-ocr page 1-

CONS]l)É!iAT!O^S HKOLOOIQUES

SI K L'ORKi IN K

DU ZAND-DILUYIUM, DU SABLE CAMPINIEN

KT

DES DUNES MAR1TIMES DES PAYS-BAS,

1' A I»

T. C, WINKLER.

Kxlniit dis Ai'cliivos du MIisrc Trylor, 'I'

II A A 1' 1. KM — J. KS II Tilt IT 1 KI! S LOOSJKS 1878.

-ocr page 2-

.

R* qu.

772

,

'

-ocr page 3-

CONSIDER AT! ()NS G EOLOGl QU ES

SI R L'OKLGINE

DU ZAND-DILUVIUM, DU SABLE CAMPINIEN

I'AU

WINKLER

Doctcur ès-sciences; Correspondant étranger de la Société góologiquo de Londres; Membre de la Socicté hollandaise des Sciences a Haarlem; Membre de la Soeiété des Arts et des Sciences i\ Utrecht; Membre de la Société de Médicine, de Chirurgie et de Physique a Amsterdam; Membre de la Société batave do PhiloBOphie a Rotterdam; Membre correspondant de la Soeiété malacologique beige a Bruxclles; Membre correspondant de la Société zoologiquo argentine a Cordoba, Rép. Argentine; Membre correspondant de la Société des naturalistes a Einden; Membre honoraire de la Société zoologique néerlandaise a Rotterdam; Membre de la Société de Littérature néerlandaise h

Leyde; Membre corrospondant de la Société Isis ü Dresde; Membre honoraire de la Scciété zoologique royale Natura Artis Magistra a Amsterdam; Membre de la Soeiété zélandaise des Sciences; Membre correspondant de la Société des Naturalistes Meeklenbourg; Membre de la Société paléontologique suisse; Membre correspondant de la

Soeiété géologique (ir Bulgiquo ; Conscrvateur uu Muséc Teylcr ii Haarlem.

ir A AKLEM — LES 11 É K IT I K li S LOOSJES 1S7H.

-ocr page 4-
-ocr page 5-

Au congres géologique international qui a cté to nu a Paria on Aoüt 1878, j'ai lu un niciuoire sur l'origine et l'identité de provenance de trois dépots do sable, qui constituent une partie considerable du solde la Néerlando et de la Bolgicjue. 11 va sans dire quo, a ce congres, j'ai été force d'etre aussi bref que possible, do peur de fatiguor l'atten-tion des géologues distingués qui me faisaiont I honneur d'ócoutei' los idóes (pio je soumis a leur jugement éclairé, et surtout tie pour d'abuser de lour bionveillance. .J'ai cru être utile a la science en traitant a présent plus amplement une question géologique trés intéressante pour quiconque s'occupe de l'étude du sol do la Néerlando, savoir, sur l'origine et l'identité d age et de provenance des dépots de sable qu'on appolle: 1°. lo zand-diiuvium de Staring, 2°. Ie sable cam pinion de Dumont, ot 8°. les dunes maritimes dos Pays-Bas.

J'ai été porté surtout ii publier mon opinion sur Torigino des trois dépots de sable nommés ci-dessus, paree que jo n'ai pas pu trouvor une notion précise sur leur origine dans aucun dos travaux des géologues beiges, coinmo Omalius d'Halloy, Dumont, Dewahpie, Dupont, Mourlon et autres, ni dans eeux du géologue néorlandais Staring. Au contraire, lo grand savant, dont nous regrettons la perte récente, feu le Dr. Staring, ne dit, en parlant dos dépots de sable quartzeux, auxquols il donna le nom de zand-diiuvium 1) quo „leur origine doit être chercliée dans Taction de la pluie ot de la geléo sur los masses de sable graveleux, qui formaient le sol do notre pays dans 1'époque diluviennoquot;.

') Staking, De Bodem van Nederland T. U, p. 114.

-ocr page 6-

2 CONSIDERATIONS GÉOI.OGiaURS SUR l/OKIGINE DU ZAND-DII,UVIUM, ETC.

M, Dewalque, en decrivant le sable campinien, no dit rien de son origine, mais en parlant des dunes terrestres (|ui se trouvent dans la Carapine et qui fonnent une partie du sable campinien, ce savant dit '): „l'époque et le mode de leur formation nc sont pas encore suffisamment connusquot;.

Avant de répondre ii la ciuostion ()ue nous venons de poser, savoir: quelle est l'origine du zand-diluvium, du sable campinien et des dunes du littoral des Pays-Bas, il sera urgent de jeter un coup d'aiil sur les différents dépots diluviens de notre pays.

') Dewalque, Prodrome, p. 259.

-ocr page 7-

DU DILUVIUM NÉERLANDAIS EN GÉNÉRAL.

Lo sol de la Néerlande a, d'après les données du cadastre en 18(50, line surface de 3283998 hectares. M. Ie Dr. Hartogh Heys van Zouteveen, a l'aide du planiraètre polaire d'Amsler a relevé les différentes parties de la carte géologique des Pays-Bas de Staring, afin de pouvoir donner un état approximatif du nombre d'hectares qu'occupent a la surface du sol los dépots des diverses formations géologiques 1). D'après ces mesures 1338745 hectares sont composes de dépots diluviens, qui constituent Ia superficie ou qui sont re-couverts d'une couche mince d'alluvions fluviatiles ou rivulaires, de tourbières hautes, de terres végétales, etc. Le savant sus-nommé n'a l)as ajouté ii ce total les nombres fournis par les sables mouvants (73525 hectares) et les dunes maritimes (93580 hectares); il a placé ces dépots parmi les formations du temps actuel. Nous verrons plus tard que ces dépots doivent être rangés parmi les formations diluvienncs, et alors il résulte des données de notre auteur que les terrains diluviens de la Néerlande occupent une superficie de 1504850 hectares. Par conséquent presque la moitié de notre pays est composée de formations diluviales. Une ligne tirée a une distance d'environ 45 kilometres des cotes de la mer du Nord, désignera a peu pres la ligne do demarcation entre les dépots diluviens et les alluvions modernes, si l'on ne prend pas en considération quelques points diluviens isolés, comme les iles Ameland, Terschelling, Tessel, Wieringen, le promontoire au sud-ouest de la Frise, nommé le Roode klif pres de Stavoren, etc. Dans la partie orientale et méridionale du pays lo diluvium néerlandais dépasse partout les frontières politiqnes, de manière a former proprement dit les prolon-gements ou les terminaisons occidentaux et septentrionaux des dépots diluviens de l'Allemagne et de la Belgique.

') Archives uoerlauclaises dos sciences, T. IV.

1*

-ocr page 8-

CONSIDERATTONS GÉOI.OG1QUES SUR l/üülUINE UU ZAND-U1LUVIUM,

Un simple coup d'oeil sur le diluvium néerlandi is apprcnd déja que tons cos depots ne sont pas identiques et qu'ils doivent avoir eu unc origine différente. II parait certain que toutes ces masses de sable, d'argile, de gravier, de cailloux, etc. se distinguent tellement l'une de l'autrc, que Ton est force d'y voir des divisions tranchées. Ou sait que le fondateur de la geologie des Pays-Bas, Staring, a proposé en 1853 1) de diviser les dépots diluviens de notre pays en quatre sections, aux-quelles il donna les noms de:

1°. Diluvium de la Meuse,

2°. Diluvium du Rhin ,

3°. Diluvium Scandinavian,

4°. Diluvium de Munsterland.

On sait de même que Ie géologue que nous venons de citer, a divisé en 18GÜ 2) les dépots du diluvium néerlandais en trois catégories prin-cipales, savoir:

1°. Diluvium sableux, zund-dilavium,

2°. Loess on limon,

3°. Diluvium graveleux, grint-diluvimn,

et (|u'il a ensuite établi pour cette dernière catégorie les sections suivantes :

1°. Le diluvium scandinavien,

2°. Le diluvium entremêlé,

3°. Le diluvium du Rhin,

4°. Le diluvium de la Meuse,

5°. des dépots diluviens locaux dans la Belgique, dans le Limbourg et au Rhin.

Ces denominations expriment parfaitement l'origine de ces dépots, c'est-a-dire (|ue le premier a été transporté du nord, le troisième de l'orient, le quatrième du midi. La deuxième dénomination fait con-naitre ([iie ce dépot consiste en un mélange de matières provenues des trois sections précédentes, tandis que la cinquième caractérise les masses qui constituent cette section comme étant identiques a des dépots analogiques dans ia Belgique, dans le Limbourg et le long du Rhin.

4

Par mes nombreux entretiens sur cette matière avec ce grand maitre si regretté, j'ai acquis la conviction que depuis l'édition du Bodem van Nederland en 1800, les idéés de Staring sur notre diluvium se sont moditiées

gt;) Staking, Uundl. Paviljoen Hnarl. p. 55. 2) Staring, Do Bodem van Nederland. T. II, p. 51.

-ocr page 9-

L)ü SABIjE C'AMPINIEN ET DES DUNES MA R1 Tl MES DES PAÏS-BAS.

considérablement, de sorte ([uc je prends a présent la liberté de proposer la repartition suivante des dépots diluviens de la Néerlande:

1°. Le diluvium septentrional,

2°. n oriental,

3°. u meridional,

4°. // entremêlé,

5°. // re man ié.

Les raisons qui m'ont porté a proposer cette division et ces denominations, ressortiront des considerations sur ces dépots que je soumets ici au jugement des géologues. Pour faciliter l'étude de notre diluvium, j'ai dessiné une carte théorétique on partiellement idéale des Pays-Bas aux deruiers temps de 1'époque diluvienne ou glaciaire, avant la déposition des alluvions qui constituent un pen plus que la moitié de notre pays. Sur cette carte les parties de notre pays laissées en blanc sont celles oil Ton trouve actuellement des dépots d'origine moderne ou ralluvium: dans l'époque glaciaire les endroits blancs n'existaient pas encore, ils étaient encore ensevelis sous les eaux de la mer qui, dans ces jours, baignait au midi les cótes tertiaires de la Belgique et a l'orient celles de la Westphalie. Les parties teintées pourpre représen-tent 1°. les roches tertiaires des environs de Bentheim qui dépassent en deux endroits la frontière oriëntale de la Néerlande, savoir clans la Gucldre et dans I'Overyssel, et 3°. les terrains crétacés des environs de Macstricht. Les autres teintes représentent les endroits oil le sol est compose de dépots diluviens, et dont ou trouve l'explication au has de la carte. Notons cependant que la dénomination de carte idéale ou théorétique que j'ai donnée a ma carte, a surtout rapport aux dépots teintés rose, ceux du diluvium remanié. Je n'ai indiqué de ces dépots que quelques-ims des plus considérables, car si j'avais voulu faire une representation de tous les endroits ou l'on trouve ie diluvium remanié, saus doute la partie teintée de ma carte serait devenue a [)eu prés uni-fonnéinent de couleur rose, paree (pie ce diluvium recouvre en nappe mince a pen prés partout tous les autres dépots diluviens: une tbule de petits lambeaux de ce diluvium remanié n'ont pas été représentés sur ma carte.

Partout dans le diluvium la uuisse principale est tbrmée de sable. Ce sable consiste en des grains de quartz, la plupart arrondis ou émoussés, passant de grains presque impalpables jusqu'ii des grains gros. bin general sa couleur est jaune-brunatre de chaque nuance; il est d'un blanc pur surtout au voisinage de lits d'argile dans le diluvium oriental

5

-ocr page 10-

6 CONSIÜÉBATIONS GÉOI.OOIQUES SUR l/ORIGINE DU ZAND-DILÜVIUM,

et entremêlé, cl'un brun de café a la surface s'il a pvis de l'oxyde de fcr par la vegetation, et d'un gris clair s'il est mêlc de matières végé-tales. ün rencontre trés rareraent dans le sable des paillettes de mica. 11 n'y a point de difference marquee ni dans la composition, ni dans Ia couleur, ni dans le volume des grains de sablc des divisions différentes de notre diluvium. Toutefois une étude approfondie du sable nous ferait observer sans doute bien des differences, paree que l'origine du sable de notre diluvium septentrional se trouve dans les quartz de granites et de roches siluriennes, celle du diluvium oriental et meridional dans les grès des formations dévonienne, carbonifére et tertiaire, tandis que dans le diluvium entremêlé et surtout dans le diluvium remanié on doit rencontrer un mélange de grains de sable provenus de ces trois sources. Dans le diluvium septentrional on observe une quantité plus grande do silex que dans les autres dépots. Dans cette même division Ton trouve des Hts et des rognons d'argile communément assez pure, tandisque 1'argile qui se trouve dans les autres divisions, soit en lits, en bancs, en rognons, soit mêlée au sable, est en général mêlée d'autres substances, de manicre a former du Union plus on moins pur.

ÜU DILUVIUM SEPTENTRIONAL.

Le diluvium septentrional se trouve particulièrement au uord-est de notre pays. II forme la partie orientale de la province de Gro-ningue, la province de Drenthe entière. Test de la Frise, s'étendant vers le nurd jusqu'a la ville de Dockum, le promontoire au sud-ouest de cette dernière province, le Roode klif avec le Gaasterland, et ensuite les lies dans le Zuiderzée, et sans doute aussi les noyaux des iles Ameland, Terschelling, Tessel qui sent séparées du continent par les Wadden. Voyez sur la carte la teinte brun-clair n0. I.

Ces dépots se présentent souvent a la surface comine des rangées de collines basses, ou comme des collines isolées. Les chaines ile collines out communément une direction du nord-est au sud-ouest; une des plus reniar([uables cle ces collines porto le nom de Hondsrug: la ville de Groningue est batie sur sou extrémité septentrionale.

Le diluvium septentrional est compose de sable quartzeux avec des cailloux de roclies plutoniques, siluriennes, dévoniennes, etc. semblables a ceux ([iii recouvrent les plaines de l Alleniagne septentrionale. Surtout les granites se présentent ici dans une multitude de variétés. De même on y trouve des blocs ou des rognons calcaires roulés surtout vers le nord, et quelquefois plus bas vers le midi pres de la ville de Steenwijk.

-ocr page 11-

du SABFjE campinien et des dunes maritimes des pays-bas. 7

Los granites, au contraire, se rencontrent jusqu'a la Betuwe dans la Clueldre, et jusque dans la province d'Utrecht. Plus loin vers le midi, ces roches sont extremement rares.

Les grandes quantités d'argile qui s'y trouvent sont aussi caractéris-tiques pour ces dépots. Nou seulenient leur sable est en general tres argileux, muis aussi Ton y rencontre souvent des lits et des couches cpaisses et larges d'argile pure.

L'argile y est disposée en bancs ou en rognons, ou elle est mêlee intimement au sable. Aux environs de Winschoten, dans le Hondsrug, dans la Frise et dans la Drenthe, dans l'ïle d'Urk et dans l'ile de Wie-ringen , la surface du sol est composée de sable, mais le sous-sol est un sable argileux tres fertile. Les bancs d'argile contiennent des blocaux et des cailloux roulés analogues a ceux des lits de sable pur et de sable argileux des alentours. Sous la ville de Groningue se trouvo un banc d'argile qui a une épaisseur de plus de 25 metres. A Zuidbroek, a l'est de Groningue, ce banc se rencontre a 5 metres au dessous de la surface, et ne finit pas encore a 25 metres plus bas. Comrne partout dans notre pays, cette argile est a la surface un limon argileux brun-grisatre, tandis que plus bas sa couleur est gris-bleuatre et même quel-quefois noiratre. On l'appelle pot klei, limon a poteries; elle fournit la matière première pour les fabriques de poteries et pour les briqueteries.

On ne trouve que trés pen de marne dans notre diluvium septentrional. A Helpman pres de Groningue et dans l'ile d'Urk Ton rencontre des lits minces de marne, ou plutót d'argile calcareuse. Dans le Hondsrug se trouve une assise qui contient hult pour cent de ehaux; on rencontre une couche tout a fait semblable a Steenwykerwold. Sans doute ces lits d'argile calcarifère out leur origine dans une roche calcaire ou cré-tacée, dont les silex se retrouvent ici en grande quantité. La marne de l'ile Urk, obscrvée par M. le prof. Harting d'Utrecht, doit être con-sidérée comme du sable argilo-calcarifère.

Le gravier se présente ici depuis la grosseur de petits pois jusqu'a celle de bloes erratiques, dont quelques-uns doivent avoir une pesanteur de vingt mille kilogrammes. Ces cailloux sont disséminés partout dans le sable; dans quelques endroits on rencontre même des couches entiè-rement couiposées de cailloux. A diverses places la masse des cailloux s'est amoindrie considérablement par suite de 1'usage assess fréquent que I on en a fait. En effet, depuis des siècles on vient chercher de ces cailloux dans la plaine pour le pavement des routes dans les villes et les villages; on préfère pour eet usage les cailloux qui out environ la grosseur du poing. Ensuite on a transporté des bloes plus gros vers

-ocr page 12-

6 CONSlüÉUATIONS GF.OI.OGIQUES SUR l/ORIGlNE DU ZAND-DIMJVIUM,

et cntremêlé, d'un brun de café a la surface s'il a pris Je l'oxyde de fer par la vegetation, et d'un gris clair s'il est mêlé de inatières vége-tales. • On rencontre trés rarement dans le sable des paillettes de mica. 11 n'y a point de difference marquee ni dans la composition, ni dans la couleur, ni dans le volume des grains de sable des divisions différentes de notre diluvium. Toutefois une etude approfondic du sable nous ferait observer sans doute bicn des differences, paree que l'origine du sable de notre diluvium septentrional se trouve dans les quartz de granites et de roches siluriennes, celle du diluvium oriental et meridional dans les gres des formations dévonienne, carbonifère et tertiaire, tandis que dans le diluvium entremêlé et surtout dans le diluvium remanié on doit ren contrei' un mélange de grains de sable provenus de ces trois sources. Dans le diluvium septentrional on observe unequantité plus grande de silex que dans les autres dépots. Dans cette même division Ton trouve des lits et des rognons d'argile coiiinmnément assez pure, tandisque l'argile qui se trouve dans les autres divisions, soit en lits, cn bancs, en rognons, soit mêlee au sable, est en general inêlée d'autres substances, de manière a former du limon plus ou inoins pur.

DU DILUVIUM SEPTENTRIONAL.

Le diluvium septentrional se trouve particulicmuent au nord-est de notre pays. II forme la partie orientale de la province de Gro-nlngue, la province de Drenthe entière, 1'est de la l'rise, s'étendant vers ie nord jusqu'a la ville de Dockum, le promontoire au sud-ouest de cette dernière province, le Roode klif avec le Gaasterlaild, et ensuite les iles dans le Zuiderzée, et saus doute aussi les nojaux des iles Ameland, Terschelling, Tessel qui sont séparées du continent par les Wadden. Voyez sur la carte la teinte brun-clair n0. I,

Ces dépots se présentent souvent a la surface conmie des rangées de collines basses, ou coinme des collines isolées. Les chtunes de collines out comrnunément une direction du nord-est au sud-ouest; une des plus remarquables de ces collines porte le nom de Hondsrug; la ville de Groniugue est batie sur sou extrémité septentrionale.

Le diluvium septentrional est composé de sable quartzeux avec des cailloux de roches plutoniques, siluriennes, dévoniennes, cte. semblables a ceux (|ui recouvrent les plaines de l'Alleniagne septentrionale. Surtout les granites se présentent ici dans une multitude de variétés. De même on y trouve des bloes ou des rognons calcaires roulés surtout vers le nord, et quelquefois plus bas vers le midi prés de la ville de Steenwijk.

-ocr page 13-

DU SABLE CAMPINIEN ET BES DUNKS MUUTIMES DES PAVS-BAS.

Los granites, au contraire, se rencontrent jusqu'a la Betuwe dans la Gueldre, et jusque clans la province d'Utrecht. Plus loin vers le midi, ces roches sont extremement rares.

Les grandes quantités d'argile qui s'y trouvent sont aussi caractéris-tiques pour ces dépots. Non seulement leur sable est en general tres argileux, muis aussi Ton y rencontre souvent des lits et des couches épaisses et larges d'argile pure.

L'argile y est disposee en bancs ou en rognons, ou elle est mêlee intimement au sable. Aux environs de Winschoten, dans le Hondsrug, dans la Frise et dans la Drenthe, dans l'ile d'Urk et dans l'ile de Wie-ringen , la surface du sol est composée de sable, mais le sous-sol est un sable argileux tres fertile. Les bancs d'argile contiennent des blocaux et des cailloux roulés analogues a ceux des lits de sable pur et de sable argileux des alentours. Sous la ville de Groningue se trouve un banc d'argile qui a une épaisscur de plus de 25 metres. A Zuidbroek, a l'est de Groningue, ce banc se rencontre a 5 metres au dessous do la surface, et ne finit pas encore a 25 metres plus bas. Comme partout dans notre pays, cette argile est a la surface un limon argileux brun-grisatre, tandis que plus bas sa couleur est gris-bleuatre et même quel-quefois noiratre. On I'appelle potklei, limon a poteries; elle fournit la matière première pour les fabriques de poteries et pour les briqueteries.

On ne trouve que tres pen de marne dans notre diluvium septentrional. A Helpman prés de Groningue et dans l'ile d'Urk Ton rencontre des lits minces de marne, ou plutót d'argile calcareuse. Dans le Hondsrug se trouve une assise qui contient huit pour cent de chaux; on rencontre une couche tout a fait semblable a Steenwykorwold. Sans doute ces lits d'argile calcarifère out leur origine dans une roche calcaire ou cré-tacée, dont les silex se retrouvent ici en grande quantité. La marne de l'ile Urk, observée par M. le prof. Harting d'Utrecht, doit être con-sidérée comme du sable argilo-calcarifère.

Le gravier se présente ici depuis la grosseur de petits pois jusqu'a celle de bloes erratiques, dont quelques-uns doivent avoir une pesanteur de vingt mille kilogrammes. Ces cailloux sont disséminés partout dans le sable; dans quelques endroits on rencontre même des couches entiè-rement coniposéos de cailloux. A diverses places la masse des cailloux s'est amoindrie considérablement par suite de l'usagcassez fréquent que Ton en a fait. En eflfet, depuis des siècles on vient chercher de ces cailloux dans la plaine pour le pavement des routes dans les villes et les villages: on préfère pour cot usage les cailloux qui ont environ la grosseur du poing. Ensuite on a transporté des blocs plus gros vers

7

-ocr page 14-

8 CONSTUÉllATlONS GÉOLOOIQUES SUR I,'ORIGINE ])U ZAND-DILUV1ÜM ,

les digues de la nier et les jetécs le long des cotes, pour fortifier ces constructions Le gravier de la grosseur d'un oeuf a etó employé a rempierrcment de sentiers et de routes, et enfin des cailloux de toute grosseur ont cté cassés pour en faire des routes ditos Mac-Adam. Cependant dans quelques con trees éloignées de la province de Drenthe, coninie a Exlo et prés d'Eramen, les cailloux sont restés dans leur état priinitif. La, les routes sur les pentes des collines, d'oü le sable a eté emporté peu a peu par Taction de la pluie, sont couvertes de cailloux, de manière a faire croire que Ton met le pied sur une route de cailloux tres mal pavee. On a prétendu que les quantités de cailloux diminuaient avec la profondeur, mals cette supposition n'est pas fondée. Dans les tranchées du Chemin de fer rhenan a travers les collines d'Utrecht et de la Veluwe, les plus profondes tranchées qui ont été faites dans notre pays, on n'a pas observé une difference notable dans Ia masse des cailloux dans les lits supérieurs, comparés avec les lits inférieurs.

