-ocr page 1-
mlfp
1S^ JLDlSiaiS
L'AMATEUR
DE
OU RECUEIL COHTENANT TOUT CE QTJ'I A RAPPORT
A CES INTERESSANTS ANIMAUX ;
PAR
eeeeée»€eeeeee
DEUX4ÈMfr~M¥ïfcA*&e^
9999999«<»»C»k#99
A AÏTV&IIS J
De 1'impvimeiïe do J-E. RYSHEUVELS , Fossé-aux-
Crapauds , vis-a-vis la rue de 1'Empereur.
-ocr page 2-
&m ^DiiüE'
i'AMATEÜR
SE
(GUTS VAUS,
OU EECUEII. COJXTENANT TOUT CE QUI A RAPPORT
A CES IHTÉRESSAJVTS AMIMAUX ;
»AK
J. PETERSON.
A ANVERS,
De 1'imprimerie de J.-E. RYSHEÜVELS, Fossé-aux-
Crapauds, en face de la rue de 1'Empereur.
Se trouvent. ohoz les principaux Libraires du Royaunre.
1828.
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BB
L'AMATEUR
DE
Garis VAÉa,
JLJe tous les animaux Ie elieval est celui qui
rend Ie plus de services a 1'liomnie ; ü la campa-
gne , dans les villes même , il Ie soulage dans ses
travaux avec patience et docilitc; partout il sert
k ses plaisirs ; il 1p transporte d'une maniere agréa-
ble , faoile et rapide d'un endroit a 1'autre. A la
guerre il partage ses dangers avec lui; il voit 3e
péril et 1'affronte ; il se fait et s'anime au bruit
des armes.
L'exercice du elieval, qui conserve de la vi-
gueur ala jeunesse, est quelquefois, pour cer-
taines personnes et dans certaines maladies , sur-
tout dans celles qui attaquent les poumons, 1c
meilleur remede qu'on puisse empïoyer.
Le cheval est naturellement doux et disposé k
se familiariser avec 1'homme, et as'attacher alui.
Aussi ne lui arnve-t-il jamais de quitter nos mai-
sons pour se retirer dans les bois ou les déserts :
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( 4 )
au contraire, il marque beaucoup d'empressc-
nient pour revenir au gtte. Avec de la douceur
et des careeses on en lire plus de services, que
par la foroe et les chatiments-: lés Franeoni,
Blondin, Lalanne _, Loise't et autrcs , ont prouvó
qii'avcc de la patience on peut lui apprendre
tout ce que 1'on Veut.
Nous ayons si bien senti de queue utilité les
chcvaux sont pour nous, que nous en prenons un
soin tout particulier. Nous les préservons de 1'in-
tempérie del'air en leslogeant dans des écuries soi-
gnées et commodes; nous leur donnons une nour-
riture saine et abondante ; nous leur fournissons
une litière propre et fraiche ; nous leur prodiguons
des soins assidus et continuels; nous nous occu-
pons de leur éducation; nous leur donnons des
maitres pour les formov ci les dresser ; toutes leurs
allures, tous leurs mouvements sont dirigés par
un art qui a ses principes. La science dont Tob-
'jet est d'affermir et de rétabïir la santé et de
conserver la vie , la médeciue, n'exclut point ïe
cheval dans la recherche de ses connaissances et
dans 1'administration de ses remèdes. On a fait
des traites sur lesmaladies des chevaux aussibien
que sur celles des hommes. Des artistes vétéri-
naires sont attachés a toutes les armées en même
tcmps que des officiers de santé ; dans tous les
états policés il y a des écoles vétérinaires comme
des écoles de médeciue.
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( 5 )
Le cheval est de tous les animaux celui qui
avec une grande taille , présente lc plus d'élé-
gance dans sa conformation. Sa beauté consistc
dans la juete proportion de ses parties extérieure»;
nous allons les décrire chacune en particulier, en
les divisant d'abord en trois parties priucipales ,
savoir : 1'Avant-Main, le Corps, et 1'Arrière-Main.
VAYAWT-IAIN.
L'avant-main se compose de la Tète , lEnco-
lure , le Garot, les Épaules , le Poitrail, et les
Jambes de devant.
LA TETS.
L'attitude de la téte tjontribue beaucoup a la
beauté d'un cheval : une tête bien placée doit
tomber perpendiculairement du front au bout du
nez; elle doit.être petite, sèche et courte; la peau
doitenêtre line et laisser appercevoir des ramifi-
cations de veines qui règnent le long de la tête
depuis les yeux jusqu'aux deux cótés desnaseaux.
Les différentes parties de la tête sont: les Oreil-
les, le Toupet, le Front, lesïempes, lesSalières,
les Yeux, lcsPaupières, lesSourcils, laGanache,
1'Auget, les Joues, le Chanfrein , le Nez , les Lê-
vres, la Bavbe , le Mentoa et la Boucho.
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( 6' )
LES OREILLES.
Les oreilles doivent être plaeées au haut de la
tête , peu distantes Tune de 1'autre , droites , pe-
titcs , ctroites, dcliées; la peau doit en ètre fine
et souple. Lorsqu'un cheval marche il doit porter
les oreilles hautes et les pointes en avant.
Un peut juger de 1'ctat d'un cheval par Ie mou-
vement des oreilles : lorsquil est fatigué il a les
oreilles basses; — s'il s'effraie de quelqu'objet
qu'il voit devant lui, il les porte en avant et en
baisse les pointes ; —• il les tourne du cóté ou il
entend du bruit, et lorsqu'on Ie frappe sur Ie
dos ou sur la croupe , il les porte en arrière. Les
chevaux colères et malins portent alternativement
Tune des oreilles en arrière et 1'autre en avant.
LE TOUPET.
On appelle toupet une partie de crins qui tombe
sur Ie front entre les deux oreilles.
LE ERONT.
La beauté du front consiste aètre étroit et uni.
La tête dun cheval qui a Ie bas du front avance
se uomine tête busquéo ou moulonnée.
LES TEMPES.
Les tempes d'un cheval doivent être applaties.
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( 7 )
LES SALIÈRES.
Les salières se trouvcnt de cliaque cótc, entre
les yeux et les orcilles. La seule belle qualitc
qu'elles doiyont avoir c'cst d'ètre pleines et méme
un peu élevées. Paf les salières on peut quelque-
fois reconnaitre un vieux cbeval; nous en parle-
rons quand nous traiterons de 1'agc des chevaux.
LES YEUX.
La plus belle partie de la tête du cbeval, ce
sont les yeux. Ils doivent étre a fleur de tête , bien
fenuns, assez gros, vifs, et pleins de feu. La pru-
nelle doit étre grande ; la vitre ou cornée elaire ,
nette et transparente au point qu'on puisse dis-
tinguer deux ou trois tacbes couleur de suie, qui
se trouvent au-dessus de la prunelle.
LES PAÜPIÈRES.
Plus les paupières son minoes , plus ellcs sont
belles.
LES SOURCILS.
Les sourcils sont quelques poils qui se trouvcnt
k la partie supérieure des yeux.
LA GANACHE.
La ganacbe se compose des deux os de la ma-
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( « )
clioire inférieure , qui s'étendent des deux cotés-
de la tête, depuis loeil jusqu'au menton. Cette
partie es-t mouvante et sert a macher les alimentsv
La ganache doit étre décliarnée.
L'AUGET.
L'auget, qui Ton appelle aussi braie, est la ca-
vitó qui est formée par les deux os de la ganache.
L'anget s'étend en forme de goutière depuis Ie
gosier jusqu'a la barbe. Il doit étre bien ouvert,
bien évidé , et sans engorgemeiit; Ie derme doit
en étre fin.
LES JOUES.
La première partie de la joue doit ctre a-peu-
près carrée; la seconde doit étre bombée dans
§on milieu. La peau doit en étre très-fine et souple.
LE CHANFREIN.
Le chanfrein est Ie devant de la téte depuis les
yeux jusqu'aux naseaux. 11 doit étre legèrement
arrondi dun coté a 1'autre , et applati du liaut
en bas.
On donne communément le nom de chanfrein
a une bande de couleur blanche qui s'étend sur
cette même partie, et occupe plus ou moiiïs d'e;S>
pace entre les yeux et les naseaux.
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( 9 )
LE NE2.
Le nez doit être un peu arqué. Le bout du nez
est la cloison qui sépare les deux naseaux. 11 doit
être peu volumineux. Les naseaux dojivent être
bien ouverts et bien fendus. Le cartilage qui
forme le tour des naseaux, et qui les borde en
haut et en devant. est appellé souris.
Lorsqu'un cheval s'ébroue en marchant, etqu'ou
voit un vermeil dans le creux de ses naseaux,
eest signe qu'il a le cerveau bien constitué.
LES LÈVRES.
Il faut que les lèvres soient minoes et déliées ,
et que la peau en soit très-fine.
LA BARBE.
Labarbe, que Ton nomme aussi lebarbouchet,
est 1'endroit oü les deux os de la ganache se réu~
nissent au^debors de la machoire inférieure. Elle
contribue beaucoup a la bonté de la bouche d'un
cheval, puisque c'est 1'endroit oü se fait 1'effet de
la gourmette , qui doit porter également partout.
Il faut pour cela que la barbe ne soit ni trop re-
leYée ni trop plate. Il faut encore , pour qu'elle
soit bien sensible, qu'il n'y ait peu de chair et de
poil.
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( io )
LE MENTON.
Le menton se trouve au-dessous de Ia bax-be a
la partie inférieure de la tête.
LA BOUCHE.
Le cheval est d'une si grand sensibilité dans Ia
bouche , qu'on s'y adresse de préférence pour lui
transmettre le signes de la völonté; elle doit être
médiocrement fendue et proportionnée a la Ion-
guer de la tête. Ce qu'on entend par une belle
bouche,
c'est lorsque le cheval étant bridé, elle
devient fraiche et pleinend'écume ; c'est une qua-
lité qui dé,notc un bon temperament. On dit d'un
tel cheval qu'il goute bien son mors.
Dans 1'intérieur de Ia bouche se trouvent les
Dents , les Barres, Ie Canal, la Langue et Ie
Palais.
Les Dents.
Les chevaus ont quarante dents, qui se divi-
sent en dents incisives, en crochels et en dents
machelières.
Les dents incisives, ou dents de devant, sont
au nombre de douze , savoir: siv a Ia machoirc
supérieure et six a la machoire inférieure. Les
deux qui se trouvent Ie plas en avant, se nora-
ment mtices; celles qui touchent aux pinces sap-
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( 11 )
pellent tfiitoyennes, et les dernières portent Ie
nom de coins.
Les deux dents canines, qui sont dans ehaque
machoire, une de ehaque cóté, a quelque dis-
tance des incisivises, se nomment crocheis, crocs
ou écaillons.
Les juments ont rarement des erochets, et
quand elles en ont, ils sont fort petits.
Les dents machelières sont placces au fond de
la bouche. Il y en a vingt-quatre , savoir : douze
a ehaque machoire; six de ehaque cóté.
Cest par les dents qu'on connait 1'agc des che-
A7aux. Nous donnerons I analyse de cette connais-
Sance dans la Livraison prochaine.
Les Barres.
On nomme barres les espaces yuides des deux
machoires, entre les dents incisives et macha-
lières, oü Tappui du mors doit se faire. Il faut
qu'elles soient assez clevées pour former un canal
dans lequel la languc puiss" se loger sans débor-
der; il faut aussi qu elles soient un peu déchar-
hées , sans cependant être trop tranchantes , afin
que 1'effet du mors puisse se faire sentir.
Le Canai.
On nomme canal le creux dans lequel la lan-
guc se tvouve placce.
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( 12 )
La Langut.
La langue doit être menue et bien placée dans
Ie canal.
Le Palais*
Ce qu'on doit rechercher dans le palais d'un
cheval, c'est qu'il soit un peu décharnée. On
nomme crans ou sillons les rides qui traversent
le palais.
L'ENCOLURE,
On nomme encolure la partie du cheval qui
s'étend depuis la tète jusqu'au garot. Elle est sur-
montée par la crinière et b odée au-dessous par
le gosier. La forme et la position de l'encolure
donnent a 1'avant-main une partie de sa grace.
Elle doit être longue et relevée; il faut qu'en sor-
tant du garot elle monte en forme de col de cygne
jusqu'au haut de la téte ; qu'il y ait peu de chair
prés de la crinière ; cela forme ce qu'on appelle
une encolure tranchante. Lorsque le contour de
l'encolure est gracieus, on dit qu'elle est hien
rouée.
LA CRINIÈRE.
La crinière se trouve au-dessus de l'encolure,
-ocr page 13-
< 13 )
dont elle fait partie; elle prend depuis le haut
de la tête jusqü'au garot, Elle doit être médiocre-
ment chargée de crins longs et déliés.
\'           LE GO SIER.
Le gosier est la partie inférieure deTencolure,
Il commence entre les deux os de la ganache et
finit a la partie supérieure du poitrail.
LE GAROT.
Lendroit ou les deux épaules s'appfoclient par
le haut j entre 1'encolure et le dos, se nomme
garot^ Il faut qu'il soit élevé , long et déeharné ,
en sorte qu'il n'y ait pour ainsi dire que la peau
sur les os: ces qualités dénotent la force du che-
ral et lui rendent les épaules plus libres.
LES ÉPAULES.
Les épaules s'étendent depuis le garot jusqü'au
haut du bras. Les muscles doivent être très-appa-
rents et les mouvements libres. Le cbevalde selle
doit avoir les épaules plattes, mobiles, et pen
chargées; le cheval de trait au contraire doit les
avoir gross.es, rondes et charnues.
-ocr page 14-
< ** )
Ï.E POITRAIL.
si
On dorme Ie nom de poitrail a la partie ante-
rieure de la poitrine, contenue entre les deux
épaules depuis Ie gosier jusqu'au bras. Le poitrail
doit être large sans que cela soit portee a 1'excès.
LES JAMBES DE DEVANT.
Les jambes de devant tiennent aux épaules.
Leur longueur doit être proportioimee a la taille
du cheval? les juments sont en gónéral plus su-
jettes que les chevaux a être basses de devant.
Les jambes doivent être un peu plus éluignées
rune de l'autre prés de 1'épaule que prés du bou-
let. Elles doivent tomber par unc seule ligne droite
depuis le haut du br,as jusqu'au boulet. Elles
doivent être plattes et Iarges, et musculaires a la
partie supérieure.
Le Bras, le Coude , 1'Ars, la Chateigne, le Ge-
nou , le Canon, le Tendon, le Boulet, le Fanou,
1'Ergot, le Paturon, la Couronne , et le Pied .
font partie des jambes de devant,
LE BRAS.
Le bras est la partie supérieure de la jambe de
devant; il s'étend depuis 1'épaule jusqu'au genou,.
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( 15 )
C'est dans Ie bras que réside la grande force
de la jambe. Un bon bras est nerveux et large
du cóté extérieur qu'on nomme Ie gros du bras.
LE COUDE.
Le* coude est 1'os du haut de la jambe , qui est
situé contre les cótes -, il ne döit point être trop
serre prés de ceïles-ci, ni trop ouvert en dehors.
LARS.
L'ars est une veine apparente sur la face inté-
rieure du bras.
LA CHATEIGNE.
La chateigne est une espèce de corne tendre
sans poil, qui se trouve aux jambes cle devant,
en dedans du bras, un peu au-dessus et du cóté
du genou ; on 1'appelle aussi lidiène.
La chateigne croit a certains chevaux et s'al-
longe de la longueur d'un pouce , et mème d'un
pouce et demi: elle tombe alors , et repousse en-
*uite.
