-ocr page 1-
INTRODUCTION.                HJ
quelque sorte de r�gulateur dans l'am�lio-
ration de nos races de chevaux, auxquelles
il ne manque que d'�tre crois�es avec intelli-
gence , pour �galer avec le temps les plus
fameuses de l'Angleterre.
En travaillant � cette branche importante
de «l'�conomie rurale , nous sommes si
�loign�s de la pr�tention de vouloir �tendre
la sph�re des connaissances acquises , que
nous chercherons au contraire � en r�duire
le cadre , pour le mettre � la port�e de
tout le monde, et particuli�rement de cette
utile et industrieuse portion de L'esp�ce
humaine, dont toute la fortun� souvent
consiste dans la possession d'une seule ju-
ment poulini�re.
Si cet �crit, dans son entier, n'a pas tout
le m�rite d'une composition, il aura au
moins celui de ne produire que le r�sultat
d'observations d'autours avantageusement
connus, et surtout celle d'un homme c�l�-
bre qui nous fournit des lumi�res sur le
parti que nous pouvons tirer des chevaux
-ocr page 2-
MANUEL
ES HARAS.
-ocr page 3-
-ocr page 4-
■* ? JOJZ.,
�L
MANUEL
DES HARAS,
o u
SYST�ME DE R�G-�N�RATIOIST
DES RACES DE CHEVAUX,
Applicable � toutes les parties de l'Empire
Fran�ais ; � l'usage de ceux qui , par go�t
ou par sp�culation , se livrent � l'�l�ve des
Chevaux.
Suivi de la mani�re de purger les Chevaux � l'anglaise.
P Ar Pic,h a r d ,
Professeur d'�rjuilation , aii�ic/n^feUve des Grandes
�curies de Versailles,Iiispecte\u}':d\llaras imp�rial
duPia/l
»�f L'IMPRIMERIE DE CHATIES.
A PARIS,
Chc� DelAcock, Libraire, rue J..-J-'Rousseau, n9. i/j.
l8t2.
-ocr page 5-
NOTE
DE L'�DITEUR.
Jdien qu'on ait d�j� publi� un
grand nombre d'ouvrages sur les
moyens d'am�liorer et propager les
races de chevaux fran�ais ; comme
il semble que dans les livres qui ont
paru derni�rement � ce sujet, ceux
qui les ont faits n'offrent que des
citations d'auteurs de beaucoup de
-ocr page 6-
ij         note de l'�diteur.
r�putation � la v�rit� , mais qui
n'ont pas saisi bien positivement le
point de vue sous lequel l'am�liora-
tion des races pouvait �tre envisag�e,
et que leurs ouvrages , quoique rem-
plis d'une multitude de choses excel-
lentes , pr�sentent dans l'ex�cution
tant de difficult�s qu'il n'y aurait
peut-�tre qu'eux m�mes qui pour-
raient les mettre � ex�cution , avec
un laps de temps plus consid�ra-
ble que la vie de l'homme ; il �tait
� d�sirer que quelqu'un se charge�t,
sans les constituer en frais , de faire
conna�tre aux habitans des campa-
gnes , qui sont en possession des
-ocr page 7-
HT 0 T E DE l'� D I T E 0 Jt.          i�j
meilleures jumens poulini�res , ce
qu'il/ aurait � faire pour en perfec-
tionner l'esp�ce , et c'est ce que nous
avons cru remarquer dans l'�crit que
nous offrons au public , o� l'auteur
s'est born� au d�veloppement d'un
mode si facile � ex�cuter, qu'il n'est
pas un seul propri�taire � qui il ne
puisse �tre utile , tant pour la pro-
pagation et l'am�lioration des races
de chevaux, que pour leur conser-
vation.
Or, comme son ouvrage ne ren-
ferme que ce qu'il faudrait que tout
le monde s�t sur cette branche im-
portante de l'�conomie rurale, nous
-ocr page 8-
]r            NOTE D» L EDITEUR.
ne pouvons que le recommander,
sans chercher � faire l'analyse d'un
�crit qui est lui-m�me une analyse
de la science d'am�liorer et de con-
server une esp�ce aussi int�ressante
que celle du cheval.
>***%%%****
-ocr page 9-
IV                    INTRODUCTION.
de l'Arabie, en m�me temps qu'il nous
fait sentir les inconv�nicns qu'il y aurait
� vouloir naturaliser en France des races
dont les m�les seuls peuvent nous faire
aller de pair avec les nations qui ont port�
l'�l�ve des chevaux au. plus haut degr� de
perfection.
Nous esp�rons faire voir �galement, en
ce qui concerne les haras, que la m�thode
I tx les Anglais suivent depuis plus d'un
si�cle avec une constance garante des suc-
c�s qu'ils ont si justement obtenus, nous
est parfaitement applicable dans tout ce qui
concerne l'am�lioration et la conservation
de l'utile cr�ature dont nous avons � entre-
tenir le lecteur.
]Srouvel �cho de ce qui a �t� dit jusqu'�
ce jour, nous ne r�p�terons que ce qu'il
est important que les personnes qui, par
«musement ou par sp�culation se livrent �
ce genre d'industrie, doivent savoir pour
�lever et propager une esp�ce aussi int�-
ressante que celle du cheval.
-ocr page 10-
INTRODUCTION.                      Y
Ce que nous dirons sur la monte, qui
n'est difficile que par l'attention qu'on doit
apporter � saisir Lieu positivement les
rapports de conformation qui existent na-
turellement entre le m�le et la femelle , se
r�duira � fort peu de chose, parce que c'est
une �tude � faire qui ne s'apprend pas sur
le papier. Nous ferons seulement conna�tre
la marche � suivre dans ce premier acte de
la r�produfctioB de l'esp�ce.
.La gestation etraccQiicccmt-iii, datant
de monde a parl� , sont des effets si �atu-
'relg et si simples , que nous nous conten-
terons d'indiquer ce qu'il y aurait � faire
dans le cas o� il arriverait quelqu'accident
a la naissance du poulain.
]Je sevrage, qui nous occupera ensuite,
�tant, comme on sait, relatif � l'�ge , � la
force , comme � l'�tat de la m�re et au sol
sur lequel le poulain aura pris naissance,
est livr� � l'intelligence du propri�taire qui
doit tout prendre en consid�ration s'il veut
que son �l�ve tourne � bien.
-ocr page 11-
Y)                    INTRODUCTION.
L'article relatif � l'adolescence du cheval,
que nous traduirons de l'anglais, peut, en
grande partie, s'appliquer � toutes les di-
visions de l'Empire fran�ais, dans lesquelles
on se livre � l'�l�ve des clieyau s, avec des
modifications bas�es sur les localit�s et les
diff�rentes races de chevaux pe nous vou-
drons propager.
Nous parlerons assez longuement de la
ferrure, parce que nous sommes persuad�s
que la conservation du cheval et sa dur�e
d�pendent essentiellement du soin qu'on
prend de ses pieds, dont le mauvais �tat
occasionne la perte de ses jambes et le
met en peu de temps hors de service.
Nous ne pourrons gu�re nous dispenser
de dire un mot sur les s�tons et la queue
C�Up�� � l'anglaise , � cause de l'abus qu'on
en fait quelquefois , puisque le s�ton mis
mal � propos , d�figurant le cheval sans
toujours le gu�rir, lui�te encore une partie
de sa valeur dans le commerce , et que la
-ocr page 12-
ISTRODSCTIOS-               VI}
queue coup�e � l'anglaise prive l'animal
qui la porte de son plus bel ornement, en
lui d�robant un moyen de d�fense qui lui
est si n�cessaire dans un pays o�, comme
en France , il y a beaucoup de moucbes.
Cette op�ration, qui ne peut �tre que rela-
tive au pays et a l'usage qu'on fait des cite-
vaux, devrait �tre aa moins proscrite poul-
ies �talons de races fran�aises.
Nous signalerons le cornage comme une
maladie funeste qui, par l'extension qu'elle
prend , menace , si l'on n'y prend garde »
d'empoisonner ta France enti�re , quant 1
serait facile, non-seulement d'en arr�ter
les progr�s , mais encore de la faire cesser
enti�rement.
Quoique tout le monde connaisse parfai-
tement une �curie , 'et en quoi consiste le
pansement journalier du cheval , nous
croyons devoir en dire quelque chose ,
pour donner rid�e d'un mode uniforme
pour tous les haras et d�p�ts d'�talons de
l'Empire,
-ocr page 13-
V�ij              INTRODUCTION.
Ce que disent les Anglais au sujet de
l'exercice proprement dit , nous a paru
utile � traduire , afin de faire juger jusqu'�
quel point il est n�cessaire � entretenir la
sant� des chevaux, et � pr�venir les ma-
ladies auxquelles ils sont sujets : il nous
fournit en outre des inductions pour con-
na�tre , par l'�tat du sang ^u cheval, si la
saign�e lui est n�cessaire, et dans quel cas
elle pourrait lui �tre contraire.
En faisant un article touchant l'exercice
des �talons , nous �mettrons une opinion
sur ce que nous croyons le plus propre � les
maintenir dans un �tat de sant� qui, en les
conservant, les rende encore plus prolifi-
ques. Si du reste il ne renferme rien qui
ne soit hien connu , il sera au moins con-
forme aux principes dont il est toujours
dangereux de s'�carter.
Ce qui concernera les hunters, ou che-
vaux de chasse d'Angleterre, aura moins
de rapport � cet exercice qu'� la ressem-
-ocr page 14-
INTRODUCTION.                  IX
blance qu'ont les chevaux de celte cat�-
gorie , avec ceux que nous devrions choisir
pour propager leur esp�ce , et nous ne
doutons pas que si l'on suivait, aux appro-
ches de la monte, la m�me marche que
pour mettre les chevaux en �tat de chasser,
nous ne les disposions � faire de meilleurs
poulains et en plus grand nombre que par
la routine qui nous guide aujourd'hui dans
les haras. Au reste , comme beaucoup de
choses de cet article pourront s'appliquer
aux animaux consacr�s � la reproduction ,
on pourra, si l'on veut, le consulter quel-
quefois.
La marche � suivre � l'�gard des road-
horses
ou bidets , pourra seulement regarder
les particuliers voyageant � cheval, qui
d�sireront maintenir leur monture en bon
�tat, et si nous en parlons c'est qu'elle
semble entrer dans notre plan qui tend �
faire conna�tre tout ce qui est relatif � la
bonne cr�ature dont nous voulons occuper
le lecteur.
-ocr page 15-
i                    IBTIOl'OCTIO N.
Ce que nous dirons sur les courses de
chevaux se r�duira � fort peu de chose ,
attendu que nous ne sommes pas encore assez
�clair�s sur un genre d'exercice qui tue plus
de bons chevaux qu'il n'en met en �vidence.
Nous pensons qu'avant de singer les An-
glais � cet �gard , il faut (pie nous d�butions
par o� ils ont d� commencer, et que nous
parcourions successivementtoutes les phases
qui les ont amen� � faire , sur la vitesse de
leurs chevaux , des tours de force qu'il se-
rait dangeretix d'imiter, et auxquels peu
de particuliers qui, par sp�culation, se
livrent � l'�l�ve des chevaux , voudraient se
pr�ter. Il para�t d'ailleurs que les Anglais
ne s'y sont hasard�s que lorsque l'am�lio-
ration de leurs coursiers , �-peu-pr�s ache-
v�e , leur a fait entrevoir un degr� qu'il
est presqu'impossibled'atteindre, puisqu'ils
n'ont encore eu qu'un seul cheval qui 1 ait
franchi.
La description que nous ferons du cheval
de course d'Angleterre , nous mettra �
-ocr page 16-
INTRODUCTION.                   4]
port�e de juger si c'est bien dans les ani-
maux d'une pareille conformation que nous
devons chercher des types d'am�lioration
pour nos races de chevaux fran�ais.
Bien que la beaut� du clieval soit pure-
ment relative , nous ferons aussi conna�tre
l'opinion des Anglais � son sujet , pour
qu'on voye si elle est en tout conforme �
la n�tre , et si nous ne pourrions pas en
faire l'application dans le choix et le clas-
sement de nos �talons.
La mani�re de faire l'acquisition d'un
cheval, �tant le mobile de la prosp�rit� des
haras , par la tr�s-grande influence qu'a le
m�le de cette esp�ce dans l'acte de la re-
production , et que chacun a sa mani�re de
l'examiner et de le juger ; nous pensons
qu'il n'y a aucune esp�ce d'inconv�nient �
faire conna�tre-la n�tre , pour fournir un
objet de comparaison qui puisse servir � la
recherche d'un moyen encore plus s�r que
celui que nous employons : nous croyons?
-ocr page 17-
�ij                  INTRODUCTIO S.
en m�me-temps, qu'on en pourra tirer des
inductions sur le danger de conserver en-
tiers des chevaux qui peuvent empoisonner
les meilleures races, en leur communiquant
des vices h�r�ditaires que rien ne peut ef-
facer ou compense;-.
Nous avions pens� � d�signer minutieu-
sement les tares et les risques auxquels elles
nous exposent dans les animaux consacr�s
� la reproduction 3 mais comme ce �ue nous
en dirions n'apprendrait pas encore � les
bien conna�tre , nous croyons que c'est �
celui qui se consacre � l'�l�ve des chevaux
� en faire une �tude particuli�re pour se
garantir de leur f�cheuse influence sur la
d�t�rioration des races les plus estim�es.
L'article que nous ferons sur les haras
forestiers ou sauvages, aura pour objet de
faire remarquer qu'en �tendant � peu de
frais nos ressources, nous pourrions utiliser,
d'une mani�re extr�mement profitable , de
grandes forets et de vastes enclos plant�s en
-ocr page 18-
U'ISODDCTIOS               Xiij
bois, qui ne nous servent, pour ainsi dire
a rien, et que , sous les rapports d'amu-
sement , nous trouverions peut-�tre autant
de plaisir � ce genre de chasse qu'� celle
que nous faisons aux cerfs et aux daims
pour les tuer.
L'�ge du. cheval sera une copie litt�rale
de ce qu'en dit M. Lafosse, dans son ou-
vrage auquel on sera dispens� d'avoir re-
cours, si l'on n'a � le consulter que pour cela.
Ce q,� constitue le clxeval devant �tre
familier � celui qui le poss�de ou se livre
� son �ducation , nous donnerons , d'apr�s
le m�me auteur, la nomenclature de toutes
les parties de son corps , pour le mettre �
port�e de rem�dier ou de parer aux accideus
auxquels ces parties sont sujettes.
Nous terminerons enfin par la mani�re
de tenir le cheval en bonne sant�, ou de
reconna�tre s'il est malade. Nous croyons
devoir y ajouter , d'apr�s M. Taplin , la
-ocr page 19-
XIV                 INTRODUCTION
recette de pillules ou-bols pectorales et
diur�tiques , avec celle des meilleurs pur-
gatifs usit�s eu Angleterre , non pas que
nous les croyons positivement pr�f�rables
aux m�dicamens qu'on emploie dans nos
�coles v�t�rinaires , mais seulement pour
qu'on puisse les comparer , et mettre les
partisans du r�gime anglais � m�me de s'en
servir sans danger pour leurs chevaux.
Si nous ne disons rien de la m�thode de
traiter en Angleterre toutes sortes de mala-
dies , c'est qu'il nous faudrait traduire un
assez gros volume de l'ouvrage de M. Ta-
pliu , qu'on peut avec confiance consulter
dans l'original ; comme on trouvera tou; ce
que l'on voudra savoir sur le m�me objet
dans la mati�re m�dicale du savant M. La^
fosse,
!^y * » ■>. m. ^*- w
-ocr page 20-
MANUEL
DES HARAS.
CHAPITRE PREMIER.
Sur l'Origine des races de Chevaux.
Il serait peut-�tre aussi difficile de retrou-
ver l'origine des premiers chevaux que celle
des premiers hommes, et de dire com-
ment ils se sont r�pandus sur la surface du
globe. Que l'auteur de la nature ait eu un
point central et unique de cr�ation des
�tres, ou qu'il les ait plac�s , comme les
V�g�taux et les min�raux, dans les diverses
parties du monde habitable , nous devons
-ocr page 21-
I 6                            MANUEL
nous apercevoir que le climat ou la temp�-
rature ont eu, sur la cr�ation , une telle
influence que chaque esp�ce porte un ca-
ract�re et une physionomie locale qui la
distingue et la fait reconna�tre partout.
Il n'est donc pas �tonnant que dans l'es-
p�ce du cheval , les chevaux arabes ne
ressemblent pas plus aux chevaux nor-
mands et limousins, que les chevaux an-
glais ne ressemblent aux chevaux tartares,
ou m�me aux chevaux fran�ais, quoiqu'il
n'y ait qu'un bras de mer qui s�pare la
France de l'Angleterre. La m�me diff�-
rence peut se remarquer tant dans les hom-
mes que dans la transplantation des v�g�-
taux, qui � la longue prennent la saveur et
la teinte des lieux o� ils se trouvent plac�s.
Il est cependant � observer que les �tres
qui, par des combinaisons politiques , de
convenance d'int�r�ts ou de caprice , ont
�t� crois�s, tant�t par le besoin, tant�t par-
la fantaisie , souvent par l'ignorance, tels
-ocr page 22-
DES EAE A S.                       17
que les hommes, les chevaux, les chiens,
pr�sentent des nuances infiniment plus va-
necs que les esp�ces qui sont demeur�es
dans l'�tat de pure nature, et dont les ac-
couplement se sont toujours faits par ins-
tinct.
la raison nous porte � croire crue comme
a nature , livr�e � elle-m�me , n'a rien
«H d'imparfait ou de d�fectueux, les es-
paces, en principe, �taient toutes bonnes,
Puisque celles des b�tes , qu'on appelle
sauvages , montrent moins de d�fectuosit�s
que les animaux rang�s dans la domesti-
cit� de l'homme, qui ont �t� assuj�tis �
ses caprices. C'est donc en voulant changer
ces m�mes esp�ces, comme par exemple
dans celle du cheval, lorsqu'on a cherch�
a vouloir fajrc dcs chevaux de selle dans
des lieux qui ne Spnt propres qu'� l'�l�ve
des chevaux de trait, ou des chevaux car-
rossiers, i� o� les chevaux de selle seuls
peuvent r�ussir,; comme aussi en accou-
plant ensemble ces deux classes, dont les.
'i *
-ocr page 23-
J
18                          MANUEL
disparit�s frappantes ont produit la d�t�rio-
ration de l'esp�ce en g�n�ral-, que nous
sommes tomb�s dans l'ab�tardissement
dont le but de l'institution des Haras serait
de nous faire sortir.
La preuve qui vient � l'appui de cette
assertion, c'est que les Arabes , qui seuls
ne se sont pas livr�s � ces combinaisons
monstrueuses, ont conserv� pure une race
qui, quoique plus petite et beaucoup moins
belle que les races fran�aises ou anglaises,
passe n�anmoins pour la meilleure de la
terre.
Reste � savoir si, lorsque nos races se-
ront r�g�n�r�es , elles ne pourront pas par
la suite , comme la race anglaise , l'empor-
ter sur la race arabe , autant en qualit�
qu'elles lui sont sup�rieures en figure ; et
si de bons accouplemens faits dans les prin-
cipes , avec des �talons d'une distinction
bien av�r�e , ne produiront pas quelque
jets � l'aide desquels nous nous trouverons
-ocr page 24-
DES II A II A S.                      19
replac�s au niveau des Anglais, qui sont le
peuple do l'Europe qui ait le mieux saisi
les moyens les plus propres � relever et a
propager les races de chevaux dont il a re-
connu le m�rite.
Nous passerions en revue toutes les races
de la terre , comme quelques �crivains
l'ont d�j� fait, que nous n'en serions pas
plus avanc�s pour la r�g�n�ration des n�-
tres , si nous ne pr�sentions pas en m�me
temps le mode � suivre pour les relever et
leur rendre ce degr� de perfection qui les
distinguait encore il y a trente ou quarante
ans. Il nous sut�iradonc de parler de celles qui
peuvent nous servir utilement; et si nous di-
sons un mot en passant sur certaines races ,
qu'une c�l�brit� d'opinion pourrait rendre
dangereuses, nous ne le ferons que pour pr�-
munir contre les mcomv��kiensqu'ily aurait
� les prendre sur parole , et � nous en servir
sans pr�cautions comme on l'a fait jusqu'ici.
?ious sommes forets de convenir que si
-ocr page 25-
30         -                 MANUEL
nous avons en France presqu'autant d'es-
p�ces de chevaux que d'esp�ces de chiens,
nous les devons � des appareillemens bi-
zarres et irr�n�chis. En voulant entrepren-
dre une nouvelle cr�ation, devions-nous
nous servir d'�l�mens aussi disparates que
ceux d'une jument carrossi�re avec un che-
val de course, ou ceux de chevaux de trait
avec des jumens destin�es � porter l'homme,
comme cela est arriv� tant de fois? La na-
ture , en imprimant � cliacune de ces deux
classes qu'on pourrait regarder comme de
diff�rente esp�ce, un caract�re particulier,
n'a pasd� pr�voir que les hommes seraient
assez fous pour mettre l'une � la place de
l'autre , ou tout au moins en faire un com-
pos� monstrueux qui ne ressemblerai t � ri en.
C'est donc en remontant aux principes que
nous pourrions peut-�tre , sans le secours
d'aucune race de la terre , retrouver celles
que nous consid�rons comme perdues, nous
en ferions ensuite des objets de comparai-
sons avec celles dont on a sans doute trop
exag�r� le m�rite.
-ocr page 26-
DES HARAS.                       21
Il parait incontestable que toutes les
races de la terre existent plus particuli�re-
ment dans les femelles, destin�es � rece-
voir et faire �clore le d�p�t de la reproduc-
tion , que clans les m�les qui les ont f�con-
d�es; c'est au moins dans l'esp�ce du cheval
l'opinion des Arabes : les Anglais, qui l'ont
combattue , ont fini par se rendre � l'�vi-
dence , et croyent aujourd'hui que la puret�
des races de chevaux ne peut se conserver
I11 au moyen des jumens indig�nes.
Avant que les Anglais songeassent � s'oc-
cuper de cette brandie importante de pros-
p�rit� nationale , les jumens indig�nes �
l'Angleterre n'�taient pas meilleures que
celles de la Normandie , de la Bretagne ,
du Limousin, de la "Navarre, et autres con-
ie< s cpii fotlt aujourd'hui partie de l'Empire
fran�ais. L'Allemagne, la Russie, le Da-
nemark , la Su�de, comme tous les pays de
la terre, avaientaussileursiumeusindig�ncs.
comment quelques-unes de ces
-ocr page 27-
32                          M A N 0 �� t
races de chevaux se sont am�lior�es, sans
avoir atteint le degr� de perfection dont
«lies sont susceptibles, et c'est en partant
du point o� sont arriv�s les Anglais, que
nous pouvons compl�ter un syst�me d'a-
m�lioration qui n'est encore qu'�bauch�.
En suivant la nouvelle m�thode d'un
peuple qui s'est occup� avec tant de succ�s
de l'�l�ve des chevaux , nous trouverons
l'avantage de marcher d'un pas rapide et
s�r dans une carri�re o� nous allions
comme � t�tons, par des sentiers qui nous
ont toujours �cart�s de la grande route.
Si nous examinons de plus pr�s nos res-
sources, nous voyons que nous avons sur
les Anglais un avantage qu'ils n'ont jamais
pu avoir sur nous, et qui nous met � port�e
de faire , en bien moins de temps qu'eux,
des progr�s qui, chez eux , ont d� �tre
plus lents, par la raison que pour la classe
distingu�e de leurs chevaux ils n'avaient
qu'une race, tandis que nous en avous plu-
-ocr page 28-
DES HARAS.                    23
sieurs , en ne comptant que les races nor-
mande , limousine , bretonne , navarrine ,
qui toutes quatre , crois�es dans les princi-
pes des Anglais, peuvent nous mettre en
ll'�s-pcu de temps dans le cas de nous pas-
ser d'aucun secours �tranger, lorsqu'elles
seront parvenues au degr� d'am�lioration
o� elles peuvent atteindre , ou pour mieux
aire que nous les auront remont�es au
Point o�. elles �taient jadis.
On s'est pl� long-temps, en France, �
faire mousser les races �trang�res, et prin-
cipalement la race anglaise, aux d�pens des
n�tres qu'on a d�prim� dans la m�me pro-
portion. ; mais du moment qu'on convient
<�lle la race anglaise n'�tait pas meilleure
11 Prmcipe que celles que nous poss�dons ;
q on am�lioration a �t� lente et progres-
P s Ie talent de ceux qui l'ont
relev� , que le m�rite intrins�que de cette
race dont il conviendrait de faire l'�loge.
C'est donc moins la sup�riorit� des eue-
aux anglais que nous devons vanter, que
-ocr page 29-
�4                        M A w 0 E L
la m�thode qui a servi � les faire ce qu'ils
sont. En partant de ce principe , il est na-
turel de croire qu'en suivant la m�me mar-
che nous parviendrons aux m�mes r�sul-
tats , avec la diff�rence , en notre faveur ,
qu'elle peut, au moyen de nos quatre ra-
ces qu'on pourrait appeler m�res, nous
�lever, comme nous l'avons dit, � un de-
gr� que les Anglais n'ont atteint que difli-
cilement.
L'historique que nous ferons des Haras,
en nous expliquant pourquoi nous ne som-
mes pas plus avanc�s, nous prouvera que
malgr� les �normes fautes que nous avons
faites , et le peu de discernement.que nous
avons mis dans nos accouplemens , nou*
Sommes en �tat de nous relever avec �clat,
puisque nos races, ab�tardies � la v�rit�,
n'ont pu se perdre enti�rement, et que nous
retrouvons encore �a et l� des jets pr�cieux
qui ne demandent que des combinaisons,
nous ne dirons pas savantes , mais simple-
ment justes, pour nous replacer dans un
rang distingu�.
-ocr page 30-
DES HARAS.                       �5
On sait assez que les races s'ab�tardissent
par des appareill�meas disparates ; qu'elles
Se d�t�riorent parles d�fectuosit�s connues
sous le nom de tares, lorsqu'on les tol�re
dans l'acte de la reproduction, soit du c�t�
du m�le,'soit du c�t� de la femelle, et
qu on les change par l'usage de jumens
�trang�res unies au clieval indig�ne ou
�tranger. On s'ait encore qu'on perd totale-
ment une race en l'unissant � son contraire,
comme par exemple en faisant saillir -une
jument de collier par un clieval de race dis-
tingu�e, ou bien une jument de selle par
un clieval de charrette;
Comme nous avons fait jusqu'ici plus ou
moins ces fautes l� , devons - nous nous
�iounec de la d�t�rioration et de l'ab�tardis-
sement des rano.
            1
^a races, quand nous avons agi en
sens inverse de ce qu'il y avait � faire pour,
les conserver saines et pures.
A l'�gard de quelques accouplemens un
peu mieux faits, oune s'est pas encore assez
a
-ocr page 31-
t.6                     h A h n e r,
persuade non plus, que si un bon �talon
est n�cessaire pour procr�er un bon pou-
lain, la jumem qui participe �galement �
l'acte de la g�n�ration, devait, comme le
cheval, �tre exempte de vices de confor-
mation et de caract�re qui se communi-
quent � la prog�niture , aussi bien du c�t�
de la m�re que de celui du p�re, et que
ce n'est qu'en passant trop l�g�rement sur
ces consid�rations, que nous avons march�
� grand pas vers la calamit� dont nous avons
� g�mir.
De m�me qu'il est des terres d�nu�es de
principes de fertilit� , qui malgr� les soins
qu'on leur donne ne peuvent jamais pro-
duire de bon grain ; de m�me il est des
jumens vici�es qui , f�cond�es constam-
ment par les meilleurs �talons , ne pour-
ront jamais faire de bons poulains. C'est
donc dans l'un et l'autre cas des �l�mens
de f�condit� de perdus, puisque la nature
ne nous seconde qu'au tant que nous ne la
contrarions point dans sa marche, et que ce
-ocr page 32-
DES HARAS.                       47
n'est qu'avec le temps et des combinaisons
bien exactes, que nous parviendrons, jus-
qu'� un certain point, � corriger ce que
nous m�mes avons rendu d�fectueux, et
dont nous accusons si injustement la nature.
Les jumens �tant � leurs productions ce
que le sol est aux v�g�taux, ne conviendrait-
il pas que nous fissions avec elles ce que
l'on fait pour am�liorer une terre qu'on ne
change pas de place , mais qu'on bonifie
au moyen des engrais ? Que le principe d'a-
m�lioration dans l'esp�ce du cheval, comme
nous en avons d�j� d�montr� la n�cessit� ,
soit tout entier du c�t� des m�les, et que
dans chaque contr�e de l'Empire on ne se
serve que de jumens indig�nes au sol ;
c'est alors qu'en employant des �talons
arabes, barbares, turcs, persans, anglais,
espagnols, danois, limousins, normands,
uavarrins , nous apprendrons cruels sont
ceux qui m�ritent la pr�f�rence pour r�g�-
n�rer la race normande : il en serait de
aie me pour les autres races fran�aises que
-ocr page 33-
28                           MAKU EL
nous venons de nommer, comme pour
toutes celles que nous ne connaissons pas
encore bien positivement.
La race bretonne, qui a un caract�re si
bien prononc� qu'on la reconna�t partout,
exigerait les m�mes sains pour la faire sor-
tir enfin de l'ab�tardissement auquel elle
semble si injustement condamn�e; car, �
consid�rer , dans certains sujets , la finesse
de la peau , la bont� des �paules , la force,
le courage et la dur�e au service , on peut
raisonnablement penser qu'elle serait sus-
ceptible, � certains �gards, d'une am�lio-
ration aussi profitable que celles que nous
avons nomm� les premi�res. M. de Pui-
sieux, il y a trente ou quarante ans, a ob-
tenu dans ee pays , par un �talon d'origine
arabe, des productions ebarmantes; mais il
faudrait tenir au m�me principe, et croire
que l'am�lioration n'est possible qu'avec
les jurnensindig�nes, puisqu'il nous est d�-
montr� par les Anglais, et notre propre ex-
p�rience , que la d�t�rioration des meii-
-ocr page 34-
DES H A E A S.                      29
leur-es races n'est due qu'� l'introduction de
jumens �trang�res au sol o� elles ont port�
des poulains.
De ce qu'il est reconnu que d'un c�t� ,
dans l'esp�ce de cet int�ressant quadrup�de,
l'importation des femelles �trang�res a fait
d�g�n�rer les races en g�n�ral, et que de
l'autre il demeure constant que les m�les,
Lien choisis , portent en eux le principe
d'am�lioration de leur esp�ce, lorsqu'ils
sont accoupl�s convenablement, nous pou-
vons, � l'exemple des Arabes, nous en te-
nir aux jumens indig�nes ; et comme nous
avons un besoin imp�rieux de bons �talons
pour remonter l'esp�ce de nos jumens,
Servons-nous sp�cialement, pour les d�par-,
temens de l'Orne, du Calvados, de l'Eure
et de la Manche , de chevaux anglais qui
sont reconnus propres � croiser avantageu-
sement la race normande ; mais prenons-
h\s parmi les chevaux de pur sang, qui sont
lftfiiiiment sup�rieurs � ceux que nous avons
e1 jusqu'� pr�sent ; car si ceux dont on s'est
-ocr page 35-
MAHU�I
servi en Normandie, depuis nombre d'an-
n�es , ont encore quelquefois fait bon, que
ne doit-on pas attendre de chevaux frais
qu'on prendrait dans la cat�gorie que nous
d�signons ? M. �e duc de Cadore .�tant
tre cle l'int�rieur , en voulait faire
renir quatre qu'il aurait pay� cent mille
francs.
l'historique des haras nous fera conna�tre
quels �taient les chevaux qu'on tirait d'An-
gleterre pour la ci-devant Normandie, Il y
eut bien ,\ cette �poque un cheval, appel�
R ing-Pepln, le roi P�pin , qui fut achet�
dis-sept cents louis, mais il ne les valait
pas; ce fut une infamie qu'on fit en An-
gleterre au marquis de Poligne , charg� de
cette acquisition, puisque le possesseur de
ce coursier n'avait jamais pu en avoir cinq
cents guin�es qu'il voulait le vendre. Cet
animal , empoisonn� la veille de la course
qu'il fit � Fontainebleau contre Glow-worin,
fut mis par suite au haras du Pin, o� il est
mort sans avoir rien fait de bon, pc ur : -
-ocr page 36-
DES HARAS.                       3l
raisons qu'il est inutile de donner, et toute
sa post�rit� est �teinte.
C'est donc mal � propos qu'on a voulu en
inf�rer que la race anglaise ne valait rien,
puisqu'au contraire les chevaux anglais sont
d�sires partout. On les recherche en Am�-
rique ou ils commencent � devenir com-
muns. Djr0n f d'une conformation plus r�-
guli�re que celle de Wivaldi, que poss�de
en ce moment M. Seguin, de Paris , a �t�
vendu eux Hollandais pour le Cap-de-
«e-Esp�rance. Dans les Grandes-Indes
on les pr�f�re aussi aux chevaux persans
et tartares. Plusieurs contr�es de l'Alle-
magne , telles que le Mecklenbourg, la
Crusse, la Saxe, adonn�es � l'�l�ve des che-
'-, ont des �talons tju'on fait venir �
nos frajg d'Angleterre. Les empereurs
d Allemagne et de Russie y attachent �ga-
lement beaucoup de pris. Les Danois seuls,
par syst�me, les ont proscrits, et croisent
leurs races avec des �talons tir�s de la Tur-
quie et de l'Espagne ; ils 6e servent aussi
-ocr page 37-
Sa                        u a N u e i.
de jumens moldaves pour poulini�res ;
mais ce ne sont encore que des essais (pue
le temps seul pourra faire appr�cier. Ainsi
jusqu'� ce que les �talons normands , li-
mousins , navarrins , espagnols , danois
soient aussi universellement recherch�s,
on pourra soutenir , sans craindre d'4tre
tax� de partialit� , que les chevaux anglais
am�lior�s au point o� ils le sont aujour-
d'hui , leur sont infiniment sup�rieurs , et
l'�yidence des courses ne laisserait plus
cette v�rit� douteuse.
!Nous croyons donc fermement que les
�talons anglais peuvent , de pr�f�rence ,
faire reprendre � la race normande parti-
culi�rement le rang, qu'elle a perdu parmi
les meilleures races de la terre, en faisant
pour la relever ce que les Anglais ont fait
pour remonter la leur.
Pour y r�ussir compl�tement, il faudrait
commencer par �loigner des haras m�me de
la France enti�re ces pr�tendus �talons d«
�i
-ocr page 38-
»*S HARAS.                     33
ang , sortant de races �quivoqpes et men-
:'-'- qu'on rencontre � chaque pas sui-
te eontiaent, et qui ne sont, pour la plu-
Part . que des chevaux de pacotille que les
Anglais se plaisent � vomir pour nous em-
poisonner et causer tout le mal dont nous
Pessentons depuis si long-temps les funestes
effets. Nous les remplacerions par des
m�les purs d'une bonne conformation ,
dune excellente nature, et l'am�lioration
ne serait plus douteuse.
Sans chercher a d�nigrer les chevaux
d'Espagne , qui sont bons dans leur pays ,
on ne peut s'empocher de dire qu'ils ont
d�g�n�r� partout clans leurs productions; si
donc les mieux choisis n'ont fait en France
que des chevaux ordinaires, nous ne de-
vrions pas avoir beaucoup de regrets quand
il ne nous en viendrait pas un seul; car
nous ne devons pas perdre de vue que
"Mais avons � remonter et � am�liorer les
raciis fran�aises, et que tout �talon qui ,
-ocr page 39-
34                            M A�DIl
dans ce double objet, ne peut pas remplir
notre but, ne nous convient pas.
Les Anglais , encore une fois , qui ont
essay� des chevaux de tous les pays pour
r�g�n�rer les leurs , ont renonc� pour tou-
jours aux chevaux d'Espagne ; mais ils ont
continu� � faire cas de nos carrossiers de la
Plaine et de nos bidets du Cotentin, parce
qu'� la r�gularit� de conformation , � la
vigueur et au courage dont ils �taient pour-
Vus , ils joignent encore la longueur dans les
allures qui manquent aux chevaux de l'Es-«
pagne»
Il n'est donc pas hors de vraisemblance
q::c nos chevaux normands n'aient , en
Ejuel [U'e sorte, pu contribuer quelquefois
� Fam� ii m'ation de la classe carrossi �re d'An-
gleterre, puisque Vrairoduction des chevaux
entiers de la Normandie a �t� plusieurs fois
tol�r�e , en payant seulement cinq gain�es
B de cheval, Nous ne sommes plus,
malheureusement, dans le cas d'exc
-ocr page 40-
BIS �UHAJ,                    35
Convoitise des Anglais � cet �gard ; mais
ces insulaires connaissent assez bien leurs
int�r�ts et les chevaux pour avoir su tirer ,
paru des n�tres quand ils les ont trouv�s �
leur fantaisie.
De ce qu'il demeure prouv� que la race
normande est , pour ainsi dire , perdue
«ans les m�les , il ne s'ensuit pas que nous
ne puissions jamais la relever, car toute
k�tardie qu'elle soit, elle subsiste n�an-
mO!!VS1CnC0rc d;ms les femeUes, et c'est o�
ev°ns la chercher , puisque sans les
jumens Tiorrr> -,               �»�.■,
.                 r"iandes , quoiqu avec des �ta-
lons parfaits de ,
t .                 ue ce pays , nous ne parvien-
drions jamais � i
d U remonter. Nous nous
servirions des Plu. . � .
                   , .
f us rjclles rumens anglaises
qui sont cependant cpIi                   ■ 1 �
, .                   ul celles nui conviendraient
le mieux, que nou_ * , .
, , ,           b ne viendrions pas en-
core a bout de la rei.                          ,
, .                  ^ver , nous ne ferions
que la changer , et v.
.          l Qous en serions au
point ou , suivant II t 1 ■
. , .             ,          -iaphn, en �taient
le? Anglais quand ils ont ,.
i           *» ont reconnu que les
-ocr page 41-
36                            M �. N U E h
jumens �trang�res n'avaient fait que d�t�-
riorer leur race en la d�naturant.
En prenant pour mod�les, nousne-dircns
pas les Anglais , mais les Arabes plus an-
ciens qu'eux, et m�me les Espagnols qui ,
pour conscrrer pures leurs diff�rentes races
de chevaux , ne se* sont jamais servis de
jumens �trang�res, nous parviendrons sans
peine � �purer les n�tres. Il faut donc que
nous commencions par proscrire de cliaque
contr�e' qui donnent aux. chevaux qu'elles
nourrissent un caract�re particulier qui
les fait distinguer parle nom de races nor-
mande , limousine , bretonne , navar-
rine, etc., toute esp�ce de jumens �tran-
g�res au sol , que nous fassions f�conder
nos jumens indig�nes � cliaque pays, par
des �talons fran�ais et �trangers parfaite-
ment en rapport avec elles , et nous juge-
rons, par le faire de ces diff�rens chevaux,
quels sont ceux qui conviennent le mieux
dans cliaque pays pour l'am�lioralion de sa
race particuli�re. On all�guera qu'on a d�j*.
-ocr page 42-
�> S S B ' R f                                 -,
f i '                                                        7
5 a diverS6s rcP"s« ^ semblables
l^ves; mais om-cllcs �t� fei.es avec
assez de som, et np Mmi, -i
^c mieux?t_llpaSi>°Ssiblede
^ P^s le plus int�ressant sous le ra�
' d* l'�l�ve des chevaux , et en m�mel
�*■� plus difficile � remonter, � cause
la diction scrupuleuse qu'il y a �
^T*»*�* classes, c'est la ci - L^
f^man^. Il s'agira donc de s�parer avec
es ««jets qui portent le plus l'em-
L l           lyPl' OFigine1' «distingoant
;; la "-.no intention les iume[,
Pa"ie�tUa classe carrossi^/a^
es<I«inedoivent�tre saillies quepardes
u; '^«le fines races. De cent bonnes pou.
peu^:Hwe3dTl:sp^e9'il
^tepouiihr!:?a ' reme�qu^
1         les<I<» seraient par suite, ainsi
il,e leur descendancp «i,
Ram -
                       Ce du m�me sexe , con-
sacr�e» exclusivement � 1-,
jusqu'� co
                             reproduction,
lllce que nous en ayons un asse,
-ocr page 43-
38                        MAHXJEC
grand nombre pour pouvoir en livrer quel-
ques-unes au commerce.
On inf�rera de ce syst�me, qu'il n'y au-
rait aucune esp�ce d'inconv�nient � per-
mettre l'exportation des chevaux entiers ;
mais que la sortie des jumens pures, et
surtout de celles qui seraient d�j� am�lio-
r�es, devrait �tre rigoureusement d�fendue.
Ce sont donc elles qu'il faudrait approuver
de pr�f�rence aux �talons dont nous ne
manquerons jamais tant que nous aurons da
bonnes poulini�res.
Il arrivera naturellement qu'en suivant
cette marche avec pers�v�rance, nous nous
apercevrons bient�t si nous pouvons nous
passer des Anglais, et si nos races de che-
vaux am�lior�es ne sont pas , sous tous les
rapports, aussi bonnes que les leurs.
Nous observerons qu'un �talon normand,
quelque distingu� qu'il soit , qui aurait
sailli une jument du m�me pays . ajoutera
-ocr page 44-
515 TI A US.                    3g
fo" peu de chose � la bont� de sa race 5
tQut ce qu'il pourra faire sera d'en conserver
la puret�. Nous devons donc d�buter par
l'am�lioration, au moyen de m�les de races
pures, ou au moins d�j� am�lior�es, que
nous prendrons ( comme le veulent les
meilleurs naturalistes qui ont �crit sur les
chevaux) le plus pr�s de la souche g�n�-
ratrice , pour nous en servir jusqu'� ce que
nos races remont�es dans les jumens, puis-
sent nous fournir dans les m�les des types
d'am�lioration pour nos races inf�rieures,
a"n fIU k l'exemp�e des Anglais nous puis-
sions renoncer aux races �trang�res, et que
nous n'ayons plus qu'� conserver pures celles
que nous aurons am�lior�es.
�a race arabe elle-m�me , comme il est
iacile de 1 p r.
» conjecturer, a d� avoir des com-
mencemens faibles , ^ gemWe d .
long-temps �tre arriv�e k un (legr� de '
fecuon au-del� duquel il serait vraisembla-,
effiCat "«Possible d'avancer. Les Anglais,
qu. ont imit� les Arabes, ont atteint le mcW
-ocr page 45-
4"3                               M A N U E L
but. Imitons les uns et les autres, et nous
nous mettrons � leur niveau.
Posons donc en principe , en commen-
�ant par la ci-devant Normandie , qu'il n'y
aura de consid�r�s comme chevaux vrais
normands , que ceux qui sortiront de ju-
inens indig�nes a ce pays ; que par cons�-
quent les femelles seules constateront la
race, c'est-�-dire, qu'une jument nor-
mande , saillie par un �talon arabe , anglais
ou danois, fera un cheval normand, connue
un �talon normand qui couvrira une jument
du d�partement de la Haute-Vienne , fera
un poulain limousin crois� de normand;
ainsi de suite pour les autres races. Disons
qu'on suivra avec intensit� les productions
dos �talons tant fran�ais qu'�trangers, dans
dos appareille mens o� les deux sujets se-
ront autant que possible exactement en
rapport, afin d'avoir des donn�es justes sur
les lieux d'o� nous devons tirer de pr�f�-
rence les chevaux entiers propres � relever
et � am�liorer nos races du clic vaux. Moins
>,
-ocr page 46-
B � S H A RAS.                   41
*e dix ann�es d'exp�riences justifiera sans
doute une mesure dont l'oubli nous a plong�s
dans un c�hos tel que nous connaissons �
peine l'origine d'un seul des bons clieyaux
ijue nous poss�dons.
M�fions-nous , en g�n�ral, de tomes les
races auxquelles nous emprunterons d�sor-
mais de nouveaux germes de reproduction,
W n'adoptons que celles qui nous auront
fourni les meilleurs, surtout lorsqu'apr�s
avoir reconnu leurs bonnes qualit�s, nous
«� aurons jug�dans leurs productions: car il
nos races «,ui, arriv�es au degr� de la
action, commencent a d�g�n�rer, ce qi i
pem se reconna�tre que dans, feurpro-
geniture.
"TNT
^ ° Prenons rien sur parole ni par enthou-
siasme corm»�
           e- -,
'"e»ia fait, 1! y a trente ou
quarante ans � ^ 1
                   , .
' Qe ia race anglaise qu'on a
voulu demixs n,\n � -,
epms g�n�ralement proscrire avec
i] pen de raison. �,lra
■Jugeons seulement de
^ -:.� oJ.is-e entre
-ocr page 47-
4^                           M A N V E L
la belle jument normande et le beau cbeval
d'Angleterre , que ces deux races peuvent
se croiser avantageusement, et de ce que des
�talons de pur sang , tels que Folunteer et
Jupiter, n'ont pas fait tout ce que nous en
esp�rions; n'en inf�rons rien de contraire �
la bont� de la race anglaise. Concluons sim-
plement que , d'un c�t� , les appareille-
Biens n'ont pas �t� aussi bien faits qu'ils
auraient pu l'�tre, et que de l'autre ces ani-
maux parvenus � 1 �ge de vingt et vingt deux
ans , avant que d'entrer dans les haras ,
�taient trop vieux pour procr�er d'aussi
bons poulains que ceux qu'ils nous auraient
faits � 1 �ge de cinq ou six ans.
Les chevaux de race arabe , eux-m�mes,
n'ont rien fait de bon en Normandie , en
doit-on conclure qu'ils ne valent rien ?
Disons que pour les uns et pour les autres
les exp�riences n'ont pas �t� bien faites,
qu'il faut les recommencer, que les che-
vaux anglais de premier sang , bien choisis,
m�riteui au moias l'homieur d �tre mis en
-ocr page 48-
DES HARAS                       4S
parall�le avec les chevaux arabes, et que
ce n'est que par leurs productions respec-
tives que nous pourrons juger, d'une ma-
ni�re positive , � laquelle de ces deux races
nous devons donner la pr�f�rence pour
am�liorer la race normande, ainsi que les
autres races que nous poss�dons.
-ocr page 49-
44                        MANUEL
CHAPITRE II.
Pr�cis liistorique des Haras avant la
r�volution.
Avant de parler des races de chevaux
d'Angleterre, et de faire conna�tre le pro-
c�d� des Anglais relativement � l'�l�ve et
� la conservation de ces m�mes races, ne
conviendrait - il pas de rechercher, dans
l'historique des haras de la France , les
causes qui ont le plus contribu� � la d�t�-
rioration et � l'ab�tardissement des n�tres ?
Les haras, comme tout le monde sait,
existaient avant ta r�volution. Ils avaient
une organisation , une sorte d'assiette , �-
peu-pr�s semblable � celle qu'ils ont main-
tenant. Comme aujourd'hui, les bases eu
-ocr page 50-
DES HARAS".                    4:''
�taient incertaines et vacillantes ; on faisait
des chevaux, il y en avait m�me de tr�s-
bons, parce que l'esp�ce en g�n�ral n'�tait
pus d�t�rior�e au point qu'elle est en ce
moment ; mais comme on ne faisait pas
assez d'attention � l'influence des diff�rentes
races dont on se servait alors, on ne cher-
chait gu�re � les suivre, pour juger despro-
de l'am�lioration qu'on avait en vue.
ait, comme il est facile de le voir par
les m�moires du temps , qui n'apprennent
rien sur la science importante des accou-
plement, une sorte de routine qui consis-
tait� cl loisir , avec assez de soin , la jument
qui ressemblait le plus au cheval, ou �
mettre un �talon tr�s-membre avec une ju-
ment qui p�chait par la finesse de ses jam-
bes , pour t�cher d'att�nuer le vice de l'une
par la perfection contraire de l'autre , ou
enfin en faisant saillir une b�te carrossi�re
par un clicval de selle , en m�me temps
qu'on donnait un �talon carrossier aune ju-
ment de selle , ce qui produisait un poulain
qui a'appai.lenr,jt ^ aucune classe en paru-
-ocr page 51-
MANUEL
cipant de toutes deux. Le tout �tait relatif �
la figure seulement ; car on s'occupait peu
ou point de ce qui constitue le moral de
cette utile cr�ature.
Eu prenant la Normandie pour exem-
ple , on avait commenc� � introduire dans
les haras, comme �talons, les races �tran-
g�res qui avaient le plus de r�putation ; c'�-
tait il y a trente ou quarante ans la fantaisie
des t�tes busqu�es. Les chevaux danois ,
recommandables sous ce rapport, furent
choisis les premiers , quoiqu'on leur pr�-
f�r�t les chevaux anglais de m�me classe ,
qui avaient probablement la m�me origine.
On tirait ceux-ci du York�Shire, province
dont quelques parties ressemblent beau-
coup � la Vall�e d'Auge. On fit venir aussi
des chevaux d'Espagne. Le nomm� Guer-
che , Hollandais , comme s'il n'y e�t point
eu alors de Fran�ais qui connussent les che-
vaux , fut envoy� sur les confins de l'Ara-
bie, d'o� il ramena une trentaine d'�talons
sans certificats d'origiue , quoique daue ces
-ocr page 52-
DESIlARAS.                       47
contr�es les g�n�alogies soient suivies avec
tant de soin, qu'on y voit des chevaux qui
descendent en ligne directe des haras du
roi Salomon, et que la race des chevaux
que montait Mahomet , et qu'on reconna�t
encore au coup de lance, esp�ce de trou
sans cicatrice , qu'on trouve � la partie su-
p�rieure et ant�rieure de la pointe de l'�-
paule du cheval, se soit, suivant la tradi-
tion , conserv�e pure.
Ces chevaux, � la r�serve d'un seul,
appel� Cazelle, qui est mort au haras im-
p�rial de Pompadour , ne donn�rent pas
dans leurs productions une bien haute id�e
des �talons de l'Arabie.
M. Person, piqueur des grandes �curies
n ' avaif-, � cette �poque , �t� envoy�
en Turquie pom. ie meme objet. 0n avait
fait venir en m�me temps des c�tes d'Afri-
que , par l'interm�diaire de nos consuls
dans les �chelles du Levant, des �talons
connus sous le nom g�n�rique de chevaux
-ocr page 53-
48                        H A H tf S �
barbes. Plusieurs des acquisitions de M.
Pers�n furent mises au haras du Pin, en.
Normandie ; on en fut si m�content qu'on
a laiss� �teindre toute leur post�rit�. Les
autres chevaux eurent le m�me sort, et le
d�go�t peut-�tre pr�matur� des races �tran-
g�res du midi pour le nord de la France,
les fit abandonner pour s'en tenir aux �talons
anglais et danois pour la Normandie.
Par l'analogie qui existe entre les che-
vaux normands, anglais et danois, tant dans
la conformation et le caract�re , que dans la
parit� de temp�rature et des.pacages de ces
divers pays, ceux-ci auraient pu nous �tre
d'une grande utilit� pour rafra�chir le sang
normand et en croiser la race avec'avan-
tage , si l'on eut mis plus de discernement
dans la mani�re de les appareiller. Les
danois, plus beaux � cette �poque qu'ils le
sont aujourd'hui , pouvaient faire d'excel-
lens carrossiers ; ils ont la peau fine , de
belles jambes , les �paules admirables ; et
quoiqu'ils aient en g�n�ral ce que l'on
-ocr page 54-
DES H A B S.                       49
appelle un pcude mouvement, leur moral
est bon, ils ont de la fiert� et du courage,
qualit�s dont les chevaux dits de la Plaine
ne sont pas toujours abondamment pourvus.
Leur d�faut dominant, qui est d'avoir la
c�te courte et peu de boyeau, pouvait se
corriger par le contraire dans les jumens du
Calvados , de la Dyle, du Finist�re , du
Morbihan, de la Manche , de l'Oise, de la
Somme et de la Seine-Inf�rieure , qui sont
en g�n�ral un peu ventrues.
Il s'agissait d'am�lioration , rien ne pou-
vait donc �tre trop bon, et les chcvaax
anglais, dont on se servait, n'�taient pas
non plus ceux qu'on aurait d� choisir. Ou
prenait ces �talons dans ce que les Anglais
appellent Mongrel breed, race m�tin�e,
parce que ces animaux , quoiqu'avec d( s
beaut�s de d�tail tr�s - s�duisantes , sont
n�anmoins bien inf�rieurs � ceux de pur
sang j qui sont plus pr�s de la souche r�-
g�n�ratrice ; aussi la diff�rence du prix
est-elle si grande qu'on vend un cheval
3
-ocr page 55-
                           M A. N CEI
reconnu bien pur de celle cal�gorie , de
vingt � trente mille francs., etquekrnefbia
davantage , tandis que les premiers ne co�-
tent jamais plus de deux Ott trois mille francs.
C'�tait donc dans celte classe , il y a
trente ans, qu'on prenait des �talons pour
la Normandie. Quel (pies ann�es plus tard
M. le prince de I-anabesc , grand �cuyer
de France , trouvant rrne ces chevaux n'�-
taient pas assez distingu�s, autorisa M.
Jardin l'a�n� , et d'au 1res charg�s alors des
acquisitions, � choisir quelques �talons
parmi les chevaux half-blood, demi sang,
tels que le Glorieux , le Badin , le Lan�as�
ire,
le TTranvik,\e Sommerset, nui entr�rent
au haras du Fin. On rangea mal � propos
dans celle classe un cheval du m�me pays,
appel� le Docteur; cet �talon, d'une nais-
sance inf�rieure, mais d'une r�gularit� de
conformation rare , eut une funeste vogue
qui a fait au pays un tort dont il se sentira
long - temps. Le Milan , du haras du Pin ,
%av% de cette race qu'on devrait �teindre.
