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DES

HOPITAUX, teotes et baraques.

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PIUNCIPAUX TliAVAUX DE M. GOKI.

CPubliós en hollandais.)

Nos casernes, essai sur 1'hygiène militaire, 6G pag., 1862.

De la nourriture du soldat, (Etude) 79 pag., 18G3.

La vie du soldat: lemons sur l'hygièiie militaire, professëes au septièmo régiment d'infanterie, 200 pag., 18(55.

Un nouvel liópital h Amsterdam, essai sur l'hygiène hos-pitalièro, avec planches, 1867.

Le service sanitaire en Amériquo, discours lu a la Societö pour l'étude des sciences militaires, a la Haye, en 18G7.

Sur 1'amelioration du sort de rhomrae de guerre, discours prononcó a la möme société, en 1808.

Essai sur la nouvelle hygiëne hospitalière, 1869.

Sur le transport des maladcs et blessés, essai public par la société de secours aux blessés, comité d'Amsterdam, en 1869.

Une colonie hospitalière au milieu d'Amsterdam, discours sur l'hygiène hospitalière, fait en 1870.

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DES

HÓPITAUX,

TENTES ET BARAQUES,

ESSAI

Süll

L'HYGIÈNE HOSPITALIËRË, LE TRANSPORT DES BLESSÉS ET L'ORGANISATION DES SERVICES SANITAIRES,

PA II

M. W. C. GORI,

Doctcur on Hédeclnc,

Meinbro du Comité d'Amstordain pour lo «ocoura dos lilessü», Ex-Officior du sautó do rarmóe des Poyn-Ilas, Chovalier do la Couromio do Chóno, otc.

AVEC PLANCHES.

AMSTERDAM, LIBRAIUIE lï. C. MEIJER. 1872.

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La raison n'amène pas toujours les réformes utiles, les mculheurs redoublés donnent longtemps des leqons terribles avant de renverser les anciens erremens de la routine

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A MON AMI ET CONFRÈRE ]VI. Ie doctetir M E Y ]N JST El,

MÉDECIN PRINCIPAL (EN KKTBAITE) l)E L'AUMÉE 1IELOE CUKVALIKU DE PLUSIEUUS ORDIiES, ETC.

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.A-vant-JPropos.

Appele, com me me m b re-directeur du Comité d'Amsterdam delaSociété pour le secours des m aladcs et blessés, pendant les éven em cuts dc 1 8 70, a m'occuper de tont ce qui co n c er n e le traitem ent des ma lad es et blessés, j' a i repris des études qui fur ent pour moi longtemps un sujet de predilection. J'y ai donné une par tie d'un temps précieux, pris sur mes occupations jour nalièr es. Cédant ii des invitations gracieuses, je me suis réso 1 u a la publication de mes essais. Je v e u x 1 e faire c o in m e souvenir de 1'armée dans laquelle j'ai passé quinze

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VIII

a n n e e s de ma vie et qui restera t o u -jours I c sujet de nies v o e u x a r d e n t s et de mes m e i 11 e u r c s aspirations; h e u r e u x enfin que j c p u i s s e d o n n e r en mcme temps une marque publique d' e s t i m e a 1' li o n o r a b 1 e ami, souvent men e x e m ple, quelquefois m o n é m u 1 e, dont le nom, si justement hen oré dans la science, est place en tête de cc 1 i v r e.

Du. M. W. C. Gori.

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La recherche de l'organisation ia plus utile des hopitaux et infirmeries est une des questions importautes qui trouvera sa solution par des études liygiéniques. Cela saute aux yeux quand nous considérons qu'elle se rattache, d'un coté au seeours des pauvres et des malheureux, mais embrasse aussi tons les points qui occu-pent plus qu'auparavant les hygiéuistes. Je pense a présent a rarehitecture et a Forganisation de nos demeures, y-eompris Ie chauflagc et la ventilation, au choix de la nourriture, du vêtement et du eouchage et enfin aux suites non moins importautes, (ju'exercent les miasmes et les eon-tagia sur la santé et la vie de milliers. 11 est clair, que cette influence sera d'autant plus fatale au même degré, que les individus seront affaiblis par differentes maladies et qu'ils ne ponrront

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10 UKS HÓPITAUX, TENÏE8 KT BARAQTJES.

plus résister aux influences pernicicuses. Alors uu malade devient uu foyer d'infection pour 1'autre, et enfin le résultat du traitement dans les liopi-taux est si défavorable que je pourrais exprimer iei, comme jc l'ai fait ailleurs, sans op()osition serieuse, et en harmonie avec M. Levy, l'opi-nion (pie „l'idéal de I'liygiene hospitaliore doit être la suppression des hópitaux dans uu aveuir cpii n'cst pas fort éloigué.quot; Mais il y a plus. L'intéret que l'on prend au sort des malheureuses victimes de la guerre est devenu de noa jours de plus en plus general. Beaucoup de choses ont contribué a ce résultat: chez les gouvernemens la triste experience faite après ehaquc combat, reünie a la pression de ropinion publique cx-crcée sur eux et chez les peuples; les narrations de ceux qui, presses par les sentimens du devoir on de l'humanite, ont visite les champs de bataille.

Nous vivons dans un temps de publicité: et quand le soin pour le service sanitaire des ar mees de terre ou de mer est négligé par un gouvernement, il reste encore l'occasion de rappeler les dangers qui en dérivent. Et si l'on n'est pas ccouté, la guerre, avec ses suites fu-nestes de misère et de calamités, nous apporte la honte de la négligence tcméraire d'uu de nos intéréts les plus sacrés.

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DES HOPITAUX, TENTES ET BAKAQUES. H

Souvenons-nons douc continuellement, dans la victoire et dans la dcfaite, que le soin qu'il faut pour le soldat qui tombe blessc pour lo service de son pays, est une dette d'honneur, a racquittement de laquelle ne pen' se sous-traire aucun peuple qui vcut maintenir son rang au milieu des nations civilisées. 11 s'agit done ici d'une question tres-importante. Par le changement dans lu raanierc de combattre, suite naturelle des transports plus rapides et de ramólioration des armes a feu, le nombre des blessés après chaque combat augmente de plus en plus.

Or les moyens de la conservation doivent rivaliser avec cenx de la destruction, et si nous ne pouvons pas faire tout ce que nous desirous qu'il fut fait pour les ddfenseurs de notre in-dépendance, de notre honnour et de notre liberté, il faut au moins qui nous fassions notie possible de marcher vers ce but. Je le répète, le courage des combattans en sera fortifié et ils se consacreront a I'interet public avec une confiance inébranlable s'ils savent qu'ils seront soignés par une main charitable et habile, s'ils tombent au service de la patrie; et que, l'État remplacera les parens et amis absents. Le soin du soldat blessé, est nommé justement un d e-voir sacré. II est encore plus vrai qu'en agis-

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12 des noriTAux, tentes et bahaques.

sant ainsi on augmente en niême temps la resistance et qu'en négligeant cc devoir on s'cxpose a des sixites funcstes. Ecoutons ce qu'en dit un médecin militaire tics autorisé: „Une confianee inébranlable du soldat en sou commandantquot;, dit M. dc Hanrowitz, Inspecteur general du service de santé de la marine ilusse '), „non-seulement par rapport a ses connaissances et a sa prudence, mais aussi en ses soins pour ses inférieurs, est une des principales conditions pour mener bien la guerre. Aussi longtemps que cette confiaucc n'est pas ébraulée, le solclat souifre tont avec un courage ardent, mais du moment que cette confianee manque il n'en est plus ainsi. On ue laisse done pas enraciner chez lui la pensée ([ue l'ormée n'est pas en état de pourvoir a ses propres besoins, car la disposition qui pourrait en découler nc peut qu'être fatale au sentiment du devoir qui doit animer constamment 1'liomme de guerre. Sous un point de vue moral et matériel l'organisatiou bien ordonnée du service sanitaire est toute dans l'interêt de rarméc.quot;

Anhné dc ces sentimens j'ose aborder une des questions les plus difficiles, qui ocoupcnt main tenant les hommes de science et les ad-

') Dio armoe und das Sanitatswoaen in ihren gosonacitigen Bezieliimgen von Dr. II. v. Hanrowitz. Wien 1869, pag. 105.

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DES HÓriTAUX, TENTES ET J5A11AQUES. 13

ministrateurs. Je le ferai dans Tordrc suivant Je traiterai en premier lieu, des hópitaux, de leur situation, de leur éteuduc, de la distribution, de la ventilation,' du chauffage et de In désinfection. Eu second lieu, nous parierons des hópitaux en general et spécialemeut des tentes et baraques. Ainsi prepares nous pour-rons exposer nos plans sur cette matièrc et en menie temps donner nos idees sur le transport des blesses et malades, et l'organisation des services sanitaires.

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I.

DES HOPITAUX.

Lo temps est heureusement passé oü l'on jugeail chaque batiment de quelque étendue propre u servir d'hopital ou d'infirmerie. On a fait par la statistique des découvertes effrayan-tes sur cette maticre, qui légitiment pleineraent la e rain te d'etre soigné dans uu hópital. Per-sonne ne peut s'étonner qu'on ait cherché les moyens de combattre avec succes les suites funestes de traitement dans les hopitaux. L'hy-giène hospitalière en efïet a été plus étudiéc qu'auparavant, ct on est parvenu ii la fin a un certain concert d'opinions sur les principes.

Tous les hommes compétens preferent les pe-tits aux grands hopitaux. L'expérience a prouvé que les regies de l'hygiènc, qui peuvent être appliquées dans tics hopitaux de 200 a 300 ma-

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DES HÓPITAUX, TENTES ET BAUAQUB9. 15

lades, trouvent des obstacles, quand on veut depasser ces chiffres et devienuent a peu prés impossibles fi réaliser si on en dépasse Ie double. Dans ces liinites de nombre, les dépenses de toute nature ne sont pas plus ólévées que pour des bopitaux plus populeux.

Nous savons par l'expérience, (|ue les résul-tats du traitement medical sont toujours plus favorables dans la pratique privée que dans l'hópital le mieux conditionné; qu'ils sont nieil-leurs dans les petits bopitaux, a la campagne ou dans les petites villes, (pie dans les graudes; enfin d'autant plus avantageux qu'ils sont plus éloignés des agglomerations populeuses. L'hópital est amelioré au meme dógré (pie l'accès libre d'un air pur est plus facile. En harmonie avec ces principes, je pourrais done sans contredit proposer la thèse s ui van te : faire batir un hop it al ou une mater nité au milieu d'une grande ville, c'est agir témérai-rement contre les plus simples principes de riiygiène hospitalière.

Au risque même de plaider pour l'évidcncc, je fais encore suivre a l'appui de la thèse pré-cédentc quelqucs chiffres plus qu'cloquents.

Suivant les notices dc Loon le Fort la morta-lité pour cent opéi'és était comme suit pour l'amputation de la cuisse: bopitaux dc Londres

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1(J DES HOPITAUX, TENTES ET BARAQUES. ---he \

30, hopitaux provinciaux 34,5, hópitaux ruraux tie

24; — pour l'amputation de la jambe, hópitaux ^U1 do Londrcs 30,(i, hópitaux provinciaux 21, hó-

pitaux ruraux 10,9; — pour l'araputatiou du oo;^ bras, hópitaux do Londres 22,9 hópitaux pro- , w

viuciaux 30,3, hópitaux ruraux 17,7; — pour PI 1'amputation de l'avant bras, hópitaux dc Londrcs 13,1, hópitaux provinciaux 7,0, hópitaux

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ruraux 8,5. ge|

Parmi les accouchccs, la mortality ctait encore

pire. Tarnier trouvait dans la maternitc dc la W,

l'orte Royale ri Paris, en 1850, la mortalite 1 er

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pour It), et pour les accouchecs en ville 1 pour 332, tandis qiie M. Husson, directeur de l'assis- „l'

tance publique, trouvait la mortalite parmi les accoucliées dans les hópitaux 1 sur 10 et en dehors de ces établissements 1 sur 172. Leon le Fort a encore coustaté que sur 888,312 ac- ^

coucliées dans dilférents hópitaux il y avait Dil

30,594 dóccs; c'est 1 sur 29, et sur 934,781 femmes accoucliées en ville, dans les maisons particulières, il n'y avait que 4405 dcccs; c'est 1 sur 212. Ccttc diiférence frappante serait encore plus grande, si on pouvait continuer la !

d'

comparaison entre les hópitaux (pii sont situés dans l'intérieur des villes ou a leur circonfé- ^

rence. Le résultat de cette comparaison est déja (!■

conuu en partie. Nous pouvons voir par cette ^

or.

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DES HÓPITATJX, TENTES ET BARAQUES. 17

voie que la raortalité pour I'operation de la cuisse était daus les hópitaux au centre des villes 30,1 et a leur circonférence 24.2 sur cent opérés.

Le journal medical d'Edimbourg, de Juin 1809, contient des etudes comparatives et sta-tistiques sur le resultut des grandes ojjurations executées dans les grands hopilaux en regard de celles faites dans la pratique privée, ou dans les petits hopitaux a. la campagne et communiqués par 374 différents praticiens. On apprend par cette comparaison que sur 2089 amputations faites dans les hópitaux, 855 sont morts et sur 2089 opérés dans la pratique privée, 22G sont venus a mourir; c'est a dire 029 de raoins (pic dans le précédent cas. Cette différence est véritablement ecrasante. J^lle nons apprend (jiie la mortalité parmi les operes est. (piatre fois plus grande dans les hópitaux qu'en dehors de ces institutions. Le célèbre professeur Simpson avait done bien le droit de parler d'unc maladie inhérente aux hópitaux, „l'h o sp it al is in c.quot; Ses chiffres ne pouvaient pas étre réfutés. Toutefois après sa mort on a taché d'en amoindrir les deductions Cela a conduit a dc nouvellcs discussions et etudes. Cest ainsi que M. Lawson 1'ait a repris le combat pour feu 1c professeur Simpson. II commcngait a rassembler tons les

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18 DES UÓPITAUX, TENTHS ET BARAQUES.

cas d'ovariotomie et trouvait pour les opórés dans la pratique privue uuo mortalité de 30 pour cent qui moute dans les hópitaux a 00 pour cent. Dans Ie Rapport au Regisseur general pour 1861 il trouvait de nouveaux faits a l'appui de notre tlièse.

La mortalité dans les hópitaux qui cou-tenaient 300, 200, 100 et moins que 100 malades, descendait en eet ordre; 100,53, 91,87, 70,43 et 47,08 pour un nombre égal d'opérés.

La mortalité panni les blesses dans I'hopital de la Charité était de 10 sur 100, tandis (jue dans les baraqnes élevées pendant la dernicre guerre eelte même mortalité n'était (jue de 7 pour cent opérés '). G'est un résullat bieu favorable, qui le devient encore plus, quand nous y ajoutons quelques autres cliiffres tirés des rapports sur les différentes guerres de notre temps. Suivant Baudens et Chenu la mortalité pendant la guerre do la Crimée dans l'armée l'ran^aise était de 21,2 sur 100 blessés quot;). D'apros le rapport

') Dor Ban dor Krankenhiinsor von Ludwig Dogen, Mun-chen 18G5. Soito 38. Die Kriegslazarethe vuid Barackon von Berlin, von Dr. Steinberg, Berlin 1872. Seito 79.

!) Baudens, La guorro do Crimée, Paris, 1858, pag. 402 et Chenu, Rapport au Couseil do santé des Arméos sur los ré-sultata etc. Paris 18G5, page. 579.

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DUS IIÓPIÏAUX, TENTES ET BARAQUES. 19

du professeur de Huebbenet, sur 575,930 ma-lades et blesses de rarmce Russe 81,617 sunt decodes; c'est 14,7 pour 100 '). Dans l'arméo Anglaise, toujours dans la même guerre, sur 18,283 blesses 1,7(51 inorts; c'est 9.6 pour cent1). Dans la guerre dltalic parmi 17,054 blesses sont 2,962 decodes; c'est 15,11 pour cent2). La guerre du Danemark donna parmi les blesses de l'armée Prussienne une mortalité do 15 pour cent, et clioz ses adversaires une nior-talito do 2,4 pour ccut '). Enfin dans la guerre de rAmérique du Nord do 1861 a 1865 il y avait 143,361 blesses, dont 14,999 sont décé-dcs, c'est a dire 10,4 pour 100 blesses 3).

Ces cliilfres n out pas besoin do coinmentai-ros ils prouvent, surtout en ce qui concerne les malades, blesses on operés, que: les hópitaux et infirmeries, institutions f o n d é e s, soit par 1'amour de 1'hum anitó bien-

1

') Medical and surgical history of the British army etc. Vol. 11, Tab. A. p. 252.

2

) Chenu, Statistique mcdico-chirurgicalo do la Campagne d'ltalie etc. Paris 1869, Tom. 11, pag. 853 et 872.

3

0) Circular No. (i. War Departement. Surgcon-Genorals Office, lloports ou tho Extent and Nature etc. Washington No. 11, 18U5' pag. 101.

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20 DES hópitaux, tentes et bauaques.

faisante, soit par la prévoyaucc de l'Etat ou des communes, sont pernici-euses pour ceux qui y c here lie ut aide etsecours, a ee dégré même, qu'e 11 es peuveut rivaliser en cela avee les guerres les plus destructives.

Si celu done ne peut pas être nié, il ne reste pas moins vrai, que les hópitaux serout toujours nu mal nécessaire. Les amis de l'hu-manité justemeut cuius par les consequences deplorablcs du traitement hospitalier out cherché les moyens de combattre scs effets. lis Tont trouvé eu premier lieu dans le partage et la classification des malades sur un grand espace. Les grands hópitaux, si longtemps l'orgueil des architectes et des administrateurs, ne contcn-taient pas les médecins et les hygiénistcs. Guldés par rexpérience ils ont demandé pour les malades et blesses un air pur et sans eesse renouvelé. Aidés par ropiniou publique ils ont a la fin eu raisou de leurs adversaires Les grands hópitaux, surnommés palais de la misère, seront ferinés dans un avenir, qui n'est pas beaucoup éloigué et cela engendrait encore un autre bien : dansles vieux b a t i m e n t s les dépots des exhalations morbides, qui caractérisent 1'air hos pit a lier et eau sent les maladies hospitalières.

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DES HÓPITAUX, TENTES ET BARAQUES. 21

soiit par ] e cours du temps entr és dans les pores et les interstices des mur ai 11 es et des p 1 anchers. Eu un ni ot 1' i n s a 1 u b i' i t é dos grands h o p i t a \i x augmente par ces causes en rapport direct de leur ancienneté.

Nous voulons done, d'accord avec ces principes, de petits hopitaux a rextremito ou hors des villes et des agglomerations populeuses.

11 y a différentes formes d'hopitaux, dont deux seulenient sont plus généralement suivies; Ie sy-stême des petites sallos avec de larges corridors et celui des pavilions séparés. Florence Nightingale, une dos femuies supérieures de notre époque, a dit beaucaup de bien d'un hópital divisé en différents pavilions. C'est cette forme d'hópital, qui en Angleterre et en France a constammeut maintenu sa bonue réputation. Comme type, pour cette forme, on peat citer: l'hópital Lariboisière a Paris, et l'hópital St. Thomas a Londres. Ces hopitaux, dont nous parlerous plus en détail, consistent dans des pavilions séparés. En conséquence la plupart des salles de malades sont disposées de telle manière, qu'elles peuvent recevoir a leur deux cótés les plus longs le courant de 1'air libre. C'est un avantage réel, car nous savons par ex-

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22 DES HüPITAUX, TliNTES ET BARAQUES.

périence quo la ventilation naturelle ne sc fait pas seulemeut par les portes et les feuêtres ou-vertes, mais aussi lors([n'elles sont ferinécs et do plus par les murailles. Uno autre disputation de cette forme d'hopitaux est au contraire, qu'ils sont composes do grandes salles et il n'est pas besoin do dire cjue cola est un désavantage qui n'est pas facile a neutraliser. Dans eet ordre d'idées on est parvenu dans les donders temps a composer de nouveau les hopitaux en plus ou moius grande parlio par de petitcs salles lieés par un corridor commun. Nous no vou-lons done ])lus, dans l'état actucl de la question, le systcme d'hopital eu pavilion et do grandes salles, mais uni avec celui de larges corridors et de petite.s salles. Ce système mixte n'est ceitainemcnt ])as le dernier mot dans la question et nous voyons déja dans un avenir qui n'est pas beaucoup éloigné próvaloiv un autre système plus parfait, e'est a-dire repon-dant a ions les principes d'une bonne hygiene hospitalièro. L'expórionee a démoutré depuis longtemps (pio le traitcment dans les tentes ot baraques peut remplacer celui des hopitaux. On aura done dans l'avenir des hopitaux composes; de pavilions uvoc de grandes salles, un corridor largo avec tie petites salles, mais aussi des baraques de bois et de piorro. Avec co

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DES I lor mux, TKNTES ET BARAQUES. 23

système il sera possible do divisor et de classer les uialades et blessés selon leur nature et lours bosoius, et d'en traitor eu momo temps un plus grand nombro sur le luome terrain. De nos jours on s'ost dója approchó de co système dans lo nouvel liopital ü baraques de la ville do Leipzig. ^

Jo erois, qu'il est utile de nous arrêter un moment a ces trois ótablissomeuts; l'höpital Lariboisiero, St. Thomas et I'liopital do Leipzig. paree quo cette coinpaniisou peut otre utile pour fixer nos idees sur I'liopital le mioux condition] ié.

L'liópital Jiariboisière est ódifió au nord do Paris dans l'anoien clos St. La/aro sur un terrain libre, d'uno suporficie do 51,872 m3 et destines pour OOG malados. 11 se compose d'uno série de batimens a deux étages chaoun, sé-parés entre eux par des préaux ou proinenoirs et établis sur deux ligues parallèles. La distance entre les pavilions est de 21'quot; 70 chacuno et la suporficie de la conr centrale est de 5175 m2. Les pavilions out 45 metres de long,

') Das ersto stadtisohc Barackon krankouhaus in Iioipzig von Dr. C. Eeclam, Doutsolie viertoljalirsolu-ift für offontliche gesundheitspflege. Erster Band 1809, pag. 145: »i)io Baraoko iat dio jungato Kntwickolnngsform «lus kvanUcnlmuses.quot; Kin musterkrankenhaus von Dr. Mod. L, Fürst, in Dio Garton-lanl)e, 1871, n0. 21, pag. 344.

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-4 DES UüPITAUX, TKNTKS ET BARAQUES.

10 dc large et 18 de hauteur, couverts les uus par los autres. Le béuéfice des pavilions isolés se trouve ainsi en grande partie perdu, le vent et la lumière n'ayant pas un aceès facile sur los fagades des batimens; I'air cor-rompu des salles peut plus faciiement pénétrer dans les pavilions voisins. La ventilation arti ficielle n'obvie qu'en partie a eet inconvenient, surtout pendant l'hiver; mais eet air vicié, re-foulé hors des salles par les ventilateurs, ne pouvant pas être sufHsanuncnt balayé par les courants atniosphéri([ues, crée auteur des pavilions une veritable atmosphere hospitalière.

11 faudrait done un intervalle plus considerable entre les pavilions.

Chaque pavilion contient trois salles de 32 lits, plus 3 lits installés dans une petite cham-bre, au bout de chacune des salles et destines aux malades agités ou atteints d'atfeetions con-tagieuses. Mais la salie d'accouchements ne contient epie 28 lits, et la petite chambre qui la termine ne re^oit de malades que pour l'opé-ration de raccouchement ot l'ablution des en-fants. II y a done ensemble, y-compris les 28 berceaux, GOG lits affectcs aux services de médeeine et de ebirurgie. Enfin, les salles sont tres grandes, les lits sont espaces et le cubage d'air par lit est de 58m0 au rez-de-chaus-

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DES HÓPITAUX, TENTHS ET BARAQUES. 25

sóe, 52quot;1C au premier étage, 52mc au second étage. ')

Les prineipaux vices, que présente la construction de l'liopital Lariboisière sont: un norabre de inalades trop grand, des pavilions trop rap-prochés et des sulles trop espacées, II est facile de comprendre qu'ou a tache d'obvier a ces inconvénients dans des plans nltéricnrs. Nous citons par exemplc l'hópital eoustruit en pavilions séparés prés de Manchester: superficie de terrain 20,()()() m2, noiubre de inalades 480, distance dc pavilions 31 m, superficie pour chaquc malade dans les salles 9,81 in2 et cubage atmosphérique 50 m3. Les pavilions sont lies par des corridors ouverts aux deux cótés, mais seulemcnt par leur rez-de-chaussée, ainsi que chaque pavilion a son propre escalicr et monte-charge. Une separation absolue est douc presque possible entre les habitants des différents pavilions, ce qui est en cas d'infection un avantage réel. 2)

On est allé encore plus loin dans cette voie d'amélioration dans la construction de l'hópital

') Essai sur los hópitaux par Ch. Sarazin, Annales cVhy-giène publiquo T. XXIV, 05, p. 33(i et 327, ct Etudo sur los hópitaux par M. Armand Eusson, Paris 1862.

2) The pavilion hospital; Chorlton unioii Workhouse near Manchester by Thomas Worthington, The Building News, 1807, pag. 339.

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20 des nopiTArx, tentes et baraques.

St. Thomas a Londres. Depuis que l'ancien hópital St. Thomas était vendu ii une societé de chemin de fer ou avait cherché un terrain assez grand et bien situó pour en fonder un autre. A la fin on iixa l'attention sur un grand terrain situé au bord de la Tamise tont pres du pont de Westminster et les jardins du palais Lambeth, residence ordinaire do rarclieveque de Canterbury. La superficie est prés de 35,000 m2, tandis que toute la suite des bati-ments a une longueur de 517 m, (|)rcsque au-tant que Ic Palais de cristal de l'expositiun de 1851) et une largeur de 70 m.

L'hópital St. Thomas se compose de buit pavilions séparés, avec des intervalles de 38 m. et plus. Le premier de ces pavilions, ou groupe de batimens, le plus pres du pont do Westminster n'est pas destine aux malades, mais a 1'administration. La se trouvent la salie pour les gouverneurs, la demeure du treao-rier, les bureaux du directeur et de ses com-mis etc. Ce batiment a son entree sur le rond point du pont de Westminster. Les six pavilions suivants forment ensemble l'hópital; et l'ódi-tice un peu plus bas, situé au cote Sud du terrain, contient l'école médicale, un museum etc. Du coté de la rivière les six pavilions do l'hópital proprement dit sont unis par une co-

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DES IIÓPITAUX, TENTES ET RAllAQUES. 27

lounade couverte, qui offre aux convalescents, un lieu jjour se reposcr. Du coté oppose de ledifico se trouve un large corridor de deux étages, lt;jui communique avec le souterrain, avec le rez de cliausséo et le premier étage de cha-que pavilion, et qvii fait do ecs édiiices séparés un corps. Cliaque pavilion a un rez-de-chaussée et trois étages. Dans les cinq premiers pavilions les salles de malades occupent tout riiópital du cóté de la rivière. Les salles ont 3Gm,18 tie long, 8™,512 de large et 4quot;',50 de hauteur et sont destinées a 28 malades; cubage atmospliéri([ue 5J ms. A rextrémité dc cliaque salie sc trouvent dc graudes portes vitrées qui dounent acces aux balcons couverts, oü les patients out l'occasion de proliter du beau temps. Au rez-de-chaussée se trouvent encore (juelques petites salles destinées au victiines des malheurs ou des accidents.

Cola fait que cliaque pavilion peut coutenir environ 100 malades. Los graudes salles com-numiquent avec le corridor par un portail qui se trouve entre dc petites salles pour malades, et quelques cluunbres pour les differents services. Les petites salles sont destinées a des patients après des operations trés graves et a ceux qui ont besoin de repos et do separation. Ces memos salles ne contiounent

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28 DES H0P1TAUX, TKNTES ET BARAQUES.

(ine 2 lits et out uu cubage atuiospliórique de 100 m3. Aux autres coins des pavillous se trouve une construction, contenant d'uu cóté un lavoir et chanibre de bains et de l'autre cóté une scullery et un cabinet d'aisance avec pissoirs. La distance eutre les pavilions est, coinme nous venons de dire, de 38 m., mais au centrc cette même distance est portee a GO in. La superficie au centre des pavillous est de 1924 m2 et entrc les autres pavilions de 1252,13 m2. Ccla fait pour rétendue du terrain entrc les pavilions un total dc 8145 m2. ')

Les défauts de eet hopital se montreront saus doute par l'usage. On peut deja lui reprocher ce qui suit: situation au centre d'une grande ville, trop grand nombre de lits, et trop grand nombre dotages des pavilions.

