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LES RUINES ET LES PROMENADES
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FAUQUEMONT-
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ET LES
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FAUQUEMONT
Imprimcrie dc Vvc PLUM amp; Fils.
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Qu'il est doux de rêver, lorsque rien dans la nature ne trouble la chute silencieuse de la nuit; quappuyé sur Ie bord de sa fenêtre, on perce ce voile mystérieux, pour élever ses pensees jusqu'au-deld des astres.
Pensees souvent mélancoliques, souvent déses-pérantes, muis toujours chères d l'drne, paree qu'elles engendrent des souvenirs agréables, quel les nous rapportent d des moments délicieux.
Pendant de longues heures j'avais considéré le ciel; et l'esprit des beaux songes, trompant la vue matérielle, avait mis devant mes yeux les délicieux instants passés d Fauquemont.
Tendres épanchements, promenades sentimen-tales, familiarité respectueuse, souvenirs histori-ques, tout me revint en mémoire; la rage me prit d'en être si éloigné; et saisissant la plume, je tragai les lignes suivantes, pour les envotjer comme souvenir d mes amis el a ceux qui, pour moi, charmaient alors de leur présence, ces pittoresques contrées.
»yui, dans la vie lumultueuse de la ville, ne s'est dit souvent: Combien il serait doux, le printemps venu, de secouer la poussière de la cité, de fuir pour six mois , d'oublier au fond de quelques beaux ombrages la fièvreusc activité des hivers?... N'est-il pas charmant d'aller, auxpremières brises de juin, rajeunir, rafraichir et re-tremper son ame dans le tiède repos de quelque hermitage ignoré? N'emporter de ses souvenirs que ceux qu'on aime, les plus tristes quelquefois; si Ton est poète, se redonner tout entier è la muse ; revoir se lever le soleil dont ont a pres-que désappris les splendeurs; pêcher, même amp; la ligne ; joie rêveuse, facile et charmante, dont tant de gens ont osé médire, qui n'avaient sans doute jamais vu un ruiseau limpide et caché sous les saules; qui n'ont certainement pas un poème chéri entre tous a relire des yeux ou amp; raurmu-
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rer dans leur cceur ; tout cela fait, ce me semble, un petit bonheur bien simple, bien amp; la portée de tout le monde, pourtant bien négligé, mais que je souhaite è ceux que j'aime.«
Voila ce que je lisais dans la Revue de Paris, lorsque je terminals mes malles, pour prendre une seconde fois la route de la Hollandeetgoüler ce petit bonheur, que faisaient entrevoir les quelques lignes de C. de Lafayette.
Un quart d'heure suflil au convoi pour vous mener de Belgique a Maestricht, un quart d'heure pour vous conduire de la a Fauquemont et un quart d'heure encore pour vous transporter en Allemagne.
On dirait que la Providence, en piaganl ainsi ce charmant bourg entre trois nations, a trouvé l'endroit trop agréable, pour n'en faire jouir qu'un scul peuple.
C'est bien en bon frangais, que le garde du train annonce aux voyageurs, la stal ion do Fauquemont. Ici I'aspecl est tout autre qu'aux stations intermédiaires que vous venez de passer. C'est plus riant plus vif, plus curieux; et les personnes que vous remarqucz au premier coup-d'oeil, sont pour la plupart des étrangers, qui vous ont déja précédé, pour profiler de I'air bienfaisant et sain, que l'été sembie réserver a ces campagnes.
Si ce n'est point la première fois que vous y venez, voire premier regard sera pour les ruïnes. Existent-elles toujours ? Oui! Et le coeur palpitant, vous vous dirigez d'un pas léger vers l'hó-
lel, vous promeUant intérieurement, les hcureu-ses emotions de Fannée précédente.
Au centre d'un des sites les plus ravissants qu'il soit possible d'imaginer, au sommet dc l'an-tique mout des Faucons qui domine la petite ville, réfugiée a ses pieds, s'étalent ces débris de tours, longs et ménagants, ces remparts nus et décharnés. niais qui semblent encore toujours protéger et dominer a la fois les maisons et leur rustique clocher.
Au temps des seigneurs, la ville communi-quait a la forteresse par im chemin étroit, tor-tueux et également fortifié de murs en moëllons et tres épais. Une belle porte cintrée, flanquée de deux énormes tours, (on peut encore Ia voir de nos jours), batie a la base de Ia montagne, offrait une barrière infranchissable aux assauts de l'ennemi qui aurait réussi a s'emparer de la petite ville. {\)
La position forte du chateau, dominee elle-même par des montagnes, ne pourrait convenir a la strategie de nos jours. Aussi jamais emplacement ne put être mieux cboisie pour clever des
(i) A'o/c dc l'autciir. Nous avons élü ;i mème, il'admirci' le iiiiijgt;ni-fi(|ue tabhau i'cprósfinlanl le Chdlcan cl les Forlijicaiioii.t dc Fuiujuc-mom, leis qu'ils étaienl au moyen-age. Ce tableau. datant liii-mème il une époiiue furl eluigiiue, c.sl lieurouseiuent coasuvyiiul'aiiiiuajmnl, a Vhotel de l'Eiiiijerciir. Au reste, clici- lecteur, si l'envie vous prenait ile 1 examiner, (et il en vaut la peine), onli'ez hardimenl ; monsieur l. Elias est trop c miplaisant, trop ami ile tout ce qui concenio les m-herches liistoriiiues, pour ne pas donncr satisfaction a votro ciu'iosité.
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ruines, pour leur prêter un effet plus pittores-que. Les hauteurs environnantes et surtout la montagne qui les supporte, ont un cachet de stcrilité qui se marie admirablement au grand age de ces ruines.
Une fois sur le plateau, debout a coté des vieilles murailles, ce qui vous frappe d'abord c'est le magnifique panorama qui se pose, comme par enchantement devant les yeux étonnésdutouriste.
Ce paysage en effet est admirable. En bas de de la montagne, a vos pieds, une petite ville pro-pre, dont vous voyez parfaitement la division, sans que des toils inopportuns empêchent vos yeux de circuler. Sur les cotés, deux belles pro-priétés dont vous apercevez d'en haut, les bosquets, les allées de sapins, les étangs, merveilleu-sement groupés pour flatter le regard, et qui vous remplissent d'envie pour ces heureux pro-priétaires.
Au loin la station ; plus loin les champs ; plus loin encore des montagues qui se terminent a l'horizon. Jettez vos yeux au hasard. Partout la raême étendue, la même beauté rustique. Des maisons de plaisance, éparpillées dans toutes les directions ; a gauche, la grand'route et de vas-tes campagnes ; a droite, de belles prairies descendent , des versants des collines dana le creux des vallons, pendant que la Geulle, petite rivière, rendue célèbre par la terrible défaite que les Normands infligèrent le long de ses rives aux populations beiges, en 891, semble retarder
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sou cours, pour so joucr plus longtemps sur ces verdoyants tapis. Vingt fois elle se retourne, revient sur ses pas et, arrivée enfin au village, en fait encore le tour.
On raconte qu'une petite Anglaise de quinze ans, maitresse dune immense fortune, avaitpassé deux mois entiers dans un hameau de la Suisse, a garder des moutons. Avec de telles caprices, elle aurait certes passé plus dune saison a Fau-quemont.
II faut être habitué au maniement de la plume, pour rendre les délicates impressions qu'on ressent en présence depareillesspectacles. Quant a moi, je m'écartes pour m'enfoncer timide-ment sous les voutes sombres de ces vieux débris, qui nous rappellent si puissamment une époque du moyen-age.
Jc passerai rapidement sur la longue et en-nuyeuse énumération des possesseurs de cc chateau, pour nous arrêter sur le terrain, moins aride, des fails dont ces restes évo-quent les souvenirs.
LES IVUIIVES. — HISXOlïftE-
ïi'histoire du Chateau de Fauquemont est assez obscure dans ses origines. La première date qu'on voit paraitre est lOiO, époque a ia-quelle l'empereur Henry III fit présent de eelte place a sa nièce Irmengarde. Parmi les douze seigneurs, qui pendant trois siècles consécutifs, (1080-1383) ont regné sur cette contrée, la plupart se sont distingués par unc conduite cheva-leresque, par un courage a teute épreuve et par leurs capacités pendant les guerres, quoiqueleurs entreprises ne fussent pas toujours basées sur 1c bon droit.
Les premiers seigneurs, qui vinrent habiter le chateau, étaient issus de la maison Wassen-berg. lis étaient quatre el portaient tons le nom de Gosewin.
Gosewin I véeut vers 1085.
Ce fut sous son flls, Gosewin II, que le chateau fut assiégé pour la première fois (1122) sur l'ordre de Henri III, empereur d'Allemagne, par Godfroid, comte de Louvain, qui s'en empa-ra au bout de six semaines et le détruisit complè-tement.
Des quatre flls de Goswin II, l'ainé Philippe devint archevèque de Cologne. Le second lui succéda sous le nom de Gosivin III et vécut jus-qu'en 1175.
Goswin IV mourut sans avoir eu d'enfants et ligua la seigneurie de Fauquemont a son beau-frère Henri de Liinbourg.
En 1214 le chateau fut assiégé par l'empereur Frédéric, mais Henry de Limbourg, alors seigneur de Fauquemont, s'étant reconcilié avec lui, l'empereur se retira au bout de dix jours.
Après la mort de Henry, la seigneurie de Fauquemont échut a son neveu Walram, surnonmé le long ou le jeune,üh cadet de Waleran III, due de Limbourg et de sa première femme. A cette seigneurie il joignit celle de Poilvache sur la Meuse, prés de Dinant, et celle de Montjoie.
Le nom de « Waleran » est trop marqué dans les annales de la chevalerie pour que je m'étende longtemps a lui prodiguer les éloges mérités. C'était un de ces types particuliers de loyauté, de bravoure, d'ineonstance, de témérité, nés pour la guerre, arrogant vis-a-vis d'un ennemi dix fois plus fort, plein d'égards pour un noble vaincu; un de ces caractères sur lesquels on s'arrête in-
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volontairement, avec complaisance, en parcou-rant les différentes époques du moyen-age; un de ces héros indispensables dans les vrais romans de la galanterie.
Toute la vie de Waleran le long, se passa a guerroyer.
Aux commencement il eut des demélés avec le comte de la Marck; cette guerre fut longue, quoique dc temps a temps intérrompue.
En 1230, il prit part a la guerre que le due son frère eut avec I'archeveque de Cologne. L'an-née suivante il se battit contre l'évêque de Mün-ster.
En 1236, Waleran brüla Theux et porta le ravage dans le pays dc Liége.
Le 2 mai 1238 il fit prendre la fuite aux lié-geois qui étaient venus i'assiéger dans son chateau de Poilvache.
En 1239, nous le trouvons de nouveau en guerre avec l'archevêque de Cologne, en faveur de la maison de Limbourg.
En 1241, il se querella avec I'archeveque de Trèves.
En 1242, la guerre éclatée dc nouveau entre les princes de Limbourg et I'archeveque de Cologne, Waleran le long, agé alors de 46 ans, perdit la vie sur le champs de bataille.
Thierry I, nommé aussi Thibaut, troisième Hls de Waleran I, lui succéda immédiatement dans la seigneurie de Fauquemont. Ainsi que son père, il trancha quelquefois les différents entre
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les seigneurs, mais au lieu de Ie faire par lepée il y parvint souvent par le raisonnemenL.
Si fhierry n avait pas hérité de I'liumeur guer-rière du précédent seigneur de Fauquemont, il ne manqua pas Dependant de faire preuve d'un grand courage, chaque fois qu'il se trouvait dans roccasion. 11 eut égalemenf. des demélés avee l'é-vêque de Liége, contre lequel il perdit une ba-taille ou rarchevêque de Cologne, son frère. fut obligé de se rendi-e prisonnier au comte de Ju-liers. L'Année suivante, Thierry s'allia avec le due de Limbourg, sou cousin, le comte de Cléves et le seigneur de Heinsberg, pour porter un coup aux habitants de la ville de Cologne, qui tenaient pour le comte de Juliers et empèchaient de relacher larchevêque. Les confédérés, d'intel-ligcnce avec quelques bourgeois affectionnés au prélat, tentèrent de surprendre la ville la nuit, en y entrant par uu conduit souterain; mais le secret ayant été révélé, il furent mal accueillis des ennemis, et Thierry perdit la vie dans cette mélée.
Waleran H, surnommé le roux, succéda a son père Thierry, dans la seigneurie de Fauquemont, n étant encore que dans sa 16° année. II pos-séda aussi les seigneuries de Montjoie, de Mar-ville et d'Arancy ; mais il vendit les deux der-nières pour s'acquitter des deltes que son père Thierry avait contractées.
Voici le portrait qu'un écrivain de mérite a fait du héros fauquemontois : Waleranll le roux.
sire dc Fauqucmont, de Reifferscheid et de Mont-joie, prince de sang de Limbourg, était un des quot;chevaliers les plus rcmarquables de son époque.
Son port était noble et imposant; sa figure belle et virile, en dépit d'une barbe et d'une ebe-velure d'un roux cendré plutót qu'ardent; ses yeux grands et bien fendus. prenaient, aurait-on dit, diverses coulcurs, au.x rayons du soleil ou des lumières. Doué d'une taille gigantesque et d'une force berculéenne, il montrait dans les combats la plus rare intrépidité unie au sangfroid Ie plus rcsolu. Piompu a tons les excrcices du corps, a toutes les fatigues, a toutcs les privations, cc chevalier était réellement redoutable et bien pro-pre a decider 1c gain d'un tournois ou d'une ba-taille. »
Quelque flatteur que soit ce portrait, il n'at-teint guère k la imputation, que s'est acquise ce redoutable guerrier.
L'an 1377, le 7 avril, Walcran entra dans la grande confédération des seigneur du Bas-Rhin contre Sifroi de Westerbourg, archevêque de Cologne. L'année suivante il accompagna Guil-iaume IV, comic de Juliers, dans son expedition contre la ville d'Aix-la-Chapelle. Lc comte ayant proposé dc surprendre cette place pendant la nuit, Walcran, se souvenant de la fin tragique de son père, fit tous ses efforts pour le détourner d'un dessin si dangercux. Comme, malgré eet avertisscment, le comte dc Juliers persista dans son dessin, lé seigneur dc Fauqucmont sc re-
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tira. L'évènement justifla scs apprehensions, car le comte et ses deux fils périrent a l'attaque. Waleran se ligua ensuite avec les princes de Limbourg pour venger, sur les habitants d'Aix-la-Chapelle, la mort du comte de Julicrs et pour reconquérir aux enfants de celui-ci, l'héritage dont rarchevêque de Cologne voulüt s'accaparer.
En ce temps la, l'empereur Rudolphe pro-clama liautement son estime pour le seigneur de Fauquemont.
Le lecteur se demandera peut-être, pourquoi nous nous étendqns si longuement sur les faits et gestes de Waleran II ; c'est qu'il occupe la première place parmi les seigneurs de ce pays; que son nom dominera toujours dans riiistoirc de Fauquemont, et qu'il vivra éternellement dans la mémoire du peuple limbourgeois, par le prestige de son nom. « 11 fut, dit Potances, un des capitaines les plus experts et les plus entrepre-nants de son siècle. » Un écrivain flamand, en faisant l'éloge de eet héros, l'appelle: le chevalier trés vaillant que la nature avait dressé a manier les armes.
Waleran prit une part active dans la guerre de succession pour le duché de Limbourg et qui se termina par la bataille de Woeringen en faveur du due de Brabant.
Nous donnerons en quelques lignes le motif et les détails de cette guerre, qui fut la cause de tant decalamités.
Waleran IV, dernier due de Limbourg, mou-
rut en 4280, en ne laissant qu'une fille nommée Ermengarde, mariée a Renaud I, comte de Gueldre. La duchesse étant morte sans avoir eu d'enfants, Adolphe, comte de Berg et cousiu ger-main d'Ermengarde, fit valoir ses droits contre le comte de Gueldre et les vendit a Jean I, due de Brabant.
Waleran II prit fait et cause pour son beau-frère Renaud ; mais celui-ei fut battu et fait pri-sonnier dans une bataille, qui eut lieu prés de Daelhem. Malgré rengagenient qu'il avait pris a 1 egard du due de Brabant, le seigneur de Fau-quemont était d'humeur trop guerrière pour se tenir tranquille. II sortit de son chateau pour ravager la banlieue de Maestricbt; les bourgeois prirent les armes et lirent une vigoureuse sortie; mais Waleran la soutint avec tant de bravoure qu'il les obligea de reculer, leur tua beaucoup de monde, fit prisonnicrs un grand nombre dc eom-battants et leur chef, Jean de Mille, maïeur de Maestricbt. Le due de Brabant envoya immédia-tement au secours des Maestrielitois, Wennemar de Gemnieb, sire de Hoogstraeten, qui vint ravager les terres de Waleran et brüla plusieurs villages. Permettez, cher leeteur, de ralentir ici le cours de 1'liistoire, pour faire connaitre plus amplement les rapports qui existaient alors enlre Fauquemont et Maestriclit, d'aulant plus que le leeteur, probablementconnua Fauquemont, pour-ra se figurer facilement le lieu de la scene,si bien rendue par la plume excreée de Christian Moreau;
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« On était arrivé a la mi-avril dc 1'an de grace « 1284 ; l'hiver, qui était trés rudo cette annéc « ia, avait cessé de sévir depuis iongtemps. Les « bois, les montagnes et les vallées commence Qaient a se tapisser d'un vert tendre.
« II était cinq heures de l'après-diner et les « derniers rayons du soleil couchant, jetaient une « teinte écarlate sur les sommets rajeunis.
« Cc jour la, il y avait grand bruit au chateau « de Fauqueraont ; tous les hommes d'armes « étaient aux remparts. Messire Waleran était « monté au sommet dc son donjon, accompagné « de plusieurs personnages dc distinction, paree mi lesquelsnouscitcrons; le comlc dc Fiandres « Gui dc Dampierre, 1c plus grand spéculateur « dc son temps; Sifroi de Westerbourg, 1c bouil-« lant archevêque; Renaud dc Gueldrc ; le sire « dc Montfort; Gilles de Wodémont; ces deux « derniers fraichement arrivés ; Wellin 11 de Sca-« vedris; Goswin et Robert du mêmc lignage.
« Les autres membres de la familie de Celler-« Dris étaient disperses dans la forteresse ou « dans la petite viile, dont les habitants mon-« traient la plus grande inquiétude.
« Waleran le Roux riait alors d'une fagon « amère, pendant que ses yeux gris-bleu s'allu-« maient des feux de la colère ; ii dirigeait scs « poings armés de gantelets, du eóté du nord oti « brillaient les Incurs sinistres de rincendie.
— « lis prennent leur revanche, les Braban-« cons, dit-il. Ils pratiquent largement le ravage
« et l'incendie ; je leur en ai donné l'exemplc.
— « Messire Waleran, reprit Sifroi, oa pille; « a son tour on est piilé. Les environs de Macs-« tricht naguère ont en a souff'rir voire marche « furieuse ; maintenant Ie pays de Fauquemont « doit prendre en patience, les représailles que « lui infligent les causes désastreuses de nos en-« nemis.
— « II est a regrctter, continua Waleran sur « un autre ton, que nous ne soyons pas ici a « force pour tomber sus a cettc canaille. Oli! si cc j'avais su que ce Wennemare de Gemnich sc cc préparait a envahir ma vaillante seigneurie!
