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De la part de l\'auteur.

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PRESERVATION DE LA SYPHILIS PAR LA VACCINE.

TRAITEMENT DES MALADIES INFECTIEUSES.

HYPOTHESE SUR LE RÓLE DES MICROBES DANS LA FORMATION DES ANIMAUX,

DOCTEUPv W, H , VAN DER |4E1JDE inédecin :i l\'liopit.-il Japoiinnis ;i Kobe.

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N

UTRECHT,

L. BlilJKUS. 1883.

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O. oct.

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PRESERVATION DE LA SYPHILIS PAR LA VACCINE.

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TRAITEMENT DES MALADIES INFECTIEUSES.

HYPOTHÈSE SUR LE RÓLE DES MICROBES DANS LA FORMATION DES ANIMAUX.

DOGTEui^jV. VAN DER j^EIJDEN , ^ % mcdecin ;i I\'liopital Japonnais a Kobe.

LE

UTRECHT,

J. L. BEIJEES. 1SS3.

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P R É FAC E,

Jc crains qu\'après avoir parcouru ces ossais, lo lec-tcur nc mo reproche de grandes lacunes dans mon savoir. Médeciu a un hópital oü de nombreux patients sont confiés a mes soins et oü fai beaucoup d\'opérations a faire; n\'ayant pas de bibliothèque a ma disposition et nc possédant que quelques ouvrages périodiques, il m\'es impossible de connaitre tout ce qui mérite de l\'êtret et surtout d\'en savoir les détails; aussi nombre de choses no me sont connues que par de courtes citations ou critiques.

Cependant je crois que nous autres médecins, nous avons le droit do combiner les faits que nous devons aux travaux de ceux qui, plus heureux que nous, peu-vent étudier a leur aise , en profitant do toutes les ressources qu\'une université leur procure. Et puis c\'est i selon moi, un devoir du médecin de se former autant que possible une opinion arrêtée, basée sur ses combinaisons. II doit agir et ne peut attendre patiemment que la science ait dit son dernier mot.

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II est l\'homme a la hache (dont parle Heine dans son „Doppelgangerquot;) qui suit de prés Thomme de la pensee conune son ombre.

Tout rempli de mon idéé, je me suis mis a la recherche d\'épidémies au Japon et a Java; j\'ai vivement souhaité d\'aller en Egypte et j\'ai offert mes services au gouvernement anglais dont l\'appui était indispensable pour atteindre mon but. Je n\'ai pas regu de réponse, cc que jo regrette infinement.

II me reste encore a remercier M. II o b e r t i, pro-fcsscuv de langue francaise a Utrecht, qui a bien voulu se charger de la traduction de ma prose.

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Do Fiiioculatioii de l;i Syphilis.

Comment los animaux ct les hommes en sont-ils venus a reconnaitre cc qui pouvait leur scrvir de nourriturc et ce qui lour était nuisible? Lo Bacfériuni avec son instinct obscur so doutorait-il dcja do Foxygono, tout commo la morue quo nous voyons dans un aquarium commo a I\'anere a Tondroit oil los bulles d\'air remontont dans lo réservoir; on sorait prosquo tontó de 1c croire apres los bolles découveites du professeur Engolmann — ou bien no sorait-co qu\'un simple essai, et faudrait-il des erreurs repetees, qui, dans ce cas, amonoraiont des empoison-nements ?

II est encore plus difficile do comprendre comment les hommes sont parvenus a la connaissances des medicaments. II faut ici encore plus de f\'aculté d\'observation ou du moins do mémoire et e\'est pourquoi la possession de cotte connaissance est principalement le privilege de la race humaine seulo.

Dans ce cas ccpendant, bien plus encore que dans la recherche des aliments, on aura commis de colossa-les erreurs.

De quelle manière les Persans et les Turcs en sont-ils venus a porter 1c virus variolique sur des individus sains ? lis no savaient certainement pas pourquoi, et pourtant cola

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cut tant de succes pour prévenir la forme plus grave de eette maladio, que Lady Montaiguo osa les imlter et recommanda cettc inoculation a ses compatriotcs. Cest en raisonnant de la meme maniere que ces Orientaux, c\'est-a-dire en tirant une conclusion d\'unc observation fortuite, que Jenner trouva une inoculation moins dange-reuse. Ici aussi, le hasard lui fut favorable; si Jenner avait excite par son inoculation la forme dangereuse do la maladie, il aurait donnó a des personnes bien portantes une maladie qu\'il n\'était pas en ótat de guérir.

Jusqu\'il y a peu do temps, nous avons simplement imité Jenner pendant une centaine d\'annees, sans comprendre pourquoi ce moyen etait salutaire. En raisonnant par analogie (forme plus ólevóe de la pensee), des médecins désirèrent pouvoir obtenir une inoculation pour d\'autres maladies contagieuses, et la chercherent surtout pour la syphilis.

Auzias Turenne, surtout espera mitiger ou affai-blir la matière chancreuse en la portant sur des ani-maux La maladie fut , il est vrai, moindre chez les singes et les chiens , mais aussitot que le virus était reporte sur des hommes, la maladie paraissait avec la même virulence, et on ne pouvait pas toujours bien la guérir a cette époque. Cependant quoiqu\'il fut fort malheureux dans ses expériences, jamais personne n\'a pensé a lui en faire un reproche.

II y a peu de temps un docteur allemand, M. Fehl-eisen, s\'appuyant sur quelques rares observations que Té-rysipèle fait parfois disparaitre des tumours, avait osé inoculer a des patients qui on étaient affligcs des bacteries d\'érysipèle qu\'il avait cultivées, quoique la maladie qu\'il excitait fut trés dangereuse, que la temperature s\'élevat a 41quot; et durat 12 jours environ. Ces bactéries provenaient de patients chez qui l\'érysipéle spontane était

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si violent quo do froizo doux avaiont succombé Lo Dr. Fehleisen n\'avait pas cliorelié a diminuer los viru-lonco des bactenes ot d\'aprcs la brochure qu\'il a publióo il no connaissait pas do romode centre la maladie qu\'il occasionnait.

M.M. los profossours Koch ot Borgmann l\'ont appuyó dans cos dangorousos experiences, dont tout les módochis roconnaitront 1\'importanco et apprécieront les houroux résultats.

Los recherches do M. Pasteur sont d\'une bion autre importance que ces ossais basés sur quolques observations isolées. Ainsi quo co savant eminent l\'a montré, la vaccine ou la forme bónigne de la maladie repose sur rimpossibilité de former dos spores, tandis qu\'ils peuvent encore se multiplier par division.

M. Pasteur est parvenu a creer uno vaccine artiticiello centre le char bon et le cholera dos poules.

C\'est en suivant sa móthodo quo jo desirais cultiver dos microbes do syphilis, afin do voir comment on pourrait en obtonir qui no fournissent pas de spores.

La matiore chancreuse me donna uno magnifiquo generation de bactóries, mais jo no pus los reconnaitro avec certitude comme les bactóries do la syphilis. Je dus cesser la culture de ces bactóries, vu lo pou de ressources dont je pouvais disposer et le temps qu\'elle me pronait.

J\'ai cessó temporairement cette ótudo, d\'autant plus qu\'on rencontre dója choz les hommes une formo mitigée de la syphilis. Dopuis liicord , nous avons appris iï dis-tinguer les chancres en indurés, qui sont génóralement suivies d\'infection gónéralo et en chancres mous qui no sont pas suivis d\'infection du sang.

Cola est parfaitement vrai on general, mais on exa-gérerait si on admottait que co sont des maladies tout a fait différentos. On a montré avec certitude qu\'un indi-

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vidu pout vecevoii\' des chancres mous et uu autre des chancres indurés de la mome source d\'infection; do même on a plusiours i\'ois observe qu\'un chancre niou peut changer de nature, oui même qu\'un chancre produit par l\'attouchement d\'un chancre mou, peut êtro dur ot produire des symptómos secondairos. Nous avons done Ie droit de prétendre que lo chancre mou est la forme mitigée du chancre induré.

Lo chancre mou excite une inflammation aiguë plus active; il s\'y rend done plus de sang artériel qui doit dcvclupper plus de chaleur et d\'oxygène; (le chancre induré au contraire est une forme de développement typique chronique avec une ischaemie presque compléte.)

Nous savons que ce sont juste ment les moyens avec lesquels M. Pasteur dompte ou mitige ses microbes.

D\'oü vient done que l\'inoculation au moyon du chancre mou ne produit pas le même effet prophylactique que la vacciner1

D\'abord il est tres possible que cola ait réellement lieu. On rencontre souvent des patients qui attrappent a plusiours reprises des chancres mous, et qui ne sont jamais affectés-de chancres indurés. Les expériments faites du temps de Turenne ne prouvent rien a eet égard, puisqu\'alors on ne faisait pas cette distinction en chancres mous et chancres indurés. Après Turenne e\'est le professeur Boeck qui a fait beaucoup d\'expériments. Le docteur tachait de prévenir le maladies constitutionnelles, les symptomes secondaires en. faisant des inoculations multiples dans la peau avec le virus de chancre mou ou dur. Dans quelques cas il dut en faire jusqu a inoculations; après cola il cut quelques réussites. La principale cause tient, a co que je cruis, a ceci: pour servir do moyen prophylactique, de vaccine, il taut que le sang ait éte envahie par les bactéries, et c est ce que

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les microbes du chancre mou ne font pas, tandis que les bactéries du vaccin de la variole le font bien; un des meilleurs caractères auxquels on peut reconnaitre que cola a lieu , sont les symptomes plus ou moins forts de fièvre. A l\'endroit oil rinoculation a etc faitc, l\'in-flammation est tres rapide et tres forte et les bactéries y sont detruitcs avec le tissu, et cela se présente souvont, memo dans los glandes voisines. On sait en outre que les microbes du chancre induré envahissent bien le sang, mals cela se fait lentement et tres tard, seulement dans la troisième ou la quatriomo semaine après rinoculation. Peut-etre ne sont ce alors quo los spores qui ont été formés, qui par leur plus grande petitesso ou pour d\'autres raisons pénetront plus facilemont dans la circulation a travers les vaisseaux lymphatiques.

Si done nous voulons faire usage de la forme bénigne pour modifier le sang de manière a cc que les formes plus dangcreuses no puissent plus y vivre , il nous faut introduire directement la maticre des chancres mous dans la circulation du sang.

Quand on fait a la peau au dessus d\'une veine unc petite incision , au moyen d\'un scalpel recourbé , et qu\'on enlove avec une couple de fines pincettes le tissu conjonctif, alors on peut injector uno couple de gouttes allongèes de glycérino, sans qu\'il en résultc un ulcere ou un chancre sur la place do l\'incision. Trois jours après, on rencontre dans lo sang de nonibreux globules qui ne sont pas colorés comme les autres microcytes : cc ne sont pas de disques , ce qui les distinguerait des globules du sang ; en outre les globules leucocytes non colorés seniblcnt augmentor en grandeur et en nombrc, tandis que les rouges semblent diminuer.

Cela dure jusqu\'au scptlcme jour environ; après je ne pus en découvrir dans le sang. Le patient se plaignit

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pendant ce temps cTuu sentiment de froid ; je ne pus pres-quc! jamais observer une augmentation de temperature.

