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HAARLEM J. J. VAN BREDERODE, Éditeur 1874
POUR
Les Héritiers de feu Chaiies-Griiillaumc MUNDORF
ET INSCRIT SUR LES BEGISTBES DE I/ETAT CIVIL DE LA VTLLE DE DELEÏ
COMME
CHARLES-LOUIS DUC DE NORMANDIE
ET DE
CONTRE
POUR
Les Héritiers de feu Charles-Guillaume NAUNDORF
Décédé en Hollande
ET IKSCE1T SUR LES 11EGISTKES DE L'ÉïAT CIVIL BE LA TILLE DE DELFT
CHAELES-LOTJIS DUC DE NORMANDIE
ET DE
APPELANTS
CONTRE
1NT1MÉ
Rien nc pouvait démontrer plus péremptoirement que ne l'a fait le réquisitoire de M. l'avocat général le danger que fait conrir aux appe-lants et a la manifestation de la vérité l'absenee insolite et calculée de rintimé; rien aussi ne pouvait plus victovicusement faire ressortir l'im-périeuse nécessité d'une enquête.
En effct, si le débat eüt été contradictoire, les appelants auraient eu le droit de réfuter, a la barre même, les faits erronés, les suppositions sans preuve, les interpretations absolument conjecturales ou démenties par les pieces du procés derrière lesquels les intimés auraient essayé de se retrancher.
Or, si, nialgré son zèle et sa conscience, l'organe du ministère public a involontaireraent commis de graves inexactitudes, les appelants ont dü se taire, et la Cour, ainsi que le public, n'ont pu être éclairés a l'audience par la vivante argumentation a laquelle la parole seule sait donner sa force véritable.
D'un autre coté, il a été possible de grouper des hypotbéses accusa-trices, de citer des notes de police dénuées de tout appui légal, de jeter dans la discussion de nombreuses et cruelles assertions, de flétrir en face de ses malbeureux enfants la mémoire d'un bomme auquel, de son vivant, on a constamment refusé la faculté de se défendre; et alors que les appelants supplient la Cour de leur permettre de prouver que la religion du magistrat qui les écrase a été surprise, alors qu'ils articulent des faits en opposition compléte avec ceux quil a produits, alors que de
D'APPEL BE PARIS
ence solennelle
et 3e Chambre
e premier président GILARDIN
PRÉSIDENT
l'Avocat general BENOIST
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toutes parts leur pamennent des lumières nouvelles auxquellcs il suiBt de livrer passage pour dissiper d'officielles obscurités, on leur répondrait: La porte du prétoire vous est fermée, et, bien qu'a aucune époque il n'ait été possible de procéder a une vérification contradictoire, celle que vous offrez est définitivement et souverainetnent repoussée!
Les appelants ne le peuvent croire, et la ferme confiance qu'ils ne cessent de conserver dans la haute équité de la Cour s'est fortifiée de l'im-pression profonde que leur a causée la parole du ministère public.
La défense avait affirmé qu'on ne pourrait lui opposer aucun document soumis au controle contradictoire qui scul produit la certitude juridique. Cette affirmation n'a pas été contestée.
On a reconnu que lorsque celui qu'on appelle Naundorff a saisi la justice civile par un exploit régulier du 13 juin 1836, il a été, le sur-lendemain 15, jeté en prison, puis déporté en Angleterre. Ses papiers ont été confisqués, ses amis persécutés, ses publications arrêtées a la frontière, et on a essavé de justifier un tel acte!
Ou a dit que l'administration ne pouvait pas tolérer cette audace! Quoi! c'est a la barre de la magistrature francaise qn'on qualifie amp; audace la requête d un homme qui invoque la loi frangaise, la justice francaise et demande a prouver qu'il est Framjais! Oü sont dés lors les garanties fondamentales des citoyens, si, agir en justice est un acte criminel, mettant hors la loi celui qui y a recoursquot;?
II est vrai qu'on ajoute, par une singuliére contradiction, que Naundorff pouvait d'Angleterre continuer son procés en France.
II suffit de répondre que tous ses papiers lui étaient enlevés, que, malgré les réclamations de ses conseils, malgré Tordonnance de non-lieu, aucun ne lui a été restitué.
II faut ajouter que lui seul pouvait instruire sou affaire, et qu'on ne l'avait éloigné que pour rendre cette instruction impossible;
Qu'il ne pouvait envoyer en France aucune communication qui ne fut saisie et qui ne devint pour les intermédiaires un prétexte de poursuites.
Nous pouvons done maintenir que le début de ce procés a été un acte arbitraire de la haute police, arrachant a ses juges le plaideur qui les avait saisis, et rendant toute défense sérieuse impossible.
Nous demandons qu'on nous dise a quel moment cette situation a cbangé.
Ce nest pas, certes, dans les incidents de la procédure criminelle dont cependant 1'essence est l'interrogatoire du prévenu et sa confrontation avec les témoins.
Nous n'examinons plus les motifs qui ont déterminé les juges. Nous nous bornons a constater ce fait irrefutable qu'ils ont statué en l'absence de toute enquête contradictoire.