LE GENOU.
Le genouestlajointuredu milieu de Ia jambe,
et unit le bras avec le canon; il doitlètre large
sans exces et avoir le derme fin, les foraies sèches
et 1'os crochu très-détaché.
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( 16 )
LE CANON.
te eanon est la partie de la jambe qui com-
mence au genou et finit au boulet. Le canon doit
étre mince sur le devant et large sur les cötés;
los doit en être uni, et le derme doit y bien étre
eollé.
LE TENDON ov NERF.
D'un bout a 1'autre derrière le canon se troure
un tendon qu'on nomme communement le nerf
de la Jambe.
Le tendon contrihue beaucoup a la beauté de
la jambe. Il faut qu'il soit gros sans dureté ni en-
flure, détaché et éloigné de los du canon sans
aucune humeur on grosseur entre deux.
Lorque le nerf est bien détaché , on voit entre
ce nerf et le canon en dehors et en de dans un
autre petit nerf, qui est un ligament qui unit 1'os
du canonavecle boulet; ce qui augemente beau-
coup la beauté et la bonté de la jambe.
LE BOULET.
Le boulet est la jointure du canon avec le pa-
turon-, il doit être nerveux, sans aucune enflure.
Un boulet un peu flexible rend les monvements
plusdoux aun cheval de selle , mais ne conyient
pas aux chevaux de trait, parce que cela les em-
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( 17 )
■pêche de reculer et de retenir dans les descentöss
LE FANON.
Derrière Ie boulet se trouve uu boüquet de
poil qo'un nomme fanon. Il doit être peu garni\
LERGOT.
L'ergot est une espèce de corne tendre qui se
trouve derrière Ie boulet, au milieu du fanon.
LE PATURON.
On nommc paturon la partic de la jambe qui
s etend depuis Ie boulet jusqu'a la couronne. Il
doit être de médioere longeur. Son inelinaison doit
être en rapport avec celle du boulet; Ie derme
doit en êtve sec et net, Ie poil coüché et tmi,
LA COURONNE.
La couronne se trouve au bas du paturon; elle
unit la peau a la corne. Elle est couverte de poil
tout autour du pied. Elle doit être aussi unie
que Ie paturon.
LE PIED.
Le pied doit être proportionné a la structure
du corps et des jambes. Un cheval en marebant
doit poser les pieds a plat et la pince directement
2
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( 18 )
en avant, gans les temmer ni en dehors ni en
cledans.
Le pied se divise en parties supérieures et par-
ties inférieures; les parties supérieures sont: Je
Sabot, les Quartiers , la Pince , et le Talon • les
parties inférieures, la Fourchette et la Sole.
Le Sabot.
La 1'orme du sabot, qui est la partie extérieure
qui entoure le pied, doitétre presque ronde, ce-
pendant un peu plus large en bas qu'en haut. La
corne doit en étre luisantc , unie et noire.
Les Quartiers.
Les quartiers sont les deux cötés du sabot, de-
puis la pince jusqu'au talon. Celui qui se trouve
a 1'extérieur se nomme quartierde dehors, et celui
a Fintérieur qua/rtier de ckdans. Ils doivent être
ronds 1'un et 1'autre.
La Pince.
Le bout de la corne, qtti est au devant du pied,
se.nommc la pince.
Le Talon.
Le talon est la partie postérieure du sabot, oü
se terminent des qaartiers; il se sépare en ,deux
pièces, qui s'étendent jusqu'au milieu du dessous
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( 19 )
du pied, et forment la fourchette par leur réu-
nion sous la sol».
La FourcIwMe.
La fourchette est une corne tendre et molle
qui se trouve dans Ie creux du pied, elle se par-
tage en deux branches vers Ie talon ; elle doit être
menue et maigre, quoique bien nourrie.
La Sol e.
La sole est la corne que 1'on yoit dans Ie creux
du pied , entre les quartiers et la fourchette elle
est plus dure que celle de la fourchette et plus
tendre que celle du sabot. Pour être bonne il faut
que la sole soit forte, cpaisse et un pcu concave.
LE CORPS.
Le corps doit être en rapport avec Tavant- et
rarrière-main : ceux-ci seraient beaux inutilement
si le corps était défectueux. Les différentes parties
du corps que nous allons décrire sont: le Dos .
les Reins, les Rognons , les Cotes, le Ventre .
et les Flancs.
LE DOS.
Le dos doit ètre égal, uni, insensiblement ar>
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( 20 )
que sur la ïongeur, et rclevé des deux cótés de
1'épine; il doit être un peu plus bas qu'une ligne
horizontale, tirée du sommet du garot a la croupe.
On désigne communement Ie dos du cheval par
Ie nom de reins, quoique ce nom n'appartienne
proprement qu'a 1'extrémité de 1'épine la plus
proche de la croupe , et qu'on nomme ordinaire-
'ment les rognons; mais comme 1'usage a consacré
Ces noms , nous les conserverons.
LES REINS.
Les reins sont la partie supérieure du corp?.
La force des reins est une chose essentielle pour
la bonté d'un cheval; il faut pour cela qu'ils soient
courts et que 1'épine du dos soit ferme, large et
unie. Plus un cheval est oourt des reins , plus il
rassemble sesforces. A un cheval gras, qui est en
bon état, et qui a 1'épine du dos large, on voit
au milieu de cette partie un canal qui règne Ie
long de 1'épine , et qui s'étend sur la croupe jus-
qua la queue ; c'est ce qu'on appelle avoir les
reins doubles.
LES ROGNONS.
Les rognons sont la partie des reins la plus rap-
prochée de la croupe.
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( 21 )
LES COTES.
Les cótes se trouvent a droite et a gauohe au-
dessous du dos. Le tour des cótes doit prendre en
rond depuis 1'épine du dos jusqu'au-dessous de la
poitrine.
LE VENTRE.
Le ventre est la partie inférieure du corps située
au bas des cótes, auxquelles il doit s'unir sans
saillie , et en suivant a-peu-près leur directiou;
forme et contour.
1ES FLANCS.
Les flancs sont a lextrcmité du yentre, depuis
la dernière cóte et au-dessous des rognons; ils
s'étendent jusqu'aux os des hanches. Ils doivent
avoir peu d'étendu et être au niveau des parties
qui les environnent.
L'ARRIÈRE-MAIN.
Dans Tamère-main on comprend la Croupe ,
la Queue, les Fesses, les Hanches, et les Jambes
de derrière.
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( 22 )
LA CROUPE.
La e?oupe est la partie supérieure de l'arrière-
main; elle s'étend depuis les rognons jusqu'a la
queue. Elle doit être bien arrondie et bien fournie.-
LA QUEUE.
La situation , la f'orce et Ie port de la queue
font juger de sa beauté, et en même temps de la
foroe du cheval.
La queue doit être placée ni trop haut ni trop
bas. 11 faut qu'en sortant de la croupe elle des-
oende en rond et non da-plomp; elle doit ètae
longue et bien garnie de poil.
On nomme troncon la queue dépouillée de ses
crins. Le troncon doit être gros et ferme.
Lorsqu'un cheval serre la queue et qu'il résiste,
lorsqu'on veut la lui lever avec la main, c'est un
signe de vigueur. On dit d'un cheval qui a une
belle queue bien fournie de crins, qu'il a un
beau fouet.
LES FESSES.
Lesfessess'étendent depuis 1'endroit oü la queue
sort de la croupe jusqu'aux jambes de derrière ;
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( 23 )
lorsque la pointe en est saillante et très-bicn pro-
noncée , on dit que Ie cheval est bien culotté.
LES HANCHES.
Les hanches se trouvent des deux có^és, entre
les flancs et la croupe. Elles prennent depuis les
deux os qui sont au haut des flancs, jusqu'aux
grassets. Les hanches doivent être bien garnies.
LES JAMBES DE DERRIERE.
Les jambes de derrière doivent avoir les mêmes
qualités que celles de devant; c'est-a-dire êtrc
larges, plattes , sèches , nerveuses et peu garnies
depoil, et elles doivent tomber en une seule ligne
depuis Ie jarretjusqu'auboulet.Elles se composcnt
du Grasset , de la Cuisse, du Jarret, de la Cha-
teigne , du Canon , du Tendon , du Boulet, du
Fanon, de 1'Ergot, du Paturon, de la Couronne,
et du Pied.
LE GRASSET.
Le grasset est la jointure placée au bas de la
hanche , vis-a-yis des flancs; c'est cette partie
qui avance pres du ventre du cheval lorsqu'ü
jnarche.
-
\
-ocr page 24-
( 24 )
LA CUISSE.
La cuisse commence au grasset et au bas de la
fesse , et unit au jarret. Elle doit être grosse
et charnue. Il y a sur] la face intéiïeure de la
cuisse une veine que 1'on nomme la veine du plat
de la, cuisse,
La partie charnue de la cuisse , qu'on appelly
l'e gros de la cuisse, doit être bien exprimóe.
Les cuisses doivent être ouvertes en dcdans.
LE JARRET.
Le jarret est Ja jointure qui est au bas de la
«suisse et qui se plie en avant. La partie du jarret
qui est en arrière se nomme la pointe dn jarret.
Il faut que le jarret soit grand, large, décharnó
et nerveux,
LA CHATEIGNE.
La seule différence qui exisjte entre les chatei-
gnes des jambes de devant et celles de derrière
consiste en ce qua celles-ci elles sont placées au
dessous des jarrets , tandis qu'aux jambes de de-.
vant elles se trouvent au-desus des genoux.
Les autres parties des jambes de derriére tels
que le canon , la tendon , le boulet, Ie fanon ,
Lergot, le paturon , la couronne et le pied , sont
en tout point conformes aux mémes parties Aes
jambes dé devant.
-ocr page 25-
( 25 )
DES HEARQUES DISTINCTIVES.
LA PELOTE,
On donne Ie nom de pelote , ou étoile, a un©
marque blanche qui se trouve sur Le front de
quelques chevaux.
LE CHANFREIN BLANC.
On appelle chanfrein blanc, ou bette face, une
bande blanche qui s'ctend depuis le front jusqu'aux
naseaux , le long de cette partie de la tête que
Ion nomme le chanfrein.
Le chanfrein blanc ne doit po int s'étendre sur
lessourcils, ni se prolonger jusqu'au bout du nez.
S'il j a une tache blanche sur cette partie , et
qu'elle occupe toute la lèvre supérieure, on dit
que le cbeval boit dans son blanc,
L ÉPï.
L'épi, que Ton nomme aussi molette, est un
arrangement de poils, partant d'un centre et se
renversant de fa<jon qu'ils forment une cavité co-
nique.
Les chevaux ont ordinairement des épis au
front, au poitrail, aux flancs, et au ventre nrès
des cuisses. Il se trouvent des chevaux qui en
ont aussi en d'autres endroits.
-ocr page 26-
( 26 )
L'ÉPÉE ROMAINE.
L'épée romaine est un épi alongé ou une sorte
de sillon formé par Ie poil renversé au haut de
rencolurc, prés de la crinière. Cette marque est
assez rare.
LA RAIE DE MULET.
On nomme raie de mulet une ligne noire qui
s'étend Ie long de J'épine du dos jusqu'a la queue
de quelques chevaux de certains poils.
LES BALZANES.
Si Ie bas de la jambe d'un cheval est blanc, ou
nomme cette marque balzane ; si elle est terminee
irrégulièrement par des pointes , on lui donne lo
nomme de balzane dentelUo; si elle est mouche-
tée de noir, c'est une balzane herminéc; si elle
s'étend jusqu'au genou ou au jarret, on dit que
Ie cheval est chaussé prop haut.
On désigne par Ie nom de travat un cheval qui
a des balzanes a une jambe de devant et a une
jambe de derrière du même cêté; mais si e]les
sont a une jambe de deyant d'un cöté et a une
jambe de derrière de 1'autre coté, on 1'appelle
trastravat ou tramtravat; ejifin, s'il y a du blanc
aux quatre jambes, on dit que ce cheval est bal-
gan des quatre pieds.
-ocr page 27-
( 27 )
BES DIFFÉRENTS POILS.
Lorsque Ion veut designer la couleur d'un che-
val, on dit qu'il est d'un tel poil ou d'une telle
robe.
La nature varie tant en fait de couleurs que
1'on voit d*es chevaux d'une quantité de poils dif-
férents. Nous allons donner la definition de ceux
qui ont des noms particuliers; quant aux autres,
on les distingue par Ie nom de la couleur qui en
approche Ie plus,
ZAIN.
On donne Ie nom de zain aux chevaux
qui n'ont pas de poils blancs ; ainsi les che-
vaux blancs, et tous ceux dont les couleurs sont
mélanges de blanc , ne peuvent pas ètre appelés
ïains.
BAL
Le poil bai est Ie plus commun de tous; il est
de couleur chataigne plus ou moins claire ou obs-
cure. Il est a remarquer que tous les chevaux
bais ont les extrémités , la crinière et la queuq
noires.
L'on distingue les différentes nuances du poil
bai par les dénominations suivantes ; bai marron,
-ocr page 28-
( ^ )
bai clair, bai brun, bai doré, bai sanguin, et
bai a mirpir.
Bai marrm. — Le bai marron est celui qui
est de la couleur d'un marron.
Bai clair. — Le bai clair ou bai lavé est d'une
«ouleur moins foncée que le bai marron.
Bai brun. — On nomme bai brun un poil brun
très-obscur, et presque noir par tout le corps ,
excepté aux flancs et au bout du nez; on dit
alors qu'un cheval a du feu.
Bai doré. — Le fond du bai doré est jaune.
Bai sanguin. — Le bai sanguin, ou bai d'éear^
late,
est un bai approehaut du rouge.
Baidmiroir. — Un cheval bai a miroir, ou bai
miroité,
est celui qui a sur la croupe des mar-
ques d'un bai plus obscur que le reste du corps.
On donne aussi ce nom aux cheyaux bais qxti ont
beaucoup de taclies rondes d'un bai plus clair oü
plus obscur, et qu'on pourrait nommer baipom-
nielé
s'il n'était recu généralement de n'einployer
ce mot que pour les chevaux gris,
ALEZAiT
L'alezan est uue sorte de bai roux ou canelïei
-ocr page 29-
( 29 )
Il y a des cheraux alezans qui ont Ia crinière et
la queue de la couleur du poil, d'autres les ont
noires et quelques-uns les ont blan.eb.es.
Les differentes nuances de 1'alczan sont: 1'ale-
zan clair , 1'alezan bai et 1'alezan brulé.
Alezan clair. — L'alezan clair est un alezan
peu foncé de couleur du poil de vache.
Alezan bai. — Öh nomnie alezan bai un alezan
presque roux.
Alezan brulé. — L'alezan brulé est foncé et
fort brun.
NOIR.
Il y a trois sortes de noir : Ie noir jais, Ie noir
more et Ie noir malteint.
Noir jais. — Le noir jais est un noir clair lisse
et beau.
Noir more. — Le noir more , que 1'on nomme
%ussi noir moreau, est un noir fort vif.
Noir malteint. — On appelle noir malteint un
noir brun plus clair aux nancs et aux extremités,
que sur le reste du corps.
BLANC.
Les chevaux tout blancs , sans le moindre nu>
lange d'aueuri autre poil, sont assez rares.
-ocr page 30-
( 30 )
GRIS.
Les chevaux gris ont Ie poil blanc mêlé de nohv.
Tous les chevauxgris blanchissent en vieillissant,
et l'on peut juger de quelle nuance ils ont été par
les restes des poils gris que l'on voit aux genoux
et aux jarrets.
Les différentes espèces de poil gris sont: Ie gris
pommelé, Ie gris sale , Ie gris argenté , et Ie gris
tisonné.
