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BIBL10THEEK UNIVERSITEIT UTRECHT
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2912 725 9
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rrz^m
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CAUSE
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DE LA RAGE
ET MOYEN Ö'eN PltäSERlER L'HUMANITfi
PAR MM*. LES DOCTBURS
F. J. BACHELET
cx-medecin militaire, actuellement pharmacien-major clief ä rhfiftital de Valenciennes, cbevalier de la legion d'bonnear.
C. FROUSSART,
m^decin-major au 4- cuirassiere, cbcvalier de la Ugion d'bonneur.
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hubialä causa, tollitur effcclus*
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VALENCIENNES ,
1MPR1MEHIE DE K. PRI6NET , ROE DE MONS , 9.
18raquo;7.
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V
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DIVISION DE L'OUVRAGE.
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PREFACE. INTRODUCTION. Premiere partie.
CONSIDERATIONS GfiNIiRALES. — EXPOSE DES DIVERS MODES DE TRAITEMENT EMPLOYES JUSQU'A CE JOUR. — CAUSES ADMISES PAR LES AUTEURS.
Deuxieme partie.
CAUSE REELLE DE LA RAGE CHEZ LES ANIMAUX.
Troisieme partie.
PROPHYLAXIE.
CONCLUSION.
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PREFACE.
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La rage, ce terrible fleau donl le nom seul fait frissonner , et jetle l'epouvante parnai les populations, la rage qui fait des ravages depuis des siecles, et voue, chaque annee, un certain nombre de victimes ä la mort la plus af-freuse, a ete l'eeueit, la pierre d'achoppement oü sont venus se briser les efforts impuissants de (ant d'inlelligences d^lite. Toujours debout, il est aussi redoutable et plus meurlrier que fnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;jamais, puisqu'il a envahi aujourd'hui des con-
tre'es qu'il dpargnait nagueres.
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Enrayer ses fuuesles effels au moyen d'un spccifique infaillible , sera probablemenl lou-jours au dessus de la puissance humaine. Aussi, au lieu d'imiier Texemple de nos devanciers , avons-nous cherche äraquo; decouvrir le mystere qui enveloppe la raison d'etre de celte horrible maladie, et le moyen prophylaclique qui peut arreier sa marche.
Nous considerons comme un devoir de reve'-ler ä la societe le resullat de nos travaux, et si noire inspiration a ete heureuse, le bonheur de lui avoir ete utile, sera pour nous la plus belle des recompenses.
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IIVTRODUCTION.
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Ancune maladie n'a peut-elre ete, plus que la rage, Fobjet des recherches et des meditations du monde savant. Des siecles se sonl ecoules, et cette question qui n'a pas cesse de preoccuper vivemenl les esprits, esl toujours aussi brillante quWrefois. Elle interesse tout le monde. Chacun de nous fremit en pensant qu^il est expose, soil ä la viile, soit dans les campagnes, ä etre livre sans defense, ä la merei (Pun animal enrage. Dans certains cas surtout, comment songerous-nous ä nous mettre sur nos
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II
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gardes, lorsque nous aurons affaire ä un com-pagnon fideiequi, depuis longtemps, nous don-ne des preuves irrecusabies de sa docilile, de son affection el d'un devouement sans bornes.
Tons les jours nous voyons, sans emotion, desconvois funebres passer devant nos yeux, mais qu'un malheureux succombe victime de la rage, et celle triste nouvelle va repandre la terreur, et plonger dans ledeuil une villetoute entiere, comme si chacun avait perdu un frere, un ami. Quelques jours ne suffironl pas pour etemdre le souvenir d'une teile calamite. Les mois, les annees s'ecoulent, et la population au milieu de laquelle s'est accompli ce drame terrible, en raconte les affreux details qui Pont si vivement impressionnce, el sont encore aussi vivants dans son esprit que si le malbeur etait arrive la veilte.
(Test que cette affection präsente des phases si cmelles et des angoisses si poignantes ! Cest que le cortege des symptomes qui la caraclerise est si douleureux !! Ge qui la rend plus effrayante encore, c'est que le malheureux enrage conserve presque toujours son intelligence intacle jusqu'au dernier moment, et n'ignore pas qu'il est en proie ä un mal qui ne pardonne
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Jamals. Quoi de plus ddsespdrant que la certitude d'etre voue k une mort inevitable, qui peut seule mettre un terme ä d'horribles souffran-ces!!! Toutes ces conditions räunies lui donnenl un cachet parlicuiier qui erneut pro-fondement les cceurs les moins sensibles.
Aussi, le gouvernement comprenant qu'au-cune maladie ne merilait a un plus haut degre d'eveilier sa sollicilude, a-t-il defendu de pu-blier les cas de rage dans les journaux, afin de ne pas effrayer inulilement les populations. En oulre,il acherche ä diminuer le nombre des chiens, par la voie desimpots, et n'a neglige, enfin, aucun moyen de s'eclairer sur ud sujet d'une teile importance. Mais la science n'ayan1 pas encore pu donner une solution, Tadminis-traiion se trouve reduite aux simples mesures de police qui consistent ä museler, tenir en laisse, traquer, empoisonner, poursuivre et enlever les chiens errants, tristes moyens qui, oomme nous le pronverons, ont eu pour räsul-tatde faciliter les progres du fleau.
Et cependant, il faut I'avouer, il ne nous eat pas permis d'accuser les savants d'indifference. En 1780, plusieurs centaines d'ecrits avaienl dejli paru sur la rage, et depuis cetle epo-
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que , PEurope a die inondee cTune foule d'autres iravaux sur celle maliere. • Non seulemenl ces ceuvres sont reslees steriles , mais en raison des opinions coulradicloires cmises par les divers auteurs, leur ensemble offre un deplorable melange d'erreurs et de verlies, ce qui range cette maladie au nombre de celles qui sont le moins connues. (Test pour distinguer le vrai du faux, el jeter un peu de lumiere sur cette question si interessante au double point de vue de la science et de l'hu-manile, que nous allons enlrer dans quelques considerations necessaires pour elucider les points les plus importants qui s'y rattachent. Ces considerations sont indispensables, d'ail-leurs^ pour bien saisir les idees et les appreciations nouvelles que nous allons exposer dans le courant de cet ouvrage.
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PREMIERE PARTIE.
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Considerations generates.
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La rage esl une maladie virulente dent la lerminaison est loujours mortelle. Caractefisee par un appareil de symplomes speciaux , eile pent se developper spontanement chez certains animaux, mais rhomme ne la conlractc jamais que par voie de transmission, c'est-ä-dire par suite de la morsure d'un animal enrage.
Appelee Rabies par les latins et a^laquo;laquo; par les grecs, eile a re^u une multitude d'autres denominations que Ton ne perd rien ä ignorer, tel.
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lös que : lelanos rabieu, angine spasmodique, loxicose rabique , cynolisson, phobodipsoD , cynanthropie, lissa caniua, elc. Mais le mot hydropholie, gentJralement adoptepar Tusage, est la plus fächeuse synouymie q^on ait pu choisir, car eile a beaucoup conlribue a re-pandre de la confusion dans les esprits. En effet, thydroiphohie de raquo;^p eau, et de lt;pßlt;gt;s crainte, bien qu'etant un des signes les plus caracte'ristiques de cet ensemble d'aceidens qui constilue la rage, n'est cependant, qu'un Symptome qui, de meme que les envies de mordre, n'estpas toujours constant, comme Tont prouve Jolly, Mead , Seile, Sibodre, ainsi que les faits observes a rHötel-Dieu de Paris.
Non seulement Chydrophohie n'est pas un symplome constant et necessaire de Taffection rabienne, mais ce pheuomene nerveux qui se traduit par une horreur , une aversion, une repugnance invincible pour la vue et la deglutition de l'eau, et meme le plus souTent de tou-tes especes de liquides , a ele observe dans les maladies les plus diverses. On Ta vu se produire dans les fievres inflammatoires, nerveuses, rhumalismales, exanthe'mateuses, pernicieuses, dans certains cas d'empoisonnement, et enfin
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dans diverses nevroses, lelles qua Thysterie, I'e-pilepsie, I'hypochoudrie, le satyriasis, la nyna-phomanie, Palienalion mentale, etc. Dans ces cas, eile n'est evidemment qu'un Symptome secondaire, plus ou moins accidentel, quelque-fois meme de pen de dure'e, et qui n'a point d'importance. Aussi sommes-nous loin de parla-gerPopinionde certains auteursqui considerent ce phe'nomene comme le prelude certain d'une terminaison toujours fuaeste. Sa valeur pronos-lique depend de raffeclion qui l'accompagne, et le trailement doit etre naturellement subor-donne a celui de la maladie principale ä laquel-leil est lie.
Comment ne pas admettre son innocuile , puisque thydrephohie est quelquefois parfai-tement compatible avec la sanle, comme I'a demontre Chomel, el avant lui, Galien et Ae-lius. Souvent eile survient par suite d'une commotion morale vive, lelie qu'une violente colere, unc grande frayeur, et surloul la craioted'avoirdte mordu par un animal enrage. Le fait suivant suffira pour faire voir qu'elle s'est developpee chez des personnes dont I'imagination etait fortement frappee : en lt;817, un m^decin de Lyon qui avail assiste ä Toaver-
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ture de plusieurs iiidividus monlus par une lou-ve enragee, conQoit I'idee qu1!! a pu s^noculer la rage. Aussitöl il perd Tappelit el le sornmeil. Des qu1!! essaie de boire, son cou devient le siege d'une conslriction spasmodique, et la suffocalion parait imminente.PendaQtlroisjours il erre sans cesse par les rues, s'abandonnant au plus affreux desespoir. Ses amis parvien-nent ä lui persuader que son imagination seule est malade, el des lors les accidents diminuenl subilement, el cessent comme par enchanle-ment.
Mais la circonstance la plus fre'quente et la plus remarquable dans laquelle on Ta vu se produire, est la grossesse. Parmi les exemples que Ton trouve dans les auteurs, nous cilerons le plus saillant el le plus curieux,rapportedans le journal de Vandermonde. (Test celui d'une ferame qui devenait hydrophobe pendant les quatre premiers moisde chacune de ses grosses-ses, dont le nombre ful de onze. Aussitöl apres la concepliou, eile ne buvail que Ires peu ; pe-tit-ä-pelit Vhorreur des liquides augmentait au point que, non seulemeol Pinforlunee s'absle-nait de toule boisson ou de tout aliment liquide, mais qu'elle ne pouvail merae voir d'auires
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personnes boire en sa presence. L'aspect et le bruit de l'eau lui ^laient egalement insuppor-tables, et produisaient un frisson general avec syncope ; aussi elail-on oblige de cacher les vases qui contenaient des liquides, et de les transvaser sans que la malade en enlendit la chüte. Gelte fomme etait consumee par une soif brulaiile, et il u'est pas de moyens quelle n'ait tenle's pour vaincre sa repugnance. Lors-que des motifs imperieux Tobligeaient ä traverser une riviere, eile se bouchail les oreilles, couvrait ses yeux d'un bandeau, et cbargeait deux bommes de la conduire de force, jusqu'ä ce qu'elle ait passe le pont, oü la singularite de celle scene appelait un grand nombre de spec-tateurs.
La rage et Vhydrophohie, memo lorsque celle derniere affeclion est accompagnee de quelques symplömes rabiformes, n'onl done au-eun rapport sous le point de vue deleur mar-che, de leur duree, des signesqui les caracte-risenl, et de leur lerminaison. Celle-ci se ler-mine presque loujours heureusemenl, tandis que la rage est conslamment morlclle. Aussi sera-t-il loujours impossible de les confomlre. Chercherons-nous ä expliquer si Vhy-
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drophobie est un phenomene purement cerebral, im acte mental, une sensation morbide analogue, par exemple, ä Thorrcur invincible et non motive'e qw'eprouvent quelques per-sonnes, pour cerlains animaux, tels qu'une araignee, un crapaud, une couleuvre, etc ? la science n'a r^pandu q^une bien faible lu-miere sur les affections dent le Systeme ner-' veux semble etre le siege. Laissons ä d'au-tres le soin d'approfondir la nature intime de celte nevrose. Nous n'avons d'autre but que d'expliquer la distinction qui doit-etre etablie entre les mots : hydrophobie el rage, et de faire comprendre la difference bien marquee qui existe entre ces deux affections qui n'ont riea d'idenlique dans leur essence. De'-truisons done cette malencontreuse synonymie, source de tant de confusion, comme on peut s'en convaincre, en consultant les auteurs qui n'ont fait que TaccroUre par lours nombreu-ses divisions en essentielle, spontanee^ympto-matique, intermittente, etc.
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II n'est pas facile de dissiper les tenebres qul enveloppenl rinsloire de la rage. Son origine se perd dans la null des temps. A-t-elle existe de toute anliquile ? (Test bien probable, maisrecri-tore sainle n'en dit rien, et on doit supposer, cepeadant, quelle n'aurait pas omis d'en faire mention, si eile eut ete connue alors comme eile Test aujourd'hui dans certaines conlrees. Les auteursde Tantique Grece gardent le meme silence, et aucun passage des livres dllippocrate ni de ceux qu'on lui allribue, ne la de'signe clairement. II est vrai que dans Homere, Te'pi-thete de chien enrage semble avoir e'te don-nee ä Hector par Teucer, et qa'on trouve dans les dialogues de Lucien un passage qui parait avoir trail h quelques syraptomes de cette ma-ladie. Mais il faul se mefier des interpretations forcees de plusieurs auteurs anciens, de Kurt-Sprengel, enlr'autres, quiacruvoirun exemple de rage dans la fable d'Acleon decbire par ses chiens, apres avoir ete metbamorphose en cerf. Le philosopbe Aristote ne doit gueres nous inspirer plus de confiance, ct il n'est nullemenl certain, malgre TassertiGn de quelques ecri-vains, que Democrite et Polybe connaissaient cetle affection. Menandre le poete comique fait allusion, il est vrai, ä Tliorreur de Teau
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clans une de ses comedies, mais cette allusion se rapporianl uniqnemenl h Vhydrophobie, est trop vague pour que nous puissons en lirer une deduction precise.
S'il n^st pas bien demontre que la rage etait connue des anciens Grecs, il n'en est pas de meme des Romains. Vers les dernieres an-ne'es de la Republique, Plularquela considerait comme une maladie nouvelle qui i^avait commence ses ravages que du temps d'Asclepiade. Sous le regne de TEmpereur Auguste, Marcus Artorius, Artemidore de Sida et l'Archiätre Magnus en font mention, Coelius Aurelianus, malgre ses assertions* hasardees, est peut-etre le premier qui ait compose un ouvra^e serieux sur cette matiere. Son livre renferme une exposition complete des idees admises a cette epoque. Celse, Dioscoride, Pline Pancien et Soranus d'Ephese nous out aussi laisse quel-ques ecrits. Un peu plus tard, Paul d'Egine, Aretee de Cappadoce el Ruffus nous appren-nent que la rage etait connue de leur temps. Aelius surlout qui vivait an 5deg; siecle de notro ere, el qui est peul-etre le premier auteur chrelien qui ait ecril sur la medecine, en fait une description assez claire, ainsi que deux
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medecins arabes : Rliazes el Serapion qui lui etaienl a peu-pres conlemporains.
Mais TEurope el I'Asie ayanl ele plonges dans une ignorance complete, par suite de 1'in-vasion delaquo; Barbares, c'esl seulement vers !e 15m0 siecle, quenous trouvons un grand nom-bre de Iravaux sur la medecine en general, el sur la rage en parlicnlier.
Apres avoir consulte consciencieusemenl la pluparl desanteurs anciens, nous pouvonsdejä, apropos de rhislorique de celle maladie , donl nous n^avons fail qu'nn expose Ues succinl, lirer les Irois conclusions suivanles :
1quot; Si la rage n'elait pas loul-ä-fail incon-nue de toule antiquile, eile elait, du moins, excessivement rare.
2quot; Depuis le moyen äge jusqu'a nos jours, eile a fail des progres successifs, surlout dans certainescontrees, et specialement en Europe.
3quot; Elle est devenue de plus en plus frequen-te, en raison directe des progres de la civiiisa lion, el nous en donnerous bientoi la raison.
II esl viai que la pluparl de ces ecnts sent encombres d'erreurs sans nombre sur la nature de celle affection, el il serail faslidieux de les enumerer. On lit da^is Aurelianus, que Teslo-
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mac, le diaphragme, le coeur, les mächoires memo, ont e'te consideres tour a lour comrne eianl le siege de la maladie, suivant que les divers auleurs tenaient comple d^n seal Symptome, ä Texclusion de lous les autres, par exemple des vomisseraents, des sanglots, de de Toppression, du slrietum, etc. Pour ce qui concernele trailement, la plupart renfer-raeni un amas'confus de recettes, de remedes empiriques, d'arcanes et de prelendues pana-cees donl on a fait justice depuis longtemps. Cependant il faut rendre aux anciens ce qui leur est du, car ils nous ont laisse des oeuvres tres-inleressantes, et qui ne le cedent en rien ä celles d'aujourd'hui. Les medecios anlcrieurs au renouvellement des lettres en Europe, consideraienl la rage, comme une affection incurable lorsqu'elle est declaree, el ne cherchaient qn'ä en prevenir le developpement. Celse appliquait dejädes venlouses sur la mor-sure, et la cauterisait ensuite. II voulait, en outre, que la blessure reslat ouverte, pour que les parties virulentes pussent s'en ecouler avec le sang. La plupart attribuaienl la cause de la maladie ä un virus ou venin depose dans les plaies, oü il reslait pendant un certaiu temps
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avant de faire explosion, virus qu'iis altaquaient par le fer, le feu et les ventouses, afin de Tem-pecher d'etre absörbe ä rinlerieur . Ils entrele-naienl pendant longlemps la suppuration de la plaie, afia d'atlirer au dehors la portion vene-neuse qui avail penetre dansreconomie. Enfin, comme moyens secondaires, ils purgeaient et provoquaient des sueurs abondanies pour favo-riser le trailement local. Celse qui nous expli-que ces moyens tres clairemenl, avail recours lorqiriis ecbotiaient, ä la saignee generale, aux bains, elc^ etc,
Avouons done avec Villerme et Trolliel, auteurs d'une monographie complete sur la maladie qui nous occupe, qu'ii y a bien pres de ces idees ä celles d'aujourd'hui. Nous disons plus, e'est quälest regrettablequ'un grand nom1 bre de medecins modernes se soienl dearies de la voiesage et ralionnelle tracee par lesanciens. En 1802, Bosquillon nie Texislence du virus ct cberche ä demontrer que les symptomes de la rage sont toujours produils par la frayeur. Pen de temps apres, Girard fail lous ses efforts pour prouver que celte maladie est un letanos, el que par consequent le virus rabiquen'est qu'une chimere.
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Ce fut alors que les medecins surtnontant {'horreiir que lenr inspirait la crainte de con-1 racier cette affection, se livrerenl avec ardeur ä des recherches necroscopiques qui, an lieu de les eclairer sur la cause, le siege el la nature de la maladie, n'ont fait que re'pandre plus d'obscurite sur la question. En effel, les uns, partisans outres de la doctrine des inflammations, ayant trouve les membranes du cerveau et du cervelet,'ainsi que les plexus choroides desventriculeslaleraux injectes, gorges de sang et parsemes de diverses colorations rouges, brunatres ou ecarlates, n'ont pas manque d'altri-buer ces alterations ä Texislence d'une phleg-masie manifeste. D'autres, plus reserves, con-siderent tout siraplement celle liyperemie com-me le resullal de Taspbyxie qui termine pres-que toujours la vie des enrages, asphyxie qui a beaucoup d'analogie avec la congestion que Ton relrouve chez les epilepliques, el cbez tous ceux, e.nfin, qui succombent h la suite de vio-lentes convulsions
Hare Tomson, Mathey de Geneve, Hufe-
. land el Robert Reid, admettent que la rage a
sou siege essentiel dans la moelle epiniere, par-
cequ'dsy onl rencontrd, non seulemenl desal-
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teralions ä peu-pres analogues, mais encore un ramollissemenl de la substance grise, et un epan-cliornenl de serosite dans la canal raclmlieu. Mais ceux qui onl fail un certain nombre d^u-topsies, savent ä quoi s^n tcnirsurccs ramollis-seraents qui sont plus souvenl cadaveriques qne pathologiques.
Ce sont surtout les alterations que presen-tent les organes respiratoires, qui ont atlire raüention desobservateurs. Ainsi, la rougeur de la membrane muqueuse du larynx, de la trachee et des bronches, a etc considerce com-me Telfet d'un travail inflammatoire, tandis que la cause doit en etre attribuee au contact des liquides sanguinolents qui affluent dans ces organes, Cette rougeur ne prouve nullement Pexislence d'une phlegmasie. II en est de memo de la congestion du pennnon qui crepite dans toutes ses parties, ne perd pas sa consis-tance naturelle, et se trouve seulemenl engoue par unsang noir, ce qui nindique qu'une liypä-remie non inflammatoire. v L^emphysamp;me pulmonaire que Ton a constate plusieurs fois, s^cxpliquetrösbien par la rupture de quelques cellules broncbiquos, pendant les efforts violenls que font les malades pour
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respirer. Quant äla maliereecumeuäeqütrem-plil lescanaui du tube respiratoire, eile esl for-mee par le mucus altere des bronclies, vive-meal agile et converti en ecutne par Pair qui enlre et sort des poumons pendant les effortraquo; d'une respiration convulsive. Ce mucus est sanguinolent, visqueux, ecumeux, quelquefois rose, quelquefois incolore, et s'etend rarement jnsqu'ä la trachee et au Larynx.
Quelques medecins ayaut rencontre des gaz et de Tair dans le coeur dont la membrane inlerne elait leinte en rouge, ont rapporte celte coloration ä Tinflamraalion, tandis qu'elle est simplement le resultat de Pimbibilion cadaveri-que. Boissier de Sauvages a voulu placer la cause de la rage daus Thyperlbropliie des glandes sebacees du pbarynx. D'autres ayant trouve Foesophage colore en rouge el ecchymose, alterations qui dependent evidemment des accidents spasmodiques qui ont exists pendant la vie, ont cru que les organes de la deglutition, el meme I'eslomac ainsi que les inlestins etaienl enflammes. Quelques uns, Rossi entr'autres, pretendeal avoir observe le ramollissement de tout le sysleme nerveux et principalement des nei'fs trijumaux. Tous enfin, ont constate la
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putrefaclion excessiveraeol prompte des catk-vres, ainsi qtie rhorrible felidilequ'ilsexhalent, pheaomene quis'explique par Tabondance et la fluidite du sang qui abreuve les capillaires et les parenchymes. On voit par ce simple expose, que presque tous les organes etaal affecles ä diö'erenls degres, on a voulu faire de la rage tantöt ime bronchite, une anglne, une menin-gite, tantot un emphyseme pulmonaire, une asphyxie, etc., etc.
Aussi, par suite de toutes ces opinions con-tradictoires, lui a-t-on assigne les places les plus diverses dans les cadres nosologiques. Sauvages la range dans la classe des vesanies, Linne dans cello des maladies mentales, ordre des affections pathetiques, Vogel la consideie comme une fievre continue simple, Cullen la place dans la classe des uevroses, ordre des spasmes sans fievre, el Darwin dans celle des maladies de la volition, avec augmentation de Tactionmusculaire. Seile la range parroi les maladies veadneuses produites par un venin externe,el Pinelpanni les nevroses des centres ner-veux. Chaussier la regarde comme une fievre nerveuse affectant le principe vital, et parlicu-lierement la saliva ; Bader, Marcel el Andiy,
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comme une maladie convulsive, tandis que Boerhaave et beaucoup d'aulres affirment qu'elle esl de nature inflanimaloire. Rush la comprend parmj les fievres jnalignes com|)li-quees de Squinancie laryngee, el Delpech enfin, parmi les corps etrangers inlroduils du dehors.
Include analomo-palhologique ne nous a doncrien appris, puisque les nosographes les plus celebres ont classe la rage parmi les malar-dies les plus diffe'rentes. II devail en elre ainsi, parce qu'il etail absurde de vouloir localiser eelte affection. En effet, celte fluidite du sang se retrouve cliez tous ceux qui succombenl anx maladies caraclerisees par une alteration gene-rale des bumeurs. Dans tons ces cas, les fonctions de la respiration et de la circulation sont profonde'ment troublees. L'hematose ne laquo;'effeclue qu'incompletement, d'oii il en resul-te que le sang ne subissanl plus I'elabora-tion qui le rend apte a fournir aux organes les maleriaux necessaires ä la nutrition, devienl plus fluide, el s'accumule dans les pontnons, dans le coeur, ainsi que dansle sjsteme vei-neux. Gelte stase du sang explique tics bien les hyperemies, les congestions, les ccchymo-
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sesel les coloraiions diverses qul en resullent, et que Ton renconlre quelquefois dans la plu-part des visceres, ainsi que dans le Systeme vasculaire.