En 1851, le débat a été porté réguliérement a la barre du tribunal. Mais, depuis six ans, celui qui l'avait commence était mort. Autour de lui étaient successivement tombés presque tous ceux dont il aurait pu invoquer, et dont on a empêché le témoignage. Ses héritiers avaient done a lutter contre des difficultés presque insurmontables.
Cependant ils les ont affrontées.
Etait-ce dans le dessein de déshonorer les rois ? Une telle entreprise eut été a la fois bien téméraire et bien superflue. L'histoire a enregistré les vertus et les nobles services des monarques qui se sont voués au bien de l'Etat; elle a le droit aussi, elle a le devoir de mettre en lumièrela
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conduite de cenx qui u'cnt eu d'autre règle que la satisfaction de leur insatiable ambition.
Mais les appelants n'ont point a remplir la redoutable mission de ju-ger le passé.
Us ne peuvent être responsables de la nécessité oü leurs réclamations les placent, d'interroger les souvenirs des jours orageux, des scènes la-mentables au milieu desquels leur auteur affirme avoir vécu. Tous ces événements lugubres et terribles sont leur procés lui-méme. Ils rapportent des déclarations, ils citent des opinions, ils transcrivent des écrits; mais leurs conclusions se résument toujours par cette pretention qui réserve tout et que nul n'a le droit d'incriminer: admettez-nous a la preuve qui jusqu'ici n'a jamais été faite.
Or, la nécessité de cette preuve s'impose atoutes les consciences, non-seulement dans 1'intérêt des appelants, mais encore etsurtout, peut-être, dans Tintérêt de la vérité historique, dans l'intérêt de ceux qui ont joué un role dans ces drames tragiques. On croit les protéger par le silence, üne enquête seule peut dégager la lumiére qui fera cesser les doutes.
Ces doutes subsisteront tant qu'un examen contradictoire n'aura pas eu lieu; car, par une sorte de fatalité qui domine cette cause partout oü apparait un moyen régulier d'information, survient une force supérieure qui le supprime.
C'est aiusi que, malgré toutes les recherches des gouvernements alle-mands et francais et de ceux dont on a sollicité le concours, il a été absolument impossible de connaitre au prétendu Naundorf une origine autre que celle qu'il s'attribuait.
Cependant nous n'avons jamais commis l'abus audacieux d'argumen-tation qu'on nous a prêté, nous n'avons jamais dit: On ne sait ce qu'est Naundorf, done il est le fils de Louis XVI.
Kous avons dit, ce qui est un peu moins déraisonnable et fort différent ;
On ne peut assigner a Naundorf une origine allemande, nous invo-quons ce fait comme une présomption grave, et nous demandons a prouver que cette origine, car il en a une, est une origine francaise.
Trouvons-nous dans les documents qu'on nous oppose une raison sérieuse d'entraver cette investigation?
Ici encore se fortifient et se complètent les motifs d'équité qui rendent une enquête indispensable.
On a beaucoup parlé de correspondances diplomatiques, et, en efiet, il est impossible qu'elles n'aient pas existé.
Lorsque le gouvernement francais a placé Taction de la haute police entre la justice régulière et Naundorf, il a pris des renseignements auprès du cabinet prussien.
En 1839, M. Dejean, chef de la police générale du royaume, écrivait dans une note rendue publique: quot;Voici en substance les renseignements uqui existent dans les archives de rnon ministère. Ils ont été communiqués quot;officiellement par le gouvernement prussien a M. le ministre des aflfai-quot;res étrangères.quot;
quot;Naundoröquot; est signalé comme issu d'une familie de juifs établie dans quot;la Prusse polonaise.quot;
Cette derniére indication était inexacte, comme le prouve la dépêche de M. le ministre de l'intérieur de Prusse Rochow, en date du 27 Avril 1840, dans la quelle on lit:
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quot;Comme vous avez désiré recevoir I'mformation, s'il est vrai que le quot;gouvernement prussien ait avancé la pretention que vous1 descendez quot;de parents juifs, je n'hésite point a vous communiquer qu'une pareille quot;pretention n'a point été établie et qu'elle n'aurait pu l'être, puisqu'il quot;n'existe aucune circonstance d'après laquelle on puisse conelure une quot;pareille descendance.quot;
Et pourtant, entrainé par Vautorité de la note frangaise, M. le juge d'instruction dit, dans son ordonnance de non-lien du 9 Janvier 1841: quot;Cet homme parait né dans la Prusse polonaise,quot; et, quelques lignes plus liaut, il explique que, quot;ces renseignements ont été obtenus par la voie diplomatique.quot;
La correspondance diplomatique a done été l'élément principal de la conviction des administrateurs et des magistrats: ils l'ont eu entre les mains, ils l'ont étudiée.
Nous avons le droit de la voir aprés eux.
Oil est-elle?