Westerhoft', en parlant de l'origine de notre diluvium, dit, l) „11 est vrai que l'on trouve les pierres les plus grandeset laplus grande quan-tité de ces bloes de pierre précisément sur les hauteurs ou les lieux les plus élevés du diluvium (voyez Hausmann, dans les Verhandelingen der Hollandsche Maatschappij van Wetenschappen te Haarlem T. XIX, p. 31(5), mais cc fait s'explique trés naturellement. Si l'on se figure la forme originaire du sol diluvien , immédiatement apros sa déposition ou sa formation a ces endroits, com me étant tres inégale et onduleuse, il doit s'en suivre que déja quand ce sol était encore submerge, les blocs de pierre les moins lourds ct les grains de sablc furent deposés dans les lieux bas. Ce déplacement devait s'effectuer par les courants et le balancement des eaux. Par ces forces le sable devait s'accumulcr dans les creux et cacher les bloes de pierre qui se trouvaient dans les lieux bas, les creux etc., et les bloes de pierre déposés sur les hauteurs en perdant la nappe de sable qui les reeouvrait, se présentaient alors comme des pierres isolées, ou comme vine couche de pierres sans sable.quot;

Nous venons de parler des bloes erratiques du diluvium septentrional. On sait que Ton trouve dans la province de Drenthe une multitude de ces constructions des premiers habitants de ces pays, de ces dolmens, que l'on appelle en neerlandais hunnebedden. Ces mausolées pri-mitifs sont batis de grands blocs erratiques. Un des six blocs qui forment le toit du dolmen a Rolde pres d'Assen, doit peser environ

') Wesi muioFF . Natuurkundige gcscliicdwiis vim de kuslnii (Ier Noordzee. T. 11, p. 407.

-ocr page 15-

DU SiVBIiH CAMIMNIKN ET DES DUNES MAIUTIMES DES PAYS-15AS.

18000 kilogrammes. Les bruyères aux environs du Lonnekerberg sont remarquables par la quantité énorme de grands blocs erratiques (|ui s'y trouvent. Le grand caillou que l'on voit sur le raarché d'Oldenzaal, un bloc granitique, a une pesanteur de plus de 10000 kilogrammes. Pour la construction d'une route de la ville d'Oldenzaal a Enschedé l'on a, ontre autres, brisé un bloc de granite qui cubait 24 metres, et pesait plus de 00000 kilogrammes.

De tels bloes erratiques se trouvent en grande quantité surtout dans les parties orientales de la Drenthe et de l'Overyssel. Ces bloes sont prin-cipalemcnt formés de roches cristallincs, semblables a celles qui se trouvent en place dans l'ile de Gothland, lis s'étendent depuis ces montagnes jusque sur los plaines sableuscs de la Néerlande. On sait que l'origine des bloes erratiques est une question qui a beaucoup occupé les géolo-gues, et qui a donné lieu ti de longues discussions. On sait de même qu'on est d'accord a présent pour attribuer le transport de ces bloes non aux eaux diluviennes, mais a Taction des glacés flottantes (pii auraient transports ces bloes comme des radeaux, a la manièrc des glac/ons qiu; l'on rencontre dans les uiers des halites latitudes. Dans les contrées polaires oiï les glaciers atteignent les bords de la nier, il s'en détache des masses qui deviennent des glacés flottantes et qui ensuite flottent au gré des courants et des vents. On sait également que les glaciers qui s'étendent sur los montagnes transportent en bas toutes les matières qui tombent sur leur dos, et que ces matières forment des moraines, qui doivent présenter un assemblage de gros et de petits fragments disperses sans aucun ordre. On conf;oit que lorsque des masses de glacé, portant sur leur dos des débris de roches, se détachent des glaciers quand ceux-ci aboutissent a la nier, ces bloes et ces débris demeurent sur les glagons, et de cette manièrc ils peuvent être transportés. On sait que de nos jours des glacés flottantes chargées de bloes do pierre et de limon des moraines, détachées des glaciers de la Groenlande, nagent dc la bayo de Baffins a travers le détroit de Behring, et arri-vent enfin aux cotes de l'Amérique septentrionale, aux environs des grands bancs de Newfoundland. Arrivés dans ces parages, oiï la temperature est plus élevée, ces gla^ons fondent, et les matières qu'ils ebariaient, tombent dans la mer et agrandissent continuellement 1(!S grands bancs autour de Newfoundland. J1 paraït done que de cette ma-nière des bloes erratiques peuvent être transportés a de grandes distances. Cette explication rend trés bien raison du transport des bloes erratiques de la grande plaine de l'Europe septentrionale: il suffit d'admettre que la Scandinavië dans l'époque glaciaire formait une ïle on une presqu'ile

2

!)

-ocr page 16-

10 CONSIDERATIONS GÉOI.OGIQUHS SUll l/oRIGlNE 1)U ZAND-DTI,UVIUM ,

baignée par la mei et recouverte cle glacicrs (|iii aboutissaient a la mer, un pays oü la temperature de l'air était alors beaucoup plus basse qu'aujourdhui, et qu'alors la mcr s'étendait jusqu'au pied du Hartz et jusqu'aux cotes tertiaires de la Belgique.

Parmi les cailloux du diluvium septentrional on observe des rognons de calcaire marneux qui recèlent dos fossiles siluriens. Jusqu'ici nous ne connaissons que deux endroits dans notre pays oii ces fragments de roebes calcaires se trouvent en abondance. Le premier est File d'Urk dans le Zuiderzee; la ils ont la grosseur d'une noix, et I'autre est la ville de Groningue. Ici en creusant le sol pour les fortifications on a trouvé une multitude de ces rognons calcareux accompagnés de silex et de blocs granitiques. La grosseur do cos rognons varie depuis cello depetits pois jusqu'a celle d'une tête d'bomme; quelques-uns pèsent jusqu'a dix kilogrammes; plusieurs de ces rognons recèlent des fossil(;s. En memo temps on rencontre au milieu de cos rognons calcaires des fossiles isolcs, surtout dos polypiers parfaitement conserves, quoique lour structure soit extrêmemont tendre et friable;. Nul douto qu'ils aient fait partie d'un bloc calcaire tombé en poudre apros avoir été enseveli dans le lit sableux. II est certain que ces rognons a fossiles, vu leur fria-bilité, ont été apportés sur des glacés flottantes , mais que plus tard, quand ils gisaient au-dessous des eaux de la mer, le balancement dos eaux les a arrondis et en a briso unc multitude. Alors les polypiers qu'ils recélaient, a leur tour ont été roulés, arrondis, brisés, etc. de sorte qu'a présent on pont admettre que les polypiers plus ou moins usés par l'eau ont perdu après leur deposition la couche de calcaire qui les gardait, tandis (juo ceux (jui sont rostés intacts proviennent de rognons roulés, mais non tombés en poudre. D'après les recherches du paléontologiste suédois, M. Angelin, ces rognons et ces fossiles sont pro-venus des couches siluriennes qui appartiennont a la région 1'j. Cryptony-monm de ce savant. Cette division du système silurien est composée de couches calcaires, de gres calcaires, de marnes grisos, de gres mi-cafères et de scliistes argileux. L'lle do Gothland consiste a peu pres entièrement de ces rochos; on les trouve également autour du lac Ring-shön et prés cle Klinta en Schonen , et aussi dans los iles du golfe de Christiania et prés de Holmestrand. M. Ford. Roomer de Broslau a prouvé que les rochos et les fossiles de Groningue sont provenus des endroits nommés ci-dessus. ')

') Perd. Roemer dans 1c Ncucs .lalirbuch dc Leoniiardt amp; ]}ronn, 1857 p. 385; 1858 p. 257.

-ocr page 17-

DU SABfiE CAMPINIEN ET DES DUNES MARITIMES DES PAYS-BAS. 11

Los principaux fossilos du diluvium septentrional, trouvés surtout dans le Hondsrug ct dans l'ïle d'örk, sont les suivants:

Actyloqionijia {Siphonia) praemorsa Goldf.

Bryozoaires sp. Cyuthocrinus pent ay on us Goldf.

B eren ice u irregularis Lonsd. Terebratula hidentata His.

Stromatopora striatella D'Orb. // sp.

Chaetetcs petropolitanus Lonsd. Atrypa reticularis Daim.

Fawsifes fibrosus Lonsd. Spirifer lynx Eichw.

Calamoporu polymorpha Goldf. n subsulcatus Daim.

n sponyites Goldf. // sp.

// yothlandica Goldf. Or this pecten Daim.

üaunoporn placenta Phill. Pentamerus sp.

Heliopora porosa lloem. Chonetes striatella Daim.

llalysites escharoides Fisch. Be/richia tubercula Daim.

// catenularia VVahlb. Euomphalus cornu arietis His.

Syrinyopora cancellaia Edw. Orthoceras reyulare Schloth.

n reticulata Main. Orthoceras sp.

Heliolithcs porosa Edw. amp; Haime. Cytherina baltica His.

Cyathophyllam articulation His. F roet us sp.

Cyathocriaus ruyosus Mill. Calymcne sp.

Farmi les roches qui sous la forme do cailloux se présentent dans le diluvium septentrional, nous venons de nommer en premier lieu les granites. Lu plupart sont du granite rouge, compose de feldspath rou-geatre, de quartz gris et de mica brun ou noir. D'après Hausmann ce granite rouge ost trés connmin en Suède, surtout en West-Gothland aux frontières de Norwège. Mais le granite gris, compose de feldspath blanc ct de quartz noir, qui se trouve comme roche coherente en Suède, surtout dans l'Upland aux environs de Stockholm, ne manque non plus dans le diluvium septentrional. Ensuite on y trouve des diorites et des syenites, analogues aux syenites cohérentes de West-Gothland, des amphibolitcs, et enfin dos roches porphyriques qui, d'après Hausmann, sont parfaitenicnt analogues au porphyre d'Elfdalen prés de Ealun.

DU DILUVIUM ORIENTAL.

Pendant (ju'au nord-est des Pays-Bas se déposaient les masses dilu-viennes dont nous vonons de parler, d'autres dépots se formaient dans le sud-est. Des cours d'eau , des riviéres coulant vers I'occident, dont saus douto le Rhin était une des principales, chariaient le détritus de lours montagnes riveraines vers la mor diluvienne, et le déposaient aux

2*

-ocr page 18-

1 2 CONSIDERATIONS GEOI-OGICIUES SUR 1,'OIUOINE 1)1) ZANU-DIEUVIUM ,

endroits on nous trouvons a present les plaines sableuses du Mooker-lieicle et les collines de gravier aux environs de Nymègue. Ces rivières fonnaient ainsi dans leurs estuaires de vastes deltas, composes de couches de sable, de liiuon, de gravier. Ces debris de roclies ont tons des bonis et des angles arrondis on énioussés, preuve certaine do leur transport par l'eau courante. Dans les cailloiiN de ces dépots on retrouve des fragments des roches cohérentes qui constituent les montagnes de rAllemagne le long du Rhin. Ce sont les dépots qui ont été appelés le diluvium du Rhin par Staring, les dépots auxquels je propose de donner la denomination de diluvium oriental; j'ai désigné ces masses par la teinte gris-brun n0. 2, sur la carte ci-jointe.

Le diluvium oriental, si on le compare avec le diluvium septentrional, ne constitue qu'iine partie tres petite de nos dépots diluviens. 11 nc se présente que comme la terminaison ou le prolongement occidental du diluvium qui se trouve en Prusse dans le pays de Clève, e'est-a-diro des collines qui s'étendent entre Niers et le Rhin jusqu'a Dusseldorf, et des collines dans le pays de Gueldre, Stralen et Venlo, entre le Niers, la Mouse et le Rure. La partie néerlandaise principale de ce diluvium est connue sous le nom dlt;j Mookerheide. Le Mookerheide est la pente sud-est des collines diluviennes qui se perdent, prés de Hatert, dans le diluvium remanié, et s'enfoncent pres de Hees et de Neerbosch sous les alluvions du Waal. Cette surface diluvienne prend naissance au nord dans les col-lines oii s'élève la ville de Nymègue. Son sommet le plus haut se trouve a Test, et de la on voit, de Nymègue a Wilderen, une pento assez rapide qui a une direction vers le sud-est. La fortification Sterre-schans, batie sur cette pente, se trouve a 51 mètres au-dessus du niveau de la mer, et par conséquent li environ 87 mètres au-dessus des alluvions fluviatiles de I'Ooi. L'altitude d'Ubbergen est de 02 metres, celle de Beek de 88 mètres, et celle du point le plus élevé, l'Uilenpol, de Ü8 mètres au-dessus de la mer. Le Mookerheide se continue dans le Reichswald de Clève.

Le sable quartzeux des dépots du diluvium oriental contient une trés grande quantité de silex blanc. Dans quelques endroits, aux environs de Venlo et de Ruremonde, ces silex sont colorés brun par l'oxyde do fer. Quoiquo le quartz blanc caractérise le gravier, on y trouve néan-moins une trés grande diversité de roches, des échantillons de toutes les roches cohérentes des montagnes qui bordent le cours du Rhin , memo au-dessus de la vallée étroite qui s'appelle le Bingerloch. A l'exception des environs de Clève, surtout au nord de cette ville, on ne rencontre dans le diluvium oriental ui granites, ni diorites. Quelquefois

-ocr page 19-

1)U SAÜJiE CAMPJNIEN ET DES DUNES MARITIMES DES PAYS-BAS.

on y trouve du basalte, du trachite, du mélaphyre, du calccdoine, du [)oi,phyre. Les cailloux dc porphyre de ces dépots sont ideutiques aux roclies coliéren tes porphyriques de Kreuznach.

Dans quelques endroits 011 trouve des lits et surtout des rognons de limon entourés do sable. Ces rognons n'ont ordinairement (pie peu de metres cubiques, mals parfois ce sont des masses qui cubent phisieurs centaines de metres. i)u limon, entremêlé de sable et de gravier, se rencontre dans les collines de Clève. Un sable argileux forme le sol des environs de Nymègue. II devient de plus en plus argileux et par conséquent de plus en plus fertile, a mesure que Ton avance vers le midi.

DU DILUVIUM MERIDIONAL.

Les dépots de sable caillouteux que nons réunissons sous la dénomi-nation de diluvium meridional, le diluvium de la Meuse de Staring, se trouvent dans les provinces de Limbourg et du Brabant septentrional. De Maastricht, et ensuite limitant la vallée de la Meuse, il s'étend dans le Brabant septentrional, et s'enfonce sous les lits de sable du zand-diluvimi de Staring, du sable canipinien de Dumont, ou il se montre quelquefois au jour.

Dans la Néerlande ces dépots ne forment jamais de collines, mais des plaines sableuses, semécs de gravier et dc cailloux, telle que la plaine de Scliaiksclie Heide entre Grave et Bois-le-Duc, Meyel au midi de la grande tourbière le Peel, avec le Houwenberg, Bergeyk, Ryen etc. En Limbourg on retrouve ce diluvium s'unissant aux lits de sable dont nous venons de parler. Les cailloux roulés de ces dépots se trouvent autour de la vallée de la Meuse, et dans cette vallée ils recouvrent la Montague Saint-Pierre prés de Maestricht et les collines environnan-tes, s'étendant a Test duns la vallée du Wurm au nord de Kerkrade, et formant a l'ouest les collines de la Campine liégeoise.

Comme notre diluvium oriental n'est (jue le prolongenient des dépots diluviens qui se trouvent dans la vallée du Rhin dans la Prusse, notre diluvium méridional correspond parfaitement aux dépots diluviens a cailloux roulés dans la vallée de la Meuse en Belgique. Sans aucun doute notre diluvium oriental néerlandais s'identifie avec les dépots désignés par Dumont comme silex et cailloux; par M. Dupont, comme l'étage inférieur de la formation quaternaire, cailloux roulés et sable (jraveleux; par Omalius d'Halloy comme dilmion cailloutem; par M. De-walque comme diluvium a cailloux roulés, ven us du Coudroz et de rArdenne.

\S

-ocr page 20-

14 CONSIDERATIONS GEOTiOGIQUES SUR l'ORIGINE DU ZAND-DII,ÜVIUM,

Les cailloux roulós consistent en fragments de toutes les roches cohé-rentes qu en plncc de l'Ardenne et du Condroz. Les roches quartzeuses y dominent, les quartzites, les grès, les psanmiites etc. Quelquefois on y rencontre des cailloux de silex crétacé. Le volume de ces cailloux est trés différent; il varie depuis lu grosseur d'une noix jusqu'acelle d'un a;uf.

Omalius d'Halloy en parlant de son diluvion caillouteux 1) dit; „Cos dépots, caractérisés par la presence de fragments de roches semblables a celles de l'Ai'denne, se prolongent non seulement dans le reste de la vallée de la Meuse, mais se retrouvent dans toutes les vallées oü des eaux venant de l'Ardenne coulent vers le nord. lis s'étendcnt aussi sur les portions peu élevées des plateaux qui bordent ces vallées, notam-ment sur les parties orientales de la Hesbaye et de la Campine, Dans la Campine et dans une partie de la Flandre le dépot caillouteux est accompagné et souvent reconvert par des sables ordinairement blan-cluitres, mais passant aussi au jaunatre, au brunatre, au noiratrc, au verdatre. Ces sables détenninent dans la Campine l'existence de vastos bruyères, et lorsqu'ils ne sont pas fixés par la végétation on par des marais tourbcux, ils sont trés mobiles, tendent a faire des rides que Ton pourrait appeler des dunes terrestres, et a envahir les portions cultivées. Les parties de la Campine qui avoisinent les fleuves sont tres fertiles. On a aussi mis en culture les bords des canaux et quelques parties des bruyères autour des lieux liabités.quot;

Cette description est parfaitement applicable au diluvium méiidional de la Néerlande. Nous reviendrons sur ces formations de la Campine en parlant de notre diluvium remanié. M. Dewalque dit des dépots de sou diluvium a cailloux roulés: 2) „lis sont forniés de cailloux plus ou moins roulés, do gravier, de limon et quehiuefois do tourbe. Les cailloux roulés consistent en fragments de toutes les roches cohérentes qui constituent la région traversée par le cours d'cau au voisinage duquel nous los observons. Le transport dans l'eau leur a donné une ferme plus ou moins arrondie, souvent aplatie. lis sont entremolés de gravier et de sable do même compositionquot;. La description de ces dépots dans la Belgique ost on tons points applicable au diluvium méridiouul de la Néerlande. Les dépots du diluvium méridional sont indiqués sur ma carte par la teinte verte N0. 3.

') Omalius d'Halloy, l'récis élemenlairo, 8 Edit. p. 517.

J) Dewalciue, Prodrome, p. 230.

-ocr page 21-

DU SABLE CA Ml'INI KM ET DES DUNES MA lUTTMES DES PAYS-BAS.

DU DILUVIUM ENTREMÉLÉ.

En jetant un coup d'ccil sur la carti;, on observera que je n'ai pas cncore traité de cctte partie considerable de notre diluvium néerlandais, qui est designee par la teinte jaune N0. 4. Ces dépots diluviens constituent a présent la majeure partie de la Gueldre, de i'Overyssel et de la province d'Utrecht. On sait que Staring a donné a ces dépots la denomination de diluvium entremêlé. En effet, cette denomination est bien clioisie, car ces dépots roprésentent des échantillons des trois sources de provenance, dont nous venons de parler plus haut, c'est-a-dire du nord, de Test et du midi. Ici on voit une masse de sable quartzeux avec des bloes erratiques du nord, a cóté d'un lit de limon apporté par le Rh in. La, on observe une couche composée de sable et de cail-loux ardennois, supérieure a un amas de gravier dont les caractères lithologiques nous apprennent qu'il a fait partie un jour des roches cohérentes qui bordent les rivières de rAllemagne. Dans un autre en-droit nous trouvons du sable avec des silex, recouvrant une couche qui recèle des débris de roches caleaircs des rives de la Meuse, et en maint endroit toutes ces matières différentes sont entremêlées si intime-ment, et souvent elles forment une masse si confuse, qu'il est impossible d'y distinguer les roches originaires ou les lieux d'ou elles sont provenues.

Le diluvium entremêlé se présente dans beaucoup d'endroits comme des collines basses et des plaines sableuses. Parmi les collines les plus hautes nous citons le Holtenberg, avec une altitude de 59 metres, le Haarlerberg de 76 metres, le Lemelerberg de 8! metres, et l'Eltenberg de 96 metres au-dessus de la nier. Ensuite les collines de Hoog Ruurlo 78 metres, de Schenkenshul 80 metres, du bois d'Ugchelen 87 metres, celles du bois de Wiessel 104 metres, et enfin l'Observatoire dans le bois de Soeren 107 meters au-dessus du niveau de la nier.

Les environs d'Oldenzaal sont remarquables par les bloes erratiques qui s'y trouvent, particulièrement sur les bruyères il l'est du Lonneker-berg. Us sont composes de roches granitiques. De inême on trouve une multitude de ces bloes dans les environs de Delden et dans le Maser-veld pres de Diepenheim.

Dans le diluvium entremêlé la moitié des cailloux et du gravier sont des quartz, qui quelquefois se présentent dans les nuances différentes de noir, brun, rouge; mais le plus souvent ils sont d'une teinte blanche ou blanchatre. L'autre moitié consiste en grès, prineipalement en grès dévoniens et carbonifères.

15

-ocr page 22-

10 CONSIDERATIONS GÉOI.OGiaUES SUR l/oilIGINE DU ZAND-DIT,UVIUM ,

Dans plusieurs endroits ron troave du linion argileux. De grands lits do limon se trouvont ent,re Epe et Locncn, a Hoog Soeren, dans la province d'Utrecht et ailleurs. Un sable argileux forme Ie sol des environs d'Ootmarsuin, d'Oldenzaal, d Enschedé, le bord du Veluwe depuis Dieren jusqu'a Wageningue, etc.

DU DILUVIUM REM AN IÉ.

Staring a donné le nom de zanddilnvimi, diluvium sableux, a des dépots de sable diluvien, qui se trouvent disperses sur toutes nos terres diluviales. On rencontre niêine une telle multitude de dépots, do lambeaux, de couches, de lits, etc. de ce sable, que l'auteur sus-mentionné dit qu'il serait plus facile de rapporter les endroits oü ce sable, ce diluvium sableux, ne so trouve pos, que de faire l'énumération des lieux oü il forme le sol. Sur ma carte j'ai indiqué cos dépots par la teinte rose N0. 5. Or, si j'avais taché de designer par cotte teinte chaque endroit ou co sable git a la surface, sans doute, sauf quelques exceptions, a peu prés toute la surface coloriée aurait du recevoir une teinte rose, commc je l'ai déja fait observer plus haut.