J\'ai fait cette experience sur une fille, habitant une maison de tolerance au Japon, fréquentéc surtout par les marins des nations ótrangères, oil il y avait de grandes chances d\'infection. Cette experience fut aussi faite sur un agent do police qui fut informé prcalablemcnt de tout, et qui s\'oft\'rit volontairement pour la subir.

Si Texperience qui reposait sur un raisonnement logique avait malgré eela été suivie de syphilis , je n\'aurais cause, qu\'uue maladie qui peut etre guérie complétement, comme le reconnattront tons les médecins qui out traité souvent ces maladies ïi leur début. Ni Lady Montaigne, ni Jenner, ui Felileisen n\'auraient pu en dire autant de la maladie qu\'ils produisaient.

Quand chez un patient affecté de chancre primaire indurc avec bubons indolents et indurés, mais qui no pféseute pas de gonHement des glaudes a la nuque, on injectc dans le sang, de la manière indiquée plus haut, do la matièro de chancre mou, l\'induration se guór\'t, le gonflement des glaudes a l\'aine disparait et les symp-tómes secondaires no se présentont pas.

Cost ce que fai observe sur une huitaine de patients, tantót avec tantót sans excision du chancre primaire.

Le 13 Janvier 1882 entre a, l\'hópital de Kobe (Japon), un jeune marchand de 20 ans , affecté do chancre primaire enduré, qu\'il avait recu 21 ou 22 jours auparavant, mais pas accompagné de gonHement indolent des glaudes a la nuque ou dans la région cubitale. Lo lendemain jo lui injocto dans la veine la matièro d\'un chancre mou.

Tout pros, derrière notre hópital so trouvait I\'hospice pour les jjrostituées inalades; cot hospice pourrait servir de modèle aux établissements de co genre en Europe.

La visite sanitaire régulière dos fommos s\'y fait; elle y

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est si bicn réglóe ct a un une si hem-eusc influence, que la syphilis, qui régnait antrofois avec tant do violence au Japon, s\'y rencontre maintenant si raroment quo moi, qui cberchais des personnes affectées de syphilis, je n\'ai pu trouver en huit mois que huit patients affectés de chancre primaire enduré, et cela sur 7 a 8000 patients par annóe.

C\'est un fait curieux que cc bientait ait etc impose aux Japonnais par Ie gouvernement anglais afin de protegcr ses matelots, tandis qu\'en Angleterre il ne sait pas exécutcr cette mesure d\'une manière conséquente.

Dans eet höpital joint au mien, on trouve toujours des femmes affectées de leucorrhée, do blenuorrhée, de maladies cutanées et quelques-unes de chancres mous. Chez celles-ci je recherche le chancre le plus récent, j\'en cnleve Ie pus superficiel au moyen d\'un tampon do ouate phénique ou salicylée, je gratte un peu de la surface couenneuse qui, mêlée avec un peu de glycérino, peut être aspirée par la fine canule d\'uue seringue de Pravez.

Le 14 Janvier 1882, j\'injectai done deux ou trois gouttes dans la veine mediane de notra patient Fuzioka, et j\'extirpai le chancre iuduré pendant la narcose. Les mêmes symptómes que nous avons cités plus haut se présentèrent; un sentiment de froid, de légers frissons, une couleur pille; dans le sang on pouvait voir de bac-tcries, mais le 9e jour elles avaient disparu; 3 ou 4 petites bullae qui contenaiont du pus, furent constatées a des jours différents, entre la peau et 1\'épiderme. Ces bullae percées au moyen d\'un troicart se guéri-rent immédiatement par l\'application d\'un pansement phénique; c\'est tout ce qui s\'est présenté d\'anormal chez ce patient. Fuzioka est resté 40 jours a l\'hópital et n\'a présenté aucun des symptómes sccondaires; le gonflement a l\'aine a disparu rapidement dans les deux premières

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scmaincs, ot la plaie causóc par 1\'ablation du chancre s\'cst gucrio complétemcnt sans suppuration ou induration. Cot horame qui était tros intolligont et qui attachait uu tros grand intórot a cetto oxpórionco, nous a ccrit plu-sieurs inois après son depart qu\'il n\'avait pas encore remarquó de taches ou d\'affections de la gorge et qu\'il sc portait parfaitement bien

Lo 11 Février J\'opérai l\'iuoculation de la memo manière. Isliikawa , agent de police, so reposant en parfaite santé dans notre hópital des fatigues de son metier, comine c\'est souvent la coutume au Japon; mis a la hauteur de la question, il s\'ott\'rit lui memo pour l\'expcrience. Trois jours après 1\'injectiou, les globules rouges du sang avaient diminuó, on apercevait de nombrenscs bactéries; lo patient se plaignit aussi d\'un sentiment de froid, I\'appetit était mauvais, et il avait la face piilo. Au bout de huit jours tous ces symp-tonics avaient dispara et il n\'éprouvait plus aucun sentiment désagréablo. Alors je rinoculai deux fois avec du virus syphilitique, mais sans le moindre résultat; la troisième fois, après avoir frotté de la matière de condylomata lata dans une petite incision , il en résulta un ulcere qui pré-sentait clairement 1c caractère d\'un chancre mou et qui se guérit tout de suite par un pansement de iodoforme. Le patient n\'a pas souffert do maladie constitutionnelle ; il vint nous voir ïi plusieurs reprises, et était resté parfait-tement bien portant pendant 8 mois ; il faut seulement remarquer que ses chevcux ctaient devenus trés clair semés.

J\'ai fait subir la même operation a Nakamura En, une prostituéo qui était entrée a I\'liopital pour une légère contusion. Elle habitait une maison do tolerance, fré-quentéo surtout par los matelots des nations étrangères, (lui apportent toujours la plupart des maladies et les plus graves. Cctte iilie qui plus tard passa chaque semaine

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unc fois a la visite n\'a jamais cu aucunc maladie v6;ic-rienne pendant les neut\' inois que j\'ai encore passés ;:ii Japon. line fois elle est entree a l\'liópital dos maladies vcnéi\'icnncs pour une atteinte do gale.

Tadzuui Soidjero , agó de 2 lans, inarcliaml. Lo cliancre induré est enlevé , le chancre mou est injecté ; les glandes iiidurées disparaissonfc peu a peu; pas de symptómos se-condaires,

Kuga Dizuki , agó do 25 nns , chancre induró de plus de 4 scmaiucs, avec gonflement visible des glandes de la nuque. II est inoculó le 2!l Avril, quoique je n\'eu attendis pas de résultat, puisqu\'il ótait évident que le sang était onvahi par les bactéries du chancre induré. J\'eu fis la remarque u mos assistants, et nous fimes l\'inocu-lation intravasculairo seulement comme contro-épreuve. Sopt jours après , lo patient a une magnifique eruption de roséole avec plaque sur l\'arcus palatoglossus. Je trouve que ce résultat négatif prouvo autant quo les autres, d\'au-tant plus qu\'il montre que la roséole se présente anssi cliez les Japonnais et qu\'on peut trés bien aussi recon-naitre les maculae sur leur peau, quoique celle-ci soit plus jaune. Je dis cola, parcequo il y a des médecins, qui ont prétendu le contraire, prétention qu\'on aurait pu mettrc en avant pour mottre on douto les résultats de mes experiences.

Après un traitoment au deutochloruro de mercuro lo patient s\'ost complete ment rétabli dans Fospace de temps ordinaire.

Naito , employé , agó de 35 ans, chancre induré avec glandes do l\'aine indolentos. Chez ce patient le cliancre Ji\'a pas été cnlovc, afin do rendro roxpérionco plus netto. Oo fut intéressant do voir comme 1\'induration diminua peu a peu de volume, s\'atrophia et disparut tout a fait, sans lo moindre traitoment. Le patient ne présenta pas

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non plus de symptómes sccondaires. Apros ce patient nous en avons eu encore deux autres, anssi sans enlevement du chancre, mais commc cola s\'est fait trop peu de temps avant mon depart du Japon qui out lieu vers la mi-octobrc, je ne puis en communiquer Ie résultat.

Si pendant les dix mois que les experiences ont ctó faites, j\'ai eu si peu de patients, cela tient d\'une part, comme je l\'ai déja dit plus haut, a la presence de moins en moins fréquente de la syphilis , grace aux excellentes mesures sanitaires, d\'autre part a ce C|ue jo ne pouvais me servir que des cas, oü il u\'y avait pas de doute que le chancre fut induré, en d\'autres termes quo ce fut un chancre de Hunter; tons les autres cas plus un moins douteux furent exclus.

Convaincu comme je lo suis que l\'inoculation intrasan-guine de la matière de chancre mou, de syphilis mitigee, est capable de prévenir la forme plus dangereuse de cette maladie, memo lorsqu\'il y a un chancre induré, pourvu qu\'il ne remonte pas a plus do trois a quatre semaines, j\'ai communiqué les résultats de mes observations au gouvernement japonais, et par l\'intermédiaire du docteur Nagayo, chef du service sanitaire public, j\'ai insisté pour quo ces experiences fussont répétécs sur une plus grande échelle.

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THERAPIE PATHOGÉNIQÜE

l\'AR

INJECTION INTRAVASCULAIRE.

Deux facteurs principaux doivent agir tie concert pour faire naitre une maladie.

Le premier facteur est inne; c\'cst la structure générale du corps et la constitution générale uu bien c\'est un état acquis et temporaire de la nutrition.

Le second facteur est la pénétration et la propagation dans I\'organisme de cellules qui lui sent étrangeres , en particulier de microbes d\'ordre inférieur.

Autrefois on s\'occupait trop exclusivement du premier facteur. II y a une couple d\'années ïi peine qu\'ou attri-buait la phtysic pulmonaire a l\'étroitesse constitutionnelle de la partie supérieure du thorax, a la faiblesse des muscles , cause d\'une expansion insurtisante de la poitrine, et Ton supposait que le nombre des globules du sang était trop petit ou bien que la quantité d\'hémato-globuline était trop faible.

Dans la goutte et le rhumatisme on ne doutait mcme pas d\'une modification de 1\'état do la nutrition; ces affections etaient expliquées absolument par une trop grande production d\'acide oxaliquo, d\'acide urique et peut-ètrc d\'acide lactique ou bieu d\'une diminution de la sécrétion de ces produits. Tout cela pouvait ctre le résultat de

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troubles nerveux provenant do brusques changements Jo temperature.

Lo héfi-héri des Indos, lo leakké du Japon devaicut provenir de modifications do la nutrition. Lc Japonnais consomme quatre fois moius do graisse qu\'uu Europeen ot seulemont des corps gras d\'origino vcgctale. Un tel liommo, surtout lorsqu\'il est jeune, ot qu\'il se livro a dos travaux fatiguants (expeditions militairos, étude assiduo, instincts |soxuols exagórósj doit otro prédisposé pour attrapor lo kakké. C\'était autrefois l\'opinion générale et beaucoup la partagent encore \').