Nous 1'avons vainement demandée, on nous a répondu qu'elle ne se retrouvait plus, et, par un étrange hasard, la mêrae disparition a lieu en Prusse, ainsi que l'annonce M. Tambassadeur par une dépêche adres-sée a M. le ministre des affaires étrangères le 26 Mai 1851. Nous de-vons a l'obligeante communication de M. l'avocat général, qui l'a invo-quée a l'audience, la counaissance de cette piece dans la quelle on lit;
quot;Quant aux documents indiqués dans la liste annexée a votre bonorée quot;du 10 courant, je regrette, monsieur le ministre, de ne pouvoir vous quot;en communiquer des a présent des copies vidimées (sic); vu que ces quot;pieces n'existent plus an ministère des affaires étrangères a Berlin, quot;lequel pense qu'elles ne se trouvent pas non plus dans les archives du quot;ministère de l'intèrienr auquel il en a fait toutes fois la demande.quot;
Ainsi les dossiers ont partout dispara; M. rarabassadeur de Prusse se borne a envoyer une note de police datée de 1836, émanée du département de l'intérieur de Berlin, ne renfermant, ne citant aucune pièce justificative, fourmillant des erreurs les plus considérables, comme celle de relations illégitimes de Naundorf avec une femme Sonnenfeld qui avait trente ans de plus que lui et qui n'a jamais èté que sa femme de ménage, avec laquelle cependant, suivant la note, il aurait eu un enfant né en 1791, e'est cVdire quand il avait lui-même six ans. Tout le reste est de la même force; comme 11 arrive trop souvent, les renseignements transmis par la police prusienne ont été recueillis très-probablement sur la foi de su-balternes qui h'ont rien vérifié par eux-mêmes.
Nous opposons a ces fantastiques récits les déclarations nombreuses d'hommes graves et respectables, qui nous font connaitre quelle a été, de 1812 a 1832, l'existence de Naundorf. Nous supplions la Cour de nous permettre de faire entendre, sous la foi du serment, tons ceux au milieu desquels il a vécu, et qui tous attesteront que jusqu'a 1824, il a été entouré de l'estime générale. Loin de chercher a so prévaloir d une naissance illustre, il dérobait soigneusement tous les indices qui pou-vaient la trahir, et cependant elle était soupgonnée. Son extérieur, son langage, ses sentiments la faisaient deviner aux observateurs attentif's. II se consacrait exclusivement au travail et a la familie. On lui a re-procbè d'avoir fait baptiser ses premiers enfants par un pasteur luthé-rien, et on en a tiré la conséquence qu'il ne pouvait être le fils d'un roi et d'nne reine qui ont édifié le monde par leur piété. Mais on oublie
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qu'il en a été séparé a sept ans, que, depuis, il n'a cessé d'errer de prison en prison, d'asile en asile, sans poavoir s'instruire. On oublie surtout qu'a Spandau, il n'y avait pas de ministre du eulte catholique, et que le prétendu Naundorf évitait avec soin les occasions d'appeler l'attention sur lui. Ce n'est qu'en 1824, lorsqu'il a été poursuivi pour crime de fausse monnaie, que, ne pouvant persister a conserver un nom qui n'était pas le sien, — il s'est dit prince natif, — et ia sentence qui l'a frappé énonce formellement que e'est pour ce mensonge qu'il a été condamné. Mais comment expliquer qu'ainsi accablé , il rencontre l'appui, il commande la conviction du gouverneur de la maison de force, M. le baron de Seckcndorf? Cet honnête fonctionnaire prussien n'était ni vieil-lard, ni crédule, ni enthousiaste. II est cependant devenu l'un des plus chauds partisans du due de Normandie. 11 avait done des preuves autres que celles que nous connaissons nous-mêmes. II en était également ainsi de M. Pezold, qui était bien commissaire de police et syndic de Crossen, ainsi que le constate la correspondance officielle que nous mettons sous les yeux de la Cour et contre l'autorité de laquelle ne peut prévaloir une phrase écrite au courant de la plume dans la note de police oü l'on dit que M. Pe/old était un avocat dont il fallait se detier. Pourquoi? Quant au motif de cette opinion, on ne le révéle pas, et vraiment il serait trop commode de se débarrasser ainsi, au moyen d'une objection témcraire, du té-moignage décisif d'un fonctionnaire qui n'est pins la pour rétablir la vérité.
Nous estimons qu'il est inutile d'insister davantage: des enfants pieux contre la bonne foi desquels aucune insinuation ne pent-être essayée, demandent a venger la mémoire de leur pére indignement calomnié, ils revendiquent le droit de réhabiliter sou honneur, en produisant les témoins qui rétabliront la vérité que la Cour ne pent, dans l'état des choses, connaitre; jamais tache plus sainte et plus noble n'a été entre-prise, la justice ne s'opposera pas a ce qu'ils paissent l'accomplir.
Vainement s'efforce-t-on de leur barrer le passage en lenr disant: Vons vous brisez contre des constatations authentiqnes.
Ces constatations n'existent pas. Celles qu'on reléve sont irréguliéres, éminemment suspectes, et ne peuvent faire rejeter la preuve contraire que nous demandons a administrer.
Nous ne reviendrons pas sur ce qui a été dit de l'intérêt capital qui devait déterminer les comités de la Convention et la Convention elle-même a entonrer la mort du jeune Dauphin de toutes les conditions d'nne certitude irréfragable; aucune de ces considérations n'a été réfutée. Si elles subsistent avec leur toate puissance, comment les concilier avec 1'acte étrange qu'on oppose anx appelants?
