature a nous rem-plir lo cajur do gratitude. La communauté wallonne do Leyde n\'est-clle pas un des inonumonts vivants do cetto belle oeuvre du seizième siècle, dont i\'Eglisc romaine ollo-mome aprofité, mais dont, nous, nous sommes les héritiers directs, et dont maintenant encore nous recuoillons dos fruits innombrablos ? S\'il y a dans nos cceurs quelque aspiration vers le culte en esprit et en véritó ; si nous sentons en quolquo mosure que le culte on esprit et on vérité est la consécration indispensable do la vie humaino , sans laquelle tout co qui la compose est sans aucune valour, vanité , fumée ; si nous nous sommes
Lambert Daneiiu ii Leyde. Notice historique a I\'occaaion du 300« auui-versairo de la tondatiou de In conimunautó walloimo dc Leyde, lo 20 mars 1581. Par lo Dr. W. N, Uu Rieii. — Chez Van der Hoek, frères.
apcrous quo lo protestantisme , malgró sou iui perfection dou-loureuso, disons lo mot, malgró sos plaios béantes, nous a places dans mie position infiniment plus favorable pour p.ir-venir au culte ou esprit ct en vérité — comment un fnit aussi esscntiellement protestant que la fondation docettecom-munautó pourrait-il nous laisser iudifterents ? Comment n\'y verrions-nous pas une preuvo que I\'l\'lternel est vivant? Comment no clianterions-nous pas los louanges de 1\' Eternol ?
Tout protestant doit so réjouir do ce qu ello a óté fondée et do co qu\'olle a subsisté.
Do cc qu\'olle a subsistó. Ou bien , peut-ètre, sorait-oilc su-perflue au milieu d\'Egliscs soiurs ? Sans aucun doute, cllo serait suporflue si cllo ctait nuisible , si cllo ctait on quelquo fa^.on hostile ii uno autre Egliso protestante, si simploment olio en entravait quelqu\'une. Mais ce n\'est aucunement lo cas, ct la presence do dológucs du consistoiro bollandais aü milieu do nous n\'est pas seulcmcnt line marque do sympathie chró-tienno quo nous accueillons avec reconnaissance, mais e\'est de plus un tcmoignago précieux do la vérité do co quo jo vions do dire. — Nous avons reni dans ccttc occasion de nombreu-ses marques do sympathie. Dos deux pasteurs qui so rcpo-sent maintenaut aprcs avoir longtemps et fidelement desservi ccttc Eglise , Tun , assoz rapproclié pour pouvoir le faire, a tenu a nous montrer par sa présence qu\'il n\'a rien perdu do ce cordial intcret qu\'il nous porto. Nous lo saluons avoc joio. L\'autro, retenu par la distance, nous a écrit uno lettro cha-loureuso pour nous assurer qu\'il serait aujourd\'hui de ca\'ur avec nous ct, en memo temps, désirant compenser pour ainsi dire les paroles qu\'il no pouvait pas nous adrosser de bouche, il nous a cnvoyé un don pour le fonds du traitcmcnt du second pasteur. Puisse son exemplo êtro suivi ot co fonds, si important pour la prospérité religieuse de notre communauté, grandir promptement par votre libéralité. l\'lusieurs Eglises wallonncs nous out onvoyé des délégués, quo nous sommes heureux do voir aujourd\'hui parmi nous. Plusiours autres nous ont écrit des lettres rcjouissantcs. Enfin, nous avons encore recu des marques do bon souvenir de la part d\'anciens membros du consistoiro ([ui ne résidont plus a Loyde; 1\'un memo est ici.