— cc Regrets superilus, mon ami.
— cc Oil sont-ils ces deputes Maestriclitois lt;c qui viennent en ces lieux trailer du rachat do cc leur maicur et de ceux que j'ai faits prison-cc niers ? lis viennent a Fombre du drapeau Bra-cc bancon jusqu'en ce chateau ; Wennemare, sir de cc Hoogstraeten, les aura escortes.
cc Et ils croient que je vais leur rendre, saus cc une bonne rangon, ce Jean de Mille, que l'évê-cc que de Liége leur envoya 1 Par Saint Servais! cc ils me paieront tous les dégats que leurs allies cc de Brabant opèrcut sur mes possessions.
— cc Mon féal cousin, continua Waleran en cc s'adressant a Robert, descendez je vous prie cc auprès de ces bourgeois et invitez ces hono-cc rabies citoyens a monter jusqu'ici. II n'entre lt;c pas dans mes habitudes de me gêner pour des cc mauants. Vous direz aussi a mon gouverneur
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fe qu'il tire les prisonniers des cachots et qu'il « les déploie en longue file, chargés de eliaines, « aux pieds de mon donjon, dans la seconde « enceinte.
« Le seigneur de Fauquemont promena de « nouveau les yeux sur son pays dévasté.
— « Ge due de Brabant est plus rapide que « le vent, fit Renaud, sortant d'une longue mete dilation. On dirait que cet usurpateur a fait un « pacte avec Satan.
— « Pen m'importe I'accord infernal qu'il cc pourrait avoir signé, reprit Waleran le Roux ; « cc que je sais fort bicn, e'est que, si mes forte ces avaient été suffisantes, il y a huit jours, « devant Maestricht, je m'emparais de la ville, « sans coup férir, après avoii' baltu Jean de Mille « et ses bourgeois. Oui, beaux Sires. Pourquoi « notre damnée confederation n'est-elle pas plus « réelle ? Pourquoi n'agissons-nous point plus « vigoureusement ? Nous dormons, beaux Sires, « nous dormons et le due de Brabant veille. Oui^ « si Messire Renaud, mon illustre beau-frère, « si MBr rarcbevêquc, avaient été présents, avec « leurs yassaux et leurs bons chevaliers, nous « pénétrions dans la ville a la suite des vaincus te et elle ne me vomirait point, sur mes bonnes « terres, ces bandes de pillards brabangons.
— te Tout ceei, mon bel ami, reprit Gui de te Dampierre, peut se réparer facilement. L'ar-ee gent vous manque-t-il ? je puis vous en verser, et moyenant hypothèque, sur ce domaine ou
« bien sur tel autre de vos possessions que vous «jugerez plus convenable a cette fin.
« Je ne doute nullement que, sous peu, vous « ne parveniez a racheter voire gage. Vos tcr-« rains sont fertiles et vos serfs laborieux.
— « Effectivement, j'en suis réduit la, seig-« neur de Flaudre. II sera bientót nécessaire que « Votre honneur me vienne en aide.
— « Mon bon ami, je ne vous ferai point « défaut.
« Messire Gui de Dampierre cligna de Toeil. « Renaud de Cueldre se promenait alors sur la « piate-forme du donjon. Le sire de Montfort « regardait avee une eertaine anxiété, dans les « profondeurs de I'étroit esealier de pierre. Le «prélat observait un silence dédaigneux, qu'il « jugea a propos de rompre :
— « Or, ga, Messire Waleran, m'est avis que « vous vous lamentez la fort inutilement. ïous « vos si ne vous serviront a rien !
« Mais, par les trois rois de Cologne ! Cheva-« lier, nous était-il possible de savoir que cc « Wennemar de Gymnicb envabirait le pays de « Fauquemont malgré la neige et le mauvais « temps ? Ne nous étions-nous pas réunis en co « manoir pour aviser k nne nouvelle attaque de « Maestricbt, ville qui nous portc un prejudice « si marquant ? Est-cc que, pour tenir un con-« seil, tant de forces déployées sont nécessaires?
— « Monseigneur parle sensément, reprit « Gui de Dampierre.
— « Et toi, mon frère tu cléraisonncs, ajouta m Rcnaud de Gueldre.
« Les deux frères, (car Waleran Jc Roux avait « cpousé Philippine de Gueldre sceur de Rcnaud), ,1 se permettaient entre eux quelques liccnccs, « dont ils ne s'offensaicnt nullcment, bien qu'ils « fussent des chevaliers fort pointilleux.
« Sur ces entrcfaites, Robert revenait lentc-« ment. Waleran le Roux, voyant que Robert ue « se pressait pas de lui rcndre comptc des or-« drcs dont il l'avait chargé, se prit a lui dire :
— « Vaillant cousin, tu rèvcs.
— « Messire Waleran, reprit le jeune cava-lt;( lier, vos ordres ont été executes. Les deputes « Macstrichtois, précédós de votrc intendant, « gravissent déja rescaüer du donjon.
— « Ont-ils vu les prisonniers ?
— « Oui, Messire.
— « Ceci aura son effet, seigneurs. Et Jean « de Mille portait les chaines les plus lourdes ?
— « Oui, Messire,
« Bien. Ils me paieront tous les dégats de « leurs amis les Brabancons.
« Au moment mème les bourgeois de ^ïacs-« richt, ayant a leur tètc messire ügicr de Ilae-« ren, avoué de la ville, arrivèrcnt un a un sur « la plate-forme du donjon.
« La figure du chef des ambassadeurs respi-« rail le mécontement et i'affliclion.
« Waleran le Roux les recut avec une superbe « arrogance.
— « Messire de Fauquemont, s'écria Ogier « de Ilaeren, merci pour les captifs !
« Les autres étendirent les bras vers le seig-« neur de Fauquemont en disant : merci!
« Waleran, quoique son territoire fut dévaslé, « tint a montrer du sang-froid vis-a-vis des nou-« veanx-venus, aussi reprit-ii tranquillement :
— « Bons bourgeois de Maestricht, vous vete nez ici pour traitor de la ran^on de ceux qui « sont tombés en mon pouvoir en vertu du droit « d^/la guerre, pendant que les Brabangons, vos «allies, pillent et ravagent cette illustre seig-« neurie. Croyez-vous que, daus de telles conjonc-« tures, je puisse avec prudence relacher le « maïeur Joan de Mille et les siens, sans exiger « au moins une bonne rangon ? Car de deux « choses Tune : ou bien ils s'uniront immédiate-« ment a ces dévasteurs ; ou bien, ils persévè-« reront plus lard a me causer tout le mal possi-« ble, la guerre continuant. Je ne veux done pas « leur laisser d'alternatives ; ils agiront comme « ils Fentendront, sans le moindre scrupule, « sans me vouer une reconnaissance qu'ils ne « me devront point; enlin, je pretends les rente dre aussi libres que devant amon égard. Pour « m'empècher d'etre trop généreux et pour ne « point vous rendre redevables envers moi de «Ia moindre gratitude, il n'existe qu'un seul « moyen : e'est une bonne somme dor que vous « allez me compter incontinent. Alors je daigne-« rai rendre a la liberté vos concitoyens que
« vous avez vus chargés de fers , aux pieds de « mon donjon. Si vous ne vous exécutez pas, mes « cachots sont profonds et ne rendent jamais « leur proie a la lumière. D'ailleurs, Monseigneur « de Liége, le fils de l'illustre eomte de Flandre, « ici présent, est assez riche pour raeheter son « cher maïeur, Jean de Mille ; il pourra bien me «payer la moitié de la somme. N'est-ce pas, « Monseigneur de Cologne ?
« Sifroi ne répondit pas.
— «Si l'argent lui fait défaut, poursuivit « Waleran, sonHonneur, Messire de Dampierre, « y pourvoira. De la sorte, mes bons amis, vous « pouvez être rassurés tout-a-fait de ee cólé-la.
« Le eomte de Flandre était tout ébahi.
— « Quelle somme exigez-vous, messire de « Fauquemont? reprit Ogier de Ilaeren.
— « Dix mille mares d'argent, ce nest pas « trop pour ce béiail humain, ajouta Waleran « d'un ton plein de dédain.
— « Cette somme vous sera comptée a l'in-« stant, répliqua le sire de Haeren avee la plus « grande dignité.
« Aussitót des valets, portant une lourde eaisse, « se présentèrent.
« Waleran et ses amis ne cachaient point leur « étonnement.
— « Ah ! dit Waleran en ricanant, ces bons « bourgeois sont-ils devenus riches, depuis « qu'ils se sont passé la fantaisie de se con-« stiluer en commune ?
« La caisse Tut ouverte, et des esterlings d'ar-« quot;■cal el des ridders d'or ruisselèrent sur le « pavé, mêlés de pierres précieuses, de colliers « el de perles fines.
— « Beau sire de Haeren, reprit alors Wa-« leran, vous pouvez reprendre les prisonniers « avec vous. Puis se tournant vers ses amis :
— « Maintenant je suis content, les Maes-« trichtois ont payé les pillages de leurs allies. »
Enfin lorsqu'après cinq ans de lulle, les brigandages n'avaient servi qu'a affaiblir les deux parlies, on convinl de se réunir a Maeslricht, pour y concerler de la paix. Au lieu de s'y rendre, Renaud de Gueldre lil venir les confédérés au chateau de Fauquemont et la, vendil ses droits au duché de Limbourg, au comte de Luxembourg. Jean I, ayant appris ce qui s'élait passé a Fauquemont, il s'y rendit a la tête de son armee, pour surprendre les seigneurs réunis. Ne les ayant plus trouvé, le due de Brabant se mil a Ia poursuite de farchevêque de Cologne, le plus dangereux de ses ennemis.
Quelque temps après, le 5 juin 1288, cut lieu la fameuse bataille de Woeringen, oü se rencon-trèrent les armées des deux partis. Les Braban-cons y remportèrent une vietoire éclatante ; le comte de Luxembourg et sou frère restèrent sur le champ de bataille avec onze cents chevaliers; le comte de Gueldre et I'archeveque de Cologne se constiluèrenl prisonniers ; Woeringen se rendit et le due Jean entra en triomphant a Cologne
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et pour loujours le duché de Limbourg fut réuni a celui de Brabant.
Pendant cette mémorable journée, Waleran de Fauquemont accomplit des prodiges de bravoure et fit preuve d'un héroisme sans égal. Alors que tons les confcdérés avaient été bat-tus, que la victoire était au duo de Brabant, le seigneur de Fauquemont, entouré de sa petite troupe, resta sur le champ de bataille pour af-fronter encore les forces de rennemi-vainqueur, jusqu'a ce qu'enfln blessé et couvert de sang, il fut obligé de se retirer.
Malgré la défaite entière de ses allies, Waleran relusa de reconnaitre Jean I, pour souvcrain du Limbourg, et continua a lui causer tout le mal possible.
« Entretemps, » dit Ernst, « le due de Bra-« bant s'était determine a réduire eet ennemi re-« muant au devoir ; et a eet effet, il porta, au « mois d'Aoüt, la desolation sur ses terres et « mit le siége devant le chateau de Fauquemont; « mais il fut obligé de l'abandonner, pour aller « dé fend re ses propres états, oii Waleran s'était « avancé, le fer et le feu a la main, après avoir « battu et tué le seigneur de Melin, qui voulut « Ten empêcher. Aux approches du due, Wale-« ran se retira a Namur.
Peu de temps après il signa, avec le comte de Flandre et d'autres seigneurs, un traité d'alliance, oü ils s'engagèrent, quoiqu'il put arriver, a déclarer la guerre au due de
Brabant et a l'évêque de Liége, s'il était nécessaire den venir a cette extrémité, pour procurer la liberie au comte de Gueldre, que le due avait fait prisonnier a la jöurnée de Weeringen.
Heureusement que le roi de France, Phi-lippe-le-Bel, se fit agréer des deux partis comme arbitre de leurs pretentions. Depuis le bon accord n'a plus été trouble entre le sire de Fau-quemont et le due de Brabant.
En 1297 nous trouvons Waleran, engage dans l'armée de Gui de Dampierre, conile do Flandre, contre le roi de France. II coimnan-dait contre Pbilippe-le.-Bel, a Lille et en fit le siége. Dans une des sorties, il se saisit du comte de Vendame, le garotta sur le cbeval, mais poursuivi de trop prés par l'ennemi, il dut abandonner la charge et précipita le mal-heureux comle, dans im fossé devant les por-tes de la ville.
II fut le 8m0 et le plus brave des douze seigneurs de Fauquemont; lui surtout marqua cc nom dans les annales de la chevalerie.
Tel père tel fils, dit le proverbe. Thierry II, successeur de Waleran II, nous a prouvé le contraire. En effet, il n'avait rien de riiumeur guer-rière du grand capitaine et nest coniiu que par les démarches qu'il fit pour s'assurer la sous-a-vouerie d'Aix-la-Chapelle. Je crois qu'il gouverna pendant quatre ans.
Renaud, Ills ainé de Waleran II. succédaason
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frère, aux seigneuries de Fauqucmont, de Mont-joie et de Butgenbach.
Les jours de Renaud s'écoulèrent assez paisi-blement jusqu'en 1314, époque a laquelle il en-tra dans les querelles liégeoises, qu'il abandonna ensuite, pour attaquer le eomte de Juliers. Celui-ei le batlit et le retint prisonnier au chateau deNideeken, d'ou il ne sortit, que moyennant mie rancon considerable.
Ce malheur fut pour Renaud l'origine de beaucoup d'autres. Accablé de dettes, il sur-chargea d'impóts les étraugers qui possédaient des biens-fonds dans sou territoire. Les Maes-trichtois se plaignirent. au due de Brabant qui, après avoir vainemeut averti le seigneur de Fau-quemont, vint dévaster ses terres. Les suites de cette guerre furent des plus lïinestes pour Renaud ; il y perdit la ville de Sittard et le chateau de Heerlen. Quelque temps après il cut de nouveaux démêlés avec !elt; habitants de Maes-triebt, et s'étanl rendu a Louvain pour s'expli-quer avec le due, celui-ci le retint prisonnier. Malgré les solicitations du roi de Bohème, qui s'intéressa beaucoup a son sort, il endura une longue et pénible captivité.
En 1320, il obtint la liberté. Libre, il recom-menca ses vexations contre Maestriclit, et attaqué de nouveau par les Brabancons, il leui' tua deux cents hommes et brüla dix-huit villages. On voit que eelui-ci avait hérité plus que son frère ainé, du caractère turbulent de Waleran II.
Aussitót le due de Brabant vint assiéger le ehaleau de Fauquetnont, et Renaud élait sur le point de se rendre, lorsque le roi de Bohème parvint a eonclure un accomniodement.
L'an 1329, le due de Brabant s'empara du ehaleau de Fauquemont, après un siége de deux mois, et la plaee fut rasée.
En 1332, nous trouvons Renaud dans la ligue que Philippe de Valois, roi de France, avaitfor-mée eontre le due de Brabant; mals il n'eut pas la satisfaction de voir la fin de cette affaire. La même année, assiégé dans son chateau de Mont-joie, il fut atteint a la tcte, d'une flèche, lirée au hasard, dans un moment, qu'après une sortie, il avait oté son casque pour respirer.
Ce seigneur, dit Henricourt, fut de son temps, le plus brave et le plus courageux de tons les flamands.
« Thierry III hérita, après la mort de son père « non seulement de ses seigneuries, mals aussi « do sa bravoure. » Ernst.
En 1332, il se trouva en qualité de maréchal a l'armée des princes confédérés, contre le due de Brabant. Le roi de France, devant prononcer sur leurs différents, Thierry forma, avec le comte de Flandre, une ligue nouvelle contre le due ; au mois de mars de I'annee 1333, ces confédérés s'empararent de Hertogenrade et de la ville de Sittard, mais le 20 du même mois, on con-vint d'une trève, qui fut prolongée jusqua ce qu'enfin le roi de France prononca sa sentence le
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27 Aoüt 1334. A cette occasion, Thierry III, renlra dans la possession des états, que le due avait enlevé ü son père.
L'an 4337, Ie seigneur de Fauquemont aecom-pagna le roi d'Angleterre, Edouard III, dans une expedition contre le roi de France. II se dis-tingua tellement dans cette campagne, que le roi d'Angleterre lui fit une rente annuelle de mille marcs.
Au mois d'Avril 1238, Thierry pretta son se-cours au due de Brabant contre l'évêque de Liége,mais le différend fut vidé avant qu'on en en vintaux mains, et, a cette occasion le seigneur de Fauquemontdevint allié de 1 evèque de Liége.
Thierry III fut tué a la bataille de Vottem, le 19 juillet 1346, oü il combattait pour l'évêque de Liége, Engelbert de la Marck, contre les Lié-geois.
llenricourt dit de lui, qu'il se fit craindre beau-coup et se fit aimer extrêmement.
Jean succéda a son frère Thierry III, mort sans avoir eu d'enfants, aux seigneuries de Fauquemont et de Montjoie
II fut toujours uni au roi d'Angleterre et se trouva dans les rangs de son armée, a la bataille de Crécy, pendant laquelle 1'on se servit des canons pour la première fois.
Ce fut encore sous sa gouverne, qu'une troupe de Fauquemontois passa la Meuse et mit le feu au village de Mirecourt, prés de Liége, aprés avoir tué 120 ennemis. Ceci s'accomplit a I'insti-galion de l'évêque de LiOgu,
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Jean observa le traitó que son frére Thierry III avail formé avec ce prélat.
Un des actes méritoires de Jean de Fauque-naont, fut de s'être distingué dans Ia ligue, que le duo de Brabant et plusieurs princes de l'Eglise avaient formée, pour reprimer les brigandages en Allemagne.
Les auteurs ne sont pas d'accord sur la date de son décés ; d'aucuns disent que Jean mou-rut en 1352 : plusieurs mettent en avant l'année 1356, D'autres encore se posent en faveur d'une époque moins éloignée. Toujours est-il, qu'avec lui s'éteignit cette illustre race des douze
(Suite.)
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est dans le voeu du hér on, (ij que se des-sine nettement le caractère du dernier seigneur de Fauquemont. Robert d'Artois, accompagné d'un trouvère et de deux jeunes fdles qui portent les plats d'argent sur lesquels est placé le héron, pareourt les rangs des nobles seigneurs, assis k la table royale. 11 leur présente successi-vement l'oiseau et regoit leurs voeux, auxquels se mêlent de sauvages imprécations.
(i) Circonstance tres importante pour l'histoire de celte dpoque, puisqu'a l'occasion de cette fête fut décidce, a la cour d'Angleterre, la guerre centre la France.
Arrivé ^ Jean de Fauquemont, il lui dit :
Et toi vieux Fauquemont, gardes-tu le silence ?
Seul n'aurais-tu done rien a donner a la France?
Jean replique :
Eh 1 que puis-je donner, moi pauvre aventurier, (i) Sans domaine et sans bien, moi pauvre chevalier? Cependant a Fhonneur pour me montrer fidele Et par quelques effets vous témoigner mon zèle, Si le roi des Anglais passe dans peu la mer,
Je jure de guider l'avant-garde au carnage, Et n'épargnant jamais ni Ie sexe ni 1 age, Ni temples, ni moutier, füt-ce au prix de Tenfer ?
