INTRODUCTION. HJ
quelque sorte de r�gulateur dans l'am�lio-
ration de nos races de chevaux, auxquelles il ne manque que d'�tre crois�es avec intelli- gence , pour �galer avec le temps les plus fameuses de l'Angleterre. En travaillant � cette branche importante
de «l'�conomie rurale , nous sommes si �loign�s de la pr�tention de vouloir �tendre la sph�re des connaissances acquises , que nous chercherons au contraire � en r�duire le cadre , pour le mettre � la port�e de tout le monde, et particuli�rement de cette utile et industrieuse portion de L'esp�ce humaine, dont toute la fortun� souvent consiste dans la possession d'une seule ju- ment poulini�re. Si cet �crit, dans son entier, n'a pas tout
le m�rite d'une composition, il aura au moins celui de ne produire que le r�sultat d'observations d'autours avantageusement connus, et surtout celle d'un homme c�l�- bre qui nous fournit des lumi�res sur le parti que nous pouvons tirer des chevaux |
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MANUEL
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ES HARAS.
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■* ? JOJZ.,
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�L
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MANUEL
DES HARAS,
o u
SYST�ME DE R�G-�N�RATIOIST
DES RACES DE CHEVAUX, Applicable � toutes les parties de l'Empire
Fran�ais ; � l'usage de ceux qui , par go�t ou par sp�culation , se livrent � l'�l�ve des Chevaux. Suivi de la mani�re de purger les Chevaux � l'anglaise.
P Ar Pic,h a r d ,
Professeur d'�rjuilation , aii�ic/n^feUve des Grandes
�curies de Versailles,Iiispecte\u}':d\llaras imp�rial duPia/l »�f L'IMPRIMERIE DE CHATIES.
A PARIS,
Chc� DelAcock, Libraire, rue J..-J-'Rousseau, n9. i/j.
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l8t2.
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NOTE
DE L'�DITEUR.
Jdien qu'on ait d�j� publi� un
grand nombre d'ouvrages sur les moyens d'am�liorer et propager les races de chevaux fran�ais ; comme il semble que dans les livres qui ont paru derni�rement � ce sujet, ceux qui les ont faits n'offrent que des citations d'auteurs de beaucoup de |
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ij note de l'�diteur.
r�putation � la v�rit� , mais qui
n'ont pas saisi bien positivement le point de vue sous lequel l'am�liora- tion des races pouvait �tre envisag�e, et que leurs ouvrages , quoique rem- plis d'une multitude de choses excel- lentes , pr�sentent dans l'ex�cution tant de difficult�s qu'il n'y aurait peut-�tre qu'eux m�mes qui pour- raient les mettre � ex�cution , avec un laps de temps plus consid�ra- ble que la vie de l'homme ; il �tait � d�sirer que quelqu'un se charge�t, sans les constituer en frais , de faire conna�tre aux habitans des campa- gnes , qui sont en possession des |
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HT 0 T E DE l'� D I T E 0 Jt. i�j
meilleures jumens poulini�res , ce
qu'il/ aurait � faire pour en perfec- tionner l'esp�ce , et c'est ce que nous avons cru remarquer dans l'�crit que nous offrons au public , o� l'auteur s'est born� au d�veloppement d'un mode si facile � ex�cuter, qu'il n'est pas un seul propri�taire � qui il ne puisse �tre utile , tant pour la pro- pagation et l'am�lioration des races de chevaux, que pour leur conser- vation. Or, comme son ouvrage ne ren-
ferme que ce qu'il faudrait que tout le monde s�t sur cette branche im- portante de l'�conomie rurale, nous |
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]r NOTE D» L EDITEUR.
ne pouvons que le recommander,
sans chercher � faire l'analyse d'un �crit qui est lui-m�me une analyse de la science d'am�liorer et de con- server une esp�ce aussi int�ressante que celle du cheval. |
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IV INTRODUCTION.
de l'Arabie, en m�me temps qu'il nous
fait sentir les inconv�nicns qu'il y aurait � vouloir naturaliser en France des races dont les m�les seuls peuvent nous faire aller de pair avec les nations qui ont port� l'�l�ve des chevaux au. plus haut degr� de perfection. Nous esp�rons faire voir �galement, en
ce qui concerne les haras, que la m�thode I tx les Anglais suivent depuis plus d'un si�cle avec une constance garante des suc- c�s qu'ils ont si justement obtenus, nous est parfaitement applicable dans tout ce qui concerne l'am�lioration et la conservation de l'utile cr�ature dont nous avons � entre- tenir le lecteur. ]Srouvel �cho de ce qui a �t� dit jusqu'�
ce jour, nous ne r�p�terons que ce qu'il est important que les personnes qui, par «musement ou par sp�culation se livrent � ce genre d'industrie, doivent savoir pour �lever et propager une esp�ce aussi int�- ressante que celle du cheval. |
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INTRODUCTION. Y
Ce que nous dirons sur la monte, qui
n'est difficile que par l'attention qu'on doit apporter � saisir Lieu positivement les rapports de conformation qui existent na- turellement entre le m�le et la femelle , se r�duira � fort peu de chose, parce que c'est une �tude � faire qui ne s'apprend pas sur le papier. Nous ferons seulement conna�tre la marche � suivre dans ce premier acte de la r�produfctioB de l'esp�ce. .La gestation etraccQiicccmt-iii, datant
de monde a parl� , sont des effets si �atu- 'relg et si simples , que nous nous conten- terons d'indiquer ce qu'il y aurait � faire dans le cas o� il arriverait quelqu'accident a la naissance du poulain. ]Je sevrage, qui nous occupera ensuite,
�tant, comme on sait, relatif � l'�ge , � la force , comme � l'�tat de la m�re et au sol sur lequel le poulain aura pris naissance, est livr� � l'intelligence du propri�taire qui doit tout prendre en consid�ration s'il veut que son �l�ve tourne � bien. |
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Y) INTRODUCTION.
L'article relatif � l'adolescence du cheval,
que nous traduirons de l'anglais, peut, en grande partie, s'appliquer � toutes les di- visions de l'Empire fran�ais, dans lesquelles on se livre � l'�l�ve des clieyau s, avec des modifications bas�es sur les localit�s et les diff�rentes races de chevaux pe nous vou- drons propager. Nous parlerons assez longuement de la
ferrure, parce que nous sommes persuad�s que la conservation du cheval et sa dur�e d�pendent essentiellement du soin qu'on prend de ses pieds, dont le mauvais �tat occasionne la perte de ses jambes et le met en peu de temps hors de service. Nous ne pourrons gu�re nous dispenser
de dire un mot sur les s�tons et la queue C�Up�� � l'anglaise , � cause de l'abus qu'on en fait quelquefois , puisque le s�ton mis mal � propos , d�figurant le cheval sans toujours le gu�rir, lui�te encore une partie de sa valeur dans le commerce , et que la |
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ISTRODSCTIOS- VI}
queue coup�e � l'anglaise prive l'animal
qui la porte de son plus bel ornement, en lui d�robant un moyen de d�fense qui lui est si n�cessaire dans un pays o�, comme en France , il y a beaucoup de moucbes. Cette op�ration, qui ne peut �tre que rela- tive au pays et a l'usage qu'on fait des cite- vaux, devrait �tre aa moins proscrite poul- ies �talons de races fran�aises. Nous signalerons le cornage comme une
maladie funeste qui, par l'extension qu'elle prend , menace , si l'on n'y prend garde » d'empoisonner ta France enti�re , quant 1 serait facile, non-seulement d'en arr�ter les progr�s , mais encore de la faire cesser enti�rement. Quoique tout le monde connaisse parfai-
tement une �curie , 'et en quoi consiste le pansement journalier du cheval , nous croyons devoir en dire quelque chose , pour donner rid�e d'un mode uniforme pour tous les haras et d�p�ts d'�talons de l'Empire, |
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V�ij INTRODUCTION.
Ce que disent les Anglais au sujet de
l'exercice proprement dit , nous a paru utile � traduire , afin de faire juger jusqu'� quel point il est n�cessaire � entretenir la sant� des chevaux, et � pr�venir les ma- ladies auxquelles ils sont sujets : il nous fournit en outre des inductions pour con- na�tre , par l'�tat du sang ^u cheval, si la saign�e lui est n�cessaire, et dans quel cas elle pourrait lui �tre contraire. En faisant un article touchant l'exercice
des �talons , nous �mettrons une opinion sur ce que nous croyons le plus propre � les maintenir dans un �tat de sant� qui, en les conservant, les rende encore plus prolifi- ques. Si du reste il ne renferme rien qui ne soit hien connu , il sera au moins con- forme aux principes dont il est toujours dangereux de s'�carter. Ce qui concernera les hunters, ou che-
vaux de chasse d'Angleterre, aura moins de rapport � cet exercice qu'� la ressem- |
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INTRODUCTION. IX
blance qu'ont les chevaux de celte cat�-
gorie , avec ceux que nous devrions choisir pour propager leur esp�ce , et nous ne doutons pas que si l'on suivait, aux appro- ches de la monte, la m�me marche que pour mettre les chevaux en �tat de chasser, nous ne les disposions � faire de meilleurs poulains et en plus grand nombre que par la routine qui nous guide aujourd'hui dans les haras. Au reste , comme beaucoup de choses de cet article pourront s'appliquer aux animaux consacr�s � la reproduction , on pourra, si l'on veut, le consulter quel- quefois. La marche � suivre � l'�gard des road-
horses ou bidets , pourra seulement regarder les particuliers voyageant � cheval, qui d�sireront maintenir leur monture en bon �tat, et si nous en parlons c'est qu'elle semble entrer dans notre plan qui tend � faire conna�tre tout ce qui est relatif � la bonne cr�ature dont nous voulons occuper le lecteur. |
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i IBTIOl'OCTIO N.
Ce que nous dirons sur les courses de
chevaux se r�duira � fort peu de chose , attendu que nous ne sommes pas encore assez �clair�s sur un genre d'exercice qui tue plus de bons chevaux qu'il n'en met en �vidence. Nous pensons qu'avant de singer les An- glais � cet �gard , il faut (pie nous d�butions par o� ils ont d� commencer, et que nous parcourions successivementtoutes les phases qui les ont amen� � faire , sur la vitesse de leurs chevaux , des tours de force qu'il se- rait dangeretix d'imiter, et auxquels peu de particuliers qui, par sp�culation, se livrent � l'�l�ve des chevaux , voudraient se pr�ter. Il para�t d'ailleurs que les Anglais ne s'y sont hasard�s que lorsque l'am�lio- ration de leurs coursiers , �-peu-pr�s ache- v�e , leur a fait entrevoir un degr� qu'il est presqu'impossibled'atteindre, puisqu'ils n'ont encore eu qu'un seul cheval qui 1 ait franchi. La description que nous ferons du cheval
de course d'Angleterre , nous mettra � |
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INTRODUCTION. 4]
port�e de juger si c'est bien dans les ani-
maux d'une pareille conformation que nous devons chercher des types d'am�lioration pour nos races de chevaux fran�ais. Bien que la beaut� du clieval soit pure-
ment relative , nous ferons aussi conna�tre l'opinion des Anglais � son sujet , pour qu'on voye si elle est en tout conforme � la n�tre , et si nous ne pourrions pas en faire l'application dans le choix et le clas- sement de nos �talons. La mani�re de faire l'acquisition d'un
cheval, �tant le mobile de la prosp�rit� des haras , par la tr�s-grande influence qu'a le m�le de cette esp�ce dans l'acte de la re- production , et que chacun a sa mani�re de l'examiner et de le juger ; nous pensons qu'il n'y a aucune esp�ce d'inconv�nient � faire conna�tre-la n�tre , pour fournir un objet de comparaison qui puisse servir � la recherche d'un moyen encore plus s�r que celui que nous employons : nous croyons? |
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�ij INTRODUCTIO S.
en m�me-temps, qu'on en pourra tirer des
inductions sur le danger de conserver en- tiers des chevaux qui peuvent empoisonner les meilleures races, en leur communiquant des vices h�r�ditaires que rien ne peut ef- facer ou compense;-. Nous avions pens� � d�signer minutieu-
sement les tares et les risques auxquels elles nous exposent dans les animaux consacr�s � la reproduction 3 mais comme ce �ue nous en dirions n'apprendrait pas encore � les bien conna�tre , nous croyons que c'est � celui qui se consacre � l'�l�ve des chevaux � en faire une �tude particuli�re pour se garantir de leur f�cheuse influence sur la d�t�rioration des races les plus estim�es. L'article que nous ferons sur les haras
forestiers ou sauvages, aura pour objet de faire remarquer qu'en �tendant � peu de frais nos ressources, nous pourrions utiliser, d'une mani�re extr�mement profitable , de grandes forets et de vastes enclos plant�s en |
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U'ISODDCTIOS Xiij
bois, qui ne nous servent, pour ainsi dire
a rien, et que , sous les rapports d'amu- sement , nous trouverions peut-�tre autant de plaisir � ce genre de chasse qu'� celle que nous faisons aux cerfs et aux daims pour les tuer. L'�ge du. cheval sera une copie litt�rale
de ce qu'en dit M. Lafosse, dans son ou- vrage auquel on sera dispens� d'avoir re- cours, si l'on n'a � le consulter que pour cela. Ce q,� constitue le clxeval devant �tre
familier � celui qui le poss�de ou se livre � son �ducation , nous donnerons , d'apr�s le m�me auteur, la nomenclature de toutes les parties de son corps , pour le mettre � port�e de rem�dier ou de parer aux accideus auxquels ces parties sont sujettes. Nous terminerons enfin par la mani�re
de tenir le cheval en bonne sant�, ou de reconna�tre s'il est malade. Nous croyons devoir y ajouter , d'apr�s M. Taplin , la |
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XIV INTRODUCTION
recette de pillules ou-bols pectorales et
diur�tiques , avec celle des meilleurs pur- gatifs usit�s eu Angleterre , non pas que nous les croyons positivement pr�f�rables aux m�dicamens qu'on emploie dans nos �coles v�t�rinaires , mais seulement pour qu'on puisse les comparer , et mettre les partisans du r�gime anglais � m�me de s'en servir sans danger pour leurs chevaux. Si nous ne disons rien de la m�thode de
traiter en Angleterre toutes sortes de mala- dies , c'est qu'il nous faudrait traduire un assez gros volume de l'ouvrage de M. Ta- pliu , qu'on peut avec confiance consulter dans l'original ; comme on trouvera tou; ce que l'on voudra savoir sur le m�me objet dans la mati�re m�dicale du savant M. La^ fosse, |
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MANUEL
DES HARAS. CHAPITRE PREMIER.
Sur l'Origine des races de Chevaux.
Il serait peut-�tre aussi difficile de retrou-
ver l'origine des premiers chevaux que celle des premiers hommes, et de dire com- ment ils se sont r�pandus sur la surface du globe. Que l'auteur de la nature ait eu un point central et unique de cr�ation des �tres, ou qu'il les ait plac�s , comme les V�g�taux et les min�raux, dans les diverses parties du monde habitable , nous devons |
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I 6 MANUEL
nous apercevoir que le climat ou la temp�-
rature ont eu, sur la cr�ation , une telle influence que chaque esp�ce porte un ca- ract�re et une physionomie locale qui la distingue et la fait reconna�tre partout. Il n'est donc pas �tonnant que dans l'es-
p�ce du cheval , les chevaux arabes ne ressemblent pas plus aux chevaux nor- mands et limousins, que les chevaux an- glais ne ressemblent aux chevaux tartares, ou m�me aux chevaux fran�ais, quoiqu'il n'y ait qu'un bras de mer qui s�pare la France de l'Angleterre. La m�me diff�- rence peut se remarquer tant dans les hom- mes que dans la transplantation des v�g�- taux, qui � la longue prennent la saveur et la teinte des lieux o� ils se trouvent plac�s. Il est cependant � observer que les �tres
qui, par des combinaisons politiques , de convenance d'int�r�ts ou de caprice , ont �t� crois�s, tant�t par le besoin, tant�t par- la fantaisie , souvent par l'ignorance, tels |
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DES EAE A S. 17
que les hommes, les chevaux, les chiens,
pr�sentent des nuances infiniment plus va- necs que les esp�ces qui sont demeur�es dans l'�tat de pure nature, et dont les ac- couplement se sont toujours faits par ins- tinct. la raison nous porte � croire crue comme
a nature , livr�e � elle-m�me , n'a rien «H d'imparfait ou de d�fectueux, les es- paces, en principe, �taient toutes bonnes, Puisque celles des b�tes , qu'on appelle sauvages , montrent moins de d�fectuosit�s que les animaux rang�s dans la domesti- cit� de l'homme, qui ont �t� assuj�tis � ses caprices. C'est donc en voulant changer ces m�mes esp�ces, comme par exemple dans celle du cheval, lorsqu'on a cherch� a vouloir fajrc dcs chevaux de selle dans des lieux qui ne Spnt propres qu'� l'�l�ve des chevaux de trait, ou des chevaux car- rossiers, i� o� les chevaux de selle seuls peuvent r�ussir,; comme aussi en accou- plant ensemble ces deux classes, dont les. 'i *
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J
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18 MANUEL
disparit�s frappantes ont produit la d�t�rio-
ration de l'esp�ce en g�n�ral-, que nous sommes tomb�s dans l'ab�tardissement dont le but de l'institution des Haras serait de nous faire sortir. La preuve qui vient � l'appui de cette
assertion, c'est que les Arabes , qui seuls ne se sont pas livr�s � ces combinaisons monstrueuses, ont conserv� pure une race qui, quoique plus petite et beaucoup moins belle que les races fran�aises ou anglaises, passe n�anmoins pour la meilleure de la terre. Reste � savoir si, lorsque nos races se-
ront r�g�n�r�es , elles ne pourront pas par la suite , comme la race anglaise , l'empor- ter sur la race arabe , autant en qualit� qu'elles lui sont sup�rieures en figure ; et si de bons accouplemens faits dans les prin- cipes , avec des �talons d'une distinction bien av�r�e , ne produiront pas quelque jets � l'aide desquels nous nous trouverons |
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DES II A II A S. 19
replac�s au niveau des Anglais, qui sont le
peuple do l'Europe qui ait le mieux saisi les moyens les plus propres � relever et a propager les races de chevaux dont il a re- connu le m�rite. Nous passerions en revue toutes les races
de la terre , comme quelques �crivains l'ont d�j� fait, que nous n'en serions pas plus avanc�s pour la r�g�n�ration des n�- tres , si nous ne pr�sentions pas en m�me temps le mode � suivre pour les relever et leur rendre ce degr� de perfection qui les distinguait encore il y a trente ou quarante ans. Il nous sut�iradonc de parler de celles qui peuvent nous servir utilement; et si nous di- sons un mot en passant sur certaines races , qu'une c�l�brit� d'opinion pourrait rendre dangereuses, nous ne le ferons que pour pr�- munir contre les mcomv��kiensqu'ily aurait � les prendre sur parole , et � nous en servir sans pr�cautions comme on l'a fait jusqu'ici. |
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?ious sommes forets de convenir que si
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30 - MANUEL
nous avons en France presqu'autant d'es-
p�ces de chevaux que d'esp�ces de chiens, nous les devons � des appareillemens bi- zarres et irr�n�chis. En voulant entrepren- dre une nouvelle cr�ation, devions-nous nous servir d'�l�mens aussi disparates que ceux d'une jument carrossi�re avec un che- val de course, ou ceux de chevaux de trait avec des jumens destin�es � porter l'homme, comme cela est arriv� tant de fois? La na- ture , en imprimant � cliacune de ces deux classes qu'on pourrait regarder comme de diff�rente esp�ce, un caract�re particulier, n'a pasd� pr�voir que les hommes seraient assez fous pour mettre l'une � la place de l'autre , ou tout au moins en faire un com- pos� monstrueux qui ne ressemblerai t � ri en. C'est donc en remontant aux principes que nous pourrions peut-�tre , sans le secours d'aucune race de la terre , retrouver celles que nous consid�rons comme perdues, nous en ferions ensuite des objets de comparai- sons avec celles dont on a sans doute trop exag�r� le m�rite. |
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DES HARAS. 21
Il parait incontestable que toutes les
races de la terre existent plus particuli�re- ment dans les femelles, destin�es � rece- voir et faire �clore le d�p�t de la reproduc- tion , que clans les m�les qui les ont f�con- d�es; c'est au moins dans l'esp�ce du cheval l'opinion des Arabes : les Anglais, qui l'ont combattue , ont fini par se rendre � l'�vi- dence , et croyent aujourd'hui que la puret� des races de chevaux ne peut se conserver I11 au moyen des jumens indig�nes. Avant que les Anglais songeassent � s'oc-
cuper de cette brandie importante de pros- p�rit� nationale , les jumens indig�nes � l'Angleterre n'�taient pas meilleures que celles de la Normandie , de la Bretagne , du Limousin, de la "Navarre, et autres con- ie< s cpii fotlt aujourd'hui partie de l'Empire fran�ais. L'Allemagne, la Russie, le Da- nemark , la Su�de, comme tous les pays de la terre, avaientaussileursiumeusindig�ncs. |
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comment quelques-unes de ces
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32 M A N 0 �� t
races de chevaux se sont am�lior�es, sans
avoir atteint le degr� de perfection dont «lies sont susceptibles, et c'est en partant du point o� sont arriv�s les Anglais, que nous pouvons compl�ter un syst�me d'a- m�lioration qui n'est encore qu'�bauch�. En suivant la nouvelle m�thode d'un
peuple qui s'est occup� avec tant de succ�s de l'�l�ve des chevaux , nous trouverons l'avantage de marcher d'un pas rapide et s�r dans une carri�re o� nous allions comme � t�tons, par des sentiers qui nous ont toujours �cart�s de la grande route. Si nous examinons de plus pr�s nos res-
sources, nous voyons que nous avons sur les Anglais un avantage qu'ils n'ont jamais pu avoir sur nous, et qui nous met � port�e de faire , en bien moins de temps qu'eux, des progr�s qui, chez eux , ont d� �tre plus lents, par la raison que pour la classe distingu�e de leurs chevaux ils n'avaient qu'une race, tandis que nous en avous plu- |
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DES HARAS. 23
sieurs , en ne comptant que les races nor-
mande , limousine , bretonne , navarrine , qui toutes quatre , crois�es dans les princi- pes des Anglais, peuvent nous mettre en ll'�s-pcu de temps dans le cas de nous pas- ser d'aucun secours �tranger, lorsqu'elles seront parvenues au degr� d'am�lioration o� elles peuvent atteindre , ou pour mieux aire que nous les auront remont�es au Point o�. elles �taient jadis. On s'est pl� long-temps, en France, �
faire mousser les races �trang�res, et prin- cipalement la race anglaise, aux d�pens des n�tres qu'on a d�prim� dans la m�me pro- portion. ; mais du moment qu'on convient <�lle la race anglaise n'�tait pas meilleure 11 Prmcipe que celles que nous poss�dons ;
q on am�lioration a �t� lente et progres- P s Ie talent de ceux qui l'ont relev� , que le m�rite intrins�que de cette race dont il conviendrait de faire l'�loge. C'est donc moins la sup�riorit� des eue- aux anglais que nous devons vanter, que
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�4 M A w 0 E L
la m�thode qui a servi � les faire ce qu'ils
sont. En partant de ce principe , il est na-
turel de croire qu'en suivant la m�me mar- che nous parviendrons aux m�mes r�sul- tats , avec la diff�rence , en notre faveur , qu'elle peut, au moyen de nos quatre ra- ces qu'on pourrait appeler m�res, nous �lever, comme nous l'avons dit, � un de- gr� que les Anglais n'ont atteint que difli- cilement. L'historique que nous ferons des Haras,
en nous expliquant pourquoi nous ne som- mes pas plus avanc�s, nous prouvera que malgr� les �normes fautes que nous avons faites , et le peu de discernement.que nous avons mis dans nos accouplemens , nou* Sommes en �tat de nous relever avec �clat, puisque nos races, ab�tardies � la v�rit�, n'ont pu se perdre enti�rement, et que nous retrouvons encore �a et l� des jets pr�cieux qui ne demandent que des combinaisons, nous ne dirons pas savantes , mais simple- ment justes, pour nous replacer dans un rang distingu�. |
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DES HARAS. �5
On sait assez que les races s'ab�tardissent
par des appareill�meas disparates ; qu'elles Se d�t�riorent parles d�fectuosit�s connues sous le nom de tares, lorsqu'on les tol�re dans l'acte de la reproduction, soit du c�t� du m�le,'soit du c�t� de la femelle, et qu on les change par l'usage de jumens �trang�res unies au clieval indig�ne ou �tranger. On s'ait encore qu'on perd totale- ment une race en l'unissant � son contraire, comme par exemple en faisant saillir -une jument de collier par un clieval de race dis- tingu�e, ou bien une jument de selle par un clieval de charrette; Comme nous avons fait jusqu'ici plus ou
moins ces fautes l� , devons - nous nous �iounec de la d�t�rioration et de l'ab�tardis- sement des rano. 1 ^a races, quand nous avons agi en
sens inverse de ce qu'il y avait � faire pour,
les conserver saines et pures. A l'�gard de quelques accouplemens un
peu mieux faits, oune s'est pas encore assez
a
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t.6 h A h n e r,
persuade non plus, que si un bon �talon
est n�cessaire pour procr�er un bon pou- lain, la jumem qui participe �galement � l'acte de la g�n�ration, devait, comme le cheval, �tre exempte de vices de confor- mation et de caract�re qui se communi- quent � la prog�niture , aussi bien du c�t� de la m�re que de celui du p�re, et que ce n'est qu'en passant trop l�g�rement sur ces consid�rations, que nous avons march� � grand pas vers la calamit� dont nous avons � g�mir. De m�me qu'il est des terres d�nu�es de
principes de fertilit� , qui malgr� les soins qu'on leur donne ne peuvent jamais pro- duire de bon grain ; de m�me il est des jumens vici�es qui , f�cond�es constam- ment par les meilleurs �talons , ne pour- ront jamais faire de bons poulains. C'est donc dans l'un et l'autre cas des �l�mens de f�condit� de perdus, puisque la nature ne nous seconde qu'au tant que nous ne la contrarions point dans sa marche, et que ce |
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DES HARAS. 47
n'est qu'avec le temps et des combinaisons
bien exactes, que nous parviendrons, jus- qu'� un certain point, � corriger ce que nous m�mes avons rendu d�fectueux, et dont nous accusons si injustement la nature. Les jumens �tant � leurs productions ce
que le sol est aux v�g�taux, ne conviendrait- il pas que nous fissions avec elles ce que l'on fait pour am�liorer une terre qu'on ne change pas de place , mais qu'on bonifie au moyen des engrais ? Que le principe d'a- m�lioration dans l'esp�ce du cheval, comme nous en avons d�j� d�montr� la n�cessit� , soit tout entier du c�t� des m�les, et que dans chaque contr�e de l'Empire on ne se serve que de jumens indig�nes au sol ; c'est alors qu'en employant des �talons arabes, barbares, turcs, persans, anglais, espagnols, danois, limousins, normands, uavarrins , nous apprendrons cruels sont ceux qui m�ritent la pr�f�rence pour r�g�- n�rer la race normande : il en serait de aie me pour les autres races fran�aises que |
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28 MAKU EL
nous venons de nommer, comme pour
toutes celles que nous ne connaissons pas encore bien positivement. La race bretonne, qui a un caract�re si
bien prononc� qu'on la reconna�t partout, exigerait les m�mes sains pour la faire sor- tir enfin de l'ab�tardissement auquel elle semble si injustement condamn�e; car, � consid�rer , dans certains sujets , la finesse de la peau , la bont� des �paules , la force, le courage et la dur�e au service , on peut raisonnablement penser qu'elle serait sus- ceptible, � certains �gards, d'une am�lio- ration aussi profitable que celles que nous avons nomm� les premi�res. M. de Pui- sieux, il y a trente ou quarante ans, a ob- tenu dans ee pays , par un �talon d'origine arabe, des productions ebarmantes; mais il faudrait tenir au m�me principe, et croire que l'am�lioration n'est possible qu'avec les jurnensindig�nes, puisqu'il nous est d�- montr� par les Anglais, et notre propre ex- p�rience , que la d�t�rioration des meii- |
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DES H A E A S. 29
leur-es races n'est due qu'� l'introduction de
jumens �trang�res au sol o� elles ont port� des poulains. De ce qu'il est reconnu que d'un c�t� ,
dans l'esp�ce de cet int�ressant quadrup�de, l'importation des femelles �trang�res a fait d�g�n�rer les races en g�n�ral, et que de l'autre il demeure constant que les m�les, Lien choisis , portent en eux le principe d'am�lioration de leur esp�ce, lorsqu'ils sont accoupl�s convenablement, nous pou- vons, � l'exemple des Arabes, nous en te- nir aux jumens indig�nes ; et comme nous avons un besoin imp�rieux de bons �talons pour remonter l'esp�ce de nos jumens, Servons-nous sp�cialement, pour les d�par-, temens de l'Orne, du Calvados, de l'Eure et de la Manche , de chevaux anglais qui sont reconnus propres � croiser avantageu- sement la race normande ; mais prenons- h\s parmi les chevaux de pur sang, qui sont lftfiiiiment sup�rieurs � ceux que nous avons e1 jusqu'� pr�sent ; car si ceux dont on s'est |
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MAHU�I
servi en Normandie, depuis nombre d'an-
n�es , ont encore quelquefois fait bon, que ne doit-on pas attendre de chevaux frais qu'on prendrait dans la cat�gorie que nous d�signons ? M. �e duc de Cadore .�tant tre cle l'int�rieur , en voulait faire renir quatre qu'il aurait pay� cent mille francs. l'historique des haras nous fera conna�tre
quels �taient les chevaux qu'on tirait d'An- gleterre pour la ci-devant Normandie, Il y eut bien ,\ cette �poque un cheval, appel� R ing-Pepln, le roi P�pin , qui fut achet� dis-sept cents louis, mais il ne les valait pas; ce fut une infamie qu'on fit en An- gleterre au marquis de Poligne , charg� de cette acquisition, puisque le possesseur de ce coursier n'avait jamais pu en avoir cinq cents guin�es qu'il voulait le vendre. Cet animal , empoisonn� la veille de la course qu'il fit � Fontainebleau contre Glow-worin, fut mis par suite au haras du Pin, o� il est mort sans avoir rien fait de bon, pc ur : - |
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DES HARAS. 3l
raisons qu'il est inutile de donner, et toute
sa post�rit� est �teinte. C'est donc mal � propos qu'on a voulu en
inf�rer que la race anglaise ne valait rien, puisqu'au contraire les chevaux anglais sont d�sires partout. On les recherche en Am�- rique ou ils commencent � devenir com- muns. Djr0n f d'une conformation plus r�- guli�re que celle de Wivaldi, que poss�de en ce moment M. Seguin, de Paris , a �t� vendu eux Hollandais pour le Cap-de- «e-Esp�rance. Dans les Grandes-Indes on les pr�f�re aussi aux chevaux persans et tartares. Plusieurs contr�es de l'Alle- magne , telles que le Mecklenbourg, la Crusse, la Saxe, adonn�es � l'�l�ve des che- '-, ont des �talons tju'on fait venir � nos frajg d'Angleterre. Les empereurs d Allemagne et de Russie y attachent �ga- lement beaucoup de pris. Les Danois seuls, par syst�me, les ont proscrits, et croisent leurs races avec des �talons tir�s de la Tur- quie et de l'Espagne ; ils 6e servent aussi |
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Sa u a N u e i.
de jumens moldaves pour poulini�res ;
mais ce ne sont encore que des essais (pue le temps seul pourra faire appr�cier. Ainsi jusqu'� ce que les �talons normands , li- mousins , navarrins , espagnols , danois soient aussi universellement recherch�s, on pourra soutenir , sans craindre d'4tre tax� de partialit� , que les chevaux anglais am�lior�s au point o� ils le sont aujour- d'hui , leur sont infiniment sup�rieurs , et l'�yidence des courses ne laisserait plus cette v�rit� douteuse. !Nous croyons donc fermement que les
�talons anglais peuvent , de pr�f�rence , faire reprendre � la race normande parti- culi�rement le rang, qu'elle a perdu parmi les meilleures races de la terre, en faisant pour la relever ce que les Anglais ont fait pour remonter la leur. Pour y r�ussir compl�tement, il faudrait
commencer par �loigner des haras m�me de la France enti�re ces pr�tendus �talons d« |
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�i
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»*S HARAS. 33
ang , sortant de races �quivoqpes et men-
:'-'- qu'on rencontre � chaque pas sui-
te eontiaent, et qui ne sont, pour la plu- Part . que des chevaux de pacotille que les Anglais se plaisent � vomir pour nous em- poisonner et causer tout le mal dont nous Pessentons depuis si long-temps les funestes effets. Nous les remplacerions par des m�les purs d'une bonne conformation , dune excellente nature, et l'am�lioration ne serait plus douteuse. Sans chercher a d�nigrer les chevaux
d'Espagne , qui sont bons dans leur pays , on ne peut s'empocher de dire qu'ils ont d�g�n�r� partout clans leurs productions; si donc les mieux choisis n'ont fait en France que des chevaux ordinaires, nous ne de- vrions pas avoir beaucoup de regrets quand il ne nous en viendrait pas un seul; car nous ne devons pas perdre de vue que "Mais avons � remonter et � am�liorer les raciis fran�aises, et que tout �talon qui , |
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34 M A�DIl
dans ce double objet, ne peut pas remplir
notre but, ne nous convient pas. Les Anglais , encore une fois , qui ont
essay� des chevaux de tous les pays pour r�g�n�rer les leurs , ont renonc� pour tou- jours aux chevaux d'Espagne ; mais ils ont continu� � faire cas de nos carrossiers de la Plaine et de nos bidets du Cotentin, parce qu'� la r�gularit� de conformation , � la vigueur et au courage dont ils �taient pour- Vus , ils joignent encore la longueur dans les allures qui manquent aux chevaux de l'Es-« pagne» Il n'est donc pas hors de vraisemblance
q::c nos chevaux normands n'aient , en Ejuel [U'e sorte, pu contribuer quelquefois � Fam� ii m'ation de la classe carrossi �re d'An- gleterre, puisque Vrairoduction des chevaux entiers de la Normandie a �t� plusieurs fois tol�r�e , en payant seulement cinq gain�es B de cheval, Nous ne sommes plus, malheureusement, dans le cas d'exc |
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BIS �UHAJ, 35
Convoitise des Anglais � cet �gard ; mais
ces insulaires connaissent assez bien leurs int�r�ts et les chevaux pour avoir su tirer , paru des n�tres quand ils les ont trouv�s � leur fantaisie. De ce qu'il demeure prouv� que la race
normande est , pour ainsi dire , perdue
«ans les m�les , il ne s'ensuit pas que nous
ne puissions jamais la relever, car toute
k�tardie qu'elle soit, elle subsiste n�an-
mO!!VS1CnC0rc d;ms les femeUes, et c'est o�
ev°ns la chercher , puisque sans les
jumens Tiorrr> -, �»�.■,
. r"iandes , quoiqu avec des �ta-
lons parfaits de ,
t . ue ce pays , nous ne parvien-
drions jamais � i
d U remonter. Nous nous
servirions des Plu. . � . , . f us rjclles rumens anglaises
qui sont cependant cpIi � ■ 1 �
, . ul celles nui conviendraient
le mieux, que nou_ * , .
, , , b ne viendrions pas en-
core a bout de la rei. ,
, . ^ver , nous ne ferions
que la changer , et v.
. l Qous en serions au
point ou , suivant II t 1 ■
. , . , -iaphn, en �taient
le? Anglais quand ils ont ,.
i *» ont reconnu que les
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36 M �. N U E h
jumens �trang�res n'avaient fait que d�t�-
riorer leur race en la d�naturant. En prenant pour mod�les, nousne-dircns
pas les Anglais , mais les Arabes plus an-
ciens qu'eux, et m�me les Espagnols qui , pour conscrrer pures leurs diff�rentes races de chevaux , ne se* sont jamais servis de jumens �trang�res, nous parviendrons sans peine � �purer les n�tres. Il faut donc que nous commencions par proscrire de cliaque contr�e' qui donnent aux. chevaux qu'elles nourrissent un caract�re particulier qui les fait distinguer parle nom de races nor- mande , limousine , bretonne , navar- rine, etc., toute esp�ce de jumens �tran- g�res au sol , que nous fassions f�conder nos jumens indig�nes � cliaque pays, par des �talons fran�ais et �trangers parfaite- ment en rapport avec elles , et nous juge- rons, par le faire de ces diff�rens chevaux, quels sont ceux qui conviennent le mieux dans cliaque pays pour l'am�lioralion de sa race particuli�re. On all�guera qu'on a d�j*. |
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�> S S B ' R f -,
f i ' 7
5 a diverS6s rcP"s« ^ semblables
l^ves; mais om-cllcs �t� fei.es avec
assez de som, et np Mmi, -i ^c mieux?t_llpaSi>°Ssiblede
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^ P^s le plus int�ressant sous le ra�
' d* l'�l�ve des chevaux , et en m�mel �*■� plus difficile � remonter, � cause
la diction scrupuleuse qu'il y a � ^T*»*�* classes, c'est la ci - L^
f^man^. Il s'agira donc de s�parer avec
es ««jets qui portent le plus l'em- L l lyPl' OFigine1' «distingoant
;; la "-.no intention les iume[,
Pa"ie�tUa classe carrossi^/a^
es<I«inedoivent�tre saillies quepardes
u; '^«le fines races. De cent bonnes pou.
peu^:Hwe3dTl:sp^e9'il
^tepouiihr!:?a ' reme�qu^
1 les<I<» seraient par suite, ainsi
il,e leur descendancp «i,
Ram - Ce du m�me sexe , con- sacr�e» exclusivement � 1-,
jusqu'� co reproduction, lllce que nous en ayons un asse,
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38 MAHXJEC
grand nombre pour pouvoir en livrer quel-
ques-unes au commerce. On inf�rera de ce syst�me, qu'il n'y au-
rait aucune esp�ce d'inconv�nient � per- mettre l'exportation des chevaux entiers ; mais que la sortie des jumens pures, et surtout de celles qui seraient d�j� am�lio- r�es, devrait �tre rigoureusement d�fendue. Ce sont donc elles qu'il faudrait approuver de pr�f�rence aux �talons dont nous ne manquerons jamais tant que nous aurons da bonnes poulini�res. Il arrivera naturellement qu'en suivant
cette marche avec pers�v�rance, nous nous apercevrons bient�t si nous pouvons nous passer des Anglais, et si nos races de che- vaux am�lior�es ne sont pas , sous tous les rapports, aussi bonnes que les leurs. Nous observerons qu'un �talon normand,
quelque distingu� qu'il soit , qui aurait sailli une jument du m�me pays . ajoutera |
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515 TI A US. 3g
fo" peu de chose � la bont� de sa race 5
tQut ce qu'il pourra faire sera d'en conserver la puret�. Nous devons donc d�buter par l'am�lioration, au moyen de m�les de races pures, ou au moins d�j� am�lior�es, que nous prendrons ( comme le veulent les meilleurs naturalistes qui ont �crit sur les chevaux) le plus pr�s de la souche g�n�- ratrice , pour nous en servir jusqu'� ce que nos races remont�es dans les jumens, puis- sent nous fournir dans les m�les des types d'am�lioration pour nos races inf�rieures, a"n fIU k l'exemp�e des Anglais nous puis- sions renoncer aux races �trang�res, et que nous n'ayons plus qu'� conserver pures celles que nous aurons am�lior�es. �a race arabe elle-m�me , comme il est
iacile de 1 p r. » conjecturer, a d� avoir des com-
mencemens faibles , ^ gemWe d . long-temps �tre arriv�e k un (legr� de '
fecuon au-del� duquel il serait vraisembla-, effiCat "«Possible d'avancer. Les Anglais, qu. ont imit� les Arabes, ont atteint le mcW |
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4"3 M A N U E L
but. Imitons les uns et les autres, et nous
nous mettrons � leur niveau. Posons donc en principe , en commen-
�ant par la ci-devant Normandie , qu'il n'y aura de consid�r�s comme chevaux vrais normands , que ceux qui sortiront de ju- inens indig�nes a ce pays ; que par cons�- quent les femelles seules constateront la race, c'est-�-dire, qu'une jument nor- mande , saillie par un �talon arabe , anglais ou danois, fera un cheval normand, connue un �talon normand qui couvrira une jument du d�partement de la Haute-Vienne , fera un poulain limousin crois� de normand; ainsi de suite pour les autres races. Disons qu'on suivra avec intensit� les productions dos �talons tant fran�ais qu'�trangers, dans dos appareille mens o� les deux sujets se- ront autant que possible exactement en rapport, afin d'avoir des donn�es justes sur les lieux d'o� nous devons tirer de pr�f�- rence les chevaux entiers propres � relever et � am�liorer nos races du clic vaux. Moins |
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>,
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B � S H A RAS. 41
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*e dix ann�es d'exp�riences justifiera sans
doute une mesure dont l'oubli nous a plong�s dans un c�hos tel que nous connaissons � peine l'origine d'un seul des bons clieyaux ijue nous poss�dons. M�fions-nous , en g�n�ral, de tomes les
races auxquelles nous emprunterons d�sor- mais de nouveaux germes de reproduction, W n'adoptons que celles qui nous auront fourni les meilleurs, surtout lorsqu'apr�s avoir reconnu leurs bonnes qualit�s, nous «� aurons jug�dans leurs productions: car il nos races «,ui, arriv�es au degr� de la action, commencent a d�g�n�rer, ce qi i pem se reconna�tre que dans, feurpro- geniture. "TNT
^ ° Prenons rien sur parole ni par enthou-
siasme corm»� e- -, '"e»ia fait, 1! y a trente ou
quarante ans � ^ 1 , . ' Qe ia race anglaise qu'on a
voulu demixs n,\n � -, epms g�n�ralement proscrire avec
i] pen de raison. �,lra
■Jugeons seulement de
^ -:.� oJ.is-e entre
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4^ M A N V E L
la belle jument normande et le beau cbeval
d'Angleterre , que ces deux races peuvent se croiser avantageusement, et de ce que des �talons de pur sang , tels que Folunteer et Jupiter, n'ont pas fait tout ce que nous en esp�rions; n'en inf�rons rien de contraire � la bont� de la race anglaise. Concluons sim- plement que , d'un c�t� , les appareille- Biens n'ont pas �t� aussi bien faits qu'ils auraient pu l'�tre, et que de l'autre ces ani- maux parvenus � 1 �ge de vingt et vingt deux ans , avant que d'entrer dans les haras , �taient trop vieux pour procr�er d'aussi bons poulains que ceux qu'ils nous auraient faits � 1 �ge de cinq ou six ans. Les chevaux de race arabe , eux-m�mes,
n'ont rien fait de bon en Normandie , en doit-on conclure qu'ils ne valent rien ? Disons que pour les uns et pour les autres les exp�riences n'ont pas �t� bien faites, qu'il faut les recommencer, que les che- vaux anglais de premier sang , bien choisis, m�riteui au moias l'homieur d �tre mis en |
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DES HARAS 4S
parall�le avec les chevaux arabes, et que
ce n'est que par leurs productions respec- tives que nous pourrons juger, d'une ma- ni�re positive , � laquelle de ces deux races nous devons donner la pr�f�rence pour am�liorer la race normande, ainsi que les autres races que nous poss�dons. |
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44 MANUEL
CHAPITRE II.
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Pr�cis liistorique des Haras avant la
r�volution.
Avant de parler des races de chevaux
d'Angleterre, et de faire conna�tre le pro- c�d� des Anglais relativement � l'�l�ve et � la conservation de ces m�mes races, ne conviendrait - il pas de rechercher, dans l'historique des haras de la France , les causes qui ont le plus contribu� � la d�t�- rioration et � l'ab�tardissement des n�tres ? Les haras, comme tout le monde sait,
existaient avant ta r�volution. Ils avaient une organisation , une sorte d'assiette , �- peu-pr�s semblable � celle qu'ils ont main- tenant. Comme aujourd'hui, les bases eu |
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DES HARAS". 4:''
�taient incertaines et vacillantes ; on faisait
des chevaux, il y en avait m�me de tr�s- bons, parce que l'esp�ce en g�n�ral n'�tait pus d�t�rior�e au point qu'elle est en ce moment ; mais comme on ne faisait pas assez d'attention � l'influence des diff�rentes races dont on se servait alors, on ne cher- chait gu�re � les suivre, pour juger despro- de l'am�lioration qu'on avait en vue. ait, comme il est facile de le voir par les m�moires du temps , qui n'apprennent rien sur la science importante des accou- plement, une sorte de routine qui consis- tait� cl loisir , avec assez de soin , la jument qui ressemblait le plus au cheval, ou � mettre un �talon tr�s-membre avec une ju- ment qui p�chait par la finesse de ses jam- bes , pour t�cher d'att�nuer le vice de l'une par la perfection contraire de l'autre , ou enfin en faisant saillir une b�te carrossi�re par un clicval de selle , en m�me temps qu'on donnait un �talon carrossier aune ju- ment de selle , ce qui produisait un poulain qui a'appai.lenr,jt ^ aucune classe en paru- |
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MANUEL
cipant de toutes deux. Le tout �tait relatif �
la figure seulement ; car on s'occupait peu ou point de ce qui constitue le moral de cette utile cr�ature. Eu prenant la Normandie pour exem-
ple , on avait commenc� � introduire dans les haras, comme �talons, les races �tran- g�res qui avaient le plus de r�putation ; c'�- tait il y a trente ou quarante ans la fantaisie des t�tes busqu�es. Les chevaux danois , recommandables sous ce rapport, furent choisis les premiers , quoiqu'on leur pr�- f�r�t les chevaux anglais de m�me classe , qui avaient probablement la m�me origine. On tirait ceux-ci du York�Shire, province dont quelques parties ressemblent beau- coup � la Vall�e d'Auge. On fit venir aussi des chevaux d'Espagne. Le nomm� Guer- che , Hollandais , comme s'il n'y e�t point eu alors de Fran�ais qui connussent les che- vaux , fut envoy� sur les confins de l'Ara- bie, d'o� il ramena une trentaine d'�talons sans certificats d'origiue , quoique daue ces |
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DESIlARAS. 47
contr�es les g�n�alogies soient suivies avec
tant de soin, qu'on y voit des chevaux qui descendent en ligne directe des haras du roi Salomon, et que la race des chevaux que montait Mahomet , et qu'on reconna�t encore au coup de lance, esp�ce de trou sans cicatrice , qu'on trouve � la partie su- p�rieure et ant�rieure de la pointe de l'�- paule du cheval, se soit, suivant la tradi- tion , conserv�e pure. Ces chevaux, � la r�serve d'un seul,
appel� Cazelle, qui est mort au haras im- p�rial de Pompadour , ne donn�rent pas dans leurs productions une bien haute id�e des �talons de l'Arabie. M. Person, piqueur des grandes �curies
n ' avaif-, � cette �poque , �t� envoy� en Turquie pom. ie meme objet. 0n avait fait venir en m�me temps des c�tes d'Afri- que , par l'interm�diaire de nos consuls dans les �chelles du Levant, des �talons connus sous le nom g�n�rique de chevaux |
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48 H A H tf S �
barbes. Plusieurs des acquisitions de M.
Pers�n furent mises au haras du Pin, en. Normandie ; on en fut si m�content qu'on a laiss� �teindre toute leur post�rit�. Les autres chevaux eurent le m�me sort, et le d�go�t peut-�tre pr�matur� des races �tran- g�res du midi pour le nord de la France, les fit abandonner pour s'en tenir aux �talons anglais et danois pour la Normandie. Par l'analogie qui existe entre les che-
vaux normands, anglais et danois, tant dans la conformation et le caract�re , que dans la parit� de temp�rature et des.pacages de ces divers pays, ceux-ci auraient pu nous �tre d'une grande utilit� pour rafra�chir le sang normand et en croiser la race avec'avan- tage , si l'on eut mis plus de discernement dans la mani�re de les appareiller. Les danois, plus beaux � cette �poque qu'ils le sont aujourd'hui , pouvaient faire d'excel- lens carrossiers ; ils ont la peau fine , de belles jambes , les �paules admirables ; et quoiqu'ils aient en g�n�ral ce que l'on |
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DES H A B � S. 49
appelle un pcude mouvement, leur moral
est bon, ils ont de la fiert� et du courage, qualit�s dont les chevaux dits de la Plaine ne sont pas toujours abondamment pourvus. Leur d�faut dominant, qui est d'avoir la c�te courte et peu de boyeau, pouvait se corriger par le contraire dans les jumens du Calvados , de la Dyle, du Finist�re , du Morbihan, de la Manche , de l'Oise, de la Somme et de la Seine-Inf�rieure , qui sont en g�n�ral un peu ventrues. Il s'agissait d'am�lioration , rien ne pou-
vait donc �tre trop bon, et les chcvaax anglais, dont on se servait, n'�taient pas non plus ceux qu'on aurait d� choisir. Ou prenait ces �talons dans ce que les Anglais appellent Mongrel breed, race m�tin�e, parce que ces animaux , quoiqu'avec d( s beaut�s de d�tail tr�s - s�duisantes , sont n�anmoins bien inf�rieurs � ceux de pur sang j qui sont plus pr�s de la souche r�- g�n�ratrice ; aussi la diff�rence du prix est-elle si grande qu'on vend un cheval 3
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5© M A. N CEI
reconnu bien pur de celle cal�gorie , de
vingt � trente mille francs., etquekrnefbia davantage , tandis que les premiers ne co�- tent jamais plus de deux Ott trois mille francs. C'�tait donc dans celte classe , il y a
trente ans, qu'on prenait des �talons pour la Normandie. Quel (pies ann�es plus tard M. le prince de I-anabesc , grand �cuyer de France , trouvant rrne ces chevaux n'�- taient pas assez distingu�s, autorisa M. Jardin l'a�n� , et d'au 1res charg�s alors des acquisitions, � choisir quelques �talons parmi les chevaux half-blood, demi sang, tels que le Glorieux , le Badin , le Lan�as� ire, le TTranvik,\e Sommerset, nui entr�rent au haras du Fin. On rangea mal � propos dans celle classe un cheval du m�me pays, appel� le Docteur; cet �talon, d'une nais- sance inf�rieure, mais d'une r�gularit� de conformation rare , eut une funeste vogue qui a fait au pays un tort dont il se sentira long - temps. Le Milan , du haras du Pin , %av% de cette race qu'on devrait �teindre. |
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DES H ARA G. 5l
On ne tarda pas a s'apercevoir de la StN
p�riorit� des �talons de demi sang dans leurs productions , et quoique fussent encore singuli�rement inf�rieurs aux che- vaux de pW sang, Os �taient n�anmoins en �tat de relever, jusqu'� un certain point, « Wce normande d�j� tr�s-al>atardir � celte �poque , si on les e�t appareill�s, d'une Mani�re convenable , et qu'on ne leur e�t fut saillir que des jumens indig�nes du premier m�rite, qui �taient encore en assez g'-audnombre dansled�partcmcntde 1 Orne. att$omanie �tait devenue � la mode
°uUit p]us q�e des chevaux d'An- gleterre : le cofit�ieitt en fut infest�, cl l'on fit la sottise d'introduire, comme pouli- m�res, dans lo ? '
"is ie d�partement que nous ve-
nons de n�tnmet. a ^ ■ ""-i , aes jumens anglaises qui
furent saillies par des ^^ ^ ^^
pays. Il para�t �vidcnt quc cVs[ h j^ Productions^ e nous devons, en grande Pa"ie, la d�t�rioration qui nous frappe d'unc litani�re si sensible. Ces chevaux |
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S 2 MANUEL
anglais , faits en Normandie , loin d'avoir
relev� la race , en ont fait une esp�ce �qui- voque , dont les membres gr�les et les formes d�cousues ont pu. faire penser � quelques personnes que les �talons anglais ne valaient rien pour la France. On n'a point voulu remonter aux causes, on n'a envisag� que les effets. Gomme on s'�tait �cart� du principe du
croisement des races pour les am�liorer , si l'on a eu quelquefois des objets de com- paraison de poulains sortis de belles jumens normandes par des �talons anglais, on semble n'avoir jamais cherch� � approfon- dir si ces productions n'�taient pas meil- leures que celles de jumens anglaises avec des �talons normands, ou de celles o� le S^ang normand et le sang anglais n'avaient pas �t� m�l�s, Cet �tat de choses a d� n�cessairement
nous plonger.dans une confusion �pouvan- table; en sorte qu'il est r�sult� de cet oubli |
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CES HARAS. 53
de principes, que si nous n'avons pas man-
qu� de chevaux , comme nous n'avons pas 1 ^distinguer U� particuli�rement
fesmedleurspour en faire des types caract�- ristiques de r�g�n�ration, les haras n'ont fait aucuns progr�s vers le but de le ur institution. l'on a cru long-temps, et les Anglais
eux-m�mes ont fait la m�me faute, qu'on
Pouvait naturaliser en France toutes les
a�es de la terre , en introduisant, des con-
s^0'1 l0n �Uye�es chevaux d'un m�rite
chois�iTr>' ClCS males et cles femelles bien
�tait l'opinion de M. de Pr�seau rteDompiei. , , j. , » qui pr�tend, comme il l«j
«H dans son 0Uv, , i
ant^ii 1 -n . l'aSc sur les haras , qu'il
appelle de P�Pmierp , � \
nn, j . e '■> qu en important chez
nous des jumens ■>,. i
du mlmo cl!»ues avec des chevaux
an m�me pays tin., i .
