H. C. BA RR AU
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LOPE DE VEGA
LOS MELINDRES
DE BELISA
H.J.PARIS — AMSTERDAM
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Edition critique publiée avec une Introduction
et des Notes
TER VERKRIJGING VAN DEN GRAAD VAN DOCTOR
IN DE LETTEREN EN WIJSBEGEERTE AAN DE
RIJKS-UNIVERSITEIT TE UTRECHT OP GEZAG VAN
DEN RECTOR-MAGNIFICUS, Dr C. W. STAR BUS-
MANN, HOOGLEERAAR IN DE FACULTEIT DER
RECHTSGELEERDHEID, VOLGENS BESLUIT VAN
DEN SENAAT DER UNIVERSITEIT TEGEN DE BE-
DENKINGEN VAN DE FACULTEIT DER LETTEREN
EN WIJSBEGEERTE IN HET OPENBAAR TE VER-
DEDIGEN OP VRIJDAG 27 OCTOBER 1933, DES NA-
MIDDAGS TE 4 UUR
DOOR
GEBOREN TE AMSTERDAM
H. J. PARIS
AMSTERDAM—MCMXXXIII
RIJKSUNIVERSITEIT UTRECHT
1291 5215
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aan mijne ouders
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De aanbieding van dit Proefschrift geeft mij eene welkome ge-
legenheid, aan mijne academische leermeesters mijnen hartelijken
dank te betuigen.
Hooggeleerde Sneyders de Vogel en Wagenvoort, zeer ge-
waardeerde Boulan, Zeergeleerde Kool, Uwe lessen, welke ik aan
de Groningsche Universiteit mocht volgen, herdenk ik met groote
erkentelijkheid.
U, Hooggeleerde De Vooys, dank ik voor de welwillendheid,
waarmede Gij als mijn promotor hebt willen optreden.
Groot is mijne dankbaarheid aan U, Hooggeleerde Van Dam,
onder wiens leiding ik dit proefschrift bewerkte.
Geene moeite is U te veel geweest om mij op een mij aanvankelijk
onbekend terrein den weg te wijzen, en mij de zich daar voordoende
hindernissen te helpen overwinnen.
Uw aanstekelijk enthousiasme en Uw opwekkend voorbeeld hebben
het mij mogelijk gemaakt, eene taak, welker eigenaardige moeilijk-
heden mij den moed wel eens deden verliezen, niettemin te volbrengen!
Ten slotte dank ik U voor de gulheid, waarmede Gij mij toestond
gebruik te maken van Uwe boekerij, zoodat ik verscheidene onmis-
bare, doch in onze openbare bibliotheken niet voorhanden, werken
kon raadplegen, die mij anders ontoegankelijk zouden zijn gebleven.
Page
Chapitre I
LE MANUSCRIT ET LES ÉDITIONS. LES TRADUCTIONS ET LES
REMANIEMENTS...................... 1
Chapitre II
la date et la représentation.............. 6
Chapitre III
les critiques........................ 9
Chapitre IV
résumé de la pièce.....................16
Chapitre V
la composition de lapièce.................20
Chapitre VI
le rôle de la jeune fille dans les comédies de lope. 35
Chapitre VII
etude des personnages..................42
Chapitre VIII
la versification......................76
Chapitre IX
le texte de notre édition................88
texte.............................89
notes...............................205
bibliographie.........................269
index des noms d'auteurs.................275
index des notes.......................277
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-ocr page 19-CHAPITRE I
LE MANUSCRIT ET LES ÉDITIONS. LES TRADUCTIONS ET
LES REMANIEMENTS
Le manuscrit autographe du premier acte de la comédie Los Me-
lindres de Belisa se trouve aujourd'hui à Santander, dans la Biblioteca
Menéndez y Pelayo i). D'après Rennert y Castro, cet autographe a
dû appartenir auparavant à Sancho Rayôn
Le premier acte remplit 17 feuillets numérotés, dont les dimensions
sont 21 X 15 c.m. La feuille de garde porte la liste des personnages,
sans noms d'acteurs.
Au-dessus de cette liste se trouve écrit par une autre main que
celle de Lope, le titre Los Melindres de Belisa.
Le texte commence au premier feuillet recto, et reste très bien
lisible malgré les corrections apportées par l'auteur lui-même. A
maint endroit il a biffé des vers ou des mots pour les remplacer par
d'autres. Comme pour un auteur spontané tel que Lope, il est souvent
intéressant de savoir quelle a été sa première pensée, et que parfois
même la connaissance de cette première pensée sert à éclairer le sens
d'un vers obscur, nous nous sommes efforcée de déchiffrer les mots
que les ratures noires cachent bien souvent complètement, et nous
avons ajouté nos découvertes en note au bas du texte.
Ainsi que dans plusieurs autres manuscrits de Lope, chaque page
porte en tête les caractères J. M, J, (Jesùs Maria José). M. Montesinos
a noté cette pratique de Lope pour d'autres pièces. Dans El Cuerdo
loco, il constate que ,,cada pagina va encabezada por las iniciales
J. M. J. sobre las que cruza una rùbricaquot; Cette „rûbricaquot; est égale-
ment tracée dans le manuscrit de Los Melindres de Belisa.
1)nbsp;Caiâlogo de los Manuscritos de la Biblioteca Menéndez y Pelayo por su bi-
bliotecario Miguel Artigas, Santander 1930, No. 193 — „Los melindres de
Belisa, de Lope de Vega. Un cuademo de 17 hojas numeradas, mas una de
cubierta, autôgrafo'de Lope;210 x 155 m,m.,caja de laescritura 190 x 135m.m,'quot;.
2)nbsp;Hugo A. Rennert y Américo Castro, Vida de Lope de Vega, Madrid 1919,
p. 497.
.3) Teatro Antigua Espafiol, tome IV, Madrid 1922, p. 13G et note 2.
1 1
-ocr page 20-Une croix, mise en marge, indique, comme dans les autres manus-
crits de Lope, les entrees et les sorties des personnages. Souvent Lope
a souligné ses indications de scène pour qu'elles ne se confondent
pas avec les vers du texte. Chaque feuillet recto porte, en outre, un
signe griffonné dont l'intention nous échappe. Ce signe ne représente
pas le paraphe bien-connu de l'auteur, par lequel il marque peut-
être la durée de son travail.
M. Schevill a donné sur la ..rûbricaquot; cette remarque: ..J'ai indiqué
la „rûbncaquot; chaque fois que je l'ai rencontrée dans le manuscrit,
parce qu'il se pourrait que les parties de la pièce comprises entre
deux ..rûbricasquot; (quand celles-ci se trouvent à la fin d'une scène ou
d'un acte) aient été écrites dans une „sessionquot;, sans interruptionquot; i).
Le signe que nous avons rencontré à chaque feuillet, se trouve tracé
presque toujours à droite du texte, à peu près au même endroit,
couvrant généralement 1 espace entre le troisième et le huitième vers
d'en bas; Partie du texte, contenue entre deux griffonnages, ne ren-
ferme pas plus de 60 a 70 vers. Par conséquent, il n'est pas probable
que Lope ait voulu mdiquer de la sorte une „sessionquot;. Pourtant le
fait que ce signe se retrouve à des intervalles égaux, prouve qu'il a
dû avoir une signification, en tout cas pour l'auteur
Malheureusement le manuscrit autographe du 2e et du 3e acte
de la pièce est perdu Comme c'est toujours la dernière page qui
mentionne la date de la composition et l'autorisation de la représen-
tation. il est impossible de savoir la date exacte où Lope a terminé
sa comedie, et celle de la première.
Pour compléter le texte des actes II et III. nous nous sommes
servie de la première edition de la pièce, celle qui se trouve dans la
Parte novena des comedies de Lope. éditée à Madrid en 1617 2)
L'importance de cette Parte IX est qu'elle est la première édition
dont Lope en personne ait pris soin »). et en effet nous avons pu
constater, pour ce qui concerne le premier acte, que le texte de notre
comedie suit exactement le manuscrit original. Quelques variantes
que nous avons notées, seront ajoutées plus loin au bas du texte,
avec les variantes remarquées dans les autres éditions
Toutefois il y a de légères différences, dues à des erreurs typo-
graphiques. qui ont leur importance, parce que les éditions posté-
1)nbsp;Rudolph Schevill. The dramatic Art of Lope de Vega. together with La Dama
baba. Berkeley 1918. p. 297, vs. 1364 note.nbsp;^ rti^a uama
2)nbsp;D. Pedro Salvâ y Malien, Catâlogo de la Biblioteca de Salvâ. Valencia 1872,
tome I, p. 541.
3)nbsp;Ibid., p. 541.
-ocr page 21-rieures les ont adoptées telles quelles, ce qui prouve qu'aucune édition
n'a été faite d'après l'original de Lope.
Une véritable faute d'impression a été servilement copiée par
l'édition „sueltaquot; de Londres:
Ms.: aplacando — éd. 1617: aflicando — „sueltaquot;: apUcando (I, vs. 149).
Une autre aussi par l'édition de 1618:
Ms.: teener — éd. 1617: tener — éd. 1618: tener — „sueltaquot;: tener.
(I. vs. 911).
La Parte IX a été réimprimée en 1618 à Madrid et à Barcelone
Cette édition suit rigoureusement celle de 1617: sauf quelques nou-
velles fautes typographiques, elle ne s'écarte nulle part de l'édition
précédente.
L'édition suivante est une édition „sueltaquot; du 18e siècle, se trou-
vant aujourd'hui dans le British Museum
Cette édition porte comme titre: Num. 18: La Dama Melindrosa,
comedia famosa de Lope de Vega Carpio, et termine par les mots
Impressa en Madrid con las licencias necessarias: Y se / hallarâ esta
y otros muchos Titulos en la Lonja j de las Comedias, â la Puerta del Sol
Le texte comprend 44 pages numérotées. D'après M. Emilio Cota
relo y Mori, il a existé à côté de cette édition „sueltaquot; de Madrid
une autre de Zaragoza, dont le texte est exactement identique, dif
férant seulement dans le colophon: En Zaragoza: En la imprmta que
esta en la Plaza del Carbon sobre el Peso Real, donde se hallarâ esta,
y otros muchos titulos, como tambien diferentes Xacaras, Relaciones y
Historias.
M. Cotarelo ajoute que ces éditions sont si semblables, que même
les fautes typographiques sont les mêmes. L'explication serait que,
pour les exemplaires destinés à être vendus à Zaragoza, on a mis
un autre ,,pie de imprentaquot;^).
Cette édition ,,sueltaquot; suit assez fidèlement celle de 1617.
Nous avons déjà remarqué plus haut, qu'au premier acte la „sueltaquot;
a copié même des fautes typographiques. Au 2e acte elle a, cependant,
quelques fautes plus graves, qui ont déconcerté l'éditeur Hartzen-
busch. II, vs. 263: éd. 1617: Piensa en que essa esclaua adora, éd. „suel-
taquot;: Piensa que en que essa esclava adora, vers que Hartzenbusch
change en: Piensa que d esa esclava adora. — II, vs. 824: vers totale-
ment sauté dans l'édition „sueltaquot;, ce qui a obligé Hartzenbusch
a en inventer un lui-même. Si l'on peut conclure de ces deux cas,
1)nbsp;Ihid., p. 541.
2)nbsp;No. 11728 f. 60.
3)nbsp;Acad. N., XII, p. XXX.
-ocr page 22-que Hartzenbusch s'est servi de l'édition „sueltaquot;, il faut cependant
abandonner cette hypothèse aux vers 504/505 du 3e acte, que Hart-
zenbusch a exactement comme l'édition de 1617, tandis que l'édition
„sueltaquot; a deux vers absolument différents:
y que casô de secreto,
y fingir se viene à ver.
Avant d'avoir été éditée par Hartzenbusch, la pièce a été publiée
par D. C. Schütz dans une collection de comédies espagnoles, sous
le titre de La Dama melindrosa Le titre indique déjà que cette
édition doit être conforme à celle de la ,,sueltaquot;, et en effet, c'est ce
texte qu'elle reproduit exactement, ce qui se voit surtout clairement
aux vers 504/505 du 3e acte, vers que nous venons de citer et qui ne
sont identiques dans aucune autre édition. Pour le vers sauté dans
la ,,sueltaquot; (H, vs. 824), l'édition allemande a la même leçon que
Hartzenbusch.
L'édition de la pièce par Hartzenbusch, dans les Comedias Escogidas
de Frey Lope Felix de Vega Carpio 2), ne s'écarte pas sensiblement
de l'édition de 1617, mais il est évident que l'éditeur n'a pas consulté
le manuscrit autographe. Sauf les variantes qu'elle a communes avec
la „sueltaquot; et des „correctionsquot; assez capricieuses et inexpliquables,
telles que pronto au lieu de presto (I, vs. 44), y de mi amor au lieu de
y de miralle (H, vs. 953), en sus brazos au lieu de en sus manos (III,
vs. 322), elle est conforme aux autres éditions.
L'édition, publiée par M. E. Cotarelo y Mori 3), suit fidèlement
l'édition de 1617; le texte du premier acte n'est pas davantage celui
de l'autographe de Lope. Cependant on y remarque des nonchalances
qui sont absolument à la responsabilité de l'éditeur, p.e. I, vs. 224:
mi amor y vida estimaua est changé sans aucune raison en mi amor
y mi vida estaba.
Dans toutes les éditions, les indications de scène varient beaucoup,
surtout celle de Hartzenbusch se distingue par des indications cons-
sciencieuses. La division des trois actes en scènes ne se trouve que
dans les éditions de Schütz et de Hartzenbusch.
La ponctuation aussi donne lieu à quelques différences. Les pre-
mières éditions, ainsi que Lope lui-même, ont négligé ce point impor-
tant. L'éditeur Hartzenbusch a été plus scrupuleux à cet égard que
M. Cotarelo, qui a distribué ses points et ses virgules avec la plus
1)nbsp;Colecciôn escogida de las mcjores comedias castellanas desde Cervantes hasta
nuestros dias, arreglada por D. C. Schütz, Bielefeld 1840, pp. 79—113.
2)nbsp;Bib. de Autores Esp., XXIV, pp. 317—340.
3)nbsp;Acad. N., XII, pp. 649-687.
-ocr page 23-grande négligence. Comme souvent la ponctuation change le sens de
la phrase, nous avons fait une note au bas du texte, toutes les fois que
nous n'avons pas été d'accord avec les éditions qui précèdent la nôtre.
Une première traduction faite de notre comédie est celle du Père
S. Linguet, dans son Théâtre espagnol, sous le titre de Les vapeurs
ou la jille délicate
Cet ouvrage en prose, cependant, est plutôt qu'une bonne traduc-
tion littérale, une adaptation insipide au goût français du 18e siècle.
Le traducteur a eu soin de sauter ou de corriger tout ce qui pourrait
sembler indécent aux yeux de ses lecteurs, et pour éviter de les choquer,
il n'a pas terminé la pièce française.
La traduction d'Eugène Baret, intitulée Les Caprices de Belise
est en prose et littérale, bien que le traducteur ait éludé adroitement
les passages qu'il n'a pas compris.
Dans son recueil de Morceaux choisis, pris dans l'oeuvre de Lope,
H. Barthe a inséré une traduction littérale de la jolie scène où Belisa
passe en revue ses prétendants. Seulement le traducteur a sauté
quelques passages indécents et pour avoir un tout, il a ajusté des
fragments détachés de plusieurs scènes différentes 3).
La pièce a été remaniée par D. Cândido Maria Trigueros, sous le
nom de La Melindrosa ö los esclavos supuesios, en 1803
D'après M. Cotarelo il existe encore un remaniement moderne de
la pièce de la main d'un auteur argentin, Don Calixto Oyuela
Nous n'avons pu voir ni l'un, ni l'autre remaniement.
1)nbsp;Théâtre espagnol, tome premier, à Paris, Chez De Hansy, le jeune, Libraire,
rue Saint-Jacques, M.DCC.LXX. Avec Approbation, amp; Privilege du Roi.
(Dans l'exemplaire que M. le professeur van Dam a eu la bonté de nous
permettre de consulter dans sa bibliothèque, le nom de l'auteur manque,
mais il a été ajouté, écrit à l'encre), pp. 291—402: Les Vapeurs ou La fille
délicate, En Espagnol, La Dama melindrosa, comédie de Lopes (sic) de Véga Carpio.
Une traduction allemande de la pièce sous le titre de Die übertriebene Delika-
tesse, se trouve dans Spanisches Theater de J. F. W. Zachariae (Braunschweig
1770—1771, t. 3, pp. 1—76), qui est la traduction de l'oeuvre de Linguet. Voir
Edmund Dorer, Die Lope de Vega-Literatur in Deutschland, 1877, p. 11, et Wolf-
gang von Wurzbach, Lope de Vega und seine Komödien, Leipzig 1899, p. 254.
2)nbsp;Oeuvres dramatiques de Lope de Vega, II, Paris 1874, pp. 3—89.
3)nbsp;Lope de Vega. Morceaux choisis, Paris, s.d., pp. 116—118.
4)nbsp;Catâlogo de Salvâ, op. cit., p. 623. M. Cotarelo, op. cit., p. XXX, note 4,
cite le titre complet du remaniement de Trigueros.
5)nbsp;M. Cotarelo, ibid., dit: „Don Calixto Oyuela, escritor argentine, la refundiô
en un actoquot;.
CHAPITRE II
LA DATE ET LA REPRÉSENTATION
Malgré la perte regrettable de la dernière page du manuscrit, qui
sans doute portait la date de composition et les autorisations de la
représentation, on peut fixer la date approximativement. Dans la
liste de comedies que Lope donne dans son oeuvre El Peregrino en
su fatria, la pièce de Los Melindres de Belisa n'est pas mentionnée
dans la première edition de 1604. tandis qu'elle ne manque pas dans
celle de 1618.
ff-n! de composition, par conséquent, doit être intermédiaire
entre 1604 et 1617. 1 annee ou Lope a fait imprimer la comédie dans
la Parte IX.
Il est curieux de remarquer que dans cette Parte IX la pièce suit
immédiatement celle de La Dama boba, et que dans la liste du P
ces deux comédies sont aussi citées l'une après l'autre Cette coïnci-
dence ne nous semble pas être fortuite: les deux pièces sont de la même
époque, et I auteur lui-même les a rapprochées dans l'énumération de
ses comedies.
Sans doute, il serait fort intéressant d'établir entre ces deux co-
medies une analogie de style et de versification, pour arriver à la
constatation d'une analogie chronologique, mais les légères ressem-
blances d'expressions, de pensées et de sujets ne prouvent pas que
Los Melindres de Belisa aient plus de points de contact avec La Dama
boba qu'avec d'autres comédies du même genre, telles que El Acero
de Madrid, La Discreta enamorada. Quien ama no haga Héros El
Ausente en el lugar, El Perro del hortelano. Malheureusement de toutes
ces pièces la date est également inconnue, de sorte qu'il ne reste comme
date d'orientation que celle de La Dama boba, 1613. Pour Los Melin-
dres de Belisa, ainsi que pour les trois premières des comédies que nous
venons de citer, on peut admettre en tout cas, que Lope les ait compo-
sées à Madrid même, parce que l'action se passe dans cette ville, et
comme Lope s'est installé définitivement dans la Corte à partir' de
1610^), la date de composition doit tomber après cette année.
Il est remarquable que, suivant la méthode suggérée par M. Bu-
chanan 2), de dater les pièces d'après leur versification, on arrive
à la même conclusion. Quoique cette méthode soit peu efficace pour
établir une chronologie exacte, elle nous montre, quand nous étudions
les pourcentages des mètres employés par Lope dans Los Melindres
de Belisa, que cette pièce ne peut être antérieure à 1610, date de La
Buena Giiarda, une pièce qui compte, à peu près, le môme pourcentage
de redondillas et de romances.
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Los Me- |
56.7 |
10 |
14.9 |
2.4 |
1.7 |
5.3 |
1.3 |
ende 7.6 |
re-ro re-son. re-ro |
D'après M. Buchanan, la décima n'apparaît régulièrement qu'après
1610, tandis que son succès correspond avec la déchéance de la quin-
tilla. Selon cette assertion la comédie Los Melindres de Belisa, dont
le pourcentage des quintillas surpasse encore celui des décimas, ne peut
avoir été composée longtemps après 1610.
D'ailleurs ni la langue, ni le style de notre pièce n'ont encore atteint
la perfection de ce que Menéndez y Pelayo appelle „la ultima manera
de Lopequot;. Ce grand connaisseur de l'oeuvre de Lope aurait certaine-
ment rangé Los Melindres de Belisa, une pièce qui contient déjà une
remarquable étude de caractère, parmi celles de la seconde période,
c'est-à-dire la période de 1610 à 1625.
Nous ne possédons aucune indication sur la première représenta-
tion, ni sur les représentations postérieures.
Tout ce qu'on peut constater, c'est que la pièce a dû plaire au
public et qu'elle a dû être très connue à Madrid._
1)nbsp;Rennert y Castro, Vida de Lope de Vega, op. cit. p. 196.
2)nbsp;Milton A. Buchanan, The Chronology of Lope de Vega's plays. University of
Toronto studies No. 6, 1922.
Un temoi^age irréfutable de la vogue dont jouissait notre pièce,
est celui de Calderôn dans sa comédie No hay hurlas con el amor Pour
rendre plus clair au public le caractère d'une de ses créations la
precieuse Dona Beatnz, Calderôn fait allusion à la jeune fille caori
cieuse créée par Lope:nbsp;^
Los melindres de Belisa,
Que fingiô con tanto acierto
Lope de Vega, con ella
Son melindres muy pequenos i).
Pourtant on peut présumer que la pièce tombe dans l'oubli avec
les autres pièces de Lope. dès le XVIIIe siècle. L'édition „sueha''
du XVIIIe siècle qu'on en a tirée date certainement du cimmen-
cement du siècle, alors quon s'intéressait encore aux oeuvres de la
„edad de oro .
Quand au XVIIIe siècle le Père Linguet a cru utile de présenter
au public franpis quelques traductions de pièces espagnoles il a
choisi comme échantillon de l'art de Lopes (L) deXf e a Los
MeUndres denbsp;mais la façon dont il traite cette pièc'e, indique
fZZfé^^:' quot;nbsp;apprécier un ;rt spon-
Aussi nous ne saurions expliquer, où Baret a pris l'assertion aue
Caprices de BeHse sont encore joués trèi soUent'^ S
le cas c ƒ ait sûrement le remaniement de la pièce fait par D. Cân-
dido Maria Tngueros qu'on jouait, et non pas la comédie telle que
Lope 1 a ecrite. Quand plus tard la célèbre actrice Dona Maria
Guerrero, contemporame de Sarah Bernhardt, fera revivre le théâtre
de Lope. elle se couvrira de gloire dans son rôle de La Dama boba
mais nous n avons trouvé aucun mdice qu'elle ait joué également
celui de la protagoniste de notre pièce 3)nbsp;^ également
1)nbsp;Las comedias de D. Pedro Calderôn de la Barca, . . . por Juan lorne Koil
tomo m, Leipsique 1829, p. 99a.nbsp;J®^®
2)nbsp;Op. cit., notice sur Les Caprices de Belise, p. 5,
3)nbsp;Henry Lyonnet, Le théâtre en Espagne, Paris 1897, pp. 29—41
-ocr page 27-CHAPITRE III
LES CRITIQUES
La traduction faite par le Père Linguet sous le titre de Les vapeurs
ou la fille délicate, est en même temps une critique sévère de la pièce.
Le traducteur qui avait trouvé le sujet „théatralquot;, tâche de l'adapter
au goût du beau monde français. Craignant sans doute de blesser les
tendres oreilles de ses lectrices par les paroles trop énergiques ou les
expressions inconvenantes de la pièce espagnole, il a soigneusement
purgé le texte, il a adouci le style de Lope, il a supprimé des passages
indécents, il a même retranché des scènes entières. Il est bien curieux
de noter combien il s'efforce de tempérer tout ce qui dans le texte
espagnol dépasse les limites du bon ton français.
Non seulement le traducteur a abrégé des passages, p.e. les mono-
logues, mais encore il les a remplacés souvent par des phrases insig-
nifiantes, et à la place d'expressions hardies et caractéristiques se
trouvent des paroles doucereuses et bien fades. On n'a qu'à comparer
le passage suivant, où Celia, l'amoureuse passionnée et jalouse, s'écrie:
iYo aula de verte en los braços
otra muger?
Felisardo.nbsp;Esta muerta.
Celia. i Muerta?
Felisardo.nbsp;Pues ino es cosa cierta?
Celia. Lléuala y bazla pedaços
desse corredor.
(II, vs. 901—905)
avec la „traductionquot; française:
„Laissez-la, ses gens ne tarderont pas à venir; et si elle a besoin
de soulagement, elle en trouvera sans peine'.' i).
Le traducteur lui-même avoue d'avoir retranché des scènes insi-
pidesquot; et d'avoir „purgé la pièce de ces vilenies qui la défigurentquot;
Une de ces „vileniesquot; est évidemment la boutade suivante de Belisa:
Quando yo fuera muger
espiritual y santa,
y para venzer la carne,
gran enemigo del alma,
quisiera vna calabera
tener de noche en la cama,
lindamente me venla
vn ombre al lado con calba.
(I. vs. 203—210.)
Cette impertinence de la jeune fille prude, qui ne se gêne pourtant
pas d'employer des expressions bien hardies, devient d'une fadeur
extrême dans la traduction: „J'aimerois autant coucher avec une
citrouille qu'avec une tête sans cheveuxquot; i).
La conséquence de ces retouches est que le traducteur a supprimé
et corrigé tant de petits traits caractéristiques du texte original, que
la pièce française est devenue bien insipide à son tour, et que l'héroïne
des Vapeurs ou la fille délicate ressemble aussi peu à la Belisa de
Lope qu'une poupée aux articulations artificielles ressemble à une
jeune Espagnole vivante et spirituelle.
Le Père Linguet a pris la précaution de répondre d'avance à la
remarque qu'on pourrait lui faire, pourquoi il a pris la peine de tra-
duire la pièce, SI ni la composition, ni les caractères des personnages
ne lui plaisaient.
„Le genre de délicatesse d'extravagance de Belise, n'est point
dans la nature. Cest une folie ridicule et désagréable: j'en ai adouci
les traits. Elle dit ici, par exemple, qu'elle a poignardé ces jalousies
avec ses ciseaux. Parce quon soutient que la vue d'un marchand
d'huile ne lui a pas tache sa robe, la fievre lui prend, etc Cela n'auroit
en François aucune espece de grace, et je doute même que cela en
ait en Espagnol. Aussi n'est-ce pas ce caractere qui m'a engagé à
traduire la piece: c'est le fond même qui m'en a paru théatral. au
moins dans les deux premieres journéesquot; 2).
En effet, il a supprimé presque tout le troisième acte, qui pour
1)nbsp;Ibid., p. 303.
2)nbsp;Ibid., p. 299, note 2.
-ocr page 29-lui n'est qu'une, „suite de disparates révoltans et qu'on ne sauroit
traduirequot;. Il ajoute: ,,Le sujet prêtoit cependantquot;, et propose à la
place de la conclusion donnée par Lope, un dénouement tout raison-
nable: ,,I1 ne falloit que faire instruire Tiberio de la condition de
Felisardo et de Celia, l'engager par ce moyen, à se prêter à leur
bonheur pour sauver sa soeur et son neveu de leurs extravagances.
Il falloit faire aussi concourir Eliso, dont le rôle alors seroit devenu
intéressant. C'est ce que n'a point exécuté Lopes de Véga. Il a horrible-
ment négligé la fin de sa piece. Les deux premieres sont, à mon avis,
les plus intéressantes de son théâtre, et la derniere en est une des
plus insipides. On me pardonnera, sans doute, de ne l'avoir pas tra-
duitequot; 1).
Ses lectrices, nous croyons, lui auront pardonné, mais malgré ses
bonnes intentions, le traducteur montre de quelle façon le XVIIIe
siècle français estimait l'art de Lope. Après tout, le Père Linguet le
considérait comme un auteur de second, même de troisième ordre:
,,Au reste, je répété, que si j'ai donné du Lopes de Véga, c'est uni-
quement par égard pour sa réputation. Je passe à Calderon qui n'aura
pas souvent besoin d'indulgence, et où j'espere que les Lecteurs trou-
veront, comme moi, un homme aussi supérieur à Lopes de Véga,
que Corneille l'est à Mairet, et Racine à Tristanquot; 2).
Eugène Baret, dans la Notice qui précède sa traduction Les Caprices
de Belise, croit que Lope a voulu donner dans sa pièce une sorte de
,,leçon moralequot;. Dans la personne d'une jeune fille il châtie toute une
catégorie de nouveaux-riches, pervertis par les fortunes amassées
sans peine en Amérique. ,,I1 faut une punition à cette perversité de
la raison qu'offusquent les fumées de l'orgueil; l'être humain en train
de faire de soi une divinité doit être ramené au sentiment de son
néant. Il faut raviver la conscience morale dans cette famille qui
flotte au gré de tous les instincts égoïstes. Telle est, à n'en pas douter,
la leçon morale qu'a voulu donner Lopequot;
Baret admire la façon dont Lope s'y prend: ,,Cette peinture de
l'orgueilleuse jeune fille en face d'un homme qu'elle aime et qu'elle
croit un esclave est vraiment admirable: sa honte, ses combats, sont
excellemment décrits. Elle aime, nonseulement sans pouvoir le dire,
mais sans oser se l'avouer à elle-même, un homme qui la comprend
sans vouloir l'entendre, occupé ailleurs par son amour. Le sentiment
1)nbsp;Ibid., pp. 401 et 402.
2)nbsp;Ibid., p. 402.
3)nbsp;Op. cit., pp. 3 et 4.
-ocr page 30-de cette situation l'écrase au point qu'elle tombe plusieurs fois pâmée-
C'est dans cet état qu'elle surprend un jour l'aveu de la passion
mutuelle de Felisardo et de Celia. La passion de Belise, passion toute
méridionale, éclaté alors avec fureurquot; i).
Bien que Baret trouve l'imbroglio épuisé à la fin du deuxième acte
et qu'il considère le comique de la pièce plutôt comme un comique
de situation, il s écrie pourtant avec enthousiasme- Quel entrain!
quelle vervel Comme cela est touché, emporté! Quel prodigieux esprit
surtout! J oserais dire qu il y en a trop. Lope, comme ShakspeL
ne sait pas sarreter et choisir. Toutes les formes de sa pensée il Ips
donnequot; 2).nbsp;^^ pensee, il les
Tout en faisant la réserve qu'il y a une certaine invraisemblance
dans les evenements, il remarque une imitiation exacte de la vie
humaine dans la peinture des caractères, et il termine sa notice par
ces paroles: „Ici 1 ame n est pas creusée, elle n'est pas fouillée par
des réflexions à la manière philosophique, mais ses mouvements
s aperçoivent fort bien a travers le tissu délicat et l'ingénieux im
brogho des scènes; le but même de l'art est donc obtenu, et avec une
nchesse de tons, une variété de nuances extraordinairequot;
La provenance de son assertion finale: „L'original de cette co-
médie. écrit tout entier de la main de Lope, se trouve au Musée bri-
tannique Elle fut achevee le 2 septembre de l'an 1624. l'année même
ou Richelieu entrait au conseil, renonçant à son évêché de Luconquot;
restera une énigme pour toujours.
Dans son Histoire du Drame *). Klein croit apercevoir dans Los
Melindres de Behsa une tendance à personnifier des données morales
qui. à son avis se rencontre souvent dans les pièces de Lope. Dans
celle-ci, ce serait la corruption de l'âme causée par la soif de l'or et
la possession de richesses ramassées sans peine ni travail aue le sénie
de Lope aurait voulu mettre en relief, comme une donnée sociale et
psychologique, bien que m la situation, ni le sujet ne s'y prêtassent
Le critique allemand commence par opposer le caractère de Belisa
a celui de Portia, 1 heroine du Merchant of Venice de Shakespeare
11nbsp;va sans dire que cette comparaison n'est pas à l'avantage de l'Es'
pagnole, que Klein qualifie en ces termes: ..maussade, blasée, avec
1)nbsp;Ibid., p. 4.nbsp;~nbsp;■ ---
2)nbsp;Ibid., p. 5.
3)nbsp;Ibid., pp. 5 et 6.
4)nbsp;J. L. Klein. Geschichte des Drama's, X, Das Spanische Drama Leiozie 1874
Bnd. III, pp. 258—270.nbsp;'
des lubies parfaitement espagnoles d'une jeune fille oisive et capri-
cieusequot; 1), tandis que Portia possède une „âme joyeuse et saine,
qui aime la vie et l'amourquot;
Klein d'ailleurs n'apprécie pas non plus les expressions énergiques
employées par les jeunes personnes, telle que celle de l'amoureuse
Celia:
hazla pedaços
desse corredor.
(II, vs. 904—905.)
A propos de cette exclamation peu aimable, le critique lève les
yeux au ciel et s'écrie: ,,Voilà des traits de comédie espagnole dans
la bouche d'une jeune fille espagnole!quot;
Quant à la composition de la pièce, Klein fait la remarque, que
le dernier acte pourrait faire douter de l'esprit inventif de Lope:
il y a trop de péripéties vers la fin, et comme dans la plupart de ses
pièces, le dernier acte trébuche sur ses propres jambes
Inspiré probablement par ces vers de Lope:
Fahio.nbsp;En Alcorcôn pudiera hazer Belisa
vn desposado, que es famoso el barro.
Eliso.nbsp;Assi le tubo Eua. Burla y risa
haze del mâs galân, del mas bizarro,
(I. vs. 355—358.)
Klein termine sa critique en faisant la comparaison entre Belisa,
cette jeune fille hystérique qui finit par s'emparer d'un mari, ce
morceau d'argile, avec Eve qui trouve son Adam, Eve, l'aïeule de
toutes les hystériques, Eve „melindrosaquot;.
Pourtant cette comparaison reste sur le compte du critique alle-
mand, car Lope n'aurait jamais eu l'audace de la pousser si loin.
Louis de Viel-Castel trouve l'action de La Minaudière (La Dama
Melindrosa) „aussi absurde que compliquée. . .quot;, mais après l'énu-
mération des caprices de la protagoniste et la traduction de la
1)nbsp;,,Maasleidig, vol lauter blasirter, üppigspanischer, müssiggängerischer,
grillenhafter Mädchenlaunequot;, p. 259.
2)nbsp;,,Wählerisch aus munterer, herzensgesunder, lebens- und liebefroher Seelen-
stimmungquot;, p. 259.
3)nbsp;,.Spanische Komödienzüge von spanischen jungen Fräuleins!quot; p. 263.
4)nbsp;„Wie in der Mehrzahl von Lope's Stücken, stolpert auch hier der Entwicke-
lungsact über die eigenen Stegreifbeine ... Bei solchem verzweifelten Knoten-
zerbeissen mit der Zähnen könnte man an Lope's Erfindungsgenie verzweifelnquot;,
p. 266.
scène des prétendants refusés, il termine par cet éloge- Le erand
mérite de La Minaudière. c'est le style, dont la douceur ' la noblesse
l'élégante et facile afféterie répondent si bien au sujet qu'on ne con'
çoit pas comment les idées qu'il exprime auraient pu être rendues
dans une autre forme.quot; 1)
Ni Schack=^), ni Hennigs«) ne donnent une étude critique de la
pièce et ils se contentent de la ranger parmi les comédies de caractère
Schaeffer«) ne fait pas même mention de cette comédie
M. Wolfing von Wurzbach considère également notre pièce comme
une comedie de caractere et dit quelques mots sur la protaeonistP i^imp
fille mal élevée incapable de se défaire de ses cap'r^Äu
raisonnable par 1 amour. 5)
M. Schevill e). dans son traité sur l'art dramatique de Lope, qui pré-
cède son edition de La Dama baba, parle incidemment de Los Melindres
de Behsa C est a propos du role de la mère dans les comédies espagnoles
qu'il cite 1 exemple de la mère de Belisa, rivale de sa DroorefiMir
/os Melindres de Belisa, où la mère Lisard^veu'r^^^^^^^^^^
depemte comme désirant se remarier. Elle tombe amoureuse d'un
esc ave suppose qui deja a obtenu la faveur de la fille, tandis que
le Ils seprend dune esc ave supposée. C'est pourquoi Lisarda fait
seulement 1 impression d une duègne avec le titre de mère mais
n'ayant ni douceur, ni dipité parce qu'elle aussi se trouve déconfite
de I~é UlgLlp^nbsp;^^ ^^nbsp;et réservée
Sur la jeune fille elle-même, M. Schevill s'exprime en res fpmip.,-
„Dans Zos Me^^dres^ de Belüa nous trouvons'les actquot; fant^^^
et capricieux d une jeune fille qui ne trouve rien à son goût.\ÏÏ
ndicuhse ses prétendants, découvre des défauts dans tout ce qui
l'entoure et rend la vie insupportable à ses prochainsquot;
M. Schevill cite encore ceUe comédie parmi le nombre des pièces
qui contiennent des scènes ventablement_con^s, et dans lesquelles
^^nbsp;espagnol, tome I, Paris 1882
pp. 158—10^.nbsp;'
2) A. F. von Schack, Geschichte der dramatischen Literatur m«^ t^, ■ cgt;, •
rtf fr-nbsp;c «rt Ä;
LstÄ quot; ■»»
4) Adolf Schaeffer. Geschichte des Spanischen Nationaldramas I Leipzic 1890
6) Wolfgang von Wurzbach. Lope de Vega und seine Komödien ob cit n 2-18quot;
6)nbsp;Rudolph Schevill. op. cit., p. 17.nbsp;'nbsp;quot; P'
7)nbsp;Ibid., p. 88.
14
l'exposition est parfaite, l'action rapide et pleine d'impulsions sou-
daines, mais où le dénouement se fait attendre et n'arrive que quand
l'improvisateur juge à propos de terminer i).
Deux critiques allemands ont récemment jugé la pièce, et leurs
opinions, qui concernent principalement le rôle de la protagoniste,
sont d'accord sur la peinture du caractère de cette jeune fille.
M. le Dr. Max Victor Depta 2) en dit ce qui suit: „Ainsi que les bons
côtés, Lope a dessiné d'une façon aussi fidèle les défauts et les faibles-
ses du sexe féminin, et dans aucune comédie avec une raillerie plus
malicieuse que dans celle de Los Melindres dc Belisa. L'action de la
pièce est absurde; mais d'autant plus intéressant est le caractère plein
de contradictions de l'héroïne, la rivale de sa propre mère dans la
conquête de la faveur de l'esclave de la maison. Les controverses,
les querelles et les scènes de jalousie entre la mère indigne et la fille
hystérique ne pourraient être formulées d'une façon plus réaliste,
et la jeune fille vaniteuse et capricieuse, affectée et poseuse, jalouse
et hypocrite, froide et en même temps trop sensible, est peinte d'une
manière si vraie, qu'on désirerait trouver, cachée derrière elle, une
parente de l'auteur, mais laquelle?quot;
Dans son étude magnifique sur „Lope de Vega et son époquequot;,
M. Kari Vossler donne ce jugement sur Belisa: „Dans Los Melmdres
de Belisa, une comédie d'intrigue compliquée, qui renferme pourtant
une étude de caractère remarquable, Lope a dessiné très nettement
ce qu'on appelle généralement l'hystérie des jeunes filles. Cette Belisa
n'est ni vraiment malade, ni vraiment normale, elle est un mélange
d'enfant gâtée, capricieuse et incongrue, dont la sexualité refoulée
ne se maîtrise plus tout à coup, elle dédaigne les prétendants les plus
distingués, s'éprend d'un esclave qu'elle maltraite et désire, mange
de l'argile, souffre de congestions et d'évanouissenients, qui sont
moitié réels, moitié simulés, tombe d'impulsions sadiques en impul-
sions tendres, se conduit follement ou se montre abattue, et elle est
présentée par le poète d'une façon humoristique. Il la fait parier
volontiers en de courts vers rapides, p.e.:
J'avais des caprices.
Ainsi je suis née,
Mais ce sont en fillettes
_Des fleurs en avrilquot;._____
1)nbsp;Ibid., p. 76 et p. 80.
2)nbsp;Lope de Vega, Breslau 1927, p. 254.
.1) Lope de Vega und sein Zeitalter, München 1932, p. 273.
-ocr page 34-CHAPITRE IV
RÉSUMÉ DE LA PIÈCE
Acte I.
Belisa, jeune fille riche, belle, intelligente, orohelinp ^
mais capricieuse et fantasque, refuse cLstam^nt quot;
les prétendants qu'on lui présente et réduit an H - quot;
Lisarda et son oncle Tiberio (1-99). Non seulpl
capricieuse dans le choix d'un mari, mais auss'Xf. f quot;^«quot;tre
naires de la vie. dans les faits et gestes quotS eïï da^. T '
sation avec sa famille et ses domestiques (lOO-S'of
Eliso, jeune homme de bonne famiUe et ami de nL tnbsp;^
Lisarda. est épris de Belisa. mais n'ose l'éZser ànbsp;^^
humeur inquiétante (331-358). Comme il dok uLnbsp;?
mille ducats à Madame Lisarda. celle-ci lui envoie ,fn T' i
lui prendre des gages (273—290).nbsp;^ alguacil pour
Par hasard un des amis d'Eliso. le gentilhomme tt ,
d'avoir une querelle avec un rival à cause T HX r
avoir tué son adversaire. Fuyant la justice il 1 • '
dans la maison d'Eliso. juste au moment ôù l'^iquot; T ''''''
Lisarda. arrive. On croit que c'est la police oui S , '
Felisardo et Celia. pour ne pas être i-econnSs se H 'nbsp;^^
deux esclaves maures, appartenant à Eliso C'elt;it ^'f
que l'alguacil les emmène comme gages et les introH,''-!
(359—584).nbsp;6 s et les introduit chez Lisarda
Felisardo, sous le nom de Pedro, ne tarde pas ànbsp;,
de la capricieuse Belisa, et même celui de la mère T fc
fort sensible à son égard (584-689). Le fils Don Tnti • se montre
galant et étourdi, s'éprend immédiatement de k belllT
pris le nom de Zara (690-930). Felisardo cependantnbsp;-fi quot;quot;
avances amoureuses faites par Don Juan à sThten 'nbsp;^^
montre fort jaloux, malgré les protestations de c^ cT^gï/^oSS)^
I r^
-ocr page 35-Acte IL
Belisa fait des confidences à la soubrette Flora et confesse qu'elle
aime éperdument l'esclave Pedro, mais puisqu'il n'est pas permis
d'aimer un esclave, elle a résolu de mourir. Flora cependant lui donne
le conseil de défigurer l'objet aimé, pour qu'elle cesse de le trouver
aimable (1—275). C'est pourquoi Belisa demande à sa mère de mar-
quer l'esclave au visage, prétendant qu'il va probablement s'enfuir
(383—418). La mère, qui éprouve aussi des sentiments tendres pour
l'esclave, qu'elle vient d'acheter à Eliso (276—382), hésite (419—427),
mais l'oncle Tiberio lui indique un moyen de peindre la marque sur
le visage de telle façon qu'elle semble être faite par le fer chaud
(428—458). Il fait aussi consentir Felisardo à se laisser marquer de
la sorte (459—492), et les deux esclaves supposés, contents de se
prouver ainsi leur affection mutuelle par un signe extérieur, s'em-
brassent (493—518), mais sont surpris à ce tendre moment par Don
Juan et son laquais Carrillo. Excité par ce qu'il vient de voir. Don
Juan tâche de faire fléchir la résistance que Celia oppose à son amour,
mais celle-ci tient bon (519—586). Alors Don Juan, poussé par la
jalousie, prie sa mère de renvoyer l'esclave Pedro, ce qu'elle refuse
(587—648). En ce moment Celia-Zara rentre en scène, marquée au
visage, mais au lieu de détruire sa beauté, cette marque la fait encore
ressortir, et l'amour de Don Juan pour elle n'en est qu'augmenté
(649—718). Felisardo, qui réapparaît également marqué au visage,
trouve sa Celia plus belle que jamais et finit par l'embrasser (719—
775). Cette fois leur embrassement est surpris par Belisa, qui furieuse
et jalouse simule un évanouissement, pour que l'esclave la prenne
dans ses bras (776—869). Mais Celia aussi est torturée par la jalousie
et quand elle voit son Felisardo portant la jeune rivale évanouie,
elle intervient brusquement et lui ordonne de la jeter par terre, ce
qu'il fait aussitôt (870—924).
Belisa, humiliée et furieuse, se venge en ordonnant de mettre au
cou de Felisardo l'anneau de l'esclavage (925—1146).
Acte III.
L'ami Eliso entre dans la maison de Lisarda pour s'informer de
l'état des deux esclaves supposés. Par ses mots couverts et insinuants,
il suggère à Don Juan, ainsi qu'à Lisarda, l'idée que les esclaves ne
sont pas ce qu'ils semblent. Aussitôt Don Juan prend la résolution
de se marier avec Celia, tandis que la mère Lisarda s'avoue qu'elle
aime l'esclave Pedro assez pour l'épouser (1—186). Belisa cepen-
dant, est malade d'amour et pour calmer sa fièvre elle exige aue
Pedro lui tienne la main. Alors elle lui met une bague au doigt (187—
310). Ceha. cachée dans un coin, a assisté à cette scène et elle fait
des reproches amers à Felisardo, qui, comme preuve de son amour,
lui remet la bague. Belisa s en aperçoit, se met à crier et accuse CpHi
d'être voleuse (311-358). Comme celle-ci tient en effet la bLue \
la mam on est convaincu de sa culpabilité et Lisarda ordonL au
laquais Larnllo de la ,,pnngar .
Mais au moment où le supplice va commencer, Don Juan entre
Celia implore son secours et le jeune homme se met en une telle fureur'
que Carrillo s'enfuit au plus vite. Don Juan alors déclare hautement
^359^75)nbsp;q^e l'esclave Zara sera sa femme
Lisarda explique à l'oncle Tiberio qu'elle désire se remarier pour
punir ses enfants de leurs extravagances, et pour aggraver cette Duni
tion, elle se mariera avec l'esclave Pedro. Tiberio qui a déquot;
une certaine ressemblance entre l'esclave et un gentilhommrr^
ville, nomme Felisardo, lui conseille d'épouser l'esclave sous le dé
guisement d'un gentilhomme, croyant qu'il ne s'agit que d'un mariage
(476-530rnbsp;^'^^^^tité de son esclave
Sur ces entrefaites la nuit est venue, on allume des chandelles
mais Flora, mstigue^e par Belisa. les éteint comme par hasard, ei
dans 1 obscurité les différents personnages qui sont en scène se rao
prochent l'un de l'autre pour se parler à l'oreille. Malheureusement
les groupements se font autres qu on ne désirait, et il en résulte un
quiproquo des plus amusants (531—721).nbsp;rtbuiie un
En ce moment Don Juan entre, déclare que Celia est sa femme et
veut 1 enlever. Toute la famille proteste et Don Juan est forcé de
sortir afin de chercher son ami Eliso. pour que celui-ci à li fin iden
tifie la belle esclave (721—810).nbsp;^^
Belisa. restée seule avec sa mère lui fait dans un langage assez
hardi pour une jeune fille, des reproches sévères sur son intention de se
marier encore à son âge. Mais Lisarda ne cède pas. résolue d'énouser
Felisardo-Pedro (811-946).nbsp;^ ' '''' épouser
Celui-ci entre en ce moment, vêtu d'un costume magnifique et
accompagne de Tiberio. Aussitôt Belisa reconnaît en lui l'esclave
Pedro et le réclame pour elle. Entre Celia. vêtue en grande dame
jouant le rôle de marraine. Belisa, mystifiée, n'y comprend plus rien
et entre en furie (947—1039). Heureusement l'arrivée de Don Juan
met fin à cette scène pénible. Il est accompagné d'Eliso et du père
de Celia. Tout s'explique, Celia peut donner sa main à Felisardo;
Belisa, détrompée, se résigne et offre la sienne à Eliso, tandis que
Don Juan se contente du bon tour qu'on a joué à sa mère et à sa
soeur (1040—1114).
CHAPITRE V
LA COMPOSITION DE LA PIÈCE
Les critiques allemands Schack i), Hennigs 2) et Wurzbach 3) ont
classé Los Melindres de Belisa parmi les „comédies de caractèrequot;, et à
bon droit. Cette étiquette, en effet, s'y applique mieux que celle de
„comedia de capa y espadaquot; ou bien comédie d'intrigue, quoiqu'au
fond la pièce appartienne à cette vaste catégorie.
Le fait est que Lope y met en scène un catactère original et unique
dans son théâtre, un caractère dont l'importance l'emporte de beau-
coup sur l'intérêt de l'imbroglio et dont le dessin se détache nettement
sur un fond traditionnel.
La construction bien ordonnée de la pièce sert à le faire ressortir.
Bien qu'on ait souvent reproché à l'auteur d'avoir accumulé les
incidents dans cette comédie, il faut convenir que l'intrigue reste
assez simple et que cette accumulation, en tout cas, ne nuit aucune-
ment à la clarté, ni à l'intérêt de la pièce.
Cet intérêt, éveillé vivement au premier acte, qui sert à faire con-
naître les différents personnages avec leurs qualités bonnes ou mau-
vaises (surtout la protagoniste Belisa) et à nouer l'intrigue par l'in-
troduction des esclaves dans la maison de Lisarda, s'accroît au second
acte, qui, supposant un petit laps de temps après l'acte précédant,
déchaîne les passions suscitées.
Il faut noter ici un parallélisme de situation: la passion de Belisa
pour Felisardo est contrebalancée par celle de Don Juan pour Celia;
deux fois les esclaves sont surpris au moment où ils s'embrassent]
d'abord par Don Juan, ensuite par Belisa.
Le troisième acte enfin montre les passions arrivées à leur comble
et ayant atteint le degré de la folie: Belisa déraisonne, Don Juan
tâche d'enlever Celia, Lisarda décide de se marier avec l'esclave.
1)nbsp;Op. cit., Bnd. II, Das Span. Theater zur Zeit des Lope de Vega, p. 366.
2)nbsp;Studien zu Lope de Vega, op. cit., p. 90.nbsp;°
3)nbsp;Lope de Vega und seine Komödien, op. cit., pp. 229 et 238.
-ocr page 39-Après ce point culminant de tension, la conclusion arrive trop brus-
quement, le dénouement est forcé et illogique, contraire au développe-
ment normal des caractères, et ne se fait que par un tour de force de
l'auteur qui, se voyant arrivé au nombre de vers nécessaire à remplir
un acte, termine rapidement pour ne pas dépasser la limite et pour
ne pas épuiser la patience de l'auditoire qui ne demande point des
explications trop longues. Ainsi Lope a complètement négligé de
rendre acceptable le consentement des deux esclaves au rôle ridicule
de mari et de marraine.
C'est pourquoi la critique a reproché à Lope de n'avoir su terminer
sa pièce: d'après Klein la comédie trébuche sur ses propres jambes
et se traîne lamentablement jusqu'à la fin. Et pour le goût classique
d'un Français tel que le Père Linguet 2), le troisième acte n'est qu'une
,,suite de disparates révoltansquot;.
Les incidents, pourtant, sont fort utiles dans le développement
de la pièce, parce qu'ils indiquent d'une façon à la fois plus directe
et plus claire que de longs monologues, l'état d'âme et les passions
des personnages. Les caractères impulsifs et spontanés, dessinés par
Lope, préfèrent généralement l'action à la réflexion, et leurs faits
et gestes sont le reflet immédiat de leurs sentiments.
Ainsi les trois punitions cruelles, infligées aux esclaves, sont l'effet
logique de l'état d'âme de celle qui les ordonne, et elles montrent
une certaine gradation ascendante de cruauté, désignant de la sorte
les étapes qu'a parcourues la passion de Belisa. Comme elles forment
donc une partie intégrante du rôle de la protagoniste, on ne saurait
les considérer comme des disparates révoltants.
D'ailleurs il faut constater, que pour une pièce de Lope, la comédie
est assez sobre d'incidents. Seule la scène dans l'obscurité au 3e acte,
est inutile, mais elle donne lieu à un quiproquo amusant, qui sans
doute a excité le fou-rire des spectateurs.
Quelque faible que puisse être la conclusion, le commencement
de la pièce est admirable, et M. Schevill^) a pleinement raison de
compter Los Melindres de Belisa parmi les pièces qui ont une ex-
position modèle.
Le mouvement de la pièce est aisé et rapide, les événements s'en-
chaînent facilement, les entrées et les sorties des personnages sont
plausibles et chaque nouvelle situation s'explique par ce qui précède.
La mise en scène est très simple: pas de changements de décor,
1)nbsp;Geschichte des Drama's, op. cit., Bnd. III, p. 270.
2)nbsp;Théâtre espagnol, I, op. cit., p. 401.
3)nbsp;The dramatic art of Lope de Vega, op. cit., p. 76.
-ocr page 40-si fréquents et si faciles dans le théâtre de Lope, parce qu'on laissait
le soin de l'arrangement de la scène presqu'entièrement à la seule
imagmation du public. La scène dans l'obscurité au 3e acte (vs 531 —
810) est un exemple très fort de cet appel qu'on faisait à l'imagination
des spectateurs bienveillants, qui n'étaient rien moins que gâtés com-
me nous au point de vue scénique. La représentation théâtrale avait
lieu l'après-midi, commençant à deux heures et terminant avant le
coucher du soleil. Zabaleta i) dit malicieusement dans El dia de fiesta
por la tarde, que les femmes sacrifient même leur repas de midi pour
arriver plus tôt au théâtre afin d'avoir une bonne place dans la ca
zuelaquot;, avec la conséquence qu'elles crient la faim, avant que' la
pièce ait commencé 2).nbsp;^
Quoiqu'il fasse donc plein jour sur la scène, on allume des chan
delles, on les éteint, on ne se voit plus et l'on se trompe d'inter
locuteur dans cette feinte obscurité, jusqu'à ce qu'un flambeau soit
apporté.
M. Rennert «), dans son étude sur la mise en scène des comédies
de Lope de Vega, a négligé ce pomt: nulle part ce critique éminent
ne parle des scènes nombreuses dans l'oeuvre de Lope oiiles vêlasquot;
et les „hachasquot; jouent un rôle si important. Nous nous contenterons de
rappeler e.a la scène dans l'obscurité qui forme le noeud principal
de La Vtuda valenciana:nbsp;^ ^
Camilo.nbsp;El capirote me quito.nbsp;(QiHtasele)
jPar Dios, a obscuras estoy!
Leonarda. Traigan luz por eso solo.
Urban. Ya se descubre el farol.
Julia. La hacha esta aquî^).
et la scène qui commence El Desprecio agradecido:
de Zabaleta^ ƒ / dia de fiesta, por la manana y por la tarde, Barcelona
2)nbsp;..Ya son las dos y media, y empieza la hambre â llamar muv recio en las
que no han comidoquot;.
3)nbsp;Hugo Albert Rennert. The staging of Lope de Vega's comedias, article publié
dans la Revue Hispanique, tome XV. 1906. pp. 453—485. Idem. The Spanish
stage in the time of Lope de Vega, New-York. 1909, chap. V
4)nbsp;Acad., XV. p. 508.
-ocr page 41-Con la escuridad no veo
mas de que aqueste es jardin.
Pon la vela en esa mano
Dans sa traduction de La Viuda valenciana, M. le Dr. Wolfgang
Wurzbach 2) a également passé sous silence ce détail de la mise en
scène, et cela malgré l'habitude du savant professeur viennois de
pourvoir ses traductions de notes essentielles.
Quant au reste, la comédie de Los Melindres de Belisa n'offre aucune
difficulté à la représentation: toute l'action se déroule entre les quatre
murs de la même maison, sauf au premier acte, où, par besoin de
clarté, la scène représente un moment la maison d'Eliso.
Un fait remarquable: dans cette ,,comedia de capa y espadaquot;
ne se trouve aucune scène nocturne dans la rue, aucun rendez-vous
devant la reja, aucun duel entre rivaux!
A cause de cette régularité de composition et de cette sobriété
de lieu et de temps, les partisans de la comédie classique ont voulu voir
la règle des trois unités mieux observée dans cette pièce que dans
beaucoup d'autres de la main de Lope.
Dans son remaniement de la pièce sous le titre de La Melindrosa
ô los esclavos supuestos, Don Candido Maria Trigueros a inséré la
remarque suivante: ,,La unidad de interés, de acciôn, de tiempo y
principalmente la de lugar, estân aqui observadas mâs puntualmente
que en otras; sin embargo, no es esta comedia la que mâs me gusta
entre las que he manejado de Lope, y me parece que nace esto de la
multitud de incidentes, que nunca puede dejar de sobrecargar qual-
quier dramaquot;
Ticknor considère Los Melindres de Belisa, avec La Hermosura
aborrecida et Dineros son calidad, comme les meilleures comedias
de capa y espada, ayant toutes les trois l'avantage de se tenir stricte-
ment aux trois unités d'Aristote. Du reste, c'est bien à tort, car s'il
1)nbsp;Acad. N.. XII, p. la.
2)nbsp;Die Witwe von Valencia, dans Lope de Vega, Komödien, zum ersten Male
ins Deutsche übertragen, Wien—Leipzig 1929, p. 283.
3)nbsp;Observation citée par Rennert y Castro, op. cit., p. 194 note.
4)nbsp;Georg Ticknor, Geschichte der schönen Literatur in Spanien, Bnd. I, Leipzig
1867, p. 579.
y a une pièce qui manque d'unité de temps et de lieu, c'est Dineros
son calidad!
Malgré l'absence presque complète d'indications de scène, le texte
même donne assez de renseignements pour constater que l'action de
la pièce se passe à Madrid.
A plusieurs reprises les personnages font allusion à la Corte, et
incidemment ils mentionnent des endroits bien connus ou des édifices
importants. Ainsi on parle du Prado (I, vs. 362, II, vs. 592), du
Manzanares (II, vs. 150), de quelques églises: celle de San Jerônimo
(I, vs. 317), celle de San Miguel (I, vs. 324), celle du Carmen (I, vs. 375)
et celle de Santo Domingo (I, vs. 537).
Ces indications sont fort utiles à définir l'endroit exact où l'action
se passe, et c'est à l'aide des différentes églises qu'on arrive à dé-
montrer quel quartier de la ville habite Lisarda, et dans quel quartier
se trouve la maison d'Eliso.
Dans nombre de comédies Lope a montré qu'il connaissait bien
sa ville natale et que, malgré quelques moqueries qu'il se laissait
échapper de temps en temps, il l'aimait de bon coeur
M. Vossler i) a allégué des exemples, pris dans l'oeuvre de Lope,
pour prouver que Madrid était une ville galante, gaie et frivole a\i
commencement du 17e siècle. Ces mêmes exemples indiquent que Lopa
se sentait fier d'être Madrilène, car un Madrilène est un être à part
et supérieur par son intelligence, idée exprimée spirituellement par
Fenisa dans La Discreta enamorada:
jAy mi Lucindo!
Si no me entiendes con aqueste enredo
No eres discreto ni en Madrid nacido-'
Mas si me entiendes, y a buscanne vienes
Tu naciste en Madrid, discreciôn tienes^).'
L'endroit de la ville chanté le plus dans tous ses ouvrages, c'est
le Prado, l'endroit favori de la promenade, des rendez-vous et des
duels de la jeunesse mondaine et élégante.
Habitant à partir de 1610 sa maison de la Calle de Francos, au-
1)nbsp;Lape de Vega nnd sem Zeitalter, op. cit., pp. 78 et 79
2)nbsp;Acad.. XIV, p. 4046.
-ocr page 43-jourd'hui Calle de Cervantes^), rue qui aboutit au Prado, Lope a
dû s'y promener souvent et c'est en connaissance de cause qu'il fait
l'éloge des délices de ce Prado de San Jerônimo avec ses beaux arbres
et ses fontaines fraîches, formant sans aucun doute un contraste
agréable et bienfaisant avec la ville intérieure aux rues étroites et
sordides.
Pourtant, malgré la glorification poétique de ce Prado délicieux,,
l'endroit a dû être, à l'époque de Lope de Vega, d'une apparence
bien peu grandiose, et Mesonero Romanos se montre assez sceptique
sur ce point en mentionnant que, sauf les deux magnifiques allées
de peupliers, le Prado ne contenait qu'une source nommée el Cafio
dorado, et une autre encore moins importante, et que pour l'amuse-
ment du public il ne possédait qu'un kiosque à musique. Néanmoins
le Prado a été chanté par tous les poètes du XVIe et du XVIle siècle
comme le lieu de la bravoure, de la galanterie et de l'amour, et ce
n'est pas Lope qui a été le moins avare d'éloges.
Si le Prado de San Jerônimo avait l'honneur d'être un lieu de
rendez-vous amoureux, le Prado de Recoletos, situé plus loin de la
ville et plus solitaire par conséquent, était un endroit fait pour les
duels, interdits en Esp;gne dès 1480 par des prohibifons réitérées.
En effet, dans La Dama boba, deux jeunes gens s'y rendent pour
y vider leur querelle.
Liseo. iTienes qué hazer?
Laiirencio.nbsp;Poco o nada.
Liseo. Pues bamonos esta tarde
por el Prado arriba.
Laiirencio.nbsp;Vamos
dondequiera que tu mandes.
Liseo. Detras de los Recoletos
quiero hablarte.
Laurencio.nbsp;Si el hablarme
no es con las lenguas que dizen,
sino con las lenguas ique hazen,
aunque me espanto que sea,
dexaré cauallo y pajes®).
Dans Los Melindres de Belisa, Felisardo se bat avec son rival au
1)nbsp;Rennert y Castro, op. cit., p. 19G.
2)nbsp;Ramon de Mesonero Romanos, El antiguo Madrid, paseos histôrico-anec-
dôticos por las calles y casas de esta villa, Madrid 1881, tomo II, p. 61.
3)nbsp;Edition de Rudolph Schevill, op. cit., p. 188 vs. 1345—1354.
-ocr page 44-Prado, devant les yeux de sa bien-aimée (I, vs. 362 et seq.). Celle-ci
est sortie le matin de bonne heure et puisqu'il n'est rien dit sur le
motif de cette sortie matinale, p.e. qu'elle vient d'entendre la messe
à l'église de San Jerônimo qui se trouve derrière le Prado, on a tout
lieu de supposer qu'elle est sortie se promener pour causé de galan-
terie, car la promenade habituelle de la Madrilène ne se faisait que
l'après-midi, et encore sortait-elle le plus souvent en carrosse. Un
prétexte sous lequel la jeune fille pouvait sortir le matin, c'était d'aller
prendre les eaux minérales et ferrugineuses dont la source se trouvait
au Prado, et de pareilles excursions matinales de la jeune Belisa
nouent l'action dans El Acero de Madrid.