Nous avons vu qu'il tint parole, lorsqu'cnfm avec lui s'éteignit la ligne directe des princes qui, pendant un siècle et demi, dit Lagarde, avaient joué un si grand róle dans les annales du Lim-bourg. « LemariagedeJeanavecJeannedeVeurne et deBcrg-op-Zoora, » continue eet écrivain « ne lui ayant pas donné de postérité, sa soeur ainée Philipotte, mariée amp; Henri de Flandre, sir de Ni-nove, prétendita sa successionquot; quelle vendit peu après au sire de Schoonvorst. Waleran de Fauquemont, sire de Borne, fils de Jean, frère de Renaud, protesta contre cette vente etrevendiqua les propriétes délaissées par son cousin, se fondant sur ce que les femraes étaient inhabiles a succéderaux fiefs de l'empire. Le sire de Schoonvorst, incertain de la tournure que prendraient les choses, se hata de céder sondroitaGuillaumc,
(i) Imilü du vieux francais, par De Reiffenberg.
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due de Juliers, qui solliciLa et obtint de I'empe-reur Charles IV, en 1357, l'éreetion de la seig-neurie de Fauquemont en eomté. Waleran ne re-nonga point pour eela a ses poursuites, et il prit les armes eontre Guillaume. L'empereur se réser-va de prononeer entre ces deux prétendants, et, en 1362, il rendit une sentence qui donnait gain de cause au sire de Borne, a la condition toute-fois de payer une eertaine somme d'argent k Phi-lippotte. Celle-ci, voyant que Waleran n'en fai-sait rien, transmit ses droits a Wenceslas, due de Brabant et de Limbourg. Le sire de Borne, qui ne démentait point son origine, n'hésita pas a déelarer la guerre an due, quelque puissant qu'il fut. Des arbitres choisis de partet d'autre, pour éviter l'effussion du sang, n'ayant pu appla-nir les difficultés, Wenceslas résolut de faire mouvoir d'autres ressorts. II donna de l'argent ü Waleran, il en donna a son frère, au due de Juliers, è tous ceux qui pouvaient avoir quelque prétention sur la seignenrie qu'il convoitait, et e'est ainsi que Fauquemont devint, en 1381, la propriété des dues de Brabant. »
Dans le principe, notre intention était de ne parler que des seigneurs de Fauquemont, car I'extinction de cettc noble race, óte, depuis lors un caraclère spécial, même a rhistoire de tout le duché de Limbourg. Cependant pour satisfaire au titre de ce petit volume, nous donnerons rapi-dement les principales dates, concernant I'his-toire du chateau.
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Depuis la réunion de Ia Seigneurie de Fauque-mont au duché de Brabant, Ie chateau fut habité par un chatelain, appelé « Dros sart. » Celui-ci élait a Ia tête de Ia milice du pays, composéc des chevaliers et des mercenaires qui, dans les batailles, combattaient sous Ie drapeau fauque-montois.
Lorsqu'en 1471, Ia guerre éclata entre la France et Ia Bourgogne, les Fauquemontois, sous Ia conduite de leur drossart, se portèrent au secours de Charles le téméraire, et se couvri-rent de gloire au siége d'Amiens. L'année sui-vante, ils furent assiégés par les Frangais dans la ville de Montdidier, mais ils surent s'y main-tenir en dépit d'une vigoureuse attaque et mal-gré des pertes considerables.
Quelques années auparavant, les Liégeois, conduits par le due de Bade, tentèrent, mais en yain, de semparcr du chateau dc Fauquemont; ils durent se retirer, en laissant devant Ia place quatre-vingt trois morts ou blessés.
Ce fut pendant la guerre des Provinces-Unies, contre le gouvernement espagnol, que la ville de Fauquemont eut a souffrir les horreurs du siége. Plusieurs fois le chateau fut pris, repris, démoli, ensuite reconstruit, de manière qu'il ne conserva plus sa forme primitive.
Lc 1b mars 15/4, eut lieu prés de Fauquemont un sanglant combat, entre les troupes de Louis de Nassau ct les soldats espagnols, sous Ia conduite de Mendoza. Sept cents hommes res-
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tèrent sur le champ de bataille. Pendant long-temps, les espagnols eurent la paisible possession du chateau.
Le « Stad-houder» Frédéric-Henry de Nassau, étant parvenu ^ se rendre maitre de Maestricht en 1632, la défection de cette ville entraina celle de Fauquemont.
Tour è tour Espagnols ou Hollandais, Autri-chiens ou Suédois, qui ne pouvaient plus subsister dans FAllemagne ravagée et ruinée, venaient prendre leurs quartiers sur la rive droite de la Meuse. C'est alors, qu'on entendit parler des exploits du fameux général, Jean de Weert.
Lorsqu'en 1634 la garnison de Fauquemont fut envoyée rejoindre a Breda les troupes du prince d'Orange, les espagnols reprirent le chateau et la ville.
Dans la nuit du 8 au 9 November, le due de Bouillon, gouverneur de Maestricht, sortit de de cette ville a la tête de 800 hommes et vint mettre le siége devant le chateau de Fauquemont. La garnison se défendit ik outrance, et ce ne fut qu'après la mort du capitaine, quelle sortit de Ia place avec toutes les honneurs de la guerre.
Mais les Espagnols revinrent au commencement de l'année suivante, s'emparèrent du chateau et le conservèrent jusqu'en 1644.
Le 25 Juin de cette année, les Hollandais dé-molirent la forteresse, les portes de la ville ainsi qu'une grande partie des murailles.
Cependant, lorsqu'après quatre ans d'occupa-
tion, ils se trouvèrent plus solidement établis dans le pays de Fauquemont, les Hollandais re-batirent le chateau et le firent garder par une forte garnison.
D'après le traité de 1661, conclu entre lEs-pagne et les Provinces-Unies, le pays de Fauquemont échut è ces dernières, qui, dix ans plus tard, agrandirent et fortifièrent considéra-blement le chateau.
Malgré cela, Louis XIV s'en empara au mois de mai 1672, sans rencontrer beaucoup de ré-sistancö •
Pour se venger de eet affront, le gouverneur de Maestricht essaya six mois plus tard, de recon-quérir le chateau. A eet effet, il fit partir, pendant la nuit, deux régiments d'infanterie et un détachement de la cavalerie espagnole. Ces troupes étaient munies de quatre canons de gros calibre, d'un mortier, et possédaient tout les appa-reils nécessaires, pour faire un siége es règle.
Fauquemont était défendu par un brave officier frangais, Jean-Louis Marseillac, qui, quelques jours auparavant, s'était grièvement brülé le visage et le bras droit, en. faisant des expériences avec de la poudre.
Quoique construites d'après l'ancien système, les fortifications résistèrent admirablement aux efforts de l'artillerie.
Plusieurs fois les fédérés tentèrent de s em-parer de la forteresse par escalade, mais la defense fut si énergique, qua chaque tentative ils
fnrent repoussés en éprouvant des pertes sensi-bles. lis réussirent enfin, a conduire una mine sous une partie du chateau. Alors ils somniè-rent les frangais de rendre immédiatement la place, en dehors de quoi, ils n'avaient a espérer aucun merci. Le commandant répondit, qu'il préférait continuer le jeu, et les Hollandais fu-rent obliges de faire venir de Maestricht un troisième régiment d'infanterie.
Pendant que les canons tonnaient contre le chateau; qu on langait, contre les assiégés, des pou.ets rougis, les fantassins étaient parvenus jusqu'aux portes de la ville et s'étaient emparés des palissades.
La garnison, ne disposant plus que de faibles moyens de défense, repoussaient a coups de pierres tous ceux qui voulaient escalader la montagne.
Vers quatre heures de 1'après-diner, les fédé-rés s'emparèrent de deux portes, et un pétard ayant été placé sous la troisième, les frangais fu-rent obligés de déposer les armes.
LE 10 DÉCEMBRE 1672, les Hollandais firent sauter le chateau.
Pendant la revolution frangaise, le gouvernement de la république, considérant ces ruines comme domaine de 1 etat, les vendit avec le mont des Faucons, au comte Hoen de Neufchateau. Aujourd'hui, elles appartiennent au petit-lils de celui-ci, monsieur De Villers-Masbourg a Scha-loen.
Puissent toujours les propriélaires de ces belles ruines les entretenir, comme le fait le possesseur actuel; les préserver aussi longtemps que possible contre les ravages du temps 1 D ail-leurs, du jour, oü ces vieux murs s'écrouleraient, ce charmant bourg ne serait plus que tous les mois une foire aux chevaux, un marché de bêtes 3 corncs.
Ah, pardon ! Fauquemont aura toujours pour lui ses belles 'promenades et ses aimables habitants.
Légende de la IVonne.
Jr auquemont a sa légende comme tous les chateaux du moyen-age.
Comme toujours, il s'agit d'un revenant; raais ici, ce revenant est une femme, une réligieuse, et ce qui est plus étrange, une Nonne sayis tête. Elle se promenait parfois en soupirant sous les voütes antiques et choisissait de préférence une étroite galérie, qui est aujourd'hui murée.
Certains prétendent (car beaucoup out connu quelqu'un qui a vu la nonne, quoique chacun doive avouer personnellement n'en avoir qu enten-du parler), certains prétendent, dis-je, qua le spectre n'avait pas de tête ; d'autres même soutienneut que cette nonne portait elle-même sa
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tête entre les mains, joli tour de force ; Quelques-uns affirment cependant, quelle n'était pas dé-capitée.
Quoiqu'il en soit; respectons les opinions, et cherchons dans l'histoire, l'origine de la légende.
Lorsquo Jean, dernier Seigneur de Fauque-raont, mourüt sans laisser d'enfants, ses héritiers vendirent la ville, le chateau et le pays k Wen-ceslas de Bohème.
Parmi les héritiers se trouvait Elisabeth, fille de Rénaud, seigneur de Fauquemont et de Mont-joie. Depuis longtemps elle s'était retirée du monde pour prendre l'habit en Allemagne. En apprenant que le chateau de ces ancêtres était devenu la propriété d'étrangers, elle fut frappée d'idiotisme, quitta Ie convent et viht errer, revê-tue de ses habits noirs, dans les longs corridors du chateau.
Le singulier privilège qu'avait la réligieuse de se promener sans tête, fait prohableraent allusion a son état mental.
Aujourd'hui, les vieillards eux-mêmes, adroi-tement interrogés, ne savent préciser aucune rencontre personnelle.
Et cependant pres du manoir,
Le patre encor' s'arrête,
Croyant parfois apercévoir Ünc nonne sans tête!
Je payai l'homme qui me raconta tout ceci, et m'avangai lentement dans un de ces cherains
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creux, boisés, solitaires, qui vous attirent de l'autre coté de la montagne. Lk s'est inspiré plus dun paysagiste flamand ; c'est au bord d'un de ces grands sentiers que les poètes latins eussent placé leurs bergères. C'est dans un de ces en-droits si tranquilles, si bien faits pour rêver, que j'allai réflechir a l'impression désagréable qu'avait engendré en moi le récit de mon guide. La soirée était avancée, quand je m'assis sur l'herbe... il faisait nuit lorsque je me relevai. Avais-je dormi? Je ne sais; mais en rentrant je couchai sur le papier les quelques lignes sui-vantes :
Loin de ce beau village, il n'existe sur terre Un endroit plus charmant, un lieu plus solitaire, Pour rèver, oublier, reposer son esprit.
Que ce sentier cache, que eet endroit chéri.
Lorsque dans la nature.
Tout m'indique la nuit,
J'y vais sur la verdure,
Somraeiller loin du bruit.
* * *
« V V
Parfois ce doux repos restaure tout mon être;
Mais chut!..... dans la forêt, que vois-je done paraitre!
Qui peut encor' descendre k présent du manoir?
Quelle oaibre peut aiasi se promener le soir ?
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Doucement elle avance.
On n'entend même pas, Au milieu du silence, Le bruit sourd de ses pas.
Mais soudain le drap blanc h. l'aspect mortuaire. Qui couvre le fantóme, a glissé sur la terre. Et alors apparüt... Ah ! j'en frissonne encor; Le squelette et sa faulx, emblême de la mort.
Dieu ! quels instants terribles, Quand ce spectre d'enfer, Montra ses doigts horribles. Et ses cótes sans chair!
Et dans ce crane affreux, parmi les ouvertures Je vis s'illuminer deux cavités obscures;
Le monstre me fixa de ces terribles yeux Et rendit de la mort les traits plus odieux.
Pour commencer le crime,
Son long bras jaune, osseux, Vint fouillir la victime Et me prit aux cheveux.
Quelle horreur! je l'ai vu trembler de tout son être, Lorsque dans ce silence, il se voyait mon maitre Ses cótes, son regard, les os nus de sa main. Tout semblait agité de son rire inhumain.
J'étais fou, j'étais ivre
Mon coeur battait trop fort. Je voulais ne plus vivre...
J'avais peur de la mort.
Mourir si jeune! Ah! spectre aie pitié de ma mêre Qui n'a qu'un seul soutien, qu'un fils sur cette terre Tu ris! Ah c'est affreux... II rit du désespoir; II soulève sa faulx.... Et moi pour ne plus voir,
Je détournai la tëte....
Mon rêve était fini.
M'étais-je cm poête Au lieu d'avoir dormi 1
Le lecteur mieux que moi, a constaté, peut être, la parenté entre la poésie et la rêverie.
ILes ssBolilcenrijclevs.46
est difficile de trouver quelque part unc allée plus rèveuse, que celle qui passe au chateau d'Oost, et des sentiers plus perdus dans les masses de feuillage, que ceux qui mènent au Schaesberg Impossible de se rendreexactementcompte des impressions que Ton éprouvc, en faisant cette promenade pour la première fois. Tout a 1 ecart, loin du monde, une longue et belle allée, dont le tracé,obscurciparlombragedeschênes, cstlimité a gauche par une montagne boisée, tandisqu'a droite, la charmante et capricieuse Genie la sc-pare des prairies voisines. Lc faible murmure de la rivière; la solitude dc cetle route; cc bois silen-eieux; ces arbres élancés dont les branches éle-
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vécs sont è peine agitees par un léger souffle ; l'oiseau timide, fuyant a votre approche; tont, dans ce petit coin du monde, remplit votre arne d'une singulière mélaneolie. C'est en vain que le regard s'élance en avant, toujours l'allée, Ie bois; c'est en vain que l'oreille se dresse, toujours le silence. Je ne sais, ce n'est pas de la peur que A'ous éprouvez, lorsqu'ignorant la route, le ha-sard vous conduit la tout seul, et cependant cela s'approche de la mófiance.
Mais rassurez-vous, ce nc sont lè que des idéés de rêveur ; personne nc vous demandera la bourse; chacun vous enverra un aimable bonjour. J'avais pris ce chemin, et de plus en plus attiré par le site pittoresque, je m'étais avancé en l'ad-mirant.
Encore inconnu, très-peu au courant de la langue, la crainte me prit de m'égarer; j'allais rebrousser chemin, lorsque tout-è-coup, au milieu de cette solitude, je vis apparaitre un moine a longue barbe et revêtu d'un habit brun. Avouez avec moi, qu'il y avait de quoi être surpris. Men premier mouvement fut celui du respect; je le saluai; mon second, celui de la curiosité; je le suivis.
On conQoit les émotions qu'on éprouve, lors-qu'égaré dans les vastes fórets de la Bohème ou les steppes boisées des Ardennes, Ton doit choisir entre plusieurs sentiers a peine tracés.
On analyse assez bien des sensations encore, en suivant les sentiers périlleux des Alpes,
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i la merci d'un guide qu'on nc connait pas; mais jamais jene me suis rendu compte des sentiments qui ra'agitaient, lorsquc, poussé par une indis-crète curiosité, je m'enfongai, ü la suite du moi-ne, dans ce bois solitaire.
Bientót, je pus me flatter d'avoir rencontré dans l'ermite un homme des plus affables et d'avoir trouvé daus sa conversation Ie charme d'un aimable compagnon. Presqu'a la cimc de lamon-tague sont situcs l'ermitage et la chapelle du Schaesberg, si fréquentés. En étó, il y a même un jour spécial pendant lequel la foule s'y rend en procession. Je me permis d'observer que la place était admirablement choisie pour celui qui, retiré du monde, voulait s'adonner a la retraite et a la dévotion.
— Eh bien, interrompit le respectable solitaire, il y eut un temps, oü cette place, consa-crée dc longue date au culte du Seigneur, fut profanée par d'horribles blasphemes, par les plus ignobles debauches. Ce fut d'abord dans la nuit du 15 au 1G mars ITGO, qu'arriva sur ces lieux. dans le but de dévaliser les pauvres crmi-tes et plus tard a l'effet de se réunir, une bande de brigands, appelée « Bokkenrijders » dont pro-bablement vous avez déja entendu parler.
En cffet, depuis que je me trouvais a Fauque-mont, s'était la seconde fois qu'on me parlait de ces terribles vauriens. Pour nc pas lasser la patience du lecteur, je vais tout de suite lui donner les quclques détails intéressants, que j'ai
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recueillis sur le compte de cos aimables citoyens.
Au commencement, c'est-a-dire, dans la première moitié du dix-huitième siècle, on vit arri-ver une troupe de vagabonds, portant le nom d'Egyptiens. Cesmessieurs(voler clandestinement était leur veritable profession) étaient venus dans le pays, pour dévoiler l'avenir et faire l'éducation des enfants ; le peuple en vint a avoir des relations avec ces gens. « Et n'est-il pas naturel, » dit 1'auteur iiollandais auquel j'emprunte cette particularité, « que ceux qui étaient en contact journalier avec cette canaille, apprirent leurs manières et gagnèrent leurs penchants ? »
Continuons de traduire pour donner un échan-tillon de l'estime que eet écrivain éprouve pour la mémoire de ces honorables instituteurs et pro-phètes.
Je traduis done littéralement, autant que possible : « Après que cette troupe infernale eut suf-lisamment semé dans l'esprit volage des habitants, leurs grains de méchanceté et de brigandage, oui, lorsque cette semence de mauvaise herbe cut suffisament poussée, alors les juges ont expulsé cette abominable nation, dont plu-sieurs membres ont été flagcllés, marqués ou mis a mort. » Quelques-uns cependant, étant parvenus a se cacher et s'étant adjoints quelques dróles des contrées environnantes, ont constitué les élements primitifs de la trop fameuse bande. La première plaisanterie de ces horribles farceurs fut de s'emparer d'une personne, de la déshabiller
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ct de la pendre dans cette toilette primitive de-vant la cheminée.
Ceei arriva dans Ie mois d'Aoüt de l'année ITiS. Bientót Fassociation prit des proportions si vastes et fut si bien conduite, que la police ne put découvrir les coupables. Personne ne les connaissait; personne ne pouvait dire en toute conflance, que son propre frère ou père, n'appar-tenait pas a la bande.
Tous fréquentaient leségliseset ceuxd'entr'eux qui avaient pris part au meurtre d'un parent, assis-taient au funérailles de leur victirae. Au pillage ils étaient masqués et s'interpellaient sous de faux noms. lis s'exercaient a Fescrime et a la boxe, dans des endroits secrets, qui servaient en même temps de salie de reunion et de debauches. La désobéissancc au capitaine, ct Finfidélité étaient punies par Ia mort du coup able, de sa femme ct de ses enfants.