.^i * > ; n0Us obtiendrons de leurs
nccouplemens des nonl.;
�0 . , . P°ulains aussi bons que
ceux qm se fontdans l'Arabie m�me LW-
Penence nous a d�tromp� , et les essais
1 on a fait en ce senre om l*A i heureux Pollr ° *Cte assez maL*
Pour nous corriger.
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54 M AHUII
M. le comte d'Artois, quelques ann�es
avant la r�volution, voulant aussi naturaliser enFrance les chevaux de pur sang d'Angle- terre , fit acheter par M. Levoyer d'Ar- genson cintf jumens dites Through-Bred, qui, plein^s despins fameux coursiers d'An- gleterre, lui co�t�rent trois cents guin�es la pi�ce. Elles furent mises � son haras de Maisons, dans le d�partement de Seine et Oise ; une seule, nomm�e Spinx , amena � bien un poulain m�le extr�mement petit, qui n'a �t� qu'un cheval ordinaire ; et toutes les cinq f�cond�es de nouveau par des che- vaux de pur sang, que ce prince avait dans ses �curies, n'ont fait que des poulains aussi riches en figure qu'ils �taient pauvres en force de membres et en qualit�s. S'il en en', �t� autrement, la n�cessit� du croise- ment des rares, justifi�e par le syst�me de la nature, devenait nulle et illusoire» Le roi de Prusse r�gnant, qui est dans
les m�mes principes, n'a pas �t� plus heu-r reux. Il a fait acheter en Angleterre des |
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DES HARAS. 55
jumens avec des �talons ([ni lui sont revenus
fort cher, voulant probablement cr�er une nouvelle race dont les chevaux anglais au- raient fait tous les frais. Qu'cu est-il r�- sult� ? c'est qu'il a fait � son magnifique haras de Ne-vstadt, avec un fils de Delpiid qn il a pay� onze cents guin�es, des chevaux anglais qui ne sont bons � rien , et dont le d�faut capital est de manquer de membres; du reste ils sont d'une figure charmante , nous en avons des �chantillons an taras imp�rial du Pin ; mais la figure n'est que pour IVil, et nous pouvons nous en passer pourvu ,r�e ies chevaux soient bous. M. Taplin, que nous aurons plusieurs
fois l'occasion de citer dans le cours de cet �crit, pr�tend que les Anglais , ses com- patriotes , ont quelquefois introduit dans, r pays des jumens �trang�res , afin de retremper leurs races, et leur donner, s'il �tait possible, un degr� d'�nergie sup�rieur ■l ce qu'elles en poss�daient � cette �poque. affirme , et son t�moignage ne peut gu�re
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56 M A KUEt
�tre suspect, que ces essais furent si mal-
heureux qu'ils produisirent une d�g�n�ra* tion dont on se sent encore aujourd hui. Ils forent donc oblig�s de revenir sur leurs pus , et de reprendre ce sentier battu qu'ils avaient eu l'imprudence d'abandonner. Ou proscrivit en cons�quence non-seulement toutes les femelles �trang�res, mais encore toutes celles qui en provenaient , pour eu revenir aux juge >a eus indig�nes qu'on icn- gea sous deux dominations. Through-Bred- Mares , jumens de pur sang , et toutes les autres sous celle de Brood-Mares, ou ju- mens poulini�res. Les premi�res sont celles qui n'ont ja-
mais �t� m�l�es avec une race inf�rieure � la leur. Leurs productions s'appellent Full~ Blood, pur sang , celles de la deuxi�me cat�gorie , qui ont �t� couvertes par des chevaux de pur sang, ont produit ce que l'on appelle des Halj-blood ou demi sang, et le produit des poulini�res Half-blood, compose avec des �talons de pur sang ce |
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DES HARAS. 67
qu'ils nommentThree cuariers Uood, trois
quarts de sang. Les rejetons des jumens Three quartcrs
blood, qu'on a tu quelquefois se mesurer avec les jumens ou chevaux dits Through� ored, ont Lien eu de temps en temps quel- ques succ�s, mais ils ont �t� si rares et si peu d�cisifs qu'on n'a jamais pu les confon- dre , en sorte que la diff�rence du prix de deux poulains de lait de ces deux classes est telle que celui de la premi�re se vend toujours deux tiers plus que l'autre , quand m�me il lui serait inf�rieur en beaut�, ta naissance en ce pays comme en Arabie fait tout, avec la diff�rence cependant que les Arabes la font d�river de la jument, tandis fpe les Anglais la placent dans le cheval. 11 r�sulte de ce que nous avons dit, au
sujet de l'introduction des jumens �tran- g�res , que nous avons agi pr�cis�ment comme les Anglais, mais que nous ne nous sommes pas encore aper�us du tort qu'elles |
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58 II A N U E I,
nous oni fait. Ce qui nous prouve le n
que les juinens des autres pays ont influ� sur la d�t�rioration des races , c'est qu'il n'y a que dans les contr�es o� l'on en a introduit le plus qu'elle s'est manifest�e davantage ; et cela est si vrai, que le ci- devant Limousin, plus �loign� de l'Angle- terre que la Normandie, a �t� moins ex- pos� � cette contagion, et que la race de ce pays a conserv� cette physionomie locale qu'on ne retrouve plus dans la race nor- mande. Mais il est encore une cause qui n'a pas
moins que la pr�c�dente contribu� � nous faire tomber depuis dans lal;ataidi.;- sement que nous ne pouvons plus nous dissimuler, c'est que pour avoir d�daign� d'interroger la nature dans les sujets con- fi�s � nos soins, et n'avoir pas clierch�, par de bons accouplement, � corriger les vices que nous avions � combattre, nous avons au contraire, par une m�thode irr�fl�chie et sans principe , acc�l�r� la d�t�rioration |
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DES HARAS. %
absolue de l'esp�ce en g�n�ral; de sorte
que si, dans le tr�s-grand nombre d �talons �trangers que nous avons , il s'en est trouv� quelques-uns qui auraient pu nous servir � la relever, ces chevaux nous ont �t� �-peu- pr�s inutiles , pour n'avoir pas su les appa- reiller avec les jamens qui leur conve- naient. Les races fran�aises �taient donc bien
bonnes avant r�tablissement des haras , puisque l'on comptait dans ce pays tant de jolis chevaux ? et en faisant partir leur d�- t�rioration de l'�poque o� l'on a cherch� � les am�liorer, nous ne nous tromperions pas beaucoup ; c'est une plaie dont il est � propos de sonder la profondeur, pour par- venir au moyen d'en obtenir la cicatrice en faisant l'examen de notre situation pr�sente. Nous ne voyons plus dans les m�les de
la plupart de nos races de chevaux , que �tes jets ab�tardis par des accouplements monstrueux et disparates, qui font qu'on |
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6o M ASUE �
ne reconna�t pins ces fameux bidets du
Cotentin, qui faisaient l'admiration de toute l'Europe , non plus que ces beaux carros- siers dits Brandebourgs (parce qu'ils res- semblaient aux chevaux de cette race ), qu'on tirait en fort grand nombre de la plaine de Caen, qui nous fournissait en m�me tempsecs magnifiques cl eyaux noirs, dits de Ville , dont nous n'avons plus que le souvenir. Les chevaux du Melleraut et des environs d'Alen�on, si recherch�s pour le service de la cour, soit dans les �qui- pages de chasse , rtf� pour la remonte des officiers des gardes -du .-corps , mousque- taires, gendarmes, chevaux l�gers, cara- biniers , sont aussi disparus en totalit� ; mais les races ne sont pas encore tellement perdues que nous He puissions plus les re- trouver. Nous peilsons au contraire qu'� !a longue elles peuvent se relever avec �clat par le tr�s-petit nombre de bonnes jumens indig�nes qui nous restent, pourvu qu'on renonce � la funeste manie de faire saillir les jumens de selle par des �talons carros- |
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DK S H AH A S. 6� ■
siers ou mixtes , et les jumeus earrossi�res
par des chevaux de selle , et qu'on fasse entendre au paysan qui , possesseur d'une petite jument, vous demande un grand �talon pour relever sa race, qu'il lui faut un clieval qui lui fasse un bon poulain de preiercnce � un grand cheval; et qu'on dise en m�me temps � celui qui , avec une ju- ment carrossiers , veut faire des chevaux de selle que la nature , en lui donnant sa jument, avait d'avance imprim� dans sa conformation les caract�res du fruit qu'ello devait porter ; qu'il ne doit pas chercher � la ma�triser , en agissant en sens inverse du bon sens et de ses int�r�ts ; qu'enfin , pour vouloir avoir ce qu'on ne peut raisonnable- meut obtenir , on finit par ne rien avoir
da tout. Nous proposerons , dans le chapitre sui-
vant, les moyens 1C3 plus simples k em, ?%<* pour relever les races , et les ran�, mer � leur puret� primitive. |
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31 A N V E L
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C1UPITR E III.
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Moyen de relever les races de Chevaux
fran�ais. VJK sait assez comme les races de chevaux,
se d�t�riorent, comme elles s'ab�tardis- sent. Les causes de leur d�cadence ayant �t� suffisamment expliqu�es dans le cha- pitre pr�c�dent, il sera question, dans celui- ci , du moyen de les relever et de les ra- mener � leur puret� primitive , par uu mode aussi simple qu'il est facile � ex�- cuter, Si la r�g�n�ration de L"esp�cc du cheval
pouvait se faire machinalement et comme par instinct, nous pourrions �tre indiff�-? rens sur la d�t�rioration dans laquelle elle |
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n E S H A Jl A S. 53
««totnL�e, assur�s qu'elle pourrait se re-
lever d ellc_m�me ; ma.s cmume ^ fau[ prendre une route toute oppos�e � celle
Vion suivait autrefois, nous examinerons
«les moyens que nous employons aujom._
ni sont sufTisans pour remonter l'esp�ce
0 Seu�ral, et si nous ne devrions pas corn-
l],CUL'Cr Pai'une �puration salutaire qui. en
nous fiusant appr�cier nos faibleg resso^ c«, nous mettrait en �tat d'en ther parti.
Sa Maioci/ in- hl�«a > � empereur et Roi, en r�ta-
mant les haras, les a destin�s autant � --rer l'industrie des propri�taires de, �^enspoulini�res, par la mani�re dont s'y
Juraient l -, r les accouplement , qu'� rassem-
coI»p0tntleidiVer8�tabUsSemenS^iles
r , les germes les plus purs de repr°fUCb0n ^leS faire Jctifie! d'une
"-creuti,eatonSsessujetS:cl]eadauc
^<Pe les �talon, ^ entreraient dans
quesdC;u;;rde"rscaract�rist-
eu m�les TuZul ^ J^"
«attelles neu d entach� do |
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64 M ■*■ S U E L
vices li�reditaires qui se communiquent �
la prog�niture pour d�naturer les races. Semblables � l'or qu'on essaye pour juger de sa puret�, et qu'on poin�onne ensuite pour lui donner cours , les �talons et jumcns poulini�res devraient �tre examin�s et �prouv�s de mani�re � fournir une garan:- tie absolue de leur bont� , pour les particu- liers qui se livrent � l'�l�ve de cette sorte, d'animaux, Nous sommes loin de cbercber � faire la
critique rigoureuse d'un tr�s-grand nombre d'�talons des baras , mus dirons simple- ment que la pr�cipitation qu'on a mis � en remplir les cadres a nuit singuli�rement � leur prosp�rit�, et que si l'on n'en faisait pas sortir au inoins les plus mauvais cbe- vaux , ces �tablissemens, perdant la con- fiance qu'ils doivent inspirer, deviendraient absolument inutiles» De ce qu'on a cru en principe que nos
�talons �taient tous bons, non-seulement |
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DES HARAS. 65
l'am�lioration n'a pas pu avoir lieu, mais
encore aucune de nos races n'a pu se rele- ver, par la raison qu'on a fait entendre qu'il �tait �-peu-pr�s indiff�rent que les jumens fussent couvertes par tel ou tel �ta- lon , puisque nous n'en avions pas de mau- vais : nous ne pouvions pas d�nigrer des animaux appartenant � l'Empereur, et beaucoup de particuliers en ont �t� les vic- times. Il est cependant une v�rit� incontesta*
blc, c'est que si nous avions seulement, dans toute l'�tendue de l'Empire fran�ais, trois cents �talons propres � faire race, nous serions le peuple de la lerre le plus riche en chevaux : de ce que nous en pos- s�dons un bien plus petit nombre , il ne s'ensuit pas que la r�g�n�ration soit impos- sible ; nous n'en aurions qu'un de chaque race, qu'il suffirait, avec le temps , pour la rel ever ; mais il faudrait qu'il fut distin- gu� des autres et bien connu. Eclipse , don t »ous parlerons dans le cours de cet �crit � 3 *
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(66 MANUH
a sTifH pour remonter la race anglaise au
point o� elle est aujourd'hui. Ceci nous menant � distinguer, dans ce
que nous poss�dons, les sujets qui ont les qualit�s n�cessaires pour relever une race , il conviendrait, dans chaque liaras ou d�p�t d'�talons, de signaler ceux qui les poss�- dent , potir ne leur faire saillir que des ju- mens aussi pures qu'eux-m�mes, et avec lesquelles ils seraient parfaitement en rap- port. C'est par ces nouvelles produciions que nous nous d�roberions h la co�teuse n�- cessit� d'aller � grands frais dans T�tran- ger chercher des �talons, la plupart de races inconnues, qui ont plus servi � l'ab�- tardissement de l'esp�ce qu'� la relever. La statistique g�n�rale des �talons, pouli-
ni�res et poulains appartenant � Sa Majest�, rigoureusement faite, en nous mettant � m�me de conna�tre ce que les haras ren- ferment de bien v�ritablement pur, nous donnerait en m�me temps la connaissance |
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B E S il A R A Si (r/
de ce qui est vici� de mani�re � g�ter les
races. Les germes reconnus sans tache seraient plac�s dans les lieux o� ils peu- vent prosp�rer et servir � l'am�lioration. Le placement de tous ces animaux serait d'au- tant moins difficile (pie la nature semble leur avoir assign� la place qu'ils doivent occuper, comme nous le verrons dans le chapitre suivant. Il y avait avant la r�volution des �talons
et des juinens approuv�s. Ceux qui poss�- daient les premiers s'appelaient gardes �ta- ons; Us jouissaient de privil�zes et d'im- mun�tes qui sont abolis aujourd'hui. Les ipri�laires de jumeus approuv�es, pour toftt le temps <ru"elles �taient en �tat de donner de bans p^-ukins, recevaient une r�tribution amrueUe b�soe sur le m�rite de la jument. Cette m�thode , � l'�gard des �talons ,
�*ait sans inconv�nient dans un temps o� la race normande, bonne encore, gpu |
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68 MANUEL
se suffire � elle-m�me, n'avait besoin que
de se conserver pure par l'accouplement des m�les les plus distingu�s avec les fe- melles de la m�me sorte ; ^nais aujour- d'hui qu'elle est compl�tement d�t�rior�e , autant par des appareillemens disparates �que par des tares h�r�ditaires, qu'on a laiss� se propager au point que nous ne connais- sons pas en Normandie dix m�les en �tat de soutenir la race; � quoi peuvent nous servir des �talons d'esp�ce ab�tardie et d�- compos�e , qu'on n'approuve que parce qu'ils ne sont pas jug�s dignes d'entrer dans les haras ? Pourquoi pensionner des ani- maux qui peuvent perdre nos races ? A-t-on peur que ceux � qui ils appartiennent ne les fassent couper ? Certes, ce serait le plus grand bonheur qui pourrait nous arriver !... Que les partisans de leur approbation se rassurent, on ne les approuverait point qu'ils ne seraient pas coup�s. Comme ils se vendront mal, ils seront consacr�s � la reproduction; ils feront des poulains en con- currence avec nos �talons, et la race nor*» |
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DES �� A A A S. 6g
mande est perdue, si l'on ne trouve pas
Pour la relever un autre mo yen que celui-l� ! Avant la r�volution, il y avait ^^ ?
ind�pendamment des jumens approuv�es , un tr�s-grand nombre de belles poulini�res que les r�quisitions forc�es d'une part, et la. disette de bons �talons de l'autre ont fait dispara�tre. La race qui ne pouvait se sou- tenir que par les jumens, n'a pas tard� � se d�t�riorer d'une mani�re effrayante. Cette perte ayant rendu les chevaux de Q *s plus difficiles � trouver, en a aussi aU haUsser lc Prix. Les jumens ont �t�
Plus courues, et, les propri�taires de celles �l» restaient, pr�f�rant un b�n�fice certain et tout pr�s � celui qui n'�tait que pr�caire et �loign�, n'ont pas balanc� � faire de argent de leurs meilleures poulini�res , et
n'ont r�serv� p0ur la reproduction que celles qui, par des vices presque toujours b�r�ditaircs , n'auraient pas pu se vendre avantageusement. De la est venue cette raret� toujours croissante de belles ju- |
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rO H A H V E l
mens, dont le nombre en ce moment est
si petit, que nous n'en connaissons pas cent dans toute la Normandie qui en pos- s�dait des milliers. Ce que l'app�t d'un gain �ph�m�re a
fait de mal, l'int�r�t, qui est le mobile des actions des hommes , peut le r�parer et ramener les choses o� elles en �taient avant tant de d�sastres. Que les primes destin�es aux plus beaux chevaux, et qu'on donne si souvent � ceux qui le m�ritent le moins ; que l'argent consacr� � payer la pension de chevaux approuv�s , qu'il faudrait peut-�tre faire ch�trer pour les emp�cher de se re- produire , soit r�serv� pour l'indemnit� qu'on accorderait, dans toute l'�tendue de l'Empire , aux jumens pures de chaque race qui seraient employ�es � la reproduc- tion. Ces b�tes , f�cond�es par des �talons reconnus aussi sains qu'elles, parfaitement en rapport de caract�re , de classe et de conformation, nous auraient bient�t mis en mesure d'atteindre notre Irai, et nous |
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DES II A R A S. rjt
n'aurions plus la crainte de manquer d'�-
talons , et par cons�quent de bons eue- |
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Vaux.
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Encore une fois, ce sont moins les �ta-
las qui nous manquent que les bonnes P-unens, puisque sans elles nos meilleurs unions ne peuvent nous faire que des pro- ductions m�diocres si elles ne sont pas ta- r�es. Le fameux Eclipse d'Angleterre vien- drait en Normandie, qu'il n'y aurait pas dix jumens � mettre en rapport avec lui. aura beau vouloir compter les races
par les mtMpo n � � . . i 1
rt'es> elles n existent que dans les
�S 1IUu-g�nes ; les m�les , comme dans
l'esp�ce humaine, �tablissent la diff�rence
des familles , mais les femelles fout le
1 des races ; cela est incontestable.
Comme les in*~� i
� . J^mens seules peuvent nous
.taire rentrer dans no* k -i
os bonnes races, il con-
rendrait non-seulement que celles qui au-
« 1««qualit�s requises pour les relever |
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*}%' It.A S tS t %
fussent consacr�es � la reproduction, mais
encore qu'il fut d�fendu d'en vendre une seule jusqu'� ce que nous en ayons un assez grand nombre pour r�pondre � nos pres- sans besoins. L'esp�ce de bonnes jumens remont�e ne nous laisse plus de d�me sur une r�g�n�ration compl�te, qui nous fera, sans le secours d'autrui, aller de pair avec l'Angleterre et les contr�es de la terre les plus riches en bons chevaux. Il serait superflu d'en dire davantage su*
un objet dont il n'est pas un seul fran�ais qui ne reconnaisse l'utilit� ; nous passerons maintenant � la division des classes , comme � celle des localit�s qu'elles doi- vent occuper. |
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rivvv»W^
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MES II '. R A S.
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7-
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CHAPITRE IV.
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Mode d'Epuration de nos races de Chevaux.
Ap r � s avoir, dans l'historique des haras ,
fait conna�tre une partie des causes qui ont contribu� le plus � l'ab�tardissement de l'es- P�ce en g�n�ral, et fait, dans le chapitre suivant, l'expos� d'un moyen propre � la relever, nous parlerons dans celui-ci d'un mode d'�puration d'autant plus facile , que C'est la nature elle-m�me qui l'indique'dans le caract�re ind�l�bile qu'elle imprime � cWune des classes dont il nous reste � faire la division. Nous avons dit, et nous croyons bien l'a-
vo,i- prouv� , que nos races de chevaux ont commenc� � se d�t�riorer par l'introduction des jumens �trang�res, dont nous n'excep- 4
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74 '! ino�i
tons pas m�me celles qui nous sont venues
d'Arabie.
Une autre cause de d�t�rioration , au
moins aussi sensible, a �t� produite par la fusion de l'esp�ce earrossi�rc dans celle que la nature a destin�e � porter ; or, pour en faire la diff�rence, qui n'est pas diffi- cile � saisir , nous ne pr�senterons ici le tableau, de la conformation qui caract�rise chaque esp�ce, que pour nous renfermer dans l'iisage re�u ; nous rangerons sous les d�nominations de classe de selle pour la classe destin�e � porter, et earrossi�rc pour celle que la nature semble avoir fait pour le trait. En commen�ant parla premi�re qui nous
para�tla plus int�ressante en ce que celui qui se risque sur le dos du cheval est plus ex- pos� que celui qui n'a qu'� le diriger, pour lui faire tra�ner un'ebar pompeux ou des fardeaux, nous dirons cme ces deux classes diff�rent eiitr'elles, que si jamais un vrai |
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DE5 HARAS. 7,')
al de selle n'a pu foire un bon cheval de
trait, jamais non plus un bon cheval, de voi- ture ne pourrait faire une monture agr�ablei cela vient de leur conformation qui doit �tre diff�rente , et c'est � l'�il du connaisseur � inguer ce qui convient � chaque service.
v.
Tout le monde sait qne ces deux classes se subdivisent ; la premi�re , en clievaux de course, dont on fait aussi des chevaux de guerre , en monture de promenade ou pour voyager ; la deuxi�me , sert au car- rosse , � l'agriculture et au commerce. C qui porte, doit �tre l�g�re � l'avant-mai et forte clans le train de derri�re. Celle au contraire qui tire , ou pour mieux dire pousse, a besoin de fortes �paules, et de plus de chair � Payant-main que l'autre, 1 effet de la pouss�e ne pouvant �tre qu'eu raison de la masse et du point d'appui que les chevaux de charrette, par exemple, Souvent dans ces �normes colliers qui n'ont �t� invent�s que pour augmenter leurs for- tes , en doublant pour ainsi dire leurs |
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v
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MMHHHBIME
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JO MABUSI
moyens. Les jarrets , dans tous les sujets ,
doivent �tre larges, peu charnus et exempts de tares. C'est donc, comme nous l'avons dit, le
m�lange mal raisonn� de ces deux classes qui en a form� une troisi�me mixte , qu'on peut regarder comme une d�gradation de l'une et de l'autre. La nature cependant, en leur imprimant un caract�re d'utilit� diff�- rent, ind�pendamment de ce qu'elle avait fait pour nous les faire conna�tre , de ma- ni�re � ce qu'on aurait jamais d� les con- fondre , n'avait pas manqu�, comme nous allons le faire remarquer , d'assigner � cha- cune d'elles la place o� elle pouvait pros- p�rer, et. c'est encore en changeant ces lo- calit�s, si sagement �tablies par elle , que nous avons aggrav� le mal au point que nous ne pouvons pins nous en relever, qu'en remontant aux principes dont nous nous sommes trop l�g�rement �cart�s. Pans la r�g�n�ration de l'esp�ce, nous
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D ES H A R A S. rjj
ayons, d'imc�l�, �rcirouverleslieuxo� cha-
que classe, qu'on divisera en familles ou races, peutprosp�rer, et � traeerles pr�cau- tions � prendre pour ne jamaisles confondre. �" n'est personne qui ne sache que les
chevaux �lev�s sur les lieux secs et mon- tneux n'ont aucune esp�ce d'analogie avec ceux qui naissent et vivent dans les lieux bas et mar�cageux que nous appelons plaine. Ces derniers, en g�n�ral, ne sonl Propres qu'au trait, tandis que les premiers pr�sentent tous les caract�ristiques du che- val de selle. Les chevaux de montagne ou. des pays arides, ont la t�te et l'encolure plus d�charn�es, moins de chair aux �pau- *es> les pieds plus petits et les talons moins gros. Les chevaux de plaine , au contraire , ont plus d'encolure et les pieds plus larges ; on voit par l� que la nature, toujours sage dans ses op�rations, a donn� aux animaux qu'elle destinait � vivre dans des lieux sou- vent humides et mar�cageux , des pieds dont la largeur p�t �tre en raison de la |
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y?> m a n c e r,
niasse qu'ils auraient � supporter; tandis
qtt'� ceux qui gravissent sur les montagnes, qui ont � marcher dans des chemins pier- reux et difficiles , elle a donn� � ces parties plus de duret� et. moins de largeur, ce qui annonce Lien positivement leur destination respective : c'est ce qui fait que sur vingt chevaux qui na�tront dans ce qui compre- nait autrefois toute la Normandie , dont les *rois quarts sont plaines, quinze seront car- rossiers, et cinq seulement seront pi � la selle; au lieu que sur un nombre �gal de chevaux du d�partement de la Haute- Vienne, quinze se trouveront convenir � la selle, et � peine y en aura-t-il cinq qui pourraient servir au trait, par la raison que le Limousin, dont'lesquatre cinqui�mes sont en coteaux, ne pr�sente de localit�s favora- bles qu'aux chevaux de selle. Il est donc aussi ridicule de chercher � faire des che- vaux de selle , dans la plaine de Ca�n, que des carrossiers dans le d�partement de la Haute-Vienne, et autres lieux qui pr�sen- tent les m�mes sites. |
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DES HARAS. 79
Ceci explique suffisamment pourquoi les
chevaux arabes , qui pa;� l'aridit� des con- tr�es o� ils vivent, doivent �tre consid�r�s comme chevaux, de montagne , n'ont jamais si bien r�ussi dans la ci-dovant Norman- die, que dans le Limousin, l'Auvergne, la Navarre, o� il se trouve un bien plus grand nombre de jumens avec lesquelles ils sont naturellement en rapport. Il ne faut cependant pas en inf�rer, (pie
le cheval d'Arabie qui, suivant les apparen- ces , a servi � am�liorer presque toutes les races de la terre, ne puisse pas, en en usant Svec sobri�t�, faire bon en Normandie, puisqu'il trouvera dans le Melleraut et par- tie des environs de S�ez et d'Alencon , des analogues dont il est possible qu'il puisse grandement am�liorer les productions. En eliet, pourquoi ne r�ussirait-il pas dans une cont�e dont les belles jumens ont tant Ue ressemblance avec celles de l'Angle- terre , qu'on les prendrait pour une seule et m�me race, quand il a fait acqu�rir � la |
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8o HAKUEl
race anglaise un degr� de perfection qu'il
8crait impossible de surpasser ? Les exp�-
riences malheureuses qu'on en a faites , loin de nous d�go�ter, devraient nous por- ter � les recommencer avec plus de soin ; et en les renouvelant dans les principes, il n'y a point de doute que les chevaux arabes ne r�ussissent aussi bien, m�me dans cette partie de la France qu'ils ont fait en Angle- terre, si l'on suivait, pour les accouplemens, lam�iliode pratiqu�e avec tant de succ�s par les Anglais qui l'ont emprunt�e des Arabes. Revenons aux divisions. La nature elle-
m�me les ayant �tablies , nous n'y ehauge- " rons rien. Le sol de l'Empire Fran�ais comme le reste de la terre , se trou e d> ne- compos� de deux portions tr�s-distinctes , coteaux et plaines. La premi�re, comprend les lieux arides et montueux ; la seconde , s'entend des lieux mar�cageux et bas. Comme c'est sur cet espace, qu'on peut ap- peler universel, que d;>it vive toute la cr�a- tion , nous poserons en principe que si |
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»�S HARAS. 8l
jamais un �talon de plaine , qui sera n�ces-
sairement carrossier , ne doit pas �tre plac� dans les lieux arides ou �lev�s , jamais non plus un �talon qui aura pris naissance sur les montagnes , ne sera convenable- ment utilis� dans la plaine. Il en sera de m�me des jumens qui devront toujours �tre f�cond�es sur le lieu qui les aura vu na�tre ; et en ne nous servant que de jumens indi- g�nes au sol, le placement de nos �talons de l'ace pure ou am�liorante ne sera pas difficile � faire. Les chevaux propres � la selle seront r�partis sur les lieux mon� tueux et secs, et les carrossiers resteront, ou seront envoy�s dans la plaine. Ce proc�d� uniforme et simple, en ren-
dant aux deux classes leur caract�re primi- tif, nous mettra en mesure de suivre les progr�s de l'am�lioration que nous aurons rendue praticable. De ce qu'il est reconnu qu'il faut dans
les appareilleaiens une similitude absolu* |
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8a manuel
de nature comme de Conformation
que Le poulain, participant de lune et de l'autre, apporte en naissant des signes ca- ract�ristiques de la race dont il sort, il s'en- suivra qu'en mettant toujours un �talon de selle avec une jument de m�me classe, et une jument de trait avec un �talon carros- sier, nos plaines fourmilleront d'animaux de celte derni�re classe, comme nos pays arides et montueux suffiront � tous nos besoins pour clos chevaux de monture qu'on cherche indistinctement partout, sans en trouver de bons nulle part. Avant la r�volution , on ne vendait aux.
foires d'Alen�on, d�partement de l'Orne, que des chevaux de selle; les marchands de chevaux de carrosie n'y venaient m�me pas, ils tiraient les chevaux de trait de l� plaine de Ca�'n dans le Calvados , de !a Manche, de l'Eure, de la Seine-Inf�rieure ou du Cotentin. Aujourd'hui, ces m�mes marchands cherchent des carrossiers dans le Melleraut et aux foires de Ca�'n, d« |
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DES HARAS. 83
Ea�eux et de Rouen, des chevaux de selle
qui sont si peu propres � ce service qu'ils les laissent clans l'embarras de ne savoir comment les classer. Ne sachant dans quelle cat�gorie ranger
de pareils chevaux, qu'on peut convena- blement appeler mixtes, tr�s-souvent b�tar- des , on a trouv� comrhode de les appeler d'escadron, qui, sans ressembler � aucune des deux classes , participent n�anmoins de l'une et de l'autre. Ces animaux, non plus que les jumens de m�me sorte, qui ont une physionomie ind�finissable, ne devraient jamais entrer dans les liaras, si l'on veut �purer les classes et leur rendre leur ca- ract�re primitif. Il se fera assez de chevaux de cette esp�ce sans que nous nous en m�lions, et il ne doit sortir des �tablisse- mens imp�riaux que des chevaux caract�- ris�s , soit pour la selle , soit pour le trait. Parlons maintenant des chevaux d'An-
gleterre , moins pour en faire l'�loge que |
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84 MANUEL
pour prouver que la m�thode que suivent!
les Anglais est autant � notre port�e qu'elle "nous est applicable, et que des appareil] e- mens faits dans leurs principes comme nous le dirons dans le chapitre VI, doivent n�- cessairement am�liorer les races fran�aises, de mani�re � ce que nous puissions un joos les compter en premi�re ligne» |
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» E S HJRAS,
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CHAPITRE V.
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Sur les Chevaux de l'Angleterre.
o uoiqu'on ait d�j� beaucoup parl� des
chevaux d'Angleterre en g�n�ral, il pour- rait bien se faire qu'ils ne nous fussent pas encore assez connus, sous les rapports du service rpie nous en pourrions tirer pour l'am�lioration de nos races de chevaux. Nous allons doue essayer d'en retracer approchant l'origine , d'apr�s ce que les meilleurs auteurs modernes de ce pays en ont dit, en commen�ant par les chevaux de pur sang. L'on n'est pas parfaitement d'accord en
Angleterre sur l'origine positive des meil- |
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85 M A. H Xi 2 I- -
leurs chevaux de cette �le. Les Anglais
conviennent cependant que les clievaux barbes et arabes ont grandement contribu� � leur am�lioration ; mais comme ils ne parlent point de l'�poque o� elle a com- menc� , il est naturel de la faire dater du temps des croisades, o� les arm�es des princes coalis�s, pour ce qu'ils appelaient la guerre sainte, se sont n�cessairement remont� , dans la Palestine , de chevaux qui, � leur retour , ont d� concourir dans toute l'Europe � l'am�lioration qui nous occupe particuli�rement aujourd'hui, avec la diff�rence que les Anglais ont perfec- tionn� leurs races , dans la m�me propor- tion que nous avons laiss� d�t�riorer les n�tres. Que ce soit la race arabe eu barbe qui
ait contribu� � l'am�lioration de la race an- glaise , ou qu'ils se soient servis d'autres races qui se sont perdues depuis , ou m�me que les races les plus estim�es de l'Angle- terre , comme le pense M. Taplin , ne |
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; S H & B V S. 3/
leur �clat qu'� l'union Lien combi-
n�e de la belle jument d'Angleterre avec le cheval du m�me pays, toujours est-il vrai de dire que les Anglais , par des croi- semens bien entendus , sont parvenus, clans te qu'ils appellent leurs chevaux de pin- Sang , � un degr� de perfection tel qu'il n'y a peut-�tre pas, dans toute l'Arabie , lui seul cheval en �tat de se mesurer en force et en vitesse avec les chevaux ordi- naires de ceue classe. ^c qui prouverait dans notre syst�me ,
que si ]a ,.ace ; comme le croient les Arabes , existe plus particuli�rement dans les femelles que dans les m�les, la race anglaise en 'principe , valait mieux que la race ar;\l;i' , ot ujjj n>a ^ question que de l'am�liorer , au moyen d'�talons d'un �ite sup�rieur. M- Taplin, l'un dos meilleurs auteurs
anglais (pi aicai; �crit sur les chevaux , et dont 1 ouvrage publi� depuis peu d'ann�es , |
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00 SI A N TJ E L
est � sa treizi�me �dition, se trouve en
contradiction avec M. Braken, qui a aussi �crit sur l'origine des meilleurs clievaux d'Angleterre: suivant ce dernier, tous ou la plupart sortiraient de Ftjring Childers , cheval arabe dont le duc de Devonsliire � qui il appartenait, refusa son pesant d'ar- gent. Le premier, au contraire, qui a �crit depuis M. Braken, qu'il a m�me com- ment� , sans parler positivement de l'ori- gine que nous cherchons � conna�tre, assure que ses compatriotes , � la v�rit� jaloux d ajouter , s'il �tait possible , au m�rite d�j� reconnu de leurs chevaux, firent ve- nir , � tr�s-grands frais, de l'Arabie, des �talons de premi�res races , qui, accoupl�s aux'jumens les plus v�tes de l'Angleterre , ne produisirent d'autres r�sultats qu'un peu plus de vitesse , mais aux d�pens du f;jnd, qui n'a jamais pu se soutenir au-del� d'un mille ou le tiers d'une lieue; il ajoute que persuad�s du peu d'avantage qu'on en pou- vait tirer, du c�t� de la force, les Anglais, depuis vingt ans , les avaient tout-�-fait |
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DES H AS AS. 8g
abandonn�s , pour ne s'occuper que de la
conservation de leur race telle qii'elle est aujourd'hui. En effet, nous avons vu en 1784, � Newmarkct, un cheval bai arabe, qui ne couvrait pas � moins de cinquante guin�es par jument ; et vingt ans apr�s , au m�me lieu , un autre arabe gris plus beau que le premier, qui avait bien de la peine � avoir des jumens � une guin�e ou vingt- cinq francs le saut. Quelle que soitl'originc poshivede la race
anglaise , ou pour mieux dire, l'�poque du commencement de son am�lioration , mal- gr� la contradiction des auteurs crni en ont parl�, c'est que le principe existait en An- gleterre , comme il existe en France pour les races normande, limousine, bretonne, navarrinc, et�»,L'Angleterre, tout comme nous, avait ses jumens indig�nes qui, croi- s�es suivant leur classe, avec des �talons arabes, barbes, anglais, danois, et pro- bbloment fran�ais, se sont am�lior�es par degr�s dans leur descendance , et que nous. 4*
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90 MANUEL
pouvons faire la m�me chose que ce peu-
ple , en apportant dans nos appareillemens les m�mes pr�cautions qui l'ont dirig� dans l'am�lioration de races qui font aujourd'hui son orgueil. la race anglaise ne doit donc point �tre
consid�r�e comme m�tisse , puisque sa r�- g�n�ration n'a pu se faire sans le concours des junions indig�nes qui, en Angleterre , comme dans tous les pays du monde , for- meront toujours le noyeau des races. Reste � savoir si la classe des chevaux de pur sang qui l'emporte autant en force et en vitesse , qu'en taille et m�me en figure sur les chevaux arabes , auxquels on veut qu'elle soit redevable de ces pr�cieux avantages , soutiendra long-temps cette sup�riorit� qu'elle s'est acquise , et si, en France , au Moyen des chevaux arabes que nous poss�- dons d�j� , et ceux de l'Angleterre , que nous pourrons par la suite nous procurer , les n�tres ne pourront pas un jour l'�galer en r�putation comme eu bont� ? |
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DE S H A P. (i S, 9I
Il semble , d'apr�s M. Taplin, que le
r�gne du Gr�nd-J�c�ipse], si nous pou- vons nous exprimer ainsi , ait �t� l'�poque la plus brillante de la sup�riorit� des cour- siers d'Angleterre; et si les productions de ce cheval �tonnant, qui a fait oublier celui non moins fameux auquel il devait son origine , sont � quelques �gards , dignes de la haute r�putation de leur p�re , aucun de ses descendans , n�anmoins, ne pourrait, avec justice , lui �tre compar�. Les tenta- tives que les Anglais ont faites jusqu'� ce jour, n'ont servi qu'� les convaincre que la nature , � tout ce qu'elle fait J met des bornes que les combinaisons humaines, ec peuvent plus francliii-, et en s'applaudis- s'antd'�tre arriv�s jusqu'o� iln'estpluS pos- sible d'avancer, ils se conduisent de ma- ni�re � ne reculer qu'� la derni�re extr�- mit�. Une m�thode uniforme et simple qui convient a leur soi, � leur temp�rature, leur garantit la continuation des r�snl avantageux d'une science que l'exp�rience leur a donn�e. |
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*}2. MANUEL
Nous ne pouvons nous dissimuler que
nous sommes loin de ces insulaires , pour tout ce qui concerne l'�l�ve et l'am�liora- tion des races de chevaux. Plus favoris�s cependant de la nature , pour cette brandie importante de l'�conomie rurale, nous n'en sommes � une aussi grande distance , que parce que nous avons jusqu'ici d�daign� de les imiter, et qu'au Lieu de ne vouloir comme eux que ce qui est bon, nous sem- blons nous contenter d'une belle apparence, qui nous fait regarder comme principal, ce qu'ils n'ont jamais consid�r� que comme accessoire. Si nous n'avions des chevaux que pour
les regarder, nous aurions sans doute rai- son de donner la pr�f�rence aux plus beaux : l'�il se repose plus agr�ablement sur les formes enchanteresses de l'Apollon du Belv�d�re , que sur celles plus m�les et moins gracieuses de l'Hercule Farn�se ; mais nos chevaux doivent nous porter avec s�ret�, vitesse et agr�ment, ou nous tra.�- |
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DES HARAS. 9<3
ner avec vigueur ; ils nous servent aussi ,
surtout � la guerre , dans des occasions p�- rilleuses ; il faut donc que pour premier m�rite, ils aient de la force, de l'adresse, de la bonne volont� , et surtout du courage ; toutes qualit�s qui sont ind�pendantes de la figure : si celle-ci s'y rencontre, tant mieux ; mais c'est ce dont nous pouvons le plus ai- s�ment nous passer. Pour en revenir � Eclipse, sa m�re avait
�t� couverte , celte m�me ann�e , par S/ia- kespear et Marsk , en sorte que le duc de Cumberland qui la poss�dait, et son ma�tre groom �taient incertains auquel de ces deux clievaux appartenait le droit de prog�- niture. Cependant la jument ayant mis bas, le jour de cette fameuse �clipse, qui cor- respondait plus particuli�rement avec l'in- sertion au registre de la saillie de Marsk , celui-ci eut l'honneur d avoir produit un des premiers chevaux du monde , dont la force , l'haleine et la vitesse �taient telles, qu'avec un poids de douze siones , ou �- |
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�4 il A Sf-� -K 1
peu-pr�s soixante-dix kilogrammes, il lais-'
Sait, sans peine , � double distance , poul- ies prix que le roi fait donner annuellement, tous les plus fortsclievaux de l'Angleterre, qui couraient contre lui, et que pour tous les autres prix ou sweepstakes,, il ne se trouva pas un seul cheval en �tat de les lui disputer. Mais sa sup�riorit� ne se serait pas ma-
nifest�e � la course , qu'on l'aurait reconnu dans ses productions, en voyant para�tre Mercury , Meteor , Soldier, Gunpowder , K'uig Fargus , Dungannon , Btnvdrow , Jupiter , Vertumnus , et beaucoup d'autres aussi c�l�bres , dont le pur sang coule dans une infinit� de branches qui, par des croi- semens bien entendus, se propagera sans doute � l'infini. Les chevaux de course ou de pur
sang , sont ceux pour lesquels les Anglais ibnt une d�pense extravagante, il y en a m�me beaucoup qui s'y ruinent} mais i! y |
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D g S B AB. AS. 9a
a aussi quelques particuliers que ces chc-
Taux enrichissent. Les paris sont, comme on sait , la folie
des Anglais , le Racing Calandar , ou l'annuaire des courses de 1800 , parle d'une souscription de deux mille six cents guin�es, pour vingt-six chevaux qui �taient � na�tre. C'est sur la r�putation des races dont sortent les poulains, qu'ils les engagent pour des courses qu'ils font ordinairement � trois ans , c'est-�-dire , lorsqu'ils entrent dans leur quatri�me ann�e. Ils ne deman- dent jamais � voir 1rs chevaux : ils parient souvent des sommes consid�rables , long- temps avant que leurs jumens aient �t� f�- cond�es. Si la m�re de la pr�tendue pro- duction ne fait pas de poulain , le pari est nul � son �gard : lorsque le poulain est n� , s'il ne tourne pas � Lien, le propri�taire paie ce qu'ils appellent/ia//l/"o7y�jVJ moiti� de d�dit, h moin s qu'il ne soit sp�cifi� dans l'acte, plaj orpaj-j ce qui v eu t dire courir ou payer : dans ce cas, le parieur gagne ou perd tout. |
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9& M A S U E I,
Il faut �tre en Angleterre ou la bien con-
na�tre, pour se faire une id�e de la diff�- rence qu'un seul pari ou sweepstakes peut apporter dans le prix d'un cbeval, qui est quelquefois, en un seul jour, port� au faite de la renomm�e. D�s ce moment le pro- pri�taire peut y mettre le prix qu'il veut, il est assur� de le vendre. Soph�a, engag�e dans un pari consid�rable, en 1801 , �tait � vendre pour cent guin�es , si elle e�t �t� battue ; nous avons vu celui � qui elle ap- partenait , en refuser trois mille guin�es, sit�t qu'elle e�t gagn� sa course. Si c'est un cheval, et que celui qui le poss�de se d�- cide � en faire un �talon il peut en tirer beaucoup d'argent. On a vu , depuis 3o ans, plusieurs �talons produire � ceux qui les poss�daient , cinquante mille francs par saison , et Hlgh-Fljer a valu , pendant plusieurs ann�es, plus de soixante mille livres de rente � M. Tattersall. . Ces brillans succ�s sont pourtant assez
souvent de bien courte dur�e, et le plus |
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T> E S H ARA S. 97
fameux , uae fois battu, glisse derri�re ie
tableau, et est � peine remarqu� en seconde ligne. Tel fut le sort d'un Herod , � l'�gard �'Eclipse; d'un �ver-Green envers un t-Brier, et d'un grand nombre d'au- tres qui ont c�d� lepas auxfavoris du jour ; ce m�me High-Fljer:, dont nous venons de parler, et � Jfood-Pecker, dont le pre- mier a produit trente-neuf gagnans dans quatre-vingt-onze paris consid�rables, et le dernier dix-sept chevaux,qui ont eu l'avan- tage dans cinquante-quatre occasions. Les premiers sauts de FTigh-Flj-er , n'�-
taient cependant qu'� une guinee par ju- ment , malgr� l'extr�me c�l�brit� qu'il s'tv- tait acquise aux courses : lorsque sa prog�- niture a �t� connue, il ne couvrait pas � moins de cinquante gain�es. On voit par l� que les Anglais sont perp�tuellement � l'aff�t du m�rite de leurs chevaux , pour soutenir des races auxquelles ils attachent tant de prix , et l'on doit remarquer qu'ils ne les appr�cient que lorsqu'ils ont fait 5
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98 M V N 0 E L
leurs preuves , soit comme coursiers ou
comme �talons. Les huniers ou chevaux de chasse, dont
nous parlerons encore plus loin, en ce qui est relatifs la mise en �tat pour cet exer- cice , sont apr�s les chevaux de pur sang ceux qu'on estime le plus en Angleterre. Beaucoup sont coup�s � l'�ge de cinq ans ; ce sont malheureusement les meilleurs auxquels on fait celle op�ration. Ceux qui restent entiers sont destin�s � croiser des races inf�rieures, et produisent g�n�rale- ment les carrossiers , qui, apr�s avoir servi dans Londres aux �quipages de luxe , finis- sent sur les grandes routes par tra�ner les diligences. Comme ces chevaux, en principe, sont
toujours pris parmi les coursiers de pur sang , ou au moins ceux que les Anglais appellent three quarters blood, qui sont le produit de chevaux de premier sang, avec des junicns half-biood ou demi-sang, nous |
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DES HA R A S. (jCf
les rangerons dans la m�me cat�gorie , eu
observant que ces animaux , a saison dp leur taille et de la force de leurs membres, consid�r�s comme �talons , conviendraient mieux dans le Calvados , l'Eure , la Man- che , la Seine-Inf�rieure , le Morbihan, et toutes .les contr�es o� il se trouve des jumens de taille , que des chevaux qui ne sont uniquement propres qu'� la course , et qui ne trouveraient des analogues que dans une partie du d�partement de l'Orne , pour faire, avec les jumens les plus distingu�es de cette portion de la ci-devant Norman- die , des chevaux en �tat de se mesurer par la suite avec ceux qui auraient servis � leur am�lioration. Apr�s les chevaux de course et les han-
ter* , la race que l'on �l�ve avec le plus de succ�s dans le Lincoln, Lelcesier, Nor- tliamplon, et quelques autres contr�es o� les pacages sont gras et abondans , c'est, celle de ces fameux chevaux noirs de trait, remarquables par la beaut� de leurs mem- |
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100 M A NUEIi
bres , leur force et leur courage. La r�gu-
larit� de conformation dans cette classe de inx, commande quelquefois l'admira- tion , cl, leur dur�e au service les fait tou- jours rechercher pour les travaux les plus p�nibles. Cette classe , qu'on peut consid�- rer comme carrossiere , quoiqu'elle serve plus particuli�rement � l'agriculture et au roulage , est aussi pure dans ses diverses familles ou races que celles des chevaux de premier sang, et les Anglais apportent autant d'attention � la conserver que l'autre. C'est ici qu'il convient de dire que nos
charmans bidets du Cotentin , dont les formes arrondies �taient aussi gracieuses qu'�l�gantes, auraient �t� pr�f�rables � ceux-l� , si nous ne les eussions pas laiss�s ab�tardir au point de 3ie pouvoir plus les reconna�tre. S"il est �chappe au fl�au des r�quisitions forc�es quelques jumens qui auraient pu en remonter l'esp�ce, des ap- pareillemens monstrueux et disparates lui ont fut perdre cette physionomie locale , |
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DES HARAS. ICI
qui dans chaque pays de la terre a toujours
Ij�ris� sa race particuli�re. D'autres principes la ram�neraient infailliblement � sa bont� primitive. Les autres chevaux qu'on fait en Angle-
terre , ne m�ritent pas L'honneur d'�tre ci- t�s , et doivent tous �lre rang�s dans la classe que les Anglais appellent Mongrel- breedf race m�tin�e. C'est, comme chez nous, le fruit de mauvais accouplemens qui n'appartiennent � aucune classe , quoi- que compos�s de tontes les deux. Ces chc- b�tards , de races d�; m�r�es, arri- vent sur le continent pour d�shonorer la ■ race anglaise. Ces animaux, que nous avons avec raison appel�s de paco- tille , no devraient jamais entrer dans nos haras. Pour les chevaux de choix de races
pures, que nous voyous si rarement, et
qui sont les seuls qui puissent nous �tre
me on en a dit peut-�tre d'un
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102 -MANUEL
c�t� trop de bien, tandis que de l'autre
on eu disait trop de mal, il faut tacher de les ramener � leur juste valeur, et voir comment nous pourrions les faire servir � l'am�lioration de nos races de chevaux , par des appareillemens mieux entendus <pe ceux que nous ayons vu faire trop son-. 17 «11 I.