C'est dans notre temps que s'élevait eufin uu hopital, qui unit presque toutes les conditions d'une bonne hygiene hospitalière. En véritó on y trouve eu nierne temps represents Felegance Fraugaise, I'esprit technique des Anglais et le talent pratique, administratif et organisateur

') St. Thomas hospital in the illustratod London News Juni 24, 1871, p. 615.

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DES HOPITAUX, TENTES ET BARAQUES. 29

des Américaius du Nord. On a done droit d'en parler coinme d'uu hópital-modèle.

Je veux plus particulièrement y attirer 1'at-tcntiou paree qu'il représente le raieux mes idces sur cette maticre. Nous trouvons un hopital cousistant en petitcs salles avec corridors et graudes salles isoleés, en d'autres terines quclque chose d'un système mixte, qui pent servir a classer et diviser les malades et les blesses scion leur nature et leurs besoms.

L'hópital do Leipzig est situé au cóté Sud de la ville et consiste en un batiment fixe, avec petitcs chambres et corridors, et en 14 bara-ques, dont 4 sent tout a fait isolées. Chaque baraque est destinéc a 24 malades. An bout de ces raêmes baraques so trouvcut deux pctites chambres, chacune pour deux lits. Avcc cette installation on obtient done a la fin 14 salles de 20 et 28 salles de deux lits. On pourrait encore augmenter le uombre des pctites salles, en divisant une on plusieurs baraques par des cloisons en deux on trois espaces plus petits, tandis que le besoin des dernières est dojti plus on moins satisfait par rédificc fixe, dont nous avons parlc tantót. La distance entre les baraques est de 30 m. Au milieu du terrain, qui a une superficie dc 45000 m- se trouve une place richement

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30 Di:s UOITI'AUX, TENTHS ET BARAQUIiS.

dccorée de verdure et dc fontaines de ])las d'un hectare (114 m de long et de large). Elle sert de promenade aux convalescents. Nous regret-tons rpie dans Ia construction de eet hopital, il n'y ait pas de promonoir ou lieu de recreation et d'éxercice corporcl pour le mauvais temps. Le large corridor qui unit le plus grand nom-bre de baraques entre cux ne repond qu'en partic a cc but.

Le terrain de l'hópital, situé u rextrimité d'un des faubourgs de la ville, est entière-ment ouvert et va doucement en pente. Sur 45000 mquot; 10900 mquot; sont couverts de batiments. Les salles de malades prises ensemble out une supcrficie de 3520 in2. Nombre de malades 338, et cubage atmosplièrique 50 m3. Nous trouvons ici réunis toutes les conditions favorables pour une colonic hospitalière ou pour uu village a malades. C'est Vircliow, qui a voulu vulgariser la pensee et le nom d'une telle institution. L'illustre professeur do Berlin mettait surtout en avant l'avantage de l'accès libre d'un air pur et sans cesse renouvelé.

Sous aucune condition, dit-il, l'accès de l'air frais et le renouvellement de l'air, ventilation et aeration, ne se pratiquent mieux, que dans un hopital pareil. Partout on a donné des faci-lités puur une ventilation libre ou naturelle.

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DES HÓPITAUX, TKNTES ET BARAQUES. 31

Ainsi avaut tout uu air frais ct abondaiit. Eu-suitc dc l'cau pure 011 grande quantité ct mie bonue iiourriture. Cela fait dans bien de cas, plus que tons les secours médicaux; ear l'art inódieal existc souvent dans les soins pour l'air, Teau et Ia nourriture ').

Conune résumé de ee ([ui precede nous pou-vons dire:

1°. Un höpital doit être situé dans un lieu dócouvert, sur un sol sec et sur un terrain déclive. Ce terrain doit utre vaste Un espace do 50 metres carrés de surface par malade répre-sentc un mininum qui devra autant que pos-sible, être depaasé, ct qui, d'aillenrs, doit croitre progressivemcut avcc le nombre dc malades.

2quot;. L'atmosphère d'uu hopital sera d'autant plus pur (ju'il sera plus cloignc des agglomerations j)opuleuses. Ou ne devrait conserver au centre des villes que des hópitaux d'urgence, iiéccs-saireinent restreints. Cette mesure dc salubrité scrait en même temps unc mesure d'économic et permettrait aux grandes villes d'installcr leurs hópitaux sur do vastes terrains ])eu coutcux 2).

3quot;. II faut qu'il y ait un rapport lixe dans

') Uobor hospitaler unci Lazaretto von Itudolf Vircliow Berlin 1809, pag. 27 e 28.

2J Sociétó do chirurgie do Paris, Discussiou sur Fhygièno. et la salubrité des hópitaux. Paris 05, p. 134 c 138.

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32 DES IIOPITAUX, TENTHS ET BARAQTJKS.

la division du terrain de l'hopital, c'est-a-dire entrc 1c terrain libre et la partie couvertc de batiinents. L'expurience a déinontré que le premier do it surpasser cinq fois la deruière.

4°. Nous desirous pour chaque inalade un cubage atmospliérique de 50 m3. De sorte qu'il se trouve dans. une espace d'environ 4 m de long, 5 m. de hauteur, et 2Va m. de large. Tenon, dès 1788, demandait au raoins 51 metres cubes par maladc et 48 metres cubes par convalescent. La moyenne du cube atmospliérique est pour les hopitaux de Paris, selon Le-fort, Bloudel et Ser, de 44 mc. par malade, et serait pour les hopitaux Anglais do 52 mc. !)' Selon Husson au contraire celle des hopitaux de Paris serait aussi 44 mc., mais cello des hopitaux de Londres ne depasserait ])as 42 mc 3). Le chiffre de 50 m.3 par malade u'est done pas exagérc 4).

') Leon le Port. Notes sur quolqnes points lie 1'hygièno hos-pitalière. Paris (52, pag. 30.

3) Husson Etude etc. op. oit. pag. 576,

') Cf. Luftcubns in Handbuch dor militar gesundhoitspflego boarbcitot von lloth u. Lex. Krstor Band, p. 217. Berlin 1872.

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II.

TENTES ET BARAQUES.

L'installation des hopitaux sous teute date d unc periode auterieure. Bell ct Mennen out deja en 1812 traité sons la ten te les blessus anglais'), tandis que notre inspectenr-général Brugmans s'est servi avec utilité en 1815, après Waterloo, de ce moyen pour dirainuer les ravages de la pourriture d'hópital et do rinfection puru-lente 2). En 1854 M. Ie dr. Felix Krans u introduit l'hospitalisation sous tento dans rarméo aiitrichienne '). Ce n etaient eependant ([iie des tentatives isolóes, qui ne suffisaient pas pour

') Fischer Kriogs Chinirgio, Erlangen 'G8, p. 300.

2) Bericht van de geneeskundige dienst bij do armee bij on na do veldslagen van 1815, in van Dommelen Geschiedenis dor militaire geneeskundige dienst, p. 81—90.

3) Das Kranken-Zerstreuungs-Systom von Felix Kraus. Wien, 18G1, pag. 29.

3

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34 DUS HÓPITAUX, TENTES KT BARAQUES.

attirer 1',attention générale. Alors est arrivé la guerre de Criince, si fertile en leyons et en cxpériences non-seulement pour les sciences militaires, tnais aussi et surtout pour l'hygiène et le traitement des maladcs et blesses. C'est en premier lieu par M. Michel Levy et apiès hii par Baudens, tons les deux Inspecteurs du service de santé do l'armée d'Orient, qu'a etc introduit le traitement sous tente dans l'armée fran?aisc, sur line large éclielle. M. Michel Levy a depuis, dans un discours pour toujours mémorabie, exposé les enseignemens et les pré-ceptes (ju'il a su déduire dc sa richc expé-ricnce. Ecoutons-le lui-même cn citant quel-ques parties du compte rendu qu'on en trouve dans le bulletin dc 1'académie dc médecine de Paris ')• Couune les chirurgiens militaires qui Tavaient procédé dans cette voie, M. Michel Lévy ne fut pas conduit par des idéés théori-ques ii recourir a Femploi des tentes: ici encore la nécessité, „cette mere dc rindustriequot;, imposu sa loi el provoqua le progres. „C'est le eholéra, qui a nécessité l'expérience des hópitaux sous tentes et qui l'a justifiée d'une manière frappante par les résultats du traitement. Saus rap-peler ses terribles ravages au Pirée, dans un

') Discours sur l'hygiène hospitaliure prononcé a 1'académie do niódecino dans la séance du 25 Mars '02, par M. Michel Levy.

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DKS HÓPITAUX, TENTES ET BARAQUES.

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batiment clos comme les lazarets d'Orient, et a Gallipoli dans les maisons turques enclavées et détériorees que l'on avait affectóes au service hospitalier, nous trouvons a Varna les élémens juxtaposes d'une comparaison decisive: les deux hópitaux intérieurs out regu dn 10 Jnillet au 18 Septernbre 1854, 2314 cliolériques, dont 1389 ont succoinbé, e'est-a-dire que 16G de ces malades ont donné 100 déces.quot; „Dans les trois höpitaux sons tentes, ouverts, le premier (monas-tère ii0. 1), le 5 aout, et ferme le 28 du inême mois; le second (mouastèrc n0. 2) ouvert le 7 aout, et ferme le 17; le troisième (Franka), ouvert le 8 Aout, et ferme le 19 Septernbre, il est entré 2635 cliolériques, qui ont douné 098 déces, c'est-a-dire 100 morts sur 37G malades. Cette proportion est si extraordinairement favorable, qu'en ajoutant au chiffre mortuaire les déces survenus pendant la traversée en mer et pendant la translation des malades du port do Varna aux emplacements du monastère, on la trouvera encore d'une bénignité sans exemple. Autre benefice; l'hopital clos de Varna conserva longtemps, et malgré tons les efforts d'assainis-sement une certaine ])uissance d'infection; avec les tentes, point d'infection, point de foyers; pas un officier de santé n'y a suecombé, tandis que 17 ont payé de leur vie leur dévouemeut

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3(3 des hÓpitaux, tenïes et öaraqüeS.

aux cholcriqucs dans les batimens olos de Gal-lipoli, d'Adrinople, de Varna. La repartition do ces malades sous les tentes par groupes de 3 a 8, est mie veritable dissemination ; entre deux malades. Fair saus cesse renouvelé; entre deux tentes, l'air extérieur, les grands courants do 1'atmosphere libre; I'liopital-batiinent déliraite, condense, accumule les germes morbifiques quels qu'ils soient; l'hópital sous teute les sópare, les disperse, les dissipe. Les chances d'infection et de contagion out leur miniuum sous les tentes, lc\ir maximum dans les batimens hospitaliers.quot;

„La praticpie des temps de paix, le fonction-nement hospitalier des villes et des gurnisons do l'intérieur, la médecine civile, comme la mc-decine militaire, sont appelés a profiter des redoutables enseignemens de la guerre. Les situations pres(jue inevitables qui se produisent dans les campagnes de longue durée, les catastrophes pathologiques qui jalonnent l'itiiicraire des grandes amices jetées au loin et soumises a un longue serie d'épreuves, no sont, pour la plupart, que le grossissement, sur une tres-grande échelle, des causes et des effets, qui agissent petitenient, obscurément dans les hopitaux plus ou moins encornbrés des grandes villes; c'est toujours I'infection, souvent la contagion, qui est le principal artisan de leur mortal ito; ici

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DES HOPITATJX, TENTES ET BA11AQUES. 37

elle tue cn detail, coimne ailleurs cllc tue en gros; olie paralyse ou detruit l'ücuvi'e du clu-rurgien; clle frustre 1c mcdecin de ses ])lus legitimes succes; elle iïappe de stérilitó le zèle et l'aetivité de radiuininistrateur. Que tons, administrateur, médeeiu, chirurgieii, s'euteudent douc pour ncutraliser cette influence la plus générale, la plus active, laplus persistante parnu toutes celles, qui contrarient le but secourable de leurs comniuns efforts.quot;

Ces mots éloquents out fait une impression profonde, et déja dans la dernière guerre ou a su proflter de ces sages préceptes. Lors-qu'au milieu de l'année 18G6 éclata la guerre entre FAutriclie et la Prusse, la ville de Frankfort s/m. était, comme résidenoe de la diète germanique et de la commission militaire, comme destinée a être le centre des operations. Une suite naturelle de ces circoustanccs était la formation d'un ou de plusieurs hópitaux. Le médeeiu principal le dr. Baerwindt, proposa, d'accord en cela avec les autorités, d'installer uu hópital sous teute de 2000 lits, mais en même temps de faire dresser, comme moyen d'essai, trois tentes d'liópital dans le jardin de rinfir-mcrie militaire. Par suite du cours rapide des événemens la prémière partie de la proposition du docteur Baerwindt ne fut pas exécutée, mais

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38 DES HÓP1TAUX, TENTES ET BARAQUES.

bien la seconde partie, surtout par les soins de M. foraboom, membre du séuat et president de la commission hospitalière. On a crigc trois tentes, qui pouvaient contenir ensemble 42 ma-lades. La première était employee pendant 90, la seconde 09, et enfin la troisicme pendant 50 journées. Durant ce temps la premiere tente coutenait 28, la seconde aussi 28 et la troisicme 32 mala des. De ccs 88 patients, dont la plupart étaient tres-serieusemeut attaques lt;)3 ctaient des blesses, 31 typhiques, un cliolera-typbi([ue, un avcc un bubon phagédénique, un avec insuffisience de la valvc tricuspide, un avec un phlegmon d'un membre inferieur. Pendant le traitement dans les tentes sont morts quatre avec blessures, trois typhiques, uu choléra-typhique, ensemble huit patients ou 9,09 pre, taudis qu'après l'évacuation des tentes ont encore succombé, quatre blesses, un malade avec la maladie de Bright, un typhique, un avec la carie du processus mastoideus et deux choleri-ques, qui au moment de révacuation des tentes étaient en voie de guérison; mais une fois trans-portés dans l'hopital récidivaient immediatement. Les 53 blesses réprésentaient 04 blessures, dout un avec une blessure coupée, le reste étaient des plaiés par amies a feu. Nous ne voulons pas suivre M. Baerwindt dans ses histoires mor-

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DES HÓPITAUX, T15NTES ET BAllAQUES. 30

bides de tous ces blesses, mais nons n'hésitons pas a admcttre sa conclusion : que le résul-tat du traitemeiit aurait été encore plus défa-vorable, si les mêmes malades avaient été soignés dans un hópital plus ou moins bieu installé. ')

A l'un des chirurgiens do Paris, digne élève de Malgaigne, M. le professeur Leon le Fort, appartient 1'homieur d'avoir évigé en systeuio ccttc partie do l'hygiène hospitalière.

II avait déja par ses communications anté-rieures donné réveil a 1'étude de cette branche importante de l'art de guéi'ir, dont le pays des Bailly et des Tenons gardait maints souvenirs 2).

Léon le Fort fait une distinction eutre teute-hópital et tentes d'ambulauce ou tentes d'iso-lemcnt. ]je tente-hêpital est celle, qui est des-tinée pour uii nombre assez considerable de malades; quinzc, viugt et plus constituent en quclque sorte un petit hopital, ou tout au moins une salie analogue a celle de nos hopitaux ; en un mot les constructions auxquelles l'emploi a

') Die bohandlung von krankon mul vorwundeton untor zol-ton von Dr. Baorwindt, Wür/.lmrg 1807.

J) Dos hopitaux sous tentes par Ie prof. Léon le Fort. Paris 18G9.

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40 df.S HÓPITAUX, TENTES ET BARAQUES.

peu ])rès exclusif de la toile cloune uti carac-tere de mobilité, en même temps que, par leur grande dimension, elles preunent u rinversc un certain caractère de permanence. La tente d'iso-lement au contraire n'est destinéc que pour un petit nombre de malades, Elle est en même temps facile a monter et ïi démonter, et devient par cela très-bien disposée pour servir conirne tente d'ainbulance. J'avais vu fonctionner cette dernière forme lors d'une récente visite a Paris, dans l'hópital Cochin et je ne puis que loner ses bonnes qualités. Je pensais ne pouvoir micux faire, qu'a proposer anx membres de la société pour les secours a donner aux blesses d'Amsterdam, de commander la dite teute. J'ens le plaisir de voir que ma proposition était favorablement accueillie, et fis un appel a la bienvaillance de rinventeur qui nous prêta son secours empressé. Commando avant la dernière guerre la tente n'arriva que beaucoup plus tard a sa destination. Je crois utile d'en faire une description suecincte. „Le scpielette de la teute se compose de deux tiges verticales, reünies au niveau du faite par une barre horizontale glissée dans un foureau formé par la toile in-térieure. Les deux toiles descendent parallelle-ment jusqu'au bout du toit; puis elles gagnent le sol oü elles se iixent par le moyen de quel-

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BES HOl'JTAUX, TENTES ET BARAQUES. 41

ques piquets. Les parois verticales correspou-dant aux pignons, sont cgalement fermóes d'uue toile double, et sont percées chacune d'uue double porte, qui s'ouvre, en roulant la toile sui clle-meme et en la fixant au rnoyeii de deux sangles. La toile intérieure porte de chaque coté au niveau du faite ti'ois fenêtres en souf-flct; la toile intérieure est percée au rnême ni\eau d un grand nombre d'ouvertures. La circulation de l'air entre les deux toiles et a 1 interieur de la teute est très-coinplète, garantie de tonte elevation de temperature et assure une aeration constantc et énergique, surtout lors-lt;ju on maintient les portes ouvertes. Le compas, donnant point d'appui pour former le toit, et servant en rnême temps a établir et a maintc-nii invariablement 1 ecartement des deux toiles, est formé par deux tiges de bois, articulées au centie sur un cylindre métallique qui glisse librement le long des supports verticaux. A leur cxtiemite lil)re, les branches du compas se ter-minent par une broche de fer munie d'un pas dc \ is et de deux ecrous. Cette broche passé au travers d'ouvertures percées dans les bords de la toile au niveau de 1'arête inférieure du toit. La toile inférieure appuie sur le rebord formé par l'extrétuité de la tige de bois, la toile extérieure repose sur un écrou vissé sur la

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42 DES IIOVITAUX, TKNTKS ET BAKAQUES.

broche inétftllique a la distance do 20 a 25 centimetres, un second écrou pour servir a era-pécher la toile de pouvoir abandonner 1c com-pas. Le bord des deux toiles depuis le faitc jusqn'au sol est garni d'une corde ralinguee; comme on le fait pour les voiles. Ces cordes allant s'attacher aux piquets d'angle, assurent la fixité de la tente, car el!es se trouvent plus ou moins tendues suivant qu'on relêve le centre du conipas, on écarté en relevant ses extrémi-té» libres. Une autre corde horizontale va d'une extrémitc a l'autre de la tente, e'est elle qui fixe et dessine le bas du toit. Celle qui est ralinguee sur la toile extérieure se continue, par un hout laissé libre pour aller se fixer a des piquets enfoncés dans le sol, il sort a cni-pêchcr la tension de la toile de fausser le coin-pas. La tente d'ambulance raesure 5 metres de chaque cótc, c'est-a-dire une superficie de 25 metres carrés. Elle peut recevoir, sans qu'il y ait encombrement six fits, car il roste un mètre d'intervalle entre chaque lit, et le cubage affé-rent a chaque malade ne doit pas être évaluo pour un hópital ordinaire. Chaque tente fabri-quée par la maison Husson avec les toiles hys-tasasques, pour les quelles elle est brevetée, coütc environ 800 francs. Le prix do revient est done de 133 frs par lit. Utile dans la pra-

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DES HÓPITAÜX, ÏENTES ET BARAQUES. 43

tique hospitalièie ordinaire la teute d'ambulance parait être d'une utilité considerable dans la chirurgie d'ariuce, puisqu'on a eutre les mains les moyens de former sur place des hopitaux de champ de bataille. Le poids de chaque teute est de 100 kilogrammes; un soul fourgon peut douc en transporter dix, c'est-a-dire un hopi-tal pour soixante malades, lesquels exigeraieut, pour être transportés, au moins six voitures d'ambulancesquot; l).

Le grand avantagc de la teute d'ambulance existe, comme nous venons de dire, dans sa mobilité. Elle est preférée pour la mêmc raison a la teute-hopital, comnie elle est crée par le même auteur. D'après la description qu'en donne M. Léon le Fort sa tente-hópital scrait assez grande, destiiiée a 18 lits et pou-vant facilement en contenir davantage. II va saus dire que les différentes dimensions sont en harmonie avec cela assets considerables. La teute en question gagne a, la fin une certaine stabi-lite. A coté de la toile le bois eutre pour une large part dans sa construction.

La grande teute ou tente-hópital étant plutót destinée a servir d'annexe a des hopitaux fixes,

') Cf. article camp, campomont, in Dictionnairo des scioncos mecllcalos, Directeur A Dechambre, sigaé par Michel Levy.

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44 DES IIÓPIÏAUX, TKNTES ET bmuques.

puisqu'il n'y ïi gucre alois lt;1 soccuper dc transport a graude distance, on pourrait dunner a la cliarponte plus de force et de resistance, mais en meme temps plus de poids. Peut être aussi, pour éviter la dépense qu'entraincrait l'usure assez rapide dc la loile exterieure ionuant toit, y aurait-il avantagc a la remplacer par uu toit permanent eu planches. On aurait alors ime tente-baraque; mais jc crois qu'en donnant a cclle-ci, sauf cettc modification, toutes les autres dispositions dc la tente-liópital que jc viens do dccrire, on créerait cgalcment un type excellent d'hopital deté annexe a un hopital ordinaire. C'est cc que I'avcnir seul pourra prouver ').

Quand uous réllcchissons sur la construction et la forme des différentes sortes do tcntcs-hopitaux proposées par Esmarch et Bartels a Kiel, par Baerwindt a Frankfort, par Eigen-brod a Darmstadt et [jar Leon le Fort a Paris, on voit qu'il n'y a pas une grande difference entre ces tentes et les baraques. La tente hopital exige pour sa construction du fcr et du bois, mais par sa soliditc même elle manque l'avan-tage d'etre facile ti déplacer. Les parois en toile entretiendront un froid humide. Les essais pour réchauffer ces teutes par des poe-

') Léon lo Fort 0. c. p. 31.

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Ï)KS HOPITAÜX, TËNTES UT BARAQÜES. ^5

les n'avaieut jusqu'ici pas de résultats satis-faisauts. Ces inconvéniens portaient M. Stro-meycr a préférer les baraques aux tentes. Après le combat de Langensalza il fit constuire deux baraques-tentes. Dans leur aménagement il porta en premier lieu beaucoup de soin pour l'air et la lumière, en les faisant entrer par des rideaux et des portieres. lis reinplapaieut les portes et les fenêtres. Ces mêmes ouvertures furent apportées au Nord, paree que l'accès de l'air pur et froid au lieu de l'air infecté en fut favorisé. M. Strorneyer donna encore des soins particuliers a la disposition du sol de ses baraques. 11 fit creuser le sol et le remplir eusuite avec des coaks.

Eutre cette couche fortement comprimée et le plancber il restait une espace, qui donnait acces a l'air libre par différentes ouvertures. Le tremblement fut diminué par des chcmins en tapis. Le sejour dans ces baraques était visi-blement favorable pour les patients et le por-sonnel de service, ce qui était démontré par une immunité totale pour le typhus, le cholera et la gangrene nosocomiale, mais surtout aussi par la suite extrêmement beureuse des blessures. La contusion des membres par divers projectiles ne causaicnt pas cettc daugereuse iu-flammatiou dc la membrane médullaire avec

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40 DES HÓPITAUX, TENTHS ET BAUAQUES.

pvaemie latente, comme souvent aillcurs, mais se passaient au contraire en general favorable-nient

Des baraqnes-tentes forment, comme nous venons dc robservcr Ie passage des tcntes anx ba-timcns ])lus solides, les baraqnes propretnent dites. Dcjii dans la guerre de Crimee, mais sur-tout dans cellc d'Amérique les baraques étaient employees sur una large ccbelle pour les ma-lades et blesses. Le résultat en fut si favorable, qu'on voulut utiliser rexpcrience de la guerre pour le traitement en temps de paix. Des baraques furent installées dans le jardin de l'hopital St. Louis a Paris, a l'hopital de la Charité a Berlin, et a l'hopital pour la cli-nique chirurgicale de la mêrae villo. J'ai cu l'occasion de visiter ces différents moyens d'hos-pitalisation. La baraque-hópital de Saint Louis fut installée par l'initiative du directeur-gcnéral Husson dans le but pratique de faire une coniparaison avec les tentes crigóes en meme temps dans l'hospice Cocbin. Une commission composée de médeeins et de chirnrgiens fut nommée pour suivre et etudier les resultats

') Erfahrungcn über Schusawundon im Jaliro 186G, ala Nachtrag zu ilcm Maximen dor Kriogshoilkuuat vou Dr. Ij. Stry-meyor. iïaunover 1807.

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DUS HÓPITAUX, TENÏES ET BARAQUES. 47

dc cettc comparaison, mais leur appreciation ne m'est pas encore connue. Cette baraque done est faite d'après le plan de la baraque-tente de Stromeyer, avcc cette difference que la telle est remplacée par des planches. ') L'ensemble des constructions comprend uuc salie pouvant couteuir 10 lits, reliée par uuc galerie couverte a uue petite baraque servant d'oflice et de cabinet pour la garde malade et de deux petites baraques d'isolement logeant chacune 2 lits, I'iiu pour le malade qu'il s'agit de veiller ou d'iso-ler, l'autre pour un convalescent. Le mode dc construction de ces diverses baraques consiste dans un planoher en sapin rainé, reposant so-lidenient sur de nombreux piquets enfoncés en terre. On a ménagé un vide de 25 a 30 centimetres entre le sol et le plancher. Au pré-alable, le sol naturel a été enlevé, et la terre vegetale rcuiplacée par des gravois et de débris de inachefcr. Les parois verticales se divisent en trois parties; la partie inférieure est pleine, fixo et formée par des planches posées a re-couvrement dans le sens horizontal; la partie moyenne est formée par une série de chassis vitrés qui sont mobiles et se relèvent a l'exté-ricur, et a la partie supérieure enfin est compo-

') Note sar les tentes ot baraques appliquées au traitement dos blesses par M. A. Hussou, Paris 18C9.

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48 des hopitaüx, tkntus et baraques.

see par des panneaux en bois pleins, uiais mobiles, qui s'ouvrent a baseule a l'exterieur, de haut en bas. Le toit est muni d'uu faux toit, dit Reiterdach, et est formé en partie par mie toile impermeable. II n'ty a pas mie gou-tière et l'eau tombe sur le sol, mais il existe le long des baraques un revers en pavés avee ruisseau pour conduire 1 eau a des puisards guriiis de euvettes syphoides, afin d'éviter toute mauvaise odeur.

Elevées dans un jardin d'une surface d'eu-virou 2,000 metres ces baraques ne fireut pas sur moi une impression agréable. La vue triste des sail es immenses du vieil hópital Saint-Louis m'avait préparé pour cette visite, dont le souvenir est si différent de celui que j'ai gardé de ma visite a l'hopital Cochin, sous la conduite bienveillaute de M. Leon le Fort.

La baraque-hopital de la Charité royale de Berlin, se présente avec un caractcrc de permanence et dc solidité, elle a ete construite sur les principes suivants. La baraque est longue de 26 metres et large dc 9 metres; aux deux facades on trouve des portiques, qui out une largeur de 3 m. 295, aux deux cötés longs se trouvent deux galeries d'uue largeur de 1 m 412. La longueur totale est de 33 m. et la largeur

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DES IIOI'ITAUX, TENTHS ET BARAQUES. 49

dc 12 m. environ. Les facades et parois laterales sont doubles et construites au inoyen de planches verticalement disposées. Elles sont unies par uue cliarpente dc bois entrecroisée de 0,3410 in. d'épaisseur. L'espace libre est rempli dc bricpxes brisées. La hauteur des parois latera-les est de 4,230 ra. et eclle du toit est de 5,902 m. Le toit est forme par trois couches, avec uue distance réciproque de 2 a 3 cm. et reconvert d'ardoises; interrompu en haut dans toute sa longueur, il est surnioutc d'un faux toit, qui se rattache a la toiture par deux eloi-sous verticales auxquelles sont adaptées des jalousies en verre qu'on peut ouvrir et fermer a volonté.