Et d'abord cet acte existe-t-üquot;? On ne le produit pas,il ne se retrouve plus nulle part.
On dit qu'il a été brülé lors des derniers incendies de la Commune.
C'est une erreur.
II n'était ni au Palais de Justice, ni a l'Hotel de Ville. II avait du être déposé anx archives générales, qui n'ont jamais souffert d'aucune dévastation. Or, en 1851, les archives out été interrogées. Leur honorable directeur a reconnu que l'acte en question u'y est pas.
On en est réduit a l'emprunter aux copies plus ou moins exactes qu'en donnent les historicus Ces copies ne sont pas uniformes. M. de Beau-chesne en cite une édition qui lui appartient exclusivement. II est impossible de savoir oü est la vérité.
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II est certain qu'en annoncant a la Convention le décès dn Dauphin dans la séance du 22 piairial, Sevestre a dit que les actes ^ctaient réguliers et déposés aux archives.
Or, l'acte de décès n'existait pas encore; il n'a été rédigé que le surlendemain 24, c'est-a-dire quatre jours après le décès, deux jours après rinhumation, trois jours après l'autopsie.
Ce retard constituait la violation formellc de la loi. C'est par erreur en effet qu'on a atiribué a cette loi une tolerance dc quarante-huit heures pour ces déclarations de décès. Voici son art. ler, tit. 5. (Loi 25 sept. 1792) quot;La déclaration du décès sera fiiite par les deux plus proches quot;parents on voisins de la personne décédée a l'officier de l'état public quot;dans les vingt-quatre lieurcs.
Art. 2. quot;L'officier public se transportera au lieu oil la personne sera quot;décédée, et, après s'être assure du décès, il en dressera l'acte sur des quot;registres doubles..
II ne peut être douteux que ces prescriptions n'ont pas été observées.
La déclaration de décès a non-seuleraent été tardive, elle a eu lieu quand les restes mortels du décédé avaient dispara depuis quatre jours.
II est impossible qn'une si grave irrégularité n'ait pas eu pour motif un intérêt politique: dans tous les cas elle enlève toute force probante au prétendu acte de décès.
II en est de mcme de la personnalité du déclarant, qui ne peut in-spirer aucune confiance. Tous deux subalternes obscurs, alors qu'il était si facile d'en trouver dont le caractère, le rang, la responsabilité morale seraient, devenus un élément considerable de conviction.
On n'eut pas agi autrement si on avait voulu preparer pour l'avenir la preuve de l'évasion du Dauphin.
On est revenu sur 1'exposition de son corps. Lasne a affirmé, sous la foi du serment, qu'elle avait eu lieu pendant deux jours.
Nous avons prouvé, par le rapprochement de l'acte de décès et dn proeès verbal d'autopsie, que cette exposition n'avait pas eu lieu.
D'ailleurs, si elle avait été iaite, on en aurait dressé procés-verbal.
Aux présomptions accablantes tirées de rirrégularité de Tacte de décès, des lacunes du procés-verbal d'autopsie, il faut joiudre la précipitation et le mystère de l'inhumation.
Les mémoires de Penchet ne laissent a eet égard aucun doute.
C'est a la brune, sans appareil, en l'absence de tout témoin impartial que l'ensevelissement de l'enfant décédé a eu lieu. Aussi a t-il été impossi-sible de retrouver sa déponille, et les mémoires de Napoléon ont-ils pu constater que la bière était vide. Ajontons a cette constatation décisive eelle résultant des mémoires de M. d'Aubigné et d'un procés-verbal offi-ciel; qu'on a trouvé dans le jardin du temple le squolette d'un enfant qui y avait été enseveli, et qui n'est autre que celui de l'enfant substitué au Dauphin.
Ces faits, inexplicables dans le cas du décès du Dauphin au Temple, ne peuvent être détruits par les témoignages de Lasne et de Gomin.
Ces témoignages n'ont pn être contrólés par la confrontation.
lis sont infirmés par les nombreuses contradictions qu'ils renferment.
Les deux gardiens, étrangers a tont commerce avec la familie royale, ne connaissaient pas le Prince. Lasne ne l'avait aper§u que de loin dans le jardin des Tuileries, Gomin a déclaré a M. de Beauchêsne qu'avant sa nomination de gardien, il ne l'avait jamais vu.
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lis out pu etre trompós sur son iclentité, i!s ont pu êti*e complices de son enlèvement. Tous ces faits sont obscurs, incertains; c'est la ce que pvoclament uu grand nombre d'historiens, il est done d'un intérêt de premier ordre de les éclaircir par ime enquête.
Mais on oppose Fabsence complete de reuseignements sur l'évasion, et même le caracière suspect des trois pieces produites pour les jnstifier.
L'absence de renseignements est une raison d;en chercher dans une enquête contradictoire. Quant aux soupcons que peuvent iaspirer les copies des troits lettres que nous avons produites, ils ne nous semblent pas avoir de gravité.