Gris pommelé. — Les chevaux gris pommelé
ont sur Ie corps et sur la croupe plusieurs taches
rondes, les unes plus noires et les autr es plus
blanches , assez également distribuées.
Gris sale. — Le gris sale est un poil ou il y a
plus de noir que de blanc.
Gris argenté. — Les chevaux gris argenté n'ont
que très-peu de poils noirs sur un fond blanc, lisse
et luisant.
Gris tisonné. — Le gris tisonné , ou gris char-
honné,
se compose de petites taches noires dispo-
sées irrégulièrement sur un fond blanc.
ISABELLE.
Le poil Isabelle est jaunc ; quelques chevaux
de ce poil ont la crinière et la queue blanches,
d'autresles ont noires; la plupart de ces derniers
ont la raie de mulet.
-ocr page 31-
( 31 )
Le poil Isabelle se divise en Isabelle soup-de-
lait, Isabelle clair, Isabelle doré, etisabelle foncé.
Isabelle soup-de-lait. — Une espèce de blanc
sale , mèlé d'une teinte de jaune tres - claire,
forme le poil Isabelle soup-de-lait.
Isabelle clair. — La teinte de jaune est plus
forte dans llsabelle clair que dans 1'lsabelle soup-^
de-lait.
Isabelle doré. —* Llsabelle doré est tin jaune
vil et luisant.
Isabelle foncé. — Un jaune saturné compose
JTstibclle foncé.
ROUHAN.
Le rouhan est un poil mèlé de rouge et de
blanc. On la aussi défini comme un mélange de
blanc, de gris sale et de bai. Il y a rouhan vi-
neux et rouhan cap de maure.
Rouhan vineux. — Le rot:han vineux est ce-
lui ou le rouge domine.
Rouhan cap de maure. — La tête et les ex-
trémités dun cheyal de ce poil eont noires et le-
reste du corps est rouhan.
PI E.
Les chevaux pies sont bkncs avec une autre
-ocr page 32-
( tó )
couleur, disposée irrégulierement par grandes
taches en forme de placards.
On distingue différentes sortes de pie par leS
noms de la couleur qui se trouve avec Ie blanc ;
ainsi Ton dit pie hai, pie alezan, pie nvir, pie
pie Isahelle,
etc.
TIGRE.
Le tigre est un gris tisonnó qui a des marques
larges et toutes noires.
SOURIS.
Les chevaux souris sont de la couleur de? eet
animal. Ils ont ordinairement la raie de mulet,
ÉTOURNEAU.
On nomme chevaux étourneaux ceux dont Ie
poil ressemble a la couleur de ces oiseaux. C'est
une espcee de gris sale , renforcé de brun. •
RUBICAN.
Lorsqu'un cheval bai, alezan ou noir, a de?
poüs blancs semés par Ie corps et surtout aus
fiancs, on dit qu'il est rubican.
LOUVET.
Louvet se dit des chevaux qui ont un poil de
loup. Il y en a de clairs et d'obscurs; quelques-
uns ont aussi la raie noire sur Ie dos-.
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( 33 )
TRUITÉ.
On donné Ie nom de truité a un fond blanc
parscmé de roux par petites taches oblongues
répandues assez généralement sur la tète et sur
Ie corps.
TOURDILLE.
Le tourdille ressemble a la couleur des grosses
grives; c'est un mélange de poils rougeatres et
blancs avec beaucoup de noirs. Son nom provient
du mot latin turdus, qui signifie griye.
PORCELAINE.
/
Le porcelaine est mie couleur bizarre dont le
fond est blanc avec des taches de couleur bleuu-
tre d'ardoise sur le corps.
FLEUR DE PÊCHER.
j
La llcur de pècher, que Ton nomme aussi au-
bère on mille fleurs, est un mélange assez confus
de bai, de blanc et d'alezan, dont le composé
ressemble a la couleur de la fleur de pècher.
Virghe, dans ses Géoryiques (liv'. m.) , a décrit
en beaux vers la forme la plus parfaite et les
qualités brillantes que Ton doit rechercher dans
3
-ocr page 34-
( 34 )
'les chevaux. Le célèbre poëte Jacques Dkliue les
a traduits avec autant d'élégance que de précision,
ainsi qu'on va en juger par 1'extrait suivant:
Dans le clioix des eoiirsiers ne sois pas moins sévère.
Du troupeau , dès 1'enfance. il fluit soigner le père :
Des gris et des bais^bruns on estimc le coeur;
Le blanc , I'alezan-cLair , languissent sans vigueur.
L'étalon génereux a le port plein d'audace ,
Sur ses jarrets pliants se balance avec grace;
Aucun bruit ne 1'émeut; Ie premier du troupeau,
Il fend 1'onde écumante, affrönte un pont nouveau :
II a lc ventre court, 1'encolure hard ie ,
Üne téte effil.ee , une croupe arrondie ;
On volt sur son poitrail ses musdes se gonfler,
Et ses nerf Ivessaillir, ét ses veines s'enfler.
Qae du clairon bruyant le son guerrier 1'éVeille,
Je le vois s'agiter, trcmblcr, dresser 1'oreille ;
Son épine se doublé et frérnit sur son dos.;
D'une épaisse crinière il fait bondir les flols;
Des ses naseaux brülants il respire la guei-re ;
Ses yeux roulcnt du feu, son pied creuse la terre.
Nous tcrniinerons cette Livraison par 1'anecdote
suivante :
« Un élégant, coui'ant a clieval dans les allées
du bois de Boulogne, renvcrse et blesse assez
grièvement un particulier, qui se relève, saisit la
foride du cheval d'une raain , et de 1'autre désar-
conne lc cavalier, quil etend sur le sable. Maïs,
'monsieur, savez-vom... — Oh ! monsieur, ce que
je sois, cast que vous nïavez donne' une Ier on d'é-
quilibre, etquejevousenrendt une d'éqmtatioTi.
»
-ocr page 35-
Scf. /.
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e^Ü^
V
?.^.
-ocr page 36-
( 35 )
DE LAGE DU GIIEYAL.
La durée de la vie des chevaux est, comme
danstoutes les autres'espèces d'animaux, propor-
tionnée u la durée du temps de leur accroisscN
ment. Le cheval qui met quatre ans a eroitre ,
peut vivre six pu sept fois autant de temps, c'est-
ii-due vingt-einq ou trente ans. Les gros chevaux,
qui prenncnt leur entier accroissement en moins
de temps que les chevaux fins, vivent aussi moins
long-temps. Aristote a observé que les chevaux,
nounis dans les écuries , vivent beaucoup moins
que ceux qui sont en troupeaux; Buffon fait men-
tton dun cheval, qui a vécu a Frescati, pres de
Mctz, jusqu'a einquante ans; Athenée et Pline
pretendent qu'on a vu des chevaux de soixante-
ciriq et merrie de soixante-dix ans; Augustin Wi-
phus parle du cheval de Ferdinand ïer comme
d'un cheval septuagénaire ; mais les exemples de
chevaux qui out atteint un age aussi avance, sont
si rares, qu'on ne doit pas même les rogarder
comme une exception dont on piusse tirer des
eonséquenctv..
Il est tres-important de bien connailre 1'Ag.e
d'un chcTal. On peut en juger par différentes
4
-ocr page 37-
( 36 )
xuarques. Les vieux chevaux otit ordinairement
les salières creuses; mais eet indice est équivoque,
puisque les jeunes chevaux , engendrés de vieux
étalons, ont aussi ce défaut. Le palais d'un jeune
chevöl est toujours plus gros que celui d'un Vieux,
et a mesure qu'un clieval avance en age , les
sillons du palais s'effacent et les gencives se
décharnent.
Lorsqu'un cheval a de treize a qüatorze ans,
il commenoe a avoir aux sourcils des poils blancs,
qui augmentent en nombre a mesure que le che-
val monte en age; de sorte qu'un cheval de dix-
buit k yingt ans a les sourcils tout-a-fait blancs.
C'cst ce qu'on appelle siller. ïout cheval; dontle
poil est mèlé de blanc, peut siller sans que cela
soit un signe d'un age avance.
Toutes ces marques ne donnent cependant qu'un
indice peu exact de lage d'un cheval; ce n'est que
par les dents qu'on peut en avoir une connaissance
certaine. On en juge par 1'éruption , par le rem-
placement, par 1'eft'acement du creux ou de la ca-
vité qui se trouve dans les dents ^ et de la marque
noire qu'on y voit, et qu'on nomme germe de
fève,
et par la chdte des dents.
Les chevaux ont quarante dents , dont vingt a.
la machoire supérieure ou antérieure , et vingt
a la machoire inférieure ou postérieure. Elles se
divisent en incisives, en crochets et en molaires.
-ocr page 38-
( 37 )
Les Incisives.
Les incisives, ou dents de devant, sont au uom-
hre de douze : elles se trouvent sur Ie devant de
la bouche, six a la machoire supérieure et six a
la. machoire inférieure. On les nomme incisives ,
parce qu'elles servent a inciser ou couper les lier-
bes que 1'animal pature.
Quand un poulain a cinq ou six jours, il lui
vient quatre dents incisives sur Ie devant de la
bouche , deux en haut et deux en bas; de quinze
jours a un mois après sa naissance il lui en vient
quatre autres , une de chaque cóté des premières;
afage de quatre mois il lui en vient encore quatre,
une a chaque cóté desprécédentos: celles-oi nesont
au niveau des autres qua six mois (voyez Fig. lie).
Toutes ces dents, que Ton appelle dents de lait,
sontcaduques et tombent pour êtreremplacées pa*
d'autres; elles sont petites et d'un émail lort blanc.
Quelques anciens auteurs pretendent que les
dents de lait n'ont pas de cavité. Le fait est faux.
Elles en ont aussi bien que celles qui les rempla-
cent. Gependant commp les dents de lait sont plus
petites, leur cavité est moins sensible ; elle s'éfface
a celles qui ont poussé les premières a un an, aux
secondes a dix - huit moins, ejt aux troisièmes a
deux ou trois ans.
Les premières dents de lait tombent a 1'age de
deux ans et demi a trois ans, et sont remplacées
par dantTes que 1'oti nomme pbwe.s. (FhjM.I.h.)
-ocr page 39-
( 38 )
Le creux des pinces cómmence a se remplir et Ie
germe de fève a retrecir a cinq ans et demi, et sont
tout-a-fait effaees a 1'age de six ans (Fig; 3i).
La diffórencê de noürriture que 1'on a donnée
au cheval influe sur la chüte des dents. Un pou-
lain, mis au sec de bonne heure , cómmence a
changer a deux ans et demi. Celui nourri plus
long-temps h 1'herbe ne change qua trois ans.
Les secondes dents delait tombent al'age de trois
ans et demi a quatre ans, pour faire place a d'au-
tres (Fig. 2 l. b), auxquelles on donnc le nom de
■mitoyennes, et dont la cavité cómmence a se rem-
plir et la marque a retrecir a six ans et demi, et
se trouvent elfacées a sept ans (Fig. 3).
Les troisièmes dents de lait tombent de quatre
ans et demi a cinq ans, et sont remplacées par
d'autres appelées mins (Fig. 2 /. c ). Les coins
croissent plus lentement que les autres. A cinq ans
et demi leur cótó interne est a peu prés cgal a 1'ex-
terne. Quand ils commencent a pousser, ils ne
débordent presque pas la gencive , et le creux est
fort sensible. A sept ans et demi il cómmence a
se remplir, et le germe de fève a diminuer; a
buit ans 1'un et 1'autre sont elfacées (Fig. 3).
Aussi iong-temps que la cavité existe, on dit que
le cheval marque. Quand la dent est rempiie, on
dit que le clieval a rast'.
Quand toutes les dents incisives sont tombées
6t remplacées par d'autres, on dit que J/anima"!
-ocr page 40-
( 39 )
a tout mis; il perd alors Ie nom de poulain pouv
prendre celui de cheval.
Les dents qui remplacent les dents de lait,
s'appellent dents de cheval.
Les dents de cheval sont larges, plates , jannes
et rayées depuis leur sortie des alvéoles (') jus-
qu'au haut.
Tout ce que nous venons de dire de 1'époquc h
laquelle la cavité se remplit et Ie germe de fève
s'efface, se rapporte a la machoire inférieure ; cav
la machoire supérieure n'ayant pas de mouve-
ment, les dents sont moins exposées k 1'effet dn
frottement, aussi ne rasent-elles point aussitót que
celles de la machoire inférieure. Des observations
souvent repétées npus ont appris qu'elles mar-
quent au-dela des huit premières années. En
effet, dans la machoire supérieure les pinees ne
rascnt qua huit ans et demi ou neuf ans-, les
mitoyennes a neuf ans et demi ou dix ans, et les
cojns a dix ans et demi ou onze ans, et quelque-
fois mème a douze ans. Au-dela du terme de douze
ans, les incisives n'offrent plus de signes certains,
et nous pouvons seulement juger de la viellesse
du cheval par la situation de ses dents antérieures,
qui semblent porter moins a-plomb les unes sur
(') Los aivèotes sont des cavités sur les bord* libres de
1'une et de l'autre mScïrclire . et cjui seivent a loger les
vacines des dents.
                                                       ,
-ocr page 41-
( 40 )
les autres, et s'avancer sur Ie devant de la bouche.
On dit que les incisives tombent ordinairement
aux chevaux, lorsqu'ils ont atteint 1 'age de trente
ou trente-un ans.
Les dents incisives présentent quelquefois dans
les vieux chevaux deux caractères tout-a-fait opr
poses, qu'il est bon de faire connaitre.
Ou ces dents s'allqngent, jaunissent, deviennent
plus profondément canclées , ne portent plus les
unes sur les autres, se déchaussent et s'avancent
sur Ie devant de Ia bouche; qu elles restent blan-
ches et serrées, se racourcissent et s'unissent jus-
qu'au bord de la geneive, qui quelquefois fait
bourrelet autour d'elles, Ie palais les déborde, les
bords en sont bien tranchants, et elles sont forten-
ment enchassées dans les alvéoles.
Ces différences tiennent a la nature des aliments
que les chevaux mangent. Ceux qui sont nourris a
I'écurie, et qui n'ont que la peine de tirer Ie four-
rage du ratelier, ne s'usent point les incisives, qui
n'ont pour ainsi dirc rjen a faire, tandis que dans
eeux qui paturent ces dents doivent faire tout Ie
travail pour lequel la nature les a destinées. EHes
s'usent d autant plus vite , que les paturages sont
plus secs et les herbes plus dures; aussi voit-on
les chevaux nourris sur desbruyères, dansles lan-
deset dans les bois, avoir les dents incisives usées
plus promptement que les autres.
Il n'en faut pas raoins conelure } raalgré cës
-ocr page 42-
< 41 )
différences, que les chevaux qui ont les dents
incisives longues et dccharnées, et ceux qui leis
ont très-courtes et très-usées, sont également
vieux.
Il y a des cheTaux auxquels la cavité ne se
remplit jamais. Cela provient de la dureté des
dents, qui ne s'usent point. On appelle ces che-
vaux bégnU. Il en est de trois espèces : la pre-!
mière comprend ceux qui marquent toujours , et
a toutes les dents; la seconde ceux qui marquent
toujours aux mitoyennes et aux coins seulemenV,
la troisième est formée de ceux en qui les coins
seuls ne rasent jamais.