La baraque-hopital de la Charité est destinée pour 2U malades ou blesses, mais peut coute-nir facileracnt 30 patients, sans provoquer le moindre encoinbreinent. Depuis le comraence-ment de l'année '07 la baraque en question a été souvent occupée par des blesses tres-gra-ves, et les chirurgiens louent en general son influence sur le traitoment. Mais, ainsi qu'on peut le voir, par la description succincte que nous en avons donnée, nous sommes ici fort loin du traitenient a 1'air libre; la baraque de Berlin est un veritable hópital en planches. Elevée a cótc d'un grand hópital fixe elle me

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50 DKS HOPITAUX, TENTHS ET BARAQUKS.

parait ne répondre a aucun but, si ellc nc peut servir comme salie de rechange ou liopital supplementaire. ')

La même question est ti'aitée partout ail-leurs. C'est depuis environ cinq ans ([ue monsieur le docteur Meynne, médecin principal de l'armée beige a su proliter de toutes les occasions qui se sont presentees pour appeler l'at-tention des médecins et des administrateurs sur le role immense que los baraques et tentes sont appelces a remplir com-m c établissemens li o s p i t a 1 i e r s, en temps d'épidémie ou de guerrc.

Je me permets de faire la citation suivante de mon honorable ami, dont les oeuvres hy-gicniques me servaient si souvent d'exemple et de modèle: „quant aus hópitaux mobiles, construits en bois (baraques-hopitanx) nous croyons aussi que c'est a tort qu'on perd eet objet de vue, Dans un article paru, il y a buit mois, dans la Charitc sur le champ de bataille, je pense avoir démon-tré que ce genre do baraques pourraient rendre d'immenses services en temps depidémic. Je disais que, pour traiter les affections contagicu-

') Das Baracken-Lazareth dor Köuiiiglicheu Cliaritó zu Berlin von Dr. C. H. Esao. Berlin 1808.

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DES HÓPITAUX, TENTHS ET IURAQUKS. 51

ses (cholera, djssenterie, variole, métro-peritonite typhus ctc.) chaque ville, de même que chaque hopital militaire, devrait avoir quelques-uucs de ces baraques qu'ou paurrait conserver en ma-gasin en temps normal, et monter rapidement a l'arrivée d'une épidémie. Ces baraques, placet's an fond d'un jardin d'hópital, ou au milieu d'un champ, on sur nne place pnblique a l'écart, permettraient de ne pas recevoir les affections les plus daugéreuses dans les höpitaux ordinaires. lit des lors ceux-ci, destines a des moinens normaux, et pour des cas dans les-quels 1'en com brem eut (rennemi le plus dangereux de la santé pnblique), serait pen a craindre, nc devraient plus avoir la grande étendue qu'on leur a domiée jusqn'ici.quot; ^

„Je conseillais de ne plus construire de grands hópitanx en vue d'éventualités exceptionnelles; je demandais que les hópitanx ordinaires fusscnt réservés aux maladies ordinaires (non infecti-cuses), et qu'il y eut partout des baraques et des tentes ponr toutes les affections épidemi-ques ou contagieuses.quot;

„Je conseillais aussi a l'administration militaire d'avoir toujours nn grand nombre de ces baraques ou tentes, nou sculemcnt en vue de

') L'Avonir, journal quotidien, G Janvier 1870.

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52 DES HOPITAUX, TENTES ET BARAQUES.

leurs hópitaux, mais aussi en vue des momens do guerre, alors que les armees out toiijours bcsoiii d'avoir pres d'ellcs quelques abris pour les premiers momens d'uu combat ou d une bataille.quot; ')

Le prof. Esmarch de Kiel a posé en d'au-tres termes les mêmes ])ensces. II fait préceder son petit livre sur les hópitaux de réserve de vingt theses sur l'hygiène hospitalière en général, qui peuvent être signées par tons ceux qui out étudié la littérature moderne sur cette matière. Monsieur Esmarch donne ensuite trois plans avee neuf planehes pour des baraques-hopitaux, qne nous ne pouvons pas mentionner ici en détail. Les baraques en question seraient transportables. Pour atteindre ce but le nombre des malades auxquels elles sont destinées me parait assez grand. Le premier plan parle de 30 malades, tandis que le troisième plan y veut déja loger (50 patients. En verite une ba-raqne mobile pour GO malades, c'cst dépas-ser le but. En second lieu: si un cubage at-mospherique de 37 mc. n'est pas trop grand, il devieut assez petit, même pour une baraque, s'il n'atteint pas 30 mc. Quant-a moi je suis

') Los baraques-ambulaucos on tomps d'épldemic ou do guerre par Dr. Mcynuo. \uir Scalpel Journal do Módociuo 1 Juin 1871.

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DES Hül'ITAUX, ÏENTES ET BARAQUES. 53

aussi ua ami de cettc methode d'hospitalisation, mais je veux eu même temps que ces baraques mobiles destinées a être gardées pour des temps extraordinaires, la guerre ou les épidémies, jmis-sent servir comme type et motlèle. Eu d'au-tres termes qu'elles répoudeut a toutcs les exigences de 1'art et a toutes les douuées de la science. ')

Tel était I'ctat de la question quaud éclata soudainemcut la deruière et terrible guerre. Le terrain pour 1'usage general des baraqucs était comme préparé par des experiences antérieures, a ce degré mome, que les vieux edifices, autrefois employés comme hópitaux teinporaires, avaient perdu toute leur valeur pour le traite-ment hospitaller aux yeux du public. Je n'ose pas declarer que cette idee presque générale a eté sanctionnée par rexpérience. Mais quoi-qu'il en soit: les ten tos et les baraques fo r m e n t d e s o r m a i s, u n e p a r t i e i n t é-g r a n t e, (aussi b i e n pour les p e u p 1 e s du Nord,) du traite ment hos pitalier.

La littérature medico-militaire sur la deruière guerre est assez riche, en sorte que si nous cherchons des argumens a l'appui de la these

') Uobor vorberoitung von Reserve-Lazaretten von Dr. F. Esmarch, mit 9 tafeln abbilduugen. Borliu 1870,

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54 DES HÓl'lTAUX, TENTES ET BARAQUES.

précédente nous avons presque l'erabarras dii choix. Nous nous cfforccroiis par conséquent de nous bonier a l'énumóration de quelques preu-ves plus décisives.

II va sans dire (pie Berlin, conuue capitale de la confederation du Nord, et centre du gouvernement Prussien était destine u recevoir des hópitaux de réserve dans son enceinte. Dcpuis la déclaration de la guerre on avait eet objet en vue. Déja dans le mois de Juillet trois administrations différentes s'entendaient pour atteindre ce but. Le ministère de la guerre, le gouvernement de la ville et la Societe pour secourir les blesses et malades se réunissaient pour rinstallation d'un grand nombre de bara-ques. Le prof. Virchow, le médecin général Steinberg et larcliitecto Hobrecht, autorisés par ces corporations respectives, ont dressé le plan pour un grand bópital baraqué pour 1200 malades.

Par leur concours, cinquante baraques, con-struites en bois, furent erigées dans la plaine du Jardin des Templiers, hors de Berlin. Les baraques en question furent élevees en trois groupes, dont deux do 15 et un de 20 baraques. Chaque groupe formait, a l'excmple de l'hópital Lincoln, pres de Washington, un angle pointu, dont l'ouverture ctait dirigée du

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DES HÖPITAÜX, TENTES ET BARAQUES. 55

cóté du chemin do for qui traversait la plainc ct (lont les deux cotes étaient formes par des baraques. Les dernlcres étaient construites, de telle manicre, qu'une baraqne comraencait oü l'autre se terminait, toujours avec une distance reciproque de (i m. 27G. Les differentes baraques étaient placées de fa^ou a avoir leur ])lus grande diineusion perpendieulairement au chc-min de fer, qui traversait la plaine des baraques du Sud au Nord. Dans l'ouverture des trois angles se trouvaient les différents édilices pour 1'administration, la cuisine etc.

On peut dire, que cctte disposition était en général heureuse. L'ouverture des trois groupes était dirigée vers le chemin de fer de telle ma-nière que le cóté Sud du premier groupe, a l'Est du cliemin de fer, était en rapport avec le coté Nord du second groupe, a l'Oucst du même chemin, tandis que le cóté Sud du secoud groupe se continuait dans le cóté Nord du troisième groupe a l'Est du chemin indiqué.

En sorte que pour visiter les diftercntes baraques l'une après l'autre, il fallait suivre uu chemin en zigzag. Ce même chemin était assez long, et on peut dire qu'eu général la grande distance des baraques des différents édilices, destines a l'administration, les offices, ct la pharmacie, était souvent un embarras pour

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56 DES I1ÓPITAUX, TENTES ET BARAQUES.

la bonne on ra])icle expedition des affaires.

Les cotes longs des baraques sc tvonvaient an Nord et au Snd, paree qne rexpérience a démontrc fpie ces deux directions dn vent prc-dominent. Dans qnelqne direction que tonnic ie vent il pent toujonrs passer par les baraques sans le nioindre danger ([Ue l'air de Tune cor-rompe celui de 1'aulre edifice. La distance entre deux baraques a leur fin et fi leur commencement, comme nons venons de voir, 0 m. 270 est assez grande pour permettre au vent de passer dans nne direction de l'Est ou de l'Onest. Ou avait, a l'exemple de la baraque de la Charité royale a Berlin, élevé les mêmes edifices a nne assez grande distance du sol et sur des pilotis. Dans le second groupe, constrnit sous la direction speciale de M. Hobreclit, architecte de la ville, ou avait saus doute exagéré cette idee. On pent en juger, quand on compte, qn'un hom-me pouvait passer debont sous les baraques. Mais je venx aller plus loin et je n'hésite pas a declarer, qu'il serait beaucoup mieux de n'avoir point d'espace libre sous les baraques. En été ces espaces ne servent que de receptacle a, l'humidité et l'ordure et en l'hiver on est forcé de les fermer, paree que sans cela il est tont-a-fait impossible d'échanffer les baraques, quo lais-sent naturellement passer l'air dans tons les sens.

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DES HÓPITAUX, TENTES KT BARAQUES. fgt;7

Je n'ai pas parló de Tautrc inconvenient qui résulte de eette elevation inutile du plancher des baraques. L'expórience a demontré fpie le transport des blesses en etait singulièrement eniba-rassé, et meme ti ce point que le mouvement ordinaire des malades et convalescents en ctait devenu tres difficile et dansrereux.

O

Chaque baraque ctait destinée a 30 malades on blesses et consistait en une salie de 28 m. 212 de longueur et de 5 in. 048 a 0 m. 589 de largenr. Les cótés courts don-naient acces par des portes dans les corridors, qui avaient aux deux cotés une cliambre pour le garde malade et une autre pour une scullery, une espace pour le watercloset et une autre pour un bain. La ventilation naturelle était fa-vorisce par un faux-toit, par des fenêtres et enfin par une large porte a coulisse avec une portière de toile tendue en forme dc teute, qui occupait environ fa moitie dc la facade derrière.

Toutcs ces dispositions rópondaieut pour une partie de rannéc aux besoins. Lorsque la guerre commenyait, radmiuistration n'avait j)as comptu sur une longue campagne. Consultee par la commission des hopitaux, elle avait donné comme très-vraisemblable l'idée que tout serait fini vers le mois d'Octobrc. A cause dc cola les baraques n'avaient pas reyu les dispositions

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58 DES IIÓPITAUX, TENTES ET BAK.AQDES.

nécessaires pour l'hiver. Lorsque 1c raauvais teraps arriva le faux-toit, les portos ct fenotres devaient roster fermes. II fallait tous les soius et un chauffage continuel nuit et jour pour tenir los baraques habitables. L'abaissemeut do la temperature se faisait malgre cela sonsi-Lleinent sentir. Cost peut être ici la place de combattre l'idée de Miss Nightingale qu'il sullit de douncr des couvertures aux malades ct de chauffer les poêles pour obvier a ces iu-couvenients. II est clair que ehaque nouvelle couverture est un moyen d'empêcher, les emanations du corps malade, qui sout les vérita-blcs causes des mauvaises qualités de l'air, de s'éehapper des baraques. II vant done mieux de chauffer les sallcs de manière a devoir donner peu de couvertures aux blesses.

C'est une affaire tres-difficile d'utiliser des baraques d'été pour l'hiver, paree que le manque de dispositions pour aniener une quantité suffisante d'air tempore a pour suite naturelle, que les poêles sont souvent trop chauffés. On est done force de fermer hermétiquement les portes et fenêtres et de convertir la baraque en un espace tout a fait elos.

Pour ventiler de temps en temps on ouvre les fenêtres et les jalousies du faux-toit, raais alors des courants d'air froid, entrent avee une

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DES IIüPITAUX, TKNTES ET «ARAQUES. 59

telle force dans les baraques, qu'ils peuvent être compares a une veritable cascade d'air froid. Ces changemens brusques de teuipurature sont souvent tres-nuisibles, ct suffisent pour faire naitre 1 erysipèlc et mêrne des cas heureuse-ment rares de tctanos.

La disposition des baraques en question ame-nait encore d'autres inconvéniens dont quelques uns sont plus spécialement inhérents ïi ces baraques monies.

Dcja en Amérique, la patrie des colonies hos-pitaliéres, Ie grand danger d'incendie ct de ses suites terribles a préocupó les mcdecins ct les administrateurs. L'Inspccteur-général de Haurowitz raconte qu'en vu de ce danger imminent, chaque baraque contenait dans scs quatre coins une haclic pour pouvoir abattre en cas d incendie les parois de 1 edifice. Ici on avait pour ce mêmc but installé un garde du feu permanent, qui heureusement a eté inutile. Une seconde faute plus spéciale dérivait, oom-me nous venons tic l'observer, d'un changement de saison. Les baraques en question étaient destinées pour l'été, tandis qu'ou était forcé de les employer pendant l'liiver.

Je crois, qu'il faut tcnir compte de ces imperfections dans 1c jugement final des résul-tats dn traitement. La méthode numérique est

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DES HOPITAUX., TF.NTES ET BARAQUES.

un puissant inoyen d'iuvestigation, mais ellc se ])r6te en inême temps a mainte erreur, causée paree qu'ou demande trop h la statis-tique. M. Ie prof. Virehow faisait par exemple une comparaison entre Ie traitcment dans la caserne des uhlans u Moabit, comme hopital temporaire, et le traitcment dans les bara-ques, et il trouvait un avautage dans le })rc-mier batiment. D'autres en interprétant ces faits sont allés plus loin, et ont voulu conclure j)ar cette voie pour on contre l'une ou l'autre méthode d'hospitalisation. Je voudrais leur rap-peler: qu'une caserne ne peut pas être com-parée a un hó])ital |)lus ou moins bicu installé, et que les baraques, dont il s'agit ici, restaient bien loin des exigences, qu'ou peut appliquer u ces batimens, comme il est prouvé ailleurs

C'est une pensee trés-commune que les diiié-rentes mesures medico-militaires avant et pendant la guerre sont surtout ei prendre en vue des blessés, tandis que les malheureux malades

') Rudolf Virehow übor Lazaretto und Barackon, vortrag goh. vor der Berliner Medicinischon Gesellschaft am 8 Fe-bruar 1871.

Dr. Steinberg Die Kriegslazarethe und Baraeken von Berlin, nebst oinom Vorschlage zur Reform dos Hospitalweseus.

Das Barackenlazareth auf dom Tompelhofor Foldo bei Berlin von Baurath Hobrccht, in Deutsche Vicrtoljabrsschrift für ölïenliche Gosundheitspüege. Zweiter Band. Braunschweig 1870.

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DES HOPITAUX, TENTHS ET BARAQUES. 61

dont le nombre est souvent beaucoup plus cou-sidérable sont exclus dc ces faveurs ou eu tout cas traités moiiis favorablement. II y a eu mêiue pendant la dernière guerre une certaine indifFu-reuce pour le traitement des malades propre-inent dits chez les médecins et ehirurgiens dans les deux camps. Je ne veux pas rechcrcher la cause de cette manière d'agir. D'autres juges plus compétents y out fixé I'attention et on peut espérer que dans une prochaine guerre les gouvememens aides par les commissions sanitaires prendront plus de soin de cette [)artie du service sanitaire.

Je fais cette reflection au moment dc parler des baraques faites plus spécialement pour les malades. C'est ü Heidelberg, qu'on a eu des le commencement de la guerre ce but en vue. Sous l'liabile direction du directeur de la cliniquc médicale M. le prof. Friedreich quatre baraques furent élevées pour 100 a 120 malades. El-les avaient les dimensions suivantes : longueur totale avec accessoires 30 m. 282, largeur 9 m. 414, liauteur du faux-toit 1 m. 255, largeur idem, hauteur des parois 4 m. 393, hauteur du fond jusqu'au faux-toit (5 m. 119, cubage at-mosphérique 48 m«. 513. L'entrée delabaraque est faite par un escalier coupé en deux et fer-mé a deux places par de larges portas brisées.

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DBS HÓPITAUX, TENTES ET BAUAQUES.

Dans la partie dc la baraque destince aux malades se trouvent six fonutres dc chaque cote, dc 2 ni. 015 dc hauteur et dc 1 m. 988 dc largeur, qui pcuvent ctrc ouvertes cu dehors, comme les fcnêtrcs du faux-toit. Les parois cousistent en une sortc de pierres artificiellcs et poreuses (pierres cimeutees) ct sont cou-vcrtes en dedans par des planches bien join-tcs. Lc fond de la baraque était double et re-posait sur trois rangées dc pilotis mures. Lc ])lus grand soin ctait pris pour l'éloignement des matières fccales. Les latrines se tronvaient dans un cabinet, scparc par une triple cloture de la salie des malades. Les matières fécalcs étaient tous les deux jours cloignces dans un tonneau roulant.

Nous voyons i)ar ce qui precede, (jue les baraques dc Heidelberg étaient construites sur le type généralement adopté pour cette sortc d edifices. Ellcs uc se distinguaient que par leurs exccllcutes dispositions tant pour la ventilation et le chauffage, que pour la desinfcction et réloignement des matières fécales. Cependant on y trouvait encore quelque chose dc trés particulier: c'etait une galerie au milieu du toit, ou l'on arrive par un escalier dans un des cabinets latéraux. Cette galerie était des-tinée a faciliter la manoeuvre tant soit peu

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DES HOPITAUX, TENTES ET BARAQÜES.

difficile de l'ouverture et de la cloture du faut toit, mais elle donnait en niême temps a l'en-semble une impression plus sombre. Je suis done de l'opinion de M. Ie prof. Billroth que cctte galerie ne sert qu'a clever inutilement les frais de construction.

Les baraques en question contenaient du lr. Dccembre 1870 jusqu' a Juin 1871, 340 mala-des, dont 135 cas de typhus abdominal, 13 cas dc dysenterie, 27 cas de catarrhe de l'estomac et des organes abdominaux, 39 cas dc catarrhe des bronches et au Ires affections des organes respiratoires, 60 cas de rhumatisme et enfin 08 cas dc tontes sortes d'affections legères. Lo nombre des journées dc malade ctait de 740 5, ce qui donne 22 journées pour chaque patient re^u ').

Je pourrais multiplier ces exemples du traite-ment favorable dans les baraques, mais je nc rappellerai (pie 1c tcmoignage du docteur Hey-felder. Oa trouve dans Ie Bulletin de l'Aca-démie de médecine de Belgiquc nu article dc

') Dio Hoidolberger Barackou fur Knegsepidomieen wahrond tlos Foldzugos 1S70—1871 von Dr. N. Friedreich, mot 7 lafeln. Heidelberg 1871. Billroth Chirurgische Briofe aus don Fcld-lazarothen von Woissonbnrg und Mannheim. Berliner Klin. Wochenschrift n0. 00 1870.

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Ö*i DES HOPITAUX, T14NÏKS JET BAHAQUES.

ce médeciu, contcuant unc serie de rciuarques ct do coaseils qui acquiérent dans Ie travail de cc praticieu uue valcur réelle paree qu'elles sont 1c résultat de rexpérience acquisc dans les baraques-ambulances de Neuwied pendant la dernière gixerre.

Voiei uno partie do Farticle en question: „Nous avions deux cents lits dans troize tcn-tes ct huits baraques; lo nombre des mala-dos était de 150 a 200. Les tentcs ne sont pas restées tout le temps a la mêino place, ui continuollemont occupées. Je tachais d'en avoir toujours uno de réserve, tantot l'une tantót 1'autre.quot;

„C'est grace a ce système et aux circonstan-ces exceptionnelleinent favorables qui nous sé-condèrent, que nous sommes parvenus a obte-

nir des succès très-roinarquables..... Aucun

malade, atteint do la fiovro typhoïde, de dys-senteric, memo conq)liquée do diphtherite uu de blessures, n'a succombó.quot;

„Les blessés et malades que nous avons vus arriver oxlénués ct pilles du champ de bataille, des hópitaux de Bibcricb, do Saarbruck et sur-tout de Metz, se remettaient a vue d'oeil dans nos tentcs et baraques: l'appótit, lo sommcil, le bien-être et la gaieté revenaient aux sujots los plus compromis.quot;

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DES HÓP1ÏAUX, TENTHS ET BARAQUËS. 05

„L air ici u'otait jamais vicic. Les suites ordinai-res de rencombrement de inalades et de blessés, telles que la gangrene nosooomiale, l'erysipcle, la pyohémie, la phlébite, n'ont pas été obser-vees. Cependant vers la tin de janvier, quand nous avons dü, a cause du froid, empêcher la libre circulation de l'air, nous avons eu deux cas d'érysipèle et un cas de gangrene nosoco-miale, qui guérirent en pen de temps. La ville a été préservée de toute propagation de ces maladies sous forrae épidémique, malgré les rapports continuels, que les habitants avaicnt avec notre ambulance.quot;

„Dans les dernières guerres qui ont eu lieu en Europe et en Amérique, la grande question de l'aëration des hópitaux peut être regardée comme résolue en faveur do l'installation des malades dans les tentes et baraques.quot;

„L'usage des tentes et baraques pour le service des hópitaux ne date pas de ce jour. Les Anglais aux Indes, les Franyais en Algérie, s'en servaient pour lours inalades; et la Russie en a constaté l'utilité, par l'emploi qu'ellc en fait depuis longtemps. Les Russes depuis plus de quarante ans ont adopté le système de mettre pendant la belle saison les inalades sous des tentes et des baraques. Mais non-seulement dans les grands camps prés de Varsovie, Péters-

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ÖO DES HÓPITAUX, TENTES ET HARAQUES.

bourg, etc., les maladcs et blesses sont installés dans ces sortes d'ambulances, inais encore tons les hopitaux militaires et civils possèdent nu établissement semblable pour l'été. Chaque hópi-tal posscde une serie dc constructions plus ou moins légeres en planches ou des tentes qui sont placées dans de vastcs jardins, a une courte mais suffisante distance des batimens princi-paux; c'est cc qui s'appelle l'höpital d'été.quot;

„Je conclus de ces faits : que cette installation est simple, pen couteuse, possible partout et même en toute saison; — que dorénavant tous les hopitaux devraient possèder des bara-qnes en planches ou un certain nombre de tentes, surtout pour les cas d'épidémies; —• qu'en temps de guerre tout corps d'armée, toute ambulance officielle ou privce devraient se ponr-voir d'un certain nombre de lentes. Je crois pouvoir dire que le système des baraques et des tentes est appelé dans ravenir a rendre d'cminents services pour la chirurgie militaire et civile, ainsi que pour les epidemics.quot;

Nous sommes venus ainsi par un long detour a 1'exposition de notre propre plan. Notre comité voulut profiter de rexperience acquise dans cette partic de l'hygiène hospitaliere. Aide par nion ami Outshoorn, Ingénieur Civil dans cette.

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DES HOPITAUX, TENTES ET BARAQUES. 67

ville, j'eus l'honneur de soumettre aux membres de notre Comité le plan d'uue baraque des-tinée a 12 malades ou blessés. Cotte baraque est a parois doubles et peut cgalement servir pendant l'hiver et pendant l'été. Elle consiste en une salie de malades et en quatre chambres accessoires, pour le garde malade, pour l'ha-billement et les ustensiles, J)oul• lavabos et bain, et pour cabinet d'aisance et urinoirs. Cubage atmosphérique 50 m. La ventilation naturelle est favorisée par un faux-toit, des tubes d'air, des portes et fenêtres; le chauffage est pratique par des poules. Les principales dimensions sont: longeur totale 21 m., largeur 8 m. 75, hauteur du planclier, jusqu'au faite, 0 m. 50, hauteur des parois 4 m., 25. La baraque est transportable, peut être facilement montée et dé-montée; elle a enfin une telle disposition qu'elle peut être coupée en deux, c'est a dire divisée en deux baraques plus petites, pour six malades chacune. Le prix total est de 4350 florins de Ilollande ou 272 par lit.

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III.

HOHTAUX SPÉCIAUX, SEllVICES IIOSPITALIÈRS,

Les spécialités dans la médecine appartien-ucut a 1'esprit de notre temps. II est done facile de compreudre qu'ou trouve cette menie idéé dans Ie mode do construction et d'amé-nagement des hópitaux modernes. Les hópitaux spécianx sont destines, soit a certaines classes de la societc, soit a des methodes particu-lieres de guérir, soit enfin a diverses espè-ces de maladies. Je m'arrêterai a ces dernières institutions.

Les hópitaux spécialement construits en vue de certaines maladies et blessures se trouvent sur-tout dans les grandes agglomerations populeuses. Par suite de meilleurs et de plus rapides moyens de communication, ces mêmes institutions peuvent

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DES IIOPITAUX, TENTES ET BARAQUES. G9

aussi servir a uue grande partie de la contrce en-vironnante. Nous parlerous done de quelques-unes de ces institutions et en premier lieu, des maternités.

Dans les grandes villes de l'Enropc et de rAmerique, on trouve des institutions dans les-quelles les femmes pauvres et séduites, vennes a la fin de leur grossesse, sont revues pour un accouchement plus on moins secret, sans ou avec l'aiile dc Tart. Sous ee rapport les maternités sont une benediction pour la société. Mais ces mêmes institutions d'un autre coté occasionnent beaucoup de perils aux femmes qui y cherchcnt aide et secours. Je ne parle pas a présent des dangers inoraux, mais je veux faire porter Tattention sur les pertcs matériel-les qui y sont si nombreuses.

Les meilleurcs recherches des dernières années ont démontré surabondamment que la fièvre puërpérale nait surtout par la vie commune de plusieurs accouchées dans des espaces mal pro-portionnés. Cette terrible maladie qui n'épargne pas les plus fortes constitutions, se rencontre de temps en temps aussi dans les bonnes institutions, et même en ville, dans la pratique privée. Mais c'est seulcment Texception. Quand on parle des épidémies, dc fièvre puërperale, on

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70 DES IlÓriTAUX, TENTHS ET BAllAQUES.

pense toujours a un cours libre des contagia. Ou ue sait rieu de positif sur la nature de ces clioses, Est-ce uu corps organise ou sont-ce des maticrcs organiques qui produisent la fièvre puërpcrale et la progagent? Mais ce qu'on sait bien, c'est qu'elle se communique de trois manières différeutes: par une malade a une accouchée saine, par les raédecins et leurs assistants, les sages-femmes et le personnel de service, et enfin par les rneubles et les ustensiles a Tusagc des malades, les murs et les plan-cliers de leurs chambres, etc. On peut déduire de ce mode de propagation les moyens de la combattre avcc fruit.

Deux principes doivent conduirc les liygié-nistes dans les plans de maternités: 1° du moment que la fièvre puërpérale s'est déclarée, qu'elle ne puisse pas se communiquer aux fem-mes saiues; 2° que les attaquées de cette maladie soient séparées aussitot que possible des autres accouchées. La separation est la chose principale. On a tachc de ridiculiser cc principe, en exigant pour chaque femme enceinte un edifice separe, etc.; la verité est qu'on peut facilement s'approcher de l'idéal par des institutions plus pétites.

M. le prof. Virchow vent avoir dans une grande villc, comme Berlin ou Vienne, de petites

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DES HOPITAUXj TENTES ET 15ARAQUES. 71

maternités, pour 800, et tout au plus pour 1500 accoucheiuens dans rannée, Leon le Fort declare: qu'une materuité doit être disposée de umnière a permettre de 800 a 1000 accouche-meus au plus par an. Cola dépendra beaucoup do la situation d'une telle institution. Une ina-ternité ne doit pas être située au milieu d'uno grande ville comme Amsterdam, mais en dehors des agglomerations, populeuses. On fera au contraire environner eet edifice d'un jardin. C'est une chose impardonnable de vouloir réu-nir une maternité a un hópital plus on moins grand, on a une division gynaecologique. On obtient le mieux cette separation des malades et accouchées par un système particulier, dit cellulaire.