La terreur qu'ils inpiraient était si grande, que personne neut osé seconder la police dans ses recherches.
Beaucoup de gens avaient la ferme conviction que les bandits étaient en rapport avec le démon qu'aucun homme ne pouvait découvrir leurs retraites; que ni fer, ni acier, nc pouvait leur résis-ter ; qu'aucune distance ne pouvait les arrcter d'une seconde; et qu'au moindre signe, le diable leur envoyait des boucs infernaux, pour les con-duire a travers les airs. De cette dernièrc croy-ance leur nom de « Bokkenrijders. »
lis savaient toujours s'introduire clans los maisons au moyen de fausses clefs. Aussilót ils garottaient les personnes, s'emparaient des valours et partageaient le butin. Si rune des vicli-mos avail le malheur de reconnaitre l'un des masques et d'en faire la remarque, aussitöt lui et tons ses compagnons ótaient mis a mort.
Mais aussi, lorsqu'enfin la justice parvint a mettre la main sur los coupables, los représailles furent terribles.
293 furent pondus ou brides.
15 sent morts en prison.
31 s'évadèront.
93 s'enfuirent ou furent exiles.
La justice out bion do la peine a obtenir des aveux, malgré les plus horribles tortures. Presque tons ces gons gardaiont lour serment de iidólité, avoc une énergie incroyable.
Cost de !a fagon suivante que so fit attrapor un mombre novice de la bandc :
II faisait jour a peine, lorsqu'un habitant do Fauquomont ouvrait les volets do sa fonctro. Au memo instant passait assez rapidement dans la rue un fermior des environs.
« Comment, eamarado, » lui cria-t-il, « déja en route de si bonne heure. Quelle bonneaubaine, capable de vous tirer du lit do si boa matin ? » « Ah ! mais ! vous no savez done pas, » lui fut répondu, « lout le village de Margraten est déja sur pied ; celto nuit, dos voleurs se sont in-troduits dans régliso. »
Ceci, vous 1c comprenez, excita au plus haut point Ia curiosilé du fauquemontois. La conversation se trouva bientót plus vivement engagée : « Oui' » secria 1c cultivatcur, « il paraït que la bande ctait arrivée vers minuit. On avait ou-vert les portes au raoyen de fausscs clefs, et déja les voleurs setaient emparés de plusieurs objets cn or. lis marchaicnt aussi doucement que possible pour nc pas donner levcil ; on ne parlait qua voix basse. Voila que tout-è-coup, les clocbcs de l'église se metteut a sonner d'une manièrc formidable. Cela faisait un cffet, mais un cfiet extraordinaire.
Chacun de prendi-e les jambes au cou ; c'était a qui courait le plus vitc, tellement la peur était k nos trousses. »
Deux jouijs aprós, mon individu courait entre deux gendarmes jusqu'è la potence.
On raconte que le curé, s'étant aper^u de la chose, était entré a l'église par une porte de communication avec le presbytère et s'était servi des cloches pour demander du secours.
Voici un échantillon du sangfroid de ces gens: Le jour d'une exécution, la foule encombrait la place du spectacle ; certains marchands éta-blissaientsur des tréteauxdes débits de boissonset de comestibles, ce qui fut souvent la cause indirecte de querelles entre les spectateurs. Pareille dispute s'éleva un jour auprès d'une de ces tables, au moment oü l'un des condamnés gravissait l'échelle fatale.
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Deux échelons lui restaient h monter, mais la dispute prit de telles proportions; les injures de-vinrent si violentes, que l'mfortuné s'arrêta pour considérer les querelleurs. Un rire de gaieté il-lumina son visage et s'adressant au bourreau : « Compère, lui dit-il, en voila deux, qui fmiront comine voire serviteur. » Quelques instants après son cadavre balangait au bout d'une corde.
Pour dépister la police, le capitaine de ces bandits ordonna èi ses hommes, de s'introduire chez lui la nuit, de briser porte et fenêtres, et de le garotter dans sa chambre a coucher. Ainsi trouvé le lendemain par les employés de la justice, tout soupcon s'écartait de sa personne, et en racontant des détails inventés, le perfide accu-sait alors des gens tout-a-fait innocents. Cela prouve, qu'il est toujours imprudent, dans ce genre de récit, de citer le nom des executes, car il arrive ainsi, de clouer injustement au pilori de la diffamation des noms parfaitement bo-norables.
Dans ces sortes d'bistoires, une anecdote est ordinairement la bien-venue ; aussi vais-je vous en raconter une, pour terminer ce chapitrc ;
« Parmi les personnes notables, d'un des villages environnants Fauquemont, se trouvaient au premier rang, le curé et lun de ses amis.
Depuis de longuesannées, ces deux intimespas-saient leurs soirées a disputer les chances du jeu ou a déviser de la terrible bande. Un soir, notre ami arriva plus tót que d'habitude ; sa phy-
sionomie, toujours empreinte de douceur et de bonté, exprimait cctte fois une satisfaction des plus sympathiques.
— Eh bien, curé, quelles sont les nouvelles du jour ?
. bonnes, mon cher. Aujourd'hui
meme, un borame, porteur dune sommc de six cents florins, a passé au milieu des Bokkenrijders, sans quon ait songé a rinquiéter. II eut été tacheux pour mon églisc et pour les pauvres, s ils m eussent arrêté.
1 ai fait, mon bon cure. Mais, reprit son compagnon en lui langant le plus aimable sourire, avouez que c'est fort désagréable pour moi, chef de la bande, de devoir profiler do voire confl-dence pour emprunter a perpétuilé et sans intéréts, une somme égale k celle que vous venez de toucher.
— Toujours le meme farceur ! et ce disantle curé eclata de rire en donnant une petite tape d amitie sur lepaule de 1'honorable citoycn telui-ci participa do tout son coeur a la bonne humeur du prêtre, et entama avec lui un concert de fous-rires. Cependant a peine eet accès lut-il passé :
Voj/ons, curé, cestserieux. Je dois avoir 1 argent. L affaire est comme je vous lexplique. '
Nouvelle hilarité de la part dc son compagnon.
1 endant cette scène les deux personna^es s'é-taient approchés de la fenètre. L'aimahle farceur lira de sa poche un petit sifflet dargent et au
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même instant, une dizaine d'hommes, barbus, sales, munis de poignards, vinrent saluer les deuxinterlocteurs. Le capitaine, toujours souriant se retourna pour juger de l'effet. Mais un treni-blement nerveux avait remplacé Ia gaieté et l'é-vanouissement fut la suite de la frayeur.
Aussitót il remit a ses hommes le sac d'argent, jeta de l'eau froide sur la tête du prêtre et sortit en disant ;
Tout de même, il a eu peur, le bonhomme. Mais aussi a-t-il Men ri pour son argent!
r^IlOMKX VI»!; V IIOUXHEM pai* le PLENKERT.
4 Homment » se dira le promeneur « c'est par ici, le long de ces masures, qu'on ose nous in-diquer le site enehanteur désignc sous le nom de « Plenkert. »
Patience, cher lecteur; une cinquantaine de pas, et vous vous trouverez amplement dédom-magé dun instant de mauvaise humeur.
En effet, y a-t-il quelque chose de plus beau qu'une colline couverte de noiseticrs, au milieu desquels s'élèvent de distance en distance les troncsélancés desfrênes, deschênesetdesormes; de plus admirable, que les flancs d'une colline, entrecoupés de rochers d'oü jaillit la source lim-
pide ; ce même cóté garni de grottes, dont la sombre cavité semble disparaitre, sous le vert des sapins. Qu'y a-t-il de plus agréable, que la verte montagne, oü les senliers, les plus tenta-teurs pour s'égarer a deux, vous conduisent vers la hauteur a des points de vue magnifiques ? ? ?
Tout cela se trouve réuni au coté gauche du chcmin, qui conduit a travers le Plenkert.
Etcependant; bien souvent vous vous sur-prendrez a en détacher vos regards, pour les lancer a l'autre coté par dessus les haïes, et leur faireparcourirl'agréable tapis de verdure, émaillé de mille fleurs, que foulent les nombreux trou-peaux de gros bétail.
Oui; cetendroitréunit, quoique moins puissam-raent, toutes les beautés d'un paysage suisse. Pendant la route, retournez-vous parfois, pour considérer le chemin parcouru et jouir ainsi doublement.
Au bout de quelques minutes, vous apercevez a voire droite, au bord de la Geule, un établissement, désigné sous le nom de « Moulin dpon-dre. » Ce dernier mot vous fait frémir en son-geant aux douloureuses catastrophes, dont eet endroit fut le théatre, alors que l'Etat se servait de eet emplacement pour la fabrication du terrible élément. Bien des gens vous enparlcront encore avec horreur ; tel vous racontera : qua la dernière explosion, une jambe mutilée vint tom-ber a ses cótés ; qu'il a vu des viscères entrela-cés dans les branches des arbres voisins de
1 etablissement; tel autre vous dira : mon père y a péri.
En eonsidérant rinseription, on s'émeut invo-lontairement; on se rapporto è I'instant de l'ex-plosion et Fon hate le pas. On fait des reflexions pen rassurantes. Du reste; l'endroit oü l'on se trouve est une de ces places particulières dans Ia nature, oü l'imagination se plait k prêter aux moindres incidents des proportions gigantesques. C'est ridicule peut-être ; mais l'esprit poétique y trouve des charmes, et ion est heureux apeu de frais. II est regrettable qu'un emplacement, tel que celui du moulin a poudre, au bord d'un fort courant d'eau, en contact avec toutes les communications, ne soit pas exploité par quelque grand commercant. Fauquemont y gagnerait, et particuüèrement l'industrie, qui choisirait la son domicile.
Bientöt vous quittcz les collines ct a travers les champs de blo, parsemós de bluets, un étroit sentier vous mêne au Koanigswinkel.ix]
Que n'ai-je, o Fauquemontois, les pinceaux de votre célèbre compatriote, Charles Quaedvlieg, (2)
(1) Magasin du Roi.'
(2) Cet éminent artislc, ni a Fauijiiomont vers lS2o, ajoule un grand nom a Ia listo des peintres nöcrlandais. Aprés avoir o|jt(!nu, los premiers prix do pointures a Dusseklorf el Anvers. il se Inmva en 4837 au grand concours ;i Rome. oii il rempoi ta |., meilaiili- . i premier prix. malgré i'anuence d'un grand nombre d'artistes aceourus de lous les points de Tunivcrs.
II y quelques mois a peine, son atelier fut honoré par la visite de S. M. la Reine d'HoIIande.
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pour peindre ce petit pont sur Ia Geule ; pour repandre au loin les beautés champètres de vos environs. A ce point, au bord de la petite rivière et du pont d'un effet charmant, arrêtez-vous un instant, pour admirer.
La, c'est une charmante chose, que de voir le soleil se pencher sur la colline et reprendre è travers la verdure ses derniers rayons ; alors,
quand la place est reprise par les ombres et le silence; quand expire au loin le dernier chant du laboureur qui retourne a ses foyers ; quand le vent se tait dans le feuillage, cette nature rusti-que semble se recueillir pour s'adonner au repos.
Cette disparition du soleil; ces ombres des- (
cendant sur la campagne; cette fin du jour ; tout se prête a l'illusion.
Cette venue du soir me semblait si douce ;
avait un caractère de sérenité si nouveau pour moi, que je m'assis sur l'herbe au bord de la petite rivière, pour retremper mon esprit dans ce calme salutaire. Alors l'imagination s'exalta; il semblait qua mes pieds, l'eau venait en mur-murant caresser une touffe de Myosotis. Myo-sotis! fleur charmante; fleur si tendre; emblème de l'affection et de l'espérance, si cher aux amou-reux !
pour toi, les vers suivants, qui rap-pelleront peut-être au lecteur un des moments
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I
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les plus agréables de sa vie, ceux de l'insou-ciance et de la jeunesse.
^arriva t-il jamais qu'cn parcourant les bois, Hn suivant les ruisseaux et sur leurs bords étroits,
gille fols plus heureux lorsquc l'esprit tranquille Oubliait la fatigue et les bruits de la ville;
duissant aux propos de vos jcuues amis Wavardages légers, insouciance, oublis,
t-'e sourire chez vous disparut du visage ?
«nstant dedoux bonbeur! quand lameaquelqu'image Wst tremblante d'amour. C'est ainsi que souvent Néphir fait frisonner la fleur en caressant,
Pendant qu'uu sentiment, impossible a décrire, ^noblissait votre ame, au moment oü le rire ^'enfuiait de vos traits, vos yeux, ceux de l'amant
Venaient d'apercevoir, dans l'eau se reflettant,
Ceux du Myosotis. Ne pouvant pas s etendre,
S'élever jusqu'k vous, la fleur avait su prendre Un éclat plus ardent pour fixer le regard.
Et vous glisser ces mots : « Un baiser de sa part. » Cette charmante fleur nest pas assez cruelle Pourdemander; «Etvous, vous souvenez-vous d'clle?» Et pourtant son regard sévère quoique doux. Dit: « Ne l'oubliez pas puisqu'elle est toute a vous. » Mais le Myosotis sait si bien vous le dire ;
Vous rappelle si bien le regard, le sourire De celle qu'on chérit, que de sincères pleurs Arrosent par vos yeux ces caressantes fleurs ;
— G* —
Enfin vous les cucillcz de voire main tremblante. Et rcmblème charmant d'une affection constante Sur votrc jeune cocur dun doux amour rempli,
Vient longtemps reposer pour empècher l'oubli. (t)
Mais trêve a ccs reveries, imagination vaga-bonde ! Le Iccleur, impalienté par toutes ces inflexions, m'aurait plus d'une fois tiré les oreilles pour se faire conduire k Ilouthem et pour con-naitre Ia via du patron de eet endroit.
Pour celui qui se plait ü la campagne, la promenade du Kcenigswinkel jusquau village de Ilouthem, n'est pas saus charmes. Pendant quel-que temps, vous marchez avec Ie cours sautil-lant de Ia Geule, pour le quitter brusquement et suivre outre Ia verdure, Ie long d'une haie cou-ronnée de bouquets d'aubépines, un chemin creux, aussi capricieux dans ses détours que la petite rivière que vous abandounez. Aussitót sur la grande route, vous apercevez devant vous l'é-glise de Houthem, Ie but de notre visite.
Sur les cótés intérieurs de cette église se trouventpeints les différents épisodes de Ia vie de St. Gerlache. Ne nous supposant pas les con-naissances, ni les dispositions nécessaires pour juger de ces peintures, nous nous dispenserons de fatiguer ie lecteur, par un jugement témé-raire sur les mérites artistiques de ces tableaux.
(i) Extrait de ; Album poétique et langaije des fleur* en vingt-qmtrc bouquets, faxlc même auteur. Oet ouvnige.se publiera prochainement.
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Nous décrirons avec la vie du saint, les cir-constances interessantes qu'ils représentant.
Issu d'une familie illustre des environs de Maestricht, Gerlache (i) fut élevé de bonne heure dans le maniement des armes. II était grand et fort, intelligent et courageux.
Conflant dans ravenir,dominéparrinsouciance propre k cet age, il recherchait le monde et s a-donnait souvent aux distractions les plus dés-ordonnées.
Parmi les seigneurs de son époque et de ses amis, se trouvait Goswin II de Wassenberg, seigneur de Fauquemont et de Heinsberg, qui lui était particulièrement attaché.
Vers cette époque, le comte de Miers fit an-noncer dans toutes les places de ce pays, qu'un grand tournoi aurait lieu dans la capitale, et il invitait en même temps tous les chevaliers d'y prendre part ou du moins d'y assister.
Gerlache se mit au rang des premiers. A la tête d'une troupe de braves, le bouclier au bras, la lance au poi.ug et monté sur un superbe coursier, il se rendit a Juliers, oü s était réuni un grand nombre de chevaliers.
Pendant que notre héros se réjouissait de montrer dans un combat meurtrier, ses forces et sa bravoure; que déja il se voyait salué vain-queur et couronné de lauriers, un triste accident se passait a Fauquemont.
(i) On dit qu'il est ne au chiileau de Fauquemont.
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Se promenanl, sur les remparts du castel, dans un char altelé de quatre chevaux, Ia dame de Gerlaelie rêvait au jeune absent, qui allait encore lui revenir couvert de gloire. Tout-a-coup l'essieu se brise, Ie« chevaux s'effrayent et le char est précipité du haut des murs dans l'ab'me. Le précipice regut les débris de l'opulence et le ca-davre de la jeune dame.
Ce fut au moment d'entrer en lice, que Gerlaelie regut la fatale nouvelle. Sa douleur fut immense. 11 abaudonna ses amis, le jeu, et s'éloigna de tout cc qui put lui rappeler les jouissances passées.
Après avoir réglé ses affaires, Gerlache fit, pieds nus, revêtu d'un cilice et couvert de son heaume d'acier, le pélérinage de Rome. La, il visita l'église des apótres, se confessa 'et sur le conseil du pape Eugène III, il se rendit en Palestine, oü il ferait penitence pendant sept ans.
A Jerusalem,-le converti se mit au service des moines de I'ordre de Si Jean, aujourd'hui Chevaliers de Malle, et demanda qu'on lui fit remplir les fonctions les plus humiiiantes.
Les sept ans, Gorlache les passa, comme le fils perdu de l'évangile, a garder les troupeaux, mais employarit 1c reste de son temps a prier, a jeüner et a s'iulligcr des penitences corporelles.
En quittant la terre sainte, Gerlache se rendit a Rome, oü le pape, Alexandre IV, lui prescrivit unc règle de comluile. Revenu dans son pays, Ie vertueux pélerin alla vivre en solitaire, éta-
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blissant sa demeure dans au vieux clicue, rendu creux par son grand age. La, Gerlaclie fit de la pierre sa couche, du pain et de l'eau sa nourriture habituelle.
II abandonna, aux pauvres et aux voyageurs, les reveuus de son immense fortune.
Tous les jours, par n'importe quel temps, l'er-mite se rendit, pieds nus, a Maestricht, c'est-a-dire, k deux lieues deHouthem, pour prior sur le tombeau de St Servais.
G'est a St Gerlache qu'cn attribue le miracle que voiei :
Un jour d'hiver, qu'il faisait avcu un de ses voisins le pélerinage au tombeau de St Servais, son compagnon se plaignit pendant la route, du froid insupportable qui ie saisissait: « mon ami,» lui dit Gerlache, « placez vos pieds la' oü j'ai posé les miens, peut-être qu'alors il vous ira mieux. » En eiTct; a peine fbomme se fut-il soumis au conseil du saint, qu'une douce chaleur se répandit par tous ses membres.
line autre fois il lui arriva de puiser du vin, alors qu'il voulut monter du puits, l'eau destinée a ses repas. Aujourd'hui encore cette citerne porte le nom de : puits de saint Gerlache, en souvenir de ce miracle.
Après que Ie Seigneur, dit la chronique hol-landaise, feut désigné au monde par un grand nombre deprodiges; que lepeuplefut venu en foule a Houtbem pour voir le grand saint, il plüt au Tout-Puissant d'appelera lui son fidéle serviteur.
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Gerlache mourut le 5 janvier 1172.