-ocr page 56-
DES H ARA G.                       5l
On ne tarda pas a s'apercevoir de la StN
p�riorit� des �talons de demi sang dans
leurs productions , et quoique fussent
encore singuli�rement inf�rieurs aux che-
vaux de pW sang, Os �taient n�anmoins en
�tat de relever, jusqu'� un certain point,
« Wce normande d�j� tr�s-al>atardir � celte
�poque , si on les e�t appareill�s, d'une
Mani�re convenable , et qu'on ne leur e�t
fut saillir que des jumens indig�nes du
premier m�rite, qui �taient encore en assez
g'-audnombre dansled�partcmcntde 1 Orne.
att$omanie �tait devenue � la mode
°uUit p]us q�e des chevaux d'An-
gleterre : le cofit�ieitt en fut infest�, cl l'on
fit la sottise d'introduire, comme pouli-
m�res, dans lo ? '
"is ie d�partement que nous ve-
nons de n�tnmet. a
                        ^ ■
""-i , aes jumens anglaises qui
furent saillies par des ^^ ^ ^^
pays. Il para�t �vidcnt quc cVs[ h j^
Productions^ e nous devons, en grande
Pa"ie, la d�t�rioration qui nous frappe
d'unc litani�re si sensible. Ces chevaux
-ocr page 57-
S 2                           MANUEL
anglais , faits en Normandie , loin d'avoir
relev� la race , en ont fait une esp�ce �qui-
voque , dont les membres gr�les et les
formes d�cousues ont pu. faire penser �
quelques personnes que les �talons anglais
ne valaient rien pour la France. On n'a point
voulu remonter aux causes, on n'a envisag�
que les effets.
Gomme on s'�tait �cart� du principe du
croisement des races pour les am�liorer ,
si l'on a eu quelquefois des objets de com-
paraison de poulains sortis de belles jumens
normandes par des �talons anglais, on
semble n'avoir jamais cherch� � approfon-
dir si ces productions n'�taient pas meil-
leures que celles de jumens anglaises avec
des �talons normands, ou de celles o� le
S^ang normand et le sang anglais n'avaient pas
�t� m�l�s,
Cet �tat de choses a d� n�cessairement
nous plonger.dans une confusion �pouvan-
table; en sorte qu'il est r�sult� de cet oubli
-ocr page 58-
CES HARAS.                       53
de principes, que si nous n'avons pas man-
qu� de chevaux , comme nous n'avons pas
1 ^distinguer Uparticuli�rement
fesmedleurspour en faire des types caract�-
ristiques de r�g�n�ration, les haras n'ont fait
aucuns progr�s vers le but de le ur institution.
l'on a cru long-temps, et les Anglais
eux-m�mes ont fait la m�me faute, qu'on
Pouvait naturaliser en France toutes les
a�es de la terre , en introduisant, des con-
s^0'1 l0n �Uye�es chevaux d'un m�rite
chois�iTr>' ClCS males et cles femelles bien
�tait l'opinion de M. de Pr�seau
rteDompiei.
                    , ,
j. ,                 » qui pr�tend, comme il l«j
«H dans son 0Uv,                , i
ant^ii 1 -n . l'aSc sur les haras , qu'il
appelle de P�Pmierp , �                 \
nn, j .                e '■> qu en important chez
nous des jumens ■>,. i
du mlmo               cl!»ues avec des chevaux
an m�me pays tin., i .
.^i * > ; n0Us obtiendrons de leurs
nccouplemens des nonl.;
0          . , . P°ulains aussi bons que
ceux qm se fontdans l'Arabie m�me LW-
Penence nous a d�tromp� , et les essais
1 on a fait en ce senre om l*A
                  i
heureux Pollr °            *Cte assez maL*
Pour nous corriger.
-ocr page 59-
54                           M AHUII
M. le comte d'Artois, quelques ann�es
avant la r�volution, voulant aussi naturaliser
enFrance les chevaux de pur sang d'Angle-
terre , fit acheter par M. Levoyer d'Ar-
genson cintf jumens dites Through-Bred,
qui, plein^s despins fameux coursiers d'An-
gleterre, lui co�t�rent trois cents guin�es
la pi�ce. Elles furent mises � son haras de
Maisons, dans le d�partement de Seine et
Oise ; une seule, nomm�e Spinx , amena
� bien un poulain m�le extr�mement petit,
qui n'a �t� qu'un cheval ordinaire ; et toutes
les cinq f�cond�es de nouveau par des che-
vaux de pur sang, que ce prince avait dans
ses �curies, n'ont fait que des poulains
aussi riches en figure qu'ils �taient pauvres
en force de membres et en qualit�s. S'il en
en', �t� autrement, la n�cessit� du croise-
ment des rares, justifi�e par le syst�me de
la nature, devenait nulle et illusoire»
Le roi de Prusse r�gnant, qui est dans
les m�mes principes, n'a pas �t� plus heu-r
reux. Il a fait acheter en Angleterre des
-ocr page 60-
DES HARAS.                       55
jumens avec des �talons ([ni lui sont revenus
fort cher, voulant probablement cr�er une
nouvelle race dont les chevaux anglais au-
raient fait tous les frais. Qu'cu est-il r�-
sult� ? c'est qu'il a fait � son magnifique
haras de Ne-vstadt, avec un fils de Delpiid
qn il a pay� onze cents guin�es, des chevaux
anglais qui ne sont bons � rien , et dont le
d�faut capital est de manquer de membres;
du reste ils sont d'une figure charmante ,
nous en avons des �chantillons an taras
imp�rial du Pin ; mais la figure n'est que
pour IVil, et nous pouvons nous en passer
pourvu ,r�e ies chevaux soient bous.
M. Taplin, que nous aurons plusieurs
fois l'occasion de citer dans le cours de cet
�crit, pr�tend que les Anglais , ses com-
patriotes , ont quelquefois introduit dans,
r pays des jumens �trang�res , afin de
retremper leurs races, et leur donner, s'il
�tait possible, un degr� d'�nergie sup�rieur
l ce qu'elles en poss�daient � cette �poque.
affirme , et son t�moignage ne peut gu�re
-ocr page 61-
56                        M A KUEt
�tre suspect, que ces essais furent si mal-
heureux qu'ils produisirent une d�g�n�ra*
tion dont on se sent encore aujourd hui. Ils
forent donc oblig�s de revenir sur leurs
pus , et de reprendre ce sentier battu qu'ils
avaient eu l'imprudence d'abandonner. Ou
proscrivit en cons�quence non-seulement
toutes les femelles �trang�res, mais encore
toutes celles qui en provenaient , pour eu
revenir aux juge >a eus indig�nes qu'on icn-
gea sous deux dominations. Through-Bred-
Mares ,
jumens de pur sang , et toutes les
autres sous celle de Brood-Mares, ou ju-
mens poulini�res.
Les premi�res sont celles qui n'ont ja-
mais �t� m�l�es avec une race inf�rieure �
la leur. Leurs productions s'appellent Full~
Blood,
pur sang , celles de la deuxi�me
cat�gorie , qui ont �t� couvertes par des
chevaux de pur sang, ont produit ce que
l'on appelle des Halj-blood ou demi sang,
et le produit des poulini�res Half-blood,
compose avec des �talons de pur sang ce
-ocr page 62-
DES HARAS.                       67
qu'ils nommentThree cuariers Uood, trois
quarts de sang.
Les rejetons des jumens Three quartcrs
blood,
qu'on a tu quelquefois se mesurer
avec les jumens ou chevaux dits Through�
ored,
ont Lien eu de temps en temps quel-
ques succ�s, mais ils ont �t� si rares et si
peu d�cisifs qu'on n'a jamais pu les confon-
dre , en sorte que la diff�rence du prix de
deux poulains de lait de ces deux classes
est telle que celui de la premi�re se vend
toujours deux tiers plus que l'autre , quand
m�me il lui serait inf�rieur en beaut�, ta
naissance en ce pays comme en Arabie fait
tout, avec la diff�rence cependant que les
Arabes la font d�river de la jument, tandis
fpe les Anglais la placent dans le cheval.
11 r�sulte de ce que nous avons dit, au
sujet de l'introduction des jumens �tran-
g�res , que nous avons agi pr�cis�ment
comme les Anglais, mais que nous ne nous
sommes pas encore aper�us du tort qu'elles
-ocr page 63-
58                           II A N U E I,
nous oni fait. Ce qui nous prouve le n
que les juinens des autres pays ont influ�
sur la d�t�rioration des races , c'est qu'il
n'y a que dans les contr�es o� l'on en a
introduit le plus qu'elle s'est manifest�e
davantage ; et cela est si vrai, que le ci-
devant Limousin, plus �loign� de l'Angle-
terre que la Normandie, a �t� moins ex-
pos� � cette contagion, et que la race de ce
pays a conserv� cette physionomie locale
qu'on ne retrouve plus dans la race nor-
mande.
Mais il est encore une cause qui n'a pas
moins que la pr�c�dente contribu� �
nous faire tomber depuis dans lal;ataidi.;-
sement que nous ne pouvons plus nous
dissimuler, c'est que pour avoir d�daign�
d'interroger la nature dans les sujets con-
fi�s � nos soins, et n'avoir pas clierch�, par
de bons accouplement, � corriger les vices
que nous avions � combattre, nous avons
au contraire, par une m�thode irr�fl�chie
et sans principe , acc�l�r� la d�t�rioration
-ocr page 64-
DES HARAS.                         %
absolue de l'esp�ce en g�n�ral; de sorte
que si, dans le tr�s-grand nombre d �talons
�trangers que nous avons , il s'en est trouv�
quelques-uns qui auraient pu nous servir
� la relever, ces chevaux nous ont �t� �-peu-
pr�s inutiles , pour n'avoir pas su les appa-
reiller avec les jamens qui leur conve-
naient.
Les races fran�aises �taient donc bien
bonnes avant r�tablissement des haras ,
puisque l'on comptait dans ce pays tant de
jolis chevaux ? et en faisant partir leur d�-
t�rioration de l'�poque o� l'on a cherch� �
les am�liorer, nous ne nous tromperions
pas beaucoup ; c'est une plaie dont il est
� propos de sonder la profondeur, pour par-
venir au moyen d'en obtenir la cicatrice en
faisant l'examen de notre situation pr�sente.
Nous ne voyons plus dans les m�les de
la plupart de nos races de chevaux , que
�tes jets ab�tardis par des accouplements
monstrueux et disparates, qui font qu'on
-ocr page 65-
6o                       M ASUE �
ne reconna�t pins ces fameux bidets du
Cotentin, qui faisaient l'admiration de toute
l'Europe , non plus que ces beaux carros-
siers dits Brandebourgs (parce qu'ils res-
semblaient aux chevaux de cette race ),
qu'on tirait en fort grand nombre de la
plaine de Caen, qui nous fournissait en
m�me tempsecs magnifiques cl eyaux noirs,
dits de Ville , dont nous n'avons plus que
le souvenir. Les chevaux du Melleraut et
des environs d'Alen�on, si recherch�s pour
le service de la cour, soit dans les �qui-
pages de chasse , rtf� pour la remonte des
officiers des gardes -du .-corps , mousque-
taires, gendarmes, chevaux l�gers, cara-
biniers , sont aussi disparus en totalit� ;
mais les races ne sont pas encore tellement
perdues que nous He puissions plus les re-
trouver. Nous peilsons au contraire qu'� !a
longue elles peuvent se relever avec �clat
par le tr�s-petit nombre de bonnes jumens
indig�nes qui nous restent, pourvu qu'on
renonce � la funeste manie de faire saillir
les jumens de selle par des �talons carros-
-ocr page 66-
DK S H AH A S.                      6� ■
siers ou mixtes , et les jumeus earrossi�res
par des chevaux de selle , et qu'on fasse
entendre au paysan qui , possesseur d'une
petite jument, vous demande un grand
�talon pour relever sa race, qu'il lui faut
un clieval qui lui fasse un bon poulain de
preiercnce � un grand cheval; et qu'on dise
en m�me temps � celui qui , avec une ju-
ment carrossiers , veut faire des chevaux
de selle que la nature , en lui donnant
sa jument, avait d'avance imprim� dans sa
conformation les caract�res du fruit qu'ello
devait porter ; qu'il ne doit pas chercher �
la ma�triser , en agissant en sens inverse du
bon sens et de ses int�r�ts ; qu'enfin , pour
vouloir avoir ce qu'on ne peut raisonnable-
meut obtenir , on finit par ne rien avoir
da tout.
Nous proposerons , dans le chapitre sui-
vant, les moyens 1C3 plus simples k em,
?%<* pour relever les races , et les ran�,
mer � leur puret� primitive.
-ocr page 67-
62
31 A N V E L
C1UPITR E III.
Moyen de relever les races de Chevaux
fran�ais.
VJK sait assez comme les races de chevaux,
se d�t�riorent, comme elles s'ab�tardis-
sent. Les causes de leur d�cadence ayant
�t� suffisamment expliqu�es dans le cha-
pitre pr�c�dent, il sera question, dans celui-
ci , du moyen de les relever et de les ra-
mener � leur puret� primitive , par uu
mode aussi simple qu'il est facile � ex�-
cuter,
Si la r�g�n�ration de L"esp�cc du cheval
pouvait se faire machinalement et comme
par instinct, nous pourrions �tre indiff�-?
rens sur la d�t�rioration dans laquelle elle
-ocr page 68-
n E S H A Jl A S.                       53
««totnL�e, assur�s qu'elle pourrait se re-
lever d ellc_m�me ; ma.s cmume ^ fau[
prendre une route toute oppos�e � celle
Vion suivait autrefois, nous examinerons
«les moyens que nous employons aujom._
ni sont sufTisans pour remonter l'esp�ce
0 Seu�ral, et si nous ne devrions pas corn-
l],CUL'Cr Pai'une �puration salutaire qui. en
nous fiusant appr�cier nos faibleg resso^
c«, nous mettrait en �tat d'en ther parti.
Sa Maioci/ in-
hl�«a > � empereur et Roi, en r�ta-
mant les haras, les a destin�s autant �
--rer l'industrie des propri�taires de,
�^enspoulini�res, par la mani�re dont s'y
Juraient l
                -,                                 r
les accouplement , qu'� rassem-
coI»p0tntleidiVer8�tabUsSemenS^iles
r         , les germes les plus purs de
repr°fUCb0n ^leS faire Jctifie! d'une
"-creuti,eatonSsessujetS:cl]eadauc
^<Pe les �talon, ^ entreraient dans
quesdC;u;;rde"rscaract�rist-
eu m�les TuZul ^ J^"
«attelles neu d entach� do
-ocr page 69-
64                              M ■*■ S U E L
vices li�reditaires qui se communiquent �
la prog�niture pour d�naturer les races.
Semblables � l'or qu'on essaye pour juger
de sa puret�, et qu'on poin�onne ensuite
pour lui donner cours , les �talons et jumcns
poulini�res devraient �tre examin�s et
�prouv�s de mani�re � fournir une garan:-
tie absolue de leur bont� , pour les particu-
liers qui se livrent � l'�l�ve de cette sorte,
d'animaux,
Nous sommes loin de cbercber � faire la
critique rigoureuse d'un tr�s-grand nombre
d'�talons des baras , mus dirons simple-
ment que la pr�cipitation qu'on a mis � en
remplir les cadres a nuit singuli�rement �
leur prosp�rit�, et que si l'on n'en faisait
pas sortir au inoins les plus mauvais cbe-
vaux , ces �tablissemens, perdant la con-
fiance qu'ils doivent inspirer, deviendraient
absolument inutiles»
De ce qu'on a cru en principe que nos
�talons �taient tous bons, non-seulement
-ocr page 70-
DES HARAS.                      65
l'am�lioration n'a pas pu avoir lieu, mais
encore aucune de nos races n'a pu se rele-
ver, par la raison qu'on a fait entendre
qu'il �tait �-peu-pr�s indiff�rent que les
jumens fussent couvertes par tel ou tel �ta-
lon , puisque nous n'en avions pas de mau-
vais : nous ne pouvions pas d�nigrer des
animaux appartenant � l'Empereur, et
beaucoup de particuliers en ont �t� les vic-
times.
Il est cependant une v�rit� incontesta*
blc, c'est que si nous avions seulement,
dans toute l'�tendue de l'Empire fran�ais,
trois cents �talons propres � faire race,
nous serions le peuple de la lerre le plus
riche en chevaux : de ce que nous en pos-
s�dons un bien plus petit nombre , il ne
s'ensuit pas que la r�g�n�ration soit impos-
sible ; nous n'en aurions qu'un de chaque
race, qu'il suffirait, avec le temps , pour
la rel ever ; mais il faudrait qu'il fut distin-
gu� des autres et bien connu. Eclipse , don t
»ous parlerons dans le cours de cet �crit �
3 *
-ocr page 71-
(66                        MANUH
a sTifH pour remonter la race anglaise au
point o� elle est aujourd'hui.
Ceci nous menant � distinguer, dans ce
que nous poss�dons, les sujets qui ont les
qualit�s n�cessaires pour relever une race ,
il conviendrait, dans chaque liaras ou d�p�t
d'�talons, de signaler ceux qui les poss�-
dent , potir ne leur faire saillir que des ju-
mens aussi pures qu'eux-m�mes, et avec
lesquelles ils seraient parfaitement en rap-
port. C'est par ces nouvelles produciions
que nous nous d�roberions h la co�teuse n�-
cessit� d'aller � grands frais dans T�tran-
ger chercher des �talons, la plupart de
races inconnues, qui ont plus servi � l'ab�-
tardissement de l'esp�ce qu'� la relever.
La statistique g�n�rale des �talons, pouli-
ni�res et poulains appartenant � Sa Majest�,
rigoureusement faite, en nous mettant �
m�me de conna�tre ce que les haras ren-
ferment de bien v�ritablement pur, nous
donnerait en m�me temps la connaissance
-ocr page 72-
B E S il A R A Si                         (r/
de ce qui est vici� de mani�re � g�ter les
races. Les germes reconnus sans tache
seraient plac�s dans les lieux o� ils peu-
vent prosp�rer et servir � l'am�lioration. Le
placement de tous ces animaux serait d'au-
tant moins difficile (pie la nature semble
leur avoir assign� la place qu'ils doivent
occuper, comme nous le verrons dans le
chapitre suivant.
Il y avait avant la r�volution des �talons
et des juinens approuv�s. Ceux qui poss�-
daient les premiers s'appelaient gardes �ta-
ons; Us jouissaient de privil�zes et d'im-
mun�tes qui sont abolis aujourd'hui. Les
ipri�laires de jumeus approuv�es, pour
toftt le temps <ru"elles �taient en �tat de
donner de bans p^-ukins, recevaient une
r�tribution amrueUe b�soe sur le m�rite de
la jument.
Cette m�thode , � l'�gard des �talons ,
*ait sans inconv�nient dans un temps o�
la race normande, bonne encore, gpu
-ocr page 73-
68                           MANUEL
se suffire � elle-m�me, n'avait besoin que
de se conserver pure par l'accouplement
des m�les les plus distingu�s avec les fe-
melles de la m�me sorte ; ^nais aujour-
d'hui qu'elle est compl�tement d�t�rior�e ,
autant par des appareillemens disparates
�que par des tares h�r�ditaires, qu'on a laiss�
se propager au point que nous ne connais-
sons pas en Normandie dix m�les en �tat
de soutenir la race; � quoi peuvent nous
servir des �talons d'esp�ce ab�tardie et d�-
compos�e , qu'on n'approuve que parce
qu'ils ne sont pas jug�s dignes d'entrer dans
les haras ? Pourquoi pensionner des ani-
maux qui peuvent perdre nos races ? A-t-on
peur que ceux � qui ils appartiennent ne
les fassent couper ? Certes, ce serait le plus
grand bonheur qui pourrait nous arriver !...
Que les partisans de leur approbation se
rassurent, on ne les approuverait point
qu'ils ne seraient pas coup�s. Comme ils
se vendront mal, ils seront consacr�s � la
reproduction; ils feront des poulains en con-
currence avec nos �talons, et la race nor*»
-ocr page 74-
DES �� A A A S.                       6g
mande est perdue, si l'on ne trouve pas
Pour la relever un autre mo yen que celui-l� !
Avant la r�volution, il y avait ^^ ?
ind�pendamment des jumens approuv�es ,
un tr�s-grand nombre de belles poulini�res
que les r�quisitions forc�es d'une part, et la.
disette de bons �talons de l'autre ont fait
dispara�tre. La race qui ne pouvait se sou-
tenir que par les jumens, n'a pas tard� �
se d�t�riorer d'une mani�re effrayante.
Cette perte ayant rendu les chevaux de
Q *s plus difficiles � trouver, en a aussi
aU haUsser lc Prix. Les jumens ont �t�
Plus courues, et, les propri�taires de celles
l» restaient, pr�f�rant un b�n�fice certain
et tout pr�s � celui qui n'�tait que pr�caire
et �loign�, n'ont pas balanc� � faire de
argent de leurs meilleures poulini�res , et
n'ont r�serv� p0ur la reproduction que
celles qui, par des vices presque toujours
b�r�ditaircs , n'auraient pas pu se vendre
avantageusement. De la est venue cette
raret� toujours croissante de belles ju-
-ocr page 75-
rO                           H A H V E l
mens, dont le nombre en ce moment est
si petit, que nous n'en connaissons pas
cent dans toute la Normandie qui en pos-
s�dait des milliers.
Ce que l'app�t d'un gain �ph�m�re a
fait de mal, l'int�r�t, qui est le mobile des
actions des hommes , peut le r�parer et
ramener les choses o� elles en �taient avant
tant de d�sastres. Que les primes destin�es
aux plus beaux chevaux, et qu'on donne si
souvent � ceux qui le m�ritent le moins ;
que l'argent consacr� � payer la pension de
chevaux approuv�s , qu'il faudrait peut-�tre
faire ch�trer pour les emp�cher de se re-
produire , soit r�serv� pour l'indemnit�
qu'on accorderait, dans toute l'�tendue de
l'Empire , aux jumens pures de chaque
race qui seraient employ�es � la reproduc-
tion. Ces b�tes , f�cond�es par des �talons
reconnus aussi sains qu'elles, parfaitement
en rapport de caract�re , de classe et de
conformation, nous auraient bient�t mis
en mesure d'atteindre notre Irai, et nous
-ocr page 76-
DES II A R A S.                         rjt
n'aurions plus la crainte de manquer d'�-
talons , et par cons�quent de bons eue-
Vaux.
Encore une fois, ce sont moins les �ta-
las qui nous manquent que les bonnes
P-unens, puisque sans elles nos meilleurs
unions ne peuvent nous faire que des pro-
ductions m�diocres si elles ne sont pas ta-
r�es. Le fameux Eclipse d'Angleterre vien-
drait en Normandie, qu'il n'y aurait pas
dix jumens � mettre en rapport avec lui.
aura beau vouloir compter les races
par les mtMpo n � � . .          i 1
rt'es> elles n existent que dans les
S 1IUu-g�nes ; les m�les , comme dans
l'esp�ce humaine, �tablissent la diff�rence
des familles , mais les femelles fout le
1 des races ; cela est incontestable.
Comme les in*~�           i
� .                      J^mens seules peuvent nous
.taire rentrer dans no* k                       -i
os bonnes races, il con-
rendrait non-seulement que celles qui au-
« 1««qualit�s requises pour les relever
-ocr page 77-
*}%'                     It.A S tS t %
fussent consacr�es � la reproduction, mais
encore qu'il fut d�fendu d'en vendre une
seule jusqu'� ce que nous en ayons un assez
grand nombre pour r�pondre � nos pres-
sans besoins. L'esp�ce de bonnes jumens
remont�e ne nous laisse plus de d�me sur
une r�g�n�ration compl�te, qui nous fera,
sans le secours d'autrui, aller de pair avec
l'Angleterre et les contr�es de la terre les
plus riches en bons chevaux.
Il serait superflu d'en dire davantage su*
un objet dont il n'est pas un seul fran�ais
qui ne reconnaisse l'utilit� ; nous passerons
maintenant � la division des classes ,
comme � celle des localit�s qu'elles doi-
vent occuper.
rivvv»W^
-ocr page 78-
MES II '. R A S.
7-
CHAPITRE IV.
Mode d'Epuration de nos races de Chevaux.
Ap r � s avoir, dans l'historique des haras ,
fait conna�tre une partie des causes qui ont
contribu� le plus � l'ab�tardissement de l'es-
P�ce en g�n�ral, et fait, dans le chapitre
suivant, l'expos� d'un moyen propre � la
relever, nous parlerons dans celui-ci d'un
mode d'�puration d'autant plus facile , que
C'est la nature elle-m�me qui l'indique'dans
le caract�re ind�l�bile qu'elle imprime �
cWune des classes dont il nous reste �
faire la division.
Nous avons dit, et nous croyons bien l'a-
vo,i- prouv� , que nos races de chevaux ont
commenc� � se d�t�riorer par l'introduction
des jumens �trang�res, dont nous n'excep-
4
-ocr page 79-
74                        '! ino�i
tons pas m�me celles qui nous sont venues
d'Arabie.
Une autre cause de d�t�rioration , au
moins aussi sensible, a �t� produite par la
fusion de l'esp�ce earrossi�rc dans celle
que la nature a destin�e � porter ; or, pour
en faire la diff�rence, qui n'est pas diffi-
cile � saisir , nous ne pr�senterons ici le
tableau, de la conformation qui caract�rise
chaque esp�ce, que pour nous renfermer
dans l'iisage re�u ; nous rangerons sous les
d�nominations de classe de selle pour la
classe destin�e � porter, et earrossi�rc pour
celle que la nature semble avoir fait pour
le trait.
En commen�ant parla premi�re qui nous
para�tla plus int�ressante en ce que celui qui
se risque sur le dos du cheval est plus ex-
pos� que celui qui n'a qu'� le diriger, pour
lui faire tra�ner un'ebar pompeux ou des
fardeaux, nous dirons cme ces deux classes
diff�rent eiitr'elles, que si jamais un vrai
-ocr page 80-
DE5 HARAS.                           7,')
al de selle n'a pu foire un bon cheval de
trait, jamais non plus un bon cheval, de voi-
ture ne pourrait faire une monture agr�ablei
cela vient de leur conformation qui doit �tre
diff�rente , et c'est � l'�il du connaisseur �
inguer ce qui convient � chaque service.
v.
Tout le monde sait qne ces deux classes
se subdivisent ; la premi�re , en clievaux
de course, dont on fait aussi des chevaux
de guerre , en monture de promenade ou
pour voyager ; la deuxi�me , sert au car-
rosse , � l'agriculture et au commerce. C
qui porte, doit �tre l�g�re � l'avant-mai
et forte clans le train de derri�re. Celle au
contraire qui tire , ou pour mieux dire
pousse, a besoin de fortes �paules, et de
plus de chair � Payant-main que l'autre,
1 effet de la pouss�e ne pouvant �tre qu'eu
raison de la masse et du point d'appui que
les chevaux de charrette, par exemple,
Souvent dans ces �normes colliers qui n'ont
�t� invent�s que pour augmenter leurs for-
tes , en doublant pour ainsi dire leurs
v
-ocr page 81-
MMHHHBIME
JO                        MABUSI
moyens. Les jarrets , dans tous les sujets ,
doivent �tre larges, peu charnus et exempts
de tares.
C'est donc, comme nous l'avons dit, le
m�lange mal raisonn� de ces deux classes
qui en a form� une troisi�me mixte , qu'on
peut regarder comme une d�gradation de
l'une et de l'autre. La nature cependant, en
leur imprimant un caract�re d'utilit� diff�-
rent, ind�pendamment de ce qu'elle avait
fait pour nous les faire conna�tre , de ma-
ni�re � ce qu'on aurait jamais d� les con-
fondre , n'avait pas manqu�, comme nous
allons le faire remarquer , d'assigner � cha-
cune d'elles la place o� elle pouvait pros-
p�rer, et. c'est encore en changeant ces lo-
calit�s, si sagement �tablies par elle , que
nous avons aggrav� le mal au point que
nous ne pouvons pins nous en relever, qu'en
remontant aux principes dont nous nous
sommes trop l�g�rement �cart�s.
Pans la r�g�n�ration de l'esp�ce, nous
-ocr page 82-
D ES H A R A S.                           rjj
ayons, d'imc�l�, �rcirouverleslieuxo� cha-
que classe, qu'on divisera en familles ou
races, peutprosp�rer, et � traeerles pr�cau-
tions � prendre pour ne jamaisles confondre.
�" n'est personne qui ne sache que les
chevaux �lev�s sur les lieux secs et mon-
tneux n'ont aucune esp�ce d'analogie avec
ceux qui naissent et vivent dans les lieux
bas et mar�cageux que nous appelons
plaine. Ces derniers, en g�n�ral, ne sonl
Propres qu'au trait, tandis que les premiers
pr�sentent tous les caract�ristiques du che-
val de selle. Les chevaux de montagne ou.
des pays arides, ont la t�te et l'encolure
plus d�charn�es, moins de chair aux �pau-
*es> les pieds plus petits et les talons moins
gros. Les chevaux de plaine , au contraire ,
ont plus d'encolure et les pieds plus larges ;
on voit par l� que la nature, toujours sage
dans ses op�rations, a donn� aux animaux
qu'elle destinait � vivre dans des lieux sou-
vent humides et mar�cageux , des pieds
dont la largeur p�t �tre en raison de la
-ocr page 83-
y?>                           m a n c e r,
niasse qu'ils auraient � supporter; tandis
qtt'� ceux qui gravissent sur les montagnes,
qui ont � marcher dans des chemins pier-
reux et difficiles , elle a donn� � ces parties
plus de duret� et. moins de largeur, ce qui
annonce Lien positivement leur destination
respective : c'est ce qui fait que sur vingt
chevaux qui na�tront dans ce qui compre-
nait autrefois toute la Normandie , dont les
*rois quarts sont plaines, quinze seront car-
rossiers, et cinq seulement seront pi
� la selle; au lieu que sur un nombre �gal
de chevaux du d�partement de la Haute-
Vienne, quinze se trouveront convenir �
la selle, et � peine y en aura-t-il cinq qui
pourraient servir au trait, par la raison que
le Limousin, dont'lesquatre cinqui�mes sont
en coteaux, ne pr�sente de localit�s favora-
bles qu'aux chevaux de selle. Il est donc
aussi ridicule de chercher � faire des che-
vaux de selle , dans la plaine de Ca�n, que
des carrossiers dans le d�partement de la
Haute-Vienne, et autres lieux qui pr�sen-
tent les m�mes sites.
-ocr page 84-
DES HARAS.                       79
Ceci explique suffisamment pourquoi les
chevaux arabes , qui pa;� l'aridit� des con-
tr�es o� ils vivent, doivent �tre consid�r�s
comme chevaux, de montagne , n'ont jamais
si bien r�ussi dans la ci-dovant Norman-
die, que dans le Limousin, l'Auvergne, la
Navarre, o� il se trouve un bien plus grand
nombre de jumens avec lesquelles ils sont
naturellement en rapport.
Il ne faut cependant pas en inf�rer, (pie
le cheval d'Arabie qui, suivant les apparen-
ces , a servi � am�liorer presque toutes les
races de la terre, ne puisse pas, en en usant
Svec sobri�t�, faire bon en Normandie,
puisqu'il trouvera dans le Melleraut et par-
tie des environs de S�ez et d'Alencon , des
analogues dont il est possible qu'il puisse
grandement am�liorer les productions. En
eliet, pourquoi ne r�ussirait-il pas dans
une cont�e dont les belles jumens ont tant
Ue ressemblance avec celles de l'Angle-
terre , qu'on les prendrait pour une seule
et m�me race, quand il a fait acqu�rir � la
-ocr page 85-
8o                           HAKUEl
race anglaise un degr� de perfection qu'il
8crait impossible de surpasser ? Les exp�-
riences malheureuses qu'on en a faites ,
loin de nous d�go�ter, devraient nous por-
ter � les recommencer avec plus de soin ;
et en les renouvelant dans les principes, il
n'y a point de doute que les chevaux arabes
ne r�ussissent aussi bien, m�me dans cette
partie de la France qu'ils ont fait en Angle-
terre, si l'on suivait, pour les accouplemens,
lam�iliode pratiqu�e avec tant de succ�s par
les Anglais qui l'ont emprunt�e des Arabes.
Revenons aux divisions. La nature elle-
m�me les ayant �tablies , nous n'y ehauge-
" rons rien. Le sol de l'Empire Fran�ais
comme le reste de la terre , se trou e d> ne-
compos� de deux portions tr�s-distinctes ,
coteaux et plaines. La premi�re, comprend
les lieux arides et montueux ; la seconde ,
s'entend des lieux mar�cageux et bas.
Comme c'est sur cet espace, qu'on peut ap-
peler universel, que d;>it vive toute la cr�a-
tion , nous poserons en principe que si
-ocr page 86-
»�S HARAS.                       8l
jamais un �talon de plaine , qui sera n�ces-
sairement carrossier , ne doit pas �tre plac�
dans les lieux arides ou �lev�s , jamais
non plus un �talon qui aura pris naissance
sur les montagnes , ne sera convenable-
ment utilis� dans la plaine. Il en sera de
m�me des jumens qui devront toujours �tre
f�cond�es sur le lieu qui les aura vu na�tre ;
et en ne nous servant que de jumens indi-
g�nes au sol, le placement de nos �talons
de l'ace pure ou am�liorante ne sera pas
difficile � faire. Les chevaux propres � la
selle seront r�partis sur les lieux mon�
tueux et secs, et les carrossiers resteront,
ou seront envoy�s dans la plaine.
Ce proc�d� uniforme et simple, en ren-
dant aux deux classes leur caract�re primi-
tif, nous mettra en mesure de suivre les
progr�s de l'am�lioration que nous aurons
rendue praticable.
De ce qu'il est reconnu qu'il faut dans
les appareilleaiens une similitude absolu*
-ocr page 87-
8a                     manuel
de nature comme de Conformation
que Le poulain, participant de lune et de
l'autre, apporte en naissant des signes ca-
ract�ristiques de la race dont il sort, il s'en-
suivra qu'en mettant toujours un �talon de
selle avec une jument de m�me classe, et
une jument de trait avec un �talon carros-
sier, nos plaines fourmilleront d'animaux
de celte derni�re classe, comme nos pays
arides et montueux suffiront � tous nos
besoins pour clos chevaux de monture qu'on
cherche indistinctement partout, sans en
trouver de bons nulle part.
Avant la r�volution , on ne vendait aux.
foires d'Alen�on, d�partement de l'Orne,
que des chevaux de selle; les marchands
de chevaux de carrosie n'y venaient m�me
pas, ils tiraient les chevaux de trait de l�
plaine de Ca�'n dans le Calvados , de !a
Manche, de l'Eure, de la Seine-Inf�rieure
ou du Cotentin. Aujourd'hui, ces m�mes
marchands cherchent des carrossiers dans
le Melleraut et aux foires de Ca�'n, d«
-ocr page 88-
DES HARAS.                        83
Ea�eux et de Rouen, des chevaux de selle
qui sont si peu propres � ce service qu'ils
les laissent clans l'embarras de ne savoir
comment les classer.
Ne sachant dans quelle cat�gorie ranger
de pareils chevaux, qu'on peut convena-
blement appeler mixtes, tr�s-souvent b�tar-
des , on a trouv� comrhode de les appeler
d'escadron, qui, sans ressembler � aucune
des deux classes , participent n�anmoins de
l'une et de l'autre. Ces animaux, non plus
que les jumens de m�me sorte, qui ont une
physionomie ind�finissable, ne devraient
jamais entrer dans les liaras, si l'on veut
�purer les classes et leur rendre leur ca-
ract�re primitif. Il se fera assez de chevaux
de cette esp�ce sans que nous nous en
m�lions, et il ne doit sortir des �tablisse-
mens imp�riaux que des chevaux caract�-
ris�s , soit pour la selle , soit pour le trait.
Parlons maintenant des chevaux d'An-
gleterre , moins pour en faire l'�loge que
-ocr page 89-
84                          MANUEL
pour prouver que la m�thode que suivent!
les Anglais est autant � notre port�e qu'elle
"nous est applicable, et que des appareil] e-
mens faits dans leurs principes comme nous
le dirons dans le chapitre VI, doivent n�-
cessairement am�liorer les races fran�aises,
de mani�re � ce que nous puissions un joos
les compter en premi�re ligne»
■fv* ■* *. ■»,�* ■wi
-ocr page 90-
S.,
» E S HJRAS,
CHAPITRE V.
Sur les Chevaux de l'Angleterre.
o uoiqu'on ait d�j� beaucoup parl� des
chevaux d'Angleterre en g�n�ral, il pour-
rait bien se faire qu'ils ne nous fussent pas
encore assez connus, sous les rapports du
service rpie nous en pourrions tirer pour
l'am�lioration de nos races de chevaux.
Nous allons doue essayer d'en retracer
approchant l'origine , d'apr�s ce que les
meilleurs auteurs modernes de ce pays en
ont dit, en commen�ant par les chevaux
de pur sang.
L'on n'est pas parfaitement d'accord en
Angleterre sur l'origine positive des meil-
-ocr page 91-
85                               M A. H Xi 2 I- -
leurs chevaux de cette �le. Les Anglais
conviennent cependant que les clievaux
barbes et arabes ont grandement contribu�
� leur am�lioration ; mais comme ils ne
parlent point de l'�poque o� elle a com-
menc� , il est naturel de la faire dater du
temps des croisades, o� les arm�es des
princes coalis�s, pour ce qu'ils appelaient
la guerre sainte, se sont n�cessairement
remont� , dans la Palestine , de chevaux
qui, � leur retour , ont d� concourir dans
toute l'Europe � l'am�lioration qui nous
occupe particuli�rement aujourd'hui, avec
la diff�rence que les Anglais ont perfec-
tionn� leurs races , dans la m�me propor-
tion que nous avons laiss� d�t�riorer les
n�tres.
Que ce soit la race arabe eu barbe qui
ait contribu� � l'am�lioration de la race an-
glaise , ou qu'ils se soient servis d'autres
races qui se sont perdues depuis , ou m�me
que les races les plus estim�es de l'Angle-
terre , comme le pense M. Taplin , ne
-ocr page 92-
; S H & B V S.                         3/
leur �clat qu'� l'union Lien combi-
n�e de la belle jument d'Angleterre avec
le cheval du m�me pays, toujours est-il
vrai de dire que les Anglais , par des croi-
semens bien entendus , sont parvenus, clans
te qu'ils appellent leurs chevaux de pin-
Sang , � un degr� de perfection tel qu'il
n'y a peut-�tre pas, dans toute l'Arabie ,
lui seul cheval en �tat de se mesurer en
force et en vitesse avec les chevaux ordi-
naires de ceue classe.
^c qui prouverait dans notre syst�me ,
que si ]a ,.ace ; comme le croient les
Arabes , existe plus particuli�rement dans
les femelles que dans les m�les, la race
anglaise en 'principe , valait mieux que la
race ar;\l;i' , ot ujjj n>a ^ question que
de l'am�liorer , au moyen d'�talons d'un
�ite sup�rieur.
M- Taplin, l'un dos meilleurs auteurs
anglais (pi aicai; �crit sur les chevaux , et
dont 1 ouvrage publi� depuis peu d'ann�es ,
-ocr page 93-
00                               SI A N TJ E L
est � sa treizi�me �dition, se trouve en
contradiction avec M. Braken, qui a aussi
�crit sur l'origine des meilleurs clievaux
d'Angleterre: suivant ce dernier, tous ou
la plupart sortiraient de Ftjring Childers ,
cheval arabe dont le duc de Devonsliire �
qui il appartenait, refusa son pesant d'ar-
gent. Le premier, au contraire, qui a �crit
depuis M. Braken, qu'il a m�me com-
ment� , sans parler positivement de l'ori-
gine que nous cherchons � conna�tre, assure
que ses compatriotes , � la v�rit� jaloux
d ajouter , s'il �tait possible , au m�rite
d�j� reconnu de leurs chevaux, firent ve-
nir , � tr�s-grands frais, de l'Arabie, des
�talons de premi�res races , qui, accoupl�s
aux'jumens les plus v�tes de l'Angleterre ,
ne produisirent d'autres r�sultats qu'un peu
plus de vitesse , mais aux d�pens du f;jnd,
qui n'a jamais pu se soutenir au-del� d'un
mille ou le tiers d'une lieue; il ajoute que
persuad�s du peu d'avantage qu'on en pou-
vait tirer, du c�t� de la force, les Anglais,
depuis vingt ans , les avaient tout-�-fait
-ocr page 94-
DES H AS AS.                      8g
abandonn�s , pour ne s'occuper que de la
conservation de leur race telle qii'elle est
aujourd'hui. En effet, nous avons vu en
1784, � Newmarkct, un cheval bai arabe,
qui ne couvrait pas � moins de cinquante
guin�es par jument ; et vingt ans apr�s , au
m�me lieu , un autre arabe gris plus beau
que le premier, qui avait bien de la peine
� avoir des jumens � une guin�e ou vingt-
cinq francs le saut.
Quelle que soitl'originc poshivede la race
anglaise , ou pour mieux dire, l'�poque du
commencement de son am�lioration , mal-
gr� la contradiction des auteurs crni en ont
parl�, c'est que le principe existait en An-
gleterre , comme il existe en France pour
les races normande, limousine, bretonne,
navarrinc, et�»,L'Angleterre, tout comme
nous, avait ses jumens indig�nes qui, croi-
s�es suivant leur classe, avec des �talons
arabes, barbes, anglais, danois, et pro-
bbloment fran�ais, se sont am�lior�es par
degr�s dans leur descendance , et que nous.
4*
-ocr page 95-
90                           MANUEL
pouvons faire la m�me chose que ce peu-
ple , en apportant dans nos appareillemens
les m�mes pr�cautions qui l'ont dirig� dans
l'am�lioration de races qui font aujourd'hui
son orgueil.
la race anglaise ne doit donc point �tre
consid�r�e comme m�tisse , puisque sa r�-
g�n�ration n'a pu se faire sans le concours
des junions indig�nes qui, en Angleterre ,
comme dans tous les pays du monde , for-
meront toujours le noyeau des races. Reste
� savoir si la classe des chevaux de pur sang
qui l'emporte autant en force et en vitesse ,
qu'en taille et m�me en figure sur les
chevaux arabes , auxquels on veut qu'elle
soit redevable de ces pr�cieux avantages ,
soutiendra long-temps cette sup�riorit�
qu'elle s'est acquise , et si, en France , au
Moyen des chevaux arabes que nous poss�-
dons d�j� , et ceux de l'Angleterre , que
nous pourrons par la suite nous procurer ,
les n�tres ne pourront pas un jour l'�galer
en r�putation comme eu bont� ?
-ocr page 96-
DE S H A P. (i S,                       9I
Il semble , d'apr�s M. Taplin, que le
r�gne du Gr�nd-J�c�ipse], si nous pou-
vons nous exprimer ainsi , ait �t� l'�poque
la plus brillante de la sup�riorit� des cour-
siers d'Angleterre; et si les productions de
ce cheval �tonnant, qui a fait oublier celui
non moins fameux auquel il devait son
origine , sont � quelques �gards , dignes de
la haute r�putation de leur p�re , aucun de
ses descendans , n�anmoins, ne pourrait,
avec justice , lui �tre compar�. Les tenta-
tives que les Anglais ont faites jusqu'� ce
jour, n'ont servi qu'� les convaincre que
la nature , � tout ce qu'elle fait J met des
bornes que les combinaisons humaines, ec
peuvent plus francliii-, et en s'applaudis-
s'antd'�tre arriv�s jusqu'o� iln'estpluS pos-
sible d'avancer, ils se conduisent de ma-
ni�re � ne reculer qu'� la derni�re extr�-
mit�. Une m�thode uniforme et simple qui
convient a leur soi, � leur temp�rature,
leur garantit la continuation des r�snl
avantageux d'une science que l'exp�rience
leur a donn�e.
-ocr page 97-
*}2.                           MANUEL
Nous ne pouvons nous dissimuler que
nous sommes loin de ces insulaires , pour
tout ce qui concerne l'�l�ve et l'am�liora-
tion des races de chevaux. Plus favoris�s
cependant de la nature , pour cette brandie
importante de l'�conomie rurale, nous n'en
sommes � une aussi grande distance , que
parce que nous avons jusqu'ici d�daign� de
les imiter, et qu'au Lieu de ne vouloir
comme eux que ce qui est bon, nous sem-
blons nous contenter d'une belle apparence,
qui nous fait regarder comme principal,
ce qu'ils n'ont jamais consid�r� que comme
accessoire.
Si nous n'avions des chevaux que pour
les regarder, nous aurions sans doute rai-
son de donner la pr�f�rence aux plus
beaux : l'�il se repose plus agr�ablement
sur les formes enchanteresses de l'Apollon
du Belv�d�re , que sur celles plus m�les et
moins gracieuses de l'Hercule Farn�se ;
mais nos chevaux doivent nous porter avec
s�ret�, vitesse et agr�ment, ou nous tra.�-
-ocr page 98-
DES HARAS.                         9<3
ner avec vigueur ; ils nous servent aussi ,
surtout � la guerre , dans des occasions p�-
rilleuses ; il faut donc que pour premier
m�rite, ils aient de la force, de l'adresse,
de la bonne volont� , et surtout du courage ;
toutes qualit�s qui sont ind�pendantes de la
figure : si celle-ci s'y rencontre, tant mieux ;
mais c'est ce dont nous pouvons le plus ai-
s�ment nous passer.
Pour en revenir � Eclipse, sa m�re avait
�t� couverte , celte m�me ann�e , par S/ia-
kespear
et Marsk , en sorte que le duc de
Cumberland qui la poss�dait, et son ma�tre
groom �taient incertains auquel de ces
deux clievaux appartenait le droit de prog�-
niture. Cependant la jument ayant mis bas,
le jour de cette fameuse �clipse, qui cor-
respondait plus particuli�rement avec l'in-
sertion au registre de la saillie de Marsk ,
celui-ci eut l'honneur d avoir produit un
des premiers chevaux du monde , dont la
force , l'haleine et la vitesse �taient telles,
qu'avec un poids de douze siones , ou �-
-ocr page 99-
�4                       il A Sf-� -K 1
peu-pr�s soixante-dix kilogrammes, il lais-'
Sait, sans peine , � double distance , poul-
ies prix que le roi fait donner annuellement,
tous les plus fortsclievaux de l'Angleterre,
qui couraient contre lui, et que pour tous
les autres prix ou sweepstakes,, il ne se
trouva pas un seul cheval en �tat de les lui
disputer.
Mais sa sup�riorit� ne se serait pas ma-
nifest�e � la course , qu'on l'aurait reconnu
dans ses productions, en voyant para�tre
Mercury , Meteor , Soldier, Gunpowder ,
K'uig Fargus , Dungannon , Btnvdrow ,
Jupiter , Vertumnus ,
et beaucoup d'autres
aussi c�l�bres , dont le pur sang coule dans
une infinit� de branches qui, par des croi-
semens bien entendus, se propagera sans
doute � l'infini.
Les chevaux de course ou de pur
sang , sont ceux pour lesquels les Anglais
ibnt une d�pense extravagante, il y en a
m�me beaucoup qui s'y ruinent} mais i! y
-ocr page 100-
D g S B AB. AS.                     9a
a aussi quelques particuliers que ces chc-
Taux enrichissent.
Les paris sont, comme on sait , la folie
des Anglais , le Racing Calandar , ou
l'annuaire des courses de 1800 , parle
d'une souscription de deux mille six cents
guin�es, pour vingt-six chevaux qui �taient
� na�tre. C'est sur la r�putation des races
dont sortent les poulains, qu'ils les engagent
pour des courses qu'ils font ordinairement
� trois ans , c'est-�-dire , lorsqu'ils entrent
dans leur quatri�me ann�e. Ils ne deman-
dent jamais � voir 1rs chevaux : ils parient
souvent des sommes consid�rables , long-
temps avant que leurs jumens aient �t� f�-
cond�es. Si la m�re de la pr�tendue pro-
duction ne fait pas de poulain , le pari est
nul � son �gard : lorsque le poulain est n� ,
s'il ne tourne pas � Lien, le propri�taire
paie ce qu'ils appellent/ia//l/"o7y�jVJ moiti� de
d�dit, h moin s qu'il ne soit sp�cifi� dans l'acte,
plaj orpaj-j ce qui v eu t dire courir ou payer :
dans ce cas, le parieur gagne ou perd tout.
-ocr page 101-
9&                           M A S U E I,
Il faut �tre en Angleterre ou la bien con-
na�tre, pour se faire une id�e de la diff�-
rence qu'un seul pari ou sweepstakes peut
apporter dans le prix d'un cbeval, qui est
quelquefois, en un seul jour, port� au faite
de la renomm�e. D�s ce moment le pro-
pri�taire peut y mettre le prix qu'il veut,
il est assur� de le vendre. Soph�a, engag�e
dans un pari consid�rable, en 1801 , �tait
� vendre pour cent guin�es , si elle e�t �t�
battue ; nous avons vu celui � qui elle ap-
partenait , en refuser trois mille guin�es,
sit�t qu'elle e�t gagn� sa course. Si c'est un
cheval, et que celui qui le poss�de se d�-
cide � en faire un �talon il peut en tirer
beaucoup d'argent. On a vu , depuis 3o ans,
plusieurs �talons produire � ceux qui les
poss�daient , cinquante mille francs par
saison , et Hlgh-Fljer a valu , pendant
plusieurs ann�es, plus de soixante mille
livres de rente � M. Tattersall. .
Ces brillans succ�s sont pourtant assez
souvent de bien courte dur�e, et le plus
-ocr page 102-
T> E S H ARA S.                          97
fameux , uae fois battu, glisse derri�re ie
tableau, et est � peine remarqu� en seconde
ligne. Tel fut le sort d'un Herod , � l'�gard
�'Eclipse; d'un �ver-Green envers un
t-Brier, et d'un grand nombre d'au-
tres qui ont c�d� lepas auxfavoris du jour ;
ce m�me High-Fljer:, dont nous venons
de parler, et � Jfood-Pecker, dont le pre-
mier a produit trente-neuf gagnans dans
quatre-vingt-onze paris consid�rables, et le
dernier dix-sept chevaux,qui ont eu l'avan-
tage dans cinquante-quatre occasions.
Les premiers sauts de FTigh-Flj-er , n'�-
taient cependant qu'� une guinee par ju-
ment , malgr� l'extr�me c�l�brit� qu'il s'tv-
tait acquise aux courses : lorsque sa prog�-
niture a �t� connue, il ne couvrait pas �
moins de cinquante gain�es. On voit par l�
que les Anglais sont perp�tuellement �
l'aff�t du m�rite de leurs chevaux , pour
soutenir des races auxquelles ils attachent
tant de prix , et l'on doit remarquer qu'ils
ne les appr�cient que lorsqu'ils ont fait
5
L
-ocr page 103-
98                           M V N 0 E L
leurs preuves , soit comme coursiers ou
comme �talons.
Les huniers ou chevaux de chasse, dont
nous parlerons encore plus loin, en ce qui
est relatifs la mise en �tat pour cet exer-
cice , sont apr�s les chevaux de pur sang
ceux qu'on estime le plus en Angleterre.
Beaucoup sont coup�s � l'�ge de cinq ans ;
ce sont malheureusement les meilleurs
auxquels on fait celle op�ration. Ceux qui
restent entiers sont destin�s � croiser des
races inf�rieures, et produisent g�n�rale-
ment les carrossiers , qui, apr�s avoir servi
dans Londres aux �quipages de luxe , finis-
sent sur les grandes routes par tra�ner les
diligences.
Comme ces chevaux, en principe, sont
toujours pris parmi les coursiers de pur
sang , ou au moins ceux que les Anglais
appellent three quarters blood, qui sont le
produit de chevaux de premier sang, avec
des junicns half-biood ou demi-sang, nous
-ocr page 104-
DES HA R A S.                         (jCf
les rangerons dans la m�me cat�gorie , eu
observant que ces animaux , a saison dp
leur taille et de la force de leurs membres,
consid�r�s comme �talons , conviendraient
mieux dans le Calvados , l'Eure , la Man-
che , la Seine-Inf�rieure , le Morbihan,
et toutes .les contr�es o� il se trouve des
jumens de taille , que des chevaux qui ne
sont uniquement propres qu'� la course , et
qui ne trouveraient des analogues que dans
une partie du d�partement de l'Orne , pour
faire, avec les jumens les plus distingu�es
de cette portion de la ci-devant Norman-
die , des chevaux en �tat de se mesurer
par la suite avec ceux qui auraient servis �
leur am�lioration.
Apr�s les chevaux de course et les han-
ter*
, la race que l'on �l�ve avec le plus de
succ�s dans le Lincoln, Lelcesier, Nor-
tliamplon,
et quelques autres contr�es o�
les pacages sont gras et abondans , c'est,
celle de ces fameux chevaux noirs de trait,
remarquables par la beaut� de leurs mem-
-ocr page 105-
100                          M A NUEIi
bres , leur force et leur courage. La r�gu-
larit� de conformation dans cette classe de
inx, commande quelquefois l'admira-
tion , cl, leur dur�e au service les fait tou-
jours rechercher pour les travaux les plus
p�nibles. Cette classe , qu'on peut consid�-
rer comme carrossiere , quoiqu'elle serve
plus particuli�rement � l'agriculture et au
roulage , est aussi pure dans ses diverses
familles ou races que celles des chevaux
de premier sang, et les Anglais apportent
autant d'attention � la conserver que l'autre.
C'est ici qu'il convient de dire que nos
charmans bidets du Cotentin , dont les
formes arrondies �taient aussi gracieuses
qu'�l�gantes, auraient �t� pr�f�rables �
ceux-l� , si nous ne les eussions pas laiss�s
ab�tardir au point de 3ie pouvoir plus les
reconna�tre. S"il est �chappe au fl�au des
r�quisitions forc�es quelques jumens qui
auraient pu en remonter l'esp�ce, des ap-
pareillemens monstrueux et disparates lui
ont fut perdre cette physionomie locale ,
-ocr page 106-
DES HARAS.                        ICI
qui dans chaque pays de la terre a toujours
Ij�ris� sa race particuli�re. D'autres
principes la ram�neraient infailliblement �
sa bont� primitive.
Les autres chevaux qu'on fait en Angle-
terre , ne m�ritent pas L'honneur d'�tre ci-
t�s , et doivent tous �lre rang�s dans la
classe que les Anglais appellent Mongrel-
breedf
race m�tin�e. C'est, comme chez
nous, le fruit de mauvais accouplemens
qui n'appartiennent � aucune classe , quoi-
que compos�s de tontes les deux. Ces chc-
b�tards , de races d�; m�r�es, arri-
vent sur le continent pour d�shonorer la
■ race anglaise. Ces animaux, que
nous avons avec raison appel�s de paco-
tille , no devraient jamais entrer dans nos
haras.
Pour les chevaux de choix de races
pures, que nous voyous si rarement, et
qui sont les seuls qui puissent nous �tre
me on en a dit peut-�tre d'un
^
-ocr page 107-
102                             -MANUEL
c�t� trop de bien, tandis que de l'autre
on eu disait trop de mal, il faut tacher de
les ramener � leur juste valeur, et voir
comment nous pourrions les faire servir �
l'am�lioration de nos races de chevaux ,
par des appareillemens mieux entendus
<pe ceux que nous ayons vu faire trop son-.