Nous disons : quelquefois , car toutes ces alterations sent loin Welre constantes. Un grand nombre d^bscrvateurs, enlr'autros Levrat, Le Roux, Van-Swielen, etc., affirmenl que les orgaues sont loojours dansleur elat naturel, et qu'ils n^nt rien trouve d'anormal chez lesinfor-tune's donl it onl fait Pexamen necropsique, Morgagni lui-meme donl personne ne pent nier la sagacile et la supe'riorite de jugenaent, pretend que les lesions organiques que Ton a constalees sur les cadavres, et auxquelles on a cru devoir atlribuer la mort , ne peuvent en elre considerees comtne-la cause ; sage reflexion qui lui avail die suggeree par ses propres reclierches et par celles qui avaienl dejä ete publiees avant lui.
La variele extreme et le sie'ge si multiple des desordres qui manquenl dans la plupartdes cas, ou ne se monlrent que comme complications accidenlelks , sont done veritablement insuffisans pour rendre corpple de la mort. lls prouvent, d'aulant mieux, combien ou a eu tort
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de vouloir localisor la rage, qi^on n'a Jamals pu constater une lesion materielle appreciable et constanle.
Palitur totum Corpus, tout le corps souffre, a dil tres judicieuseineol üii auleur ancien. Ainsi done, ni les hype'reraies des membranes du cerveau, du cervelet et de la moeilt, ni la congestion du Systeme veineux, ni remphjserae pulmonaire, ni la production de gaz dans les organes de la circulation, ni Tengouemenl des poümons enfiu, ne sont la cause, mais les effels de la maladie.
La rage s^sprime par im ensemble de phe-nomenes qui resultent d'un trouble profond de rinnervaliou: spasme de pbarynx, lioneur de Teau, exaltation excessive de tous les sens et raeme de Tintelligence, mouvements convulsifs des muscles, etc. Tous ces symplömes qui at-lestent une perversion desfnnclions de lasensi-bilile, indiquent Texistence d'une nevrose qui reellementest le point, de depart de tous les accidents. Mais lä s'arrete Tanalogie, car Pas-phyxie termine loujours la scene, et dVilleurs la specificile de la cause suppose coraplete-ment ä ce qu'd soit permis de ranger cctle maladie au nombre des affections nerveuses.
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II faul done considerer la rage comme an empoisonncmenl de nature speciale, produit par i'introduclion d'un virus sui generis, qui subit une certaine periode d^ncubalioa avant d'eclaler el de faire senlir ses terribles effetslaquo; Rendons lui done la place qui doilxlui etre re-servee parmi les maladies generales virulentes, en depit de Topinion d'un certain nombre de medecins qui s'obstiiient encore aujourd'hui ä nier Texistence du virus rabique. Qu'ils res-lent plonges dans les lenebres, puisqu'ils veulent absolument fermer les yeux ä la lu-miere, mais cela ne nous empechera pas de marcher dans la bonne voie, lout en gemissant surleur erreur, comme nous avons genii surle sortdeces malheureux confreres qui nevoulanl pas admeltre Texislence du virus sjphilitique, ont pousse rextravagante singularite jusqu'ä s'i-noculer ce principe virulent. II est vrai qu'ils ont paje bien eher leur credulite.
II serait cerlainement preferable pour I'hu-maniie, que le virus rabique n'existät pas, mais malheureusement des fails trop nombreux et trop bien avercs nous empeehent de revoquer en doute son existence. Parmi des railliers d'exemples de chiens et de personnes qui sont
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devenues enrages, par suite de raorsures d'ani-maux frappes dc la maladie, nous nous borne-rons ä en cilerquelques-uns.
An moisde sepUmbre 1772, deux person-nes ainsi qu'un grand nombre de vacbes el de juments furent mordues par un loup, el loutes moururent de la rage. [Uemoires de la societe royale de medecinc).
De dix personnos mordues par un loup, neuf perirenl victimcs de ia meme maladie. {Mem. de Id soc. roy, de med. )
Au mois de juillel 1781, trois personnes blessees par un loup, perirenl par suite des mcmes accidents. (Z.e Rou.v).
De 24 pcisonnes mordues par un animal de la meme espece, 18 succomberenl aux symp-tömes de la rage {Jndiy),
ISpersonnes furent assaillies par un cbien enrage, au mois de Janvier 1780. Cinq regurent des blessures au travers de leur vetements, et n'eprouverenl aucun accident. Des dix aulres qui avaient ete mordues ä nu, cinq perirent de la rage, dans Pespace d^n mois a un mois et demi apres I'evcnement. ( Histoire de la Mode cine).
'23 personnes furent blessees par une louve.
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Dix etaient garanlies par leurs effels qui oni sans doule intercepte la have, puisqu'aucune cfelles n'a eproiive la moindre indisposition^ landis que les 13 aulres qui avaienl ete mordues immedialement stir la peau, furenl alteinles de rage, peu de temps apres. Plusieurs vacbes qui forent assaiilies par le meme animal, sprou-verent le meme sort. (Obs. din. stir la rage). Kous pourrious facilement grossir le nom-bre de ces citations , mais nous les croyons snffisanles. Quelle serait done la cause do la morl de tant de personnes, s'il n'exislait pas de virus ? pourquoi auraient-elles , toules , eprouve absolument les memes symptdrnes : dysphagie pharyngienne, envies de mordre, hydrophobie, etc. ? pourquoi celles qui out ete mordues sur des parties depouillees, par exem-ple au visage el aux mains, ont-elles peri plulot que celles qui avaienl re^u des blessures an travers de leurs velemens ? n'esl-il pas evident que, dansce dernier cas, le virus a ete essuye en traversanl les babils, el que par consequent aucune parcelle virulente n'a ele deposee dans les plaies ? n'esl-il pas aise de comprendre que les morsures laites par les loups sont plus dan-gereusesjuniquemenlparcequecesanimauxs'at-
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taquenl presque loujours soil ä la face, soil aus mains de celui qui se mel en defense ? refuse-ra-t-on d'admetlre que plus un animal csl fuiieux, plus il fail de blessures, el que leur laquo;legre de giavile doit eire en rapport avec le nombre, Teiendue et la profondeur des plaies ? pourquoi supposer que Peiat de fureur dans le quel se Irouve Tanimal, puisse donner une acli-viie plus grande ä son virus? n'est-il pas facile de concevoir, enfin, que si plusieurs personnes sont mordues, coup sur coup, par le menae animal, les dernieres auront moius ä craindre que les premieres, puisqu'il possedera une moindre quanlile de bave , dans un moment donne ?
Un autre ordre de fails vient encore prouver Texistence du virus, c'esl Tinoculation qui peut s'effecluer au moyen de la bave des animaux alleints de Taffeclion rabienne. Cependant ooussommes loin d'ajouler foi ä toutes les his-toires qui sont relatees dans lesouvrages.Ainsi, Sau vages rapporle que celte bave deposee sur un couleau de ehasse rouille et abaudonne de-puis plusieurs nnnees, avail communique la rna-ladie. Portal raconte Thistoire d'un tailleurqni devinl enrage pour avoir porle a sa bouche les
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lambeaux (run habit qui avail ele dechire par un chien enrage. Aurelianus eile un fait analogue concernant une couturiere qui s'etail ser-vie de ses denls pour decoudre le manleau d'un homtne mort de cette affection. Enaux et Chaussier prelendent qu'il y a du danger a so moucheravec deslinges souilles dela bave des animaux frappes de rage.
Pour croireä ions ces conies, il faudrait ad-meltre que le virus rabique jouit d'une acli-vite d'aclion el d'une sorte dlnallerabilite qui lui semblenl tout ä fail etrangeres, mais it n'esl plus permis de nier les resulials des nombreu-ses experiences failes sur des animaux sains, auxquels on a inocule , par des incisions, la bave de chiens enrages. Ces inoculations ont ele praliquees par Clifton, John Hunter, Zinke, Magendie, Brescbet, etc., el ont reussi tres souvent. Cela ne doit pas elonner, car une plaie quelconque, qu'elle soil faile avec Ifis denls. ou ä Taide d'un bislouri, on bien, en d'aulres termes, qu'elle soil produile par une morsure ou une incision, se trouve absolument dans les meines conditions pour pouvoir absorber un principe virulent.
Laissons done Girard et Perceval croire
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quo la rage rTesl qu'un letanos, c^sl-ä-dire une nevrose deterrainee par la blessure trun nerf. Svi\ en elait ainsi , les chiens qui se baltent si frequemment, el se font parfois des bles-suies serieuses, ne siiccomberaienl-iis pas plus souvcnl aux suites de celle maladie ? Pourquoi ceux quisonl mordus par un animal enrage, la coniraclenl-ils le plus souvcnl? Pourquoi en-fin, parmi dcsmilliers de blesses lombes sur un champ de balaille, un 'nombre excessivemenl minimc esl-il alleinl quelquefois de lelanos, mais Jamals de rage ?
Abandonnons anssi a lour erreur, ceux qu admelleiit que i'imaginalion, la crainlc, la frayeur, la colere, bref, loulesles emolions morales vives peuvcnt produire une maladie aussi epouvanlable. Mais gardons-nous l)ieu d'ajou-ler la moindre confiance aux pretendus fails rapporlespar certains auleurs. Cilons eu quel-ques-uns, ne ser;iit-ce que pour en faire res-sorlir Pinvraisemblance.
On lil dans le diclionnaire de medecine, qu'un inaicband de Montpellier devinl enrage, au boul de dix ans, ä son retour d'un long voyage, en apprenanl que son frere mordu en me-
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me lemps que lui, avail succombe viclime de la rage, peu de temps apresrevenement.
Mead raconle qu'nn jeune homme qni avail ete mordu par un chien , le jour de ses noces, bien qu^ayant passe la jouniee fort gaiomem, . entra en fareur pendant la nuit, el ouvrit le venire de sa lomme.
Remarquons que dans ees deux^ circonslan-ces, d'un cote la periödc d'incubation n'aurait pas excödeun jour, tandis que de l'autre, eile se serait prolongee pendant dix aus, ce qui est eu o[)|)OS!iiün direcle avec lous les fails observes jusq^ä präsent,
Pouteau pretend qu'un homme qui avail ete mordu par im de ses amis sous Timpiession d^ne violente colere, devinl enrage.
Malpighie afürme que sa mere mourut des symplomcs de la rage, apres avoir ete monlue parsafille en proie ä une atlaque d'e'pilepsie.
Mangel rapporte qu'un prelre succomba de la meme maniere, bien que la personne qu'il visitail ne bit atleinte que d'un simple acces de ficvre.
On lit encore dans les ephemerides, qu'un bomme peril de la meme malady, en 24 beu-
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res, parce qu'il s'etait mordu les doigls, la veille, etant dans mi acces de colcre.
II suffil, ponr comballre celtesingulierema-niered'interprtit les fails, de demander pour-quoi de ires jeunesenfantsque leur äge prolege centre les desördres de rimaginalion, onl peri pour avoir ele mordus par des chiens en-^ rages, el on en connaii un assez grand nombre d'exemplesbien averes. Tardieu, dans son re-marquablerapporl aucomite consullalif d'hygie-ne publique, en eile sepl cas bien aulhenli-ques, constales en France, dans les annees 1851 el 1852. Comment expliquer que les animanx qui sonl e'galement garanlis de ces influences, succorabent en grand nombre, cha-que annee, par suite de morsuresde chiens ou de loups alteinls de rage ? Gelte opinion que nous avons deja suffisamment refulee en trai-lanl de Vhydrophobie, n'a done aucune valeur, el ne merile meme pas I'lionneur que nouslui faisonsde la discuter. Ne nous j arretons pas plus longtempjraquo;, dans la crainte de perdre noire ion de gra\ile.
Le virus arrive done dans Peconomie par nne solution de conlinuile, el disons-le lout de suite, e'est aussi sa seule voie d'iniromission.
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II peul elre impimemenl depose sur la peau recouverle de son epiderme inlacl , qui lui conslituera une enveloppe impenetrable a faction virulente.
On a vu, eneffet, assezsouvenl, des person-nes donner les premiers soins a ceus qui ve-naient d'etre mordus par un chien enrage, toucher leur peau el leurs vetemens encore humides de la saljve de Panimal, sans contrac-ler la maladie. D'ailleurs, la cauterisation immediate de la plaie, qui, comme nous le vlt;3f-rons plus tard, est la seule ressource que nous possedions, dans Telat actuel de la science, pour conjurer les accidents, ne pourrait done jamais etre couronnee de succes, car il est rare que la have inoculee dans la blessure, ne s'e-coule pas, en plus ou moins grande quantite, sur les parties voisines.
II en est de meme des membranes muqueu-ses Malgre Tassertion de quelques auteurs, nous admettons Pinnocuile de ce contact. Dans certains pays on rencontre des hommes qui, semblables aux anciens Psylles d'Afrique, appliquent hardiment et impunement leur bou-che sur la morsure, pour en sucer le principe lethifere. La peau el les membranes muqucuses
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ne peuvent done pas absorber le virus rabique, h moins qu'elles ne soient ulcerees ou simple-ment excoriees, ce'qui equivaiulrait alors ä line solution de cont'muile Celte derniere re-marque nous monlre combicn il est impru-deul de se laisser leclicr parun animal, lors-que Ton est alleint d'une blessure on d'une egratiguuie, quelque legere quVUe soil.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;(
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II reste encore ä resoudre plusieurs questions qui ne iaissent pas que d'avoir leur importance, el sur lesquelles les auleurs onl emis les opinions les plus diverses. II s'agil de savoir si le virus rabique reside nhiqueinont dans la have, ou bien s'il repand son influence deie-tere dans la chair, le sang, le lail et la liqueur seminale; si enfin, la sueur el Tbaleine des personnes enragees peuvent communiquer la maladie.
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La plupart des anc-iens croyaient que ce virus exislait dans les parties solides, aussi bien quo dans les bumeurs, el leur croyance a ete partagee, dans le sieclc dernier, par Sauvages, Boerhaave, Hoffmann et Van -Swieten. Mais celte maniere de voir ayant ete combattue par Le Roux, Bouteille, Nugent, Pouteau, Baudot, Laaux et Chaussier, presque tous lesme-decins admettent aujourd'bui que la bave esl le seu! vehicule qui recele le virus rabique.
En effel, on peul manger la chair des ani-rnaux qui onlsuccotnbe ä la rage, sans le raoin-dre danger de contracter la maladie, et il suffit, d'ailleurs, de faire appel au simple bon sens pour comprendre que raclion du virus, en sup-posant meme qu'il existät danslc Systeme mus-culaire, doit etre compUtement delruite par reffet de la cuisson. Du reste, des experiences sent venues corroborer celte opinion. Andry rapporte qu'un boeuf mort enrage, fut vendu ä iVledole , ville du duebe de Mantoue , et qu'aucun des habitants n'en eprouva la moindre indisposition. On sail de bonne source que des negres d^merique se sont nourris de la chair de cocbons viclimes de la maladie, sans qu'au-cun d'eux n'eu ait etc incommode. Lecamus,
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•locteur-regent de la facullc de medecine de Paris, aninie du double desir d'eclairer la science, a mange lui-meme, plusieurs fois el impu-neraenl de la chair d^nimaux morlsderage.
De toules les parlies de Pe'conomie, c'est an sang surloui qu'on a allribue la proprieie d'e-[re infecte par le virus, el cependant pas un seul fail n'est venu confirmer celle supposilion. Breschel, Magendie el Dupuyiren ont frolle, en vain, des plaies avcc le sang de chiens enrages. Ils onl elejusqn'a injecler plasieurs fois, dans les veiaes d'animaux sains, le sang de ces meines chiens, et lours experiences out lou-jours fourni un resultal negalif.
Les ouverlurescadaveriques viennenl encore nous proaver la veracile de noire assertion. Que de bless^ires aux doigls, que de piqures de scalpel ont ete revues, dans les nombreuses autopsies praliquees ä la gloire de la me'-decine, sans qu^aucune d'elles n'ait ete sui\ ie d'accidenls lacheux, comme Tont constate Duperrin, Thierset et Develey I C'est au point que les eleves de Te'cole velerinaire d'Alforl ne prennent plus, depuis longleains, aucune precaution lorsqu'ils se piquent en dissequant le cadavre des animaux morls de rage ,
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Sichanl Ircs-bien que pas un seul exemple n'esl vena apprenclre que celle maladie pent elie communiquee de celle maniere. Plubiems medecins, il esl vrai, frappes de la cruinle de s'elre inocule le mal, onl eprouvo des sjroplo-me rabifonnes. Qaelques uns meme onl etc jiisqu'ä menacer de mordre les personnes qui les approchaienl, ce qui monlre jusqu'oü peu-venl conduire los aberralions d'une imaginalion malade^ rnais aucun d'eux n'a succombe, preu-ve evidenle, corame nous l'avons dejä explique au commencemenl de cet ouvrage, qu'ils n'e-taieol alleinls que ffhydrophobie sjmploma-tique d'une extreme frayeur.
Malgre Passertion de Ballliazar Timceus, nous soramcs persuades que le lail ne conliem egalemeni aucun veslige de virus. En effel, les docleurs Baiimgarten el Valenlia onl fail des experiences qui miliient en faveur de celle opinion. Elles onl ele confirraeei par Baudot, qui a conslale un assez grand nombre de fois, que ni le lail m le beurre de vacbes enragees donl ia maladie elait meconnue, el qui avaienl servi de nourrilure ä des families enlieres, jusqu'au jour de la mort de ces aniraaux, n'avaienl pro-duild'accidents
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Nousaccordons la meme innocuile ä la liqueur spermalique, qui ne reuferme aucun ger-me de virus, bien qu'on ait generalement cru aulrefois a la possibilite de transmission de la rage, par la cohabilaiion conjugale. Quelques fails qui n'ont aucuoe vraisemblance, prouvent que certains auleurs s'ea sont laisses imposer par des recits mensongers, ou bien qu^ls ont ele abuses par une inlerpretalion illogique. On ne peut ajouier foi ä I'observation rapporlee parChaberl, ancien directeur de l'ecole vele-rinaire de Paris, qui assure qu'une femme de la Guillolieremourulenragee, pour avoir coha-bile avec son mari, lesoirmeme du jour oü une morsure lui avail ele falle par un chien affecle de celle maladie. Comme eile a sa periode d'incubalion avant d'eclaler, le mari n'a pu transmellre un mal qu'il n'avail pas encore.
Nous en dirons lout aulanl de 1'hisloire ra-conlee par Hoffmann, concemant un paysan qui, ayant habile avec sa femme, peu de temps apres avoir ele mordu par un loup enrage, lui communiqua la memo affection. Ce qui em-peche de croire ä ce conle, c^st quo !e paysan peril, el quesa femme fut guerie, preuve cer-
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laine qu'elle n'avail ele frappee que d'une hi/drophobie causee par la lerreur.
D'auires fails opposes nous inspirenl beau-coup plus de coufiance : une fille habila im-punement avec un soldat, peirdanl un mois, depuis le moment oil ilful blesse par un chien enrage, jusqu'au jour oil la rage se maoifesla. (Baudot.)
La plupart des pajsans mordus ä Trigance, par unloup enrage, vecurenl marilalement avec leursfemmes, jusqu'au jour oil la maladie se declara, sans aucune suite (acbeiise pour leurs epouses. (Mem. de la Soc. Roy. de Med)
Une femme qui avail cohabite deux fois avec un bomme dont la rage se declara six beuresapres, en fut quitte pour les plus vives frayeurs. {Bouteille). Boissiere et Rivallier font mention de fails analogues. Ce dernier pretend qu'un enrage priapismo ardentem cum uxore concubisse liberosque minisquot; trantes momordisse, verüm innoxie omnia.
On a ete jusqu'ä supposer que !a sueur, et meme l'baleine des personnes enragees, pou-vaient communiquer la maladie. Que de mede-cins ont touche ces malbeurcux donl la peau elait mouillee d'unesueurabondanlc,afindeleur
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laier le pouls, de les saigticc et de les explorer! Que (Tinfirmiers se sonl exposes au meme daa-ger, sansmeme prendre la peine de s'essuyer les mains! ! Et pas un exemple de rage con-trjclee dans ces conditions ne peul etre cite. Nous pouvons en dire lout autant de Thaleine. Une foule de personnes out ete exposees Ji la respircr, el jamais il n'en esl lien re'sulle de fäcbeux. Arelee de Cappa-doce a avance le premier, que la maladie pou-vait go communiquer de celle maniere, idee bien malheureuse,puisqu''elle a conlribue a laire adopter Tliorrible coulume d'etouffer les malades entre deux malelas, ou bien de les laisser pounir dans un cachet, apres les avoir charges de chaines, coulume barbare qui exislait encore il o'y a pas bien longlemps en Bretagne el en Vendee.
Nesoyons done plussi cruels. el laissons, du moins, auxpauvres enrages, la Iriste compensation de recevoir les soins affeclueux des personnes qui leur sonl cheres; el bien que le mede-cin irignore pas que loules les ressourcesde son arln'auronl pas meme la puissance de soulager les horribles lourmens de Pinforlune qni suc-combedevanl ses yeux, qu'il n'oublie pas que
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ieministere sacre donl il est revelu, lui fjit un devoir de lui laisser, jusqu'au dernier moment, la consolation de sa presence.
Aucune des humenrs de Teconomio ne pent done transmetlre le virus rabique. Ans-si, ue perdrons-nous pas notre temps a com-battre Topinion de Rossi, qui assure que le Systeme nerveux partage , avec la salive. la propriete de transmissibilile. II s^ppuie sur une experience unique qu1!! a faite en inoculant ä un animal sain , au moyen d'u-ne incision, un morceau de nerf fumant retire de la cuisse d'un chat trappe de rage. Cette experience est en contradiction formelle avec toutes eelles que Ton a tenlees de^ puis, et d'ailleurs, ['opinion paradoxaie du pro-fesseur de Turin, a dejä ete assez victorieuse-ment refutee par Hertvvig, pour que nous nous dispensions de nous en occuper plus long-temps.
Nous n'ajoutons pas plus de confiance a Phis-toire raconte'e par Fabrice de Hilden,qui assure qu'un jeune homme ayant ele egraligne au gros orteil, par un chat enrage, peril par suite de cette blessure. I! est evident pour nous que ce jeune homme n'a pas succombe ä Paffecijoh
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rabienne, ou danslecas conlraire, quo la have de Tanimal est torabee sur ses griffes, el a pu, de celte maniere, etre inoculee par la plaie. Nous ne devons pas passer sous silence Papprecialion de Villerme et Trolliel qui, parlanl de Tidee enonee que le larynx, la trachee et les bronches sont enflammes, temlenl Jraquo; croire que la maliere ou muco-she ecumeuse que Ton rencontre dans ces or-ganes, doit contcnir le virus rabique. Ils s'ap-puient sur ce que les glandes salivaires ne sont Tobjet d'aucun pbenomene morbide pendant le cours de la maladie, el qu'a Pautopsie elles n'ont jamais offerlla moindre trace d'alteration. Cependant ils ne souliennent celte opinion qi/avec reserve, et avant de Padmeltre d^une maniere definitive, ils engagent les medecins ä faire des experiences pour confirmer ou ren-verser cette idee.
Pour avoir des preuves materielles de la ve-rite, il suffirail de prendre de la salive dans les conduits excreieurs des glandes d'un chien ou cfun loup enrage, et de Tinoculer ä un aulre animal. Mais nous n'avons pas besoin d'alten-dre que Ton trouve l'occasion de faire de sem-blablesect; cxpdrimenlations poor asseoir noire opi-
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nion, car Thypothese de ces deux medecins nous paralt toul-a-fait iuvraisemblable. Comment comprendre que le virus rabique soit contenu dans le mucus des bronches, et qu'il puisse resuller de rinflammation de cet Organe ? C'est la salive renclue par expuition e t par spulalion , qui provoque ce plyafisme abondant que Ton remarque chez lous les enrages. C'est eile, par consequent, qui forme la bave, el c'est avec eile qu'ont ele faites leti nombreuses experiences d'inoculation que nous avons mentionnees.
Gelte bave qui s'e'coule de la gueule des anifuaux, el qui esl Tunique agent de transmission de la rage, n'est done autre chose que la salive aheree par un virus dent nous ignorons la nature intime, il esl vrai, mais dont nous connaissons parfaitcment bien les funesles ef-fels. Elleseule comrade la propriele de re-produire la maladie, tandisque les autres parties de I'economie sont depourvues de qualites virulentes, et peuvent elre inoculees sans danger.
Une simple comparaison rendra peut-etre celte verile plus sensible: bien que le sang contienne comme on le sail, les malcriaux de
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toules los secrelions, el enlr'aulres de la bile, ce dernier produit n'exisle, cepcndant, avec ses qualites propres, qu'apres avoir ele secrete par le foie. II ea est de meme du virus rabique, dont les elements existent dans le Systeme circulaloire, raais qui n'acquiert une propriety virulente qu'apres sa separation du sang paries glandes salivaires. Et si on vienl ä nous objecter que ces glandes restant intac-tes, ne peuvent pas renfertner un virus aussi aclif que celui de la rage, nous repondrons que la vipere elabore bien dans une glande parti-culiere qui resle saine, le venin qui donne la mort.