II y avait copondant toujours Jos maladies qu\'on no pouvait pas expliquer ainsi. Dans la malaria ot los maladies analogues rinfluenco do la nature, du sol, du climat, do la saison sautait aux ycux. La propagation subite do maladies infoctieuses no pouvait dépoudre do cliangemcnts dans l\'état do la nutrition. Les maladies aiguës, vrainient contagiouses, semblaient otre tout a fait indépondantos de la structure du corps, do la constitution ou de ralimentation. L\'infection cadavérique, la piémie, la syphilis attaquont toute personne dont répidorme no protege pas la peau d\'un contact direct avec lo virus.

Dans les quarante dernioros aunées l\'opinion quo los maladies miasmatiquos, los maladies infoctieuses aigues et los maladies contagiouses devaiont êtro causées par dos poisons organiques, que lo virus devait otro un organisme

\') Cette opinion a cté dêfeudue au Congres médical d\'Amsterdam par M. le Dr. van Lent. Qnand nous voyons cependant que cette maladie ne se présente que dans quelques lieux clctenninés et a quel-ques époques, que les premiers syinptoiues sont décidément des synip-lOnies de fièvre , qui pen vent mêine se représenter plus d\'nne fois, (;t (jiie les syniptomes ordinaires d\'extréme anéraie et d\'hypéréinie véneuse do la inoelle épinière n\'en sont que des consequences, il est clair que nous avons affaire lei a une sorte de malaria

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contagieux, est dovcnuc de plus en plus générale chez los médecins et a eté formulee de plus en plus clairement.

lis y ont étó amenés par 1\'obsorvation du temps do l\'incubation, de la marche typique, regulière de la plupart de ces maladies et surtout par l\'augmentatioii si visible du virus dans l\'organisme du malade et nous pourrions encore y ajouter: par raugmentation d\'intensité do la maladio, jusqu\'a ce que arrivée it une certaine hauteur, cotto iatensité diminuo pon a peu. Dans toutes les maladies infectiousos aigues lorsqu\'elles doviennent épidémiquos, nous voyons les cas augmoater d\'intensité jusqu\'a ce que lo plus haut point senible être attoint apros quoi ils diminuent et en nombre et en intensité.

Cette hypothese a été confirmée par l\'observation pour quelques maladies. Dans ces maladies on a observe dos moisissures nommés microbes ou bactéries; c\'est Davainc qui les a constatées pour la première fois dans le charbon. Des experiences \') faites avoc soin, ont montré quo quelques maladies sont causóes par cos organismes.

On est autorisé a supposor que d\'autros maladies encore sont dues a la mème cause. Ce sont les maladies qu\'on n\'avait attribuées jusqu\'a ce jour qu\'a. des troubles dans la nutrition, telles que le béri-béri, le kakké, le rhuma-tisme \'), parce quo I\'hypothèse explique les symptomes qui no pouvaient être expliqués par 1\'ancionno methode.

Quoiquo la vérité de rhypothcso n\'ait été prouvée que

\') De M. Pasteur dans les maladies des vers-a-soio et dans 1(^ charbon.

\'-) Je cite eomme une preuve un dépot d\'exsndation sin\' les fibres des tendons du (bdtoïde aprés un rliumatisme musculaire. Pen a peu la grosseur devint Huctuaute, dos myriades de bactéries se tronvaient dans la matière »iui en sortait par incision. Apres la dé-struction des bactéries la guérison fut compléte.

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pour quolquos maladies \'), le mcdecin est autorisé a I\'aecepter parcequ\'elle est rexpression do ce dont on so doutait dopuis longtomps, et qu\'on avait dcja exprimc plus ou raoins distiuctomont, ot parcequ\'elle donno soulo la clé do la solution do ce qui roste autrement inexplicable.

Cependant les troubles digestifs no doivent pas ètre négligés. Dans quelques maladies, ils se présentont d\'abord, dans d\'autros il faut se résoudro a croire a leur existence, quaud nous voyons dans les épidémies que tous ne sont pas également suscoptibles do contagion, quo quelques individus jouissent ïi l\'égard des cos maladies d\'une sorto d\'immunité, que cetto immunité nait après la vaccine et aussi après avoir subi la maladio. Los moisissures no peuvent vivre que dans les circonstances qui lour sont favorables.

II faut done que le premier facteur (constitution ou état de la nutrition) soit toujours présent pour qu\'une maladie so declare.

I. Premier stade. Los bactéries so tixent ou sur la peau et dans les cellules épidormiques, ou par des crevasses, des blessures, etc dans le tissu conjonctif d\'oii olios se répandent dans les vaisseaux lymphatiques voisins et dans les ganglions lymphatiques.

Dans le premier cas il en résulte des maladies cutanées sans autres désordres.

Dans le second cas, il peut en résulter des pustules infectieuses, le panaritium, le chancre mou, suivi do destruction do tissu.

Les bactéries peuvent aussi atteindre la membrane mu-

\') La preuve ne peut être t\'onrni que par la méthode de Pasteur, en faisant Ue cultures rêitérées des organismes découverta et en excitant par cux les mémes maladies.

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(]ucuse daas les différentes couches de l\'épithélium coni-me dans l\'aphté ou par dos blessures dans lo tissu soas-rnuqueux et attaquer do la les glandes adjacentos avec los memos conséquenccs que dans la peau.

11. Second stade. Dans quelques maladies, olies passent onsuito dans lo sang, commo dans la syphilis, après le chancre induré; dans la septicemic après des blessures ou dos suppurations; mais dans d\'autres maladies elles entrent directement dans le sang — nous no connaissons du moins pas lo premier, stade — et nous dovons par consequence supposer qu\'olles y entrent par la voie dos poumons, ou qu\'olles pénètrent avec le chyme a travers les papilles du canal intestinal.

Après leur entree dans le sang, les bactéries s\'y dóve-loppent rapidement. Cependant dans certaines maladies, commo dans le choléra, le véroio, la rougeóle, la tuberculose , le typhus , etc. lo siège de la maladio pendant la période de l\'incubation nous est inconnu.

L\'invasion des bactéries dans lo sang est la cause do de cetto réunion de symptomes a laquelle nous donnons lo nom de fièvre et dans laquelle 1\'élévation de temperature est produite par des causes chimiques et par la suppression du controle des nerfs sur la regulation.

Les bactéries continuent a se multiplier dans le sang, jusqu\'a co qu\'elles aient épuisé la nourrituro ou quo leurs propres produits et divisions ou leur sécrétion so soient telloment multiplies qu\'ils ne peuvent plus y vivre; ils sont baignés dans leur propre urine pour ainsi dire. ^

\') La möme those a lieu dans les actes de fermentation , p. e. dans la formation de l\'alcool dans un liquide saechavifère. La vie du mycètc fermentatif cesae lorsqu\'une quantité détcnnince d\'alcool est formée. Si eet alcool est enlevé, la fermentation continue aussi longtomps qu\'il y a de la nourriture pour les microbes.

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Si nous coiinaissions ces produits et si nous pouvions ies éliminoi , nous prolongerions probablement ainsi la maladie jusqu\'ii co quo touto maticre nutritive out été consommée. Cost pourquoi clans ce stade do la maladie los diurétiques et les diaphorétiques sont plutot nuisibles qu\'utiles.

Xous no savous pas quels sont les produits qui se for-niont dans lo sang; nous savons seuloment qu\'il se forme plus d\'acide carboniquo, dans le clioléra par excmple; trés certainement plus d\'urée, d\'urates, comme dans toutes les maladies accompagnóes do fièvre, puis peut-être des alcaloïdes, des ptomaines ou des combinaisons de cya-nogone. Ce sont les poisons qui attaquent gravcincnt l\'organisme ou le tuent.

Un second résultat, observe dans le sang, c\'est la destruction des globules du sang, la mélanose, uno plus grande tendence du sang et du serum a sortir des vais-séaux dans lesquels ils se trouvent; comme lo hémoptoe, — toujours aprcs l\'invasion — aprcs la fièvre choz les plitysi-ques; le hémorrhagie dans le typhus, dans quelques varioles, dans la lépre, dans le scorbut, dans la para-métrite, Dans les déjections des cholériques j\'ai toujours trouvé un grand nombre de corpuscules sanguins.

III. T roisième stade. Les bactéries sont toutes tuces dans le sang ou bien olies sont entrainées avec le sang sur divers tissus : dans la vérole sur la peau et los muquouses ; dans la peste bovine et le typhus sur les plaques do Poyer ; dans la syphilis, sur la peau et los muquouses ; dans lo rhumatismo, sur les fibres des tendons des muscles ou sur le tissu tendinoux dos membranes séreuses.

Dans ce troisième stade on voit naitre ; a des inflammations aiguës avec suppuration, gangrene ou nécrobiose; h une inflammation chionique avec formation nouvelle do tissu conjonctif (dans la lèpre, dans la nephrite intersti-

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tielle , le lupus); c des tumours nommés granulomes (tuberculose, syphilis).

Dans nombre de cas (dans toutes les maladies qu\'on appelle infectieuses aiguès), cette marche s\'arrête ici.

Le sang est appauvri, rempli do substances anormales, et dans les tissus les consequences pouvont otre ou guéri-son ou bien des strictures, l\'atrophie, la paralysie, des désordres secondaires dans le mécanisme.

Dans d\'autres maladies au contraire (sypliilis, tuberculose, lèpre, malaria, etc), les bactéries ont bien péri, mais elles ont laissé dos spores, des germes, qui se sont surtout amoncelés dans les ganglions lyniphatiques, la rate, et autres glandes vasculaires, et aussitot que le sang est en quelque sorte régénéré et qu\'il peut de nouveau nourrir les microbes, ceux-ci Fenvahissent de nouveau. C\'est co qui explique rintermission, la remission dans la malaria, la fièvre récurrente, la sypliilis, le rliumatisme, et qu\'on peut observer aussi tres clairement dans la tuberculose.

C\'est avec cette pathogenic pour fondement quo nous pouvons maintenant appliquer une therapeutic rationelle.

Le premier facteur des maladies, la constitution ou le mauvais état de nutrition du sang que nous ne con-naissons pas encore exactement, ce premier facteur, cette première cause des maladies ne pourra ctre amélioré que par des moyens hygiéniques généraux, par une nourriture meilleure ou plus abondante, une respiration plus profonde, du mouvement, en s\'aguer-rissant contre les intempéries, ou bien par la panacee anglaise: „change of air,quot; par des traitemonts a Teau froide, les voyages sur mer, les bains de mor, l\'électricité, la gymnastique suédoise, le massage, et autres moyens.

Ce ne sera quo quand nous connattrons le chimisme

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IS

du sang, on do cliaque cellule des organes, que nous pouiTons trouver pour cliaquo eas particulier une diété-tique rationelle.

On a déja fait un pas en avant, maintenant qu\'on commcnce a connaitrc la structure des alcaloïdes, et que Schützen-bcrger suppose un groupement de molécules dans les albuminates. Nous avons done la perspective que nous pourrons étudier la chimie du sang et trouver la substance nécessaire a chnque cellule, comme M. Pasteur et ses disciples la trouvent pour les cellules jouant lo role do ferments : ce qui leur permet de rendre compte de la transformation de cliaque molecule.

Quant au second facteur, maintenant que nous le con-naissons, nous pouvons aussi le supprimer: car il doit être possible d\'éloigner les bactéries et de les anéantir; les magnifiques résultats du panscment de Lister prouvent que dans plusieurs cas nous pouvons les écarter.