Je reviens a ce quo je disais do 1 existence do notre communauté. II n\'y a pas jusquVi cette langue francaise, dont
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nous continuons a nous servir sans nécessitó matériolle urgente, qui n\'ait sa raison d\'etre et sa haute signification. Ello n\'em-pêche en rien los Wailons d\'etre bons Neerlandais. lis sont attaches do cocur au pays qui est et qu\'ila aimont a nommor leur patrio. Memo lo petit nombro d\'entre oux qui n\'ont pas acquis la qualité explicite de citoyens nóerlandais, se font un devoir joyeusemont rompli do concourir do tout lour pouvoir a la prospéritó du pays de leur demoure. Toutefois, dans leurs temples, les Wailons se servent du francais. Eh bien! leuv instinct los a excellemment guides on los portant a eou-server cetto tradition. 1) lis continuent ainsi do rendro hommage a rhospitalité roligiouse dont lours encotres ont Joui et par cela memo a la largeur chrétienno de 1\'idéo réformatrice. Cortes, ce n\'etait pas oeuvre seulemcnt néorlandaise co qui se faisait au seiziomo siècle ici dans los Pays-Bas; c\'était couvre chrótienne, amvre humaino. Getto couvre excluait tout esprit d\'ótroitesse. Gardez-vous done, froros de langue hollan-daise, de jamais dósiror de voir disparaitre ce qui est un des fleurons de votro gloire nationale, lors memo qu\'il serait vrai que Tcxistence distincte, quoiquo toujours amio , dos commu-nautés wallonnos dans ce pays n\'aurait en rion ótó un élement de vie et de progrès.
Et nous, Wailons, rendons graces a Dieu.
II y en a, peut-etre, dans nos rangs, je le dis avoc tris-tesse, qui no savont pas co qu\'ils doivont a l\'esprit religieux do coux qui ont fondó notre communauté. Mais tous no sont pas dans ce cas. Si 1\'écho de la voix de Jésus est parvenu jusqu\'a nous, non pas, hélas! sans mélange, mais cepondant avoc une pureto suffisante pour réveiller on nous lo bienheu-reux sentiment de notre parente avoc Diou et pour nous faire vouloir nous saisir do plus on plus do cette pai-onté, n\'oublions pas que la foi do nos pores y est pour beaucoup. Rendons graces a Dieu de ce que son vivant esprit a si bien habité dans l\'ame do nos poros, qu\'après oux, graces a eux, nous ayons n notre tour entondn l\'appel: „Soyez parfaits, commo votro Père celeste est parfait.quot;
Je ne pretends point qu\'il mi moment donné les Églises wallonnes ne feront peut-être pas sagement, dans l\'intérét de l\'édilleation, d\'introduire cliez elles, même dans une large mesiire , l\'usage du hollandais. 11 serait cepondant fort regrettable a mes yeux qu\'elles ne s\'appliquassent pas a oonserver en tout cas au moins partiellement l\'usage du franeais.
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Jc vous invite, M. F., ti vous unir do coeur aux accents de louange que, mettant a profit le noble art de la musique, quelques frères et quelques sosurs vont faire entendre.
L e c h ce u r :
(Ihjinne dc la jin de la premiere par tie de la »Cr cal ionquot; de Hai/dn).
La terre , lo ciol, sont pleins de tes ouvrages.
Diou puissant, immortel, ton règne est eternal.
Le jour le répète au jour qui le suit;
La nuit, en fuyant, le dit ii la nuit.
La terre , le ciel,
Sont pour nous tes images.
Dieu puissant, immortel, ton règne est éternel.
Dans un chceur pur et solemnel OHrons nos hommages,
Chantons rEternet 1
]je pasteur:
Mes frères,
Ma tache est loin d\'etre achevée. J\'ai encore a dire ceci: Lotions Dieu; mais ne nous lonons pas nous-mêmes.
Louons Dieu. L\'existence de cette communauté est un grand bienfait. Cost un des nombreux bienfaits qui nous raontrent que Dieu accomplit son couvre dans le monde des homines et qu\'il n\'y a pas de ténèbres que sa lumierc ne finisse par perccr. Louons Dieu!
Mais no nous louons pas nous-mêmes; car, certes , nous sommes fort loin d\'avoir répondu comme il I\'aurait fallu aux graces dont nous avons étc les objets.
Une image douloureuse s\'impose a inon esprit dans ce ju-bilc d\'une existence de trois cents ans parcourue par notre communauté. C\'est I\'imago d\'une personne gravement malado qui célèbrerait son anniversaire.