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De meme que Thydropliobie, la rage a ele Tobjet de cerlaines divisions qne nous rejetons absolument. Nous n'en distinguons que deux : la tagespontane'e, ou celle qui nail sponlane-menl cbftz certains anirnaux seulement, el la
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rage communiquee, c'esl-ä-dire celle qui, par suite de la morsure de ces derniers, peut etre trarsmise ä rhomme et aux autres aniraaux. Gelte division est la plus simple et la plus precise.
Quels sont ceux qui peuvent elre frappesde ragespontanee ? liest bien elabli par des fails nombreux et ineontestables, que cetle maladie ne peut nailrespoulanemünl, dans nos climats, que ehez le cbieu et le loup, plus rarement cliez !e renard et le cbat, et tous apparliennent aux genres Cams ou Felis.
Ces mcraesanimaux peuvenl-ils la coramu-niquer ä tous les autres? Nous repondons affir-malivernent pour ce qui concerne les mam-miferes el les oiseaux. Toutes les experiences que Ton a faitcs onl donne des resultals positifs; mais elles n'ont pas ete ctendues aux autres classes de verlebres, ni aux etres de Pecbelle inferieure, ce qui, du resle, Importe fort peu. D'aulres animaux peuvent-ils commuuiquer celte maladie ? ün liomme peut-il la trausmet-tre ä un de ses semblables ? En un mot, quels sont les etres atteinls de cette affection , que nousdevonsredouter, et ceux dont nous n'a-vons Jamals rienäcraindre? Ceux qui consli-
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tuenl les especes Cants et Felts, sonl, non seulemenl les seuls qui peuvenl conlracter la rage spoatanee,comma nous venons de le voir, mais encore ils sont seuls capables de pouvoir la communiquer, soil aux aulres animaux, soil ä l'homme. Aussi, les precaulions que Ton prend parlout avec les personnes enragees , ne sonl-elles pas juslifiees, el ne devons-nous accorder aucune confiance h cerlains conies absurdes relates par les auteurs anciens. Coelius Aureliauus el Baccius rapportenl I'liisloire d'un jardinier mort enrage, par suite de la mor-sure d^n coq atteint de celle raaladie. Le Cat cite un fait analogue survenu par la morsure d'un canard irrile de se voir enlever sa le-inelle. Nous craindrions de perdre noire se-rieux si nous cilions les cas de rage consignes dans quelquesouvrages, el produils par la morsure de salamandresou craraignees.
Ces prelendus fails onl, cependant, fixe Tat-lenlion, puisqu'on a cherche a prouver que les oiseaux ayanl peu desalive, sont impropres en raison de ce fait, ä la communiquer, en ad-mellant meme que leur bee ait assez de force pour entamer la peau. Mais ce qui a occupe bien plus seiieuscmenl lesesprils, e'est de sa-laquo;
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voir si riiomrae ei les herbivores sonl suscepli-bles de pouvoir la iransmettre. Un grand nom-bre d'experiences onl ete lenlees sur des che-vaux, des boeufs, des änes, des moulons, et elles out presente un resullat negalif. On n?a jamais pu la produire en inoculant la bave d'un herbivore ä un aulre animal, soil parmor-sure, soil h I'aide d'incisions. C'esl Huzard qui le premier, a prouve dans un memoire lu aTIns-tilut, que ces animaux sonl incapables de com-muniquer Paffeclion rabienne, el des experiences renouvelees plusieurs fois, a Pecole vele-rinaire d'Alforl, sonl venues condrmer celle as-eenion. Plus lard , le professeur Dupuy et Jacques Gillman onl recueilli plusieurs observations qui onl corrobore les precddenies. Quelques medecins out cherche a expliquer celle impossibilile de Iransmission, par la disposition parliculiere des mächoires el la forme des dents de riiomrae et des herbivores. Mais cet argument est irralionnel, car ils peuvent faire des morsures assez elendues el assez profondes, pour que la bave puisse y penelrer, el par consequent transmellre la maladie, si ce triste privilege leur etail devolu.
L'homme a ele lui-meme, plusieurs fois, le
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sujet de ces experiences, inais (oules les ten-talives faites en France par Giraud, Chirurgien en second de l'Hötel-Dieu de Paris, Gi-rard de Lyon, Paioisse el Bezard, onl prouve de la maniere la plus convaincanie, qne la bave ecumensesortant de la beuche de personnes alteintes de rage, et inocnlee ans anlres ani-manx, ne produisait aucun effel nuisible. II se-rait done temps de ne plus rapporler dans tons les quot;livres, ^experience faile en 1813, par Magendie et Brescbet. Ayant pris de la salive d'nnhomrate enrage, qui mourut quelques mi-nutesapres, ils la transporlerenl, ä Taide d'un morccau dc lingo, ä vingt pas du lit du malade, et riuoculerent adeux cbiensbien portanls, donl Tun fut frappe de la maiadie, trente-liuit jours apres.
Nous sommes loin de revoquer en doule Thabilete bien connue de ces deux experimen-taleurs celebres, mais nn fait unique, auquel on a fait dureste, ä cette epoque, des objections serieusos qui sont consignees dans le journal general do medecine, ne peut renverser une foule d'aulres fails opposes. Nous pensons done avee Berard el Denonvilliers, que cehii des deux cliiens qui est devenu enrage, a
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ete affecle (Pune rage spontaoe'e qui a coincide avec rinoculaiiou fails par Breschel et Ma-gendie.
Celle experience unique lombe done de son propre poids, car il appartenait a ces illiiElres piofesseurs de tenter de nouvelles inoculations pour confirmer une assertion si hasardee. Peul-etre onl-ils fait de nouvelles lentalives, mais qui n'ont pas ele suivies du merae resullal, car ilsse seraient empresses, sans aucun dou-le, de les publier, pour corroborer leur premiere opinion. Quarante-trois ans se sont ecoules, el il n'ont point repris la parole pour defendrecetle opinion qui doit desormais rester ensevelie dans Toubli. II resulte de tout ce que nous venons d'exposer que la bave des bommes et des berbivores affecles de rage, ne iransmel pasla maladie, etqu'il en est de rae-me de la sueur, de Tbaleiue, de la liqueur se-minale, du lail et du sang.
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Expose des divers modes de traitement . employes jusqu'ä ce jonr
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On les a divises en deux caiögories: lraquo; ceux qui comprennent les moyens destines k combattre Ib maladie, lorsqu'elle est deja declaree, 2o ceux qui consistent a en prevenir le developpement. On a done reconnu un traitement curatif, et un traitement preservatif.
Le traitement dit curatif n'offre malheureuse-ment au medecin qu'un triste sujet de meditations. Tousles moyens therapeutiques ont etetentes dans le but sans cesse et inutilement poursuivi de gue-rirlarage. Depulsrantiquite jusqu'ä nosjours, on a vante comme speeifiques, une quantity prodi-gieuse de remedes, beuvrages, mixtures et recet-
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tes bizarres, qui oni ele prönes par 1'ignorance la plus grossiöre et la plus stupide superstition. On croyait toujours deconvrir un antidote certain, mais rcxperience esl venue en demontrer rinefli-cacite. II est regrettable que les populations de nos campagnes se sclent toujours laisse abuserpar une foule de contes absurdes, inventes par desem-pinques qui ont profile des craintes si vives et si legitimes qu'inspire cette maladie, pour exploiter la credulite publique.
On ne doit pas trop s'etonner pourtant, que le charlatanisme ait clierche h tirer profit de la frayeur et des prejuges du vulgaire, mais ce qui a lieu de surprendre, e'est que les gouvernemenls n'aient pas pris des mesures severes pour s'oppo-ser h ccrtaines fourberies qui rövoltcnt ä la fois la raison ct le sentiment religieux. On lit dans la revue encyclopedique, que divers ordres religieux pretendaient avoir en leur possession des remedes infaillibles centre la rage.
Avant la revolution, des moines publiaient que les reliques de St.-Hubert avaient la vertu de guerlr cette maladie. Les malheureux s'y rendaient en aflluence, surtout les habitants des departe-ments du Nord, du Pas-de-Calais et de la Marne. Arrives ä l'eglise, un pretre leur pratiquait une legere incision au front, pour y introduire un fragment deTetole-du Saint. On serrait ensuite la tete du malade, et pendant six semaines, il lui etaltordonne dene pas se laver, de ne pas chan-
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ger de linge, de manger tous les jours dans la racmeassiette, de ne pas boire de vin blanc, d'evi-ter de se regarder dans une glace, etc. Le neu-viöme jour on lui enlevait son bandeau, pour le brulor solcnnellement dans le chceur de 1'eglise, oil on celebrait sa convalescence avec pompe. En-fin, le dlxieme jour expire, on declarait que la cure etait terminee.
II existe encore aujourd'hui des personnes qui croient que les reliques de Saint-Hubert peuvent, non seulement guerir, mais encore conjurer la rage, et meme en preserver a tout jamais ceux qui consentent a se soumettre ä ces jonglerics. Dli reste, personnc n'ignore que d'autres moines ap-pliquaient sur le corps des personnes mordues par tin animal suspect, les clefs chauffees des eglises de Saint-Roch, Saint-Pierre de Bruges, Saint-Bellini et Sainle-Guitterie. En Vendee, I'exorcisme etait encore en honneur il y a quelques annees.
Mais cc qu'il y a de plus deplorable, e'est que les populations saisies d'effroi a I'aspect d'une ma-ladie si extraordinaire, si terrible par ses effets, et si surement mortelle lorsqu'elle est declaree, out cru qu'clle pouvait se communiquer meme en res-pirant Thaleine des malades. Aussi on les aban-donnait ti eux-memes, ou bien on provoquait leur mort, en depit des medecins et des autorites administratives, qui n'avaient pas toujours assez de courage ou de puissance pour lutter ouvertement contra des prejuges enracines dans le vulgaire, et
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s'opposer ä une teile barbane. En 1816, les jour-naux out retenti de la fin malheureuse d'un infor-tune qu'on avail etouffe entre des matelas. Aussi est-il du devoir des medecins de repeter que cette maladie ne pent pas se transmettre d'un homme a un de ses semblables, et qu'il n'y a, par consequent, aucun danger ä soigner ceux qui en sent atteints.
Faire une longue et sterile enumeration de tons les remedes qui ont ete employes contre la rage, of-frirait fort pen d'intMt, car ils sont tons tombds dans 1'oubli. II suffit de savoir que la matiere medicate possMe peu de medicamens qui n'aient pas ete mis'en usage. Ainsi, Topium, la belladone, le muse, 1'assa-foetida, le camphre, le castoreum, la menthe, la sauge, l'absinthe, la valöriane, l'elle-bore et la theriaque ont ete vantes tour a tour. On a eu recoursensuite a des medicamens plus ac-tifs, tels que Taramoniaque, les acides mineraux, et specialement I'acide chlorhydrique. la sabine, les cantharides, la poudre d'ecailles d'huitres, retain, le plomb, le mercure, le nitrate d'argent, I'acide prussique et l'arsenic. On n'a meme pas negligö les emetiques, les suderifiques, les diure-tiques et les purgatifs drastiques. A peine est-il necessaire de eiter I'arcane d'Eschlron conseille par Gallen et Oribase, le bain de surprise propose par Celse, les harengs sales employes par Van-Hel-mont, et le foie brule de chien enrage, ainsi que
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les excremens de divers animaux, preconises par les anciens.
Nous allons nous borner a jeter un coup d'oeil sur quelques autres medications inventees ou remises en honneur par les medecins modernes, et qui ont, du moins, an semblant de rationnalite.
Nous citerons en premiere lignc, la saignee poussee jusqu'ä la defaillance, et qui, secondee par l'opium et plusieurs autres medicamens, a compte un assez grand nombre de partisans. Cette m6-thode curative etait deja connue des anciens. Elle est conscillee par Celse, Boerhaave, Mead et Andry. Plusieurs praticiens modernes, entr'au-raquo;res Schoolfred, Nugent, Berten, Edmostron et Goeden pretendent en avoir obtenu des succes, mais si on litleurs observations avec attention, loin d'y rencontrer toute Tevidence desirable, tou-chant la nature de la maladie, on est porte ä croi-re, au contraire, qu'ils n'ont eu affaire qu'a des hydrophobies syraptomatiques de la frayeur, sur-venues, par suite de morsures d'animaux qui n'etaient point affectes de rage. D'alleurs, la meme medication aechoue complelement entre les mains d'un grand nombre d'autres medecins distingues. II est vrai qua la saignee a souvent amene une amelioration surprenante et tres prompte, bien faite pour inspirer de l'espoir, mais cette amelioration a toujours ete de courte duree, et n'a pas empeche les malades de suecomber aussi rapide-ment.
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II y a environ trente-cinq ans, une decouverte a la-quclle on a accorde beaucoup d'importance, est venue impress ionner vivementles esprits. Elle ne
tcndait rien moins qu'ä changer toutes nos idees sur la rage, et ;i nous doaner le moyen certain de nous garantirde ses ravages. Gelte decouverte inseree dans le journal universel des sciences medic ales, aurait cte faite par un paysan de TUkrai-ne, qul en aurait fait part au docteur russe Maro-chetti. Elle repose sur une theorie nouvclle et complete, qui consiste ä admeltre que le virus rabi-que, apres avoir sejourne fort peu de temps dans la blessure, se porte tout entier, par une espece de metastase, sous le frein de la langue, a Forifi-ce des canaux des glandes sous-maxillaires et sub-lingualcs. La il s'y accumule, du troisieme au neuvieme jour, renfermc dans de petites vesicules appelees Lysses. Si on ouvre ces vesicules, pour donner issue a la matiöre ichoreuse qui les rcm-plit, et qu'on ait soin de les cauteriser avec un bou-ton de feu, la marche du virus so trouvc arretee-et la maladie enrayec.Si au conlraire, cette precaution n'a pas ete prise, le virus est reabsorbe, ga-gne le cerveau, et la rage se declare,
Gomme moyen adjuvant, Maroclietti conseiile le sue de la plante genista tinctoria prise a I'inte-neur. II pretend qu'elle a la propriete de neutrali-ser le virus, ou du moins de le pousser a la surface delamuqucuse buccale, sous la forme des vesicules dont nous venons de parier. A Tappui de ces
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idces, il cite un grand nombre d'observations qui ont etti communiquees äracademie de medecine. Malheureusement les fails ne sont pas venus con-flrmer cette ctrange theorie qui a eu un si grand retenlissement. Bien des medecins, entr'autres Honore, Girard, Bathelemy, Marc, Gloquet, etc., ont ete a meme de voir un assez grand nombre de personnes on d'animaux enrages, et a I'exception de deux ou trois fois, ils n'ont pas meme pu constater l'existence do ces Lysses observes par le docteur Marochetti Aussi, est-il superflu d'a-jouter que la cauterisation secondee de l'emploi du genista tinctoria, a toujours cchoue. II y a vrai-ment lieu de s'etonner que des liommes serieux aient suppose que le virus rabique absorbe et in-troduit dans le torrent de la circulation, prenait une scmblable route, et venait s'accurauler, ainsi, sous la langue
En 1814, Dupuytren a injecte, sans succes, de l'eau opiacee dans la vcinc saphene de personnes afl'ectees de rage, a Taide de la seringue d'A-nel. Un grand calme est survenu, il est vrai, sous l'influence du narcostime, mais pen apres, tons les symptömes ont repris une nouvelle intensity. Ces memes tentatives ont etc renouveleGs en 1823, par Magendie, et plus lard par Viileltc et Meniere, qui ont injecte dans le \eines, de l'eau pure ou emetisee, ou cliargee de 3Iusc et de camplire, mais toutes ces experiences n'ont fail que hater le denouement fatal.
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L'analogie a conduit a penser que l'action du virus.rabique pourrait peut-elre se trouver neutra-lisee par rinoculation d'un autre virus. A cet effet, plusieurs medecins : Ribieres, Gilibert et Vilicel ont fait mordre des personnes enragees, par des viperes. Mais les symptömes propres äl'absorption du venin de la vipfere et du virus rabique, se sent manifestes coneurremment, ce qui a contribue ä faire perir les malades plus vite.
Tons ces moyens ont done echoue, meme le gal-vanisme tente par Rossi et Pravaz, et la calomel ainsi que le chloroforme qui ont ete employes tout derniferement. II est vrai que les livres racon-tent quelques pretendues cures, mais comme nous l'avons dejä avance, elles reposent toutes sur des observations d'hydrophobie simple ou escortee de symptömes rabiformes, et elles n'ont pas manque de faire honneur au traitement, quel qu'ilfüt. Nous devons done avouer qu'il n'existe aueun moyen capable de guerir la rage confirmee, et que les malheureux qui ont contracte cette affection, sont voues a une mort certaine. Get aveu est triste et decourageant, mais cest une verite qu'il n'est pas inutile de faire connaitre, en ce sens qu'elle engage ä aecorder plus d'attention aux moyens preser-vatifs qui seuls, offrent quelques chances de succes.
Traitement presermtif. — Lorsqu'on a ete mordu par un chien enrage, la premiere indication qui se presente est de s'opposer, le plus promptement possible, ä la penetration du virus
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dans Teconoinie. Plusieurs moyens peuvent etre employes, de concert, pour arriver ä ce resultat.
1deg; Si on a affaire a un membre, placer imme-diatement une ligature a un pouce environ au-dessus de la morsure, a I'aide d'un mouchoir, d'u-necravate oud'unebretelle, dansle but de retarder un peu rabsorption.
2deg; Faire sur la blessure de larges lotions avec I'eau froide qui est preferable a tous les autres liquides que Ton a conseilles.
3deg; Presser, en meme temps, möthodiquement sur la plaie, afin d'en exprimer le plus de sang possible et d'entrainer ainsi toute la have qui a pu y etre deposee.
4deg; Afin de dögorger la blessure, et d'attirer plus sürement au dehors toutes les parties virulentes, il sera bon de la debnder largement et de l'agrandir a Taide d'incisions cruciales, surtout si eile est profonde.
5 On secondera ce dögorgement de la plaie, non par la succion que nous n'oserions conseiller, mais par I'application d'une ventouse ou d'un verre d'une dimension ad hoc, si la configuration des parties le permet.
Tous'ces moyens sonttrfes-simples etä la por-teedetout le monde. Aussi, ilseraitä desirer que chacun les connüt , afin de pouvoir agir de suite, sans perdre un temps precieux avant I'arrivee du medecin, car ils sont presque suffisans pour conjurer ledeveloppement de la maladie.
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Enfin, dans le but des'entourerde toutes les ga-ranties desirables, on cauterisera laplaieavecun fer roLigi äblaue, queIüii introduira le plusprofonde-ment possible, afm de detruire tons les tissus au sein desquels I'absorption pourrait s'effectuer. Mais il faut que le fer rouge soil manie par une main habile et bardie. Dans une circonstance aussi grave, on doit agir promptement et vigoureusement, car une titnidite malentendue compromettrait la vie du blesse : ferro inuratur ignito satis profunde. Mieux vaut bri'der trop que trap peu, car le moindre atöme de virus echappe a ractiou cau-tcrisante, suffirait pour developper le mal. On im-provisera done un cautere actuel, au moyen d'un morceau defer quelconque, dont la forme sera en rapport avec la blessure, et pour ne pas perdre de temps, on tächera d'en avoir plusieurs ä sa disposition, afm de remplacer celui qu'on öteindra dans la plaie. S'il existait des lambeaux, on les re-trancherait avec des ciseaux
Comme nous l'avons dejä dit, les anciens em-ployaient le fer rouge. Mais Aurelianus et Oribase ayant cm a Tefficacite de certains remfedes internes, la cauterisation fut tenement oubliee, qu'Am-broise Pare, le premier Chirurgien de son siecle, n'en fait meme pas mention. II employait, lui aus-si, certains topiques qu'il recommandait comme des prescrvatifs assures. Le traitement par la cauterisation a done ete rehabihtc par les medecins modernes.
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Quelques praticiens preftrent les caustiques liquides au cautfere actuel. On s'est servi alternati-vement de rammoniaque, du nitrate d'argent, des acides sulfunque, nitrique et chlorhydrique, de la lessive des savonniers, de l'oxide rouge de mer-cure, de Thuile bouillante, des cantharides, etc, moyens que souvent insuffisans. Mais la potasse caustique, le caustique de Vienne, et surtout le chlorure d'antimoine,(beurre d'antimoine),ontjoui d'une grande faveur, ayant ete preconises par des hommes distingues, tels que le Roux, Sabatier, Portal, Dubois, Enaux et Chaussier. En Allema-gne, on emploie, depuis plusieurs annees, I'exei-sion prüfende et complete de toutes les parties 16-sees qui auralent pu subir le contact de la have. On lave ensuite la plaie avec une solution de potasse caustique, et on y applique un tampon de charpie imbibe de cette solution.
Tous ces moyens remplissent lememe but, mais ils sent, loin d'etre aussi sürs que le fer rouge. En. suite,il ne peuvent pas etre appliques auxblessures siegant surcertaines parties du corps, par exem-ple a la face, dans la bouche, les narines, etc. En-outre, la cauterisation par le feu a Timmense avan-tage de porter son action instantanement, ce qu'il ne faut pas perdre de vue. Malheureusement, dans certains cas, les blessures sent si nombreuses, si profondes, si irr^guliferes, si etendues, compliquees d'une teile dilaceration des parties, ou occupant des organes si importants, que la cauterisation ne
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peut plus recevoir son application, ou deviendrait infidfele. L'amputation du membre devient quel-quefois indispensable. C'est alors a la sagacite du mödecin ä appröcier laconduite qu'il doit tenir, car il serait difficile de poser des regies qui pussent lui servir de guide.
L'intervalle qui söpare le moment de la morsure de celui oü apparaissent les premiers symptömes, et pendant lequel la sante du blasse n'eprouve aucun derangement, a recu le nom de periode d'incubation. Sa duree excede rareraent 8 a 12 jours chez les animaux. Elle est göneralement de 28 ä 40 jours chez l'homme. On trouve dans les auteurs quelques pretendus faits qui ten-draient ä faire croire que la rage s'est quelquefois declare presque immediatement aprfes la morsure, tandis que dans d'autre circonstances, la pöriode d'incubation aurait atteint 10,20, et meme 30 ans. Comme nous l'avons deja dit, tous ces exemples n'appartiennent point ä Thistoire de cette maladie mais se rapportent ä des hydrophobies symptoma-tiques, et nous croyons l'avoir suffisamment de-raontrö.Cette croyance trop accreditee de l'incuba-tion presqüe indefinie de la rage, a souvent livrö aux angoisses les plus cruelles, des personnes qui avaient ete mordues par des chiens bien portans. Aussi, daus Tintöret de la suretö publique, devons-nous dire que si eile a parfois excedö le terme dequarante jours, du moins, en consultant tous les ouvrages, on reconnait que jamais on n'a pu
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constater un seul cas bien authentique , dont la periode d'incubation auraitdepasse Textrenie limite d'une annee.
Ilparail bien avere, d'apramp;s un grand nombre d6 faits, que certaines clrconstances peuvent activer le developpement de l'affection rabienne, el en hater l'apparition, telles sont les exces de boissons spl-ritueuses, les veilles prolongöes, les fatigues extremes, l'insolation, l'irritation de la blessure ou de la cicatrice, etc. Mais les impressions morales vives, et surtout la nouvelle qu'un individu mordu par le meme animal est devenu enrage, ont paru susceptibles d'en determiner Tinvasion.
La rage n'a done pas, de meme que toutes les autres affections virulentes, une periode d'incubation fixe.Cette circonstance est deja assez singu-ihre, mais ce qui est plus surprenant encore, e'est q ue le virus rabique puisse sdjourner dans I'eco-nomie, sans causer aucun desordre appreciable, pendant un laps de temps considerable. Et ce-pendant, 11 ne perd rien de son energie et de son activite, puisqu'il doit se reveler infailliblement plus tard, par des effets formidables, dont la mort est toujours la suite.
Se basant surlalongue duree de I'lncubation, et la lenteur presumee de l'absorption du virus, pres-que tous les medecins pensent que Tart peut exer-cer son influence salutaire pendant tout cet Intervalle. Se ber^ant du faux espoir de pouvoir conjurer les accidens, tant que la maladle n'a pas
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relate, ils conseillenf,quelqiie soitle temps ecoul(5 depuis la morsure, de rouvrir la plaie, de la faire saigner, d'y appliquer des vesicatoircs, etc., etc., dans le but d'entralner le principe lelhifere qu'lls supposent confine dans la cicatrice. Quelque affli-geant qu'll soit d'exprimer une verite decoura-geante, nous nedevons pas cacher que nous som-mes loin de partager cettemanifere de voir.Bienque nous ne pnissions pas expliqucr la cause de cette innocuitc du virus, pendant la periode d'incuba-tion, nous pensons, en nous guidant d'aprfes Tana-logic , qu'ä rinstar de toutes les substances de quelque nature qu'elles soient, le virus rabique doit subir une absorption rapide, et qu'une fois le principe morbifique passe dans le sang, toute mar-che retrograde deviant desormais impossible.