Nous pouvons aussi les détruire ou les rendre inofïen-sives, puisque nous obtenons la guérisou de quelques maladies infectieuses par des medicaments découverts empiri-quement. (Test ainsi que nous guérissons la syphilis par des seis mercuriels; les fièvres paludéennes par la quinine; le rhumatisme par la salicine ou Tacide salicy-lique. Mais il y a d\'autres maladies, et ce sont les plus aiguös, les plus malignes, contre lesquelles nous sommes loin d\'etre suffisamment armés.

Nous devons l\'attribuer selon moi a ce que nous agis-sons ordinairement trop tard, avec des doses de medicaments trop petites, ou avec des medicaments en grande partio altérés ou modifies ; et ces medicaments ne pourront être utiles quo par leur lente accumulation dans les maladies dont la marche est lente, comme celles que nous avons citées plus haut, ou qui ont des intermissions réitérées, paree que, dans cette phase, l\'absorption des medicaments

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est plus facilc et que do petites qu.mtités nidont micux, puisque ncus pouvons proljablcmont; empochor plus facilement le développement des bactéries que nous ne pouvons détruire celles qui sont deja formées.

Si nous administrons les medicaments de la manière ordinaire , nous sommes sürs qu\'ils no sont absorbés par le sang que lentement et en petites quantités; en outre il s\'en perd toujours une grande partie qui est entrainée par les dejections ou les vomissemonts. Cost justcment en cas de fievre que cette absorption est plus difficile que d\'ordinaire, paree qu\'il se forme beaucoup de mucus, quo les parois intestinales sont paralytiques et que, par conséquent , le mécanisme de Fabsorption est trouble. Les medicaments sont souvent modifies cbimiquement ou combinés et ne peuvent devenir actifs que par une nouvelle dissociation; e\'est ainsi que Ton explique Taction do l\'acide salicylique et du doutocblorure de mercure. Comment devons-nous done nous représenter Taction des mé-dicaments qui sont en état de tuer les cellules de rang inférieur ? lis le font en enlevant rapidement Thydrogene ou Toxygene, ou bien en donnant beaucoup d\'oxygèno, en fixant les alcalis, ou en formant une combinaison albumineuse, actions qui doivent modifier la cellule organique.

C\'est ce que ces médicaments font déja en entrant en contact avec des cellules vivantes. En outre lorsqu\'ils ont été absorbés par le sang, ils passent d\'abord par le foie, ou des transformations se font tres certainement encore une fois. De cette manière, nous ne savons pns ce que nous donnons, combien nous donnons, ni quand nous le donnons.

L\'administration de médicaments par inhalation est trés restreinte et n\'est réellement possible que dans quelque\'s cas.

Les injections souscutanées no peuvent faire pénétrer

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que de trés petites quantités, et e\'est pour cela qu\'on s\'en tient, dans cette méthode, surtout aux alcaloïdes. Et mome dans ce cas rabsorption a besoin d\'assez de temps et ne se fait que pen a peu.

Nous connaissons tous la difference des symptómes quand on injecte de la morphine dans une veine ou dans le tissu cellulaire souscutané.

La seule méthode rationelle est done de faire entrer le medicament directement dans le sang [injection intra-vasculaire).

Si nous passons maintenant en revue les matières qui sent surtout funestes aux bactéries et que nous trouvons dans los Jistes de plusieurs expérimentateurs comme Buchbolz, Kühn, della Cruz, Davaine, Koch, Baxter et Miquel, nous rencontrons en tête le chlore, le deutoehlorure de mercure, l\'iode et le bromo; les substances dites anti-septiques ne sont placés que beaucoup plus bas. En outre plusieurs de ces substances sont trop pen solubles ou trop nuisibles a Forganisme ou a l\'un des organes.

C\'est nussi pour cette dernière raison que nous ne pouvons nous servir ni de chlore ni de bróme.

Quant au deutoehlorure de mercure, d\'après la plupart des auteurs il en faut une dose dans la proportion de 1 ti 20000 pour arrêter le développement des bactéries. Pour un adulte, il en faudrait done 250 milligrammes et comme c\'est justement la dose dangereuse, on ne peut en faire usage, mais si, comme lo prétend le professeur Nowak, il agit déja dans la pi\'oportion de 1 a 1.000.000 on peut l\'injecter saus crainte. Je conseillerais alors la formule suivante :

Cl. Na. Solut. 6 pro mille; 8 a 10 cent, cubes.

IIquot;\'. CP. 5 milligrammes.

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Je ne l\'ai pas encore essayee, car je ne suis par sur que l\'opinion du prof. No wak soit juste.

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II ne reste done plus pour le moment que l\'iode, dont il faudrait 1 sur 5000, et d\'après Davaine 1 sur 10000 suffirait. La dose serait done, pour un Europeen adulte d\'un gramme et si l\'opinion de Davaine est juste, d\'un demi-gramme. Cette dose calculée d\'apros le poids du corps, est de 15 ou de 8 milligrammes par kilogramme.

Le professeur Busch a montré il y a bien des années que les chiens supportent une dose de 30 milligr. par kilogramme de leur poids; ii a injecté trois fois cette dose a uu chien, et la troisiome fois il l\'a tué avec de la nicotine. J\'ai répété ces experiences et j\'ai observé que 15 a 20 miligrammes ne faisaient pas le moindre mal et qu\'on ne trouve pas de trace d hématine dans Turine.

Ccpendant comme nous pouvons rester bien au-dessous de la dose nuisible et qu\'il ne faut que 15 milligrammes tout au plus, nous pouvons employer cette substance on toute sécurité.

J\'ai injecté cet agent chez les homines avec la plus grande precaution, en commengant par 1 milligr. et en élevant successivement la dose jusqu\'a 10 milligr., e\'est a dire % de gramme en tout.

Pour cela, je dissous une partie d\'iode pur dans deux parties d\'iodure de sodium et j\'y ajoute 8 a 10 grammes d\'eau. Je prends une assez grande seringue, pourvue d\'une longue aiguille mince et creuse, a extrémité re-courbee et aigue. J\'enfonce cette aiguille d\'un seul coup a travers la peau, dans uue veine superficielle de I\'avant-bras que j\'ai fait auparavant gontler au moyen d\'uue ligature ordinaire.

Cette injection est trés facile a faire et ne cause pas la moindre douleur, pourvu qu\'on n\'injecte pas dans k- tissii cellulaire souscutané.

Pen de temps après, la temperature commence a s\'éle-ver jusqu\'a 39°, quelquefois jusqu\'a 40quot;, ce qui no dure

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cepondant que do 3 a 4 lieures; la secretion urinaire est excitce, ct on pout déja tout de suite y rcconnaitre de I\'iode ; la salivation deviont aussi un peu plus abondante. II ne se présente pas d\'autres perturbations.

J ai employe ce traitement dans plusieurs cas, dont j\'en communique quelques-uns.

D\'abord un cas de cholera.

Dans l\'été do 1882 le cholera sévit avec une grande violence a Yokohama ot a ïokio, mais a Kobe il n\'y eut pas un soul cas; l\'épidémie y avait sévi l\'annce pré-cédente quoique pas avec tant de violence. Enfin, vors la fin de juin, un matelot entre a I\'hopital pour uno légere diarrhéc. Comme je ne savais pas quo lo patient venait de Yokohama, je ne pensai pas au cholera; la patient se rétablit bientót après l\'emploi de l\'opium; deux jours après, un patient qui se trouvait depuis longtemps a. I\'hopital eut dans la nuit une veritable attaque do choléra, et qui fut si violente qu\'il mourut le matin a, huit heures. Jo m\'attendis a d\'autres cas; en effet le 28 juin, vers le matin, un autre patient tomba malade. Avant mon arrivée, il avait déja vomi 5 fois et avait eu plusieurs selles blanches et tloconneuses; il avait déja la voix éteinte et de légcres crampes aux mollets. A 9 heures je lui injectai 8 grains d\'iodo; a midi il avait eu encore deux vomissements, mais la temperature de la peau était meilleure, et il avait uriné une fois; a cinq heures il eut une légere transpiration; les crampes avaient cessé ainsi que les selles. Ycrs le soir il urina assez abondamment, et le lendemain, après avoir dormi paisiblement, il so trouvait tout a fait bien; pendant trois jours seulement il cut do temps a autre une selle plus ou moins liquide. II no se présenta ni taches, ni trace d\'une affection de nature typhoïde.

Parti pour Yokohama, jc ne trouvai plus de patients

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que dans un hópital éloigné do la villo, oü ils étaient trans-portes par la police et contre leur gré , par conséquent aussi lard que possible, et pas avant 10 a 12 heures après les premières atteintes de la maladie. Tous étaient dans la période algide.

Dans eet état, le sang ne circule presque plus dans la peau, et il est déja trop épaissi pour qu\'uno injection soit encore possible. Dans cette période, on pourrait peut-être faire a travers la paroi abdominale une injection dans l\'intestin meme, a gauclie du nombril, ce qui est possible sans injector dans la cavité abdominale, car la paroi du ventre est fortement déprimée et l\'intestin para-lysé et ordinairoment fort rempli, se trouve placé droit contre.

En même temps, on peut lui en faire avaler ; ce que j\'ai fait une couple de fois; le lioquet si pénible cessa immédiatement, mais du reste le moyen eut peu d\'effet.

J\'ai appliqué en outre cette méthode dans trois cas de lepra nodosa. Los taches et les nodosités, surtout les nou-velles qui sent rougeatres, palirent et diminuèrent de volume.

Dans une couple de cas de tuberculose qui n\'était pas encore fort ancienne, avec catarrhe et assourdissement au sommet, et hémoptysie et ficvre hectique , l\'état s\'amé-liora telleinent que le patient et nous-mèmes dümes con-sidérer la maladie comme guérie.

J\'ai fait ensuite l\'essai de l\'injection intravasculaire sur des patients atteints du kaklcc. J\'appelais Tattention de mes élèves sur les premières phases d\'indisposition dans les mois oü cette maladie se présente au Japon ; alors on remarque toujours de légers embarras gastriijues , une légere élévation de temperature, des palpitations, des corpuscules sanguins fortement entaillés, comme épi-neux, se recoquillant parfois, et ayant tout ^ fait l\'air

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d\'etre couverts de cils ou que ceux-ci sortissent des cor-puscules.

Quand j\'avais injecté do l\'iode chez ces patients, ils ne pré-sentaient jamais les symptómes qu\'on rencontre ordinairoment chez eeux qui souffront do kakké , c\'est-a-dire ranémio , la dilatation du ventriculo droit du coeur, lo soufHemont vibrant qu\'on pout entendre et sentir dans les vaisseaux du cou, le battoment vibrant du coeur, l\'état de dureté et do contraction des muscles du mollet, la démarche pénible , le sentiment d\'engourdissement dont ils se plai-gnent.

J\'ai aussi effectué l\'injection intrasanguine dans des cas de lt;jonflenient leucomateux des glandes du cou et une fois dans un grand sar come dans la regions rénale; dans tous ces cas la tuméfaction diminua sensiblement.