17 «11 I.
W*VM «Al
-ocr page 108-
3b E s basas.                 io3
CHAPITRE VI.
Sur les Apparcillemens.
Ij'objet principal et sur lequel on doive
se montrer plus particuli�rement difficile ,
«'est dans le choix des chevaux qu'on des-
tine � faire des �talons; car si les d�fauts
apparens tels que la c�cit�, les difformit�s
fil g�nerai, le manque d'harmonie dans les
proportions, les jardons, les courbes , les
�parvins, les formes, l'cncastellure , les
pieds plats, etc., sont presque toujours h�-
r�ditaires , pourquoi ceux qui sont cach�s,
et qui constituent ce que l'on peut conve-
nablement appeler le moral du cheval,
comme le manque de courage , d'adresse ,
de bonne volont�, qui ne peuvent se d�-
couvrir que par l'�cuyer qui aura mont�
l'�talon, p:>ur juger si ses bonnes qualit�s
-ocr page 109-
J 04                      m a sr v e 1,
sont en rapport avec sa figure, pom
dis-je , ces vices ne seraient-ils pas suscepti-
bles d'�tre transmis au poulain qui, suivant
l'opinion des Anglais, tient ordinairement
plus du p�re que de la m�re ?
Ce qui doit nous rendre encore plus cir-
conspects, c'est que nous avons, en Nor-
mandie surtout, la triste exp�rience que
des chevaux achet�s sains, et devenus tar�s,
par le service ou par accident, transmet-
taient � leur prog�niture , et presque tou-
jours du m�me c�t�, les d�fauts dont ils
�taient entach�s : ce qui nous autorise �
croire qu'ils en avaient d�j� le principe que
ics circonstances n'ont fait que d�velopper.
L'examen des jumens doit �tre fai
les m�mes formalit�s, surtout quand on les
croit susceptibles de pouvoir faire race.
Pour juger des races, il faut les consi-
d�rer dans leur puret� primitive
plus particuli�rement conserv�e dans les
-ocr page 110-
1> E S HARAS.                        103
femelles que dans les m�les. Maintenant.
qu'on mette une belle jument du Melleraut
avec une jument anglaise, prise dans le
nombre de celles qui n'ont pas �t� am�-
lior�es, on verra que la parit� de confor-
mation est telle crue tous les croiriez toutes
deux sorties de la m�me m�re. Etablissons
donc, aTCC beaucoup de vraisemblance,
qu'elles peuvent avoir approchant la m�me
origine. La France et l'Angleterre , qui se
louchent pour ainsi dire , tant�t en guerre,
tant�t amies, ont eu pendant des si�cles
ces relations suivies; les chevaux des deux
pays ont d�i pour ainsi dire se confondre,
pour n'en faire qu'une seule et m�me race.
La diff�rence qu'il y a entre ces deux peu-
ples , c'est que l'Anglais, plus adonn� � ce
genre d'industrie, a beaucoup am�lior� sa
race, tandis que le Fran�ais , qui n'a pas
� beaucoup pr�s attach� tant d'importance
� cette branche de prosp�rit� nationale, a
ab�tardir et d�t�riorer les siennes.
Le sol de l'Empire fran�ais, �taut an
-ocr page 111-
] 00                            3.1 A N Q E L
moins comparable en bont� � celui de l'An-
gleterre , et nos jumens n'�tant pas inf�-
rieures en m�rite � celles de ce pajs non
am�lior�es , nous n'avons qu'� le vouloir
pour nous �lever au niveau des Anglais en
faisant comme eux.
De tous les �talons dont nous nous som-
mes servis jusqu'� pr�sent pour am�liorer
ou relever la race normande , aucuns n'ont
r�ussi aussi bien que ceux qu'on a tir� d'An-
gleterre ou de l'Irlande , quoiqu'on les ait
pris dans une classe trop �loign�e de la
e r�g�n�ratrice , par la raison que la
race uorman.de a plus d'analogie avec la
race anglaise que toutes celles dont on a fait
l'essai ; ce qui d�montre donc qu'il faut
qu'il y ait dans les deux sujets une grande
similitude de conformation et de nature ,
pour que l'appareillement produise un r�-
sultat avantageux; et c'est vainement qu'on
a cru qu'un d�faut se corrigeait par une
perfection contraire. La nature qui se pi^'e
tent � ces combinaisons qui la contra
-ocr page 112-
DES HASAS.                        IO7
rient, trompe presque toujours notre attente,
en faisant �clore des difformit�s souvent
pires que les d�fauts crue nous voulions at-
t�nuer.
Depuis peu d'ann�es , on a tir� de la
Prusse, du Mec�denbourg , du Hoktein
et autres contr�es de l'Allemagne, des �ta-
lons qui ne sont bons qu'� faire des che-
vaux ^ et qui, except� un tr�s-petit nom-
bre , ne sont nullement propres � l'am�lio-
ration de nos races, �tant des m�tis beau-
coup trop �loign�s du type origmel. Car il
ne faut pas s'�carter du principe qui veut
imp�rativement que pour r�g�n�rer une
race ou l'am�liorer , l'�talon soit le plus
pr�s possible de la race am�liorante , pour
que la race crois�e dans la jument puisse
se remonter dans la production.
Il n'y a donc point de race sur la terre
qui ne soit susceptible d'am�lioration, tant
qu'on pourra la croiser avec des �talons d'un
m�rite sup�rieur. Mais il est un degr� o�
-ocr page 113-
I cS                       M � » V E t
l'am�lioration cesse d'�tre possible ; c"est
lorsque les m�les.et les femelles sont par-
venus � ce point de perfection rpi semble,
pour ainsi dire les mettre en �quilibre. Les
Arabes et les Anglais semblent avoir atteint
ce but dans leurs races de cbevaux qu'ils
n'ont plus besoin que de conserver pures.
En nous servant d'�talons anglais et ir-
landais , toujours pris le plus pr�s possible
de la souche r�g�n�ratrice ; en pla�ant dans
le d�partement de l'Orne les plus distin-
gu�s ; les plus forts, clans ceux, du Calva-
dos, de l'Eure, de la Manche , de la Seine-
Inf�rieure , de la Sartlie, du Morbihan ,
du Finist�re ; en les alliant � des jumens
pures, nous obtiendrons par suite, dans
leurs productions , des types de r�g�n�ra-
tion poux toutes les parties bor�ales de
l'Empire fran�ais. Des arabes que nous
poss�dons sur divers points de la France ,
crois�s avec les jumens indig�nes des con-
tr�es m�ridionales, nous fourniront des
de comparaison , et les courses, eu
-ocr page 114-
Ij E S 11 A R A S.                        IO�)
constatant le m�rite de chaque race , servi-,
ront encore � nous foire saisir les degr�s
d'am�lioration ou de d�g�n�ration dont elles
seront susceptibles. On sent que des primes
donn�es uniquement � la figure ne signi-
fient rien , et que c'est le m�rite setil qui
doit les obtenir.
Telle est la manie des Anglais, telle a
�t� probablement celle des Arabes. Au
veste , comme c'est sur la science des ap-
pareil lemens que repose la prosp�rit� des
Haras , comme la possibilit� de r�g�n�rer
et d'am�liorer toutes les races de chevaux
de l'univers, on ne peut que r�p�ter �
ceux qui seront charg�s de les faire, que
sans l'attention la plus scrupuleuse dans
l'accord parfait qui doit exister dans les
deux sujets soumis � l'acte de la g�n�-
ration, ils ne parviendront jamais au but
qui fait l'objet de la sollicitude du Gouver-
nement.
Apr�s le sang ou l'origine , les A.
-ocr page 115-
1 i O                        H A H U E X
recherchent la .grosseur proportionn�e des
os ; les muscles bien prononc�s, une taille
avantageuse, un bel �il, et surtout du
courage , qu'ils appcllenlgood-action : sans
cette derni�re qualit� , ils ne donneraient
pas un �cu du plus beau cheval de l'uni-
vers , pour en faire vm �talon.
Rarement chez eux le m�me �talon
couvre une jument deux ann�es de suite ;
ils veulent sans cesse avoir des objets de
comparaison, et paraissent avoir la preuve
acquise que ces perp�tuels croisemens con-
tribuent � l'am�lioration de leurs races.
On ne pourrait pas , sans absurdit� , dire
qu'il n'y ait pas un tr�s-grand nombre de
mauvais chevaux en Angleterre ; il y en a
peut-�tre l� plus que chez nous , par la
raison que ce pays en fourmille ; niais les
Anglais , qui attribuent avec raison leurs
mauvaises qualit�s � des accouplemens dife»
parates , ont grand soin d'y rem�dier par
des croisemens mieux entendus ; et dans
-ocr page 116-
D E S II A R A S.                      III
lesquels la r�gularit� de conformation et
les bonnes qualit�s se correspondent; de l�
vient qu'il n'est pas rare de voir faire cin-
quante milles , et quelquefois plus , � une
jument pour aller trouver un �talon qui lui
convienne. Si par fois les r�sultats ne rem-
plissent pas l'attente des particuliers qui
agissent dans ces principes, toujours est-il
certain qu'ils se trompent moins souvent
que les autres.
L'on a aussi remarqu� que les plus fa-
meux coursiers devenus �talons produi-
saient rareinent des chevaux de leur for�e ,
malgr� le choix minutieux qu'on faisait
des jumens ; tandis qu'on a vu sortir, de
races qu'on croyait inf�rieures, des che-
vaux d'un m�ritc extraordinaire; ce qui ne
peut gu�res s'expliquer que par ce que les
tais �taient arriv�s � ce degr� de perfec-
tion que la nature ne permet plus de pas-
ser , au lieu que les autres ne l'avaient
pas encore atteint ; raison suffisante pour
montrer la n�cessit� de croiser perp�tuel-
-ocr page 117-
IIS                           MANUEL
lement les races, afin qu'elles se conservent
sans se d�t�riorer. K'e pourrions-nous pas
noire aussi, � l'exemple des Arabes , que
le principe d'am�lioration existe plus par-
ticuli�rement dans les femelles que dans
les m�les , puisque c'est moins sur ces
derniers qu'ils comptent, que sur les ju-
mens auxquelles ils font porter des pou-
lains ?
Il y a tant de hasard dans l'acte de la
g�n�ration, que si un jeune cheval d'une
race moins estim�e a battu ceux de son
�ge, son p�re et lui deviennent pour un
temps les �talons � la mode , et peuvent
faire la fortune de leur propri�taire. On se
rappelle encore , en. Angleterre , que le
vieux Marsk , qui avait �t� fameux da
son temps, couvrit dans les environs de
"Windsor un grand nombre de jumens, �
une demi-guin�e ; que l'une d'elles ayant
donn� le jour au c�l�bre Eclipse , dont
nous avons d�j� parl�, le prix du saut fut
tout-�-coup port� � cinquante guiu�es , et
-ocr page 118-
... � s Ha ras.                  ii3
pour un certain nombre de jumens par
saison : on a reconnu depuis que tout vieux
qu'il �tait, il faisait encore de-bons pou-
lains.
Nous rapporterons ici, sur Eclipse, une
anecdote qui caract�rise bien l'enthousiasme
que les Anglais mettent � propager le;us
premi�res races. Eclipse avait vingt-un au ,
et couvrait encore � Epsoin � cent guin�es.
Le nombre des jumens inscrites long-temps
d'avance , se trouva, cette ann�e, si con-
sid�rable , que le groom de M. O'Kellj
crut devoir prendre ses ordres pour sa-
voir combien il en de, ait faire saillir. Ce-
lui-ci ne voulant d�sobliger personne , et
d�sirant surtout m�nager un cheval auquel.
il devait sa fortune , fit r�ponse que puis-
que la monte n'�tait pas commenc�e, il fal-
lait taire in s�rer dans les papiers publics ,
ainsi que cela se pratique, (^Eclipse ne
couvrait plus qu'� mille guin�es par ju-
ment, esp�rant bien qu'il ne se pr�senter-
ait personne. Le premier jour de la monte,
5 *
-ocr page 119-
I � 4                       MA K U EL
un lord envoya trois juraens et trois mille
guin�es, et M. O'Kelly fut oblig� , pour
conserver son cheval, de faire mettre daur
tous les journauxqa'Edipse ne serviraitque
les trois jumens qui lui avaient �t� envoy�es.
Eclipse vivait encore en 1784 a Epsom,
o� nous l'avons vu. M. O'Kelly, � qui il
appartenait, lui avait fait pratiquer dans
son jardin une superbe rotonde, qui res-
semblait plut�t � un beau salon qu'� une
�curie. Ce cheval qui avait alors vingt-deux
ans , avait tous les jours , rien que pour sa
liti�re , vingt bottes de paille fra�che. Quatre
petits jokeis en grande tenue le servaient
� - la - fois : le ma�tre groom , toujours
en livr�e , se tenait de bout, et il n'�tait
errais de se couvrir en pr�sence du
cheval. On traitera cela , si l'on veut, de
pu�rilit� ; mais on conviendra que celte
mani�re d'honorer le m�rite , quoique dans
nn cheval, en vaut bien une autre.
Si par fois la nature semble s'�carter de
-ocr page 120-
D E S H A R A S.                      Il S
ses r�gles, en faisant qu'un petit �talon eu-
gendre un fort cheval, ou qu'un grand che-
val ne produise qu'un faible poulain, il
n'en faut pas moins suivre avec intensit� le
principe qui veut que !es classes comme
les races soient distinctes , et qu'il y ait
toujours beaucoup d'analogie entre le m�le
et la femelle.
A force d'�preuves, on s'est convaincu,
en Angleterre , que ce qu'il y avait d�plus
avantageux , c'�tait de viser � la race dans
les deux sujets. Dans ce pays , un poulain
de pur sang se vend deux ou trois cents
guin�es, suivant la race dont il sort: les
pouliches de m�me classe ont approchant
la m�me valeur ; mais on aime mieux les
m�les , taudis que c'est toujours aux fe-
melles (pu; les Arabes donnent la pr�f�-
rence. Il ne reste plus � celui qui en est
devenu possesseur , lorsqu'ils sont parve-
nus � l'�jje de les accoutumer � souffiir
imme , de les mettre en tra�ne , c'est-�-
dire les pr�parer � la course 3 et enfin les
-ocr page 121-
Il6                     MA S D t t
faire courre, pour savoir ce qu'ils va
r�ellement.
Les Anglais ont fait la remarque que les
pacages influaient beaucoup sur la taille et
la force des chevaux; c'est pour cette rai-
son qu'ils mettent dans de gras p�turages
les animaux dont ils veulent augmenter la
taille et la force : ceci est fond� sur l'exp�-
rience , qui nous a appris �galement qu'un
cheval n� dans le Limousin, et qu'on nour-
rirait dans les lions fonds de la vall�e
d'Auge ou du Cotentin , prendrait plus de
taille et d'�toffe que s'il �tait rest� dans son
pays.
Disons maintenant comment les Anglais
s'y prennent pour soutenir la r�putation de
leurs races de chevaux, en commen�ant
par la monte, et nous verrons que leur
m�thode , � tr�s-peu de diff�rence pr�s ,
nous est parfaitement applicable.
-ocr page 122-
.DES B A R AS,                      II"
C H A P I T B. E Y I �.
De la Moula.
IjA mani�re dont se fait la monte en
France, comme dans tous les pays du
monde , est trop connue pour que nous
r�p�tions ce que nos bons auteurs eu ont
dit. Nous nous bornerons simplement �
faire conna�tre ici quelles sont les pr�cau-
tions que prennent les Anglais dans ce
premier acte de la propagation de leurs
belles races.
En Angleterre, ceux qui se consacrent �
l'�l�ve des chevaux commencent par faire
en sorte de pr�server la race qu'ils veulent
propager de toute esp�ce de d�fauts h�r�-
ditaires , soit du c�t� du p�re, soit de celui
-ocr page 123-
113                        MA 5i V E X
de la m�re. L'am�lioration ou le soutien
des races d�pend donc de la bout� des ap-
pamllemeris , puisqu'il est reconnu qu'il
n'est jamais sorti une bonne production
d'un accouplement disparate , ou dans le-
quel il y aurait eu un des deux sujets vici�.
J'�prouve, disait un amateur, en voyant
donner un �talon tar� � une jument pure ,
une sensation aussi p�nible que si je voyais
tuer un bon cheval.
D apr�s ce principe , vous avez d'abord �
faire l'examen de la jument dont vous voulez,
faire une poulini�re, et lorsque vous avez re-
connu que la taille, la ligure, la largeur de la
jambe, la force enfin, sont en rapport, pour
voua donner un bon poulain , le choix de
l'�talon devient alors l'objet de l'an�mie-
plus scrupuleuse. En effet, c'est lui qui
devrait � lui seul renfermer toutes les per-
fections, s'il est vrai, comme le crqyent
la plupart des naturalistes , que le m�le
transmet plut�t que la femelle ses quai
ho>nnae on mauvaises � sa progeaitute ,
-ocr page 124-
ses haras.                  i rg
quelque soit le sexe; si bien que la moindre
apparence de tare ou d�faut corporel, qui
serait de nature � �tre transmis au poulain,
doit vous faire rejeter l'�talon. N'attendez
donc un bon poulain qu'autant que le p�re
et la m�re seront rigoureusement exempts
de tares.
On aura beau vanter un �talon comme
renfermant toutes les bonnes qualit�s , il
n'en faut pas moins descendre � l'examen
partiel de la t�te , du col, des �paules , de
l'avant-main ou poitrail ; des c�tes , du
dos, des reins , de la caisse , des jarrets ,
des tendons, des muscles, des paturons,
et exiger un accord parfait dans toutes les
parties , dont la situation et la force doivent
�tre relatives � l'esp�ce ou classe du che-
val. Il convient de visiter aussi, avec la
m�me attention, jusqu'� la eontexture du
Sabot. ne pas d�daigner la couleur et le
luisant de la corne. Si d'apr�s cela vous
jugez q;:'il y ait similitude de bonnes qua-
lit�s en ce qui constitue ce que nous appe-
-ocr page 125-
�20                        M AN tl lit
Ions le moral du cheval, ce qui ne peut
gu�res se reconna�tre que par l'�euyer qui
saura le monter, vous pouvez esp�rer un
poulain, si non accompli, au moins tr�s-
distingu�.
Qu'imconnaisseur, convaincu qu'ilu'exisie
point de chevaux parfaits, se d�termine �
passer sur quel (pies d�fauts, il n'en tol�-
rera point de la nature d_e ceux qui sont
particuli�rement susceptibles de se trans-
mettre au poulain , comme le vent, le tic ,
le cornage ou sifflage , les �parvins , la
courbe , les jardons , la forme ; il �vitera
m�me les vessigons et la varice, qui, sans
�tre aussi pr�judiciables, d�c�lent n�an-
moins de la faiblesse dans les jarrets. Le
caplet, on, passe-campagne , qui provient
ordinairement de coups que le cheval s'est
donn� en frappant, soit cintre la stalle ou
tout autre corps dur , n'a d'inconv�nient que
pour l'�il, et ne se communique pas � la
�niture. Tl examinera la conformation
�a pied, la couleur de la corne, la
-ocr page 126-
DES HARAS.                  I2r
chette, la forme des talons �troits ou longs;
en un mot, tout ce qui doit faire tort au
cheval, comme �talon ou cheval de ser-
vice , quelques belles choses qu'il ait d'ail-
leurs.
Les causes accidentelles, et les d�fauts
h�r�ditaires, ayant �t� soigneusement exa-
min�s , nous venons � ce qui est encore de
plus grande cons�quence , c'est de s'assurer
de la bont� des yeux; car combien de fois
n'a-t-on pas vu des chevaux, m�me avec
des yeux qu'on trouvait passablement bons,
faire des poulains aveugles, et d'autres
qu'on a connu avec des yeux excellents, et
qui �tant devenus aveugles par accident1,
ont fait des chevaux qui, � l'�ge ont perdu
la vue, quoiqu'on ait dit que les d�fauts
accidentels ne se communiquaient pas.
Nous en avons la preuve au Haras imp�rial
de Pompadour : un �talon gris blanc , fils
du Glorieux, devenu aveugle � la suite d'une
forte maladie , continuait � faire le service
du haras : l'engouement pour ce cheval,
6
-ocr page 127-
122                             M AN DEL
qui �tait r�ellement tr�s-beau, �tait tel
que les paysans le pr�f�raient � tout autre,
quoique d�j� quelques-uns de ses pou-
lains , parvenus � l'�ge d� trois ans, mena-
�assent de devenir aveugles, comme tous
ceui qu'il a fait depuis le sont devenus,
surtout � la pousse des crochets , quoique
les m�res eussent des yeux excellens.
On ne conseillera pas pour cela au
propri�taire d'une superbe jument, deve-
nue �galement aveugle par accident, de la
faire saillir par un �talon qui aurait de bons
yeux ; car bien que dans une position moins
d�favorable il y aurait encore trop de ris-
que � courir, on doit donc �viter de trans-
mettre de pareils d�fauts, qui peuvent par
la suite mettre dans mi tr�s-grand embar-
ras celui qui aurait achet� la production �
l'�ge de trois ans , plus ou moins.
De m�me qu'il faut s�v�rement proscrire
des haras tout �talon qui aurait la vue
mauvaise ; de m�me il faut �galement d�iena
-ocr page 128-
■ ES HARAS                     12.�
tire de faire saillir, dans nos �tablissemen»
imp�riaux , les jumens qui auraient da
mauvais yeux , par la raison que nous avon*
l'exp�rience que les tares, m�me acciden-
telles, se transmettent presque toujours auX
poulains , et que la vue t�t ou tard se
trouve dans le m�me cas.
Lorsque vous �tes dispos� � faire saillir
votre jument, vous devez vous assurer que
l'�talon soit frais , en bonne sant� , et qu'il
ne soit pas trop affaibli par la fr�quence dtt
saut, ce qui influerait particuli�rement sur
sa production. On a vu quelquefois faire
prendre aux �talons des stimulans, des pro-
vocatifs , croyant par l� les rendre plus
propres � l'acte de la g�n�ration ; mais on
s'est convaincu que cette m�thode , � peine
bonne pour celui qui fait couvrir sou cheval
� tant par jument, �tait incontestablement
mauvaise pour sa prog�niture , qui s'en
ressentait toujours, soit dans sa conforma-
tion, soit dans son manque de force et de
courage. Ce sont de semblabes moyens qui
-ocr page 129-
124                         MANUEL
ont produit assez g�n�ralement ces races
d�g�n�r�es et faillies, qu'on rencontre �
chaque pas dans tous les pays du monde.
Dans la Frise , l'Ost-IYise , le Oldem-
bourg , l'Yever-Land, Buttiar - Land, la
Z�elande , le Jutland, la Fionie, le Sles-
wick, le Holstein , l'Hyderstadt, et tout le
Word enfin que nous avons parcourus pour
le service des haras de Sa Majest� , un �ta-
lon couvre depuis cent jusqu'� deux cents
jumens par saison : doit-on �tre surpris
maintenant que ces races ne valent rien ?
Si la nature indique ��peu-pr�s dans les
animaux l'�poque o� doit commencer la
monte , la raison, l'exp�rience auraient d�
apprendre, � ceux qui se consacrent � l'�-
l�ve des chevaux , que le temps de la copu-
lation pour ces animaux ne devait arriver,
pour le nord, qu'� quatre ans r�volus, et
� cinq pour ceux qui sont au midi ; cepen-
dant , dans toute la Normandie, les che-
vaux commencent � saillir � deux ans des
-ocr page 130-
D E S H A fi AS. ,"              ��5
jumens qui Sont du m�me �ge. M. Buis-
son Beshaufcienx nous a pr�sent� , le 3 mai
1811, une jolie poulini�re qui a d�j� eu
deux poulains, quoiqu'elle n'ait pas encore
trois ans. F�cond�e � dix mois^elle n'en
avait pas vingt-deux lorsqu'elle a fait son
premier poulain. M. Vienne, ma�tre de
poste � Nouant, a une jumeiit de six ans
qui lui a d�j� fait quatre poulains. Nous
avons vu � la foire de Bayeux, en 1.809 ,
�-peu-pr�s deux mille jumens de trente
mois, qui �taient pleines d'�talons du m�me
�ge. Fant-il s'�tonner que la production de
ces animaux s'en ressente, et doit-on esp�-
rer que la race s'am�liore jamais, si des
r�glemens s�v�res, ou plut�t la persuasion,
ne viennent � bout de d�truire une cou-
tume que l'ignorance et l'avarice seules
peuvent justifier ?
La saillie quotidienne est encore une de
ces innovations qu'on doit �galement r�prou-
ver , surtout dans les haras dont le but est
de conserver les �talons, et d'imprimer
*
-ocr page 131-
is6 ,                 MANtrxi,
aux poulains qui en sortent ce caract�re de
perfection et de force, que des germes
trop souvent prodigu�s ne sauraient leur
donner. Ou a cru mal-�-propos qu'il se
ferait plus de poulains, comme si les ani-
maux pouvaient devenir prolifiques a vo-
lont�, tandis qu'il est reconnu et prouv�,
par le nombre des jumens qui ont �t� re-
vues l'ann�e derni�re au Haras du Pin, que
les chevaux qui ont sailli tous les jours ont
fait moins de poulains que si on leur e�t
donn� un jour de repos apr�s la saillie. Les
habitans de la Normandie ont murmur�,
avec raison , contre fine pratique aussi pr�-
judiciable � leurs int�r�ts . que nous devons
la trouver contraire � la conservation des
�talons.
I/a monte doit durer trois mois; elle
commence selon les lieux et suivant ce que
l'herbe nouvelle est plus ou moins pr�coce.
Chez nous, c'est vers le 15 d'avril ; les
Anglais, qui sont dans une temp�rature un
peu plus froide , choisissent la derni�re
-ocr page 132-
DES 11 ARA S.                        12.7
semaine d'avril, ou la premi�re de mai ; elle
se continue jusqu'au i5 de juillet. Dans le
midi de la France , on peut sans inconv�-
nient la commencer le premier avril, et
m�me quelques jours avant; mais il faut
aussi la finir plut�t, aiia que les derniers
poulains n'arrivent pas dans la s�cheresse
de l'herbe, et � l'�poque o� les mouches
sont excessivement nuisibles.
Nous observerons ici que les quadrup�-
des sauvages herbivores, tels que les cc-rfs,
daims, chevreuils et autres animaux, dont
les accouplemens se font par instinct, no
naissent jamais que dans la saison de l'herbe;
ce qui nous indique suffisamment que nous
ne devrions commencer lamonte que suivant
les lieux o� cette substance , si n�cessaire
� la nourriture de ces diff�rentes esp�ces
d'animaux, est plus ou moins pr�coce, les
moyens artificiels �tant toujours insuffisans
pour y suppl�er d'une mani�re convenable.
On doit donc d�sirer que quand une ju-
-ocr page 133-
I 2�8                         MAHDI i.
ment vient � mettre bas , elle puisse trou-
ver de quoi pa�tre, pour que son lait soit
plus abondant et plus l�ger qu'il ne se-
rait si l'on �tait oblig� de la nourrir au sec.
D'ailleurs, les vents frais du printemps qui
pr�c�dent la pousse de l'herbe , sont tou-
jours pr�judiciables au poulain qui ne peut
gu�re se garantir de la bise et de l'humi-
dit� ; il ne faudrait pas non plus qu'il arri-
v�t trop tard, car il n'aurait �prouv� que
des chaleurs, et l'hiver viendrait avant qu'ii
e�t acquis assez de force pour se d�fendre
contre les rigueurs de l'arri�re saison. Dans
l'un et l'autre cas, il convient, pour la con-
servation du poulain , d'y suppl�er par une
nourriture abondante et saine, qu'on fait
prendre � la jument,
Il y a une opinion g�n�rale , et malheu-
reusement trop r�pandue dans le d�par-
tement de lu Haute-Vienne et ailleurs,
qu'il faut que les poulains aient �t� �lev�s
; durement, et m�me aieut pati pour taire
'" par la suite de bons chevaux. On pourrait
-ocr page 134-
LES HARAS.                        I2Q
en tirer la cons�quence que par un syst�me
contraire ces animaux devraient �tre en-
core plus robustes et plus forts qu'ils ne
sont. On reprocbe bien aussi � quelques
payans avares de l'Angleterre, de croire
qu'un poulain n'a pas besoin de tant de
nourriture, et que la gestation seule en-
graisse la m�re. Ces avides sp�culateurs ne
sont pas ceux qui vendent le mieux leurs
chevaux; mais comme ils n'ont pas non
plus fait tant de d�pense pour les �lever,
ils croient encore y trouver leur compte. Il
est donc important de se pr�munir contre
une m�thode qui diminue la valeur du pou-
lain , et tend encore � la d�t�rioration de
la race.
D'autres sp�culateurs "de m�me force ex-
c�dent leurs �talons, en leur faisant saillir
depuis quatre jusqu'� huit jumens dans les
vingt-quatre heures, tandis qu'il faudrait
qu'un cheval qui a sailli e�t un jour de re-
pos avant qu'on le repr�sent�t pour le
m�me exercice, ce qui porterait le nombre
-ocr page 135-
l3o                        MANUEL
des sauts � quarante-cinq par saison. 11 est
cependant reconnu qu'un cheval pourrait,
� la rigueur, couvrir tous les jours pendant
les trois mois que dure la monte ; mais
comme il est essentiel de le conserver, ce
terme moyen de quarante - cinq est celui
que les naturalistes ont cru devoir adopter.
Il n'est pas difficile de s'apercevoir quand
une jument est en chaleur; dans-ce cas, elle
prend le cheval assez volontiers : si cepen-
dant elle s'y refusait, il faudrait la recon-
duire � l'�curie, et lui faire prendre une
nourriture plus substantielle en avoine ,
dans laquelle on mettrait deux fois par
jour Un litre de f�verolles s�ches, en con-
tinuant � lui pr�senter le cheval jusqu'� ce
qu'elle l'ait re�u.
Au bout de huit jours , c'est-�-dire le
neuvi�me jour de la saillie , si la b�te re�oit
de nouveau* le ' cheval sans r�pugnance ,
vous ne compterez que de ce jour; si au
contraire elle s'obsiine, malgr� vos efforts,
-ocr page 136-
I)�5 HARAS.                  l3l
� rejeter l'�talon, vous supposerez avec rai-
son que la conception a eu lieu d�s la pre-
mi�re fois : la jnment, dans tous les cas ,
doit �tre amen�e au cheval au bout de huit
jours, et sa docilit� ou sa r�pugnance vous
confirmeront dans votre opinion.
On a pr�tendu qu'une jument, danslla-
quelle les signes caract�ristiques de la cha-
leur ne se seraient pas manifest�s , et qui,
ayant �t� couverte malgr� l'exertion de ses
facult�s pour scu d�fendre , ne pouvait pas
concevoir. !Les exp�riences qui ont �t�
faites � ce sujet, en Angleterre et ailleurs,
prouvent le contraire; il vaut donc mieux
employer m�me la violence, lorsqu'on a
une jument propre � donner un beau et
bon poulain , que de perdre , par un sys-
terne mal entendu , l'occasion de conserver 3
une race quelquefois tr�s-pr�cieuse.
Si la m�thode de saigner une jument
avant ou apr�s la monte , ou la manie de.
lui jeter un seau d'eau sur les reins, nous
-ocr page 137-
l32                      MANUEL
avait paru fond�es en principes , nous
n'amions pas manqu� de la recommander ',
mais nous pensons qu'il vaut mieux laisser
agir la nature que de la contrarier par des
bizarreries plut�t propres � d�truire ses
op�rations qu'� les seconder.
-ocr page 138-
DES HARAS.                     l33
CHAPITRE VIII.
De la Gestation.
J_iA gestation est de douze lunes, ou onze
mois ordinaires ; il peut y avoir quelquefois
plusieurs jours de diff�rence : mais l'exp�-
rience a prouv� que ce terme �tait �-peu-
pr�s invariable, lorsqu'il n'y avait pas eu
d'accident. Ce qui embarrasse davantage
la plupart du temps , c'est la seconde sail-
lie, qui laisse � douter si l'acte de la g�n�-
�ation n'a eu lieu que la deuxi�me fois, ou
si elle s'est effectu�e la premi�re.
Les soins qu'on prodigue aux jumens
<jui ont �t� couvertes sont relatifs : celles
qu'on appelle through-breed marcs, qui sont
celles dont le sang n'a jamais �t� m�l�
avec une esp�ce inf�rieure � la leur, sont
-ocr page 139-
»
134                   �ahdei;
mises � la p�ture , tant que la saison le per-
met, en prenant garde que des chevaux
hongres ou poulains n'approchent trop pr�s
de l'enclos qui les renferme , sur-tout pen-
dant quelques semaines apr�s la concep-
tion.
Les jumens de classe moins distingu�e
servent de monture ou au trait, jusqu'� ce
qu'elles soient pr�tes � mettre bas. Si l'on
s'en sert avec mod�ration, il sera rare de
les voir avorter ; ce qui ne pourrait gueres
arriver qu'� la suite d'un travail forc� ou
un accident. On en a m�me vu qu'on ne
soup�onnait pas pleines, ayant �t� couvertes
� la d�rob�e, r�sister aux sauts les plus
dangereux, arriver � terme et mettre bas
des poulains qui ne s'en sont nullement
ressentis. Quoiqu'il en soit ces exemples
sont rares , et l'on doit toujours, autant
que possible , ne faire travailler que mod�-
r�ment une jument que l'on croit pleine.
' Pour ce qui est de l'avortement qui,.
-ocr page 140-
B E S HAftA S.                     l35
comme nous l'avons dit, n'a lieu que par
un travail forc� ou un accident, s'il se ter-
mine sans que la b�te en soit positivement
affect�e, on en sera quitte pour la tenir chau-
dement et en repos pendant quelques jours;
mais s'il �tait suivi d'abattement, de d�-
go�t , de malaise, on aurait recours � un
bon v�t�rinaire pour la traiter m�thodique-
ment jusqu'� ce qu'elle soit r�tablie.
Apr�s avoir indicra� les qualit�s n�ces-
saires � la procr�ation de l'esp�ce , et avoir
d�sign� en partie les d�fauts pr�judiciables
� la g�n�ration ; nous arrivons insensible-
ment � l'�poque o� la jument va faire son
poulain, autrement dit l'accouchement.
-�
-ocr page 141-
i36
MANUEL
CHAPITRE IX.
De VAccouchement ou 'Naissance du
Poulain.
JLj'accouchement ou la mise bas se fait
presque toujours sans qu'il soit besoin de
secours �tranger. La mort de la m�re, ou
de son fruit est ordinairement la suite d'un
secours que la nature ou un accident aurait
rendu n�cessaire. On a vu quelquefois l'un
et l'autre p�rir en m�me temps. Si c'est le
poulain qui survit, il est possible , en lui
faisant boire du lait, de le conserver : on a
vu des chevaux qui n'avaient jamais tett� et
qui ne s'en sont pas trouv�s moins bons,
Milksop , qu'on cite en Angleterre pour
s'�tre trouv� dans ce cas, en a si peu souf-
fert , qu'il a fait par la suite un des plus
fameux coursiers de son temps.
-ocr page 142-
DES HARAS.                      187
Quoique l'accouchement pour l'ordinaire
se fasse sans accident, il convient, lorsque
le temps est arriv� , que le propri�taire ou
celui qui -soigne la jument, la mette sur
une bonne liti�re, dans un lieu convenable,
pour emp�cher qu'en tombant le poulain
ne se blesse , car la m�re se tient presque
toujours debout. Il faut aussi que la nour-
riture , dans les derniers momcns , ne soit
pas trop abondante, parce qu'il est reconnu
que trop de pl�nitude rendrait l'accouche-
ment difficile et par cons�quent labo-
rieux.
s
Aussit�t que la m�re est d�barrass�e sans
accident de son fardeau , il est � propos de
la conduire dans un p�turage gras et abon-
dant, afin qu'elle soit en �tat de nourrir son
poulain et de se soutenir elle-m�me. Un
terrain bas , humide ou mar�cageux ne vau t
pas celui dont l'herbe fine se trouve dans
un lieil niohtueux et plus sec. Ce dernier ,
en supposant toujours l'abondance , pro-
curera deJa taille et des membres au pou-
6*
-ocr page 143-
l38                       MANUEL
lain , qui en m�me temps acquerra plus
de force, pour se meure en �tat de r�sister
� l'influence de la mauvaise saison � laquelle
vousne pouvez cflicacementled�rober qu'au
moyen d'une bonne nourriture et d'un abri
convenable.
Telle est la marche � suivre le-squ'il n'est
pas arriv� d'accident � la b�te qui vient de
mettre bas ; mais si par l'effet du froid ,
des mauvais veuls, par suite d'un accou-
chement difficile , votre poulini�re montrait
de l'abattement, de la langueur, qu'elle
vint � perdre l'app�tit, que constamment
couch�e elle t�moign�t de l'indiff�rence
pour son poulain, vous devez supposer que
le choc qu'elle a souffert aura peut-�tre �t�
trop violent , et vous penserez qu'on ne
saurait y faire trop d'attention. Afin d'em-
p�cher que cet �tat n'empire, vous vous
h�terez de mettre la m�re et son fruit dans
un endroit plus spacieux , comme une
bonne �curie, une �table , une grange,
Vous devez ensuite chercher � lui fortiiier
-ocr page 144-
DES HARAS.                     13c)
l'estomac, et acc�l�rer la circulation du
sang. Pr�sentez d'abord � la jument un demi
seau d'eau blanche un peu d�gourdie ,
faites-lui ensuite une bonne mascl� com-
pos�e d'orge mqjid�, d'avoine et de son
par parties �gales; d�layez-y un hecto-
gramme huit d�cagr. de miel; ce m�lange,
donn� ti�de, ram�nera dans son lieu naturel
le lait que cette indisposition aurait pour
l'instant supprim�. On r�p�tera la m�me
dose deux fois par jour, ctlebon foin donn�
en abondance , rendant la boisson d'eau
blanclie plus n�cessaire , ach�vera la cure.
Si la lassitude et les d�go�ts venaient �
continuer au-del� de vingt-quatre heures,
il faudrait composer, suivant l'ordonnance,
une douzaine de pectoral balh ou pillules
stomachiques , et en faire prendre � la
jument une soir et matin, en bol, ou
dissoute dans un demi-litre de gruau,
ou m�me incorpor�e � chaque masche jus-
qu'� la derni�re. Pour r�gime, continuer
les masches, l'eau blaacke un. peu d�gour-
-ocr page 145-
14°                         M A 3f tT E E
die , le bon foin , et tenir la b�te cou-
verte jusqu'� ce qu'elle soit tout-�-fait r�-
tablie.
Composition des bols* cordiales ou
pectoral balls..
Prenez : Figues du Levant, rtglisse d'Espa-
gne en poudre , de chacune un hec-
togramme deux datagrammes ;
Elecampane , baume d'anis, racine
de carv.i , de chacun six dccagram-
mes ;
Safran gingembre en poudre ethuile
d'anis , de chacun deux datagram-
mes dix-huit grammes y
Miel en suffisante quantit� pour former une
masse que vous diviserez en douze bols, pour
faire prendre suivant l'ordonnance.
Les figues et le safran doivent �tre r�-
duits en p�te dans un mortier, avant de les
incorporer aux autres ingr�diens ; il faut
-ocr page 146-
D�S HARAS.                  �41
aussi que la r�glisse d'Espagne soit amollie
au feu , en la faisant bouillir dans une
petite quantit� d'eau de fontaine pr�alable-
ment au m�lange de toutes les drogues.
Il j a des jumens qui, soit � cause de
leur �ge avanc�, quand elles ont eu leur
premier poulain, soit qu'elles soient natu-
rellement mauvaises nourrices, ont plus
particuli�rement besoin qu'une nourriture
saine et abondante fasse passer dans les
vaisseaux lact�s la substance n�cessaire �
l'accroissement du poulain. Si l'on s'aper-
�oit que malgr� l'eau de bonne qualit�, les
gras p�turages prodigu�s � la m�re, le pou-
lain ne profite pas , il faut avoir recours
aux moyens artificiels pour t�cher de pro-
voquer l'abondance dans une s�cr�tion sans
laquelle il ne pourrait jamais venir �
bien.
Vous inf�rerez de cette s�cheresse de
mammelles, qu'il existe dans L'habitude du
-ocr page 147-
I42                       MANUEL
corps un vice qui demande � �tre com-
battu par tout ce cmi peut augmenter les
facult�s digestives , en favorisant en m�me
temps les s�cr�tions. On a reconnu pour
cela les bons effets d'une masche, com-
pos�e de trois portions d'orge mond� contre
une de gruau d'avoine; par-dessus ce m�-
lange on verse de l'eau Bouillante , et l'on
remue le tout jusqu'� ce qu'il soit froid,
pour que la jument puisse le manger. Evitez
surtout de le pr�senter cl)aud, car il ne faut
pas que la b�le sente trop la clialeur pour
qu'elle y touche. Chaque soir vous.lui
donnerez, outre cela , environ trois litres
d'avoine moulue grossi�rement, avec deux
litres de f�verolles qu'on peut, suivant le
sujet, casser en deux, ou laisser enti�res.
Cet aliment , outre sa facult� �iaiuem-
ment nutritive, contribue encore � op�rer
dans l'estomac ce qu'il est important d'ob-
tenir pour l'am�lioration du chy le.
On continuera ce traitement � la m�me
dose pendant six jours cons�cutifs. C'est
-ocr page 148-
MES HARAS,                    I43
dans cci intervalle qu'il doit faire son effet;
pass� ce temps , si vous n'apercevez point
d'am�lioration dans cette partie, vous re-
garderez votre jument comme une tr�s-
mauvaise nourrice , et vous vous h�terez
de sevrer son poulain � l'entr�e de l'hiver,
puisque le lait de la m�re diminuera �
mesure que l'herbe deviendra moins com-
mune.
C'est aux parties int�ress�es avoir si elles
doivent faire couvrir de nouveau de sem-
blables botes ; ma�s comme ce d�faut est
peut-�tre aussi pr�judiciable � la prog�ni-
ture que la c�cit� et autres vices h�r�di-
taires , il y a tout lieu de pr�sumer que
ceux qui ne voudraient pas y faire atten-
tion , auront infailliblement lieu de s'en
repentir.
Pour en revenir aux jumens qui sont
reconnues saines et bonnes nourrices , on
croit que le temps le plus favorable pour
-ocr page 149-
144                    M A N- U E �
leur faire prendre l'�talon, est le qua-
tri�me jour apr�s quelles auront mis bas,
tant pour avoir plus de certitude sur la
nouvelle conception, que parce que la co-
pulation semble augmenter l'abondance du
lait, et que de plus la jument, � cette
�poque, re�oit plus volontiers le cheval que
dans un autre temps.
Il est cependant � propos de prendre en
consid�ration que si la jument avait mis
bas de bonne heure dans la saison , vous
courriez le risque d'avoir le poulain qui
viendrait ensuite avant que l'herbe e�t
commenc� � para�tre, ce qui ne serait nul-
lement favorable au nouveau n� , puisque
vous vous trouveriez dans la n�cessit� de
nourrir la m�re au. sec , et que par cons�-
quent son lait ne serait pas aussi abondant ;
ce qui d�montre qu'on ne doit pas priver
le poulain d'une nourriture que rien ne peut
remplacer convenablement.
Afin d'�viter l'inconv�nient de ce qu'un
-ocr page 150-
DES S V A A S.                     I4S
poulain viendrait trop t�t, on peut ne pr�-
senter la jument � l'�talon que le neuvi�me,
quinzi�me , vingt et uni�me , ou m�me le
vingt-septi�me jour apr�s qu'elle aura mis
bas, ce qui n'apportera pas un grand change-
ment pour le temps o� elle doit faire son se-
cond poulain. Quelle que soit l'�poque qu'on
choisisse, on devra toujours repr�senter la
jument dans le temps indiqu�-, et croire crue
la conception aura eu lieu d�s la premi�re
fois , si � la seconde la b�te s'obstine � re-
fuser l'�talon.
Avant de quitter ce sujet, disons qu'une
jument ne peut gu�re , sans s'en ressentir
par elle-m�me ou dans ses productions,
donner un bon poulain chaque ann�e si
l'on ne la laissait pas reposer. Il convien-
drait donc qu'on la laiss�t en friche , an
moins une fois tous les trois ou quatre ans,
si l'on veut conserver sains et robustes la
m�re et sa prog�niture.
Apr�s avoir suivi m�thodiquement la
7
-ocr page 151-
I46                       MANUEL
route qu'il faut parcourir pour la propa-
gation et la conservation de l'esp�ce, nous
parlerons du sevrage crui doit plus particu-
li�rement se faire d'apr�s les circonstances
et suivant l'�tat de la saison , par les rai-
sons que nous allons donner.
A.
-ocr page 152-
DES HARAS.
147
CHAPITRE X.
Du Sevrage.
JLes conjectures pour le sevrage se tirent
i°. de l'�poque o� le poulain est n� ; 1°. de
l'�tat dans lequel il se trouve ; 3°. enfin,
de ce que sa m�re a con�u de nouveau ou
est demeur�e en friche. Par exemple, qu'une
jument ait mis bas de bonne heure un pou-
lain qui, � l'automne, se trouve avoir pris
assez de force, il ne faudra pas attendre
tout-�-fait la mauvaise saison pour le
retirer de sa m�re, surtout si elle reste
pleine, afin que l'embryon qu'elle porte
n'�prouve pas de dommage de la succion
de celui qui peut tr�s-bien se soutenir sans
le lait de sa m�re.
S'il arrivait que la jument ne se trouv�t
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I48                        MANUEL
pas pleine , soit qu'elle n'ait pas retenu ou
qu'on l'e�t laiss� reposer , rien alors 11e
pourrait �tre plus favorable au poulain que
de passer l'hiver avec elle. On aurait seu-
lement l'attention , au moyen de bon foin ,
d'augmenter l'abondance du lait qui doit
n�cessairement �prouver une diminution
occasionn�e par la nourriture s�che. Il ne
faudrait pas pour cela emp�cher le poulain
de manger, le lait alors lui tenant lieu de
boisson , serait infiniment meilleur que s'il
ne buvait que de l'eau.
Contre l'opinion de quelques m�thodis-
tes , il n'y a point de mois ou de semaines
particuli�res pour sevrer les poulains ; cela
d�pend plut�t comme nous l'avons dit des
circonstances.
On s�vre ordinairement les poulains au
commencement de l'hiver , selon l'�poque
o� ils sont n�s plus t�t ou plus tard dans le
printemps. Le sevrage �prouve quelquefois
desdifficult�s, mais il n'est jamais dangereux
-ocr page 154-
DES HARAS.                     145)
pourvu que celui qui soigne la m�re et sa
suite s'y entende , et fasse co�ncider le
changement de nourriture avec la force du
poulain.
Le cheval � six ou sept mois �prouve d�j�
le besoin de p�turer ; mais malheureusement
�cettc �poque, par l'effet des brouillards, des
nuits longues et humides, des pluies presque
continues , l'herbe n'a plus ce moelleux et
le parfum qu'elle avait au printemps. La
nourriture de la m�re qui alors se trouve
r�duite , non seulement en quantit� mais
encore eu qualit� , d�pourvue en outre de
cette vertu balsamique et nutritive, semble
indiquer au poulain qu'il doit chercher dans
d'autres substances le moyen d'appaiser sa
faim qui ne peut aller qu'en augmentant,
et qui par cons�quent l'aura bient�t fami-
liaris� avec la nouvelle nourriture qu'on lui
pr�sente , si surtout elle est propre � son
�tat de faiblesse , savoureuse, de bonne
qualit� , en �tat enfin de satisfaire aux
besoins de la nature.
-ocr page 155-
l5o                      JIAKUEJi
La nourriture qui peut convenu' est assez
Vari�e. L'avoine occupe le premier rang, le
son, la paille hach�e, l'orge , le froment,
le foin et la paille proprement dite.
On a pr�tendu assez g�n�ralement que
l'avoine, quoique la principale nourriture
des chevaux, �tait dangereuse aux poulains
au temps du sevrage, en ce que les nerfs
optiques trop violemment agit�s par les ef-
forts de la mastication, s'affaiblissaient au
point que les chevaux pouvaient en perdre
la vue. Gomme cette assertion peut �tre
rang�e dans la classe des choses vagues,
puisqu'elle n'a pas encore �t� prouv�e ; et
qu'il n'est gu�re possible qu'elle puisse
l'�tre , on ne risquera rien d'en donner avec
pr�caution, si l'on veut pour commencer
par convertir en grosse farine le grain qu'on
d�barrasse de ses enveloppes , qui seules
peuvent rendre la mastication difficile.
Le son qu'on propose pour aliment ne
peut jamais �u'e consid�r� comme nourrie
-ocr page 156-
DES HARAS.                        l5l
Mire ; il doit �tre rang� dans la classe des
diff�rentes sortes de pailles, plut�t faites
pour amuser l'app�tit crue propres � le sa-
tisfaire. L'orge concass�e amollie dans l'eau,
aussi bien que le froment, doivent obtenir
la priorit� sur toiUc esp�ce de nourriture
v�g�tale. L'homme , le quadrup�de , jus-
qu'� ta vermine , nous en fournissent la
preuve �vidente. Le foin coup� � propos ,
serr� en temps utile , la luzerne , le sain-
foin , n'ont pas besoin qu'on vante leur ex-
cellence , puisqu'elle est si g�n�ralement
reconnue»
Il est un autre plante potag�re qu'on ne
saurait trop recommander, puisqu'elle con-
vient parfaitement aux chevaux de tous les
�ges , depuis l'enfance jusqu'� l'extr�me
vieillesse. Cette racine est la carotte", elle
vient bien dans tons les terrains sablonneux
et de peu de valeur. Elle est non seulement
propre � suppl�er � toute esp�ce de nour-
riture qni convient au cheval, mais encore
elle peut ajouter � sa force et � sa vigueur.
-ocr page 157-
152                      MANUEL
Sa propri�t� est de donner plus de lait aux
jumens poulini�res. Enfin, dans l'hiver, elle
peut pour ainsi dire tenir lieu du meilleur
grain.
Ce l�gume, dont la culture demande
peu de soins, rend presque toujours en
abondance. La carotte se recueille en sep-
tembre et octobre : on met les bottes les
plus belles pour les employer � la cuisine,
les autres sont mises de c�t� pour Je
b�tail.
"Voici la mani�re de lesconserver:aussit�t
que les tiges commencent � jaunir, ce
qui arrive de bonne heure en automne ,
on arrache les carottes , et sans les laver ni
les essuyer on les �tend sur un lit de paille
blanche, dans une cliambre s�che ou dans
un grenier faiblement a�r� ; on les recouvre
ensuite avec de la m�me paille en assez
grande quantit� pour que la gel�e ne les
attaque pas. Si le lit de paille qui les recou-
vre est assez �pais, la gel�e ne p�n�trera
I
-ocr page 158-
DES HARAS.                     l53
jamais , et vous les trouverez parfaitement
saines � la fin du plus rude hiver. Quel-
ques personnes les d�posent dans le sablo j
mais on a reconnu que la paille m�ritait la
pr�f�rence.
Lorsque vous voulez vous en servir, vous
lavez � mesure la quantit� qu'il vous en
faut. Cette op�ration n'est ni longue ni dif-
ficile , il suffit de les mettre tremper pen-
dant deux heures dans un baquet rempli
d'eau de pompe ou d'un �tang. Apres les
avoir remu�es plusieurs fois avec un balai
de bruy�re , vous les retirez pour les passer
dans une autre eau : s'il reste quelque peu
de terre vous l'enlevez avec une brosse , et
la carotte s�che d'elle - m�me pour l'usage
que vous en voulez faire.
Yous les coupez longiiudinalement d'a-
bord , puis transversalement pour les r�-
duire en petites parties de la grosseur d'un
dez ou f�verollc. Vous les pr�sentez aux
chevaux, et, jnmens , soit s�ides ou incorpo-
-ocr page 159-
I 34                        M AKtlEI
r�es dans de la paille hach�e , de l'avoine
ou du son, et vous �tes assur� que pas un
seul ne les rejettera.
Ce l�gume est tellement bon pour toute
esp�ce de chevaux, cpie jamais on ne leur
en
a fait manger qu'on ne s'en soit bien
trouv�. On le donne en Angleterre particuli�-
rement aux chevaux de prix; il souti ent m�me
les chevaux qui travaillent tr�s-fort. On
a remarqu� que ceux qui en avaient mang�
pendant l'hiver �taient au printemps plus
forts et plus vigoureux que les autres ; non
pas cependant qu'on veuille y r�duire les
chevaux pour toute nourriture , mais on en
conseille l'usage comme un accessoire sain
et �conomique , qui peut, en suppl�ai
la disette , �tre profitable en tout temps.
Pour terminer l'article du sevrage . nous
dirons qu'il ne faut pas tout-�-coup s�parer
le poulain d'avec sa m�re , et qu'il con-
vient pendant quelques jours de l'accoutu-
mer avec sa nourriture au sec avant la
-ocr page 160-
DES HARAS.                    l55
s�paration. Du foin d�licat et de bonne odeur,
de l'ayoine mond�e dans laquelle on mettra
une portion de farine de f�verolles ,
sont ce qui peut flatter d'avantage le go�t
du poulain.
L'int�r�t particulier du propri�taire sert
ordinairement de r�gulateur dans le choix
des alimens ; mais quel que soit le peu de
valeur de l'animal, ou la parcimonie de
celui � qui il appartient, toujours faut-ilque
ce qu'on lui fait manger d'abord soit sain et
en quantit� Suffisante pour le pr�parer au
service qu'on cm attend..
Il est express�ment recommand� � ceus
qui , par amusement ou par sp�culation ,
se livrent � l'�l�ve des chevaux, de ne
rien �pargner, surtout les deux premiers
hivers , pour procurer � leurs �l�ves la
force et la taille qu'une nourriture saine
et abondante peut seul leur donner, en se
persuadant bien que rien par la suite ne
pourrait suppl�er � la n�gligence qu'ils
-ocr page 161-
�56"                      M AN � El
auraient apport�e dans ces commence-
mens, qui d�cident presque toujours du
sort futur du poulain, qui ne tourne mal
assez souvent que pour n'avoir pas �t� bien
gouvern�.
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D E S H A » A S.                     l57
CHAPITRE XI.
De l'Adolescence du Cheval.