11 est aisó de reconnaitro les chevaux béguts de
la première espèce en faisant attention a la pro-
fondeur de la cavité des dents. Il est certain qua
1'age de cinq ans faits celle des pineqs doit être
moins considérable que celles des mitoyennes et
des coins, et celle des mitoyennes moins profondes
que celles des coins; or, dans la supposiüon dun
cheval bégut de toutes les dents, 1'égalité des unes
et des autres est une preuve quil est bégut de la
première espèce.
Gelui quine marque quaux mitoyennes et aux
coins est facilement appercu bégut, si 1'on com-
pare la cavité des ces dernières dents.
Quant au cheval bégiit de la dent du coin seu-^
lement, il faut recourir aux dents de la machoire
antérieur^, dont peut-être il ne sera jpas bégut,
-ocr page 43-
( 42 )
et examiner 1'arrondissement, la canelure des
crochets, etc.
Les juments et les chevaux horrgres sont plus su-
jets a être béguts que les ehevattx entiers. Il y a des
chevaux qui, malgré que la cavité soit remplie ,
conservent toujours Ie germe de fève. On pour-
rait les appeler faux béguts. Mais ceci est de peu
de eonscquence ; la seuleehose alaquelle on doit
feire attcntion ctant la cavité de la dent.
Les Crochets.
Léserochets, ou dentscanincs, sontaunombre
de quatre; il s'en trouve deux dans chaque ma-
choire en-deca des barros , une de chaque eóté ,
a une petile distance des incisives ( Fig. 2 l. d).
Les juments n'ont ordinairement pas des cro-
chets , cl lorsqu'eUos en ont, ils sont fort pcüts.
Les juments qui ont des crochets se nomment
bréhaignes, (Ce mot de brehaigne siguifiesterile.)
On leur a donné ce nom parce qu'on croyait au-
trefois que celles qui avaient ces sortes de dents
étaient stériles. L'expérience aprouvé la fausseté
de cette opinion.
On a vu des chevaux qui n'avaient pas ds
crochets , mais Ie cas est très-rare.
Les crochets n'oiï'rent pas un signe aussi certain
de I'age d'un cheval que les incisives.. D'abord'.,
comme nous venons de Je .dire, les juments et
-ocr page 44-
( « )
mémequelques chevaux n'en ont pas-, et quoique
teux de la machoire inférieure p'oussent ordinaire-
ment a trois ans et denji, et ceux de la machoire
supérieure a quatre ans, il arrive cependant
quelquefois que ces dernières precedent les pre-
naières. Les crochets croissent et sont fort pointus
jusqu'a lage de six ans. A eet age ils ont toute
leur grandeur (Fig. 3). A ncuf ans leurs angles
commencent a s'arrondir; a dix ans ceux den
haut paraissent déja émoussés et usés, et comme
la gencive se retire a eet age , ils deviennent dé-
cbarnés et semblent s'allonger ; a. quinze ou seize
ans ils sont tout-a-fait arrondis et émoussés, et
ont perdu toute leur canelurQ.
Les chevaux en général ne sont pas capables de
Jjeaucoup de fatigue avant qu'ils aient les crochets
de la machoire supérieure. Il arrive souvent
qu'ils sont malades lorsqu'ils leur pemssent.
Las Molaires.
Les molaires, que 1'on nomme aussi mache-
üères, sontplacées au fond de la Louche. Il y en
a vingt-quatre, savoir: douzea chaque machoire,
six de chaque cóté. Ou leur a donné Ie nom de
molaires ou machelières, parce qu'elles servent a
moudre ou a machèr le.s aliments dont Ie cheval
•$B ncurrit.
Quoique plusieurs auteurs pretendent que les
-ocr page 45-
( m )
dents molaires ne servent en aucune fa§ön a ïa
eonnaissance de l'age d'un cheval, on peut cepen*"
dant avancer , d'après les observations faites et
souvent répétées, que Ie poulain, en naissant',
n'enaque douze, six ai chaque machoire. Ce sont
celles qui sorit Ie plus en avant des deux cótés. Il
luien vient quatre autres a un an, encorequatre
a dix-huit mois , et les quatre les plus au fond de
la bouche ne lui poussent qua trois ans.
Quelques écrivains avancent que les douze
dents molaires , que Ie poulain a en naissant,
tombent et sont remplacées comme les incisives ;
savoir, le9 deux les plus en avant de chaque ma-
choire a lage de deus aas; les suivantes a. trois
ans et demi, et enfin les quatre autres a quatre
ans et demi. Ces dernicres eependant ne sont
remplacées qua cinq ans.
Les chevaux perdent les premières dents mo-
laires, o'est-k-dire celles qui sont Ie plus en avant
de la bouche , a l'age de vingt a vingt-trois ans;
les secondes, troisièmes et quatrièmes de vingt-
trois a vingt-cinq ans; les cinquièmes de vingt-six
a vingt-sept ans, et enfin les sixièmes après
eet age.
Il y a des chevaux qui ont des surdents, c'est-
a-dire des dents surnumcraires , ponssces a 1'une
ou a 1'autre machoire , soit au-dedans soit au-de-
hors. Ces surdents ne sont Ie plus souvent que
des dents de lait, rétenues au moment de leur
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( 45 )
chute entre les dents de «heval, de maniere a ne
pouvoir tQmber. Elles sont plus souvent plaeées
en-dehors qu'en-dedans.
Enrésumant, tout ce que nous venons de dire
des marques distinctives de lage des chevaux,
nous avons formé Ie tableau suivant, d'après le-
quel on pourTa en juger depuis la naissance du
poulain jusqu'a 1'extrême vieülesse du cheval.
En naissant Ie poulain a douze dents molaires.
De 5 a 6 jours , il lui pousse quatre dents incisives , deux
a la machoire supérieure et deux a la machoire
inférieure.
De 15 jours a ï mois, il lui pousse encore quatre dents
incisives , deux a chaque machoire.
A 4 m°is > il hu pousse encore quatre dents incisives, deux
a la machoire supérieure et deux a 1'mferieure.
A 6 mois , ces dérnières sont au niveau des au tres.
A i an , la cavité des premières dents de lait se remplit; -v
il lui pousse quatre dents molaires.
A i an et demi, il lui pousse encore quatre dents molaires ;—
la cavité des secondes dents de lait se remplit.
A 2 aus , les quatre premières dents molaires tombent et
sont remplacées,
De a a 3 ans, la cavité des troisièmes dents de lait se remplit.
De 2 '/a a 3 ans , les premières incisives de lait tombent et
sont remplacées par les pinces.
A 3 ans , les quatre dérnières dents molaires poussent.
A 3 '/, aus, les secondes dents molaires tombent et sont
remplacées ; — les cracnetS! de la machoire inféV
rieure poussent.
-ocr page 47-
( 40 )
De 3<'/> a 4 ans > ^es secondes incisivss de lait tonvbent e>
sont remplacées par les mitoyennes.
A 4 ans , les evochets de la machoire supérieure pöussent.
A 4■■■'/» ar!S ■> ^es troisièmes molaires tombent.
De 4 7» a 5 ans , les dernières incisives de lait tombent et
sont remplaeées par les coins ; — 1'animal perd
Ie nom de poulain pour prendre celui de cheval.
A 5 ans , les dernières dents molaires tombécs sont rem-
placées.
A 5 *ƒ, ans , Ie cóté interne des coins est presqu'égal a 1'ex-
terne (voyez Fig. ?.); — Ie creux des pinces de
la machoire inférieure commence a se remplir.
A 6 ans , Ie creux des pinces de la machoire inférieure est
tout-a-fait rempli.
A 6 '/a ans , Ie creux des mitoyennes de la machoire infé-
rieure commence a se remplir.
A 7 ans, Ie creux des mitoyennes de la machoirc inférieure
est tout-a-fait rempli.
A 7 'j2 ans, Ie creux des coins de la machoire inférieure
commence a se remplir.
A 8 ans , Ie creux des coins de la machoire inférieure est
tout-a-fait rempli ( voyez Fig. 3 ).
De 8 7= a g ans, les pinces de la machoire supérieure rasent.
A 9 ans , les arig'es des eroehets cojwmencent a s'arrondir.
De 9 7- a io ans. les mitoyennes de la machoire supérieure
rasent.
A i o ans , les eroehets d'en haut sont émoussés et usés, et
semblcut s'allonger.
De io'La n ou 12 ans, les coins. de la ïnaéhoire supé-
rieure rasent.
<■                       De i3 a 14 ans, Ie cheval commence a siller.
-ocr page 48-
( 47 )
De i5 a 16 ans , les crochets sont tout-a-fait arrondis st
ont perdu leur canelure.
De 18 a 20 ans, Ie cheval a les sourcils louj-a-fait blancs.
De 20 a a3 ans , les 'premières molaires tombent.
De-a3 a 25 ans , les secondes , Iroisièmcs et quaüièine*
molaires tombent.
De 26 a 27 ans , les cinqtiièmes molaires tombent.
De 27 a 3o ans , les sixièmes molaires tombenfe
De 3oa 3t ans , les incisives tombent.
-ocr page 49-
( te )
DES DIFFÉRENTES
RACES DE CHEVAUXv
'■II | iiQ'IBIgMi
L'twfxüejtgb du climat, la variété des paturagey,
la diversité des soins, les différentes maniere?
d'éléver les chevaux, les usages divers auxquels
on les emploie , out produit les différentes races
de chevaux.
Tous les animaux sont susceptibles de dégéné-
rer dans leur propagation, cest-a-dire de perdre
leurs formes, leur taille et leur énergie, et la
conserva.tion de leurs races, surtout a l'égard des
chevaux , a de tout temps été considérée oomme
un objet de haute importance. Malheureusement
dans beaucoup de pays on n'y a pas attaché assez
de prix ; aussi voit-on des races, sinon tout-a-fait
éteintes, du moins tellement dégénérées qu'on
aurait peine a y trouver quelques restes des bel-
les qualités pour lesquelles elles étaient vantées
autrefois.
Nous traiterons des moyens de conserver le«
raees, et de relcver celles qui sont dégénérées,
lorsque nous parlerons des haras. Nous nous bor-
Berons ici a donner la description des différentes
espèees ie chevaux connues.
-ocr page 50-
( ^9 )
CHEVAUX ANCIENS.
Si 1'on consultë les anciens sur la nature et las
qualités des chevaux des différents pays ('), on
trouvera que les chevaux de la Grèce, et surtout
ceux de la Thessalie et de 1'Épire , avaient de la
réputation et étaient très-bons pour 4a guerre ;
que ceux de lAchaïe étaient les plus grands que
Ton connut; que les plus beaux de tous étaient
ceux d'Êgypte , oü il y en avait une très-grande
quantité, et oü Salornon envoyait en acheter a
uu très-haut prix; qu'en Ethiopië les chevaux
réussissaient mal a cause de la trop grande cha-
leur du climat; que 1'Arabic et 1'Afrique foxirnis-
saient les chevaux les 'mieux féiits , et surtout les
plus légers et les plus propres a la tnonture et a la
course; que ceux del'Italie, et surtout delaPouille,
■étaient aussi très-bons ; qu'en Sicile, au Cappadou,
en Syrië , en Armenië , en Médie et en Perse,
il y avait d'excellents chevaux , et recomnianda-
bles par leur vitesse et leur legéreté; que ceux
de Sardaigne et de Corse étaient petits, mais vifs
et courageux; que ceux d'Espagne ressemblaient
a ceux des Parthes, et étaient excelleuts pour la
guerre; qu'il y avait aussi en Transylvanie et en
Valachie des chevaux a tète légere , a. grands
f') Voyei AUkovand . IL'sfaire Nat&relfo éfes Sofa'phlhis..
-ocr page 51-
( 50 )
crins, pendant jusqu'a terre, et a queue touffue;
qui étaient trés-prompts a la course; que les che-
vaux danois étaient bien faits et bon sauteurs;
que ceux de Scandinavië étaient petits, mais
bien moulés et fort agiles; que les chevaux de
ïlandres étaient forts; que les Gaulois fournis-
saient aux Romains de bons chevaux pour la
monture et pour porter des fardaux; que les che-
vaux des Germains étaient mal faits et si mauvais
qu'ils ne s'en servaient pas; que la Suisse en
avait beaucoup et de très-bons pour la guerre
que les chevaux de Hongrie étaient aussi fort
bons; et enfin que les chevaux des Indes étaient
fort petits et trüs-faibles.
CHEVAUX MOOERNES.
CHEVAUX ARxlBES.
Les chevaux arabes ont été de tout temps et
simt encorc les premiers chevaux, tant pour la
beauté que pour la bonté. Ils sont d'une taille
médiocre, plutót maigres que gras. Ils ont Ie»
membres admirables et bien proportionnés ; Ie
corps cependant un peu long. L'encolure est par-
faitement bien rouée et suffisament fournie. La
t.óte n'en est pas exactement belle ; on nc peut
-ocr page 52-
{ 51 )
pas dire qüelle soit carrée , mais les joues en sont
trop larg'es,"et', comme depuis leur terminaison
jüsqu'aüx lèvres elle est trop mince , ce défaut
€st extrèmeroent sensible.
Ces chevaüx sont nerveux, agïles, pleins de
feu et de courage. Ils sautent les fosscs et .les
haies avec beaucoup de légéreló.
Aueun peuple nest aussi attaché a ses chevaüx,
et n'en prend autant de soin, que les Arabes. Ils
les traitent avec douceur, leur parlent et rai-
sonnent avec eux. Ils les considèrent comme
faisant partie de leur ménage , et les logent ave®
cux dans leur tente. Aussi n'est-il point rare de
voir la jument, Ie poulain, Ie mari, la femme
et les enfants couchant tous pêle-mêle los uns
avec les autres.
Les Arabes conservent avec grand soin et de-
puis long-temps les races de leurs chevaüx; ils en
connaissent les générations, les alliances et toute
la généalogie. Lorsqu'une jument a pouliné , on
appelle des térnoins et Ion fait un acte par lequel
on constate Ie jour de la naissance du poulain,
dont on donne la description. Ce billet donne
Ie prix aux clievaux, et on Ie remet a ceux qui les
achètent.
Les Arabes divisont leur clievaux en trois
classes différentes :■ la première , nommée Kekhi-
lan,
est cellc des clievaux de race pure et an-
Cienne des deux cótés; la seconde, que 1'on appelle
5
-ocr page 53-
( 52 )
Hatik, est celle des chevaux de race ancienne,
mais qui se sont mésaliés; la troisième, qui porte
Ie nom de Keudich, se compose des chevaux
communs.
On distingue parmi les chevaux arabes trois
races supérieures. On nomme la première Djelfy,
la seconde Manakryéh, et la troisième Saklaou-
vyéh.
Les autres races principales sont les Sakers,
les Turkmanyéh et les Musmars. Il y a aussi
beaucoup de chevaux sauvag.es en Arabier
Les Djelfys.
La race Djelfy est réputée chez les Arabes d©
Syrië, comme]a première et la plus estimée. Les
chevaux de cette race sont fins et lestes; on les
trouve chez les Arabes qui campent et qui ro-
dent dans les territoires d'Acre , de Nazareth , de
Napoulouze, d'Yaffa, de Ramah, de Jérusalem
et de Ghazah; mais la meillcure source est celle
des Arabes de Ghazah.
Les Manakryéhs*
Les Manakryéhs se trouvent dans les mêmes
environs que les Djelfys. Quelques Arabes méme
les leur preferent, parce qu'ils sont plus forts et
resistent mieux a la fatigue.
Les Saklaoüvyéhs.
Cette race , qui provient d'un étalon Djelfy et
-ocr page 54-
( 53 )
d'une jument Saklaoüvyéh , ou Sakér , ou Turk-
manyéh, est beaucoup moiris estimée que les
deux races précédentcs, quoiqu'elle donne d'ex-
cellents chevaux.