J\'ai eu cependant le succes le plus marqué dans quclques cas de bovine qui régnait a l\'ile de

Java, lorsque j\'y passai au mois de décembre. Je donno ici le rapport que j\'envoyai au gouvernement des Indos-Néerlandaises.

„RAPPORT sur les essais d\'un nouveau traitoment des animaux atteints de peste bovine.

„Lorsque le gouvernement des Indes-Noerlandaises m\'eut accordé l\'autorisation d\'ossayer sur des animaux attoints de peste bovine, ma methode pour com-battre les maladies infectieuses, je me rendis a Sadjira, district de Lebak, accompagné do M. A. Klaarenbeek. Arrivés la, nous y trouvames M. Rouyer. Ces deux messieurs, vétérinaires au service de l\'Etat, avaient été désignés par le gouvernement pour m\'assister dans mes experiences et pour les contróler.

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„Le jour après notre arrivée, nous fumes informcs quo trois cas de peste bovine s\'ctaient déclarés dans un village nommé Sawa.

„M. van don Bergh, sous-résidcnt de Lebak, qui nous avait accompagné, s\'y rendit avec neus et prit les mesures nécessaires pour que les experiences pussent être faites exactement. II fit enclore Ie terrain sur lequel elles avaient lieu, et établit des gardes et des surveillants a demeure sur les lieux, afin que les experiences ne causassent pas d\'infection.

„Peu après d\'autres animaux tomberent malades dans notre voisinage immédiat. Tout prés se trouvaient d\'autres enclos pour Ie bétail, qui eouraient grand risque d\'etre infectés; c\'est pourquoi tous ces enclos furent entourés d\'une grande barrière et les dix-sept têtes de bétail qui s\'y trouvaient me furent livrées pour subir le traitement.

„Douze tomberent malades, les cinq autres furent vaccinés avec le virus, mais comme cinq jours après ils ne présentaient pas de symptómes d\'infection, nous avons cessé ces expériences, et cela d\'autant plus que ma provision de médicaments était près-que épuisée.

„La liste ci-jointe donne l\'indication des expériences et de leur résultat. Nous y voyons que cinq des animaux infectés se sont parfaitement rétablis.

„La guérison commence bientót ct s\'apercoit déja le jour après que l\'injection a été faite ; le regard est plus clair, plus vif; la somnolence diminue, la sécrétion lacrymale et du mucus cesse, ainsi que la sécrétion muco-purulonte des fosses nasales ; la salive diminue; les dejections devieuuent normales de consistence et de couleur; le flux de sang cesse ; plus d\'épreintes douloureuses, le ventre u\'est pas si creux,

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1c dos n\'cst plus si courbé ; pendant les deux premiers jours, ils mangent avidement de la bouillie de riz avec de 1\'herbe coupée menu, si on leur en présente, et le troisiène jour, les bêtes mangent de Therbe et commencent a ruminer.

„Parmi ces bêtes, il y avait une vache, qui dans les efforts violents faits pour la coucher sur le sol, a cause de sa résistence énergique, s\'était luxe le fémur, et malgré cette grave blessure, elle se rétablit pourtant.

„(Test une veritable guérison et non une marche normale de la maladie suivie de rétablissement naturel. Le changement rapide des symptómes le prouve, mais surtout le fait qu\'un animal guéri de cette manière peut retomber malade. Dans toutes les maladies infectieuses, on sait que tout animal qui en a etc atteint et qui est rétabli d\'une manière naturelle jouit de l\'immunité contre cette maladie; le sang a subi alors de telles modifications que la memo sorte de bactéries ne pent plus y vivre.

„Si done toutes les bactéries sont subitement détruites par un médicament, 1\'animal reste aussi susceptible de prendre la maladie que ceux qui n\'ont pas encore été attaqués.

„Cn de nos animaux qui était rétabli depuis cinq jours, retomba malade, paree qu\'il resta exposé aux monies influences pernicieuses.

„D\'apros le tableau ci-joint, huit têtes de bétail ont succombé; je suis cependant en état de rendre compte de la cause de chaque cas mortel.

„Ma méthode repose sur une injection intrasan-guine ou intravasculaire d\'un médicament, capable de détruire en une seule fois les microbes.

„Le iodc le fait dans la proportion de 1 u 5000.

O

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„Pour savoir Ia quantité du sang, il faut connaitre le poids du corps.

„Nous nous sommes cependant énormémont trompés dans 1\'estimation du poids, surtout dies los vaches adultes.

„Lo poids d\'un animal (cnclos C. n0. 1) avait été évalué a 150 kilogrammes, plus tard on s\'apercut qu\'il en pesait 350; il a par conséquent recu beaucoup trop peu d\'iodo. La mume chose nous est arrive avéc trois autres anitnaux. C\'était au commencement des experiences lorsquo nous n\'avions encore aucune occasion de peser les bestiaux. (Experiences A nquot;. 1 et 3, B n0. 1 et C nquot;. 1).

„Dans l\'enclos E oil il y avait deux botes malades , j\'en ai injecté une a la demande du dr, Klaarenbeek, pour que 1\'autre put server de controle.

„Cette dernière devint plus malade et mourut deux jours après ; l\'autre qui était en traitement se rétablit.

„Afin de connaitre a peu pros la dose maximum, j\'ai injecté (expérience F n0. 1), une quantité double de celle que j\'avais trouvé être suffisantc; la bote est morto dans la nuit suivante. La dissection montra que Tiode avait fait coaguler le sang a l\'endroit oü rinjection avait été faite.

„La béte nquot;. 2, de l\'enclos A, qui était rétablie depuis 5 jours, rotomba malade, comme nous 1\'avons déja dit.

„En lui faisant une nouvelle injection intrasan-guine , les soubresauts de Tanimal me firent déchirer la paroi du vaisseau , et je no pus continuor Finjec-tion , vu que lo sang qui sortait et se coagulait s\'y opposait. C\'est co que l\'autopsie montra clairement. Dans rexpérience F, nquot;. 2 , ainsi quo 1c montra l\'autopsie, je n\'avais absolumont rion injecté dans la veine , mais bion dans lo tissu cellulaire adjacent.

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„Toutes ces bêtes done, qui avaient été mal injectees ou qui avaient reQU trop ou trop peu d\'iode, ont suc-combé , toutefois boaucoup plus tard que celles que uous avions abandonnées a elles-mêmes.

„Je erois done pouvoir prétendre que ma méthode d\'injection intravasculaire d\'iode , dans la proportion de 15 a 20 milligrammes par kilogramme du poids do 1\'animal, arrète la maladie infectieuse, mème la peste bovine, qui est certainoment une des plus violentes, et dans laquclle la plus grande surface de tissus et le plus grand nombre d\'organes sont attaqués.

„Le traitement n\'est pas sans difficultés, mais nous avons prouvó qu\'il est encore possible sous des pluies diluviennes et au milieu de la boue; ü y a d\'ailleurs bien des ameliorations a introduire dans la manière de coucher les animaux, de les peser en mème temps et d\'ouvrir la veine.

„ J\'ose conseiller avec instance au Gouvernement de faire subir a Tavenir un traitement aux animaux attaqués paree que: 1°. Fabattage des animaux maladies nedétruit pas la maladie; 2°. en laissant sévir la maladie, il y a trop peu d\'animaux qui s\'en relèvent, et c\'est en mème temps la cause d\'une plus grande extension de la peste bovine. 3°. une vaccination n\'est pas encore possible.

„En guérissant chaque cas qui se présentera, on affaiblira la force du virus, car l\'expérience a prouvó qu\'en traversant le sang des animaux ce virus aug-mente d\'intensité, d\'après le principe, connu dans la nature, de 1\'accommodation aux conditions de la vie.

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I Experience. ||

z;

Infeetés.

Age.

Poids en Idlo-grammes.

I N J E 0 T K S. Date, j Dose.

Sac-combcs.

üétablis.

Inoculés le i 12 Décembre.

A.

1

7 déc.

6 ans.

130

7 dee.

2 gr.

8 dóe.

2

7 «

U/a »

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1.50 11

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1

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2 ans.

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3

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2

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B.

1

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2

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21/2 ans.

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1G 11

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1

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21/2 ans.

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14 11

4 »

1G ,,

1=)

2

13 »

21/2 a

250

14 11

4 »

1G »

1

\') Retombé malado , réinjecté avec pnino ct mort lo lendemain. \') Injfictó G.125 gr. Ie 1G décembre, ponr (Jétcnniner la i)lns haute dose; succombê le 17 décembre.

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Lorsque j\'arrivai dans los Pays-Bas, j\'eapérai pouvoir fairo des experiences precises avec de meilleures ressources , mais je n\'en trouvai pas l\'occasion, jusqu\'a ce qu\'enfin M. Ie professeur Stokvis m\'offrit avec la plus grande bienvoillance une place dans son laboratoire, et m\'aida de son grand savoir. Mais je ne pus faire des experiences que sur des lapins. Je produisais la septicémie en injectant du pus infect sous la peau ; je ne décrirai pas teute l\'opération, puisqu\'elle est suffisamment connue. Je ferai seulement remarquer que Koch a raison , quand il dit qu\'après la troisième inoculation la maladie reste constante et ne devient pas du tout toujours plus aiguë ni plus vénéneuse , comme Tont dit Davaine et d\'autres. II se passe cinq jours avant que le premier lapin succombe après la première injection ; un autre lapin injecté avec le sang du premier meurt au bout de 3 jours; le troisième, Ie quatrième et tous les autres meurent régulièrement en mqins de 48 heures.

Lorsque j\'eus obtenu cette forme constante de maladie, j\'injectai do l\'iode, comme je Favais déja fait auparavant, dans la proportion do 15 milligr. par kilogramme.

II parut alors quo, clioz les lapins, cette dose amène immédi-«atemont uno destruction des cellules du sang car il se déclara une violente hémogloburie accompagnée do néphrite aiguë.

Mc rappelant alors que los potits animaux ont relative-ment moins de sang quo de plus grands, et quo ceux qui appartiennont a un ordre plus élové, je trouvai indiqué que, cliez les lapins, lo sang ne fait quo la vingtième ou la vingt-deuxicme partie du corps, tandis que choz les animaux d\'un ordre superieur le sang fait la troizième partie de leur poids total.

Recherchant combien un lapin peut supporter d\'iode sans être atteint d\'hémogloburio, je trouvai la quantité de S ü 9 milligrammos par kilogramme.

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Or 8 milligrammes sur 1000 grammos du corps.

font 8 milligr. sur 50000 milligrammes dn sang. Done 1 milligr. sur 6250 „ „ „

S\'il faut une partio d\'iode sur 5000 de liquide pour tuer les bactéries, eette quantité est déja presque dangc-reuse pour ies corpuscules sanguins, et ne peut être employee.

Mais si une partie d\'iode sur 10000 suffit, on peut atteindre ce but avee la moitié environ de l\'iode , sans empoisonner le sang.

Les lapins se trouvent done dans une situation bien plus dcfavorable que les animaux d\'un ordre supérieur, chez lesquels 15 milligr. suffisent, tandis que ce n\'est qu\'avec 30 milligr que la dose commence a devenir dangereuse.