Ces dépots sont formés d'un sable quartzeux, dans quelques endroits plus ou moins entremêlés de gravicr tres fin ; en général ils contiennent trés peu de cailloux, et encore moins de bloes de pierre qu'on pourrait nommer erratiques. Staring en parlant de ce diluvium dit1): „En général il est dispersé sur la surface entière que nous venons d'indiquer. 11 est formé de terres sableuses, j)lus ou moins argilouses; dans quelques endroits memo l'on trouve des bancs de limon. Tl ne contient de gravicr ou des cailloux que par exception, tandis que le gravier n'est composé que de petits fragments qui ont a peine la grosseur d'un pois. Cette partie sableuse do notie diluvium présente une surface plano avec des collines qui ont peu d'altitude, quand elle n'est pas devonue onduleuse par des dunes terrestres qui ont été formécs auparavant, et qui plus tard sont devenues fixes par la végétation, ou par dos élévations de fraicho date. Les petites ondulations ayant rarement quelques dizaines d'hectaros d'étendue et ne s'élevant au-dessus des terres ])!ates que de trois ou quatre metres, sont communément séparées par des alluvions fluviatiles ou par des marais, dans lesquels serpentent des ruisseaux et autres petits cours d'eau. Quand cos surfaces sont planos et qu'elles ont une éteiuluc considérablo, dans quelques endroits de notro pays on les appelle broeken. Co diluvium sableux n'a que

') Staring. Un Bodem van Nederland. T. II, |). 24.

-ocr page 23-

du s.viilie c.vmpinien kt des dunks waritimrs des pays-has.

cela dc couimun avec ies a ut res divisions de not re diluvium, quant a sou origine et a la période dans laquelle Ll s'est forme, que les matières qui le composent y sont empruntces, üilx jours ou 1'époque diluviale se changeait dans l'époque moderne ou de 1'alluvium.quot;' Et un pen plus loin notre auteur poursuit: 1) „Au naihI-diluvium doit êtrc rapportée cette partie de notre diluvium qui est. plus moderne que toutes les autres sections, et qui git sur ces terres et au pied des collines avec lt;lu gravier et des cailloux. Probablemert il s'cst formé dans les derniers temps de l'époque diluviale ou dans los premiers temps de l'époque actuelle, car partout il est supérieur an diluvium graveleux et inférieur aux lits alluviaux.quot;

Tons les sables qui ne conticnnent ni gravier, ni cailloux forment le diluvium sableux. Non seulement on lo trouve a la surface dans une grande partie de la Néerlande. mais eik inême temps il forme le sous-sol de toutes nos alluvions marines et fluviatiles, et tout ce qui, dans ces alluvions, se compose de sable, doit être considéré comme un diluvium sableux change de place ct (Le forme extérieure, de mêrae que les dunes terrestres nc sont qu'une autre situation de ces sables. Dans les provinces bordées de la mer on le trouve partout sous les alluvions, et dans les autres provinces il forme la plus grande partie du sol qui, déja avant que rhominc pa-riit dans ces lieux, était recou-verte do bruyores ou de forêts, et qui |gt;lus tard a donné l'oxistence a des tourbiores que nous appellons hoof/e venen , les far/nes ou fan ges des H(!lgos. Ce sable se trouve, par exernpk„ sous les tourbières du Krim-pener- et de l'Alblasserwaard, tandis t[«iu, au midi de Streefkerk, il forme une petite colline ou s'élevait autrefois l'abbaye do Donk. Dans lo Brabant septentrional et dans la Canijine de la Bolgique, co sablo forme lo Sable campinien do Dumoiit, auquel, pour notre pays, je propose la dénomination de diluvium rmmnié.

17

Lo diluvium reman ié consiste du memo sable qui compose le diluvium a cailloux. üu gravier tros tin s'y trouve souvent on couches minces, homontales, do pen d'étendui'. Ce gravier est formé des memos roebes qui constituent les collines do dLluvium graveleux environnantcs, savoir dos quartz blancs et colorés, ct dos grès durs (|ui sont dérivés du quartz des blocs granitiques et des grès silurions du diluvium septentrional, et, dans los ondroits plus nuridionaux, des roches dévoniennos du diluvium oriental et méridional. II est tros mnarquable que ce sable no contiont (pie rarement dos paillettes de mica. Cependant on suppo-

') Staring, üc Bodem van Nederland, '1'. 11, |i. lit.

3

-ocr page 24-

18 coNstdiérattons GÉor.oaiauES sun v.'origink du zand-uxi-uvium ,

serait l'existence de ces paillettes, puree qu'an moins une partie de ce sable ei;t dérivée des dépots diluviens septentrionaux. 11 parait que le mica des roches granitiques, comme anssi le feldspath de ces roebes, a été pulvmsé totalement sur le chemin tres long que ce sable a du parcourir pour arriver ici. Cependaut on trouve dans quelques endroits des rognon s de sable micafère, niais ccux-ci sont sans doute lies restes de blocs de granite decomposes sur les lieux niêmes par raction destructive de la temperature, de I'eau etc.

En beaucoup d'endroits so trouvent des accumulations de sable qui ont I'aspect de dunes. Staring a donnc; h ces collines le nom de zand-s tui vin go n. ') Elles sont formées par le vent, qui parfois dans ces contrécs soulèvc des nuées de sable fin et en forme des monticules. Quelques-iuies ont été recouvertes d'une couche de terre végétale et se sont fixées, tandis que d'autres qui ne sont pas protégées par la végé-tation, sont mobiles et cliangent de fonne et de place par la force des vents. On trouve de ces dunes terrestres dans la Drenthe, dans l'Over-yssel le bug des rivcs du Vecht entrc Hardenberg et Dalfsen; dans la province d'Utrecht pres de Soest, de Hilversum et de Naarden; dans la Gucldre, et dans le Limbourg, le long de la rive droite de la Meuse, de Venlo par Gennep et Malden a Horssen. Cependant le Veluwe est le pays des zandstuivingen par excellence. En 1852 on calculait que la une surface do 10466 hectares était composée entièrement de sable mobile, de collines mouvantes. A présent beaucoup de ces sables ont été mis en culture! et ne menacent plus les terres environnantes. Toutefois au pied sud-ouest des collines diluviales d'Elspeet et de la forèt de Gortel on trouve encore une étendue de sable mobile qu'on évalue a plus de (5000 hectares. Ces dunes terrestres sont composées de sable quartzeux pur, saus oailloux.

Dans 1b diluvium remanié se trouve quelquefois du limon , le plus souvent en couches minces. Dans le Brabant septentrional le diluvium contient des lits de limon qui sont quelquefois si épais et si larges que Ton a érigé des briqueteries pour exploiter ces masses de limon. On trouve de ces amas de limon a Chaam, a Helden, aux environs de Weert, ertre Valkenswaard et Bergeyk, pres de Tilburg et de Gil/e etc. Au sud-est do Bergen-op-Zoom le sous-sol consiste régulièrement de limon qui fournit les premières matières des nombreuses petites briqueteries de ces environs.

Dans le sable remanié on a trouve beaucoup de restes de mammifères

') Sïatunc. Uo Uodom van Ncdorkiul, T. I, p. 424.

-ocr page 25-

J)U SABJiE CAMP1N1EN ET «ES DUNES MARIÏ1MES DES PAÏS-BAS. 19

([ui ne vivent plus dans les endroits ou lours ossements se sout ré-pandus. Nous ne mentionnerons que les suivants: 1°. Des restes de m a 111 ui o u t li, Elephas primiyenius. Des molaires, des defenses et d'autres os du squelette de eet animal out été trouvés dans Ia nier du Nord, ou jetés sur la plage a Katvvyk, a Zandvoort, dans l'ile d'Ameland On en a trouvé entre Koevorden et Hardenberg, pres de Hel-lendoorn, de Wilp, de Brummen, d'Alem, de Drempt, la plupart dans le Vecht et dans l'Yssel ou dans les rives de ces rivières. Dans le Rhin et la Meuse ces restes ne sont pas rares, on en a rencontré a Huissen, a Weurt, a Heukelom, a Kedicheni etc. Quelques-uns de ces os sont tres gros, ainsi un os fémur de mannnoutli trouvé en 1629, damp;ns l'Yssel prés de Doesborgh, a une longueur de I mètre et une pesanteur de 14 kilogrammes. Le plus remarquable de ces restes est le crane entier trouvé en 1820 a Heukelom: ce crane appartient a présent a la Société hollaiidaise des Sciences a Haarlem. Nous nous laisserions entrainer trop loin si nous voulions donner ici une liste complete de tous les restes de mammoutlis trouvés dans le diluvium remanié de notre pays. On trouve une énumération assez compléte de ces restes dans le Bodem van Nederland de Staring 1). Remarquons toutefois qu'il semble que le fond de la mer du Nord entre les cótes de l'Aiigleterre et des Pays-Has recèle une telle (j[uaiitité d'ossements d'éléphants, qu'il arrive assez souvent que les pêcheurs en trouvent dans leurs filets. A 1'embouchure del'Escaut, a une profondeur de 8 metres, on a rencontré une telle (juantité d'ossements divers de maminouth que d'après M. le Dr. J. C. de Man, auquel nous devons une description de ces restes 2) on pourrait donner le nom de mammoiithsveld — le champ aux inani-inouths — a cette partie du lit de la nier qui a fourni les os. On y a rencontré un os fémur, un os tibia, un os ulna droit, un os radius, une molaire, une vertèbre, et plus tard encore une cóte et une partie du bassin avec la cavité glénoïdale. Pres de Happisbourg au nord de Norwich en Angleterre les pêcheurs d'huitres ont raniassé en 1820 plus de 2000 molaires de niammouths. Un troupeau de cinq cents de ces animaux tout au moiiis doit avoir péri quehjue part dans ces contrées, et leurs restes doivent être chariés dans la mer avec les sables qui un jour ont porté ees colosses. 2°. Des restes de Rhinoceros tichorhinus ont été trouvés dans l'Yssel prés de Doesborgh, c'est-a-dire une partie du bassin de eet animal. On voit au musée de Leyde une molaire, une partie du

') Voycü l'ouvrage cilé, T. I, p. 122.

') J. C. de Man, Dans les Arohivcn v. h. Zceuwsch Ociioolschap d. Wolcnscliappen, ï. Ill, part. Ill, p. 1.

-ocr page 26-

20 CONSIDERATIONS GEOLOGIQUES SUR L'ORTGINE DU ZAND-DILUVIUM,

bassin, et des fragments d'un os radius et d'un os ulna de cot animal, trouvés aux environs de Maestricht. 3°. Des os et des bois de cerf ue sont pas rares dans le diluvium remanié: toutefois il est tres diflicile d'indiquer une dirterence entre ces restes et les os analogues des cert's qui vivent dans la période actuelle, par conséquent il est possible que parfois des os de cerf reputes diluviaux, ne sont en etfet que des os d'animaux vivants de nos jours. Ln même consideration se rapporto 4°. aux restes de elievaux qui se trouvent dans lo diluvium remanié. 5°. Du renne on a trouvé en 1839 a Heerewaarden la moitié d'un bois, et (j0. de l'élan on a trouvé en 187t) ii Breskens en Zélande une 'partie du bois de eet animal, qui a été décrite par M. le Dr. J. C. de Man Tquot;. Des restes de boeuf. 11 parait que notre pays a été liabité par deux espèces de boouf, savoir le Bos primiyenins et le boeuf a front bombe de Cuvier, le Bos priscus. En 1844, prés de Weerselo dans l'Overyssel, on a trouvé du premier, le B. primiyeuius, un crane u pen prés complet mais saus la machoire inférieure, cpiclques vertèbres cervicales et dorsales, les deux omoplates, le bassin et quelcpics os des jambes, et a Genemuiden a l'occasion de la rupture de la digue, le 5 Eévrier 1825, une partie du crane avec les cornes. Tous les autres restes de boeuf ramassés dans notre diluvium remanié appartiennent vraisemblablement au Bos priscus. On en a trouvé ii Delden, a Emme-nes, a Deventer, a Loenen, a Bois-le-Due et ailleurs. Une partie du crane de Bos priscus avec les cornes, ou plutöt avec les deux noyaux des cornes, paree que les cornes elles-mêmes ont été perdues, fait a présent un des ornements du musée Teyler a Haarlem. Quoupi'on rencontre en général ces ossements de mammifères dans le .sable remanié et (jue l'on suppose par conséquent que ces animaux ont vécu pendant répoc|ue diluvienne, cependant il est vraisemblable qu'ils ont existé encore plus tard. Westerhoff 2) dit: „Nous croyons que ces os, que Ton trouve dars et sur notre diluvium et aussi dans la couche inférieure des tour-bières, seront dérivés d'animaux qui auront vécu après la formation du diluvium et pendant l'oeconomie actuelle de notre terre. Qui saurait dire quand le diluvium a été déposé ou formé ici? A vrai dire on ne trouve pas les ossements dans le diluvium. Ou les trouve sur le diluvium, au-dessous des tourbières ou dans les vallées du diluvium, qui peut-être plus tard, après la deposition de ces dépots, ont été remplies de sable et d'argile par des courants d'eau ou des pluies torrentielles, etc. Lorsque les os sont arrivés dans ces lieux, probablement ils gisaient a la surface.quot;

') Aichivcn v. h. 'Zceuwsoli (icuootschap d. Weteuschappen, T. Ill , pari. Ill, p. 0.

') Westerhoi'i?, Natuurkundige gescliiedenis van dc kusten der Noordzee, T. 11, p. 100.

-ocr page 27-

IJU SABLE CAMPIN1EN ET DES DUNES MAR1T1MES DES PAYS-BAS.

En traitant de l'origine de son zand-diluviuni, Staring s'exprime ainsi: 1) „Les couches ou les lits de ce sable sont horinontaux. 11 y en a, il est vrai, (jui offrent de petites ondulations, muis la difference caractéristique entre cette partie du diluvium et celle qui contient des cailloux et du gravicr, la position horizontale des lits, se présente dans toutes les tranchées (pie Ton y a faites. Cette particuiarité, jointe a la circonstance (ine dans bcaucoup d'endroits ces sables s'étendent en nappe sur le diluvium graveleux et autour des collines formées par cc dernier, nous font conclure avec bcaucoup de vraisemblance sur leur origine. Après le transport des sables caillouteux et graveleux vers les endroits oii nous les trouvons actuellement, et après cpic ces amas diluviens avaient acquis leurs formes et leurs gisements actuels, il doit s'êtrc passé un assez long temps avant que la surface fut tixée par la vegetation, et que les cours d'eau serpentassent regulicrement dans leurs lits actuels. Pendant cette période, Ia pluie et la (jclce 2) auront eu sur ces monticules de sable graveleux une influence bcaucoup plus grande que plus tard, quand leur surface fut protegee par une croüte épaisse de terres végé-tales. De cette manière bcaucoup de roebes destructibles, des granites, des schistcs, des gres, des psammites, out etc changes en gravicr, en sable et en limon, et l'eau de pluie coulant au bas des collines !l trans-porté ces matières vers les lieux bas. Les creux (!t depressions de cctte manière se sont remplis, et en menie temps les hauteurs se sont abais-sées, et out pris une forme plus plate, plus arrondie qu'auparavant. Sur le diluvium septentrional dans la province de Groningue, enFriseet en Drenthe le zanddiluvium a une épaisscur moindrc (pie dans les pro-vinces méridionales, et par consé(|uent la relation du sable sans cailloux au sable caillouteux est plus facile a observer dans ces dernières localités que dans les provinces septentrionales. La colline appelée le Hondsrug pres de Groningue présente a la surface du sable sans cailloux, tandis (pie des cailloux se trouvent a une faible profondeur au-dessous de ce lit de sable. Aux pentes ces cailloux se montrent partout au jour, mais plus bas ils s'enfoncent de nouveau sous 1c sable qui forme le sol de toutes les depressions et le sous-sol des tourbières et des alluvions marines. II est done trés probable que ce sable est le détritus du diluvium graveleux, et (ju'il a été formé pendant le temps intermédiaire de {'époque moderne ou de ralluvion. C'est surtout vraisemblable si l'on considère qu'une telle formation de transition a du exister , et (pie nous nc saurons indiquer d'autres formations de ce temps intermédiaire que ce sable remanié.quot;

') S'iaiung, Dc Bodem van Nederland, ï. 11, p. J1S. ') Nous soulignons.

21

-ocr page 28-

23 CONSIDERATIONS GÉOLOGIQUES SUR l/oRIGINE DU ZAND-DILUVIUM,

Le diluvium remanic s'étend sous la forme d'un vaste manteau sableux dcpuis la rive gauche de la Meusc dans le Brabant septentrional, jusque dans la Belgique, ou il est liinité a 1'Occident par l'argile des polders flandraises, et au midi ])ar unc ligne qui va de Dixmude (Dijksmuiden) par Ypres (Yperen), Courtray (Kortrijk), Audenarde (Oudenaerden), Alost (Aalst), Malines (Mechelen), Louvain (Leuven), et Hasselt a Maestricht. Ccttc ligne est en même temps la limite sep-tentrionale du limon hesbayen de la Belgique. Les couches de ce diluvium sont forméos de sables mobiles a grains fins, purs et quelquefois argileux. „Leur mobilité ') est telle (pie sur certains points stériles de la Campine le vent les soulève en nuées et en a formé des monticules qui peuvent être considérés, coiiimc on l'a dit depuis longtemps, comme de véritables dunes terrestres.quot; On pretend que ces dunes terrestres, ces zandstuivingen de Staring, se forment et disparaissent d'une année a 1'autre, quoique quelques-nnes semblent avoir une fixité au moins aussi grande que cello des dunes du littoral.

Voyons maintenant comment, d'après mon opinion, s'est formé notre diluvium remanié. Nous venons de voir comment se formaient dans la période glaciaire les dépots diluviens différents que nous avons désignés sur ma carte par les teintes N0. 1—4. Le diluvium septentrional fut transporté de la Scandinavië sur des glacés flottantes, et des masses considérables furent déposées au nord et au nord-est de notre pays. Des rivières, coulant de 1'est et du midi, chariaient les débris des roehes, tombés des montagnes par l'action destructive des eaux et de la tem-pérature de l'air, vers l'ouest et vers le nord, et déposaient ces masses a cóté des couches diluviennes du nord, ou elles se répandaient sur ces couches, entremêlant les matières arrivées de tons cotés. De cette manière se formait notre diluvium en général, comme nous l'avons démontré tout-ti-l'heure. Saus doute la plupart des terras qui composaient alors la Néerlande n'étaient (jue des iles, des presqu'iles basses, des bancs de mer, des levées, des barres etc. qui deux fois par jour étaient sub-niergés par la nier. La mer baignait ces terres, ces surfaces arides com-posées de sable, de gravier, de cailloux, de bloes erratiques. Alors le niveau de la mer était beaueoup plus élevé que dans les temps actuels; les plus hautes collines de notre pays n'étaient alors que des bancs de mer qui, peut-être a sec pendant Ie reflux, étaient inondés deux fois par jour par le flux et pendant les tenipêtes par les vagues furieuses de la mer. Le mouvement continuel des eaux, causé par les vents, lamarée,

') Ujjwalque, Prodrome, p. 2-J'2.

-ocr page 29-

OU SABLE CAMPINIKN ET DES DUNES MAIUT1MES DES PAYS-BAS.

les courants de la mar, usait les bancs et les plages, en arrachait des parties, en détachait des particules. L'érosion se manifestait partout ou la nier pouvait exercer son action démolissauto et destructive pendant des siècles. Et par cette action do la mer les terres diluviennes, com-posées de matières meubles et peu cohérentes, so sont modifiées dans lours contours, elles se sont arrondies et en partie detruites. Certaine-ment les effets destructeurs cles eaux de la mer avaient beau jeu sur des dépots aussi peu coherents f|ue ceux qui formaient le sol dans 1'époque diluvienne.

Forchhammer, dans ses Geognostische Studiën am Meer es- Ufer 1) dit, en parlant de Taction lavante ou baignante des eaux do la nier sur des dépots de sable avec cailloux: „Un oxemple des i)liis intéressants st; voit sur la langue de terre d'Agger. Cette langue dc terre, après l'inon-dation de l'année 1825, avait une hauteur d'cnviron dix pieds, et con-sistait de sable avec beaucoup de cailloux roulés. Depuis cc temps l'eau, qui ne submerge ces terres que pendant cles flux trés hauts, a omporté peu a peu le sable et l'a déposé dans le Liimfjord, ou il a formé un vaste banc de sable. A présent la langue do terre n'a qu'une hauteur de quatre pieds, et elle est recouverte d'une couohc de cailloux roulés, le reste des couches épaisses de jadis.quot;

La mer ne peut pas retenir dans ses eaux les matières solides qu'elle a détachées des terres: quand le vent s'apaisc, quand los vagues rede-viennent tranquilles, quand la tempete se repose, les matières tenues pendant quelque temps en suspension, se procipitent, elles coulent a fond, elles se déposent dans les dépressions, dans les creux, dans les fosses, dans les lieux bas du lit de la mer. De cette manière des masses énormes de sable ont été déplacées et remanioes dans les temps passés, et a présent ces masses forment les dépots qui sont indiqués sur ma carte par la teinte rose. C'est Ie remaniement do ces masses qui m'a porté a proposer pour elles la dénomination de diluvium remanié; ce sont les masses qui ont été appelées le diluviuiu sableux par Staring. C'est par la précipitation de ces sables que nos collines diluviennes ont été recouvertes d'un mantcau de sable; (|ii(! los petites vallées entre ces collines ont été obstruées par du sable; que presque partout dans notre pays la surface des dépots diluviens est composée de sablo saus cailloux.

•23

Une quantité énorme de ce sable remanié, détachée d(!s dépots diluviens dc la Néerlande et des Hts de diluvium a cailloux roulés dans la Belgique, fut entrainée vers rouest et le sud par les courants, et forma

') Neucs Jalirbuch von Ijeontiaiid amp;. linoNN, 1811 , p. 2li.

-ocr page 30-

24 CONS IDK U AT [ONS (iEOI.OGIUUES SUR l/oRIGINE DU ZAND-DILDVIL'M,

dans la Campiue néerlandaisc ct hclge cc dépot de sahlo sans cailloux, (liii a été nommé 1c sable cam pi uien par Diunont. Ce sable cam-pinien est la meilleure preuve (pie si la [)olitique a fixé des frontières entre la Belgique et la Néerlande, cependant la geologie, l'ethnologie et la linguistique nous apprennent que les deux peoples ne font qu'un seul. En eft'et, dans la plus grande partie de la Belgique, partout ou le flamand est la langue des autochtoucs, nous autres Néerlandais nous y retrouvons, a part notre langue, nos polders, uos plaines, nos prairies, nos dunes, nos bmyères, nos tourbières, nos tours a carillon, nos kermesses.