Un autre lieu indiqué aux amusements du monde mondain ce
sont les rives et le pont du Manzanares. De tout temps on s'est moqué
du peu de largeur de cette rivière, et Lope lui-même a composé un
sonnet sur ce sujet: Laméntase Manzanares de tener tan gran piicnte:
Quitenme aquesta puente, que me mata,
senores Regidores de la Villa;
miren que me ha quebrado una costilla:
que, aunque me viene grande, me maltrata^).
Dans El Diablo cojuelo, Luis Vêlez de Guevara fait la raillerie
suivante: -----el rio de Manzanares, que se llama rio porque se rie
de los que van a banarse en él, no teniendo agua; que solamente tiene
regada la arena, y pasa el verano de noche, como rfo de navarrisco
siendo el mâs merendado y cenado de cuantos rfos hay en el mundoquot; 2) '
Le beau-monde, en effet, aimait à y faire des pique-niques cou-
tume à laquelle fait encore allusion Mme d'Aulnoy dans sa Relation
du Voyage cn Espagne. C'est elle aussi qui donne un renseignement
sur la façon dont on se baignait en plein été, malgré le manque d'eau-
„11 y a des personnes qui s'y baignent; mais en vérité, c'est d'une
maniéré bien désagréable. L'Ambassadrice de Dannemark le fait
depuis quelques jours. Ses gens vont, un peu avant qu'elle arrive
creuser un grand trou dans le gravier, qui s'emplit d'eau L'Ambas-
sadrice se vient fourer dedans. Voilà un bain, comme vous pouvez
1) Rimas del Licenciado Tomé de Burguillos, soneto CLV dans Obras Sueltas
tomo XIX, Madrid 1778, p. 155.
1) 2a ed. de Francisco Rodriguez Marin, Clâsicos casiellanos 38 Madrid
1922, pp. 247 et 248.
e juger, fort plaisant; cependant c'est le seul dont on puisse user
dans la rivierequot;
Si pendant l'après-midi et la nuit, les rives du Manzanares étaient
un lieu de rendez-vous du monde élégant, le matin elles voyaient
arriver les laquais et les servantes ou laveuses. Ce contraste a été
souvent exprimé par Lope, e.a. dans ce dialogue burlesque entre
deux laquais dont l'un veut se renseigner sur la Corte, passage qui
se trouve dans La Serrana de la Vera:
Galindo. i Fregonas ?
Avendafio.nbsp;Hay las d pares
En un rfo Manzanares,
De mayor nombre que Duero.
Galindo.nbsp;^Por qué?
Avendano.nbsp;Porque todo el ano
Corre jabôn.
Galindo.nbsp;jVed qué ensayos!
Avendano. Y son sus olmos lacayos,
Y sus flores lienzo y pafïo .
Un autre exemple se rencontre dans le sonnet: Describe el rte
de Madrid en Julio:
iMfsero Manzanares, no te basta
todo el ano sufrir tanta fregona,
tanto lacayo y paje de balona,
tanta ropa servil, tanta canasta?
Ahora en Julio tus riberas gasta
tanto prestado coche, tanta dona,
que lo que peca Abril, Julio jabona,
caphila mas altiva, y menos casta
La première église mentionnée dans notre pièce, est celle de San
Jerônimo, église très importante dès le commencement du XVIe
siècle, lorsque les Rois Catholiques fondèrent à cet endroit le Monas-
terio de San Jerônimo el Real. Dans ce monastère les Rois possédaient
un ,,cuarto ô aposentamiento realquot;, et Philippe II, ainsi que ses
1)nbsp;Revue Hispanique, tome LXVII, Paris 1926, p. 440.
2)nbsp;Acad., XII, p. 116.
3)nbsp;Rimas del Licenciado Tomé de Biirguillos, 'soneto CXXI, op. cit., p. 121.
-ocr page 46-successeurs avaient l'habitude de s'y retirer à l'occasion des fêtes
solennelles de l'Eglise. Depuis le règne de Ferdinand le Catholique
les Cortes s'y réunissaient, et depuis le règne de Philippe II on y
célébrait la cérémonie de la ,,juraquot; du prince des Asturies. Elle était
une des quelques églises importantes en style ogivaP). L'église
actuelle a été reconstruite sous le règne de la reine Isabel II, entre
1879 et 1884, dans un style gothique de convention.
Cette église de San Jerônimo, située derrière le Prado de San
Jerônimo, est assez éloignée de la maison de Lisarda pour faire atteler
le carrosse. Celle de San Miguel, au contraire, se trouve si proche
qu'on peut y aller à pied, ce qui prouve que Lisarda demeure près
de S. Miguel, à deux pas de la vieille Plaza Mayor.
Cette église de San Miguel de los Octoes était une vieille église
paroissiale du commencement du XlVe siècle. Le temple, construit
pendant le règne de Philippe III, est probablement celui auquel Li-
sarda fait allusion. Ce vaste et bel édifice possédait de précieux objets
d'art, e.a. un tabernacle qui fut le seul objet sauvé de l'incendie de
1790, qui détruisit la Plaza Mayor et les rues adjacentes 2).
Si la maison de la protagoniste se trouve donc dans le quartier
de la Plaza Mayor, celle d'Eliso est située près de la Puerta del Sol.
Quand Felisardo, craignant d'avoir tué son rival au Prado, se
sauve avec Celia dans la maison de son ami Eliso, il exprime son
intention de chercher un refuge dans le Carmen. Il est évident que
Felisardo choisit comme lieu d'asile l'église la plus proche, et encore
son ami Eliso craint pour lui une découverte:
Que a mas peligro vays por tantas calles. (I, vs. 380)
La difficulté qui s'offre, consiste en ce qu'il y a eu deux églises por-
tant le nom de Carmen, l'une, le Carmen Descalzo, située dans la
Calle de los Canos de Alcalâ, à l'endroit où actuellement se trouve
l'église de San José l'autre, le Carmen Calzado, située à une quaran-
taine de mètres de la Puerta del Sol, fondée en 1575 et achevée entre
1)nbsp;Mesonero Romanos, op. cit.. II, p. C6.
2)nbsp;Ihid.. I, p. 211.
3)nbsp;Ibid., I, p. 211.
-ocr page 47-1611 et 1640, édifice qui a conservé les plus belles rejas platerescas
de Madrid 1).
Bien que la situation du Carmen Descalzo est plus proche du Prado,
et pour cela plus favorable au fugitif Felisardo, nous préférons croire
que Lope a eu en vue le Carmen Calzado, qui à son époque avait beau-
coup plus d'importance. Dans sa Guia y avisos de forasteros que vienen a
la Corte, D. Antonio Linân y Verdugo, qui a fait imprimer son oeuvre
en 1620, mentionne parmi les églises de Madrid el Carmen Calzado,
situé dans ,,la parroquia de San Luisquot; 2). Aujourd'hui encore cette
paroisse s'appelle la „parroquia del Carmen y San Luisquot; 3).
Finalement c'est cette église que Tirso de Molina a mentionnée
dans une description du centre de la Corte:
Doiia Bernarda. ^Cômo se llama esta calle?
Santillana.nbsp;La calle de las Carretas.
Es ombligo de la corte:
La Puerta del Sol aquella;
La Vitoria al cabo de ella;
Y â la otra acera es su norte
El Buen Suceso; alH enfrente
El Cârmen) â man derecha
La Calle Mayor, cosecha
De toda buscona gente:
San Felipe â la mitad;
Puerta de Guadalajara
Arriba, de quien contara
Lo que puede una beldad*).
En 1876, lorsque Fernandez de los Rlos composait sa Guia de
Madrid^), la Plazuela del Carmen existait encore, mais c'était un
„immundo espacioquot;, situé dans un entourage malfamé, parce que
„en el terreno del Carmen estuvo la mancebia pùblicaquot;. On avait
déjà formé le projet de faire disparaître cette place et de la trans-
former en Plaza de Colon.___
1)nbsp;Injormaciôn sobre la ciudad de Madrid, Madrid 1929, p. 60.
2)nbsp;Biblioteca selecta de clâsicos espailoles, Madrid 1923, p. 305.
3)nbsp;Las Iglesias del antiguo Madrid por D. Elias Tormo, fasc. 2, Madrid 1927,
p. 226. Voir pour une description détaillée du Carmen Calzado, ibid..
pp. 225—231.
4)nbsp;Par el sôtano y el torno, Bib. de Autores Esp., tomo V, 2a ed. Madrid 1866,
p. 230c.
5)nbsp;A. Fernândez de los Rios, Gida de Madrid, manual del madrileno y del foras-
tero, Madrid 1876, p. 179 et seq.
La dernière église, mentionnée incidemment dans Los Melindres
de Belisa, est celle de Santo Domingo, où Belisa dit avoir vu une
statue du Roi Don Pedro el Cruel. Cette vieille église n'existe plus
aujourd'hui: malgré les lamentations des amateurs de l'Histoire et
des Beaux- Arts, on l'a démolie en 1770. Elle datait du XlIIe siècle
et selon les chroniqueurs, c'est Santo Domingo en personne qui aurait
fondé à cet endroit un monastère de religieuses. Cette fondation a
été de tout temps un lieu vénéré du peuple, et les Rois l'ont dotée
de grands dons. Plusieurs tombeaux importants s'y trouvaient, e a ce-
lui du Roi Don Pedro de Castilla, celui de son fils l'infante Don Juan
et celui de sa petite-fille Dofia Costanza, devenue prioresse du cou-
vent. Ces tombeaux ont été détruits, sauf celui de Dofia Costanza
et d'après Mesonero Romanos, la statue mutilée du Roi Don Pedro
s'est aussi conservée
Afin de rendre plus clairs ces détails topographiques, nous ajoutons
ici un plan du ,,Corazôn de la capitalquot;.
Non seulement le texte de la pièce donne des indications assez
exactes sur l'endroit où l'action se déroule, il permet encore de con-
stater à peu près la date où elle se passe.
Quand Pedro, le pseudo-esclave, raconte sa biographie fictive
il se dit fils d'une mère née dans l'Alpujarra et amenée captive à Ma-
drid par Don Juan de Austria (I, vs. 635—644). Cette guerre dans
l'Alpujarra fut terminée en 1571. Si l'on suppose, que le personnage
qui parle soit âgé d'une vingtaine d'années à ce moment on arrive
à la date de 1591.
L'auteur, qui a composé la pièce entre 1610 et 1617, place l'action
donc en 1591. Malheureusement la pièce manque de détails précis
qui auraient pu confirmer cette assertion.
Dans Los Melindres de Belisa Lope n'a inséré aucun souvenir de
cette époque de sa vie, si ce n'est peut-être le nom de sa femme
Isabel de Urbina. On sait qu'il l'a chantée sous le nom de Belisai
anagramme de Isabel'^).
Pourtant cette femme, qui a supporté courageusement les années
les plus difficiles de l'existence mouvementée de son mari (1586-
1595), mérite sans aucun doute les paroles élogieuses que lui adresse
M. Carayon: „D'abord il (Lope) fut touché au meilleur de lui-même
par le courage et la fidélité de sa femme, noble de coeur, fière d'esprit
1)nbsp;Op. cit., I, pp. 237—241.
2)nbsp;Rennert y Castro, op. cit., p. 72 et p. 90.
-ocr page 49-CO
-ocr page 50-et grande dame dans toutes ses façons d'êtrequot; i), et il nous semble
impossible, qu'elle ait eu quelque ressemblance avec la bizarre et
capricieuse Belisa de notre pièce. D'ailleurs, Lope a peint encore
d'autres figures de comédie sous le nom de Belisa, personnages qui
ont aussi peu de rapport avec Isabel de Urbina que la protagoniste
de Los Melindres de Belisa, e.a. la Belisa de El Acero de Madrid et la
Belisa de Las Bizarrias de Belisa, la dernière pièce, probablement,
qu'il ait écrite 2). Il est curieux de remarquer, combien peu de res-
semblance ces trois types de femme montrent entre eux, de sorte
qu'il faut conclure que Lope a donné le nom de Belisa sans arrière-
pensée et que ce nom ne signifiait pour lui pas plus que celui de Li-
sarda, de Celia, ou n'importe quel autre.
Il n'est pas absolument nécessaire d'identifier toujours les créations
de Lope avec un „modelo vivoquot;, d'autant moins que, d'après le
témoignage de Calderón, Lope „fingió con tanto acierto lós melindres
de Belisaquot;. La démangeaison de chercher ici un modèle vivant ne
fournirait donc que de vagues hypothèses, qui n'auraient aucune
valeur biographique, comme p.e. les Novelas a la Senora Marcia
Leonarda, que Lope a écrites pour l'amusement de sa maîtresse
Quoique le nom de la protagoniste ne soit pas original, son carac-
tère est une création à part dans toute l'oeuvre de Lope, et dans la
pièce même il se trouve en opposition marquée avec l'entourage tra-
ditionnel.
Plus loin nous nous proposons de démontrer ce que le rôle des
esclaves a de commun avec un rôle analogue dans la pièce de Cer-
vantes, intitulée Los Tratos de Argel.
Quant aux autres personnages, aucun d'eux ne vient d'être créé
par l'auteur: tous ils ressemblent à des créations antérieures ou bien ils
tombent dans une catégorie de types définis. On s'en ' apercevra
aisément en étudiant séparément les caractères.
En construant ses pièces, Lope ne craint pas de se servir de quelque
truc de théâtre ou de quelque motif traditionnel. Dans Los Melindres
de Belisa, il a fait usage d'un truc habituel, c'est-à-dire le déguise-
ment, avec la conviction préconçue de ce qu'un personnage déguisé
reste méconnaissable. Jusqu'à la fin de la pièce les deux esclaves
sont considérés et traités comme tels, bien que leurs airs et leurs façons
de faire donnent tout lieu de faire soupçonner qu'ils ne sont pas ce
1)nbsp;Marcel Carayon, Lope de Véga, Paris 1929, p. 24.
2)nbsp;Rennert y Castro, op. cit., p. 345.
3)nbsp;Editées par John D. Fitz-Gerald, Ph. D. et Leora A Fitz-Gerald Er-
langen 1913, pp. IX—XXII.
qu'ils semblent. Un motif traditionnel, motif qui met en branle bien
des comédies de Lope, est celui de la jalousie, des ,,celosquot;.
Dans son oeuvre admirable sur la culture et les moeurs espagnoles
au XVIe et au XVIIe siècle, M. Pfandl a déjà attiré l'attention sur
le rôle important que jouent les ,,celosquot; dans la littérature et dans
le théâtre espagnols i).
Dans Los Melindres de Belisa la jalousie vindicative occupe une
large place et tous les personnages la connaissent: Belisa est jalouse
de Celia, celle-ci de Belisa, Lisarda des deux; Felisardo est jaloux
-de Don Juan, celui-ci de Felisardo. La force de cette jalousie pousse
Belisa à maltraiter les esclaves, incite Celia à prononcer les paroles
qui ont tant indigné le critique Klein:
Lléuala, y hazla pedaços
desse corredor,
(II, vs. 904—905).
elle fait que Don Juan se comporte comme un jeune étourdi désirant
se marier avec une esclave maure et infidèle, et détermine la veuve
Lisarda à contracter un mariage indigne par un stratagème plus
indigne encore.
Traditionnelles dans toute la littérature espagnole de l'époque,
sont les allusions à l'inconstance de la femme, et fréquentes dans le
théâtre de Lope sont des sentences telles que celle-ci:
ni fee en la mar ni en la muger firmeza.
(I, vs. 947)
Traditionnelles sont encore des exclamations de cette espèce:
^Soy piedra yo? iSoy diamante
o soy amante? iSoy fiera
o soy hombre? iSoy hidalgo
o soy la misma bajeza?
(I, vs. 934—937)
Deux fois l'auteur s'est servi d'un thème littéraire bien connu à
«on époque: il a commencé les endechas, prononcées par Belisa au
3e acte, par le premier vers d'une chanson populaire:
1) Ludwig Pfandl, Spanische Kidtur und Sitte des IG.und 17. Jahrhunderts,
Kempten 1924, p. 80.
3nbsp;33
-ocr page 52-Madré, la mi madré,
et au 1er acte il met dans la bouche du soi-disant esclave les gloses
sur une redondilla célèbre, dont le premier vers est:
Esclavo soy, pero £ cùyo ? i)
Si à ces endroits Lope manque d'originalité, il se révèle au con-
traire, profondément original chaque fois qu'il touche à la vie réelle
A plusieurs reprises on rencontre ces petits traits réalistes ou ces
termes techniques qui indiquent la grande part que l'auteur prenait
à la vie active, l'intérêt qu'il avait aux choses qui se passaient
autour de lui et la connaissance qu'il avait amassée, soit sur une
saisie judiciaire, soit sur la vente et l'achat d'un esclave soit sur
n'importe quel détail dont il parle incidemment au courant de la
pièce. Partout il se sert des expressions justes, cadrant dans la situa-
tion, de sorte que, sans hésiter, on peut reconstruire la vie madrilène
du commencement du XVIIe siècle d'après les données fournies
par Lope.
1) Voir l'annotation de ces vers, p. 264 et p.p. 240-241
-ocr page 53-CHAPITRE VI
LE RÔLE DE LA JEUNE FILLE DANS LES COMÉDIES DE
LOPE
Dans le théâtre de Lope on a admiré de tout temps les caractères
de femme. Les éléments qui composent ce caractère vraiment espagnol
sont résumés admirablement dans l'étude sur Grillparzer et Lope de
Vega de M. Farinelli^):
„Les principales créations dramatiques de Lope sont les caractères
de femmes à qui le plus grand sacrifice semble peu de chose, pourvu
qu'elles assouvissent la passion qui les consume et qu'elles s'attachent
l'homme qu'elles aiment. Presque tous les conflits tragiques dans
l'oeuvre de Lope naissent entre l'amour et l'honneur, entre l'amour
et la jalousie . . .
Qu'on choisisse parmi ses comédies celle qu'on voudra — on y ren-
contrera toujours un caractère, un être féminin résolu, sûr de ses
actions, sacrifiant tout à l'amour sans tarder, sans hésiter, et néan-
moins doux et sensible. Une femme donnant dans le pathétique,
sentimentale, languissante, serait contraire au sens artistique de
Lope, qui bien plutôt avait besoin d'héroïnes fortes, intrépides, en-
tières, d'Espagnoles à sang chaud, afin de les livrer à la toute-puis-
sance de l'amourquot;.
A côté de ces femmes vaillantes, persévérantes, fidèles à leur devoir
et à leur parole, les hommes souvent montrent des faiblesses et des
lâchetés révoltantes, et ils leur sont inférieurs, non seulement dans
la force des sentiments, mais encore dans la volonté et l'endurance.
M. Schevill dans son étude sur l'art dramatique de Lope, mentionne
aussi cette catégorie de femmes héroïques et vertueuses, ajoutant
que „l'histoire du théâtre ne connaît pas de scènes plus sublimes que
celles où Lope a dépeint le courage moral, l'abnégation intrépide, la
pureté de coeur, le dévouement inaltérable des femmes telles que
Estrella (dans La Estrella de Sevilla), Dona Maria (dans La Moza de
]) Arturo Farinelli, Grillparzer und Lope de Vega. Berlin 1894, p. 94.
2) Rudolph Schevill, op. cit., p. 101.
cdntaro), Dona Sol (dans La Corona merecida), Dorotea (dans La Nifia
de plata), Elena (dans La Llave de la honra), Elvira (dans El Mejor
alcalde, el Rey), Casilda (dans Peribdnez y el comendador de Ocana),
Laurencia (dans Fuenle Ovejuna), et d'autresquot;.
A côté de ces héroïnes admirables, dont la force de caractère et la
noblesse de sentiment éclatent au contact de difficultés inouïes, se
trouvent placées sur un plan moins avancé, des jeunes filles de la
bourgeoisie aisée, qui, menant une vie moins remplie d'événements
extraordinaires, n ont pas besoin de déployer ces forces d'âme ou
ces qualités héroïques. Puisque les circonstances sont différentes,
leurs façons de réagir diffèrent également.
Pour elles, tout comme pour les héroïnes mentionnées l'amour
est la grande aventure qui bouleverse leur vie tranquille', et avec
la même persévérance elles s'efforcent de conquérir ce qu'elles dési-
rent: le mariage avec l'homme qu'elles se sont choisi et qu'elles aiment
avec une passion ardente. Elles aussi rencontrent des obstacles qu'il
leur faut surmonter, mais d'une autre nature que ceux de leurs soeurs
héroïques. Elles n'ont affaire ni à des intrigues de cour, ni à des
raisons d'état, ni à l'appétit sensuel de quelque personnage puissant:
elles ont tout simplement à combattre l'autorité d'un père qui leur
a désigné un autre mari, ou bien la rivalité d'une mère veuve qui
désire épouser l'élu de sa fille. C'est ce qui les rend, non pas nobles
et fières, mais plutôt fines et rusées.
Puisqu'elles n'ont pas à tenir tête à des forces supérieures aux
leurs, qu'elles ne sauraient anéantir que par une résistance hautaine
et énergique, elles se contentent de tromper ou de mystifier une
autorité qu'elles ne respectent plus (Finea dans La Dama boba, Fenisa
dans La Discreta enamorada, Dofia Ana dans Quien ama no haga
fier os, Elisa dans El Ausente en el Ingar).
Ces fillettes ont un fond de caractère commun, et elles passent
toutes par les mêmes étapes.
L'amour pour elles est un sentiment spontané, irréfléchi et violent.
Dans El Marqués de Las Navas, une jeune fille de bonne maison
exprime nettement ce que doit être l'amour véritable:
No digan que es menester
mucho tiempo para amar,
que el amor que ha de matar
del primer golpe ha de ser^).
1) Ed. de José F. Montesinos dans Teatro Antigua Espanol, tomo VI Madrid
1925, vs. 1005—1008.
Si le jeune homme, l'objet de cette passion subite, ne fait pas at-
tention à elle, ou s'il est encore occupé ailleurs, c'est elle qui l'attire
par une ruse et c'est elle qui lui révèle son amour.
Belisa, dans El Acero de Madrid, feint de tomber en sortant de
l'église, pour que Lisardo puisse lui donner la main; Fenisa, dans
La Discreta enamorada, fait tomber son mouchoir, pour que Lucindo
le lui ramasse, et en le lui rendant, remarque sa beauté.
La première connaissance faite, la jeune fille cherchera les occasions
de voir son bien-aimé et elle fera de son mieux pour lui arranger des
rendez-vous. Un grand obstacle forment alors les parents, qui, sauf
quelques rares exceptions, sont peu estimables du reste, et méritent
parfaitement d'être trompés. M. Schevill i) a déjà fait l'observation
que la société humaine dans la comedia n'a pas de mère, et que, si
une mère entre en scène, elle a le caractère et toutes les qualités
désagréables d'une ,,dueiïaquot;.
La sévère réclusion des jeunes filles et la surveillance qu'elles
ont à endurer et, il va sans dire, la curiosité de voir ce qui leur est
défendu de voir, les rend encore plus désireuses d'être libres. Une
promenade dans la rue, sans la suite ordinaire, est pour elles une
aventure énorme:
que somos
codiciosas las mugeres
de ver lo que nos alaban,
y mucho mas laâ que tienen
vna madré que las rifïa
y vn padre que las ençierre .
La jeune fille commence donc à se révolter contre ceux qui lui
font sentir leur autorité, elle se fait insolente en paroles et manque
complètement de respect envers ses parents. Il faut noter qu'elle
connaît très bien leurs faiblesses, surtout celles de sa mère, qu'elle
méprise et dont elle ridiculise les. défauts. Si elle n'a point de mère,
c'est une tante ou autre parente, possédant les mêmes travers, qu'elle
accable de tous les traits de son esprit moqueur et irrévérencieux
(p.e. la tante Teodora dans El Acero de Madrid).
Voici un passage pris dans La Discreta enamorada, qui montre
bien les rapports entre mère et fille:
1)nbsp;Op. cit., p. 17.
2)nbsp;El Marqués de Las Navas, éd. cit., vs. 317—322.
-ocr page 56-Belisa (la mère) ïQué dices?
Fenisa.nbsp;Que haré tu gusto;
Pero câusame disgusto
Tanto grunir y encerrar.
^Fuiste santa, por tu vida.
En tu tierna edad?
Belisa.nbsp;Fui ejemplo.
En casa, en calle y en templo.
De una mujer recogida.
Los ojos tuve con llave.
Fenisa.nbsp;^Como te casaste?
Belisa.nbsp;El cielo
Viô mi virtud y mi celo;
Que el cielo todo lo sabe.
Fenisa.nbsp;Mi tia me dijo â mî
Que hacfas mil oraciones,
Ynbsp;andabas por estaciones.
Belisa. îYo para casarme?
Fenisa. Si;
Y mil viernes ayunabas,
A un padre del yermo igual;
Ynbsp;haciendo esto, es senal
Que casarte deseabas.
Un peu plus loin on entend frapper à la porte.
Por entre la reja vi
El capitdn tu vecino.
Ya lo que quiere adivino.
ïYa lo sabes? iCômo ansi?
Ha dias que da en mirarme.
Creo que me quiere bien;
Yo le he mostrado desdén,
Y querrâ en bodas hablarme.
Y por tu vida, Fenisa,
Que no me estuviese mal;
Que es un hombre principal.
Perdona, madré, esta risa.
iDe que te ries?
Fenisa.
Belisa.
Fenisa.
Belisa.
Fenisa.
Belisa.
Fenisa.nbsp;De ver
La santidad que tendrias
Cuando mds moza sérias,
Que ejemplo debiô de ser
En casa, en calle, y en templo.
De llamar el capitân,
iEsos barruntos te dan?
Tomar quiero el buen ejemplo
Ce même esprit de raillerie se retrouve dans Quien ama no haga
fieros, où Dona Ana s'écrie, après les réprimandes de sa mère Flora:
Espanta,
Senora, el verte tan santa^).
Quand la mère admire un jeune homme, la fille moqueuse réplique
immédiatement:
Todos te agradan: no creo
Que bas tenido quietos ojos.
Flora.nbsp;îQué Hamas ojos quïetos?
Dona Ana.nbsp;Honestos quise decir®).
Il n'est pas étonnant que les préceptes de bienséance, donnés par
la mère, manquent tout leur effet, et que p.e. cette remarque de
Flora:
Las hijas, los ojos ciegos,
Han de querer lo que quieren
Sus madrés,
reçoive la réponse suivante:
(Lindo consuelo
Para quien ha de dormir
Con un hombre tanto tiempo !
1)nbsp;Acad., XIV, éd. cit.. pp. 4006—4016.
2)nbsp;Bib. de Autores Esp., XXIV, p, 4356.
3)nbsp;Ibid., p. 4396.
4)nbsp;Ibid., p. 439c.
-ocr page 58-Comme ces jeunes personnes ont l'esprit vif et éveillé elles trou-
vent facilement les traits qui réduisent l'autre au silence Vis-à-vis
du père elles montrent un peu plus de respect en apparence ce qui
ne les empêche pas de le tromper pour venir à bout de ce qu'elle^
désirent (Finea dans La Dama hoba. Elisa dans El Ausente en el
lugar, Belisa dans El Acero de Madrid).
Leur esprit naturel est encore aiguisé par l'amour, dont la force
est SI puissante qu'une petite fille sotte et stupide devient aussi
rusée que la plus délurée de ses congénères (Finea dans La Dama
boba).
Aussi ces jeunes filles n'ont-elles pas beaucoup de peine à mystifier
leurs parents et a contourner les obstacles que ceux-ci leur opposent.
Au cas que le pere ne flechisse pas assez vite, elles n'hésitent pas de
le mettre devant un fait accompli; et pour sauver l'honneur de la
famille, il est contraint de donner son consentement au mariage
voulu par la fille (Belisa dans El Acero de Madrid. Finea dans La
Dama boba).
Pour les personnages créés par Lope, il n'existe pas d'amour sans
jalousie. AUSSI, dès qu une fillette a fait la connaissance de i amour,
elle éprouvé tout de suite les tortures de la jalousie, qui tantôt est
justifiee par 1 apparence, tantôt dénuée de tout fondement Cette
jalousie exige des revanches qui vont embrouiller de plus en plus la
situation, de sorte que la pièce n'est souvent qu'une suite de scènes
de jalousie avec leurs consequences inévitables (p.e. El Ausente en
el lugar, Qmen ama no haga fieros).
Dans ces scènes, querellant leurs amoureux, les jeunes jalouses
montrent une vivacité d esprit étonnante. Affectant l'indifférence ou
le mépris, elles savent très bien dire leurs vérités aux jeunes galants
infidèles, et elles finissent toujours par les confondre par leurs répli-
ques efficaces et mordantes. Rien n'est plus amusant que ces disputes,
dans lesquelles, bien entendu, la jeune fille a le dernier mot.
Un exemple frappant d une querelle d'amoureux se trouve dan=
Quien ama no haga fieros:
Dona Ana. iPensarâs que estoy ya muerta
Porque hablaste â dona Juana?
Don Félix. Y tû porque hablaste al Conde
iQue debo de estar sin aima?
Dona Ana. Si le hablé. sefial séria
Que tengo lengua.
Don Félix.nbsp;No habla
Quien no la tiene, y â mi
No pienso yo que me falta.
Dofia Ana. i Qué le dirias de amores !
Qué de enganosas palabras!
Qué de mentiras de hombres!
Don Félix.nbsp;La mentira, cosa es clara
Que nombre de mujer tiene.
Doîia Ana. La verdad es cosa llana
Que tambien tiene ese mismo.
Don Félix.nbsp;£ Estas contenta?
Doûa Ana.nbsp;Y pagada.
Don Félix.nbsp;En fin, gustas de perderme;
Pero tù diras que ganas.
Doîia Ana.nbsp;d Qué pierdo si te be perdido?
Don Félix.nbsp;Tienes razon: poco 6 nada.
Dona Ana. ^Como sufres que al jardin
Lleve un galan â tu dama?
Don Félix.nbsp;Como es tan grande mi amor,
No be sentido que se vaya.
Pero tù icômo le dejas
Si, como pienso, le amas,
Que al jardin vaya con ella?
éNo ves que amor quiere guardas,
Y que de las ocasiones
Resultan cosas extrafïas?
Dofia Ana. Como es tan grande mi amor,
No he sentido que se vaya^).
1) Ed. cit., p. 4426 et c.
-ocr page 60-CHAPITRE VII
ETUDE DES PERSONNAGES
Belisa.
Tous les différents traits de caractère remarqués dans Fenisa,
Dona Ana, e.a., se retrouvent dans Belisa, la protagoniste de notre
pièce.
D'abord elle montre un manque total de respect envers sa mère
qu'elle domine entièrement. Ainsi que ses semblables des autres pièces^
elle sait trouver les paroles qui portent pour contraindre l'autre à
exécuter ses volontés. Un joli exemple de cet état d'esprit forment
les vers suivants, prononcés par Belisa:
Si en no darme gusto para,
en cosa que yo te pida,
el aborrecerme a mf
por querer a tu don luan,
presto tus ojos dirdn
si como don luan nacf. . .
Presto verâs si oy acabo
vida que tengo por ti,
si es mejor perderme a mi
que herrar la cara a vn esclauo.
(II. vs. 405-410; 415—418)
La veuve Lisarda
se montre une mère peu respectable et sa fille
la juge sévèrement. La jeune Belisa ne craint pas de lui dire ses vé-
rités et elle exprime ses sentiments d'une façon bien hardie, sans
rien farder. Les endechas du troisième acte (vs. 859 et seq.) indiquent
clairement l'attitude prise par la fille en face de la mère: la vieille
dame a à essuyer de bien durs reproches.
Cependant si Belisa mène tout au doigt et à l'oeil, ce n'est pas
-ocr page 61-guidée par le bon sens, ni par une volonté calme et réfléchie. Gâtée
par des parents riches et indulgents, elle a pris l'habitude de faire
triompher sa volonté par des caprices et des boutades saugrenus.
Et voilà l'élément de caractère que ne possède aucune autre jeune
fille dans le théâtre de Lope: celui de la capriciosité affectée et exagé-
rée. Tandis que des fillettes, telles que Fenisa, Doîïa Ana etc., at-
teignent le but voulu par toutes sortes d'inventions subtiles, par
des ruses et des tromperies, Belisa exerce un pouvoir absolu par ses
seuls caprices. Et elle en a de bien bizarres! On n'a qu'à lire les en-
dechas qui commencent le deuxième acte pour être convaincu de la
singularité de son caractère. C'est que Lope a, intentionnellement,
chargé le rôle de Belisa, il a accumulé les exemples de cette nature
,,melindrosaquot;, sans en vérifier la vraisemblance, dans le seul but
de dessiner un personnage extraordinaire et de faire rire son public.
Mais Lope ne serait pas Lope, s'il n'avait pas fait de cette charge
même un être féminin vivant et spirituel. Belisa donc est ,,melindrosaquot;,
c'est-à-dire elle montre des caprices inexpliquables, non seulement
dans les faits et gestes de la vie quotidienne, mais surtout, et c'est
là l'affaire principale de la vie de toutes ces jeunes Espagnoles créées
par Lope, dans le choix d'un mari,
que es cuidado
que nace con las mujeres
Belisa a atteint l'âge nubile, elle a donc 14 ou tout au plus 15 ans.
On mariait même les fillettes encore plus jeunes: Dona Marta de
Nevares reçut comme époux Roque Hernandez à l'âge de treize
ans 2); dans El Celoso extremeno de Cervantes, le vieillard Carrizales
épouse Leonora, une fillette de 13 à 14 ans 3).
La jeune Leonarda de Amar sin saber a quién,
1)nbsp;El Mejor alcalde, el rey, ed. por J. Gômez Ocerin y R. M. Tenreiro. Clâsicos
Castellanos, Madrid 19:U, vs. 369—370.
2)nbsp;Rennert y Castro, Vida de Lope de Vega, op. cit., p. 243.
3)nbsp;Il est curieux de remarquer que Cervantes avait écrit d'abord, selon le ms.
du Ldo. Porras de la Câmara (1606?), „ . . . una donceUa al pareccr de hasta
trece anos, . . .quot;, phrase qu'il a changée dans le texte définitif en:..... una
doncella al parccer de edad de trece â catorce anosquot;. Est-ce que même Cer-
vantes aurait trouvé l'âge de ,,hasta trece anosquot; trop jeune pour le mariage?
(voir Francisco Rodriguez Marin, El Loaysa de „El Celoso cxtremehoquot;, estudio
histôrico-literario, Sevilla 1901, p. 37.)
Ni aun quince no tiene enteros^).
D'après le „graciosoquot; de la pièce, c'est là le moment le plus doux
et le plus propice à l'amour:
Si es asl,
puesto que decir oi
que ninas huelen al nido,
la sazôn estas gozando
mâs dulce para querer.
Ni debe de ser mujer
de tu amigo don Fernando;
que de quince anos, no fuera
casada y libre 2).
Enfin, dans Por el sôtano y el torno, pièce de Tirso de Molina, Dofia
Jusepa, s'écrie:
Pretendiéndome casar
Con quien no puede ser padre.
Es desatino terrible.
Cuanto mas lo considero,
Mas me aflijo y desespero.
jYo en el abril apacible
De quince anos, con setenta!^).
En général ce sont les parents qui cherchent leur gendre et marient
leur fiUe, bon gré mal gré, selon leur choix. Il est donc temps de
chercher un mari a Belisa et c'est pourquoi l'oncle Tiberio conseille
à la mère Lisarda de prendre soin du mariage:
icômo vas tan descuidada
en que se casse Belisa,
pues que ya su edad te auisa
y el ser de mil conquistada?
(I, vs. 49—52)
1)nbsp;Ed. de M. Camille Pitollet dans Les classiques pour tous Paris s d vs 9'gt;9
2)nbsp;Ibid., vs. 1099—1107.nbsp;'
3)nbsp;Bib. de Autores Esp., V. op. cit., p. 235amp;.
-ocr page 63-Cependant ce n'est pas là l'avis de Belisa, qui a la coutume d'en
faire à sa tête et qui n'est pas fille à dire, comme Dona Madalena
dans la pièce de Tirso de Molina, El Verganzoso en Palacio:
Mi voluntad es de cera;
vuexcelencia en ella imprima
el sello que mâs le cuadre,
porque en mi solo ha de haber
callar con obedecer^).
D'abord elle montre une aversion, soit réelle, soit affectée, des
hommes, qu'elle ridiculise d'une façon mordante. Puis son esprit
de contradiction de fillette, qui n'aime à faire que l'opposé de ce
qu'on exige d'elle, la stimule naturellement à refuser chaque préten-
dant que lui proposent sa mère ou son oncle. Aussi ses refus ne sont-ils
pas basés sur la réflexion, ni sur des raisons indiquant un esprit sain,
un coeur élevé, une âme généreuse. La jeune fille gâtée et capricieuse
ne possède aucune de ces belles qualités: pour éconduire ses mal-
heureux prétendants, elle ne sait alléguer que des prétextes puériles
et absurdes:
Burla y risa
haze del mâs galân, del mâs bizarro.
(I, vs. 357—358)
Afin de mieux faire sentir, combien ce caractère difficile et étrange
diffère d'un caractère noble et exquis, le critique Klein 2) oppose
celle qu'il appellera plus loin hystérique, à l'héroïne admirable de la
pièce de Shakespeare, Portia dans le Merchant of Venice. Il existe,
en effet, une certaine analogie de situation entre la scène II du premier
acte de cette pièce, et le premier acte de Los Melindres de Belisa.
Ainsi que BeUsa, Portia se fait énumérer les prétendants, qu'elle
refuse et qu'elle juge. On peut même rapprocher la phrase que Portia
dit en soupirant: ,,I had rather be married to a Death's-head with a
bone in his mouth than to either of thesequot;, avec la boutade de Belisa:
1)nbsp;Tirso de Molina I, 2a ed. por Américo Castro, Clâsicos castellanos, Madrid
1922, Acto I vs. 938—942, pp. 59—00.
2)nbsp;Geschichte des Spanischen Drama's, op. cit., p. 259.
-ocr page 64-Quando yo fuera mujer
espiritual y santa,
y para venzer la came,
gran enemigo del alma,
quisiera vna calabera
tener de noche en la cama,
lindamente me venfa
vn ombre al lado con calba,
(I, vs. 203—210)
Cependant, bien loin de motiver ses refus par des arguments ridi-
cules et forcés, Portia donne l'impression que les galants éconduits
sont vraiment indignes d elle.
Du reste, il n'est pas nécessaire d'aller chercher dans Shakespeare
une jeune personne opposée à Belisa: Lope lui-même en a dessine^une,
et admirablement, c-a-d. Dona Maria, l'héroïne de La Moza de cdn-
taro, pièce que 1 auteur a composée vers la fin de sa vie en 1631 ou
1632. Cette jeune fille figurera plus tard parmi les nobles femmes
vertueuses mais au debut de la pièce elle se trouve dans une situation
assez semblable a celle de Behsa. Heureuse, contente de sa vie de
jeune fille, aimant profondement son père, elle dédaigne les galants
qui s'empressent autour d'elle et se soucie peu de l'amour qu'elle
n'a jamais éprouvé. Comme Portia, elle s'écrie-
Todos me parecen mal i),
et elle a raison: aucun de ces hommes n'est digne d'elle, et elle préfère
rester chez son vieux pere, plutôt que de faire un mauvais mariage:
Luisa.nbsp;iQué has de hacer,
Si todos como éstos son?
Dona Maria. Est arme sola en mi casa.
Venga de Flandes mi hermano.
Pues siendo tan rico. en vano
Penas inutiles pasa.
Câsese. y déjeme â ml
Mi padre; que yo no veo
Dônde aplique mi deseo
De cuantos andan aquf.
Codiciosos de su hacienda;
1) 2e éd. de Madison Stathers, New York 1913, vs. 26.nbsp;~
-ocr page 65-Que, si va d decir verdad,
No quiere mi vanidad
Que cosa indigna le ofenda.
Naci con esta arrogancia.
No me puedo sujetar,
Si es sujetarse el casar
Elle juge sévèrement les jeunes gens qui la prétendent, parce qu'elle
leur est supérieure.
Rien de tel, cependant, pour Belisa: elle aussi s'écrie:
nadie me agrada
(I, vs. 198),
mais ses boutades proviennent de la vanité et de l'inconstance d'hu-
meur d'une fillette aux lubies désordonnées.
C'est ce qui a porté les critiques allemands à appliquer à la création
de Lope le qualificatif de ,,hystériquequot;. Il est bien entendu que
ce mot est pris ici dans une acception très large et populaire, car le
sens strictement scientifique s'accorderait mal avec le caractère de
Belisa, déséquilibré, il est vrai, et différant du type normal, mais
aucunement maladif. Il faut se rendre compte qu'il s'agit ici d'une
jeune fille de 14 à 15 ans qui, quoiqu' Espagnole, n'a point encore
atteint son plein développement physique et psychique. Et souvent
des phénomènes de la puberté, même normale, se confondent avec
les symptômes de l'hystérie -), d'autant plus quand on a affaire à
une constitution légèrement psychopathique comme celle-ci. Belisa
diffère de ses congénères, elle n'a pas été formée dans le moule que
Lope employait pour des fillettes telles que Fenisa et Dofia Ana,
et l'on aimerait à croire que Lope eût dessiné ici une petite personne
à l'âge difficile de l'adolescence, dont tous les traits d'humeur fantas-
ques et saugrenus fussent des caprices véritables, observés par l'au-
teur dans une jeune fille réelle. Malheureusement il n'en est rien:
Belisa n'a pas été peinte d'après un modèle vivant.
C'est que le type de la „melindrosaquot; était un type littéraire avec
ses caractéristiques définies, ainsi que p.e. celui de l'avare, de la
,,beataquot;, du „boboquot;, etc. Surtout les ,,entremesesquot; mettaient en scène
des histoires dans lesquelles ces personnages déroulaient toute la
1)nbsp;Ibid., vs. 59—75.
2)nbsp;Dr. Theodor Heller, Über Psychologie und Psychopathologie des Jugendlichen,
Wien 1927, p. 36.
série de leurs particularités grotesques et traditionnelles. Par con-
séquent, il n'est pas bien hardi d'admettre que tous les caprices bizarres,
que Lope attribue à sa protagoniste, trouvent leur origine dans ces
petites pièces burlesques et populaires. En effet, il existe un „en-
tremésquot; de Quinones de Benavente, intitulé Entremés famoso de la
Melùidrosa qui, quoiqu' assez insignifiant en soi, prouve qu'un des
caprices de Belisa, en tout cas, appartenait à un fonds commun i).
Cette courte pièce contient ce passage, remarquable par sa ressem-
blance avec le premier caprice que montre Belisa dès son entrée
en scène:
Vejete. jHola!, el aceitero pasa;
llamadle, que es dfa de viernes.
Gar[tdla]. Rota y manchada: jay, que ansia!
Vejete.nbsp;iDe nombrar el aceitero
te has manchado? 2)
Un autre des „melindresquot; de Belisa mérite encore une attention
spéciale, c'est celui dont parie la mère Lisarda en reprochant à sa
fille:
tù con hazer melindritos,
comiendo yesso y barritos,
siempre opilada y sangrada.
(III, vs. 840—842)
Elle fait ici allusion à une mauvaise habitude fort répandue en
ces temps-là, celle de manger de l'argile, ou comme le dit Mme d'Aul-
noy, ,,de la terre sigeléequot;^).
Commentant un passage du Quijote, M. Rodriguez Marin a pris
la peine de recueillir un grand nombre d'exemples puisés dans diffé-
rents ouvrages contemporains, qui illustrent bien l'universalité de
ce vice de manger: „tierra, yeso. carbon y otras cosas peores. aun
asquerosas para mirarse, cuanto mâs para comersequot;, selon les paroles
de Cervantes*). Le critique éminent y ajoute cette observation:
1)nbsp;Il existe encore un entremés de ce nom de Don Juan Vêlez de Guevara, dont
le manuscrit, déposé à la Biblioteca Nacional, attend encore sqn éditeur'. Voir
Colecciôn de Entremeses, ordenada por Don Emilie Cotarelo y Mori tomo I
Madrid 1911, p. CIXa, note 1.nbsp;'nbsp;'
2)nbsp;Colecciôn de Entremeses, éd. cit., tomo II, p. 799a.
3)nbsp;Relation du voyage en Espagne, éd. cit., p. 347.
4)nbsp;Ediciôn del Cenienario, Madrid 1910, tomo lll, pp. 35_37
-ocr page 67-„Se refiere nuestro autor â las mujeres que, por histerismo, ô durante
el tiempo del embarazo, se aficionan â comer alguna de esas cosasquot;.
Le vice est si invétéré que Mme d'Aulnoy, parlant de ces femmes,
remarque plaisamment: „Souvent leur Confesseur ne leur impose
point d'autre Penitence, que d'être un jour sans en mangerquot; i). Les
jeunes filles surtout semblent avoir été affligées de cette habitude
dégoûtante. Dans El Acero de Madrid la jeune Belisa est crue malade
pour en avoir mangé:
Belisa, de haber comido
Deste barro portugués
Sospecho que esta opilada^).
Il va sans dire que ce vice a toujours été blâmé comme nuisible
à la santé et un auteur moralisateur tel que Zabaleta s'emporte avec
chaleur contre cette passion dangereuse et morbide. Dans son ouvrage
El dia de fiesta il peint une jeune demoiselle qui se rend coupable
de cette gourmandise odieuse et ce passage est bien intéressant à lire,
non seulement à cause de la profonde indignation du brave auteur,
mais encore parce que la force perfide de cette perversion de l'appétit
y est merveilleusement mise à nu. Zabaleta raconte qu'une dame
âgée avec sa fille, „una hija suya doncella opilada, tan sin color como
si no vivieraquot;, descendent de voiture pour rendre une visite. Après
les premières salutations, une des dames présentes regarde la jeune
fille et s'écrie: ,, jValgate Dios por muchacha, y cuàl estas! Ea, de
la misma manera estaba yo antes que me casaraquot;. En prenant place,
cette dame fait tomber par terre ,,un barro de Natânquot;, bibelot d'une
étagère. Cet objet ce casse et la jeune fille, remarquant les morceaux,
s'en empare furtivement et en met un dans la bouche. On entend
crisser le ,,barroquot; entre ses dents et elle est obligée de le cracher.
Une des dames fait alors cette observation: „Yo he tenido casi
hasta hoy ese vicio, pero con mâs disculpa, porque haci'a unas pastillas
de barro con azùcar y mucho almizcle; pero mi primo Dios le
guarde, me ha reîiido de manera que se me ha quitadoquot; D'après
ce passage, ce vice était donc propre aux jeunes filles et se passait
1)nbsp;Op. cit., p. 347.
2)nbsp;Voir l'annotation des mots barro de Alcorcamp;n, p.p. 225-226.
3)nbsp;Ed. cit., p. 23, vs. 299—300 et 303.
4)nbsp;Le mot „primoquot; pour „maridoquot; était fort à la mode à l'époque de Zabaleta.
5)nbsp;Op. cit., pp. 182—187.
-ocr page 68-après le mariage. Mais c'est avant tout à la „melindrosaquot; qu'on
attribue cette mauvaise habitude et Quinones de Benavente y fait
allusion dans son Entremés Lope n'a donc ajouté au dessin de sa
Belisa qu'un trait conventionnel qu'il a oublié de mentionner plus
tôt. Au lieu de citer ce „melindrequot; important parmi les autres que
Belisa elle-même énumère au commencement du 2e acte, l'auteur
n'en parle qu'en passant et tout a la fin de sa pièce.
Mais le point principal du rôle, tant pour l'auteur que pour le
public, ce sont les refus que Belisa fait essuyer à tant de prétendants,
refus non pas motivés par un sentiment de valeur propre, de dignité
personnelle, mais inspirés par un caprice du moment, par un désir
de contrarier ceux qui voudraient la marier, par une pruderie sotte
et affectée.
Ay mugeres yncasables,
que dan en ser tan curiosas,
que se las passan las vidas
en andar desbaneçidas
y a todo el mundo enfadosas.
Y tardando en escojer,
lo mejor suelen pasar,
y andan después a rogar.
(I, vs. 60—67)
Voilà la caractéristique de Belisa parfaitement formulée en quel-
ques vers! C'est ce dédain affecté des galants les plus distingués et
les plus riches, qui aura sa punition. A plusieurs reprises l'auteur
prend le soin d'expliquer aux spectateurs que tout ce qui arrive à
Belisa,
Castigo del cielo es,
(III, vs. 95)
parce que
Quien quantos hombres miraua
melindrosa despreciô,
con vn esclauo vengô
a quien ofendido estana.
(II, vs. 929—932)
1) Ed. cit., p. 799a.
50
-ocr page 69-Aussi nous nous inclinons à croire que, si Lope a voulu donner
dans sa pièce une leçon morale, ce n'est pas celle qu'ont pensé y
découvrir Baret et Klein i), mais bien plutôt un avertissement à la
jeunesse féminine de ne pas être trop difficile dans le choix d'un mari
pour ne pas ressembler à Belisa et pour éviter le sort d'avoir à se
contenter d'un „malotruquot;, comme la fille qui sera dépeinte par La-
fontaine Belisa, qui a exercé jusque-là un pouvoir absolu sur les
siens, a été prise à dépourvu par l'amour, un amour espagnol, violent,
qui la domine entièrement et ne lui laisse aucun repos:
Ni duermo ni como,
ni sé qué se traen
estos pensamientos
y dificultades.
(II, vs. 215—218)
Elle s'efforce d'exprimer ce qu'elle sent:
Vn no sé qué
que me da en el coraçôn
con vna cierta passion,
que se siente y no se vee.
Tengo en él vn arador
que me escarua y haze mal,
como vn granito de sal,
y aun sospecho que es menor.
(III, vs. 205—212)
et plus loin:
Ponenseme vnas cositas
en los ojos tamafiitas,
que apenas el sol las ve;
y éstas se me entran por ellos,
y con dulce alteraciôn
pellizcan el coraçôn.
(III, vs. 290—295)
1)nbsp;Voir notre chapitre sur les critiques, pp. 11 et 12.
2)nbsp;Fables VU, 5.
-ocr page 70-Cette définition fait penser à celle que donne la Belisa de El Acero
de Madrid:
Aquf, sgbre el corazôn,
Se me ponen unas cosas,
Que me quitan enfadosas
La vital respiraciôn
Son amour est aussi irrésistible, aussi impérieux que celui de ses
soeurs Fenisa et Dona Ana, elle aussi sentira le besoin de s'approcher
de celui qu'elle aime et de lui arranger des tête-à-tête. Mais elle
^souffrira d'un sentiment que les autres ne connaissent pas: celui
de la honte. Cette petite âme, déjà un peu déséquilibrée, va sentir
la lutte entre l'amour et la honte d'aimer un être méprisable (II, vs.
1—274).
Une autre pièce de Lope dépeint encore une fois cette lutte: El Perro
del hortelano montre la comtesse Diana éprise de son secrétaire Teodoro
et n'osant pas se l'avouer:
jVàlame Dios!
iTù quieres?
iNo soy mujer?
i Quién es?
La vergiienza me acobarda,
Que de mi propio valor
Tengo: no diré su nombre;
Basta que sepas que es hombre
Que puede infamar mi honor.
iQué ofensa te puede hacer
Querer hombre, sea quien fuere?
Quien quiere, puede, si quiere,
Como quiso, aborrecer.
Esto es lo mejor: yo quiero
No querer.
iPodras?
Podré;
Que si cuando quise amé,
No amar en queriendo espero^).
Anarda.
Diana.
Anarda.
Diana.
Anarda.
Diana.
Anarda.
Diana.
1)nbsp;Ed. Pilade Mazzei, Firenze 1929, p. 26, vs. 351—354.
2)nbsp;Bib. de Autores Esp., XXIV, p. 3516.
-ocr page 71-Comme sa jalousie ne souffre pas que Teodoro appartienne à une
autre femme, elle le tourmente de toutes les façons, jusqu'à lui donner
des soufflets, pour le caresser après.
Belisa agira de la même manière: acculée par l'impossibilité de
satisfaire à son amour, elle, qui jusque-là n'a jamais été contrecarrée
dans ses moindres désirs, elle sera poussée à des excès de cruauté:
elle fait marquer les esclaves au visage, elle met le carcan au cou de
son bien-aimé, voire elle veut faire ,,pringarquot; sa rivale. Après avoir
ordonné ces punitions barbares, elle sera saisie de pitié et de tendresse
en revoyant son esclave, mais pour sa rivale elle restera impitoyable,
car, véritable Espagnole aux sentiments violents, elle connaîtra,
avec l'amour, la jalousie, les ,,celosquot;.
Comme tant d'autres amoureux du théâtre de Lope, elle doit
s'avouer:
No han hecho salsa los cielos
de amor como celos, Flora.
(Il, vs. 265—266)
Ne sachant comment s'approcher de l'homme aimé (c'est Flora
qui lui donne des conseils: II, vs. 252 et seq., II, vs. 849 et seq.), elle
a recours à ses ,,melindresquot; habituels, mais tout en ressemblant à
ceux que son ancienne pruderie inventait, ils produisent maintenant
un effet tout opposé.
Auparavant, rien qu'à entendre prononcer le nom d'un médecin
de ses prétendants, elle feignit un accès de fièvre:
Con médico sienpre en casa
pensaré que estoy enferma.
Frio me da de quartanas,
tienblo; ti, ti, ti. ; Jesùs!
jOla, llébame a la cama!
(I, vs. 306—310)
Maintenant c'est pour être prisé dans les bras d'un homme, qu'elle
feint un évanouissement:
i Jesùs, ay Jesùs!
Flo.nbsp;(iQué fué?
Bel.nbsp;Picôme vn mosquito vn dedo,
y como si fuera vn rayo
toda me muero y desmayo.
(II, vs. 852—855)
-ocr page 72-Il y a peu de temps, lorsque sa mère lu'quot; proposa comme mari
a don Luis, mozo y galân,
cuyos pechos esmaltaua
vn lagarto de Santiago,
elle s'écria, simulant une grande frayeur:
jCalla, madré, que me espantas!
ïNo dizen que las mugeres
a sus maridos abrazan?
Con vn lagarto en el pecho,
en mi vida le abrazara.
Bastaua la semejanza
para matarme de miedo.
ijesùs!
(I, vs. 253—266)
A présent elle fait de son mieux pour être touchée par l'esclave
aimé et elle confesse ingénument le plaisir qu'elle a éprouvé à se
sentir portée par lui:
y yo, llegada a su pecho,
yua como quien le adora,
dando rienda al pensamiento,
ya tocdndole la mano,
ya llegando el rostro al cuello,
como que el mismo desmayo
era destas cosas dueno.
(II, vs. 946—952)
Elle continue, racontant comment sa rivale est entrée et a fait
une scène de jalousie à son bien-aimé, et pendant tout ce temps
Yo ténia entre sus braços
el cuerpo, pero en el suelo
los pies; y aunque me pesaua
de ver de los dos los zelos,
agradecfa mi agrauio;
y por estar en su pecho
rogaua Dios que durassen
los enojos que me dieron.
(II. vs. 957—964)
-ocr page 73-Enfin, le ,,graciosoquot; Carrillo résume très bien la situation dans
laquelle se trouve sa maîtresse, disant:
En estando desmayada,
le han de llamar o morirse.
Y esto viene a resumirse
en que la nina alcorçada
toma la mano al esclauo,
que dize que el coraçôn
siente sossiego en razôn
de las vnas.
Mas ino miras lo que ha hecho
ésta a quien la fénix rara
vrraca le parecia,
y el mâs galân, sayagués?
(III, vs. 65—94)
C'est lui qui prononce la sentence qui contient tout le développe-
ment du rôle de Belisa:
que no ay eleciôn mâs fea
que en la muger melindrosa.
(III, vs 97—98)
Comme excuse de cet amour si violent, on pourrait alléguer que
l'esclave méprisable est au fond un gentilhomme distingué, à la
mine noble et aux manières courtoises:
Felisardo es tan galân
que en qualquier traje enamora.
(II, vs. 723—724)
Lope a donc affaibli sa propre thèse, car d'après le principe de ,,la
fuerza de la sangrequot;, auquel on croyait fermement à son époque,
le gentilhomme se révèle toujours comme tel, en toute circonstance
et en tout déguisement; aussi les cas sont-ils nombreux, où l'amour
devient permis, dès que l'origine noble du personnage aimé se dé-
couvre.
Il nous reste encore à éclaircir un autre côté du caractère de notre
„melindrosaquot;.
Ce mot ,,melindrosaquot; a été interprété de différentes façons par
les traducteurs et les critiques, et selon la nuance que ceux-ci ont
cru à propos de relever l'adjectif n'a pas seulement la signification
de „prude et de „affecteequot;, mais encore celle de „délicatequot; de
„capricieusequot; de „minaudièrequot;. Toutes ces nuances s'appliquent
au caractere dessine par Lope et l'ensemble de ces interprétations
compose assez bien ce qu exprime l'adjectif espagnol. Pourtant il y a
une nuance eplement prêteé à notre protagoniste, qui ne lui va
aucunement, c est ce le de .précieuse'', dans l'acception que possède
ce mot depuis le XVIIe siècle en France
Fitzmaurice-Kelly ^ a fait la suggestion, que M. Depta a
repnse^). de rapprocher Los Mehndres de Belisa de la comédie de
Mohere. Les Femmes savantes. Mais il est fort audacieux d'établir
une parente entre ces deux pièces, et il nous semble peu probable
que le role d Armande puisse s'appuyer sur celui de Belisa. Ces jeunes
personnes n ont qu un tout petit point de contact, c'est leur attitude
prude et poseuse vis-à-vis des hommes; pour ce qui est du reste, ni
eurs façons d agir, de parler, de penser, ni leur part à l'action de
la piece, ne concordent.nbsp;^
Belisa. petite Espagnole irréfléchie et spontanée, n'a aucune res-
semblance avec la froide et raisonneuse Armande. Celle-ci trouve
bien plutôt son prototype dans un personnage d'une pièce de Cal-
deron. No hay hurlas can el amor.nbsp;F v-c c
Il est curieux de remarquer que Calderôn lui-même comnire nn
début de sa pièce 3). sa Beatriz à la Belisa Hp tT ^f^Pquot;quot;'®
1. 1 j 1 1- , „ ^ -Deiisa de Lope, citee comme
exemple de la mehndrosaquot; Ce qui frappe pourtan tout d'abord
a la lecture des deux pieces, c est la grande différence qui existe dlns
le style et le langap qu'emploient les deux demoisellL en question.
Beatnz, une culta manierée. a pris la pose de détester les hommes
et le mariage et s applique uniquement à cultiver son esprit. Imitant
la mode de son temps, cette „femme savantequot; affectionne les phrases
obscures e alambiquees. les mots incompréhensibles, le styk ar^
poule, et cest el e qui peut être considérée comme un bon exemple
de la ..precieuse . Pour Belisa. c'est tout le contraire: son langage
reste simple et naturel ses phrases sont faciles à suivre, son choix
de mots n a nen de recherche. Quelqu'affectée que puisse être BeUsa,
quelqu extravagantes que puissent être ses idées, eUe ne s'exprimera
jamais comme Beatnz qui, pour reprocher à sa soeur d'avoir une
amourette, se sert p.e. de cette phrase:
2)nbsp;Lope de Vega, op. cit., p. 255.
3)nbsp;Ed. cit., p. 99a.
-ocr page 75-No te apropincues à mi';
Que empanarâs el candor
De mi castisimo bulto,
Ynbsp;profanarâs el culto
De las aras de mi honor;
Porque muger, que fió
Del caos de la sombra fria,
Ynbsp;en descredito del dia
Nocturno amor aceptó.
No mirar consigo atenta
Mi semblante d voz profana.
Pues vfbora sera humana,
Que con su inficion se alienta
Bien loin d'être savantes, les paroles qu'emploie Belisa nous sem-
blent aujourd'hui trop hardies dans la bouche d'une jeune fille. En
lisant p.e. les reproches qu'elle ose faire à sa mère et la tournure
qu'elle y donne, le lecteur actuel hoche la tête et pense à la phrase
de Menéndez y Pelayo: ,,Cada época tiene sus gustos, y no hay cosa
mâs variable que el buen tono social y cortesanoquot; -).
A deux reprises Belisa se sert des vers destinés aux lamentations,
c'-à-d. des endechas, qu'emploie également la Belisa de El Acero
de Madrid, quand elle confesse sa faute commise ='). C'est avec raison
que M. Vossler a attiré l'attention sur l'accord qu'il y a entre ces
courts vers six-syllabiques et l'humeur capricieuse de celle qui parle.
Si le style est l'homme, le langage employé par les héroïnes de Lope
et de Calderón indique donc deux caractères de ,,melindrosaquot; entière-
ment divergents: la Beatriz de Calderón, froide, précieuse, raisonne;
Belisa, vive, spontanée, obéit à ses impulsions sans réfléchir et prouve
par là qu'elle est une véritable fille de Lope.
Lisarda.
En parlant du rôle de la mère dans le théâtre de Lope, M. Schevill
fait la remarque que ce rôle était plutôt celui d'une ,,duenaquot; que
celui d'une mère digne de ce nom. Prenant le cas de Lisarda, l'éminent
critique américain s'exclame: ,,Est-ce là la gentille mère réservée
de la société espagnole?quot;
1)nbsp;Ed. cit., p. lOla.
2)nbsp;Antologia de poetas Uricos castellanos, Madrid 1893, tomo IV, p. XCI.
3)nbsp;Ed. cit., pp. 120—123, vs. 2264—2375.
4)nbsp;Lope de Vega und sein Zeitalter, op. cit., p. 273.
5)nbsp;The dramatic art of Lope de Vega, op. cit., p. 17.
-ocr page 76-En effet, Lisarda, au début de la pièce une veuve retirée et respec-
table, ne possède aucun sentiment de dignité personnelle, de respon-
sabilité envers ses enfants. Elle commence par montrer son aversion
d'un second mariage, quoiqu'elle soit encore en âge d'y penser. S'il
fallait croire au pied de la lettre les paroles de sa fille:
al seys y al siete,
os ha entrado el as,
(III, vs. 871—873)
Lisarda aurait 55 ans ce qui serait en contradiction avec l'asser-
tion de Tiberio:
que bien moza bas enbiudado,
(I, vs. 34)
et avec les propres paroles de Lisarda:
Quiero, pues que moça soy,
tener quien mire por ml.