Les Sakers.
Ces chevaux portent Ie nom des Arabes qui
campent aux environs d'Acre et de Galilée. Ils
sont en général ibrts h ons , lestes et vigoureux ,
mais moins déliés que les Djelfys, les Manakryéhs
et les Saklaoüvyéhs.
Les Turkmanyclis.
Ces chevaux tirent leur nom des Arabes Turk-
mans; ils sont beaux et bons, mais sont cepen-
dant moins etimés que les Sakers. On les trouve
du cóté d'Alep. On en amène toutefois quclques-
uns a Damas , Tripoli de Syrië , Acre , Ramah,
Napoulouze et Ghazah.
Les Madeloutnis et les Musinars.
Ces chevaux proviennent d'une jument des
trois premières races et d'un entier Keudich.
Quoiqu'assez bons, ils sont moins estimés que
ceux des races précédentes.
Chevaux sauvages de l'Arübie.
Il y a dans les déserts de 1'Arabie beaucoup
de chevaux sauvages. Ils sont plus petits que les
autres. Ils sont nervcux , légers et maigres; leur
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( 54 )
poil est ordinairement de couleur eendree, qupi-
qu'il y en ait aussi de blancs, Ils ont la crinière
et les crins de la queue fort courts et hénsses.
Les Arabes du désert et les peuples de la Lybie
«n élèvent une quantitc pour la chasse ; ils ne s'en
servent ni pour voyager ni pour combattré.
On cite comme une preuve de 1'attachement
des Arabes pour leurs chevaux , Ie trait suivant:
« UnArabe ne voulutjamais livrer une cavale
qu'il avait vendue pour les haras du roi de France.
Quand il eut mis 1'argent dans un sao-, iljettales
yeux sur son clieval et se mit a pleurer. Sera-il
possible ,
s'écria-t-il, qu'aprèst'avoirélcvódansma
maison, et avoir exigé tant de services de toi, je
te livre en esclavage vhez les Francs pour ta ré~
compense f Non, je n'en ferai rien, ma rnignonne,
Enaclievant de parier ainsi, iljetta 1'argent sur la
table, embrassa sa cavale, et la ramena chez lui. »
CHEVAUX DE PERSE,
Les chèvaux persans sont, après les arabes, les
meilleurs chevaux de 1'Orient. Ils sont commu-
nément de taille médiocre , ont la tête légere,
I'encolure fiae, Ie poitrail étroit, les oreilles bien
faites et bien placées, la croupe belle , Ie poil
raz, les jambes ménues et Ia corne dure ; ils ont
peude cahon, mais la force du tendon y supplée.
Leur docilité, leur courage , leur sobriété et leur
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( 55 )
vigueur doivent les faire regarder comme des
chevaux précieux. Les meilleurs sont élévés dans
les plaines de la Médie , de Persopolis et de
Derbent. On en voit sur les confins de 1'Armenië
et de la Médie , qui sont d'un poil jaune comme
du souffre. Il y a aussi en Perse des clievaux fort
petits, mais qui n'en sont ni moins bons, ni
moins fQrts.
CHEVAUX DE L1NDOSTAN.
Les clievaux qui naissent a Tlndostan sont en
général de petite taille et tres-mauvais. Il y en a
même de si petits que Tavemier rapporte qu'un
jeune prince du Mogol, agé de sept a huit ans ,
en montait un qui n'était pas plus grand qu'un
lévrier. On y transporte des chevaux arabes et
persans pour Ie service des grands du pays.
CHEVAUX DU TONQUW.
Les chevaux du Tonquin sont grands , nerveux
tjt bien faits; ils sont dociles et se laissent dresscr
facilement.
CHEVAUX DES ILES PHILIPPLNES
Les chevaux des iles Philippines proviennent.
de ceux que les Européens y ont transportés. Ils
s'y sont prodigeusement multipliés.
-ocr page 57-
( 56 )
CHEVAUX CH1N0IS.
Les chevaux de la Chine sont faibles, Iaches,
malfaits et petits; ils sont si mauvais qu'on ne
peut pas s'en servir a la guerre. Ceux de Coree
n'ont que trois pieds de haut.
CHEVAUX DU JAPON.
Au Japon les chevaux sont généralement petits;
cependant il s'en trouve quelques-uns d'une assez,
bonne taille. Ce sont ceux qui viennent du pays
des montagnes.
CHEVAUX TARTARES.
La Tartarie indépendante est habitée en grande
partie par des patres, qui viveut du produit de
leurs troupeaux, consistant principalement en
chevaux, qu'ils vendent aux Russes, aux Turcs
et aux Persans. Il y a des propriétaires qui ont
jusqu'a mille chevaux, qu'ils envoyent sous la
garde de quelques hommes a cheval dans les dé-
serts, pour y chercher leur nourriture.
Les chevaux tartares sont en général d'une
taille médiocre. Ils out I'encolure longue , la tête
petite , les membres fournis , la corne dure el
étroite. Quelques-uns sont trop haut morjtés. 13$
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( 57 )
sont forts, vigoureux , fiers, ardents et légers;
ils courent d'une extreme vitesse 5 sont capabies
du plus grand travail et de la plus longue absti-
nence. Ils marchent pendant deux ou trois jours
sans s'arrêter et sans prendre dautre nourriture
qu'un peu d'herbe, et restent vingt-quatre heures
sans boire.
CHEVAUX SAUVAGES
VV MILIEU BE l'a.JIE.
Les chevaux sauvages du milieu de TAsie pro-
viennent des chevaux tartares qui se sont échap-
pés. Ils sont communement plus petits , mais ont
la tête plus grosse que les chevaux domestiques.
Leurs yeux sont vif's et pleins de feu ; leurs oreilles
longues et pointues , et quelquefois rabattues sur
Ie cóté-, leur crinière est épaiss©, et descend au-
dela du garrot, leur poil est long et ondoyant.
Ils ont les jambes trop longues en proportien de
leur corps. Ils marchent toujours entroupes, sous
la conduite d'un cheval chef. Lorsque celui-ci
commence a devenir moins fort et moins actif, il
arrive souvent qu'un autre cheval sort des rangs,
attaque Ie vieux chef, qui garde son commande-
ment s'iln'est pas vaincu; mais qui, s'ilestbattu,
rentre avec honte dans lc gros de la troupe , et
oède Ie commandement au cheval victorieux.
Ces chevaux sauvages parcourent les déserts
-ocr page 59-
( 58 )
arrosés de ruisseaux , et pendant 1'hiver ils cher-
chent leur nourriture sur les sommets des mon-
•tagnes dont les vents ont emportc la neige. Ils se
défendent vaillammant contre les bètes fcroces ,
en se placant en cercle pourrecevoirl'aggresseur
par d'efficaces ruades.
On les attrappe en les entourant et en les en-
veloppant avec des cordes enlacées. Dans les en-
rirons de la mer Caspienne on se sert pour les
prendre d'oiseaux de proie, dressés pour cette
chasse. On les aocoutume a saisir 1'animal par la
tête et par Ie cou; Ie cheval se debat et se fatigue
saus pouvoir faire lacher prise a 1'oiseau.
CHEVAÜX RÜSSES.
La Russie est si grande et les races de chevaux
y sont tellement varïées, qu'il serait difficile de
bien les détailler.
Les chevaux des diflerent.es contrées de Ia Rus-
sie tiennent beaucoup de ceux des pajs qui Jes
avoisineiit. C'est ainsi que les chevaux de Ia partie
du temtoire russe , qui appartenait autrefois ala
Pologne, sont de race polonaise ; ceux des bords
de la mer Llanche et de la mer Glaciale sont de
la race des Lapons; ceux de la Siberië et de la
Tartan e russe ressemblent aux chevaux tartares,
d'oü ils proviennent en partie.
(hi distingue parmi les chevaux russes ceux
-ocr page 60-
( 59 )
des cosaques du Don, ceux de la petite Tartarie,
et les chevaux sauvages des steps, ou déserts
d'Asie et d'Europe.
Qievaux des cosaques du Don.
Les ohevaux des cosaques du Don sont petits,
mais solidement constrxiits.. Ils ont la criniére
longue et touffue. Ils supportent facilement la
fatigue et les privalions; ils se couchent dans la
neige , qu'ils écartentavec Ie pied de devantpour
chercher et manger 1'herbe qu'elle recouvre. Ils
sont d'une vitesse extreme, et portent en courant
Ie nez au vent.
Chevaux de la petite Tartarie.
Les habitans de la petite Tartarie ont unerace
d'excellents petits chevaux , dont ils font tant de
cas qu'ils ne les vendent jamais a des étrangers.
Chevaux sauvages de la Russie d'Asie.
Le nom tartare de Tarpan, que Ion donne en
Siberië et dans toute la Russie asiatique aux che-
vaux sauvages , fait croire que ces chevaux pro-
vienncnt de ceux qui habitent les deserts de la
Tartarie. Il y en a sur les rives du Harni, mais
on en trouve en plus grand nombre vers les bords
de 1'Irtich et du Tobol. Les cosaques du Jaik les
poursiiivent a la chasse, pour en manger la cliair
qu'ils trouvent excellente. Ces chevaux sont si 1c-
-ocr page 61-
( 60 )
gers; qu'ils se dérobent souvent aux flèches des
plus habiles chasseurs. Ils vivent en troupes , et
lorsqu'ils rencontrent des chevaux privcs , ils les
environnent et les forcent a prendre la fuite.
Chevaux sauvayes de la Russie d'Europe.
Lors de 1'expédition du czar Pierre Ier contre la
ville d'Azof, on avait envoyé les cheTaux de 1'ar-
xnce au paturage , mais on ne put jamais venir a
bout de les rattraper tous. Ceux qui resterent en
liberté sont devenu sauvages et ont peuplé Ie dé-
sert qui se trouve entre Ie Don et 1'Ukraine.
chevaux
DE HONGRIE ET DE TRANSILVANIE,
Les chevaux hongrois et transilvains sont bons,
sobres , et durs a la fatigue ; mais ils sont rare-
mentbeaux. Ils ont ordinairement la tête carrée,
les flancs creux, Ie corps long et dépourvu de
chair, et les naseaux étroits et peuouverts, aussi
les hussards les leurs fendent-ils pour leur faci-
li^er la respiration.
CHEVAUX POLONAIS.
Lea véritables chevaux polonais sont très-beaux;
ils ont la tête légere, la croupe bien faite et la
queue bien piacée. On leur reproche de porter Ie
-ocr page 62-
( 61 )
nez au vent. Ils sont sobres et soutiennent bieu
la fatigue ; ils ont beaucoup de souplesse , ce qui
les rend très-propres a toutes les manoeuvres de
cavalerie ; aussi sont-ils recherches pour les re-
montes de cavalerie légere.
La Pologne ayant beaucoup souffert depuis
quelques anntes par diflërentes guerres , Ie soin
des haras y a été négligé, ce qui fait que les beaux
chevaux y sont très-rares.
CHEVAUX DE SUÈDE.
Les principales races de chevaux suédois se
trouvent dans Ie Nordland et la Finlande.
Chevaux du Nordland.
Les chevaux nordlandais, a 1'est du pays, ont
tout au plus quatre pieds et demi de hauteur.
Ceux de Nordland occidental ont la tète épaisse ,
les yeux gros , les oreilles petii.es , Ie cou fort
court, Ie poitrail large , Ie jarret étroit, Ie corps
long, mais gros ; les reins courts, la partie supé-
rieure de la jambe longue , 1'inférieure courtfe ,
Ie bas de la jambe sans poil, les pieds petits , la
corne dure , la queue grosse et les crins bien
fournis. Ils sont d'un caractere doux et facile ; ils
grimpent facilement lesmontagnescscarpées. Oh
en aincne beaucoup a Stockholm.
-ocr page 63-
( m )
Chevaute de la Finlande.
Lorsque les neiges sont fondues on chassc les ehe-
vaux de Finlande dansles forêts, oiiils se réunissent
. et se partagent en différentes tróupes. Lorsqu'un
cheval a choisi unc troxipc, il né s'e:i sépare plus.
Chaque troupe prend uu cantoa différent de la
forét pour sa pature et n empiète jamais sur celui
des autres ; a Tapproohe de» 1'hiver chacun rentre
dans son écurie. Ces chevaux sont petits, maïs
bons et vifs ; ils sont gros et gras larsqu'ils revien-
nent de Ia forèt, mais 1'exercice presque conti-,
nuel qu'ou leur fait faire pendant 1'liiver, et Ie
peu de nourriture qu'on leur donne , leur fait
bientót perdre eet embonpoint.
CHEVAUX DE LA LAPONIE.
Comme les Lapons ne fontusage de leurs che-
vaux que pendant 1'hiver, parce qu'cn été ils
font leurs transports par eau, ils dounent dès
Ie commencement du mois de mai la liberté a
leurs chevaux , qui se réunissent dans les forêts ,
vivent en troupes et changent de canton lorsque
la pature leur mauque. Ouand la saison devient
très-rude , ils quittent la forêt et chacun revient
a son logis. Si pendant 1'été Ie niaitre a besoin
d'un cheval, il va Ie chercher; 1'animal se laisse
preudre, et lorsque son ouvrage est. fait, il va
rejoindre ses camarades.
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( 63 >
i GHEVAUX BE NORWÈGE.
Les chetatix de Norwège sont très-petits , mais
bien proportionncs. Ils out m pied extrêmemerit
sur , marchcnt avcc précaution dans les sentiers
dés moiitagnes evscarpées, et lorsqu'iïs descendent
i:n■ierrain roide et uni ', 'ils ste laissent glisser en
mettant les pieds de derrière sous Ie ventrc. Ils
se défendent contre les ours , et les font souvent
pcrir sous leurs coups en les frappant avec les
pieds de devant; car , lorsqu'ils se servent des
jambes de derriére , l-'ours leur saute sur Ie dos
et les serre si fortement qu'il vient a bout de les
ótouffer.
CHEVAÜX DISLANDE.
En Islande les chevaux sont do petitp taille ,
comme dans tous les poys du Nord. 11 y en a même
de si petits qu'ils ne peuvent servir de mouture
qu'a des enfants, Ils sont endureis au climat,
sont vigoureux et soutionuciit des fatigues in-
cro.yables. Al'approche de rhirerleur poiUlevient
long et épais. Ils sont en si grande quautité dans
eette ile , que les bergers gardent leurs troupoaux
a cheval. Leur nombi e n est point l\ charge, car
on marquo ceux dont on ne se sert poiut et on
-ocr page 65-
( 64 )
les mène dans les montagnes, et, lorsqu'on en a
besoin, on va les prendre en leur tendant des
cordes.
CHEVAUX ANGLAIS.
Le cheval anglais 1'emporte sur tous les autres
chevaux de 1'Europe pour la vitesse , la vivacité,
la force des membres, et la légéreté avec laquelle
il franchit les haies et les fossés. Il est vigoureux,
a beaucoup d'haleine , et il est capable de la plus
grande fatigue , excellant pour la chasse et pour
la course ; mais n'a aucune liberté dans les épau-
Ies , nul lient dans les reins, dont le cavalier sent
a ciiaque temps de trot toute Ia dureté.
Les chevaux anglais proviennent en grande
partie d'arabes, de barbes et de turcs. Les pre-
miers tiennent de leurs pères la tête et les joues,
les seconds la téte busquée, et les derniers la force
des iiernbres. Leur taille est plus élévée que celle
Ls chevaux auxquels ils doivent leur première
existence. Ils ont les jambes grêles , leurs oreilles
sont longues mais bien placées ; on les leur cou-
pait autrefois. On leur coupe encore une partie
de la queue , qu'ils portent haute naturellement.