II est aussi trés difficile d\'injecter eette quantité dans des veines étroites et minces, qu\'on ne peut atteindre que par une incision de la peau; et on ne peut constater exactement chez des lapins le moment oü l\'invasion des bacteries a lieu dans le sang; car dans la sep-ticémie la témpérature ne s\'élève que tres pcu en on ne pout observer d\'autres symptomes que le refus de nourri-ture et un rapide amaigrissement. Cependant, fai pu, par une injection de 6 milligrammes par kilogramme, tenir en vie deux lapins pendant 36 heures de plus que ceux que j\'avais gardés comme controle, et qui ont succombé dans le temps ordinaire, e. a. d. dans les 48 heures.

Quoique ces expérienees sur la septicémie chez les lapins n\'aient pas donné des résultats importants, elles ne s\'opposent pas a l\'application de eette méthode chez les animaux d\'un ordre supérieur, et je la recommande fortement dans ces terribles maladies centre lesquelles jusqu\'a présent ou n\'a pas trouvé un seul remède.

Je résumé :

a. Les bactéries sont une dos causes dos maladies infectiouses.

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h. Elles cnvahissent le sang, commc cela a été prouvé pour quclqucs maladies, comme la fièvrc récurrente , la septicémie, la syphilis, et sont la cause des troubles généraux, de la fievre, etc.

c. L\'iode est en état de combattre vigoureusement le développement des bactéries , et n\'est pas dangereux dans la dose nécessaire pour obtenir eet effet.

L\'injection intravasculaire est la seule qui soit rationelle, paree que :

a. Nous introduisons toute la quantité a la fois.

h. au moment voulu, et

c. des modifications chimiques n\'ont pas lieu. L\'iode se combine cliimiquement avec 1\'albutnine , aussi légère-ment que l\'oxigène avec l\'hématoglobuline, et se dégfige avec In. incme facilitc.

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Dn rule des Bactéries dans la formation de 1\'organisme des animaux.

i.

II n\'y a quo quelques années que Cohnheim écrivait encore dans son excollonto Pathologie générale.

„Sil y a quelques formes inflammatoires qui soient causées par des bactéries, il est sur que ce n\'est pas le cas dans les afFections rhumatismales. II est aussi si évident que celles-ci proviennent d\'une exposition a de rapides différences de temperature que, dans presque toutes les langues, les maladies sont nommées d\'après elles, et que les Chinois et les Japonnais disent aussi qu\'elles naissent d\'un refroidissement.quot; Et cependant, dans les der-nieres années, il s\'est élevé bien des voix qui prétendent qu\'ici aussi les organismes inférieurs sont en jeu. Comme preuves de cette opinion on avance que, comme la malaria, ces maladies dépendent clairement de certains lieux ot de certains terrains; dans certaines contrées, on les rencontre toujours; dans d\'autres jamais; on voit aussi ces maladies se présenter plus souvent a certaines époques qu\'a d\'autres. II y a aussi des intermissions ou du moins des rémissions évidentes pendant la marche de la maladie. On donne aussi comme preuve que les antiseptiques ren-dent d\'excellents services; ainsi Taeide salicylique dans une forme, la salicine dans d\'autres. J\'ai une raison moil-leure encore a l\'appui, c\'est qu\'une fois j\'ai pu réelle-

3

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ment découvrir des bacteries clans un cas ordinaire de rhumatisme musculaire,

Le 24 mai 1882 se présente un jeune marin, nommé Kimura, avec de Yiolentes douleurs rhumatismales, d\'abord dans la region lombaire, puis, les jours suivants, surtout dans le deltoïde droit, mais aussi dans les muscles des fesses, légers symptomes de fièvre, beaucoup de phosphates dans l\'urine. Je trouvai dans la sang un grand nombre de corpuscules blancs, tandis que les rouges semblaient agrandis et avaient une forme piriforme particuliere; je crus aussi y voir des bacilles. Après avoir prescrit du salicylate de soude et plus tard de la salicine, paree que les Japonais ont une grande aversion de la première et la vomissent souvent, les douleurs disparurent ainsi que l\'élévation de température. II ne resta au patient qu\'une raideur dans le deltoïde et les fibres des tendons étaient endurcis et épaissis. Cet état dura environ trois semaines, jusqu\'a ce qu\'enfii! la peau au-dessus de cet endroit devint peu a peu plus rouge et plus mince, J\'\\r introduisis un petit troisquart; il sortit de Touverture un liquide qui avait l\'apparence de détritus. Je croyais y trouver des urates et des oxalates, mais je n\'y trouvai presque que des bactéries vivantes. J\'injectai une solution de Jodium Jodsoda dans le long canal de la fistule, et la guérison immédiate s\'en suivit.

Si, maintenant, il y a réellement des bactéries en jeu dans les maladies rhumatismales des articulations, des extrémités tendineuses des muscles, des membranes séreu-ses, d\'oü viennent-elles subitement quand on prend froid, dans de rapides changements de la distribution du sang? S\'y trouvaient elles déja, et le liquide nourricier est-il seulement devenu subitement favorable a leur propagation ? Mais oü se trouvaient-elles en attendant!1 Certainement pas dans le sang sous la forme de bactéries, Ne sont-

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elles peut-être pas nées dans le sang? Pour nioi, je crois que oui et j\'en vois la preuve dans d\'aufres formes de maladie.

La septicemic est une maladie identique chez toutes les sortes d\'animaux. Ello peut étre produite décidé-ment par des bactéries, mume par des bactcries cultivées; mais il est tout aussi sur que ces bactéries sont differentes chez chaque sorte d\'animaux. Les vibrions de la septicemic du lapin ne peuvent pas produire la septicemic chez le cliien.

Koch prétend même que le mulot ne dcvient pas malade par le sang septicémique de la souris commune. On peut ccpendant rendre tous les animaux septicémiques en injec-tant des liquides putrides dans le tissu cellulaire ou dans le sang. Faut-il done admettre que ces liquides renfer-ment toutes les sortes de vibrions septicémiques, comme Koch semble le croire ?

Cela est fort douteux et improbable, car d\'abord on n\'y reconnajt pas tant de formes de microbes; d\'ailleurs nous savons qu\'une sorte de bactéries exclut l\'autre dans le même liquide; enfin je ne crois pas que les bactéries des liquides putrides soient les memes que les bactéries de la scpticémie, car, dans cette maladie, on ne rencontre pas de vraie putrefaction commc en dehors du corps.

Mais ce qui est plus important, nombre d\'expérimenta-tcurs, comme Davaine et Rossbach, ont excité la maladie au moyen d\'une matière soigncusement purifiée de bactéries. On Ta même produite avec la substance a laquelle on a donné le nom de sepcine , la même chose a eu lieu avec la papaïne; il est probable que cela réussira aussi avec la ptomaïne et avec la pepsine. Et pourtant on rencontre de nouveau des bactéries cultivables qui sont alors typiques pour la sorte d\'animal, et tres venimeuses.

Si done Ton injecte un liquide putride, dans lequel il n\'y a pas de bactéries, ou du moins pas de bactéries septicé-

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miques, on produit une maladie qui tuc on 4 ou 5 jours ; si l\'on prcnd maintcnant du sang de l\'animal malado ou si on on cultive les bactéries obtonues, on excite une maladie que est devenue constante c.-a.-d. qui ne devient pas de plus en plus virulente, et qui tue en 48 heures.

Nous sommes done forces d\'admottre que ces bactéries naissent dans le sang et du sang.

TT.

Dans presque toutes les maladies infectieuses nous ren-controns souvent dans le sang outre des bactéries, une augmentation de corpuscules sanguins blancs. Nombre de ces corpuscules sont tellement granules qu\'ils font Fimpres-sion d\'etre formés de bactéries. Les matières colorantes d\'aniline los coloront de la même manière que les bacté-i\'ies, quoique plus faiblement.

Dans une blessure ouverte, il nait chaque jour des millions de leucocytes, tandis que leur nombre ne parait pas diminuer sonsiblement dans le sang. D\'oü proviennent-ils done ? Des ganglions lymphatiques, de la rato ou de la moëlle des os ? Mais on ne remarque pas la moindre activité extraordinaire de cos organes , pas la moindre liypérémie ou le moindre gontlement; je parle ici d\'uno plaie ordinaire, granulant simplement. Si maintenant l\'on protege cette surface contre les bactéries de Fair, la suppuration dimi-nue beaucoup, si elle no cesse pas tout a fait.

Pourtant les autres conditions sont restés tout a fait les mêmes p. ex. la staso dans les vaisseaux coupés, rhypérémie tout autour, l\'excitation reflexe des nerfs coupés ou de ceux qui sont comprimés par 1\'exsudation ou 1\'épanchement du sang.

Dans l\'érisypele on voit dos bactéries dans les canaux lymphatiques , sur le bord qui vient d\'etre aft\'ecté: plus

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loin, sur la partie plus ancienne , dos loucocytes; plus loin oncoro, du jeune tissu cellulaire (Felileisen). Dans la lèpre on observe a peu prés la inême chose. Dans les chancres indurcs on ne trouve ordinairement que do jouncs cellules et do jounes fibrilles do tissu conjonctif; copondantje crois que nous pouvons ètre sürs quo plus tard il en sort des bactérios qui ontrent dans le sang, tandis quo d\'un autre cotó, a uno époque postérieure, il en résulte dc nouveau dos tumours fbrmées de jeunes cellules granuleusos.

Si, comme nous le savons inaintenant, los bactérios sont la cause do la tuberculose , le caractère distinctif do cette maladio est et roste 1\'accumulation do jeunes cellules on tuborcules.

Dans la nephrite interstitielle on trouvo parfois uno foulo do bactérios dans le tissu cellulaire nouvellement formé.

II est du moins certain quo la presence des bactérios n\'est pas toujours et partout suivie do destruction, do dépérissoment, de nécrobiose , mais qu\'elle est souvent suivie de formation nouvelle do granulations et memo do tissu conjonctif.

D\'un cóté, nous sommes forces d\'admettro qu\'il peut naitro des bactéries dans le sang, comme dans le rhumatisme , la septicómie ; d\'un autre cóté, nous voyons de jeunes cellules succéder aux bactéries.

UI.

Je crois done pouvoir admettre non souloment que des bactérios naissont des corpusculos du sang et des cellules granulées , mais aussi qu\'elles les ferment et que , dans eer-taines circonstaneos, olies peuvont do nouveau s\'on dégagor.

Un expérimentatour a vu de potits corps qu\'il a noramés cytozoairos et que d\'autres ont considérés comme dos bactéries, sortir des corpusculos sanguins do batracions.

D\'autres savants, entre autres Billroth , ont enfermé un

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peu de tissu frais ou du sang dans de la parafino et y ont trouvé des bactéries aprös uu assez long espace de temps En revanche, on a observe que des crevasses so montraient dans la parafine durcissante, a travers lesquelles les bactéries auraient pu s\'introduire.

Alors les experiences ont étó reprises avec plus grand soin, eu entourant la parafine de ouate stérilisée ou d\'une atmosphere d\'acide phénique , ot toujours avec le même résultat.

Cependant Pasteur et Koch disent que quand toutes les precautions possibles ont étó prises , il no nait pas de bactéries dans le sang ou les autres humeurs du corps.