Pendant combien de temps, äparlir du moment oil la blessure a ete faite, peut-on conserver I'espoir de preserver le malade? Nous I'ignorons. Aussi ne saurions-nous trop recommander d'agir avec la plus grande celerity possible dans I'application des moyens preservatifs. La plupart du temps ils ont echoue parcequ'on les a employes trop tard. Souvent aussi les succes que Ton cru obtenir etaientillusoires parceque I'animal n'etait pas veri-tablement enrage.
Pour que la cauterisation devienne efficace, il fautdonc qu'elle soit faite immediatement, sans perdre un seul instant, et rarement cette condition a ete remplie. Lesnfegres des colonies qui sont
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IreqiiL'mmeiit exposes a la raorsure d'animaux vc-nimeux, n'ont pas besoin de rintervention du me-decin, pour neutraliser le venin. Toujours munis d'un instrument tranchant et d'un petit (lacon d'ammoniaque, ils se pratiquent, des qu'ds sont blesses, une incision cruciale pour elargir la plaie, et y versent le caustique liquide. Rarement il arrive qu'ils ne reusissent pas ä neutraliser les effets de la substance lethiftre.
Cela est si vrai, qu'on rencontre quelquefois dans les colonies, des esclaves qui, pour se don-ner en spectacle, se font un jeu de s'cxposer volon-tairement aux morsures de ces aniraaux. Nous tenons de source certaine, d'un temoin oculaire, qu'un negre du Senegal, qui servait avec nos troupes, poussait l'extravagante temerite jusqu'ä se faire raordre par un serpent de la plus dangereuse espece, au grand etonnement des assistants qui etaient saisis d'horreur a cette vue. Depuis des annees, il avait maintc fois renouveleimpunement ces singulibres experiences, mais un jour la subli-lite du venin ayant echappe h l'action de l'alcali dont il faisait usage sur-le-champ, il succomba pen d'instants api'es.
On atteindrait certainement le meme but, si ä Fimitation de ces negres, on agrandissait imme-diatement la plaie avec un instrument tranchant qnelconque, pour y introduire ensuite du beurre d'antimoine, dont Taclion caustique est, comme on le sail, excessivement prompte. Mais comment
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persuader ä nos campagnards qu'ils doivent se premumr ainsi constamment ? Leur intelligence ne se refuserait pas, il est vrai, ä comprendre I'ef-(icacite de ces precautions, mais elles seraient cer-lainement negligees par leur indifference et Tinsouciance d'un danger qui les menace assegt;, rarement.
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Causes admises par les Auteurs.
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Examinons maintenant quelles sont les causes qui ont ete considerees comme capables de pro-dnire la rage spontanee chez les animaux apparte-nant aux genres cams et felis. Nous nous borne-ronsaciterles principales qui sont: la colfere, l'influence des climats et des saisons, la faim, la soif, I'usage d'aliments malsains et d'eaux cor-rompues.
Frederic Hoffmann a pretendu que la cause de cette maladie devait etre attribuee aux emotions morales vives auxquelles ces animaux sont exposes a cliaque instant, dans les luttes qu'ils ont a soutenir entre eux, aux passions qui les agitent,
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et aux blessures qu'ils recoivent, surtout pendant la saison du rut. Gelte opinion a ete partagce par plusieurs auteurs, rnais eile est abandonnee au-jourd'hui comme inadmissible. En effet, parmi les observations qui ont ete recueillies par eux, on n'en trouve pas une seule assez probante pour justifier cette maniere de voir. Tous les jours nous sommes temoins d'exemples qui prouvent le • contraire. Ne voyons-nous pas souvent des chiens se battre, se mordre et se dechirer ä belles dents, dans l'exasperation de la plus extreme fu-reur, sans qu'il en resulte aucune suite föcheuse? II n'y a pas longtemps encore, la police pcr-mettait des combats oil ils jouaient le principal role. Ceux qui se livraient ä ce genre d'in-dustrie, se transportaient de ville en ville, et an-noncaient ces luttes aux habitants, en les enga-geant a amener leurs chiens pour y livrer assaut. Le combat etait done, pour ainsi-dire, Tetat normal des animaux qui faisaient partie de ces menageries, et cependant rien n'est encore venu reveler que la rage se salt produite chez eux plus frequem-ment que chez ceux qui vivaient dans Tetat de iranquillite la plus parfaite.
Une forte surexcitation nerveuse ne saurait pro-voquer dans Torganisme, des modifications specia-tes assez puissantes, pour donner naissance a un virus dontJes effets sont si terribles. Cette hypo-these ne pent done pas soutenirun cxamen serieux. La colere est tout simplement un phenomene ncr-
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veux analogue a la frayeur qui, commc nous I'avons deja expllque, peut amener k sa suite certains Inconveniens, 11 est vrai, mals le simple bon sens s'oppose ä admettre qu'une emotion morale passa-gere, quelque violente qu'clle soil, pulsse determiner I'lnvasion d'une maladie virulente.
LTinfluence des climats a ete consideree comme pouvant produire la rage, par Boerhaave, Robert James et an grand nombre d'autres ecrivains. Les uns out pretendu que les grandes chaleurs en sont la cause unique, d'autres les froids excessifs, quel ques uns enfin, les alternatives frequ^ntes de temperature. On a meme ete jusqu'a diviser la rage en austräte et en septentrionale, mais les faits viennentdetruireces hypotheses, car celte maladle rx'existe pas, on ne se montre, du moins, que Ires rarement dans les pays tres chauds. Savary nous a appris qu'elle est completement inconnue aux Antilles, dans I'lledeChypre, et dans presque tou-te la Syrle. Barrow rapporte qu'onneTobserve pres. que jamais aux environs du cap de Bonne-Espe-rance, nl dans laCafrerie. John Hunter n'en a pas constate un seul exemple a la Jamaique, pendant quaranteans, el Van-Swieten, Valentin ainsi que Portal assurentqu'elle esttrfes rare dans la partle meridionale de rAmerique
Moseley et un grand nombre de voyageurs s'accordent a affirmer qu'il en est de meme dans tonte rinde oü les chiens sont ccpendant en tres grande quantite. Le docteur Thomas qui a se-
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journe pendant longtemps dans ce pays, assure qu'il n'en a jamais enlendu parier. Tons ceu\ qui sont alles en Egypte, declarent qu'elle y est coni-pletement inconnue. Prosper Alpin l'avait dejii ecrit, il y a longtemps, et Brown avait aussi observe qu'elle n'y existe pas, ou du moins qu'elle s'y montre apeine. Plus tard Volney ainsi que le baron Larrey, comme on peut le voir en consultant les memoires de medecine mllitaires, ont con-firme ces assertions Enfin, d'apres I'avis unanime de tous les ecrivains, on peut en dire tout au-tant de l'Algerie et de la Turquie.
On a prouve egalement qu'elle ne se montre pas, ou du moins qu'elle est tres rare dans les contrees froides, entr'autres ä Tobolsk , Archangel, dans presque toule la Russie, et particuliereraent dans les pays qui sont au l^ord deSaint-Petersbourg. De la Fontaine rapporte qu'elle est presque inconnue en Pologne, pays tellement infeste par les loups, qu'on est oblige de les chasser, chaque annee, pour en diminuerlenombre. Enfin, d'apres le recit de quelquesvoyageurs, il parait qu'on n'en a jamais observe un seul cas au delä des cercles polaires.
Cependant nous ne devons pas passer sous silence une circonstance qui merite de fixer I'atten-tion, et sur laquelle nous reviendrons. C'est que cette maladie s'etend aujourd'hui dans des pays qui se croyaient ä l'abri de son influence. Les docteurs DaniclJohnson et Bonel de la Brageresse racontent ou'elle fait actnellementquelques ravages dans Tin-
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de. D'autrcs rapportent qu'elle est dcvenue assez Irequente en Amerique. Nouslisons dans le rapport de Tardieu, que 1c doclcur Amstein en a vu lui-meme plusieurs exemples ä Alexandrie et aux environs. Enfln, une quinzainc de cas survenus sur differents points de iAlgerie, depuis une dizaine d'annees, ont ete constates par des medecins mi-litaires, et les observations en ont ete inserees dans le dernier volume des memoires de medeci-ne, qui vient de paraitre.
Ce que nous avons dit des cliraats peut se rapporter aux Saisons. Salius Diversusa invoque com-, me cause de la rage, les chaleurs excessives de l'ete, Boissier de Sauvages etLeRöux,lesfroids ri-goureux de l'hiver, saison pendant laquelle les loups endurent les souffrances de la faim. Et ce-pendant il est parfaitement demontre par les re-cherches d'Andry et par Tensemble de toutes les observations consignees dans les memoires de la socicte royale de medecine, que, non seulement cette maladie se montre pendant toute Fannee, mais encore qu'on en voit le moins d'exemples pendant les mois d'aoüt et de janvier qui repre-sentent les deux limites extremes de la temperature. C'est, au contraire, dans les mois de mars et d'avril que Ton rencontre le plus des loups enrages, et pendant ceux de mai et de septembre que Ton trouve un plus grand nombre de chiensatteints de ce fleau.
La soif et la faim prolongees, Tusage d'aliments
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putrefies et d'caux corrompues, ont ete regardes par la plupart des auteurs, comme presidant an developpement dc la rage, mais il est bien demon-tre aujourd'hui que toutes ces conditions n'ont au-cune influence sur sa production. Si la soif en etait la cause, c'est surtout lorsque la surface de la terre est dessechee, que les sources sont taries ou gla-cees, et que les animaux ne peuvent trouver a. se desalterer, qu'on Tobserverait le plus frequem-ment. Toutes ces conditions ne se trouvent-elles pas dans les lies d'Amerique oil la rage ne regne pas, ou du moins parait a. peine ? n'en est-il pas de meme dans les deserts brülants de l'Afrique, oil il faut quelquefois voyager pendant longtemps avant de pouvoir trouver une seule goutte d'eau ? D'aillcurs ne venons-nous pas de voir que dans nos climats temperes, les mois d'aoüt et de Janvier sont preci-sementlesepoques pendant lesquelleson rencontre le moins d'animaux enrages? Barrow, Alpin et le baron Larrey ne nous ont-ils pas appris qu'en Egypte oil cette maladie est inconnue, les chiens sont souvent prives d'eau pendant la secheresse, et qu'ils meurent meme quelquefois de faim et de soif?
Pour s'assurer de la verite, Bourgelat a fait des experiences sur six chiens qu'il a renfermes sans nourriture etsanseau, les laissant croupirdans la plus degoütante salete. Ces animaux ont fini par mourir de faim et de soif, ou par s'entre-devorer, mais aucun d'eux n'est dcvenu enragö. Dupuytrcn,
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Magendie et ßreschet ont renouvele, a plusieurs reprises, ces memes experiences, sur une grande echelle, et n'ont pu parvenir a provoquer un seul laquo;as de rage.
Toutes laquo;es causes sont done illusoires, mats n'est-ilpas digne de remarque que cette maladic soit tout-a-fait inconnue, on du moins ne se raon-tre presque jamais dans certaines con trees, tandis qu'elle est tres frequente dans d'aulres regions ? Pourquoi affecte-t-elle une serte de prMilection pour la portion froide des zones temperees, et de-vient-t-elle si rare dans la zöneTorride? Pourquoi iöst-elle si commune en Europe, et specialement dans les pays oil la civilisation a fait de si immenses progres? Pourquoi, enfin, envahit-elle au-jourd'hui des locälites qu'elle epargnait autrefois? JSfous allons en exposer les raisons.
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DEUXIEME PARTIE.
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Cause reelle de la rage chez les anirnaux
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Nous vcnons de demontrer que ni la colere, ni l'influence des cliraats et des saisons, ni les variations de temperature, ni la faim, ni la seif, ne peuvent produire raffection rabienne, pas plus que la maiproprete, i'usage d'alimensmalsainset d'eaux corrompues. Aucune de ces conditions ni la reunion de piusicurs d'entre elles n'est capable de la determiner, puisqu'on a essaye mainte fois de 'a faire naltre artiflciellement en soumettant des anirnaux ä leur action, etqu'on n'a obtenu que des resultats negatifs.
Oü chercherons-nous done la cause de la rage spontanee, chez les anirnaux des genres Camset Fe
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Its ? Nous avangons hardiment qu'elle reside uni-quement dans la privation de la fonction gene-ratrice.
La reproduction est un des phenomenes les plus remarquables de la vie. Destinee a reparer les ravages continuels de la mort, eile semble plus im-portante aux yeux du createur , que toutes les au-tresfonctions En effet, certains animaux du dernier degre de l'echelle, ne semblent vivre que pour se reproduire et mourir aprfes. Dans I'ordre superieur, ils ne deviennent parfaits qu'a Tage oü la mue de la voix, raccroissement des polls et l'augmentation de la force musculaire, phenomenes qui coincident avec le developpement des testicules et I'apparition du fluide qu'ils secretent, leurpermet de concourir ä Tacte de la reproduction. Bhs que ce noble emploi qui leur avait ete confie ne pent plus etre rempli, ils declinent progressivement. La reproduction impose done l'inexorable necessite de la mort, car sans eile, Tunivers serait bientot surcharge d'etres vivans.
Aim de maintenir ainsi Tequilibre entre la destruction et la reproduction, la prevoyante natu. re.a du envelopper les actes de cette grande et admirable fonction, de certains mysteres que la rai-son et la science humaines ne pourront jamais pe-netrer, et surlesquels notre orgueilleuse pretention s'est epuisee en vaines conjectures. Ces secrets qu'elle s'est reserves, etaient sans doute neces-saires pour eterniser la conservation des races, et
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To
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opposer une barriere infranchissable aux passions bumaines. L'univers serait peut-etre bientot de-peuple , si la propagation etait sous la depen-dance de la volonte de I'liomme. Que deviendrait le monde, si seulement la faculte de procrecr les sexes suivant notre caprice, nous etait devo-lue.
Les phönomenes de la reproduction sont exces-sivement variables chez les diverses classes d'ani-maux. Ainsi, la plupart des oiseaux et quelques quadrupedes n'ont qu'une vertu prolifique pro-portionnelle ä une seule femelle. Aussi ils vivcnt en etat d'association ou de mariage, eprouvent I'un pour I'autre un attachement veritable, et ne se se-parent pas,lors meme quelebesoin de la generation ne se fait plus sentlr. Dans d'autres races, au con-traire,' le male jouit d'une faculte fecondante si de-veloppee, qu'il pent suffire a plusieurs femellcs. (Test ce que 1'on observe chez la plupart des herbivores, et surtout chez les gallinaces, dont le coq est un vrai sultan entoure des favorites de son serail. Dans certaines contrees oil notre civilisation n'a point encore penetre, rhomme insatiable de jouissances, a eu I'idee d'imiter rcxemple de ces animaux, afin de rallumer des desirs qui tendaient a s'eteindre. Mais cette polygamie est tout aussi bien en desaccord avec nos idees morales ct re-ligieuses' qu'avec les lois que la nature nous a tracees.
II est vrai que la reproduction n'est pas une
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fonction indispensable k la vie de 1'individu, puis-que les parties qui president a son accomplisse-ment, peuvent etre cnlevees, sans que I'existence soil compromise. Mais lorsqu'un etre jouit del'inte-grite de tons ses organes, un instinct irresistible el independant de la volonte, lui fait eprouver le desir impcrieux de la copulation. La somme de plaisir et de volupte qui y est annexee, le force, par cet attrait meme, a obeir au vceu de la nature qui rend, ainsi, impossible la perte de Tespece. Ce penchant vers le rapprochement sexuel se nomme amour physique. Nous ajoutons cette epithete a dessein, car nous occupant particulierement de \a fonction reproductrice des animaux et de son influence surle developpementde la rage, ilserait liors de propos d'aborder ici rhistoirc interminable de cette passion. Nous serious alors forces de faire parfois abstraction de reiement materiel, pour nous lancer dans des spheres plus (iievees, et ren-trer dans le domaine de la metaphysique et de la psychologic, ce qui nous ferait sortir de notre sujet.
L'homme est apte a la reproduction pendant touteTannee. Cependant c'est au retour du prin-temps, qu'il semble plus dispose a ecouter ce cri puissant qui I'appelle a la procreation. A cette epoque, la nature se reveille de son engourdisse-ment et de son sommeil. La terre va se couvrir de son long manteau vert parseme de fieurs brillantes, et le soleil qui l'inonde de ses plus riches
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rayons, semble s'cntendre avec eile pourfarre res-sortir l'eclat de sa parure. Les vegetaux poussent, et les arbres encore depouillös vont s'enrichir de branches et de feuilles. Un legerfremissemenl pre-curseur semble I'annoncer. C'est la seve quimonte par ses mille canaux.
Elle monte aussi chez les animaux. Les males et les femelles guides par leur instinct, se recher-chent.pour s'unir. L'oiseau poursuit sacompagne sous la feuillee, poiirTinviter k y etablir le berceau de ses amours. Ses chants mysterieux qui viennent charmer si delicieusement Toreille, comme la plus suave de toutes les harmonies, a tin cachet de me-lancolie qui exprime bien la nature de ses aspirations. Le fier etalon dont les formes se dessinent sous raiguillon du desir, prend ses allures dega-gees et altieres, et fait vibrer l'air de hennissemens auxquels repond la cavale. L'homme ne reste pas insensible a cet appel solennel de la nature. Les releves statistiques prouvent, en effet, que le plus grand nombre de naissances se remarquent en decembre ct Janvier, neuf mois apres le retour du printemps.
Les animaux ne jouissent pas, comme nous, de la faculte de se reproduire dans toutes les saisons. Le besoin de la generation ne se fait sentir chez eux qu'a certaines epoques de l'annee, mais il n'en est peut-etre que plus pressant. Des qu'ils en-trent en rut, ils sent entraines vers la copulation avecune ardeur irresistible. Veilles, habitudes do-
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mestiques, souffrances merae, tout leur devient indifferent, des qu'ils sont domines par la soif des plaisirs de l'amour. Sourds ä la voix de leur mai-tre, et oubliant meme quelquefois le soin de pour-voir ä leur nourriture, ils ne connaissent plus dc frein jusqu'k ce qu'ilsaient assouvi la fureur eroti-que quiles devore.
Plus on reflechit, etplus on apeine ä compren-drc comment tant de siecles ont pu s'ecouler sans que rattention n'ait pas ete plus serieusement fixee sur les consequences qui peuvent resulter de la privation d'une fonction aussi importante que celle de la reproduction. On sail cependant qu'une continence forcee peut provoquer le satyriasis chez les homraes doues d'une constitution vigoureuse et d'une imagination ardente, et nous allons voir que cette affection offre, avec la rage, une analogic di-gne de remarque, et sur laquelle nous appelons Fattention des medecins. Le satyriasis debute or-dinaireraent par des erections qui sumennent sans cause, ou a la simple vue d'une femme, et qui finis-sent par devenir plus frequentes, et meme pres--que continuelles fpriapismey. L'imagination est obsedee par des images voluptueuses et des reves lascifs qui viennent froubler le sommeil souvent inteiTompupar des pollutions nocturnes qui n'ame-nent qu'un soulagement momentane.
Si la continenca se prolonge, ces desirs devien-nent plus violens, la sensibilite acquiert un deve-loppement inoui, et les hallucinations les plus
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lubriques viennent repandre dans I'organisme, un charme tout particulier qui retentit sur les organes sexuels, et determine denombreuses ejaculations. En meme temps la face devient animöe, les yeux rouges , etincelans et brillans d'une flamme sombre. Quelquefois cette n^vrose se traduit par des acces ou paroxismes dont la remission est tou-jours suivie d'abattement, de honte et de regrets, et la guerison survient. Mais si les symp-tömess'aggravent, il arrive un moment oü le mal. heureux, entraine par le transport de ses desirs immoderes, perd la raison, et cherche ä assouvir sa rage amoureuse sur la premifere personne qu'il trouve ä sa disposition, quelque degoütante qu'el-le soit. Ilrepfetealorsjndefiniment l'acte de coit. Onenavu qui allaient jusqu'ä fournir quarante carrieres sans etre rassasies, et continuer ensuite ä se livrer aux manoeuvres de la masturbation. A cette periode, il arrive souvent qu'une soif inex-tinguible devore le malade, qu'une bave ecumense et abondante coule de sa beuche, et que tout son corps exhale une odeur analogue a celle du bouc. Bientöt des convulsions se manifestent, le delire devient continuel, et souvent la gangrfene vient frapper les parties genitales, prelude certain d'une mort prochaine.
La mjmphomanie, vulgairement appelö fureur uterine, correspond au satyriasis de l'homme, et se traduit egalement par un cortege de syptömes qui offrent beaucoup de ressemblance avec ceux
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(ie la rage. Se rattachant quelquefois k Thysterie, eile survient, le plussouvent, par suite d'une continence plus ou moms absolue. Lorsqu'une fern-me est sous rimminence de cette affection, eile recherche la solitude, devient triste, reveuse, etse trouble a l'aspect de la plupart des hommes. Son regard est tour a tour vif ou languissant. Assaillie de mille dfeirs impetueux, eile se livre avec ardeur a des attouchemens solitaires, tout en cherchant a dissimuler k tous les yeux, le feu qui la consume, Mais si ce penchant immodere pour le coit n'est pas satisfait, le devoir et la raison deviennent im-puissants pour reprimer ce dösordre des sens. Le maintien, les soupirs, la rougeur, les propos lu-briques et les gestes indecens, tout vient reveler la triste position de la malade qui se trouve entrainöe malgrö eile, en depit de son education, de son ca-ractfere, de ses habitudes reservöes et de ses sentiments religieux.
Si la cause qui preside au developpement de la maladie, continue ä agir avec plus d'energie, la nymphomane finit par perdre toute retenue et tout sentiment de pudeur. Bientot tout, chez eile, respire la volupte, et provoque aux assauts amou-reux. La vue d'un etre appartenant ä l'autre sexe exalte ses desirs, et determine un spasme dans les organes genitaux. C'est alors qu'elle pousse quelquefois le delire el la folie jusqu'a arreter le premier homme qu'elle rencontre, pour tächer d'en obtenir les caresses par des prices et des snppli-
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cations. On en a vu chercher ä.sMuire par ruse, d'autres employer les menaces et la violence pour arriver a leurs fins. Si elles ne peuvent reus-sir, elles se livrent parfois aux actes les plus desor-donnes. Bayard cite des exemples de nymphomanes qui recherchaient les embrassements des fenr mes, et Mangel a connu une de ces malheureuses qui se servait de chiens pour satisfaire ses desirs effrenfe.
Dans cette forme lenteetchroniquederaffection, il arrive souvent, comme nous I'apprend Esquirol, que la malade abandonne sa famille pour se livrer a la prostitution, afm de pouvoir satisfaire plus li-brement son ardour örotique. Mais lorque la nym-phomanie a une marche aigue, le danger est bien plus s^rieux. Le delire devient permanent et roule toujours sur les plaisirs de l'amour. Bientöt les symptomes prennent plus d'intensite, une have ecumeuse sort des lövres, l'haleine devient fetide et la soif brillante. Souvent il s'y joint l'horreur de l'eau, (hißrophobie), des grincements de dents, des envies de mordre, et la mort ne tarde pas a mettre un terme a toutes ces horribles soulfrances.
Tels sont les phenomenes nerveux graves qui peuvent se produire dans l'espöce humaine, par suite d'une continence poussee trop loin, et qui arrivent quelquefois a un degre de gravite capable de corapromettre la vie. Ne trouve-t-on pas une analogie bien frappante entre ces phenomenes et ceux dont I'ensemble constitue la rage ? Cette der-
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mere affection qui presente tous les caractöres cTune nevrose, ne semble-t-elle pas en differer uniquement par sa nature virulente et sa propriete de transmissibilite? Quelle similitude dans les symptömes: tristesse, abattement, acces de fu-reur, horreur des liquides, have ecumeuse, grin-cements de dents, envies de mordre !! En outre, on lit dans les ouvrages que les malheureux affectes de rage, sont presque toujours atteints de priapisme et de satyriasis. Les auteurs anciens, entr'autres Aureliamus, Mead et Boerhaave, avaient dejä observe presque constamment Törec-tion du membre viril, et une ardeur irresistible pour I'acte venerien. Haller cite I'exemple d'un enrage qui, s.'y livra trente fois, en vingt-qua-tre heures. Tous les auteurs modernes ont fait de pareillesremarques, et nous apprennent que remission de la semence a lieu, presque toujours, avec une sensation extreme de plaisir, et les malades le temoignent par leur propos lubriques.