Le sable canipinien a été décrit par tons les géologues beiges qui se sont occupés de cette partie du sol de la Belgique. Nous ue citerons (pie les suivants: Omalius d'Halloy dit: ') ,,Au nord du Denier et de la Nèthe s'étend, entre l'Escaut et la Meuse, une contrée connue sous le noni de Caiupine, et qui, sous le rapport politique, est partagée entre le royaunie de Belgique et celui des Pays-Bas. Cette contrée est trés basse, extrêmement unie et fort stérile, le sol y étant en général couvert de bruyéres et de marais, a l'exception cependant des parties qui avoisinent les flouves, qui sont au contraire trés fertiles. On a aussi mis en culture les bords des canaux et les alentours des lieux habités, qui forment des oasis au milieu des bmyères.quot; Et page 547 de l'ouvrage cité, l'auteur dit: „Dans la Campine et dans une partie de la Flandre le dépot caillouteuxquot; (analogue au diluvium méridional néerlandais, comma nous l'avons démontré plus haut) „est accompagné et souvent recouvert par des sables ordiuairenuint blanchatres, mais passant au jau-natre, au brunatre, au noiratre, au verdatre. Ces sables déterminent dans la Campine l'existence de vastes bruyères et lorsqu'ils ne sont pas fixés par la végétation ou par des marais tourbeux, ils sont trés mobiles, tendent si faire des rides que Ton pourrait appeler des dunes ter-restres et a envahir les portions cultivées, mais en Elandre, ou les habitants out travaillé depuis longtemps u leur amendement, ils sont devenus productifs. Les fossiles y sont extrêmement rares, mais on y trouve quehpiefois des restes de mammoutlis et d'autres animaux qua-ternaires.quot;

Le savant ([ue nous venons de citer, s'exprime ensuite a l'égard de la relation entre le sable campinien eu le zaud-diluvium de Staring, de la manière suivante: 2) „Dumont avait désigné ces sables par l'épitliète de Campiniens, et lorsqu'il a proposé d'eu faire un systéme particulier

') ümai.ius d'Halloy, Précis élémentaire, p, 500.

■) Ü-maliüs d'Hallüï, l'rccis élémentaire, p. 5J7.

-ocr page 31-

DU SABTjK ( AMIMNJEM ET DES DUNKS MARITIMES DUS PAYS-BAS.

{Bulletin de ('Académie de Bruaeelles, 1839, T. XI, part. 2, p. 466) il les playnit dans les terrains tertiaires; ])liis tard il les a rangés dans les terrains quaternaires. De inon eotc, j'ai inséré dans mes editions de 1853 et 1862 quelques reflexions tendant a niaintenir la première 0})i-nion de Uumont; mais, depuis lors, les connnunications de M. Staring et de M. üewalque m'ont conduit a m'en rapportcr a leur classement dans les terrains (juaternaires.

„Je ne partageais ])as non plus l'opinion de üumont sur la contem-poranéité du limon hesbayen et du sable campiuien, 'paree que, partant de l'idée que ce dernier a eté remanié par les mêmes eaux qui avaient transporté les eailloux , je trouvais qu'il est contraire aux lois de l'hy-drostatique d'admettre que ces eaux avaient depose du limon dans une partie moins avancée de leur cours, en même temps que plus loin elles déposaient du sable, d'autant plus que üumont n'appuyait son opinion (pie sur la liaison qui existe entre ces deux dépots le long de la limite qui sépare les contrées qu'ils reeouvrent. Maintenant je dois avouer que mon opinion se trouve ébranlée depuis (pie M. Staring [Verslagen der Academie van Amsterdam, 1865) a émis l'idée quo les sables campi-niens, qu'il range dans son zand-diluvium, sont dus a un phénomene différent de celui qui a transporté les eailloux ardennais. Si j'hésite encore a me prononcer dans cc sens, lorsqu'une autorité aussi imposante a parlé, e'est que je me suis dit qu'il ne serait pas impossible que le savant géologue néerlandais eut été influencé par une tendance a étendre le domaine du zand-diluvium qu'il a si bien étudié dans la Néer-lande, dans la basse Allcmagne et dans le Danemark, contrées ou les eailloux sont venus du nord, tandis qu'en Campine et en Flandre ils sont venus du midi. üu reste, cette bésitation de ma part ne fait rien au classement indiqué ci-dessus, puisque le zand-diluvium de M. Staring appartient au même groupc de terrain que mon diluvion de Belgique et contient les mêmes restos organiques.

,,Je crois encore devoir ajouter que la denomination de sables cam-piniens ne me parait pas trés convenable, paree que je crois (jue les sables remaniés en Campine par les eaux diluviennes ne forment qu'une pellicule trés mince au-dessus des sables pliocenes, et qu'une grande partie de cette pellicule a ensuite été remaniée par hss vents et les eaux de la période actuclle, de sorte (pie les sables qui forment In sol de la Campine appartiennent, sclon moi, aux trois périodes tertiaire, (piater-naire et moderne.quot;

Remarquons ici quo le géologue que je viens de citer, bésitait a ad-mettre l'état remanié du sable campiuien et sou identité avec le zand-

4

-ocr page 32-

2G CONSIDERATIONS CiÉOT.Or.lQUES SUR l/oRKiINK DU ZAND-DII.UVIUM,

diluvium clc Staving, peut-êtn; paree que Staring croyait que 1'on devait reehevclier l'origine de sou zand-diluvium dans Faction de In pluie el de Ia f/elée sur los dépots de diluvium graveleux et caillouteuN. 11 se peut toutefois que Ie grand géologue beige aurait été d'une autre opinion, si inon regretté ami Staring avait exprimé l'idée que l'origine du sable remanié était due u I'action destructive des enux de Ja mer sur ces masses diluviennes, eomnie e'est mon opinion.

M. Dewalque s'exprime ainsi sur Ie sable campinien: ') ,,Le sable campinien de Dumont, ou sabk; de Campine de M. Omalius d'HalIoy, forme l'extrémité occidentale d'un vaste manteau sablenx, qui s'étend du nord de la Eolgiquc dans la Hollande et dans le nord de l'Alle-magne, sur le rivage de la mer Baltique. II donne lieu a une region unie et stérile, couverte de bruyères ou de marais tourbeux, excepté dans les Flandres oil le travail persévérant de nos agriculteurs a fini par le rendre assez fertile. II est limité chez nous, d'un coté par los dépots récents de la cote et la frontière néerlandaise, de l'autre par une ligne qui va de üixmude a Maestricht, par Ypres, Courtray, Au-denarde, Alost, Malines, Louvain et Hasselt.

„Ce système est formé de sables divers, meubles, généralement a grains moyens et de couleur claire, quelques-uns sont plus fins, purs ou argileux. Leur mobilité est telle que, sur certains points stériles de la Campine, le vent les soulève en images, et en forme des monticules qui peuvent être considérés, ainsi qu'on l'a dit depuis longtemps, comme de véritables dunes terrestres; il en résulte qu'il est impossible d'y séparer ce qui est vraiment quaternaire de ce qui a été remanié a l'époque moderne. ]ja presence des matières tourbeuses leur donne fré-quemment une couleur brune ou noire plus ou moins prononcée, mais qui disparait par le lavage: on prétend memo que les sables les plus noirs deviennent ainsi les plus blancs. Après cette opération, ils sont parfois assez purs pour être employés dans les verreries.quot; Et ensuite p. 248 de l'ouvrage cité; „Li; diluvium caillouteux dont nous avons indiqué la presence dans les monticules de la campine limbourgeoise, passe sous te sable campinien 2) et nous considérous les graviers et eail-loux roulés, que nous venons de citer a la base de ce système, comme le prolongeinent, dans la partie occidentale de notre pays, de cette formation.quot; Ceci est en tous points applicable aux dépots de diluvium remanié dans la Néerlande. Enfin p. 25!) M. Dewalque dit: „Nous avons déja mentionné rexistence de dunes a l'intérieur du pays, sur

') Dkwai.que, Prodrome, p. 2l\. ') Nous soulignons.

-ocr page 33-

UL) SABJ,E CAAU'INIJSN ET IJES DUNES A1AK1TIMES UES PAYS-BAS. 27

lo siiblo campiuien. Duaiont en a figure an grand nombre sur su carte géologique. Beaucoup sont disséminées; les autres sont accuinulées sous forme de petites oluunes plus ou nioins nettes, notamment vers Heren-thals, Moll, Lommel, Hechtel et Neeroeteren. Ou assure qu'on en voit se former et disparaitre d'une année a Tautre; néaninoins, la plupart serablent aussi tixées ([lie les dunes du littoral. L'epo(|ue et le mode de leur formation ue sont pas encore suffisamment conuus.quot; J'espère (ju'a présent réminent géologue beige sera de mon avis, c'est-a-dire que les dunes terrestres du sables campinieu ue sont que des collines de sable remanié, accumulées par les vents, et (|ue 1'époque de leur formation doit être iixée après l'époque glaciaire et avant ou dans les premiers temps de ralluvium. Enfin M. Mourlon ') dit: ,,La basse Belgüpie ainsi epie la province de Limbourg présentent (ni-dessns d'un miuce dépot de cailloux roulés une nappe de sable campinieu, limitée par les polders dans le voisinage de la mer.quot;

Le sable de Campine prend, dans le Limbourg et dans la basse Bel-gique, exactement la place du limon hesbayen: il repose directement sur les cailloux roulés. .Nous avons vu (pie le sable remanié néerlandais contieut des restes de mammouth, de rbinocéros, de cerf, etc. Nous avons appris par M. Dewahpie 2) (|ue des ossements et des dents de mammoutli, de rhinoceros etc. se trouvent dans le sable campinien de la Belgique, notamment dans les sables très-glauconifères de Lierre, mais rauteur y ajoute: „en dehors de ces circonstances, les sables de la Campine sont complètement privés de fossiles.quot;

Nous venons de voir que l'on trouve rarement des cailloux dans les dépots de diluvium remanié, et nous savons de menie que de grands blocs de granite sont extrêmement rares dans le diluvium meridional. M. Devvalque en parlant dess cailloux roulés de rArdenne dit: „Ou trouve quelqucfois, au milieu des cailloux roulés, des bloes beaucoup plus volumineux et a peine arrondis (lont la provenance est la même. lis out été considérés connne transportés par des glaeons, et appelés en conséquence, bloes erratiques. La réalité de ce mode d(i transport ue nous semble pas a l'abri de contestation. •')

Staring parle d'un grand bloc trouve pres de Maestricht et d'un autre prés d'Oudenbosch non loin de Breda, et dit ensuite que ,,ces bloes doivent avoir été transportés par hasard. Au premier endroit on n'a jamais entendu parler d'un second échantillon, et au dernier endroit on ne trouve pas le diluvium caillouteux qui, vers roccident, ne se présente pas

') Palria Bolgica, première partie, p. 177 et 18t.

J) üeu'aluue , Prodrome, p. 243. 11) Dewalqüu, Prodrome, p. 238.

4*

-ocr page 34-

28 CONSIDERATIONS GÉOLOGIQUES SUR l/oUIGINE DU ZAND-DILUVIUM,

plus loin que pres de Reyen et Teteringen.quot; ') J'ai eu 1'occasion de rassembler quelques particularitcs de ce bloc erratique d'üudenbosch. On me l'a offert pour le niusée Teyler, croyant avoir affaire a un meteorite énorme. Ce bloc de pierre a été trouvé a une profondeur dc quclques pieds dans le sable, il y a une trentaine d'annces. II va sans dire qu'un tel bloc de [nerre, gisant dans une contrce totalement privce de bloes erratiques et même de cailloux de quelque grosseur, devait fixer l'attention des habitants d'Oudenboscli. II est même étonnant que l'on n'ait pas inventé a l'égard de cc bloc une légende dans laquelle le (liable jouait un role. Au contraire, les villageois d'Oudenboscli pensent que cctte pierre leur est tombée du ciel, ils y voient un aérolithe, ct ils out donné le nom de donder uk Ier — champ du tonnerre — au champ qui recclc le bloc. II a une longueur de 1,(50 m., une largeur de 1,40 m., et une hauteur de 1. m. Ou évalue sa pesanteur a 7000 kilogrammes. C'est un bloc granitique de l'espèce que Ton nomine granite gris, composé de feldspath blanc, do quartz jaunatre et de mica noir. Saus doute cette pierre lourde n'a pas été transportée par riiomme. Ou pourrait admettre (pie dans la période glaciaire une glacc flottante du nord de rEurope a Hotté jusqu'ii cel endroit, avant de se fondre et de laisser tomber ou échouer sa cargaison, et alors nous aurions ici aux environs d'Oudenboscli un dépot de diluvium entremêlé, un mélange de diluvium septentrional et méridional. Seulement ou pourrait trouver encore une autre explication de la présence de ce bloc erratic] ue a cette place. M. Bayfiekl 2) a reconnu (pie les glacés qui se forment sur les lacs et les fleuves du Canada, a une époque ou les eau\ sont généra-lement tres basses, renferment des bloes de pierre (pii se trouvent sur les bords et sur les hauts fonds, blocs qui sont ensuite soulevés avec les glacés lorstjue la foute des neiges augmente le volume des eaux. Cette explication est peut-être applicable dans le cas du bloc d'Oudenboscli. Eu admettant que la Mouse a été un jour dans le cas des rivières du Canada d'a présent, le transport de cette pierre des montagnes de rArdenne jusqu'a la plaine des environs de Breda, est parfaitement comprehensible; elle est arrivée ici avec les autres matières qui forment le diluvium méridional du Brabant septentrional, c'est-a-dire au moyen des eaux de la Meuse. N'oublious pas que M. Dupont prétend que les eaux diluviennes auraient a diverses reprises porté le nive-ii de la Meuse a ]()() metres et plus au-dessus de son niveau habituel, donnant

') Staring, Uudcm van Nederland, T. 11, p. 7S. -) Mém. Süc. üéolog. de Lond. 0 Jan. 1S30.

-ocr page 35-

DU SABLE CAMPINIEN ET DKS DUNES MA1UÏ1MES DES 1'AYS-liAS. 3U

ainsi a son cours unc largcur de 10 a 15 kilometres. 1 ] Ou lie s'cton-nera plus c[uo de tels cours d'eau puissent charier des bloos de pierre éuormes et de graudes glacés Hottautes servant, de radeaux. Toutefois il y a ici une grande difficulté; en admettant que ce bloc de pierre a été char ié par les eaux de la Meuse, on devrait avoir la certitude que, dans l'époque diluviale, il se trouvait quelque part dans l'Ardenne du granite comme roche coherente. Or, ou ne rencontre point, que je sache, de granite panni les cailloux provenus de la contrée nominee. Je suis done enclin a regarder le bloc emitique d'Oudenbosch comme celui de tons les grands cailloux du diluvium septentrional qui s'est avancé le plus loin vers le sud-ouest.

Nous avons vu plus haut que Ton trouve dans quelques endroits du diluvium remanié des bancs d'argile ou plutót d'un limon argileux. 11 serait tres intéressant de savoir si le limon de notre sable reinanié est analogue au limon hesbayen de la Belgique. Si notre Union dispose en lits dans le dépot sablcux est identique au limon hesbayen, sa position pourrait servir peut-être a résoudre la question qui occupe encore les géologues beiges, e'est-a-dire la contemporanéité du limon hesbayen et du sable campinien. On sait (pie c'était ropiuion de Dumont. Ce savant a dit que le limon hesbayen est une formation d'eau douce qui présente les caractères d'un delta, et que le sable campinien, situé dans le prolongement de ce delta, est une formation marine. Nous savons qu'Omalius d'Halloy n'admettait pas cette contemporanéité, paree qu'il trouvait contraire aux lois de rhydrostatique d'admettre (pie les eaux avaient déposé du limon dans une partie moins avancce de leurs cours, en même temps que plus loin elles déposaient du sable. On sait de même que M. Dewalque, après avoir fait observer que Dumont, pen de jours avant sa mort, a dit a feu M. le Hon (pie le limon hesbayen doit avoir été déposé par une couche de glace, préfère la manière de voir d'Omalius d'Halloy, et qu'il considère le dépot campinien, sables et cailloux, comme l'atténuation des cailloux et des sables que Ton rencontre sous le limon inférieur de la Hesbaye. M. Uelanoue considère le sable campinien comme produit, lors d'un retour de la mer, par la lévigation d'une partie du limon (supérieur) ce qui le rend postérieur. 2) Et enfin M. Mourlon 3), en parlant du sable campinien, dit qu'on l'a „regardé comme étant contemporain du Union de la Hesbaye, mais qu'on a récemment émis l'idée qu'il pourrait bien être

') DEWAUiUE, Prodrome, p. 235.

') Uewaluue, Prodrome, p. 249, '250.

a) Palria Uclgica, premiere partie, p. 184.

-ocr page 36-

3U CONSIUÉUATIONS «ÉüI-OOIUU ÜS SUR [/otllGINK DU /AND-DlliU V1UM ,

ccpendant un pcu plus rucent quo ce Union.quot; Si des recherches ultéri-eures sc rapportant au Union argileux disperse dans le diluvium meridional et sous le sable canipinien de la Néerlande, prou\ent, comme je le erois, que ees lits et ces bancs d'argile sont analogiques au Union hesbayen et que partout ils sont reconverts par le sable canipinien, sans doute on pourrait admettre que l'opinion dc Dumont ust fondée, c'est-a-dire que le Union hesbayen est une formation d'eau douce qui présente les caractères d'un delta, et que le sable canipinien est une formation marine horizontale, produite par le balancement des caux. J) Seulement la situation réciproque de ces deux dépots dans la Néerlande no nous prouve pas que la première de ces roches (le limon hesbayen) soit située a un niveau toujours plus élevé (pie la seconde (le sable canipinien) comme Dumont le dit: au contraire, partout clans notre pays le sable campinien recouvre des lits d'argile ou de limon. Et ensuite, je ne ciois pas non plus que le sable canipinien ait été produit au détriment de diverses roebes tertiaires: je crois avoir prouvé cju'il n'est autre chose que le detritus des dépots diluviens, détaché par le balancement des eaux de la nier. II me semble qu'Omalius d'Halloy n'a pas com-pris l'idée de Dumont, qnand il prétend que, suivant Dumont, les mêmes eaux auraient déposé ces deux dépots, run, le Union, dans une partie moins avancée de leurs cours, et l'autre, le sable do la Campine, en inome temps plus loin. II me semble que Dumont considère le limon hesbayen comme déposé par des eaux douces, par des cours d'eau terrestres, tandis que le sable campinien, d'après ce savant, serait une formation marine. Ensuite, si M. Dewalquo, en préférant la maniore de voir d'Onialius d'Halloy, considère le dépot campinien en tier, sable et cailloux, comme rattónuation des cailloux et des sables que l'on rencontre sous le limon inférieur do la Hesbaye, je me pormets d'avoir une opinion di(Térente de celle de eet éminent géologue. Je crois que le diluvium caillouteux de la Campine est identiquo a notre diluvium meridional, que les lits d'argile ou de limon qui se trouvent dans ce diluvium, sont de la memo provenance, savoir des roches de rArdenne et du Condroz, mais quo le sable campinien qui recouvre ce diluvium caillouteux et ees lits de limon, n'est pas contemporain de ces deux formations, qu'il est plus récent, étantdistribuépostérieurement sur ces depóts par le balancement des eaux de la mor.

En discutant los théories diverses formées dans Ie but de donner une explication du mode de formation du sable campinien, nous ne pouvons

') Dewaluub , Prodrome, p. 219.

-ocr page 37-

DU SABLE CAMPTNIEN KT DES DUNES MAIUTIMES DES PAYS-HAS.

passer sous silence les idees d'un géologue anglais c|ui, en I860, a étndié los Hts de sable aux environs d'An vers, et en a communiqué une notice intitulée; On the Kainozoic Formations of Belgium L'auteur, M. Godwin Austen, va encore plus loin que Staring. Ce dernier savant clierchait, comme on sait, l'origine de son zand-diluvium dans raction de la pluie et de la gelee sur les dépots diluviens, M. Godwin Austen soutient que l'existence du sable cainpinien n'est due qu'a Taction du vent seul. A pros avoir donné unc description de ce sable aux environs d'Anvers, le savant anglais dit p. 250 : ,,La manière dont ce manteau de sable suit l'élévation de la contrée depuis le nord vers le midi, recouvrant toutes les formations plus anciennes, et son épaisseur consi-dérable comparée avec sa grande étendue superficielle, ne permettent pas de supposer son accumulation par l'eau, ou Texistence d'une iVTer Campienne. D'un autre coté, l'aspect et la composition uniforme de ces sables, la manière dont ils sont soulevés par Ie vent quand ils sont desséchés, prouvent qu' origin aire ment ils ont été un sable de dunes qui a voyage de la plage vers I'interieur des terres, dans une condition antérieure dc la mer du Nord.quot; Et p. 251 l'auteur dit encore: ,,Si les sables fins (zand-diluvium) qui dans la Hollande septentrionale (North-Holland) forment les parties supérieures du terrain erratique, sont en connexion avec les sables campiniens de la Hollande méridionale (South Holland) 2) et de la Belgique, ils présentent une ligne parallèle a celle de la cote du terrain erratique, et alors, comme I'indiquent tons leurs caractères, ils peuvent être les sables, soulevés par le vent, du littoral de cette période et de cette époque oü rhémisphère septentrional com-men^ait a reparaitre au-dessus des (!aux — procés (jui se manifestait du midi au nord.quot;

Je n'ai pas besoin de dire que je nc crois nullement a l'origine aérienne du sable campinien. Je Contois qu'il est possible, si Ton n'a vu que les dépots sableux des environs d'Anvers, de présumer leur origine comme des dunes anciennes qui se sont déplacées vers l'in-térieur des terres. Mais si Ton a vu les étend nes considérables de diluvium rein an ié dans la Belgique et la Néerkinde, d(;s plaines sableuses

') (iuartorly Journal of the gcologiciil Society of Louden. T. XXII. p. 228.

!) Ij'aulenr parlc ici de NoHli Holland ct de Soulli Holland; il me seinble qu'il veul parlor des parties seplenlrionalos de la Néerlande, quand il dil Norili Holland, el, des parties niéridioualcs. quand il dit, South Holland: dans la province cpii porte Ic nom de Noord Holland on nucrlnndais, North Hollnnd on anglais, on ne t.rouve point dc zand-dihiviuin. et. dans oelle, que Ton appolle Zuid-Holland en noerlandais. South Holland on anglais, le sablo eam-pinion manque toui-ii-fait.