Je ne veux certainement pas contredire ces savants, niais je crois seulement que quand les globules du sang ont subi une certaine modification, un ramollissement par exemple, les bactéries pourraient s\'en dégager.

Ou. pourrait faire les experiences de cette manière : en excitant d\'abord une inflammation , par exemple en frottant de Thuile de croton sur la peau de roreille d\'un lapin , ou bien on ajoutant d\'abord de la sepsine , de la ptomaine ou de la papaïne au sang. La naissance ou le dégagement de ces matières dans les morceaux de tissus enfermés sont peut-ètre la cause que l\'expérience réussit alors. II est done possible d\'expliquer ces deux opinions également dignes de foi.

Voyons maintenant comment nous devons nous repré-senter la formation des leucocytes et des cellules granu-leuses par les bactéries.

Autrefois nos connaissances et nos recherches histolo-giques s\'arrêtaient aux noyaux des cellules; dans les dernières années, les ameliorations dans l\'agrandissement et surtout dans l\'éclairage des objects, ont permis aux observateurs, a commencer par Heitsmann, do décou-vrir dans ces noyaux une certaine forme et structure.

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C\'est surtout dans la póriode de la division du noyau qu\'on voit s\'y former des corpuscules linéaires se colorant fortement, se groupant en figures caractéristiques ^ S qui se fractionnent ordinairement en deux poles, et qui prósentent a peu prés Taspect de parcclles de fer autour d\'un aimant. Si maintenant nous observons un de ces noyaux avee ses figures karyokinétiques, comme Flemming les nomme dans son ouvrage, et si nous placons a cóté un dessin de Zopf oü il re-présente des schizomycètes a l\'état Zoogloéen, ehaoun sera frappé de ccUuics libres ieui. parfaite ressemblance morpho-Kernthciluny etc,, logique; ce sont exactement les mêmes figures et c\'est la mème disposition bi-polaire.

Nous avons déja vu que les bac-téries présentent la même réaction que les leucocytes sur les ma-tieres colorantes, seulement avec cette difference qu\'elles se décolorent plus facilement; on peut facilement se l\'expliquer, car les bactéries sont libres, tandis qu\'a l\'état zoogloéen elles sont entourées d\'une couche de protéine gélatineuse. C\'est pourquoi les globules du sang des animaux supérieurs présentent encore une résis-tance a Faction de l\'iode, lorsque les bactéries libres sont déja tuées; les globules du sang des lapins sont cependant plus vulnérables, peut-ètre paree qu\'ils sont entourés d\'une couche plus mince de protéine.

Ces réunions zoogloéennes de bactéries se ferment et se

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die Spaltpilze, pag. 22.

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dcvcloppent lil ou il y a du repos ct sous mie certaine pression; quaud dos bactóries se développent si rapide-ment dans un espace clos, de sorte qu\'ollcs s\'y pressent bieutêt les unes los autres, la nourriture des individus places au milieu est troublée; elles cessent de se frac-tionner et sécrètent alors unc substance albuinineuse, d\'apparence gélatineuse, qui les réunit les unes aux autres.

Ce ne sera done pas dans la circulation du sang que naitront les leucocytes, car il y a la trop de nourriture, trop de mouvement, trop d\'espaco, mais dans les espaces du tissu conjonctif, dans le voisinage des póles et des axes autour desquels les mouvements s\'exécutent.

Dans le voisinage et a la surface des reflexions des articulations , a la face antérieure du grand axe du corps, la colonne vertebrale, le liquide nourricier coule trés len-tenient. et nullement d\'une manière constante mais, fort interrompue. Dans la flexion il y a aspiration et engorgement, dans l\'extension , une poussée en avant. Dans tous ces endroits nous voyons naitre des leucocytes qui se groupent en organes particuliers, les ganglions des vais-seaux sanguins. Les mêmes phénomènes se présentent dans la substance médullaire des os : engorgement de liquide, mouvement lent, espace restreint. La même chose peut se présenter a la surface des plaies; stagnation dans le mouvement rapide du sang, augmentation dans un espace restreint.

Ce sont les mêmes causes qui réunissent les cellules en êtres organisés d\'un ordre plus élevéi Si les jeunes cellules do l\'oeuf ne devaient pas se développer dans un espace restreint entouré d\'une forte zone pellucide, il ne naitrait pas de tissus, il n\'y aurait pas d\'enroule-ment de tissus pour former des organes, pas de réunion d\'organes pour former des individus d\'un ordre supérieur.

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Les comparaisons ontrc la socióté humaine ot ces faits se présontent d\'eux-mêmes a l\'csprit.

Nous admettons tons la formation dos vaisscaux san-guins, de tissus conjonctifs au moyon des cellules granu-leuses (des leucocytes); je crois, pour ma part, que nous avons encore plus de raisons pour admettre la formation des leucocytes par les bactóries.

IV.

L\'anatomie histologique nous a appris a ranger certains tissus a plusieurs elements constitutifs dans un groupe qui les distingue comme tissus conjonctifs des cpithélies, des ccllules glandulaires, des elements des muscles et des nerfs. Les recherches pathologiques anatomiques nous out fortement confirmé cette distinction efc nous ont montré avec une certitude presque complete que, quelles que soient les modifications qui puissent se présenter, il no nait jamais de cellules épithéliques du groupe des tissus conjonctifs ou inversément, et qu\'on peut aussi le voir dans le développement atypique de cellules dans les liyper-tropliies et dans les tumeurs.

Los études embryologiques ont montré aussi que ces deux tissus sont d\'origine différente et que, déjiï dans l\'em-bryon, on pouvait reconnaitre deux sortes de cellules. C\'est surtout His qui a étudié le plus a fond cette question, et qui a séparé le plus formellement ces deux sortes de cellules.

II a donnc le nora cVarchiblaste au premier groupe de cellules qui deviendront le tissu principal et qui, placées en deux rangées, 1\'une sur l\'autre, forment le germe et desquelles naissent toutes les vraies cellules épithéliales, les nerfs, les muscles et des glandcs. II nomnre l\'autre groupe parablaste, consistant en cellules situées au bord

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de Paire germinative ct croissant outre les deux couches de l\'archiblaste, formant d\'abord les corpuseules sanguins, puis les strics sanguines, puis les vaisscaux sanguins, ct onlin toutes les formes du tissu conjonctif.

Uis va encore plus loin ct trouve l\'origine de ccs cellules toutes diffórentes dans les leucocytes, qui, des vaisscaux sanguins, pénètrcnt dans le groupe de cellules épitliéliales qui fonnera un ocuf.

Waldeyer, un autre grand savant dans co domaine, reconnait avec llis qu il y a un arcliiblaste et un para-blase avec toutes leurs consequences, mais il n\'cst pas d\'accord avec lui sur Forigine de ces cellules. 11 dit qu\'avant 1c eoinmencement du cloisonnement ou fractionne-ment du jaune, il voit paraitrc des figures resscm-blant tout a fait aux figures karyokinétiques, qui s\'onfon-cent dans la massc du jaune et qui on ressortent plus tard comme premiers corpuseules du sang. L\'oeuf du reste no serait compose quo de cellules qui se sont séparées, par étranglement, de la couclic d\'cpithé-lium de l\'ovaire.

Je ne crois pas que ces deux opinions se contredisent; au contraire, ellcs se complètent parfaitement, comme on va le voir.

Si His a raison, me disais-je, et quo , dans la formation de rembryon ct dans cello de l\'oeuf, des cellules ctrangores y pénétrent de rextériour, et qu\'elles n\'aiont done pas d\'origine commune, il rcsulto nécossairoment lt;|U0, phylogénétiquement, elles ont existé séparémont, et quo cc n\'est quo plus tard qu\'elles ont commence uno vie commune.

Comme je croyais, pour les raisons deja cnoncées, que les corpuseules sanguins, les cellules granulées et les diversos formes de tissu conjonctif sont nés de bactéries a l\'état zoogloéen, et que je puis tuor cellos-

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ci sans nuire aux cellules de 1\'épitlióliuin (ainsi que je Tai montré dans le traiternent ties maladies infectiouses), par uue injection intravasculaire d\'iode, j\'iujectai environs 2 milligrammes d\'iode dans un oeuf par ime fine ouverture faite a la pointe, ot je le laissai se développer par I\'incubation.

Dans un oeuf ordinaire, on apercoit deja le second jour des traces distinctes de vaisseaux sanguins, le troisieme jour le jaune est déja couvert d\'un beau réseau de vaisseaux sanguins. Dans les oeufs traités avec I\'iode,

nous voyons I\'embryon so développer d\'uue manière normale; le second jour, il n\'y a pas encore do vaisseaux sanguins; le troisieme et le quatrième jour cepen-dant on apercoit de petits amas irréguliers de sang avec dos commencements de canaux, mais il sur quo la formation du para-blaste est tres forte ment trou-blée. Les injections que nous fimes comme controle avec des

a. Euibryon.

b. Amas de corpuscules sanguins et st * quot;

loppü

\' s^™s sllquot;suinos11011 düV0quot; substances inoffensives pour les

? ê: l

Troisihne jour.

bactéries, telles que l\'eau ordinaire on une solution de sel marin, n\'empêchorent nullement le développement; au contraire, dans les oeufs traités avec l\'in-jection saline, le développement icrj(iurj me parut plus grand, plus avancé

tatidis (jnu les vaissaux sauguius , , n * m\'i i i

coutiniicut a se développer. que clans les OGuts a I otat normal.

Si ce sont des bactéries, me dis-je ensuite, clles pour-ront bieu se développer si je rends le liquide nourricier lortement alcalin, tandis que los cellules de I\'cpitliolium,

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rarchiblaste no pourront s\'y développer. Après uno duréc d\'incubation d\'un jour, jc fis uuo injection avec une solution normale de Natron hydroxyde injectant environ n milligrammes; an bout de trois jours je trouvai en elfot dans un des oeufs uu développement ordinaire de vaisseaux san-guins, tandis que Tembryon avait cessó de se développer Dans d\'autres oeufs, 1\'expérience avait manqué et le développement s\'était poursuivie tranquillemcnt, paree que la soude avait formé un grand caillot dans lo jaune. Je répéterai done ces expériences avec une solution de potasse et taclierai d\'injecter dans la cavité centrale, sous le germe, oü le contenu est plus liquide.

Je n\'ai pas encore observe ce qui se passe dans le développement subséquent de ces oeufs , puisque cola n\'était pas nécessaire pour ma demonstration.

Je crois done avoir prouvé que tons les animaux d\'un ordre. supérieur sont formés de cellules réunies, appar-tenant au groupe épithélial, nées de plastidos ou monères unicellulaires, et que sur ces cellules et dans ces cellules en vivent d\'autres d\'une tout autre origine, qui appartien-nent aux schizomycètes inférieurs, et servent niainte-nant de tissu de soutien et de canaux de nutrition. Cette croissance , cette vie commune doit avoir commence chez ces formes d\'animaux (coelentérates), vivant sous la forme gastrulaire , mais entre l\'ectoderine et 1\'entoderme desquels il s\'est fait des lacunes, premiers indices de canaux.