Cet usage est très-ancien en Angletcrre, puis-
qu'on en trouve des traces dès 1'an 747.
Cc que les Anglais estiment et recherchent le
plus dans un cheval, c'est la célérité et la vitesse.
-ocr page 66-
( 65 )
Le cheval de la plus vilaine figure e^t 1'animal
qui est porté au plus haut prix dès qu'il a gagné
une course ou deux.
Les Anglais tiennent des registres des ancêtres
de leurs chevaux de race , et lorsque 1'on en
vend un on en remet la généalogie a 1'acheteur.
On tire les meilleurs chevaux anglais du comté
d'York. On en trouve aussi de forts hons dans les
eomtés de Devon , Lincoln et Leicester.
CHEVAUX ÉCOSSAIS.
Lc climat et le sol de 1'Ecosse ne sont pas favo-
rables aux chevaux. On tire pourtant des iles de
Schetland, qui se trouvent au nord de 1'Écosse ,
une excellente espèce de petits chevaux, connus
généralement sous le iiom de poneis; ils sont
d'une force et d'une agilité singulieres. On en
voit beauooup a Londres et dans les environs.
CHEVAUX D'IRXANDE.
Il y a quelques bons chevaux en Irlande, mais
ils y sont très-rares.
CHEVAUX DES PAYS-BAS.
Les chevaux du royaume des Pays-Bas, et sur-
tout ceux des provinces septentrionales, sont sn
i
-ocr page 67-
( 66 )
général plus grands et plus massifs que ceux des
autres contrées de 1'Europe.
Depuis un grand nombre d'années la race des
ehevaux avait été négligée dans les provinces
méridionalcs. On commence cepéndant a profiter
des avantages qu'offre Ie pays, oü les prairies
sont' excellentes, pour élever des chevaux, et
1'on cherche surtout d'en améliorer les races.
L'étahlissement des étalons a Tervueren nous
fait espérer une bonne race de chevaux fins. Les
soins que prennent les états de province de sur-
vciller les ctalons , destinés a la monte dans les
campagnes, nous promettent une bonne race de
chevaux de carosse , de labour et de cavalerie.
Les primes accordées par les régences de plusieurs
villes aux propriétaires, qui amènent les plus
beaux chevaux aux marchés, encourageht les
cultivateurs. Il faut espérer quavec des soins on
parviendra a rendre aux chevaux de cette partie
du royaume la réputation dont ils jouissaient
autrefois.
On lit dans Butkens(') que sous les arclüducs
Albert et Isabelle les chevaux du Brabant étaienl
si fort estimés qu'on en envoya a Sa Majesté Im-
périale et a plusieurs potentats d'Allemagne. ainsi
qu'aux rois dEspagne Philippe III et Philippe IV,
et que sous 1'infante Isabelle on en a donné au
duc d'Orléaas , qui les a menés en France
(') 'Supplément aux Trophées du Brabant.
-ocr page 68-
L* avant - mam.
Z'Ars.............. . . . /^
ZaChcUeiqru^.........Zo
Le/irencU:...........24
Ze Canon............22
LeJVerZ..............23
LeJicuZet............2i
ZeZarw/i............25
Z^Paiuron...........Z6
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LeSaiot............Z8
Zes Quarüers.........Zp
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Zj&Mntre............35
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Les TirripèS;............•£■
Zes /Molières...........3
La^Cajiache'..........4
Zes Lèures...........3
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Ze boiit-a[iL-/u*_......./
Z&Mentojv...........S
JjO<I$ar7>c<. .,.........g
LJ'Mcolure..........-io
Ze Crm ou la Órvruère. //
Za' Toupet?...........iZ
Ze dooier...........13
Ze Garot...........-/ƒ
ZesL/Janles.........13
LeZbitnul..........J6
ZesGnzde>...........7%
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Le Grasset:............./,/
Les Cuissès...........A
ZjeyJarref.............M
Z*a Cfutttiffrie.........M
ZapouiZe duJarrel... .44
.37
.3$
..4°
-ocr page 69-
i M )
Il a diffcrentes races de chevaux dans les Paysr
Bas. On en élève surtout dans la Frise , lajGuelr
dre , la Flandre , Ie Brabant, Ie Hageland , et les
Ardennes.
Chevaux de Frise. ,                   ,
Stil
Les chevaux de Frise sont les meüleurs et les
plus beaux chevaux'de carosse du r'oy'aume des
Pays-Bas. On y re.conha.it la race espagnole, dont
ils provicnnent en partie ; leur ïbrmc s'est-b'ëau-
coup amcliprée depuis. ime trentaine d'années.
Autrefois ils avaient les rcins faibles, les cótes
trop arrondies , et presque pas de ventre ; mam-
tenant ils sont plus ramassés,et leur cótes sont
mieux proportionnées. lis sont beaux et de grande
taille; leur encoïure est-majestueus©, épaisse et
charnue; leur crinière longue et to'uffue , leur
queue belle et bien foimxie. Ils ont heaUcpup de
poilaux jambes; leurspieds engcncral sont plats';
ils ont Ie pas relevé et la démarche fiere; ils sont
d'un caractère docile. Lesnoirs sönt ordinairement
les plus recherches.
G'est dans la Frise que Ton élève et dresse les
chevaux connus sous Ie nom de harddravers {fort-
trotteurs),
dont on faitiant de cas dans la Hollande.
Le galop leur est tout-a-fait iriterdit. On s'en sert
surtout pour le cabriolet,,êt (pendant 1'hiver, pour
ietraineau. On leur coupe Ia queue asse/. prés du
6
-ocr page 70-
Wf
w
^^S&
-ocr page 71-
( 68 )
corps. Leur valeur est en proportion de lavitesse
de leur trot.
Chevaux de Gueldre.
Il y a de si beaux chevaux dans la Gueldre que
les marchands francais viennent en acheter tous
les ans une grande quantité, qu'ils font passer
pour des chevaux normands.
Les cultivateurs des bords du Rhin , et surtout
ceux du pays de Berg, de Juliers et de Clèves,
qui font un grand commerce en chevaux , achè-
tent beaucoup de poulains en Gueldre pour les
élever chez eux.
Chevaux de Flandre.
Les chevaux de Flandre sont forts, massifs et
d'une taille énorme. Ils ont la tête grosse, les
pieds plats , les jambes sujettes aux eaux. On en
élève Ie plus aux environs de Furnes. Les Anglais
en achètent beaucoup pour les employer aux tra-
vaux de 1'agriculture, mais surtout pour les atteler
aux grosses voitures de transport. En 1828 on en
a exportó par Ie port d'Ostende au-dela de dix-
neuf cents.
Chevaux de Brabant.
Les chevaux des environs d'Anvers, Bruxelles,
Louvain, et ceux de la Campine, sont dassez
-ocr page 72-
( 69 )
forte taille. Ils sont en général trop haut chaussés,
ont la cóte platte, la tête pés&nte et la vue grasse.
, Ils sont propres a la fatigue, au trait et au la-
bour. Depuis quelques années la race s'améliore
sensiblement.
Chevaux du Hageland.
Il y a aux environs de Tirlemont une espèce
de chevaux, connus sous Ie nom de Hagelanders.
Ils sont petits, mais durs a la fatigue; ils trottent
assez bien. On pourrait les rendre très-propres a
la monture , en s'attachant a corriger dans leur
race 1'excès de la ganache et du fanon , la pésan-
teur de 1'avant-main, et la disproportion des
extrémités trop grèles avec Ie corsage trop étoffé.
Chevaux des Ardennes.
Les chevaux des Ardennes sont d'une taille
médiocre , ont la tête grosse, 1'encolure courte,
les jambes sècbes et solides. Ils sont sobres , s'ac-
coutument a toutes sortes de fourrages , et sup-
portent facilement la fatigue et les privations. Les
chevaux ardennais ont soutenu mieux que tous
les antres la campagne des armées francaises en
Russie; aussi les recherche-t-on en France pour
la remonte de la cavalerie légere.
CHEVAUX DU HANOVRE.
Leur beauté provient de ce que leur race a été
-ocr page 73-
( 70 )
croisée avec 1'anglaise, dont ils tiennent beaucoup,
ayant comme eux la taille élévée, 1'oreille longue
et la jambe grèle.
CIIEVAÜX DANOIS.
La plupart des chevaux danois ont Tencolure
épaisse, les épaules grosses, lesreins un peu longs
et bas , la crbupe trop étroite pour 1'épaisseur du
devant. Il y en a cependant qui sont parfaitement
ïnoulés, de belle taille et bien étoffés. Les meil-
leurs provierinent du Jutland , de la Scanie et de
File de Séeland. Ils ont de la légèreté , de beaux
mouvements , du courage et de la force. Ils sont
excellents sauteurs. On en trouve de toutes sortes
de poils , tels que pie , tigre , porcelaine , etc.
CHEVAUX DU HOLSTEIN.
Les chevaux nourris dans les paturages gras du
Holstein, sont ordinairement mous et sans vi-
gueur; ceux élevés dans les paturages secs ont
beaucoup plus de ressources, et ont souvent aussi
une figure plus distinguée ; cependant ils ont
quelquefois la cuisse longue et peu fournie, et
1'encolure courte.
CHEVAUX DU MECKLEMBOURG.
Le Mecldembourg doit sa principale richesse
au commerce de chevaux. Il y a plusieurs haras
-ocr page 74-
( 71 )
conséquents, parmi lesquels on distingue celui
du comte de Plesse, qui, avec des étalons de
choix , s'est créé une race de chevaux de grand
prix et généralement très-recherchóe.
CHEVAUX DE PRÜSSE.
La Prusse fournit d'excellents chevaux; les
meilleurs sortent des haras de Neustad. Ceux que
1'on trouve dans Ie pays de Berg et de Juliers,
proyiennent en partie de chevaux de Gueldre.
CHEVAUX ALLEMANDS.
Les chevaux allemands proviennent de chevaux
turcs, barbes et espagnols ; aussi en participent-
ils du cóté de la figure. On leur repro chö d'avoir
peu d'haleine. C'est vers la Forêt-Noire qu'on
trouve les meilleurs.
CHEVAUX DE FRANCE.
Les chevaux francais ont tellement dégénéré
dcpuis quelques années que la France est mam-
tenant tributaire des autres pays pour la remonte
de sa cavalerie. Elle possède pourtant encore quel-
ques bonnes races. Les principales se trouvent en
Normandie, au Limousin, en Bretagne, au Poitou,
au Boulenois , en Franchecomté , en Bourgogne ,
en Auvergne , en Navan'6 , etc\
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( 72 )
Chevaux normands.
Les chevaux de Normandie sont d'une belle
figure, bien étoffés et bien culottés. On y rencontre
des attelages superbes. La plaine de Caen est re-
nommée pour ses chevaux de trait. Aux environs
de Co se trouvelarace cotentine, qui estcelle qui
a Ie moins dégénéré, et qui a Ie mieux conservé
sa beauté primitive.
Chevaux Hmousins.
Les chevaux limousins tiennent beaucoup des
chevaux barbes. Ils sont lents dans leur accrois-
sement et ne sont dans leur force qu'a 1'age de
huit ans; aussi doit-on les ménager jusqu'a cette
époque. Ils sont excellents pour Ia monture, et
surtout pour la chasse; ils ont les formes élégantes,
de 1'agilité , de la souplesse , de la grace et de la
noblesse dans les mouvements. Leur physionomie
est animée d'un regard vif; les muscles de leur
face sont d'une extreme mobilité. La race en dimi-
nue sensiblement, et il est très-diflicile de trouver
un vrai cheval limousin.
Chevaux bretons.
On se sert Ie plus communément du cheval
breton pour Ie trait. La brièveté de son corps,
son encolure courte et épaisse, sa tête lourde , sa
croupe avalée et trop haute, ses épaules chargées
de chairs Ie rendent peu propre a la selle.
-ocr page 76-
( 73 )
Chevaux poitevins.
Les chevaux du Poitou ne sont nx beaux, ni
bien faits, mais üs ont de bonnes jambes et de la
force. Ony trouve d'excellents bidets, qui soutien-
nent très-bien la fatigue.
Chevaux du Boulenois.
Le Boulenois fournit de grands et forts che-
vaux , propres aux attelages des grosses voitures
de transport.
Chevaux de la Franchecomté.
On trouve d'excellents chevaux de voiture en
Franchecomté.
Chevaux hourguignons.
On tire de la Bourgogne de bons chevaux de
cavalerie et d'excellents bidets. C'est surtout dans
le Morvant que se trouvent les meilleurs.
Chevaux auvergnats.
L'Auvergne fournit une espèce de petits che-
vaux dont on fait de bons bidets.
Chevaux de la Navarre.
Les chevaux de la Navarre sont vifs, fins et
beaux ; excellente pour la monture.
-ocr page 77-
( 74 )
CHEVAUX D'ESPAGNE.
, On regarde Ie cheval d'Espagne comme Ie pre-
mier de tous les chevaux pour Ie manége, a cause
de sohagilité, ses ressorts et sa cadencenaturelle;
pour la guerre , par sa docilité et son courage ;
pour la parade, a cause de sa fierté , sa noblesse
et sa grace. On lui reproche d'avoir trop de mé-
moire, parcequ'il s'en sert pour manier de soi-
même ét prévenir la volonté de son cavalier. Les
principales races se trouvent dans l'-Andalousie ,
la Murcie , 1'Estramadure et Ie Cordouan.
Chevaux de VArtdalousie.
Les chevaux andalous sont les meilleurs de tous
les chevaux d'Espagne. Ils sont épais, bien étoffés,
assez bas de terre. Ils ont la tête un peu grosse ,
souvent trop longue , et quelquefois moutonnée ;
les yeuxpleins de feu; les oreilles d'une longueur,
dont la difformité serait plus sensible si elles n'é-
taientaussi bien placées; 1'encolure longue, forte
et chargée de crins; les épaules épaisses et trop
serrées; lepoitrail large; les jambes belles et sans
poils; lenerfbiendétaché; Ie paturon parfois un
peu long; Ie pied allongé; Ie talon trop haut; les
reins assez souvent un peu bas ; quelquefois trop
de ventre; la croupe ronde et large ; la queue
longue et bien garnie de poil.
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( 75 )
Chevaux de Murcie et de l'Estramadure.
La Murcie et 1'Estrainadure fournissent beau-
coup de chevaux, qui ressemblent pour les for-
mes et les qualités aux chevaux de lAndalousie.
Chevaux du Cordouan.
Le Cordouan fournit une espèce de chevaux
montagnards de petite taille, qui ont 1 encolure
épaisse, le corps court, les membres bien fournis,
les pieds beaux et solides. Ils sont infatiguables et
excellents pour la cavalerie légere.
CHEVAUX NAPOLITAINS.
On ne trouve presque plus de véritables che-
vaux napolitains. On les distingue a 1'épaisseur de
leur encolure , qui est trop considérable pour la
hauteur de leur taille ; a la coupe de la tète , qui
est naturellement busquée et d'un volume consi-
dérable.
CHEVAUX DITAITE.
Les chevaux d'Italie étaient autrefois plus beaux
qu'ils ne le sont aujourd'hui, parce que depuis un
certain temps on y a négligé les haras. Cependant il
s'y trouve encore de beaux chevaux, surtout pour
les attelages. Ils sont indociles et par conséquent
dfficiles a dresser. Ils sont distingués par la richcsse
de leur taille , par leur fierté et par la beauté de
leurs mouvemcnts.
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( 76 )
CHEVAUX DE LA POLÉSINE («).