Après sa mort, des milliers de pélerins arri-vèrent de tous les cótés invoquer son secours, ct bientót la chapelle en bois, dans laquelle on avait déposé les restes mortels du saint, fut remplacée par une belle église.
ad e
clans les lt; SOXJXERRilXIVS, »
ne promenade tout-a-fait fantastique,et loin d'etre désagréable, c'est un parcours aux flambeaux dans les carrières. Mais, avant de nous avancer dans ce labyrinthe de galeries souterrai-nes, avant de nous séparer pendant quelques heures du monde et de la lurnière du jour, don-nons quelques détails sur l'origine et le produit des montagnes, qui les ren ferment.
Elless'étendentdepuisFauquemontjusquaMaes-tricht et sont narticulièrement intéressantes pour les géologues. Elles appartiennent a la formation Neptunienne ; ce qui veut dire, qu'elles ont été formées sous l'eau, peut-être dans lamer. Ainsi le
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prouverait le plus grand nombrede petrifications ou rcstcs dc toutcs sortes d'animaux, qui ne peuvent vivre que dans la mer. Mais a ce propos, produisons ropinion du savant géologuo M. C. Ubaghs: en parcilie matière quelques lignes d'un homme compétent font plus de plai-sir que plusieurs pages d'un écrivain fantaisiste.
« Le Géologuo » dit-il cc recherche Forigine de cc la croüle de cette terre que nous habitons, et cc nous apprend, comme pour noire duché, (i) par cc exemple, que la ou Tceil contemplc aujourd'hui cc ces vertes collines, ces riantes el paisibles val-cc léés, sous le sol que nous foulons, et oii l'ar-cc chéologue découvre ces objets si intéressants cc pourquiconque étudie l'histoire, que la, disons-cc nous, mugissait autrefois une mer profonde cc renfermant dans son sein, comme dans un im-cc mensetombeau, des milliards.d'êtrcs organisés; cc étudiant de prés la composition des couches, cc il les trouve formées prcsquuuiquement de res-cc tes organiques ; il découvre tout un monde de cc corpuscules, qu'il faudrait chercher aujourd'hui cc dans les mers des tropiques ; il met au jour cc des restcs d'animaux dune dimension prodi-cc gieuse, témoin le Mosasaurus (2) qui doit avoir cc atteint mie longueur de 24 pieds, et qui habi-cc tail cette mer. »
La pierre qu'on extrait des carrières, est de
(1) Le Limbourg.
(2) Trouvé pres de Maastricht.
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la même qualité que celle qui se trouve sur I'autre bord de la Mouse, prés de Maestricht; elle est généralement connue sous le nom de pierre de sable, en llamand mergelsteen. C'est une espèee de tuf, en général trés tendre et qui peut être taillé avec facilité au moyen dun instrument tranchant; il est rude au toucher, happe fai-blement a la langue et exhale une odeur argi-leuse. Sa couleur est ordinairement jaunatre et passé rarement au gris ou au blanc sale ; et dans ce cas, il est beaucoup moins tendre, dun grain plus fin et plus compacte.
D'aprés monsieur Jos. Habets, vicaire è Bergh-et-Terblyt, président de la Société d'Archéologie dans le duché du Limbourg, ces carrières se-raient exploitées depuis plus de dix-huit siécles. La grande reputation de eet archéologue ; le profond mérite qu'on attribue a ses ouvrages, ne permettent pas de idouter de cette intéressante communication.
Dans Ie chapitre qui suit nous citerons plus d'une fois, eet agréable savant.
Les publications de la Société d'Archéologie dans le duché du Limbourg, auxquelles nous em-pruntons ces particularités, sont du plus grand intérêt pour quiconque s'occupe ou désire se mettre au fait de cette bolle science. Pendant les deux saisons que j'ai passées a Fauquemont, plus d'une fois je me suis surpris a feuilleter, durant de longues heures, les pages de cotte exellent ouvrage.
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Mais revenons a notre Promenade souterraine, ou plutót commengons la.
Après avoir allumé les flambeaux, ce sont les premiers pas qui causent les plus fortes émo-tiens. Peu a peu, vous vous familiarisez avec cette immobilité souterraine, avec Ia lumière vacillante de la torche, et, cependant vous vous sentez enfant. Vous êtes entré homme, ayaut è votre suite le guide de la montagne. Mais, ici les róles changent. Vous suivez maintenant celui que vous précédiez. Vous vous rapprochez autant que possible de celui que vous avez cru votredomestique, que vous avez peut-être méprisé. Lui seul con-nait le chemin dans cet immense labyrinthe, oil les piliers sont les mêmes ; oü les mille chemins se ressemblent. II est votre supérieur; pendant quelques heurcs il sera votre providence. C'est a ses cótés que vous trouverez quelqu'assurance ; c'est lui qui vous apprendra I'histoire de la montagne, commc si vous étiez un simple écolier.
La première chose qu'on vous montrera dans les souterrains de Fauquemont, est unc niche dans le mur. C'est la, qua la fin du dernier siècle, on alluma du souff're pour chasser les républicains qui voulaient pénétrer dans les carrières, oü les Fauquemontois avaient mené leurs troupeaux k l'abri. La même chose se présenta en 1814, a l'égard des cosaques.
Parfois on rencontre sur ies murailles de trés beaux dessins ; et en plus grand nombre des inscriptions. Parmi les premiers, je ferai remarquer
ceux dc Monsieur Charles Qnaedvlieg ; parmi les derniers, voicicelle qui me pint : M. X.,ci-devant Boeteur a Beek, aujourdliui rentier (ex petit) a ajouté mie main maligne.
Voici les noms et les dales dontj'ai pris note: Booms, IGoi : Joes Reiner Spec, anno 16S4 ; Rhetor Moes, 1G54 ; La Baronne de llesselles, 1684 ; Baronne de Hoen de Carlilles, dame de Vieux-Fauquemont, 1684 ; Elisabeth Bredana ; Jacobus van Oudskoren ; Gustina Maria Baronne van Hoeven, 6 mertz ; Baron van Lennep, 1665;
On voit encore aujourd'hui les Ghambres qui avaient été particulièrement destinées aux per-sonnes de Fauquemont, pendant les temps de guerre ; de même, les étables et les crèches h 1 usage des bestiaux.
Tout est intéressant, mais cc qui lest avant tout, c'est la promenade même, a travers ces in-nombrables galeries. Ainsimarcher tout seul, loin du monde ; au dessus de vous, cette masse énorme, dont le plus petit éboulement vous reduirait en poussièrc, pour la meier brutallementa celles de ses décombres. Lü, loin de tout être humaiu, vous tremblez involontairement. C'est une nature a part dans une nuit éternelle.
Aucun bruit ne parvient jusqu'a vous; vous ètez complètement isolé. Tout Fauquemont serait en feu, que vous n'en sauriez rien. Vous marchcz, mais vos idéés s'arrêtent, loin de vous, a tous les endroits qui peuvent les attirer. Vous êtez assis, mais vos inflexions s'envolent de coins
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en coins, revoir ce que vous avcz parcouru.
Cependant, l'endroit poétique par excellence, la place aux sensations, c'est le « Drie-Drupp. » Après avoir erré dans ces galeries souterraines, aux voutes abaissées, on se trouve comme par enchantement, transporté dans une construction féerique. On avance, oui, mais, c'est lentement,
prudemment..... on entre dans rincompréhen-
sible, le surnaturel. Des élancements hardis ; des constructions colossales, grandioses ; on di-rait la dcmeure d'une de ces divinités terribles, défavorables au genre humain.
Soudain Ton entend a l'intervalle de trois secondes, un bruit mystérieux, la chute d'une goutte d'eau. On la voit. L'on est dans les carrières de Fauquemont, mais l'on se croit hors de l'univers. Vous êtez seul, mais vous sentez un être puissant, inconnu, vous fixer d'un regard invisible.
Poètes ou vous, jeunes esprits, qui recher-chez les émotions délicates, allez ! allez ! le flambeau a la main, allez seul, vous asseoir après de ce « Drie-Drupp. »Et si vous ne sentez pas tout votre être bouleversé. si vous ne croyez pas être transporté du monde dans un palais féerique, renoncez a la poésie.
II faut un génie, un génie comme le monde n'en a pas encore livré, pour peindre, dans leur vérité, les extases, les serrements de cceur, qu'en-gendre l'aspect de cette simple goutte, qui tombe depuis des siècles, a des intervalles égaux.
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Grand Dieu ! la nature est belle, mais je ne la croyais pas si étrange que cela !
Je regrette de n'avoir trouvé è eet endroit, quelques beaux vers frangais. Je prends les trois inscriptions qui s'y trouvent, parcequ'elles appar-tiennent a trois langues différentes.
Gutta cavat lapidem non vi, sed soepe cadexdo
Sic homo fit doctls, non vi, sed soepe studendo.
Was sind, bei solchem wunderbahren Bau, Von der Geschöpfen Schwachste aufgeführt Die Werken des verslandbegabten Menschen Die Tempel, Mausolëen und Palasten ?
Slaub in der Wage, Staiibchen in der Wind Bei solchen Meisterstiicken in der Tiefe. Was siud die Monumenten alter Zeit, Aegyptens graue Hieroglypen Hiigel Die selber ihre Sprache iiberleben,
Die noch zum Aug' in todten Bildern reden, Doch dem Verstande ihren Sinn verhiillen. Die Pyramiden würden blosse Ecker, Die Biesenstadten aus Granit gemetselt,
Fiir solchen Bau nur eit'le Zierden sein Wie diesen (Wunderberg) von Katakomben, Mit Mumien der Würmchen die ihm bauten.
OP HET EEUWIG STROOMEND BEEKJE.
Hier is 't beekje der Poeten Niet in 't liegend Griekenland,
Hier heett menigeen gesleten Menig uurtje aan uw strand.
OMNIS CALX EX VIVO.
Ja, hier wil ik vertoeven Om te schrijven op 't zand,
Van u die, hier beneden vloeijet, Al wat ik maar kan.
Streelt mijn opgetogen zinnen Met uw held'ren waterval.
Zoo zal ik uw lof beginnen In dit onderaardsche dal.
Beekje als men u ziet vloeijen. Als men hoort uw zoet geruisch. Voelt men al' zijn' zinnen gloeijen En verhuizen druk en kruis.
Beekje vol van minnelijkheden, Beekje vol van zoete lust.
Stroomt in alle eeuwigheden,
Nooit verdroog' uw vochte kust. Daarna zal Phebus met zijn' stralen. Al' uw dropjes, al uw nat.
Opwaarts bij de sterren halen.
Boven d'oude Valkenstad.
Cc qui li eat le plus au occur des Fauquemon-lois, c'est la ChapeUe. Cost la, qu'ont demeuré leurs prêlres, pendant les temps dc persécution, a la fin du siècle dernier ; c'est dans cette cha-pelle que furent baptises plusieurs Fauquemon-tois ; c'est la, que vécurent longtemps les deux ccclésiastiquês, Schepers, curé de Berg et Max De La Croix. Ce dernier étant verm a Fauque-sur la demandc de sou beau-frère, le bourg-mestrc Jean-IIenri Quaedvlieg, resta pendant 21 mois dans cette demeure souterraine, pour rem.
plir onvers les chrétiens privés de leur pasteur, les offices dn saint ministère. C'est clans les souterrains, quo les parents vinrent dóposèr lours nouveaux nés, pour los faire baptiser au piod de la Croix.
Un jour, le gouvernement trangais envoya de Maestricht une colonne mobile (i) aux carrières de Fauquemont, pour rechercher les prêtres caches, et les hommes qui par la luite voulaient se soustraire au service militaire. La troupe s'em-para des mineurs pour sen servir comme otages et pourvuc de flambeaux, elle s'avantura dans la montagne.
Pendant ce temps, le prètre se tint dans la chapello dont renlrée avait été soigneusement masquée par des blocs de sable.
Lorsqu'après maint dótour, la troupe se fut déja bien avancée dans Ia montage, un des braves ouvriers, inspire par ce sincere patriotisme qui caractérise le «c Bergmann », se retourna sur le commandant « Monsieur » lui dit-il « si vous voulez visiter toute la carrière, ordonnez a vos gens deteindre la moitié des flambeaux. » La ruse réussit. L'oflicier comprit l'avertissemont, et, s'exagérant de beaucoup, 1 etendue de la sombre cavité, il s'cmpressa de rechercher le jour.
En 1837, Monsieur Félix Quaedvlieg, fils de la plus jeune soeur du respectable prêtre de la Croix, a fait complètement restauror la chapelleet
(i) Troupe de 0 soldats.
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les places avoisinantes. II a fait rétablire en eet endroit les 12 petits bancs de pierre, remettre des chandeliers et enfin tout ce qui peut reporter les souvenirs è cette époque de persécution,
En outre, il y a fait placer quelques intéres-santes inscriptions.
Ces inscriptions, les voici :
Devant l'entrée :
Hersteld in 1857.
A.M. D. G.
Dans la petite chambre a droite :
Kabinet van den Heer Max de la Groix, overleden te Valkenburg, den 27 december 1833.
Dans le coin le plus retiré de la grande salie;
Rustplaats van den Heer Schepers, overleden te Berg, den 27 februari] 1833.
Sur un des cótés de la même salie ;
Woon- en Eetzaal.
Vers ie milieu de l'autre cóté :
In 1798-1800 zijn de ecrw. heeren Schepers, pastoor van Berg, en Max de la Groix, priester, hier verborgen geweest door Joannes Ubachgs, overleden te Valkenburg, den 30 April 1833.
Dans la Ghapelle même, devant l'autel :
In deze Kapel is het H. Misoffer 21 maanden opgedragen.
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Au cótó droit:
De Heer was waarlijk in deze plaats. Gen. xxviii 16
Au cóté gauche :
De plaets waer gij staet is heilig. Exod. iii, s.
Un jour, je m'en souviendrai toute ma vie, ma fiancée et moi, nous alliens visiter les carrières. Nous avions avec nous, le compagnon habituei de nos promenades, notre chien fidéle. Je con-naissais parfaitement les voies principales sous la montagne, ce qui nous dispensait de prendre un guide, aussi gênant qu'importim.
Nous sortions de la chapelle, si féconde en souvenirs. II nous semblait voir apparaitre les martyrs de la foi, qui avaient été si longtemps cachés dans les souterains. La Vierge, dessinée a l'entrée, ou plutót è notre sortie de la chapelle, paraissait nous sourire. Nous étions dans ces douces dispositions et ^ nos pas nous conduisant au hasard, nous faisaient parcourir, sans que nous nous en apercevions, les galeries si peu fréquentées du Paulusberg.
Notre grande préoccupation était de consti-tuer, en idéés, notre prochain ménage.
Depuis longtemps, nous avancions ainsi, dans
notre futur bonheur..... et dans les souterains.
Nous étions heureux.
Tout-a-coup, une sueur froide se répandit sur tout mon corps : Nous étions égarés.
En vain, nous tournions de tous les cótés ; en
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vain nous prcnions tons les chcmins; cen'étaient plus que des galeries étrangères. En vain, nous jetions des crisdésespórés, nous n'entcndions que lesréponses ironiquesderinsaisisableécho. Bien-tut la crainte se cliangca en épouvante et terreur; I'effrayant dédale s'allongea pour nous, en corridors ineonnus. Alors les plus pénibles angoisses vinrent serrer mon cceur. Je me (i^urai ces trois dominicains, égarés dans les carrières de Maes-trieht, et retrouvés avec des doigts rongés par la Faim.
Dieu ! quelle perspective ! Oui, lecteur, celui dont vous lisez ces lignes, éprouva pendant de de longues lieures, les cruelles emotions décrites par Jacques Dem.ile, dans les catacomben de Rome. C'est terrible, épouventable !
Combien de temps courumes-nous ainsi dans ce vaste sépulcre, poursuivis par la plus lolle terreur? Je ne sais, mais ce fut longtemps, bien longtemps.
De mon bras défaillant je ne pouvais plus sou-tenir ma compagiie éplorée. Elle s'assit ; des sanglots lui montèrent a la gorge et la pauvre enfant se mit a pleurer.
Je n'osais lui parler. Par sa main placéc dans les iniennes, je tacbai de lui communiquer quel-ques étincelles du courage qui me restait.
I'eu a pen, la fatigue vint clore ses paupières, une respiration dillicile vint soulever sa poitrine.
L'enfant dormait.
Alors je meloignai de quelques pas pour
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me Hyrer tout entier aux pénibles reflexions qui m'assiégeaient,
Lè, assis sur une pierre, la tête entre les mains, je considerais le vide. Quelle solitude ! quel horrible silence !
Ensevelis vivants, condamnés a mourir de faim, être retrouvés en squelettes, tout cela me semblait encore impossible. Hélas ! ce n'était que trop probable. Alors je me rappelai de nouveau les souffrances atroces de ceux qui nous avaient précédés dans une si triste fin. Maudit, cent fois maudit, notre stupide imprudence !
Quoique désespéré, j'éteignis la lampe afin de nous conserver de la lumière. Alors j'entendis les pénibles soupirs de ma compagne s eteindre dou-loureusement dans Teffrayante obscurité.
Pendant de longues heures je restais assis a
pleurer, a prier, a maudir, a délirer.....Lorqu'en-
fin 1'esprit se fut calmé, je calculai toutes les chances de salut qui nous restaient encore.
Des ouvriers.....impossible. Les heures de Ira-
travail devaient être passées.etpersonne ne nous savait dans les souterrains.
L'absence de toute heure ne m'avait pas permis de savoir depuis combien de temps nous nous étions égarés. Ceci surtout rendait la situation insupportable. Pour nous, la longueur du temps n etait pas k calculer ; une heure devait nous en paraitre un grand nombre. Tout cela nentrait pas en calcul dans men cerveau trouble, Dormir m etait impossible. Déjk je voyais la faim
et la soif faire cortège aux angoisses que j'endu-rais. Horreur ! j'apercevais, k quelque distance, étinceler le poignard du suicide.
Mais, outre mes principes, j'avais ü sauver une existence plus chère que la mienne. Sauver, quel mot risible !
Je frappais de mon front les murailles insen-sibles, cruelles, impitoyables.
Je m'affaissai sur le sol, et me saisissant aux cheveux, je répandis des pleurs d'impuissance et de rage.
Enfin, j'allai m'asseoir ü genoux devant celle qui devait être un jour ma femme et qui bien-tot ne serait plus qu'un cadavre. Je me mis è prier avec ferveur ; je ne croyais pas un Dien assez cruel pour nous faire mourir si misérable-ment. Je me relevai plein d'un nouveau courage. Je rallumai la lampe et j'écrivis sur la muraille cette invocation au seigneur :
Périr dans un tombeau, Grand Dieu, quel triste sort;
Se consumer vivant dans l'affreuse torture :
Voir un spectre planer sur un ange qui dort;
A vingt deux ans servir a la mort de pature ! !
Seigneur, mais c'est affreux ! Ah, laissez vivre encor'
RICHARD DE FLOREMOIsT et LAÜRE sa future !
Peut-être, me dis-je,- qu'un jour quelqu'infor-tuné viendra succomberacetle mêmc place; peut-être aussi, que quelque pauvre égaré viendra, se consoler a la lecture de ces vers.
A peine, avais-je fait ces réflexions, que j'en-tendis un bruit dans le lointain. Est-ce des pas d'homme ! Non. C'était mon Fidéle; la pauvre béte arrivait toute heureuse ; dans sa gueule elle tenait le mouchoir de ma flancée.