Apr�s avoir parl� de la mani�re dont
se faisait le sevrage , nous dirons qu'aussi-
t�t que les poulains sont accoutum�s � leur
nourriture, on les s�pare pour toujours de
la m�re. Tant que l'hiver dure, on les
nourrit comme nous l'avons indiqr.�. Au
printemps , on met les m�les et les
femelles p�le-m�le dans de gras p�tu-
rages , en leur m�nageant, le plus qu'on
peut, un abri autant pour les temps frais
et pluvieux , que pour les d�rober en �t�
aux ardeurs du soleil, s'il ne se trouve pas
d'arbres dans la prairie o� on les aurait
mis.
Tant que l'herbe sera abondante , ils
-ocr page 163-
l58                      MANUEL
n'auront pas besoin d'autre nourriture ;
mais si par l'effet de la s�cheresse, ou
comme il arrive � l'arri�re saison, que
l'herbe diminue en qualit� comme en
quantit�, on aura soin alors d'y suppl�er
avec de bon foin, auquel on joindrait de
temps en temps du son m�l� avec de
l'avoine.
On ne se pressera pas de retirer les
poulains � l'�curie ; il faut au contraire
qu'ils restent dehors tant qu'il j aura de
llierbe et qu'ils trouveront � p�turer. Mais
aussit�t que les frimats ne permettront
plus qu'ils restent plus long-temps expos�s
aux injures de l'air, on les ram�nera pour
tout l'hiver � l'�curie.
C'est su printemps de la troisi�me ann�e
qu'on s�pare les m�les des femelles , pour
les faire passer la belle saison dans des
pacages diff�rais et assez �loign�s les uns
des autres, afin que les chevaux qui com-
mencent � se sentir vers les deux ans et
-ocr page 164-
DES HifiAS,                     lf>9
demi , ne s'aper�oivent pas qu'il y ait
des jumens dans le voisinage. Il y en a
qu'on est oblig� de s�parer � dix-huit mois
et m�me plut�t, mais cela est assez rare.
Les uns et les autres sont soign�s en tout
de la m�me mani�re qu'ils l'auront �t�
l'ann�e pr�c�dente, except� qu'il faudra
� l'arri�re saison, donner en suppl�ment
d'herbe, plus de grain aux poulains qui
promettront d'avantage.
On a grand soin en Angleterre de faire
la distinction d'un poulain d'herbe d'avec
un poulain nourri au grain. Le dernier par
la force est d�j� � cinq ans ce que l'autre
n'est pas � six ; mais comme cette nourri-
ture estplus co�teuse on ne la donne qu'aux
chevaux de prix, particuli�rement aux che-
vaux de sang et � ceux qu'ils appellent hun-
iers
ou chevaux de chasse.
Les chevaux de race, qui au printemps de
la quatri�me ann�e en ont trois accomplies,
ne retournent plus au pacage, ils restent �
-ocr page 165-
160                      MANUEL
l'�curie pour y �tre nourris au grain et au*
sec: c'est alors qu'on doit s'occuper de leur
�ducation. On la commence une ann�e
plut�t en Angleterre, puisqu'il j a des che-
vaux qui courent � trois ans, mais il faut
entendre qu'ils les ont r�volus, et qu'ils
sont bien avanc�s dans fa quatri�me ; il y
en a m�me qui n'ont pas huit jours � at-
tendre pour les avoir accomplis, quoique
cela ne compte toujours que pour trois ans.
On observe aussi que les distances que ces
jeunes animaux ont � parcourir sont toujours
en raison de leur �ge ; il en est de m�me
du poids qu'ils ont � porter. Quoiqu'il en
soit, il serait peut-�tre dangereux de suivre
pour nos chevaux fran�ais un pareil exem-
ple , en les commen�ant de si bonne heure,
puisqu'il est reconnu que ces coursiers qui
ne sont qu'� demi form�s tournent rarement
� bien , et que pour un qui r�ussit il j en
a dix d'estropi�s. Les Anglais donnent pour
raison de leur pers�v�rance � suivre un
pareil syst�me , qu'ils ont la conviction
gu� ceux qui succombent n'auraient jamais
-ocr page 166-
DES H A B.A&                     161
rt�ussi, quand m�me on les aurait attendu
jusqu'� cinq ans.
On laisse une ann�e de plus dans �a
prairie les chevaux de moindre valeur , et
ce n'est qu'au printemps suivant qu'on se
dispose � les monter lorsqu'ils ont quatre
ans faits, afin de les faire entrer � quatre
ans et demi dans le commerce pour de»
clievaux venant � six ans , parce qu'alors
ils n'ont plus de dents de lait, les croeltets-
sont aussi perc�s, et qu'ils ont ce qu'on ap-
pelle la bouche faite»
C'est aussi � cette �poque, et m�me une
ann�e plut�t, qu'on doit �masculer les pou-
lains qu'on destine � faire des chevaux hon-
gres.. L'op�ration pourra se retarder d'une
ann�e pour les carrossiers , par la raison
que ceux - l� ont besoin de plus d'�toffe �
l'avant-main que les chevaux de selle,
Si pour un cheval de course, ou celui
qu'on destine simplement � la chasse, les-
-ocr page 167-
l6z                .        KA N U E �
dispositions sont diff�rentes, les moyens
doivent toujours �tre les m�mes , et ce
n'est qu'avec une douceur extr�me qu'on
doit accoutumer le citerai � tout ce qui d'a-
bord doit �tre embarrassant pour lui ; il faut
qu'il se familiarise insensiblement avec tous
les objets qu'il ne doit plus quitter qu'� la
mort.
L'objet le plus important ', en ce qu'il
contribue essentiellement � la conservation
du cheval dans l'�tat de domesticit� , est la
ferrure; mais avant que d'en venir l�, il
est � propos de l'accoutumer � donner les
jambes l'une apr�s l'autre, et � se sentir
frapper sur le sabot de mani�re � ce qu'il
n'en soit point effray� , et qu'il le souffre
aussi volontiers qu'il ferait l'�trille ou la
brosse.
Il convient qu'un cheval conduit � la
forge pour la premi�re fois, n'y soit atta-
ch� qu'avec la plus grande pr�caution ; on
fera m�me mieux, jusqu'� ce qu'il y soit
f
-ocr page 168-
D-sr� haras.                 i63
tout-�-fait accoutum� de le tenir � la main,
en le caressant beaucoup pour le tranquilli-
ser sur un appareil fait pour l'�pouvanter ,
surtout � l'aspect de la fum�e , quand il la
voit de si pr�s pour la premi�re fois.
Il y a des chevaux vraiment difficiles,
mais ce sont des cas particuliers et pour
lesquels on ne doit employer des moyens
T�olens , tels que le torche-nez , la platte
longe et autres, que lorsque les autres voies
de douceur ont �t� sans effet.
Il se trouve aussi des chevaux qui mon-
trent de l'impatience , qui se tourmentent
m�me parce qu'ils sont seuls ; mettez ll�
cheval � c�t� d'eux pendant qu'on les ferre
ils ne bougeront pas.
-ocr page 169-
164                        MANUEL
CHAPITRE XII.
Ve la Ferrure.
Ijomme les cnev�iix ne parlent point,
il faut les. interroger dans leurs sensations,
soit pour pr�venir leurs besoins , soit pour
rem�dier aux maux qu'ils �prouvent. Il est
donc � propos, apr�s avoir pourvu � leur
nourriture et � leur pansement, de s'assu-
rer s'ils ne souffrent pas ; or, comme le
si�ge de toutes les douleurs ( qui en-
gendrent, et font, en partie, �elore les
tares, dont les cons�quences sont une vie
de souffrance et une lin pr�matur�e ) r�-
side plus particuli�rement dans les extr�-
mit�s, ne convient-il pas d'en �tablir les
bases de mani�re � ce qu'aucune des par-
ties sup�rieures n'en soient ni fatigu�es,
ni alt�r�es. Ce point d'appui de toute la
masse �tant � l'extr�mit� inf�rieure des
-ocr page 170-
DES BASAS.                    l6i�
quatre pieds destin�s � soutenir sans dou-
leur le poids du corps de l'animal, et le
fardeau dont on le charge, doit �tre soign�
de mani�re � ce que le cheval, m�me ea
travaillant beaucoup , puisse mourir de
vieillesse , sans avoir �t� boiteux ni
fourbu.
Apr�s avoir examin� le cheval dan&
l'�tat de pure nature, nous l'envisagerons
dans l'�tat de domesticit�; car c'est sous
ce point de vue que nous devons le saisir
pour voir s'il peut ou non aller sans �tre *"
ferr� , et de quelle mani�re ses pieds, qui
sont les garans de sa dur�e, doivent �tre
soign�s*
Nous pouvons remarquer que la nature
a donn� � tous les animaux des pieds aux-
quels on est dispens� de toucher , pour
leur conservation, except� cependant ceux
qu'elle a soumis � la domesticit� de
l'homme, tels sont les chevaux, les mu-
lets, les b�ufs, les �nes, pour la partie
-ocr page 171-
�66                      MANUEL
du globe que nous habitons. Ces quatre
esp�ces, m�me dans l'�tat de pure nature,
se passeraient de nos soins, par la raison
que la b�te sauvage ne marchant que pour
le besoin, et posant son pied o� elle veut,
a grand soin d'�viter tout ce qui pourrait
l'incommoder ; tandis qu'assuj�tie aux ca-
prices et aux besoins de l'hoir me, elle est
forc�e de faire tout ce qu'on exige d'elle ;
et ses pieds venant � lui manquer, elle
p�rirait mis�rablement, si l'on n'avait pas
imagin� de pourvoir � leur conservation
par les moyens qui font l'objet de cet
article.
Comme ce sont les chevaux qui nous
occupent plus particuli�rement ici que les
autres animaux que nous venons de nom-
mer , et qu'il est reconnu que ceux qui
travaillent, manquent le plus souvent par
les pieds, quand par malheur on les n�-
glige , il est donc � propos de les d�fendre
de tout ce qui pourrait les fatiguer ou les
endommager, et les fers qui les garan-
-ocr page 172-
DES HAKA S.                     I 6f
tissent en partie de la pression , comme de
l'in�galit� des pierres, des clous de rue,
des morceaux de verre cass�, et autres
accidens, sont au moins ce qu'on a trouv�
de meilleur jusqu'� pr�sent.
C'est donc mal � propos qu'on a pr�-
tendu que les chevaux pouvaient tr�s-
bien servir sans �tre ferr�s , et quoiqu'on
ait eu raison de dire que la nature ne fai-
sait rien d'imparfait, et qu'on ait pris pour
exemple les chevaux sauvages, on aurait
d� faire attention que ceux-ci ne travaillent
pas ; qu'ils se placent et marchent o� ils
veulent, et que du moment qu'ils sont pris
pour porter ou tra�ner des fardeaux, dans
des chemins pierreux , comme sur le pav�,
on est oblig� de leur mettre des fers , sans
quoi leur corne venant � s'user ou � se cas-
ser, ils seraient bient�t hors de service , �
moins que le peu qu'on leur ferait faire,
ne f�t dans des pays semblables au Mec-
Idenbcurg et une partie de la Prusse , o�
l'on ne trouve que des sables et presque
-ocr page 173-
� 68-                     �IAS��Et
jamais de pierres. Dans ces contr�e*
m�mes, pour un travail suivi et p�nible,
il est indispensable que le cheval soit ferr�.
Le suppl�ment � la ferrure, pour tau
cheval qui ne travaille point, est le soin
qu'on doit prendre de ses pieds , qui, sans
cela, sont sujets � devenir difformes. Dans
les terrains bas et mar�cageux, les pieds
s'�vasent, la corne se casse ; dans les-
lieux secs et pierreux, le sabot s'use, se
r�tr�cit � la base , les talons se serrent, ce
qui est le principe de I'encastellure. A
d'autres le pied pousse en pince , ce qui se-
fait aux d�pens de la force des quartiers et
des talons qui diminue dans la m�me pro-
portion que l� pied s'allonge. Le sabot
long fatigue les muscles et les ligamens ;,
le cheval est moins s�r de jambes , il
bronche plus souvent. Il faut donc que les
pieds soient par�s toutes les fois qu'ils en
ont besoin , si l'on veut que les jambes du
cheval se conservent saines. Mais si le
cheyal travaille, ou m�me que sans exer�
-ocr page 174-
D� S II A. R A S.                   �bq
cice on les tienne � l'�curie sur le pav�,
il faut de toute n�cessit� qu'il soit ferr�
pour �tre plus � son aise. Un cheval pieds
nus ou sans fers, sur le dur, doit toujours
�tre consid�r� comme dans un �tat mala-
dif : or, comme il n'est point de maladie
plus f�cheuse que celle des pieds, puis-
qu'elle �te � l'animal la facult� de se
soutenir et de travailler , il est naturel de
croire qu'il doit p�rir avant terme, pour
avoir n�glig� cette partie si n�cessaire � sa
conservation.
le cheval, comme on sait, na�t avec
la partie inf�rieure du sabot extr�mement
r�tr�cie : la forme en est circulaire et
s'�largit en raison de l'�ge , du poids qu'il
a � porter, et du sol sur lequel il existe.
Cette forme arrondie est celle qu'il faut
que le sabot conserve, et c'est en parant
le pied qu'on l'entretient dans son �tat na-.
turel, autrement, comme nous venons de
le dire, le pied s'allonge en se r�tr�cis-
ia.nt, et le cheval devient encastel�.
-ocr page 175-
I
SyO                     MANUEL
Les poulains , jusqu'� ce qu'on les re-
tire � l'�curie, vers l'�ge de trois ans, et
m�me pourvu qu'on les tienne � l'�curie
sur un sol uni, et jamais sur le pav� ,
peuvent tr�s-bien aller sans fers ; mais du
moment qu'on les fait travailler, surtout
dans des cliemins difficiles, ou qu'on les
assuj�lit � l'�curie sur des pierres , il
faut de toute n�cessit� qu'ils soient ferr�s
des quatre pieds et que les fers soient pro-
portionn�s � leur force et � l'ouvrage qu'ils
ont � faire.
Les exemples rendent les v�rit�s plus
sensibles. Prenez dans la prairie un pou-
lain qui n'aura jamais �t� ferr� , d�ferrez
des quatre pieds un cheval bien constitu�
et que vous aurez vu marcher avec fran-
chise j faites-les trotter sur le dur, ils
vous para�tront boiteux, tant�t d'une jambe,
tant�t d'une autre, tandis que s'ils sont
ferr�s , ils trotteront avec assurance et
librement, m�me sur un mauvais pav�,
et ils seront �galement � leur aise � l'�curie.
-ocr page 176-
DES II A R A S.                        t^I
Que vous les mettiez en route pieds
nuds , ils tomberont fourbus des la pre-
mi�re journ�e, pour peu que le cbemia
soit difficile. C'est donc de l'absence de la
douleur dans les pieds du cheval que d�-
pend sa conservation; or, si une bonne
ferrure la lui assure, il faut pour le con-
server qu'il soit bien ferr�.
La ferrure ne nous entra�nera point dans
une description anatomique du pied du
cheval, pour en d�montrer l'utilit� ; en en
parlant comme d'une op�ration qui doit
pr�c�der l'�ducation que nous avons �
donner au poulain, nous dirons qu'il faut
bien se donner de garde , surtout pour un
jeune cheval, qu'on ferre pour ta premi�re
fois, de lui tenir les pieds trop liant, ou
dans une position qui ne soit pas naturelle.
Il est aussi, tr�s-souvent sujet � s'impa-
tienter , surtout si les mouches le tour-
mentent : il est donc � propos de mettre
momentan�ment le pied � terre, s'il ma-
-ocr page 177-
IJl                         MANU KL
nifeste un certain mal-aise , on le re-
prend une minute apr�s, toujours avec la
m�me douceur , et l'animal finit par s'y
accoutumer.
Lorsqu'un jeune cheval fait quelques
difficult�s pour approcher de la forge, vous
pouvez raisonnablement augurer qu'il y
aura �t� maltrait�, soit par le mar�chal,
soit par le palfrenier.
S'il n'est pas n�cessaire que le posses-
seur d'un cheval, ou celui qui par �tat
doit le faire soigner, sache lui parer le pied
ou attacher ses fers, il doit savoir au
moins de cruelle mani�re il doit �tre ferr� ,
et s'apercevoir si la b�te ne souffre pas en
m�chant.
Les mar�chaux, «n g�n�ral, sont port�s
� ferrer les chevaux qui n'ont pas les pieds
difformes, approchant de la m�me fa�on.
L'hompie de cheval qui doit prendie ea
-ocr page 178-
DES HARAS.                     173
tr�s�grands consid�ration les aplombs, et
la mani�re dont le cheval chemine, devra
diriger le mar�chal, puisque la s�ret� des
>: obes de l'animal, et leur conservation
d�pendent plus particuli�rement (ju'on ne
le cro�t de la ferrure. L'usure des vieux
fers doit cire aussi soigneusement exami-
n�e, pour parer le pied de mani�re � ce
mie le cheval soit parfaitement d'aplomb,
et puisse marcher sans souffrir.
Il y a des personnes qui ne veulent pa»
qu'on pare jamais la sole ni la fourchette,
pr�tendant que l'�lasticit� surtout de cette
derni�re, soulage les quartiers et les ta-
Imis : cependant si vous ne parez jamais ni
l'une ni l'autre, la corne s'�caille et la
fourchette se pourrit ; il arrive alors aux
pieds des chevaux ce qui vous arriverait si
vous n�gligiez de rogner yos ongles; l'on
verrait le sabot, en s'allongeant, devenir
difforme au poim que le cheval ne pour-
rait plus marcher.
-ocr page 179-
174                        M AS U KM,
Il est donc indispensable de parer le
pied du cheval de fa�on � ce que chacune
de ses parties ait une force � peu pr�s
�gale, et qu'elles conservent entre elles,
cette uniformit� si n�cessaire � ce que le
cheval puisse, sans souffrir, soutenir toutes
les fatigues auxquelles il est naturellement
assuj�ti.
Avant d'entamer la description des dif-
f�rentes sortes de pieds, ou au moins la
contexture de la corne dont ils sont for-
m�s, il convient de dire que grand nombre
de chevaux sont tomb�s boiteux, parce
que le mar�chal, sans avoir �gard � la con-
formation du pied, � la taille du cheval,
� son poids, � l'exercice auquel il est des-
tin� , aura voulu lui faire un joli pied que
nous appelons ferrer � la marchande.
La partie qui se pr�sente � l'�il pour
l'op�ration de la ferrure, est ia base du
sabot qui emourre toute l'extr�mit� du-
-ocr page 180-
TES HARAS.                     fjS
pied. Celte partie qui, par sa consistance ,
d�fend tout l'int�rieur du sabot, sert en-
core pour y attacher le fer sur lequel
repose tout le poids du corps du cheval ; il
faut donc qu'elle conserve autant de force
qu'on peut lui en laisser, en �vitant de l'af-
faiblir, soit par le boutoir, ea parant le
pied, soit avec la r�pe, apr�s que le che-
val est ferr�.
Les sabots estim�s les meilleurs sont;
ceux qui sont unis, luisans, couleur de
pierre � fusil, passablement larges, sans
�tre plats. Les chevaux qui ont la corne
blanche, s�che et cassante, ainsi que ceux
qui ont le sabot spongieux et mou , sont
en g�n�ral de tr�s-mauvais service et su-
jets � tomber boiteux. Ceux-l�, quand on
a le malheur de les poss�der, exigent pour
la ferrure beaucoup plus de pr�cautions
que les autres.
Comme le pied du cheval est le point
-ocr page 181-
176                        MANUEL
d'appui sur lequel porte toute la pesanteur
de l'�difice, il faut que non-seulement les
fers soient en proportion de la force du
pied, mais encore qu'ils soient attach�s de
mani�re � ce qu'aucune des parties sen-
sibles n'en soient comprim�es, puisqu'il
ne faut, qu'un seul clou broch� trop haut,
pour faire boiter le cheval ; en sorte que
dans une claudication douteuse, au pre-
mier aspect, il faut toujours, en faisant
le cheval, s'assurer si elle ne
viendrait pas du pied , soit qu'elle f�t
occasionn�e par une piq�re de clou, soit
par une bleime , cors ou seime, ou m�me
par un fer trop court ou u-op �troit.
Lorsque vous aurez reconnu la cause
du mal, il vous sera facile d'y rem�dier,
en y appliquant les rem�des g�n�raux pour
lesquels nous vous renverrons aux v�t�ri-
naires auxquels il faut toujours avoir re-
cours, dans Je cas embarrassant, pour
celui qui n'est pas praticien.
-ocr page 182-
D" S HARAS.                    I77
Il faut qu'on sache que les jeunes che-
vaux sont sujets � avoir aux pieds des
cors produits par la compression in�gale
du fer, ou autres accidens. Aussit�t que
vous vous en apercevrez , vous chercherez
� en faire l'extraction au moyen d'un bis-
touri qui est l'instrument qui convient le
mieux. Vous avez grand soin de ne pas
p�n�trer trop avant, ce qui rendrait le
rem�de pire que le mal, et lorsque vous
avez enlev� tout ce qu'il vous �tait possible
de la partie calleuse, vous essayerez de
faire ronger le peu qui reste, par quelques
gouttes d'huile de vitriol, ensuite vous y
employez l'eau de vie camphr�e ou. la
teinture de mirthe. Vous avez la m�me
attention pour le gravier qui se loge quel-
quefois dans la fourchetle : aussit�t que
vous on avez �galement fait l'extraction ,
vous nettoyez la plaie , et s'il y a de la sen-
sibilit�, vous y introduisez un plumasseau
imbib� d'essence de t�r�bentliine que vous
renouvelez , jusqu'� ce que la partie ne
vous paraisse plus douloureuse. Pour cet
-ocr page 183-
178                    MA S C E l.
accident , on conseille la ferrure en
planche, mais de simples �clisses suffisent
pour retenir la iilasse dont on aura rempli
la cavit� du pied; si pendant ce traitement
vous n'�tes pas oblig� de faire voyager
votre cheval.
Il y a des chevaux oui se coupent en
marchant, mais ce n'est pas toujours la
faute du mar�chal, quoique cela puisse
arriver, si le pie4 n'est pas bien par�, ou
que le fer soit mal ajust�. Dans ce cas il
faut prendre en consid�ration l'�ge du che-
val, le chemin qu'on lui fait faire, le
poids dont il est charg� , et surtout la.
mani�re dont il est nourri. Un cheval
dans l'�tat de nature, quoique ferr�, se
couperait rarement , si d'ailleurs il �tait
bien conform�" ; tandis qtie celui qui a
quelques d�fectuosit�s, s'�nervant par 3a
moindre fatigue, se coupe quelquefois de
mani�re � ce qu'il est tr�s-difficile de l'en
emp�cher. Les chevaux qui sont dans ce
eas, doivent �tre consid�r�s comme �taas
-ocr page 184-
DES HARAS.                     179
d'une nature faible , d�g�n�r�e et par con-
s�quent de fort mauvais service. Nous
dirons � l'article du choix des chevaux , �
quels signes approchant on peut reconna�tre
ceux qu'on doit particuli�rement rejeter,
surtout lorsqu'il est question d'en faire des
�talons ou des poulini�res.
Les Anglais se trouvent hien de la rai-
nure faite dans la partie inf�rieure du fer ,
pour y mettre les clous de mani�re � ce
qu'il n'y en ait pas un qui soit plus saillant
que l'autre. Ils croyent avec raison que des
t�tes de clous de grosseur in�gale , ne
s'usant pas toutes en m�me temps, font
que le cheval, dans des chemins difficiles,
marche mal, se fatigue , se coupe, et peut
broncher , surtout lorsque la ferrure est
nouVelte et que le cavalier veut aller
vite.
Il n'y a point de contr�e en Europe
«su l'on ferre si bien les chevaux qu'en Ai�~
-ocr page 185-
l8o                      MANUEL
gleterre. Ils ont pour principe de conseil-
ler � celui qui voyage � cheval , de ne
jamais �pargner un six pence, ou une
pi�ce de douze sous au gar�on qui doit
ferrer sa mon ave. '..);■ ■;/:: :: ■;.�■.�-. '� . . . :o
ce pays, que cet homme pr�venu sur cette
l�g�re r�tribution, apportera toui atten-
tion imaginable � ce que vous soyez co�-
tent de lui, ce qui VOUS tournera � bel
fi�e dans la conservation de votre cheval. Si
nous en agissions de m�me eh France , �
l'�gard de nos gar�ons mar�e])aux, ils se
piqueraient de bien faire , fit le cavalier
s'en trouverait mieux, tant pour son agr�-
ment, que pour la s�ret� de sa personne
et la conservation de sa monture, qui ne
peut r�sister � la fatigue qu'en proportion
de ce qu'elle est plus � son aise.
Pour r�gle g�n�rale , il faut que le pied
du cheval soit par� de mani�re � ce que
le fer porte �galer!
         partout               ser-
vant que la partie interne soit plut�t con-
cave qu'unie, afin de m�nager la sole, et
-ocr page 186-
DES RASAI.                  l8l
Surtout faire attention que le clou broch�
dans ce qu'on appelle la muraille, ne soit
jamais assez pr�s de la sole pour la com-
primer. ISTous avons d�j� dit que le fer , en
largeur et en �paisseur, devait �tre pro-
portionn� � la force du pied ; nous obser-
verons ici que les fers des pieds de der-
ri�re doivent �tre un peu plus larges vers
le talon, et un peu plus longs qu'aux pieds
de devant, afin de conserver � cette partie
qui fatigue d'avantage toute la force dont
elle a besoin.
Le sabot d'un cheval ne doit jamais �tre
trop long en pince, parce qu'ind�pendam-
ment de ce que le pied se r�tr�cit en pro-
portion de ce qu'il s'allonge, c'est qu'en-
core le cheval est plus sujet � broncher,
et que la force du sabot se porte sur le
devant du pied, aux d�pens des talons qui
s'affaiblissent d'autant ; tandis qu'il est
reconnu que cette partie ne saurait jamais
�tre trop forte.
-ocr page 187-
�Sz                    MAS V EL
Un cheval dont les talons et les quartiers
s'affaiblissent, devient promptement en-
castel� , par la raison que l'effet de la
douleur �tant de faire contracter toutes les
parties ou elle se manifeste, cette contrac-
tion occasionne , dans la partie post�rieure
du pied , un r�tr�cissement ccnnu sous le
nom d'encastelure , qu'on �viterait en
soulageant cette partie qui, ayant alors la
facult� de se dilater, conserverait l'�va-
sion qu'elle avait naturellement. Et c'est
si bien la souffrance du point d'appui qui
cause cette maladie, que les pieds de der-
ri�re qui peuvent se soulager d'une partie
du poids qu'ils ont � porter sur le devant >
sont beaucoup moins sujets � devenir en-
castel�s que les autres.
Il y a des chevaux qui ont ce que l'on
appelle des pieds combles, et pour les-
quels il faut prendre les plus grandes pr�-
cautions pour attacher le fer sans que la
sole soit comprim�e. C'est au mar�chal �
juger s'il n'y a pas de danger � mettre des
-ocr page 188-
DES H A II A S.                       l83
clous trop pr�s du talon qui, dans ce cas ,
est spongieux et gras.
On met quelquefois des crampons � ces
chevaux, afin de leur soulager les taionSj
mais M. Lafosse ne les aime point, il pr�-
tend que cette ferrure est viciorse, en ce
qu'on ne peut pas �lever les talons sans
que les tendons s'en trouvent fatigu�s. Ce
qui est juste dans certaines circonstances
peut ne pas l'�tre dans d'autres ; car dans
un pays de montagnes et glissant, les
crampons dans les descentes soulageront le
cheval en proportion de ce qu'il sera charg�.
Le tout est d'avoir l'attention qu'ils ne
soient pas fort �lev�s.
Pour terminer cet article, on conseillera
� ceux qui �l�vent des chevaux, de prendre
grand soin de leurs pieds quands ils
sont jeunes , afin d'emp�cher qu'ils ne
prennent une conformation vicieuse qui est
le r�sultat du d�faut de connaissance, ou
O'ibq manque d'attention de la part de
/.
-ocr page 189-
184                   *' a a b � 1.
celui qui le soigne. C'est une forme � leur
dernier , en parant proportionnellement
l'int�rieur, vous accourcissez le plus que
vous pouvez la pince , sans toutefois la
rendre carr�e : vous donnez au tout un en-
semble circulaire avec la r�pe , ce qui vous
donnera un sabot qui dans sa conf�guratiou
ne vous laissera rien � d�sirer.
S'il ne faut pas que les chevaux soient
ferr�s trop souvent, ce qui tendrait � affai-
blir le pied, il ne faut pas non plus les
laisser trop long-temps sur une vieille fer-
rure , qui cause le d�p�rissement des quar-
tiers comme de la sole , rend le cheval
maladroit, lui fait perdre ses aplombs ,
fatigue las nerfs et les ligamens, et enfin
occasionne une multitude d'accidens qu'il
est facile de pr�venir en examinant sim-
plement le pied du cheval.
On sait g�n�ralement qu'un cheval bien
ferr� peut aller cinq ou six semaines, et
-ocr page 190-
DES HARAS.                     l85
qu'apr�s ce temps, quand m�me ses fers
ne seraient pas us�s, il faut les relever,
pour lemicttre � son aise , en abattant au-
tant de pied qu'il lui en est pouss� depuis
sa ferrure.
Pour ce qui est des pieds mal conform�s
et qui ont �prouv� des accidens, on aura
recours aux ouvrages de nos bons v�t�ri-
naires fran�ais, qui ont trait� cette mati�re
d'une fa�on aussi �tendue que satisfai-
sante.
On verra � l'article de la nomenclature
de toutes les parties du corps du cbeval,
quels sont la plupart des accidens auxquels
ses pieds sont expos�s, et qu'une bonne
ferrure pourrait pr�venir ou au moins
soulager.
Wons parlerons maintenant des s�tons, et
des effets qu'ils produisent assez g�n�ra-
lement ; car il est bon qu'on sache � quoi
s'en tenir sur l'usage d'un caut�re d�gout-
8*
-ocr page 191-
tant qui peut tr�s-rarement soulager le*
cheval qu'il d�flgure, en laissant des traces
qui ne s'effacent jamais. Nous dirons en-
suite un mot de la section de la queue �
l'anglaise -, et sur les inconv�niens qui
peuvent r�sulter de cette op�ration».
-ocr page 192-
DES HAEA5.                     I fty
■ CHAPITRE XIII.
Des S�tons et de leur abus,
Ija fureur des s�tons , comme cel]<> f7u
magn�tisme , a eu son temps sans qu'on ait
pu nous d�montrer la preuve de leur utilit�»
Ils paraissent avoir pris naissance en An-
gleterre, d'o� ils sont pass�s en France; et
nous, trop souvent port�s � singer les An-
glais, plut�t dans leurs ridicules ope dans ce
qu'ils ont de bon , nous les avons adopt�s
et rendus applicables m�me � l'esp�ce bu�
maine. Au reste , le s�tou a �t� long-temps
l'arcanum des mar�chaux Anglais, qui s'en
sont servis comme d'une goutti�re par la-
quelle ils croyent pouvoir faire pass�e;
toutes les humeurs du corps du cheval.
Ce caut�re a pour apologiste M>-Brakeny,
-ocr page 193-
188                      M A NU Et
qui dit d'abord que le s�ton convient dans
une infinit� de maladies ; puis � la m�me
page, qu'il faudrait autant que le cheval
perdit chaque jour le m�me volume de
sang qu'il coule cle pus , puisque ce pus
n'est autre chose que du sang g�t� par le
s�ton qui coule apr�s avoir perdu sa cou-
leur naturelle. Dans un autre endroit, il le
conseille encore pour plusieurs maladies ;
mais il veut qu'on en �tablisse sur diff�-
rentes parties du corps , que ce soit der-
ri�re les oreilles , � l'avant-c�ur, ou sous
le ventre, il pense que cela revient au m�me,
comme s'il les regardait comme autant
d'anus dont la nature peut se servir � vo-
lont�, pour lui �viter la peine de faire par-
courir aux humeurs la route trop commune
de la circulation ordinaire.
Comme tout le monde s'accorde � con-
venir que l'humeur qui coule du s�ton n'est
autre chose que du sang d�compos� , c'est
pr�cis�ment comme si le cheval avait une
veine ouverte par o� s'�coulerait, dans les
-ocr page 194-
D F S HARAS.                   l8�j
vingt-quatre heures, plus de sang que sa
nourriture habituelle ne peut lui en four-
nir , et que, sous ce point de vue, le s�ton
serait loin d'�tre aussi utile qu'on l'a cru
jusqu'� ce jour, o� tout ce qu'on peut dire
de plus en sa faveur, c'est que s'il ne fait
pas de bien, il ne fait pas non plus de mal.
Si cependant la saign�e qui est connue
pour remplir le m�me but, pouvait d�rober
le cheval � une op�ration aussi douloureuse
qu'elle est d�go�tante et pr�judiciable , en
ce qu'elle laisse des marques qui ne s'effa-
cent point , pourquoi ne la pr�f�rerait-on
pas, surtout lorsqu'on peut � son aide faire
intervenir les diur�tiques, les �vacuans, en
conservant l'apposition du s�ton comme une
derni�re ressource sur laquelle cependant
on ne doit gu�re compter.
Quand dans les engorgemens consid�ra-
bles . le vertige-j l'apoplexie, la saign�e ,
les adoucissans , les �vacuans n'ont pas eu
d'effet, que pouvez-vous attendre des s�tons
-ocr page 195-
Ta9                        B� A N 0 E �,
qui n'ont pas encore commenc� � op�rer,
que votre cheval est mort ? A la bonne
heure dit M. Taplin, s'il voulait vous pro-
mettre de vivre quatre ou cinq jours de
plus, peut-�tre se trouverait-il soulag�?
mais comme cela est impossible , il faut
donc renoncer aux s�lons qui ne doivent
profiter qu'au mar�chal qui 1rs a pos�s.
Il en est de m�me des claudications pour
lesquelles on passe des s�tons, quand le
repos seul aurait suffi pour redresser votre
cheval. Si pour les jambes engorg�es, le
pus dans les talons , les alt�ratifs aid�s de
la saign�e et des diur�tiques ont �t� sans
effet , croyez bien fermement que le s�ton
n'en fera pas davantage.
J'avais, il y a quelques ann�es � Paris,
une belle jument normande qui tomba boi-
teuse tout bas ; elle marchait comme si elle
e�t pris un faux �cart, et n'appuyait pres-
qtre point sur sa jambe. Le mar�chal expert,
que je consultai, me proposa d'y mettre uu
-ocr page 196-
dis sabas.'                  rgr
8eton qui aurait inarqu� ma b�te ; m'�tant
aper�u qu'elle avait le poil mauvais , et
attribuant sa claudication � l'�paississement
des liLimeurs, je lui fis tirer du sang et
la purgeai deux fois avec des bols que je
composai � la mani�re anglaise. Huit jours
apr�s nia b�te �tait parfaitement droite, et
je la vendis � une dame anglaise. La m�me
�preuve faite depms, au Haras imp�rial du
Pin, sur une jument qui avait les jambes
engorg�es, et pour laquelle on me conseil-
lait des s�tons , me r�ussit �galement, et.
ma b�te ne fut point marqu�e.
~Ne peut-on pas raisonnablement conjec-
turer que les chevaux comme les hommes
sont sujets � des douleurs rhumatismales,
contre lesquelles les s�tons op�rent moins
s�rement qu'un traitement m�thodique,
�bnt l'effet est de diviser les humeurs et de
les faire couler tant par les selles que par
la transpiration.
Il est cependant des cas o� le s�ton est
-ocr page 197-
19 a                      M A NUEE
n�cessaire; c'est lors qu'une chute violente
on un coup aurait occasionn� une extrava-
sation des fluides , ou une induration que
l'application des topiques ou les fomenta-
tions n'auraient pas pu r�soudre. Le s�tort
alors , pourvu qu'on l'applique directement
sur le mal, � sa partie inf�rieure, peut pro-
duire un bon effet, sans pour cela qu'il
puisse �tre consid�r� comme �tant d'une
utilit� g�n�rale.
Dans l'enfance de la m�decine liyppia-
trique , lorsqu'on �tait pas dans l'habitude
de purger les chevaux comme on le fait de
nos jours, on a d� essayer de diverses m�-
thodes qu'on regardait alors comme cura-
tives , et qui ont pu faire la fortune des
s�tous. On peut maintenant les renvoyer �
l'obscurit� d'o� les Braken, les Clarck , les
Bartlet et les Osmer, qni passaient poul-
ies lumi�res du si�cle , les ont tir�s.
Nous particulariserons cependant, pour
finir cet article , les cas o� l'on peut les
-ocr page 198-
iS HARAS.                        19,j
employer avec succ�s, apr�s avoir �prouv�
l'inefficacit� des rem�des g�n�raux auxquels
on aura d� pr�alablement avoir recours.
C'est comme nous l'avons dit dans les tu-
meurs sqnirreuses form�es originairement
parl'cxuavasation des fluides devenus, par
la stagnation, trop visqueux pour �tre re-
pomp�s dans la circulation : dans les clau-
dications inv�t�r�es dans les �paules , ou
les ligamens, o� la mati�re inflammatoire
se serait fix�e par l'effet des toniques ou des
spiritueux employ�s mal � propos ; dans
l'asthme qui aurait r�sist� aux saign�es, au
sel de nitre et autres rem�des pectoraux
qui auraient �t� sans effet. Ces cas sont les
seuls o� l'on doive raisonnablement s'en
servir.
Parlons maintenant de la section �a
la queue � l'anglaise, qui,�m�me Lieu
faite, n'embellit pas plus les chevaux que
les s�tons qu'on leur met � propos de rien
ne les soulagent.
9
-ocr page 199-
*94                        MANUEL
CHAPITRE XIV.
De la section de la Queue du Cheval �
l'anglaise.
JL/A section de la queue du cheval � l'an-
glaise est maintenant une op�ration si sim-
ple , qu'il n'est aucun gar�on marchand
de chevaux de Paris qui ne la fasse avec
autant de dext�rit� que la plupart de nos
bons v�t�rinaires. S'il en est quelquefois
r�sult� des accidens assez graves, tels que
la paralysie de la queue , la cliuw des
n�uds jusqu'au fondement; c'est que les
op�rateurs � qui cela est arriv� , d�daignant
de suivre la marche ordinaire, ont voulu
tenter des exp�riences qui ne leur ont pas
r�ussi. Mais sans nous livrer � l'examen
des pr�cautions qu'il esta propos de prendre
-ocr page 200-
D ^ S SAS A S.                     io5
pour le succ�s d'une op�ration qui , bien
faite , n'a d'autre inconv�nient que de faire
souffrir au cheval de s douleurs tr�s-aigu�s,
qui heureusement ne sont pas de longue
dur�e ; voyons jusqu'� quel point l'ampu-
tation d'une partie de la queue est n�ces-
saire , et dans quel cas il est convenable de
la faire.
                    i
Les Anglais , qui les premiers l'ont pra-
tiqu�e , ont d�. commencer � l'�poque de
l'�tablissement des courses , o� m�me
l'on prend en consid�ration jusqu'au poids
d'une once , ces insulaires ont d� penser
que la section d'une partie qui, dans quel-
ques chevaux , ne laisse pas que d'avoir
du poids , pouvait favoriser le cheval de
course ; ce bel animal y fut donc assuj�li,
mais pour l'amputation d'une portion du
couarre seulement.
Cette op�ration faite d'abord aux ohe«
vaux de premi�re race, qui ont la queue
mieux attach�e que les autres, il en est
-ocr page 201-
ig6                     M A H 0 E t
r�sult� pour l'�il une soi te. d'agr�ment
qu'on a cherch� � imiter dans des races plus
communes ; mais l'attache de la queue s'�-
tant oppos�e � ce que ces derni�res races ,
qu'on pourrait appeler b�tardes , la por-
tassent comme les chevaux de sang , on a
essay� d'y suppl�er en faisant depuis trois
jusqu'� cinq et six incisions transversales �
chacun des muscles ahaisseursde la queue:
les cicatrices tenues ouvertes par la sus-
pension de la queue, la solution de conti-
nuit� ne peut plus reprendre , et les mus-
cles releveurs n'�tant plus ma�tris�s par
leurs antagonistes , la queue du cheval de-
meure dans cet �tat occasionnel d'�rection
auquel les amateurs trouvent des charmes
infinis.
Cette m�thode, bonne pour un cheval qui
chasse au bois, o� une queue trop longue
et trop volumineuse peut s'embarrasser ,
pour celui qui voyage les trois quarts de
l'ann�e dans des chemins boueux , pour
un cheval de cabriolet, qui peut quelque-
-ocr page 202-
. D E S UAE A S.                     tqy
fois avec" sa queue prendre une des guides
dont celui qui le conduit ne peut plus se
servir, pour les chevaux de carrosse enfin,
avec lesquels il peur, y avoir le m�me in-
conv�nient , Test-elle �galement pour le
'de. de guerre , et pour l'a-
nimal jug� plus parfait qu'on consacre �
■ !! esp�ce avec <lc& jumenspou-
lihi�res, qui I �gal�■■;;;. en bont� comme �»
perfection.
En commen�ani par'celles-ci, nous di-
rons qu'elle est souverainement f�cheuse
pour des b�ees qui, ne pouvant avoir de
couverture tant qu'elles sont � la prairie
avec leur poulain, ont besoin de leurqueue
pour se d�barrasser des mouches qui, en
�t� , les tourmentent jusqu'� leur faire
perdre leur lait.
Quant � l'�talon . qui a pareillement'ces
■ sectes � combattre, pourquoi le priverai t-
CT1 d'u..... aie qui fait encore : - plus bel
ornement ? car qu'on voye en libert� deux.
-ocr page 203-
If)S                        MANUEL
clievaux entiers �-peu-pr�s pareils, dont
l'un serait anglais� et l'autre ayec tous ses
crins , vous ne seriez pas embarrass� au-
quel des deux donner la pr�f�rence , puis-
que plus un cheval aura de vraies beaut�s ,
plus cette op�ration le d�figurera. Cela est
si vrai, qu'un bel arabe �court� vous para�-
trait hideux ; et le cheval d'Espagne, qu'on
peut ranger dans la cat�gorie des beaux
chevaux , serait-il aussi s�duisant avec sa
queue coup�e et l'anglaise, que lorsqu'il est
� tous crins ? Qu'on voye dans les haras
beaucoup de chevaux � courte queue; ceux
qui auront des �talons � vendre les feront
anglaiser pour vous tenter, et vous ne trou-
verez plus en France que des chevaux
�'courtes.
Qu'une mode reconnue utile soit adop-
t�e , rien n'est plus simple ; mais faut-il
g�n�raliser ce qui n'est applicable qu'�
certains objets comme on l'a vu faire en
Angleterre, et comme nous l'avons imit�
depujs � l'�gard de la section d'une partie
-ocr page 204-
DE S 11 A B A S.                     199
des oreilles qu'on a ensuite abandonn�
comme une conception bizarre , plus propre
� d�figurer le cheval qu'� l'embellir.
Cette pu�rilit� date d'une trentaine d'an-
n�es, que le prince de Galles, h�ritier pr�-
somptif de la couronne d'Angleterre , eut
la fantaisie de faire faire celte op�ration �
presque tous ses chevaux. Les marchands
d'alors , dans, l'espoir de lui vendre les
leurs , suivirent son exemple , et presque
tous les beaux chevaux de ce temps ( ex-
cept� ceux de pur sang qu'on n'a jamais
mutil� dans cette partie) pour se conformer
au go�t du moment, subirent cette op�-
ration qu'on ne fait plus aujourd'hui que
pour masquer le d�faut des chevaux oreil-
lards.
Concluons donc que ce qui est bon dans
un cas peut �tre mauvais dans un autre , et
que l'amputation de la queue, de quelque
mani�re qu'on la fasse, ne contribue en
rien � la beaut� de nos �talons ; qu'au con-
-ocr page 205-
200                          M A H.U, E L
en u donnant un air mesquin,
elle met � d�couvert des tares que nous
voudrions nous caeher � nous-m�mes , et
que par politique enfin nous devons les
.-er tels que la nature les a faits. .
-ocr page 206-
CES BAR A S.                      2CI
CHAPITRE XV.
De l'Ecurie et du Pansement journalier.
J.L serait difficile de pr�ciser une position
particuli�re pour une �curie , car la com-
position de ces sortes dcb�timens est plut�t
relative au plan de l'ensemble qu'� l'en-
droit o� l'on doit mettre les chevaux de
pr�f�rence. Les �curies ordinairement fra�-
ches en �t� , sont froides en hiver ; ce sont
celles dont les portes et les crois�es qu'on
devrait �viter de placer � la t�tc des che-
vaux, � cause de leurs yeux, sont au nord.
Mais comme ces positions sont �-peu-pr�s
indiff�rentes, et qu'on n'y doit faire atten-
tion que par rapport au climat, les Russes
feront bien d'avoir l'ouverture de leurs �cu-
ries au midi, taudis que les peuples des
contr�es m�ridionales chercheront � les
-ocr page 207-
202                           MANUEL
avoir au nord. Pour nous qui sommes dans
une temp�rature qui nous rend indiff�rens
sur le choix de l'une ou l'autre de ces posi-
tions , nous devons seulement chercher �
les placer de pr�f�rence sur un terrain un
peu �lev�.
La hauteur qu'on donne � l'�curie suit or-
dinairement l'ordre d'architecture du corps
de logis dont elle fait partie. Nos �curies
en g�n�ral sont grandes , presque toutes
celles de l'Angleterre sont petites et ont
des stalles ou s�parait©»s dont nous faisons
usage. Ces distributions Bout plus s�res ,
et les chevaux y sont plus tranquilles que
dans les �curies o� il n'y a que des barres
pour les s�parer.
Il ne faut pas qu'il y ait trop d'air dans
une �curie, maisilfaut cependant qu'il puisse
y circuler lorsqu'on en a besoin; comme
il faut aussi que l'�curie puisse �tre ferm�e
lorsque le cheval rentre en �cume , afin de
parer � une transpiration supprim�e , qui
-ocr page 208-
"9 E S HARAS.                    20,3
peut occasionner des rhumes , des plur�-
sies, ou fluxions de poitrine , des catar-
rhes , etc., auxquels les chevaux sont aussi
sujets que les hommes.
L'�curie doit toujours �tre tenue tr�s-
propre : la n�gligence dans cette partie ,
comme dans le pansement , la privation
d'un air pur , le d�faut d'exercice, sont
pour les chevaux autant de causes de ma-
ladies. Les �curies anglaises toutes bien te-
nues qu'elles soient, sont n�anmoins trop
chaud es ; les chevaux, en tout temps , y
sont dans une transpiration habituelle qui,
si elle contribue � ce qu'ils aient toujours
le poil Gn, les expose en m�me temps �
des rhumes et autres accidens qu'on �vi-
terait si les �curies �taient plus fra�ches.
Nous avons en France les grandes et
petites �curies de l'Empereur � Versailles ,
celles du Haras du Pin dans le d�partement
de l'Orne , et beaucoup d'autres b�iics sur
le m�me plan, qui sont aussi fra�ches eu
-ocr page 209-
204                    "* * n tr e �
�t� qu'elles sont chaudes en hiver, ce qui
nous dispensera d'aller chez nos voisins,
chercher d'autres mod�les.
' Les Anglais � l'�curie, chargent leurs
chevaux de couvertures, pour en��ite les
laisser mis avec une simj !e selle, ; «poses
� l'air, quelquefois excessivement rigou-
reux. Il est vrai qu'ils ne les laissent jamais
en place, ni entre deux vents; mais il est
impossible qu'en ne ios promenant qu'au
pas ils paissent conserver la chaleur qu'ils
avaient en sortant de l'�curie.
Nous avons la mauvaise habitude
en France de tenu- tout le long du jour
les chevaux sur le pav� : comme nous
avons beaucoup de mouches en �t� , crue
les chevaux frappent et pi�tinent sans
cesse pour s'en d�barrasser, il faudrait
qu'il y e�t constamment six pouces de
liti�re sous leurs pieds , afin, que les
jambes se conservassent ; car les efforts
qu'ils font pour se d�rober aux piq�res
-ocr page 210-
I E 5, H � R A S.                       20o
Je ces cruels insectes, les fatiguent, quel-
quefois davantage qu'un exercice mo-
d�r�. Si au lieu de pav� on se servait,
pour les stales seulement, de briques sur
champ , comme on fait en Angleterre ,
en Hollande et ailleurs, pour les chevaux
qu'on veut m�nager, ce serait un faible
surcro�t de d�pense dont on se remb�mr-
serait au centuple, dans la conservation
de ces animaux.
Une �curie, pour �tre bien tenue, de-
vrait tous les cinq ou six jours �tre sabl�e
l�g�rement, � l'effet de remplir les iniers^
tices des pav�s et les rendre plus doux aux
pieds des chevaux ; les palfreniers auraient
l'attention d'y entretenu' une sorte d'humi-
dit� pour emp�cher la poussi�re , et l'urine
ne pouvant plus alors s�journer entre les
pierres , l'�curie serait plus fra�che en
�t� , et plus saine en hiver.
Il faut aussi qu'une �curie, sans �tre
construite comme celles des marchands,
-ocr page 211-
20o"                       MAlsVEL
qui mettent le devant des chevaux sur un
lan trop �lev�, ait assez de pente pour
que l'urine n'y s�journe pas ; on aura soin
en m�me temps de la d�barrasser du fu-
mier dont les exhalaisons sont tr�s-pr�-
judiciables � la vue des chevaux : il con-
vient d'enlever le crottin � mesure que le
cheval fiente, par la raison que le fumier
attendrit les pieds, les pourrit, cause des
engorgemens aux jambes et occasionne
d'autres maladies.
Les chevaux � l'�curie sont �trill�s,
bouchonn�s, bross�s et peign�s matin et
soir S le pansement consiste en outre, �
laver avec de l'eau point trop crue, les
yeux, la bouche , les nazeaux, les parties
de la g�n�ration dans les deux sexes et le
fondement : on passera l'�ponge humide ,
sur le toupet et la crini�re, la queue, les
ars, les p�turons elles sabots qu'on visitera
tous les malins, tant pour s'assurer si les
fers sont bien attach�s, s'il n'y manque point
de clous, que pour voir s'il ne se serait
-ocr page 212-
B E S HARAS.                     2CJ
pas introduit de malpropret� ou du gra-
vier autour de la sole et de la fourchette,
qu'on examinera en m�me temps , pour
s'assurer s'il n'y aurait point d'odeur qui est
assez ordinairement la cons�quence de la
malpropret�.
Le cheval, apr�s qu'on lui a huil� les
sahots, ou qu'on les aura graiss� avec de
l'onguent de pied , sera essuy� partout
avec l'�poussette de laine qui termine le
pansement. Onluimet sa couverture qui le
garantit de l'air froid en hiver, des mouches
en �t�, et de la poussi�re en tout temps.
on le nourrit en raison de la force de sou
�ge , en observant que tant qu'il prendra
de la croissance, on ne doit pas lui �par-
gner la nourriture , si l'on veut qu'il tourne
� Lien. Si on le fait beaucoup travailler, on
augmentera la nourriture en grain.
Comme il y a des chevaux qui, pour
manger trop goul�ment, ne dig�rent pas
bien , vous vous en apercevrez � leur iiente,
-ocr page 213-
208                        lli�tl 8 L
et vous leur retrancherez une portion de
nourriture , jusqu'� ce qu'ils soient r�tablis,
ou vous les traiterez comme malades , sui-
vant les indices qu'ils vous donneront
d'ailleurs.
Vous n'avez pas trop besoin de surveiller
vos palfreniers , pour vous assurer qu'en
votre absence ils ne maltraitent pas les che-
vaux , vous vous en apercevrez facilement
en approchant du cheval � son inqui�tude
ou � sa docilit�.
Quelqu'assur� qu'on soit de la douceur
d'un cheval, il ne faut jamais entrer dans
sa place ou en approcher qu'on ne l'ait
averti de la voix, ou qu'on ne soit s�r qu'il
vous ait aper�u,
-ocr page 214-
I) E S II A R A S.                      2C(J
CHAPITRE XVI.
De F Exercice proprement dit.
5. /exercice pour le cheval est un moyen
de sant� aussi n�cessaire que lui sont la
bonne nourriture cl le pansement journa-
lier; nous en vojons la preuve dans l'hi-
larit� qu'il'montre , soit � la promenade ,
Soit � la prairie ; en effet le propre de
l'exercice est de provoquer Tes s�cr�tions
et les �vacuations.
Il semblerait que la nature aurait Fait la
cheval pour le mouvement, puisqu inac-
tion le rend triste et pesffl&t. Qu'on ; une
avec tpieiqu'attention un cheval �' i-co ,
oequis'entendd'unehevaldistingti�,
<* sa mangeoire .puis apr�s en libert�; dans
-ocr page 215-
2.10                        MANUEL
le premier cas, vous le trouverez languissant,
abattu, presqu'inanim� ; il vous para�tra d�-
nu� de vigueur et de courage , mais vous ne
l'avez pas plut�t mis en mouvement, qu'il
prend une apparence tout-�-fait diff�rente,
et il faut avoir bien peu d'habitude pour ne
pas discerner aux bonds simultan�s de ce
bel animal , � son �il anim�- , � sa conte-
nance fi�re , � cette encolure qui se des-
sine d'une mani�re si gracieuse, � l'�rec-
tion de sa-queue, au bruit qu'il fait avec
ses nazeaux, enfin � le voir entamer le
chemin pour marcher ou pour courir , que
l'exercice lui est naturel quel que soit le
service auquel on le destine.
L'engorgement des extr�mit�s, les eaux
aux jambes, le mal aux yeux si commun
aux chevaux qu'on laisse constamment �
l'�curie , nous en fourniraient d'autres
preuves si nous en avions besoin.
Les avantages d'un exercice journalier
ne peuvent gu�re s'appr�cier que par ceux
-ocr page 216-
I)*: S HARAS.                       211
qui s'occupent des chevaux avec quelque
go�t, et qui ont �t� � port�e de se con-
vaincre combien un exercice mod�r� con-
tribuait � maintenir un cheval en sant� et
en bon �tat.