81

-ocr page 38-

32 CONSIDÉ KAT IONS GÉOI/OGIQUES SUR h'oiUGINK DU ZAND-DH.UVIUM,

qui, d'apros M. Hartogh Hoys van Zouteveen, dans la Néerlande seule occupent luie snperficie de 95()()4() hectares 1); si I on y ajoute dans sa pensee les 73525 hectares do sables monvants qui sans doute sont oom-posés pour la plus grande partie do sable campinion, et ensuite los dunes maritimos actuelles d'uno surface de i)358() hectares — si 1 on a ótudió l'ensemble do cette masse énorme de sable remanié, on doit avoir la conviction qu'on n'on pout trouvcr 1'origino (pie dans Faction dos caux sur dos dépots diluvions déposés antérieureniont dans la mor. On on est convaincu surtout si Ton voit que partout los masses de sable remanié se sont déposéos. dans los croux, los fosses, les bas fonds ontre los bancs de sable (it do cailloux du diluvium, comme doivent l'avoir fait des matiores détachées do ces dépots pur lo balan-cement des eaux do la mor.

Si d'un cóté je no saurais être d'accord avec lo savant anglais quant a 1'origine du sable campinion, d'un autre cóté il a toutc mon adhesion quand il dit:

,,11 est certainement plus ancien que les dépots de limon dos Polders et que lours équivalents, los tourbioros.quot; (p. 250).

„Les sables campiniens ot lo limon hosbayen out été accumulés après la formation des cailloux quartzeux ardennais, mais la présence de ces cailloux au-dessous do ces deux dépots no prouve pas qu'il y ait uno connexion nécessaire entre ces accumulations; il fait présumer qu olies doivent être a pou pros du memo age, et il semblo que coci a été la dorniore pensée de Dumont.quot; (p. 251).

„Le limon de Hesbaye, vu en masse, montro qu'il a été déposé par 1'eau. Le sable do Campine et le limon do Hesbaye forment, comme l'a dit Omalius, le manteau de la Belgique. Cos deux accumulations ne so recouvrent nulle part, plutót olios so confondont le long d'une ligne tirée do Test a I'ouest, lo sable so trouvant au nord et le limon d'eau douce au midi. L'opinion de Dumont qu'ils sont plus ou moins synchroniques est fort plausible, (p. 251).

„Lo limon hosbayen est un dépót des eaux turbulantes qui périodi-quoment a la fin de chaquo hivor se répandaiont sur la contrée basso (a présent uno partie du Brabant et la Hesbaye) entre les pontes du Condroz et los dunes do la cote.quot; (p. 253).

C'était en 18G0 que M. Godwin-Austen publiait son opinion sur 1'origine aérienno du sable campinion. Taut (]Uo j(! sache, ni M. 1)(!-wahjuo, ni M. Dupont, ni M. Mourlon, n'ont dopuis ce temps donné

') Archives néerlandaiscs des sciences, T. IV.

-ocr page 39-

DU SABLE ('AMPINIKN ET DES DUNES MAIUTl.MES DES PAYS-BAS.

leur adhesion a cette théorie. A ma grande surprise, elle a ete relevée onze années plus tard par deux géologues beiges, MM. Ernest Van den Broeck et Paul Cogels. Dans la séance du 2 Septenibre 1877 de; la Socidté malacologique de Belgique, M. Van den Broeck a donné lecture d'une notice intitulée: Observations sur les couches quaternaires et pliocenes de Merxem pres (TAnvers. 1) Les auteurs disent qu'une excursion faite récemment au fort en construction de Merxem prés d'Anvers, leur a permis de constater certains faits assez intéressants, et qu'ils out relevé les coupes suivantes:

„1°. A. Sable meuble et fin, noiratre a, la partie supérieure, devenant jaunatre vers le bas ou se remarquent des taches ocreuses; queUiues graviers épars, nu même niveau.

,,B. Sable plus grossier, avec graviers abondants de quartz et de silex. Vers la base, ou les graviers forment parfois nn lit fort épais, le dépot est trés altéré etoxydé, com me le montre sa coloration rougoatre.

„6'. Argile grise sableuse, avec taches ferrugineuses; assez compacte par places, mais contenant de petites zones stratifiées de sable et de graviers. Sous cette couche argileuse, épaisse d'environ lm50, rélément sableux réapparait peu a peu et, vers le bas de la coupe, on observe un sable quartzeux a grains grossiers, mais non graveleux.

,,3°. A. Sable fin, noiratre ou grisatre, avec taches ocreuses: ü'quot;!)ü.

„B. Sable plus grossier avec traces ligniteuses abondantes 2) et taches ocreuses: 0m8(). Vers la base, couche de graviers irrégulièrement développée, atteignant parfois ()quot;125.

„C. Sable argileux jaunatre avec zones grisatres, contenant quelques graviers épars: 0m40.

„J). Argile grisatre plus compacte, avec alternance de petits lits sableux continus; le dépot est manifestement stratijk', surtout a la partie inférieure: 0m80.

,,Fj. Sable jaunatre assez grossier stratifié, contenant des grains glau-conieux parfois trés gros: lm25.

,,Les dépots qui composent ces deux coupes appartiennent a la série quaternaire et représentent le Campinien.

„Les couches supérieures A et B se présentent sous le facies habituel du sable campinien; c'est un dépot meuble, non stratifié, que Dumont, d'Omalius et d'autres géologues considéraient cependant comme un

') Annales de lit Sociutu malacologique de Belgique, T. XII, 1877. Bulletin des Séances, p. LXVIII—LXXn.

a) „Ces traces ligniteuses proviennent probablement de la decomposition do raciacs do l'époque actuelle.quot;

83

5

-ocr page 40-

34 CONSIDERATIONS GKOI.OUIQUES SUR I-'ORIGINE 1)U ZANl)-l)ir,UVIUM,

dépot raarin, niais que d'autres observateurs, adoptant la thèso soutenue en 18(5(5 par Godwin-Austen '), considerent avec raison comme un sable de dunes, recouvrant le littoral indiqué par les cailloux et les graviers de la base du dépot.

que cette opinion ne soit pas encore tres répandue, il est incontestable que tons les caractères du dépot confirinent entièrement cette appreciation 2).

„Quant aux couches C, D et E, elles ont du se former sous Tinflu-ence de conditions bien difFérentes; car cc sont des dépots stratifies, déposés sons les eaux et dénotant, par conséquent, l'existence d'une phase distincte dans le dépot du Campinien.

„Nous nous bornerons, pour le moment, a signaler cette division trés nette des dépots campiniens de Merxem, ainsi que le développement remarquable des couches argileuses et de gravier intercalées au milieu des sables.

„Nous nous réservons de montrer ultérieurement que cc n'est pas la un fait local, isolé; mais (ju'il se reproduit en beaucoup d'autres loca-lités fort distantes, dans la region d'Anvers, et que cctte division du Campinien en deux sous-étages mérite d'attirer l'attention des géologues, a cause des conclusions assez importantes qui pourront être déduites plus tard de l'ensemble de nos observations.quot;

Qu'on me permette quelques observations sur les paroles citées ci-dessus. 11 parait que les savants auteurs ne voient pas un dépot marin dans Ie sable campinien, paree que c'est un dépot ineuble, non stratifié. On pourrait demander; un dépot raarin ne peut-il pas se présenter non stratifié? Est-il nécessaire qu'un dépot soit stratifié pour y reconnaitrc une origine marine? Les sediments marins qui se forment actuellement sur nos cotes néerlandaises, les bancs de sable et de Union autour de nos iies et dans les Wadden , les dépots de l'époque actuelle connus en Néerlande sous le nom de zeeldei, Union marin, tontes ces accumulations de matières ne se présentent que comme des lits, des couclics, des rognons, des lambeaux, remplissant les creux, les fosses, s'étendant en nappe, recouvrant des formations antérieures, mais généralement on ne peut y découvrir de trace d'une stratification , et cependant cc sont des dépots marins véritables formés sous nos yeux. Et d'un autre

') On the Kainozoie Formations of Belgium , by Godwin-Austen. — Quart,. Journ. of the Geological Society. Vol. XXII, part,. 15. No. 87. pp. 228—SSI. London, 1860.

») „11 importe de ne pas confondro, avce les dunes quaternaires que Ibrmait autrefois le sable campinien, les „dunes terrcstresquot; d'origine récente, que le venl I'dilic, dcplace ct. recon-strnit encore actucllemenl en cerlains points des plaiues de ia Campine.quot;

-ocr page 41-

DU SABIjE CAMPINIEN ET DES DUNES MARITIMES DES l'AYS-BAS.

cótó, cjuoique les dunes nmritiiues actuelles soient sans aucun doute for-mées par Taction acrieime, cependant oigt; y rencontre quelquefcis une espèce de stratification, des couches de sable scparées par un lit compose de terre végetale et de restes de végétaux; ces lits intercalés entra les couches de sable ne sont (pie des surfaces anciennes qui plus tard out été recouvertes par le sable soulevé par le vent. 11 me semble ([ue la stratification ne nous apprend pas si un dépot a été fornié par Taction de Teau ou du vent, niais son état non stratifié ne nous apprend non plus s'il est de formation aérienne.

MM. Van den Broeck et Cogels adoptent ensuite sans hesitation la these de Godwin-Austen: ils voient dans le sable campinien un sable de dunes, recouvrant le littoral indiqué par les cailloux et les graviers de la base du dépot. Plus haut j'ai exposé les raisons qui me portent a consi-dérer ces cailloux et ces graviers non conune un littoral, inais comrae nn lit de diluvium méridional apporté jadis par des rivieres, et dont il faut chercher Torigine dans TArdenne etleCondroz, et de inême j'ai déja taché de démontrer ipie le sable qui recouvre ces cailloux, est un sable remanié par Teau. Je ne crois pas utile de répéter ici toutes ces considerations; seulement je dois faire observer que uos auteurs, en parlant des couches C, DviE, disent qu'elles ont du se former sous Tinfluence de conditions bien différentes, que ces dépots se sont déposés sous les eaux, et (ju'ils dénotent une phase distincte dans le dépot campinien, Je partage entièrement cette opinion, comine je crois aussi qu'il est nécessaire de diviser le terrain campinien en deux sous-étages, c'est-a-dire Tun représenté par les couches A et B de nos auteurs, sable meuble et fin, sans cailloux mon sable remanié — et Tautre division representee par leurs couches 6', D et E, sable et argile avec cailloux — mon diluvium méridional.

Enfin MM. Van den Broeck et Cogels parient de dunes quaternaires que formait autrefois le sable campinien, et qu'il importe de ne pas confondre avec les dunes terrestres d'origine récente, ([ue le vent édifie, déplace et reconstruit actuellement. 11 est certainement possible qu'au temps de la deposition du sable remanié sur les couches a gravier da diluvium méridional, une partie de co sable a été jetée sur la plage et que le vent en a édifié des dunes; il est possible qu'alors une rangéo de dunes s'est formée a Tendroit ou Ton trouve a présent Merxem prés d'Anvers, comme il s'en est formé une sur nos cötes néerlandaises. 11 serait trés intéressant de connaitre la difference entre ces deux sortes de dunes, et certainement MM. Van den Broeck et Cogels obli-geront les géologues en leur offrant ultérieurement leurs recherches sur

5*

35

-ocr page 42-

3(5 CONSIDERATIONS GÉOLOGIdUES SUR l/oiUGINE DU ZAND-DHiUVIUM,

ces formations sableuses. II me semble toutefois qu'il sera bien difficile de prouver d'un point de vue géologique (juo quelques-unes de ces dunes ont été jetées sur la plage par les eaux de la mer et cdiftées par le vent, tandis que les autres ne sont que des accumulations de sable par les vents agissant sur une plaine sableusc dénuclóe. Surtout il sera trés intéressant d'apprendre comment ces savants réussiront a donner une explication de 1'existence de graviers épars (dans la couche 1° A) et d'un Ut fort épais de gravier (dans les couches 1° i? et 3° 7?) dans un dépot meuble d'origine aérienne, d'après la théorie de Godwin-Austen, et dont nos auteurs disent „il est incontestable que tons les caractères du dépot confirment cntiérement cette appréciation.quot; Je nc concois pas que ce gravier alt été soulevé et chassé par le vent, comnie le sable fin qui forme les dunes terrestres actuelles.

Dans ce qui précède, j'ai taché de déraontrer que le diluvium remanié de la Néerlande et le sable campinien de la Belgique sont identiques quant a leur mode de formation et a Tépoque ou ils se sont formés. Passons ti présent aux dunes maritimes des Pays-Bas: neus verrons (jii'elles correspondent parfaitement aux deux formations mentionnées.

DES DUNES MARITIMES.

Le littoral occidental des Pays-Bas, depuis 1c Cadzancl dans la Plandre zélandaise jusqu'aux petites iles (jui se trouvent au nord du golfe le Dollart, est reconvert le long de la plage d'une chaine de collines de sable mobile, que Ton appelle les dunes. En allant du midi au nord on voit des dunes sur les cótes occidentales des iles zélandaises Walcheren et Schouwen, dans les iles hollandaises Goeree et Voorne. Le long de la cote hollandaise, les dunes commencent au Hock van Holland, pour s'avancer jusqu'au Helder saus aucune interruption, excepté entre Petten et Camperduin, ou elles sont remplacées par une digue le long de la mer, appelée la Hondsbossehe. Toutefois, cette digue est a présent parfaitement cachée par une énorme masse de sable, des dunes récentes dont nous parierons plus tard. Ensuite on trouve des dunes dans les iles de Tessel, Vlieland, Terschelling, Ameland, Scliiermonnikoog, et les ilots Rottum et Borkum. Entre Schiermonnikoog et B.ottum se trouve un grand banc de sable, le Boschplaat, et au sud-est de la première lie un autre banc, l'Engelschmansplaat, q\ii sont tons les deux composés de sable semblable a celui des dunes. Ces deux bancs ne sont émergés (jue pendant les marées tres hautes. Nous ne parions pas de plusieurs petits bancs, qui entourent les iles nominees ci-dessus.

-ocr page 43-

UU SABLE CAMP1NIEN ET DES DUNES MAR1 TIMES DES PAYS-HAS. 37

On sait que les dunes maritimes de iiotrc pays nc scmt qu'un ehainon dans la grande cliamc de collines de sable qui s'étend do Calais en France, le long du littoral de la Belgique, de la Ncerlande, du Uane-niark, jusqu'au bras de mer le Skagerrak. Qiioi(|ue cette chaine de collines ne soit interronipue que par quelques detroits ou bias do mer assez étroits, ses parties differentes ne sont point du tout partout identiques: il suftit do lire los descriptions des dunes des pays que je viens de nommer, dans les ouvrages de Brémontier, d'Omalins d'Halloy, de Staring, de Forchhammer, d'Andresen, de Devvalque et de tant d'autres savants, pour apercevoir (jue des circonstances ct des influences locales ont joué un tros grand role dans I'origine et la formation de ces dépots arénacés, si intéressants pour le géologue.

Quelle est I'origine do uos dunes? Avant de répondre a cctte question, il sera nécessaire de voir comment se formant les dunes actuelles, ct de prouver que les dunes ne sont, proprement dit, que des bancs de sable jetés sur la plage. Tons ceux qui ont observe les pbónomènes du bord de la mer du Nord dans les Pays-Bas, sont d'accord que Ton doit attribuer la formation de collines de sable sur la plage a Taction combinée des eaux de la mer et des vents. L'oau do la mer ótant con-tinuellement en mouvement par l'influence des courants niarins, du flux et du reflux, des vents qui agitent sa surface, etc. tic ut toujours en suspension une partie du sable qui constitue le lit de la mer et les bancs de sable qui s'étendent le long de la plage occidentale des Pays-Bas. Les vagues et la marée poussent ces sables et avec eux des débris de coquilles de mollusques et autres petits corps vers la cóte, et dcposent ces matières flottantes sur la plage. Une partie de ce sable so dessèche lors du reflux ou du refoulement de 1'eau, ot, sèchée, est pousséc vers rintérieur des terres, chaque fois que le vent souffle dans une direction qui peut favoriser ce transport. Dans notre pays les vents d'ouest sont les plus fréquents; d'après les observations a l'institut métcorologique d'Utrecht los vents do nord-ouest, d'ouest et de sud-ouest sont a ceux des autres directions conmie 4 est a 3; en même temps les vents d'ouest sont, les plus véhéments, et so changent souvent en tempêtes.

II est curieux d'observer le jeu des vagues avoe le sable sar la plage: aussitót que la vague so retire de la plage, elle laisso après soi im bour-relet trés petit de sable moiiillé. Une seconde vague suit la première et apporte a son tour un autre bourrelet qui presse et déplace un pen le premier. A peine cette petite quantité de sable est de cette manière pressée hors de la portee do l'eau, (|u'elle se dessèche, et que le vent la prend et la [)0usse vers 1'intérieur des terres. Voila

-ocr page 44-

38 CONSIDERATIONS CiÉOLOGIQUES SUR I.'oKIGINE DU ZAND-DIhUVIUM ,

comment se forment sur la i)liigc des collines de sable mobile, qui atteignent parfois une elevation de vingt, dt; trente, mêmc du soixante metres. Pour (|ue d(is dunes se forment, il faut non seulement un lit de mer sableux et imo plage sableuse, mais aussi une position de la cóte telle (ju'elle soit dims le cas d'etre frappée par des vents (lout la direction dominante pousse les vagues de la mer et les tlots de la marée vers rintmeur des terres. On sait que les mêmes conditions sent nécessaires pour la foiiiuition de bancs de sable d'une forme plus ou moins allongée, situés le long de la plage, et qui se trouvent par-tout dans la mer du Nord sur le littoral de notre pays, aux endroits ou le lit de la mer est sableux. Et voila pourquoi l'on peut prétendre que les dunes maritimes ne sont que des bancs de sable jetés sur la plage et non soumis a Taction des eaux de la mer, en taut que celles-ci ne dépassent pas leur niveau ordinaire.

Quoique les dunes proprement dites ne se trouvent que sur les terres au-dessus du niveau ordinaire de la mer, et qu'elles doivent leur elevation et leur structure a Taction du vent, néanmoins sur plusieurscótes a pente douce ou plages, des accumulations de sable ressemblaut aux dunes sont formées au-dessous des eaux, a quelque distance du rivage, par les oscillations des vagues: dies sont connues sous la denomination de bancs de sable. Conuiuuiément ces bancs sont plutót des bour-relets, dont la pente la plus abrupte est située vers la mer: leur forme ne ditfère de celle des dunes qiTen ce qu'elle est plus basse et plus continue. En general on a observe que ces bancs se déplacent continuellement vers la cote, et qu'ils sont le magasin d'ou provient le materiel pour la construction des dunes. En etfet les dunes ne sont que des bancs de sable jetés sur la plage, comuie nous venous de le dire plus haut.

Le lit de la mer du Nord le long du littoral des Pays-Bas est compose de sable en forme de bancs phis ou moins élevés, et d'une étendue trés différente, lis s'étendent trés loin dans la mer, et ne constituent qu'une trés petite partie de Timmense surface sableuse qui forme le lit de la partie méridionale de la mer du Nord. Au sud on ne rencontre des roches tertiaires et secondaires qu'aux environs de Calais. A Touest Ie sable recouvre les cotes de TAngleterre jusqu'a la bouche du Tyne et même plus loin vers le nord. Les cotes orientales sont de même com-poséos de sable jusqu'a Tile de Sylt et pres de Jutland.

Le sable forme le sous-sol des dunes littorales, il forme le lit du Dollart, du Lauwerzee, des Wadden, du Zuiderzee, des embouchures des fleuves entre les iles liollandaises et zélandaises. Partout le sable git ici a la surface, ou il est reconvert d'une couche de limon maritime

-ocr page 45-

DU SABLE CAMPfNIKN KT DES DUNES MAIUTIMES DES PAYS-BAS.

ou fluviatilo, 1c produit do l'eau saldo de la nier, de l'eau sauraatre des estuaires et de l'eau douce des rivières qui se jettent dans la nier.

Le lit de la mer du Nord se trouve dans les parties méridionales a une profondeur moyenne de 40 metres. Au nord du Doggersbank, ou plutot au nord d'une ligne tirée depuis le cap Skagon en Jutland jusqu'a la bouche du Tyne en Northumberland, eette profondeur augmente jusqu'a 200 metres, pour s'accroitre encore au nord des lies Shetlands et pres de la cote de Norwége. Cependant entre le Doggersbank et les bancs le long des cótes sud et sud-ouest se trouve une vallée assez spacieuse d'une profondeur moyenne de 200 metres, tandis que le long des bancs des cotcs de Norfolk, de Suffolk, d'Essex et de Kent, se rencontre un chenal de la même profondeur et d'une largeur d'environ 34 kilometres.

Le long des cótes néerlandaises se trouve une série de bancs de sable oblongs qui, en s'élévant graduellemcnt, se confondent enfin dans cette partie du littoral qui s'élève au-dessus du flux. Cependant un chenal d'une certaine profondeur se voit en quelques endroits entre les bancs et le pied des dunes: en Zélande on lui donne la denomination de sloe. Par le flux et le reflux ce chenal est obstrué quelquefois pendant une seule tempête, le plus souvent aux dépens des dunes du littoral, ainsi sa profondeur est parfois trés variable.

Prés de Cap Blanc-Nez les bancs s'étendent en éven tail vers l'est et l'ouest, niais pres de Dunkerque ils se rangent déja parallèlement a la cóte. Partout le long du littoral des Pays-Bas, ou celui-ci n'est pas interrompu par les bouches des rivières ou par les détroits ou les bras de mer entre les lies du Zuiderzée, les bancs suivent le cours de la cóte, mais la oil elle est interrompue, ils se montrent comine déplacés par les courants d'eau. Ce déplacement se manifeste en donnant une direction vers le sud aux bancs dans les ouvertures ou les détroits de mer du Vlie, du Tessel, des bouches de la Meuse et de l'Escaut, tandis que les bancs entre les iles d'Ameland, de Schiermonnikoog, ceux du Lauwerzée et des bouches de l'Eeins, out une tendance a se déplacer vers le nord.

Nous venons de voir que les bancs de nos cótes sont composés de sable quartzeux pur, entremêlé de coquilles et d'autres restes d'animaux marins. Le limon suspendu dans l'eau de la mer sous la forme d'une vase tres légere, ne peut se déposer, a cause du balancement continuel de l'eau, que dans quelques creux et dans quelques chenaux de la Manche. Sur les cótes de l'Angleterre et dans la Manche les bancs contiennent une grande quantité de picrres roulées qui sout dérivées du

39

-ocr page 46-

40 CONSIDERATIONS GEOIiOCllUUES SUR l/oRIGINE DU ZAND-DILUVIUM,

littoral voisiii, mais dans les bancs dc la cote néerlandaise et au milieu de la mer on n'a pas encore trouvé de ces pierres roulées. Cependant il se pourrait que des pierres roulées diluviales se trouvassent queltjue part dans nos bancs de sable, surtout si Ton prend en consideration que les lies de Tessel et de Wieringen, avec leur sol compose en partie de dépots diluviens avec des cailloux roulés, s'élèvent au milieu de la mer. Sur la rive nord des iles de Vlieland, Terschelling et Ameland on rencontre quelquefois des galets ou cailloux roulés, qui peuvent être originaires de tels endroits. Partout sur notre littoral on trouve d'autrcs objets, comme des pieces de bois, des bloes de tourbe, des briques, etc. qui out été roulés pulles eaux, et out perdu leurs aretes, leurs angles etc. Surtout on remar-que cette action arrondissante, émoussante et polissante des eaux de la mer quand la mer du Nord se gele pendant l'hiver. Alors la glace qui se forme pendant le reflux, est brisée par le flux, et les gl 1190ns sont roulés par les flots jusqu'a devenir des disques ronds et plats qui s'accumulent comme une digue le long de la plage. A chaque flux nouveau cette digue s'agrandit, et, en se congelant on une seule masse de glace, forme un rempart de glace qui empêcbera les eaux de se répandre sur la plage. Quelquefois on voit de ces digues de glace qui ont une longueur de plusieurs kilometres.