M. Tarnier a proposé pour une maternité un édifice consistant en un corridor central avec de petites chambrcs au deux cótés, pour deux malades chacune. L'entrée a ces petits appartemens latéraux est en dehors de l'édi-fice. Les portos s'ouvrent sur une galerie avec un petit toit en forme d'auvent, a la manière d'un chalet. Chaque appartement est destiné a deux femmes, une enceinte et une accou-chée. La dernière quittera l'établissement, quand la première est parvenue au tenue de sa grossesse, pour être remplacée par une autre

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femme enceiute. L'idce du prof. Tarnier est certainement juste eu principe, mais rencon-trera des difflcultes daus la pratique hospital ière.

Je suis couvaincu qu'ou aura les meines rcsul-tats avec de petites salles de quatre lits pour 2 ou 3 femmes accouchces ou enceintes et une garde malade, avec uu cube atmosphérique de 50 a 00 m. Les murs des appartemeus doivent etre blanchis au moius quatre fois par annee ou mieux encore points a l'huile pour ctre lavós facilement. Lc plancher sera enduit d'un vernis pour pouvoir le laver tons les jours avec de l'oau, et n'aura pas de fentes. Quand une chara-bre sera occupóe pendant (piinze jours on la fera évacuer pour la laisser aussi longtemps vide et les fenêtres ou vertes, après l'avoir soigneusement nettoyée. On devra donner les plus grande soins aux lits et a leurs accessoires. Les couchettes seront en fer, les draps et couvertures souvent renouvelés, et enfin, les matelas remplis de paille. Cette simplicité, qui a l'apparcnce de la pauvreté, a sauvc la vie a plusieurs accouchces. L'expcrience a demontré que la population ordinaire des niaternités sait s'accoutumer facilement a cette mésure de prévoyance contre l'infection et ses suites funestes. Si, malgré les soins les plus scrupuleux, la ficvre puërperale

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se raoutre daus les maternités, et s'il y a un danger imminent pour une épidémie de cette ina-ladie destructive, on fera tout dc suite et sans délai évacuer i'établissement en question. On aura done besoin d'uue seconde maternité, dito maison de rechange (Wechselhaus). Cette maternité accessoire devra être compiètement séparée de l'édilice principal. Les chirurgiens et leurs assistants, coimne le reste du personnel de service, seront tout ii fait séparés pour les deux éta-blissements, avec la défense absolue de toute communication entre eux. II va sans dire qu'il sera defendu aux médecins chargés du trni-tement des accouchécs malades de pratiquer ou de donner des consultations en ville. Si oa ne peut pas disposer d'une seconde infirmerie : on devra eu cas d'épidémie de iièvre puerperale fermer la maternité pour quelque temps et soigner les femmes enceintes et accou-chées dans des maisous particulières. Léon le Fort a proposé dans ce cas-la de faire uu con-trat avec les sages-femmes chez elles pour soigner une ou deux femmes. Par l'applica-tioii en tout temps de ce système ou pour-rait facilcment étendre la policlinique et ainsi favoriser l'instruction universitaire.

Nous sommes done revenus a la fin au même principe qui est émis au commen-

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74 des hópitaux, tenths et baraques.

cement de ces essais : „l'idéal de l'hygiene hospitaliere doit être la suppression des hópitaux dans un avenir qui u'est pas bien éloigné.quot;

S'il est done vrai que Fhygiène hospitaliere se trouve ici et ailleurs, comme il est démon-tré par l'expérience de chaqae jour, encore dans sa première enfauce, on devra faire tont ce qu'il est possible pour lui procurer dans Tintcrêt de riuunanité souffrante un meilleur avenir.

II est plus que temps, pour les plans et devis des nouveaux hópitaux et infirmeries, que non-seulement on entende les architectes et les administrateurs, mais encore les hygicnistes et surtout, les médecins et chirurgiens des hópitaux. II s'agit ici d'une question tros-compli-quee et très-grave en même temps. Comme Léon le Fort le dit avec raison 1'hygiene hospitaliere ne se réduit pas a des questions de batiments a orienter ou a espacer, de fenêtres a ouvrir, de metres superficiels de terrains ou de metres cu 1)es d'air a distribuer ti chaque malade; e'est la science qui, par 1'étude approfondie des causes qui font naitre et s'éteudre les maladies nosocomiales, apprend ales

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prévenir ou a les arruter dans leur développcnicut ')

Lorsqu'on parle des spécialités et des spé-cialistcs de la niédociiie 011 pense involontai-rement a l'oplitlialmologic moderne et aux ophthalmologues. Depuis la raétnorable invention du miroir oculaire par l'illustre Ilelinholtz cette branche de l'art de guérir a pris mie extension démcsuréc sur les au tres parties de la médecine. Cet intérêt général, est devenu unc affaire do mode, dans le sens proprc du mot, niais nc peut durer. Du moment que chaque médecin sera oculiste, e'est a dire qu'il pourra soigner les maladies oculaires les plus fréquentes, ct que l'in-tervention des spécialités sera róservée pour les cas difficiles et opératoires, unc partie des forces intellectuelles sera détournée vers d'autres clie-mins. Si cela arrivait dans un avenir peu éloigné on scrait disposé a demander ce que dévien-dront alors les différentes institutions pour le traitement des maladies des yeux, que nous avons vues se multiplier de nos jours? La réponse nc peut pas etre douteuse: elles disparaitront plas vite ü mesure que leurs moyens de se

') Des maternitós par Lóón lo Fort, Paris 18GG.

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7G des iiópitaux, tentes et bahaqües.

maintehir scront moins ctendiis. Jusqu'a présent persoune uc saurait méconuaitre les bienfaits que ces institutions out rendus a l'humanité. Aussi longtemps que les maladies des yeux furent traitées, au milieu des autres blesses dans les Iiópitaux et infirmeries, les efforts de Tart, sou-tenus mêtne par vine grande habiletó et par beaucoup de science, ccliouèrent par suite des mauvaises conditions hygièniques, dans lesquelles étaient soignés les opcrés. Le statisti([uc pour-rait en donner de terribles revelations et nous démontrer que daus certains Iiópitaux pas unc seule operation de la cataracte n'a rcussi com-pleteinent, et comment les yeux opcrés fnrent conduits inévitablement a leur perte par la suppuration, tandis fjue dans les institutions parti-culières la plupart des patients, ay ant la même maladie, furent guéris complétement. Fersonne n'exposera done en bonne conscience les maladies oculaires a iin traitcinent dans les grands Iiópitaux plus ou mois bicn conditionnés. Cela appartiendra done désormais a l'liistoire. Une clinique ophthalmologique ne doit pas disposer d'un grand nombre de lits, paree que la plupart des malades peuvent otre traités a domicile. Une bonne institution pour cette classe de maladies aura presque les mêmes proportions qu'une maison ordinaire bien conditionnée. Les

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grandes salles sont en tont cas condainnces. On anra au contraire besoin pour les opérés, dans les premiers jours, de petites salles de deux malades. Le système cellulaire déja ap-prouve par les materuités aura done un grand avantage pour les institutions ophthalmologiques. La situation et la disposition d'un tel edifice n'anront pas une grande importance, paree que la lumièrc est généralement détouruée, mais ou rencontrera des difficultés a propos de la ventilation naturelle. Un cube atmospliérique plus grand que d'ordinaire sera done pour ces mêmes ctablissemens une nécessitó absolue.

L'illustre de Graefe a observe dans les salles des hópitaux, ou l'éspace cubique n'etait pas suffisant pour 1c nombre des lits et dont l'aë-ration par des raisous locales était imparfaite, qiie presque coustamment la temperature des malades était le matin plus élevée de quelques dixièmes de dégré centigrade qu'clle ne l'etait le soir, tandis qu'il est connu (pic générale-inent la temperature du soir est plus haute que celle du matin. 11 lui semblait aussi que dans ces mêmes salles il y avait relativement plus de guérisons imparfaites

l) Clinique ophthalmologique par A. do Graefe, edition fran-^aise par Ed. Meyer. I'aris 180(5, pag. 00.

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Noii-seulement les opérès doivent otre scpares, mais il y a encore des maladies contagieuses, comma la blennorrhée des nouveaux-nes, l'oph-thaluiie puruleute et diphtérique des adultes, qui exigent des chambres particulièros.

Ces maladies sont tres-dangereuses et peuvent se propager épidémiquement. 11 est done nécessaire que chaque malade ait sa propre éponge et sou propre essuie-maius, et un lavabo avec ses accessoires. Un lit très-proprc et commode est un objet indispensable pour chaque opéró, car une position tranquille a une grande influence sur les rcsultats des operations ocu-laires,

La separation des malades et une propreté poussée a rexcos, sont les principales conditions d'une bonne institution ophthalmologique. Pour le reste, ces mêmes institutions appro-client plus, comme nous venous de le dire, des maisons particulieres par leur disposition et leur organisation interieure que les autres hopitaux.

Les cliniques ophthalmologiques sont fondées aux frais de I'Etat on des communes. Elles sont alors administrées selon les mêmes principes que les autres hopitaux. Mais viennent ensuite les institutions particulieres. Elles puisent en effet leur droit d'existence ou dans la nécessité ou

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dans la renommee scientifique de leurs fonda-tcurs. ïentés par l'exemple brillant et le succès eclatant des de Graefe, Donders et autres princes de la science, plusienrs ophthalmologues ont taclié d'obtenir leur propre institution. Ces en-treprises méritent d'etre encouragoes, aussi long-temps que les intentions de leurs créateurs sont en harmonie avec les besoins de la société et les progrès de la scieuce. Mais il y a une objection a faire: vouloir centraliser la pratique dans ses propres mains, et invoquer pour at-teindre ce but la philanthropic, en d'autres mots faire par des moyens d'autrui cc qu'on n'ose pas eutreprendre a ses propres riscjues et perils, c'est créer scion ma conviction une fausse situation qui ne peut durer.

Pour une institution ophthalmique on a sur-tout besoin d'un homme. La valeur scientifique et l'habileté opératoire eu feront a la fin les meillieurs appuis.

Une erreur que nous avons eu l'occasiou de combattre, c'est l'idée que la plupart des maladies oculaires ne peuvent être traitées, que dans les hópitaux. Le traitement hospitalier sera au contraire surtout ici 1'exception, et d'autant plus que par la propagation de l'ophthalmo-logie moderne et l'accroissement des médecins oculistes le traitement ü domicile pour les diffé-

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rentes classes de la sociétó deviendra de plus en plus utile et pratique.1)

11 nons reste a présent encore a parler des hópitaux de campagne (hütten-hospitaler ou cottage-hospitals). Ces institutions sent les produits de la philantropie moderne. Elles datent de notre temps. L'impossibilite de traitor des malades et blesses convenablement dans les cliauinières a la campagne, tandis que les grau-des distances sont souvent un cmpcchement pour le transport dans les hópitaux de pio-vince, a conduit un ami de 1 humanite, M. Al-bert Napper de Cranleigh, a 1 idee de ces institutions. 11 fut aide dans lexócution de cette pensee par M. Horace Swete, qui n'a pas seu-lement exposé la question sous sa veritable lumière, mais a démontre par la statistique que les hópitaux n'avaient pas satisfait jusque la, nux besoins de la societé, surtout dans les contrées moins populeuses. Si on prend, en ef-fet, pour base de calcul que pour lOOO habitants un lit d'hópital est nécessaire, ils manque-

1

Ueber KrankenMuser besonders A-vigcn-kliniken von Dr. J. II. Knapp, prof. in Heidelberg, 1806. Co petit hvre, commo tout co qui émane do cct éminent pratioion, jatte bcaucoup do liimicro sur la question, qui nous occupo.

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DUS HÓPITAUX, TENTHS ET HARAQUES. 81

raient deja daas le Royaume-Uni 9000 lits pour malades.

Les petits hopitaux a la canijjague pourront satisfuire a cc besoiu. lis doivent autant que possible approcher par leur aménagement et distribution des demeures des pcrsonues qui y chercheront aide et secours. Trois ou quatre pctites chambres, avec cuisine et chambre de bains, et 1 espace strietement nécessaire pour logement de la garde malade, forment un ensemble pour G alO malades. Le but est eoinme nous venons de dire, par le moyen de ces institutions, de placer le traitcment hóspitalier a la portee des pauvres a la campagne et dans les pctites villes do littoral. En même temps les instrumens et appareils chirurgicaux, qui y sont naturellement rassemblés, peuvent servir dans les maisons de ceux qui contribuent a leur acquisition et conservation. Mais surtout les pauvres y gangneront par une situation ineil-leure, une nourrilure saine et reguliere, des soins mcdicaux et chirurgicaux continuels et prompts; en outre, le danger d'un transport lointain est empeclié et ils restent dans 1c voisinage de leurs amis et parents. Enfin ces malheureux ne sont pas par ccs institutions forces de chercber un traitcment quelcon-que dans 1 air malsain des hopitaux des grau-

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des villes. Et, s'il faut tout dire, les medecins profiteront aussi de 1'experience que leur four-niront les malades confiés a leurs soins. ')

Si nous jetons un coup d'oeil en arriere sur la marche dc notre these relative a 1 influence des hópitaux et infirmeries sur la santé et la vie des malades et blesses, nous voyons pic-valoir toujours les mêmes principes. Dans les grands comme dans les petita établissemens, dans les hópitaux généraux, comme dans les liópitaux speciaux, dans les baraques ou sous les tentes c'est toujours la separation des malades et blessés, accompagnée d'une pro pre té, qui no laisse rien a désirer, que nous avons eu constamment en vue.

Nous abordons a present en second lieu ce qui peut-être mentionné cn premiere ligne, quand on parle des hópitaux; un air pui-et saus cesse renouvele.

Une bonne aération et une ventilation naturelle, facile, sent deux conditions indispensablcs aux butimens hóspitaliers; la ventilation aiti-ficielle, quelque puissante et active quelle soit, ue pourra jamais les remplacer et ne peutetie

') Hiitton-hospitSler von Edw. J. Waring, mil cinom nacli-trftg von Dr. W. Mcucke. Berlin 1872.

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coiisidcrée que commc leur auxiliaire utile. La ventilation naturelle se fait par les fenêtres, par les portes et par toutes les issues qui souvrent au dehors; ellc n'a pour agents que les vents régnants et los courants qui déterminent les differences de temperature entre l'air extérieur et l'air contcnue dans les salles. Les systcmes de ventilation artiftcielle sont nombreux et différents les uns et les autres d'un fagon notable. Les uns sont d'une grande simplicité et n'ont pour agent que la calorique qui se développe dans les salles inêmes occupécs par les mala-des: ils sc rapprochcnt sensiblcraent de la ventilation naturelle. D'autres sont plus compliqués et plus dispendieux; ils nécessitent des machines et des dispositions spéciales. Leur introduction dans les hópitaux offre beaucoup de diffi-cultés. ')

La ventilation artificielle par propulsion, on par aspiration, est nécessaire pour des salles de concert ou de théatre, uu se trouvent réunies un trop grand nombre de personnes pour cjue Ton puissc procurer a chacunc unc quantité suffisante d'air. Dans les hópitaux au contraire, qui eervent de séjour assidu aux malades tons

') Aeration et ventilation, in Essai sur les hópitaux par Ch. Sarazin, Annalos d'hygiènc publique, tomo XXIV année 16G5.

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les habitans ont besoin d'une quantitc suffi-sante d'air respirable. La ventilation la i)lus simple combinée avec le meilleur chaufïage est indispensable dans un hopitaal bien condi-tionnc. On peut le róaliser par de vastes ebe-minées ouvertes et la combustion de char-bon de terre comme dans la plupart des hopitaux de l'autre cote de la Manche. Cha-que salie en posscde tonjours au moins une, quelquefois trois on quatre. Le feu est tou-jours allumé l'été comme l'hiver, mais quand 11 fait chaud, celui de l'office l'cst souvent seul et toujours les fenctres dc la salie sont lar-gement ouvertes, même pendant la visite. Le même système sert ponr le chauffage des corridors et des escaliers; il y a des cheminées même dans les vestibules d'entree. Ce système a encore l'avantage de diminuer la tristesse et la solitude des salies.

Quelque parfaite que soit, dans les hopitaux anglais, la ventilation naturelle, elle n'empècbe-rait pas la mauvaise odeur si les soins hygie-niques et de propretc n ctaient rigoureusement observes. L'absence de rideaux et la suppression de tont ce qui est inutile dans les salies pourra y contribuer activement. On ne voit pas en Angleterre le chevet du lit des maladcs garni de provisions de toutes sortea; on ne voit pas

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a cóté de lui uu meuble dans lequel se con-fondcnt pêle-mêle sa pipe, son tabac, ses soulier», son pain et son urinoir.

Ou ne trouve pas non plus dans les salles ces mannes remplis de linges a pansement et de charpie souillóe de pus, qui y séjournent en dcpit de toutes recommandations des nicdicins ou des cldrurgiens. Souillós ou non les pan-semens enlevés des plaies sont jetés au feu toujours allumé dans la salie. ')

Les lieux d'aisance doivent être a portee des malades, mais séparcs des salles. Dans les derniers temps plusieurs ameliorations out etc introduites dans la disposition et le fonctionne-ment des appareils pour le transport et la des-infeetion des matières fécales. Autrefois les lieux d'aisance dans les hópitaux de Paris étaient généralcment établis d'après le système dit a la tur qu e. Cette disposition adoptéedans tons les établissemens publics afi'ectós a Fhabitation d'un grand nombre de persounes, tels que les hópitaux et hospices, casernes, lycées, les colléges, ócolcs etc., consiste siinplement dans l'ou-verture, au niveau du sol des cabinets, d'un orifice, communiquant avec la fosse par un

') Note sur quelqnos points de rhygièno hospitalioro etc. par Léou lo Fort. Paris 18C2.

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tuyau de chute. II a Favantage de permeltre do se servir du memo cabinet, non seulement pour l'usage ordinaire des lieux d'aisances, mais encore coinme recipient tonjours ouvert, oü peuveut ctrc versés sans precaution, les bassins et les autres vases de service, contenant les liquides et les matieres qui proviennent des sal-les de malades. C'est dans doute cette triple destination, assurément commode qui a fait gc-néraliscr et maintenir, presque partout un arrangement qui, sous tous los rapports, et surtout au point do Vuo de l'liygiène, laisse tant a desirer. En effet, malgré des fréquents lavages a grande eau, malgré les soins les plus minu-tieux de propreté, la communication directe et permanente avec la fosse, l'iinprégnation du sol et des murs par les matieres et les urines, sont des causes inevitables de mauvaises odeurs, et même d'émanations putrides, (jue si répandent dans les cabinets, et jusque dans les sallcs voisines et les escaliers.

II ne raanque pas de moyens pour remédier a eet état de choses si pernicieux pour les malades et blessés dans les hopitaux. L'adoption générale de cuvettes employées en Angleterre et leur amelioration successive out contribué a ce but. Le danger réel cependant n'existe pas dans les dispositions interieures mais bien

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dans la manière de garder et de transporter les matières fécalos. Les fosses, qui dans les ótahlissemens publics notamment doivent être d'une grande capacitc et dont 011 n'eftbctue la vidange (ju'u de longs intervalles, lorsqu'elles sont entierement plaines, forment autant do vastes réservoirs ou les matières en fermentation emcttent incessamment des gaz qui s'élévent par le tnyau de eliute jusque dans les cabinets et dans les pieces voisines. ')

Pour combattre les dangers de eet etat de dieses on a propose surtout en cas d'épidcmic de dcsinfecter les fosses, les tuyaux de chute et les cabinets d'aisance. On a employé pour cela l'acide phéniqne et le sulfate de fer, le cblorure de mangan: etc. 2) Mais ce ne sont naturellement que des palliatifs, et on a besoin de mésures radicalcs. En effet, la question de 1 enlevement des matières fécales est d'un haut interèt pour la santé et la vie des hommes, surtout dans les villes. Deux systèmes combattent pour avoir la préférence. La canalisation et le transport des matieres fécales. Peut-être qu'on iinira par s'entendre sur une combinaison de ces

') Notice sur los lieux d'aisanoes perfectionnés ctablis dans les hópitaux de Paris. 1809.

') Cholera-Regulative, in Zeilschrift für lüologic, II Baud, III Heft, pag. 435. Müuchen 1866.

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deux moyens. Le transport des maticres feca-les par des tonneaux et des ouves est simple et pratique. Dans l'état actuel de la question je lui donne la preference pour les institutions hóspitaliorcs. Les preparations particulieres des niatières fecales avant le transport viennent en second lieu. Le systeme qui a pour but de meier ces niatières avcc dc la terre sèclie (dry-earth sewage system, trocken-Erde-systems) a eu dans los dernicres annccs do bons résul-tats surtout en Aiiglctcrro. Le gouvernement des Iiules Britanniques en a donnó les meil-leurs rapports. L'Inspecteur-général des hópitaux dans les contrées d'Agra et de Lahore, M. Ie docteur E. Hare en donne les plus favorables témoignages.

Pour l'usage dans les salles des malades les caisses avcc dc la terre scche remplaceront avcc fruit les pots de nuit et chaises pcrcécs. El-les sont enlevées de temps en temps et leur contenu enfoui assez loin des hópitaux, En cas de difficnltc pour se procurer une assez grande quantite de terre scche on peut faire usage du sable ou meme de suie. ')

') Medical Times and Gazette, 1807.

Canalisation oder abfnhr, oino hygioinische studio von R\id. Virohow, Berlin 1859, pag. CO.

On the Dry-earth-system of dealing, with excrements, hy

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DKS HÓPITAUX, TENTES ET BARAQUES. 98

ün autre système, dit do Süvern, a trouvé deja unc application dans le nouvel liópital-baraquc a Leipzig. Les matiéres sont dcsinfec-tes par un melange compose de chaux, tie chlo-rure de magnesium, de goudron et d'eau. Cette masse est prcparee d avance dans des baqucts de fer qui sout j)lacés sous les sieges, ct en-leves tous les jours, dans la matinee. Les es-sais fait avec ce même mélange dans le labo-latoire de 1 institut pathologi(pie de Berlin sous la conduite du prol. Virchow out donnó des resultats analogues, üesinfecté ])ar le même mélange 1 eau d un des canaux de Berlin fut com-plètement inodore. lies substances organises ct nou organises y furent tout a fait destruits. Si les matiéres fecalcs sout vite eulevées, il ii est pas necessaire d'j ajouter du goudron. jNous n avons pas a nous occuper quant a présent des pertes que subissent les matiéres féca-les par la preparation en question, en vue de ragriculture.

Le sjsteme pneumatique du capitainc Lier-uur a trouve jusqu'ici des defense ui's, mals aussi, beaucoup d'adversaires. Ou n'a pas bcsoiu de démontrer qu'ou peut eulever avec des tnyaux pneumatiques et des forces aspiratrices réuuis

Dr. Buchan, in the Ivvelfth Report of tlie medical officer of the privy council 18G1\ London 1870, pag. 80—110.

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00 i) I'S KÓP mux, TENTHS ET BARAQUKS.

cn systorae les matières fécales, mais il reste encore a prouver que c'est un avantage reel pour l'aveuir.

C'est done, seloti uia conviction, toujours encore line question ouveitc, qui tronvera sa solution par suite de récherches et d'épreuves multiplies et diverscs. J'usqu'a présent on fera micux de se contenter de moyens plus simples, et a ce point dc vue Ie systeme des tonneaux et des cubes mérite la preference pour les institutions hóspitalières.

Dans les hópitaux et infirmeries se présentent souvent des individus malpropres, qui sont mênie souillés de vermines. Leur nettoyage par des hains ne présente pas de difficultes, mais cela est diilicile pour leurs habits.

On sait en eftet (pie les étuves disposées pour détruire les vermines et les souillures out souvent brülé et charbonné les habits, et offrent encore plus de diflicultés dans la pratique. Monsieur le docteur Esse, directeur de la Charité Royale de Berlin, a remplacé ces étuves par nu appareil particulier, consistant dans deux cylindres, séparés par un espaee libre, dans lequel il fait entrer de la vapeur d'eau condensée.

Par eette disposition les habits suspendus dans le cylindre intérieur sont facilement échauffés et

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les vermines qui s'y trouvent aussitót détruites. Monsieur Esse a fait construire uu appareil sem-blable ponr la desiufcctiou des matelats, car il est nécessaire d'accordcr tui soin tont particulier aux objets de litérie.

Pour completer ecs mesures il est nécessaire, tout en renouvelant l'air d'uno maniere conve-nable, de détruire les miasmes putrides au fur et a mésure de leur dégagement. Les fumigations chlorées permaneiites satisferont parfaite-ment a cette indication. 11 serait a désirer que leur emploi se vulgarisat dans les hopitaux, par-ticulierement dans les salles de chirurgie, dans les clini([ues d'aocouehemcns et dans les éta-blissemens cousacrés au traitemeut des maladies des enfants. On a reproché de substituer une infection a une autre.

Ce reproche est applicable au procédé de Guyton de Morveau, qui laisse dégager une trop grande quantité do chloro a la fois; mais il ne Test pas quand on place simplement des vases renfermaut du chlorure de cliaux délayé dans une suffisante quantité d'eau, en rccom-mandant de la renouveler tous les trois ou (juatre jours.

La manière de vivre dans les hopitaux des malades et blesses contribue plus encore au

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succes de leur traitement que Taction des mó-dicameus. ILs viennent dans les hopitaux pour être guéris, ce (jue perdent, de vue ceux, qui dans 1'interèt de ronscignement supérieur sou-tiennent souvent uu procés injuste pour l'idée d'avoir de grands hopitaux.

Le traitement medical est souvent aussi uue affaire de mode. Nous avons vu dans la der-nière guerre ([lie presque chaque professeur avait ses idees propres sur le traitement des blessures, et Ton vit a coté du combat des ar-mees une autre guerre moins bruyante entre les diverses écoles de chirurgie

Le temps est heureusement passé oü cette partie de Tart était compliquée d'une multitude d'onguents et de toutes sortes d'appareils et de bandages.

L'école anglaise a donné l'excmple d'un traitement plus simple et en même temps plus rat ion el.

Depuis, Liston s'est frayé dans les hopitaux de Tautre coté de la Manche, une méthode plus simple de pansement: 1'ample usage de l'eau (waterdressing) imbibant de la charpie anglaise (lint), a une tempé rature variable, selon qu'on veut l'employer comma sti mul ant o u c o mme perturbant, l'usage sobre de bandages

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et de compresses, — la reunion taut que possible, aussi aprcs les amputations, par priiuam intentiouem, —• le cliaugement a grandes distances des bandages, dit pansemeus rares, eu un mot simp li cité et efficacité, for men t les élemens d'un systèrne, qui a pour but de rompre avec la routine, et dont a la fin les malades out remporté les a va nt ages.

Dans la séance du 31 Mai 1870 de I'acade-mie de médecine de Paris, M. Ie prof. Léon le Fort a confirmc cettc méthode par les rcsul-tats de sa propre experience, dans un travail sur le pansement simple par balnéation contenue. Voici le résumé de ce travail: La mortalité aprcs les opérations — plus élevée dans la pratique nosocomiale que dans la pratique civile, plus forte dans les grands hópitaux dos villes que dans les petits hópitaux de la campagne, plus considérable dans ceux de Paris que dans ceux de Londres, — tient surtout a I'apparitiou plus on moins fréquente de deux redoutables complications: rinfection purulcnte et l'erysipèlc. A certains momens dans certains de nos éta-blissemens, ces maladies prennent un dévelop-pement tel, se inontrent avec nu tel dégré de fréquence, qu'on caractérise du nom d'épidémie

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DES IIOPITAUX, ÏENTES ET BARAQUF.S.

ces ctats sanitaires asscz graves pour qu'on ne puisse plus, pour ainsi dire faire uue iucisiou sans voir survenir uu crysipèle, et pour qu'on ue puisse plus faire une operation de quel que iin-portauce saus avoir a redouter presque ti coup sur I'infection purulente. Lorsqu'ou voit ces maladies se dissémincr, s'étendre avec tous les caractores qu'on attribue aux epidemics, et lors-qu'on remarque en même temps que ces épi-démies comme ccllcs des fièvrcs puerpérales, se concentrcnt parfois dans un hopital, se limi-tent a un seul service, il est difficile de ne pas admettre, qu'il existe pour l'erysipèle et l'infec-tion purulente, aussi bien que pour la tièvre puerpérale, une cavisc capable d'amener de tels effets, et que cette cause soit autre que le ca-ractore contagieux, ou plutót infectieux par contagion, de ces graves complications par trau-matismes accidcntels chirurgicaux ou puerpéraux.