Les femmes presentent ordinairement des symptömes analogues. C'est surtout au moment des acces convulsifs, et vers les derniers temps de la maladie, que la fureur uterine se manifeste au plus haut degre. Portal I'a observe plusieurs fois. En outre , dans les ouvertures cadaveri-ques, on a toujours trouve, lorsque I'attention a ete fixee sur ce point, les vesicules sennnales vides, et la liqueur spermatique repandue dans Turethre,
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par suite de l'ejaculation qui avail eu lieu pendanl les derniers temps de la vie.
Et cependant, dans I'especc humaine la satisfaction du desir ne depend que de la volonte, puisque, comme nous le verrons plus tard, outre les attou-chemensauxquelscertainespersonnesontl'habitude de se livrer, remission de l'urine, la defecation, et surtout Tetat de sommeil,sont de puissans auxiliaires qui viennent apporter du soulagement. En est-il de meme chez les animauxdesespfeces Canis et Fe-lis ? Non, ct nous le disons par anticipation: la conformation particulifere de leurs organes repro-ducteurs, les empeche de pouvoir se satisfaire .eux-memes, et s'oppose, en outre, a ce que, pendant le sommeil, la nature puisse se deLarrasser de son tropplein. Puisque I'homme lui-meme, par suite d'une continence forcee, est quelquefois exposö a des accidents aussi graves, pourquoi n'admettrait-on pas que les animaux des genres precites, dont la disposition des organes sexuels est bien moins parfaite, ne soient susceptibles d'en eprouver de semblables et meme de plus terribles ?
Deux ou trois auteurs, il est vrai, parmi les nombreuses causes considerees tour a tour comme capables de contribuer ä la production de la rage, tellesquela faim, la soif, le froid,le chaud, I'usage d'alimens malsains, d'eaux corrompues, etc., etc., y ont englobe I'cestntsveneris ou desir de la copulation. Mais ce sent les contrarietes, la colere et les combats livres pendant la saison du
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ml, qu'ils invoquent pour expliquer etexcuser, pour ainsi dire, une opinion avancee sous forme dubitative et avec reserve. Or, comme nous I'avons deja dit plusieurs fois, il serait ridicule de suppo-ser que des emotions morales puissent determiner une maladie virulente dont les effets sont si terri-bles.
En 1818, un medecin allemand nomm6 Groeve, aavance que la privation de la fonction g6neratri-ce pourrait bien avoir de l'influence sur la production de la rage. Gette opinion a laquo;$te partagee, en 1823, par Capello, mais eile a ete amp;nise sous forme hypothetique, sans conviction, et sans avoir ete approfondie. Aussi, n'etant appuyee d'aucune raison capable d'en faire ressortir la portte, eile a passe inaperQue, et un grand nombre d'auteurs ne daignentmeme pas en faire mention, ou bien s'ac-cordent pour la considerer comme denuee de tout fondement. Au moment de mettre sous presse, nous avonseu connaissance d'un brochure publiee dernierement par Le Coeur, medecin a Caen. S'ins-pirant de Groeve et de Capello, cette maniere de voir lui parait vraisemblable, mais son travail est trop incomplet pour avoir attire Tattention des savants, et emu I'opinion publique. Nous regrettons qu'il ne soit pas entre plus profondement dans la question, et qu'il nel'aitpas etayee d'arguments plus solides, car il nous eut fourni un point d'ap-pui de plus pour faire triompher une idee dune importances! elevee. Depuis longtemps eile est
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l'objet de ttos meditations, et nous a fait entrevoirh) possibilite de soustraire l'humanitö ä Tinfluence du flöau, par des moyens qui ne se sontpas presen-tesä iapensee denos devanciers.
Tous les auteurs qui se sont donne la peine de combattre cette opinion, s'appuient sur ce que les 6poques auxquelles les animaux sont ordinaire-ment affecles de rage, devraient coincider avec le temps du rut, tandis qu'il n'cn est rien. En effet, comme nous I'avons deja expose, c'est pendant les mois de mal et de septembre que Ton trouve un plus grand nombre de chiens et de chats enrages, tandis que l'epoque de leur rut a lieu dans les mois d'aoüt et de fevrier. Les loups sont genöra-lement frappös de la maladie pendant les mois de mars et d'avril, et ils sont en folie depuis la fin de dfeembre jusqu'au commencement de mars.
Nous trouvons done un Intervalle d'environ deux ou trois mois entre l'epoque oü le besoin dc la procreation se fait sentir chez les animaux, et le moment oü ils sont habituellement atteints de rage spontanee. Cette objection, loin d'etre un argument contre nous, milite au contraire en notrc favour, puisque ce n'est pas avant mais bien apres le rut, que cette maladie se declare. Les troubles profonds qui surviennent dans I'organisme par suite de la privation d'une fonction qui parle si haut, doivent naturellement avoir une marche lente et progressive pour determiner la production d'une affection si redoutable, Aussi est-il facile de se ren-
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dre compte de cet Intervalle de deux ou trois mois qui s'ecoule entre Tepoque de la chaleur et celle de Tinvasion des accidents. Quel est le medecin qui aurait assez d'ingenuite pour supposer que la rage spontanee puisse se declarer subitement, dans les vingt-quatre heures, comme une fluxion de poi-trine, par exemple, ä la suite d'une brusque immersion dans l'eau froide ?
Une pareille hypothese est trop invraisemblable pour qu'on puisse songer a s'y arreter serieuse-ment. Nous avons expose que le satynasis debute par une espece de vague et d'agitation Interieure dont on ne se rend pas compte, et qui s'exprime d'abord par le trouble et l'embarras de se trouver en presence d'une jeune personne de Tautre sexe. En meme temps l'imagination est obsedee par des tableaux lascifs qui amenent des erections de plus en plus frequentes. Mais ces symptömes se main-lieunent plus ou moins longtemps dans le static quo avant d'arriver ä un plus haut degre de gra-vite. II en est de mfeme de la nymphomanie. La femme soumise a rinfluence de cette affection, eprouve d'abord un sentiment de pudeur qui la fait ' rever et rougir ä l'approche d'un hemme. Ensuite, des desirsvagueset des idees voluptueuses viennent s'emparer de sa pensee. Mais pendant un certain temps, ces phenomenes sent reprimfe par l'educa-llon et la morale. Ge n'est done que lorsqu'ils ont pris de raecroissement, et qu'ils sont arrives ä leur
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summum d'intensite, qu'il est permis de prononcar les mots : satyriasis et nymphomanie.
Pourquoi n'en serait-il pas de meine pour la rage qui, bien qu'elle se presente sous la forme d'uue nevrose, n'en est pas moins une maladie virulente dans son essence? Pour que le virus rabique prcn-ne naissance dans Teconomie, ne faut-il pas qu'il y couve pendant quelque temps ? Cost done seule-mentlorsqu'il agrandi, qu'il est arrive ä un degre de paroxysme capable de produire des troubles fonctionnels biens marques, et qu'il a eclate, enfin, par des symptomes terriblcs, que nous I'appelons : rage. D'ailleurs, lorsqu'elle est communiquee par morsure, n'a-t-elle pas une periode d'incubation plus ou moins longue? N'est—il pas rationnel d'admettrequeVintervalle qui separe la predisposition a la rage spontanee, du moment oü la maladie se declare, doit avoir, sinon plus, au moins autant de duree que l'incubation de cctte meme affection, lorsqu'elle est communiquee ?
Puisque nous entrevoyons malntenant que la cause de la rage reside uniquement dans la privation de la fonction reproductrice, il sera facile de comprendre pourquoi eile est tout-ä-fait incon-mie, ou se montre a pcine dans certains pays, tandis qu'elle sevit avec plus ou moins d'intensite dans d'autres contrees. En jetant un coup d'oeil retrospectif sur les fails que nous avons exposes h propos des causes qui ont ete invoqu^es pour expliquer sa production, nous avons vu qu'on
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a supposö que Tinfluence des climats dcvai't jouer un role important sur son developpement. Mais nous avonsdejä demontre qu'il n'enestrien, puis-qu'elle epargne aussi bien les regions trfes froides, que celles oü rfegne une haute temperature, tandis qu'ellerepand ses ravages dans les pays temperas. Laissons done de cote toutes ces pretendues causes-, et posons l'axiöme suivant:
La rageest plus ou moins frequente dans tons les pays oü les animauxnejouissent pas de leur liberte, et oü la civilisation a eu pour resultat de contrevenir aux lois naturelles, en comprimant lews instincts et leurs passions les plus impe-rieuses.
La nature a tout prevu. Considerons les ani-maux ä l'etat sauvage, et nous observons que, de-puisl'ordre superieur jusqu'au bas de Techelle, il existe dans chaque espfece, un nombre ä peu-prös egal de mäles et de femelles. Si on cherche cette proportion dans l'espfece humaine, on trouve, bien que quelques naturalistes aient pretendu le contraire, que le nombre des etres appartenant au sexe feminin Temperte sur celui du sexe different. (1) N'est-il pas naturel de supposer que la
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(i) D'apres le dernier recensement, la population de la France sedivise ainsi sous le rapport du sexe: Hommes 17,870,169. Femmes 18,00!),195. Pendant la periods quinquennale de 1851 ä 1850, le nombre des hommes a augmente de : 75,210. Et celui des temmes de: 180,5)84.
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nature en a agi ainsi pour obvier aux inconve-niens qui pourraient resulter de la privation de la fonction reproductrice. Examinons si nous avons tenu compte de ces enseignements, et si nous nous y sommes conformes, k l'egard des animaux que nous avons soumish notrejoug. Prenant les chiens pour exemple, nous voyons que sur une vingtaine d'individus qui, par besoin ou par gout, en sont proprietaires, un seul environ, glhve une chienne. L'homme , dans ses vues ego'is-tcs, reclierche toutes les satisfactions que ces animaux peuvent lui donner, tout en evitant. avec soin les desagrements et les soucis qui peuvent les accompagner.
Que rcsulte-t-il de cette disproportion? G'est qu'un grand nombre de males ne peuvent satisfaire au besoin de la copulation. Et cependant il est bien permis de supposer que la privation doit avoir chez eux des consequences plus fächeuses que chez les femelles, puiqu'ils n'ont pas de rut marque, et qu'ils peuvent les couvrir en tout temps, des qu'el-les sont en etat de les recevoir. Cette impossibilite de pouvoir satisfaire a la fonction generatrice, de-vient encore plus grande, a cause de uotre amour du luxe, qui nous portc a nous entourer d'une quantile infinie do races differentes par la taille, la force, la beaute, la vigueur ct la prestance. Lors-qu'une chienne est en chalcur, eile s'accouple avec tons les chiens qui se prcsentent, mais si ello peut choisir, eile preffere toujours les pint grands e'.
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forts, quelle que solt leur laldeur. Aussi arrive-t-H assez frequemment que les petites chlennes qui ont öte couvertes par des matins, perlssent en fai-sant leurs petits. On pent done dire : malheur au pauvre paria disgracie et depourvu d'avantages physiques. Les approches de la femelle qu'il convoite etant defendues par la dent cruelle du plus fort, il est presque surement condamne a une continence absolue, a moins que , ne sous une bonne etoile, une chance favorable ne vienne lui offrir l'occasion de neuer quelques relations, k l'abri de toute rivalite.
II semble vraiment que rhomme s'applique a contrarier les lois que la nature lui a dictees. Non seulement nous nous permettons de detruire la proportion sexuelle chez les chiens, puisqu'on pent compter environ vingt males pour une seule femelle, mais encore, guides par le desir de changer, de modifier, de perfectionner la race canine, et le plus souvent dans le but de satisfaire nos plai-sirs personnels, nous employons a leur egard tons les moyens qui tendent a les priver de leur liberte. Ainsi, ceux qui elfevent des chiennes, se gardent bien de les laisser couvrir par le premier male ve-nu, si ce sont des animaux de luxe et de prix. Enfin, si quelques cas de rage surgissent et jelent la desolation dans une localite, nous nous enipres-sons d'avoir recours a des mesures extremes de rigueur qui, au lieu de conjurer le danger, ne font aue le grandir et le rendre plus menacant. Toutes
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ces circonslances expliqucnt la plus grande M-quence de cette maladie chez les chiens que chez les autres animaux des deux genres precites.
Si nous jetons un regai'd sur les autres parlies de notre globe , nous observons que de-puis un certain nombre d'annees, la rage se niontre ou fait des progres dans des contrees qu'elle epargnait autre fois. Cela tient a .ce que les europeens y affluent en plus grand nombre , et viennent y implanter leurs moeurs et leurs habitudes. Aussi, a-t-elle fini par s'y mon-Irer quelquefois ; et dans le but d'en preserver les populations, les autorites administratives se sont decidees äordonner de museler les chiens, de les tenir en laisse et de les empecher de circuler libre-ment, ce qui n'a fait que donnerplusd'extension au mal. (Test ce qui a eu lieu en Algerie, oü Ton prend, ä present, a l'egard de ces animaux, les memes mesures qu'en France. Consultons les annales de medecine, et nous voyons que tous les cas de rage qui ont etc observes, se sont declares a Bone, Philippeville, Oran, Tlemcen , Tenes, Orleans-ville, Mostaganem, Novi ou les faubourgs, c'est-a-dire dans les centres de population habites par nous, et non dans les tribus bedouines dont les habitants vivent sous la tente et a I'etat nomade. Nous remarquons, en outre, que sur les quinze cas precites, treize sont survenus par suite de morsures de chiens appartenant a des Europeens,
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et les deux autres proviennent de blessures faites par des animaux suspects et inconnus.
(1 cst done evident que partout oil la civilisation s'ctend , eile comprime chez les animaux domes-tiques, Texercice d'une des plus importantes fonc-tions de reconomie, d'ou il rcsulte que cette mala-die se montreou fait des progres.Les chats en sent un exemple. Pourquoi deviennent-ils quelquefois enrages? Parceque certaines personnes charmees par la grace, la gentillesse et la proprete de ccs animaux, les elfeventpourleurseul agrement, et les privent souvent de leur liberte, dans la crainte de perdre l'objet de leur affection. En outre, pour nous soustrairc a certains ennuis, tels que celui de nous voir entourcs d'une nouvelle petite famille, nous preferons assez generalemcnt les males aux femelles, de sorte que la proportion de ces der-nieres devient parfois insuffisante.
Nous objectera-t-on que le loup est bien plus souvent frappe de rage que le chat , quoique vivant h l'etat sauvage et en pleine liberte? Cela est vrai, et tient a ce que I'homme lui a declare une guerre acharnee , et a lance sur lui une veritable proscription , en mettant sa tete a prix. Outre les boulettes empoisonnees que Ton parseme dans les bois, les fosses que Ton creuse, les appäts que Ton organise et les pieges que Ton dressc, on arme quelquefois tout un pays pour se defaire de ces animaux malfaisans. Dans les cam-pagncs, on reunit de temps en temps des troupes
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(Thomipes et de gros matins, pour faire des battues dans le but de les exterminer ou de les forcer ä quitter le pays, ä cause des ravages qu'ils com-meltent. En cffet, lorsqu'ils sont vivement presses par la faim, malgre leur poltronnerie habituelle, ils bravent !e danger, rödent dans les campagncs, et s'approchent meme quelquefois des habitations pour ravir des agneaux jusques dans les berge-ries.
Ces battues ont pour resultat de detruire plus de femelies que de males, et la raison cn est bien simple. Lorsqueles louves sout surle point de met-tre bas, elles choisissent, au milieu d'un bois ou d'une foret, un endroit bien fourre qu'elles appretcnt pour leurs petits, dont le nombre varie de trois ä neuf. Aprhs les avoir allaites pendant deux ou trois semaines, elles chassent pour leur rapporter du gibier. Au bout de deux mois environ, les louveteaux peuvent suivre leur mfere qui les conduit au ruisseau ou ä la mare la plus voisine, pour s'y desalterer. Aussi sa trace devient-t-clle plus facile ä decouvrir que celle du loup qui psut changer de repaire d'un moment a l'autre, suivant ses apprehensions ou sa fantaisie.En outre, lorsqu'une louve ä des petits et se trouve traquee, bien qu'etant comme toutes les femelies, plus ti-jnide que le male, eile devient intrepide, les defend avec fureur, et se fait tuer pour les sauver.
Apres ces battues, ces animaux sont chasses en parlie, et'fimssent par raanquer de femelies. Une
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autre circonstance qu'il est bon de signaler, c'est que les louves n'ont pas, comme les chiennes, deux epoques de rut, et meme quel-quefois trois. Elles n'entrent en chaleur qu'une seule fois par an, pendant I'hiver, depuis la fin de decembre jusqu'au commencement de mars. Les males n'ont pas de rut marque et peuvent comme les chiens, s'accoupler en tous temps. Ils restent done prives bien plus longtemps quo ces derniers, lorsque, fautc de femelles, Us n'ont pas trouve h sa-lisfaireleursbesoins äl'epoque de la chaleur. Aussi, lorsqu'elle revicnt, eprouvent-ils des desirs gene-siquesplus impctueux. II en est de meme, du res-te, chez tousles animaux qui nepeuventsatisfaire a la procreation qu'une seule fois par an. Le cerf nous en i'ourmt un exemple remarquable. Cuvier rapporte, qu'en automne, il ponrsuit ses femelles, et les tue, lorsqu'elles lui resistent. On peut done poser un principe que I'ardeur d'un animal pour l'acte de la copulation, est en raison directe de la rarete des epoques du rut. Toutes ces circonstan-ces ne contribuent-t-elles pas k rendre compte de la frequence relative de la rage chez les loups ? Les renards se Irouvent dans les memes conditions, et cependant cette maladie les atteint si rare-ment, que les exemples cites par les auteurs, n'ont pas meme un cachet d'authenticite süffisant pour que le doute ne soil pas perrais. Comment expli-quer cette difference ? C'est parcequ'on leur a fait
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une guerre assidue et tellement meurtriere, qu'en France, on est parvenu a les detruire en grande partie. II est done tout simple que les cas de rage soient beaucoup plus rares chez eux que chez les loups qui sont infiniment plus nombreux dans nos climats.Cependant, corome ils appartien-nent au genre Cams, et que par cela menie Us sont exposes ä contracter spontanement eette ma-ladie, nous sommes loin de nier qu'on n'en ait pas observe quelques rares exemples. Bien que le re-nard se soit rendu fameux par son adresse, sa cir-conspection et scs ruses, reputation qui n'est nul-lement usurpee, comme I'indiqnent son regard intelligent, ses proportions elegantes et son mu-seau effile, on le chasse souvent avec avantage, et ce sont surtout les femellcs que Ton parvientä atteindre. Lorsqu'elles sont pretes ä inettre bas, elles cherchent h se domicilier d'une manifcre fixe, et s'installent ordinairement prfes des bois et ä por-tee des hameaux, afin de se glisser furtivement dans le voisinage , pendant la nuit, et ravager les basse-cours. Malgre leur finesse d'instinct et les precautions infinies dont elles s'entourent pour derober le lieu qu'elles ont choisi, on arrive souvent k decouvrir leur gite, et h s'emparer de la mhre et des petits, de sorte que la proportion des femelles ne se trouve plus en rapport avec celle des males.
Pour faire ressortir la justesse des appreciations que nous venons d'emettre, nous allons considerer
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la question sous un autre point de vue, et poser, par opposition, Taxiome suivant:
La rage est inconnue, ou du mains tres rare, partout oü les animaux vivent ä l'etat sauvage et en pleine liberte.
Gomme nous l'avons d£ja exposö, cette maladie ne se inontre pas, ou parait a peine dans Tile de Chypre, dans toute la Syrie, au cap de Bonne-Es-perance, a la Jamaique et dans la Cafrerie. II en est de meme dans llnde, TAmerique meridionale, les Antilles, la Pologne et presque toute la Russie. C'est que dans toutes ces contrees oil la civilisation n'a point encore fait assez de progres pour arriver ä les museler, les traquer, les attacher, et leurravir la liberte, commenous lefaisons dansnos climats temperes de TEurope, les chiens domesliques ne sont pa^s exposes a la privation des plaisirs veneriens. Dans toutes ces localites , ils sont a peu pres aussi libres que les chiens sauvages qui vivent dans les pays deserts et se rassem-blent par troupes, pour chasser les betes fauves. Ces chiens sauvages sont en tres grand nombre au Congo, au Canada, dans les Antilles, et surtout dans les solitudes d'Amerique. Leurs mceurs sont les memes quecelles desloups dont ils ne different que par la faeilite que Ton trouve.a les apprivoiser. Mais comme on les laisse vivre en paix, les habi-tans de ces regions ne connaissent la rage que de nom.
Ce sont precisement ces fails si reniarquables
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qui nous ont vivement frappes et ont puissamment contrlbue ä nous amener dans ce sentier de recher-ches et de meditations. Inspires par nos propres impressions, les faits qui se sont accomplis autour de nous, ont ete nos seuls guides. Tons deux nous avons habite I'Afrique pendant de longues annees, depuis 1834, et nous n'avons jamais entendu dire qu'un seul cas de rage bien avere s'y fut manifeste pendant notre sejoup. Et cependaut les chiens abondent dans tout le pays. Chaque peupla-de on tribu nomade est entouree d'une multitude des ces animaux qui vivent a peu pr^s a I'e-tat sauvage. Les arabes n'ayant aucune sollicitu-de pour eux, se borncnt a leur donner un abri sous la tente commune. Aussi, sont-ils obliges de vivre de chasse, et de se nourrir de c'iarognes. Ils ne trouvent meme pas toujours ä apaiser leur soif. Mais n'etant nullement comprimes ni dans leurs instincts, ni dans l'exercice de la fonction ge-neratrice, la rage est presque inconnue dans toute I'Algerie. Si on en a observe quelques cas depuis plusiours annees, du moins, comme nous ravens deja dit, ils ne se sont pas declares dans les tribus indigenes, mais bien dans les centres de population habites par nous, et en outre, ces cas sont snrvenus ä la suite de morsures faites par des chiens appartenant aux Europeens, et non aux Arabes.
Nous avons voulu nous assurer s'il en etait de meme en Egypte et en Turquie, comme I'avaient
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assure Barrow, Alpin et le baron Larrey. L'un de nous arrive de Constantinople, et s'est promene dans ce dedalc de rues et de ruelles sales, etroites, tortueuses, mal pavees, pleines de trous et de fon-driöres. Elles sont encombrees de railliers de chiens errans, souvent lepreux et afi'ames, qui ne se nourrissent que de chair en putrefaction, ou meme du produit de la defecation de Thomme. Ces animauxquot; provenant des nieutes des deux rives de l'Euxin, furent amenes dans cette ville, en 14S3, lors de la conquete par les trois cent mil-le hommes qui suivaient Mahomet II, et n'on fait que grossir et multiplier depuis quatre siecles. Ils forment, pour ainsi-dire, la garde nationale de la ville, vivant par quartiers, avec leurs corps-de-garde et leurs sentinelles. Ordinalrement ils se reunissent en certain nombre, lorsqu'ils ont adop-teunlieu, et semblent s'entendre pour en defen-dre I'acces a ceux qui ne sont pas des leurs. Malgre cette vie deraisere et de malproprete, mal-gre les souffrances de la faim et de la soif, malgre les combats incessants qu'ils se livrent et les bles-sures qu'ils recjoivent, jamais aucuncas de rage ne s'y montre , n'etant nullement inquietes par les Turcs.
Libres , ils ne sont pas exposes a la privation de l'acte genesique. Si, contrairement h cette regie, il en a surgi parfois quelques rares exemples, ilsontdiiappartenirauxoccidentaux qui sont venus implanter dans ces contrees, leurs moeuns
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et lear manie de les condamner ä une captivite presque perpetuelle. Qu'on interroge nos mi-litaires qui reviennent d'Orient, etaucun d'eux ne dira qu'un seulcassoit parvenu ä sa connaissance. üue deviendraient les habitants de Constantinople, si cette maladie venait ä s'y declarer? Bientöt tonte la population serait en proie au fleau.
Tons les animaux des especes Cam's, qui vi-vent a l'etat sauvage, se trouvent, par cela meme, preserves de la rage, aussi bien que les chiens de tribus nomades de l'Afrique et de Constantinople. On sait que les chacals, ces loups dores des pays chauds, ne sont jamais atteints de cette maladie. 11s sont cependant tres nombreux en Afrique, en Asie, dansla Perse, en Armenie et dans les Indes. On les rencontre aussi en grande quantite au Bengale, en Barbaric, en Mauritanie, aux environs de Trebisonde, autour du Mont Caucase et en Gui-nee. L'immunite [dont il jouissent tient ä ce qu'ils vivent en troupes comme les chiens sauvages, et que n'attaquant jamais rhomme, malgre leur fero-cite etsurtout leur voracite, on les laisse vivre en paix, sans meme leur faire la chasse. Chez eux, la proportion sexuelle est done toujours maintenue, et la nature suit son cours, sans etre contrariee dans ses lois.