Notre communauté est malade. Puissions-nous le sentir! Puissions-nous en souffrir! l\'uissions-nous chercher sérieuse-ment le remcdo et vouloir le remède! C\'est a cetto condition seulement que ce que nous faisons ici, que ces accents de louange qui viennent de s\'élever sous cette voiite , no scront pas une amère dérision.
Faisons de ce jour un jour de sévère examen de nous-mêmes , afin d\'acquérir lo droit de rendre graces a Dieu de scs
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bicnfaita passés cn nous mcttant a, l\'oeuYrc pour faire maiute-nant co qu\'il róclaiuo do nous.
Notro communautó est malado. ] ja première chose done que Dion reclame do nous, e\'est que, mettant de cote tout or-gueil et tout esprit do parti, nous cherchions d\'oii viont sa maladie ; quo nous no demandions pas si olio est seule ma-lade, s\'il en est d\'autres qui le soiont également ou davan-tage; mais quo nous nous occupions d\'ello, et do ce qui lui manque, et de nos devoirs a sou égard.
All! je lo sais bien , on n\'ignoro pas sa langueur. On s\'en lamonte assez — on paroles. Mais quo fait-on do plus? Mais qui so demande s\'il on est responsable ? (iui examine s\'il y peut quelque chose ? Ou est lo brülant désir de la ranimer qui dovrait tous nous entrainer , nous pousser en avant, nous faire agir ? S\'il cxis-tait, co désir, s\'il dévorait nos limes, on verrait ce (pie I\'on no voit point. On verrait cetto grande préoccupatiou rappro-ciior les tins des autres ceux qu\'ello remplit, los pousser a faire tous lours efforts pour so comprendre mutuollement, eussent-ils vingt points sur lesquols lours maniores do voir fussent absolument opposéos les lines aux autres; on les verrait comme a l\'affut, non pas do oe qui divise, mais do ce qui unit; s\'épiant, pour ainsi dire, les uns los autres , obstinés dans leur espóranco do découvrir quelque point do contact , quelque point de sympathie; so rejouissant do touto lour amo si, malgré les plus profondos différonces, on a la belle surprise de constator qu\'en réalité les cocurs battent a l\'unisson pour los plus belles choses.
Mais voila, on croit, on veut croire la choso impossible, au point de no pas comprendre do quoi veulont parlor coux qui s\'efforcent de plaidor on sa favour. Tout récemmont oncoro, un conducteur d\'Egliso, liomme d\'intolligence et, je crois,de effiur, a qui je me plaignais do ce quo toutos les tontatives pour rapprocher los esprits ot los cceurs so heurtaient contro une mauvaise volonté absoluo, me comprit si mal qu\'il crut quo jo parlais d\'un rapprochement théologique, ot naturellement il mo dit que jo me nourrissais de chimères.
Non , M. F., jo no songe pas pour lo moment a mi rapprochement théologique. On n\'y pourra peuser que lorsquo le vrai, le bon rapprochement, celui dos esprits et des cceurs, aura eu Hou. Mais cohii-ci n\'est pas une chimère. O\'est un devoir. Et quiconque no Ie désire pas est traitre a l\'Evangilo.