Sans entrer dans le d�tail anatoiaiq.de du
m�canisme de la digestion , qui ne peut se
terminer sans le mouvement p�ristaltique
des intestins , concluons avec raison que
l'exercice mod�r� du corps du cheval , ne
peut que favoriser la s�paration des parties
qui passent dans le sang, d'avec celles dont
la nature se d�barrasse par les �vacuations,
et que quand un cheval � la promenade
vous para�t pins triste que de coutume ,
vous pouvez en inf�rer qu'il a pris une
portion d'alimens plus forte que celle qu'il
pouvait dig�rer , et qu'alors vous devez
consid�rer cet �tat comme l'avant coureur
d'une maladie , soit aigu� , soit chronique,
qu'il est de la plus haute importance pour
vous de chercher � d�tourner. Il est surtout
impossible de s'y tromper lorsque les
-ocr page 217-
212                             MANUEL
vaisseaux sanguins sont plus gonfl�s qu'�
l'ordinaire, et quand les intestins se chargent
d'excr�mcus qui, durcis, occasionnent des
accidens plus ou moins graves. Il faut donc
commencer par avoir recours � l'exercice,
qui suffit quelquefois pour r�tablir votre
cheval.
Le cheval en sortant de l'�curie semble
toujours avoir la respiration un peu g�n�e
jusqu'� ce qu'il ait fiente, ce qu'il fait ordi-
■f 'jurement apr�s avoir march� quelques
: ;:. s'il est d'ailleurs en bonne sant�. Il ne
scia pas plut�t soulag� qu'il respirera avec
pli�s de facilit� et cheminera plas ga�ment.
Cette ; etaarcfHe, toute futilequ'elle paraisse,
n'-eS� cependant pas indiff�rente pour la
sant� du cheval dont on a besoin de se
servir.'
La transpiration est au sans; ce eue les
n 'icuaiioEP sons aux intestins ; elles con�'
g ui'rent ensemble � d�barrasser le corps
de toutes l�s mati�res, dont le s�jour pro-
»
-ocr page 218-
B�S HA�A5.                     2. I 3
long� engendre les maladies sans nombre
auxquelles le cheval est expos� ; comme
les jambes engorg�es , les eaux , la toux ,
catarrhes, r�tentions d'urine, farcins, fi�-
vres, pleur�sies, convulsions, et beaucoup
d'autres qu'il est inutile de nommer ici.
Aussit�t que vous vous apercevez que
les humeurs de votre cheval commencent
� s'�paissir , aux remarques que nous avons
indiqu�es plus haut; il est � propos d'aug-
menter l'exercice, sans qu'il soit pi us violent,
jusqu'� ce que le corps sait revenu dans son
�tat naturel. La saign�e en proportion de la
taille , de la force et de l'embonpoint du
cheval , est quelquefois n�cessaire pour
r�tablir la transpiration et favoriser les d�-
jections.
Les v�t�rinaires Anglais ne s'accordent
point sur les inductions qu'on peut tirer du
sang , lorsqu'il est refroidi. M. Taplin af-
firme cependant que c'est plut�t dans cet
�tat qu'au sortir de la veine qu'on doit
-ocr page 219-
214                     M A NU Et
l'examiner pour former quelques conjec-
tures sur la sant� du cheval. Il �tablit ses
remarques sur les proportions qu'il trouve
entre le sang coagul� et sa partie aqueuse,
eu �gard � sa consistance ou � sa viscosit� ,
pour juger si l'on doit r�it�rer la saign�e, et
jusqu'� quel point elle est n�cessaire. 11
pense de l� que le sang glua.it et �pais
d�c�le la pl�nitude , l'�paississement des
humeurs et le d�faut d'exercice ; comme
le volume trop consid�rable de la partie
aqueuse indique que le sang est appauvri ,
et qu'il a besoin de reprendre sa consis-
tance pour que le cheval se porte bien.
Lors donc que bipartie aqueuse du sang
est moins consid�rable que la partie coa-
gul�e , et que la surface pr�sente une sorte
de t�nacit� visqueuse , il n'y a point de mal
de r�it�rer la saign�e, et continuer l'exercice
au cheval jusqu'� ce que les humeurs plus
divis�es ayent repris leur cours naturel. Le
r�gime concomittant sera une masche tous
les jours � souper ; on y ajoutera six d�ca-
-ocr page 220-
TES HARAS.                    215
grammes de sel de ni ire , qu'on fera pren-
dre au cheval dans sa boisson du matin. Ce
traitement suivi pendant sept ou huit jours ,
avec un exercice qu'on augmentera gra-
duellement , un bon pansement d'�curie ,
en ayant l'attention de frotter beaucoup les
jambes du haut en bas , feront dispara�tre
tous les sympt�mes de maladie , et votre
cheval sera r�tabli.
Si au contraire le sang, apr�s cinq ou
six jours , se trouvait contenir plus d'eau
que de sang, vous conclurez que c'est une
cause morbif�que qui exige que vous ayez
recours au v�t�rinaire , pour (pie voU'e
cheval soit trait� m�thodiquement.
Pour la maladie des yeux , quelle qu'en
soit la cause , ne commencez jamais aucun
traitement que vous n'aye», examin� l'�tat
du sang ; car ce que vous pourriez prendre
quelquefois pour les sympt�mes de la
fluxion , n'est souvent que l'effet de la
surabondance du sang qui s'est trop �paissi
-ocr page 221-
216                     m a n fa e r,
et auquel l� saign�e peut rendre sa fluidk�;
mais lorsque le mal aux jeux provient d'un
sang appauvri , il faut alors y rem�dier
par un traitement m�thodique.
Les jockeis ou palfreuiers Anglais font
du sel de nitre un usage immod�r�, en
l'employant dans toutes les maladies ; en
un mot ils en font une selle � tous chevaux.
Si son usage esi n�cessaire , et m�me re-
command� dans plusieurs circonstances ,
il n'en est pas moins dangereux dur; d'au-
tres, surtout lorsque le sang est dans un
�tat de d�composition que le sel ne fait
qu'accro�tre. On ne saurait donc �tre,trop
circonspect sur son usage, qui estepn
fois d'un tr�s-grand secours, surtout pour
ceux qui voyagent avec de jeunes chevaux
qui �prouvent souvent des r�tentions d'u-
rine que le sel de nitre soulage.
Pour en revenir � l'exercice qui s'entend
de l� promenade, les Anglais ont coutume,
lorsque les chevaux ont march� un peu ,
-ocr page 222-
DE S fl ARAS.                   217
de les mener boire �-peu-pr�s vers le mi-
lieu de la promenade , puis de la continuer
jusqu'� l'�curie. Il est des pr�cautions �
prendre, c'est, que l'eau ne soit pas trop
froide , et que le cheval n'en prenne pas
une trop grande quantit�. Si l'on s'aper�oit
que le cheval ait le poil h�riss� , qu'il fris-
sonne et serre la queue , il aura pris trop
d'eau ; on doit alors lui faire faire un petit
temps de galop et continuer la promenade
jusqu'� ce qu'il soit revenu dans son �tat
naturel. Rentr� � l'�curie , on le bouchonne
plus fort que de coutume , on le panse et
il n'y para�t plus.
En g�n�ral un cheval, en sortant de
l'�curie , doit toujours �tre conduit au pas
jusqu'� ce qu'il ait fiente une ou deux fois,
apr�s quoi on peut le trotter et m�me le
galopper, mais en commen�ant ton joins
doucement et en augmentant son train par
degr�s.
Un cheval, soit en promenade, soit au
10
-ocr page 223-
318                       M h S U E L
travail, peut sans inconv�nient faire tous
les jours de l'ann�e cinq � six lieues. On
ne doit point regarder cela comme une r�-
gle sans exception ; il en est qui peuvent
faire plus, d'autres moins, cela d�pend de
la force , du courage , de la nourriture et
cnine multitude de choses dont le d�tail est
ici parfaitement inutile.
En recommandant l'exercice pour les
chevaux comme un moyen de sant� , et
en demandant qu'il soit toujours propor-
tionn� a l'�tat dif cheval, � la nourriture
qu'il prend, �. sa force, il est d'autres r�-
gles � suivre pour les huniers ou chevaux
de chasse, aussi bien que pour ceux dont
on se sert pour royager ; mais avant que
d'en venir l� , il est � propos que nous di-
sions un mot sur l'exercice qu'il convient
de faire faire aux �talons , afin d'entretenir
la vigueur et la sant� dont ils ont si �mi-
nemment besoin pour l'usage auquel ils
sont destines dans les haras.
-ocr page 224-
D g S HARAS.                        2IO,
CHAPITRE XVII.
De VExercice des Etalons,
JLi'exercice propre aux chevaux que
vous entretenez dans vos haras, pour pro-
> pager leurs diff�rentes races, consistera ,
si vous voulez , pour tous les chevaux en
g�n�ral, � les faire sortir r�guli�rement
tous les deux jours : les �talons de selle,
garnis d'une couverte � la marchande, et
d'une paire de bridons avec ou sans mar-
tingale, seront mont�s par les palfreniers et
exerc�s pendant l'espace d'une bonne demi-
heure , au pas et � un trot soutenu, en
commen�ant par le pas et eu finissant de
m�me.
Pour ces animaux, qu'on a tant d'int�r�t
-ocr page 225-
2,20                        MANUEL
de conserver et d'entretenir en force et en
sant� , il suffira de les mener franchement,
sans chercher � les assuj�tir, ce qui ne
pourrait se faire qu'aux d�pens de leurs
jarrets qu'il faut surtout m�nager, lors-
qu'ils auront r�sist� aux �preuves aux-
quelles il est � propos de les soumettre
pour s'assurer de leur bont�.
Quelques personnes ont pr�tendu qu'il
fallait dresser les �talons qui, par cette es-
p�ce de civilisation, communiquaient �
leur prog�niture les perfections 'imagi-
naires que celui charg� de les monter au-
rait pu leur faire acqu�rir. Un bon �cuyer,
dans ce cas, deviendrait pour les haras un
�tre prodigieusement essentiel : mais en
supposant qu'il put s'en trouver assez de
bons pour dresser vos �talons , quel serait
pour un beau cheval le r�sultat d'une �du-
cation qui , en restreignant ou au moins en
modifiant toutes ses facult�s naturelles , ne
peut que l'ab�tardir au moral, en lui don-
nant un caract�re de servilit� »i contraire �
-ocr page 226-
juEE HARAS.                       221
lu fiert� qu'il faut qu'il conserve comme
�talon ?
Si , comme il est juste de le pr�sumer ,
celui que vous aurez charg� de dresser vos
�talons ne sait pas son m�tier, ces pauvres
chevaux , ne pouvant pas deviner ce qu'on
leur demandera maladroitement, prendront
de l'humeur, chercheront � se d�barrasser
du cavalier , et cette pr�tendue belle �du-
cation, qui devait faire �elore tant de bonnes
qualit�s, sera au contraire la source d'une
multitude de vices qui dans ce cas peuvent
�tre consid�r�s comme h�r�ditaires.
La prosp�rit� des haras repose plut�t
sur la capacit� de ceux que vous chargerez
de vos acquisitions , et l'intelligence des
directeurs ou chefs de d�p�ts, qui doivent
faire les appareillemeus, que sur le m�rite
de celui qui entreprendrait de dresser vos
�talons , puisqu'il lui serait impossible ,
quelque hop. �cuyer qu'il soit, de donner
au cheval des qualit�s dont il n'aurait pas
-ocr page 227-
222                            M AND EL
le principe. Les hommes de mille ma-
ni�res peuvent bien d�figurer et g�ter la
nature, mais il n'y en a pas un seul qui soit
en �tat de la perfectionner. Le plus habile
est celui qui l'assiste dans ses d�veloppe-
mens, la conserve et emp�che qu'elle ne
se d�t�riore trop vite.
, En anglais , dresser un cbeval se dit
break a horse, cela veut dire rompre ,
briser, et c'est bien v�ritablement le-mot
propre, pour celui qui sait ce qu'il en co�te
� un cheval qu'on veut assuj�tir � une
position, et des allures pour lesquelles la
nature ne l'avait pas fait.
Remarquez dans nos �coles d'�quitation
ces chevaux si bien dress�s, dont les neuf
dixi�mes sont perdus dans leurs jarrets
qu'ils ont eu sains ! quelle contrainte dans
�a position ! Si la nature avait voulu que les
chevaux galopassent sur les voiles , si elle
e�t invent� les terre � terre, elle e�t doubl�
ta forc� de leurs hanches et de leurs jarrets,
-ocr page 228-
D E S II Ail A S.                    22,3
qui dans ce cas ont � porter , non-seule-
ment tout le poids de l'animal, mais encore
celui du cavalier qui est d�j� quelquefois
trop pesant pour le cheval dans sa position
naturelle.
Renvoyons donc aux Asiley , aux Ikpt,
aux �ranconi ces lours de force , qui en
�nervant le cheval ne contribuent en rien �
sa s�ret� de jambes , et � l'agr�ment de
celui qui le monte. Croyons que l'imitation
de toutes ces fac�ties ue convient point �
nos chevaux de monture , encore moins �
nos �talons. Attachons -nous tout boruie-
: l � conserver � cette utile cr�ature ses
jarrets (pi sont la base de sa solidit� et les
garants de sa dur�e au service ; et persua-
dons-nous enfin qu'un cheval qui va droit
devant lui , s'il est franc dans toutes ses
allures , docile et ob�issant � la main qui
le dirige, eu sait assez pour notre agr�ment
et nos besoins.
�Sous sommes bien �loign� de chercher
-ocr page 229-
.224                      MARDIS I,
� ravaler le m�rite de ces �cuyers fameux,
qui poss�dent encore l'art de faire faire
aux chevaux des choses vraiment surpre-
nantes; mais il convient de dire qu'il est
ait moins inutile , pour ne pas dire dange-
reux, de suivre leur exemple pour les che-
v . ix entiers renferm�s dans nos haras.
L'exercice proprement dit ne devrait
commencer qu'� quatre ans r�volus , �ge
o� le cheval a acquis presque toute sa force,
mais on ne fera cependant pas mal d'essayer
� le monter , lorsqu'il aura trois ans faits ,
pour voir s'il souffre l'homme et s'il aura
de la docilit�. Assez commun�ment � cet
�ge les chevaux qui ont ce que l'on appelle
� refaire, montrent des dispositions � se d�-
fendre : si vous remarquez qu'ils p�chent
dans leur conformation, ou qu'ils ne soient
pas encore assez form�s, mettez cette mau-
vaise volont� sur le compte de la faiblesse,
et attendez que votre cheval ait atteint sa
quatri�me ann�e , quelquefois m�me plus
tard; car si vous vouliez le corriger de ce
-ocr page 230-
DES HARAS.                     Zl5
pr�tendu d�faut, vous lui briseriez les
jarrets et il serait perdu pour toujours. Il
suffira jusqu'� ce temps de le promener �
la main tous les deux jours pendant une
heure environ, en le menant droit devant
lui autant qu'il vous sera possible.
On �tait dans l'usage autrefois d'exercer
les �talons � la longe ; mais comme il est
d�montr� physiquement que celte m�-
thode, m�me dans les mains las 'p! us ha-
biles, affaiblit les jarrets des chevaux, fait
�clore des tares qui n'auraient peut �tre
jamais paru, et qui, quoique accidentelles,
se communiquent aux poulains, comme
nous en avons la funeste exp�rience , on
fera mieux de s'en tenir � la promenade
que nous indiquons, en ne se servant de
la longe qu'avec une sobri�t� extr�me et
les plus grandes pr�cautions, lorsqu'il s'a-
gira de commencer � monter le cheval.
Comme ce n'est qu'avec la plus grande
douceur qu'on vient � bout de ces animaux,
-ocr page 231-
22�                         MANUEL
point d'appareil effrayant, rien qui g�ne
ou embarrasse le cheval qu'on montera
pour la premi�re fois. La double longe au
cave�on est m�me inutile, � moins que le
cheval n'annonce une m�chancet� d�cid�e,
encore faudrait-il faire semblant de ne pas
s'en apercevoir , et le traiter avec douceur
jusqu'� ce que ce moyen qui ne manque
jamais de r�ussir, ait �t� �puis�.
Lorsque le cheval a �t� garni d'une cou-
verte � la marchand�, car il ne faut jamais
le commencer avec la selle, on le sangle
sans trop le serrer, avec une sangle ou un
surfaix large et d'un tissu �lastique ; on lui
met la longe � trotter, en faisant attention
que les niontans de la t�ti�re du bridon ne
soient point engag�s. On lui fera faire au
trot, en grand cercle, une demie douzaine
de tours � droite, puis en Reeourcissant la
longe, on le fait revenir � celui qui la
tient; on le caresse, on lui en fait faire
amant � la main gauebe , en le caressant
de m�me, lorsqu'il est revenu � l'homme.
-ocr page 232-
DES HARAS.                       227
Pour un cheval fort et vigoureux, on lui
fait faire quelques tours de longe de plus
suivant son �ge.
Celui qui doit monter le cheval, s'ap-
proche alors de son �paule, en y arrivant
par la t�te , et apr�s l'avoir flatt� de la
main, en lui parlant avec douceur, il
prend de la main gauche les deux, r�nes du
grand hridon . avec une poign�e de crins ,
puis se fait donner le pied, en ohscrvant
bien l'attitude et l'�il du cheval. Si, par-
venu l'estomac � la hauteur du garot, l'a-
nimal recule avec �pouvante, l'homme se
laissera glisser le long de l'�paule et sans
s'en �carter, il t�chera de le cajmcr eu le
caressant. Lorsqu'il sera rassur�, il es-
sayera de nouveau la m�me man�uyre :
si le cheval le souffre sans effroi, il ne
faut pas encore qu'il l'en fourche 3 il doit au
contraire descendre, le caresser cl recom-
mencer jusqu'� ce qu'il soit en confiance.
Pouf un cheval timor� et lin, on en
-ocr page 233-
22.8                      MA NU Et
reste l� pour la premi�re fois; mais s'il est
de bonne nature, quoiqu'on ne doive pas
1 enfourcher, l'homme sans quitter la poi-
gn�e de crins, ni les r�nes du bridon , se
met � pl{U ventre sur son dos, pendant'que
ceux qui tiennent la longe et la r�ne gauche
du. bridon pr�s de la bouche du cheval,
lui parlent avec douceur.
Si le cheval n'est point trop effarouch�
de cette premi�re pression, celui qui tient la
longe essaye � le foire marcher, non pas
droit, mais en lui amenant l'�paule du c�t�
de celui qui le monte. Si le cheval tend le
cou, �carte les jambes de devant, serre la
queue, sans vouloir bouger, celui qui
tient la longe essaye � lui faire faire seu-
lement un pas � droite, pour qu'il s'�-
branle, puis il le ram�ne � gauche. Du
moment que le cheval a port� une Jambe
en avant, on l'arr�te pour le caresser ; on
recommence de la m�me mani�re , s'il
ob�it, on t�che de lui faire faire cinq ou
-ocr page 234-
».ES H A-RAS.                    320,
six pas droits et l'on en reste la pour la pre-
mi�re fois.
La m�me le�on se r�p�te le second jour,
avec la diff�rence qu'au lieu de cinq ou six
tours de longe � chaque main, deux ou
trois suffisent. Les pr�cautions pour mon-
ter sontles m�mes que la veille, et si le
cheval se met en confiance , on l'enfour-
chera avec douceur et sans grands mouve-
mens de la part de celui qui le monte.
Comme c'est le premier pas que fait le
cheval, qui d�cide de tout, il faut que
celui qui tient la longe recommence ce
qu'il a fait le jour pr�c�dent. Le cheval
ob�issant avec docilit� , on le conduit quel-
ques tours � la longe , sans s'�carter de la
t�te , pendant qu'un autre homme le suit �
peu de distance avec le fouet ou la cham-
bri�re , sans cependant le frapper ; aussit�t
qu'il a fait quelques pas franchement on
l'arr�te pour le caresser. Pour acc�l�rer sa
marphe, celui qui tient la chambri�re la
l�ve chaque fois que celui qui le monte
-ocr page 235-
2.3o                       M A 5 C E t
ferme les jambes pour apprendre au cheval
que ce mouvement est pour qu'il se porte
en avant; si l'animal ob�it, il baisse la
chambri�re, en m�me temps que l'autre
laisse retomber ses jambes dans leur posi-
tion naturelle. Pour le faire aller plus vite
encore, le cavalier ferme ses jambes de
nouveau : celui qui tient la chambri�re et
qui guette le mouvement du cavalier, la
l�ve en m�me temps, en appelant de la
langue, pour apprendre au cheval que
cette aide est pour qu'il se porte en avant :
si le cheval ne comprend pas bien ou qu'il
h�site, celui qui le monte appelle aussi de
la langue en augmentant la pression des
jambes ; si le cheval semble douter que
tous ces mouvemens soient des ch�timens ,
le cavalier en appuyant les jambes encore
davantage , lui donne un petit coup de
gaule derri�re la botte, en appelant plus
fort de la langue, en m�me temps que
celui qui lient la chambri�re fait un mou-
vement comme pour le frapper, eu appe-
lant aussi de la langue, et le cheval ob�it
-ocr page 236-
»KS HARAS.                     231
ordinairement. Aussit�t qu'il a compris
cette le�on, on l'arr�te pour le caresser,
et l'on recommence jusqu'� ce qu'il montre
de l'ob�issance.
Lorsque votre cheval aura bien pris
cette seconde le�on, vous la r�p�tez une
troisi�me fois, en exigeant un peu davan-
tage, sans toutefois l�cher la longe ', mais
vous pouvez la quatri�me laisser aller votre
cheval sous un homme doux, en le mettant
derri�re un cheval d�j� accoutum� qu'il
suivra. Deux ou trois jours apr�s il ira
comme un vieux cheval.
11 y a cependant des chevaux qui sont
v�ritablement m�dians et extr�mement
difficile^, mais cela est bien rare. Ceux
qui ont ces f�cheuses dispositions, qu'ils
tiennent assez ordinairement de In race dont
ils sortent, ne devraient jamais entrer dans
les haras, puisqu'il est reconnu que les
vices de caract�re se communiquent aussi
g�n�ralement que les d�fauts physiques.
-ocr page 237-
2,32                      M A N U E T.
De tels animaux doivent �tre remis
entre des mains habiles pour les dompter.
M. Levaillant de Saint- Denis qui jouissait
de quelque r�putation comme �cuyer,
recherchait ces sortes de chevaux dont il a
quelquefois tir� parti. Sa m�thode, pour
ceux qui ne voulaient pas souffrir la selle,
�tait de les laisser sell�s jour et nuit, jusqu'�
ce qu'ils y fussent tout-�-fait accoutum�s. Il
corrigeait aussi les vices de caract�re par
des privations, soit en les emp�chant de
dormir ou de manger jusqu'� ce qu'ils
eussent fait sa volont�. Rigaudi, fameux
maquignon du limousin, se servait avant
lui de ce moyen qui lui a toujours compl�-
tement r�ussi. Lorsqu'un cheval , pat-
exemple , refusait, obstin�ment de passer
par un endroit, il j plantait un piquet, y
attachait son cheval et le laissait l� vingt-
quatre heures sans boire ni manger : au
bout de ce temps, il revenait avec une
mesure d'avoine et de l'eau, si le cheval
ob�issait, il le faisait boire et manger, et
pour l'ordinaire il �tait corrig� ; mais si au
-ocr page 238-
DES HARAS.                     2.33
contraire il montrait la m�me opini�tret�,
il le laissait encore l�douze heures, quelque-
fois davantage j et l'animal finissait par c�der.
Ce Rigaudi , devenu aveugle , avait le
tact si s�r et l'ou�e si fine, qu'il jugeait en-
core les chevaux, sans pour ainsi dire se
tromper, et sa r�putation �tait si Lien �ta-
blie qu'on le consultait toujours dans les
cas embarrassans. Il disait � ceux qui l'em-
ployaient : « T�chez seulement de savoir si
x le cheval a de bons yeux , je nie charge
« du reste ». Il faisait avec l� main l'exa-
men de toutes les parties du corps de rani-
mai, et pour juger de la bont� d� ses al-
lures, il l'�coutait marcher, trotter et ga-
lopper, et lorsqu'il vous conseillait de le
prendre , vous �tiez assur� d'avoir un che-
val i-peu-pr�s sans d�fauts. Il faut con-
venir que la plupart des connaisseurs du
jour, avec leurs deux yeux, ne sont pas
de cette force l�.
H est d'autres chevaux qui passent pour
10 *
-ocr page 239-
2'>4                      MANDE!
�tre tr�s-m�dians et <jni ne le sont point :
cela d�pend souvent de la mani�re dont on
s'y est pris en les commen�ant. Matador,
du Haras imp�rial du Pin , l'un des plus
beaux chevaux que la Normandie ait ja-
mais-produit, nous en fournit la preuve.
M. Gaillet de Boisset qui l'avait �lev�,
voulait qu'il f�t mont� afin de le vendre
plus avantageusement. On l'avait amen�
;wec beaucoup de peine � souffrir l'homme,
mais lorsqu'il fut question de le mettre en
libert�, il faillit tuer tous ceux qui se ris-
qu�rent sur son clos, tellement qu'on fut
oblig� do l'abandonner comme un cheval
trop dangereux. Il entra au Haras du Pin.
avec cette r�putation. La premi�re fois, que
je vis cette belle cr�ature, je fus enchant�
de la beaut� de ses allures, et voulant
savoir jusqu'� quel point elles approchaient
de la perfection, ce qui ne pouvait se ju-
ger qu'en le montant , j'entrepris de faire
mettre un homme dessus; tout le monde
crut (rue jallais risquer la vie de celui qui
devait le monter, ou que le cheval se tue-
-ocr page 240-
DES II A R A S.                     235
rait lui-m�me : j'employai le proc�d� indi-
qu� pour les chevaux suppos�s de bonne
nature qu'on monte pour la premi�re fois,
et en moins de quinze jours le cheval �tait
un des plus sages do Haras. Si ce moyen
ne m'e�t pas r�ussi, j'aurais employ� la
m�diode de Rigaudi, et j'en serais sans
doute venu � bout.
Les �talons carrossiers seront exerc�s �
de l�g�res voitures � quatre roues . par des
bommes en �tat de les conduire, en met-
tant toujours avec un cheval fait, le jeune
cheval, jusqu'� ce qu'il soit accoutum�.
Pour les uns et poux les autres , cm �vitera
autant que possible de les faire reculer,
pour ne pas leur fatiguer les jarrets qui ,
dans ce cas, ont � supporter tout le poids
du corps de l'animal.
Ceux qu'on destine � propager la classe
des chevaux de charrette , pourront, en les
nourrissant en cons�quence, travailter ua
peu plus fort au collier, mais toujours de
mani�re � ne les pas fatiguer.
-ocr page 241-
2-36                     MA SOEI
Il est sur l'�ducation des chevaux, une
multitude de nuances qui ne peuvent se
saisir que par celui qui est v�ritablement
praticien; mais comme cette science que la
pratique ne donne pas en vingt ann�es ,
s'apprend encore moins dans les livres , et
que ce n'est pas un cours complet d'�qui-
tation que nous voulons proposer , nous
avons cru devoir seulement indiquer ce
qu'il y aurait � faire � l'�gard des �talons
qui n'ont jamais �t� mont�s, en pensant
que l'�ducation qu'on leur donne , est en-
ti�rement applicable aux jeunes animaux
que nous aurons �lev� dans les haras, lors-
qu'il sera question de les accoutumer � se
laisser monter.
Nous renverrons, pour le reste, aux
bons �cuyers qui ont fait des livres sur
l'�paule en dedans, la croupe au mur et
une infinit� de savantes conceptions , les
personnes qui veulent faire un cours d'�-
quitaiion dans leur cabinet, pour parler
chevaux � de belles dames, dont la folie
-ocr page 242-
CES HARAS                    287
est de se montrer au Lois de Boulogne sur
des chevaux de cabriolets , et nous passe-
rons aux huniers, oix chevaux de chasse
d'Angleterre , pour voir si dans la mani�re
dont les Anglais choisissent et gouvernent
ces sortes d'animaux, il n'y aurait pas quel-
que chose dont nous pourrions tirer parti,
pour les �talons qu'on fait entrer dans les
Haras de Sa Majest�.
»
-ocr page 243-
238
M A N U E L
CHAPITRE XVIII.
Des Huniers ou Chevaux de chasse
\
                       d'Angleterre.
V^uoiqtje la mani�re de chasser chez les
Angles soit toute diff�rente'de la n�tre ,
et que leurs chevaux de chasse ne res-
semblent point � ceux que nous livrons.au
m�me exercice ; il est cependant, dans la
fa�on de les choisir et de les pr�parer aux
fatigues auquelles on les assuj�til, des
choses que nous pouvons nous rendre ap-
plicables , dans l'usage journalier que nous
faisons des chevaux , soit pour la chasse,
soit pour les courses que sa Majest� l'Em-
pereur et F.oi a �tablies , soit m�me pour
les �talons des haras. No�fS avons donc cru
devoir faire connna�tre la m�thode des An-
glais , afin de mettre chacun � port�e de
-ocr page 244-
DES H ARA S.                     iSd
prendre ce qu'il croira convenir � ses go�ts
comme � sa position.
L'exercice de la chasse en Angleterre-,
�tant extr�mement violent , en ce qu'un
ma�tre ne change presque jamais de cheval,
et qu'on va � travers champs, franchissant
tout ce qui se pr�sente, comme foss�s,
haies, barri�res, petites rivi�res, qu'on
passe autrement au gu� ou � la nage lorsque
le cheval ne peut pas les franchir, il faut que
non-seulement les chevaux soient grands,
forts, l�gers et courageux, mais encore
qu'ils soient, quant � la sant�*, dans le
meilleur �tat possible, et que toute l'habi-
tude du corps ne pr�sente que des muscles
ion nrie peau fine et adh�rente � une chair
ferme; le tout parfaitement d'aplomb, sur
quatre jambes larges et en bon �tat.
On sent ais�ment qi:e de semblables
chevaux qu'on paye jusqu'� quatre et m�me
cinq cents guin�es la pi�ce , lorsqu'ils sont
connus pour avoir bien chass� une ou deux
-ocr page 245-
24O                         MANUEL
saisons, deviennent tr�s-pr�cieux pour les
amateurs qui ne laissent pas d'�tre en grand
nombre, dans un pays o� cet exercice est
peut-�tre plus n�cessaire qu'ailleurs.Aussi,
aux approches de la saison des chasses,
a-t-on grand soin de les y pr�parer, et
leur m�tliode est telle que malgr� les fa-
tigues excessives auxquelles il est �tonnant
qu'ils puissent r�sister, on en voit assez
commun�ment qui vieillissent en faisant un
pareil m�tier.
Les chevaux dont on se sert pour la
chasse, sont mis � la prairie tant que la
plaine est couverte, on.neies en relire que
pour les mettre , ce qu'ils appellent into
cond.itli.ioii, c'est-�-dire , en�tatde chasser.
Quelques jours apr�s qu'on les a retir�s
de l'herbe , on leur retire du sang en pro-
portion de la taille, de l'�tat dans lequel
se trouve le cheval , de sa force et de son
temp�ramment, en faisant attention � la
corpulence qu'il aura acquise � la prairie ,
-ocr page 246-
DES II A R A S.                       2 A?
et � l'humeur qu'il peut y avoir fait, ce
que l'on juge par l'inspection du sang qui
fournit encore les inductions pour les m�-
decines � lui administrer, tant pour la qua-
lit� que pour la quantit�.
Certains mar�chaux experts de l'Angle-
terre, notamment M. Clarck, disent-qu'on
peut se tromper � ce dernier examen ,
et que le sang d'un cheval malade peut
quelquefois ressembler � celui d'un cheval
en bonne sant�. M, Taplin combat cette as-
sertion et semble le faire avec avantage :
cependant il avoue que M. Clarck a raison
dans les coliques venteuses ou inflamma-
toires , dans la strangurie et lorsque le che-
val a des vers. Il est donc � propos de faire
attention sr le cheval n'aurait pas quelques
sympt�mes de l'une ou de l'autre de ces
maladies, afin d'agir avec plus de con-i
fiance.
Pour s'assurer � quel degr� les �vacua-
dons sont n�cessaires, on examinera atteiw
II
-ocr page 247-
242                        MANUEL
tiveincnt la peau, les yeux, les Jambes3
les talons et la respiration; la qualit� de
la sueur provoqu�e par un bon temps de
galop, vous mettra � port�e de former votre
jugement sur l'�tat de votre cheval, soit
pour r�it�rer la purgation , ou le regarder
comme pr�par�. Une sueur savonneuse
annonce que le cbeval n'est pas encore en
�tat; dans ce cas , on continuera l'exercice
jusqu'� ce que l'animal ait la sueur aussi
claire que s'il �tait tomb� dans l'eau.
Il est bon d'observer que , jusqu'� ce
qu'on connaisse le temp�rament du cbe-
val, on doit commencer par des purgatifs
doux, qu'on peut augmenter par degr�s ,
suivant les circonstances. M. Taplin donne
la pr�f�rence aux m�decines dans lesquelles
il entre du mercure dont il vante les bons
effets. Nous donnerons dans le chapitre
XXVIII la recette et la mani�re de pur-
ger toute esp�ce de chevaux � l'anglaise,
d'apr�s la mitbode de M. Taplin , afin
qu'on puisse en faire un objet de coinpa-
-ocr page 248-
DES H ARA S.                      �40$
raison avec ce qui se pratique, � ce sujet,
dans nos �coles v�t�rinaires.
, Apr�s �tre entr� daus quelques d�tails
sur ce qui doit s'observer pour purger le
cheval de cliasse , nous passerons � un objet
non moins important, qui est de savoir
faire le choix de l'animal qu'on destine �
cet exercice.
On doit prendre un cheval de chasse
parmi l'esp�ce de ceux qu'on appelle com-
mun�ment bien n�s , well bred , ou en
d'autres termes qui approclient le plus en
naissance, taille, force , courage, des che-
vaux appel�s blood-horses, chevaux de sang,
comme �tant les seuls qui par leur vi-
tesse , leur dur�e � la course que nous
nommons fond , puissent dans de longues
chasses tenir pied avec les chiens les plus
v�tes , et r�sister dans des pays difficiles,
o� des chevaux d'une naissance inf�rieure
succombent ordinairement ; car ce n'est
pas assez qu'un cheval ait ce qu'on appelle
-ocr page 249-
244                      w A spei
des os , puisqu'il y en a qui les ont aussi
gros (jtte des chevaux de charrette , il faut
encore que la partie musculaire qui est le
grand ressort de la force et du courage ,
soit en rapport avec les os qui sont la
charpente de l'�difice; et quoique le cheval
de trait et celui de chasse aient besoin d'�tre
�galement bien pourvus de membres forts,
leur conformation comme leur service sont
si diff�rens , que ce qui est regard� comme
une perfection dans l'un, se trouve �tre un
d�faut dans l'autre ; del� le danger pour la
chasse de se servir de chevaux de races croi-
s�es , que leur pesanteur et leur manque
de courage peuvent faire succomber d�s
la premi�re chasse. On peut se convaincre
de celte v�rit� dans de longues chasses o�
il n'y a que les chevaux through - hred,
premi�res races, ou au moins three quar-
ters-blood,
trois quarts de sang, qui puissent
�tre toujours au milieu de l'�quipage.
Il n'y a que ceux qui chassent sur le
papier ou qui ne montent bien � cheval
-ocr page 250-
DES HARAS.                   2^5
qu'au salon, qui ne veulent pas convenir
qu'un cheval de race naturellement plus
l�ger, doit par cons�quent fatiguer moins
que celui qui a plus d'�toffe , et que le poids
de son corps fait enfoncer davantage aux
d�pens de sa course qu'il ralentit.
Apr�s avoir successivement parcouru les
divers sujets relatifs aux purgations , �
l'exercice, au bon �tat appel� condition ,
nous voici parvenus � la saison des chasses
dite hunting season ; nous ne parlerons
point des chasses avec les karriers ou
chiens de li�vre qui n'exigent pas des che-
vaux aussi en �tat, que pour les chasse»
de cerf ou de renard.
ATous dirons maintenant qu'un chasseur
qui d�sire jouir du plaisir de la chasse.,
doit arriver au rendez-vous, apr�s avoir
jn-is#toutes ses pr�cautions , s'il ne veut pas
voir troubler ses jouissances. Son cheval, en
cons�quence, ne doit pas commencer l'ac-
tion avec l'estomac trop plein : il faut donc
-ocr page 251-
2^.6                      MANUEL
que le foin et l'eau soient donn�s au moins
douze ou seize beures auparavant, avec la
plus grande parcimonie , surtout la nuit qui
pr�c�de , qu'il faudra diminuer la quantit�
de foin, auquel on suppl�era avec de l'a-
voine en proportion de ce que l'on aura
rctrancb� de l'autre portion de sa nourri-
ture.
Le jour de la citasse, il doit �tre pans�
et avoir son d�jeuner de grand matin, apr�s
quoi on l'attache au r�telier , jusqu'� ce
qu'on lui mette la selle pour le d�part, de
peur que , sans cette pr�caution , il n'aille
s'emplir l'estomac avec sa liti�re.
La veille aussi , ebaque ebasseur pour
ne point �prouver de retard , doit s'assurer
si tout ce qui doit lui servir est en bon
�tat. Il commencera par faire l'examen
superficiel de son cbeval auquel il l�ve les
pieds l'un apr�s l'autre , regarde s'ils sont
bien propres , si les fers sont bons , s'il n'y
manque pas de clous , pour ne pas �tre
-ocr page 252-
DES HARAS.                     247
oblig� de s'arr�ter , afin de faire rattacher
le fer qu'on aurait n�glig� de mettre en
�tat. Il passe ensuite � la selle , examine
si elle est rembourr�e �galement , si elle
n'est pas dans le cas de porter sur le garrot.
Il passe ensuite aux sangles, et fait attention
<jue les boucles montent assez hauts , pour
ne pas blesser le cheval sur les c�tes ; le
tissu des sangles doit �kre �lastique de pr�-
f�rence , celles d'un lissu serr� peuvent
blesser le cheval dans des chasses rudes.
L'inspection des �trivi�res ne doit pas non
plus �chapper � celui <jui veut que rien ue
lui manque.
Lorsque vous d�sirez voir la fin de la
'liasse, qui est quelquefois tr�s-rude, et
de longue haleine , il ne faut pas que vous
partiez � toutes jarnbes; mais, par un train
de chasse que vous pouvez augmenter par
degr�s , vous finirez par laisser derri�re
vous tous ceux qui vous auraient devanc�s,
en prenant un train que leurs chevaux n'�-
taient pas en �iat de soutenir, et votre
-ocr page 253-
248                      MASUEI
cheval qui aura fait autant de chemin que
les autres, sera encore frais, lorsque ceux-
l� seront exc�d�s de fatigue.
Apr�s une course violente , il ne faut
jamais qu'un cheval soit remis de suite �
l'�curie, ni qu'on le laisse en place ; il
faut au contraire le faire marcher jusqu'�
ce crue sa respiration ait repris son �tat na-
turel. Une bonne demi-heure apr�s, t�chez
de trouver une �curie qui ait approchant le
m�me degr� de chaleur que la votre , vous
d�bridez votre cheval, vous jetez devant
lui une poign�e de bon foin, vous l�chez-
ensuite les sangles , sans �ter la selle qui
doit rester sur le dos , tant que la transpi-
ration est en activit� : vous lui mettez sur
la croupe une couverture telle qu'elle
se trouve , apr�s quoi .vous lui faites une
bonne liti�re, pour l'exciter � pisser , ob-
servant s'il le fait facilement. Dans le cas
o� il �prouverait de la difficult� en urinant,
ou s'il paraissait 3e faire avec peine, il fau-
drait faire fondre dans sa boisson six d�ca-
^
-ocr page 254-
DES HARAS.                    249
grammes de sel de nitre et le traiter m�-
thodiquement sice reni�de ne r�ussissait pas.
Vous ne devez vous occuper de vous,
que lorsque votre cheval a tout ce qu'il lui
faut. Aussit�t qu'il aura urin�, bouchonnez
lui d'abord la t�te avec un tampon de feir»
bien doux et finissez de le fiettoyer avec
la brosse. Tirez lui les oreilles plu-
sieurs fois avec les mains, cette m�thode
est reconnue salutaire. Il faut aussi bou-
chonner fortemenl les jambes du haut en
bas , avec deux bouchons de paille dont
on se sert, � la fois, pour emp�cher l'obs-
truction des pores par l'effet d'une sueur
s�ch�e etde.la crotte. Cela fait, donnez lui
une petite mesure de la meilleure avoine
que vous pouvez vous procurer, fermez la
porte de l'�curie et laissez votre cheval
manger tranquillement.
Comme un cheval se repose toujours
mieux dans une �curie o� il a coutume de
coucher . s'il n'a qu'environ un myriam�ue
-ocr page 255-
25'0                        SU A N D E L
sept kilom�tres � faire pour y arriver, vous
bridez votre cheval aussit�t qu'il a mang�
son avoine , pour retourner chez vous , o�
en arrivant vous lui faites laver les jambes
et les pieds, avec de l'eau ti�de, en faisant
bien attention s'il n'aurait pas attrapp� soit
des atteintes, soit des coups ou autres acci-
dens, tant � l'int�rieur du pied, qu'� l'ext�-
rieur de la jambe.
Pendant que tout cela se fait, vous
jetez du foin devant lui, et vous lui pr�-
sentez en m�me temps un sceau d'eau l�-
g�rement d�gourdie , pour �ianchcr sa
soif j le reste du pansement est trop connu
pour que nous le r�p�tions ici. La c�cit�,
l'asthme, la pousse, sont les cons�quences
du peu de soin que l'on prend de.?chevaux.
apr�s qu'ils ont beaucoup fatigu�, surtout
dans la mau vai se saison. On n'a pas besoin de
dire que ceci, � quelques modifications
pr�s , est applicable � tous les chevaux
dont on veut tirer un bon service en les
conservant.
-ocr page 256-
DES HARAS.                    251
Pour ce qui est de la nourriture, il est
constant que les hantera ou chevaux de
chasse , qui en raison d'un exercice violent
transpirent beaucoup, ont besoin d'une
nourriture plus abondante en grain que
les autres, puisque le foin qui leur donne
de l'�toffe , emp�cherait qu'ils ne conser-
vassent cette l�g�ret� dont ils ont particu-
li�rement besoin pour le service auquel ils
sont consacr�s. La quantit� de nourriture
d'un cheval dit fiffeen hands high ou en-
viron un m�tre six cent vingt-cinq milli-
m�tres, est ordinairement de quinze'kilo-
grammes, dans la proportion de huit kilo-
grammes d'avoine sur sept de foin, avec les
additions en grain seulement indiqu�es par
l'ouvrage qu'on fait faire au cheval.
Un cheval doit boire toutes les douze
heures et jamais plus d'un sceau � la foi?,
Eu tout temps , il faut faire attention que
l'eau ne soit pas trop crue , et qu'elle soit
la plus douce possible. Si l'effet de l'eau
transit votre cheval, vous en �tes quitte
-ocr page 257-
Z52                        MANUEL
pour le galopper l�g�rement, l'espace d'un
quart d'heure ou un peu plus , pour r�ta-
blir la transpiration.
Ceci nous ram�ne naturellement � l'exer-
c'ee du cheval, mais il convient crue cet
objet soit r�gl� par l'�tat dans lequel il est,
et du service qu'il a � faire. Dans la belle
saison, les chevaux de chasse doivent soiv
tir deux fois par jour, marin et soir : leur
exercice doit �tre mod�r� , de mani�re �
faire autant de chemin avant boire, qu'apr�s
avoir b�. Dans l'hiver lorsque les jours sont
courts et froids, on ne les sortira qu'une
fois , pour une heure environ, en choi-
sissant le milieu du jour. Comme � cette
�poque , ils ne peuvent pas �tre exerc�s
avant et apr�s avoir b� , on y suppl�era
par le pansement, afin que Li circulation
ne soit jamais retard�e , et que les �vacua-
tions se fassent comme � l'ordinaire.
Eu prenant de cet article , ce qui est
�ahlc aux chevaux consacr�s � pro-
pager leur esp�ce , ne les mettrait-on pas
*■
-ocr page 258-
DES HARAS.                   �53
eT1 �tat de procr�er des poulains forts et
r°bustes. C'est donc par un r�gime di�t�-
ll<me et un travail appropri� au temp�ra-
ment de nos �talons , que nous pouvons les
disposer � n'avoir qu'une chair ferme,
**ne peau lisse et tendre, des muscles et
«e la
sant� ; et puisqu'il est g�n�ralement
Reconnu qu'il n'y a point de m�le dans la
Nature que la graisse favorise pour la co-
pulation , le clieval entier dont on aura
a't un �talon, sera plus vite us�, et p�rira
P'Ut�t avec beaucoup d'embonpoint, que si
^eme il �tait maigre et fit beaucoup d'exer-
Cl�e qui, dans ce cas , �laborant les germes
^e la reproduction, leur imprime encore
^�t degr� d'�nergie qui tourne n�cessaire-
ment au profit de sa prog�niture.
iNJous parlerons maintenant des road-
hors
» ou bidets qui, sous d'autres rapports,
e sont pas moins int�ressans et dont le
0lu qu'on en doit prendre peut servir de
pHverne � ceux qui sont oblig�s de voyager
ft c«�val.
-ocr page 259-
2D4                        MAMU EL
CHAPITRE XIX.
Des Road-horscs o i Bidets.
JLJans cette classe qu'on peut regarder
comme g�n�rale, nous comprendrons tous
les chevaux de carrosse , de po6te , .enfin ,
tout ce qui sert au commerce aussi bien
que pour voyager en selle. Ces animaux,
sous ce dernier point de vue, sont telle-
ment pr�cieux , qu'on devrait les traiter
avec autant d'attention, s'il �tait possible,
qu'on fait les chevaux de course ou les
huniers : mais comme la nature de leur
travail est telle, qu'on ne pourrait, sans
inconv�nient, avoir pour eux les m�mes
soins , puisqu'ils sont sans cesse expos�s
aux injures de l'air et � changer perp�tuel-
lement d'�curies qui tant�t sont chaudes,
-ocr page 260-
DES HARAS.                    255
tant�t sont trop froides, il convient de com-
mencer par les accoutumer � se passer de
couvertures, les acclimater pour ainsi dire
a la temp�rature des diff�rentes �curies
dans lesquelles ils entrent. Mais ce qu'on
ne doit jamais faire c'est d'abandonner aux
gar�ons d'auberge le soin de leur nourri-
ture.
Il faut que le propri�taire ou conduc-
teur fasse lui-m�me la visite de la t�te, du
corps , des jambes et des pieds de ses
chevaux , pour voir si toutes ces parties
sont en bon �tat ; qu'il fasse huiler ou
graisser les sabots tout le long de l'ann�e ,
et que les repas soient donn�s le plus
�galement possible.
Le voyageur � cheval doit ralentir son
train lorsqu'il est pr�s d'arriver au lieu du
rau'a�chissement, ou de la couch�e, pour
?°e son cheval ne soit point en sueur et
'iors d'haleine. Je n'ai jamais vu, dit M.
4-aplin , un cavalier entrer au galop dan*
-ocr page 261-
S56~                      MANUEL
une ville, ou en sortir le m�me train,
sans �tre convaincu que le cheval ne lui
appartenait pas, ou bien que l'�cuyer �tait
un sot, s'il n'�tait pas fou : il cite � ce sujet
la r�ponse d'un fermier auquel on deman-
dait pourquoi il avait retir� sa confiance au
m�decin qui avait coutume de soigner sa
famille. Cet homme , dit le fermier, va
trop vite � cheval, je suis s�r qu'il ne
pense pas !
Comme il est � propos de ralentir son
train , lorsqu'on approche du terme de son
voyage , il n'est pas moins important de le
commencer doucement, afin que l'estomac
et les intestins qui sont charg�s de la nourri-
ture que le cheval a prise, puisse se d�-
barrascr sans efforts , et que les visc�res
d�gag�s reprennent leur �lasticit� sans la-
quelle le cheval cheminera tristement cl
avec peine.
Comme il est aussi quelquefois indis-
pensable de faire boire les chevaux dans le
-ocr page 262-
DES B ARA S.                     207
cours du voyage , il faut �viter les ruis-
seaux �troits qui coulent sur un. caillou tage
ferre, ou sur une terre noir�tre , � cause
de la crudit� de cette eau qui ne manque
jamais d'occasionner des coliques plus ou.
moins fortes , ou tout au moins de faire
prendre au cheval un mauvais poil.
De m�me que*celui qui veut aller vite
en poste doit bien payer les postillons ,
de m�me un voyageur qui veut que son
cheval soit bien trait� doit donner raison-
nablement au gar�on d'�curie , en faisant
attention que dans ce cas, comme dans
beaucoup d'autres, il n'y a jamais six sols
de diff�rence de Ja g�n�rosit� � la l�sine.
Doit-on pour cette raison se livrer � une
parcimonie qui, en vous donnant un mau-
vais renom, retomberait encore sur vous
par le peu de soin, et quelquefois le mal
qu'on peut faire � votre cheval. Ce salaire
est une esp�ce' de dette d'honneur 'qu'un
galant homme ne refuse jamais d'acquit-
ter.
11 *
-ocr page 263-
S58                      MAKUEi
Nous avons d�montr�" � l'article de la
ferrure les tr�s-graves inconv�niens qu'il y
aurait si votre cheval n'�tait pas bien ferr�,
surtout s'il avait les pieds trop longs, ce
qui occasionne une tension continuelle des
tendons qui, fatiguant votre monture, l'aura
bient�t mise hors de service.
On sait qu'il y a sur le dos du cheval
Une place que la selle doit occuper de fa�on
� ce quelle ne soit ni trop loin ni trop pr�s
des �paules, tant pour ne pas g�ner leur
mouvement que pour la s�ret� du cavalier
et la conservation de cette partie. Il faut
donc que l'ar�on de la selle soit � trois
doigts de la partie post�rieure de l'�paule,
lorsque le cheval est en place , pour qu'il
puisse marcher librement et sans se fati-
guer; plus pr�s elle g�ne le cheval et
et peut le blesser , plus �loign�e le far-
deau porterait sur l'arri�re main et par con-
s�quent fatiguerait les jarrets qxie vous
avez tant d'int�r�t de m�nager»
-ocr page 264-
jiES HARAS.                       25g
Lorsque le cheval est charg� du poids
de son cavalier, il faut que celui-ci puisse
passer ais�ment son doigt entre la partie
sup�rieure du garrot et l'ar�on de la
selle , pour que le cheval ne s'y Messe
pas. L'ar�on de derri�re doit aussi ne
porter que l�g�rement sur les vert�bres
pour la m�me raison. Lorsque la selle
porte du devant et du derri�re , on en est
quitte pour faire rembourrer les panneaux
de mani�re � ce que le cheval ne se blesse
pas. On n'a pas besoin de dire que les bles-
sures du dos du cheval sont extr�mement
difficiles � gu�rir, et qu'elles peuvent met-
tre dans un tr�s-grand embarras le voya-
geur qui est oblig� de continuer sa route.
Avant de quitter ce sujet, il n'est pas
hors de propos de faire sentir combien il
est dangereux de laver de la t�te aux pieds
les chevaux , particuli�rement ceux de
poste , lors memequ'ils sont encore tout en
sueur. Cette pratique si universelle pour
les chevaux de cette classe , peut ne pas
-ocr page 265-
%6o                        MANUEL
avoir de suite f�cheuse si le cheval est en
benne sant� ; mais il en r�sulte des acci-
dens graves comme des fi�vres inflamma-
toires , lorsque le sang n'a pas assez de
fluidit� pour que la transpiration intercep-
t�e pour le moment soit r�tablie sur le
champ. Il s'agit de nettoyer le cheval , on
parviendra au m�me but en le bouchonnant,
le brossant et se servant de l'eau d�gourdie,
comme on fait pour les autres chevaux :
par ce moyen, pas un seul ne s'en trouve-
rait mal, tandis que l'autre m�thode en a
tu� des milliers. Si l'on pouvait dire quel-
que chose en sa faveur, c st qu'elle est
plus exp�ditive et donne moins de mal �
celui qui panse le cheval.
Vii'i .�*■■*' v»'V»»*»< ■
-ocr page 266-
DES HARAS. �             2.61
CHAPITRE XX.
Des Courses de Chevaux:.
Oi les courses d'Angleterre sont un passe-
temps qui tourne souvent au profit des fri-
pons, par les supercheries sans nombre
qu'on peut faire � ce m�tier, soit en cor-
rompant les jockejs pour qu'ils consentent
� perdre , quand ils auraient d� gagner, et
dans lequel cas on parie cinq guin�es pour
un cheval qu'on conna�t fort, et cinq cents,
plus ou moins, contre, lorsqu'on a la facult�
de faire qu'il soit battu ; soit en rendant
momentan�ment boiteux des chevaux tr�s-
sains , ou en leur faisant meure le feu
pour faire croire qu'ils sont ruin�s ; soit
enfin en n�gliger;]t leur toilette jusqu'� leur
laisser las crins longs comme � de mauvais
chevaux de charrette ; toujours est-il cer-
-ocr page 267-
zC)2                         MANUEL
tain que ces exercices ont tourn� au profit
de l'am�lioration des chevaux d'Angleterre,
et c'est aussi sous ce point de vue que nous
devons les envisager pour les n�tres.
Mais les Anglais ont-ils commenc� par
les courses de vitesse ou de dur�e ? Les
faisaient-ils droites ou en rond ? sans doute
que ceux qui, les premiers, ont risqu� des
chevaux auxquels ils attachaient une grande
valeur, ont voulu que les chances fussent
�gales ; et peuvent-elles l'�tre dans un
cercle oblong o� celui qui tient le dedans
a tout l'avantage? Le Hyde-Park, � Londres,
a une promenade circulaire plus commode,
beaucoup plus �tendue que le Champ-de-
Mars, et dont les tournans sont plus allon-
g�s ; cependant nous ne voyons pas qu'on
y ait jamais essay� les chevaux sur leur
vitesse. Les courses de ce pays ont donc
toujours �t� comme elles le sont aujour-
d'hui , qu'on vient les finir � l'endroit ap-
prochant d'o� l'on est parti, en faisant uu
seul tournant tr�s-allong� ; malgr� cela les
-ocr page 268-
DES H A II A S.                     263
Anglais conviennent qu'ils estropient un
tr�s-grand nombre de bons chevaux, � ce
m�tier, avec toutes les pr�cautions qu'ils
pein eut prendre. Or, comme nous sommes
beaucoup moins riches qu'eux en ce genre,
ne devrions-nous pas pr�f�rer les courses
droites, ou approcliant, qui remplissent le
m�me but, sans exposer les chevaux � des
efforts multipli�s qui les �crasent ?