Les chevaux polésinais sont de la plus grande
beauté; 1'encolure en est superbe , la tête parfai-
tement bien attachée et de la plus belle coupe ,
Ie garot admirable, les épaules et toutes les par-
ties de leur corps exactement proportionnées, la
taille tres élevée ; mais presque tous ont les yeux
petits, la cóte légèrement serrée; les mouvements
ensontnaturellementaussi libres et aussi souples
que ceux du cheval d'Espagne Ie mieux exercé.
CHEVAUX TURCS.
Les chevaux turcs proviennent de chevaux
arabes, persans et tartares. Ils sont beaux, fins,
nerveux et pleins de feu. Ils sont sobres et de
longuehaleine. Ils ont 1'encolure eflilée, Ie corps
long, lesjambesmenuesetexcellentes, Ie poil ras
et la peau si fine qu'ils ne peuvent pour Ia plu-
part soutenir Ie frottement de 1'étrille; aussi se
contente-t-on de les bouchonner et de les laver.
CHEVAUX DES ILES DE L ARCHIPEL.
Il y a de fort bons chevaux dans toutes les iles
de 1'Archipel. Ceux de ï'ile de Crète , maintenam
ile de Candie , étaient en grande réputation chez
(') La Polésine est située entre 1'Adige, lePó et la mer
Adriatique.
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( 77 )
les anciens pour 1'agilité et la vitesse. Les beaux
chevaux de ces iles sont de race arabe.
CHEVAUX BARBES.
Les chevaux barbes sont en général de petite
taille. Ils ontl'encolure longue, fine, peu chargée
de erin et bien sortie du garrot; la tête belle ,
petite et souvent busquée; 1'oreille bien faite et
bien placée ; Ie garrot mince et bien relevé; les
fiancs et les cótes ronds, sans trop de ventre ; les
hanches bien effacées; la croupe quelquefois un
peu longue ; la queue placée très-haut; les cuisses
hien formées; les jambes belles , bien faites et
sans poil; Ie nerf bien détaché ; Ie pied bien fait,
mais souvent Ie paturon haut. Ils se distinguent
par leur vitesse et leur légèreté , mais sont froids
et négligents dans leurs allures. On donne assez
géncralement Ie nom de barbes a tous les chevaux
d'Afrique. Les meilleurs se trouvent aux royau-
mes de Fez et de Maroc.
Chevaux du royaume de Fez.
Les meilleurs chevaux du royaume de Fez
naissent dans la province dAzgar, les montagues
de Buchines, de Benscimerassen, de Mazetezze
et Ie désert de Goree.
Chevaux du royaume de Maroc.
La province d'Hea, dépendante du royaume
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( 78 )
de Maroc, ainsi que les montagnes d'Edvocal et
de Meuser, fournissent une excellente race de
chevaux; ils sont petits, mais légers et nerveux.
CHEVAUX D'ÉGYPTE.
Les chevaux d'Egypte ont conservé la beauté
et la taille des chevaux arabes, dont ils descendent.
Ils ont des bonnes jambes, ne s'abbattent jamais,
ont ungrand pas, et ungalop sirapide que quel-
ques-uns d'entre eux dévancent les autruches a
la course.
chevaux
DU CAP DE BONNE-ESPÉRANCE.
On voit quelquefois au cap de Bonne-Espérance
des troupeaux de chevaux sauvages, mais on ne
les prend pas parce qu'on préféré ceux qu'on y a
transportés d'autres pays.
CHEVAUX DU CONGO.
On trouve au Congo beaucoup de chevaux
sauvages.
CHEVAUX
DE LA COTE-D'OR ET DE GUINEE.
Les chevaux de la Cóte-d'Or et de Guinee sont
extrêmement petits et mauvais; ils portent la tête
et Ie cou fort bas. Leur marche est si chancelante
-ocr page 82-
( 79 )
quon les croit toujours prèts a tomber. Us sont
de plus très-indociles et difficiles a dresser. Ils
servent de nourriture auxNègres, qui en ahnent
beaucoup la chair.
CHEVAUX DU SENEGAL.
On trouve au Senegal, et surtout sur les bords
de la rivière de Gambie , des chevaux provenant
de race arabe.
CHEVAUX 1) AMÉRIQUE.
Avant Tinvasion des Européens au nouveau
continent, les chevaux y étaient absolument in-
connus. Les premiers y ont été introduits par les
Espagnols, qui en transportèrent un grand nombre
tant pour leur service que pour en propager
1'espèce. Ils en lachèrent sur Ie continent et dans
plusieursiles, oü ils se sont multiplies comme les
autres animaux sauvages; mais ils y ont extrème-
mentdégénéré, et ne ressemblentplusauxchevaux
espagnols, quoiqu'ils proviennenl de cette race. Ils
en ont conservé les longues oreilles et 1'encolure;
leur tète est grosse et leurs jambes sont épaisses.
Chevaux de l'Amérique espagnole.
On trouve dans lAmérique espagnole beaucoup
de chevaux sauvages qui s'y sont multiplies. Us
sont plus forts, plus légers et plus nerveux que la
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( 80 )
plupart des chevaux domestiques; leur démarche,
leur course, leurs bonds nc sont ni gênés, ni
mesurés.
Chevaux de Virginie.
Les chevaux sauvages de Virginie habitent les
bois. Ils sont si farouches qu'il est presqu'impossi-
ble de les aborder, et ordinairement si revèches
qu'il est très-difficile de les dompter.
Chevaux de l'ile St.-Domingue.
On voit a l'ile St.-Domingue des chevaux sau-
vages de taille moyenne et bien proportionnée.
On les prend avec des pièges et des noeuds cou-
lants; mais la plupart des chevaux pris ainsi
restent ombrageux.
Chevaux du Chili.
Le petit nombre de chevaux qu'on a transporté
d'Europe au Chili s'y est fort multiplié, malgré
les Indiens qui en mangent beaucoup , et qui les
menagent si peu qu'il en meurt une quantité par
exces de fatigue.
Chevaux du Paraguay.
Les chevaux des bords de la rivière de la Plata,
petits et mal faits, ressemblent de derrière a une
vache. Ils sont du reste bons pour la monture, et
courent très-vite.
-ocr page 84-
( 81 )
Azara rapporte que les chevaux retournés a
1'état sauvage au sud de la Plata y parcourent les
plaines en troupes de huit a dix mille. Ges troupes,
précédées d'éclaireurs, marchent en colonne ser-
rée que rien ne peut rompre. Si quelque cara-
vane d'habitans, ou quelque gros de cavalerie ,
est apercu , les plus anciens ou les plus agiles
de l'avant-grarde vont en reconnaissance et re-
viennent au galop rendre compte de ce qu'ils ont
vu. Si rien ne peut faire naitre des craintes, la
colonne arrive en bondissant, hennit, se joue
au tour des voyageurs, invite par tous les moyens
qui sont en son pouvoir les chevaux domestiques
de la caravane a la desertion. Il arrive souvent
qui leurs manoeuvres réussissent. Les transfuges
s'incorporent aussitót, imitant leurs nouveaux
camarades autant qu'ils Ie peuvent. Après avoir
épuisé tous les moyens de séduction, la colonne
opère sa retraite en bon ordre, a moins qu'on ne
la dissipe a coups de fusil.
Il est a remarquer qu'a une aussi grande dis-
tance, et après une domesticité de plusieurs siècles,
on trouvedansles chevaux sauvages de 1'Amérique
les mêmes moeurs et habitudes que dans les che-
vaux de 1'Asie. Mais pouvait-il en être autrement?
Les habitudes et les moeurs des animaux sont-
elles autre chose que la conséquence nécessaire
de leur organisation ? Si la domesticité ou toute
autre cause viennent a les altérer, dès que 1'in-
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( 83 )
fiuence étrangère cesse, la nature reprend ses
droits. Ce qu'on regarde comme ün prodige, dans
Ie retour du cheval sauvage de 1'Amérique a la
facon de vivre du cheval sauvage de la Scythie ,
arrive chaque jour dans tdutes les espéces- qui,
rendues a la liberté, se débarrassent, comme leur
devenant inutile, de tout ce que nous leur hvons
appris.
Quant aux chevaux domestiques de 1'Amérlque,
on ne peut en donner une description parce qu'on
y trouve des descendahts de beaucoup de races
différentés:. C'estainsi qu'on voit aux colonies ayant
appartenués ou appartenarit encore aux Francais,
des chevaux de' race limousine et normande, et
dans les pays sous la domination de 1'Angleterre,
et ayant étó occupes roomentanement par ses
troupes , des chevaux oü Ton reconnait les belles
qualités de la race anglaise.
•o@ ■»©«•$©.
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( 83 )
TRAITS DE L'HISTOIRE ANCIEÏïSiE
RELATIFS AUX CHEVAUX,
ET ESTIME QU'EK FA1SAIENT LES PREMIERS PEUPLES.
LesLacédémoniens, ayant défait les Athéniens
en Sicile , retournèrent yictorieusement dans la
ville de Syracuse: pour insulter a leurs ennemis,
ils firent tondre les chevaux des vaincus, et les
menèrent ainsi en triomphe.
Diodorerapporteque, de son temps, il y avait
en Sicile un homme qui depensait jusqu'a cent
talents pour traiter magnifiquement ses cheyaux,
et pour leur faire élever des tombeaux superbes.
Le fameux athlète' Miltiade fit enterrer avec
beaucoup de magnificence trois de ses cavales.
On voyait dansAthèues des cavales de bronze,
représentant au naturel celles de Cimon , nis de
Miltiade. On leur avait érigé des statues , parce
qu'elles remportèrent trois fois la victoire aux
jeux olympiques.
Un certain Philonicus , de Thessalie , amena a
Philippe , roi de Macédoine , un superbe cheval,
nommé Bucépbale , parce qu'il avait la téte d'un
boeuf, et qu'il voulait vendre treize talents. Le
7
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( 84 )
roi, avec ses courtisans et ses écuyers , desccndit
sur la grande place de sa capitale pour Ie faire
essayer. Mais ce cheval parut très-rétif et très-
fougueux, au point que les écuyers décïarè-
rent qu'il était impossible de Ie dompter. Alors
Alexandre , qui sortait a peine de 1'adolescence ,
s'écria: « Quel cheval ils rebutent, parce qu'ils
» sont incapables d'en faire usage , faute de har-
» diesse et d'expérience! » Philippe 1'cntendant
parier de la sorte, lui dit: « Jeune homme , tu
)> reprends tes anciens, comme si tu les surpassais
» én science , et qu'il te fut possible de mieux te
» servir de ce cheval. — Oui, saus doute, seigneur,
» répondit Ie jeune prince, je parviendrais mieux
» qu'eux a Ie dompter. — Eh! que paieras-tu
;) pour ta folie présomption, si tu ne peux remplir
» ta promesse ? — Je paierai Ie prix du cheval, »
rópliqua Alexandre. Cette réponse ayant excité
un murmure d'applaudissement, Philippe s'enga-
gea a donner les treize talents, si son fils avait
plus d'habileté que les vieux écuyers, qui n'avaient
pu dompter Bucéphale. Alors Alexandre s'ap-
procha du cheval indompté, saisit la bride , et
lui tourna la tête vers Ie soleil, parce qu'il s'était
appercn que Ie fougueux animal s'effarouchait de
son ombre qu'il voyait devant lui. Pendant qu'il
Ie vit souffler encore de colère et s'agiter avec
violence, il Ie caressa de la main et de la voix;
ensuite prenant adroitement son temps, il laissa
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( 85 )
tomber son manteau a terre; et s'élancant légere-
ment, il sauta dessus avec adresse. Il lui tint
d'abord la bride haute, sans Ie frapper ni Ie tour-
menter.Quand ilconnut que safongue étaitcalmée
et qu'il ne demandait qu'a courir, il lacha la main,
et Ie poussa a toute bride, en lui appuyant les
talons , et en lui parlant d'une voix Un peu rude.
Philippe et toute sa cour furent d'abord dans des
transes mortelles, et gardaient un profond silence,
dans la crainte que lc jeune prince ne fit une
chute dangereuse; mais quand, après avoir fourni
sa carrière , ils Ie virent revenir la tète haute , et
enchanté d'avoir reduit ce fier cheval, qui avait
paru indomptable, tous les courtisans se mirent
a 1'applaudir avec transport. Philippe en pleura
de joie; et quand Ie jeune prince fut deseendu de
cheval, il lui dit, en lui pressant la tète contre
son sein: « Omon fils! eherche un royaume plus
digne de toi, car la Macédoine est trop petite. »
Cc propos flatteur ne serait-il pas une des causes
qui auraient engagé Alexandre a porter ses armes
dans la Perse ? Ainsi un cbeTal aurait occasionné
la conquête de TAfrique , de 1'Asie et des Indes.
Lorsque Bucéphale était pare du harnais royal,
il ne souffrait point d'autre cavalier qu'Alexandre;
en toute autre occasion, chacun pouvait Ie monter.
On admira surtout son ardcur a servir son maitre
a 1'attaque de Thèbes. Quoique blessé;, il ne per-
mitpas qu'Alexandre passat sur un aiitre cheval.
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( 86 )
Une infinité de traits de cette espèce lui mérita
ï'attachement de son auguste maitre.
Quelques historiens ont assuré qu'il fut percé
de coups a la bataille livrce par Alexandre a
Porus, et qu'il mourut des suites de ses blessures
peu de temps après; mais d'autres ont écrit qu'il
mourut de veillesse et de fatigue, car il avait alors
trente ans.
Alexandre fut très-amigó de cette perte, et
déclara hautement qu'il n'avait pas moins perdu
qu'un ami fidele et affectionné. Il lui fit faire des
funérailles magnifiques, et les honora de sa pré-
sence. Afin de perpétuer la mémoire de ce
valeureux coursier , il lui fit élever un tombeau,
et on construisit tout autour , prés de 1'Hydaspe ,
une ville qu'il nomma Bucépbalie.
Ce fameux conquérant voulut encore que Bucé-
phale eutdes statues dans la Grèce, faites par les
meilleurs statuaires.
Jules-César prenait Ie plus grand soin de son
cheval, qui était né dans sa maison, et que lui
seul avait pu dompter. Il Ie fit représenter au-
devant du temple de Vénus.
Auguste éleva un tombeau a son cheval, et
Germanicus fit des vers a ce sujet.
Dans Agrigente, les tombeaux d'un grand nom-
bre de coursiers étaient ornés de pyramides.
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( 87 )
. Galigula aimait passionnément son cheval, nom-
Incitatus. Il lui fit construire une écurie de
marbre et une crèche d ïvuire.Illui donna descou-
vertures de pourpre et un collier de perles, et il lui
attacha une foule d'esclaves et d'officiers. 11 pla^ait
des soldats pour faire faire silence dansles environs
et empêclier que Ie sommeil de son cher cheval
ne fut troublé. Cet heureux cheval mangeait a la
table du maitre de 1'uriivers. L'empereur lui-même
lui présentait du vin dans une coupe d'or , oü il
avait bu Ie premier. Il Ie nomma ministre et fit
porter les faisceaux devant lui.
Le 'célèbre Linguet a fait 1'éloge de ce cheval
fameux. Nous allons donner ici cette pièce telle
qu'elle a paru dans les annales de ce savant
éciivain:
« Je m'extasie surtout quand je vois , en par»
courant 1'histoire, le discernement que tant de rois
et d'empereurs ont montré dans le choix de leurs
ministres. Lorsquejeréfléohis combien le nombre
des sots et des fripons a toujours été supérieur a
celui des honnètes gens , et que je vois écarter
ceux-la pour prendre prócisément ce qu'il y a de
mieux dans ceux-ei, alors j'avoue que je me sens
saisi d'étonnement et de respect; et sans fronder
lepays et le siècle qui m'ont vu naitre, j'envie le
bonheur de ceux qui ont vécu dans ces temps
for tunes.