Nous mettons sous les yeux de la justice ce qui nous a été fourni par notre auteur, nous disons sincèrement dans quelles conditions il nous Ta remis et quelles consequences nous croyons pouvoir en tirer.
On dit cependant que ces pièces ont été fabriquées pour le besoia de la cause.
Get acte criminel serait dója bien ancien, car ces pièces se trouvent dans des écrits publiés dés 1833.
M. Bourbon Leblanc, qui s'en est servi le premier, a cru pouvoir les présenter comme signées de Laurent.
Ceci est un fait absolument étranger a l'instruction actuelle oü les copies en question ont paru telles qu'elles sont.
Ces copies ont-elles un caractère probant? Sont-elles un indice important a l'appui de notre demande en preuves? Voila le seul point a examiner.
Or, il est certain que, par leurs détails, par leur suite, elles se rat-tachent étroitemeut a un plan de substitution opérée a la tour du Temple.
Si elles ne sont que la mise en scène d'un roman mensonger, Tinven-teur de ce roman a été bien maladroit. II y a, en effet, introduit des complications aussi embarrassantes qu inutiles; il a semblé prendre plai-sir a multiplier les difficultés.
Mais ce quon ne peut nier, c'est quo les copies des lettres de Laurent ne soient en rapport très-exact avec des faits que ne connaissaient pas ceux qui les auraient fabriquées, puisque ces faits ne sont racontés par aucun historiën, et quon ne les a découverts aux Archives qu'en 1851.
L'un des plus importants, 1'entree de Gomin au Temple, étoit reporté a la date du mois de juillet 1794, et la copie de la lettre de Laurent le place a la date du 9 novembre syivant. Si nous n'avions pas consulté les Archives, on nous aurait accablés avec la declaration de Gomin.
Mais voici quon a recours aux Archives: Gomin a trahi la vérité, la copie de la lettre de Laurent la rappelle, au contraire, exactement.
II en est de même de la date de l'entrée de Lasne.
On dit, il est vrai: Mais si Laurent est sorti du Temple le 31 mars 1794, qui a pu douner a manger au Prince, qui la sauvé?
La réponse est simple: Laurent avait nécessairement des complices, il n'aurait pu seul réaliser un pareil dessein.
Les copies de ses lettres le prouvent, car il dit que maintenant (c'est-a-dire au moment oü il écrit) il pent partir, que tout est arrange pour le succès de l'entreprise. 11 laissait done derrière lui des affidés.
Ainsi sont rétablies, dans leur sincérité et dans leur portee légale, ces copies que nous n'avons jamais invoquées que comme un moyen d'arriver a une preuve plus compléte.
Et lorsqu'elles indiquent la date exacte de la nomination de Laurent,
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la presence de renfant muet, la visite des conventionnels, la participation de Barras, elles acquiérent un degré de gravité suffisant pour ré-sister facilement aux critiques qu'elles ont eu a subir.
D'ailleurs et nous ne saurions trop le répéter, quelle valeur peuvent avoir ces critiques dirigées contre la possibilité d'une évasion, s'il est certain que l'évasion a eu lieu?
Or, c'est précisément ce que nous demandons a prouver, non en nous bornant a de pures allegations, mais en prodnisant des faits, dès a présent constants, qui en sont presque la demonstration.
II faut, dans eet ordre d'idées, placer en première ligne les aveux indirects, mais positifs, de ceux contre lesquels nous luttons.
II est constant que le coeur de l'enfant décédè au Temple, et qui, sui-vant le vieillard de qnatre-vingt-trois ans qni s'est adressé directement a M. l'avocat général, sans nous communiqaer ses renseignements, a été parfaitement reconna par M. Pelletan lui-mcme, n'a point été accepté par la familie royale. On parle d'un larcin dont cette préciense relique aurait été l'objet, on va même jusqn'a insinaer que l'enlèvement du coeur n'a pn se faire an moment de I'antopsie, ce qui constituait a la charge de M. Pelletan une frauduleuse et indigne supercherie: nous n'avons pas besoin de discuter ces défaites. M. Pelletan, dans uh but pieux, a sous-trait le coeur de l'enfant autopsié; ce coeur a été refusé par la familie royale. II ne peut y en avoir d'autre raison que la certitude oü était cette familie que le Dauphin n'était pas mort au Temple, par conséquent qu'il s'en était évadé.
II en est de même de la résolution prise par la même familie de ne pas célébrer de cérémonie religiense en l'honneur de la mémoire de Tinfortuné captif. Une loi de 1816 avait prescrit des prières pour toutes les victimes royales. Le Dauphin n'en a jamais obtenu. II ne peut y en avoir qu'une raison, c'est que sa familie savait qu'il était vivant.
Non, nous répond-on, on attendait, pour ordonner ces prières, que la dépouille mortelle eüt été retrouvée. Les tentatives ont étévaines, on n'a pas exécuté la loi.'