Oui, traitre u !\'MviUigilc; jo lo (lis sur róflexioii. (Jar, si nous ótions chrótions, cc n\'ost pas l\'union dos eoours ot dos esprits qui nous paraitrait impossiblo. Co (|ui nous sorait impossible, co sorait do nous on passer. ]\\Iais nous no nous en passerions pas; nous n\'aurions ])as niêino a la eliorcher ; nous la posscderions; ello oxistorait do fait. Si nous ótions chrótions, dis-je; o\'ost-a-diro, orthodoxes et modernes, ou comme (juo Ton trouve bon do dósignor los tendances thóo-logiques qui nous semblent aux uns ou aux autros sorappro-chor de la vóritó, si cc (|ui vibro dans nos ccrurs roligieux, c\'ótait rócho de la parole do Jósus; „Soyez parfaits, comme votre Père cóleste est parfait;quot; si touto 1\'anibition, toutes les aspirations de nos ames ótaient do nous avancer vers cette perfection ; si tout co quo nous appelons notrc religion con-vergeait vors cc but supreme. Si c\'ótait Ia le caractère fon-damental de notre christianisme, rien , rion au monde , no pourrait nous ompocher do former une communautó vóritable , uno communautó saine. Sachant quo la perfection no s\'acquiert pas d\'un coup, qu\'elle no s\'acquiert pas compléte sur la torre, (|u\'on faire lo but «upromo do l\'existence , c\'est ontror dans la voie du progrès continu par la kitte porsóvóranto centre rimperfection, que cette lutto no pout otre effective qu\'on ótant collective , nous saurions co que c\'est qu\'uno vóritable communautó chrc-tienno, uno ócole de perfectionnoment, une ócole do sancti-fication. Notre communautó sorait cette ócole. Ello lo saurait. Ello s\'en rejouirait, et tons coux qui on font partie iraient do tout lour ccrur au dovant do I\'esprit do sanctification par-tout ou ils le rencontroraient.
l)iffórerait-on encore sur les moyens do la sanctification ? Sans aucun douto, et cliacun forait luiro sa lumiorc scion qu\'il la possèdo, ou croit la possódor. Mais vous, monfrère, qui croyez connaitro parfaitemont los vrais moyens do la sanctification , quo vous sort cotte connaissanco, si vous n\'avez pas lo veritable dósir, ot si lo but, le mobile do votre religion est un autre quo do vous avancer vers la perfection? Et si quolque autre do vos frèros n\'a pas a vos youx la connaissanco dos vrais moyens, mais qu\'il ait ce saint dósir qui vous fait dófaut, n\'est-il pas en róalitó plus pros lt;|no vous du royaume do Dieu r1 Regardez done au dósir, a la volonte de la saintotó; saluez-la comme chrótionne partout ou elle oxiste, et ccssez do vous dctonrner do votre frère, plongó
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peut-ètro lt;laiis d\'iinmenses erreurs , ayant peut-etre besoiu de vous pour s\'éclairor, mais possódant en conimun avoc vous la vraie ot unique racine de la piété, animé d\'autant do sérieux que vous, ausai decide quo vous a rocliercher et ii ccouter la vraie parole de Dieu.
Ou dirait, M. F. , qu\'il y a — cola dans tous les partis — des gens qui seraient désolés do dócouvrir qu\'ils se sont trompés, ou qu\'on les a trompós, lorsqu\'ils out cru , ou qu\'on leur a fait croire, que los abimes tliéologiquos sont des abimes religieux. Mais, je vous le domando, ost-ce bien? Est-co juste ? Est-ce sage? Est-ce charitable? Est-co digne do Jésus? Jésus n\'a-t-il pas mange l\'agneau pascal avec Pierre, a qui il avait dit: „Retire-toi de inoi, Satan!quot; ? S\'il n\'a pas vu d abimo religieux ontro lui et le disciple a qui il avait reproché de „ne pas comprendre los choses de Dieu,quot; qui êtes-vous, vous qui jugoz vos frères ot déclarez ne po uvoir avoir aucune communion avec oux, paree qu\'ils ne comprennent pas c o m m e v o ii a les choses de Dieu ?
11 n\'y a pas deux. manioros d\'aimer la sainteté, et tous coux qui aiment la sainteté sont, de co fait, frères.
Pourquoi no le savons-nous pas ot ne le sontons-nous pas?
Cost paree que nous n\'aimons pas la sainteté. C\'est paree que la corde qui vibre au dodans de nous a la parole do Jésus n\'est pas la corde dominante , qui regie l\'harmonie de toutes les autres ot qu\'au contraire, elle est dominéé et fausséo par les autres. C\'est la que se trouve la cause do la maladio de notre communauté et, il m\'ost permis do l\'ajouter, la cause de la grave maladio dont sont atteintos les Eglises chrétion-nes on géneral.