(III, vs. 855—856)
En tout cas, la veuve pense au mariage, malgré son costume de
deuil, auquel Belisa fait allusion en lui reprochant:
trocâys las edades,
y soys lo que fuy,
por trocar en galas
la toca y mongil
(III, vs. 875—878)
Cervantes a décrit ce costume dans un passage du Quijote: ,,. . .
doce dueiïas, repartidas en dos hileras, todas vestidas de unos mon-
jiles anchos, al parecer, de anascote batanado, con unas tocas blancas
de delgado canequf, tan luengas, que solo el ribete del monjil des-
cubrfanquot;. M. Rodriguez Marin, annotant ce passage, explique que:
,,Las viudas llevaban tocas blancas en el tiempo de Cervantes, â
diferencia de las casadas, que las usaban negrasquot; 2).
Cette veuve, portant encore le deuil de son mari, finira par se
1)nbsp;Voir la note sur ces vers, p.
2)nbsp;Ediciôn del Cenienario, tomo V, pp. 271—272 et note.
-ocr page 77-couvrir de ridicule et par être la risée du public, ainsi que les deux
mères de La Discreta enamorada et de Quien ama no haga fieros.
Toutes les trois commettent la même faute: elles s'éprennent du bien-
aimé de leurs filles et désirent épouser cet homme de beaucoup plus
jeune qu'elles, puisque
Hay unas viejas, en quien
no envejece el apetito,
que darân por un mocito . . .
Cependant le cas des mères de ces deux dernières pièces est plus
excusable que celui de Lisarda: la passion de l'une est éveillée par
une ruse de sa fille, celle de l'autre par une déclaration ouverte du
jeune homme, tandis que Lisarda, que Lope malicieusement fait
dire à sa fille ,,melindrosaquot;:
No sé a quién te has pareçido,
que yo no fui melindrosa,
(I, vs. 522—523)
non seulement s'enflamme d'un amour violent pour un jeune esclave,
mais encore elle s'efforce d'obtenir le mariage par une comédie infâme.
Dans La Discreta enamorada, la mère Belisa, à qui la fille a suggéré
l'idée d'un mariage, tombe amoureux vers la fin du 2e acte:
Fenisa. Aparté d su madré.
El papel que te dije, no es vestidos, | |
Ni me le diô Bernardo. | |
Belisa. |
i Qué me cuentas? |
Fenisa. |
Lucindo me le diô. |
Belisa. |
Pues iqué te escribe? |
Fenisa. |
Una cosa que d risa ha de moverte. |
Belisa. |
No me tengas suspensa. |
Fenisa. |
Al fin, me dice |
Que se quiere casar. | |
Belisa. |
iCon quién? |
Fenisa. |
Contigo. |
Belisa. |
•jConmigo! i Qué me cuentas? |
Fenisa. |
Lo que pasa . |
1)nbsp;Amar sin saber a quién, éd. cit., vs. G27—629.
2)nbsp;Acad., XIV, p. 420amp;.
-ocr page 78-Ensuite, restée seule, Belisa continue:
Belisa. Aparté.
j Que me cogiô â descuido ! Mas no importa;
Ponerme quiero menos largas tocas;
Consultaré el espejo. iAy, mi Lucindo!
Si tù me quieres, cuanto soy te rindo
La veuve Flora, dans Quien ama no haga fieros, confesse l'amour
qu'elle éprouve pour son soi-disant neveu Don Félix, au milieu du
3e acte seulement, après la déclaration de ce jeune homme, qui veut
se venger sur sa fiancée Dofia Ana:
Don Félix. Câsese dona Ana, es justo;
Quiero casarme contigo;
Porque tus prendas son tantas.
Tan claro tu entendimiento,
Ynbsp;tu nobleza tan clara,
Que no habrâ quien no me estime
Por prudente; que mi casa
Ha menester tu gobierno ... 2)
Elle veut se persuader de la nécessité d'un second mariage et
tâche de le justifier aux yeux de sa fille:
Flora.nbsp;Por mi bien le aborreciste,
Ana, y al Conde miraste,
Pues para ti padre hallaste,
Ynbsp;â ml marido me diste.
Ya estamos los dos casados,
Que él me tiene voluntad;
Ynbsp;no es, hija, liviandad,
Sino partir los cuidados
Del gobierno de la casa,
Ynbsp;que asista un hombre en ella,
Porque sin él la atropella
Cualquiera viento que pasa.
iQué picaro no se atreve
A una vïuda asi sola,
1)nbsp;Ibid., p. 421a.
2)nbsp;Bib. de Autores Esp., XXIV, p. 4496.
60
Pues por mas que se acrisola,
No cumple con lo que debe?
Tengo pleitos; es forzoso
Un hombre que entienda en ellos.
Dona Ana. iSaldrâs fâcilmente dellos,
Si los gobiema tu esposo?
Flora.nbsp;Son cosas muy fastidiosas
Estas deudas de tu padre.
Hombre importa
Lisarda va plus vite en besogne: dès le début du 2e acte elle avoue
l'intérêt qu'elle prend au bel esclave:
iQué pensamientos son éstos,
que de vn esclauo me han dado?
Ni es decente mi cuidado,
ni ellos parecen honestos.
Agrddame con estremo
su talle, su lengua y cara.
iQué liuiandad! jAmor, para,
tente! Que perderme temo.
(II, vs. 375—382)
Elle aussi s'efforce de démontrer l'utilité d'un second mariage
en alléguant les difficultés que lui procurent ses enfants, et sa con-
clusion finale est:
Quiero, pues que moça soy,
tener quien mire por mf:
hazienda tengo.
(III, vs. 855—858)
Mais sa conduite est plus indigne que celle des deux autres veuves
par la façon peu estimaWe dont elle procède pour obtenir son mariage.
Dans la scène finale, pourtant, elle est accablée de moins de ridicule
que la veuve Flora, parce que sa fille sera dupe avec elle, tandis que
Flora est seule à essuyer les railleries du ,,graciosoquot; de la pièce.
Voyant la mère dépouillée de son costume de deuil et vêtue en épou-
sée, Gaston s'écrie:
1) Ibid., p. 449c.
-ocr page 80-Flora ha dejado las tocas,
Ynbsp;viene con lechuguillas.
No dudes que, à venir sola,
Temo para ml que fuera
La mas hermosa de todas
Après cette lapalissade, il termine la pièce par la moquerie sui-
vante:
Vuesamerced se desnude
Las lechuguillas de novia.
Pues ya no se hace el partido
Como juego de pelota,
Ynbsp;dénme por novia â Inès 2).
La conduite de ces trois dames indique clairement l'attitude prise
par Lope vis-à-vis du problème: le mariage d'une femme âgée avec
un jeune homme. Il désapprouve ce ,,matrimonio désignaiquot;, comme
son contemporain Cervantes a désapprouvé celui d'un vieillard avec
une toute jeune fille, p.e. dans sa Novela ejemplar, El Celoso extre-
meno.
Don Juan.
Le fils Don Juan est le type du jeune galant, dépensier et impulsif.
Dès qu'il voit une jolie fille, il en tombe amoureux et désire la pos-
séder à tout prix. Si elle est esclave, si elle s'oppose à son amour,
tant pis . . . il l'épousera malgré tous les obstacles et tous les pré-
jugés. Sa passion lui fera oublier tout, il se montrera un jeune écer-
velé, manquant de respect envers sa mère et son oncle (II, vs. 1085—
1089; III, vs. 475—476).
Dans sa passion et sa fureur il prononce sur sa mère des paroles
bien peu convenantes dans la bouche d'un fils (II, vs. 672—674-
III, vs. 443).
Ce jeune homme est étudiant, il fait donc partie de ce corps d'élite
intellectuel qui regarde de haut en bas les ,,ingeniös legosquot;, et qui
s'arroge le droit de porter le titre de l'aristocratie, celui de Don
Les étudiants se divisaient alors, selon leur position sociale, en
deux groupes: celui des riches et celui des pauvres. Il va sans dire
que Don Juan est du nombre des premiers, qui se permettent une
1)nbsp;Ibid., p. 451c.
2)nbsp;Ibid., p. 452c.
3)nbsp;Ludwig Pfandl, Spanische Kultur und Sitte, op. cit., p. 50.
62
vie agréable et luxueuse, ,,una vida de estudiante sin hambre y sin
sarnaquot;, comme la définit le chien Berganza dans El Coloquio de los
perros de Cervantes Il peut se distinguer de ses camarades indi-
gents par le costume, et porter le ,,manteoquot; et le ,,bonetequot;, tandis
que les autres se contentent de la ,,capaquot; et de la „gorraquot;
Pour ces étudiants de luxe, l'étude devient naturellement une
circonstance accessoire, dont ils se soucient fort peu. Aussi un étu-
diant plus aîné, consulté par un ,,nouveauquot; sur la meilleure façon
de se conduire dans la vie qu'il va commencer, daigne-t-il donner
le conseil suivant: ,,En los estudios entrareis blandamente: que con
menos riesgo de salud se consigne lo que se va adquiriendo con medios
proporcionados y suaues. Pareceme bastara al dia vna hora de libros:
las demas consagrareis al solaz, a la conuersacion. Es forçoso jugar
vn poquito: ... No es possible escusar las rondas; porque fuera de
ser las horas de la noche dispuestas para gozar las galas que se pro-
hiben en las de dia, se ofrecen varias ocasiones de recreo y delecta-
cionquot; 3).
Don Juan, en effet, s'est merveilleusement accomodé à cette vie:
il s'est perfectionné dans les jeux de cartes, car il emploie un terme
technique au bon milieu d'un sonnet (I, vs. 776—777); il suit fidèle-
ment le second précepte donné, car:
Ronda de noche vna dama,
(I. vs. 668)
et il a encouru la juste indignation de sa mère, qui s'écrie:
no piense que le toca su légitima
tan entera el villano; que en vn afio
me ha gastado en sus deudas, en sus galas
y en sus plazeres desonestos cinco,
icinco? y aun mâs de siete mil ducados.
(II, vs. 1080—1084)
Menant la vie élégante des jeunes Madrilènes, Don Juan n'est pas
matinal, il se lève même très tard, car:
1)nbsp;El Casamiento enganoso y El Coloquio de los perros, novelas ejemplares de
Miguel de Cervantes Saavedra, ediciôn critica por Agustin G. de Amezûa y
Mayo, Madrid 1912, p. 308.
2)nbsp;Ludwig Pfandl, op. cit., p. 50.
3)nbsp;Suarez de Figueroa, El Passagero, advertencias utilissimas a la vida humana,
Barcelona 1618, aliuio III, fol. 105 r° et v°.
Esta en la cama.
y no madruga don Juan.
Las doze le dan en ella.
los mâs di'as.
(I, vs. 667—671)
Les Madrilènes se sont, de tout temps, attiré le reproche de faire
la grasse matinée. Déjà Fray Luis de Leôn dit dans La Perfeda ca-
sada, ouvrage paru en 1583: ,,Y no contradize a esto el vso de las
personas que agora el mundo llama senores, cuyo principal cuydado
es biuir para el descanso y regalo del cuerpo, las quales guardan la
cama hasta las doze del diaquot; i). Au mois d'août de l'année 1599,
un baron allemand, Conrado de Bemelberg, mentionne la même
chose dans une lettre: ,,quien en Espana quiere negociar, mâs que
ordinaria paciencia ha de tener, pues a mediodi'a tienen costumbre
de levantarse, y después de levantados ir a la misa, acabada la cual
se meten a comer, y después de la comida, o a jugar o a dormir o
pasearse a caballo por las callesquot; 2). Dans les premières années du
XVIIe siècle, cette mauvaise habitude ne s'était pas améliorée;
notre pièce en est témoin et encore un passage du Passagero, dans
lequel l'auteur décrit les occupations des jeunes gens de son temps:
,,Ninguno ignora la ocupacion del que aora se tiene por mayor caua-
llero. Leuantarse tarde: oir, no se si diga por cumplimiento, vna
Missa, cursar en los mentideros de Palacio, ô puerta de Guadalaxara:
comer tarde, no perder comedia nueua. En sahendo, meterse en la
casa de juego, ô conuersacion: gastar casi toda la noche en la traue-
sura, en la matraca, en la sensualidadquot;
Néanmoins, Don Juan est fier d'être étudiant et il aime à étaler
ses connaissances. En même temps qu'il prend un air de gentilhomme
mondain, il aspire à être l'homme idéal de la Renaissance et de réunir
en une main „la plume et l'acierquot; (I, vs. 690—783). C'est lui qui,
par un certain maniérisme de langage, mériterait bien plus que sa
soeur Belisa le nom de ,,précieuxquot;. D'ailleurs le rôle de ce jeune
homme passionné et révolté fait un très bon pendant de celui de la
jeune fille autoritaire et éperdument amoureuse. L'amour de Don
1)nbsp;La Perfeda casada por el Maestro F. Luys de Leon, texto del siglo XVI,
reimpresiôn ... por Elizabeth Wallace, Chicago 1903, p. 44, 21_24.
2)nbsp;Lettre citée par M. Ramôn Menéndez Pidal dans Antologia de prosistas
espanoles, 5a éd., Madrid 1928, p. 174, note 1.
3)nbsp;Suarez de Figueroa, op. cit.. aliuio X, fol. 326 i°.
-ocr page 83-Juan pour l'esclave Zara contrebalance à merveille celui de Belisa
pour l'esclave Pedro.
Le gracioso.
Carrillo, le gracioso, remplit le rôle du philosophe qui commente
d'une façon burlesque les événements de la pièce et la conduite des
personnages. Il exprime volontiers ses opinions et ses critiques en
phrases sentencieuses, p.e.
Mas yo digo que el pedir
es el remedio de amor.
(I, vs. 720—721)
Nada se puede dezir
aquello que solo es viento:
los melindres viento son.
(III, vs. 40—42)
que no ay eleciôn mas fea
que en la muger melindrosa.
(III, vs. 97—98)
Ou bien il tâche de démontrer la folie humaine à l'aide d'exemples
concrets:
Car.nbsp;iCon esta luz no ves tu disparate?
luan.nbsp;Amor es luz.
Car.nbsp;Confiesso; pero mira
que esta hacha alumbra con aquesta cera
y se alimenta délia, y luego mira
que boluiendo su llama hazia la tierra,
la misma cera por quien ésta viue
es de quien muerte y confusion recibe.
Juan.nbsp;Philôsopho lacayo, jviue el cielo
que te corte las piemas! Ve delante.
Car.nbsp;I Qué luz podrd alumbrar vn ciego amante?
(III, vs. 801—810)
Comme tous ses confrères, Carrillo aime à placer son mot à l'oc-
currence, mais, semblable à eux, il n'est au fond qu'un lâche. Dans
la scène du 3e acte (vs. 359—402), quand il doit „pringarquot; la belle
5nbsp;65
-ocr page 84-et innocente esclave, il commence par la traiter de „perraquot; et de
,galgaquot;, mais il l'abandonne bien vite dès l'approche de Don Juan,
é't voyant son maître tirer l'épée, il s'enfuit à toutes jambes, tandis
qu'il crie à tue-tête:
jTiberio, Lisarda, Flora,
Belisa !
(III, vs. 421—422)
Au demeurant, il est le comique de la pièce, qui reçoit des soufflets
(II, vs. 597) et qui épouvante les autres personnages:
Q^ynbsp;Mucho te espantas de mi.
Tinbsp;ïNo quieres que espante vn loco?
(II, vs. 593—594)
et plus loin:
Bel.nbsp;Si yo,
Carrillo, huuiera mostrado
melindre viéndote a ti,
èqué sierpe mâs espantosa?
(II, vs. 1023—1026)
Cependant il faut noter que nulle part dans la pièce, Carrillo n'est
l'imitateur bouffon de son maître, comme le gracioso de tant d'autres
comédies de Lope (p.e. Esteban dans El Ausente en el lugar).
La soubrette.
Flora a le rôle de la confidente fidèle et rusée de sa maîtresse, eUe
est son „altera egoquot; et lui donne des conseils, quand Belisa se sent
au bout de ses melindres (II, vs. 252 et seq.] II, vs. 849 et seq.).
Mais elle reste un personnage secondaire, ne servant qu'à faire
ressortir les pensées et les actions saugrenues de Belisa.
Du reste, gracioso et soubrette répondent parfaitement à la défi-
nition donnée de ces figures par M. Adalbert Hâmel: „11 serait abso-
lument inexact d'attribuer au gracioso des opinions personnelles,
ou bien de le considérer comme un caractère propre dans le théâtre
espagnol. En tant qu'il ne sert pas au seul amusement du public,
il n'a pour but que de personnifier les réflexions de son maître et
d'exprimer, au fond, toujours le contraire de ce que celui-ci a en vue
et se propose de faire. Il fixe l'attention de son maître sur les suites
nuisibles de ses actions, il le console dans le malheur, le réconforte
dans le chagrin, et de la sorte il rend plus claire la discorde, l'irré-
solution dans l'âme des personnages principaux. Ce moyen technique
d'exprimer ainsi les pensées et les sentiments des héros à l'aide de
caractères opposés, au lieu de les fonder et de les approfondir psycho-
logiquement, est une particularité propre à la comédie espagnole,
et provenant entièrement du caractère du peuple espagnol. Ce sont
les deux âmes qui vivent au sein de chaque homme, ce sont l'idéalisme
et le réalisme qui, opposés l'un à l'autre, luttent pour avoir la domi-
nation. Les héros de la comédie n'obéissent pas à leurs conseillers,
le plus souvent; ils préfèrent se conformer à leurs propres désirs,
n'écoutant pas la voix de la raison, du bon sens humain, et la repous-
sant brusquement d'un mouvement hautainquot; i).
Les esclaves.
Les rôles des deux esclaves supposés occupent une large place
dans la pièce et leur importance l'emporte parfois sur celle des per-
sonnages principaux. C'est qu'à l'époque de Lope la présentation
d'esclaves sur la scène excitait un grand intérêt et les comédies de
Maures étaient très en vogue. Il va sans dire qu'au théâtre on idéali-
sait ces eclaves et ces Maures, et que la réalité n'était pas d'accord
avec les fictions scéniques. Cette réahté doit avoir été des plus tristes
pour les esclaves, tant Chrétiens que Mahométans.
Dans l'introduction de son édition de Los Tratos de Argel, comédie
de Cervantes, M. Pfandl a donné un excellent aperçu de ce qu'avaient
à endurer les Chrétiens captifs et esclaves des Turcs 2). On peut croire
aisément que de leur côté les Chrétiens agissaient de même en mal-
traitant leurs esclaves maures d'une façon, sinon pareille, en tout
cas fort semblable. Outre cela, les Espagnols contraignaient les
esclaves mahométans à se convertir au christianisme, ce qui donnait,
sans aucun doute, lieu à des actes de cruauté et de violence.
M. Altamira nous informe dans son Histoire d'Espagne, qu'au
16e et au 17e siècles les esclaves pouvaient être des chrétiens ou des
infidèles, ce que l'on apprend dans des lois promulguées par Philippe II
1)nbsp;Adalbert Hämel, Studien zu Lope dc Vegas Jugenddramen, Studien über
Amerika und Spanien, Heft I, Halle 1925, p. 53.
2)nbsp;Edition dans Frey tags Sammlung fremdsprachiger Schriftwerke, 11, Leipzig
1925.
et Philippe III, et par des plaintes adressées au monarque en 1694
par le Dey d'Alger, ainsi que par des notices données en 1689 par
un prince africain, voyageant en Espagne, dans lesqueUes on apprend
que les Maures captifs étaient maltraités et forcés à se convertir i).
On distinguait les esclaves en deux groupes: les esclaves blancs,
chrétiens ou infidèles, et les nègres. La possession d'esclaves nègres
demandait une autorisation du Roi, mais les esclaves blancs se ven-
daient et s'achetaient régulièrement. Ils étaient la propriété de ceux
qui les achetaient, même les couvents, les hospices, etc., en avaient.
C'étaient des prisonniers de guerre, des Maures, des Algériens, des
Turcs, surtout des pirates
Il existe encore un grand nombre de documents contenant des
actes de vente et d'achat d'esclaves, dont le prix variait selon la
taille et les qualités corporelles. Un très curieux exemple en est cité
par M. Rodriguez Marin dans son édition de El Celoso Extremeno de
Cervantes: „Sepan quantos esta carta vieren como yo Juan de aguilar,
vezino de la ciudad de Marbella, que al présenté soy en esta muy
noble ciudad de Antequera, por la présenté otorgo que vendo al
licenciado diego de aguilar, medico, vezino desta dicha ciudad, un
esclavo que yo tengo mio propio llamado Anton, de edad de siete
afios poco mas u menos, de color bianco, herrado entre las cejas, el
quai le vendo con todo el derecho y acion que a él tengo y por avido
de buena guerra e no de paz, subjeto a captiverio y servidumbre,
y se lo aseguro, que no tiene mal de coraçon, ni gota coral, ni se mea
en la cama, ni tiene otra enfermedad encubierta, ni esta hipotecado
a ninguna deuda especial ni generalmente, y se lo vendo, como dicho
es, por precio y contia de sesenta e dos ducados, los quales por côm-
preda de él el sobredicho me a dado y pagado . . .quot;
Les enfants, nés d'une femme esclave, étaient esclaves de par leur
naissance^).nbsp;.
Les punitions infligées aux esclaves, étaient cruelles. Pour mdiquer
la possession, le maître commençait par marquer l'esclave de son
sceau, comme il marquait son bétail, et cette marque, figurant le
T)^ Rafael Altamira y Crevca, Historia de Espana, 4a éd., Barcelona 1928, tomo
III, pp. 206—207.
2)nbsp;Ibid., p. 206.
3)nbsp;Novelas ejemplares II, ed. Cldsicos castellanos, Madrid 1917, p. 98 note. Ce
document est „una escritura de compraventa otorgada a 15 de diciembre de
1588 (Archivo de protocolos de Antequera, oficio de Benito S. Herrera, fol.
2106 del dicho afio)quot;.
4)nbsp;Altamira, op. cit., p. 206.
-ocr page 87-plus souvent „una S y clavoquot;, était apposée au visage, soit à la joue,
soit au menton. Pour le petit esclave, mentionné dans l'acte cité par
M. Rodriguez Mann, la marque se trouvait entre les sourcils („herrado
entre las cejasquot;). Fréquentes sont dans la littérature, les allusions
faites à cette coutume. Quand l'esclave tâchait de s'enfuir, le maître
disposait d'une grande variété de moyens pour l'en empêcher, parmi
lesquels un des plus faciles était celui de mettre un anneau de fer
au cou du fugitif. Une punition barbare était celle de „pringarquot;
l'esclave, punition sur laquelle le célèbre lexicographe Covarrubias
émet cette opinion: ,,Pringar es lardar lo que se assa: y los que
pringan los esclauos son hombres inhumanos y crueles: y a mi pa-
recer, por buen gouierno podria la justicia necessitarles a que los
vendiessen a otros dueiïos, ô de alli adelante no los tratassen con
tanta crueldadquot;
Le Diccionario de Autoridades donne une explication du mot:
,, . . . significa tambien castigar ô maltratar â uno, echandole lardo
ô pringue hirviendo ...quot;
Les imaginations des contemporains de Cervantes et de Lope
étaient hantées des récits de jeunes esclaves chrétiennes aimées par
leurs maîtres, ou de chrétiens captifs, aimés par des femmes turques.
En parlant, dans son introduction à Los Tratos de Argel, des peines
endurées par les esclaves chrétiens au pouvoir des Maures, M. Pfandl
remarque:
,,L'amour apportait un certain allégement, c'est-à-dire, quand un
esclave avait gagné l'affection d'une Maure et qu'il cédait à ses désirs.
Les complications et les événements s'ensuivant d'une pareille situa-
tion, ont été pour maint esclave la délivrance de la misère et le retour
à la patrie et à la liberté. Leur histoire ne manquait pas d'un certain
élément romantique et aventureux, et excitait les conteurs et les
poètes à une glorification poétique. Voilà comment le roman et le
drame, dans l'Espagne contemporaine, abondent en histoires d'amour
entre esclaves chrétiens et femmes turquesquot;. 2)
Il n'est pas étonnant qu'un auteur tel que Lope, ait apporté une
variation dans ce thème, qu'il ait placé la scène à Madrid et qu'il
ait donné le rôle des maîtres amoureux aux Espagnols et celui des
esclaves à des Maures, en tout cas à des Maures supposés. Du reste,
d'après l'assertion de M. Herrero Garcia, il y avait une quantité
1)nbsp;Phrase citée par M. Rodriguez Marin dans La Giianilla de Cervantes, Novelas
ejemplares I, ed. Clâsicos castellanos, Madrid 1914, p. 67 note.
2)nbsp;Op. cit., chap. II, p. 87.
-ocr page 88-de Maures à Madrid, dont beaucoup étaient des esclaves pris aux
pirates.nbsp;, .nbsp;, .
Le mariage entre Maures et Chretiens est sévèrement reprouvé,
même l'amour entre eux est considéré comme honteux. Dans la
littérature de l'époque il y a de nombreux exemples pour prouver
cela Dans l'oeuvre de Lope, nous prenons deux citations: dans Pedro
Carbonero un esclave maure demande dans son espagnol défectueux:
^Como querer ésta aqui,
É no la mora que amar,
É querer te regalar?
à quoi répond Pedro Carbonero:
Hamete, al cielo temi.
Es gran pecado en mi ley
Tratar con mora un cristiano^).
Dans El Alcaide de Madrid, se trouve une scène entre deux jeunes
gens, une Maure et un Chrétien, qui se sont avoué leur amour mutuel:
iQué dijiste cuando yo
te déclaré mi pesar?
Que tu amor era locura.
Ya en eso te has condenado,
porque amar y ser amado
sera razón mds segura.
Y asi las obligaciones
mue ven las aimas, iporqué
de las que contigo usé
pagas con malas razones?
A todos tus argumentos
la respuesta esta en la mano:
que eres mora y yo cristiano.
No lo son tu pensamientos.
Pero, escucha: ïTopa en mas
que en ser yo mora?
No.
Advierte.
Sé tù moro.
Caso fuerte.
iQué? iLuego no lo seras?
Celima.
Fernando.
Celima.
Fernando.
Celima.
Fernando.
Celima.
Fernando.
Celima.
1)nbsp;M. Herrero-Garcia. Ideas deHos espanoles del siglo XVII, Madrid 1928, p. 557.
2)nbsp;Acad., XI, p. 138a.
-ocr page 89-Fernando. Es imposible.
Celima.nbsp;Pues yo
seré cristiana
La même chose est expliquée nettement par l'esclave chrétienne
Silvia à sa maîtresse Zahara, dans Los Tratos de Argel:
Zahara. ^Es mozo?
Silvia.nbsp;Y aùn gentilhombre.
Zahara. ^Es cristiano?
Silvia.nbsp;Pues jqué! ^moro?
No sale de su decoro
Quien ha de cristiano el nombre.
Zahara.nbsp;Y ies pecado querer bien
A un moro?
Silvia.nbsp;Yo no sé nada;
Sé que es cosa reprobada,
Y a cristianos no esta bien.
Zahara.nbsp;Y i querer mora a cristiano?
Silvia.nbsp;Eso tù mejor lo entiendes
Il est évident que deux esclaves ne peuvent s'approcher et se parler
sans le consentement de leurs maîtres, moins encore s'embrasser en
leur présence ! C'est ce que montre une scène de la pièce de Cervantes,
où les rôles des esclaves ont une certaine analogie de conception
avec ceux de Los Melindres de Belisa.
Dans l'une et l'autre pièce les deux esclaves sont de jeunes gens
nobles, bien élevés, bien instruits, riches, et tombés au pouvoir de
leurs maîtres par une suite de complications amoureuses. Ils s'aiment
mutuellement d'un amour tendre et fidèle, ce qui excite vivement
la jalousie des maîtres épris d'eux. Ceux-ci les surprennent par hasard
au moment où ils s'embrassent, et voilà la maîtresse qui s'en prend
à la jeune fille, tandis que le maître reproche au jeune homme cette
action abominable.
Silvia.nbsp;^Dô vas, Aurelio, dulce amado esposo?
Aurelio. A verte, Silvia, pues tu vista sola
Es el perfecto alivio a mis trabajos.
Silvia.nbsp;También el verte yo, mi caro Aurelio,
Es el remedio de mis graves danos.
1)nbsp;Acad. N., I, p. 551a.
2)nbsp;Ed. cit., jornada II, vs. 1194—1203.
-ocr page 90-{Abràzanse, y estdnlo mirando sus amos] y Zahara va dar a Silvia y
Yzuf a Aurelio).
Zahara. Perra, y iésto se sufre ante mis ojos?
Yzuf.nbsp;Perro, traidor, esclavo icon la esclava?
Zahara. No, no, senor; no tiene culpa Aurelio;
Que es hombre al fin, sino esta perra esclava.
Yzuf.nbsp;La esclava, no, senora; este maldito,
Forjador e inventor de mil embustes,
Tiene la culpa destas desvergüenzas,
Zahara. Si esta lamida, si esta descarada
No diera la ocasión, no se atreviera
Aurelio ansi a abrazarla estrechamente
Rien d'étonnant donc que Don Juan et Belisa entrent en une
fureur jalouse, quand ils voient leurs beaux esclaves s'embrasser;
les injures de ,,perroquot; et de ,,infamequot; sont encore des mots bien
aimables auprès des invectives jetées à la tête des malheureux esclaves
de Los Tratos de Argel!
Un point de contact entre les deux pièces forme encore la valeur
marchande des esclaves. Dans Los Melindres de Belisa Lisarda paye
pour les deux le prix exorbitant de 2000 ducados (I, vs. 570). Dans
la pièce de Cervantes le Roi, qui a payé pour eux la somme de 1000
ducados, exige une rançon de 2000.
Rey.nbsp;iCuânto diste por ellos?
Yzuf.nbsp;Mil ducados 2).
Plus loin le Roi donne aux esclaves cette promesse:
Yo te daré libertad
A ti y a Silvia al momento.
Si tienes conocimiento
De pagar tal voluntad.
Mil ducados he de dar
Por los dos, y sólo quiero
Que me déis dos mil; empero
Habéismelo de jurar. 3)
1)nbsp;Ed. cit., jornada III, vs. 1888—1902.
2)nbsp;Ibid., jorn. IV, vs. 2318.
3)nbsp;Ibid., jorn. IV, vs. 2413—2420.
-ocr page 91-En effet un esclave de „mil ducadosquot; coûte extrêmement cher:
dans La Esclava de su galdn ce prix proposé est réduit à la fin à 500
ducados, somme qui correspond mieux avec la réalité.
Don Fernando. ïEs el precio?
Alberto.nbsp;Mil ducados.
Don Fernando. Bien dijistes que en el precio
se veria, y se ve claro,
su valor
Alberto.nbsp;Si llegamos,
cuando os agrade, al concierto,
sean quinientos ducados;
que me costô cuatrocientos.
Don Fernando. Esos daré yo.
Alberto.nbsp;Subamos.
â contarlos, todo en plata.
Don Fernando. Y en oro podéis contarlos,
porque es dar oro por oro
On sait que, pour racheter Cervantes de l'esclavage, le mission-
naire Juan Gil offrit les cinq cents écus d'or qui n'avaient pas suffi
comme rançon du gentilhomme à qui ils étaient destinés 3).
Comme le poids d'or du ducat et celui de l'écu étaient à peu près
le même au 17e siècle, c'-à-d. qu'ils étaient darts un rapport de 17 à 16,
le titre du ducat montant à 3.48 grammes d'or fin et celui de l'écu à
3.10 grammes d'or fin, la „esclava de su galdnquot; et Cervantes auraient
donc eu la même valeur, ou peu s'en faut!
Les ressemblances superficielles entre Los Melindres de Belisa et
la pièce de Cervantes s'expliqueraient très bien, si l'on admet que
Lope ait imité, plagié même, cette dernière comédie dans une pièce
qu'on lui attribue. Los Cautivos de Argel Le rôle des deux esclaves
est identique, sauf que. dans la pièce de Lope. les maîtres épris d'eux,
leur font boire un filtre d'amour, ce qui ajoute une note burlesque
1)nbsp;Bibliothek Spanischer Schriftsteller, Bnd. VIII, Comedias de Lope de Vega,
éd. Dr. Adolf Kressner, Tell I, Leipzig 1889, pp. 39—40, Acte II, vs. 127—131.
2)nbsp;Ibid., p. 41, Acte II, vs. 189—196.
3)nbsp;James Fitzmaurice-KcUy, Miguel de Cervantes Saavedra, A memoir, Oxford
1913, pp. 49—50 et note.
4)nbsp;Acad. N., IV, pp. 223—260. Pour la question du plagiat voir ibid., pp.
XI—XIII et A. Cotarelo y Vallador, El Teatro de Cervantes, estudio critico,
Madrid 1915, pp. 222 et seq.
à la situation. Si, au contraire, Los Cautivos de Argel sont une refonte
faite par Cervantes lui-même de sa pièce antérieure, Lope en a eu
connaissance, sans aucun doute, et en composant ses Melindres de
Belisa il s'est servi des réminiscences qui lui en venaient à l'esprit.
D'ailleurs, le Felisardo-Pedro de Lope est un personnage bien
plus réel et bien mieux campé que l'Aurelio de Cervantes, et Celia-
Zara est une petite personne de beaucoup plus vivante et plus spiritu-
elle que Silvia.
Ce Felisardo, dans son déguisement d'esclave maure, est le type
parfait du jeune gentilhomme distingué au langage courtois et aux
manières élégantes. Pour mieux jouer son rôle fictif, il se dit Maure
chrétien et baptisé, portant le nom chrétien de Pedro, et fils d'une
mère esclave, faite captive lors de la guerre de l'Alpujarra et menée
à Madrid dans la suite de Don Juan de Austria. Toute cette histoire
est fort vraisemblable et fort utile même à déterminer la date à la-
quelle Lope fait se dérouler l'action de la pièce. Celia assume le rôle
d'une Maure d'Oran qui désire être baptisée, et porte par conséquent
le nom arabe de Zara, qui veut dire, comme Zahara ou Zorath,
fleurquot; Dès les premiers troubles, causés par leur arrivée dans
Ik maison de Lisarda, ils sont marqués au visage, ensuite Felisardo,
accusé par Belisa de vouloir s'enfuir, reçoit l'anneau au cou, et finale-
ment Celia, prise sur le fait de voler une bague, aura la punition barbare:
on la fera ,,pringarquot;. Tout cela est également conforme à la réalité.
Sur les travaux et les besognes commandés aux esclaves, la pièce
ne s'explique pas trop bien. Felisardo a le soin des chevaux de son
maître (III, vs. 242; III, vs. 269—272); parmi d'autres peines qu'il
ne nomme pas, il cite celle d'aller à la rivière, probablement pour y
puiser de l'eau (III, vs. 628). En tout cas il appartient à la domesti-
cité inférieure, qui doit rester en bas, dans la partie de la maison
destinée aux serviteurs nommés „la gente de abajoquot;. Quand il ose
monter l'escalier, il est renvoyé brusquement (II, vs. 778 et vs. 802).
CeUa, dont les occupations sont encore moins bien définies, est
envoyée à la cuisine dès son arrivée (I. vs. 654—655; II. vs. 372),
mais elle peut monter dans les appartements de ses maîtres et elle
aide Don Juan à s'habiller (I, vs. 784—869). En général une esclave
est chargée de nettoyer la maison et d'arranger l'„estradoquot;, le salon
de réception de sa maîtresse. Cet ordre est donné p.e. à la jeune esclave
supposée de La Esclava de su galdn:
1) Explication donnée par M. Camille Pitollct dans son édition de El Cautivo
en Argel, p. 31. note 5.
Ea, Barbara, esta casa
me poned como un espejo.
Aderezad ese estrado i).
C'est la même chose que raconte Julio Monreal dans Cuadros viefos:
,,Hizo â las esclavas limpiar y aliîïar minuciosamente los estrados,
y aùn la casa toda, desde el portai...quot; 2)
Malgré leurs travaux serviles et leurs peines inaccoutumées, les
soi-disants esclaves restent ce qu'ils sont, tout comme la jolie esclave
déguisée de La Esclava de su galdn, et ils continuent à être des jeunes
gens beaux, nobles, distingués et polis. Quand ils parlent, ils em-
ploient volontiers des tournures élégantes, et dans leurs dialogues
ils sont tout pareils aux nombreux couples d'amoureux dans le théâtre
de Lope. On n'a qu'à parcourir les ,,glosesquot; de Felisardo (I, vs. 874—
913), ou bien son sonnet (II, vs. 1133—1146), et le dialogue entre
les deux esclaves aristocratiques (II, vs. 717—775), pour connaître
le style cultivé qu'ils affectionnent.
Felisardo, moins décidé que sa bien-aimée Celia, se laisse guider
par les conseils de celle-ci (I, vs. 1000—1019; III, vs. 350; III, vs.
605—638).
Celia lui sacrifie tout: la vie commode, la famille, l'honneur, et se
croit heureuse de pouvoir le servir:
Y para mf, iqué mâs gloria
que estar adonde merezca
el nonbre de esclaba tuya?
(I, vs. 1016—I0I8)
Les deux amoureux sont jaloux à tour de rôle, ils se font mutuelle-
ment des reproches sur leur inconstance, ne cessent jamais de s'aimer
passionnément et finissent par se marier quand le rideau tombe.
1)nbsp;Ed. cit., p. 90. III, vs. 755—758.
2)nbsp;Cuadros viejos, Costumbres espaflolas del siglo XVII, Madrid 1878, Un dia
de visitas, p. 301.
CHAPITRE VIII
LA VERSIFICATION
Acte I. | |||
vs. 1— 196 |
redondillas |
= |
196 vers |
vs. 197— 330 |
romances (a — a) |
= |
134 „ |
vs. 331— 386 |
octavas |
= |
56 .. |
vs. 387— 423 |
endecasilabos sueltos |
= |
37 „ |
vs. 424— 437 |
soneto |
= |
14 |
vs. 438— 689 |
redondillas |
= |
252 „ |
vs. 690— 769 |
quintillas |
= |
80 „ |
vs. 770— 783 |
soneto |
= |
14 |
vs. 784— 933 |
quintiUas |
= |
150 |
vs. 934—1033 |
romances (é — a) |
= |
100 „ |
1033 vers.
redondillas
romances
quint illas
octavas
endecasilabos s.
sonetos
Acte IL
vs. 1— 72
vs. 73— 234
vs. 235— 598
vs. 599— 648
vs. 649— 728
vs. 729— 944
vs. 945—1008
vs. 1009—1056
vs. 1057—1092
vs. 1093—1132
vs. 1133—1146
= 448 vers
= 234 „
= 230 „
= 56
= 37 „
= 28 „
1033 vers.
redondillas
endechas (d
redondillas
endecasilabos sueltos
décimas
redondillas
romances (é — o)
redondillas
endecasilabos sueltos
redondillas
soneto
e)
72 vers
162
= 80nbsp;„
= 216
= 64
redondillas |
= |
740 |
vers |
romances |
64 | ||
endechas |
— |
162 | |
décimas |
= |
80 |
f 1 |
endecasilabos s. |
= |
86 |
11 |
soneto |
= |
14 |
gt; y |
146 vers.
Acte III.
vs. I— 404
vs. 405— 530
vs. 531— 770
vs. 771— 822
vs. 823— 858
vs. 859— 946
vs. 947—1046
vs. 1047—1114
redondillas |
= |
404 vers |
romances (é — o) |
= |
126 „ |
redondillas |
= |
240 „ |
endecasilabos sueltos |
= |
52 „ |
redondillas |
— |
36 „ |
endechas (i) |
— |
88 „ |
quintillas |
= |
100 „ |
romances (i — o) |
= |
68 „ |
1114 vers.
redondillas |
= 680 |
vers | |
romances |
= 194 |
f f | |
endechas |
= 88 |
) f | |
quintillas |
= 100 |
gt;) | |
endecasilabos |
s. = 52 |
ft | |
1114 |
vers. | ||
Acte I — |
1033 vers | ||
.. II — |
1146 „ | ||
■ „ III — |
1114 „ | ||
Somme totale 3293 vers. | |||
redondillas |
1868 |
vers |
_ |
romances |
492 |
f f |
— |
quintillas |
330 |
t f |
— |
décimas |
80 |
_ | |
endechas |
250 |
9 9 |
— |
octavas |
56 |
f f |
— |
endecasilabos |
s. 175 |
f f | |
sonetos |
42 |
t gt; |
= |
3293 |
vers |
- |
56.70/,
14.9%
10 %
2.4%
7.6%
1-7%
5.3%
1-3%
= 99.9%
Malgré la grande variété de rimes dont l'oeuvre de Lope abonde,
on remarque, en étudiant la versification de Los Melindres de Belisa,
qu'un certain nombre de rimes revient souvent, que certains mots
ont, pour ainsi dire, leurs rimes fixes. Comme ce fait ne se rencontre
pas'dans les ,,obras de la ultima manera de Lopequot;, on y trouve un
indice sûr, que la pièce date de la seconde période, c'-à-d. de l'époque
entre 16l'o et 1625.
Croyant superflu de donner une enumération de toutes les rimes
qui se présentent dans cette pièce, ainsi que Foulché-Delbosc l'a
fait dans son édition de La Estrella de Sevilla^), nous nous sommes
contentée de noter les rimes ,,nonchalantesquot; et celles qu'on rencontre
plus d'une fois, parce que ce sont ces rimes qui indiquent une cer-
taine négligence de composition, négligence due à la grande facilité
et à la rapidité avec lesquelles l'auteur écrivait en général.
Par rimes nonchalantes nous entendons d'abord les rimes doubles.
Celles-ci sont peu fréquentes.
Mots oxytons
suffixe |
rime |
nombre |
Acte I |
Acte II |
Acte III |
— ed |
merced — merced |
1 |
286/287 | ||
— él |
él —él |
1 |
831/834 | ||
— oy |
estoy — estoy |
1 |
194/195 |
Mots paroxytons
suffixe |
rime |
nombre |
Acte I |
Acte II |
Acte III |
— ano |
mano — mano |
1 |
711/714 | ||
— asa |
casa — casa *) |
1 |
973/975 | ||
— aso |
paso — passe ♦) |
1 |
778/779 | ||
— ella |
ella — ella |
1 |
763/766 | ||
— enda |
prenda — prenda ♦) |
1 |
886/888 | ||
— ombre |
hombre — (gentil)onbre |
1 |
53/50 | ||
— uyo |
tuyo — tuyo |
1 |
383/386 |
Les mots marqués* sont des rimes entre substantifs et verbes.
1) Revue Hispanique, tome XLVIII, Paris 1920, pp. C57—072.
78
-ocr page 97-Plus vaste que ce groupe est celui des mots qui riment avec leurs
composés.
Mots oxytons
suffixe |
rime |
nombre |
Acte I |
Acte II |
Acte III |
— âs |
mâs — jamds |
2 sur 18 |
791/793 |
519/522 | |
— ien |
bien — también |
11 sur 22 |
455/450 |
324/325 |
000/601 |
474/477 |
797/800 |
675/678 | |||
914/916 |
687/690 | ||||
728/729 | |||||
974/976 | |||||
983/985 |
Mots paroxytons
suffixe |
rime |
nombre |
Acte I |
Acte II |
Acte III |
— acia |
graçia — desgraçia |
1 sur 1 |
627/628 | ||
— afio |
engailo — desengafio |
1 sur 2 |
349/352 | ||
— aso |
caso — acaso *) |
1 sur 7 |
824/825 | ||
— edio |
medio — remedio |
3 sur 3 |
697/698 |
252/253 |
660/661 |
— iene(s) |
tiene(s) — entretiene(s) |
2 sur 4 |
58/59 | ||
894/898 | |||||
— efias |
sefias — enseiïas ♦) |
1 sur 1 |
567/570 | ||
— uerza |
fuerça — esfuerça *) |
1 sur 1 |
845/848 | ||
— iden |
piden — ympiden |
1 sur 1 |
97/100 | ||
— ize |
dize — desdize |
1 sur 1 |
953/955 | ||
— ojos |
ojos — enojos |
4 sur 8 |
530/533 |
62/63 |
555/558 |
1143/1145 | |||||
ojos — antojos |
, 1 sur 8 |
836/837 | |||
— onra |
honra — deshonra |
1 sur 1 |
508/569 | ||
— ulpa |
culpa — desculpa |
1 sur 1 |
281/284 | ||
— usto |
gusto — disgusto |
4 sur 8 |
931/933 |
2/3 | |
280/281 | |||||
484/485 |
En faisant la somme totale de ces cas, on arrive à 10 cas de rimes
doubles, dont 3 au 1er acte, 2 au 2e acte, et 5 au 3e acte. Sur le nombre
total dés vers des actes respectifs, cela vaut 0,6%, 0,4% et 0,9%.
En énumérant les rimes nonchalantes, on obtient au 1er acte
11 cas au 2e acte 11 cas et au 3e acte 14 cas, ce qui revient respec-
tivement à 2,1%, 1.9% et 2,5%.
D'après ces pourcentages, c'est donc le troisième acte qui présente
le plus grand nombre de rimes nonchalantes, ce qui pourrait prouver
que cet acte a été composé avec moins de soins que les autres.
Le dernier groupe est celui des rimes qui reviennent plus d'une
fois dans la pièce.
Mots oxytons
suffixe |
rime |
nombre |
Acte I |
Acte II |
Acte III |
— â |
ya — esta |
6 sur 17 |
3 |
2 |
1 |
— al |
mal — igual |
3 sur 8 |
2 |
1 | |
— an |
Juan — galân |
2 sur 10 |
1 |
1 | |
Juan — estân |
4 sur 10 |
2 |
2 | ||
— ed |
merced — creed |
2 sur 3 |
2 | ||
— en |
bien — den |
7 sur 22 |
1 |
1 |
5 |
— es |
es — ves |
3 sur IG |
1 |
2 | |
— Ó |
yo — no |
6 sur 29 |
3 ■ |
2 |
1 |
— ón |
condiciön — razón |
3 sur 33 |
1 |
2 | |
corazón — pasión |
3 sur 33 |
3 | |||
— or |
amor — sefior |
7 sur 25 |
3 |
2 |
2 |
— os |
Dios — dos |
6 sur C |
2 |
3 |
1 |
— oy |
soy — estoy |
9 sur 18 |
1 |
3 |
5 |
voy — estoy |
4 sur 18 |
1 |
2 |
1 |
— alle(s) |
taUe(s) — calle(s) |
3 sur G |
3 | ||
— ama |
cama — dama |
3 sur 5 |
2 |
1 | |
—amo |
amo — llamo |
3 sur 3 |
2 |
1 | |
— ano |
mano — vano |
5 sur 16 |
2 |
2 |
1 |
— arda |
Lisarda — aguarda |
2 sur 2 |
2 | ||
— ardo |
Felisardo — aguardo |
7 sur 8 |
1 |
2 |
4 |
— asa |
casa — pasa |
2 sur 4 |
1 |
1 | |
— avo |
esclavo (s) — clavo(s) ^ |
4 sur 13 |
1 |
3 | |
esclavo — alabo |
3 sur 13 |
1 |
2 | ||
esclavo — acabo |
6 sur 13 |
àiîJfiv;''quot; |
2 |
4 | |
— uego |
luego — fuego |
2 sur 6 |
1 |
1 | |
— elo(s) |
cielos — celos |
4 sur 8 |
1 |
3 | |
cielo — suelo |
2 sur 8 |
2 | |||
— ella(o) |
ella(o) — bella(o) |
5 sur 15 |
2 |
3 | |
ella(os) — della(os) |
3 sur 15 |
1 |
2 | ||
— emo(s) |
estremo — temo |
2 sur 4 |
2 | ||
— iene(s) |
tiene(s) — viene(s) |
3 sur 4 |
• / 11 |
2 | |
— eres |
quieres — eres |
2 sur 5 |
1 |
1 | |
quieres — mujeres |
2 sur 5 |
1 |
1 | ||
— ero |
Caballero — primero |
3 sur 24 |
1 |
2 | |
caballero — espero |
3 sur 24 |
1 |
2 | ||
— uerte |
muerte — suerte |
6 sur 9 |
1 |
5 | |
— estia |
molestia — bestia |
2 sur 2 |
1 |
1 | |
— esto |
esto — presto |
2 sur 7 |
1 |
1 | |
— isa |
Belisa — avisa |
4 sur 8 |
I |
2 |
1 |
— iso |
Eliso — aviso |
2 sur 2 |
2 | ||
— oco |
poco — loco |
3 sur 6 |
3 | ||
— odo |
modo — todo |
2 sur 3 |
1 |
1 | |
— ombre |
hombre — nombre |
3 sur 4 |
I |
2 | |
— ora |
Flora — agora |
5 sur 20 |
3 |
2 | |
Flora — sefiora |
4 sur 20 |
4 | |||
agora — sefiora |
7 sur 20 |
3 |
1 |
3 | |
— oro |
moro — adoro |
2 sur 2 |
1 |
1 | |
— osa |
cosa — melindrosa |
5 sur 22 |
1 |
o |
2 |
— ote |
virote — alborote |
2 sur 3 |
1 |
1 | |
— ura |
locura — hemosura |
2 sur 8 |
1 |
1 | |
— usto |
justo — gusto |
4 sur 8 |
3 |
1 |
% |
— uto |
luto — fruto |
2 sur 2 |
1 |
1 |
La somme totale de ces cas monte à 191, dont au 1er acte 57,
au 2e acte 73, au 3e acte 61, cela veut dire que sur la somme totale
des vers des actes respectifs, 11% montrent des rimes nonchalantes
au 1er acte, 13% au 2e acte et 11% au 3e acte.
En considérant ces chiffres, on peut constater que le 2e acte est
celui qui présente le plus grand nombre de cas et que, par conséquent,
cet acte a été composé plus vite et moins attentivement que les autres.
Des 175 vers endécasyllabiques employés dans la pièce, il y en a
plusieurs qui riment, ce qui est toujours le cas pour les deux derniers
vers, que nous notons par *.
Acte I |
Acte II |
Acte III |
queden — pueden 422/423 ») |
pudiera — espera 604/605 |
consejo — viejo 774/775 |
vida — perdida 600/607 |
obligaciones — pones | |
vendas — prendas 608/609 |
sentimiento — atreui- | |
honra — deshonra 622/623 |
intentas — afrentas 798/799 | |
hombre - gentilhombre |
mate — disparate 800/801 | |
madré — padre 1091/1092 •) |
viue — recibe 806/807 | |
delante — amante 809/810 | ||
hombre — nombre 821/822 *) |
Un autre fait qui prouverait que l'auteur ait apporté moins de
soins à la composition des deux derniers actes, ce serait que le premier
acte contient deux sonnets, le deuxième acte n'en a qu'un, et le troi-
sième acte n'en a pas du tout. Egalement ce n'est qu'au premier acte
que Lope a employé des octavas reaies.
Outre cela, les seules fautes commises contre la rime se trouvent
au 2e et au 3e acte:
II, vs. 587—590.
Car.nbsp;Tu madré.
Aun de burlas
cosa que me da pesar
hazer a los dos herrar.
ïEs don luan?
Dame essos pies.
Dans cette redondilla la rime manque entre les vers a et d.
En suppléant le mot es, ainsi que l'ont fait les éditions de Hartzen-
busch et de Cotarelo, on corrige non seulement la rime, mais encore
le sens de la phrase. Par conséquent, il est permis d'admettre que
la faute remonte à l'édition princeps.
ni, vs. 767—770.
Si el perro quando le agrauian
no ay duefïo de que se acuerde,
vos veréys qué perro os muerde:
porque amor con zelos rauia.
La rime exige dans le vers d le pluriel rauian.
Cependant il est très bien possible, que dans l'autographe disparu
du 3e acte, Lope n'ait pas commis cette faute, car le pluriel serait
grammaticalement soutenable. Dans ce cas la faute serait due à
l'édition de 1617 et les éditions postérieures l'auraient copiée servile-
ment.
^ A plusieurs reprises on peut constater, d'ailleurs, que les éditions
n'ont pas amélioré le texte.
Le vers de redondilla (I, vs. 293)
iQué tienes} — Ymaginé,
devient à partir de l'édition de 1617
iQué tiene} — Ymaginé,
ce qui ôte une syllabe au vers.
Un autre vers de redondilla (I, vs. 834)
Ese es cuello que ponello
subit un sort analogue. Par l'omission du mot que, le vers devient
dans les éditions successives
Ese es cuello, ponello,
ce qui donne 7 syllabes au lieu de 8.
Pour avoir le nombre exact de syllabes, il faut souvent contracter
deux voyelles, voire dans les terminaisons des verbes:
II,nbsp;vs.nbsp;120: que ténia de carne (vers de endecha)
II vs.nbsp;901: Yo auia de verte en los braços (vers de redondilla).
Il', vs.nbsp;1060: Hermana, reportaos; don luan es moço (endecasilabo)
III, vs.nbsp;271: que de almohazar seys cauallos (vers de redondilla)
Le phénomène contraire, cependant, se rencontre aussi, et la diérèse
se trouve:
I,nbsp;vs. 15:nbsp;una tôrtola hïnda (vers de redondilla)
I vs. 16:nbsp;su canto en quexas siiaues (idem)
I vs. 447:nbsp;y sale viiestro crïado (idem)
I vs. 787:nbsp;Nunca esta crïada vi (vers de quintilla)
I vs. 966:nbsp;Sali con otra crïada (vers de romance)
II,nbsp;vs. 1045:nbsp;con fauor de los crïados (vers de redondilla)
III,nbsp;vs. 694:nbsp;Liiego I no te persûades} (idem)
Un temps d'arrêt entre deux voyelles qui se succèdent, se rencontre
dans ces vers:
I vs.nbsp;291: Yo también me quierojyr (vers de romance)
vs.nbsp;357: i4ssi le tubojEua. Burla y risa (endecasilabo)
l', vs.nbsp;653: tiene Oran. — Ésta lojes (vers de redondilla)
IL vs.nbsp;578: yja mi sangre y lealtad (idem)
II,nbsp;vs.nbsp;900: pero no, si el tuyo/es (idem)
III,nbsp;vs. 6: y que apenas tuyojes (idem)
III, vs. 95: Castigo del cielojes (idem)
III, vs.nbsp;129: ojyrme donde jamds (idem)
IIl', vs.nbsp;200: No tû, Flora puedejyr (idem)
Le mot ahora s'écrit agora, quand il doit compter 3 syllabes:
I, vs. 176: hazen las tocas agora (vers de redondilla),
quand il doit compter 2 syllabes, le texte donne aora:
II, vs. 455: Aora bien, quede a tu quenta (idem)
II, vs. 868: Aora bien, quiero ser andas (idem)
Un h aspiré, provenant de / latin, se trouve dans les mots hijo
€t hija:
II, vs. 1061: y en fin es vuestrolhijo. — No es milhijo (endecasilabo)
III,'nbsp;vs. 8: Mijhija es loca y ha dado (vers de redondilla)
Le mètre est toujours bien observé; dans un seul passage en vers
de romance, le poète s'est permis la liberté de donner à un vers 5
syllabes (I, vs. 946) et à 3 vers 11 syllabes (I, vs. 947, 971 et 1033),
ce qu'il a fait sans doute pour produire plus d'effet, car ces longs
vers endécasyllabiques contiennent une sentence. De la sorte ce
passage contient des vers de silva.
Dans toute la pièce il n'y a qu'un seul vers qui compte une syllabe
de trop:
II, vs. 1080: no piense que le toca su légitima (endecasilabo).
Les quelques autres cas d'un vers trop long, provenant peut-être
d'une faute d'impression de l'édition de 1617, se corrigent aisément.
L'autographe du premier acte nous instruit d'un fait curieux et
nous apprend que le poète, qui maniait ses rimes avec tant de facilité,
a connu aussi des moments où la rime ne lui venait pas spontanément
et qu'il n'arrivait au vers définitif qu'après avoir biffé et corrigé
bien des essais moins heureux. Nous avons noté au bas du texte les
corrections de Lope que nous avons été capable de déchiffrer, mais
nous croyons utile de relever ici quelques-uns de ces cas.
Le vers: iQué es lo que dellos te ofende} (I, vs. 199) était rédigé
d'abord:
Que es lo que dellos te enfada
Le mot enfada rimant avec le mot agrada du vers précédent, l'in-
tention première du poète a été de continuer les redondillas, mais
tout en écrivant il s'est ravisé et il a commencé des romances.
Une autre correction apportée à cause de la rime se trouve au vers
I, 534, dont la rédaction définitive est:
Mîd bien despedido va,
mais que Lope a corrigé deux fois. La première rédaction en est
indéchiffrable; la seconde fois le poète a écrit:
mui bien despedido esta
et pour éviter la rime double esta-estd, il a changé ce verbe en va.
La redondilla I, vs. 538—541 commençait d'abord par:
y el que antiyer te podia,
et terminait par:
sobre la boca le tenia.
Comme le mot podia fut changé en ofrecî, le mot tenia ne pouvait
plus rester et changea en vi.
Dans le vers de quintilla I, 792
En casa de Eliso estaua
le dernier mot était d'abord estauas, mais à cause de la rime le poète
a dû biffer le s, ce qui change la phrase interrogative adressée à Eliso
en une phrase affirmative, dont le sujet est „la esclauaquot;.
On s'aperçoit que non seulement la rime offrait des difficultés au
-ocr page 104-poète, mais encore la rédaction de sa pensée, ce qui n'est pas éton-
nant, car souvent le rapport entre ces deux était fort étroit, l'une
dépendant de l'autre.
A plusieurs endroits de ce premier acte, on peut suivre le cours
des idées de l'auteur, à l'aide des vers corrigés dans l'autographe,
et presque toujours on arrive à la conclusion que la dernière rédac-
tion est la meilleure.
Au vers 343 le poète avait commencé par écrire:
los honbres viejos dize que la espantan,
mais cet exemple de la pruderie affectée de Belisa ne lui suffisant
pas, il l'a changé définitivement en:
Todos los honbres dize que la espantan.
La première intention de Lope était de rédiger les vers 351—354
ainsi:
Mirando vn nobio mui galan vn dia
mas aseado y linpio que vn espejo
dizen que dixo: aqueste mentecato
no
mais il a changé d'avis et les a corrigés tels qu'on les lit dans le texte.
Quelquefois, pourtant, la rédaction primitive aide à éclaircir le
texte définitif, p.e.
401—402: Pedro, que a los caballos asistia,
porque era ya cristiano bautizado,
veut dire: ,,un esclave Pedro, qui avait ce nom chrétien parce qu'il
avait reçu le baptême, soignait les chevauxquot;, phrase qui était bien
plus claire dans les vers biffés du manuscrit:
vno que ... a los caballos asistia
llamado Pedro y la esclauilla . . .
Un autre cas très important offre le vers 604. Aucune édition, sauf
celle de M. Cotarelo, n'a compris la signification du vers 603:
sin Morato, sin Xafer,
parce que partout ces mots sont imprimés sans majuscule. Lope avait
commencé le vers suivant par les mots:
Mami ni
et ce nom Mami étant celui d'un pirate bien connu, il s'ensuit que les
mots du vers précédent sont aussi des noms propres.
Finalement aux vers 735—736:
Y a mi alazdn latiniza.
Alla estan.
le mot allâ veut dire ,,dans l'écuriequot; et le personnage qui parle doit
86
faire ici un geste indiquant cet endroit, car Lope avait rédigé d'abord
ce vers de la façon qui suit:
alla en la caballeriza
los tengo.
Quelquefois, dans la rédaction primitive, Lope avait mis un vers
d^s la bouche d'un autre personnage, tandis que dans la leçon
définitive le même personnage continue à parler, p.e. le vers 13 fut
dit d'abord, avec une légère variation des mots, par Tiberio, tandis
que dans notre texte c'est Lisarda qui les prononce.
Un exemple plus frappant est donné par les vers 542—544: Belisa
a la parole et dit:
Ymaginé que séria
0 perro de agua o salbaje,
0 que estaua algûn potaje
Mais d'abord Lope avait fait interrompre Lisarda:
Ymaginele que séria
perro de agua. {Lis.) Que los baje
te enfada. (Belt.) A que
Pour terminer cette énumération de corrections que nous pourrions
encore allonger de cas nombreux, nous signalerons les vers 889—894,
vers qui ont procuré, évidemment, bien des difficultés à l'auteur,
vu qu' ils les a commencés à deux reprises et que la troisième rédac-
tion seulement lui a plu.
Les enjambements sont fréquents dans la pièce, même à la fin
d'une strophe, de sorte qu'ils lient une redondilla à l'autre, p.e.
vs. 4—5: podremos deçir que es fruto
de la tristeza el contento.
Un exemple très fort, parce que le verbe est séparé du pronom
personnel sujet, s'offre dans les vers I, 43—44:
mas con dos hijos, que yo
pienso^ver presto casados.
CHAPITRE IX
LE TEXTE DE NOTRE ÉDITION
Pour établir le texte de notre édition nous avons suivi, quant à
l'acte I, le manuscrit autographe de Lope. Le texte des actes II et
III suit celui de la plus ancienne édition, celle de Madrid 1617, insérée
dans la Parte IX dc las Obras dramdticas de Lope de Vega, et c'est
donc cette première édition, faite du vivant de l'auteur, qui supplée
à la perte déplorable de l'autographe. Comme nous avons adopté
l'orthographe donnée par le manuscrit et par l'édition princeps et
que nous l'avons suivie scrupuleusement, on rencontrera dans notre
texte tantôt un, tantôt vn, quelques fois esclauo, d'autres esclabo,
hombre à côté de honbre et onbre, Çelia variant avec Celia. La seule
infraction à cette règle de conduite rigoureuse font les accents, que
nous avons placés selon les indications données actuellement par
l'Academia Espafiola.
Quant à la ponctuation, nous avons apposé celle qui nous semblait
éclaircir le mieux le texte de Lope. Aussi nous écartons-nous bien
souvent de la ponctuation adoptée par les éditions qui précèdent la
nôtre, mais chaque fois que notre interprétation diffère de celle de
nos prédécesseurs de façon à changer la signification d'une phrase,
nous avons ajouté une note au bas du texte.
Les tirets qu'on rencontrera dans notre édition, avertissent qu'un
vers est dit à part, ou bien qu'un personnage s'adresse tout à coup
à un autre interlocuteur. Les phrases qui, à cause d'une brusque
interruption, ne s'achèvent pas, sont désignées par . . .