On sait assez que la cons�quence d'un
effort, dans un tournant, est de perdre le
jarret sur lequel le cheval tourne, par la
raison que tout le poids de son corps et du
fardeau dont il est charg� porte unique-
ment sur cette partie. Quel est le propri�-
taire qui m�me connaissant son cheval
pour bon et tr�s-v�te, voudra le soumettre
a une �preuve qui peut le lui faire perdre,
°u le mettre pour toujours hors de service!
■La foule immense des spectateurs qui se
terme, pour ainsi dire, � mesure que les
chevaux approchent, pour les voir arriver
et passer; les hpmmes, les enfans qui tra-
-ocr page 269-
\
264                         MANUEL
versent la course, malgr� tout ce qu'on fait
pour les en emp�cher ; les chiens qui sou-
vent se trouvent sur le passage des cour-
siers ; les parapluies , les parasols que ces
jeunes animaux n'ont jamais vus ; tout cela
n'est-il pas fait pour faire perdre la t�te �
l'homme et au cheval, ou au moins ralen-
tir le train du plus timide ! Comment alors
juger du m�rite du meilleur cheval, si le
plus fort est �pouvant� et n'arrive que le
second et quelquefois le dernjer? Audaces
fortuna juvut :
c'est !e plus hardi qui gagne,
mais ce,n'est pas toujours le meilleur ,
parce que la chance cesse d'�tre �gale
quand l'un des coursiers manque d'habi-
tude ou est effray�.
Ceux qui ont vu les courses'd'Angle-
terre, ont d� remarquer que celles de vi-
tesse, surtout pour les jeunes chevaux, sont
droites en g�n�ral : que pour celles qui
sont circulaires comme � Epson!, pour le
Barby-stakes, o� l'on a vu jusqu'� vingt-
six chevaux partir � la fois ; que la cours:
-ocr page 270-
SES HARAS.                    2.65
est enti�rement libre ; que le tournant qui
est � l'extr�mit� de la plaine est tr�s-al-
long� ; que les jockeys ralentissent leurs
chevaux pour le passer, et qu'ils ne leur
impriment une vitesse extraordinaire que
lorsqu'il est question d'arriver � tr�s-peu
de distance de l'endroit d'o� ils sont partis.
La plaine des Sablons avait le m�me incon-
v�nient que le Champ de Mars , ce qui l'a
fait abandonner pour Vineennes qui � la
v�rit� n'�tait gu�res plus commode, mais
ce ne sont point les localit�s qui nous man-
quent pour ces exercices.
Les jockeys d'Angleterre partent pour
ainsi dire au petit galop qu'ils augmentent
graduellement jusqu'� l'extr�me vitesse
pour finir la course : les n�tres partent �
toutes jambes, pressent leurs chevaux dans
les tournons, pour arriver moins vite qu'ils
ne sont partis. Qu'a besoin le meilleur che-
val de faire de si grands efforts, pourvu
qu'il arrive le premier ? pourquoi ces gens
pr�sentent-ils � la France enti�re des cari-
12
-ocr page 271-
2.66                     MANUEL
catures qui ne donnent des lumi�res que
sur la folie de ceux qui font courir les
chevaux, sans rien d�terminer de positif
sur le m�rite de ces animaux qu'ils estro-
pient le plus souvent?
Comme on �carte avec raison, pour le
moment, les chevaux �trangers, surtout
les Anglais , ne faisons donc les courses
que pour nos propres chevaux, afin de
suivre les progr�s de l'am�lioration de cha-
cune de nos races, mettons-les en �vi-
dence les uns contre les autres pour juger
de celles qui m�ritent la pr�f�rence dans
l'objet que nous nous proposons , surtout
proc�dons-y avec prudence et pr�caution ,
pour ne pas d�go�ter les possesseurs des
meilleurs chevaux de les risquer � des ac-
cidens certains, jusqu'� ce que l'am�liora-
tion perfectionn�e nous permette d'en
faire davantage. Nous aurons par la suite
des courses aussi fameuses que celles de
l'Angleterre, mais il faut commencer par
-ocr page 272-
DES HARAS.                    2,6 f
faire des coursiers ce qui n'est pas l'affaire
d'un jour.
Les courses faites � chances �gales et dans
de bons principes, ont un but aussi agr�able
qu'utile ; elles tendent, en nous amusant,
� concourir � l'am�lioration de nos races
de chevaux dont elles nous apprendront �
conna�tre la vitesse et la force , quand sans
elles nous ne pourrions en conna�tre la fi-
gure. Ne copions point servilement les
Anglais jusque dans les plus minutieux
d�tails de ces exercices ; faisons-les � notre
fa�on, et s'il est quelque chose � prendre
d'eux, c'est la mani�re de mettre les che-
vaux en �tat de courre. Commen�ons
comme ils ont d� faire, par des courses
de dur�e jusqu'� ce que leurs chevaux am�-
lior�s leur aient permis de les essayer aussi
pour la vitesse; car le cheval le plus l�ger,
qui est ordinairement le plus vite, peut
n'�tre ni le meilleur ni le plus solide, et
c'est par le fond et la solidit� que nous de-
-ocr page 273-
2.68                         KAS0EL
vons d�buter dans l'am�lioration de nos
races de chevaux.
Il est bon qu'on .sache , pour finir cet
article , que ce que nous avons dit des
huniers, relativement � leur mise en �tat
de chasser, est parfaitement applicable aux
chevaux que nous faisons courre tous les
ans , dans les d�partemens et au Champ de
Mars : l'intelligence de nos jockeys fran�ais
suppl�era, par la suite , � l'adresse et � la
longue habitude de ceux de nos voisins,
pourvu que les r�gulateurs de ces exercices,
encore nouveaux pour nous , leur fasse
suivre en tous points la m�thode des An-
glais, qui jusqu'ici, est reconnue la meil-
leure, et qu'il se persuade bien que les
jockeys de ce pays , par la combinaison de
leurs moyens, semblent en avoir fait une
�tude tellement approfondie qu'il serait de
toute impossibilit� de les surpasser.
Il est encore � observer que la dext�rit�
du jockey a une telle influence sur le gain
-ocr page 274-
DIS HARAS.                     269
de la course, que les Anglais ne se risquent
� des paris consid�rables que d'apr�s la
bonne opinion qu'ils ont de l'adresse de
celui qui monte qui, � force �gale de che-
vaux , arrive toujours le premier.
Voyons maintenant quels sont les che-
vaux dont les Anglais font choix de pr�f�-
rence, pour un exercice qu'ils entendent
jusqu'� pr�sent mieux que nous.
f»,^.n/\. v*.v^<*
-ocr page 275-
ij<b
JIAHUEI
CHAPITRE XXI.
Sur les Coursiers d''Angleterre*
iious avons dit peu de choses des courses
pour nous �tendre davantage sur la confor-
mation du cheval tel qu'il doit �tre, tant
pour cet exercice, que pour remplir notre
but dans l'am�lioration des races de che-
vaux que nous poss�dons sur la vaste �ten-
due de l'Empire fran�ais.
Les poils bai-cerise, ou plut�t acajou,
marron ou bai-brun, avec les extr�mit�s
noires, sont la robe dont on fait le plus de
cas en Angleterre : si le cheval a les yeux-
noirs , peu leur importe qu'il ait des
marques blanches ou qu'il soit zaiu. Nous
diff�rons � cet �gard , en ce que nous
croyons vulgairement qu'un cheval zaiu,
-ocr page 276-
DES HARAS.                  Ijl
c'est-�-dire , qui n'a aucune esp�ce de
marque blanche, est ordinairement vicieux,
opinion qu'on peut regarder comme ne
m�ritant pas la peine d'�tre r�fut�e.
Un coursier peut avoir jusqu'� un m�-
tre six cent vingt - quatre millim�tres
pourvu que ses proportions soient exactes.
C'est g�n�ralement des plus grands che-
vaux de course que sortent leurs fameux
huniers ou chevaux de chasse avec les-
quels ils franchissent des haies au pied des-
quelles il Y a encore un foss� qu'ils sautent
en m�me temps , et des barri�res qui ont
environ un m�tre six cent vingt-quatre mil-
lim�tres de haut.
La t�te du cheval de course doit �tre
courte et peu charnue, le chanfrein droit
plut�t que busqu� ; ses oreilles peuvent
�tre grandes si elles sont bien attach�es.
Ils aiment qu'elles soient toujours en mou-
vement , ce qui d�note que l'animal est en
bon�e sant� ; ses yeux doivent �tre pleins
CI anim�s; lesnaze�ux sans chair et tr�s-
«
-ocr page 277-
HJZ                      MABUtI
ouverts ; les os de la ganache , � l'endroit
du gosier , doivent avoir assez d'ouverture
pour que le cheval, en ramenant son nez
vers le poitrail, S'ait pas la respiration
g�n�e. Le gosier doit �tre gros sans �tre
dur , plac� de fa�on � n'�tre jamais com-
prim� par la peau du col, ni par la ma-
ni�re dont le cheval tient 9a t�te.
le col ne doit pas �tre trop long, parce
que le cheval ne peut avoir d'haleine qu'en
raison du peu de distance que l'air qui entre
dans les poumons aura � parcourir, et de
la facilit� qu'aura l'animal d'expectorer en
courant. C'est ce qui a fait dire plus haut
que la te te devait �tre courte et les nazeaux
tr�s - ouverts ; c'est ainsi que le fameux
Eclipse �tait conforme ; les personnes qui
l'ont vu peuvent se le rappeler.
On � remarqu� que les chevaux ainsi que
les hommes qui ont le col long et mince
�taient moins forts et plus sujets � la mala-
die du poumon, par la difficult� qu'ils
-ocr page 278-
DES HARAS.                    2,j3
�prouvaient en rafra�chissant cette partie.
I.e hennissement du cheval comme la voix
de l'homme annoncent si les poumons sont
en bon �tat. Ce qu'il faut pour un cheval de
Course est aussi n�cessaire pour un �talon.
De ce que nous avons dit du gosier, on
inf�rera sans peine que la poitrine ou la
partie qui renferme le c�ur et les pou-
mons doit �tre suffisamment large , afin
que dans l'inspiration ces visc�res ne soient
point comprim�s , puisque quelqu'avanta-
geusemeiit conform� que soit un cheval de
course , il ne peut avoir de dur�e qu'autant
qu'il a.ura d'haleine,
/
On croit g�n�ralement que les chevaux
dont la c�te est ovaie, ont plus de place
Pour loger les poumons que ceux qui l'ont
arrondie comme un cerceau. Les Anglais
Calculent par le nombre de pouces qu'a le
°beval5 en le mesurant � l'endroit o� on
*e sangle , ce qu'il peut avoir d'haleine de
PiUS que celui de m�me taille qui aura
-ocr page 279-
274                     MANUEL
moins de circonference.il faut surtout faire
attention que l'embonpoint fera n�cessaire-
ment para�tre le cheval plus gros.
Pour juger de l'haleine d'un cheval, il
faut examiner comme il courre, le ter-
rain qu'il couvre, et de quelle mani�re les
hanches chassent le devant pour avoir la
somme des efforts qu'il est oblig� de faire,
Si donc tous ses mouvemens -se font avec
facilit� , il peinera moins, et le besoin de
rafra�chir ses poumons ne sera pas si fr�-
quent. Ce qui doit faire d�sirer en m�me
temps qu'un cheval de course ne soit qu'une
machine ob�issante et soumise � l'impul-
sion qui lui est donn�e , plut�t qu'une
b�te fougueuse, qui, for�ant la main qui lu
dirige , s'�puise en efforts qui ne peUTfni
�tre de longue dur�e.
On pourrait se dispenser de dire qu'il
faut qu'un cheval de course galoppe pr�s
de terre, c'est-�-dire qu'il ne l�ve pas
beaucoup les jambes de devant, afin qu'il
-ocr page 280-
DES HARAS.                   2.j5
perde moins de temps en courant. Mais il
faut de toute n�cessit� que ses hanches
chassent convenablement l'avant - main ,
pour que l'animal ait toute la vitesse qu'elles
Seules peuvent lui donner ; car un cheval
n'est pas vite parce qu'il porte ses jambes
ant�rieures tr�s en avant, mais parce que
ses hanches le servent bien , et celui qui
aura ce ressort de la vitesse mauvais, non-
seulemcnt n'ira pas vite , mais encore il ne
durera pas long-temps , par la raison que
son devant destin� � ne porter que sa por-
tion du fardeau qui est d�j� de plus de la
moiti�, se trouvant forc� de porter le tout
<>u peu s'en faut, s'usera en tr�s-peu de
temps. Les jarrets faibles ayant le m�me
inconv�nient , on n'emploiera pour les
Bourse.; comme pour en faire des �ta-
lons , que les chevaux qui auront ces par-
les bien conform�es et tr�s-fortes.
les �paules doivent �tre peu charnues
(" suivre la forme un peu arrondie de la
Poitrine sans cependant ia comprimer. Oa
-ocr page 281-
Zj6                        MANUEL
doit pr�f�rer � un large poitrail qui donne
de l'ouverture aux jambes de devant, le
bras un peu rapproch� sous le cheval, sans
pourtant que le coude soit serr�, par la
raison que le cavalier chargeant plus par-
ticuli�rement l'avant-main , le point d'ap-
pui qui r�pond � la bas** du sabot, aura
plus de force en se rapprochant du centre
que s'il s'en �loignait, et parla m�me rai-
son l'arri�re main qui n'ayant qu'� pousser
le corps sur le devant, sans avoir presque
rien � porter, doit �tre le plus �cart� pos-
sible , afin de ne pas comprimer les flancs
auxquels il est indispensable de laisser
toute la libert� dont ils ont besoin pour
faciliter la respiration.
On pr�f�re en Angleterre un cheval de
course qui a les reins un peu longs pourvu
qu'il les ait forts ; comme il s'agit aux
courses de faire beaucoup de chemin en
peu de temps , c'est tout naturellement
celui qui couvre le plus de terrain qui doit
obtenir la pr�f�rence , pourvu toutefois
-ocr page 282-
I » � S HARAS.                       *77
^ue ses hanches d'o� �mane sa vitesse le
Servent bien ; car si le devant entame le
chemin, c'est le derri�re qui d�termine la
longueur des allures.
La raison qui veut que la c�te d'un che-
val de course soit un peu plate , c'est afin
<jue la derni�re c�te ne se trouve pas direc-
tement vis-�-vis de l'os de la hanche , ce
�Jui en courant occasionnerait une pression
des intestins contre le diaphragme , qui �
son tour refluant sur les poumons g�nerait
*a respiration de l'animal. La m�me chose
arriverait si le ventre n'avait pas assez de
Capacit� pour loger � l'aise ces m�mes
intestins.
Le ventre ne doit �tre ni trop grand ni
'■fop petit , par la raison que dans le pre-
mier cas le cheval n'aura pas de l�g�ret� ,
et que dans le second il manquera d'ha-
leine.
Les hanches, sans avoir trop de saillie ,
-ocr page 283-
2,j8                    MANUEL
doivent �tre prononc�es et �cart�es l'une
de l'autre ; celte conformation dans le che-
val annonce la force et la disposition � s'en
bien servir.
Les Anglais veulent que la croupe ait
peu de distance � sa partie sup�rieure
entre les reins et la queue ; ils n'aiment
pas comme de raison qu'elle soit aval�e, ce
qui est un d�faut marquant et pr�judi-
ciable , qu'on ne doit pas plus passer
au cheval de course qu'� celui dont on
se propose de faire un �talon.
Les cuisses sans �tre trop charnues doi-
vent �tre pleines et fortes. Quelques che-
vaux de race espagnole et limousine ,
naissent avec ce que les Anglais appellent
capon-thigh , des cuisses de chapon , lors-
qu'elles sont peu fournies ou minces : on a
remarqu� cependant qu'� la longue ce d�-
faut allait en diminuant, et que la nature ,
comme aux hommes qui portent de pesans
fardeaux , faisait passer dans les cuisse»
-ocr page 284-
Des haras.                  279
«es chevaux qui fatiguent violemment, une
Substance proportionn�e aux efforts qu'ils
ont � faire.
Les membres du cheval de course doi-
vent �tre tr�s-forts, et si les paturotis le
sont �galement, sans avoir trop de flexibi-
lit� , le cheval ne saurait �tre trop long
jointe , puisque c'est en partie de la lon-
gueur des paturons crue d�rive celle de ses
allures. On sait que les membres doivent
�tre plant�s perpendiculairement. Quand �
la forme du sabot , elle doit �tre propor-
tionn�e � la force de la jambe.
On demande que le sabot d'un cheval
de course soit noir, lisse, passablement
large et un tant soit peu plat, par la
raison que les dispositions g�n�rales du
Pied �tant, si l'on 11 y prend garde, de se
retr�cir � mesure crue le cheval prend de
* ;ige, ce qui tend � l'encastelure, la perte
des �paules , en serait la suite in�vitable.
Cela s'entend seulement des pieds de de-
-ocr page 285-
23o                        MANBEI
vant, car pour ceux de derri�re comme ils
ont moins � porter, le danger n'est pas �
beaucoup pr�s aussi grand.
L'encastelure a des effets si f�cheux
qu'il serait � propos de faire conna�tre bien
positivement les causes qui l'occasionnent,
et s'il n'y avait pas un moyen d'y rem�-
dier, soit par la direction de l'�curie , soit
par la mani�re de soigner les pieds du
cheval. Il parait cependant que c'est un vice
local que contractent assez commun�ment
les chevaux �lev�s sur les montagnes, puis-
que ceux qui vivent dans la plaine et dans
les marais n'en sont presque jamais affec-
t�s , et que tout ce qu'on aurait � faire ,
ce serait de chercher � en diminuer l'in-
fluence par la mani�re de parer les pieds
des chevaux, lorsqu'ils sont jeunes encore,
comme nous l'avons d�j� dit en parlant de
la ferrure. Les chevaux qui ont ces f�cheu-
ses dispositions devraient toujours �tre
tenus sur un plan parfaitement horizontal,
avec du fumier de vache sous les pieds de
-ocr page 286-
\
DES HARAS.                        2o"l
devant, si l'on ne pouvait pas les mettre
dans des pacages bas et humides; ne ja-
mais diminuer la force des quartiers et des
talons , et surtout prendre bien garde de
les tenir trop long-temps sur le pav�, ou
m�me sur un terrain dur , � moins qu'ils
ne fussent ferr�s d'une mani�re conforme
a leur situation.
Nous pensons que ce que nous venons
de dire, sur les chevaux de course d'An-
gleterre , suffira pour nous mettre � port�©
d'en faire essai comme �talons , ou de
choisir parmi ceux que nous poss�dons
dans l'empire leurs analogues , afin d'en
faire des objets de comparaison avec les
coursiers qui pourraient par la suite nous
Venir de ce pays.
Passons maintenant � ce qui constitue la
heaut� du cheval consid�r� comme �talon,
nous parlerons ensuite d'en faire l'acquit
sition.
2S*
-ocr page 287-
z8z
M A N U E I,
CHAPITRE XX'II.
De la beaut� du Clieval.
Xja beaut� du clieval ne peut �tre que re-
lative, puisque ce qui constitue cette qua-
lit� dans un cheval de monture, est ordi-
nairement un d�faut dans celui dont nous
nous servons pour le trait.
Il s'en faut que les auteurs fran�ais et
anglais, qui ont �crit sur les chevaux,
soient d'accord sur tout ce qui consume
la beaut� comme la bont� du cheval : mais
sans nous �riger en juge de leurs opinions
respectives, nous puiserons dans les ou-
vrages des uns et des autres ce qui nous
aura convenu davantage , en ne nous atta-
chant qu'� la m�thode que nous aurons.
-ocr page 288-
jEs haras.                     -J.S3
reconnu la plus s�re pour nous guider
dans le choix d'un animal aussi difficile �
bien conna�tre que le cheval.
On recherchait autrefois les t�tes bus-
qu�es ; aujourd'hui qu'ouest persuad� que
les chevaux d'Arabie valent mieux que ceux
qui se trouvent dans le nord de cette Con-
tr�e , on aime davantage les chevaux
qu'on croit provenir de cette race : or le
cheval arabe ayant la t�te courte et carr�e ,
ind�pendamment de sa docilit� � laquelle
s'allient le courage et la vigueur, ayant
aussi plus d'haleine que les n�tres , en ce
que la colonne d'air qui passe dans les
poumons a moins d'espace � parcourir
que dans un cheval � longue encolure et �
t�te moutonn�e , m�rite � juste titre une
pr�f�rence qu'aucune race de la terre n'est
en �tat de lui contester.
Ce qui fait plus particuli�rement encore
l'�loge des chevaux arabes, et doit les faire
rechercher de pr�f�rence pour l'am�liora-
-ocr page 289-
.284                        MANUEL
tion de l'esp�ce , pourvu toutefois qu'il
Soit possible de s'en procurer de bien
pures , c'est qu'en communiquant aux
productions des jamena qu'on leur fait
saillir ce caract�re de bont� qui fait leur
premier m�rite , ils leurs impriment en-
core un principe de force qui va toujours
croissant , jusqu'� la quatri�me et cin-
qui�me g�n�ration, sans leur faire perdre
rien de la figure locale qu'elles tiennent*
de la m�re. Les clievaux anglais, (malgr�
les contradictions qu'on a d� remarquer dans
le chapitre V , sur leur origine positive, )
nous en fournissent la preuve �vidente >
puisque sans le croisement de cette race
avec les meilleurs jumeus de l'Angleterre,
c,e pays qui ne peut pas nous disputer l'a-
vantage d'avoir poss�d� d'aussi bonnes..
races de chevaux que celle qu'il avait avant
l'am�lioration des siennes , serait peut-
�tre moins avanc� que nous.
Or , comme c'est tr�s-probablement en
m�lant le sang arabe � celui de leurs ju-
-ocr page 290-
��S HASiE.                    .2,85
mens que les Anglais sont parvenus � un
degr� de perfection qui fait que leurs races.
de chevaux l'emportent autant en force et
en vitesse qu'en ligure, sur ceux m�mes
dont ils ont emprunt� ces pr�cieux germes
de reproduction , et que la m�thode qu'ils
ont suivie est en tous points applicable �
notre pays , n'est-il pas naturel de cher-»
cher � la faire conna�tre , afin de guider
nos pas dans une route o� nous semhlons
n'avoir jusqu'ici march� qu'� l�tons , et
dans laquelle on pourrait dire avec jus-
tice que nous reculons au lieu d'avancer.
C'est donc pour reprendre le terrain que
nous avons perdu que nous continuerons
� parler des chevaux d'Angleterre, afin de
Voir si la mani�re dont les Anglais jugent
les chevaux ne serait pas celle qu'il fau-
drait suivre.
Il faut qu'un cheval ait un bel �il , sus-
ceptible de s'animer � l'exercice qu'on lui
*ait faire. Les jeux trop gros , sont rare-
-ocr page 291-
286                        MANUEL
ment bons , et finissent ordinairement par
se perdre.
Les sali�res doivent �tre pleines dans
un jeune clieval ; celui qui l�sa creuses est
cens� provenir d'uu vieux �talon. Que cette
remarque soit vraie ou fausse , elle n'em-
p�chera jamais un cannaisseur de faire
l'acquisition d'un clieval qui n'aurait que
ce d�faut.
Il est bien difficile de juger de la bont�
des yeux d'un cheval, pour celui qui n'est
pas familier avec la composition de cet or-
gane. La pratique fr�quente et l'habitude
d'en voir, vous donneront une chance de
plus pour n'�tre pas tromp� , surtout si en
examinant les yeux du cheval, comme �
la sortie d'une �curie , vous faites bien at-
tention � la mani�re dont il marche , et
place ses oreilles en marchant. On doit
autant se m�fier d'un cheval qui, en mar-
chant, porte alternativement la pointe d'une
oreille en avant, tandis ope l'autre reste
-ocr page 292-
DES II A R A S.                   287
derri�re , que de celui qui l�ve trop le»
jambes au pas ; et quoique ces remarques
ne puissent pas passer pour infaillibles ,
elles pr�sentent n�anmoins des sympt�mes
de fort mauvais augure.
Les os de la ganache doivent �tre tr�s-
ouverts , le cheval en aura la respiration
plus facile : cette conformation est un des
caract�ristiques de la race arabe. Le des-
sous de cette partie doit �tre creux et peu
cliarnu : c:est dans ce canal que r�sident �-'
es glandes , tant�t mobiles , tant�t adh�-
rentes ; elles d�c�lent puis commun�ment
la gourme dans les jeunes chevaux , et sont
des sympt�mes de morve dans les vieux.
Le cheval sain n'est jamais gland� . aussi
doit-on toujours s'assurer si cette partie est
nette.
Nous avons eu l'occasion de remarquer
que tous les chevaux attaqu�s de la funeste 1
maladie du cornage, dont nous parlerons s
encore plus loin, avaient les os de la gana-
-ocr page 293-
288                      K AS V S X
clie � l'endroit o� passe le gosier, extr�-
mement resserr�s , la t�te ordinairement
busqu�e , et le front � l'origine de la partie
sup�rieure des naseaux trop �troit.
Le bout du nez ne saurait �tre trop pe-
tit , pourvu que les naseaux soient bien
ouverts , et que la membrane qui les s�-
pare soit pour ainsi dire transparente, ce qn i
est regard� comme une perfection et la
marque d'une bonne esp�ce.
Le palais, dans les jeunes chevaux, est
charnu, et presque de niveau aux dents du
cheval ; mais il se s�che, et semble se col-
ler, en vieillissant, � l'os1 de la m�choire
sup�rieure. On saigne le cheval en cet en-
droit lorsqu'il est �chauff� ou d�go�t� ;
c'est ce que l'on appelle lui donner un
coup de corne, parce que cette op�ration
se fait ordinairement avec une corne de
chamois.
Les l�vres du cheval doivent �tre min-
-ocr page 294-
13 E S HARAS.                     285
Ces ; celles qui sont charnues et �paisses,
font ordinairement que le cheval a la bou-
che dure.
Le col du cheval de selle doit �tre flexi-
ble et peu charnu, surtout � l'origine de la
crini�re, il doit aller en diminuant depuis
le garrot jusqu'� la t�te. On appelle encolure
renvers�e, celle o� la pro�minence, vers le
milieu sup�rieur de la crini�re, se trouve
en-dessous, ce qui emp�che la t�te de se
placer, et rend le cheval d�sagr�able � la
main, lui fait porterie nez au vent; comme
celui qui aura le d�faut contraire sera sujet
� s'encapuchonner, c'est-�-dire mettre di-
rectement le bout du nez sur son poitrail.
Les jumens en-g�n�ral ont l'encolure
plus mince que les chevaux entiers. Lors-
qu'on en trouvera dont le col sera �-peu-
pr�s aussi charnu que celui d'un cheval en-
tier , on doit en faire le plus grand cas, si
d'ailleurs elles ont une bonne confor-
mation.
i3
-ocr page 295-
SoO                           M A i� U K L
Les anciens, particuli�rement les Grecs
et les Italiens, faisaient le plus grand cas
d'une crini�re �paisse. On a cru que cela
provenait de ce que leurs chevaux , de
m�me que ceux de l'Espagne, n'avaient
que tr�s-peu de crins � cette partie de l'en-
colure , ce qu'ils regardaient comme un d�-
faut; aujourd'hui, loin ue consid�rer une
crini�re �paisse comme quelque chose de
beau, nous pensons avec raison qu'elle
nuit � la gr�ce et � la l�g�ret� du cheval :
c'est un d�faut, m�me dans un cheval de
charrette , en ce que cette partie est sujette
� une maladie fort d�go�tante et difficile �
gu�rir ; on la nomme le rouvieux.
Le garrot doit �tre mince et assez haut
pour que le cavalier soit dispens� de mettre
une croupi�re � son cheval; de cette con-
formation il s'ensuit que l'�paule doit eue
�galement mince; il ne faut pourtant pas
qu'elle soit serr�e de mani�re � g�ner la
respiration de l'animal, et le faire chemi-
ner difficilement. Il faut que la partie de
Jfc
-ocr page 296-
DES HARAS.                        �O. I
l'�paule o� s'enni anche le bras soit sail-
lante, et que les muscles soient appareils.
Cette partie trop rentr�e en dedans et la
partie sup�rieure convexe , avec beaucoup
de chair , font dire d'un cheval qu'il est
charg� d'�paules , d�faut qu'on peut passer
au cheval de trait, qui ne doit pas cive fait
exactement comme un cheval de monture.
Comme la beaut� du cheval de selle dif-
f�re , ainsi que nous l'avons dit du cheval
de trait, il faut que le poitrail de l'animal
de monture soit moins ouvert, et moins
charg� de chair que celui du cheval que la
nature a fait pour tra�ner la voiture.
Un cheval de selle trop ouvert du de-
vant , trotte avec pesanteur et rarement
bien ; il crottera son cavalier en le fatiguant
beaucoup, tandis que l'animal qu'on doit
pr�f�rer n'a pas besoin de lever beaucoup
les jambes de devant, il suffira qu'il trotte.
ce que nous appelons finement, et pourvu
qu'il ne se coupe pas au boulet, les pieds
-ocr page 297-
2^2,                       MANUEL
de devant, en trottant, ne viendront jamais-
trop proches l'un de l'autre ; un tel cheval
fera de longues courses sans se fatiguer.
Puisque nous en sommes aux allures du
cheval, nous ferons ici une courte disgres�
sion sur les chevaux de selle, et sur les
diff�rentes mani�res que nous avons de les
monter.
Le cheval de selle a trois sortes d'allures
qui lui sont naturelles, le pas de trot et le
galop. Quant � celles qu'on conna�t sous les
d�nominations d'allure , d'entrepas , am-
ble, etc., comme ce sont des d�g�n�rations
des allures naturelles, et qu'elles ne peu-
Vententrerpour riendans l'�purationcoinme
l'am�lioration de nos races de chevaux ,
nous nous abstiendrons d'en parler pour ne
pas r�p�ter ce qui en a �t� dit dans des ou-
vrages beaucoup plus complets que celui-ci.
Au pas , le cheval marche , il court au
trot, et le galop «st une esp�ce de saut
p�riodique que nous appelons aussi Courre.
-ocr page 298-
DES HARAS.                     2^0
Les Fran�ais et les Anglais, au pas, se
laissent porter �-peu-pr�sde la m�me ma-
ni�re; mais les Anglais , au trot, montent
diff�remment que nous. La mani�re des
Anglais est si naturelle, qu'on n'a qu'� met-
tre � cheval un homme qui n'y aura jamais
mont� , il trottera � l'anglaise , � moins qu'il
n'ait point d�triers. Le trot, � l'anglaise, a
le double avantage de m�nager le cheval et
le cavalier, au lieu que la m�me allure, �
la fran�aise , fatigue beaucoup l'un et l'autre.
Les chevaux qu'on ne m�ne qu'au trot � la
fran�aise , s'usent bien plus vite que ceux
qu'on trotte � l'anglaise, par la raison que
la position du cavalier fran�ais, qui est d'a-
voir les �paules en arri�re, l'expose � cha-
que temps de trot � une r�action que les
jarrets du cheval et l'assiette du cavalier
partagent �galement ; tandis qu'� la mani�re
anglaise , celui qui monte , au lieu de pren-
dre son point d'appui sur le coccix, le trou-
vant sur ses �triers, se laisse aller au mou-
vement, dont l'effet est, chaque fois que
le cheval avance la jambe de derri�re pour
-ocr page 299-
2,94                     KAHD�l
remplacer celle qui entame le chemin y
de lui faire lever naturellement le derri�re
qui se remet mollement � sa place , aussi-
t�t que la pouss�e de la hanche , pour por-
ter le cheval en avant, est termin�e. L'as»
sictte � la fran�aise, au contraire , oppose,
comme nous l'avons dit, une r�sistance.
que l'effort du jarret n�anmoins vient �
bout de vaincre ; mais cette partie ne s'en
trouve pas moins fatigu�e , et le cavalier
n'en est que plus mal � son aise.
Plus le cheval a les allures longues et
les reins forts , plus le trot � la fran�aise
est rude : il est m�me des chevaux qu'il
serait impossible de mener au grand trot
une heure de suite sans se fatiguer �ton-
namment. Ceux-l� trottes � l'anglaise sont
les plus doux, et sont ceux en m�me
temps qui font le plus de chemin. Pour
le trot � l'anglaise, il faut qu'un cheval ait
les allures longues , franches et de la
force dans les reins. Les chevaux � join-
tures longues et flexibles avec le rein mou,
-ocr page 300-
DES HARAS                     2!j5
lie pourraient pas �tre trottes � l'anglaise ,
et ne sont pas non plus de r�sistance au
trot.
De m�me qu'il faudrait prendre des An-
glais la mani�re de faire les courses , de
m�me il faudrait crue celui qui n'a qu'un
cheval pour voyager ou pour chasser , le
trou�t a l'anglaise pour le conserver plus
longtemps et se m�nager lui m�me.
Que deux hommes qui auraient l'esto-
mac plein fassent ensemble , sur chacun
un cheval de pareille conformation une
course de cinq � six lieues au trot,.
celui qui montera � la fran�aise aura une
indigestion et m�nera son cheval sut la
paille, tandis que celui qui aura trott� �
l'anglaise , se portera bien et sa monture ne
sera pas plus fatigu�e que lui.
On sait as?ez qu'un fardeau est moins
lourd quand il est bien port� et exacte-
ment � la place qu'il doit occuper. Le ca-
valier qui sait se lier au mouvement du
-ocr page 301-
2.C)6                   MANTE!
cheval , et s'all�ger � propos, soulage sa
monture , la conserve en se m�nageant lui-
m�me , et les fameux huniers de l'Angle-
terre , qui r�sistent � des fatigues extraordi-
naires , dureraient moiti� moins s'ils
�taient mont�s � la fran�aise. La conserva-
tion des chevaux d�pend donc de la ma-
x
ni�re dont on les monte : or, si la fa�on de
monter � clieval des fran�ais a beaucoup
plus de gr�ce et de brillant que la mani�re
anglaise , comme celle-ci a l'avantage
d'�tre plus douce et de m�nager le cheval
et le cavalier, elle doit obtenir "la pr�f�-
rence pour celui qui aime � se conserver.
Les reins du cheval doivent �tre fei-mes,
charnus et d�crire une ligne parall�le avec
l'horizon ; ceux qui sont creux font dire que
le cheval esc enseil� , ce qui pour l'avant
main est un avantage aux d�pens de la
force de l'animai, Un cheval de man�ge un
peu enseil� n'en a que plus de brillant;
mais quoiqu'il donne plus d'avantage �
celui qui le monte , il ne sera jamais
-ocr page 302-
DES HARAS.                     2^7
propre � la course ni m�me � la fatigue , et
Un connaisseur ne le choisira pas non plus
pour �talon, puisqu'une semblable con-
formation est une indice de faiblesse dans
cette partie. Un cheval qui a le dos creux
a toujours beaucoup de ventre et se selie
difficilement , ce qui vous exp>se � une
multitude d'inconv�uiens tr�s - d�sagr�a-
bles ; car � la tension continuelle de la
Croupi�re, pour retenir la selle � sa place,
il est rare que le cheval ne se blesse pas �
la queue , et cette partie ne pouvant plus
alors souffrir la croupi�re , si vous avez �
continuer votre route, toute la charge por-
tera sur le devant de la b�te qui ne man-
quera pas de se blesser sur le garrot, ce
qui la ruettera pour un temps hors de ser-
vice. D'un autre c�t� le cheval venant �
broncher , comme la charge se trouve sur
les �paules , il faut de toute n�cessit� qu'il
Vous tombe sur le corps sans qu'il vous soit
Possible de l'en emp�cher.
Les chevaux qui ont ce que l'on appelle
-ocr page 303-
�98                    MA NU El-
le dos de carpe, p�chent par le contraire
et ne valent pas mieux ; ccnx-l� sont natu-
rellement rudes, et lorsqu'ils viennent �
faire une faute , il est presqu'iinpossible
d'eipp�eher qu'ils ne tombent � cause de
leur position.
L'on n'est point d'accord sur la longueur
que doit proportionnellement avoir un che-
val. Il est pourtant �vident que pour le
man�ge et les �volutions militaires , un
cheval court aura plus d'avantage , mais
un cheval long de reins y pourvu qu'il les
ait forts, embrassera bien plus de terrain,
il aura ar.ss� plus (l'aplomb si ses propor-
tions sont bien exactes.
Les chevaux les plus estim�s en Angle-
terre , sont en g�n�ral lin peu longs ; or
convient-il, dans le choix � faire de che-
vaux pour �talons , de donner la pr�f�-
rence aux derniers sur ceux qui ont plus
d'analogie avec nos chevaux de guerre ?
Certes s'ils sont tous �galement bien cou-
-ocr page 304-
DES II iU: �.                        *.()()
form�s , on ne balancera pas � les faire
entrer dans les haras , puisque dans les
appareil lemens on a�ra la facult� de les
croiser avec des jumens d'une conformation
diff�rente � !a leur, afin de comparer leurs
productions avec Celles o� il y aurait eu
parit� de longueur dans les deux sujets.
Les r�sultats livr�s aux observations cons-
tantes des officiers des haras , doivent na-
turellement nous mener � une am�liora-
tion que nous ne pouvons obtenir qu'�
force de pers�v�rance et de sagacit�.
Il est cependant �-peu-pr�s d�montr�
que la pr�f�rence est due an cheval un peu
long , par une raison physique, c'est que
Celui dont le ventre a moins d'�tendue ,
;vura moins d'haleine et deviendra bien
l'ius t�t poussif, que s'il avait de quoi loger
ses intestins plus � l'aise. Le clieval dont
'es poumons ne seront pas comprim�s par
c°s visc�res cheminera plus librement,
''i comme il respirera avec moins de g�ne,
<1 durera aussi n�cessairement davantage.
-ocr page 305-
300                        MA NUE!
Le ventre doit �tre passablement grand
et pr�senter assez d'�tendue, sans pour-
tant ressembler � celui d'une jument
pleine. Il ne faut pas que la c�te ait en-
ti�rement la forme d'un cerceau, � moins
qu'elle ne soit assez �loign�e des hanches»
pour ne pas comprimer les intestins de
mani�re � g�ner la respiration. La c�te al-
long�e et un peu platte , pourvu que le
ventre soit grand , est celle qu'on doit
choisir surtout pour un cheval de selle qui
en courant aura plus d'avantage pour se
servir de ses hanches.
La croupe , � sa partie sup�rieure, doit
�tre arrondie, en d�crivant une inclinaison
peu sensible vers la queue ; on appelle
croupe-de mulet ee^e partie lorsquV . ~
est avall�e. L'animal � qui ce d�faut re«i9
lacuisseplatte, estsuj�t�secouperaux h�$~
lets de derri�re, tandis que quand la cuisse
est pleine et bien nourrie , le cheval an-
nonce plus de force et de moyens pour r�-
sister � la fatigue. Les �talons qui p�clnvn'
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DES HARAS.                   3oi
«ans cette partie, sont ordinairement moins
VJgoureux que les autres. On a fait la m�me
^«marque � l'�gard des hommes- dont les
cuisses sont trop menues.
Les hanches doivent �tre � une bonne
distance l'une de l'autre, afin que le che-
val �carte beaucoup de derri�re en mar-
chant; car autant dans ses allures il djit
avoir lejs pieds de devant rapproch�s pour
faire une bonne monture , autant par
une raison que nous avons d�j� donn�e, eu
Parlant du cheval de course , il doit �carter
les jambes de derri�re, pourvu toutefois
qu'il ne le fasse pas d'une mani�re souf-
frante.
On pr�f�re un cheval qui a la queue
mince et ferme � celui qui l'a grosse
et dexible ; on a cependant vu de tr�s-
forts chevaux �tre dans ce dernier cas ,
sans avoir pour cela rendu un moins bon
service.
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302                        MANUEL
Nous dirons peu de choses du bras, en
ce qu'il semble faire partie int�grante
de l'�paule , mais nous nous �tendrons
davantage sur la partie qui commence
au coude et finit au genou , c'est l'avant-
bras ; il. doit �tre large , charnu � sa partie
sup�rieure , et ferme � l'endroit o� il s'at-
tache au genou qui ne doit avoir de largeur
qu'en proportion de la jambe, et �tre peu
charnu sur le devant.
Le boulet, dans toutes ses parties, doit
�tre lisse , sans �tre garni de ces longs
poils qui d�notent presque toujours une
nature appauvrie , ou une race d�g�n�r�e.
Toute couleur est bonne pour le boulet,
except� la blanche ou la blonde moins
fonc�e que la robe , dans les chevaux bais
©u alezans , on dit de la derni�re que les
chevaux ont les extr�mit�s lav�es ; ces
sortes de chevaux sont rarement aussi bons
que les autres , surtout si les boulets sont
garnis de ces longs poils dont nous venons
de parle». La couleur blanche de mauvais
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DES HARAS.                     3o3
augure , s'entend des quatre boulets , si
les sabots sont aussi de corne blanche qui
est plus tendre et plus friable que la noire.
Les Anglais disent de pareils chevaux
dont ils ne font pas de cas , qu'ils ont des
bas blancs, whlte stockings. Nous avons
aussi un vieux proverbe fran�ais qui dit,
quatre pieds blancs, quatre francs. Nous
n'aimons pas beaucoup non plus les che-
vaux � face blanche , surtout lorsqu'ils ont
le bout du nez et les l�vres de la m�me
couleur , ce qui fait dire du cheval qu'il
boit dans son blanc.
Les paturons doivent �tre proportionn�s
� la taille ; il n'y aurait point de mal qu'ilp
fussent un peu longs, pourvu que les mus-
cles qui les soutiennent soient assez forts,
pour que la flexibilit� soit � peine aper�ue.
La couronne qui est la partie sup�rieure
du sabot, doit �tre fernie, s�che et sans
prominences.
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304                      MANUEL
Le sabot doit �tre lisse, luisant, del�
couleur approchant d'une pierre � fusil; son
�tendue doit �tre proportionn�e � la taille
du cheval, et pr�senter une base relative
au poids qu'il a � supporter. On recherchait
autrefois un pied petit, mais ind�pen-
damment de ses dispositions � l'encaste-
lure , il en r�sulte que le point d'appui ne
pr�sentant pas assez de surface, l'animal
sera moins s�r de jambes et se fatiguera de
mani�re � perdre ses �paules qu'il peut et
doit conserver , quand le sabot a toute l'�-
tendue qu'il lui faut. Nous renvoyons � la
description des parties qui le composent,
pour �tre convaincu de cette v�rit�. Le
sabot du cheval , ind�pendamment de la
couleur que nous lui avons assign� , doit
encore �tre brillant, uni, sans rides , ni
cercles qui d�notent qu'un cheval a �t�
fourbu. Il faut encore prendre garde que
le talon ne soit ni trop serr� ni trop plat :
le premier menace l'encastelure , le se-
cond annonce des pieds combles , d�fauts
�galement pr�judiciables.
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DE S II ARA S.                    Soi)
La sole doit �tre �paisse, forte; la
fourchette un peu creuse ,;t petite : les ta-
lons doivent avoir afisez d'ouverture pour
loger ais�ment la sole , et en m�me temps
assez de force oour la soutenir de mani�re
a ce qu'elle ne porte pas � terre.
La conservation du chevalet l'agr�ment
qu'on en peut tirer , d�pendent pi us qu'on
ne le ci*oit de la mani�re dont les pieds
sont soign�s : il faut donc apporter la plus
grande attention � ce que le mar�chal qui
est pour le ferrer sache bien son m�tier.
Celui qui a l'habitude de se servir du che-
val , ou qui sait le monter , sentira bien
si l'homme qui l'a ferr� l'a mis � son
aise ou non.
La cuisse doit �tre arrondie et charnue ;
cette conformation, outre la force qu'elle
annonce , fait encore que le cheval mardi e
plus large du derri�re , et emp�che qu'il
ne se donne, en trottant, des coups qui
occasionnent aux jambes des s�rosit�s »
,i3 *
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3o6                      MANUEL
javards tendineux , des eaux et autres ac-
cidens , fort difficiles � gu�rir.
Il faut que le grasset soit large, nerveux
et d�gag� de chair. Le nerf qui s'attache �
la partie sup�rieure de la pointe du jarret
doit �tre tr�s-prononc� et visible � une
certaine distance, afin que le cheval soit
en �tat de r�sister aux efforts que le
jarret peut faire dans une multitude d'oc-
casions.
La pointe du jarret doit �tre perpendi-
culaire avec l'extr�mit� post�rieure du fa~
non. L'excroissance outre nature qui se
manifeste � la partie lat�rale ext�rieure du
bas du jarret s'appelle jardon; et lorsque
par suite d'efforts elle vient � cerner la face
post�rieure du jarret, elle prend, en An-
gleterre , le nom de curb, qui veut dire
gourmette, terme que nous pourrions adop-
ter, puisque nous n'avons pas de mot pour
d�signer ce terrible d�faut. Un cheval, dans
cet �tat, quand m�me il ne boiterait pas j
/
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DES H A R A S.                      3oj
doit �tre consid�r� comme estropi� , et hors
d'�tat de rendre jamais un bon service. Les
�talons qui en sont entach�s , et m�me ceux
auxquels il serait survenu par exc�s de
service ou d�faut de conformation , de-
vraient �tre proscrits des haras, puisque
c'est un des vices les plus f�cheux, et en
m�me temps.le plus universel des chevaux
fran�ais, particuli�rement de ceux, de race
normande.
                                  x
Le jarret doit �tre large, �vid� , sans
chair, et soutenu par des muscles forts et
bien prononc�s. Lorsqu'il se pr�sente � la
partie lat�rale ext�rieure de la jambe , cette
rainure que l'on appelle autrement la gout-
ti�re , large d'un demi-doigt, le jarret ne
laisse rien � d�sirer, lorsque surtout les
�parvins sont bien effac�s et parfaitement
�gaux ; mais cette perfection ne se rencon-
tre gu�re � un degr� �minent que dans les
chevaux d'Arabie , et quelques - uns de
pur sang d'Angleterre qui sortent de race
arabe.
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3o8                      MANUEL
Nous pourrions faire ici l'�num�ratioir
de tentes les tares qui g�nent, et trop sou-
vent paralysent l'action du jarret et des au-
t es parties des extr�mit�s ; mais comme
elle n'apprendrait pas encore � les bien
conna�tre, et qu'on pourrait la prendre
pour une critique do quelques �talons dont
le public est engou� , il vaut mieux la pas-
ser sous silence, et attendre que quelques
victimes d'une partialit� d'opinion aient
appris , � leurs d�pens, le danger qu'il j a
de passer trop l�g�rement sur ce que la
nature en principe a rendu d�fectueux.
Ce qu'il y a de positif, c'est que les tares
aux jarrets et ailleurs, sont ou de naissance,
et par cons�quent h�r�ditaires, ou simple-
ment accidentelles ; que les premiers doi-
vent faire exclure sans retour , des haras ,
ttHB>s les animaux qui en sont vici�s; que les
autres qui sont cens�es provenir d'efforts ou
de coups, sans �tre tout-�-fait aussi dan-
gereuses , sont n�anmoins tr�s-suspectes ,
puisqu'il ne doit jamais rien sortir � un^
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DES HARAS.                      3o<)
partie bien conform�e; et que comme il
est presqu'impossibl� de conna�tre poski�
Vement ce qui aurait donn� lieu � mie taie
qu'on dit accidentelle , le plus prudent est
de rejeter comme �talons ou poulini�res
qu'on destine � faire race, tous les animaux
qui auraient la moindre chose a refaire.
Un fameux naturaliste anglais, duquel
nous avons emprunt� une multitude d'ex-
cellentes choses, relativement aux chevaux
de son pays, donne aux tares une raison
physique que le bon sens r�prouve. Lors-
que la nature, dit-il , aper�oit dans un
sujet quelques points faibles, elle s'efforce
d'y suppl�er , en faisant passer des parties
qui les avoisinent une liqueur ou corps
qui les fortifient; de-l� vient, continue-t il,
ces �panchemens qui forment les tares. Il
croit mal � propos que lorsqu'elles ont ac-
quis assez de consistance pour faire corps
avec l'os, la partie n'en devient que plus
forte, tandis que la raison nous indique
que ces calus, enfans de la faiblesse, tou-
-ocr page 315-
3lO                       MANUEL
jours occasionn�s par des efforts, s'ils ne
sont pas tout-�-fait-des vices h�r�ditaires,
paralysent au moins les articulations , et la
confusion de toutes les parties fait que le
cheval en demeure estropi�.
La m�decine v�t�rinaire en France a
cependant prouv� , depuis quelques temps,
que des frictions faites avec l'onguent �pis�
pastique , faisaient dispara�tre enti�rement
les caplets ou passe campagnes , pouvu
qu'ils fussent r�cens , et modifiaient le vo-
lume de la courbe , des �parvins et m�me
des jardons les plus inv�t�r�s. Les Anglais
ont aussi une multitude de recettes � cet
effet; mais comme ces rem�des n'op�rent
pas une gu�rison absolue, on fera bien, eu
choisissant un cheval entier pour �talon,
de ne lui rien passer de d�fectueux , sur-
tout dans ses jarrets qui sont la base fonda-
mentale de sa solidit�.
Nous terminerons cet article en disant
que les paturons doivent �tre forts en pro-
i
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BES HARAS.                    3ll
Portion de la taille du cheval. Lorsqu'ils
c�dent trop facilement sous le poids du
Corps de l'anima1, ses allures , il est vrai ,
s°Bt plus douces , mais il a moins de r�-
sistance. Ces chevaux s'appellent longs ,
jointes et se fatiguent ais�ment : on appelle
court jointes , ceux qui p�chent par le
d�faut contraire. Ces derniers sont sujets
a devenir boulet�s par un travail trop fort.
En cela , comme en bien des occasions,
la moyenne proportionnelle est ce que la
sagesse nous conseille d'adopter.
Maintenant que nous avons parcouru ce
qui est relatif � la beaut�, ou plut�t � la
bonne conformation du cheval , nous par-
lerons de la mani�re d'en faire l'acquisition,
pour dire en suite un mot sur les haras
sauvages , et sur la possibilit� d'�lever en
France , � tr�s-peu de frais, une multitude
de chevaux qui nous seraient d'un grand
secours , tant pour la remonte de notre
cayalene , que pour le commerce et les
^avaux de la campagne,
-ocr page 317-
3l2
MANUEL
CHAPITRE XXIII.
Mani�re de faire VAcquisition du
Cheval.
L'acquisition du cheval pr�sente tant de
difficult�s, que les pr�cautions les plus
grandes que nous pourrions conseiller de
prendre n'apprendraient pas encore � la
bien faire, si celui qui en sera charg� ne
joint pas � la connaissance parfaite du
cheval le talent de savoir le monter. C'est
donc � l'homme de cheval que nous con-
sacrons cet article , pour qu'il voye si sa
m�thode de l'examiner et de l'essayer est
conforme � la n�tre.
Lorsque vous voulez faire l'acquisition
d'un cheval, ce n'est jamais celui qui von*
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D�S HARAS.                  3l3
le vend que vous devez consulter: t�chez
an contraire de vous introduire dans l'�-
curie avant que l'animal ait �t� tourment�
par son ma�tre, qui croit en l'inqui�tant
lui donner une plus belle apparence.
Il y a un proverbe anglais qui dit : Buj-
the devil and sell dcvil,
si tu as achet� le
diable, vends le diable. Or, comme un
marchand ach�te toutes sortes de chevaux,
s'il s'est laiss� attraper, ce qui lui arrive
assez souvent, il ne se fera pas de scru-
pule de vous attraper � son tour ; c'est
pour cette raison qu'il ne faut jamais de-
mander son avis. Au surplus, celui qui a
besoin de conseils pour une semblable ac-
quisition n'est pas en �tat de la faire.
L'acqu�reur doit toujours s'attacher � un
Poil d�cid�. Les extr�mit�s blanches ou
"londes , aux chevaux bais ou alezans ,
proviennent assez ordinairement de ce que
l'animal sort d'une race faible ou en d�g�-
14
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3 14                       M A N U E t,
n�ration. Un cheval bai qui aies extr�mit�s
noires , et le cheval alezan qui les aurait
plus fonc�es que la robe m�ritent La pr�f�-
rence. On ne doit estimer dans aucun cas
un cheval aui a la corne blanche , pour les
^lisons que nous avons d�j� donn�es pr�-
c�demment dans cet �crit.
On doit demander dans tin cheval qu'il
tut le regard assur� , et qu'il soit plant�
bien verticalement sur quatre belles jambes,
sans changer de position. A.pr�s l'avoir
examin� dans cette altitude, sans le tou-
cher, vous faites attention s'il ne t�moigne
pas d'inqui�tude en le faisant remuer dans
sa place avec le fouet : vous observez s'il
fait ce mouvement avec douceur, sans ser-
rer ni remuer sa queue ; s'il se tient en
suite en place et vous regarde sans effroi ,
c'est une marque qu'il aura de la docilit� ;
si au contraire il se retourne avec vivacit�
et crainte , qu'il se frappe les jarrets contre
la stalle ou la barre, comme aussi s'il serre
la queue en l'agitant, vous devez appr�-
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DES HAUAS.                  31 li
brader qu'il ne soit pas de bonne nature ,
ou qu'il ait �t� mal commenc�.
Prenez garde en suite comme il se tient
dans sa place , son devant doit vous para�-
tre serr�, son derri�re tr�s - ouvert. Plus
l'�curie ira en pente du c�t� de la croupe,
plus cette remarque sera apparente. �Tc
croyez pas juger � la vue d'un clic val qui
se coupe , le marchand ne vous le pr�sen-
tera jamais que le poil ne soit repouss� �
l'endroit malade.
les Anglais ont assez l'habitude de faire
�ter la liti�re de dessous le cheval, et de
le laisser cinq ou six minutes sur le pav�.
Ils pr�tendent pouvoir juger au mouve-
ment fr�quent de l'animal s'il n'a pas les
pieds doulo ureux. Cette remarque n'est
cependant pas s�re , car le mal pourrait
�tre �galement dans les �paules , et pr�-
senter les m�mes indices : c'est � celui qui
montera le cheval, � juger si le si�ge de
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3l6                         MANU E I,
la douleur est plut�t dans les �paules qu'�
la base des extr�mit�s.
Beaucoup de chevaux sont jug�s n'avoir
pas les �paules bonnes, s'ils n'ont que les
pieds en mauvais �tat, l'examen de celte
derni�re partie vous apprendra � quoi vous
en tenir � ce sujet.
la libert� des �paules se juge d'une
mani�re infaillible au galop du cheval,
comme on reconna�t la bont� de son pied
en le menant au pas et au trot, particuli�-
rement sur le pav�. Quelques personnes
jugent encore mieux un cheval en l'�coutant
trotter et galopper sur un terrain dur ou
sur le pav� ; mais il faut �tre fort, et avoir
l'oreille bien exerc�e pour ne pas s'y
tromper.