Alors une idéé me vint, je bondis de joie et ce mouvement reveilla ma compagne. Malheureux ! elle dormait si bien ; elle avait oublié toutes les angoisses. C'était peut-être après un beau songe quelle se retrouvait dans une horrible réalité. Qu'il était pénible, déchirant de la voir! «Laure,» lui dis-je, « relevez vous, nous sommes sauvés.» L'espoir vint succéder a la tristesse. Un sourire illumina son beau visage, et, confiante dans ma parole, elle se servit de mon bras pour être re-conduite a la vie.
Le lecteur devine le reste.
Ayant cacbé le mouchoir, j'ordonnais au chien de « chercher. » Après quelques hésitations, no-tre cher Fidéle se dirigea vers l'endroit oü le mouchoir avait été trouvé ; cela devait être prés du vieux Regnier (i) car c'est 1amp; qu'il s'arrcta. De la, le chemin m'était conuu. Alors, quelle joie ! quel bonheur!
Comme je l'ai dit, je n'oublierai de ma vie ce jour la.
A moins de s'étre trouvé dans une position analogue ü la nótre, le lecteur ne pourra se flgu-rer combien parait long, le temps passé dans de pareilles angoisses.
(i) Dessiné par Ch. Quaedvlieg.
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Je ne souhaite a personne les seize mauvais quarts-d heure que nous avons passés dans la montagne ; car, comme le dit Lesage :
Une année de plaisir passé comme le vent léger, mais un moment de chagrin est un siècle de tourments.
Les environs de Fauquemont aux temps aneiens.
Le peuple qui le premier a mis le picd sur notre sol avant l'invasion des Romains, et dont Ie nom n'est pas parvenu jusqu'a nous, se servait d'ustensiles en pierre. Ce peuple a laissé des traces après lui.
A l'ouest de Fauquemont se trouve la charmante bruyère de Bergh et Terblyt, formée d'une suite de monticules coupées par des gorges pro-fondes et accidentées par des rochers de tuf cal-caire.
Au bas de ces hauteurs pittoresques serpente la bruyante Geul au milieu de grands blocs de craie.
G'est la qu'on trouve de temps en temps des
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arraes en pierre, des haches, des traits, des mar-teaux, car ce peuple primitif ne connaissait pas encore le fer ou s'en servait rarement. Plus tard cependant, il a manié égaleraent des instruments en bronze, car, des endroits nouvellement mis en culture prés du hameau de Veldt, out mis è jour des objets de ce métal, des coins, des serpes, un couteau et d'autres tranchants.
Plusieurs de ces objets ont été rencontrés a i'intériéur de petits murs en terre de deux ou trois pieds de haut et imitant des traces de hut-tes ou de tentes. Les unes de ces huttes sont de forme ronde, d'autres de forme carrée. L'ouver-ture de presque toutes est du cóté de I'Orient. Peut-être que des individus de ce clan préhisto-rique n'ayant pu s'abriter dans les grottes de la montagne, ont essayé d'établir leurs pénates sur la hauteur, sous le ciel bleu.
Voila les rares données, que l'archéologie, science toute nouvelle, nous revèle sur nos premiers ancêtres, qui ont vécu è une époque fort éloignée et dont l'bistoire n'a pas enrégistré les faits et gestes. On leur donne, faute de termes plus précis, le nom d'habitant de la pierre polie et du bronze.
Passons maintenant a l'époque hisLorique.
Les environs de Fauquemont aux temps romains.
Les premiers peuples qui ont habité les environs de Fauquemont et dont l'bistoire nous a con-
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servé le notn, ont été les Eburons. César nous apprend qu'ils habitaient les deux bords de la Meuse, de manière tjutefois, que Ia plus grande partie restait entre ce fleuve et le Rhin.
L'an 699 de Rome, Ambiorix et Gativulcus, chefs des Eburons, formèrent le projet de dé-truire les légions romaines que César avait placé dans leur pays. Ce projet leur réussit; le camp fortifié d'Atuaca, que quelques bistoriens placent a Fauquemont ou dans les environs, fut pris et la défaite des Romains compléte. Les deux chefs romains, Sabinus et Cotta, périrent les armes è la main.
Lorsque César apprit ce désastre, il résolut de venger sur Ambiorix et les Eburons, le sang versé de ses légions. L'occasion s'en présenta l'année suivante. Leurs bourgs et leurs habitations furent livrés aux flammes et ce peuple cou-rageux fut extirpé jusqu'au dernier, par eet homme altier, dont quelques historiens ont tant próné la clémence.
Des Germains venus d'au-de-Iè du Rhin, vin-rent repeupler les déserts du pays. Un siècle après ce terrible événement, nous trouvons éta-blis au pays de Fauquemont et le quartier d'Ou-tre-Meuse, les Sunuques, une peuplade qui unit ses forces k celles du chef des Bataves, Claudius Civilis, lorsqu'en l'an 70 de l'ère chrétienne, ce-lui-ci défit le général romain Claudius Labeo prés de Maestricht, et servit avec honneur dans les ar-mées de l'empire. En l'année 124, la première
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cohorte des Sunuques se trouvait en Angleterre, sous le commandement d'Auluntus Claudianus. Les Sunuques avaient amp; Ia longue adopté les mceurs et les coutünies des romains. Quoique Germains d'origine et de langue, ils s étaient ro-manisés. La- déesse Fortune de leur pays, avait elle-même dü prendre une allure romaine ; elle s'appelle dans les inscriptions latines Dea Sunuc-salis.
De nombreuses recherches sur la presence des Sunuques et des Romains dans nos contrées, ont été instituées depuis peu par l'archéologue dis-tingué, que nous avons déja eu l'avantage de citer, M. Habets, vicaire a Bergh et Terblyt. Desfouillesoperées sous ses yeux durant l'espace de plusieurs années, ont produit des résultats bien curieux pour la science et 1 histoire primitive du pays.
Nous nous permettons de caractériser d'après une de ses publications récentes (i) la physiono-nomie des environs de Fauquemont aux temps des Romains.
La route militaire de Tongres a Juliers et Cologne, en passant la Meuse a Maestricht, entre prés de Meerssen dans la vallée de la Geule quelle quitte prés de Fauquemont en se bifur-quant sur la hauteur du Ravensbosch eu deux branches, dont Tune se dirige sur Heerlen et Juliers et 1'autre par Tudderen, Susteren et Melick
(i) Jos. H-abets. Decouvertes (TAnliquités dans le duché de Lim-bourg. Ruremonde 1871. Ouvrage orné de 18 planches.
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vers Xantcn ct le Bas-Rhin. CeLte chaussee a été fouillée eiil8G5, par I'auteur entre Meerssen ct Houthem-St. Gerlach. Elle y avait la largeur de '10 m. oG centim. sans les fossées ; la couche la pins basse du lit ctait coniposée dune grande quantité de grosses pierres et de mocllons ; sni-vait une couche de petit gravier couvert d'une couche de gros gravier. Le milieu de la route était bombé ; la couche de gravier ctait forte de 68 centim. et sur les bords de 04 centim. Une chose digne de remarque e'est que du cóté nord le bord dc la route était muni d'un petit mur en pierres de Namur, liées avee du ciment. La bau-tcur dc ce mur était d'un metre, la grosseur de 30 centim. Selon toute probabilité ce mur avait scrvi d'appui a un canal qui a du servir de passage a un petit ruisseau, dont le filet d'eau passe mainlenant a quelques metres de la sous la route actuellc.
Le long de cette route, les Belgo-Romains, composés pour la plupart de véterans de l'armée, avaient érigé des villas plus ou moins notables. Les restes dc leurs demeures sont encore re-counaissablesaux nombreux fragments de tuiles a rebords et aux autrcs débris qui recouvrent le sol. Nous signalons ici parmi ces lieux, lejardin de l'ancienne prévoté a Meerssen, la campagne du Herkenberg a droite en quittant ce village, le Rondenboscb sur la hauteur de Houthem, une campagne non loin de la dans la vallée, le Ra-vensbosch sur la hauteur de Haesdael et le Gouds-
berg a quelques minutes dc Fauqucmont, oü se trouvent, dans un petitbois desapins, encorebien dessinées les trancbées d'un observatoire militaire.
Entre Broekhem et Fauqucmont on découvrit en 1864 uu cimetière romain contenaut environ quarantc sepultures. Un cimetière plus notable et mieux conserve a été explore sur la hauteur de Bergh prés de Geulhcm. Au Ravensbosch on dénuda parmi quelques restes de batiments, un petit temple payen en forme do rotonde et un caclict ayant appartcnu a un oculist nommé Gajus Lucius Alexandre. Cot empirique, qui pro-bablement suivait l'arinée comme la plupart de ses confrères, était un affrancbi ; il vendait des collyres contrc toutes sortcs d'ophtalmie, la sé-cbéresse des yeux, la granulation et l'inéga-lité des paupières.
A Fauqucmont même on a découvert des an-tiquités romaines a différentes reprises, soit sur la hauteur voisine, soit a Fintérieur de la ville. Pendant l'biver de 1872, on découvrit dans le jardin d'une maison entre 1c chateau et l'église un petit caveau magonné, contenaut cinq iioles bursiformes ct quelques autres objets provcnant d'une sépulture Bclgo-Romaine de la decadence; e'est une preuve qu'au temps de la domination de la Rome payenne, la ville de Fauqucmont n'était pas babitée, car les lois romaines défen-daient la sépulture dans renceintc des lieux ba-bités. Le chateau seul parait dater de cc temps.
Deux villa's des environs de Fauqucmont ont
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óté scientitiquement explorées par M. Habets, ceilc du Rondenbosch et celle du Herkenbercrh.
O
Lo résultat a été bien intéressant. II prouve que les habitants de nos contrées n'étaient pas aussi barbares aux premiers sièclesde l'ère vulgaire que nos livres d'éeole et nos histoires classiques veuillent nous le faire croire. Ces fouilles nous revèlent une société bien eivilisée, etvivant dans une aisanee vraiment noble.
La villa de Ilerkenbergli était particulièrement somptueuse et d'une étendue plus qu'ordinaire. Les vastes batiments pouvaient abriter une een-taine de personnes. lis formaient un carré oblong, entourant une cour, nommée ïimpluviurn. Des bains magnifiques avec leurs profusion de marbre et de pierre spéculaire, leur structure soignée et élégante, nous ont revelé un maitre ricbe et amateur du luxe. Dos fragments d'une statue de marbre, un magnifique chapiteau co-rinthiën, des peintures murales sont findice que l'architecte qui a élevé ce batiment, était d'une bonne école.
Des fragments de verre a mille fwri, ou ornés de ciselures, degracieuses poignées de meubles, des styles a écrire et autres petits objets, sont une marque certaine que le mobilier était en rapport avec la somptuosité des batiments.
Des bracelets de femme, des bagues, des 11-bules, des pinces a cheveux, des perles et d'au-ters ornements de corps, prouvent que les habitants de l'un et de l'autre sexe n'ont rien néalicté
O ö
pour sc parcr cl s'orner suivant Ia mode du lomps.
Des lessères, une baguelle dc jeu dc ccrceaux, nous démonlrenl qu'au Ilorkenbcrgh on avail lc sécrel dc s'amuser, soil dans rinlimilé dc l'inté-ricur pendant les trisles soirees de rhivcr, soil pcndanl les journées agréables de la belle saison.
Les osscmenls de bceuf, dc moulon, de chc-vreul, de sanglicr, de lièvre, de poule et aulres objets,provenanldes rejcls dc la cuisine, font foi qu'unc table frugale et coufortable y clait servie pour Ie maitre el les siens. Dc nombreux valves de huilres démonlrenl de plus, que dans certai-nes circonslances on ne reculait pas devant dc frais inusilés. Ces molusqucs provenanl de l'O-ccan, conslalent a la fois un raffinement gastro-nomique chez le maitre dc la villa el une puis-santc organisation du commerce chez les Domains. C'élait la chauamp;sée militaire qui servait d'artèrc a toule l'éconoinic sociale.
Voiia rhomme romain ou romanisé qui vivail au pays dc Fauquemont il y a pres de seize cents ans. C'esl leriche; voyons maintcnant le pauvre.
Sur la hauteur de Bergh, M. Habcts découvril un vaste cimetière qui ne brillait pas par le luxe des sepultures. Les urnes, les vases, cl la poterie en general, qui devaient contenir les cendres des morts, etaient d'une pate grossière ; quelques unes des tombes n'avaienl qu'unc tuile pour urne cineraire, C'ctail un cimetière de pauvres geus, qui, a rinslardes germains deTacite, demeuraienl dans les cavités rocheuses dc la montagne de
Geulhem. Ces gens étaient des artisans, qui fa-Qonnaient les pierres de tuf devant servir aux constructions nombreuses, que les Remains ont clevéesdansnosenvirons. On utilisaitnotre pierrc dans toutes les entreprises ; tous les balimonts Belgo-Romains des environs que nous connais-sons : le Rondenbosch, le Herkenberg, le Put-steeg, la villa de Bemelen, celle du Putbroek è Geyenk, le Steenland de Haesdael et la villa de Reimersbeek a Nuth sont presqu'exclusivement batis avec des pierres du plateau de Bergh et de lauquemont. Le procédé des ouvriers romains pour extraire la pierre de nos carrières, parait avoir peu differé de celui dont les ouvriers se ser-vent encore de nos jours. Les bloes romains sont des carrés longs, sciés en partie, et en partie taillés avec un instrument tranchant. Un exem-Plaire de ces blocs que M. Habets tira des fondc-ments de la villa du llerkenbergh , mesurait 86 sur 60 centimétres, tandisque les bloes modernes ont ordinairement 80 sur 50 centimetres.
II nyadonc rien de nouveau sous le soleil. Ces souterrains, tristes et sombres, dont les produits sont portés au moyen de l'eau et de la va-peur, dans la plus grande partie du nord de 1'Eu-rope, dont on a bati toutes les maisons de nos environs et dont au moyen-ège sont sortis tant de chefs-d'oeuvres de 1'art chrétien, tant de mag-nitiques églises, les voila connus et en pleine exploitation a une époque ou l'on croyait nos an-cêtres des barbares !
Les Romains, dans nos contróes, furent ex-pulsés par les hordes barbares, qui, venant du nord, s'établirent dans les Gaulcs mal défendues par Farméo. Les mênies chaussées militaires qui avaient servi aux Romains pour eonquérir le pays, ont servi a ces nouveaux-venus a en chas-ser les dominateurs latins. Toutes les villa's, toutes les forteresses, toutes les cultures en un mot, loute la civilisation romaine périt sous le fer et le feu de ces Allemands, qu'oa désigne sous le nom caractéristique de Francs. Au -i™ siöcle, leur oeuvre était consommé dans cc pays. Clovis, se convertissant au catholicisme, tbnda avec la monarchie franquc une nouvelle civilisation, moitié romaine, moitié barbare, mais épu-rée, mais adoucie par les préceptes de I'Lvangile.
Voici comme dans son livre mentionné plus haut, M. Ilabets, a l'occasion d'une ancienne tombe de ce peuple trouvée a Heerlen, apprécie la civilisation franque de l'époque payenne :
« Les Romains dans nos contrées ayant eté repoussés par les Francs, une civilisation nouvelle, rude et inculte, mais jeune el vigoureuse, vint s'asseoir a la place d'une société délicate, ricbe, élégante, mais efféminée et toute ver-moulue.
Ces deux peuples ont laissé des traces bien différentes sur notre sol. Le Romain. riche par la conquête, cultivant les arts, adorant les faux dieux, croyant a Jupiter et aux jouissances matérielies de l'autre vie, était latin dans sa langue.
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dans ses incriptions, dans le nom de ses artistes. II était rafliné dans les acts, avancé dans l'indus-trie, fort par le commerce ; il tenait aux formes élégantes, aux traditions grecques, et égyptien-nes, maniait le bronze et le marbre avec une dextérite étonnante. La céramique romaine, belle et variée dans sa forme, est décorée d'ornements et d inscriptions en relief. Le Romain a horreur de tout ce qui rappelle la dissolution et les vers ; les cadavres sont brides et les cendres cachées dans des urnes de verre, de terre ou d'airain.
Chez les Francs, au contraire, nous trouvons un tout autre ordre de cboses. Ce peuple a sa civilisation, ses moeurs, sa legislation, son culte a lui. Mais tout cela est encore jeune, rude et élémentaire ; c'est l'état de nature avec quelques traditions romaines, avec les premiers germes du Christianisme, cette civilisation de l'avenir. Le Franc, jaloux de sa liberté et de son indépen-dance, ravage les campagnes, brüle les villa's, s'empare des chateaux et se contente de camper a cóté, ou il dévore son butin sous le ciel bleu. Jour et nuit ils est sous les armes, etquandil meurt, sont corps ne sera pas brülé, comme celui du Romain, sur un bucher, mais rendu a la terre, paré de ses plus riches ornements, de sa plus belle armure, comme si après le trépas, il lui fallut encore combattre et jouir. »
A la race des rois francs succédait celle de Pepins et des Carolingiens, jusqu'a ce qu'au on-zième siècle leur empire, illustrc par Charle-
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magne, allait se briser, dans leurs faibles mains, en mille morceaux. Les feudataires de l'empire s'élant rendus indépendants, not^-e patrie se couvrit peu a peu de petits élats comme celui de Fauque-mont, dons nous avons conté l'histoirc dans un des premiers chapitres de cette brochure.
l«gt;ias5iée.
C'est è la « Schutterij » que fait allusion l'en-têle de cc cliapitre.
Fauquemont a sa garde civique « Schutterij » comme presque tous les autres endroits, situés dans les anciens pays d'Oulre-Meuse. Ellc con-siste dans une société de bourgeois, qui se réu-nissent de temps en temps, surtout a la fête annuelle la « Kermesse, » pour se divertir ct pour porter de l'éclat a la dite fcte.
L'origine desSchutterijen date du moyen-age.
Ce fut dans ces temps de troubles, quand il n'y eul pour ainsi dire que pen ou point de police el que tout le monde devait defendre personnellement son foyer contre les malfaiteurs, ce fut, disons nous, a cette époque, que les bons bourgeois, et
généralemcnt ceux qui avaient le cceur bicn placé, sc liguèrent pour sc porter réciproque-ment aide et secours.
C'est a eet effet que ecux-ci se constituèrent, tant Lien que mal armés, en forme de garde militaire.
lis choisirent entre eux ieurs chefs, qui furent sanctionnés dans leurs fonctions par le dros-sart du pays, et auxquels on obéissait de bon gré, tout aussi bien quo le font par la force des lois, les militaires actuels.
Les chefs disposèrent de tous les moyens qui leur sembièrent utiles, pour atteindre le but que ia société se proposait. Leurs ordres furent stric-tement exécutés. Malheur a celui qui osait s'y opposer ; il était rayé de la üste des « Schutters » et déclaré indigne de sa qualité de mem-bre de la schutterij. En outre, il devait passer la « Britz. » A eet effet, on liait le récalcitrant sur une table, dos en Fair, et dénudé pour au-tant que cela ne dépassait pas les bornes de la eonvenance. Chaque sociétaire, tour a tour, muni d'une planchette (pas trop polie) lui adminis-trait un, deux, trois coups, selon le degré de la récalcitration, sur les paumes des pieds, sur les mollets, sur les f..... Les coups étaient tenement bicn appliqués, que ces membres gagnaient énormément en embonpoint, et que parfois le sang en coulait.