Au pied de chaque page de notre texte critique, nous avons indiqué
les éditions consultées par une série d'abréviations que nous expli-
quons ici:
A.nbsp;= édition de Madrid 1617.
B.nbsp;= édition de Barcelona 1618.
S. = édition ,,sueltaquot; du 18e siècle.
Hartz. = éditiondeHartzenbuschdansBib. de Autores Esp., XXIV.
Cot. = édition de M. Cotarelo dans Acad. N., XII.
LOS MELINDRES
DE BELISA
LOS QUE HABLAN EN EL P[RIMER10 ACTO
Tiberio
Lisarda
Eliso
Fabio
Vn alguaçil
Vn escribano
Belisa
Celia,^)
Felisardo
Carrillo
Don Juan
Flora 2)
Paraphe de Lope
1)nbsp;A., B. et S. ajoutent Prudencio.
2)nbsp;A., B. et S. ajoutent Quatre lacayos.
-ocr page 109-J. M. J.nbsp;[fol. 1 r°]
ACTO P[RIMER]0
Tiberio y Lisarda.
Tib.nbsp;En fin, ise ha quitado el luto?
Lis.nbsp;Ha mâs de vn ano la muerte
de su padre.
Tib.nbsp;Desa suerte
podremos deçir que es fruto
de la tristeza el contento.nbsp;5
Lis.nbsp;No lo serâ para mi,
que tal marido perdi.
Tib.nbsp;(O qué ynütil sentimiento!
Lis.nbsp;îYnùtil? Pues ino es razôn
que llore su conpafifanbsp;10
vna muger que tenfa
tanto amor y obligaçiôn?
îNo sabes tù que aun las aues
dan exemplo, pues que muda
una tôrtola bïudanbsp;15
su canto en quexas siiaues,
y no se buelbe a casar
si vna vez su esposo pierde,
ni se sienta en ramo verde?
L'ib-nbsp;Pues ^dönde se va a sentar?nbsp;20
Lis.nbsp;En vn espino, en vn ramo
seco.
13. Lope avait d'abord commencé le vers par Tib. et quelques mots in-
déchiffrables.
19.nbsp;B.: se asienta.
20.nbsp;B.: a asentar.
-ocr page 110-'fii)^nbsp;Desa ymitaçiôn
como tortolillas son
las que deste nonbre llamo:
que assi Dios me dé salud,nbsp;25
que pienso que se han sentado
sobre espino por estrado,
tal es SU grande ynquietud.
No paran en todo el dia.
l^isnbsp;Esso no me toca a mi,nbsp;[fol. 1 v°] 30
y es que jamds pretendi,
Tiberio, otra conpania.
Pues en verdad que pudieras,
que bien moza has enbiudado,
y con haçienda que ha dadonbsp;35
codiçia, si tû quisieras,
a mds de seis pretendientes.
iCon dos hijos?
Tib.nbsp;Y con doze.
Lis.nbsp;^lal tu pecho me concze.
Tib.nbsp;Tû negards lo que sientes. 'nbsp;40
j^is.nbsp;iQué es negar? Cien mil ducados
mi marido me dexó,
mas con dos hijos, que yo
pienso ver presto casados,
y recojerme a la aldeanbsp;45
con vna esclaua no mâs
y un escudero.
Tib.nbsp;Pues das
en lo que es raçon que sea,
icómo vas tan descuidada
en que se casse Belisa,nbsp;50
pues que ya su edad te auisa
y el ser de mil conquistada?
Que don Juan al fin es hombre.
l^is^nbsp;iCómo puedo yo cassar
a Belisa, y dônde hallarnbsp;_^
25. A. et B.: ansi.
.38. Le mot y est biffé après hijos.
44.nbsp;Hartz.: pronto.
45.nbsp;A. et B.: al aldea.
-ocr page 111-un hombre tan gentilonbre
y con partes tan notables
como ymaginadas tiene?
Tih.nbsp;^En esse humor se entretiene?
Lis.nbsp;Ay mugeres yncasables,nbsp;60
que dan en ser tan curiosas,
que se las passan las vidas
en andar desbaneçidas
y a todo el mundo enfadosas,
Y tardando en escojer,nbsp;[fol. 2 wquot;] 65
lo mejor suelen pasar,
y andan después a rogar.
Tih.nbsp;Luego ipiensas que ha de ser
Belisa dessa manera?
Lis.nbsp;Pues iha hecho el çielo cosanbsp;70
mâs cansada y melindrosa,
ni honbre que apetezca y quiera?
A codiçia del dinero,
del entendimiento y talle
es vna lonja esta callenbsp;75
del ginobés caballero,
del yndiano portugués,
del papelista, el letrado,
el viejo rico, el soldado,
el lindo, aunque no lo esnbsp;80
ninguno dellos con ella:
a todos faltas les pone.
Tih.nbsp;Pues Belisa me perdone,
que aunque es tan discreta y bella,
no se ha de desbanezernbsp;85
en arrogançias ynjustas.
Lis.nbsp;Tiberio, si hablarla gustas,
y quieres darla a entender
esta locura en que ha dado,
oy esta hermosa y gallarda,nbsp;90
57. Au commencement du vers Lope a biffé le mot como.
62. Toutes les éditions ont les au lieu de las.
85. B.: ha desuanecer.
88. Lope a biffé entre y et quieres le mot la.
-ocr page 112-que çiertas .vistas aguarda:
hablala.
estoy enojado,
y a fee que se ha de casar
de mi mano, aunque no quiera.
Oy quatro nobios espera,nbsp;95
no sé si le han de agradar.
iDe quatro en quatro la piden?
Pica el dinero, Tiberio.
Métase en vn monesterio.nbsp;[fol. 2
^ Entre Belisa y Flora criada.
Las çelosias ympidennbsp;100
que no veas bien la calle,
pues dizes que el del ouero
no era galan cauallero,
bizarro y de lindo talie.
Flora, aquellas çelosiasnbsp;105
los ojos me han afrentado,
iCómo?
En las ninas me han dado
de palos.
j Qué ninerfas !
Como los ojos llegué
a sus palos, ellos fueronnbsp;110
tales, que al fin me los dieron;
pero luego me vengué.
iDe qué suerte?
Del estuche
saqué vn cuchillo y los di
de punaladas alii.nbsp;115
j Quién ay que tal graçia escuche !
iMataste la çelosia?
Hize, a lo menos, lugar
Tih.
Tib.
Lis.
Tib.
Flo.
Beli.
Flo.
Beli.
Flo.
Beli.
Flo.
Bel.
Flo.
Beli.
95.nbsp;Lope avait mis d'abord esperan, dont il a biffé le n.
96.nbsp;Le mot aqui, par lequel Lope avait d'abord commencé le vers, est biffé.
99. Hartz. et Cot.: monasterio.
107. Le mot ojos biffé et corrigé par niRas.
-ocr page 113-ACTO I. Versos 119—142
por donde pude mirar
quien por la calle vem'a.nbsp;120
Mas presto vino el castigo,
pues en vez del caballero
passô. .,
Plo.nbsp;i Quién?
Vn azeytero.
I^lo.nbsp;lY mirâstele?
J^el.nbsp;Eso digo:
que le miré, y me manchônbsp;125
el vestido.
L'io.nbsp;Pues £podfa,
tii detrâs de çelosia
y él en la calle?
^Pues no?
Mirame bien.
^De mirar
el que va açeyte vendiendonbsp;'nbsp;130
te bas manchado?
Assi lo entiendo.
Vestido me puedes dar,nbsp;[fol. 3 r°]
y éste haras luego vender.
I^lo.nbsp;Mira que mui linpio esta.
Beli.nbsp;Neçia, ^no te he dicho yanbsp;135
que daiïo me suele hazer
quererme contradeçir?
i Jésus, qué fiero accidente!
Plo.nbsp;iCômo?
Este pulso, esta trente
mira: estoy para morir.nbsp;140
i Qué terrible calentura !
No pienso contradeçirte
121.nbsp;Lope avait d'abord écrit: pero castigo me el çielo.
125.nbsp;Le mot biffé entre que et le est indéchiffrable.
126.nbsp;Le mot biffé au commencement du vers est illisible.
127.nbsp;Lope a biffé le mot el par lequel il avait commencé le vers.
138.nbsp;A. et B.: acidente.
139.nbsp;Lope avait d'abord écrit: en el pulso y la f rente.
140.nbsp;Après mira un nom propre entre parenthèses, probablement Bel., est biffé.
-ocr page 114-en mi vida, que seruirte
mi amor y lealtad procura.
De rodillas te supliconbsp;145
me perdones.
Be.nbsp;Ya çesô
la calentura.
Flo.nbsp;t Quedo
calor alguno?
Bel.nbsp;Tantico,
pero ya se va aplacando.
Plo,nbsp;Tu madre y tu tio.
Bel.nbsp;jAy Dios!nbsp;150
IA dos me nonbras?
Flo.nbsp;Los dos
te estdn siruiendo y amando.
Bel.nbsp;Trdheme luego la labor,
no me vean tan oçiosa.
Flo.nbsp;i Quieres las randas?
Bel.nbsp;Es cosanbsp;155
cansada, aunque es de primor.
Y entre tantos majaderos
ay vno que me ha quebrado
las manos. jAy! que me han dado,
Flora, dolores tan fieros,nbsp;160
que no los puedo sufrir.
Flo.nbsp;Mira que aun no te he trahido
la almohadilla.
Bel.nbsp;éNo has oydo
que no has de contradeçir?
Trdheme vna vanda al momento,nbsp;165
en que descanse la mano.
^ Lis.nbsp;Persuadirla serd en vano.nbsp;[fol. 3 v°]
Tib.nbsp;dTan grande ynposible yntento?
jSobrina !
Bel.nbsp;jSefior!
143. Lope avait commencé le vers par un mot qui est illisible.
149. A. et S. ont la même faute d'impression: aplicando.
153. A., B. et S.: labor, omission méchanique de la.
167. A., B., S. et Hartz.: persuadilla.
Tih.nbsp;A fee
que sales del luto hermosa,nbsp;170
Bel.nbsp;A lo menos desseosa
de seruirte,
Tih.nbsp;Bien se ve
que andas de boda,
Lis.nbsp;jOla, Flora!
sillas y dos almohadas.
Flora.nbsp;La vanda es ésta.
Pesadasnbsp;175
hazen las tocas agora,
Toma alla, que puede darme
mâs cansançio que probecho,
Flo.nbsp;Sillas ay aqui,
B^l-nbsp;Sospecho
que vienes a predicarme,nbsp;180
Tih.nbsp;Pues ya, si oyrme procuras,
toma almohada.
Flo.nbsp;Yo voy
por ella.
Tih.nbsp;Tu padre soy.
Beli.nbsp;No la traygas de verduras,
que ayer de sentarme en ellanbsp;185
mal de estômago me diô.
Tih.nbsp;^Lo verde te resfriô?
Beli.nbsp;Mâtanme las yerbas délia.
T^o.nbsp;Aquf tienes almohada.
Tih.nbsp;Siéntate, Lisarda, aqui. —nbsp;190
TU, sobrina, junto a mi.
|0 quânto el sentarme enfada
entre borlas de colores!
L^ib.nbsp;La causa esperando estoy.
Porque presumo que estoynbsp;195
_sentada en quatro dotores.
18.3. Lope avait d'abord écrit: de espaçio estoy.
192. Hartz.: el sentar.
195.nbsp;Lope avait d'abord écrit: porque pienso. Le mot biffé après que est indé-
chiffrable.
196.nbsp;Les mots biffés, par lesquels Lope avait d'abord commencé le vers, sont
illisibles.
7nbsp;97
-ocr page 116-Tih.nbsp;iCômo va de casamientos?
Bel.nbsp;Mal, tfo: nadie me agrada.
Tib.nbsp;iQué es lo que dellos te ofende?
Belnbsp;Tener mil faltas.
Tib.nbsp;iQué faltas?nbsp;200
Bel.nbsp;Vn letrado me trahiannbsp;[fol. 4 r°]
calbo.
Tih.nbsp;iQué ynporta la calba?
Bel.nbsp;Quando yo fuera muger
espiritual y santa,
y para venzer la carne,nbsp;205
gran enemigo del aima,
quisiera vna calabera
tener de noche en la cama,
lindamente me venia
vn ombre al lado con calba.nbsp;210
Lis.nbsp;Era mui rico,
Beli.nbsp;Ya quise
asir la ocasiôn; estaua
sin copete por la trente
y boluiôme las espaldas.
Lis.nbsp;iPor qué dexaste al maestrenbsp;215
de campo?
Beli.nbsp;iNo es casi nada
faltar vn ojo?
Lis.nbsp;iQué ynporta,
pues se le pone de plata?
Beli.nbsp;Yo te diré la ocasiôn.
Lis.nbsp;Dila.
Bel.nbsp;Si este honbre jurara:nbsp;220
,,Como a mis ojos te quiero,quot;
y le costaua el de plata
dos reaies, en otros tantos
mi amor y vida estimaua.
199. Lope avait d'abord écrit: enfada, mot qu'il a corrigé en ofende.
203. Lope a biffé les mots vva mujer qu'il avait mis d'abord, et il les a corrigés
par le mot muger.
212. Lope avait d'abord écrit: el copete, mots qu'il a corrigés en: la ocasiô^t.
215. Cot.: dejas.
224. Cot.: y mi vida estaba.
-ocr page 117-Fuera deso, no podi'anbsp;225
Uamarle mis ojos.
Lis.nbsp;iCalIa!
Bel.nbsp;Pues Uamarle yo mi ojo,
era ser negra.
jO qué graçia!
Lis.nbsp;iQué diras del portugués?
Que en el pecho y las espaldasnbsp;230
se ha de poner el siliçio.
Lis.nbsp;No te entiendo.
Aquellas barbas
negras, çerdosas y espesas,
era ponerme en Ia cara,
y aun en la boca, vn siliçionbsp;235
y en la lengua vna mordaza.nbsp;[fol. 4 ï;°]
Lis.nbsp;lY aquel caballero rico
de aquel lugar de la Mancha?
Bel.nbsp;Ténia grandes los pies.
Lis.nbsp;iEsa es falta de ynportancia?nbsp;240
Beli.nbsp;No, madré, que sobra era,
y temi, si se enojaua,
que era sepultarme en losa
cubrirme de vna patada.
Vile algo negras las viïas,nbsp;245
y no pretendo en mi caza
çernicalo de vnas negras.
Lis.nbsp;îY no las ténia blancas
el caballero françés?
Beli.nbsp;No quiero yo ser Madama,nbsp;250
ni llamar Mosiur mi esposo.
Lis-nbsp;Pues dime: ien qué hallaste falta
a don Luis, mozo y galan,
cuyos pechos esmaltaua
226. Hartz.: Uamarme.
231, 235. Toutes les éditions ont: cilicio.
246.nbsp;S., Hartz, et Cot.: casa, ce qui prouve que ces éditions n'ont pas compris
l'intention du poète.
247.nbsp;Ms.: le tilde manque sur vnas.
253. Toutes les éditions portent: En don Luis.
-ocr page 118-vn lagarto de Santiago?nbsp;255
Beli.nbsp;iCalla, madre, que me espantas!
iNo dizen que las mugeres
a sus maridos abrazan?
Con vn lagarto en el pecho,
en mi vida le abrazara.nbsp;260
Tib.nbsp;Sobrina, llamase assi
aquella cruz colorada,
que es espada y no es lagarto.
Bel.nbsp;Bastaua la semejanza
para matarme de miedo.nbsp;265
i Jesiis !
Tib.nbsp;iMas qué te desmayas?
Pues, sobrina, si ninguno
te agrada, y la edad se pasa
como la flor, tienpo viene
a quien Ie tiene y le aguarda,nbsp;[fol. 5 r°] 270
en que después se arrepiente.
Lis.nbsp;iLlaman?
Flo.nbsp;Si.
Lis.nbsp;Mira quién llama.
Vn algiiaçil y un escribano.
Al.nbsp;Sienpre entramos sin liçençia. '
Tib.nbsp;Sienpre la tienen las varas.
Al.nbsp;Los términos han pasado;nbsp;275
mira si quieres, Lisarda,
que saque prendas a Eliso.
Tib.nbsp;iCon Eliso en pleyto andas?
Lis.nbsp;No ay remedio de cobrar
los dos mil ducados.
Tib.nbsp;Basta,nbsp;280
que oluida su obligaçiôn
y como a muger te trata.
263. Cot.: y no lagarto.
266. Hartz.: iMas que te desmayas} Cot: Mas^qué te desmayas?
269. Un nom propre entre parenthèses est'biffé après la flor.
275. Vers biffé: Pasaronle . . . quatro u mas.
277. Le mot biffé entre saque et prendas est illisible.
Lis.nbsp;Vn ano abrâ que murió
mi marido, y que no acaba
de pagarme; y si he calladonbsp;285
es por la amistad passada,
y la que tiene de nuebo
con don Juan, mi hijo.
Tib.nbsp;Bay an
y sâquenle prendas.
Bamos,
que no esta lejos su cassa.nbsp;290
^ Vdyanse.
Tib.nbsp;Yo tanbién me quiero yr.
Lis.nbsp;Belisa esta desmayada.
Tib.nbsp;^Qué tienes?
Bel.nbsp;Ymaginé,
como le vi con la vara,
que me sacara los ojos.nbsp;295
Tib.nbsp;Ojos no, mas prendas sacan.
Flo.nbsp;Quatro nouios por lo menos
aguardan.
Lis.nbsp;^Dónde?
Tlo.nbsp;En la sala.
Lis.nbsp;iQuién son?
Plo.nbsp;Fabriçio.
Bel.nbsp;Ya he visto
a Fabriçio.
Tib.nbsp;^En qué te cansanbsp;300
Fabriçio?
Bel.nbsp;En barba y cabeza
tiene çiertas moscas blancas,nbsp;[fol. 5
y quando ya ay tantas moscas,
es que el verano se acaba.
Plo.nbsp;El otro es médico.
Bel.nbsp;i Lindo!nbsp;305
Con médico sienpre en casa
pensaré que estoy enferma.
293.nbsp;Ms.: Lis. au lieu de Tib. Toutes les éditions portent: tiene.
294.nbsp;Hartz.: lo vi.
-ocr page 120-Frio me da de quartanas,
tienblo; ti, ti, ti. iJesûs!
i 01a, llébame a la cama !nbsp;310
Tih.nbsp;Si no fuera mi sobrina,
la diera dos bofetadas.
Lis.nbsp;No lo oyga, triste de mi. —
Bamos a missa, muchacha,
y despidanse essos nouios.nbsp;315
Tih.nbsp;ïDônde yrds tan de manana?
Lis.nbsp;A San Geronimo yré.
Beli.nbsp;jAy no, madré!
Lis.nbsp;iPor qué causa?
Beli.nbsp;Tiene a los pies vn leôn
que sienpre que entro me espanta;nbsp;320
y una vez, madré, no dudes
que ha de saltarme a la cara.
Lis.nbsp;Pues no nos pongan el coche,
que a San Miguel a pie basta.
BeLnbsp;d Y no es nada cl de los piesnbsp;325
junto al pesso de las aimas?
Tih.nbsp;No vendré a verte en mi vida.
Flo.nbsp;Los nouios, senora, aguardan.
Beli.nbsp;iJesûs! y jqué alteraçiôn!
iOla, dame un vidro de agua!nbsp;330
^ Eliso y Fahio criado.
Fa.nbsp;Yntenta, por tu vida, el cassamiento,
que es rica, bien naçida y mui hermosa.
Elis.nbsp;Belisa tiene estrano pensamientonbsp;[fol. 6 r°]
en no agradarse de ninguna cosa.
Cada dia en la corte ay nuebo cuento • 335
desta dama cansada y enfadosa,
porque son sus melindres postres y antes,
alibio de cansados caminantes.
Verdad es que mil cosas le lebantan,
costumbre de los cuentos, que en efetonbsp;340
van creçiendo contados, que adelantan
310. Cot.: llevadtne.
330. Toutes les éditions portent: vidrio.
102
todos quantos los cuentan v.i conçeto.
Todos los honbres dize que la espantan,
ni ella le quiere neçio ni discreto,
si es alto, porque sobra de lo justo,nbsp;345
si es bajo, porque falta.
i Lindo gusto !
Eli'nbsp;Vn onbre desechó, porque tenia
vn lunar en la cara, y por bermejo
a un caballero.
Fab.nbsp;Mâs razón tenia.
Eli.nbsp;iPor qué?
Fab.nbsp;Por lo que dizen del pellejo.nbsp;350
Eli.nbsp;Mirando va nobio mui galan vn dia,
dixo, viéndole linpio como espejo:
,,Mds que dormir con este mentecato,
quiero comer, que es bueno para plato.quot;
Fab.nbsp;En Alcorcón pudiera hazer Belisanbsp;355
vn desposado, que es famoso el barro.
Elis.nbsp;Assi le tubo Eua. Burla y risa
haze del mâs galân, del mâs bizarro.
Entre con la espada desnuda Felisardo.
Feli.nbsp;iEstâ aqui Eliso?
Eli.nbsp;(0 Felisardo!
Fe.nbsp;Aprisa,
que a un caballero ...
Eli.nbsp;iQué deçis?
Fel.nbsp;nauarro 360
pienso que he muerto, aconpanando aÇelia, [fol. 6
que venia del Prado con Aurelia.
343. La première rédaction du vers était: los honbres viejos dize.
353. Deux vers entiers biffés;
mas aseado y linpio que vn espejo
dizen que dixo: aqueste mentecato
no.
357. Hartz.: Asi le tuvo Eva-, burla y risa.
358—359. Le premier mot, prononcé par Feli., se trouvait d'abord écrit tout
de suite au-dessous du vers 358, mais Lope a biffé ce mot esta et a mis l'indi-
cation de scène.
360. Toutes les éditions ont: dices.
-ocr page 122-Salieron de manana a pasearse,
sali, siguiólas este caballero,
boluieron, y él detras, y sin quitarsenbsp;365
de paso a fuente, a lo de brabo y fiero;
llegaron las criadas a enfadarse,
que no lo estaua yo poco primero.
Habléle, respondió, vino derecho,
miréle, alçô, metime, ya esta hecho.nbsp;370
Huyeron las mugeres, di la mano
a Çelia, y queda . . .
Eli.nbsp;êDónde?
Fel.nbsp;a vuestra puerta,
Eli.nbsp;Metelda presto.
Fe.nbsp;! Celia, Celia!
Cel.nbsp;j Hermano !
Fel.nbsp;Aquf estards segura y encubierta,
Celi.nbsp;Pues êdónde vas?
Fe.nbsp;Al Carmen,
Çel.nbsp;Es en vano 375
quedar aqui sin ti, menos que muerta.
Si no ay peligro aqui, ipor qué te aie jas?
Y si aqui le ay, ipor qué me dejas?
Eli.nbsp;Bien dize. — Çierra, Fabio, nuestra puerta. —
Que a mâs peligro vays por tantas calles. 380
Fab.nbsp;Yo voy.
Eli.nbsp;Aqui estarâ Çelia encubierta,
y tu, mientras remedio busqués o halles.
Ç^l'nbsp;Bien dize, mientras algo se conçierta,
iQue dos mançebos de gallardos talles,
que me vieron venir, no dirân nada?nbsp;385
Eli.nbsp;No temas, que no harân si es gente onrrada.
366, Ms.: de paso o fuente.
369. Lope avait mis d'abord: metio mano, mots qu'il a corrigés en vino derecho.
378.nbsp;Ms., A., B. et S. portent: y si aqui no le ay. Par la suppression de no le
vers endécasyllabique manque de syllabes, ce que Hartz. et Cot. corri-
gent en ajoutant le mot aun.
379.nbsp;Cot.: dices.
384, Au commencement du vers les mots mas que sont biffés,
-ocr page 123-ACTO I. Versos 687—412
Fabio huelhe.
Fa.nbsp;j Gran desdicha !
Eli.nbsp;iQué dizes?
Fa.nbsp;Que aun apenas
cerraua las dos puertas de la calle,
quando veo que llega la justiçia.
Llamaron, y yo haçiendo que no oya,nbsp;390
çerré para deçlroslo.
Fe.nbsp;îQué haremos?
Elis.nbsp;Esta casa no tiene parte oculta,nbsp;[fol. 7 r°]
ni menos de salir ventana o puerta.
Fah.nbsp;Senor, bien estarân en mi aposento.
Elis.nbsp;En caso de buscar honbre por muerte,nbsp;395
no dexarân rincôn que no le miren,
y mucho mâs no hauiendo abierto luego.
Celi.nbsp;iAy triste yo!
Eli.nbsp;No os aflixâis, seîîora.
Yntentemos, siquiera, alguna industria.
Yo ténia en mi casa dos esclabos,nbsp;400
Pedro, que a los caballos asistfa,
porque era ya cristiano bautizado,
y Zara, vna esclauilla granadina.
Los dos podéis fingiros, porque entranbos
. estân en la heredad. Tu, Felisardo,nbsp;405
ve a la caballeriza, y en la cuerda
que atrauiesa de la vna a la otra parte,
hallarâs el vestido que las fiestas
el esclauo se pone; — y tù, sefiora,
en la cozina el que se pone Zara. —nbsp;410
Tù toma el almohaza, — tù los platos,
y no seréis de nadie conozidos.
395. Hartz.: muerto.
400. Le mot Feli. écrit avant ce vers est biffé, mais avec une autre encre
que celle de Lope.
401—402. D'abord Lope avait écrit:
vna que ... a los caballos asistia
llamado Pedro y la esclauilla . . .
Feli.nbsp;Yo voy.
Celi.nbsp;Y yo a lo mismo.
Ya nos quiebran
11 puerta.
Eli.nbsp;Antes me espanto de la flema
cjn que llaman, buscando vn delinquente. 415
Baja y di que yo estaua en mi escritorio
en papeles y cuentas ocupado,
y que nadie hasta agora los ha oydo;
y detente en hablar lo que pudieres
porque tengan lugar para vestirse.nbsp;420
Fab.nbsp;Yo voy, y quiera el çielo que suçeda
tin felizmente que burlados queden.
Eli.nbsp;Por su desdicha conozerlos pueden.
►tnbsp;Vdyase Fabio.
Eli-nbsp;Tirano amor, cuya opinion tematica [fol. 7
nos muestra bien la libreria historica,nbsp;425
escura çiençia en lengua methaphorica
de la esphinje de Tebas enigmâtica,
idlchoso el que se queda en tu gramâtica,
y no llega a tu lôgica y retôrica,
pues el q le sabe mâs de tu teôrica,nbsp;430
menos lo muestra en tu experiençia prâtica!
Pues ygualas, amor, en tu matrlcula
bs sabios y los bârbaros salbâjicos,
el mar y el fuego, el yelo y la canfcula,
yo seré Vlises a tus cantos mâgicos;nbsp;435
pjes sôlo vemos en tu acciôn ridfcula
p:inçipios dulçes, para fines trâgicos.
Entreyi algiiaçil y escrihano y Fabio.
Al.nbsp;Pudiera vuesamerzed
t3ner estilo deuido
a quien es.
Eli.__No lo he sabido,nbsp;440
422. A., B. et S. mettent l'indication de scène après ce vers.
436. A.: acion.
-ocr page 125-y que le tengo crehed.
Cuentas de haçienda intricada.
diuierten, y yo no soy
portero en mi casa.
Al.nbsp;Estoy,
por ser de vna casa onrrada,nbsp;445
dos oras a vuestra puerta,
y sale vuestro crïado
mui dormido y enfadado.
Eli.nbsp;La bestia agora despierta,
que no sale mâs tenprano
de la cama, y, por mi vida,nbsp;450
que este descuido no ynpida
el estilo cortesano
digno de quien soys. Deçid,
iqué es lo que mandais?
Al.nbsp;Mui bien,nbsp;455
eso diréys que tanbién
es estilo de Madrid.
ïNo os acorddis que se os hizonbsp;[fol. 8 y°]
por Lisarda execuçiôn?
Elis.nbsp;jA ssf! tenéys gran razón.nbsp;460
En fin, ëno le satisfizo
nlngun conçierto?
Al.nbsp;Paso
la oposiçiôn, como veys;
ningun término tenéys,
porque todo se cunplió.nbsp;465
Prendas os vengo a sacar.
Eli.nbsp;No tengo qué responder,
Lisarda lo puede hazer.
Escr.nbsp;Liçençia nos podéis dar.
Eli.nbsp;Entrad, que Fabio os darânbsp;470
mi plata y tapiçeria,
442. S., Hartz. et Cot.: intrincada.
459.nbsp;Lope avait commencé le vers par: execu.
460.nbsp;A. et B.: assi.
463. Lope avait d'abord écrit: y otro y tal que, mots biffés et corrigés en: como
veys.
-ocr page 126-y si falta, que podria,
satisfaçiôn se os harâ
con otras prendas.
Escr-nbsp;Mui bien.
Bamos.
^ Éntrense con Fabio.
Elis.nbsp;Yo estaua engaiïado.nbsp;475
Basta que, siendo el buscado
y el perseguido tanbién,
pensé que era Felisardo.
Mas bien es que estén ansf,
por si los conoze aqui.nbsp;480
Que mi deuda presto aguardo
remediarla con dinero
que espero en fin deste mes.
Tomé el consejo después,
que fuera mejor primero.nbsp;485
Porque, si hubiera pedido
a Belisa por muger,
pienso que pudiera ser
de sus melindres marido.
que toda mi cobardianbsp;490
nació de su condiçiôn.nbsp;'nbsp;[fol. 8
Entrar quiero, que es razón,
a ver esta haçienda mfa.
Que tiempo abrâ de pedir
a Belisa y de trocarnbsp;495
la deuda en deudo, y pagar
con el mismo recebir,
que es la haçienda poderosa.
Pero bien es menester
para sufrir y tenernbsp;500
vna muger melindrosa.
472. Lope avait écrit d'abord: faltara.
497. S., Hartz. et Cot.: recibir.
501. Entre ce vers et l'indication de scène. Lope a tracé une ligne qui se termine
par la rùbrica.
ACTO I, Versos 502—531
Éntrense y salgan Lisarda y Belisa y Flora.
Lis.nbsp;Este honbre es vn pinzel,
ipor qué no te ha de agradar?
Bel.nbsp;Quando te quieras casar,
elije alguno como él;nbsp;505
que a mf no me satisfizo.
Lis.nbsp;iPor qué?
Bel.nbsp;Porque allf contô
vna pendençia, y mostrô...
Lis.nbsp;dQué mostrô?
Bel.nbsp;vn pufio postizo.
Lis.nbsp;lEso ynporta?
Bel.nbsp;Honbre que a mf,nbsp;510
sefiora, me ha de querer,
i postizo le ha de traher?
Y quando le trayga ansf,
(iha de ser tan descuidado,
que por hazerse balientenbsp;515
se le cayga, quando quente
las cuchilladas que ha dado
con el pufio de la espada,
el pufïo de la camisa?
Lis.nbsp;Esos melindres, Belisa,nbsp;520
me tienen ya mui cansada.
No sé a quién te bas parecido,
que yo no fui melindrosa.
Beli.nbsp;ïEl ser yo linpia y curiosanbsp;[fol. 9 r°]
por melindres bas tenido?nbsp;525
Lis.nbsp;Pues dime que no lo fué
no querer al caballero
toledano.
Beli.nbsp;Darte espero
la raçôn.
Lis.nbsp;Yo no la sé.
Beli.nbsp;Tenla grandes los ojos,nbsp;530
y algo el mirar espantado.
520. A., B., S. et Cot. ont: ya no la sé.
-ocr page 128-Si assi mira enamorado,
iqué harâ después con enojos?
Mui bien despedido va,
que vi la figura en élnbsp;535
del Rey don Pedro el Cruel,
que en Santo Domingo esta.
J-is.nbsp;ïY el que antiyer te ofrecl?
Bel.nbsp;jAy Jésus!
Lis.nbsp;No te alborotes.
Beli.nbsp;Mui caydos los vigotesnbsp;540
sobre la boca le vi.
Ymaginé que serfa
o perro de agua o salbaje,
o que estaua algûn potaje
sorbiendo por çelosi'a.nbsp;545
Bien tiene, si corne leche,
con que poderla colar.
Lis.nbsp;Pues, i quién te ha de contentar?
Flor.nbsp;Vn marido en escabeche.
►P El alguaçil y el escmmno.
Es.nbsp;Hfzose todo mui bien.nbsp;550
Al-nbsp;Bien se ha hecho.
Lis.nbsp;iDe qué modo?
Al.nbsp;Depositado esta todo,
y pfdeme que te den
dos prendas viuas a ti,
que por fuerza le saqué.nbsp;555
532. Vers entier biffé: yo le mire con cuidado.
534. Lope a corrigé deux fois la seconde moitié de ce vers. La première
rédaction est indéchiffrable, la deuxième est: mui bien despedido esta.
538. Lope a mis: ofreci â la place de: podia, mot qu'il a biffé. A. et B.: aniayer;
S., Hartz. et Cot.: anteayer.
541. Le mot: ténia est biffé et corrigé par: le vi, à cause de la rime.
543—544. Lope avait d'abord écrit:
perro de agua, {Lis.) Que los baje
te enfada. (Beli.) A que,
550. Après Hizose, Lope a biffé: la execii.
553. Vers entier biffé: {Es) solo sacan prendas.
Lis.nbsp;i Prendas viuas?
Alg.nbsp;Por mi fee,
que en toda mi vida vinbsp;[fol. 9 v°]
dos tan gallardos esclabos.
Lis.nbsp;Hasme hecho gran plazer.
A I.nbsp;El vno es muger.nbsp;560
Lis.nbsp;i Muger
herrada?
Al.nbsp;No tiene clabos,
pero puedelos poner
en qualquiera libertad. —
jOla, Pedro y Çara, entrad!
Lis.nbsp;Bizarros, no ay mâs que ver.nbsp;565
Entren Felisardo de esclabo y Çelia.
Al.nbsp;Yo los saqué, porque creo
que vn gran seruiçio te hago.
Lis.nbsp;Daréle carta de pago,
tal graçia en los moros veo,
De los dos mil, y aun a linbsp;570
albriçias, porque los dé.
Al.nbsp;Esso es mucho; mas yo sé
que lo harâ por ti y por mf,
y que en casso de vendellos
gustarà de hazerte gusto.nbsp;575
Lis.nbsp;Qualquiera preçio es mui justo,
aunque mui grande, por ellos.
At.nbsp;Yo tengo qué hazer. El çielo
te guarde.
Lis.nbsp;Veme después,
que tuya esta cassa es.nbsp;580
Al.nbsp;Que no tendremos, reçelo,
neçesidad de vender
prendas.
659. Cot.: hame hecho.
560. Vers entier biffé: y quando los podre ver. — Cot.: es una mujer.
569. Lope a commencé d'abord ce vers par al, mot qu'il a biffé.
571. La première rédaction du vers est: porque luego me los de.
583. Au commencement du vers le mot agur est biffé.
-ocr page 130-Lis.nbsp;Assi lo ymagino.
Al.nbsp;Adiós.
Feli.nbsp;i Qué estrafio camino
de desdicha, aunque ha de sernbsp;585
para mâs remedio mlo!nbsp;[fol. 10
Que en aqueste traje y cassa,
mientras esta furia passa,
estar guardado conflo.
Pero iquândo historia algunanbsp;590
de quantas ha visto el mundo
dió capftulo segundo
al libro de la fortuna?
iky suçeso mâs gallardo
que vn ombre, que oy en Madridnbsp;595
era mâs noble que el Çid
y mâs libre que Bernardo,
se vea esclabo y sacado
por prenda de execuçiôn,
no con mayor dilaçiônnbsp;600
que lo que hauemos tardado
en vestirnos Çelia y yo,
sin Morato, sin Xafer,
y sin poder responder
a estos honbres si ni no?nbsp;605
Yo estoy como loco aqui,
no sé en qué podré parar.
Çeli.nbsp;Si me pudiera quexar,
çielo contrario, de ti
por el traje en que me veo,nbsp;610
pues él me diera liçençia,
perdiera aquella paçiençia
que ya te pido y desseo.
No puedo de mi quexarme,
pues lo que me ha suçedidonbsp;615
592. Au commencement du vers le mot vio est biffé.
599. Ms.: prendas.
603.nbsp;Lope a biffé quelque chose après sin. — A., B., S. et Hartz.: tnorato et jafer,
avec minuscules.
604.nbsp;Lope avait d'abord commencé ce vers par les mots: Mami ni.
-ocr page 131-engano, y no culpa ha sido.;
Mas iqué podra resultarme?
iQué dano puede venirme?nbsp;[fol. 10 v°}
Todo es seruir ocho dias.
Beli.nbsp;Bien dizes, y tü podrfasnbsp;620
hablarle.
Li.nbsp;Si él estâ firme,
yo le haré con el dinero
que los dexe, aunque no quiera. —
Esclabo.
Fel.nbsp;Sefiora.
Lis.nbsp;Espera.
Feli.nbsp;tQué he de esperar si esto espero?nbsp;625
Lis.nbsp;iTu nonbre?
Fel.nbsp;Pedro me llamo.
Lis.nbsp;t Cristiano?
Fel.nbsp;Sf, por la graçia
de Dios, aunque por desgraçia
mfa te tengo por amo.
Lis.nbsp;iPéssate de estar aquf?nbsp;630
Fel.nbsp;No, — porque mâs me pessara,
si alla en la cârzel pagara
lo que no te debo a ti. —
Lis.nbsp;^De dónde eres?
Pe.nbsp;De Granada,
aunque en Madrid he naçidonbsp;635
de esclaba, que hubiera sido
reyna, a no ser desdichada.
El hijo de Carlos Quinto,
don Juan de Austra, cautibó
a mi madre, y naçi yo
del Alpujarra distinto,
620. S. et Hartz.: podrâs.
632. Lope a biffé les mêmes mots: si alla en la carzel, qui commencent défini-
tivement le vers.
lt;534. Lope avait commencé le vers par ces mots: {Bel.) vn esclabo, et au lieu de
de Granada, il avait mis granadino. — Hartz.: Fel. au lieu de Pe.
637. Après les mots reyna a, Lope a biffé: quererlo su espada.
640. Lope avait d'abord écrit a mi padre, dont il a changé p en m.
8nbsp;113
640
donde ella fué natural,
y un caballero espanol,
linpio y galân como el sol.
Lis,nbsp;iQué lastima! ^Ay cossa ygual?nbsp;645
Bel.nbsp;iY tü, esclaba?
Ça.nbsp;Yo me llamo
Çara y bautiçarme quiero.
Soy de Orân, y estarlo espero,nbsp;[fol. 11
si buelbo a ver a mi amo,
antes, sefiora, de vn mes.nbsp;650
Beli.nbsp;Y aqui tanbién, si tu quieres. —
Por çierto, hermosas mugeres
tiene Orân.
Lis.nbsp;Ésta lo es. —
Flora, muestra la cozina
a Çara y lo que ha de hazer. —nbsp;655
Tu puedes venir a ver
çierto nobio.
Beli.nbsp;j Qué mohina !
Vdyanse las dos.
Flor.nbsp;Ea, Çara, ven commigo. —
Tu, Pedro, visitarâs
la caballeriza.
Feli.nbsp;iAy mâsnbsp;660
esclabos?
Flo.nbsp;No.
Feli.nbsp;No lo digo
por no seruir.
Flo.nbsp;Vn lacayo
del hijo de mi senora
cura de su coche agora
los caballos, y a él vn bayo.nbsp;665
642.nbsp;Lope avait d'abord écrit: el en fee, mots corrigés en: ella fnê.
643.nbsp;Le mot espaHol, écrit d'abord avant caballero, est biffé.
640.nbsp;Dans toutes les éditions Bel. manque.
651.nbsp;S. et Hartz. ont supprimé y devant aqui.
-ocr page 133-Feli.nbsp;tHijo tiene?
Flo.nbsp;Y mui galân.
Felis.nbsp;iAnda fuera?
Flo.nbsp;Estâ en la cama.
Ronda de noche vna dama,
y no madruga don Juan.
Las doze le dan en ellanbsp;670
los mâs di'as ; tu tendrâs
dueiïo, si en su casa estâs,
hermano desta donzella,
que es ângel en condiçiôn. . .
Y yo te regalaré,nbsp;675
que tu talle obliga, a fee,
y buena conuersaçiôn.
De todo tengo las llabes.
iBebes vino? ^Comes, di,
tozino?nbsp;[fol. 11 v°]
Felis.nbsp;Pienso que sf,nbsp;680
porque naçi donde sabes.
Si no es que se me ha oluidado
desde anoche que zené.
Flo,nbsp;j O qué regalos te haré !
Celi.nbsp;Si has de ser tan regalado,nbsp;685
alaba, Pedro, a los çielos.
Feli,nbsp;Oye, Çelia.
Celi,nbsp;No ay oyr.
Feli.nbsp;Todo lo podré sufrir,
pero no sufrir tus çelos.
606. Lope avait écrit d'abord Ped., nom qu'il a changé en Feli.
667. Lope a changé Pe. en Felis.
672. Lope avait commencé d'abord le vers par le mot amo, qu'il a biffé. —
Hartz.: la casa.
674. Après que Lope a biffé no ay, et après ângel le mot biffé est illisible.
677. Lope a biffé après y le mot iu.
686. Lope avait commencé le vers par le mot: ventura, qu'il a biffé.
-ocr page 134-•i« Don Juan con vna ropa, desabrochado, poniéndose los botones,
y Carrillo, lacayo.
Ju.nbsp;iEnsillaste?
Car.nbsp;Ya lo esta;nbsp;690
pero es ora de corner.
Jii.nbsp;£Abra missa?
Car.nbsp;Misa abrâ.
Jîi.nbsp;j Qué cansado vine ayer!
Car.nbsp;Con razón te causas ya.
Jn.nbsp;En pidiéndome dinero,nbsp;695
luego me desmayo y muero.
Car.nbsp;Muchos escriuen remedios
de amor, poniendo por medios
la ausencia por mâs ligero,
a quien se sigue el oluido;nbsp;700
otros los libros, la caza,
' el pleyto, el entretenido
juego; y todos dando traza
de diuertir el sentido.
Quâl con las echizerfasnbsp;705
quiere librarse de amor,
quâl con mayores porfias
en otro gusto, senor,
passa sus melancolfas.
Plinio dixo que se echasenbsp;[fol. 12 r°] 710
vn amador, j qué molestia!
adonde se rebolcase
vna mula, y que vna bestia
assf a otra bestia ymitasse.
Mas esto fué por mostrarnbsp;715
que era vna bestia quien ama,
no porque puede quitar
de aquella bestia la cama
esta enfermedad de amar.
Mas yo digo que el pedirnbsp;720
es el remedio de amor.
690. Lope avait d'abord écrit: (Ju) que ensillaste. (Car.) el alaçan.
714. Ms.: a a otra. — S. et Hartz.: Asi otra bestia.
Ju.nbsp;i Dónde has oydo deçir
esso de Plinio?
Ca.nbsp;Senor,
hanse dado a traduçirnbsp;^
tantos honbres que carezen .nbsp;725
de yngenio, que ya sabemos
los tontos lo que encarezen
los sabios, y merezemos
los nombres que ellos merezen.'
Yo le tengo traduçido,nbsp;730
y aun a Horaçio y a Lucano.
Jîi.nbsp;iEsos hombres has le^^do?
Car.nbsp;Pues si estân en castellano,
iqué dificultad ha sido?
Ya mi alazân latiniza.nbsp;735
Allâ estân.
Ju.nbsp;Huélgome al fin,
que estos que el mundo eterniza,
buscan a Horaçio en latin,
y estâ en la caballeriza.
î Que vn lacayo te ha leydo,nbsp;740
^ diuino Horaçio!
Ca.nbsp;Yo he sido.
Mas en verdad que me espantonbsp;[fol. 12 v°]
de que tù te estimes tanto
por el latin aprendido;
porque de quantos es vistanbsp;745
con la capa y con la espada
tu persona latinista,
sienpre en libros ocupada,
dizen que eres romançista.
Jna. Luego, iel yngenio y la çiençia 750
son los bonetes y grados
'_por Çigiienza v por Valençia?_
735—736. Lope a biffé les mots: alla en la caballeriza
los tengo.
736. Les mots biffés et corrigés par Huélgome sont illisibles.
738. Les mots que estan sont biffés et corrigés par buscan.
745. Après le mot porque le mot muchos est biffé.
752. Toutes les éditions: o por. — Hartz. et Cot.: Sigiienza.
-ocr page 136-Car.nbsp;En los vulgos enganados
consiste la diferençia:
espada, luego ydiotismo,nbsp;755
bonete, luego letrado.
7«.nbsp;i Qué graçioso silogismo !
Car.nbsp;Ya esta en el vulgo asentado.
Jii.nbsp;|0 qué cansado hispanismol
Lipso con capa y espadanbsp;760
fama ynmortal tiene y goza,
persona fué çelebrada
don Ynigo de Mendoza,
que a dexado a Espana onrrada.
Mil exenplos te truxeranbsp;765
con que el vulgo me entendiera,
si aqui con el vulgo hablara.
• Ca.nbsp;îHaste de labar la cara?
Ju.nbsp;Llama a Flora.
Vn poco espera.
nbsp;Vdyase el lacayo.
Çiençia es saber, que con yngenio y arte 770
alcanza vn onbre, no manteo y bonete;
que si toda en los hâuitos se mete, [fol. 13
tendrân las mulas en la çiençia parte.
Çesar siguió con alta espada a Marte,
sus comentarios no ha cubiertó el Lete; 775
que quien tiene dos vezes treynta y siete,
£ quién le quita que de vno se descarte?
Yo he visto a Cicerón con vn sombrero,
y a Xenofonte armado; j letras santas,
bien os puede tener vn cauallero!nbsp;780
O tü, que por los ojos te adelantas,
si Apolo tiene pluma y Marte azero,
_junta a los dos en experiençias tantas.
760. Dans toutes les éditions: Lipsio.
764. Lope avait mis d'abord:
pregunto quando . . .
fue estudiante no sabra . . .
769. Ms.: Ju. oublié.
781.nbsp;Lope avait d'abord commencé le vers par le mot vulgo qu'il a biffé.
782.nbsp;Lope avait d'abord commencé le vers par les mots: no mira el bonete.
-ocr page 137-ACTO I, Versos 784—811
-i* Entre con vn xarro y un plato Zelia, y Flora con vna toalla.
Cell.nbsp;Aqui tienes agua y plato.
Flo.nbsp;Toalla tienes aqui.nbsp;785
Ju.nbsp;i Flora!
Flo.nbsp;iDe que es el recato?
Ju.nbsp;Nunca esta criada vi. —
iVos seruis? jO tienpo yngrato!
Flo.nbsp;Mejor, senor, lo diras
quando sepas que es esclaua.nbsp;790
Ju.nbsp;iEsclaua, Flora? ^Esso mâs?
Flo.nbsp;En casa de Eliso estaua.
i Nunca la viste?
Jti.nbsp;Jamâs.
Flo.nbsp;En prendas que le han'sacado
de vna deuda la han trahido.nbsp;795
Ju.nbsp;Solo el habernos pagado
con ella, disculpa ha sido
del haberle executado. —
Bella esclaua.
Celi.nbsp;Desdichada
diréys mejor, hasta agoranbsp;800
que OS sirbo.
Ju.nbsp;I Qué bien pagada
Deuda! Echad agua, seiiora.nbsp;[fol. 13
Flo.nbsp;iTanto la esclaua te agrada?
Ju.nbsp;iHas visto alguna en tu vida
mâs hermosa? Echad mâs agua,nbsp;805
echad mâs, si soys seruida,
porque se tienple la fragua
de vuestro fuego ençendida.
(Ay tales ojos!
Celi.nbsp;Pudieran
dar agua, si aqui faltara.nbsp;810
Ju.nbsp;dQué manos la mereçieran?
Indication de scène: Lope avait mis d'abord après le mot plato: Flora y Zara.
784. Lope a surchargé le mot Zar. de la correction Celi.
792. Lope avait mis d'abord estauas, dont il a biffé le s.
807. S., Hartz. et Cot.: temple.
quot; Mas si el aima sé labara,nbsp;■■
mâs a proposito fueran.
Dame esa toalla, Flora,
aunqiie no podrâ linpiarnbsp;815
lo que dexa ynpreso agora
esclaua que'ipuede honrrar
la mâs prinçipal senora.
Yd por el cuello.
Cel.nbsp;Yo yré.
Ju.nbsp;Ve, Flora, a dârsele.
Flo.nbsp;Voy.nbsp;820
Ju.nbsp;No buelbas acâ.
Flo.nbsp;No haré.
Vdyanse las dos.
Ju.nbsp;Con gusto de verla estoy.
Algo a solas le diré.
Nunca esta esclaua le vi
a Eliso. Sin duda creonbsp;825
que él la guardaua de mf,
porque el ageno desseo
debiô de juzgar por si.
i O quânto lo habrâ sentido,
si acaso la tiene amor!nbsp;830
Desdicha notable ha sido.
Celia con vn cuello en vn tabaque o salba.
Celi.nbsp;Aqui estâ el cuello, senior.
Ju.nbsp;Y aqui, seriora, el rendido.
Ése es cuello que ponello
podéis por argolla en mi,nbsp;835
814. Au commencement du vers Lope a biffé les mots: ve Flora.
820. Le nom lu. manque dans toutes les éditions, sauf dans celle de Hartz.
821—822. Dans A., B., S. et Cot. l'indication de scène manque.
8.30. S. et Hartz.: le tiene.
834. Toutes les éditions ont: Ese es cuello, ponello.
120
aunque bastaua vn cabello,nbsp;[fol. 14 r°]
y éste el cuello que os rendi.
Çeli.nbsp;Burlâisos, ponéos el cuello.
►fquot; Pôngasele.
Ju.nbsp;No fuera yerro el asiento,
pero ya por vos le siento. quot;nbsp;840
Yerros en las trenzas ay.
Çeli.nbsp;Yo pensé que era cambray.
Ju.nbsp;i Qué enganado pensamiento!.
Celi.nbsp;Y si vuestros yerros son
trenzas, con façilidadnbsp;845
podréis romper la prisiôn.
Ju.nbsp;Prisiôn de la voluntad
esta en la ymaginaçiôn.
No açierto a atarme la trenza;
ponédmela vos, llegad.nbsp;850
Llegad, no tengâis vergûenza.
Atadme la libertad,
que a ser tan vuestra comienza.
Llegad, ataréis el cuello.
Celi.nbsp;Pôrque el seruiros obliga,nbsp;855
lo haré, pues os siruo en ello.
Pero iquién abrâ que os diga,
aunque yo açierte a ponello,
si estâ el cuello bien o mal?
Voy por espejo.nbsp;860
Ju.nbsp;Eso no,
porque no abrâ espejo ygual
como esse rostro en que yo
i miro tan linpio cristal.
Retrâtenme vuestras bellas
nifïas, que bien puedo en ellasnbsp;865
deçir que en el sol me vi.
Atad.
844. Le mot Celi, écrit par Lope, se trouve au vers 845. Au vers 844 Cel. est
écrit par une autre main et avec une autre encre.
857. Lope avait commencé le vers par mas, mot qu'il a biffé, et après que il
avait mis Je mot nos, dont il a biffé le n.
Cel.nbsp;iNo esta bien ansi?
Jti.nbsp;A vuestras claras estrellas
se lo quiero preguntar.
gt;fi Entre Felisardo.
Fel.nbsp;jBueno es aquesto, por DiosInbsp;870
Si aquî pudiera cortar,nbsp;[fol. 14
tanto montara en los dos
cortar como desatar.
Ju.nbsp;i Quién estâ ay?
Feli.nbsp;Yo, senor.
Ju.nbsp;Pues iquién eres?
Feli.nbsp;Vn esclauo,nbsp;875
que oy te sirbe por fabor
de la fortuna, que alabo
por conozer tu balor.
Fui de Eliso y ya soy tuyo.
Mas ni soy tuyo ni suyo,nbsp;880
ni sé a quién he de seruir,
tanto, que puedo deçir:
,,Esclabo soy, pero icûyo?quot;
Por prenda vine a tu haçienda
de vna execuçiôn; mas yanbsp;885
a tanto pasa otra prenda,
que conmigo en prenda esta,
que puedé ser que te prenda.
Mi amo esta esclaba amô,
vi que a tu pecho llegô,nbsp;890
y no es bien que a ti se junte;
876—877: Ces deux vers étaient d'abord: que oy ténia por seHor
a Eliso.
880. Cot.: tnas no soy tuyo.
886—887. Ces deux vers étaient d'abord: a tanto la prenda passaba
que. . .
889—894. Cinq vers sont biffés: buelba por mi amo ansi,
que a Zara en su casa amo.
no te enfades de . . .
buelba por mi amo ansi,
vi que a iu pecho llego.
pero aunque me lo pregunte,
,,eso no lo diré yo.quot;
Ju.nbsp;Buen talie de esclabo tienes,
y leal me bas pareçido,nbsp;895
pues que tan çeloso vienes.
Fel.nbsp;Zara, buen prinçipio ha sido,
bien tu desdicha entretienes.
Celi.nbsp;iTü me rines?
Fel.nbsp;iPor qué no?
Senor me mandó que yonbsp;[foi. 15 r°] 900
te rinese, y puedo hazello,
pues hago en renirte aquello
,,que cùyo soy me mandó.quot;
Ju.nbsp;No la rinas, por mi vida,
esclabo, que no es culpada;nbsp;905
y en tanto que aqui résida,
aunque es de Eliso conprada,
haz cuenta que fué vendida.
Yo soy SU dueno.
Feli.nbsp;iY yo cùyo?
Ju.nbsp;Mio tanbién.
Feli.nbsp;Ya soy tuyo.nbsp;910
Mas debo temer, senor,
de mi primer poseedor
„que no diga que soy suyo.quot;
Zara estuuiera mâs bien
en la cozina que aqui.nbsp;915
Çeli.nbsp;Y tù curando tanbién
tus cauallos.
Fel.nbsp;For ti a mi
en sus pesebres me ven.
Çeli.nbsp;Y a ml por ti entre los platos,
sin que me regale Flora,nbsp;920
_ villano exenplo de yngratos._
900. Au commencement du vers, et après me, deux mots illisibles sont biffés.
908. Deux vers, dans lesquels Lope a apporté une double correction, sont
biffés: y çue... de ser dueiio tuyo
.. .he de pagarte
911. A., B. et S. ont la même faute d'impression: tener.
918. Lope avait écrit d'abord: en tus pesebres.
-ocr page 142-Ju.nbsp;No aya mâs, por Dios, agora,
que los dos soys dos retratos
de hidalga y noble lealtad.
Seruid alegres, crehednbsp;925
que os tengo gran voluntad,
y que os he de hazer merzed.
Fdi.nbsp;Si Zara trata verdad,
yo la tendré en lo que es justo.
Ju.nbsp;A missa voy, que es mui tarde.nbsp;930
Vdyase Don Juan.
Feli.nbsp;Presto mudaste de gusto,
Ce.nbsp;iSientes, assf Dios te guarde,nbsp;[fol. 15 1»°]
de veras este disgusto?
Feli.nbsp;iSoy piedra yo? ^Soy diamante
O soy amante? iSoy fieranbsp;935
O soy hombre? ^Soy hidalgo
o soy la misma bajeza?
ïTü dos mil léguas de vn onbre,
quanto mâs, j quién lo creyeral
la distançia que se pudonbsp;940
diuidir con vna trenza?
iTü dando lazos y nudos
al cuello de otra cabeza
que la mfa, para hazerlos
en mi garganta de cuerda!nbsp;945
jAy Çelia bella,
ni fee en la mar ni en la muger firmeza!
Tü reçien venida aquf
para ser vltima prueba
de amor en tan gran desdichanbsp;950
que mereze fama eterna,
928. Vers biffé: las manos los pies me dad.
931.nbsp;Biffé au commencement du vers le mot: merezerte.
932.nbsp;Biffé au commencement du vers le mot: niui. — Toutes les éditions, sauf
S., ont: ansi.
942. Toutes les éditions, sauf celle de Hartz., portent: hudos.
951. Après que, les mots: pudiera hazer sont biffés.
en los brazos...
Cel.nbsp;^En qué brazos?
Feli.nbsp;Déxam^ no me detengas.
Celi.nbsp;Pues £es bien tratar en burlas
en tiempo de tantas veras?nbsp;955
Buelbe y mira dónde estamos,
pues en nuestra misma tierra
tii eres esclabo y yo esclaua;
que si de mi honor reçelas,
ofensa tuya es locura,nbsp;960
y para mi honor la ofensa.
Por ti, Felisardo mio,
soy esclaba, tus quimeras
me truxeron a seruir.nbsp;[fol. 16 r°]
Si sirbo, ^de qué te quejas?nbsp;965
Sali con otra crïada
a dar agua a quien quisiera
dar veneno. Es honbre y mozo,
dixome palabras tiernas,
que es la ocasión ligera,nbsp;970
pólbora el hombre y la muger çentella.
Mandó que truxese el cuello,
truxe el cuello, até las trenzas,
hizome espejo, fuf espejo.
Feli.nbsp;(Y eso no quieres que sienta?nbsp;975
Celi.nbsp;No, porque luego que entraste,
como era vidro y se quiebra,
çesô el espejo.
Feli.nbsp;Mejor
dieras, Çelia, por respuesta
que la muger es espejonbsp;980
y que del dueno en ausençia.
haze la misma lisonja
a qualquier rostro que llega.
Celi.nbsp;Dexa esos çelos injustos,
952. Lope avait d'abord commencé le vers par: al.
954. Vers biffé: si quieres que no ser bur.
972. Vers biffé: ya hizo que Flora se fuesse.
977. Toutes les éditions ont: vidrio.
dexa, por mis ojos, dejanbsp;985
en tanto mal ninen'as.
Feli.nbsp;Siento, Çelia, que lo sean,
que si tù en las ninas tuyas
retratas prendas agenas,
ninerias son que puedennbsp;990
hazer gigantes offensas.
Mas porque, en taies desdichas,
no es bien que hablemos en quejas,
dime, mi bien: £ qué he de hazer
en las muchas que nos quedan?nbsp;995
èQuieres, dime, que esta noche [fol. 16 v°]
nos vamos donde no sea
la fortuna poderosa
a hazernos burlas como éstas?
tQuieres que de aqui te saque?nbsp;1000
Celi.nbsp;Sabe Dios si lo quisiera;
pero ponemos a Eliso
en notable contingençia.
Que como estamos en nonbre
de esclabos, que diga es fuerzanbsp;1005
Lisarda que él nos esconde,
o nos buscarân por ella.
Mejor es que mientras pasa
la furia, aqui te entretengas,
que para estar escondidosnbsp;1010
ninguna cassa como ésta.
Fuera desto, de mis padres
seré buscada, y apenas
saldré en mi traje a la calle,
quando conozida sea.nbsp;1015
Y para mi, £qué mâs gloria
que estar adonde merezca
el nonbre de esclaba tuya?
Feli.nbsp;Bien, seîîora, me aconsejas.
Alli he visto los criadosnbsp;1020
que estân poniendo la mesa.
1000. Après le mot que, Lope a biffé: te saque.
1010. Cot.: escondido.
-ocr page 145-Vete, Çelia, a la cozina,
que puede ser que nos vean.
Celi.nbsp;Yo pondre en vna toalla,
si acaso hurtarle me dejan^nbsp;1025
algün regalo que comas.nbsp;[fol. 17 r°]
Pero no, que se me acuerda
que Flora lo harâ mexor.
Felis.nbsp;Nunca te he visto tan neçia.
Cel.nbsp;Quien ama teme.
Fel.nbsp;Quien amanbsp;1030
crehe.
Cel.nbsp;i Qué quieres que créa?
Feli.nbsp;Que te adoro, mi Çelia,
que las desdichas crezen las firmezas.
Fin del p° acto
Paraphe de Lope
1023. Le premier mot du vers, para, est biffé. — Toutes les éditions ont: que
podrâ ser.
ACTO SEGUND[OJ
DE LOS MELINDRES DE BELISA
S alen Belisa y Flora.
Flo.nbsp;êEn qué tiene de parar
tanta tristeza y disgusto?quot;
Bel.nbsp;Ya, Flora, todo mi gusto
se ha conuertido en liorar.
Ya mis melindres cessaron,nbsp;5
y a mi arrogancia paró,
el cielo me castigó,
y los hombres se vengaron.
, .nbsp;tenme lastima, que estoy
para matarme.
Flo.nbsp;No diganbsp;10
tal tu entendimiento.
Bel.nbsp;Amiga,
por passos tan tristes voy
que es impossible viuir,
porque en tanta desuentura
es el callar mi locuranbsp;15
determinarme a morir.
iQué tardo? ^En qué me detengo
que no doy fin a mi vida?
Flo.nbsp;iTü de ti misma omicida?
Bel.nbsp;A darme la muerte vengo,nbsp;20
Flora, con tanta ocasión,
que quando en lo que la fundo
venga a conocer el mundo,
dirân que tengo razón.
6. Cot.: pasó.
19. A. et S.: ti mismo, ce qui est une faute évidente.
-ocr page 147-Yo he de matarme. Tü, Flora,nbsp;25
después de muerta, podrâs
mirar mi pecho, y verâs
la causa que callo agora.
Porque escrita en vn papel,
como el que muere por vando,nbsp;30
la lleuaré al pecho quando
me mate yerro o cordel.
Pensando estoy, triste vida,
vuestro fin: si con espada,
quedaré muy dessangrada,nbsp;35
mal puesta y descolorida.
Si en cordel, quedaré fea,
la lengua gruessa, y torcida
la boca, que sin herida
no ay muerte que tierna sea.nbsp;40
Con veneno, me pondré
negra y inchada; sangrada
es muerte a Séneca hurtada:
dulcemente moriré,
que sera cosa famosanbsp;45
morir en filosofia,
y de muerte de sangria
quedaré limpia y hermosa.
j Ea, llâmame vn barbero !
Diré que quiero sangrarme,nbsp;50
y después podré quitarme
la venda basta el fin postrero,
Ve, Flora, veme por él.
Flo.nbsp;(iQué dizes? ^Estâs en ti?
Bel.nbsp;Matarme tengo . ..
Flo.nbsp;lAy de mi!nbsp;55
Bel.nbsp;si tardas, con vn cordel,
o alguna encendida brasa,
como Porcia.