Lorsque vous avez bien examin� le
cheval vous entrez dans sa place ; apr�s
l'avoir averti en lui parlant , vous vous
assurez, avec la main, si le garrot n'est pa*
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DES HARAS.                   3lJ
trop charnu , si la chair en est ferme; vous
glissez votre main sur l'avant-hras, en la
passant sur le plis du genou, pour vous
assurer s'il n'y aurait pas de malandres ;
vous t�tez aussi le genou, en prenant garde
surtout � la configuration du poil qui vous
indique s'il n'a pas �t� couronn� ; apr�s quoi
vous vous assurez si le canon est suffisam-
ment large , Je nerf tendu et hien d�tach� ;
s'il n'y aurait pas sur la surface post�rieure,
vers le milieu, un peu plus d'�paisseur, ce
qui d�note que le cheval aurait eu un coup
sur le nerf. Cette grosseur, qui n'est quel-
quefois pas plus volumineuse qu'une f�ve
applatie , annonce n�anmoins qu'il y a eu
solution de continuit� et �panchement de
fluide nerveux. Cet accident, que �e travail
fait augmenter plut�t que diminuer, rendra
a la fin la cheval boiteux et par cons�quent
le mettra hors de service.
A l'examen que vous ferez du canon ,
vous prendrez garde encore qu'il n'y
*u pas de sur - os , quoique beaucoup
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3l8                        HAHUEl
de jeunes chevaux en aient : yons fa�tes
surtout attention si le sur-os ne g�ne pas
le mouvement du nerf, il y'en a m�me
qui font boiter le chevr.i , mais cela est
assez rare. Le i-mr-os, toujours ; ccasioffn�
pas m: coup, est form� d'un �puncheraenJ
du suc osseux , d'apr�s une l�sion du p�-
rioste , il se dissipe en vieillissant.
Quand vous avez fini l'examen du canon
de la jambe , vous continuez de faire tou-
jours avec la main la m�me op�ration �
l'�gard du boulet, en faisant, attention s'il
ne se trouve pas des apophises molles pla-
c�es sur la partie lat�rale ext�rieure , on
les appelle mollettes , elles proviennent
ordinairement de fatigue. Lorsqu'il n'y en
a qu'en dehors, elles sont peu dangereuses;
mais s'il n'y en a �galement en dedans , ■
faut se montrer plus difficile; celles - la
s'appellent mollettes chevill�es , et quoi-
qu'elles ne soient pas � beaucoup p1"''3
aussi f�cheuses que celles qui paraissent
en-dessus et plus en arri�re du boulet.» >
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DES HARAS.                     3lC)
faut voir si le cheval n'en boite pas. Pou-
ces derni�res , qu'on appelle nerveuses ,
elles estropient le cheval ; il n'y a de re-
ni�de que le feu qui, apr�s avoir fait son
effet, n'emp�c�ie pas le cheval de va-
loir encore quelque chose et de rendre uu
'bon service , il perd n�anmoins beaucoup
de sa valeur , et ne doit �tre pris que pour
ce qu'il vaut.
Vous levez ensuite le pied du cheval,
autant pour vous assurer s'il n'est pas m�-
^ chant que pour examiner la forme du pied,
la couleur de la corne ; vous voyez si elle
est lisse, sans bourrelets ni scissures; si
les talons ne sont pas trop serr�s, ce qui
d�note l'encastelure , comme les cercles
font conna�tre que le cheval a �t� fourbu ;
trop flasques , ce qui indique des pieds
phus , ou trop gros, ce qui annonce que'le
cheval sera lourd. Vous vous assurez s'il
11 7 a ni bleimes ni seimes au sabot; si le
pou de la eonronne couvre bien la partie
p�r�e�r� du sabot, dans toute son �ten-
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320                            MANUEL x
d::c ; si la peau est bien ferme , et s'il
n'y a point quelque pro�minence � la partie
sup�rieure de la couronne. On appelle cet(#
grosseur, qui vient plus particuli�rement
aux pieds de devant, forme ; elle vient �
la suite d'un coup ou d'un effort de l'os
coronaire, elle estropie le cheval eu peu
s'en faut.
Dans un �talon, bien que la forme
vienne comme nous venons de le dire d'un
coup ou d'un effort, elle est presque tou-
jours h�r�ditaire. La jument poulini�re la
communique aussi tr�s-souvent � sa suite ,
ce qui s'explique par la d�bilit� de celte
partie de la jambe du cheval, et les dispo-
          V
sitions qu'elle avait � une maladie que le
moindre effort peut d�velopper.
Il en est ainsi des autres tares qui
toutes fdles de la faiblesse des parties o�
on les voit �clorc, quand elles ne sont
pas de naissance , se manifestent au plus
petit effort, et se propagent par le vice d«
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DES HARAS.                   3ai
conformation qui en renferme les germes,
l'eut-on en cons�quence se montrer trop
difficile sur des d�fauts qu'on peut consid�-
rer comme l'�teignoir de toute am�liora-
tion , s'ils n'en sont pas la peste , et doit-on
penser , lorsqu'on voit des �talons �-peu-
pr�s sains, faire des poulains tar�s, que des
�talons d�j� tar�s peuvent produire des
chevaux sains ? Des exemples sans nombre
pourraient �tre cit�s � l'appui de cette as-
sertion ; mais comme ils ne serviraient que
faiblement � nous corriger , nous aban-
donnerons � l'exp�rience la i&clie p�nible
de le faire.
Un endroit molasse et difforme � la
partie sup�rieure du sabot, vous indiquera
que le cheval a eu un javard, ou quelque
atteinte dangereuse qui pourtant ne doit
pas vous emp�cher de l'acheter , si la ci-
catrice est bien faite et que le cheval n'en
soit pas boiteux.
Vous passez ensuite � l'examen des
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322                     MANUEL
reins qui doivent �tre flexibles , quand en
�cartant les doigts vous appuyez en pin-
�ant cette partie. En g�n�ral un cheval qui
ne r�pond pas , peut �tre malade ou avoir
des dispositions a l'immobilit�, mais
comme ce vice est un cas r�dhibitoire, et
que l'acqu�reur a neuf jours de garantie,
ou y fait moins d'attention. Les autres cas
r�dhibito�res , nous le dirons en passant,
sont, en justice r�gl�e , la courbature , la
pousse, le tic et la morve, pour lesquels
on a ordinairement vingt-neuf jours.
Il est un sixi�me vice qui n'est encore
bien connu que dans la ci-devant Norman-
die , et qui pourrait bien lui �tre parties- f
lier, c'est le cornage ou sifflage , maladie
funeste qui, si l'on n'y prend garde , me-
nace d'empoisonner toute la France. Er�e
�tait rare dans le d�partement de l'Orne ,
elle y est maintenant commune ; mais
c'est dans le Calvados , la Manche et
l'Eure qu'elle a fait des progr�s effrayaiis.
Ce vice qui a �t� mis au nombre des ca*
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DES H A R A S.                    323
redhibitoires pour les marchands de che-
vaux de Paris seulement, ne l'est pas pour
Un particulier qui a achet� un cheval cor�
Pard dans le pays : cependant les cons�-
quent "s en sonl telles que fe cheval qui en
est atteint n'est pins propre � accn.se es�
p�ce de service , mais malheureusement
on en peut faire un �talon et c'est assez l�
sa destination. Or , comme il est reconnu
que ce vice est h�r�ditaire , puisqu'on a
Vu des poulains corner sous la m�re , ne
faudrait-il pas que tous tes chevaux cor-
nants fussent coup�s sans mis�ricorde ?
On a dit, mal � propos, qu'une pareille
mesure blessait' les int�r�ts des particu-
liers , que c'�tait un attentat contre les pro-
pri�t�s. Est-ce donc attenter aux propri�t�s
que d'emp�cher qu'un vice aussi pr�judi-
ciable ne se propag-e dans un pays o� l'�-
l�ve des chevaux est une des principales
branches de notre commerce ? ~Ne sait-on
pas d'ailleurs qu'un cheval �mascul� ne
perd que la facult� de se reproduire, sans
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324                        M A K TJ E 1
cesser d'�tre propre � tout autre servi»*"
auquel on peut l'employer.
Ona dit encore que les vendeurs souffrent
volontiers qu'on s'assure si le ckeval
corne, et que par cons�quent on pouvait
l'essayer : mais peut on le faire avec succ�s
dans une foire o� les chevaux sont les uns
sur les autres ? Ces essais , d'un autre
c�t� , sont si pr�caires et si peu certains,
qu'il y a des chevaux qui malgr� le plus
violent exercice , dans un moment, m
corneront pas m�me au bout d'une demi-
heure , tandis que dans un autre le cor-
nage se manifeste d�s les premiers pas
qu'ils font. Nous n'en avons malheureuse-
ment que trop d'exemples ! Et comme le
gouvernement, dans les achats qu'il fait
faire , tant pour les haras que pour sa ca-
valerie , est particuli�rement victime de
cette maladie , ne pourrait-il pas accord�e
une r�compense � celui qui lui ferait an
m�moire qui , en pr�cisant les signes ca-
ract�ristiques du coruage , apprendrait U
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DES HARAS.                    325.
Mani�re infaillible de le juger, puisqu'il
est �-peu-pr�s reconnu que cette maladie
est incurable.
Nous avons remarqu� que les chevaux �
front �troit, � t�te longue, busqu�e et
dont les os de la ganache rentrent en de-
dans , de mani�re � comprimer le gosier ,
�taient plus sujets au cornage que ceux
qui ont la t�te courte , carr�e , le front
large et le dessous de la ganache tr�s-ou-
Vert. Est-il d� � la mauvaise conformation
de la t�te , ou est-ce , comme on l'a cru
jusqu'� pr�sent, une maladie de la trach�e-
art�re ?
Cette disgression que nous avous cru
devoir placer ici , a cause de son impor-
tance dans l'acquisition du cheval , nous
a un peu �cart� de notre sujet, que nous
allons reprendre � la suite de l'examen des
reins.
Apr�s donc avoir examin� si les reins
-ocr page 331-
326                         MANUEL
sont bien unis et assez larges , s'ils vous
paraissant forts , vous consid�rez la forme
de la croupe qui doit �tre faiblement ar-
rondie � sa partie sup�rieure : vous voyez
en m�me temps si la queue est bien atta-
ch�e : en faisant ensuite , � l'�il, l'inspec-
tion g�n�rale du corps du cheval , vous
faites attention si le thorax ou la poitrine
n'est point comprim� par la partie inf�-
rieure de l'�paule ; si les c�tes et le ventre
r�pondent � la description que nous en
avons faite. Si c'est un ch�Vat entier, vous
regardez si le fourreau est bien pendu , si
les testicules sont bien attach�s , s'ils ne
sont point trop gros. Il faut observer que
les chevaux d'Espagne les ont plus volu-
mineux , sans cependant qu'il en r�sulte
aucun inconv�nient. Les chevaux barbes ,
les ont aussi plus pendants que les chevaux
anglais et fran�ais, mais moins gros que
les espagnols.
Vous voyez en m�me temps si la cuisse
est pleiue en dedans, lisse et unie � Texte-
-ocr page 332-
DES II A II A S.                    3^7
�"leur: si le muscle du grasset vous para�t fort;
si le jarret est �vid�, large, et pr�sente
la perpendiculaire dont nous avons parl�,
si le nerf est bien d�tach� et sans roideur ;
s'il n'y a ni vessigons , ni capiets , ni jar-
dons , ni courbes , ni varices , ni �par-
vins de b�uf, ni �parvins osseux, toutes
lares apparentes et plus ou moins pr�judi-
ciables. Les �parvins secs , qui ne sont pas
les moins dangereux, ne s'aper�oivent or-
dinairement qu'en marchant , lorsque le
cheval harpe ou autrement retrousse.
Pour les solandres qui sont des ger�ures
au pli du jarret, elles se voyent assez fa-
cilement ; elles sont aux jambes de der-
ri�re ce que les malandres sont � celles
de devant. Le reste, comme les mollettes
chevill�es ou nerveuses aux boulets de
derri�re , crevasses , eaux dans les pa-
turons ; formes , javards , seimes , blei-
Uies, avalures , encastelure, pieds plats,
^e sont pas difficiles � apercevoir , il ne
*aut qu'avoir l'�il un peu exerc� � la r�-
-ocr page 333-
32,8                      MANUEL
serve cependant de la bleime qui ne st
d�couvre qu'en voyant parer le pied. C'est
une sorte de meurtrissure qui ne de-
mande que des soins , elle n'est pas diffi-
cile � gu�rir.
Il ne yous restera plus � examiner que
la t�te , l'encolure et le poitrail, vous
commencez si vous voulez parles oreilles;
en prenant garde comme le clieval les place ,
vous pouvez d�j� former quelques conjec-
tures sur la vue de l'animal, car si dans
l'�curie il ne les a jamais droites en-
semble , et qu'il y en ait alternativement
toujours un en avant, tandis que l'autre est
en arri�re , et si, en le voyant marcher,
vous remarquez le m�me mouvement ,
m�fiez vous de sa vue ; examinez bien le
cheval , car la vue mauvaise n'est pas
un cas r�dhibitoire.
Vous prenez garde que les glandes qui
sont derri�re les oreilles, en descendant
vers l'endroit ou le gosier passe dans la
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SES II A R A 3.                    32CJ
ganache , ne soient pas trop grosses et
gonfl�es , ce qui d�noterait que le cheval
aurait pris une fra�cheur dont il r�sulterait
que toutes les glandes seraient engor-
g�es , et l'animal pourrait tousser et m�me
jeter.
Vous passez ensuite la main sous la ga-
nache , autant pour voir si les deux os
sont assez ouverts , afin que le cheval en
courant puisse respirer � l'aise , que pour
vous assurer s'il n'y aurait pas quelques
petites glandes soit adh�rentes soit mobiles.
Celles qui sont adh�rentes , quelque -pe-
tites qu'elles soient , sont toujours dange-
reuses , surtout lorsqu'en les pressant
le cheval montre de la sensibilit�. Il est
encore bon , dans ce cas , de consid�rer
l'�ge du cheval, et croire qu'au dessus de
cinq ans le cheval gland� finit toujours
par devenir morveux.
Comme pour voir l'�ge du cheval vous
lui ouvrez la bouche, vous devez, pendanj
14
-ocr page 335-
' 33o                     M A N V EL
que vous y �tes, faire attention comme
l'ensemble en est fait, si le cheval n'a pas
les l�vres trop �paisses, les barres char-
nues et cicatris�es , ce qui d�note qu'il a
une mauvaise bouche; si surtout les pinces
sont tranchantes et dans leur �tat naturel,
car si vous les trouvez obtuses et rong�es ,
vous avez un indice que le cheval tique ,
ce qui cesse d'�tre un cas r�dhibitoire ,
lorsque les dents sont endommag�es. Ce
vice est d'autant plus dangereux qu'il se
communique � la g�n�ration du cheval, et
qu'il s'apprend par celui qu'on aurait mis �
l'�curie � c�t� d'un tiqueur.
Les boutons sur la peau, lorsqu'ils se
suivent en forme de chapelet ou corde,
sont toujours des marques de farcin. Quoi-
qu'il en vienne partout., ceux qui parais-
sent au derri�re sont beaucoup plus dange-
reux qu'au devant : le plus mauvais endroit
est le plat de la cuisse en dedans ; lorsque
la maladie est au-dessous du jarret, elle est
incurable,
-ocr page 336-
DES IIA8 A S.                    33t
"L'examen de l'�il est ce qu'il y a de
pins di!��cile. JNTous emprunterons du Par^
fait Mar�chal
, de M. de Garsault, la pra \
tique pour en d�couvrir les d�fauts.
« On ne peut bien, dit-il, examiner les
» yeux qu'en se portant en face du clieval,
r> qui sera plac� de mani�re � ce qu'il y
» ait de l'obscurit� derri�re et au-dessus
» des yeux. Pour cet effet, on met le chc-
» val � la porte d'une �curie, se tenant en
» deliors, vis-�-vis, on voit chaque, �il
» par son c�t�, afin que la vue du regar-
» dant perce � travers l'�il du cheval, vous
» risquez de vous tromper en vous y prc-
» nant de toute autre mani�re, comme de
» vous mirer dans l'�il pour voir s'il rend
» exactement votre figure ; ci* un mauvais
s �il vous repr�sentera mieux qu'un bon ,
» ou de passer votre main devant l'�il pour
>i voir si le cheval le fermera, ou enfui
■» pousser votre doigt vis-�-vis, comme
» pour crever Poeil; car, dans l'un et l'an ire-
j» cas, le vent que fera votre main pourra
-ocr page 337-
33s                     M A Kt'EJ,
^ lui faire clignotter l'�il, quand m�me il
» serait aveugle.
» Les yeux ont une figure ovale ou spb�-
» riqxic : leur situation est assez connue ; il
» faut, dit M. Lafosse, qu'ils soient bril-
n lans, et que leur mouvement soit fr�-
v quent.
» Cet organe , dit M. Garsault, est sujet
d a plusieurs infirmit�s , ou d�fauts qui
�;> sont plus ou moins � craindre. Le moin-
>i dre de ces d�fauts ne laisse pas que de
y> diminuer le prix des chevaux.
» i°. Il j a des poils qui passent pour
» �tre plus sujets � la vue faible que les
y>. autres, comme gris sale, �tourneau,
y> fleur de p�cher et rouan;
» 2,°. Dans le temps que les poulains
» changent leurs dents de lait, particuli�-
» rement les coins , et aussi lorsque les
s crochets poussent, la vue devient trouble
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DES HARAS.                  333
» � quelques - uns ; ils peuvent devenir
» borgnes ou m�me aveugles , mais sou-
» vent aussi la vue se racommode ;
» 3". Les prunelles petites , longues
« et �troites , se g�tent plut�t que les
» autres ;
» 4°. Un cercle blanc autour de l'�il
» est un signe douteux de mauvaise vue,
» car il y a des chevaux qui , avec des
» cercles blancs , ont cependant la vue
» bonne : on les appelle verrons ;
» 5°. Lorsque l'on voit �a prunelle d'un
» blanc verd�tre transparent, on dit que
» le cheval a un cul de verre dans l'�il,
>> que cet �il ne vaut rien; m«S comme le
» reflet d'objets blancs contre une muraille
*   pourrait faire voir cette couleur dans
» l'�il, il faut regarder celui qu'on soup-
» conne d'avoir ce mal en plusieurs places;
*   et si le d�faut subsiste, vous conclure*
» que le cheval a un cul de verre j
-ocr page 339-
334                    M a n u e i
i> 6". La vitre trouble est s�rement mau~
y> vaise ; il faut qu'elle soit claire et trans-
» parente comme du cristal, car on doit
» voir � travers, et y distinguer deux ta-
n eues noires, comme si c'�tait deux grains
» de suie qui sont au-dessous du trou de
» la prunelle ;
» 70. La vitre rouge�tre , vise au luna-
» tique ou � l'�il fluxionaire ;
» 8°. La vitre feuille morte par le bas .
�» trouble par le baut, ou les yeux enfl�s
» pleurant des larmes noires et ebaudes ,
» sont une marque infaillible que le cl.c-
» val est lunatique, ayant actuellement la
» fluxion ;
» 9°. L'�il noir et brun dans le fond , et
■» la vitre trouble, marque un cbeval luna-
» tique , ayant actuellement la fluxion ;
■» io°. Un �il plus petit crue l'autre , est
-ocr page 340-
DES HARAS.                    335
» une mauvaise disposition qui d�note la
» fluxion ;
» ii°. Enfin ,■ une taclie blanche au fond
» de la prunelle, quelque petite qu'elle
» soit, s'appelle Dragon, elle est incura-
» ble ».
Il r�sulte de toutes ces remarques, qu'il
faut avoir bien de l'habitude pour ne pas
s'y tromper, et qu'il ne faut pas non plus
d�daigner celles dont nous avons parl� re-
lativement aux oreilles du cheval ; comme
aussi lorsqu'on marchant il l�ve les jam-
bes plus haut qu'il ne devrait, on saura
qu'il faut j faire la plus grande attention.
Ce que nous venons de dire , n'est que la
premi�re partie de l'examen que vous aviez
a faire : vous avez pu juger le cheval en
place, vous devez alors le faire marcher,
et trotter � la main pour voir comme il
place ses jambes au pas et au ttot, et for-
mer yos conjectures sur les qualit�s bon-
-ocr page 341-
336                      MAKUEt
n�s ou mauvaises qu'il doit avoir en \e
montant.
Vous pouvez, si vous voulez, commen-
cer par le faire reculer deux ou trois pas ,
pour voir s'il n'aurait pas quelques disposi-
tions � l'immobilit� , ou s'il ne serait pas
d�j� affect� de cette maladie , ce qui ne
serait pas difficile � juger , puisqu'un che-
val qui est immobile ne recule pas. Celui
qui a eu un effort dans les reins , ne recule
pas non plus, ou le fait difficilement; car
bien que l'immobilit� soit comme nous l'a-
vons dit un cas r�dbibitoire , il vaut encore
mieux s'en �tre aper�u avant que d'avoir
achet� le cheval.
Pour voir marcher le cheval, d'abord au
pas, vous vous placez directement derri�re
lui, afin de voir si ses pieds d�crivent une
ligne droite, en faisant attention que les
jambes de devant soient beaucoup plus
rapproch�es l'une de l'autre que celles 6
derri�re. Le cheval dont les pieds de dcvant
-ocr page 342-
DES HARAS.                  337
Sont plac�s, la pointe du sabot un peu en
dehors, soit dans l'�curie, soit en marchant,
s'appelle panard ; lorsqu'il s'appuie plus
sur la pince des pieds de derri�re que sur
le talon, oa dit qu'il est pin�ard. Les che««
vaux affect�s de ces d�fauts ne durent pas
long-temps , et ne sont pas propres � faire
des �talons. L'animal qui en trottant l�ve
trop les jambes, s'appelle avoir du mouve-
ment ; si au contraire il ne les l�ve pas
assez , et que la pince arrive la premi�re
� terre , on nomme cela piquer, ce qui fait
qu'un pareil cheval est sujet � broncher.
Timbalier se dit d'un cheval qui en levant
beaucoup les jambes de devant, en jette les
extr�mit�s en dehors , de mani�re � vous
faire voir de c�t� toute la surface du fer :
c'est ce qu'on reproche aux chevaux de
Hollande, et la plupart de ceux qui ont les
pieds larges et plats sont entach�s 4e ce
d�faut.
Le cheval , au pas , doit entamer le
chemin avec libert� , franchise et assu-»
i5
-ocr page 343-
o��                       M A V V E t
rance ; lorsqu'il place bien la jambe � ce�W
allure, il. est rare qu'il ne la place pas �ga-
lement bien au galop.
Un clieval ne saurait avoir le pas trop
allong� , pourvu que l'arri�re-main suive
bien sur la m�me ligne , et que cette partie
qui doit �tre plus �cart�e que le devant, ait
une direction exactement verticale.
Les chevaux qui marchent le mieux, sont
ceux dont le pied de derri�re vient occuper
I la moiti� au moins de la place , que le
sabot de devant a quitt�e. Une marche va-
cillante de derri�re , annonce de la faiblesse
dans les reins , dans les hanches ou dans les
jarrets : il faut cependant avoir �gard � l'�ge
du cheval, quoique, lorsqu'il est de bonne
esp�ce, ses mouvemens sont toujours en
harmonie.
Lorsqu'il s'agit de faire aller le cheval
au trot, il faut, autant qu'on le peut, Ie
mettre sur le pav� ou au moins sur le dur .
-ocr page 344-
«ES HARAS.                    33o,
tant pour vous assurer s'il ne boite pas , que
pour voir s'il n'aurait pas les pieds sensi-
bles. Il ne faut pas que celui qui vous le
montre, le presse , afin que vous puissiez,
� la longueur de ses allures , conjecturer
de quelle mani�re approchant il devra ga~
lopper.
Le bruit qu'un cheval fait en trottant
d�c�le la pesanteur ; celui qui trottei'a
comme une dine , les sabots de devant
rapproch�s et ceux de derri�re �cart�s ',
near before and wide bchlnd,
disent les
Anglais, sera bon et l�ger.
Il es^ n�cessaire aussi de vous pr�munir
contre le bien que le marchand vous dira
de son cheval; car il ne vous parlera ja-
mais de celui qui est de d�faite : Good
ware sells itself,
la bonne marchandise se
Vend toute seule : il ne vous fera-l'�loge
que de celui qui l'embarrasse ; mais vous
devez vous en rapporter � vos connais-
sances , et croire que l'animal que vous
-ocr page 345-
840                     HAKUfit,
avez sous les yeux a une-multitude do
d�fauts que vous devez vous efforcer de
d�couvrir.
R�gle g�n�rale : Lorsque vous vous li-
vrez trop � l'admiration des beaut�s qui
vous frappent, ce que le marchand ne
manque jamais de vous faire remarquer,
en vous faisant des complimens sur votre
sagacit�, vous �tes bien pr�s de ne pas vous
apercevoir des d�fauts du cheval.
M�fiez - vous surtout de la promptitude
que celui qui tient le cheval met � le faire
placer � l'autre main, et lorsque le ven-
deur cherche � vous occuper des beaut�s
du devant de l'animal, examinez bien l'art
ri�re-main, et vous j trouverez infailli-
blement quelques d�fauts.
Les bons chevaux sont si rares , que
celui qui veut passer pour connaisseur pour-
rail prendre, pour les juger, le conseil q"e
le grand Corneille donnait � Richelieu, qltJ
-ocr page 346-
SES HARAS.                  341
lui demandait ce qu'il fallait faire pour se
donner une r�putation de connaisseur en
po�sie. « Monseigneur , dites toujours que
les vers sont mauvais , et sur cent fois vous
Qe vous tromperez pas dix. »
Cette deuxi�me partie de l'examen dit
cheval , n'est encore avec la premi�re
qu'une modique portion de ce qu'il vous
faut, pour que vous soyez content de votre
acquisition; c'est-�-dire , que ne connais-
sant que l'ext�rieur de l'animal qui ne fait
pas la moiti� de ce qui constitue un cheval
tel qu'il faudrait que tous vos �talons fus-
sent , vous devez chercher � conna�tre son
moral, et voir si son courage, sa force , sa
bonne volont� et l'uni de ses allures, sont
bien en rapport avec ce que vous avez re-
marqu� , pour ne pas �tre dupe de la s�-
duction d'une belle apparence. C'est l� o�
le talent d'un bon �cuyer devient indispen-
sable. En effet, comme on go�te un beau
«tut qui s�duit par l'apparence , afin d'en
conna�tre la saveur : de m�me on doit
-ocr page 347-
3/f2                         MANUEL
�prouver, si le cheval poss�de dans ses al-
lures la finesse , l'aplomb et la l�g�ret� que
sa conformai ion semble promettre, et juger,
par le moins , du plus qu'il sera en �tat de
faire ; car il n'est pas n�cessaire que "celui
qui monte le cheval reste deux heures
dessus pour s'apercevoir s'il est bon ou
mauvais, puisque s'il ne l'a pas jug� eu
cinq minutes , il ne le jugera de sa vie.
Lors donc que le cheval vous aura paru
marcher et trotter � votre fantaisie , vous
l'enfourchez avec les pr�cautions relatives
� son �ge et aux dispositions qu'il aura
manifest�es; car il ne faut pas croire que tous
les chevaux doivent �tre mont�s et conduits
de la m�me mani�re ; il est au contraire
une multitude de nuances que l'homme de
cheval seul peut saisir, et dont il se sert
pour �tudier le caract�re de l'anima] qu'il
cherche � conna�tre.
Lorsque vous �tes sur la b�te, si v'!S
voulez �tre plus s�r de votre fuit, d�mandez
-ocr page 348-
DES HARAS.                  Z^i
au marchand � l'essayer � quelque dis-
tance de la maison : s'il ne lui conna�t pas
de d�fauts, il ne fera point de difficult� de
Vous la confier , il vous invitera m�me �
aller o� bon vous semblera ; mais s'il
montre de l'embarras et qu'il fasse qucl-
qu'objection , quelque s�duisant que vous
<*it paru le cheval, ne l'achetez pas.
Vous courez grand risque d'�tre tromp�,
si, apr�s avoir vu monter le cheval par le
marchand ou son jockey, vous essayez � le
conduire de la m�me mani�re. Vous devez
donc faire le contraire de ce que vous avez
vu pratiquer � celui qui vous a pr�c�d� ;
c'est-�-dire que s'il a donn� de l'action au
cheval, il faut que vous cherchiez � le
calmer et exiger que tout vienne de lui,
afin qu'il oublie les le�ons qu'il re�oit vingt
lois dans la journ�e sur le terrain qu'on
appelle la monte. Vous devez le conduire
au pas, la bride sur le cou, jusqu'� ce
�u'il sjk hors la vue de la maison, eu
prenant garde que quelqu'un ne vous suive.
-ocr page 349-
344                         MANUEL
Dans le Mccklenbourg , en Presse , �
Leipsick , si vous ne vous �loignez pas de
la maison , les petits enfans ou la servante,
qui ont le mot, montent dans une chambre
et frappent aux vitres, aux contrevents, pour
animer le cheval et le tenir toujours en
action : il convient donc que vous vous
�cartiez le plus possible, et que vous soyez
absolument seul.
Si vous trouvez un chemin pierreux et
de traverse , prenez-le , et sans vous aider
de la bride ni des jambe;;, essayez , rien
qu'en appelant de la langue , de mettre
votre cbeval au trot ; vous ne serez pas
long-tems a juger s'il trotte finement, et
s'il vous donne de la confiance en �vitant
les pierres contre lesquelles vous le por-
terez sans qu'il s'en doute.
Vous pouvez, pendant que vous y �tes,
descendre de cheval, et y remonter pour
voir si l'animal est docile et commode ;
s'il se irou-ve une monticule , c'est en la
-ocr page 350-
DES HARAS.                    3.^6
descendant au trot, que vous reconna�trez
si le cheval a les �paules en bon �tat, et en
l'arr�tant au.milieu, que vous sentirez s'il a
les jarrets forts.
Vous jugerez aussi de l'esp�ce distingu�e
comme de l'aplomb de votre cheval, si, lors-
qu'on voulant le mettre au galop , il part
du pas � cette allure , sans qu'il soit n�ces-
saire que vous teniez beaucoup la main.
Quand le galop vous donne la connaissance
parfaite de la libert� des �paules de votre
cheval , la mani�re dont il entame le
chemin et pose son pied en courant, vous
fera juger de ses moyens , de sa vitesse et.
m�me de sa dur�e. Enfin vous reconna�trez
la bont� de ses hanches et 'a force de ses
jarrets � la facilit� avec laquelle il changera
de pied � volont� , ou se remettra, si par
hasard il se d�sunit.
Si toutes ces �preuves peuvent se faire
avec succ�s dans un chemin pierreux,
sillonn� et un peu en descendant, vous
-ocr page 351-
046                       MANU EL
�tes assur� que le clieyal est bon, et vous
ne risquez rien de l'acheter , si d'ailleurs,
il r�unit toutes les qualit�s quQ nous avons
d�crites.
Pour tous assurer en m�me temps de
l'adresse de votre clieval, t�chez en ga-
loppant, de trouver un cassis ou ruisseau,
et en lui rendant toute la main, � dix pas
avant que d'y arriver , si votre cheval me-
sure son allure de mani�re � le passer ,
sans mettre le pied au milieu , sans sauter
ni se d�sunir , vous pourrez le regarde.
comme �tant de tr�s-bonne esp�ce, et le
payer hardiment un tiers en sus : au lieu
que s'il met maladroitement le pied dans
le ruisseau , ou bien qu'il fasse un saut.
en se pressant, et change pr�cipjtamnaeui
de pied , ou enfin si, apr�s s'�tre d�suni, ii
a de la peine � reprendre , c'est la preuve
que les hanches ne suivent pas le devant
et sont mauvaises : un pareil cheval , dans
un mauvais pas , vous rompra le cou.
Notez aussi qu'il vous crottera plus qu'un
-ocr page 352-
DES HARAS.                   �^J
autre , ce qui est une preuve de maladresse
cpi doit vous emp�cher d'en faire l'acqui-
sition.
Il faudrait peut-�tre examiner les bottes
du cavalier , pour acheter un cheval qu'on
aura fait essayer dans un chemin boueux.
Le cheval qui crotte celui qui le monte,
est lourd et maladroit; si bien que, sur
dix chevaux qui vous seront pr�sent�s, en
choisissant celui qui vous crotterait le
inoins , vous prendriez le meilleur, si
d'ailleurs il a les �paules parfaitement
libres, et que vous n'aperceviez pas, sur
la peau , des esp�ces de rides ou rel�chc-
mens dans cette partie de son avant-main,
ce qui se conna�t, au toucher : dans ce cas ,
vous devez conclure que i'�paule est al-
t�r�e ; une telle monture est incapable de
r�sister � la fatigue , et vous n'aurez pas de
peine � deviner que le vendeur vous pr�-
sente un cheval refait.
On doit prendre garde aussi, comme le
-ocr page 353-
348                        M A N U E L
cheval se selle , et pr�f�rer celui qui n'a
besoin ni de croupi�re , ni de poitrail, ni
de martingale ; car celui auquel il faut une
croupi�re est bas du devant, ou a le ventre
trop gros ; celui auquel on est oblig� de
mettre une martingale, a l'encolure fausse,
porte le nez au vent, et, comme il ne re-
garde pas � ses pieds pour voir o� placer
ses jambes , l'assujettissement de la mar-
tingale , le mettant dans une position qui
ne lui est pas naturelle , t'emp�chera de
faire jamais un bon service; enfin, celui
auquel il faut mettre un poitrail pour rete-
nir la selle � sa place , a la c�te courte .
manque de boyeau , et ne saurait par
cons�quent �tre de r�sistance. Comme ce
sont des d�fauts de conformation qui
peuvent se transmettre � la prog�niture, on
devrait faire sortir des haras tous les
�talons qui en sont vici�s.
Il est encore une multitude de re-
marques � faire dans l'acquisition du che-
val, et surtout de celui qu'on destine � pro-
-ocr page 354-
1) K S H A R A S.                      3^C)
pager son esp�ce ; mais comme il faut, �
une sagacit� peu commune, joindre une
pratique que la th�orie n'apprend pas ,
nous croyons que cette courte analyse des
moyens qu'on doit employer pour bien
conna�tre et juger ce bel animal, suffira �
celui qui , avec de bons principes, pos-
s�de un tact assez s�r pour tirer parti de
ce que l'exp�rience et une pratique de plus
de trente ann�es nous ont appris.
-ocr page 355-
35o                      MANU Et
CHAPITRE XXIV.
Sur les Haras forestiers , ou de l'El�ve des
Chevaux sauvages.
J_j'empire fran�ais, qui, dans son ensem-
ble topographique , renferme de vaste fo-
r�ts , des parcs d'une immense �tendue
dans lesquels se trouvent des pacages ex-
cellens , ne pourrait-il pas tirer parti de
ces localit�s pour y propager et �lever �
peu de frais une multitude de chevaux qu'il
aurait toujours � sa disposition, tant pour
la remonte de sa cavalerie, que pour son
commerce et les travaux de la campagne ;
car, pourquoi ces animaux ne viendraient-
ils pas � Lien dans notre pays, o� nous pou-
vons , m�me au Nord, tenir nos bestiaux
dehors toute l'ann�e, puisque dans la Rus-
sie, la Su�de, le Danemarck, la Pologne,
-ocr page 356-
BES HARAS.                    3!)I
la Hongrie, la Moldavie, et dans presque
toutes les parties de l'Allemagne, o� les
hivers sont longs et rigoureux, on y �l�ve
des chevaux sauvages, dont ces diff�rons
peuples savent tirer un si grand parti?
On donne � ces animaux quelque peu de
mauvais foin, lorsque la terre est couverte
de neige, et c'est la seule d�pense qu'il y
ait � faire pour leur nourriture, jusqu'� ce
qu'on retire les m�les pour commencer leur
�ducation; les femelles qui sont consacr�es
� la reproduction, n'en exigent pas davan-
tage. Les gardes forestiers les surveillent,
et un homme suffit � cent chevaux pour
leur porter le foin qu'on place dans des r�-
teliers pos�s dans diverses parties de la
for�t ou de l'enclos qui les renferme.
On a d�j� ouhli�, ou pour mieux dire,
on n'a peut - �tre jamais fait attention que des
essais en ce genre, faits dans la for�t imp�-
riale de Saint-G-ermain-en-Laye proche
�Paris, par les gardes-chasse, leur ont si
-ocr page 357-
33a                   manuel
bien r�ussi, qu'avec des petites b�tes cro-
chues et tar�es , ils ont eu des chevaux
de m�me esp�ce � la v�rit�, mais qui se
sont trouv�s infatigables. Le sol aride et
sablonneux de cette belle for�t, porterait �
croire que les chevaux d'Arabie , particu-
li�rement , pourraient y r�ussir peut-�tre
encore mieux que dans l'�tat de domesti-
cit�, par la raison que la nature ayant
donn� � la b�te sauvage l'instinct de se
choisir sa nourriture, elle ne mange que
celle qui lui est propre ; on ne risquerait
rien, au moins, d'en faire l'�preuve, puis-
qu'il n'y a point de d�pense � faire , la fo-
r�t �tant ferm�e dans toutes ses parties.
Les chevaux de la for�t imp�riale de
Rambouillet pourraient �galement �tre
consid�r�s comme des chevaux sauvages,
puisque les m�res vont accoucher dans les
bois, et que les poulains m�les et femelles
y vivent toute l'ann�e. En faisant couper
tous les m�les de cette esp�ce qui est gr�le
et d�fectueuse, pour les remplacer par des
-ocr page 358-
DES HARAS.                     353
�talons propres � l'am�liorer, on pourrait
tirer tous les ans, rien que de cette im-
mense for�t, deux ou trois cents chevaux
qui ne reviendraient pas, � l'�ge de trois
ans qu'on les prendrait pour commencer
� les former au travail, � plus de 60 francs
la pi�ce. On pourrait encore, � cette �poque,
les placer � Saint - L�ger qui offre toutes
les commodit�s possibles pour cet objet,
jusqu'� ce qu'on en f�t le tri pour les dif-
f�rons r�gimens auxquels les meilleurs se-
raient propres. Les plus d�fectueux seraient
Vendus aux paysans plus cher qu'ils n'au-
raient co�t�.
Comme la plupart de nos grandes for�ts
pr�sentent approchant les m�mes facilit�s,
nous nous abstiendrons de les d�signer,
pour parler de la m�thode employ�e par
quelques-unes des nations que nous venons
de citer , et qui pourrait bien nous �tre
applicable.
Il y a tout pr�s de Dusseldorff, qui fait
i5*
-ocr page 359-
354                    BJ A K B E L
maintenant partie des vastes possessions de
l'Empereur Napol�on , une for�t remplie
de chevaux sauvages ; elle avait cette desti-
nation avant la r�volution, et chaque che-
val ne revenait pas, au prince qui la pos-
s�dait alors, � plus de soixante et douze fr.,
� l'�ge de trois ans qu'on eu retirait les
m�les. Les plus m�diocres ne se vendaient
jamais moins de deux ou trois cents francs;
et dans une douzaine que nous e�mes l'oc-
casion de voir en i8o5 , il y avait un che-
val isabelle dont nous offr�mes quatre
mille francs pour les Haras de Sa Majest�
l'Empereur et Roi.
Cette belle production sortait pourtant
d'un �talon du Holstein, qui lui �tait bien
inf�rieur en figure et en qualit�s : ce qui
nous prouve que la nature, livr�e � elle-
m�me , r�ussit quelquefois mieux cpie lors-
qu'elle est soumise aux combinaisons hu-
m.iines qui peuvent souvent la contrarier
dans sa marche , faute de l'avoir suffisant-»
ment �tudi�e.
-ocr page 360-
DES HARAS.                    355
Le roi de Daaemarck a, en Z�l.ande,
un Haras domestique et un Haras sauvage :
le premier , compos� de six cents b�tes ,
doit �tre port� � neuf cents; le second , eu
compte seulement cinq cents. Ces deux �ta-
blissemens , que nous avons �t� � port�e
d'examiner dans le plus grand d�tail, sont
r�unis sur une immense �tendue de terrain;
lorsque les Mtimens et les divers enclos
seront achev�s, le directeur nous a assur�
que le tout produirait � Sa Majest� danoise
un revenu consid�rable.
Cette belle administration est confi�e aux
soins de M. Nilsen, que le roi a fait voya-
ger dans toutes les contr�es de l'Europe ,
except� la France qui, � cette �poque,
�tait agit�e des troubles r�volutionnaire*,
pour y puiser les connaissances n�cessaires
au succ�s de ce bel �tablissement.
La m�thode de M. Nilsen est simple et
facile pour un connaisseur, mais peut-�tre
un peu trop syst�matique 3 en ce qu'il ne
-ocr page 361-
356                        MANUEL
veut pas pour son Haras domestique un seul
�talon anglais, auquel il pr�f�re le cheval
d'Espagne; sa raison est, qu'ayant s�journa
assez long-temps en Angleterre pour �tu-
dier les races de chevaux de ce pays, il ne
leur trouve pas assez de similitude avec les
jumens dont il se sert. Cependant, maigre
notre partialit� pour les chevaux anglais ,
nous lui devons la justice de dire que son
�tablissement est admirable , et qu'il a des
chevaux d'une tournure ravissante.
M. Wilsen veut la force dans les jarrets ,
qu'il regarde comme la pierre angulaire de
l'�difice ; il faut en effet que cette partie
sait large et sans d�fauts; que les os, qui
en sont la charpente , soient forts , les mus-
cles bien prononc�s; la peau de la jambe
une , lisse et tendue comme sur le reste du
corps; que les paturons soient longs et
forts, et-le pied phu�tunpeu plat qu'�troit?
pourvu que la couronne soit bien faite. I*
demande avec cela que le cheval ait un bel
�il , du courage, et que la jument qu'i*
-ocr page 362-
DES H A R A S.                     35 J
doit f�conder ait autant, que possible les
m�mes qualit�s.
De ce principe suivi avec intensit� , il
en est r�sult� que sans �talons d'Angle-
terre , M. Nilsen , avec un cheval turc ,
nomm� Odin , deux andaloux qn'il a �t�
six mois � trouver en Espagne, quelques
iumens du m�me pays , avec des jum'ens
domestiques et sauvages de la Moldavie ,
a cr�� une nouvelle race assez semblable �
nos chevaux navarrins , mais beaucoup
plus membres. Toutes les poulini�res de
ces deux Haras proviennent de ce croise-
sement, et le roi ne permet pas qu'on en
vende une seule que ce double �tablisse-
ment ne soit tout form�.
INous pensons que le moyen de carac-
t�riser positivement cette nouvelle race ,
serait de ne conserver pour poulini�res que
les femelles indig�nes , et de r�former
toutes celles qu'on a tir�es des diff�rentes
contr�es cle l'Europe pour la cr�er. En se
y
-ocr page 363-
358                         MANUEL
servant des plus beaux m�les qui eu sortent,
en concurrence avec des �talons �trangers ,
on pourrait juger, par le faire de chacun
d'eux en particulier , les races qui seraient
propres � la porter au degr� de perfection
qu'elle peut naturellement atteindre.
Nous avons �t� � port�e dans cet endroit
de faire, sur les clievaux sauvages, une re-
marque assez particuli�re : c'est que les
chevaux de poils diff�rens ne se m�lent
jamais , quoique renferm�s dans le m�me
enclos. Les gris m�les et femelles sont en-
semble; les Lais et les alezans, dont la
couleur � la crini�re pr�s est la m�me ,
forment un autre groupe, et les noirs un
troisi�me. M. Nilsen, � plusieurs reprises,
en les chassant tous ensemble , les fit mo-
mentan�ment se m�ler ; mais c'�tait l'af-
faire de cinq minutes pour se reformer en
groupes tels que nous les avions vus d'abord.
Dans la quantit� nous en remarqu�mes
un fort grand nombre de tr�s-beaux, et qui
-ocr page 364-
DES HARAS.                   35c)
promettaient de devenir par la suite des
chevaux de distinction. La race du Jutland
qui a encore quelque r�putation de bont� ,
car elle n'est pas belle , ne se m�le point �
celle-c� , parce qu'il a �t� reconnu qu'elle
lui �tait inf�rieure surtout en figure; car,
bien que le cheval jutlandais soit aussi
d'un bou service, puisqu'il est r�put� infa-
tigable , la grosseur de sa t�te et de ses
pieds sont les d�fauts qui l'ont fait rejeter.
Lorsqu'une pouliche apporte en nais-
sant quelque tare , ou qu'une poulini�re
devient tar�e par le service ou m�me par
accident, l'une et l'autre sont retir�es du
haras pour �tre vendues comme b�tes de
reforme. Il serait � d�sirer qu'en France
nous en fissions autant, non-seulement pour
les poulini�res et leur suite, mais encore
pour les �talons dont le nombre par l� se
trouverait prodigieusement diminu� ; c'est
un mode d'�puration de l'esp�ce tellement
n�cessaire, que sans lui l'am�lioration des
faces ne peut jamais avoir lieu.
-ocr page 365-
36o                        MANUEL
Dans les for�ts o� l'on tient des chevaux
sauvages , il ne faut point y souffrir de
m�les entiers pass� deux ans et demi. C'est
� cet �ge qu'on doit �masculer ceux qui ne
sont pas reconnus propres � faire de bons
�talons , si l'on veut les laisser encore une
ann�e dans la for�t.
On l�che au temps de la monte , dans
l'enclos ou la for�t, un. nombre de chevaux
entiers proportionn� � celui des jumens
qu'ils ont � f�cond er ; on les en retire vers 1 a
fin de juillet. Comme on ne leur a rien
donn� � manger, et que leur exercice a �t�
tr�s-violent , ils sont ordinairement fort
maigres ; mais comme ils n'ont suivi que
l'impulsion de la nature , sans c�der � des
provocatifs qui dans l'�tat de domesticit� les
�puisent, ils ne sont pas long-temps � se
r�iablir , et sont en �tat de recommencer
l'ann�e suivante.
Pour les tirer de la for�t, on se sert du
lacet � la mani�re des Moldaves, quand on
-ocr page 366-
DES H A R \ S.                      061
ne peut pas les attirer par des sentiers pra-
tiqu�s expr�s clans des maisons rustiques
o� il est facile de les prendre pour les re-
conduire � l'�curie qu'on leur a fait quitter
au printemps. On s'j prend de la m�me
mani�re � l'�gard des poulains qu'on veut
avoir pour les couper ou commencer leur
�ducation. Lorsqu'on a de la peine � les
attirer dans la maison rustique, on laisse
aller parmi eux une vieille jument domes-
tique qu'il S suivent ordinairement sans beau-
coup de difficult�.
Lorsque les poulains rentr�s � l'�curie
sont trop farouches, ce qui arrive souvc.it,
on les fait je�ner, et quand la faim para�t
les tourmenter, on d'approche d'eux avec
du foin qu'on leur pr�sente � la main en
leur parlant avec douceur ; sit�t qu'ils se
laissent toucher, on les caresse beaucoup,
et ils ne sont pas long-temps � s'appri-
voiser.
Pour prendre au lacetun cheval, quelque
16
-ocr page 367-
362.                          SI A. "S (J E l
fort qu'il soit, quatre ou cinq hommes suf-
fisent , plac�s sur la m�me ligne � deux
pieds de distance l'un de l'autre : le pre-
mier , qui est toujours le plus adroit, tient
une longue perche au haut de laquelle est
accroch� le lacet attach� fortement � la
corde par le bout qui est en l'air ; la corde
suit la perche dans toute sa longueur : celui
qui tient la perche tient en m�me temps la
corde qui n'est Cx�e que par le haut, et qui
est beaucoup plus longue que la perche ,
pour que les hommes qui sont derri�re lui
puissent s'en servir de la m�me mani�re
que pour abattre un cheval auquel on va
mettre le feu. Il se place et jette le lacet au
cou du cheval qu'il veut saisir et qui va or-
dinairement tr�s-vite. Le cheval pris , il
abandonne la perche pour s'attacher seu-
lement � la corde , avec les hommes qui
la tiennent derri�re lui. Le cheval arr�»
par le cou fait quelquefois deux ou trois
culbutes en tombant , et finit par percU'c
bient�t la respiration. Les palfreniers alors se
jettent sur lui, lui passent un bridon, etle
-ocr page 368-
des h a a a s.                  ;j63
conduisent � l'�curie o� on l'attache entre
Icux chevaux priv�s.
Ils ont tant de dext�rit� � cet exercice
qui pour beaucoup de personnes est tout
aussi amusant qu'une chasse � courre, que
sur trente ou quarante chevaux qui galop-
pent � toutes jambes, ils prennent celui que
vous leurd�signez, etne manquent presque
jamais leur coup. On a vu cependant des
chevaux en tombant se rompre le cou., mais
cela est tr�s-rare.
La peine capitale qu'emporte le vol d'un
cheval sauvage devient �-peu-pr�s inutile ;
ces animaux ne se laissent point approcher,
et ne sortent que par violence de la for�t
o� ils sont n�s. Jamais les loups ne les
attaquent, ils ne mangent que les poulains
isol�s qui auraient �t� abandonn�s de leur
m�re, ce qui n'arrive que quand ils sont
malades ou estropi�s.
Ce que nous venons de dire sur l'�l�ve
-ocr page 369-
3^4                        MANUEL
des chevaux sauvages , suffira peut-�tre
pour nous donner l'envie d'en essayer. H
ne nous reste plus qu'� parler succinctement
de l'�ge du cheval, et de toutes les parties
qui le composent, avant que d'indiquer la
mani�re de le conserver en bonne sant�,
ou lui porter les premiers secours en cas
de maladie.
-ocr page 370-
DES HARAS.                    365
CHAPITRE XXV,
De l'Age du Cheval.
■t>   !_je s dents qui ont servi jusqu'� pr�sent
*  � conna�tre l'�ge du clieval, sont les os
»   les plus durs du corps de l'animal.
»   Leur nombre est pour l'ordinaire de
»  quarante dans les chevaux, et de tren�e-
»   six pour les jumens. Beaucoup de ju-
i>   mens n�anmoins ont des crochets moins
y   consid�rables � la v�rit� que les chevaux.
» Les dents, pour chaque m�choire, se
3) divisent en six incisives, deux crochets
» et douze molaires.
» Le cheval na�t avec six dents molaires
» � chaque m�choire.
» Le dix ou douzi�me jour apr�s sa
-ocr page 371-
366                         MABHEL
» naissance , il lui pousse deux pinces a
« chaque m�choire.
» Quinze jours apr�s, les mitoyennes
» paraissent, et trois mois apr�s les mi<-
» toyennes sortent les coins.
» A un an, on distingue un col � la dent,
» son corps a moins de largeur et est plus
» rempli ; il a quatre dents molaires , trois
» de poulain , et une de cheval � chaque
■m c�t� de la m�choire.
» � dix-huit mois, les pinces sont pleines
5i et le poulain a cinq dents molaires, deux
» de cheval et trois de lait.
» A deux ans, les dents de lait sont ras�es,
» les premi�res dents molaires tombent.
h A deux ans et demi , trois ans , les
» pinces tombent.
» A trois ans, et demi les secondes ino-
« lairos tombent ainsi que les mitoyennes.
» A. quatre ans, le cheval a six" dents m0''
» laires . cinri de cheval et une de lait.
-ocr page 372-
DES HARAS.                    367
» A quatre ans et demi, les coins tom-
n Lent, ainsi que la troisi�me dent uiQ-
» laire de lait.
« A cinq ans, les crochets percent, quel-
» quefois siamois plus t�t.
» A cinq ans et demi, la muraille interne
» de la dent du coin est presqu'�gale �
» l'externe , le crochet est �mouss�.
» A six ans , les pinces sont ras�es , et
» les mitoyennes sont pleines.
» A sept ans , les mitoyennes sont ras�es
» Ou peut s'en faut, et le crochet est us�
» de deux lieues.
» Aseptans etdemi, les coins sont presque
« ras�s, et le crochet est us� d'un tiers.
» A huit ans, le cheval a ras� enti�re-
» ment, et le crochet est arrondi.
» A neuf ans, les chevaux n'ont presque
» plus de sillons aux crochets , et les
» pinces sont plus arrondies.
-ocr page 373-
368                     JUHoii
» A dix ans , les crochets n'ont plus de
» cr�nelures, et sont plus arrondis.
y> A douze ans , les crochets sont totale-
» ment arrondis , les pinces sont moins
» larges et augmentent en �paisseur.
»A quinze ans. les pinces sont triangu-
» laires, et se plongent en avant.
» A vingt ans, les pinces sont triangu-
» laires , et se plongent plus en avant.
» A vingt et un an, vingt-deux ans , les
i> premi�res dents molaires tombent ; �
» vingt-trois ans, les secondes; �vingt-
» quatre ans, les troisi�mes ; � vingt-cinq
s' ans, les quatri�mes; � vingt-six ans,
» ies cinqui�mes ; et les sixi�mes � yingt-
y> sept ans; mats ce terme recule quelque-
>. fois jusqu'� trente.
y> Quant aux incisives , elles tombent
» les derni�res, vers l'�ge de trente � trente
s et mi an. » Il y a des chevaux qui les
ryent encore plus tard, nous eu avons
-ocr page 374-
DES HARAS.                     069
un exemple dans le vieux Dispos du
Haras imp�rial du Pin , qui , quoiqu'�g�
de trente - cinq ans, a encore toutes ses
dents de devant ; « pour lors les gencives
» et les alv�oles se rapprochent, elles de-
» viennent tranchantes et font les fonctions
s de dents.
» Il y a des chevaux et des jumens qu'on
» appelle B�gus, c'est-�-dire qui marquent
» toujours ; mais il y a des indices certains
» de l'�ge , soit par la largeur des d�nis,
» soit par leurs sillons et leur ligure, qui
» font qu'un connaisseur n'y peut �tre
» tromp�.
» Les maquignons quelquefois burinent
» les dents du coin du cheval qui a ras� ,
» pour faire croire qu'il marque encore.
» Ils br�lent, avec un fer rouge, un grain
» d'orge dans le trou qui a �t� fait, ce qui ■
» laisse une tache noire ; mais il ne faut
» pas avoir l'�il bien exerc� pour n� pas
» s'apercevoir de la supercherie � l'ins-
-.: pection de la bouche du cheval.