On ne connait point de bancs dont le sable ne contient des coquilles de mollusques entières ou brisées, mais la quantité et la nature des coquilles sont tres différentes. Dans l'analyse chimique le sable des bancs contient de 3 a 10 pour cent de carbonate de cliaux , dérivé de ces coquilles. Les coquilles se rencontrent habitées par leurs animaux et par conséquent vivantes, ou elles sont vides. Les bancs de coquilles dans le Zuiderzée et les masses de coquilles rejetées sur la plage de la mer du Nord, procurent la matière première pour les fours a chaux et pour I'endurcissement des routes et sentiers. II est trés remar-quable que la masse principale de ces accumulations de coquilles bivalves ne se compose que de quelques espèces, et en même temps que les espèces différent d'aprés les diverses localites. Les bancs de coquilles dans les Wadderrfjrés des iles de Rottum et de Schiermonnikoog se compo-sent ') presque exclusivement de Tellina solidula Lam. La même espèce se trouve en abondance sur la plage du Bildt dans la Frise, surtout prés de Dijkshoek. Sur la rive du Zuiderzée prés d'Elburg et de Muiderberg, la mer rejette principalement la Myu arenaria L., coriuille qui ne se trouve «pie rarement en dehors du Zuiderzée. Sur la plage

■ ) Staring, üc Bodem vun Nedorland. T. 1, p. 220.

-ocr page 47-

DU SAHI/K CAMPINIKN ET DES DUNES MAR1T1MES DES l'AVS-HAS, 41

de la Hollande septentrionale, pres d'Egmond, et dans l'iie zélandaise de Walcheren, on trouve en abondance le Cardimn edule L. tandis que plus loin vers le midi, pres de Zandvoort et de Katwijk, on rencontre avec le Cardimn edule, la Maclra solida L. et la Mactru stultorim L. D'après M. Maitland 1) le Cardimn edule prédomine sur la plage hoi-landaise, et C. edule, var. rusticnm sur cclle de Walcheren, tandis que Mactra crassatelln Lam. serait plus commune que Af. solida. Dans les fleuves zélandais prédomine la Trigonella vlana Lov. qui est rare a d'autres endroits.

On sait que tons les mollusques dont nous venons de parler, vivent enfoncés dans le sable du lit de la mer. Un autre genre de vie est celui de I'liuitre commune. Ontred edulis L. et de la moule commune, Mytilus edulis L. qui toutcs deux vivent dans le Zuiderzee et dans les fleuves zélandais, la première vivant en compagnie, attachée a des pierres ou a ses semblabes au-dessous du niveau de la mer, la seconde nc se trouvant que sur des bancs et des hauts fonds qui sont emerges pendant le reflux. Au moyen de leur hyssus les moules s'attachent l(;s unes aux autres ou ii d'autres objets, et s'accunmlent ainsi en formant des rognons qui parfois recouvrent une surface assez grande des Wadden. Dans la mer du NorcI sur les bancs au nord de Terschelling et même plus loin que les iles a la cóte hanovrienne vers le nord, on trouve des bancs d'huitres qui appartiennent a l'espèce Ostrea hippopus L. 2)

Les bancs de sable qui s'élèvent au-dessus des eaux pendant le reflux présentent alors un spectacle trés particulier par la multitude de Nereis pelagiea L. qui recouvrent toute la surface de leurs excrements sableux, comme le ver terrestre le fait dans les prairies. A peine l'eau de la mer a quitté, deux fois par jour, la plaine énorme des Wadden, que les vers de la plage font leur travail quotidien, et en peu de temps toute Ia surface est recouverte de petits monticules de sable, de sorte qu'il est impossible de poser le pied quelque part sans toucher a ces petites élévations, qui bientot seront anéanties et balayées par le flux.

Nous nous trouvons dans les Wadden: avant de les quitter, jetons encore un coup d'ccil sur ces plaines remarquables et curieuses. A l'ex-ception de quelques chenaux étroits, les Wadden tombent a peu pres totalement ii sec pendant le reflux. Alors la surface est si sèche qu'il serait possible de se promener de la cóte de Groningue jusqu'a l'ilot do Rottum, si l'intervalle des deux flux n'était pas trop court pour une

') Bouwstoffen voor de Fntnia van Nederland. T. II, p. 77. ') S'Imiing. Do Hodom van Nederland, T. I, p. ii'i.

(J

-ocr page 48-

42 CONSIDERATIONS GKOI.OGiaUES SUR l/ORIGlNK DU ZAND-DILUVIUM,

telle excursion a pied. Quelques chenaux assez profonds et qui ne per-dont pas leur eau empêchent le voyageur d'aller rógnlièroment, pendant. Ie reflux, de Hornliuizen a Schiermonnikoog ou de Holwerd a Ameland.

Aussitót que les Wadden commencent a devenir scches, la vie de ia nature s'y manifeste, et formc un contraste frappant avec le silence absolu qui regno ici quand la mer est haute. Des milliers de petits cours d'eau portent, en ruisselant, l'eau dans les chenaux. Partout on entend le murmnre des huiles d'air qui s'échappent des trous des vers qui vivent dans le sable. Avec l'eau les poissons et les phoques se sont retires, et out fait place aux oiseaux sans nombre, qui en criant et en remuant vont chercher leur nourriture dans le sable humide. Voici quelques goélands a manteau bleu, Larus argentatus, se promenant gravement et cherchant dos poissons attardés dans les creux. La-bas un hmtrier, Haematojms ostraleyus, va le long des canelures: il becquette des mollusques caches duns leurs coquilles. Au-dessus des flaques d'eau volent en criant des hirondelles de nuü', Sterna hirundo, et tombent dans 1 eau pour attraper quelque poisson malheureux: ils le porteront ensuite a leur convée dans l'ilot de Rottum. Des barges, Limosa aefjocephala, remplissent l'air de leurs cris aigus et monotones, varies par le bruit du gourlieu, Numenins phaeopus. Cela dure pendant environ trois heures. Mais voila le flux qui vient. Maintenant l'eau se répand de nouveau sur la plaine. D'abord les canelures, les petits chenaux, se remplissent, bientot ils ne peuvent plus contenir l'eau, ils débordent. En même temps la grande masse d'eau arrive, elle monte, les flots s'accumulent, et bientot toute la plaine qui, un moment auparavant, semblait être un désert de sable aride, est une mer immense avec quelques lies basses a l'horizon. Alors les oiseaux cherchent un refuge sur les terres; les poissons et les nié-duses repeuplent les chenaux, ils nagent au-dessus des bancs; ^ un phoque fait voir sa tête lisse et ses yeux intelligents au milieu des vagues, ou il fait résonner son aboiement au lointain. Pour jouir de la beauté du spectacle superbe de la nature des Wadden on doit se trouver ici pendant le reflux, en été, au soleil levant quand 1 air est serein; le flux, au contraire, doit être vu en automne pendant une tempête, au crépuscule quand le ciel est nuageux.

Dans certaines conditions le sable s'accumule au-dessus du niveau de la mam: haute, sur les plages de la mer. Aussi longtemps que le sable reste humide par l'arrosement ou par l'attraction capillaire, il nest pas attaqué par les courants de l'air, mais aussitot que 1 eau se retire suffisamment pour permettre au sable de se dessécher, ce dernier devient

-ocr page 49-

DU SABLE CAMPINIEN ET DES DUNES MARITIMES DES PAYS-BAS,

la proie des vents et est pousse sur la pente douce de la plage vors l'intérieur des terres jusqu'a la rencontre de pierres, de vcgétaux ou d'autres obstacles, gt;jt de cette manière se forme line accumulation de sable (jui constitue le fondement d'une dune. Toute petite que soit l'élé-vation créée de cette manière, elle sert toutefois il empêcher ou du moins a retarder la marche progressive dos grains de sable qui sent poussés contre sa face tournee vers la mer, et a protéger contre l'influence du vent les particules qui se trouvent plus loin ou les grains qui roulent par-dessus sa crête et tombent ensuite derrière elle. Si la plage au-dessus de la ligne de haute inaree était parfaitement plane et lisse, si les graminées et les arbustes sur la plage étaient de hauteur égale, si le sable rejeté par les vagues était uniforme de grosseur et de pesanteurdanssesgrains, si ce sable était distribué également, et que Taction du vent fftt constante et réguliere, un bourrelet de sable se formerait sur la plage, mais un bourrelet partout égal de hauteur et de largeur. Mais de telles conditions constantes ne se rencontrent mille part. Les rangs de dunes sont courbés, brisés, de hauteur differente; les collines sont quelquefois arides, d'autres fois vêtues de plantes d'une structure différente et do dimensions diverges; le sable rejeté de la mer est variable de caractère et do quan-tité, et les vents sont inconstants et changeables. Par ces différentes causes les dunes, au lieu d'etre des collines uniformes, sont des rangs irréguliers de monticules de sable, séparés par des depressions ou des vallées d'une étendue et d'une profondeur trés diverses.

M. Ad. Duclos ')» eli parlant des bancs de sable et des dunes de la riandre* dit: „üans notre imagination la mer du Nord est devcnue sèche: nous nous trouvons a une dizaine de lieues d'Ostende sur le lit de la mer, plus loin que les bancs de sable. Le lit est composé de sable; ici nous ne voyons point de falaise rocheuse, cuiunie dans quel-ques autros mers, seulement du sable avec des fragments de coquilles, des arêtes de poisson, des cailloux roulés par l'eau, des morceaux de l)ois qui sont les restes de navires échoués, ou qui out été trainés vers la mer par les courants. Mais passons: nous sommes sur le sable maringt; regardons bien ce sable, cela nous servira plus tard.

,,Nous montons vers les terres. Comme le lit de la mer est desséché, dans notre imagination toujours, nous pouvons avancer a notre aise. Nous gravissons une pente rapide et nous arrivons sur les bancs. Ici nous devons monter et descendre a tour de role. Notre promenade nous fait songer (jue nous nous trouvons dans les dunes de la Panne, et l'on

') Duclos, üo ouilo kuste van Vlaanderen, p. 10.

43

(5*

-ocr page 50-

44 CONSIDERATIONS GEOr.OGIClUES SUR r/ORIGINU DU ZAND-DU.UVIUM,

flirait que ce bnnc la est Ie Hoogenblekker. En effet, les bancs s'clè-vent 'et s'abaissent, co sont des dunes qui gisent sous I'eau. Si I'eau les recouvre, alors les creux entre les elevations sont des chenaux, des geulen. Maintenant nous avons passé les bancs ct les chenaux, et nous sommes sur la plage. Devant nous, si nous regardons vers les terres, so trouvent les dunes. Voici des collines et des vallées, des monticules et des champs. Ici nous voyons exactement ['analogue de ce que nous avons vu au-dessous de la plage, quand nous montions les bancs et descendions dans les creux. Si la mer s'élevait a quelques brasses de plus que de coutume, nous verrions ici des bancs et des (jeuien, au lieu de dunes de sable, avec des hauteurs et des profondeurs. Au contraire, si la mer disparaissait tont ii coup, les bancs actuels de-viendraient un autre rang de dunes d'une largeur d'une ou de deux lieues en avant de la cote.quot; Ou pourrait dire pareille chose du littoral de la Néerlande: ici, com me ailleurs, les dunes sont des bancs de sable jetés sur les terres, et les bancs de sable sont des dunes situées au-dessous du niveau de la mer.

Les dunes sont dos collines et des plaines sableuses. Les dernières se trouvent particulièrement au pied interne des collines, ou forment des vallées plus ou moins grandes entre les hauteurs. En général la chaine des dunes a la forme d'une digue haute, ou plutót d'un rang de tertres posé le long de la cóte. La pente interne des dunes est quelquefois remarquable par son approchement de la ligne verticale. On le voit particulièrement aux dunes entre le Koegras et la mer. Pendant une distance de l^ kilometre les dunes ont ici une pente rapide d'une hauteur moyenne de vingt metres. Nous devons chercher la cause de cette pente assez réguliere dans le fait qu'en lölü on a construit a eet endroit une digue qui a été lo noyau de la chaine de collines que nous voyons actuellement ici. En général on remarque au bord de la mer une chaine de dunes qui est séparéc de la masse des dunes par une vallée oblongue assez profonde: ou donne communément a cette rangée le nom de strand reep, la bande de la plage.

La largeur de la chaine des dunes est tres inégale. Tandis que, prés de Calandsoog, elle nest large quo de quelques metres, olie l'est de plus de cinq kilometres prés de Velsen et d'Overveen. Elles ont aussi cette largeur pres de Bergen, non loin de l'ondroit oii elles manquent a peu pres totalement, savoir pres de Camperduin. En général on peut dire que les dunes ont une largeur moyenne de cinq kilometres, si l'on rattache aux dunes la bande de terre sableuse au pied interne de ces collines, qui est a présent cultivée et hoisée. Aux endroits les plus

-ocr page 51-

DU SABLE CAMPIN1EN ET DES DUNES MAB1T1MES DES I'AYS-llAS.

larges de la chaine des dunes elle est formce de plusieurs rangs de ces collines, qui s'entassent les unes contre les autres, laissant entre elles des vallons plus ou moins spatieux, qui portent en néerlandais le nom de duinpannen.

Nous ne connaissons pas avec exactitude les hauteurs des dunes. Parmi les collines les plus élevées nous citons: la dune prés du village de Terschelling, le Camperduin prés do Petten, quelqucs dunes pres de Velsen et Bloemendaal, la dune nominee le Blinkert pres de Kraantjelek, la dune a cótu du bassin de l'aqueduc prés de Vogelenzang, les dunes de 's Gravesande, etc. Vraisemblablement les plus hautes dunes ne dépassent pas 00 metres d'altitude. Si les dunes nous paraissent plus élevées, surtout lorsque, stationnant sur leurs sommets, 011 regarde la contrée environnante, on doit l'attribuer au contraste avec la surface plane de la region basse (ju'on a a ses pieds.

Le sable des dunes est fonné presque exclusivement de grains quait-zeux fl bords et angles émoussés; il est colore brunatre 911 et la par des matières fcrrugineuses, et mêlé souvent d'une faible proportion de debris calcaires. Ces debris ne sent que des fragments de coquilles de mollusques, visibles a l'oeil nu. Toutefois ces débris ne se trouvent pas partout dans le sable. Pres d'Overveen l'on rencontre des débris calcaires mV.ie sur les sommets des collines; dans le Koningsduin prés d'Egmond on les trouve en abondance, tandis que l'on n'en voit point de trace dans ic;s dunes internes entre Haarlem et Warmond. On peut admettre que ces débris de coquillages sont proven us du lit de la mer avec les grains de sable, niais on ne doit pas oublier ([iie plusieurs de ces fragments pcuvent avoir fait partie de coquilles d'escargots, comme le Helix ericetorum Mull, qui vit en abondance dans nos dunes. II se peut aussi que quelques fragments de coquilles aient été apportés sur les sommets par des oiseaux riverains: Porchhammer 1) dit que le luutrier, Haematopus odralegus, porte sur les dunes les huitres qu'il vient d'attraper, qu'il dévore 1'animal et abandonne la coquille.

Le sable des dunes consiste, comme nous venons de voir, en grains de quartz roulés. Kolil exprime sur l'origine et le caractére du sable des dunes quelques idees poétiques qui méritent d'etre citées:

„Le sable était compose de quartz pur et transparent. Je ne pou-vais observer cc sable sans la plus grande admiration. S'il est le produit des vagues qui ont brisé et pulverise des silex et out broyé des

') Neucs Jtihrbuch v. Leonlmvdt amp; Broun, 1SH , p. 3.

45

-ocr page 52-

40 CONSlUÉllATfONS GEOI.OGIQUES SUR l/oRIGINE DU ZAND-DILUVIUM,

fragments de quartz, en les frottant les uns contre los autres, certaine-ment c'est un résultat qui n'a pu se produire quo pendant le cours de siècles innombrables. 11 n'est pas nécessaire de nous élever aux astres, a leurs magnitudes incalculables, u leurs distances immensurables et a leurs nombres incomptés, pour s'étonner et admirer, lei, sur la terre, dans ce sable si simple, il y a assez de miracles. Songez au nombre de grains de suble ren ferm c; dans line seule dune, et puis a celui de toutes les dunes de cette cótc large et étendue, saus parler des innombrables grains de sable dans les déserts de 1'Arabic, de l'Afriqiie, de la Prusse, ah! cola sullit a confondre la fantaisie la plus exagérée! Combien de temps les vagues doivent avoir été soulevées et abaissées pour accumuler ces vastos monts do grains de poussière 1

„Pendant tout le temps que je passai sur ce rivage, je tenais toujours un peu de sable dans mes doigts, le roulant et le frottant et l'exami-naut de tons cótés, tenant un petit grain brillant au bout du doigt, et songeant que peut-être dans ses aretes, dans ses angles, dans toute sa configuration, ü y avait probablement une histoire plus longue cpic celle de la vieille nation germanique, même peut-être plus longue que celle de la race humaine. Oii s'était formé premièrement le cristal de quartz original, dont ce grain est un fragment? De quelle roclie coherente ce cristal formait une partie? Quel pouvoir le détachait? Comment est-il broyé par les vagues, et comment est-il frappe de manière a de-venir un grain si petit? Pendant des millions de siècles les vagues le jetaient sur la plage et l'en arrachaient ensuite, elles le roulaieut a pic, et le forgaient a faire des milliers de voyages journaliers, pendant des millions de jours. Ensuite le vent le prenait et le poussait, et l'utilisait pour en batir une dune. La dedans il se reposait pendant des siècles, emballé avec ses semblables, protégeant les plaines fertiles, et chéri par les habitants. Mais enfin la nier persécutaute le captivait de nouveau, il retombait dans l'eau, et voilii la danse infinie qui recommenc;ait, et de nouveau il était poussó par le vent, ct encore il trouvait le repos dans les dunes, la protection et. la benediction de la cöte. II y a quelque chose de mystérieux. dans un tel grain de sable: ma fantaisie voyait dans chaque grain une petite étincelle immortelle, présidant sa destinée, le préservant de destruction. Si nous pouvions armer notre ccil d'un microscope et puis plonger notre vue dans une de ces dunes, ce monticule, qui en eftet n'est autre chose qu'un amas de petits bloes cristallins innombrables, nous frapperait comme 1'edifice le plus merveilleux de la terre. Les rayons du soleil passeraient, en les illuminant, par tous ces petits corps cristallins. Nous verrions la forme particulière de chaque

-ocr page 53-

DU S A lil,F, CAMPINIEN ET ])ES DUNES MAR1TIMES DES VA VS-BAS.

grain, nous observerions ses petitcs facettes, oui, nous ferions la décou-vert(! que le grain lui-mêrae est compose de piusieurs molecules distinctes.quot;1)

En general le sable est compose de grains de quartz, mais ceci n'indique pas que les roebes d'oü ces grains sont derives, out été (h's quartzites plus ou moins ])ures, car nous savons que dans piusieurs roches composées, comme par exemple c(!lles du groupe grauitique, le mica, le feldspatb et I'liornblende ou l'ampbibole sont plus aisément decomposes par Taction chimique, ou pulverises et réduits en poussière impalpable par Taction mécanique, que le quartz. Par conséquent dans la destruction de ces roches le quartz survivra aux autres ingredients, et restera sans melange après qu'elles out été décomposées et sont entrees dans des combinaisons chimiques nouvelles, ou qu'elles out été pulvé-risées et distribuées ensuite par des courants d'eau.

Les grandes masses de sable qui ne se trouvent pas sur place out été transportées et accumulées par Teau et par le vent. En général on con-sidère la première comme la plus importante de ces forces: on suppose communément que les dépots immenses du Sahara, des déserts de la Perse et de celui de Gobi ont été aecumulés et distribués par des courants marins.

47

Sans doute des influences météoriques et mécaniques réduisent encore tous les jours des roches en fragments, mais la quantité de sable qui a présent est transportée vers la mcr, est minime com-parée a celle des temps passés, paree que, sans parler de 1'absence des forces diluviales, le nombre des grands cours d'eau se jetant direc-tement dans la mer, est beaucoup plus petit qu'il ne Tétait dans les périodes antérieures. La formation de plaines alluviales dans les estuaires, par les sédiments dérivés des montagnes, a allongé le cours de cos fleuves; les masses alluviales accumulées dans les embouchures des fleuves ont diminué la pente du lit de toutes les rivières, et par la, retardé le cours de Teau dans cette partie qui, par les Allemands, a étc appelée V Unterlauf, et ainsi les rivières actuelles n'ont plus comme auparavant la force nécessaire pour transporter des matières lourdes. Le limon ou plutot la vase qui est déposée par les rivières a leur jonction avec la mer, est en général composée d'une matière tro}) tenue et trop légère pour être appelée du sable, et il est aisé de prouver que les bancs de sable a Tembouchure de piusieurs rivières sont le ré-sultat de Taction de la marée, et ne sont pas d'une origine flu-viatile. Par conséquent, les grands dépots de sable doivent en général

') .1. U. Kuiil, Die lusclii und Marsclien der Hcrzogthiimcr Schleswig und Ilolstcin, T. 11, p. 200.

-ocr page 54-

48 CONSI DÉ RATIONS GEOTiOGKiUES SUR 1,'oiMGINE DU ZAND-DIMJVIUM ,

être considérés couuiie étant de formation ancienne ct non de formation récente. Plusieurs géologues de renom attribuent les grands dépots arénacés a Taction diluviale. Staring ci'oit que tons les sables du lit de la mer dn Nord, le long de la cóte néerlandaise, sont d'origine diluviale. En pavlant des rivières de la Néerlande, eet auteur dit qu'elles nc; déplacent des masses de sable ou des bancs de sablii que tres lente-ment, et qu'elles ne charient i)as du sable sous la fonue d'une matière suspendue et flottante, tandis qu'il voit dans le sablc du lit (it des cótes de la mer du Nord le produit des masses du diluvium scandinavien ou septentrional, déposé avant le commencement de la période géolo-gique actuelle.