Flo.nbsp;Si lealtad,
55. A., B. et S. ont tiene, que nous avons corrigé comme Hartz. en tengo à
cause du sens de la phrase.
58. A., B. et S. ont a Porcia, que nous avons corrigé comme Hartz.
9 'nbsp;129
-ocr page 148-ACTO II, Versos 59—94
si amor, si tratar verdad,
si auer nacido en tu casanbsp;60
pueden merecer saber
la causa de tus enojos,
ellos y mis tristes ojos
te obliguen.
Bel.nbsp;No puede ser.
Flo.nbsp;Pues si no, juntemos vidasnbsp;65
y acdbenos vna muerte.
Bel.nbsp;Si te obligas que vna suerte
nos yguale en dos heridas,
aquf te dire mi mal.
Flo.nbsp;Yo te lo prometo.
Bel.nbsp;Escucha,nbsp;70
verâs que la causa es mucha
y a mi desuentura ygual.
En Madrid nacida.
Flora, como sabes,nbsp;75
por regalo y gusto
de mis ricos padres,
me crié en sus braços
con amores tales
que aun hablaua en nina
pudiendo casarme.nbsp;80
Lloufan las Indias
Indias orientales,
adonde tenia
mi padre dos males
en su casa y cofre:nbsp;85
perlas y diamantes,
plata para gastos
y oro para engastes.
Con esto y quererme,
gastauan gran partenbsp;90
en mis nueuas galas,nbsp;^
en mis ricos trajes.
Que don luan en fin,
como era estudiante,
66 Cot.: acabemos
-ocr page 149-no gastaua en libros,nbsp;95
lacayos y pajes
lo que yo en espejos,
pastillas y guantes.
Con estas locuras
fuy tan arrogantenbsp;100
que nunca pudieron
casarme mis padres.
Treynta mil ducados
que en parte me caben
desta gruessa bazienda,nbsp;105
mâs que no mis partes,
obligan los hombres
que por muchas nacen,
a venir a verme,
verme y conquistarme.nbsp;110
Yo con locura
de bazienda tan grande,
y quizâ enganada
de mi ingenio y talie,
he dado en melindres,nbsp;115
en melindres tales
que fuy de la corte
fâbula notable.
Di en dezir vn tiempo
que tenia de carnenbsp;120
las manos y rostro,
lo demas de imagen,nbsp;^
que, quai ves, las visten
sólo por el talie,
sin piernas y cuerpo,
con bultos yguales.
Di en no yr a missa
donde huuiesse el angel
que venciendo pintan
sierpes infernales.nbsp;130
108. A., B. et S. ont por muchos, que nous avons corrigé en muchas, ainsi
que Hartz. et Cot.
125. Cot.: cuerpos.
125
Viendo a San Christóual
forma de gigante,
me dieron mil vezes
desmayos mortales.
Jamas en la pila,nbsp;135
aunque con los guantes,
tomé agua bendita
temiendo anegarme.
Nunca sali fuera
que el ayre sonasse,nbsp;140
y si me cogia
el ayre en la calle,
daua dos mil gritos:
,,j Que me lleua el ayre!quot;
Nunca he visto toros,nbsp;145
de miedo que salten,
aunque yo tuuiesse
mil rexas delante.
La puente de piedra,
con ser Mançanaresnbsp;150
rfo tan pequeno,
no ay orden que passe.
Para entrar en coche
mil reliquias hazen
escolta a mi cuerpo,nbsp;155
cruzes y seiïales.
No coml en mi vida
ciruelas de frayle,
porque dizen muchos
que en el cuerpo nacen.nbsp;igo
Caracoles menos,
porque nunca barren
en su aposentico
sus necessidades.
lamas consentinbsp;165
que me tome el sastre
medida a vestido,
porque no me abrace.
Nunca el çapatero
-ocr page 151-lo que calço sabe;nbsp;170
çapatos de vn punto
y de dos me haze,
y hasta diez y seys,
porque no se alaben
que saben mis puntosnbsp;175
curiosos galanes.
No quise en mi vida
jugar a los naypes,
porque la espadilla
me hiela la sangre.nbsp;180
Mas ipor qué te digo
las cosas que sabes
y que no es possible
que mi lengua baste?
Yo, en efeto, Flora,nbsp;185
con melindres taies
desechando a tantos
caualleros graues,
ricos, gentileshombres,
nobles, principales,nbsp;190
con âbitos muchos,
muchos con bastantes
cargos en la guerra
y oficios reaies,
poniendo mil faltasnbsp;195
a quantos me salen,
no sé si lo diga
antes que me mate,
porque no me afrenten
desatinos taies.nbsp;200
Pero ya que es fuerça,
^de qué estoy cobarde?
Vn esclauo adoro,
prenda que a mi madre
truxo vn alguazil;nbsp;205
Dios se lo demande.
173. Hartz.: Hasla.
185. Cot.: en efecto.
No es de burlas, Flora;
yo quise guardarme,
diligencias hize,
pero poco valennbsp;210
en estas prisiones:
el amor alcalde
castiga con muerte
resistencias taies.
Ni duermo ni como,nbsp;215
ni sé qué se traen
estos pensamientos
y dificultades.
Yo, que burla hize
de hombres semejantes,nbsp;220
' quiero vn esclauillo.
Mas no diga nadie:
„Desta agua no beuoquot;,
que los tiempos hazen
humillar soberuias,nbsp;225
subir humildades;
truecan los melindres
en sucessos graues,
enriquecen chicos,
empobrecen grandes.nbsp;230
i Mal aya quien hizo
leyes desiguales!
Que lo peque el gusto
y el honor lo pague.
Plo.nbsp;iQué podré yo responderte?nbsp;235
Corrido mi gusto vi
de lo que passa por ti;
que callo por no ofenderte.
Pero no puedo negarte
que ha sido estrana locura.nbsp;240
Bel.nbsp;îDexa de ser la hermosura
hermosura en qualquier parte?
îDexarâ de ser diamante
el que lo naciô en la mina,
242. B.: qualquiera.
-ocr page 153-ACTO II. Versos 245—275
porque esté en la mano indinanbsp;245
o porque le cubra el guante?
Mas a la quenta, si a ti
lo que a mi te sucedió,
no quiero culparte yo
para desculparme a mi.nbsp;250
Lo que haré sera matarme.
Flo.nbsp;Mejor es buscar remedio.
Bel.nbsp;Pues l ay sin la muerte medio
con que poder remediarme?
Flo.nbsp;Echarle de casa luego.nbsp;255
Bel.nbsp;Hale cobrado afición
mi madre, y la priuación
podrd acrecentar mi fuego.
Flo.nbsp;Pues hazle herrar o açotar,
aféale de maneranbsp;260
que le aborrezcas.
Bel.nbsp;dQué fiera
puede aborrecer y amar?
Flo.nbsp;Piensa en que essa esclaua adora,
si desamartelan zelos.
Bel.nbsp;No han hecho salsa los cielosnbsp;265
de amor como celos, Flora.
Flo.nbsp;Pues algo bas de hazer.
Be.nbsp;Morir.
Flo.nbsp;Mira el alma.
Bel.nbsp;Essa razón
sola vence la passión
con que desprecio el viuir.nbsp;270
Quiero tomar tu consejo
y hazer este esclauo herrar,
como quien quiere quebrar,
por no mirarse, el espejo.
Flo.nbsp;Tu madre.
Bel.nbsp;Apartate alii.nbsp;275
250. Hartz. et Cot.: disculparme.
263. A., B.: piensa en que; S.: piensa que en que, corrigé par Hartz. en piensa
que d esa.
274. Cet.: al espejo.
-ocr page 154-ACTO II, Versos 276—306
Sälen Eliso y Lisarda.
Li.nbsp;No tienes qué replicarme;
los esclauos has de darme,
aunque vienes contra mi.
Eli.nbsp;Tras auerme executado,
ime quitas con tal disgustonbsp;280
en lo que tengo mi gusto?
Lis.nbsp;Eres cauallero honrado
y te obliga el ser muger.
Eli.nbsp;Yo tengo qué te pedir,
y assf te quiero seruirnbsp;285
con hazerte este plazer.
Pero aduierte que son tres
los esclauos que te doy.
Li.nbsp;iCómo?
Eli.nbsp;Porque yo lo soy,
y el como sabras después.nbsp;290
Eis.nbsp;Si es acaso pensamiento
de casarte con Belisa,
ya su condición te auisa.
Eli.nbsp;Sé que vn impossible intento;
pero tù lo tratarâsnbsp;295
con ella a solas.
Li.nbsp;Si haré.
Por allf estaua y se fué.
Eli.nbsp;Hâblala en esto, no mâs,
pues sabes mi nacimiento,
porque en aquesta ocasiónnbsp;300
saques en la execución
las prendas del casamiento.
Li.nbsp;Ya Pedro y Zara son mfos.
A hablar a Belisa voy.
Vase Lisarda.
Eli.nbsp;Dispuesto a sufrir estoynbsp;305
sus notables desuarfos,
-ocr page 155-ACTO II. Versos 307—333
Sale Felisardo de esclauo.
Fel.nbsp;Eliso del alma mia.
Eli.nbsp;Mi querido Felisardo,
£cómo va?
Fel.nbsp;Tu vista aguardo
como las aues al dia,nbsp;310
en esta obscura prisión.
Eli.nbsp;iPrisión con Celia?
Fel.nbsp;Es verdad,
mas no tengo libertad
de dezille vna razón.
iQué ay por alla de la herida?nbsp;315
ïNo podré salir de aqui?
^Murmürase que yo fu^?
Eli.nbsp;Aun tiene el hidalgo vida,
pero esta muy peligroso.
No salgas de donde estas,nbsp;320
porque a peligro pondras
la tuya.
Fel.nbsp;j Caso espantoso !
Eli.nbsp;Éste es el mejor sagrado.
Fel.nbsp;iBuscan a Celia?
Eli.nbsp;También.
iCómo le va a Celia?
Fel.nbsp;Bien,nbsp;325
aunque con algün cuydado
de vna criada que aqui
se pierde por regalarme.
Eli.nbsp;£ Zelos?
Fel.nbsp;Oy quiso matarme.
Si me ven contigo ansinbsp;330
daremos que sospechar.
Eli.nbsp;iSales de casa?
Fel.nbsp;Muy poco.
Eli.nbsp;Adiós.
329. Cot.: Celos.
333. A Dios, écrit à la main dans A, manque dans B. et S.
-ocr page 156-ACTO II, Versos 333—356
Vase Eliso y sale Lisarda.
Lis.nbsp;Si yo te prouoco,
Belisa, a tanto pesar,
no ayas miedo que en mi vidanbsp;335
te träte de casamiento. —
I Pedro!
Fel.nbsp;Senora.
Li.nbsp;Mi intento,
que voluntad conocida
no te parezca desseo,
de esclauo auerte comprado. ..nbsp;340
Fel.nbsp;i Comprado me has?
Lis.nbsp;Oy te ha dado
Eliso y oy te posseo.
£No te lo dixo?
Fel.nbsp;Temiö
mi sentimiento, que es justo.
Lis.nbsp;£No estâs conmigo con gusto?nbsp;345
Fel.nbsp;Muy grande le tengo yo
de seruirte, mas Eliso
es, en fin, dueno primero.
Lis.nbsp;Mal pagas lo que te quiero.
Fel.nbsp;De que agradezco te auiso •nbsp;350
la merced y el gran fauor
que me has hecho.
Lis.nbsp;Mâs me deues
que piensas.
Fel.nbsp;Palabras breues
son las senales de amor.
Lis.nbsp;Yo te quiero como a mf.nbsp;355
Fel.nbsp;Mil vezes beso tus pies.
337—340. A.: la virgule après desseo est biffeé et mise après esclauo.
Harz: les virgules se trouvent après intento et après parezca.
Cot: les virgules sont mises après intento et après deseo.
341. A.: fautivement Lis. au lieu de Fel.
ACTO II, Versos 357—382
Sale Celia.
Lis.nbsp;^Es ésta Zara?
Fel.nbsp;Ella es.
Lis.nbsp;Zara, iqué quieres aqui?
Cel.nbsp;A Pedro vengo a llamar;
don luan, mi senor, Ie llama.nbsp;360
Lis.nbsp;Yd presto.
Cel.nbsp;iTambién mi ama
te comiença a regalar?
Fel.nbsp;iOtros zelos?
Cel.nbsp;Pues I qué quieres,
si tü me das la ocasión.
Lis.nbsp;Bueno, £aqui conuersación?nbsp;365
Fel.nbsp;iO Celia, qué estraiïa eresl
Cel.nbsp;A Pedro le pregunté
si oy ensenarme querfa
la oración del otro dia.
Lis.nbsp;iNo la sabes?
Cel.nbsp;No la sé.nbsp;370
Lis.nbsp;Flora te puede ensenar.
Vete, perra, a la cozina.
Cel.nbsp;Ésta también se Ie inclina,
mas yo me sabré pagar.
Vase Celia.
Lis.nbsp;tQué pensamientos son éstosnbsp;375
que de vn esclauo me han dado?
Ni es decente mi cuydado
ni ellos parecen honestos.
Agrâdame con estremo
SU talie, SU lengua y cara.nbsp;380
jQué liuiandad ! jAmor, para,
tente 1 Que perderme temo.
357. S.: Esta es Zara.
373. B.: se inclina.
ACTO II, Versos 383—411
Sale Belisa.
Bel.nbsp;Sabiendo que Pedro es tuyo
y que le compraste a Eliso,
vengo a darte cierto auiso.nbsp;385
Lis.nbsp;Sera algün melindre tuyo.
Bei.nbsp;Dlzenme que es fugitiuo;
oy bas de mandar herralle.
Lis.nbsp;£ Herrar, Belisa, aquel talle?
Bei.nbsp;iQué importa? ^No es de vn cautiuo?nbsp;390
Lis.nbsp;Tengo lâstima a la cara;
no merece hierro en ella.
Bel.nbsp;iParécete a ti muy bella?
Lis.nbsp;— Mucho el alma se déclara. —
iQué me puede parecernbsp;395
de vn esclauo?
Bel.nbsp;Pues consiente
herrarle.
Lis.nbsp;Es inconueniente
para boluerle a vender,
como quien haze tapizes
con sus armas.nbsp;400
Bel.nbsp;Perderàs
el esclauo.
Li.nbsp;i Importa mds
que herrarle, como tü dizes?
Haz melindre, por tu vida,
de herrar vna buena cara.
Bel.nbsp;Si en no darme gusto pdra,nbsp;405
en cosa que yo te pida,
el aborrecerme a mi
por querer a tu don luan,
presto tus ojos dirdn
si como don luan naci.nbsp;410
Äbreme, Flora, essa cama.
402.nbsp;Hartz.: Herrarle, supprimant que. — B.: como dizes.
403.nbsp;B.: melindres.
408. B.: a vn don luan.
-ocr page 159-Ve presto, llama el barbero,
sangreme luego, oy me muero.
jOla, al fisico me llama 1
Presto verâs si oy acabonbsp;415
vida que tengo por ti,
si es mejor perderme a mi
que herrar la cara a vn esclauo.
Vase Belisa.
Lis.nbsp;jAy tan estrafia mudança!
Quien de ver dar vna voznbsp;420
llamaua delito atroz,
tanto atreuimiento alcança
que quiere herrar el mâs bello
esclauo que el mundo vió.
O la condición trocó,nbsp;425.
o es interessada en ello.
jAy tal locura y crueldad!
Sale Tiberio.
Tih.nbsp;Aunque el ver desmayos taies
no son indicios mortales,
mueuen, Lisarda, a piedad.nbsp;430
No he visto jamâs tan muerta
a Belisa. iQué ha tenido?
Lis.nbsp;Vna necedad ha sido,
que de su humor desconcierta.
Ha dado en que se ha de herrarnbsp;435
Pedro.
Ti.nbsp;Pues ies vuestro esclauo?
Lis.nbsp;Aun de comprarle no acabo,
iy ya tengo de mostrar
tan grande crueldad con él?
Tib.nbsp;Ya sabéys su condición.nbsp;440
Pero porque no es razón
412. B. et Cot.: al barbero.
434. Cot.: de su honor.
hazer acto tan cruel,
fingir podéys que le herrâys;
que con vn clauo fingido
auréys con los dos cumplido,nbsp;445
pues a ninguno agrauiâys.
Que también es cosa fuerte
darla tanta pesadumbre,
si es de vuestros ojos lumbre.
Lis.nbsp;Pues ipuédense hazer de suertenbsp;450
que parezcan verdaderos?
Tih.nbsp;Con mucha facilidad.
Lis.nbsp;îQue a qualquiera liuiandad
me ha de hazer Belisa fieros?
Aora bien, quede a tu quentanbsp;455
fingir los hierros.
Tih.nbsp;SI haré,
porque esta loca no dé
en hazernos vna afrenta.
Él viene. — jO Pedro!
Sale Felisardo.
Fel.nbsp;jO, senor!
Tih.nbsp;iCômo va en la nueua casa?nbsp;460
Fel.nbsp;Bien, gracias a Dios, se passa.
Todos me tienen amor.
Tih.nbsp;De Lisarda yo lo juro,
pero de Behsa no,
pues te manda herrar, y yonbsp;465
por su gusto lo procuro,
aunque me pesa en estremo.
Feli.nbsp;iCômo herrarme? iViue Dios,
que si lo intentâys los dos,
siendo yo leal, que temonbsp;470
que os quite a entrambos la vida!
444—445. B.: une faute d'impression a fait changer de place les mots fingido
et cumplido.
445. Cot.: habéis.
Tih.nbsp;Lo mismo manda a la esclaua.
Feli.nbsp;Aquf la inuención se acaba.
j Yo soy, yo soy homicida
del nauarro cauallero!nbsp;475
Venid, que escondido estoy.
Tih.nbsp;iQué dizes?
Fel.nbsp;Que el hombre soy
que con el desnudo azero
di la muerte a aquel hidalgo.
Tih.nbsp;Loco Ie buelue el pesarnbsp;480
de errarle. No te han de errar.
Fel.nbsp;Esperad, que luego salgo
donde auenture la vida.
Tih.nbsp;Mira que por darla gusto
y impedir tanto disgusto,nbsp;485
sera la letra fingida:
que a los dos quiero pintar
los clauos con vna tinta
que luego se quite.
Fel.nbsp;Pinta
lo que se pueda borrarnbsp;490
y lldmame esclauo tuyo.
Tih.nbsp;Aguardame, Pedro, aquf.
Vdyase Tiherio y sale Celia.
Cel.nbsp;iPuése ya Tiberio?
Fel.nbsp;Si.
Cel.nbsp;iQué ay de Lisarda?
Fel.nbsp;Que huyo
por tu gusto de Lisarda.nbsp;495
Cel.nbsp;lY de Belisa?
Fel.nbsp;Vna cosa
bien nueua y dificultosa.
Cel.nbsp;Dfmela de presto.
Fel.nbsp;Aguarda.
La desdicha que nos sigue
nos confirma por esclauos.nbsp;500
Cel.nbsp;£Cómo?
-ocr page 162-Fel.nbsp;Que oy nos ponen clauos.
Cel.nbsp;Pues iqué puede auer que obligue
a tal desatino?
Fel.nbsp;Auer
dado en aquesto Belisa.
Cel.nbsp;De quien eres los auisa.nbsp;505
Fel.nbsp;Ya no sera menester,
porque con clauos fingidos
nos han de herrar a los dos.
Y viénenos bien, por Dios,
para no ser conocidos,nbsp;510
que nos andan a buscar.
Cel.nbsp;Si acertamos en herrar,
de veras me hierre a mf
quien por ti pusiere clauosnbsp;515
a vn rostro que ya los tiene
en el alma de quien viene
la estampa.
Salen don luan y Carrillo.
Iu.nbsp;Que estos esclauos
no se han de apartar jamds.
Carr.nbsp;Son letra y tilde, son nombrenbsp;520
y firma.
lu.nbsp;Ê1 es gentilhombre.
Carr.nbsp;Y aun es discreto.
Iu.nbsp;iEsso mds?
Carr.nbsp;Holgariaste de hablalle.
Iu.nbsp;Si, mas no me puedo holgar
de verle con Zara hablar,nbsp;525
si es discreto y de buen talle.
Fel.nbsp;Pues aqui nadie nos ve,
bièn me puedes abrazar.
-^-V—-
513. A., B. et S.: en herrar-, Hartz. et Cot.: cn errar.
518. Cot,: Que estos clavos.
520. A., B. et S.: fautivement: nombres.
-ocr page 163-ACTO II. Versos 529—557
Abrdzajise.
Cel.nbsp;Siempre te has de anticipar
a mis desseos.
lu.nbsp;iQué fué?nbsp;530
Carr.nbsp;Que se abrazaron los dos,
me parece, en castellano.
lu.nbsp;£Por qué la abrazas, villano?
Cel.nbsp;^Viônos don luan?
Fel.nbsp;Si, por Dios.
lu.nbsp;£Tù en casa tan principal,nbsp;535
perro, hazes esto?
FeLnbsp;Sefior,
si piensas que es esto amor,
el tuyo lo piensa mal;
que porque me dixo aqui
que bautizarse queria,nbsp;540
lo que a christiano deuia
hize en abraçarla ansi.
Si baxar pudiera el cielo,
sospecho que la abraçara,
pues lo que el cielo intentaranbsp;545
disculpa tiene en el suelo.
lu.nbsp;Vete a la caualleriza,
perro.
Fel.nbsp;Perdona, seîïor,
£ser yo christiano es error?
Car.nbsp;La palabra atemoriza. —nbsp;550
jOla, Pedro!
Fel.nbsp;dQ^é me quieres?
Car.nbsp;Ser christiano es gran bondad,
pero es mucha christiandad
abraçar a las mugeres.
Vete y aduierte que aquinbsp;555
las esclauas no se abraçan. ^
Fel.nbsp;Y si amo y lacayo trazari^ -
551. A.: fautivement Ped. pour Fel.nbsp;' lt;
-ocr page 164-gozarlas, £vsase?
Car.nbsp;Si.
Fél.nbsp;^Si? Pues espérate vn poco.
Car.nbsp;Algo ha de hazer este perro.nbsp;560
Vase Felisardo.
/m.nbsp;Aduierte, Zara, que es yerro
boluerme a desprecios loco.
Cel.nbsp;£ Puedo, si no soy christiana,
quererte?
lu.nbsp;Dame tu fe
en teniéndola.
Cel.nbsp;Si haré,nbsp;565
pero no de ser liuiana.
Pues £qué es lo que haras por mi?
Cel.nbsp;Ser tu muger.
Lu.nbsp;Es deshonra.
de vn cauallero.
Cel.nbsp;£Y es honra
mia que me rinda a ti?nbsp;570
lu.nbsp;Eres esclaua.
Cel.nbsp;Tu fueras
lo mismo a estar en Argel.
En el tuyo estoy.
Cel.nbsp;Si en él,
como dizes, estuuieras,
no tuuieras libertadnbsp;575
para quitarme el honor.
lu.nbsp;A mi obligame el amor.
Cel.nbsp;Y a mi sangre y lealtad;
que soy allâ mâs honrada
que tu aqui.
Detente, espera.nbsp;580
Cel.nbsp;Es el vencerme quimera,
menos que estando casada.
578. Hartz. et Cot.: y a mi mi sangre.
146
-ocr page 165-ACTO II. Versos 583—608
Vdyase Celia.
Car.nbsp;Cerróse.
/«.nbsp;Pensando estoy
que si ésta es noble en su tierra,
en lo que dize no yerra,nbsp;585
alla fué lo que aqui soy.
Sale Lisarda.
Car.nbsp;Tu madre.
Li.nbsp;Aun de burlas [es]
cosa que me da pesar
hazer a los dos herrar.
£es don luan?
hl.nbsp;Dame essos pies.nbsp;590
Li.nbsp;Oy £qué has hecho?
Iu.nbsp;Salf vn poco
al Prado.
Li.nbsp;^Tü estas aquf?
Car.nbsp;Mucho te espantas de mf.
Li.nbsp;^No quieres que espante vn loco?
Iu.nbsp;Dexa a Carrillo, sefiora,nbsp;595
que tengo que hablarte.
Li.nbsp;Di.
Car.nbsp;Nunca tan Carrillo fuy
en tus manos como agora.
Iu. 'nbsp;Este esclauo que tienes en tu casa
es mâs galân que esclauo; falta es éstanbsp;600
mâs que el vino, que amor su furia vence,
y mâs que el ser ladrón, que el amor roba
las aimas, que es robar su hazienda al cielo;
mâs es que huyr, porque éste huyr pudiera
y perderse el valor, y amor espera,nbsp;605
espera hasta que pierda honor y vida,
después de estar la libertad perdida.
Y assf juzgo que es justo que le vendas,
587. Hartz. et Cot. corrigent la rime et le sens de ces vers en ajoutant le mot es.
-ocr page 166-que para esclauo, en fin, le sobran prendas.
Li.nbsp;dQ^e le venda, don luan?
lu.nbsp;Que luego al punto 610
le vendas, y pues yo te lo aconsejo,
no me preguntes mâs; buéluele a Eliso
y di que sólo quieres esta esclaua,
si no quieres venderle en otra parte.
Li.nbsp;Aora bien, si conuiene que le vendanbsp;615
o que le buelua a Eliso, vayan juntos
el esclauo y la esclaua, que no quiero
tener esclaua tan hermosa y bella.
Que amor es mâs que el vino, pues le vence,
y mâs que el hurto, pues las aimas roba, 620
y mâs que huyr, pues el amor espera
a que se pierda vida, bazienda y honra.
lu.nbsp;La esclaua no te enoja, ni deshonra.
Li.nbsp;Pues ien qué me deshonra a ml vn esclauo?
lu.nbsp;En abraçar la esclaua, por lo menos.nbsp;625
Li.nbsp;iVistelo tu?
hi.nbsp;Yo vi que se abraçauan,
y Carrillo lo vió.
Li.nbsp;iQué buen testigo!
Car.nbsp;Yo vi cruzar los braços y tocarse
paloteado en las espaldas tanto
que sólo les faltó, como flamencos,nbsp;630
el dezirse al tocar: „fróleque, frólequequot;.
Lo que es la paz de Francia fué notable:
como suelen tal vez mansas palomas
embaynarse los picos vno en otro,
y dezirse requiebros en el cuello.nbsp;635
Li.nbsp;Zelos deuen de ser, don luan. ^No tienes
mugeres por alla, bellas y libres?
Dexa esta mora, que en efeto es mora;
no trates de vencerla, que es delito
que nos puede costar hazienda y honra. 640
Que el enojo de Pedro con refiille,
con no dexar que suba ni que passe
de aquestos corredores, se castiga.
622. B.: aqui se pierda.
-ocr page 167-ACTO II, Versos 644—670
Vase.
lu.nbsp;^Fuése?
Car.nbsp;Con los dos pies y los chapines.
lu.nbsp;ïEste gusto me da mi madré?
Car.nbsp;Calla,nbsp;645
que también eres tu terrible en esto.
£Por qué quieres que venda a Pedro, vn hombre
tan cuerdo, tan discreto y gentilhombre?
Saïga herrada en el rosir o Celia.
Cel.nbsp;Apelo desta crueldad
al supremo autor del cielo,nbsp;650
pues no ha de auer en el suelo
ni remedio ni piedad.
lu.nbsp;I Qué es esto? ^Ay mayor maldad?
Viue Dios que sospechaua
mi madré que a Zara amaua,nbsp;655
y que en el rostro la herrô
porque aborreciesse yo
lo que délia me agradaua.
^Es esto verdad?
Cel.nbsp;Si es.
lu.nbsp;Mfralo bien.
Ca.nbsp;iQué lo dudas?nbsp;660
I Qué te turbas y demudas?
Suyo es el dano que ves;
que tù, porque mâs estés
sosegado de tu amor,
antes recibes fauornbsp;665
en afearle la cara,
que por ventura llegara
a mâs peligro tu honor.
lu.nbsp;Déxame mirar, Carrillo,
aquellos dos, cuyas rosasnbsp;670
659. A., B. et S. ont fautivement Za. au lieu de Cel.
666. A. B., S. et Cot.: en afearte.
mancharon las rigurosas
manos, bien puedo dezillo,
que corte vn fiero cuchillo
O que en Argel ate vn moro.
Cielo rosado que adoro,nbsp;675
iqué cometas negras son
las que con tal sinrazón
eclipsan tus rayos de oro?
Essas rosas encarnadas
han dado tan negro fruto,nbsp;680
que es mirar el sol con luto
verlas de negro eclipsadas.
Pero pues estdn banadas
de tinieblas, cesse el dia
que de su oriente salîa;nbsp;685
venga la noche y la muerte,
y acdbense de vna suerte
su luz y la vida mia.
Quien en tan blanco papel
taies letras escriuió,nbsp;690
no imaginaua que yo
tengo de poner en él
el aima, para que dél
saïga aquel hierro estampadp.
Llega, no te dé cuydado,nbsp;695
estampa esse hierro en mi.
Cel.nbsp;^Cómo te llegas ansf?
In.nbsp;Amor licencia me ha dado.
Cel.nbsp;Pues a mi no la crueldad
de tu madre.
Es gran razón;nbsp;700
puesto me has en condición
de hazer vna liuiandad.
Rosas puras, esperad,
que voy a hazer que esta afrenta
de vuestra hermosura sientanbsp;705
quien os delustra y marchita,
y sera sentencia escrita
de quien vuestra muerte intenta.
Ven, Carrillo.
Car.nbsp;^Dónde vas?
lu.nbsp;Casarme tengo con ella,nbsp;710
que si antes era tan bella,
aora, herrada, lo es mâs.
Car.nbsp;No es christiana, no podras.
lu.nbsp;Podré dar pena a Lisarda.
Car.nbsp;^La afrenta no te acobarda?nbsp;715
Iu.nbsp;No ay cobarde en siendo loco.
Car.nbsp;Oye, aduierte, aguarda vn poco.
Iu.nbsp;Amor con yra no aguarda.
Celia sola.
Cel.nbsp;Cre^do lleua don luan
que estos hierros son de veras,nbsp;720
y son fingidas quimeras
de zelos que en ellas dan.
Felisardo es tan galân
que en qualquier traje enamora:
Belisa, Lisarda y Floranbsp;725
Ie quieren de vna manera.
£ Quién de vn melindre creyera
tan grande mudança agora?
Sale Felisardo herrado en el rostro.
Fe.nbsp;^Estâs aqui?
Cei.nbsp;iNo me ves?
^Cómo te subiste acâ?nbsp;730
Fel.nbsp;Amor licencia me da,
sus alas puso a mis pies.
I Qué bien los hierros te estân !
Cel.nbsp;Son en tu nombre, bien mfo,
aunque ha hecho vn desuadonbsp;735
por verme herrada don luan.
Fe.nbsp;£Cómo?
Ce.nbsp;Pienso que es de suerte
SU sentimiento, que ya
a si mismo se darâ,
si no a su madre, la muerte.nbsp;740
iEn buen enrredo, ay de ml,
nos ha puesto amor cruel!
Pero ya saldremos dél,
que no auer peligro aqui
me obliga a sufrir que seanbsp;745
tu bello rostro afrentado.
Cel.nbsp;iPov qué, mi bien, si oy me ha dado
amor su firma y librea?
Oy soy tuya, que lo ven
todos mis cinco sentidos:nbsp;75o
alégranse los oydos,
la boca y manos también.
Porque oluidos ni destierros
puedan negar tus despojos,
desde su alcâçar los ojosnbsp;quot;755
estan mirando los bierros.
iQué sientes tü de los tuyos?
Que me corro que no sean
como los tuyos dessean,
siendo estampa de los suyos.nbsp;760
También mis ojos los ven
y mi boca los alaba,
y aun vna pendencia braua
ay entre los dos también.
Que de los clauos, por sernbsp;765
tuyos, estan tan preciados
los ojos, que ya de honrados
suyos los quieren hazer.
La boca dize que estan
mâs cerca, y que suyos son,nbsp;779
pero en tan dulce quistión
los mismos hierros podran
poner paz, si los juntamos.
Dame los braços y yréme.
Cel.nbsp;Amor llega, el alma teme.nbsp;775
740. A. B. et Cot.: sino.nbsp;~
753. Cot.: olvidos y destierros.
775. A. et B.: llegua.
ACTO II, Versos 776—804
Sale Belisa y Flora.
BeLnbsp;jA muy buen tiempo llegamos!
£no te han dicho, perro, a ti
que no subas sôlo vn paso
de la escalera?
Fel.nbsp;No passo
sin causa: a pedir subinbsp;780
cosas que son menester,
que aqui me las han de dar.
Bel.nbsp;^Y es menester abraçar?
Fel.nbsp;Somos marido y muger.
Bel.nbsp;i Desde quando?
Fe.nbsp;Desde el puntonbsp;785
que a los dos nos han herrado.
Hierros auemos juntado
porque se ande todo junto.
Bel.nbsp;Pues £ puede vn hombre christiano
casarse con vna mora?nbsp;790
Fel.nbsp;Ya es christiana, pues agora
esta el serlo en vuestra mano.
. Su bautismo y casamiento
podéys hazer en vn dia.
Bel.nbsp;£ Quieres tù?
Cel.nbsp;Yo bien querria;nbsp;795
que mi noble nacimiento
se emplea en Pedro muy bien,
que es por parte de su padre
cauallero, y por su madré,
aunque mora, lo es también.nbsp;800
Bel.nbsp;Éntrate, infâme, allâ dentro;
tù, perro, bâxate allâ.
Cel.nbsp;Pues I esto enojo te da?
Bel.nbsp;Entra, bârbara.
Cel.nbsp;Ya entro
-ocr page 172-ACTO II. VERSOS 805—835
Vase Celia.
Bel-nbsp;Y tù, ^qué aguardas aquf?nbsp;805
Pel.nbsp;Ver si tiemplas el rigor.
Bel.nbsp;Tempiarle pudiera amor,
si caber pudiera en ti.
Ven acâ, Pedro.
Pel.nbsp;Sefiora.
Bel.nbsp;^Sentiste mucho el herrarte?nbsp;810
Fel.nbsp;Por ser el rostro la parte
que mâs el respeto honora,
que mâs la vista venera,
Dios sabe si lo he sentido,
y mâs sabiendo que ha sidonbsp;815
por quien honrarme pudiera.
Bel.nbsp;£ Piensas que soy yo?
Pues i quién?
Bel.nbsp;Don luan.
Fel.nbsp;De zelos sera.
Bel.nbsp;dolor passöse ya?
Pel.nbsp;j Pluguiera a Dios que tambiénnbsp;820
el de la afrenta passara!
Plo-nbsp;Tente, que te vas perdiendo.
Bel.nbsp;Vame, Flora, suspendiendo
el aima su hermosa cara.
Flo.nbsp;i Agora hermosa?
Bel.nbsp;Los clauosnbsp;825
son lunares que hermosean
lo que otros rostros afean
de menos bellos esclauos.
i Que castigassen los cielos
mis melindres desta suerte!nbsp;830
i Que vn esclauo me dé muerte
y vna esclaua me dé zelos!
jAy Flora, qué mal consejo
me diste! Que estando herrado
al bien la puerta he cerrado.nbsp;835
807. S. et Hartz.: Templarse.
824. Dans S. ce vers manque; Hartz.: La hermosura de su cara.
-ocr page 173-Flo.nbsp;Por esso te lo aconsejo;
que pudiera ser que hizieras
alguna afrenta a tu honor.
Bel.nbsp;Pues algo intenta mi amor
que tiemple estas ansias fieras.nbsp;840
^Cómo tocaré vna mano
deste esclauo?
Flo.nbsp;jLinda cosa!
iEres tü la melindrosa?
Bel.nbsp;Es todo melindre en vano,
quando llega amor por fuerça.nbsp;845
Haz, Flora, alguna inuención,
no se pierda la ocasión.
Flo.nbsp;jBraua locura te esfuerça!
Finge vn desmayo, y haré
que en braços te lieue alla.nbsp;850
Bel.nbsp;Notable inuención sera.
jjesüs! (Ay Jesüs!
Flo.nbsp;iQué fué?
Bel.nbsp;Picôme vn mosquito vn dedo,
y como si fuera vn rayo
toda me muero y desmayo.nbsp;855
Fe.nbsp;ïDe vn mosquito?
Fl.nbsp;jLindo enredo! —
iQué quieres? iYa no sabfas
sus melindres? Ya estâ muerta.
Fel.nbsp;i Muerta?
Flo.nbsp;Ten por cosa cierta
que no buelua en quatro dias.nbsp;860
Tómala en braços, que yo
no la podré leuantar.
Fel.nbsp;lYo la tengo de lleuar
en braços?
Flo.nbsp;Pues I por qué no?
Fel.nbsp;Alto, yo haré lo que mandas.nbsp;865
Flo.nbsp;Y yo yré a ver si alguien viene.
863. A. et B.: fautivement Flo. pour Fel.
-ocr page 174-Vase Flora.
Fel.nbsp;Notable desmayo tiene.
Aora bien, quiero ser andas
y lleuar aquesta muerta.
El teniéndola en los braços sale Celia.
Cel.nbsp;i Adonde vas desta suerte?nbsp;870
Fel.nbsp;Esta imagen de la muerte,
de aliento y vida desierta,
lleuo a echar sobre su cama,
que Flora me lo mandô,
porque aquf se desmayô,nbsp;875
y es en efeto mi ama.
Cel.nbsp;A lo menos porque ya
deues de quererla bien.
Fel.nbsp;Mejor los cielos me den
vida. iNo ves c6mo esta?nbsp;880
Cel.nbsp;jA, Felisardo cruel,
tu muy zeloso de mf,
y yo, ingratfssimo, a ti
por todo estremo fiel!
Mas yo sf los he tenidonbsp;885
justamente, porque soy
tan ofendida.
Fel.nbsp;Yo voy,
Celia, en el traje fingido
cumpliendo mi obligaçiôn;
no te ofendo en otra cosa.nbsp;890
Esta necia melindrosa
dixo en aquesta ocasiôn
que de picarla vn mosquito
estaua para espirar.
Mandâronmela lleuar.nbsp;895
Cel.nbsp;Ni aun tocarla te permito.
Fel.nbsp;Pues si estâ como la ves,
i tengo de dexarla aquf?
Cel.nbsp;Para darme gusto, sf,
pero no, si el tuyo es.nbsp;900
Indication de scène: B. et Cot.: en teniéndola.
-ocr page 175-lYo ama de verte en los braços
otra muger?
Fel.nbsp;Esta muerta.
Cel.nbsp;i Muerta?
Fe.nbsp;Pues ino es cosa cierta?
Cel.nbsp;Lléuala y hazla pedaços
desse corredor.nbsp;905
Fel.nbsp;Bien fuera,
porque tanto me aborrece
quanto adora y encarece
su madre; que si oy quisiera
pienso que de su hazienda toda
pudiera ser tesorero,nbsp;910
y hazerle vn engano espero.
Cel.nbsp;Mal nuestro bien se acomoda.
jAy FeHsardo! Ya herrados,
iqué podemos acertar?
iQué fin el tiempo ha de darnbsp;915
a casos tan desdichados?
Fel.nbsp;i Agora contemplas esso?
iNo ves que me estoy cansando?
Cel.nbsp;Suéltala y vente callando
a tratar nuestro sucessonbsp;920
a mi aposento, que ya
no preguntarân por ti.
Fel.nbsp;Alto, yo la dexo aqui.
Cel.nbsp;Vamos.
Fcl.nbsp;Sin sentido esta.
Flo.nbsp;Aunque con pena y con zelos,nbsp;925
al fin he dado lugar
a que puedan acabar
tantos melindres los cielos.
Quien quantos hombres miraua
melindrosa despreció,nbsp;930
con vn esclauo vengo
a quien ofendido estaua,
y sin mirar su baxezanbsp;_ . -
le quiere tomar la mano.
909. Ce vers a une syllabe de trop. Hartz. corrige: Pienso de su hazienda toda.
-ocr page 176-ACTO II, Versos 935—967
Leudntase Belisa.
Bel.nbsp;£ Qué estas murmurando en vano,nbsp;935
si sabes la fortaleza
de aquel poderoso amor?
J^io.nbsp;iJesüs, sefiora! ^Aquf estas?
Bel.nbsp;Dame la mano y sabras
la causa.
jEstrano rigor!nbsp;94O
iQue aun no te lleuó de aqui,
dexandote yo en sus braços?
Bel.nbsp;iAy Flora, que aquellos lazos
no se hizieron para mi!
Luego que adentro te fuyste,nbsp;945
y yo llegada a su pecho
yua como quien le adora,
dando rienda al pensamiento,
ya tocdndole la mano,
ya llegando el rostro al cuello,nbsp;950
como que el mismo desmayo
era destas cosas duefïo,
entró Zara, y de miralle
zelosa rémora siendo,
detuuo la naue mianbsp;955
que lleuaua en popa el viento.
Yo tem'a entre sus braços
el cuerpo, pero en el suelo
los pies; y aunque me pesaua
de ver de los dos los zelos,nbsp;960
agradecia mi agrauio;
y por estar en su pecho
rogaua a Dios que durassen
los enojos que me dieron.
i Quién vió de amor, quién oyónbsp;965
tal laberinto y enredo,
como que yo con fingido
946. Cot.: y yo llegaba.
953. Hartz.: Entró Zara, y de mi amor.
967. Cot.: cómo yo que con fingido.
-ocr page 177-desmayo estuuiesse oyendo
los mismos zelos que daua
a quien Ie tuuo por cierto,nbsp;970
y descubrió a vozes claras
los mâs estranos secretos
que ay en fâbula ni historia?
Flo.nbsp;jAy senora! iQué dixeron?
Bel.nbsp;Ella le llamaua a élnbsp;975
Felisardo, que no Pedro,
y él a ella Celia.
Flo.nbsp;iCómo?
Bel.nbsp;Celia, que no Zara.
Flo.nbsp;i Ay cielos !
Bel.nbsp;En fin, en sus relaciones,
en sus quexas, en sus miedos,nbsp;980
yo entendf, si no me engano,
que no son esclauos éstos.
Flo.nbsp;Esse es engano notorio.
Bel.nbsp;iEngano, Flora?
Flo.nbsp;A no serlo,
iCÓmo dexaran herrarse?nbsp;985
iCómo sufrieran los hierros?
Aunque el otro dia vi,
al entrar en su aposento
de Pedro, un jubón de tela.
Pero engafióme, diziendonbsp;990
que vn esclauo que le hurtó,
alii Ie traxo a esconderlo.
Bel.nbsp;ilubón de tela?
Flo.nbsp;Y muy fina.
Bel.nbsp;iSi es aqueste cauallero
y por alguna desdichanbsp;995
vino a tan triste sucesso?
Flo.nbsp;Si por los hierros no fuera,
no lo dudara.
Bel.nbsp;iQué haremos?
Flo.nbsp;Dissimular.
Bel.nbsp;Si, mas mira
que se han de huyr y que quedonbsp;1000
-ocr page 178-perdida, y mâs desde agora
que es Felisardo y no Pedro.
Flo.nbsp;Para estoruar que se vaya
mal puedo darte consejo.
Bel.nbsp;Ya yo le sé.
Flo.nbsp;îQual?
Esciicha:nbsp;1005
Bel.nbsp;llâmame a Carrillo presto.
Sale Carrillo.
Flo.nbsp;Él llega por escusarme.
Bel.nbsp;Amor le truxo a mi ruego.
Car.nbsp;lA qué ha de llegar la furia
de amor? j Qué buenos estânnbsp;1010
de su obediencia don luan
y Lisarda de su injuria!
La madré llora y promete
casarse por castigalle,
y él con la esclaua, por dallenbsp;1015
mâs penâ.
Flo-nbsp;iQué ay, alcahuete?
Car.nbsp;O secretaria cruel
de la ninfa melindrosa,
la que se alcorça y endiosa,
la que viendo en vn papelnbsp;1020
vn San lorge dibuxado,
de la sierpe se espantô.
Flo.nbsp;Mira que estâ aqui.
Bel.nbsp;Si yo,
Carrillo, huuiera mostrado
melindre viéndote a ti,nbsp;1025
iqué sierpe mâs espantosa?
Car.nbsp;Perdona, que esto no es cosa
que arguye malicia en mi,
y pruéuame en tu seruicio
si quieres ver lo que soy.nbsp;1030
1005. Cot.: Ya yo lo sé.
1008. A. et S. fautivement Cel. pour Bel.
-ocr page 179-Bel.nbsp;Hazme vn plazer.
Ca.nbsp;Aqui estoy.
Bel.nbsp;Yo he visto, Carrillo, indicio
de que Pedro quiere huyrse.
Sin esto, su atreuimiento
llega a entrar al aposentonbsp;1035
de Zara, y no es de sufrirse.
Parte a vn herrero y haras
vna argolla y un virote.
Car.nbsp;Pues esso no te alborote,
senora, que ayer no mâs
este regidor vezino
a vn esclauo le quitó;
y ré a pedirselo yo.
Bel.nbsp;Echâsele de camino,
con fauor de los criadosnbsp;1045
de casa.
Car.nbsp;Traeré de enfrente
vn lacayo muy valiente
de bigotes engomados,
hombre de mâs libertad
que vn cochero.
Vase.
Bel.nbsp;Parte presto,nbsp;1050
que yo viuiré con esto
en mayor seguridad,
mientras vengo a conocer
si es Pedro o si es Felisardo.
Flo.nbsp;El fin del sucesso aguardo.nbsp;1055
Bel.nbsp;Por fuerça lo ha de tener.
Salen Lisarda y don luan y Tiberio.
Li.nbsp;ïLibertades a mi? Pues por el siglo
de vuestro padre, que veâys muy presto
la vengança que tomo de vosotros.
Tib.nbsp;Hermana, reportaos, don luan es moço 1060
11 161
1040
y en fin es vuestro hijo.
Li-nbsp;No es mi hijo.
Bel.nbsp;iQué es aquesto, don luan?
Vuestras quimeras;
que mi madre te pone a ti la culpa.
£ Quién herrara vna esclaua tan hermosa?
En crueldades pararon tus melindres.nbsp;1065
Bel.nbsp;Pues £qué te importa a ti?
Mucho me importa,
que es mi muger.
Li-nbsp;jO infame! ^De tu boca
salen taies afrentas de tu sangre?
Tib.nbsp;Dizelo con enojo, que no es hombre
don luan que ha de afrentar nuestro linage. 1070
lu.nbsp;De veras hablo, tio.
Ti.nbsp;Calla, loco.
Li.nbsp;Pues alto, si don luan se determina
a quererse casar con vna esclaua,
yo me quiero casar con vn esclauo;
la mitad de la hazienda es mia.
Tib.nbsp;Bueno,nbsp;1075
también eres tü loca. îQué te espantas
que don luan te parezca?
Li-nbsp;No ay cordura
con hij os atreuidos, deslenguados
y inobedientes. Oy haremos quenta:
no piense que le toca su légitimanbsp;1080
tan entera el villano, que en vn afio
me ha gastado en sus deudas, en sus galas
y en sus plazeres desonestos cinco,
icinco? y aun mâs de siete mil ducados.
I^.nbsp;Si pensauas casarte y pretendiasnbsp;1085
desampararnos, sin enredos puedes
casarte con quien ya tendrâs trazado,
que yo y mi hermana viuiremos juntos
con mâs honra que estamos en tu casa.
Tib.nbsp;Salte allâ fuera ya, que es desuergûença. 1090
1076. Cot.: espanta.
-ocr page 181-^Assl tratas las tocas de tu madre?
Iu.nbsp;Respeto en vos las canas de mi padre.
Sale Felisardo.
Fe.nbsp;^Esto se puede sufrir?
^Esto es bien hecho?
Ti.nbsp;iQué es esto?
Fel.nbsp;^No basta el auerme puestonbsp;1095
estos hierros sin huyr.
sino que mandâys echarme
argolla y virote a mi?
Li.nbsp;Yo no lo mandé.
Bel.nbsp;Yo si.
Fel.nbsp;Pues ^en qué puedes culparme?nbsp;1100
Bel.nbsp;Madre. el esclauo se va;
yo lo sé de Zara.
Li.nbsp;jA. perro!
(Hiérrenle! ^No viene el hierro?
Sale Carrillo y quatro lacayos.
Car.nbsp;A punto el virote esta
y la valerosa gente.nbsp;1105
Li.nbsp;Echddsele al fugitiuo.
Lacay.nbsp;jOla Sancho! Por Dios viuo,
que dizen que es muy valiente.
Li.nbsp;Herralde y vamos de aqui.
Fel.nbsp;j Qué notable confusion !nbsp;1110
Tib.nbsp;No me parece razón
herrarle.
Bel.nbsp;Pues a mi si.
Vanse y queden con Felisardo los lacayos.
Fel.nbsp;Llegad. perros.nbsp;^
Car.nbsp;i Luego piensas
1103—1104. Indication de scène: Cot.: salm.
1109. S. et Cot.: herradle.
defenderte?
Fd.nbsp;Sôlo siente
mi valor que soys ruyn gente,nbsp;1115
no las afrentas y ofensas.
Andan al mogicon y dsenle, y en fin en el suelo le ponen el virole.
Fel.nbsp;Soys muchos, al fin ca.f.
[Lac.] 2.nbsp;Rmdete, perro, Mahoma,
Fel.nbsp;Cielos, £ quien me adora toma
tanta vengança de mi?nbsp;1120
[Lac.] 3.nbsp;Ea perrazo, esta quedo.
[Lac.] 4.nbsp;Remacha bien.
Car.nbsp;Bien esta,
que no se le quitarâ
a dos tirones.
Fel.nbsp;Oy puedo
dezir que llego mi malnbsp;1125
al estremo que podia.
Laca.nbsp;Ya sabe que oy es el dia
de ser franco y liberal.
Car.nbsp;Cuélense en esta tauerna,
lleuare veynte azeytunas,nbsp;1130
que no ha de ser en ayunas.
[Lac.] 2.nbsp;Yo seruire de lanterna.
Vanse y queda solo Felisardo con el virote puesto.
Fel.nbsp;Cruel amor, itan fieras sinrazones
tras tanta confusion, tras pena tanta?
iDe que sirue la argolla a la garganta 1135
a quien jamas huyo de tus prisiones?
iHierro por premio das a mis passiones?
Dueiio cruel, tu sinrazôn espanta,
el castigo a la pena se adelanta,
y quando siruo bien, hierros me pones.nbsp;1140
1129. S., Hartz. et Cot.: esa.
1134. A. et S.: tras tantas confiisiones, ce qui donne une syllabe de trop au
vers.
{Gentil laurel, amor, buenos despojos!
Y en vn sugeto a tus mudanças firme
i hierros, virote, Idgrimas y enojos?
Mas pienso que bas querido persuadirme
que trayendo los hierros a los ojosnbsp;1145
no pueda de la causa arrepentirme.
1143. Hartz. et Cot.: Hieno.
-ocr page 184-ACTO TERCERO
DE LOS MELINDRES DE BELISA
Salen Eliso y Lisarda.
Li.nbsp;Reporta, Eliso, el enojo.
Eli.nbsp;iEn qué guerra le ganaste,
Lisarda, que le trataste
como a bârbaro despojo?
i Virote a vn esclauo honrado,nbsp;5
y que apenas tuyo es!
i Qué le pondras de aqui a vn mes?
Lis.nbsp;Mi hij a es loca y ha dado
en aqueste desatino,
temiendo que se ha de yr.nbsp;10
Mas tü la puedes refiir.
Lli'nbsp;i Por Dios, Lisarda, que vino
a lindo dueno el esclauo
del regalo que tenia Inbsp;15
Pues tü sabras algün dia
quién es.
Li.nbsp;Su virtud alabo
y doy la culpa a Belisa.
Eli.nbsp;iEs melindre herrar vn hombre
que, si supieras su nombre,
aunque su talle te auisa,nbsp;20
te mouieras a piedad?
Pero ve, porque la rinas.
Li.nbsp;Pondréle entre las dos ninas
de los ojos.
Eli.nbsp;Regalad
a quien también lo merece,nbsp;25
que algün dia .. .
Li- _Pues £ quién es?
25. Hartz. et Cot.: tan bien.
-ocr page 185-Eli.nbsp;Yo sé que sabras después
lo que quien ama padece.
Li.nbsp;En gran confusion me pones.
Eli.nbsp;No ay que preguntarme mâs.nbsp;30
Presto, Lisarda, sabras
notables trasformaciones.
Li.nbsp;jO amor! Si fuessen verdad
las sospechas que he tenido,
oy a este esclauo fingidonbsp;35
declaro mi voluntad.
Vase Lisaria y sale Carrillo, lacayo.
Car.nbsp;No sé quién puede sufrir
vna muger tan cansada.
El.nbsp;iQué ay, Carrillo?
Car.nbsp;Poco o nada.
Nada se puede dezirnbsp;40
aquello que sólo es viento:
los melindres viento son.
Eli.nbsp;No lo son a mi passión,
aunque el viento es elemento
que en fuego suele mudarse,nbsp;45
y desse viento es mi fuego.
Car.nbsp;Pésame que estés tan ciego.
Eli.nbsp;Puesto que bastara a helarse
en sus melindres amor,
por ser de su fuego hielo,nbsp;50
yo me abraso y me desuelo.
Car.nbsp;Si yo no fuera, senor,
por Tiberio tan aprisa,
lindas cosas te contara.
Eli.nbsp;iSon de Belisa?
Car.nbsp;Reparanbsp;55
en que la nifia Belisa,
la que vn confite de mana
parte en dos para comelle,
y a quien vn dia vi hazelle,
32. Cot.: transformaciones.
-ocr page 186-de sólo ver vna rana,nbsp;60
dos sangrias en vn hora,
ha dado en vnos desmayos
que, como el sol por sus rayos,
muestran que este esclauo adora.
En estando desmayada,nbsp;65
le han de llamar o morirse.
Y esto viene a resumirse
en que la nina alcorçada
toma la mano al esclauo,
que dize que el coraçonnbsp;70
siente sossiego en razón
de las vfïas.
Eli.nbsp;Mucho alabo
la virtud de Pedro en ser
de Belisa medicina,
si no es que a querer se inclinanbsp;75
lo que no puede querer,
Car.nbsp;iPor qué no? ^ No es hombre?
que en fin, aunque esclauo, es hombre,
Carr.nbsp;Pues si no lo estorua el nombre,
que he visto en él que la adora,
aunque finge estar cansado
de verse siempre ocupado
en curar esta sefiora,
Mas es hombre y es querido,nbsp;85
ella hermosa y él mancebo,
No picar en tanto cebo
tan de bestia huuiera sido,
que la vna que tocara
le fuera de mâs prouecho,nbsp;90
Mas ino miras lo que ha hecho
ésta a quien la fénix rara
vrraca le parecia,
y el mâs galân, sayagués?
61, S,: en una hora.
63, A,, B, et Cot,: como al sol.
-ocr page 187-Eli.nbsp;Castigo del cielo es.nbsp;95
Car.nbsp;i Qué bien vn hombre dezia,
que no ay eleción mâs fea
que en la muger melindrosa!
Pero imandas otra cosa?
El.nbsp;Adiós.
Ca.nbsp;Adiós.
El.nbsp;i Que se créanbsp;100
de vn hombre honrado y amigo
esta trayción! ^Esto aguardo
en galardón, Felisardo?
^Tal trayción vsas conmigo?
^Es possible que oluidadonbsp;105
de Celia, mi dama quieres?
Sale don luan.
Iu.nbsp;dQue aqui quedaua?
Eli.nbsp;^Tü eres
noble, tü amigo, tü honrado?
Iu.nbsp;Eliso mio.
Eli.nbsp;Don luan.
Iu.nbsp;£ Qué esclaua es ésta que aquinbsp;110
tru.xiste?
Eli.nbsp;Bueno.
Iu.nbsp;jAy de mi!
Eli.nbsp;— Todos parece que estân
contra mi honor de concierto. —
iDirâs que te agrada?
lu.nbsp;Y tanto,
que de que viua me espantonbsp;115
vn hombre después de muerto.
ïQuiéresmela dar a mi?
iQuiéresmela a mi vender?
Eli.nbsp;— Mi vengança viene a ser
cierta y breue por aqui. —
iQuiéresla bien?
120
lu.nbsp;En mi vida
97. Hartz. et Cot.: elecciôn.
-ocr page 188-me he visto en tan triste estado;
tanto, que tengo pensado,
si de quien soy se me oluida,
viéndola a mis ruegos fuerte,nbsp;125
hazerla propia muger,
y en acabando de ser
mi muger, darme Ia muerte,
O yrme donde jamâs
visto de algün hombre sea.nbsp;130
Eli.nbsp;Ya que en seruilla te emplea
amor, por quien loco estâs,
sólo te puedo aduertir
que es muger tan principal
que no naciste su ygual.nbsp;i35
Iu.nbsp;^No es turca?
Eli-nbsp;Lo que es dezir
quién es, has de perdonarme.
Basta dezirte que aciertas
si el casamiento conciertas.
I'^^-nbsp;iCon ella puedo casarme?nbsp;140
Eli-nbsp;Por no te dezir quién es,
me voy.
I^-nbsp;Espera.
Eli-nbsp;No puedo,
que tengo a la lengua miedo,
y yo te hablaré después.
Vase Eliso.
I^i-nbsp;No en vano yo te adoraua,nbsp;145
jo prenda del alma mia!
Pues el alma me aduertia
de aquello que yo inoraua.
iAy tal bien? ^Ay tal ventura?
Sale Lisarda.
Ei-nbsp;iDe qué es la ventura y bien?nbsp;150
I'^'nbsp;De que los cielos me den
148, S.: ignorava-, Hartz. et Cot.: ignoraba.
-ocr page 189-vna esperança segura,
de que fuy Pygmaleón,
pues se me ha buelto muger
la que fué de piedra ayernbsp;155
para mi honor y opinión.
Madre, yo estoy ya casado,
no me preguntéys con quién,
que yo sé que os esta bien,
si Eliso no me ha enganado.nbsp;160
Aperceuid, madre mia,
joyas y casa a vna nuera,
que si el sol hij os tuuiera,
preciarse délia podn'a.
Ya descansaréys, sefiora,nbsp;165
del cuydado de mi estado,
ya el cielo muger me ha dado;
no me preguntéys agora
quién, para qué ni por qué:
que el quién, es el bien que vi;nbsp;170
el para qué, para mf;
y el por qué, porque la amé.
Y ha de ser desta manera,
el cómo y quando se acabe:
el cómo, como amor sabe,nbsp;175
y el quàndo, quando Dios quiera.
Vase.
Li.nbsp;iQué enigmas, qué desatinos
son éstos? dQué loco error
de los'consejos de amor?
Pero todos son caminosnbsp;180
para conocer que son
estos esclauos fingidos.
Pensamientos atreuidos,
tomemos resolución.
153. Cot.: Pigmalión.
161. Cot.: Apercibid.
Este esclauo es cauallero:nbsp;185
iqué aguardo, pues que le adoro?
Sale Belisa, furiosa y Celia y Flora teniéndola,
Llamadme esse perro moro,
de quien mi remedio espero.
Presto, presto, que aprieta
fuertemente el coraçôn.nbsp;I gg
Li-nbsp;iQué es esto?
Aquella passión,
que laoprime y la sugeta
a los desmayos que ves.
Llamad a Pedro, enemigas.
Li-nbsp;Hija, ^de qué te fatigas?nbsp;I95
iQué es esto?
iNo veys lo que es
esta fuerça del sentir
y este forçoso callar?
A Pedro voy a llamar.
No tü, Flora puede yr,nbsp;200
Plo.nbsp;Pues yo voy.
— (Que Felisardo
guste de que viua aquf ! —
Madré, duélase de mf,
Li-nbsp;iQué tienes?
-^f-nbsp;La muerte aguardo,
Li-nbsp;iQué sientes?
Vn no sé quénbsp;205
que me da en el coraçôn
con vna cierta passión, '
que se siente y no se vee.
Tengo en él vn arador
que me escarua y haze mal,nbsp;210
como vn granito de sal,
y aun sospecho que es menor.
189. Hartz. et Cot.: que tne aprieta, ce qui donne le nombre de syllabes néces-
saire,
Tengo el coraçôn tan nino
que llora de qualquier cosa.
Madré mia, madré hermosa,nbsp;215
oyga, mire que la riiïo
de que no me ha regalado.
Li.nbsp;Triste, iqué te puedo hazer,
si el coraçôn ha de ser
con epitimas curado?nbsp;220
Gasta mi hazienda en jacintos,
ea perlas, oro y corales.
Bel.nbsp;iNo ve que son estos maies
de los que piensa distintos?
Hâgame, madré, vna cuna,nbsp;225
donde mezca el coraçôn,
porque duerma en la passiôn
que me aflixe y importuna.
Cômpremele vn vaquerito
y vnos çapatos dorados,nbsp;230
déle confites pintados.
Li.nbsp;i Estas loca?
Bel.nbsp;Hable quedito,
que pensarà que es el coco.
Cel.nbsp;Serâ el coraçôn primero
con çapatos y vaquero.nbsp;235
— iAy tal melindre? —
Salen Flora y Felisardo.
Fel.nbsp;Estoy loco.
Flo.nbsp;Ten paciencia, que has de ser
médico desta donzella.
Fel.nbsp;iTéngome de andar tras ella,
teniendo tanto que hazer?nbsp;240
jPor mi fe que estamos buenos!
i Quién limpiarâ los cauallos?
216. B.: mira.
220. Cot.: epitimas.
224. Cot.: de lo que.
229. Hartz.: cômprenle.
-ocr page 192-Lis.nbsp;Solos podemos dexallos.
Cel.nbsp;— Yo me esconderé a lo menos. _
Li-nbsp;Siéntate en aquesta silla. —nbsp;245
Y tü, Pedro, llega a hablalla.
Pel.nbsp;iCómo podré yo curalla?
Tu engano me marauilla.
I Qué tengo yo que la curan
mis vnas? ^Soy la gran bestia?nbsp;250
Li.nbsp;iEsto te causa molestia?
Fel.nbsp;Gentil médico os procuran: .
a quien cura los cauallos
remiten vuestra salud.
Li.nbsp;Tienes tü grande virtud.nbsp;255
Ea, bien podéys dexallos.
Acude, Flora, a tu hazienda,
que a hablar con Tiberio voy.
Vanse Lisarda y Flora y escóndase Celia.
Cel.nbsp;Cielos, escondida estoy,
hazed que este enrredo entienda.nbsp;260
P^Inbsp;Ea, pues ya estoy aquf,
iqué he de hazer?