-ocr page 375-
870                        MANUEL
Comme il est bon que celui qui se con-
sacre � l'�l�ve du cheval le connaisse par-
faitement, nous ferons suivre cet article
par la nomenclature de toutes les parties
(j'ii le composent.
«. » N -^V V '.-V*. "V
' 1
-ocr page 376-
t) � S HARAS.                     37I
CHAPITRE XXVI.
Nomenclature de toutes les parties du corps
du Cheval.
" vJn a trouv� commode de diviser le
« cheval en trois parties, qui sont l'avant-
j> main, le corps, et l'arri�re-main.
■» L'avant-main est compos�e de la t�te ,
» du col, du poitrail, du garrot et des jam-
« bes de devant.
» Le corps comprend le dos, les reins,
�) le dessous du poitrail, les c�tes , le ven^
» tre, les flancs et les parties de la g�n�-
» ration.
» Dans l'arri�re-main se trouve la croupe,
« la queue , le fondement ; la nature dans
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3^2                        MANUEL
» les jumens, les hanches, les fesses et les
» jambes de derri�re.
» La t�te comprend la nuque, le toupet,
»   les oreilles, la face dans laquelle se trou-
»   vent le front, les sali�res, les paupi�res,
>i   les cils, le grand angle , le petit angle ,
»   les yeux, les onglets, le nez , le clian-
»   frein , les nazeaux , la bouche , la l�vre
»   sup�rieure, la l�vre inf�rieure, la com-
»   missure de la bouche, le menton, les
»  barbes, les joues, la ganache, l'auge et
»   les avives.
» Le col comprend, le col proprement
» dit, le gosier, L'encolure et la crini�re*.
n Le devant du poitrail comprend l'os
» de la poitrine, la fossette et les aiselles.
» Le garrot est form� d'une seule pi�ce
» ou partie.
» Les jambes de devant sont compos�es
» de l'�paule, du bras, ces ai s , du coude,
a de l'avant-bras, de la ch�taigne , du nerf,
» du boulet, du fanon, du paturon , de 1*
-ocr page 378-
DES HARAS.                    3j3
»   couronne , du sabot compos� de la mu-
»  raille et de la sole. La muraille se divise
»   en pince^ quartiers et talons; la sole
»  comprend la sole de la pince , la sole des
»  talons et la fourchette.
» Le corps comprend le dos, les reins,
» les c�tes, le ventre , les flancs , le four-
» reau, les mamelles, la verge, les bourses
» dans les chevaux; dans les jumens la
» nature, les hanches , les fesses et la
» pointe de la fesse.
» La cuisse comprend le plat du dehors
y> le plat du dedans , l'aisne, le grasset, la
» jambe proprement dite ; le jarret dans
» lequel sont le pli, la pointe, le canon,
» le nerf, le reste comme � la jambe de
» devant ».
S'il est indispensable de conna�tre toutes
les parties ext�rieures du corps de l'animal
qu'on veut �tudier , il n'est pas moins int�-
ressant de savoir sur quoi elles reposent,
pour concevoir plus facilement les accidens
-ocr page 379-
3^4                        MANUEL
auxquels le cheval est sujet. Nous croyons
en cons�quence devoir transcrire ici ce que
M. Lafosse a d�montr� dans ses ouvrages ,
ou le connaisseur trouvera tout ce qui peut
servir � la conservation d'animaux dont
nous ne saurions plus nous passer.
« Un squelette , dit M. Lafosse , est
» compos� de 24a os; savoir , 24 � la t�te,
y> 87 au tronc, 82 aux extr�mit�s , ce qui
» fait 193; mais si l'on y comprend 40
» dents , 4 cornets du nez, et les 8 os
» de l'ou�e, nous aurons le nombre ci-
» dessus.
» Le squelette se divise en t�te, en
» tronc et en extr�mit�s. La t�te se divise
» en m�choire sup�rieure et en m�choire
» inf�rieure.
» A proprement parler, on ne devrait
» entendre par m�choire sup�rieure, que
» les seules pi�ces dans lesquelles sont
» ench�ss�es les dents d'en haut; et par
» H��choire inf�rieure , que celles o� l'os
-ocr page 380-
DES II A R A t.                   3j5
» voit les dents d'en bas. Mais M. Lafosse
» dit qu'en anatomie , plus qu'eu toute
« autre science , on est quelquefois oblige
» de prendre le tout pour la partie , afin de
>■> moins multiplier les termes et d'�tre plus
» clair, ainsi la m�choire sup�rieure sera
» d�sign�e par ce groupe d'os qui se pr�-
v sente � la t�te du cheval, et comprendra
» le cr�ne et la face.
» Le cr�ne est une boite osseuse qui
» renferme le cerveau, le cervelet, subs-
» tance connue vulgairement sous le nom
» de cervelle. Cette bo�te est compos�e de
» 12 os; savoir, 2 frontaux, 2 pari�taux,
« 1 occipital, r sph�no�de, 2 etmo�des,
» 2 parties �caillcuses, autant de pierreuses
» appartenant aux 2 os des tempes.
» La face est compos�e de 17 os, qui
» sont les 2 du ne/ , les 2 du grand angle ,
» les. 2 de la pommette, les 2 maxillaires
» sup�rieurs, les 2 inf�rieurs, les 2 du
» palais, les 2 pt�rio�diens, le voiner et
i> les cornets inf�rieurs des narines.
-ocr page 381-
'�j6                  51 A NU Et
>i On peut s�parer la m�choire inf�rieure
» en deux pi�ces dans les jeunes poulains;
« mais il n'est pas possible de le faire lors-
» que les chevaux ont atteint un certain
» �ge, parce qu'elle est alors form�e d'une
» seule pi�ce.
» Chaque m�choire renferme 20 dents ;
» les jumens en ont 36 , tant � la m�choire
» sup�rieure qu'� l'inf�rieure. On nomme
■» b�haignes les jumens dans la bouche
a desquelles on trouve de petits os appel�s
» crochets.
» On trouve encore entre les m�choires,
'» vers la racine de la langue, un os appel�
» hyo�de , qui ne manque jamais d'�tre
» compos� de cinq pi�ces.
» Le thorax se divise en deux parties ;
"■» l'�pine , le thorax ou le bassin.
a L'�pine est un assemblage de plusieurs
» pi�ces appel�es vert�bres; elles se distin-
» guent en vraies et en fausses. On en
si compte 3i de vraies, et pour l'ordinaire
-ocr page 382-
f-
DES HARAS.                SyJ
» 18 ou 19 fausses, en y comprenant l'os
■» sacrum.
» Parmi les vraies, il y en a 7 qui ap-«
» partiennent au col 5 elles se nomment
» cervicales: 18 pour le dos, elles sont
y> connues sous le nom de dorsales ; 6 cl�
» sign�es sous le nom de lombaires , enfin
» l'os sacrum.
» Les trois ou quatre premi�res des faus-
»  ses vert�bres qui suivent l'os sacrum, ont
»   assez de ressemblance avec les vraies.
«   Ces fausses vert�bres sont elles - m�mes
»   suivies de 13 ou 14 autres moins regu-
»  H�res que les pr�c�dentes , et sont celles
u  qui forment la queue du cheval.
» Le thorax comprend le sternum et les
» c�tes qui sont au nombre de 36, 18 de
» chaque c�t�. Ainsi que les vert�bres ,
» elles se divisent en vraies et en fausses;
» ce qui distingue les vraies , c'est que
» leurs caitilages vont se rendre imm�-
» diatement su sternum , tandis que les
16*
-ocr page 383-
3j8                        MANUEL
» cartilages dans les fausses ne portent au
» sternum que par le moyen du cartilage
y> de la derni�re vraie c�te avec laquelle
» elles s'allient.
s Le sternum est form� d'une seule
» pi�ce dans les cbevaux faits , et de cinq
» ou six dans les jeunes; mais ces portions
» osseuses se trouvent intimement coll�es
� par une bande cartilagineuse interm�-
» dia.ire.
» Le bassin est compos� de six os, trois
« de chacrue c�t�, on les appelle il�on oi;
» pubis ; ils sont encore connus sous le
» nom d'os inanim�s.
» Les extr�mit�s sont ant�rieures et pos-
» l�rieures.
» Les extr�mit�s ant�rieures ou les jam-
■» bes de devant, comprennent neuf par-
« ties ; savoir, l'�paule , le bras , l'avant-
» bras , le genou , le canon , le boulet, le
» paturon , la couronne et le pied.
-ocr page 384-
DES HARAS.                    3j$
» L'�paule n'a pour pi�ce fondamentale
» qu'un seul os appel� omoplate oupaleron.
» Le bras n'a pareillement qu'une pi�ce
s appel�e hum�rus.
» Il s'en trouve deux � l'avant bras, qui
» sont le radius et le cubitus.
» Le genou est compos� de 7 os rang�s
- par ordre et sur deux lignes; 4 dans la
>� premi�re, y compris le septi�me et hors
» de rang, et 3 dans la seconde. Les 3 os,
» dont la premi�re ligne est form�e , sont
.; I'irr�gulier, le triangulaire, le s�milu-
» naire. Les 3 de la seconde se nomment
» le grand cun�iforme, le trap�zo�de et
» le petit cun�iforme. Quant an septi�me,
3 hors de rang, M. Lafosse dit qu'il est
» inutile de lui donner d'autre nom que
» celui de crochu, et qu'on pourrait � la
» rigueur ne le consid�rer que comme
» faisant partie du premier rang de la pre-
>� mi �re ligne.
a Le canon renferme 3 os; le premier
-ocr page 385-
38o                      M A S V Et,
» retient le nom de canon , et les deux
� autres portent celui de stylo�dcs.
» Le boulet est le r�sultat de deux os
» appel�s s�samo�des, parce qu'ils ont la
» forme d'une graine de s�same.
» Le paturon n'a qu'un seul os nomm�
» paturon.
31 lui couronne n'a aussi qu'un seul os
» appel� coronaire.
« Le pied est form� de deux os ; le
» premier, connu sous le nom d'os du pied ;
» et le second, sous celui d'os de la noix,
» de la navette ou d'os articulaire.
» Les extr�mit�s post�rieures compren-
»   nent aussi huit parties qui sont la cuisse,
»   le grasset, le jarret, le canon, le boulet,
»  le paturon , la couronne et le pied ; les
»  parties rassembl�es se nomment la jambe,
s   en prenant ici la partie pour le tout, sui-
»   vant l'usage re�u.
» Un seul os appel� f�mur , forme la
s cuisse»
-ocr page 386-
D�S HARAS.                    3S�
« Le grasset ou la rotule, est compos�
» par l'os appel� carr�.
» La jambe a deux os, qui sont le tibia
> et le p�ron�.
» Plusieurs pi�ces concourent � former
» le jarret, savoir l'os du jarret proprement
» dit, celui de la poulie , le grand et le
» petit scafo�de, l'os difforme et l'interos-
» seux ou l'intercalaire.
» On compte aussi trois os dans le ca-
» non, deux dans le boulet , un dans le
» paturon, un dans la couronne et deux
» dans le pied : ils portent les m�mes
» noms que ceux des extr�mit�s an-
» t�rieures. »
Comme la bont� ainsi que la dur�e du
cheval d�pendent le plus souvent de la
forme et de l'entretien de ses pieds, nous
en donnerons , d'apr�s monsieur Robinet,
�l�ve de M. Lafosse, la description, afin
de mettre l'amateur � port�e de conjec-
turer les maux auxquels cette int�ressante
-ocr page 387-
$82                      MAS CE L
portion, de l'animal est sujette , et ce qu'il
convient de faire pour sa gu�rison et sa
conservation.
« Le pied du cheval se compose de par-
si ties dures et de parties molles, les os et
» les chairs , le tout contenu dans une
» ho�te de corne appel�e sahot.
» Le sahot a deux faces , l'une ant�-
-,   ricure et sup�rieure , pour l'ordinaire
»   convexe que l'on appelle muraille ; je dis
»  pour l'ordinaire , parce qu'elle se trouve
»   concave dans certains chevaux, ce que
»   l'on appelle pieds plats. L'autre face in�
»   f�rieure se nomme sole proprement dite;
»   elle est concave : les chevaux dans les-
51   quels elle se trouve convexe , ont ce
»   que l'on appelle des pieds combles»
» La muraille csi mince; molle ethlan-
v ch�tre � sa racine ; � mesure qu'elle s'�-
y> loigne de la peau , elle devient plus
» dure et plus �paisse. Plus elle s'approcbe
�» du talon , plus elle s'endurcit, elle est
-ocr page 388-
D � S II A R A S.                    383
» fijweuse ext�rieurement ; les fibres s:mt
» jointes �troitement les unes aux autres
» et se d�tachent par la mac�ration.
» La partie interne de la muraille est
»   cannel�e , c'est-�-dire parsem�e de petits
»   sillons form�s par des productions de
»   fibres dispos�es en lames : sa partie
»   sup�rieure est mince. On remarque an-
»   t�rieuremeut une demi-goutti�re pour
»   loger les chairs et la couronne. On a-
»  per�oit plusieurs petits trous qui donnent
x  passage � des vaisseaux lymphatiques
r   qui l'abreuvent en la nourrissant. Il eu
'o   est de cette partie comme des poils et
»   des crins qui , lorsqu'ils ont acquis une
»   certaine longueur , se dess�chent et se
»   fondent faute de nourriture.
a La muraille et la sole semblent �tre
» produites par une expansion des nerfs
» et des vaisseaux lymphatiques , comme
» les ongles dans l'homme. Ce qu'il y
» a de certain , dit M. Lafosse , c'est
» qu'il n'y a pas dans le cheval de
-ocr page 389-
334                     M v S U E L
» partie aussi sensible que le pied , ou at�
» moins dans laquelle il �prouve tant de
» douleur.
» La muraille se divise en trois parties ;
» celle qui se pr�sente en avant , est
» nomm�e muraille de la pince ; celle des
» c�t�s , muraille des quartiers ; et celle
» derri�re , mu-aille des talons.
>-, La partie qui para�t la premi�re en
»  levant le pied du cheval, se nomme la
»   sole proprement dite. Cette sole se di-
»   vise en quatre parties , qui portent les
v   d�nominations auxquelles elles sont
*   jointes , comme sole des quartiers , des
■»   talons, etc.
» La quatri�me est un corps en l'orme
» de V , qui est situ� au milieu ; on l'ap-
». pelle la fourchette.
» Les parties tant dures que molles ren-^
» ferm�es dans le talon, sont; i°.la ch»*r
» de la couronne ; 2°. la chair cannel�e '■>
-ocr page 390-
DES HARAS.                    335
» 3°. la sole charnue ; 40. la fourchette
» charnue ; 5°. l'os du pied ; 6°. une
» partie de l'os coronaire ; 70. l'os de la
» noix ou de la navette ; 8°. les ligamens ;
» 90, les capsules ; 10». la terminaison
» des tendons; I1 °. les art�res ; 120. les
» veines ; 13°. les vaisseaux lymphatiques ;
» 140. les nerfs; i5°. les glandes ■sine�
» viales , 160. enfin les cartilages du.
» pied. »
Cet article fait pour d�montrer jusqu'�
quel point il importe de soigner une
partie aussi essentielle que le pied du
cheval, doit naturellement �tre suivi de
la nomenclature des maux ou accidens aux-
quels elle est sujette , qui sont : i°. l'at-
teinte; 2°. l'avalure; 3°. la bleime ; 40. le
clou de rue ; 5°. le coup de boutoir dans la
sole ; 6°. l'encastelure ; 70, l'�tonnement
de sabot ; 8°. l'excroissance de la sole des
talons ; 90. l'extension du fl�chisseur du
pied et des ligamens; io°. le fie ou le
17
-ocr page 391-
386                   MANUEL
crapaud ; n°. la fourbu rc ; 120, la four-
mili�re ; i3°. la fracture de l'os coronaire ;
140. la fracture de l'os du pied ; 15°. la
fracture-de l'os de la noix ; 160. le javard
encorn�; 17°. l'entorse ou m�marchure ;
180. l'oignon ; 190. le pied plat; 20°. le
pied Comble ; 210. le pied serr� par le
clou; 22°. le clou broch� trop liant; 23°.
le pied alt�r� ; 24°. le pied faible ou gras ;
2.5°. le pied dess�ch� ou chute du sabot ;
%6°. la rupture du tendon fl�cbisseur de
l'os du pied; 27°. la seime; 28°. le cors;
290. la sole �chauff�e par l'application du
fer rouge ; 3o°. la sole comprim�e par le
fer; 3i°. la sole battue; 3a0. la sole
foul�e ; 33°. les talons bas ; 34°. les cercles
ou cordons; 35°. enfin les croissans.
L'on sait que pour tous ces accidens, il
est � propos d'avoir recours au m�decin
v�t�rinaire, ou tout au moins � un bon ma-
r�chal expert, d'autant mieux qu'ils pro-
viennent en grande partie de la mani�re
dont les pieds sont entretenus*
-ocr page 392-
DES HARAS.                  38j
Nous dirons maintenant, en partie, ce
qu'il convient de faire pour un amateur qui
veut tenir son clieval en bonne sant� , ou
lui porter les premiers secours , s'il vient
� tomber malade.
-ocr page 393-
388                     MANUEL
CHAPITRE XXVII.
Sur la mani�re de tenir le Cheval en bonne
sant� , ou reconna�tre s'il est malade.
Lia sant� du cheval, comme nous l'avons
d�j� dit, d�pend autant de l'exercice qu'on
lui fait faire que de la mani�re dont il est
nourri. La premi�re chose qu'on doit faire
tous les matins , qu'il ait travaill� la veille
ou qu'il soit rest� � l'�curie, c'est de l'exa-
miner attentivement xlans sa place ; son
attitude et l'inspection des extr�mit�s vous
feront conna�tre s'il est fatigu� , comme ses
d�jections vous m�neront � port�e de juger
s'il est bien portant, �chauff� ou d�rang�.
Un cheval en bonne sant� doit fienter
cinq ou six fois par jour : celui qui fiente
moins et dont la fiente est un peu dure , est
�chauff�, il a besoin d'�tre rafraichi : celui
-ocr page 394-
DES HARAS.                 38t)
dont la fiente est molle , a l'estomac en
mauvais �tat, il aura mal dig�r� pour avoir
mang� goul�ment, ou pour avoir �t�
�puis� de fatigue. Des bolles , soit cor-
diales soit diur�tiques , contribueront �
r�tablir les facult�s digesiivcs. Il faut aussi
s'assurer s'il n'y aurait pas dans l'estomac
des vers dont il est � propos de le d�bar-
rasser.
La plupart des nations de l'Europe,
surtout celles o� l'art v�t�rinaire a r�pandu
ses lumi�res , reconnaissent les maladies
des chevaux aux m�mes indices , mais la
mani�re de les traiter est diff�rente : nous
en avons donn� la preuve dans le cours de
cet �crit , en parlant des Anglais qui font
grand usage de la saign�e, purgent beau-
coup , et dont toutes les m�decines se
donnent en bolles au cheval. Les Fran�ais ,
au contraire , sont moins prodigues du
sang : ils purgent peu et leurs m�decines
sont des breuvages dego�tans dont on a
que tr�s-rarement jusqu'ici remarqu� les
-ocr page 395-
3oO                   . M A NUE t
bons effets. Comme cette grande question
e�t plus particuli�rement de nature a eue
d�cid�e par nos plus liabiles v�t�rinaires ,
qui seuls, en analysant les deux m�thodes,
peuT*at nous �clairer sur la meilleure,
nous nous bornerons � faire conna�tre, d'a-
pr�s monsieur Lafosse , les signes aux-
quels on peut juger qu'un cbcval est
malade.
« L'attitude du cheval que vous avez,
y l'habitude de voir , vous fera conna�tre
» s'ii est seulement fatigu� ou d�rang�.
» L'inspectiou de l'�il , de la houclie , de
» la crini�re , des reins et des extr�mit�s ,
» vous apprendra s'il est malade.
a La premi�re chose qu'on don l'aire si
» le cheval est d�go�t� , triste , est de le
» mettre � la di�te et de lui administrer
» des lavemens. S'il a les yeux charg�s,
a la t�te pesante , s'il bat des Bancs , on
» augure que la circulation n'est pas libre
» daDS les poumons. S'il a la li�vre , les
-ocr page 396-
DES BASAS.                   391
«  conjectures deviennent plus fortes ; mais
»   s'il a des sueurs , abattement, tristesse,
»   difficult� de respirer , on est assur� que
»  c'est une maladie inflammatoire de la
»  poitrine. Il faut, si l'on peut �tre s�r que
»   le cheval n'a rien dans l'estomac , lui
»   tirer du sang de deux heures en deux
»  heures , jusqu'� ce que le battement
»  paraisse diminu� , en attendant qu'on
»  puisse appeler un v�t�rinaire pour le
»  traiter m�thodiquement.
» Dans certains cas, on conna�t lanial;.-
» die sans craindre de se tromper lors-
» qu'elle est accompagn�e de sympt�mes
>. qui lui sont propres , tels que la pousse
» annonc�e par de grandes inspirations lia-
» bituelles, et par la respiration en deu\
s temps.
» Il est des cas o�, sans avoir une cerit-
» tude physique de la maladie , on est
» n�anmoins assur� de son si�ge et de sa
s nature par la r�union des vraisemblances
-ocr page 397-
3o,2                       MASOEI
»   et des probabilit�s tir�es des accidens et
»  des cire .nstances: ainsi lorsqu'un cheval
»  a en m�me temps, li�vre toux et diffi-
»  culte de respirer, qu'il est en sueur ,
»  dans l'abattement et la tristesse, on est
»  moralement s�r que c'est une pleur�sie.
y> De m�me lorsqu'un cheval se l�ve et
» se couche , qu'il se tourmente et bat la
» terre avec les jambes de devant, si l'on
» n'est pas certain que l'animal a des tran-
» ch�es , on a au moins de fortes raisons
? de le pr�sumer.
» Il y en a d'autres enfin o� il n'est
» pas possible de conna�tre l'esp�ce du
�» mal, c'est alors qu'il faut avoir recours
j) aux rem�des les plus doux. Puisqu'il
r. n'est pas possible de reconna�tre l'esp�ce
» de la maladie , il faut seulement t�cher
» de d�couvrir � quelle genre elle se rap-
» porte , et employer les rem�des g�n�
» raux qui sont indiqu�s fort au long dans
» Williams Tapi in, en ang] ai s, c i par ex-
-ocr page 398-
DES HARAS.                     3<)d
» traits dans le dictionnaire d'hippiatriquc
* de Robinet, en fran�ais.
» Apr�s avoir cherch� � conna�tre les
» indications de la maladie , il faut suivre
» avec soin charpie indication ; s'il j a in-
» flammation et chaleur, on doit rafra�chir ;
» s'il y a tension, il faut employer les
» �molliens ; les vaisseaux sont-ils trop
» pleins , on a recours � la saign�e : si au
» contraire on remarque du rel�chement
» dans cette partie , on travaille � j r�-
» tablir le ton ; et lorsqu'il se pr�sente
» dans le m�me sujet complication de ma-
» ladie , on suit les r�gles du bon sens et
» l'on va toujours au plus press�, comme
�» par exemple , qu'on ait � traiter une
» pleur�sie accompagu�e de toux , d'in-
y> flammation , de fi�vre , de difficult� de
y> respirer, il faut examiner chaque indi�
» cation. La toux demande des adoucis-
» sans ; la fi�vre exige des rafra�chisse-
» mens purgatifs ; la difficult� de respirer
» se calme par la saign�e , et les adoucis-
-ocr page 399-
J94                      MANU Et
» sans n'augmentent pas la fi�vre , ou doit
» en faire usage ; apr�s quoi l'on peut sans
» risque avoir recours aux purgatifs.
» Sympt�mes g�n�raux qui font con-
« na�tre que le cheval est malade ; i°. lors-
» qu'il est d�go�t� et qu'il perd l'app�tit;
» 2°. lorsqu'il est triste et qu'il porte la
» t�te basse ; 3°. s'il a la langue s�che;
» 4°. le poil h�riss� ; 5°. s'il ne fl�chit pas
» les reins quand on le pince en cet en-
» droit, 6°. s'il a la fiente s�che et par
>i marons plus d�taches qu'� l'ordinaire ,
)i couverte quelquefois de glaires qu'on
-» appelle improprement gras - fondu ;
» 7°. lorsqu'il rend une urine rouge�tre ;
» 8°. lorsque l'urine est. crue et claire
» comme de Veau pure; 90. quand le c�ur
» bat plus fort que de coutume ; io'. si le
n battement du c�uf et des art�res est
» trop faible , il0, quand il regarde son
» flanc, 12°. lorsque le cheval se couche
» et se rel�ve souvent; i3°. qu'il jette
» une humeur jaun�tre par les narines ;
-ocr page 400-
DES HARAS.                     J j
v r4°- quand sa marche est chancelante;
» l5°. s'il a la vue triste, abattue , et les
» yeux larmoyana ; i6°. une difficult�
» d'uriner dont on s'aper�oit d�s que
» le cheval se pr�sente ; iy°. lorsque le
» crin de la crini�re ne tient point.
» Les sympt�mes dangereux sont,
» i°. lorsque le cheval se tient faiblement
» sur ses jambes , h�site a se coucher ,
» tombe comme une masse , et se rel�ve
» de temps en temps; ao, �rfj sort d(y
» l'�cume de la bouche et des narines ;
» 3". quand l'�il est t�t,ru� de mani�re
» qu'on y yoit beaucoup de blanc; 4". que
» l'urine d�coule goutte � goutte , sans que
le cheval se pr�sente pour uriner; 5". s'il
jette par le nez une mati�re sanguino-
lente quelquefois brune; 6". s'il ne rend
qued.es mati�res glaireuses et sanguino-
lentes par le fondement ; 7°. s'il se l�ve
et se rel�ve en regardant ses reins;
8°. enfin , lorsqu'il regarde fixement son
1
-ocr page 401-
dgo                     m a n v e r,
» flanc, sa poitrine, et qu'il a une grande
» difficult� de respirer. »
Ne voulant point empi�ter sur les fonc-
tions du v�t�rinaire , nous nous contente-
rons simplement d'indiquer ce qu'un pro-
pri�taire ou voyageur doit faire lorsque le
cheval n'est que t-iste avec d�go�t , sans
fi�vre , sans sueur et sans aucun symp-
t�me caract�ris�. L'on a dans ce cas , d'a-
pr�s le m�me auteur , de ressource que
dans les rem�des les plus doux , tels sont
les suivans.
» i°. Il faut retrancher le foin, la paille et
»   l'avoine au cheval, c'est-�-dire le mettre
n   � la di�te ; ne lui donner pour toute nour-
n   riture que de l'eau blanche ti�de : pour
i)   cela , il faut faire bouillir deux joint�es
»   de son de froment,, pour chaque sceau
»   d'eau , l'espace de sept ou huit minutes;
»   on lui met ensuite le son dans la man-
»   geoire ; apr�s avoir pass� l'eau, on lui
»   pr�sente cette eau � plusieurs fois , si
-ocr page 402-
f
DES HARAS.                3()J
* l'animal n'en veut pas, on lui en fait
» avaler trois ou quatre litres, avec une
» bouteille , ce qui se r�p�te quatre fois
» le jour. Si l'on soup�onne que le cheval
» soit trop �chauff� , l'on mettra une ro-
» quille ou i hectogr. 2 d�cagr. de vinaigre
» pour chaque seau d'eau; si au contraire il
» a de la toux , on y d�layera m�me dose
» de miel, et l'on retranchera le vinaigre.
» 2°. On lui videra le rectum, et l'on
» ipjectera trois litres de d�coction �mol-
» liente pour chaque lavement , ce qui se
» r�it�rera sept ou huit fois le jour.
» 3°. Ne saignez que dans les cas inflam-
»  matoires o� il y a difficult� de respirer
»  et battement de flanc , dans la pl�thore ,
»  apr�s les chutes et contusions, ainsi que
»  dans l'engorgement de toutes les tumeurs
»  inflammatoires ; les saign�es de pf�cau--
»  tion ou de saison �tant souvent dange-
»  reuses.
a 40. JSe m�dicamentez jamais un chc-
-ocr page 403-
898                      M A Bl'EI
t> val que vous ne sachiez la cause de sa
» maladie , ou que vous ne connaissiez
11 exactement son esp�ce ; il vaut mieux
■» laisser agir la nature que de risquer � la
» contrarier.
» 5°. Enfin, on tiendra le corps de l'a-
v> nimal chaudement avec plusieurs cou-
» vertures ; on lui fera une bonne liti�re,
» en attendant que les secours dont on
» pourrait avoir besoin de la part du v�t�-
» rinaire puissent arriver.
-ocr page 404-
».ES HARAS.
CHAPITRE XXVIII.
De la composition des Boites les plus usi-
t�es en Angleterre , tant pour purger les
Chevaux que pour tuer les vers dont ils
sont souvent tourment�s.
Oi dans le cours de cet �crit nous avons
cherch� � faire conna�tre la mani�re dont
les Anglais jugent et propagent leurs belles
races de chevaux. nous avons pens� qu'on
nous saurait quelque gr� de donner, pour
le terminer, la recette des meilleurs m�di-
camens usit�s en Angleterre pour les en-
tretenir en vigueur, en sant�, et les pr�-
parer � l'extr�me fatigue � laquelle on
assuj�tit quelquefois ces animaux , tant
pour des courses de longue haleine, que
pour des chasses excessivement rudes : non
pas que nous croyons que quelques - uns
1
-ocr page 405-
400                         MANUEL
de nos bons v�t�rinaires n'ayent pas des
rem�des d'une aussi grande efficacit�, mais
pour qu'eux-m�mes puissent en faire des
objets de comparaison, et nous apprennent
aussi leur m�thode qui nous guide dans la
conservation d'un animal aussi utile que le
cheval.
Les partisans de la mani�re anglaise y
trouveront l'avantage de pouvoir s'en servir
dans le moindre danger pour la sant� de
leurs chevaux, et sans qu'il soit besoin de
faire appeler un v�t�rinaire pour un cheval
qui ne serait que d�rang� , et que quelques
bolles donn�es � propos peuvent r�tablir
parfaitement.
Nous avons d�j� donn�, � l'article de
l'accouchement, la recette des bolles cor-
diales ou pectorales , qui peuvent �tre d'un
usage journalier pour les personnes qui au-
raient des chevaux dont la sant� serait d�-
rang�e , soit par une l�sion des fonctions
de l'estomac, soit par la fatigue. Nous don-
-ocr page 406-
DES HARAS.                    401
lierons ici la composition des bolles diur�-
tiques , appel�es par les jockeys Pissing-
Balls,
qui ne sont pas moins utiles sons le
m�me rapport, lorsqu'il est question de
pr�parer le cheval � un cours m�thodique
de m�decine, bas� sur sa force et son tem-
p�rament, en indiquant le r�gime qu'il
faut suivre, et les pr�cautions qu'il convient
de prendre pour que ces m�dicamens pro-
duisent un bon effet.
Cet article sera termin� par la mani�re la
plus efficace de tuer les vers qui naissent
et se nourrissent dans le corps du cheval,
qu'ils font quelquefois p�rir apr�s l'avoir
tourment� long-temps , si l'on ne s'est b�t�
de les d�truire avant qu'ils aient acquis la
force qui les rend si dangereux.
En commen�ant par les bolles diur�ti-
ques , elles se composent de la mani�re
suivante :
Prenez : Savon de Cast�IIe ou de Bristol, trois hec-
togrammes sis. d�cagra�mes ;
17*
-ocr page 407-
402                        MANUEL
R�siae jaune et nlire en pondra, deux
hectogrammes quatre d�cagrammes.
Camphre en poudre , trois d�cagramme-;
Huile essentielle de geni�vre, deux d�-
cagrammes six. drachmes.
M�lez avec autant de sirop et de miel qu'il vous
en faut pour composer une p�te que vous diviserez
en douze belles, roul�es dans de la poudre do r�-
glisse ou d'anis.
Ces bolles sont reconnues pour un puis-
sant stomachique ; elles sont carminatives ,
et d�barrassent l'estomac des mati�res glai-
reuses qui d�rangent les digestions, et don-
nent du ton � toute Vliabitude du corps;
elles se conservent tr�s-bien en masse dans
une vessie. On fait les belles suivant le be-
soin, et une seule donn�e � propos soulage,
et m�me quelquefois r�tablit votre cheval,
si ce n'est qu'un d�rangement des fonctions
de l'estomac.
Vous eu donnerez une de deux jours
l'un, le matin � jeun , � votre cheval; mais
s'il est replet, que ses excr�uicna soient
>.
-ocr page 408-
DES HARAS.                    4o3
de mauvaise qualit�, d'une odeur f�tide,
il faudra , avant de lui administrer les bolles
diur�tiques, lui faire prendre deux doses
de m�decine appropri�e � son �tat, � ses
forces , en commen�ant par le n°. I.
Purging Balls ou Bolles purgatives,
N°- i.
Prenez: Alo�'s succotrin, trois d�engrammes ;
Rhubarbe du Levant, sept grammes;
Jalap et cr�me de tartre , de chacun trois
grammes ;
Gcngembre en poudre, huit decigrammes j
Huile essentielle de g�rofle ou d'artis , de
chacune vingt gouttes.
Sirop de. Noirprun en quantit� suffisante pour for-
mer la bolle.
N°. 2.
Alo�'s succotrin , deuxd�cagrammes ;
Rhubarbe, jalap et gengembre , de cha-
cun quatre grammes six d�cigranarnes.
Sirop de Noirprun pour former la boll«.
-ocr page 409-
4©4                       M A SUE!
H». 3.
Prenez; Alo�s des Barbadcs, quatre de'cagrammes
six d�cigrammes ;
Jalap et savon de Castille , de chacun
quatre grammes neuf de'cigrammes ;
Diagr�de et gengembre en poudre , de
chacun trois d�cagrammes.
Sirop de Noirprun pour former la bolle.
TsT". 4.
AIo�'sdes Barbades , quatre d�cagrammes
six decigrammes ;
Savon de Castille et jalap en poudre , de
chacun sept d�cagrammvs ;
Gengembrc, huit decigrammes ;
Huile d'anis, quarante gouttes ; de ge'ro-
fle , vingt gouttes ;
Sirop de rose ou de Koirprun pour former la bolle.
Ces m�dicamens sont compos�s de ma-
ni�re � ne pas donner la moindre inqui�-
tude aux personnes qui en feront usage,
si elles commencent, comme nous l'avons
«Ut, par le n°. 1, et ainsi de suite . jusqu'�
-ocr page 410-
DES HARAS.                       44.1}
ce qu'elles aient appris � conna�tre le
temp�rament du cheval.
La veille d'une m�decine , on ne donne
point � souper au cheval. Le jour suivant,
de grand matin, apr�s lui avoir fait avaler
sa bolle, ordinairement recouverte d'un pa-
pier brouillard huil� , afin de la rendre pins
coulante, vous lui faites boire environ deux
litres d'eau l�g�rement d�gourdie , pour
lui �ter, autant que possible, les naus�es
de la m�decine, vous le laissez ensuite
tranquille au r�telier, avec une poign�e de
bon foin devant lui.
On sait que pour faire prendre la bolle,
on tire avec la main la langue du cheval, et
qu'on place la bolle avec l'autre main sur
le milieu de la langue , le plus pr�s possi-
ble du gosier , et le cheval l'avale aussit�t
qu'on lui a l�ch� la langue en lui levant la
t�te.
Trois heures apr�s, Yous lui pr�parez
-ocr page 411-
4�6                     M .a u e l
une masche compos�e de trois parties de
son , et de la quatri�me partie en avoine :
vous versez de l'eau bouillante sur le tout,
et le laissez refroidir assez pour que le che-
val puisse le manger sans sentir la chaleur
qui le lui ferait rebuter; si vous pr�sentiez
ce m�lange avant qu'il fut presque froid, il
n'y toucherait pas.
Vous lui donne ez , trois fois dans le
jour, de l'eau d�gourdie, � In quantit� d'un
Ai !! ni -seau chaque fois : la masche est r�-
p�t�e dans la soir�e , et le lendemain �
L'heure �-peu-pr�s cru'il a pris sa m�decine.
Comme ces sortes de m�decines ne com-
ment � op�rer qu'au bout de vingt-
quatre heures, si le cheval refusait la mas-
che du matin, on lui donnerait en place tin
scati d'eait l�g�rement d�gourdie.
Deux heures apr�s , le cheval, bien garni
de couvertures , doit �tre promen� , au pas,
pendant une bonne demie-heure ; on lui
-ocr page 412-
!)ES H A K A S.                  ^6f
pr�sentera souvent, dans la journ�e, de
l'eau d�gourdie, et ses masclies aux heures
accoutum�es, ayant l'attention de r�it�rer
la promenade deux ou trois fois dans la
courant du jour.
Comme en raison de la longueur du ca-
nal intestinal du cheval . la m�decine ne
peut gti�res op�rer avant vingt - quatre
heures, si votre cheval ne purgeait pas m�me
apr�s ce temps, il ne faudrait pas encore
s'alarmer , et attendre patiemment l'effet
d'un purgatif, qui ne manque jamais d'agir
apr�s les vingt-quatre heures et rarement
avant*
Tant que la m�decine op�re , on suit le
m�me r�gime, qui cesse d'�tre n�cessaire
aussit�t que le cheval a purg� , ce qu'on re-
conna�t lorsque les excr�mens, en deve-
nant solides, reprennent leur forme ordi-
naire.
Ce qtte vous avez � appr�hender, tant
-ocr page 413-
4rc8                      MAS(/Kt
que le cheval est en m�decine , c'est qu'il
ne prenne du froid et ne s'enrhume } ce
que vous emp�cherez, tant par les bois-
sons d�gourdies que par les couvertures
dont vous l'envelopperez pour le conduire
� la promenade.
Vous laisserez six jours pleins entre la
premi�re et la seconde dose de m�decine ;
le septi�me , vous la lui ferez prendre de
la m�me mani�re, et le r�gime � suivre est
en tout le m�me.
Si le cheval a Lien purg� , vous vous en
apercevrez ais�ment, tant � sa chair qu'� sa
peau et � sa ga�t�, et vous pourrez, sans
danger, le livrer � son ancien exercice.
Cette m�thode, applicable aux chevaux
qu'on dispose pour la course , l'est �gale-
ment � ceux qu'on retire de l'herbe pour
les faire entrer dans le commerce, en fai-
sant attention � ce que nous avons recoin-
-ocr page 414-
B E S I1AE A 5.                    409
mand� � l'article des Huniers, ou chevaux
de chasse.
Nos �talons qui, pendant l'hiver, ont
pris beaucoup d'embonpoint , paraissent
tristes, ont la peau mauvaise, pourraient,
avec des modifications, y �tre assuj�tis,
mais il faudrait que ce f�t un mois au
moins avant de commencer la monte.
A l'�gard des , ers, il est bon qu'on sa-
che que les chevaux en g�n�ral, mais plus
particuli�rement les, jeunes, y sont extr�-
mement sujets : les plus dangereux sont
ceux qui, log�s dans les parois de l'esto-
mac, causent au cheval des douleurs tr�s-
aigu�s, et finissent par le tuer, si l'on a n�-
glig� de l'en d�barrasser avant qu'ils aient
acquis toute leur force.
L'origine de cette vermine , la mani�re
dont se fait son accr nssement, et comme
elle s'introduit dans l'estomac du cheval,
devient ici �-peu-pr�s inutile; le mat�riel
18
-ocr page 415-
410                        ��AH��IL
est de clierciier � la d�truire , lorsque l'on
s'est assur� <le son existence dans le corps
de l'animal. Les ascarides qui se logent
dans le rectum, ont �-peu-pr�s la m�me
cause , et produisent approchant le m�me
effet, qui est de tourmenter et faire souffrir
la b�te, sans pourtant �tre , � beaucoup
pr�s, aussi dangereux que ceux qui se trou-
vent dans l'estomac.
Les vermifuges de M. Lafosse sont sans
doute tr�s-bons ; ceux de M. Robinet, son
�l�ve , le sont �galement. Nous croyons
cependant devoir faire conna�tre les re-
m�des employ�s avec un succ�s prodigieux
par M. Taplin , en Angleterre , afin qu'on
juge auxquels de ces m�dicamens on doit
donner la pr�f�rence.
Comme la description de ces terribles
insectes estnaturellementduressortdes gens
de l'art, et que M. Lafosse l'a donn�e d'une
mani�re � laquelle il est impossible de rien
ajouter , nous nous contenterons simple-*
-ocr page 416-
mes Haras.                  4t%,
ment de dire � quels signes M. Taplin re-
conna�t leur pr�sence, et quels sont les
rem�des qu'il emploie pour les tuer.
Un cheval attaqu� de cette maladie, dit
M. Taplin, lorsque les vers ont acquis
toute leur force, manifeste la m�me peine
que s'il �tait tourment� de tranch�es; les
douleurs qu'il �prouve dans son estomac lof
donnent p�riodiquement jusqu'� des con-
vulsions , et feraient croire qu'il y aurait
chez lui complication de maladies. Ce qui
fait juger de l'existence des vers, et em-
p�che d'attribuer aux tranch�es ce qui n'est
occasionn� que par leur pr�sence , c'est
lorsque vous remarquez que le chevaj
fiente et urine comme � son ordinaire.
Lors donc qu'il n'y a plus de doute sur
la cause de la maladie , vous cherchez � la
gu�rir , en soumettant votre cheval au trai-
tement m�thodique indiqu� au commet
cernent de ce chapitre, en observant que
la dose doit toujours &re proportionn�e *
-ocr page 417-
412.                    sia«uel
la force de l'animal, ensorte que pour un
cheval d�licat et de race distingu�e , vous
faites usage de la bollc purgative , sous le
n°. i , auquel vous ajouterez trois grammes
huit d�eigr. de calomel, qui est du mer-
cure doux sublim� , plusieurs fois.
Pour un cheval un peu plus fort de taille �
et de temp�rament , vous avez recours
au n°. 2, auquel vous incorporerez sept
grammes six d�eigr. de calomel-
Si c'est un cheval de fatigue, plus robuste
encore , vous employez le n°. 3 , avec l'ad-
dition de neuf grammes de calomel.
Pour les grands et forts chevaux de car-
rosse ou de charrette, il faut un d�cagr.
de cajomel pour ajouter au n°. 4,
Il n'y a rien � changer � la mani�re de
purger, c'est-�-dire qu'il, faut suivre exao-
tement ce qui est prescrit � cet �gard.
-ocr page 418-
DES HARAS.                  4l3
Vous jugerez par l'effet de la premi�re
dose sur chaque sujet, si vous devez ajouter
ou diminuer quelque chose de la m�decine,
en prenant garde surtout que le cheval n'at-
trappe du froid tout le temps qu'il purgera,
jusqu'� la fin de la troisi�me dose, qui
porte le traitement complet � dix-huit ou
vingt-quatre jours, si vous laissez huit jours
d'intervalle au lieu de six, entre chaque
m�decine, ce qui est �-peu-pr�s indiff�rent.
Il est encore, pour la destruction des
vers, une autre bolle purgative dont l'effet
est aussi s�r , et: observant qu'il coin lent
d'ajouter � la composition de la bolle dont
la recette suit, sept gram. six d�cigr. de jaiap,
si le cheval se trouve dans l'une ou l'autre
des deux derni�res classes dont nous avons
parl�.
Prenez : Aio�s des Barbaries, 3 d�eagr. 3 grammes.
�iiops minerai, 3 d�cagr. 3.d�cigr.
Savon, rhubarbe Je l'Inde , gengembre
en poudre, de chacun 3 gr�m. 8d�cigr.
-ocr page 419-
414                        MA NUE X.
Huile d'auis cl de savinier, trente gouttes
de chaque.
Sirop de Koirpmc on de Rose, pour former la bc'le.
En observant les m�mes pr�cautions que
pour les autres rn�dicamens pr�cit�s , vous
conna�trez , en peu de jours , que votre
/cheval est enti�rement d�barrass� de ce
qui causait sa peine, et vous pourrez sans
danger lui faire reprendre son exercice
accoutum�.
Mais comme il est des possesseurs d�
chevaux qui, par la nature du service qu'ifs
tirent de ces animaux, ne pourraient pas,
sans un grand pr�judice � leurs int�r�ts ,
sacrifier autant de temps pour les d�bar-
rasser des vers dont ils seraient tourment�s;
ceux-l� pourront, avec un succ�s «gai,
faire usage des bolles ou pillules suivantes:
Prenez: «Eliops min�'ral, un hectogramme huit
de'cagrarnines ;
Antimoine porphyrise", un hectogramme
deux decagrammes j
-ocr page 420-
DES HARAS.                    415
Safran , acier pr�pare , anis en pondre ,
de chacun neuf d�cagrammes ;
Miel en suffisante quantit� pour former une masse
que vous diviserez en neuf belles.
Vous en donnez pendant trois jours une
tous les matins au cheva! ; vous le laissez
reposer trois jours , et vous recommencez
� lui en faire prendre encore trois de ia
m�me mani�re que la premi�re fois ; vous
laissez encore , pour la seconde fois , un
mtervallc de trois jours pour recommencer
le quatri�me, jusqu'� la fin des neuf jours,
ce qui forme en tout dix�liait jours.
Cette m�thode, au grand avantage de
faire p�rir �galement les vers , joint-celui
«le laisser au cheval la facult� de travailler,
pourvu qu'on ne l'expose pas trop � la
pluie ou � un froid rigoureux, les jours
qu'il aura une holle dans l'estomac.
Pour la commodit� des personnes qui
trouveraient quelque difliculti �jair� pfen-
-ocr page 421-
416                     M A StEI
dre les bo^es au cheval , elles pourront
supprimer le miel, et broyer les autres
ifigr�dieng ensemble dans un mortier, pour
eu faire une poudre divis�.1 ea neuf paquets,
v, an\ n;:".m!<■.�; �p.iMiu-v,                   ;ivr un
par moiti� dans l'avoine du matin et du
soir , ayant l'attention de mouiller l�g�re»
ment l'avoine pour que la poudre s'y atta-
che et qu'il ne s'en perde pas.
Ces m�dicamens sont, pour les chevaux,
un moyen de saut� qui peut �tre d'une
grande utilit� � ceux qui, voyageant souvent
dans des pays dont ils n'entendent pas la
langue , ne rencontrent pas toujours des
mar�chaux assez exp�riment�s pour soi-
gner leurs chevaux qu'ils peuvent perdre ,
«piand il leur est si facile de les conserver
en �tat de travailler.
Les cultivateurs �loign�s des grandes
villes, ceux qui se livrent � l'�l�ve des'
chevaux dans des cantons o� les commu-
nications sont peu faciles , peuvent �gale*-
-ocr page 422-
B�S HARAS                  417
ment en avoir besoin et s'en servir avec
succ�s ; et comme le but de cet �crit est
de simplifier tout ce qui a rapport � la con-
naissance comme � l'�l�ve , aussi bien qu'�
la conservation du cheval, pour le mettre,
comme nous l'avons dit, � la port�e des
personnes auxquelles il est consacre, nous
pensons que ce que nous avons dit suffira,
tant pour les habitans des campagnes que
pour ceux qui, faisant le roulage , ne peu-
vent se soutenir que par la conservation d�
leurs chevaux.
En ce qui corcerne les Haras , nous ter-
minerons cet �crit en proposant un mode
aussi simple que facile , pour reconna�tre
et propager les races de chevaux que nous
aurons am�lior�.
-ocr page 423-
■m
CONCLUSION.
A
pais avoir d�montr� dans le cours de
cet �crit la n�cessit� de faire la statistique
exacte des �talons ue Sa Majest� l'Empe-
reur et Roi, et de donner sur chacun d'eux
une notice particuli�re , afin d'aider les
propri�taires de belles jumens dans des
appareil]emens qui leur tournent � b�n�-
fice, et qui par ce moyen fasse na�tre, dans
toute l'�tendue de l'Empire, l'ambition de
remplacer par de lionnes poulini�res ces
b�tes d�fectueuses et tar�es , qui , m�me
accoupl�es aux meilleurs �talons, ne peu-
vent nous faire que de mauvais cnevaus ;
ne conviendrait-il pas de publier tous les
ans l'Annuaire des Haras , qui r�pondrait
au Siud Book des Anglais , qui a plus de
dix mille souscripteurs rien qu'en Angle-
terre.
Ce livre, en faisant conna�tre les �talons
de races fran�aises, comme les poulains et
-ocr page 424-
CONCLUSION.                419
pouliches qui en proviendraient, servirait
non-seulement � nous, pour nous remonter
en chevaux de bonnes races, mais encore
aux �trangers qui, voulant tirer de la France
des �talons propres � am�liorer les races
qu'ils poss�dent, apprendraient � conna�tre,
sans craindre de se tromper, quelles sont
les contr�es o� ils doivent les prendre.
Cette mesure , qui augmenterait n�cessai-
rement le prix des bons chevaux , ferait
baisser dans la m�me proportion celui des
mauvais. Le gouvernement y jouirait du
double avantage de voir rapidement aug-
menter le nombre des chevaux de distinc-
tion , � mesure que ses races s'�pureraient
dans les jumens , et d'ajouter � sa prospe-
\
              rite cette branche importante d'un com-
merce qui satisferait � la fois notre orgueil,
notre int�r�t, nos plaisirs et nos besoins.
Dans les commencemens de l'am�liora-
tion de la race anglaise, et m�me long-
temps apr�s , il est certain que le prix du
saut des �talons, m�me les meilleurs, n'�tait
p;:s u�s-�iev�. Les Anglais n'ont fait � cet
�gard que ce que nous pouyous faire aussi
-ocr page 425-
420                   C 0 N C h V S I 0 N.
bien qu'eux; c'est le m�rite des produc-
tions qui a donn� la vogue � leurs pre-
miers chevaux , comme il est arriv� �
l'�gard du p�re �'Ectipse, qui, comme
nous l'avons dit, couvrit long-temps, dans
les environs de Windsor , � une demi
guin�e par jument , et dont le saut fut
port� � cinquante guin�es , du moment
ou'Eclipse eut fait ses preuves.
Si Eclipse fut un prodige pour l'Angle-
terre , pourquoi, dans un pays o� depuis
peu d'ann�es il s'en est op�r� de plus
�tonnans dans un autre genre , n'en ver-
rions-nous pas �galement dans l'esp�ce du
cheval? Nous n'en citerons qu'un pour la
.Normandie , du Haras Imp�rial du Fin ;
"c'est le Matador dont les productions ne
laissent pour ainsi dire rien � d�sirer, et
qui , s'il n'e�t sailli que des jumens par-
faitement en rapport avec lui, pouvait �
lui seul relever la belle et bonne race nor-
mande.
Ce cheval n'est probablement pas le
seul que nous poss�dions; d'autres races
fran�aises peuvent avoir des liflta4oft
-ocr page 426-
«: o x c l u s i o n.               421
comme l'Angleterre poss�de encore quel-
ques Eclipse. De m�me que ce sont les
descendans de cette tige illustre qui de-
vaient exciter Tiotre convoitise pour l'am�-
lioration des n�tres, de m�me les amateurs
de la vraie race normande trouveraient dans
les productions du Matador et de quelques
autres que nous pouvons poss�der, et que.
la statistique nous apprendrait � conna�tre ,
des types d'am�lioration pour des races
inf�rieures.
L'Annuaire, qui ferait tous les ans men-
tion des nouvelles productions , nous gui-
derait dans le choix que nous en devons
faire , soit comme �talons , soit comme
jumens poulini�res. Nos races, en s'�pu-
rant, se remonteraient naturellement, et
les bons chevaux, aujourd'hui si rares , ne
tarderaient pas � devenir aussi communs
qu'ils sont en Arabie , en Angleterre , et
4ans toutes les contr�es o� l'on a suivi une
semblable m�thode.
�IN.
-ocr page 427-
TABLE DES CHAPITR�S.
INTRODUCTION,                      Page i
Chap. Ier. Sur l'origine des races de
Chevaux.                                                  15
Chap. IL Pr�cis historique des Ha-
ras avant la r�volution.
                          44
Chap. III. Moyen de relever les ra-
ces de Chevaux fran�ais.
                       62
Chap. IV. Mode d'�puration de nos
races de Chevaux.                                  Jo
Chap. V. Sur les Chevaux d'Angle-
terre,
                                                        o 5
Chap. VI. Sur les Appareillemens. x 03
Chap. VII. De la Monte. 117
Chap. VIII. De la Gestation. i33
Chap. IX. De VAccouchement ou
naissance du Poulain.                          136
Chap. X. Du Sevrage.                            147
Chap. XL De l'adolescence du Cheval. 1 Sj
Cn.W. XII. De la Ferrure.
                    t^
Chap.XIII. Des S�tons el de leur abus. \ 87
Chap. XIV. De la Section de la
Queue du Cheval �l'anglaise.             194
Chap. XV. De l'Ecurie et du ; an-
sement journalier.                                201
Chap. XVI. De l'Exercice propre-
ment dit.
                                       209
-ocr page 428-
TABLE DES MATIERES.         5a5
Page.
Chap. XVII. Del''exercicedes Eta-
lons.
                                                        21 g
Chap. XVIII. Desl�umers, ou Che-
vaux de chasse d'Angleterre.
             a38
Chap. XIX. Des Road-horses, ou
Bidets.                                                   a 54
Chap. XX. Des Courses de Chevaux. 261
Chap. XXI. Sur les Coursiers d'An-
gleterre.
                                                 270
Chap. XXII. De la beaut� du Cheval. 282
Chap. XXIII. Mani�re d�faire l'ac-
quisition du Cheval.
                             3i2
Chap. XXIV. Sur les Haras fores-
tiers , ou de l'�l�ve des Chevaux
sauvages.
                                                35o
Chap. XXV. De l'�ge du Cheval.        365
Chap. XXVI. Nomenclature de tou-
tes les parties du corps du Cheval. 3yi
Chap. XXVIT. Sur la mani�re de
tenir le Cheval en bonne sant�, ou t
reconna�tre s'il est malade.
                3Ho
Chap. XXVIII. De la composition
des Bolles les plus usit�es en An-
gleterre , tant pour purger les Che-
vaux que pour tuer les vers dont ils
sont souvent tourment�s,                  3ga
CONCLOSIOK.                                             418
-ocr page 429-
~< -»- '�~'o          ,                ,',� ,-. .            , , �-;
IV. ...tl..J<'j</ JacjjniL,,-Jou.»■ ooivri/., JaMouy,
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