Pour que do pareilles épidémies se produi-sent, il faut qu'un cas spontane cn soit 1c depart; clles scront done rares si ces cas isolós sont pen fréquents; elles seront plus rares encore si, lorsque ces cas accidcntels se développent, nous avons su diminucr chez les autres malades la réceptivitc morbide a Taction du germe infee-tueux, dhninuer la frequence des cas spontanea d'erysipcle et d'infection purulente, prevcnir la

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DES UüPITAUX, TENTHS ET BARAQUES.

dissemination generale de ces maladies si, on n'a pas sn empecher leur développement isolé sur un autre malade; car tel est la problème dont il importe de chercher et d'obtenir la realisation.quot;

Après avoir rappelé les principaux modes de pansement employés, monsieur Le Fort continue; „En résumé, si nous recherchons, si nous rap-prochons les indications que les clnrurgicns ont cherclié a, réaliser par leurs différentes methodes de pansement, nous trouvons les indications suivantes; mettre la plaie a l'abri du contact de l'air, la rnodificier (juand il y a lieu par l'applieation des substances médicamenteuses; entretenir autour d'elle unc certaine liumidité; empêchcr la decomposition du ])us qui imbibe le pansement; détruire les germes qui pourraient être le point de départ d'une infection. Uue tres-légère modification m'a permis, je crois, de remplir ces indications. Je rejètte d'une ma-nière absolue Fusage des corps gras quels qu'ils soient; j etends la même prescription au diachylon, mais seulement quand il s'agit d'une [)laie récente, et dans aucun cas, du moins dans les hópitaux, je n'emploie la charpie; car, par sa faculté d'absorption; elle peut être le receptacle des germes infectieux. Je récouvre la plaie d'une ou de plusieurs compresses trempées dans un mé-

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lange d'ean et d'un dixième envirou d'alcool ordinaire on d'alcool camphre. Si la plaie a besoin d'etre excitée, j'ajoute eu diverses proportions, suivant le cas, une solution de sulphate do zinc, au dixième, et j'enveloppe toule la partie correspondante du membre d'un mor-cean de taffetas ciré maintenu lui même en place par quelques tours de bandes, et je vcille avee soin a ce que l'enveloppement soit complet et hcrmétique.

„L'évaporation du liquide qui a irapregne les compresses no pouvant avoir lieu, les produits de l'évaporation insensible qui s'opère normale-inent a la surface de la peau ctant retenus, le jiansemont se trouve transformé en une sorte de bain continu. L'action sedative de l'eau, temperée suivant les indications par l'us'igc dc solutions médicamenteuses, modcre l'inflamraa-tion, et la maintient dans les limites nécessaires au travail de cicatrisation. Le pus, a l'abri du contact permanent de l'air, ne subit aucune modification; il est vrai, il reste en rapport avec la plaie mais le pansement par occlusion nous a montré depuis longtemps l'innocuité du pus nonaltéré. Les compresses ne pouvant se dessé-clicr, n'adhérent nullc part, se détachent facile-ment, et Ton n'a pas a craindre l'excoriation des bourgeons charnus. Quant a la propreté,

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MS HoPITAÜX, TENTHS KT BAftAQUES. 97

il est facile de voir qu'on I'obtient d'unc ina-nière absoluc. Enfin, si Ton admet les idees d'infection, de transports de germes, la plaie arrosee, an moment du pansement, d'eau alcoo-lisée, rccouverte de compresses trempées dans la mêrae solution, enveloppée hermutiqnement d'une étoffe impermeable est effieacement protegee eontre toute contamination.quot;

„Cette modification apportée a ce mode de pansement si generalement employé et qui ne consiste guère ([ue dans I'emploi d'un morceau de taffetas circ plus large qu'on ne le taille d'ordinaire, se présente avec de telles apparen-ces d'insignifiance et, dans tons les cas, coute si ])eu d'efforts d'iimigination, (pie je n'aurais pas osé en parler si clle ne se recommandait par des résultats qui m'ont convaincu de son etllcaeité.quot;

Depuis longtemj)s les chirurgiens allemands ont suivi cette même voie de réforme. C'est sur-tout l'Inspecteur-général Stromeyer qui se présente en plusieurs eudrois de ses Principes de clii-rurgie militaire comme un défenseur ardent de 1'application continue du froid. La génération sui-vante a pour une grande partie partagé les mêmes principes. La suppression du débridement des blessures par amies a, feu, l'immobilisation con-venable des membres et de leurs articulations,

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98 DES noriTAUX, TENTHS ET IURAQUES.

l'usage des irrigateurs, 1'application de l'eau a di-verses temperatures ont simplifie la pratique chirurgicale, de la économie de temps et surtout de douleurs aux mallieureuses victiraes de la guerre. La visite réitéróe des blessures par les médecins et chirurgiens traitans et ambulans cause des douleurs inutiles et empêche la guc-rison. Nous ne pouvons done pas assez prému-nir coutre eet abus, qui u'u d'autrc raison d'etre que la routine.

La découverte des balles dans les plaies, par les appareils de Nélaton et de Liebreich, ne fait pas toujours réussir, parccque ces projectiles sont souvent cachcs par des niatières non conductrices, comme par des granulations, des différents tissus et même quelque fois par des morceaux d'habillement.

Par ces différents motifs je me sens disposé u conclure avec M. Ie ])rofesseur Piscber de Breslau que pour Textraction des balles il vaut en général mieux de n'employer qu'un doigt bien exercé.

L'application de l'acide phénique dilué, et d'huile de carbol selon la méthode générale-ment connue sous le nom de Lister trouva dans la dernière guerre plusieurs adhérents. A cóté de ce médicament on employa encore l'hypermanganate de potasse trca dilué pour

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bES HÓPITAUX, TËNTES ET BARAQUES. 90

nettoyer les plaies avec les irrigateurs. Chaque malade avait sou propre instrument. Les épon-ges furent, uous esperons (pie ce sera pour toujours, bannies des hópitaux. Leur suppression sera suivie par celle de Ia charpie ct des cata-plasmes, qui out fait plus de mal aux armées que le feu et le fcr de l'ennemi ').

Le regime alimentaire dans les hópitaux laisse souvent a desirer. Quelquefois il raauque de quantité, ou de qualité, ou tous les deux ti la fois. Des calculs miscrables d'économie, sur ce qu'on est convenu d'appeler, en tenue d'hópi-tal la journée, out déja fait perdre la vie a bien des malades et blessés.

C est surtout dans les hópitaux militaires qu'on a oublié la judieieuse maxime du general de Bell-Isle, quo toute pareinionie a la guerre est un assassinat.

') Des pansemons rares, these par Gosselin. Paris 1851. Quelques aper^us sur la cliirurgio anglaiso, these par Paul Topinard, Paris 18fi0.

Pansement par balnéation continue par M. Le Fort dans la Lancetto Frangaise, gazette des hópitaux, année 1870, p. 251.

Maximen der Kriegsheilkanst von Dr. L. Stromeyer. Hannover 1855, Zusiitze dor zweiten Auflage 18G1, u. Nachtrag 18G7.

Allgemeinos iiber Wundbohandlung iu Kriogschirurgischo Erfahningon von prof. Dr. H. Fischer, p. 34.

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100 DES nol'lTAXJX, TENTES ET BAttAQÜËS.

„Economiscr l'argent du paysquot;, nous le disons avec Cheuu, „est chose louable; inais n'est-il pas beaucoup plus important d'économiser los hommes? Un fermier qui économiserait son foin et sa paille en risquant la vie de ses chevaux nous paraitrait un insensé. Sommes-nous ])]us sages quand nous pouvons montrer, en Orient des journóes d'hópital u 2 francs GO cent. avec une perte de 29 pour 100 sur le nombre des malades, tandis (|ue les Anglais avec des jour-nces de 4 francs 80 cent. ne perdent que 13 pour 100 de leurs hommes? De quel cote est la veritable économie?quot;

Malgré ces exemples il y a encore partout des partisans zélcs de la dicte.

La nourriture doit done être améliorée dans les hópitaux. Je veux l'avoir abondante et forti-tiaute en mêmc temps. Nous pouvons appren-dre beaucoup des Anglais. Le régime dans les hópitaux anglais est excellent; trois repas par jour, le déjeuner, le diner et le souper; les extra sont a la volonté des mcdecins. La regie concernant les opérés et ceux menaces d'une suppuration prolongée, est une soumission intelligente a leurs caprices; les médecins peu-vent donner a tous leurs malades ce qu'ils jugent convenable et les administrateurs n'y

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peuvent niettre cl'entraves; les Anglais dou-nent la portion dans les mêrnes cas, oii les autres administrations donneraient tont simplc-ment le quart.

La portion entière réglementaire, sans extra, se compose genéralement d'uue demi-livre de viande, nne livre de pain, un litre de pommes de terre, nn litre de gruau et un quart de litre de lait.

Dans les ambulances anglaises, en Crimée, le soldat avait trois repas. Pour la portion entière, le déjeuner consistait en 192 grammes dc pain, 500 grammes d'infusiou dc thé, fait avec quatre grammes de feuilles, 24 grammes dc sucre; le diner a midi, se composait de 500 grammes de l)ouillon, 384 grammes de viande bouillie ou rotie, 128 grammes de pain, 500 grammes de pommes de terre, ou d'autres legumes. La lucre, le vin, mcrae dc champagne, furent donnés en quantité variable, scion la prescription mcdicale. Le souper, a (5 heures ne différait pas du déjeuner; la composition de ces deux repas était la mêine.

La viande doit être rotie; comme je l'ai dit ailleurs, en la fuisaut bouillir on laisse perdre presque tons scs principes nutritifs. Elle devient indigeste, e'est a dire peu propre a être dissoute

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102 dl'.s hópitaux, tenths et baraques.

par le sue gastrique. Virchow et son ecole out depuis longtemps blame cette preparation de la viaude. Le professeur Killine I'a ])roscrite com-me la méthode la plus miisible des différentes raanières de preparer la viaude.

L'écume éloiguée comme immangeable c'est simplement l'albumen préeieux. Contre ces per-tes, nous obtenons dans le bouillon une compensation des matières extractives et des seis. Le bouillon aqueux devient ainsi un stimulent comme le thé et le café, mais la distribution journalière et exclusive de la soupe reste tou-jours une perte superfine de nourriture.

La nourriture bien préparée est aussi bien servie et sous une forme plus appétissante, en sorte que le moindre appétit est mis a pro-fit. II faut (jue la table soit servie a des heures réglementaires, pour tons ceux qui peuvent quitter leurs lits, soit dans la salie, on mieux encore dans une de ses dépendances. L'usage des salles de compagnie ou réfectoires mérite d'etre généralisé dans les établissemens hospitaliers. C'est ainsi que par toutes sortes de ruoyens on rappelle aux malheureux malades et blessés leur foyer domestique, et qu'on leur fait oublier en partie la vue coutinuelle de tant de misère. Suivre cette voie ne sera done pas seule-

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DES HÓriTAUX, TENTHS ET BARAQUE8. 103

ment mi acte de prcvoyanco mais aussi d'hu-manité '),

') Do 1'csprit dos institutions militairos par lo Marèclial Marmont, chapitre quatricme, soctiou prémière. Des vivres. l'aris 1845.

La guerre de Crimée par Bandons, Paris 1858 p. 87.

Relation módico-chirurgicalo do la campagne d'oriont par lo Dr. G. Serivo, Paris 1857, pag. B70.

Du typhus do l'armée d'oriont par lo doetour Folix Jacqnot, Paris 1858, pag. 31.

Ueber don Hungertyphus und oinigen verwandton Krank-hoitsformen, Vortrag von Rud. Virchow, Berlin 1808.

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IV.

SUR LA TRANSPORT DES MALADES ET BLESSÉS.

Le transport des maladcs et blesses est unc question du plns haut intérêt et a laquelle on n'a pas encore vouc jusqu'ici assoz d'attention. Tandis quo leur traitement est surveillc avec les plus grands soins, on laisse encore leur transport entre les mains les plus maladroites. Nous u'avons pas besoin d'cn cherclier les preuves loin de nous, et nous pouvons nous convaincre, dans les grandes villes, de la mauière singuliere dont cette affaire est souvent conduite. N'est-ce pas une grande faute, comme cela arrive pres-que tons les jours, de transporter des blesses graves en fiacre aux hopitaux? En chemin ils éprouvent beaucoup de douleur, tandis que les phénomènes morbides sont par cc transport même aggravés. Mais e'est encore pis, quand un tel transport est pratique dans la chalcur

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du combat, ou dans le désonlre indescriptible d'unc défaite.

Alors on entend les cris desespéres des blesses, mêlés aux bruit des armes, niais alors aussi le besoin de moyens de transport bien condi-tionnés se fait plus (pie jamais vivement sentir.

Si les moyens de transport des malades et blesses out été u peine perfcetionnés, malgru les nombreuses ameliorations introduites, dans les armées européennes dans ces dernières an-nées, il faut attribuer cetfe lacune, moins a un sentiment d'indifierence qu'aux difficultés in-liérentes au sujet. Ces moyens peuvent selon leur destination être, diviscs cn ceux qui sont destines au transport du champ de bataille jusqu'aux ambulances, et eu ceux, (pxi ser-vent au transport des ambulances aux hopi-taux.

Les moyens de transport usités sont 1°. les différentes sortes de civicres et de brancards a rones, 2°. les cacolcts et les litières, 3°. les voitures d'umbulance, 4°. les cliemins de fer et 5quot;. les différentes espèces de navires.

Dansrexamen, rapide dechacun de ces moyens nous pouvons les envisager sous les conditions suivantes: 1°. qu'ils soient faciles a transpor-ter et puissent suivre l'armée dans ses mouve-ments, 2°. qu'on n'emploic dans leur usage que

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lOG DES HOPITAUX, TENTES ET BARAQUKS.

Ie nombre de personnes et d'animaux nécessaire. 3°. qu'ils soient solides, peu couteux et surtout confortables, 4°. qu'ils soient disposés de telle manicre que le malade on blessé n'ait pas besoiu de changer souvent de position „car les dépla-ceraens fréquents font les morts fréquentes.quot;

Pour le déplacement dans le voisinage ou a courte distance: par exemple dans les hopi-taux, d'une salie ou d'une division a l'autre, on en dehors de ces institutions, du quar-tier ou de la caserne a l'hópital, et en temps de guerre de la lignc de bataille a 1'ambulance, on fait usage de différcntes sortes de brancards. Ceux qui sont les plus faciles a employer dans tous les cas méritent la préférence. Dans l'ar-mée il est utile de faire usage des mêmes moyens de transport en teni])s de paix comme après la mobilisation.

II est clair que par eet usage on apprend les avantages et les désavantages de ces moyens de transport. Les moins compliqués sont a préférer. Dans un arrangement compliqué une des parties de l'appareil se détraque facilement et devient a la fin tout a fait inutile. Pour cette raison il faut condamner les brancards qui peuvent servir en même temps pour lits de campagne ou tents-abris.

Je combats d'un point de vue pratique le

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principe en general, et je ne puis pas m'engii-ger dans la description des differ en tes espèces ni de leur modifications. La forme, la plus simple est certainement un brancard, consistant en un morceau de toile a voiles carré, oblong, avec deux coulisses aux cótés longs, par lesquelles on peut faire ])asser les deux tiges du brancard. A défaut d'un brancard de cette forme on peut employer difl'érentes variétés de brancards d'ur-gence. Un pareil, construit d'après les indications de M. Ie comte de Beaufort, membre du comité de la Societé frangaise de secours, con-siste en deux branches d'arbre assez lougues et deux plus courtes, qui sont fermement lixées entre eux par des cordages, cn sorte qu'elles forment un carré oblong, sur lequel on tend des cordes et qu'on recouvrc ensnite par des habits. II est utile que les garde-malades et soldats hóspitaliers soient exercés de temps en temps a construire de ces brancards. 11 me parait qu'on pourrait profiter pour cela des camps et des campements. M. Ie prof. dr. Gnrlt, médecin-général au service de Prusse a taché de faire le brancard ordinaire encore plus simple. Le brancard de bataille, construit d'après ses indications, peut se plier en deux, au milieu. II perd par la en résistance mais, il aurait été, malgré ce défaut, employé avec

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108 DES HÓl'ITAUX, TENTHS ET BAKAQUES.

avantage dans le siège des rctraiichenicns et rcdoiates de Düppel. Le professeur de Berlin loue ce brancard particulièrement pour les besoins dans les tranchées et parallèles ]). Nous trouvons ensuite récommandé ici et ailleurs pour le transport des blessés et malades, les hamacs des navires. Je crois pouvoir les condarnner comme moyens de transport,. En vérité les ju-ges les plus compétents pour ectte aft'aire se-ront naturelleinent les inarins. S'ils avaient su par experience, que le hamac était un raoyen de transport utile, ils en auraient certainement réconunandé l'usage dans rarmée de terre. Nous voyous a présent justement le contraire et en outre le hamac a bord des navires ne s'em-ploic pas pour, les malades et blessés; on les place de préference dans les crèches et couchettes. On a aussi récommandé les hamacs pour le transport cheminsen de fer. Mais eet avantage n'est qu'apparent. A I'occasion des experiences faites en chemin de fer, lors de la dernière exposition universelle de Paris, M. le prof. Gurlt disait qu'on avait fait déja en Prusse il y a a ])eii prés sept ans, des expériences pratifjues sur le transport des blessés par le chemin de fer. Par sou initiative, (ayant écrit

') Militaif-chirurergische Fragmente von Dr. !',. Gurlt. '04.

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Des noprfAüx, ïenïks Et baiiaquës. 100

une brochure sur le transport par chemins de fer), une commission fut uoinmee par le ministre de la guerre, pour faire des experiences pratiques. ') Le profes,seur Gurlt qui faisait partie de cette commission, avait proposé d'employer, comme moyeu de transport les hamacs de vais-seau, suspendus au plafond des voitures de mar-chandises.

La première difficulty qu'on ait trouvé, des le dóbut de ces experiences, a été que les plafonds des voitures n'étaient ])as assez solides partout, pour pouvoir supporter le poids au moyen de crochets. Quoique les secousses elles-rnêmes fussent trés-minimes, le mouvement lateral des hamacs faisait éprouver aux blessés uu malaise analogue au inal de mer. On a es-sayé cnsuite de changer le mode de suspension, mais sans plus de succes.

Je crois pouvoir concluro, que les essais ne parient pas en faveur de l'usage des hamacs pour le transport des blessés.

Tons les brancards out un vice commun, c'est-a-dire qu'ils doivent être portés et exigent

') Uobor don transport sohworvorwundeter nnd kranker im kriego nobst Yorschliige ütier dio Bouützung dor Eisonlialmon Kt Conférences iuternationales etc., tenues ii Paris en 1807 iel'e et ii1' sónnees, png. OH.

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110 DES HOPITAUX, TENTKS ET BAUAQÜES.

au moins deux hommes. Quand un des por-teurs, vient a. succomber, ee qui peut arriver facilement sur le champ de bataille, Ie moyen de transport est tout de suite mis hors d'usage.

C'est done un grand progrès, qu'avee les différents brancards a roues on n'ait besoin que d'une seule personne. Je me propose, en vertu de ce qui precede, d'en donner une courte des cription, et plus specialement des deiix sortes de brancards qui sont juges les plus utiles. Je compte parmi les derniers le brancard ii roues fabriqué par M. Jos. Neuss, carrossier royal a Berlin, par ordre des chevaliers de St. Jean. On le mit en usage pour la première fois dans la guerre contre le Danemark. i'lu-sieurs militaires gravement blesses furent trans-portés par ces brancards a roues, sur des che-mins de fer et des navires jus'quaux ambulances et ensuite aux hopitaux a Berlin. ')

Les mêmes brancards sont employes ensuite avec succes dans la guerre du Mexique pour le transport des malades et blesses. Le Dr. Neu-dörfer, médecin militaire autrichien les a introduit dans le corps Austro-mcxicain. Une quarantaine de brancards furent transportés via

') Dr. Julius Ressel, Die Kriegshospitillor dos St. Johan-niter Ordeni im danischon Feldzüge von 1804, pag. 2—11.

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1)ES HÓPITAÜX, TENTES Eï BARAQUES.

Puebla a Triest et y arrivaient sans degradation importante. ^

lis sout construits avec une espèee de bois Aiucricain, dit bois de hickory et sont tres légers et solides, par la confection soigneuse des ressorts et des roues. L'apparcil con-siste en un cadre oblong, légèrement courbé, et répose sur deux ressorts, lies par un axe commun avec deux roués de fer trés légères; aux deux cotés on trouve deux tiges, qui ünis-sent en avant et en arriere par des poignées. Le cbevet est compose d'uu plan incline, reinpli par une forte toile, destinée a reccvoir la tête du blessé, et couvert d'une cape tombante; sous le chevet on trouve un compartiment pour medicaments et rafraichissemeus; au pied du cadre est fixé un inorceau de toile, qu'ou fait dérou-ler et accroclier a la dite cape pour couvrir entièrement le malade ou blessé, lors qu'il doit être transporté. Pour permettre a la personne ehargée du transport de se reposer pendant Ie trajet, sans gêner le blessé, qui conserve ainsi la position horizontale, aux tiges latérales, dout nous avons parlé tantót, sont fixés deux pieds

') Dr. J. Neudöri'er, Haudbach der Kricgschirurgio, uach cigoiion Erfahrungen bearbeitot. Ersto hillfte, algemeiner thoil ISCil, anhang 18C7. l'rof. Dr. Esmarch, Verbandplatz und Foldlazareth 186S. p.

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112 DKS HOPITAÜX, lEN'l'ËS ET BARAQÜËS.

articulés, qui se replient le long des tiges quand ils ne servent pas. La oiï tombent les pieds des tiges ou trouve eufiu des croix de fer par lesquelles le brancard peut ctre fixe a une autre voiture.

Le grand avantage do cette nicthode do transport est celui-ci, qu'un seul liomme suffit jjour trainer sans fatigue le malade avec céléritó et bieu-être pour le patient. Figurons-nous un moment, que deux ou plusieurs brancards sont simultanément en mouvement sur le champ dc bataille, alors deux soldats brancardiers peuvent s'aider réciproquement, s'il en est besoin, en levant et portant ensemble les brancaids Fun après l'autre, jusqu'u qu'ils soient vernis sur un terrain égal.

Le brancard aura eusuite une veritable utilité en temps de pais. Pour les grandes villes, oii il y a quelquefois de grandes distances ii par-courir pour arriver a I'hopital civil, les porteurs pen exercés, secouent beaucoup 1c malade et sont obliges de s'arrêter très-souvent. Si la ma-ladie est épidérnique on contagieuse, il y a un inconvenient sérieux u laisser le malade trés longtemps en route; eet inconvénicnt disparait avec 1c brancard a rones. Je voudrais done avoirt oujours disponible un de ces brancards dans les bureaux de police de nos grandes villes.

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DES IIOPITAUX, TENTES ET BAKAQUES. 113

en sorte qu'oii puissc faciliter 1c transport des malades et blesses au\ hópitaux, en cus d'ac-cideuts ou de malheurs.

Je juge par ees diftcrentes raisons le brancard a roues comme un moyen de transport excellent, qui peut rendre dans uiainte occasion de grands services.

Mais le transport des malades n'est pas une question si simple, et un même moyen ne ré-pondra pas dans tous les cas au but proposé. Une première condition pour nu transport bien choisi, c'est qu'on puisse laisser le nialadc ou blessé dans la même position et le transporter sans avoir a le toucher ou a le déplacer, dans les hópitaux souvent éloignés.

Jusciu'ici on a perdu de vue trop souvent cette vérité. En eii'et, uu soldat atteint d'une fracture de jambe, par exemple, s'il est bien transporté, pourra conserver sou membre et rendre encore des services; s'il est mal transporté, sa fracture simple pourra se changer en fracture compiiquée; le déplacement des frag-mens, leur pénétration a travers les parties molles, rébranlement nerveux occasionné par la douleur, reudront ramputation presque fatale en arrivant a rambulance. Au milieu des conditions hygiéniques qui sont inhérentes aux gran-des agglomerations d'hommes, ramputé meurt

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114 OKS HÓPITAUX, TENTES ET B.VHAQUES.

diius une proportion effrayante; s'il guérit, il devient uue charge pour l'Etat, en cessaut de lui être d'aucune utilité.

Mieux vaut done, comnie s'cxprime le mé-decin-major Gauvin, au point de vue de la chirurgie conservatrice, du bieu-étre du soldat et même de récononde bien enteudue des finances de l'Etat, avoir a sa disposition 40 véhicu-les réunissant les conditions desirables, ([ue 00 qui compromettraient par les chocs et l'absence d'élasticité suflisante, les jours de ceux (pie l'on voudrait secourir.

Pour les voitures d'ambulauce il n'y avait pas seuleinent insuttisance de qualitc, mais aussi ct surtout de nombre. On étuit done dans la nécessité de recourir aux voitures du pays, chariots de paysans, en un mot a toute sorte de moyens de transport aux quels inanqnaient les conditions d'une élasticité indispensable. C'était un grand pas a faire dans Ia voie d'améliora-tion (pie de projeter un brancard qui cut de rélastieité. L'honneur de cette invention revient au médecin-inajor Gauvin, ci-dessus nomine, qui en ent la pensee, pour la première l'ois au siége do Gaête en 1800. 11 la développa ensuite pendant l'exposition universelle de 1807.

Cet appareil a un cadre compose de deux longrines a mancherons réunis par deux traver-

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DES HÓPITAUX, TENTES KT BAUAQüES.

scs cn Ier plat, articulues en leur inilien cii coude de coinpas, de manière que 1c cadre puisse, a volonté, ou s'élargir et devenir rigide, ou so replier pour être plus transportable. Ce cadre supporte par l'intermédiaire des meuottes et de quatre ressorts a pincettes, les quatre coins d'un cadre supérieur analogue, rempli par nne forte toile et destine u rccevoir le blessé, dont la tête s'appuie sur un plan incline, ménagé a eet effet. Cet ensemble, (pii peut se porter a la main, soit par les niancherons, soit par les meuottes des ressorts, peut s'adapter sur une paire dc roues et se transformer en un chariot extrêmement mobile et léger.

Démonté de ses roues, le brancard repose sur quatre galets en bois, destinés a faciliter l'arrimage.

Le but que s'est propose le docteur Gauv in est de recueillirle blessé sur 1 e c h a in ]) d e b at a i 11 e, d e I c poser sur le brancard et de nc plus ie déranger jusqu'a son arrivé e a destination.

11 évite l'etnploi de nombreux porteurs, res-tés utiles devant rennerni; il suppriine les transbordemens, dérangemens et aggravations des blessures; il accélère le service; il l'accom-mode par des ressorts a toutes les formes de transport, wagon, camion, charrettc eon verte

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110 des hópitaux, tentks et turaques.

ou découverte; il cvite enfin tont aménagement préalable a rintérieur des wagons de chemins de fer. Intimément convaincu des avantages de eette méthode de transport, j'ai proposé dans le temps, au comité d'Amsterdam, de faire venir des exemplaires du brancard u roues (modèle Yos Neuss, et modèle Gauvin). Ma proposition fut favorablement accueillic, et j'eus le bonheur de voir, qu'ils pouvaient servir de modèle des différens brancards que nous avons envoyés a Treves, Saarbrücke, Metz, Lille et Bordeaux pendant la dernière guerre. Tons les rapports que nous avoits reyus sur cettc ma-tiere sont unanimes pour en loner les bonnes qualités. Mais il y a encore plus: du fond même de l'allemagne, nous recevions des demau-des réitérées pour l'expédition de ces brancards, nommés Plollilndische ril der wagen. II est peut-être inutile de dire (|ue notre comité a satisfait dans la mcsure de ses forces a ccs invitations.