Dame essa mano.
— Bien te entiendo, amor tirano,
pero iqué quieres de mf?
Adoro a Celia, aborrezconbsp;265
este melindre y enfado. —
Ya la mano os he tomado.
Bel.nbsp;Valgame amor, que enmudezco.
Fel.nbsp;Corrido estoy que toméys
mano tan aspera y callos,nbsp;270
que de almohazar seys cauallos
Ia tienen como la veys.
Bel.nbsp;Con ella descanso, Pedro.
Fel.nbsp;Pues si os hago bien, sefiora.
249.nbsp;A., B. et S.: le curan.
250.nbsp;A., B., S.: Con mis uhas, ce qui donne une syllabe de trop au vers.
174
icómo este virote agoranbsp;275
por el bien que os hago medro?
iPor qué me tratays ansl,
si vuestro médico soy?
Bel.nbsp;Porque si te vas, me voy
hasta la muerte sin ti.nbsp;280
Fel.nbsp;iK qual esclauo sin culpa
clauos y virote han puesto?
Bel.nbsp;jjesüsl Apriétame presto,
y no me pidas disculpa.
Aqui, aqui, jqué gran dolor!nbsp;285
Fel.nbsp;i Qué tiene vuessa merced?
Bel.nbsp;Desseos de hazer merced
a quien ni aun pide fauor.
Fel.nbsp;iCómo es esso?
Bel.nbsp;No sé a fe.
Pónenseme vnas cositasnbsp;290
en los ojos tamanitas,
que apenas el sol las ve;
y éstas se me entran por ellos,
y con dulce alteración
pellizcan el coraçon.nbsp;295
Fel.nbsp;iQué lastima!
Bel.nbsp;Tenla dellos.
Fel.nbsp;Mayor la tengo de mi,
por vos con este virote.
Bel.nbsp;Pues esso no te alborote,
que yo le traygo por ti.nbsp;300
iQué dixe? jjesüs! iQué es esto?
Loca estaua, necia estoy.
j Qué desgracia ! Muerta soy,
aprieta essa mano presto.
Fel.nbsp;Desmayóse. jAy cosa ygual!nbsp;305
Vergiiença deuió de ser;
facil esta de entender
la calidad de su mal.
Pero, triste yo, iqué haré?
iQué remedio le he de dar?nbsp;310
309. Cot.: Pero, triste, iyo qué harél
-ocr page 194-ACTO III. Versos 311—343
Sale Celia.
Cel.nbsp;Bien la puede remediar
vuessa merced.
Fel.nbsp;Yo. ipor qué?
Cel.nbsp;Porque quien Ie dió la mano,
iqué puede negarle ya?
Fel.nbsp;iQué necio tu amor esta!nbsp;315
Cel.nbsp;Necio sf. mas no liuiano.
jA, Felisardo! iQué es esto?
Pues no créas que he de estar
donde me puedas picar
tan libre y tan descompuesto.nbsp;320
Don luan me quiere. yo haré
que oy en sus manos me veas.
Fel.nbsp;Sin culpa matar desseas
quien por la tuya se vee
en tantas persecuciones.nbsp;325
Esta loca melindrosa
anda, mi bien, codiciosa
de que entienda sus razones.
Y es que sin duda ha sabido
O sospecha lo que soy;nbsp;330
forçado con ella estoy,
médico violento he sido,
Aqui me tomó la mano,
y este diamante que ves
me puso en ella, No estésnbsp;335
conmigo enojada en vano,
sino como, en fin, despojos
que de su vana locura
rinde el alma a tu hermosura.
oy Ie presento a tus ojos.nbsp;340
Toma el diamante. mi bien,
y vete, no buelua en si.
Cel.nbsp;cQue yo me vaya de aqui?
322. Hartz.: en sus brazos.
337. Hartz.: Que yo, como en fin despojos.
-ocr page 195-j Bueno ! Aunque el mundo me den.
Toma tu diamante alia.nbsp;345
Fel.nbsp;Pues £ quieres que yo me vaya?
Cel.nbsp;Si, que si amor la desmaya,
en ti la piedra hallarâ,
y en mi el mayor desengano.
Fel.nbsp;Pues voyme, que es ley en minbsp;350
tu voluntad.
Vase Felisardo.
Bel.nbsp;iEsto ohi?
iQué aguarda mi loco engano? —
j Fuera digo, muerta soy!
Cel.nbsp;iQué tienes, sefiora mia?
Bel.nbsp;jO nube de mi alegrianbsp;355
y del sol que viendo estoy 1
jMadre, madre. Flora, gente
desta casa! jOla criados!
Sale Lisarda, Flora, Carrillo.
Lis.nbsp;iQué es esto, tristes cuydados?
iEs melindre o acidente?nbsp;360
Be.nbsp;No es melindre.
Lis.nbsp;Pues iqué ha sido?
Bel.nbsp;Agora veréys quién son
esclauos, y si es razôii
darle el castigo que os pido.
iBien conocéys el diamantenbsp;365
que compré en los cien escudos?
Carri.nbsp;Di mâs, que nos tienes mudos
en suspensiôn seme jante.
Bel.nbsp;Estando aqui desmayada,
Zara a mi mano llegonbsp;370
y el diamante me tomo.
Carri.nbsp;jO perra dissimulada!
360. S., Hartz. et Cot.: accidente.
371. B.: y el diamante tomb.
12nbsp;177
-ocr page 196-A ver la mano.
Lis.nbsp;iTü, Zara,
agora das en ladrona?
Cel.nbsp;Sefiora, . ..
Carr.nbsp;Calla, perrona.nbsp;375
Flo.nbsp;iLadrona! £ Quién tal pensara?
Lis.nbsp;i Qué disculpa puedes dar?
Bel.nbsp;Si a Carrillo no la entregas,
si por SU perdón me ruegas,
si no la mandas pringar,nbsp;380
cuéntame por muerta luego.
Lis.nbsp;Carrillo.
Car.nbsp;Seiïora.
Lis.nbsp;A ti
la entrego.
Vanse Lisarda y Flora.
Carr.nbsp;Déxame a mi.
Cel.nbsp;Sefiora, . . .
Bel.nbsp;Ponla en vn fuego.
Carr.nbsp;Ya vuessa merced esta,nbsp;385
como ha visto, en mi poder.
Cel.nbsp;Pues bien, £qué quieres hazer?
Carr.nbsp;Esso agora lo verd.
Desnüdese.
Cel.nbsp;iEstds en ti?
Carr.nbsp;Galga, agradezca que plugonbsp;390
a SU dicha, que vn verdugo
tuuiesse tan noble en mi,
y concluya, que ha de auer
açote y tozino ardiendo.
Ce.nbsp;£tü eres hombre?
Car.nbsp;Assi lo entiendo.nbsp;395
Cel.nbsp;lY sabes que soy muger?
Carr.nbsp;Esso agora lo veremos.
Desnude.
Cel.nbsp;Tiempo es de hablar.
i Felisardo !
Carr.nbsp;Esso es cansarnbsp;-,
-ocr page 197-los ayres haziendo estremos.nbsp;400
Cel.nbsp;i Felisardo, esposo mio!
Carr.nbsp;Su esposo esta con Mahoma.
Acabe.
SaU don luan.
Iu.nbsp;Aunque vaya a Roma,
veréys si en mi error porfio.
Y yo sé muy bien quién es.nbsp;405
Ce.nbsp;jDon luan, senor!
Iu,nbsp;iQué es aquesto?
Carr.nbsp;Quando lo sepas, veras
que causa y licencia tengo.
El diamante que tu hermana
compró ayer de aquel platero,nbsp;410
le hurtó la perra que miras,
la de los ojos honestos.
Hanme mandado açotalla,
y yo, como ves, . . .
Sabine la espada.
lu.nbsp;i O perro !
iA un dngel?
Carr.nbsp;Tente, senor.nbsp;415
Si es ângel, no tengas duelo,
porque si espfritus son,
y estdn, como ves, sin cuerpo,
mal pude yo hazerle agrauio.
lu.nbsp;Villano, matarte tengo.nbsp;420
Carr.nbsp;i Tiberio, Lisarda, Flora,
Belisa !
Cel.nbsp;Dexalde, os ruego,
que era en efeto mandado.
lu.nbsp;Por vos, sefiora, le dexo.
419. Cot.: puedo.
422.nbsp;S. et Cot.: dejadle.
423.nbsp;S. et Cot.: efecto.
-ocr page 198-jAy tal maldad, ay tal furia!nbsp;425
jAy tal embidia! Ojos bellos,
tomad venganga en los mios,
ponedme esta espada al pecho.
Veysla aqui, matadme, dadme
mil muertes, yo las merezco.nbsp;430
Cel.nbsp;Sefïor, dexadme passar,
que tengo a Lisarda miedo.
Dexadme por Dios, sefior;
porque si os hallan en esto,
y a mi con vos sin testigos,nbsp;435
aura testimonios nueuos.
Dexadme yr a la cozina,
dexadme.
Iti.nbsp;Espera.
Ce.nbsp;No puedo.
Vase Celia.
Iu.nbsp;jAy tal crueldad! Mas ^qué mucho
que huyays de verme, pues llegonbsp;440
a tiempo que vn vil lacayo,
obedeciendo al imperio
de vna muger que es mi madre,
intente tal sacrilegio
a la imagen que criaronnbsp;445
con tal perfeción los cielos?
Pues mi muger ha de ser,
yo os desengano, y tan presto,
que os espantéys y tengays
por impossible el remedio.nbsp;450
Sale Tiberio y Lisarda.
Tih.nbsp;Don luan, ^qué es esto que dizes?
Iu.nbsp;Oyd lo que Ie estoy diziendo,
446.nbsp;S. et Cot.: perfección.
451.nbsp;B.: dezis.
452.nbsp;Hartz.: Oyd lo que estoy diziendo.
180
pues soys los dos a quien oy
prestar reuerencia deuo.
Aqui dexastes vn hombrenbsp;455
que a no se escapar tan presto,
él lleuara el justo pago
de su loco atreuimiento,
para que açotasse a Zara.
Pero aduertid que no quieronbsp;460
que ponga nadie las manos
en mi muger.
Lis.nbsp;iQué es aquesto?
lîi.nbsp;Que es mi muger.
Tib.nbsp;Quânto mejor
fuera, don luan, llamar luego
quien al Nuncio te lleuara.nbsp;465
lu.nbsp;No estoy loco, no, Tiberio.
Tib.nbsp;Pues i puede taies razones
dezirlas vn hombre cuerdo?
Rapaz, loquillo, inorante,
estaua por darte ...
lu.nbsp;Quedo.nbsp;470
Tib.nbsp;para sacarte vergiiença,
pues no la tienes en ellos,
con la mano en los carrillos.
lu.nbsp;Hâblame con mas respeto,
que si no fueras mi tio ...nbsp;475
Vase don luan.
Tib.nbsp;iTù a mi?
Lis.nbsp;Déxale, te ruego,
que si él se quiere casar
con vna esclaua, yo quiero
casarme con vn esclauo.
Tib.nbsp;i Qué dizes?
Lis.nbsp;Vengarme tengo.nbsp;480
463. Hartz.: Cuân mejor. Il s'agit ici d'un ,.verso largoquot;.
465. Cot.: nuncio, avec minuscule.
469. S., Hartz. et Cot.: ignorante.
Mi hazienda le quiero dar,
oy me casaré con Pedro;
que ya no puedo sufrir
de don luan atreuimientos
y melindres de Belisa.nbsp;485
Tib.nbsp;Tan necia estâs como ellos.
Pero quiérote dezir
para los dos vn remedio,
con que templarâs su furia
y puedes ponerlos miedo.nbsp;490
Li.nbsp;iCómo?
Ti.nbsp;En la corte, Lisarda,
viue vn cierto cauallero,
cuyo nombre es Felisardo,
parecido en tanto estremo
a este Pedro, esclauo tuyo,nbsp;495
que si los juntassen, creo
que los que mâs los conocen
no pudiessen conocellos,
a tener vestido ygual.
Y pues los clauos de Pedronbsp;500
son fingidos, y el virote
puede quitarlo y ponerlo,
hazle vestir ricamente
en tu casa de secreto,
y di que te viene a vernbsp;505
conmigo, que trato desto;
y fingiendo la escritura
del tratado casamiento,
pondrâs temor a tus hijos,
y rienda al vno en desseosnbsp;510
y al otro en tantos melindres.
Li.nbsp;Bien me parece el consejo;
pero podrân conocer
490. Hartz.: poncrles.
504—505. S.: u que casô de secreto,
y fingir se viene a ver.
505. Cot.: y de que, faute évidente.
ACTO III, Versos 514—544
a Pedro.
Ti.nbsp;Pues esso quiero,
porque pensaràn tambiénnbsp;515
que con engano secreto
das a vn esclauo tu hazienda.
Li.nbsp;Sf, pero importa primero
instruyr a Pedro en todo.
Ti.nbsp;Voyle a hablar.
Li.nbsp;Parte, Tiberio.nbsp;520
Cielos, sin saber por dónde
a hallar mi remedio vengo.
Sospecho que aqueste esclauo
es el mismo cauallero.
Ellos me casan de burlasnbsp;525
con aqueste fingimiento,
y yo de veras me caso,
•nbsp;porque si al aima yo creo,
i quién duda que es Felisardo
éste que parece Pedro?nbsp;530
Vanse y salen Belisa y Flora.
Bel.nbsp;Saca vnas vêlas aqui.
Flo.nbsp;Ya las prevengo, senora.
Bel.nbsp;Arrastra vn bufete, Flora.
Flo.nbsp;t Quieres escriuir?
Bel.nbsp;No y si,
porque si mis pensamientosnbsp;535
quiero al papel remitir,
iqué pluma basta a escriuir
tan estranos sentimientos?
Flo.nbsp;iCómo fué aquello de Zara,
que tanta pena te dio?nbsp;540
Bel.nbsp;Fingl desmayarme yo,
porque el aima se animara;
y quando me dio la mano,
pùsele el diamante en ella.
534. A.: escrebir.
-ocr page 202-Flo.nbsp;lA Pedro?
Bel.nbsp;Si, que por ellanbsp;545
pudo entenderme el villano.
Mas no me quiso entender,
pues que saliendo zelosa
essa esclaua rigurosa,
esse demonio o muger,nbsp;550
que escondida nos miraua,
aquel diamante Ie dió,
imaginando que yo.
Flora, desmayada estaua.
Yo, con los justos enojosnbsp;555
que de su amor recebi,
que ella me Ie hurtó fingi
por desagrauiar mis ojos.
del castigo preuenido.nbsp;' 560
Flo.nbsp;Don luan la culpa ha tenido
para que no se Ie den.
Pero mira que has errado
en pensar que Pedro entiende
tu amor, pues que se defiende;nbsp;565
que lo que le has declarado
no ha sido mâs que por sefias;
y en amores desiguales,
si no eliges medios taies
y le preuienes y ensenas,nbsp;570
no vendra en conocimiento
de tu amor.
Bel.nbsp;Si yo supiesse,
Flora, que este Pedro fuesse
quien tengo en el pensamiento,
pienso que me atreuerianbsp;575
a dezirle en el rigor
que estoy de zeloso amor.
Flo.nbsp;Siempre de la luz del dia
556. S. et Cot.: recibi.
670. Hartz.: Qtie le previenes.
-ocr page 203-huye la vergiiença noble.
Noche es ya, la escuridadnbsp;580
para toda libertad
suele dar licencia al doble.
Hablale sin luz, y di:
„Pedro, yo soy, yo te quiero.quot;
Bel.nbsp;Los melindres consideronbsp;585
con que he viuido hasta aqui.
Pero si por castigarme
amor esto permitió,
serd resistirme yo
dar armas para matarme.nbsp;590
Mas £sabes lo que has de hazer
quando Pedro venga aqui,
para que yo pueda ansi
esta vergiiença romper?
Fingir que al despauilarnbsp;595
las velas, mataste alguna.
Flo.nbsp;Si, imas la otra?
Bel.nbsp;Ninguna
luz con luz ha de quedar;
que la del entendimiento
tengo de cegar también,nbsp;600
para que pueda mds bien
dezille mi pensamiento.
Pero retirate aqui,
que éstos los esclauos son.
Sale Celia y Felisardo.
Fel.nbsp;Esta determinación,nbsp;605
Celia, me prouoca ansi.
Cel.nbsp;Detente y miralo bien.
Fel.nbsp;Yo me quiero declarar;
que no es razón esperar
a que alguna vez te dennbsp;610
el castigo que oy querian.
580. S.: obscuridad; Hartz. et Cot.: oscuridad.
-ocr page 204-y que vn lacayo villano
ponga en los ojos la mano
que en luz al sol desafian.
Cel.nbsp;Miralo mejor primero.nbsp;615
Fel.nbsp;iQué tengo ya que esperar.
si me acaban de contar
que el nauarro cauallero
oy salió a missa de lierido.
como suelen las de parto?nbsp;620
Y fuera desso. estoy harto
de las penas que he sufrido.
Como mal. duermo peor.
traygo este virote aqui.
que a no ser esto por tinbsp;625
era insufrible rigor.
Ayer. jmira qué vergiiença!
me hizieron yr hasta el rio.
Cel.nbsp;Mira. Felisardo mio,
que la fortuna comiençanbsp;630
por vn adueriso sucesso,
y después se siguen mil.
Confiesso que el traje es vil.
y tus trabajos confiesso;
pero considéra en minbsp;635
no menos pena y dolor.
Fel.nbsp;Pues ^sera sufrir mejor?
Cel.nbsp;Dizeme el alma que si.
Salte de la sala luego,
que estâ alii Belisa.
Bel.nbsp;Espera,nbsp;640
Pedro.
Fel.nbsp;Tengo que hazer fuera.
Cel.nbsp;Espera.
Fel.nbsp;Temblando llego.
Bel.nbsp;No te vayas, que después
que no esté mi madre aqui,
tengo que hablarte.
Cel.nbsp;iAy de mi!nbsp;645
621. Cot.: desto.
-ocr page 205-Fel.nbsp;iQué tienes?
Cel.nbsp;iYa no lo ves?
Fel.nbsp;Diras que zelos.
Cel.nbsp;iSoy y O
de piedra?
Fel.nbsp;Piensa, mi bien,
que aunque mil mundos me den,
diré a todo el mundo no,nbsp;650
Salen Lisarda y Tiherio.
Lis.nbsp;Esto dizen.
Tib.nbsp;Es don luan
moço, no me marauillo.
Lis.nbsp;Pues mâs me ha dicho Carrillo.
Tib.nbsp;iCómo?
Li.nbsp;De concierto estân
de robar la esclaua.
Flo.nbsp;Agora
es impossible, senora,
hablarle, que ay mil testigos.
Bel.nbsp;Calla, que bien sabe amor
dar a los estremos medio,nbsp;660
Flo.nbsp;Pues executa el remedio,
porque Ie tenga el dolor.
Bel.nbsp;i Flora!
Flo.nbsp;Senora.
Bel.nbsp;Essas velas
auisa.
Fel.nbsp;Al despauilar
llama esta loca auisar.nbsp;665
Flo.nbsp;El amor todo es cautelas.
Bel.nbsp;iMatâstela?
Flo.nbsp;Por cortalla
baxa, la vela maté.
Bel.nbsp;iQue esto no sabes?
Flo.nbsp;No sé
669. Cot.: iQué, esto no sabes?
-ocr page 206-auisalla y sé matalla,nbsp;670
porque quien mata no auisa;
con estotra encenderé.
Bel.nbsp;Aguarda, y te ensenaré
cómo se auisa.
Flo.nbsp;O jqué risa!
La vela has muerto también.nbsp;675
Li.nbsp;dQué es esto?
Ti.nbsp;A escuras estamos.
Li.nbsp;iCómo?
Flo.nbsp;Las velas matamos
por auisarlas mâs bien.
Lis.nbsp;Ésta es famosa ocasión
para allegarme a mi esclauo.nbsp;680
Bel.nbsp;Oy de declararme acabo,
oy le digo mi afición.
Fel.nbsp;Mientras que velas encienden,
a Celia quiero acercarme.
Cel.nbsp;Pues nadie puede estoruarmenbsp;685
de los que mi mal pretenden,
quiero acercarme a mi bien.
Vayan poco a poco, Belisa a su madre, Celia a Flora, y Felisardo a
Tiberio.
Li.nbsp;jA, mi bien! ^Queréys oyrme?
Bel.nbsp;Pues iqué quiere amor tan firme,
sino que le oygâys también?nbsp;690
Felisardo a Tiberio.
Fel.nbsp;iA, mis ojos! No te enfades
desta loca pretensión.
Tib.nbsp;iDfzesme a mf essa razón?
Fel.nbsp;Luego ^no te persüades?
Tib.nbsp;Yo bien creo que don luannbsp;695
harâ qualquier desatino.
Fel.nbsp;Los de Belisa imagino
que mayor pena me dan.
670. S.: y no sé matalla.
-ocr page 207-Celia a Flora.
Cel.nbsp;En fin, mi vida, ique das
en darme zelos?
Flo.nbsp;i Quién es?nbsp;700
Cel.nbsp;i Quién es? Luego ^no lo ves?
Flo.nbsp;En gracioso engafio estas.
Cel.nbsp;No la hables, por mi vida.
Flo.nbsp;^A quién no tengo de hablar?
Lisarda a Belisa.
Bel.nbsp;No me osaua declarar;nbsp;705
mas ya no ay cosa que impida
dezirte mi pensamiento.
Lis.nbsp;Sabe Dios lo que he passado
por auer dissimulado
la fuerça de mi tormento.nbsp;710
Felisardo a Tiberio.
Fel.nbsp;iQuiéresme dar vna mano?
Tih.nbsp;iLa mano yo! ^Para qué?
Fel.nbsp;No te enojes, pues no fué
el enojarte en mi mano.
Tih.nbsp;i01a, velas! iQué es aquesto?nbsp;715
Tu voz, Lisarda, y razones
desconozco.
Bel.nbsp;jEn qué ocasiones,
mi bien, mi vergiiença has puesto!
Dame vna mano.
Lis.nbsp;Y las dos.
Feli.nbsp;iQue la mano no me das?nbsp;720
Tih.nbsp;i Velas, ola!
Soie Carrillo con vna hacha, alumhrando a don luan.
Carr.nbsp;^Adónde vas?
Iu.nbsp;Voy como vn loco, por Dios. —
720. Cot.: Qué, ^la mano no me das.!'
-ocr page 208-iQué hazéys todos deste modo?
Tib.nbsp;Lumbre estamos esperando.
Bel.nbsp;Con mi madre estaua liablando;nbsp;725
basta, que lo he dicho todo.
Lis.nbsp;A mi hij a he declarado
que quiero a mi esclauo bien,
y ella me ha dicho también
que tiene el mismo cuydado.nbsp;730
Fel.nbsp;Basta, que a Tiberio hablaua
y requiebros le dezia.
Tib.nbsp;Lo que entonces no entendia,
pues ser Lisarda pensaua,
era que Pedro, el esclauo,nbsp;735
me estaua diziendo amores.
Cel.nbsp;jO noche, madre de errores!
Agora de ver acabo
que dixe amores a Flora.
Lis.nbsp;ïA qué vienes como griegonbsp;740
a poner a Troya fuego?
Iu.nbsp;Dame mi muger, sefiora;
que la tengo de lleuar
esta noche donde veas
que si casarte desseas,nbsp;745
también me quiero casar;
que estâ mâs puesto en razón.
Lis.nbsp;Ve, Flora, y encierra a Zara.
Iu.nbsp;^Encerrar?
Tih.nbsp;Oye y repara.
lu.nbsp;i Quién repara con passión?nbsp;750
Lis.nbsp;Tü también, Pedro, con Flora
guarda a Zara.
Feli.nbsp;Que me plaze;
porque esto que don luan haze
es cosa injusta, sefiora.
lu.nbsp;iVos también, perro?
Feli.nbsp;Yo soynbsp;755
perro de sola esta huerta,
y mientras guardo la puerta
y por su defensa estoy,
aunque por las tapias sea,
ni entraréys ni cogeréysnbsp;760
la fruta que pretendéys
y esse loco amor dessea.
Que tengo sembrada en ella
vna tan verde esperança,
que veréys en mi vengançanbsp;765
lo que pienso hazer por ella.
Si el perro quando Ie agrauian
no ay dueno de que se acuerde,
vos veréys qué perro os muerde:
porque amor con zelos rauia.nbsp;770
Flora y Felisardo lleuen a Celia.
Iu.nbsp;Dexadme que esta loca desuergiiença
castigue en este bârbaro villano.
Tib.nbsp;Don luan, detente, y mira que no es justo
que a la sangre, a las canas y al consejo
pierdas respeto.
luan.nbsp;Yo no he sido viejo;nbsp;775
tù has sido moço, y sabes que amor puede
en tierna edad hazer estas locuras;
y yo no sé de tus obligaciones
el estrecho camino en que me pones.
Lis.nbsp;No le respondas, déxale por loco.nbsp;780
lua.nbsp;Dame, madre, mi esposa.
Be.'nbsp;Aunque he callado,
no me ha faltado, hermano, el sentimiento
deuido a semejante atreuimiento.
iQué esposa te han de dar?
Itian.nbsp;Zara es mi esposa.
Bel.nbsp;iZara, vna esclaua?
luan.nbsp;Pues que yo la pido, 785
yo sé quién es.
Bel.nbsp;Pues si otra cosa sabes
de lo que desta turca saben todos,
procédé mâs discreto, y como noble.
Harâs tus diligencias allâ fuera.
luan.nbsp;Si os traygo aquf quien lo que digo os diga, 790
iqué me diréys?
Tib.nbsp;Si alguno, como tenga
crédito, nos dixere el desengafio,
y pareciere justo que te cases
con muger que en la cara tiene vn hierro,
yo mismo quiero dartela esta noche,nbsp;795
luan.nbsp;Parte, Carrillo, y llama a Ehso. Aguarda,
vamos los dos, que hasta su padre mismo
he de traer aqui.
Car.nbsp;Sefior, ^qué intentas?
Mira, por Dios, que tu linage afrentas,
luan.nbsp;Infame, ^acaso quieres que te mate?nbsp;800
Car.nbsp;iCon esta luz no ves tu disparate?
luan.nbsp;Amor es luz.
Car.nbsp;Confiesso; pero mira
que esta hacha alumbra con aquesta cera
y se alimenta délia, y luego mira
que boluiendo su llama hazia la tierra,nbsp;805
la misma cera por quien ésta viue
es de quien muerte y confusión recibe.
luan.nbsp;Philósopho lacayo. jviue el cielo
que te corte las piernas! Ve delante.
Car.nbsp;dQué luz podrd alumbrar vn ciego amante? 810
Vanse Carrillo y lu. n.
Tib.nbsp;Buena ocasión. Lisarda, me parece
para hazer tu fingido casamiento.
Lis.nbsp;Parte, y hards que Pedro se transforme
en Felisardo, y que a las vistas venga.
Que yo haré que mis hij os se sossieguen. 815
Tih.nbsp;Yo voy, que conocerle es impossible
sin clauos, sin virote y en el dbito
bizarro que le tengo preuenido.
810. Cot.: a un ciego.
192
-ocr page 211-ACTO III, Versos 819—853
Vase Tiberio.
Lis.nbsp;Con este engano enganaré a Tiberio,
que él piensa que a mis hijos doy castigo, 820
y es que quiero casarme con vn hombre
que sôlo tiene ya de esclauo el nombre. —
i Sabes donde fué'Tiberio?
Bel.nbsp;iFué por la justicia acaso?
Lis.nbsp;Pues ^no sabes que me caso?nbsp;825
£No has entendido el misterio?
Bel.nbsp;iTù te casas?
Lis.nbsp;Esta noche
vendra a vistas, ya le espero.
Bel.nbsp;Y i quién es?
Li.nbsp;Vn cauallero.
Ya va Tiberio en el cochenbsp;830
para venirse con él.
Bel.nbsp;^Es martelo que nos das?
Lis.nbsp;^Martelo? Ya lo verds,
si no le tengo por él.
Ddysme terribles enfadosnbsp;835
con vuestros locos antojos,
queréysme sàcar los ojos
después que os tengo criados.
Tenéysme muy acabada,
tii con hazer melindritos,nbsp;840
comiendo yesso y barritos,
siempre opilada y sangrada;
y aquel necio inobediente
con pedir galas, cadenas,
y verter a manos llenasnbsp;845
el oro, que no se cuente,
juego, cauallos, l'ameras,
y agora querer casarse;
pues todo vino a acabarse;
las burlas se han buelto veras.nbsp;850
Ya no soy madre mimosa,
ya no lloro ni me acabo;
aunque fuesse de vn esclauo,
13nbsp;193
-ocr page 212-sera mâs honesta cosa.
Ouiero; pues que moça soy,nbsp;855
tener quien mire por ml:
hazienda tengo.
Be.nbsp;Es ansi,
pero oydme.
Lis.nbsp;Oyendo estoy.
Bel.nbsp;Madre, la mi madre,
quexâysos de minbsp;860
que soy melindrosa:
la verdad dezis.
Melindres tenia,
con ellos naci;
pero son en moçasnbsp;865
flores en abril.
Mas vos, mi sefiora,
que podéys dezir
en las hidalguias
del nieto del Cid;nbsp;870
y que al seys y al siete
(sean siete mil)
os ha entrado el as,
aunque lo encubris;
trocâys las edades,nbsp;875
y soys lo que fuy,
por trocar en galas
la toca y mongil.
Si al éuano negro
que en la trente os vi,nbsp;880
ponen ya los tiempos
lazos de marfil,
liuiandad parece
que os caséys ansi,
y antes de casarme,nbsp;885
868—870. Cot.: (qué podéis decir
en las hidalguias
del nieto del Cid?
871. Cot: el siete, faute évidente.
883. A. parecece, B. parecese.
pensamiento vil.
Dezis que es vengança.
jAy madre! Aduertid
que pues bostezâys,
sefial que os dormis.
Las flaquezas vuestras
me cargâys a mi;
tenéys carne y hambre,
buscays peregil.
La yerua del prado
os hizo grunir;
relinchastes, madre,
oyólo el rozln.
No pongays achaques
al viernes aqui;
beueréys el agua,
pues coméys anis.
Queréys companfa,
medrosa viuis,
porque no ay maleta
que este sin cogin.
Aquellos barritos
que dezis de mi,
os han opilado,nbsp;^^^
queréysos morir.
Garabato soys
que al gato dezis
con la boca: ,,çapequot;,
con los ojos: ,,mizquot;.nbsp;^^^
Parecéys ormiga;
la vejez, en fin,
en alada os buelue,
daréys que reyr.
Parabién os doy,
si ha de ser ansi;
mas miraldo bien,
y esto sólo oyd:
895
900
905
920
902. Cot.: pues coméis ansi.
917. A., B. et S.: En aluda os buelue.
-ocr page 214-si es viejo y soys vieja,
juntaréys alii
dos sierras eladas:nbsp;925
jqué triste viuir!
Si es moço y soys vieja,
madre, presumid
que seréys maroma,
como él volatin,nbsp;930
que a pies por momentos
os ha de medir,
para dar mil bueltas
al ayre sutil.
Con hazienda vuestranbsp;935
comera perdiz,
vestira de tela
algün serafin.
Hardnle su Adonis
diosas de Madrid,nbsp;940
que bueluen peón
el mejor arfil.
Esto os digo al alma;
pero vos a mi,
que a quien quiere hazer,nbsp;945
iqué sirue dezir?
Salen Tiberio y Felisardo muy galan, quitado virote y clauos.
Tib.nbsp;Seguro podéys entrar,
que a ml me han dado licencia.
Fel.nbsp;Aun no me atreuo a llegar.
Tib.nbsp;Pero entrad con aduertencianbsp;950
de que os auéys de llamar
Felisardo.
Fel.nbsp;— jEstrafia cosa!
930. Cot.: como el volatin,
935. Cot.: Con la hacienda vuestra.
945. Cot.: ,,Falta algo en este lugar para el buen sentido.quot; Nous ne sommes
pas d'accord avec cette opinion: le sens de ces vers est parfaitement clair.
Mi propio nombre me dize
que me Ilame. —
Lis,nbsp;Aqui es forçosa
la paciencia.
Bel.nbsp;Esto desdizenbsp;y^D
a tu opinión generosa.
Viéndolo estoy, y no creo
que te casas.
Tih.nbsp;Ya ha venido
tu esposo.
Bel.nbsp;Cielos, iqué veo?
£No es éste Pedro?
Pelnbsp;Aunque he sido
guiado de mi desseo,
quiero dezir que mi amor
truxo esse raro valor.
Lis.nbsp;Mil vezes seâys bien venido,
que yo la dichosa he sido
en mereceros, senor.
Tib.nbsp;Siéntense los desposados.
Bel.nbsp;Tiberio.
Til)^nbsp;£ Qué es lo que quieres?
Bel.nbsp;ëEs verdad que estân casados?
Tib.nbsp;Casados no, no te älteres,
mas pienso que concertados.
Belnbsp;;Pues éste no es Pedro?
Bel.nbsp;Pedro, el esclauo de casa.
Tih.nbsp;^Estâs loca?
Bel.nbsp;Y tù también.
iCómo con Pedro se casa
mi madre?
Tib.nbsp;Miralo bien,
que aquéste es vn cauallero
que se llama Felisardo.
Belnbsp;Mirarle de espacio quiero.
Él es sin duda. iQué aguardo?
960
965
970
975
980
Tih.nbsp;Mirale mejor primero;____
979. Cot.: despacio.
-ocr page 216-que Pedro es esclauo herrado
en el rostro.
Bei.nbsp;Dizes bien;
mucho me has desenganado,
aunque puede ser tambiénnbsp;985
que se los aya quitado.
Tih.nbsp;iCómo, si en la came estan?
Mira que es esso locura,
y que por tal te tendran.
Salcn Flora y Carrillo.
Flo.nbsp;Assi Dios me dé ventura,nbsp;990
como es el nouio galàn.
Carr.nbsp;'No he visto en toda mi vida •
cara a la de nuestro esClauo
t in propia y tan parecida.
Bel.nbsp;Flora.
Flo.nbsp;Senora.
Bel.nbsp;Oy acabonbsp;995
esta paciencia ofendida.
iÉste no es Pedro?
Flo.nbsp;.nbsp;Seiïora,
mucho le parece.
Bel.nbsp;Flora,
ve a llamar a Pedro luego.
Flo.nbsp;Vera que éste es Pedro vn ciego.nbsp;1000
Pienso que tu madre adora
la gallardfa y valor
deste esclauo, y que te engafïa.
Bel.nbsp;Perro, si te tiene amor
mi madre, y tan loca hazafianbsp;1005
cabe en su perdido honor,
no pieuses que has de afrentar
mi sangre: que a mî me toca
matarte. Dadme lugar.
Fel.nbsp;iQué es esto?
Lis.nbsp;Vna hija loca,nbsp;1010
que oy no se pudo encerrar.
-ocr page 217-jOla, lleualda de aqui!
Bel.nbsp;Yo no soy loca, tü si,
que con vn perro te casas.
Fel.nbsp;iQué Idstüna!
Bel.nbsp;Mucha passas
haziendo burla de mi.
Sale Celia muy brauamente vestida, con vn escudero y manto.
Cel.nbsp;Pienso que a buen tiempo vengo.
Tib.nbsp;Esta dama es la madrina.
Fel.nbsp;Guardado este asiento os tengo;
aunque por prenda diuina
mâs el del aima oS preuengo.
Lis.nbsp;Aqui, sefiora, os sentad.
Bel.nbsp;ïÉsta no es Zara, la esclaua?
Pues, perra ...
Xilj^nbsp;Essa loca atad.
,Cel.nbsp;i Quién es sefiora tan braua?
Lis.nbsp;No la escuchéys, perdonad;
que de puro melindrosa
le dan estos acidentes.
Bel.nbsp;iÉsta no es Zara? jAy tal cosa!
Pues, Zara, ipor qué consientes,
siendo tü de Pedro esposa,
que con mi madre se cpe?
Cel.nbsp;iQue de melindres perdió
el seso?
Bel.nbsp;iQue aquesto passe?nbsp;^^^^
No séria muger yo,
si dellos no me vengasse.
Perros, iqué es esto?
pglnbsp;Criados^______
1012. S., Hartz. ct Cot.: llevadla.
1015. B.: mucho passas.
1019_1021. Cot.: Guardado este asiento os tengo,
aunque por prenda divina:
mas el del aima os prevengo.
1028. S., Hartz. et Cot.: accidentes.
1033—1034. Cot.: iQué de melindres! Perdió el seso.
1020
1025
1030
tened essa loca alla.
Bel.nbsp;ïMi madre y Pedro casados?
Salen don luan y Prudencio, padre de Celia, Eliso y la justicia.
Iu.nbsp;La casa de boda esta;nbsp;1040
entrad, seréys emboçados.
Fel. -nbsp;Tapate, Celia. jAy de mi!nbsp;:
Tu padre viene por ti.
Elis.nbsp;iAdónde esta Felisardo?
Fel.nbsp;Eliso es éste, ^qué aguardo?nbsp;1045
Alg.nbsp;£ Quién es Felisardo aqui?
Fel.nbsp;Yo soy. i Qué es lo que queréys?
Alg.nbsp;ïEs éste?
Elis.nbsp;El mismo.
Fel.nbsp;; iTü, Eliso,
traes la justicia?
Elis.nbsp;Y es justo
castigo de vn falso amigo.
Fel.nbsp;èYo falso?
Elis.nbsp;Pues ino se vee,
si auiendo yo pretendido
a Belisa por muger,
te casas, como se ha dicho,
y como se ve en el traxe?nbsp;1055
Fel.nbsp;èYo?
Elis.nbsp;Pues i quién sino tü mismo?
Y para mâs desengafio
de tu trayción, ^no es indicio
auerte dexado en forma
de esclauo, herrado y vendido,nbsp;1060
para que no te prendiessen
por el passado delito,
y hallarte en trage de nouio,
tan galân, vistoso y rico?nbsp;' '
Fel.nbsp;Si hallar as que esso es verdad, , •nbsp;1065
por el tiro te permito
1041. Cot. propose sans raison suffisante de corriger: vercis embozados
1066. Cot.: „Quizâ deba leerse hechoquot;.
que la espada que me mate
saques de mis propios tiros.
Be.nbsp;£Por qué niegas, Felisardo,
lo que ha de ser como ha sido?nbsp;1070
Conmigo estâs ya casado,
oy te has casado conmigo.
Fel.nbsp;^Yo contigo?
Bel.nbsp;i Luego no?
Flora y Carrillo lo han visto.
Elis.nbsp;Pues icômo, villano, niegasnbsp;1075
lo que han visto dos testigos?
Li.nbsp;Lssos no dizen verdad,
que Belisa lo ha fingido
de embidia de que es mi esposo;
y assi te la doy, Eliso,nbsp;'080
para que tu esposa sea,
porque Felisardo es mfo.
Celia se descubre.
Cel.nbsp;Quedo, senoras, que yo
le tengo por mi marido.
Yo soy la propia muger,nbsp;1085
y él lo diga.
Fel,nbsp;Assi lo digo.
Pru.nbsp;^Es Celia?
lu,nbsp;La misma es.
Pru,nbsp;Pues, don luan, perdôn os pido
de la palabra que os di.
lu.nbsp;Todo el sentimiento mlonbsp;'090
se tiempla, viendo burladas
mi madre y hermana; y digo,
pues Eliso es cauallero,
que a Belisa le suplico
le dé la mano.
Bel,nbsp;Esso es justo.nbsp;'095
Perdôn del desdén le pido,
y a Celia del tratamiento;
1091. S. et Hartz.: se iempla.
-ocr page 220-que a Felisardo, pues vino
oy al fin de su desseo,
ya no sentira el castigo.nbsp;1100
Y si prisión ha de auer,
quiero seruirle y seruiros
con mi hazienda.
Al.nbsp;Ya, sefiores,
aquel cauallero herido
esta bueno; sólo restanbsp;1105
hazer a los dos amigos.
Fel.nbsp;Vaya Tiberio y négocié
que venga a semos padrino.
Tib.nbsp;El vendra, y yo lo seré
de Flora y del buen Carrillo.nbsp;1110
Lis.nbsp;Y yo, pues no me he casado,
dando a seruirles principio
doy fin.
Bel.nbsp;Si es a mis melindres,
senado, perdón os pido.
FIN
-ocr page 221- -ocr page 222-Ifjf-v.t-.i,^^
îifVJS^
Dans la liste des personnages les noms de Lisarda, de Celia et de
Flora sont accompagnés d'une croix à la marge, dont la si^ification
nous échappe. Si elle indiquait les rôles de femme, elle aurait dû être
apposée également au nom de Belisa.
Acte I.
La scène représente une chambre dans la maison de la veuve
Lisarda.
vs. 1.nbsp;En jm, ^se ha quitado el luto?
Tiberio veut dire: ^Belisa ha quitado el luto?, car plus loin il
adresse à la jeune fille ces paroles:
A fee
que sales del luto hermosa.nbsp;(I, vs. 169—170)
Lisarda est toujours en deuil et continue à porter les ,,tocas
(II, vs. 1091; III, vs. 877—878).
vs. 9.nbsp;^Ynütil? Pues ^no es razón
L'expression es razón est employée ici dans le sens de ,,il convient ,
comme il arrive fréquemment dans l'oeuvre de Lope. Le Dicc. Acad.
ne mentionne pas cette signification. Dans Los Melindres de Behsa
le mot a le même sens: I, vs. 48 et III, vs. 609. Nous en avons note
encore des exemples pris dans Lo cierto for lo dudoso:
Y es razón que me acobarde
De mi rey, justo respeto
et encore:
Rey.nbsp;Sal, Enrique, desta corte.
No estés el San Juan en ella,
Pues me das tan mal san Juan.
Don Enrique.nbsp;Razon es que te obedezca.
Si esto has pensado de ml®).
1)nbsp;Acad., IX, p. :ma.
2)nbsp;Ibid., p. 3776.
-ocr page 224-Mais l'expression se rencontre encore, ayant cette signification,
dans des auteurs modernes; Don Jacinto Benavente p.e. écrit:
Capitan. (Y es razón que â un soldado no se le haga crédito?
Arlequin. (Y es razón que en nada se estime un soneto . . .?quot; i)
vs. 10.nbsp;que llore su conpania
Ce mot conpania doit avoir ici le sens de „mariquot;, comme p.e. dans
cette phrase de La Gitanilla de Cervantes: „y como yo no pienso
hacer cosa que llame al castigo, no quiero tomar compahia que por
su gusto me desechequot;
vs. 12.nbsp;tanto amor y ohligaçion?
Le mot ohligaçion a ici le sens d'„affectionquot;. L'autre nuance, celle
de „devoirquot;, se trouve I, vs. 281—282. La signification d'„affectionquot;,
qui n'est pas notée dans le Dicc. Acad., se rencontre souvent dans
les pièces de Lope, p.e.:
Muy mal, Tarife, tu amor galardona
la obligación que mi cuidado tiene.
et encore:
Ya en eso te has condenado,
porque amar y ser amado
serâ razón mâs segura.
Y asi las obligaciones
mueven las aimas, ^por qué
de las que contigo usé
pagas con malas razones?
VS. 14—22.nbsp;pues que muda
vna tôrtola hïuda
su canto en quexas siiaues, etc.
La fidélité conjugale de la tourterelle a été proverbiale. On a cru
longtemps, sans que cette opinion soit basée sur aucun fondement,
bien entendu, qu'après la mort du mâle, la tourterelle ne s'assied
que sur une branche sèche et ne boit que de l'eau trouble. On con-
1)nbsp;Teatro {Los intereses creados), Paris s.a., p. ,37.
2)nbsp;Novelas ejemplares I, éd. Francisco Rodriguez Marin, Madrid 1914, p. 75.
3)nbsp;El Alcaide de Madrid, Acad. N., I, p. 5716.
4)nbsp;Ibid., p. 551a.
-ocr page 225-naît le Romance de Fonte-frida, dans laquelle la „tortolicaquot;, veuve
inconsolable, dit:
que ni poso en ramo verde
ni en prado que tenga flor;
que si el agua hallo clara
turbia la bebia yo.
Une réminiscence de cette croyance populaire se trouve dans un
passage de la IVe Égloga de Luis Barahona de Soto, El triste Obalo,
de la ingrata Dérida:
Cual tôrtola que pierde
Su dulce y agradable companla,
Que sola y sin abrigo estâ gimiendo,
Y, ajena de alegria,
Ni posa en ramo verde
Ni en cosa que le vaya pareciendo,
Tal esté yo . . . 2)
Et encore Tirso de Molina y fait allusion dans sa pièce La Dama
del Olivar:
La tortolilla con suspiros quiebra,
viuda, los vientos por el bien que pierde,
y mientras las exequias le célébra
huye del agua clara y roble verde •).
VS. 27.nbsp;sobre es-pino por estrado,
Vestrado était la partie de la salle de réception, où les femmes
s'asseyaient. C'était un plancher rehaussé sur lequel on mettait des
coussins. Les hommes prenaient place dans des fauteuils placés hors
de cet estrado. Les allusions dans la littérature de l'époque sont
fréquentes, et les éditeurs modernes ont commenté ces passages de
toutes les façons. Nous renvoyons à l'agréable description d'un Dia de
visitas, faite par Julio Monreal dans son ouvrage Cuadros vicjos ).
1)nbsp;Ramôn Menéndez Pidal. Flor nueva de romances viejos. Madrid 1928. p. 80.
2)nbsp;Francisco Rodriguez Marin. Luis Barahona de Soto, estudio btograftco,
bibliogrâfico y critico, Madrid 1909, p. 824 y nota 1.
3)nbsp;Ed. de M. Cotarelo dans N. Bib. de Autores Esp., Madrid 1907, tomo II,
p. 214a.
4)nbsp;Op. cit., pp. 285—312.
-ocr page 226-vs. 37.nbsp;a mas de sets fretendientes.
La locution mds de sets s'emploie ici dans le sens de mas de ciiatro,
c'-à-d. „beaucoupquot;. Souvent le mot seis est préféré à cuatro, à cause
de la rime:
Yo sé que aquf pareceis
Muy bien por lo ballenato,
Ynbsp;que en la iglesia gran rato
Os miraron mas de seis i).
et encore:
Marquina.nbsp;Sabed que yo soy poeta ...
Maese Juan.nbsp;i Poeta?
Marquina.nbsp;Tan mala seta,
Que os puede dar compasion.
Maese Juan.nbsp;.jDcso llorais?
Marquina.nbsp;^No quereis
Que lo sienta?
Maese Juan.nbsp;No, por Dios;
Que conozco mas de dos,
, ijMas de dos? Y aun mas de seis,
Que se holgaran de sabello
Le mot seis tout seul se rencontre aussi ayant cette signification:
i Quisieras que cada dia
te escribiera seys papeles? quot;)
et
Lleva la valona untada,
ô la mano, con cebolla,
vnbsp;haz que tc limpias, que basta
para que llores seis dias'').
Cette expression semble avoir été d'un emploi courant, car dans
un ouvrage en prose, El Passagero de Suarez de Figueroa, nous trou-
vons cette phrase: ,,Tras auer contado en seis palabras mi historiaquot;
1)nbsp;La Noche toledana. Bib. de Autores Esp., XXIV, p. 204c.
2)nbsp;El Ausente en el lugar, ibid., p. 250a.
3)nbsp;El Desdén vengado, éd. de Mabel Margaret Harlan, New York, 1930, vs.
705—766.
4)nbsp;La Esclava de su galân, éd. cit., p. 17, acte I, vs. 415_118.
5)nbsp;Op. cit., aliuio VII, fol. 243 r^
-ocr page 227-vs. 38.nbsp;iCon dos hijos? — Y con doze.
Le mot y veut dire ici y mm, comme dans III, vs. 719 et dans
El Hijo de Redtidn:
Zelora.nbsp;jAh, Jafer!
Jafer.nbsp;j Senora mIa!
Zelora.nbsp;Oye una palabra.
Jafer.nbsp;Y mil i).
vs. 47.nbsp;y un escudero.
Chaque dame de condition avait à son service un escudero, homme
âgé et d'un aspect vénérable qui l'accompagnait dans ses promenades.
Il lui tenait la main, mais par respect il avait d'abord enveloppe
la sienne de son ferreruelo, pour ne pas toucher de sa mam trempee
de sueur, celle de sa maîtresse
vs. 52.nbsp;yd ser de mil conquistada?
Le mot conquistar a la signification de cortejar, fretender el amor
de una dama. M. Montesinos, dans son édition de El Cuerdo ^co,
donne de nombreux exemples de cette acception du mot Dans
notre pièce le même sens se rencontre II, vs. 110.
vs. 6Lnbsp;que dan en ser tan curiosas.
Dans le Dictionnaire de Cuervo on trouve l'explication suivante
du mot curioso: „que pone particular cuidado y diligencia en lo que
hace o trata. A veces dénota un cuidado excesivo sobre todo en
traerse bienquot;. Comme exemple un vers de Los Melindres de Beltsa
€st cité:
El ser yo linpia y curiosa
por meündres has tenido. (I. vs. 524—52o) )
vs. 62.nbsp;que se las passan las vidasnbsp;^
Toutes les éditions, à partir de celle de 1617, ont corrige las en les.
Nous avons tenu à laisser ce mot, parce que Lope emploie fréquem-
ment la pour le datif singulier du féminin, voir I. vs. 8J vs. öö, vs.
92; vs. 312; vs. 830; II, vs. 298; vs. 448; vs.
1)nbsp;Acad., XI, pp. 1086 et 109a.
2)nbsp;Julio Monreal, op. cit., p. 155.
3)nbsp;Teatro Antiguo Espanol, IV, op. cit., p. 200.
4)nbsp;Diccionario de consirucción y regimen de la lengua castellana, tomo 11, rans
1893, p. 7036, accepción la.
Pour le verbe fasar, il manque dans le Dicc. Acad., 34e acception
du mot: Ü. t. c. r. L'emploi réflexif de ce verbe se rencontre encore
fréquemment aujourd'hui:
— Y las mujeres se pasan la vida pescando esas calamidadesquot;
„Tenia entonces en casa una criada muy devota, que procuraba
oir misa diaria y se pasaba las horas que el servicio le de j aba libre
encerrada en su cuarto haciendo sus devocionesquot; 2).
vs. 70—71. Pues iha hecho el çielo cosa
mâs cansada y melindrosa,
D'après le Dicc. Acad., le mot cansado, 4e acception, ne s'applique
qu'aux personnes dans la signification de ,.ennuyeuxquot;. Il faut y
ajouter qu'il s'emploie encore avec un nom de chose, et avant tout
avec le mot „cosaquot;. Ce cas se rencontre dans notre pièce I, vs. 156;
I, vs. 759. Nous avons noté le même cas, e.a. dans Las Bvrlas veras:
que es cosa cansada y necia
enfadarse cada dia.
et dans Pedro Carbonero:
Pues que no prétendes fin
También es cosa cansada*).
Dans l'annotation du vers 34 de son édition de El Castigo sin ven-
ganza, M. van Dam a cité encore d'autres exemples s).
vs. 73—75.nbsp;A codiçia del dinero,
del entendimiento y talle
es vna lonja esta calle
Une idée analogue se trouve dans La Dama boba:
Pues mas de algun marquesote
a codiçia del dinèro
pretende la boberia
desta dama, y a porfia
hacen su calle terrero ®).
1)nbsp;Pfo Baroja, César o nada, Madrid 1927, p. 113.
2)nbsp;Miguel de Unamuno, Abel Sanchez, 2a éd., Madrid 1928, p. 127.
3)nbsp;Ed. de M. S. L. Millard Rosenberg, Philadelphia 1912, vs. 321_322
4)nbsp;Acad., XI, p. ICOfl.
6) El Castigo sin venganza, Groninga 1928, pp. 295_29G.
G) Ed. de M. Schevill, éd. cit., vs. 136—140.
-ocr page 229-La liste de ces prétendants se retrouve plus loin, quand Belisa
passe en revue ses amoureux . . . Cependant l'énumération ne s'ac-
corde pas à cet endroit avec celle de ce passage: le ,,ginobés caba-
lleroquot; se change en Français (vs. 248—251); 1',,yndiano portuguésquot;
devient simple Portugais (vs. 229—236); le ,,papelistaquot; manque;
le ,,letradoquot; est un homme chauve (vs. 201—214); le ,,viejo ricoquot;
est ,,un caballero rico de la Manchaquot; (vs. 237—247); le ,,soldadoquot;
paraît être un „maestre de campoquot; (vs. 215—228) et le ,,lindoquot;
s'appelle Don Luis (vs. 252—266).
vs. 76.nbsp;del ginobés caballero,
Les Génois avaient une fort mauvaise réputation en Espagne et
étaient considérés comme des sangsues à cause de leur cupidité et
de leur habileté à s'enrichir aux dépens des Espagnols. Les exemples
en sont fréquents dans la littérature de l'époque. Nous renvoyons
à l'histoire racontée dans El Passagero, terminant par ces mots:
,,Desde entonces cobrè tanto amor a Genoueses, que quando encon-
traua alguno, cerraua la tienda, rezeloso aquel dia de mil azaresquot;
M. Herrero-Garcia, dans son oeuvre sur les Ideas de los espanoles
del siglo XVII, a distingué trois catégories de Génois, toutes les trois
aussi malfamées: a) el genovés usurero, b) el genovés declarado en
quiebra et c) el genovés mujeriego
vs. 78.nbsp;del papelista, el letrado,
Le mot papelista est expliqué par le Dicc. Aut. de la sorte: ,,EI
que maneja papeles y tiene inteligencia en ellosquot;. Le Glosario donné
par M. Julio Puyol y Alonso dans l'édition de La Picara Justina
ajoute à cette définition: ,,La palabra se usaba en el mismo sentido
despectivo con que boy empleamos las voces covachuelista, râbula,
etc.quot; 3) Menéndez y Pelayo se sert encore de ce mot: ,,A la innume-
rable grey de los poetas menores, serios y jocosos, dan albergue las
antologias manuscritas, donde solia conservarse todo aquello que,
... no podia sin dano de barras traspasar el limitado circulo de
los papelistas y de los curiosos que gustan de frecuentar los àngulos
mds obscuros de la ciudad literariaquot;
1)nbsp;Suarez de Figueroa, op. cit., fol. 8 r°—9 r°.
2)nbsp;M. Herrero-Garcia, Ideas de los esparioles del siglo XVII, Madrid 1928,
p. 371.
3)nbsp;La Picara Justina, por el Licenciado Francisco López de Übeda, tomo III,
Madrid 1912, p. 216.
4)nbsp;Antologia de poetas liricos castellanos, tomo I, Madrid 1890, p. XVI.
-ocr page 230-Les letrados formaient la classe de l'élite intellectuelle et se van-
taient de leur culture universitaire. C'étaient des licenciés, des docteurs
de toutes les facultés et ils provenaient aussi bien de la noblesse
que de la bourgeoisie. C'est à eux qu'on donnait les fonctions publiques
et les emplois à la Cour^).
vs. 80.nbsp;el Undo, antique no lo es
Le mot Undo, d'abord substantif, est remplacé par lo dans son
sens adjectif. A l'époque de Lope ce mot signifiant ,,élégant, affé-
minéquot;, était très à la mode. D'autres commentateurs ont déjà relevé
le mot et réuni des exemples-). Pour avoir un joli portrait d'un
,,lindoquot;, nous renvoyons à un passage dans El Passagero, qui décrit
un de ces jeunes gens élégants, portant du fard et des parfums comme
une femme 3).
vs. 82.nbsp;a todos faltas les -pone.
Le verbe foner a ici le sens de atribuir, ainsi que dans ce vers de
notre pièce:
II,nbsp;vs. 195—196: poniendo mil faltas
a quantos me salen.
Cette signification manque dans le Dicc. Acad.
vs. 91.nbsp;que çiertas vistas aguarda:
La yista est le premier entretien entre deux amoureux. M. Schevill
l'explique par „first formal interviewquot; Le même mot se rencontre
dans notre pièce III, vs. 814 et III, vs. 828.
vs. 93.nbsp;y a fee que se ha de casar
Le mot que, qui semble être superflu, est employé après les „ex-
presiones aseverativasquot;, telles que „ciertamente que, por cierto que,
sin duda que, vive Dios que, pardiez que, a fe que, etc.quot; D'autres
cas se rencontrent dans notre pièce: I, vs. 556—557; II, vs. 468—469-
III,nbsp;vs. 241.
1)nbsp;Ludwig Pfandl, Spanische Kultur und Sitte, op. cit., pp. 48—50.
2)nbsp;M. ScheviU dans La Dama boba, vs. 1515, note et M. van Dam dans El
Castigo sin venganza, vs. 1, note.
3)nbsp;Suarez de Figueroa, op. cit., aliuio IX, fol. 303 vquot; et 304 r°.
4)nbsp;La Dama boba, vs. 142, note.
5)nbsp;D. Andres Bello, Gramâtica de la lengua castellana, 23e éd., Paris 1928, p. 105,
§ 391.
VS. 100.nbsp;Las çelosias ympiden
Les jalousies devant les fenêtres donnant sur.la rue, jouaient un
rôle important dans la vie de la femme espagnole. Julio Monreal en
dit ceci: „A este estrado correspondia el balcon de la fachada prm-
cipal, que, segun lo dicho, estaba velado con una celosla, género
de artificio que, mâs que para otra cosa, servia para que las damas
tuviesen en ellos atalaya y mirador, desde donde emboscadas y sm
ser vistas, cuando asi les conviniese, pudieran atisbar cuanto pasaba
por la callequot;
vs. 101.nbsp;que no veas bien la calle,
Dans la subordonnée après les verbes de crainte, d'empêchement,
etc., on mettait au 17e siècle le mot no. D'autres exemples ont ete
recueillis par M. van Dam dans son édition de El Castigo sin venganza ).
Nous y ajoutons:
Marcela.nbsp;iQué ternes?
Aynora.nbsp;Que no te den
Algùn balazo, senor
y tengo celos
Que en mi ausencia no se casen*).
Me ha dado, huésped, temor
Que no se fuese tras él
A Francia
vs. 102.nbsp;plies dizes que el del ouero
Par overo on entend le cheval aubère et le mot est donc employe
comme substantif. Le Dicc. Acad., qui a bien noté le sens substantit
du mot bayo, ne connaît le mot ouero que comme adjectif. Cependant
il se rencontre souvent employé substantivement:
y ira Pelayo
en aquel pequeno overo
que suele llevar al campo ').
1)nbsp;Cuadros viejos, op. cit., pp. 297 et 298.
2)nbsp;Ed. cit., vs. 4 et note.
3)nbsp;El Asalto de Mastrique, Acad., XII, p. 400«.
4)nbsp;La Discreta venganza, Bib. de Autores Esp., XLL, p. 30«a^
5)nbsp;Por la puente, Juana, Bib. de Autores Esp., XXXIV, p.
C) El Mejor alcalde, el rey, éd. Clâsicos castellanos. no. 39, Madrid IJJl,
vs. 1221—1223.
-ocr page 232-Mar.nbsp;jCon qué caballo entraréys?
El ouero tengo
por mexor para la entrada.
Mar.nbsp;^Y agora?
El bayo me agrada i).
Le mot bayo se trouve dans notre pièce I, vs. 665.
vs. 107—108.nbsp;En las ninas me han dado
de -palos. — jQiié ninerias!
Le même jeu de mots se retrouve plus loin:
I, vs. 988—991: que si tû en las nifias tuyas
retratas prendas agenas,
ninerias son que pueden
hazer gigantes offensas.
VS. 109—111. Como los ojos llegué
a sus palos, ellos ftieron
laies, que al fin me los dierow,
Jeu de mots entre les deux significations du mot palos, celle de
„lames de la jalousiequot; et celle de „coups de bâtonquot;.
vs. 129—131.nbsp;^De mirar
el que va açeyte vendiendo
te has manchado?
Dans notre étude du caractère de la „melindrosaquot; nous avons
déjà fixé l'attention sur l'analogie de ce passage avec quelques vers
d'un Entremés de Quifiones de Benavente:
^De nombrar el aceitero
te has manchado?
VS. 138.nbsp;iJesiïs, qué fiero accidente!
Le Dicc. Acad. explique le mot accidente par: „Indisposición o
enfermedad que sobreviene repentinamente y priva de sentido, de
movimiento o de ambas cosasquot;. Ce sens d',,évanouissementquot; se ren-
1)nbsp;El Marqués de las Navas, ï. A. E., VI, vs. 643 et seq.
2)nbsp;Entremés famoso de la melindrosa, Colecciamp;n de entremeses, éd. cit., tomo I,
vol. 2. p. 799a.
contre souvent. Tirso de Molina fait une nuance entre ce mot et le
mot commun desmayo:
Que no es este accidente
Sino un breve desmayo; fâcilmente
Vol vera, â lo que espero
Lope se sert de ce mot dans une lettre très connue, adressée au
Duque de Sessa: ,,Duque mi senor: yo no he cerrado mis ojos en toda
la noche, y hasta ahora he estado en la cama con mil accidentes,
y no me levantara délia, si una persona que los ha entendido no me
enviara â llamarquot;
vs. 144.nbsp;mi amor y lealtad procura.
Il est permis de mettre le verbe au .singulier, quand même deux
sujets précèdent, quoique la grammaire rigoureuse réserve cette
licence aux seuls poètes 3). Dans le vers de Lope le singulier est ne-
cessaire à cause de la rime.
vs. 148.nbsp;Tantico.
Le mot tantico ou tantito, signifiant ,,un rienquot; ou „un tout petit
peuquot; était employé couramment par le peuple, selon l'assertion de
M. Rodriguez Marin
vs. 157—161.nbsp;Y entre tantos maj ader os
ay vno que me ha quebrado
las manos.nbsp;. ,, . .
y marque ici une opposition, signifiant donc „maisquot;, ainsi que
dans I, vs. 263.
Dans ce passage il y a un jeu de mots entre les deux acceptioris
du mot majadero, celle de „fusée d'un ouvrage de dentellesquot; et celle
de ,,homme ennuyeux et stupidequot;.
vs. 172—173. Bien se ve
que andas de boda.
Tiberio fait ici une allusion au costume élégant que doit porter
Belisa, puisque:nbsp;___
1)nbsp;Por el sôtano y el torno, éd. cit., p. 2286.
2)nbsp;Ültimos amores de Lope dc Vega Carpio, Madrid 1870, p. 45.