» C'est surtout, quoiqu'en aient dit ses détrac-
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( 88 )
teurs, sous Ie règne Saturnien de 1'empereur
Caligulaquej'aurais désiré de vivre; de ce prince
judicieux, qui sut si bien déterrer Ie mérite obscur,
que sans s'arrêter au rang, a la naissance, ou
jnême a l'espece , il éleva son cheval a la dignité
de sécrétaire d'état. C'cst de ce rare personnage
que je me propose de faire 1'éloge : heureux si je
peux enlever a 1'obscuritó un nom qui en a été
trop long-temps la victime !
» Ce ministre avait sans doute des amis; mais
il était trop grand pour n'avoir pas des ennemis
aussi. Lesmauvais plaisants du parti de l'opposition
de ce tempsJa portèrent leur audace au point de
compromettre 1'empereur lui-même dans Ie choix
qu'il avait fait dun animal si utile et si digne de
porter avec lui Ie fardeau de 1'univers. Heureuse-
ment tout a son terme , mème Ie préjugé, et j'ai
lieu de croire que Ie siècle présent rendra a mon
horos la justice qu'il n'a pu obtenir de son vivant,
» Je ne pardonne pas aux historiens, qui s'ap-
pésantissent si souvent sur les faits les plus minur
tieux, d'avoir passé sous silence sa familie , sa nais-
sance et son éducation. Je serais surtout curieux
desavoirs'il était cheval de carrosse, ou de char-
rette, ou de chasse, ou de manége. Plusieurs
auteurs ont prétendu qu'il était Ie plus mauvais
cheval de 1'écurie , fondant leur assertion sur un
axiómepolitique, qui dit que, dans un gouverne-
ment dont Ia corruption est la base, ce sont les plus
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( 89 )
chétifs sujets qui parviennent aux plus grandes
places. Sans daigner réfuter une maxime aussi
absurde que républicaine, je me hate de rapporter
une anecdote qui prouvera clairemént que eet
illustre personnage n'e dut son élévation qu'a sori
seul merite , et qui jettera en même temps quel-
ques éclaircissements sur son premier état. Il en
résultera évidemment qu'il était cheval de selle.
» Caligula Ie montait un jour , en traversant
une campagne , et il faut avouer que ce bon
prince avait une maniere particuliere de se tenir a
cheval. Aussi les courtisans ne manquèrent-ils pas
de lui protester que sa Majesté était Ie meilleur
écuyer de 1'empire. Quelle main! quelles graces!
quel a-plomb !
» L'honnête cheval, indignc de ces fades adu-
lations , se détermina a faire connaitre a 1'empe-
reur la vile canaille qui 1'entourait. Il prit surJe-
champ uu parti Yigoureus, fit une ruade, et jeta
sonmaitre danslabovie. Le prince, moins ctourdi
de sa chute que frappe d'una lecon aussi nouvelle,
persuadé que son cheval réunisait en lui seul toute
la probité et 1'honneur de la cour, ne balanca pas,
de ce moment, a lélever aux premières dignités
de 1'état.
» Un changement si subit n'influa point sur son
caractère; ildemeuratoujoursle mème. lln'avait
point les airs insolents qui caractérisent les par-
venus; on aurait dit qu'il était la seule personne
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( 90 )
a la cour qui ne sentait pas sa supériorité. Il
n'employa jamais de petites ruses pour captiyer
1'attention et la cpnfiance de son maitre; il ne
chercha point a lui rendre ses sujets suspects, ni
a 1'engager a. fermer 1'oreüle a leurs plaintes et a
leurs justes demandes. Il n'eut pas la sotte ambi-
tion de vouloir s'approprier tous les grands em-
plois, quoique par ses talents et son mérite, il
eüt Ie droit d'y prétendre, avec plus de raison
que la plupart de ses successeurs.
» Elevé aux plus hautes dignités , la modestie,
qui 1'accompagna toujours, lui défendit de faire
valeter les, paüïciens dans son anti-chambre , ou
de les charger des plus viles besognes; modestie
incroyable ! surtout dans ces circonstances : car la
noblesse romaine était alors si avilie , que , pour
peu que Ie cheyal-ministre en eut paru flatté, les
premières maisons se seraient disputé 1'honneur
de promener 1'étrille sur son auguste corps. Le
premier emploi de I'état aurait été celui de yider
son écurie,
» Comme il ne flattai personne, et qu'il dédai-
gnait la flatterie, il se garda bien d'avilir les pen'
sions, en les accordant a la troupe vénale des
rimailleurs et des panégyristes : il avait trop de
jugement pour ne pas sentir le ridicule d'une si
sotte vanité,
» Content du juste produit de sa charge , et
parfaitement desinteresse pour lui-mème, il ne
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( 91 )
Tctait pas moins a 1'égard de sa familie; il ne
songea jamais a 1'enrichir, quoique probablement
jamais ministre n'ait eu des parents dont l'état
eut pu mieux justifier ses bienfaits. Il ne les tira
pas de la charrette ou de la charrue, pour désho-
norersa patrie dans les cours étrangères, ou pour
la dépouiller chez elle.
» Sa sobriété était si grande, que lorsqu'il avait
Ie ventre plein, il ne demandait jamais davantage,
Quel exemple de modération! quelle lecon pour
les géns en place ! 11 y a plus , son maitre , scan-
dalisé de son excessive simplicité, lui fit une
fois servir de 1'avoine dorée. L'histoire observe
que Ie modeste et desinteresse Incitatus rejeta
ce mets éblouissant: il fallut que son palfrenier
retou^nat lui chercher sa ration accoutumée , et
dans la forme ordinaire. Quel est celui de ses
confrères qui aurait été a 1'épreuve d'un pareil
picotin ?
» L'histoire , qui a garde Ie silence sur sa
familie , nous laisse encore ignorer si ce grand
ministre était cheval entier ou non. On pourait
cependant se décider pour la négative. En effet,
il na jamais été fait mention de ses amours. Il
aurait été plus difficile a un cheval en place qu'a
tout autre , d'imposer silence a ses passions sur
eet article , qui a été de tout temps, comme on
sait, lefaible des grands hommes, et mème celui
des petits. Quoi qu'il en soit, il est constant qu'il
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( 92 )
n'enrichit point ses maitresses, puisqu'on n'cn a
point parlé.
» Il est difficile ÜPehtrèr dans des détails sur
une personne dont la vie est si peu connue; mais
si les historiens n'ont rien dit de ses vertus , Ie
silence qu'ils ont observé a 1'égard de ses vices
est une preuve , non équivoque , qu'il en était
exempt; car les vices de ceux qui éprouvent une
éléyation subite ne s'oublient jamais. L'acharne-
ment de la calomnie , qui n'a pas cessé de pour-
suivre sa mémoirc , lui a toujours reproche son
ignorance et sa bêtise; mais qu'on Ie jugc par
comparaison, et c'est la seule Faoon de jager •
qu'on songe que vivant uuiquement de foin et
d'avoine , il n'en a jamais voló; qu'il a étó mème
Ie seul ministre qui se soit contenté d'une nourri-
ture frugale; que l'on fasse attention surtout a
l'innocence et a la simplicité de ses moeurs , et
on lui rendra enfin cette justice que la vertu
opprimée doit toujours attendre de 1'équitable
postérité. »
■afl»8»tc»i
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( 93 )
DES ALLURES.
Le mot allure, littéralement parlant, signifie
maniere d'avancer. Jusqu'a nos jours, on avait
cru le cheval destiné uniquement a parcourir la
surface du globe ; il était reserve a notre siècle
de le condamner a vivre dans les entrailles de la
terre (') et a traverser 1'air d'une maniere rapide,
L'aéronaute Green a fait le 29 juillet 1828 une
ascension équestre. 11 s'est ólevé de la plaine du
du jeu de paume de la traverne de 1'Aigle , City-
road , a Londres , monté sur un poni anglais de
trois pieds de haut.
Ce joli petit animal , décoré de rubans bleus ,
fut introduit par un domestique dans le circle
dont il fit le tour, et ne parut aucunement inti-
midé des acclamations dont il fit accueilli. Vers
les septheures du soir, M. Green monta le oheval
suspendu au ballon, et donna lordre de couper
les cordes. Le poni, nullement accoutumé a voya-
(f) Dans plusieurs mines , et surtout dans les houil-
lières du pays de Liège , on se sert de chevaux , qu'on y
fait descendre et qui y restent jusqu'a leur mort. On cite
le trait d'un excellent cheval , qui , indigné sans doute
d'être reduit a vivre sous terre , a constamment refusé da
travailler. Rendu a la lumière, il a repris ses anciens tra-
vtiiux avec courage.
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( 94 )
ger d'une maniere aussi nouvelle se debattit au
point de faire craindre pour son cavalier; mais
peu a peu il devint tranquille, et Ie courageux
aéronaute est descendu dans Ie comté de Kent,
a. une grande distance de Londres,
Les chevaux étaient loin de s'attendre a devoir
partager les dangers des voyages aériens ; ils con-
sidéraient au contraire l'invention des ballons
comme propres a les soulager dans leurs travaux.
C'est ce qui leur fit adresser aux premiers aéro-
nautes 1'épitre suivante.
ÉPITRE des CHEVAUX, MÜLETS et ANES,
AUX INVEWTEURS DES BAIIONS.
Nous soussignés , chevaux anglais ,
Chevaux échappés d'Arabie,
Chevaux natifs de Normandie,
Chevaux de poste et de relais ,
Chevaux de bonne compagnie,
Entiers ou non , noirs , blancs ou bais ;
Item, nous race abatardie ,
Entêtés et graves mulets
Du Poitou , de 1'Adalousie ;
Item, nous roussins d'Arcadie ,
Vulgairement nommés baudets ,
Par ces présentes authentiques
Proclamons nos libérateurs
Tous les ingénieux auteurs
Des globes aérostatiques,
Ils avaient ( disons-Ie tout net )
Le cceur doublé d'un co;ur de chène
Et méritaient bien le gibet
Ceux qui rencontrant dans Ia plaine
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( 95 )
De bons et paisibles chevaux,
Par surprise s'en emparèrent
Pour les charger de leurs travaux ,
Et les premiers les attelèrent.
Oh , pbysieiens généreux !
Vovis dont Ie nouvel equipage
Tend a finir notre esclavage,
A' VÖ'us nous adressons nos voeux.
Nous animerons comme il faut
Les chevaux de la renommée ,
Et vos noms s'en vont au plutót
Volcr de cohtrée en contrée ;
On les saura dans 1'univers ,
Depuis Paris jusqu'au Bengale,.
Et Rossinante et Bucéphale
Vous béniront dans les enfers.
Pour compatir k notre peine
Pouvait-on mieux imaginer ?
Et depuis que 1'espèee humaine
Par nous se fait ici mener,
N'est-il pas bien temps qu'clle mène ?
Que Ie diable emporte a jamais
Carosses et cabriolets ,
Coches , voitures journalières ,
Fiacres , charrettes , haquets ;
Pour remplacer tous ces objets
Il ne faut que des montgolfières.
Pour avancer bien promptement
Rien n'est tel qu'un ballon sphérique
Qui, gonflé successivement,
Monte majestueusement,
Et dans sa course pacifïque
Peut descendre a commandement.
Quant a nous, avec nos compagnes,
Nous irons ener libremcnt
Dans les plaiues, sur les montagnes ,
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Et retrouver, en bondissant,
La liberté que les campagnes
Nous offraient au monde naissant.
Après avoir donné quelques détails d'une ma-
niere toute nouvelle de faire parcourir en peu de
temps un grand espace a un cheval, nous allons
maintenant nous occuper de ses allures propre-
ment dites.
On juge des allures d'un cheval par 1'attitude
des jambes , la position du pied , et la régularite
des mouvements.
Les chevaux ont deux sortes d'allures , savoir :
les allures naturelles et les allures artificiellcs.
Les allures naturelles sont celles qui provien-
nent purement de la nature , sans avoir été per-
fectionnées par 1'art.
Les allures artificielles, qu'on nomme aussi airs,
sont celles qu'un habile écuyer sait donner aux
chevaux qu'il dresse, pour les former dans les
différents mouvements dont ils sont capables.
DES ALLURES NATURELLES.
Les allures naturelles sont de deux sortes : les
allures parfaites et les allures défectueuses.
Les allures naturelles parfaites sont Ie pas, Ie
trot et Ie galop.
Les allures naturelles défectueuses proviennent
d'une nature faible ou ruinée. Elles sont 1'amble,
1'entrepas ou traquenard , et 1'aubin.
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Du pas.
Le pas est l'action la plus lente. la moins clevée
et la plus douce de toutes les allures d'un cheval.
On doit considérer dans le mouvement des
jambes a l'action du pas , le lever, le soutien, le
poser et 1'appui. Le lever est 1'instant oü le pied
se détache de terre , le soutien est le temps qu'il
reste en 1'air, Ie poser le moment qu'il se remet
a terre , et 1'appui le temps qu'il y demeure fixé;
mais le lever et le poser fuyant avec trop de rapi-
dité pour être commensurables , on peut reduire
l'action entière aux deux temps qui résultent du
soutien et de 1'appui.
Le pas, pour être estimé, doit être allongé,
noble , soutenu , et bien cadencé.
Le pas est allongé lorsque le terrein qu'embrasse
le cheval dans le déplacement de ses jambes est
considérable. Le compas formé par les jambes de
devant ne doit point être trop ouvert; car 1'animal
se rapetisserait et perdrait de sa noblesse et de
son soutien.
Le pas doit être cadencé , paice que chaque
battue, en se faisant entendre a des distances
égales, forme une suite de sons égaux. Par cette
égalité on ju ge que les membres sont bien d'accord
entre eux pour la force et la mobilité. Une cadencé
hardic est préférable a celle qui résultera d'un
pied posé mollement. Tout cheval qui marche
mollement dénote de lafaiblesse ou de la paresse.
Au pas, dêsqu'une jambe de devantfaitentendre
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sa foulée en se posant a terre, Ia jambe de derrière
ducóté opposé doit immédiatement après faire
eritendre la sienne, 1'autre jambe de devant
effcctue ensuite sa battue , et celle-ci est suivie
de la battue de la seconde jambe de derriére ; de
sorte qu'il y a quatre mouvements dans Ie pas:
Ie premier est celui de la jambe droite de devant,
qui est suivie de la jambe gauche de derrière, qui
fait Ie second mouvement; Ie troisième est celui
de la jambe gauche de devant, qui est également
suivie de la jambe droite de derrière , faisant Ie
quatrième mouvement, et ainsi alternativement.
De tout ceci il s'ensuit que Ie cheval, cheminant
au pas, estporté: 1° par la jambe droite de devant
et par la jambe droite de derrière , pendant un
quart de temps que chaque jambe met a com-
pleter son action , ou , ce qui revient au même ,
son appui et son soutien pris ensemble ; 2° dans
Ie second quart de temps, par la jambe postérieure
de gauche et par la jambe droite de devant, ces
deux jambes se répondantdiagonalement; 3° dans
Ie troisième quart de temps , par la jambe droite
de devant qui arrive a terre, et par la jambe droite
de derrière qui est prête a la quitter; 4° enfin,
dans Ie quatrième quart de temps , par la jambe
droite de derrière qui se pose sur Ie sol, et par
la jambe gauche de devant qui y est encore. Ainsi
s'achève et se termine 1'action du pas, pendant
laquelle on entend une, deux, trois, quatre
battues, espacées également.