Aucun animal ne fournit, plus que le chacal, la preuve vivante de l'erreur dans laquelle sont plonges ceux qui soutiennent que Tusage de la chair putrefiee est la cause de I'affection rabien-
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ne. Tous les soirs ces animaux se rassemblenf en bandes plus ou molns considerables, avec des cris lugubres et des hurlements effroyables, signal de la chasse. Lorsqu'ils doivent attaquer un gros animal, ils se mettent quelquefois a. la remorque d'une hyene, comme nous I'avons observe en Afrique. Mais ces chasses sont souvent infructueuses ou in-suffisantes, et ils s'en consolentaisement, parceque, tres friands de charognes, et surtout de chair hn-maine, ils senourrissent de cadavres. Aussi a-t-on la coutume, dans certains pays, de creuser les fosses trfes profondcment, et de rouler de grosses pier-res sur les sepulcres, pour en defendrc Tapproche et les empecher de deterrer les morts.
Les animaux du genre felis quivivent en pleine liberte, sc trouvent, par la meme raison, preserves do la rage. A-t-on jamais entendu dire qu'un lion, un tigre, une panthere ou un leopard aient ete atteints de cette maladie ? Dira-t-on que ces animaux redoutables, Teffroi des voyageurs nocturnes et le fleau des populations avoisinantes, sont si bien armes, que lorsqu'ils saisissent une proie, eile ne sort jamais vivante de leurs griffes, et que par consequent on n'a jamais pu verifier si le virus rabique n'a pas ete quelquefois mele a leurs morsures ? Ce n'est pas impossible, car nous sora-mes convaincus qu'ils peuvent-etre frappes spon-lanement de cette affection , par cela meme qu'ils appartiennent a la race prccitce, et que leur organisation est indentique a celle du chat.
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Cependant lorsqiTun chien devient enrage, n'e-tant plus guide par ses instincts, il marche ä Taventure, droit devant lui et se montre aussi bien dans un village qu'en rase campagne. N'en serait-il pas de meme du lion et du tigre? dans les pays oil ces animaux sent en assez grand noiiibre, en a-t-on Jamals vu apparaitre, en plein jour, an milieu d'une population , ou venir etendre leur cada-vre dans le voisinage d'une bourgade ? Nous som-mes done portes ä croire qu'ils ne sent jamais atteintsde lamaladie, parcequ'ils sont libres, vi-vent en menage , et trouvent toujours moyen d'avoir une compagne. Si la nature fait parfois un ecart, en produisant plus de males que de [emellcs, un combat presque toujours raortel fait bientot disparaitre un rival inoccupe.
L'affection rabienne sevit done sur tous les animaux auxquels nous avons fait subir le poids de nötre puissance. Elle epargne, au contraire, ceux que nous n'avons pas pu sub-juguer, ct qui vivent conformement aux lois naturelles. Si les loups font exception a cette regie, bien que vivant dans l'independance et la liberte, nous avons dit qu'il fallait en chercher la raison dans les battues que Ton organise, et qui ont pour resultat de tuer plus de femellcs que de males. Cela est si vrai, qu'en Russie et surtout enPologne, oil ils sont en si grande quantite , cette maladie y est presque incon-nue. Ce pays est tellement riche en licux
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boises et touffus, que malgre ces battues, ils se maintiennent toujours en assez grand nom-bre pour que la proportion sexuelle ne soit pas detruite. Depuis deux ans, la guerre d'Oricnt ayant cmpeche ces chasses d'avoir lieu, ces animaux presses par la famine, sent venus tout dernierement jusques dans les villages pour y chercher leur päture; et on ne cite pas un seul exemple de rage vraiment authenti-que. Ces demi-mesures que nous prenons, sont done insuffisantes, et on devrait employer tons les moyens possibles pour les extermincr jusqu'au dernier, a 1'instar des Anglais qui sont parvenus ä en purger leur ile.
Pour corroborer tout ce que nous venons d'a-vancer, nous aliens terminer par ce troisieme axio-
me :
Plus un animal est soumis ä notre empire, et maintenu en esclavage, plus il est expose ä con-trdcter la rage.
Or le chien est, sans contredit, le plus esclave de tons les animaux. Nous I'avons attache a nous, a cause de ses qualites toutes particuliferes, et des services immenses qu'il nous rend. Que serait de-venu 1'homme, s'il n'avait pas eu un auxiliaire aussi puissant pour conquerir le monde, chas-ser et detruire les autres animaux nuisibles ? Pour se mettre en suretc il lui a fallu se conci-lier ceux qu'il a trouve disposes a s'attacher ä lui , et il a commence par le cliien, a qui
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son courage, son instinct et sa finesse de sentiment, donnent une superiorite morale bien marquee sur tous les autres. Comment aurions-nous pu chasser avec tant d'avantage, sans le concours d'un animal dont on pent si aisement perfectionner Te-ducation, en lui apprenant a mesurer ses mouve-mens, h reprimer son ardeur, et h obeir a la voix de son raaitre. Eh bien, en recompense de tous ces services incessans, et dans la crainte de perdre un compagnon aussi utile, nous Tempechons de sa-tisfaire un de ses besoins les plus imperieux, sans songer aux consequences funestes. qui peuvent en resulter.
Pour mieux nous pönötrer de la verite du prin-cipe que nous venous d'etablir, jugeons par com-paraison, et nous verrons que les chats qui vivent a l'etat de domesticite, comme les chiens, sont bien moins souvent atteints de rage, quoiqu'ils soient eleves en plus grande proportion que ces derniers. C'est qu'ils nousoffrentgeneralement fort peu d'in-teret. Nous ne les gardons, le plus souvent, que par pure necessite, afin de les opposer a un enne-mi domestique encore plus incommode. Le chat est gracieux et aimable lorsqu'il est jeune, mais a me-sure qu'il avance en age, on voit percer sa perver-site que I'education ne fait que masquer. Son regard qui brille dans les tenures comme le dia-mant, est oblique, equivoque, et indique bien la faussete de son caractfere. Subtil et flatteur, il semble se tenir toujours sur ses gardes, mßme
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lorsqui! recherche des caresses auxquelles il n'est sensible qu'ä cause du plaisir qu'elleslui proeurent. Essentiellementegoiste, ilest attache k la maison qu'il habite, parcequ'il v. trouvesa nourriture, son iihri et ses aises, mais il n'a pour ses maitres qu'une apparenced'affection. II dissimule son penchant tiouria rapine, par crainte du chätiment, lorsqu'il a appris par experience qu'il pent lui devenir pre-judiciable, mais lorsqu'il croit a I'impunite, il sait tres bien epier, attendre et saisir l'occasion de #9632;amp;laquo;?e -laquo;laquo; laquo;HMi¥ais-eelaquo;i).
Tous ces petits defauts joints au manque de sin-cerite et de fidelity, ne sont pas faits pour engager anous y attacher. Aussi leur absence nenouspre-occupe-t-elle pas plus que leur presence ne nous gene. Lorsqu'une chatte est sur le point de mettre bas, eile cherche ordlnairement les endroits les plus retires de la maison, pour y deposer sa pro-geniture. G'est seulementlorsqu'ellene pent plus suffire h sa subsistance par I'allaitement, qu'elle vient nous amener ses petits, comme pour recla-mer en leur faveur la nourriture qu'elle n'est plus ä meme de leur fournir. Rarement emus par ce tableau, nous ordonnous, le plus souvent, a nos do-mestiques, de les jeter ä I'eau. Ces animaux jouis-sent done d'une assez grande liberte. Ils ne sont ja-mais tenus h I'attache comme les chiens, mönent une existence tres independante et ä demi-sauvage, bien qu'etantdes animaux domestiques, et leur nombre ne fait pas sensation. Frequentant habituellement
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les greniers, ils peuvent se livrer a leurs ebats, sans crainte d'etre deranges. Les gouttiöres et les toits sont le champ de bataille de leurs amours. En outre , tout le monde salt que la chatte peut produire avec les chats sauvages, et il n'est pas rare de voir, aux epoqucs du rut, des males et des femelles quitter momentanement leur domicile, pour aller les chercher jusqlies dans les hois.
Toutes ces conditions ont necessairement une grande influence surla causederaTTecfion rabienne chez ces animaux, et il est trhs heureux que nous ayons si peu de sollicitude pour eux, car sans cela, nous serions frequerament exposes an danger. Si, comme nous I'avons dejk dit, il survient parfois quelques cas de rage parmi eux, cela tient a ce que ccrtainespersonnes les privent de leur liberte, et qu'en outre, nous preferons assez generalement les males aux femelles.
II resulte des considerations que nous venonsd'e-mettre, que les animaux arrives a Tage ou la fonc-tion reproductrice ne peut plus s'accomplir, doivent setrouveräl'abride l'influence de cette maladie. 11 doit en etre de meine pour ceux qui n'ont pas encore atteints Tage adulte, le besoin de la generation n'ayant pas encore pu se faire sentir chez eux. Cherchons dans nos souvenirs et tächons de nous rappeler si nous avons vu un petit chien en has äge affecte de rage. Non, sans doute, ou si on en a constate quelques rares exemples, nous som-
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mes convaincus qu'ils se rapportaient a la rage rommuniquee, et non pas ä celte meme affection conlractee spontanement.
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Nous pourrions nous arreter ici, et conslderer notre tache comma remplie, les explications dans lesquelles nous venons d'entrer, nous paraissant süffisantes pour demontrer que la cause produc-trice de la rage reside uniquement dans la privation de la fonction generatrice. Cependant plusieurs questions se presentent encore a Tesprit, et celle-ci en premifere ligne : on se demande pourquoi la plupart des etres de la creation, y compris I'hom-me, ne peuvent etre atteints de cette maladie, que par communication,ou en d'autrss termes,pourquoi le triste privilege de la contracter spontanement n'est devolu qu'aux animaux des genres Canis et Felis. Nous eluderions la difficulte, en repondant qu'il n'est pas donne a l'homme de penetrertous les secrets de la nature, que la rage est inherente a ces races, comme la morve et le farcin aux solipe-des, le cancer et la variole a l'homme, etc. Mais dans le but d'asseoir notre conviction sur des bases plus solides, et de conquerir encore des argumens propres ä corroborer notre opinion dejä tant ap-
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puyec par les fails que nous avons signales, nous avons voulu aller plus loin et soulever le voile qui cache cette raison que nous allons livrer ä l'appre-ciation du monde savant.
La conformation toute exceptionnelle des orga-nes reproducteurs des animaux des deux genres precites, semble parier aux yeux aussi bien qu'ii l'intelligence, et nous a suscite de nombreuses reflexions, entr'autres les suivantes: rhomme et la plupart des animaux sont pourvus de vesicules se. minales, reservoirs dans lesquels le sperme vient se mettre en depot, dans les intervalles plus ou moins prolonges de son expulsion. Tons ceux qui appartiennent aux especes Canis et Felis en sont prives. En jetant un coup d'oeil comparatif sur les phenomamp;ies apparens et intimes, dont I'en-semble constitue la fonction si complexe de la generation , nous observons qu'ils sont loin d'etre identiques chez les etres possesseurs de reservoirs et chez ceux qui en manquent. En effet, chez les premiers, la secretion spermatique s'effectue d'une maniere continue, bien que quelques physio-logistes aientpretendu lecontraire. Ce qui leprome e'est que remission de la liqueur proliflque estd'au-tant plus abondante qu'elle a lieu moins frequcm-ment.Elle ne peutmeme plusseproduirelorsque les vesicules sont videos, jusqu'a ce que les testiculos aient eu le temps d'en secreter une nouvelle quan-tite qui, des tuyaux seminiferes, traverse le corps d'hygmor, Tepididyme et les conduits deferens,
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pour veuir s'y accumuler. La eile y sejourne jus-qu'lraquo; ce que des circonstances particuliercs vienuent la chasser avec force par rurfethre.
II n'en est pas de meme des animaux damp;-pourvus de reservoirs. Chez eux la secretion de la semence n'est pas continue. Aussi leurs organes sexuels sont-ils disposes de maniere a rendre leur accouplemeut prolonge. Le chien en est un exem-ple. Sa verge presente unos penien et deux renfle-mens ou bulbes ereclils: Tun anterieur et Tautre posterieur qui, par le developpement considerable qu'ils prennent pendant l'acte de la copulation, le dernier surtout, empechent la separation de s'ef-fectuer, jusqu'a ce que I'ejaculation soit terminee, et ait amene la flaccidite. Cette ejaculation se fait lentcment et goutfe a goutte. Le rapprochement a hien moins de duree chez rhomme et les autres animaux. A peine l'acte du co'it est-il commence, que la sensation voluptueuse a laquelle le corps tout entier participe, retentit bientot sur les vesi-cules seminales qui agissent sur le liquide qu'elles contiennent, pour Vexpulser a\ec force par des contractions spasmodiques. Leur position entre le rectum, le bas-fond de la vessie et les releveurs de l'anus, leurpermet de concourir puissamment h cette emission, favorisee encore par la douce compression qu'exerce sur elles l'action de ces muscles qui se contractent au moment de I'ejaculation. Aussi celle-ci s'opere-t-elle par des secousses succes-sives, non interrompues et tres rapproch^es, aux-
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quelles succedent rabaltement, la lassitude et un sentiment de melancolie et de langueur. Quelques methaphysiciens ont attribuö cette sensation de tristesse melee au plaisir le plus vif, a une espece d'intuition confuse et eloignee de notre destruction.
Les vesicules s^minales jouent done un role important dans la fonction reproductrice. En outre, com-me I'ont pouve Cabanis, Broussais et d'autres phy-siologistes,elles sont le siege du besoin generateur. En effet, leurplenitudelefaitnailre et leur vacuite l'eteint. Lorsqu'elles sont remplies et distendues, lorsque surtout le liquide prolifique acquiert une consistance plus marquee par suite de Tabsorption de ses parties les plus aqueuses, il produit sur leur surface interne, une impression particuliere qui fait sentir le besom de son Evacuation. Cette sensation reagit sur le centre cerebro-spinal, et provo-que, non seulement des desirs, mais encore un sentiment de malaise qui cesse avec la vacuite, pour recommencer lorsqu'elles se remplissent de nouveau. Toutes choses egales d'ailleurs, les de-sirs sont done plus frequens et plus vifs chez ceux dont la secretion spermatique est tres active, et chez ceux qui se privent des plaisirs de l'amour.
Connaissant la conformation exceptionnelle des animaux des genres Canis et Felis, qui manquent de vesicules, ainsi que le mode de secretion du sperme, qui n'est pas continu comme chez les autrcs animaux, d'oiiil cnresulte que l'excretion de
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oe fluide a lieu lentemcnt -et goutte ä goutte, nous allons faire rexamen comparatif des ronsequences qui peuvent resulter de la privation des plaisirs ve-neriens chez les etres qui possedent des reservoirs, et chez ceux qui en sent depourvus. Prenant I'hom-me pöur type de la premiere categorie, nous savons que lorsqu'il n'a pas une compagne a sa disposition, il pent apaiser lui-meme la violence de ses desirs, en se livrant a des attouchements solitaires dontl'abus a pour effet d'agir de la maniere la plus dangereuse, aussi bien surla sante que sur lesl'a-cultes morales et intellectuelles. II n'en est pas de ineme du chien que nousavons pris pour exemple. C'estenvainqu'il cherche a se lecher ou äse frotter le penis centre I'abdomen. Si une ou deux gouttes de liqueur prostatique viennent ä se presenter a I'orifice urethral, par suite de ces manoeuvres, du moins, il ne pent jamais reussir a determiner la moindre emission spermatique.
Voyons maintenant ce qui se passe chez les in-dividus qui ne se laissent pas aller a cette deplorable habitude que Von nomme: onanisme, et qui out le courage de se condamner a une continence absolue. La secretion spermatique etant continue, comme nous venons de le demontrer, les vesicules seminalesfinissent par se remplir. Mais lorsqu'elles regorgent de sperme, la nature vient ordinaire-ment en favoriserl'expulsion, par remission des urines qui provoque la contraction des vesicules, a la suite des efforts qui sent faits pour en exprimer
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(es dernieres gouttes. C'est surtout vers la fin de l'acte dela defecation, quecette evacuation a lieu en plusgrande quantite, sans erection, etsansmeme qu'on en ait conscience, a cause de la pression mecanique bien plus marquee que subissent ces reservoirs, lors du passage des matieres fecales qui compriment le bas-fond de la vessie. En outre, pendant le sommeil oü I'imagination n'est pas distraite paries sensations exterieures, il arrive souvent, surtout chez lesadultesdoues d'niie aclivite gene-ratricetres grande, qu'ds sont assaillis par des re-ves voluptucux qui les impreesionnent energiquc-ment a leur insu, et produisent une reaction assez puissante pour determiner 1'emission de la semen-ce, qui prend alors le nom de pollution nocturne. Voila les divers moyens que la nature met ä la disposition , non seulement de I'liomme, mais encore des animaux pourvus de vesicules, pour parer aux inconvenicnts de la privation. Le cheval en fournit la preuve. On salt qu'il est succeptible d'eprouver des pollutions, et qu'il peut provoquer remission, sinon complete, du moins partielle de la semence, par des battements convulsifs et saccades de la verge contre le ventre. Aussi a-t-il des vesicules seminales allongees, ovoi-des, et qui acquierent quelquefois une capacite dc cinq k dix decilitres. Chez les animaux qui man-quent de ces reservoirs, an contraire, la liqueur prolifique, comme nousl'avons deja dit, ne peut etre chassee au dehors que pendant l'acte de la co-
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pulation. Ni remission de Turins, ni la defecation, ni l'etat de sommeil ne peuvent leur apporter du soulagement, pas plus que les attouchemenls et les frottements.
Ilssontdoncbien moins richement dotes que les autres, puisqu'ils sont organises de teile sorte, qu'ils n'ont aucun moyen de se debarrasser du su-perflu qui deborde, lorsqu'ils sont vivement excites ä l'epoque du rut. Que penser alors des effets qui peuvent survenir chez eux, par suite d'une privation absolue,quandrhomme lui-meme, malgre toutes les ressources qui sont mises a sa disposition pour obvier aux consequences fächeu-ses d'une continence exageree, est expose a des accidents graves qui portent leur action sur les parties sexuelles meme, ou bien se font ressentir sur reconomie toute entifere. Les premiers sont pro-duits par le reflux du fluide seminal dans les vais-seauxspermatiques etlestesticules, dont le gon-flement provoque d'abord de la gene et de la pe-santeur, puis de veritablesdouleurs plus ou moins vives qui s'irradient jusqu'a la region inguinale. Si la continence se prolonge, rinflammation de ces glandes pent survenir par suite de la stase du sper-me qui distend et irrite les vaisseaux seminiferes. Aussi, I'orchite blennorrhagique doit-elle sa gran-defrequenceprincipalementkla sagesse inaccou-tumee klaquelle se soumettent les malades atteints
d'urethrite. Quant aux accidents generaux, ils ont un cachet
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de gravitebien plussörieux , puisqu'ils constituent lesatyriasis qui devient quelquefois mortel. Ne semble-t-il pas natural d'admettre que ces accidents si terribles doivent etre encore plus redouta-blos chez las animaux dont l'organisation des or-ganes sexuels est bian moins parfaite ? Serait-il si irrationnal da supposer que catte impossibilite da satisfaire a une fonction iraporlante , puisse suffire pour rendre compte de la production da la rage ? Ce qui porte a le croira, c'est la ressemblance frappante qui existe, sous le point de vue semeiologi-que, antra la satyriasis et cette derniere maladie qui ne semble differer de la premifere que par la presence d'un virus, et la propriete de transmissi-bilite. Outre les acces de/wrewr, IViorreur des liquides, la have ecumeuse et les envies de mordre, symptömas caracteristiques etcommuns a ces deux affections , nous avons vu que las enrages sont presque toujours sous I'empire d'une ardeur eroti-que portee a son comble , absolument comme las malhaureux atteints de satyriasis.
En outre, il existe una autre analogic assez re-marquable entre les premiers effets de la privation da co'it, compares aux prodromes de ces deux affections. Certainas parsonnas a temperament froid et lymphatique , peuvent supporter la continence la plus absolue, sans en öprouver le moindre inconvenient , tandis que pour d'autres douees d'un temperament sanguin ou nerveux, qui sont les plus ardents pour la generation, ella deviant un vrai
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supplice. C'est äces dernieres seulement que nous faisons allusion.Qu'elles fassent un relour sur elles-memes, et qu'elles sondent leurs souvenirs, elles se rappelleront que la privation de cet acte a. eu quelquefois un retentissement plus ou moins marque sur Tequilibre deleur sante, et meme sur leurs dispositions morales , lorsqu'un besoin pressant se faisait sentir. Malaise, pesanteur de tete, injection de la face, perte de l'appetit, inquietude, tristesse, mauvaise humeur, irrascibilite, voila les petits in-conveniens qu'elles ont pu eprouver, et qui ont cesse, comme par enchantemeut, avec la vacuitö des vesicules seminales, c'est-a-dire aprfes le co'it. On pourrait done placer a cote du proverbe expri-ine par ces quatre mots latins : post coitum animal triste, la maxime suivante ; ante coitum animal triste, qui n'aurait pas une application moins juste.
Tons ces inconveniens ont beaucoup de similitude avec les premiers symtömes du satyriasis et de la rage. Ces deux maladies debutcnt, en efl'et, par un sentiment indefinisable de malaise general, de la lassitude, de la pesanteur dans les membres des insommies, des songes penibles, de la cepha-lalgie, la perte d'appetit, la tristesse, l'agitation, Tirascibilite, les angoisses, etc., etc. Chez le chien, eile s'exprirae d'une manifcre analogue. Avant de quitter la maison de son maitre, la queue serröe entrc les jambes, la langue pendantc, les veux brillans et hagards, recume a la gueule, et de
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se precipiter sur les animaux qui fuicnt d'epou-vante h son approche, il recherche d'abord la solitude et l'obscurite, se reveille cn sursaut, s'agite, refuse la nourriture et les boissons, etc. Tous ces rapprochemens si dignes de fixer l'attention, ont im cachet de vraisemblance qui scmble bien fait pour contribuer ä confirraer Topinion qui surnage dans ce petit travail.
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Un sentiment nature! ä rhomme est de faire tous ses efforts pour decouvrir les secrets que la nature semble s'appliquer ä lui rendre impenetra-bles. Guides par le desir d'cclairer une question aussi importante, nous avons cherche ä nous ex-pliquer l'existence du virus rabique. En invo-quant l'analogie, nous voyons que les induences nerveuses n'ont jamais pour effet que d'amener des derangements fonctionnels. Ainsi, la peur par ex-emple, provoque quelquefois l'ict^re chez les uns, la diarrhee ou l'epilepsie chez les autres, mais des modifications quelconques du syteme cerebro-spi-nal, quelques puissantes qu'elle soient, n'ont jamais donne naissance ä un virus. Ce raisonnement nous a detourne de l'idce d'admettre quo les troubles profonds qui doivent ebranler le Systeme ner-
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veux des animaux soumis a une privation plus ou moins longue, puissent suffire pour rendre #9632;compte de la cause productrice de ce virus. Rien n'existant de rien, puisque, ne füt-ce qu'un ato-me, 11 est necessaire pour justifier un effet, nous sommes portes a croire qu'un Element materiel doit presider a sa formation.
Quel est cet element? Comment se trouve-t-il dans le sang? D'oü vient-il? Bien que certains mystferes resteronttoujours inaccessiblesa I'lntelli-gence humaine, nour. nous sommes demandes s'il n'etaitpas possible qu'il fütforme, detoutes pieces, par le speme lui-meme, qui aurait-ete resorbe pendant assez longtemps, et en assez grande quantity, pour constituer le virus rabique. Les re-marques suiyantes nous ont suggörö cette id6e: On salt que chez l'homme, l'örection a une frequence tres-vanable, non seulement suivant les temperamens et les idiosyncrasies, mais encore, qu'elle est subordonnee, chez le meme individu, ä une foule de circonstances differentes, telles que les excitations mecaniques, l'exaltation de 1'imagi-nation, le souvenir ou le contact d'objets volup-tueux, l'usage de mets ou de boissons aphrodi-siaques, etc.
Ildoitenetreainsidans I'echelle animale. Bien que la secretion spermatique ne soit pas continue chez ceux qui appartiennent aux genres Canis et Felis, eile ne s'opfere cependant pas exclusivement pendant la copulation, comme Font avance quel-
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ques auteurs. La preuve c'est que Cuvler, Colin et d'autres naturalistes celebres ont constate que,chez la plupart des animaux , les testicules ou glandes spermagfenes prennent un developpement plus ou moins considerable pendant l'epoque de la chaleur, meme avant qu'ils ne se soient livres a Facte de la generation. L'augmentation de volume de ces glandes ne pent pasetre attribuee al'influence de la saison des amours, puisqu'il esthorsde doute que les males n'ont pas d'epoque de rut, et qu'ils sont toujours disposes a couvrir leurs femelles, lorsque celles-ci peuvent les recevoir. Elle est done due aux excitations nouvelles auxquelles ils sont sou-mis. La vue et le flair des femelles en chaleur, dout le vulve exhale une odeur particulifere, doit preparer et provoquer la secretion spermatique avec bien plus d'activitö encore que lorsqu'en dehors de cette saison , il cherchent a s'exciter au moyen de la langue, de frottemens contre les parois abdominales, ou meme en montant les uns sur les au-tres, bien qu'etant du meme sexe, pour se livrer ä Tacte simule.