On a prétendu la même cliose de certains lichens et on l\'admet en partie, quoique je no sache pas qu\'on ait fait des expériences, ni qu\'on en ait donné la preuve. Ces lichens seraient des algues avec des moisissures croissant sur elles.

Comme il est maintenant probable qu\'autour de chaque celluie d\'algue dé ;ageant une molécule d\'oxygène, il se groupera des bactéries a rentour, comme le démontre la belle

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découvcrte du professeur Engeltnann , olies pourraient vivro plus facilement sur ces cellules et dans leur intérieür, si norabre de ces algnes ne coatenaient pas justemont de 1\'iodo, substance si nuisiblo au dóvoloppoinent des bactóries.

De trente parties d\'algues humides on tiro une partie d\'alguos soclios , et 100 parties de cellos-ci donnont en moyenne 3 5 parties d\'iodo.

II y a done 3.5 parties d\'iodo sur 30000 d\'alguos , co qui est plus quo suffisant pour rondro la vie impossible aux bactóries, car, dans roouf, il n\'on fallait qu\'une partie sur 25000 pour empechor leur développement.

Cola plaide done aussi en faveur do mon hypothese.

V.

Pour toutes cos raisons ot appuyés par les résultats des experiences, je crois qu\'il nous faut admottre quo les microbes ont commence a vivre avec dos cellules d\'autres origine, avec des plastides , et que la oü cellos-ci forment des auimaux d\'un ordre plus ulevé, ils leur rendent des services morphologiques et physiologiques.

lis se placent contre les épithélies la oü celles-ci se trou-vent on couche, en guise de plancher, sur laquelle celles-la reposent; dans les glandes ils entourent ces enfonce-ments, pénètrent entre les cellules qu\'ils entourent chez quelques-unes de tous cótés commo dans le foie. II est même trés probable qu\'ils vivent dans chaque veritable cellule et qu\'ils en forment le noyau.

Com me ils sont groupés ensemble, comme zoogloées et sont entourés de lours secretions, dans lesquelles toute vie proprement dit a déja cessé, ils pouvont done se des-séchcr ou admettro des substances étrangères , même des substances inorganiques, et forment ainsi une pièce de tissu resistant que nous nommons tissu conjonetif.

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Nous savons que c\'est la justement la difference caracteris-tiquo entre la cellule animale, l\'arcliiblaste ou cellule d\'e-pithélium (oü le contenu des cellules est la chose principale et oü celles-ci ne peuvent adraettre sans dommago des substances étrangères), et les cellules du tissu conjonctif oü ce qu\'on considérait comme le contenu des cellules se perd ou absorbe des seis de chaux, et oü la raatière entre les cellules va devenir la raatière principale, tandis les noyaux qui sont seuls restés, no conservent qu\'une vie latente. II peut aussi s\'accumuler entre elles une grande quantité de liquide qui devient alors le véhicule d\'une nourriture toujours renouvelée , comrae c\'est le cas avec le sang.

Les microbes agissent certainement aussi d\'une manière physiologlque, puisqu\'il est tres probable qu\'au moyen des secretions des vraies cellules quelques-uns d\'entre eux sont mis en liberté, pour être a leur tour la cause de nouvelles transformations, favorables aussi a la croissance de ces cellules , car nous voyons toujours cette croissance précédée de la naissance de formes karyokinetiques dans le noyau.

II y aura certainement un cycle de développements, qui seront les évènements physiologiques, aussi longtemps que ces développements sont accommodés et régies automati-queraent.

Si ce cycle est troublé, comme cela peut arriver quand des excrétions restent dans le sang et s\'y accumulent, p. ex. dans la goutte et le rhumatisme, ou quand des matières étrangères y sont introduites du dehors, comme dans la septicémie, ou quand des matières provenant de particules de cellules détruites sont absorbées par une blessure. ce qui peut arriver móme avec exclusion complete des bacteries du dehors, le dégageraent des microbes de leurs groupes zooglooéens se fera trop vite, avec trop de violence; ils devront s\'y multiplier

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aux dcpcus des autres cellules et excréterout a leur tour des matières qui sont vónéncuses quand dies sont ea trop grande abondance. Nous pouvons done com-prendre comment la fièvre dito aseptique peut naitro, lors mêtne que les bactéries du dehors ont été soigneu-seinent écartées.

La meme chose peut arriver quand nous ajoutons subitement au sang un autre liquide nourricier, comnie cela sc fait dans la transfusion avec le sang des animaux étrangers.

Nous y voyons tous les corpuscules du sang se détruire, la fièvre se declarer et I\'organisrne devenir gravement nialade. Je crois que dans ces cas nous devons rencontrer dans le sang des bactéries en liberté.

II peut cepeudant arriver quo des bactéries étrangères pénètrent du dehors dans rorganismo, et quand la nour-riture, le milieu, leur est favorable, elles s\'y développent et y causent ces grands désordres que nous appelons maladies infectiouses.

L\'équilibre entre le parablaste et Tarcliiblaste peut encore être trouble d\'une autre manière, quand le déve-loppement des microbes, maïs a l\'état zoogloène, devient trop grand. Nous obtenons alors des hypertrophies du tissu conjonctif, des leucomes, de fibromes. La même chose peut se présenter avec des bactéries étrangères a l\'orga-nisme, mais seulement dans les maladies qui se développent leutement, comme la lèpre, la syphylis, la tuberculose, dans lesquelles nous voyons naitre des tumeurs granuleuses. C\'est ainsi que je crois devoir comprendre la naissance des sarcomes. Ces tumeurs sont formées, il est vrai, de cellules qui ont une grande ressamblauce avec celles du tissu conjonctif, mais qu\'on ne rencontre jamais comme telles dans un état physiologique. On en revient done de nouveau a Tancienne idéé de parasi-

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tisme; nous conn.aissons du moins dos tumours nommoes actinomycoses par Ponfick, dont on no pout doutor qu\'ellos no soiont forméos de parasites.

Dans tous les cas done oü les microbes so dévoloppent subitomont dans lo sang lui-même ou que des microbes étrangers renvahissent, nous pourrons les dompter en introduisant dans le sang une matière qui est mortollo pour eux, mais non pour coux qui, entourés d\'uno substance protectrice, se trouvent a 1\'état zoogloeno.

Cetto substance est l\'iode et le deutochloruro do mercure vaut pout-être encore mieux.

Les hypertrophies du tissu conjonctif, surtout les hypertrophies diffuses , — c\'est moins lo cas avec les hypertrophies circonscrites et entourées d\'un tissu ferme , — ainsi que les tumours granuleuses et même les sarcomes pourront être arrêtés dans leur développement, car dans leur formation il se presentera toujours des microbes et liberté.

Dans mon article précédent, j\'ai communiqué quelques résultats d\'injections intravasculaires dans des cas de tumours.

Cette opinion est fortement appuyée par le fait que , dopuis bion des années déja , I\'influence favorable de l\'iodo a été indiquée d\'uno manière empirique pour beaucoup de ces tumours.

Tout au contraire , au lieu d\'uno augmentation irrégu-lière et atypique des tissus conjonctifs , il peut se presenter une diminution vitale et dos atrophies de co groupe, tandis que les tissus de Tarchiblaste présentent encore des conditions vitales normales.

Ceci se présente ordinairoment a un age plus avancé , tandis quo los hypertrophies des tissus conjonctifs se ren-contrent surtout dans la jeunosse et dans l\'age viril.

La conséquonce nécessaire doit en être qu\'ils n\'off rent plus un soutien suffisant.

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Los épithélies qui, dans leur dóveloppomont, out tou-jours la tendance do faire des enfoncements ou des sail-lies peuvent alors former des tumeurs de structure aréolairo ou do structure atypique, quo nous appelons épithéliomes et carcinomes.

II est clair que, dans ces maladies si terribles pour rhomme, il faut taclier de voir si, en apportant des microbes étrangers, nous no serons pas en état soit d\'on-lever la nourriture a ces tumeurs soit d\'en arrêter 1c développement par une formation nouvelle du tissu con-jonctif.

J\'ai déja fait mention d\'un cas, oü les cheveux étaient devenus trés clair semés, nprès 1\'inoculation avec la substance du chancre mou.

Fehleisen, dans ses experiences avec les érysipèles factices, a montré clairement que les carcinomes surtout, se sont considérablement améliorés.

Comme je erois cette méthode trop dangereuse, je pré-fcrerais injecter dans la sang, de la substance du chancre mou, done jquot;ai montré limocuité pour l\'organisme. En outre je donnerais toujours la préférence aux microbes qui se développent trés lentement et offrent par conséquent des chances de former des amas zoogloeénes.

En trouvant les schizomycétes, les recherches histolo-giques microscropiques et les recherches anotomiques pa-thologiques ont atteint provisoirement leur but final, car les microbes doivent ctre considérés comme une unité morphologique de la matière organisée , ainsi que Fatome est l\'unité chimique et le molecule l\'unite physique.

D\'abord ces organismes élémentaires produisent d\'autres formes par leurs réunion, mais c\'est surtout pour la raison que je vais donner que je crois devoir les considérer comme des éléments des organes ; on ne voit jamais chez eux deux individus différents, et pas de copulation sexuelle.

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lis se divisent par la croissance, dans des circonstances favorables de chaleur (quelquefois aussi de lumière) et d\'oxygene. S\'il y a trop peu de tous deux, une pai-tie du protoplasme se contracte, en excretant avee I\'eau et les gaz toutes les secretions qu\'il doit renfermer. Les bactéries sont ainsi purifiees et présentent une grande force de resistance, mais sont aussi temporairement sans manifestations vitales.

Elles gardent ainsi les bonnes qualités de la sorte, tandis que, dans la division simple, I\'individu nouvelle-ment formé renferme les mêmes matieres finales de la croissance et de la vie que la cellule mere; ainsi lors mëme qu\'il est de vingt générations plus jeune, il est pourtant aussi vulnerable et aussi périssable.

llécapitulons. Les microbes se multiplient par scissi-parité quand la nourriture leur est favorable, quand la chaleur est suffisante, quand l\'oxjgène est présent et quand ils ont de la place.

Si la place est trop restreinte ou si le liquide est trop en repos et qu\'ils commencent a se pressor mutuellement, ils se grouperont en amas, en secrétant une substance qui les réunit ensemble comme Zooglocées; alors il y aura cessation de scissiparité, au milieu oü la nourriture manque; ils ne vivent plus indivuellement, mais comme colonie,

Si maintenant la nourriture ou bien l\'oxygènc commence a manquer, ou si la chaleur baisse, tous mourraient, si la formation des germes résistants n\'avait pas dévancé la disette.

Cette unité (le microbe) a déja les élements de toutes les manifestations de la vie, — c\'est un postulat logique.

Elle est en état d\'absorber la nourriture, de croitre, de se multiplier; elle peut se mouvoir et présente des phé-nomènes physiques de mouvement; elle a en outre déjü

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la faculté de percevoir et de distinguer, car elle choisit sa nourriture, percoit la lumière et en cherche les rayons favorables. C est done une unité physiologique.

La route a suivre pour les études ultérieures est main-tenant indiquée; il faudra étudier la vie des microbes et leur action sur les cellules d\'une autre origine.

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