Pendant cette cérémonie, le « Britsmeister » récitait une chanson a propos.
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La voici daas sa naïvité primitive :
Wij hebben hier een zondig man.
Die heeft zijn zaak niet wel gedaan,
Daarom moet hij de Brits doorstaan.
De britse en de schelle.
Het aarsgat zal hem zwelle.
Opdat hij nu uit hoogemocd,
Zijn leven dit niet meer en doet.
Heureusement cm n'avait a remplir cette Iriste besogne que fort rarement, vu que, comme nous le elisions plus haut, l'oii n'était membre de so-eiélé que de bon cjré et pas fovcément.
La schutterij était ainsi constitute :
1° Le roi, portant les insignes de la société, en-touró de sa garde d'honneui', composéc de buit commissaires ;
2° Le capitaiae, disposant du commandement supérieur ;
3° Deux lieutenants, qui en l'absence du capi-
taine prenaient le commandement en chef. 4® Deux sous-lieutenanls.
5° Un secretaire, tenant les livres et la compta-
bilité de !a société.
6° Sergenis, caporaux, chargés de transmet-tre les ordres des ofilciers, faisant les publications des réunions et soignant que les schutters n'eussent raison de dire leur « Sitio » 7° Portes-drapeaux et étendarts. 8° Tambour-major.
9° Tambours et trompettes.
10° Schutters.
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On posscdait entrc autrcs, et on les possède encore: des étendards; des drapeaux; les insignes dont nous avons parlé plus haul.
Ces insignes consistent dans un oiseau en aroent ct des médailles du même mélal ainsi
CV
qu'en or.
Chaque nouveau roi est obligé de remettre a la société une médaille en argent. Cette médaille porte son nom, scs armes quand il en possède, ia date de son entrée et celle de la fin de son règne.
Chaque année la Schutterij se rassemble, quelques jours avaut la Grande-Kermesse, pour choisir leur porte-oiseau, leur Roi. A eet eflet, on place sur une perche élevée, un morceau de bois taillé en forme d'oiseau. Celui qui l'abat, a coup de fusil, c'est le roi. Sou règne ne dure qne jusqu'a la prochaine Kermesse, a moins qu'il ne soit assez heureux d'abattre encore l'oi-seau. Celui qui l'abat trois aus de suite est pro-clamé Empereur et couronné (i) comme tel. En ce cas FEmpereur donne une médaille en or. Si lan-née suivante le roi, ou Fempereur, manque son coup, il devient simple citoyen.
Le roi garde chez kü !es insignes de la société. Ces insignes ont une assez grande valeur intrinsèque, mais comme sujet d'antiquité ils out une valeur bien plus grande.
(i) Cclto cérémonie, bion rare dans los annales de Ia société, a encore ou lieu, il y a une quinzaine d'années, dovant la maison de viile, oü Ton avail élevé un Irüne splondide pour la circonslance.
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Nous ne pouvons nous passer ici de faire une observation bien méritée ; Honneur a la Schutterij ! Les différentes révolutions, les longs chomages, que par suite la société ótait obligée de passer dans ces malheureux temps, ont toujours laissé intacts ces mémorables insignes. Jamais nne main rapace n'y a touché, bien queplusd'unefois ils ontété en dépot chez des persoiines non fortunées. G'est ainsi que pendant la grande revolution frangaise, ils ont été murés dans une cheminée. II est vrai, ils en sor-taient noircies par la suie et la fumée, mais ils en sortaient au grand complet. II serait a dé-sirer qu'on pourrait en dire autant, p. ex. des vieilles archives, d'aucune valeur intrinsèque, des différentes communes, etc. Presque par-tout ces pièces ont disparues, ou ont été tronquées en partie. (-1)
Malheureusement « la Schutterij » est tombée en décadence. A qui la faute ? Nous ne savons pas trop repondre la dessus ; c'est, a ce qui nous en semble, la marche du progrès, comme on veut bien l'appeler, qui fait tomber en ruines toutes ces institutions du boa vieux temps.
G'estle progrès qui porte a nous séparer de ceux qui auparavant étaient nos amis, nos camarades.
C'est le progrès qui, bien souvent, fait du fortune un réservé, et qui fait mcttre en oublie celui
(i) Nous donnons en appondice, parliculióromont pour les Famjue-montois, la liste des insignes,ainsi que celle des rois et empereurs.
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qui est moins favorisé par la fortune. Si c'est lü le progres, qu'on nous en préserve !
11 se peut également que la decadence de la Schutterij soit un peu a attribuer aux dignes pasteurs du temps de ceLte decadence. Ces pas-teurs ne se familiarisèrent pas avec ces institutions. (Peut-être en avaient-ils leurs raisons ?) Ils s'opposèrent a co que la Schutterij vint dans l'église avec les armes et les insignes et ^ ce qu'elle accompagna la procession. Nous ne doutons pas que si ces dignes prêtres eussent connu l'originc de ces sociclés et le but qu'elles se sont toujours proposé, ainsi que l'ira-mense service, que jadis olies rendirent au libre exercice de notre réligion, ils n'eussent été d'un autre avis. Non ! la Schutterij de Fauquemont n'a jamais porté la profanation dans nos temples.
Après ces quelques rélïexions que nous avons jugé opportunes, reprenons le fil du récit que nous avons interrompu pour un moment.
La marche solennelle de la Schutterij, avait lieu a l'occasion de la grande procession, qui se tient le premier dimanche du mois de Juillet, a la Grande-Kermesse. Cost alors que les socié-taires, richement équipes, vinrent a l'église avec leurs rois entourés de lours gardes-d'honneur, sous la conduite de leurs vaillants chefs et de la musique monotone mais encourageante des tambours.
Après la fin du sainte office, la procession se mettait en marche sous la protection de la schut-
terij. Nous disons «sous la protection de la schutterij » Pius d'une fois cette protection n'était que trop utile. Nous lisons la dessus dans les publications de la Sociétc Ilistorique ct Ar-chéologique du Limbourg, lome page 279 en note, du savant Caumartin : « Composée unique-ment de catholiques, elle (la schutterij) avail pour mission de défendre la procession de Gronsveld, contre les attaques des réligionaires de Maes-tricht, qui a chaque sortie ne manquaient jamais de 1'insulter »
Le baldaquin, sous lequel le digne prêtre tient le St. Sacrémenl, étail porté en premier lieu paries officiers de la Schutterij, ensuitc par les autres membres.
Aux différents endroits des rues de Fauque-mont on avail dressé a cel cffet des petils autels, diles Heiligenhuisjes, sur lesquels, après avoir chanté le St. Evangile, le prêtre donnait la benediction, pour implorer du ciel ia prospérité ct le bonheur sur les Fauquemontois. (i) Une salve d'arlillerie clóturail celto soiennité.
Quand ia procession élait rentrée en église, la schutterij se remettail en cortege, pour re-conduire leur Roi a son palais, oü i'on se sé-para pour regagner les pénates.
Après avoir rempli les devoirs envers i'église on s'adonnail aux amusements.
Le dimanche après-midi, ainsi que Ie mardi
(i) Getto cdrdmonie se repète encore tous les ans, seulement la Schutterij y manque.
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suivant, on faisait la petitie guerre a laquellepre-naientégalementpartlesFauquemontoisnon socié-taires, ainsi quebeaucoup de personnes des environs. L'encombrement de curieux qui venaientpour voir et de eeux qui venaient assister a ces fêtes, était immense,
Les « schutters » se divisèrent quasi en en-nemis. Les ruines de Fauquemont furent forte-ment assiégées et non moins vigoureusement défendues. Un terrible combat dans nos rues précédait ce siége improvise.
Heureusement il ne restaient jamais des morts ni même des blesses, tellement ces ennemis acharnés savaient mesurer leurs coups.
C'est surtout en l'année 1848, que ces combats de rues, organisés cetle fois-ci par un té-moin occulaire de la revolution de Févricr de cette année néfaste, offraient un spectacle grandiose.
Tout comme Paris, Fauquemont avait ses barricades.
C etait le dimancbc de la Kermesse, vers trois heures dc l'après-diner, que des attroupements agités commengaient a se former. Partout les murs se couvraient de diverses proclamations, par lesquelles les paisibles citadins claient exilés a la révolte. Des patrouilles de la schutterij, ta-chaient en vain de disperser ces attroupemenls et de tranquilliser les citoyens. Non ! le choc du prolétaire contre le forluné était devenu in-évitable.
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Les barricades, formées de voitures et chariots renversés, de volets décrochés, de divers meu-bles, de tout enfin qui tombait sous les mains, se dressaient comme par enchantement. Elles étaient défendues par des gens aux figures sinis-tres et hideuses, arraés de fusils, de sabres, de haches, de fourches et de tout ce dont ils savaient s'eraparer.
La schutterij faisait de son mieux pour reta-blir l'ordre et pour emporter les barricades; mais une barricade prise, plusieurs autres se redres-saient au même instant. De formidables déton-nations, lancées des barricades, des coins de rues, des fenêtres, des toits, se succédaient de part et d'autre.
Le combat était teliement entrainant que même des gens du progrès, dont nous avons parlétantot, ainsi que les étrangers a la villo, qui n etaient venus qu'en spectateurs de ces fêtes, s'y mèlèrent.
Chose digue de rcmarque ; tons ceux qui ne faisaient pas partie de la schutterij prenaient gain et cause pour les émeutiers.
Après la ün du combat, 1'on se réunissait el l'on s'adonnait en amis aux amusements d'une danse champêtre, a laquelle lesdemoiselles, ac-compagnées de lenrs parents, étaient invitées et conduites par MM. les ofilciers de la société « la Schutterij. »
Le lundi, foire aux chevaux, la Schutterij te-nait Ia police, et cela teliement en règle que
tout se passait dans le plus grand ordre.
Une grand' garde se tenait en permanence è I'hotel de ville. Elle rcglait les patrouilles qui circulaient dans Fauquemont, plagait les sentinelles devant les habitations des autorités etdes officiers de la schutterij et soignait a ce que les sentinelles fussent remplacées a temps. Quand parfois 1 ordre était trouble et qu'il y avait lieu de prendre des mesures pour le rétablir, on employait des moyens énergiques par mettre a la raison les
perturbateurs
Le mercredi, c'était le grand jour de plaisir pour les schutters. C'est a ce jour que la schutterij allait faire le tour de Fauquemont en grand cor-tège pour présenter ses hommages, premièrement chez les autorités, ensuite chez les bons bourgeois, oü partout le vin d'honneur leur etait offert.
Au roi, un bouquet fut présenté par la demoiselle de chaque maison oü l'on s'arrêtait, et de ses mainstremblantes, celle-ci attacha timidement ce bouquet sur la poitrine de sa majesté. Parfois le roi, (les rois sont si hardis) déposait un bai-ser sur le front rougi de l'innocente jeune fille.
Encore une salve de fusil des schutters et les hommages étaient rendus.
Lejeudi, dernier jour de la fête, on allait amp; Broekhem prés de Houthem, pour tirer encore l'oiseau ; mais cette fois il y avait k gagner des prix pour les schutters. C'est le roi qui les don-nait. La les schutters étaient encore bien régalés et emportaient en outre un prix d'adresse.
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En revenant vers Fauquemout tout le monde, Ie coeur joyeux et monté par la cordialité qui regnait a cette fète, s'adonnait au chant de quel-ques couplets, a rapport de la schutterij, dont nous regrettons ne pas pouvoir donner les strophes.
C'est ainsi que la société clótura la Kermesse pour reprendre le lenderaain, roi et sujets, leurs occupations habituelLEs.
« Par oil prendre maintenant ? » me deman-dais-je un jour, en arrivant par le Plenkert a ee débouché magnifique, 011 Toeil ravi est entrainé sur des champs admirables jusqu'au village de Houthem. A droite, le Konigswinkel quejeeon-naissais ; eu prenant a gauche, j'aboutissais a des terres arides. Continuer lout droit, le long de la colline, rattraper la petite Geule, aller au hasard, voila ce qui me souriais. Et savez-vous lecteur, quel en ('ut le résultat ? Jamais je riai fait une excursion plus agréable, une promenade plus accidentée.
Aimez-vous de voir le limpide ruisseau passer présdevousendetours capricieux, dele voir sau-tiller ^ vos pieds au bruitde cascades, aimez-vous d'admirer dans toute sa realisation, la poésic
champêtre de Fénélon, de goüter ces énivre-menls rustiques qu'on ne rencontre qua des en-droits privilégiés par la nature, alors prcne? Ie petit sentier qui conduit a Geulhem
Depuis le point que nous quiltons lie vous laissez tenter par aucun chemin, si ce n'est par celui qui mène au bas de la colline. et qui sem-ble créé tout exprès pour suivre la course si-
nueuse de la Geulle.
Bientót vous passerez par des endroits charmants. Une prairie limitée par la petite rivière et la montagne qui s'étale en Amphithéatre ; licu tranquille et recueilli, ombragé par les rameaux de chênes centenaires, oü la mousse touffue con-stitue des siéges doux et agréables.
D'autres endroits se prêtent plus a la rêverie, quoique moinssilencieux, parceque cette adorable solitude est troublée, troublée, que dis-je, rendue plus sentimentale encore par le mys-térieux murmure des eaux. . , .,
C'est lè, qu'Edouard Laboulaye se serait eerie k juste titre ; « O bonne et belle nature ! c'est « toi qui peuples la solitude du voyageur et qui « charmes ses ennuis. Seule amie qui ne manque «jamais, tu te plies a tons nos besoins, a tous « nos désirs ; tu souris aux beureux, tu gémis « avec ceux qui souffrent, et si tu nous fais « oublier les hommes, ce n'est pas pour nous « abandonder a 1'orgeuil, k 1'égoïsme on au dés-« espoir, c'est pour nous rendre meilleurs en « élevant notre ame et en la ramenant a Dieu ! »
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Soudain votre promenade est interrompue.
La petite rivière que vous avez longée jusqu'ü présent, se courbe subitement et semble mali-cieusement vous barrer le passage. Au reste, meme, si elle ne vous opposait pas sa charmante barrière, vous vous arrêteriez de vous même. Cette eau qui vient caresser la montagne, cette hauteur qui la protégé, les montagnes environ-nantes qui semblent peneher leurs cimes pour voir encore et admirer le petit courant, tout cela porte un cachet singulier, surnaturel, qui vous met en extase.
On dirait qu'il y a la une lutte continuelle en-tre les éléments pour se plaire réciproquement.
C'est beau, c'est doux, c'est..... Inutile de
continuer ; je ne saurai dépeindre les charmes de eet endroit.
II y a des choses dans la création, devant les-quelles l'homme doit rester muet; devant les-qucües les phrases doivent s'arrêter.
Rendre l'énivrement qu'engendre le parfum de certaines fleurs, est impossible !
Analyser les emotions qu'excite le chant mé-lodieux de certains oiseaux, est impossible !
Dépeindre les avantages pittoresques que pos-sède la promenade de Geulhem, est impossible !
Lorsque je fis cette promenade, j'y rencontrai des agréments improvisés. Sur l'herbe qui pré-cède la colline è gravir, s'ébattait un troupeau de moutons. C'était le rustiquetraditionnel avec ses charmes toujours nouveaux.
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Le patre était réellcmcnl un de ces gaillards comme on représente « les Paris de la belle Ilé-lène. » Berger, lui dis-je, en forme de bonjour, quelle heure peut-il être en cc moment?
Aussitot mon homme plaQa au-dessus de ses ycux sa main en visière, considéra la position du soleil et me répondil après ce court examen : II doit ctre prés de deux heures.
II s'emprcssa de répéter avec assurance ce qu'il venait d'avancer, car ii setait apenju que l'incrédulité venait de placer sur ma boucbe, son ironique sourire. Néanmoins je partageai avec lui ce que ma gourde contenait encore de rafrai-chissement et je fus persuadé, après cc fraternel partage, qu'a cbaque occasion je pourrais recourir a lui pour savoir l'heure exacte.
Je me mis en devoir de grimper par le sentier, qui, sur le même versant de la colline, vous ramène au bord de l'eau. Geci nest pas du plus amusant; mais tout en soufflant, on nc veut pas être injuste envers ces beaux lieux, et Ton s'é-crie : comme cette promenade est bien acciden-tée. Mais enfin, cette ascension n'est pas bicn longue et, une fois sur la hauteur, vous jouissez du plus doux paysage qu'il soit possible d'imaglner.
C'est ainsi que je me reposai dc ma petite fatigue, que je laissai mes yenx parcourir librement ces belles campagnes, lorsque tout-a-coup je fus tiré de mon extase par un coup dc sifflet. Ce singulier appel était produit par quatre doigts, la bouche et la souffle de mon patre. De son bras
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il me désignait le convoi qui passait au loin, ce qui voulait dire : « Voyez, j'avais raisoo » En cl-fct, e'était le train de deux lieures.
Longlomps cncore vous marchez, entouré de tous les charmes de la nature.
Dans ce coin reculé c'est du poétique partout; les yeux satisfaits se repaissent de beautés, et 1 imagination surexitée engendre les beautés a rencontrer.
Enfin, lorsque la petite Geulle vous croit ras-sasié du pittoresque, elle vous quitte, et une toute autre nature se pose a voire admiration.
Jusqua la il vous faul êtrc seul, lout au plus a deux. Ici ; soyez plusicurs, car ici commen-cent les grotles.
Oui, il laut êtrc plusicurs pour faire relentir cos voüles de joyeux chants ; pour se placer en cercle a labri du soleil et arroser par quelque bonne bouteille, le désir d'exploralion.
Ces grotles naturelles soul pour la plupari dos galeries a jour, élevéos a vingt pieds au-dossus du niveau de la Geulle; elles odraien' au\ premiers habitants des refuges commodes durant la guerre, dos demeures pendant la paix.
Parmj ces étranges cavilés, une surtoul est icmaiquablo par sa hauleur, sa régularité cl principalemenl par la voiile immense qui n'est soutenue que sur les cotés. Un cirque avoc ses milliers de speclateurs y trouverait une place convenable.
C est au milieu de cetle étrange nature, que
sontnéslesquelques hameaux de Geulliem, domi-nés par un énorme rocher en pierre tie sable.
C'est a eet endroit, que se passa a la fin du siècle dernier, un drame pour ainsi dire ignore des Iiabilants de celte localité.
Les frangais avaient envahi ies Pays-Bas ; des garnisons plus on inoins nombreuses availété dis-séniinées dans le pays dn Limbourg.
La popnlalion ellrayée eacliait sa colère et sa liaine coiitre I'etraiiger, sous nn masque impassible. Elle n'osait ouvertement se révoller contre une soldatesque disciplinée seulement sur le champ de baiaille, et qui au moindre prétexte pillait les liabitations, démolissait on soniliail les sanctuaires, molestait et raillaitles hommes, dés-honorait les femines, pourchassait les prètres, hlasphémait Dien. Mais aussi les Francais ne se risquaient guère dans l'intérieur du pays qu'en détaehements assez nombreux, car mallieur au Sans-culotte qui se hasardait seul ; presque jamais il ne revenait.
En février 1792 un caporal du 10quot;quot;' régiment des grénadiers de la république, ennuyé de la vie monotone de garnison et grand amateur de la chasse, apprit que les bois, qui es trouvaient le long de la Geulle, étaient peuplés de gibier.