Nous nous étonnons de Tobjection; nous ne voulons pas l'approfondir, sa réfutation nous permettrait de sonpconner dans 1'esp rit de ceux qui la présentent un matérialisme que certainement ils désavoueraient. Qu im-portent les cendres? C'est a 1'ame immortelle que vont les hommageset les regrets, et l'on trouverait singHlièrement impie l'indifFérence d'un 31s qui ne prierait pas pour son père paree que celui-ci est mort dans un naufrage et que la mer ne lui a pas rendu son cadavre.
Mais on insiste et on ajoute; Si le roi Louis XVIII avait voulu sane-tionner un pouvoir dont il connaissait le vice, il n'aurait pas raanqué d'affirmer la mort de son neveu par de pompeuses et hypocrites cérémonies; il aurait fait porter a Saint-Denis le coeur qui lui était offert, il aurait fait célébrer de pompeux services.
La réponse est facile. Le roi 1'aurait voulu qu'il ne l'aurait pas pn; il redoutait les protestations de son entourage, celles dn clergé, et il était ainsi condamné a laisser cette mystérieuse question dans l'ombre.
Ne savons-nous pas, par les mémoires du temps, par des declarations de témoins oculaires et auriculaires, qu'il a eu a subir sur ce point des remontrances et des supplications jusque dans son intimité la plus étroite ? Nous demandons a le prouver par témoins. Si ce fait était juridiquement établi, n'est-il pas évident que l'évasion serait indiscutable ?
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De plus, Mme Marco de Saint-Hilairc, qn'on ne pent ranger parmi les femmes faibles d'intelligence et perdnes d'enthonsiasme, dépose sons la foi du serment qu'elle a eutendu parler de l'évasion dn Dauphin k l'im-pératrice Josephine. Cc fait est attesté par plusieurs écrivains. M1116 Broglio Solari le tient de 1'ancien directeur Barras, nous demandons a en faire la preuve par témoins.
Nous cotons égalcinent des faits précis et pertinents tendant a établir dans le sein de la familie royale des discussions sur l'existence du Dauphin.
Mais a coté de ces démonstrations de Tévasion, il faut rappeler celles qui touchent aux reconnaissances de i'identité, reconnaissances si nom-breuses, si fortes, si persévérantes qa'a elles seules elles pourraient dispenser de toute autre preuve.
On les écarté cependant par l'argnment du dédain. On ne va pas jusqu'a incriminer leur bonne foi, on conteste leur intelligence et leur sens commun. On les traite d'égarés par la faiblesse d'esprit ou Tenthousiasme II est, en effet nécessaire de les supposer idiotes ou ballucinées pour détruire Fautorité de leur formelle déclaration.
La Cour voudra bien lire les dépositions réitérées de Mme de Ramband, Mme Marco de Saint-Hilaire, de M. Marco de Saint-Hilaire, de M. de Saint-Didier, de M. de Joly, de M. Breraond, de M. de La Feuillade, de M. de La Eochc-Aymon et d'une foule d'antres qn'il serait trop long de nommer, et elle se convaincra que les vénèrables témoins qui les ont produites ne méritent pas le jugement quon n'a pas craint de porter sur leur compte. On a cru que Mlue de Rambaud avait reconnu comme fils de Louis XVI l'un des faux dauphins convaincu plus tard d'imposture, c'est nne erreur. On a cité a l'appui une phrase recucillie par un journal judi-ciaire en 1851, dans la plaidoirie de Tavocat des appelants. Les avocats n'ont point a répondre du langage que leur prétent les rédacteurs des comptes rendus; toujours consciencieux, ceux-ci ne sont point infaillibles, et ici ils se seraient absolument trompés; en effet Mme de Kambaud a semblé prévoir cette objection et la réfuter a l'avance lorsqu'elle a dit, dans sa deposition de 1837: quot;Jusqrien 1833 fai cru le Dauphin mort.''' Non, et c'est la un des traits qui différencient profondément la situation du pré-tendu Naundorf de celle des faux dauphins, cenx-ci ont évité avec soin de rechercher les vieux serviteurs du rei Louis XVI; Naundorf a provoqué leur examen, leur defiance, leurs interrogatoires et il les a convaincus. Les faux dauphins ont été poursuivis, jugés et condamnés; Nanndorf a vaincment réclamé des juges: il s'est brisé contre les mosures adminis-tratives qui les lui ont refusés; mais toutes les fois qu'il lui a été donné de se trouver en face d'une personne qui Tavait connu enfant, il l'a forcée a le reconnaitre en lui rappelant des souvenirs qui ne laissaient pas de place au doute.
Nous n'en n'exceptons pas Mme de Falloux. Le père des appelants n'avait pas répondu de suite a l'une de ses questions. Le souvenir de ce qu'on lui demandait lui est revenu aussitot que cette dame a été partie. II l'a consigné par écrit et le lui a envoyé. Qu'on ouvre nne enquête et ce fait sera établi par de nombreux témoins.
Mais on se sert contre les appelants, et snrtout contre la mémoire de lenr malheureux père, d'une pièce mal interprétée.
Nous voulons parler d'une rétractation signée a Londres en 1841 par six personnes jusque la attachées a la cause du due de Normandie et
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la désavonant avec éclat, se retirant de lui ponr ne pas êtve plus long-temps dupes d'nne grossiêre imposture.