;}) Bello, op. cit.. p. 219, § 833.
4) Don Quijote, ediciamp;n del Centenario, tomo I, p. 33, 5.
-ocr page 234-I, vs. 90:nbsp;oy estâ hermosa y gallarda.
VS. 193.nbsp;entre borlas de colores!
Les docteurs des Universités portaient en effet le „bonete y borlaquot;,
ainsi que les ,,clérigosquot;. Tirso de Molina donne dans sa pièce El Mayor
desengafio cette indication de scène: „Traen unas andas y en ellas
à Dion, difunto, de clérigo, con bonete y borlaquot; i). Ce Dion était un
docteur de l'Université. Guillén de Castro, dans Las Mocedades del
Cid, nous informe de cette habitude du clergé de porter ,,bonetequot;:
Para el bien que se promete
de un aima limpia y sencilla,
lleve el frayle su capilla,
y el clerigo su bonete
VS. 196.nbsp;sentada en quatro dolor es.
Le mot en a ici le sens de entre, comme dans La Dama boba:
A nadie quiere
mas en todas las criadas®).
VS. 211—213.nbsp;Y a quise
asir la ocasión-, estaua
sin copete por la frente
Belisa fait ici une allusion au proverbe: ,,La ocasión la pintan
calvaquot;, et à la locution: ,,Asir la ocasión por el copetequot;. D'autres
allusions se trouvent encore dans El cuerdo loco:
La ocasión nos ofreze los cabellos
para gozar de aqueste prinçipado;
si agora no procuras asir dellos,
el uiento romperà con buelo ayrado *),
1)nbsp;Comedias de Tirso de Molina dans la Nueva Bib. de Autores Esp., colecciôn
ordenada por Don Emilio Cotarelo y Mori, tomo I, Madrid 190G, p. 1146.
2)nbsp;Ernest Mérimée, Première partie des Mocedades del Cid, de Don Guillén
de Castro, Toulouse 1890, p. 109, vs. 2175—2178.
;}) Ed. cit., vs. 402, et note.
4) T. A. E., IV, vs. 137—140.
dans La Noche toledana:
Es, Aurelio, la ocasion
Como la pude pintar.
Asl â la ocasion la f rente i).
et dans La Discreta enamorada:
Asite la ocasiôn por el copete
VS. 215—216. iPor qué dexaste al maestre
de campo ?
Le maestre de campo était le chef d'un „tercioquot; et avait donc une
charge importante 3). Plus tard Belisa citera parmi ses prétendants
éconduits:
II, vs. 192—19.3: muchos con bastantes
cargos en la guerra.
VS. 218.nbsp;pues se le pone de plata
Dans son ouvrage L'oeil artificiel, le docteur Robert Coulomb dit:
,, . . . c'est seulement avec Ambroise Paré que nous entrons dans
une période de certitude historique concernant l'usage chirurgical
de l'oeil artificielquot;. Ce dernier n'en parle pas comme d'une nouveauté,
pourtant les yeux artificiels étaient rares. „En 1627 l'allemand Sen-
nertus rapporte comme un fait digne de remarque que Minadous
a vu à Byzance une femme portant un oeil d'argent, dont le modelage
et la peinture étaient si parfaits qu'il égalait un oeil véritable par
ses dimensions, sa transparence et sa couleurquot;. Jusqu'au 18e siècle
on faisait les yeux artificiels en or, argent ou plomb, couvert d une
couche d'émail. Sur le prix d'un oeil artificiel, M. Coulomb cite un
passage du médecin hongrois Jessenius (1601): „11 y a à Venise un or-
fèvre florentin fabriquant des yeux artificiels avec beaucoup d ha-
bileté 'et illos vendat sex aut septem coronatorum pretio' ' )•
Lope fait une autre allusion à ces yeux d'argent dans La Nina
de plata:
Cuando uno no tiene vista,
Se pone nifias de plata
1)nbsp;Bib. de Autores Esp., XXIV, p. 2076.
2)nbsp;Acad., XIV, p. 4206.
3)nbsp;Julio Monreal, op. cit., pp. 36 et seq.
4)nbsp;L'oeil artificiel, Paris s.d., pp. 14 et seq.
rgt;) Acad., IX. p. 3246.
Du passage de Los Melindres de Belisa, notre savant compatriote,
M. le Dr. G. J. Schoute, tire la conclusion que l'Espagne a connu
les yeux artificiels avant tous les autres pays de l'Europe.
vs. 222—223. y le costaua el de plata
dos reaies.
Il va sans dire que Belisa se moque ici, car le prix réel d'un oeil
artificiel n'a jamais valu la somme ridiculement basse de deux réaux!
vs. 227—228. IHies llamarle yo mi ojo
era ser negra.
Le mot negro a ici le sens de „méchant, perversquot;, signification
qu'y donne M. Rodriguez Marin dans la phrase du Quijote: ,,la negra
orden de caballeriaquot; et non pas celui du Dicc. Acad.: ,,funeste,
de mauvais augurequot;.
vs. 229.nbsp;îQué diras del portugués?
Les Portugais étaient connus pour leur caractère appassionné et
colérique et pour leur sentimentalité, et les Espagnols n'ont jamais
laissé de ridiculiser ces traits caractéristiques. Dans El Marqués de
las Navas une jeune fille demande à un jeune homme un peu trop
galant:
i Soys acaso portug[u]és ? ')
Leur tempérament amoureux et leur goût des larmes sont raillés
dans Aînar sin saber a quién:
A un portugués que lloraba
preguntaron la ocasión:
respondió que era afición,
y que enamorado estaba.
Por remediar su dolor,
le preguntaron de quién;
y respondió: ,,De ninguem;
mas choro de puro amorquot;
Tirso de Molina fait dire à un de ses personnages de El Vergonzoso
en palacio:
1)nbsp;Archivos de oftahnologia hispano-americanos, tomo XXXIII, num. 8, agosto
de 1933, pp. 514—517.
2)nbsp;Ediciôn del Centenario, tomo I, p. 148, 11.
3)nbsp;T. A. E., VI, vs. 329 et note.
4)nbsp;Ed. de M. Camille PitoUet, éd. cit., vs. 1122—1129.
218
ha de amar en su conquista
de oidas el portugués,
y el castellano, de vista
Dans l'annotation de ce passage, M. Américo Castro cite encore
d'autres exemples de ce trait de caractère portugais. La même pièce
de Tirso fait plus loin allusion à la colère vite suscitée:
Serafina.nbsp;Muy colérico sois.
Antonio.nbsp;Es
condición de portugués®).
Belisa, cependant, ne fera aucune observation sur ces caractéris-
tiques connues, mais elle reprochera à son prétendant portugais de
porter
Aquellas barbas
negras, çerdosas y espesas.nbsp;(vs. 232 233)
En effet, M. Herrero-Garcfa nous informe de ce que les „hidalgosquot;
portugais qui séjournaient à la Cour du Roi d'Espagne, ,,debian usar
barbaquot; et comme preuve il cite un passage d'une pièce d'Alarcón,
No hay mal que for bien no venga:
Portugués debe de ser.
— Pues cpor qué?
— De lo prolijo
De la barba lo colijo *).
vs. 247.nbsp;çernicalo de unas negras.
Cet oiseau a, en effet, les griffes noires. Cervantes emploie une
pareille comparaison dans les conseils que Don Quijote donne à San-
cho: „ . . . lo primero que te encargo es que seas limpio, y que te
cortes las ufias, sin dejarlas crecer, como algunos hacen, â quien su
ignorancia les ha dado â entender que las unas largas les hermosean
las manos, como si aquel escremento y afiadidura que se de] an de
cortar fuese uîïa, siendo antes garras de cernicalo lagartijero; P^erco
y extraordinario abusoquot;. Dans l'annotation de ce passage, M. Ilt;o-
driguez Marin remarque qu'on applique cette appellation aux ongles
sales et noires, bien plutôt qu'aux ongles longues, et il cite comme
preuve une phrase de Anastasio Pantaleôn de Ribera: „Dizen algunos
1)nbsp;Ed. «7., Acte 1, vs. 846—848.
2)nbsp;Ibid., Acte III, vs. 011—912.
3)nbsp;Ideas de los espaholes del siglo XVII, op. cit., p. 129.
4)nbsp;Juan Ruiz de Alarcón, Bib. de Autores Esp., XX, p. 1826.
-ocr page 238-viéndole las unas negras (porque jamas se las limpia), que debe de
ser estudiante cernicaloquot;
vs. 249.nbsp;el caballero frangés?
M. Herrero-Garcia fait l'observation que les Français, que le
peuple espagnol pouvait voir et juger tous les jours, formaient la
classe des ,,afiladores, aguadores, castradores, titiriteros, buhoneros,
pordioserosquot;. Pourtant cet auteur affirme que ,,en el fondo del alma
espanola habîa un lugar reservado para Francia, y una alta estima
de su valor, de su eficiencia y de su espi'rituquot; 2). Comme preuve, il
cite un passage pris dans une pièce de Lope lui-même, „el màs orgu-
lloso de los espanolesquot;:
Espaîiol huelgo de sér;
De no lo sér, francés fuera;
De no ser francés, no hay sér
Adonde mi sér cupiera^).
VS. 250—251. No quiero yo ser Madama,
ni llamar Mositir mi esposo.
Le mot ,,madamaquot; est fréquemment employé, sans aucune inten-
tion ironique. Dans La Corona merecida, p.e. la reine Leonor est con-
stamment appelée ,,Madamaquot; Le mot „monsieurquot; ou ,,mosiurquot;
se rencontre aussi très souvent:
El Duque de Nemurs, mosiur Namurcio,
Bcsa tus manos®).
El Rey, monsieur, se dice que es partido«).
Monsieur, dad cien mil escudos').
Dans un roman moderne nous lisons que le mot s'emploie encore
aujourd'hui près de la frontière française: ,,Tenfan sus canciones
especiales, grotescas como 'La maleta de Rothschild' y 'Musiù Cham-
bule', verdaderos galimatias, pues mientras un grupo entonaba la
letra, los otros repetian el estribillo y daban patadas en el sueloquot;®).
1)nbsp;Ediciôn del Centenario, tomo V, p. Ö58, 18.
2)nbsp;Ideas de los espanoles del siglo XVII, op. cit., pp. 405—430.
3)nbsp;Carlos V en Francia, Acad. XII, p. 1206.
4)nbsp;T. A. E., V. passim.
5)nbsp;El Blasôn de los Chaves de Villalba, Acad., XI, p. 433fc.
G) El Caballero del Sacramento, Acad., VIII, p. 407«.
7)nbsp;El Asalto de Mastriqiie, Acad., XII, p. 474«.
8)nbsp;Pio Baroja, La familia de Errotacho, Madrid 1932, p. 59.
-ocr page 239-vs. 266.nbsp;iMas qué te desmayas?
M. Américo Castro explique ce mas qué par a qué dans l'annotation
du vers suivant de la pièce de Tirso de Molina, El Vergonzoso en
■palacio:
ïMas que sé de dónde nace
tu desamor?
Un exemple de cette expression dans l'oeuvre de Lope, se trouve
dans El Mejor alcalde, el rey:
Carta de mi mano . . .
ijMas que debió de rompella?
Un article sur cette sorte de phrase interrogative a paru de ^^ quot;ïam
de M. Américo Castro, dans le Boletin de la Institución Libre de En-
seîianza, du mois de janvier 1917 2).
vs. 277.nbsp;que saque prendas a Eliso.
L'expression ,,sacar prendasquot;, qui n'est pas notée par le Dicc.
Acad., se trouve encore dans un passage du Coloquio de los perros
de Cervantes. Dans l'annotation de ce modèle de „la pericia juridica
de Cervantesquot;, M. Agustin G. Amezùa y Mayo ne dit aucun mot sur
ce terme professionnel. M. Rodriguez Marin explique dans une note
de son édition du Coloquio la phrase „le sacasen prendas de la can-
tidadquot; par „le embargasen bienes cuyo valor montase tanto o mas
que la deudaquot;
Comme ce passage du Coloquio contient les mêmes expressions
juridiques que le fragment de notre pièce qui va suivre, nous le re-
produisons ici: „Dos ladrones hurtaron en Antequera un caballo
muy bueno: trujéronle â Sevilla, y para venderle sin peligro usaron
de un ardid que â mi parecer, tiene del agudo y del discreto: fueronse
a posar a posadas diferentes, y el uno se fué a la justicia, y pidio por
una petición que Pedro de Losada le dehia cuatrocientos reaies prestados,
como parecia por una cédula firmada de su nombre, de la cual hacia
presentación.nbsp;_____
1)nbsp;Ed. cit., Acto I, vs. 2G6—207.
2)nbsp;Ed. Clâsicos Castellanos, No. 39. Acto III, vs. 1099—1700.
3)nbsp;La Critica filológica de los textos, dans Boletin de la Institución Libre ae
Ensenama, nùm. 082. p. 29amp;.nbsp;. n/,- 1 ^ Cpv
4)nbsp;El Casamiento engafioso y Coloquio de los Perros, novelas de Miguel ae ser-
vantes Saavedra, Madrid 1918. p. 140. 5.
îtlandô el Tiniente que el tal Losada reconociese la cédula, y que
si la reconociese, le sacasen f rendus de la cantidad, o le pusiesen'en la
cdrcel. Tocô hacer esta diligencia d mi amo y al escrihano su amigo;
llevôles el ladrôn â la posada del otro, y al punto reconociô su firmâ
y confesô la deuda, y senalô por penda de la ejecuciôn el caballo;
el cual visto por mi amo, le creciô el ojo, y le marcô por suyo si acaso
se vendiese. Di6 el ladrôn por pasados los términos de la ley, y el ca-
ballo se puso en venta, y se rematô en quinientos reaies, en un tercero
que mi amo echô de manga para que se le comprase. Valia el caballo
tanto y medio mâs de lo que dieron por él; pero como el bien del
vendedor estaba en la brevedad de la venta, a la primer postura
rematô su mercaduria. Cobrô el un ladrôn la deuda que no le debian,
y el otro la caria de pago que no habfa menester, y mi amo se quedô
con el caballo . . .quot;
vs. 302—304. tiene çiertas moscas blancas,
y quando ya ay tantas moscas,
es que el verano se acaha.
Jeu de mots avec les deux significations de moscas: celle de ,,mou-
chesquot; et celle de „tachesquot;. Dans l'annotation de La S err ana de la
Vera, pièce de Luis Vêlez de Guevara, M. et Mme Menéndez Pidal
ont recueilli quelques exemples du mot „moscasquot; dans le sens de
„pintas, manchasquot; 2).
vs. 317.nbsp;A San Gerônimo yré.
Pour les détails concernant cette éghse, ainsi que celle de San
Miguel, mentionnée au vers 324, et le Carmen du vers 375, nous
renvoyons à notre étude sur la topographie de la pièce
vs. 323.nbsp;Pues no nos pongan el coche.
Depuis l'époque de Charies-Quint, la vogue des „cochesquot; allait
croissant de telle sorte qu'en 1578 Philippe II tâcha de réformer par
une pragmâtica l'abus de ces voitures, qui encombraient les rues
étroites de la Corte, mais en 1593 il lui fallait encore une pragmâtica
pour ordonner que ,,personne de quelqu'état, condition ou sexe
qu'elle fût, ne pût aller en 'coche ni carroza' dans les villes, sinon en
1)nbsp;El Casamiento enganoso y el Coloquio de los perros, novelas ejemplares de
Miguel Cervantes de Saavedra, ed. Agustin G. Amezûa y Mayo, Madrid 1912
pp. 326—327.
2)nbsp;T. A. E., I, Madrid 1916, vs. 996 et note.
3)nbsp;Chapitre V, pp. 27—29.
-ocr page 241-voiture propre, tirée par quatre chevaux, lui appartenant également,
sous peine de confiscation de la voiture avec coussins, tapis et bêtesquot;.
Cependant la lutte contre le nombre augmentant des carrosses était
inutile; surtout à Madrid c'était la rage d'en posséder et l'on aimait
mieux se priver des objets de première nécessité que d'un „cochequot;
Aussi les railleries là-dessus sont-elles fréquentes dans la littérature
de l'époque, et M. Rodriguez Marin a consacré plusieurs pages à ce
sujet, citant de nombreux exemples, dans une annotation du Qui-
jote 2). Toujours est-il qu'un bon mari, dès qu'il prospérait en affaires,
achetait un ,,cochequot; pour sa femme:
Quiero comprar lo primero,
pues en ti también se emplea,
un coche, que las mugeres
van mâs honradas y honestas
dentro de un coche que a pie®).
VS. 330.nbsp;jOla, dame vn vidro de agua!
La forme vidro est la forme ancienne dont le peuple se sert encore
aujourd'hui, d'après la remarque de M. Rodriguez Marin Sur le
mot ,,vidrioquot; dans la signification de ,,verre à boirequot;, Julio Monreal
explique que: ,,E1 agua se servia frecuentemente en bùcaros; era ge-
neralmente usada la frase servir un vidrio de agua, que hoy nos pare-
ceria galicismo . . .quot; La même forme vidro pour vidrio se trouve
dans notre pièce encore I, vs. 977.
vs. 331.
La scène a changé ici et ne représente plus une chambre dans
la maison de Lisarda, mais une autre dans celle d'Eliso.
vs. 337.nbsp;porque son sîis melindres postres y antes,
Jeu de mots avec les deux significations du mot melindre, celle
de „gâteauquot;, fait avec du miel et du sucre et servant d'entremets
ou de dessert et celle de ,,capricequot;.
vs. 350.nbsp;Por lo que dizen del pellejo.
Nombreux sont les ,,refranesquot; en Espagne, concernant les cheveux
1)nbsp;Julio Monreal, op. cit., chap. Ill: Ruar el coche, pp. 99—129.
2)nbsp;Ediciân del Centenario, tomo VI, pp. 28—34.
3)nbsp;La Llave de la honra, Acad. N., XII, p. 459a.
4)nbsp;Don Quijote, ediciân del Centenario, tomo I, p. 469, 13.
6) Cuadros viejos, op. cit., p. 308, note 2.
rouges. La croyance qu'un homme roux est faux de nature et qu'il
mérite qu'on se méfie de lui, date des temps anciens. En l'an 1000
on a composé une chanson en latin, Rnodlieb, qui commence par
ces vers:
Non tibi sit rufus umquam specialis amicus.
Si fit is iratus, non est fidei memoratus.
Nam vehemens dira sibi stat durabilis ira.
Tam bonus haut fuerit, aliqua fraus quin in eo sit i).
Dans toutes les langues on trouve des locutions qui ont rapport
à cette idée populaire. Quant à l'Espagne, M. Américo Castro a
recueilli déjà un grand nombre d'exemples et de locutions dans son
édition de El Vergonzoso en -palacio, pièce de Tirso de Molina 2).
Correas mentionne encore les ,,refranesquot; suivants: ,,Pelo bcrmejo,
mala carne y peor pellejoquot; 3) et ,,Hombre rojo y hembra barbuda,
de lejos la saludaquot; ou bien la variante: ,,Hombre bemiejo y mujer
barbuda, de una légua los saludaquot; M. Rodriguez Marin en cite
encore un autre: ,,Bermejo, ni hombre ni gato, ni perro y mujer
mucho menosquot; Sbarbi ajoute au „refrdnquot; qu'il cite: ,,Bermejo,
o cordobés, o diente ahelgado, dalo al diabloquot; ce détail: ,,Sabido es
que al cabello rojo o bermejo se le llama jocosamente pelo de Ju-
das ...quot;') En effet, c'est à cette croyance que Lope fait allusion,
quand il fait dire à un de ses personnages:
Un bermejo con dineros
no es Judas, Adonis es®).
vs. 352.nbsp;dixo, viéndole linpio como espejo:
Cette expression est une variante de la locution habituelle: ,,limpio
como una patenaquot;, donnée par le Dicc. Acad, ou bien de ,,ser uno
1)nbsp;Handwörterbuch des deutschen Aberglaubens, Berlin—Leipzig 1930—1931,
Bnd. III, Art. Haar, p. 1250.
2)nbsp;Ed. cit., p. 25, Acto I, vs. 249—250 et note.
3)nbsp;Maestro Gonzalo Correas, Vocabularia de refranes y frases proverbiales y otras
fórmulas comunes de la lengua castellana . . ., Madrid 1924, p. 3886.
4)nbsp;Ibid., p. 246a.
5)nbsp;Ibid., p. 244a.
6)nbsp;12.600 refranes mâs, Madrid 1930, p. 396.
7)nbsp;Ilmo. Sr. D. José Maria Sbarbi, Diccionario de Refranes, Adagios, Proverbios,
modismos, locuciones y frases proverbiales de la lengua espanola, Madrid 1922,
tomo I, p. 102a.
8)nbsp;Dineros son calidad, Acad. N., XII, p. 356.
-ocr page 243-limpio como el aguaquot;, expression citée par Sbarbi. Dans La Moza
de cdntaro, Lope donne encore une autre variante:
Una moza de cântaro y del rio
Mas limpia que la plata que en él lleva i).
Dans La Have de la honra. Lope rapproche de nouveau les mots
,,limpioquot; et ,,espejoquot;:
jAh, seüor, que importa mucho
en eminentes lugares,
estar limpios los espejos
en que el pueblo ha de mirarse ! ')
VS. 355—356.nbsp;En Alcorcân pudiera hazer Belisa
vn desposado, que es fanioso el barro.
M. le secrétaire général de la Sociedad Geogrâfica de Madrid a eu
l'aimabilité de nous renseigner sur ce ,,barroquot; fameux, nous appre-
nant que: ,,La circunstancia de ser éste de una arcilla muy plâstica,
especialmente apto para trabajos de alfareria, ha hecho que, desde
tiempos remotos, sea famoso el pueblo, que surtia a Madrid de 'Pu-
cheros de Alcorcón', botijos, etc.quot; Ce n'est pas seulement à cet endroit
de Los Melindres de Belisa, que Lope y fait allusion, un passage
dont le sens est identique à celui de notre texte, se trouve encore
dans De cosario a cosario:
Don Fernando.nbsp;Finalmente, se presume
Que para su entendimiento
Hard un marido de barro.
Don Juan.nbsp;En Alcorcon es grosero;
Mejor le harâ en Estremoz,
Que es barro de quien sabemos
Que le comen las mujeres®).
Le „barro de Alcorconquot;, probablement, n'était donc pas bon à
manger et les femmes préféraient pour cela le „barro de Portugal .
Les différentes espèces de „barroquot; sont énumérées dans un passage
d'un „Entremésquot; du commencement du 18e siècle, écrit par un poete
1)nbsp;Ed. Stathers, éd. cit., vs. 1107—1108.
2)nbsp;Acad. N., XII, p. 453a.
.3) Bib. de Autores Esp., XLI, p. 502a.
-ocr page 244-obscur, D. Juan de Agramont y Toledo, et intitulé Los gustos de las
mujeres:
Yo, senor, gusto de barro,
que me agrada ver que suena
mascadito poco â poco
en los dientes y las muelas.
Quiero barro de la Maya,
de Chile, de Zacateca,
de Portugal, de la China,
de Alcorcón y de Ginebra.
Quiero carbón, quiero yeso . . .
i Barro, barro, barro, barro!
Ayala.nbsp;[Mejor fuera que barriera! i)
VS. 357—358. Assi le tubo Eua. Burla y risa
haze del mds galdn, del mds bizarro.
La ponctuation incorrecte de l'édition de Hartzenbusch, qui avait
interprété ces vers ainsi:
Assi le tuvo Eva: burla y risa
Hace del mas galan, del mas bizarro,
a porté le critique allemand Klein à considérer a tort Eve comme le
prototype et l'aïeule de toutes les femmes hystériques 2).
vs. 365—366.nbsp;y sin quitarse
de paso a fuente, a lo de brabo y fiera-,
La signification de ce vers n'est pas très claire. Grâce à un rensei-
gnement aimable de M. Navarro Tomâs, nous pouvons donner l'expli-
cation suivante: ,,de paso a fuentequot; veut dire ,,con un paso tal como
se va a la fuentequot;, c'-à-d. ,,cargado de jarrosquot; ou bien ,,muy despa-
cioquot;. La locution ,,a lo dequot; pourrait signifier ,,a la manera dequot;,ce qui
pourrait également être le cas dans l'expression ,,â lo de Dios es
Cristoquot;, dont Joaquin Hazanas y la Rua a donné l'explication de
,,â lo valientequot;^). La même locution „a lo dequot; se trouve employée
par Dofia Ana Caro dans sa pièce El Conde Partinuples:
Mas iqué es aquello? Mi amo
Parece que estâ en extâsis,
O que â lo de resurrexit,
Judio asombrado yace. '•)
1)nbsp;Fragment cité dans Colecciôn de Entremeses, éd. cit., tomo I, vol. 1, p.
CXXV6.
2)nbsp;Geschichte des Drama's, X, op. cit., Bnd. III, p. 270.
3)nbsp;Los Rufianes de Cervantes, Sevilla 190G, p. 99 et p. 211, note 52.
4)nbsp;Bib. de Autores Esp., XLIX, p. 128c.
-ocr page 245-VS. 368.nbsp;que no lo estaua yo poco primero.
Le mot lo veut dire „enfadadoquot;, et s'explique par le mot „enfa-
darsequot; du vers précédent. Il s'agit ici d'un cas de zeugma, comme
fréquemment dans notre pièce:
Pues dime que no lo fué, lo = melindrosa,
Soy de Ordn, y estarlo espero, lo = bautizada,
^Ensillaste? — Y a lo estâ, lo = ensillado,
Mas yo si los he tenido, los = celos,
y que por tal te tendrdn, tal = loca.
vs. 370.nbsp;miréle, alçô, metime, ya esta hecho.
Cette accumulation de verbes indique bien la rapidité avec laquelle
les jeunes gens passionnés vidaient leurs querelles. Le verbe alza.r,
selon la 14e acception du mot donnée par le Dicc. Acad., veut dire
,,retirarse, apartarse de algûn sitioquot;. Il exprime donc le recul qu'on
fait avant de se fendre ou avant de jeter une chose:
Alzé y tiréle el sombrero,
et dans la Serrana de la Vera de Luis Vêlez de Guevara:
alza y tfrale un mandoble
Le verbe meterse signifie ici „ponersequot; dans le sens de ,,oponerse
a uno, hacerle frente o reîïir con élquot;, donné par le Dicc. Acad., ac-
ception 27.
vs. 384—385. iQue dos mançebos de gallardos talles,
que me vieron venir, no dirân nada?
Contrairement à l'opinion de Hartzenbusch et de M. Cotarelo,
nous avons cru qu'il fallait donner à ces deux vers un sens inter-
rogatif à cause de la réplique du vers suivant: ,,No temas, que no
harân . . .quot;
vs. 396.nbsp;no dexarân rincôn que no le miren,
Il y a ici un cas d'un „acusativo doblequot;, tandis que les deux com-
pléments sont très rapprochés l'un de l'autre.
1)nbsp;El Perro del hortelano, ed. cit., p. 343c.
2)nbsp;T. A. E., I, vs. C83—084.nbsp;^27
-ocr page 246-La Nina de plata en contient un autre exemple:
Son sefias de su casa dos balcones
Azules, que al salir el sol los dora i).
Malgré le précepte donné par la grammaire d'éviter ce pléonasme,
surtout quand les deux compléments sont trop rapprochés on
trouve encore des cas dans la littérature moderne: ,,Tenlan frases
hechas, que las empleaban a cada paso . . .quot;3)
vs. 397.nbsp;y mucho mds no hauiendo abierto luego.
Après une principale négative, mucho mds signifie mucho menos,
ainsi que ,,cuantomâsquot; se trouve à la place de ,,cuanto menosquot;. D'au-
tres exemples ont été cités par M. van Dam dans l'annotation des
vers 997 et 2190 de son édition de El Castigo sin venganza
vs. 412.nbsp;y no ser éis de nadie conozidos.
Conocer veut dire ici reconocer, ainsi que dans les vers suivants:
I, vs. 423, vs. 480, vs. 1015; II, vs. 510; III, vs. 513. D'autres exemples
de cette acception du mot, qui manque toujours dans le Dicc. Acad.,
ont été recueillis par M. Américo Castro dans son annotation du
vers 889 de Cada quai lo que le toca de Francisco Rojas Zorrilla®).
vs. 424—437.
Le sonnet est composé en ,,esdrüjulosquot;, forme très maniérée et
pour cela ridiculisée souvent. Cervantes, qui peut-être a voulu se
moquer d'un poète contemporain, Bartolomé Cairasco de Figueroa,
,,tan insólito y frenético amante de los esdrùjulos, que todos sus
contempordneos le reputaron por padre y creador de ellosquot;, à ce
que nous dit M. Amezùa ®), fait raconter au poète de son Coloquio
de los perros qu'il a composé une oeuvre, entièrement écrite ,,en
verso heroico, parte en octavas y parte en verso suelto; pero todo
esdrùjulamente, digo, en esdrùjulos de nombres sustantivos, sin
admitir verbo algunoquot; '). Lope se moque du même poète dans son
Laurel de Apolo, silva VII, disant:
1)nbsp;Acad., IX, p. 3416.
2)nbsp;Bello, op. cit., § 925, pp. 241—242.
3)nbsp;Pio Baroja, El ârbol de la ciencia, Madrid 1918, p. 244.
4)nbsp;Ed. cit., pp. .343 et 376—377.
5)nbsp;T. A. E., II, Madrid 1917, p. 224.
6)nbsp;Ed. cit., pp. 686—687, note 343.
7)nbsp;Ibid., p. 359.
-ocr page 247-... las Musas de Cayrasco,
que csdrujular el mundo
amenazaron con rigor prof undo
Dans La Viuda valenciana Lope met un sonnet en esdrüjulos dans
la bouche d'un „galant à la modequot;:
Baja del monte el agua despefiândose,
Y va de piedra en piedra entremetiéndose . . .
Dans Im Nina de plata le gracioso Chacon se moque de cette poésie
„cultaquot;:
Ya queria
Correr la noche su cortina lóbrega,
Ynbsp;aparecer la luz del alba cândida,
Como dicen poetas en esdrùjulos,
Cuando salió de ver la Niîîa el Principe,
Dejândola preiïada de dos cónsules®).
vs. 427.nbsp;de la esphinje de Tebas enigmàtica,
Lope fait souvent allusion au sphinx de Thèbes, tantôt pour ses
énigmes, comme dans La Llave de la honra:
que no fué en Tebas la Esfinge
mâs oscura que mi maP),
tantôt pour sa cruauté, ainsi que dans La Serrana de la Vera:
Hago juramento y voto
De no volver â Plasencia;
De vivir entre estos montes,
Ynbsp;de ser en esta sierra
Una esfinge mâs cruel
Que la que escriben de Tebas
1)nbsp;Laurel de Apolo, Silva H, dans Coleccion de las Obras sueltas, assi en prosa,
como en verso, tomo I, Madrid 177C, p. 27.
2)nbsp;Acad., XV, pp. 49G6 et 497a.
3)nbsp;Acad., IX, p. 360a.
4)nbsp;Acad. N., XII, p. 4466.
5)nbsp;Acad., XII, p. 27a.
-ocr page 248-vs. 430—431. flies el que sabe mds de tu teórica,
menos lo muestra en tu experiençia ■prâtica.
Les formes teórica et prâtica pour „teorlaquot; et „practicaquot; étaient
très fréquentes à l'époque de Lope. Suarez de Figueroa écrit p.e.:
„Pratica viene a ser en mi lo que al presente es teorica en vosquot; et
„Fuera de que te hara sin duda medico la pratica, aunque no lo seas
por teorica . . .quot; 2)
vs. 436.nbsp;pues sólo vemos en tu acción ridicula
Le mot acción était une parole à la mode à l'époque de Lope, ce
qui se voit clairement dans ce passage de Amar sin saber a quién:
Un lindisimo mancebo
de éstos que dicen acción,
en substancia, reducciôn,
y todo vocablo nuevo;
et dans cet autre de El Desprecio agradecido:
Florela.nbsp;i Bravo humo, brava gloria,
brava prosa de galanes!
Muy valido anduvo riesgo,
superior, inexcusable,
valimiento, acción, despejo,
rtiidoso, activo, desaire,
lucimiento, y carabanes.
Lisarda.nbsp;jCaso extraflo! jque el lenguaje
tenga sus tiempos también !
VS. 438.nbsp;Pudiera vuesamerzed
Les personnages de notre pièce se tutoient, sauf dans les moments
solennels ou sentimentaux, quand ils emploient le mot ,,vosquot;. Les
inconnus s'abordent aussi avec ,,vosquot;. Ceci est contraire à l'usage
habituel, car, d'après ce qu'en dit Alfred Morel-Fatio, ,,l'important,
l'essentiel, est de se garder comme du feu du vos, qui sonne à l'oreille
de l'Espagnol comme un soufflet sur sa jouequot; 5). Eliso et l'alguacil
1)nbsp;El Passagero, op. cit., Aliuio II, fol. 09 r°.
2)nbsp;Ibid., Aliuio III, fol. 111 r°.
Ed. cit., vs. 555—S-jS.
4)nbsp;Acad., N., XII, p. 16.
5)nbsp;Alfred Morel-Fatio, Ambrosio de Salazar et l'étude de l'espagnol en France
sous Louis XIII, Paris et Toulouse 1900, pp. OÎJ—05.
se disent donc „vosquot;, quoique l'alguacil, irrité par l'attente devant
la porte, commence par se servir du ,,vuesamercedquot;. Ce mot qui
marque en général la courtoisie, porte dans notre pièce une pointe
d'ironie, même un sarcasme prononcé dans les vers III, vs. 312 et
III, vs. 385. M. Pitollet a déjà remarqué que le „vuesamercedquot; est
d'une comique ironie dans ce vers de Amar sin saher a quién:
i Vuesamerced no me dice
cualque cosa? i)
phrase dite par le gracioso à la soubrette.
vs. 442.nbsp;Cuentas de haçienda intricada
Le mot intricada, corrigé à tort dans les éditions modernes en
„intrincadaquot; se rencontre souvent dans les auteurs contemporains
de Lope. Dans El Passagero on lit cette phrase: » • ; • o Para exphcar
algunas cosas intricadas, que podrian impedir la noticia de la fabula ).
Dans le Quijote ce mot se rencontre également, p.e. dans cette phrase:
„ . . . infinitos y pintados pajarillos que por los intricados rarnos
van cruzandoquot;3), et à un autre endroit dans l'expression: „una selva
tan intricadaquot;
vs. 442—443.nbsp;Cuentas de haçienda intricada
diuierten,nbsp;^
Le mot divertir signifie ici „distraerquot;, ainsi que dans le vers I, 70-..
M. Rodriguez Marin a signalé souvent cette signification dans le
Quijote
vs. 502.nbsp;,
La scène a changé de nouveau et représente une chambre dans la
maison de Lisarda.
Este honbre es vn pinzel.
Le mot pincel a ici le sens de „obra pintadaquot;, c'-à-d. l'acception
4 du mot donnée par le Dicc. Acad.
vs. 522.nbsp;No sé a quién te has parecido,
Le même emploi du „pretérito indefinidoquot; se retrouve dans i.
vs. 895: y leal me has pareçido.nbsp;____
1)nbsp;Ed. cit., p. 76, vs. 2144—2145.
2)nbsp;Op. cit., Aliuio III, fol. 78 t°.
3)nbsp;Ediciân del Centenario, tomo III, p. 428, 5—6.
4)nbsp;Jbid., p. 441, 5.
5)nbsp;Ibid., tomo V, p. 287, 3.
-ocr page 250-VS. 524—525.nbsp;ser yo linpia y curiosa
por melindres has tenido?
L'explication du mot curioso se trouve dans la note du vers I, 61.
La même combinaison de mots se retrouve dans El A salto de AI as-
trique.•
Que con un vestido honesto,
Curioso, limpio y bien puesto,
Parece un hombre mâs bien i).
vs. 536—537. del Rey don Pedro el Cruel,
que en Santo Domingo esta.
Sur cette statue et l'église de Santo Domingo, voir notre étude
sur la topographie de la pièce
vs. 580.nbsp;que tuya esta cassa es.
Voilà une formule de politesse qui indique la courtoisie et la dis-
crétion des Espagnols 3). Un exemple plus frappant se trouve dans
Las Bvrlas veras:
Aora bien, quiero mostraros
mi possada, aunque es humilde,
pues ya soys dueiïo de entrambos*).
Dans Amar sin saber a quién, on lit encore:
Entrad y reconoced
esta casa ').
et plus loin:
Venid, Lisena, a tomar
la posesión como duefio
de esta casa
vs. 597.nbsp;y mds libre que Bernardo,
Sur le héros légendaire de l'Espagne, Bernardo del Carpio, Lope
lui-même a fait deux pièces, intitulées Las Mocedades de Bernardo
1)nbsp;Acad., XII, p. 444a.
2)nbsp;Chapitre V, p. 30.
3)nbsp;Handbuch der Spanienkunde, Frankfurt a/M., 1932, p. 18G.
4)nbsp;Ed. de M. Millard Rosenberg, éd. cit., vs. 631—633.
5)nbsp;Ed. de M. Pitollet, éd. cit., vs. 2117—2118.
6)nbsp;Ibid., vs. 2132—2134.
-ocr page 251-del Carpio et El Casamiento cn la miierte, y hechos de Bernardo del
Carpio
vs. 603.nbsp;sin Morato, sin Xafer,
Aucune édition, sauf celle de M. Cotarelo, n'a imprimé ces deux
noms propres avec majuscule. L'autographe de Lope aide à éclaircir
cet endroit, parce que le poète avait d'abord ajouté encore le nom
Mamf, qu'il a biffé. Ce Mami était Albanais et un corsaire fameux.
Commandés par Arnaùte Mami les corsaires s'emparèrent de la galère
El Sol, sur laquelle se trouvaient Miguel de Cervantes et son frère,
qui furent faits prisonniers Aussi ce nom de Mami revient-il souvent
dans l'oeuvre de Cervantes: il est mentionné dans l'histoire du ,,Cau-
tivoquot; dans le Qnijote^), dans Los Tratos de Argel et dans La Es-
panola inglesa^). Ce Mami avait la renommée d'être très cruel ®),
malgré le trait de générosité que lui prête le Romance del Cautivo
de Mahami ').
Le nom de Morato se trouve aussi dans l'histoire du ,,Cautivo
de Cervantes, et M. Rodriguez Marin ajoute en note: ,,Agi Morato
no es sujeto de la invenciôn de Cervantes, . . .: era, en efecto, un
riquisimo renegado esclavôn que figura en primer lugar en la lista
que diô fray Diego de Haedo de los moros principales que vivian en
Argel por los anos de 1581quot;
1)nbsp;Dr. Theodor Heinermann, Uniersuchungen ztir Entstehung der Sage von
Bernardo del Carpio. Halle (Saale) 1927, p. 29.
2)nbsp;Julio Cejador y Frauca, La lengua de Cervantes. Madrid 19()lt;), tomo II,
p. 104a.
3)nbsp;Ediciôn del Centenario, tomo III, p. 18;j, 19 et p. 217, 14.
4)nbsp;Ed. de Ludvvig Pfandl, éd. cit.. Acte I, vs. :}7G. Dans une scène de la Jor-
nada II, pp. 24—20, Cervantes fait entrer cn scène un „soldado corsarioquot; du
nom de Mami.
5)nbsp;Novelas ejemplares, tomo II, ed. Rodolfo Schevill y Adolfo Bonilla,
Madrid 192;}, p. 23,21.
0) Ibid., p. 3.-57, note et El Cautivo en Argel, publié . . . par Camille Pitollet,
Paris 1927, p. 39, note 12.
7)nbsp;Don Agustin Durân, Romancero general. Bib. de Autores Esp., tomo I, Ma-
drid 1877, Nos. 281 et 282, pp. 147—148.
8)nbsp;Ediciôn del Centenario. tomo III, p. 197, 1/5. Ce Morato. bien entendu, n'a rien
à faire avec le grand Morato dont parle Gonzalo Martinez de Medma dans ses
..desiresquot;, et qui, selon ce poète, aurait été vaincu par Tamorlan. Voir El
Cancionero de Juan Alfonso de Baena. Madrid 1851, pp. 382 et 390 et p. 082,
note.
Le nom de Xafer est souvent employé par Lope comme nom propre
de Maure, p.e. dans El Hijo de Reduàn
Ces trois noms propres, formant une pareille combinaison, ont
été cités par Lope dans La Dragontea:
Los quatro que en Argel cossarios moran
con daflo mio y perdicion notable,
Chafer, Fuchel, Mamisali y Morato,
de Tripol, Tunez, y Biserta el trato.
Eliz, Caratali, Mami, Arnaûto,
de aquestas dos destruyen las riberas
Ils se trouvent également dans El Peregrino en su patria: ,,Salió
Morato, Fuchel Mami, Xafer, i otros cosarios havian surgido a un
tiempo en Tunez, Biserta, i Tripol despalmadas sus Galeotas por los
vecinos Puertosquot; 3).
Le sens du vers de Los Melindres de Belisa doit donc être: ,,Sans
que nous soyons des Maures ou des corsairesquot;.
vs. 641.nbsp;del Aipujarra distinto.
Le mot distinto doit avoir ici le sens de ,,loin dequot;, signification
qui n'est notée ni par le Dicc. Acad., ni par le Diccionario de Cuervo.
vs. 668—669. Ronda de noche vna dama,
y no madruga don Juan.
Sur les habitudes des jeunes gens mondains, nous renvoyons à
notre étude du caractère de Don Juan
vs. 679—680. ffBebes vino? ^Comes, di,
tozino ?
Le traducteur Linguet a remarqué ici: ,,Cette demande en Espagne
a quelque sel, surtout étant adressée à un esclave supposé More, et
par conséquent de race Mahométanequot; Les allusions au rituel
musulman et à cette défense de manger ,,tozinoquot; et de boire ,,vinoquot;
sont fréquentes®). Dans Pedro Carbonero le Maure Hamete se con-
1)nbsp;Acad., XI, p. 87.
2)nbsp;La Dragontea, Canto I. dans Coleccion de las Obras sueltas, éd. cit., tomo
III, p. 189.
3)nbsp;Libro I, dans Obras Sueltas, éd. cit. tomo V, pp. 14—15.
4)nbsp;Chapitre VII, pp. G3—64.
5)nbsp;Op. cit.. p. 329, note.
6)nbsp;M. Herrero-Garcia, Ideas de los espaholes del siglo XVII, éd. cit., pp. 595
et seq.
vertit au christianisme à la seule idée de pouvoir manger du jambon
et de boire du vin:
Pedro.nbsp;Adora la ley de Cristo,
Sigue su Evangelio, Hamete,
Que es la que el cielo promete.
Hainete.nbsp;Al verdad, habemos visto,
Y estar bona; porque, al fin.
Corner jamón, beber vino i).
VS. 697—701. Muchos escriuen remedios
de amor,
Lope fait souvent énumérer les remèdes de l'amour par le ,,gra-
ciosoquot;, e.a. dans El Perro del hortelano 2) et dans ce passage de Las
Bvrlas veras:
^En qué pude diuertir
de vna muger la tristeza?
^Ha de juzgar, por ventura,
que es en mugeres baxeza?
i Celia aula de esgrimir?
iauia de yr â la guerra?
iaula de escriuir libros,
Ó estudiar diuersas lenguas ? *)
vs. 699.nbsp;la ausencia -por mds ligero,
Carrillo fait ici une allusion au ,,refrânquot;: ,,La ausencia causa ol-
vidoquot;, ou bien ,,Ausencia enemiga de amor, tan lejos de ojos, cuan
lejos de corazônquot;
vs. 710—719. Plinio dixo que se echase
vn amador,
La Naturalis Historia de C. Plinius Secundus raconte: „pulverem
in quo se mula volutaverit corpori inspersum mitigare ardores amo-
risquot; 6). M. Schevill a déjà indiqué l'influence de Pline sur l'oeuvre
de Lope, qui „en tirait une quantité énorme d'absurdités sur le règne
animalquot; e). Lope a connu le Commentaire fait sur l'Histoire Naturelle
1)nbsp;Acad., XI, p. 1G16.
2)nbsp;Bib. de Autores Esp., XXIV, p. :}4-la.
;{) Ed. de M. Millard Rosenberg, cd. cit., vs. lail—lülS.
4) Correas, Vocabiüario, op. cit., p. 74a.
ô) Liber XXX, 148.
(5) The dramatic art of Lope de Vega, op. cit., p. 70.
-ocr page 254-de Pline par Gerónimo de Huerta, puisqu'il fait les éloges de cette
traduction dans son Laurel de A-polo:
a Plinio nos ha dado en nuestro Idioma
Geronimo de Huerta, y las confusas
enigmas con tan daros desenganos,
que con admiracion los tomos toma
docto Medico Phebo,
y dice: Hoy vuelven a nacer de nuevo:
Tanto puede alcanzar industria humana,
flores de Plinio en huerta Castellana
Cette oeuvre de Geronimo de Huerta fut éditée seulement en 1624,
date postérieure à celle de la composition de notre pièce. Mais Lope,
qui lisait, écrivait même en latin, n'a pas eu besoin de cette tra-
duction pour connaître Pline!
vs. 722—759. ^Dótide has oydo deçir
esso de Plinio?
Dans le chapitre XXV, El aposento del poeta, de son ouvrage Una
hora de Espana, Azorin cite tout ce passage de notre pièce pour
arriver à connaître les lectures du poète. L'exclamation
/O qué cansado hispanismo!nbsp;(vs. 759)
le porte à croire que ce passage est une protestation de la part de
Lope contre les poètes érudits, qui, ,,sans être créateurs, écrivent
contre ceux qui invententquot; et qui ,,croient que l'érudition est supé-
rieure à l'inspiration créatricequot;
vs. 724—735. hanse dado a traduçir
tantos honbres que carezen
de yngenio.
Parmi les traducteurs d'Horace figure Lope de Vega lui-même,
mais un de ceux qui „carezen de yngenioquot;, est sans doute le Dr. Juan
Villén de Biedma. Menéndez y Pelaj^o dit de sa traduction de l'Arte
Poëtica sous le titre de Declaraciôn magistral, qu'elle est ,,una inter-
pretación ... en prosa . . ., hecha servil, rastrera y literalmente,
como para principiantesquot;. Pourtant il croit que la critique de D.
Javier de Burgos, latiniste du commencement du 19e siècle, qui a
traduit les oeuvres complètes d'Horace, est trop sévère quand il dit
que ,,agregando las faltas contra la sintaxis castellana â las cometidas
1)nbsp;Laurel de Apolo, Silva VIT, Obras Sueltas, tomo I, éd. cit., pp. 144—145.
2)nbsp;Una hora de Espana (entre 15C0 y 1590), 2a éd., Madrid 1924, pp. 140—14;j.
-ocr page 255-en la inteligencia del texto, se pueden contar por un câlculo moderado
seis errores en cada paginaquot;. L'oeuvre de Biedma ne mérite pas un
pareil mépris, parce qu'elle „contribuyó a extender el conocimiento
de Horacio â tal punto que, segûn refiere Lope de Vega, se le encon-
traba hasta en las caballerizasquot;
vs. 749.nbsp;dizen que eres romançista.
Le mépris d'un „latinistaquot; pour un „romançistaquot; était grand.
Cervantes s'est efforcé de défendre ce dernier: „Pero vuestro hijo
(â lo que yo, senor, imagino) no debe de estar mal con la poesia de
romance, sino con los poetas que son meros romancistas, sin saber
otras lenguas ni otras ciencias que adornen y despierten y ayuden a
su natural impulso, y aun en esto puede haber yerro; porque, segùn
es opinion verdadera, el poeta nace . . .quot;
vs. 752.nbsp;por Çigilenza v por Valençia?
La conjonction u pour o se rencontre fréquemment dans le ,,Teatro
antiguo espafiolquot;, p.e. dans Cada quai lo que le toca, de Francisco de
• Rojas Zorrilla:
y para que sin temores
del riego u desconfianza ®)
que en dos aftos u dos siglos,
et dans El Rey en su imaginaciôn, de Luis Vêlez de Guevara:
senor don Lauro u don Zelio
VS. 760.nbsp;Lipso con capa y espada
La forme Lipso, corrigée dans toutes les éditions en Lipsio, se
trouve dans le texte original de Lope du Laurel de Apolo. Silva VIL
Al docto don Francisco de Queuedo
Llama por luz de tu Ribera hermosa,
Lipso de Espafla en prosa,
Y Jubenal en verso . . . .
1)nbsp;Horacio en Espaüa, tomo I, 2a éd., Madrid 1885, pp. 75—77.
2)nbsp;Quijote, ediciôn del Centenario, tomo IV, p. 329.
3)nbsp;T. A. E., II. vs. 133—1.34.
4)nbsp;Ibid., vs. 328.
5)nbsp;T. A. E.. III, vs. 1246.
6)nbsp;Ce passage est citó par M. Lucien Paul Thomas dans Le lyrisme et la pré-
ciosité cultistes en Espagne. Halle 1909, p. 130. note.
Une autre forme, celle de Lisipo, se rencontre dans une pièce de
Juan Pérez de Montalvân, Como fadre y como rey:
Vive Dios, que fué una bestia
El Maquiavelo contigo,
Justo Lisipo una duena,
Qvsiodoro hace vainicas,
Ynbsp;el Lucardino munecas; i)
Ce Juste Lipse (1547—1606) était un philologue et littérateur
belge et auteur de nombreux ouvrages d'érudition.
vs. 763.nbsp;don Ynigo de Mendoza,
Lope fait ici mention de Ifiigo Lopez de Mendoza, marqués de
Santillana (1398—1458). C'est cet auteur qui a dit: ,,La çiençia non
enbota el fierro de la lança, ni faze floxa la espada en la mano del
cavalleroquot; Cette sentence inspire Don Juan à prononcer un sonnet
sur la combinaison de ,,pluma y azeroquot; en une main (vs. 770—784).
vs. 776—777. que quien tiene dos vezes treynta y siete,
^quién le qiiita que de vno se descarte?
Ces deux vers ont, sans doute, rapport à un jeu de cartes, dans
lequel celui qui avait un ,,treinta y seisquot; avait bon jeu. Nous avouons
que le sens exact nous reste inexpliquable. Une allusion analogue,
mais bien plus compréhensible, se trouve dans Por la fuente, Juana:
Juana.nbsp;Pero para juegos breves
Tengo . . .
Marqués.nbsp;i Qué ?
Juana.nbsp;Dos treinta y nueves,
Ynbsp;el que yo quiero descarto®).
p. 72. Une indication de scène assez semblable est donnée dans El
cuerdo loco: ,,Retirados, saïga el principe, labdndose, con vna ropa
de lebantar y desabotonado. Vn paje con fuente, el maestresala
con la toalla en la mano, y él diga labdndosequot;
1)nbsp;Bib. de Autores Esp., XLV, p. 5396.
2)nbsp;Proverbios de gloriosa doctrina e fructuosa ensoiança, ed. segiin el Códice
N. J. 13 de El Escorial, por D, José Rogerio Sânchez, Madrid 1928, Prólogo, 111,
p. 36.
3)nbsp;Bib. de Autores Esp., XXXIV, pp. 546c et 547a.
4)nbsp;T. A. E., IV, p. 46.
-ocr page 257-vs. 805—807.nbsp;Echad mds agua,
echad mds, si soys seruida,
porque se tienple la fragua
La même idée est exprimée dans Por la puente, Juana:
Echa nieve de esas manos
Para que temple mi fuego
VS. 818.nbsp;la mds prinçipal senora.
L'idée du superiatif, que renferme déjà le mot principal, est encore
renforcée par le mot mâs, qui au fond est de trop. Cervantes emploie
la même expression dans cette phrase: ,,Sosegadas, pues, estas dos
pendencias, que eran las mds principales y de màs tomo, ...quot;
vs. 839—841. No juera yerro cl asiento,
pero ya por vos le siento.
Yerros en las trenzas ay.
L'abus de ces „cuellosquot; était si grand, qu'il fallait une pragmâtica
de Philippe II en 1586, puis de Philippe IV en 1623, pour les défendre
et d'ordonner de porter ,,valonas lianas sin invencion, cortados,
deshilados, ni otro género de guarnicion; ni aderezados con goma,
polvos azules, ni de otro color, ni con hierro, esto es, con los moldes
que se llaman abridoresquot; 3). Le Roi Philippe IV prêchait d'ailleurs
d'exemple, à en juger d'après les ,,cuellosquot; simples qu'il porte sur
les toiles de Velazquez.
vs. 860—869. Voy por espejo.
Dans d'autres pièces encore Lope fait la jeune fille mettre le colleret
au cou du jeune homme, qui désire prendre les yeux de sa bien-aimee
pour miroir. Dans El Acero de Madrid se trouve ce passage:
Otavio.nbsp;Dame la capa y espada.
Salucio.nbsp;Ponte la trenza del cuello.
i Quieres espejo?
Otavio.nbsp;Me enfada.
En no siendo el ângel bello
De mi esposa y prenda amada
et dans La Esclava de su galân celui-ci:
1)nbsp;Ed. cit., p. 548fc.
2)nbsp;Ediciân del Centenario, tomo III, p. 343, 2—3.
3)nbsp;Julio Monreal, op. cit., p. 142.
4)nbsp;Ed. de M. Pilade Mazzei, éd. cit., vs. 1832—1836.
-ocr page 258-Don Jïtan.nbsp;Muestra ese espejo.
Pedro.nbsp;iA qué efecto,
si esta aqui Elena, sefior?
Don Juan.nbsp;Con la tapa del rigor,
no sera el cristal perfecto.
Llega y ponme esta valona.
Elena.nbsp;No quiero.
Don Juan.nbsp;i Qué buena esclava!
Elena.nbsp;Cuando lo fuera, no estaba
obligada mi persona
â llegaros â la cara i).
VS. 872—873. tanto montara en los dos
corlar como desatar.
La Dama boba contient la même expression:
Otabio, vos soys discreto;
ya sabeys que tanto monta
cortar como desatar^).
VS. 883—893—903—913.
esclabo soy, pero ^cûyo?
eso no lo diré yo,
que cûyo soy 7ne mandó,
que no diga que soy suyo.
Cette redondilla a été glosée bien souvent à l'époque de Lope et
avant. Baltasar de Alcâzar a composé une Canciôn, dont les 4 pre-
miers vers forment cette redondilla et le même poète l'a glosée
dans El Esclavo, ,,una de las composiciones mds celebradas de Bal-
tasar de Alcdzarquot;, comme dit la note; ajoutée au pied de cette poésie
dans l'édition de Séville 1878. La même note mentionne Los Melindres
de Belisa, disant: ,,Baste decir para elogio que Lope de Vega en su
linda comedia titulada Los Melindres de Belisa hizo una glosa de los
cuatro primeros versos de tan popular poesia . . .quot; Cependant,
ce n'est pas seulement notre pièce qui renferme ces gloses, Lope les
1)nbsp;Ed. de Kressner, éd. cit., vs. 705—Ö77.
2)nbsp;Ed. de M. Schevill, éd. cit., vs. 3147—3149.
3)nbsp;Baltasar de Alcâzar, Poesias, Madrid 1910, pp. 4 et 5.
4)nbsp;Poesias, SeviUa 1878, p. 103 et note 1.
-ocr page 259-a insérées encore dans El Desdén vengado La Esclava de su galan
et El Mayor imposible^). Ce n'est que dans cette dernière pièce que
les „glosasquot; sont complètes avec leur „estribilloquot;.
vs. 884.nbsp;Por prenda vine a tu haçienda
Le mot hacienda doit avoir ici le sens de „maisonquot;, signification
qui ne se trouve pas dans le Dicc. Acad.
vs. 900.nbsp;Senor me mandô que yo
Dans la bouche des domestiques de la maison, le mot ,,senorquot; est
employé sans article:
^Dônde estâ seftor? «)
et dans Por el sôtano y el torno, pièce de Tirso de Molina:
Y hecho un almibar de amor
Sube con ella senor®).
M. Rodriguez Marin croit qu'il s'agit d'un cas pareil dans la phrase
de El Coloquio de los perros: ,,. . . y, sin acordarse seîior el viejo
de la merced que me habia hecho . . .quot; mais M. Amezùa explique
cette expression par ,,. . . una costumbre castellana ... de llamar
al labrador de mâs edad y respeto ,,sefïor el viejoquot;, de sorte qu'on a
affaire ici à un emploi humoristique et pris au figuré d'une vieille
appellation ').
vs. 947.nbsp;ni fee en la mar ni en la muger firmeza!
Cette idée, dont l'origine, sans doute, remonte au vers de Virgile:
,,Varium et mutabile semper feminaquot; 3), est commentée par Lope
de toutes les façons. Ainsi que le proverbe, qui dit: ,,Mujer, viento
y ventura pronto se mudanquot;, notre poète cite la femme toujours
avec des choses inconstantes et variables:
1)nbsp;Ed. de Miss Harlan, éd. cit., vs. 1492—1516.
2)nbsp;Ed. de Kressner, éd. cit., pp. 42—i;}. vs. 206—245.
.3)nbsp;Acad. N., XII, pp. 5826 et 583a.
4)nbsp;El Mejor alcalde, el rey, éd. cit., vs. 1938.
5)nbsp;Ed. cit., p. 2456.
6)nbsp;Ed. de M. Rodriguez Marin, éd. cit., p. 106.
7)nbsp;Ed. de M. Amezùa, éd. cit., p. 309 et pp. 502—503, note.
.8)nbsp;Aeneis, IV, vs. 569—570.
16nbsp;241
-ocr page 260-Bien, fortuna, te disculpa
Que eres mudable y mujer »).
que palabras de mujer
tienen la firma de viento
El tiempo, el son, mudanzas las mujeres *).
Ni hay palabra en mujer, ni fe segura*).
ïEn qué muger havrd firmeza alguna?
j quién tendra confianza,
si quien dixo muger, dixo mudanza?«)
Pour une étude plus détaillée de cette question, nous renvoyons
à l'édition de El Brasil restituido, dans laquelle M. Gino de Solenni
donne une annotation qui traite de ce sujet, aux vers 263—265 ®).
vs. 971.nbsp;pólbora el hombre y la muger çentella.
Lope a donné dans ce vers une variante du proverbe: ,,E1 hombre
es fuego y la mujer estopa; viene el diablo y soplaquot; '). Un autre com-
mentaire du même ,,refrdnquot; se trouve dans Pedro Carbonero:
 Pedro yo temer logo
Que ver la conversación.
Que como vos ser carbón,
Emprendelle presto el fogo.
Ella estar fogo é moger.
Vos ser Pedro Carbonero,
Soplar el diablo ligero,
É como estopas arder®).
VS. 980—983. que la muger es espejo
Cette même idée est exprimée dans le Romancero:
1)nbsp;La Ftterza lastimosa, Acad., XIV, p. 156.
2)nbsp;El Ronedio en la desdicha, éd. cit., vs. 1381—1382.
3)nbsp;Quien ama no haga fieros, éd. cit., p. 413c.
4)nbsp;Ibid., p. 4156.
Ö)nbsp;La Gatomaquia, silva I, Obras sueltas, éd. cit., tomo XIX, p. 181,
C)nbsp;El Brasil restituido, New York 1929, pp. 120—122.
7)nbsp;Correas, op. cit., p. 245a.
8)nbsp;Acad., XI, p. 138a.
-ocr page 261-Las mujeres son espejo.
Que viendo vuestro retrato.
Si os descuidais, y otro llega.
Hard con él otro tanto i).
Fréquemment Lope compare la femme, non pas à un miroir, mais
à un cristal ou un verre. Dans La Dama boba p.e. se trouvent ces vers:
Las damas de Corte son
todas vn fino cristal:
Vnbsp;trasparentes y diuinas
Dans son annotation de ces vers, M. Schevill a recueilli encore
d'autres exemples.
vs. 997.nbsp;nos vamos donde no sea
Le mot vamos est la forme contractée du subjonctif ,,vayamosquot;.
Nous nous contentons de citer un autre exemple de ce cas dans
l'oeuvre de Lope:
Caballeros, descansemos,
para que a la tarde vamos
a visitar a don Tello®).
Dans le Quijote on en trouve de nombreux exemples, e.a. ,, . . . y
mira si traes algo en esas alforjas que comamos, porque vamos luego
en busca de algûn castillo . . .quot;
vs. 1030—1031. Quien ama teme. — Quien ama
crehe.
La même idée se trouve exprimée dans El Cuerdo loco:
Din[ardó].nbsp;iqué puedo yo querer?
Ros\aura\.nbsp;Querer que os quiera.
Din\ardo\.nbsp;Quien quiere crehe, y teme quien espera®).
Acte IL
La scène représente comme dans l'acte précédent une chambre
dans la maison de Lisarda.
1)nbsp;Miguel Sanchez, Romancero general, Romances caballerescos, 378, Bib. de
Aulores Esp., X, p. 252ft.
2)nbsp;Ed. cit., vs. 50—58 et p. 25G, note.
3)nbsp;El Mejor alcalde, el rey, éd. cit., vs. 2112—2114.
4)nbsp;Ediciân del Centenario, tomo I, p. 329, 3—5.
5)nbsp;T. A. E., IV, vs. 239—240.
-ocr page 262-vs. 12.nbsp;-por passos tan tristes voy
Le mot paso a ici la signification 14 donnée du mot par le Dicc.
Acad., celle de ,,lance o suceso digno de reparoquot;. Dans La Nina de
plata le mot se rencontre ayant le même sens:
Que no lo hiciera en pasos semejantes
VS. 22—23.nbsp;que quando en lo que la fundo
venga a conocer el mundo,
En lo que est une inversion de ,,lo en quequot;. Cette sorte d'inversion
se rencontre souvent dans l'oeuvre de Lope et dans notre pièce elle
se trouve II. vs. 280—281 et III. vs. 576—577. D'autres exemples
sont encore:
Sólo Dios, Rosela, sabe
Con la pena que he venido
Con lo que se quita el mal
iTe ha dado a ti? »)
Entra, Fabio, y diras â lo que vengo *).
VS. 57—58.nbsp;0 alguna encendida brasa
como Porcia.
Les allusions faites au suicide de Porcia, femme de Brutus, le
meurtrier de César, sont fréquentes dans l'oeuvre de Lope et dans
celle de ses contemporains. Ayant appris la mort de son mari, sur-
veillée par ses amis et ne trouvant d'autre moyen de se tuer, elle
prit des braises dans le foyer et les avala Porcia est devenue l'exem-
ple de la fidélité conjugale, en compagnie de Lucrèce, de Julie et
d'autres. Tantôt c'est la façon de mourir qu'on relève:
Aqui verâs que sobra a Evadnes prisa,
a Lucrecia la espada, a Porcia el fuego,
sangre a Julia, cenizas a Artemisa,
daga a Sophronia. y de su esposo el ruego ®).