En beaucoup d'endroits on trouve au-dessous des dunes un lit de tourbe trés compacte, appelée derrie en Hollande, dering en F land re, martörv en üanemark. Cette couche de derrie renferme des restes de mousses, de cypéracées, de roseaux et nieme quelquefois d'arbres, tels que l'aune, le bouleau, etc. On a observé que cette couche de derrie se prolonge sous le sable des dunes et même jusque dans le lit de la mer.

Le derrie n'est proprement dit que de la tourbe compressée par la pesanteur des dunes, de manière a former a présent une masse noire compacte, composée de restes de végétaux. On sait que dans plusieurs endroits de notre pays les dunes se sont déplacées de la cóte vers l'in-térieur des terres, et que dans leur marche progressive elles out dü se fonder sur les terrains bas, les tourbières, les alluvions fluviatiles, etc. ii leur pied intérieur, et même on sait que parfois les dunes out dépassé complétement ces terres basses. A présent en creusant des tranchées profondes dans les dunes, on rencontre souvent ces tourbières anciennes, ces lits de derrie. Ces lits de derrie nc se trouvent pas exclusivement au-dessous des dunes, ils s'étendent même tres loin, coiume nous venons de le dire, dans la mer, sous les bancs de sable. En Elandre, quand l'eau est tres basse, on voit quelquefois des bancs de derrie sur la plage. ') Dans ce pays on brule du derrie, com me on brule de la tourbe en Néerlande. Sur la cote de la Elandre la couche de derrie a une épaisseur qui va d'un metre jusqu'a cinq metres quelquefois. 2) Elle ent en arénéral a environ un ou deux metres au-dessous du niveau or-

O O

dinaire de la mer; ainsi, comme le dit M. Duclos, on n'a qu'a creuser dans les dunes flandraises pour rencontrer le derrie. Au-dessous dn derrie

') An. Duclos, Dc oikIr kusle van Vlaanderen, p. 50.

•') Ant. Bum'aire, Mcmoiro sur la plainc maritime depuis Anversjiisqini Houlogne, p. 27

-ocr page 55-

DU SABLE CAMP i NI EN KT DES DUNES MA.RITIMES DBS PAVS-BAS.

oD trouve du sable reconvert d'une couche de liiuon fertile D'après M. Duolos e'est ce sable qui recouvre la haute Flandre, le sable eampinien, qui s'étend par toute la Campine, et forme en même temps le lit de la nier a la cóte flandraise. ') Aprés une terapête la plage est souvent comma parsemée de morceaux de derrie, détachés du lit de la mer par Ia force des vagues furienses. Dans la Frise ou trouve souvent de ces fragments de derrie a la plage pres de Holwerd dans les Wadden, oii ces blocs noirs fournissent parfois un spectacle étrange sur la plage unie, blanche, silencieuse. Le derrie est compose des mêmes plantes qui constituent de nos jours les tourbières basses, savoir des confer-ves, des Spkat/num, des Hypnum, des joncs, des roseaux, des plantes aquatiques, comme les potamots, les stratiotes etc. En outre le derrie contient beaucoup de bois, provenu des arbres qui un jour croisaient dans la tourbière. Dans notre pays on donne le nom de kien hout a ce bois du derrie. On a parfois rencontré des troncs d'arbre, la plupart de saules, pres du Vogelenzang, a Loosduinen, a Schéveningue, au Helder, etc. On trouve quelquefois aussi des restes d'animaux dans le derrie: pres de la Haye on a trouvé cinq bois de cerf dans le derrie, sous le sable des dunes: ils appartiennent au ccrf commun, Cervus elaphus. A Voorhout on a trouvé des restes de boeuf et de cheval, et pres de Wassenaar on a rencontré un are fait de bois de bouleau, et dans le voisinage quelques os humains: peut-être les ossements de celui qui un jour s'est servi de eet are de bois.

M. Duclos 1), en parlant des restes dc plantes et d'animaux trouvés dans le dering, dit que la couciie inférieure, rondermoere, est composée de cypéracées et de roseaux; que plus haut on rencontre des graminées, des arbustcs, des noix, des ronccs, des vigncs, et toute sorte de restes de bois partiellement pourri; que la couche supérieure, le bovenmoere, est composée en général de graminées et de bruyères, ce qui prouve que cette couche a été auparavant une prairie ou un marais. Ensuite l'auteur parle de grands arbres trouvés dans le dering, dans une position qui denote qu'ils out cru sur ces lieux mêmes. Ces marais ou ces tourbières anciennes ont été habitées par des animaux. On y trouve des ossements d'écurcuils, de cerfs et de castors, tandis qu'a Clemskerke et a LefRnghe on a rencontré des squelettes humains dans les der i ngmoeren.

49

La plupart des dunes actuelles sent entièrement dépourvues d(; plan-

7

1

■) Duclos, Do oude kuste van Vlaanderen, p. 71.

-ocr page 56-

50 CONSIDERATIONS GÉOLOGIOUES SUll T/0RI0INK DU ZAND-DIUIVIUM,

tos, a rexception de quelques mousses et graminées. On pretend cependant que ces collines un jour étaient boisées. C'est une question intéressante de savoir dans quelle mesure la nudite des dunes actuelles peut être imputce a l'insouciance et a l'avidité de rhomme. II y a dans la France occidentale de larges rangs de dunes reconverts d'anciennes et d'épaisses forêts, tandis lt;[ue les collines de sable récentes entre ces rangs (it la nier sont dénudées et totalement privées de vegetation; olies s'avancent rapide-ment vers les dunes boisées, en nieiia(;ant d'ensevelir ces dernières sous leurs sables mobiles. La seule diHerence qu'on puisse trouver entre les dunes anciennes et les dunes modernes, dans les matériaux et dans la structure, c'est que les modernes sont nues et mobiles, tandis que les anciennes sont vêtues de végétation et fixes. On a cru que les habitants primitifs de la Gaule avaient planté des arbres sur les dunes, mais cette supposition n'est pas fondée.

Dans quelques endroits les dunes ont été recouvertes de forêts par la nature, et la rapidité avec laquelle leur surface est revêtue dedifférentes espèces de plantes arénacées et enfin d'arbres aux endroits oiï rhomme et son bétail, et surtoutou le lapin est exclu, rend cette opinion tres probable que les dunes en général se protégeraient elles-mêmes, si elles étaient confiées a Taction tranquille de causes naturelles. Los collines sableuses du Frische Nehrung sur la cóte baltique de la Prusse, étaient boisées jadis jusqu'au bord de la mer, et co n'est que par la destruction des forêts dans le siècle passé qu'elles sont do ven nes des sables mobiles. II y a beaucoup de raisons pour croire que les dunes néerlandaises étaient recouvertes de forêts jusqu'après l'invasion romaine. Les vieux géogra-plies, en décrivant ces contrées, parient de vastos forêts qui s'étondaiont jusqu'au bord de la mer, mais les collines de sablo mobiles no sont montionnées, pour la première fois, que par les chroniqueurs du moyen age. Staring dit que si les dunes dos cotes néerlandaises et framjaises dans le temps de l'invasion romaine, avaient ressemblé anx collines mobiles et mouvantes de nos jours, on no congoit pas qu'elles auraient. échappé a l'observation du géograpbe Strabon, et le silence absolu de Jules César, de Ptolomée et de l'encyclopédiste Pline a l egard de cos collines ne serait pas nioins inexplicable.

„La langue antique du nord, l'ancien dialecto danois, quoique riche en termes expressifs propres a peindre dos scènes de la nature, n'a point de nom pour la dune, et jo ne me souvions pas quo los monticules sableux de la cóte soiont mentionnés dans la littératuro islandaise. Les Islandais de nos jours, en parlant des dunes de Jutland, les appellont Klettr, colline, coto escarpée, et le mot danois Klit enostdérivé. Lo mot

-ocr page 57-

l)ü SABl/K CAMPIN1EN ET DES DUNES MARITIJ1ES DES PAYS-BAS. 51

J)ane est fiussi (['introduction récente dans la langue allemande. Si ron avait distingue auparavant les dunes d'autres collines d'après leur tendance renumjuable a se mouvoir, sans doute ellcis auraient acquis un nom spécifique dans les vieilles langues du nord. Aussi longtenips qu'elles étaient des collines boisées, elles n'avaient pas besoin d'un nom propre, mais quand elles devinrent dangereuses, par suite de la destruction des forêts qui les tenaient en place, elles acquirent una denomination spéciale.quot; 1)

Les dunes changent de place surtout par Taction du vent qui pousse les sables mobiles vers rintérieur des terres. Si les dunes ne sont pas tenues en place par la vegetation, ou du moins par une croüte de terre végétale, elles s'avancent constamment vers rintérieur du pays. De cette manière elles laissent apercevoir derrière elles des traces d'habitations anciennes ou d'autres marques évidentes de la vie sociale de I'liomme primitif, et de l'autre coté elles ensevelissent les champs, les maisons, les églises, et elles changent des districts populeux en des déserts stériles.

Aussitot (|ue le vent s'élève et souffle en tempête, des nuées de sable volent par dessus les dunes. Les coups de vent sont particu-lièrcment destructifs si, par I'lin ou l'autre accident, il y a quelque part dans le sable un creux , une fosse, un trou. Alors le vent a prise a l'intérieur de la dune, le sable se dessèche vite, et bien-tót il est soulevé et, en forme de nuage, il se disperse en grande quantité et trés loin sur les champs voisins. Alors la dune est devenue un magasin de sable, un magasin de suble qui rendra stérile les con-trées fertiles d'alentour. Le lapin, en creusant dans le sable, est ainsi tres fréquemment une cause de la destruction de la dune et de la dé-pravation des terres derrière elle. Parfois par l'en vole ment des sables se torment de nouvelles dunes. Si les dunes s'avancent vers les terres, l'homme doit se retirer, il ne peut pas retenir les masses sableuses qui, dans le cours des siècles, out enseveli plusieurs centaines de kilomètres carrés de prairies fertiles, de champs de blé luxuriants, de forêts cente-naires. Ainsi, par exemple, dans l'ile de Schiermonnikoog, il y a une trentaine d'années, les dunes du nord de l'ile étaient poussées continu-elleraent vers le midi, vers rintérieur de l'ile; elles recouvrirent une trés grande partie du sol limoneux fertile, et même on a été forcé de déplacer la moitié des maisons du village pour être a l'abri des nuées de sable, qui menaeaient d'envahir le village entier.

Depuis 1421 jusqu'a 1625 on a été forcé deux fois de déplacer les maisons du village de Petten. On dit que l'église actuelle de Schéve-

') Stauing, Voormanis en thans, p. ^:U.

-ocr page 58-

52 CONSIDERATIONS GEOLOGXQUES SUR r/ORIGINE t)U ZAND-Dir,UVIUM,

ningue se trouve a 1800 metres clu lieu oü était batie l'église précé-clente. Sur le rivage cles lies Voorne et Goedereede on trouve souvent des restes d'habitations, qui auparavant se trouvaient an pied interne des dunes: les dunes out dépassé totalement ces lieux. De nos jours encore les dunes se déplacent quelquefois tres rapidement: en 179!) une armee russe et une armee anglaise mettaient pied a terre sur la cote occidentale de la Hollande septentrionale, aux environs du village de Castricum, et dans les dunes ils livraient une bataille a 1'armee fran-faise de la république batave. Les morts des deux cötés furent enterrés dans une petite vallée au pied oriental d'une dune trés haute. Soixante ans plus tard, eet ancien champ de bataille fut choisi pour servir aux recherches que Ton faisait alors sous la direction de feu le Dr. Staring, dans le but de fixer des semis de pins dans les dunes. En creusant la terre on trouva des squelettes a barbe et cheveux noirs de Russes et de Francais et a cheveux roux d'Anglais, mêlés a des sabres, des fusils, etc. Mais on ne les trouvait plus au pied oriental de la dune ou ils avaient été enterres; au contraire, ils gisaient maintenant au pied occidental de la dune, car ce grand monticule de sable s'était proinené par dessus le grand tombeau, poussé par le vent d'ouest, dans le cours de ces soixante annees.

Partout le long des cotes de la mer du Nord on observe ce déplacement des dunes. Dans les lies le long de la cote de Sleswig-Holstein la mer avan-(;ait visiblement vers 1'intérieur des terres. Au commencement du dernier siècle, les dunes, qui avaient protégé la cote occidentale de Tile de Sylt, commengaient a s'avancer vers l'orient, et la mer les suivait pied a pied a mesure qu'elles s'avan^aient. En 1757 on fut obligé de dé-molir l'église de Rantum, lui village de cette ile, comme une consé-quence nécessaire de l'avancement des dunes: en 1701 ces collines avaient dépassé le lieu, les vagues de la mer gagnaient si rapidement sur les terres que, cinquante ans plus tard, le lieu oii elles se trouvaient était a une distance de sept cents pieds de la cóte.1) Le même phéno-mène s'observe sur le littoral de la France. M. Elisée Reclus 2) dit, en parlant des dunes d'Arvertquot;; Un ancien proverbe, bien connu dans la Saintonge, dit que ,,h's montagnes marchent en Arvert.quot; Quelques-unes se sont arrêtées, fixées par des semis, et sont maintenant transformées en simples tertres boisés. Partout ailleurs les dunes d'Arvert marchent encore, et le moindre vent y soulève des nuées de sable, pareilles aux

') Andreskn, üiu Klitlormntioueu, pp. C8, 7'J. ') Revue des deux Moudes, 15 Uéo. 18G2, p. 910.

-ocr page 59-

DU SABLE CAMPINIEN ET DES DUNES MARITIMES DES PAYS-BAS.

53

fumees qui tourbillonnent au-dessus des volcans. Nombreux sont les désastres occasionnés par la marche des dunes depuis les temps histo-riques. L'ancienne ville d'Anchoisne s'est constamment déplacée devant les sables couiiue récume ehassée par le flot, et ne s'est définitivement iixée qu'en atteignant l'endroit ou s'élève aujourd'hui la ville de la Tremblade. Toutes les rangées de dunes situées autrefois a l'ouest d'Au-choisne entre la mer et les maisons, se sont avanoées vers Test comme une armée en bataille, et, faisant incessanunent reculer la population, elles out rasé les unes après les autres les anciennes demeures. Main-tenant qu'elles sont passées, on peut apercevoir c;a et la des restes insignifiants de constructions sur l'antique emplacement de la ville dis-parue; mais la dune a gardé la plus grande partie de sa proie. Plus au sud, le village de Buze a subi le même sort. Enseveli sous une première colline de sable, il commencait a être oublié, lorsqu'en l'année 1698 on vit tout a coup reparaitre dans un vallon les murailles de Téglisc, d'une abbaye et de quelques autres balisses, dégagées graduel-lement par le souffle du vent qui poussait la dune vers l'intérieur des terres. Les paysans des villages voisins eurent a peine le temps d'arra-cher quelques pierres a ces constructions d'un autre age, car bientót un nouveau monticule de sable, marchant a la suite du premier, at-teignit les ruïnes qui venaient d'échapper a la terre, et les ensevelit sous sou énorme masse. Aujourd'hui ee qui reste de Buze repose, dit-on, sous la haute dune do la Briquette. Ainsi disparut également l'ancien village de Saint-Palais, dont on voit encore l'église, réparée soigneuse-ment pour servir d'aiuer au\ navigateurs. Un hameau de la même commune, le Maine-Gaudin, a été pareillement englouti, et récemment encore les dunes de Saint-Augustin marchaient a l'assaut des campagnes d'Arvert avec une vitesse de 30 a 40 metres par année.quot; Et a une autre page l'auteur poursuit, après avoir parlé de l'ancien Soulac, ou, au milieu du xnie siècle, Henri 111 vint s'enibax'quer avec sa suite pour se rendre a Portsmouth, „en même temps la redoutable ehaine des dunes qu'on avait négligé de fixer ou que peut-être on avait dé-boisée, s'avaiK;ait graduellement, poussée par le vent de la mer. Déja elle avait atteint l'extrémité de la ville et commencé rensablement des maisons, lorsqu'un violent orage la fit marcher comme a l'assaut, et les habitants de la Pompéi girondine eurent a peine le temps de s'enfuir en emportant leur avoir. Lc nouveau Soulac, f'ondé par les f'ugitit's a peu prés a 2 kilometres au sud-est de la cité ensevelie, n'a jamais égalé la prospérité de son ainé; ce n'est aujourd'hui qu'un mince village sans importance.quot;

-ocr page 60-

54 CONSIDERATIONS GÉOLOGIQUES SUR I,'ORIGINE DU ZAND-D1LUVIÜM,

J)ans 1c lit tie la mer du Nord, a (|uclqiie distance de la cotc néer-landaise, se trouvent peut-être encore uüjourd'lmi quelques restes d'un edifice romain. 11 porte ie nom de Huis te Britten ou Brittenburg, Arx britannica, forteresse batie aux euiboiu hures du Rliin par ies Remains au temps de Caligula. A la fin du dix-septième siècle, la mer avait déja dépassé ces ruïnes d'une distance de deux ki.omètres. En 1Ü94, pendant un refiux trés bas, on a vu pour la dernière fois ces restes. On croit que cette construction romaine a été érigée au pied intérieur des dunes: sans doute les Remains ont bati leur forteresse a l'abri de la mer dans les dunes, et non au pied extérieur des dunes, ou elle aurait été exposée a la fureur des vagues. On pretend que dans le troisième siècle, F Arx britannica se trouvait a environ deux kilomètres du bord de la mer. Far conséquent, de l'an 3ÜU jusqu'a l'an 1694, la mer doit avoir gagné sur les terres une distance de 4300 metres, soit plus de trois metres par an.

Encore de no» jours les dunes ont une tendance marquée u se déplacer vers rintérieur des terres. Les opérations cadastrales exécutées en 1877 comparées a celles de 1870 ont prouvé:

1°. que le pied des dunes a perdu 3.48 metres;

3°. que la ligne d'eau haute a été déplacée vers la mer d'une distance de 3.71 metres;

3°. que la ligne d'eau basse a été déplacée vers la mer d'une distance de 9.59 metres;

4°. que le pied des dunes a baissé de 0.37 mètre;

et 5°. que la largeur moyenne de la plage a I'eau basse était de 107,80 metres, e'est-a-dire de 13.07 metres de plus qu'en 1870.

En comparant le premier mesurage ofticiel fait en 1843, avec celui de 1877, il parait:

1°. que dans le cours de 34 années le pied des dunes a perdu 8,78 metres;

3°. que la ligne d'eau haute a été déplacée vers la mer d'une distance de 5.80 metres:

3°. que la ligne d'eau basse a été déplacée vers la mer d'une distance de 1 1.33 metres.

La quantité de sable; qui est rejetée par la mer est considérable. On en a eu la preuve chaque fois que Ton a pris la peine de retenir ce produit de la mer. En avant de la rue principale du village d'Egmoad-buiten, les dunes, la protection naturelle du village centre la mer, com-mcm/aient a diminuer, a se perdre; le vent cn otait journellement des

-ocr page 61-

DU SABT/E CAMPINIEN ET DES DUNES MAIUTIMES DES PAYS-BAS.

masses de sable. Afin de forcer le vent d'accuinuler des dunes nouvelles, on n'a eu besoin que de placer un paravent de bots de la hauteur de la haute marée a travers la rue. En quelques amices une colline de sable d'une largeur de vingt metres et d'une hauteur de trois metres, s'est formée en avant du paravent. Au raoyen de eloisons de roseau (it de planches mobiles on a pu former, dans le siècle passé, a Zand voort une bande de sable d'une largeur de 70 metres, et depuis le commencement de notre siècle a l'embouchure du canal de Katwyk une pareille bande de dunes d'une largeur de 70 a 80 metres. Pres de l'hótel des bains a Schéveningue on a vu se former en une dizaine d'années environ 20 mètres de dunes. Une pente douce, s'étendant de eet hotel jusqu'a la plage, était séparée du trottoir par une barrière. A présent cette barrière est totalement cachée sous les sables, et l'escalierde pierre, qui autrefois gisait sur la pente, se trouve a présent comme cache dans une rainure profonde, qu'on ne peut tenir degagée de sable qu'avec beaucoup de peine. En 1844 l'ile d'Ameland fut menacée d'une rapture compléte entre les villages Nes et Ballum, paree que la mer entamait le rivage meridional, tandis qu'en même temps les dimes du littoral septentrional marchaient et s'envolaient en nuages de sable soulevés par le vent. A présent Ia mer ne ronge plus le rivage, car on a construit une jetée qui a fait dévier le courant rongeant, et une digue de sable qu'on a posée en travers de l'isthme, a formé un obstacle puissant, de sorte qu'a présent la digue est complètement ensevelie sous des dunes récentes. Dans le dix-septième siècle la mer, deux fois par jour, inondait cette partie de la Hollande septentrionale cpii porte le nom de Koegras. En 1610 on a posé une digue de sable le long de la cóte, qui pouvait empêcher la mer de couler sur les terres, et en même temps pouvait retenir le sable tlottant dans l'eau. A présent on ne voit plus de trace de cette digue artificielle, elle est ensevelie sous une rangée de hautes collines, d'une longueur de huit kilomètres et d'nne largeur de trois kilometres, ce qui donne une superficie de ])lus de mille hectares de hautes dunes, produites par la mer et le vent. Une rangée de collines de sable, non moins haute et aussi large que celle du Koegras, s'est formée en deux siècles entre Callandsoog et Petten, par la construction de la digue dite le Zijperzeedijk. Sur une carte antique, celle de Douw, qui a été dessinée vers l'an 1060, ces deux endroits sont indiqués comme une plage nue, garnie seulement de quelques petites collines le long de la digue.

Nous venons de voir que le vent pousse les grains de sable. Quoi-qu'il soit vrai que le vent puisse soulever des nuées de sable, comme

55

-ocr page 62-

56 CONSIDKRATIONS GÉOLOGIQUES SUK. T.'oRIGINE DU ZAND-DILUVIUM ,

iious l'avons observe en parlant des dunes terrestres de la Campine, tontefois la marche du sable de la uier vers rintcrieur des terres s'eftectue en general d'une niauièro moins vive: la plupart des grains de sable dc la plage sont poussés par le vont saus soulèvement; au contraire, ils sont cliassés sur un plan incline. Bréraontier, en parlant des dunes sur le littoral occidental de la France ') dit: „Les grains de sable qui coiu-posent ces monticules, ne sont ni assez gros pour register au vent de certaine force, ni assez petits pour en être élevés: ils roulent seulement le long de la surface de laquelle ils sont détachés, et, quoiqu'ils se meuvent tres rapidement, raremnnt ils se lèvent plus haut que de trois ou quatre pouces.quot; Andresen 1) dit „qu'un vent ayant une vitesse de quarante pieds par seconde est assez fort pour élever des grains de sable a la hauteur des yeux d'un homrae, mais que, cn general, ils roulent 1c long des terres et qu'ils s'élèvent a peine a une hauteur d'un mètre au-dessus de la surface. Même dans ce cas leur marche est en sautant, et non persistante, car une petite flaque d'eau on un petit canal arrête complètement la marche, tout le sable s'y engouffrant, jusqu'au remplissage parfait du creux.quot;

La mer ronge les pieds des dunes et change dc cette manière la forme de la cóte. Le flux quotidien n'arrache pas beaucoup de sable aux dunes; c'est surtout la tempête pendant les hautes marées qui est l'ennemi le plus acharné des dunes. Le vif de l'eau poussé par les vents forts du nord-ouest, acquiert maintefois une elevation de trois, dc quatre, même dc cinq metres au-dessus du flux habituel; alors les vagues de la mer roulent avec une force irresistible vers le rivage, olies attaquent les dunes, et celles-ci doivent perdre d'autant plus de leur masse que leur pente est plus rapide. Le sable des collines tombe sur la plage: le courant de la mer le prcnd et le transporte au loin. Le courant qui coule le long de la cóte hollandaise a une vitesse de 0.4 mètre par seconde: un tel courant est bien capable de transporter de gros grains de sable. Pour protéger les dunes on batit dans la mer, perpendiculairemcnt a la cóte, des jetées qui se pro-longent au loin dans les flots, et qui, du pied des dunes, s'étendent jusqu'a la ligne de la basse marée. On les construit d'osier et de blo-caille, le tout revêtu de grands blocs de pierre, soit de grands cailloux, soit de bloes de basalte ou de calcaire carbonifère. Vingt-einq de ces jetées défendent la digue de nier, appelée la Hondsbossche. Depuis a

1

') Andresen , Om Klil format ionen, p. 50.