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W*VM «Al
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3b E s basas. io3
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CHAPITRE VI.
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Sur les Apparcillemens.
Ij'objet principal et sur lequel on doive
se montrer plus particuli�rement difficile , «'est dans le choix des chevaux qu'on des- tine � faire des �talons; car si les d�fauts apparens tels que la c�cit�, les difformit�s fil g�nerai, le manque d'harmonie dans les proportions, les jardons, les courbes , les �parvins, les formes, l'cncastellure , les pieds plats, etc., sont presque toujours h�- r�ditaires , pourquoi ceux qui sont cach�s, et qui constituent ce que l'on peut conve- nablement appeler le moral du cheval, comme le manque de courage , d'adresse , de bonne volont�, qui ne peuvent se d�- couvrir que par l'�cuyer qui aura mont� l'�talon, p:>ur juger si ses bonnes qualit�s |
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J 04 m a sr v e 1,
sont en rapport avec sa figure, pom
dis-je , ces vices ne seraient-ils pas suscepti- bles d'�tre transmis au poulain qui, suivant l'opinion des Anglais, tient ordinairement plus du p�re que de la m�re ? Ce qui doit nous rendre encore plus cir-
conspects, c'est que nous avons, en Nor- mandie surtout, la triste exp�rience que des chevaux achet�s sains, et devenus tar�s, par le service ou par accident, transmet- taient � leur prog�niture , et presque tou- jours du m�me c�t�, les d�fauts dont ils �taient entach�s : ce qui nous autorise � croire qu'ils en avaient d�j� le principe que ics circonstances n'ont fait que d�velopper. L'examen des jumens doit �tre fai
les m�mes formalit�s, surtout quand on les croit susceptibles de pouvoir faire race. Pour juger des races, il faut les consi-
d�rer dans leur puret� primitive plus particuli�rement conserv�e dans les |
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1> E S HARAS. 103
femelles que dans les m�les. Maintenant.
qu'on mette une belle jument du Melleraut avec une jument anglaise, prise dans le nombre de celles qui n'ont pas �t� am�- lior�es, on verra que la parit� de confor- mation est telle crue tous les croiriez toutes deux sorties de la m�me m�re. Etablissons donc, aTCC beaucoup de vraisemblance, qu'elles peuvent avoir approchant la m�me origine. La France et l'Angleterre , qui se louchent pour ainsi dire , tant�t en guerre, tant�t amies, ont eu pendant des si�cles ces relations suivies; les chevaux des deux pays ont d�i pour ainsi dire se confondre, pour n'en faire qu'une seule et m�me race. La diff�rence qu'il y a entre ces deux peu- ples , c'est que l'Anglais, plus adonn� � ce genre d'industrie, a beaucoup am�lior� sa race, tandis que le Fran�ais , qui n'a pas � beaucoup pr�s attach� tant d'importance � cette branche de prosp�rit� nationale, a ab�tardir et d�t�riorer les siennes. Le sol de l'Empire fran�ais, �taut an
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] 00 3.1 A N Q E L
moins comparable en bont� � celui de l'An-
gleterre , et nos jumens n'�tant pas inf�- rieures en m�rite � celles de ce pajs non am�lior�es , nous n'avons qu'� le vouloir pour nous �lever au niveau des Anglais en faisant comme eux. De tous les �talons dont nous nous som-
mes servis jusqu'� pr�sent pour am�liorer ou relever la race normande , aucuns n'ont r�ussi aussi bien que ceux qu'on a tir� d'An- gleterre ou de l'Irlande , quoiqu'on les ait pris dans une classe trop �loign�e de la e r�g�n�ratrice , par la raison que la race uorman.de a plus d'analogie avec la race anglaise que toutes celles dont on a fait l'essai ; ce qui d�montre donc qu'il faut qu'il y ait dans les deux sujets une grande similitude de conformation et de nature , pour que l'appareillement produise un r�- sultat avantageux; et c'est vainement qu'on a cru qu'un d�faut se corrigeait par une perfection contraire. La nature qui se pi^'e tent � ces combinaisons qui la contra |
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DES HASAS. IO7
rient, trompe presque toujours notre attente,
en faisant �clore des difformit�s souvent pires que les d�fauts crue nous voulions at- t�nuer. Depuis peu d'ann�es , on a tir� de la
Prusse, du Mec�denbourg , du Hoktein et autres contr�es de l'Allemagne, des �ta- lons qui ne sont bons qu'� faire des che- vaux ^ et qui, except� un tr�s-petit nom- bre , ne sont nullement propres � l'am�lio- ration de nos races, �tant des m�tis beau- coup trop �loign�s du type origmel. Car il ne faut pas s'�carter du principe qui veut imp�rativement que pour r�g�n�rer une race ou l'am�liorer , l'�talon soit le plus pr�s possible de la race am�liorante , pour que la race crois�e dans la jument puisse se remonter dans la production. Il n'y a donc point de race sur la terre
qui ne soit susceptible d'am�lioration, tant qu'on pourra la croiser avec des �talons d'un m�rite sup�rieur. Mais il est un degr� o� |
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I cS M � » V E t
l'am�lioration cesse d'�tre possible ; c"est
lorsque les m�les.et les femelles sont par- venus � ce point de perfection rpi semble, pour ainsi dire les mettre en �quilibre. Les Arabes et les Anglais semblent avoir atteint ce but dans leurs races de cbevaux qu'ils n'ont plus besoin que de conserver pures. En nous servant d'�talons anglais et ir-
landais , toujours pris le plus pr�s possible de la souche r�g�n�ratrice ; en pla�ant dans le d�partement de l'Orne les plus distin- gu�s ; les plus forts, clans ceux, du Calva- dos, de l'Eure, de la Manche , de la Seine- Inf�rieure , de la Sartlie, du Morbihan , du Finist�re ; en les alliant � des jumens pures, nous obtiendrons par suite, dans leurs productions , des types de r�g�n�ra- tion poux toutes les parties bor�ales de l'Empire fran�ais. Des arabes que nous poss�dons sur divers points de la France , crois�s avec les jumens indig�nes des con- tr�es m�ridionales, nous fourniront des de comparaison , et les courses, eu |
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Ij E S 11 A R A S. IO�)
constatant le m�rite de chaque race , servi-,
ront encore � nous foire saisir les degr�s d'am�lioration ou de d�g�n�ration dont elles seront susceptibles. On sent que des primes donn�es uniquement � la figure ne signi- fient rien , et que c'est le m�rite setil qui doit les obtenir. Telle est la manie des Anglais, telle a
�t� probablement celle des Arabes. Au veste , comme c'est sur la science des ap- pareil lemens que repose la prosp�rit� des Haras , comme la possibilit� de r�g�n�rer et d'am�liorer toutes les races de chevaux de l'univers, on ne peut que r�p�ter � ceux qui seront charg�s de les faire, que sans l'attention la plus scrupuleuse dans l'accord parfait qui doit exister dans les deux sujets soumis � l'acte de la g�n�- ration, ils ne parviendront jamais au but qui fait l'objet de la sollicitude du Gouver- nement. Apr�s le sang ou l'origine , les A.
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1 i O H A H U E X
recherchent la .grosseur proportionn�e des
os ; les muscles bien prononc�s, une taille avantageuse, un bel �il, et surtout du courage , qu'ils appcllenlgood-action : sans cette derni�re qualit� , ils ne donneraient pas un �cu du plus beau cheval de l'uni- vers , pour en faire vm �talon. Rarement chez eux le m�me �talon
couvre une jument deux ann�es de suite ; ils veulent sans cesse avoir des objets de comparaison, et paraissent avoir la preuve acquise que ces perp�tuels croisemens con- tribuent � l'am�lioration de leurs races. On ne pourrait pas , sans absurdit� , dire
qu'il n'y ait pas un tr�s-grand nombre de mauvais chevaux en Angleterre ; il y en a peut-�tre l� plus que chez nous , par la raison que ce pays en fourmille ; niais les Anglais , qui attribuent avec raison leurs mauvaises qualit�s � des accouplemens dife» parates , ont grand soin d'y rem�dier par des croisemens mieux entendus ; et dans |
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D E S II A R A S. III
lesquels la r�gularit� de conformation et
les bonnes qualit�s se correspondent; de l� vient qu'il n'est pas rare de voir faire cin- quante milles , et quelquefois plus , � une jument pour aller trouver un �talon qui lui convienne. Si par fois les r�sultats ne rem- plissent pas l'attente des particuliers qui agissent dans ces principes, toujours est-il certain qu'ils se trompent moins souvent que les autres. L'on a aussi remarqu� que les plus fa-
meux coursiers devenus �talons produi- saient rareinent des chevaux de leur for�e , malgr� le choix minutieux qu'on faisait des jumens ; tandis qu'on a vu sortir, de races qu'on croyait inf�rieures, des che- vaux d'un m�ritc extraordinaire; ce qui ne peut gu�res s'expliquer que par ce que les tais �taient arriv�s � ce degr� de perfec- tion que la nature ne permet plus de pas- ser , au lieu que les autres ne l'avaient pas encore atteint ; raison suffisante pour montrer la n�cessit� de croiser perp�tuel- |
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IIS MANUEL
lement les races, afin qu'elles se conservent
sans se d�t�riorer. K'e pourrions-nous pas noire aussi, � l'exemple des Arabes , que le principe d'am�lioration existe plus par- ticuli�rement dans les femelles que dans les m�les , puisque c'est moins sur ces derniers qu'ils comptent, que sur les ju- mens auxquelles ils font porter des pou- lains ? Il y a tant de hasard dans l'acte de la
g�n�ration, que si un jeune cheval d'une race moins estim�e a battu ceux de son �ge, son p�re et lui deviennent pour un temps les �talons � la mode , et peuvent faire la fortune de leur propri�taire. On se rappelle encore , en. Angleterre , que le vieux Marsk , qui avait �t� fameux da son temps, couvrit dans les environs de "Windsor un grand nombre de jumens, � une demi-guin�e ; que l'une d'elles ayant donn� le jour au c�l�bre Eclipse , dont nous avons d�j� parl�, le prix du saut fut tout-�-coup port� � cinquante guiu�es , et |
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... � s Ha ras. ii3
pour un certain nombre de jumens par
saison : on a reconnu depuis que tout vieux qu'il �tait, il faisait encore de-bons pou- lains. Nous rapporterons ici, sur Eclipse, une
anecdote qui caract�rise bien l'enthousiasme que les Anglais mettent � propager le;us premi�res races. Eclipse avait vingt-un au , et couvrait encore � Epsoin � cent guin�es. Le nombre des jumens inscrites long-temps d'avance , se trouva, cette ann�e, si con- sid�rable , que le groom de M. O'Kellj crut devoir prendre ses ordres pour sa- voir combien il en de, ait faire saillir. Ce- lui-ci ne voulant d�sobliger personne , et d�sirant surtout m�nager un cheval auquel. il devait sa fortune , fit r�ponse que puis- que la monte n'�tait pas commenc�e, il fal- lait taire in s�rer dans les papiers publics , ainsi que cela se pratique, (^Eclipse ne couvrait plus qu'� mille guin�es par ju- ment, esp�rant bien qu'il ne se pr�senter- ait personne. Le premier jour de la monte, 5 *
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I � 4 MA K U EL
un lord envoya trois juraens et trois mille
guin�es, et M. O'Kelly fut oblig� , pour conserver son cheval, de faire mettre daur tous les journauxqa'Edipse ne serviraitque les trois jumens qui lui avaient �t� envoy�es. Eclipse vivait encore en 1784 a Epsom,
o� nous l'avons vu. M. O'Kelly, � qui il appartenait, lui avait fait pratiquer dans son jardin une superbe rotonde, qui res- semblait plut�t � un beau salon qu'� une �curie. Ce cheval qui avait alors vingt-deux ans , avait tous les jours , rien que pour sa liti�re , vingt bottes de paille fra�che. Quatre petits jokeis en grande tenue le servaient � - la - fois : le ma�tre groom , toujours en livr�e , se tenait de bout, et il n'�tait errais de se couvrir en pr�sence du cheval. On traitera cela , si l'on veut, de pu�rilit� ; mais on conviendra que celte mani�re d'honorer le m�rite , quoique dans nn cheval, en vaut bien une autre. Si par fois la nature semble s'�carter de
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D E S H A R A S. Il S
ses r�gles, en faisant qu'un petit �talon eu-
gendre un fort cheval, ou qu'un grand che- val ne produise qu'un faible poulain, il n'en faut pas moins suivre avec intensit� le principe qui veut que !es classes comme les races soient distinctes , et qu'il y ait toujours beaucoup d'analogie entre le m�le et la femelle. A force d'�preuves, on s'est convaincu,
en Angleterre , que ce qu'il y avait d�plus avantageux , c'�tait de viser � la race dans les deux sujets. Dans ce pays , un poulain de pur sang se vend deux ou trois cents guin�es, suivant la race dont il sort: les pouliches de m�me classe ont approchant la m�me valeur ; mais on aime mieux les m�les , taudis que c'est toujours aux fe- melles (pu; les Arabes donnent la pr�f�- rence. Il ne reste plus � celui qui en est devenu possesseur , lorsqu'ils sont parve- nus � l'�jje de les accoutumer � souffiir imme , de les mettre en tra�ne , c'est-�- dire les pr�parer � la course 3 et enfin les |
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Il6 MA S D t t
faire courre, pour savoir ce qu'ils va
r�ellement. Les Anglais ont fait la remarque que les
pacages influaient beaucoup sur la taille et la force des chevaux; c'est pour cette rai- son qu'ils mettent dans de gras p�turages les animaux dont ils veulent augmenter la taille et la force : ceci est fond� sur l'exp�- rience , qui nous a appris �galement qu'un cheval n� dans le Limousin, et qu'on nour- rirait dans les lions fonds de la vall�e d'Auge ou du Cotentin , prendrait plus de taille et d'�toffe que s'il �tait rest� dans son pays. Disons maintenant comment les Anglais
s'y prennent pour soutenir la r�putation de leurs races de chevaux, en commen�ant par la monte, et nous verrons que leur m�thode , � tr�s-peu de diff�rence pr�s , nous est parfaitement applicable. |
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.DES B A R AS, II"
C H A P I T B. E Y I �.
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De la Moula.
IjA mani�re dont se fait la monte en
France, comme dans tous les pays du monde , est trop connue pour que nous r�p�tions ce que nos bons auteurs eu ont dit. Nous nous bornerons simplement � faire conna�tre ici quelles sont les pr�cau- tions que prennent les Anglais dans ce premier acte de la propagation de leurs belles races. En Angleterre, ceux qui se consacrent �
l'�l�ve des chevaux commencent par faire en sorte de pr�server la race qu'ils veulent propager de toute esp�ce de d�fauts h�r�- ditaires , soit du c�t� du p�re, soit de celui |
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113 MA 5i V E X
de la m�re. L'am�lioration ou le soutien
des races d�pend donc de la bout� des ap- pamllemeris , puisqu'il est reconnu qu'il n'est jamais sorti une bonne production d'un accouplement disparate , ou dans le- quel il y aurait eu un des deux sujets vici�. J'�prouve, disait un amateur, en voyant donner un �talon tar� � une jument pure , une sensation aussi p�nible que si je voyais tuer un bon cheval. D apr�s ce principe , vous avez d'abord �
faire l'examen de la jument dont vous voulez, faire une poulini�re, et lorsque vous avez re- connu que la taille, la ligure, la largeur de la jambe, la force enfin, sont en rapport, pour voua donner un bon poulain , le choix de l'�talon devient alors l'objet de l'an�mie- plus scrupuleuse. En effet, c'est lui qui devrait � lui seul renfermer toutes les per- fections, s'il est vrai, comme le crqyent la plupart des naturalistes , que le m�le transmet plut�t que la femelle ses quai ho>nnae on mauvaises � sa progeaitute , |
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ses haras. i rg
quelque soit le sexe; si bien que la moindre
apparence de tare ou d�faut corporel, qui serait de nature � �tre transmis au poulain, doit vous faire rejeter l'�talon. N'attendez donc un bon poulain qu'autant que le p�re et la m�re seront rigoureusement exempts de tares. On aura beau vanter un �talon comme
renfermant toutes les bonnes qualit�s , il n'en faut pas moins descendre � l'examen partiel de la t�te , du col, des �paules , de l'avant-main ou poitrail ; des c�tes , du dos, des reins , de la caisse , des jarrets , des tendons, des muscles, des paturons, et exiger un accord parfait dans toutes les parties , dont la situation et la force doivent �tre relatives � l'esp�ce ou classe du che- val. Il convient de visiter aussi, avec la m�me attention, jusqu'� la eontexture du Sabot. ne pas d�daigner la couleur et le luisant de la corne. Si d'apr�s cela vous jugez q;:'il y ait similitude de bonnes qua- lit�s en ce qui constitue ce que nous appe- |
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�20 M AN tl lit
Ions le moral du cheval, ce qui ne peut
gu�res se reconna�tre que par l'�euyer qui saura le monter, vous pouvez esp�rer un poulain, si non accompli, au moins tr�s- distingu�. Qu'imconnaisseur, convaincu qu'ilu'exisie
point de chevaux parfaits, se d�termine � passer sur quel (pies d�fauts, il n'en tol�- rera point de la nature d_e ceux qui sont particuli�rement susceptibles de se trans- mettre au poulain , comme le vent, le tic , le cornage ou sifflage , les �parvins , la courbe , les jardons , la forme ; il �vitera m�me les vessigons et la varice, qui, sans �tre aussi pr�judiciables, d�c�lent n�an- moins de la faiblesse dans les jarrets. Le caplet, on, passe-campagne , qui provient ordinairement de coups que le cheval s'est donn� en frappant, soit cintre la stalle ou tout autre corps dur , n'a d'inconv�nient que pour l'�il, et ne se communique pas � la �niture. Tl examinera la conformation �a pied, la couleur de la corne, la |
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DES HARAS. I2r
chette, la forme des talons �troits ou longs;
en un mot, tout ce qui doit faire tort au cheval, comme �talon ou cheval de ser- vice , quelques belles choses qu'il ait d'ail- leurs. Les causes accidentelles, et les d�fauts
h�r�ditaires, ayant �t� soigneusement exa- min�s , nous venons � ce qui est encore de plus grande cons�quence , c'est de s'assurer de la bont� des yeux; car combien de fois n'a-t-on pas vu des chevaux, m�me avec des yeux qu'on trouvait passablement bons, faire des poulains aveugles, et d'autres qu'on a connu avec des yeux excellents, et qui �tant devenus aveugles par accident1, ont fait des chevaux qui, � l'�ge ont perdu la vue, quoiqu'on ait dit que les d�fauts accidentels ne se communiquaient pas. Nous en avons la preuve au Haras imp�rial de Pompadour : un �talon gris blanc , fils du Glorieux, devenu aveugle � la suite d'une forte maladie , continuait � faire le service du haras : l'engouement pour ce cheval, 6
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122 M AN DEL
qui �tait r�ellement tr�s-beau, �tait tel
que les paysans le pr�f�raient � tout autre, quoique d�j� quelques-uns de ses pou- lains , parvenus � l'�ge d� trois ans, mena- �assent de devenir aveugles, comme tous ceui qu'il a fait depuis le sont devenus, surtout � la pousse des crochets , quoique les m�res eussent des yeux excellens. On ne conseillera pas pour cela au
propri�taire d'une superbe jument, deve- nue �galement aveugle par accident, de la faire saillir par un �talon qui aurait de bons yeux ; car bien que dans une position moins d�favorable il y aurait encore trop de ris- que � courir, on doit donc �viter de trans- mettre de pareils d�fauts, qui peuvent par la suite mettre dans mi tr�s-grand embar- ras celui qui aurait achet� la production � l'�ge de trois ans , plus ou moins. De m�me qu'il faut s�v�rement proscrire
des haras tout �talon qui aurait la vue mauvaise ; de m�me il faut �galement d�iena |
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■ ES HARAS 12.�
tire de faire saillir, dans nos �tablissemen»
imp�riaux , les jumens qui auraient da mauvais yeux , par la raison que nous avon* l'exp�rience que les tares, m�me acciden- telles, se transmettent presque toujours auX poulains , et que la vue t�t ou tard se trouve dans le m�me cas. Lorsque vous �tes dispos� � faire saillir
votre jument, vous devez vous assurer que l'�talon soit frais , en bonne sant� , et qu'il ne soit pas trop affaibli par la fr�quence dtt saut, ce qui influerait particuli�rement sur sa production. On a vu quelquefois faire prendre aux �talons des stimulans, des pro- vocatifs , croyant par l� les rendre plus propres � l'acte de la g�n�ration ; mais on s'est convaincu que cette m�thode , � peine bonne pour celui qui fait couvrir sou cheval � tant par jument, �tait incontestablement mauvaise pour sa prog�niture , qui s'en ressentait toujours, soit dans sa conforma- tion, soit dans son manque de force et de courage. Ce sont de semblabes moyens qui |
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124 MANUEL
ont produit assez g�n�ralement ces races
d�g�n�r�es et faillies, qu'on rencontre � chaque pas dans tous les pays du monde. Dans la Frise , l'Ost-IYise , le Oldem-
bourg , l'Yever-Land, Buttiar - Land, la Z�elande , le Jutland, la Fionie, le Sles- wick, le Holstein , l'Hyderstadt, et tout le Word enfin que nous avons parcourus pour le service des haras de Sa Majest� , un �ta- lon couvre depuis cent jusqu'� deux cents jumens par saison : doit-on �tre surpris maintenant que ces races ne valent rien ? Si la nature indique ��peu-pr�s dans les
animaux l'�poque o� doit commencer la monte , la raison, l'exp�rience auraient d� apprendre, � ceux qui se consacrent � l'�- l�ve des chevaux , que le temps de la copu- lation pour ces animaux ne devait arriver, pour le nord, qu'� quatre ans r�volus, et � cinq pour ceux qui sont au midi ; cepen- dant , dans toute la Normandie, les che- vaux commencent � saillir � deux ans des |
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D E S H A fi AS. ," ��5
jumens qui Sont du m�me �ge. M. Buis-
son Beshaufcienx nous a pr�sent� , le 3 mai 1811, une jolie poulini�re qui a d�j� eu deux poulains, quoiqu'elle n'ait pas encore trois ans. F�cond�e � dix mois^elle n'en avait pas vingt-deux lorsqu'elle a fait son premier poulain. M. Vienne, ma�tre de poste � Nouant, a une jumeiit de six ans qui lui a d�j� fait quatre poulains. Nous avons vu � la foire de Bayeux, en 1.809 , �-peu-pr�s deux mille jumens de trente mois, qui �taient pleines d'�talons du m�me �ge. Fant-il s'�tonner que la production de ces animaux s'en ressente, et doit-on esp�- rer que la race s'am�liore jamais, si des r�glemens s�v�res, ou plut�t la persuasion, ne viennent � bout de d�truire une cou- tume que l'ignorance et l'avarice seules peuvent justifier ? La saillie quotidienne est encore une de
ces innovations qu'on doit �galement r�prou- ver , surtout dans les haras dont le but est de conserver les �talons, et d'imprimer |
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is6 , MANtrxi,
aux poulains qui en sortent ce caract�re de
perfection et de force, que des germes trop souvent prodigu�s ne sauraient leur donner. Ou a cru mal-�-propos qu'il se ferait plus de poulains, comme si les ani- maux pouvaient devenir prolifiques a vo- lont�, tandis qu'il est reconnu et prouv�, par le nombre des jumens qui ont �t� re- vues l'ann�e derni�re au Haras du Pin, que les chevaux qui ont sailli tous les jours ont fait moins de poulains que si on leur e�t donn� un jour de repos apr�s la saillie. Les habitans de la Normandie ont murmur�, avec raison , contre fine pratique aussi pr�- judiciable � leurs int�r�ts . que nous devons la trouver contraire � la conservation des �talons. I/a monte doit durer trois mois; elle
commence selon les lieux et suivant ce que l'herbe nouvelle est plus ou moins pr�coce. Chez nous, c'est vers le 15 d'avril ; les Anglais, qui sont dans une temp�rature un peu plus froide , choisissent la derni�re |
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DES 11 ARA S. 12.7
semaine d'avril, ou la premi�re de mai ; elle
se continue jusqu'au i5 de juillet. Dans le midi de la France , on peut sans inconv�- nient la commencer le premier avril, et m�me quelques jours avant; mais il faut aussi la finir plut�t, aiia que les derniers poulains n'arrivent pas dans la s�cheresse de l'herbe, et � l'�poque o� les mouches sont excessivement nuisibles. Nous observerons ici que les quadrup�-
des sauvages herbivores, tels que les cc-rfs, daims, chevreuils et autres animaux, dont les accouplemens se font par instinct, no naissent jamais que dans la saison de l'herbe; ce qui nous indique suffisamment que nous ne devrions commencer lamonte que suivant les lieux o� cette substance , si n�cessaire � la nourriture de ces diff�rentes esp�ces d'animaux, est plus ou moins pr�coce, les moyens artificiels �tant toujours insuffisans pour y suppl�er d'une mani�re convenable. On doit donc d�sirer que quand une ju-
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I 2�8 MAHDI i.
ment vient � mettre bas , elle puisse trou-
ver de quoi pa�tre, pour que son lait soit plus abondant et plus l�ger qu'il ne se- rait si l'on �tait oblig� de la nourrir au sec. D'ailleurs, les vents frais du printemps qui pr�c�dent la pousse de l'herbe , sont tou- jours pr�judiciables au poulain qui ne peut gu�re se garantir de la bise et de l'humi- dit� ; il ne faudrait pas non plus qu'il arri- v�t trop tard, car il n'aurait �prouv� que des chaleurs, et l'hiver viendrait avant qu'ii e�t acquis assez de force pour se d�fendre contre les rigueurs de l'arri�re saison. Dans l'un et l'autre cas, il convient, pour la con- servation du poulain , d'y suppl�er par une nourriture abondante et saine, qu'on fait prendre � la jument, Il y a une opinion g�n�rale , et malheu-
reusement trop r�pandue dans le d�par- tement de lu Haute-Vienne et ailleurs, qu'il faut que les poulains aient �t� �lev�s ; durement, et m�me aieut pati pour taire '" par la suite de bons chevaux. On pourrait |
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LES HARAS. I2Q
en tirer la cons�quence que par un syst�me
contraire ces animaux devraient �tre en- core plus robustes et plus forts qu'ils ne sont. On reprocbe bien aussi � quelques payans avares de l'Angleterre, de croire qu'un poulain n'a pas besoin de tant de nourriture, et que la gestation seule en- graisse la m�re. Ces avides sp�culateurs ne sont pas ceux qui vendent le mieux leurs chevaux; mais comme ils n'ont pas non plus fait tant de d�pense pour les �lever, ils croient encore y trouver leur compte. Il est donc important de se pr�munir contre une m�thode qui diminue la valeur du pou- lain , et tend encore � la d�t�rioration de la race. D'autres sp�culateurs "de m�me force ex-
c�dent leurs �talons, en leur faisant saillir depuis quatre jusqu'� huit jumens dans les vingt-quatre heures, tandis qu'il faudrait qu'un cheval qui a sailli e�t un jour de re- pos avant qu'on le repr�sent�t pour le m�me exercice, ce qui porterait le nombre |
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l3o MANUEL
des sauts � quarante-cinq par saison. 11 est
cependant reconnu qu'un cheval pourrait, � la rigueur, couvrir tous les jours pendant les trois mois que dure la monte ; mais comme il est essentiel de le conserver, ce terme moyen de quarante - cinq est celui que les naturalistes ont cru devoir adopter. Il n'est pas difficile de s'apercevoir quand
une jument est en chaleur; dans-ce cas, elle prend le cheval assez volontiers : si cepen- dant elle s'y refusait, il faudrait la recon- duire � l'�curie, et lui faire prendre une nourriture plus substantielle en avoine , dans laquelle on mettrait deux fois par jour Un litre de f�verolles s�ches, en con- tinuant � lui pr�senter le cheval jusqu'� ce qu'elle l'ait re�u. Au bout de huit jours , c'est-�-dire le
neuvi�me jour de la saillie , si la b�te re�oit de nouveau* le ' cheval sans r�pugnance , vous ne compterez que de ce jour; si au contraire elle s'obsiine, malgr� vos efforts, |
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I)�5 HARAS. l3l
� rejeter l'�talon, vous supposerez avec rai-
son que la conception a eu lieu d�s la pre- mi�re fois : la jnment, dans tous les cas , doit �tre amen�e au cheval au bout de huit jours, et sa docilit� ou sa r�pugnance vous confirmeront dans votre opinion. On a pr�tendu qu'une jument, danslla-
quelle les signes caract�ristiques de la cha- leur ne se seraient pas manifest�s , et qui, ayant �t� couverte malgr� l'exertion de ses facult�s pour scu d�fendre , ne pouvait pas concevoir. !Les exp�riences qui ont �t� faites � ce sujet, en Angleterre et ailleurs, prouvent le contraire; il vaut donc mieux employer m�me la violence, lorsqu'on a une jument propre � donner un beau et bon poulain , que de perdre , par un sys- terne mal entendu , l'occasion de conserver 3 une race quelquefois tr�s-pr�cieuse. Si la m�thode de saigner une jument
avant ou apr�s la monte , ou la manie de. lui jeter un seau d'eau sur les reins, nous |
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l32 MANUEL
avait paru fond�es en principes , nous
n'amions pas manqu� de la recommander ', mais nous pensons qu'il vaut mieux laisser agir la nature que de la contrarier par des bizarreries plut�t propres � d�truire ses op�rations qu'� les seconder. |
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DES HARAS. l33
CHAPITRE VIII.
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De la Gestation.
J_iA gestation est de douze lunes, ou onze
mois ordinaires ; il peut y avoir quelquefois plusieurs jours de diff�rence : mais l'exp�- rience a prouv� que ce terme �tait �-peu- pr�s invariable, lorsqu'il n'y avait pas eu d'accident. Ce qui embarrasse davantage la plupart du temps , c'est la seconde sail- lie, qui laisse � douter si l'acte de la g�n�- �ation n'a eu lieu que la deuxi�me fois, ou si elle s'est effectu�e la premi�re. Les soins qu'on prodigue aux jumens
<jui ont �t� couvertes sont relatifs : celles qu'on appelle through-breed marcs, qui sont celles dont le sang n'a jamais �t� m�l� avec une esp�ce inf�rieure � la leur, sont |
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134 �ahdei;
mises � la p�ture , tant que la saison le per-
met, en prenant garde que des chevaux hongres ou poulains n'approchent trop pr�s de l'enclos qui les renferme , sur-tout pen- dant quelques semaines apr�s la concep- tion. Les jumens de classe moins distingu�e
servent de monture ou au trait, jusqu'� ce qu'elles soient pr�tes � mettre bas. Si l'on s'en sert avec mod�ration, il sera rare de les voir avorter ; ce qui ne pourrait gueres arriver qu'� la suite d'un travail forc� ou un accident. On en a m�me vu qu'on ne soup�onnait pas pleines, ayant �t� couvertes � la d�rob�e, r�sister aux sauts les plus dangereux, arriver � terme et mettre bas des poulains qui ne s'en sont nullement ressentis. Quoiqu'il en soit ces exemples sont rares , et l'on doit toujours, autant que possible , ne faire travailler que mod�- r�ment une jument que l'on croit pleine. ' Pour ce qui est de l'avortement qui,.
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B E S HAftA S. l35
comme nous l'avons dit, n'a lieu que par
un travail forc� ou un accident, s'il se ter- mine sans que la b�te en soit positivement affect�e, on en sera quitte pour la tenir chau- dement et en repos pendant quelques jours; mais s'il �tait suivi d'abattement, de d�- go�t , de malaise, on aurait recours � un bon v�t�rinaire pour la traiter m�thodique- ment jusqu'� ce qu'elle soit r�tablie. Apr�s avoir indicra� les qualit�s n�ces-
saires � la procr�ation de l'esp�ce , et avoir d�sign� en partie les d�fauts pr�judiciables � la g�n�ration ; nous arrivons insensible- ment � l'�poque o� la jument va faire son poulain, autrement dit l'accouchement. |
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MANUEL
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CHAPITRE IX.
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De VAccouchement ou 'Naissance du
Poulain. JLj'accouchement ou la mise bas se fait
presque toujours sans qu'il soit besoin de secours �tranger. La mort de la m�re, ou de son fruit est ordinairement la suite d'un secours que la nature ou un accident aurait rendu n�cessaire. On a vu quelquefois l'un et l'autre p�rir en m�me temps. Si c'est le poulain qui survit, il est possible , en lui faisant boire du lait, de le conserver : on a vu des chevaux qui n'avaient jamais tett� et qui ne s'en sont pas trouv�s moins bons, Milksop , qu'on cite en Angleterre pour s'�tre trouv� dans ce cas, en a si peu souf- fert , qu'il a fait par la suite un des plus fameux coursiers de son temps. |
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DES HARAS. 187
Quoique l'accouchement pour l'ordinaire
se fasse sans accident, il convient, lorsque le temps est arriv� , que le propri�taire ou celui qui -soigne la jument, la mette sur une bonne liti�re, dans un lieu convenable, pour emp�cher qu'en tombant le poulain ne se blesse , car la m�re se tient presque toujours debout. Il faut aussi que la nour- riture , dans les derniers momcns , ne soit pas trop abondante, parce qu'il est reconnu que trop de pl�nitude rendrait l'accouche- ment difficile et par cons�quent labo- rieux. s
Aussit�t que la m�re est d�barrass�e sans accident de son fardeau , il est � propos de la conduire dans un p�turage gras et abon- dant, afin qu'elle soit en �tat de nourrir son poulain et de se soutenir elle-m�me. Un terrain bas , humide ou mar�cageux ne vau t pas celui dont l'herbe fine se trouve dans un lieil niohtueux et plus sec. Ce dernier , en supposant toujours l'abondance , pro- curera deJa taille et des membres au pou- 6*
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l38 MANUEL
lain , qui en m�me temps acquerra plus
de force, pour se meure en �tat de r�sister � l'influence de la mauvaise saison � laquelle vousne pouvez cflicacementled�rober qu'au moyen d'une bonne nourriture et d'un abri convenable. Telle est la marche � suivre le-squ'il n'est
pas arriv� d'accident � la b�te qui vient de mettre bas ; mais si par l'effet du froid , des mauvais veuls, par suite d'un accou- chement difficile , votre poulini�re montrait de l'abattement, de la langueur, qu'elle vint � perdre l'app�tit, que constamment couch�e elle t�moign�t de l'indiff�rence pour son poulain, vous devez supposer que le choc qu'elle a souffert aura peut-�tre �t� trop violent , et vous penserez qu'on ne saurait y faire trop d'attention. Afin d'em- p�cher que cet �tat n'empire, vous vous h�terez de mettre la m�re et son fruit dans un endroit plus spacieux , comme une bonne �curie, une �table , une grange, Vous devez ensuite chercher � lui fortiiier |
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DES HARAS. 13c)
l'estomac, et acc�l�rer la circulation du
sang. Pr�sentez d'abord � la jument un demi seau d'eau blanche un peu d�gourdie , faites-lui ensuite une bonne mascl� com- pos�e d'orge mqjid�, d'avoine et de son par parties �gales; d�layez-y un hecto- gramme huit d�cagr. de miel; ce m�lange, donn� ti�de, ram�nera dans son lieu naturel le lait que cette indisposition aurait pour l'instant supprim�. On r�p�tera la m�me dose deux fois par jour, ctlebon foin donn� en abondance , rendant la boisson d'eau blanclie plus n�cessaire , ach�vera la cure. Si la lassitude et les d�go�ts venaient �
continuer au-del� de vingt-quatre heures, il faudrait composer, suivant l'ordonnance, une douzaine de pectoral balh ou pillules stomachiques , et en faire prendre � la jument une soir et matin, en bol, ou dissoute dans un demi-litre de gruau, ou m�me incorpor�e � chaque masche jus- qu'� la derni�re. Pour r�gime, continuer les masches, l'eau blaacke un. peu d�gour- |
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14° M A 3f tT E E
die , le bon foin , et tenir la b�te cou-
verte jusqu'� ce qu'elle soit tout-�-fait r�- tablie. Composition des bols* cordiales ou
pectoral balls.. Prenez : Figues du Levant, rtglisse d'Espa-
gne en poudre , de chacune un hec- togramme deux datagrammes ; Elecampane , baume d'anis, racine
de carv.i , de chacun six dccagram- mes ; Safran gingembre en poudre ethuile
d'anis , de chacun deux datagram- mes dix-huit grammes y Miel en suffisante quantit� pour former une
masse que vous diviserez en douze bols, pour faire prendre suivant l'ordonnance. Les figues et le safran doivent �tre r�-
duits en p�te dans un mortier, avant de les incorporer aux autres ingr�diens ; il faut |
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D�S HARAS. �41
aussi que la r�glisse d'Espagne soit amollie
au feu , en la faisant bouillir dans une petite quantit� d'eau de fontaine pr�alable- ment au m�lange de toutes les drogues. Il j a des jumens qui, soit � cause de
leur �ge avanc�, quand elles ont eu leur premier poulain, soit qu'elles soient natu- rellement mauvaises nourrices, ont plus particuli�rement besoin qu'une nourriture saine et abondante fasse passer dans les vaisseaux lact�s la substance n�cessaire � l'accroissement du poulain. Si l'on s'aper- �oit que malgr� l'eau de bonne qualit�, les gras p�turages prodigu�s � la m�re, le pou- lain ne profite pas , il faut avoir recours aux moyens artificiels pour t�cher de pro- voquer l'abondance dans une s�cr�tion sans laquelle il ne pourrait jamais venir � bien. Vous inf�rerez de cette s�cheresse de
mammelles, qu'il existe dans L'habitude du |
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I42 MANUEL
corps un vice qui demande � �tre com-
battu par tout ce cmi peut augmenter les facult�s digestives , en favorisant en m�me temps les s�cr�tions. On a reconnu pour cela les bons effets d'une masche, com- pos�e de trois portions d'orge mond� contre une de gruau d'avoine; par-dessus ce m�- lange on verse de l'eau Bouillante , et l'on remue le tout jusqu'� ce qu'il soit froid, pour que la jument puisse le manger. Evitez surtout de le pr�senter cl)aud, car il ne faut pas que la b�le sente trop la clialeur pour qu'elle y touche. Chaque soir vous.lui donnerez, outre cela , environ trois litres d'avoine moulue grossi�rement, avec deux litres de f�verolles qu'on peut, suivant le sujet, casser en deux, ou laisser enti�res. Cet aliment , outre sa facult� �iaiuem- ment nutritive, contribue encore � op�rer dans l'estomac ce qu'il est important d'ob- tenir pour l'am�lioration du chy le. On continuera ce traitement � la m�me
dose pendant six jours cons�cutifs. C'est |
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MES HARAS, I43
dans cci intervalle qu'il doit faire son effet;
pass� ce temps , si vous n'apercevez point d'am�lioration dans cette partie, vous re- garderez votre jument comme une tr�s- mauvaise nourrice , et vous vous h�terez de sevrer son poulain � l'entr�e de l'hiver, puisque le lait de la m�re diminuera � mesure que l'herbe deviendra moins com- mune. C'est aux parties int�ress�es avoir si elles
doivent faire couvrir de nouveau de sem- blables botes ; ma�s comme ce d�faut est peut-�tre aussi pr�judiciable � la prog�ni- ture que la c�cit� et autres vices h�r�di- taires , il y a tout lieu de pr�sumer que ceux qui ne voudraient pas y faire atten- tion , auront infailliblement lieu de s'en repentir. Pour en revenir aux jumens qui sont
reconnues saines et bonnes nourrices , on croit que le temps le plus favorable pour |
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leur faire prendre l'�talon, est le qua-
tri�me jour apr�s quelles auront mis bas, tant pour avoir plus de certitude sur la nouvelle conception, que parce que la co- pulation semble augmenter l'abondance du lait, et que de plus la jument, � cette �poque, re�oit plus volontiers le cheval que dans un autre temps. Il est cependant � propos de prendre en
consid�ration que si la jument avait mis bas de bonne heure dans la saison , vous courriez le risque d'avoir le poulain qui viendrait ensuite avant que l'herbe e�t commenc� � para�tre, ce qui ne serait nul- lement favorable au nouveau n� , puisque vous vous trouveriez dans la n�cessit� de nourrir la m�re au. sec , et que par cons�- quent son lait ne serait pas aussi abondant ; ce qui d�montre qu'on ne doit pas priver le poulain d'une nourriture que rien ne peut remplacer convenablement. |
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Afin d'�viter l'inconv�nient de ce qu'un
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DES S V A A S. I4S
poulain viendrait trop t�t, on peut ne pr�-
senter la jument � l'�talon que le neuvi�me, quinzi�me , vingt et uni�me , ou m�me le vingt-septi�me jour apr�s qu'elle aura mis bas, ce qui n'apportera pas un grand change- ment pour le temps o� elle doit faire son se- cond poulain. Quelle que soit l'�poque qu'on choisisse, on devra toujours repr�senter la jument dans le temps indiqu�-, et croire crue la conception aura eu lieu d�s la premi�re fois , si � la seconde la b�te s'obstine � re- fuser l'�talon. Avant de quitter ce sujet, disons qu'une
jument ne peut gu�re , sans s'en ressentir par elle-m�me ou dans ses productions, donner un bon poulain chaque ann�e si l'on ne la laissait pas reposer. Il convien- drait donc qu'on la laiss�t en friche , an moins une fois tous les trois ou quatre ans, si l'on veut conserver sains et robustes la m�re et sa prog�niture. Apr�s avoir suivi m�thodiquement la
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I46 MANUEL
route qu'il faut parcourir pour la propa-
gation et la conservation de l'esp�ce, nous parlerons du sevrage crui doit plus particu- li�rement se faire d'apr�s les circonstances et suivant l'�tat de la saison , par les rai- sons que nous allons donner. |
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A.
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DES HARAS.
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CHAPITRE X.
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Du Sevrage.
JLes conjectures pour le sevrage se tirent
i°. de l'�poque o� le poulain est n� ; 1°. de l'�tat dans lequel il se trouve ; 3°. enfin, de ce que sa m�re a con�u de nouveau ou est demeur�e en friche. Par exemple, qu'une jument ait mis bas de bonne heure un pou- lain qui, � l'automne, se trouve avoir pris assez de force, il ne faudra pas attendre tout-�-fait la mauvaise saison pour le retirer de sa m�re, surtout si elle reste pleine, afin que l'embryon qu'elle porte n'�prouve pas de dommage de la succion de celui qui peut tr�s-bien se soutenir sans le lait de sa m�re. S'il arrivait que la jument ne se trouv�t
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I48 MANUEL
pas pleine , soit qu'elle n'ait pas retenu ou
qu'on l'e�t laiss� reposer , rien alors 11e pourrait �tre plus favorable au poulain que de passer l'hiver avec elle. On aurait seu- lement l'attention , au moyen de bon foin , d'augmenter l'abondance du lait qui doit n�cessairement �prouver une diminution occasionn�e par la nourriture s�che. Il ne faudrait pas pour cela emp�cher le poulain de manger, le lait alors lui tenant lieu de boisson , serait infiniment meilleur que s'il ne buvait que de l'eau. Contre l'opinion de quelques m�thodis-
tes , il n'y a point de mois ou de semaines particuli�res pour sevrer les poulains ; cela d�pend plut�t comme nous l'avons dit des circonstances. On s�vre ordinairement les poulains au
commencement de l'hiver , selon l'�poque o� ils sont n�s plus t�t ou plus tard dans le printemps. Le sevrage �prouve quelquefois desdifficult�s, mais il n'est jamais dangereux |
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DES HARAS. 145)
pourvu que celui qui soigne la m�re et sa
suite s'y entende , et fasse co�ncider le changement de nourriture avec la force du poulain. Le cheval � six ou sept mois �prouve d�j�
le besoin de p�turer ; mais malheureusement �cettc �poque, par l'effet des brouillards, des nuits longues et humides, des pluies presque continues , l'herbe n'a plus ce moelleux et le parfum qu'elle avait au printemps. La nourriture de la m�re qui alors se trouve r�duite , non seulement en quantit� mais encore eu qualit� , d�pourvue en outre de cette vertu balsamique et nutritive, semble indiquer au poulain qu'il doit chercher dans d'autres substances le moyen d'appaiser sa faim qui ne peut aller qu'en augmentant, et qui par cons�quent l'aura bient�t fami- liaris� avec la nouvelle nourriture qu'on lui pr�sente , si surtout elle est propre � son �tat de faiblesse , savoureuse, de bonne qualit� , en �tat enfin de satisfaire aux besoins de la nature. |
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l5o JIAKUEJi
La nourriture qui peut convenu' est assez
Vari�e. L'avoine occupe le premier rang, le son, la paille hach�e, l'orge , le froment, le foin et la paille proprement dite. On a pr�tendu assez g�n�ralement que
l'avoine, quoique la principale nourriture des chevaux, �tait dangereuse aux poulains au temps du sevrage, en ce que les nerfs optiques trop violemment agit�s par les ef- forts de la mastication, s'affaiblissaient au point que les chevaux pouvaient en perdre la vue. Gomme cette assertion peut �tre rang�e dans la classe des choses vagues, puisqu'elle n'a pas encore �t� prouv�e ; et qu'il n'est gu�re possible qu'elle puisse l'�tre , on ne risquera rien d'en donner avec pr�caution, si l'on veut pour commencer par convertir en grosse farine le grain qu'on d�barrasse de ses enveloppes , qui seules peuvent rendre la mastication difficile. Le son qu'on propose pour aliment ne
peut jamais �u'e consid�r� comme nourrie |
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DES HARAS. l5l
Mire ; il doit �tre rang� dans la classe des
diff�rentes sortes de pailles, plut�t faites pour amuser l'app�tit crue propres � le sa- tisfaire. L'orge concass�e amollie dans l'eau, aussi bien que le froment, doivent obtenir la priorit� sur toiUc esp�ce de nourriture v�g�tale. L'homme , le quadrup�de , jus- qu'� ta vermine , nous en fournissent la preuve �vidente. Le foin coup� � propos , serr� en temps utile , la luzerne , le sain- foin , n'ont pas besoin qu'on vante leur ex- cellence , puisqu'elle est si g�n�ralement reconnue» Il est un autre plante potag�re qu'on ne
saurait trop recommander, puisqu'elle con- vient parfaitement aux chevaux de tous les �ges , depuis l'enfance jusqu'� l'extr�me vieillesse. Cette racine est la carotte", elle vient bien dans tons les terrains sablonneux et de peu de valeur. Elle est non seulement propre � suppl�er � toute esp�ce de nour- riture qni convient au cheval, mais encore elle peut ajouter � sa force et � sa vigueur. |
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152 MANUEL
Sa propri�t� est de donner plus de lait aux
jumens poulini�res. Enfin, dans l'hiver, elle peut pour ainsi dire tenir lieu du meilleur grain. Ce l�gume, dont la culture demande
peu de soins, rend presque toujours en abondance. La carotte se recueille en sep- tembre et octobre : on met les bottes les plus belles pour les employer � la cuisine, les autres sont mises de c�t� pour Je b�tail. "Voici la mani�re de lesconserver:aussit�t
que les tiges commencent � jaunir, ce qui arrive de bonne heure en automne , on arrache les carottes , et sans les laver ni les essuyer on les �tend sur un lit de paille blanche, dans une cliambre s�che ou dans un grenier faiblement a�r� ; on les recouvre ensuite avec de la m�me paille en assez grande quantit� pour que la gel�e ne les attaque pas. Si le lit de paille qui les recou- vre est assez �pais, la gel�e ne p�n�trera |
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DES HARAS. l53
jamais , et vous les trouverez parfaitement
saines � la fin du plus rude hiver. Quel- ques personnes les d�posent dans le sablo j mais on a reconnu que la paille m�ritait la pr�f�rence. Lorsque vous voulez vous en servir, vous
lavez � mesure la quantit� qu'il vous en faut. Cette op�ration n'est ni longue ni dif- ficile , il suffit de les mettre tremper pen- dant deux heures dans un baquet rempli d'eau de pompe ou d'un �tang. Apres les avoir remu�es plusieurs fois avec un balai de bruy�re , vous les retirez pour les passer dans une autre eau : s'il reste quelque peu de terre vous l'enlevez avec une brosse , et la carotte s�che d'elle - m�me pour l'usage que vous en voulez faire. Yous les coupez longiiudinalement d'a-
bord , puis transversalement pour les r�- duire en petites parties de la grosseur d'un dez ou f�verollc. Vous les pr�sentez aux chevaux, et, jnmens , soit s�ides ou incorpo- |
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I 34 M AKtlEI
r�es dans de la paille hach�e , de l'avoine
ou du son, et vous �tes assur� que pas un seul ne les rejettera. Ce l�gume est tellement bon pour toute
esp�ce de chevaux, cpie jamais on ne leur en a fait manger qu'on ne s'en soit bien trouv�. On le donne en Angleterre particuli�- rement aux chevaux de prix; il souti ent m�me les chevaux qui travaillent tr�s-fort. On a remarqu� que ceux qui en avaient mang� pendant l'hiver �taient au printemps plus forts et plus vigoureux que les autres ; non pas cependant qu'on veuille y r�duire les chevaux pour toute nourriture , mais on en conseille l'usage comme un accessoire sain et �conomique , qui peut, en suppl�ai la disette , �tre profitable en tout temps. Pour terminer l'article du sevrage . nous
dirons qu'il ne faut pas tout-�-coup s�parer le poulain d'avec sa m�re , et qu'il con- vient pendant quelques jours de l'accoutu- mer avec sa nourriture au sec avant la |
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DES HARAS. l55
s�paration. Du foin d�licat et de bonne odeur,
de l'ayoine mond�e dans laquelle on mettra une portion de farine de f�verolles , sont ce qui peut flatter d'avantage le go�t du poulain. L'int�r�t particulier du propri�taire sert
ordinairement de r�gulateur dans le choix des alimens ; mais quel que soit le peu de valeur de l'animal, ou la parcimonie de celui � qui il appartient, toujours faut-ilque ce qu'on lui fait manger d'abord soit sain et en quantit� Suffisante pour le pr�parer au service qu'on cm attend.. Il est express�ment recommand� � ceus
qui , par amusement ou par sp�culation , se livrent � l'�l�ve des chevaux, de ne rien �pargner, surtout les deux premiers hivers , pour procurer � leurs �l�ves la force et la taille qu'une nourriture saine et abondante peut seul leur donner, en se persuadant bien que rien par la suite ne pourrait suppl�er � la n�gligence qu'ils |
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�56" M AN � El
auraient apport�e dans ces commence-
mens, qui d�cident presque toujours du sort futur du poulain, qui ne tourne mal assez souvent que pour n'avoir pas �t� bien gouvern�. |
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CHAPITRE XI.
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De l'Adolescence du Cheval.
Apr�s avoir parl� de la mani�re dont
se faisait le sevrage , nous dirons qu'aussi- t�t que les poulains sont accoutum�s � leur nourriture, on les s�pare pour toujours de la m�re. Tant que l'hiver dure, on les nourrit comme nous l'avons indiqr.�. Au printemps , on met les m�les et les femelles p�le-m�le dans de gras p�tu- rages , en leur m�nageant, le plus qu'on peut, un abri autant pour les temps frais et pluvieux , que pour les d�rober en �t� aux ardeurs du soleil, s'il ne se trouve pas d'arbres dans la prairie o� on les aurait mis. Tant que l'herbe sera abondante , ils
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l58 MANUEL
n'auront pas besoin d'autre nourriture ;
mais si par l'effet de la s�cheresse, ou comme il arrive � l'arri�re saison, que l'herbe diminue en qualit� comme en quantit�, on aura soin alors d'y suppl�er avec de bon foin, auquel on joindrait de temps en temps du son m�l� avec de l'avoine. On ne se pressera pas de retirer les
poulains � l'�curie ; il faut au contraire qu'ils restent dehors tant qu'il j aura de llierbe et qu'ils trouveront � p�turer. Mais aussit�t que les frimats ne permettront plus qu'ils restent plus long-temps expos�s aux injures de l'air, on les ram�nera pour tout l'hiver � l'�curie. C'est su printemps de la troisi�me ann�e
qu'on s�pare les m�les des femelles , pour les faire passer la belle saison dans des pacages diff�rais et assez �loign�s les uns des autres, afin que les chevaux qui com- mencent � se sentir vers les deux ans et |
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DES HifiAS, lf>9
demi , ne s'aper�oivent pas qu'il y ait
des jumens dans le voisinage. Il y en a qu'on est oblig� de s�parer � dix-huit mois et m�me plut�t, mais cela est assez rare. Les uns et les autres sont soign�s en tout de la m�me mani�re qu'ils l'auront �t� l'ann�e pr�c�dente, except� qu'il faudra � l'arri�re saison, donner en suppl�ment d'herbe, plus de grain aux poulains qui promettront d'avantage. On a grand soin en Angleterre de faire
la distinction d'un poulain d'herbe d'avec un poulain nourri au grain. Le dernier par la force est d�j� � cinq ans ce que l'autre n'est pas � six ; mais comme cette nourri- ture estplus co�teuse on ne la donne qu'aux chevaux de prix, particuli�rement aux che- vaux de sang et � ceux qu'ils appellent hun- iers ou chevaux de chasse. Les chevaux de race, qui au printemps de
la quatri�me ann�e en ont trois accomplies, ne retournent plus au pacage, ils restent � |
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160 MANUEL
l'�curie pour y �tre nourris au grain et au*
sec: c'est alors qu'on doit s'occuper de leur �ducation. On la commence une ann�e plut�t en Angleterre, puisqu'il j a des che- vaux qui courent � trois ans, mais il faut entendre qu'ils les ont r�volus, et qu'ils sont bien avanc�s dans fa quatri�me ; il y en a m�me qui n'ont pas huit jours � at- tendre pour les avoir accomplis, quoique cela ne compte toujours que pour trois ans. On observe aussi que les distances que ces jeunes animaux ont � parcourir sont toujours en raison de leur �ge ; il en est de m�me du poids qu'ils ont � porter. Quoiqu'il en soit, il serait peut-�tre dangereux de suivre pour nos chevaux fran�ais un pareil exem- ple , en les commen�ant de si bonne heure, puisqu'il est reconnu que ces coursiers qui ne sont qu'� demi form�s tournent rarement � bien , et que pour un qui r�ussit il j en a dix d'estropi�s. Les Anglais donnent pour raison de leur pers�v�rance � suivre un pareil syst�me , qu'ils ont la conviction gu� ceux qui succombent n'auraient jamais |
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DES H A B.A& 161
rt�ussi, quand m�me on les aurait attendu
jusqu'� cinq ans. On laisse une ann�e de plus dans �a
prairie les chevaux de moindre valeur , et ce n'est qu'au printemps suivant qu'on se dispose � les monter lorsqu'ils ont quatre ans faits, afin de les faire entrer � quatre ans et demi dans le commerce pour de» clievaux venant � six ans , parce qu'alors ils n'ont plus de dents de lait, les croeltets- sont aussi perc�s, et qu'ils ont ce qu'on ap- pelle la bouche faite» C'est aussi � cette �poque, et m�me une
ann�e plut�t, qu'on doit �masculer les pou- lains qu'on destine � faire des chevaux hon- gres.. L'op�ration pourra se retarder d'une ann�e pour les carrossiers , par la raison que ceux - l� ont besoin de plus d'�toffe � l'avant-main que les chevaux de selle, Si pour un cheval de course, ou celui
qu'on destine simplement � la chasse, les- |
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l6z . KA N U E �
dispositions sont diff�rentes, les moyens
doivent toujours �tre les m�mes , et ce n'est qu'avec une douceur extr�me qu'on doit accoutumer le citerai � tout ce qui d'a- bord doit �tre embarrassant pour lui ; il faut qu'il se familiarise insensiblement avec tous les objets qu'il ne doit plus quitter qu'� la mort. L'objet le plus important ', en ce qu'il
contribue essentiellement � la conservation du cheval dans l'�tat de domesticit� , est la ferrure; mais avant que d'en venir l�, il est � propos de l'accoutumer � donner les jambes l'une apr�s l'autre, et � se sentir frapper sur le sabot de mani�re � ce qu'il n'en soit point effray� , et qu'il le souffre aussi volontiers qu'il ferait l'�trille ou la brosse. Il convient qu'un cheval conduit � la
forge pour la premi�re fois, n'y soit atta- ch� qu'avec la plus grande pr�caution ; on fera m�me mieux, jusqu'� ce qu'il y soit f
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D-sr� haras. i63
tout-�-fait accoutum� de le tenir � la main,
en le caressant beaucoup pour le tranquilli- ser sur un appareil fait pour l'�pouvanter , surtout � l'aspect de la fum�e , quand il la voit de si pr�s pour la premi�re fois. Il y a des chevaux vraiment difficiles,
mais ce sont des cas particuliers et pour lesquels on ne doit employer des moyens T�olens , tels que le torche-nez , la platte longe et autres, que lorsque les autres voies de douceur ont �t� sans effet. Il se trouve aussi des chevaux qui mon-
trent de l'impatience , qui se tourmentent m�me parce qu'ils sont seuls ; mettez ll� cheval � c�t� d'eux pendant qu'on les ferre ils ne bougeront pas. |
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164 MANUEL
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CHAPITRE XII.
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Ve la Ferrure.
Ijomme les cnev�iix ne parlent point,
il faut les. interroger dans leurs sensations, soit pour pr�venir leurs besoins , soit pour rem�dier aux maux qu'ils �prouvent. Il est donc � propos, apr�s avoir pourvu � leur nourriture et � leur pansement, de s'assu- rer s'ils ne souffrent pas ; or, comme le si�ge de toutes les douleurs ( qui en- gendrent, et font, en partie, �elore les tares, dont les cons�quences sont une vie de souffrance et une lin pr�matur�e ) r�- side plus particuli�rement dans les extr�- mit�s, ne convient-il pas d'en �tablir les bases de mani�re � ce qu'aucune des par- ties sup�rieures n'en soient ni fatigu�es, ni alt�r�es. Ce point d'appui de toute la masse �tant � l'extr�mit� inf�rieure des |
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DES BASAS. l6i�
quatre pieds destin�s � soutenir sans dou-
leur le poids du corps de l'animal, et le fardeau dont on le charge, doit �tre soign� de mani�re � ce que le cheval, m�me ea travaillant beaucoup , puisse mourir de vieillesse , sans avoir �t� boiteux ni fourbu. Apr�s avoir examin� le cheval dan&
l'�tat de pure nature, nous l'envisagerons dans l'�tat de domesticit�; car c'est sous ce point de vue que nous devons le saisir pour voir s'il peut ou non aller sans �tre *" ferr� , et de quelle mani�re ses pieds, qui sont les garans de sa dur�e, doivent �tre soign�s* Nous pouvons remarquer que la nature
a donn� � tous les animaux des pieds aux- quels on est dispens� de toucher , pour leur conservation, except� cependant ceux qu'elle a soumis � la domesticit� de l'homme, tels sont les chevaux, les mu- lets, les b�ufs, les �nes, pour la partie |
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�66 MANUEL
du globe que nous habitons. Ces quatre
esp�ces, m�me dans l'�tat de pure nature, se passeraient de nos soins, par la raison que la b�te sauvage ne marchant que pour le besoin, et posant son pied o� elle veut, a grand soin d'�viter tout ce qui pourrait l'incommoder ; tandis qu'assuj�tie aux ca- prices et aux besoins de l'hoir me, elle est forc�e de faire tout ce qu'on exige d'elle ; et ses pieds venant � lui manquer, elle p�rirait mis�rablement, si l'on n'avait pas imagin� de pourvoir � leur conservation par les moyens qui font l'objet de cet article. Comme ce sont les chevaux qui nous
occupent plus particuli�rement ici que les autres animaux que nous venons de nom- mer , et qu'il est reconnu que ceux qui travaillent, manquent le plus souvent par les pieds, quand par malheur on les n�- glige , il est donc � propos de les d�fendre de tout ce qui pourrait les fatiguer ou les endommager, et les fers qui les garan- |
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DES HAKA S. I 6f
tissent en partie de la pression , comme de
l'in�galit� des pierres, des clous de rue, des morceaux de verre cass�, et autres accidens, sont au moins ce qu'on a trouv� de meilleur jusqu'� pr�sent. C'est donc mal � propos qu'on a pr�-
tendu que les chevaux pouvaient tr�s- bien servir sans �tre ferr�s , et quoiqu'on ait eu raison de dire que la nature ne fai- sait rien d'imparfait, et qu'on ait pris pour exemple les chevaux sauvages, on aurait d� faire attention que ceux-ci ne travaillent pas ; qu'ils se placent et marchent o� ils veulent, et que du moment qu'ils sont pris pour porter ou tra�ner des fardeaux, dans des chemins pierreux , comme sur le pav�, on est oblig� de leur mettre des fers , sans quoi leur corne venant � s'user ou � se cas- ser, ils seraient bient�t hors de service , � moins que le peu qu'on leur ferait faire, ne f�t dans des pays semblables au Mec- Idenbcurg et une partie de la Prusse , o� l'on ne trouve que des sables et presque |
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� 68- �IAS��Et
jamais de pierres. Dans ces contr�e*
m�mes, pour un travail suivi et p�nible, il est indispensable que le cheval soit ferr�. Le suppl�ment � la ferrure, pour tau
cheval qui ne travaille point, est le soin qu'on doit prendre de ses pieds , qui, sans cela, sont sujets � devenir difformes. Dans les terrains bas et mar�cageux, les pieds s'�vasent, la corne se casse ; dans les- lieux secs et pierreux, le sabot s'use, se r�tr�cit � la base , les talons se serrent, ce qui est le principe de I'encastellure. A d'autres le pied pousse en pince , ce qui se- fait aux d�pens de la force des quartiers et des talons qui diminue dans la m�me pro- portion que l� pied s'allonge. Le sabot long fatigue les muscles et les ligamens ;, le cheval est moins s�r de jambes , il bronche plus souvent. Il faut donc que les pieds soient par�s toutes les fois qu'ils en ont besoin , si l'on veut que les jambes du cheval se conservent saines. Mais si le cheyal travaille, ou m�me que sans exer� |
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D� S II A. R A S. �bq
cice on les tienne � l'�curie sur le pav�,
il faut de toute n�cessit� qu'il soit ferr� pour �tre plus � son aise. Un cheval pieds nus ou sans fers, sur le dur, doit toujours �tre consid�r� comme dans un �tat mala- dif : or, comme il n'est point de maladie plus f�cheuse que celle des pieds, puis- qu'elle �te � l'animal la facult� de se soutenir et de travailler , il est naturel de croire qu'il doit p�rir avant terme, pour avoir n�glig� cette partie si n�cessaire � sa conservation. le cheval, comme on sait, na�t avec
la partie inf�rieure du sabot extr�mement r�tr�cie : la forme en est circulaire et s'�largit en raison de l'�ge , du poids qu'il a � porter, et du sol sur lequel il existe. Cette forme arrondie est celle qu'il faut que le sabot conserve, et c'est en parant le pied qu'on l'entretient dans son �tat na-. turel, autrement, comme nous venons de le dire, le pied s'allonge en se r�tr�cis- ia.nt, et le cheval devient encastel�. |
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I
SyO MANUEL Les poulains , jusqu'� ce qu'on les re-
tire � l'�curie, vers l'�ge de trois ans, et m�me pourvu qu'on les tienne � l'�curie sur un sol uni, et jamais sur le pav� , peuvent tr�s-bien aller sans fers ; mais du moment qu'on les fait travailler, surtout dans des cliemins difficiles, ou qu'on les assuj�lit � l'�curie sur des pierres , il faut de toute n�cessit� qu'ils soient ferr�s des quatre pieds et que les fers soient pro- portionn�s � leur force et � l'ouvrage qu'ils ont � faire. Les exemples rendent les v�rit�s plus
sensibles. Prenez dans la prairie un pou- lain qui n'aura jamais �t� ferr� , d�ferrez des quatre pieds un cheval bien constitu� et que vous aurez vu marcher avec fran- chise j faites-les trotter sur le dur, ils vous para�tront boiteux, tant�t d'une jambe, tant�t d'une autre, tandis que s'ils sont ferr�s , ils trotteront avec assurance et librement, m�me sur un mauvais pav�, et ils seront �galement � leur aise � l'�curie. |
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DES II A R A S. t^I
Que vous les mettiez en route pieds
nuds , ils tomberont fourbus des la pre- mi�re journ�e, pour peu que le cbemia soit difficile. C'est donc de l'absence de la douleur dans les pieds du cheval que d�- pend sa conservation; or, si une bonne ferrure la lui assure, il faut pour le con- server qu'il soit bien ferr�. La ferrure ne nous entra�nera point dans
une description anatomique du pied du cheval, pour en d�montrer l'utilit� ; en en parlant comme d'une op�ration qui doit pr�c�der l'�ducation que nous avons � donner au poulain, nous dirons qu'il faut bien se donner de garde , surtout pour un jeune cheval, qu'on ferre pour ta premi�re fois, de lui tenir les pieds trop liant, ou dans une position qui ne soit pas naturelle. Il est aussi, tr�s-souvent sujet � s'impa- tienter , surtout si les mouches le tour- mentent : il est donc � propos de mettre momentan�ment le pied � terre, s'il ma- |
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IJl MANU KL
nifeste un certain mal-aise , on le re-
prend une minute apr�s, toujours avec la m�me douceur , et l'animal finit par s'y accoutumer. Lorsqu'un jeune cheval fait quelques
difficult�s pour approcher de la forge, vous pouvez raisonnablement augurer qu'il y aura �t� maltrait�, soit par le mar�chal, soit par le palfrenier. S'il n'est pas n�cessaire que le posses-
seur d'un cheval, ou celui qui par �tat doit le faire soigner, sache lui parer le pied ou attacher ses fers, il doit savoir au moins de cruelle mani�re il doit �tre ferr� , et s'apercevoir si la b�te ne souffre pas en m�chant. Les mar�chaux, «n g�n�ral, sont port�s
� ferrer les chevaux qui n'ont pas les pieds difformes, approchant de la m�me fa�on. L'hompie de cheval qui doit prendie ea |
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DES HARAS. 173
tr�s�grands consid�ration les aplombs, et
la mani�re dont le cheval chemine, devra diriger le mar�chal, puisque la s�ret� des >: obes de l'animal, et leur conservation d�pendent plus particuli�rement (ju'on ne le cro�t de la ferrure. L'usure des vieux fers doit cire aussi soigneusement exami- n�e, pour parer le pied de mani�re � ce mie le cheval soit parfaitement d'aplomb, et puisse marcher sans souffrir. Il y a des personnes qui ne veulent pa»
qu'on pare jamais la sole ni la fourchette, pr�tendant que l'�lasticit� surtout de cette derni�re, soulage les quartiers et les ta- Imis : cependant si vous ne parez jamais ni l'une ni l'autre, la corne s'�caille et la fourchette se pourrit ; il arrive alors aux pieds des chevaux ce qui vous arriverait si vous n�gligiez de rogner yos ongles; l'on verrait le sabot, en s'allongeant, devenir difforme au poim que le cheval ne pour- rait plus marcher. |
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174 M AS U KM,
Il est donc indispensable de parer le
pied du cheval de fa�on � ce que chacune de ses parties ait une force � peu pr�s �gale, et qu'elles conservent entre elles, cette uniformit� si n�cessaire � ce que le cheval puisse, sans souffrir, soutenir toutes les fatigues auxquelles il est naturellement assuj�ti. Avant d'entamer la description des dif-
f�rentes sortes de pieds, ou au moins la contexture de la corne dont ils sont for- m�s, il convient de dire que grand nombre de chevaux sont tomb�s boiteux, parce que le mar�chal, sans avoir �gard � la con- formation du pied, � la taille du cheval, � son poids, � l'exercice auquel il est des- tin� , aura voulu lui faire un joli pied que nous appelons ferrer � la marchande. La partie qui se pr�sente � l'�il pour
l'op�ration de la ferrure, est ia base du sabot qui emourre toute l'extr�mit� du- |
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TES HARAS. fjS
pied. Celte partie qui, par sa consistance ,
d�fend tout l'int�rieur du sabot, sert en- core pour y attacher le fer sur lequel repose tout le poids du corps du cheval ; il faut donc qu'elle conserve autant de force qu'on peut lui en laisser, en �vitant de l'af- faiblir, soit par le boutoir, ea parant le pied, soit avec la r�pe, apr�s que le che- val est ferr�. Les sabots estim�s les meilleurs sont;
ceux qui sont unis, luisans, couleur de pierre � fusil, passablement larges, sans �tre plats. Les chevaux qui ont la corne blanche, s�che et cassante, ainsi que ceux qui ont le sabot spongieux et mou , sont en g�n�ral de tr�s-mauvais service et su- jets � tomber boiteux. Ceux-l�, quand on a le malheur de les poss�der, exigent pour la ferrure beaucoup plus de pr�cautions que les autres. Comme le pied du cheval est le point
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d'appui sur lequel porte toute la pesanteur
de l'�difice, il faut que non-seulement les fers soient en proportion de la force du pied, mais encore qu'ils soient attach�s de mani�re � ce qu'aucune des parties sen- sibles n'en soient comprim�es, puisqu'il ne faut, qu'un seul clou broch� trop haut, pour faire boiter le cheval ; en sorte que dans une claudication douteuse, au pre- mier aspect, il faut toujours, en faisant le cheval, s'assurer si elle ne viendrait pas du pied , soit qu'elle f�t occasionn�e par une piq�re de clou, soit par une bleime , cors ou seime, ou m�me par un fer trop court ou u-op �troit. Lorsque vous aurez reconnu la cause
du mal, il vous sera facile d'y rem�dier, en y appliquant les rem�des g�n�raux pour lesquels nous vous renverrons aux v�t�ri- naires auxquels il faut toujours avoir re- cours, dans Je cas embarrassant, pour celui qui n'est pas praticien. |
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D" S HARAS. I77
Il faut qu'on sache que les jeunes che-
vaux sont sujets � avoir aux pieds des cors produits par la compression in�gale du fer, ou autres accidens. Aussit�t que vous vous en apercevrez , vous chercherez � en faire l'extraction au moyen d'un bis- touri qui est l'instrument qui convient le mieux. Vous avez grand soin de ne pas p�n�trer trop avant, ce qui rendrait le rem�de pire que le mal, et lorsque vous avez enlev� tout ce qu'il vous �tait possible de la partie calleuse, vous essayerez de faire ronger le peu qui reste, par quelques gouttes d'huile de vitriol, ensuite vous y employez l'eau de vie camphr�e ou. la teinture de mirthe. Vous avez la m�me attention pour le gravier qui se loge quel- quefois dans la fourchetle : aussit�t que vous on avez �galement fait l'extraction , vous nettoyez la plaie , et s'il y a de la sen- sibilit�, vous y introduisez un plumasseau imbib� d'essence de t�r�bentliine que vous renouvelez , jusqu'� ce que la partie ne vous paraisse plus douloureuse. Pour cet |
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178 MA S C E l.
accident , on conseille la ferrure en
planche, mais de simples �clisses suffisent pour retenir la iilasse dont on aura rempli la cavit� du pied; si pendant ce traitement vous n'�tes pas oblig� de faire voyager votre cheval. Il y a des chevaux oui se coupent en
marchant, mais ce n'est pas toujours la faute du mar�chal, quoique cela puisse arriver, si le pie4 n'est pas bien par�, ou que le fer soit mal ajust�. Dans ce cas il faut prendre en consid�ration l'�ge du che- val, le chemin qu'on lui fait faire, le poids dont il est charg� , et surtout la. mani�re dont il est nourri. Un cheval dans l'�tat de nature, quoique ferr�, se couperait rarement , si d'ailleurs il �tait bien conform�" ; tandis qtie celui qui a quelques d�fectuosit�s, s'�nervant par 3a moindre fatigue, se coupe quelquefois de mani�re � ce qu'il est tr�s-difficile de l'en emp�cher. Les chevaux qui sont dans ce eas, doivent �tre consid�r�s comme �taas |
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DES HARAS. 179
d'une nature faible , d�g�n�r�e et par con-
s�quent de fort mauvais service. Nous dirons � l'article du choix des chevaux , � quels signes approchant on peut reconna�tre ceux qu'on doit particuli�rement rejeter, surtout lorsqu'il est question d'en faire des �talons ou des poulini�res. Les Anglais se trouvent hien de la rai-
nure faite dans la partie inf�rieure du fer , pour y mettre les clous de mani�re � ce qu'il n'y en ait pas un qui soit plus saillant que l'autre. Ils croyent avec raison que des t�tes de clous de grosseur in�gale , ne s'usant pas toutes en m�me temps, font que le cheval, dans des chemins difficiles, marche mal, se fatigue , se coupe, et peut broncher , surtout lorsque la ferrure est nouVelte et que le cavalier veut aller vite. Il n'y a point de contr�e en Europe
«su l'on ferre si bien les chevaux qu'en Ai�~ |
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l8o MANUEL
gleterre. Ils ont pour principe de conseil-
ler � celui qui voyage � cheval , de ne jamais �pargner un six pence, ou une pi�ce de douze sous au gar�on qui doit ferrer sa mon ave. '..);■ ■;/:: :: ■;.�■.�-. '� . . . :o ce pays, que cet homme pr�venu sur cette l�g�re r�tribution, apportera toui atten- tion imaginable � ce que vous soyez co�- tent de lui, ce qui VOUS tournera � bel fi�e dans la conservation de votre cheval. Si nous en agissions de m�me eh France , � l'�gard de nos gar�ons mar�e])aux, ils se piqueraient de bien faire , fit le cavalier s'en trouverait mieux, tant pour son agr�- ment, que pour la s�ret� de sa personne et la conservation de sa monture, qui ne peut r�sister � la fatigue qu'en proportion de ce qu'elle est plus � son aise. Pour r�gle g�n�rale , il faut que le pied
du cheval soit par� de mani�re � ce que le fer porte �galer! partout ser- vant que la partie interne soit plut�t con-
cave qu'unie, afin de m�nager la sole, et |
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DES RASAI. l8l
Surtout faire attention que le clou broch�
dans ce qu'on appelle la muraille, ne soit jamais assez pr�s de la sole pour la com- primer. ISTous avons d�j� dit que le fer , en largeur et en �paisseur, devait �tre pro- portionn� � la force du pied ; nous obser- verons ici que les fers des pieds de der- ri�re doivent �tre un peu plus larges vers le talon, et un peu plus longs qu'aux pieds de devant, afin de conserver � cette partie qui fatigue d'avantage toute la force dont elle a besoin. Le sabot d'un cheval ne doit jamais �tre
trop long en pince, parce qu'ind�pendam- ment de ce que le pied se r�tr�cit en pro- portion de ce qu'il s'allonge, c'est qu'en- core le cheval est plus sujet � broncher, et que la force du sabot se porte sur le devant du pied, aux d�pens des talons qui s'affaiblissent d'autant ; tandis qu'il est reconnu que cette partie ne saurait jamais �tre trop forte. |
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�Sz MAS V EL
Un cheval dont les talons et les quartiers
s'affaiblissent, devient promptement en- castel� , par la raison que l'effet de la douleur �tant de faire contracter toutes les parties ou elle se manifeste, cette contrac- tion occasionne , dans la partie post�rieure du pied , un r�tr�cissement ccnnu sous le nom d'encastelure , qu'on �viterait en soulageant cette partie qui, ayant alors la facult� de se dilater, conserverait l'�va- sion qu'elle avait naturellement. Et c'est si bien la souffrance du point d'appui qui cause cette maladie, que les pieds de der- ri�re qui peuvent se soulager d'une partie du poids qu'ils ont � porter sur le devant > sont beaucoup moins sujets � devenir en- castel�s que les autres. Il y a des chevaux qui ont ce que l'on
appelle des pieds combles, et pour les- quels il faut prendre les plus grandes pr�- cautions pour attacher le fer sans que la sole soit comprim�e. C'est au mar�chal � juger s'il n'y a pas de danger � mettre des |
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DES H A II A S. l83
clous trop pr�s du talon qui, dans ce cas ,
est spongieux et gras. On met quelquefois des crampons � ces
chevaux, afin de leur soulager les taionSj mais M. Lafosse ne les aime point, il pr�- tend que cette ferrure est viciorse, en ce qu'on ne peut pas �lever les talons sans que les tendons s'en trouvent fatigu�s. Ce qui est juste dans certaines circonstances peut ne pas l'�tre dans d'autres ; car dans un pays de montagnes et glissant, les crampons dans les descentes soulageront le cheval en proportion de ce qu'il sera charg�. Le tout est d'avoir l'attention qu'ils ne soient pas fort �lev�s. Pour terminer cet article, on conseillera
� ceux qui �l�vent des chevaux, de prendre grand soin de leurs pieds quands ils sont jeunes , afin d'emp�cher qu'ils ne prennent une conformation vicieuse qui est le r�sultat du d�faut de connaissance, ou O'ibq manque d'attention de la part de |
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celui qui le soigne. C'est une forme � leur
dernier , en parant proportionnellement l'int�rieur, vous accourcissez le plus que vous pouvez la pince , sans toutefois la rendre carr�e : vous donnez au tout un en- semble circulaire avec la r�pe , ce qui vous donnera un sabot qui dans sa conf�guratiou ne vous laissera rien � d�sirer. S'il ne faut pas que les chevaux soient
ferr�s trop souvent, ce qui tendrait � affai- blir le pied, il ne faut pas non plus les laisser trop long-temps sur une vieille fer- rure , qui cause le d�p�rissement des quar- tiers comme de la sole , rend le cheval maladroit, lui fait perdre ses aplombs , fatigue las nerfs et les ligamens, et enfin occasionne une multitude d'accidens qu'il est facile de pr�venir en examinant sim- plement le pied du cheval. On sait g�n�ralement qu'un cheval bien
ferr� peut aller cinq ou six semaines, et |
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DES HARAS. l85
qu'apr�s ce temps, quand m�me ses fers
ne seraient pas us�s, il faut les relever, pour lemicttre � son aise , en abattant au- tant de pied qu'il lui en est pouss� depuis sa ferrure. Pour ce qui est des pieds mal conform�s
et qui ont �prouv� des accidens, on aura recours aux ouvrages de nos bons v�t�ri- naires fran�ais, qui ont trait� cette mati�re d'une fa�on aussi �tendue que satisfai- sante. On verra � l'article de la nomenclature
de toutes les parties du corps du cbeval, quels sont la plupart des accidens auxquels ses pieds sont expos�s, et qu'une bonne ferrure pourrait pr�venir ou au moins soulager. Wons parlerons maintenant des s�tons, et
des effets qu'ils produisent assez g�n�ra- lement ; car il est bon qu'on sache � quoi s'en tenir sur l'usage d'un caut�re d�gout- 8*
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tant qui peut tr�s-rarement soulager le*
cheval qu'il d�flgure, en laissant des traces qui ne s'effacent jamais. Nous dirons en- suite un mot de la section de la queue � l'anglaise -, et sur les inconv�niens qui peuvent r�sulter de cette op�ration». |
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DES HAEA5. I fty
■ CHAPITRE XIII.
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Des S�tons et de leur abus,
Ija fureur des s�tons , comme cel]<> f7u
magn�tisme , a eu son temps sans qu'on ait pu nous d�montrer la preuve de leur utilit�» Ils paraissent avoir pris naissance en An- gleterre, d'o� ils sont pass�s en France; et nous, trop souvent port�s � singer les An- glais, plut�t dans leurs ridicules ope dans ce qu'ils ont de bon , nous les avons adopt�s et rendus applicables m�me � l'esp�ce bu� maine. Au reste , le s�tou a �t� long-temps l'arcanum des mar�chaux Anglais, qui s'en sont servis comme d'une goutti�re par la- quelle ils croyent pouvoir faire pass�e; toutes les humeurs du corps du cheval. Ce caut�re a pour apologiste M>-Brakeny,
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188 M A NU Et
qui dit d'abord que le s�ton convient dans
une infinit� de maladies ; puis � la m�me page, qu'il faudrait autant que le cheval perdit chaque jour le m�me volume de sang qu'il coule cle pus , puisque ce pus n'est autre chose que du sang g�t� par le s�ton qui coule apr�s avoir perdu sa cou- leur naturelle. Dans un autre endroit, il le conseille encore pour plusieurs maladies ; mais il veut qu'on en �tablisse sur diff�- rentes parties du corps , que ce soit der- ri�re les oreilles , � l'avant-c�ur, ou sous le ventre, il pense que cela revient au m�me, comme s'il les regardait comme autant d'anus dont la nature peut se servir � vo- lont�, pour lui �viter la peine de faire par- courir aux humeurs la route trop commune de la circulation ordinaire. Comme tout le monde s'accorde � con-
venir que l'humeur qui coule du s�ton n'est autre chose que du sang d�compos� , c'est pr�cis�ment comme si le cheval avait une veine ouverte par o� s'�coulerait, dans les |
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D F S HARAS. l8�j
vingt-quatre heures, plus de sang que sa
nourriture habituelle ne peut lui en four- nir , et que, sous ce point de vue, le s�ton serait loin d'�tre aussi utile qu'on l'a cru jusqu'� ce jour, o� tout ce qu'on peut dire de plus en sa faveur, c'est que s'il ne fait pas de bien, il ne fait pas non plus de mal. Si cependant la saign�e qui est connue
pour remplir le m�me but, pouvait d�rober le cheval � une op�ration aussi douloureuse qu'elle est d�go�tante et pr�judiciable , en ce qu'elle laisse des marques qui ne s'effa- cent point , pourquoi ne la pr�f�rerait-on pas, surtout lorsqu'on peut � son aide faire intervenir les diur�tiques, les �vacuans, en conservant l'apposition du s�ton comme une derni�re ressource sur laquelle cependant on ne doit gu�re compter. Quand dans les engorgemens consid�ra-
bles . le vertige-j l'apoplexie, la saign�e , les adoucissans , les �vacuans n'ont pas eu d'effet, que pouvez-vous attendre des s�tons |
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Ta9 B� A N 0 E �,
qui n'ont pas encore commenc� � op�rer,
que votre cheval est mort ? A la bonne heure dit M. Taplin, s'il voulait vous pro- mettre de vivre quatre ou cinq jours de plus, peut-�tre se trouverait-il soulag�? mais comme cela est impossible , il faut donc renoncer aux s�lons qui ne doivent profiter qu'au mar�chal qui 1rs a pos�s. Il en est de m�me des claudications pour
lesquelles on passe des s�tons, quand le repos seul aurait suffi pour redresser votre cheval. Si pour les jambes engorg�es, le pus dans les talons , les alt�ratifs aid�s de la saign�e et des diur�tiques ont �t� sans effet , croyez bien fermement que le s�ton n'en fera pas davantage. J'avais, il y a quelques ann�es � Paris,
une belle jument normande qui tomba boi- teuse tout bas ; elle marchait comme si elle e�t pris un faux �cart, et n'appuyait pres- qtre point sur sa jambe. Le mar�chal expert, que je consultai, me proposa d'y mettre uu |
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dis sabas.' rgr
8eton qui aurait inarqu� ma b�te ; m'�tant
aper�u qu'elle avait le poil mauvais , et attribuant sa claudication � l'�paississement des liLimeurs, je lui fis tirer du sang et la purgeai deux fois avec des bols que je composai � la mani�re anglaise. Huit jours apr�s nia b�te �tait parfaitement droite, et je la vendis � une dame anglaise. La m�me �preuve faite depms, au Haras imp�rial du Pin, sur une jument qui avait les jambes engorg�es, et pour laquelle on me conseil- lait des s�tons , me r�ussit �galement, et. ma b�te ne fut point marqu�e. ~Ne peut-on pas raisonnablement conjec-
turer que les chevaux comme les hommes sont sujets � des douleurs rhumatismales, contre lesquelles les s�tons op�rent moins s�rement qu'un traitement m�thodique, �bnt l'effet est de diviser les humeurs et de les faire couler tant par les selles que par la transpiration. Il est cependant des cas o� le s�ton est
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19 a M A NUEE
n�cessaire; c'est lors qu'une chute violente
on un coup aurait occasionn� une extrava- sation des fluides , ou une induration que l'application des topiques ou les fomenta- tions n'auraient pas pu r�soudre. Le s�tort alors , pourvu qu'on l'applique directement sur le mal, � sa partie inf�rieure, peut pro- duire un bon effet, sans pour cela qu'il puisse �tre consid�r� comme �tant d'une utilit� g�n�rale. Dans l'enfance de la m�decine liyppia-
trique , lorsqu'on �tait pas dans l'habitude de purger les chevaux comme on le fait de nos jours, on a d� essayer de diverses m�- thodes qu'on regardait alors comme cura- tives , et qui ont pu faire la fortune des s�tous. On peut maintenant les renvoyer � l'obscurit� d'o� les Braken, les Clarck , les Bartlet et les Osmer, qni passaient poul- ies lumi�res du si�cle , les ont tir�s. Nous particulariserons cependant, pour
finir cet article , les cas o� l'on peut les |
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iS HARAS. 19,j
employer avec succ�s, apr�s avoir �prouv�
l'inefficacit� des rem�des g�n�raux auxquels on aura d� pr�alablement avoir recours. C'est comme nous l'avons dit dans les tu- meurs sqnirreuses form�es originairement parl'cxuavasation des fluides devenus, par la stagnation, trop visqueux pour �tre re- pomp�s dans la circulation : dans les clau- dications inv�t�r�es dans les �paules , ou les ligamens, o� la mati�re inflammatoire se serait fix�e par l'effet des toniques ou des spiritueux employ�s mal � propos ; dans l'asthme qui aurait r�sist� aux saign�es, au sel de nitre et autres rem�des pectoraux qui auraient �t� sans effet. Ces cas sont les seuls o� l'on doive raisonnablement s'en servir. Parlons maintenant de la section �a
la queue � l'anglaise, qui,�m�me Lieu faite, n'embellit pas plus les chevaux que les s�tons qu'on leur met � propos de rien ne les soulagent. |
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*94 MANUEL
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CHAPITRE XIV.
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De la section de la Queue du Cheval �
l'anglaise. JL/A section de la queue du cheval � l'an-
glaise est maintenant une op�ration si sim- ple , qu'il n'est aucun gar�on marchand de chevaux de Paris qui ne la fasse avec autant de dext�rit� que la plupart de nos bons v�t�rinaires. S'il en est quelquefois r�sult� des accidens assez graves, tels que la paralysie de la queue , la cliuw des n�uds jusqu'au fondement; c'est que les op�rateurs � qui cela est arriv� , d�daignant de suivre la marche ordinaire, ont voulu tenter des exp�riences qui ne leur ont pas r�ussi. Mais sans nous livrer � l'examen des pr�cautions qu'il esta propos de prendre |
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D ^ S SAS A S. io5
pour le succ�s d'une op�ration qui , bien
faite , n'a d'autre inconv�nient que de faire souffrir au cheval de s douleurs tr�s-aigu�s, qui heureusement ne sont pas de longue dur�e ; voyons jusqu'� quel point l'ampu- tation d'une partie de la queue est n�ces- saire , et dans quel cas il est convenable de la faire. i Les Anglais , qui les premiers l'ont pra-
tiqu�e , ont d�. commencer � l'�poque de l'�tablissement des courses , o� m�me l'on prend en consid�ration jusqu'au poids d'une once , ces insulaires ont d� penser que la section d'une partie qui, dans quel- ques chevaux , ne laisse pas que d'avoir du poids , pouvait favoriser le cheval de course ; ce bel animal y fut donc assuj�li, mais pour l'amputation d'une portion du couarre seulement. Cette op�ration faite d'abord aux ohe«
vaux de premi�re race, qui ont la queue mieux attach�e que les autres, il en est |
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ig6 M A H 0 E t
r�sult� pour l'�il une soi te. d'agr�ment
qu'on a cherch� � imiter dans des races plus communes ; mais l'attache de la queue s'�- tant oppos�e � ce que ces derni�res races , qu'on pourrait appeler b�tardes , la por- tassent comme les chevaux de sang , on a essay� d'y suppl�er en faisant depuis trois jusqu'� cinq et six incisions transversales � chacun des muscles ahaisseursde la queue: les cicatrices tenues ouvertes par la sus- pension de la queue, la solution de conti- nuit� ne peut plus reprendre , et les mus- cles releveurs n'�tant plus ma�tris�s par leurs antagonistes , la queue du cheval de- meure dans cet �tat occasionnel d'�rection auquel les amateurs trouvent des charmes infinis. Cette m�thode, bonne pour un cheval qui
chasse au bois, o� une queue trop longue et trop volumineuse peut s'embarrasser , pour celui qui voyage les trois quarts de l'ann�e dans des chemins boueux , pour un cheval de cabriolet, qui peut quelque- |
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. D E S UAE A S. tqy
fois avec" sa queue prendre une des guides
dont celui qui le conduit ne peut plus se servir, pour les chevaux de carrosse enfin, avec lesquels il peur, y avoir le m�me in- conv�nient , Test-elle �galement pour le 'de. de guerre , et pour l'a- nimal jug� plus parfait qu'on consacre � ■ !! esp�ce avec <lc& jumenspou- lihi�res, qui I �gal�■■;;;. en bont� comme �» perfection. En commen�ani par'celles-ci, nous di-
rons qu'elle est souverainement f�cheuse pour des b�ees qui, ne pouvant avoir de couverture tant qu'elles sont � la prairie avec leur poulain, ont besoin de leurqueue pour se d�barrasser des mouches qui, en �t� , les tourmentent jusqu'� leur faire perdre leur lait. Quant � l'�talon . qui a pareillement'ces
■ sectes � combattre, pourquoi le priverai t- CT1 d'u..... aie qui fait encore : - plus bel
ornement ? car qu'on voye en libert� deux.
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If)S MANUEL
clievaux entiers �-peu-pr�s pareils, dont
l'un serait anglais� et l'autre ayec tous ses crins , vous ne seriez pas embarrass� au- quel des deux donner la pr�f�rence , puis- que plus un cheval aura de vraies beaut�s , plus cette op�ration le d�figurera. Cela est si vrai, qu'un bel arabe �court� vous para�- trait hideux ; et le cheval d'Espagne, qu'on peut ranger dans la cat�gorie des beaux chevaux , serait-il aussi s�duisant avec sa queue coup�e et l'anglaise, que lorsqu'il est � tous crins ? Qu'on voye dans les haras beaucoup de chevaux � courte queue; ceux qui auront des �talons � vendre les feront anglaiser pour vous tenter, et vous ne trou- verez plus en France que des chevaux �'courtes. Qu'une mode reconnue utile soit adop-
t�e , rien n'est plus simple ; mais faut-il g�n�raliser ce qui n'est applicable qu'� certains objets comme on l'a vu faire en Angleterre, et comme nous l'avons imit� depujs � l'�gard de la section d'une partie |
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DE S 11 A B A S. 199
des oreilles qu'on a ensuite abandonn�
comme une conception bizarre , plus propre � d�figurer le cheval qu'� l'embellir. Cette pu�rilit� date d'une trentaine d'an-
n�es, que le prince de Galles, h�ritier pr�- somptif de la couronne d'Angleterre , eut la fantaisie de faire faire celte op�ration � presque tous ses chevaux. Les marchands d'alors , dans, l'espoir de lui vendre les leurs , suivirent son exemple , et presque tous les beaux chevaux de ce temps ( ex- cept� ceux de pur sang qu'on n'a jamais mutil� dans cette partie) pour se conformer au go�t du moment, subirent cette op�- ration qu'on ne fait plus aujourd'hui que pour masquer le d�faut des chevaux oreil- lards. Concluons donc que ce qui est bon dans
un cas peut �tre mauvais dans un autre , et que l'amputation de la queue, de quelque mani�re qu'on la fasse, ne contribue en rien � la beaut� de nos �talons ; qu'au con-
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200 M A H.U, E L
en u donnant un air mesquin,
elle met � d�couvert des tares que nous voudrions nous caeher � nous-m�mes , et que par politique enfin nous devons les
.-er tels que la nature les a faits. . |
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CES BAR A S. 2CI
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CHAPITRE XV.
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De l'Ecurie et du Pansement journalier.
J.L serait difficile de pr�ciser une position
particuli�re pour une �curie , car la com- position de ces sortes dcb�timens est plut�t relative au plan de l'ensemble qu'� l'en- droit o� l'on doit mettre les chevaux de pr�f�rence. Les �curies ordinairement fra�- ches en �t� , sont froides en hiver ; ce sont celles dont les portes et les crois�es qu'on devrait �viter de placer � la t�tc des che- vaux, � cause de leurs yeux, sont au nord. Mais comme ces positions sont �-peu-pr�s indiff�rentes, et qu'on n'y doit faire atten- tion que par rapport au climat, les Russes feront bien d'avoir l'ouverture de leurs �cu- ries au midi, taudis que les peuples des contr�es m�ridionales chercheront � les |
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202 MANUEL
avoir au nord. Pour nous qui sommes dans
une temp�rature qui nous rend indiff�rens sur le choix de l'une ou l'autre de ces posi- tions , nous devons seulement chercher � les placer de pr�f�rence sur un terrain un peu �lev�. La hauteur qu'on donne � l'�curie suit or-
dinairement l'ordre d'architecture du corps de logis dont elle fait partie. Nos �curies en g�n�ral sont grandes , presque toutes celles de l'Angleterre sont petites et ont des stalles ou s�parait©»s dont nous faisons usage. Ces distributions Bout plus s�res , et les chevaux y sont plus tranquilles que dans les �curies o� il n'y a que des barres pour les s�parer. Il ne faut pas qu'il y ait trop d'air dans
une �curie, maisilfaut cependant qu'il puisse y circuler lorsqu'on en a besoin; comme il faut aussi que l'�curie puisse �tre ferm�e lorsque le cheval rentre en �cume , afin de parer � une transpiration supprim�e , qui |
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"9 E S HARAS. 20,3
peut occasionner des rhumes , des plur�-
sies, ou fluxions de poitrine , des catar- rhes , etc., auxquels les chevaux sont aussi sujets que les hommes. L'�curie doit toujours �tre tenue tr�s-
propre : la n�gligence dans cette partie , comme dans le pansement , la privation d'un air pur , le d�faut d'exercice, sont pour les chevaux autant de causes de ma- ladies. Les �curies anglaises toutes bien te- nues qu'elles soient, sont n�anmoins trop chaud es ; les chevaux, en tout temps , y sont dans une transpiration habituelle qui, si elle contribue � ce qu'ils aient toujours le poil Gn, les expose en m�me temps � des rhumes et autres accidens qu'on �vi- terait si les �curies �taient plus fra�ches. Nous avons en France les grandes et
petites �curies de l'Empereur � Versailles , celles du Haras du Pin dans le d�partement de l'Orne , et beaucoup d'autres b�iics sur le m�me plan, qui sont aussi fra�ches eu |
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204 "* * n tr e �
�t� qu'elles sont chaudes en hiver, ce qui
nous dispensera d'aller chez nos voisins, chercher d'autres mod�les. ' Les Anglais � l'�curie, chargent leurs
chevaux de couvertures, pour en��ite les laisser mis avec une simj !e selle, ; «poses � l'air, quelquefois excessivement rigou- reux. Il est vrai qu'ils ne les laissent jamais en place, ni entre deux vents; mais il est impossible qu'en ne ios promenant qu'au pas ils paissent conserver la chaleur qu'ils avaient en sortant de l'�curie. Nous avons la mauvaise habitude
en France de tenu- tout le long du jour les chevaux sur le pav� : comme nous avons beaucoup de mouches en �t� , crue les chevaux frappent et pi�tinent sans cesse pour s'en d�barrasser, il faudrait qu'il y e�t constamment six pouces de liti�re sous leurs pieds , afin, que les jambes se conservassent ; car les efforts qu'ils font pour se d�rober aux piq�res |
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I E 5, H � R A S. 20o
Je ces cruels insectes, les fatiguent, quel-
quefois davantage qu'un exercice mo- d�r�. Si au lieu de pav� on se servait, pour les stales seulement, de briques sur champ , comme on fait en Angleterre , en Hollande et ailleurs, pour les chevaux qu'on veut m�nager, ce serait un faible surcro�t de d�pense dont on se remb�mr- serait au centuple, dans la conservation de ces animaux. Une �curie, pour �tre bien tenue, de-
vrait tous les cinq ou six jours �tre sabl�e l�g�rement, � l'effet de remplir les iniers^ tices des pav�s et les rendre plus doux aux pieds des chevaux ; les palfreniers auraient l'attention d'y entretenu' une sorte d'humi- dit� pour emp�cher la poussi�re , et l'urine ne pouvant plus alors s�journer entre les pierres , l'�curie serait plus fra�che en �t� , et plus saine en hiver. Il faut aussi qu'une �curie, sans �tre
construite comme celles des marchands, |
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20o" MAlsVEL
qui mettent le devant des chevaux sur un
lan trop �lev�, ait assez de pente pour que l'urine n'y s�journe pas ; on aura soin en m�me temps de la d�barrasser du fu- mier dont les exhalaisons sont tr�s-pr�- judiciables � la vue des chevaux : il con- vient d'enlever le crottin � mesure que le cheval fiente, par la raison que le fumier attendrit les pieds, les pourrit, cause des engorgemens aux jambes et occasionne d'autres maladies. Les chevaux � l'�curie sont �trill�s,
bouchonn�s, bross�s et peign�s matin et soir S le pansement consiste en outre, � laver avec de l'eau point trop crue, les yeux, la bouche , les nazeaux, les parties de la g�n�ration dans les deux sexes et le fondement : on passera l'�ponge humide , sur le toupet et la crini�re, la queue, les ars, les p�turons elles sabots qu'on visitera tous les malins, tant pour s'assurer si les fers sont bien attach�s, s'il n'y manque point de clous, que pour voir s'il ne se serait |
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B E S HARAS. 2CJ
pas introduit de malpropret� ou du gra-
vier autour de la sole et de la fourchette, qu'on examinera en m�me temps , pour s'assurer s'il n'y aurait point d'odeur qui est assez ordinairement la cons�quence de la malpropret�. Le cheval, apr�s qu'on lui a huil� les
sahots, ou qu'on les aura graiss� avec de l'onguent de pied , sera essuy� partout avec l'�poussette de laine qui termine le pansement. Onluimet sa couverture qui le garantit de l'air froid en hiver, des mouches en �t�, et de la poussi�re en tout temps. on le nourrit en raison de la force de sou �ge , en observant que tant qu'il prendra de la croissance, on ne doit pas lui �par- gner la nourriture , si l'on veut qu'il tourne � Lien. Si on le fait beaucoup travailler, on augmentera la nourriture en grain. Comme il y a des chevaux qui, pour
manger trop goul�ment, ne dig�rent pas bien , vous vous en apercevrez � leur iiente, |
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208 lli�tl 8 L
et vous leur retrancherez une portion de
nourriture , jusqu'� ce qu'ils soient r�tablis, ou vous les traiterez comme malades , sui- vant les indices qu'ils vous donneront d'ailleurs. Vous n'avez pas trop besoin de surveiller
vos palfreniers , pour vous assurer qu'en votre absence ils ne maltraitent pas les che- vaux , vous vous en apercevrez facilement en approchant du cheval � son inqui�tude ou � sa docilit�. Quelqu'assur� qu'on soit de la douceur
d'un cheval, il ne faut jamais entrer dans sa place ou en approcher qu'on ne l'ait averti de la voix, ou qu'on ne soit s�r qu'il vous ait aper�u, |
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I) E S II A R A S. 2C(J
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CHAPITRE XVI.
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De F Exercice proprement dit.
5. /exercice pour le cheval est un moyen
de sant� aussi n�cessaire que lui sont la bonne nourriture cl le pansement journa- lier; nous en vojons la preuve dans l'hi- larit� qu'il'montre , soit � la promenade , Soit � la prairie ; en effet le propre de l'exercice est de provoquer Tes s�cr�tions et les �vacuations. Il semblerait que la nature aurait Fait la
cheval pour le mouvement, puisqu inac- tion le rend triste et pesffl&t. Qu'on ; une avec tpieiqu'attention un cheval �' i-co , oequis'entendd'unehevaldistingti�, <* sa mangeoire .puis apr�s en libert�; dans |
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2.10 MANUEL
le premier cas, vous le trouverez languissant,
abattu, presqu'inanim� ; il vous para�tra d�- nu� de vigueur et de courage , mais vous ne l'avez pas plut�t mis en mouvement, qu'il prend une apparence tout-�-fait diff�rente, et il faut avoir bien peu d'habitude pour ne pas discerner aux bonds simultan�s de ce bel animal , � son �il anim�- , � sa conte- nance fi�re , � cette encolure qui se des- sine d'une mani�re si gracieuse, � l'�rec- tion de sa-queue, au bruit qu'il fait avec ses nazeaux, enfin � le voir entamer le chemin pour marcher ou pour courir , que l'exercice lui est naturel quel que soit le service auquel on le destine. L'engorgement des extr�mit�s, les eaux
aux jambes, le mal aux yeux si commun aux chevaux qu'on laisse constamment � l'�curie , nous en fourniraient d'autres preuves si nous en avions besoin. Les avantages d'un exercice journalier
ne peuvent gu�re s'appr�cier que par ceux |
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I)*: S HARAS. 211
qui s'occupent des chevaux avec quelque
go�t, et qui ont �t� � port�e de se con- vaincre combien un exercice mod�r� con- tribuait � maintenir un cheval en sant� et en bon �tat. Sans entrer dans le d�tail anatoiaiq.de du
m�canisme de la digestion , qui ne peut se terminer sans le mouvement p�ristaltique des intestins , concluons avec raison que l'exercice mod�r� du corps du cheval , ne peut que favoriser la s�paration des parties qui passent dans le sang, d'avec celles dont la nature se d�barrasse par les �vacuations, et que quand un cheval � la promenade vous para�t pins triste que de coutume , vous pouvez en inf�rer qu'il a pris une portion d'alimens plus forte que celle qu'il pouvait dig�rer , et qu'alors vous devez consid�rer cet �tat comme l'avant coureur d'une maladie , soit aigu� , soit chronique, qu'il est de la plus haute importance pour vous de chercher � d�tourner. Il est surtout impossible de s'y tromper lorsque les |
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212 MANUEL
vaisseaux sanguins sont plus gonfl�s qu'�
l'ordinaire, et quand les intestins se chargent d'excr�mcus qui, durcis, occasionnent des accidens plus ou moins graves. Il faut donc commencer par avoir recours � l'exercice, qui suffit quelquefois pour r�tablir votre cheval. Le cheval en sortant de l'�curie semble
toujours avoir la respiration un peu g�n�e jusqu'� ce qu'il ait fiente, ce qu'il fait ordi- ■f 'jurement apr�s avoir march� quelques : ;:. s'il est d'ailleurs en bonne sant�. Il ne scia pas plut�t soulag� qu'il respirera avec pli�s de facilit� et cheminera plas ga�ment. Cette ; etaarcfHe, toute futilequ'elle paraisse, n'-eS� cependant pas indiff�rente pour la sant� du cheval dont on a besoin de se servir.' La transpiration est au sans; ce eue les
n 'icuaiioEP sons aux intestins ; elles con�' g ui'rent ensemble � d�barrasser le corps de toutes l�s mati�res, dont le s�jour pro- |
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B�S HA�A5. 2. I 3
long� engendre les maladies sans nombre
auxquelles le cheval est expos� ; comme les jambes engorg�es , les eaux , la toux , catarrhes, r�tentions d'urine, farcins, fi�- vres, pleur�sies, convulsions, et beaucoup d'autres qu'il est inutile de nommer ici. Aussit�t que vous vous apercevez que
les humeurs de votre cheval commencent � s'�paissir , aux remarques que nous avons indiqu�es plus haut; il est � propos d'aug- menter l'exercice, sans qu'il soit pi us violent, jusqu'� ce que le corps sait revenu dans son �tat naturel. La saign�e en proportion de la taille , de la force et de l'embonpoint du cheval , est quelquefois n�cessaire pour r�tablir la transpiration et favoriser les d�- jections. Les v�t�rinaires Anglais ne s'accordent
point sur les inductions qu'on peut tirer du sang , lorsqu'il est refroidi. M. Taplin af- firme cependant que c'est plut�t dans cet �tat qu'au sortir de la veine qu'on doit |
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214 M A NU Et
l'examiner pour former quelques conjec-
tures sur la sant� du cheval. Il �tablit ses remarques sur les proportions qu'il trouve entre le sang coagul� et sa partie aqueuse, eu �gard � sa consistance ou � sa viscosit� , pour juger si l'on doit r�it�rer la saign�e, et jusqu'� quel point elle est n�cessaire. 11 pense de l� que le sang glua.it et �pais d�c�le la pl�nitude , l'�paississement des humeurs et le d�faut d'exercice ; comme le volume trop consid�rable de la partie aqueuse indique que le sang est appauvri , et qu'il a besoin de reprendre sa consis- tance pour que le cheval se porte bien. Lors donc que bipartie aqueuse du sang
est moins consid�rable que la partie coa- gul�e , et que la surface pr�sente une sorte de t�nacit� visqueuse , il n'y a point de mal de r�it�rer la saign�e, et continuer l'exercice au cheval jusqu'� ce que les humeurs plus divis�es ayent repris leur cours naturel. Le r�gime concomittant sera une masche tous les jours � souper ; on y ajoutera six d�ca- |
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TES HARAS. 215
grammes de sel de ni ire , qu'on fera pren-
dre au cheval dans sa boisson du matin. Ce traitement suivi pendant sept ou huit jours , avec un exercice qu'on augmentera gra- duellement , un bon pansement d'�curie , en ayant l'attention de frotter beaucoup les jambes du haut en bas , feront dispara�tre tous les sympt�mes de maladie , et votre cheval sera r�tabli. Si au contraire le sang, apr�s cinq ou
six jours , se trouvait contenir plus d'eau que de sang, vous conclurez que c'est une cause morbif�que qui exige que vous ayez recours au v�t�rinaire , pour (pie voU'e cheval soit trait� m�thodiquement. Pour la maladie des yeux , quelle qu'en
soit la cause , ne commencez jamais aucun traitement que vous n'aye», examin� l'�tat du sang ; car ce que vous pourriez prendre quelquefois pour les sympt�mes de la fluxion , n'est souvent que l'effet de la surabondance du sang qui s'est trop �paissi |
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216 m a n fa e r,
et auquel l� saign�e peut rendre sa fluidk�;
mais lorsque le mal aux jeux provient d'un sang appauvri , il faut alors y rem�dier par un traitement m�thodique. Les jockeis ou palfreuiers Anglais font
du sel de nitre un usage immod�r�, en l'employant dans toutes les maladies ; en un mot ils en font une selle � tous chevaux. Si son usage esi n�cessaire , et m�me re- command� dans plusieurs circonstances , il n'en est pas moins dangereux dur; d'au- tres, surtout lorsque le sang est dans un �tat de d�composition que le sel ne fait qu'accro�tre. On ne saurait donc �tre,trop circonspect sur son usage, qui estepn fois d'un tr�s-grand secours, surtout pour ceux qui voyagent avec de jeunes chevaux qui �prouvent souvent des r�tentions d'u- rine que le sel de nitre soulage. Pour en revenir � l'exercice qui s'entend
de l� promenade, les Anglais ont coutume, lorsque les chevaux ont march� un peu ,
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DE S fl ARAS. 217
de les mener boire �-peu-pr�s vers le mi-
lieu de la promenade , puis de la continuer jusqu'� l'�curie. Il est des pr�cautions � prendre, c'est, que l'eau ne soit pas trop froide , et que le cheval n'en prenne pas une trop grande quantit�. Si l'on s'aper�oit que le cheval ait le poil h�riss� , qu'il fris- sonne et serre la queue , il aura pris trop d'eau ; on doit alors lui faire faire un petit temps de galop et continuer la promenade jusqu'� ce qu'il soit revenu dans son �tat naturel. Rentr� � l'�curie , on le bouchonne plus fort que de coutume , on le panse et il n'y para�t plus. En g�n�ral un cheval, en sortant de
l'�curie , doit toujours �tre conduit au pas jusqu'� ce qu'il ait fiente une ou deux fois, apr�s quoi on peut le trotter et m�me le galopper, mais en commen�ant ton joins doucement et en augmentant son train par degr�s. Un cheval, soit en promenade, soit au
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318 M h S U E L
travail, peut sans inconv�nient faire tous
les jours de l'ann�e cinq � six lieues. On ne doit point regarder cela comme une r�- gle sans exception ; il en est qui peuvent faire plus, d'autres moins, cela d�pend de la force , du courage , de la nourriture et cnine multitude de choses dont le d�tail est ici parfaitement inutile. En recommandant l'exercice pour les
chevaux comme un moyen de sant� , et en demandant qu'il soit toujours propor- tionn� a l'�tat dif cheval, � la nourriture qu'il prend, �. sa force, il est d'autres r�- gles � suivre pour les huniers ou chevaux de chasse, aussi bien que pour ceux dont on se sert pour royager ; mais avant que d'en venir l� , il est � propos que nous di- sions un mot sur l'exercice qu'il convient de faire faire aux �talons , afin d'entretenir la vigueur et la sant� dont ils ont si �mi- nemment besoin pour l'usage auquel ils sont destines dans les haras. |
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D g S HARAS. 2IO,
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CHAPITRE XVII.
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De VExercice des Etalons,
JLi'exercice propre aux chevaux que
vous entretenez dans vos haras, pour pro- > pager leurs diff�rentes races, consistera , si vous voulez , pour tous les chevaux en g�n�ral, � les faire sortir r�guli�rement tous les deux jours : les �talons de selle, garnis d'une couverte � la marchande, et d'une paire de bridons avec ou sans mar- tingale, seront mont�s par les palfreniers et exerc�s pendant l'espace d'une bonne demi- heure , au pas et � un trot soutenu, en commen�ant par le pas et eu finissant de m�me. Pour ces animaux, qu'on a tant d'int�r�t
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2,20 MANUEL
de conserver et d'entretenir en force et en
sant� , il suffira de les mener franchement, sans chercher � les assuj�tir, ce qui ne pourrait se faire qu'aux d�pens de leurs jarrets qu'il faut surtout m�nager, lors- qu'ils auront r�sist� aux �preuves aux- quelles il est � propos de les soumettre pour s'assurer de leur bont�. Quelques personnes ont pr�tendu qu'il
fallait dresser les �talons qui, par cette es- p�ce de civilisation, communiquaient � leur prog�niture les perfections 'imagi- naires que celui charg� de les monter au- rait pu leur faire acqu�rir. Un bon �cuyer, dans ce cas, deviendrait pour les haras un �tre prodigieusement essentiel : mais en supposant qu'il put s'en trouver assez de bons pour dresser vos �talons , quel serait pour un beau cheval le r�sultat d'une �du- cation qui , en restreignant ou au moins en modifiant toutes ses facult�s naturelles , ne peut que l'ab�tardir au moral, en lui don- nant un caract�re de servilit� »i contraire � |
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juEE HARAS. 221
lu fiert� qu'il faut qu'il conserve comme
�talon ? Si , comme il est juste de le pr�sumer ,
celui que vous aurez charg� de dresser vos �talons ne sait pas son m�tier, ces pauvres chevaux , ne pouvant pas deviner ce qu'on leur demandera maladroitement, prendront de l'humeur, chercheront � se d�barrasser du cavalier , et cette pr�tendue belle �du- cation, qui devait faire �elore tant de bonnes qualit�s, sera au contraire la source d'une multitude de vices qui dans ce cas peuvent �tre consid�r�s comme h�r�ditaires. La prosp�rit� des haras repose plut�t
sur la capacit� de ceux que vous chargerez de vos acquisitions , et l'intelligence des directeurs ou chefs de d�p�ts, qui doivent faire les appareillemeus, que sur le m�rite de celui qui entreprendrait de dresser vos �talons , puisqu'il lui serait impossible , quelque hop. �cuyer qu'il soit, de donner au cheval des qualit�s dont il n'aurait pas |
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222 M AND EL
le principe. Les hommes de mille ma-
ni�res peuvent bien d�figurer et g�ter la nature, mais il n'y en a pas un seul qui soit en �tat de la perfectionner. Le plus habile est celui qui l'assiste dans ses d�veloppe- mens, la conserve et emp�che qu'elle ne se d�t�riore trop vite. , En anglais , dresser un cbeval se dit
break a horse, cela veut dire rompre , briser, et c'est bien v�ritablement le-mot propre, pour celui qui sait ce qu'il en co�te � un cheval qu'on veut assuj�tir � une position, et des allures pour lesquelles la nature ne l'avait pas fait. Remarquez dans nos �coles d'�quitation
ces chevaux si bien dress�s, dont les neuf dixi�mes sont perdus dans leurs jarrets qu'ils ont eu sains ! quelle contrainte dans �a position ! Si la nature avait voulu que les chevaux galopassent sur les voiles , si elle e�t invent� les terre � terre, elle e�t doubl� ta forc� de leurs hanches et de leurs jarrets, |
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D E S II Ail A S. 22,3
qui dans ce cas ont � porter , non-seule-
ment tout le poids de l'animal, mais encore celui du cavalier qui est d�j� quelquefois trop pesant pour le cheval dans sa position naturelle. Renvoyons donc aux Asiley , aux Ikpt,
aux �ranconi ces lours de force , qui en �nervant le cheval ne contribuent en rien � sa s�ret� de jambes , et � l'agr�ment de celui qui le monte. Croyons que l'imitation de toutes ces fac�ties ue convient point � nos chevaux de monture , encore moins � nos �talons. Attachons -nous tout boruie- : l � conserver � cette utile cr�ature ses
jarrets (pi sont la base de sa solidit� et les garants de sa dur�e au service ; et persua- dons-nous enfin qu'un cheval qui va droit devant lui , s'il est franc dans toutes ses allures , docile et ob�issant � la main qui le dirige, eu sait assez pour notre agr�ment et nos besoins. �Sous sommes bien �loign� de chercher
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.224 MARDIS I,
� ravaler le m�rite de ces �cuyers fameux,
qui poss�dent encore l'art de faire faire aux chevaux des choses vraiment surpre- nantes; mais il convient de dire qu'il est ait moins inutile , pour ne pas dire dange- reux, de suivre leur exemple pour les che- v . ix entiers renferm�s dans nos haras. L'exercice proprement dit ne devrait
commencer qu'� quatre ans r�volus , �ge o� le cheval a acquis presque toute sa force, mais on ne fera cependant pas mal d'essayer � le monter , lorsqu'il aura trois ans faits , pour voir s'il souffre l'homme et s'il aura de la docilit�. Assez commun�ment � cet �ge les chevaux qui ont ce que l'on appelle � refaire, montrent des dispositions � se d�- fendre : si vous remarquez qu'ils p�chent dans leur conformation, ou qu'ils ne soient pas encore assez form�s, mettez cette mau- vaise volont� sur le compte de la faiblesse, et attendez que votre cheval ait atteint sa quatri�me ann�e , quelquefois m�me plus tard; car si vous vouliez le corriger de ce |
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DES HARAS. Zl5
pr�tendu d�faut, vous lui briseriez les
jarrets et il serait perdu pour toujours. Il suffira jusqu'� ce temps de le promener � la main tous les deux jours pendant une heure environ, en le menant droit devant lui autant qu'il vous sera possible. On �tait dans l'usage autrefois d'exercer
les �talons � la longe ; mais comme il est d�montr� physiquement que celte m�- thode, m�me dans les mains las 'p! us ha- biles, affaiblit les jarrets des chevaux, fait �clore des tares qui n'auraient peut �tre jamais paru, et qui, quoique accidentelles, se communiquent aux poulains, comme nous en avons la funeste exp�rience , on fera mieux de s'en tenir � la promenade que nous indiquons, en ne se servant de la longe qu'avec une sobri�t� extr�me et les plus grandes pr�cautions, lorsqu'il s'a- gira de commencer � monter le cheval. Comme ce n'est qu'avec la plus grande
douceur qu'on vient � bout de ces animaux, |
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22� MANUEL
point d'appareil effrayant, rien qui g�ne
ou embarrasse le cheval qu'on montera pour la premi�re fois. La double longe au cave�on est m�me inutile, � moins que le cheval n'annonce une m�chancet� d�cid�e, encore faudrait-il faire semblant de ne pas s'en apercevoir , et le traiter avec douceur jusqu'� ce que ce moyen qui ne manque jamais de r�ussir, ait �t� �puis�. Lorsque le cheval a �t� garni d'une cou-
verte � la marchand�, car il ne faut jamais le commencer avec la selle, on le sangle sans trop le serrer, avec une sangle ou un surfaix large et d'un tissu �lastique ; on lui met la longe � trotter, en faisant attention que les niontans de la t�ti�re du bridon ne soient point engag�s. On lui fera faire au trot, en grand cercle, une demie douzaine de tours � droite, puis en Reeourcissant la longe, on le fait revenir � celui qui la tient; on le caresse, on lui en fait faire amant � la main gauebe , en le caressant de m�me, lorsqu'il est revenu � l'homme. |
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DES HARAS. 227
Pour un cheval fort et vigoureux, on lui
fait faire quelques tours de longe de plus suivant son �ge. Celui qui doit monter le cheval, s'ap-
proche alors de son �paule, en y arrivant par la t�te , et apr�s l'avoir flatt� de la main, en lui parlant avec douceur, il prend de la main gauche les deux, r�nes du grand hridon . avec une poign�e de crins , puis se fait donner le pied, en ohscrvant bien l'attitude et l'�il du cheval. Si, par- venu l'estomac � la hauteur du garot, l'a- nimal recule avec �pouvante, l'homme se laissera glisser le long de l'�paule et sans s'en �carter, il t�chera de le cajmcr eu le caressant. Lorsqu'il sera rassur�, il es- sayera de nouveau la m�me man�uyre : si le cheval le souffre sans effroi, il ne faut pas encore qu'il l'en fourche 3 il doit au contraire descendre, le caresser cl recom- mencer jusqu'� ce qu'il soit en confiance. Pouf un cheval timor� et lin, on en
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22.8 MA NU Et
reste l� pour la premi�re fois; mais s'il est
de bonne nature, quoiqu'on ne doive pas 1 enfourcher, l'homme sans quitter la poi- gn�e de crins, ni les r�nes du bridon , se met � pl{U ventre sur son dos, pendant'que ceux qui tiennent la longe et la r�ne gauche du. bridon pr�s de la bouche du cheval, lui parlent avec douceur. Si le cheval n'est point trop effarouch�
de cette premi�re pression, celui qui tient la longe essaye � le foire marcher, non pas droit, mais en lui amenant l'�paule du c�t� de celui qui le monte. Si le cheval tend le cou, �carte les jambes de devant, serre la queue, sans vouloir bouger, celui qui tient la longe essaye � lui faire faire seu- lement un pas � droite, pour qu'il s'�- branle, puis il le ram�ne � gauche. Du moment que le cheval a port� une Jambe en avant, on l'arr�te pour le caresser ; on recommence de la m�me mani�re , s'il ob�it, on t�che de lui faire faire cinq ou |
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».ES H A-RAS. 320,
six pas droits et l'on en reste la pour la pre-
mi�re fois. La m�me le�on se r�p�te le second jour,
avec la diff�rence qu'au lieu de cinq ou six tours de longe � chaque main, deux ou trois suffisent. Les pr�cautions pour mon- ter sontles m�mes que la veille, et si le cheval se met en confiance , on l'enfour- chera avec douceur et sans grands mouve- mens de la part de celui qui le monte. Comme c'est le premier pas que fait le cheval, qui d�cide de tout, il faut que celui qui tient la longe recommence ce qu'il a fait le jour pr�c�dent. Le cheval ob�issant avec docilit� , on le conduit quel- ques tours � la longe , sans s'�carter de la t�te , pendant qu'un autre homme le suit � peu de distance avec le fouet ou la cham- bri�re , sans cependant le frapper ; aussit�t qu'il a fait quelques pas franchement on l'arr�te pour le caresser. Pour acc�l�rer sa marphe, celui qui tient la chambri�re la l�ve chaque fois que celui qui le monte |
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2.3o M A 5 C E t
ferme les jambes pour apprendre au cheval
que ce mouvement est pour qu'il se porte en avant; si l'animal ob�it, il baisse la chambri�re, en m�me temps que l'autre laisse retomber ses jambes dans leur posi- tion naturelle. Pour le faire aller plus vite encore, le cavalier ferme ses jambes de nouveau : celui qui tient la chambri�re et qui guette le mouvement du cavalier, la l�ve en m�me temps, en appelant de la langue, pour apprendre au cheval que cette aide est pour qu'il se porte en avant : si le cheval ne comprend pas bien ou qu'il h�site, celui qui le monte appelle aussi de la langue en augmentant la pression des jambes ; si le cheval semble douter que tous ces mouvemens soient des ch�timens , le cavalier en appuyant les jambes encore davantage , lui donne un petit coup de gaule derri�re la botte, en appelant plus fort de la langue, en m�me temps que celui qui lient la chambri�re fait un mou- vement comme pour le frapper, eu appe- lant aussi de la langue, et le cheval ob�it |
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»KS HARAS. 231
ordinairement. Aussit�t qu'il a compris
cette le�on, on l'arr�te pour le caresser, et l'on recommence jusqu'� ce qu'il montre de l'ob�issance. Lorsque votre cheval aura bien pris
cette seconde le�on, vous la r�p�tez une troisi�me fois, en exigeant un peu davan- tage, sans toutefois l�cher la longe ', mais vous pouvez la quatri�me laisser aller votre cheval sous un homme doux, en le mettant derri�re un cheval d�j� accoutum� qu'il suivra. Deux ou trois jours apr�s il ira comme un vieux cheval. 11 y a cependant des chevaux qui sont
v�ritablement m�dians et extr�mement difficile^, mais cela est bien rare. Ceux qui ont ces f�cheuses dispositions, qu'ils tiennent assez ordinairement de In race dont ils sortent, ne devraient jamais entrer dans les haras, puisqu'il est reconnu que les vices de caract�re se communiquent aussi g�n�ralement que les d�fauts physiques. |
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2,32 M A N U E T.
De tels animaux doivent �tre remis
entre des mains habiles pour les dompter. M. Levaillant de Saint- Denis qui jouissait de quelque r�putation comme �cuyer, recherchait ces sortes de chevaux dont il a quelquefois tir� parti. Sa m�thode, pour ceux qui ne voulaient pas souffrir la selle, �tait de les laisser sell�s jour et nuit, jusqu'� ce qu'ils y fussent tout-�-fait accoutum�s. Il corrigeait aussi les vices de caract�re par des privations, soit en les emp�chant de dormir ou de manger jusqu'� ce qu'ils eussent fait sa volont�. Rigaudi, fameux maquignon du limousin, se servait avant lui de ce moyen qui lui a toujours compl�- tement r�ussi. Lorsqu'un cheval , pat- exemple , refusait, obstin�ment de passer par un endroit, il j plantait un piquet, y attachait son cheval et le laissait l� vingt- quatre heures sans boire ni manger : au bout de ce temps, il revenait avec une mesure d'avoine et de l'eau, si le cheval ob�issait, il le faisait boire et manger, et pour l'ordinaire il �tait corrig� ; mais si au |
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DES HARAS. 2.33
contraire il montrait la m�me opini�tret�,
il le laissait encore l�douze heures, quelque- fois davantage j et l'animal finissait par c�der. Ce Rigaudi , devenu aveugle , avait le
tact si s�r et l'ou�e si fine, qu'il jugeait en- core les chevaux, sans pour ainsi dire se tromper, et sa r�putation �tait si Lien �ta- blie qu'on le consultait toujours dans les cas embarrassans. Il disait � ceux qui l'em- ployaient : « T�chez seulement de savoir si x le cheval a de bons yeux , je nie charge « du reste ». Il faisait avec l� main l'exa- men de toutes les parties du corps de rani- mai, et pour juger de la bont� d� ses al- lures, il l'�coutait marcher, trotter et ga- lopper, et lorsqu'il vous conseillait de le prendre , vous �tiez assur� d'avoir un che- val i-peu-pr�s sans d�fauts. Il faut con- venir que la plupart des connaisseurs du jour, avec leurs deux yeux, ne sont pas de cette force l�. H est d'autres chevaux qui passent pour
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2'>4 MANDE!
�tre tr�s-m�dians et <jni ne le sont point :
cela d�pend souvent de la mani�re dont on
s'y est pris en les commen�ant. Matador, du Haras imp�rial du Pin , l'un des plus beaux chevaux que la Normandie ait ja- mais-produit, nous en fournit la preuve. M. Gaillet de Boisset qui l'avait �lev�, voulait qu'il f�t mont� afin de le vendre plus avantageusement. On l'avait amen� ;wec beaucoup de peine � souffrir l'homme, mais lorsqu'il fut question de le mettre en libert�, il faillit tuer tous ceux qui se ris- qu�rent sur son clos, tellement qu'on fut oblig� do l'abandonner comme un cheval trop dangereux. Il entra au Haras du Pin. avec cette r�putation. La premi�re fois, que je vis cette belle cr�ature, je fus enchant� de la beaut� de ses allures, et voulant savoir jusqu'� quel point elles approchaient de la perfection, ce qui ne pouvait se ju- ger qu'en le montant , j'entrepris de faire mettre un homme dessus; tout le monde crut (rue jallais risquer la vie de celui qui devait le monter, ou que le cheval se tue- |
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DES II A R A S. 235
rait lui-m�me : j'employai le proc�d� indi-
qu� pour les chevaux suppos�s de bonne nature qu'on monte pour la premi�re fois, et en moins de quinze jours le cheval �tait un des plus sages do Haras. Si ce moyen ne m'e�t pas r�ussi, j'aurais employ� la m�diode de Rigaudi, et j'en serais sans doute venu � bout. Les �talons carrossiers seront exerc�s �
de l�g�res voitures � quatre roues . par des bommes en �tat de les conduire, en met- tant toujours avec un cheval fait, le jeune cheval, jusqu'� ce qu'il soit accoutum�. Pour les uns et poux les autres , cm �vitera autant que possible de les faire reculer, pour ne pas leur fatiguer les jarrets qui , dans ce cas, ont � supporter tout le poids du corps de l'animal. Ceux qu'on destine � propager la classe
des chevaux de charrette , pourront, en les nourrissant en cons�quence, travailter ua peu plus fort au collier, mais toujours de mani�re � ne les pas fatiguer. |
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2-36 MA SOEI
Il est sur l'�ducation des chevaux, une
multitude de nuances qui ne peuvent se saisir que par celui qui est v�ritablement praticien; mais comme cette science que la pratique ne donne pas en vingt ann�es , s'apprend encore moins dans les livres , et que ce n'est pas un cours complet d'�qui- tation que nous voulons proposer , nous avons cru devoir seulement indiquer ce qu'il y aurait � faire � l'�gard des �talons qui n'ont jamais �t� mont�s, en pensant que l'�ducation qu'on leur donne , est en- ti�rement applicable aux jeunes animaux que nous aurons �lev� dans les haras, lors- qu'il sera question de les accoutumer � se laisser monter. Nous renverrons, pour le reste, aux
bons �cuyers qui ont fait des livres sur l'�paule en dedans, la croupe au mur et une infinit� de savantes conceptions , les personnes qui veulent faire un cours d'�- quitaiion dans leur cabinet, pour parler chevaux � de belles dames, dont la folie |
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CES HARAS 287
est de se montrer au Lois de Boulogne sur
des chevaux de cabriolets , et nous passe- rons aux huniers, oix chevaux de chasse d'Angleterre , pour voir si dans la mani�re dont les Anglais choisissent et gouvernent ces sortes d'animaux, il n'y aurait pas quel- que chose dont nous pourrions tirer parti, pour les �talons qu'on fait entrer dans les Haras de Sa Majest�. |
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M A N U E L
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CHAPITRE XVIII.
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Des Huniers ou Chevaux de chasse
\ d'Angleterre. V^uoiqtje la mani�re de chasser chez les
Angles soit toute diff�rente'de la n�tre , et que leurs chevaux de chasse ne res- semblent point � ceux que nous livrons.au m�me exercice ; il est cependant, dans la fa�on de les choisir et de les pr�parer aux fatigues auquelles on les assuj�til, des choses que nous pouvons nous rendre ap- plicables , dans l'usage journalier que nous faisons des chevaux , soit pour la chasse, soit pour les courses que sa Majest� l'Em- pereur et F.oi a �tablies , soit m�me pour les �talons des haras. No�fS avons donc cru devoir faire connna�tre la m�thode des An- glais , afin de mettre chacun � port�e de |
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DES H ARA S. iSd
prendre ce qu'il croira convenir � ses go�ts
comme � sa position. L'exercice de la chasse en Angleterre-,
�tant extr�mement violent , en ce qu'un ma�tre ne change presque jamais de cheval, et qu'on va � travers champs, franchissant tout ce qui se pr�sente, comme foss�s, haies, barri�res, petites rivi�res, qu'on passe autrement au gu� ou � la nage lorsque le cheval ne peut pas les franchir, il faut que non-seulement les chevaux soient grands, forts, l�gers et courageux, mais encore qu'ils soient, quant � la sant�*, dans le meilleur �tat possible, et que toute l'habi- tude du corps ne pr�sente que des muscles ion nrie peau fine et adh�rente � une chair ferme; le tout parfaitement d'aplomb, sur quatre jambes larges et en bon �tat. On sent ais�ment qi:e de semblables
chevaux qu'on paye jusqu'� quatre et m�me cinq cents guin�es la pi�ce , lorsqu'ils sont connus pour avoir bien chass� une ou deux |
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24O MANUEL
saisons, deviennent tr�s-pr�cieux pour les
amateurs qui ne laissent pas d'�tre en grand nombre, dans un pays o� cet exercice est peut-�tre plus n�cessaire qu'ailleurs.Aussi, aux approches de la saison des chasses, a-t-on grand soin de les y pr�parer, et leur m�tliode est telle que malgr� les fa- tigues excessives auxquelles il est �tonnant qu'ils puissent r�sister, on en voit assez commun�ment qui vieillissent en faisant un pareil m�tier. Les chevaux dont on se sert pour la
chasse, sont mis � la prairie tant que la plaine est couverte, on.neies en relire que pour les mettre , ce qu'ils appellent into cond.itli.ioii, c'est-�-dire , en�tatde chasser.
Quelques jours apr�s qu'on les a retir�s
de l'herbe , on leur retire du sang en pro- portion de la taille, de l'�tat dans lequel se trouve le cheval , de sa force et de son temp�ramment, en faisant attention � la corpulence qu'il aura acquise � la prairie , |
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DES II A R A S. 2 A?
et � l'humeur qu'il peut y avoir fait, ce
que l'on juge par l'inspection du sang qui fournit encore les inductions pour les m�- decines � lui administrer, tant pour la qua- lit� que pour la quantit�. Certains mar�chaux experts de l'Angle-
terre, notamment M. Clarck, disent-qu'on peut se tromper � ce dernier examen , et que le sang d'un cheval malade peut quelquefois ressembler � celui d'un cheval en bonne sant�. M, Taplin combat cette as- sertion et semble le faire avec avantage : cependant il avoue que M. Clarck a raison dans les coliques venteuses ou inflamma- toires , dans la strangurie et lorsque le che- val a des vers. Il est donc � propos de faire attention sr le cheval n'aurait pas quelques sympt�mes de l'une ou de l'autre de ces maladies, afin d'agir avec plus de con-i fiance. Pour s'assurer � quel degr� les �vacua-
dons sont n�cessaires, on examinera atteiw II
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242 MANUEL
tiveincnt la peau, les yeux, les Jambes3
les talons et la respiration; la qualit� de la sueur provoqu�e par un bon temps de galop, vous mettra � port�e de former votre jugement sur l'�tat de votre cheval, soit pour r�it�rer la purgation , ou le regarder comme pr�par�. Une sueur savonneuse annonce que le cbeval n'est pas encore en �tat; dans ce cas , on continuera l'exercice jusqu'� ce que l'animal ait la sueur aussi claire que s'il �tait tomb� dans l'eau. Il est bon d'observer que , jusqu'� ce
qu'on connaisse le temp�rament du cbe- val, on doit commencer par des purgatifs doux, qu'on peut augmenter par degr�s , suivant les circonstances. M. Taplin donne la pr�f�rence aux m�decines dans lesquelles il entre du mercure dont il vante les bons effets. Nous donnerons dans le chapitre XXVIII la recette et la mani�re de pur- ger toute esp�ce de chevaux � l'anglaise, d'apr�s la mitbode de M. Taplin , afin qu'on puisse en faire un objet de coinpa- |
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DES H ARA S. �40$
raison avec ce qui se pratique, � ce sujet,
dans nos �coles v�t�rinaires. , Apr�s �tre entr� daus quelques d�tails
sur ce qui doit s'observer pour purger le cheval de cliasse , nous passerons � un objet non moins important, qui est de savoir faire le choix de l'animal qu'on destine � cet exercice. On doit prendre un cheval de chasse
parmi l'esp�ce de ceux qu'on appelle com- mun�ment bien n�s , well bred , ou en d'autres termes qui approclient le plus en naissance, taille, force , courage, des che- vaux appel�s blood-horses, chevaux de sang, comme �tant les seuls qui par leur vi- tesse , leur dur�e � la course que nous nommons fond , puissent dans de longues chasses tenir pied avec les chiens les plus v�tes , et r�sister dans des pays difficiles, o� des chevaux d'une naissance inf�rieure succombent ordinairement ; car ce n'est pas assez qu'un cheval ait ce qu'on appelle |
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244 w A spei
des os , puisqu'il y en a qui les ont aussi
gros (jtte des chevaux de charrette , il faut encore que la partie musculaire qui est le grand ressort de la force et du courage , soit en rapport avec les os qui sont la charpente de l'�difice; et quoique le cheval de trait et celui de chasse aient besoin d'�tre �galement bien pourvus de membres forts, leur conformation comme leur service sont si diff�rens , que ce qui est regard� comme une perfection dans l'un, se trouve �tre un d�faut dans l'autre ; del� le danger pour la chasse de se servir de chevaux de races croi- s�es , que leur pesanteur et leur manque de courage peuvent faire succomber d�s la premi�re chasse. On peut se convaincre de celte v�rit� dans de longues chasses o� il n'y a que les chevaux through - hred, premi�res races, ou au moins three quar- ters-blood, trois quarts de sang, qui puissent �tre toujours au milieu de l'�quipage. Il n'y a que ceux qui chassent sur le
papier ou qui ne montent bien � cheval |
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DES HARAS. 2^5
qu'au salon, qui ne veulent pas convenir
qu'un cheval de race naturellement plus l�ger, doit par cons�quent fatiguer moins que celui qui a plus d'�toffe , et que le poids de son corps fait enfoncer davantage aux d�pens de sa course qu'il ralentit. Apr�s avoir successivement parcouru les
divers sujets relatifs aux purgations , � l'exercice, au bon �tat appel� condition , nous voici parvenus � la saison des chasses dite hunting season ; nous ne parlerons point des chasses avec les karriers ou chiens de li�vre qui n'exigent pas des che- vaux aussi en �tat, que pour les chasse» de cerf ou de renard. ATous dirons maintenant qu'un chasseur
qui d�sire jouir du plaisir de la chasse.,
doit arriver au rendez-vous, apr�s avoir jn-is#toutes ses pr�cautions , s'il ne veut pas voir troubler ses jouissances. Son cheval, en cons�quence, ne doit pas commencer l'ac- tion avec l'estomac trop plein : il faut donc |
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2^.6 MANUEL
que le foin et l'eau soient donn�s au moins
douze ou seize beures auparavant, avec la plus grande parcimonie , surtout la nuit qui pr�c�de , qu'il faudra diminuer la quantit� de foin, auquel on suppl�era avec de l'a- voine en proportion de ce que l'on aura rctrancb� de l'autre portion de sa nourri- ture. Le jour de la citasse, il doit �tre pans�
et avoir son d�jeuner de grand matin, apr�s quoi on l'attache au r�telier , jusqu'� ce qu'on lui mette la selle pour le d�part, de peur que , sans cette pr�caution , il n'aille s'emplir l'estomac avec sa liti�re. La veille aussi , ebaque ebasseur pour
ne point �prouver de retard , doit s'assurer si tout ce qui doit lui servir est en bon �tat. Il commencera par faire l'examen superficiel de son cbeval auquel il l�ve les pieds l'un apr�s l'autre , regarde s'ils sont bien propres , si les fers sont bons , s'il n'y manque pas de clous , pour ne pas �tre |
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DES HARAS. 247
oblig� de s'arr�ter , afin de faire rattacher
le fer qu'on aurait n�glig� de mettre en �tat. Il passe ensuite � la selle , examine si elle est rembourr�e �galement , si elle n'est pas dans le cas de porter sur le garrot. Il passe ensuite aux sangles, et fait attention <jue les boucles montent assez hauts , pour ne pas blesser le cheval sur les c�tes ; le tissu des sangles doit �kre �lastique de pr�- f�rence , celles d'un lissu serr� peuvent blesser le cheval dans des chasses rudes. L'inspection des �trivi�res ne doit pas non plus �chapper � celui <jui veut que rien ue lui manque. Lorsque vous d�sirez voir la fin de la
'liasse, qui est quelquefois tr�s-rude, et de longue haleine , il ne faut pas que vous partiez � toutes jarnbes; mais, par un train de chasse que vous pouvez augmenter par degr�s , vous finirez par laisser derri�re vous tous ceux qui vous auraient devanc�s, en prenant un train que leurs chevaux n'�- taient pas en �iat de soutenir, et votre |
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248 MASUEI
cheval qui aura fait autant de chemin que
les autres, sera encore frais, lorsque ceux- l� seront exc�d�s de fatigue. Apr�s une course violente , il ne faut
jamais qu'un cheval soit remis de suite � l'�curie, ni qu'on le laisse en place ; il faut au contraire le faire marcher jusqu'� ce crue sa respiration ait repris son �tat na- turel. Une bonne demi-heure apr�s, t�chez de trouver une �curie qui ait approchant le m�me degr� de chaleur que la votre , vous d�bridez votre cheval, vous jetez devant lui une poign�e de bon foin, vous l�chez- ensuite les sangles , sans �ter la selle qui doit rester sur le dos , tant que la transpi- ration est en activit� : vous lui mettez sur la croupe une couverture telle qu'elle se trouve , apr�s quoi .vous lui faites une bonne liti�re, pour l'exciter � pisser , ob- servant s'il le fait facilement. Dans le cas o� il �prouverait de la difficult� en urinant, ou s'il paraissait 3e faire avec peine, il fau- drait faire fondre dans sa boisson six d�ca- |
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DES HARAS. 249
grammes de sel de nitre et le traiter m�-
thodiquement sice reni�de ne r�ussissait pas. Vous ne devez vous occuper de vous,
que lorsque votre cheval a tout ce qu'il lui faut. Aussit�t qu'il aura urin�, bouchonnez lui d'abord la t�te avec un tampon de feir» bien doux et finissez de le fiettoyer avec la brosse. Tirez lui les oreilles plu- sieurs fois avec les mains, cette m�thode est reconnue salutaire. Il faut aussi bou- chonner fortemenl les jambes du haut en bas , avec deux bouchons de paille dont on se sert, � la fois, pour emp�cher l'obs- truction des pores par l'effet d'une sueur s�ch�e etde.la crotte. Cela fait, donnez lui une petite mesure de la meilleure avoine que vous pouvez vous procurer, fermez la porte de l'�curie et laissez votre cheval manger tranquillement. Comme un cheval se repose toujours
mieux dans une �curie o� il a coutume de coucher . s'il n'a qu'environ un myriam�ue |
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25'0 SU A N D E L
sept kilom�tres � faire pour y arriver, vous
bridez votre cheval aussit�t qu'il a mang� son avoine , pour retourner chez vous , o� en arrivant vous lui faites laver les jambes et les pieds, avec de l'eau ti�de, en faisant bien attention s'il n'aurait pas attrapp� soit des atteintes, soit des coups ou autres acci- dens, tant � l'int�rieur du pied, qu'� l'ext�- rieur de la jambe. Pendant que tout cela se fait, vous
jetez du foin devant lui, et vous lui pr�- sentez en m�me temps un sceau d'eau l�- g�rement d�gourdie , pour �ianchcr sa soif j le reste du pansement est trop connu pour que nous le r�p�tions ici. La c�cit�, l'asthme, la pousse, sont les cons�quences du peu de soin que l'on prend de.?chevaux. apr�s qu'ils ont beaucoup fatigu�, surtout dans la mau vai se saison. On n'a pas besoin de dire que ceci, � quelques modifications pr�s , est applicable � tous les chevaux dont on veut tirer un bon service en les conservant. |
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DES HARAS. 251
Pour ce qui est de la nourriture, il est
constant que les hantera ou chevaux de chasse , qui en raison d'un exercice violent transpirent beaucoup, ont besoin d'une nourriture plus abondante en grain que les autres, puisque le foin qui leur donne de l'�toffe , emp�cherait qu'ils ne conser- vassent cette l�g�ret� dont ils ont particu- li�rement besoin pour le service auquel ils sont consacr�s. La quantit� de nourriture d'un cheval dit fiffeen hands high ou en- viron un m�tre six cent vingt-cinq milli- m�tres, est ordinairement de quinze'kilo- grammes, dans la proportion de huit kilo- grammes d'avoine sur sept de foin, avec les additions en grain seulement indiqu�es par l'ouvrage qu'on fait faire au cheval. Un cheval doit boire toutes les douze
heures et jamais plus d'un sceau � la foi?, Eu tout temps , il faut faire attention que l'eau ne soit pas trop crue , et qu'elle soit la plus douce possible. Si l'effet de l'eau transit votre cheval, vous en �tes quitte |
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Z52 MANUEL
pour le galopper l�g�rement, l'espace d'un
quart d'heure ou un peu plus , pour r�ta- blir la transpiration. Ceci nous ram�ne naturellement � l'exer-
c'ee du cheval, mais il convient crue cet objet soit r�gl� par l'�tat dans lequel il est, et du service qu'il a � faire. Dans la belle saison, les chevaux de chasse doivent soiv tir deux fois par jour, marin et soir : leur exercice doit �tre mod�r� , de mani�re � faire autant de chemin avant boire, qu'apr�s avoir b�. Dans l'hiver lorsque les jours sont courts et froids, on ne les sortira qu'une fois , pour une heure environ, en choi- sissant le milieu du jour. Comme � cette �poque , ils ne peuvent pas �tre exerc�s avant et apr�s avoir b� , on y suppl�era par le pansement, afin que Li circulation ne soit jamais retard�e , et que les �vacua- tions se fassent comme � l'ordinaire. Eu prenant de cet article , ce qui est
�ahlc aux chevaux consacr�s � pro- pager leur esp�ce , ne les mettrait-on pas |
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DES HARAS. �53
eT1 �tat de procr�er des poulains forts et
r°bustes. C'est donc par un r�gime di�t�- ll<me et un travail appropri� au temp�ra- ment de nos �talons , que nous pouvons les disposer � n'avoir qu'une chair ferme, **ne peau lisse et tendre, des muscles et «e la
sant� ; et puisqu'il est g�n�ralement
Reconnu qu'il n'y a point de m�le dans la
Nature que la graisse favorise pour la co- pulation , le clieval entier dont on aura a't un �talon, sera plus vite us�, et p�rira P'Ut�t avec beaucoup d'embonpoint, que si ^eme il �tait maigre et fit beaucoup d'exer- Cl�e qui, dans ce cas , �laborant les germes ^e la reproduction, leur imprime encore ^�t degr� d'�nergie qui tourne n�cessaire- ment au profit de sa prog�niture. |
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iNJous parlerons maintenant des road-
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hors
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» ou bidets qui, sous d'autres rapports,
e sont pas moins int�ressans et dont le
0lu qu'on en doit prendre peut servir de
pHverne � ceux qui sont oblig�s de voyager
ft c«�val.
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2D4 MAMU EL
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CHAPITRE XIX.
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Des Road-horscs o i Bidets.
JLJans cette classe qu'on peut regarder
comme g�n�rale, nous comprendrons tous les chevaux de carrosse , de po6te , .enfin , tout ce qui sert au commerce aussi bien que pour voyager en selle. Ces animaux, sous ce dernier point de vue, sont telle- ment pr�cieux , qu'on devrait les traiter avec autant d'attention, s'il �tait possible, qu'on fait les chevaux de course ou les huniers : mais comme la nature de leur travail est telle, qu'on ne pourrait, sans inconv�nient, avoir pour eux les m�mes soins , puisqu'ils sont sans cesse expos�s aux injures de l'air et � changer perp�tuel- lement d'�curies qui tant�t sont chaudes, |
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DES HARAS. 255
tant�t sont trop froides, il convient de com-
mencer par les accoutumer � se passer de couvertures, les acclimater pour ainsi dire a la temp�rature des diff�rentes �curies dans lesquelles ils entrent. Mais ce qu'on ne doit jamais faire c'est d'abandonner aux gar�ons d'auberge le soin de leur nourri- ture. Il faut que le propri�taire ou conduc-
teur fasse lui-m�me la visite de la t�te, du corps , des jambes et des pieds de ses chevaux , pour voir si toutes ces parties sont en bon �tat ; qu'il fasse huiler ou graisser les sabots tout le long de l'ann�e , et que les repas soient donn�s le plus �galement possible. Le voyageur � cheval doit ralentir son
train lorsqu'il est pr�s d'arriver au lieu du rau'a�chissement, ou de la couch�e, pour ?°e son cheval ne soit point en sueur et 'iors d'haleine. Je n'ai jamais vu, dit M. 4-aplin , un cavalier entrer au galop dan* |
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S56~ MANUEL
une ville, ou en sortir le m�me train,
sans �tre convaincu que le cheval ne lui appartenait pas, ou bien que l'�cuyer �tait un sot, s'il n'�tait pas fou : il cite � ce sujet la r�ponse d'un fermier auquel on deman- dait pourquoi il avait retir� sa confiance au m�decin qui avait coutume de soigner sa famille. Cet homme , dit le fermier, va trop vite � cheval, je suis s�r qu'il ne pense pas ! Comme il est � propos de ralentir son
train , lorsqu'on approche du terme de son voyage , il n'est pas moins important de le commencer doucement, afin que l'estomac et les intestins qui sont charg�s de la nourri- ture que le cheval a prise, puisse se d�- barrascr sans efforts , et que les visc�res d�gag�s reprennent leur �lasticit� sans la- quelle le cheval cheminera tristement cl avec peine. Comme il est aussi quelquefois indis-
pensable de faire boire les chevaux dans le |
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DES B ARA S. 207
cours du voyage , il faut �viter les ruis-
seaux �troits qui coulent sur un. caillou tage ferre, ou sur une terre noir�tre , � cause de la crudit� de cette eau qui ne manque jamais d'occasionner des coliques plus ou. moins fortes , ou tout au moins de faire prendre au cheval un mauvais poil. De m�me que*celui qui veut aller vite
en poste doit bien payer les postillons , de m�me un voyageur qui veut que son cheval soit bien trait� doit donner raison- nablement au gar�on d'�curie , en faisant attention que dans ce cas, comme dans beaucoup d'autres, il n'y a jamais six sols de diff�rence de Ja g�n�rosit� � la l�sine. Doit-on pour cette raison se livrer � une parcimonie qui, en vous donnant un mau- vais renom, retomberait encore sur vous par le peu de soin, et quelquefois le mal qu'on peut faire � votre cheval. Ce salaire est une esp�ce' de dette d'honneur 'qu'un galant homme ne refuse jamais d'acquit- ter. 11 *
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S58 MAKUEi
Nous avons d�montr�" � l'article de la
ferrure les tr�s-graves inconv�niens qu'il y aurait si votre cheval n'�tait pas bien ferr�, surtout s'il avait les pieds trop longs, ce qui occasionne une tension continuelle des tendons qui, fatiguant votre monture, l'aura bient�t mise hors de service. On sait qu'il y a sur le dos du cheval
Une place que la selle doit occuper de fa�on � ce quelle ne soit ni trop loin ni trop pr�s des �paules, tant pour ne pas g�ner leur mouvement que pour la s�ret� du cavalier et la conservation de cette partie. Il faut donc que l'ar�on de la selle soit � trois doigts de la partie post�rieure de l'�paule, lorsque le cheval est en place , pour qu'il puisse marcher librement et sans se fati- guer; plus pr�s elle g�ne le cheval et et peut le blesser , plus �loign�e le far- deau porterait sur l'arri�re main et par con- s�quent fatiguerait les jarrets qxie vous avez tant d'int�r�t de m�nager» |
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jiES HARAS. 25g
Lorsque le cheval est charg� du poids
de son cavalier, il faut que celui-ci puisse passer ais�ment son doigt entre la partie sup�rieure du garrot et l'ar�on de la selle , pour que le cheval ne s'y Messe pas. L'ar�on de derri�re doit aussi ne porter que l�g�rement sur les vert�bres pour la m�me raison. Lorsque la selle porte du devant et du derri�re , on en est quitte pour faire rembourrer les panneaux de mani�re � ce que le cheval ne se blesse pas. On n'a pas besoin de dire que les bles- sures du dos du cheval sont extr�mement difficiles � gu�rir, et qu'elles peuvent met- tre dans un tr�s-grand embarras le voya- geur qui est oblig� de continuer sa route. Avant de quitter ce sujet, il n'est pas
hors de propos de faire sentir combien il est dangereux de laver de la t�te aux pieds les chevaux , particuli�rement ceux de poste , lors memequ'ils sont encore tout en sueur. Cette pratique si universelle pour les chevaux de cette classe , peut ne pas |
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%6o MANUEL
avoir de suite f�cheuse si le cheval est en
benne sant� ; mais il en r�sulte des acci- dens graves comme des fi�vres inflamma- toires , lorsque le sang n'a pas assez de fluidit� pour que la transpiration intercep- t�e pour le moment soit r�tablie sur le champ. Il s'agit de nettoyer le cheval , on parviendra au m�me but en le bouchonnant, le brossant et se servant de l'eau d�gourdie, comme on fait pour les autres chevaux : par ce moyen, pas un seul ne s'en trouve- rait mal, tandis que l'autre m�thode en a tu� des milliers. Si l'on pouvait dire quel- que chose en sa faveur, c st qu'elle est plus exp�ditive et donne moins de mal � celui qui panse le cheval. |
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Vii'i .�*■■*' v»'V»»*»< ■
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DES HARAS. � 2.61
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CHAPITRE XX.
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Des Courses de Chevaux:.
Oi les courses d'Angleterre sont un passe-
temps qui tourne souvent au profit des fri- pons, par les supercheries sans nombre qu'on peut faire � ce m�tier, soit en cor- rompant les jockejs pour qu'ils consentent � perdre , quand ils auraient d� gagner, et dans lequel cas on parie cinq guin�es pour un cheval qu'on conna�t fort, et cinq cents, plus ou moins, contre, lorsqu'on a la facult� de faire qu'il soit battu ; soit en rendant momentan�ment boiteux des chevaux tr�s- sains , ou en leur faisant meure le feu pour faire croire qu'ils sont ruin�s ; soit enfin en n�gliger;]t leur toilette jusqu'� leur laisser las crins longs comme � de mauvais chevaux de charrette ; toujours est-il cer- |
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zC)2 MANUEL
tain que ces exercices ont tourn� au profit
de l'am�lioration des chevaux d'Angleterre, et c'est aussi sous ce point de vue que nous devons les envisager pour les n�tres. Mais les Anglais ont-ils commenc� par
les courses de vitesse ou de dur�e ? Les faisaient-ils droites ou en rond ? sans doute que ceux qui, les premiers, ont risqu� des chevaux auxquels ils attachaient une grande valeur, ont voulu que les chances fussent �gales ; et peuvent-elles l'�tre dans un cercle oblong o� celui qui tient le dedans a tout l'avantage? Le Hyde-Park, � Londres, a une promenade circulaire plus commode, beaucoup plus �tendue que le Champ-de- Mars, et dont les tournans sont plus allon- g�s ; cependant nous ne voyons pas qu'on y ait jamais essay� les chevaux sur leur vitesse. Les courses de ce pays ont donc toujours �t� comme elles le sont aujour- d'hui , qu'on vient les finir � l'endroit ap- prochant d'o� l'on est parti, en faisant uu seul tournant tr�s-allong� ; malgr� cela les |
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DES H A II A S. 263
Anglais conviennent qu'ils estropient un
tr�s-grand nombre de bons chevaux, � ce m�tier, avec toutes les pr�cautions qu'ils pein eut prendre. Or, comme nous sommes beaucoup moins riches qu'eux en ce genre, ne devrions-nous pas pr�f�rer les courses droites, ou approcliant, qui remplissent le m�me but, sans exposer les chevaux � des efforts multipli�s qui les �crasent ? On sait assez que la cons�quence d'un
effort, dans un tournant, est de perdre le jarret sur lequel le cheval tourne, par la raison que tout le poids de son corps et du fardeau dont il est charg� porte unique- ment sur cette partie. Quel est le propri�- taire qui m�me connaissant son cheval pour bon et tr�s-v�te, voudra le soumettre a une �preuve qui peut le lui faire perdre, °u le mettre pour toujours hors de service! ■La foule immense des spectateurs qui se terme, pour ainsi dire, � mesure que les chevaux approchent, pour les voir arriver et passer; les hpmmes, les enfans qui tra- |
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264 MANUEL
versent la course, malgr� tout ce qu'on fait
pour les en emp�cher ; les chiens qui sou- vent se trouvent sur le passage des cour- siers ; les parapluies , les parasols que ces jeunes animaux n'ont jamais vus ; tout cela n'est-il pas fait pour faire perdre la t�te � l'homme et au cheval, ou au moins ralen- tir le train du plus timide ! Comment alors juger du m�rite du meilleur cheval, si le plus fort est �pouvant� et n'arrive que le second et quelquefois le dernjer? Audaces fortuna juvut : c'est !e plus hardi qui gagne, mais ce,n'est pas toujours le meilleur , parce que la chance cesse d'�tre �gale quand l'un des coursiers manque d'habi- tude ou est effray�. Ceux qui ont vu les courses'd'Angle-
terre, ont d� remarquer que celles de vi- tesse, surtout pour les jeunes chevaux, sont droites en g�n�ral : que pour celles qui sont circulaires comme � Epson!, pour le Barby-stakes, o� l'on a vu jusqu'� vingt- six chevaux partir � la fois ; que la cours: |
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SES HARAS. 2.65
est enti�rement libre ; que le tournant qui
est � l'extr�mit� de la plaine est tr�s-al- long� ; que les jockeys ralentissent leurs chevaux pour le passer, et qu'ils ne leur impriment une vitesse extraordinaire que lorsqu'il est question d'arriver � tr�s-peu de distance de l'endroit d'o� ils sont partis. La plaine des Sablons avait le m�me incon- v�nient que le Champ de Mars , ce qui l'a fait abandonner pour Vineennes qui � la v�rit� n'�tait gu�res plus commode, mais ce ne sont point les localit�s qui nous man- quent pour ces exercices. Les jockeys d'Angleterre partent pour
ainsi dire au petit galop qu'ils augmentent graduellement jusqu'� l'extr�me vitesse pour finir la course : les n�tres partent � toutes jambes, pressent leurs chevaux dans les tournons, pour arriver moins vite qu'ils ne sont partis. Qu'a besoin le meilleur che- val de faire de si grands efforts, pourvu qu'il arrive le premier ? pourquoi ces gens pr�sentent-ils � la France enti�re des cari- 12
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2.66 MANUEL
catures qui ne donnent des lumi�res que
sur la folie de ceux qui font courir les chevaux, sans rien d�terminer de positif sur le m�rite de ces animaux qu'ils estro- pient le plus souvent? Comme on �carte avec raison, pour le
moment, les chevaux �trangers, surtout les Anglais , ne faisons donc les courses que pour nos propres chevaux, afin de suivre les progr�s de l'am�lioration de cha- cune de nos races, mettons-les en �vi- dence les uns contre les autres pour juger de celles qui m�ritent la pr�f�rence dans l'objet que nous nous proposons , surtout proc�dons-y avec prudence et pr�caution , pour ne pas d�go�ter les possesseurs des meilleurs chevaux de les risquer � des ac- cidens certains, jusqu'� ce que l'am�liora- tion perfectionn�e nous permette d'en faire davantage. Nous aurons par la suite des courses aussi fameuses que celles de l'Angleterre, mais il faut commencer par |
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DES HARAS. 2,6 f
faire des coursiers ce qui n'est pas l'affaire
d'un jour. Les courses faites � chances �gales et dans
de bons principes, ont un but aussi agr�able qu'utile ; elles tendent, en nous amusant, � concourir � l'am�lioration de nos races de chevaux dont elles nous apprendront � conna�tre la vitesse et la force , quand sans elles nous ne pourrions en conna�tre la fi- gure. Ne copions point servilement les Anglais jusque dans les plus minutieux d�tails de ces exercices ; faisons-les � notre fa�on, et s'il est quelque chose � prendre d'eux, c'est la mani�re de mettre les che- vaux en �tat de courre. Commen�ons comme ils ont d� faire, par des courses de dur�e jusqu'� ce que leurs chevaux am�- lior�s leur aient permis de les essayer aussi pour la vitesse; car le cheval le plus l�ger, qui est ordinairement le plus vite, peut n'�tre ni le meilleur ni le plus solide, et c'est par le fond et la solidit� que nous de- |
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2.68 KAS0EL
vons d�buter dans l'am�lioration de nos
races de chevaux. Il est bon qu'on .sache , pour finir cet
article , que ce que nous avons dit des huniers, relativement � leur mise en �tat de chasser, est parfaitement applicable aux chevaux que nous faisons courre tous les ans , dans les d�partemens et au Champ de Mars : l'intelligence de nos jockeys fran�ais suppl�era, par la suite , � l'adresse et � la longue habitude de ceux de nos voisins, pourvu que les r�gulateurs de ces exercices, encore nouveaux pour nous , leur fasse suivre en tous points la m�thode des An- glais, qui jusqu'ici, est reconnue la meil- leure, et qu'il se persuade bien que les jockeys de ce pays , par la combinaison de leurs moyens, semblent en avoir fait une �tude tellement approfondie qu'il serait de toute impossibilit� de les surpasser. Il est encore � observer que la dext�rit�
du jockey a une telle influence sur le gain |
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DIS HARAS. 269
de la course, que les Anglais ne se risquent
� des paris consid�rables que d'apr�s la bonne opinion qu'ils ont de l'adresse de celui qui monte qui, � force �gale de che- vaux , arrive toujours le premier. Voyons maintenant quels sont les che-
vaux dont les Anglais font choix de pr�f�- rence, pour un exercice qu'ils entendent jusqu'� pr�sent mieux que nous. |
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f»,^.n/\. v*.v^<*
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JIAHUEI
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CHAPITRE XXI.
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Sur les Coursiers d''Angleterre*
iious avons dit peu de choses des courses
pour nous �tendre davantage sur la confor- mation du cheval tel qu'il doit �tre, tant pour cet exercice, que pour remplir notre but dans l'am�lioration des races de che- vaux que nous poss�dons sur la vaste �ten- due de l'Empire fran�ais. Les poils bai-cerise, ou plut�t acajou,
marron ou bai-brun, avec les extr�mit�s noires, sont la robe dont on fait le plus de cas en Angleterre : si le cheval a les yeux- noirs , peu leur importe qu'il ait des marques blanches ou qu'il soit zaiu. Nous diff�rons � cet �gard , en ce que nous croyons vulgairement qu'un cheval zaiu, |
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DES HARAS. Ijl
c'est-�-dire , qui n'a aucune esp�ce de
marque blanche, est ordinairement vicieux, opinion qu'on peut regarder comme ne m�ritant pas la peine d'�tre r�fut�e. Un coursier peut avoir jusqu'� un m�-
tre six cent vingt - quatre millim�tres pourvu que ses proportions soient exactes. C'est g�n�ralement des plus grands che- vaux de course que sortent leurs fameux huniers ou chevaux de chasse avec les- quels ils franchissent des haies au pied des- quelles il Y a encore un foss� qu'ils sautent en m�me temps , et des barri�res qui ont environ un m�tre six cent vingt-quatre mil-
lim�tres de haut. La t�te du cheval de course doit �tre
courte et peu charnue, le chanfrein droit plut�t que busqu� ; ses oreilles peuvent �tre grandes si elles sont bien attach�es. Ils aiment qu'elles soient toujours en mou- vement , ce qui d�note que l'animal est en bon�e sant� ; ses yeux doivent �tre pleins CI anim�s; lesnaze�ux sans chair et tr�s- |
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«
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HJZ MABUtI
ouverts ; les os de la ganache , � l'endroit
du gosier , doivent avoir assez d'ouverture pour que le cheval, en ramenant son nez vers le poitrail, S'ait pas la respiration g�n�e. Le gosier doit �tre gros sans �tre dur , plac� de fa�on � n'�tre jamais com- prim� par la peau du col, ni par la ma- ni�re dont le cheval tient 9a t�te. �
le col ne doit pas �tre trop long, parce
que le cheval ne peut avoir d'haleine qu'en raison du peu de distance que l'air qui entre dans les poumons aura � parcourir, et de la facilit� qu'aura l'animal d'expectorer en courant. C'est ce qui a fait dire plus haut que la te te devait �tre courte et les nazeaux tr�s - ouverts ; c'est ainsi que le fameux Eclipse �tait conforme ; les personnes qui l'ont vu peuvent se le rappeler. On � remarqu� que les chevaux ainsi que
les hommes qui ont le col long et mince �taient moins forts et plus sujets � la mala- die du poumon, par la difficult� qu'ils |
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DES HARAS. 2,j3
�prouvaient en rafra�chissant cette partie.
I.e hennissement du cheval comme la voix de l'homme annoncent si les poumons sont en bon �tat. Ce qu'il faut pour un cheval de Course est aussi n�cessaire pour un �talon. De ce que nous avons dit du gosier, on
inf�rera sans peine que la poitrine ou la partie qui renferme le c�ur et les pou- mons doit �tre suffisamment large , afin que dans l'inspiration ces visc�res ne soient point comprim�s , puisque quelqu'avanta- geusemeiit conform� que soit un cheval de course , il ne peut avoir de dur�e qu'autant qu'il a.ura d'haleine, /
On croit g�n�ralement que les chevaux dont la c�te est ovaie, ont plus de place
Pour loger les poumons que ceux qui l'ont
arrondie comme un cerceau. Les Anglais
Calculent par le nombre de pouces qu'a le
°beval5 en le mesurant � l'endroit o� on
*e sangle , ce qu'il peut avoir d'haleine de
PiUS que celui de m�me taille qui aura
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274 MANUEL
moins de circonference.il faut surtout faire
attention que l'embonpoint fera n�cessaire- ment para�tre le cheval plus gros. Pour juger de l'haleine d'un cheval, il
faut examiner comme il courre, le ter- rain qu'il couvre, et de quelle mani�re les hanches chassent le devant pour avoir la somme des efforts qu'il est oblig� de faire, Si donc tous ses mouvemens -se font avec facilit� , il peinera moins, et le besoin de rafra�chir ses poumons ne sera pas si fr�- quent. Ce qui doit faire d�sirer en m�me temps qu'un cheval de course ne soit qu'une machine ob�issante et soumise � l'impul- sion qui lui est donn�e , plut�t qu'une b�te fougueuse, qui, for�ant la main qui lu dirige , s'�puise en efforts qui ne peUTfni �tre de longue dur�e. On pourrait se dispenser de dire qu'il
faut qu'un cheval de course galoppe pr�s de terre, c'est-�-dire qu'il ne l�ve pas beaucoup les jambes de devant, afin qu'il |
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DES HARAS. 2.j5
perde moins de temps en courant. Mais il
faut de toute n�cessit� que ses hanches chassent convenablement l'avant - main , pour que l'animal ait toute la vitesse qu'elles Seules peuvent lui donner ; car un cheval n'est pas vite parce qu'il porte ses jambes ant�rieures tr�s en avant, mais parce que ses hanches le servent bien , et celui qui aura ce ressort de la vitesse mauvais, non- seulemcnt n'ira pas vite , mais encore il ne durera pas long-temps , par la raison que son devant destin� � ne porter que sa por- tion du fardeau qui est d�j� de plus de la moiti�, se trouvant forc� de porter le tout <>u peu s'en faut, s'usera en tr�s-peu de temps. Les jarrets faibles ayant le m�me inconv�nient , on n'emploiera pour les Bourse.; comme pour en faire des �ta- lons , que les chevaux qui auront ces par- les bien conform�es et tr�s-fortes. les �paules doivent �tre peu charnues
(" suivre la forme un peu arrondie de la Poitrine sans cependant ia comprimer. Oa |
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Zj6 MANUEL
doit pr�f�rer � un large poitrail qui donne
de l'ouverture aux jambes de devant, le bras un peu rapproch� sous le cheval, sans pourtant que le coude soit serr�, par la raison que le cavalier chargeant plus par- ticuli�rement l'avant-main , le point d'ap- pui qui r�pond � la bas** du sabot, aura plus de force en se rapprochant du centre que s'il s'en �loignait, et parla m�me rai- son l'arri�re main qui n'ayant qu'� pousser le corps sur le devant, sans avoir presque rien � porter, doit �tre le plus �cart� pos- sible , afin de ne pas comprimer les flancs auxquels il est indispensable de laisser toute la libert� dont ils ont besoin pour faciliter la respiration. On pr�f�re en Angleterre un cheval de
course qui a les reins un peu longs pourvu qu'il les ait forts ; comme il s'agit aux courses de faire beaucoup de chemin en peu de temps , c'est tout naturellement celui qui couvre le plus de terrain qui doit obtenir la pr�f�rence , pourvu toutefois |
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I » � S HARAS. *77
^ue ses hanches d'o� �mane sa vitesse le
Servent bien ; car si le devant entame le chemin, c'est le derri�re qui d�termine la longueur des allures. La raison qui veut que la c�te d'un che-
val de course soit un peu plate , c'est afin <jue la derni�re c�te ne se trouve pas direc- tement vis-�-vis de l'os de la hanche , ce �Jui en courant occasionnerait une pression des intestins contre le diaphragme , qui � son tour refluant sur les poumons g�nerait *a respiration de l'animal. La m�me chose arriverait si le ventre n'avait pas assez de Capacit� pour loger � l'aise ces m�mes intestins. Le ventre ne doit �tre ni trop grand ni
'■fop petit , par la raison que dans le pre- mier cas le cheval n'aura pas de l�g�ret� , et que dans le second il manquera d'ha- leine. Les hanches, sans avoir trop de saillie ,
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2,j8 MANUEL
doivent �tre prononc�es et �cart�es l'une
de l'autre ; celte conformation dans le che- val annonce la force et la disposition � s'en bien servir. Les Anglais veulent que la croupe ait
peu de distance � sa partie sup�rieure entre les reins et la queue ; ils n'aiment pas comme de raison qu'elle soit aval�e, ce qui est un d�faut marquant et pr�judi- ciable , qu'on ne doit pas plus passer au cheval de course qu'� celui dont on se propose de faire un �talon. Les cuisses sans �tre trop charnues doi-
vent �tre pleines et fortes. Quelques che- vaux de race espagnole et limousine , naissent avec ce que les Anglais appellent capon-thigh , des cuisses de chapon , lors- qu'elles sont peu fournies ou minces : on a remarqu� cependant qu'� la longue ce d�- faut allait en diminuant, et que la nature , comme aux hommes qui portent de pesans fardeaux , faisait passer dans les cuisse» |
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Des haras. 279
«es chevaux qui fatiguent violemment, une
Substance proportionn�e aux efforts qu'ils ont � faire. Les membres du cheval de course doi-
vent �tre tr�s-forts, et si les paturotis le sont �galement, sans avoir trop de flexibi- lit� , le cheval ne saurait �tre trop long jointe , puisque c'est en partie de la lon- gueur des paturons crue d�rive celle de ses allures. On sait que les membres doivent �tre plant�s perpendiculairement. Quand � la forme du sabot , elle doit �tre propor- tionn�e � la force de la jambe. On demande que le sabot d'un cheval
de course soit noir, lisse, passablement large et un tant soit peu plat, par la raison que les dispositions g�n�rales du Pied �tant, si l'on 11 y prend garde, de se retr�cir � mesure crue le cheval prend de * ;ige, ce qui tend � l'encastelure, la perte des �paules , en serait la suite in�vitable. Cela s'entend seulement des pieds de de- |
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23o MANBEI
vant, car pour ceux de derri�re comme ils
ont moins � porter, le danger n'est pas � beaucoup pr�s aussi grand. L'encastelure a des effets si f�cheux
qu'il serait � propos de faire conna�tre bien positivement les causes qui l'occasionnent, et s'il n'y avait pas un moyen d'y rem�- dier, soit par la direction de l'�curie , soit par la mani�re de soigner les pieds du cheval. Il parait cependant que c'est un vice local que contractent assez commun�ment les chevaux �lev�s sur les montagnes, puis- que ceux qui vivent dans la plaine et dans les marais n'en sont presque jamais affec- t�s , et que tout ce qu'on aurait � faire , ce serait de chercher � en diminuer l'in- fluence par la mani�re de parer les pieds des chevaux, lorsqu'ils sont jeunes encore, comme nous l'avons d�j� dit en parlant de la ferrure. Les chevaux qui ont ces f�cheu- ses dispositions devraient toujours �tre tenus sur un plan parfaitement horizontal, avec du fumier de vache sous les pieds de |
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DES HARAS. 2o"l
devant, si l'on ne pouvait pas les mettre
dans des pacages bas et humides; ne ja- mais diminuer la force des quartiers et des talons , et surtout prendre bien garde de les tenir trop long-temps sur le pav�, ou m�me sur un terrain dur , � moins qu'ils ne fussent ferr�s d'une mani�re conforme a leur situation. Nous pensons que ce que nous venons
de dire, sur les chevaux de course d'An- gleterre , suffira pour nous mettre � port�© d'en faire essai comme �talons , ou de choisir parmi ceux que nous poss�dons dans l'empire leurs analogues , afin d'en faire des objets de comparaison avec les coursiers qui pourraient par la suite nous Venir de ce pays. Passons maintenant � ce qui constitue la
heaut� du cheval consid�r� comme �talon, nous parlerons ensuite d'en faire l'acquit sition. |
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2S*
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z8z
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M A N U E I,
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CHAPITRE XX'II.
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De la beaut� du Clieval.
Xja beaut� du clieval ne peut �tre que re-
lative, puisque ce qui constitue cette qua- lit� dans un cheval de monture, est ordi- nairement un d�faut dans celui dont nous nous servons pour le trait. Il s'en faut que les auteurs fran�ais et
anglais, qui ont �crit sur les chevaux, soient d'accord sur tout ce qui consume la beaut� comme la bont� du cheval : mais sans nous �riger en juge de leurs opinions respectives, nous puiserons dans les ou- vrages des uns et des autres ce qui nous aura convenu davantage , en ne nous atta- chant qu'� la m�thode que nous aurons. |
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jEs haras. -J.S3
reconnu la plus s�re pour nous guider
dans le choix d'un animal aussi difficile � bien conna�tre que le cheval. On recherchait autrefois les t�tes bus-
qu�es ; aujourd'hui qu'ouest persuad� que les chevaux d'Arabie valent mieux que ceux qui se trouvent dans le nord de cette Con- tr�e , on aime davantage les chevaux qu'on croit provenir de cette race : or le cheval arabe ayant la t�te courte et carr�e , ind�pendamment de sa docilit� � laquelle s'allient le courage et la vigueur, ayant aussi plus d'haleine que les n�tres , en ce que la colonne d'air qui passe dans les poumons a moins d'espace � parcourir que dans un cheval � longue encolure et � t�te moutonn�e , m�rite � juste titre une pr�f�rence qu'aucune race de la terre n'est en �tat de lui contester. Ce qui fait plus particuli�rement encore
l'�loge des chevaux arabes, et doit les faire rechercher de pr�f�rence pour l'am�liora- |
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.284 MANUEL
tion de l'esp�ce , pourvu toutefois qu'il
Soit possible de s'en procurer de bien pures , c'est qu'en communiquant aux productions des jamena qu'on leur fait saillir ce caract�re de bont� qui fait leur premier m�rite , ils leurs impriment en- core un principe de force qui va toujours croissant , jusqu'� la quatri�me et cin- qui�me g�n�ration, sans leur faire perdre rien de la figure locale qu'elles tiennent* de la m�re. Les clievaux anglais, (malgr� les contradictions qu'on a d� remarquer dans le chapitre V , sur leur origine positive, ) nous en fournissent la preuve �vidente > puisque sans le croisement de cette race avec les meilleurs jumeus de l'Angleterre, c,e pays qui ne peut pas nous disputer l'a- vantage d'avoir poss�d� d'aussi bonnes.. races de chevaux que celle qu'il avait avant l'am�lioration des siennes , serait peut- �tre moins avanc� que nous. Or , comme c'est tr�s-probablement en
m�lant le sang arabe � celui de leurs ju- |
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��S HASiE. .2,85
mens que les Anglais sont parvenus � un
degr� de perfection qui fait que leurs races. de chevaux l'emportent autant en force et en vitesse qu'en ligure, sur ceux m�mes dont ils ont emprunt� ces pr�cieux germes de reproduction , et que la m�thode qu'ils ont suivie est en tous points applicable � notre pays , n'est-il pas naturel de cher-» cher � la faire conna�tre , afin de guider nos pas dans une route o� nous semhlons n'avoir jusqu'ici march� qu'� l�tons , et dans laquelle on pourrait dire avec jus- tice que nous reculons au lieu d'avancer. C'est donc pour reprendre le terrain que
nous avons perdu que nous continuerons � parler des chevaux d'Angleterre, afin de Voir si la mani�re dont les Anglais jugent les chevaux ne serait pas celle qu'il fau- drait suivre. Il faut qu'un cheval ait un bel �il , sus-
ceptible de s'animer � l'exercice qu'on lui *ait faire. Les jeux trop gros , sont rare- |
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286 MANUEL
ment bons , et finissent ordinairement par
se perdre. Les sali�res doivent �tre pleines dans
un jeune clieval ; celui qui l�sa creuses est cens� provenir d'uu vieux �talon. Que cette remarque soit vraie ou fausse , elle n'em- p�chera jamais un cannaisseur de faire l'acquisition d'un clieval qui n'aurait que ce d�faut. Il est bien difficile de juger de la bont�
des yeux d'un cheval, pour celui qui n'est pas familier avec la composition de cet or- gane. La pratique fr�quente et l'habitude d'en voir, vous donneront une chance de plus pour n'�tre pas tromp� , surtout si en examinant les yeux du cheval, comme � la sortie d'une �curie , vous faites bien at- tention � la mani�re dont il marche , et place ses oreilles en marchant. On doit autant se m�fier d'un cheval qui, en mar- chant, porte alternativement la pointe d'une oreille en avant, tandis ope l'autre reste |
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DES II A R A S. 287
derri�re , que de celui qui l�ve trop le»
jambes au pas ; et quoique ces remarques ne puissent pas passer pour infaillibles , elles pr�sentent n�anmoins des sympt�mes de fort mauvais augure. Les os de la ganache doivent �tre tr�s-
ouverts , le cheval en aura la respiration plus facile : cette conformation est un des caract�ristiques de la race arabe. Le des- sous de cette partie doit �tre creux et peu cliarnu : c:est dans ce canal que r�sident �-' es glandes , tant�t mobiles , tant�t adh�-
rentes ; elles d�c�lent puis commun�ment la gourme dans les jeunes chevaux , et sont des sympt�mes de morve dans les vieux. Le cheval sain n'est jamais gland� . aussi doit-on toujours s'assurer si cette partie est nette. Nous avons eu l'occasion de remarquer
que tous les chevaux attaqu�s de la funeste 1 maladie du cornage, dont nous parlerons s encore plus loin, avaient les os de la gana- |
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288 K AS V S X
clie � l'endroit o� passe le gosier, extr�-
mement resserr�s , la t�te ordinairement busqu�e , et le front � l'origine de la partie sup�rieure des naseaux trop �troit. Le bout du nez ne saurait �tre trop pe-
tit , pourvu que les naseaux soient bien ouverts , et que la membrane qui les s�- pare soit pour ainsi dire transparente, ce qn i est regard� comme une perfection et la marque d'une bonne esp�ce. Le palais, dans les jeunes chevaux, est
charnu, et presque de niveau aux dents du cheval ; mais il se s�che, et semble se col- ler, en vieillissant, � l'os1 de la m�choire sup�rieure. On saigne le cheval en cet en- droit lorsqu'il est �chauff� ou d�go�t� ; c'est ce que l'on appelle lui donner un coup de corne, parce que cette op�ration se fait ordinairement avec une corne de chamois. Les l�vres du cheval doivent �tre min-
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13 E S HARAS. 285
Ces ; celles qui sont charnues et �paisses,
font ordinairement que le cheval a la bou- che dure. Le col du cheval de selle doit �tre flexi-
ble et peu charnu, surtout � l'origine de la crini�re, il doit aller en diminuant depuis le garrot jusqu'� la t�te. On appelle encolure renvers�e, celle o� la pro�minence, vers le milieu sup�rieur de la crini�re, se trouve en-dessous, ce qui emp�che la t�te de se placer, et rend le cheval d�sagr�able � la main, lui fait porterie nez au vent; comme celui qui aura le d�faut contraire sera sujet � s'encapuchonner, c'est-�-dire mettre di- rectement le bout du nez sur son poitrail. Les jumens en-g�n�ral ont l'encolure
plus mince que les chevaux entiers. Lors- qu'on en trouvera dont le col sera �-peu- pr�s aussi charnu que celui d'un cheval en- tier , on doit en faire le plus grand cas, si d'ailleurs elles ont une bonne confor- mation. i3
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SoO M A i� U K L
Les anciens, particuli�rement les Grecs
et les Italiens, faisaient le plus grand cas d'une crini�re �paisse. On a cru que cela provenait de ce que leurs chevaux , de m�me que ceux de l'Espagne, n'avaient que tr�s-peu de crins � cette partie de l'en- colure , ce qu'ils regardaient comme un d�- faut; aujourd'hui, loin ue consid�rer une crini�re �paisse comme quelque chose de beau, nous pensons avec raison qu'elle nuit � la gr�ce et � la l�g�ret� du cheval : c'est un d�faut, m�me dans un cheval de charrette , en ce que cette partie est sujette � une maladie fort d�go�tante et difficile � gu�rir ; on la nomme le rouvieux. Le garrot doit �tre mince et assez haut
pour que le cavalier soit dispens� de mettre une croupi�re � son cheval; de cette con- formation il s'ensuit que l'�paule doit eue �galement mince; il ne faut pourtant pas qu'elle soit serr�e de mani�re � g�ner la respiration de l'animal, et le faire chemi- ner difficilement. Il faut que la partie de |
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DES HARAS. �O. I
l'�paule o� s'enni anche le bras soit sail-
lante, et que les muscles soient appareils. Cette partie trop rentr�e en dedans et la partie sup�rieure convexe , avec beaucoup de chair , font dire d'un cheval qu'il est charg� d'�paules , d�faut qu'on peut passer au cheval de trait, qui ne doit pas cive fait exactement comme un cheval de monture. Comme la beaut� du cheval de selle dif-
f�re , ainsi que nous l'avons dit du cheval de trait, il faut que le poitrail de l'animal de monture soit moins ouvert, et moins charg� de chair que celui du cheval que la nature a fait pour tra�ner la voiture. Un cheval de selle trop ouvert du de-
vant , trotte avec pesanteur et rarement bien ; il crottera son cavalier en le fatiguant beaucoup, tandis que l'animal qu'on doit pr�f�rer n'a pas besoin de lever beaucoup les jambes de devant, il suffira qu'il trotte. ce que nous appelons finement, et pourvu qu'il ne se coupe pas au boulet, les pieds |
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2^2, MANUEL
de devant, en trottant, ne viendront jamais-
trop proches l'un de l'autre ; un tel cheval fera de longues courses sans se fatiguer. Puisque nous en sommes aux allures du cheval, nous ferons ici une courte disgres� sion sur les chevaux de selle, et sur les diff�rentes mani�res que nous avons de les monter. Le cheval de selle a trois sortes d'allures
qui lui sont naturelles, le pas de trot et le galop. Quant � celles qu'on conna�t sous les d�nominations d'allure , d'entrepas , am- ble, etc., comme ce sont des d�g�n�rations des allures naturelles, et qu'elles ne peu- Vententrerpour riendans l'�purationcoinme l'am�lioration de nos races de chevaux , nous nous abstiendrons d'en parler pour ne pas r�p�ter ce qui en a �t� dit dans des ou- vrages beaucoup plus complets que celui-ci. Au pas , le cheval marche , il court au
trot, et le galop «st une esp�ce de saut p�riodique que nous appelons aussi Courre. |
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DES HARAS. 2^0
Les Fran�ais et les Anglais, au pas, se
laissent porter �-peu-pr�sde la m�me ma- ni�re; mais les Anglais , au trot, montent diff�remment que nous. La mani�re des Anglais est si naturelle, qu'on n'a qu'� met- tre � cheval un homme qui n'y aura jamais mont� , il trottera � l'anglaise , � moins qu'il n'ait point d�triers. Le trot, � l'anglaise, a le double avantage de m�nager le cheval et le cavalier, au lieu que la m�me allure, � la fran�aise , fatigue beaucoup l'un et l'autre. Les chevaux qu'on ne m�ne qu'au trot � la fran�aise , s'usent bien plus vite que ceux qu'on trotte � l'anglaise, par la raison que la position du cavalier fran�ais, qui est d'a- voir les �paules en arri�re, l'expose � cha- que temps de trot � une r�action que les jarrets du cheval et l'assiette du cavalier partagent �galement ; tandis qu'� la mani�re anglaise , celui qui monte , au lieu de pren- dre son point d'appui sur le coccix, le trou- vant sur ses �triers, se laisse aller au mou- vement, dont l'effet est, chaque fois que le cheval avance la jambe de derri�re pour |
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2,94 KAHD�l
remplacer celle qui entame le chemin y
de lui faire lever naturellement le derri�re qui se remet mollement � sa place , aussi- t�t que la pouss�e de la hanche , pour por- ter le cheval en avant, est termin�e. L'as» sictte � la fran�aise, au contraire , oppose, comme nous l'avons dit, une r�sistance. que l'effort du jarret n�anmoins vient � bout de vaincre ; mais cette partie ne s'en trouve pas moins fatigu�e , et le cavalier n'en est que plus mal � son aise. Plus le cheval a les allures longues et
les reins forts , plus le trot � la fran�aise est rude : il est m�me des chevaux qu'il serait impossible de mener au grand trot une heure de suite sans se fatiguer �ton- namment. Ceux-l� trottes � l'anglaise sont les plus doux, et sont ceux en m�me temps qui font le plus de chemin. Pour le trot � l'anglaise, il faut qu'un cheval ait les allures longues , franches et de la force dans les reins. Les chevaux � join- tures longues et flexibles avec le rein mou, |
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DES HARAS 2!j5
lie pourraient pas �tre trottes � l'anglaise ,
et ne sont pas non plus de r�sistance au trot. De m�me qu'il faudrait prendre des An-
glais la mani�re de faire les courses , de m�me il faudrait crue celui qui n'a qu'un cheval pour voyager ou pour chasser , le trou�t a l'anglaise pour le conserver plus longtemps et se m�nager lui m�me. Que deux hommes qui auraient l'esto-
mac plein fassent ensemble , sur chacun un cheval de pareille conformation une course de cinq � six lieues au trot,. celui qui montera � la fran�aise aura une indigestion et m�nera son cheval sut la paille, tandis que celui qui aura trott� � l'anglaise , se portera bien et sa monture ne sera pas plus fatigu�e que lui. On sait as?ez qu'un fardeau est moins
lourd quand il est bien port� et exacte- ment � la place qu'il doit occuper. Le ca- valier qui sait se lier au mouvement du |
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2.C)6 MANTE!
cheval , et s'all�ger � propos, soulage sa
monture , la conserve en se m�nageant lui- m�me , et les fameux huniers de l'Angle- terre , qui r�sistent � des fatigues extraordi- naires , dureraient moiti� moins s'ils �taient mont�s � la fran�aise. La conserva- tion des chevaux d�pend donc de la ma- x
ni�re dont on les monte : or, si la fa�on de
monter � clieval des fran�ais a beaucoup plus de gr�ce et de brillant que la mani�re anglaise , comme celle-ci a l'avantage d'�tre plus douce et de m�nager le cheval et le cavalier, elle doit obtenir "la pr�f�- rence pour celui qui aime � se conserver. Les reins du cheval doivent �tre fei-mes,
charnus et d�crire une ligne parall�le avec l'horizon ; ceux qui sont creux font dire que le cheval esc enseil� , ce qui pour l'avant main est un avantage aux d�pens de la force de l'animai, Un cheval de man�ge un peu enseil� n'en a que plus de brillant; mais quoiqu'il donne plus d'avantage � celui qui le monte , il ne sera jamais |
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DES HARAS. 2^7
propre � la course ni m�me � la fatigue , et
Un connaisseur ne le choisira pas non plus pour �talon, puisqu'une semblable con- formation est une indice de faiblesse dans cette partie. Un cheval qui a le dos creux a toujours beaucoup de ventre et se selie difficilement , ce qui vous exp>se � une multitude d'inconv�uiens tr�s - d�sagr�a- bles ; car � la tension continuelle de la Croupi�re, pour retenir la selle � sa place, il est rare que le cheval ne se blesse pas � la queue , et cette partie ne pouvant plus alors souffrir la croupi�re , si vous avez � continuer votre route, toute la charge por- tera sur le devant de la b�te qui ne man- quera pas de se blesser sur le garrot, ce qui la ruettera pour un temps hors de ser- vice. D'un autre c�t� le cheval venant � broncher , comme la charge se trouve sur les �paules , il faut de toute n�cessit� qu'il Vous tombe sur le corps sans qu'il vous soit Possible de l'en emp�cher. Les chevaux qui ont ce que l'on appelle
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�98 MA NU El-
le dos de carpe, p�chent par le contraire
et ne valent pas mieux ; ccnx-l� sont natu- rellement rudes, et lorsqu'ils viennent � faire une faute , il est presqu'iinpossible d'eipp�eher qu'ils ne tombent � cause de leur position. L'on n'est point d'accord sur la longueur
que doit proportionnellement avoir un che- val. Il est pourtant �vident que pour le man�ge et les �volutions militaires , un cheval court aura plus d'avantage , mais un cheval long de reins y pourvu qu'il les ait forts, embrassera bien plus de terrain, il aura ar.ss� plus (l'aplomb si ses propor- tions sont bien exactes. Les chevaux les plus estim�s en Angle-
terre , sont en g�n�ral lin peu longs ; or convient-il, dans le choix � faire de che- vaux pour �talons , de donner la pr�f�- rence aux derniers sur ceux qui ont plus d'analogie avec nos chevaux de guerre ? Certes s'ils sont tous �galement bien cou- |
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DES II iU: �. *.()()
form�s , on ne balancera pas � les faire
entrer dans les haras , puisque dans les appareil lemens on a�ra la facult� de les croiser avec des jumens d'une conformation diff�rente � !a leur, afin de comparer leurs productions avec Celles o� il y aurait eu parit� de longueur dans les deux sujets. Les r�sultats livr�s aux observations cons- tantes des officiers des haras , doivent na- turellement nous mener � une am�liora- tion que nous ne pouvons obtenir qu'� force de pers�v�rance et de sagacit�. Il est cependant �-peu-pr�s d�montr�
que la pr�f�rence est due an cheval un peu long , par une raison physique, c'est que Celui dont le ventre a moins d'�tendue , ;vura moins d'haleine et deviendra bien l'ius t�t poussif, que s'il avait de quoi loger ses intestins plus � l'aise. Le clieval dont 'es poumons ne seront pas comprim�s par c°s visc�res cheminera plus librement, ''i comme il respirera avec moins de g�ne, <1 durera aussi n�cessairement davantage. |
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300 MA NUE!
Le ventre doit �tre passablement grand
et pr�senter assez d'�tendue, sans pour- tant ressembler � celui d'une jument pleine. Il ne faut pas que la c�te ait en- ti�rement la forme d'un cerceau, � moins qu'elle ne soit assez �loign�e des hanches» pour ne pas comprimer les intestins de mani�re � g�ner la respiration. La c�te al- long�e et un peu platte , pourvu que le ventre soit grand , est celle qu'on doit choisir surtout pour un cheval de selle qui en courant aura plus d'avantage pour se servir de ses hanches. La croupe , � sa partie sup�rieure, doit
�tre arrondie, en d�crivant une inclinaison peu sensible vers la queue ; on appelle croupe-de mulet ee^e partie lorsquV . ~ est avall�e. L'animal � qui ce d�faut re«i9 lacuisseplatte, estsuj�t�secouperaux h�$~ lets de derri�re, tandis que quand la cuisse est pleine et bien nourrie , le cheval an- nonce plus de force et de moyens pour r�- sister � la fatigue. Les �talons qui p�clnvn' |
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DES HARAS. 3oi
«ans cette partie, sont ordinairement moins
VJgoureux que les autres. On a fait la m�me ^«marque � l'�gard des hommes- dont les cuisses sont trop menues. Les hanches doivent �tre � une bonne
distance l'une de l'autre, afin que le che- val �carte beaucoup de derri�re en mar- chant; car autant dans ses allures il djit avoir lejs pieds de devant rapproch�s pour faire une bonne monture , autant par une raison que nous avons d�j� donn�e, eu Parlant du cheval de course , il doit �carter les jambes de derri�re, pourvu toutefois qu'il ne le fasse pas d'une mani�re souf- frante. On pr�f�re un cheval qui a la queue
mince et ferme � celui qui l'a grosse et dexible ; on a cependant vu de tr�s- forts chevaux �tre dans ce dernier cas , sans avoir pour cela rendu un moins bon service. |
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302 MANUEL
Nous dirons peu de choses du bras, en
ce qu'il semble faire partie int�grante de l'�paule , mais nous nous �tendrons davantage sur la partie qui commence au coude et finit au genou , c'est l'avant- bras ; il. doit �tre large , charnu � sa partie sup�rieure , et ferme � l'endroit o� il s'at- tache au genou qui ne doit avoir de largeur qu'en proportion de la jambe, et �tre peu charnu sur le devant. Le boulet, dans toutes ses parties, doit
�tre lisse , sans �tre garni de ces longs poils qui d�notent presque toujours une nature appauvrie , ou une race d�g�n�r�e. Toute couleur est bonne pour le boulet, except� la blanche ou la blonde moins fonc�e que la robe , dans les chevaux bais ©u alezans , on dit de la derni�re que les chevaux ont les extr�mit�s lav�es ; ces sortes de chevaux sont rarement aussi bons que les autres , surtout si les boulets sont garnis de ces longs poils dont nous venons de parle». La couleur blanche de mauvais |
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DES HARAS. 3o3
augure , s'entend des quatre boulets , si
les sabots sont aussi de corne blanche qui est plus tendre et plus friable que la noire. Les Anglais disent de pareils chevaux
dont ils ne font pas de cas , qu'ils ont des bas blancs, whlte stockings. Nous avons aussi un vieux proverbe fran�ais qui dit, quatre pieds blancs, quatre francs. Nous n'aimons pas beaucoup non plus les che- vaux � face blanche , surtout lorsqu'ils ont le bout du nez et les l�vres de la m�me couleur , ce qui fait dire du cheval qu'il boit dans son blanc. Les paturons doivent �tre proportionn�s
� la taille ; il n'y aurait point de mal qu'ilp fussent un peu longs, pourvu que les mus- cles qui les soutiennent soient assez forts, pour que la flexibilit� soit � peine aper�ue. La couronne qui est la partie sup�rieure
du sabot, doit �tre fernie, s�che et sans prominences. |
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304 MANUEL
Le sabot doit �tre lisse, luisant, del�
couleur approchant d'une pierre � fusil; son �tendue doit �tre proportionn�e � la taille du cheval, et pr�senter une base relative au poids qu'il a � supporter. On recherchait autrefois un pied petit, mais ind�pen- damment de ses dispositions � l'encaste- lure , il en r�sulte que le point d'appui ne pr�sentant pas assez de surface, l'animal sera moins s�r de jambes et se fatiguera de mani�re � perdre ses �paules qu'il peut et doit conserver , quand le sabot a toute l'�- tendue qu'il lui faut. Nous renvoyons � la description des parties qui le composent, pour �tre convaincu de cette v�rit�. Le sabot du cheval , ind�pendamment de la couleur que nous lui avons assign� , doit encore �tre brillant, uni, sans rides , ni cercles qui d�notent qu'un cheval a �t� fourbu. Il faut encore prendre garde que le talon ne soit ni trop serr� ni trop plat : le premier menace l'encastelure , le se- cond annonce des pieds combles , d�fauts �galement pr�judiciables. |
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DE S II ARA S. Soi)
La sole doit �tre �paisse, forte; la
fourchette un peu creuse ,;t petite : les ta- lons doivent avoir afisez d'ouverture pour loger ais�ment la sole , et en m�me temps assez de force oour la soutenir de mani�re a ce qu'elle ne porte pas � terre. La conservation du chevalet l'agr�ment
qu'on en peut tirer , d�pendent pi us qu'on ne le ci*oit de la mani�re dont les pieds sont soign�s : il faut donc apporter la plus grande attention � ce que le mar�chal qui est pour le ferrer sache bien son m�tier. Celui qui a l'habitude de se servir du che- val , ou qui sait le monter , sentira bien si l'homme qui l'a ferr� l'a mis � son aise ou non. La cuisse doit �tre arrondie et charnue ;
cette conformation, outre la force qu'elle annonce , fait encore que le cheval mardi e plus large du derri�re , et emp�che qu'il ne se donne, en trottant, des coups qui occasionnent aux jambes des s�rosit�s » ,i3 *
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3o6 MANUEL
javards tendineux , des eaux et autres ac-
cidens , fort difficiles � gu�rir. Il faut que le grasset soit large, nerveux
et d�gag� de chair. Le nerf qui s'attache � la partie sup�rieure de la pointe du jarret doit �tre tr�s-prononc� et visible � une certaine distance, afin que le cheval soit en �tat de r�sister aux efforts que le jarret peut faire dans une multitude d'oc- casions. La pointe du jarret doit �tre perpendi-
culaire avec l'extr�mit� post�rieure du fa~ non. L'excroissance outre nature qui se manifeste � la partie lat�rale ext�rieure du bas du jarret s'appelle jardon; et lorsque par suite d'efforts elle vient � cerner la face post�rieure du jarret, elle prend, en An- gleterre , le nom de curb, qui veut dire gourmette, terme que nous pourrions adop- ter, puisque nous n'avons pas de mot pour d�signer ce terrible d�faut. Un cheval, dans cet �tat, quand m�me il ne boiterait pas j |
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DES H A R A S. 3oj
doit �tre consid�r� comme estropi� , et hors
d'�tat de rendre jamais un bon service. Les �talons qui en sont entach�s , et m�me ceux auxquels il serait survenu par exc�s de service ou d�faut de conformation , de- vraient �tre proscrits des haras, puisque c'est un des vices les plus f�cheux, et en m�me temps.le plus universel des chevaux fran�ais, particuli�rement de ceux, de race normande. x Le jarret doit �tre large, �vid� , sans
chair, et soutenu par des muscles forts et bien prononc�s. Lorsqu'il se pr�sente � la partie lat�rale ext�rieure de la jambe , cette rainure que l'on appelle autrement la gout- ti�re , large d'un demi-doigt, le jarret ne laisse rien � d�sirer, lorsque surtout les �parvins sont bien effac�s et parfaitement �gaux ; mais cette perfection ne se rencon- tre gu�re � un degr� �minent que dans les chevaux d'Arabie , et quelques - uns de pur sang d'Angleterre qui sortent de race arabe. |
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3o8 MANUEL
Nous pourrions faire ici l'�num�ratioir
de tentes les tares qui g�nent, et trop sou- vent paralysent l'action du jarret et des au- t es parties des extr�mit�s ; mais comme elle n'apprendrait pas encore � les bien conna�tre, et qu'on pourrait la prendre pour une critique do quelques �talons dont le public est engou� , il vaut mieux la pas- ser sous silence, et attendre que quelques victimes d'une partialit� d'opinion aient appris , � leurs d�pens, le danger qu'il j a de passer trop l�g�rement sur ce que la nature en principe a rendu d�fectueux. Ce qu'il y a de positif, c'est que les tares
aux jarrets et ailleurs, sont ou de naissance, et par cons�quent h�r�ditaires, ou simple- ment accidentelles ; que les premiers doi- vent faire exclure sans retour , des haras , ttHB>s les animaux qui en sont vici�s; que les autres qui sont cens�es provenir d'efforts ou de coups, sans �tre tout-�-fait aussi dan- gereuses , sont n�anmoins tr�s-suspectes , puisqu'il ne doit jamais rien sortir � un^ |
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DES HARAS. 3o<)
partie bien conform�e; et que comme il
est presqu'impossibl� de conna�tre poski� Vement ce qui aurait donn� lieu � mie taie qu'on dit accidentelle , le plus prudent est de rejeter comme �talons ou poulini�res qu'on destine � faire race, tous les animaux qui auraient la moindre chose a refaire. Un fameux naturaliste anglais, duquel
nous avons emprunt� une multitude d'ex- cellentes choses, relativement aux chevaux de son pays, donne aux tares une raison physique que le bon sens r�prouve. Lors- que la nature, dit-il , aper�oit dans un sujet quelques points faibles, elle s'efforce d'y suppl�er , en faisant passer des parties qui les avoisinent une liqueur ou corps qui les fortifient; de-l� vient, continue-t il, ces �panchemens qui forment les tares. Il croit mal � propos que lorsqu'elles ont ac- quis assez de consistance pour faire corps avec l'os, la partie n'en devient que plus forte, tandis que la raison nous indique que ces calus, enfans de la faiblesse, tou- |
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3lO MANUEL
jours occasionn�s par des efforts, s'ils ne
sont pas tout-�-fait-des vices h�r�ditaires, paralysent au moins les articulations , et la confusion de toutes les parties fait que le cheval en demeure estropi�. La m�decine v�t�rinaire en France a
cependant prouv� , depuis quelques temps, que des frictions faites avec l'onguent �pis� pastique , faisaient dispara�tre enti�rement les caplets ou passe campagnes , pouvu qu'ils fussent r�cens , et modifiaient le vo- lume de la courbe , des �parvins et m�me des jardons les plus inv�t�r�s. Les Anglais ont aussi une multitude de recettes � cet effet; mais comme ces rem�des n'op�rent pas une gu�rison absolue, on fera bien, eu choisissant un cheval entier pour �talon, de ne lui rien passer de d�fectueux , sur- tout dans ses jarrets qui sont la base fonda- mentale de sa solidit�. Nous terminerons cet article en disant
que les paturons doivent �tre forts en pro- |
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BES HARAS. 3ll
Portion de la taille du cheval. Lorsqu'ils
c�dent trop facilement sous le poids du Corps de l'anima1, ses allures , il est vrai , s°Bt plus douces , mais il a moins de r�- sistance. Ces chevaux s'appellent longs , jointes et se fatiguent ais�ment : on appelle court jointes , ceux qui p�chent par le d�faut contraire. Ces derniers sont sujets a devenir boulet�s par un travail trop fort. En cela , comme en bien des occasions, la moyenne proportionnelle est ce que la sagesse nous conseille d'adopter. Maintenant que nous avons parcouru ce
qui est relatif � la beaut�, ou plut�t � la bonne conformation du cheval , nous par- lerons de la mani�re d'en faire l'acquisition, pour dire en suite un mot sur les haras sauvages , et sur la possibilit� d'�lever en France , � tr�s-peu de frais, une multitude de chevaux qui nous seraient d'un grand secours , tant pour la remonte de notre cayalene , que pour le commerce et les ^avaux de la campagne, |
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3l2
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MANUEL
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CHAPITRE XXIII.
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Mani�re de faire VAcquisition du
Cheval. L'acquisition du cheval pr�sente tant de
difficult�s, que les pr�cautions les plus grandes que nous pourrions conseiller de prendre n'apprendraient pas encore � la bien faire, si celui qui en sera charg� ne joint pas � la connaissance parfaite du cheval le talent de savoir le monter. C'est donc � l'homme de cheval que nous con- sacrons cet article , pour qu'il voye si sa m�thode de l'examiner et de l'essayer est conforme � la n�tre. Lorsque vous voulez faire l'acquisition
d'un cheval, ce n'est jamais celui qui von* |
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D�S HARAS. 3l3
le vend que vous devez consulter: t�chez
an contraire de vous introduire dans l'�- curie avant que l'animal ait �t� tourment� par son ma�tre, qui croit en l'inqui�tant lui donner une plus belle apparence. Il y a un proverbe anglais qui dit : Buj-
the devil and sell dcvil, si tu as achet� le diable, vends le diable. Or, comme un marchand ach�te toutes sortes de chevaux, s'il s'est laiss� attraper, ce qui lui arrive assez souvent, il ne se fera pas de scru- pule de vous attraper � son tour ; c'est pour cette raison qu'il ne faut jamais de- mander son avis. Au surplus, celui qui a besoin de conseils pour une semblable ac- quisition n'est pas en �tat de la faire. L'acqu�reur doit toujours s'attacher � un
Poil d�cid�. Les extr�mit�s blanches ou "londes , aux chevaux bais ou alezans , proviennent assez ordinairement de ce que l'animal sort d'une race faible ou en d�g�- 14
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3 14 M A N U E t,
n�ration. Un cheval bai qui aies extr�mit�s
noires , et le cheval alezan qui les aurait plus fonc�es que la robe m�ritent La pr�f�- rence. On ne doit estimer dans aucun cas un cheval aui a la corne blanche , pour les ^lisons que nous avons d�j� donn�es pr�- c�demment dans cet �crit. On doit demander dans tin cheval qu'il
tut le regard assur� , et qu'il soit plant� bien verticalement sur quatre belles jambes, sans changer de position. A.pr�s l'avoir examin� dans cette altitude, sans le tou- cher, vous faites attention s'il ne t�moigne pas d'inqui�tude en le faisant remuer dans sa place avec le fouet : vous observez s'il fait ce mouvement avec douceur, sans ser- rer ni remuer sa queue ; s'il se tient en suite en place et vous regarde sans effroi , c'est une marque qu'il aura de la docilit� ; si au contraire il se retourne avec vivacit� et crainte , qu'il se frappe les jarrets contre la stalle ou la barre, comme aussi s'il serre la queue en l'agitant, vous devez appr�- |
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DES HAUAS. 31 li
brader qu'il ne soit pas de bonne nature ,
ou qu'il ait �t� mal commenc�. Prenez garde en suite comme il se tient
dans sa place , son devant doit vous para�- tre serr�, son derri�re tr�s - ouvert. Plus l'�curie ira en pente du c�t� de la croupe, plus cette remarque sera apparente. �Tc croyez pas juger � la vue d'un clic val qui se coupe , le marchand ne vous le pr�sen- tera jamais que le poil ne soit repouss� � l'endroit malade. les Anglais ont assez l'habitude de faire
�ter la liti�re de dessous le cheval, et de le laisser cinq ou six minutes sur le pav�. Ils pr�tendent pouvoir juger au mouve- ment fr�quent de l'animal s'il n'a pas les pieds doulo ureux. Cette remarque n'est cependant pas s�re , car le mal pourrait �tre �galement dans les �paules , et pr�- senter les m�mes indices : c'est � celui qui montera le cheval, � juger si le si�ge de |
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3l6 MANU E I,
la douleur est plut�t dans les �paules qu'�
la base des extr�mit�s. Beaucoup de chevaux sont jug�s n'avoir
pas les �paules bonnes, s'ils n'ont que les pieds en mauvais �tat, l'examen de celte derni�re partie vous apprendra � quoi vous en tenir � ce sujet. la libert� des �paules se juge d'une
mani�re infaillible au galop du cheval, comme on reconna�t la bont� de son pied en le menant au pas et au trot, particuli�- rement sur le pav�. Quelques personnes jugent encore mieux un cheval en l'�coutant trotter et galopper sur un terrain dur ou sur le pav� ; mais il faut �tre fort, et avoir l'oreille bien exerc�e pour ne pas s'y tromper. Lorsque vous avez bien examin� le
cheval vous entrez dans sa place ; apr�s l'avoir averti en lui parlant , vous vous assurez, avec la main, si le garrot n'est pa* |
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DES HARAS. 3lJ
trop charnu , si la chair en est ferme; vous
glissez votre main sur l'avant-hras, en la passant sur le plis du genou, pour vous assurer s'il n'y aurait pas de malandres ; vous t�tez aussi le genou, en prenant garde surtout � la configuration du poil qui vous indique s'il n'a pas �t� couronn� ; apr�s quoi vous vous assurez si le canon est suffisam- ment large , Je nerf tendu et hien d�tach� ; s'il n'y aurait pas sur la surface post�rieure, vers le milieu, un peu plus d'�paisseur, ce qui d�note que le cheval aurait eu un coup sur le nerf. Cette grosseur, qui n'est quel- quefois pas plus volumineuse qu'une f�ve applatie , annonce n�anmoins qu'il y a eu solution de continuit� et �panchement de fluide nerveux. Cet accident, que �e travail fait augmenter plut�t que diminuer, rendra a la fin la cheval boiteux et par cons�quent le mettra hors de service. A l'examen que vous ferez du canon ,
vous prendrez garde encore qu'il n'y *u pas de sur - os , quoique beaucoup |
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3l8 HAHUEl
de jeunes chevaux en aient : yons fa�tes
surtout attention si le sur-os ne g�ne pas le mouvement du nerf, il y'en a m�me qui font boiter le chevr.i , mais cela est assez rare. Le i-mr-os, toujours ; ccasioffn� pas m: coup, est form� d'un �puncheraenJ du suc osseux , d'apr�s une l�sion du p�- rioste , il se dissipe en vieillissant. Quand vous avez fini l'examen du canon
de la jambe , vous continuez de faire tou- jours avec la main la m�me op�ration � l'�gard du boulet, en faisant, attention s'il ne se trouve pas des apophises molles pla- c�es sur la partie lat�rale ext�rieure , on les appelle mollettes , elles proviennent ordinairement de fatigue. Lorsqu'il n'y en a qu'en dehors, elles sont peu dangereuses; mais s'il n'y en a �galement en dedans , ■ faut se montrer plus difficile; celles - la s'appellent mollettes chevill�es , et quoi- qu'elles ne soient pas � beaucoup p1"''3 aussi f�cheuses que celles qui paraissent en-dessus et plus en arri�re du boulet.» > |
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DES HARAS. 3lC)
faut voir si le cheval n'en boite pas. Pou-
ces derni�res , qu'on appelle nerveuses , elles estropient le cheval ; il n'y a de re- ni�de que le feu qui, apr�s avoir fait son effet, n'emp�c�ie pas le cheval de va- loir encore quelque chose et de rendre uu 'bon service , il perd n�anmoins beaucoup de sa valeur , et ne doit �tre pris que pour ce qu'il vaut. Vous levez ensuite le pied du cheval,
autant pour vous assurer s'il n'est pas m�- ^ chant que pour examiner la forme du pied, la couleur de la corne ; vous voyez si elle est lisse, sans bourrelets ni scissures; si les talons ne sont pas trop serr�s, ce qui d�note l'encastelure , comme les cercles font conna�tre que le cheval a �t� fourbu ; trop flasques , ce qui indique des pieds phus , ou trop gros, ce qui annonce que'le cheval sera lourd. Vous vous assurez s'il 11 7 a ni bleimes ni seimes au sabot; si le pou de la eonronne couvre bien la partie p�r�e�r� du sabot, dans toute son �ten- |
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320 MANUEL x ■
d::c ; si la peau est bien ferme , et s'il
n'y a point quelque pro�minence � la partie sup�rieure de la couronne. On appelle cet(# grosseur, qui vient plus particuli�rement aux pieds de devant, forme ; elle vient � la suite d'un coup ou d'un effort de l'os coronaire, elle estropie le cheval eu peu s'en faut. Dans un �talon, bien que la forme
vienne comme nous venons de le dire d'un coup ou d'un effort, elle est presque tou- jours h�r�ditaire. La jument poulini�re la communique aussi tr�s-souvent � sa suite , ce qui s'explique par la d�bilit� de celte partie de la jambe du cheval, et les dispo- V sitions qu'elle avait � une maladie que le
moindre effort peut d�velopper. Il en est ainsi des autres tares qui
toutes fdles de la faiblesse des parties o� on les voit �clorc, quand elles ne sont pas de naissance , se manifestent au plus petit effort, et se propagent par le vice d« |
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DES HARAS. 3ai
conformation qui en renferme les germes,
l'eut-on en cons�quence se montrer trop difficile sur des d�fauts qu'on peut consid�- rer comme l'�teignoir de toute am�liora- tion , s'ils n'en sont pas la peste , et doit-on penser , lorsqu'on voit des �talons �-peu- pr�s sains, faire des poulains tar�s, que des �talons d�j� tar�s peuvent produire des chevaux sains ? Des exemples sans nombre pourraient �tre cit�s � l'appui de cette as- sertion ; mais comme ils ne serviraient que faiblement � nous corriger , nous aban- donnerons � l'exp�rience la i&clie p�nible de le faire. Un endroit molasse et difforme � la
partie sup�rieure du sabot, vous indiquera que le cheval a eu un javard, ou quelque atteinte dangereuse qui pourtant ne doit pas vous emp�cher de l'acheter , si la ci- catrice est bien faite et que le cheval n'en soit pas boiteux. |
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Vous passez ensuite � l'examen des
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322 MANUEL
reins qui doivent �tre flexibles , quand en
�cartant les doigts vous appuyez en pin- �ant cette partie. En g�n�ral un cheval qui ne r�pond pas , peut �tre malade ou avoir des dispositions a l'immobilit�, mais comme ce vice est un cas r�dhibitoire, et que l'acqu�reur a neuf jours de garantie, ou y fait moins d'attention. Les autres cas r�dhibito�res , nous le dirons en passant, sont, en justice r�gl�e , la courbature , la pousse, le tic et la morve, pour lesquels on a ordinairement vingt-neuf jours. Il est un sixi�me vice qui n'est encore
bien connu que dans la ci-devant Norman- die , et qui pourrait bien lui �tre parties- f lier, c'est le cornage ou sifflage , maladie funeste qui, si l'on n'y prend garde , me- nace d'empoisonner toute la France. Er�e �tait rare dans le d�partement de l'Orne , elle y est maintenant commune ; mais c'est dans le Calvados , la Manche et l'Eure qu'elle a fait des progr�s effrayaiis. Ce vice qui a �t� mis au nombre des ca* |
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DES H A R A S. 323
redhibitoires pour les marchands de che-
vaux de Paris seulement, ne l'est pas pour Un particulier qui a achet� un cheval cor� Pard dans le pays : cependant les cons�- quent "s en sonl telles que fe cheval qui en est atteint n'est pins propre � accn.se es� p�ce de service , mais malheureusement on en peut faire un �talon et c'est assez l� sa destination. Or , comme il est reconnu que ce vice est h�r�ditaire , puisqu'on a Vu des poulains corner sous la m�re , ne faudrait-il pas que tous tes chevaux cor- nants fussent coup�s sans mis�ricorde ? On a dit, mal � propos, qu'une pareille
mesure blessait' les int�r�ts des particu- liers , que c'�tait un attentat contre les pro- pri�t�s. Est-ce donc attenter aux propri�t�s que d'emp�cher qu'un vice aussi pr�judi- ciable ne se propag-e dans un pays o� l'�- l�ve des chevaux est une des principales branches de notre commerce ? ~Ne sait-on pas d'ailleurs qu'un cheval �mascul� ne perd que la facult� de se reproduire, sans |
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324 M A K TJ E 1
cesser d'�tre propre � tout autre servi»*"
auquel on peut l'employer. Ona dit encore que les vendeurs souffrent
volontiers qu'on s'assure si le ckeval corne, et que par cons�quent on pouvait l'essayer : mais peut on le faire avec succ�s dans une foire o� les chevaux sont les uns sur les autres ? Ces essais , d'un autre c�t� , sont si pr�caires et si peu certains, qu'il y a des chevaux qui malgr� le plus violent exercice , dans un moment, m corneront pas m�me au bout d'une demi- heure , tandis que dans un autre le cor- nage se manifeste d�s les premiers pas qu'ils font. Nous n'en avons malheureuse- ment que trop d'exemples ! Et comme le gouvernement, dans les achats qu'il fait faire , tant pour les haras que pour sa ca- valerie , est particuli�rement victime de cette maladie , ne pourrait-il pas accord�e une r�compense � celui qui lui ferait an m�moire qui , en pr�cisant les signes ca- ract�ristiques du coruage , apprendrait U |
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DES HARAS. 325.
Mani�re infaillible de le juger, puisqu'il
est �-peu-pr�s reconnu que cette maladie est incurable. Nous avons remarqu� que les chevaux �
front �troit, � t�te longue, busqu�e et dont les os de la ganache rentrent en de- dans , de mani�re � comprimer le gosier , �taient plus sujets au cornage que ceux qui ont la t�te courte , carr�e , le front large et le dessous de la ganache tr�s-ou- Vert. Est-il d� � la mauvaise conformation de la t�te , ou est-ce , comme on l'a cru jusqu'� pr�sent, une maladie de la trach�e- art�re ? Cette disgression que nous avous cru
devoir placer ici , a cause de son impor- tance dans l'acquisition du cheval , nous a un peu �cart� de notre sujet, que nous allons reprendre � la suite de l'examen des reins. Apr�s donc avoir examin� si les reins
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326 MANUEL
sont bien unis et assez larges , s'ils vous
paraissant forts , vous consid�rez la forme de la croupe qui doit �tre faiblement ar- rondie � sa partie sup�rieure : vous voyez en m�me temps si la queue est bien atta- ch�e : en faisant ensuite , � l'�il, l'inspec- tion g�n�rale du corps du cheval , vous faites attention si le thorax ou la poitrine n'est point comprim� par la partie inf�- rieure de l'�paule ; si les c�tes et le ventre r�pondent � la description que nous en avons faite. Si c'est un ch�Vat entier, vous regardez si le fourreau est bien pendu , si les testicules sont bien attach�s , s'ils ne sont point trop gros. Il faut observer que les chevaux d'Espagne les ont plus volu- mineux , sans cependant qu'il en r�sulte aucun inconv�nient. Les chevaux barbes , les ont aussi plus pendants que les chevaux anglais et fran�ais, mais moins gros que les espagnols. Vous voyez en m�me temps si la cuisse
est pleiue en dedans, lisse et unie � Texte- |
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DES II A II A S. 3^7
�"leur: si le muscle du grasset vous para�t fort;
si le jarret est �vid�, large, et pr�sente la perpendiculaire dont nous avons parl�, si le nerf est bien d�tach� et sans roideur ; s'il n'y a ni vessigons , ni capiets , ni jar- dons , ni courbes , ni varices , ni �par- vins de b�uf, ni �parvins osseux, toutes lares apparentes et plus ou moins pr�judi- ciables. Les �parvins secs , qui ne sont pas les moins dangereux, ne s'aper�oivent or- dinairement qu'en marchant , lorsque le cheval harpe ou autrement retrousse. Pour les solandres qui sont des ger�ures
au pli du jarret, elles se voyent assez fa- cilement ; elles sont aux jambes de der- ri�re ce que les malandres sont � celles de devant. Le reste, comme les mollettes chevill�es ou nerveuses aux boulets de derri�re , crevasses , eaux dans les pa- turons ; formes , javards , seimes , blei- Uies, avalures , encastelure, pieds plats, ^e sont pas difficiles � apercevoir , il ne *aut qu'avoir l'�il un peu exerc� � la r�- |
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32,8 MANUEL
serve cependant de la bleime qui ne st
d�couvre qu'en voyant parer le pied. C'est une sorte de meurtrissure qui ne de- mande que des soins , elle n'est pas diffi- cile � gu�rir. Il ne yous restera plus � examiner que
la t�te , l'encolure et le poitrail, vous commencez si vous voulez parles oreilles; en prenant garde comme le clieval les place , vous pouvez d�j� former quelques conjec- tures sur la vue de l'animal, car si dans l'�curie il ne les a jamais droites en- semble , et qu'il y en ait alternativement toujours un en avant, tandis que l'autre est en arri�re , et si, en le voyant marcher, vous remarquez le m�me mouvement , m�fiez vous de sa vue ; examinez bien le cheval , car la vue mauvaise n'est pas un cas r�dhibitoire. Vous prenez garde que les glandes qui
sont derri�re les oreilles, en descendant vers l'endroit ou le gosier passe dans la |
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SES II A R A 3. 32CJ
ganache , ne soient pas trop grosses et
gonfl�es , ce qui d�noterait que le cheval aurait pris une fra�cheur dont il r�sulterait que toutes les glandes seraient engor- g�es , et l'animal pourrait tousser et m�me jeter. Vous passez ensuite la main sous la ga-
nache , autant pour voir si les deux os sont assez ouverts , afin que le cheval en courant puisse respirer � l'aise , que pour vous assurer s'il n'y aurait pas quelques petites glandes soit adh�rentes soit mobiles. Celles qui sont adh�rentes , quelque -pe- tites qu'elles soient , sont toujours dange- reuses , surtout lorsqu'en les pressant le cheval montre de la sensibilit�. Il est encore bon , dans ce cas , de consid�rer l'�ge du cheval, et croire qu'au dessus de cinq ans le cheval gland� finit toujours par devenir morveux. Comme pour voir l'�ge du cheval vous
lui ouvrez la bouche, vous devez, pendanj 14
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' 33o M A N V EL
que vous y �tes, faire attention comme
l'ensemble en est fait, si le cheval n'a pas les l�vres trop �paisses, les barres char- nues et cicatris�es , ce qui d�note qu'il a une mauvaise bouche; si surtout les pinces sont tranchantes et dans leur �tat naturel, car si vous les trouvez obtuses et rong�es , vous avez un indice que le cheval tique , ce qui cesse d'�tre un cas r�dhibitoire , lorsque les dents sont endommag�es. Ce vice est d'autant plus dangereux qu'il se communique � la g�n�ration du cheval, et qu'il s'apprend par celui qu'on aurait mis � l'�curie � c�t� d'un tiqueur. Les boutons sur la peau, lorsqu'ils se
suivent en forme de chapelet ou corde, sont toujours des marques de farcin. Quoi- qu'il en vienne partout., ceux qui parais- sent au derri�re sont beaucoup plus dange- reux qu'au devant : le plus mauvais endroit est le plat de la cuisse en dedans ; lorsque la maladie est au-dessous du jarret, elle est incurable, |
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DES IIA8 A S. 33t
"L'examen de l'�il est ce qu'il y a de
pins di!��cile. JNTous emprunterons du Par^ fait Mar�chal, de M. de Garsault, la pra \ tique pour en d�couvrir les d�fauts. « On ne peut bien, dit-il, examiner les
» yeux qu'en se portant en face du clieval, r> qui sera plac� de mani�re � ce qu'il y » ait de l'obscurit� derri�re et au-dessus » des yeux. Pour cet effet, on met le chc- » val � la porte d'une �curie, se tenant en » deliors, vis-�-vis, on voit chaque, �il » par son c�t�, afin que la vue du regar- » dant perce � travers l'�il du cheval, vous » risquez de vous tromper en vous y prc- » nant de toute autre mani�re, comme de » vous mirer dans l'�il pour voir s'il rend » exactement votre figure ; ci* un mauvais s �il vous repr�sentera mieux qu'un bon , » ou de passer votre main devant l'�il pour >i voir si le cheval le fermera, ou enfui ■» pousser votre doigt vis-�-vis, comme » pour crever Poeil; car, dans l'un et l'an ire- j» cas, le vent que fera votre main pourra |
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33s M A Kt'EJ,
^ lui faire clignotter l'�il, quand m�me il
» serait aveugle. » Les yeux ont une figure ovale ou spb�-
» riqxic : leur situation est assez connue ; il » faut, dit M. Lafosse, qu'ils soient bril- n lans, et que leur mouvement soit fr�- v quent. » Cet organe , dit M. Garsault, est sujet
d a plusieurs infirmit�s , ou d�fauts qui �;> sont plus ou moins � craindre. Le moin- >i dre de ces d�fauts ne laisse pas que de y> diminuer le prix des chevaux. » i°. Il j a des poils qui passent pour
» �tre plus sujets � la vue faible que les y>. autres, comme gris sale, �tourneau, y> fleur de p�cher et rouan; » 2,°. Dans le temps que les poulains
» changent leurs dents de lait, particuli�- » rement les coins , et aussi lorsque les s crochets poussent, la vue devient trouble |
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DES HARAS. 333
» � quelques - uns ; ils peuvent devenir
» borgnes ou m�me aveugles , mais sou- » vent aussi la vue se racommode ; » 3". Les prunelles petites , longues
« et �troites , se g�tent plut�t que les » autres ; » 4°. Un cercle blanc autour de l'�il
» est un signe douteux de mauvaise vue, » car il y a des chevaux qui , avec des » cercles blancs , ont cependant la vue » bonne : on les appelle verrons ; » 5°. Lorsque l'on voit �a prunelle d'un
» blanc verd�tre transparent, on dit que » le cheval a un cul de verre dans l'�il, >> que cet �il ne vaut rien; m«S comme le » reflet d'objets blancs contre une muraille * pourrait faire voir cette couleur dans
» l'�il, il faut regarder celui qu'on soup- » conne d'avoir ce mal en plusieurs places; * et si le d�faut subsiste, vous conclure*
» que le cheval a un cul de verre j |
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334 M a n u e i
i> 6". La vitre trouble est s�rement mau~
y> vaise ; il faut qu'elle soit claire et trans- » parente comme du cristal, car on doit » voir � travers, et y distinguer deux ta- n eues noires, comme si c'�tait deux grains » de suie qui sont au-dessous du trou de » la prunelle ; » 70. La vitre rouge�tre , vise au luna-
» tique ou � l'�il fluxionaire ; » 8°. La vitre feuille morte par le bas .
�» trouble par le baut, ou les yeux enfl�s » pleurant des larmes noires et ebaudes , » sont une marque infaillible que le cl.c- » val est lunatique, ayant actuellement la » fluxion ; » 9°. L'�il noir et brun dans le fond , et
■» la vitre trouble, marque un cbeval luna- » tique , ayant actuellement la fluxion ; ■» io°. Un �il plus petit crue l'autre , est
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DES HARAS. 335
» une mauvaise disposition qui d�note la
» fluxion ; » ii°. Enfin ,■ une taclie blanche au fond
» de la prunelle, quelque petite qu'elle » soit, s'appelle Dragon, elle est incura- » ble ». Il r�sulte de toutes ces remarques, qu'il
faut avoir bien de l'habitude pour ne pas s'y tromper, et qu'il ne faut pas non plus d�daigner celles dont nous avons parl� re- lativement aux oreilles du cheval ; comme aussi lorsqu'on marchant il l�ve les jam- bes plus haut qu'il ne devrait, on saura qu'il faut j faire la plus grande attention. Ce que nous venons de dire , n'est que la
premi�re partie de l'examen que vous aviez a faire : vous avez pu juger le cheval en place, vous devez alors le faire marcher, et trotter � la main pour voir comme il place ses jambes au pas et au ttot, et for- mer yos conjectures sur les qualit�s bon- |
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336 MAKUEt
n�s ou mauvaises qu'il doit avoir en \e
montant. Vous pouvez, si vous voulez, commen-
cer par le faire reculer deux ou trois pas , pour voir s'il n'aurait pas quelques disposi- tions � l'immobilit� , ou s'il ne serait pas d�j� affect� de cette maladie , ce qui ne serait pas difficile � juger , puisqu'un che- val qui est immobile ne recule pas. Celui qui a eu un effort dans les reins , ne recule pas non plus, ou le fait difficilement; car bien que l'immobilit� soit comme nous l'a- vons dit un cas r�dbibitoire , il vaut encore mieux s'en �tre aper�u avant que d'avoir achet� le cheval. Pour voir marcher le cheval, d'abord au
pas, vous vous placez directement derri�re lui, afin de voir si ses pieds d�crivent une ligne droite, en faisant attention que les jambes de devant soient beaucoup plus rapproch�es l'une de l'autre que celles �6 derri�re. Le cheval dont les pieds de dcvant |
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DES HARAS. 337
Sont plac�s, la pointe du sabot un peu en
dehors, soit dans l'�curie, soit en marchant, s'appelle panard ; lorsqu'il s'appuie plus sur la pince des pieds de derri�re que sur le talon, oa dit qu'il est pin�ard. Les che«« vaux affect�s de ces d�fauts ne durent pas long-temps , et ne sont pas propres � faire des �talons. L'animal qui en trottant l�ve trop les jambes, s'appelle avoir du mouve- ment ; si au contraire il ne les l�ve pas assez , et que la pince arrive la premi�re � terre , on nomme cela piquer, ce qui fait qu'un pareil cheval est sujet � broncher. Timbalier se dit d'un cheval qui en levant beaucoup les jambes de devant, en jette les extr�mit�s en dehors , de mani�re � vous faire voir de c�t� toute la surface du fer : c'est ce qu'on reproche aux chevaux de Hollande, et la plupart de ceux qui ont les pieds larges et plats sont entach�s 4e ce d�faut. Le cheval , au pas , doit entamer le
chemin avec libert� , franchise et assu-» i5
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o�� M A V V E t
rance ; lorsqu'il place bien la jambe � ce�W
allure, il. est rare qu'il ne la place pas �ga- lement bien au galop. Un clieval ne saurait avoir le pas trop
allong� , pourvu que l'arri�re-main suive bien sur la m�me ligne , et que cette partie qui doit �tre plus �cart�e que le devant, ait une direction exactement verticale. Les chevaux qui marchent le mieux, sont
ceux dont le pied de derri�re vient occuper I la moiti� au moins de la place , que le sabot de devant a quitt�e. Une marche va- cillante de derri�re , annonce de la faiblesse dans les reins , dans les hanches ou dans les jarrets : il faut cependant avoir �gard � l'�ge du cheval, quoique, lorsqu'il est de bonne esp�ce, ses mouvemens sont toujours en harmonie. Lorsqu'il s'agit de faire aller le cheval
au trot, il faut, autant qu'on le peut, Ie mettre sur le pav� ou au moins sur le dur . |
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«ES HARAS. 33o,
tant pour vous assurer s'il ne boite pas , que
pour voir s'il n'aurait pas les pieds sensi- bles. Il ne faut pas que celui qui vous le montre, le presse , afin que vous puissiez, � la longueur de ses allures , conjecturer de quelle mani�re approchant il devra ga~ lopper. Le bruit qu'un cheval fait en trottant
d�c�le la pesanteur ; celui qui trottei'a comme une dine , les sabots de devant rapproch�s et ceux de derri�re �cart�s ', near before and wide bchlnd, disent les Anglais, sera bon et l�ger. Il es^ n�cessaire aussi de vous pr�munir
contre le bien que le marchand vous dira de son cheval; car il ne vous parlera ja- mais de celui qui est de d�faite : Good ware sells itself, la bonne marchandise se Vend toute seule : il ne vous fera-l'�loge que de celui qui l'embarrasse ; mais vous devez vous en rapporter � vos connais- sances , et croire que l'animal que vous |
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840 HAKUfit,
avez sous les yeux a une-multitude do
d�fauts que vous devez vous efforcer de d�couvrir. R�gle g�n�rale : Lorsque vous vous li-
vrez trop � l'admiration des beaut�s qui vous frappent, ce que le marchand ne manque jamais de vous faire remarquer, en vous faisant des complimens sur votre sagacit�, vous �tes bien pr�s de ne pas vous apercevoir des d�fauts du cheval. M�fiez - vous surtout de la promptitude
que celui qui tient le cheval met � le faire placer � l'autre main, et lorsque le ven- deur cherche � vous occuper des beaut�s du devant de l'animal, examinez bien l'art ri�re-main, et vous j trouverez infailli- blement quelques d�fauts. Les bons chevaux sont si rares , que
celui qui veut passer pour connaisseur pour- rail prendre, pour les juger, le conseil q"e le grand Corneille donnait � Richelieu, qltJ |
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SES HARAS. 341
lui demandait ce qu'il fallait faire pour se
donner une r�putation de connaisseur en po�sie. « Monseigneur , dites toujours que les vers sont mauvais , et sur cent fois vous Qe vous tromperez pas dix. » Cette deuxi�me partie de l'examen dit
cheval , n'est encore avec la premi�re qu'une modique portion de ce qu'il vous faut, pour que vous soyez content de votre acquisition; c'est-�-dire , que ne connais- sant que l'ext�rieur de l'animal qui ne fait pas la moiti� de ce qui constitue un cheval tel qu'il faudrait que tous vos �talons fus- sent , vous devez chercher � conna�tre son moral, et voir si son courage, sa force , sa bonne volont� et l'uni de ses allures, sont bien en rapport avec ce que vous avez re- marqu� , pour ne pas �tre dupe de la s�- duction d'une belle apparence. C'est l� o� le talent d'un bon �cuyer devient indispen- sable. En effet, comme on go�te un beau «tut qui s�duit par l'apparence , afin d'en conna�tre la saveur : de m�me on doit |
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3/f2 MANUEL
�prouver, si le cheval poss�de dans ses al-
lures la finesse , l'aplomb et la l�g�ret� que sa conformai ion semble promettre, et juger, par le moins , du plus qu'il sera en �tat de faire ; car il n'est pas n�cessaire que "celui qui monte le cheval reste deux heures dessus pour s'apercevoir s'il est bon ou mauvais, puisque s'il ne l'a pas jug� eu cinq minutes , il ne le jugera de sa vie. Lors donc que le cheval vous aura paru
marcher et trotter � votre fantaisie , vous l'enfourchez avec les pr�cautions relatives � son �ge et aux dispositions qu'il aura manifest�es; car il ne faut pas croire que tous les chevaux doivent �tre mont�s et conduits de la m�me mani�re ; il est au contraire une multitude de nuances que l'homme de cheval seul peut saisir, et dont il se sert pour �tudier le caract�re de l'anima] qu'il cherche � conna�tre. Lorsque vous �tes sur la b�te, si v'!S
voulez �tre plus s�r de votre fuit, d�mandez |
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DES HARAS. Z^i
au marchand � l'essayer � quelque dis-
tance de la maison : s'il ne lui conna�t pas de d�fauts, il ne fera point de difficult� de Vous la confier , il vous invitera m�me � aller o� bon vous semblera ; mais s'il montre de l'embarras et qu'il fasse qucl- qu'objection , quelque s�duisant que vous <*it paru le cheval, ne l'achetez pas. Vous courez grand risque d'�tre tromp�,
si, apr�s avoir vu monter le cheval par le marchand ou son jockey, vous essayez � le conduire de la m�me mani�re. Vous devez donc faire le contraire de ce que vous avez vu pratiquer � celui qui vous a pr�c�d� ; c'est-�-dire que s'il a donn� de l'action au cheval, il faut que vous cherchiez � le calmer et exiger que tout vienne de lui, afin qu'il oublie les le�ons qu'il re�oit vingt lois dans la journ�e sur le terrain qu'on appelle la monte. Vous devez le conduire au pas, la bride sur le cou, jusqu'� ce �u'il sjk hors la vue de la maison, eu prenant garde que quelqu'un ne vous suive. |
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344 MANUEL
Dans le Mccklenbourg , en Presse , �
Leipsick , si vous ne vous �loignez pas de la maison , les petits enfans ou la servante, qui ont le mot, montent dans une chambre et frappent aux vitres, aux contrevents, pour animer le cheval et le tenir toujours en action : il convient donc que vous vous �cartiez le plus possible, et que vous soyez absolument seul. Si vous trouvez un chemin pierreux et
de traverse , prenez-le , et sans vous aider de la bride ni des jambe;;, essayez , rien qu'en appelant de la langue , de mettre votre cbeval au trot ; vous ne serez pas long-tems a juger s'il trotte finement, et s'il vous donne de la confiance en �vitant les pierres contre lesquelles vous le por- terez sans qu'il s'en doute. Vous pouvez, pendant que vous y �tes,
descendre de cheval, et y remonter pour voir si l'animal est docile et commode ; s'il se irou-ve une monticule , c'est en la |
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DES HARAS. 3.^6
descendant au trot, que vous reconna�trez
si le cheval a les �paules en bon �tat, et en l'arr�tant au.milieu, que vous sentirez s'il a les jarrets forts. Vous jugerez aussi de l'esp�ce distingu�e
comme de l'aplomb de votre cheval, si, lors- qu'on voulant le mettre au galop , il part du pas � cette allure , sans qu'il soit n�ces- saire que vous teniez beaucoup la main. Quand le galop vous donne la connaissance parfaite de la libert� des �paules de votre cheval , la mani�re dont il entame le chemin et pose son pied en courant, vous fera juger de ses moyens , de sa vitesse et. m�me de sa dur�e. Enfin vous reconna�trez la bont� de ses hanches et 'a force de ses jarrets � la facilit� avec laquelle il changera de pied � volont� , ou se remettra, si par hasard il se d�sunit. Si toutes ces �preuves peuvent se faire
avec succ�s dans un chemin pierreux, sillonn� et un peu en descendant, vous |
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046 MANU EL
�tes assur� que le clieyal est bon, et vous
ne risquez rien de l'acheter , si d'ailleurs, il r�unit toutes les qualit�s quQ nous avons d�crites. Pour tous assurer en m�me temps de
l'adresse de votre clieval, t�chez en ga- loppant, de trouver un cassis ou ruisseau, et en lui rendant toute la main, � dix pas avant que d'y arriver , si votre cheval me- sure son allure de mani�re � le passer , sans mettre le pied au milieu , sans sauter ni se d�sunir , vous pourrez le regarde. comme �tant de tr�s-bonne esp�ce, et le payer hardiment un tiers en sus : au lieu que s'il met maladroitement le pied dans le ruisseau , ou bien qu'il fasse un saut. en se pressant, et change pr�cipjtamnaeui de pied , ou enfin si, apr�s s'�tre d�suni, ii a de la peine � reprendre , c'est la preuve que les hanches ne suivent pas le devant et sont mauvaises : un pareil cheval , dans un mauvais pas , vous rompra le cou. Notez aussi qu'il vous crottera plus qu'un |
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DES HARAS. �^J
autre , ce qui est une preuve de maladresse
cpi doit vous emp�cher d'en faire l'acqui- sition. Il faudrait peut-�tre examiner les bottes
du cavalier , pour acheter un cheval qu'on aura fait essayer dans un chemin boueux. Le cheval qui crotte celui qui le monte, est lourd et maladroit; si bien que, sur dix chevaux qui vous seront pr�sent�s, en choisissant celui qui vous crotterait le inoins , vous prendriez le meilleur, si d'ailleurs il a les �paules parfaitement libres, et que vous n'aperceviez pas, sur la peau , des esp�ces de rides ou rel�chc- mens dans cette partie de son avant-main, ce qui se conna�t, au toucher : dans ce cas , vous devez conclure que i'�paule est al- t�r�e ; une telle monture est incapable de r�sister � la fatigue , et vous n'aurez pas de peine � deviner que le vendeur vous pr�- sente un cheval refait. On doit prendre garde aussi, comme le
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348 M A N U E L
cheval se selle , et pr�f�rer celui qui n'a
besoin ni de croupi�re , ni de poitrail, ni de martingale ; car celui auquel il faut une croupi�re est bas du devant, ou a le ventre trop gros ; celui auquel on est oblig� de mettre une martingale, a l'encolure fausse, porte le nez au vent, et, comme il ne re- garde pas � ses pieds pour voir o� placer ses jambes , l'assujettissement de la mar- tingale , le mettant dans une position qui ne lui est pas naturelle , t'emp�chera de faire jamais un bon service; enfin, celui auquel il faut mettre un poitrail pour rete- nir la selle � sa place , a la c�te courte . manque de boyeau , et ne saurait par cons�quent �tre de r�sistance. Comme ce sont des d�fauts de conformation qui peuvent se transmettre � la prog�niture, on devrait faire sortir des haras tous les �talons qui en sont vici�s. Il est encore une multitude de re-
marques � faire dans l'acquisition du che- val, et surtout de celui qu'on destine � pro- |
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1) K S H A R A S. 3^C)
pager son esp�ce ; mais comme il faut, �
une sagacit� peu commune, joindre une pratique que la th�orie n'apprend pas , nous croyons que cette courte analyse des moyens qu'on doit employer pour bien conna�tre et juger ce bel animal, suffira � celui qui , avec de bons principes, pos- s�de un tact assez s�r pour tirer parti de ce que l'exp�rience et une pratique de plus de trente ann�es nous ont appris. |
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35o MANU Et
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CHAPITRE XXIV.
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Sur les Haras forestiers , ou de l'El�ve des
Chevaux sauvages. J_j'empire fran�ais, qui, dans son ensem-
ble topographique , renferme de vaste fo- r�ts , des parcs d'une immense �tendue dans lesquels se trouvent des pacages ex- cellens , ne pourrait-il pas tirer parti de ces localit�s pour y propager et �lever � peu de frais une multitude de chevaux qu'il aurait toujours � sa disposition, tant pour la remonte de sa cavalerie, que pour son commerce et les travaux de la campagne ; car, pourquoi ces animaux ne viendraient- ils pas � Lien dans notre pays, o� nous pou- vons , m�me au Nord, tenir nos bestiaux dehors toute l'ann�e, puisque dans la Rus- sie, la Su�de, le Danemarck, la Pologne, |
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BES HARAS. 3!)I
la Hongrie, la Moldavie, et dans presque
toutes les parties de l'Allemagne, o� les hivers sont longs et rigoureux, on y �l�ve des chevaux sauvages, dont ces diff�rons peuples savent tirer un si grand parti? On donne � ces animaux quelque peu de
mauvais foin, lorsque la terre est couverte de neige, et c'est la seule d�pense qu'il y ait � faire pour leur nourriture, jusqu'� ce qu'on retire les m�les pour commencer leur �ducation; les femelles qui sont consacr�es � la reproduction, n'en exigent pas davan- tage. Les gardes forestiers les surveillent, et un homme suffit � cent chevaux pour leur porter le foin qu'on place dans des r�- teliers pos�s dans diverses parties de la for�t ou de l'enclos qui les renferme. On a d�j� ouhli�, ou pour mieux dire,
on n'a peut - �tre jamais fait attention que des essais en ce genre, faits dans la for�t imp�- riale de Saint-G-ermain-en-Laye proche �Paris, par les gardes-chasse, leur ont si |
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33a manuel
bien r�ussi, qu'avec des petites b�tes cro-
chues et tar�es , ils ont eu des chevaux de m�me esp�ce � la v�rit�, mais qui se sont trouv�s infatigables. Le sol aride et sablonneux de cette belle for�t, porterait � croire que les chevaux d'Arabie , particu- li�rement , pourraient y r�ussir peut-�tre encore mieux que dans l'�tat de domesti- cit�, par la raison que la nature ayant donn� � la b�te sauvage l'instinct de se choisir sa nourriture, elle ne mange que celle qui lui est propre ; on ne risquerait rien, au moins, d'en faire l'�preuve, puis- qu'il n'y a point de d�pense � faire , la fo- r�t �tant ferm�e dans toutes ses parties. Les chevaux de la for�t imp�riale de
Rambouillet pourraient �galement �tre consid�r�s comme des chevaux sauvages, puisque les m�res vont accoucher dans les bois, et que les poulains m�les et femelles y vivent toute l'ann�e. En faisant couper tous les m�les de cette esp�ce qui est gr�le et d�fectueuse, pour les remplacer par des |
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DES HARAS. 353
�talons propres � l'am�liorer, on pourrait
tirer tous les ans, rien que de cette im- mense for�t, deux ou trois cents chevaux qui ne reviendraient pas, � l'�ge de trois ans qu'on les prendrait pour commencer � les former au travail, � plus de 60 francs la pi�ce. On pourrait encore, � cette �poque, les placer � Saint - L�ger qui offre toutes les commodit�s possibles pour cet objet, jusqu'� ce qu'on en f�t le tri pour les dif- f�rons r�gimens auxquels les meilleurs se- raient propres. Les plus d�fectueux seraient Vendus aux paysans plus cher qu'ils n'au- raient co�t�. Comme la plupart de nos grandes for�ts
pr�sentent approchant les m�mes facilit�s, nous nous abstiendrons de les d�signer, pour parler de la m�thode employ�e par quelques-unes des nations que nous venons de citer , et qui pourrait bien nous �tre applicable. Il y a tout pr�s de Dusseldorff, qui fait
i5*
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354 BJ A K B E L
maintenant partie des vastes possessions de
l'Empereur Napol�on , une for�t remplie de chevaux sauvages ; elle avait cette desti- nation avant la r�volution, et chaque che- val ne revenait pas, au prince qui la pos- s�dait alors, � plus de soixante et douze fr., � l'�ge de trois ans qu'on eu retirait les m�les. Les plus m�diocres ne se vendaient jamais moins de deux ou trois cents francs; et dans une douzaine que nous e�mes l'oc- casion de voir en i8o5 , il y avait un che- val isabelle dont nous offr�mes quatre mille francs pour les Haras de Sa Majest� l'Empereur et Roi. Cette belle production sortait pourtant
d'un �talon du Holstein, qui lui �tait bien inf�rieur en figure et en qualit�s : ce qui nous prouve que la nature, livr�e � elle- m�me , r�ussit quelquefois mieux cpie lors- qu'elle est soumise aux combinaisons hu- m.iines qui peuvent souvent la contrarier dans sa marche , faute de l'avoir suffisant-» ment �tudi�e. |
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DES HARAS. 355
Le roi de Daaemarck a, en Z�l.ande,
un Haras domestique et un Haras sauvage : le premier , compos� de six cents b�tes , doit �tre port� � neuf cents; le second , eu compte seulement cinq cents. Ces deux �ta- blissemens , que nous avons �t� � port�e d'examiner dans le plus grand d�tail, sont r�unis sur une immense �tendue de terrain; lorsque les Mtimens et les divers enclos seront achev�s, le directeur nous a assur� que le tout produirait � Sa Majest� danoise un revenu consid�rable. Cette belle administration est confi�e aux
soins de M. Nilsen, que le roi a fait voya- ger dans toutes les contr�es de l'Europe , except� la France qui, � cette �poque, �tait agit�e des troubles r�volutionnaire*, pour y puiser les connaissances n�cessaires au succ�s de ce bel �tablissement. La m�thode de M. Nilsen est simple et
facile pour un connaisseur, mais peut-�tre un peu trop syst�matique 3 en ce qu'il ne |
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356 MANUEL
veut pas pour son Haras domestique un seul
�talon anglais, auquel il pr�f�re le cheval d'Espagne; sa raison est, qu'ayant s�journa assez long-temps en Angleterre pour �tu- dier les races de chevaux de ce pays, il ne leur trouve pas assez de similitude avec les jumens dont il se sert. Cependant, maigre notre partialit� pour les chevaux anglais , nous lui devons la justice de dire que son �tablissement est admirable , et qu'il a des chevaux d'une tournure ravissante. M. Wilsen veut la force dans les jarrets ,
qu'il regarde comme la pierre angulaire de l'�difice ; il faut en effet que cette partie sait large et sans d�fauts; que les os, qui en sont la charpente , soient forts , les mus- cles bien prononc�s; la peau de la jambe une , lisse et tendue comme sur le reste du corps; que les paturons soient longs et forts, et-le pied phu�tunpeu plat qu'�troit? pourvu que la couronne soit bien faite. I* demande avec cela que le cheval ait un bel �il , du courage, et que la jument qu'i* |
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DES H A R A S. 35 J
doit f�conder ait autant, que possible les
m�mes qualit�s. De ce principe suivi avec intensit� , il
en est r�sult� que sans �talons d'Angle- terre , M. Nilsen , avec un cheval turc , nomm� Odin , deux andaloux qn'il a �t� six mois � trouver en Espagne, quelques iumens du m�me pays , avec des jum'ens domestiques et sauvages de la Moldavie , a cr�� une nouvelle race assez semblable � nos chevaux navarrins , mais beaucoup plus membres. Toutes les poulini�res de ces deux Haras proviennent de ce croise- sement, et le roi ne permet pas qu'on en vende une seule que ce double �tablisse- ment ne soit tout form�. INous pensons que le moyen de carac-
t�riser positivement cette nouvelle race , serait de ne conserver pour poulini�res que les femelles indig�nes , et de r�former toutes celles qu'on a tir�es des diff�rentes contr�es cle l'Europe pour la cr�er. En se |
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y
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358 MANUEL
servant des plus beaux m�les qui eu sortent,
en concurrence avec des �talons �trangers , on pourrait juger, par le faire de chacun d'eux en particulier , les races qui seraient propres � la porter au degr� de perfection qu'elle peut naturellement atteindre. Nous avons �t� � port�e dans cet endroit
de faire, sur les clievaux sauvages, une re- marque assez particuli�re : c'est que les chevaux de poils diff�rens ne se m�lent jamais , quoique renferm�s dans le m�me enclos. Les gris m�les et femelles sont en- semble; les Lais et les alezans, dont la couleur � la crini�re pr�s est la m�me , forment un autre groupe, et les noirs un troisi�me. M. Nilsen, � plusieurs reprises, en les chassant tous ensemble , les fit mo- mentan�ment se m�ler ; mais c'�tait l'af- faire de cinq minutes pour se reformer en groupes tels que nous les avions vus d'abord. Dans la quantit� nous en remarqu�mes
un fort grand nombre de tr�s-beaux, et qui |
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DES HARAS. 35c)
promettaient de devenir par la suite des
chevaux de distinction. La race du Jutland qui a encore quelque r�putation de bont� , car elle n'est pas belle , ne se m�le point � celle-c� , parce qu'il a �t� reconnu qu'elle lui �tait inf�rieure surtout en figure; car, bien que le cheval jutlandais soit aussi d'un bou service, puisqu'il est r�put� infa- tigable , la grosseur de sa t�te et de ses pieds sont les d�fauts qui l'ont fait rejeter. Lorsqu'une pouliche apporte en nais-
sant quelque tare , ou qu'une poulini�re devient tar�e par le service ou m�me par accident, l'une et l'autre sont retir�es du haras pour �tre vendues comme b�tes de reforme. Il serait � d�sirer qu'en France nous en fissions autant, non-seulement pour les poulini�res et leur suite, mais encore pour les �talons dont le nombre par l� se trouverait prodigieusement diminu� ; c'est un mode d'�puration de l'esp�ce tellement n�cessaire, que sans lui l'am�lioration des faces ne peut jamais avoir lieu. |
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36o MANUEL
Dans les for�ts o� l'on tient des chevaux
sauvages , il ne faut point y souffrir de m�les entiers pass� deux ans et demi. C'est � cet �ge qu'on doit �masculer ceux qui ne sont pas reconnus propres � faire de bons �talons , si l'on veut les laisser encore une ann�e dans la for�t. On l�che au temps de la monte , dans
l'enclos ou la for�t, un. nombre de chevaux entiers proportionn� � celui des jumens qu'ils ont � f�cond er ; on les en retire vers 1 a fin de juillet. Comme on ne leur a rien donn� � manger, et que leur exercice a �t� tr�s-violent , ils sont ordinairement fort maigres ; mais comme ils n'ont suivi que l'impulsion de la nature , sans c�der � des provocatifs qui dans l'�tat de domesticit� les �puisent, ils ne sont pas long-temps � se r�iablir , et sont en �tat de recommencer l'ann�e suivante. Pour les tirer de la for�t, on se sert du
lacet � la mani�re des Moldaves, quand on |
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DES H A R \ S. 061
ne peut pas les attirer par des sentiers pra-
tiqu�s expr�s clans des maisons rustiques o� il est facile de les prendre pour les re- conduire � l'�curie qu'on leur a fait quitter au printemps. On s'j prend de la m�me mani�re � l'�gard des poulains qu'on veut avoir pour les couper ou commencer leur �ducation. Lorsqu'on a de la peine � les attirer dans la maison rustique, on laisse aller parmi eux une vieille jument domes- tique qu'il S suivent ordinairement sans beau- coup de difficult�. Lorsque les poulains rentr�s � l'�curie
sont trop farouches, ce qui arrive souvc.it, on les fait je�ner, et quand la faim para�t les tourmenter, on d'approche d'eux avec du foin qu'on leur pr�sente � la main en leur parlant avec douceur ; sit�t qu'ils se laissent toucher, on les caresse beaucoup, et ils ne sont pas long-temps � s'appri- voiser. Pour prendre au lacetun cheval, quelque
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362. SI A. "S (J E l
fort qu'il soit, quatre ou cinq hommes suf-
fisent , plac�s sur la m�me ligne � deux pieds de distance l'un de l'autre : le pre- mier , qui est toujours le plus adroit, tient une longue perche au haut de laquelle est accroch� le lacet attach� fortement � la corde par le bout qui est en l'air ; la corde suit la perche dans toute sa longueur : celui qui tient la perche tient en m�me temps la corde qui n'est Cx�e que par le haut, et qui est beaucoup plus longue que la perche , pour que les hommes qui sont derri�re lui puissent s'en servir de la m�me mani�re que pour abattre un cheval auquel on va mettre le feu. Il se place et jette le lacet au cou du cheval qu'il veut saisir et qui va or- dinairement tr�s-vite. Le cheval pris , il abandonne la perche pour s'attacher seu- lement � la corde , avec les hommes qui la tiennent derri�re lui. Le cheval arr�» par le cou fait quelquefois deux ou trois culbutes en tombant , et finit par percU'c bient�t la respiration. Les palfreniers alors se jettent sur lui, lui passent un bridon, etle |
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des h a a a s. ;j63
conduisent � l'�curie o� on l'attache entre
Icux chevaux priv�s. Ils ont tant de dext�rit� � cet exercice
qui pour beaucoup de personnes est tout aussi amusant qu'une chasse � courre, que sur trente ou quarante chevaux qui galop- pent � toutes jambes, ils prennent celui que vous leurd�signez, etne manquent presque jamais leur coup. On a vu cependant des chevaux en tombant se rompre le cou., mais cela est tr�s-rare. La peine capitale qu'emporte le vol d'un
cheval sauvage devient �-peu-pr�s inutile ; ces animaux ne se laissent point approcher, et ne sortent que par violence de la for�t o� ils sont n�s. Jamais les loups ne les attaquent, ils ne mangent que les poulains isol�s qui auraient �t� abandonn�s de leur m�re, ce qui n'arrive que quand ils sont malades ou estropi�s. Ce que nous venons de dire sur l'�l�ve
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3^4 MANUEL
des chevaux sauvages , suffira peut-�tre
pour nous donner l'envie d'en essayer. H ne nous reste plus qu'� parler succinctement de l'�ge du cheval, et de toutes les parties qui le composent, avant que d'indiquer la mani�re de le conserver en bonne sant�, ou lui porter les premiers secours en cas de maladie. |
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DES HARAS. 365
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CHAPITRE XXV,
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De l'Age du Cheval.
■t> !_je s dents qui ont servi jusqu'� pr�sent
* � conna�tre l'�ge du clieval, sont les os
» les plus durs du corps de l'animal.
» Leur nombre est pour l'ordinaire de
» quarante dans les chevaux, et de tren�e-
» six pour les jumens. Beaucoup de ju-
i> mens n�anmoins ont des crochets moins
y consid�rables � la v�rit� que les chevaux.
» Les dents, pour chaque m�choire, se
3) divisent en six incisives, deux crochets » et douze molaires. » Le cheval na�t avec six dents molaires
» � chaque m�choire. » Le dix ou douzi�me jour apr�s sa
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366 MABHEL
» naissance , il lui pousse deux pinces a
« chaque m�choire. » Quinze jours apr�s, les mitoyennes
» paraissent, et trois mois apr�s les mi<- » toyennes sortent les coins. » A un an, on distingue un col � la dent,
» son corps a moins de largeur et est plus » rempli ; il a quatre dents molaires , trois » de poulain , et une de cheval � chaque ■m c�t� de la m�choire. » � dix-huit mois, les pinces sont pleines
5i et le poulain a cinq dents molaires, deux » de cheval et trois de lait. » A deux ans, les dents de lait sont ras�es,
» les premi�res dents molaires tombent. h A deux ans et demi , trois ans , les
» pinces tombent. » A trois ans, et demi les secondes ino-
« lairos tombent ainsi que les mitoyennes. » A. quatre ans, le cheval a six" dents m0''
» laires . cinri de cheval et une de lait. |
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DES HARAS. 367
» A quatre ans et demi, les coins tom-
n Lent, ainsi que la troisi�me dent uiQ- » laire de lait. « A cinq ans, les crochets percent, quel-
» quefois siamois plus t�t. » A cinq ans et demi, la muraille interne
» de la dent du coin est presqu'�gale � » l'externe , le crochet est �mouss�. » A six ans , les pinces sont ras�es , et
» les mitoyennes sont pleines. » A sept ans , les mitoyennes sont ras�es
» Ou peut s'en faut, et le crochet est us� » de deux lieues. » Aseptans etdemi, les coins sont presque
« ras�s, et le crochet est us� d'un tiers. » A huit ans, le cheval a ras� enti�re-
» ment, et le crochet est arrondi. » A neuf ans, les chevaux n'ont presque
» plus de sillons aux crochets , et les » pinces sont plus arrondies. |
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368 JUHoii
» A dix ans , les crochets n'ont plus de
» cr�nelures, et sont plus arrondis. y> A douze ans , les crochets sont totale-
» ment arrondis , les pinces sont moins » larges et augmentent en �paisseur. »A quinze ans. les pinces sont triangu-
» laires, et se plongent en avant. » A vingt ans, les pinces sont triangu-
» laires , et se plongent plus en avant. » A vingt et un an, vingt-deux ans , les
i> premi�res dents molaires tombent ; � » vingt-trois ans, les secondes; �vingt- » quatre ans, les troisi�mes ; � vingt-cinq s' ans, les quatri�mes; � vingt-six ans, » ies cinqui�mes ; et les sixi�mes � yingt- y> sept ans; mats ce terme recule quelque- >. fois jusqu'� trente. y> Quant aux incisives , elles tombent
» les derni�res, vers l'�ge de trente � trente
s et mi an. » Il y a des chevaux qui les
ryent encore plus tard, nous eu avons
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DES HARAS. 069
un exemple dans le vieux Dispos du
Haras imp�rial du Pin , qui , quoiqu'�g� de trente - cinq ans, a encore toutes ses dents de devant ; « pour lors les gencives » et les alv�oles se rapprochent, elles de- » viennent tranchantes et font les fonctions s de dents. » Il y a des chevaux et des jumens qu'on
» appelle B�gus, c'est-�-dire qui marquent » toujours ; mais il y a des indices certains » de l'�ge , soit par la largeur des d�nis, » soit par leurs sillons et leur ligure, qui » font qu'un connaisseur n'y peut �tre » tromp�. » Les maquignons quelquefois burinent
» les dents du coin du cheval qui a ras� , » pour faire croire qu'il marque encore. » Ils br�lent, avec un fer rouge, un grain » d'orge dans le trou qui a �t� fait, ce qui ■ » laisse une tache noire ; mais il ne faut » pas avoir l'�il bien exerc� pour n� pas » s'apercevoir de la supercherie � l'ins- -.: pection de la bouche du cheval. |
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870 MANUEL
Comme il est bon que celui qui se con-
sacre � l'�l�ve du cheval le connaisse par- faitement, nous ferons suivre cet article par la nomenclature de toutes les parties (j'ii le composent. |
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«. » N -^V V '.-V*. "V
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' 1
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t) � S HARAS. 37I
CHAPITRE XXVI.
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Nomenclature de toutes les parties du corps
du Cheval. " vJn a trouv� commode de diviser le
« cheval en trois parties, qui sont l'avant- j> main, le corps, et l'arri�re-main. ■» L'avant-main est compos�e de la t�te ,
» du col, du poitrail, du garrot et des jam- « bes de devant. » Le corps comprend le dos, les reins,
�) le dessous du poitrail, les c�tes , le ven^ » tre, les flancs et les parties de la g�n�- » ration. » Dans l'arri�re-main se trouve la croupe,
« la queue , le fondement ; la nature dans |
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3^2 MANUEL
» les jumens, les hanches, les fesses et les
» jambes de derri�re. » La t�te comprend la nuque, le toupet,
» les oreilles, la face dans laquelle se trou-
» vent le front, les sali�res, les paupi�res,
>i les cils, le grand angle , le petit angle ,
» les yeux, les onglets, le nez , le clian-
» frein , les nazeaux , la bouche , la l�vre
» sup�rieure, la l�vre inf�rieure, la com-
» missure de la bouche, le menton, les
» barbes, les joues, la ganache, l'auge et
» les avives.
» Le col comprend, le col proprement
» dit, le gosier, L'encolure et la crini�re*. n Le devant du poitrail comprend l'os
» de la poitrine, la fossette et les aiselles. » Le garrot est form� d'une seule pi�ce
» ou partie. » Les jambes de devant sont compos�es
» de l'�paule, du bras, ces ai s , du coude, a de l'avant-bras, de la ch�taigne , du nerf, » du boulet, du fanon, du paturon , de 1* |
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DES HARAS. 3j3
» couronne , du sabot compos� de la mu-
» raille et de la sole. La muraille se divise
» en pince^ quartiers et talons; la sole
» comprend la sole de la pince , la sole des
» talons et la fourchette.
» Le corps comprend le dos, les reins,
» les c�tes, le ventre , les flancs , le four- » reau, les mamelles, la verge, les bourses » dans les chevaux; dans les jumens la » nature, les hanches , les fesses et la » pointe de la fesse. » La cuisse comprend le plat du dehors
y> le plat du dedans , l'aisne, le grasset, la » jambe proprement dite ; le jarret dans » lequel sont le pli, la pointe, le canon, » le nerf, le reste comme � la jambe de » devant ». S'il est indispensable de conna�tre toutes
les parties ext�rieures du corps de l'animal qu'on veut �tudier , il n'est pas moins int�- ressant de savoir sur quoi elles reposent, pour concevoir plus facilement les accidens |
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3^4 MANUEL
auxquels le cheval est sujet. Nous croyons
en cons�quence devoir transcrire ici ce que M. Lafosse a d�montr� dans ses ouvrages , ou le connaisseur trouvera tout ce qui peut servir � la conservation d'animaux dont nous ne saurions plus nous passer. « Un squelette , dit M. Lafosse , est
» compos� de 24a os; savoir , 24 � la t�te, y> 87 au tronc, 82 aux extr�mit�s , ce qui » fait 193; mais si l'on y comprend 40 » dents , 4 cornets du nez, et les 8 os » de l'ou�e, nous aurons le nombre ci- » dessus. » Le squelette se divise en t�te, en
» tronc et en extr�mit�s. La t�te se divise » en m�choire sup�rieure et en m�choire » inf�rieure. » A proprement parler, on ne devrait
» entendre par m�choire sup�rieure, que » les seules pi�ces dans lesquelles sont » ench�ss�es les dents d'en haut; et par » H��choire inf�rieure , que celles o� l'os |
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DES II A R A t. 3j5
» voit les dents d'en bas. Mais M. Lafosse
» dit qu'en anatomie , plus qu'eu toute « autre science , on est quelquefois oblige » de prendre le tout pour la partie , afin de >■> moins multiplier les termes et d'�tre plus » clair, ainsi la m�choire sup�rieure sera » d�sign�e par ce groupe d'os qui se pr�- v sente � la t�te du cheval, et comprendra » le cr�ne et la face. » Le cr�ne est une boite osseuse qui
» renferme le cerveau, le cervelet, subs- » tance connue vulgairement sous le nom » de cervelle. Cette bo�te est compos�e de » 12 os; savoir, 2 frontaux, 2 pari�taux, « 1 occipital, r sph�no�de, 2 etmo�des, » 2 parties �caillcuses, autant de pierreuses » appartenant aux 2 os des tempes. » La face est compos�e de 17 os, qui
» sont les 2 du ne/ , les 2 du grand angle , » les. 2 de la pommette, les 2 maxillaires » sup�rieurs, les 2 inf�rieurs, les 2 du » palais, les 2 pt�rio�diens, le voiner et i> les cornets inf�rieurs des narines. |
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'�j6 51 A NU Et
>i On peut s�parer la m�choire inf�rieure
» en deux pi�ces dans les jeunes poulains; « mais il n'est pas possible de le faire lors- » que les chevaux ont atteint un certain » �ge, parce qu'elle est alors form�e d'une » seule pi�ce. » Chaque m�choire renferme 20 dents ;
» les jumens en ont 36 , tant � la m�choire » sup�rieure qu'� l'inf�rieure. On nomme ■» b�haignes les jumens dans la bouche a desquelles on trouve de petits os appel�s » crochets. » On trouve encore entre les m�choires,
'» vers la racine de la langue, un os appel� » hyo�de , qui ne manque jamais d'�tre » compos� de cinq pi�ces. » Le thorax se divise en deux parties ;
"■» l'�pine , le thorax ou le bassin. a L'�pine est un assemblage de plusieurs
» pi�ces appel�es vert�bres; elles se distin- » guent en vraies et en fausses. On en si compte 3i de vraies, et pour l'ordinaire |
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f-
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DES HARAS. SyJ
» 18 ou 19 fausses, en y comprenant l'os
■» sacrum.
» Parmi les vraies, il y en a 7 qui ap-«
» partiennent au col 5 elles se nomment » cervicales: 18 pour le dos, elles sont y> connues sous le nom de dorsales ; 6 cl� » sign�es sous le nom de lombaires , enfin » l'os sacrum. » Les trois ou quatre premi�res des faus-
» ses vert�bres qui suivent l'os sacrum, ont
» assez de ressemblance avec les vraies.
« Ces fausses vert�bres sont elles - m�mes
» suivies de 13 ou 14 autres moins regu-
» H�res que les pr�c�dentes , et sont celles
u qui forment la queue du cheval.
» Le thorax comprend le sternum et les
» c�tes qui sont au nombre de 36, 18 de » chaque c�t�. Ainsi que les vert�bres , » elles se divisent en vraies et en fausses; » ce qui distingue les vraies , c'est que » leurs caitilages vont se rendre imm�- » diatement su sternum , tandis que les 16*
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3j8 MANUEL
» cartilages dans les fausses ne portent au
» sternum que par le moyen du cartilage y> de la derni�re vraie c�te avec laquelle » elles s'allient. s Le sternum est form� d'une seule
» pi�ce dans les cbevaux faits , et de cinq » ou six dans les jeunes; mais ces portions » osseuses se trouvent intimement coll�es � par une bande cartilagineuse interm�- » dia.ire. » Le bassin est compos� de six os, trois
« de chacrue c�t�, on les appelle il�on oi; » pubis ; ils sont encore connus sous le » nom d'os inanim�s. » Les extr�mit�s sont ant�rieures et pos-
» l�rieures. » Les extr�mit�s ant�rieures ou les jam-
■» bes de devant, comprennent neuf par- « ties ; savoir, l'�paule , le bras , l'avant- » bras , le genou , le canon , le boulet, le » paturon , la couronne et le pied. |
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DES HARAS. 3j$
» L'�paule n'a pour pi�ce fondamentale
» qu'un seul os appel� omoplate oupaleron. » Le bras n'a pareillement qu'une pi�ce
s appel�e hum�rus. » Il s'en trouve deux � l'avant bras, qui
» sont le radius et le cubitus. » Le genou est compos� de 7 os rang�s
- par ordre et sur deux lignes; 4 dans la >� premi�re, y compris le septi�me et hors » de rang, et 3 dans la seconde. Les 3 os, » dont la premi�re ligne est form�e , sont .; I'irr�gulier, le triangulaire, le s�milu- » naire. Les 3 de la seconde se nomment » le grand cun�iforme, le trap�zo�de et » le petit cun�iforme. Quant an septi�me, 3 hors de rang, M. Lafosse dit qu'il est » inutile de lui donner d'autre nom que » celui de crochu, et qu'on pourrait � la » rigueur ne le consid�rer que comme » faisant partie du premier rang de la pre- >� mi �re ligne. a Le canon renferme 3 os; le premier
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38o M A S V Et,
» retient le nom de canon , et les deux
� autres portent celui de stylo�dcs. » Le boulet est le r�sultat de deux os
» appel�s s�samo�des, parce qu'ils ont la » forme d'une graine de s�same. » Le paturon n'a qu'un seul os nomm�
» paturon.
31 lui couronne n'a aussi qu'un seul os
» appel� coronaire. « Le pied est form� de deux os ; le
» premier, connu sous le nom d'os du pied ; » et le second, sous celui d'os de la noix, » de la navette ou d'os articulaire. » Les extr�mit�s post�rieures compren-
» nent aussi huit parties qui sont la cuisse,
» le grasset, le jarret, le canon, le boulet,
» le paturon , la couronne et le pied ; les
» parties rassembl�es se nomment la jambe,
s en prenant ici la partie pour le tout, sui-
» vant l'usage re�u.
» Un seul os appel� f�mur , forme la
s cuisse» |
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D�S HARAS. 3S�
« Le grasset ou la rotule, est compos�
» par l'os appel� carr�. » La jambe a deux os, qui sont le tibia
> et le p�ron�. » Plusieurs pi�ces concourent � former
» le jarret, savoir l'os du jarret proprement » dit, celui de la poulie , le grand et le » petit scafo�de, l'os difforme et l'interos- » seux ou l'intercalaire. » On compte aussi trois os dans le ca-
» non, deux dans le boulet , un dans le » paturon, un dans la couronne et deux » dans le pied : ils portent les m�mes » noms que ceux des extr�mit�s an- » t�rieures. » Comme la bont� ainsi que la dur�e du
cheval d�pendent le plus souvent de la forme et de l'entretien de ses pieds, nous en donnerons , d'apr�s monsieur Robinet, �l�ve de M. Lafosse, la description, afin de mettre l'amateur � port�e de conjec- turer les maux auxquels cette int�ressante |
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$82 MAS CE L
portion, de l'animal est sujette , et ce qu'il
convient de faire pour sa gu�rison et sa conservation.
« Le pied du cheval se compose de par-
si ties dures et de parties molles, les os et » les chairs , le tout contenu dans une » ho�te de corne appel�e sahot. » Le sahot a deux faces , l'une ant�-
-, ricure et sup�rieure , pour l'ordinaire
» convexe que l'on appelle muraille ; je dis
» pour l'ordinaire , parce qu'elle se trouve
» concave dans certains chevaux, ce que
» l'on appelle pieds plats. L'autre face in�
» f�rieure se nomme sole proprement dite;
» elle est concave : les chevaux dans les-
51 quels elle se trouve convexe , ont ce
» que l'on appelle des pieds combles»
» La muraille csi mince; molle ethlan-
v ch�tre � sa racine ; � mesure qu'elle s'�- y> loigne de la peau , elle devient plus » dure et plus �paisse. Plus elle s'approcbe �» du talon , plus elle s'endurcit, elle est |
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D � S II A R A S. 383
» fijweuse ext�rieurement ; les fibres s:mt
» jointes �troitement les unes aux autres » et se d�tachent par la mac�ration. » La partie interne de la muraille est
» cannel�e , c'est-�-dire parsem�e de petits
» sillons form�s par des productions de
» fibres dispos�es en lames : sa partie
» sup�rieure est mince. On remarque an-
» t�rieuremeut une demi-goutti�re pour
» loger les chairs et la couronne. On a-
» per�oit plusieurs petits trous qui donnent
x passage � des vaisseaux lymphatiques
r qui l'abreuvent en la nourrissant. Il eu
'o est de cette partie comme des poils et
» des crins qui , lorsqu'ils ont acquis une
» certaine longueur , se dess�chent et se
» fondent faute de nourriture.
a La muraille et la sole semblent �tre
» produites par une expansion des nerfs » et des vaisseaux lymphatiques , comme » les ongles dans l'homme. Ce qu'il y » a de certain , dit M. Lafosse , c'est » qu'il n'y a pas dans le cheval de |
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334 M v S U E L
» partie aussi sensible que le pied , ou at�
» moins dans laquelle il �prouve tant de » douleur. » La muraille se divise en trois parties ;
» celle qui se pr�sente en avant , est » nomm�e muraille de la pince ; celle des » c�t�s , muraille des quartiers ; et celle » derri�re , mu-aille des talons. >-, La partie qui para�t la premi�re en
» levant le pied du cheval, se nomme la
» sole proprement dite. Cette sole se di-
» vise en quatre parties , qui portent les
v d�nominations auxquelles elles sont
* jointes , comme sole des quartiers , des
■» talons, etc.
» La quatri�me est un corps en l'orme
» de V , qui est situ� au milieu ; on l'ap- ». pelle la fourchette. » Les parties tant dures que molles ren-^
» ferm�es dans le talon, sont; i°.la ch»*r » de la couronne ; 2°. la chair cannel�e '■> |
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DES HARAS. 335
» 3°. la sole charnue ; 40. la fourchette
» charnue ; 5°. l'os du pied ; 6°. une » partie de l'os coronaire ; 70. l'os de la » noix ou de la navette ; 8°. les ligamens ; » 90, les capsules ; 10». la terminaison » des tendons; I1 °. les art�res ; 120. les » veines ; 13°. les vaisseaux lymphatiques ; » 140. les nerfs; i5°. les glandes ■sine� » viales , 160. enfin les cartilages du. » pied. » Cet article fait pour d�montrer jusqu'�
quel point il importe de soigner une partie aussi essentielle que le pied du cheval, doit naturellement �tre suivi de la nomenclature des maux ou accidens aux- quels elle est sujette , qui sont : i°. l'at- teinte; 2°. l'avalure; 3°. la bleime ; 40. le clou de rue ; 5°. le coup de boutoir dans la sole ; 6°. l'encastelure ; 70, l'�tonnement de sabot ; 8°. l'excroissance de la sole des talons ; 90. l'extension du fl�chisseur du pied et des ligamens; io°. le fie ou le 17
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386 MANUEL
crapaud ; n°. la fourbu rc ; 120, la four-
mili�re ; i3°. la fracture de l'os coronaire ; 140. la fracture de l'os du pied ; 15°. la fracture-de l'os de la noix ; 160. le javard encorn�; 17°. l'entorse ou m�marchure ; 180. l'oignon ; 190. le pied plat; 20°. le pied Comble ; 210. le pied serr� par le clou; 22°. le clou broch� trop liant; 23°. le pied alt�r� ; 24°. le pied faible ou gras ; 2.5°. le pied dess�ch� ou chute du sabot ; %6°. la rupture du tendon fl�cbisseur de l'os du pied; 27°. la seime; 28°. le cors; 290. la sole �chauff�e par l'application du fer rouge ; 3o°. la sole comprim�e par le fer; 3i°. la sole battue; 3a0. la sole foul�e ; 33°. les talons bas ; 34°. les cercles ou cordons; 35°. enfin les croissans. L'on sait que pour tous ces accidens, il
est � propos d'avoir recours au m�decin v�t�rinaire, ou tout au moins � un bon ma- r�chal expert, d'autant mieux qu'ils pro- viennent en grande partie de la mani�re dont les pieds sont entretenus* |
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DES HARAS. 38j
Nous dirons maintenant, en partie, ce
qu'il convient de faire pour un amateur qui veut tenir son clieval en bonne sant� , ou lui porter les premiers secours , s'il vient � tomber malade. |
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388 MANUEL
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CHAPITRE XXVII.
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Sur la mani�re de tenir le Cheval en bonne
sant� , ou reconna�tre s'il est malade. Lia sant� du cheval, comme nous l'avons
d�j� dit, d�pend autant de l'exercice qu'on lui fait faire que de la mani�re dont il est nourri. La premi�re chose qu'on doit faire tous les matins , qu'il ait travaill� la veille ou qu'il soit rest� � l'�curie, c'est de l'exa- miner attentivement xlans sa place ; son attitude et l'inspection des extr�mit�s vous feront conna�tre s'il est fatigu� , comme ses d�jections vous m�neront � port�e de juger s'il est bien portant, �chauff� ou d�rang�. Un cheval en bonne sant� doit fienter cinq ou six fois par jour : celui qui fiente moins et dont la fiente est un peu dure , est �chauff�, il a besoin d'�tre rafraichi : celui |
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DES HARAS. 38t)
dont la fiente est molle , a l'estomac en
mauvais �tat, il aura mal dig�r� pour avoir mang� goul�ment, ou pour avoir �t� �puis� de fatigue. Des bolles , soit cor- diales soit diur�tiques , contribueront � r�tablir les facult�s digesiivcs. Il faut aussi s'assurer s'il n'y aurait pas dans l'estomac des vers dont il est � propos de le d�bar- rasser. La plupart des nations de l'Europe,
surtout celles o� l'art v�t�rinaire a r�pandu ses lumi�res , reconnaissent les maladies des chevaux aux m�mes indices , mais la mani�re de les traiter est diff�rente : nous en avons donn� la preuve dans le cours de cet �crit , en parlant des Anglais qui font grand usage de la saign�e, purgent beau- coup , et dont toutes les m�decines se donnent en bolles au cheval. Les Fran�ais , au contraire , sont moins prodigues du sang : ils purgent peu et leurs m�decines sont des breuvages dego�tans dont on a que tr�s-rarement jusqu'ici remarqu� les |
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3oO . M A NUE t
bons effets. Comme cette grande question
e�t plus particuli�rement de nature a eue d�cid�e par nos plus liabiles v�t�rinaires , qui seuls, en analysant les deux m�thodes, peuT*at nous �clairer sur la meilleure, nous nous bornerons � faire conna�tre, d'a- pr�s monsieur Lafosse , les signes aux- quels on peut juger qu'un cbcval est malade. « L'attitude du cheval que vous avez,
y l'habitude de voir , vous fera conna�tre » s'ii est seulement fatigu� ou d�rang�. » L'inspectiou de l'�il , de la houclie , de » la crini�re , des reins et des extr�mit�s , » vous apprendra s'il est malade. a La premi�re chose qu'on don l'aire si
» le cheval est d�go�t� , triste , est de le » mettre � la di�te et de lui administrer » des lavemens. S'il a les yeux charg�s, a la t�te pesante , s'il bat des Bancs , on » augure que la circulation n'est pas libre » daDS les poumons. S'il a la li�vre , les |
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DES BASAS. 391
« conjectures deviennent plus fortes ; mais
» s'il a des sueurs , abattement, tristesse,
» difficult� de respirer , on est assur� que
» c'est une maladie inflammatoire de la
» poitrine. Il faut, si l'on peut �tre s�r que
» le cheval n'a rien dans l'estomac , lui
» tirer du sang de deux heures en deux
» heures , jusqu'� ce que le battement
» paraisse diminu� , en attendant qu'on
» puisse appeler un v�t�rinaire pour le
» traiter m�thodiquement.
» Dans certains cas, on conna�t lanial;.-
» die sans craindre de se tromper lors- » qu'elle est accompagn�e de sympt�mes >. qui lui sont propres , tels que la pousse » annonc�e par de grandes inspirations lia- » bituelles, et par la respiration en deu\ s temps. » Il est des cas o�, sans avoir une cerit-
» tude physique de la maladie , on est » n�anmoins assur� de son si�ge et de sa s nature par la r�union des vraisemblances |
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3o,2 MASOEI
» et des probabilit�s tir�es des accidens et
» des cire .nstances: ainsi lorsqu'un cheval
» a en m�me temps, li�vre toux et diffi-
» culte de respirer, qu'il est en sueur ,
» dans l'abattement et la tristesse, on est
» moralement s�r que c'est une pleur�sie.
y> De m�me lorsqu'un cheval se l�ve et
» se couche , qu'il se tourmente et bat la » terre avec les jambes de devant, si l'on » n'est pas certain que l'animal a des tran- » ch�es , on a au moins de fortes raisons ? de le pr�sumer. » Il y en a d'autres enfin o� il n'est
» pas possible de conna�tre l'esp�ce du �» mal, c'est alors qu'il faut avoir recours j) aux rem�des les plus doux. Puisqu'il r. n'est pas possible de reconna�tre l'esp�ce » de la maladie , il faut seulement t�cher » de d�couvrir � quelle genre elle se rap- » porte , et employer les rem�des g�n� » raux qui sont indiqu�s fort au long dans » Williams Tapi in, en ang] ai s, c i par ex- |
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DES HARAS. 3<)d
» traits dans le dictionnaire d'hippiatriquc
* de Robinet, en fran�ais. » Apr�s avoir cherch� � conna�tre les
» indications de la maladie , il faut suivre » avec soin charpie indication ; s'il j a in- » flammation et chaleur, on doit rafra�chir ; » s'il y a tension, il faut employer les » �molliens ; les vaisseaux sont-ils trop » pleins , on a recours � la saign�e : si au » contraire on remarque du rel�chement » dans cette partie , on travaille � j r�- » tablir le ton ; et lorsqu'il se pr�sente » dans le m�me sujet complication de ma- » ladie , on suit les r�gles du bon sens et » l'on va toujours au plus press�, comme �» par exemple , qu'on ait � traiter une » pleur�sie accompagu�e de toux , d'in- y> flammation , de fi�vre , de difficult� de y> respirer, il faut examiner chaque indi� » cation. La toux demande des adoucis- » sans ; la fi�vre exige des rafra�chisse- » mens purgatifs ; la difficult� de respirer » se calme par la saign�e , et les adoucis- |
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J94 MANU Et
» sans n'augmentent pas la fi�vre , ou doit
» en faire usage ; apr�s quoi l'on peut sans » risque avoir recours aux purgatifs. » Sympt�mes g�n�raux qui font con-
« na�tre que le cheval est malade ; i°. lors- » qu'il est d�go�t� et qu'il perd l'app�tit; » 2°. lorsqu'il est triste et qu'il porte la » t�te basse ; 3°. s'il a la langue s�che; » 4°. le poil h�riss� ; 5°. s'il ne fl�chit pas » les reins quand on le pince en cet en- » droit, 6°. s'il a la fiente s�che et par >i marons plus d�taches qu'� l'ordinaire , )i couverte quelquefois de glaires qu'on -» appelle improprement gras - fondu ; » 7°. lorsqu'il rend une urine rouge�tre ; » 8°. lorsque l'urine est. crue et claire » comme de Veau pure; 90. quand le c�ur » bat plus fort que de coutume ; io'. si le n battement du c�uf et des art�res est » trop faible , il0, quand il regarde son » flanc, 12°. lorsque le cheval se couche » et se rel�ve souvent; i3°. qu'il jette » une humeur jaun�tre par les narines ; |
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DES HARAS. J j
v r4°- quand sa marche est chancelante;
» l5°. s'il a la vue triste, abattue , et les » yeux larmoyana ; i6°. une difficult� » d'uriner dont on s'aper�oit d�s que » le cheval se pr�sente ; iy°. lorsque le » crin de la crini�re ne tient point. » Les sympt�mes dangereux sont,
» i°. lorsque le cheval se tient faiblement » sur ses jambes , h�site a se coucher , » tombe comme une masse , et se rel�ve » de temps en temps; ao, �rfj sort d(y » l'�cume de la bouche et des narines ; » 3". quand l'�il est t�t,ru� de mani�re » qu'on y yoit beaucoup de blanc; 4". que » l'urine d�coule goutte � goutte , sans que le cheval se pr�sente pour uriner; 5". s'il jette par le nez une mati�re sanguino- lente quelquefois brune; 6". s'il ne rend qued.es mati�res glaireuses et sanguino- lentes par le fondement ; 7°. s'il se l�ve et se rel�ve en regardant ses reins; 8°. enfin , lorsqu'il regarde fixement son |
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1
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dgo m a n v e r,
» flanc, sa poitrine, et qu'il a une grande
» difficult� de respirer. » Ne voulant point empi�ter sur les fonc-
tions du v�t�rinaire , nous nous contente- rons simplement d'indiquer ce qu'un pro- pri�taire ou voyageur doit faire lorsque le cheval n'est que t-iste avec d�go�t , sans fi�vre , sans sueur et sans aucun symp- t�me caract�ris�. L'on a dans ce cas , d'a- pr�s le m�me auteur , de ressource que dans les rem�des les plus doux , tels sont les suivans. » i°. Il faut retrancher le foin, la paille et
» l'avoine au cheval, c'est-�-dire le mettre
n � la di�te ; ne lui donner pour toute nour-
n riture que de l'eau blanche ti�de : pour
i) cela , il faut faire bouillir deux joint�es
» de son de froment,, pour chaque sceau
» d'eau , l'espace de sept ou huit minutes;
» on lui met ensuite le son dans la man-
» geoire ; apr�s avoir pass� l'eau, on lui
» pr�sente cette eau � plusieurs fois , si
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f
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DES HARAS. 3()J
* l'animal n'en veut pas, on lui en fait
» avaler trois ou quatre litres, avec une » bouteille , ce qui se r�p�te quatre fois » le jour. Si l'on soup�onne que le cheval » soit trop �chauff� , l'on mettra une ro- » quille ou i hectogr. 2 d�cagr. de vinaigre » pour chaque seau d'eau; si au contraire il » a de la toux , on y d�layera m�me dose » de miel, et l'on retranchera le vinaigre. » 2°. On lui videra le rectum, et l'on
» ipjectera trois litres de d�coction �mol- » liente pour chaque lavement , ce qui se » r�it�rera sept ou huit fois le jour. » 3°. Ne saignez que dans les cas inflam-
» matoires o� il y a difficult� de respirer
» et battement de flanc , dans la pl�thore ,
» apr�s les chutes et contusions, ainsi que
» dans l'engorgement de toutes les tumeurs
» inflammatoires ; les saign�es de pf�cau--
» tion ou de saison �tant souvent dange-
» reuses.
a 40. JSe m�dicamentez jamais un chc-
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898 M A Bl'EI
t> val que vous ne sachiez la cause de sa
» maladie , ou que vous ne connaissiez 11 exactement son esp�ce ; il vaut mieux ■» laisser agir la nature que de risquer � la » contrarier. » 5°. Enfin, on tiendra le corps de l'a-
v> nimal chaudement avec plusieurs cou- » vertures ; on lui fera une bonne liti�re, » en attendant que les secours dont on » pourrait avoir besoin de la part du v�t�- » rinaire puissent arriver. |
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».ES HARAS.
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CHAPITRE XXVIII.
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De la composition des Boites les plus usi-
t�es en Angleterre , tant pour purger les Chevaux que pour tuer les vers dont ils sont souvent tourment�s. Oi dans le cours de cet �crit nous avons
cherch� � faire conna�tre la mani�re dont les Anglais jugent et propagent leurs belles races de chevaux. nous avons pens� qu'on nous saurait quelque gr� de donner, pour le terminer, la recette des meilleurs m�di- camens usit�s en Angleterre pour les en- tretenir en vigueur, en sant�, et les pr�- parer � l'extr�me fatigue � laquelle on assuj�tit quelquefois ces animaux , tant pour des courses de longue haleine, que pour des chasses excessivement rudes : non pas que nous croyons que quelques - uns |
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400 MANUEL
de nos bons v�t�rinaires n'ayent pas des
rem�des d'une aussi grande efficacit�, mais pour qu'eux-m�mes puissent en faire des objets de comparaison, et nous apprennent aussi leur m�thode qui nous guide dans la conservation d'un animal aussi utile que le cheval. Les partisans de la mani�re anglaise y
trouveront l'avantage de pouvoir s'en servir dans le moindre danger pour la sant� de leurs chevaux, et sans qu'il soit besoin de faire appeler un v�t�rinaire pour un cheval qui ne serait que d�rang� , et que quelques bolles donn�es � propos peuvent r�tablir parfaitement. Nous avons d�j� donn�, � l'article de
l'accouchement, la recette des bolles cor- diales ou pectorales , qui peuvent �tre d'un usage journalier pour les personnes qui au- raient des chevaux dont la sant� serait d�- rang�e , soit par une l�sion des fonctions de l'estomac, soit par la fatigue. Nous don- |
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DES HARAS. 401
lierons ici la composition des bolles diur�-
tiques , appel�es par les jockeys Pissing- Balls, qui ne sont pas moins utiles sons le m�me rapport, lorsqu'il est question de pr�parer le cheval � un cours m�thodique de m�decine, bas� sur sa force et son tem- p�rament, en indiquant le r�gime qu'il faut suivre, et les pr�cautions qu'il convient de prendre pour que ces m�dicamens pro- duisent un bon effet. Cet article sera termin� par la mani�re la
plus efficace de tuer les vers qui naissent et se nourrissent dans le corps du cheval, qu'ils font quelquefois p�rir apr�s l'avoir tourment� long-temps , si l'on ne s'est b�t� de les d�truire avant qu'ils aient acquis la force qui les rend si dangereux. En commen�ant par les bolles diur�ti-
ques , elles se composent de la mani�re suivante : Prenez : Savon de Cast�IIe ou de Bristol, trois hec-
togrammes sis. d�cagra�mes ; 17*
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402 MANUEL
R�siae jaune et nlire en pondra, deux
hectogrammes quatre d�cagrammes. Camphre en poudre , trois d�cagramme-;
Huile essentielle de geni�vre, deux d�-
cagrammes six. drachmes. M�lez avec autant de sirop et de miel qu'il vous
en faut pour composer une p�te que vous diviserez en douze belles, roul�es dans de la poudre do r�- glisse ou d'anis. Ces bolles sont reconnues pour un puis-
sant stomachique ; elles sont carminatives , et d�barrassent l'estomac des mati�res glai- reuses qui d�rangent les digestions, et don- nent du ton � toute Vliabitude du corps; elles se conservent tr�s-bien en masse dans une vessie. On fait les belles suivant le be- soin, et une seule donn�e � propos soulage, et m�me quelquefois r�tablit votre cheval, si ce n'est qu'un d�rangement des fonctions de l'estomac. Vous eu donnerez une de deux jours
l'un, le matin � jeun , � votre cheval; mais s'il est replet, que ses excr�uicna soient |
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>.
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DES HARAS. 4o3
de mauvaise qualit�, d'une odeur f�tide,
il faudra , avant de lui administrer les bolles diur�tiques, lui faire prendre deux doses de m�decine appropri�e � son �tat, � ses forces , en commen�ant par le n°. I. Purging Balls ou Bolles purgatives,
N°- i.
Prenez: Alo�'s succotrin, trois d�engrammes ;
Rhubarbe du Levant, sept grammes; Jalap et cr�me de tartre , de chacun trois
grammes ;
Gcngembre en poudre, huit decigrammes j Huile essentielle de g�rofle ou d'artis , de
chacune vingt gouttes. Sirop de. Noirprun en quantit� suffisante pour for-
mer la bolle. N°. 2.
Alo�'s succotrin , deuxd�cagrammes ;
Rhubarbe, jalap et gengembre , de cha-
cun quatre grammes six d�cigranarnes. Sirop de Noirprun pour former la boll«.
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�
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4©4 M A SUE!
H». 3.
Prenez; Alo�s des Barbadcs, quatre de'cagrammes
six d�cigrammes ; Jalap et savon de Castille , de chacun
quatre grammes neuf de'cigrammes ; Diagr�de et gengembre en poudre , de
chacun trois d�cagrammes. Sirop de Noirprun pour former la bolle.
TsT". 4. AIo�'sdes Barbades , quatre d�cagrammes
six decigrammes ;
Savon de Castille et jalap en poudre , de chacun sept d�cagrammvs ;
Gengembrc, huit decigrammes ;
Huile d'anis, quarante gouttes ; de ge'ro-
fle , vingt gouttes ; Sirop de rose ou de Koirprun pour former la bolle.
Ces m�dicamens sont compos�s de ma-
ni�re � ne pas donner la moindre inqui�- tude aux personnes qui en feront usage, si elles commencent, comme nous l'avons «Ut, par le n°. 1, et ainsi de suite . jusqu'� |
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DES HARAS. 44.1}
ce qu'elles aient appris � conna�tre le
temp�rament du cheval. La veille d'une m�decine , on ne donne
point � souper au cheval. Le jour suivant, de grand matin, apr�s lui avoir fait avaler sa bolle, ordinairement recouverte d'un pa- pier brouillard huil� , afin de la rendre pins coulante, vous lui faites boire environ deux litres d'eau l�g�rement d�gourdie , pour lui �ter, autant que possible, les naus�es de la m�decine, vous le laissez ensuite tranquille au r�telier, avec une poign�e de bon foin devant lui. On sait que pour faire prendre la bolle,
on tire avec la main la langue du cheval, et qu'on place la bolle avec l'autre main sur le milieu de la langue , le plus pr�s possi- ble du gosier , et le cheval l'avale aussit�t qu'on lui a l�ch� la langue en lui levant la t�te. Trois heures apr�s, Yous lui pr�parez
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4�6 M .a u e l
une masche compos�e de trois parties de
son , et de la quatri�me partie en avoine : vous versez de l'eau bouillante sur le tout, et le laissez refroidir assez pour que le che- val puisse le manger sans sentir la chaleur qui le lui ferait rebuter; si vous pr�sentiez ce m�lange avant qu'il fut presque froid, il n'y toucherait pas. Vous lui donne ez , trois fois dans le
jour, de l'eau d�gourdie, � In quantit� d'un Ai !! ni -seau chaque fois : la masche est r�- p�t�e dans la soir�e , et le lendemain � L'heure �-peu-pr�s cru'il a pris sa m�decine. Comme ces sortes de m�decines ne com-
ment � op�rer qu'au bout de vingt- quatre heures, si le cheval refusait la mas- che du matin, on lui donnerait en place tin scati d'eait l�g�rement d�gourdie. Deux heures apr�s , le cheval, bien garni
de couvertures , doit �tre promen� , au pas, pendant une bonne demie-heure ; on lui |
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!)ES H A K A S. ^6f
pr�sentera souvent, dans la journ�e, de
l'eau d�gourdie, et ses masclies aux heures accoutum�es, ayant l'attention de r�it�rer la promenade deux ou trois fois dans la courant du jour. Comme en raison de la longueur du ca-
nal intestinal du cheval . la m�decine ne peut gti�res op�rer avant vingt - quatre heures, si votre cheval ne purgeait pas m�me apr�s ce temps, il ne faudrait pas encore s'alarmer , et attendre patiemment l'effet d'un purgatif, qui ne manque jamais d'agir apr�s les vingt-quatre heures et rarement avant* Tant que la m�decine op�re , on suit le
m�me r�gime, qui cesse d'�tre n�cessaire aussit�t que le cheval a purg� , ce qu'on re- conna�t lorsque les excr�mens, en deve- nant solides, reprennent leur forme ordi- naire. Ce qtte vous avez � appr�hender, tant
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4rc8 MAS(/Kt
que le cheval est en m�decine , c'est qu'il
ne prenne du froid et ne s'enrhume } ce que vous emp�cherez, tant par les bois- sons d�gourdies que par les couvertures dont vous l'envelopperez pour le conduire � la promenade. Vous laisserez six jours pleins entre la
premi�re et la seconde dose de m�decine ; le septi�me , vous la lui ferez prendre de la m�me mani�re, et le r�gime � suivre est en tout le m�me. Si le cheval a Lien purg� , vous vous en
apercevrez ais�ment, tant � sa chair qu'� sa peau et � sa ga�t�, et vous pourrez, sans danger, le livrer � son ancien exercice. Cette m�thode, applicable aux chevaux
qu'on dispose pour la course , l'est �gale- ment � ceux qu'on retire de l'herbe pour les faire entrer dans le commerce, en fai- sant attention � ce que nous avons recoin- |
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B E S I1AE A 5. 409
mand� � l'article des Huniers, ou chevaux
de chasse. Nos �talons qui, pendant l'hiver, ont
pris beaucoup d'embonpoint , paraissent tristes, ont la peau mauvaise, pourraient, avec des modifications, y �tre assuj�tis, mais il faudrait que ce f�t un mois au moins avant de commencer la monte. A l'�gard des , ers, il est bon qu'on sa-
che que les chevaux en g�n�ral, mais plus particuli�rement les, jeunes, y sont extr�- mement sujets : les plus dangereux sont ceux qui, log�s dans les parois de l'esto- mac, causent au cheval des douleurs tr�s- aigu�s, et finissent par le tuer, si l'on a n�- glig� de l'en d�barrasser avant qu'ils aient acquis toute leur force. L'origine de cette vermine , la mani�re
dont se fait son accr nssement, et comme elle s'introduit dans l'estomac du cheval, devient ici �-peu-pr�s inutile; le mat�riel 18
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410 ��AH��IL
est de clierciier � la d�truire , lorsque l'on
s'est assur� <le son existence dans le corps de l'animal. Les ascarides qui se logent dans le rectum, ont �-peu-pr�s la m�me cause , et produisent approchant le m�me effet, qui est de tourmenter et faire souffrir la b�te, sans pourtant �tre , � beaucoup pr�s, aussi dangereux que ceux qui se trou- vent dans l'estomac. Les vermifuges de M. Lafosse sont sans
doute tr�s-bons ; ceux de M. Robinet, son �l�ve , le sont �galement. Nous croyons cependant devoir faire conna�tre les re- m�des employ�s avec un succ�s prodigieux par M. Taplin , en Angleterre , afin qu'on juge auxquels de ces m�dicamens on doit donner la pr�f�rence. Comme la description de ces terribles
insectes estnaturellementduressortdes gens de l'art, et que M. Lafosse l'a donn�e d'une mani�re � laquelle il est impossible de rien ajouter , nous nous contenterons simple-* |
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mes Haras. 4t%,
ment de dire � quels signes M. Taplin re-
conna�t leur pr�sence, et quels sont les rem�des qu'il emploie pour les tuer. Un cheval attaqu� de cette maladie, dit
M. Taplin, lorsque les vers ont acquis toute leur force, manifeste la m�me peine que s'il �tait tourment� de tranch�es; les douleurs qu'il �prouve dans son estomac lof donnent p�riodiquement jusqu'� des con- vulsions , et feraient croire qu'il y aurait chez lui complication de maladies. Ce qui fait juger de l'existence des vers, et em- p�che d'attribuer aux tranch�es ce qui n'est occasionn� que par leur pr�sence , c'est lorsque vous remarquez que le chevaj fiente et urine comme � son ordinaire. Lors donc qu'il n'y a plus de doute sur
la cause de la maladie , vous cherchez � la gu�rir , en soumettant votre cheval au trai- tement m�thodique indiqu� au commet cernent de ce chapitre, en observant que la dose doit toujours &re proportionn�e * |
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412. sia«uel
la force de l'animal, ensorte que pour un
cheval d�licat et de race distingu�e , vous faites usage de la bollc purgative , sous le n°. i , auquel vous ajouterez trois grammes huit d�eigr. de calomel, qui est du mer- cure doux sublim� , plusieurs fois. Pour un cheval un peu plus fort de taille �
et de temp�rament , vous avez recours au n°. 2, auquel vous incorporerez sept grammes six d�eigr. de calomel- Si c'est un cheval de fatigue, plus robuste
encore , vous employez le n°. 3 , avec l'ad- dition de neuf grammes de calomel. Pour les grands et forts chevaux de car-
rosse ou de charrette, il faut un d�cagr. de cajomel pour ajouter au n°. 4, Il n'y a rien � changer � la mani�re de
purger, c'est-�-dire qu'il, faut suivre exao- tement ce qui est prescrit � cet �gard. |
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DES HARAS. 4l3
Vous jugerez par l'effet de la premi�re
dose sur chaque sujet, si vous devez ajouter ou diminuer quelque chose de la m�decine, en prenant garde surtout que le cheval n'at- trappe du froid tout le temps qu'il purgera, jusqu'� la fin de la troisi�me dose, qui porte le traitement complet � dix-huit ou vingt-quatre jours, si vous laissez huit jours d'intervalle au lieu de six, entre chaque m�decine, ce qui est �-peu-pr�s indiff�rent. Il est encore, pour la destruction des
vers, une autre bolle purgative dont l'effet est aussi s�r , et: observant qu'il coin lent d'ajouter � la composition de la bolle dont la recette suit, sept gram. six d�cigr. de jaiap, si le cheval se trouve dans l'une ou l'autre des deux derni�res classes dont nous avons parl�. Prenez : Aio�s des Barbaries, 3 d�eagr. 3 grammes.
�iiops minerai, 3 d�cagr. 3.d�cigr. Savon, rhubarbe Je l'Inde , gengembre
en poudre, de chacun 3 gr�m. 8d�cigr. |
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414 MA NUE X.
Huile d'auis cl de savinier, trente gouttes
de chaque. Sirop de Koirpmc on de Rose, pour former la bc'le.
En observant les m�mes pr�cautions que
pour les autres rn�dicamens pr�cit�s , vous conna�trez , en peu de jours , que votre /cheval est enti�rement d�barrass� de ce qui causait sa peine, et vous pourrez sans danger lui faire reprendre son exercice accoutum�. Mais comme il est des possesseurs d�
chevaux qui, par la nature du service qu'ifs tirent de ces animaux, ne pourraient pas, sans un grand pr�judice � leurs int�r�ts , sacrifier autant de temps pour les d�bar- rasser des vers dont ils seraient tourment�s; ceux-l� pourront, avec un succ�s «gai, faire usage des bolles ou pillules suivantes: Prenez: «Eliops min�'ral, un hectogramme huit
de'cagrarnines ; Antimoine porphyrise", un hectogramme
deux decagrammes j |
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DES HARAS. 415
Safran , acier pr�pare , anis en pondre ,
de chacun neuf d�cagrammes ; Miel en suffisante quantit� pour former une masse
que vous diviserez en neuf belles. Vous en donnez pendant trois jours une
tous les matins au cheva! ; vous le laissez reposer trois jours , et vous recommencez � lui en faire prendre encore trois de ia m�me mani�re que la premi�re fois ; vous laissez encore , pour la seconde fois , un mtervallc de trois jours pour recommencer le quatri�me, jusqu'� la fin des neuf jours, ce qui forme en tout dix�liait jours. Cette m�thode, au grand avantage de
faire p�rir �galement les vers , joint-celui «le laisser au cheval la facult� de travailler, pourvu qu'on ne l'expose pas trop � la
pluie ou � un froid rigoureux, les jours qu'il aura une holle dans l'estomac. Pour la commodit� des personnes qui
trouveraient quelque difliculti �jair� pfen- |
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416 M A StEI
dre les bo^es au cheval , elles pourront
supprimer le miel, et broyer les autres ifigr�dieng ensemble dans un mortier, pour eu faire une poudre divis�.1 ea neuf paquets, v, an\ n;:".m!<■.�; �p.iMiu-v, ;ivr un par moiti� dans l'avoine du matin et du
soir , ayant l'attention de mouiller l�g�re» ment l'avoine pour que la poudre s'y atta- che et qu'il ne s'en perde pas. Ces m�dicamens sont, pour les chevaux,
un moyen de saut� qui peut �tre d'une grande utilit� � ceux qui, voyageant souvent dans des pays dont ils n'entendent pas la langue , ne rencontrent pas toujours des mar�chaux assez exp�riment�s pour soi- gner leurs chevaux qu'ils peuvent perdre , «piand il leur est si facile de les conserver en �tat de travailler. Les cultivateurs �loign�s des grandes
villes, ceux qui se livrent � l'�l�ve des' chevaux dans des cantons o� les commu- nications sont peu faciles , peuvent �gale*- |
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B�S HARAS 417
ment en avoir besoin et s'en servir avec
succ�s ; et comme le but de cet �crit est de simplifier tout ce qui a rapport � la con- naissance comme � l'�l�ve , aussi bien qu'� la conservation du cheval, pour le mettre, comme nous l'avons dit, � la port�e des personnes auxquelles il est consacre, nous pensons que ce que nous avons dit suffira, tant pour les habitans des campagnes que pour ceux qui, faisant le roulage , ne peu- vent se soutenir que par la conservation d� leurs chevaux. En ce qui corcerne les Haras , nous ter-
minerons cet �crit en proposant un mode aussi simple que facile , pour reconna�tre et propager les races de chevaux que nous aurons am�lior�. |
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CONCLUSION.
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A
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pais avoir d�montr� dans le cours de
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cet �crit la n�cessit� de faire la statistique
exacte des �talons ue Sa Majest� l'Empe- reur et Roi, et de donner sur chacun d'eux une notice particuli�re , afin d'aider les propri�taires de belles jumens dans des appareil]emens qui leur tournent � b�n�- fice, et qui par ce moyen fasse na�tre, dans toute l'�tendue de l'Empire, l'ambition de remplacer par de lionnes poulini�res ces b�tes d�fectueuses et tar�es , qui , m�me accoupl�es aux meilleurs �talons, ne peu- vent nous faire que de mauvais cnevaus ; ne conviendrait-il pas de publier tous les ans l'Annuaire des Haras , qui r�pondrait au Siud Book des Anglais , qui a plus de dix mille souscripteurs rien qu'en Angle- terre. Ce livre, en faisant conna�tre les �talons
de races fran�aises, comme les poulains et |
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CONCLUSION. 419
pouliches qui en proviendraient, servirait
non-seulement � nous, pour nous remonter en chevaux de bonnes races, mais encore aux �trangers qui, voulant tirer de la France des �talons propres � am�liorer les races qu'ils poss�dent, apprendraient � conna�tre, sans craindre de se tromper, quelles sont les contr�es o� ils doivent les prendre. Cette mesure , qui augmenterait n�cessai- rement le prix des bons chevaux , ferait baisser dans la m�me proportion celui des mauvais. Le gouvernement y jouirait du double avantage de voir rapidement aug- menter le nombre des chevaux de distinc- tion , � mesure que ses races s'�pureraient dans les jumens , et d'ajouter � sa prospe- \ rite cette branche importante d'un com- merce qui satisferait � la fois notre orgueil,
notre int�r�t, nos plaisirs et nos besoins. Dans les commencemens de l'am�liora-
tion de la race anglaise, et m�me long- temps apr�s , il est certain que le prix du saut des �talons, m�me les meilleurs, n'�tait p;:s u�s-�iev�. Les Anglais n'ont fait � cet �gard que ce que nous pouyous faire aussi |
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420 C 0 N C h V S I 0 N.
bien qu'eux; c'est le m�rite des produc-
tions qui a donn� la vogue � leurs pre- miers chevaux , comme il est arriv� � l'�gard du p�re �'Ectipse, qui, comme nous l'avons dit, couvrit long-temps, dans les environs de Windsor , � une demi guin�e par jument , et dont le saut fut port� � cinquante guin�es , du moment ou'Eclipse eut fait ses preuves. Si Eclipse fut un prodige pour l'Angle-
terre , pourquoi, dans un pays o� depuis peu d'ann�es il s'en est op�r� de plus �tonnans dans un autre genre , n'en ver- rions-nous pas �galement dans l'esp�ce du cheval? Nous n'en citerons qu'un pour la .Normandie , du Haras Imp�rial du Fin ; "c'est le Matador dont les productions ne laissent pour ainsi dire rien � d�sirer, et qui , s'il n'e�t sailli que des jumens par- faitement en rapport avec lui, pouvait � lui seul relever la belle et bonne race nor- mande. Ce cheval n'est probablement pas le
seul que nous poss�dions; d'autres races fran�aises peuvent avoir des liflta4oft |
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«: o x c l u s i o n. 421
comme l'Angleterre poss�de encore quel-
ques Eclipse. De m�me que ce sont les descendans de cette tige illustre qui de- vaient exciter Tiotre convoitise pour l'am�- lioration des n�tres, de m�me les amateurs de la vraie race normande trouveraient dans les productions du Matador et de quelques autres que nous pouvons poss�der, et que. la statistique nous apprendrait � conna�tre , des types d'am�lioration pour des races inf�rieures. L'Annuaire, qui ferait tous les ans men-
tion des nouvelles productions , nous gui- derait dans le choix que nous en devons faire , soit comme �talons , soit comme jumens poulini�res. Nos races, en s'�pu- rant, se remonteraient naturellement, et les bons chevaux, aujourd'hui si rares , ne tarderaient pas � devenir aussi communs qu'ils sont en Arabie , en Angleterre , et 4ans toutes les contr�es o� l'on a suivi une semblable m�thode. |
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�IN.
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TABLE DES CHAPITR�S.
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INTRODUCTION, Page i
Chap. Ier. Sur l'origine des races de
Chevaux. 15
Chap. IL Pr�cis historique des Ha-
ras avant la r�volution. 44 Chap. III. Moyen de relever les ra- ces de Chevaux fran�ais. 62 Chap. IV. Mode d'�puration de nos races de Chevaux. Jo
Chap. V. Sur les Chevaux d'Angle-
terre, o 5 Chap. VI. Sur les Appareillemens. x 03 Chap. VII. De la Monte. 117 Chap. VIII. De la Gestation. i33 Chap. IX. De VAccouchement ou naissance du Poulain. 136
Chap. X. Du Sevrage. 147
Chap. XL De l'adolescence du Cheval. 1 Sj
Cn.W. XII. De la Ferrure. t^ Chap.XIII. Des S�tons el de leur abus. \ 87
Chap. XIV. De la Section de la Queue du Cheval �l'anglaise. 194
Chap. XV. De l'Ecurie et du ; an-
sement journalier. 201
Chap. XVI. De l'Exercice propre-
ment dit. 209 |
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TABLE DES MATIERES. 5a5
Page.
Chap. XVII. Del''exercicedes Eta-
lons. 21 g Chap. XVIII. Desl�umers, ou Che-
vaux de chasse d'Angleterre. a38 Chap. XIX. Des Road-horses, ou
Bidets. a 54
Chap. XX. Des Courses de Chevaux. 261
Chap. XXI. Sur les Coursiers d'An-
gleterre. 270 Chap. XXII. De la beaut� du Cheval. 282
Chap. XXIII. Mani�re d�faire l'ac-
quisition du Cheval. 3i2 Chap. XXIV. Sur les Haras fores-
tiers , ou de l'�l�ve des Chevaux sauvages. 35o Chap. XXV. De l'�ge du Cheval. 365
Chap. XXVI. Nomenclature de tou-
tes les parties du corps du Cheval. 3yi Chap. XXVIT. Sur la mani�re de
tenir le Cheval en bonne sant�, ou t
reconna�tre s'il est malade. 3Ho Chap. XXVIII. De la composition
des Bolles les plus usit�es en An- gleterre , tant pour purger les Che- vaux que pour tuer les vers dont ils sont souvent tourment�s, 3ga CONCLOSIOK. 418
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