Parmi les conditions aux ([uelles doivent répondre les diff'éreus moyens de transport, j'ai mentionné celle de n'cmployer ([uc le moins de personnes et d'animaux possible. Cepen-dant dans maints eas des animanx sont pour ce même transport absolnment nécessaires. Cela

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des iiopitaux, tentks et haraques. 117

nic conduit a parlor des diifórens fourgons et charriots d'ambulanco. D'abord, quelques mots sur les cacolets ct litiéres, qui out leur raison d'etre dans les montagnos, om il est difficile d'eniployer un autre genre de transport, mals qui, dans les pays comme Ie notre, out perdu toute leur valeur.

Léon le Fort en parlant de ce moyen dc transport, disait: „le cacolet lui-rnome est un detestable moyen de transport. Les inouve-mens du mulet impriment au blessé assis dans l'espèce de fauteuil forme par le cacolet des secousses qui retentissent douloureuscment dans sa blessure et, s'il est couchc sur une des deux litiéres que porto ranimal, II éprouve en outre les secousses des oscillations semblables au tangage d'un navirc. Parfois le mulct hcurte sou voisiu, d'autres fois même il s'abat: l'un de nos malades rinfortuné colonel Su-berbicllc, atteint aux deux jambes par un éclat d'obus, fut ainsi jeté sur le pavé d'une rue dc Metz. Le mulct a pu êtreunbon moyen de transport dans les pays oü, comme en Algério, a l'époque de la con quê te, il n'existait pas de route car ross able; en Europe il n'a d'autre raison d'etre que la routine.quot;

Pour ccux (jui ne sont pas encore convain-

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US DKS IIÓPITAUX, TKNTKS ET HARAQUES.

cus dc ccttc vcrito, on pent nommer d'autres inconveniens dc ce moyen dc transport. Par cxcmplc, 1c dcfaut d'nn nombre suffisant dc dc botes dc soininc. En temps dc paix les ar-inces n'cnti'ctienncnt pas des qnantitcs considerables dc mulcts; on les acbctc quand on suppose la guerre procbainc: ellc est finie quand les mulcts sout a peine dresses. Lc chargc-ment qui cxigc plusieurs bommes est trcs-diflicilc et fort dangereux. Les mouvemens brusques des betes de sornmc, les cbocs inevitables, les cbutcs, suffiscnt pour faire com-prendre les difficultcs qui se présentent a tout instant, 'lelie est 1'opinion dc Gauvin, de Che-nu, et d'autres officiers dc santé dc rarmcc fran^aisc. Mons pouvons done conclure, que 1'in-troduction des cacolcts dans lea autres artnées u'est uullement a desirer.

Dans I'ordrc (juc nous suivons, nous devons parlcr a present des differentcs sortes dc four-gons d'ambulancc. Lorsque cn Jnillet 18(59 éclata la guerre (|ui inalheureuscment dura si longtemps, le comité d'Amsterdam dc la „Croix Rougequot; adressa aux habitants dc la capitale une pressante invitation pour 1'aidcr a soulager les rnaux des victinics infortnnées de la hitte, dont le nombre nienagait d'etre grand. Eu

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DES HOPITAUX, TKNTKS ET BARAQUKS. HO

osant, comptor sur une cooperation prompte et generale, le comité n'a ])as eté trompé dans son attente 11 a pu largement subvenir, tant par des secours personnels (pic matériels a tons les besoins qui demandent satisfaction en temps de guerre. Sur des points differens, en Fran cc aussi bien qu'cn Allcmagne, le comité a pu prêtcr assistance; bientot il résolut d'utiliser rexpérience acquise et dc la faire servir tant a améliorer son materiel qu'a raugmenter. Entre autres, il forma le plan de faire construire une voiture d'ambulance. C'est ici surtout qu'il s'agit de répondrc aux besoins que rexpérience a fait sentir. Aucun modèle existant ne nous conve-nait entièrcmeiit. Pour nc parler (pie des prin-cipaux, la voiture d'ambulance du baron Mundy et M. Alexandre Locati ne peut contenir (|uc deux blessés couchés horizontalement. II est vrai que la voiture, dont on se sert dans rarmée suisse, peut contenir six blessés en position horizontale, ma is cc modèle a le défaut que le chargemcnt et le déchargement se font par les mains des porteurs, cc qui cause des souff'ran-ces aux blesses, que l'usagc d'un brancard ])cut epargner. Les modèles américains du Dr. Howard ct genéral Rucker ont le défaut commun que les roues de devaut ne tournent j)as sous le coffre dc la voiture, ce qui sur des routes

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étroites causc nócessaircment dc grands iiicon-vcnicns, ct n'est pas sans danger. Ccttc objection s'adresse égalcment aux véhicules anglais. Dans los voiturcs d'ambulance les roues de devant doivent ctre basses et pouvoir passer ou par-tielleraent ou entièmnent sous la caisse de la voiture. L'augmentation do puissance (pie l'on obtient ineontestablernent par de grandes roues, ne eontrebalance en aucune fapon les inconvé-uiens (|uc j'ai signalé.

Cette liste d'imperfcetions pourvait faeilenient être augmentée. En projetant notrc modèle nous nous sommes efforees de les cviter autant qu'il était en notrc pouvoir, en nous ap])uyant sur les lemons pratiques de la guerre.

La voiture est construitc pour dix personnes assises, buit dans la partie dc derrière, et detix, saus comptcr Ie cocbcr, dans la partie de devant. La caisse repose sur quatre ressorts et a, en arricre, un marchepied tres-commode dc deux degres. La voiture est couverte d'unc imperiale avec un fond dc euir, qui sert d'empla-ccment aux armes et bagages des maladcs et blesses. La voiture sc ferme de cotc |)ar des ridcaux d'une forte ctoffe de cotou Amcricain, appelée cotton duck. En arrière ellc sc ferine par des portières s'ouvrant sur le dc-

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DES HOPITAUX, TBNTES ET JiAHAQUKS. 121

hors ot preimnt toutc Ia lavgeur du vóhiciile.

Entre les deux parties de devant et de derrière, il y a communication par quatrc ouvertures. Ties deux bancs dans la partie do derrière pcuvent être cnlevés, et rein places par quatre brancards, construits d'après un modèlc spécial, donnant place a quatre blesses en position horizontale. Les brancards niarchcnt sur des galets, destines a faciliter rarrimage dans la voiture. Tls sont d'un modèle special, qui doune la facilité de les ployer ef, serrer sous les bancs. Le modèlc du comité présente ainsi l'avan-tagc qu'il peut servir au transport simultané des blessés assis et couches. II est peut êtrc inutile de dire, (pie des espaces sont ménagés pour medicamens ct rafraichissernens, pour de l'eau ct des fourrages.

Les principales dimensions sont: l'intérieur de la caissc a 2,00 m. de long ct 1,55 do haut; distance des bancs pour s'asseoir du plancher 0,44 m.; largeur et longueur des brancards 2,00 m. ct 0,59 m. ; les bancs ont 2,00 m. de long ct 0,365 m. de largo. Distance de rimpériale jusqu'a terre 2,68 m.; distance du plancher, ou fond de la caisse, jusqu'au sol 1 m.; longueur entière do la caissc 3,34 m.; largeur du cofFrc 1,29, longueur d'essieu a cssieu 1,76, hauteur de Ia rouc dc derrière

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122 DKS HÓPITAUX, TKNTKS KT BAKAQUKS.

1,38, hauteur de la roue de devant 0,88 m.; la'rgeur du cercle des roues 0,078, largeur de

1'ornière 1,65.

Ce fut une contrariete pour iiotre coiiiit(^

que sa voiture d'ambulauce ue put être employee jusqu'iei sur le champ de bataille. Cai avant qu'elle fut achevée la paix fut conelue, nous respèrons vivement pour bien longtemps. Nous eumes cepeudaut 1'oecasion de nous con-vaincre de sou utilité, en premier lieu par les cssais faits par les membres de uotre comité.

lis se faisaicut transporter alternativemeut avec cette voiture, assis ou couches, dans une marche plus ou moius rapidc. Ces essais avaieut un rcsultat si favorable, qu'ils pouvaient re-futer toute opposition faite a priori. Notre comité mettait ensuite la même voiture a la disposition du ministre de la guerre, qui la faisait essaycr par une commission a la TTayc. Nous avous eu sous les yeux le rapport d un médeciu principal a 1'Inspecteur du service de santé de l'armée. Ce rapport est en géneral favorable et contient uotamment cette conclusion, qu'il est possible de transporter avec cette voiture quatre malades couches sans la moindre secousse. L'administratiou de la guerre avant do renvoyer la voiture en question en tit prendre les dimensions précises, et, si nous

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DES IIOIMTADX, TENTHS ET BARAQUES. 123

sommes hicn informc, cela aura encorc un resullat praticjue, ct les voitures d'ambulauce actucllemcnt cu usage seront modifiécs d'après le menie type dans un avenir peu éloigné.

I li de mes aueieiis camarades, officier d'ar-tillerio superieur tres distingue, m'éerivait a ce sujet: „votrc voiture d'ambulauce a domic mie grande impulsion a ramélioration des inovens do transport réglementaires. Nos voitures d'ani-bulance seront coustruits a 1'avenir d'après votre modèle.quot; ')

Le transport des malades et blesses par les

) Cf. couférenccs intornationalcs des Sociótés do sGCours, .iux blesses tenues n Paris en 1807, prémière partie, viugticmc, séanoo pag. 118.

Essais sur les voitures d'ambulance, (lens les institutions sani-taires, pendant Ie coullit austro-prussien-italien, par Thomas W. Lvans, Paris 1807: //Lne voiture d'ambulanee dovrait être tellement légere qu'elle put se transporter, en tout temps et en tout iiou uvec rapiditó d'un point a un autre; en un mot elle devrait roaliser l'idée qu'exprimo le mot «volante.quot;

History and description of an ambulance-wagou by Thomas W. Lvans. Paris 1808, (i. 5; «The great question to decide, is, how the siek and wounded of armies can be best transported, most humanely and confortable to themselves, as well as most conveniently and economically to the administration. For the system which shall clearly contribute in the largest degree to the special interest of the individual and at the same time, to the more general interests of the army and the Government, must be accepted as the best attainable good however imperfect it may seem.

To this end, in the construction of an Ambulance-Wagon,

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124 DUS HOl'lTAUX, TENTHS ET BARAQUES.

cheinins de fer préseutc mie (|Ucstioii du ])lus limit iutérêt. Tandis (|vie la conviction dcvicnt de plus cu ])lus generale, que les grands ho-pitaux, an milieu de grandes agglomerations, sont nuisibles, on peut prévoir leur demolition dans un avenir peu cloigné. C'est alors que les petits hópitaux a la campagne remplaceront pour toujours ces foyers d'infection si nuisibles pour les medecins et les malheureux con-(ics a leurs soins. Dans ce systcme de 1'a v e n i r les clieinins dc fer joueront un role bienfaisant. La pratique a demontré depuis longtemps (pie cela est facile a réaliser. Nous le savons par rexperience des dernières guerres, et pour la premiere fois dans la guerre de secession, qu'on y employait sur une large échclle les clicmiiis de fer et les bateaux a vapcur, non seulement pour transporter des multitudes dc soldats et d'cuorines masses de materiel mili-

thc first re(iuisito is lightness. This is so important a consideration, that every thing superfluous to the comfort of the woim-ded, or not absolutely necessary for their security or the security of tho carriage itself, should be unhesitatingly dispensed with.

An Ambulance-Wagon should bo so light as to bo oasoly and rapidly drawn by two horses any whore it is possible for of the a carriage to penetrate; across meadows and lields as well as on macadamised roads.

The ambulance should bo so constructed as to turn easily and safely within a circlo whoso diameter should be but little greater than the lough of the wagon.

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DES IIÖPITAUX, TENTES ET BARAQUES. 125

tuire, mais aussi pour dissemincr les malades et blessus, dès 1c début, sur une grande surface, loin du theatre do la guerre.

I/administration stinudée par la commission sanitaire avait oidonné admirablement lc transport des malades et blesses sur les chemins de fer. On a erée même pour ce transport un materiel spécial. Le wagon ordinaire des Etats-unis pouvait contenir 30 malades couches, 15 de chaque cóté. Les lits-brancards out leur suspension au inoyeu de forts anneaux en caoutchouc qui servent a les accrocher. La ventilation y est assurée par des volets a inoifié ouverts, qui préseutent toujours une de lenrs faces au courant d'air produit par la marche du véhicule. Le courant d'air extérieur entraine ainsi I'air intérieur, qui se renouvelle saus ccssc. En luver nu poule a double tuyaux conduit l'air contre les parois échauffées du tube intérieur et répand ainsi un air chaud, qui produit une temperature égale dans toutc la voiture. En été, le fond de ce même poêle est rempli d'eau sur laquelle est l'air conduit entre les deux tubes. Dégagé de la poussière et prenant la tempéra-ture de l'eau avee laquelle il a été en contact, l'air pur et frais remplit la voiture et le courant est même suffisant pour qu'il ne soit pas nécessaire d'ouvrir les fenètres.

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12ö DES Ilól-ITAUX, TF.NTES ET BARAQUES.

II n'cst pas hesoiu a déraontrer que la creation de ee materiel spécial reucoutrera beaucoup de difficultés, et qu'on n'ira pas facilement ang-menter les frais énonnes, qui sont les suites inevitables de l'Etat armé, des sommes considerables pour nn materiel sj)ecial a transporter les malades et blessés. Ces wagons-hópitaux serviront dans l'avenir utilement sur une petite échelle, par exemple pour transporter dans les temps ordinaires les patients d'une ville a l'autre, on des hopitaux municipaux a ceux de la campagne, tandis que pour les circonstances extraordinaires, guerres ou épidémies, on devra inévitablernent recourir a d'autres moyens. Par ces considerations on est conduit inévitablernent a une seconde manière: faire subir au materiel existant des modifications qui le r e n d e n t pro p r e a u t ran s-p o r t des blessés.

L'honneur en revient a la Prusse. Sur la proposition de M. le prof. Esmarch, de Kiel, de concert avcc M. Unruh, directeur de la grande fabrique du inatériel des chemins de fcr, le ministre, comte d'Itzenplitz, prit la resolution de faire construirc une certaine quantitc de wagons de 4quot; classe d'une telle manière, qu'ils pouvaient être en cas de besoin appropriés facilement a cette destination. Les wagons de qua-

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trièine classe reposent sur les mcmes ressorts (jue le reste du matérie), mais u'ont pas dc baiupiettes. 11 est done necessaire, pour i'ordre et pour le confort des voyageurs, de tendre des cordes, afin (jii'ila ne paissent |)as s'cn-tasser d'uu eoté de la voiture. Pour fixer ces cordes on peut employer des tiges ou po-teaux, qui serviront en temps de guerre pour suspeiulre les brancards des blessés. ')

L'orsque la guerre éelata, ii n'y avait par moins ile 240 des wagons disposés de cette mauière, mais mallieureusement non dispouibles. lis étuient au contraire dispersés sur le theatre immense de In guerre. Cette cireonstance facheuse lut en partie vaiucue par les efforts énergiques de quelques amis de rhumanité. Le comité Ber-liuois pour le secours aux blesses et malades, et plus spécialement un de ces membres, le plus imminent, M. le prof. Virchow, out vaineu a la fin maintes ditticnltés et inliuenees con-traires a leur but. Cela nous meuerait trop loin de raconter ici en détail toutes les parti-cularités de ces couvois sanitaires. Le premier, conduit par l'illustre professeur de Berlin en

') La commission sanitaire des états unis par Thomas W. Evans, Paris 18G5, p. 128—135.

Vorbaudplatz und Feldlazaroth, vorlesungen von Dr. F. Ea-naarcli, prof. chir. Kiel. Berlin 18G8, p. 84—49.

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personne arriva le 13 Octobre au campeuient des bamques de cette ville. 11 consistait en 18 dift'erentcs voitures, et avait fait le voyage de Novéant a Berlin en 72 heures. Les malades et blesses y étaient transportés sur des brancards suspendus au moyen de forts anneaux en caoutchouc. Cctait done le système Atnéricain modilic. Farce que les voitures Prusiennes étaient plus petites, clles ne pouvaient contenir plus de 12 blesses, (i a chaque cóté. Au milieu restait un passage, qui inenait aux portières de la voiture. A l'extrémité des véhieules il y a des ponts que livrent passage de Tune voiture a 1'autre toute la longuer du train. II va saus dire que pour completer ce système il y avait encore quelques wagons, pour cui-siuc, pharmacie, magasin etc. Ainsi on obtint a la tin au lieu des wagous-hopitaux Ameri-cains des traius-hopitaux Prussians.

Les transports avec ces trains ont dès le commencement largement repoudu a I'attente. Les patients (^ui out été transportés quatre jours a la suite, saus interruption, couchés sur le mcme brancard, n'étaient nullement fatigues. Au contraire ils le préferaient ensuite au traitement dans les baraques bieu coudi-tiouuées. M. Virchow lui meme a couclié pendant ueuf units dans un convoi a grande vi-

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tussc, sur un brancard suspendu, dans la uiême voiture que les autres Ijiessus, sans en cprou-ver 1c moiudre iuconvéuient.

Los anneaux en caoutchouc avaieut inspires quelques craintes. On les avail essayc avant le depart du premier convui, et ou avuit vu cette occasion que quelques-uns étaient crevós. On se contenta de penser que, s'il arrivait (pie les anneaux ne tinssent pas, 1c brancard supérieur serait retenu en partie par celui de dessous et eusuite par la partie inférieure du vélücule. Cependant eet abaissemeut pourrait occasionner des chocs très-désagiéables. Si cette lois-ci les anneaux se tenaient bien, on ferait bieu de coni-battrc cc danger par un second anneau dit de su-i'eté. Le mouvement, que permetteut les anneaux, est en general agréable.

L'expérieucc a demontrc ensuite (pie leta-blisscment de la cuisine, qui avait tant attiré les spectateurs, présentait beaucoup de difficultés dans la pratique. L'entretien d'un feu d'une force égale pendant 1c trajet était tres difficile; mais il arriva souvent que le contenu des chaudières et chaudrous était jeté par terre. Une fois même, par suite d'un choc, toutes les mannites tomberent avec leur contenu et se vidcrent sur le piancher de la voiture. Une seconde difficulté matérielle était dans la cotnbi-

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naison des couvois de provisions avec ceux destines pour les malades et blesses. M. Vir-chow condainue cnergiquement un tel systèiue. 11 conseille pour mener bien ces couvois d'v attaclier uu personnel, nombreux, lixe et bien exercu.

Uu autre ami de I'limnanite, M. O. de Hoeneka, a qui rcvient I'lionneur d'avoir don-né l'idée des couvois sauitaires pendant cette guerre, trouva ce systuine encore trop compli-qué. L'expérience lui-avait demontré qu'il ne serait pas sans difficulté de trouver un nombre suffisunt de wagons pour former un .train sanitaire, tandis qu'il sera toujours facile de se procurer 4 a 5 voitures. II veut les pourvoir largement de provisions et de médicamens, mais aussi de cliouchettes en fer, avec nia-telas a ressorts, line fois arrivé sur le lieu de la lutte, on trouve en general assez de wagons a marchandises, portant le materiel aux centres d'opérations et retournant a vide. II n'y a done pas lieu de tant se préocuper de la transformation des voitures de 4° classe.

M. de Hoeuika a eu encore une autre pensee, que mérite d'etre suivie. Les convois sani-taires perdent beaucoup de leur utilité, paree qu'on ne trouve pas toujours sur les chemina de fer assez de malades et blessés u transporter

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et cela tandis quo non loin de lu il existe un veritable encombrement. Pour parer u eet inconvenient il fant. transporter sur les con-vois sanitaires une on deux voitures d'ambu-lance avee des chevaux necessaires. M. Gau-vin, qui a traité antérienrement la même (jues-tion, d'utiliser ie matérie! tel qu'il existe danstoutesles gares, sans avoir a lui faire subir aucun amenagement intérieur, insista sur rinstallation pure et simple de son brancard lit u ressort sur le plancher même du wagon. Pendant les essais qu'on a ffiit de ce brancard dans les conférences internationales a Paris, cn 1867, plusieurs personnes, entre autres M. le Baron Larrey, M. le prof. Gürlt M. le general Baron de Loewenthal, qui ont pris successivement place sur le dernier appareil, ont dit même que le mouvement ctait si donx, si moëlleux, qu'il favori-sait le repos et le sommeil.

Le transport des malades et blesses en tont temps, mais surtout en temps de guerre n'est done pas si simple mais très-compliqué. En vérité, il se rattache d'un eóté a des questions personnelles et matérielies, dc l'autre a des questions administratives et scientifiques. C'est done une affaire du plus grand intérêt et en même temps trés difficile, et qui bien dirigé peut

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II «'est pas besoiii a démontrer que la creation de ce materiel spécial rencoutrera beaucoup de diilicultcs, et qu'on n'ira pas facilement aug-mentcr les frais énormes, qui sont les suites inevitables de l'Etat armé, des sommes considerables pour un materiel s])ecial a transporter les malades et blesses. Ces wagous-hópitaux serviront dans l'avenir utilement sur une petite échelle, par exemple pour transporter dans les temps ordinaires les patients d'une ville a ['autre, ou des hopitaux municipaux a eeux de la campagne, taudis (pie pour les circonstances extraordinaires, guerres on epidemics, on devra inévitablement reeourir ti d'autres moyens. Par ces considerations on est conduit inévitablement a une seconde manière: faire subir au materiel existant des modifications qui le ren dent pro pre au transport des bless és.

L'honneur en revient a la Prusse. Sur la proposition de M. le prof. Es march, de Kiel, de concert avec M. Unruh, directeur de la grande labrique du matériel des chemins de fer, le ministre, comte d'Itzenplitz, prit la résolution de faire construire une ccrtaine ([uantité de wagons de 4° classe d'une telle manière, qu'ils pouvaient être en cas de besoin appropriés faci-lement a cette destination. Les wagons de qua-

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trièine classe reposent sur les mêmes ressorts que le reste du matérie], mais u'out pus dc banquettes. II est done necessaire, pour i'ordre et pour le coiil'oi't des voyageurs, de tendre des eordes, afin ([ii'ils ue puissent |)as s'en-tasser d'un coté de la voiture. Pour fixer ces cordes on peut employer des tiges ou po-teaux, qui serviront en temps dc guerre pour suspendre les brancards des blessés. ')

L'orsquc la guerre cclata, il n'y avuit par moins de 240 des wagons disposés de cette manière, mais malheureusemcnt non dispouibles. lis étaient au contraire disperses sur le theatre immense dc la guerre. Cette circonstancc facheuse fut en partie vaincue par les ettbrts cnergicjues de quelques amis de I'liumanitc. Lc comité Ber-liuois pour le secours aux blesscs et malades, ct plus spécialement un de ces membres, le plus imminent, M. lc prof. Virchow, ont vaincu a la fin maiutes dittievdtés et influences coii-traires u leur but. Ccla nous menerait trop loin de raconter ici en détail toutes les parti-cularités dc ces convois sanitaires. Le premier, conduit par rillustrc professeur de Berlin en

') La commission sanitaire dos états unis par Thomas VV. Evans, Paris 1805, p. 128—135.

Vcrbandplatz mid Foldlazaroth, vorlesungon von l)r. F. Es-marcli, prof. chir. Kiel. Berlin 1808, p. ö4—4'J.

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personae ari'iva 1c 13 Octobre au campement des baraques de cette ville. 11 eonsistait en 18 differentes voitures, et avait fait le voyage de Novéant a Berlin en 72 heures. Les malades et blesses y étaient tmnsportés sur des brancards suspendus au moyeu de forts anneaux en caoutchouc. C'ctait done le système Américaiu moditié. Farce que les voitures Prusiennes étaient plus petites, ellcs ne pouvaient eontenir plus de 12 blesses, 0 a chaque cute. Au milieu restait un passage, qui menait aux portières de la voiture. A rextrémité des véhicules il y a des ponts que livrent passage do l'une voiture a l'autre toute la longuer du train. II va saus dire que pour completer ce système il y avait encore quelques wagons, pour cuisine, pharmacie, magasin etc. Ainsi on obtint a la tin au lieu des wagons-hópitaux Ameri-cains des trains-hopitaux Prussieus.

Les transports avec ces trains out des le commencement largemeut répondu a l'attente. Les patients (|ui out été transportés quatre jours a la suite, saus interruption, couches sur le meine brancard, n'étaiient nullement fatigues. Au contraire ils le préferaient eusuite au traitement dans les baraques bieu condi-tionnées. M. Virchow lui mcme a couché pendant neuf units dans un convoi a grande vi-

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tusse, sur un brunuard suspendu, dans la même voiture quo les autres blesses, sans en éprou-ver le moindre iuconvénient.

Les anneaux en caoutchouc avaient inspires quelques craintes. On les avail cssayé avant le depart du premier cunvoi, et on avait vu cetto occasion que quelques-uns étaient crevés. On se contenta de penser que, s'il arrivait que les anneaux ne tinssent pas, le brancard supérieur serait retenu en partie par celui de dessous et ensuite par la partie inférieure du véhicule. Cependant eet abaissemeut pourrait occasiouner des cliocs très-désagréables. Si cette lbis-ci les anneaux se tenaient bien, on ferait bieu do coni-battre ce danger par un second auneau dit de su-retc. Le inouvcment, que pennettent les anneaux, est en général agréable.

L'expérience a demontré ensuite (pie l'éta-blissement de la cuisiae, qui avait tant attiré les spectateurs, présentait beaucoup de diflicultés dans la pratique. L'eutretien d'un feu d'une force égale pendant 1c trajet était tres dillicile; niais il arriva souvent que le conteuu des chaudières et cliaudrons était jeté par terre. Une fois même, par suite d'un choc, toutes les mannites tombcrent avec leur contenu et se vidèrent sur le planeher de la voiture. Une seconde dilficulté matcriclle était dans la combi-

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naison des wuvois de provisions avec ceux destines pour les malades et blesses. M. Vir-chow condamne énergiqnement un tel système. II conseille pour nieiier bieii ees eonvois d'y attaeher un personnel, nombreux, lix.e ct bien exercé.

Un autre ami de rhumanité, M. O. de Hoeneka, a qui revient I'lionneur d'avoir don-né l'idée des convois saiiitaires pendant eette guerre, trouva ce système encore trop compli-qué. L'expérieuco iui-avait demontré qu'il ne serait pas sans ditticulté de trouver un nombre suffisant de wagons pour former un train sanitaire, tandis qu'il sera toujours facile do se procurer 4 a 5 voitures. 11 vent les pourvoir largement de provisions ct de médicameus, mais aussi de chouchettes en fer, avec ina-telas a ressorts. Unc fois arrivé sur le lieu de la lutte, on trouve en general assez de wagons a marchandises, portant le materiel aux centres d'opérations et retournant a vide. II n'y a done pas lieu de tant se préocuper de la transformation des voitures de 4° classe.

M. de Iloenika a eu encore une autre pensee, que mérite d'etre suivie. Les convois sani-taires perdent beaucoup de leur utilité, paree qu'on ne trouve pas toujours sur les chemins de fer assez de malades et blesses a transporter

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et cola tand is quo non loin de la il existe nn veritable enoombrement. Pour parer a eet inconvenient il faut. transporter sur les con-vois sanitaires une ou deux voitures d'ambu-lance avec des chevanx necessaires. M. Gau-vin, qui a traité antérieurement la même question, d'utiliser ie matérie! tel qu'il existe dans toutes 1 es gares, sans avoir a lui faire subir aucun a mén age ment intérieur, inaista sur rinstallation pure et simple de sou brancard lit a ressort sur le plancher même du wagon. Pendant les essais qu'on a fait de ce brancard dans les couft;-rences internationales a Paris, en 1807, plnsieurs personnes, entre autres M. le Baron Larrey, M. le prof. Gürlt M. le général Baron de Loewenthal, qui ont pris successivement place sur le dernier appareil, ont dit même que 1c mouvement était si doux, si moëlleux, qu'il favori-sait Ie répos et le sommeil.

Le transport des malades et blessés en tout temps, mais surtout en temps de guerre n'est done pas si simple mais très-compliqué. En vérité, il se rattache d'un cóté a des questions personnelles et matérielies, de l'autrc a des questions administratives et scientifiques. C'est done une affaire du j)lus grand intérêt et en même temps trés difficile, et qui bien dirigé peut

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132 nES IIÓPITAUX, TENTES ET TURAQUES.

contribuer largement au soulagement des nom-breuses victimes de la guerre. ')

Les navires et bateaux de différentcs espè-ces sont iitilisés avec fruit pour le transport dos malades et blesses. C'est surtout dans la guerre d'Amérique (|u'on a employé, a coté d'uu vaste réseau de voies ferrées, les rivières uavi-gables pour obvier a l'absencc presque complete de kmt moyen de communication.