Le remède, c\'est que nous uous tournions de toutes nos ilmos vors la sainteté; quo nos aspirations vers Dieu, soiont des aspirations a la sainteté; que nos priores a Dieu soiont in-spirées par io bosoin de la sainteté; que notre sentiment du péché produiso la haino do son pouvoir funeste, ot non pas seuloment la crainte de scs conséquonces; que la délivranco après laquolle nous soupirons soit cello de d\'esclavago dans lequol le péché nous rotient. Voila ce qui doit avant tout vivre dans nos unies pour que nous soyons chrétiens. Voila ce que Rome remplace par mille prescriptions humaines. Voila ce a quoi tendaient nos pères lorsqu\'ils out secoué lo joug de
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Home. Voila co a quoi nous devous teudro dc toutes nos for-(ies pour otre les instruments da regno do Dieu et pour ra-mener la vio dans nos Eglises languissantcs.
Hommes do tons les partis, nous sommes mauvais Chretiens , mauvais continuateurs do la gloriouso reformation. Tons, nous avons ïi devonir plus religieux.
Wallons, o\'est la votre tache. Que votre religion , quelle que soit votre théologie, devienne I\'amour do la sainteté. Que vos communautés, continuant de renfermer des hommes de toutes sortes de theologies, deviennent néanmoins des ócoles de sainteté , dont tous los membres se sentent solidaires les uns des autres dans lo but suprème auquel ils ont donué leur coeur. Wul-lons de Leyde, renouveloz aiusi, en vous renouvelant vous-mcmes, l\'Eglise wallonne de Leyde. Prères wallons, venus en ee jour d\'autres lieux pour nous apporter le précieux témoignage de votre sympathie chrétienno, travailloz dans vos Eglises respectives a los renouveler par lo renouvellement des membres. Pormons aiusi un faisceau étroitemeut lié d\'écolos de sainteté. Et alors, je le prédis en toute assurance, persoiino no nous demandera plus la raison d\'etre des Eglises wallonnes.
Soyons parfaits, commc notre Pore céleste est parfait!
Amen.
Prions Dieu.
Que ton regno vieuno, d JJicu! Que ton esprit se répande sur toute chair , et que le moment so rapprocho oü personne n\'enseignera plus son prochain ou son frèro pour lo conduire a toi, paree que tous te commitront depuis le plus grand jusqu\'au plus petit. Que ton esprit soit en nous et nous re-nouvelle tellomont quo nous soyons tos enfants et que nous marchions d\'un commun accord en nous dounant la main, pour combattre lo bon combat centre le péché, pour faire ton umvre bénie. Et que ton nom soit sanctifié ! Que, partout oil on rinvoquo, on Finvoque on esprit et en vérité! Que cette Eglise, que los Eglises wallonnes, ses sceurs, quo toute Eglise chrétienno, servo a la sauctiticatiou do ton nom et u l\'établissement de ton regno! Amen.
Hi
(Can I. Suppl. LVI, \'l , chanlc t) trots parlies.)
l\'rères , marclions d\'un accord unanime .
A la clarté qui nous conduit ties cieii\\.
Do Jóhovah ia parole sublime Ksl le llambeau qui luit devant nos yeux.
Notre sentier est souvent dillicile;
Mais le Seigneur est tin appui certain,
Fermes do coour , guides par I\'Kvangile.
Frures niarclions! Car Dieu nous tend ia main !
L\'assemblée entière, debout:
(Mt\'me caniicpie, v. 3.)
Frcres , marclions! — Dans des vases de terre Du grand salut portons le faint trésor;
Et qu\'an póché la foi fasso la guerre,
D\'un póle a I\'autro en son i)uissant essor!
1/instant approcho oil tout caw indocile Aux doux rayons do 1\'astre du matin Uevra s\'ouvrir pour aimer I\'Kvangile.
Frcres marclions! Car Dien nous tend la main
Le Seigneur nous bénisse et nous conserve. Le Seigneur leve sa face sar nous et nous soit propice. Le beigneui torn no
son visage vers nous et nous maintienno en paix et en prospoi ite.
Allez on paix et que lo Lieu de paix soit avee vous!
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