Une excitation quelconque agissant sur les orga-nes sexuels, doit done commander infailliblement lafonction göneratrice, activer la secretion de la semence, et amener l'engorgement des glandes spermagfenes, que cette excitation soit produite pendant la saison du rut ou en dehors de cette öpoque. Le sperme secrete dans ces glandes est ölabore par les derniferes extremites de Tariere
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sperrrmtique, au point oü ses ramifications se con-fondent avec les premieres radicules du Systeme vasculaire secreteur. Si on stimulc d'une mani^re quelconque les organes genitaux d'un chien, et cette experience n'est pas difficile h faire, il en resulte uecessairement uu afflux plus considerable de sang, qui amene la turgescence du penis. Celle-ci provoque la secretion du sperme, et le gondement des testicules, parceque, nous le repetons, il est incontestable que les males sont toujöurs aptes h la reproduction, et que les fe-mellcs seulcs ont des epoques de chalcur. Seule-ment, cette secretion seminalc devient na-turcllcmcnt plus active pendant la saison du rut, k cause des excitations plus puissantes auxquelles les males sont soumis par le contact de leurs femelles. Aussi est-il facile de comprendre com-meut la rage ne se declare generalement qu'apres l'epoque de la chaleur, et pourquoi cependant eile pent eclater en dehors de cette saison, a la suite d'excitations artificielles quelconques qui rendent trfes bien compte de sa production.
Nous avons vu que, chez rhomme, des que les testicules sont gorges, le fluide seminal est rec-u en depot dans les vesicules, d'oii il pent etre expulse de diverses manieres, et que cependant , son reflux jusques dans les vaisseaux spermatiques et les tuyaux seminifö-res, determine quelquefois rinflammation de ces glandes. II doit en etre ainsi chez les animaux
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prives de reservoirs. Cctte absence engage h sup-poser que ces memes inconvenients peuvent se produire plus frequemment encore que chez Thom-me. Si la secretion devient plus active, en raison d'excitationsplus vives ou plus et prolongees,et que toutes les parties avoisinant les organes genitaux viennent k regorger de sperme, que devient alors ce fluide, si I'animal continue a etrecondam-ne a une privation absolue? Ne pourrait-il pas etre pris par les vaisseaux absorbans, charrie par le torrent circulatoire, et envahir reconomie*? La bile resorbee ne produit-elle pasl'ictere? Le pus rassemble en foyers ne subit-il pas quelquefois une resorption qui provoque des accidents graves et mortels? Celle du sperme ne pourrait-elle pas don-ner naissancc ä la rage? Ce qui semble I'indiquer, c'est Texaltation erotique et l'ardeur extraordinaire pour le coit, que Ton observe presque constam-ment chez les personnes affectees decette maladie, remarque qui a ete faite egalement sur des chiens males etfemelles, ä l'ecole veterinaire de Lyon.
Si on demandait pourquoi le virus rabique ac-quiert sa qualite virulente dans les glandes salivai-res plutöt que dans une autre partie de I'organisme, on repondrait qu'il faut accepterles faits tels qu'ils s'offrent a nous. Explique-t-on pourquoi, dans le diabete, par exeraple, la presque totalite des elements sucres sont rassembles par la secretion renale, et rendus par les urines? De meme que les
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reins concentrent, parleursfonctlonsemonctoires, I'element sucre contenu dans le sang, de meme, les glandes salivaires resument I'element rabique. Du reste, il semble assez naturel qu'elles se char-gent de cette Elimination, car ont salt qu'elles sont trfes considerables, surtout chez les animaux du genre Canis. En outre, personne n'ignore que la Iranspiralion cutanee forme l'une des sources les plus actives des grandcs deperditions qu'eprouve l'economie. La quantite de cette exhalation influe beaucoup sur la depuration du sang et Fequilibra-tion de la chaleur animale. Or, le chien 6tant pres-que entierement priv6 de glandes sudoripares, n'est jamais mouille de sueur. Mais les glandes salivaires viennent suppleer a l'absence de la transpiration cutanee, de sorte quel'on peut dire que cet animal sue par la gueule. II est alors facile de comprendre pourquoi le Systeme salivaire qui joue nn role si important chez lui, soit I'emonctoire naturel des principes deletferes qui sont charries par le sang.
Cette thöorie de rösorption spermatique a un attrait et une vraisemblance bien faits pour seduire. Cependant il se presente une objection que nous aliens exposer pour en discuter la valeur, et qui va nous mettre sur la trace de deux autres questions trfes interessantes. Preförant nous renfermer dans les modestes limites de l'expörience, de l'observa • tion et de la verite, que de risquer d'enfanter des
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opinions hasardees, nous ne pourrons peut-etre pas en donner la solution complete, parceque les matMaux nous manquent, les observations qui ont ete recueillies jusqu'ä present, etant loin de presenter ce cachet de precision indispensable k rexpMmentation. Dans toutes il existe, en effet, des lacunes bien regrettables qui les rendent steriles. Mais si nous ne parvenons pas ä resoudre entiferement ces questions qui ne sont obscures et difficiles que parceque la science n'a pas pu nous fournir des Elements suffisans pour les älucider, nous allons, du moins, jeter sur elles quelques ^tincelles de lumifere, et indiquer en outre, dans la troisifeme partie de ce travail, le moyen certain d'arriver ä une solution, par des experiences ulte-rieures.
L'objection a laquelle nous faisions allusion est celle-ci : comment expliquer la production de la rage spontanee chez les femelles, puisqu'on ne pent pas invoquer h leur endroit la resorption sper-matique? Onpourrait röpondre qu'il n'est nulle-ment certain qu'elles puissent conlracter cette affection spontanement, et que tons les exemples relates dans les ouvrages, peuvent bien se rapporter a la rage communiquee par morsure, d'autant plus qu'ils ne sont pas trfes nombreux. En employant lestermes de : chien enrage, loup enrage, chat enrage, les auteurs ignoraient, laplupartdu temps, la nature du sexe des animaux mentionn^s, lors-
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qu'ils n'avaientpas etc tues, et sesont conformes ä cet usage etabli d'cmploycr cette denomination generique, commune au male et a. la femclle. Mais est-ce Tusage, ou Lien les fails qui sont venus con-sacrer I'expression ?
On voit par ce simple apenju que les observations consignees dans les ouvrages, manquent de details suffisants pour nous eclairer sur ce point, et cela se conceit puisque, en general, on n'a pas eu I'idee d'indiquer la difference du sexe. Ces reflexions nous entrainent dans une autre question non moins interessante, et qui trouve sa place ici, car eile se rattache d'une rnaniere intime ä celle que nous abandonnons un instant. Presque tons les auteurs sont d'accord pour admettre que raclivite du virus rabique decroit par des transmissions successives, ou en d'autres termes, que si un chien enrage spontanement en mordun second, le second un troisifone, le troisieme un quatrieme, et ainsi de suite, il arrivera un moment oü le virus aura perdu sa propriete contagieuse. Mais person-ne n'a pu jusqu'ä present, specifier a quel degre de transmission il devient inoffensif.
Quelques uns sont alles plus loin, et ont avance que le triste privilege de transmettre la rage, n'est devolu uniquement qu'a ceux qui Font contractee spontanement, c'est-a-dire qu'un animal quelconque se trouvera dans Timpossibilite de la propager, s'il en a etc atteint lui-meme par mor-sure. Ainsi, un second chien mordu par un pre-
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mier affccte de rage spontanee, ne pourrait la communiquer ni a I'liomme, ni ä un troisieme animal. Bien que cette manifcr dc voir paralsse para-doxale, un grand nombre d'observations rccueil-lies par des hommes emincmment serieux, don-nent une grande valeurk cette opinion pen connuc, il est vrai, mais qui ne laisse pas que d'etre deja consolante.
Nous aliens exposer quelques arguments en fa-veur de cette maniere de voir: d'abord les exera-ples de rage seraient beaucoup plus nombreux et plus frequents, si la maladie pouvait se transmettre sanslimites, car il est rare qu'un chien enrage n'en morde pas plusieurs autres. Or, que devicn-drions-nous, si chaque animal pouvait, a son tour, propager la contagion indefiniment ? Bientot on ne pourrait pas faire un pas sans rencontrerdesvic-limes, et I'lmmanite ne tarderait pas h etre en proie au (lean. Ensnite, on sail que la rage ne se declare presque jamais chez les animaux qui jouissent de leur plcine liberte, ct se rassemblent en grand nombre dans certaines villes, comme a Constantinople, par exemple. Mais, comme nous I'avons dejä dit, on en a cependant observe quelques cas, surtout depuis que les Europeans ont emigre dans ces contrees. Or, comme ces animaux vivent en communaute, on pout bien supposer que si Tun deux devenait enrage, il en mordrait une dizaine d'autres environ. Ces dix cliiens mordus devant etre infailliblement alteints
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de l'affection rabienne, auboutd'un temps limits, ii moins d'etre tues sur-le-champ, qu'arriverait-il si chacun d'eux enmordait, a. son tour, dix autres? Ne suffirait-il pas qu'il surgit deux ou trois cas de rage spontanee, pour que toute Tespfece Canis fut infectöe et les populations decimees? A-t-on Jamals entendu parier de pareils faits? S'ils avaient existe, n'auraient-ils pas eu un retentisse-ment extraordinaire ? Bien que cette maladie soit egalement tres rare chez les animaux qui vi-vent en troupes et a l'amp;at sauvage, eile se men-tre cependant quelquefois, puisque nous savons que les loups la contractent assez frequemment. Si eile pouvait se transmettre indefiniment, nous n'aurions plus, depuis longtemps, ä nous preoccu-per de l'existence de ces animaux, et des ravages qu'ils commettent.
Outre ces raisonnements, il existe des fails nom-breux et authentiques, qui viennent a l'appui de cette opinion. Ils ont ete recueillis, il y a une tren_ taine d'annees, par le docteur Capello et le pro-fesseur Bader, et il est regrettable qu'ils soient res-tes ensevelis dans I'oubli. Nous aliens en donner le resumö succinct:
ün chien affecte de rage spontanee, mordit un jeune homme et un bceuf. Ce dernier animal ayant contracte la maladie au bout de trois jours, mordit, ä son tour, un grand nombre d'animaux de son es-pöce et merae d'especes differentes, sans qu'aucun d'eux n'6prouvat le moindre Symptome rabique. Le
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jeune homme etant devenu enrage, on inocula sa bave a un petit chien qui continua k vivre dans un amp;at de parfaite sante.
Le chien d'un bouvier fut atteint de rage spon-tanee. Avant de le tuer, on recueillit une certaine quantity de salive qui fut inoculee ä un chat et au meme petit chien precite. Six jours aprfes, ce derquot; nier devient triste, refusa les alimens etlesboissons, et succomba, assailli par tous les symptömes de la rage.
La salive du meme chien fut inoculee, k l'aide d'un grand nombre d'incisions, k un autre animal de son espfece, k qui on donna la li berte, apres l'avoir enferme pendant sept mois, aucun Symptome rabifique ne s'etant manifesto.
Chez le chat dont nous avons parle precedem-ment, la ragesedeveloppa trente-quatre jours aprfes rinoculation, et l'intensite de la maladie fut teile, que la mort survint le deuxieme jour. La have de cet animal fut inoculee a un autre chat qui surveille pendant six mois, ne prösenta aucun Symptome suspect.
Un chien devenu enrage sponlanement ,en mor-dit deux autres. L'un d'eux fut tue iiumediate-ment, et Tautre ayant ete atteint de tous les Symptome de la maladie, mordit trois ou quatre femmes, sans qu'aucune d'elles n'eut contracte l'affection rabienne.
Un chasseur accompagne de son chien, en ayant apercu un autre qui, apres avoir assailli et
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mordu le sien, se dirigeait sur lui, avec les yeux brillans, le regard feroce et une bave ecumeuse ä la gueule, le lua d'un coup de fusil. Le chien blesse contracta la maladie trente-huit jours apres , ct avant de mourir, il raordit a son tour quatre ani-maux de son espece ainsi que deux enfans. Ni ces deux enfans, ni ces quatre chiens n'eprouverent d'accidents. On verifia peu de jours aprfes, que celui qui avalt etö tue d'un coup de fusil, et qui apparle-nait ä un Jardinier du voisinage, ctait devenu enrage spontanemenl aucune trace de blessure n'existant sur son corps.
Un individu avail deux chiens. L'un d'euxmord son camarade, sort de la maison, et va mourir avec tous les sympomes rabeiques, dans un en^ droit ecarte, oil Ton constata qu'il n'avait ete blesse par aucun autre animal, et que par consequent il avait ete frappe de rage spontanee. Le proprie-taire prevenu de cette circonstance, se met sur ses gardes, sachant bien que son second chien etait expose ä confracter la maladie, ce qui arriva, en effet, au bout de cinquante-un jours. Bien qu'aUache, il rompt ses chaines, fait plusieurs blessures a la femme de menage et au domestique, sort dans la rue, mord plusieurs femmes, un homme et une petite fille, ainsi que 3 on 4 animaux do son espece. Aucune de ces person-nes ni de ces animaux ne furent attaques de la rage.
Un chien devenu enrage spontanement, en mordit d'abord un autre de grande taillc, puis le
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domestique dont il etait lecompagnon inseparable, el qui peril bientol, viclime de la maladie. Quel-ques jours aprfes revcnement, un lapin qui avail vecu avec le chien de la maison, mordit une fem-me, ainsi que les jambes et le derriere d'un cheval. Ni la femme, ni le cheval n'eprouverent le moindre Symptome; el cependant le lapin ötait bien enrage, carunebave ecumeuse lui sortait de la bouche, et ayanlete relrouve mortdansun coin, on constata sur soncorps, deux blessures, dont Tune n'etait pas encore cicatrisee.
Le chien de grande taille cite dans Tobservation preccdenle, devint enrage quelques jours apres, et mordit, a son tour, plusieurs animaux de son es-pece, et plusieurs personnes; mais aucun Symptome rabique ne se manifesta.
Dans le journal medico-chirurgical dc Flagini, le professeur Bader raconle que son propre chien de-venti enrage spontanement, en blessa plusieurs autres qui contracterenl la maladie, mais que ces derniers ne la communiquerenl pas aux autres chiens qu'ils mordirenl.
D'apr^s ces fails bien averes, la propriete conta-gieuse se perdrait done ä la deuxieme reproduction du mal, c'est-ä-dire que la rage cesserait d'etre transmissible au deuxifeme degre. Ce qui porte encore a le croire, e'est qu'il parail que les symp-lomes precurseurs de celte maladie sont bien plus intenses, et eclatent plus brusquement chez les animaux frappes spontanement que chez ceuxquisont
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alteints par communication. Un chien frappe de rage spontance est plus desobeissant, plus hai-iieux et plus mechant quecelui ä qui cette maladie a ete transmise. Ses acchs de fureur sont plus lerribles, et son horreur de la societe plus pro-jioncee. Aussi ne le voit-on presque jamais dans !es lieux habites. II erre dans la campagne et recherche les endroits les plus retires.
Cette theorieest done aussi bien appuyee par le raisonnement que paries fails, et malgre sa vrai-scmblance, Berard, Denonvilliers et Le Coeur sont les seulsauteurs modernes qui y ajoutent foi. Tous les autres n'en font meme pas mention. Cependant eile aide puissamment a espliquer ou a confirmer la plupart des fails. Ainsi, on comprend facilemenl, li present, pourquoi les experiences d'inoculation qui ont ete faites, n'ont pu etre couronnees de suc-cös, qu'autant que les experimentateurs se sont servis de la salive d'animauxatteints spontanement. On comprend encore bien mieux pourquoi tous les animaux, hors ceux des espfeces Canis et Felix, ne peuvent communiquer la maladie, puisqu'ils n'en sont jamais attaints qu'au deuxieme degre. liest done inutile d'invoquer la forme de leurs dents et la disposition de leurs mächoires, argument illogi-que, comme nous l'avons dejä prouve, puisque le cheval, aussi bien que I'homme, peuvent faire des morsures sanglanles, profondes, etendues, et dans lesquelles labave pourrait penetreret etre absor-bee. On s'explique, enfin, comment la sueur, I'ha-
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leine et la liqueur seminale des personnes enra-gees, est incapable de transmettre la contagion, leurs morsures meme ne produisant aucun resul-tat fächeux. On peui en dire tout autant, relati-vementau lait des herbivores, ces animaux n'etant Jamals atteints que par communication.
Mals en seralt-ilde meme du sang? Les falls que nous avons relates, nous engagent fortement ä nous prononcer pour Taffirmative. Cependant, sur ce point seulement, le doute est permls, car on pourrait objecter que la plupart des inoculations et des ouvertures cadav6riques qui ont ä6 pratiquees, avaient pour objet des herbivores, ou bien des animaux appartenant ä la race canis, mais atteints au deuxteme degre, c'est-ä-dire affec-tes de rage communiquee. La meme innocultö se rencontrerait-elle si on inoculait le sang d'un animal frappe spontonemeni ? Nous le croyons. Cependant en face d'un danger aussi serleux, 11 serait imprudent de Taffirmer, et de ne pas conseiller aux medeclns et aux veterinaires de prendre quel-ques precautions, lorsqu'lls font rautopsie d'ani-maux qui ont succombe h la rage spontanee.
Gelte theorie de la spontaneite, nous sugg^re encore une autre remarque, c'est qu'elle explique parfaitement pourquoi 11 est arrive si frequemment que des morsures graves faites pardes animaux enrages, n'ont ete suivies d'aucun resultat fächeux, meme lorsque les blesses n'ont employe aucune precaution pour neutrallserl'effet du virus. On peut
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fort bien supposer queces aniinaux etaient affectes par communication et noil pas spontanement. Elle explique encore tous ces pretendus succes que ron a attribues ä tant de remedes differens. On comprend, enfln, pourquoi la plupart des auteurs sont plonges dans l'erreur en croyant qu'une cauterisation tardive doi! tonjours etre tentee, par-cequ'elle est censee avoir reussi quelquefois ä conjurer la maladie, bien qu'employee dix, vingt et meme trente jours apres l'accident. Afin d'expli-quer comment la guerison est possible, tant que la maladie n'a pas eclate, ils se sont bases sur la longueduree de rineubation, et la lenteur presu-mee de l'absorption du virus. Mais il est bien per-mis de penserque tout ces succes ont ete illusoires, et qu'on avail affaire a des morsures faites par des animaux atteints de rage communiquee. On peut encore sedemander, par la meme raison, si la cauterisation a jamais ete reellement efticace, lors-qu'elle a ete pratiquec une heure ou deux apres l'accident, cömme cela est arrive presque toujours. Ces reflexions sont bien faites pour engager ä ne pas perdre un seul instant, lorsqu'il s'agit de pre-venir l'absorption du virus.
Le Coeur a suppose aussi la possibilite d'une re-sorption spermatique. Bien qu'il ji'ait consacre quequelques lignes ä une idee si interessante, sans la developper, et sans meme faire mention de l'ab-sencedesvesicules seminales, noussommes heureux qu'il se soit rencontre avec nous sur ce point, car
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nous esperons que cette idee, appuyee par les ai-guraens qiü lui manquaient, et que nous avons exposes pour en faire ressorlir lavraisemblance, atti-rcra, cette fois, I'attention d'une maniere serieuse. Mais nous cessons d'etre en communion de pensees avec lui, a l'egard des femelles qu'll croit incapables de pouvoir contractor la rage spontcme-mmt, bien qu'il admette, cependant, la theorie de la spontaneite, ce qui devient une contradiction manifeste. En effet, il existe dans la science, un certain nombre de faits bien authentiques qui prouveni que la maladie a etc communiquöe asscz souvent par des morsures do femelles enragees. Or, si dies Tavaient contractee par transmission, elles devaient etre inaptes a la communi-quer elles-memes. Parmi ces faits, nous aliens nous borner ä citer les suivants.
Louve enrage ayant mordn plusieurs personncs qui ont succombe a la maladie ( Mimoires de la societe Royale de medecine, observation \¥ (lrquot; section).
Louve hydrophobe ayant mordu vingtpersonnes, dont sept sont mortes de rage. {Mem. de la Soc. Roy. deMed. Obs. i8quot;. (lrlt;; Section).
Louve enragee ayant mordu plusieurs personncs dont une seule a ete frappee de la maladie. (Mem. de la Soc. Roy. Med. (3deg; section).
Louve atteinte d'affection rabicnne, ayant blesse plusieurs personncs dont deux sont mortes de la ra ge. (Mem. de la Soc. Roy. de Med. (i? section).
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Louve enragee ayant niordu huit personnes, ilont sept ont succombe ä la suite de la meme af-lection. (Mem. de laSoc. Roy. de Med. (4- section) (Cetteobservation est rapportee par le Dr. Bouret),
Vingt-trois personnes ont ete blessees par une
louve. Treize sont mortes de la rage, dans Tinter-
valle de quelques mois, ainsi que plusieurs vaches
assaillies par leimeme animal. Les personnes qui
ont succombe, avaient ete mordues immediate-
ment sur la peau, et les autres ont amp;e garanties
par leurs vetements qui ont, sans doute, intercepte
la bave.
(Observations cliniques sur la rage).
(Ce fait est egalement relate par Willerme et Trolliet, dans le diet, des sc. med.)
Comment expliquerons-nous alors la cause productrice de la rage chez les femelles ? Toutes les affections contagieuses qui affectent I'espfece hu-maine ou les diverses races d'animaux, sevissent aussi bien sur les femelles que sur les males. La nymphomanie chez la femme, correspond au saty-riasis chez Thorame. II est done tout naturel qu'elles puissent etre frappees de la maladie, parcela meme qu'elles appartiennent aux races Cam's et Felis, et pour etre consequent avec ce que nous avons dit: que rien n'existe de rien, nous pensons qu'il pout s'operer, chez elles, une resorp-tion des liquides contenus dans les vesicules de l'ovaire, ou des fluides secretes par les cryptes mu-queux de l'uterus et du vagin.
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Ce qui donne un peu de vraisemblance k cette supposition, c'est que plusieurs physiologistes ont decouvert dans l'ovaire de la femme, des vesicules qui se remplissent et se vident, et ont admis que leur plenitude fait naitre la passion, et constitue le siege du besoin generateur, de meme que chez rhomme, 11 reside dans la plenitude des vesicules seminales. Valisnieri cite I'observation d'une jeune lille qui mourut vierge, dans un acces de nympho-maniehysterique, etil trouva, surl'un desovaires, une vesicule bien saillante et bien distendue. D'au-tres pensent que le besoin depend de la resorption du fluide seeröte par les cryptes muqueux de l'ute-rus et du vagin, et que l'arret de ce fluide provo-que le desir g^n^sique. Us sefondent sur ce que le coTt produit une evacuation muqueuse abondante, qui amfene k sa suite la satisfaction des desirs qui s'eteignent pendant un certain temps, jusqu'k ce qu'une nouvelle secretion ait rempli les cryptes.
Les femelles des animaux doivent probablement posseder aussi des vesicules dans Tovaire, puisque, de meme que chez la femme, elles ont, dans l'utö-rus et le vagin, des cryptes muqueux qui secre-tent des fluides particuliers en trhs grande abundance, surtout pendant l'epoque du rut. Ne peut-on ne pas supposer que ces fluides sont re-sorbes? Dans ce cas, aprfes avoir ete charries par le sang, rassembles et resumes par le sys-tfeme des glandes salivaires, ils constitueraient, de
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möme que le sperme, chez riiommc, leselemensdu virus rahique.
Inspires par le vif' dcsir d'elucider la question principale, nous n'avons voulu negliger aucune des idees accessoires qui pouvaient s'y rattacher, et auxquelles nous ne donnons de rimportance qu'autaut qu'elles peuvent servir ä mettre sur la trace de la verite. L'esscntiel pour nous etait de developper notre opinion ä l'aide d'argumenle se-rieux, et de prouverd'une raaniere evidente, que la privation des plaisirs veneriens, est l'unique cause de la rage. Mais, que le virus räbique naisse par suite des desordes speciaux que cette privation pro-voque dans Torganisme, et dont raction intime depasse lesbornesderintelligence humaine, ou bien que leselemens en soient fournis par la resorption du sperme chez los mäles et celle des lluides muqucux chez les femelles, l'idee mere n'en cesse pas moins de surnager avec son aureole de verite. Cependant, comme il est utile de savoir si la theorie de la spontaneite est vraie ou fausse; et de s'assurer en outre , si les femelles peuvent con-tracter la rage spontanemenl, oui ou non, nous allons indiquer les experimentations qu'il est facile de faire pour resoudre ces problemes. Elles seront appelees, en meme temps, ä con firmer par l'ex-perience, Tldee principale qui domine dans cette ceuvre.