-ocr page 63-

DU SABfiE CAMPINIEN ET DES DUNKS MAIUTIMES DES PAYS-HAS.

pen prés un siècle, 70 a 80 de ces jetées sont posécs prés du Helder; ellcs respondent parfaitement a l'attente, et einpêchent Ie déclin progressif du rivage de la mer. Entre Loosduinen et 's Gravesande, le long d'une distance de 10 kilometres, le rivage est défendu par 35 jetées. On en voit aussi le long des dunes de Goedereede et de Walcheren. Une telle construction coüte de 3COOO a 70000 francs.

Nous venons de voir que les dunes sont des co'lines de sable aride. Cependant il y a unc vegetation spéciale qui caractérise les dunes. En general le pied oriental de la rangée est cultivé et hoisé. On voit ici de beaux jardins, des forêts magtlifiques, de riches villas. Les dunes internes au sud de'Haarlem et en général les parties plates au pied interne des dunes, sont mises en culture. On en a fait des prairies, des jardins, des bosquets, lei, coiume aussi dans plusieurs petites val-lées des dunes, on cultive d'excellentes porames de terre, au moyen de l'engrais pris des environs.

Quoique le sable des dunes, un sable presque pur, soit natureilement stérile, toutefois s'il est mêlé de matiéres argileuses, tourbeuses et sur-tout d'un engrais convenable, il est assez fertile et raême particulié-rement propre a la culture de certaines plantes. Ainsi, par exemple, le vaste parallèlogramme de terre, depuis Alkmaar jusqu'a Leyde, entre le pied interne ou oriental des dunes et le chemin de fer qui relie ces deux villes, et dans ce parallèlogramme surtout les environs occidentaux de Haarlem, sont le terrain par excellence oil se cultivent ces oignons a fleurs, connus dans le monde entier, les jacintlies, les tulipes, les anemones, etc. Aussi on paye quelquefois dans ccs environs, le bloemhollen-land — la terre a oignons a fleurs — 50000 francs I'hectare.

La première plante qui se montre sur le sable des dunes est la Cln-donia ranyiferina. Ce cryptogame forme une croüte sur le sable, qui, par ce moyen, devient fixe et capable de produire d'autres plantes. Dans le sable mobile croit en abondance rammophile des sables, Psamma {Am-mophila) arenaria, le helm des Hollandais, le Klittag ou le Sand-hjelme desDanois, le Diinenhalm ou le Hiigelrohr ou le Sand-schilf des Allemands, I'hoya ou le gourbet des Francais, le marram ou le sea-mat-grass des Anglais. L'experience a prouvé que cette plante est hi tneilleure pour fixer le sable, au moyen de ses radices longues et fines. Les dunes qui ne sont plus soumises a Faction des vents, sont parfois couronnées de pins, Pimis sylvestris, et couvertes quelquefois de petits bosquets do I'argousier faux-nerprun , Hippophac rhnmnoides, un arbusle qui dans notre pays ne croit que dans les dunes maritimes.

8

57

-ocr page 64-

58 CONSIDERATIONS GÉOLOÜiaUES SUll l/oRIGINE DU ZAND-DIEUVIUM ,

. II n'cntre pas dans mon dessein de donner ici unc liste complete des plantes des dunes des Pays-Bas. Je me bornerai a citer les plus communes: l'épine-vinette, lierheris vulgaris; la saponaire officinale, Saponaria officinalis; le silene conique, Silene conica; le siléné penché, Silene nutans; le Silene otitis; le lychnide blanc, Lychnis vesper Una; le céruiste des champs, Cerastium arvense; \ Er odium cicutariim.; le Pohjijala vulgaris; le pyrole a feuillcs rondes, Pyrola rotundifolia; l'arabette liérissce. Arabis hirsuta; la cardamine velue, Cardamine Ursula; le sisymbre sagesse, Sisymbrium sophia ; le radis ravenelle, Raphanus raphanistrum; la violette hérissée. Viola lirta; la violette tricolore, Viola tricolor; la bugrane rampante. Ononis repens; Tanthyllide vulné-raire, Anthyllis vulneraria; l'orpin acre, Sedum acre; la ronce bleue, Ruhus caesius; la potentille printanière, Potentilla verna; le rosier très-épineux, Jiosa pimpinellifolia; l'onagre bisannuelle, Oenothera biennis; le panicaut maritime, Eryngium maritimum; la carotte commune, Daucus carota; le liseron des champs. Convolvulus arvensis; la vipérine commune, JEchnum vulgare; l'orobanchc de lapicride, Orobanche picridis; le tliyiu serpolet. Thymus serj/yllum; la jasione des montagnes, Jasione montana; le gaillet jaune, Galium veruvi; la vergerette du Canada, Erigeron canadensis; le picride fausse-épervière, Pier is hieracioides; l'cpervière pilosella, Hieracium pilosella; l'asperge officinale. Asparagus officinalis, etc. Parmi les arbres nous nommons: le saule rampant, Sa Ha; repens; le peuplier tremble, Populus tremula; le peuplier noir, Populus nigra; le boulcau blanc, Betula alha; l'aune glutineux, Alnus glutinosa; le pin sylvestre, Pinus sylvestris, etc.

Dom au dons a présent: d'ou est provenu le sable qui forme les bancs dans la mer et les dunes sur la plage? En parlant du diluvium remanié de notre pays et du sable campinien de la Belgique, nous avons vu comment, aux derniers jours de l'époque diluvienne, les dépots diluviens furent inondés journellement par les eaux de la mer; comment les bancs et les plages d'alors furent entamés par la mer; comment les eaux ar-racliaient des masses sableuses des terres. Nous savons de même que les matières détachées furent déposées en partie dans les dépressions du lit de la mer, tandis qu'une grande partie fut entrainée vers les endroits qui a présent portent le nom de la Campine beige et néerlandaise. Mais ce n'ótait pas tout. Des masses énormes de sable suspendues dans l'eau, et poussées vers la mer par le refoulement des eaux, furent entrainées vers l'oiiest. Toutefois leur chemin vers 1'ouest n'était pas long; bientot ces sables se déposaient sur le lit de la mer, et formaient des bancs de sable qui.

-ocr page 65-

1)U SABLE CAMPINIEN ET DES DUNES MARITIME8 DES PAYS-BAS. 59

en s'élévant pendant des siècles, composaient enfin dans la nier une barre, un bourrelet de sable, au-dessus du niveau ordinaire de la nier. Pourquoi ees sables flottauts ne cheminaient-ils pas plus loin, pour-(juoi se formait-il a une certaine distance de la cóte un bourrelet oblong? Probablement l'eau chargée de sable flottant rencontrait a un certain endroit de la nier un courant assez fort pour arrêter son mouvement vers Touest, un courant assez vigoureux pour empêcher l'eau de couler plus loin. On sait (pie lorsque deux courants de forces iné-gales se rencontrent, le plus fort joue a l'égard du plus faible le même role (pie les lacs et les mers exercent a l'égard des cours d'eau qui s'y jettent, savoir que par le choc des eaux les matières solides contenues dans le cours le plus faible, se déposent en forme de bourrelet le long du cours le plus fort. Ce choc des eaux doit être tres énergique lors de la rencontre des eaux des fieuves avec celles de la mcr, puisque celles-ci sont souvent animées par la niarce d'un mouvement en sens contraire. Ainsi se forinait dans la nier, a une certaine distance de la cote, une ile longue et étroite, un cordon de monticules de sablo, une barre do sable, qui séparait de la nier une espèce de lac ou de nier intérieure, une lag una comme disent les Italiens, un Hajf' d'après les Prussiens. Aussitót lt;|uc cc bourrelet existait, l'eau de la lagune devenait une eau stagnante, nou soumise a la niarée. Les rivières continuaient cependant ii verser leurs eaux dans la lagune et a y déposer leur liinou; des couches d'alluvions se formaient, des tourbières apparaissaient con-sécutivement. Le bourrelet dans la mer défendait ces dépots récents contre raction démolissante de la mer. Avant de passer plus loin, nous ferons quelques réflexions sur ce bourrelet de sable.

Tout le monde sait qu'il y a le long de certaines cótes, surtout dans le voisinage des lagunes et des grands cours d'eau, des langues de terre longues et étroites, formant des presqu'iles ou des ties, disposées sur une ligne ordinairement courbe, qui tend a se rattacher a la cóte par ses deux extrémités. Ces parties de terre sont désignées par diverses dénominations selon los localités, telles (pie Nelrungen sur los cotes de la Prusse, et Lidi sur celles de Vénétie. Cos barros ou cordons ont soulevé boaucoup de discussions parmi les góographos. On a dit qu'on ne concevait pas coniment les cours d'eau d'autrefois auraient foruié des dépots plus avant dans la mer quo ceux qu'ils ont fait plus tard, et en laissant uue grande espace vide entre la cóte et ces barros, ü'autres ont dit ([u'ils ne concevaient pas coniment Taction des vagues de la mer aurait élevé un bourrelet de matières solides, qui no serait point appuyé sur un point fixe. En efi'ot, on voit en général que les matières pous-

8*

-ocr page 66-

00 CONSIDERATIONS OEOI-OGICIUES SUR l/oRIttlNE Dü ZAND-Uir,UVIÜM,

sétss par les vagues nc s'arrêtent que sur des points deja fixes, et que les matières qu'elles déposent dans les lieux ou il n'y a pas d'obstacles pour les protéger, sont remaniées par les mouvemcnts successifs do l'eau. D'autres ont demandé pourquoi ces bourrelets ue sont pas plus com-muns; pourquoi il s'en trouve quelquefois dans des positions qui ne sont pas siijettes au refoulement des eaux; pourquoi ils n'ont en general ui augmenté, ui diminué depuis les temps historiques. A ces objections on a répondu qu'on ne doit pas oublier que ces cordons sont des barres formées par des eaux diluviennes; qu'a l'époque des grands courants diluviens il a du se former, comme dans l'époque actuelle, des bancs et des barres vers les points ou ces courants se choquaient avec les eaux de la nier; mais ces barres out du se former sur une bien plus grande échelle que celles qui se fonnent dans nos eaux actuelles, puisque les courants qui ont mis en mouvement des dépots diluviens, répandus sur des surfaces beaucoup plus grandes que les lits de nos fleuves, devaient être beaucoup plus considérables que ces derniers, Ou admet aussi que ces courants, ayant une force d'impulsion supérieure a celle do nos fleuves actuels, ont refoulé les eaux de la nier, de manière que le cboc et par conséquent la barre ne se seront établis qu'a une certaine distance de la cote et non dans rembouchure des rivières, commc cela se voit actuellement. Mais tons ces raisonnements sont suporflus, puisque nous voyons encore se former aujourd'hui des Nehrungcn. Ou trouve en Europe ces formations aux bouches du üuna, du Memel, duWeicbsel, de rOder, du Wezer, et partiellement aussi a la bouche de l'Elbe. Tous ces bourrelets de sable séparent de l'océan une nier intérieure, un Half. L'estuaire des bouches du Bure et du Yare prés Yarmouth est une nier intérieure, séparée de la nier du Nord par un bourrelet de collines de sable, de dunes. Au temps des rois saxons le Yare était un golfi; qui s'étendait jusqu'a Norwich : l'histoiie de co golfe est pareille en tons points a l'histoire de l'origitie des dépots alhiviens des Pays-Eas. Pres de Harwich on rencontre une espèce de Nehrung. A la bouche du Severn se fonnent encore aujourd'hui des dunes, qui tendont a constituer un Nehrung. Les bouches du lllione présentent plusieurs lagunes ou mers intérieures qui, séparées entièromont ou partiellement de la nier et de la rivière, sont remplies soit d'eau salée, soit d'eau douce, a mesure que la nier pendant la tempête, ou la rivière pendant la crue, dépassent les digues naturelles. Aux bouches du Po l'on remar-(jue des lagunes avec des bourrelets de sable, mais ces lagunes sont déja remplies en partie par des alluvions, et la rivière a perforé les lidi, pour déposer encore des matières nouvelles a lour pied extéiieur.

-ocr page 67-

DU SABIJJ OAMPINIEN ET DES DUNES MARl'flMES DES PAÏS-BAS. Gl

Au Nil Ton retrouve des situations parfaitement analogues a celles du delta du Rhin, de la Mouse et de l'Escaut. La, la nier est boruée par une chaine de dunes, d'une largeur de vingt kilometres, interrompue par sept détroits, qui livrent passage aux eaux de la rivière. En arrière de la cliaine de dunes s'étendent de grandes lagunes, et puis des couches de Union alluviales. Le sable de ces dunes ressemble en partie a celui de nos dunes maritimes néerlandaises, mais eu quekpies endroits il s'est change en un gres calcaire, par rinfiltration de I'eau calcari-fère du Nil. Do Lesseps dit que Ton croit que ce sable des dunes, de nieme que celui qui forme le sous-sol des couches de limon, n'est pas amené par la riviere, mais que celle-ci avait déja rencontré un golfe grand, sableux et pen profond, lorsqu'elle déposa les premières couches de limon, dans la nuit des temps. L'évidence de cette supposition est démontrée par la circonstance que la plage entière de la Barbarie, depuis Tripoli jusqu'a Larache en Maroc, et surtout la rude d'Alger, est composée de sable précisénient semblable a celui des bouches du Nil, tandis qu'on nc rencontre aucune grande rivière dans toute cette etenduo. Mais dans aucun autre endroit de la terre on ne saurait .mieux observer la formation de Nehrungen que dans Tile dc Long Island prés New-York, aux bouches de la rivière Hudson. Le noyau de cette ile semble être une argile tertiaire, recouverte d'une couche de gravier diluvien avec des cailloux roulés, dont quel([ues-uns sont trés grands. Du sable, emporté par Taction de I'eau, constitue la plage et, par 1'influence des courants etc. forme des bancs longs et étroits qui s'élèvent au-dessus des eaux et présentent des rangées de dunes. Ces chaines de dunes sont séparées de la plage par des baies longues et transversales, et qui ne communiquent avec la nier ([lie par quelques bras de nier pen profonds. La formation et l'agrandissement dt; ces bourrelets de sable dans quelques endroits, et leur anéantissement en d'autres lieux par l'érosion ti(!s vagues et la force du vent qui les réduit en poussière, sont tres intéressants pour le géologue qui tache de comprendre comment s'est formé jadis le Nehrung dans la mer diluvienne qui baignait los cotes des Pays-Has.

11 ne sera pas nécessaire de citer encore des exemples pour démontrer ([lie des bancs couronnés de dunes se retrouvent presque partout ou l'on trouve des mers intérieures et des plages sableuses. La pointe la plus avancée, un angle saillant de la cóte du golfe, est maintefois le point oil commence a se former premièrement le banc et plus tard la chaine de dunes. Pour le Nehrung qui nous occupe a présent, ce point doit être cherché vraisemblablement dans la Plandre, (juelque part aux

-ocr page 68-

(52 CONSIDERATIONS GEOI-OGiaUES SUR l/oRIGINE DU ZAND-DII.UVIUM,

environs d'Ostende ou plus loin vers le midi. Le banc commence a se former a un tel point, et agit alors a l'égard des courants comma le font les barrages ou les jetées a l'égard de la riviere. En arrière du banc l'eau devient tranquille, et le sable, tenu en suspension jusqu'a ce moment, se depose. Aussitöt que le banc est devenu si haut que sa surface atteint le niveau de la marée basse, la formation de dunes commencera, comme nous venous de le voir plus haut. Si la riviere qui se jette dans la lagune n'est pas volumineuse, elle n'aura pas la force de se frayer una embouchure qui coupe la chaine des dunes, mais si elle mérite le nom d'un grand cours d'eau, elle rompra cette chaine a ditterentes places. Quelquafois même elle peut être si forte que ses eaux emportent le banc, au moment ou il commence a se former. C'est le cas dans les bouches de la Tamise en Angleterre et de la Seine en France.

Ainsi se formait done un bourrelet de sable dans la mer du Nord aux derniers jours de l'époque diluviale. Nous avons vu comment ce cordon de bancs de sable dans la mer s'élevait au-dessus de l'eau, par 1'accumulation non-interrompua da masses de sable. Nous avons vu commant ce grand cordon de dunes s'est avancé vers l'intérieur des terres, recouvrant en partie las alluvions fluviatiles et marines, les tour-bières et les marais qui s'étaient formes dans le lac intérieur, dans le llafF. Ce Haff, cette lagune, cette mer intérieura avait une grande étendua, car les recherches des géologues beiges, néerlandais et danois ont demontré que le Nehrung, le lido, a du s'atendre de la riau-dre par la Zélande, la Hollande, le Zuiderzée depuis les Wadden jusqu'au-dela de la ville de Hambourg: ainsi cctte mer intérieure em-brassait les embouchures des rivières l'Escaut, la Meuse, le Rhin, l'Eams, le Wezer et l'Elbe. J/existence de cette mer intérieure, séparée de la mer du Nord par la bourrelet de dunes dont nous venons da traiter amplement, est démontrée par les recherches des géologues, concernant les sédiments qui plus tard ont rempli et obstrué cette mer. A présent on est en atat d'indiquer avec exactitude non saulament ses rives vers les terres diluvialas néerlandaises, mais an mama temps sa profondeur, car partout ou, dans la Zélande, dans la Hollande ii 1'ouest de Woerden, et dans les alluvions limoneux de la Frise et de Groningue, on creuse a une profondeur d'environ cinq metres dans les alluvions, on retrouve la lit ancien de in mer, compose de sable et de coquil-lages. ') Dans ces coquilles de mollusques nous avons une preuve con-cluanta de raxistence d'una mer intérieure dont l'eau était saumatre.

') Staking, Voormaals en thans, p. Ili3.

-ocr page 69-

DU SABFiE CAMPINIEN ET DES DUNES M.VRITIMES DES PAYS-BAS. 03

Ces coquilles ne provienncnt pas d'espèces qui a présent habitent la mer du Noixl, mais elles appartiennent a des espèces qui vivent actuellement dans les fleuves zélandais et dans le Zuiderzee. Ces coquilles démontrcnt que la mer intérieure était séparée de la mer du Nord par un cordon de dunes, que ses eaux étaient plus au moins douces, qu'elle était braque, saumatre, pnr l'eau douce des rivières qui se versaient dans ce golfeclos.

Une autre prcuvc encore de la vérité de ce que nous avangons, se trouve dans le limon qui, se precipitant de l'eau des rivières, s'est déposé sur le lit de cettc mer. On sait que le limon ne se dépose pas quand l'eau n'est pns en repos. Dans le Zuidcrzée, aux bouches de l'Yssel et en d'autres endroits oü l'eau est tranquille, oii le balance-ment des eaux de la mer ne se fait presque pas sentir, se torment des bancs de limon, qui bientót sont revêtus de roseaux et de cypéracées, et alors ces bancs s'élcvent rapidemnnt, paree que l'eau n'est plus en mouvement et que le limon peut se déposer en repos. Si nous trouvons régulièrement que le sous-sol en Hollande, en particulier le sol des lacs desséchés, le Schermer, le Purmer, le Haarlemmermeer, etc. consiste en une coucbe de limon parfaitement horizontale et qui est supérieure aux Hts de sable avec des coquilles de mollusques d'eau saumatre, nous en devons conclure l'existence antétieure d'une mer intérieure servant de réceptacle aux eaux des rivières.

Cependant, nous ne pouvons parler ici plus longuement des alluvions de notre pays. J'cspère avoir l'occasion plus tard de reprendre cc sujet trés intéressant. On me perinettra de finir ce petit traité par une recapitulation de ce que je crois avoir démontré. Je prétends:

1°. que le zand-diluvium de Staring doit être appclé le diluvium re man ié, et qu'il ne s'est pas formé, comme Staring le dit, par Taction de la pluie et de la gelée, ni, comme Godwin-Austen dit, par raction du vent, mais par Taction du balancemcnt des eaux de la mer;

2°. que le diluvium remanié de la Néerlande est analogue au sable campinien do Dumont en Belgique;

3°. que le diluvium m ér id ion al de la Néerlande est analogue au diluvium caillouteux do üewalque, aux silex ot cailloux de Dumont, au sable campinien avec cailloux roulés d'Oma-lius d'Halloy, a Tétage inférieur de la formation quatornaire, cailloux roulés et sable graveleux, de Dupont;

4°. que les dépots de la Campine ne doivent pas être considérés comme étant composes simplement dc sable avec cailloux et de sable sans cailloux, mais que ces deux étages doivent être séparés d'après leur origine

-ocr page 70-

04 CONSIDERATIONS GEOLOGKHJES SUR l/oRIGINE DU ZAND-D1LUV1UM, ETC.

tres différente, Tun, rinférieur, étant provenu de l'Ardenne et du Condroz au moyen des caux des rivières, l'autre, le supérieur, étant une formation marine, dérivée des dépots dihiviens antérieurs, par le balancement des eaux de la nier;

5°. que vraisemblablement le sable campinien est postérieur au limon hesbajen;

()0. que le sable qui constitue nos dunes maritiraes est identique au sable campinien de la Belgique et au sable du diluvium r e m a n i é des Pays-Bas ;

7°. que le cordon ou bourrelet de sables mouvants qui a été le principe dc nos dunes actuelles, s'est formé a pres la formation du diluvium dans la Néerlande, par conséquent dans les derniers jours de 1'époque glaciaire ou après eette période;

8°. que les couches alluviales de la Néerlande ne se sont déposées qu'a I'abri de ce bourrelet de sable dans la mer, et qu'ainsi olles sont postérievires a la formation des dunes maritimes.

/ ///^

-ocr page 71-
-ocr page 72-
-ocr page 73-
-ocr page 74-