„Les membres de la commission sanitaire n'ont pas manqué de coniprendre en tout temps la situation, et d'adopter aux circonstances leurs moyens de faire le bien. C'est ainsi qu'ils out fait pour le service hospitalier l'achat d'une veritable flotte de navires, composée de deux grands vapeurs naviguant sur les cótes de l'At-lantique, de six vapeurs cótiers, et de deux hopitaux flottants; sur les fleuves de l'Ouest, ils ont mis en requisition une flotte de liuit vapeurs pour transporter leur approvisionne-mens, et procurer aux malades et blesses tout le comfort que peut donner un hópital complet. Au moyen de ces vaisseaux remontant les re-vicres, les agens sanitaires ont eu acces jus-

') Dio erste sanitiitszug dos Berliner Iliilfs-Veroius für die deutschen Arméon im Feldc. lierichl des professor Dr. Vir-chow. iierlin 1870. lt;

Ein Buitrag zur Beurtlieiluug der ïhatigkeit der freiwil-ligen Krankeupflege von Ü. von Hocnika. Berlin 1671.

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DES HÓPITAUX, TENTKS ET BARA.QUES. 133

quo daus riutérieur du pays enneini et juscju' aux cainpemens les plus rccules dc l'armée fédérale. ')

J'ai fait cette longue citation pour rappeler la grande utilité de ces moyens de transport dans des circoustauces extraordinaircs, mais jc juge tout-a-fait supcrflu d'avoir, menie dans los pays maritimes coimne le notre, des vaisseaux-hópitaux. Solon ma conviction les nudades et blesses ne doivent roster a bord des navires que le temps nécessaire a transport, car les coins et compartimens d'un vaisseau seront tou-jours un moyen pour propager les miasrnes et les contagia de toute sorte. Ou ne peut pas so tigurer un logement [)lus incommode et plus insalubre.

') La commission sanitaire o. c. par Evans. pap. 128.

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V.

l/uKüAMÖATION DES SERVICES SAN1TAIRES.

L'orgauisation des services sanitaires est une affaire très-difficilc. Elle touche d'un cote par 1c récrutement d'un personnel suffisamiuent apte a rorganisatiou de l'cnseignemcnt supérieur et embrassc de I'autre diverses (juestions de competence et de renumération.

La science, sur ce terrain des influences divergentes, se trouve trop souvent en guerrc plus ou moins ouverte avec la routine administrative, et ou ne voit fi la fin que retard et stagnation la oü on n'attend que progres et dcveloppement. Et si on demande enfin: a qui la faute? on ne sait répondre sans de-venir iujuste. Le mal n'iucombe pas a\ix per-sounes, rnais aux diverses institutions, qu'ils répresentent.

On n'attendra pas de inoi d'esquisser en

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PES lloriTAUX, TENTES ET UARAQUES. 135

quelques pages cette question difficilc. Je veux donner dans la mcsnre de mcs forces quelqucs principes, fondés snr l'expérience, qui en puissent preparer la solution dans un avenir pen cloigné.

Je me place tont d'abord sur un terrain vraiment general, e'est a dire applicable pour chaque peuple et cliaque nation, grande on petite.

Nous voyons que 1c personnel medical, suffi-sant pour les temps ordinaires, vient toujours a manquer dans les teni])s extraordinaires, guer-res ou epidemics.

II fant done clioisir entre un personnel trop grand, qui n'aurait cn temps ordinaire (|ue pen a faire, et un personnel plus petit, {|ui dans les momens critiques, ne répondrait pas a ses multiples besoins. Mais je crois qu'il y aurait encore un autre chemin a suivre, qui repose sur un principe si propre a notre temps, paree qu'il est prouvé êtrc nécessaire par rexistence des nations et des peuples et leur liberté. C'est la nation armee, dont nous voulons partir en posant quelques principes pour I'organisation future des services sanitair es.

Unc suite naturelle du service general obligatoire est que chaque individnalité est cm-

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DES llÓriTAUX, TENTES ET HARAQUES.

ployóe selon scs habitudes el capacites a la defense commune. Dans les momcns critiques, qui se présentent dans la vie des pcuples comme celle des individus, chacun trouvera dans l'ar-raée sa destination, non-sculement le cliassenr le navigateur et l'artisan continueront leur mótier comme tireur, matelot ou pionnier et mineur, mais aussi ringénieur, et surtout 1c mé-decin, trouveront un vaste champ pour leur activité. Cost une simple question de legislation et d'organisation, de nous mettre en élat de pratiqtier ce principe vital d'une defense efficace. Au fond il n'y a rien de nouveau. Dans la guerre de secession en Amérique nous avons vu la defence do la nation par le peu-ple et nous ne pouvons que louer scs résul-tats bienfaisants. Entendons ce qu'en dit un juge plus compétent M. Ed. Laboulaye.

„Quoique je n'aie donné qu'nne idéé incomplete dc tout ce qui se passé anx Etats-Unis pour le bien-être et la conservation du soldat, j'en ai dit assez, j'espère, ])our qu'on n'ac-cuse pas d'exagération les écrivains qui, comme le docteur Evans, dans sou intéressant travail sur la commission sanitaire, assurent que le sys-tème Américain a sauvé la vie a plus de cent mille hommes. Ce n'est pas tout. La guerre des Etats-Unis a enfanté un esprit nouveau

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DKS IIÓPITAUX, TKNTUS KT 15AUAQUES. 137

(pii, sclon moi, doit se rcpamlrc chez tons les peuplos. On parlc beaucoup du patinotisme francais. Certes je ne connais rien do plus admirable quo le courage de noa soldats devant reunemi, leur resignation devant la mort, inais quand 1c soldat se dévoue, le pays pour leqnel il combat n'a-t-il rien a faire? En Crimée, en Italic, je vois bien l'héroïsmc de nos armées; mais la patrio oü est-elle? Qui la represente au Ut du blcssé ou du mourant?quot;

„En Amorique, au contraire, on proelame des lo premier jour, en langage biblique, que le peuplc tont entier regarde le soldat co mme 1' o s d c s e s os et la c b a i r de sa chair. On vent qu'a cbaque instant en campagne ou a l'hopital, il sent quo l'amour de ses conci-toyens l'entourc et le protege. La patrie veille sur lui, invisible et présente. De la le carac-tèrc nouveau de ces armées répnblicaines. Un million d'hommes out eombattu pendant quatre années, l'esprit soldatesque n'a j'amais parit dans un scul légiment; aussi jamais le monde n'a-t-il vu un spectacle comparable a celui dc la dissolution de rarmée du Potomac, au prin-temps de 1865. Deux cent mille hommes défi-lant pendant deux jours devant le nouveau président ont joyeusement déposé leurs fusils et sont rentrés chez eux paisiblcment, pour y

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138 des HOI'ITaTjX, tenths et baraques.

reprendre leur profession, comme s'ils Tavaicnt quitté de la veillc. On no leur a donne ni decorations, ui pensions, ui titres; ils n'ont emporté avec eux qua lo souvenir du devoir accompli. Au moment du peril, on setait soumis a toutcs les exigences dc la discipline, a toutes les souffrances de la guerre; mais on était resté citoycn, on avait gardé les moeurs de la république. Souteuu par l'effort du pays tout entier, la luttc finissait saus dictature.quot;

J'ai fait cette longue citation avec un scru-pvüe facile a comprendre de n'y rien retran-cher, paree qu'elle touche au coeur même du sujet.

Pour formuler notre idéé en pen de mots: je veux avoir d'accord avec ces principes une réserve pour 1c personnel du service sanitaire pour la guerre. Ce système déja depuis de lon-gues années en pratique en Prusse pourra, généralement adopté, combattre avec beaucoup de fruits la penurie extraordinaire dc médecins militaires dans les guerres.

Le recrutement des médecins militaires touche, comrae nous l'avons déjii dit, a l'orga-nisation de l'instruction universitaire. Jadis on préférait une éducation toute spéciale pour cette classe dc médecins, et on créait en vertu do cette idee des écoles spéciales, oii des jeunes

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DhS llÓriTAUX, TKN'fES KT BARAQUES. 139

geus, peu fcivorisus pni' la fortune, recevaieut leur education medicalc aux frais de 1 etat. Ces écoles et académies de médecine militaire, qui out existé presque partout, out en leur temps. Par le dóveloppement de la science et par le besoin de jour en jour plus grand d'un trai-tement plus humain des infortunées victimes de la guerre, ces institutions ne répondaient plus au but de leur creation. Leur existence était en outre un danger permanent pour la société, et pour rarmee qui était destinée a la défendre.

Les gouvernemens, aussi longtcmps qu'ils existèrent, avaient en mains la faculté d'aug-

' O

menter ou de diminuer les conditions pour rentree dans lo service sanitaire, a, mesure que le défaut des médecins militaires se faisait plus ou moins sentir. Et cela ctait un danger et contri-bua en même temps a ranioindrissement de la consideration des médecins militaires dans rarmee. En combattant cette education spéciale je me trouve d'accord avee les plus illustres médeeins militaires de tons les pays. Le médecin général Prussien Richter déclaro, — et son opinion est partagce par un grand mombre de médecins de son pays, — (pie l'état imparfait dans lequel se trouve depuis longtcmps le service sanitaire, est cause par les écoles spécial es de mé-

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HO nns IIÓP1TAUX, TENTE8 ET BABAQUES.

decinc militaire, tandis (jue 1c célcbre Pirogoff écrivait; Es ist, glaube ich, Beweis gcnug, dass die enormen Kosten die vom staatc zur unter-haltung solcher specieller Lehr- uttd Vorratlis-anstalten verwendet werden, doch im Ganzen iliren Zweek vcrfehlen En vcrité un nonvean principe a prévaln a !a fin dans cette ]gt;artie de l'administration de la guerre. Les écoles ont en leur temps, et on vent dorénavant les tnêmes garanties d'aptitude pour Ie soldat que pour les autres citoyeus du pays qu'il est appelc a défendre. Ce que nous von Ions est done bien simple et en mêmê temps tres pratique. Quand tons les medecins d'un ])a3's sont formes ii la raeme université, et qu'on admet la medecine militaire dans le programme universitaire l'affaire du rccrutement dn personnel est reduite a une très-grande simplicity. Pour les besoins ordi-naires l'ctat pourra aisement y pourvoir, et pour les temps extraordinaires il aura une réserve suffisamment fonnce pour être organisée dans quelques jours. Je voudrais que tons les jennes gens qui s'adonnent a 1 etude de la medeeiue fussent exempts de l'obligation de servir dans l'armée, mais qu'ils fussent obliger dc «'engager pour quelques années dans la réserve

') Grundzttgc dor allgemoineii Kricgs-cliirurpic, von N. I'iro-gofif, p. 28.

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du service sanitaire. Ou aurait done un personnel tout pret sans les moindres sacrifices de la part des gouvernemens. Cette réserve n'est done (pie le complément dun corps permanent, qui en forme la base. Ce noyau doit être sur tous les points excellent. Pour atteindre ce but, les gouvernemens devrout présenter des grandes e\igences pour l'entrée dans le corps sanitaire, mais ils ne sauront le faire saus améliorer eon-sidérablement la position des médecins militaires. En augmeutant les appointemens et les chances de promotion on fera beaucoup, mais on ne fora pas assess. „Que faut-il en eft'et, a un corps de santé militaire, pour que le succes puisse répon-dre a ses voeux et a ses efforts? Trois choscs fondamentales : la qualité, le nombre, et la liberté d'actiou en tout ce qui concerue la science el Tart de oonserver les hommes.quot;

La qualité et le nombre des médecins dependent de conditions bien simples: d'abord, 11 est de nécessité que Ton veuille sérieusemeut les obteuir, e'est a dire que Ton prise assez haut l'intérêt de la conservation et de la guérison, pour ne reculer devant aucune dépense juste el raisonnable; ensuite, que des avantages matériels el moraux digues des hommes qui se vouent aux études longues, difficiles, élevées dc la profession médicale et anx devoirs périlleux de son

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142 DES HÓPITAUX, TENTES F,ï BAUAQUES.

exerciceaux aruiées, soient libcralement octroyés; enfin, (|ne l'indépendance de ces fonctionnaires, en tonte matière de science on d'applicatiou directe des vues de la science, soit. assurée. Cette dernière condition, essentie! Ie en elle-même, pèse a ce point sur les deux autres, et domine tel-lement le problème de leur realisation, que, sans elle, la dignité du médecin disparait et le médecin lui-même. Et en effet, sans ellc, un récrulement du corps medical, bon pour l'armée et pour le corps, n'est pas realisable; le noiubre et la (pi al ito font en niême temps défaut. Seu-lement il fant s'entendre sur un point; rpielles sont les cboses qui appartiennent en propre ii la science et a l'art de guerir? Quelles qu'elles soient, on doit declarer, que le médecin seul doit ordonner, executor ou faire executor. S'il n'en est pas ainsi, il y a invasion de sou territoire; des lors, il so retire, ou bien aa science et sa valeur s'affaissent avec son carac-tère. Soyons assures que réclaircissement des rangs du corps medical est le signo iufailliblo du degré de consideration qui lui est accordé, comme de raccaparemeut que Ton fait dc son domaine en dcplafant la competence.

„En faisant le médecin véritable chef de son service on cntre dans la profonde réalité des cboses. En imposant au medecin uu cbef étran-

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DES HÓPITAÜX, TENTES ET BARAQUES. 1^3

gor, incompétent, abstrait, on sacrifie l'ortlre naturel et vraiment logique a la symétrie ap-parente d'une theorie qui ue soutient pas mieux la comparaison des résultats (pie la discussion des vrais principes.quot;

„D'ailleurs l'expérience est faite, clle a pro-nonce: En Angleterre, dit M. Rutherford, Inspecteur general du service de santé militaire, les médecius, (et e'est une chose qui a une grande importance), out une indépendance complete au point de vue de leur service spécial; ils sont rois dans leur domaine, pour ainsi dire, et en-tièrement libres sur leur terrain, ce qui n'est pas le cas dans les armées franpaises.quot; —• Et il ajoute: „ce système a parfaitement satisfait 1'Angleterre, en ce qui concerne la pratique.quot; ') Et vent on encore d'autres exemples pour pouvoir juger les résultats d'un tel système, demandons aux Etats-Unis de nous donner l'or-ganisation du service de santé de l'arinée pendant cette longue et cruelle guerre. Elle était basée sur les principes suivants:

1°. Le service sanitaire forme un corps sé-paré dans rarmée avec son propre Chef, qui est placé directement sous l'ordre du ministre

') La mortalitó dansi l'armée ot dos moyens d'économiser la vio luimaine, pai' Chomi. Paris 1870 70

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144 des hópitaux, tentes et baraques.

de la guerre et u line direction tout-a-fait iu-dépendante.

2quot;. Chacjue soldat (jni tombe malade ou blessé et qui est ainsi hors d'état de faire sou service, est eoumie sorti de son corps. Dès le moment, qu'il est re^u dans Fhópital ou qu'il tombe blessó sur le champ de bataille, rolHoier dc santé en prend tous les soins. Cost lui, qui commande les transports des malades et qui dirige raliinentation et le traitement médical. II maiutient la discipline militaire dans toute son extension, en un mot, il a tous les attri-buts d'nn commandant de corps.

3quot;. La direction et l'établissoüient des ambulances, les transports des malades, en un mot toute 1'adiuinistration du service est placée sous les ordres du médecin en chef, de sorte cpie tous les employés sont obligés dc lui obéir exclusi-vemeut.

4quot;. Le médecin militaire est officier de l'année. 11 porte les mêmes distinctions et a les mêmes droits et obligations que les autres fonctioimaires militaires.

J'emprunte ces particularités a l'ouvrage de rinspeeteur-général Russe, M. le docteur de Ilaurowitz, qui connait parfaitement les institutions Américaines et pouvait done juger par sa propre expérience. „Qni doute,quot; dit-il, „qu'il

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soit utile de concentrer toutes les forces dispo-nibles? L'incorporation des raédecins miiitaires dans les rugimens est en effet liée a, des gran-des pertes, et il faut s'ctonner que ce système soit maintenu jusqu'ici dans presque toutes les amices de l'Europe.

Le jeune médecin enrégimenté se perd dans un formalisme mesquin, qui prend tout son temps, tandis qu'au contraire rexpérience pra-ticjue est la seulc source vive pour acqucrir des connaissauces cteudues.

Mais cette experience ne peut ctre acquise que dans les hópitaux et celui qui passe les meilleurcs annóes do sa vie dans un régiment devient de plus en plus ctranger a 1'experience et en même temps incapable pour ses fonctions.

Par un service varic dans les hópitaux, comme membre de diffcrentes commissions, ou dans les regimenSf dans les cantonnemens ou en marclie etc., il obtient toutes les qualités nécessaires pour remplir dignement ses hautes fonctions en campagne.

L'indépendance du médecin n'est pas seule-ment nécessaire pour son education mais encore plus dans rintérct des malades et blesses.

Quoique dans la vie militaire tout soit tracé et circonscrit par les rcglemens, il faut laisser au médecin la faculté, dans les circonstan-

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144 des uopitaux, tentes et uaraques.

de la guerre ct a line direction tout-a-fuit in-dc|jeml!iiitc.

2quot;. Chiique soldat qui tombe malade ou blessé et (jiii est ainsi hors d'etat de faire sou service, est coimue sorti de sou corps, üès le moment, qvul est rcgu dans l'hopital ou qu'il tombe blessé sur le champ de bataille, rollieier de santé eu prend tons les soins. C'est lui, qui commande les transports des malades et qui dirige raliinentation et le traitemeut médical. 11 maintient la discipline militaire dans toute son extension, en un mot, il a tons les attri-buts d'un coinmaiulant de corps.

3quot;. La direction et l'établissemeut des ambulances, les transports des malades, en un mot toute radministratiou du service est placée sous les ordres du médecin en chef, de sorte ([lie tons les employés sont obligés de lui obéir exclusi-vement.

4°. Le médecin militaire est olficicr de rarmée. 11 porte les mêmes distinctions et a les mêmes droits et obligations (pic les autres fonctiounaires militaires.

J'cmpruute ces particularités a l'ouvrage de rinspecteur-général Uusse, M. le doeteur de 1 laurowit/,, qui connait parfaitement les institutions Américaines et pouvait done juger par sa propre experience. „Qui doutc,quot; dit-il, „qu'il

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soit utile de concentrer toutes les forces dispo-nibles? L'incorporation des mcdecins militaires dans les régimens est cu efFet liée a des gran-des pertes, et il faut s'étonner que cc systcmc soit maintenu jusqu'ici dans presquc toutes les araiées de FEurope.

Le jeune médecin enrégimentc se ])erd dans un formalisme mesquin, qui prend tout son temps, tandis qu'au contraire I'experience pratique est la seule source vive pour acquórir des connaissances étendues.

Mais cette ex])crience nc peut être acquise que dans les hópitaux et celui qui passe les meilleures anuées de sa vie dans un régiment devient de plus en plus ótranger u 1'experience et en même temps incapable pour ses fonctions.

Par un service varié dans les hópitaux, comme membre de différentes commissions, ou dans les régimenS; dans les cantonneraens ou en marclic etc,, il obtieut toutes les qualités nécessaires pour remplir dignement ses hautes fonctions en campagne.

L'indépendance du médecin n'est })as senle-ment nécessaire pour son education mais encore plus dans l'intérèt des malades et blessés.

Quoique dans la vie militaire tout soit tracé et circonscrit par les règlemens, il faut laisser au médecin la faculté, dans les circonstan-

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140 DES hópiïaux, tentes et bauaques.

ces pressantes, quand il sagit de la vie et la santé des soldats, de donner scs ordres en dehors des rcglemens, a mesure que les grands interets qu'il est appelé a défendre le démandent. C'est done une sage niésnrc que les soldats, qui tombent nialades on blesses, ne comp-tent plus dans la foree numérique de leur corps. Et cela est encore un avantage pour toute 1'armee. La taclie des commandants s'en trouve déchargée, paree qu'üs out ainsi seulement a faire a une troupe apte a la guerre.

Je sais qu'on m'opposera, que le médecin militaire sera ainsi détourné de ses fonctions spéciales: le traitement des nialades et blessés. Mais alors je démande si la vie et Ia santé du soldat ne dependent pas de la manière dont il est transports loin du combat, des médicamens qui lui sont donnés pour le fortifier, de la protection contre les influences nuisibles du climat. En un mot les résultats du traitement medical sont heureux ou malheureux selon que le malade est plus ou moins bien soigné avant d'etre ref;u a l'hópital. C'est ce qui a éié mille fois démontré par i'expérience. Et (pii pourra avoir meilleur soin en tout ceci, que le médecin, qui a constaté la blessure dès le commencement, qui n'ordonne pas seu-leinent tout ce qui est nécessaire pour la

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DKS UOPIÏAUX, ÏKNTKS KT BARAQUES. 147

gucrison, mais ()ui peut en même temps vcil-]er a cc que ses prescriptions soieiit fidcle-ment suivies.

Si enfin, le inédecin prend a l'hopital line })osition pour remplir dignement scs fouctions, il ue doit pas etrc lié par toutes sortcs de restrictions puériles. Los prerogatives et attributions des autrcs officiers de rartnée doivent lui être dounées également. Agir autremcut serait iujuste et nuisibie cn même temps. Iii-juste, paree que le médeein sur le champ de bataille ct dans les hopitnux s'expose encore plus que le plus courageux combattant; nuisibie, paree que la confiance et Tobéissance de I'liomme de guerre se régularisent entierement d'aprcs la position du médeein militaire comme officier de l'armée }). Rappelons nous done encore mie fois ces mots eloquents de M. de Broukere au parlement beige: „Lorsqu'un citoyen, étranger a l'armée, est atteint de maladie, lorsque son existence est menacée, il appelle a son secours le médeein, le chirurgien qu'il croit le plus capable de le soulager, de le eonserver a la vie; son choix est libre. Du soldat toujours, de l'of-fieier le ])lus souvent il en est tont autrement.quot;

') Das Militar sanitatswesen dor Voreinigten Staten von Nord-Amerika wiilirend des letztcn Kriegcs von Dr. von Hau-rowitz, General Inspector des Sanitatswesen etc. p. 43.

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148 des hopitaux, tentes et bahaques.

„Quelles que soient la nature et la gravitó de sa maladie, il faut qu'il ait recours a I'hom-nic de l'art que le gouvernement a dcsigné, qu'il salarie pour lui donner des soins. Que eet hotrnne soit instruit ou ignorant, qu'il ait une longue experience ou qu'il en soit a ses premiers essais dans la carrière qu'il soit zélc, hu-main, charitable, ou bien n(%ligent, dur, inhu-main, pen importe; eet homme est son médecin, son chirurgien oblige; il n'en peut avoir d'autre. Et voyez combien cela est sérieux et grave en temps de guerre! Alors tres-souvent, les blessures nécessitent des pansemens, des amputations sur le champ de bataille; et tout officier de santé, quel que soit son grade, peut être dans le cas de faire seul ces premiers pansemens, ces amputations dont depend le plus souvent la vie de celui auquel le sort de Ia guerre a rendu ces operations nécessaires.quot;

„I1 imp orte done, il importe a un haut degré, que le s er vice de santé del'ar-m é e soit compose d' h o m m e s cap a-bles, instruits, zèlés et j'aj outer ai messieurs d'hommes courageux. Car, co mme le dit la section centrale, c'est toujours temps de guerre pour les officiers de santé, qui out a braver les mi as mes des hopitaux, quand ils

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DES HOPITAUX, TENTES ET BARAQUES. 149

n' o n t pas a affronter les balles d c 1' c n ii e m i.quot; 1)

On n'attendra pas ici j'espère de moi le déve-loppemeut de plans et de vues sur rorganisation future du service de santé de rarmée. .Ie veux m'abstenir de faire des projets qui incoinbent a 1'administration centrale. En vcrité, une fois (pie les principes de justice et d'équitó sont adniis, lo roste suivra de menie.

J'ose done me permettre de conclure avec Chenu: „Notre mission telle (pie nous la rèvons depuis bien des années, telle ([no notre conscience nous I'inspire, telle (pie notre experience nous xa conseille, se borne a esquisser, dans ses généralités, le systcme ration nel, utile, lionnete, universellement attendu, a I'aide diKjuel il sera possible de régénérer le service de santé de l'armée, et de lui assurer un récrutement a la fois convenable et facile.quot; 2)

Le médecin ne peut lui-même rcmplir qu'en partie sa tache étendue. 11 doit se coiitenter plutot de la direction des affaires, tandis que

') Reorganisation du service sanitaire do rarmée beige projets de loi, rapports, amendemons, discussions parlemeu-aires, par Meynne, UriiKelles 18i7, pag. 70 en 71.

2) Clienu op. eit. pag. 127.

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150 DES IIOPITATJX, tentes et haraques.

(les aides i)!ns ou moins intelligens sont chnr-gcs de leur execution. Occupons-nous pour le moment des gardes inalades et iulirmiers mili-taires. Je ne eoimais jjiis une carrière plus ingrate que celle do cette classe d'houmies. lis passent la plus grande partie de leur vie dans les hopitaux. et inlinneries, au lit des ma-lades. Dans les combats chaque soldat peut remporter de la gloire au service de son pays, tandis que la tache obscure mais plus difficile de l'infirrnier est rareraent recorapensée. Avant et après, conune dans 1c combat, il s'épuise en faisant son devoir. 11 entend les cris de dou-leur ct les anathèmes des mourants, justju'au moment qu'il est lui même frappé par les balles ou le fcr de rcnncmi.

,,11 est important qu'un infirmier soit sobrc, adroit, compatissant, d'un caractère doux et patient, car les malades sont souvent impatients et irritables; il faut surtout qu'il connaisse les détails du service; en un mot, qu'il ait appris sou métier et que les malades et les blcssés laissés a sa garde et a ses soins, pendant la unit, trouvent en lui l'aide et les sceours qui doivent leur être assuresquot; ')•

') ('lioiiu: observations siu1 rinsuftisance du service de santé en campagne. liapport dn service médico-ohirurgical pendant la campagne d'Orient. Paris 1805.

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Ou trouve en effèt tres peu de ces qualités nécessaires chez les iufirmiers employés dans les différens hopitaux et infirmeries. Et cela nc peut pas être autrement, paree (pie la recompense pécuniaire, les distinctions et ravenir de ces serviteurs est rarement en harmonie avcc leurs difficiles fonctions.

De la insuffisance de nombre on de qualité, si non tons les deux a la fois. On a proposé diftereus moyens pour y j)orer remède. Déja le maréchal Marmont a touché ce sujet, depuis tant débattu. Nous lisons dans sou esprit des institutions militaires: „si les fonctions de ceux qui administrent des soins aux malades et aux blesses étaient relevces, ennoblics et rrcoinpen-sées par ropinion et par les jouisauces (pie donnent 1'exercice de la charité et ie sentinient de piété, il en résulterait a coup sur un grand bienfait pour ceux qui souftrent. Le moyen d'y parvenir serait de laisser a un corps réligieux, qui ne fut pas étranger aux fonctions subal-ternes de la chirurgie et de la médecine, les soins des hopitaux militaires; non radmiuistra-tion proprement ditc et le manieinent des fonds, mais le monopole des soins et leur direction. Cette proposition fut répetee plus tard par un autre officier francais, surtout trés conuu dans l'oeuvre de la charité, monsieur le comte de

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152 DES I1ÓPIÏAUX, TENTES ET BAUAQUES.

Breda '). Mais il va sans dire quo ccla no pout ctre uiio mesure satisfaisante que pour los pays catholiques, mais non applicable aux pays protestants. 11 faut done reeourir a d'autrcs mo-yens plus otficaces. On pourra demauder a la libro concurrence des personnes aptes a cettc difficile fonction, a la condition cependant qu'on récomponsera largemeut ces volontairs pour le service hospitalier, en amcliorant lour sort. Lc choix des infirmiers parmi les corps do troupes ofl'rira les plus grandes diflicultcs.

Enfin on pourra destiner une partic do la conscription pour le service liospitalier. Pout ctre vaudrait-il encore micux d'ernployer a la fois ces trois inctliodes de recrutement.

Aprcs le recrutement il faut faire compter rinstruetion des infirmiers militaires. La premiere anneo dc service y doit ctre exelusive-ment destince. Je ne veux pas faire d'un infirm ier un medecin de 5° ou (50 classc, car avec des tels aides on ferait des charlatans de la pire espèce.