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II ressort de toutes ces appreciations, que la rage est bien due a la privation de la fonction genera-trice, que l'absence des vesicules semlnalcs, chez les animaux des races cams ct felis, pent bien ne pas y etre etrangöre, et peut-etre aussi la resorp-tion du sperme chez les males, et celle des fluidos muqueux chez les femelles.
L'influence des saisons, les epoques eloignees du rut, l'absence complete, ou du moins I'extreme ra-rete de cette maladle, dans les contrees oü ces animaux vivant a Tetat sauvage ou en pleine h-berte , peuvent satisfaire leur appetit venerien , sent des circonstances qui militent en faveur de notre opinion. Elle se trouve corroboree par la frequence de cette affection chez les nations civi-lisees, fequence qui est en raison directe de i'es-clavage auquel ils sont soumis.
Action des proprietaires sur les chiens, disproportion sexuelle, mesures de police qui entrainent la privation de la liberte, et par suite, I'impos-sibilite, pour un certain nombre, d'accomplir I'acte de la copulation , tons ces rapprochemens ne font que confirmer la realite de la cause que nous admettons. Si on remarque, en outre, que le fleau apparait presque toujours aprfes les epoques du rut, et si Ton fixe son attention, enfin, sur I'analo-' gie qui existe entre les symptömes les plus saillans du satyriasis et de la nymphoman ie, nevroses qui surviennent ordinairement apres une conti-
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nence forcee, comparfe a ceux de la rage dans laquelle l'ardeur 6rotique est presque toujours por-tee ä Son comble, il ne sera plus permis de conser-ver de; doute.
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TROISIEME PARTIE.
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Prophylaxie.
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Maintenant que la cause de la rage est connue, nous alloHS chercher les moyens qul pourraient eu preserver I'humanite.
Exterminera-t-on la race canine?
Le chien, cet animal sincere dont la docilite et l'obeissance sont ä toute epreuve, le chien qui con-nait toujours son maitre, accourt ä sa voix, sail le defendre a l'occasion, et lorsqu'il a succombe ä un attentat, loin de Tabandonner, reste a gemir aupres de son cadavre, comme pour attendre la fin de ce long sommeil! Le chien qui retrouve toujours les
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traces d'un voyage lointain qu'il aura fait pour la premiere fois! Le chien dont la seule crainte est de deplaire, qui depose aux pieds de I'liomme, sa force, ses talents et son courage, attendant ses or-dres pour en faire usage, et devinant sa volonte parun seul regard!! Le chien, enfin, qui n'oublie jamais un bienfait, ne se rebute pas par les mau-vais traitements, et vient souvent lecher la main quil'afrappe!!! Qu'on nous pardonne cette petite tirade en faveur d'un animal qui merite, a tant do litres, notre affection. Le sentiment se revolte a la seule idee d'une pareille extermination, et l'auto-rite le prescrirait-elle, que les populations en eprouveraient de l'emoi, et l'opmion publique ii'approuverait pas une pareille cruaute.
Et d'ailleurs, qu'en resulterait-il ? C'est que tons ceuxqui possedent ces animaux par utilite, se trou-veraient prives des services qu'ils en retirent. II en resulterait que Taveugle n'aurait plus un compagnon fiddle pour le conduire, que le fermier perdrait le gardien de sa propriete, et que le, ber-ger serait oblige de se passer du concours de cet animal qui garde et defend, avec une vigilance si remarquable, les troupeaux qu'on lui confie. Comment priver les grands seigneurs de leur meute nombreuse qui reveille encore en eux quelques etincelles de plaisir, en Tabsence de tous les autres eteints par la satiete? Comment ravir au proletai-re et au simple ouvrier, un ami devoue, [sa sociele habituelle, qui seul peut-etre par son abnegation
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et ses marques d'aUachement, console sa misere, dont I'aspect inspire plus souvent de reloignemenl que de la Sympathie? Son utility aussibien que nos faiblesses plaident doncenfaveurdecet interessant animal.
Le laissera-t-on vivre en liberte ?
De cette manifere on atteindrait, sinon cora-pletement, du moins, a peu-pres, le but qu'on se propose. Mais il faudrait, avanttout, retablirTequi-libre sexuel, et enjoindre ä un certain nombre de proprietaires d'elever des femelies plutüt que des males, avec defense de les enchainer aux öpoques du rut. Avouons que ce serait impratiquable, car l'autorite devrait intervenir, et une pareille surveillance serait, non seulement impossible, mais ne conviendraitpasaladignite de ses attributions.
Laissera-t-on les chiens error dans les rues, comma a. Constantinople, prendre possession de la ville, parbandes et par quartiers, posant des sen-tinelles pour en del'endre I'approche ä ceux qu'ils ne reconnaissent pas comme etant des leurs?
Cette mesure ne pourrait pas avoir son application en France, ni chez les autres nations civilisees, oü ces animaux n'ont pas pour spe-cialite, comme dans cette ville, de suppleer a la
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police, et d'entrelenir la grande voierie, a tel point qu'il cst rcconnu par des gens eclaires, que des lleaux comme la peste par exemple, pourraient se declarer s'ils ne se chargeaient pas de faire disparaitre les immondices. Dans nos contrees, nous savons tirer parli de tout, et chaque chose a son but. Les immondices ne se.journent pas dans les rues, parce qu'elles servent a I'lndsu-trie aussi Men qu'k Tagriculture , et si nous possödons des cliilaquo;ns, c'est, en general, äcause aes services directs que nous en retirons. Les lais-ser vivre repandus ca et la, en pleine liberte , et pour ainsi-dire a l'etat sauvage, n'est pas plus pra-tiquable que rextermination qui repugne a notre caractere et a nos mceurs. D'ailleurs, ces animaux cesseraient alors d'avoir leur utilite ou leur agre-ment Ils deviendraient meme nuisibles et a charge aux populations, car leur nombre s'accroitrait indeflniment, et il faudrait leur donner le pain de l'indigence.
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II n'y a done qu'un moyen terme qui puisse, tout en respectant les goüts et les caprices de chacun, donner une garantie de security a tous Or, ce moyen auquel on na pas songe, et que nous croyons tres pratiquable, serait de soustraire les chiens äTinfluence genesique, en les soumettant a a castration.
En ecrivant ces lignes, il nous semble entendre
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ce cri d'indlgnation: k la cruaute, ä la barbaric!! et decliner peut-etre rimpossibilite d'une pareille pratique, sans rödechir (Ju'ä chaque instant de sem-blables choses se passent sous nos yeux. On en agit ainsi, cn effel, ä l'egard de la plupart des ani-maux domestiques, et sans qu'aucun danger vien-ne en imposer la necessite. N'y souniet-on pas le cheval, pour le rendre moins fougueux, plus souple et plus docile? Ne se pratique-t-elle pas sur le taureau et sur les pacliydermes, dans le but d'ame-liorer leur chair et de les engraisser, afin d'en retirer un mcilleur produit comme alimentation ? Les vaches et los truies n'en sont pas exemptes, et nous n'epargnons pas meme Tagneau, ce Symbole de la douceur et de l'innocence. Sa voix plaintive qui rappclle cellc d'un jeune enfant exprimant un chagrin ou une douleur, ne nous desarme pas, et ne fait pas tomber de nos mains le couteau que nous lui enfoncons froidement dans la gorge.
Notre egoisme pfese fatalement sur tout ce qui nons entoure, et rien ne nous arrete, lorsqu'il s'a-git de satisfaire nos passions et nosgoüts. L'oiseau innoffensifn'echappepas a. nos coups, et nousle sacrifions egalement a nos penchans gastronomi-ques. Nous-memes qui sommes loin d'etre de-pourvus de sensibilite, nous avouons naivement que nous n'avons jamais eu l'idee de nous recrier ä la vue d'un chapon truffö, dont l'odeur parfumee et la couleur doree etaient des avant-goüts du plaisir que nous nous promettions. Ce serait ce-
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pendant dans do semblables circonstances, qu'il serait presque pcraiis de crier a la mutilation el h la barbaric, car nous n'avons d'autre vue que celiti de servir, dans la vie, des interets secondaires bien inferieurs h l'instinct de la conservation, et qui doivent pälir devant le spectre menaQant de la
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Non, ce ne serait pas une cruaute, car on ne soumetlrait ä cette operation que les jeunes chiens, sans avair recours ni au fer, ni an feu, ni a I'exci-sion du cordon testiculaire, a larrachement, au raclement ou ratissement et a la ligature. II suf-firait de faire subir k leurs glandes spermagfenes, une pression entre les doigts, pour en determiner la division, comme on le fait a 1 egard des agneaux. Cette operation dite par ecrasement, loin d'etre effrayante, a un caractere de benignite teile, qu'on pourrait presque lui enlever cet'e denomination. Elle se pratique presque instantauement, et la douleur est, sinon nulle, du raoins ii pen pres insi-gnifiante, en raison du jeune äge des animaux, dont le systöme nerveux n'est pas encore apte a bien percevoir les sensations.
Non, ce ne serait pas une cruaute, cardans leur interet mcme, il serait preferable de les soustraire aux exigences d'une fonction dont il n'auraient pas conscience, que de laisser exister pour cux le sup-plice de Tantale, en comprirnant leurs besoins et les empcchantde se livrcr au peociiant commande par la nature. En outre, toutes les mesures de po-
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lice n'auraient plus raison d'etre, ce qui donnerait satisfaction aux proprietaires aussi Men qu'aux animaux eux-memes qui seraient plus libres et moinstourmentes. Quelle est aujourd'hui la perspective d'un pauvre chien qui, par hasard, vient ä rompre ses clmines? Celle d'etre saisi, mis en fourriere, et assomme, s'il n'est pas reclame sous les trois jours. Cette mesure serait done une bonne oeuvre, aussi bien pour I'humanite que pour la race canine, et nous n'aurions plus le spectacle de deux animaux accouples sur une place publique , en presence dejeunes lilies, tableau scandaleux qui peut mettre I'imagination en eveil, avant meme que les sens n'aient parle.
Nous objectera-t-on que cette mesure aurait pou1' resultat infaillible d'eteindre la race ? Non, la reproduction ne s'en ferait pas moins par les moyens que nous allons proposer tout k l'heure. Elle aurait seulement pour consequelaquo;ce de diminuer le nom-bre des chiens, et concourrait ainsi au but que le gouvernement a voulu atteindre, en les frappant d'un impöt. Cette diminution aurait des avan-tages immenses sous le point de vue economique, car il existe, en France, plusieurs millions de ces animaux, dont un grand nombre n'ont aucune uiilile. Le pain qu'on leur donne pourrait soulager bien des infortunes, etsuffire a la nourriturequoti-dienne de plusieurs dizaines demilliersdepauvres.
En raisonnant par analogic, on pourrait nous dire qu'un chien castrat ne pourra plus nous ren-
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dre lesmemes services. II est vrai que la castration, chez rhomme, modifie ses proportions physiques, et influe raeme sur son moral. L'enuque conserve les formes de Tenfance, son larynx ne se de-veloppe pas, ainsi que le systamp;ne pileux, et son caractere reste mou et timorti comme celui de la femme. Les animaux soumis ä la meme operation, perdent egalement une partiede leur vigueur. Ainsi, les chevaux hongres sont moins forts que les chevaux entiers, et il en est de meme des boeufs, etc. Mais il faut remarquer que le chien nous sert bien plus par ses instincts que par sa force physique. Gardien fidele, il donne I'eveil par ses aboie-ments; doue d'un odorat exquis, il sent le danger de loin. Nous croyons done qua cette legfere diminution de force physique n'est pas un inconvenient süffisant pour empecher de mettre en application la mesure que nous proposons.
Quant a son courage, nous doutons que lechien^ essentiellement brave de sa nature, perde cet insu tinct inne. II est, d'ailleurs, tellement docile et apte ärecevoir toutesles impulsions qu'onlui donne par I'education, que nous devons croire qu'il resterait aussi bon gardien, et qu'il saurait d6fendre son maitre aussi bien qu'aujourd'hui. II n'en devien-drail meme que plus fiddle et plus attache. D'ailleurs, s'ilr^pugnait a certains individus d'avoirdes chiens castrats, ils pourraient s'en consoler en elevant des femelles, et se conformant aux conditions que nous allons bientöt faire connaitre, pour
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les empecher de contractor la rage, dans la supposition qu'elles soient susceptibles d'en etre frap-pees spontanement.
Nous nous attendons a voir radministration re-culer, et nous faire Tobjection suivante: Topinion que vous emettez nous parait vraisemblable, et nous sommes tout disposes ä croire que la privation de la fonction reproductrice est reellement la cause unique de la rage. Mais cette opinion n'a pas ete sanctionnee par l'experience, et confirmöe par des faits assez nombreux pour que le doute ne soit pas permis. Cette objection est trhs juste, car 11 n'exis-te, en effet, dans Tetat actuel de la science, qu'un tres petit nombre de faits qui ne suffisent pas pour imprimer une conviction profonde et une certitude absolue. On lit dans le dictionnaire des sciences mödicales, que Rossi est parvenu ä faire naitre la rage chez un chat qu'il avail tenu renferme, seul, dans une chambre. Bien qu'il en ait conclu que la privation de la liberte est la cause unique de cette maladie, nous sommes tout disposes a admettre la veracite de ce fait, parce que la privation de la liberte entraine aussi celle de Tacte genesique, reflexion qui semble avoir öchappe h Tesprit de cet experimentateur. Grceve a observe aussi que cette affection s'etait declaree chez des chiens qu'on empechait de satisfaire au desir venerien. Le Coeur cite egalement deux ou trois observations a-nalogues ayant trait h des animaux de la meme race, qui auraient ete atteints spontanement-, etant
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a ['attache, et vivement excites par le flair de fe-melles en rut.
Ces quelques fails ne sont vraiment pas assez authentiques, et surtout assez nombreux pour que Tadministration puisse prendre sur eile d'appliquer dans toute la France, la mesure que nous avons in. diquee^ Aussi venons-nous proposer unmoyen facile de confirmer notre opinion par des experiences etablies sur une grande echelle, et qui ne laisse-raient plus aucun doute sur sa veracite.
II s'agirait de reunir dans un etablissement par-ticulier, une soixantaine de chiens repartis corame il suit: Vingt chiens entiers, vingt femelles, et vingtcastrats. On leur donnerait de I'eau a discretion, et une nourriture excellente, copieuse, et meme un peu excitante. Dös que Tepoque du rut serait arrive, on mettrait les chiens en de-meure de flairer les femelles, et on excite-rait leur ardeur 6rolique au plus haut degrö, par tons les moyens possibles, et sans les laisser con-sommer l'acte de la copulation. Le contact direct serait empeche äl'aided'un grillage de separation. Ce nombre de chiens, loin d'etre trop considerable, serait peut-etre insuffisant, parceque I'ardeur genesiqueest tres-variable suivant les temperaments. Cette distinction n'etant pas facile a faire chez les animaux, il vaudrait mieux en reunir un plus grand nombre, dans la crainte de ne pas obte-nir de resultat, bien que l'idee füt vraie.
D'apr^s les considerations que nous avons expo-
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sees dans toute l'ötendue de ee travail, aucun cas-trat ne serait atteint de la maladie; mais nous sommes convaincus qu'au bout d'un temps que nousne saurions limiter, plusieurs cas de rage spontanee se döclareraient parmi les chiensentiers, ce qui prouverait en faveur de notre opinion, et apporterait, enfin, une solution äcette question qui resteencoreen suspens, et que I'humanite fait un devoir de resoudre.
En surgirait-il parmi lesfemelles ? Nous ne saurions Taffirmer d'une maniere positive. Les observations assez nombreuses qui sont consignees dans les memoires de la societe royale de medecine et dans quelques autres ouvrages, nous engagent a nous prononcer pour raffirraative, d'autant plus qu'il doit exister d'autres fails qui ont etc passes sous silence, parceque, comme nous I'avons deja dit, rattention n'etait pas flxee sur la nature du sexe des animaux. On est encore plus porte a le croirc, si on ajoute foi a. la theorie de la spontaneite; et en supposant qu'on la rcjette, il faudrait admettre, alors, que les ammaux femelles n'ont jamais contracte la maladie que par suite de morsures, ce qui semble tres pen probable. La verification de cette question serait done facile. Dans le cas nega-tif, la castration que nous avons proposee pour les males, suffirait pour nous garantir du fleau, et chaeun pourrait etre possesseur de femelles, sans aucun inconvenient, et sans qu'il y ait lieu d'em-ployer des mesures particulieres a leur egard. Si
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au contraire, quelques cas vcnaient ä se manifester, on aviserait aux moyens que nous aliens indi-quer.
Rcmarquons en passant, que ces memes experiences serviraleut a elucider la theorie de la spon-taneite. Ainsi, des qu'un chien deviendrait enrage, on en ferait mordre un second, qui en mordrait, k son tour, un troisiemc, etc., et de cette maniere on s'assurerait si la rage pent se communiquer indefiniment, oui ou non.
Voici les mesures qu'il conviendrait de prendre pour s'opposer ä l'extinction de la race canine. Elles serviraient, en meme temps, a conjurer le developpement de la rage chez les femelles, en supposant que Texperience ait prouve qu'elles soient susceptibles de la contracter spontanement, et auraient, en outre, pour resultat, d'ameliorer et de perfectionner cette race.
II s'agirait d'etablir dans chaque commune, un depot de chiens etalons. Chaque proprietaire de femelles serait tenu de les amener un certain nom-bre de tois par an, aux epoques du rut, et devrait justifier, sous peine d'une forte amende, par la presentation d'une carte sur laquelle le cachet de Tau-torite serait appose, que sa chienne a etc couverte. Cette mesure ne serait nullement dispendieuse, parceque chaque saillie serait retribuee au benefice de la commune, et cette retribution serait large-ment süffisante pour couvrir los frais d'entretien des etalons. L'administration ayant ;i sa disposition le
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nombre des chiens de chaque commune, puisqu'ils sont imposes, il serait facile de savoir le nombre d'etalons qui seraient n^cessaires. Nous pensons qu'ün seul suffirait ä vingt femelles environ.
Sans pröciser d'une manifere absolue a. quel genre d'autorite le depot d'amp;alons serait confie, nous pensons que le garde-champetre de chaque loca-litepourrait bien en etre charge. Pourle dedorama-ger de rassujetissement auquel il serait soumis a certaines epoques de l'annee, on lui donnerait une remuneration penjue sur le montant des sallies. En outre, clans l'interet des populations, I'autorite communale exercerait une surveillance sur chaque depot. Elle veillerait ä ce que les etalons soient nourris convenablement, et que pour satisfaire aux caprices des particuliers, certains d'entr'eux dont les formes seraient plus avantageuses, ne soient pas soumis ä des epreuves trop rüdes, aux depens des autres qui en seraient prives.
Afin de ne pas entrainer ä des frais inutiles, les communes de peu d'importance nc seraient nan-ties que d'etalons de races ordinaires. Les chefs-lieux de canton et les villes possederaient seuls des depots destines aux animaux de luxe. II serait sage d'elever le prix de la saillie de ces derniers, et de le rendre tres minime, au contraire, pour I'ani-mal utile de race commune, appartenant a I'agri-culteur ou a l'indigent. Du reste, en raison des primes delivrees par chaque saillie, de rassujetissement de faire conduireles femelles äl'etalon, et du
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desagrenient d'avoir une progeniture dont 011 se soucie quelquefois fort pen, les particuliers prefere-raient generalement des chiens castrats, et les riches seuls se passeraient la fantaisie de possetler des chlennes.
De cette manure, la race canine ne s'eteindrait pas plus ijue les races chevaline, bovine, etc, qui ne manquent pas d'eleveurs charges de veiller ä leur reproduction. Guides par l'appät du lucre, il surgirait bicntöt des individus pour exploiter ce nouveau genre d'industrie qui pourrait devenir assez lucratif. Mais eile ne pourrait s'operer qu'avec la restriction que nous avons exposce, c'est-k-dire que les eleveurs, proprietaires dc femelles, seraient tenus de les presenter un certain nombre de fois par an, au depot d'etalons de la commune. On cra-pecherait ainsi les chlennes d'etre frappees de rage spontanee, et on perfectionnerait la race canine, en s'opposant aux croisements capricieux des particu* Hers. En outre, toutes les mesures de police qui existent aujourd'hui, pourraient etre supprimees. L'experience ayant demontre, comme nous en avons la conviction, que la privation de l'acte de la copulation, est la cause reelle de la rage, on laisse-rait aux chlennes une certaine liberte, et il n'y au-raitplusbesoin de les museler.
On peut nous demander pourquoi on n'agirait pas envers les males comme nous le proposons h regard des femelles, ou en d'autres termes, pourquoi on ne chercheraif pas ä eviter la castration,
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en les faisant saillir un certain nombre de fois, cha-que annec, pendant l'epoque de la chaleur. Cette mesure n'offrirait pas, ä leur endroit, une ga-rantie süffisante. Comme nous l'avons' dejk dit plusieurs fois, les males n'ont pas d'ep oque de rut, et sont toujours aptes ä couvrir leurs femelles, des que celles-ci sent en etat de les recevoir. En dehors de cette saison, ils peuvent etre exposes ä des excitations artificielles qui, en activant la secretion spermatique, pourraient determiner la maladie. Qui sait meme si des personnes malveillantes ne chercheraient pas ä en abuser. La question qui nous occupe est trop serieuse pour qu'on se borne ä prendre des demi-precautions qui n'atteindraient pas, d'une manure complete, le but qu'on se propose. Que sont tous ces legers incon-veniens, compares au fleau de la rage!!!
On remarquera sans doute que nous ne preser-vons l'humanite qu'en partie, puisqu'il existe dans les races canis et felis, d'autres animaux qui peuvent contracter cette maladie spontanement. Cela est vrai, mais il est inutile de s'occuper des animaux feroces de la race felis, puisqu'ils n'habilent pas nos climats. Nous pouvons egalement passer les renards sous silence, a cause de rexteme-rarete des cas qui leur sont attribues, et qui ne sont pas meme bienauthentiques. Los loupset les chats sont done les seuls animaux qui meritent de fixer notre attention. Pour les premiers, nous ne pouvons que consejller de leur declarer une guerre assidue et
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ncliarnee, et de faire, dans les departements, des battues frcquentes, organisees sur une grande e-chelle, alin de les exterminer tous, comme Tont fait los Anglais qui sont parvenus ä en purger leur pays. De cette maniere, on atteindraitun double but puisqu'on preserverail en meme temps les populations des ravages qu'ils commettent chaque jour. Quand aux chats, comme la rage se declare tres rarement chez eux, nous pensons qu'il suffirait de prendre quelques precautions, tellesque celle dene pas les priver de leur liberte, surtout aux epoques du rut, de les laisser vivre en elat d'association^ autant que possible, et de veiller ä la proportion sexuelle. Dfes que les populations connaitraient le danger de la privation de la liberte, chacun y apporterait un attention serieuse, dans sqn propre interet et s'empresserait de se conformer ä nos conseils.
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CONCLUSION.
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11 resultede toules les considerations que nous venous d'exposer, qu'il est urgent que I'adminis-tration s'occupe de mettre en application les experiences que nous avons proposees, et qui consiste-raient a reunir dans un etablissement ad hoc, un certain nombre de chiens repartis comme nous I'avons indiqu6. On s'assurerait que la privation de Tacte genfeique est reellement la cause unique de la rage, et on resoudrait, en meme temps, les autres points les plus importans qui se rattachent a une question aussi brülante et aussi elevee. On sau-rait si les femelles sent susceptibles de contracter
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cetle maladie spontanönient, si eile peut se com-muniquer indefiniment, ou si eile s'arrete ä la deuxieme reproduction.
Nous avons la profonde conviction quo ces experiences prouveraient en faveur de i'idee mere qui domine dans cette oeuvre, et elles feraient alors un devoir ä Tadministration , d'appliquer les mesu-res precitees, quitte a les modifier si elles sontdefec-t ueuses.
Le pouvoir si fecond aux grandes choses, pren-dra Tinitiative, nous en sommes persuades, pour assurer la securite des populations, et ne laissera pas echapper cette occasion de preserver I'huma-nite d'un fleau qui a deja fait tant de ravages, et dont nous pourrons enfin, avofr raison. Bicntöt toutes les nations civilisees ne tarderont pas ii imiter notre exemple.
Notre täche est accomplie, et nous attendons avecconfiance, pleins d'espoir dans la sagesse du gouvernement, et dans la haute sollicitude du Chef de l'Etat, qui accueille toujours avec tant de bien-veillance tout ce qui peut contribuer au bien-etre de la nation.
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FIN.
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