Cette pièee n'a pas la portee qu'on a essayé de lui attribuer; le désaveu réel qu'elle renferme, s'appliqne exclusivement aux innovations religieuses a la ponrsuite desquellcs, nous l'avons declare, l'infortuné proscrit s'ètait égaré; il faut même ajouter que ce n'était, pour quelques-uns des signataires, qu'un prétexte, puisque deux d'entre eux au moins, s'étaient associés sans réserve aux doctrines prétendues révélées. lis ont voulu se séparer, ils Tont fait bruyamment, et, dans leur protestation, il est difficile de trouver autre chose que de grossières injures; mais ils n'ont jamais dit que leur conviction sur l'identité de la personne de Naundorf avec celle du fils de Louis XVI fut le moins du monde ébranlée. L'un d'eux même, M. Gozzoli, a consacré tont le reste de son existence a témoigner cette conviction par les actes les moins équivoques. D'autres sont morts; mais voici l'un des signataires, M. Xa\ier Laprade, qui rétablit dans sa vérité le sens du désaveu. Nous lui laissons la parole; elle est celle d'un homme d'bonneur qui a passé les meilleures années de sa vie a étudier tous les détails de cette grande cause; profondément affligé des écarts de celui anquel il s'était dévoué, il aurait voulu douter, il ne l'a pu et il explique en ces termes les motifs de sa persistance!
PARIS, 21 Février 1874.
A. Monsieur JULES FAVRE, Avocat
MONSIEUR,
quot;J'ai été douloureusement ému bier, dans la cause de vos nobles et infortunés clients, en eatendant M. l'avocat-general Benoist donne.' lecture a la Cour d'une déclaration que je reconnais avoir signée en effct (vers (842), avec plnsieurs de mes amis, et qui contenait une protestation fort riye contre les publications religieuses faites par le père de vos clients.
quot;M. l'avocat-général a paru considérer, et a voulu faire valoir cette pièce comuie une retractation des témoignages que nous avons si souvent iendus en faveur de la cause que vous plaidez avec tant de zèle.
quot;Je proteste, Mon.-ieur, en mon nom et au nom de mon frère, J. B. Laprade, je pourrais même ajouter au nom de tous les signataires de cette pièce, contre cette interpretation qui est tout-a-fait erronée.
quot;Cette protestation n'était dirigée que contre les agissements religieus et les prétendues visions du personnage en qui nous n'avons jamais cessé de reconnaitre le fils infortuné de Louis XVI.
quot;A cette époque nous eussions été heureux peut-être de pouvoir être convaincus d'erreur ou même simplement d'admettre des doutes sur cette question d'identité.
quot;Mais plus nons sondions notre conscience a ce sujet, plus nous répétions entre nous: Et pourtavt eest bien lui! Oui, c'esi bien lui! Ma conviction est done, et a toujours été, inébranlable: elle ne s'est pas formée légèrement. Monsieur: elle a saisi mon esprit malgré toutes mes préventions, contre tous nos intéréts.
quot;J'ai suivi en Prusse ce personnage, depuis sou arrivée dans ce royaume en 1810 jusqu'a son départ en 18B3.
quot;J'ai vu a Berlin, a Spandau, ii Crossen, toutes les personnes qui l ont
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eonnn daas rintimité; j'ai obtemi la commnnication de docnments qne 1'on cache aujoard'hui, inais que monsieur le ministre de Kocbow mit alors a ma disposition sur la croyance oü il était que j'étais envoyé par un groupe légi-timiste de France pen favorable aux pretentions dont j'allais verifier 1'origine.
quot;J'ai acquis ainsi uu ensemble de preuves tel que l'esprit le plus rebelle est forcé de se rendre.
quot;Vous pouvez, Monsieur, faire de cette lettre 1'usage qni vous conviendra. Puisse-t-elle servir a la manifestation de la vérité!
quot;J'ai l'honneur d'etre, Monsieur, avec la consideration la plus distinguée, votre trés humble et obéissant servitenr,
Paris, 15. ruc d'Abbeville.
Commenter ce document ne serait que 1'affaiblir; il en ressort invinci-blement que la conviction de ceux qui ont vécu avec le père des appelants est restée inébranlable, et que, malgré le tort quil s'est fait a lui-même par de regrettables inspirations religieuses, il n'en n'est pas moins resté, aux yeux de tons ceux qui ont voulu se rendre un compte sévère des preuves sur lesquelles il fondait ses pretentions, le fils de Louis XVI, arraché du Temple et revendiquant légitimement les droits que lui donne sa naissance.
Mais si nous jetons un voile sur ses opinions théologiques, si nous comprenons qu'elles aient découragé certains de ses adhérents, nous ne pouvons le laisser accuser d'avoir surpris leur bonne foi par des simulations criminelles d'attentats dont ii aurait été victime; nous avons raconté ces faits tels que nous les avons trouvés dans le dossier, avec les tèmoignages qui les constatent et saus incriminer personae. On les taxe de fables; qu'on réponde autrement que par des assertions aux déclara-tions que nous avons produites en ce qui concerne la première tentative, et notamment a cclle non suspecte de M. Sosthène de La Kochefoucault, qui a vu les blessures et le sang; en ce qui concerne la deuxième tentative a Londres; qu'on détruise les procès-verbaux des médecins décrivant le trajet des deux balles dans le bras, la contusion de la poitrine. Ce sont la des documents irrécusables et qui défient la contradiction.