11 ne devra connaitre (jue los instrumons chirurgieaux pour les nettoyer en cas de besoin, et les méclicamens pour aider a lour preparation nécessaire.

') Comte do Breda notice sur l'organisatiou dos hospitaliers militaires etc. Paris 18(37,

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DES HÓPITAUX, TENTHS UT BARAQUES. 153

L'instructiou élémentaire de ranatoiuie et de la physiologic pour cette elasse d'homrnes sera toujours mie oeuvre ingrate, et les manuels j)lus on moins complets qui out paru eu grand nom-bre, n'ont rien produit de satisfaisant. .Ie crois done qu'il sera mioux de laisser cette instruction tout a fait a la direction des officiers de santé chargés du commandcinent des inflrmiers milifaires.

11 n'est pas nécéssaire je crois de démontrer (ju'il est utile (pie les médecins militaires com-mandent directement leurs aides. L'interveution dans cette partie du service sanitaire par l'ad-ininistratiou ue serait ([u'une complication super-iliie et en tout cas établirait un embarras de plus pour la rapide expedition des afiaires. Je vcux enfin que les iulirmiers militaires soient detaches en temps de paix dans les diöérens éta-blissemens sanitaires pour étre envoyés en temps de guerre dans les corps de rarniée.

Pigurons-nous une bataille pour pouvoir don-ner une place désignée d'avance au personnel médical de rarmée.

On fera alors le mieux de le diviser en deux parties. L'une avec le chef médical d'une division formera rambulance, établie, s'il est possible, dans uu lieu couvert et a l'abri de la mousquetterie; tandis que l'autre partie se ré-

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'•rgt;4 DES HÓPITAUX, TKNTBS ET BAUAQUES.

pandra 1c long de la ligne de bataille. Les médecins se borneront u remplir dans le dernier cas les indications les plus urgentes, telles que: arrêter une hemorrhagic par la compression on le tamponneuient; achever l'ablation d'un membre presque dótaché du coprs; fermer une plaie pénétrante; iinmobiliser momentane-ment un membre fracture, preparer et faire cxécuter avec precaution le transport a 1'am-bulance des hommes atteints de lesions graves ')■ Pour remplir ces indications ils n'auront besoin que de moyens simples, d'cau, de compresses et de bandes, de pansemens de Mayor, de tourniquets, d'atelles artieulées. On peut en mêine temps suivre pour la preparation dc tont cela une des idees lumineuses de M. Ar-rault, la compression mécanique des bandes et de la charpie. Elle a le double avantage de diminuer le volume du lingc des trois cinquiè-mes et de rendre Finfection impossible par reflet de la privation d'air.

M. Ariault substitue au système de charge-ment des fourgons du service de snnté actuelle-ment en usage, un procédé dont les avantages seront vite appréciés. 7\u lieu de remplir son fourgon de grands panicrs do cluupie, de grands

') Légouest traité do cliirurgie d'artnée, jing. 982.

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DES HÓPITAUX, ÏENTES ET HARAQUES.

puniers dc bandes, de grands flacons, il 1c charge de ses cantiues et de ses sacs, contenant tout ce qui est nécessaire pour Ie panseiuent d'un nombre counu de blessures et formant ainsi autant d'unités. On n'aura plus a faire reti-rer des fourgons, (pii n'arrivent (|uc rarement au licu ou gissent les blessés, des poignues de charpie, puis un flacon, puis uu instrument, etc.

D'après le système que nous venous d'expo-ser les iuflrmiers militaires formerout le noyau auquel doit se joindre un plus grand uombre de personnes en cas de guerre ou d'épidéinie. Mais aussi pour ces inflrmiers, dit volontaires, une instruction spéciale est nécessaire. Vouloir admettre tout Ie monde, capable ou uon, dans cettc oeuvre de la eliurité, est dangereux pour les malades et blessés. Nous avons vu, que cctte classe de messagers errans pour i'amour de riiumauité, n'ont que rarement répondu a l'attentc, et mêmc en quelque sorte compromis l'oeuvre de la cliarité. Je veux en flnir par une solution pratique de la question, qui nous occupe a présent: ellc consiste selon ma conviction, dans une instruction réguliere dans les hópitaux des personnes qui veulent se dé-vouer aux soius de leurs semblables. Et cela dans les temps ordinaircs pour avoir toujours

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des UüPITAUX, TENTES ET BAUAQUES.

un pcrsoiiöd ijrct. Jc nc doute pas, du moment que les gouvernemeus des ótats et des villes seront convaincus de l'utilité de eette mesure de prévoyauce, (ju'ils pvendront soii\ d'y répon-dre. Co mine on trouve a présent partout des sages-femmes, on trouvera done dans l'avenir aussi des gardes malades de profession dans clmque commune. Cette institution pourrait encore contribuer a combattre les faussos o[)i-nions, sur tout ee qni concerne 1c traitement des malades et blesses, qui règnent encore a la campagne '). Mais i'intervcution de la charité doit être avant tont organisée; autrement elle de-viendra inévitablement nne cause de désordre et d'abus de tontes sortes au point de vue du droit de la guerre 2)

Une question non moins importante, qui a été beaucoup étudiée et qui n'est pas encore dclinitiveinent résolue aujonrd'hui, est celle de la position que doivent occuper les médeeins et leurs aides, les infirmiers militaires, pendant Faction Je le crois pratique que cela soit résolu, d'après les circonstances différentes, dans lesquelles

') Dr. A. Friodreich o. c. p. 10.

'-) Essai sur l'organisation dos amljnlances volantes, s\ir le champ do bataille, par lo doctour Em. Hermant, médocin do régiment, Brnxelles 1872.

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DES HOPITAUX, TENTHS ET BAEAQUES. lfgt;7

se peut trouver une armee en campagne. Le materiel nécessaire sera simplement un sac on une cantine renfennant la totalitc des objets de pan-sement, trente fois ou quarante fois répétés ')•

Les infirmiers militaires qui doivent rester a la portee des médecins possèdent ces differens objets dans des sacs a pansemens et d'ambulance. On y trouvera, en outre, nn outil nouveau et tres utile, dont le nom explique suflisamineiit l'usage c'est un coupe-botte. Parmi les dittc-reus sacs, celui du docteur Hermant, récemment adopté dans Tarniée beige, est un des mcil-leurs. C'est peut ctre le scul sac, d'après uu jugo competent, (jui est rationel et pratnpie quot;).

Après m'être explique sur l'organisation du service de santé de Farniée je pourrais m'éten-dre d'avantage sur I'organisation du service de la médecine civile. Je ne le ferai pas, paree que, a quelques différences pres, ces deux services sont basés sur un même principe, qui n'est qne celui d'une sage liberté soutenue par l'expé-rience et la science. Je veux enfin ce que les médecins de tons les pays désirent ardemment

') Exposition cl'un materiel d'ambulance et des moyens do transport par M. lo Comtc do Breda.

Nouvoaux modules de sao d'amlntlanoo et do sacoches a módicaraons proposes par lo doet. Ilormant. Bruxelles 1872.

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158 DES HOPITAUX, TENTHS ET BAEAQUES.

depuis tant d'années: le gouvernement par eux mêmes (self-government). Un méde-cin ou chirurgien uc peut ctre controle que par Tin de ces collègues. Laissons done ii celui qui possède la science et l'art, et qui portera a la fin toute la responsabilité de ses actes gou-verner ses propres affaires. Pour hater la reconnaissance de ce principe salutaire je ne connais pas d'autres moyens que ceux qui sont indiqués par la nature des ehoses. L'instruction d'une branche de la médeciue parfois trop negligee, portera alors ses fruits, car je dis avec un houune illustre: c'est seulement d'une bonne école, que sortiront des médecins légistes et hygiénistes dans le veritable sens du mot.

On est encore bien éloigné du moment ou la nécessité de ces réformes sera générale-ment reconnue, C'est d'un coté, un esprit de routine, ennemi de tout progrès, et de 1'autre, une charité enthousiaste mais mal conduite, qui retiennent les améliorations si nécessaires dans la sort de l'homme de guerre. La convention de Genève avait eu cependant pour but, on le sait, de parer aux suites funes-tes des guerres. Consultons done l'experience, et demandons nous sérieusement si les disciples de Henry Dunant ne sont plus que les

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DES HÓPITAÜX, TENTES ET BARAQUES. lo9

propagateurs d'uue grande pcusóo? S'agit-il ici d'un progros veritable, lorgueil de notre teinjjs, ou d'uue illusion humanitaire? Pour étre juste il faut reconuaitre que la neutralisation des blesses, du materiel et du personnel des ambulances, ne date pas de notre temps. Nous savons que dans le siècle précédent cette tnêtne neutralisation avait déja été le sujet de conventions particulières, et qui était plus tard souvent pra-tiquée. Aiust préparée, et les circoustauces aidant, la conscience du monde civilise se lais-sait enfin éveiller par les amis do l'humanité. A leurs prières, princes et peuples Tont solen-nellement declare: si nous ne pouvons pas em-pecher que la guerre éclate, nous verrons dans chaque malade et blessé, ami ou ennemi, un frère qui a droit a nos soius les plus minuti-eux. Oui! e'est la convention de Geneve, dans sa beauté idéale, niais malheureusement la pratique, comme dans bien des institutions humaines laisse encore beaucoup a désirer, et cela nc pou-vait pas ctre autrement. Figurons-nous le moment ou la guerre est déclarée: les traités sont déclnrés, la haine des raccs et l'amour propre national, stimulés par I'ambition de Tun et I'imprudence de I'autre, out libre jeu. Qu'est-ce qu'il devient alors de ce grand commande-nieut: „Aiinez vos prochains comme vous me-

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100 des hópitaux, tenths et turaques.

mes.quot; On prie encore le Dieu des batailles, mais seulement pour obtenir la victoire; la eroix du sauveur de l'humanité se dérobe a nos yeux. Que fera alors cette autre croix, simple symbole d'une institution humaine?

Nous avons vu dans cette guerre terrible, — dout les souvenirs sont encore si récents, — que cette oeuvre humaine iaisse encore beau-conp a désirer. Ecoutons ce qu'en disent les témoins oculaires, collaborateurs a la pratique de cette grande pensee?

Léou le Fort, un des chirurgiens les plus distingués des hópitaux de Paris, qui a eu dans le sicge de Metz et les batailles terriblcs qui le precedèrent, comme chef d'un ambulance volontaire, mainte fois roccasion de voir „la croix rougequot; a l'oeuvre, declare que la neutralisation des ambulances a été, comme tant d'autres choses, mal interprótce, et que la neutralisation des blesses a donné lieu éga-lement a des erreurs d'interprétation. „Si on laisse de cóté ce qui s'est passé aux armées de Sédan ou de la Loire, armées a ])eu prés pri-vées complctement d'un service médical régulier, et ou les ambulances volontaires étaient forcement les bicnvenues, pour se reporter a une armée régulierement organisée, comme l'était cellc de Metz, il faut avouer qu'il n'y a guère

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DES HÓPITAUX, TENTES ET llARACiüES. löl

place sur le theatre même de la guerre pour des ambulances volontaires ou pour des méde-eins civils. Lc service médical dc l'armée doit ctre ccntralisé entre les mains du médecin en chef, et lc médecin civil qui, par dévoüinent au pays, et non pour faire un intéressant voyage, ou pour obtenir une distinction honorifi-(pie, offre volontairement ses services, doit-être a la disposition enticre du médecin en diefde 1 armoe. Quant aux infirmiers volontaires, nous preférons ne pas en parler, on nc peut imagi-ner un plus triste contraste avec les freres de la doctrine Chrétienne, si admirables pendant le siege dc Paris. Sauf quelques liomifites exceptions, on ne pouvait trouver plus belle collection de paresseux et d'ivrognes. Plusieurs pra-tiquaient le vol en gens expérimentés, et un certain nombre n'étaient (jue des pirates de champ de bataille, dépouillant plus vo-lontiers les morts qu'ils ne soignaient les vivans.

Si, malgré le dévoüment des médecins civils, malgré les services que les malheurs de la patrio leur ont permis de rendre, on ne saurait acccj)-ter leur présence au milieu d'une armee en campagne, surtout ti l'état de corps indépen-dant, il faut être bien sévère a l'égard dc ces hópitaux qui, sous li; noin d'ambulances, se sont

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1(32 DES UÓPITAUX, TENTHS ET BARAQUES.

ólevós partout saus autre regie que le caprice iudividuel. Daus la pratique les bonnes iuteu-tious ue suffisent pas. Or si l'ou doit rendre pleine justice a ce besoin de devoüment qui a conduit tunt ilc dames jusqu'auprès du lit de nos malades et do nos blesses, ou peut dire aussi (pie le role d'atnbulaucière a óté j)arfois une affaire de mode, et que les ambulances privees out óté pour nos soldats souvent dan-gereuses et trop raremeut utiles.

Si tous les médecins ne sont pas aptes a soi-gner conveuableinent un soldat blessé par amies a feu, comment vent-on que des femmes du monde on des simples étudians en mcdcciue soient capables de le faire? Combien de mal-heureux n'avons-uous pas vu mourir ou perdre un inembro qu'on aurait pu conserver, paree qu'ils avaieut étc entrainés dans ces ambulances privées n'ayaut qu'un seul lit, ou aucun chirur-gien ne le visitait, oü la maitresse de la maison, convertie de sou chef en ambulancière, se con-teutait d'appliquer de la charpie ou des cata-plasmcs sur une blessure qui avant tont aurait en besoin du bistouri du chirurgien!

L'expériencc qui vient d'etre faite a óté pour la soeicté internationale un échec complet. Si l'on ne peut sans injustice et sans ingratitude méeonnaitre les services qu'ont rendu a nos

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DES HüPITAUX, TENTHS ET BABAQUES. 163

malheurcux soldats les médecins des ambulances volontaires, on ne peut nier non plus que leurs services eussent ótó hieu autrement considerables, si leur zèlc et leur dévoüment n'eus-sent eto trop souvent paralyses par I'ingcrence dans les aft'aires purement médicales de person-nes qui semblaient s'être reünies afin de réha-biliter par coniparaison rintendancc militaire. Nous rendons pleine et enticre justice aux. hommes honorables qui out voulu être utiles a nos soldats, qui ont sacrifió pour eela leurs loisirs et leurs veilles; mais le fait seul doit nos occuper. Par suite d line mauvaise organisation, la societc a dépensé pour obtenir peu de résultats des sommes considerables. La guerre de 1870 a montre surabondamment (pie la sociétc internationale a le tort do détourucr de la chirurgie militaire, pour les employer elle-mcme, des méde-eins civils prêts a entrer temporairement dans les rangs de rarmée pour se dévouer au sal ut de nos blesses; de steriliser en partie des efforts individuels qui, sous la direction immediate des chirurgiens militaires, eussent été bien autrement utiles. En gardant pour les personnes le respect que méritent les intentions pures, di-rons-nous que eette ivresse de dévoüment qui a couvert la France de petites ambulances par-ticuliores et convert! taut de personnes, non

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164 DES HOPITATJX, TENTES ET BAUAQUKS.

pas seulement en soeurs hospitalières mais en médecins improvises n'a pas contribue ti fiug-menter la mortalitó dc nos blesses, a detruire ee qui restait de discipline, a soustaire des rangs de 1'armee bien des soldats propres au service ? Soit; mais disons cependant en terminant, avec M. Ie doctcur Lucas Championniere, chirurgien dc la cinquictne ambulance. „Nous pourrions cher-cher a montrer les perfectionnemens de tontes sortes dont les ambulances volontaires seraient susceptibles; nons ne donnerons pas tons ces détails paree que nons eroyons que les ambulances eiviles du champ de bataille ont joue leur róle et (pie ee role est terminé.quot; ')

Réunir des ressources de toute es-pèce, achcter avec les offrandes pécuniair es les objets les plus utiles, les expédier sur le theatre de la guerre aider ainsi le service sanitaire de 1'armée, tel est le role quepeuvent r e m p 1 i r les societes de s e c o u r s a u x blessés mi lit aires, mais tel n'est pas le but qu'elles poursuivent anjourd'hui. Venir direc-teinent en aide aux services sanitaires' de 1 armee, coneourir parallèlement avec eux et au meme

') Léon 1c Fort lo service dc santé dans les nouvcllos ar-móos, observations et souvenirs etc. Rcvhd des deux Mondes, tome 00, pug. 88.

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DES HÓPITAUX, ÏENTES ET BAliAQUES. 1^5

titrc au traitement des blesses voila les aspirations de la plupart de ces comités ')•

S'il on est ainsi, il devient plus que temps d'on revenir. Je sais que le parti oppose foiulc scs pretentions sur cc qui s'était passé en Amérique, mais alors je demande qu'on ne jugo })as les faits avant de les connaitre. Car nous avons appris que ces sociétés ont fait du bicn surtout dans le commencement de la guerre, lorsque tous les services de l'arméc étaient encore desorganisés, et s'ils étaient alors bienfai-sans ils sont devcnus plus tard souvent emba-rassans.

Les chefs du service sanitaire de Tarméc devaient se soumettre a toutes sortcs d'iulluen-ccs étrangères et tachaient en faisant aiusi dc contentcr une opinion publique même souve-raine dans la conduite des clioses de la guerre. Interrogés depuis sur cette matiere les méde-eins militaires out saus exception déclaré qu'ils voulaient être exemptés des sccours volontaires dans l'avenir 2).

') Jquot;ai oxpritnó la memo opinion, depuis confirmee par l'ex-périence dans la dernière guerre, dans mon discours, sur la chirurgie militaire, a la Ilayo en 1807.

2) J'ai exprimé ultérieument la mêmo ponsóe, dans mon article titulé: le prémier secours au champ do bataille, revue hollandaiso de Gids, Juin 18G7.

Cf. vonllaurowitz. Pio armee und das Sanjtatswesen, pag. 100,

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166 DES IIÓPITAUX, TENTHS ET BARAQUES.

Déja ii la naissance de la convention do Geneve des voix autorisées et élorjuentes se sent opposées contre une interpretation que nous eombattons. Dans les conférences qui pre-cedaient ce traité solennel, nn médecin militaire espagnol, monsieur le docteur Landa, s'est op-posé avec force contre l'idée que les gouverne-mens pourraient abandonner le soin de leurs malades et blessés eu plus ou moins grande partie aux personnes et aux réunions en dehors de rarmée. 11 me plait de répéter ici ses nobles paroles: „L'insuffisance du service de santé des armées une fois reconnue, un gouvernement peut-il se croiser les mains, se résigner a abandonner aux efforts des associations privées le soin de trouver le remède, hors de toute action, de toute direction oflicielle? Non. N'ou-blions pas que le secours demandé ])ar un soldat qui tombe au pied de sou drapeau est quelque chose de plus obligatoire qu'un acte de pure charité privée: c'cst une dette sacrée qu'il réclame, dette que tout le monde doit garantir, pauvres et riches, petits et grands, paree que a tons touche et appartient, plus que la vie, le trésor sacré de l'houneur national, dont la défense est confiée a ceux qui font partie des armées. Non, ce n'est pas une aumóne que le soldat demande, quand il ré-

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DUS IIOPITAUX, TENTES ET IIARAQUF.S. 1G7

clame nu peu de charpic; c'cst le paicment (Tune (lette d'honnour, et heureusement je nc sais aucun gouvernement, aucun peuple qui soit capable de le discuter en marehandant le sang généreux des défenseurs de l'indépen-dance de l'ordre et de la liberté.quot;

„Ainsi les gouvernemens qui ont la direction de la guerre ne doivent s'exempter d'aucun des préparatifs quelle exige, pour les abandou-ner a des socictés, très-honorables saus doute, mais irresponsables.quot;

„Les gouvernemens peuvent accepter avec la plus grande gratitude le surcroit de moyens que viennent leur offiir, dans un moment douné, les particuliers seuls on organises en socictó, mais ce surcroit de moyens ne peut comprendre que des services matériels. Les services personnels, volontaires, présentent plus de difficultós dans la pratique; ils ne pourraieut être accept és qu'autant que ces volontaires entreront dans les cadres de l'armée, obéiront a sa discipline, con-tracteront une sorte d'engagement militaire, et feront abnegation de leur vie, de leur volonté dans l'intérêt général, qui exige la concentration la plus absolue dans les mains du chef, pour que toute l'armée puisse se mouvoir comme un seul homme.quot;

„Je crois done que les sociétés, dont il s'agit

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108 DES HOPITAUX, TENTES ET HARAQUES.

pcuvcnt exister comme sociétés libres, niais scu-lement ponr augmenter les ressources du gouvernement, pour être comme uu trait d'union entre le service ofiiciel et l'euthousiasme public, et pour transmettre au premier dans uu moment difficile, toute cette force que le second peut lui donner sans 1c suppleer, ui le remplacer.quot;

C'cst aussi notre conviction qu'il sera abso-lument nécessaire de reformer Taction des sociétés de secours dans le sens indiqué. Mais il y a, au contraire, des personnes honora-bles qui veulent encore augmenter letendue dc Foeuvre, et même en temps de paix le faire agir activement, par exemple en cas d'épidc-mies, d'inondations et d'autres désastres com-muns. La „croix rougequot; deviendrait par cette voie une sorte dc société de prévoyance générale. .I'ose demander si ccla est practicable? La réponso ne peut pas êlrc doutouse. Neus savons que la même question a été mise a Tordre du jour dans la conférence tenue a Berlin en 1809'). C'cst alors que M. le prof. de Hübbenet s'est élevé contre une extension démesurée de Taction dc Toeuvre des sociétés en question. Je prends la liberté de citer une partic de son discours:

') Comptc rendu des travaux do la conférence internationale tenue a Berlin du 22 au 27 Avril 1869. Berlin Enslin 1870, 4o séance, Action des sociétés pendapt la paix pag. 172—180.

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DES HOPITAUX, TENTES ET «ARAQUES. 1Ö9

„Si les comités de secoursquot;, dit-il, „renongaient a leur caractère special, nous devrions craindre que la sympathie eu fauveur de cette cause pour laquellc notre population tout entière s'est enthousiasmée, ue vint a se refroidir chez nous, et que notre belle entreprise au lieu de se déve-lopper ne fut compromise dans un prochain avenir.quot;

„II y a chez nous en permanence un grand nombre de sociétés et de comités, qui out tons pour but l'assistance des malades et des ])au-vres, et dans le cas de calamités imminentes on soudaines, il se forme en tout temps des comités, soit par les soins du gouvernement, soit par l'initiative des particuliers, tont prêts a fournir les secours nécessaires. Dès que le danger existe et que les circonstances devien-nent pressantes, la population est également prête a tons les sacrilices. Mais il en sera tout autrement si un comité se déclare en permanence pour le sonlagement de toutes les misères. Ou, en d'autres termes, si nous mettons de coté notre devise: „secours pour les militaires bles-sésquot; ct si nous transformons pour iiinsi dire, notre association en un comité pour tout faire, nous soulagerons alors peu de misères et nous nuirons esseutiellement a notre cause.quot;

S'il est permis de parler de ma propre expé-

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170 DES HÓPIÏAUX, TENTHS ET HA11AQUES.

rience, je ne puis que confirmer cettc opinion. Pendant la guerre terrible, dont les plaies ne sont pas encore fermées, notre comité a large-ment contribué au soulageraent de ses suites funestes. Mais a présent eet enthousiasme et cetle sympathie générale accordée a notre oeuvre, commencent sensiblement a se refroidir. Nous ne doutons pas, que si la guerre éclate de nouveau, (que Dieu nous en préserve encore longtemps!) cette tnênie société donnera ample-ment signe de vie, inais le répos temporaire est nécessairement uue condition de son existence. Oni, je le sais, il y a des personnes hono-rabies qui professent una autre opinion, inais je sais aussi que leurs efforts dans cette voie sont restés jusqu'a présent a pen pres stériles.

Les sociétés de secours des blessés ont pour un moment détourné rattention des gouverne-mens de l'amélioration des services sanitaires. 11 devient pins que temps, qu'ils donnent tous leurs soins aux malheuren ses victimes de la guerre. Oui, les gouvernemens y sont obligés, et d'autant plus qu'il s'agit ici de la santé et de la vie de milliers d'hommes.

Car on peut nommer la guerre une calamité nationale on bien voir dans la lutte des peu-ples un moyen de dévélopper leurs forces supérieures; ou peut être un défenseur de la

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DKS HÖPITAUX, TENTES ET BARAQUES. 171

paix perpétuelle, ou bien, idóaliser la conception de l'unité des nationalités par la force brutale; on peut enfin partager ma conviction qne c'est avec un peuple cotnme avee un individu, quo celui qui ne sait pas garder ou defend re sa liberie et son indépendance n'est pas digne de vivre; en un mot on peut différer sur le gouvernement de la société, de I'Etat ou de 1'ar-móe, cornine sur tout autre sujet, inais alors encore on doit convenir, que ceux qui ont porté les armes pour la defense de leur patrie, out droit a un traiternent et des soins des plus scrupuleux. L'accomplissement de ce devoir sacré est pour les gouverncmeus et les peuples racquittemcnt d'une dette d'honueur. En vérité. y mauquer, ce serait tomber au dessous des nations civilisées ').

') Dana une assemljlóo du comité central ot des deputes dos différens comités, tenue si la ilaye le 10 Juillet passé, on délibcra sur lo róle que doit remplir la CVoix Rouge en temps do paix.

Jo ferai ici uno rovuo rapide de cos deliberations impor-tautcs, parcoque leur résultat est tout-a-fait en harmonie avec mos idéés sur cette question.

Los grands magasins renfermant un matériel tont pret pour la guerre furent considérés comme superflus ot onéreux en memo temps. On voulait au contraire réaliser le matériel restant do la provision do la deruièro guerre, ou la donner a dos institutions do bienfaisance.

Sur la proposition do M. le prof. Polauo, on a décidé do so procurer uue collcction do modèles ot plans do tous los objota

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172 DUS UÓPITAÜX, ÏENTES ET BARAQUES.

II nous serait facile de terminer ce travail par une série de conclusions, mais nous ne 1c ferons pas, paree qu'elles ne seraient d'un cóté qu'une repetition des solutions données deja dans le texte de l'ouvrage et qu'ellea auraient de l'autre eotc même le tort d'etre prematurees. Ce que les efforts d'un seul ne sauraient pas produire, les études et essais de tons le feront. Alors le moment sera opportun pour rassem-bler et coordonner les résultats de leurs efforts pour esquisser enfin un plan de réforme, basé sur l'expérience, éclairé par la science et soutenu par 1'amour de Tiiumanité.

qni servont nu traitement et au transport dos malades ot blossés. lino commission de einq membros avec la qualitó do módecins fut iiomméo pour executor cettc decision.

En second lieu on décida de doniler des primes, accordées a titro d'encouragement, aux meilleurs gardes-malados et in-firmiors. II va sans diro qu'on jugea nécessaire de leur donner une education particuliere dans los grands hópitaux sous la conduite spéciale des médecins et cbirurgiens.

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EXPLICATION DES PLANCHES.

Planohe I. La voituro d'ambalance vuo do dovant. Le cabriolet est destine ii deux malades ou blesses assis.

Planche II. La voituro d'ambulanco, vuo do cóté et do derrière. Les rideaux ot portieres sont ouverts. On voit l'intérieur do la voituro: trois dos quatre brancards, construits d'apros un modèle spécial, un dos doux bancs óté pour fairc place aux premiers, uno dos quatre ouvertures par lesquelles il y a communication ontro la partio do dovant et do derrière, et enfin un marchopied très-eommode do deux dégrés.

Plancbe III. La voituro d'ambulanco vuo de derrière ot for-méo, avec accessoires: lo brancard ouvert et ployé, 1'escalier pour monter a 1'impérialo et uno pharmacio portative, mé-nagce sous lo banc du cabriolet.

Planche IV. Cetto planche, intituléo ambulance-wagon, est faite pour donner les mosuros et dimensions oxactes do la voituro, dejii mentionnées dans le texto do 1'ouvrage memo.

1. La voituro vue do cóté,

2. » igt; par dovant,

3. » i) ï derrière avec los bancs,

4. » dp n disposée pour des blossós en position horizontale.

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TABLE DES MATIÈRES.

Avant-propog.

Introduction................................9

Chapitrc I. Des Hópitaux...........14

j II. Tentes et Baraqncs.........33

» 111. Hópitaux spécianx, services hospitallers . C8

ii IV. Du transport des malades et blossés. . . 10-t

r V. De 1'organisation des services sanitaires . 134

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