1)nbsp;Acad., IX, p. 3586.
2)nbsp;Pedro Carbonero, Acad., XI, p. 1416.
3)nbsp;El Acero de Madrid, éd. cit., vs. 1330—1331.
4)nbsp;La Esclava de su galân, éd. cit.. Acte II, vs. C24.
5)nbsp;Plutarque, Vie de Brutus, chap. LUI.
0) La Hermosura de Angélica, Canto II, Obras sueltas, éd. cit., tomo II, p. 29.
-ocr page 263-Los encendidos carbones
tragó Porcia, y murió luego i).
Tantôt c'est le bon exemple de l'épouse fidèle qu'on met en relief:
Si, como eso me pregunta
Vuestra Alteza, me dijera
Si yo le queria, viera
Toda la fe y lealtad junta
Que en Julia y en Porcia puso
La romana antigüedad
VS. 81—82. Lloiiian las Indias
Indias orientales,
Le second mot Indias est pris ici dans le sens de „richessesquot;, comme
p.e. dans La Corona merecida:
Ped[rd].nbsp;Mira que estas luzes bellas
son del diamante mexor.
Alf[otiso'].nbsp;Mira las Yndias de amor,
que tienen minas de estrellas®).
et dans El Desprecio agradecido:
Fuéle forzoso, o fué invención haUada
De alguna liviandad, el ver la Corte,
Indias de la hermosura, y ... *)
VS. 94.nbsp;como era estudiante,
Le mot como a ici le sens de „quoiquequot;. M. van Dam a remarqué
cet emploi de la conjonction au vers 2072 de El Castigo sin venganza
vs. 98.nbsp;pastillas y guantes.
Les pastillas ou pastillas de olor sont des parfums, dont les femmes
de l'époque de Lope abusaient. Le mot ,,perfumesquot; est combiné avec
celui de ,,pastillasquot; dans La Viuda valenciana:
Con pastillas y perfumes
Aguarda otro para entrar*).
1)nbsp;Tirso de Molina, El Vergonzoso en palacio, éd. cit., II, vs. 637—638.
2)nbsp;La Fuerza lastimosa, Acad., XIV, p. 206.
3)nbsp;T. A. E., V, vs. 653—666.
4)nbsp;Acad. N., XII, p. 14fl.
5)nbsp;Ed. cit., p. 374, note.
6)nbsp;Acad., XV, p. 504a.
-ocr page 264-Dans La Esclava de su galdn on lit cette plaisanterie:
que el testimonio le doy
en este papel, tan tierno
como de aquel su cuidado,
por quien viene perfumado
con pastillas del infierno
VS. 106.nbsp;mds que no mis fartes.
Le mot no entre dans la phrase subordonnée après la conjonction
comparative 2).
vs. 122—126. lo demâs de imagen,
Belisa fait ici une allusion aux dites „imagenes de vestirquot;, des
statues destinées à être revêtues d'étoffes et de parures, avec des
yeux en verre et des cheveux naturels
vs. 152.nbsp;no ay orden que passe.
Le mot orden a ici le sens de „possibilitéquot;, ainsi que dans ce vers
de Lo Cierto por lo dudoso:
No hay orden que d quererme la reduzga*).
et dans ceux-ci de Las Bizarrias de Belisa:
Tarde han llegado,
Pues dos veces he Uamado
Y no hay órden que responden
VS. 157—164. No comi en mi vida
Nous n'avons pu vérifier, si ces deux traits de la ,,melindrosaquot;
reposent sur une croyance populaire et générale.
vs. 165—168. lamds conseyitl
que yne tome el sastre
medida a vestido,
porque no me abrace.
1)nbsp;Ed. cit.. Acte III, vs. 420—424.
2)nbsp;Bello, Gramâtica, op. cit., § 1140, pp. 303—304.
3)nbsp;L. Pfandl, Spanische Kultur und Sitte, op. cit., p. 223.
4)nbsp;Acad., IX. p. 3916.
5)nbsp;Bib. de Autores Esp., XXXIV, p. 568c.
-ocr page 265-Dans El Celoso extremeno de Cervantes, le vieux mari ne permet
pas qu'un tailleur prenne la mesure à sa jeune femme pour une robe:
„Y la primera muestra que diô de su condiciôn celosa fué no querer
que sastre alguno tomase la medida a su esposa de los muchos vestidos
que pensaba hacerle . . .quot;
vs. 171.nbsp;çapatos de vn punto
Dans ce vers punto veut dire ,,pointure des souliersquot;, selon l'ac-
ception donnée par le Dicc. Aut.: ,,En los zapatos son las medidas
que estan rayadas en el marco, para determinar el tamano que han
de tenerquot;. Le même Dictionnaire cite comme exemple quelques vers
de Solis:
Siete puntos diô à tu pié
la zapatéra lisonja;
mas essa es fina mentira,
fina y tenida en la horma.
Si un soulier de „siete puntosquot; est déjà trop petit pour le pied d'une
femme, on comprend la raillerie du gracioso Martin dans La Moza
de cdntaro:
'Martin.nbsp;. . ., pie breve,
que de tres puntos no pasa.
Conde.nbsp;ïTres puntos? Necio, repara . . .
Martin.nbsp;Pues lo digo, yo lo sé:
Puntos son que de aquel pie
los tomara por la cara . . .
Une allusion aux grands pieds des femmes de Galice est faite par
Tirso de Molina dans sa pièce Romera de Santiago:
también hay Juana y Lucia,
Marina, Aldonza y Quiteria,
de quien despedirse el hombre;
que llevo de una gallega
en el aima atravesados
trece puntos de chinela
que, à estar en un facistol,
pudieran cantar por ellas
un motete, porque anduvo,
segûn la apariencia ensefla,
con esta naciôn de pies
prôdiga naturalezanbsp;_
1)nbsp;Ed. cit., p. 95.
2)quot;nbsp;Ed. de M. Stathers, éd. cit., vs. 957—962.
3)nbsp;Nueva Bib. de Autores Esp., tomo IX, p. 3916.
-ocr page 266-VS, 175—176. que saben mis -puntos
curiosos galanes.
Jeu de mots avec les deux significations du mot puntos: celle
de „pointure du soulierquot; et celle de „qualités bonnes ou mauvaisesquot;.
Pris dans ce sens dernier, le mot se trouve dans ce vers de El Marqués
de las Navas:
Yo quiero muger sin puntos
VS. 191.nbsp;con âbitos muchos.
Le mot hâbito a ici l'acception de ,,insignia con que se distinguen
las órdenes militaresquot;, donnée par le Dicc. Acad.
vs. 222—223. Mas no diga nadie:
„Desta agua no beuoquot;,
Lope se sert ici d'un ,,refrânquot;, dont existent plusieurs variantes:
„Nadie diga 'De aqui no pasaré', ni 'De esta agua no beberé'quot;; ou
bien: „Nadie diga 'De esta agua no beberé', ni 'De esta pan no co-
meré'quot;; et encore „Nadie diga 'De esta agua no beberé' por turbia
que estéquot; Lope a inséré le même ,,refrdnquot; dans Fuente Ovejuna^)
et dans Los Milagros del desprecio
vs. 224—230. que los tiempos hazen
hiimillar soberuias,
subir humildades;
Ces deux substantifs abstraits au pluriel indiquent les personnes,
,,soberbiosquot; et ,,humildesquot;, comme c'est le cas avec les substantifs
abstraits dans les vers suivants de La Vida es sveno de Calderôn:
acudamos à lo eterno;
que es la fama vividora,
donde ni duermen las dichas,
ni las grandezas repósan
En général ce n'est pas le Temps qui cause les changements, c'est
la Fortune:
1)nbsp;T. A. E.. VI. vs. 2407.
2)nbsp;Francisco Rodriguez Marin, Mâs de 21.000 refranes castellanos, Madrid
1926. p. 317a.
3)nbsp;Ed. de M. Américo Castro, Madrid 1919. p. 22.
4)nbsp;Bib. de Autores Esp., XXXIV. p. 246a.
5)nbsp;Ed. de Milton A. Buchanan, University of Toronto Library 1909. vs.
2982—2985.
Mudanzas son, al fin, de la fortuna,
Levanta humildes, y ensalzados baja
La fortuna, lo primero,
es tan mudable y ligera;
que unos levanta, otros baja:
esto es lo que llaman rueda
Dans Pedro Carbonero c'est le Ciel:
Derriba el soberbio celo
Ynbsp;levanta la humildad
Al trono de la verdad,
Que es la condición del cieloquot;).
La prophétie de la „brujaquot; dans El Coloquio de los perros de Cer-
vantes contient deux vers analogues:
Derribar los soberbios levantados
Ynbsp;alzar â los humildes abatidos').
A propos de cette prophétie, M. Amezùa croit „que el fondo de
esta profecia lo tomó Cervantes de aquella otra tan conocida de
Anquises en La Eneida (Libro VI):
Parcere subjectis, et debellare superbos . . .quot; ®)
Tirso de Molina, enfin, donne le pouvoir d'opérer ces changements
à l'Amour:
Ya le ha igualado
a mi calidad amor,
que sabe humillar los altos
y ensalzar a los humildes ®).
vs. 233—234. Qtie lo peque el gtislo,
y el honor lo paque.
L'emploi du mot lo devant le verbe intransitif „pecarquot; est cu-
rieux, ainsi que celui de lo avec le verbe ,,nacerquot;, II, vs. 244. Dans
1)nbsp;El Hijo de Reduân, Acad., XI, p. 98a.
2)nbsp;La Llave de la honra, Acad. N., XII, p. 458i.
3)nbsp;Acad., XI, p. 141a.
4)nbsp;Ed. cit., p. 337.
5)nbsp;Ibid., pp. 620—622.
6)nbsp;El Vergonzoso en palacio, éd. cit.. Acte III, vs. 1546—1549.
-ocr page 268-ces vers Lope fait un jeu de mots entre ,,pecarquot; et ,,pagarquot;, comme
Tirso de Molina dans El Condenado por descanfiado:
Que pague aquel que pecó,
es sentencia conocida;
pero yo que no pequé,
jpor qué tengo de pagar? i)
VS. 264.nbsp;si desamartelan zelos.
Le Dicc. Acad. n'a pas noté ce verbe. Lope l'emploie aussi dans
La Discreta enamorada:
Que esa doncella podria
Desamartelarme el pecho,
Despicarme de Gerarda
VS. 265—266. No han hecho salsa los cielos
de amor como celos, Flora.
L'importance de la jalousie qui stimule l'amour, est souvent ex-
primée par Lope:
Nunca ha sido
Grande sin celos amor').
Porque, cuando hay tibieza por ausencia,
El remedio mejor es darle celos*).
Que donde celos no soplan
Nunca amor alza la llama®).
Sin zelos i quién tiene amor?
Ó no le tiene, ó los tiene®).
VS. 298.nbsp;Hdblale en esto, no mds,
Le mot hablar doit avoir ici le sens de ,,pressentir surquot;. De l'emploi
de l'expression ,,bablar enquot;, où la langue moderne demande ,,hablar
dequot;, on trouve de fréquents exemples dans l'oeuvre de Lope, ainsi
1)nbsp;Ed. de M. Américo Castro, Madrid-Barcelona 1919, p. 141. quot;
2)nbsp;Acad., XIV, p. 4096.
3)nbsp;Quien ama no haga fieros, Bib. de Autores Esp., XXIV, p. 4476.
4)nbsp;Por la puente, Juana, Bib. de Autores Esp., XXXIV, p. 549a.
5)nbsp;Lo que ha de ser, ibid., p. 508c.
C) Las Bvrlas veras, éd. de M. Millard Rosenberg, éd. cit., vs. 164—165.
-ocr page 269-que dans celle de Cervantes: ,,Y, hablando en la pasada aventura,
siguieron el camino del Puerto Lapice, . . ■quot;
vs. 335.nbsp;no ayas miedo que en mi vida
Le verbe haber est employé ici dans son sens primitif de ,,tenerquot; 2).
vs. 337—340.nbsp;Mi intento,
que voluntad conocida
no te parezca desseo,
de esclauo auerte comprado . . .
La ponctuation de ces vers assez obscurs, varie dans toutes les
éditions. A notre avis ils veulent dire: ,,Mon intention de t'avoir
acheté comme esclave (que ma ferme volonté ne te paraisse pas un
désir capricieux) .. .quot; Lisarda n'achève pas sa phrase, parce que
Felisardo l'interrompt.
vs. 368—369. si oy ensenarme queria
la oraciôn del otro dia.
Lope fait ici une innocente plaisanterie avec la religion, ainsi que
plus loin aux vers 552—554.
vs. 372.nbsp;Vete, perra, a la cozina.
Les mots perro et galgo étaient des injures qu'on employait
contre les esclaves maures 3). Dans notre pièce le mot ,,perroquot; se
rencontre régulièrement, et même les péjoratifs ,,perrazoquot; (II, vs.
1121) et „perronaquot; (III, vs. 375), que le Dicc. Acad. n'a pas notés.
Le mot ,,galgaquot; se trouve au vers III, 390.
vs. 389. -(Herrar, Belisa, aquel talle?
Le mot talle doit avoir ici la signification de ,,caraquot;, puisque ce
mot se trouve au vers 391.
vs. 406.nbsp;en cosa que yo te pida,
Le mot cosa signifie ici „nadaquot;. D'après l'explication de M. Ro-
driguez Marin, ce mot est une forme elliptique de „cosa nacidaquot; ).
1)nbsp;Quijote, ediciôn del Centenario, tomo I, p. 207, 21 22.
2)nbsp;Bello, Gramâtica, op. cit.. § 1091, p. 290.
.1) Quijote, e'diciôn del Centenario, tomo I, p. 308, 15.
4) Ibid., tomo II, p. 340, 12.
vs. 412—414. Ve -presto, llama el barbero,
jOla, al fisico me llama I
D'après un passage du Passagero, le „fisicoquot; ou „médicoquot; avait
étudié à une Université et possédait, par conséquent, plus de connais-
sance sur la médecine que le ,,barberoquot; ou le ,,boticarioquot;, qui la
pratiquaient illicitement: „ . . . mas presto passaràs tu a medico con
exercicio y habito, que otro que carezca del. . . Conoci hasta Bar-
beros, y Boticarios, que dando poco a poco remedios a traycion,
vinieron a quitarse la mascara del todo, quedando incluydos y agre-
gados en el espacioso dominio de la medicina, que jamas répudia,
ni desampara a los que la quieren por esposa y protectriz. Pues si
esta gente que de suyo es tan inhabil, tan ruda, tan para poco, sale
con su determinacion, vna vez intentada porque tu con tan diferentes
prendas te has de mostrar timido y pusilanime?quot;
vs. 420.nbsp;Quien de ver dar vna voz
Le verbe ver attribue souvent à l'organe de la vue ce que l'on
aperçoit par les autres sens. Un autre exemple se trouve plus loin,
II, vs. 749.
vs. 469—470. que si lo intenldys los dos,
siendo yo leal, que temo
Dans ces vers il y a un bon exemple de ce que M. Rodriguez Marin
a appelé les ,,ques superfluesquot;
vs. 513—514. Si acertamos en herrar,
de veras me hierre a mi
Il y a dans ces vers un jeu de mots causé par la prononciation
pareille des mots herrar et errar. Ce jeu de mots semble avoir été
goûté, car il y en a plusieurs exemples, outre ceux que M. van Dam
a recueilli dans son annotation du vers 481 de El Castigo sin venganza
Il s'en trouve un dans La Esclava de su galân:
1)nbsp;Suarez de Figueroa, op. cit., Aliuio III, fol. 111 r°.
2)nbsp;Rinconete y Cortadillo, novela de Miguel de Cervantes Saavedra, ed. crit. por
Francisco Rodriguez Marin, 2a éd., Madrid 1920, pp. 357—3C0, note 52.
3)nbsp;Ed. cit.. pp. 327—328.
-ocr page 271-Fingl hierros en mi cara,
porque estân los verdaderos
en el aima, sefior mio,
donde no los borra el tiempo.
Hierro es este de mi cara,
porque el del alma es acierto;
que solamente por ml
se dijo ,,Acertar por yerroquot;
Cervantes en fait un autre dans Los Tratos de Argel:
Sin yerro al hierro ligado
El siervo de Dios se hallaba,
Y, en su cuerpo atado, estaba
Espfritu desatado
Et dans El Condenado for desconfiado de Tirso de Molina se trouve
celui-ci:
Alcaide.nbsp;Otra cadena le echad.
Enrico.nbsp;Eso, si, vengan mâs hierros;
que de hierros no se escapa
hombre que tantos ha hecho .
VS. 520—521. Son letra y tilde, son nombre
y firma.
Lope applique ces mots aux bras qui se jettent autour du cou
du bien-aimé, comme dans ces vers:
Pues no hay rûbrica mejor
Que la que firman los brazos *).
. . . esos brazos en el cuello
— Son de amor la firma y sello
vs. 573.nbsp;En el tuyo estoy.
Don Juan veut dire: „En tu Argelquot;, et prend le nom de Argel
dans le sens de „prisonquot;, signification qui se rencontre souvent.
M. van Dam en a recueilli des exemples en annotant le vers 1383 de
1)nbsp;Ed. cit.. Acte II, vs. 775—782.
2)nbsp;Ed. cit., vs. C02—605.
3)nbsp;Ed. de M. Américo Castro, éd. cit., p. 153. '
4)nbsp;El Perro del hortelano, Bib. de Autores Esp., XXIV, p. 3476.
5)nbsp;La Noche toledana, Ibid., p. 213c.
-ocr page 272-El Castigo sin venganza Nous y ajoutons un autre, rencontré dans
Por el sôtano y el torno, pièce de Tirso de Molina:
Si es vuesa merced soltero,
Y pretende estar cautivo
En un Argel de quince anos . . .
VS. 595.nbsp;Dexa a Carrillo, senora,
Lisarda doit donner au laquais un soufflet en ce moment, parce
que celui-ci fait, deux vers plus loin, un jeu de mots entre son propre
nom et le substantif „carrilloquot;, signifiant ,,jouequot;.
vs. 610—611.nbsp;Que luego al pimto
le vendas;
L'expression luego al punto pour ,,immédiatementquot; se rencontre
fréquemment à l'époque de Lope. Celui-ci l'emploie encore dans ces
vers:
Dile que yo le suplico
Que luego al punto me vea®).
Cervantes s'en sert dans cette phrase e.a. du Quijote: ,,Si de la
amistad y amor que Dios manda que se tenga al enemigo, entraros
luego al punto por la Escritura Divina,. . .quot;
Tirso de Molina en donne un exemple dans El Condenado por des-
confiado:
Fui allâ, vite luego al punto').
vs. 631.nbsp;el dezirse al tocar: ,,fróleque, frólequequot;;
Lope tâche de rendre ici le mot hollandais ou flamand: ,,vroolijkquot;
(= gai, allègre). Sa pièce El Asalto de Mastrique contient de nom-
breux mots et expressions flamands que M. van Dam a expliqués
dans un article de la Revista de filologia espanola ®).
vs. 632.nbsp;lo que es la paz de Francia fué notable:
Correas explique cette expression de la sorte: ,,Por besarse, por-
que lo usan allâ por cortesia en las visitas entre conocidos y parien-
1)nbsp;Ed. cit., pp. 354—355.
2)nbsp;Bib. de Autores Esp., tomo V, p. 239a.
3)nbsp;El Bastardo Mudarra, Acad., VII, p. 472.
4)nbsp;Ediciôn del Cenienario, tomo I, p. 33, 3—4.
5)nbsp;Ed. de M. Américo Castro, éd. cit., p. 134.
6)nbsp;Revista de filologia espanola, tomo XIV, Madrid 1927, pp. 282—286.
-ocr page 273-tesquot; 1). M. Herrero-Garda explique dans son étude sur les Idées des
Espagnols au 17e siècle que ,,La costumbre de besar a las damas
era tan ajena de la cortesfa espanola, que en nuestra patria fué de-
signada con una frase especial: Dar la paz de Francia, dicen Lope y
otros dramâticos, para que no quepa duda en que no es de Espana
usar taies atrevimientos con las senoras. En general, todo el trato
entre hombres y mujeres variaba de Espana al resto de Europa, y
nuestros autores no descuidaron hacerlo notarquot;
Dans la Picara Justina on lit cette phrase: . . .; y aun dizen que
dichos de muger a hombres se desquitan con dar vna carrera por
su calle o darlas paz de Francia.quot; 3) Une autre expression est celle
de „la paz de Castillaquot;, qui se trouve employée burlesquement dans
Amar sin saber a quién:
Inès.nbsp;Pierda al casamiento el miedo.
Limôn.nbsp;Ya sé la paz de Castilla*).
VS. 644.nbsp;Con los dos -pies y los chapines.
Dans Rinconete y Cortadillo, no vela ejemplar de Cervantes, M.
Rodriguez Marin donne une longue explication de ce que c'est qu'un
,,chapinquot;, et il la commence par la définition de Covarrubias: „cal-
zado de las mujeres, con très o cuatro corchos, y algunas hay que
lie van trece por docena . . .quot;
vs. 676.nbsp;I qué cometas negras son
Le Dicc. Acad. ne connaît ,,cometaquot; que comme mot masculin,
quand il indique un astre.
vs. 689—696. Quien en tan bianco papel
Des vers analogues sont prononcés dans une scène semblable de
La Esclava de su galdn:
Que como suele en la emprenta
pasar la letra al papel,
vendré yo â quedar con él,
y vos de cse hicrro exenta.
1)nbsp;Vocabulario, op. cit., p. 6oo6.
2)nbsp;Ideas de los espanoles del siglo XVII, op. cit., p. 77.
3)nbsp;Op. cit., II, p. 117.
4)nbsp;Ed. cit., vs. 2152—2153.
5)nbsp;Op. cit., pp. 4G2—403, note 259.
-ocr page 274-Mirando estâ el alma atenta
cómo Ie podrâ pasar,
donde en inmortal lugar
Ie pueda traer por vos; . . .
VS. 731.nbsp;Amor licencia me da,
Ce vers est une réplique du vers 698, prononcé par un autre per-
sonnage.
vs. 734.nbsp;So7i en iu nombre, bien mio,
Baret, dans sa traduction de la pièce, croit qu'on marquait les
esclaves à la joue de la lettre F, qui est la première lettre du mot
fugitivo 2). Cela irait très bien ici, parce que le nom Felisardo com-
mence également par F. Cependant nous n'avons trouvé nulle part
qu'on employait cette marque: la coutume usuelle était d'apposer ,,la
S y clavoquot;.
Dans El Rufiân viudo de Cervantes, La Repulida dit:
Tuya soy: pónme un clavo y una S
En estas dos mejillas.
Dans l'annotation de ce vers, Adolfo Bonilla y San Martin a énuméré
encore d'autres exemples de cette coutume 3).
Il est bien curieux de remarquer que Lope se sert d'une expression
pareille dans une lettre, adressée au Duc de Sessa, son protecteur
bienveillant: ,,Ojalâ v. ex.'», senor, quisiera herrarme el rostro de
su nombre para que todo el mundo viera que soy su esclavo, y lo he
de ser mientras tuviere vidaquot;
vs. 749—750. Oy soy tuya, que lo ven
todos mis cinco sentidos:
Dans l'énumération qui suit, Celia ne mentionne cependant que
quatre ,,sentidosquot;, celui de l'odorat manque.
vs. 797.nbsp;se emplea en Pedro muy bien.
Le verbe emplear, signifiant „casarse, tener trato amorosoquot;, n'est
pas encore noté par le Dicc. Acad., bien que le mot ,,empleoquot; s'y
trouve. M. Américo Castro a déjà observé que ce verbe se rencontre
1)nbsp;Ed. cit., Acto II, vs. 825—832.
2)nbsp;Op. cit., p. 39, note 1.
3)nbsp;Entremeses de Miguel de Cervantes Saavedra, anotados por Adolfo Bonilla
y San Martin, Madrid 1916, p. 29 et pp. 194—195, note 63.
4)nbsp;Ültinios atnores de Lope de Vega, éd. cit., p. 46.
-ocr page 275-fréquemment dans la littérature, en annotant le vers 1162 de la pièce
de Rojas Zorrilla, Cada quai lo que le toca'').
vs. 954—955. zelosa rémora siendo,
detuuo la naue mia
Le Dicc. Acad. dit de ce poisson de mer qu'il porte sur la tête un
disque oval, „con el cual hace el vacio para adherirse fuertemente
a los objetos flotantes. Los antiguos le atribuian la propiedad de
detener las navesquot;. Pline, en effet, parle longuement de la force de
ce petit poisson dans sa Naturalis Historia, Lib. XXXII, 2—6.
vs. 1019.nbsp;la que se alcorça y endiosa,
Le verbe alcorzar, pris au figuré, est employé également par le
„graciosoquot; au vers III, 68. Le substantif „alcorzaquot; fait le même
effet burlesque dans le passage suivant de Servir a senor discreto:
Por ahl veo pasar
Ese mozo . . pisa bien . . .
Soy yo tentada también
Desto de brio y pisar.
Vile una daguita al lado,
Buen cuerpo, sombrero â orza,
El cuello como una alcorza,
El bigote cultivado . . .
VS. 1057—1058.nbsp;Pues -por el siglo
de vuestro padre,
La locution por el siglo de signifie ,,par le paradis dequot;, „par la vie
étemelle dequot;. Le Quijote en donne un exemple: ,,. . . que por los
huesos de mi padre y por el siglo de mi madre . . .quot;
D'autres exemples se trouvent dans El Acero de Madrid:
Por el siglo de tu madre.
Que yo te quite esas tretas*).
•et dans El Perro del hortelano:
jPor el siglo, infame gente,
Del Conde mi senor . . . !
1)nbsp;T. A. E., II, pp. 226—227.
2)nbsp;Acad., XV, p. 573a.
3)nbsp;Ediciôn del Centenario, tomo III, p. 100, 14—15.
4)nbsp;Ed. cit., Acto I, vs. 47—48.
.5) Bib. de Autores Esp., XXIV. p. 342c.
257
17
-ocr page 276-vs. 1075.nbsp;la mitad de la hazienda es mia.
Un passage analogue se trouve dans El Castigo sin venganza:
pues si muere su muger,
ha de gozar la mitad,
como bienes gananciales
vs. 1088.nbsp;que yo y mi hermana viuiremos juntos
Cette façon de placer-le pronom de la première personne avant
les autres personnes était sanctionnée à l'époque de Lope, d'après
la remarque de M. Américo Castro dans Cada quai lo que le toca,
pièce de Francisco Rojas Zorrilla Lope se sert de la même expres-
sion dans El Mejor alcalde, el rey:
y cien ovejas darâs
a Sancho, a quien yo y mi hermana
habemos de honrar la boda®).
que alld iremos yo y mi hermana*).
vs. 1130.nbsp;lleuaré veynte azeytunas.
Sur la coutume de manger des olives ou des muscades avec le vin,
Tirso de Molina fait cette plaisanterie, quand le gracioso de El Mayor
desengano fait le récit de la bataille:
y él replicó: ,,pues reserva
su vida; mientras que ayuna,
allâ va aquesta aceituna
y esta naranja en conservaquot;.
Arrojóme de repente
dos pellotas enramadas,
y respondile: ,,pariente,
aquesas nueces moscadas
vendeldas con aguardientequot; »).
VS. 1132.nbsp;Yo seruiré de lanterna.
La vieille forme lanterna du mot moderne ,,lintemaquot; se trouve
1)nbsp;Ed. cit., vs. 48—50.
2)nbsp;T. A. E., II, p. 207, note au vers 141.
3)nbsp;Ed. cit.. vs. 443-445.
4)nbsp;Ibid., vs. 484.
ö) N. Bib. de Autores Esp., tomo I, p. 100a.
-ocr page 277-également dans le Quijote: ,, . . . que siendo él su norte, su lanterna
y su lucero, tendrian buen fin sus negociosquot;
Acte III.
vs. 48.nbsp;Puesto qite hastara a helarse.
Le mot puesto que a ici le sens de „aunquequot;
vs. 57.nbsp;la que vn confite de mana
La rime exige la prononciation „manaquot;, et non pas celle de „manaquot;.
Sur la substance de ce ,,manâquot; on trouve un passage intéressant,
écrit par Bejarano et inséré par Azorin dans Un pueblecito: „Un
médico de Avila, que escribia sobre las virtudes de las aguas de
Laraz y Munana, dice que por aquî se cogiô el mana, afirmando que
no era de inferior condiciôn al de Calabria; pero siempre séria muy
diferente del que cogian los israelitas en el Desierto.
Yo digo que en este territorio hay muchos fresnos, los que, segûn
los fisicos, producen el dicho purgante. A este arbusto o vegetal atri-
buyen una virtud astringente o febrifuga. Ellos sabran muy bien
si el mana sôlo se cria en tierras cdlidas, como la de Calabria, o si
también en las frias. Yo no soy capaz de decidir este pleytoquot; 3).
Le sens de la phrase dans notre pièce doit être que ce ,,confite'
était tout petit.
vs. 80.nbsp;esta seguro de mi,
Le mot seguro est pris ici dans le sens de ,,quieto y sin recelo ,
acception fréquente dans l'oeuvre de Lope. M. Montesinos a recueilli
des exemples dans La Corona merecida'^).
vs. 94.nbsp;y el mâs galàn, sayagués?
Le „sayaguésquot;, habitant de la „tierra de Sayago (Zamora)quot;, avait
la renommée d'être ,,tosco, groseroquot;, et de ne pas parler un langage
élégant. Sancho s'écrie dans le Quijote: ,,Sf, que jvâlgame Dios! no
hay para qué obligar al sayagués a que hable como el toledano,...
vs. 96.nbsp;i Qué bien vn hombre dezia,
Baret dans sa traduction de notre pièce, a noté la ressemblance
1)nbsp;Ediciôn del Centenario, tomo VI, p. 81, I.
2)nbsp;BeUo, Gramâtica, op. cit., § 1268, p. 333.
3)nbsp;Azorin, Un pueblecito, Madrid 1921, p. 141.
4)nbsp;T. A. E., V. vs. 1021 et seq., et annotation.
5)nbsp;Ediciôn del Centenario, tomo IV, pp. 387—388.
-ocr page 278-de cette idée avec la morale de la fable de Lafontaine, La Fille
On a indiqué comme source de cette fable une épigramme de Mar-
tialis:
Dum proavos atavosque refers et nomina magna,
dum tibi noster eques sordida condicio est,
dum te posse negas nisi lato, Gellia, clavo
nubere, nupsisti, Gellia cistifero -).
Il nous semble, cependant, peu probable que les vers prononcés
par Carrillo, remontent à la même source.
vs. 105—106. cEs -possible que oluidado
de Celia, mi dama quieres?
L'expression ,,es possiblequot;, suivie d'un indicatif, se rencontre très
souvent dans l'oeuvre de Lope, e.a. dans El Remedio en la desdicha:
ïEs posible que te ven
mis brazos cerca de si?®)
et dans El Alcaide de Madrid:
i Es posible que tû eres ? *)
vs. 153.nbsp;de que fuy Pygmaleón,
Les allusions à ce personnage sont rares dans l'oeuvre de Lope.
Nous n'avons rencontré que celle-ci dans La Hermosura de Angélica:
Despierta el caballero, y a un retrato,
que tiene entre las manos, enamora,
diciendo ansi: i Por qué, traslado ingrato,
tu dueno injusto me consume ahora?
En tanto tiempo que te miro y trato
aun no te he visto enternecido un hora:
mas no soy yo Pygmalion, que pudo
dar vida y voz a un marmol sordo y mudo
1)nbsp;Op. cit., p. 64, note 2; Fables VII, 5.
2)nbsp;Lib. V. ep. XVII.
3)nbsp;Ed. Clâsicos castellanos, éd. cit., vs. 2422—2423.
4)nbsp;Acad. N., l, p. 0636.
5)nbsp;Canto XIII, Obras Sueltas, tomo II, éd. cit., p. 191.
260
vs. 169.nbsp;quién, para qué ni por qué:
Lope fait ici allusion à l'hexamètre de Quintilien, enseigné par
les rhéteurs anciens:
,,Quis, quid, ubi, quibus auxiliis, cur, quomodo, quandoquot;.
vs. 183.nbsp;Pensamientos atreuidos,
L'allocution à la pensée est fréquente dans l'oeuvre de Lope.
M. Schevill a remarqué cette forme de monologue dans d'autres
pièces et l'a notée, outre que dans La Dama boba, e.a. dans La Viuda
valenciana, El Perro del hortelano, La Moza de cântaro, El Castigo
sin venganza
vs. 219—220. si el coraçon ha de ser
con epitimas cur ado?
El Cuerda loco contient un passage qui montre l'effet et la compo-
sition d'une pareille ,,epitimaquot;:
Antonio toma
çierta epitima todas las mananas,
contra el humor que tiene melancólico;
ésta forma Roberto, cozinero,
porque en vna sustançia se resuelben
oro, coral, bezar, perlas, jazintos,
vnicomio, canela y ânbar; . . .
M. Montesinos remarque en note: ,,Son frecuentes las menciones
de epitimas en las comedias de Lope; casi siempre las considéra como
un preparado de piedras preciosasquot; 2).
vs. 229.nbsp;Cómpremele vn vaquer ito
Le Dicc. Acad. dit sur le mot baquero ou sayo baquero, que c'était
un vêtement, couvrant tout le corps et fermé sur le dos, qui ,,se uso
mucho para los ninosquot;. Cette idée doit être celle de Belisa, parce
qu'elle fait de son coeur un enfant, disant:
Hdgame, madre, vna cuna,
donde mezca el coraçôn.nbsp;(vs. 225 226)
1)nbsp;La Dama boba, éd. cit., p. 277, note au vs. 635.
2)nbsp;T. A. E., IV, vs. 693—699 et p. 210, note.
-ocr page 280-vs. 250.nbsp;(f5oy la gran bestia?
On croyait que les ongles de la Grande Bête, c'-à-d. l'élan, avaient
une vertu curative. Une allusion y est faite dans El Acero de Madrid:
Porque yo os quiero enviar
Mûsicos, y por agora
Esta sortija, Seilora,
De grande virtud, prestar.
iQue hay tanta virtud en ella?
^Es ufia de la gran bestia,
Seftor dotor? i)
Belirân.
Belisa.
Otavio.
Une autre allusion se trouve dans El Mayor imposible:
^Habeis visto una sortija?
Que no hay cosa que me aflija
Tanto agora.
ïEs de una?
Si,
Es de una de la gran bestia;
Porque el mal de corazon
En la mejor ocasion
Me da terrible molestia.
Fulgencio.nbsp;i Que en fin es esto verdad,
Ynbsp;que hay gran bestia?
Ramon. Pues ^no?
Como esas he visto yo *).
VS. 266.nbsp;este melindre y enfado.
Ces deux mots sont employés ici, dédaigneusement, pour ,,melin-
drosaquot; et ,,enfadosaquot;. Les mêmes mots, mais pris dans leur sens
ordinaire, se trouvent combinés dans El Hijo de Redudn:
Ynbsp;ya me tiene enfadado
Con su melindre y enfado®).
VS. 410.nbsp;compró ayer de aquel platero,
Cuervo a cité dans son Dictionnaire ce vers même de notre pièce.
1)nbsp;Ed. cit., Acto I, vs. 407—420.
2)nbsp;Bib. de Autores Esp., XXXIV, p. 482c.
3)nbsp;Acad., XI, p. 11Ö6.
Ramon,
Fulgencio.
Ramon.
pour donner un exemple du verbe „comprarquot; suivi de „dequot; et non
de „aquot;
vs. 465.nbsp;quien al Nuncio te lleuara.
La „casa del Nuncioquot; était l'hospice d'aliénés à Tolède. Un per-
sonnage du Quijote y fait allusion: „ ... que osaré yo jurar que le
dejo metido en la casa del Nuncio, en Toledo, para que le curen, y
agora remanece aqui otro don Quijote, aunque bien diferente del
mioquot;. M. Rodriguez Marin explique en note, que cet hospice est
nommé ainsi parce qu'il fut fondé, vers la fin du XVe siècle, par
un Nonce apostolique, don Francisco Ortiz 2). Le même hospice est
mentionné dans El Diablo cojuelo: „ . . . y mucho mejor fuera 11e-
valle a casa del Nuncio, donde pudiera ser con bien justa causa mayo-
ral de los locos . . .quot;3)
vs. 619.nbsp;oy sali6 a missa de herido,
Lope fait ici une plaisanterie sur la première sortie du blessé, qui
est allé à la messe comme une jeune mère va à la messe de relevailles,
la ,,misa de paridaquot;.
vs. 663—665.nbsp;Essas velas
auisa. — Al despauilar
llama esta loca auisar.
Le Dictionnaire de Cuervo cite ce passage de notre pièce, et consi-
dère comme douteuse l'acception du mot ,,avisarquot; dans le sens de
,,despabilarquot;
vs. 730.nbsp;que tiene el mismo cuydado.
Le mot cuydado a ici le sens de „solicitud amorosaquot; donné par
Cuervo
vs. 736.nbsp;me estaba diziendo amores.
Le sens de amores est ici „expresiones de amor, requiebros ),
ainsi qu'au vers 739.nbsp;^_
1)nbsp;Diccionario de constnicciôn y régimen de la lengna castellana. éd. ctt.
tomo II, p. 2776.
2)nbsp;Ediciàit del Centenario. tomo VI, p. 411, i:5—16 et annotation..
:3) Ed. Clâsicos castellanos. éd. cit.. p. 105, 17—19-
4) Op. cit.. tomo I, p. 815a.
ô) Ibid.. tomo II, p. 681a.
6) Ibid.. tomo I, p. 4406.
vs. 859.nbsp;Madre, la mi madre,
L'article devant le pronom possessif indique une construction po-
pulaire^). Lope a imité, en effet, le premier vers d'une chanson très
connue à cette époque. Correas mentionne ce ,,cantarcilloquot; qui com-
mence ainsi:
Madre, la mi madre,
guardas me ponéis,
si yo no me guardo
mal me guardaréis
Cervantes le fait chanter par Loaysa dans son Celoso extremeho^)
et il l'insère dans sa Comedia famosa de la Enlretenida Toujours
est-il que c'était un ,,cantar que entonces andaba muy valido en el
puebloquot; ®). Lope citera toute cette ,,coplillaquot; dans El Mayor im-
■posihle ®), une pièce qui contient également, comme Los Melindres
de Belisa, les ,,glosasquot; fameuses sur la redondilla. commençant par:
Esclavo soy, pero .icüyo?
vs. 868—869. que podéys dezir
en las hidalguîas
Decir en doit avoir ici le sens de ,,con venir, asentar bienquot; ').
vs. 870.nbsp;del nielo del Cid-,
Belisa fait une allusion à l'âge de sa mère. Pour elle le „nieto del
Cidquot; est un personnage aussi âgé que le ,,hermano del Cidquot; pour la
jeune esclave de la pièce de Tirso de Molina, Por el sótano y el torno:
Vala â casar à Madrid
Con setenta ailos, dorados
De mas de cien mil ducados.
De un viejo, hermano del Cid,
Que en mas de treinta la dota®).
1)nbsp;Bello, Gramâtica, op. cit., p. 231, § 880.
2)nbsp;Vocabularia, op. cit., p. 284amp;.
.3)nbsp;Ed. cit., pp. 150—151.
4)nbsp;Comedias y entremeses, tomo III, ed. publicada por Rodolfo Schevill y
Adolfo Bonilla, Madrid 1918, p. 88, vs. 12—15 et p. 243, note.
5)nbsp;M. Rodriguez Marin dans El Loaysa de ,,El Celoso extremenoquot;, éd. cit., p. 75.
G)nbsp;Bib. de Autores Esp., XXXIV, p. 478a.
7)nbsp;Cuervo, op. cit., II, p. 8206.
8)nbsp;Ed. cit., p. 228c.
-ocr page 283-vs. 871—873. y que al seys y al siete
[sean siete mil]
os ha entrado el as,
Ces vers font encore une allusion à l'âge de Lisarda. Belisa se sert
des termes d'un jeu de cartes, nommé ,.primeraquot;. D'après le Dicc.
Aid. ce jeu ,,se juega dando quatro cartas a cada uno: el siete vale
veinte y un puntos, el seis vale diez y ocho, el as diez y seis ... La
mejor suerte y con que se gana todo es el flux, que son quatro cartas
de un palo, despues el cincuenta y cinco, que se compone precisamente
de siete, seis y as de un palo, despues la quinola o primera, que son
quatro cartas, una de cada paloquot;. D'après cette définition, Lisarda
aurait donc 55 ans.
D'autres auteurs que Lope, d'aüleurs, se sont servis des termes
de ce jeu de cartes pour faire des allusions à l'âge humain. Vicente
Espinel, p.e. raconte l'histoire suivante: ,,Estando jugando tres
castellanos con un portugués a la primera los engano agudisima-
mente; que habiéndole dado después de quinoleada la baraja cincuenta
y cinco, dijo, con desprecio del naipe, entre si, como lo pudiesen oir:
'Os anhos de Mafoma'. Los demâs, que estaban bien puestos y lo
vieron pasar, envidaron su resto; él quiso, y echando el uno cincuenta
y los demâs lo que tenian, arrojó el portugués sus cincuenta y cinco
puntos y arrebatóles el resto. Dijo el uno dellos: '^Cómo dijo vuesa
merced que tenia los de Mahoma, que son cuarenta y ocho aiïos, si
tenia cincuenta y cinco?' Respondió el portugués: 'Eu cudei, que
Mafoma era mais vello'quot;.
vs. 899—900. No pongdys achaques
al viernes aqui,
Belisa pense ici au ,,refrânquot;: ,,Achaques al viernes para no le
ayunarquot; que le Dicc. Acad. explique ainsi: ,,refrân que se dice de los
que alegan pretextos fdvolos para no hacer alguna cosaquot;.
vs. 905—906. porque no ay maleta
que esté sin cogin.
Ces deux objets, qui bien souvent se . trouvent liés étroitement,
sont nommés dans le Quijote: ,, . . . y cuando llegó fué d tiempo
que alzaba con la punta del lanzón un cojin y una maleta asida â
él . . .quot; 2), et dans une autre pièce de Lope, Amar sin sober a quién:
1)nbsp;Vicente Espinel, Vida de Marcos de Obregôn, Clâsicos Castellanos, quot;gt;], p.
4.5—4«.
2)nbsp;Ediciôn del Cenienario, tomo II, p. 229, 20—22 et note.
-ocr page 284-La mula, senor Limón,
la maleta y el cojln,
estdn guardados
VS. 911.nbsp;Garabato soys
D'après Sbarbi, il y a une expression: ,,Andar encogido como un
garabatoquot;, qui est une allusion à ,,la persona que no camina derecha,
sino encorvada o medio torcida, como el instrumento objeto de la
comparaciónquot; Belisa veut donc dire que sa mère est une vieille
courbée.
vs. 913—914. con la boca: „çapequot;,
con los ojos: ,,mizquot;.
Le mot ,,zapequot; s'emploie quand on veut chasser le chat, le mot
,,mizquot; quand on l'appelle. Le contraste qui existe entre les façons
aimables et l'âme indifférente de la femme a été exprimée par Lope
à l'aide de ces deux mots:
jAh, senor! cudntas de aquestas,
Que se nos hazen gazapas
Con los ojitos de miz,
Tienen el zape en el aima').
Il a même composé tout un sonnet: A una Dama que a todo respon-
dia zape, dont le dernier tercet dit:
Pero porque mejor se encubra y tape,
haced que os den un gato de dinero,
que con el miz olvidareis el zape*).
VS. 915—917. Parecéys ormiga,
la vejez, en fin,
en alada os buelue,
Belisa fait ici une allusion au proverbe, donné par le Dicc. Acad.:
,,Da Dios alas a la hormiga para morir mâs ainaquot;. Cette croyance
trouve, sans doute, son origine dans le fait, qu'après le vol nuptial
1)nbsp;Ed. cit., vs. 20G0—2002.
2)nbsp;Op. cit., I, p. 4076.
3)nbsp;Las Bizarrias de Belisa, Bib. de Autores Esp., XXXIV, p. ö70c.
4)nbsp;Rimas del Licenciado Tomé de Burguillos, Obras sueltas, tomo XIX, éd. cit.,
soneto CXVIII, p. 118.
des fourmis, le mâle meurt aussitôt, et que la femelle perd ses ailes
ou se les arrache
vs. 955—956.nbsp;Esto desdizc
a tu opinion generosa.
Ce même vers a été donné par Cuervo comme un des exemples du
verbe „desdecirquot; suivi de ,,aquot;, ayant le sens de .,no convenir o con-
formarsequot; -).
1)nbsp;Brehms Tierleben, Vierte Auflage, Leipzig und Wien 1915, Bnd. II, p. 618.
2)nbsp;Op. cit., II, p. 1037a.
-ocr page 286-^-•■«-ijta;
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Vega Carpio, Lope Félix de,
—nbsp;Acad. — Obras de Lope de Vega,
publicadas por la Real Academia
Espanola, Madrid 1890—1913.
tomo VII: El Bastardo Mudarra.
tomo VIII: El Caballero del Sacra-
mento.
tomo IX: Lo cierto por lo dudoso.
La Nina de plata.
tomo XI: El Blasôn de los Chaves
de Villalba.
El Hijo de Reduân.
Pedro Carbonero.
tomo XII; El Asalto de Mastrique.
Carlos V en Francia.
La Serrana de la Vera.
tomo XIV: La Discreta enamorada.
La Fuerza lastimosa.
tomo XV: Servir a senor discreto
La Viuda valenciana.
—nbsp;Acad. N. = Obras de Lope de Vega,
publicadas por la Real Academia
Espafiola, Nueva ediciôn, Madrid
1910—1930
tomo I: El Alcaide de Madrid.
tomo IV: Los Cautivos de Argel.
tomo XII: El Desprecio agradecido
Dineros son calidad.
La Llave de la honra.
Los Melindres de Belisa
El Mayor imposible.
—nbsp;Bib. de Autores Esp. = Comedias
escogidas de Lope de Vega, ediciôn
Hartzenbusch, Bibliotheca de Auto-
res Espanoles.
tomo XXIV: ElAusenteen ellugar.
La Noche toledana.
Los Melindres de
Belisa.
El Perro del horte-
lano.
Quien ama no haga
fieros.
tomo XXXIV: Las Bizarrlas de
Belisa.
Lo que ha de ser.
Los Milagros del des-
precio.
Por la puente, Juana.
tomo XLI: De cosario a cosario.
La Discreta ven-
ganza.
- T.E.A. = Teatro Antiguo Espanol,
Madrid 1922—1925.
tomo IV: El Cuerdo loco, publ. por
José F. Montesinos.
tomo V: La Corona merecida, publ.
por José F. Montesinos.
tomo VI: El Marques de las Navas,
publ. por José F. Monte-
sinos.
El Acero de Madrid, ed. Pilade
Mazzei, Firenze 1929.
Amar sin saber a quim, ed. Camille
Pitollet, Les Classiques pour tous,
Paris s.d.
El Brasil restituido, ed. Gino de
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Las Bvrlas veras, ed. S. L. Millard
Rosenberg. Philadelphia 1912.
El Castigo sin venganza, ed. C. F. A.
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La Dama boba, ed. Rudolph Sche-
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El Desdén vengado, ed. Mabel Mar-
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prosa como en verso, Madrid 1776—
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tomo II: La Hermosura de An-
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tomo III: La Dragontea.
tomo V: El Peregrino en su pa-
tria.
tomo XIX: La Gatomaquia.
Rimas del Licenciado
Tome' de Burguillos.
Ültimos amores de Lope de Vega
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Alarcón, Juan Ruiz de, 219.
Alcâzar, Baltasar de, 240.
Agramont y Toledo, Juan de, 226.
Altamira y Crevea, Rafael, 67, 68.
Amezùa y Mayo, Agustin G. de, 63,
221, 222, 228, 241, 249.
Aulnoy, Mme d', 26, 48, 49.
Azorin, 236, 259.
Baena, Juan Alfonso de, 233.
Barahona de Soto, Luis, 207.
Baret, E., 5, 11—12, 51, 256, 259.
Baroja. Pio. 210, 2 20, 228.
•Barthe, H. ,5.
Bello, Andrés, 212, 215, 246. 251. 259,
264.
Benavente, Jacinto, 206.
Bonilla y San Martin, Adolfo. 250.
Brehm, C. L.. 267.
Buchanan, Milton A., 7, 248.
Calderôn de la Barca, Pedro, 8, 32.
56. 57. 248.
Carayon. Marcel, 31—32.
Caro. Dofia Ana. 226.
Castro. Américo, 1, 45, 219. 221. 224.
228. 248. 250. 25.3, 254, 250, 258.
Castro. Guillén de, 210.
Cejador y Frauca, Julio. 233.
Cervantes Saavedra, Miguel de, 32. 43.
48. 58. 62, 63. 68, 69, 71, 72. 7.3,
74. 206, 219, 221. 222, 228, 233,
237, 239. 247, 249. 251. 253, 254,
255, 256, 264.
Correas, Maestro Gonzalo, 224, 235,
242, 264.
Cotarelo y Mori, Emilio, 3, 4, 5. 48,
207. 210. 227, 233.
Cotarelo y Vallador, A., 73.
Coulomb, Robert, 217.
Covarrubias. 69. 255.
Cuervo. 209, 234. 202. 263. 264, 267.
Dam. C. F. A. van. 5. 210. 212, 213,
228. 245. 252, 253, 254.
Depta. Dr. Max Victor, 15, 56.
Dorer, Edmund. 5.
Durân, Agustin, 233.
Espinel, Vicente, 265.
Farinelli, Arturo. 35.
Fernândez de los Rios, A., 29.
Fitz—Gerald. John D. et Lcora
A. Fitz—Gerald, 32.
Fitzmaurice-Kelly. J., 56, 73.
Foulché, Delbosc, R., 78.
Gino de Solenni. 242.
Hämel. Adalbert, 66. 67.
Harlan. Mabel Margaret. 208. 241.
Hartzenbusch. Eugenio. 3, 4, 226,
227.
Hazafias y la Rua, Joaquin, 220.
Heinermann. Dr. Theodor, 233.
Heller. Dr. Theodor. 47.
Hennigs. Dr. Wilhelm. 233.
Herrero-Garcia, M., 69, 70, 211,
219, 220, 234. 255.
Keil, Juan Jorge. 8.
Klein. J. L.. 12—13, 21, 33, 45, 51,
226.
Kressner, Dr. Adolf, 73, 240, 241.
Lafontaine, Jean de, 51, 260.
Leôn, Fray Luis de, 64.
Linguet, S., 5, 8, 9-11, 21. 234.
Lifiân y Verdugo, Antonio, 29.
Lyonnet, Henry, 8.
Lôpez de Übeda, Francisco, 211.
Martialis, M. Valerius, 260.
Mazzei, Pilade, 52, 239.
Mendoza, Inigo López de, 238.
Menéndez Pidal, Ramón 64, 207, 222.
Menéndez y Pelayo, Marcelino, 7,
57, 211, 236.
Mérimée, Ernest, 216.
Mesonero Romanos, Ramón de, 25,
28, 30.
Millard Rosenberg, S. L., 210, 232,
235, 250.
Monreal, Julio, 75, 207, 209, 213,
217, 223, 239.
Montalvân, Juan Pérez de, 238.
Montesinos, José F., 1, 36, 209,
259, 261.
Morel-Fatio, Alfred, 230.
Navarro Tomas, Tomâs, 226.
Ocerin, J. Gómez, 43.
Oyuela, Calixto, 5.
Pantaleón de Ribera, Anastasio, 219.
Pfandl, Ludwig, 33, 62, 63, 67, 69,
212, 233, 246.
Pitollet, Camille, 44, 74, 218, 231,
232, 233.
Plinius Secundus, C., 235, 257.
Plutarque, 244.
Puyol y Alonso, Julio, 211.
Quintilien, 261.
Quinones de Benavente, 48, 50, 214.
Rennert. Hugo A., 1, 7, 22, 23, 25,
30. 32.
Rodriguez Marin, Francisco, 26, 43,
48, 58, 68, 69, 206, 207, 215, 218.
219. 221, 223, 231, 233. 241, 248,
251, 252, 255, 263, 264.
Rojas Zorrilla. Francisco. 228. 237,
257, 258.
Salvâ y Malien, Pedro, 2, 5.
Sânchez, José Rogerio, 238.
Sanchez, Miguel, 243.
Sbarbi y Osuna, José Maria, 224, 225,
266.
Schack, A. F. von, 14, 20.
Schaeffer, Adolf, 14.
Shakespeare, William. 12. 45. 46.
Schevill. Rudolph, 2, 14, 21, 25, 35,
37, 57, 210, 212, 235, 240, 243, 261.
Rodolfo Schevill y Adolfo Bonilla,
233, 264.
Schoute, Dr. G. J., 218.
Schütz, D. C.. 4.
Solis, Antonio de, 247.
Stathers, Madison, 46, 225, 247.
Suarez de Figueroa, Cristôbal, 63, 64,
208, 211, 212, 230, 252.
Ticknor, Georg, 23.
Tirso de Molina, 29, 44, 45, 207, 215,
216, 218. 219, 221, 224, 241, 247,
249, 250, 253, 254, 258, 264.
Thomas. Lucien Paul. 237.
Tormo, Elias, 29.
Trigueros, Cândido Maria, 5, 8, 23.
Unamuno, Miguel de, 210.
Vega Carpio, Lope Félix de, passim.
Vêlez de Guevara, Luis, 26, 222, 227,
237.
Vêlez de Guevara, Juan, 48.
Viel-Castel, Louis de, 13—14.
Virgile, 241, 249.
Vossler, Karl, 15, 24, 57.
Wallace, Elizabeth, 64.
Wurzbach, Wolfgang von, 5, 14, 20,
23.
Zabaleta, Juan de, 22, 49.
Zachariae, J. F. W., 5.
267
234
231
256—257
216
261
240—241
209
228—229
229
239—240
207
252
220
251
266
211
240—241
262
251
248
250—251
241
252—253
254
266—267
246
245
231
244
238
233—234
258—259
212
224—225
212
237—238
Accidente |
214 |
-215 |
desdecir en |
acción |
230 |
distinto | |
aceitunas |
258 |
divertir | |
achaques al viernes |
265 |
Emplear | |
acusativo doble |
227- |
-228 |
en |
Alcorcón |
225- |
-226 |
epitima |
alcorzar |
257 |
esclavo soy, pero .jcûyo | |
alzar |
227 |
escudero | |
amores |
263 |
esdrûjulos | |
ArgeJ |
253- |
-254 |
esfinge de Tebas |
avisar |
263 |
espejo | |
Baquero |
261 |
estrado | |
barbero |
252 |
Fisico | |
barro |
225—226 |
francés | |
bayo |
213- |
-214 |
Galgo |
bermejo |
223—224 |
garabato | |
Bernardo del Carpio |
232- |
-233 |
genovés |
bonete y borla |
216 |
glosas | |
Cansado |
210 |
gran bestia | |
cantarcillo |
264 |
Haber | |
celos |
250 |
habito | |
celosia |
213 |
hablar en | |
cernicalo |
219- |
-220 |
hacienda |
chapin |
255 |
herrar | |
coche |
222- |
-223 |
hollandais {mots —) |
cometa |
255 |
hormiga alada | |
como |
245 |
Imagen | |
compania |
206 |
Indias | |
comprar de |
262- |
-263 |
intricado |
conocer |
228 |
inversion | |
conquistar |
209 |
liîigo de Mendoza | |
cosa |
251 |
Jafer | |
cuello |
239 |
Lanterna | |
cuidado |
263 |
letrado | |
curioso |
209, |
232 |
limpio |
Decir en |
264 |
lindo | |
desamartelar |
250 |
Lipso |
lo (a — de) |
226 |
poner |
212 |
(avecdesverbes intransitifs) 249—250 |
Porcia |
244-245 | |
luego al punto |
254 |
portugués |
218—219 |
Madama |
220 |
posible (es — indic.) |
260 |
madre, la mi madre |
264 |
prâtica |
230 |
maestre de campo |
217 |
primera {jeu de cartes) |
265 |
majadero |
215 |
puesto que |
269 |
maleta y cogin |
265—266 |
puntos |
247 |
Mami- |
233—234 |
Pygmalión |
260 |
mas qué |
221 |
Que {expresiones aseverativas) 212 | |
mâs (— de seis) |
208 |
{superfluo) |
252 |
(mucho —) |
228 |
Razón (es —) |
205—206 |
(— principal) |
239 |
refranes 216-217; 235; 241; | |
melindre |
223; |
242; 248; 265;266 | |
meterse |
227 |
remedios de amor |
235 |
misa de herido |
263 |
rémora |
257 |
miz |
266 |
romancista |
237 |
Morato |
233—234 |
S y clavo |
256 |
moscas |
222 |
sacar prendas |
221—222 |
mosiur |
220 |
sastre |
246—247 |
mujer = mudable |
241—242 |
sayagués |
259 |
= centella |
242 |
seguro |
259 |
= espejo |
242—243 |
sefior |
241 |
Negro |
218 |
siglo (por el — de) |
257 |
no {après les verbes de crainte, |
substantifs abstraits |
248—249 | |
etc.) |
213 |
Talle |
251 |
{après la conjonction |
corn- |
tantico |
215 |
parative) |
246 |
traducteurs |
236—237 |
Nuncio |
263 |
teórica |
230 |
Obligación |
206 |
tórtola |
206—207 |
ojo de plata |
217—218 |
U = o |
237 |
orden |
246 |
Vamos |
243 |
overo |
213—214 |
ver |
252 |
Palos |
214 |
verbe au singulier, précédé de | |
papelista |
211 |
2 sujets |
215 |
pasarse |
209—210 |
vidro |
223 |
paso (de — a fuente) |
226 |
vino y tocino |
234—235 |
pasos |
244 |
vista |
212 |
pastillas |
245—246 |
vuesamerced |
230—231 |
paz de Francia |
254—255 |
Y (= „y aunquot;) |
209 |
perro |
251 |
(= mais) |
215 |
pincel |
231 |
yo y mi hermana |
258 |
Plinio |
235—236 |
Zape |
266 |
politesse {formules de - |
-) 232 |
zeugma |
227 |
STELLINGEN
I
De meening van Baret en van Klein, dat Los Melindres de Beiisa
een tendenz-stuk zou zijn, is ongegrond.
(E. Baret, Oeuvres dramatiques de Lope de Vega, t. II, Paris
1874, pp. .3—4.
J. L. Klein, Geschichte des Drama's, X, Das spanische Drama,
Leipzig 1874, Bnd. III, p. 2.58).
II
De bewering van Depta, dat men achter Behsa een bekende van
den dichter zou kunnen zoeken, is niet verdedigbaar.
(Dr. Max Victor Depta, Lope de Vega, Breslau 1927, p. 254).
III
Ten onrechte beweert Ticknor, dat La Melindrosa een stuk is,
dat zich houdt aan den regel van éénheid van tijd, plaats en han-
deling.
(G. Ticknor, Geschichte der schonen Literatur in Spanien, Bnd. I,
Leipzig 1807, p. C22).
IV
Het oordeel, uitgesproken door A. Morel-Fatio over de Spaan-
sche Comedia, is te streng.
(A. Morel-Fatio, La Comedia espagnole du XVIIe siècle,
deuxième édition, Paris 1923).
H. C. Barrau
-ocr page 298-De verklaring, welke Amezûa geeft van de volgende passage in
El Coloquio de los perros van Cervantes: ,,Ellos son su hucha, su
polilla, sus picazas y sus comadrejas; todo lo llegan, todo lo esconden
y todo lo traganquot;, is niet juist.
{El Casamiento enganoso y Coloquio de los perros, novelas ejem-
plares de Miguel de Cervantes Saavedra, ediciôn critica con
introducciôn y notas por Agustin G. Amezûa y Mayo, Madrid
1912, p. 351 y nota 315).
VI
Ten onrechte meent Don Cayetano Rosell in de Observaciones
van zijn collectie Entremeses, dat het woord navarrisco door Quiiiones
de Benavente verzonnen zou zijn.
{Colecciôn de piezas dramâticas, eniretneses, loas y jâcaras es-
critas por el licenciado Luis Quiiiones de Benavente, ed. Libros
de anlaiio, tomo I, Madrid 1872, pp. 449—450).
VII
Bij de bespreking van het elliptisch gebruik der woorden la en las
in gemeenzame Spaansche zegswijzen, hebben de grammatici ten
onrechte verzuimd te vermelden het gebruik van het woord una.
VIII
Ten onrechte heeft Don Andrés Bello in zijn Gramdlica verzuimd
melding te maken van het gebruik in het Spaansch van een parti-
tieven genitief.
IX
De afleiding, welke Ramón Menéndez Pidal geeft van het woord
maguer, is niet aannemelijk.
(R. Menéndez Pidal, Manual de gramâtica histôrica espanola,
5a ediciôn, Madrid 1929, p. 297).
De redenen, die gewoonlijk, o.a. door Prof. Schrijnen, worden aan-
gevoerd voor de bewering, dat de Latijnsche initiale / onder Iberi-
schen invloed is geworden tot Spaansche h, zijn niet afdoende.
(Dr. Jos. Schrijnen, Handleiding bij de studie der vergelijkende
Indogermaansche taalwetenschap, 2e druk. Leiden 1924, p. 92).
XI
De ongunstige karakterschets, welke Louisnbsp;Bertrand geeft van
Mme de Maintenon, is niet te rijmen met denbsp;warme bev/ondering
die haar leerlingen voor haar koesterden.
(Louis Bertrand, Louis XIV, éd. Arthème Fayard. Paris,
p. 327).
XII
De denkbeelden, die Mme de Maintenon had over de opvoeding
van het Fransche jonge meisje, waren op Franschen bodem met
geheel nieuw; reeds dezelfde denkbeelden werden voorgestaan door
Christine de Pisan.
XIII
Hoe hoog men ook de beteekenis van de studie van het Spaansch
voor het economische leven van Nederland moge aanslaan, het is
wenschelijk dat ook in de toekomst het Fransch de plaats behoudt,
die het in ons cultureele leven thans nog altijd inneemt.
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