Ainsi, aux preuves tirées de l'impossibilité de donner au père des appelants une origine autre que celle qu'il réclame, a celles qui naissent a chacun des incideuts de sa romanesque existence en Allemagne, aux reconnaissances précises, persévérantes, raisonnées, a la ressemblaace si frappante de tons les membres de cette familie infortunée avec les membres de la familie royale, vieuaeat se joiadre les présomptioas si graves, si coucordautes, tirées de l'absence simultanée des documents que chaque chancellerie d' Europe doit possèder, et notamment celles de France et de Prusse, eh bien! nous ne disons point encore: Get ensemble de circonstances si extrordiaaires, si conciuantes, commande a la justice l'adoption des préteatious des appelants, mais nous croyons pouvoir af-firmer qu'il lui impose la nécessité d'une enquête.
Le gouvernemeat de la Hollaude u'en a pas en besoin. Le roi et ses ministres coauaissaient fort bien la situation de letranger qui abordait leurs rivages au mois de janvier 1845. Gênés par la crainte de déplaire a la France, ils n'ont traite tont d'abord avec lui que sous le nom de Charles-Louis. En réalité, ils le reconnaissaient comme Bourbon, comme
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fils de Louis XVI. La volumineuse correspondance qni est a notre dossier le proave sarabondamment: elle démontre aussi que tens les hants fonctionnaires qni ont connn le père des appelants ont été convaincus qn'il était le fils de Louis XVI. Tons ces grands personnages avaient assis lenr opinion sar les documents diplomatiqnes qui nous sont cachés. Mon généreux confrère, M. Van Buren, l'a formellement dit dans sa declaration , dont il importe de reproduire ce passage:
quot;Quant a l'identité de ce personnage arreté avec le due de Normandie, j'acquis nn témoignage irrécusable de son origine de la part d'nn des hauts fonctionnaires au département de la justice de la Haye qui, par suite de mes reclamations et de mes procédés auprès du gouvernement, a traité toute 1'affaire depuis le commencement jusqu'a la fin.
quot;Ce fonctionnaire, chargé de la correspondance pour obtenir par la voie diplomatique des cours de Berlin et de Londres des renseignements concernant le personne arrètée et son passeport, s'est trouvé saisi de reconnaissances de la vérité telles que le gouvernement de notre pays acquit la certitude que la personne a qui Ton avait retiré le passeport a lui délivré comme due de Normandie, était réellement le fils de Louis XVI.quot;
Pour eet homme honorable autant qu'éclairé, il n'y a done pas de doute. On n'a distrait les papiers diplomatiqnes que paree que ces papiers prouvent ce que nous affirmons.
La Hollande a protesté contre cette iniquité; elle a reconnu Charles-Louis, elle a autorisé la redaction de son acte de décès, celle de son épitaphe sous le nom de Charles-Louis de Bourbon, due de Normaadie; elle lui a accordé les honneurs de funérailles exceptionnelles, auxquelles assistaient les officiers généraux et les aides de camp du roi, elle encourage les revendieations de sa familie, elle a admis Adelberth de Bourbon dans son armée; le souverain vent bien le favoriser de sa bienveillance, il l'a fait naturaliser.
Ce grave incident clot le débat et tranche la question en ce qui con-cerne le gouvernement Néerlandais. Nous n'avons jamais été plus loin, et nous sommes trop jaloux de l'indépendance de la magistrature fran-(jaise pour la croire liée par la décision d'un gouvernement voisin. Mais qui oserait contester que cette décision ne soit une présomption consi-dérable? Laissons de cóté la politique et la raison d'Etat, n'envisageons que l'équité et le droit: Qui osera dire que le gouvernement néerlandais aurait voulu admettre parmi ses sujets le fils d'un misérable avonturier? Qui osera dire qu'en naturalisant Adelberth de Bourbon comme fils de Francais, le gouvernement de Hollande n'a pas solcnnellement déclaré en face de l'Europe que ce Francais était le Dauphin de France?
On a relevé, il est vrai, dans les débats engages devant la Chambre, une opinion attribuée par erreur a M. Olivier, ministre de la justice, qui aurait dit qu'on n'avait point a s'occuper de la qualité de Francais d'Adelberth que, fut-il Prussien, il pouvait encore être naturalise.
C'est un député, qui a tenu ce langage, auquel, du reste, il est tout a fait impossible d'attacher une valeur autre que celle d'un raisonne-ment par lequel on prévoit plusieurs hypothéses. Quant au ministre, il a constamment présenté Adelberth comme Francais. II le dit en termes exprès, dans sa réponse aux observations préliminaires de la commission: quot;On a très-judieieusement rappelé, dit-il, la circonstanee que le père de la personne dont il est ici question était Francaiset plus bas: