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ET SFECUIEMENT
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DE LA MORVE CHRONIQUE
Par V. SAIHTT-CYR,
Clmf de service de Clinique ä l'Ecole vet^-inaire de Lyon.
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PARIS
Chez ASSELIN , librairo ,
place de I'Ecole-de-Medecine.
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LYON
Chez SAVY, libraire. place Bellei^oiir, 25.
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HISTORIQÜES, CRIT10LES amp; EXFERIMENTALES
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ET SPECIAtBMENT
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DE LA MORVE CHRONIQÜE
Pap F. SAIUfT-CYKraquo; Chef de service de Ciinique a l'Ecole vdtfrinaire de Lyon.
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PARIS iliez ASSELIN , libraire place de l'Ecole-de-Medecine.
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LYON Chez SAVY, librairt place Bellecour, iü.
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COINTAG10N DE LA MORVK
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Peut-etre peasera-t-on ququot;il n'y a pas une bien grande opportunite ä revenir encore sur cette question de la Morve, dejä tant et si souvent debattue. Cependant, c'est une question si importante et si complexe; eile peut etre envisagee sous tant de points de vue divers ; eile touche de si pres ä la pathologie comparee et ä i'hygiöne publique, que celui qui en a fait l'objet de meditations serieuses peut toujours esperer trouver quel-que chose d'utile ä dire, meme aprfes MM. Renault et H. Bouley, qui 1'ont traitee avec tant de superiorite dans une discussion qui a eulieu en 1861 devant I'Aca-demie de Medecinc. Teiles sont du moins les considerations qui m'ont fait entreprendre cetravail.
Je no me propose pas de faire, dans ce memoire, I'liis-toire complete de la morve, ni meme de trailer, avoc tous les developpements qu'ils comporteraient, tons les points de doctrine qui se rattachent fi l'histoire de cette maladie. Ainsi jc passerai, sans m'y arrcter, sur la
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question uidenlili des diverses formes de l'aftection mor-veuse; c'est un point que la discussion rappelöe plus haut a trop bien mis en lumiöre pour qu'il soit besoin d'y revenir aujourd'hui. Morve et Farcin, morveaigue, morvechronique, farcin aigu, farciu chronique, ne sont que des formes variees d'une maladie toujours une, tou-jours identique ä elle-meme ; voilä un point döfmitive-ment acquis ä la science, aussi bien an medecine vete-rinaire qu'en medecine humaine. Le chancre de la pituitaire , l'induration specifique des ganglions de Tauge, le tubercule du poumon, la lesion specifique du testicule ou de l'epididyme, le bouton de farcin, etc., etc., ne sont que des lesions symplomatiques, de nature identique, accusant toutes au meme titre, sinon avec le meme degre d'evidence, le meme vice interieur, le meme germe morbide : le virus morveux. Et ce germe, ce virus, qui, introduit dans un organisme sain, peut y dilerminer les memcs phenomtnes . les mi-mes expressions symplomatiques que les plienomenes, les expressions symplonia-liques observecs ehe: Vindwidu d'oü il eslparli (1), est ce qui fait le fond, l'essence de la maladie, et lui donne tout ä la fois son unift et sa speeificite. Ces idees, qui sont aujourd'hui celles de l'immense majorite des mede-cins et des vetörinaires, auxquelles nies propres recher-ches m'avaient conduit depuis plusieurs annees, la discussion que je viens de rappeler n'a pu que les fortifier, et j'y renvoie ceux qui voudraient savoir sur quels fondements solides ellesreposent.
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(1) Anglada ; Traiti de la contagion pour servir ä l'hisloire de* maladies contagieuses et des epidemics: Paris. 1833, t. i, p. 12.
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Je ne reviendrai pas non plus sur la question d'elio-logie, si superieurement traitee par MM. Renault et H. Bouley. Je dirai seulement que, si dispose qu'on soit ä adopter l'opinion de M. Bouillaud sur la specißcite necessaire des causes susceptibles d'engendrer les affections specifiques, — etpourmoncompte j'y suis tresdispose , — il faut bien admettre cependant, sous peine de nier l'evidence, que le gertne qui engendre la raorve peut prendre naissance sponlanemenl dans l'organisme du cheval, et que la contagion nest pas, d^s lors, la seule cause capable de produirc cette redoutable mala-die. J'ajouterai que l'excös do travail , une nouiTlture insuffisante, l'encombrement sont bien reellement les conditions exterieures les plus favorables ä reclosion de ce germe morbide. Apres cela , ce fait de la generation d'une maladie virulente et specifique dans les conditions dontils'agit, füt-il le seul de son espt'ce , füt-il meine, comme l'assure M. Bouillaud, en contradiction formelle avec la logique, il faudrait bien l'accepter, du moment qu'il serait parfaitemeut etabli, comme il me parait qu'il Test reellement pour la morve chevaline. Mais est-ce bien ]ä un fait isole ? et l'histoire de la me-decine, —je parle de la medecine de Fiiomme, les faits tires de celle des animaux pouvant, tous au meine titre, paraitre suspects ü M. Bouillaud et i\ ses adherents, — l'histoire de la medecine, dis-je, ne nous offre-t-elle rien qu'on puisse lui comparer ? En d'autres termes, si la contagion est, chez rhomme, la voie habituelle de propagation pour les maladies virulentes, n'en est-il pas au moins quelques unes de cette sorte qui soient susceptibles d'eclore sous l'influence de causes communes, non spe-
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cifiques, et qui , une fois developpees, jouissent nean-moins de la funeste propnete de se transmettrc, par contagion, de l'individu malade h I'individu sain ?
La reponse ä cetle question, ce n'est pas moi qui me chargerai de la faire ; je laisserai ce soin ä un homme dont persoune, je l'espfere, ne contestera la parfaite competence. Voici ce que je lis dans le Ier volume, page 246, de la Clinique medicale de M. Trousseau :
laquo; Notre dernifere et glorieuse campagne de Crimee nous a malheureusement mis en demeure de juger de nouveau la question. Le typhus, qui a si cruellement frappe nos soldats, s'elait developpe, comme il se deve-loppe, sousl'influence derencombrcment, etpourmieux dire sous Finfluence de la reunion dans un meme lieu d'un grand nombre d'hommes. Puis le germe morbide , ne snonlancmenl dans des conditions venues du monde exlerieur, se transmit par contagion ä d'autres qui ne s'etaient point exposes aux causes qui, chez les premiers, avaientproduit la maladie. Ceile contagion agissanl seule, le typhus fit des victimes, non plus seulement dans le pays oil il avait pris naissance, mais jusqu'ä huit cents lieues de lä: transportc par les malades, il vint attaquer, dans des conditions de milieu loutes differentes , des individus qui n'avaient pas quitte Paris. raquo;
Voilä done au moins une maladie specifique et conta-gieuse pouvant se developper , chez I'Homme, sous I'in-lluence de causes communes et non speeißques , absolu-nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; M
meat comme nous croyons, comme nous affirmons, nous veterinaires, que la morve se developpe chez le cheval. Est-co la seule qui soit dans ce cas? J'en doute ; mais föt-elle la seule, qu'elle suffirait aux besoins de mon argumentation.
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Sans doute, laquo; la production d'une maladie virulente, contagieuse, n'est pas une operation vulgaire et en quelque sorte banale raquo; ; M. Bouillaud a bien raison de ledire, et, quand il ajoute que de telles causes (celles que j'ai enumerees plus haut) au lieu de jouer le röle de causes generatrices, de causes rneres de la morve, pour-raient bien n'etre autrc chose que de simples causes adjuvantes , predisposantes ou occasionnelles, je suis tout h fait de son avis. Oui, je le crois, ä la morve sponla-nee, maladie specifique, doit correspondre tmecalaquo;sc ega-lemenl specifique. Mais cotte cause mere, quelle est-elle? Nous n'en savons rien , absolument rien. Mais connait-on mieux la cause mere du typhus? Oubien l'encombre-ment aurait-il h l'egard du typhus ce caractere de speci-iicite qu'on lui refuse h l'egard de la morve ?
En voilä assez sur ce sujet, trop bien traite d'ailleurs dans reraarquable discours par lequel M. Renault a resume la recente discussion sur la morve pour qu'il seit necessaire d'y revenir apr6s lui; j'ai voulu seulcment montrer que la palhogenie de la morve, teile que nous la concevons, n'est pas un fait sans analogue en pathologic comparee, une anomalie, une singularity, j'ai pres-que ditune monstruositö pathologique, comme on serait tente de le croire 11 la lecture de certains discours aca-demiques (l).
Mais, ä cöte des questions d'Jrfen^Ve, de späeificite et d'eliologie, sur lesquelles a particuliörement porte la discussion et sur lesquelles aussi eile a jete une si vive lu-
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(I) Voycz, ä ce sujet, les discours de MM. Bouillaud el J. Gucrin, Bulletin de VAoadimie impiriale de Midecine, annec 11)61, t. xxvi.
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mifere, il en est une, non moins considerable assurement, qui depuis soixante ans a souleve les plus ardentes, les plus orageuses controverses, sur laquelle ontete emises les idees les plus opposees et parfois les plus singuliöres, et qui, malgre taut de litres ü fixer I'attention, n'a ete quh peine effleuree dans la memorable discussion que je rappelais tout t\ I'heure : c'est celle relative a la Contagion-de cette maladie sous ses differentes formes. C'est cette question que je me propose particuliamp;rement d'etudier dansce travail.
Pour bien faire comprendre, tout ä la fois, Timpor-tance que j'attache h sa solution et le point de vue oü j'entends me placer dans cet examen, il me parait indispensable de rappeler par quelles fluctuations eile a passe pour arriver jusqu'h nous, et l'etat oü eile est mainte-nant parvenue. J'essaierai de le faire aussi rapideraent que possible. — J'enlre en mature.
11 est impossible de dire h quelle epoque l'idee de la contagion apris naissance. Tout ce qu'on pent affirrner, c'est que cette idee est tres ancienne, et qu'elle etait generalement adoptee , en France , au moins des le xvii0 si^cle.
S0L1.EYSEL (1664), l'auteur le plus estime et a coup sür le plus competent de cette epoque, s'exprime, en eftet, de la maniere la plus categorique ä cet egard : — laquo; Cette maladie, dit-il, se communique plus qu'aucune autre, parce que non-seulement les cbevaux qui sent prfes de celui qui en est attaque la prennent, mais fair se corrompt et s'infecte, en sorte qu'il est capable de la
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7 communiquer k tons ceux qui sont sous le möme toit: c'est pourquoi il fautd'abord les separer et neles point laisser boire dans le meme seau, particuliörement certai-nes sortes de morve maligne; mais toutes ne sont pas de meme, et ne se communiquent pas si facilement;-mais ily a toujours du danger (1). raquo;
Garsaui.t('1741) n'est pas moins affirmatif. laquo; Cormne ce mal se communique trös aisement, dit-il, et qu'il pent infecter en tramp;s peu de temps une quantite prodigieuse de chevaux, pour avoir leclie la mMibve, il ne fant pas balancer ä tuer le cheval morveux declare; mais si on n'est pas sür qu'un cbeval ait la morve, et qu'on ne le fasse que soupoonner, la premiere chose qu'on doit faire est de le separer des autres (2). raquo;
Teile est aussi Topinion de Lafosse pore (JTÖ4). Apr^s avoir distingue, mieux qu'on ne I'avait fait avant Ini, les differentesespöces de morve, ou pour mieuxdire, les differentes maladies ayant pour Symptome commun un jetage plus ou moins abondant par les naseaux, oe savant hippiatre ajoute:
laquo; Les trois premieres espöces de morve , lelles que je viens de ies expliquer, ne se communiquent point, sinon lorsque I'humeur a acquis par la longueur du temps une äcrete qui, passant par les narines, en-flammela membranepituilaireelt;/Wlt; j/ow/Zer les ylandes; pronostic certain de morve proprement dite.
raquo; Mai's la quatrieme espece de morve, qui est cfxle de
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(l) Le Parfait Mareschul, nouvclle edilion; Paris, VXk, p. 50. (2J Le Nouveau Parfait Martchal, sixienic edition; Paris, 11)05, p. 219.
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farcis, Mantplusmordicante, ulcere presque toujours ä la fois les poumons el la membrane pituilaire, et par consequent %v COMHOiaQDE (1). raquo;
Or, quelle que soit l'opinion qu'on doive se faire aujourd'hui sur les idees par trop localisatrices de Lafosse a l'eiidtoit de la morve, cette quatriöme espfece de morve, cette morve de farcin, comme il l'appelle et qu'il declare contagieuse, c'est bien la morve teile que nous la connaissons, la morve, maladie generale et spd-cifique, et Ton peut dire qu'il n'y en a pas d'autre.
Lafosse fils'^lTTS-lTTG), adopte et developpe I'opi-nioude son pore. Pourlui, laquo; la morve proprement dite est l'ecoulement qui vient de la membrane pituitaire; il n'y a,k proprement parier, d'autre morve que celle-la. Elle est de deux espiices, I'urie dans laquelle le cheval jette du sang par les narines, et oü Ton decouvre, le long de la cloison, beaucoup de chancres, fournissant trfespeu de pus, et encore d'une qualite noirätre et sanieuse.
raquo; L'autre dans laquelle on ne decouvre point ou presque point de chancres, mais, en revanche, qui fournit une trös grande quantitede pus provenant de la lymphe.
raquo; La premiere espfece menl presque toujours d\m vice farcineux el sc communique presque toujours, ce qui n'arrive pas dans la morve de la seconde espamp;ce (2). raquo;
On a voulu voir dans cette morve proprement dite de la seconde espece l'equivalent de la morve chronique d'au-jourd'hui, et Ton en a conclu que Lafosse fds n'admettait
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(3) Observations et dicouvertes faites sur des chevaux; Paris, 175*, p. 52 cl 53. (JJ Bictionnaire raisonnid'hippiatrique; Paris, 1776,1, in, p. diT.
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la contagion que pour la morveaigue (morve proprement dite de la premiere espfece); et cela parait d'autant plus plausible, au premier abord, que cet auteur ajoute un peu plus loia: laquo; II n'y a que la morve proprement dite de la premiere espäce et la gourme qui soient contagieu-ses.raquo; Cependant Lafosse s'attache, dans une note, h refu-ter l'opinion de Vitet, qu'il accuse de ne pas connaitre la morve; car, dit-il, s'il la connaissait, laquo; ce medecin ne dirait pas que le malade perd sa gaiete, son appetit; qu'il a l'ceil triste, que les jambes se tumefient, que les poils tombent, que la maigreur s'accroit, que la faiblesse augmenteet que I'animal meurt: raquo; (1) preuve evidente, •nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; selon moi, que, pour Lafosse, la morve etait une maladie
toujours et essentielletnent chronique. II se pourrait done que la morve proprement dite de la seconde espöee de notre auteur ne füt qu'une maladie locale; mais ce qui, en tout etat de cause, ne saurait etre mis en doute, e'est que , pour lui , la morve provenanl d'un vice farcineux, e'est-h-dire la vraie morve, est assortment contagieuse.
Bourgelat (1764) ne reconnait qu'une seule esptee de morve, et eile est contagieuse, quoique h des degr^s divers; raquo; car, selon l'äcrete du virus et selon le plus ou moins de disposition des clievaux sains h le contractor, ses effets sont plus ou moins contagieux et quelquefois nese manifestent pas (2). raquo;
Teile est aussi l'opinion deCiuBERT (1780-1793) qui, dans vingt endroits de ses nombreux ecrits, exprime, en
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(1)nbsp; Dictionnaire raisonntd'liippialrique; Paris, 1776, 1. Ill, p. 192.
(2)nbsp; flattere midicale raisnonde, p. 139.
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en signaler les dangers. Cependant cette opinion com-termes empreints d'une conviction profonde, resultant cliez lui d'une longue et laborieuse carriöre consacr^e toutentiöre ä l'enseignement et ä la pratique de notre art, sa ferme croyance h la contagion de la morve. Les quelques citations qui suivent suffiront pour faire appre-cier son opinion :
laquo; Les causes les plus ordinaires de la morve sont: iquot; la communication des chevaux sains avec les chevaux morveux, ou l'usage de quelques-uns des objets qui leur ont servi (1). raquo;
laquo; Ce qu'il y a de sür, c'est la perte enorme qu'elle pent occasionner en se propageant d'un individu ä rautre(2). raquo;
laquo; La morve peut naltre spontanement, mais eile est le plus souvent l'effet de la communication (3).raquo;
laquo; Ce sont ces exemples multiplies (de non contagion) qui ont fait avancer äplusieurs veterinaires celäbres que la morve n'etait pas contagieuse : assertion dangereuse, qui a fail perir plusieurs milliers de chevaux, el qui heureu-semenl se discredile chaquejour. La morve est certaisement contagieuse, mais pas au point que I'ont avance certains auteurs (4).raquo;
C'est la premiere fois que nous ayons trouve I'opinion non-contagioniste formellement mentionne'e dans les ecritsdes veterinaires franpais, et, on le voit, c'est pour
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(i) Instruction stir les moyens de s'osjurcr de l'existenee de la morve, p. 7.
(2)nbsp; Ibid., p. 9.
(3)nbsp; Instructions et observations sur les maladies des animaux domettirjues; t. iquot;, annee 1789-1790, p. HO.
(*) Ibid., annie 1793, p. 322.
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mencait, parait-il, ä compter de serieux partisans de l'autre c6l6 du Rhin; car on lit, dans le deuxteme volume (annee 1791) des Instructions et Observations sur les maladies desanimauxdomestiques, que la Society royale des Sciences de Go^ttingue avait mis au concours, une premiere foisenl775, une deuxiamp;ne enl778, la question suivante:
laquo; L'opinion commune met la morve des chevaux au nombre des maladies epizootiques et contagieuses; cette opinion est aujourd'hui combattue par plusieurs mede-cins veterinaires; on demande des preuves certaines et fondees par l'experience, de la soliditä de Tun ou de l'autre sentiment, et, dans le cas de l'affirmative, jus-qu'ä quel point la contagion pent etre dangereuse. raquo;
Le prix, consistant en une medaille d'or de 50 ducats, ne fut pas adjuge; mais le seul fait de la mise au concours de cette question prouve que dejJi vers la fin du xvni' siöcle, il y avait dissidence entre les veterinaires allernandsau sujet de la contagion de la morve (1).
Maintenant,si I'onconsid^re que, peude temps aprfes, edatait la Revolution Fran^aise et cette longue suite de guerres pendant lesquelles nos armees sillonnferent en toussensla surface de l'Europe; et que, ä l'occasion de ces guerres , les veterinaires francais attaches ä nos regiments de cavalerie dürent avoir de nombreux rapports avec les veterinaires des pays envahis; si Ton fait attention, d'autre part, que ce fut au commencement du xixe sifecle que les idees de non-contagion commencferent
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(1) Instructions et observations sur les maladies des animaux. domestiques, annee 1791, p. 391.
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ä se produire en France, on admettra, comme une chose au moins trös probahle, qua ce furent les veterinaires roi-litaires qui introduisirent et propagörent dans notre pays ces idees qu'ils avaient puisees dans leur contact avec des veterinaires allemands non-contagionistes.
Quo! qu'ilen seit, ces idees, auxquellesservaitdebase ce fait tres generalement connu, aussi bien en France qu'en Allemagne, et Signale par tous les auteurs, meine les plus deeidement contagionistes, ä savoir: que tous les chevaux sains qui ont des rapports avec des che-vaux morveux ne contractent pas fatalement la morve ; ces idees, dis-je, adoptees par Fromage Defeugre , Chaumontel, Godine jeune, tous trois professeurs ü l'Ecole d'Alfort, prirent bientöt une grande extension.
Dejä Ciiabert avait ecrit que des cbevaux maintenus dans des foyers de contagion pendant des annees entteres peuvent y vivre sains sans avoir pris aueun preser-valif; mais il s'etait bien garde, comme on l'a vu plus haut, d'en conclure quela morve n'etait pas contagieuse. A la fin de sa carriöre, soit que des faits plus nombreux eussent ebranle ses convictions premieres, soit, comme on radit,qu'ilaitcedeaux obsessions des chefs du parti, encore peu nombreux alors, de la non-contagion, il laissa inserer, dans un article qui lui est commun avec Fromage Defeugre et Chaumontel, cette declaration : laquo; J'ai cru autrefois Jraquo; la contagion de la morve, et meme j'ai prescrit des mesures pour s'en preserver; aujour-d'hui, eclaire par l'experience, je crois que la morve n'est pas contagieuse (1). raquo;
(I) Cours d'Jgricullure de Vahbi Rozier, 2' edition, art. morve.
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Cette defection de l'illustre et venerable chef de notre profession fut un triomphe pourles non-contagionistes. Dfes ce moment leur opinion prit un rapide essor. Elle envahit definitivement I'Ecole d'Alforl, dont les profes-seurs devinrent en pen de temps presque tons anti-con-tagionistes et se mirent h la tete du mouvement de reaction dirige contre la doctrine traditionnelle de la contagion, qu'ils se mirent en devoir de saper par des arguments et par des faits.
Voyait-on, dans les etablissements employant un grand nombre de chevaux, la morve se declarer, s'eten-dre rapidement, frapperun grand nombre d'animaux, et causer des pertes parfois irreparables ? — Voyez les effets de la contagion! disaient les partisans des an-ciennes croyances. — Erreur! disaient les non-conta-gionistes. Tous ces animaux ne sont-ils pas places dans les memes conditions hygieniques,ou plutöt anti-hygie-uiques? La nourriture, le travail, le repos, le logement, tout n'est-il pas commun h tous ? Les memes circon-stances qui ont fait naitre la maladie chez le premier attaque n'agissaient-elles pas sur ceux qui ont ete frappes apr£s lui ? Qu'est-il besoin d'invoquer la contagion pour expliquer un fait si naturel, il faudrait dire si fatalement necessaire ?
Arguait-on qu'il avait suffi quelquefois d'un contact de quelques instants entre un cheval sain et un cheval morveux pourinfecter 1c premier, place cependant dans des conditions d'hygi^ne toutes differentes ? Ces faits, repondaient les non-contagionistes, sont trop rares, trop exceptionnels pour infirmer la multitude chaque
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jour croissante de fails contraires. Et puis, ces chevaux devenus morveux dans les conditions susdites, quels etaient-ils? Pour la plupart vieux, maigres, epuises par le travail et la misöre, c est-ä-dire dans les conditions les plus favorables au developpement spontane de la morve. Qui salt s'ils ne fussent pas devenus morveux en dehors de toute communication avec des animaux infectsquot;? Qui salt meme si, au moment oü le contact a eu lieu, dej;Vils ne portaient pas le germe de la morve? Car cette maladie peut couver longtemps dans I'organisme avant de se manifester par des symptömes appreciables. Puis ä ces faits, ainsi interpretes, ils en opposent d'autres : Nous avons, disent-ils, intercalle des chevaux sains entre des chevaux morveux; nous avons inocule ti la lancette; nous avons injecte dans les cavites nasales de chevaux sains ce pretendu virus, et la morve ne s'est pas developpee. Qu'avez-vous Ji repondre ä ces experiences decisives (1)?
La reponse ne se fit pas attendre. Ce fut Gouier, pro-fesseur h l'Ecole veterinaire de Lyon (1813), qui s'en chargea. II institua dans ce but des experiences nom-breuses et variees , dont voici le resultat general :
4deg; Dans les cavites nasales de six animaux solipedes parfailementsains, Gohier, injecte la matiöre du jetage recueilli sur des animaux morveux au deuxifeme et troi-siöme degre, et six fois il voit se developper la morve la mieux caracterisee.
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(1) Voyez surtoul Cours d'Jgriculture de l'abbi Rozicr, t. iv, art. morve.
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2deg; A six mires animaux bien portants, il inocule ä la lancette cette matiöre: cinq meurenten trespeu de temps des suites de cetle inoculation.
3deg; Enfin, trois autres fails au mains, sur dowse experiences, prouvent que la morve peut aussi se transmettre par la cohabitation et par les objets (licous et couvertu-res) ayant servi ä des chevaux morveux (1).
Aussi ne peut-on rien lui objecter quand, de ces experiences si bien concues et si bien conduites pour la plu-part, il tire cette conclusion que, laquo; si la morve est k la verite moins communicable qu'on ne I'a cru pendant longtemps, il est au moins trfes facile de la faire naltre en introduisant dans les naseaux d'un cheval sain la matifere qui s'öcoule de ceux d'un cheval morveux (2). •
A l'apparition de ces experiences si decisives, il y eut un moment d'hesitation dans le camp des non-conta-gionistes : eile fut de courte duree. De tout temps on avait reconnu que certaines formes de morve maligne se communiquent plus facilement que d'autres, et que cette maladie, aux allures habituellement lentes et chroni-ques, pouvait revetir dans certains cas un caract^re pro-nonce d'acuiU; mais Gilbert, le premier (3), venait de prononcer recemment le nora de morve aigue, observant, avec raison, que la maladie avait presque toujours ce dernier caractamp;re chez l'äne et le mulct. Les non-
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(1)nbsp; Voyez le detail de ces experiences duns ses lUimoires el Observations sur la Chirurgie et la mlt;SJecine viterinaires, I. i, p. #9632;HIS elsuiv.
(2)nbsp; lbid.'xgt;. *39.
(3)nbsp; Traiti de la gourmc.
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coutagionistes s'emparent de cette distinction , ilss'ef-forcent de l'etablir solidement et en font, dös ce moment , la base de leur systöme et corame la pierre angu-laire de toutes leurs dissertations.
Sous le nom commun de morve, disent-iis, on a con-fondu, et Ton confond encore tousles jours, deux maladies essentiellement distinctes: l'une ä marche lente, compatible pendant des mois et meme des annees avec Texercice regulier de toutes les fonctions, analogue, sinon identique ä la phthisic tuberculense de Tesp^ce humaine, et depourvue de propriötäs conlagienses : c'esl la morve chronique, la vraie morve, la seule qui merite ce nom ; — l'autre, ä marche rapide, s'annonoant dbs son debut par un cortege formidable de symptömes genöraux et locaux, sorte de maladie typhoideet gangreneuse, qui tue les aniraaux quelle attaque dans l'espace de quelques jours : c'est la rnorve aigue, ä laquelle nul ne conteste la propriety de se transmettre par voie de contagion. Mais ces deux maladies, continuent-ils, n'ont absolument rien de commun que le nom ; laquo;la nature, les symptömes, les lesions, tout doit engager ä les distinguer, et, dans une classification r^gultere, il faudrait les placer dans des genres et dans des ordres difFerents et öloignes (1).raquo;
On prevoit mainteuant quelle Sera leur reponse aux experiences de Gohier: Le professeur de Lyon a röussi b transmettre la morve, c'est vrai; mais quelle morve ? II ne le dit pas. Done il est permis de croire que c'est la morve aigue; et la marche de la maladie chez les sujets
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(l) Voyez, enlre aulrcSj Dupuy, De VJffeetion tuberculeuse j Paris, 1017.
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inocules confirme cette interpretation. Quand Gohier a puise le virus chez des animaux atteints de morve chro-nique, il n'a pas reussi. laquo; Voilä le resultat do cos experiences dont on parle tant; il a transmis, sans le savoir, la morve aigue; il n'a pu transmeltrc la morve chro-nique(l). raquo;
Puis, eomme surcroit de preuvcs, on oppose h ces experiences ainsi interpreters fine masse d'experiences et de f'aits aulhentiques, concluaiiis, qui tous deposent en favour de la non-contagion :
laquo; Qualre-vingl Ireize chevaux ont cohabite, mange , travaille avec des chevaux atteints de morve, pendant un temps qui a varie de quinze jours ä quatre ans, sans qu'aucun d'eux ait contracte la maladie;
raquo; Douze ont ete inocules sur la pituitaire , avec la matiöre du jetage provenant de chevaux morveux ä divers degres;
Onze ont ete inocules par le simple contact du virus morveux injeele journellement dans les cavites nasales, ou depose sur la pituitaire ä l'aidc d'eponges et de tampons qui en etaicntimpregnes, ou introduit dans la peau environnant les cavites nasales ä l'aide de frictions ;
• Qualre ont ete allaites par des juments morveuses ;
raquo; Deux ont travaille longtcmps avec des harnais ayant servi k des chevaux morveux ; et pas un de ces animaux, s'elevant ensemble au chiffre respectable de 130, n'a contracte la morve (2). •
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(1)nbsp; Voycz Delafond , Traits sur la Police sanilaire des animaux domestiques, p. 0!)* ct suiv.
(2)nbsp; Delafond, loco citato.
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Leur oppose-t-on qu'il suffit d'un seul fait bien av^rö de contagion pour infirmer cette masse de faits contrai-res i Ea theorie, ils i'accordent; mais laquo; comme on voit souvent, dans les ecuries les plus saines, des chevaux bien conformes et bien nourris devenir morveux sans qu'on puisse dire pourquoi, ce fait doit, pour fournir une demonstration parfaitement rigoureuse, avoir 6t6 recueilli dans des conditions de sevörite extreme, et trfes minutieusement pröparees raquo;. Or, ä leur yeux, il n'en est pas un seul qui ait ces caracteres. laquo; Dans I'etat actuel, au point de vue th^orique, aucune observation h. l'abri de toute contestation ne demontre que la morve chronique soit transmissible par les rapports ordinaires que les chevaux ont entre eux. Aucune experience rigoureuse ne demontre non plus que le virus, puise sur un cheval atteint de morve chronique, puisse transmettre cette ma-ladie ä un cheval parfaitement sain auquel on I'inocule. • Par contre, laquo;tous les faits negatifs bien observes leur paraissent entiers et portent toutes leurs consequences ; ils ont tous et chacun toute leur valeur, et on ne peut rien leur objecter quand on les produit comme prouvant la non-contagion de la morve dans la circonstance oü ils ont ete observes (1).raquo;
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Teile ötait l'argumentation des non-contagionistes; eile ne laissait, comme on voit, aucune objection sans reponse. En fait, cependant, cette distinction de deux
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(1) Kcnauk, Bulletin de la SociUi centrale de Mideeine vfttri-nuire.annce 18)9, stance du 25 octobre, et Jlecutil de Midecint vilirinaire, 1)130, p. 880 el suir.
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morves spamp;nfiquement differentes sur laquelle eile repo-sait tout entiöre,—distinction fondee d'ailleurs sur une erreur aujourd'hui reconnue par ceux-lä memo qui dou-tent encore des proprietes contagieuses de la morve chronique, — cette distinction, dis-je, etait ä eile seule une concession ä l'opinion contagioniste, puisque la contagion, qu'iisniaientd'abord d'une manure absolue, pour la morve en general, sans distinction de formes ni d'espfeces, ils etaient obliges de la confesser maintenant, au moins pour la morve aigue.
Mais, si c'etait Ih reculer, c'etait reculer pour mieux assurer la position. Dans ces nouvelles limites, la doctrine de la non-contagion, non seulemeut parvint ä se maintenir, mais encore fit chaque jour de nouveaux pro-grös. Patronde par I'Ecole d'Alfort, publiquement ensei-gnee par ses professeurs les plus autorises, Godine jeune, Dupuy, MM. Renault, Delafond, H. Bouley, adoptee par des praticiens distingues, tels que Bouley jeune, Crepin, Delaguette, Vitry, Morel, Louchard, eile compta bientöt au nombre de ses partisans la plupart des vamp;erinaires sortis de I'Ecole d'Alfort dans une periode de plus de trente annees. Et tous, professeurs et praticiens, maitres et disciples, travaillörent avec un zfele que rien ne pouvait refroidir, — et dont il faut leur savoir gre, parce qu'il a tourne au profit de l'histoire gen^rale de la morve, — au triomphe de leur opinion.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ,
Dans une question de cette nature, ce sont surtout les faits qui sont appeles ä prononcer en dernier ressort. Les non-contagionistes le comprirent, et ce fut de ce cöte-lä surtout qu'ils dirigamp;rent leur activite. Aussi les faits
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de non-contagion, qui, en 1838 etaient ctejä au nombre de plus de 130, arrivent-ils en 1849 au chiffre imposant de 203 (1).
Cependant TEcole de Lyon etait restee inebranlable-ment attachee au dogme de la contagion absolue, et cette fidelite ä conserver intact le depot de la doctrine tradi-tionnelle lui sera comptee un jour comme Tun des services les plus signales qu'il lui ait ete donne de rendre h la science. Mais, il faut bien le dire, si l'Ecole de Lyon ne laissa jamais passer aucune occasion de manifester et d'affirmer sa croyance, eile ne deploya pas, pour en demontrer la veriteaux plus incredules, cette incessante aclivite dont ses adversaires lui donnaient le salutaire exemple. — A peine si Von trouve, ä partir de 1813, dans les comptes-rendus annuels de ses travaux, le recit de quelques experiences nouvelles ä ajouter ä eelles dont Gohier lui avail legue l'excellent modöle; k peine si quelques faits, recueillis par les praticiens en petit nombre qui osaient encore avouer ses doctrines, tels que Gerard, Barthelemy ainö, Hurtrel d'Afboval, Dandre, Lepine, M. Leblanc, etc., viennent, de temps ä autre et de loin en loin, deposer en faveur de la contagion de la morve et du farcin chroniques (2).
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(1)nbsp; Vojez Dclnfond, Bulletin de la Soc. cent, de Mid. vdt., annie IB49, seance du 5 avril, rl Recueil, IflW, p. 643 ct suiv.
(2)nbsp; Vojez surtout : Jiecusil de Slid, vit., annce 1(127, p. 269; annce 11)37, p. Ifi!) ct 174; annec H13I1, p. 542; anndc 1841, p. 22; Ilurlrcl d'Arboval. DktionnaUe, 2' edition, art. .Woire; I.cblanc, Des diverses espäces de Uorve et de Farcin, Paris, 1039 ; Barthelemy, Bulletin de la Sue. cent, de Slid, vit., annie 1849, Discussion tur la Morve.
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Et cependant, teile est la puissance de la veritö, qua ces faits, bien peu nombreux, — et pour la plupart assez incomplets pour pröter aisement le flaue h une critique interessee ä les trouver en defaut, — suffirent pour arracher aux non-contagionistes une derniore et remarquable concession.
L'occasion en fut memorable, et merite d'etre rapper tde.
C'etait en 1842; un fait immense venait dese pro-duire : pendant que Ton contestait ä la morve, ä Tune de ses formes les plus habituelles tout au moins, la propriete de se transmettre du cheval au cheval, cette afFreuse maladie se communiquait du cheval ä l'homme; et cefait, aprfes de longs debats, avait du etre enfin aeeeptepar les plus incredules, et avait cause, au sein du corps medical tout entier, une emotion profonde (1). D'autre part, l'administration de la guerre, si directe-ment interessee dans cette question de contagion, avait ordonne, en vue de la resoudre, des experiences sous la direction d'une Commission instituee par eile; et ces experiences, faites ä la ferme de TAmirault, avaient donne des resultats, discutables assurement dans une certaine mesure, mais favorables, en somme, h I'opinion contagioniste, puisque sur dix chevaux sains intercales entre onze chevaux atteints de la morve chronique, neuf etaient devenus morveux (2). Le vent, commeon I'a dit, soufflait done ä la contagion.
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(1)nbsp; Voyez Iteeaeil, annee 1830, p. 206, 323, 330.
(2)nbsp; Vojcz Hecueil, müme amice, p. 622,
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Or, dans ces conditions, que j'appellerai morales, un entrepreneur de roulage, qui avail depuis longtemps des chevaux morveux dans ses attelages, fut denonce et poursuivi par le procureur du Roi devant le tribunal correctionnel d'Avallon. II se defendit en disant que, dans son opinion, qui etait aussi celle de sou veteri-naire babituel, et de beaucoup d'autres veterinaires trös distingues, la morve chronique n'etant pas conta-gieuse, il avait cru faire une chose licite, en utilisant pour son service des chevaux, morveux a la verity, mais d'aiileurs bien portants. Le tribunal, comprenant toute la portee de la sentence qu'il etait appele ä rendre, voulut etre plus compl^tement eclaire sur la grave question qui lui etait soumise; il s'adressa done ä MM. De? lafondet H. Bouley, et leur demanda leur avis motive #9632; sur la question de savoir si la morve chronique est ou non une maladie contagieuse (1). raquo;
Or, aprös avoir passe en revue et discutö tons les faits alors connus laquo; quipouvaient militer pour ou centre la contagion de la morve chronique raquo;, ces deux savants professeurs, se basant principalement sur leur experience personnelle, declar^rent, dans un rapport reste fameux : laquo; que les fails de non-contagion qui se pro-duisent sous lethrs yeux sent tellement nombreux, se produisent si souvent, qu'ils ont fait enirer dans leur esprit celte conviction profonde que la morve chronique n'est pas contagieuse. •
laquo; Mais, ajoutent-ils, la matiöre animale est mobile et changeante de soi; sous l'influence d'un ötat febrile qui
(1) V, Itecueil, aange 18t2, p. 827 et suiv.
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amfene un trouble dans I'dconomie tout entifere, les pro-duits inactifs d'une secretion morbide peuventacquörir tout ä coup des proprieies virulentes. — La morve chro-nique peut, en consequence, retölir spontanemcnl un caraclere aigu, et possedcr alors la funeste propriete de se transmettre. — La loi a done Üe sagemenl prevoyanie, m eousidiranl cello maladie comme conlagieuse (1). raquo;
C'etait dire assez clairement que les r^gleoients de police devaient etre appliques dans toute leur rigueur. Le tribunal, plus consequent, jugea que ce n'etait pas ä l'ignorant ä porter la peine des erreurs possibles des chefs de la doctrine : le roulier fut acquitte.
Ceci se passait en septembre 1842; au mois de fevrier suivant parut dans le Recueil de Medecine veUrinairenae nouvelle theorie de la mone, de sa nature el de sa conla-gion sous sa forme chronique (2), et destinee, selon son auteur lui-m6me, ä fournir au rapport precedent les eclaircissements dont il a besoin.
Cette thäorie tient trop de place dans l'histoire de la contagion de la morve, pour qu'il soit possible de s'en tenir ä son egard ä cette simple mention, et il Importe de l'examiner avec toute I'attention qu'elle m^-rite, soit ä cause de sa propre importance, soit ä cause de la haute position scientifique de son auteur.
Voyons done en quoi consiste cette theorie.
Les quelques propositions qui suivent, extraites
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(1J V. Reeueil, 1842, p. 829 et suir. (2) V. ileeuraquo;ilt;,lamp;43, p. 81.
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presque toujours textuellement du travail original de M. Bouley.suffiront, jel'espöre, pour en donneruneide'e exacte.
I.nbsp; La morve est une maladie causee par la presence dans I'organisme d'un germe morbifique, d'un virus.
II.nbsp; Les phenomenes qui surviennent dans quelques regions d'election, comme las cavites nasales, le tissu cellulaire sous-cutane, le poumon, etc., sont precedes d'un mouvement febrile, appele fievre d'invasion ou de coclion, et ont pour but relimination au dehors del'eco-nomie de cette cause morbifique.
III.nbsp; Quand, aprös la periode febrile, I'eruption mor-veuse s'est localisee exdusivement sur la membrane du nez ou dans le tissu cellulaire sous-cutane, un etat de raieux etre general se produit, du a cette cmc h Taide de laquelle relimination du germe maladif s'est effectuee.
IV.nbsp; Ici se place la distinction entre la raquo;norue aigue el la mort'e chronique.
V.nbsp; La morve aigue, maladie comparable aux fiamp;vrcs Eruptives, est essmtiellement conlagieiise; contagieuse par le produit de la secretion nasale, contagieuse par I'air expire, contagieuse par le sang, contagieuse par tous les tissus du cadavre. Apres la fiövre d'incuba-tion, lorsque s'opere I'eruption virulente, I'animal in-fectc sue pour ainsi dire le virus par tous les pores.
VI.nbsp; Mais, lorsque la fiövre d'eruption s'est produite, que les pustules formees se sont ouvertes et ont elimine le virus qu'elies contenaient, quele mouvement inflam-maloire aigu, h I'aide duquel s'est opere le travail d'e-limination, s'est calme, au point qu'il n'y a plus dans les
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tissus, siege de cette explosion, qu'un (Hat suh-inflam-matoire; en un mot, lorsque la morve a passö ä l'etat chronique, il n'y a plus dans Viconomie de virus, de germe susceptible de repe'terla maladie dans un autre organisme.
VII.nbsp; nbsp;Quand le mouvement fluxionnaire eliminateur s'est opere, qua la crise s'est produite, le virus a ete elimine, lebut de la nature est rempli. Seulement, tine maladieorganique locale, le plus ordinairement incurable, a succede ä la maladie gcnerale, ä la morve virulente.
VIII.nbsp; A ce point de vue, la morve chronique n'est pas ä propremenl parier la morve; c'est une maladie organique, consecutive ä la morve proprement dite, h la morve virulente.
IX.nbsp; Mais la fiamp;vre d'incubation qui precede la morve proprement dite n'est pas toujours bien manifeste; la morve chronique peut etre consecutive ä une criss kntt et insensible de morve aigue, et c'est peut-etre lä son mode le plus commun de manifestation.
X.nbsp; La maladie est consideree le plus ordinairement alors comme une morve chronique qui commence, ä cause du peu d'intensite de l'inflammation qui accom-pagne la crise, et des troubles insensibles qui l'ont precedee.
XI.nbsp; Mais que le mouvement critique soit sourd dans son incubation et lent dans sa manifestation, ou bien qu'il fasse tout ä coup explosion , aprös une periode de trouble bien marquee, peu Importe, la morve qui se developpe dans Vune ou Vautre de ces c/rconslances est aigue et contagieuse.
XII.nbsp; Mais aussi, ä la suite d'une crise lente, comme
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h la suite d'une crise rapide, le virus etant eliminä, la maladie qui persiste alors ne consisle plus que dans un flux catarrhal, et n'estplus contagieuse.
XIII.nbsp; nbsp;La morve chronique confirmee n'esl done pas, ou si Ton aime mieux, n'esl done plus une maladie contagieuse.
XIV.nbsp; Mais la morve n'a pas la proprUli deproUger eonlre elle mime, de preserver contre une nouvelle infection l'öconomie d'un animal qui en a une premiere fois subi les atteintes. — Au contraire, s'il est un animal predispose ä devenir morveux, e'est celui dont Te-conomie porte en eile une cause d'epuisement aussi profond^ment efficace que les alterations organiques de la morve chronique.
XV.nbsp; Aussi, dans les conditions oü se trouve un animal atteint de morve chronique, le virus morveux peut-nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;,, t7, ä chaque moment, etre regenere, et rendre ä la maladie actuelle ses proprietes primitives.
XVI.nbsp; II suffit du trouble amen^ dans I'economie par un travail force, par Tintemperie des saisons, etc., pour produire ce resultat chez les chevaux morveux dont on utilise les services.
XVII.nbsp; nbsp;On peut möme facilement, et pour ainsi dire ä volonM, reconstituer le virus morveux sur un animal atteint de morve chronique. II suffit pour cela de determiner en lui un mouvement febrile violent, par une action traumatique quelconque.
XVIII.nbsp; Aussi, les cas de contagion de morve en appa-renee chronique ne sont-ils rien autre chose que des cas de transmission de morve aigue enMe sur la morve chronique.
XIX.nbsp; En resume, done, la morve aigue, maladie due
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ä fa presence d'un virus, qui en est le germe et qui pent la repeter dans d'autres organismes, est de sa nature une maladie essentiellement contagieuse.
XX.nbsp; nbsp;La morve chronique, maladie organique, sans virus, ne peut pas en tant que lesion organique, se transmettre par contagion. Mais par cela seul qu'elle predispose I'dconomie ä la rdgtntration du virus morveux, que souvent sous ses lesions chroniques couve, ä Vital latent, le germe contagieux, Za morve chronique doit Sire consideree comme contagieuse.
XXI.nbsp; Conclusion ginirale. — La morve est ou doit
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etrk consideree comme contagieuse.
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Teile est, räsumee avec une fidölite que j'ose dire scrupuleuse, la theorie de M. II. Bouley. Jamals peut-6tre cet ecrivain si fertile en ressources n'avait montrö plus d'habilete que dans cette occasion. Toutes les propositions dont I'ensemble constitue sa theorie de la morve s'enchainent et se d^duisent les unes des autres avec une logique apparente capable de faire illusion ä premiere vue; et, grace ä cet art, grace a cette habiletc vraiment prestigieuse, on le voit presque sans 6tonne-ment aboutir k ces conclusions dont le seul enonce, de-gage des developpements qui les preparent, ne paraitrait qu'un surprenant paradoxe. Mais cette theorie ingdnieuse est-elle aussi solide qu'elle est specieuse? C'est ce que je vais examiner maintenant.
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En abordant cette partie de ma täche, je ne m'en dissimule pas les tr^s serieuses difficultes. Je n'ai ä mon service ni I'habilete de diaiectique, ni le talent
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d'amp;rivain, ni la science, enfin , qui distinguent M. H. Bouley. Mais, si j'ai pour moi la verite, son secours me suffira; appuye sur eile seule, j'atteindrai, j'en ai le ferme espoir, le but que je me propose, et qui est, je le declare dfes maintenant, de combattre et de refuter, si je le puis, la theorie du savant professeur d'Alfort.
Au surplus, je ne serai pas seul pour soutenir cette lutte inegale. Dejü en 1843, et peu de jours aprös l'apparition de l'article de M. H. Bouley, un homme non moins remarquable par la rectitude de son juge-ment que par la vivacite de son esprit, disons mieux : l'une des plus belles intelligences qui aient honore notre profession, Bernard, ancien directeur de l'Ecole de Toulouse, avait, dans un article oü la verve la plus incisive s'allie de la manure la plus heureuse au sens le plus droit, montre combien cette theorie si brillante ^tait en realite peu solide; et c'est lä, pour la cause que j'ai entrepris de plaider, un auxiliaire precieux, surle-quel je compte bien m'appuyer ü l'occasion.
Constatons d'abord, avant d'aller plus loin , que les conclusions auxquelles arrive M. H. Bouley sont ä elles seules une nouvelle et tres importante concession faite h Topinion contagioniste. 11 en resulte, en effet, que, dans la pratique, il faut se comporter comme si Ton etait sür que la morve füt toujours contagicuse. Aussi M. H. Bouley lui-meme croit-il devoir y insister en disant que ces conclusions seront laquo; si bien ä la satisfaction des contagionistes, qu'entre ceux-ci et leurs adversaires il n'y aura plus sur ce sujet mattere h discussion raquo; (I).
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(1) V. Retueil d$ midecine viterinaire, aanie 1843, p. 116.
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Et cependant cette concession n'a pas eu tout le succös qu'on s'en etait promis; les contaglonistes ne s'en sont pas montres satisfaits, et, aprös comma avant, on n'a pas cesse de discuter (4).
Pourquoi cela t Pourquoi les contagionistes n'ont-ils jamais voulu accepter cette sorte de transaction, qui cependant leur donnait gain de cause dans la pratique ? Un peu de reflexion va nous le faire comprendre.
La morve chronique doit etre consideree comme conla-gieuse; d'un inslanl ä l'autre, du jour an lendemain,
ELLE PEUT LE DEVENIR; raquo;raquo;01laquo; Cfraquo; rialtU ELLE NE L'EST PAS.
Voilh le dernier mot de la doctrine; c'est, trfes explici-tement formulae, une profession de foi anti-contagio-niste. — Le principe est sauve. Sauve!... au prix d'une contradiction etonnante; au prix de l'opposition la plus complete, la plus radicale qui se puisse concevoir entre la theorie et la pratique ! N'importe, il est sauvö. — Mais c'est precisamp;nent pour cela que les hommes qu'une conviction serieuse et reflechie rattachait au dogme de la contagion ne pouvaient accepter ni cette conclusion, ni la theorie qui la consacre.
Et, dans le fait, qu'est-ce qu'une theorie qui ne conduit pas ä des applications utiles? bien plus, dont il est interdit de faire l'application pratique, sous peine d'encourir, de l'aveu meme de son auteur, la plus sörieusc responsabilitö ? Et n'est-ce pas le cas de M. Bouley? — En principe la morve chronique n'est
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(1) V. Dans Ics Bullelins de la Soci'ili centrale de m£decine viMrinaire, la fameuse discussion de 1049.
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pas coNTAGiEUSE. — En fait tl faul la considiter eomme contagieuse. Toute l'habilete du monde peut-elle faire qu'on ne puisse ramener toute sa theorie ä ces deux propositions contradictoires ? Or une theorie qui dit non, quand la pratique dit oui, est-elle acceptable ? En faut-il davantage, tout au moins, pour se tenir en garde contre ce quelle pent avoir de sedulsant au premier abordt
Mais, sans insister sur cette fin de non-recevoir, poursuivons l'examen de cette theorie.
Je ne m'arramp;erai pas ä demander, comme le fait Bernard (1), s'il est bien exact d'assimiler aux phönomfenes critiques les phenomfenes essentiels d'une maladie, comme le sont les manifestations variees de i'affection morveuse : chancres, pustules de la pituitaire, adenites sous-maxillaires, boutons de farcin, etc.; — si ce n'est pas k pen prfes comme si on appelait crise I'exhalation sanguine qui a lieu dans I'apoplexie, ou cette autre exhalation qui se fait dans la pleuresie; — si enfin, en admettant m^me que, dans la morve, le mal local put etre considere comme I'effort critique de I'affection generale, il n'y aurait pas lieu de s'etonner de la longueur de cet effort et de son impuissance; — je veux seulement faire remarquer, — puisqu'on se plait ä comparer la morve aux fifevres eruptives, — que le chancre de la pituitaire, le bouton de farcin n'offrent certainement pas, — en tant que Usions locales, — plus de gravitö que la pustule claveleuse. — Pourquoi done, une fois I'eruption ter-
(I) Journal dei vitirinaires du Midi, annie 1843, p. 121 et suir.
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minde et le virus ilimini, le chancre de la morve, le bouton de farcin ne se cicatrisent-ils pas avec la meme facilite et la meme rapidite que la pustule de la claveläe? Pourquoi, tandis que celle-ci parcourt toutes ses phases et se dess^che dans un laps de temps gänamp;alement com-pris entre 15 et 2S jours, voit-on les lesions locales de la morve revamp;ir presque fatalement le caractäre u\c6-reux, se creuser, s'agrandir, ne montrer nulle tendance k la cicatrisation, et persister presque indefiniment, par-fois autant que la vie du malade qui les porte?
Mais je ne veux pas insister davantage; trop d'autres points reclament notre attention dans cette thdorie.
Et d'abord, s'ileslune vöritöuniversellement acceptde en medecine, c'est assurement celle qui proclame la fixitö, rinvariabilite des espöces morbides. — Une maladie etant donnee, — surtout une maladie spamp;jifique, — deraquo; puis l'instant oü eile prend possession de l'organisme jusqu'ä celui oü eile l'abandonne definitivement, toujours et ä tous les moments eile est semblable ä elle-möme. — Elle pent bien, ä mesure qu'elle parcourt les phases success! ves de son evolution, s'accompagner de phenomönes plus ou moins insolites, se compliquer d'elements etran-gers, capables quelquefois d'en obscurcir le diagnostic; — eile peutaussi, chez des sujets difFerents, presenter, soft sous le rapport du nombre, de l'intensite, de la va-riete des phenomönes objectifs par lesquels eile s'ex-prime, soit sous le rapport de la rapidite avec laquelle ces plienomüaes se succfedent, des differences parfois considerables ; mais ces differences ne portent pas atteinte k Vuniti de VindividualiUpalhologiqueyle fond, I'essence
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de la maladie n'en est pas altere; il reste invariable, toujours reconnaissübie pour un ceil exerce h certains caractferes specifiques aussi fixes, aussi sürement ca-racteristiques que peuvent Tetre les caracteres specifiques des espöces vegetales ou animales.
Teile est la doctrine professee par tous les maitres, depuis Sydenham jusqu'ä M. Trousseau, et adoptee, je croispouvoir ledire, par l'universalitedes medecins(l).
Jamals , repetons-le, on ne voit une individuality morbide blen definle so transformer en une autre espfece pathologique differente d'elle-meme. Jamals on n'avu, par exemple, le typbus contagieux du gros betail se changer en fiövrecliarbonneuse, laperipneumonieconta-gleuse de Tespöce bovine se couvertir en phthlsle tuber-culeuse, le muguet des agneaux en clavelee; pas plus qu'on ne volt le furoncle se transformer en pustule maligne, la rougeole, la scarlatine se changer en variole, etc. etc. — Et 11 ne nous est pas plus donne, quo! que nous pulsslons falre, d'operer une parellle transformation que de changer un animal ou une plante d'une certalne esp^ce en un animal ou une plante d'une espfece differente.
Eh blen! tx ce priucipe fundamental, sur lequel repose toute la nosologle, M. H. Bouley substltue quoi ?... — Un princlpe nouveau, qu'on peut defmlr le principe des Iransmutalions morbides.
Pour lul, maladie generale et virulente au debut et tant que dure I'etat algu, la morve eprouverait une
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(1) V., sur ce sujct, Trousseau, Lepont de clinique tnidiealt •rt. sfkcificitb ; 1.1, p. 233 et suiv.
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transformation teile, eile deviendrait h ce point diffe-rente d'elle-mamp;ne , en passant h l'ätat chronique, laquo; qu'elle ne serait plus ä proprement parier la morve, et ne consisterait plus qu'en une lision organique locale, en un simple flux catarrhalraquo; sans spöcificitd et sans virus. — Puis, cette maladie t locale, raquo; consäcutive ä la morve, mats qui n'esl plus morve, pourrait facilement, sous la seule influence d'un mouvement föbrile sans späcifi-cite, se reconsliluer ä l'etat de morve, c'est-ä-dire amp; Vetat d'affection generale et virulente , pour repasser encorenbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; !
ä l'amp;at de lesion organique, quand se serait Steint le mouvement febrile cause de cette deuxteme transformation; et ainsi de suite, autant de fois qu'on le voudra. Veritable Protze, cette insaisissable affection oscillerait sans cesse de l'etat de morve ä l'etat de hon morve, et vice versa.
S'il existe, dans l'histoire de la Pathologie compar^e, un seul exemple bien av^re, autre que celui-ci, de ces bizarres transformations, je n'ai rien ä dire. Mais que fau-dra-t-il penser si on nous präsente la morve seule, parmi les milliers de maladies qui peuveot atteindre l'homme oü lesanimaux, comme ofirant ces singuliöres alternatives?
Cependant, dit M. H. Bouley, cette conception n'est pas le räsultat d'une speculation purement th^orique. laquo; D^terminez sur un animal atteint de la morve chronique un mouvement febrile violent, soit en injectant un liquide irritant dans une articulation ä vastes com-partiments, soit par l'ingestion d'un poison trfes aclif dans le tube digestif, soit enfin par tout autre moyen , peu Importe; et, a prös l'explosion de cette fifevre qui fait jouer, d'une manure inconnue pour nous, les
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34 actions nutritives, le germe virulent, ddvelopptim nouveau dons I'organisme, marquera sa presence par de nouvelles eruptions, soit dans las cavites nasales, soit dans le poumon, soit dans le tissu cellulaire sous-cutane (1). raquo;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;*
Le fait est parfaitement exact; j'ai eu bien des fois l'occasion de 1'observer; mais je n'aurais pas eu cette occasion que je l'accepterais encore sans la moindre reserve, sur la seule affirmation de M. H. Bouley. Ce que je n'accepte pas, c'est Interpretation qu'il en donne.
laquo; La production d'une maladie virulente, dirons-nous avec M. Bouillaud, n'est pas une operation vul-gaire et en quelque sorte banale (2)raquo;; et il ne suffit pas, pour reconstiluer de toute piöce un virus dans un or-ganisme d'oü ce germe morbide a ete elimine, de laquo; faire jouer d'une manifere inconnue les actions nutritives. raquo; Creer un agent contagieux par des moyens artificiels n'est pas plus au pouvoir de l'homme, qu'il n'est en son pouvoir de faire dclore un germe qui n'a pas ätö fecond^ ; et la genise de ces agents mysterieux est et restera probablement toujours le secret de la Divinity.
La morve ne fait pas exception ä cette loi, et si la fifevre traumatique, le plus simple, le moins spöci-fique assuröment des mouvements febriles, peut, chez le cheval atteinl de morve chronique, provoquer I'ex-plosion de nouvelles manifestations, ce qui est vrai, c'est que chea !ui , croyez-le bien, le germe morbi-fique n'avait pas präalablement ^tlt;5 iliminS; c'est que la
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(t) Reeueil, 1843, p. Hi.
(2) Bulletin de VAcadimie de iM^/ecme, annee 1861: discussion sur la morve.
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diath^se subsiste, c'est que, en un mot, ie virus est
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nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; encore actuellmenl en pleine possession de son orga-
nisme. Voulez-vous comprendre ce qui se passe dans ce cas ? ^nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; Cönsidörez ce qui a lieu chez un homme atteint de
syphilis constitutionnelle. La aussi, et parfois peut-Ätre d'une mani^re plus complete encore que dans la niofve la plus chronique, le poison morbide peut ne tfabir sa presence que par des signes Equivoques. Eh bien! faites intervenir un agent exeitateur sans specificitö, mais capable d'imprimer aux actions or^a-niques une plus grande activite; et, sous Tinfluence de cet agent, sous l'influence des eaux fhermales par example, vous verfez apparaitre de noumtleraquo; poussies; de nouvelles lesions späcifiques vont faire explosion, qui manifestefont la maladie, et la caractdriscront comme espice , aussi söremettt que peuvent le faire pour une plante les indices tir^s de sa corolle ou der son fruit. Mais est-il jamais venu ä la pensde d'aucun medecin de dire que les eaux thermales avaient rigintori, reproduit de toule piice le virus syphitilique ?
Et ce que ne font pas, ce que ne peuvent pas faire les eaux thermales pour la syphilis, une simple lesion traumatique le ferait pour la morve ! — Ne le croyez pas. — Tant que la maladie persiste, quelque ancienne, quelque chronique qu'elle puisse 6tre, le poison morbide qui en est le germe peut bien parattre plus ou moins engourdi, si je puis ainsi parier; mais il est toujonrs present, toujours immanent dans I'organisme infecte, et, pour manifester de nouveau sa puissance, il n'a pas eu besoin d'etre reginiri, n'ayant pas un seul instant cesse dV(re.
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On peut voir maintenant ce qu'il faut penser de cette autre proposition de M. H. Bouley: laquo; que la morve n'a pas la propriätö de preserver contre une nouvelle infection Teconomie d'un animal qui en a une premiere fois subi les atteintes.raquo; (1)
Avant de savoir ce qu'il en peut etre de cette proposition laquo; incontestable raquo;, il faudrait commencer par guörir la morve; il faudrait faire disparaltre les manifestations locales, ou au moins les manifestations specißques, pou-voir s'assurer que la diathese est eteinte, et le virus vraiment ^limine. — Quand vous aurez fait cela, si vousobservez que 1'animal gueri, bien guöri, peut de nouveau contracter la morve, par inoculation ou autre-naent, alors, mais seulement alors, vous pourrez dire que quot; la morve n'a malheureusement pas la propriete de se proteger contre elle-möme raquo;.
Jusque lä, cette proposition est plus que laquo;contestable.raquo; — Elle a contre eile I'ana/ogie, qui nous montre toutes les maladies specifiques connues, — depuis la variole jusqu'ä la syphilis, depuis la clavelee jusqu'au typhus contagieux du gros bamp;ail, depuis la fievre lyphoide de l'homme jusqu'ä la piripnmmonie conlagieuse de l'espöce bovine, — n'attaquant, en gindral, qu'une seule fois le möme individu. — Elle a contre eile autre chose encore: une croyance populaire qui mdriterait au moins I'hon-neur d'une verification scientifique, et que je crois bon de rappeler. — II y a une trentaine d'ann^es, alors que le halageavait surlesbords de nos fleuves, et particuliöre-
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'1) Kecueil, 1(1*3, p. 109.
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mentäLyou, uue importance que la vapeur lui a ravie, alors aussi que le farcin, l'une des formes de l'affection morveuse, faisait parmi les chevaux affectes ä ce service d'epouvantables ravages , les manniers estimaient da-vantage et payaient ä un prix plus eleve le cheval qui avait eu le farcin, dans la conviction qu'il etait desor-mais ä l'abri de ses atteintes.
Que ce soit lä une erreur populaire, c'est possible; que la morve seule , parmi les maladies specifiques, deroge ä cette loi üunicile (1), si bien demontree pour la plupart d'entre elles, c'est possible encore; mais c'est, en toutcas, ce qu'il faudrait prouver, et, on en conviendra, une assertion, de si haut qu'elle vienne, ne saurait tenir lieu de ces preuves absentes. Done, tant que ces preuves n'auront pas etö fournies; tant qu'on se bornera änous dire que laquo; s'il est au monde un animal predispose h devenir morveux, c'est celui dont l'econo-mie porte en eile une cause d'epuisement aussi profon-dement efficace que les alterations de la morve chro-nique raquo; (2), nous serons en droit de repondre avec Bernard (3) que cela prouve seulemeut qu'aucun animal n'est plus dispose ä devenir morveux que.... celui qui Test dejä.
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(1) Nous restituons ici au mot uxicrni son aeeeplion primitive, celle que lui out donnee MM. ßicord et Diday , qui Pont employe les premiers pour exprimer ce fait que ccitaines maladies, la syphilis par exemplc, n'altaquent en gen6ral qu'une seule fois le möme individu. — C'est done par uu abus deplorable que re mot a etc employe avec un sens tout different dans la dernierc discussion sur la morve a l'Acad^inie de m^decine.
(2J Recueil, 1843, an. cite, p. 110.
(3) Journal des rtteriuaires du Midi, 1143, art. cilc.
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En attendant ces preuves dont I'urgence ne saurait etre contestöe, void un fait qua je Signale k I'attention de ceux qui pensent que laquo; la morve ne se preserve pas d'elle-m^me raquo;.
On salt aujourd'hui que le chancre indure, le seul qui soil suivi de manifestations constitutionnelles, — faci-lement inoculable ä tout sujet vierge de syphilis, — ne s'inocule pas au malade qui le porte, et cela, parce que le virus syphilitique n'a plus de prise sur un organisme qu'il a une fois impr^gne. — Partant de ces donnees, j'ai voulu savoir ce que produirait le virus morveux chez un sujet affect^ de la morve, et j'ai fait Texpärience suivante:
Le 23 fövrier dernier, un äne, h qui j'avais inoculd, iepl jours auparavanl, la morve chronique, mourut des suites de cette inoculation, avec lous les symptdmes de la morve la plus aigue. — Le lendemain , 24 fdvrier, M. Rey, voulut bien mettre ä ma disposition un cheval que son propriätaire venait d'abandonner ä l'Ecole pour cause de morve chronique incurable.
Ge cheval ^tait en observation dans nos infirmeries depuis le 15 fevrier; il dtait un peu maigre, mais encore vigoureux ,• seulement il pr^sentait les symptö-mes les moins equivoques de la morve chronique : glande de la grosseur d'un oeuf de pigeon, dure, bosselte , presque indolente et un peu adherente ä la bran-che gauche da maxillaire; jetage mucoso-purulent, tan-töt trhs abondant, tantöt presque nul, par la narine gauche; une seuleölevure,mais trbs caract^ristique sur le champ visible de la pituitaire, aussi du cöt^ gauche. — Hirn du c6te droit.
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Depuis le 15 ces symplomes a'avaient presque pas varie; seulement l'ölevure s'etait transform^e en veritable chancre.
Le 24, j'inocule ä ce sujet la mattere prise dans un des nombreux tubercules dont les poumons de l'äne mort la veille de la morve aigue etaient comme farcis. — Ce tubercule est ouvert au moment möme de Tinoculation. — Celle-ci estfaite ducdU droit: l0äraile interne du naseau, en deposant le virus sur une surface large comme une pifece d'un franc, dont I'^piderme a ete enlevö par le grattage, de mantere ä mettre ä nu le räseau vaseulaire du derme; 2deg; au voisinage de la commissure des lövres, en inserant le produit virulent dans une petite plaie faite avec les ciseaux, laquelle intäresse seulement la couche la plus superficielle du derme, et ne donne presque pas de sang. — On attend, du reste, pour y deposer le virus, que le suintement sanguin soit tout ä fait tari.
Le 2S fevrier, I'inoculation n'a encore donne lieu ä aucun phenomfene appreciable.
Le 26, les points inocules sont manifestement enflam-mes, surtout la petite plaie faite avec les ciseaux; en ce point, il s'est produit une petite elevation du derme, reposant sur une base enflammee, chaude et trfes dou-loureuse.
Le 27, cette elevation a pris un notable accroissement. C'est maintenant une veritable pustule trös bien carac-tamp;isöe, de la grosseur d'une noisette ä peu pros, laquelle ne tarde pas ä s'ouvrir et donne issue ä une certaine quantite depusassez bien elabore, mais un peu sanieux. Cette pustule se trouve ainsi convertie en une plaie
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ulc^reuse, large comme une pifece de vingt centimes, interessant presque tonte l'epaisseur du derme, et dont les bords semblent comme tallies ä l'emporte-pi^ce. — Deux jours apr^s cette plaie se dessöche et se couvre d'une croüte adh^rente.
Au point inoculä par le grattage, les ph^nomönes consecutifs sent encore plus simples, et la cicatrisation encore plus rapide.
A la suite de cette inoculation, le sujet, observe tons les jours avec le plus grand soin, n'a jamais presente le moindre symptöme febrile; il a conserve toute sa gaitd, tout son appetit; il n'a pas maigri. — On n'a vu se produire ni engorgement phlegmoneux de la face, ayant pour point de depart les points inocules, ni jetage par le. naseau droit, ni chancre, ni gonflement des ganglions de l'auge du cötd inocule. — Les symptömes de la morve sent restes localises du cöte gauche; Us nc sc sont pas aggravis, et, le 18 mars, vingt-deux jours aprös l'inoculation, ils sont encore exacteraent les mömes qu'au moment oü eile a ete faite; on plutöt, ils ont diminud, car on ne retrouve plus sur la cloison, du cöte gauche, le chancre que nous y avions constatd. L'animal est sacrifie le 29, et l'autopsie fait voir toutes les lesions de la morve chronique, et rien qu'on puisse attribuer ä l'inoculation. .
Autre fait:
Pendant que j'etais occupy ä la redaction de cet article,j'avais charge un de nos bons elfeves, M. Boissier, de faire pour moi quelques recherches bibliographiques dans nos divers journaux, et voici, entre autres choses, ce qu'il y a trouve :
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laquo; Un cheval hongre, de race allemande, bai clair, amp;g6 de six ans, appartenant au maitre de poste de Vienne (Isfere), est confie, le 2S septembre 1845, k Y6lb\e Auloge.
raquo; II y a six mois environ que cet animal a couche dans la mßme öcurie qu'un autre cheval atteint de la morve chronique, mais ä une assez grande distance pour qu'il n'y ait pas eu contact imtnedlat entre les deux sujets. Ce n'est pas probablement k cette cause qu'il faut attribuer la fin funeste de ce cheval; quoi qu'il en seit, quatre mois apr^s, il se mit ä tousser et ä jeter par la narine gauche; les ganglions maxillaires se sont tumefies. Aprös avoir essaye quelque temps le traitement du coryza aigu sans rdsultat satisfaisant, on a conduit le malade a I'Ecole.
raquo; II est dans un etat mediocre d'embonpoint; plein de vigueur, il ne parait eprouver aucune souffrance des symptömes qu'il presente du cote de la tete.
raquo; La narine droite n'oftre rien de particulier; celle du cöt6 gauche laisse ecouler un mucus filant, peu abon-dant, d'une teinte jaunätre, adherent aux alles du nez; la membrane pituitaire correspondante est rouge, infiltree, rugueuse sous l'inspection du doigt, sans ulcera-tions accessibles ä la vue et au toucher. Sous la ganache on trouve un empätement des ganglions, qui sont douloureux, peu attaches ä l'os maxillaire, et presentent quelques parties assez dures.
raquo; Le diagnostic etablit 1'existence de la morve chronique, malgre l'absence des ulcerations, que nous sup-posons exister dans les parties superieures de la tete, vu l'aspecl rugueux de la pituitaire gauche. raquo;
Aprös un long traitement, absolument infructueux, le
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sujet fut abandonne ä TEcole comme incurable, et servil ä quelques experiences...............
laquo;Vers la fin de novembre, un leger jetage reparait par le naseau gauche ; la pituitaire presente trois ä quatre points blanchätres, qui ne tardent pas ä passer ä l'etat
d'erosion et ä s'ulcerer.......Le 25 (du m^me
mois), les glandes ont augmente considerablement de volume.
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laquo; Du mucus est pris sur un äne äge de 4 ans, prdsen-tant les earacleres de la morve aigue, tels que gonflement de la pituitaire, ulcerations nombreuses sur la cloison nasale, ecoulement d'unmucus mousseux, sanguinolent, etc,. On inocule le cbeval dont il s'agit ci-dessus; quatre piqüres sont faites avec la lancette, deux ä la Ifevre inferieure, et une Jraquo; l'aile externe de chaque naseau.
raquo; Cette inoculation est faite, le 4 decembre, par M. Luton, chef de service de Clinique.
raquo; Aucun signe maladif n'existe le lenderaain autour des points inocules.
raquo; Le 6, aggravation des symptömes de la morve chronique. Le poürtour des piqüres est tumefie , peu douloureux.
raquo; Depuis cette epoque jusqu'au 22 janvier, ce cbeval n'est sou mis ä aucun traitement; sonelal eslloujours le möme qu'avant Vmoeulation. Le jetage est peu abon-dant; il a toujours lieu par la narine gauche, avec des interruptions d'un h deux jours; il n'a pas d'iilcentlinn; son eta( d'embonpoinl rst Ircs salisfaisanL
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raquo; Eiifiii, aprös un traitement de cinq mow, ce cheval est sacrifie.
raquo; L'autopsie fait reconnattre dans les cavites nasales, les sinus de la tete et les poumons , les alterations ordinaires de la morve chronique (1). raquo;
Que vont penser de ces faits ceux qui affirraent cette proposition laquo;incontestable raquo; que laquo;la morve n'a malheu-reusement pas la propriamp;e de se proteger contre elle-metne, de preserver contre une nouvelle infection, etc...? Bornons-nous a faire remarquer que, dans les deux cas precites, c'est la morve aigue qui a et^ inoculee sans succes et passons ä un autre point.
C'est une opinion tvbs generalement accept^e, qu'une maladie qui s'ätablitd'une maniere lente, par un travail sourd et cachö, sans eveiller de reaction appreciable au sein de Torganisme, qu'elle mine sourdement; —qui, une fois etablie, progresse avec lenteur, sans presenter dans son cours de ptirtodes distinctes, mais seulement desdegres plus ou moins avancds; —c'est une opinion generalement et depuis longtemps acceptee, dis-je , qu'une teile maladie est du nombre de celles qu'on appelle chroniques.
laquo; Les maladies aiguesraquo;, dit Sydenham, sont celles oü la nature opfere promplement la coction de la matifere peccante; lescferoni^ues, celles oü cette coction est lenle, et oü souvent les parties se laissent surcharger et acca-
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(1) Comptcrcndu lies iiavnnv de la cliairc tie cliniquc dp I'Ecalc royale vttirina'iTe de Lyon, pendant l'anncc scolairc WJH\\6; Journal de Slid. vol. do Tyon. antue 18^7, p. 29 ft suiv.
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bier par cetle bumeur, ä raison de son abundance extreme et de rimpuisiance des efforts de la nature (1). raquo;
laquo; Une maladie a une marche aigue, dit ä son tour Chomel, lorsque le developpement, la succession , Vintensite des symptomesqui la caracterisent, annoncent une affection qui doit se terminer dans un court espace de temps; au contraire, lorsque les symptömes se develop-pent, s'accroissenl, se succödent aivc lemeur, sa marclie est essenlietlemenl ehronique (2). raquo;
Voilä done bien fixe, en pathologie, le sens des mots aigue et ehronique.
Or, personne ne Tignore, — et M. Bouley moins que personne, — la morve peut presenter, des son debut, et conserver ensuite, pendant loute sa durec, ce caraetöre de chronici/e.
Un jetage plus ou moins abondant, se produisant ordinairement par une seule narine, et dont le caraetöre le plus tranche est de se coller et de se dessecher sous forme de croütes poisseuses ä l'orifice descavites nasales; un engorgement plus ou moins prononce des ganglions lymphatiques sous-glossiens, formant par leur räunion ce qu'on appelle une glande dure, indolente, bosselee, et surtout fortement adherente k la brauche corres-pondante de 1'os maxillaire : tels sont souvent, tels peu-vent etre pendant fort longtemps les seuls symptömes de la morve au debut. Et, pendant tout le temps, je le repute, souvent fort long, que la maladie met ä par-courir cette premiere phase de son evolution, I'animal,
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#9632;;1) Broussais, Examen des doctrines midicttles, I n, [)#9632; 89. (2) Chumcl. Path, gitu, p. 357.
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place sous le coup de la maladie la plus rcdoutable qui puisse atteindre son espece , parait cependant jouir d'une sante parfaite: il n'a rien perdu de sa gaite, de son appetit, de son embonpoint, de sa vigueur; ses poils sont restös frais et luisants; son travail a pu ne pas etre un seul jour interrompu. En un mot, n'etait ce jetage et cette glande, qui le font considörer comrrfe suspect ou douteux, on le croirait bien portant. — Cependant, un beau jour, apparait sur le cbamp visible de la pituitaire une erosion superficielle, un petit tuber-cule, plus appreciable au toucher qu'ä la vue, une ulce-ration grosse comme la tete d'une epingle; et ce tout petit Symptome, qn'aucun mouvemenl febrile saisissable n'a precede ni ne suivra, suffit, avec raison, pour faire dire que la morve est confirmee. — Bientöt, en efFet, vont apparaitre et se multiplier plus ou moins rapide-ment les chancres vraiment specifiques; et i'animal, declare incurable, sera condamne ä ötre abattu.
Mais si on ne prend pas ce parti rigoureux; si, möme alors que la maladie s'est caracterisee par ses symptömes cardinaux, comme on dit aujourd'hui, on laisse vivre I'animal pour voir ce que deviendra I'affection abandon-n6e ä elle-möme, on verra souvent ce cheval, irrävocable-ment frappe , garder pendant longtemps encore les apparences d'une sante generale satisfaisante. II boit, il mange, il s'anime ä la voix de son conducteur, absolu-ment comme un cheval bien portant, etil pourrait encore rendre de bons services, si les röglements de police sanitaire n'y mettaient un salutaire obstacle.
Certes, une maladie comme celle dont je viens d'es-quisser Je tableau, incomplet sans doute, mais fidfele.
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mcrite, ou je me trompe fort, le nom de maladie chro-nique.
Eh bicn non!.. Pour M. Bouley, cette morve qui se cteveloppe avec lenteur, qui laquo; mine Torganisme par un travail sourd et cachöraquo; (1), qui n'est laquo; pr^däe que par des troubles fonctionnels insensibUs raquo;(2), ce n'est pas la morve chronique; c'est... laquo; laquo;ne erise knie et insensible de morve aigue* (3); ou, si mieux vous aimez, laquo; laquo;nlaquo; crise par solution insensible du germe morbide! (4).raquo; Sous les apparences chroniques, la morve est en röalite aigue et contagieuse.
Maisalors, dira-t-on, qu'est-ce done que la morve chroniquequot;?
La morve chronique, vous repondra M. Bouley, c'est une alteration organique sans virus, qui n'est plus la morve, mais qui peut redevenir la moreepar suite d'une nouvelle crise, laquelle peut dtre aussi insensible que la premiere.
Mais encore, insistez-vous , ä quoi jugera-t-on que ces transformations se produisent? Comment reconnai-tre, comment diagnostiquer ces deux morves, si diffören-tes, en definitive, puisque Tune est contagieuse et que I'autre ne Test pas?
Ah!.. cela est difficile.... Cependant si vous observes les malades avec un soin extreme; si vous apportez ä cette observation plus que de I'attention, beaucoup de
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(1)nbsp; M. H. Bouley, loeoeifatö, p. 105.
(2)nbsp; nbsp; Ibid., p. 106.
(3)nbsp; nbsp; Ibid., p. löi. (laquo;) laquo;nd., p. 105.
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bonne volonte, peut-ötre ramp;issipez-vous ä saisir queique indice fugitif, quelques troubles aussi lagers que fuga-ees, tels laquo; qu'un decuhilns un peu plusprnlonge, unappe-tit un peu moins avide, un endolorissement tourd raquo; (1) , qui vous permettront de souppottner que la crise s'op^re. Et puis, si l'examendu malade vous laisse incertain, vous avez la ressource de l'autopsie cadav^rique, qui ne manquera pas de dissiper tous vos doutes, comma en fait foi I'exemple que voici:
Un vieux cheval avait transmis la morve ä un autre cheval, avec lequel ii avait cohabit^ pendant trois semaines. M. Bouley le fait conduire ä l'Ecole d'Alfort et constate les symptomes suivants:
laquo; Ecoulement abondant par la narine gauche d'un liquide purulent, caillebote, verdätre, adherent aux alles des narines.
raquo; Engorgement ganglionnaire dur, adherent, bossele, peu douloureux k la pression des doigts.
raquo; Erosions multiples sur la cloison nasale; ulcöra-tions peu profondes, ä pic, sans auriole inßammatoire; cicatrices rayon nees, blanchätres, dans la partie supe-rieure des naseaux.
raquo; Aucun bouton ä la peau.
raquo; C'elaienl bien lä tous les caracteres de la morve chro-nique raquo;. — Cast M. Bouley qui porte ce diagnostic.
L'animal fut sacrifid immediatement.
Autopsie. — raquo; Caviles nasales du c6tamp; gauche: — Collection tres ancimne dans les sinus de la tete;
(1) M. II. Bouley, loco citato, p. 105.
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48 epaississement granuleux de la membrane qui les tapisse.
raquo; Cloison nasale eraill^e, däpolie par une multitude d'erosions ^pidermiques.
raquo; Ulc^rations anciennes dans les cornets.
raquo; 4ucme Eruption pustuleuseaigue. raquo;— C'estM. Bou-ley qui souligne ces mots.
CaviU thoracique. — Les poumons sont eribläs d'abcfes m^tastatiques aigus : les uns, tout h fait ä leur d^but, avec un point purulent dans leur centre; les autres anciens, döjä ramollis et suppur^s raquo;.
Cokcllsion : — quot;La morve elail done ä Vital aigu, car cette formö des lesions du poumon, si specifique-ment caracteristique, implique evidemment la presence du virus (1) raquo;.
Ainsi, voilä qui est bien demonträ : pour que la morve soit chronique, il ne suffit pas qu'elle ait döbutö sourdement, qu'elle ait marche avec lenteur, qu'elle soit anctenne, et sans relenlissement acluel sur I'organisme; que ses lesions visibles soient anciennes, pales, sans slgne acluel d'inflammalion; s'il existe dans le poumon quelques abc^s, que dis-je 1 un seul abces ricenl, un seul tubercule enloure d'une auräole rouge , une seule lache ecchymolique, si petite soit-elle, — car la qmntile n'y fait rien, quand la qua/iVey est, — la morveesl aigue; il n'y a pas k dire!..
Et maintenant, qu'on vienne parier aux non-conta-gionistes des faits de transmission de la morve chro-
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(1) Rccueil eiti, p. 113 ä 113.
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nique !.. La morve aura ete transmise; — soil. — Elle avail les apparences chroniques ;—ils ne le nieront pas. — II y avail virus; — assuremenl. — Mais, dans les poinls inaccessibles ä rexploration, dans les parties les plus profondes des cavites nasales, dans les poumons surtoul, il y avail peut-ölre quelque lesion recente impliquanl la presence du virus. — La morve elait aigue, gardez-vous d'en douter. — La morve chronique n'est pas contagieuse. — Ne savons-nous pas combien laquo; la maliamp;re auimale est mobile et changeante de soi; raquo; combien a la morve chronique est une maladie peu stable de sa nature'! raquo; Ne savons nous pas que laquo;souvent sous scs lesions chroniques couve, ä l'elat latent, le gerne conlagieux ;raquo; que, laquo; sous I'influence d'un etat febrile qui amfene un trouble dans I'economie tout en-tiöre,— elat febrile qui peut passerinapergu si la crise a lieu par soluiion insensible, — les produits inactifs d'une secretion moi^bide peuvent acquerir tout ä coup des proprieles virulentes? gt;#9632; — Encore une fois, la morve chronique n'est pas contagieuse; laquo; tous les cas de transmission de morve chronique ne sont en realile, comme celui rapporle plus haut, que des cas de morve aigue enlee sur la morve chronique !.. raquo;
Certes, il faut admirer Thabilete qu'il a fallu deployer pour arriver h celle conclusion; mais, tout en admirant, on peut cependant n'etre pas convaincu. II faudrait savoir, en effet, si, pour lesbesoins d'une theorie, il est permis de changer arbilrairement la signification uni-versellemenl acceptee des mots les plus usuels d'une langue; si Ton peut qualifier laquo; aigue raquo; une maladie
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qui dure des mois et m^me des anndes, par cela seul que, dans son cours, on aura remarque quelques troubles tellement fugitifs qu'ils peuventlaquo;facilementraquo; passer inapergus, ou parce que, ä l'autopsie, on aura trouv^ dans le pouraon quelques abcte r^cents, quelques laches ecchymotiques ? — Comme s'il n'etait pas de Tessence de la morve de produire des eruptions successives, jusqu'ä ce qu'elle arnamp;ne plus ou moins rapidement la mine de l'organisme ! — Dire que la morve change de nature, et passe ä l'4tal aigu chaque fois que se produiseut une nouvelle pustules sur la pituitaire, un nouveau bouton de farcin, un nouveau tubercule dans le poumon, meme en I'absence d'un trouble bien marque. Men saisissable de reconofme,n'est-ce pas comme si Ton disait que la phthisic pulmonaire change de nature et passe ä l'etat aigu chaque fois qu'on observe chez les malheureux phthi-siques un peu plus d'oppression qu'ä l'ordinaire, un peu d'agitation du pouls, quelques legers frissons suivis de boufFees de chaleur ?
Resumons toute cette longue discussion.
Une interpretation au moins hasardee de l'antiquc doctrine des crises, surtout en ce qui concerne ce qu'il appclle les crises insensibles;
Les appellations: laquo; maladies aigues,raquo;laquo; maladies chro-niques, raquo; detournees, au profit dc la theorie nouvelle, de leur sens usuel, consacre par le consentement unanime des medecins de tons les temps et de toutes les ecoles;
Une assertion sans preuve, quel'analogie condamne et que les fails autorisent au moins ii mettre en suspicion, sur la maniöre dont la morve se comporte ä l'egard de la grande et belle loi deVuniciM.
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Un principe nouveau, le prineipe des iransmutations morbides, substitue ä Tancien principe, fondement de toute la nosologie, et qui consacre la fixite, Tinvariabi-lite des espöces nosologiques;
Quelques faits vrais, mais pouvant et devant recevoir une interpretation autre que celle qu'il leur donne;
Et, pour conclusion, cette proposition, contradictoire dans ses termes, que la mom chronique doil elre tenue pour contagieuse, uien qu'elle ne le soit pas :
Teile est la the'orie de M. Bouley, dernier refuge des non-conlagionistes.
Si cette thäorie est erronee si tout le talent de son auteur, auquel nulplusquemoi, ne rend un plus complet et plus sincere hommage, si, dis-je, tout le talent de son auteur n'a pu que dissimuler imparfaitement les vices radicaux dont elie est entachee, que faut-il en conclure, relativement ä la contagion de la morve? — Qu'il faut, aprös tant et de si longaes discussions, en revenir h l'opinion des anciens, et dire, avec Soileysel:
laquo; Gelte maladiö se communique plus qu'aucune autre, particuliörement certaines sortes de morves malignes; mais toutes ne sont pas de meme, et ne se com-muniquent pas si facilement, mais il y a toujours du danger. raquo;
Mais il ne suffit pas d'enoncer cette proposition; il faut encore demontrer que celte vieillle opinion, Ji la-quelle l'Ecole de Lyon s'honore d'avoir ete constam-ment fidöle, meme aux jours de la plus grande ferveur anti-contagioniste, est conforme aux deductions scien-tifiques de l'experimentation la plus rigoureuse.
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Si les mots d'une langue avaient pour tous ceux qui la pavlent la meme signification; si, par exemple, les mots morve aigue, morve chroniquc eveillaient dans l'esprit de tous ceux qui les prononcent les memes idees, rien ne serait plus facile que cette demonstration; ou plutöt, rien ne serait moins necessaire, car pour la trouver toute faite, et aussi complete que l'esprit le plus exigeant pourrait la desirer, il suffirait de parcou-rir les ecrits de Goliicr (1), de Barthelemy aine (2), de Rainard (3), de Gerard (4), de Hurtrel d'Arboval (5), de Dandre (6), de Lepine (7), de Delafond (8), de M. U. Leblanc (9), et ceux de ML II. Bouley lui-meme (10). — Mais il n'en est pas ainsi. Grace ä la theorie des cme5 insensibles et des transmutalions morbides, M. Bouley ou ses adeptes sont, nous venons de le voir, en position de repondre ü ceux qui invoqueraient les fails de contagion recueillis par les auteurs que nous venons de nommer, par ce raisonnement qu'ils croient irrefutable.
laquo; La morve, dites-vous, a ete transmise par contagion ou inoculation; nous ne le contestons pas. — Vous pretendez qu'elle avait toutes les apparences de la morve chronique; nous vous Taccordons encore. — Mais sous ces apparences chroniques, savez-vous s'il ne se cachait
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(1)nbsp; Mimolres et obs- mr la Chir. et la HI ed. vdt-, 1.1quot;, p. 208 etsuiv.
(2)nbsp; Bulletins de la Soc. eint, de Mid. vet., annees 18*9 et 1050.
(3)nbsp; Ilecueil. de Sled. vH , anneo 1038, p. 'SW. • (l) Jtecueil de JNd. vil., aiinec 1827, p. 21)9
C5) Diet de Itled. et de Chir. vC.t., 1' edit., article Morve.
(6.) Ttecueil de Med. vi!l., aiinoe 1837, p. Ifi9.
(7) Journal de Mod. vit. de L'Ecole de Lyon, annce 18tä, p. 337.
{8} Traiti sur la police sanitnire; p. G07 ot sniv.
(9)nbsp; Des diverses cspeces do Morve et de Farcin considiSrcs conime laquo;les formes varii;ps et d'une memc affection gcnirale. Paris 1839.
(10)nbsp; liecueil de Mid. vit., annce 18*3, p. 113 et suiv., et iVouveau Diet, de Mid., de Chir. et d'Hyg. vit-, article Farcin.
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pas une crise insensible de morve aigue? — Pouvez-vous affirmer que, au momfent oü la contagion s'est produite, au moment oü I'inoculation a ete pratiquee, il n'y avail pas dans quelque point de i'economie, dans ' le poumon par exemple, quelques lesions recentes, aigues par consequent, irapliquant la presence du virus ? Si vous ne le pouvez pas, ne sommes-nous done pas en droit de vous dire que la morve vraiment c/tronique nest pas conlagieuse, et que ce qu'on a transmis ou vu se transmettre, e'est la morve aigue, et rien que Ja morve aigue ? raquo;
Et qu'on ne nous dise pas que cette maniöre de rai-sonner est aujourd'hui abandonnee; que , tout le monde est d'accord ; que pour tout le monde, aujourd'hui, meme pour M. H. Bouley, la morve est contagieuse, quels que soient ses formes et ses degr^s ; car dans le meine temps ou Ton nous fait cette declaration si rassurante, nous voyons M. H. Bouley repro-duire sa theorie, en maintenir formellinent tous les termes; I'accentuer meme encore davantage s'il est possible.
Qu'on Use, en effet, son rapport, d'ailleurs si remar-quable, fait a l'Academie de Medecine sur le malade de M.Bourdon, et Ton y trouvera ce passage significatif:
laquo; Un cheval atteint de cette lesion chronique (la raquo; collection purulento des sinus) d'origine morveuse, raquo; est-il morveux'? — Objeclivement, oui; — mats en raquo; realite, il est permis de dire que non, ou tout au moins gt; que la maladie est notablement differente de ce qu'elle raquo; etait primitivement. Acoupsür,la matieredujetage, • en ce cas, n'esl plus virulente. II en est du cheval
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affect^ d'une raaladie organique des sinus par le fait de la morve comme de rhomme qui a perdu un ceil ä la suite d'une eruption varioleuse. L'un et l'autre sont affectes d'une lesion organique irreparable, determinee par une maladie primitive depuis longiemps öleinte. raquo; Rien d'etonnant done que Tinociilation de ce que, dans la pratique, on appelle la morve chronique, reste si souvent sans resultat positif. C'est que souvent ce que Von inocule n'cstplus la morve, mais un effet eloigne de la morve.
Et immädiatement aprös:
raquo; Mais si un cheval sain peut contracter spontane-ment la morve lorsqu'il est soumis pendant un certain temps h Finfluence des causes favorables, d fortiori cnsera-t-il ainsi d'un animal qui en a suhi les atleintes. Chez celui-ci, surtout, la maladie est en puissance, et il est possible de la faire reparaitre avec ses ca-raetöres primitifs. Prenez, par exemple, un cbeval affecte de morve bien chronique et reconnue non virulente par une inoculation prealable. Faites de-velopper chez cet animal une fifevre intense, comme cello qui resultera de l'implantation profonde d'un clou dans l'articulation du pied, et essayez, au bout de quelquesjours, par une inoculation nouvelle, la nature de la matiöre rejetee par les narines: alors, il sera possible que vous transmettiez la morve, parce que, alors, sous rinßuence du monvement febrile , le virus morveux se sera regönere (1). raquo;
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(1) Rapport i l'Acadömie de Jledccine, Reeueil de Mid. vit., annie 1861, p. 3*0-5*1.
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Eh bien ! nous le demandüns, est-ce lä une de ces conceptions dont I'auteur paraisse dispose ä faire bon marche, et h cöte de laquelle , il soit, en consequence, permis de passer im peu legörement ? Pour notre part, nous faisous plus d'honneur ä M. H. Bouley ; nous y voyons une idee fortement congue, profondement me-ditee, dans laquelle vingtans d'etudes et de reflexions n'ont fait que l'affermir davantage, k laquelle il attache une grande importance, et dont il n'a pas cesse de vouloir et d'esperer le triomphe.
Mais si ces sentiments, chez M. H. Bouley, nous paraissent naturels et legitimes, nous, qui ne les partageons pas, qui croyons , au contraire, sa doctrine profondement erronnee et dangereuse, nous avons le droit de le dire, de le demontrer, et de chercher ä premunir l'opinion contre les consequences que cette doctrine aurait certainement si eile venait ä prevaloir.
Qu'on ne s'y trompe pas, en eifet, une theorie ne pent pas rester toujours ä l'etat de lettre morte; tot ou tard eile doit tendre ä s'affirmer d'une maniöre plus positive et k influer, en se traduisant en acles, sur la pratique journalifere; et si M. H. Bouley conclut aujourd'hui, de sa theorie, qu'il faut agir, dans la pratique, comme si la morve etait toujours conta-gieuse , qui sait si quelque jour, demain peut-etre, quelque disciple moins prudent que le maitre, mais peut-tHre aussi plus consequent, plus logique, n'es-saien ;iasdo relever, au nom de cette meme theorie, ie dra au de la non-contagion ? '
La question reste done cnti^re, avec toute sa gravity, gravUo que des esprits superficiels pourraient seuls
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m^connaitre, comme ils pourraient tn^connaitre seuls l'opportunitö evidente qu'il y a de la soulever et, s'il se peut, de la resoudre.
Mais comment la resoudre, si tant de faits publies depuis plus d'an demi-sMe par les veterinaires les plus distingues, les observateurs les plus consciencieux et les plus habiles, Tent laissee jusqu'ici indecise ?
|inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;11 n'y a, suivant moi, qu'un seul moyen ; il faut
I,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;aborder la difficulte sur le terrain meme de la theorie
qu'il s'agit de combattre; il faut admettre pour un instant cette theorie, sinon comme vraie, du moins comme possible, et, se placanl a ce point de vue, re-chercher, par des experiences precises, si, oui ou non, la morve cbronique est contagieuse; — non pas la morve clironique vulgaire, celle que tous les praticiens appellent de ce nom et reconnaissent pour teile, mais la morve cbronique de M. H. Bouley, celle que cet auteur considfere comme une simple lesion organique sans virus,
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celle qu'il compare si energiquement ä la perte d'un ocii h la suite d'une eruption varioleuse. — G'est ce que j'ai essaye de faire dans les experiences qui suivent;
1,1nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; le lecteur jugera si j'ai atteint le but que je m'etais pro-
ifnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;pose.
jjnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; Premierk experience.
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Le 14 mars 1861, une jument agee de sept ans, appartenantau loe regiment d'artillerie, estenvoyeea I'Ecole veterinaire pour cause de morve.— Au moment de son entree aux Uopitaux, elie presente les symptomes suivants:
Un jetage abondant, blanc-jaunätre, sans mauvaise
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III.
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odeur, trfes adherent, s'ecoule par la narine gauche. Sur la pituitaire de la meme narine le doigt rencontre plusieurs elevures plus on moins saillantes, durcs, trbs facilement appreciables. — One glande, grosse comme un ceuf de poule, dure, indolente, encore pen adherente h la brauche du maxillaire, existe dans I'augo, aussi du cöte gauche. — L'appetit esl parfailemenl conserve; Vdlat gentral esl fort salisfaisanl; le pouls dome de 30 d 32 pulsations.
Ces symptömes demontrent (5viden'iment que, sans ^tre tvbs ancienne, la morve remonte dejä ä plusieurs jours.
Du lö au 26 mars, les symptömes caract^ristiques de la morve s'aggravent peu ä peu, le jetage se montre du cöte droit; les ganglions de Tauge du meme cöte sc tumefient. — Mai's tout cecia lieu sans fievre appreciable, et l'auimal continue h jouir d'un appetit excellent.
Du 6 au 16 avril; le jetage a diminue, les glandes sont devenues plus adherentes, mais un peu moins volurnineuse; les chancres restentdepuis plusicnrs jours stationnaires; I'etat general n'est pas modifie.
A parlir du 17 on a soin d'explorer le pouls tons le.gt; jours, et plusieurs fois par jour, afin de saisir les moindres modifications qui viendraient ä se produirc dans la circulation. Or, du 17 au 24 on a compte constamment 28 pulsations par minute, sauf line seule fois, le 20, oii Ton en a compte 35. — Sous tous les autres rapports I'etat de ranimal n'a pas change.
Le 2i le pouls, explore le matin, donno 30 pulsations; le soir, il en donne 40.
Le 25 le principal niedre, parmi ceux cxi^tant en
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assez grand nombre dans la narine gauche, s'est etendu en surface et en profondeur. II se pent que cette extension ait ete graduelle; toutefois, comme eile n'a ete notee que ce jour-lä, et que, de plus, il y a eu, la veille, une legöre (bien legöre) acceleration du pouls, il se peut aussi que cette extension du chancre soit la suite du mouvement febrile presque imperceptible du 24 avril.
Dans tous les cas, le 26 le pouls est revenu ä son type normal; il ne donne plus que 28 pulsations, et persiste avec cette lenteur jusqu'au premier mai.
Du 2 au 41 mai, le pouls varie un peu entre 28 et 32 pulsations. Du reste , depuis le moment oü cette ju-ment est entree dans nos infirmeries, jusqu'ä ce jour, I'appetit, la gaite, la vigueur, en un mot, tout cet ensemble qu'on designe sous le nom d'etat general, n'a pas cesse d'etre un seul instant excellent. L'animal n'a pas maigri, preuve du bon etat des functions de nutrition ; la morve s'est un peu aggravee sans doute, mais lentement, sans secousse, progressivement, et ce sujot pourrait certainement vivre encore longtemps en cet etat. — On le sacrifie par effusion de sang.
Autopsie, le 11 mai, immediatement apres la mart. — La pituitaire est pale, glacee, epaissie, couverte d'une enorme quantite de chancres, larges, pales, bla-faris, h contours irreguliers, ä surface chagrinee, sans aureole inßammaloire ä leur pour tour.
Le poumon est parseme d'une multitude prodigieuse de tubercules miliaires. La plupart sont ä l'etat de erudite ; quelques-uns commencent a se ramollir h leur centre; beaucoup sont deposes au milieu d'un paren-chyme pulmonaire parfaitement sain, mais quelques-
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unssont entoures d'une legfere aureole inflammatoire. — Enfin, on trouve aussi dans les deux poumons de nomhreuses laches ecchymotiques.
Le lendemain, je prends du pus sur les chancres mor-veux de ce sujet, dont la töte a ete conservee, et je l'inocule a un äne, vieux et use, mais en tvbs bonne sante, et mangeant parfaitement sa ration,
Comme toutes mes inoculations ont ete faites de la meme maniöre, je decrirai, une fois pour toutes, le manuel operatoire.
Sur Tun des naseaux, je räcle la surface cutanee avec le tranchant bien aiguise d'un bistouri, de maniöre k enlever tout l'epiderine, et ä mettre ä nu le reseau vasculaire du derme, sans entamer le derme lui-meme, et cela sur une surface un peu plus grande qu'une pihce de cinquante centimes. Je m'arröte quand je vois suin-ter quelques gouttelettes de serosite et quelquefois un peu de sang sur la surface denudee.
A quelque distances de cette premiere surface, sou-vent au voisinage de la commissure des lövres, je taille avec des ciseauxbien tranchants, un träsleger lambeau, aussi superficiel que possible, et n'interessant jamais plus du cinqui^me de l'epaisseur du derme. II en rd-sulte une trös petite plaie l\ opercule, qui, quand I'ope-ration est bien faite, ne donne gufere qu'une goutte ou deux de sang.
Dans les premiers temps, il m'arrivait souvent aussi : 1deg; d'enlever I'epiderme par le grattage sur une petite surface de la pituitaire; 2deg; d'inciser compl^tement la peau de l'encolure et de faire un petit godet avec les
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ciseaux, afin de deposer le virus dans le tissu cellu-laire.
Je n'ai pas tarde ä renoncer h cette manure de faire, i''nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;parce que j'ai bien vile reconnu qu'elie allongeait inu-
tilement I'operation, dont les resultats n'etaient pas moins sürs en me bornant aux deux premiers modes d'inoculation.
Sur toutes ces petites plaies, je depose du pus pris immediatement sur la surface des chancres morveux ulceres, ou, quelqnefois , simplement de la mattere du jetage nasal.
Je fais surveiller Tanimal pendant quelques instants, jaraais plus d'une demi-heure , quelquefois pendant un quart d'heure seulement, afin qu'il n'enlfeve pas, en se frottant centre les corps exterieurs, le virus depose sur les plaies d'inoculation.
Le 12 mai 1861, I'ane dont j'ai parle est done ino-cule, par le procede que je viens de decrire, avec le pus chancreux de la jument dont l'observation precede.
Les 13 et 14 , l'etat du sujet est tres satisfaisant; ii boit et mange bien ; on n'observe pas de trace d'inflam-mation aux points inocules.
Le 15, il a beaucoup de fiövre; le pouls, petit et dur, donne au moins cent pulsations; I'appelit est pen developpe ; la faiblesse musculaire est trfes grande ; rien encore aux points inocules.
Le 16, le sujet est couche; il ne pent plus se lever seul; remis debout par le secours de plusieurs aides, il pent h peine s'y maintenir, et retombe des que les aides ne le soutiennent plus. A la face et au nez, il n'y a rien aux points inocules ; mais la plaie de l'encolure (plaie
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sous-cutanee) suppure et se montre trös enflammöe. De ce point part une veritable corde farcineuse, qui descend jusqu'ä l'entree de la poitrine.
Enfin, I'animal meurt dans la nuit du 16 au 17.
jiulopsie. — La pituitaire est trös rouge, tumefiee; son reseau veineux est considdrablement distendu par du sang en partie coagule; sa surface est parsemee de petites taches ecchymotiques, absolument semblables, quoique avec de moindres dimensions, h celles qu'on trouve si souvent dans le poumon, et qui ne sont, bien evidemment, que la trace initiale de lesions morveuses encore peu accentuees. On trouve, en outre, un petit tubercule blancbatre, ayant une certaine epaisseur, veritable pustule morveuse non encore ulceree, tout h fait caracteristique.
Lesganglions del'auge, du cöte gauche, sontparfai-tement sains; • mais ceux du cöte droit (c'est de ce cote quel'inoculation avail ete fake) sont enflammes, rouges, tumefies, et reunis entre eux par un tissu cellulaire lardace de maniere ä former une glande de la grosseur d'un ceuf de pigeon. Incises, ils contiennent pour la plupart un ou plusieurs depots de cette malifere blanche, caseeuse, amorphe, qui caracterisent ce qu'on appelle lestubercules morveux.
Les poumons sont parsemes ä leur surface d'une multitude innombrable de petites elevures rougeätres, formees par une substance centrale blanche, amorphe, caseeuse, sans organisation apparente, h coupe un peu granuleuse , s'ecrasant sous les doigts avec la plus grande facilite, et, k la periphärie, par le tissu propre du poumon, enflamme, rouge, infiltre de sang et de
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produits plastiques, et formant tout autour des tuber-cules une sorts d'aureole inflammatoire Irks nette. — Partout dans l'intervalle de ces innombrables tubereules morveux, si spdcifiques, et que tout le monde connait, le tissu pulmonaire est souple, crepitant et parfaite-ment sain.
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Voilä done une jument, morveuse depuis deux mois au moins, qui, au moment de l'abattage, avait encore de i'appetit, de Fembonpoint, delagaite, delavigueur; qui en un mot, aux symptömes de la morve präs, paraissait bien portante; qui aurait pu vivre longtemps encore en cet etat, et sans doute rendre des services; dont la sante generale n'a pas paru troublee un seul instant pendant pros de deux mois qu'elle a ete raaintenue en observation dans nos höpitaux et soumise a une surveillance attentive, el dont le pus, yris sur les chancres le lendemain de Vaballage el inocule ä un äne, donne ä ce dernier une morve lellemenl aigue, que la morl en est le resultat cinq jours apres rinoculalion.
II est vrai que chez cette jument, le pouls a ete trouve un jour, un seul jour, donnant 40 pulsations au lieu de
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28ä30 qu'il donnait babituellement. Cette acceleration,
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ä peine notable, peut ivbs bien etre le fait d'un emotion tout ä fait passagere, d'une frayeur, par exemple, et non un signe dc fievre ; en tons cas, cette emotion de la circulation a ete extremement courte; le lendemain ,i'nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;il n'y en avait plus de traces, et l'animal n'a ete sacrifie
que seize Jours plus tard. , .nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;Done, meme en admettantququot;unedizaine de pulsations
de plus puissent caracteriser suffisamment un ätat febrile
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capable de rigäntrer le virus, la crise, ce semble, aurait du avoir tout le temps de s'effectuer completement, et le virus rögönere aurait du etre completement elimin^ au moment de l'inoculation. — Et cependant on vient de voir que ce virus exislail encore Ires präsent et Ires actif.
Mais il y avait dans le poumon de nombreuses taches petechiales, impliquanl la presence du virus. Je nepuis pas le nier; et je suis force de reconnaitre que, si cette jument avait la morve chronique, ce n'etait pas precise-ment la morve chronique de M. Bouley.
Soit; cette jument avait la morve aigue;— singuli^re morve aigue a coup sür, mais n'importe; — eile etait sous le coup d'une crise insensible ; et si eile avait la morve chronique vulgaire, ce que sans doute per-sonne ne contestera, il n'en resultepas cependant, que, h la rigueur, la theorie de M. H. Bouley soit fausse.
Deuxieme experience.
Une jument appartenant au 2e landers entre pour la premiere foisa I'infirmeriedu regiment le 24 decembre 1861, pour cause de gourme; eile en sort le 21 Janvier suivant, pour y rentrer le 7 mai 1862, atteinte d'une angine. Sortie le 21 mai, eile reprend son service, quelle continue jusqu'au 2 aoüt. A cette epoque eile revient a I'infirmerie, non pour une maladie bien de-terminee, mais parce qu'elle est malingre, souffreteuse; eile en sort le 26 aoüt. Enfin, le 16 octobre 1862 eile est reconnue morveuse, et envoyee ä l'Ecole veterinaire.
A cette epoque, eile presente les syraptomes les moins Equivoques de la morve chronique confirmee :
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jetage peu abondant , visqueux, pas trfes adherent, glande de grosseur moyenne, dure, bosselee, adherente; chancres assez nombreux, peu profonds et pales.
Cette jument reste en observation dans nos höpitaux jusqu'au 4 novembre suivant, et, pendant ces 17 jours, eile n'offre pas le moindre Symptome febrile appreciable pas la plus legere trace d'exacerbation.
A I'autopsie, iaite le 4 novembre, aussitöt apramp;ä l'abaltage, on trouve : 1deg; sur la pituitaire, des chancres nombreux, existant des deux cotes, surles cornets aussi bien que sur la cloison nasale. Ces chancres sontpour la pluparl superficiels, pales, blafards, sans aureole in-flammatoire ä leur pourtour. Quelques-uns, cgalement depourvus d'aureolc, sont chagrines, et un peu piquetes de rouge; —2deg; dans le poumon, une myriade de tu-bercules du genre miliaire, la plupart deposes au sein d'un parenchyme parfaitement sain, et dont quelques-uns seulement, peut-etre trente ou quarante, sont en-toures d'une Irbs legfere tache ecchymotique.
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Lememe jour j'inocule deuxänes; le premier avec le jetage recueilli ä l'orifice des naseaux sur la jument encore vivante; le second avec le pus pris sur les chancres de la pituitaire, aussitöt aprüs la mort de ladite jument.
S et 6 novembre, rien de nouveau a noter sur ces deux sujets.
Le7, tons deux preseutent des symptömes evidents de fievre; les points d'inoculation sont enflammes et douloureux, surtout chez celui qui a ete inocule avec le pus des chancres. Chez ce sujet, une corde de la grosseur du pouce, partanl des points inocules, suit le
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trajet de la veine glosso-faciale, et vient aboutir, dans la cavite de Tauge, aux ganglions lymphatiques, qui eux-m^mes sont engorges, durs, tr^s douloureux, et dejä fortement adherents ä la branche correspondante du maxillaire.
8, 9 et 40. Les symptomes locaux augmentent d'intensite chezle sujet inocule avec le pus chancreux; la face se tumefie; un jetage pen abondant se montre du meme cote. En möme temps, la fifevre augmente, I'appetit est presque nul; les testicules s'enflamment, se tumefient et deviennent douloureux ; la marche est difficile. Pendant ce temps, les symptömes restent a peu pros stationnaires chez le sujet inocule avec la mature du jetage.
11.nbsp;Ce dernier est trfes malade; les symptömes locaux, principaleraent ceux qu'on remarque aux points inocules sont toujourspeu prononces, mais I'appetit est complete-ment perdu, la fiövre est intense, la demarche est difficile, mal assuröe; des douleurs articulaires se montrent d'une maniöre trbs evidente.
12.nbsp; nbsp;La maladie suit son cours chez les deux sujets.
13.nbsp; nbsp;Mort de l'äne inocule avec le jetage nasal. Autopsie. — La pituitaire est violemment conges-
tionnee, et reflate une teinte violacee trös foncde; une couche epaisse de mucus jaunatre glaireux, tenace, la recouvre et cache les lesions spdcifiques, que Ton appenjoit dös qu'on a enleve ce mucus. Ces lesions consistent en une multitude de granulations blanchätres, un peu proeminentes, formees d'une mattere caseeuse amorphe, deposee dans l'epaisseur du chorion de la mu-queuse. Les deux poumons sont remplis des mfimes
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granulations, offrant ici un volume un peu plus considerable, et atteignant parfois jusqu'ä la grosseur d'une noix. Tous ces tubercules morceux sont formes de cette memo matifere caseeuse deji decrile, et entoures d'une aureole rouge tr6s vive.
13 et 1-4. Le sujec inocule avec le pus chancreux resiste encore, mais il s'affaiblit progressivement.
15. Mort de ce dernier sujet, qui offre ü I'autopsic exactement les memes lesions que le precedent.
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Comme la premiere, cette double experience prouve que la morve clironiqne vulgaire est incontcstablement contagieuse et inoculable; mais, ici encore, il faut I'avouer, la presence de quehjues tachcs ecchymotiques dans le poumon du cheval qui a fourni le virus peul oftrir h M. H. Bouley et aux partisans de sa doctrine le moyen de soutenir quelle no demontre pas la contagion de la morve chronique comme ils la comprennent.
On peut, h la rigueur, en dire autant de la suivanto, que je rapporte cependant, nefusse que pour prouver combien j'ai multipliü les experiences ä la suite des-quelles je me suis forme une conviction sur un sujet d'une si grande importance.
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TrOISIKME EXPlirUEN'CE,
Le 11 mars 1862, le Squot;quot; regiment de dragons nous envoie une juraent morveuse depuis plusieurs jours; nous la gardons en observation jusqu'au T avril suivant, c'est-a-dire pendant pres d'un mois. — Pendant tout ce temps la morve n'a pas fait de progr^s sensible, et l'animal n'a pas cesse un seul instant de jouir d'ur;e
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excellente santö, sauf, bien entendu, les signes dela morve.
Le 7 avril, cette jument fut sacrifiee, et Ton trouva dans la cavite nasale droite, deux vastes plaies ulce-reuses, k bords irreguliers, franges, h. surface granulec, grisätre, boursouflee et blafarde , et, dans le poumon , une dizaine de petils tubercules, du volume d'un pois , et enloures d'un leger lisere rouge-vif.
Le mamp;ne jour, 7 avril, j'inocule deux änes : Tun avec le produit du jetage nasal; l'autre avec le pus recueilli sur les chancres du nez de cette jument.
Ces deux änes meurent des suites de cette inoculation dans la nuil du 15 au. 16 avril, et l'autopsie revile, chez tous les deux, les lesions de la morve aigue h peu-prös au möme degre, lesions extremement caracterisees, et qu'on me pardonnera de ne pas transcrire ici, pour ne pas allonger indefiniment ce travail.
Ici encore on dira que ce n'est point la morve chro-nique teile que la congoit M. H. Bouley, et que j'ai ino-
cule la morve aigue sous les apparences chroniques !__
soit ; nous avons promis d'accepter la theorie de M. Bouley avec toutes ses consequences. Poursuivons.
QüATRIEME EXrERIENXE.
Le 2 mai 1861, on sacrifie un cheval appartenant au 2me Lanciers, et dont l'autopsie montre les lesions sui-vantes :
Pituitaire päle , epaissie ; chancres nombreux, ä bords irreguliers, tallies ä pic, laquo;ans aureole ä leur pour-tour, röpandus cä et lä sur la pituitaire et les cornets ;
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tous sont recouverts d'une couche äpaisse de suppuration visqueuse ; quelques - uns prösentent quelques pointillements rougeätres.
Poumons farcis de granulations miliaires, presquc toutes egales, variant en volume depuis celui de la teto d'une grosse epingle jusqu'ä la grosseur de la moitie d'un petit pois. — Aucune de ces granulations n'esten-lourie d'aureole; seulement deux ou trois paraissent offrir une certaine tendance au ramollissement. — Absence complete de laches ecchymotiques.
Pendant son söjour de pr^s d'un mois dans nosinfir-meries (eile etait entree le lOavril), cette jument n'a jamais eu de fiövre; son pouls s'est constament main-tenuentre 30 et 38 pulsations; son appetita toujoursetc bon. La morve est maintenant mieux caracterisee, plus complete que les premiers jours; mais ses progrös ont ^te lents, continus; la maladie a marche sans secousse, et tout porte ä quot;croire qu'elle aurait encore longtemps suivi la meme marche sans compromettre la vie ni mamp;ne la sante generale.
Cependant, je dois noter ququot;il ya eu, dans la nuit du 17 au 18 avril (14 jours avant l'abattage), une legere hemorrhagie nasale, et que, le 27, s'est montree, sur le membre posterieur gauche, une corde mal dessinee, qu'on a crue de nature farcineuse, mais qui s'est dissipeo d'elle-meme sans aucun traitement.
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J'inocule, le 2 mai, le pus pris sur les chancres de ce cheval ä un äne, vieux, mais encore vigoureux et tres bien portant.
Le 6, un jetage sdreux, peu abondant d'ailleurs,
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s'^tablit par les deux naseaux; le naseau droit, sur le-quel I'inoculation a ete faite, est considerablement tu-möfie ; de cette tumefaction part une corde, qui gagne la joue correspondante en suivant le trajet de la veine glosso-faciale , et vient aboutir aux ganglions de Tauge du meme cöte, lesquels sent tumefies, durs, trbs douloureux et trös adherents ä la brauche correspondante du maxillaire.
Le lendemain, 7 avril, l'animal meurt ä deux heures de l'apres-midi, six jours apr6s I'inoculation.
Inutile , je crois, de decrire encore les lesions que ce sujet a presentees, et qui etaient exactement iden-tiques äcelles que j'ai fait conoaitre dejä dans les experiences precedentes.
Ici, il n'y avait point de ces taches ecchymotiques , point de ces aureoles inflammatoires autour des tuber-cules morveux du poumon du cheval qui a fourni le virus. Mais ce cheval avait eu une hemorrhagie nasale 15 jours avant l'abattage; mais quelques-uns de ses chancres ofFraient ä leur surface quelques pointilla-tions rougeätres. En est-ce assez pour diagnostiquer la morve aiguS?... En tout cas, ce qui est sür, e'est que ces lesions impliqmient la presence du virus, et d'un virus tvbs actif,
CINQUIEME EXPERIENCE.
Le 15 fevrier 1862, on sacrifie un cheval atteint de morve d'apparencechronique, appartenantau 8e dragons, et s^journant dans nos höpitaux depuis le 31 Janvier. II n'avait jamais presente, pendant les quinze jours qu'il
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est reste en observation dans nos hdpitaux, le plus leger trouble des grandes fonctions.
Cat animal n'avait pas la plus petite glande, pas le moindre chancre visible; mais il jetait abondamment par les deux naseaux une mature blanche, caille-bottee, non adherente aux alles du nez.
si I'autopsie, on ne trouvepas im seul chancre. Mais les sinus frontaux et maxillairessont rernplis d'un pus jaunatre et caillebotte, semblable ä celui que I'animal rejetait par les naseaux. La muqueuse qui tapisse ces cavites est complötement desorganisee, extremement epaisse, rugueuse,couverte de vegetations fongiformes; mais on n'y volt pas le moindre chancre specifique. G'est au point qu'on pourrait tths legititnement douter de la nature morveuse de cette desorganisation, et la considerer comme une simple lesion organique sans specificite, si Ton ne rencontrait en meme temps dans les deux poumons un pelit nombre de tubercules mi-liaires, qui ont toutes les apparences des tubercules morveux, et dont quelques-uns se montrent entoures d'une legöre aureole.
Malgre la presence de ces lesions pulmonaires, ce n'esl pas sans une certaine hesitation que, le IS fevrier, j'ino-cule h un äne le pus pris sur les vegetations fongueuses de la muqueuse des sinus, et j'avoue que, en la pratiquant, je doutais fortement qu'elle püt etre suivie de la morve.
Lel9 fevrier, des signes non equivoques annoncent que I'inoculation a pris: l'aile au nez sur laquelle eile a cite pratiquee est le si^ge d'une tumefaction chaude el douloureuse; les ganglions del'auge. du meme cote, sont engorges, durs, bosseles, douloureux, dejäextremement adherents, etc., etc.
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Tous ces symptömes s'aggravent rapidement; I'ani-mal meurt dans la nuit du 21 au 22, et l'autopsie nous montre: sur la pituitaire, de nombreuses granulations miliaires, blancMtres, offrant un aspect specifique on ne peut mieux caracterise; dans les deux poumons, une enorme quanlite de tubercules, dont la grosseur varie depuis celle d'un petit pois jusqu'ä celle d'un ceuf de pigeon, tous entoures d'une aureole inflammatoire tres belle, et offrant, ä la coupe, cette structure si carateris-tique pour quiconque a un peu etudie la morve qu'il n'est pas possible d'en meconnailre la nature.
N'est-ce pas lä un type acheve de cette alteration des sinus, dont M. II. Bouley a dit: laquo; un cheval atteint de cetle lesion cbronique des sinus est-ilmorveux? objec-tivement oui, mais en realite il est permis de dire que non; raquo; celle dont il a dit encore: laquo; d coup sur la mati£re du jetage, dans ce cas, riesl plus virulente; raquo; celle, enfin, dont il a dit: laquo; II en est du cheval aftecte d'une lesion organique des sinus par le fait de la morve, comme de Thomme qui a perdu un wit ä la suite d'une eruption varioleuse ? raquo;
Certes, si lemot chronique signifie ancien, cette morve etait cbronique, ou il n'y en a pas. — Mais ici encore nous retrouvons ces maudites taches eccbymotiques autour de quelques uns des tubercules du poumon !... Je suis bien force d'en convenir; et je dois convenir bien certainement anssi qu'elles impliquaicnt la presence du virus, car le malheurcux äne inocule avec le pus pris sur ces lesions organiques des sinus, iadice d'une mala-die depuis longlemps eieinie, a suocombe, on l'a vu, b une
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morve aigue des mieux conditionndes. — Quand, comment, sous l'influence de quelle cause le virus, depuis longtemps Sliming, a-t-11 pu se regenerer ? II serait impossible de le dire. Mais passons.
SIXIEME EXPERIENCE.
Le 4 Janvier 4863, le 2deg; regiment de lanciers envoya ä l'ecole une jument suspects de morve. — Elle avait, en effet, du cöte droit, une glande assez volumineuse, dure, adherente, qua deux applications successives de topique Terrat n'avait pas fait diminuer ; eile jetait en outre par la narine correspondante, et ce jetage, tantöt plus, tantöt moins abondant, etait mal lie et fortement adherent aux alles du nez. On ne voyait encore sur la pituitaire ni chancre, ni elevure. L'etat general de cette nment etait tr6s satisfaisant. —Rien, absolument rien, du cöte droit.
Le 23 Janvier, j'inoculai ä cette jument le virus de la morve aigue, pris dans les tubercules pulmonaires d'un ane dont je rapporterai ci-aprfes I'observation.
Cette inoculation fut absolument sans resultat. — Cette jument, conservee jusqu'au 17 fevrier suivant, soit pendant vingt-cinq jours, ne presenta jamais le moindre signe maladif du cöte des points inocules. La marche de la morve n'en fut pas modifiee le moins du monde; jamais, ä aucun moment, on ne put saisir le moindre signe de ftevre ; son appetit, son embonpoint, sa vigueur s'etaient admirablement maintenus, et, iorsqu'elle fut sacrifiee, le 17 fevrier , eile etait absolument dans le meme etat quelejour de son entree.
^ I'autopsie , on ne trouva absolumont rien dans
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la cavite nasale et les ganglions lymphatiques de Tauge du cote droit (cöte oü rinoculation de raorveaigue avait el6 faite); dans la cavite nasale gauche, sur la cloison, et tout-ä-fait ä la partie superieure, on rencontra deux chancres pales, granuleux, plombes, sans trace d'in-flammation, ni ä leur pourtour, ni h leur surface. Impossible de rien voir de plus atonique, de plus chroni-que que ces deux chancres, les seuls qui existassent.
La glande du meme cöte offre de petites granulations blanchatres, comme on en rencontre si souvent dans le cas de morve.
Dans le poumon, on trouve un assez grand nombre de granulations miliaires, opalines et presque translu-cides sur lesbords, d'un blancun peu jaunätreau centre, assez fermes, meme un peu dures, de la grosseur d'une forte tete d'epingle ou d'un grain de millet. Aucun de ces tubercules vraimenl miliaires n'esl entoure d'auriole; il n'y a pas non plus la moindre tache ecchymotique.— , Seulement, dans le poumon droit, il existe un noyau, un seul, de pneumonic lobulaire. Ce noyau , gros comme une forte noix, est forme par le tissu pulmo-naire trös rouge, trbs congestionne, un peu friable, et infiltre delymphe plastique.— C'est lä, je le repete, la seule lesion d'origine recenle qu'on ait rencontree sur ce sujet. Cela suffit-il pour etablir qu'il etait atteint de la morve aigue ?
Voici, dans tous les cas, le resultat de l'inoculation de cette morve:
Le 17 fevrier j'inocule deux änes ; le premier avec le jelage, le second avec le detritus recueilli en grattant la surface des deux uniques chancres de cette jument.
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Le 19, l'inoculation a pris sur le sujet inocule avec le jetage; les points inocules sont tumefies, chauds, douloureux ; Tanimal n'a pas encore de fiövre. — Rien sur le sujet inocule avec le pus chancreux.
Le 23, la maladie suit son cours sur le premier sujet. Toute la face, du cote inocule, est enormement tumefiee; les ganglions du meme cöte sont engorges, durs, bos-seles, adherents et trös douloureux. — Rien encore sur le sujet inocule avec la matiere recueillie sur les chancres.
Le 25, ce dernier sujet, qui n'avait jamais rien pre-sente d'anormal, est mort dans la nuit. L'autopsie, faite immediatement, revile avec la dernikre nettete les lesions specifiques de l'infection morveuse la mieux ca-racterisee.
Quant au premier sujet, il est extremement abattu ; rengorgement de la face est enorme, la respiration difficile, et Ton prevoit qu'il ne tardera pas ä succomber.
11 meurt, en effet, dans la nuit du 24 au 2o, et l'autopsie, faite le 25, montre les memes lesions, ä pen pres au meme degre, que sur le sujet inocule avec le pus chancreux.
On le voit, autant d'inoculations, autant de victimes!
En presence d'un tel resultat, si facile a obtenir, si constant, si fidcle, j'allais dire si fatal, on se demande avec etonnement comment on apu croire, ä une certaine epoque, a la non-contagion de la morve en general; comment, tout recemment encore, on a pu avancer que Is morve chronique laquo; sur les proprietes contagieuses de la-
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quelleil n'y a plus, dit-on, aujourd'hui, beaucoup de divergences parmi les praticiens,raquo; nepeulpas se trans-mellre par vote d'inoculalion.
M'opposera-t-on que si, dans toutesles experiences qui precedent, j'ai inocule, il est vrai, la morve chronique vulgaire, classique, je n'ai nullement inocule la morve chronique, teile que la congoit M. H. Bouley ?— Quoi! ces six sujets, qui en ont infecte huil autres, etaient tous atteints de la morve aigue malgre les apparences con-traires? Tous, malgre l'absence bien constatee de tout mouvement febrile, etaient sous le coup d'une crise insensible de morve aigue latente?— Parmi ces six chevaux, dont on vient de lire les observations detail-lees, pas un n'avait la vraie morve chronique? C'etait la morve aigue qu'avait notamment le sujet de Vexpe-rience IF, dont le poumon n'offrait pas trace d'ecchy-moses ou d'aureoles autour des tubercules dont il etait rempli? C'etait encore la morve aigue qu'offrait le sujet de Yexperience F, atteint de cette desorganisa-tion des sinus que Ton compare ailleurs ä un ceil perdu ä la suite de la variole? C'etait la morve aigue, enfin, qu'avait cet autre sujet de Vexperience FI, qui, sauf un point, de la grosseur d'une noix, de pneumonic lobulaire, offrait, dans toutes ses lesions, aussi bien que dans tous ses symptomes, le tableau le plus acheve de la chronicite la plus parfaite ?
Mais si c'est 15 la morve aigue, qu'est-ce done que la morve c/iromgue pour M. H. Bouley? Existe-t-elle, en verite? Ou n'est-ce qu'un mjthe, qu'une pure abstraction metaphysique ?
S'il en est ainsi, si la morve c/ironique teile que la
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concoit M. H. Bonley n'est qu'un 6tre deraison, une simple vue de l'espnt, sans ramp;dite subjective, alors, je le comprends, la morve chronique n'est pas, ne peut pas 6tre contagieuse. — Rien ne saurait produire que Rien. — Ex nihild, nihil, coname on dit dans le langage de l'Ecole.
Mais s'il en est autrement; si la morve chronique, teile qu'on la congoit, n'est pas un etre chimerique, si eile existe, non plus comme type ideal, mais comme maladie quelquefois realisee, nous devons la trouver; et, bien qu'on ait oublie de nous dire explicitement ä quels signes certains nous pouvons la reconnaitre, ne laissons pas de la chercher.
SEPTIEME EXPERIENCE.
Le 20 decembre 1861, M. Lapierre, veterinaire a Belleville, envoya ä l'Ecole un cheval atteint de farcin chronique, et dont il nous raconta les antecedents ä peu pros en ces termes :
laquo; II y a cinq mois, 'ce cheval, jusque-lä tres bien portant, presenta, ä la face interne de la cuisse droite, le long de la saphamp;ie, une corde farcineuse, qui ne tarda pas ä s'abceder. Les boutons farcineux furentou-vertsavecle cautere actuel ä mesure qu'on y reconnut de la fluctuation , et l'animal guerit, sans autres soins, assez rapidement. Toutes les plaies farcineuses etaient cicatrisees depuis quelque temps dejü, lorsqu'on mit ce cheval en liberte dans une prairie, afin de le refaire. Un jour, il y a de cela cinq semaines, on s'apereut que les plaies farcineuses s'etaient rouvertes; elles furent de
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nouveau cauterisees; aujourd'hui, elles vont bien, mais voyant que la cicatrisation ne marche pas assez rapide-ment au gre du proprietaire, je me suis ddcid^ ä en-voyer ce malade ä FEcole. raquo;
A ce moment, six ou huit plaies farcineuses, la plu-part en voie de cicatrisation, sont echelonnees sur le trajetdela sapMne, depuis le jarret jusqu'k I'aine ; elles reposent sur une corde de la grcsseur du pouce, assez mal delimitee ä la vue ; le membre est ä peine engorge ; le fourreau est le siege d'un engorgement oedemateux assez prononce.
II n'existe pas un seul bouton de farcin sur les autres regions du corps. — L'exploration des cavites nasales n'y fait rien decouvrir de suspect; les ganglions de Tauge sont sains ; il n'y a pas de jetage.
L'etat general est bon, les reins sont souples, les muqueuses colorees, I'appetit bien developpe ; le pouls bat 36 fois par minute; la respiration est calme(dix mouvements respiratoires par minute).
laquo; Ce sujet, nous dit encore M. Lapierre, a conserve toute sa vigueur; il n'a jamais paru indispose, et, si on n'avait pas craint de le mettre avec d'autres chevaux , il n'aurait pas interrompu un seul jour son service. raquo;
Ces renseignements obtenus,je prends du pus sur une des plaies farcineuses, ulcereeset encore secretantes, et je l'inocule seance tenante ä un äne.
Cette inoculation est done pratiquee le 20 decembre 1861, üneufheures du matin.
On n'observe rien de particulier pendant les six premiers jours.
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Le27, la plaie d'inoculation faite sur la pituitaire presenteun peu le caractfere ulcereux; eile est cicatrisäe le 29. Gelle de l'encolure est un peu enflarnmee et sup-pure. Du reste, rien n'annonce encore que I'inoculation
ait ramp;issi.
Du 29 d^cembre au 9 Janvier 1862, rien ne trahitla presence du virus,' et Ton commence ä croire que cette inoculation sera sans resultat. Mais, ce jour-lä, 9 Janvier, I'aniinal, qui avait encore bien mange sa ration du matin, parait triste, abattu ; il a de la fiövre et refuse sa ration du soir.
Le 10, la ftevre est intense (65 ä 70 pulsations par minute), les reins sont insensibles, la faiblesse extreme; l'animal peut k peine se tenir debout. D'ailleurs on n'observe pas la moindre manifestation locale du cöte des points inocules, et Ton a quelque peine ä croire quecelte indisposition subite soit l'effet de I'inoculation, d'autant qu'une diarrhee intense vient se joindre aux symptomesci-dessus. —On est done porte ä croire h I'existence d'une gastro-enterite, dontla cause reste, au surplus, tout-ä-falt inconnue, etl'on institue un traite-ment en consequence.
Malgre les soins qu'on lui prodigue, l'animal devient plus malade; il tombe dans un etat d'adynamie pro-fonde, et reste constamment etendu tout de son long sur lalitiöre. II meurt enfin, sans se debattre, le 11 Janvier ä deux heures de l'aprfes-midi, 22 jours complets aprts I'inoculation.
Julopsie. — On ne trouve dans les cavites nasales, qu'un peu d'infiltrationä la partie superieure du cornet infärieur du cöte droit, et, sur la cloison nasale, une
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seule petite ölevure blaucMtre, grosse comme la t^te d'une epingle, offrant evidemment I'apparence d'une pustule morveuse au debut, mais si petite, que, s'il n'existait pas d'autres lesions, j'hesiteraisäla considd-rer comme un sigae certain de l'existence de la morve. Mais le doute n'est pas possible en presence des lesions des poumons.
Ces organes, en effet, sont litteralement farcis de tubercules morveux, les mieux carcterises qui se puis-sentvoir. Tous sont constitues par cette matiöre amorphe, caseuse, blanche ou un peu jaunätre, s'ecrasant facilement entre les doigts, que j'ai dejä eu si souvent occasion de decrire; tous sont entoures de cette aureole inflammatoire si connue, et dont nous avons dejä tant de fois parle ; leur grosseur est fort variable: eile est generalement comprise entre celle d'un pois et celle d'une forte noix ; quant ä leur nombre, il est veritable-men t prodigieux.
Voilä quel a etc le resultat de cette inoculation d'un farcin, dont la derni^re explosion remontait h plus de cinq semaines, et qui ne se traduisait que par quelques plaies ulcereuses en vole de cicatrisation. Suivons maintenant I'animal qui nous a fourjii ce virus dont on vient d'apprecier le degre d'activite.
Le jour memo de l'entree de ce cbeval dans nos höpi-taux, on le couche et Ton cauterise de nouveau, avec le cautöre aetuel, toutes les plaies farcineuses, puis on in-troduit au fond de cbaque plaie gros comme une noisette de topique Terrat, afin de detruireles parties alte-
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80 r^es qui auraienl pu öchapperiil'actiondu cautöre. — A partir du lendemain, I'animal recjoit chaque jour 45 grammes de poudre de noix vomique, quel'on porte k 20 grammes h partir du 24, pour redescendre ä 40 grammes le 27, ä cause d'une legere surexcitation qui a ete remarquee dans la journee du 26.
Le 34 decembre on couche le sujet pour examiner de plus pros la region malade. II n'y a plus que troisplaies donnant encore un peu de suppuration; toutes les autres sont cicatrisees, et celles qui ne le sont pas ont un aspect si favorable, qu'on se borne pour ellesä dessoins do proprete. Aucun nouveau bouton n'est apparu. — L'etat general est des plus satisfaisants ; tout fait pre-sager une guerison prochaine.
Le 6 Janvier 4862, toutes les plaies sont cicalrisits, et I'animal est juge assez complötement gudri pour pou-voir prendre place dans les ecuries affectees aux ani-maux atteints de maladies non contagieuses, en attendant que son proprietaire vienne le retirer.
Voilä, ou je me trompe fort, un farcin auquel ii serait difficile de contester le nom de farcin chronique. — Dira-t-on qu'au moment oü l'inoculation de ce farcin a ete faite, il y avait peut-elre, dans quelques points de l'organisme, dans le poumon notamment , qnelques-unes de ces lesions aigues impliquant la presence du virus ? que sans doule I'animal ötait alors sous le coup d'une de ces crises insensibles qui riginerent le virus d'une manifere latente? Je pourrais repondre que la marche de la maladie semble donner un dementi formel ä cette assertion ; que, dans tous les cas, c'est
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b ceux qui pourraient tHre tentes de dinier ü ce farcin le litre de chroniqueä prouver qu'il etait aigu, malgrö las apparences contraires ; que möme en admettant, ce qui est pourtant si problematique, l'existence de quel-ques lesions aigues dans le poumon au moment de l'ino-culation, il resterait ä expliquer comment ces lesions auraient pu faire refluer, juste ä ce moment, vers des plaies anciennes et en voie de guörison , un virus que ces plaies ne contenaient sans doute pas la veille, et que, sans doute aussi, elles ne contenaient plus le len-demain. Mais nous n'avons pas besoin d'etre si exigeant avecles partisans decette theorie. Continuons d'exposer I'histoire instructive de ce malade.
Jusqu'au 19 Janvier, tout va le mieux possible; Tanimal est gai, bien portant, et ne parait se ressentir en rien de l'affection farcineuse dont il a 6ti atteint. Ajoutons que, depuis le premier jour jusqu'ä ce moment, il n'a jamais präsent^ le moindre symptdme de fiövre.
Mais, le 19, la scamp;ie change; l'animal est triste; il a de la fi^vre ; il jette abondamment par les deux naseaux; les ganglions de Tauge, jusques-lä tramp;s nets et tr^s sains, sont tumefies, molasses, douloureux; dejä on apel'coit sur la pituitaire plusieurs pustules en voie de formation. — A ces symptömes il est facile de recon-naitre une de ces invasions subites, inopinöes de morve aigue pustuleuse, ä marchesi rapide.
Le 20 et le 21, la maladie fait des progrfes ; les pustules s'ulcferent ; la fi^vre est intense ; I'appetit se perd; les forces baissent rapidement.
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Le22, aggravation de tons les symptömes; le 23, I'animal est abattu.
Autopsie. — II n'existe pas un seul bouton sur la surface cutonee ; les plaies farcineuses ne se sont pas rouvertes. — Les cavites nasales sont couvertes de chancres, diss^minds irregulterement, tant sur la cloison que sur les cornets ; tons sont evldemment de formation recente, ont un aspect rougeätre et sont en-toures d'une vive auräole.
Les poumons, — qu'on examine avec une.attention toute particuliamp;re,— sont completemenl sains; on n'y rencontre pas unseul tubercule miliaire, recent ouancien, pas une seule ecchymose; rt'en, jele repute, absoldment rien.
Si done il y en avait au moment de l'inoculation , que sont-ils devenus ? Ont-ils disparu par resolution , au point de ne laisser aucune trace visible, un mois aprts, en pleine eruption de morve aigue? Ou bien serait-ce cette morve aigue ä l'ätat d'incubation qui, un moisavant son explosion, aurait regener^un virus tenement actif, qu'aprös 21 jours d'incubation, il tuait en deux jours l'äne auquel on l'inoculait, et, cela, au moment meme oü le cheval farcineux qui I'avait fourni paraissait complfetement gueri ? En vamp;ritd, il faudrait plaindre une theorie qui, pour se soutenir , aurait le soin d'avoir recours ä de tels subterfuges.
Je ne vois done pas quelle objection on pourrait faire ü cette experience, k moins de dire que j'ai inocul^ le farcin et non la morve. — Cette objection, je la com-
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prendrais, ä la rigueur, de la part de ceux, en petit nombre aujourd'hui, qul croient encore que le farcin et la morve sont deux affections de nature differente, bien que, cependant, cette observation prouve precisö-ment, et, je crois, sans replique, l'identite de nature de ces deux formes morbides; mais de la part du plus grand nombre, de la part de M. 11. Bouley en particu-lier, qui admet comme moi, qui a admis avant moi sans doute, que la morve et le farcin ne sont qu'une seule et möme maladie sous deux aspects differents, cette objection serait dvidemment sans valeur.
Tout ce qu'on pent dire, c'est que c'est lä jusqu'ä present un fait unique ; et bien qu'on puisse r^pondre que, lorsqu'il s'agit de contagion, un seul fait positif, s'il a ete bien observe, s'il s'est produit entour^ de toutes les circonstances propres k en assurer I'authenti-cite et la veritable signification, suffit pour faire preuve, je comprends cependant que plusieurs faits prouvent, sinonplus, du raoinsmieux. — C'est pourquoi je pro-duirai encore le suivant:
IIUITIKME EXPERIENCE,
Le 9 janvier 1863 , M. Naud , veterinaire au lbquot;quot; regiment d'Artillerie, envoie k I'Ecole une jument suspeele de morve, et nous transmet sur son compte les renseignements suivants:
Dans le courant du mois de janvier 1862, c'est-ä-dire il y a un an, cette jument, alors detachee au camp de Sathonay, a ete portee indisponible par le vet^ri-
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84 naire charge da service du camp, pour un jetage el un leger glandaglaquo; qui disparurent sous l'influence du repos et d'un regime dölayant. Dans le courant d'octobre dernier (1862), eile fut de nouveau portee indisponible, h cause d'un engorgement cedemateux circonscrit, sur-venu au poitrail. Enfin, le 16 decembre, eile fut prise d'un ^pistaxis qu'on arreta facilement par des injections d'eau fraiche vinaigrde dans les cavites nasales et des lotions de meme nature sur la töte. Gardee pendant quelques jours en observation ä l'infirmerie, ä cause de ce dernier accident, eile ne tarda pas ä 6tre renvoyee h sa batterie, et eile avait depuis douze jours repris son service, qu'elle faisait sans paraitre le moins du monde incommodee et sans inspirer aucune inquietude , quand, le 3 Janvier 1863 , en passant une visite de sante, on decouvrit dans l'auge et du cöte gauche une petite glande un peu indurde, non adherente , et, dans la narine correspondante, une elevure trbs suspecte.
Elle Tut immediatement mise ä l'infirmerie , et, son etat paraissant de plus en plus inquietant, eile nous fut en definitive adressee , comme je l'ai dit plus haut, le 9 janvier 1863.
A ce moment, eile öftre les symptömes suivants :
Glande grosse comme une noix, dure, bosselte, adherente , du cöte gauche de la ganache ; deux chancres pales sur la eleison nasale, du memecötö; jetage muqueux, peu adherent, et d'ailleurs presque nul. — Etat general trfes satisfaisant; poillisse, embonpoint
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assez bon, vigueur et gaiete normales, appelit bieu conserve; pouls ä 40 , respiration tout-ü-fait calme.
Le 13 , je pratique, avec le peu de jetage que je puis recueillir au pourtour de la narine gauche , une premiere inoculation, sur un äne que je designerai par la lettre A. Ce jetage me parait tellement conforme au mucus normal, tellement eloigne du jetage specifique de la morve, que, en pratiquant cette inoculation , je doutais fortement de son succfes.
Lei5 janvier, la jument morveuse, dont l'iitat ne s'est ni ameliore ni aggrave, et qui, sauf les signes de la morve, quej'ai fait connaitre plus haut, parait jouir de la meilleure sante, est abattue. — Le 16, on en fait l'autopsie, et Ton constate les lesions suivantes :
Dans la cavitä nasale gauche, tant sur la cloison que sur les cornets, existent quelques chancres remarquabks par leur päleur; la muqueuse elle-meme est pale, hla-farde, glacee. — Les poumons renferment une quantite prodigieuse de petites granulations miliaires ou pisi-formes, jaunätres, assez fermes (tubercules miliaires des auteurs). Le tissu pulmonaire qui les entoure est parfaitemenl sain, ni congeslionne, ni ecchymosi. — Pas un seul de ces tubercules (j'insiste sur ce point) n'est entoure d'aureole inflammaloire; il n'y a pas dam le pou-mon une seule lache ecchymotique. Nous avons apporte, M. Rey et moi, le plus grand soin h verifier ce fait.
J'espöre que voilü cnfin une morve chronique a la-quclleM. H. Boulcy no trouvcra rien ä dire.
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Immediatement, j'inocule un deuxieme äne, que j'appellerai B, avec la matiöre prise sur les chancres de cette jument.
Voici maintenant l'histoire de ces deux änes :
Dfes le 16, Tune des plaies d'inoculation de l'äne A , inocule le 13 avec le jetage , est un peu enflammee ; une petite glande, grosse comme une noisette, existe du inßme cot^ dans Vauge.
Le 17, les signes qui annoncent le succfes de l'ino-culation sont bien accuses sur le sujet A. La glande a la grosseur d'un ceuf de poule; les plaies d'inoculation sont enflammees; tout autour, les tissus sont tumefies, chauds , durs, tendus, douloureux. De ces points part une corde, qui, suivant le trajet de la veine glosso-faciale, vient aboutir aux ganglions malades. Le pouls est accelerd (65 pulsations), l'animal est triste, l'appetit se conserve cependant encore.
Rien n'annonce encore le succ^s de Tinoculation sur le sujet B, inoculö la veille avec le pus chancreux.
Le 18, la maladie fait des progrös chez le sujet A. Toujours rien sur le sujet B.
Lel9, l'etat du sujet A s'aggrave. Le sujet B präsente une legere tumefaction autour de Tune des plaies d'inoculation, et les ganglions du meme cote paraissent däjä un peu influences par le virus. •
Le 20, sur le sujet A, la tumefaction de la face est considerable; eile a envahi les alles du nez, les 15vres, la joue tout entiere ; I'une des plaies a rovetu 1c carac-idrc ulcercux. Pouls a 70.
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Sur le sujet B, pouls a 6ö, ganglions de Tauge, du cöte inocule, engorges , chauds, douloureux, plaies d'lnoculations enflammees et douloureuses.
Le 21, marche progressive de la maladie chez las deux sujets. — Faiblesse prononcee, dyspnee chez le sujet A. — Chez le sujet B, tumefaction des tissus autour des points inocules, apparition d'une corde qui va rejoindre les ganglions de Tauge, lesquels ont aug-mente de volume, fiövre violente.
Le 22 , progres de la maladie.
Le 23 , mort du sujet A.
Autopsie. — Nombreux tubercules morveux dans les ganglions lymphatiques de Tauge; epaississement considerable de la pituitaire, dont la couleur est d'un rouge violace presque noir; sur ce fond de couleur fon-cee, se dessinent en relief un nombre prodigieux de petites granulations blanchätres, dont plusieurs sont sur le point de s'ulcerer, et ne paraissent plus recou-vertes que par une mince couche epithdliale, qu'il suffit d'enlever avec le dos du scalpel pour les transformer en chancres parfaits. Quantite innombrable de petits depots morveux dans les deux poumons ; leur volume moyen ägale ä peu pros celui d'une noisette; tous sont entou-res d'une belle aureole inflammatoire.
Le sujet B est encore debout; mais il est faible, consume par la fievre, sans appetit. En meme temps, les symptömes locaux se sont aggraves, la tumefaction a envahi la face et les ailcs du ncz; les articulations sont douloureuses.
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Les 24, 23, 26, aggravation de l'etat du sujet B, qui meurt le 27 ä 2 heures du soir.
Autopsie. — Muqueuse pituitaire moins violemment phlogos^e que sur le sujet A, mais parsemee de nom-breuses granulations morveuses, manifesteraent entou-röes, pour la plupart, d'une aureole d'un rouge vif.— Ganglions tumefies et remplis de tubercules morveux.
—nbsp; Memes tubercules, en trbs grand nombre, dans les deux poumons.
Oü done ötaient, chez la jument qui a fourni le virus par lequel ont etö tues ces deux änes, les lesions ai-gues impliquant la presence du virus, et dont I'absence devrait, par une consequence necessaire, impliquer aussi I'absence de ce mamp;me virus?—Je les ai cherchdes, on s'en souvient, et ne les ai point trouvfes. J'ignore done absolument quel genre d'objeotion on pourrait faire ä cette experience; et il me parait impossible, qu'aprös l'avoir lue, on puisse douter encore des pro-prietes contagieuses de la morve chronique; non pas-de la morve chronique vulgaire, car pour celle-lä, la demonstration serait bien superflue, mais de la morve chronique teile qu'on doit la comprendre d'aprfes la thdorie de M. H. Bouley; de cette morve qui n'est plus, nous dit-on, qu'une lesion organique sans virus.
—nbsp;Cette experience, je le räpöte, nous apprend ce qu'il faut penser de cette assertion.
N'est-ce point assez? Voici une demise expe^ rience, encore plus probante , s'il est possible, et qui a,
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en outre, le merile de montrer que ce n'est pas seule-ment entre mes mains que la morve chronique est con-tagieuse et inoculable; je la dois ä l'extröme obligeance d'un de mes amis, M. Liautard, vetörinaire au Squot;quot; Dragons, et je me plais ä lui en temoigner ici toute ma gratitude.
NEUVIEME EXPERIENCE.
laquo; La jument de troupe VAmpoulee est conduite ä la visite des chevaux indisponibles; le marechal-des-Iogis de semaine rend compte que le matin, en revenant des classes, cette jument jetait l^g^rement par le naseau droit. Voici quel etait l'etat de cette böte : Embonpoint bon, poil lisse et brillant, gaiete ordinaire, pas de glande, couleur de la pituitaire normale, plus de trace de jetage. Nfenmoins, d'aprös le rapport du marechal-des-logis, cette jument entre ä l'infirmerie et est raise ä part.
laquo; Huit jours aprfes, n'ayant observe aucun Symptome qui puisse motiver ua plus long sejour a rinfirmerie', je renvoie VAmpoulee ä son escadron.
laquo; Sixmoisplus tard, un samedi, ä la revue de sante, je constate que cette jument presente, par les deux naseaux, un jetage epais et abondant, mais sans glande et sans ulcörations. Son entree ä Tinfirmerie est aussitöt ordon-nee. Pour tout traitement, je fais dans les cavitös nasales une injection au sulfate de zinc. Le lendemain , le jetage n'existe plus. La jument n'en est pas moins tenue isolee pendant deux mois, apvbs quoi, eile sort de l'infirmerie.
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laquo; Un peu plus tard, ä une visite de sante, Je trouve dans le m6me peloton trois chevaux fortement glandds : I'.Bcran, le Bilutne et le Fou. Le premier est placö dans un coin de l'ecurie qu'occupe le peloton, et ä droite de la jument VAmpouUe; le second, ä gauche de la m^me jument, et letroisifeme, dansle coin oppos^ en diagonale ä celui qu'occupe VEcran.
t Je soupconne fortement VAmpouUe d'avoir con-tagionnö ses deux voisins. Quant au Fou, place loin d'elle, je ne m'explique pas tout d'abord comment la contagion aurait pu se produire. Näanmoins, jen'hö-site pas, et, malgre son amp;at apparent de santö parfaite,
—nbsp; car eile n'a ni jetage, ni glande, ni ulcerations,
—nbsp;je prends cette jument ä Tinfirmerie, ainsi qua les trois autres chevaux.
laquo; Quelques jours aprös, le maramp;jhal-des-logis du peloton m'apprend que le cheval le Fou avait occupe antd-rieurement la place de VEcran, ä droite de Vdmpoulee.
—nbsp; Des-lors, je ne doutai plus : j'avais affaire h une de ces bouifees de morve par contagion, malheureu-sement trop fröquentes dans les agglomerations de chevaux.
laquo; En effet, le Bilutne, VEcran et le fou furent succes-sivement abattus, ä peu de jours d'Intervalle, pour cause de morve. II ne me restait plus de cette boufföe morveuse que la jument soupconn^e d'avoir contagionnö les autres. Mais, quelque fortes que fussent mes prö-somptions, je n'etais pas complfetement fix^ sur son etat , et je n'osais pas en demander immediatement Vabattage.
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t En effet, c'ötait un singulier jetage que celui dont ötait atteinte cette jument. Pendant huit jours, quel-quefois plus, quelquefois moins, eile avail les naseaux trfes propres. Puis, tout-ä-coup, et sans cause appreciable , un jetage epais et abondant faisait irruption par les naseaux. Le lendemain, on ne voyait plus rien. J'avoue que ce jetage, sisinguliferement intermittent, m'intriguait beaucoup. A deux reprises difförentes j'avais trepan^ les sinus, et, ä mon grand ötonnement, je n'avais trouve, ni ä droite ni ä gauche, aucun signe d'tyithelioma. La poitrine me paraissait bonne, et rien n'indiquait une lesion profonde du poumon. Enfin, cinq mois aprfes sa dernifere entree ä Tinfirmerie, VAm-jpoulie, sans glande, sans chancre apparent, est döcla-rie morveuse, et, comme teile, abattue.
laquo; Voici les lesions que je rencontrai ä l'autopsie : lt; Pas de glandes, pas de chancres sur la piluilaire, ni sur la muqueuse du pharynx, du larynx, de la trachte, ni des bronches; pas de collections dans les sinus ni dans les cornets; pas de lesions dans les poumons,
PAS HEMB LA TRACE d'uN DE CES TUBERCULES ISOLES qu'OIl
rencontre si frequemment dans le poumon des chevaux morveux. — J'avais cru k l'existence de la morve, et l'autopsie semblait me donner tort. Cependant, je ne tardai pas ä decouvrir le foyer du jetage qui m'avait si fort intrigue : la poche gutturale droite ötait le sidge d'une collection purulente. Moins grande que celle du cöte oppose, cette poche semblait comme raccomie ä la facjon d'un morceau de parchemin qu'on aura it sourais h l'action de la chaleor. Une ulcdration profonde, ä fond livide, d hords irregulieremtnl decoupes, en occupe toute
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la partie inferieure, et se continue jusqu'ä l'orifice indu-re de la trompe d'Eustache. La quantite de pus qu'elle contenait a pu ßtre evaluee ä un decilitre.
f Cette lesion etait-elle süffisante pour permettre d'affirmer que c'etait bien VJmpoulde qui avait conta-gionnä las trois chevaux YEcran, le Bitutne et le Fou? he doute semblait au moins permis, et l'experimenta-tion seule pouvaitr^soudre cette question d'une manure complete ; je resolus d'y avoir recours.
laquo; J'inoculai done , au pourtour des naseaux d'un vieux cheval, un peu de pus, pris dans la poche gutturale droite de la jument YAmpoulee. Quatre jours aprts, la plaie d'inoculation s'ouvrit et donna ecoulementä un liquide sanieux ; un cordon lymphatique s'engorgea; bientöt cet engorgement gagna I'auge; les glandes , ä leur tour, devinrent volumineuses, dures, adherentes; puis un jetage s'etablit par les naseaux, et finalement ce cheval fut abattu compl^tement morveux. Ai'autopsie, on rencontra toutes les lesions caracteristiques de la morve.
c II n'y avait done plus ä en douter : la jument Vjimpoulee avait contagionne les trois chevaux: VEcran, le Fou et le Bilume. raquo;
Ainsi, voilä une jument qui, pour tout Symptome mrjiadif, präsente un jetage intermittent, jetage si peu caraetäristique, qu'on ose ä peine la soupgonner atteinte de la morve ; cela dure deux ans, et, pendant tout ce temps, la jument en question ne cesse pas de se
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bien porter, et de faire im bon service, si ce n'est dans les intervalles oü, par une precaution qui pourrait pres-que sembler excessive, tant ce jetage ressemble peu ä celui de la morve, eile est prise ä l'infirmerie et mise en surveillance. Cependant eile communique la morve ä trois chevaux qui ont avec eile des rapports immediats. — Elle est alors abattue, et l'autopsie ne rövöle aucune autre lesion qu'une ulceralion de la poche gutturale droite, Usion ancienne, sans caracteres inflammatoires, et d'as-pect si peu specifique que, pourse bien convaincrequ'on a affaire ä la morve, il ne faut rien moins que le resultat de l'inoculation, ä un cheval bien portant, de la mattere purulente contenue dans cette poche gutturale ulceree. Si ce n'est pas lä la morve chronique, qu'est-ee done ?
Je m'arrete ; car je ne vois pas ce que d'autres faits semblables, fussent-ils mille fois plus nombreux, pour-raient ajouter ä ceux-ci, et, je le repute, je cherche en vain de quelle nature pourraient etre les objections qu'on voudrait leur opposer.
Si la morve chronique n'est pas un mytbe, si c'est une maladie reelle, et si, comme on le dit, eile est si bien caraetdrisäe qu'il est presque impossible de la mecon-naitre, j'ose croire qu'on la reconnaitra chez les neuf chevaux dont je viens de publier les observations et qui ont communique la morve, soit par inoculation, soit par contagion ordinaire, ä quinze sujels bien porlants. — On la reconnaitra, pour le moins, chez les trois der-niers, car, pour eux, outre la presomption de chronicite resultant de l'anciennete et de la marebe de la maladie, on a la preuve certaine, irrecusable, que, au moment
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oü Von a pris chez eux le virus inoculable qui a tue quatre sujets d'experience, ils ne presentaient alaquo;laquo;laquo;laquo;laquo; trace de lesions ricentes ou aigues.
Ces fails ne sont cependant pas les seals que je possMe; mais les autres n'ajouteraient rien ä la demonstration que je me suis proposee; ils prouveraient seulement, ce que , du reste, on peut dejä voir suf-fisamment par les experiences qui precedent, qu'entre la morve aigue et la morve chronique, il n'y a pas seulement la plus parfaite identite de nature, mais qu'il n'y a pas möme de ligne de demarcation rigoureusement tracee; que ces deux formes d'une affection unique passent de i'une ä l'autre par des gradations insensibles; et c'est ee que j'ai voulu montrer en disposant, dans cette relation, mes experiences dans I'ordre qu'on a vu.
Et maintenant, si M. H. Bouley n'est pas convaincu, s'il croit encore qu'il est des lesions d'origine morveuse qui, äcoupsür, ne sont point contagieuses; s'il tient, en un mot, ä redonner un peu de consistance ä sa theorie, qui nous paratt fortement ebranlee, pour ne rien dire de plus, il faut absolument qu'il nous demontre pour quoi, en quoi et comment nous sommes dans I'erreur.
Et ce n'est point par des arguments qu'il parvien-dra ä nous convaincre. Les arguments, nous ne les dMaignons pas; nous-m6me en avons fait,ä l'occasion, usage contre lui, et, nous le croyons, avec un certain succös. Cependant, il serait possible que, dans la discussion ä laquelle nous avons soumis sa theorie, nous ayons commis quclque errcur do logiquc. S'il on cst ainsi,
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nous ne demandons pas mieuxque d'etre detromp^. Mais ce genre de preuves, nous le repetons, ne saurait plus suffire. G'est par des faits que M. Bouley doit nousre-pondre; — non par des faits incomplets, enonces en ter-mes generaux, — par mais des faits detailles, precis, sur lesquels la discussion puisse s'elablir d'une maniöre s^rieuse et partant utile ; tels, en un mot, que nous paraissent etre ceux que nous livrons nous-möme ä son appreciation et, aubesoin, äsa critique.
Cette critique, nous l'appelons de tons nos vceux; non point par un vain amour du bruit, ni, et bien moins encore, par un sentiment de presomption que rien ne justifierait, mais dans le seul interdt de la science et de la verite.
Avons-nous besoin de le dire ? En prenant la plume sur ce sujet, dont nul assurement ne meconnaitra I'im-portance, nous n'avons eu qu'un seul mobile : I'inter^t de la science; qu'un seul but: la recherche de la veritö. Nous avons combattu avec toute l'ardeur de nos convictions une theorie que nous croyons erronee et dange-reuse ; mais en combattant avec vigueur, avec vivacite quelquefois, leserreurs du savant, nous nous sommes efforce de n'oublier jamais ce que nous devious ä la position, au talent, au caract£re de l'homme, et nous connaissons assez la generosite de notre adversaire pour etre sür qu'il en conviendra lui-meme et qu'il sera le premier ä nous savoir gre de n'avoir point sacrilie l'interet de ce qui nous parait etre la verite, ft la Sympathie que sa personne nous inspire.
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9C
Repetons-le en terminant, nous croyons etre dans le vrai; nous croyons avoir montre que la morve, quelque chronique qu'elle soit, est encore contagieuse ; nous croyons avoir prouve, par des arguments etpar des fails nombreux, pressants, inattaquables, Tinsuffisance et l'erreur de la theorie de M. H. Bouley. Et pourtant il se pourrait que ce füt nous qui fussions dans l'erreur. S'il en est ainsi, il importe ä la science, ä nous, ä M. H. Bouley lui-meme, que nous soyons damp;rompe, et c'est pour ces motifs que nous faisons une derniamp;re fois appel ä sa critique.
En attendant, et pour bien preciser les points sur lesquels devra. si eile s'etablit, porter la discussion, nous aliens formuler aussi brifevement et aussi claire-ment que possible les conclusions qui nous semblent ressortir de l'ensemble de notre travail.
A.nbsp; — II n'y a pas plusieurs especes de Mom, il n'y en a qu'une , toujours identique au fond, toujours sem-blable ä elle-meme sous les formes d'ailleurs extröme-ment variees qu'elle peut revetir;
B.nbsp; — Non-seulement la Morve et le Farcin, la Morve aigue et le Farcin aij/u, la Morve chronique, et le Farcin chronique ne sont que des modes de manifestation divers d'me seule et meme espece morhide, mais il n'y a pas meme de ligne de demarcation tranchee entre Vital aigu et Velat chronique. de ces formes d'une meme affection ;
C.nbsp;— G'est-ä-dirc que, entre la Morve la plus äigue, capable de tuer en vingt-quatre ou quarante-huit heures
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l'animal qu'elle altaque, el la Morve la plus chronique, compatible pendant des annees avec l'exercice ä pen pros regulier des fonctions, il est possible de placer un nom-bre presque infini d'etats intermediaires, plus ou moins rapproches de ces deux termes extremes ;
D. — On pent done passer de la forme la plus aigue ^ la forme la plus chronique par des gradations presque insensibles, qui les relient Tune ä l'autre, comme les anneaux d'une longue chaine relient entre elles les deux extremites opposees;
E.—Dös-lors, lesquelques lesions r^centes etjusqu'k un certain point aigues, qu'on peut rencontrer chez un sujet atteint de morve chronique, n'ont pas I'impor-tance et surtout la signification qu'on a voulu leur attribuer ; elles ne font pas que la morve, par le fait de leur presence, ait change de nature ; elles etablissent seulement qu'il s'agit d'un de ces chafnons qui relient entre eux le type aigu et le type chronique ;
F.— Encore moins font-elles que la Morve soil ou ne soit pas contagieuse, suivant qu'elles existent ou qu'elles n'existent pas ;
G. —Bien loin de lä, tant que la Morve s'accuse par des lesions spöcifiques, — que ces lesions soient re-centes ou anciennes; — qu'elles soient aigues ou chro-niques, enflammees ou non ; — qu'elles se soient deve-loppees ä la suite d'un mouvement febrile ou sans sus-citer de reaction appreciable, — la Morve exisfe tout en-tiere, y compris le germe fatal qui en est h la fois I'ori-gine et le fruit;
H. — C'est done une double erreur, — erreur de
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98 doctrine et erreur de fait, — que de considörer les lesions chroniques de la morve comme des lesions purement materielles, organiques, sans specificite. — L'experience aussi bien que le raisonnement prouve que ces lesions recamp;ent encore en elles le virus de la Morve, et un virus g^neralement trfes actif; .
I. — Done, sous toutes ces formes, ä tons sesdegres, dans tons ses etats, ä toutes ses periodes, — dans tons les instants de son existence, pour tout dire en un mot, — la Morve est contagieuse et facikmenl inoculable ;
J. — Done il y a loujours danger de contagion; non pas danger possible, eventuel, conditionnel , mais danger certain, actuel, toujours menacant.
Est-ce ä dire que tout cheval qui aura et^ en contact avec un cheval morveux devra necessairement, fatale-ment, contracter la morve ? Won, certes, Mais, est-ce qu'on ne pent passer aupres d'une poudrifere, un bran-don allume dans la main, sans y mettre le feu? Et cela empeche-t-il la sentinelle preposee ä sa garde de crier ä l'imprudent qui voudrait en faire l'experience : Halte-lä !... passez au large !....
Eh bien! nous, contagionistes , nous sommes cette sentinelle.
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FIN.
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