Le lendemain, il se glissa de grand matin hors la ville et se mit bravement en course. Bientot il apereut sur le versant boisé de la colline, dans les plaines cultivées, maint gibier de poil et deplume, mais il n'en voulait pour ses étrennes
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qua quclqiic animal rlc taille et de conqnèle plus glorieuse. Enfin, parvenu sur la montagne, il tomba sur la piste cl'un renard ; la relever, la suivre netait que bagatelle pour ce chasseur el-Ireué. Los traces étaieul fraiclies ; l'animal rcvc-nait de boire. Aprcs uue asscz longue tr(jtte noLrc caporal euteudit un leger bruit sur ie bord d'uiie clairicrc. II s'arrête, regarde et entrevoit, Ie renard prêt a s'élanccr. Le grenadier met en joue, lache la détente et court ramasser sa proie.
Mais, o raillerie du sort ! cettc clairièrc n'était autre cliosc que ie iilatcau du rocher qui Lermiiie la « Wippelschc heide»vers Geuihein et domine majestueusement la Gculle. Uue trainee de saiiquot;-setendant jusqu'au precipice, profond de il) pieds, fut tout cc que le guerrier put découvrir. Certain de sa victoire, notre chasseur ne put contenir sou désappointement. En même temps qu'un eff'royable blaspheme s'échappait de scs lè-vres, il s'écria : « Satané pays, oü les auimaux se « iiguent a ces gueux d'habilants pour braver un « honnête citoyen. »
A peine eut-il proféré ces paroles qu'il se vit en face de quatre bucherons, solidement bal is, a la figure sévèrc et ménacante. Trop tard il se répentit de sou imprudente ardeur, et plus encore de son langage blessant.
L'un des bucherons, s'avancant la baclie levée lui enjoignit de jeter ses armes et de se rendre. Le caporal ne pouvant lutter avec son briquet et son fusil décharge contrc quatre baches maniées
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par des bras formidables, trouble par cetlc apparition subite, craignant un sort d'autant plus terrible qu'ilétait environné de mystère, brandissant son 1'usil, il ie jetta a la tête d'un de ses emie-mis et s'élanca avcuglemeut dans le precipice d'oü on nc le retira qua l'état de cadavre.
Dans le ravin l'ouest du rocher se trouve rouverture de la principale carrière de Bcrgb et Terblyt ; « solitaire et mystérieuse porto, » dit M. llabets, « d'un labyrintlie de galéries souter-raines, oü lo pauvre montagnard, loin de la lu-mière du jour et de lair frais de la \allec, lia-vaille nuit et jour a scier des bloes de pierre pour yagncr quelques centimes pour nourrir sa fa-miüe ; réduit obscur oii lo géologue vient gucter dans les transformations de la craie les restes de crocodiles on de mastodontes ; oa le cbrétien trouve dans une elegante chapelle souterraine un moiuunenl durable de la piété des babitants de la contrée, qui pendant la toiumente de la revolution iVauraise y avaient transporté el leur culle et leurs pénates. »
Certes, je ne veux pas dénigrer les carrières de Fauquemont, mais je n'échangerais contre aucun autre moment passé dans les souterrains, celui qui me trouvail dans la montagne de Bergh et Terblyt. Avouons bien vile, que cette préfé-rence consislait non-seulement dans la beauté de la cbapcllc, mais surtout dans la complaisance, 1'amabilité et le savoir du respectable prêtre qui nous servait de guide.
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Rica nc manque dans la cliapclle ou plulót l'église souterraine do Berg. L'autcl, la sacristie, la chair de vérité, le confessionnal, tout y est au grand complet. Grace au zèle et au dévoue-ment de M. Habets, tout a été restauré ; les mill's et les parois out été repeints tels que les avaient orné les chrétiens pendant la révolution francaise.
Oli ! que je me rappelerai longtemps encore eet instant inappreciable, quand appuyé a l'en-trée de eette petite église, je vis le prêtre, notre guide, le flambeau en main, gravir les marches de l'autel.
Grand Dien ! que d'illusions a ia fois !
Non, ee n'était point du lantastique, comme on pourrait le croire ; cela remuait Fame pour engendrer les sentiments les plus doux, les plus ineffables, ceux du culte et des croyances.
Ghaque fois que j'ai parcouru des carrières, j'ai passé d'agréables journées, mals cette promenade a Geulhem (igurera toujours au premier rang de mes excursions.
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C'est cn grande pai'lie au volume que conve-nail I'entete de ce ehapilre, n'esl-cepas, ami lec-teiii- ? Tout s'y trouve pêle-mêle. Des seigneurs de Fauquemont nous saulons au siècle derniei', poui* reculer ensuite a des temps presqu'inconnus. Nous melons les promenades a 1'liistoire, a {'archéologie, aux vieilles institutions, etc. Que vou-lez-vous ; tout le monde n'est pas fait pour écrire de ces volumes métliodiques, si attrayants pour le grammairien, dans lesquels tout se Irouve aligné, oü viennent en place et lieu les citations grecques et latines si amusantes pour le lecteur.
Quant a moi, je trouve que nous posscdons assez de bonnes paroles en francais, pour ne pas chercher toules nos distractions dons une lan-
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mie étrangère. Gomme preuve, prenons a propos de ce chapitre, le premier écrivain connu, Boi-leau par exemple : Le désordre souvent est un eïïet del'art. Ne souriez pas, lecteur, ce nest pas une gasconnade ; franchement, je ne crois pas un mot de toule celle feuille de bavardage ; mais il fallail bien m'excuser du peu d'ordre, ne lisez pas désordre, qui règne dans mes convei-sations.
Plus d'une fois, pendant mon séjour.a Fauque mont i'ai eu le plaisir d'entendre la Soeiété de Chant. Constituée en '1867, elle remporta en Sep-tembre 1869, (done après deux années d'exis-tence) aux fêtes Internationales de Liège, le premier prix, dispute dans sa catégorie par huit sociétés fraiiQaises, et^trois allemandes.
Ce qui m'étonne c'est qu'avee de tels elements la eommune de Fauquemont nait pas songé a former une soeiété de Fanfares, lelie qu olies existent dans le plus grand nombrc des \ illages beiges, telle que les grands industriels s'enorcent den établir parmi leurs ouvriers.
On y trouverait eependant bien de ressources pour aioutei' quelques charmes au séjour de 1c-tranger pendant la belle saison. Mais enlre nous lecteur et veuillez m'en garder le secret, je ciois que les moyens de la petite ville sont trés res-treints. Etpourquoi done faut-il que ce Fauquemont, qui formait, il y a trois siècles, la perle du Limbourg, qui dominait sur une grande ctenuue,
la plus belle partie de sa province, oü les Wale-ran ont conserve ce type particulier dont God-froid de Bouillon jouit parmi les beiges, pour-quoi faut-il, disons-nous, que ce Fauquemont soit aujourd'hui si mutilé.
Par acte du 17 Avril 1861, le conseil communal dc Fauquemont petitionnait pour sa commune le siége de la justice de paix. Invoquant le passé prédominant de la petite ville, sa position centrale, oil viennent se réjoindre toutes les grandes routes tin Sud de la province ; ses grandes foires a bestiaux, dépassant de beaucoup celles de la ville de Maeslricht (MO,000 habitants) ; cette importance commerciale ; ce noeud de communications reconnus par les compagnies de chemin dc fer, dont les trains passant les stations avoi-sinantes, s'arrêtent a Fauquemont, done sa prosperity plus grande encore dans l'avenir ; enlin rappelant tous les privileges, ou plutót droits, dont la commune avait été frustrée, clle adressa disons-noiis, une éloquente supplique au Minis-tre de la Justice.
Nous no doutons pas qu'on linira par l'enten-dre, car ces reclamations sont trop bien fondées pour ne pas êlre prises en sérieuse considéra-tion par un gouvernement jusle et dévoué aux intéréts de ses sujets.
Quel avantage n'y auraii il pas pour les communes environnantes, si, porlant le nom le plus glorieux du Limbourg, ellcs pourraient ajouter a ses ressources celles de Fauquemont et parta-
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gcr awe elle les benefices que procure au pays la fréquentation des ét rangers.
Mais pour attirer les é traag er s il faut des
moyens et l'Union fait la Force
Alors, que de belles promenades a créer, que de locaux a construire, que de bruit a faire de ce com de la Néerlande ! Car mille part, mille part on ne rencontrera un air plus sain, une contree plus pittoresque, de plus agréables promenades. Et les promenades, ne-sont ce pas les distractions les plus estimables auquelles 1'liom-me puisse s'adonner ?
Cest pur, eest sain, c'est instructif. Vous pouyez les rendre scienlifiques, frivoles, senti-mentales. Vous pouvez être un, deux, plusieurs; soit que vous voulez vous instruire, rêver, herbo-riser,etc. etc. etc. etc. etc. etc.
Non, il n'y a rien qui dépasse les promenades, encore moins celles de Fauqueraont. « Mais» dira plus d un malin, « qu'a-t-il done de prendre tenement a comr ces excursions, d'écrire la dessus tout un hvre, d'indiquer avec tant de soms les promenades, qua;
Fauquemont il laut faire a plusieurs, seal, a deux, ancliement, si je puis exister sans la plume,
wl mimporterait pou de créer un volume !...
S£e comptez vous pour rien de faire des heureux ?
Avwu de pouvoir donner la liste des rois et cmpercurs
10 int- ulslSncs' dom nous avons parlé a la pa-igt; 10 , il est necessaire de dire que la sociétó ,lt; la Schut
Voici la hste des insignes de la « Jonge Schutterij ;
ten vogel, houdende in den bek eene gouden plaat \oor/ien van een wapenschild: Een slaande bok met de devies Snge mdiora ; op de keerzijde • Jo-seplius Quncdvlieg, Keizer te Valkenbulg 1858 •
^ ,Vl;l,Se7-1:fffquot;s Will''m v™ TUI en
2quot; Een wapenschild ; houdende een man met eene bijl F . , nndV13asi hoom- (zonder jaartal.) ^ on ,! i0n: staande lee,lw quot;«t boven eene kroon; op d,. keerzijde ; twee engels houdende eene kroon; öndet staan twee dennetakken ; te midden viif letters door elkander gevlochten : K D G T V (zonder jaartal.) ' v-
Een dito : Drie Kardinaalshoeden; op den helm een borstbeeld met een hoed. Onderschrift • Bor-
Foi'!SolT (/-onder jaartal.)
11 êedee|d schild: rechts staat een man houdende
3quot;
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ecncknodde, cn links eon arm houdende een degen; boven den helm beide gerepeteerd en oen opschrift : NIT : Sun : Der ; Got. Op de keerzijde : Ham Albert Schavermans is conning geweest anno 1658, out sinde 18 jaren en 6 manden. Boven staat nog : Ouch Koninck 1664.
6° Een wapenschild: Een stroom golvend water; op de keerzijde : den Hongh-Welgebooren Ileere Bernard van Wilder en Stadhouder ende Voogd '.s- lands van Valkenborgh, is Koning geworden in den jare 1715.
7quot; Ecu dito : Een vogel waaronder drie bloemen. Op de keerzijde : ernest VaLCkenborgh, honlngh Van VaLkenbornh en De brookeM, ml at is (1716.)
8quot; Een dito: Drie drinkbekers. Opschritt : 1767. Joseph Ubaghs Kyser geworden van de jonge Schutterij. Op de keerzijde : Maria Helena Bar mans, Kijserin van de jonge Schutterij.
6° Een dito : En chef staan zeven samengebondene balken en drie bloomen ; en pointe eeue gans te water. Schildhouders : twee zich aanstarende honden (oen wind-en een jagthond.) Op de keerzijde ; Den Welgeboren Heeren Jan Rudolf Xbram van Craen, is Koning Geworden Van De Jonge Schutterij te Valekenborg in Den Jaare 1774.
10quot; Een dito ; En ehof twee rechtstaande leeuwen, houdende één degen ; 011 pointe gekwartierd, drie tegeneikander overstaande kleine leeuwen en twee dito dube! vleugels'. Op de keerzijde; John Newton Schildknaap, Coning van de Jonge Noble Schutterij der Stadt amp; Srijheijd Walkenborg, in den iare 1786,
11° Twee wapenschilden ; Het.eeno gekwartiert; 1 en 4 drie vogels 2 en 3 vijl' balken en twee stroomen golvend water ; hot al omgeven van acht kleine kruizen. Het tweede ; Een staand Kruis op een gepoitilleerd veld, vastgehouden door een gevleu-
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gelde leeuw met arenskop. Boven den helm een hoed met twee staande struisveren. Op de keerzijde; Dr Edclmogende Heer en, de Heer A.R. Baron van Heeckeren van Suideras en de Heer J.Stavenisse Pons, Gedeputeerde uit haar Edclmogende Heeren Naden van staeten tot Maastricht, Koningen der Jonge Loffelijke Schutterij der Stadt en Vrij heil Yalekenborg, geworden den 29 Augustus 1789.
12° Een wajienschild ; Drie gemutste vrouwen koppen waarven één op den helm gerepeteerd. Op de keerzijde, C.Ii. Maurissen J'oi a Fauquemont 1808.
13quot; Een dilo gelijk aan het voorgaande niet het jaartal '1809.
14quot; Nog hetzelfde wapen met opschrift; C. li. Man-rissen Empereur, M. C. (Juntflick Impératrice u Fuuqnemonl 1810.
loquot; Een wapenschild: Twee gekrnisde. slcuiels. Boven den helm staan twee vleugels met de sleutels gerepeteerd. Opschrift : Jonkheer (}. Schimmelpen-ninck, zoon van den Raad Pensionaris van Holland, Koning van de Edele Schutterij van Val-kenburg den 26 Arjustus 1810.
1Gquot; Eene plaat met opschrift; A. Pani* Koning van de Jonge Edele Schutterij der Slad en Vrijheid Valkenburg den 27 Mei 1811.
17quot; Eene dilo : Antoine Quaedvlieg Koning geworden van de Jonge Edele Schutterij van de Stad en Vrijheid Valkenburg den 1 Juiij 1814.
18° Een wapenschild ; Tweeschuinstaandebalken. Opschrift ; ConseCUta per JosephUM De gUasCo, Koning van de Jonge Edele Schutterij der Slad en Vrijheid Valkenburg: • 1816)
49quot; Eene plaal met opschrift : J. Knekels, Koning van Valkenburg. M MDiricks Koningin 1817.
20quot; Eene dilo : Consecuta per Henricum Van Herd;, Koning van de Jonge Edele Schutterij der Stad
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Ti j.quot; • •wivivl/UI y l0«JU.
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Stad en ^ /vnlf r FfeleaSchquot;tte'-iJ dér Eono fliin ■ Ar den 2 Julij J8i21
Eene ditow'9'7'quot;''''quot;'''' 18-7-Sch. der Std ,gt;,[ j y ']',quot; , ; 0e'.w \'ll'r jquot;'iOe lt;''/■ Ecuo dito • IlLlrh, J Ï /quot;V/L/ '20 Jquot;quot;V m6
l' quot;m-'isrlukl : Hetzelfde .rHiik j „ senroven m ivlt;gt; i ..i. u , ? 'V ,|;il om-
Koning van lé^lr lï/ ^ T'quot;' ^
iL Een yogcl lioudcnde in den hek een k. i e.M i . '-li ziitendc op feilen boom' A- w '^gt;''1' » bal kant een W;ipetlse| | L ^y. vaquot; ^«eu
Schildpad en eene ster v n vü V, 11,et fn anderen kant een dito ÏZkS twee i'inffen. Boven si-nt ivnn i P1'' en
2quot; Eci, jdfdc mmmi als tri
schildpad en de ster ('zonder jaartal)
in wapen van do Schepenen van Valkenburg,
21quot; S Jquot;Ugt; I8I9-
f***# «■quot;« nuTj,°gquot;Squot; * **' Equot;d'
Eeue dito : Joncnhum ...... ^
22°
23° 24»
2on
26u
27
28'
I'27 —
hoiiflfinclfi: pon iw,li!si;iatifln leeuw niet (liil)bel verlaken slaan en iwee knielende mannen als sel..1,11,0,..leis opschrift; Sigi!: Scab: Faicob z.jt. 4 ten wapenschild dom-snedon ; recliis staan drie B Wwnwin en 'mksch twee latijnsche knuzim fzd jt ) o0 ten wancnschild; Een mail niet eeue kiioddo'•
hoven den helm gerepeteerd (zonder jaartal) b .,K,',n , li0 doorsneden ; rechts een slaande leeuw
niksch eene vaas met .......... boven slaan dè
leiors K S {zoiKlcv jaartal ]
1° Een wapenschild ; E-n pijl on twee ringen ver-
sici'd met ('(mio k'VM)!i fzoii■'!(gt;}' jaartal )
8» Een düo : Drie torens versierd met eene kroon, zj » Ken diio ; gelijk aan 6 • 10quot; Een wapenschild : Een eikenboom, een staand paard en eene egge ; boven den helm het naard gerepeteerd en mei de letters R. R. omgeven jt ten dito ; Een zitiende leeuw met vertakten staard en boven den helm don leeuw gorepeieerd -Een gekwartierd wapenschild; ïweemaai te-en-elkanderoverslaande drie ganzen; boven eene kroon. ('zonder jaartal)
13° Eene plaat verbeeldende een hart (zond. opschrift) 14 Een wapens,•hild ; Iwee takken, eene plooo-on eene .^e ; boven den helm eene kroon,- onder staat J. I) 1 /17.
15° Een waponsciiild doorsneden ; En chet drie vogels en pointe drie bloemen. Op de keerzijde staat • JJendericii* heesters Con in cl,- en Inténant in jaar anno 1719.
16° Een hart met opschrift :ïi-!liils M0 Een wapenschild ; En chef twee staande leeuwen houdende één degen; .•, pointe, tweemaal drie tegen elkander ovei staande leeuwen, o,nrinquot;tvan twee vleugels. Boven den helm, een leeuw niet den degen en de vleugels. Op de keerzijde staat;
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WelEDide lieer Den 11 eere J. Constant, Coninck van ile Oude Noble Schutterij der Stad en Vrijheid Valkenburg in den jaar 178(3.
18quot; Een wapenschild ; Drie vliegen en een rennende bok, niet bijschrift Snge meliora. J.P.Qnaedvlieg Koning den 25 Jnnij 1789 le Valkenburg.
19° Eene plaat: P. Kenqen Komng te Valketiborg den 26 Meij 1810.
20° Eene dilo : W Vanderbroek, Kijzer tot Valkenburg. Keerzijde; 7 Julias 1816.
21quot; Eene d iio; M. Weusten te Falkeborg, Fenderik en Koning den 6 luli 1817.
22quot; Een dilo : iohannes Borniuns, Honing ran de (hide Schutterij van Yalkenburg 1818-1819.
23° Eene dito: iohannes Bormaiis, Keijzer van de Oude Edele Schuiierii der Slud en vrijheid Val-kenborg 1820.
24° Ei'wc è'\[o: P. A Akkemians K onitig van Valkenburg 1837.
2o(' Eene dilo: versierd mei eene egge t n eene kroon. opscln it'l: C. O. Boenen Koning der Oude Schutterij van Valkenburg 1856.
26° Eene dilo : J. Ihnsen Honing van de Oude nobele Sehutteiij der stad en Vrijheid Voll.i nburg 1860.
WEGENDE kl. 1.15.
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